Skip to main content

Full text of "Rhétorique et prosodie des langues de l'Orient musulman"

See other formats


Google 



This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 

to make the world's bocks discoverablc online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 

to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 

are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. 

Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the 

publisher to a library and finally to you. 

Usage guidelines 

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to 
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. 
We also ask that you: 

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for 
Personal, non-commercial purposes. 

+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine 
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. 

+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of 
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe. 

About Google Book Search 

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders 
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web 

at |http: //books. google .com/l 



Google 



A propos de ce livre 

Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec 

précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en 

ligne. 

Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression 

"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à 

expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont 

autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont 

trop souvent difficilement accessibles au public. 

Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir 

du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. 

Consignes d'utilisation 

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre 
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. 
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les 
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des 
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. 
Nous vous demandons également de: 

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. 
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un 
quelconque but commercial. 

+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez 
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer 
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des 
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. 

+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet 
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en 
aucun cas. 

+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de 
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans 
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier 
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google 
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous 
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère. 

A propos du service Google Recherche de Livres 

En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite 
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet 
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer 
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp: //book s .google . coïrïl 



J 

/ 



RHÉTORIQUE ET PROSODIE 



DBS 



LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN 



RHÉTORIQUE ET PROSODIE 



DES 



LANGUES DE L'ORIENT HUSULHAN 

A l'usage des Élèves 

DE l'école spéciale DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES 



PAR 



M. 6ARCIN DE TASSY 

MEMBRE DE L*INSTITUT, ETC. 



SECONDE ÉDITION 

REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE 



PARIS 

MAISONNEUYE ET C», LIBRAIRES-ÉDITEURS 

QUAI VOLTAIRE, 15 
MDCCGLXXIII 



PARIS. — IMPRIMERIE ORIENTALE DE VICTOR GOUPY, RUE GARANCIÈRB^ 



M. AMÉLIE SÉDILLOT 

SECRÉTAIRE DE L'ÉCOLE SPÉCTALE DES LAÏQUES ORIENTALES VIVANTES 

ET JDU COLLÉOS JSE ERANGE, ETC. 



Monsieur et cher ami, 

Il y a longtemps que je désirais pouvoir vous donner 
un témoignage public de mon affection et de mon estime 
pour vos érudites publications. L'occasion s'en présente 
aujourd'hui en vous priant d'accepter la dédicace de ma 
« Rhétorique et Prosodie des langues de l'Orient musul- 
man. » Il me semble en effet tout naturel de vous dédier 
cet ouvrage, car je dois en grande partie mon goût pour 
la poésie asiatique aux leçons de votre savant et respec- 
table père, à qui ses beaux travaux sur l'astronomie 
des Orientaux, que vous avez continués et complétés, 
valurent un des prix décennaux, et qui plus tard faisait 
avec distinction le cours de turc à notre École. Ce cours, 
que je suivis avec assiduité en même temps que les cours 
d'arabe et de persan, me fit aimer la poésie turque, qui 
offre, comme la poésie hindoustanie, un reflet des pro- 



— IV — 

• 

ductioDs persanes, avec lesquelles elle malise dans ce 
qu'elles ont de plus gracieux et de plus sentimental, 
ainsi qu'on peut s'en assurer, sinon dans l'original, du 
moins dans 1' « Histoire de la Poésie ottomane » de J. de 
Hammer, ou seulement dans « la Muse ottomane » de 
Servan de Sugny, où on admirera sans doute nombre 
de morceau^ parfaits de pensée et d'expression. 

Agréez donc cet hommage, Monsieur et cher ami, et 
croyez-moi 

Votre affectionné et dévoué 



GARCIN DE TASSY. 



AVIS PRÉLIMINAIRE 



Ce travail est fondé sur un ouvrage intitulé Hadâyïc uU 
baiâgat îciiJI ^lj^, les Jardins de réloquencey qui est 
un traité persan de rhétorique d'après le système des 
Arabes, système qui a été adopté par tous les peuples mu- 
sulmans. Cet ouvrage a une grande célébrité dans l'Orient. 
Il est plus spécial que le Mukhtaçar ul-maanî^^ autre traité 
de rhétorique rédigé en arabe sur un plan différent, et 
qui n'est que le développement du Talkhîs ul-miftâh ', de 
Jalâl-uddîn Muhammad. 

* Cet ouvrage a été imprimé k Calcutta par les soins de 
Th.Lumsden enl 81 3,in-4\ Ce qu'en dit l'éditeur peut s'appliquer, 
à bien plus forte raison, au texte persan d'après lequel j'ai fait 
mon travail : « Tt cannot be read in the original, without exciting 
« in the mind of the reflecling reader, a very favorable impres- 
« sîon of the state oî perfection to which the science of rhetoric 
« has been carried by the Arabs. » 

* Il sera aussi quelquefois question, dans ce travail, du MU' 
tauwaly commentaire du même ouvrage, dont le titre, qui signifie 
long^ contraste avec celui de mukhtaçar^ court ou abrégé^ 
donné au second. Us sont dus Fun et l'autre \ Maçûd ben-Omar, 
connu sous le nom de Saad-Taftâzftnî. 



— VI — 

Le Hadâyic ul-balâgat est divisé en six parties : V Vex- 
position^ fj^l '^^ les figures^ ^ jj ; 3° la métrique^ d^^j^ > 
4"* la rimCy ^^> ^ ^ énigmes et les allvMons^ Um; G"" les 
plagiats^ oli^. 

L'auteur, Mîr Schams-uddîn-Faquir, de Delhi, qui mou- 
rut vers le milieu du siècle dernier, a laissé d'autres écrits 
qui sont tous estimés. J'ai eu l'occasion d'en parler dans 
le tome P' de mon Histoire de la littérature hindouie et 
hindoustanie^ page 442 de la seconde édition. 

Je traduis ici en français cet ouvrage, qui n'a jamais 
attiré l'attention particulière d'aucun orientaliste, ce qui 
le rend entièrement neuf pour les Européens. Ma traduc- 
tion, quelquefois un peu libre * pour être intelligible, 
offrira quelques coupures, et sera parfois un peu abrégée, 
afin que mon travail ait le moins d'étendue possible. C'est 
uniquement par cette considération que j'ai retranché 
beaucoup de citations, m'étant généralement fait une loi 
de ne donner qu'un seul exemple en vers à l'appui des 
règles, quoique dans l'original il y en ait souvent plu- 
sieurs. 

J'ai déplacé la métrique ^j^^f^ et la rime îjilï, et j'en ai 
fait un traité à part, dont les matériaux sont pris principa- 
lement, comme pour la Rhétorique, dans \q Hadâyic ul-ba- 
lâgat. J'y ai ajouté mes propres recherches, et j'ai aussi 
profité des travaux des Européens qui ont écrit sur ce 

* Dans cette seconde édition, j'ai suivi plusienrs bienveillantee 
indications du savant musulman Tantawî, de Saint-Pétersbourg, 
et quelques autres de M. Alex. Chodzko, professeur au Collège de 
France. 



— VII — 

sujet *. Tel qu'il estcançu, mon traite est un travail neuf; 
il comble un desideratum de la littérature orientale. Eln 
effet, le premier j*ai appliqué les règles de la prosodie 
arabe aux diverses langues de TOrient musulman, et spé- 
cialement à l'arabe, au persan^ au turc et à Turdû; le pre-' 
mier, j'ai donné de nombreux exemples, tous traduits*, à 
l'appui des règles et pour en faciliter l'intelligence*. 

L'importance de la prosodie, pour ceux qui veulent lire 
et surtout éditer des poètes orientaux, n'a pas besoin d'être 
prouvée. Je répéterai même, après mon illustre maître ^, 
que la connaissance des règles de la métrique arabe est 
absolument nécessaire à l'intelligence des poésies de 
l'Orient musulman comme moyen de critique, soit pour 
s'assurer du sens, puisqu'il dépend le plus souvent de la 
manière dont on doit prononcer les mots qui entrent dans 
la composition d'un vers, soit pour corriger les fautes des 
copistes, fautes qui sont d'ordinaire plus communes dans 
la poésie que dans la prose, à cause de l'obscurité qui 

* Spécialement S. le Clerc, S. deSacy, G. Freytag et F. Glad- 
wiD. Les trois premiers n'ont traité que de l'arabe, et le dernier 
du persan seulement ; aucun d'eux n'a parlé du turc. Je ne men- 
tionne pas M. Ëwald, qui, dans son Ahhandlungen^ etc., et dans 
le Brevis metrorum doctrina^ qui termine sa Grammaire arabe, 
a exposé la métrique arabe au point de vue européen, ce qui ne 
me parait pas devoir en faciliter T intelligence. 

* S. le Clerc n'a jamais donné la traduction des exemples arabes 
qu'il a cités, et Freytag ne Ta pas toujours fait. 

* S. de Sacy, pour abréger, n'a cité aucun exemple, ce qui 
rend quelquefois son traité peu intelligible. 

* S. de Sacy, Traité élémentaire de la prosodie et de Vart 
métrique des Arabes. 



— vm — 

règne souvent dans les vers orientaux par suite des méta- 
phores qui y abondent et des expressions peu usitées que 
la mesure et la rime y amènent. 

C'est pour avoir négligé de s'occuper de la prosodie que 
d'éminents orientalistes ont commis quelquefois de graves 
erreurs dans les textes qu'ils ont publiés. Je me conten- 
terai de citer en ce genre le célèbre W. Jones, qui, dans sa 
Grammaire persane^ avait donné fautivement nombre de 
vers qu'il m'a été facile de corriger dans la nouvelle édi- 
tion que j'ai publiée de cet ouvrage, en les scandant avec 
soin. 



RHÉTORIQUE 



DES 



LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN 



PREMIÈRE PARTIE 

DE L'EXPOSITION, ^^Lj 

• 

La science de rexposition (^'^) consiste en certains 
principes et règles dont Tintelligence donne la facilité 
d'exprimer la même chose, ^^*^y de plusieurs manières 
différentes. Or, ces différentes indications, wJbî j, peu- 
vent être plus ou moins claires, et on les distingue en 
trois espèces. La première est positive , ^^^ * ; elle 
consiste en une expression qui indique tout le sens de 
Tobjet, py^y^ dont il s'agit. C'est comme lorsqu'on 

^ A la lettre, relative au ^^ « le sens propre )>• (Bulletin 

hist et ph. de l'Ac. imp, des sciences de Saint-Pétersbourg, 
t. XII, p. 243). 

K 



^ 2 — 

désigne Vhomme sous le nom d'animal raisonnable. La 
deuxième est elliptique, J^ ; c'est lorsqu'on ne dé- 
signe qu'une partie de l'objet, comme, par exemple, 
lorsqu'on dit sedlemeiit qile Vhorhrtte e^t un animal, ou 
bien, seulement encore, qu'il est raisonnable. La troi- 
sième est annexe^ ^!)^'» ®* ^^ ^®^* désigner par là 
une expression relative à un sens qui est en dehors de 
l'état réel de l'objet, mais qui s'y rattache. Ainsi, c'est, 
p^ etetophi lorsqu'on se ieri 4u mot vie^ poiii* iilâii- 
quer un homme. 

Quand on veut exprimer une chose de plusieurs ma- 
nières différentes, on ne peut pas employer l'indication 
positive, ^5«^^, qui ne se produit que d'une seule 
façon, »^*^, et ne peut être, par conséquent, ni plus 
ni moins complète* Ainsi, les mots «x^t, v^^^^ÂJuaà, 
^U., qu'on emploie, en atfabe, pour désigner le lion, 
j^j ne représentent cependant pas tout à fait ce dernier 
mot, parce que quelques-unes de ces expressions sont 
plus claires que d'autres pour désigner l'animal dont il 
s'agit. 

Toutefois^ on peut exprimer ces différents sens par 
l'indication elliptique, {^^^t^^i ^^ annexe, flr^U oar un 
objet, p^> peut avoir plusieurs qualités annexes, ^j]^-, 
dont quelques-unes sont proches, w^^, à causie qu'elles 
s'y rattachent immédiatement « l^Ltj «juiS ^'<ty>*^ et 
d'autres éloignées , o^ , parce que leur liaison à^ec 
l'objet dont il s'agit n'est que médiate, oytS=» v^^^-^c-^ 

Or, cette proximité ou cet éloignement sont une causé 
de clarté, ^t^^^j), ou d'obscurité, [*s>.. Ainsi, quand on 



— 3 — 

Appelle « lotigde baudrier, » ^Ur^' Ji^? ui^ " homme 
de haute taille ]>, ^ j^j^^ et « abondant en cendtes »^ 
oUjJI^^Jâa», « un hôte généreux », la qualité exprimée 
dans la première cbmparaison est proche^ et dans la 
seconde éloigna ; oai* Tabondance de la cendre dépend 
de ce qu'on brûle beaucoup de bois, oe qui tient à oe 
qu'on feit beaucoup de cuisine» par conséquent» qu'on 
reçoit souvent des hôtes; oe qui indique enfin u Un hôte 
généreux » ; 

une chose,^, peut aToil* plusieurs parties, j^, et 
ces parties se subditisent encore. Or, Tindication d'une 
^rtion de l'objet est plus claire que celle d'une partie 
de la portion* Ainsi, l'emploi du mot corps^ ^Um^, en 
pai'lalit d'un mimai , ^^j^, est une indication plus 
claire qtie le même mot en parlant d'un homme^ ^LJi ^ 

Il est évident, d'après ce qui précède, quele but, ^j^i 
dé la science de l'exposition, ^;L^, c'est la considéra*- 

* Parce que le Corps est en quelque sorte une portion de rani- 
mai et l'animal une portion deThomme. On appelle homm$y dit 
Imâm Bakhsch, qui a développé en urdu les mômes règles de 
rhétorique, Tôtre doué de la parole^ c'est-^-dire celui qui est à 
la fois animal éi doué de la parole ; et on nomme animal un 
e^^rpB susceptible de oroiàsance sendibie^ et qui se meut de lui- 
même. Un tel être est donc une portion de Tbomme (quant à 
ses qualités), de même qu'un corps n'est aussi (quant è ses qua- 
lités) qu'une portion de VamMÊkol^ et ainsi le twrpê est la portion 
de la portion de l'homme. Donc indiquer VùnitMi par le mot 
Mrpt^ qui en est la portion (d'après ce qui rient d'être dit), 
c'est une indication claire ; mais le môme mot, en parlant de 
rhomme, est une indication moins claire, puisque le corps n'est 
qu'une portiqii de la portion de l'homme. 



— 4 — 

tion, jLscl, des dépendances, vl^UjiJL», ou des rapports 
des choses, ^L*', entre elles. Or, cette connexité, a^, 
peut se trouver des deux côtés, comme, par exemple, 
celle qui existe entre rimâm et le fidèle^ ou d'un seul, 
comme entre la science et la vie^ la bravoure et le lion. Si, 
pour exprimer une qualité annexe à la chose dont il 
s*agit, on emploie un accompagnement, ^^, en l'ab- 
sence de la désignation précise de l'objet, on appelle cette 
expression une métaphore, )^^9 et si on présente l'objet 
lui-même d'une manière métaphorique,^!^, on nomme 
cela métonymie^ àjb^. Or, le rapport qu'il y a entre la 
métaphore et la métonymie est celui du simple^ ^jàf , au 
composé y s-^y, parce que, dans la métaphore, jLac^, on 
exprime la qualité annexe, >j^, sans mentionner l'objet 
lui-même, p^; et, dans la métonymie, on peut les 
exprimer l'un et l'autre. Ainsi la métaphore représente 
une partie de la chose, tandis que la métonymie la re- 
présente toute. Dans la métaphore, il faut qu'il y ait 
dépendance ou correspondance, ^5%^ entre le sens réel, 
J-afiw, et le métaphorique, ^jUr^. Or, si c'est une 
dépendance de comparaison, on nomme cela un trope^ 
Zjlxx^] *; et s'il y a encore autre chose que comparai- 
son, on le nomme métaphore mMiate^ à la lettre, ren- 
voyée, ^f jW* *. 

^ C'est-à-dire remploi d'un mot dans un sens figuré, ou plutôt^ 
ainsi que le dit Gladwin {Dissert, on the RheU eU., p. 58)» 
une sorte de similitude^ comme lorsqu'on nomme lion un homme 
brave. 

^ On trourera en son lieu l'explication détaillée de ce genre de 
métaphore. 



— 5 — 

On voit par là que le fond de la science de l'exposi- 
tion, j^tr-f ) consiste en quatre points principaux : l"" la 
comparaison^ *t^^5 2* le trope^ »jIjcl-I; 3» la métaphore 
médiate ou renvoyée^ J--^ jis^ ; 4* la métonymie^ i^b^ 



CHAPITRE !•'. 

DE LA COMPAIUISOIf, UJJ 

Le mot comparaison^ ^^^ï^, signifie assimilation de deux 
choses en un seul sens. On nomme la première de ces deux 
choses l'objet comparé^ i^, la seconde, l'objet auquel on 
compare, ij aJ^, et le point qui les réunit, le sujet de la 
comparaison^ ^ ^j. De plus, entre l'objet comparé et 
celui auquel on le compare, il faut qu'il y ait association 
ou parité, vjïya»!, en quelque chose, et, sous un autre 
rapport, qu'il y ait éloignement ou disparité, ^jl^'- En 
effet, ces objets doivent être différents dans leur essence, 
v::.X&i^» et pareils quant à leurs qualités, w^â^, ou vice 
versa. S'il n'y a aucune espèce de différence dans les 
deux objets, il y a alors pluralité^ ^Jjù*; mais la compa- 
raison est nulle. 

On a aussi nécessairement un but, j^jà^ dans la com- 
paraison, car on ne l'emploie que dans un dessein quel- 
conque. En outre, elle offre éloignement, Jjo, on proxi- 
mité, w^5 ; répulsion, ^, ou acceptation, J^. Enfin, il 
y a encore l'instrument, c^'^t, de la comparaison. Nous 
avons ainsi à expliquer plusieurs choses : 1° la chose 
comparée, a^, et l'objet de la comparaison, ^j a^^ ; 
2* le sujet de la comparaison, a^ a^.^ ; 3** le but de la 
comparaison, a^-JJ jojà; 4* les espèces différentes de 



comparaison, à^* >Lit; 5^ Tinstrument de la eompa- 
raison, i^ vj!^bl. de sera Tobjet de einq différenteg 
sections. 

SECTION I" 

Des deux objets de I4 ooipp^n^i^ep, àj J^iu^j aJ^ 

L'objet qui est comparé, aJui, et celui auquel on le 
compare, aj ^^, peuvent être atteints ou par un des 
cinq sens extérieurs ou par Tesprit. Dans le premier 
cas, ils peuyeAt l'être d'abord par la yue, comme dans 
ce Yera de Hakîm-Açadî-Tûcî * : 

Il vjt upe joçi^ cprnff^e la rpse. CQftft jpuequi pnflanuperinia- 
ginatipp. il la vit pareille à l'aiirore bfiUante du nau rozK 

Ils peuvent Titre, en second lieu, par Uoide, eepme 
dans cet hémistiche de iQiècftnt : 

^/\y jiT^^ ^\jJ:> J^j^ -i^ 

Tantôt Toispaa fait m g§7P^Uleipei|t semblabla ai; (ifttf^inent 
des anneaux des pieils de celles qifi enlèfvputles ppeur^... 

La comparaison peut se rapporter à Todorat, comme 
dans ce vers de Fauteur : 

* Pu le docteur Aç&dl de T^s. (Vqyez si^r cp poëtp persap 
célèbre, contemporain de Firdauci, J. de Hammer, Geschichte der 
8ch. Redek. Persiens^ p. 49.) 

^ Le premier jour de Téquinoxe du printemps et le jour de Tan 
des Persans. 



— T — 

Par ce vin couleur de rose, et qui nourrit le saule noirâtre* , 
cet arbre sans valeur a acquis l'odeur de la rose et du musc. 

La comparaigpn peut avoir trait s^u goût^ comme dans 
le vers suivant de Fauteur : 



Hier l'échanson avait dans sa coupe un vin tel, que le palais 
trouvait qu'il avait le goût agréable de Fean merveilleuse du 
paradis. 

Voici, pour le toucher, un vers de Ehâcâni comme 
exemple : 

Son sein est aussi doux que la plus fine étoffe de soie, mais 
son cœur ressemble au dur canevas (pd2a<= filasse). Toutefois 
je me contente du canevas à cause de la soie. 

Une autre espèce de comparaison relative aux sens, 
c'est lorsque, par un effort de l'imagination, on effectue 
une réunion d'objets sensibles, réunion qui ne saurait 
avoir une existence matérielle. Or, comme les choses 

^ L'auteur veut parler ici, je pense, du saule muscat, dli^ «XJt 
dont les fleurs odorantes fournissent une huile suave. (Voyez une 
note sur ce végétal dans mon ouvrage intitulé : le» Oiseaux et 
ki Fleu/rSf allégories arabes, p. 142 et suiv.) 



— 8 — 

accessibles à rimagiûation ne sont pas en dehors des 
sens, on compte aussi cette comparaison au nombre de 
celles qui sont relatives aux sens. En voici un exemple 
dans le vers suivant : 

Lorsque la rouge anémone^ s'incline (par l'effet du vent) et 
se relève ensuite, on croirait voir des drapeaux de rubis déployés 
sur des piques d'émeraude. 

Les drapeaux de rubis et les piques d'émeraude n*ont 
pas d'existence matérielle (ou extérieure, ^jLà.); niais 
ce dont ces objets se composent, savoir : les drapeaux 
et les rubis, les piques et les émeraudes, sont accessi- 
bles au sens de la vue. 

Quant à la comparaison intellectuelle, ,Jiô, c'est celle 
que l'esprit seul peut atteindre, et non les sens, comme 
lorsqu'on assimile, par exemple, la science à la vie^ et 
comme dans ce vers d'Azraquî * : 

* Dans le Mukhtaçar ul-maanî où ce vers arabe est aussi cité, 
il est dit que le i^tï^» ^^ pluriel ^^^Liùi., est une fleur, ^%j 
(ce mot, qui signifie proprement rose en arabe, se prend aussi 

pour/ïewr, comme Ji", en persan), rouge, mais noire au milieu, 
qui croît dans les montagnes. (Voyez les Oiseaux et les Fleurs. 
p. 142 et suiv. 

*Poëte persan du xii* siècle, auteur du Sindibàd^ameh ^ 
poëme sur lequel feu Forbes Falconer a donné une notice inté- 
ressante dans VAsiatic Journal en 1 841 . 



— 9 — 

La perspicacité de ton esprit est comme la table des destinées 
conseryées dans le ciel ; Tatome de Toubli ne doit pas y trouver 
place. 

Ici te joerspicacti^ est l'objet comparé, et te table mysté- 
rieuse Tobjet de la comparaison; or, run et l'autre ne 
sont accessibles qu'à l'esprit, et non aux sens. 

Quant aux comparaisons dont Tintelligence dépend 
de la réflexion, comme s'il s'agit, par exemple, du plaisir 
ou de la peine, de la détresse ou de l'abondance, etc., on 
les compte parmi les comparaisons intellectuelles^ ^Jic. 
En voici un exemple dans le vers suivant de l'auteur : 

>\j ^ù o3 ) ^J-Jufi Jt 



Les tourments de Tamour sont une autre jouissance; les 
peines des amants sont de nouveaux plaisirs. 

On compte aussi parmi les comparaisons intellec- 
tuelles celles qui consistent en des choses auxquelles 
on donne une forme conjecturale, ^j. Or, la différence 
qu'il y a entre les choses de conjecture^ ^^s^J ' ®^ celles 
d'imagination^ J?^> c'est que celles d'imagination ré- 
sultent de la réunion de choses accessibles aux sens, 
que combine la force Imaginative, comme dans l'expres- 
sion O^L; Jo, le drapeau de rubis^ employée plus haut, 
tandis que les choses de conjecture, ,c^^ , ne résultent 
pas d'une réunion de choses accessibles aux sens; mais 
elles prennent une forme particulière que leur donne 
la puissance Imaginative : c'est comme, par exemple, 
lorsqu'on se figure un Iwmme à dix têtes ou un ogre à 
figure et à dents de lion. 



— 10 — 

Voici un vers d'Ammlcals qui servira d'exemple à ce 
que nous disons t 

Me faera-t-ily moi qui ai sous mon chevet mon épée du 
Yémen, et qui possède des flèches aiguës et bien trempée^ 
(bleues), semblablts aux dents des ogres* ? 

Le sàym\ T4f(atôn)« dans son ouvrage intitulé Mu- 
tatu^fc^l % éUMW une différence entre la comparaison 
conjectural^^ ^c^^jj ®* Vimaginative, J^lt^^ ®t ^^ Teiplique 
comme nous l'avons fait. Toutefois, au premier coup 
d'œil, on n'aperçoit pas cette différence ; car Tidée d'un ^ 
homme à dix têtes et à dix chevelures^ d'un ogre à figure et 
à dents de lion^ paraît absolument pareille à celle d'un 
drapeau de rutris^ ^^^ aU, et de lances d'émeraude^ 
:yj ^L»j, ce qui a été cité parmi les comparaisons Ima- 
ginatives, J>Lê* En effet, les éléments constitutifs, 
^t^ t , 4e c^s deux espèces de comparaison sont em- 
priantes auip objets sensibles, vI^L-j*-œ^, et l'imagina* 
tiqn les a associés. Toutefois, la conjecture^ ç/^^^ h pro- 
prennent parler, c'est l'attribution d'une forme à une 
tîbose qu'on n'a pas vue, tandis que Vimagination, J^i 
se forme d'une réunion de choses sensibles. En consé- 

* Conf. Diwan d'Amri|)cais par M. le baron de Sldfie, pagQ "][, 
34 et 77; et de Sacy, Chrest. arabe, t, III, p. 52. 

* Célèbre traité arabe de rhétorique dont le titre complet est 
^^^ s3^ Jj^' L'auteur mourut en 1389 de l'ère chré- 
tienne. 



— 11 — 

quenoe^ la cdnjeeture, a^j» juge des efaoMfi qui ne 
tombent pas sous les sens, et Vimaginalian^ J^i oe va 
pas au delà de ee qu'ils atteignent. Ainsi, lorsqu'on se 
figure un ogre, un ange, ou un autre être qu'on i^'a pas 
Yn, c'est une conjecture, ai»^, car l'imagination est in-* 
safflsante à se représenter ces sortes d'objets. 

Il peut se faire qu'un des deux points de la compa^ 
raison soit sensible, ,<**^' ^^ l'autre intellectuel, ,^Ji&, 
comme lorsqu'on assimile la justice à une balance, et 
Vessence de roses à un naturel généreux. En voici un 
exemple dans le vers suivant de Khâcànt : 

La vie est un pont délabré qu'un torrent menace de détruire. 
Tâche de trayerser la brècbe du pont avant Tarrivée du tor- 
rent. 

Danâ ce vers, l'objet comparé est intellectuel, et celui 
auquel on le compare est sensible. 

Le résultat de ce qui précède, c'est que, dans la com- 
paraison, les objets comparés peuvent être de quatre 
sortes : 1 ** tous les deux sensibles, ^-^^^ ; 2' tous les 
deux intellectuels, ^J^; 3*» l'objet comparé sensible et 
l'autre intellectuel j 4° le contraire de ce dernier cas. 

SECTION II. 

Sur le sujet, ^^, de la comparaison. 

On entend parla l'espèce de parité, vllt^t, qui est 
exigée entre les objets qui sont comparés. Or, il faut 



— 12 — 

savoir que ces objets sont pareils quant aux qualités 
essentielles, mais différents quant aux qualités exté- 
rieures, ou vice versa. C'est comme, par exemple, deux 
corps pareils, mais dont l'un est noir et l'autre blanc, 
ou, au contraire, deux choses longues l'une et l'autre, 
mais dont l'une est un corps solide et l'autre une sim- 
ple ligne. 

Ces qualités, cuâ^, peuvent avoir d'abord rapport 
aux sens, ^j^ ^xu^^ ou à l'esprit, JJb. On rauge dans 
la première catégorie les qualités du corps relatives à 
la couleur, à la forme, à la dimension, ^^ jX», au mou- 
vement, à la voix, au goût, à l'odeur, à la grossièreté, 
vjiJyLtfL, à la finesse, vj:^sa.bl», à la dureté, à la douceur, 
à la lourdeur, à la légèreté, à la chaleur, à la froideur, 
à l'humidité, à la sécheresse, et autres choses sembla- 
bles qui sont accessibks aux cinq sens. On range dans 
la seconde Ips qualités morales, ^LiJ ^ZÀ^^ telles 
que la perspicacité, la science, l'intelligence, la puis- 
sance, la générosité, la munificence^ la douceur, la 
colère, la bravoure, et autres qualités analogues qui 
sont accessibles à l'esprit. 

D'un autre côté, la qualité, vj>i^, peut être produite 
par le raisonnement^ v^) W^' (ou dépendante^ ^^^ ) : telle 
est la comparaison d'un directeur spirituel au soleil, parée 
que l'un et l'autre écartent les ténèbres (spirituelles ou 
matérielles) *. La qualité que l'auteur de la comparai- 

* L'exemple que je cite ici est emprunté h l'ouvrage d'Imâm 
Bakhsch. Il est destiné à éclaircir l'obscurité de la théorie toute 
seule. 



- 13 - 

son a en vue est évidemment une qualité d'argumenta- 
tion, l^ wi-o, car il faut raisonner pour la découvrir. 

On peut qualifier aussi une chose purement imagina- 
tive, ^jj^^ et conjecturale, ^^^^j, comme les dents des 
ogres ^ qui ont été mentionnées dans le vers» cité plus 
haut^ d'Amrulcaîs. 

La qualité peut se rapporter, enfin, à une ou à plu- 
sieurs choses, et la vérité qu'on exprime peut être ou 
simple, iiuuj , ou composée, w^^ 

Ainsi le sujet de la comparaison est de différentes 
espèces, oyjj* , conformément à ce qui précède. Il est 
unique f ^^^1^? ou multiple^ jjjùC^; et, dans ce dernier 
cas, les choses dont il se compose peuvent être réunies 
en masse, J^'j c^j^^ ^^ rester séparées. 

L'objet de la comparaison unique est ou sensible^ 

-«o., ou intellectuel^ ^Jjb. Pour le sensible, il est né-' 
cessaire que les deux objets comparés soient l'un et 
l'autre sensibles, parce que le sujet, Aa^ , de la compa- 
raison se tirant aussi bien de l'objet comparé que de 
celui auquel on le compare, si un d'eux est intellectuel 
^Jic, il ne peut pas cesser de l'être. Mais, lorsque l'objet, 
Aa^^, de la comparaison est intellectuel, il n'est pas né- 
cessaire que les deux objets de la comparaison soient 
l'un et l'autre intellectuels, parce que l'esprit peut 
atteindre les objets sensibles, tandis que les sens sont 
incapables d'atteindre les choses intellectuelles. Aussi 
les rhétoriciens assurent-ils que la comparaison dont 
le sujet est intellectuel est plus commune que celle 
dont le sujet est sensible. 

La comparaison dont le sujet est unique et sensible, 



— u — 

c'est, t^ar exemple, la couleur rouge dans la comparaison 
de la joue à la rose; la douceur du son dans la comparai- 
son du murmure de là yôix au bruit lointaiti des pieds 
des chameaux ; la bonhe odeur dans la comparaison des 
boucles de cheveux à Tambi-e ; le goût agréable daûs lË 
comparaison de Teau de Eauçar au Tiil ; la finesse dans 
la comparaison de la peau (d'une femme) à la Soie. 

La comparaison dbnt le sujet est uhique et intel- 
lectuel, c'est, par exemple, la bravoure dans la cottt- 
paraisbti d'un brave à un lion; la viviftcation ddils la 
comparaison de la science à la i)ie; ta direction dans Id 
comparaisoii de la science à ta tuniière; là satisfaction 
(qu'on éprouve) dans la bdmparaison d'Une bonne 
odeur à un naturel généreux. 

La comparaison dont le sujet est multiple, JJjo, 
mais en un seul faisceau, et, par conséquent, composé, 
w%f^, est aussi ôU sensible^ ^c*^» ^^ intellectuelle ^ 
,JJb. Lorsqu'elle est sensible, 'elle peut êtfe de plu- 
sieurs sortes. 

La première, c'est lorsque lés objets de la comparaisoil 
sont uniques et que le sujet de la Comparaison est mul- 
tiple. Gomme dans la comparaison de Vitincelle à Vosil 
du coqy quant à la rondeur, à la roUgèur et à la dimeil*^ 
sion, et comme aussi dans ce Verâ d'Abû-'lforah : 

Le coursier rapide sur lequel il est monté est pareil à la yoûto 
du ciel; le parasol qui garantit sa tôte de l'ardeur du soleil 
ressemble au halo de la lune. 



— 15 — 

Ici le sujet de la compèitaisoii est d'assimiler le cheval 
au ciel (tiuant à la majesté, à rélévatibn de la taille et à 
la célérité de la course; et le parasol au halo^ quant à la 
rondeur et à l'éclat. 

La deuxième espèce de comparaison composée et 
sensible, c'est lorscîue lëfe trois objets (l'objet comparé, 
celui auquel on le compare, et le sujet de la comparai- 
son elle-même) sont composés et sensibles, comme dans 
ce vers arabe de Baschschâr*, où il décrit tin coliibat : 



L 



^v (J^ ^ï jl^ ^>S 



S\^ ^,[^ jj [^U, 



La pdussière qui Voie au-dessu.4 de nos tètes et dé nos épées 
scintillantes ressemble à une nuit dont les astres marchent en se 
succédant. 

Ici l'intention du poëte est de comparer la poussière 
et l'éclat d'une épée qui brille au milieu d'elle à une 
nuit pendant laquelle des étoiles tombantes traversent 
successivement le ciel; et tout cela est réuni sous un 
seul aspect, l'auteur ne comparant pas séparément la 
poussière à la nuit, et l'épée à l'étoile tombante. 

La troisième espèce de comparaison composée et sen- 
sible, c'est lorsque l'Objet qui est comparé est simple. 
J|^, et sensible^ et que celui auquel ou le compare, 
ainsi que le sujet dé la compairaison, sont composés et 
âeniibles, comme lorsqu'on compare le soleil à Ùii ml- 

* Sur ce poëte, on peut consulter le Dictionnaire biographique 
d'Ibn-KhalHoan. (Voyez tome I, p. tH de k traduction de 
M. le baron de Slane^) 



— 16 — 

roir que tient une main tremblante, car ici, la compa- 
raison est d'un seul aspect, parce qu'il résulte à la fois 
de la rondeur, de l'éclat et du mouvement convulsif 
des deux objets dont il s'agit. 

On trouve un exemple de ce genre de comparaison 
dans cet hémistiche d'Âbd-ul-Wàcî-Jabalt : 

Tes joaes sont du lait mêlé à du vin. 

Ici on veut comparer la joue à du lait mêlé avec du 
vin. Le sujet de la comparaison est donc le mélange de 
la couleur rouge avec la blanche. 

La quatrième espèce, c'est lorsque l'objet auquel on 
compare est simple, et que l'objet comparé, ainsi que 
le sujet de la comparaison, sont composés, comme dans 
ce vers de Khâcâni : 

cT^' ^^y^ c^-^' fij ^^ 

Les yeux de Tennemi font, par la blessure des armes, cent 
ouvertures pareilles k la plaie purulente produite par le fer. 

Ici, l'objet que l'on compare, ce senties cent ouver- 
tures que l'œil de l'ennemi produit par la pointe des 
lances, et l'objet auquel elles sont comparées, c'est la 
blessure purulente faite par le fer. Le premier objet est 
composé, le second est simple, et le sujet de la compa- 

^Ici le ^ i*wn%té répond tout à fait au mot anglais some; 
ainsi ^>^ signifie, mot à mot, samemUk» 



— 17 — 

raison, semblable à une ruche d'abeilles, forme un en- 
semble qui se présente sous un seul aspect. 

Quant à la comparaison dont le sujet est composé^ 
v->^^==>^, et intellectuel^ ,P^'> ^'^^^ celle, par exemple, 
que contient le vers suivant d'Anwarî : 

Ta es dans le monde et tu es avant le monde, comme un sens 
qui se trouve dans Texplication. 

Dans cet exemple, le sujet de la comparaison, c'est la 
supériorité de la chose comprise, iLx^ {comprehensa) 
sur celle qui comprend, la^s^ {comprehendens). Ici en- 
core, il n'y a qu'un seul aspect, vJl^^a> v^ . 

Quand le sujet de la comparaison est d'un seul aspect, 
mais se compose de plusieurs parties^ l)a.!, soit sensibles, 
soit intellectuelles, on ne doit pas, dans la comparaison, 
avoir en vue quelques-unes de ces portions seulement 
et en laisser d'autres ; car, dans ce cas, la comparaison 
serait défectueuse. Les exemples qui précèdent feront 
comprendre cette observation. 

Lorsque le sujet de la comparaison^n'est pas unique, 
^^ y^, mais multiple^ ^ Jjo, et c'est ainsi, dans ce 
cas, qu'il se nomme, il se compose de différentes choses 
dont chacune d'elles isolément est peu importante. C'est 
le contraire du sujet de comparaison composé, mais 
sous un point de vue unique. 

On compte trois différentes espèces de la comparaison 
dont le sujet est multiple. La première, c'est lorsque 



— 18 



les différentes choses, U)^, dont il se compose sont 
sensibles, comme dans ce vers arabe de Khâcâni : 



Où sont les coupes et les verres, les soleils et les luues ? 

Le sujet de la comparaison dans l'assimilation de la 
coupe et du \erre au soleil et à la lune, c'est ia rondeur, 
l'éclat et la circulation à la ronde. 

La deuxième espèce, c'est lorsque ces mêmes choses 
sont toutes intellectuelles, comme quand on compare 
certains oiseaux au corbeau sous le rapport de la vue 
perçante, de Fextréme circonspection et de la pudeur 
dans les rapports sexuels. 

La troisième espèce, c'est lorsqu'une partie de ces 
choses est sensible et l'autre intellectuelle, oomme dans 
ce vers de Niz&mt : 

Tantôt boire du vin pareil au sang du méchant, tantôt se re- 
poser sur le trône du roi. 

Ia sujet de la comparaison dans Tassimilation du vin 
au sang du méchant, c'est la rougeur et le désir qu'on 
éprouve (de boire du vin et de répandre le sang de son 
ennemi) ; or, le premier est sensible et le second intel- 
lectueU 

Quelquefois, en voulant exprimer le contraire, ^Liaï 



— 1» — 

(du sens ordinaire des mots), on dépouille, par suite, 
le sujet de la comparaison (de sa valeur première). Cieoi 
a lieu lorsqu'on compare d^ux choses opposées, et qu'on 
prend pour sujet de la comparaison le sens opposé qui 
se trouve dans ces deux choses qui sont réunies. On met 
ainsi l'apposition^ jLiJ, à la place de la conformité^ w^l^. 
Le but qu'on se propose par ce genre de comparaison, 
c'est la plaisanterie et Tenjouement, ou la dérision et la 
moquerie, comme lorsqu'on dit qu'un poltron êtt un Uan, 
ou un avare^ un Hâtim *. 

Il est nécessaire que le sujet de la comparaison com- 
prenne les objets comparés, ^jLj^j» (les deux côtés), 
c'est-à-dire qu'il doit être vrai^ (J^^^» tant pour l'objet 
comparé que pour celui auquel on le compare. S'il n'est 
pas exact pour un de ces deux ol^ets, la comparaison est 
défectueuse, J^li. Par exemple, si, dans cette phrase, 
^IxDI ^ JiK ^bl^l ^ ^1, « la grammfliire est pour 
le discours ce qu'est le sel pour les mets ^, i> le sujet de 
la comparaison est qu'il ^st bon d'epiployer ce dont il 
s'agit, et mal de ne pas l'employer; ces 4eux choses 
sont vraies, et la comparaison est bonne, parce que les 
mets sont bons si on les assaisonne avec du sel, et mau- 

* Chef arabe dont la générosité est prorerbiale dans l'Orient, 
et dont on raconte une foule d'a?enturei plus* ou moins mer- 
teiUeuees, qui font le sujet de plusieurs romans persans, hindou- 
stanis, etc. Un de ces romans a été traduit en anglais par fi^ 
Duncan Forbes. Hâtim était chrétien; mais sa fille se fit musul- 
mane, 

* Ces mots sesrent d'épigraphe h FAppendic^ ^ mes Rudi^ 
ments hindoustanis. 



— 20 — 

vais si on l'oublie. De même, la correction du discours 
a lieu par l'emploi des règles de la grammaire, ^^ et 
son incorrection par la négligence de ces mêmes règles. 
Mais si le sujet de la comparaison est de vouloir dire 
que beaucoup de sel gâte les mets, et qu'un peu les 
rend agréables au goût, ce sens n'est pas vrai pour la 
grammaire, et la comparaison est défectueuse, parce 
que si, dans le discours, on suit quelques règles de 
grammaire et qu'on néglige les autres, il est incorrect 
et irrégulier. 

. SECTION III. 

Sur le but, ^^^ de la comparaison. 

Le but de la comparaison est généralement relatif à 
l'objet qu'on compare, et il est ainsi de plusieurs 
espèces. 

La première, c'est lorsque le but de la comparaison 
est d'expliquer la possibilité de l'existence de l'objet 
qu'on compare, lorsque le contraire peut se soutenir, 
comme dans ce vers d'Abou-Taïyib * : 

Si tu surpasses les hommes tout en étant de leur nombre (ce)a 
peut bien être), puisque le musc est une portion du sang de la 
gazelle. 

* Il s'agit ici d'Abou-Taïyib, plus connu sous le nom d*Al-Mu- 
tanabbî. (Voyez la trad. d'Ibn-KLallican, par M. le baron de 
S!ane,t. I, p. 102. 



— 21 — 

La deuxième, c'est lorsque le but de la comparaison 
est de développer l'état de l'objet qu'on compare, comme 
quand on compare une chose avec une autre quant à la 
noirceur, à la blancheur, ou à une autre qualité. Dans 
ce cas, il faut que l'état de l'objet auquel on compare 
soit évident, ^li> ; autrement, la comparaison ne peut 
servir à développer l'état de l'objet comparé. Le vers 
suivant d'Âbû'lfarah en offre un exemple : 

Par le départ de mes compagnons, mon cœur est comme un 
chaudron sur le feu ; à cause des exclamations de mes amis, 
mon corps est comme un oiseau dans un lieu où il est assailli de 
coups. 

On veut exprimer, par cette comparaison, l'état du 
cœur et du corps, dans de pénibles adieux. 

La troisième, c'est lorsque le but de la comparaison 
est d'expliquer l'état de l'objet qu'on compare quant au 
volume^ j\>^ *, comme dans ce vers d'Anwarî : 

A 

Quel récit ferai-je de ses hanches et de sa taille, si ce n*est 
qu'on voit une montagne (U) suspendue à une paille [kâh)'i 

Ici le but de la comparaison, c'est d'expliquer Yam- 

^ Et, ajoute Fauteur, qui a développé le même sujet en urdu, 
quant au plus ou au moins, à la force et à la faiblesse. 



— M — 

pleur ^ ,<^^9 ^^^ hanches 9 et la finesse ^ sSj^^^ ^^ ^^ 
taille. 

La quatrième, c'est lorsque la comparaison a pour 
but de fixer Tétat^ JL^, et la manière d'être de la chose 
qu'on compare^ comme lorsqu'on compare des efforts 
insensés à un dessin qu'on tracerait sur la surface de 
l'eau. On emploie cette Comparaison parce que, comme 
l'homme est plus habitué aux choses senisiblës qu'aux 
choses intellectuelles, ce dont il se rend raison par le 
moyen des sens se fixe et se grave plus promptement 
dans son esprit. 

Le vers suivant de Khâcâni offre un autre exemple de 
ce genre de similitude : 

jL.^ C^l Si^-^ !; c^ï:^^ 

A chaque plaisir correspond une peine, comme avec la main 
droite contraste la main gauche. 

La cinquième, c'est lorsque le but de la comparaison 
est d'embellir l'objet qu'on compare, lorsque, par exem- 
ple, on compare un visage noir à la prunelle de la ga- 
zelle. En voici un autre exemple dans un vers de 
Nizàmt : 



Son corps blancS qui flotte dans l'efiiu, est pareil à l'hermine 
ondoyante au milieu d'une fourrure grise. 

*■ A la lelire, propre. 



— 23 — 

La sixième, c'est lorsque le but de la comparaison est 
d'exposer les défauts de l'objet dont il s'agit, comme si 
on compare les marques qu'ont laissées des boutons 
purulents sur un visage, à un tas de bouse de vacbe sur 
lequel s'est exercé le beo d'un coq. En voici un autre 
exemple dans ce vers de Sanâl % contre les savants qui 
recherchent les honneurs ; 

Ils sont comme les ordures du chameau, qui incommodent 
ceux qui le suivent, et les grosses mouches qui vous tourmen- 
tent. 

La septième, c'est lorsque le but de la comparaison 

est de donner une idée de la nouveauté, Jy^\ et de la 
singularité de la chose qui est comparée, comme si on 
compare un morceau de charbon dont une partie serait 
enflammée à un océan de musc (c'est-à-dire noir) dont 
les vagues seraient d'or. Plusieurs métaphores pareilles 
à celle-ci ont été mentionnées à l'article de la compa- 
raison conjecturale, ^*»jî et imaginative^ J>'^« 

Toutes les fois que le but de la comparaison est d'em- 
bellir, y^^y^i d'enlaidir, .^^r^t ^^ ^® singulariser, 

jt^jJax^^, l'objet comparé, il est nécessaire que l'objet 



auquel on le compare soit plus connu, ^^f^^ et plus 
complet, ^Ivj que le premier. Lorsqu'on a pour but, 

* Madj-uddîn-Hakîm-Sanâî est un poëte persan célèbre par 
plusieurs ouvrages mystiques, entre autres, le i>U ^bit, ou le 
Xwftàvami le ^Oo^, ou jardin, et un diwân estimé* 



— 24 — 

dans la comparaison, d'expliquer le volume, la quan- 
tité ou la valeur de l'objet comparé, il faut que ces 
deux objets soient également connus. Lorsque le but 
de la comparaison est le développement de la possibi- 
lité de l'objet comparé, il faut que l'objet auquel on le 
compare soit d'une possibilité certaine et reconnue. 
Enfin, quant à la singularité, on doit faire attention de 
n'employer pour objet de la comparaison, aj aJu^», qu'une 
chose difficile à se figurer. 

Telle est l'explication des différents genres dans les- 
quels le but de la comparaison se rapporte à l'objet 
comparé^ <ui^. Quelquefois aussi le but de la compa- 
raison se rapporte à l'objet auquel on compare, ^j a^, 
et cela a lieu de deux manières* 

La première, c'est lorsque, de ce qui est défectueux 
dans le sujet de la comparaison, on en fait Tobjet auquel 
on compare, 4j i^, dans le but de faire ressortir la 
perfection, c-JL*S=5l, de ce dernier objet, comme dans 
ce vers arabe : 

^ ^ c * 



La blancheur de l'aurore qui se lève est semblable au visage 
du khalife lorsqu'on le loue. 

Le but de cette comparaison, c'est de mettre l'éclat 
et l'épanouissement du visage de la personne qui est 
louée au-dessus de l'éclat de l'aurore. 

Le seconde manière, c'est lorsqu'on emploie pour 
objet de comparaison, ^ aJu/», une chose plus remar- 



— 25 — 

quable (que celle qui lui est comparée). Dans ce cas, le 
but de la comparaison est d'appeler l'attention sur l'im- 
portance de la chose à laquelle on compare. Le vers 
suivant de l'auteur en offre un exemple : 






Comme le mendiant a éprouvé la disette des bienfaits, il prend 
pour le bord du pain le disque de la lune, qui annonce la fin 
du jeûne. 

La comparaison est véritable, ^3»^?^ (positive), lors- 
que l'objet auquel on compare est, relativement au sujet 
de la comparaison, plus parfait et plus fôrt,^y, que 
l'objet qui lui est comparé; mais, lorsque tous les deux 
sont égaux, on ne doit plus l'appeler comparaison^ ^r^^*> 
mais similitude^ àjIjJ (ressemblance). En effet, dans la 
similitude, à l'opposé de ce qui a lieu dans la véritable 
comparaison, on doit rendre égal l'objet auquel on 
compare, aj aJUp, avec l'objet qui lui est comparé, ut^^ 
comme dans ces deux vers d'Abû-Nowâs * : 

»i31 J^U^^ L^LaJ) j^J^ ^j^ A^;^\ 3^ 

Transparent est le verre, transparent est le vin ; mais Taflaire 
est obscure et ambiguë. Tantôt on dirait que c'est plutôt le vin 
que la coupe, et tantôt que c'est la coupe, et non le vin ^. 

* Sur ce poëte, voyez S. de Sacy, ChresL ar. t. î, p. 42 et 



soiv. 



C'est-h-dire qu'on ne sait pas lequel est ]o plus transparent 
du vin ou de la coupe. 



— f 6 — 



SECTION nr. 



Sur les circonstances» Jly^^ (états), de la comparaison et leurs 

différentes espèces. 

Si on considère la comparaison relativement aux trois 
choses qui ont été développées dans les sections précé- 
dentes, on en distingue différentes espèces qui se ran- 
gent en plusieurs classes. 

§ I. — Glassetnânt de la cotnparaiâoti relatitôtnent à Tobjet 
comparé et à celui auquel on le compare, àj 



Sous ce point de vue, la comparaison se subdivise en 
plusieurs espèces. La première, c'est lorsque les deux 
objets de la comparaison sont Tun et l'autre simples, 
^y^, et qu'il n'y a pas de lien entre eux, xX» ^, comme 
dans la comparaison de la joue à la rose, du brave au 
lion, de la science à la lumière, etc. La deuxième, c'est 
lorsque les deux objets de la comparaison sont simples, 
mais liés, xX», entre eux, comme dans la comparaison 
des efforts sans utilité à un dessin qu'on voudrait tracer 
sur l'eau. 

La troisième, c'est lorsque les deux objets sont sim- 
ples, mais que le lien, ^J, entre eux n'a lieu que de 
la part d'un seul de ces objets, comme dans ce vers 
d'Anvsrart : 



Ses joues sont comme un riant parterre de roses ; les tresses 
de ses cheveux sont pareilles (quant à la couleur) aux nègres 
enjoués. 



— «7 — 

La quatrième, c'est lorsque les deux objets sont coin- 
poséS) comme dans ce vers de Khâc&nl : 

Tu auras tu dans le cristal (de la coupe) le reflet enflommé du 
soleil, et aussi le reflet du vin se montrer dans cette même 
coupe (de cristal). 

La cinquième, c'est lorsqu'un des deux objets est 
simple et l'autre composé. On en a vu plus haut des 
exemples. 

La sixième, c'est lorsque les deux objets de compa- 
raison sont l'un et l'autre nombreux, ^ Jjûû», auquel cas 
la comparaison peut être ou réunie {pêle-mêle) ^^^^ 
ou séparée^ (J-^J^- ^^^^ ®^^ réunie^ quand on mentionne 
d'abord (Juelques objets qu'on veut comparer, et puis 
qu'on énonce de la même manière quelques objets aux- 
quels on compare les premiers, comme dans ce qu'on 
nomme, en termes de grammaire arabe, wJyyuij ^ , 
réunion et dispersion symétrique. En voici un exemple 
dans le \ers suivant d*Abd-ul-Wâd-Jabalî : 

^-'^ (J^^ -5^-5 Sjy^ wPj 'jl— '^^ 

Ses boucles de cheveux tortillés, ses joues épanouies et sa 
taille élégante, sont le musc pur, la rose rouge, le cyprès et le 
jardin*. 

* Le musc se rapporte aux cheveux, tant à cause de leur 
noirceur qu'à cause des parfums dont ils sont imprégnés ; la rose 
se rapporte aux joues, et le cyprès b la taille. 



— 28 — 

Dans l'espèce de comparaison qu'on nomme séparée^ 
on mentionne d'abord un objet qu'on veut comparer à 
un autre, puis celui auquel on le compare; ensuite, on 
énumère pareillement d'autres objets qu'on veut com- 
parer et ceux auxquels on les compare *. En voici un 
exemple dans un rubât de Kamàl-Ismàîl : 

J^f <l^j ^r-a. ^Ljj^ wO^J 







Ton visage est Tocéan de la beauté, tes lèvres sont du corail, 
tes cheveux sont de l'ambre^; ta bouche est Thuitre et tes 
dents en sont les perles ; ton sourcil est la nacelle ^ ; les plis de 
ton front, les flots ; la fossette de ton menton, le tourbillon du 
malheur; ton œil, la tempête. 

La septième , c'est lorsqu'un des deux objets de la 
comparaison est unique et l'autre nombreux. Si c'est 
l'objet qu'on compare qui est unique, et celui auquel 
on compare qui est nombreux, on nomme cette com- 
paraison comparaison de pluralité^ «- ^.jJiJ. Le vers sui- 
vant de Jâmî en offre un exemple : 

C'est simplement une série de comparaisons. 
Quant à la couleur et à l'odeur. 
^ Quant à la forme. 



— 29 — 

Est-ce une joue que ceci, ou la lune, la rouge tulipe, les rayons 
du soleil, le miroir des cœurs? 

Si le contraire a lieu, on nomme cette comparaison 
comparaison d'égalité^ V.^ *t^*' ^ ^^^s arabe suivant 
en offre un exemple : 

Les boucles des cheveux de mou amie et mon état (désolé) 
sont également comme la nuit (noire). 

§11. — Classement de la comparaison relativement au sujet 

de la comparaison. 

Sous ce rapport, la comparaison se subdivise aussi 
en plusieurs espèces. 

La première est nommée comparaison de similitude^ 
J-jt^* (exemple), c'est lorsque le sujet de la comparaison 
est formé de plusieurs choses, comme il a été expliqué 
plus haut (à propos du sujet de la comparaison com- 
posée *). 

La deuxième, nommée comparaison de non-similitude, 
JJV j^^ est celle dont le sujet n'est pas composé de 

^ Les rhétoriciens arabes ne sont pas du même avis h ce sujet. 
Abd-ul-Câdir-Jurjâni, dans son ouvrage intitulé XcbUIjI^t, les 
Secrets de V éloquence^ dit que pour qu'il y ait J.^*, il faut 
que le sujet de la comparaison résulte de plusieurs choses intel* 
lectuelles. Au contraire, on lit dans le Miftdh et le Mutauwal, 
traités de rhétorique dont nous avons parlé dans la note prélimi- 
naire de ce travail, que les choses desquelles se tire le sujet 
de la comparaison peuvent être sensibles aussi bien qu'intellec- 
tuelles. 



— 30 — 

plusieurs choses. Nous en avons donné des exemples 
en traitant du sujet de la comparaison. 

La troisième, nommée comparaison abrégés^ J^, 
est celle dans laquelle le sujet de la comparaison n'est 
pas mentionné, et elle se subdivise en plusieurs espèces : 
1° lorsque le sujet de la comparaison, quoiqu'il ne soit 
pas mentionné, est évident et facile à comprendre, 
comme par exemple lorsqu'on compare un brave m lion^ 
il est évident que le sujet de la comparaison c'est la 
bravoure; 2'' lorsque le sujet de la comparaison est cachée 
Ji^ (obscur), en sorte que les gens d'esprit ou d'une 
éducation distinguée seulement peuvent le trouver, 
comme dans ce vers de Khàcàni : 

Son royaume est désorganisé, le monde est en délire; car tu 
peux voir chaque jour de nouvelles crises de révolte. 

Ici le sujet de la comparaison, c'est le trouble et la 
confusion des choses. Or, on a beisoin de réfléchir pour 
Iç savoir. 

3*» Lorsqu'il n'y a ni de l'objet qu'on compare, ni de 
celui auquel on compare aucune description (,^^^j) 
qui puisse servir h. l'indication du sujet de la compa- 
raison, contune dans ce vers de Khàcàni : 



i^ U-V" ^j'^ c^j^ d>jp J^j^j^ 




— 31 — 

De sa joue, de son visage, de ses cheyeux, tu as à ia fois le 
paon, le paradis et le serpent^. 

4* Lorsque, au contraire, on indique d'une manière 
détournée le sujet de la comparaison. Ainsi, lorsqu'on 
dit, par exemple : « Le brave * Zaïd est un lion, » Tex- 
pression brave découvre le sujet de la comparaison, qui 
est la bravoure. Le vers suivant de Khâcànt fournit un 

autre exemple de ce genre d'indication. 

^^ 

r^ ^ c)^ b^-5 (Vr^ 

Lorsque son poignard, d'un vert (foncé), devient rouge par 
l'effet du sang, tu vois en même temps les traces de Teau sau- 
mâtre et du vin. 

Par les mots rouge et verf , qui décrivent l'objet qu'on 
compare, il est évident que le sujet de la comparaison, 
c'est la réunion de la couleur rouge et de la couleur 
verte. 

5* Lorsque l'objet qui est comparé est seul décrit, 
conune dans ce vers d'Abd-ul-Wàct-Jabalt ; 

^ Allusion au péché originel. Selon les musulmans, le paon 
accompagna le serpent dans le paradis terrestre* La joue lui est 
comparée, )e visage est assimilé au paradis, et le serpent aux 
tresses de cheveux. 

* Proprement, oerlueti», J-^ii. 



— 32 — 

Sa taille est courbée, des larmes sout sur ses joues, son cœur 
est plein de feu : que le cou de celui qui te veut du mal soit 
courbé comme le firmament à cause de sa tyrannie ^. 

6* Lorsqu'on mentionne seulement la description de 
l'objet auquel on compare, comme dans ce yers de 
Nâbigah * : 

Tu es un soleil, et les (autres) rois (sont) des étoiles. Lorsque 
le soleil paraît, aucune d'elles ne se montre. 

7* Lorsqu'on mentionne la description des deux objets 
qui sont comparés, comme dans ces deux vers de 
Rùdakî » : 

j^ ,^io n^Ip ^i JO-J J^l-^ ^J^ 

A 

^ •• » > "^ • "^ > •• • j * * 

Tes serviteurs, ô roi conquérant, sont comme des tailleurs 
au jour du combat, quoiqu'ils ne soient p.as tailleurs de leur 
métier. 

^ La voûte du ciel est comparée à la taille courbée ; les larmes 
c'est la pluie; le feu du cœur, ce sont les éclairs. 

* Sur ce poëte arabe célèbre, voyez la Ckresl, ar, de Silv. de 
Sacy, t. II, p. 404 et suiv. et t. III, page 261. 

' Un des poètes persans les plus anciens, sur lequel on peut 
consulter J. de Hammer, Geschichte der Sch, Redek. Pers^ 
p. 39. 




— 33 — 

Avec la mesure de leur lance, ils mesurent la taille de 
tes ennemis; puis ils coupent ayec leurs épées et ils cousent avec 
leurs flèches. 

Ici les mots mesurer, couper, coudre, décrivent élé- 
gamment l'objet auquel on compare (aj i^), et la 
pique, répée, la flèche, l'objet qu'on compare (a*^). 

La quatrième espèce de comparaison, dans le classe- 
ment relativement au sujet, se nomme comparaison dé- 
taillée^ ^J---a^; c'est celle dans laquelle on mentionne 
le sujet de la comparaison, ou bien ce qui en dépend, 
ou y est annexé, >^)Iî*44p. Le vers suivant de Salman, de 
Sâwa % offre un exemple, du premier cas : 

^b <r>^jLj\ ^^ y Jx)j J^ ^y) 

Par l'effet de tes lèvres de rubis, la sagesse bronche, comme le 
pied par T effet du vin. Mon cœur tremble par l'effet de ton œil, 
comme la main par Teffet de l'ivresse. 

Le sujet de la comparaison dans ce vers, c'est le bron- 
chement et le tremblement. 
Un exemple du second cas se trouve dans cette sen- 

^ En Irâc ajamî. Ce poëte du xiii* siècle de notre ère, est au- 
teur d'un diwân estimé et de plusieurs autres poésies. Azur le 
cite avec éloge dans son copieux Tazldra^ intitulé Atasch kadahj 
dont je possède un exemplaire lithographie que je dois à la libérale 
amitié du raja Kalî Krischna. On peut voir, sur cette biographie 
persane, le plus étendu de tous les ouvrages du même genre, 
l'intéressante notice que N. Bland a donnée dans le journal de 
la Société Royale Asiatique de Londres en 1843; et Sir Gore 
Ooseley [Biog. Notices of Perz. poels)^ p. 117. 

3 



— 34 — 

tence arabe : »j^' J, S^^ ^rtr^^ ç^^ «Le discours 
éloquent est comme le miel yOur la douceur. » Ici le 
sujet de la comparaison, c'est la propension naturelle 
(qu'excitent l'éloquence et le miel), ce qui dépeud de la 
douceur (qui y est inhérente). 

La cinquième espèce, c'est la comparaison proche, 
w^vS, et commune, Jj^ (triviale). On en distingue 
plusieurs espèces, selon les différentes causes qui dé- 
terminent ce caractère : 

V Lorsque le sujet de la comparaison est unique, 
comme la noirceur dans la comparaison d'un nègre avec 
le charbon, et la blancheur dans celle du miel à la neige; 
2* lorsque l'objet auquel on compare a un rapport pro- 
chain (ou naturel) avec l'objet qu'on lui compare, comme 
dans la comparaison de Idi jujube * à la pomme; 3° lorsque 
l'objet auquel on compare se présente souvent à l'esprit, 
comme la comparaison des cheveux à la nuit; d'un beau 
visage au soleil, etc. Au surplus, dans la comparaison 
proche, le sujet de la .comparaison n'offre pas de détails, 
ou du moins ils n'y sont qu'en petit nombre, comme 
dans la comparaison du soleil au miroir, quant à la 
rondeur et à l'éclat. 

La sixième espèce, c'est la comparaison excentrique, 
JJo (éloignée), et extraordinaire, v-^^, et il y en a 
aussi plusieurs espèces, d'après les différeates causes 



^jL^A. C'est,. selon le Burhân-i câiiy un frmitde co«leUir 
rouge qui ressemble k la jujube, mais qui est plus gros. On le 
nomme, ajoute Fauteur de ce dictionnaire, %JLm» enara^,ei^ 
en hindi. Or, ce dernier mot est simplemeal le, nom de 1a 
jujube en hindouslani. 



— ^^ — 

d'excentricité et de singularité de la comparaison : 
1° lorsque le sujet de la comparaison est multiple ou 
composé de plusieurs choses, comme il a été dit plus 
haut ; 2*» lorsqu'il n'y a qu'un rapport éloigné entre l'objet 
comparé et celui auquel on compare, comme dans ce 
vers de Mukhtarî : 

>r' (j^jj ^^-n^ ^j^J ^h^ j^^j 

' J ♦• • J »• » v-5^ v-5 -' 

Dans ce noir nuage, cette blanche neige et cette verte terre, 
on voit le perroquet sortir de Toeuf du corbeau*. 

Il est éyident que le nuage, la neige, le corbeau et 
l'œuf n'ont pas entre eux les rapports qui existent ordi- 
nairement dans les objets mis en comparaison. 

3** C'est lorsque Tobjet auquel on compare ne se pré- 
sente que rarement à l'esprit, à cause qu'il est du nom- 
bre des choses coujecturales et d'imagination. On en a 
un exemple dans les expressions : les dents des ogres, les 
drapeaux de rubis ^ et autres du même genre. 

4* C'est lorsque le sujet de la comparaison est com- 
posé et intellectuel. En effet, plus le sujet de la compa- 
raison est composé de diverses choses, plus la compa- 
raison est excentrique et singulière. Cependant, cette 
dernière comparaison est plus commune que celle dont 
la composition (w-^^*) est coojecturale ou d'imagi- 
nation. 
La comparaison éloquente^ ^X, est la même que si 

* Le corbeau se rapporte au nuage noir, l'œuf à la neige, le 
perroquet à la terre verte. Il y a là aussi la figure orientale 
nommée /Jj J). 



— 36 — 

elle était éloignée^ J^, et extraordinaire^ "^r^j^^ ®^ ^^^^ 
est le contraire de la prochaine w^^ et de la commune 
Jjcty ; car cette dernière est la moins considérée dans 
Véloquence^ ^)h , parce que nous préférons ce qui est 
loin de nos idées ordinaires *. C'est comme l'homme 
altéré qui éprouve plus de plaisir (qu'un autre) à boire 
de l'eau froide. 
Quelquefois la comparaison commune, J JôL», se trouve, 

par une qualification particulière, ijj^*» empreinte de 
singularité, comme dans ce vers de Mukhtarî : 

Ce serait une lune, si la lune avait la taille du cyprès; ce se- 
rait un cyprès, si le cyprès avait un sein de lune. 

La comparaison d'une jeune femme à la lune et au 
cyprès est commune ; mais, à cause de la condition que 
le poëte y a ajoutée, elle devient rare. 

I III. — Sur la division de la comparaison par rapport 

au but, i^jà 

Sous le point de vue du but, la comparaison se divise 
en deux espèces : celle dont le but est reconnu ou accepté^ 
J^î et celle dont le but est écarté ou rejeté, ^j^f^. 
ba première, c'est lorsque la comparaison est complète, 
quant à la .désignation du but, et que l'objet auquel on 
compare est, relativement à l'objet comparé, évident, 
complet, rationnel, et qu'il est d'une possibilité recon- 

^ Omne ignotum, pro magnifico. 



— 37 — 

nue par celui à qui on s'adresse. La seconde est celle 
qui est défectueuse sous ces divers points de vue. 

SECTION lY. 

■ 

Sur Vinstrument ^Ji^^\ * de la comparaison. 

On nomme immédiate ou énergique^ ^y^% la compa- 
raison dont l'instrument n'est pas exprimé, et celui 
dont l'instrument est exprimé se nomme médiate ou 
pivée d' énergie j substituée^ ^y. 

On distingue deux espèces de la première. En effet, 
on peut supprimer simplement l'instrument de la com- 
paraison , comme dans ce vers de Khâcân! : 

Le yin est le soleil qui dore (la nature) ; la coupe de cristal qui 
le contient, c'est le ciel. Sache (encore) que la main de l'échan- 
son qui verse ce vin, c'est l'orient, et que l'occident c'est la lèvre 
de l'amie (qui le boit). 

Ou bien on supprime l'instrument de la comparai- 
son, et on unit par l'annexion l'objet auquel on compare 
(ij A^) à l'objet comparé (i-^^) *, comme dans ce vers 
arabe: 

*Cest-à-dire la particule, s^f^y ou plutôt le mot employé 
pour unir les objels comparés, ainsi qu'on le verra plus loin. 

' C'est la figure favorite de la Bible : la fille de Ston, le casque 
du salut^ le hov/clier de la foi, etc. , pour Sion comme une jeune 
file y le ialut comme un casque^ la foi comme un hotuiliery etc. 
Ace sujet, on peut consulter mon « Coup d'œil sur la littérature 
orientale». 



— 38 — 

Le zéphir se joue dans les branche, tandis que Ter du soleil 
couchant passe sur l'argent de l'eau. 

Ici rintention du poëte est de comparer les rayons 
du soleil couchant à l'or, et Teau à l'argent, et il a mis 
ensemble ces deux expressions, faisant de l'objet auquel 
on compare {àj a^) r antécédent, ^^^^^ et de l'objet 
comparé (^-iu^) le conséquent, a-H ,^1-^iaP. De là, l'expres- 
sion Vor du soleil couchant, c'est-à-dire le soleil couchant 
semblable à Vor; et V argent de Veau^ c'est-à-dire, Veau 
pareille à Vargent, 

La comparaison médiate ou renvoyée est celle dans 
laquelle on emploie l'instrument de la comparaison. Or, 
cet instrument est en arabe un des mots viJ, comme; 
^^f de même que; Ji^, ressemblance, et autres expres- 
sions analogues. En persan ; JJjL», ressemblance; ^ja., 
comme; 3)jj~i , pareil {à la manière de); ^^^ semblable 
{en parité); b^ *, on dirait, etc. Les poètes persans em- 
ploient quelquefois d'autres expressions au liea de ces 
mots, comme dans ce vers de Naztrî ^ : 

A cette fidélité équivoque, je reconnais Podeur (la manière 
d'agir) de mon ami. Prenez ces roses de ma main ; car elles me 
sont désormais inutiles. 

A 

* On emploie aussi ^, dis. 

^ Poëte du Khoraçan cité dans VAtasch kadak 



— 39 — 

Le but de cette comparaison est d'assimiler l'ami 
la rose, et l'odeur (ou la manière) de l'ami qui s'ap- 
proche remplace V instrument de la comparaison. 

Nous terminerons ce chapitre par la classification de 
la comparaison sous le point de vue de la force^ sl>^, 
et de la faiblesse, ^3*>^ ; mais, auparavant, nous devons 
faire observer que la comparaison ne peut être expri- 
mée que de huit façons {^) différentes. La première, 
c'est lorsqu'on exprime les deux objets de la comparai- 
son, et qu'on supprime le sujet et l'instrument. Exem- 
ple : Zéïd est un lion, La deuxième, c'est lorsqu'il y a 
interrogation, et qu'on retranche aussi l'objet qui est 
comparé a^^, comme si on demande : Qu'est-ce que 
Zéïd? et qu'on réponde : Un lion. La troisième, c'est 
lorsqu'on retranche seulement l'instrument de Idr com- 
paraison. Exemple : Zéïd est un lion quant à la bravoure. 
La quatrième, c'est lorsqu'il y a interrogation, et qu'on 
retranche, outre l'instrument, l'objet qui* est comparé, 
comme plus haut. La cinquième, c'est lorsqu'on sup- 
prime le sujet (^^.j) de la comparaison. Exemple : Zéïd 
est semblable à un lion. La sixième, c'est lorsqu'il y a 
interrogation et qu'on supprime, outre le sujet de la 
comparaison, l'objet qu'on veut comparer. La septième, 
c'est lorsqu'on exprime les quatre choses qui consti- 
tuent la comparaison complète. Exemple : Zéïd est sem- 
blable à un lion quant à la bravoure. La huitième enfin, 
c'est lorsqu'on supprime seulement l'objet qui est com- 
paré; ce qui a lieu quand il y a interrogation. 

Or, de ces huit espèces, les deux premières sont les 
plus énergiques (v^yl)> et les deux Kieïûiètnes>te&; plus 



— 40 — 

faibles (^i*^^). Les autres tiennent le milieu entre la 
force et la faiblesse. La suppression de l'instrument ou 
du sujet de la comparaison la rend plus énergique 
(forte), parce que, dans le premier cas, il semble qu'on 
veut dire que l'objet qui est comparé est véritablement 
Àjuxj l'objet lui-même auquel on le compare, et dans le 
second cas, il n'y a alors qu'une indication générale 
(C^^), Ainsi, lorsqu'on n'énonce pas ces deux choses 
dans une comparaison, elle en devient plus forte (y ^y ) 
ou plus énergique. Lorsqu'on n'exprime qu'une seule 
de ces deux choses, elle est moins forte (ou faible^ ^^^j^^, 
relativement à la première), et enfin lorsqu'on les ex- 
prime toutes les deux, la comparaison est sans énergie 
ou très-faible, ^3«^'. 



CHAPITRE II 

DU TROPE, g jLx,r-wl *. 

Comme le trope est une espèce de métaphore, nous 
devons expliquer d'abord ce qu'on entend par réalité^ 
^JLAiuaa., et par métaphore, jLcs^. 

Dans la terminologie arabe, on donne le nom de 
réalité au mot qu'on emploie dans le sens propre qui 
lui est attribué, a3 py^y l<^^ ^^^^ ^^ dictionnaire, ou 
comme une expression technique de jurisprudence ou 
d'art, et on donne le nom de métaphore au mot qui n'est 
pas employé dans le sens qui lui est originairement 

^ Proprement empru/nt. 



— 41 — 

attribué, ^J ^y^^ j^ ,^^' 0^» ^® sens figuré ne peut 
être conùu s'il n'y a dans le contexte quelque chose qui y 
corresponde^ ^^Ji (un accompagnement), tandis que le 
sens propre nommé ^^j , position^ est évident de lui- 
même sans avoir besoin d'expression qui lui serve d'ac- 
compagnement, ^^. La métaphore doit donc néces- 
sairement avoir un lien , ^ibL , réel ou métaphorique 
avec l'objet qu'on veut désigner; dans le cas contraire, 
la métaphore est fautive. Si on dit, par exemple : \^ J^ 
^yi\ « prends ce cheval, )» et qu'on montre un livre^ 
l'emploi de cette expression n'est pas exact, parce qu'il 
n'y a aucun rapport entre ces deux objets. 

La réalité, vj^aj^aa., et la métaphore, jLsr^, sont ou 
verbales, c'est-à-dire fixées par la lexicographie, ^^, 
ou relatives aux lois, vJ>^ï ou spécialement notoires, 
joUk ^^, c'est-à-dire relatives à quelque science ou 
à quelque art particulier, ou généralement notoires, 
^U ,3^, et on les classe selon cette nomenclature. 

Ainsi, par exemple, l'emploi du mot Ztow, J— t, pour 
un animal particulier, est une réalité verbale ou lexi- 
cographique, ^y^ vj^XSa. , et en parlant d'im brave^ 
pLar^, c'est une métaphore de la même espèce, jUc-» 
ySy^' ^^ même le mot »^, prière, pris pour o^!<*, 
dévotion, est une réalité de jurisprudence^ ^^t» sJ^^mls^ ; 
et employé pour invocation^ U^, c'est une métaphore de 
jurisprudence^ ^j^ j'^* -^^^^i encore, dans la termino- 
logie des grammairiens, J*3 est un mot spécial, ipJ 
^j^c^ss^, signifiant verbe, c'est ce qu'on nomme une 
réalité notoire spéciale, ^j>\à ^3^ sjuiiak ; mais pris 
dans le sens de créer ^ vi^^Xa., c'est une métaphore 



— 42 — 

notoire spéciale, j^U. ^3^ ^^. Enfin le mot ijt^, 
pris pour signifier un quadrupède^ ^ jk^» ^^t une réa- 
lité généralement notoire, >Lc j^ vJl^Xaa., et appliqué, 
à Thomme, jLJt, c'est une métaphore généralement 

notoire, As^ sj,y^ j^* -^^ "^^^^ "^-^ ^^A^' '^^^ ®* ^'^^^ 
qui ont été cités, sont à la fois des exemples de réalité 
et de métaphore, et les mots ^ et p La?^, vJl^^Lc et Lc^, 
sont des ^j^^-ai^ iâÂ), et vi^.>=a., b jL^ et ,jL^t, qui 
ont aussi été mentionnés, indiquent le sens réel et 
métaphorique des quatre premières expressions. 

Il a été dit plus haut que la métaphore , jlsr^ , doit 
avoir nécessairement un' lien, iS!%^ quelconque avec 
l'objet qu'on veut désigner. Si ce lien est autre qu'un 
rapport de comparaison, c'est-à-dire, par exemple, s'il 
est relatif à la cause, S^^r^r-*, s'il est nécessaire, ^ jjJ, etc., 
on nomme la métaphore, ^y ^ Si c'est au contraire 
un rapport de comparaison, a-^*, on nomme la méta- 
phore trope^ ïj\j>:^\. Dans ce dernier cas, quand on 
omet l'objet comparé, àJu^, et qu'on mentionne celui 
auquel on compare, w aaA»^, on nomme cette figure 
trope évident^ ^j^li Zj[xu^\ ; en voici un exemple dans 

ce vers d'Açadl ^ : 

^jj^^ ^ -X^j v^!*- viJ^ lAic^ 

* Proprement médiate ou privée â^énergie, Voy. plus haut, 
I'® partie, eh. P', sect. iv. 

* Il s'agit d'Açadi, surnommé Tûçi, c'est-])i-dire de la ville de 
Tons, en Khoraçan. Voy. sect. r% ch. I", 



— 43 — 

Sa lune * est parfumeuse '» son suer© est marchand de Tin*, 
ses deux narcisses* sont des tireurs d'arcs, ses deux roses sont 
cuirassées ^. 

Si au contraire on laisse' Tobjet auquel on compare 
et qu'on mentionne l'objet comparé, on nomme cette 
métaphore trope par métonymie^ ajUwIj »jLscî*al. On en 
trouvera plus loin des exemples. 

L'essence du trope est de mettre l'objet auquel on 
compare, à^ àJo^, au lieu et place de l'objet comparé, 
À^, tellement, qu'il est peu important que ce dernier 
objet soit ou ne soit pas exprimé. Dans ces deux cas, 
on nomme l'objet auquel on compare robjet qui est 
emprunté j à^^Jjci^^ et l'objet comparé, l'objet duquel on 
emprunte, ai jlxL*^. 

Les rliétoriciens diffèrent d'opinion sur la question 
de savoir si le trope est du nombre des métaphores ver- 
bales , ^yJ jLsr^ (figures de mots), ou des métaphores 
intellectuelles, ^Jic jUr^ (figures de pensées). Ceux qui 
pensent que le trope est une figure de mots donnent 
pour raison que dans cette phrase, par exemple, w^|^ 
^j^^ Itx^t, «j'ai vu un lion qui lançait des flèches », 
phrase où le mot Hon signifie un homme brave, ce mot, 
qui est employé dans l'origine pour désigner un animal 

* C'est-à-dire, son visage. 

* A la lettre, frotteuse de musc. 

' C'est-à-dire, ses lèvres douoes c&mme le sucre, fessembient 
au vin par leur incarnat. 

* C'est-k-dire, ses deux yeux, 

* C'est-à-dire, ses deux joues sont couverles'ifâr les btHicles de 
ses cheveux. 



— 44 — 

particulier, est ici l'objet auquel on compare^ àj aJU^», et 
n'est pas V objet comparé^ aJu^, qui est le brave. Dans ce 
cas, l'emploi de ce mot, quant à la lexicographie, est 
fait dans un sens qui ne lui appartient pas, et c'est ce 
qui constitue la figure de mots. 

Les rhétoriciens de l'avis contraire disent en faveur 
de leur opinion que lorsqu'on emploie le mot lion pour 
indiquer l'objet comparé^ qui est le brave, on met en son 
lieu et place Vobjet auquel on le compare, c'est-à-dire un 
animal particulier. Or, dans ce cas, le mot lion est pris 
pour le brave lui-même, et non pour autre chose. Et 
comme cette manière d'employer le mot lion a rapport 
à l'esprit, Jic, et non à Vexpression^ wv*5, le trope est, 
disent-ils, une métaphore intellectuelle, c'est-à-dire une 
figure de pensées et non de mots. 

Si dans le trope on n'emploie pas pour l'objet com- 
paré, aJl^, même, celui auquel on le compare, aj aJl^», 
il n'est pas exact d'accompagner l'emploi du trope d'une 
expression d'étonnement, comme, par exemple, dans 
ces deux vers arabes * : 




Elle est debout me garantissant du soleil, cette ftme qui m'est 
plus chère que ma propre âme. 

* Mirzâ Tantawi m'a appris que ces vers, cités aussi dans le 
Mutauwal, sont d'Abû-'l-Fazl, fils d'Amîd. 



— 45 — 

Elle est debout me garantissant, et j'ai lien de m'étonner qu'un 
soleil me garantisse du soleil. 

Si le poëte ne prend pas la personne dont il parle 
pour le soleil lui-même, l'expression d'étonnement 
n'est pas juste ; mais des auteurs pensent que, dans 
l'espèce, on ne peut pas prétendre que le soleil soit pris 
dans lé sens qui lui est ordinairement attribué, aJ ^yoy^ 
car on sait bien que l'homme n'est pas identique avec le 
soleil; auquel cas, le poëte a pu avec raison exprimer 
rétonnement du fait dont il s'agit. 

La différence entre le tro'pe^ »^L*jL-1, et le mensonge^ 
w>viS=>, c'est que le fondement du trope repose sur une 
sorte d'explication, SiJ^** car on attribue à l'objet com- 
paré, aJl»>9, la qualité^ \j^^^ de l'objet auquel on le com- 
pare, w A^, et on Y joint un accompagnement, ^^i 
pour indiquer que l'expression ne doit pas être prise 
dans le sens qui lui est ordinairement attribué, a3 fy^y^ 
ce qui est contraire au mensonge, où il n'y a ni expli- 
cation ni accompagnement. 

Quelquefois ce que je nomme accompagnement, ^jjjS, 
consiste en une seule chose, comme dans ce vers d' Açadî : 

L'âme est troublée par ce buis qui marche; la raison trouve 
un trésor dans ce corail qui parle. 

Les mots ^^^j^, « marchant, » et ^^^^ «parlant », 
sont l'accompagnement, OjS, des mots ^U*^, «buis», 
pris pour la taille de lamaîtresse^ et de ^^yy « corail », 
pris pour les lèvres. 



— 46 — 

Quelquefois cet accompagnement, qui équivaut à ce 
qu'on nomme le contexte, consiste en plusieurs choses, 
comme dans ce vers de Khâcânt : 

Lorsque, au moyen du croissant de la lune, tu voudras frapper 
Mercure, ce sera Mars que tu atteindras. 



Ici les mots ^^J^, <i but », et ^:>j, « frapper », sont 
des accompagnements, ^i)j^9 qui indiquent que, par 
le croissant de la lune, il faut entendre Varc. 

On divise le trope, iJjIjcl-I, de la même manière que 
la comparaison, à^J , eu égard aux considérations 
suivantes : 

r Relativement à l'objet qui est emprunté, ^ »jIjcu«p, 
et à celui pour lequel on emprunte, iJ z^jUx^. 

2*» Relativement au sujet de la comparaison, à^ a».^, 
ce qu'on nomme dans le trope sujet comprenant^ d^^ 
>t-»La., c'est-à-dire, l'idée commune aux deux objets que 
réunit le trope. 

3* Relativement à la réunion de ces trois choses. 

4** Enfin, par rapport à des considérations autres que 
les trois précédentes. 

Ces quatre considérations seront développées dans 
quatre sections différentes. 

SECTION PREUIÈRE. 

Classement du trope relativement à l'objet qui est emprunté et à 

celui pour lequel on emprunte. 

Sous ce point de vue, le trope se divise en deux espè- 



— 47 — 

ces. La première, nommée ^lij, « concordante », est 

celle dans laquelle on peut réunir en la même personne 

ou chose les deux objets du trope, comme, par exemple, 

dans le verset suivant du Coran, où le trope consiste à 

employer viviftcatiorij 'Lwp-', pour direction ^ vJU^Ijj»*: 
- ^ • *' « •* 

»llJp.ti bÇ» jL^=^ ^ j^ « n'a\ons-nous pas vivifié 
celui qui était mort », ce qui signifie « n'avons-nous 
pas dirigé celui qui était égaré. » Dans cette compa- 
raison, la vivification est l'objet emprunté, et la direction 
l'objet pour lequel on emprunte. Or la réunion de ces 
deux choses dans la même personne est possible. 

La seconde espèce, nommée opposante, aj^U>, est celle 
dans laquelle les deux objets du trope ne peuvent pas 
être réunis dans la même personne ou chose. C'est, par 
exemple, lorsque l'on compare à un vivant^ un mort dont 
les belles actions sont restées sur la page du siècle ; ou 
bien à un morty un vivant qui est ou insensé, ou sans 
énergie, ou endormi. Il est évident que dans ces deux 
cas la réunion de l'idée de vie et de mort dans le même 
individu est impossible. 

Une variété de cette espèce de trope , c'est l'emploi 
qu'on en fait par manière de plaisanterie ou de dérision, 
ce qui a déjà été expliqué précédemment à propos de la 
comparaison*, lorsqu'on dit, par exemple : \sX^\ vJt^i'j» 
«j'ai vu un lion », et qu'on veut parler d'un poltron, 
et Ivl^ ^^1;» «j'ai vu un Hatim », en voulant dési- 
gner un avare. 

* Surat,Yl, verset 122. 

^ A la fin de la section II du chapitre i®', I'® partie. 



— 48 — 



SECTION II. 



Classement du trope par rapport à l'idée commune qui en réunit 

les deux objets^. 

Sous ce point de vue le trope se divise en quatre 
classes. 

La première se compose des tropes dont le sujet, 
aaIcs. iAj, OU ridée commune, est à la fois comprise et 
dans l'objet emprunté et dans celui pour lequel on 
emprunte, comme, par exemple, le mot ^JsS dans ce 

verset du Coran*: L^l J^j^^ v3 /^La^Hj, «nous les 
avons divisés (coupés) en nations sur la terre. » En effet, 
le mot >JaS est employé pour signifier couper {séparer) 
Vun de Vautre des corps qui sont réunis. Or, dans le verset 
que nous venons de citer, la division des nations^ a^^ f^^^i 
est l'objet pour lequel on. emprunte^ et la séparation des 
corps, > t-u*2wt ^Jaiu*, V objet emprunté. L'idée commune, 
c'est la dissolution de la jonction et de l'union, et elle 
se trouve comprise dans les deux objets du trope; mais 
elle a plus d'énergie dans l'objet emprunté que dans 
l'autre *. 

* fi^Law Aa.j h la lettre, le sujet comprenant ou réunissant (les 
deux objets du trope); ce qui équivaut à ce qu'on nomme dans la 
comparaison ^ àc^j , le sujet de la comparaison des deux 
objets. 

* VII. 167. 

* Uauteur du Mutauwal dit h ce sujet que tel est le trope qui 

consiste à assimiler à la reprise, a^, d'une déchirure dans un 
vêtement, la réparation, L^, des mailles d'une cuirasse. L'idée 



— 49 — 

En -voici un autre exemple emprunté à Abd ul-Wâcî 
Jabâli : 

i ' fti > ^mm) \ I ^ ym!j ^-^ I ^-^ ka-rt^ 'm ' HT * k..) 

Ton discours est la preuve de ta conduite délicate ; tes action 
témoignent de la noblesse de ton lignage. 

Ce vers signifie : « tes discours et tes actes attestent 
ta conduite délicate et ton noble lignage. » Or cette 
attestation est exprimée dans le trope par les mots 
»)y , « témoignage », et JJ^, « preuve ». 

La seconde espèce est celle dans laquelle le sujet qui 
réunit les deux objets du trope, ^Iss, a».^, n'est compris 
ni dans Tun ni dans l'autre, comme, par exemple, lors- 
qu'on se sert du mot lion pour indiquer un homme 
brave; car ici l'idée commune, c'est la irarottr^, chose 
qui n'est réellement comprise ni dans l'homme ni dans 
le lion. 

Le vers suivant, de Hakîm Ansarî *, offre un exemple 
de ce genre de trope : 



^^La. J^-a. dj^ ^A^ i Ij ^^r^=* 



Ton corbeau est devenu blanc dans la main du temps. Rien 
autre que la magie n'a pu changer ainsi sa couleur. 

commune 5x./>Ls^t est ici de rattacher, I^, et elle est comprise 
dans les deux objets du trope; mais elle a plus d'énergie dans le 
premier. 

^ Sur ce poôte, voj. de Hammer, Gesch. der Redek, Pers. 
page 46. 

4 



— 50 — 

Ici l'auteur entend par le corbeau la jeunesse, et le su- 
jet du trope, c'est la noirceur. 

La troisième espèce, c'est lorsque le sujet qui réunit 
les deux objets où l'idée commune est manifeste à la 
première vue, comme dans ce vers de Nizâmî : 

Tes nègres «adorent eucore le feu ; les yeux sont encoro ivres 
comme des Turcs. 

Le trope consiste ici à désigner, par les nègres, les 
grains de beauté, et par le feu, la joue. Or l'idée com- 
mune est, dans le premier cas, la noirceur^ et, dans le 
second, V éclat y ce qui est évident au premier coup 
d'œil. 

La quatrième espèce, c'est lorsque le sujet réunissant, 
a^Lo. 6^j est caché, et que les gens seulement d'un es- 
prit cultivé peuvent le deviner. 

Le vers arabe suivant, où l'auteur parle de son che- 
val, qui était bien dressé, offre un exemple de ce trope, 
nommé extraordinaire, ^^ vc : 

Il (le cheval) ronge son frein (paisiblement), jusqu'au retour 
du visiteur^ > lorsque ce dernier a lié sa bride à T arçon de sa 
selle ^ 

* C'est-k-dire du cavalier qui Ta laissé pour alUr faire uue vi- 
site. 

' D'après le ilfti(auU7a2, ce vers eiit d'Yaztd béti^MusIamat ben- 
'Abd ul-malik. 



— 51 — 

Dans le trope de lier l'arçon de la selle avec la hride^ la 
chose empruntée iJ^ jUcu.^, c'est le mot ^^\ qui si- 
gnifle proprement lier le pied au genou de manière à for- 
mer un anneau^ ce qui est dit ici de la bride qu'on at- 
tache à la selle. Or le sujet de la réunion des detix objets 
est caché. 

Quelquefois le trope ordinaire, ajj»L©, et commun, 
JjlX», acquiert de la singularité, w^J;ê, par Tapplica- 
tion qu'on en fait S comme dans ce vers de Kh&cànl, 
qu'il adresse au soleil : 

De ton abondance, les deux petits nègres^ dans leurs deux 
berceaux, se nourrissent de lait. 

Ici le poète, par les deux petits nègres, entend la pru- 
nelle de l'œil, et par le lait, l'éclat du soleil. Il veut 
dire : la prunelle de TobII tire du soleil sa faculté de 
voir, de même que l'enfant tire sa force du lait qui le 
nourrit. Or, quoique les choses qui sont mentionnées 
dans ce trope soient isolément communes, toutefois, à 
cause de leur réunion, elles acquièrent de la singula- 
rité ; car ici le sujet réunissant^ c'est le profit que retire 
une chose noire et petite d'une chose blanche et bril- 
lante, et non pas simplement le noir et le blanc. 



^ La môme chose a lieu pour la comparaison. Voyez à la Un 
du % â| section ivdu chapitre !•'• 



— 52 — 



SECTION m. 



Classement du trope, tant par rapport à la chose pour laquelle 
on emprunte que pour la ehose empruntée, et relativement à 
ridée qui les réunit. 

Les deux objets du trope, ^j\j:l^^ JjLjûu^, peu- 
vent être l'un et l'autre sensibles, ^c-**^, ou l'un et 
l'autre intellectuels, ,Jic, et aussi un des deux peut 
être sensible et l'autre intellectuel. Quant au sujet qui 
réunit les deux objets et qu'on nomme sujet réunissant, 
«j»La. Aa.^, il peut être de trois sortes, savoir : ou sen- 
sible^ ou intellectuely ou variée r^^^^» c'est-à-dire intel- 
lectuel et sensible à la fois, parce que les sens ne peu- 
vent atteindre à l'intelligence, tandis que Tintelligence 
peut atteindre les sens, ainsi qu'il a été expliqué à l'ar- 
ticle du sujet de la comparaison*. Ces différentes condi- 
tions forment six genres de tropes distincts. 

Le premier, c'est lorsque les trois choses dont le 
trope est formé sont sensibles, comme dans ce vers de 
Khâcânl : 

Le millet doré sort des pores du flacon de terre qui a absorbé 
Teau de la fraîche tulipe. 

Ici le poëte compare le vin à la tulipe, et l'humidité 
qui transpire du vase de terre, au millet doré. Ce qui 

* Chapitre I", section ii, P" partie. 



— 53 — 

réunit ces deux objets, c'est la couleur, la forme et la 
quantité, et ces trois choses sont sensibles. 

Le second, c'est lorsque les deux objets du trope sont 
sensibles, et que le sujet réunissant, jt^U. Aaj, est in- 
tellectuel, comme dans ce passage du Coran : /»^ î^ »^ 
jL^I ^- jLJ ^J^\, « et un signe pour eux*, c'est la 
nuit, de laquelle nous arrachons le jour. » Ici, l'objet 
de l'emprunt, JjUûu«p, c'est l'apparition des ténèbres 
de la nuit, et la chose empruntée, ^jixu^^ c'est un in- 
dividu auquel on aurait arraché la peau; enfin, le lien 
des idées, >t^Uw ic^j, c'est l'agencement de l'apparition 
des ténèbres de la nuit et de la disparition du jour, qui 
est pareil, en quelque façon, à l'écorché après Técorche- 
ment. Or, la combinaison de ces choses est une affaire 
de l'esprit et non des sens.. 

La troisième, c'est lorsque l'objet de l'emprunt, jlxL^ 
à3, est sensible, et que l'objet emprunté, iJw» jU:u^, et le 
sujet réunissant, ^L=w ^awj, sont intellectuels, comme 
dans ce vers de Maçûd-i Sad* : 

T • * 



* C'est-à-dire une marque de notre puissance, propre ï faire 
une impression sur eux (c'est Dieu qui parle) . Ces mots sont tirés 
de la surate xxvi, v. 37. 

' C'est-à-dire Maçûd, fils deSad; car entre deux noms propres 
Viznfat remplace le mot ^j fils. Sur cet idiotisme, voyez mon 
édition de la Grammaire persane de Jones, page 17. Maçûd, fils 
de Sad, est un ancien poëte persan, dont J. de Hammer parle 
dans son Histoire de la poésie persane, page 42. 



- 54 — 

Lance dans les rangs (de Tennemi) la montagne mouTante 
(ton cheval); tire du fourreau la mort éclatante (ton épée). 

Ici le poêle' représente l'épée par la mort, et l'idée com- 
muae, c'est que Tune et l'autre font périr. 

La quatrième, c'est lorsque l'objet emprunté, Jjcl^ 
Ax*, est sensible, et que celui pour lequel on fait l'em- 
prunt, JjUx*^, ainsi que ce qui les lie, ^L%. ic^j, sont 
intellectuels, comme dans ce yers de Kbàcânt : 

Son épée est grosse de la victoire; la voilà, regarde-la; les 
taches de sa face témoignent de sa grossesse. 

Ici le poète a employé le trope de la grossesse en par- 
lant de répée qui va remporter la victoire, pour signifier 
qu'elle se prépare, et qu'elle est sur le point d'avoir lieu, 
et l'idée commune, ^^U. ^j, c'est la disposition et la 
préparation. 

La cinquième, c'est lorsque les trois choses sont in- 
tellectuelles. Ex : U^y ^ Ljbo ^ « Qui nous a ré- 
veillés de notre sommeil » (c'est-à-dire de notre mort) ? 
Or le sommeil et la mort sont intellectuels ainsi que le 
siget réunissant, c'est-à-dire le réveil (Tanlawî). 

La sixième, c'est lorsque le sujet réunissant, jmLi^ aa-j, 
étant composé, il y a quelque chose de sensible et quel- 
que chose d'intellectuel, et que Tobjet pour lequel on 
emprunte, *) jUjL^, et celui qui est emprunté, jL*iUp 
àXA, sont tous les deux sensibles, comme lorsqu'on dit : 
l..*.^ c:^ yjfai vu un soleil, c'est-à-dire un homme pareil 



— 55 — 

au soleil par sa positioo brillante et soa importanee* Un 
tel trope est du nombre de ceux qui se distinguent par 
leur singularité, Oj»^. D'ailleurs, à la rigueur, il y a 
ici deuxtropes, et c'est pohr cela que Suk&kiS dans son 
Miftâh ul-ulûm^ ne compte que cinq espèces de tropes 
on emprunts^ ifj[xL*\ savoir : l'emprunt de la chose sen- 
sible pour la sensible, ^j**^ {j^y^^^^ »»Ljcu,!, par un 
lien commun sensible, ,^^**«o> ^^, ou intellectuel, jt 
^Jift *jxjj ; l'emprunt de la chose intellectuelle pour 
Tintellectuelle, J/4 Jy^i î(jL*xw1 ; celui de la chose 
sensible pour rintellectuelle, J^M ^j-^ar^ ^^jUc^.! ; et 
enfin, l'emprunt de la chose intellectuelle pour la sen- 
sible, ^jM^ Jyju> »^IjCU#I. 

SECTION IV, 

Classement du trope, d'aprës des considérations différentes 

des trois précédentes. 

En premier lieu, eu égard à l'expression empruntée, 
«jIjCwI lai), le trope est de- deux espèces, le réel ou ori- 
ginal^ *t^^ et le dépendant ou secondaire, Ajjuj*. Le pre- 
mier est celui dont l'expression empruntée est un nom 
générique, ^j^ ^^^ comme quand on emploie le mot 
lion pour signifier « un homme brave )) • et le mot rose 
pour signifier t la joie » . Il en est de même d'un nom 
propre qui s'emploie comme nom générique dans un 

* Surnom du célèbre rhétoricien Sîrâj uddîn Âbû-Yacûb Yûçûf, 
qui a écrit en arabe le fj^^ ^L^ ou <c la Clef des sciences, » 
ouvrage didactique, dont on donne ici un passage. 



— 36 — 

sens connu, comme lorsqu'on appelle tropologiquement 
Hâtim un homme généreux, et Rustam^ un brave. 

Sukâkî dit à ce sujet, dans l'ouvrage cité plus haut : 
« On nomme cette espèce Je trope réel ou original, 
aX^I, parce que le trope est fondé sur la comparaison 
de la chose pour laquelle on emprunte, J jljcu4K à la 
chose empruntée, Ai/»jLxwll ; mais la comparaison n'est 
autre chose que la qualification, ^^^j^de Tobjet com- 
paré, i^, ce qui a lieu par son assimilation, l^Liw» iij^, 
sous un point de vue, avec l'objet auquel on le com- 
pare, AJ AjJL». Or, la réalité ou Toriginalité, J^l, dans la 
chose qualifiée, aJ^^^^I, ce sont les vérités, ^Ls^, qui 
la font connaître. Ainsi, nous nommons blanc j j^\ 
un corps, à cause de sa blancheur manifeste, v^ûo. De 
là, le nom A'original ou réel se donne aux tropes qui 
expriment les vérités dont il s'agit, » 

Le trope dépendant ou secondaire, à^^ est celui dans 
lequel l'expression empruntée, jixu^ Jàâ), est, ou un 
verbe, ou un mot qui y ressemble, J*3 a^* ou une 
particule, s...^;^ » ^^ ^^ l'appelle ainsi parce que ni le 
verbe ni la particule n'ont la propriété de pouvoir être 
qualifiés (à la manière des substantifs), et cependant 
l'essence du trope gît dans la qualification ï^bcu-l ^Lj 
à^y^jA^^ comme Sukâkî l'explique dans le passage qui 

* C'est-k-dire le nom d'agent, ou participe présent J^li **-!, 
et le nom de patient ou participe passé ^}yài? *^^ S. de Sacy, 
dans sa Grammaire arabe, tome II, page 527, 2^ édition, donne 
ce nom à un simple adjectif lorsqu'il peut être considéré comme 
représentant le verbe. 



— 57 — 

précède. Or, dans le trope dépendant ou secondaire, 
l'objet qualifié, ^jyfy^ c'est le sens du nom d'action 
du yerbe et les dépendances du sens des particules. 
Ainsi, l'emprunt, HjlxL^^ n'a lieu que par dépendance, 
vJ:.>wouj, et n'est ni original, ni réel*. 

Il résulte de ce qui précède, que la comparaison dans 
le trope formé au moyen d'un verbe ou de ses dépen- 
dances, se tire du sens du nom d'action de ce verbe, et, 
dans le trope formé au moyen d'une particule, de celui 
qui en dépend. Or, ce qui dépend du sens de la parti- 
cule, c'est la chose contre laquelle on l'échange, comme 
par exemple, lorsqu'on dit : « ^^ , de, sert (en arabe) 
pour exprimer le point du départ; J,l, à, pour exprimer 
la fin ou le terme; ^j, dans^ pour exprimer la circon- 
stance de lieu; J, afin que, pour exprimer le but, etc. » 
Or, le commencement, la fin, la circonstance de lieu, le 
but, tout cela n'est pas le sens de ses prépositions ; mais 
ce sont des dépendances de leur sens. Aussi les gram- 
mairiens ont-ils défini les prépositions, « ce qui in- 
dique le sens qii est dans une autre chose, » ^ J^ L» 

On peut donner, pour exemple du trope formé d'un 
verbe ou de ce qui est assimilé au verbe, le vers suivant 
de Sanâyî * : 

^ C'est-à-dire T emploi du verbe ou de là particule dans le 
sens figuré est basé sur la comparaison dans le sens de nom d'ac- 
tion et sur les dépendances du sens des particules. Tel est le vrai 
sens de i^. (Tanlawî. ) 

* Sur ce poëte, voyez section m du chapitre I". 



— 68 — 

La bouche de ton esclave ne sourira pas agréablement, tant 
que le tranchant de ton épée ne pleurera pas abondamment. 

Ici le poëte a employé Texpression de pleurer, pour 
indiquer le sang qui dégoutte de l'épée, et le mot em- 
prunté est un verbe à V aoriste^ accompagné de la néga- 
tion. 

Dans l'expression arabe, t3^ ÏaJsLî Jl^', la circon- 
stance s exprime ainsi^ c'est-à-dire indique telle chose ^ îJt^ 
tjio, le mot emprunté est îid?U, nom d'agent ou parti- 
cipe présent, et le mot remplacé est SJt^. La comparai- 
son a lieu entre V action de parler^ ^^^ , et Vindication^ 
sj:Jb5^, et non entre j»ar/anf, ^3^»!-!, et indiquant^ J!^. 

On trouve un exemple du trope exprimé par une par- 
ticule dans ce verset du Coran * : ^^^ O^^ J' ^JaaJU 
Ljjp.^ tjj^ *^. « Les gens de Pharaon le prirent (Moïse), 
afin qu'il fût pour eux un ennemi et un chagrin. » Or, 
ici, dans ^j^, la conjonction J, que les Arabes nom- 
ment le lâm de motif ou cau^al^ ^y^^ ^^^esi employé tro- 
piquemsnt^ ou plutôt : le sens qui en dépend. En effet, le 
but que Pharaon se proposa en prenant Moïse, ne fut 
pas la haine et le chagrin, mais bien l'amitié et l'inten- 
tion de l'adopter pour son fils. Toutefois, comme en dé- 
finitive cela se changea en haine et en chagrin, on a 
remplacé par ces deux choses, dans le texte du Coran, 
l'amitié et l'adoption, et le mot emprunté à cet effet, 

* Sur. xviii, V. 7. 



— 59 — 

jljcum^ Jôâ), c'est la conjonction J ; mais le trope se trouye 
en réalité dans le sens qu'on a en vue et qui dépend 
de J, sens que cette conjonction amène par voie de con- 
séquence, vjUiJuj, et non par voie d'originalité ou de 
réalité, vJi^L^t. 

Dans le trope dépendant ou secondaire, Véquivalent 
ou Vanalogue^ ^.j^y de l'emprunt, «jUiL-t, c'est donc ou 
le sujet, Jcli, ou le régime, J^^, ou un mot dépendant 
d'une particule, tj^ŒT^. Par ex. : dans l'expression yj:^^ 
tà^=j JLsr", « la circonstance a ainsi parlé, » \sl rela- 
tion^ ^Ll-!, de ^3^»^, parler^ à JU^, état^ circonstance^ est 
l'équivalent ou l'analogue, a;^^ , du trope ou emprunt, 
«^l*x-»ï, parce qu'en effet, ^^i, parler, ne de rapporte 
réellement pas à JU., état. Et ceci offre un exemple du 
trope dépendant d'un nom d'agent, J*li. Voici un vers 
arabe où il dépend d'un nom de patiept, J^^ : 

La justice s'est concentrée, à notre égard, en un imâm qui a 
tué ravarice et vivifié ia générosité. 

Le rapport, vJUw, qui est ici entre Jjiï, tuer, et Jirj, 
Vavarice, entre Lp^l, vivifier, et ^L»— > la générosité, est 
un rapport d'analogie, ^j^, et les mots tuer et vivifier 
sont des tropes ou des emprunts, ïjUju-I. 

Les paroles du Coran : ^Jt vw^''3ao ^JL^ a Annonce- 
leur un châtiment douloureux*, » offrent un exemple 
de l'emploi, dans ce cas, du mot dépendant d'une par- 

* Sur. III, V. 20. . 



— 60 — 

ticule. En effet, le mot wt J^, punition^ qui est un géni- 
tif, est l'analogue ou l'équivalent, ^y , d'un autre mot ; 
car Vj^^ VannoncCy dans ce verset, est un trope ou em- 
prunt, pour f^'Âil, menace-les. 

En second lieu, les objets du trope peuvent être ou ne 
pas être indiqués d'une manière détournée. C'est ce 
qu'on nomme o^./?^ , dépouillement, et ^f'» indica- 
tion détournée (proprement distillation) ,^o\x% ce point 
de vue, le trope se divise en trois espèces : 

1* Le trope non lié, ^^^ »jIjcu-!, où rien de ce qui a 
rapport aux attributions, C^L^.^, ni aux qualités, 
si^Lio, de l'objet pour lequel on emprunte, J jUx**^, ni 
de celui qui est emprunté, iJ>jL*x**^, ne se trouve men- 
tionné, comme dans ce vers d'Abd ul-Wâct Jabalî : 

La fleur sur le rameau est pareille à la joue des belles. La 
TÎolelte au bord du ruisseau est comme le scorpion d'une beauté 
qui enlève le cœur. 

Dans ce vers, le poëte a employé le trope du scorpion 
pour les moustaches naissantes, et il n'a mentionné en 
aucune façon les attributions, C^Wi^^ des deux objets 
du trope, ù^j\jc*Ji^^ J jLxwl!. 

T Le trope dépouillé, ^^f?:^ ij[xL^\, où Ton men- 
tionne seulement les qualités et les attributions de l'ob- 
et de l'emprunt, J .Ljix^w», comme par exemple dans ce 
vers de KhacÂnt : 



- 61 — 

A cause du bruit de mes soupirs, tes amandes n'ont pas dormi 
pendant toute la nuit dernière. 

Ici le poète a employé le trope de Famande pour rœilj 
et le verbe dormir est mentionné comme une des attri- 
butions, sji^Lyjbl», de l'œil. 

3' Le trope indiqué d'une manière détournée, à la 
lettre, distillé, i^sr^y SjUxwl, où on mentionne seule- 
ment les qualités et les attributions de l'objet qu'on 
emprunte. Dans ce cas, il faut entendre par qualité, 
vJUfi-w», une expression qui en remplace une autre, aA3 
t^, et non un qualificatif, vJU*i, proprement dit; car 
Ibn-Hàjib* dit en effet, dans son Tarîf, que le qualifi- 
catif, w-*Jl, est un appositif, ^p^ qui indique le sens 
du mot qu'il suit. 

Le vers suivant d'Anwarî offre un exemple du trope 
indiqué d'une manière détournée, ^se^y : 



Si le jardin n'avait pas secrètement le dessein de faire une atta- 
que, les étangs seraient-ils tous pleins d'épées et de cuirasses? 

Ici le poëte a employé comme trope Vépée et la cui- 
rasse^ pour les flots de V étang. Or, V attaque est une des 

* Jurisconsulte qui vivait dans la première moitié du xni* siè- 
cle. Voyez Ibn Khallican, traduction de M. le baron M. G. de 
Siane, tom. II, pag. 19o. 



— 62 — 

attributions de Tépée ; et ce dernier mot, ainsi que la 
cuirasse, exprime l'objet emprunté, ^^ jL*ju4l. 

Sukâkî * dit : Le propre du ^y-» c'est de paraître ou- 
blier, ^c*^!^*? la comparaison, a^^*, et de détourner 
l'attention de ce qui la rappelle, comme dans ce yers 
d'AbûTamâm*: 

.1 ,*M — Il ^ l — 9.1 ah. J ^^iLj 

Et il monte jusqu'à ce que les insensés s'imaginent qu'il a 
affaire dans le ciel. 

Ici l'action de monter ou l'ascension exprime la di- 
gnité élevée de la personne dont il s'agit, et le second 
hémistiche est l'attribution de cette expression tropique, 

Quelquefois le dépouillement, '^^*, et l'indication 
détournée, ^-ry , se trouvent réunis l'un et l'autre dans 
un même tnîpe, conune dans ce vers de Khàcâni : 



•îr/j c)^' ^ 




La balle d'or déchire la robe du ciel et la coupe \ elle arrête 
manifestement Taurote. 

Ici le poëte a employé, au lieu de sotetY, l'expression 
balle d'or; or les mots ciel et aurore sont convenables, 
y^ii^, à l'objet pour lequel on emprunte, J jUc^, qui 

* Voyeï la note de la page 55. 
Célèbre poëte arabe. Voyez S. de Sacy, Chreêt. arabe, t. lU, 
pag. 35. 



— 63 — 

est le soleil, et les expressions robe et déchirer s'adap- 
tent à l'objet emprunté, à^xj^jlxZu^^ qui est la balle. 

L'indication détournée, ^^^*, dansle trope, »jL*xwl, 
est plus éloquente que le dépouillement, ^./5=^\ ^t Que 
le retranchement absolu, ^^', parce que le trope 
n'est que l'énergie de la comparaison, A-^iLÏ ij ^L^» 
c'est-à-dire qu'on substitue tout à fait l'objet auquel on 
compare, aj A^,h l'objet qui est comparé, 6^. Of, la 
mention des qualités qui conyiennent, *j^>, au pre- 
mier, augmente naturellement l'éloquence de ce genre 
de comparaison. 

Sukâkt dit à ce sujet dans le Miftâh : « Pour le trope 
réel, AjXisr^' y.bciwb)!, il faut que la comparaison entre 
les deux objets, dont l'un remplace l'autre, soit évidente 
par elle-même, ou qu'on puisse facilement la conce- 
voir; sans cela, le trope n'est plus trope, il rentre dans 
la classe de l'énigme, 3jh»ju, et des mots énigmatiques, 

Une autre espèce de trope est celle qui a lieu par 
mode de similitude; J-i^* Jtr^-^? c'est lorsque les ob- 
jets du trope, à^ ^IxL^j J jLxi^, et l'idée commune 
qui les unit, aj»\j^ ia^j, sont chacun tirés, ^ ^)^. de 
plusieurs choses, comme par exemple lorsqu'on dit à 
une personne qui hésite sur un point : ^SU siJI;',^! 
^jsJijkyj iL.j, « Je vois que tu avances un pied et 
que tu le recules ensuite. » Et comme aussi dans ce 
vers d' Anwarî : 

* * • * 



— 64 — 

Ma raison s'est obscurcie^; en vérité, elle m*a dit : Tu reux 
donc, h mon égard, mesurer la lune avec un gaz ', et couvrir le 
soleil de boue ? 

Enduire le soleil de boue et mesurer la lune, c'est un 
trope pour exprimer un acte insensé. 

L'auteur du Talkhîs appelle cette espèce de trope, mé- 
taphore composée, y^^yjls^. Sukâkî dit à ce sujet, dans 
le Miftâh : « Ce qu'on nomme la comparaison de simili- 
Inde, St-^^ h^'i ^st une sorte de trope; car toutes les 
comparaisons sont des similitudes à la manière du 
trope; il n*y a pas au fond de différence*. » 

Le trope par métonymie, aj l:£=> *, est celui où on 
exprime l'objet comparé, à^, et où celui auquel on le 
compare, w ^L^^ n'est exprimé que par un analogue, 
AAjy . Or, dans ce cas, cet analogue est un trope d'ima- 
gination, ^..^^ »jL*ju-l. Le mode de ce trope consiste 
donc à mentionner l'objet comparé, udv», et à indiquer 

* Je ne traduis pas ^!j, qui est pour ^' jt « à cause de 
cela, )> ou « à cause de lui ou d'elle », parce que ces mots se 
rapportent à ce qui précède dans la pièce de poésie d'où ce vers 
est tiré. 

* Nom d'une mesure persane et de l'instrument qui sert à la 
déterminer. 

' Taftazânî raisonne ainsi pour prouver l'identité de ces com- 
paraisons C^îi:^* "^y^ (^ • « I>ans le trope, dit-il, la chose 
empruDtéejLxwli doit être le mot qui appartient à l'objet auquel 
on compare ij A-iull, et qui a été emprunté àJ\[& à l'objet 
comparé aJlH ; si ce mot changeait, il ne serait pas le mot qui 
particularise le 4J 6xL^, et il ne serait plus iJj %U. 

* Sukâkî dit, dans le Miftàk^ que le trope par métonymie doit 
avoir le parfum, Aaril^, de la comparaison. 



— 65 — 

quelques-unes des circonstances inhérentes à Tobjet 
auquel on le compare, aj aJu^, et qui est supprimé. 
Ainsi, la mention de l'objet comparé, aJu^, et la sup- 
pression de celui auquel on compare, ^ a^ ^^^9 ^^ 
est le trope par métonymie, ^^^^=> ; et énoncer, en rap- 
port avec l'objet comparé qui est exprimé, les circon- 
stances inhérentes, A^J, à l'objet auquel on compare, 
qui est supprimé, telle est la définition du trope d'imagi- 
nation, ftJ.M^sr' V.LjuLal. 

Cette espèce de trope se subdivise en trois variétés, 
à cause que les circonstances inhérentes, >jy , qui sont 
particulières à l'objet auquel on compare, ^j ^^, et 
qu'on exprime en vue de l'objet comparé, aJu^ tS^jf^ 
sont au nombre de trois : 1** ou bien elles constituent 
l'objet auquel on compare, w i^ ; 2* ou bien l'objet 
auquel on compare en dépend tout à fait; S"" ou bien 
enfin aucun de ces deux cas n'a lieu. 

Exemple du premier cas : 

La langue de mon état ^ exprime ma plainte mieux (que je ne 
pourrais le faire réellement). 

Dans cet hémistiche arabe, on compare Vétat h une 
personne qui parle, ce qui est un trope par métonymie, 
AjLOb «jLxiu-!, et la mention de la langue^ sans laquelle 
on ne saurait parler, c'est le trope d'imagination ïjIjcu-! 

M MM 

* Sur cette expression, voyez la préface de mon ouvrage inti- 
tulé : Ub Oiseaux et les Fleurs^ page 8. 

5 • 



M — 

Ikemple 41m àmmèm» ets : 4é «juJlJ 14) »^Lms^ 
« lesfiriffesdelainortiflOQttonibéeBwrlm ». 

Dam cette «tprasnoii iDéta|41iori<|ae, la mort est com- 
parée % un Um; mm on n'a pas wentionDé Totylef 4fe fo 
«NiqwraîfM, ij Aj^^ifui est eet animal, et c'est ce qpri 
eoBisUtue le tropepar métonyaue. Bn second lien, on a 
parlé 4e8 ^n/Tte qui rendent complet le corps du lion et 
en font partie, pour sigmifier la mort, c'est-inlire Fcbfei 
comparé, aJU», ce qui est le trope d'imagination. 

taurnsçie du troisième cas : )U> ^i (^ A^j ^ ^^ 
toidedn comnuuMlemant cet dans ses mains »• 

Ici la sagesse est compaiée à une cbameUe par un 
trope de mélonTmie» a;UjU KjLax*»!, et la hride, qui est 
une d^^eodanee non constitutîTe, a^^ ^« de l'obset 
auquel on compare, ^ i^, est mentionnée pour l'objet 

comparé, ^>J^, et c'est un Irope d'imagination, ij\MLm\ 

»♦ *••• 

Au reste, les rhétoriciens éminents ne sont pas d'ac- 
cord sur cette distinction du trope par métonymie et du 
trope d'imagination. On trouve leurs opinions expo- 
sées, avec les preuves àl'appu!, daosle MutautualieSasidr 
Taft&zftnt. 

CHAPITRE m. 

DE LA MÉTAPnOBE SUBSTITUÉE, J^y jLar^. 

On entend par là une expression qui est employée 
dans un sens différent de celui qui lui est ordinaire- 
ment attribué, ^ pysy, mais dans laquelle le rapport, 



— 67 — 

A9^y entre lesens réel et le métaphorique n'est pas une 
comparaison. C'est comme lorsqu'on dit, par exemple : 
:^j\^ ^yi^^ jë j^j^ ^S^ « ^^ tel a la main (une 
nmin) pour cette affaire w, c'est-è-dire : Il a peur cette 
affaire une aptitude, ^j^, particulière. Ici le rapport 
entee tes deox sens est eehii de la chosev J^ <t^^*BC le 
Meacù elle se passe, J^e^ ; cav la jotaineit le lieo, Jsae?^, 
ée kl maAifestatîon Amt il s'agit Le rapport doit £tre 
gteéral^ ^|yr ctnon iadmdud, ^^^^ls^. 11 yen a plu- 
aîciirs espèees; nous aUoBEi en mentiâDoer ipshpits- 
unes. 

La inrenuès^ c'est torsqu'on donne au tAui J»^ nom de 
la partie, comme dans ce yers de Sanày! : 

U fut un océan pour l'amour et une mine d'or pour le cœur, 
un œil pour la loi et une âme pour la religion. 

Ici le but de l'assimilation, Jr^» ^*®st d'employer le 
mot ce^'ê&Bis le Beos é^gwi^dieft. 

La seconde espèce, c'est lorsqu'on désigne la partie 
par ua Biot qui désigne ht lovAf^'CQBxaàB dans c« im*set 
du Coran' :^t3t ^^^L^l^j^Lks^ « Ilsmcttanit leurs 
dûigtsi danft leu£S oreilles,; v c'eslr àrdire Veaùi^élmUi de 
leurs doigts. 

La troisième espèce, c'est lorsqu'on exprime Teffet, 
^^..^lifiâM^» par le nom de la cause,, w^t^i» comme dans ce 
was» de Saiâyt: 

* Sur, II, yers. 1 8. 



— 68 - 

^' cri' t^ J^ AJti^ûjpj ^\ 

'' cri' 5?^^; (^ 3' ^J^ ^J 

toi qui es satisfait de (oi-mème, ce n'est pas la satiété mais 
la faim ; 6 toi que courbe le repentir, c'est la prosternation. 

Être rassasié^ est pris ici dans le sensd'^^r^ satisfait^ et 
le rassasiement occasionne le dégoût de la nourriture. 

La quatrième espèce consiste à donner à la cause, 
s^AA*-, le nom de retfet, v-^^w».**y», comme dans cette 
expression arabe, b'Li .L^l o^a^! « Le ciel fait pleu- 
voir des végétaux », 

Par végétaux on entend ici la pluie, qui est la cause 
de leur développement. 

La cinquième espèce, c'est lorsqu'on donne à une 
chose un nom qui ne lui convenait que dans un temps 
écoulé, comme dans ce vers de Attâr * : 

Louange infinie au Dieu de toute pureté qui a donné la foi i 
une poignée de terre! 

Par cette dernière expression, le poëte entend Adam, 
qui fut d'abord en effet une poignée de terre. 
La sixième, c'est lorsqu'on donne à une chose un nom 

^ Farid-uddin, surnommé Attâr, est un célèbre poëte mysti- 
que, dont l'ouvrage intitulé Pand-nâma^ ouvrage qui ressem- 
ble à TEcclésiaste de Salomon, et encore plus k l'Ecclésiastique, 
a été publié et traduit en français par S. de Sacy. Attâr est aussi 
auteur du Mantie uttdir « le Langage des oiseaux » , dont j'ai 
publié le texte et la traduction. 



— 69 — 

qu'elle aura postérieuremeût, comme dans ce passage 
du Coran' : \j^j^^la\ ^1j' ^I « Je me vois pressant du 
Tin ». Par le yin, on entend ici le raisin, dont le suc dé- 
vient ensuite du vin. 

«i 

La septième, c'est lorsqu'on indique le lieu, Ja?^, à 
la place de ce qui s'y trouve, JU^ (c'est-à-dire le conte- 
nant pour le contenu), comme dans ce verset du Coran*,: 
jj ^Lî p '^ : « qu'il convoque son assemblée » , c'est-à- 
dire les gens de son assemblée. 

La huitième, c'est lorsqu'on nomme la chose, JLa., 
pour le lieu où elle se passe, J^^, comme dans cet autre 

passage du Coran» : ï^j ^ çic^^j '-^i-^^' c^^' ^'j 
«iit : « Quant à ceux dont les visages blanchiront (au 
jour de la résurrection), ils seront dans la miséricorde 
de Dieu ». Par le mot miséricorde on entend ici le 
Paradis^ qui est le lieu de la miséricorde de Dieu. 

La neuvième, c'est lorsqu'au lieu de la chose on 
nomme son instrument, comme dans ce vers de 
Sanftyi : 

Lh — ^J ^-T^ J^ — ^— "" ^>^ 

Elle tient le milieu entre le corps et Tesprit. De ce côté-ci il 
7 a la langue, et de celui-là Toreille. 

Ce vers est la description complète de la parole, ^jJj . 
Le poète veut dire que la parole retire ses avantages de 

' Surate xii, intitulé Surate de Joseph^ yerset 36. 
*Snr. xcvi, vers. 17. 
» Sur. ui, vers.. 1 03. 



— 70 — 

reeprit, Ji&, eft les procure au corps; or, la lasgiie est 
rinsferomeat de renseigBement, et Tomi le, de fiostruc- 
tien qu'on reçoit 

En résumé, dans le rapport, à3%^ de la mâaf feofe 
Bubsldtuée, J^ jlsK^^ il £airt ça'on puisse trouver une 
relaUan néoesaaire entre les ok^ets, >\^c^\ j\ ^^^ ât 
qu'on puisse s'autoriser de l'eiemple des écriiiaîiis éto- 
quents» 

CaULPITRB I^. 

DE LÀ MÉTONXMIE, AjL 



Gemot» ^^-^'^='9 estie nom d'action d'un verbe ara]:^ 
iûgniâant laisser la dariéj ^j^ ^y^ s'etprimer ^unu 
manière obscure. Mais couuSe «xpiwssM^n teobnifue, il 
sigmik donn^ au sujet, ^j^, le sens %ui ooAYÎent à 
ilêltrUnUj ^^^1 ce qui est le contraire de la xnéta^bore, 
jLs-*, où on ne s'occupe que de l'attribut, >j^, comme 
nous l'ayons expliqué plus haut 

La métonymie est de trois espèces : la première, c'est 
lorsque, par cette figure, on veut seulement faire con- 
nais l'esBeme même du sujet, ^j^y (l'oiqet qua- 
lifié). La deuxième, c'est lorsqrf'on veut indiquer une 
ipialité^ ,^'^^9 d'entre les qualités du sujet. Et ici, par 
l'expression de qualité, wX^, il faut entendre une 
ehose, ,^^, qui est mise à la place d'une autre, et non 
pas ce qu'on entend, en lerme de syntaxe, par le mot 
qualité^ vjus^, qui signifie proprement un adjectif. La 
troisième, c'est lorsque le but de la métonymie est 



— 71 — 

raffirmatioDy ol^l» ou laaégatioD, ^». d'une qualité 
du sujet. 

Quant à la première espèce de métonymie, celle dans 
laquelle on a pour but Tessmce même à» sujet, siJ^ 
^y^y^ elle se subdivise en procbaîne, v-^^» et éloi- 
gnée, J^. La prochaine; c'est lorsqu'on mentionne une 
qiutti^ qui est particttUère au. si^et q[>éeial ^'on a en 
yoe, et qu'on a seuleoieiit TintentioiL d'iiidiquer par ]k 
l'essence même de l'objet, comme dans œ ¥eis deKha- 
cânU où il s'adresse au soleil : 



^ jMjT ^L^ O^ 

Au-dessus de toi est lo braye au corps d^argawAn^, en bas la 
mariée musicienne. 

Par lapremiète expressiûiiL le poMe OBfefi&d la planète 
lùffs, qui est aurdeseus du ficdeil^ et par la seconde, 
Vâms^ qui est au-dessous. 

La métonymie éloignée^ «x^, c'est lorsqu'on, men- 
tiume quelques qualités propres eu tant que réunies 
à un sujet spécial. Le but qu'on se propose parlât c'est 
de pouvoir particulariser le sujet dont il s'agit, comme, 
par exemple, dans le vers suivant de Maçûd-i Saad* : 

^ C'estrk-dire rouge. Selon la Burhàf^-i càtif Taigawftn est un 
arbre dont les ûeurs sont très-rouges et odorantes, et qui pos- 
sède des qualités médicinales décrites dans ce célèbre diction- 
naire persan. Il &kttt eatendre fàxJkParhicêdêJudiê {Çercu $ili- 
^fuasIriM»). 

' A la note sur ce poëte persan^ page 63<, ie dois ajouter qu'il 



— 72 — 

Demande cette chose qui fortifie le tempérament ; demande 
cette satisfaction du gosier; demande cette tulipe pour les yeux ; 
demande cet ambre pour le cenreau. 

Par la réunion de ces qualités, le poète yeut désigner 
le vin. Il est clair qu'une seule ne serait pas suffisante 
pour l'indiquer. 

La seconde espèce de métonymie, ajI-j^^=>, celle par la- 
quelle on yeut seulement exprimer la qualité elle-même, 
^JUft^ ^j*iJ, et non l'essence du sujet, ^y^y ^j^, se 
divise aussi en prochaine et éloignée. La première est celle 
qui exprime sans intermédiaire, ^^j ^j , c'est-à-dire mé- 
diatement, le transport, JLSxJÎ, du sujet, >jb), à l'attri- 
but, fjj^9 et cette première espèce se subdivise encore 
en deux variétés : 1 "" celle dans laquelle la métonymie 
est évidente, ^)j ; 2*" celle dans laquelle elle est cachée, 
^^^iû.. On truuve un exemple du premier cas dans 
l'expression citée page 3, ^I^n)' Jj^ « long de bau- 
drier » , pour signifier de haute taille. Le vers suivant, 
de Sanâyî, en fournit un autre exemple : 




Il n'y avait pas do caractère plus actif que le sien, il n'y avait 
pas de faquir qui retroussât davantage sa robe. 

a aussi écrit en bindoui et que je lui ai consacré un article dans 
mon « Histoire de la littérature hindouie et hindoustanie », 
2^ édition, t. II, p. 390 et suiv. 



— 73 — 

Retrousser sa robe ou la relever dans sa ceinture, 
c'est une métonymie pour signifier, se préparer à la vie 
spirituelle. 

Le proverbe arabe, LhII ^^ « large d'occiput », 
nous offre un exemple de la seconde Variété ; c'est une 
métonymie pour indiquer un sot^ 

La métonymie éloignée, j-jo, de la subdivision dont 
il s'agit, est celle dans laquelle le transport du sujet, 
^j'^, à l'attribut, ^j^, a lieu par des intermédiaires, 
i^L-j, comme dans l'exemple cité page 3, :\j^^\ j^^ 
« abondant en cendres, » pour indiquer un hJbit géné- 
reux. 

En voici un autre exemple, dans le vers suivant de 
Nizâml : 

* 

J * % ^ J 

S'il te faut la grandeur, attache ton cœur à la générosité, et 
ferme le sac de ton argent avec des feuilles de persil. 

Serrer l'ouverture d'un sac d'argent avec des feuilles 
de persil, c'est une métonymie de l'empressement dans 
la générosité; or ici il y a transport, Jl^xit, du sens d'at- 
tacher avec des feuilles de persil à celui de n'être pas serrée 
en parlant de l'ouverture d'un sac d'argent ; parce que, 
de cette manière, le sac est promptement ouvert, et 
qu'ainsi on en distribue le contenu sans retard. 

La troisième espèce de métonymie, ^l^^^^ avons- 

* Les Provençaux disent aussi en proverbe : « Grosso iesto 
paon de sen. » 



— 74 — 

nous dit» c'est lorsqu'au a pour but d'afiirmer, oLî)» 
ou de nier, J^^ une qualité, ^J^^. dans le s^iet. Qa 
trouve un exemple de l'affirmation des qualités dans ce 
vers arabe : 



Labwié^ 1a généiasité, k Hbéralité, tout se trouve àusA une 
tenta fi'oii a dressée pour le fils de Haschraj. 

L'intention du poète est ici cTaffirmer qfoe tes qualités 
quTil s énoncées se trouvent dans la personne qu'il kme; 
mais il ne s'exprime pas d'une manière claire. 

Yoici actuellemeof un exemple de la négation de qua- 
lités dans ce vers de Haktm Âçadi^ 

Oh ! qtfa bien dit ce sage : Périssent les fiHes, qu'elles n'aient 
que la terre en partage, et pas de couronne ^! 



On difilingiie encore dans la métonymie, ^^^^^=>j qua- 
tre esfèces d'indieatîoDS*, savoir : V nndicaUon dé- 
tournée, j^,j^^ lorsque le sujet, ^yf^j n'est pas 
mmUoûnéy j^S=»X^; ainsi ^ lorsqu'on dit, en parlant 
d'an ifidividu qui persécate la religion musulmane, 
âiUj z^ ^ {jy)^ A^ ^ (J*^' « Le fidèle est celai 
par la mai» et par la langue de qai tes musulmans sont 

* Sur cet auteur, voy. une note antérieure, page 6. 

^ Cest-)b4ire (c q&'^M soient aous* teize, qu'elle» meurent ))• 



r 



— 75 — 

déliyrés. » Par cette façon de s^exprimer, on a Tinten- 
tion de nier qu'un tel imdlTidu qui persécute la religion 
musulmane soit \m fidèle. 

L'auteur du KasGkschdfàit qae la métonymie, iÀj£=i 1, 
consiste à mentionner la chose sans employer l'expres- 
sion qui lui est propre, et que l'indication détournée 
consiste à mentionner une chose qui en indique une 
autre qu'on ne mentionne pas. C'est comme lorsque 
quelqu'un vient demander l'aumône à un autre, et qu'il 
lui dit : vllJfi XS^ viljLa. « je suis venu pour te sa- 
luer », mais que le ton qu'il prend, et la manière dont 
il s'exprime indiquent suffisamment sa vraie inten- 
tion. 

2* La désignation lointaine, ^^S c'est lorsque, 
dans la métonymie, le transport diï sujet, >j^, à l'attri- 
but, fjj^^ a lieu par le moyen de plusieurs intermé- 
diaires, JajL*-^, comme dans l'exemple déjà cité,^JtS=> 
^U^t* « abondant en cendres », pour signifier un hôte 
généreux. 

3» L'allusion ,^j c'est lorsque la métonymie a peu 
d'intermédiaires, ou que dans la réunion du sujet et de 
l'attribut, ou des deux objets assimilés, il n'y a pas 
d'obscurité, comme dans l'exemple cité plus haut, jaj^ 
LftSJI, « large d'occiput ». 

4» L'indication, L^l, ou l'allégorie, ^Jl^Li't, lorsqu'il 
n'y a ni obscurité, li^., ni plusieurs intermédiaires, 
^Iwj, comme dans ce vers arabe : 



' La moi ^ ^ j^BifiAprapremeai « faire briUar de loin ». 
*Page8 3el73. 




— 76 — 

JUj ^1 j^î .ji^^\j U.JÏ 

N'as-tu pas tu la gloire décharger ses bagages dans la famille 
de Talha, et ne pas se retirer ? 

L'expression décharger ses bagages^ en parlant de la 
gloire, est une métonymie, ài^^^^=>^ pour exprimer la 
gloire de la famille dont il s'agit, et l'expression ne pas 
se retirer, est une autre métonymie pour signifier la 
durée et la continuité de cette gloire. 

Les rhétoriciens conyiennent tous que la métaphore, 
jLac-», et la métonymie, ^'j^^=>, sont plus éloquentes, 
y 4jL, que la réalité, vJUSJick, et résidence, <J^r^*, et 
que le trope, «jljciw!, est plus éloquent encore, Jî ^y, 
que la comparaison, a^^*. Ils disent que la cause pour 
laquelle la métaphore, jl^, et la métonymie, ^US=&, 
sont plus éloquentes que la simple énonciation des 
choses, c'est que, dans ces figures, on transporte Vatiri-^ 
but, f j^, au sujet, Aji. Ainsi, lorsqu'on dit : !j sj^bil 
^jj^ « j'ai vu un soleil », et qu'on a l'intention de dé- 
signer une belle femme, c'est une expression plus élo- 
quente que de dire simplement • (^^^ J^^i*»^* « j'ai 
vu une belle femme » ; car ceci est pareil à une ins- 
tance en justice sans témoins pour l'appuyer. En effet, 
l'existence de tout attribut, (^j^j démontre celle du 
sujet, ^jiî, à cause qu'on ne saurait séparer le sujet de 
l'attribut. 

^ A la lettre, une maUresse, une femme digne d'être une maî- 
tresse. 



— 77 — 

Et le motif pour lequel le trope, 2|^IjuLi), est plus élo- 
quent, y ^5^9 que la comparaison, a^, c'est parce qu'il 
sufQt que le sujet de la comparaison, ^ ^j, soit plus 
parfait, jj J-»l^, dans l'objet auquel on compare, a^ 
AJ, que dans l'objet comparé, ^aâ*^, tandis que dans le 
trope, y^buwl, on emploie l'objet comparé, aJ^, précisé- 
ment à la place de celui auquel on le compare, a^ aJLv», 
sans qu'il y ait la moindre comparaison, à,^ ; et en outre 
il faut qu'il y ait un accompagnement, ^^^ pour rem- 
placer l'objet auquel on compare, ^ a^, ce qui est 
pareil à une action juridique, appuyée par des témoins. 



IP PARTIE. 

LA SCIENCE DES FIGURES, ^L^'^ ^j'^' f^- 

On entend par là l'art d'employer convenablement 
pour l'embellissement, ^j^f'^^ , du discours, et non par 
nécessité, certains tours d'éloquence nommés figures 
de paroles ou de mots, ^, et figures de sens ou de pen- 



sées, J^*. 



Ces deux classes de figures formeront deux chapitres 
distincts, et nous commencerons par les figures de pen- 
sées, puisque la pensée précède l'expression. 

*■ On distingue Ces figures de celles dont il a été fait mention 
dans la première partie ou Exposition, ^L^, c'est-à-dire de la 
comparaison, du trope, de la métaphore substituée et de la méto> 



njmie. 



— 78 — 
GBAPITRB !•'. 

fijSg jnGQRIS DE P£3iaÉES« 

De f anthliSse, ^jLl». 

On nomme antilliëse, ^Ll ou àSjÙ^^ et contraste, 
SUâj, la figure qui consiste à employer dans le discours 
deux mots, dont le premier a un sens opposé ou con- 
traire au second. Les deux mots dont il s'agit ici peu- 
vent être l'un et l'autre des noms, ^t, des verbes, Jaj, 
des particules, ,3^, oul'un un nom et l'autre un verbe, 
et ils peuvent être employés ou aflûlrmativement, ^jij^ 
^Lsris ou négativement» v-JL .^Sjj Jjj. 

On trouve un exemple de l'antithèse d'un nom avec 
uafiOEik daBfi ce passage dm Gosaoi* : ^^ Ltol^t ^^mmss^ 
^yj « ¥ûus les croyez, éveillés et ilâ sont oiAûniû » ; 
eidans ce vers d'Âbd ul Wâet-Jaball^ à la leuaage é\m 
cheval, vezs^eù se treave léume la mentimi dcaquatae 
éléments : 

^ Sur. xsm,. vers» i7«. 

* SwttB ptëte distingué» «a peut eoand/tar l' iiù é tgami «a- 
Tnge de les air Gota OiMdqr intitdé : BvfgfafkimllhÊmm M 
PermnpoeUjipàg. 108 etsaiv. 



— 79 — 

O toi qjoi t'éièTes en haut comne le Ibu et qui descends en bas 
comme l'eau ! Toi qui as la qualité de la teire quant h la solidité, 
et celle du yent quant à la Titesse. 

L'antithèse d'un verbe avec un Terbe se trouYe dans 
ces mots du Coran* : Cl^j ^ctfssj « il TÎTifie et il 
mourir n ; et dans ce yers de Salm&n-S&wajt : 



Looqve b flamme 4e ton épée ^^èmfyeUw\ Pen «e plact 
(i'dêsaU) sur le feu. Lorsque la ceape de ton kanfteft M9wrà^lB 
nuage f^aaid ici larmes dans la mar. 

L^antithèse d'une particule avec une particule se re- 
marque dans ce passage du Coran' : L^j sj:.^^ U L^ 
vJ:.^^^*^) l> <c d elle {Vàma) ^era compté le bien qu'elle 
anraacquis, et contre elle le mal dont elle se sera diar- 
gée > ; el dans œ wrs hindoustani deSaodà cité par 
hntai-Bakhsch t 



viLU Ju^\ j^ aJ ^:^ c^^ V ^ 

Je suis ce faible oiseau qai de l'emplacement du jardin ne puis 
arriver sans échelle jmqi^h mon nid. 

On trouve un exemple de Tantithèse négative ou de 
^liation, ^^^xL ^L^, dans ce verssde Nisâml : 

* Sur. II, vers. 260. 

* Sur. n, vers. 286. 



— 80 — 






A 



d^j'^.r^ Kj^jy^j 



Qu'y a-t-il de mieux dans le monde que d'être consumé d'à- 
moui?Car sans lui la rose ne sourit pas et le nuage ne pleure 
pas. 

Selon l'auteur du TalkhîsS on doit distinguer deux 
sortes d'antithèses, l'affirmative, v^MJ, et la négative, 
^JL, et comme exemple de cette dernière espèce, il 
cite ce passage du Coran* : ^yLâ.t^ ^Ul jt^ % 
« ne craignez pas les hommes, mais craignez-moi ». 
Cette opinion est soutenue par plusieurs autres rhé- 
teurs, entre autres par Sahbâyî (Imâm-Bakhsch), dans 
le traité de rhétorique qu'il a rédigé en faveur des habi- 
tants de l'Inde • ; mais l'auteur du traité persan qui sert 

^ Le Talkhts ul-miftâh, par Jalâl-uddîn Mahmûd Cazwlnl, est 
4'abrégé du Miftâk ul-ulâm de Sukâkî. Ce dernier traité a été 
commenté par Taftâzftnî dans deux ouvrages différents, le 
Muhhtaçar (court), et le Mutauwal Qong), et ces ouvrages ont 
été commentés à leur tour par d'autres auteurs. C'est au Mutauwal 
et au Mukhtaçar que fait allusion Walî dans ce vers (pag. 21 , 
ligne 24 de mon édition) : 



Chaque nuit, on traitait de tes longs cheveux avec le 
Mutauwal (c'est-à-dire longuement) ; mais, en voyant ta petite 
bouche, on parlait du Mukhtaçar (c'est-à-dire petitement, en 
rapport avec la petitesse de ta bouche). » 

* Sur. v; vers, 48. 

' Ce traité, qui porte le môme titre que l'ouvrage de Faquîr, 



— 81 — 

de base à mon travail n'est pas d'avis de distinguer 
l'antithèse en affirmative et négative. Il pense qu'il doit 
y avoir à la fois, dans toute antithèse, affirmation et 
négation, et que l'affirmation ou la négation seule ne 
constitue pas véritablement cette figure, mais que c'est 
la réunion de ces deux choses qui la constitue. Par exem- 
ple, dit-il, dans le passage cité précédemment : ^^ 
n^^av 5, « il vivifie et il fait mourir » , on n'a pas seu- 
lement en vue l'affirmation, s^lsf.',mais on a aussi en 
vue la négation, wJL. 

On appelle ornement, .^^^j une espèce d'antithèse 
où l'on mentionne les couleurs, j|>^', pour louer ou 
blâmer sous forme de métonymie^ ajLj^, ou d! insinuation, 
(W) ifO'i'f'^ soupçonner)^. Dans ce cas, il n'est pas néces- 
saire d'employer plusieurs couleurs, mais une seule 

ouvrage qu'lmâm-Bakhsch a pris pour base de son travail, sans 
s'astreindre à le suivre servilement, encore moins à le traduire, 
a été lithographie en 1 845 à Dehli par les soins de F. Boutros, 
alors principal du collège établi en cette ville et secrétaire du 
Vernacular Translation Society, Une des choses qui donnent le 
plus d'intérêt et de nouveauté au travail de Sahbâ^î, c'est qu'il 
a partout remplacé les vers arabes et persans des traités anté- 
rieurs par des vers hindoustanis, qui souvent éclaircissent mieux 
que les premiers Tobscurite de la théorie. Au surplus, voyez 
l'article Sahbâyi dans le t. 111, pag. 22 de la seconde édition 
de mon « Histoire de la littérature hindouie et hindouslanic d. 
* Sahbâjî nous apprend qu'on entend par >L^jI une expres- 
sion qui a deux sens : un sens proche ou commun, w>^^, et 
un sens éloigné ou rare, J^^ , et qui est employée dans le cas 
dont il s'agit, non pas dans le sens proche, mais dans le sens 
éloigné. Il cite comme exemple le mol v.^, mihvj qui signifie 
communément Bokilf et rarement am^ur, 

6 



— 82 — 

suffit. Le vers suivant de Açadt-Tûct offre un exemple de 
cette figure: 

^j^ v^^ J-*-' j' j ; *" » * j 

Le lieu de rembuscade est rouge par son épée» la (erre est 
jaune par la pluie de sa main. 

La première expression employée dans ce vers est une 
métonymie pour indiquer de nombreux massacres, et 
la seconde est une autre métonymie pour signifier la 
générosité qui répand l'or à pleines mains. 

Une autre espèce d'antithèse consiste à réunir deux 
choses dont l'une dépend d'une autre qui est contraire 
à la première. Dans ce cas, il suffit d'une seule espèce 
de dépendance, ^^l^o, qu'elle soit relative à la cause, 
iju^, inhérente au sujet, ^^Jp, ou qu'elle soit tout 
autre. On trouve un exemple de cette figure dans ce pas* 
sage du Coran* : ^i^ »L^j »liW< ^ XxJt^ « ils (les 
croyants) sont féroces envers les infidèles et compatis-^ 
sants entre eux. » 

La violence, 0^9 n'est pas l'opposé de la compas* 
sion, sJ:.a^j, mais de la douceur, ^, et celle-ci, qui en 
est l'opposé, est la cause de la compassion. 

Le vers suivant d'Âzraqul offre un autre exemple de 
cette variété d'antithèse : 

* àiir. XLViii, vers. 29. 



— 83 — 

Mon œil a emprunté k ton rubis Vusage de répandre des per- 
lée^; ta. chevelure a emprunté son désordre à celui de mon état« 

Répandre des perles n'est pas l'opposé du désordre 
dont il s'agit dans le second hémistiche de ce vers, mais 
la tranquillité et le bonheur, qui y sont opposés, sont 
cause qu'on jette des perles. 

Une autre espèce d'antithèse est celle qu'on nomme 
^Ua? À^^\ faire soupçonner le contraste. Elle consiste à 
exprimer deux choses qui ne sont pas opposées l'une à 
l'autre, par deux mots dont le sens réel est en contraste. 
Le vers suivant de Faquîr offre un exemple de cette fi- 
gure: 

La nuit que j'ai passée en ta compagnie s'est terminée ; l^au- 
rore sourit et moi je pleure. 

Il n' y a pas d'opposition ni de contraste entre l'aurore 
et pleurer, mais entre la métaphore descriptive de Tau- 
rore et pleurer. 

Sukâkl distingue de l'antithèse une figure nommée 
^^TopTemenX opposition^ Jbli^, et qui consiste à énoncer 

* Le rubis signifie, par métaphore, le$ lèvres ^ et les perles 
indiquent les larmes. L'expression répandre des perles signifie 
proprement la cérémonie appelée jLii, et usitée d^ns le mariage ; 
et, au figuré, les perles du discours expriment VéloquencCy ou 
plutôt ce que nous nommons les fleurs du discours. Parle niçâr^ 
Tanta^ dit qu'il faut entendre jeter des dragées et des fruits 
confits à l'occasion d'un mariage; ce qui n'empêche pas qu'on 
ne jette aussi des pièces de monnaie. 



— 84 — 

une ou plusieurs choses concordantes entre elles, et à 
exprimer ensuite, parallèlement dans le même ordre, 
des contrastes à ces choses; comme, par exemple, dans 
ce passage du Coran * : I^JL^ '^^j ^ ]^s-^^ « qu'ils 
rient peu, car ils pleureront beaucoup ». Les mots rire 
eipeu exprimés d'abord, n'offrent pas d'opposition entre 
eux, mais ils sont en contraste avec pleurer et beaucoup, 
qui ont été employés dans le second membre de la 
phrase. 

Voici un autre exemple de cette figure dans le vers 
suivant d'Amtr-Mazl : 

Ses amis qui exécutent fidèlemeut ses ordres sont honorés a 
cause de leur heureux horoscope; ses ennemis sont enfermés 
dans ses prisons, étant avilis à cause de leur mauvais sort. 

Malgré l'opinion de Sukâkî, les auteurs du Talkhîs 
et du Mutauwal ont compté cette figure parmi les varié- 
tés de l'antithèse, ce qui parait plus exact, puisqu'elle 
exprime, en effet, l'opposition et le contraste. 

SBGTIOIf II. 

Convenance, ^.«^^wbj. 

Cette figure, nommée proprement^ JaJI jUty, ce qui 
signifie avoir égard aux analogues, et aussi appelée ^3^y 
ou accord^ consiste à réunir dans le discours des choses 

* Sur. IX, vers, 83. 



— 8» — 

qui ont entre elles un rapport de contenance et non de 
contraste et d'opposition. Le vers suivant d'Anwarl en 
offre un exemple : 



échanson, lève-toi! car la rose 9^ est épanouie tl a fait honte 
à la constellation d'Orion ; le jardin est le paradis ; le yin, Teau 
du Kauçar ; et le platane, le tuba. 



SECTION III. 

Insinuation de la convenance, ^^^,^A^\Si >L^t. 

Cette figure consiste à mentionner deux choses en se 
servant de deux expressions différentes dont l'une a 
deux sens, celui qu'on a en vue, et l'autre qu'on n'a pas 
en vue, mais qui est en rapport avec le sens de la pre- 
mière expression; comme dans ce passage du Coran* : 

^\.Xs:^, ys^^j (»?^"j ^jL..^.^.^aJIj jTv^'j « 1^ SOleil 

et la lune se meuvent d'une manière calculée, les plantes 

et les arbres se courbent pour adorer Dieu. » 

* 

Ici le mot ^ est pris dans le sens de plante^ ou plu- 
tôt d'herbe sans tige, par opposition à ^?^, qui ex- 
prime un végétal ayant une tige, et on n'a pas en vue sa 
signification plus ordinaire à*étoilej signification qui 
s'accorde néanmoins avec la mention du soleil et de la 
lune. 

lie vers suivant de Khâcânt offre un aut/e exemple 
de cette figure : 

* Sur. LV, vers. 4 et 5. 



— 86 — 

Ton souffle embaumé fait parvenir \ T odorat de tous, dans le 
monde hexagone, le parfum du muçalias. 

Ici le mot s±Jtt» est employé pour désigner un parfum 
qui ressemble à l'encens, et on n'a pas en yue l'autre 
sens plus ordinaire de ce mot, à savoir la flgure de géo- 
métrie nommée triangle; mais ce dernier sens est en 
rapport avec le mot^5-.«», hexagone. 

SBGTION lY. 

Ressemblance ou conformité, J^Liu^. 

Cette flgure consiste à exprimer une chose par lé nom 
d'une autre chose, parce que les choses dont il s*agit 
sont mentionnées ensemble. Les passages suivants du 
Coran* offrent des exemples de cette figure : ïl* «t^^ 
é^lySj 'jj5C»j 'iLà « la rétribution du mal est le mal; 
ils trompèrent, et Dieu les trompa. » 

Dans ces deux versets, les mots il-, wa/, et^Xi, tromr 
perie^ ont le sens de v^'ôx, punition^ parce que ces 
expressions ont été employées par conformité, J^L^, 
avec le mal et la tromperie qui ont eu lieu de la part des 
infidèles. Ainsi le sens du premier verset est celui-ci : 
(( La rétribution du mal est la punition ; » et celui du 
second est : a Les infidèles usèrent de ruse, et Dieu les 
punit. » 

* Sur. xLii, vers. 38 ; et Sur. m, vers. 27. 



— 87 — 

Le vers suivant de S&lb ^ offre un troisième exemple 
de cette figure : 



n vaut mieux pour le derviche que les lèvres de la demande 
soient cousues, que de faire des reprises à son froc. 

Par « la couture des lèvres » le poëte a voulu 
exprimer le silence, et son intention est de le recom- 
mander. 

SECTION Y. 

Accouplement, ^^^y. 

Cette figure consiste à exprimer d'abord deux choses 
en rapport de condition^ J»^, et de rétribution^ .|^ (d la 
condition)^ puis à employer la même combinaison pour 
deux autres choses. Le vers suivant de Faqulr en offre 
un exemple : 

Lorsque tu me vois, ta douceur se change en colère ; lorsque 
je te Yois, ma patience se change en agitation. 

Le but du poëte, dans ce vers, c'est de mettre en re- 
lief la différence de Tétat de la maîtresse et de celui de 

^ Mirzà Muhammad AU Sàïb (<.^^L^)Tabrézt, c'est-à-dire de 
Tauris, est un poëte persan très-distingué, et dont leDlw&n jouit 
d*une assez grande célébrité. Il vivait dans le xvii* siècle de 
notre ère. (Voyez Hammer, Redek Pen* pag. 393.) 



— 88 — 

l'amant, et il a employé, à cet effet, la figure de rhéto- 
rique nommée ^j^y. 

SECTION vu 
Indication, ^L^X 

Cette figure, qu'on nomme aussi a^^v^* J^^ ^'^^ 
flèche^ 9 consiste à employer au commencement d'une 
phrase une expression qui fait comprendre qu'une autre 
expression terminera cette phrase. En voici un exem- 
ple dans ce passage du Coran* : ^^ c^^^ *^' j'^ k? 
j^JJij M^^\ \y^ « Dieu n'était pas capable de les 
traiter injustement, mais ils se traitaient injustement 
eux-mêmes. » 

Ici, l'emploi dans la première partie de la phrase de 
l'expression traiter injustement^ aimonce l'emploi de la 
même expression dans la seconde. Dans le vers suivant, 
qui est tiré d'un cacîda d' Amru ben-Madîkarb *, il en 
est de même pour le mot Jtax***!»* : 

* Cette expression a quelque analogie avec celle dont on se 
sert quelquefois en français lorsqu'on dit : « II a jeté une pierre 
dans son jardin, j» pour signifier : « Il lui a adressé indirecte- 
ment un mot piquant ». 

*Sur. IX, vers. 71. 

^ Ce poëte était fils du plus vaillant des Arabes, Madikarb, 
qui vivait sous Omar, le deuxième khalife. Son épée, la plus 
célèbre, h. cette époque, de tout l'Orient, se nommait Samsâm 
>Laé-o, et notre poëte en hériia. (D'Herbelot, Bibh or. etc.) 



— 89 — 

Lorsque tu ne peux réussir dans une affaire, abandonne-la et 
passe h ce qui t'est possible. 

SECTION VII. 

Rebours, ^r^. 

Celte figure, qu'on nomme aussi Jj«V ou inversion^ 
consiste à mentionner une chose avant une autre, puis 
à mettre la dernière avant la première et celle-ci à la 
place de la dernière, comme dans ce passage du Coran* : 

^^ ^ ^' ^)^'j ^' ^ ^' 2^^. « il tire le 
vivant du mort et il tire le mort du vivant » ; et dans 

ce vers d'Anwarî : 




Pai un cœur qui sympathise toujours avec le chagrin ; j'ai un 
chagrin qui sympathise toujours avec le cœur. 



SECTION vin. 



Retour (sur ce qui a été dit), P^j. 

Cette figure consiste à annuler une chose qu'on 
d'abord dite, et à l'appliquer à un autre objet pour en 
tirer un bon mot ou une expression heureuse. Le vers 
suivant d'Ansart* en offre un exemple : 

* Sur. XXX, vers. 1 8. 

' Ansarî est un des poètes persans auxquels on donne le titre 
de Malik usehschuarâ ou roi des poètes. Il vivait dans la première 
moitié du ii* siècle. (Voyez Hammer, Redek Pers» pag. 46.) 



— 90 — 

j>r *^-5 ^^ '^ ^-^ v^j^j ^j! ^^ ^ 

Elle était comme une lune et un cyprès; non, elle n'était ni 
une lune ni un cyprès, car le cyprès n*a pas de robe et la lune 
ne se serre pas avec une ceinture. 

Le but du poète, en revenant sur ce qu'il a dit, c'est 
d'exalter la femme qu'il aime au-dessus de la lune et 
du cyprès. • 

SECTION IX. 

Dissimulation, àjjji. 

Cette figure, qu'on nomme aussi >L^t, insinuation^ 
c'est-à-dire insinuer ce qu'on veut dire, le faire conjec- 
turer, consiste à employer une expression qui ait deux 
significations, une prochaine, et l'autre éloignée, et à 
employer cette expression dans sa signification éloignée, 
en s'appuyant sur une analogie cachée, iJ^ ajj^ . II y 
en a deux espèces : 1* celle qui est dépouillée, ï^/f^, de 
ce qui pourrait indiquer le sens qu'on a en vue ; S"" celle 
dont le sens découle^ Aar^^, du contexte. 

On trouve un exemple de la première dans ce passage 

du Coran* : ^^' (j^/^' <J^ tj^J^ " ^® miséricor- 
dieux s'est assis sur son trône* » Ici le mot ^y^\ est 
pris dans le sens de ^^^t» dominer ^ être aurdessus de^ etc., 
mais cette signification est éloignée, car ^jxwt signifie 
proprement être égal ou pareil^ et elle n'est indiquée 
dans le contexte par aucune expression qui convienne 
à ce sens. 

* Sur, XX, vers, i; 



— 91 — 

On trouve un exemple de la seconde espèce dans cet 
autre passage du Coran* : ^b UUjj «Ly^Jtj, <c nous 

ayons bâti le ciel avec puissance )>« Ici le mot Jj, dont 
jjI (<3«^j') est le pluriel, mot qui, au sens proche ou 
propre, signifie main^ est pris dans le sens éloigné ou 
figuré de puissance^ et TexpressioD Ij»!^ convient à 
cette dernière signification. 

SECTION X. 

Asservissement, >^ji^t. 

Cette figure consiste à paraître vouloir employer dans 
im sens une expression qui a deux significations, et à 
rappeler l'autre sens par un pronom qui se rapporte à 
cette expression ; comme dans ce vers arabe : 

Lorsque la ]^Iuie tombe sur la terre d'une tribu, nous avons 
fait paître cela, quoique cette tribu fût en colère contre nous. 

Le mot >L^^ ciel^ est pris ici dans un sens métapho- 
rique pour signifier j9/ttte, et le pronom suffixe, qui dans 
l'expression «L^ se rapporte, ^Ij, à ce mot, est pris 
pour tes plantes^ C^LJ. 

SECTION XI. 

Réunion et dispersion, JJ^ ^ . 
Cette figure consiste à exprimer d'abord différentes 

* Sur, Li, vers, 47. 



— 9« — 

choses d'une manière ou détaillée, ^&^, ou sommaire, 
^, puis à mentionner, sans désignation particulière, 
ce qui se rapporte à chacune d'elles. Dans le premier 
cas, elle est ou régulière, ws3y, ou irrégulière, j^ 
v«^y • Elle est régulière, lorsque l'arrangement de la 
première partie delà phrase, c'est-à-dire de la réunion, 
^, est conforme à celui de la seconde partie ou de la 
dispersion, yui ; comme dans ce vers de Mukhtart : 

t s A B 

Le nuage, le firmament, les astres, TOcéan, la pluie, ne sont 
pas comparables à sa bonté, sa majesté, son habileté, son carac- 
tère, sa générosité \ 

^ Ce n'est pas seulement dans T Orient musulman que cette 
figure est employée : 
En Yoici deux exemples tirés de Pope, Essai sur P homme, 

Annual for me the grape, the rose renew, 
The jaice nectariou8,and the balmy dew. 

ÉpU. /, V, vers 135, 136. 

How shall he keep, what sleeping or awake, 

i t 

À weaker may surprise, a stronger take ? 

EpU. III, ▼!. 
En voici deux autres de Byron : 

Bat place again before my eyes 
Anght that I deem a worthy prize ; 
The maid I love, the man l hâte, 
And I m\\ hunt the stcps of fato, 
To saye or slay, as thèse require, 
Through rendiog stcel and rolling fire. 

The Giaour. 



— 93 - 



La meilleure variété de cette figure est celle qui con- 
siste à réunir plusieurs réunions et dispersions, %>^^ 
j^j ,^, de façon que chaque dispersion, ^Sr^ f^t soit 
réunion, ^^ pour l'autre dispersion, ^o ,5 y^J ^|^. En 
voici un exemple tiré de Firdaucî : 



.1 A 



Ce héros illustre, au jour du combat, avec son épée, son 
poignard, sa massue et son lacet, tailla, déchira, brisa et lia 
aux braves la tête, la poitrine, les pieds et les mains. 

Et dans ce vers de Maçûd-i Saad, où il y a quatre ^^ 
yJj, qui se terminent par un cinquième : 

Que l'esprit et le cœur de ton ami et de ton ennemi soient 
toujours par la promesse ou ta menace, pleins de lumière ou 
de feu. 

La réunion et la dispersion est irrégulière, lorsque Tar- 

Aud clouds aloft and tides below, 

4 t 

With sigDS and sounds, forbade to go. 

The Bride of A bydos, cauto 

Et un enfin de Shakespeare : 

An oven that is stoppM or river stay'd 
Burneth more hotly, swelleth with more rage. 

Venus and Adonis. 



— 94 — 

rangement de la réunion, ^, est contraire à celui de 
la dispersion^yu}, comme dans ce vers de Fig&nt^ : 



Da bien-être au cœur et de l'éclat aux jeux ; c'est ce que 
donnent la vue des belles pareilles au soleil, et le vin du matin. 

Ici l'éclat des yeux, » jj^ i^^ji, se rapporte à la vue, 
jtjj^, des belles, et le bien-être du cœur, i\ji J^, au 
vin qu'on prend au matin, ^ ^\j^. 

Il convient actuellement de citer des exemples de la 
réunion et dispersion sommaire, J^. En voici d'abord 
un tiré du Coran» : ^IS' ^ i)t 'i^^^ J^Jj J ipii^ 
^Lûi ^^ bj* « ils ont dit, il n'entrera en paradis que 
ceux qui auront étéjuif3 ou chrétiens » } c^ qui signifie, 
en le développant : « Les juifs ont dit : il n'entrera en 
paradis que ceux qui auront été juifs ; et les chrétiens 
ont dit : il n'entrera en paradis que ceux qui auront été 
chrétiens. » 

Bln voici un autre emprunté à Mukhtart : 



Les deux côtés- de son calam qui a été taillé sont le bien et 
le mal, la douleur et le remède. 

* Bâbâ Figânî Schirâzî, poëte natif de Schirâz, ainsi que l'in- 
dique son surnom, vivait vers la fin du xv^ siècle et au com- 
mencement du XVI^ (/îecieft. Fwz. pag. 391 .) 

* Sur. II, vers. 105. 



— 95 — 

Le poète veut dire par là que le calam produit à la 
fois le bien et le mal, la douleur et le remède. 

SECTION XII. 

Association^ a^. 

Cette figure consiste à réunir différentes choses dans 
une même appréciation, comme, par exemple, dans ce 
passage du Coran* : LJjJI ï^^' hij jyJ'j JUI « les 
richesses et les enfants sont Tornement de la vie du 
monde ». Ici, en effet, les richesses et les enfants sont 
rangés dans la même catégorie. 

Il en est de même dans le vers suivant d'Abdul Wâcl 
pour les six choses qui sont mentionnées dans le second 
hémistiche : 

De sa part, tout aujourd'hui a été agréable k mon cœur : 
donner et recevoir, le bien et le mal, le plus et le moins. 

SECTION XIII« 

Distinction ou séparation, {Aij^' 

Cette figure consiste à distinguer et à séparer deux 
ehoses qui sont d'une même espèce, comme dans ce vers 
! de Faquir : 

\ v;)> ^j^. c)'j-5 V^ ^^ çrij 

* Sur. x?ui, vers, iii 



— 96 — 

D*ici il tombe de l'eau, de là il pleut du sang. Telle est la 
différence entre mes cils et le nuage prinlanier. 

V 

SECTION XIV. 

Distribution, m^^^^aL 

Celte figure consiste à mentionner d'abord diflereiites 
choses, portions de choses ou circonstances d'une chose, 
et à leur assigner ensuite ce qui s'y rapporte respective- 
ment. 

La différence entre cette figure et celle qu'on nomme 
réunion et dispersion. jiJj ,^, c'est qu'ici en men- 
tionne les attributions, sjiXij^^J^^ de chaque chose par 
voie d'assignation ou de désignation, ^jm, ce qui 
n'a pas lieu pour l'autre figure, ainsi qu'on l'a vu aupa- 
ravant. 

Les vers suivants d*Abdul Wâci Jabalî fournissent un 
exemple de cette figure : 

Ses doigts sont faits pour donner, sa lance pour agir; on le 
rencontre dans les réunions joyeuses, et son drapeau se voit dans 

champ de bataille. A cause de la première qualité, il répand 
ses bienfaits; à cause de la seconde, il ôte la vie ; par la troisième, 
il est un capital de bonheur; par la quatrième, un gage de vic- 
toire. 

On voit qu'ici le poëte a mis en rapport, sous le point 



— 97 — 

de Yue de la générosité, les doigts de la personne dont il 
parle, avec la distribution des bienfaits; sa lance, à 
camse de la manière dont elle s'en sert, avec l'action 
d'ôter la yie, etc. 

Une autre variété de cette figure consiste à énumérer 
complètement les différentes faces de la chose dont il 
s'agit, comme dans ce vers d'Ansari : 

j J • •• ••> •• •• 

De toates façons, tes ennemis sont malheureux ; ils sont, en 
e/jfet, ou tués, ou mis en fuite, ou renfermés dans ta forteresse. 

Dans le second hémistiche de ce vers, le poète énu- 
mère, comme on le voit, les différents genres de mal- 
heur auxquels peuvent être en proie les ennemis du 
héros qu'il célèbre. 

SECTION XV. 

Association et séparation, i^ vÂ>j m^. 

On réunit quelquefois ensemble deux des figures 
nommées association, «^, séparation, ^^i^^'^et distri- 
bution, >>.m»> JL j; on peut même les réunir toutes les trois. 
La réunion des deux premières consiste à comprendre 
dans une même appréciation différentes choses, puis à 
les séparer, en exposant leur point de vue respectif, 
comme dans ce vers de Raschtd-Watwat * : 

* Khâja Raschîd uddîn Watwat est nn poëte persan, quoique 
le vers cité ici de lui soit arabe. Il est, entre autres, auteur d'un 
masnawt intitulé Misbâh, J^^"^* J. de Hammer en parle dans 
son Htj^oire de la littérature persane^ pag. 1 09* 

7 



— 9* — 

Ton visage est pareil au feu par son éclat, et moja cfauz esk 
pareil au feu par sa chaleur. 

Ici l'auteur réunit, dons une même comparaisonaimG 
le feu, le visage de celle qu'il aime et son pro^e coeur, 
mais il indique ensuite la différence du point de vue de 
la comparaison. 

SECTION XVI. 

Association et distriàution, ^^ » aJj >k^. 

Cette figure consiste à associer d'abord diverses 
choses dans une même appréciation, puis à rapporter 
chacune de ces choses à un objet particulier, comme 
dans ce quita d'Anwarî : 

A 

Si le désir de la louange et Tamour de ton auguste beauté 
produisent dô l'effet sur le règne végétal, la première chose, 
procurera la faculté du langage à la langue muette du lis, et la 
seconde donnera la vue aux yeux inertes du narcisse. 

Dans le premier vers, le poëte a associé le désir de la 
louange et l'amour de la beauté à Faction de produire 
àètL l'effet,, et dans le second, il a rapporté chacune de ces> 
deux choses à un ol^'^t particulier. 



— 9a — 



On place quelquefois la distribution, >y>JLJ, avant 
l'association, «w, comme dans ce vers de Nâdim 
Ouilânî : 



^ A 



J'ai fait un froc et Alexandre a fait de la fortune son oreiller 
avec le même drap que le sort nous a donné à l'un et k l'autre. 

SECTION XVII. 

Association, séparation et distribution, ^. . .i m aJ i ^ {^.J^J /^* 

Il n'est pas aisé de joindre ensemble ces trois figures 
dans la même phrase, on en trouve cependant des exem- 
ples. En voici un tiré de Khâcânî : 

^\ù La. \j ^L=. jtj yL» \j Ja^ «^^ ^ji 

La compagnie m'a donné deux feux pour fruits, un silex et 
un cep de vigne. Le premier allume le réchaud, et l'autre* illu- 
mine la coupe. 

Ici l'association, ^, consiste à avoir réuni deux feux 
dans la même idée de fruits; la séparation, ^3;^^, à 
avoir dit que l'ua est une pierre et l'autre un arbre ; 
enfin la distri,t)ution, a^jt^^ se trouve au second hémir 
sticl^* 



1 r> 



C'est-à-dire le vin. 



— 100 — 

8BCTI0N XYIU. 

•* 

Dépoaillement ou dépossession, O^J^s^. 



Cette figure consiste à retrancher, ^y^\ d'une chose- 
qui a un qualificatif, une autre chose pareille à la pre- 
mière quant à la qualification, dans Tintention d'aug- 
menter la valeur de ce qualificatif pour la chose de la- 
quelle on fait le retranchement, àS^ çjr^'* L'auteur que 
je suis donne pour exemple de cette figure le vers sui- 
vant d'Anwarî : 

ïLx-â. «^j-T JjLc ^b , Jlj c\ 



sKI jL-e-^ cri' ^^^j ^jj> 

toi qui nages dans Tocéan de Tinlelligence et qui es instruit 
du bien et du mal de ce monde I 

A cet exemple, je vais enjoindre un autre, emprunté 
au Dictionnaire des définitions, sJLÀmjjo^ de Jorjânî*. 
Cet exemple, qui fait mieux comprendre que le premier 
l'application de la théorie développée ci-dessus, est la 
phrase arabe suivante : f^ (Jd^-^-^ j^ ^ S- " J'^^ 
dans un tel, un ami pour qui j'éprouve une grande 
affection. » On voit en effet qu'on retranche ici d'un 
objet, auquel on attribue une qualité, à savoir d'un in- 
dividu à qui l'amitié est attribuée, un autre objet, 
c'est-à-dire l'ami, ^J^t, qui est pareil à cet individu, 
^iiî, quant à cette qualité, et en cela le but de l'écri- 
vain est d'exprimer l'excès, Ai)L.l!, de la perfection dans 

' TaHfât, page 54 de l'édition de FHgel. 



— 101 - 

Vamîtié de la personne, ^iii, dont il parle en premier 
dieu. 

SBCTIOlf XIX. 

Hyperbole acceptée, Jj^ a*5L». 

Cette figure consiste à exprimer l'exagération d'une 
qualité dans la force ou dans la faiblesse, ce qui ne peut 
Avoir lieu que par voie d'invraisemblance^ OjujL-I, ou 
d'impossibilité^ f l^^^l c'est-à-dire en plaçant cette qua- 
Jité dans les dernières limites de ]a force ou de la fai- 
blesse, au point qu'on n'y puisse trouver un degré de 
flus. 

On compte trois espèces d'hyperboles, a*5U^, qu'on 
distingue par les noms de A-i-ï, ^|/^ et^. 

La première, c'est lorsque l'hyperbole exprime une 
chose possible, tant sous le point de vue de l'esprit, 
Jic, que d'après l'usage, o«>l^, comme dans ce vers 
<l'Âçadt : 

^; ^.' ri / ^^ J^ ^. ^ 

Je garde si bien ce secret jour et nuit, qu'il ne pourra sortir 
âe mes lèvres qu'avec ma vie. 

La setonde, c'est lorsque l'hyperbole énonce une 
chose possible quant à l'esprit, mais impossible d'après 
l'expérience, comme dans ce vers de Urfî*. 

' Célèbre poëte persan natif de Schirftz, qui vivait au x* siècle. 



— lOi — 







Mon ennemi m'a vii traité selon son désir, et son cœur en a eu 
compassion. Dieu fasse qu'à son towr il ne soit jamais traité comme 
je le souhaite ! 

Il n'est pas ordinaire que lorsqu'une personne voit 
son ennemi dans l'état qu'elle désire, son cœur en soit 
affligé. Toutefois, l'intention du poëte est de dire : « J'ai 
été tellement traité comme mon ennemi le désirait, que 
son cœur même en a été ému. « Or, ceci peut bien être 
conçu par l'esprit, mais n'est pas conforme à l'habitude. 

La troisième, enfin, c'est l'hyperbole que l'esprit ne 
peut pas admettre, et qui est contraire aussi à ce qui 
a lieu ordinairement. Le vers suivant en offre un 
exemple* : 

Tu as tellement rempli de terreur les polythéistes, que ceux 
mômes qui ne sont pas encore formés dans le sein de leur mère 
te craignent. 

Cependant l'esprit peut quelquefois admettre en quel- 
que chose l'hyperbole dont il s'agit ; 1 • quand on em- 
ploie une expression qui rapproche l'hyperbole de la 
vérité, comme dans ce rubât de Kaanâl-i Ismaïl. 

* Selon Mirzâ Tantawî, ce vers est d'Abû Nawâs, dont le 
Diwân se trouve dans la Bibliothèque du Musée asiatique de 
l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. 



— 103 — 



1 »3C-wl aJ.jJ?j vJ!^-_ay (j^l-^-'^ 



sJl^^wwl »J)^yLJ ^j'jJ A^! ^wfcia. vJl^oCU© j? 



Celui qui a dessiné ton visage n'a pas \ craindre de reproche, 
puisqu'il a fait le mieux possible l'œuvre de ta beauté. Ta per- 
sonne, de la tête aux pieds> est telle qu'il convient; on dirait que 
quelqu'un en a ordonné l'exécution d'après son désir. 

Il est éloigné de l'esprit et contraire à ce qui arrive 
ordinairement, que la création d'une personne ait lieu 
d'après le désir d'une autre. Toutefois, le mot b^, on 
dirait^ qui est dans le, quatrième hémistiche, associe 
l'hyperbole à la vérité. 

2° L'hyperbole nomniée ^ peut être admise partiel- 
lement par l'esprit, lorsqu'elle exprime xme idée fantas- 
tique, mais distinguée par la délicatesse et l'élégance, 
comme dans ce vers, de Mukhtarî de Gazna, à la louange 
d'un cheval : 

A V 

illcst si rapide dans sa course, que, lors même qu'iipasserait 
isar lei paupières des yeux d'«» homme endormi, il ne le réveilr 
leraitpas par le contact de son sabot. 

3^ Enfin, l'hyperbole, dont il s*agit peut être agréée 
sous quelque rajpport par l'esprit, lorsqu'elle est expri- 



— 104 — 

mée sous forme de plaisanterie, J)», comme dans ce 
vers de Kalim ^ pour critiquer un cheval : 



^*— ^ 



éMI 



j jy ^.-Ji-iy /^ ^\y lij 



M A 



A A 



grand prince, ce cheval que tu as donné à ton serviteur 
pour un voyage n'a jamais pu, h cause de sa faiblesse, mettre le 
nez à Pair. Il se rassoit sur sa croupe après s'être relevé d'une 
bronchade. Tu dirais que Kalîm monte le manche d'un fléau. 

SECTION XX. 

Ordre ou règle du discours, ^blTs^^^J^, 

L'auteur du Tarifât nomme cette figure, ^"^ w^ Ju», 
ce qui a le même sens que l'expression employée au 
titre de cette section. Elle consiste à insérer dans le dis- 
cours la preuve, JJ^, et la démonstration, jljy , de ce 
qu'on veut afQrmer, conformément à l'usage de la scho- 
lastique, d'après laquelle tout discours doit être une 
argumentation. S'il comprend une comparaison, Jtrv^\ 

* Abu Talib Kalîm Hamdftni, c'est-à-dire natif de Hamadan, 
en Perse, a été surnommé a le rossignol du jardin de la littéra- 
ture » . Il étudia h Schirâz, puis il vint en Hindoustan et fré- 
quenta la cour de Schâh Jabân. Il mourut en se rendant en Cache- 
mjr. Il est auteur de différents ouvrages en vers et d'un Diw&n« 
(Newbold, Brief Notice ofthe Persian poels.) 



— 105 — 

il rentre dans le syllogisme, ^^LS, proprement dit, .et on 
le nomme règle ou ordre juridique^ ,^5^ s^^J^*. 

On trouve un exemple de ce qu'on appelle la règle du 
discours dans ce passage du Coran* : "^l SL^I L^^ ^j^J 
b*ju»i3 *iit. « S'il y avait dans le ciel et sur la terre 
d'autres dieux que Dieu, certes le ciel et la terre se- 
raient en désordre. )> 

Puisque le désordre du ciel et de la terre, désordre 
qui aurait lieu avec la pluralité des dieux, n'existe pas, 
ce dont ce désordre dépetidrait n'existe pas non plus. La 
marche de l'argumentation est ceci : s'il y avait plusieurs 
dieux, le ciel et la terre seraient en désordre ; or, comme 
le ciel et la terre ne sont pas en désordre, il s'ensuit 
qu'il n'y a qu'im dieu. 

Le vers suivant d'Anwarl offre un autre exemple de 
cette même ligure : 

^ )/ Li c)^ *^ ^^^' ^^ vi^ 



On ne peut se passer de toi, car tu es l'âme dans le corps du 
monde, et il est certain que Fâme est indispensable. 

Dans cet exemple, la forme de l'argumentation est 

* A ce sujet, Schams-uddtn entre dans des développements 
que je ne crois pas devoir reproduire ici, et il cite, comme exem- 
ple des phrases dont il s'agit, l'argumentation suivante : ^j^ 

j^ ^r^ o-i <:^^^ ^> ^^ ^ r^ ^•^^^' ^y^ 

*i^b. tt Tout ce qui est liquide est propre k laver; or, le vi- 
naigre est liquide : donc il est propre à laver. » 

* Sur. XXI, vers. 22. 



— AW — 

celle-ci : tu es une âme dans le corps du nKmâe ; or, le 
corps ne peut se passer «d'une ftme, donc, le monde ne 
]^ut ^e passer de toi. 

SECTION XXI. 

Éloquente indication de 4a cause, JJ^* ^>>*Ma^. 

CSette figure consiste à attribuer à une qualité, J^j^ 
une cause, ^^c, qui s'y rapporte. Or, cela peut avoir 
lieu de deux manières. Si cette qualité est réelle ou cer- 
taine, vju^^LÎ, le but qu'on se propose par rexposition 
de la cause, c'est de prouver, OL^LJI, que cette qualité a 
cette cause. Si la qualité est incertaine, vI^Ij ^, on 
veut, en mentionnant sa cause, prouver l'existence de 
la qualité dont il s'agit. 

La qualité certaine, ^JL^[i [A^jj dont on veut énon- 
cer la cause, se partage en deux espèces. La première, 
c'est lorsque cette qualité a une cause connue et usitée 
autre que celle que les poètes peuvent lui donner ; la 
seconde, c'est lorsque la cause réelle n'est pas évi- 
dente. 

La qualité incertaine, sJL^ylj j^l, qu'on veut prouver, 
en exposant sa cause, est aussi de deux espèces. Ou 
l'existence de cette qualité est possible, ^j^^ ou elle 
est impossible, ^.^v on jLs^, ce qui forme une troi- 
sième et une quatrième espèce. 

Les vers qui suivent mettront alternativement en lu- 
mière la théorie précédente. En voici d'abord un de Khâ- 
cânî qui offre un exemple de la première espèce de cette 
figure : 



t 

A 

1/ d-?^ ^^^ v^^ f'^^^j-^ 

^^ ^j^»^ c^'j ^^)^ o-^ ^^) 

L'aurore a lepandu des larmes de sang en se séparant de la 
nuit, et c'est pour cela que son visage a paru couleur de saqg. 

La cause de la Couleur rouge de l'aurore, c'est le cré- 
puscule ; maïs le poëte Ta attribuée au regret que la sé- 
paration de la nuit fait éprouTer à TaLurotè, et qui lui 
fait verser des larmes de sang. 

3e citerai ce -vers d'Anwarî comme exemple de la se- 
conde espèce : 

Comme ton œil a versé le sang des amants, tes cheveux ont 
adopté la couleur du deuil. 

La noirceur des cheveux est une qualité certaine, 
mais sa cause n'est pas connue d'une manière évidente. 
Ici le poëte lui en attribue une d'autant plus spiri- 
tuelle, qu'il le fait au moyen d'une comparaison et d'un 
trope. 

Actuellement, voici un exemple de la troisième es- 
pèce : 

censeur, toi dont la critique a été avantageuse pour moi, ta 
crainte a sauvé de la submersion la prunelle de mon œil* I 

* C'est-à-dire, la crainte de ta censure ne m'a pas fait pleurer. 



— 108 — 

Il est bonde remarquer, au sujet de cet exemple, 
qu'il est possible que le mal que veut faire un critique 
devienne im bien àTégard de la personne qu'il attaque. 
Toutefois, comme généralement le mal ne se change pas 
en bien, le poète a indiqué, dans le second hémistiche 
du vers qui vient d'être cité, la cause pour laquelle le 
mal qu'a voulu faire le critique s'est changé en bien. La 
transformation du mal en bien est une chose ou ime 
qualité, ^^jt incertaine, ^j:>oLî^, mais la cause sus- 
dite en établit la certitude. 

Enfin le vers suivant de Khusrau offre un exemple 
de la quatrième espèce : 

L'aurore demeurera tout le jour sur ta maison, car le soleil 
ne saurait s'y montrer. 

C'est une chose, ^y^^i incertaine, iJUoIj^, et im- 
possible, >t^^, que l'aurore dure tout le jour; mais 
pour la prouver, vJL^L^î', et la rendre possible, jî^ï, le 
poète y a assigné une cause dans son second hémi- 
stiche. 

SBCTionr XXII. 
Énergie de la louange par le semblant du blâme, 

Cette figure est de deux espèces. La première, c*est 
lorsque, d'une qualité blâmable qu'on nie dans une 
personne ou une chose, on excepte une qualité louable 



— 109 — 

SOUS Tapparence du blâme et de manière à faire en- 
trer la louange dans le blâme, comme dans ce vers de 
Nâbiga : 






II n'y a rien de défectueux parmi eux, si ce n'est que leurs 
épées sont ébréchées, par suite des combats oH elles ont été em- 
ployées. 

On voit qu'ici le poëte nie d'abord que les hommes 
dont il s'agit aient aucun défaut ; puis il tire, par ma- 
nière d'exception, du défaut même dont il a nié l'exis- 
tence, un motif de louange sous forme de blâme, en 
rappelant la bravoure de ces hommes dans leurs fré- 
quents combats. Par cette manière de s'énoncer, le 
poète loue d'abord, puis il blâme, puis, par l'exception 
qu'il ajoute, il exprime l'énergie de la louange. 

Ija seconde espèce, c'est lorsqu'on donne à une per- 
sonne ou à une chose une qualité louable, ^^ w^â^, 
et qu'on ajoute à cette première, sous forme d'exception, 
une autre qualité louable, laquelle, selon les rhéteurs 
persans, doit avoir plus d'énergie que la première. On 
cite comme exemple le hadîs suivant : v-^^' ^^^ Li' 
Jtj^ c^ ^^ 'Vif ""^^ suis le plus éloquent des Arabes, 
si ce n'est que je suis de Coraïsch*. » 

Les rhétoriciens persans admettent une autre espèce 
de cette figure; c'est lorsque, au premier abord, la 

* On sait que cette tribu était la plus noble et la plus civiliséo 
des tribus arabes- 



1 



— 110 — 

phrase parait exprimer le blâme, mais produit, en 
effet, le superlatif 4^ la louange, comme dans ce irers 
de Saadl : 

Tu peux bien ne pas retourner à la. ppj^te de S^^di, n)aîs' tu 
ne peux cas sortir de son esprit. 

Il semble que rexpression du second hémistiche, « tu 
ne peux pas sortir » , exprime la faiblesse ; mais le but 
du poète est cependant die relever par là ks charmes et 
Tamabilité de la personne dont il parle» 

SBCTION XXIU. 

Énergie du blâme par le semblant de la louange, 

Cette figure est aussi de deux espèces, comme la pré- 
cédente. La première consiste à nier dans une personne 
ou une chose une qualité louable, puis à excepter de 
cette qualité, dont on nie l'existence, une qualité blâ- 
mable, comme lorsqu'on dit, par exemple ij^ ^ ^jiJi 
aJI ^j*»a\ ^ ^\ '^ aJI ^I aJ « Il n'y a rieo de bon 
dans un tel, si ce n'est qu'il fait du mal à ceux qui lui 
font du bien » . 

La seconde espèce consiste à attribuer une qualité 
blâmable à une personne ou à une chose, puis à ajou- 
ter, à la suite de cette (lualité,, un autrç blâme, sous 
forme d'exception, comme lorsqu'on dit : b51 ^jJJi ^ife. 



— 111 — 

JïU. dj\ « un tel est im libertin, si ce n'est qu'il est 
fou ». 

Pour ces deux qualificatifs, on peut employer, au lieu 
d'une particule d'exception, Usxm»!,^ une particule de 
restriction, viJtjJix^J ; ainsi on peut dire, par exemple : 
^[i èjS) JjfcLÂ.^ « il est fou, mais il est libertin » . 

Les poètes persans emploient une autre variété très- 
éloquente de cette figure. Elle consiste à attribuer 
d'abord une qualité louable à une personne ou à une 
chose, puis à joindre à cette qualité une circonstance 
telle que cette louange se change en un blâme réel, 
comme dans ce vers de Kalîm* : 

Mon obéissance envers Dieu^ ira même vers les cieux au jour 
du jugement, lorsqu'elle sera, avec ma rébellion^ envers Dieu^ 
dans les deux bassins de la balance. 

SECTION XXIV, 



Succession*, oLx-x*-' 



«WMf ' • 



Cette figure consiste à, donner à un individu oUv ^ UDte 
chose une louange telle qu'il en résulte une autre 
louange, comme dans ce vers de Mutanabbî : 

* Sur ce poëte, voir une note précédente, page 104. 

^ En accomplissant mes devoirs, c'est-à-dire « mes bonnes 
actions ». 

* C est-à-dire u mes mauvaises actions ». 

* Ou plutôt « faire succécler, faire suivre ». 



— lit — 

.A )l à. kiJLjU Lj^ï sjr^^w-Lp 



Tu as déyasté une telle quantité de yies des ennemis^ que, si 
tu les réunissais ensemble, le monde ne pourrait que désirer la 
prolongation indéfinie de (on existence. 

Le but du poète est ici de louer la personne dont il 
s'agit quant à la bravoure, car ce n'est qu'un guerrier 
et un brave qui dévaste les vies. Quant à la seconde 
louange, elle consiste à dire que le monde désire la 
prolongation indéfinie de la vie de ce brave, parce que 
son existence est un gage d'ordre et de paix pour, le 
monde. 

SECTION XXT. 

Enveloppement, r>^^^^* 

Cette figure consiste à tirer d'une expression deux 
sens dont le dernier ne soit pas évident. Elle diffère de 
la précédente en ce que cette dernière n'est usitée que 
pour louer, tandis que celle dont nous parlons actuelle- 
ment a un emploi plus général. Elle , diffère aussi de 
Vinsinnation^ (•UiK où on emploie une expression qui a 
deux ou plusieurs sens, tandis que, dans la figure dont 
il s'agit ici, c'est de l'ensemble du discours que doivent 
résulter les deux sens. Le vers suivant de Jâmî offre un 
exemple du ^1^^'. 



— 113 — 

Je désire retirer de mon cœur tes dards ; mais mon cœur ne 
veut pus se prêter à mes efforts. 

« Les dards De sortent pas du cœur », ou bien « mon 
cœur ne veut pas que je les en retire » ; telles sont les 
deux choses qui résultent de Tensemble du vers. 

SECTION \\\1. 

Double face* *^ji*. 

Cette figure, qu'on nomme aussi ^^^' Jv^î=^) c'est- 
à-dire, « possédant les deux choses opposées w, con- 
siste à ce que le discours qu'on emploie puisse se pren- 
dre dans deux sens opposés l'un à l'autre, comme, par 
exemple, dans ce vers arabe où il s'agit d'un borgne 
nommé Âmrû : 

'Amrû^ m'a cousu un manteau. Plût à Dieu que ses deux 
yeux fussent pareils ! 

C'est-à-dire, qu'il soit clairvoyant des deux yeux ou 
aveugle. Les deux sens peuvent être admis. 

SECTION XXVII. 

Le plaisant en vue du sérieux, J^' i^^ ^1^ ^^-^1 J/^'- 

• Ainsi que son nom l'indique, cette flgure consiste à 
employer un discours plaisant, quoiqu'on ait en vue 
une chose sérieuse, comme dans ce rubâl : 

^ Ou plutôt 'Amr, le wavo étant purement orthographique. 

8 



— 1U — 

JV.,mJi ^ aAoJjI JUj yj^ jy^ sS^ 

^yj H «• M • • 

Pensez à la fia de toutes choses. Songez, ô vous qui faites 
tant de bruit, au deuil qui suivra. N'ayez aucun rapport ayec 
la prostituée du monde % el songez au mal de Tenfer. 

On voit qu'ici le poète donne des conseils très-sérieux 
sous une forme légère. 

SECTION XXVUI. 

Dissimulation, iVjljJI J^W=^ *• 

Sukakî nomme cette figure ^ ^L»^ (^^ OJ^^ 
c'est-à-dire à la lettre : « mentionner une chose connue 
à la place d'une autre », parce que, dit-il, lorsqu'on la 
trouve dans la parole de Dieu (le Coran), il n'esl pas 
bien de le nommer Jj«>I^, attendu que ce nom d'action 
arabe signifie proprement paraître ignorer^ et que cette 
expression est inconvenante, en parlant de Dieu. Le 
double nom de cette figure indique en quoi elle con- 
siste, et il est facile de voir que par là on veut mettre en 
relief un bon mot ou une expression heureuse. L'auteur 

* C'est-à-dire, « arec le monde aussi yil qu'une prostituée » . 
Dans le chapitre xvii de T Apocalypse, en eompare aussi Babykm^, 
ou plutôt Rome païenne, à une prostituée assise sur une bête )i 
sept tètes, lesquelles représentent les sept collines de Rome. 

^ A ]a lettre, « paraître ignorer ce qu'on sait d. 



— 11» — 

du Tarifât cite Texemple suivant, qui est tiré du Coran * : 
^ JbL? j,j\ ^JJ^ JisJ ^y ^î U\j « Nous ou vous, 
nous sommes dans une bonne voie ou dans un égare- 
ment manifeste » . En voici un autre exemple dans ce 
vers de Schâpûr * : 

j^ j^^ ç^-^ jjj-^ c5"^ v^^ ^^^ Lry^ 

Est-ce bien que tu me tues pendant la nuit et que pendant 
la journée ta viennes auprès de moi en disant : « Hélas, quel 
est cet homme et qui l'a tué ? » 

Il est évident que, par cette ignorance feinte, le poôte 
veut parler ici de la personne qu'il affectionne. 

SECTION XXIX, 

Indication du motif, v^o.^1j Jy. 



Cette figure consiste à se servir d'une expression em- 
pruntée au discours d'une personne et à lui donner un 
sens différent de celui dans lequel elle avait été em- 
ployée, comme dans ce vers d'Anwarî: 

Tu te plains que mon cœur n'éprouve pas f ameur pour toi. 
Tu dis yrai, car c'est mon âme qui est animée de ce sentiments 

* Sur. xxxiT, yers. 23. 

^ Arjasp Schftpûr, Ce poëte, dont le& noms annoncent an 
sectateur de Zoroastre, est,, entre autres» auteur d'un Diwân dont 
la Société Asiatique de Calcutta possède un exeraj^kire. 



— 116 — 

SECTION XXX. 

GradatioDy «>i^t^ 

Cette flgure, qu'on nomme aussi »|^', louange exa- 
gérée, consiste à mentionner le nom de la personne 
louée et ceux de ses pères dans Tordre généalogique, en 
les accompagnant d'épithètes laudatives ; comme si on 
dit, par exemple : ^\ çijS\ ^\ çij^\ ^' ^i/^^ 

reux, fils du généreux, fils du généreux, fils du géné- 
reux; à savoir : Joseph, fils de Jacob, fils dlsaac, fils 
d'Abraham ». Jàmt dit, en parlant du sultan Huçain, 
dans Yûçuf Zallkha : 



'' çi.j^^ c^' fi/' cr?' çt/ 



{{ Prince généreux, fils d'un prince généreur, fils lui-même 
d'un père généreux. » 

Quelquefois on observe Tordre inverse, ainsi qu'on 
le voit dans ces vers de Cudcî * à la louange de Maho- 
met, de Fatime, d'Alî et des sept autres premiers 
imâms : 



* C'est-à-dire, « succession de louanges ». 

* Hajjt Muhammad Khân Cudcî Maschhad! est un poète persan 
qui vint habiter Tlnde sous le règne de Schâh Jahân, dont il 
reçut l'accueil le plus flatteur. (Newbold, A brief account of 
the Pers, poeis.) 



— 117 — 

cT^ J ^Jtr^ J^^ ^'/^ J-k-i 

L'Arabe Mahomet, printemps au jardin de la religion ; Alt, 
la splendeur des yeux; la belle Fatime^^ la lumière de la Yue; 
Haçan et Huçaîn, le printemps du contentement de Tésprit; 
l'ornement des hommes^ (joie du cœur et flambeau de la direc- 
tion) ; Bâquir * et Sâdic^ (l'éclat de la bougie de la chambre du 
monde)^ le malheureux de la terre de Khoraçân, Alt, fils de 
Muçâ^ 

SECTION XXXU 



Admiration, 
Cette figure consiste à exprimer dans une vue ou un 

^ Laj est le féminin de Tadjectif comparatif et superlatif arabe 

ytj\ beau; de là te nom de y^j^t a^Ls^', la belle mosquée, 
donné k un temple célèbre du Caire. Il ne faut pas confondre, 
par conséquent, Tépithète de La»; {Zahrâ)^ belUy donnée à Fatime, 

fille de Mahomet, avec le nom arabe de la planète Vénus, 9j»\ 
{Zuhra)y comme on Ta fait quelquefois. 

' A la lettre, « des serviteurs de Dieu », le poëte veut par- 
ler de Alt, le quatrième imftnj, qu'on nomme plus ordinaire- 
ment Zaïn ul Abidirtf fils de Huçaîn, qui précède immédiate- 
ment, expression qui a le môme sens que celle que le poëte a 
employée. 

^ Muhammad Bâquir, cinquième imftm. 

* Jafar Sàdic, sixième imâm. 

^ Muçà est le septième imâm et Alt le huitième. L'épithète qui 
est ici donnée à ce dernier fait allusion è la fin malheureuse de 
ce prince, qui mourut empoisonné près de Tous, en Khoraçân. 



— 118 — 

but particulier rétonnement sur quelque chose, comme 

dans ce vers de KhflcftDl : 

* 

GaUe coupe est étonnante et ta dis : On croii yoir s'élever le 
crépuscule de la lune nouyelle. 

Ici cette Bgure est destinée à faire ressortir l'éloge de 
la coupe comparée à la lune S et du viu comparé au 
crépuscule, 

SECTION XXXII. 

Incidence, ^p\f^^^» 

Cette figure consiste à employer, avant de terminer le 
discours, un mot sans lequel le sens serait complet. On 
nomme aussi cette figure remplissage^ jJU^.^ et on en dis- 
tingue trois espèces : 

' Feu'Grangeret deLagrange, élève et ami comme moi de 
Silvestre de Sacy, a publié un poëme remarquable sur le vin 
dans son intéressante Anthologie arabe (p. 82 du texte, et il 
de la traduction). Dans ce poëme, la coupe est aussi comparée à 
la lune. On y lit : 

Une coupe pareille ^ la lune contient ce vin, qui, semblable 
au soleil, est porté à la ronde par un jeune échanson qu'on di- 
rait être le croissant de la nouvelle lune. Puis, que d^étoiles bril- 
lantes paraissent quand il est mélangé avec de Teau! 

' Incmmt phrase incidente. 



— 119 — 

La première, c'est lorsque le discours perd par là de 
la grâce; la seconde, lorsque, au contraire, il en est 
embelli ; . la troisième, lorsque ni l'un ni l'autre de ces 
effets n'a lieu. Dans le premier cas, cette figure se 
nomme mauvais remplissage^ ^^Jt^s^ ; dans le second, 
heau remplissage^ .^JUyua. ; dans le troisième, remplis^ 



sage moyen^ L^^ jls^. On ne rencontre pas d'exemples 
de la première espèce chez les bons écrivains ; les exem- 
ples des deux autres espèces sont fréquents. En \oici un 
du beau remplissage d&u& le vers suivant d'Anwarî : 

**^ fj ■^,J sJ^^ j' iTi dis ("W^y 

A A *' 

^j^ cî^ *^^ '^-^jjy j^ ij'j çi/î jj 

Si je ris, ce qui a lieu par extraordinaire, elle dît : Ris-tu de 
dépit? Si je pleure, ce qui a lieu joumellemQiit, elle dit j YerscA* 
tu des larmes de sang? ^ 

Ici les expressions sj:.w;^j1 ^^ ^^ ^^^-^jji; /Vf» 
que j'ai rendues un peu librement par ce qui a lieu par 
extraordinaire et ce qui a lieu journellement, sont ce qu'on 
nomme ^JUyua., parce que le sens de la phrase est 
complet sans elles et que cependant elles le développent 
avec art; car elles signifient que la personne dont le 
poète parle dit les paroles qu'il lui attribue, quoiqu'il 
rie très-rarement et qu'il pleure beaucoup ; et il a énoncé 
cette particularité pour relever l'extrême dureté du 
cœur de celle dont il se plaint. 

* Ce yers se trouve dans rHistoire de Zahîr uddtn, publiée 
par M. B. de Born, p. 540; mais il^y a une variante dans le 
premier hémistiche, vJ1^a*oJLw^^ ^I^. 



— 120 — 



CHAPITRE II. 



DES FIGURES DE MOTS, Jaâ) ^1^^. 

I! est essentiel de recommander avant tout, aux per- 
sonnes qui veulent écrire selon les règles de la rhéto- 
rique, de faire toujours dépendre l'expression iâû) du 
sens ^^5^, et de ne pas accommoder, au contraire, le 
sens à l'expression. 

Parmi les figures de mots, on distingue V allitération 
{jinâs^ (^'^ï ou tajnîSy ^j^^^^), c'est-à-dire, propre- 
ment l'emploi de deux mots pareils, quant à la pronon- 
ciation, laÂb*, et différents quant au sens, ^^^- On en 
compte plusieurs espèces ; il y en a de parfaites, >Ij, et 
de défectueuses, jj^ïU, ainsi qu'on va le voir. 

SECTION PREMIERE. 

De rallitération identique, JjL^ ^j^^^. 

On nomme ainsi la figure qui consiste à rapprocher 
deux mots écrits de la même manière, et qui sont, Tun 
et l'autre, de la même espèce, ^y , c'est-à-dire, ou deux 
noms, A^\ ou deux verbes, J*i, ou deux particules, 
^j^^* En voici des exemples : , 

^ Les grammairiens musulmans no reconnaissent que ces 
(rois parties du discours dans lesquelles ils fout rentrer toutes 
les nôtres. (Voyez la Grammaire arabe de S. de Sacy, t. I", 
p. 123). 



Le jour oh le temp» [saat) s'arrôlera, les méchants jureront 
qu'ils ne sont demeurés qu'une heure {sàat) dans le tombeau, 
(Coran ^ xxx, 54 et 55.) 



J 



sj JW ^ /^ 



■ • ' 

Un jeune homme, aux lèvres de sucre, apprenait à' Jouer ie la 
flûte {na%) pour brûler les cœurs ^, comme la canne (naï) dont 
on allume le feu. (Saadî, Bostan, liv. IIL) 

Je suis pareil à une fi/ùXe {^%) dépourvue de son, à cause de 
ce Aai * dépourvu de son. En effet, personne n'a jamais été 
charmé par un n(M, dépourvu de son. (Maçûd-i Saad.) 

^.-o ,.,i)lj 5^ fXt» oiU-j vjXj^s^ sj:.a--^; 



^J'U ^^ ^J-w ^^J'J-J ^•^.^-9^ S.-^A--Jj 

A cause de la main de ton musicien (joueur de (kaii^^^ j'ai 
été semblable à la harpe {ûd) pleurante; et, par l'effet de tes 
cheveux, qui répandent l'odeur du musc, je suis devenu comme 
le bois d'aloès {ûd) qu'on brûle. (Abd ul-Wâcî.) 

SECTION II. 

»* 

De l'allitcralion suffisante ou imparfaite, JjL^ ^j.^^^. 
C'est ainsi qu'on nomme l'allitération qui porte sur 

* Cest-à-dire pour y exciter des sensations vives et ardentes. 

* Nom d'une forteresse où le poëie avait été enfermé. 

* Le mot sjX^ est ici synonjme de ^y dans 1 e sens de 
harpe. 



des mots de deux espèces différentes ; par exemple, un 
nom et un verbe, comme dans les vers suivants : 



Cb qui est mort, en fait de gens honorables du siècle, vU 
(yahya) dans Yahya, fils d'Abd-Ullah. (Abu Tamâm.) 



j^^ t-^ -''^ ^^ «-^ ^^ ^' 



N'aie poê Tespoir que la rotaiion du cM paisse amener le 
plaisir pour toi; car même dans les demeures faos|ÂtalièieB il n'y 
a de provision ni deyin, ni d'ami. (Kamâl-i IsmftïL} 



SECTION ni. 



De l'allitération composée, v--^>^ trnr^> ^^ V^'irV t/»^'- 

Elle consiste à employer, dans le même vers ou la 
même phrase, deux mots pareils, dont l'un est simple^ 
^jA^, et l'autre composé^ s..^^^£=ij? . Quand il y a confor- 
mité dans récriture, on nonune cette figure allitération 

composée identique^ ^sj-'"'^ V^ lT^ï*^' ^^ wLiX», et 

quand cette conformité n'existe pas, cette figure prend 

II 

le nom à* allitération composée différente^ v.^^^S=y ^^^*«5^ 
^jf^» Voici un exemple de la première espèce : 






,ii 



— 1123 — 

Lorsqu'un roi n'est pas généreux* y laisse-le, car son rojaume 
netarderapas à le quitter*. (Abû'lfath Bastl.} 

Voici des exemples de la deuxième espèce de Tallité- 
ratkm dont nous parlons. 



L^ Jjb vJ!U*^j ^L^ ^ 



U-^ ç]ù y ^j ^^ > 



Tu es le bumâ', mais tu n'as poor Vombre du hmmâ que les 
deux tresses de tes cheyeux (que leur ombre dure!) (JlimL) 



^^^ j^ sJU^b ^^^ G 



n avait une fille qui par sa gentillesse et sa beauté charmait^ 
les fées elles-mêmes. (Açadî.) 



SECTION Vf. 

M 

De Fallitération reprisée, ^i^ tré^ • 

On nomme ainsi l'allitération qui a lieu entre un 
mot, un autre mot et une partie d'un troisième. 
Exemple : 

aJCjI^ ssJLJi /^ ^ Û^ iîj 

* A la lettre, a possesseur de don t>, 

* A la lettre, « sa fortune (sera) s'en allant )> . 

* Allusion à l'oiseau fabuleux ainsi nommé, et à son ombre, 
que les Orientaux considèrent comme étant du meilleur augure. 

* A la lettre, a privait les fées de leur cœur i». 



•.- 124 — 



'^Jtj (•Ur*'' viLi^ JJ^, 



Ne sois pas insouciant du souvenir de tes fautes, et déplore-les 
en versant des larmes semblables )k la pluie qui tombe impétueu- 
sement. Représente-toi la mort et son effrayante arrivée ; pense à 
son breuyage de coloquinte, (Harîrt, 21* séance'.) 

SECTION V. 

•t 
De Tallitération d'écriture, s^j^ i/*r?^' 

On entend par là celle qui a lieu entre des mots dif- 
férents quant aux figures, olI», c'est-à-dire aux points- 
voyelles et autres signes orthographiques, mais pareils 
quant à l'espèce du mot, f^, au nombre, ^^, des 
lettres et à leur arrangement, v^^- ^^ ^^^^^ ^^ 
exemple : ^ • 



J'ai quitté ta rue, agité comme le vent, et, en me retirant^ fat 
enlevé la poussière du cœur de tes poursuivants ^. (Figânt.) 

SECTION VI. 

De Ffillitération nommée zâîd^ JjIj, c'est-à-dire allongée. 
Les allitérations qui ont été décrites dans les sections 

^ Au lieu de Axls^y le texte du Hadâyic ul-halàgat porte 
Jà«^, ce qui donne un sens différent. 

* Extrait de ma traduction inédite de Harîrî. 

' C'est-à-dire : « Je les ai rendus contents en calmant leur 
jalousie par mon absence. » 



— 125 — 

précédentes se nomment parfaites^ >Ij, par opposition à 
celle-ci et aux suivantes, qui se nomment imparfaites ou 
défectueuses, fjs^^.» Celle-ci, qui porte le nom particulier 
de %âïd ou allongée^ consiste à rapprocher deux mots, 
dont l'un a une lettre de plus que l'autre, soit au com- 
mencement, soit au milieu, soit à la fln. Voici des 
exemples de ces trois yariétés : 

A caase de la majesté de la montagne de ta sévérité, le nuage 
pleure sur les montagnes. Par YexÎBience de la générosité de ta 
main, l'éclair sourit sur le nuage. (Salmân Sâwajî.) 

j\sJjj J ^j^ i/_^ J/^j ^ 

Quand l'aurore a déployé dans l'orient l'étendard de la lu- 
mière, cet étendard semble sourire dans les airs comme Yéchir. 
(Khâaânî.) 



^Ldij îj^ ^ :v^jj vlli^^ sjS^ 

Lorsque tu calmes ta colère, le trouble s'élèye dans la ville* ; 
lorsque tu déploies les boucles de tes cheveux, le musc s'épanche 
de dépit. (Azraquî.) 



1^ l_^^^^ ^h l^ Jl^ 



U \ 



« C'est-^-dire : « Lorsque tu te rends aimable, la ville entière 
est charmée et s'éprend d'amour pour toi. » 



— 12Ô — 

Nûtro onde (liiiAwiah) a donné^ pour le plaisir de ce monde, 
du poisoa à la lumière de l'œil de Zabrâ \ (Sanfti.) 






C'est être infidèle que d'avoir de la malignité dans le spiritua- 
lisme : notre coutume, c'est d'ayoir le cœur aussi pur qu'un mi-- 
roif. (TMib^Amall».) 

L'allitération défectueuse, quant à la lettre finale, se 
iManme ^^écialemeat tAjnU-i mutarraf^ OJ^ (^/'r^^N 
et aussi tajnîsd muzîl, JjSj» fr*^j^ *, et elle peut mêmd 
consister dans l'addition de deux lettres dans un des 
mots sur lesquels roule l'allitération. Exemple : 

* J'adopte ici la traduction de Mirzâ Tantâwî d'après Sâïd 
Hââckim. Zakrà^ nom de femme signifiant « la belle », attri- 
bué par excellence à Fatime. Voy.plus haut, p. 117. 

* Tâlib, natif d'Amal en Mazenderan, est un célèbre poète 
mystique persan à qui on donne le titre de rossignol d'Amal, Il 
yécut à la cour du sultan de Dehii Jahânguîr et en reçut le titre 
de malik uschschùarâ ou roi des poëtes, titre qui équivaut à 
l'appellation indienne de kabeswar ou prince des poëtes. Le Diwân 
de Tâlib, qui contient environ dix mille baïts, s^ distingue par 
l'élégance du style et la hardiesse des métaphores. Ce poëte mou- 
rut encore jeune vers l'an 1625 de J.-C. (Voyez G. Ouseley, 
Biogr, notices of persian poets.) 

• D autres rhétoriciens^ persans nomment v^ Ja>» in^ 
l'allitération qui consiste à rapprocher deux mots qui ne diffèrent 
que par la dernière lettre, comme, par exemple : s^]j^ et .Là»; 
^jliî et oliî, etc. (Gladwm, Dissert. » p. 8.) * 

• Allitération avec une queue, une annexe. 



— 4^7 — 



Ib t^atngmrent les infidèles, et ils exigèrent le tribut du Caire. 
Ils masstLcrèrent les méchants, et (par leurs courses) ils excitè- 
rent la poussière dans Dâmigân*. (Khâcftnt,) 

SECTION VII. 

Autre espèce d'allitération défectueuse. 

Les mots qui sont l'objet de rallitération diffèrent 
quelquefois quant à une lettre. Dans ce cas, si cette 
lettre a de Tanalogie dans la pranonciation r;j^ avec 
celle qui lui correspond, on nomme cette figure jinas-i 
muzâri ojLa» ^U»^, c'est-à-dire allitération similaire; 
et si cette analogie n'existe pas, on nomme cette figure 
jinâS'i lâhic ^^Js3 {j^^ > c'est-à-dire allitération appro- 
chante, Et^ de même que pour la lettre additionnelle, la 
lettre dont il s'agit ici peut être ou au commencement 
du mot, ou au milieu, ou à. la fin. 

Voici d'abord des exemples des trois espèces d'allité- 
rations mu%âri, tant en arabe qu'en persan : 



O^'"^ Ji.j^J U^^^ J^ sj^=^ UtriJ JiH 



Entre le lieu oîi je me trouve et ma demeure, il y a une nuit 
ténébreuieei un long chemin. 



* ViUeet district de Comisv ou Khoraçftn. 



— 128 — 

Ils détoumtnl (les autres) da Prophète et ils s'en éloignent 
eux-mêmes. (Coran^ yi, 26.) 



Le bonheur est attaché au front des cavaliers. (Paroles de Ma- 
homet.) 



Jàmt, qui a fermé sa houche aux futilités^ parle des boucles de 
cheveux [Aq sa mystérieuse amie). (Jâmt.) 




Celui qui ne s'évertue pas comme tu le fais est négligent ; et 
celui qui n'a pas recours à toi est malheureux, (Faqulr.) 



Ton intérieur est, à la vérité, ton cœur ; et, h l'exception de 
ton intérieur^ tout est vain, (Sanâî.) 

Voici actuellement des exemples des trois variétés de 
rallitération nommée lâhic ou approchante^ tant en- arabe 
qu'en persan : 

Malheur k tout médisant calomniateur t {Coran^ ciVi i.) 



0^-^ viJji ^ Aj'j Jj^ ^^" w^ ^^^ 



— 129 — 

Il (rhomme) est ardent à l'égard des biens (terrestres), et il le 
confesse lui-même. (Coran^ c, 7, 8.) 



Lorsqu'ils reçoivent avis de quelque sécurité.... {Coran^ 
IV, 85.) 

Remporte la yictoire et que Dieu soit ton ami ! Que ton toit 
devienne une couronne et ton lit une place (d'honneur) ! (Abû'U 
farah Rûmi.) 



z^.J^=, L^L/ «j^j ^A ^^j jù 



Tu as tiré sur mon visage les arcs de ton œillade ; tu as dé- 
ployé pour mon âme les pièges des boucles de tes cheveux. 
(Kbâcânî.) 



j'j-rf ;b^ cHj '^'^ cT* J"^ 






Mon cœur est dégoûté àe ce bazar; tu peux m'en demander le 
serment par Dieu et par la face (de ma belle). (Nizâmt.) 



Lorsque ton adversaire prépare le banquet de l'enfer, ton 
cœur est son rôli ; et son vin la scintillation du feu. (Faqutr.) 

9 



— lao — 



SECTION VIII. 



De rallitératioD intervertie^ v^.^ iTr?^ * 

On nomme ainsi rallitération qui diffère dans la dis- 
position des lettres. Elle est ou complète, Jf v^» ^^ 
partielle, jaxi v-Jiï. La première consiste à rapprocher 
deux mots qui sont pareils, si on en lit un des deux au 
rebours, comme par exemple ^ et y^^J^ dans la 
phrase arabe qui suit : 



^ 



jtjxb) 4::sw djLi^ ^ a^Luâ. 



4y^ ^ 



Son épée est pour ses amis le gage de la victoire, et pour ses 
ennemis l'assurance de la mort. 

Les mots :y et >j^, ainsi que X et jL», dans le vers 
suivant de Faquîr, (rffrent deux autres exemples de cette 
figure: 

Vargent ne fera pas quitter le droit chemin à Vhomme reli- 
gieux. Ce sefpent ne mordra pas le Berviteur de Dieu. 

L'allitération intervertie, partielle, est celle qui a seu- 
lement lieu entre quelques lettres d'un mot. En voici 
des exemples dans deux vers de Sanâi à la louange de 
Schâh-Auliyâ*: 

* Aa sujei de oe personnage, célèbre par sa sainteté, voyez 
moft Mémoire suc la religioQ musulmane dans Tlnde, p. 9^7 et suiv. 



— »8» — 



/j.;— î^ jj' c)' — 'T^ ^ *^ 






Tons les sftiyids de la religion sont favorisés par lui, tandis 
que tous les Dârmahrams ^ seot privés de son appui.. .. 

QuicQou{ue possède un soc de pièces d*oc n'a pas les hommes 
pour ennemis. 

Dans le rers sumnt de Khàcftn), on trouve la réu- 
nion de rallitération allongée, Jotj*, etdelinversion, 



\ <Hi,i,'^'*a ^\\\ %«< %i 



La bonne doctrine consiste à briser les idoles et à en éloigner 
son désir. 

Lorsqu'un des deux mots de l'allitération intervertie 
est placé au commencement et l'autre à la fin du vers, 
on la nomme inversion ailée j ^jcs^ vî^- Exemple : 




jî^ CU--^ vj' *? J^ ^ fb 

* Cest-à-dire ceux qui se so&t pas admis dans le harem. Ici 
cette expression est métaphorique et désigne ceux qui n'entrent 
pas dans le harem de la religion, c^est-à-dire les impies et les 
infidèles, 

2 Voyez-plushaixt, section V. 



— 13Î — 



Mon cœur obéit h cette idole trompeuse. Ses lèvres sont en- 
chanteresses et ses tresses de cheyeux sont des serpents, (Faquîr.) 



SECTION IX. 

De rallitération intervertie égale, v3jJ^ V.^ lTK^^ • 

Cette autre espèce d'allitération consiste à construire 
un vers de telle sorte qu'on puisse le lire aussi bien au 
rebours que dans le sens ordinaire. On en compte trois 
espèces : dans la première, on compose le second bémi- 
stiche d'un vers des mêmes lettres que le premier, pla- 
cées au rebours. Exemple : 

Dieu nous a montré le croissant de la lune qui brillait. 

Dans la seconde, les deux hémistiches d'un vers peu- 
vent, l'un et l'autre, séparément, être lus au rebours 
aussi bien que dans le sens ordinaire, comme dans ce 
vers de Khusrau : 




(J'j-ir^ j-^ V^ J^ Irv* ^ 

Mets du sucre dans la balance du devoir. Sois le compagnon 
du rossignol sur les lèvres de toutes les belles à face de lune. 

Enfin, dans la troisième espèce de l'allitération dont 
nous parlons, le vers tout entier peut se lire au rebours 
aussi bien que dans le sens ordinaire. Exemple : 



— 133 — 

>y^ aJ:^-» J.S=> Jjb^ 

Son amitié semble à toute épreuve, mais pourra-t-elle durer? 

On trouve des exemples de cette figure de mots dans 
la prose aussi bien que daus les vers et dans le Goran 
lui-même. 

SECTION Z« 

De l'allitération contiguë. 

J'appelle ainsi rallitération, de quelque espèce qu'elle 
soit, lorsqu'elle a lieu entre deux mots qui se suivent, 
allitération qu'on nomme en arabe mukarrar, jj^ (ré- 
pétée), muzdawajf T^^y (accouplée), muraddad^ ^^y 
(réitérée). On en a déjà vu des exemples; mais en voici 
quelques-uns encore : 



• • • vi/ •• • 

Je t'ai apporté de Saha tme nouvelle, [Coran^ xxvii, 22.) 



é^ U^ "^^ t^ cr* ^^ ^^ "^ ^^ cf 

Celui qui cherche quelque chose avec énergie^ le trouve. 
Celui qui frappe une porte avec persévéranccy y entre, (Proverbe 
arabe.) 



Au milieu de ses génuflexions et de ses prosternations, il a fait 
le bien ; tout en se levant et en s'assejant, il a répandu des bien- 
faits. (Sanftî.) 



r-^ f 



— 134 — 




JS ^i j1 OiJ ^jjj 



n a été arec sa bien-aimée et la coupe de Jamsehed*, tellement 
que le désir de son cœur n'a pas dimnui un seul jour. (Açadt) 






Vangle oh je réside est pour moi une bière : Dieu me délivre 
de ce séjour ! Mon Tiabiiation est Venfer : Dieu me garde de ce 
lieu! (KhâcanL) 



sïcnoN XI. 



De l'aîntération d'écriture, J^ iT^ir?^' 

On Domme ainsi l'allitération qui porte sur deux 
mots qui sont écrits de la même manière, q^ant à la 
forme des lettres, mais qui diffèrent par les points dia- 
critiques*. En Toici des exemples : 

^ C* est-à-dire en prenant du vin et en se réjouissant. 

* On donne le môme nom à l'allitération qui consiste à rappro- 
cher des mots pareils quant aux lettres, mais différents quant aux 
points-Tojelles et autres signes orthographiques. En voici un 
exemple tiré du célèbre poëte hindoustani Saudâ : 



Ceci n'est pas une riv%re que tous puissiez passer au moyen 
d'un pont (fvi). Les larmes abondantes qoi collent des yeux des 
aoiaiits, après avoir hrxié {fU) ce pont (puO» '® renverseraîen 
en un moment (fah) 



— 135 — 

C'est lui qui me nourrit et qui rrCabreuve; c*est lui qui, lors- 
(^ }e suis maladt, m^ guériL [Coran^ Txyi, 79.) 



»i^-£=» L^j '-^jj^ H^j 



Ses femmes, derrière le rideau, reçurent des blessures qui 
excitèrent la compassion. En le voyant, les yeux furent des sources 
(de larmes), et les oreilles sUnfiammèrent en entendant son dis- 
cours. (Sanât.) 

SECTION XII. 

De la dérivation, ^li::i»1. 

Cette figure a du rapport avec rallitération. Elle con- 
siste à rapprocher des mots qui ont xme source com- 
mune et un sens analogue. Exemples : 

lereta face vers la vrate* religion. (Coran, xxx, 42.) 

* Le premier de ces deux mots est le plnriél dn mot /J^a., q?ï7, 
et le second est le pluriel du mot ^v^> source, fontaine. 

^ Ici, en effet, les mats J\ et ^ soni dsérivés Tun et Taulre 
^n verbe ^yj Ai, seïevtr, 

* A la lettre, droite. 



— 136 — 



!j *A.^Li ^!jJ ^Lkij^ 



Dieu a donné k tous le lait du monde, et \ Fatime il n'a donné 
que le sevrage*» (SanAt.) 



A 



A 

i [jr^^j ^^=^ sSjr "^ 



^ L ^ 



^ cjWj J-^ j * : ;'^" ' e^ 



Tu me dis souvent : Renonce k son union. J'y renfynceraie 
bien ; mais mon cœur et mon esprit n'y veulent pas renoncer, 
(KhAcAni.) 

SECTION XIII. 

Du semblant de dériyation, ^Uxii^! ^xfl. 

On nomme ainsi rallitération qui consiste à rappro- 
cher deux mots qui se ressemblent, mais qui ont une 
origine différente. Exemples : 



Lolh dit : Je suis de ceux qui délestent votre crime. {Coran^ 
xxn, 168.) 

*■ aJLL» appartient k la môme racine que >lia5. Par l'expres- 
sion (( le lait du monde » il faut entendre les biens extérieurs du 
monde. 

' Par le <k sevrage » , il faut entendre ici l'art de se sevrer 
des choses du monde : l'abstinence et la piété. 

* Ici le mot Jli dérive de la racine Jy , et ^li de la ra- 
cme ^. 



— 137 — 



Pareil h Alexandre, qui fut inspiré comme KhizrS il réu/nira 
des armées et conquerra le monde. (Khftcânl.) 

SECTION XIV. 

De l'allitération par allusion^ Zj\j»\, 

C'est celle à laquelle il est seulement fait allusion 
sans qu'elle soit exprimée verbalement. Exemple : 

La barbe de Moïse a été rasée par son nom', et par Aaron, en 
retoamant cemot*. 

SECnON XV. 

De la figure de mots nommée raeM-uIu/z-atasdcuIr, 

Par cette expression, qu'on peut traduire en français 
par rafpel de la fin au commencement^ il faut entendre 

* Allusion à la légende musulmane d'Alexandre, développée 
dans Ylskandar-nâma de Nizftm!. 

' ^^y est le nom propre que nous rendons par Moïse, et il 
signifie aussi rasoir. Le poëte fait ainsi allusion à une allitération 
parfaite, ^Lï ^j^jôa^ . 

* Enlisant le mot M^t^» au rebours, on a v^y, qui est le 
nom qu'on donne k une composiiion épilatoire. Le poëte fait 
ainsi allusion à une allitération intervertie, s^^JtS iTthF^ * 



^ 



— i88 — 

TallitératioB qui consiste à répéter le même mot dans le 
même yers, ce qui peut avoir lieu de quatre façons, 
A^^ différentes, lesquelles se subdivisent chacune en 
trois espèces ou variétés, oy *. 

La première consiste à mettre tant au sadr^ c'est-à- 
dire, en tête du vers qu'au upy c'est-à-dire, à la fin du 
second hémistiche, le même mot, soit en le répétant tel 
quel avec la même signification, soit en le répétant ayec 
un sens différent par allitération, soit enfin en employant 
deux mots dérivés de la même racine ou paraissant en 
dériver. 

Voici des exemples des trois espèces de cette première 
façon d'employer la figure de mots dont il s'agit : 



H^J jJali jJI ^^ J,1 ^^ 



^,r-^ JjJJ ^b J,l ^j 



Il est prompt à souffleter son oovsîn, mais il p'est pas prompt 
k regard de celui qui réclame ses bieikCaits. 

* Pour bien comprendre la théorie qui va suivre, il faut con- 
naître la valeur de quelques expressions techniques de ta laé- 
trique arabe qui seront expliquées plus loin; mais disons en 
attendant: 1* qu'on namme soir, «Juc, c'esl-à-db» poitrine^ 
la première partie, j^^s^, du premier hémistiche (d'ui VBrs; et 
2* arûZf U^JJ^^ c'est-à-dire extrémité^ la dernière partie du 
même hémistiche; 3° qu'on nomme iblidày »^,x^\ c'est-à-dire 
commencement^ la première partie du second hémistiche; et 
40 ujz^jss^^ ou derrière^ la dernière partie; enfin 5° qu'on 
nomme kaBc}io,yi*<s,^ c'est-à-dire remplissage, la portion de cha- 
que hémistiche qui en occupe le milieu entre les deux parties 
dont je riens de parler. 



— 139 — 



.J^ .^'J^ ç 



Je suis fou (d'amour), mais as-tu besoin de m'attacher, moi 
fou, avec les chaînes des deux tresses de tes cheveux? (Maçûd-i 
Saad.) 

La>l — s — ^ L^bl» ^ t^U^ 



Cessez toutes deux de me bl&mer follement; car ramoor qui 
me sollicite m'a appelé avant tous. 



\jj jt5)^ JjL; ^1 ^L. j^ ^ 



2 



f/r- \j^ kJ^ ^ ^'^ L?^ ^^ ^ 



J*ai fait des pointes de tes cils un bouclier pour ma vie^ 
«fin que tout le laonde sadie que fai rtnond à la vie, (Ain!r 
Khusrau.) 



cr-^=^j J^^ ^h '^^. 



* Le premier ^U^ est l'impératif au duel du verbe irrcgii- 
lier assimilé p ^^ , laisser y avec le pronom afBxe de la première 
personne^ et le second est la troisième personne nrascnline du 
preiérit de la racine U^, appeler ^ de laquelle dérive aussi le mot 
y^by qui comnieBoe le second hémîstidie «C qni est le nom 
d'agent du mâmeTBrbe. 

* Le premier JÇ-» signiû'e bouclier^ et le dernier est le parti- 
cipe présent apocope de /j'^ jç**, livrer. 

' Le premier àjlX est dans le sens i^urUque^ le second dans 
celui d'ami. Ce mot a en effet ces Jeux significations. 



— uo — 

Tu as été Vyagâna {VuniqtLe) du monde, et toutefois le monde 
n'est Vyagâna {Vamtj de personne. (Ansart.) 



-.L^l ^ L^^' s-^,lr^ 



* Lo Kto L^ v*JD ^jj LuJli 



Nous ne voyons pas que tu aies un égal pour les qualités que 
tu as manifestées relativement à la générosité. (Bakhtar)) \ 



^ m 



Par des efforts^ la position de chacun auprès de sa bien-aimée 
s'aipéliore ; mais, quant à moi, malheureux, plus je m* efforce 
et plus je suis maltraité. (Figftnt) 

La seconde manière d'employer la flgure dont il s'agit 
dans cette section, c'est de répéter le même mot tant 
dans le hascho ou remplissage du premier hémistiche 
d'un vers qu'à la fin du second hémistiche. 

On distingue encore trois variétés de cette figure, à 
savoir: la répétition pure et simple, jV^*, l'allitération, 
^jMjjiar»*, et la dérivation, çjtixi.1. En voici des exem- 
ples : 



^ Les mots s.^|^ et i^^j^ sont dérivés de la môme ra- 
cine. Le premier est le pluriel du substantif ^ >^, carac» 
tèrCj etc., le second est un adjectif signifiant semblable^ etc. 

^ Célèbre poëte arabe de la première moitié du ix* siècle, et 
dont les poésies ont été réunies en un Diwân. (D'Herbelot, Bi- 
blioth. or,) 

^ Le substantif ^^^^ et le verbe ^»y^^ appartiennent à la 
même racine. 



— U1 — 






Je dis à mon compagnoo, tandis que le chameau (de la cara- 
yane) nous descend entre Munîfa et Dimâr* : « Respire à ton 
aise le parfum de Tarâr* du Nadj; car, après le soir, il n'y a 
plus d'arâr • ». 



Qui est-ce qui pourra me rendre libre ici, puisque le soleil 
lui-môme n'est pas libre * ? (Khâcânî. ) 



* Noms de deux endroits dans le Na jd . (Voyez sur cette pro- 
vince d'Arabie la notice spéciale de feu Jomard.) 

* Buphthalmus silvesler, 

* C'est-h-dire, « tu ne pourras plus le respirer, parce que 
nous partirons » . 

* Les vers qui sont cités en exemple dans les ouvrages didac- 
tiques orientaux sont souvent obscurs, parce que, étant pris iso- 
lément, le contexte ne peut servir à les éclaircir. Le vers dont je 
donne ici le texte et la traduction est dans ce cas. Gladwin [Dis- 
iertationon the Rhet,, p. 12), qui Ta aussi donne d'après un 
autre ouvrage, sans dire qu'il appartient k Khâcânî, et avec 
l'addition fautive de àT à la fin du premier hémistiche, le traduit 
ainsi : « Who will consider us perfect in that place, v^here the 
« Sun is not (deemed) perfect ? » 



— ii2 — 



*J^ib .L^b J.bUI ^Li 



Lorsque les rossignols déploient Féloquence de leur langage, 
chasse tes chagrim en vidant Us bouteilles. 



^jj3 «^ ^jS jVjLj C.wL» ,^--aJ 



Mon Joseph yend actuellement des sucreries dans le bazar. 
abstinent, relire ton cœur de' l'angle de la soUtdde. (Faquîr.) 



iJLJ i^JU ^jVs^ /J 'Y^^ I- 



lil 



Si Thomme ne retient pas sa langue pour ce qui le concerne, 
il n*est pas de ceux qui la retiennent au sujet des affaires d'au- 
trui. (Amrû'lcaïs^.) 

* Le premier Jj^Sj est le pluriel du mot persan JJ^, rossi- 
gnol, qui a passé en arabe et y a pris un pluriel conforme au 
génie de la langue; le second est le pluriel du substantif arabe 
JLU, affliction, etc^ et le troisième est le pluriel du substantif 
SJUb dans le sens à^aiguière, pot, houleille. 

* Dans le premier hémistiche, reipressîon^jljlj signifie mar- 
ché, dans le second, elle forme deux mots, %\ \u , c'est-i-dire 
porte en arrière. 

* Gladwin {ib.), qui a aussi donné ce vers, a traduit mal à 
propos ici j!, de (from), par ta (à), ce qui dénature le sens. 

^ Les mots fjjsri et ^jy^ sont dérivés de la môoie racine, 
^ P. 31 , 1. xvii de rédition de M. de Slane. 



— 143 — 



*-^->* ^jô l;ë s^J^ c>^ H r* ^ 



LUI ..^ I, 






Qaokfiie tu. ne me traites pas toujours avee botUéf quelle est 
Il pecnniieqtti iiesoti Vobjei de ta hienvetUanee? 

La troisième manière d'employer le radd ulujz alas- 
sadr^jù^i^js:»^^ ^jj consiste à placer te même mot 
au arûz, d^Jf' ®^ ^^ "^P^j^^ c'est-à-dire à la fin des 
deux hémistiches du vers ; ce qui a lieu de façon à for- 
mer encore trois variétés, comme précédemment*. 
Exemples : 



kr^ ^j^^ j^^ 0^ ^j 



* Tandis qu'un autre recherche la blancheur des belles à poitrine 
rebondio, moî [e ne recktrck^ autre chese que la bltacbeur des 
(épées) tranebuiies. (Ab(l-ïaB)âQ[i,) 



^» ^^ ïjL^ ^j^ }^] ^yi^ jj.*- ^1 



^iJ . »jL^ ^jf=> M^^^ jb ^1 



Salut soit de ma part à ce charmant cyprès ; salut soit de ma 
part k cette infidèle amie. (Walt.) 

' Dans les exemples de simples répétitiena, ûb verra que la 
rima est leportée au mot qui précède Fexpresaion lépéiée, 
expression qu'on nomme radif^ îji^jj ou aimexe. Telle est, en 
effet, la rè^. 



— Ui — 



JL^L_11 oLiV J, 



Il est affectionné pour les versets' du premier chapitre du 
Coran, et charmé par les sons des cordes (du luth). (Hailrf, 
48* séance.) 



douée Tolease de cœur, tandis que moi je suis affligé dans 
mon amour comme Farhâd, toi, dans ta gentillesse, tu es char-, 
mante comme ScMrtn. (Abd ulwâcl Jabalt.) 

Que ta puissance qui est gardée par le virant qui ne dort pas, 
anéantisse le trouhle et endorme Tinjustice. (Mukhtart.) 

La quatrième manière d'employer la figure de mots 
dont il s'agit dans cette section consiste à placer, au 
commencement et à la fin du second hémistiche d'un 
Ters, le même mot dans une des trois catégories déjà 
citées. Exemples : 

^ Le premier ^Li^ est un substantif singulier qui signifie pro- 
prement la première surate du Coran, nommée Fdtika; le se- 
cond est le pluriel de ^^» qui est le nom de la seconde corde 
du luth k quatre cordes. 

' Les mots jy^ et >lJo appartiennent à la même racine. 




— U5 — 

Il n'y avait ni yerdare sur la montagne, ni branche dans le 
jardin ; (et sauterelles dévoraient la campagne, et les hommes, fes 
sauterelles. (Saad!, Bostany 1. I.) 



Je sais en souci pour ma bien-aimée, tandis que d'autres le 
sont pour leur pain. Dieu proportionne en effet les peines des 
créatures à leur énergie, (Azraqut.) 

Quelquefois les poëtes persans emploient cette figure 
aux deux hémistiches du vers, ainsi qu'on le voit dans 
les exemples suivants : 



Je ne retire pas mon cœur de ton amour, quoique tu fasses le 
chagrin de mon cœur; je ne détourne pas la tête de la fidélité 
envers toi, quoique tu occasionnes mon mal de tête. (Azraqut.) 





^1 


J» c)bj"^ 


JJ ji «Jil jjc 


';- 


• 


Jjji A- 


- jl ^h^ 



* Par contraction pour ^U*. 

* ^^^ est le pluriel de a», chagrin; ^^ est le pluriel de !L^, 
couroj^e, force, etc. 

40 



~ U6 — 



Cesl en Pteu, JQui, c'est m Dieu qu'est la délivrance^ oui, ^ 
(l^/tvrance du jpoîgnei du temps et des peines dont il nous ac- 
cable. (Khâcânt.) 



SECTION XYI. 



De la figure nommée luzûm ma là yalzam^ >iL S U ^jJ, 
c'est-à-dire, tâche à laquelle on n'est pas obligé. 

Cette figure, qui se rapporte à la rime, consiste à 
s'astreindre à employer avant le rawî, v3jy% <^u ce qui 
le remplace, une lettre particulière pour le caïd^ jJ*, 
ou h^tads, ^j^*y»\j*' Exemides : 



Quant k Forph^in, ne le mattraîfepas; et quant ^umtndkiit, 
ne le repousse pas. {Coran^ xliii, 9, 10.) 



* On nomme ainsi la dernière lettre quiesoente de la rime, 
àJM. Ainsi, par exemple, dans les mots ^^^^} et ^L^, le 
raw( est le noun final. 

* On nomme ainsi la lettre quiescente qui se trouve avant le 
rawty excepté Valif^ le wâto et le yâ de prolongation. Ainsi 

dans les mots J|«0 et ^, le ra est le caiû^. 

' Tel est le nom de la lettre qui, dans la rime, est entre le 
ratriet un a/t^quiescent, lettre qu'on nomme Jif^^* ^^ exem- 
ple, dansj^lâ., le lacis est le j. 

* Dans ce passage, on s'est astreint à employer la lettre n, Ka^ 
avant le j, ra, qui est mis pcmr le rwoi; car le mot ^àB^^ ou 
tout autre aurait rimé aussi bien avec^^^. 



U7 — 



*L .L-^ J^< J-*^ \jiô3 jla- 



Le yoûe de ce visage pareil à la lune, c'est sa chevelure sem- 
blable à la nuit. Béni soit Dieu qui a fait de la nuit un vêtement I 
(Isnâd.) 

SECTION KVII. 

De la suppression d'unp lettre Jy^ ^^^ 

Cette figure consiste à s'abstenir d'employer une lettre 
de l'alphabet dans une pièce de vers. C'est ainsi, par 
exemple, que Faquîr a évité de se $crvir de Yalif dans 
le rubâî suivant : 

^a5 ^^^^Js ^^^j ^-^^-•-ï^ '^/^ p^ j'^ 

Mabomet est un chef qui eut le soleil pour bouclier^; il est le 
sceau des prophètes, le conducteur général et particulier dans le 
sentier de la raison. Sa face n'est-elle pas, pour la vue de Tintel- 
Ugence, le jardin de la sainteté, jardin dont Gabriel est le rossi- 
gnol? 

' Dans ce vers persi-arabe, ainsi que dans tout le gazai d'où 
il est tbré et qu'il commence, le poëto s'est astreint à employer 
un alif et un^stn devant Valif du rœtx^. Sans cela, il aurait pu 
faire rimer L.»! avec t^^, ^âj, etc, 

^ Allusion au mvrâj « ascension » de Mahomet au ciel. 



— U8 — 

SECTIOïf XTIII. 

De l'emploi répété d'un ou de plusieurs mots particuliers. 

■ê 

Quelquefois le poète s'astreint à employer dans cha- 
que vers, ou même dans chaque hémistiche d'un poème, 
un ou plusieurs mots particuliers. Je vais en citer quel- 
ques exemples : 

1* KamàM IsmâU a fait im cactda où il a placé le mot 
^^, cheveu^ dans chaque hémistiche. Voici les deux 
premiers vers de ce poème : 



toi qui as uu cœur accroché ï chacun de tes cheveux^ les deux 
mondes ne font que la moitié de la valeur d'un seul de tes ehe" 
veux. Ta bouche, lorsque tu parles, n'a que la largeur d'un che- 
veu; la trace d'une fente pareille à un de tes cheveux s'y manifeste 
seulement. 

2^ K&tibt de Ntschâpûr a écrit un caclda où on trouve 
à chaque hémistiche les deux mots jxi,, chameau^ et »^, 
chambre. En voici le matla^ ^i^^ c'est-à-dire le premier 
vers: 






— U9 — 

J'ai dans ma demeure (c'est-à-dirOi en moi) des chagrins tels 
qu'on en chargerait des chameaux^ mais je ne me livre pas au 
découragement (avoir un cœur de chameau) ; car le chagrin peut- 
il exister dans ma demeure? 

3* On doit à Amtr Khusrau un caclda dont chaque 
Yers contient les quatre mots : J-wj, éléphant^ jj-r*? ^^- 
misseauj ^j*^, mouche, oXJW, cigogne. Voici un vers de 
ce poëme : 



*-. A- 



Tu es un roi à corps à' éléphant^ et sous tes auspices fortunés, 
il n'est pas surprenant que le vermisseau se change en tigre, et 
que la mouche donne la chasse à la cigogne. 

i« Enfin, Khàcânl, dans les neuf vers suivants, s'est 
attaché à mentionner quatre objets différents au second 
hémistiche de chaque vers : 



C/*' — r-'j y^^ ^^r^j lTîJ^' 
pà. j-5 aSL. ^j^ j'>^^^ 




cj' — ij^ j!)— * LTjy-^ çy^j^ 



^l^j w^-r-j c;*^^ ç^^ c?^ 



H • 



— f 80 — 

A A A 






H^ .'*'-^^ j^'> ^^ v'^ 

ÉdiTS, le BIfessre, thizr et Éne sont rétmîs pdtir le sidtrir et le 
gatdfer. KluWau^, S^m, zk* et Ktniain, s'étant eemt le» téim, 
se tiennent courbés de?ant loi coHime des^gens \i (aflle de eeteean. 

i t s 

Des milliers de portiers, aussi distingués que Hâtim, Man, Sa!f et 
Numân', en leçoivent leur nourriture. Le Jifaûa^, l'Ëuphrate, le 
Tigre et le Nil lui demandent au moment de la détresse une gor- 

^ Ou plutôt Kaî-Khusrau, roi cTe Perse. 
^ Zâl est le père, et SÂm le grand-pdte de Rustam, le cél^b^e 
héros persan. 

* Hàtim est trop eoanu peut qu'il s^oit nécessaire d'en rien 
dire. Man est un Arabe célèbre par sa bravoure et sa générosité. 
Saïf est un roi d'Yémen de là dynastie des Himyatites. Enfin 
Num&n est un roi de Hirah en Irac, qui se fit, dit-on, chrétien, 
et se retira du monde. 

* C'est-iKlire TOxus ou le Baclrus. 



— 18« — 

i ft 3 4 

gée d'eau. Le» maots JûdiS laid, Caucase etScbahU n *, font le 
coutre-poîds des pierreries de sa libéralité. Les dives, les anges, 
les fées et les hommes le prient contiaoelleni^t de leur assigner 
leur nourriture journalière. Par lui les substances, les esprits, 
les âmes et les intelligences ont pris une belle forme corporelle. 
L'éternité, l'enfer, le temps et le paradis' sont les produits de sa 

4 • S 4 

colère ou de sai satislaotion» Par lui Feaiu^ la terre,. le feu^. l'air 
qui £oime&t k mondes iwtent pusihlemea^ ensemble dana* ftii. 
jciate^écgiilibre. 

SECTION XIX. 

Du mantsAty ^j^^ ou ponetuéy et du gaïr mancûl^ I^^aj^ »^, 

ou non ponctué. 

Quelquefois l'écrivain s'âstreint à n'employer, dans 
uiiiirer» ou dans une phrase en prose, que dès lettres 
ateef d^ poiirts dîatcrillquess lettres nommées ntcmctCt, 
^yj^9 c'est-à-dire ;?(mc^M^c«, ou, vice versa^ à n'employer 
que des lettres sans points diacritiques, lettres nommées 
gaîr mancût^ i^yi^j^^ c'est-à-dire mm ponctuées^ ou,.en* 
fin, de se servir sdternativement de lettres ou de. mots 
écrits de ces deux façons, ce qu'on nomme ractâ^ •LLSj ^, 
et khaîfâ, «Uâ. ^ Voici un exemple de l'emploi de lettres 
ponctuées seulement : 

*■ Les Orientaux appellent ainsi les monts Gordiens, en Armé- 
nie, où, selon la tradition, Taiçcbe de Noé s'arrêta. 

* Trois autres montagnes d'Asie. 

' Proprement les bouris. ^ 

* On donne spécialement ce nom au léopard ou ï tout autre 
animal dont la robe est tacbetée de noir sur du blanc ou vice 
versa. 

^ On nomme proprement ainsi une femme qui a un œil noir et 
l'autre bleu. 



— 15« — 

AA 









Par cotte fête tu reçois le don de la grâce, et non le mouYe- 
ment de la colère. 

Voici actuellement un vers entièrement composé de 
lettres non ponctuées, vers qui est eitrait d'un cactda 
écrit en entier de cette manière par l'auteur du Hadâyic 
ulbaldgaê : 

j\ j\y^j JoJ^ 9\j ùjJ >:y» ^ 

La poussière da chemin que parcourt son coursier ^ agile est un 
coUjre pour les humains. Cette poussière sert mâme de sunna à 
la prunelle du soleil et de la lune. 

Voici un exemple du racià^ c'est-à-dire de l'emploi 
alternatif d'une lettre ponctuée et d'une lettre non 
ponctuée : 



Les noires boucles de tes cheveux ont enlevé mon cœur, 6 lar- 
ron! je n'ai jamais vu un voleur de cœar pareil à toi 

Enfin, veici un exemple du khaïfâ, c'est-à-dire de 
l'emploi alternatif d'un mot composé de lettres ponc- 
tuées et d'un mot sans lettres ponctuées : 

* Duldul, le cheval d'Alî. 



— 153 — 






La science, sache-le bien, donne au cœur le discernement, 
comme le souffle du vent printanier, sache-le bien, donne è la 
terre de Tagitation. 



SECTION XX. 



Du mucatta^ jtiaL» ou disjoint^ et du muassal^ S^y ^^ joint. 

De ces deux figures de mots, la première consiste à 
n'employer dans un vers que des lettres disjointes, 
fnucaUaj Jbsi^, c'est-à-dire qui ne se lient pas entre 
elles ; la seconde, à n'employer, au contraire, que des 
lettres jointes, muassaly J^y , c'est-à-dire qui se lient 
entre elles. 

Dans les vers suivants de Jàml, le premier est com- 
posé de lettres non jointes, le second de lettres jointes 
de deux en deux, le troisième de lettres jointes de trois 
en trois» le quatrième de quatre en quatre, et le cin- 
quième de cinq en cinq : 



— 154 




* 



J'ai le yisage pâle à cause de l'absence de cette perle, et le feu 
du chagrin a marqué mon coear de Tempieinte de la brûlure^ 

On dirait que dans la nuit de ton absence la lune a diminué 
comme moi, et est deyeuue petite et maigre. 

Tes poils follets rappellent Khizr % tes bouclés de cheveux tor< 
tilTées ressemblent au saule musqué. Ton corps est de l'argent *, 
le rtrbis des lèvrefs de ta petite bouche estrdu sucre. 

Is paradis^de L' éternité est un arantage méptisubto pMr ccM 
qui seréîpttità câté de toi et reste fidèle kt ton- amour. 

Par tes lèvres tu es le Messie, et l'éloquence se manifeste par 
tes discours; la beauté se déploie dans ton aspect, et tes cheveux 
sont parfumés d'ambre. 



'SECUON XXIl. 

Observations sur la prose cadencée. 

Sukâkî fait observer, avec raison, dans son Traité sur 
la rhétorique^ que la rime existe en prose comme en 
poésie. Or, on distingue trois sortea de prose rimée, 

^ Le patron de la jeunesse, parce qu'il est le gardien de Feau 
de la vie, c'est-à-dire de la fontaine* de jouvence. On le repré- 
sente avec une longue barbe et vêtu de vertw 

^ Quant h la blancheiu:. 



mmoûées mutÊTrafi ^jia^*^ mvtawèxi^ >Sj]^^ etnmû- 
%&na^ A^^|y>^ Qiii noiBine muiarraf la pifose das» laquelle 
MX em^oky àr k fin des nieiûbres de pbrasef», des* note 
difSéreQite> quaoxi au nombre, \SJ-^^^ ^^^^ kleiytiq^wfli 
quant au nrwl ou plutôt aux teUrea finates qui fof mettt 
la rime. Exemple : 

Qte'éfiw-rcmsf? Pbut^oi ^e pas espéwr pdtiemmeftf du Dieu, 
^ rems d etéê» différents hs uns desr auttest {Coran^ iïxi, 
12,13.) 

La pr«)3e nonirmée' mmâmêzî esl eelte dacis laquelle on 
emptode, à la ftei àes membres de phrase, d^ mots pa^ 
reila qxxsad an nombre ^j^ et au rawt Exempte : 



II y aura des lits élevés et des coupes préparées, {Coran^ 
Lxxxvui, 13, 14.) 

* Nom de patient de ^jh^» tinxit {digitos) extremos (jnu- 
lier] y etc, 

' Cert-Wire païaUèk, 

* C'est-à-dire cadencé. 

* Par le nombre, il faut entendre ici la mesure prosodique ; 
ainsi 3 n'est pas nécessaire pour qu^un mot ait le même nombre 
qtie l'autre, cpi*\\ afit les mÔmes voyelles brèves. Par exempïe, Icfs 
expressions axO et v„^^^ Ji ont le même nombre. Ces mots 
IwBBsaàf en e^, e& qu'on nomme dans la pfOS%)cKe latine un 
sm ^im etgréj c'esl-'ii-direy ils se» composent d'une brèi^ entre 
deux longues, ce qui est représenté àm9 la pfuysodte arabe par 
le mot mnémonique fWkVà/nf ^JUlir» 



— 156 — 

On peut même construire deux membres parallèles 
d'une phrase de telle façon que les mots qui les com- 
posent correspondent symétriquement les uns aux au- 
tres, avec le même nombre, ^j^, et la même finale, ^^y 
C'est ce qu'on nomme tarsî^ fr^^ ** ^^ ^^^^^ ^^ exem- 
ple : 

n enrichissait les phrases de sa prose rimée des perles de sa 
diction, et il frappait les oreilles par les instmcûons de ses ayis. 
(Hartrt, 1'* séance.) 

Enfin, la prose nommée muwàzana est celle dans la- 
quelle on emploie, à la fin des membres de phrase', 
des mots pareils quant au nombre, mais différents 
quant à la finale, et par conséquent ne rimant pas en- 
semble. Exemple : 



^^ 4!;> ^>^ d;^-^ 

Il y aura des coussins mis en ordre^ et des tapis éUndus. {Caran^ 
Lxxxvni, 15, 16.) 

On peut aussi n'employer dans deux membres paral- 
lèles d'une phrase que des mots semblables quant au 
nombre, mais différents quant à la finale. Ce genre 
d'allitération est au mtiâzana ce que le tarsî est au mu- 

* Ce mot signifie proprement o enchâsser des pierreries ». 
Il est inutile de dire qu'on peut composer de la même manière 
deux hémistiches d'un vers. 

* Et dans les deux hémistiches d'un vers. 



— 157 — 

tawâzU On le nomme spécialement mumâçala^ ^U^, ou 
semblable*. En voici un exemple : 

Nous leur donnâmes (à Moïse et h Âaron) le livre qui manifeste 
dairement nos volontés, et nous les dirigeâmes dans la voie 
droite. (Coran, xxxvii, 117, 118.) 

On nomme prose rimée en vers^ ,c^ f^F^^j les poè- 
mes dont les vers ont chacun trois rimes particulières, 
et une quatrième qui est commune à toute la pièce. 
En voici un exemple, tiré de la onzième séance de 
Hartrl : 



^^1 Ul b ^ ^1 ^1 ^1; ^ bj 



Jj ijLft ^i ^j J,-^ j-^^^ ^ pCi 

* Tel est, du moins, l'avis de Fauteur du TalkhU ; mais Sukâkt, 
dans son Miflàh ululûm^ le considère comme rentrant dans le 
tarsf, quoique, en effet, il en diffère. 



— 158 — 

toi qui t'enorgueillis de ton intelligence, jusqu'à quand, ô 
mon frère, en proie h. des idées vaines, accumuleras-tu des fautes 
et des actions coupables, et commettras-tu de nombreux péchés? 

Tu ne pleurerais pas seulement, mats Au répandrais desiarmes 
de SftBg, si tu peMak qstàvi jugement dernier, ni entourage, ni 
parents, ni amis ne seront d'aucun secours. 

Dans ce jour redoutable, combien de guides qui se trouyeront 
égarés; combien de personnes illustres qui seront avilies; com- 
bien de savants qui glisseront et reconnattront la gravité de la 
circonstance ! 

Jeune homme sans expérience, hâte-toi d'adoucir l'amertume 
de tes n^auvaises actions, par le miel (du repenXir et des bonnes 
œuvres). Le mur de ta vie est sur le point de crouler, et tu n'as 
pas mis fin à ta conduite blâmable. 

Garde-toi de la fierté, quand la lortune te favorise. Sache 
retenir tes paroles : heureux celui qui en est le maître. 

À celui qui est dans le besoin, donne beaucoup si tu es ricbe, 
donne encore si tu es pauvre. Ne sois pas triste lorsque tu éprou- 
veras des pertes, et ne désire pas amasser (des richesses) ^ 



SECTION XXIL 

Des vers \ double et à triple rime. 

On msame à double rime^ ^jr^^ ^i» un vers doût les 

^ Extrait de ma traduction inédite âe Hariiti. 



— 159 - 

hémistiches se termineot chacun par deux mots qui ri 
ment ensemble. Exemple : 



J-à'lj ^, \;/m<==-> jLy^ Jift 



^i"!»^"-"^»-» 



^^^ J-Sr^ J^^3 (>» 



C'est à la fois raison et obéissance, amour et sentiment de 
foi. (Sanâî). 

"Les pogtes mettent même quelquefois trois rîmes à 
leurs vers. Exemple : 






Sa grftc0 est par 3a jpureté le repos de ràm.e; sa perlectipn 
dans la fidélité est l'arche de Noé ^ (Sanât.) 

D'autres fois on met le toAîf^ ^^ ^^ *, entre deux ri- 
mes, et on nomme alors les vers ainsi composés : t»r« à 
deux rimes avec interstice^ w^LshI a/ ^jrè^ ^^« Voici, 
comme exemple, un mbât de Maazzl^ : 

* C'est?à-dire « ombrasse tout. » 

^ Ainsi gu'on l'a yu plus haut, on nomme radîf le mot ou les 
mots répétés \ la fin d*un yers, et gui ne comptent pas pour la 
rime. 

' Amir Muazzîy déjà cité page 84, mais dont le nom a été 
écrit mal à propos Mazî, est un célèbre poëte persan auteur^ entre 
autres, d'un livre estimé de morale religieuse intitulé Uall -^|^» 
c'est-)i-dire a la Consolation de la grâce » , livre sur lequel d'Her- 
belot donne guelgues détails. 



160 — 




(^^-r— ' ^ (J-^J *^ 



^j)d ^jU'y aJ jJlo vJU-t 



^ vij''^ cj!r-^j v-5j' "^ — ^-^ ^"^ 



roi de la terre, tu as posé ton trône au ciel. Ton ennemi 
est faible, et non pas toi, car tu as un arc très-fort. Il suffit que 
tu l'attaques légèrement avec ta lourde massue. Ta yieillesse est 
expérimentée, et ta fortune a la vigueur de la jeunesse. 

SECTION XXIII. 

Des compositions bigarrées, lO^^. 

On nomme mutalawin^ c)J^i ou bigarrés^ variés de 
couleurs j les yers composés de telle sorte qu'on peut les 
lire sur plusieurs mètres différents. Ainsi le masnavt 
d'Ahlt de Schirâz, intitulé Sihr-i halâl^ c'est-à-dire la 
magie permise, peut se scander de deux manières diffé- 
rentes*. En voici quelques vers, où Ton remarquera, en 
outre, de doubles rimes et des allitérations : 

* En effet, les yers qui composent ce poëme peurent se scander 
à la fois sur le mètre nommé raml-i muçaddas mdhzûf, qui se 
compose des pieds ^»^Li ^'bJcli ^'ilcli, c'est-à-dire de deux 
épitrites deuxièmes et d'un ampbimacre, et sur le mètre nomme 
$ari mutauwî makschûf, qui se compose des pieds ^fJ^^ûtÂ>» 
^^Lii ^jl«Ai» ou de deux choriambes et d'un ampbimacre. 
Voici le premier hémistiche de ces vers en caractères latins, 
scandé des deux manières : 

m schM&h d&r | kh&aâ-I j&n | m&nz&I&t 
< » achùd&h dar | kh&n&-l jSn | mftnz&l&t 



— 161 — 

^.r^ e;-îîj ^ ^j ^v* ^-^ yJ^ 
crr-=^ d^^ f ^ J^' C^ ^^«^ 

toi qui as pris pour habitation la maison de mon cœur, 
laquelle a acquis par là de la dignité ! 

toi dont la face est comme le soleil, Tornement du firma- 
ment, qui en a reçu un transport de joie I 

Mon cœur et mon âme sont les esclaves du visage de Haçan, 
en qui se sont manifestés la douceur du caractère et un aimable 
naturel. 

Dieu a vu, au moment du sacrifice de Huçaîn ^, qu'il recevait 
du monde un digne sacrifice. 

Le vers suivant, de Salmân Sâwajî, peut être scandé 
de trois * façons différentes ; et, par un autre tour de 
force, il se compose de lettres jointes, J-^j^, de deux en 
deux: 

* C'est-à-dire de sa mort, ou, pour parler comme les musul- 
mans, de son martyre. 

* C'est-à-dire selon les mètres nommés raml-i muçamman 
makhhûn, hazaj-i muçamman makhbûn et mujlas-i muçamman 
makhbûnj qui se composent, le premier de quatre petits ioniens, 
le second do quatre épitrites premiers, et le troisième d'un double 
ïambe et d'un petit ionien répétés. 

41 



— 162 — 






Tes lèvres sont une coupe de perles. Auprès de tes poils follets 
se déploie la* tulipe (de tes joues). Tes sourcils, noirs comme la 
nuit, dominent les étoiles (de tes jeux). La lune de ton yisage 
est entourée du halo de tes cheveux. 



D.^- 



SECTION XXIV. 

ialmîh ou allusion. 



Cette figure consiste à employer dans les vers un mot 
qui rappelle un fait célèbre, ou qui fasse allusion k une 
chose mentionnée dans les livres classiques, ou* connu 
dans tous les cas des gens lettrés. Ainsi, dans le vers 
suivant de Khâcânî, il est fait allusion au ancâ* qui 
nourrit Zâl, père de Rustam : 

Je parcours un chemin pour lequel je demande le viatique de 
l'unité divine. Comme Zâl^ fils de Zar^ j'invoque le nom du ancâ. 

Le vers suivant, de Saudâ, offre une allusion à Joseph, 
qui fut vendu en Egypte* : 

^ Le ancâ ou simurg est un oiseau fabuleux que personne n'a 
jamais vu et qui, à cause de cette circonstance, est donné comme 
un emblème de Dieu. (Voyez, dans les Oiseaux et les fleurs^ 
Tallégorie qui porte ce titre et les notes qui l'ajccomp^igiient.) 

* Conf. Genèse j xxxvii, 36. 



— 168 — 

On te montre le bazar de Memphis ; mais il n'j a personne 
pour acheter l'objet précieux qu'on j voit. 

SECTION XXV. 

Du siyâc uladàd, ^iJ«b)t t^^^i ou réunion simultanée 

de plusieurs objets. 

La figure qu'on nomme ainsi consiste à réunir sous 
un même point de vue différents objets. Exemple : 



À «-^ A 




J'y V.LC;»! JiT vJuS^ ^J^ ^y- b^ 

I» * ♦ • »» 

musicien ! que sont devenus tes projets de promenade dans 
le jardin, au temps de la rose? Où sont ta voix, ton chant, ton 
luth, ta harpe? (Amîr Khusrau.) 

^y^ri, h ^ C^^ ^^ J^ ^^ 



Mon cœur a arpenté trois fois les deux mondes ; et il n'j a vu 
personne d'honorable. (Khâcâuî.) 



SECTION XXVI. 



^numération des qualités, oUaJI i^^^» 

Cette figure consiste à donner successivement à un 
objet les qualités qui lui conviennent. Exemples : 



— 164 — 

^1 ;UpJi ^yi ^^1 

C'est le Dieu qui est l'unique, le roi saiut, sauveur, fidèle, 
préservateur, excellent, victorieux, suprême. (Coran, lix, 23.) 

JL.. ^^ÂJ o^, ^ ^}^ ^ ^ vj^^ 

Ce cheval a de blanches dents, une vive allure, un cou droit, 
de petites oreilles, un dur sabot , des pieds solides, une large 
croupe, une épaisse crinière. (Amîr Muazzî.) 

SECTION XXVII. 

Du tauschih^ ^^^y^^ ou acrostiche. 

Cette figure consiste à composer un poëme de telle 
façon que les lettres initiales de chaque vers étant mises 
Tune après Tautre, forment un vers, un hémistiche, 
une phrase ou un mot. Quelquefois aussi ce sont des 
lettres médiales, ouïes lettres linales qui, étant réunies, 
forment un sens. Voici deux vers urdùs, dont les pre- 
mières lettres des hémistiches forment le mot persan 
O, ami: 

* Ce mot signifie proprement « mettre une ceinture nommée 
wischâh », ^l^j* 



— 165 — 

Ma peine et mon chagrin proviennent de la blessure de la 
séparation, de la douleur de Tabsence. Pour moi le repos du 
cœur, c'est Taffliction. Voilà ce qu'il éprouve. 

Il ne connaît que tes rigueurs. Maintenant à qui pourrai-je les 
dire? Sans toi, dans Tabsence, il n'y a pour mon cœur que la 
plainte. 



On peut rapporter à cette figure le mtischajjarj y^ 
c'est-à-dire le vers en forme d'arbre, le mudauwar^j^^j»^ 
vers en cercle, le murrabba^ ^y>, vers en carré, etc., qui 
ne sont, de l'aveu même de l'auteur persan, que des 
jeux d'enfants. 



IIP PARTIE. 

DES ÉNIGMES ET LOGOGRIPHKS, LU», ET DE TOUT CE QUI 
CONCERNE LES COMBINAISONS ÉNIGMATIQUÊS*. 

On nomme muamma^ LI»/ (énigme), un discours qui 
désigne un mot par différentes indications relatives aux 

* Cette partie de la rhétorique musuln\ane, la plus obscure 
de toutes, et à la vérité la moins utile, n'a pas été reproduite 
dans la version bindoustanie du Hadâyic, J'aurais dû imiter peut- 
être Imâm-Bakhscb, et ne pas la donner non plus en français, à 
cause de la difficulté qu'il y a de développer d'une manière in- 
telligible ces théories compliquées, et surtout parce que l'auteur 
a souvent négligé d'expliquer les exemples qu'il donne, exemples 
dont il est ainsi quelquefois difficile d'apprécier la justesse. Mais 



— 166 — 

lettres, vj^ vJL*'^^^, ou par des allusions relatives à 
la prononciation, Jasi oljLi»!. Cette figure a surtout 
lieu en poésie, mais cependant elle est aussi employée 
dans la prose. Quelquefois l'énigme n'a pas pour objet 
un nom seulement, mais une phrase entière. 

Il faut d'abord se rappeler que les lettres ont trois va- 
leurs : celle de prononciation, Jài), la valeur alphabé- 
tique, ^v^j, et la valeur numérale, yj,^^. Ainsi les in- 
dications et les allusions énigmatiques, oljLà»'^ cSi'^^ 
^jLôJt», ont trait à ces trois choses. 

On distingue quatre espèces d'énigmesj li*», d'après 
leur degré de perfection ou d'imperfection. La pre- 
mière, qui est la plus parfaite, est celle dans laquelle 
on indique les lettres du mot, >*-' ^jj^^ ainsi que 
leur arrangement, ^jj/^ "-r^y'^ les motions ou points- 
voyelles, w^l^, et l'absence de ces motions, vjL>LiC-, 
comme, par exemple, dans le vers suivant, sur le mot 
Haçan. 

Mon cœur, en vue de ton beau nom, laisse le ja%m du mot 
Ausn, et le remplace avec bonheur par un fatha. 



C f 



Ce qui signifie simplement que de ^^;*-a. il faut felre 

cette partie de la rhétorique m%%ulmatie étant généralement 
inconnue en Europe, j'ai cru devoir la mettre en lumière, toute 
ridicule qu'elie puisse paraître; seulement, j'ai souvent abrégé 
Touvrage que j'ai pris pour base de mon travail. 



— 167 — 

La deuxième espèce consiste à indiquer les lettres 
d'un mot et leur arrangement, mais sans désigner les 
motions ou leur absence. Cette seconde espèce n'est 
pas dépourvue de perfection, et c'est à elle qu'appar- 
tiennent la plupart des énigmes, car Tindication des 
points-voyelles n'est pas nécessaire pour l'intelligence 
de l'énigme. 

La troisième espèce consiste à indiquer la matière du 
mot, A-»' »^L», mais non l'arrangement des lettres. 
L'énigme de cette catégorie n'est pas exempte de défaut 

ËDÛa, la quatrième espèce, qui est décidément dé- 
fectueuse, consiste à indiquer sommairement, vjîJ'^^ 
J,U^^, la totalité des lettres d'un nom, mais sans dési- 
gnation spéciale d'aucune lettre. Tel est le vers suivant 
sur le mot ^j^f soleil. 

^ja. K^ S ^\ ^^3^^ f^^ ^^J ^^ 

J'ai choisi dans les deux moudes (le céleste et le terrestre) un 
être unique dont le nom en trois lettres, qui valent quatre cents % 
forment le nom de mon amie. 

On nomme uçûl^ ôy^K fondements^ les portions essen- 
tielles du vers où est exprimée l'énigme, et les portions 
qui ne sont pas essentielles se nomment lawâhic, Jp^lP, 

* En effet, la valeur numérique du schin (première lettre du 
mot ^r^) est 300, celle du mîm 40, et celle de sin 60, ce qui 
fait ipo. 



— 168 — 

accessoires. De plus, les uçûl sont de deux sortes, les uçûl-i 
mucauwama, ^^ Jr^^ ou les fondements constitutifs^ 
c'est-à-dire les parties du vers qui se rapportent à la ma- 
tière même du nom, et les xlçûIA mutammama, J^l 
i.*V^, c'est-à-dire les fondements de perfectionnement^ les- 
quels ont rapport à sa forme parfaite. 

Dans les parties accessoires, ^3=^|^, du vers qui ren- 
ferment rénigme, on distingue aussi celles qui sont en 
accord et en convenance avec les fondements, J^^ et 
qu'on nomme lawâhic-i muhassina^ iôlor^ i3^'^» c'est- 
à-dire accessoires embellissants; celles qui s'en écartent 
et qu'on nomme lawâhic-i muschauwischa^ 6±>^La ^^^^Jy 
c'est-à-dire accessoires embarrassants; enfin, celles qui 
n'ont ni l'une ni l'autre de ces qualités, et qu'on nomme 
lawâhic-i sâlima^ 4L» ^3».^, c'est-à-dire accessoires in^ 
dépendants. 

Il résulte de ce qui précède, que les lettres et les mots 
qui sont employés dans l'énigme appartiennent à une 
des cinq classes suivantes, à savoir : \'* fondements^ ôy^\ 
constitutifs, ou 2^ perfectionnants ; S*» accessoires, ^^j^^J^ 
embellissants ; 4° embarrassants ; 5° indépendants. 

Lorsque le but de l'énigme est d'indiquer un mot, 
elle peut avoir trait à quatre différentes choses : r à la 
matière du mot, c'est-à-dire aux lettres qui le compo- 
sent; 2° à sa forme parfaite, c'est-à-dire à l'arrangement 
de ses lettres ; 3° à la correction de son orthographe, 
c'est-à-dire à la mention exacte des motions de ses let- 
tres ou de leur absence ; 4° enfin à faciliter l'intelli- 
gence des deux premières choses. Ainsi il y a quatre 
manières défaire usage de l'énigme; en d'autres termes, 



— 169 — 

il y a quatre procédés^ J^ *, ày employer : 1** le produc- 
tifs ^-wwa-;s-> ; 2° le perfectif^ ijtv^ 5 ^* Vaccessoire, 
,Jjj 3j ; 4° le facilitant, ^J^r^*- ^r, comme en réalité ce 
dernier n'est destiné qu'à venir en aide aux deux pre- 
miers, nous en traiterons d'abord. 

CHAPITRE I". 

DES PROCÉDÉS FACILITANTS, .J-^ JU*'. 

On en distingue quatre différents: Vinticâd, ^lAJ!*; 
le tahlîl, JJ^ ^ ; le tarkîb, <^Sy * ; et le tabdîl, Jj.xô* *. 

On entend, par Yinticâd, la désignation de quelques 
parties du mot, comme devant être l'objet d'un change- 
ment ; or, par ces parties du mot, il faut entendre le 
commencement, le milieu ou la fin. S'il s'agit du com- 
mencement, il est désigné par un des mots tête,j^] 
bord^ wJ (lèvre); visage, ^j (joue); commencement, 
IjjUp ; premier y Jjl ; couronne, «j-Lï, j^] , ou »biS', et au- 
tres mots qui peuvent indiquer le commencement. S'il 
s'agit de la partie du milieu, on la désigne par les mots 
comr, J^; cerveau, cervelle, noyau, yà^j» ; centre, J.^; mi- 
lieu, ^jL» ou iua^, etc. Enfin, s'il s'agit de la fin du 

* Ce mot, dont le pluriel est JL^^', signifie proprement acte, 
action; mais il se prend ici dans un sens particulier comme 
terme technique. 

* Ce mot signifie proprement toucher une somme d* argent. 
' A la lettre, V action de délier. 

* Arrangement, 

* Changement. 



— 170 — 

OU 



mot, on la nomme pi^d, Lj, ou >Ji; ^n, ^jbL; 
>UsJl, etc. 

On désigne aussi le commencement et la fin d'un mot 
par les expressions : U premier jour de la lune^ z^è, et 
le dernier^ j}^ ; V apogée^ ^jt, et le périgée, ^jn.^^^ ; la 
montée, j^yf^ei la descente, w-^ ; le haut, ^b, et te bas, 
vjj; la partie limpide, ^^^ et le résidu, y^^j^ ; la bran- 
che, «.U., et la racine, j^ ; le milieu du vêtement, w>^, 
et le pan de la robe^ /v''^» etc. 

On se sert aussi des mots qui expriment ce qui en- 
toure une chose, comme peau, xJL.^jj, vêtement, ^\j^,eic., 
pour indiquer le commencement et la fin d'un mot, 
comme on le voit dans le vers suivant sur Muça, ^y, 
Moïse. 



C'est ici la peau ^ du muddai (ennemi) et la moelle ^ du dost 
(ami) ; demande que cette moelle et cette peau viennent (c'est- 
à-dire l'ami). 

Si l'on a à désigner plusieurs lettres du milieu, on 
les nomme cœurs, L^J^, centres, ^^y^ etc., ainsi qu'on 
le voit dans le vers suivant sur le nom de Sâbit, c^L». 

j^j^ ji) "-^^^^ ^ji J"^ j^ ^^ )^ y^ 

* C'est-à-dire le mîm, qui commence, et le yé, qui termine ce 
mot. Le mot ^^y* commence et finit en effet par ces deux 
lettres. 

* C'est-à-dire les deux lettres médiales de sJL^^j^f à savoir 
le waw et le sîn. 



— 171 — 

Si celui qui épie mes actions veut connaître le nom de celle 
que j'aime, qu'il prenne le mot Sibât^ oL^Î, qui a deux cœurs *, 
et qu'il les mette devant-derrière *. 

On se sert quelquefois, pour exprimer les trois lettres 
radicales d'un mot, des lettres employées à cet effet par 
les grammairiens arabes, c'est-à-dire du fé, ^, du aïn, 
p et du Zaw, J '. D'autres fois, on emploie un des mots 

jUS', ^^^ ySj^'i ^^W^» ^^^t pour exprimer tantôt la 
première, tantôt la dernière lettre d'un mot, comme on 
le voit dans le vers suivant sur le mot Adarriy ^:> I *. 



mon cœur blessé par l'amour, ne te plains pas de ton sort, 
puisque les cils des belles arrivent plus ou moins de mon côté ^« 

* C'est-à-dire les deux lettres médiales du mot O^^ 9 ^ savoir 
Yalifeilebé. 

^ En effet, sJL>Lo a une première lettre qui est se, «^, et une 
dernière qui est te, vJl^, puis deux lettres médiales, qui sont 6^, 
v^, et aïlf^ t; or, si vous mettez Valif devant le bé, vous avez 
C^Ij, quiest lemotdeTénigme. 

* Ces trois lettres forment le mot Jjt3, qui sert de paradigme 
à la troisième personne du prétérit du verbe arabe, laquelle est 
considérée comme la racine, non-seulement des autres temps et 
personnes des verbes, mais de tous les dérivés nominaux. 

* Ce mot signifie aussi homme. 

^ A la lettre au côlédu^mot L». Par là l'auteur entend Valif^ 
qui commence le mot >jl. J'ai considéré le mot L» comme étant 
le pronom possessif de la première personne au pluriel, et c'est 
ainsi que j'ai traduit de mon (noire) côté. On peut aussi le pren- 



~ 172 — 

On entend par tahlîl^ S^^ l'emploi d'une expression 
qui ne forme qu'un mot dans le sens du poëme, mais 
qui, dans un sens énigmatique, se sépare en plusieurs 
mois. Levers suivant sur le mot khurram^ jijâ^, en offre 
un exemple : 

' Le vin pur qui nourrit l'esprit dans une agréable ivresse n'est 
pas le vin plein de lie qui t'incommode. 

Dans ce vers, le mot jL?-, qui est l'anagramme de ^^, 
forme un tahlîl en deux parties, à savoir *à^, courbé^ et 
jl, impératif de j^j^', apporter. 

Le mot ^'j^jL», mâzandarân^ qui est le nom d'une 
province de Perse, et dans lequel on trouve l'anagramme 
du mot ^jL»', offre un exemple d'une allusion énigma- 
tique par un tahlîl en quatre parties, à savoir U, nous; 
^;, femme; j^, dans^ et ^1, cela» 

Le tarkîb est le contraire du tahlîl. C'est réunir dans 
un sens énigmatique plusieurs mots en un seul. Le vers 
suivant sur le mot beg^ >-tSlj, en offre un exemple : 



•• • 



Quoique mon amie paraisse fâchée contre moi devant mes 
rivaux, toutefois elle n'a pas de considération pour ces étrangers. 

dre, selon l'auteur du Hadâyic^ pour le substantif arabe L», eau. 
Dans tous les cas, le jeu de mots est identique. 



— 173 — 

Des deux mots ^tU L^l^^ se forme le mot J,Ui, re- 
jeton, etc. , que le poëte a en vue énigmatiquemen t. Quant 

au mot oX-», qui est le sujet du vers, il fait partie du 
premier mot. 

Enfin, on entend par le tabdîl le changement d'une 
lettre d'un mot en une autre. On donne le nom tech- 
nique de fâcid, j^lJ, altérée, à la lettre qui est changée, 
et celui de kâïn, ^1^, existante, à celle qui la remplace. 
Le rubâï suivant sur le mot .^r^, éloquent, offre un 
exemple de cette figure : 

Hj^ ^j^ ^1 vj:^;^î^ ^ ^ ^^ j' 

Mon rival a recommandé à cette belle à la taille svelte de ne 
pas sourire gracieusement à tout le monde comme la rose. 

Cet avis étant très-rigoureux, Tagaçante beauté a froncé le 
sourcil et baissé la tête. 

Par l'extrémité du sourcil, il faut entendre la lettre 
nonn du mot vj^^ss^aJ, et par le tortillement (à la lettre 
« le nœud ») que la belle y fait, il faut entendre le 
changement du noun en /e* dans ce mot, qui devient 
ainsi ^^r^» en retranchant en outre le ^^ final. 

* Ainsi que dans toutes les langues, les lettres de 1* alphabet 
arabe ont chacune un nom : alify ,^^i ; 6d, *Lj ; ta, *lj*, etc.; 
et c'est de ce nom qu'il s'agit ici. Je ne sais, par quelle manie 
d'innovation, au lieu d'appeler nos lettres comme autrefois a, 
6e, ce, dé, effe^ etc., on les nomme a, beu, cew, deu, feu, etc. 



— 174 — 
CHAPITRE IL 

DES PROCÉDÉS PRODUCTIFS, ,J--.Aa:J' JL^I. 



« 

Il y en a huit : le tansîs, n^^tf^ (explication) et le 
takhsîs^ ^jûx-.fi-Œr' (détail) ; le tasmiya, ^^j^^^ (indication 
du nomj ; le talmîhy ^-Jbf (allusion) ; le tarMuf^ v^^|;ï 
(annexion, mention successive), et Yischtirâk^ ^!^! 
(association); le kinâya ^b^ (métonymie); le tashîf 
,^3-sr*^' (jeu d'écriture); Vistiâra, :îjUju-I (trope), etle 
taschbîh^ Vt^* (comparaison); enfin le hiçâb^ w^Lo. 
(calcul). 

Le tansîs est le nom qu'on donne à la mention de 
quelques lettres ou de toutes les lettres d'un mot; le 
nom de takhsîs est réservé à l'indication qu'on fait de 
ces lettres d'une manière quelconque. 

Le vers suivant sur le mot >%^^ (généreux) offre un 
exemple du premier cas : 

u^.y^ ^^/j Oj^ ^-^ ^^ 

Je pleure et il fait rire l'ennemi ; il cherche son nom >£ j^, ot 
il est la meilleure de ses qualités. 

Le vers suivant sur le mot jL^ (printemps) offre un 
exemple du second cas : 

Ton visage est une rose et le jardin de ta beauté un parterre; 
ton nom est un printemps qui n'a pas de fin. 



— 175 — 

2" Le tasmiya consiste à désigner par leur nom les 
lettres qu'on veut indiquer dans un mot Le premier 
élément des noms des lettres *se nomme muçammaé an 
ism, ç^] ^1 ^IJl**^, c'est-à-dire la lettre que nomme ce 
nom, et les lettres accessoires sont appelées baït/inât-i 
an harf, ^ 4^ jl C^Luj, c'est-à-dire ce qui développe 
cette lettre. Ainsi, par exemple, dans le mot ^ t^, qui 
est le nom de la lettre yl) , la première lettre est celle 
que nomme ce nom, y^j=^ ^^ v^s-^» et les deux der- 
nières en sont les développements, ^^j^ j' '^^r?• 
D'après cela, le procédé du tasmiya peut avoir lieu de 
trois manières : l'» en désignant le mot par le nom de 
ses lettres ; 2"" par leur description ; 3" par ses lettres ac- 
cessoires ou de développement. Cette dernière espèce de 
tasmiya a été imaginée par le célèbre rhétoricien Scharaf 
uddîn Alt Yazdî, qui, dans son livre intitulé : Hulal mu- 
tarraz^^ a réuni beaucoup d'énigmes de sa composition. 

Le vers suivant sur le mot ^y^, scharaf ^ offre un 
exemple de la première espèce : 

s.>-^ v^-r- ç)b^ ^r" "^^ c^j 

De ce côté, vous avez schar, p y^» (la loi) ; de cet autre, 
hatchf, ^LtS (la manifestation), et au milieu il y a un ré pour 
tàaraf^ l3 r^ (rUlustration). 

• \J^ JJLa.. Cet ouvrage, dont le titre signifie, à la lettre, 
vêtements brodés j est écrit en persan, et roule sur l'énigme et le 
logogriphe. Hâjî-Khalfa nous apprend que l'auteur, qui était 
natif d*Yazd, ainsi que son surnom l'indique, mourut vers l'an- 
née 850 (Ui6). 



— 176 — 

Le mot scharaf^ v^j^» sur lequel roule réoigme, 
commence par un schîn comme ç-y^», et finit par un fé 
comme ^^^ii'; enfin, il y a un ré au milieu. 

Le vers suivant sur le mot ftroZyj^jJ^ offre un exemple 
de la deuxième espèce : 

^ ^) \D^^ ^ ^^^ yJ^ '■^ 

Une belle comme la lune a montré peu à peu son visage pareil 
à la lune, dans Tintention de tourmenter une âme et un cœar 
faibles et cbagrins. 

Par les mots »L» j<^ ^j, visage comme la lune^ il faut en- 
tendre la lettre ^, qui commence le mot j^j^. 

Enfin, le vers qui suit, sur les mots imâm^ >Ut (celui 
qui préside à la prière), et amln^ ^\ (fidèle), offre un 
exemple de la troisième espèce : 

J-tj^ jj »L^ ^ SJUT v^j çU 

Son lai (rubis) est, par ses lettres de développement, deux 
pierres précieuses de sa mine : tantôt il dit le nom de son rival 
(imâm), tantôt son propre nom (Amîn). 

Par les deux pierres précieuses, il faut entendre les 
noms des lettres J et p dont se forme JjJ, à savoir À^ 
et ^. Or, si Ton prend deux fois les lettres de dévelop- 
pement du lâm^ c'est-à-dire alif et mîm^ on a le mot ^L»l; 
et si Ton prend une fois les lettres de développement du 
Mm, et une fois celle du am, c'est-à-dire yé einoun, on a 
le mot ^^1. 



— 177 — 

3" On nomme talmîh^ le procédé qui consiste à rappe- 
ler des lettres qui se trouvent employées dans des pas- 
sages connus, comme on le voit dans le vers suivant sur 
^yi, Élie : 

Comme la surate de la beauté s'est terminée par ta belle 
figure ^JL^jy^i la dernière surate du Coran est devenue un nom 
pour toi. 

La dernière surate du Coran porte le titre de ijy^ 
■j^lJI; or, le mot ^LJ', qui signifie les hommes^ est 
écrit comme (^LJt; seulement, dans le premier cas, la 
troisième lettre a un point diacritique au-dessus et est 
ainsi un noun, et^ dans le second cas, elle a deux points 
au-dessous et est ainsi un yé. 

Il est bon de savoir que les astronomes ont adopté, 
pour abréger, quelques formules techniques qui ne 
consistent qu'en des lettres. Par exemple, ils indiquent 
les sept planètes par leur dernière lettre : le soleil^ ^rv^, 
par un sln ^, et la lune^j^^ par un réj. Il en est de 
même pour les douze signes du zodiaque, pour les sept 
jours de la semaine, pour l'élévation "et le déclin des 
astres, pour l'apogée et le périgée, etc. Ainsi un réj in- 
dique le jour, jl^, un lâm J la nuit, JJ, un zérç^^ le 

^ Il a été question précédemment de cette figure. Voyez le 
chap. II de la IP partie, section xxiv. 

* Il y a dans le texte du Hadâyic Ju^. Ce mot, dont, nous 
avons fait chiffre^ a la signification de vide^ et par suite de zéro, 

42 



— 178 — 

Bélier; un alif \ le Taureau, un bé v^ les Gémeaux^ un 
jim ^ le Cancer, et, d'après ce système*, un yé ^ le Ver- 
seau, Ij les Poissons, etc. Pour les jours de la semaine, 
', c'est-à-dire wn, est l'indication du dimanche; w>, 
c'est-à-dire deux^ du lundi, etc. Or, lorsqu'on veut parler 
de ces choses d'une manière énigmatique, on les indi- 
que par les lettres que nous i^enons de mentionner, 
comme dans le vers suivant sur Fîroz-bakht^ C^^îi^ jjj^ 
(à heureuse fortune) : 

Vois, par réiéyation de Jupiter et de la Lune, lâ noblesse de 
son cœur. Regarde la forme des tables astronomiques et les ac- 
cessoires du calendrier^ 

Si l'on n'était pas prévenu d'avance que ce vers énig- 
matique roule sur un personnage nommé Fîroz-bakht, 
il serait tout à fait impossible d'en cotnprendre les allu- 
sions. Je peose que, pour former la première partie de 
ce mot, il faut prendre le fé de s^j^, Vyé qui repré- 
sente, ainsi qu'il a été dit plus haut, la planète de Jupi- 

comme ctpher en anglais. Le zéro des chiffres arabes est un 
point (♦), mais dans les chiffres exprimés par des lettres, il a 
une forme particulière qu'on ttonre employée, entre autres, 
dans les Tables d'Ulug-beg, publiées par M. A. Sédillot. 
. * On veut parler ici de F emploi des lettres de Talphabet avec 
une valeur numérique. Ainei ' yaot un^ c^ deuxt ^ ttoiê, ^ 
qufUrôf n ùinq^^ iiXyj upt^ ^ hÊit^ i» 110»^, ^ ita;, b {alif et 



— 179 — 

téfi et le té qui indique la Lune; puis, dans ^^\ et dans 
jl, on a le waw et le %é^ et ces lettres réunies forment 
pj>3. Le premier hémistiche fait d'ailleurs allusion 
au sens de cet adjectif, et le second au sens de C^ii^, 
fortune. 

4* On donne le nom de tarâduf au procédé qui con- 
siste à n'énoncer, de plusieurs mots qu'on emploie ordi- 
nairement pour exprimer un seul sens, qu'un seul mot, 
et à se servir, pour le reste, de mots dont la signiiication 
soit plus Yague, comme on le yoit dans le vers suivant 
s\xrBahman^ c^v^ • 

Tu peux répéter, au bord du ruisseau, Findicatiob du nota àè 
cette idole qui plaît au cœur. 

Dans ce vers,^ v^ est pour ^ wJ, « le bord de 
la rivière », mots plus précis et qui fournissent ainsi, 
par leur sens de bord du nahr^y^ , le noun qui est en effet 
auhord de ce mot*; et cette lettre, jointe à /%^, complète 
le mot ^^;v^, qui fa,it le sujet de l'énigme. 

Ce qu'on appelle ischtirâk^ c'est lorsqu'un mot qui a 
plusieurs significations* est employé, non dans le sens 
que l'esprit a naturellement en vue, mais dans un sens 
qui se rapporte au sujet de Ténigme* Ce procédé ne 

* Sur les expressions de ce genre, voyez p. 169. 

* Cô moi se nomnae ^y^i^^ c'est-à-dire le mot qnï est Tôbjêt 
de Yischliràk^ vi3|^1, ou tlssociation. 



— 180 — 

peut avoir lieu qu'avec le tarâduf, qui vient d'être expli- 
que. Le vers suivant sur le nom dTlug Beg^ O^ ^!!*, 
en offre un exemple : 

J'ai ou la lourdeur pour résultat, lorsque je suis entré dans la 
rue de ma bien-aimée^ et que je suis allé d'un pas léger à sa 
maison la supplier de tout mon cœur. 

Dans ce vers, le mot vj'^^, qui signifie pesanteur, va- 
leur, etc., est, d'après le contexte, en correspondance 
avec ^^, légèreté^; mais, par rapport à l'énigme, il 
est en correspondance avec sj^jjK ^on marché. Or, ce 
dernier mot s'applique dans ce sens à la cherté, %, qui 
est ainsi son annexe, ^^^y\ et ^, lu de gauche à 
droite, produit i)l. 

5° Le procédé par kinâyia, ou métonymie, consiste à 
indiquer une chose par une expression qui ne la repré- 
sente pas proprement. C'est une espèce de logogriphe, 
j^. Le vers suivant, par Huçaïn SchaDyî, de Nischâpur, 
sur le motcwMd, ^Li % en offre un exemple : 

« 

^ C'est le célèbre souverain de Samarcande auquel on doit les 
tables astronomiques que je viens de citer. 

* Substantif dérivé de viJL^, léger ; de la jX--», légtr de 
marche, 

^ Ce mot a plusieurs significations : 1 ° c'est le nom du père 
d'Ânouschirwân, 2° c'est le nom d'un arbuste épineux que man- 
gent les chameaux^ 3° il est adjectif^ et signifie blanc» 



— 181 — 

^ d'^^ t) ^^^ *^' o!;-5 

mon cœur, l'éloignement des choses du monde est avanta- 
geux; la joue des belles est préférable h leur résultat. 

Par les mots J^i.U ^^1 j! i^\ {jJl.U ^\ jtj), que je 
traduis par leur résultat^ il faut entendre le vent^ ^b. 

Une manière d'employer le même procédé est ce qu'on 
nomme takrâr^ j\^^ répétition. Elle consiste à expri- 
mer un sens par un mot, et un autre sens par un pro- 
nom qui se rapporte à ce mot. Cette figure a du rapport 
avec celle qu'on nomme istikhdâm^ > ! jisL-^, asservisse^ 
ment\ comme on le voit dans le vers suivant sur Abou 
Ishâq, L?'-*'^^^.^' • 



^J^ J^ ^^ J^J ft-.^ J^ ^^l-H 

Entre le cyprès et la taille de ma bien-aimée ne fais pas de 
différence ; car ces deux choses ont réuni leur tête, et au milieu 
86 trouve le cœur impatient. 

Le cyprès et la taille représentent les deux alifâe j)\ 
et de çjLsr*-'. Par l'expression^ >^, qui signifie, à la 
lettre, une trace nouvelle^ il faut entendre l'odeur, ji, mot 
qui se trouve dansât. Par le pronom (jL^J*, qui se 
rapporte à jj^ et à J.5, que le poëte appelle deux têtes 
réunies, il faut entendre les deux extrémités du mot 

* Voyez IP partie, chapitre P', section x. 
^ Dans ^»U-jl^, pour ^i-i^J ^. 



— 188 — 

^jLar*-!, c'est-à-dire ^* et ^J; et par le cœur, J^, il 
faut entendre le ^ qui est au cœur, c'est-à-dire au mi- 
lieu du mot. 

6° lie procédé nommé tashîf consiste dans le déplace- 
ment des points diacritiques d'un mot, de manière à ea 
changer la prononciation et le sens. Cette figure de 
mots ne peut avoir lieu qu'avec vingt-deux lettres de 
l'alphabet, et non avec les six autres qui sont comprises 
dans les mots mnémoniques, J^t »^*. 

On appelle poétiquement les points diacritiques perles, 
^^\ éphélides, JU.; grains^ iib ; atomes, ifjSf etc. 

Le vers suivant sur le nom de Khizr^ya^*, offre un 
exemple du tashîf: 



Àj ^y j^ y^j^ ^y j^ j^AJssi jS" S 

Ta as deux points noirs sur la feuille de la rose. S'ils décorent 
la détresse, ils donnent le nom dont il s'agit. 

Les deux points sur la feuille de la rose eontles points 
diacritiques des lettres ^ et ^ du mot ya^, qui, lu 
sans points, est^^^^a»., détresse. 

V Le procédé de comparaison a^jJ^* et de trope »jUjû-t 
consiste à mentionner un mot Josi et à y assimiler 

* Vàlif est censé être ajouté par euphonie et ne pas faire 
partie du mot. 

' Il s'agit ici de l'alphabet arabe, qui est compose de yingt-huit 
lettres. 

* Sur ce personnage, le même que le prophète Éiie, voyez 
mon « Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde ». 



— 1S3 — 

une ou plusieurs lettres qui le représentent, ce qui 
rentre en effet dans la comparaison et le trope, les- 
quels ont été expliqués dans la première partie de ce 
travail. 

De même qu'il est nécessaire que dans le trope le sujet 
de la comparaison, Mi* ^c^j, soit manifeste dans l'objet 
comparé, J jIjcî*^^ (l'objet emprunté), et l'objet auquel on 
compare, ^Jjcuu* (l'objet pour lequel on emprunte), il 
faut aussi, dans la figure dont il s'agit, que l'objet qu'on 
a en -vue, :>yAA, ait avec ce qui est mentionné; j^^^ 
une analogie évidente, ^J^, 

Parmi les lettres qui sont le plus employées dans ces 
jeux de mots énigmatiques, on distingue Valif^ qu'on 
assimile à la taille élancée des belles, au cyprès, au dra- 
peau, au palmier, etc., comme dans le vers suivant sur 
le moi Ibrahim, f^'^', Abraham : 




^Ui y ^U à^ vJUw! z\j> ^ JUS 



J'ai dit h quelqu'un égaré du chemin : Nous ne savons pas ton 
nom. Il montre sa taille et dit en riant : (^^j^ « Nous sommes 
dans le chemin ». ^ " 

Le sîn * est aussi une des lettres propres à ce genre de 
figure : on le compare à la scie, aux dents, etc. On com- 
pare le noun aux sourcils, au croissant de la lune, etc., 
le ;lm, le dâl et le lâm aux boucles de cheveux, le §âd à 

* Et aussi le schtn; les points diacritiques ne comptent pas 
dans ces jeux de mots. 



— 184 — 
l'œil, le mttn à la bouche. Le vers suivant sur seham, 

I 

^j*v^, soleil, offre un exemple de ce genre d'énigme : 

Gomme elle a indiqué, au mojen de ses lèvres, la ligne des 
dents, la forme de sa bouche s'est montrée au milieu. 

La double ligne des dents, c'est le schîn qui commence 
et le sîn qui termine le mot ^j^ ; et par la bouche, il 
faut entendre le mîm qui est au milieu. 

8" EDfln, le dernier procédé, celui du kiçâb^ v^La, 
compte, est de cinq espèces : r le compte nominal, 
^^^1 V'I— ^, qui consiste à mentionner un nom de 
nombre, pour indiquer par ce moyen la lettre de l'al- 
phabet qui le représente, comme on le voit dans le vers 
suivant sur Bilâl, Jbij * : 

Lorsque je lui dis : « Le malheur b^ qui a eu lieu s'est effec- 
tué en ton nom », elle a placé la rangée de ses dents sur ses 
lèvres de rubis. 

Par la rangée de dents, il faut entendre la lettre rfn, 
^, et par les lèvres de rubis ïyé, ^. Si on réunit ces 
deux lettres, on a si, ^, qui signifie trente, nombre 
exprimé alphabétiquement par le lâm, J. Or, enjoi- 
gnant le lâm k%j qui précède, on a Jiif. 

* Nègre célèbre, secrétaire et muezzin de Mahomet. 



-, iB9 — 

2* Le compte littéral, ^j^ v^Lo., consiste à men- 
tionner une lettre pour rappeler le nom de nombre re- 
présenté par cette lettre, comme dans ce vers sur Mûça^ 

^*-y, Moïse : 

Je lui dis : « Quel est ton nom, ô toi qui m'es cher et qui me 
donnes r existence? » mais il se troubla et poussa ses moustaches 
vers ses joues de rose. 

* 

Par les mots J^ ^'•''^t qui signifient, à la lettre, le 

pan de la robe de la rose^ il faut entendre la lettre Mm, 
qui vaut trente, nombre qui se rend alphabétiquement 
par ^. Or, si on ajoute ^^ à j^, ona ,<^, qui est le 
mot de l'énigme. 

3*» Le compte par des mots qui se rapportent à la nu- 
mération ^Lû-a^! v^Lo^. On entend par là les mots ^jj 
paire, ùji unique^ Aj entier^ {j^^ défectueux^ Jj^ excé- 
dant, et autres mots du même genre. Le vers suivantsur 
Khwâja Zaln, ^j ^'j^? offre un exemple de cette 
variété du hiçâb : 

^jyL j^ >lv' fJ ^jj^ ^jLL sj:^w> b 

Le torrent de mes larmes s'est dirigé vers le fdtte du ciel, 
jusqu'à ce que j'aie vu à la fin les sept coupoles* toutes dans le 
sang. 

* Les musulmans comptent cependant huit cieux, c'est-à-dire 
huit coupoles superposées, et sept enfers. 



— 186 ^ 

Si on prend les unités impaires du nombre 7, vjui», 
et qu'on les exprime par des lettres, on a alif{\)y jim (8), 
hé (5), et zé (7), c'est-à-dire, les quatre lettres médiales 
du mot qui fait l'objet de cette énigme. Par le mot 
>lv» /în, il faut entendre Yyé, qui termine ces lettres, 
et le mot ^j^» sang^ fournit celles qui manquent au 
commencement et à la fin. 

i"* Le compte comprenant ^jLcwx^ t «^U^ consiste à 
exprimer un nombre par un mot particulier qui le dé- 
signe. Le vers suivant sur Âhmad, J^t, en offre un 
exemple : 



f-/ 






Dieu ouvrit les portes du paradis pour son entretien avec 
Moïse, jusqu'à ce que sa noble essence dominât les éléments. 

Dieu est un ; les portes du paradis sont au nombre de 
huit; l'entretien (rendez-vous) de Moïse, qui dura qua- 
rante jours, fournit le nombre quarante; enfin, les élé- 
ments sont au nombre de quatre. Or, ces nombres, re- 
présentés par des lettres, forment o^L 

5* Enfin, le compte en chiffres, ^^Jj v-^Lcw, consiste 
à employer des jeux de mots énigmatiques relatifs aux 
chiffres arabes. Le vers suivant sur le mot ^'^i ^w- 
beau, etc., en offre un exemple : 






— 187 — 

Si tu TOUX tirer élégamment en écriture rimp6t de la lune,6t9 
an zéro do la première lettre du mot rr|/^ (impôt). 

Par là on a rr[r^> flambeau. C'est, en effet, une sorte 
d'impôt que paye la lune en donnant sa lumière. Pour 
bien comprendre ceci, il faut se souvenir que la lettre ^ 
vaut 600, et que, en retranchant un zéro, on a 60, qui 
est rendu par un ^JJ. 

CHAPITRE III. 

DES PROCÉDÉS DE PERFECTION, J^Ji JL^t. 

Il 7 en a trois, à savoir : la composition; s,^^; le 
retranchement, IpLa^', et l'inversion, s^. 

1* On entend par le premier la réunion, selon Tordre 
des lettres d'un mot, des éléments, ^ly, divers dont ce 
mot est composé, lesquels ont été fournis par d'autres 
procédés, ce qui diffère essentiellement du tansU dont 
il a été parlé plus haut. Le vers suivant sur le moty L»^, 
voyageur^ en offre un exemple : 

Puisqu'on nomme sa couronne la couronne du soleil et de la 
lune, il faut que la couronne lui conyienne. 

Le moij^\ et le mîm de »U fournissept les lettres 
qui forment le mot de Ténigme. 
2» Le retranchement, LLiL-t, consiste à rejeter une ou 



— 188 — 

plusieurs lettres^ de certains mots pour en former celui 
qui fait le sujet de l'énigme. On en distingue par là 
quelques-unes des autres, et c'est pour cela qu'on nomme 
aussi cette figure particularisation, ^jcJsr'. Le vers sui- 
vant sur le mot ^^r*' ^P^^y ®^ ^^^^^ ^^ exemple : 

Je' suis altéré et cependant le monde est plein de Teau delà 
yie; ma cruche^ sSy:^i ^^^^^^% et je suis au bord de l'Eu- 
phrate, oU^. 

Par les mots « mon ^^x^ est vide », il faut entendre 
que ce mot perd les lettres du milieu, J^et waw^ ce qui 
le réduit à ^^ ; et par le bord du o^ il faut entendre 
la première lettre de ce mot, c'est-à-dire le v^ qui, 
ajouté à ^, produit le mot ^^^. 

3*» L'inversion, w^l5, consiste à changer l'ordre des 
lettres dans les mots et l'ordre des mots eux-mêmes 
pour en former le mot de l'énigme. Le vers suivant sur 
le mot v!^'» '^^9 ^^ ^ffr® "û exemple : 

jL^U ^ Jj ^ ^^ ^,:i^ ^ Ji ^U 

jUJ ^^ ^Ljj ^^U ^y^ / J^ ^^ 

Je cherche son nom >U, et tout 'k coup mon esprit' est pris 

* On nomme ^js^^ les lettres qu'on retranche, iJ> ify^ ^® 
mot duquel on les retranche, et J^^U^, ou îerésultat^ les lettres 
qui sont conservées. 

* A la lettre, nous sommes. 

* A la lettre, « le cœur de moi ». 



— 189 — 

au dépourvu. Toutefois, si j'écoule rindication ^^ de mon es- 
prit, je trouverai la trace de son nom. 

En retranchant, en effet, ^^ de ^U, il reste alif^ qui 
est la première lettre de v^^J; et dans ^3^, qui com- 
mence le second hémistiche, on a les autres lettres de 
ce mot. 

CHAPITRE IV. 

DES PROCÉDÉS ACCESSOIRES, ^^> 

On en compte six* : l» le tahrîk et le taskîrij vlli^-* 
(j^^jj c'est-à-dire l'indication des points-voyelles et 
de leur suppression*, comme dans le vers suivant sur e 
motv^JJv», roi: 

w^ vj^ ij>y ^ *^ ^ ^jlj 



Il n'y a rien d'étonnant si, par ce vin qui est dans ton royaume, 
chacun se trouve tout k coup sens dessus dessous. 

Par le mot ^^, t;m, Tauteur entend Jw», qui a le 

* L'auteur du Hadâyic hii observer que, dans son Muntakhalhi 
hilal (abrégé du Hilal mutarraz^ dont il a été parlé plus haut), 
Scharaf-uddin n'approuve pas la mention de ces procédés, parce 
que, selon lui, ils ne sont pas au nombre des choses qui appar- 
tiennent nécessairement à l'énigme, et qu'elle peut avoir lieu 
sans eux. Il pense néanmoins que ces procédés ajoutent aux 
charmes des énigmes, et c'est pour cela qu'il les expose. 

* A la lettre, l'indication des harakdt^ ol^^a., ou points- 
voyelles, et des jazm ou sukûn^ lM.^^* 



— 190 — 

même sens et qui se trouve compris dans slil», et, par 
ce dernier mot, dont l'auteur marque la prononciation 
par un fatha^ j>j^ et un kesrayj^jy il entend ^iii^, roi. 

îo i^ taschdîdei le takhftf, ^^^:^J J^^Uj, c'est-à-dire, 
l'indication des lettres qui doivent recevoir le taschdidi 
et de celles qui, l'ayant, doivent le perdre, comme dans 
le vers suivant sur le mot ^J^, heureux : 

Lorsqu'on veut orner cette joue pareille à la lune, il est conve- 
nable d'y placer en haut des grains de musc nouveau. 

Par les grains de muse en haut de la joue; il faut en- 
tendre le taschdîd au-dessus du ré dans le mot ^j. 

30 Le maddei le casr^j^j ^, c'est-à-dire, indiquer 
que le medda doit être employé dans des mots où il ne 
se trouve pas, et vice versa^ comme dans le vers suivant 
sur le mot w^l^, étoile : 

Ses boucles de cheveux, ^j, ont été le but évident de 
t énigme. Ëtlea montré devant nous ses boucles comme un but. 

Les boucles de cheveux sont souvent comparées aii 
jîm, ainsi qu'on l'a vu plus haut, et c'est à quoi l'auteui* 
fait allusion. Or, le;to vaut « trois» selon la valeur nu- 
mérique des lettres arabes, et ce nombre est exprimé en 
persan par à^. Mais nous avons vu que souvent les 
points diacritiques ne comptent pas } au0Bi ^ esi-tt pôdi* 



^, roi. Le mot L> sigfiiûe eau en arabe, et c'est dans ce 
sens qu'il faut le prendre ici pour l'énigme et le rendre 
par son synonyme persan, v^l, auquel s'appliquent les 
mots ^j^ \j ^j^j ^y^i que j'ai traduits par elle a 
montré ses bondes de cheveux comme un but^ ce qui si- 
gnifie, dans le sens de l'énigme, a eu pour but (a attaqué) 
lemeddaj qui ressemble en quelque chose à des boucles 
de ebeyeux, c'est-à-^dire, a montré {ce mot) dépourvu du 
média. 

4» LHzhâr eiVisrâr^j\^\^jL{^\ à la lettre : la mani- 
festation et l'occultation. C'est lorsqu'il faut prononcer, 
pour le mot de l'énigme, une lettre qui ne se prononce 
pas ordinairement \ comme dans le rubâî suivant sur 
Mahdî, ^XifA : 

^^J^ J-^ f^j à^ ^^^^^ ^S*^ c/H 
o^^j i j i i j\j J^ Jtj--l 

^^j — ▼ j^ p-^''^ *-t^' lAt^ crJi 



Devant cette idole pour laquelle mon cœur a été ensanglanté 
de chagrin, j'ai fait hier connaître toute la situation de mon 
cœur affligé et nourri de tristesse» et rien ne me reste à dire 
de plus, quand même je pourrais lui parler derrière le rideau du 
harem. 

Les matériaux du mot ^^ se trouvent dans a^ et 

^ Par exemple le hé final dans JU ei à)U, et vice versa. Sur 
ce U, nommé mukhtafii ou caché^ yojeitmon édition de la Qfan- 
loaire persane de Jones^ p. 6. 



— 192 — 

^^, en retranchant le premier hé de m>» et en pronon- 
çant le second. 

5** Le marûfei le majhûl^ ôj"^^ y^jj^^ ^ 1^ 1^^^^*^ • 
le connu et Vinconnu, Ces mots s'appliquent au waw et au 
yé de prolongation. On leur donne le premier nom, 
lorsqu'ils se prononcent û et t, et le second, lorsqu'ils 
se prononcent o et ^*. Le procédé dont il s'agit ici con- 
siste à changer cette prononciation pour avoir le mot de 
l'énigme, comme on le voit dans le vers suivant sur le 
mot »y (nûr) lumière: 

Quand un cœur sera désolé, il cherchera sa consolation dans 
le vin de tes lèvres de rubis, et il sera enivré avant d'avoir bu 
jusqu'à la lie cetle boisson délétère. 

Les deux premières lettres de ^^î, prononcées nû au 
lieu de wo, et le ré de^^bj forment le mot de l'énigme. 

6° Le tarîb et le tajîm At5?^j v^i/^*- ^^ entend par là 
prononcer à la manière persane les quatre lettres arabes 
^ ^ j et vlJ * ou vice versa^^ comme dans le vers suivant 
sur^^-jAo : 



mon fils, tout ce que tu peux désirer est en toi ; tu es l'asile 
du soleil et des étoiles. 

* Voyez aussi, au sujet de cette prononciation classicpie con- 
servée dans l'Inde, l'ouvrage que je viens de citer, p. 7. 

* C'est-à-dire héy jim^ zé et kâf^ ou pé^ cW, je et gâf* 



— 193 — 

Si on prend du mot^ le stn, qi}i représente le soleil, 
et qu'on le change en -i^, on a^^ avec le pé persan ; 
puis, si on substitue au pé persan le hé arabe^ on a^^ , 
qui est le mot de l'énigme. 

CHAPITRE V. 

DU LUGZ,^*. 

On entend par là l'indication d'une chose par la men- 
tion de ses propriétés et de ses qualités, mais d'une fa- 
çon énigmatique, La différence* entre l'énigme,^, et 
le logogriphe, LI*^ ^, c'est que le sujet du logogriphe ce 
sont les lettres et les mots, tandis que celui du lugz 
c'est l'essence même des choses ^. Les vers suivants du 
célèbre Amlr Khusrau offrent quelques exemples de 
ces énigmes persanes : 

l'» Sur le gâteau indien nommé jt?apar,Jj' 



V 



' Jos. de Hammer .traduit ce mot par « charade ». (Journal 
ÂiMLiiquey septembre 1 849, p. 249) ; mais il indique simplement, 
il me semble, une sorte d'énigme. 

' On confond souvent le l^ et le^ (Introduction de « l'His- 
toire delà littérature hindouie et hindoustanie », seconde édition, 
p. 32, 33, t. P'); mais on voit, par les explications qu'on donne 
ici, qu'il y a entre ces deux mots une différence réelle. 

* On le nomme aussi ^buu^, ainsi qu'on le voit dans le 
vers de Khusrau cité à la page ci-après. 

* Quelquefois un môme mot peut être envisagé sous deux 
points de vue, et être ainsi, h la fois, l'objet d'un logogriphe et 
d'ane énigme. 

43 



— 194 = 

J^^ »L. ^ ^jiXi. ^J\JS»j vîXij ^ ^jSHj 

Sa couleur est celle du safran, sa forme celle de la lune des 
cieux ; sache, ma belle, qu'il a, h la fois, pied (pâ) et plume {par)^ 
et devine ce logogriphe, 

2* Sur le mot dtraw, >j^, pièce d'argent : 

cjk^ UMjj; ^>j ^^ v^j ^-^ ^^ 



Sans tête (c'est-a-dire san9 la première lettre], il exprime une 
qualité de la gazelle^; sans cœur (sans la lettre du milieu), il si- 
gnifie la v%e*\ sans pied (c'est-à-dire sans la dernière lettre), il con- 
vient k la maison {j^* porte) ^ et il est même Téclat du monde 
{J:>, perle). 

3* Sur le mot^l, nuage: 

Il boU Teau de la mer; il donne l'abondaDoe aux hommes. 
4° Sur le mot f|^, lampe; 



^»tj — > >-M»^ ^3 i-£=> .^iL> ..1^3 



^ >j signifie, en effet, la course légère de la gazelle. 
* ^^, souffle, respiration, et par suite, vie. 



— 108 — 

J'ai TU, le toir, une admirable apparence, telle que, si {e la 
mentionne, personne ne voudra me croire. C'e0t un arbre dont la 
tèle est un bassin plein d'eau (huile)» où se trouve un lerpent (la 
mèche) qui n'a ni tête ni queue, 

K» Sur le mot ^^^ boule : 



^Ij — i î)— ^^ ^jj ^ — • ^j 



Quelle est cette chose qui n'a ni tête ni pied? Elle chemine et 
elle n'est pas composée de parties. 



n^ PARTIE. 

DES PLAGIATS, sJL>li^. 

Il y a deux espèces de plagiat, îij^ysaricat^ : Tappa* 
rent,y>!i>, et rocculte,^LJs»^, et ils se subdivisent en 
plusieurs variétés. 

CHAPITRE I". 

DO PLAGIAT APPARENT. 

La première variété de ce plagiat consiste à employer 
textuellement, dans un poëme, des vers d'autrui, sans 
aucun changement ni dans le sens, ni dans Texpreftsion, 
et c'est ce qu'on nomme naskhy ^*J, œpier^ et intihàU 

* Ceei est le singulier du mot qu'on Ut en tète de cette partie. 



— 196 — 

JLsSJi, 8' attribuer {les vers d* autrui). Or, ce plagiat est 
tout à fait réprouvé par lesrhétoriciens orientaux. L'au- 
teur du Hadâyic cite, à ce sujet, nombre de vers qu'on 
trouve à la fois dans plusieurs dlwans contemporains, 
sans qu'on puisse savoir au juste quel poète en est le vé- 
ritable auteur. Le plagiat est quelquefois involontaire, 
car deux personnes peuvent avoir la même idée et l'ex- 
primer de même. Ce plagiat accidentel se nomme tawâ- 
rudy ^j^y% et non saricat^ iS^. 

La seconde variété du plagiat apparent consiste à 
prendre le sens entièrement, et à employer les mots 
en tout ou en partie, mais en changeant leur ordre; 
Exemples : 

La courbare de ton sourcil arqué a courbé (mis en deux) mou 
dos; elle m'a montré au doigt dans la yille comme la nouvelle 
lune. 

Ce vers, qui est de Jâmî, a été ainsi reproduit par 
Haztn : 

Le poids du cbagrin occasionné par l'amour que tu m'in- 
spires a courbé mon dos; il m'a montré au doigt dans la villo 
comme la nouvelle lune. 

La troisième espèce de plagiat apparent consiste à 
prendre le sens et les mots, en tout ou en partie, mais à 



— 197 — 

les disposer différemment C'est ce qu'on nomme igâra^ 
ïjU', attaguBj et maskh^ ^-»^? métamorphose. Ce plagiat 
est acceptable, si le nouveau vers vaut mieux que Tan- 
cien. En voici un exemple : 

Quiconque craint les hommes ne réussit pas dans ses desseins, 
tandis que le braye qui affronte la mort jouit des avantages qu'il 
désire. 



Ce vers arabe de Baschschâr a été ainsi imité par 
Salm : 

Celui qui craint les hommes meurt dans le souci, et l'audacieux 
parvient h la jouissance des choses qu'il ambitionne. 

Le sens de ces deux vers est le même ; toutefois le se- 
cond est préférable, à cause qu'il est plus concis d'ex- 
pression. 

Lorsque le vers qui est écrit à l'imitation d'un autre 
n'est ni meilleur ni plus mauvais que le premier, l'avan- 
tage est à celui-ci, et on désapprouve tout à fait le der- 
nier lorsqu'il lui est inférieur. 

La quatrième espèce de plagiat apparent consiste à 
emprunter les idées, mais à les revêtir d'expressions 
nouvelles. Dans ce cas, aussi, le plagiat est louable, si le 
vers qui est fait à l'imitation d'un autre est plus élo- 



— 1M - 

quent que le veri original. S'il lui eftt égal, le premier 
doit lui être préféré, et on ne le tolère pas d'il lui est in- 
férieur Voici un exemple de cette espèce de plagiat. 

En 330 de Thégire, Abu Schakûr composa un mas- 
nawl sur le mètre mutacârib*, d'où sont tirés les vers 
suivants : 




Que la vie ne te produise pas pour fruit un ennemi ; car l'en- 
nemi est un arbre amer de sa nature. Or, tu as beau arroser 
avec des choses grasses et douces un arbre naturellement amer, 
Tarbre n'en portera pas molrts déS fruits âmers, Ot tu n'en goâ^ 
teras pas de doux. 

L'auteur du Livre des Rois, Pirdauo!, qui a éerit poê- 
térieurement à ce poète, a dit à son tour : 



Jî^-**i 



^ A 

w'J A^j ^ji^ cr.-^' ^ V 
* Caftpdié iol A% troU ^^J^è •( d'un Jyw d« J«l. 



— ii9 — 



^jj' 



j ' ^ ■ : >-»^ fi-^'b 



Un arbre amer est amer de sa nature, quand même tu le pla- 
cerais dans le paradis; quand même, en temps opportun, tu arro- 
leraii ses racines «?eo Teau du fleure de réternitë et avec dn 
miel pur. Sa nature prendrait le dessus^ et il produirait eneore 
du fruit amer. 

Il est évident, pour les gens de goût, que, bien qu'on 
puisse considérer les vers de Firdauci comme une sorte 
de reproduction des premiers, ils leur sont bien préfé- 
rables pour le charme de la diction. 

CHAPITRE IL 

Dû PlAGÎAT OCGULTÈ. 

La première variété de cette seconde espèce de plagiat 
consiste à reproduire le sens d'un passage connu en ca- 
chant cette ressemblance. Ainsi Jarir * a dit : 

Que leurs barbes ne t'empêchent pas d'exéoatèr toil dessein, 
car ceà tëies k turban sontpâCèilles h celles h coiffe '. 

* Célèbre poëte arabe sur lequel on peut consulter Ibn-Khalli- 
cans Biographical Dict, translated by fiaron M. 6. de Slane, 
1. 1, p. 294. 

* C'est^'à-dife ils Sont lembtablës à des femmes qui porlent la 
coiffure nommée iLv^ ou if^^» 



— 200 — 

Mutanabbl a dit ensuite de son côté : 

Celui d'entre eux qui a une pique en main est pareil à celle 
qui a les mains teintes de hinna. 

La seconde espèce de plagiat occulte consiste à donner 
au vers qui a été fait à Timitation d'un autre im sens 
plus général qu'au premier. Ainsi Saadt a dit : 

vl^) jSJ:> j^^^ ^^ aSjI j» \y 
jb Jb, \j j^ ^;^ jjlv J^ »^ 

Il faut absolument que tu ailles en une autre ville, car un 
cœur ne peut rester dans cette ville sans que tu l'enlèves. 

Âmtr Khusrau a dit, après lui, d'une manière plus 
générale : 

J^ j^-5 b l5^ ^ ^^j ^ P 

11 n'y a plus personne que tu puisses tuer par i'épée de ta gen- 
tillesse ; à moins que tu ne vivifies les gens et que tu les fasses 
périr de nouveau. 

La troisième variété du plagiat occulte consiste à 
transporter le sens d'une chose à une autre, c'est-à-dire 
à faire une application différente de la même idée. En 
voici un exemple. Saadt a dit : 



— 201 — 

Je ne puis me plaindre du chagrin que le cœur de pierre de 
mon amie me fait éprouyer ; car j'ai brisé moi-môme le yerre de 
mon cœur sur l'enclume du sien. 

Mulla Wahscht a dit, à son tour, en substituant le 
froncement du sourcil au cœur de pierre : 



jf iJ JàJ^\ ^j:L j^ Z^ ^yà. ^ 

C'est moi-même qui ai embrouillé mon affaire et non toi, car 
auparavant ton sourcil n'était pas froncé contre moi. 

La quatrième yariété du plagiat occulte consiste à ex- 
primer, dans un yers, un sens opposé à celui d'un vers 
connu. En voici un exemple. Ahli de Schirâz a dit : 

^j' c)-rH^ r- r? ^ ^ ^* cj"^' 



toi qui as fait faire quelques pas par erreur h la chamelle de 
Laila! Plût au ciel que ce malheur arrivât pour Majnûn! 

Scbifài a dit, à son tour, au contraire : 

Laîla ne va pas trouyer Majnûn» même par erreur; cet amant 
n'a pas, dit-on, cette bonne fortune. 



— 102 — 

La cinquième yariété consiste à prendre quelque chose 
de ridée d'un autre, mais à y ajouter de manière à Tem- 
bellir. En voici un exemple. Amtr Muazzt à dit : 

i T 



8a coupe de vin est l*Orietit et son gosier i'Occideiit ; lontfU'elle 
vient de l'Orienta TOccidenti elle amène toute sorte de maux. 

Kbàcànt a dit, de son côté, eu développant cette idée 
d'une manière heureuse : 

Le vin, c'est le soleil qui lanoe ses rayons dorés; la coupe de 
cristali c'est le ciel ; la main de l'échansonf c'est l'Orient ; et l'Oc- 
cident, c'est la lèvre de l'amie. 



CHAPITRE III. 

DE L'IGTIËAS et du TAZMIN, ^j:^ ^ ij^^^' 

Ou donne le premier nom, qui signifie emprunt^ à la 
figure qui consiste à insérer dans un texte un passage 
du Coran ou d*Un hadU, de telle façon qu'ils paraissent 
faire partie de l'ensemble du discours. Le vers suivant 
de Sâhib ben-Abbâd en offre un exemple : 

SjIÛIj c:Jl ^eJ^ <^^j ^^ "^^ 



- t08 — 

Mon bleti-aimé m'a dit : a Celui qui m'épie a un mauvais ca- 
ractère I ainsi) flatte-le, » Je lui ai répondu : « Laiiie-moi| ton 
Tisage eet le paradis, qui est môle aux choses détestables* » 

Les derniers mots du second hémistiche du vers pré- 
cédent sont la première partie du hadîs ainsi conçu : 
oljv^3b jUJI vj^iiv, Kj^b i3cJ' s::^ « Le ciel est 
mêlé aux choses détestables et l'enfer aux choses agréa- 
bles*. » 

On réserve le nom de tazmîrit qui signifie insertion^ 
aux vers et aux hémistiches d* autrui que les poètes in- 
tercalent quelquefois dans leurs propres compositions. 
Dans ce cas, si les passages qu'on cite ne sont pas bien 
connus, on doit nommer l'écrivain à qui ils sont dus, 
pour être à l'abri de l'accusation de plagiat En voici un 
exemple : 

^j^ J^-^ ' V-* 0-^ d^ ^ {jJ-k^ ^ c^ 

cl?* ^^j '-^^' J^j^ cJ^ ^ ij-^ *^ -^ 

Dirai-je, 6 Sauda ! ce que je suis d'après rexpression de Dard? 
Je suis ce que je suis ; en un mot, je suis malheureux. 

Le premier hémistiche est de Saudâ, et le second est 
de Dard. 



* C'est-à-dire, le ciel est la récompense de ceux qui ont com- 
battu les inclinations de la nature corrompue, et qui ont fait ainsi 
des choses qu'elle déteste ; et l'enfer est le partage de ceux qui ont 
suivi ces inclinations perverses, mais qui sont douces à l'homme 
déchu. 



— 204 — 

On donne aussi le nom de tazmîn à certaines pièces de 
poésie qui sont le développement d'autres poèmes con- 
nusS Ces pièces sont généralement en strophes, dont 
chacune commence par le vers ou par l'hémistiche qui 
lui sert de thème. 

^ Voyez rintroduction de la seconde édition de mon « Histoire 
de la littérature hindouie et hindoustanie », t. P', p. 37. 



PROSODIE 



DES 



LANGUES DE L'ORIENT MUSULMAN 



SPÉCIALEMENT DE l' ARABE, DU PERSAN, 
DU TURC ET DE L'fflNDOUSTANI 



CHAPITRE PREMIER. 

DES MÈTRES RÉGULIERS, DES PIEDS QUI LES COMPOSENT 

ET DE LEUR CLASSIFICATION. 

On nomme en arabe, et dans les autres langues de 
rOrient musulman, la poésie, ou plutôt le discours me- 
suré et rimé, schir jxt»^ et la versification, arûz* J^Jif* 
Ce fut Khalîl ben Ahmad* qui le premier rédigea, 
d'après les anciens vers arabes, les règles de la métrique 
qui a été adoptée par toutes les nations musulmanes ; 
et ce fut lui qui établit les seize mètres originaux nom* 
mes baharysri * au singulier, buhûr ^^ au pluriel. Ces 
mètres ont des paradigmes propres à les faire retenir 

^ Telle esl la prononciation usitée en persan, en turc et en 
hindoustani ; mais^ en arabe, on prononce ûrûd, le ^ se pro- 
nonçant d, 

^ Ce rhétoricien vivait Ters la fin du n* siècle de Thégire, 
c'est-à-dire au commencement du ix^ siècle de J.-C. 

* Ce mot, qui est arabe, signifie proprement mer^ océan. 



— Î06 — 

dans la mémoiro, et qui sont composés d'un certain 
nombre de mots représentant exactement les pieds 
dont ils sont formés et qu'on nomme rukn fj^=>jy plur. 
arkân j'^'*; ctël J-^', plur. uçûl Jj^'*; juz »)aw, plur. 
ajia \y^\^i enfin tafUa ^, plur. tafûîl Ja&Ui* et afâU 

On compte dix pieds originaux et réguliers i deux de 
cinq lettres et huit de sept, lesquels sont représentés par 
les dix mots suivants, qui leur servent, en même temps, 
de dénomination technique, ce qu'on appelle zâbita 
J^Lo, plur. zawâUt lajt^^y à savoir : 

1. ^y^ fmlûn^t le bacchique des pieds latins. Exemples : 
A. >Uâ> nlzàmûn^y afrangoment, p. ^^yj> nàmiMi^y 
paraître. 

^ Céit*à*dire fiUef. Ce mot, ainsi que plusieurs des expres- 
sions techniques qui Buiveut^ a trait \ la dénomination de w^, 
Imte et par suite maiAon^ qu'on donne au vers eu arabe. 

* Fondement. 

* Portion, partie. 

* C'est-à-dire dérivés delà racine arabe /aaljjti, parce qu'en 
effet ces mots appartiennent à cette racine, aussi bien que tous 
les paradigmes des noms et des verbes en arabe, 

^ C'est-à-dire règle, etc, 

* Dans ma transcription, j*ai adopté les longues et les brèyes 
des pieds latins ; mais je dois avertir que, pour discerner les syl- 
labes longues des syllabes brèves, il faut avoir égard à la pronon- 
ciation et non k récriture. On trouvera plus loin des détails à ce 
sujet. 

^ Les nunnations arabes sont longues. Lorsqu'on veut indiquer 
régulièrement la scansion, on les écrit en toutes lettres. Ainsi 

^iLlài (pour lUbi), ^LJaJ (pour /.Uài), ele. 



— 207 — 

2. ^li fàilufif l'amphimacre. Exemples : a. pLô àlimûn, 

savant ; p. ^SkJ làsehkàrë, une armée 

3. ^^^Lap mafaïlûny l'épitrite premier. Exemples : a. ^li^* 

màfàtlhûy des clefs; p. Lcj JS' ^âiî* ràn5, rose fraîche. 

4. ^'iifcli fàïlàtûn^ l'épitrite second. Exemples : a. jLa. JI 

àlrîjàlû, les hommes; p. ^L^i isfdMnl^ d'Ispahan. 

5. ^^y*a:î*4w» mûsfà/ï/wn, l'épitrite troisième. Ex.: a. ijc:S=>t 

ûktûbnàhùf écrivez-lui (femmes); p. y j^jlS gûlzàrî* 
ter, Jardin frais, 

6« i^ddU* tnafâïlàtûnf Tiambe et Tanapeste réunis, Exem- 
ples : A« >ip>£ U3 lànàgànàmûnf h nous (est) ua troupeau ; 
p. v^^ v^^f pàn bàdànêf un corps de fée. 

7. ^^U:> mûtâfâïlmy anapeste et ïambe. Ex. a.: IjuSUfiUmû- 
tàkhâschschàànj étant humilié ; p. /^»v^ er^**' sûçànl 
chàmàny le lis du jardin. 

^ Ici ce mot est censé ôtre écrit jtisjiLi», parce que, en effet, 
en poésie, les voyelles brèves finales peuvent être rendues longues 
k volonté; c'est ce qu'on nomme ^Ij^\ êçituratian. Il en est 
de même^ plus loin, pour les mots JL^^jt <v*«Vf-''^l» (Voyez la 
Grammaire arabe de Sacy, t. II, p. 497.) 

* Vi que j'ai ajouté dans la transcription et qui n'est pas dans 
le texte, est la marque de Vizâfat ou annexion, qui a lieu entre 
deux substantifs et entre un substantif et son adjectif. On la re- 
présente, en persan, en hindoustaui et en turc, par un kesra 
(qu'on n'écrit pas ordinairement). Ce kesra, quoique bref de sa 
nature, peut devenir long en poésie; c'est ainsi qu'il est employé 
dans cet exemple. 

' Ici Vi de Tizafat est bref. 



— 208 — 

8. xzJ^y^ màfûlàtû^ l'épitrile quatrième. Ex.: a. ^LiLy^ 

ùemânànî, deux Osmans; v, jS^[& àlàntguir-ï^ . 

9. ^' bJ &li fàî'là-tûn, 

10. /v^ ^* [j^ mûS'tàfïr'Bn^. 

Or ces pieds se composent de trois éléments qu'on 
nomme sabab «.-^■^, c'est-à-dire corde; watad Sjj^ c'est- 
à-dire clou de bois; fâcila JLoli, c'est-à-dire division; et 
chacun de ces trois éléments est de deux espèces. 

Le sabab est ou khafîf ^3^, léger^ ou saquîl J^, 
lourd. Par le sabab khafîf^ on entend deux lettres dont la 
première est mue, c'est-à-dire affectée d'une » voyelle 
brève, et dont la dernière est quiescente, c'est-à*dire dé- 
pourvue de voyelles ; comme dans ^ mm (de ^^^Ixax.^), 
U fà (de j^Li), etc. Par le second, on entend aussi un 
groupe de deux lettres, mais dont la seconde est mue 

ainsi que la première, comme dans c^ mûtà (de 

Le watad est ou majmû ^y^t conjoint^ ou mafrûc 
^j)^, disjoint. Par le premier, on entend un groupe 
de trois lettres dont la première et la seconde sont mues 
l'une et l'autre, et dont la dernière est quiescente, 
comme dans ^ ïlûn (de ^li). Par le second, on dé- 

^ Ici, à cause de la mesure, un % bref est censé affecter le ré 
qui termine le mot « Alamguîr » . 

* Ces deux pieds ne sont en réalité que le 4 ^J^'^li et le 5 
^ l » i :u*>p ; aussi de Sacy les rejette-t-il du nombre des pieds pri- 
mitifs. Toutefois, je les ai conservés par des raisons qui seront 
exposées plus loin. 



~ 209 — 

signe un groupe pareil, si ce n'est que la lettre du mi- 
lieu est quiescente et la dernière mue, comme dans C-^^ 
lâtû (de O^j^), ^* tâfî{de Ji çsô ^j^), 

La fâcila est ou sugrâ ^y^^ petite^ ou kubrâ ^j^j 
grande^ Par la première, on entend le groupe de quatre 
lettres, les trois premières mues et la quatrième quies- 
cente, corâaae Ux/»* mûtàfà (de ^li:>), ^jù& ïlàtm (de 
,^^Lâ»). On désigne, par la seconde, le groupe de cinq 
lettres dont les quatre premières sont mues et dont la 
dernière est quiescente, comme dans ^^^i*::^ mûtàîlûn^^ 
pied secondaire dérivé de ^^^1*ajuu/». 

Voici le tableau de ces éléments : 



1 . ^j tàn, sabab khaftf. 

2. ^^3f tànày sabab saquîL 

3. ^j^ tànàriy watad majmû, 

4. ^Lî tânï^ watad mafrûc. 

5. ^j>j3 tànànàrii fâcila sugrâ. 

6. f^y^ tànànànân, fâcila kubrâ. 



"La phrase mnémologique suivante contient ces six 
éléments de la versification arabe : 

* En réalité, cet élément des pieds est composé du sabab sa- 

quîl sJU^ muta et du sabab khafîf li fâ. 

* En réalité, cet autre élément de versification se compose de 

la réunion du sabab saquîl wv» muta et du watad majmû ^^ 
îlûn. 



— 210 — 

6 5 4 3 2 1 

Je ne vois pas un poisson sur le dos d'une montagne. 

Si Tûu examine les pieds primiti& dont il a été pada, 
et tes pieds secoadaires dont il sera question plus loin, 
on Terra qu'ils se composent des éléments que nous ve- 
nons de faire connaître* 

Occupons-nous actuellement des mètres j^ pri- 
mitifs et originaux, qui sont formés de la combinaison 
diverse des pieds dont on a plus haut la liste* Yoici, 
à leur sujet, un quita^ mnémonique de l'auteur du 
Hadâyic : 




J-Ks 



• 




'J>}y^- 


'j- 


» y^ î ï.>)JL-w 


^j-i 


u^l 


*• % ^ M 


j Ji>^ 



cj'^ t>^ (j-i J-j ^-^' j-*lî j-^^ 

^jL_^ U ^ -^ Jj\ .x^ y^j 

* C'est comme s'il y avait J^ jàM^^ atn« que je Taî dit 
plus haut. Par conséquent, ce mot est identique à J^ Uàtûn, 

* Pour ^v^^,M . sàmàkàtàny qui correspond à ^j^ fàî- 
làtûn. 

* Proprement morceau^ sorte de petit poème. (Voyez Tintro- 
dttction de la seconde édition de mon fli9toire de la littérature 
hindouie et hindoustanie, t. P% p. 35.) 



— 211 — 

J\ Oj^^-P ^ï^ j^^ A.t . lii ^>^ 



Les mètres auxquels sont restreints les vers, selon les rhétori- 
ciens, sont au nombre de seize, à sayoir : le tawil^ le madîà^ le 
biuAtj le kâmil; puis le wàf,r^ le raml^ le ^ct^ra;, le rajaz^ le 
munsan'À, le muzâri, le sarf , le khafîfy le mujtas. Après le muc- 
tozaôy il J ^ le mutacdrib^ dont on connaîtra la forme par ce 
quita^f et enfin le muiadârilCf qui en est dérivé *, et qui est évi- 
demment Finyerse du nvatatânb. 

D'entre ces mètres, il y en a sept qui se forment d'un 
même pied, à savoir : le hazajy le rajaz^ le raml^ le kâmil, 
le wâfir, le mutacârib et le mutadârik. Les neuf autres 
mètres se forment de deux pieds différents. Vcdoi le ta- 
bleau de ces mètres : 

1. Tawil J^^, fàûlûn ^yii màfâïlûnf ^jL^Ula^ fàûlûn, 
mâfSxlm. 

* L'auteur de ose vers a aBÔB le mètre d!ihfprQximation^ 
^^liu, au lieu de le mètre approximatif, v^Ux;», à cause de la 
mesure* 

' Ces yers sont en efdet du mètre mutacârib régulier dont il 
sera question plus loin. Chaque hémistiche se compose du pied 
j^)^ répété quatre fois. 

• A la lettre « celui qui en est dérivé par forme successive ». 
Cette expression trouvera plus loin son explication à l'article des 
cercles. 



— 212 — 

2. Madid <3j j^, fâîlàtm ^*^li, fâîlûn ^^!j, fâîlâtûn, 

fàîlm. 

3. Bacit i^, mûstàfUûn ^JUâx«m^, fàîlûn^ mûstâfïlûn^ 

fàîlûn. 

4. Kamil S^^i mûtàfuîlûn ^UtijL», mûtàfâUm^ mûtàfàï- 

/ûn, mûtàfàîlûn. 

5. WAFiRjilj, màfâîlàtûn ^^idcLi», màfàîlàtm^ tnàfàîlà' 

tûn^ màfâîlàtûn. 

6. Hazaj ^ u», màfmlûn^ màfWilm^ màfâUûn^ màfàîlûn. 

7. Rajaz^j, mûstàfïlûn^ mûstâfïlûn^ mûstàfilm^ mûstà- 

film. 

8. Raml J.^j, fâîlàtûn^ fàîlâtûny fàîlàtûn^ fàîlâtvn. 

9. Sari /^j^f mûsiàfîVân^ mûstâfîlûn^ màfûlâtû C->biL«Âp. 

10. Munsarih ^j*»^y mmtàfïlûn^ màfûlâtû^ mmtàfïlûn^ 

mâfiilàtû. 

11. Khafif ,,^^^> fàîlàtm, mûs-lâfi-lûn ^ ^ j^, fàl- 

làtûn. 

1 2. MuzARi & j L43>» , màfwilûn, fâî-lâ-twn ^ ^ & li , màfmlûn . 

/ai /à ^ûn. 

13. MucTAZAB v.j,^wi2x£», mâfûlâtû^ mûstàfîlûn^ màfûlâtû, 

mûstâfîlûn. 

14. MujTAs v.i^A23r^, mûstâfîlûn^ fâîlâtûn, mûstâfîlûn^ fâl- 

lâtûn, 

15. MuTACARiB v^La:>, fàûlûn ^yi^ fàûlûn^ fàûlûn, fàû- 

lûn. 

16. MuTADARiK v^j^jju», fâîlûn^ fâîlûn^ fâîlûn, fàîlûn. 

Voici quelques observations au sujet de ce tableau. 

I"" Les pieds qui le composent ne forment qu'un hé- 
mistiche, et il faut, par conséquent, les répéter pour 
avoir le vers entier. 



— 213 — 

2'* Les cinq premiers mètres sont particuliers aux 
Arabes; les autres sont communs à tous les peuples 
musulmans. 

3° Outre les seize mètres inventés par Khaltl et expo- 
sés dans tous les traités originaux sur la métrique arabe, 
les Persans en ont inventé trois autres*, dont voici le 
tableau : 

1. Jadid ^^yX:^, fàîlàtûriy fàîlàtm^ rmstàfîlûn. 

2. Carib w^.^, màfàllûn, màfâilûn^ fàîlàtûn. 

3. MuscHAKiL JS'Li^v», fàîlàtûn, mafàllûn^ màfâllûn. 

D'après les tableaux qui précèdent, on voit que le 
vers ou baït ^S^ se compose de huit ou de six pieds 
^J^J^^ Dans le premier cas, on le nomme muçamman 
fj^^ c'est-à-dire à huit pieds; et dans le second, mu- 
çaddas ^iw, à six pieds. Il y a aussi en arabe des vers 
de quatre pieds seulement, nommés murabba >uy, à 
quatre pieds; il y en a même à trois, à deux, et jusqu'à 
un pied, lesquels prennent les noms de muçallas ^^^Jbt^», 
à trois pieds; muçanna J^^ à deux pieds; muwahhad 
^y, à un pied. 

Il n'y a que les vers de huit, de six et de quatre pieds 
qui se divisent en deux hémistiches ou misrâ ç^^j^^^t 
c'est-à-dire entrée du vers, ou plutôt de la tente^ '-^n»' 
Le premier pied du premier hémistiche se nomme sadr 

^ Outre les noms sous lesquels ils sont indiques ici, ils en ont 
d'autres qu'on fera connaître plus loin, 
* Qu'on écrit souvent, par abréviation, o. 



— 2U — 

jj^, e'est-àHlire partie du devant^ et it dernier arûz 
j^jj^^ c'est-à-dire partie du mUieu; le pvemier pied du 
second hémistiche se nomme ibtidâ »\x^^y conuttence- 
ment; et le dernier ajuz ys^^ c'est-à-dire partfe;?05É^ 
rieure^ ou zarb v^r^f fixation^ par allusion au nom de 
tente donné au vers; enQn, les pieds intermédiaires, 
quand il y en a, se nomment haschoyL^^ ou remplissage. 
Le vers à trois pieds est évidemment un hémistiche. 
Quelques rhétorieieiM le considèrent comme un pranier 
hémistiche, et ils en nomment en conséquence le pre- 
mier pied sadr^ et le dernier ariiz; d'autre» le considè- 
rent comme un deuxième hémistiche et appliquent à 
ses parties les dénominations conformes à cette idée. La 
même chose a lieu pour le vers à deux pieds, si ce n*egt 
qu'il n'y a pas de hascho. 

Les mètres sarî et khafîf ont originairement six pieds 
seulement et non huit; mais qaant aux mètres qui sont 
réduits à six pieds, quoique originairement Us en aient 
huit, on les nomme mujarrad ^J^ac-», ou dépouillés (d'ime 
partie de leurs pieds primitifs). 

On nomme sâlimJL*^ c'est-à-dire sain, le wrs dont 
les pieds ne subissent aucun changemeirt, et mwsàkif 
^^^y^ c'est-à-dire* c/ocAawf, celui dont les pieds ne 
subissent aucune modification. Il y a un grand nombre 
de ces derniers, mais l'étudiant ne doit pas s'en effrayer, 
car ces mètres dérivent des mètres originaux, de même 
que les pieds secondaires qui les composent dérivent des 
pieds primitifs. 

Ainsi le pied ^J^^ màfmlïm, qui est composé d'nn 
watadmajmû (pieu conjoint), Li» devant deui. sabab kha- 



— 215 — 

fif (cordes l^res), ^^ et ^, devient ^ Uâju*.^ mû$tà' 
fSm, si ou place au contraire les deux sabab khafîf 
^^ ayant le watai mayaivà U» ; et si on met le watai 
majmû Uu entre les deux sahab khafîf ^ et ^, on a le 
pied ^^Li fàUàlSuL Le pied ^UjU mutàfâUûn^ qui est 
composé d'un fâcilasugrâ (petite cloison), Ux^ devant un 
watad majmû ^JL^ devient, si on renverse ces deux élé- 
ments, ^^^xUUL» màfaîlàtm. Le pied ^yi fàMlûn, qui se 
compose d'un watad majmû jfà, devant un sabab khafif 
^, devient ^^ii fâlVm^ si vous en renversez les élé* 
ments« 

D'après ces données, si dans le mètre tawil, qui se 
compose des pieds ^J^^ ^y^ fàûUmmàfâilûn répétés, 
on prend le watad majmû yi du commencement du 
groupe, et qu'on le mette à la fin, on a^ (J^ ^^ k:^ 
lûn mâfà l Im fàù, ce qui équivaut à ^J^li i^^l-* /2^- 
H&isL, fâUûnj pieds qui composent le mètre madîd. Si on 
Gommenee par ^^^ î/im, du pied ^J^^ màfâUûn^ en 
rejetant le watad majmû U» ma/a, et le plaçant à la fin 
du groupe, on a Ua ^y^ ^J^ llûn^ fàûlûn^ mâfà^ ce qui 
équivaut à ^^ ^^^Iaaaw» mûstâfïSmj fàUûn^ pieds du 
mètre boM. 

De même les mètres sarî, khafîf^ munsarih^ mujtas^ 
muzâri et muctazab dérivent les uns des autres, en tant 
que les quatre derniers se composent de six pieds seu- 
km^it, comme c'est le cas en arabe ; car les mètres sarî 
et khafif ne se composent, même en persan, en turc et 
en Mndoustani, que de six pieds. Qr,^ le mètre sarî se 
eomposant des pieds sZ^^yÀA ^Ui Ai^r ^^^»i:L^ mûstâfî^ 
Imh, mAstaftEm^ m^UStô, si vous commencez par le 



— 216 - 

deuxième pied, et que yous mettiez le premier à la fin 
du groupe, vous avez ^J^sJcu»^ ^)iyJLA ^^^1*ax***^ mûstà fi- 
lm, mâpUàtû, mûstàfîlûnf ce qui est le mètre munsarih à 
six pieds. Si de ^Jij^sjL^ mûstàfUûn vous retranchez le 
premier sabab khafîf ^ mus, et que vous le rejetiez 

à la fin du groupe, vous avez ^ JJ^y> v^>» t:;'^ 
^M^ i^4*ôj tàfïlûn, màfxdàtUy mûstàflVm, mus; ce qui équi- 
vaut aux pieds ^'^Li ^ ç^\j^^ [J^"^"^ fàîlàtm^ mus- 
tàfï'lûn, fàïlàtm, lesquels représentent le mètre klmfîf. 
Si vous commencez par le watad mujmû qui termine le 
second pied ^Ji«AX«*^ mûstàfîlûn, du mètre sarî, c'est-à-dire 
par ^ îlûn, vous avez ^y^^^ ^^^xsc.^ sji/!iyJb» Jlc Uûn 
màfâlâtû, mûstàfîlûn, mûstàf, ou bien c^iJ pli ^LcLL^ 
^^vLcLi» màfàïlûn, fâî, làtû, màfâllûn, ce qui représente 
le mètre muzâri à six pieds. 

On voit par là que ^ ^ ^J^ mûs-tàft-lm, dans le 
mètre khafîf , et ^^ ç.li fàî-làtïm dans le mètre muzâri, 
ne doivent pas être confondus avec ^UAxm^ mûstàfilïin 
^et ^*^li fâîlàtm écrits en un seul mot, car ^ tàfî et 
& U fàî, dans la décomposition de ces deux mètres, cor- 
respondent au watad mafrûc (pied disjoint) de sS>^y^ 
màfâlàtû. Ainsi aûï tàfî et pli fàîsoni ici des watad ma- 
frûc, ce qu'ils ne sont pas dans ^^Sxku^ mûstàfUûn et 
^'iipU fàîlàtûn, en un seul mot. 

Si on écrit d'abord le pied vJL>^^^ màfûlàiu du groupe 
du mètre saH, on a ^JaâjL^ Afsc,^ ^j^JÙy^ màfûlàtû, 
mûstàfïlûn, mûstàfîlûn, c'est-à-dire le mètre muctazab à 
six pieds. Si l'on commence par le second sabab khafîf 
de y.:L^yAA màfûlàtû, c'est-à-dire par <oi5^ Uàtû, on a 
^'bifili ^'bJcIi J 9s3 ^j^ mûS'tafî'lûn, fàîlàtûn, fàîlà- 



— 217 — 

tûn^ ce qui représente le mètre mujtas à six pieds. Ici 
encore ^ tàfî^ dans ^ ^ ^j^ mûS'tàfî'lûn^ est un 
watad mafrûc. 

KhallI, Fauteur des règles de la métrique arabe, a 
imaginé, pour faciliter Tintelligence de ces transmuta- 
tions des mètres les uns dans les autres, cinq cercles^ 
en arabe »^b dâîra, pi. ji)^ù dawâïVy auxquels il a 
donné des noms différents et appropriés à ce qu'ils of- 
frent de particulier. Dans ces cercles, que je \ais repro- 
duire ici, les lettres qui sont à l'intérieur sont celles des 
pieds. Elles sont toutes séparées, aOn de pouvoir se 
grouper de différentes manières pour former les com- 
binaisons dont il vient d'être parlé. Quant aux lettres 
mim ^ et alif I, qui sont en dehors des cercles, elles in- 
diquent, la première, c'est-à-dire le m!w, une lettre mue, 
et la deuxième, c'est-à-dire Valif^ une lettre quiescente. 
Ainsi, par exemple, le pied ^y^ fmlûn^ qui commence 

le mètre tawîly est ainsi marqué : C» C f , et le 

pied /.t'^l^ màfailm : (. f , C f. Les noms 

des mètres placés à la marge des cercles indiquent l'en- 
droit où ces mètres commencent 

Les mètres tawîl, madîd et bacît forment un premier 
cercle, sJb; en effet, si l'on écrit quatre fois en rond 
les pieds ^^Li» J^yij et qu'on commence par ^jiyi, 
on a le mètre tawîL Si on commence par ^y et qu'on 
dise^ ^ ^^^ (^, etc., ce qui équivaut, comme il a 
été dit plus haut, à J^l» Jî"^^ fàîlàtm, fïïUûn, etc.. 



— 218 — 

on a le mètre maMd ; enfin, si on commence par ^^, 
et qu'on dise li^ ^yi ^JLp etc., ce qui é<^¥aut à 
^Lli ^UfijuM^ mûstâfUûn fâxlûn^ etc., on a le mètre 
baxU. On nomme ce premier cerete. mukktalifa^ ^iisâr^, 
c'etrtnà-dire Hfforréy à cause de la yariété des pieds qui 
le oompoeent, les uns étant de cinq lettres^ ie& autr^ 
de sept. 




Les mètres kâmtl et wâfir forment à eux seuls un se- 
cond cercle. En effet, si on écrit quatre fois en cercle 
^cUx;» mûtàfâÏÏûn, et qu'on commence par U::^, on a le 
mètre kâmil. Si on commence par ^, et qu'on dise 
liX» ^Ift, ou régulièrement ^j^\J^9 màfâîlàtùn^ wi a le 
mètre wâfir. Ce second cercle est nommé mutalifa ^ii^, 
c'est-à-dire assorti^ parce que les deux pieds qui le com- 
posent sont l'un et l'autre de sept lettres. 



— 219 — 



J / 



vLcir 



.\,y^ ;. 




Les mètres hazaj^ rajas et rmnl formant un troisième 
cercle. En effet, si on écrit quatre fois en cercle ,JLjftlX», 
et qu'on commence par L£», on a le mètre hazaj. Si on 
commence par ^^, et qu'on (ïïse Ua^^^^ c'est-à-dire 
^^^Uâs-**-», c'est alors le mètre rajas; enfin, si on com- 
mence par ^, et qu'on dise ^La^^, c'est-à-dîre 
J3%[i^ on a le mètre raml. Le cercle que ces trois 
mètres composent se nomme mujtaliia ^Jb:??^, c'estrà- 
dire dérivé [dn premUr œfde). 



^>* 



%: 



y^j^' -^ 




r 'f î ç 



— 220 — 



Les mètres sarî^ munsarihj khafif^ muzâri^ muctazab et 
mujtas^ forment un quatrième cercle. En effet, si on 
écrit en cercle le mètre primitif sarf, qui est composé 
des pieds ob}j»Â>» ^^Smscl^a ^JUàjLm^, et qu'on commence 
par le second pied, de cette façon, sjj^j^ 




^JUftx«^, on a le paradigme du mètre munsarih à six 
pieds. Si on commence par ^J^j et qu'on dise ^^^ 
^ Jjrix.»^ ob)^, ce qui équivaut à ^ ^ {^^^ 
^'bicli ^, on a le mètre khafîf. Si on commence par 
^Jlc, et qu'on dise ,^^::*«^ ^JLâx*^ c^^^xi^ ^^ ou au- 
trement ^J^Lâ» cy^l;^ er^'^' ^^ ^ ^^ paradigme du 
mètre muzâri à six pieds. Si on commence par w>î}j*w, 
et qu'on dise ^Jl*âju^ ^^SjJlL*^ si^bJ^^i», on a le para- 
digme du mètre muctazab à six pieds ; enfin, si ou com- 
mence par c^iî^, et qu'on dise ^JUku^ ^^^Ixk*.-» o^ 
^, ce qui équivaut à ^'biôLi ^^'^L^ cJ^t^ t/*'' ^^ ^ 
le mètre niujtas. 

Il est essentiel de se souvenir que les six mètres diffé- 
rents qui forment ce cercle ne peuvent en faire partie 
qu'autant qu'ils ne sont composés que de six pieds. 
Eq effet, les mètres munsarih^ muzâri^ muctazab et muf- 
ths, n'ont proprement que six pieds en arabe, quoi- 
qu'ils en aient régulièrement huit en persan, en hia- 
doustani et en turc; mais les mètres sari et khâfîfïi* oni 
jamais plus de six pieds. 

Ce quatrième cercle prend le nom de musclilabiha 
Hrti^» c'est-à-dire ressemblant j à cause de la grande 
analogie qu'il y a entre les pieds ^ ^ ^j^ et ^^ Î3 &Li 
en plusieurs mots, et ^JUajum>» et ^*^li en un seul. 



— 221 — 




Le mètre mutacârib forme à lui seul un cercle qu'on 
nomme munfarida »,5^, c'est-à-dire séparé^ distinct. 
Toutefois, Abu Haçan Akhfasch^ y a joint le mètre mu- 
tadârik, parce qu'en effet si vous écrivez quatre ^^, 
et que vous commenciez par j*i, vous avez le mètre mu- 
tacârib; si, au contraire, vous commencez chaque pied 
par ^y et que vous disiez^^, ce qui fait ^^li, vous 
avez le mètre mutadârik. Il est clair, néanmoins, que le 

* ^jlÂâ.) célèbre grammairien arabe du commencement du 
K* siècle. On lit une curieuse anecdote h son sujet dans Mtrzâ 
Ibrâhîm, Persian grammar^ p* 233 et suiy., et dans la traduc- 
tion allemande de cet ouvrage par le professeur Fleischer, p. 229 
et suiy. 



— 222 — 

système de ce dernier cercle est différent de celui des 
cercles précédents, car il ne s'agit pas ici de l'ensemble 
de rhémistiche, mais de chaque pied en particulier. Ce 
cinquième cercle, ainsi composé des deux mètres muta- 
cârib et tnutadârik^ se nomme nmUafica aJujU, c'est-à-dire 
concordant. 




CHAPITRE IL 

DE LA SGiJKSlOK, ^JaaJ, £X Jm I/APPAOPJIAIJQK USB 
VERS A LEUR PA!RA1>I6ME, ^^. 

On entend par scansion la ségf^xation des vers par 
piâdfi selon leurs mètres xe^ecUfs, et <M)Qfi>rméiafiQt 
aux paradigmes*. Dans la scansion, il faut avoir ^ard 

' Au pi»iiiier abord il f)a&alt da^naBÎbk de tr«iyer la scao- 
mn des ¥era, et pur suite lenr mewEe; maM^ .«Tee ua pende 
pvséiiréraiice;, on m laecpûart JEaûileiiiaiit lihiibrteMih Ob im\ 
s'exercer d'abord sur les mètres réguliers les plus faciles, teb 



à la pronoûciatiûB et son àrécriture. Par exemple, dans 
le yars suirast, le premier hémisticlie n'a <fae yingt- 

deux lettres, tandis que le second en a guarante-trois. 

^^«M0l i ^1— *i» ■ii_ ' "" un * 







pe le muUicdrih et Je /bozaj^ puis on abordera peu à peu d'autres 
mètres, et enfin on finira par trouver la mesure de tous les vers. 
Ponr en yenir {dos aisément à boat, on dmt marquer sur les «)1- 
lahes des vers dont on chûrclie k mesure Les brèves et les ko» 
gués ; puis on aura recours aux paradigmes pour grouper les 
syllabes de manière à en former des pieds, et pour trouver enûa 
la mesure à laquelle ils se rapportent. Prenons pour exemple le 
ven fmxvaiit de la préfece du -Gultstan de Saadi, ertmettons-j les 
sigaes des brèves eides loognes. 

« ètee générenx q« de les trésars mvisibles nourris le guè- 
bie et le dirMeii, ele. o 

Actuellement, si' nous coopens cbaque bémisticfae en ^s 
poitîoDB, en ne nous ^eartavt pas des paradigmes des pieds, nous 
avons les pieds suivants : 

ili MwMÂ^ i là m khà%à \ nà î gm-h 
F&à^ùm i màfââltm j fMiâHn 
Gttro tânsà ^ wàzJfA iàër j ëâani 
FâUàMn j mafSUm | faim 
et il aonsest lucîb de DeeoBaaÉtfe le mètre kimftf. 

^ An lieu de peonoBcer macAose, S faut prononcer ici nmkagti ; 
en effet, aiaai que je le dinâ plos loin, lorsqu'une coneeime 
quîeseenle an milten à' m ren ccnapto dans la scannoo, en devt 
la prononcer avec un i. 



— 224 — 

Le RhâD, coryphée dos hommes généreux, s'est assis dans 
une réunion particulière; il a demandé deux puis trois plateaux 
de mets; deux ou trois, quel plateau n'a-t-il pas demandé? 

Ce vers, qui est du mètre mujtaSf doit se scander 
ainsi : 

Nïschàstî sàr \ wàrî àhR \ kàràm bà màj \ lîcï khà-s 
Dôkhà^ 8î khà \ dô si khà khà \ sî khà chî khâ | kî nà khâs 
Ma fà î lûn I fà î là tûn \mafà ï lûn \ fà î lâ-t 

Ainsi Xalif marqué d'un tnedda^ I, compte pour deux 
lettres, comme dans ^1 ànûn^ temps, x»l àmàd^ il est 
venu*, qui sont de la forme ^^^ faim. Il en est de même 
du wâw ^ , qui se prend quelquefois dans la scansion 
pour deux wâw; par exemple dans les mots ^j\^ dàtuûtd^ 
David, (j^J^ tâû-s, paon, qui sont de la forme J^ 
fâlârm^. 

D'autres fois on compte pour une lettre une motion, 

^ Ici le noun de ^|^ ne compte pas da|îs la scansion. Il se 
prononce du reste après une voyelle longue, surtout à la fin des 
mots, d'une manière sourde et nasale, 

* Dans ce cas la première lettre est censée mue et la seconde 

quiescente. Ainsi ^jl est pour ^\\ et J^l pour Jj»II. 

' Ce pied secondaire montre Timportance des paradigmes 
orientaux que les longues et les brèves des pieds latins ne peuvent 
pas suppléer exactement. En effet, d'après le système latin, ^JIa? 
se compose de deux longues aussi bien que ^^^9 qui est bien 
différent, puisqu'il a une lettre de plus que le premier mot, lettre 
qui compte dans la scansion. J'ai tÂché de rendre cette différence 
sensible dans ma transcription en séparant dans ce cas cette der- 
nière lettre par un trait d'union; ainsi je rends ^JIa» par fàlm 
et ^jii*i par fàlâ-n. 



— 225 — 

ïTp., ou point-voyelle, comme dans le mot arabe S^J^ 
a les hommes», qui peut équivaloir à^la-^t àrrïjàlû, et 
être de la forme ^^iîôli*, et dans l'expression persane 
J jwj-j ^, « moi sans cœur » , c'est-à-dire hors de moi, qui 

peut avoir la valeur de J-Vf ^^ ^^^^ *^^^ et former 
le pied ^J^^^ Il faudrait en effet écrire ainsi ces mots 
pour en fixer la scansion, et tel est l'usage suivi dans 
les prosodies originales. 

Dans la scansion, la lettre marquée d'un tasçhdîd 
compte toujours pour deux lettres; ainsi, le mot arabe 
^1 illâ « si ce n'est », le mot persan ^^ farmkh « heu- 
reux», etc., sont de la forme ,ji*3 fâlm^ et pour les 
scander il faut les écrire ^j^ ^ J' . 

En arabe, le noun des tanwîn ou voyelles nasales a la 
même valeur que s'il était écrit. Ainsi ^L» « eau » est pour 
ji b» ma un. En arabe, encore, dans quelques mots d'un 
usage commun où le fatha représente un alifde prolon- 
gation qui a été supprimé, la valeur prosodique de la 
syllabe reste la même, quoique Valif ne soit pas écrit. 
Ainsi dans lia», qui est pour 13 U hâzà^ viiJi qui 
est pour yliiy^ %alïkà^ etc., la première syllabe est 
longue. 

Il y a quelques syllabes longues ou brèves ad libitum. 
En arabe, ce sont entre autres* les pronoms afflxes 5 et 
y, et, en persan, l'e de YizâfaU Dans les mots turcs et 

^ Cela a lieu, spécialement, à la fin des vers arabes. 

' Ceux de mes lecteurs qui voudraient connaître en détail les 
licences poétiques particulières aux Arabes, trouveront à ce sujet 
un chapitre spécial dans la Grammaire de S. de Sacy, t. II, 
p. 493 et suir- 

45 



— 226 — 

hindoustanis S les lettnss alif^wâm eiyéf 8eirviAt.de. let- 
tres de proLoQgatioix ou formas! des dipbthangjUMSr sont 
souvent brèves» ainsi qu'on s-'en assurera^ pammt, dans 
les exemples* 

Lorsque ïalif d'union» Jwoj, ne ae prononce pas, 
il n'a aucune valeur dans la scansion^ et on ne. doit 
pas l'écrire si on veut la marquer réQydièceme&t. 
Exemples : 



Je ne me plains pas des élrangers, car ik ne me font qna ce 
que mes amis m'ont fait (HÂfiz.) 

Ce vers est de la mesura hazaj et da la variété qui se 
eomp>ose des pieds ^yi ^^^ cAt^^v màfaûlûnrmà- 
fSUûUf, fmUm^ IL £aul donc le scander ainsi :. 

Mànâ:^^ bêgâ | nàgà hœrguïz \ nà nalœnt' 
M bâ mât hàr \ ckî kàr dânâi^ \ «cAlnâ* kâr^' 
Ma fjÊL l Im \ màfââJBm ^fMûMfU 

^ Pour les lîeeDces poétiques particulières \ rbindouslani, 
voyer h l'Appendice mon mémoire sur la métrique de? Arabes 
appliquée à Thludoustani. 

* L'oti^de ji est ici un a^/'d'iinioaetnB CQBqptepaS'dans la 
scansion. C'est, en effet,^comme^'ii y ayait^» 

^ Halif des mots ^1 et Ui;*^ se joignant au mot précédent, 
il perd son medda et deWent alif de prolongation. C'est comme 
s'il y avait Uà.ljl:^^. 

* En prose, oaprononce aschnâ.;. maia^dangilefl ?ein, <m ne 
peut pas grouper ainsi plusieurs lettres; Il fauldena détMherle 
schin et enCaice une brève en le pronoof^ntavecuik t«. 

^ Dans ^^ kard^ la dernière lettre ne compta paidâns la 



Si, au eoDtraire, Valif doit se prononeer, il compte dans 
la scansion. Exemple : 



Dans ma solitude, le cliagrin qui m'accaBîe k cause de toi 
m'arrache des plaintes ^ 

Cet hémistiche, qui est du mètre hazaj régulier, doit 
être scandé ainsi : 

Bûwàd fàryâ | dï salfè dàr | gàmât àz ^ dàs \ tî tànhâï 
MàfôÂlvn I mafSXlûn \ màfâUllûn \ màfallûn 

Il en est de même en persan, en ture et en hindou- 
stani pour le ^ de conjonction. Il a ou n'a pas, selon les 
cas, la valeur d'une lettre dans la scansion. Lorsqu'il 
n'a pas cette valeur, on doit le joindre à la consonne 
précédente, qui prend alors un %amma^ comme dans les 
motsy ^ ^ « moi et toi » , prononcés manô tû^ qui sont 
alors de la forme ^^^ fàUûn. Lorsqu'il a cette valeur, 
on doit le prononcer séparément et dire, par exemple, 
màn wà tû de la forme ^\i fàîlm. Il en est de même 
du yé employé pour Fiz&fat après VaUf ou le wâw. 

scansioD, et c'est pour cela que je l'ai supprimée daus ma trans- 
cription. On fait ainsi i la fin des hémislicbes pour les syllabes 
longues qui ont plus de lettre^ qu'il n'est nécessaire. 

* A la lettre, <( ma plainte relatiyement à ton chagrin (c'est- 
k-dke au chagrin que j'éprouve à cause de toi) est uii9 épée 
dans la main delà solilude» » 

* Ici Yalif est coaserTé ; il est consonne el ne sert qa% sup* 
porter le fatha ou la voyelle brève a. 



— 228 — 

Exemple : yj,y mûè dans le Gulistan (Préface, avant- 
dernier vers) : 



Le monde était troublé comme la chevelure de TÉthiopien. 

Cet hémistiche, du mètre mutacârib^ doit se scander 
ainsi : 

Jàhàn dâr \ Mmûftâ | dà chu mû \ ë zângui 

Dans les mots persans, lorsque le j se trouve après 
un khé^ comme dans s^^^ « sommeil », :>^, « mon, 
ton, son », ^jâ^, « bon, » etc., il ne compte pas 
dans la scansion ^ Quelquefois le hé is final ne compte 
pas non plus dans la scansion. Souvent il conserve sa 
valeur, et quelquefois il compte pour deux lettres'. Le 
vers suivant offre des exemples de ces trois cas : 

m\ aJULû. w»J J-jJ JxJuT 

Je suis tué par les lèvres de ma bien-aimée ; mais ma coupe 
est pleine de l'eau de la vie. (Faquîr.) 

Ce vers, qui appartient au mètre ramU doit se scander 
ainsi : 



^ En effet, on ne le fait pas sentir dans la prononciation ; 
aussi le nomme-t-on mukhtafi ,e*J^«^ ou caché: (Voyez mon 
édition de la Grammaire persane de W. Jones, pag. 6.) 

' Dans le cas d'izâfat. 



— 229 — 

Kûschtàhi ^ là \ R làbi jd \ nànà^ dm 

ZàbV hdïwd \ pur schûddh^pdï \ md nà dm 
Fâ ï Id tûn I fàîlàtûn \ fd ï lûn 

En hindoustani, le hé final des pronoms Vj et ^^ ne 
compte souvent pas dans la scansion. Dans ce cas, ces 
pronoms ne représentent qu'une brève. Exemples : 

Les fleurs de la jàbt et de la jûhî sont tellement belles qu'en 
les voyant on perd le sentiment. {Arâïsch-i mahfiL) 

Ce vers, qui est du mètre mutacârib^ doit se scander 
ainsi : 

* Dans d:±S^ que j'ai rendu par kûschtàhi, le hé final 
compte pour deux lettres, c'estrà-dire pour hé et pour yé^ car 
ri de l'izàfat est bref ou long selon les cas. Ici, de môme que dans 
JjJ IdR et dans v.^ làbï^ il est long et représente, par consé- 
quent, un yé. En effet, Fauteur du Eadâyik scande ainsi ce 
vers: 

f ' jl— ^ I .J ^^^ j^,\ !rr^ y'j 

* Ici et dans le mot ^W^^ de rbémistiche suivant, le Affinai 
ne compte pas dans la scansion. ^ 

^ ZdH esifova:%iâb'i, qui est poura^ âb-i v'^ J^* 

* Dans yjJu, le hé conserve sa valeur et rend, par consé- 
quent, longue la syllabe qu'il termine. 



— 2S0 — 

îhâ^ldivseh | nûmàjà | hëjûhl \ kîpkûrl 
Kléâkhm j ko bàssùr \ iî^jàfi ] hëi Msû-l 
Fà û iûn I fàûlûn j flmlûn | fm^l 

Le À^ des monosyllabes persans a^ /pt, ^ dît, j^ ba^ 
J na, ne compte pas dans la scansion ^ Il en «si de 
même du imui quiescent après une Yoyelle longue ^ 
Ainsi les mots : ^ ^^, JoT ^Uo., ^ ^j^, doivent 
se scander ainsi : chu kunàd^ fiilûriy chûnôL kunâd et chum 
kunàd^ màfàllûn. Toutefois, quand le nmn dont il s'agit 
termine Thémistiche, on le compte pour une lettre 
quiescente, comme dans le misra suivant : 

toi dont la joue fait honte h la lune du ciel. 

Ce vers est du mètre sarî ; il doit se scander ainsi, en 
effet.: 

MrukbH tâl | ràschkî màhï'' \ âdmâ-n^ 
MûfJA i Im I mûftàîlïm j fàî lâ-n ' 

^ L't est ici ajouté pour la scansion. (Voyez, à ce sujet, la 
note 1,pag. 223.) 

' Sur ees monosyllabes, voyez mon édition de la Grammaire 
persane de W. Jones, pag. 6, notes* 

' Voyez plus haut la note 1 , pag. 224. 

* Dans ràschkî, Vi de rizâfat est bref, et dans màhï, il est long 
et représente un yé. Cette anomalie a été expliquée plus haut. 

^ Dans âcfma-nj on a ajouté un i pour la scansion. A cet 
effet, on détache de Valifle ^m, et on lui donne un kesra pour 
avoir une syllabe brèye, qui ne peut consister en une consonne 
sans Yoyelle. 

® Pied aréficiel pour \1J^m^ mâfïïlâ't^ lequel est démé de 

sjjùydu» màfùlâtû, qui estie pied oi%în«I final Au Borî. 



— 231 — 

Outre le «dwi, les poètes pensane anciens, tels que 
PirdaudI, Âttâr, etc., admettaient une antre lettre quel- 
conque qwesoenle, et on en trouve mOme des exemples 
chez les modernes^ comme dane le vens suivant de Zu- 
hûrl, où \ejim du mot ^^ est nécessairement retranché 
dans la scansion : 

!j ,:i,yj3 j2o J^ .jL» £ 

Donne-moi ce vin qui fait honte au rubis, afin de ranimer mon 
esprit abattu. 

CSe vers, qui est du mètre mutacârib, doit être ainsi 
scandé: 

Bàdâstàm | dï an rÂseb l kî yâcû \ tî râ 
Kï sàzàm \ îlà^ àc \ Il fàrtû \ tî râ 
Faû.lm I fàMlM j faùlûn | fààl 

* On pourrait aussi expliquer cette anomalie comme je Tai 
fait Sans le Mémoire sur la métrique arabe adaptée à Tfain- 
donsianl, c'est-ii-£re considérer le aïn de Ji& comme un a bref, 
et Ure îtàjâc-l comme s*il y avait Ji^^blû. En effet, le aïn a 
beaucoup perdu, dans Flnde, en Perse et en Turquie, de sa 
prononciation gutturale, et on n*7 prononce guère que la voyelle 
qui l'accompagne. Cest ainsi que, dans le misra de "Walî (du 
niètre Aazt^'rëgnfier), cité à cette occasion, 

^j!y hJ^^ ^^.Jlrk ^ kk ^T- ij^ 

« n [MahomeQ a trouvé auprès de Dieu un langage qui platt 
il ses adorateurs. *)> 

il faut lire UtïtStmcM>Cf comme s'9 7 avait ^^bULâ. sans 
aïn. 



— 232 — 



S'il y a deux lettres quiescentes réunies à la fin d'un 
misra, on les compte dans la scansion, soit qu'il y ait 
un naun quiescent après une lettre de prolongation, 
soit qu'il y ait d'autres lettres. Exemple : 






Ton ordre a brûlé Terreur à la porte de la sottise; il a tué le 
pourquoi sur la tôte du commmt (4nwarî.) 

Ce vers, qui est du mètre hamj^ doit être ainsi 
scandé : 

Gàlàt rà su j tï hûkmat bar \ dàn sàh-w 
Chïrà rà kûsch \ il àmràt bar \ sàrl chû-n 
Ma fax lûn J màfàilûn | fàûlà-n * 

Lorsque trois lettres quiescentes se trouvent réunies 
ensemble, comme dans le mot ^JL^^y^^ qu'on lit dans 
le premier hémistiche du vers ci-dessus, on ne compte 
pas dans la scansion une des deux dernières '. On pro- 

* ^^yi pour J-f Li». 

^ Telle est la règle que donnent les rhétoriciens orientaux; 
mais je crois que, sans recourir au retranchement d'une con- 
sonne dans la scansion, on peut expliquer cette anomalie en sup- 
posant simplement que, dans ce cas, la lettre de prolongation, 
qui est la première quiescente et qui forme une yoyelle longue, 
doit être considérée comme une voyelle brève, c'est-à-dire comme 
un point-Toyelle. Conformément à cette explication, je lirais 

ainsi Thémistiche dont il s'agit : ji\ sJ^-^^^a^ ijl^^dc-^ IjiaU 

gàlàt rà sûkh \ tï hûkmàty etc. 



— 233 — 

nonce l'autre avec une voyelle brève S et on conserve la 
première lettre quiescente. C'est ainsi que j'ai écrit, 
dans la scansion figurée, Atî pour sïïkhL A la fin des 
hémistiches, une des lettres quiescentes dans les mots 
de cette espèce disparaît dans la scansion, mais on con- 
serve les deux autres. Exemple : 

Le célèbre messager qui est arrivé du pays de mon amie m'a 
apporté, pour préserver ma vie, un amulette écrit de la main de 
cette amie*. (Hftfiz.) 

Ce vers, qui est du mètre muzâri^ doit se scander 
ainsi : 

ïnpàîkî I nàmîwârkï | ràcldàz dï \ yàrïdô-s 
à wàr-dî l hàrzï jà %ï \ khatï mûschkî \ bârî dô-s 
Màfulû Ifallâtû \ ma fallu [fàîlà-t 

CitAPITRE III. 
DES IRRÉGULARITÉS DANS LES PIEDS DES VERS. 

On donne le nom de zihâf s^l^j, ou déviation^ aux 



* Quand, dans un vers persan, turc ou hindoustani, une con- 
sonne quiescente doit compter dans la scansion pour une brève, 
on la prononce avec un i qui représente, dans ce cas, notre 
e muet. On a déjà vu et on verra encore bien des exemples de 
cette règle. 

' A la lettre, « fait avec l'écriture couleur de musc (c'est-à- 
dire noire) de mon amû » Ce vers est mystique. Uami, c'est 
Dieu; le messager, c'est Mahomet; Tamulette, le Coran. 



— S4 — 

GtasAgemcoits qui ont lieu dan las mètres on i^tdt 
dans les pieds prinûtiBB qpui les ^eMstituent Qes «hm- 
gffÊkeiâs consistent en tms dffiÊrentes ehoses : i'^t 
rendre iqntese^ite, ^^sLm^ xob Mire mue, vll^, 
c'est-à-dine à ôler une TeiyeUe bitnae'; 12* à diminuer ie 
nombre des lettres ; S"" à l'augmenter, ce qui form» loi 
assez grand nombre d'irrégularités dont les vers mné- 
moniques suivants font connaître les dénominations 
spéciales : 




ï U 1j.2JLu^ 




*« • 



,3^ J^^ J^j ^3^^ Jic J o^j j^^ vj>*M» 

jLyi» jJj! p-^j Pj JL^j w^l Jj^ ^jhl jju 

Jl3^j ^rr^j j^^ fir\5 ^-^^-^^ Vi;^ l/v*^ Oj 
i^s :iUj j^ Ij ^^ jJLtj w^^ j ^j ^ 

*0 toi qui demandes le nom des^ fflrérentes in^brités de la 
▼enificatieDy je fais te les dire Finie «qprès Taittre; écoute an 
msiant. 

^ Ces yers sont de la variété du mètre raml^ composé, h Cha- 
que hémistiche, des pieds >Jbli ^Jt^li ^^^i^li ^^l^ fàï- 
lâ^n, fâXl&tûit, /Sti&ûn^^ttîln.On Terra ftm lem desdécnfli 
sur ce meta» 



— 2^5 — 

2 1 3 5 9 6 

U y a le asb, ïizmâry le woef^ le tmy^ le khabn^ le ca^^, 

7 8 • 9 21 

le kaff; puis, ô intelligent, il j a le iaachîsi^ le ica«r, le hasif, 

10 11 13 31 (3) 12 15 

le caL II y a aussi le raby le takhlî, le sam, le jahf^ le iar/ï/ 

14 

et le raf^ dont il faut te souvenir et que tu auras h employer 
fré€[uemment. 

16 17 18 19 

Je dois citer encore le wacSf le acl, le kasfy le khablj le 

fO 24 '28 2S . 25 28 

schakl^ le catf; eneuite le baz%^ le salm mLo^ le batr^ Ujad* 

31 C5) 31 » 26 

Enfia, iiffkelle-toi le kJiarb^ h kharm, le nakr \ ie ^osA^t, le 

27 31 (2) 30 29 31 (4) 31 (6) 

miesiâlt le salm Jb., le batrn^ le Ja66, le ecAa^ et ie oom. 

Expliquons actuellemeut chacune de ces irrégularités 
en particulier. 

1* kmâr jU«s>t. On enteaid par «ce mot te nstraoehe- 
ment de la voyelle brève du té dans ^Uj^ mûia,fiïlm^ 
quVm profioûce aloirs mvtfàîlm, ûr^ 11 est d'usage^dans 
la MNrsftQcalion arabe, que, lorsqu'un pied é{»^u¥e <une 
altération, au lieu d'en modifier le paradigme, <iia ^Uk- 
ftoie souvent uœ autre forme de la même vsdeur pro- 
sodiaufe, mais plus aif)rGpriée au génie de la lao^ue 
asate. Ainsi, dans le cas a&tujel, au lieu d'emidoyer 
pour paradigme le mot mMfàîlûti^ on eiii{riote ^^»ftXM>» 
wmtàfïlmi pied qu'^m Bomme muxmar jb^^ , d^i ioom 
de son irrégularité. X'bémistiehe aralîNe suivant, (|ui 
appartient au mètre laùmiU le seul où jpeut s'intno- 
duire cette irrégularité, offre un exemple de ce pied 
dérivé: 

^ On Bonme «nsi la réduciion du pied ^jr^iJ^mi* i ^ qu'on 
change en 93. 



— 236 — 

ù\^ jJic IjLtf 

Bénissez-le, lai et sa famille. 
En voici la scansion : 

Sâ//û àlàl I h\ wà àlîhl 
Mûstàfîlûn I mûtàfâîlûn 



2* Asb w^umd. Ce mot s'emploie pour exprimer le re- 
tranchement de la voyelle brève du lâm dans le pied 
^^xLLi» màfâîlàtûn^ qu'il faut alors prononcer màfààltûn^ 
mais qu'on change en ^j^^, màfâUûn^ pied qu'on 
nomme maçah s^y^a^^ du nom de son irrégularité, qui 
n'a lieu que dans le mètre wâpr. . 

3" Wacf ^^. On entend par là le retranchement 
de la voyelle brève du té qui termine le pied o^^^ 
màfûlàtûy dont on fait alors ^"^y^ màfulârny et qui 
prend le nom de maucûf s^yy . On trouve cette irré- 
gularité dans trois mètres, le sarî^ le munsarih et le 
muciazab. 

4* Khabn ^j^. On désigne par ce mot le retranchement 
de la lettre quiescente du sabab khaftf (corde légère) au 
commencement d'un pied. Ainsi les pieds ^li faUm 
et ^;ïiîfrLi fâïlàtûfif lorsqu'ils sont makhbûn ^y:^^ de- 
viennent ^jijÀ fàUûn et ^j^^ fàïlâtm^. Ainsi le pied 
^^^Ufijûo^ mûstàfîlûn ' devient iJ^*aj^ mûtàfîlûn changé en 
^U^ màfàîlûn^ et le pied sU^yï^ màfûlàtûj sZ^^j»^ 

* Cette irrégularité n'a pas lieu dans le pied ^^ & li en 
deux mots. 

* Il en est de môme du pied ^ fJS ^w» séparé en trois 
mots. ^ 



— 237 — 

màûlàtii changé en sjj^yi fàûlàtû. Cette irrégularité a 
lieu dans tous les mètres où se trouvent les pieds dont 
nous venons de parler. 

5^ Taîy J9 signifie le retranchement de la quatrième 
lettre quiescente de deux sabab khafîf [cordes légères) 
qui commencent un pied, comme, par exemple, dans 
^JUa:u»^ mûstàfïlm^^ qui, lorsqu'il est matiuî ^S^^ de- 
ident ^yixCtt*^ mûstàïlm^ qui se change en ^Ji*xl» mûftàî^ 
Bn; dans szJ^y^ mâfûlàtû^ qui devient ciblait» màfû- 
làtUj changé en C-^^li fâîlàtû. 

Quelquefois cette irrégularité a lieu dans le pied 
^^U:i» mûtàfàïlûnj mais il reçoit d'abord Vizmâr et de- 
vient ^cU:> mûtfâïlmy puis ,J^*âî^ mûifàUûn. On 
nonmie alors cette irrégularité kha%l ^y^^ et akh%al Jjp^l 
le pied qui en est affecté. 

Le taïy a lieu dans les mètres bac% rajaz^ sarî^ mansa- 
rih et muctazab. 

6» Cabz jûJ. Ce mot s'emploie jour désigner la sup- 
pression de la cinquième lettre quiescente des pieds 
^JL^IjU màfàïlûn et ^J^y^ fàûlûrif qui deviennent ainsi 
^li^ màfàïlûn et J^ fàûlû. Cette irrégularité a lieu 
dans les mètres tawîlj madîd^ hazaj^ mutacârib et 
muzâri. Le pied qu'elle affecte se nomme macbûz, 

T Kaff ^. On entend par ce mot la suppression de 
la septième lettre quiescente dans les pieds ,jV^ wa- 
/oï/ûn, ^'^li fàUàtûn et Ji^ pli fàî-làtûn^ qui devien- 

* Cette irrégularité n'a pas lieu dans le pied ^ ^ ^^ en 
trob mois. 



— 238 — 

rnsAf par eooséquept, J^U» m&fSUû^ c^^li /iôitttô M 
vij»'^ cli fai-làtû. Cette irrégularité a lieu dans, tes 
mètres tou;fZ, madîdy hazaj^ raml, khafîfj mujk» et 
muaârù Le. pied fu'eUe affecte se nomme mtdtfûf 

8^ Tfuchù ^^L^^mJLj. On exprime par ce vmt la sup- 
pressix)n de la première * lettre mne du ttatad majmû 
(pieu.j|Oint)^bL i/àdupied ^^li fàîlàtûn^ quideiôefit 
Bxasi ^*^l^ fàlàtûn, qu'on change en ^y^ màfuEm, 
Cette irrégularité a lieu dans les mètres madîdj kha^t 
ramleimujtas*. Le pied qu'elle affecte se nomme nm- 
chûs sl^yJt^. 

9» Casvj^. Ce mot signifie supprimer la lettre quies- 
cente du sabab khaflf (corde légère) qui est à la fin du 
pied, et rendre quiescente la lettre précédente. Ainsi, 

Jj*i fàûlûn devient J^ fàïirlj ,J^'-^ màfmlûn devient 
JwjftLi» màfm-lj ou fj^y^ fànlâ-n^ ^'îieti /atiâiiin devient 
OL^iieli fàîlà-t^ qu'on change en j^li fàïlâ-n; ^ ^ 
^ mM^-tô/ï-Kn devient Jt/jy,,,»» wiEstâ/tZ changé en ^y^ 
màfZlûn. Cette irrégularité a lieu daos les mètres tawil, 
madîd^ hazaj^ raml, mutacârib^ mmârif khaflf et rmjtas^ 
et le pied qui réprouve se nomme jy^ macsûr. 

10* Cat ^JaS signifie retrancher la lettre quiescente 
du watad majmû (pieu joint), et rendre quiescente la 
lettre mue qui la précède. Les pieds qui éprouvent cette 

^ B 7 a uira antror manfftrd d'amïfSQr ciertle' sui^nrenioB, 
qucnqna Ib résultataok h même. 

* Elle n'a pas lieu dans le mètre muzâri^ oh le pied ^ 9y 
^ étant écrit ea deux ou (côis mets, il n'j. a pas le i»mA 
majmû^ mais le watad mafrûc ou disjoint. 



— 2» — 

ttodifieatbn, et qui se vomtxmii maetû ^J^, sont : 
^^ ^'^ m^ inûstàfi&n% qui devient Jmiu^ nmtàfti^ 
changé en ^j^y^ màfûlwn; ^\Jc^ mûtàfâïËm^ qwi de- 
ident Jfili::^ mûtàfdU changé en ^^ fàîlàtûn^ ^j)Uli 
^«H», qui devient J^li fêûl^ changé en ^Jii /Sffin. 
Dans le pied ;;/»*^L? fWtlâtm^ on retranche d'abord le 
dernier sahdb khafîf ^ tun ; puis,,, d'après la règle ci- 
dessus, le restant du pied devient J^li fwll changé en 
^^^ fàlûrty comme il a été dit au sujet de ^^Li /àï/ûn. 
Cette irrégularité a lieu dans les mètres kâmil^ raml^ 
riniùidâ^rik^madîd^sarî, Rfmftf^ mujtaseimuctaxsa9*. 

1f« Bab p^j. Ge ra»t indique une irrégularité qui 
donne la nom de^ mcmbH P-j^y^ aix pied qu'elle affecte. 
Elte eonsiste dans la réunion doi kbabn ^j^ et ùacat 
Uai % dans le pied ^*^li fSU&tvm^ qui devient Jji fàii. 

12!' Jahf .^j^atf^^On entend pac là le retranchemeoÉ du 
premier sabab khafîf et du watad majmû du pieA ^visii 
fàUâtûn^ qui se réduit ainsi à ^Ji tun changé en 93 /S, 
et qu'on nomme s^jsr^^ majhûf. 



W Takhlï fJ^. Ce mot s'emploie comme terme 
technique de prosodie pour exprimer la réunion du 
khabn ^j^ et du cat ^'^ dans les pieds ^U faUûn et 

* Cette irrégularité n'a pas lieu dans ^ it£f ^^ en trois 
mDtflu 

* Le watad majtnàL ^^ îlûn éfurouYant le retranchement 
dont il s'agit 

' Elle n'a pas lieu disais le mètre fnuzàri, par Fa raison qui en 
a été^' donnée plus haut. 
^ Voyez plus baot €»qaavcoD0iisrtitatce»i«régukiM9, 
^ Comme auparavant, mais dans d'auteitpiedB. 



— 240 — 

^Jj h é^ mûstàfîlmt qui deviennent Jji fàâl et Jjiax^ 
mtUàfll (changé en ^yi fàtUm)^ et qui prennent le nom 
de makhlû 9^^* 

14"" Raf ^j. C'est le retranchement du premier 
sabab khafîfdes pieds ^JjJcu»^ nmtàfîlûn et ^JLJ!iysL^ ma- 
fulâtûj lesquels deviennent ainsi ^^^xsj tàpMn changé en 
^Jiftli fàïlûrij et vi^^^ ulàtû changé en Jy^ màfûlû. Le 
pied qui éprouve cette irrégularité se nomme marfû 

15* TarfU JJy- On entend par ce mot l'addition 
d'un sabab khafîf au watad majmû final. Ainsi, lorsque 
le pied ^^^^*sci^ mûstàfîBn est muraffal Jiy , il devient 
^wdUflXuw» mûstàfUûntûn changé en ^^i»fiX»M^ mûstâpUS' 
tûn. Il en est de même des pieds ^1^ fàîlûn et ^^^lix/* 
mûtàfàïlûnj qui deviennent ^^U fâUàtûn et ^^'^Ux^ 
mûtàfàUâtmi. 

16* Wacs jaJj. Ce mot se prend pour indiquer le 
retranchement du té quiescent du pied ^li:> nrntfàî- 
Bn, déjà altéré par Vizmâr^ comme on l'a vu plus haut, 
pied qui devient ainsi ^^Ix» màfâïlûn^ et qu'on nomme 
maucûs ^yy. Cette irrégularité n'a lieu que dans le 
mètre kâmil. 

1 T* Ad Jao. Ce mot désigne le retranchement du lâm 
quiescent du pied ^xULi» màfààltm^ déjà altéré par le 
asb^ comme on l'a vu plus haut, pied qui devient ainsi 
^^li» màfâïtm changé en ^^ màfaïVm^ et qui se 
nomme macùl^^y*^. Cette irrégularité ne se trouve que 
dans le mètre wâfir. 



— m — 

18* Kasf ^.^^mS'*. Ce mot se prend pour exprimer la 
réunion du wacf et du kaff dans le pied c^b)^ 
mâfulàtû. On fait d'abord subir au té le wacf^ c'est-à- 
dire on en retranche la voyelle, puis on fait subir à ce 
té le kaffj c'est-à-dire on le retranche, et ce pied devient 

ainsi ^j»i> màfulà changé en ^y^ màfûlûn. Cette 
irrégularité a lieu dans les mètres sarî^ munsarih et 
muctazabf et le pied qu'elle affecte se nomme maksûf 

19* Khabl J^. Par ce mot, on entend la réunion du 
tavy et du khabn dans le pied ^Juix%u/» mûstâfîlûn^ qui de- 
vient ainsi ^Jxj> mûtàïlûn changé en ^J:àJi fàïlâtm^ et 
dans le pied"0^^^»i^ màfûlàtûj qui devient ksJ^ mau- 
làiu changé en c^b^ fàîlàtû. Ces pieds irréguliers pren- 
nent alors le nom de makhbûl Jjc^s^. 

20^ Schakl J^. C'est la réunion du khabn et du kaff 
dans ^é^jtscu^ mûstâfîlûn et dans ^^'^li fâUàtûn^ qui de- 
viennent Jaûx^ mûtàfïlû changé en jcU^ màfàîlû et 
O^ fâiUUû, et se nomment mâschkûl J^^. Cette 
irrégularité a lieu dans les mètres madîd^ khafîf et 
mujtas*. 

Î1» Bazfy^^A. C'est le retranchement dxxsabab kha- 
ftf de la fin du pied* Ainsi, ^yi fàûlûn devient^ fàû 
ou Jji fàâlf ^*^li fàîlâtûtif %ii fàîlà ou .^)^[i faîlûn^ 
^^^Li» màfâUûny ^J-Li» mafâi ou ^^^ fàûlûn, et ces 

^ L'auteur du Hadâyic fait observer que c'est ainsi qu'il faut 
écrire ce mot et non «4^, comme le font d'autres rhétoriciensy 
suivis, entre autres par S. de Sacy. 

* Mais non dans le muzârif qui n'admet pas le khabn. 

46 



— ui — 



wXs?^, se change en ^jUi /ià/ûn, le deuxième en ^Ji«3 



pieds se nomment alors mahzûf ^^j^s^. Cette irrégula- 
rité a lieu dans les mètres madîd, khafîf^ hazajj ramlj 
muzâri^ mujtas^ tawîl et mutacârib.^ 

22** Hazaz hS^ ou, plus régulièrement, hazz ^ . Ce 
mot s'emploie pour indiquer la suppression du watad 
majmû de la fin du pied, c'est-à-dire de ^ îlûn dans 
^JWju*w» mûstàfîlûn^ ^J^lx:-» mûtàfàïlûn et ^^li faîlûrif 
qui sont ainsi réduits à ,^^^:i*^ mûstàf^ li:> mûtàfà et li 
/S. Le premier de ces pieds, qui sont nommés mahzûf 

fàîlûn^ et le troisième en >*i /a. Cette irrégularité a lieu 
fréquemment dans les mètres bacît^ kâml^ rajaz, muta- 
dârik; rarement dans les mètres où se trouve le pied 
J,i>jlt».>^ mûstàfïlûn en un seul mot, et pas du tout dans 
ceux où il se trouve séparé en trois mots, puisque, de 
cette façon, il n'y a plus de watad majmû final. 

23* Salm JU>. Ce mot indique la suppression du wa- 
tad majmû dans le pied c^^_^ mâfùlàtû^ qui devient 
ainsi j*i» mâfû changé en ^\jè fàlûn^ et nommé, dans 
ce cas, maslûm pLû>». Cette irrégularité a lieu dans les 
mètres sari, munsarih et muctazab. 

24** Catf ^^jieS. Ce mot se prend pour exprimer la réu- 
nion du asb et du hazf dans ^xLU/» màfàîlàtûn^ qui de- 
vient ainsi JcLi» mâfâil changé en ^yà fàûlùrij et se 
nomme mactûf ^^^^. Cette irrégularité n'a lieu que 
dans le mètre wâfir. 

Î5* BatrjSj . On entend par ce mot, en terme de pro- 
sodie, la réunion du hazf et du cat dans le pied ^yi 
fàUm^ qui devient ainsi ^ /a, et la réunion du jàbb 



- ta — 

yS.^ * et du kharm ^jo^ dans le pied ^J^^ tnàfaUùn^ 
qui deyient li fà changé en jii /3, et ressemble ainsi au 
pied précédent. Cette irrégularité a lieu dans les mètres 
mutâcarib et hazaj^ et les pieds qui en sont affectés 
prennent le nom de mabtûr jy^, 

26" TasMg A^'. Ce mot se prend ici pour exprimer 
l'intercalation de Valif au sabab khafîf qui se trouve à 
la fin du pied. Ainsi, quand ^J^L^p màfaîlûn et ^îâcli 
fâïlàtUn sont muçabbag f^y ils deyiennent ,^^U» 
màfmld^ et ^jb^icli fàïlàtdrn^ lequel est changé en 
jlllcli fàïtïyS/n. Cette irrégularité peut avoir lieu dans 
les mètres hazaj^ raml^ muzâri, mutacârib, madîd^ tawîl et 
mujtas. 

27» hâla Jlil ou tazyîl Sh.^- ^^ entend par là l'in- 
tercalation deV alif dans le watad majmû à la fin du pied. 

Ainsi, lorsque les pieds ^J^ku^ mus ta film, ^^Là 
fàîlm et ^^UjU mûtàfàîlûn sont muzâl J'^ ou muzdiyal 
Jj^*, ils deviennent ^J^^»xu^ mûstàfîlâ''n^ d^^ fàïlà^ 
et jbi&lix^ mùtâfàïlà-n. Cette irrégularité a lieu dans les 
mètres rajaz, mutadârik, bac% kâmil^ sarî^ munsarih et 
muctazab. Elle se trouve ordinairement au dernier pied 
des deux hémistiches (le arûz et le zarb)y rarement dans 
les pieds du milieu de Thémistiche {hascho)j et pas du 
tout au premier pied des deux hémistiches (le sadr et 
Vibtida). 
28* Jad p «><^« Cette expression s'emploie pour indi- 

* Voyez plus loin le numéro 29. 

* L'auteur du Hadâyic les nomme JJ3. On verra ce mot 
employé dans les cercles du rubâï. 



— Ui — 

quer la perte qu'éprouve le pied o^^-* mâfulàtû de 
ses deux sabab khaftf^ et, de plus, de sa voyelle brève 
finale, ce qui le réduit à vJi^^ là-t changé en ^li fSro. 
Si on retranche ensuite Valif de ce pied ainsi dimi- 
nué, et qui prend le nom de majdû ^^^^j on a le 
pied bilittère a» fà qu'on nomme manjûr j^ssL*. Cette 
irrégularité a lieu dans les mètres saH^ munsarih et mue- 
tazab. 

29* Jabb vIaû.. Ce mot indique le retranchement des 
deux sabab khaftf du pied ^^^^ màfdUûn^ qui de- 
vient ainsi li* màfà changé en Ja» fààly et qui se 
nomme majbûb^ ^^yfs^^ ce qui n'a lieu que dans le 
mètre ha%aj. 

SO"" Eatm ^. Ce mot se prend pour indiquer la réu- 
nion du hazf et du casr dans le pied ^j^\j^ màfWilm^ 
qui se nomme alors mahtûm ^y^', et devient pl» màfâ-a 
changé en ^}yi fàû-ly ce qui a lieu dans les mètres tawU^ 
hazaj et muzâri. 

31* Kharm fj^*' Ce mot s'emploie, en terme de pro- 
sodie, pour exprimer le retranchement de la première 
lettre mue du watad majmû au commencement des pieds. 
Cette irrégularité, qui a généralement lieu au sadr et à 
Vibtidây prend, selon les cas, une dénomination diffé- 
rente. Ainsi, lorsque le pied de cinq lettres ^y^i fmlûn 
est makhrûm fjff^y on le nomme aslam JS\*. Dans ce 

*• En arabe, on donne aussi le nom de ^^ à ane addition, de 
quatre lettres au plus, qui a lieu quelquefois avant le premier 
7ers d'un poëme comme liaison avec ce qui précède. 

* Cet adjectif est dérivé du nom d'action JLÎ salm^ qui signifie 
fendre^ etc. 



— «45 — 

cas, le pied dont il s'agit devient ^^ ûlm changé en 
^^ fâlûn. Quand, dans le même pied, il y a à la fois 
kharm et cabz, il se réduit à J^ ûlû changé en Ja9 fàlûy 
et on le nomme asram ^y\ K 

Le nom de makkrûm ^^y^^^ ou plutôt d*akhram pàJ^ 
est réservé au pied ^;i^l^ mafâUm lorsqu'il devient 
^JL&li fiSxIm changé en ^y^ màfulûn; mais si on 
réunit dans ce pied le cabz avec le kharm^ il devient 
^li fâïlvn^ et on le nomme aschtar Jxi^^. Si on réunit 

dans ce même pied le kaff et le kharm^ il devient J^li 
fmlu changé en ^ySLA màfulûn et on le nomme akhrab 
y^j=^\ ^. Si on y réunit le hatm et le kharm^ il devient &li 
/2-a, et on le nomme azlal JJjJ *. 

. Lorsque» dans ^j:ie[i^ màfàUàtûnf on joint le kharm 
an^asb^ on nomme ce pied acsam A^^^y et il devient 
^jàÂi fâiWin changé en ^yÀA màfulûn. 

Quelques-unes des irrégularités que je viens d'indi- 
quer peuvent avoir lieu accidentellement, et ne pas se 
trouver, par conséquent, dans tous les vers d'un poëme. 
C'est ainsi qu'il est quelquefois difficile de découvrir la 
mesure d'un vers isolé, à plus forte raison d'un hémi- 
stiche. J'aurai soin de parler encore de ces irrégularités 
accidentelles, et on en trouvera de nombreux exemples 
dans mon travail. 

' Adjectif dérivé de >^, « se casser une dent »• 
^ Adjectif dérivé dey:â*, « retourner les paupières ». 

* Adjectif dérivé de ^^..HÂ., « percement »• 

* Adjectif dérivé de JJj, « bronchement, » expression qu'il 
ne faut pas confondre avec Jb^ (Voyez le numéro 27.) 

^ Adjectifdérivéde A^, « briser ». 



- U6 - 

Quelquefois deux lettres d*un même pied ne peuvent 
pas être retranchées à la fois; c'est ce qu'on nomme 
muâcaba iJU^ ou incompatibilité. Le tableau qui suit 
mettra en relief cette théorie. Ainsi on y verra, par 
exemple, que le pied ^^;V'^* P^^t se changer, par la 
suppression de la cinquième lettre, en ^^U^, et, par 
celle de la septième, en Sf^' Mais ces deux altérations 
sont incompatibles, et, ainsi, on ne peut pas réduire ce 
pied à J^Li». Cette incompatibilité a même lieu entre 
deux pieds se suivant immédiatement. D'un autre côté, 
une altération en exige quelquefois absolument une 
autre. Ainsi, lorsqu'on retranche la quatrième lettre 
du pied ^lôLa^, on doit supprimer aussi la voyelle de 
la seconde lettre, et dire ^^^*a^. Enfin, on est quelque- 
fois obligé de faire usage de l'une des deux altérations 
entre lesquelles il y a incompatibilité. Ainsi, dans cer- 
tains mètres, on ne peut pas faire usage du pied pri- 
mitif régulier v^^j*^», mais il faut y substituer un des 

deux pieds secondaires, vJi^X^ ^^ CLjii*ft^ ; on nomme 
cet autre cas àJ]jA ou préservation (acte de se ga- 
rantir). 

Les irrégularités qui ont lieu au dernier pied du pre- 
mier hémistiche prennent le nom spécial de arûz js^^j^ 
(pluriel aârî% ^j^jl^')^ dénomiDatîon de ce pied, et 
celles qui affectent le dernier pied du second hémi- 
stiche prennent le nom de zarb vir^ (pluriel zurûb 

En arabe, il arrive souvent que les deux hémistiches 
d'un vers ne sont pas identiques quant au dernier 



— U7 — 

pied, si ce n'est cependant au premier vers d'un poëme^ 
vers où ces deux pieds sont généralement pareils*. 
Quelquefois le dernier pied du premier hémistiche 
d'un vers est irrégulier, et le dernier pied du second 
est régulier, ou bien, ce qui est plus commun, le der- 
nier pied du second hémistiche est irrégulier, tandis 
que le dernier du premier est régulier ; d'autres fois 
leurs irrégularités sont différentes. On trouvera de 
nombreux exemples de ces cas divers dans le chapitre 
sur les subdivisions des mètres. 

Les irrégularités ne consistent pas seulement dans le 
changement des pieds, mais aussi dans leur suppression. 
La suppression d'un pied à chaque hémistiche se 
nomme juz *)2w, et le vers ainsi réduit majzû '^ys^. 
Quand la moitié du vers est retranchée, cela s'appelle 
schatrjii^, et le vers ainsi réduit se nomme maschtûr 
j^Ltj». Il y a môme, en arabe, du moins en théorie, des 
vers réduits au tiers, nommés manhûk ^y^^ et des 
vers à un seul pied, nommés maschtUr ul manhûk jjkt^ 

CHAPITRE IV. 

SUR LES CHANGEMENTS DES PIEDS PRIMITIFS 

Voici actuellement la liste des changements dont sont 

* Dans ce cas, au contraire, le premier pied éprouve quel- 
quefois une addition particulière, comme je Tai dit plus haut, et 
d'autres fois un retranchement. Ainsi, on trouve, par exemple, au 
premier pied du vers qui commence un poëme, ^JL^ pour ^J^• 

^ Cette conformité accidentelle se nomme ^j^*, et la non- 
conformité, àJiLj, 



— 248 — 

susceptibles respectivement chacun des pieds primitifs, 
c'est-à-dire le catalogue complet de tous les pieds irré- 
guliers. 

I. ^yô fàûlm. Ce pied peut être affecté de sept irré- 
gularités, à savoir : 

1 . Tasbig (voir n" 26), ^j^y^ fàûli-m. 

2 . Cabz (voir n* 6) , Jj»i fàûlû. 

3. Cash (voir n» 9),\3j** fàû-L 

i. Haip (voir n« 2), J** fàà4 (pour^xà fàû). 

5. Salm Ji (voir n» 31), ^^^ fâlûn (pour ^y^ ûlun). 

6. Sarm >y (voir n*31), J*i fcUû (pour J^û/û), 

7. Batr (voir n* 2b), ^ fà. 

IL ^\i faîlûn. Ce pied peut aussi éprouver sept irré- 
gularités, dont voici l'indication : 

1. IzALA ou tazyîl (voir n® 27), ^j^li fàUSrn. 

2. Khabn (voir n* A), ^^^ fàïlûn. 

3. Cat JaS (voir n* 10), ^Ji«3 fàlûn (pour Jcli /3îQ. 
i. Hazaz (voir n* 22), fi^i /a. 

5. Takhli (voir n« 1 3), Ja3 fàâl 

6. Tarfil (voir n** 1 5), ^'îicLî fâilàtûn. 

7. Khabn et izala (voir n®» i et 27), ^j^ fàïlà-v. 

III. ç^;V'^ màfœUm, Ce pied admet les onze irrégu- 
larités que voici : 

1. Tasbig (voirn® 26), ^)^t^ màfœilà-n. 

2. Cabz (voir n" 6), ^^li^ màfWilm. 



— «49 — 

3. Kaff (voir n» 7), Sf'^ imfàllû. 

4. Casr (voir n» 9), J^Lâ* màfWirL 

5. Hazf (Yoirn» Îl), Jiyi fàûlûn (pour J;Isla màfai). 

6. Hatm (voir n» 30), p li^» mâfâra. 

7. Kharm (Toir n» 31), ^^^ mafulûn (pour^^^Uli fSilûn). 
B. Khabb (toît n* 31), J^ mâfûlû (pour J-xli /oite). 

9. ScHATR (roirn* 31), ^Li fâîlûn. 

10. Zaiai. (voir n* 31), pU fà-a. 

11. Batr (voirn* 25), iifà. 

lY. ^^li fâïlàtm. Ce pied compte dix irrégula- 
rités, savoir: 

1. Tasbig (voir n« 26), ^J^^ fWtRya-n (pour ^bbicli 

2. Kbabn (voir n* 4), ^"^ fâïlàtm. 

3. Kafp (voir n* 7), dJ^\i fàîlàtû. 

4. Casr (voir n* 9), J^^ fàïlârn (pour O^l^ /aïK-t). 
6. ScHAKt (voir n» 20) , O^ /a«5(îl. 

6. Hazf (voir n*» 21), ^^li [âïlm (pour ^li fàîlà). 

7. Taschis (voir n» 8), J^j*^ mdfûlûn (pour ^^^ fàlà- 

tûn. 

8. Cat Jaï (voirn» 10), ^^ fàïlm (pouf ^ fàîlà). 

9. Jahf (voir n* 12), ià fà. 

10. Rab ^j (voir nMI), J*3 /«aZ. 

V, J^^sJlL^ mûstàfllm. Ce pied admet les onze irrégu- 
larités suivantes : 

1. IzALA (voir n* 27), ^J^MCUyJ^ nmstàfîlàrn. 



2. Khabh (voir n' 4), ^Jifili» màfaUm (pour ,^^9^ mûtaf' 

Uûn). 

3. Tait (Toir n* 8), ^^^f^ mûftàUm (pour ^j1*îî-*^ mws^?- 

/tin). 
i. Cat ^Jaï (roîr n» 10), ^^j**^ màfûlûn (pour J*flX.i»^ 

5. Kafp (voir n'7), ^}*scLy^ mustafîlû. 

6. Khabl (voir n* 1 9), ^jdiji /aWaitin (pour ^^S»^ mMï- 

lûn). 
7^ ScHAKL (voir n* 20), JôU» màfâïlû (pour J^fi^i» mûtà- 

fîlû), 
8. Hazaz (voir n* 22), ,Ji*5 /atiiin (pour JjûU mûtaïl). 

0. Takhli (voir n® 13), ^j*i /SûZiln (pour Jjito mûtâflt}, 
10. Tarfil (voir n® 15), ^j»bJxû:L«^ mûstàfUàtun, 

il, Raf «il (voir n* 1i), ^^li fàîlûn. 

VI. j^^Li» mâfâïlàtm. Ce pied a'admet que quatre 
irrégularités, à savoir : 

1. AsB (voir n^ 2), ,«;V'^ màfmlûn (pour ^^^LL» mâfSU- 

tm). 

2. AcL (voirn® 17), ^IftlX» mâfaïlûn (pour ^^U/» màfài- 

tm). 

3. Catf (voir n^ 24), (J^ /iiiliMn (pour JcLi» màfâXI). 

A. Casm (voir n° 31), ^^^*a^ màfûlm (pour ^ôli fâlltûn). 

VIL ^^Lij^ mûtàfâîlm. Ce pied admet six irrégula- 
rités, dont voici la liste : 

1. IzMAR (voir n* 1), ^^IaûX***^ nmstàfUûn (pour ^Jiôlix» inSf- 
/aîZiin). 



— «61 - 

2. Cat Jaï (voir n* 10), JS%9 fàîHtûn (pour J^lix» mô- 

3. Wacs (Toir n° 16), ^IcLi^ mâfâïlm, 

4. Hazaz (yoir n» 22), ^^^ /aiJwn (pour li:> muta fa). 

5. IzALA (voir n° 27), ^jbSbLAx^ mûtàfàîlâ/n. 

6. Tarfil (voirn*^ 15), ^'bïpli:> mutàfâïlàtm, 

VIII, oiîj»i» fnàfûlàtû. Ce pied admet les neuf irré- 
gularités suivantes : 

1. Wacp (voirn° 3), jiî^ màfula-n (pour o^j»*^ w5/5i- 

Zâ-f). 

2. Khabn (voir n« 4), C^^j^i fàûlâtû* 
8. Taïy (voir n* 5), oiicli faïlàtû. 

4. Kasf (voir n* 18), ^y^ màfûlûn (pouri)^^ màfûla), 

5. Khabl (voirn® 19), O^ fâïlâ-t (pour OÎix^ mâûlà-t), 

6. Salm JL-p (voir n® 23), ^^1*3 fàlûn (pour^^jd^ màfû), 

7. Jad Ç' J^ (voir n° 28), pli fà-a, 

8. Nahr (voir pag. 34), ^ /a. 

8. Raf ^j (voir n° 14), Jyû^ màfûl. 

IX. ^^* iî & li fàï-là-tm. Ce pied admet quatre irrégu- 
larités, c'esl^à-dire : 

1. Kaff (voir n*'7), O ^ ois tàï-là-tû, 

2. Cash (voiru® 9), ^j^ pli fàï-lâ-n (pourob5 oUfàî-là-t), 

3. Hazf (voir n* 21), ^J^cli fâïlûn (pour il^li /5 i-Zâ). 

4. Tasbig (voir n* 26), ^Ci &li /â^-%â-n (pour ^^bi) oLj 

fâïrlâtâ-n). * 



— lit — 

X« ^ ^ ^ mûS'tafï''Vm. Enfin, ce dernier pied 
n'admet que trois irrégularités, qui sont : 

1 . Khabn (voir n* i), ^^LU* màfaHHin (pour i^ ^ ( 

mUr-tafïrlûn). 
t. Kaif (Toir n» 7), J *y ^ nrn-tafi'lii. 
3. Tasbio (yoir n« 26), ^i) «ii* ^jm^ tnm-tâfïrlSrn. 

Par suite de l'emploi de ces irrégularités dans les 
mètres primitifs, ces mètres prennent différentes formes 
dont les pieds sont quelquefois pareils, quoique tiériyés 
de pieds réguliers divers. Gela tient à ce qu'on a généra- 
lement substitué aux paradigmes altérés des paradigmes 
plus conformes au génie delà langue arabe ^ Aussi est- 
il essentiel d'indiquer, pour se reconnaître, le para- 
digme original, et c'est ce que j'ai eu soin de faire dans 
les tableaux qui précèdent. 

On trouvera peut-être bien compliquée la théorie des 
irrégularités des pieds primitifs, mais on se convain- 
cra, par l'expérience, que cette complication apparente 
s'évanouit dans la pratique. En effet, tous les pieds d'un 
vers ne sont pas altérés au point de ne pouvoir être re- 
connus ; il 7 a toujours dans le vers quelque pied qui 
sert de jalon pour découvrir la mesure. On peut tâton- 
ner, sans doute, mais en recourant aux paradigmes, et 
avec un peu de persévérance, on ne peut tarder de trou- 
ver la mesure qu'on cherche. Voici, au surplus, une 
sorte de résumé de la théorie qui précède, c'es^à*dire 
la liste complète de tous les pieds réguliers et irré- 

* On nomme ces mots substitués ,Ji})iyxA, substitutions. 



guliers classés d'abord selon le nombre des lettres 
qui les composent. Les numéros marquent les pieds 
primitifs auxquels se rapportent les pieds secon- 
daires. 

Pied de deux lettres* 
^/3, 1,2,3,4,8. 

Pieds de trois lettres. 

uJ*i fààl^ 1» 2, i; ^li /2-a, 3, 8. 

Ja* fàlû, 1 ; 

Pieds de quatre lettres. 

^)yi fàûrl, 1 ; ^ fàUm, 2, A. 5, 7 ; 

J^ fàUûj 1 ; oLi» màfà-a, 3. 

y^ falùn^ 1, 2,8; 

Pieds de cinq lettres. 

^^yi fàvMn^ 1, 3, 5, 6; J^»i» mafûlû^ 3 ; 

J^ii fWmn, 2, 3, 4, 5, 9 ; o^ /aï/atû, 4 ; 

OÎi*i fàUârt (ou ^ii*i ^^^ /a«a<ûn, 5 ; 

/S«â-»), 2, 8 ; 3^lL mflt/Satt, 5. 
J^ mafvrl^ 8 ; 

Pieds de six lettres. 

^yi fàulà-n^ 1 ; {^y^ màfûlûn^ 3, 4, 5, 
^li» màfâUm^ 3, 5, 6, 6, 8 ; 

7,10; ^ii»i /aïfô/ûw, 4, 7 ; 

4f ^ ?mi/5î-/, 3 î O^li /a«âett, 4, 8 ; 

S^^ mafaûu, 3; J^M faUà-n, 2, 4 ; 



— SM — 

^JUxii mûfiàîlun, 5; J f^* (j^ mïts-tàfl-lû, 10; 

Pieds de sept lettres. 

^'ilcU fàïlàtûny 2, 4 ; yji^^iyJu» màfûlàtû^ 8; 

^^Li» màfàilùny 3, 6; (O-^j**^ mâfûlcHn^ 8; 

^^^l»ft:u^ mûstàfîlûn^ 5, 6 ; u^ ^^ O^ mûS'tàfUïin^ 
^^^Li» màfàîlàtûn^ 6 ; 1 ; 

^^LiJU mutafàilûfij 7; "^ï iJ oli fâï-là-tûn^ 9. 

Pieds de huit lettres. 

^bLftU» màfàïlâ-nf 3 ; ^^ *£» j>w» vms^âfvlà-n^ 
^llls li fàiUyâ'% 4 { 1 ; 

^C) pli fài'Ryàrn^ 9; ^jbJ^lij^ mùtàfâilcHi, 7, 
^bLfi^ mûstàfîlà-n^ 5 ; 

Pieds de neuf lettres. 

^'il«iju*»>» rnmtâfîlâtûn^ 5; ^'bLli::? mûtàfàïlàtûn^ 7. 

Voici actuellement la classification de ces mêmes 
pieds selon le nombre de syllabes qui entrent dans leur 
composition : 

Pieds d'une syllabe. 

^ /S, 1,2,3,4,8; ^li /2-a, 3, 8. 

Pieds de deux syllabes. 

^ /aai, 1, 2, 4; ^ /SJûw, 1, 2, 8; 

Jji /S/û, 1 ; p Li» wa/S-a, 3 ; 

J^ /aw-f , 1 ; ôy^ mâfdrl^ 8. 



— MH '^ 



Jy3 fàûlûy 1 ; 
^ fàîlûn^ 2, 4,5,7; 
^^j*i fàûlûn^ 1,3,5,6; 
^lûli /az/ûw, 2, 3, 4, 5, 9 ; 
oii*i /a«â-^ (ou Ji^ fâ- 
■w), 2, 8 ; 



Pieds de trois syllabes. 

JiyJiA màfûlû^ 3; 
^b)j*i fâulârn^ 1 ; 
J-^lX» màfal-l^ 3 ; 
^^^ màfûlm, 3, 4, 5» 6, 8; 
^bLli fàïlârn^ 2,4; 
^^ p^li fàî-loru^ 9. 

Piedf de quatr* syllabes. 



O 



L^/a«5^a,4; - 

^^^ fàîlâtûn^ 5 ; 
JcLi» màfàîlû^ 5 ; 
^lôLi» màfâïlm, 3, 5, 6, 
,7,10; 

JjjcU/» màfâllûy 3 ; 
^^'^ fàUàtm^ 4,7; 
oil*i /aiiaJtt, 4, 8 j 
^^;l«j^ mùftàïlûn^ 5; 
J»âx**^ mûstàfîlûy 7; 
O^^ fàûlàtû, 8; 



^ïiîôli /5«5mn, 2, 4 ; 
^^LcLi» mâfâïlûn^ 3, 6 ; 
^xûX*^ mûstàfïlmt 5, 6 ; 
vl>b5^*i» màfûlàtû^ 8 ; 
t^^^xi» màfûld'-ny 8 ; 

^* ^ oli /Sï là tm, 9 ; 
^^li^ màfàilorn^ 3 ; 
^Ûfili fàïtiyà-n^ 4; 
^11) c.li/Si-%âw, 9; 
^bixAL^ mûstàfllà-n^ 1 ; 
^b) aiï ^>» muS'tàfî'lârn^ 
10. 



J M>* ^^ mûs-tâfi-lûf 1 ; 
oS & li fâv-lâtUy 9 ; 

Pieds de cinq syllabes. 

^UU mdfàimtûn, 6 ; ^^biclJb» mûtâfaUSm, J; 

i^UjU mûtàfàîlûn, 7; ^*bJ*i;u^ mustâfUatûn^ 5, 

Pied de six syllabes, 

^^iieUU mmfàUU^n, 7. 



— 156 — 



CHAPITRE V. 



DÉTAILS SUE LES MÈTRES PRIMITIFS ET SECONDAIRES, 
AVEC DES EXEMPLES ARABES, PERSANS, TURCS ET 
HINDOUSTANIS. 

On nomme, ai-je dit, mn, JL», le mètre dont les 
pieds, r)'^^ n'admettent aucune aUération^ ^^jt ^^ 
irrégulier j ^^)yf celui dont les pieds sont diversement 
altérés. J'ai fait connaître les différentes irrégularités 
dont les pieds primitifs peuvent être susceptibles ; il me 
reste à parler des mètres eux-mêmes et à donner des 
exemples de leurs variétés. 

J'ai parlé de l'identité de quelques pieds dérivés mal- 
gré leur origine différente. Par suite, il y a des mètres 
secondaires qu'on peut rapporter à plusieurs mètres 
primitifs. Dans ce cas, on doit les rattacher à ceux aux- 
quels ils se lient le plus naturellement. L'exemple sui- 
vant fera comprendre cette règle. 



*•*»» jJ <3 >^iM* . > M i ^ 



J'ai été hors de moi lorsque moa amie m'a abandonDé ; j'ai 
gardé le silence lorsqu'elle a commencé à parler. 

Ce vers se compose de six ^Li» màfaîlûn. Or, si ce 
pied est dérivé de ^JaâjÛm^ mûstàfUm par l'irrégularité 
nommée khabn^ le vers que je viens de citer est du mè- 
tre ro/ajs; si, au contraire, le pied ^^ màfaîlûn dé- 
rive de ,^^^ màfSUûn par l'irrégularité nommée 



— t57 — 

cabzy le vers est du mètre hazaj. Or, comme ^^li^ ne 
dérive de ^UiJu^ que par substitution^ Jii , pour ^^^^^^ 
mûtàfîlm^ et que, au contraire, il dérive de ^^^^ sans 
substitution^ il est plus naturel et plus simple de le ratta- 
cher au mètre hazaj. C'est ainsi qu'on doit agir dans 
tous les cas où des pieds îrréguliers dérivés peuvent se 
rapporter à plusieurs pieds primitifs. 

Les cas dont je parle n'ont pas de rapport avec la ver- 
sification nommée mutalauwan j}^, ou bigarrée, et 
qui consiste à composer des vers de telle façon qu'on 
puisse les scander de plusieurs manières, et ainsi les 
rapporter à plusieurs mètres différents. J'ai parlé de 
cette sorte do figure de mots dans la deuxième partie 
de la Rhétorique, chapitre ii, section 24, et j'ai cité 
quelques vers qu'on peut scander de deux manières. 
Voici, du célèbre Faïzi, deux vers* qu'on peut scander 
de quatre manières, et rapporter ainsi à quatre mètres 
différents, à savoir : 1* au sari [matwî^ maksûf); 2<» et 
3** au raml à six pieds, maklibûn^ mahzûf et simplement 
tnakzûf; 4° au khafîf {makkbûn et mahzûf), 

bi-j >b tJ) ^C^ M. ^^^ Aida. 

^ Giadwin, Dissertation, pag. 145, a cité le gazai entier, 
mais sans traduction. 
' Voici la quadruple scansion de ce premier hémistiche : 

\* al khûmî àb \ rûî tu tè \ guïjàfâ 
mûftà ï lûn I mûftàïlûn | fà ïlûn 

47 



— 258 — 

Ton 90urdl arqué Mt^ p<mr le eœur^ Tépée de la tjtannie ; 
les boucles de tes cheveux sont, pour luU le filet du malheur. 
Le poignard qui est à ta ceinture est le glaive de la mort; ton 
œillade funeste, la flèche du destin. 

t^armi la grande quantité des mètres dont les traités 
originaux donnent la nomenclature, il n'y en a, comme 
je l'ai déjà dit, qu'un assez petit nombre qui soient d'un 
Usage commun. Ainsi, par exemple, dans les poésies si 
variées de Wall, il n'a été employé que dix-huit mètres 
seuleûient, et le tableau de ces mètres, tableau que j'ai 
donné dans mon édition des œuvres de ce poëte célèlire 
du Décan, peut servir généralement pour tous les re- 
cueils de poésies bindoustanies et même pour les 
dîwans persans et turcs. 

Il né me semble donc pas nécessaire de donner la no- 
menclature complète de tous les mètres dérivés que les 
rhétoriciens arabes nous font connaître et dont plusieurs 
sont si peu usités qu'il serait difficile d'en trouver des 
exemples. Je m'occuperai plus spécialement, à Timita- 

2** aï khûml âb | rùî tu tè \ guîjàfà 
fâ î là tûn I fàï là tûn | fà î lûn 

3® al khûml àb \ rûî tû tè | guljàfà 
fà ï là tûn I fàîlà tûn \ fà î lûn 



i^ al khûml àb 



fâ ï lâtûn I mafà î lûn 



rûl tû tè 



guijafa 
fà Uûn 



* Jeu de mots entre ^* éfée^ ^^ ji? flèche. 



— 259 — 

tioû de Tauteur du Hadâyic, des mètres les plus com- 
muns chez les poètes des principales nations musul- 
manes. Ce que je dirai ici suffira amplement pour fami- 
liariser à la scansion des yers et donner ainsi la facilité 
de trouver les mesures les moins usitées. 

SECTION !'• 

Des mètres tawîl^ madîd^ bàdiy kàmil et wàfir. 

Ces cinq mètres étant particuliers aux Arabes, je n'en 
traiterai que sommairement. On en a vu plus haut les 
paradigmes réguliers ; il s'agit actuellement d'en don- 
ner des exemples, aussi bien que des principaux mètres 
irréguliers qui en dérivent 

Je ne suivrai pas les rhétoriciens arabes dans leur 
classification systématique qui consiste à ranger les 
mètres dérivée d'après 4e dernier pied du premier hé- 
mistiche ^3j^ et le dernier pied du second ^j^^ ce 
qui fait des genres et des espèces, comme les a^elle 
S. de Sacy*. Cela tient à ce qu'en arabe on ne fait 
guère attention qu'aux irrégularités des derniers pieds 
des deux hémistiches, pieds qui^ dans cette langue, ne 
sont souvent pas pareils, tandis qu'ils le sont, au con- 
traire, en persan, en turc et en hindoustani. Les autres 
irrégularités qui servent à classer les mètres dérivés 
dans lea autres langues, ne sont souvent en arabe 

^ Cet éminent orientaliste a donDé la nomenclature exacte de 
ces variétés, mais sans les accompagner^ malheufeiisement, 
d'aucun exemple. 



— «60 — 

qu*accideDtelles et non essentielles S comme c'est pres- 
que toujours le cas dans les autres idiomes. Gomme mon 
travail comprend les langues les plus connues de 
l'Orient musulman, j'ai pris une marche plus simple ; 
je me suis seulement contenté d'indiquer, au fur et à 
mesure des cas, ce qu'offrent de particulier les mètres 
arabes, en éclaircissant, autant que je l'ai pu, les règles 
par des exemples. 

1' Le mètre tawU Jj^ régulier est très-commun en 
arabe ; en voici un exemple : 

Ta fortune ne tient ni à ton oisiveté ni k tes efforts ; ce n'est 
pas la science qui peut te la donner ni une belle écriture. (Ex- 
trait de rii//" teila *.) 

Voici actuellement un exemple du tawîl régulier à 

tous les pieds, si ce n'est au dernier du premier hémi- 
j 
* Je veux parler, par exemple, de ^Jxs pour ^^4^1-3, de 

JiôlJb» pour ^*L&Li», de ^Uftli::^ pour ^UliXi», de ^witLi» 

pour ^Jifili>» et autres petites irrégularités qui seront indiquées 
dans l'occasion. 
' Voici la scansion de ce premier hémistiche : 

hûàlnz I eu là hâllûn \ làdai kâ \ wà là ràbtûn 
fàûlûn I màfà ï lùn \ fà û lûn \ ma fàl lûn 

Dans vl^^ ladaika^ le fatha final est censé suivi d'un dlif 
de prolongation et rend, par conséquent, la sjllabo longue. 

' Ces vers ont déjk été cités dans l'Anthologie arabe de feu 
mon ami J. Hurobert (de Genève), p. 1 3. 



sttche qui est macbûz^ c'est-à-dire réduit à ^IJU ma • 
fàïlûn. 

La plante yerte que produit )• jardin de Kftfûr* remplace, 
pour nos cœurs, les effets d'un vin vieux et généreux *• (Zaln 
uddîn.) 

Voici actuellement un exemple du tmXI^ pareil au 
précédent, si ce n'est que le dernier pied du deuxième 
hémistiche est réduit à ^yi fàUm (pour v^U» màfwi) : 

^•jiJ L. li! LJjJI Je >^ 

*■ Voici la scansion du premier hémistiche de ce vers : 

wâ khàdrâ | û kàfu n | y à Un nâ \ bàfllûhà 
fà û lûn I mafà llûn \ fà û lûn \ mafà î lûn 

' 11 s'agit ici de Kâf&r Ikhschidî, amtr d'Egypte, dans le jar- 
din duquel on cultivait le haschisch, végétal que célèbre la pièce 
de vers dont ce haït est extrait. 

* ChrestomcUhie arabe de S. de Sacy, t. II, pag. 44. 

* Voici la scansion de ce vers : 

sàlàmm \ àlâddûnyà \î%àmà \ f^ul4tûmv;==màfâUûn 

bànl bar \ màkinmlnrâ \î hïnà \ wà gà dîn 

fà û lûn I mafà ï lûn j fàû lûn \ fàûlûn (pour màfai) 

Dans Js^Iày il est permis d'ajouter, d'après une des licences 
poétiques particulières aux Arabes {Grammaire arabe de S. de 
Sacy, t. II, pag. 498), un zamma final, qui représente ici un 
U long ; c'est ainsi que j'ai mis, dans ma transcription, fàqmdr 

tûmû. Dans ^^^^j^ le fatha final représente aussi un à long, 
et c'est ainsi que j'ai écrit ràhîhïnà. 



LonqiiQ le monde tooi aara perdu, A fih de Barpnék, un 

cessera do voir des yojageurs dans les routes depuis le j^^ 
jusqu'au soir^. (Abu Nawfts.) 

Quoique le mètre tawU soit particulier aux Arabes» 
il a été cependant employé quelquefois, par fantaisie, 
par des poètes appartenant à d'autres nations musul- 
manes. Ainsi, voici un vers persan du bahr tat{fîl r^- 
gufier: 

Le monde admire ta beauté. Le rçgard est dans Tivresse et 
l'extase à cause de tes lèvres de rubis mouillées de ?in. 
(Faquîr.) 

2*» paps Ja, pr^tjqiie, pn n'emploie en afg^l^ç le mètre 
^'^M flU'pee six pw4p peuleroeut, ïlp voici \iR qjemple 
régu}içir s 

Bakrides*^ rappelez à la vie ma Kulaïb ; et dites-ipoi od 
nous devons fuir. 



Voici un exemple où le dernier pied des deux hémi- 
stiches est réduit à ^Jicli (pour ^li). 



* Chrestomathie arabe de S. dp Sacy, t. I, p. 9. 

* Nom d'une tribu arabe. 



Sachez que je fus pour tous un gardien, soit que je fuMe ab- 
sent, soit que je fusse présent. 

Voici un autre e^eipple pareil, ei ce n*est que le der- 
nier pied du second hémistiche est réduit à ^Ji*» 
fàlûn : 

A coup sdr cette jeune beauté au nez retroussé est une 
pierre précieuse sortie de la boi^rse d'un yillageois (c'est-à-dire 
est la fille d'un villageois*). 

* Je reproduis ici la traduction de feu et. Quatremère {Jour- 
nal des sapants^ 1853, p. 381], Dans ma première éditipn, 
j'avais cru pouvoir lire «lih ppur Àih, et donner uq autre seps ^ 
ce vers, déjà traduit par le Clerc {Pros. ar, , p. 45) et par Frey tag 
(4r, yer^kmti P? 181), Eq ^Ht 1% coquillage SORiaé mIj me 
fm\^ ]rép()(i4re ^^ m:V^r% ^/ dp? ïpdjpps, g^i Q§t, pomR^ç pu 
8ait| le nom qu'ils donnent au petit coquillage appelé porcôr 
laine ^ lequel sert chez eux de menue monnaie. Cette explication 
est d'autant plus plausible que ce mot existe en syriaque avec le 
sens de monnaie^ aipsi que me l'avait dit feu M. Ferrâo de Cas- 
telbraneo, qui s'était occupé avec succès de plusieurs langues 
orientales. En effet, Mjchaelis, dans son dictionnaire ^y^iaque, 
traduit ce mot par monetœ gentis et illud duplex : majus valet 
gçtmte$, çbgli^ min^s^ptefn* U W^ fWj» ^m « pêPsage, 
équivaut au Xs^rTà [minuta) de la veuve du Nouveau Je§tfirflçi|t 

(s^ipt M^TP, x[ï, 4g), gt jg m^ du w^ î^nt?^ dm celpi de la 

sentence de Î^Qtre-gpipçur, Içtç. ciU \^ Jfl Ypw^ Ip dis çp 
vçrité, pettp pauvrp ypwye ^ (Jpppp plp9 qwe tpug §e\ix Q^i ont 
mis dans le tronc. » 



— 26i — 

Voici encore un exemple du mètre madîd avec le der- 
nier pied du premier hémistiche réduit à ^li (pour 
bifili), et le dernier du second à ^^li fâîlâ-n (pour 
si^\i fâîlà-t) : 

J'jJ^ Jj'U j^ JS" 
Que la Tie ne séduise pas rhommey car toute yie finira. 

Enfin, voici un exemple où le dernier pied des deux 
hémistiches est réduit à ^J^ fàîUm (pour ^) : 

J-^' J^ J^ ur^ cj' 

ar«^ Ljj J3 Lj »i 




Lorsque le terme de ma yie arrivera, je serai, hélas! couyert 
de honte et de confusion. (Mucaddéci^) 

Quelques poètes persans ont voulu suivre le para- 
digme primitif de ce mètre. En voici un exemple dans 
le vers suivant, qui se compose, en effet, des pieds ^% li 
^^li répétés quatre fois* : 



* Les Oiseaux et les Fleurs^ allégories morales, pag. 17 de 
mon édition. 

* Il est vrai qu'on pourrait rapporter ce vers au mètre raml à 
huit pieds mahzûf; mais, d'après la règle qui a été mentionnée, 
p. 256, il faut le rapporter au madîd régulier, parce que c'est, 
en effet, plus naturel et plus facile. 



— 265 — 

mon idole, mon cœur, par ton absence, est abreuvé de 
sang ! jeune beauté, mon âme, h cause de toi, décbire le TÔte- 
ment de mon corps. 

En voici un exemple hindoustani : 



Une natte déchirée est autant que le trône de Salomon 
pour ceux qui ont le bonheur d'habiter l'angle de ton amour, 
(Walt) 



ii" \ 



3* On ne trouve pas le mètre bâcit régulier à huit 
pieds, mais il est commun avec le dernier pied de 
chaque hémistiche réduit à ^^ fàîlûn. En voici un 
exemple : 

X \ M. JL-g «LU)) ^ !C» «b b 
j-ji)l ^L- L^ JO, oyt 

V 

tente de Maïya dressée sur la hauteur, puis sur la pente 
de la montagne, tu es abandonnée ^ et déserte depuis longtemps. 
(Nabiga^) 

Quelquefois le dernier pied du second hémistiche est 
même réduit à ^*^ fàlûrij outre les licences acciden- 
telles autorisées en arabe. En voici un exemple : 

* A la lettre « elle est abandonnée )>. Le changement de 
personnes est fréquent, dans les cas analogues, chez les poètes 
orientaux. 

' Chrestomaihie arabe de Sacy, t II, p. 1i3. 



M I 



* ')j^j 'Ir*^ dr^-" ^5^!^^ 



Regarde un yaisseau, ^ yijQ VqP<^1^9^Q(^I^ » U 0^1) rÎTlt àe 
réclair dans sa course légère. {Alf laïla^.) 

On trouve aussi fréquemment le second et le qua- 
trième pied de chaque hémistiche réduits à ^^ fêffiSm. 
Exemple : 

w^-^b ^^1 .iWj ^^ 
Lmo^e in pedreises les brA9ahM, 0Ue9 crpis^eet f^mwe i) 

f#Mt 5 fpais ç>st e|^ yftiq que tu çherqberft^ k rp4FW«f l? fepif 
sec. (Vers arabe cité dans le CtUistan, liv. Vn.) 

Où emploie tpès-ftréquemmqnt ce mètre avec six 
pieds seulement, trois à chaque hémistiche. En voici 

* Voici la scansion de ce vers : 

ànzûr Uà \ mar kàbîn \ yàsbikà mân \ zàrûhû 
mUs tâfilm \ fà î lùn \ mûstâfî lûn \ fàîlûn 

Yà sàbîqûl \ bar cà mâs \ rà an wà màj \ rà an 
Wi tÔ'f UWk I fà ï lûn I miji ta fi ly^n | /5 ly,n 
Dans le second hémistiche, nous avoirs rmfâllûn .Jkli^ 
(pour jJ«^ mûtâfîlûn). On peut en effet remplacer acciden- 
tellement ^IaÂImw» par ce pied dérivé. On trouve aussi quelque- 
fois, dans le môme cas, ^«|^»J^ mûftàîlûn et ^^ fàîlàfûn 

(pçmr ^t]^ mmim)^ pt, à la fin i^ v^[?, 9R P5«t foirai i 1» 

dernière syllabe des pieds, l'intercalation Jot d*un alif^ 

* Anthologie Hui^bert, p. 1^. 



— 267 — 

un exemple régulier, c'est-à-dire composé des pieds 

^^^l»ûx-4P ^[i ^Jascu^ répétés. 

^•-^ Ç^J J* d^J ^i Li 




Ppur(jijQi çleiR©uy(^|is-je §uprèi^ d'una blfei<#tîoii guj es( y\i% 
que dis-je^ qui est rasée, effacée et muette ? 

Voici un verg persan écrit 4&n^ 1^ mètre bâcit ré- 
gulier : 

Ton union rend mon cœur satisfait de la réyolution du eiel ; 
ton absence est pour mon esprit comme le sel sur la blessure 
dont tu es l'auteur. 

4<» Le mètre faîmiZ régulier à six pieds est, entre autrgs, 
celui de la célèbre Muallaca de Lebid publiée par S. de 
Sacy*, et qui commence par le vers suivant : 

va 

Li^L^ji l^j^ o-Jb U^ 

Ils sont évanouis des lieux où il§ avaient établi leur campe-^ 
ment, les vestiges de leur demeure. Minâ^, Gûl et Rijâm* sont 
devenus déserts. 

^ A la suite de son édition de Kalila et Dimna, 

* Nom d'un lieii que Ip pommeutatQur ZQU9;éi)i distingue de la 

vallée de CQ nQiQ| Tçllée qp% \f\ pèlerinage de 1^ M^çiq^e a rendue 

célèbre. 

' Montagnes connues des arabisants. 



— 268 — 

Il est bon de faire observer qu'on admet dans ce mè- 
tre, comme licence permise, le pied mûstâfUùn ^JUâx«^ 
pour jjifili^'» mûtfàïlûn^ au lieu de ^JbUx;» mûtàfàilm^ 
ainsi qu'on le yerra dans le \ers suivant, où le troisième 
pied de chaque hémistiche est réduit à ^^"^ fàîlaMn 
(pour JfiUbi» m&tàfâJil) ou y*^y^ mâfûlûn (pour ^iso 
mûtfml). 

* ïijyir Ay^ ^u ^ 



Lëve-toiy présente-moi cette plante verte produite dans le jar- 
din de Kafour et qui remplace le vin le plus délicieux. (Abû'l Izz 
Magrabi^) 

Voici deux autres vers mactûy au dernier pied seule- 
ment, qui prend, par conséquent, la forme ^^*^ fàî- 
làîûn. 

toi qui brûles le visage de ton ami, continue à ton aise, car 
j'ai assez de larmes pour éteindre ce feu. Embrase mon corps 

^ Voici la scansion de ce premier hémistiche : 

Cûm âtînï \ khàdrâ à kà | fû ri yàt 
mus ta fîlûn \ mus ta fî lûn \ màfu lûn 

* Chrestomathie de Sacy, t. II, pag. i5. 



— 269 — 

et tout mon être; ménage seulement mon.cœuroù tu es. (Ibn 
Hujjat*,) 

En voici un avec le dernier pied de chaque hémistiche 
réduit à ^^^Lô fàîlûn (pour Ux» mûtafà\ qui peut même 
deveoir ^J^ fàlûn (pour Li:> mûtfà) : 

L'hiver est passé, il s'enfuit à la hâte; le mois iu printemps 
s'avance vers toi. 

Voici un exemple du kâmil à quatre pieds seulement, 
réguliers, sauf les licences autorisées : 



Je désire ardemment la présence de ma bieu-aimée, et, lors- 
qu'elle paraît, je baisse les yeux par respect*. 

Voici un dernier exemple du kâmil à quatre pieds, le 
premier de chaque hémistiche muzmar et le dernier mu- 
raffal, c'est-à-dire le premier devenu ^li:> mûtfàîlwn 
et le second ^%\jL)j*mûtàfâîlàtûn: 

Vis longtemps au gré de tes désirs et daps une santé parfaite ii 
l'ombre des palais les plus élevés. (Abû'latâya *.) 

* Anthologie Humbert, pag. 7. 

* Anthologie G. de Lagrange, pag. 137. 

* Chrestomathie de Sacy, 1. 11, pag. 3. 



— 270 — 

Quoique ce mètre soit particulier aux Arabes, quel- 
ques poètes persans modernes, Jàmi entre autres, l'ont 
employé» mais seulement à huit pieds, dans sa forme 
primitive, telle du moins que je l'ai dotinée d'après le 
Hadâyic. En voici un exemple : 

^jy ^j sJj^ ^ ^ Lia. py ct'^ ^ 

. SdH 6(sùt hé quitte pas ub instant ses maôières tyranhiquês, 
même par hasard, pour s'avancer du côté de la fidélité, tandis 
que la fidélité ne se retire pas de mon cœur opprimé, malgré les 
nombreuses injustices de cette bette. 

5« En arabe, on ne trouve pas le wâfir employé régu- 
lièrement. Ordinairement les déUx premiers pieds sont 
réguliers, avec les licences permises (c'est-ènlire ^J»^^ 
màfâïltùn (pour ^jS^Ià^ nu^âUàêm)^ et le dernier pied 
esimactûf^ c'est-à-dire réduit à ^yi fmlûn (pour JcIà» 
ma fait], 

^ Le chemin de ta mort est lé but de tous les tivànts, et Cd che- 
min appelle à haute voix les habitants de la terre. (Extrait du 
Hamâça^,) 

Le wâfir est quelquefois réduit à quatre pieds seule- 
ment. Exemple : 

^ AntAo%ie Humbert, pâg. 16. 



— 271 — 

* (J^ c;^!^ ^A- J;' ^j ^> ^ 

Rabija sait bien que ta corde est faible et usée. 

Par exception, on trouve quelques vers persans sur ce 
mètre. En tolci un régulier : 

X 

^f^ v^ '^j r^ ^S^ Sy^ ^ W^^ '^^ ^ 



mi(>n idde, pourquoi ne regardes- tu personne d'un œil de 
bienveillance? Tu ne cesses pas d'employer la tyrannie, et tu 
n'entres pas dans la Vote de la fidélité. 

SECTION 11. 

Dâ mètre hma^ ^^. 

Ce mètre, à huit pieds réguliers, c'eit-à^ire composé 
de huit tJLvftU;» màfâilùny est très-fréquent en persan, 
eu turc et m hindoustani. En voici un exemple arabe 
tiré dé Harlrt, p. 108 (éd. de Sàcy). 

toi qui t'enorgueillis de ton intelligence, jusques à quand, ô 
mon frère, en proie à tes fausses idées, accumuleras-tu des 
faUteiset des actions blâmables? 

* Il faut scander ainsi ce vers : 

Làcàdàlîmât\ ràbiyàtûàn \ nàhàblàkàwâ \ MvmkMIMm 
màfâ Uà tûn \ màfâîlàtûn \ ma fàîlàtîin\màfUïlà iûn 



— 272 — 

Exemple persan : 

^1 sJ^Jt^y yts^a^ ^Ui^U ^y^. ^JLj}^ J^-â. 

Son poil naissant^ m'a enCn écrit une pétition avec le sang 
des amants. Pour la première fois son cœur amoureux m'a 
donné ce témoignage. (FigAnt.) 

Exemple turc : 

• ç^^j 3y j^ *V? ^jk J-^ ^^ 




L*amour que je ressens pour ma belle est un tigre ; ma cheve- 
lure embrouillée lui sert de forôt, et ma tète est la contrée mon- 
tagneuse de la douleur et du désespoir, (Bâqui*.) 

Exemple hindoustaDi : 



* Isa.. Ce mot, qui signifie proprement écriture j s'emploie 
pour exprimer des moustaches naissantes. En effet, ces poils 
noirs sur une peau blanche ressemblent en quelque chose à l'écri- 
ture sur la feuille de papier. Ce double sens forme, dans le texte, 
un jeu de mots intraduisible. 

* Voici la scansion de ce premier hémistiche : 

Pàlàngul ïsch | quî yàrûn hl \ schà sn. dur mû \ ëjôR dàm 
màfàïlûn \mà fàï lûn \màfàilvn \ ma foi Wn 

* Les œuvres de Baqut, le plus célèbre des poëtes ottomans, 
sont inédites. J. de Hammer a donné la traduction allemande de 
son Diwân. Le Ters que je donne ici a déjà été publié par 
Lumlej Darids dans sa Grammaire turque, mais sa traduction 
diffère de la mienne. 



— 273 — 

Lx^^ jj\ ^yj nl^ ^^^ ^jJ ^^ ^!j^j 

L'épbélide de ta joue est à mes yeux la pierre noire de la 
Caaba ; par la fossette de ton menton, j'ai une idée du puits de 
Zemzem. (WalL) 

Exemple persan du hazaj à huit pieds aschtar^^ c'est- 
à-dire, quatre pieds par hémistiche : le premier et le 
troisième aschtar ^ ; le deuxième et le quatrième régu- 
liers, c'est-à-dire composés des pieds ^^1^ J^li ré- 
pétés : 

^' ^ ^ j^ jy c)Î3 v^^ é-^ 



^ Voici la scansion de ce premier hémistiche : 

Yû fil tûjh mûkh \ kë kàbëmè \ mûjhè àswdd \ hàjàr d^tà 
ma fâ ï lûn \ màfd ï lûn \ màfà l lûn | màfU l lûn 

' Il est d'usage de donner aux mètres dérivés les noms des 
pieds irréguliers qui y sont employés quand même, comme c'est 
ici le cas ; il y a des pieds qui sont réguliers. 

' Je dois, une fois pour toutes, avertir le lecteur que ces dé- 
nominations techniques, que j'emploie en parlant des pieds dé- 
rivés dans les mètres irréguliers, s'appliquent au pied primitif 
qu'on devrait régulièrement employer. Ainsi il faut se souvenir, 
pour appliquer exactement ces dénominations, du pied primitif, 
et, en ce cas, avoir recours au tableau des mètres réguliers pour 
le connaître. Ici, par exemple, le mot aschtar s'applique au pied 
^L^Lâ^, qui devient, par l'irrégularité nommée schatr jSJti», 
^i&li fuîlûn. Cette observation est essentielle, parce que la 
même expression technique peut s'appliquer à plusieurs pieds, 
ainsi qu'on l'a vu plus haut, 

48 



— 274 — 

Fière de ta beauté, tu ne fais pas attention à l'âme d'un monde 
entier ; par ce motif, tu ne prends pas garde à la yie de nom- 
breux amants. (Faquîr.) 

Exemple hindoustani : 

Mon anoie est étonnée que je quitte les antres compagnies pour 
la sienne^ mais je crois que c'est l'amour qui m'attire auprès 
(Telle. 

Exemple persan du hazaj à huit pieds akhrab^ c'est-à- 
dire, le premier et le troisième de chaque hémistiche 
réduits à Jl^xi» màfûlû, les autres réguliers : 

pii.^ ^jS:^, ^^ jliUsrf s ^jKst 

Tu as dit que tu voulais donner une fois du sucre à Ehâcânî. 
Voici le temps de le faire, je le jure^ si eu effet tu reux faire ce 

don. (KbAcânî.) 

* 

Ex£mple hiDdoustani du mécoie mètre : 



Tu rends jaloux l'éléphant par ta marche gracieuse, ô aga- 
çante beauté; tu jettes le trouble dans le monde lorsque tu dé- 
ploies ta coquetterie. (Walt.) - 

Exemple persan du ha%ag. à huit pi^ds akhrab, makfûf 
et mahzûf^ c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, 



i 



— 275 — 



W J r 

des pieds ^^ Jtt^^^ J^'^ 3y^ màfûlû^ màfmB, ma- 
fallu fàùlàn: 



schaïkb, tu m'as montré le chemin des tavernes ; moa cœur 
a désiré le vin et tu m'as montré des miracles. 

Exemple turc : 

xsX.^^ _L:.'.fi^ à^=> àJLjI v-.i-;w9 z^Jiyilw 

Ne laisse pas échapper T occasion; quelquefois le délai est un 
crime; supporte avec patience la peine, elle est quelquefois la 
clef du plaisir. (Schâhidî.) 

Exemple hindoustani : 

Si le bazar est peuplé de roses, c'est que les femmes y font leur 
promenade. (Walt) 

Exemple du ïmzaj à huit pieds makfûf et makzûfy c'est- 
à-dir^e composé, à chaque hémistiche, de trois j^li^ 
ff^fmlû, suiTis d'un ^Jyi fàulûn : 



— 276 — 

le beau jardin ! le beau jardin qui s* est déployé sar les 
hauteurs! la belle apparence, 6 la belle lune! qu'elle soit 
bénie et exaltée ! (Maulaw! RûmL) 

On ne trouve pas le hazaj à six pieds réguliers; mais 
il est toujours affecté de quelque irrégularité. 

Exemple persan du hazaj à six pieds mahzûf, c'est- 
à-dire composé, à chaque hémistiche, de deux ^^^ 
niàfâilûn^ suivis d'un ^yé fàûlm (pour ^Li» màfwi^) :. 

v^*tj g;*^nr; ^--'^**^ ^jtj' 

Tous tes amis ne sont tels qu'à cause de tes viandes succu- 
lentes; ils te sont dévoués parce qu'ils sont à la poursuite des 
friandises que tu leur donnes. Rompre avec cette poignée 
d'amis hypocrites vaut mieux que de rester lié avec eux. {Anwâr4 
suhaïlî.) 

Exemple turc : 



A A 



^-Hr^ v^r^.r-' ,j^-^ ^j^^^ 

^ Cette variété du Aa^^o/ est très-commune en persan et en 
hindoustani. Le poëme persan de Yûçufo Zalîkhâ de Jâmt et 
celui d'Amîn en hindoustani sur le même sujet, sont écrits sur 
cette mesure. Il en est de même du poëme de Khusrau o Schîrîn 
de Nizâmt, de Laïla o Majnûn de Jâmi, du Tuhfat ulâriftn de 
Khâcânî, du Bârah mâça de Jawân, et de beaucoup d'autres 
masnawis. 



— 277 — 

^^ v^*^ e;^-H ^^ CTJ vi>^ 

Jt^_=.. ^S^\ Jj^— ^ çJ-.^LJLi;' 



A A 

,, C A 



La violette prit en main sa massue, le lis ceignit son épée. Ces 
fleurs, rangées en bataille dans la plaine, attendaient le roi du 
siècle pour passer en revue sous ses yeux. La tulipe s'était revêtue 
de son bonnet rouge comme celui des azab^, l'anémone brandissait 
sa hache; la rose avait couvert d'un bouclier son visage, pour ne 
pas voir les pointes acérées de ses boutons h peine éclos; Todo- 
rant œillet avait élevé sur sa tête une lance d'émeraude^ Ceux 

* Ce mot, qui signifie à la lettre célibataire^ est le nom d'une 
sorte de milice. 

* Les fleurs sont souvent mises en scène dans les poésies orien- 
tales. Voici, par exemple, des yers qui ont de la ressemblance 
avec ceux de Sa'ad uddîn et qui sont dus au poëte urdu Malûl, 
sur lequel on peut consulter mon « Histoire do la littérature 
hindouie et hindoustanie », 2® édit., t. II, p. 270. Ces vers, 
queGilchrist a fait connaître [Grammar, p. 243), sont du mètre 
ramlf dont il est parlé un peu plus loin : ils ont trait à la mort 
deHuçaïn : 



j^ j^ ^^ !^ yy^ ô-^ s^y^^ j^ 



..**>a>*v 



— 278 — 

qui virent cette armée exj^rimèrent leur admiration. (Extrait du 
Tâj nttawarîkhK) 

Exemple hiDdoustani : 

Les admirateurs de la beauté s* approchent de toi comme les 
mouches se précipitent sur les sucreries. (Walî.) 

Exemple persan du hazaj à six pieds macsûr, c'est-à- 
dire composé, à chaque hémistiche, de deux ^^U' 
màfâXlûn^ suivis d'un ^J^y^ fàûlà-n (pour JjfLi» 
màfài-l) : 



^ Li' ^ l>9 ^r JL. ^_^ ji ^,_jl5 w^ 

A l'instant l'iris se courrit de sa robe bleue, le pin .se mita 
trembler en courbant sa cime. 

La belle de nuit immédiatement aussi pâlit en apprenant k 
funeste nouvelle; sur toutes les fleurfi enfin se répandit un deuil 
profond et général 

^ Cette chronique estimée, due au célèbre historien turc Saad- 
uddin, n'a pas encore été publiée. J'en ai traduit plusieurs mof- 
ceaux, que j'ai donnés dans le Journal Asiatique et dans la 
Bibliothèque des croisades de Michaud, t. IX. Les vers que je 
cite ici sont tirés de la relation de la prise de Constantinople par 
Mahomet II. 

* C'est par erreur qu'on a imprimé j»**^* dans mon édition 
des œuvres de ce poëte. 



— 270 — 

La parole est une perle, et l'homme éloquent est le plongeur. 
Ce n'est qu'après bien des peines qu'il peut s'emparer de cette 
perle précieuse. (Nizâmt) 

Exemple turc de la même variété : 

Le monde est une maison dont les ornements sont nombreux ; 
mais celui qui y entre perd sa tranquillité. (Extrait de VHumâyûn 
nâmaK) 

Esemple du mètre ha%aj à six pieds akhrab et makfûf, 
c'est-à-dire qui se compose, à chaque hémistiche, des 
pieds ^^Lftp J*^Lft^ Jj*^ rmfîâuy màfmlûy màfmlm, 

^\j à. ^I i^ ôU ^jl i^a O)^ 

Celui qui désire est lecommandsdoile:; ainsi je souhaite que ton 
affaire réussisse selon tes vœux. (Ânwârî. ) 

* C© vers et les autres que f ai cités plus loin du même ou- 
vrage turc m'ont été indiqués par feu Adrien Royer, membre 
de la Société Asiatique, qui s'occupait d'un travail spécial sur 
cette excellente traductÎAu ^e l'Anwér-d mhaïlî. Le môme 
regrettable savaat m'a donné scm avis sur quelqjies autres v>eu s 
turcs. 



— 280 — 

Exemple persan du hazaj à six pieds akhrab et macbû%^ 
c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds 

^^^LA/» ^^U» jyÀA màfûlû^ màfàïlûn^ màfmlûn : 

La douleur que tu ^ occasionnes fait resplendir le cœur de 
Tamant ; la blessure que tu fais est la lampe qui éclaire son 
rendez-vous *. 

Exemple hindoustani : 

^ ^^ v^ cr'' v^ ^^ ^^^ ^ 




I* «• 



On dit que cette belle arrive, quel avantage y trouverai-je^ 
puisque je meurs ? 

Exemple persan du hazaj à six pieds. Le premier 
akhrab^ le deuxième macbûz, et le troisième macsûr^ 
c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, de J^ 

J^cll» ^^La/» màfûlûy màfâîlûnj màfâï-L 

^ Le mot à mot étant impossible, j'omets la traduction de Tin- 
ter jection. 

^ Pour comprendre ce singulier jeu de mots, il faut se rappe- 
ler que le mot Ç'\^y que je traduis par blessure^ signifie propre- 
ment la marque d'un fer rouge sur la peau, par suite de l'appli- 
cation qu'on en fait pour opérer un vésicatoire. Cette marque se 

nomme J5^, rose^ mot qui se prend aussi pour le lumignon de 
la lampe et môme pour sa clarté. De là la comparaison de la 
blessure avec la lampe. 



— 281 — 

Ton rôle change^ sans cesse; tantôt tu es Laïla, tantôt Maj- 

DÛD. 

Exemple hindoustani : 

L'image de ma bîen-aimée est toujours devant mes yenx^ je 
ne recherche ni le jardin, ni le parterre. 

Exemple arabe du hazaj à six pieds, dont trois à cha- 
que hémistiche, le premier akhrab, le deuxième wacM^s, 
et le troisième mahzûfj c'est-à-dire ^Jj*3 ^Jiclâ>» J^i» 
ww/w/û, mâfâïlmy fàûlûn. 



U&ne qui est dans la société des hommes ressemble au veau 
d'or qui mugissait^. {Oulistan.) 

Exemple hindoustani : 

* Ici encore je n'ai pas traduit ^1. 

' C'est-à-dire qu'un ignorant est comparable au veau d'or, 
qui, selon la légende conservée par les musulmans^ avait la faculté 
de mugir, mais n'avait pas l'intelligence. (Conf. Coran, VII, 146.) 



— 282 — 

Ton front brillant est pour moi comme la clarté de Faurore. 
<Walî.) 

Exemple persan du hazaj à six pieds, dont trois à cha- 
que hémistiche : le premier akhrab^ le second macbûz^ et 
le troisième muçahhag^ c'est-à-dire : ^bLcU^ ^J^^ ôy^ 
màfûlûy màfàîlûn^ màfàilà'n : 



1 . «• 






Tout chagrin qui a lieu sous Le ciel auMM du firouble à la 
porte de mon cœur. (KhftcÂnL ) 

Exemple hixkdoustaiii de la même variété : 



Elle me dît : (c Cesse de soupirer, car tes soupirs ont trouyé 
la voie de mon cœur. » 

On rencontre quelquefois dans des vers persans eft 
hindoustanis, entre les deux hémistiches d'un même 
vers de ce mètre, les différences suivantes. Le premier 
pied du premier hémistiche est akhrab^ et le premier du 
second aMram; le second pied du premier hémistiche 
est macbûz^ et dans le second hémistiche le même pied 
€st aschtar; enfin, le dernier pied du premier hémi- 

^ Dans ce vers, le noun final de çjU«^*l et le jbif de n^S'ti 
de v^iy ne comptent pas dans la scanston» 



— 283 — 

stiche est régniier, et celui, du second est muçabbag^ ce 
qui donne la mesure : 

màfïUû^ màfàîlûn^ màfâilïm^ rmfïdûn^ fàïlûn^ màfàilà-n. 
Exemple : 

ÇU-.1 iy Li y:>j cu-1 j^ ^b 

La fortime n'a pas seconde ma science. La science est une 
vierge que la fortune ne peut posséder. (Khâcânî.) 

Exemple hindoustani : 

»' ^jsh^ iwSs J:> >j^ ^^ L^'^ 

Comme elle est assise auprès de mon rival, mon cœur en a 
éprouvé une telle peine qu'il en a poussé des soupirs. 

Exemple ^u hazaj à m pieds, trois à chaque hémi- 
stiche : le premier akhrab^ le second macbûz et le troi- 
sième macsûr^ ainsi : 

* Il est bon de faire observer, en passant, que lorsque le 
pied qui termine le premier bémistiche est un des pieds ^^LcLi/» 
^i^ladx**»;» ^IcUjU jJicli; celui qui termine le dernier peut 
Eficevoir Fintercalatioii de Valif au dernier pied, laquelle se 
nomme izâla^ et devenir ainsi ^bdcLftiU ^^li ^iLcU/», etc.; 
cW ce qui fait que dans la table des mètres employés dans les 
p^ésies.de Walî, je n'ai pas fait de différence entre les pieds finaux 
'fff^ustâl et les pieds ifinanx régulier». 



— 284 — 

O^y^ ^JicLi» J^ai» màfulû^ màfàïlûn fàûlâ-n (pour 
J-^Up màfâi'l) : 

.1 ^J-A^j fj-^ jj^ çjlil 

Uamour et la beauté se manifestent partout, je veux dire la 
douceur et Tattrait de la beauté de l'amour. 

Exemple du hazaj à six pieds, trois par hémistiche : 
le premier akhram^ le second aschtar et le troisième 
mahzûf^ c'est-à-dire : ^j^y^ i^^ (J^J^ màfvMn^ fàîlûn, 
fàûlûn : 

Tu peux te voir dans toi-même et contempler ainsi clairement 
le secret qui est caché. 

Exemple de la même yariété, si ce n'est que le dernier 
pied de chaque hémistiche est macsûr^ c'est-à-dire ^y^y^ 
fàûlâ-n : 






j-^ 



^ Ici encore le noun ne compte pas dans la scansion. (Voyez^ 
à ce sujet, une observation antérieure.) 

' Dans ce second hémistiche, le dal de ^y ne doit pas comp- 
ter dans la scansion, soit à cause de la règle que donnent quel- 
ques rhétoriciens et qu'on a vue plus haut, soit plutôt, selon moi, 



— 285 — 

Si Schtrîn avait voulu élever un édifice, elle aurait en pour ce 
travail cent sculpteurs comme FarhÂd. (Faqutr.) 

Les poètes arabes n'ont géoéralement employé le 
hazaj qu'avec quatre pieds seulement. En -voici un exem- 
ple où chaque hémistiche se compose de deux ^JLxLâ» 
màfcûlûn : 



Je vois bien que la fortune ne reste jamais dans le même état; 
c'est pourquoi, cherchant à lui ressembler, tanlôt j'éprouve ses 
malices, tantôt elle éprouve les miennes. (Hamadân!^) 

Voici un autre exemple arabe de la même variété, si 
ce n'est que le dernier pied est réduit à ^yi fàûlûn 
(pour v^U^ màfâi) : 

parce que le dal final de mard et le dal initial do dar se réu- 
nissent dans la prononciation comme nos lettres doubles. Voici, 
au surplus, comment il faut scander cet hémistiche : 

Sàdmàrdàr (pour marddar \ àwàràd | chûfàrhà-d 
Ma fu lûn I fâ ï lûn \ fà û lâ-n 

^ Voici comment on doit scander cet hémistiche : 

Fàyàumà schâr \ ru hâ fiyâ 
Màfâ ï lûn I ma fâ ïlûn 

* La séance de laquelle ce vers est extrait a élé publiée et tra- 
duite par feu Grangeret de Lagrange, p. 160 et suivantes de son 
Anthologie arabe. 

^ Voici comment il faut scander ce vers : 



— 286 — 

Mon dos n'est pas un dos obéissant pour celui qui yeut faire 
le mal. 



SECTION III. 

Da mètre rajaizy:s,j. 

Les poètes persans, turcs et bindoustanis emploient 
souvent ce mètre régulier à huit pieds, tandis que les 
poètes arabes ne l'emploient ordinairement qu'avec 
six, quelquefois avec quatre, et même avec trois et avec 
deux seulement. Quand les premiers emploient le raja% 
irrégulièrement, ils n'admettent guère que les irrégu- 
larités nommées khabn et taïy. 

Exemple persan du raja^, régulier à buit ^JUax*^ mus- 
tàfîlûn * : 

' . * /A 

« 

Le musicien a fait entendre son chant à mon oreille et je l'ai 
attristé par mes gémissements. L'échanson m'a donné du vin et 
je lui ai rendu une coupe de sang. 

Wà ma zàhn \ lïbâguïd dàï \ mî bizzâhrïz \ zàlûR 
Ma fâ l lûn ( màfâ ï lûn \ ma fâ ï lûn | fàûlûn 

On a déjà vu et on voit, par cet exemple, qu'en arabe un mot 
peut être séparé en deux hémistiches, de façon que la première 
partie de ce mot appartienne au premier hémistiche, et la 
deuxième au dernier. 

* On trouve aussi le même mètre avec le dernier pied muzàh 
c'est-à-dire devenu ^jii^ix»**^ mûstàfïlà-m. 



— 287 — 
Exemple turc : 

Oroi, le monde, cl*ua bout \ Tautre, a pris le signe du bon- 
heur depuis que le soleil de ton yisage a lancé à Fhorizon la lu- 
mière et la splendeur. (Scbâhidî.) 

Exemple hindoustani : 



'^-^ ^l— e ,S-^ J1r¥^ ^^ C^ii^'^j'^=^ ySj^ 



Perce le cœur de Walî de Tépée de tes yeux ; car ce gibier a 
été élevé dans ton parc k cet effet (Walî.) 

Exemple persan du raja% à huit pieds matwîf c'est-à- 
dire composé de huit ^^^^^ mûftàîlûn^ : 

j»^^ ».>jo. >jj àjS ^.yt 5jJj >jj »:y ' 

>J-Jl. «JOjLj ^Z^^^ ^j j^' <3^ ^Ju5j3 

J'étais mort, et j'ai recouvré la vie; je gémissais, et j'ai repris 
ma gaieté. Le bonheur de Tamour m'est échu, et ainsi j'ai parti- 
cipé à r éternelle félicité. (Murschid-i-Rûm.) 

Exemple hindoustani : 

c^^ s^j^ J^ y ^? j-*^ ^^ ^ LT^ j^ Ir^ 

^ On emploie aussi le même mètre avec le dernier pied muzâly 
comme dans le rajaz régulier. 



— 288 — 

En voyant ]e visage de mon idole, la lune brûle aussitôt de 
dépit. 

Exemple persan du rajaz matwî et makhbûn alternati- 
vement, c'est-à-dire composé des pieds ^J^^ [^^*^ 
mûftàîlm màfaîlûn^ répétés deux fois à chaque hémi- 
stiche : 



tcja^i jv.x P-^ »Jjj li^L» yi^ îxii 



9 



Il vivifie par une seule gorgée celui qui a été tué depuis bien 
des années, lorsqu'il lui fait savourer la coupe de vin de tes 
lèvres. (Figânî.) 

Exemple turc : 



Si je pouvais apprendre de tes nouvelles de mes oreilles, plût 
alors à Dieu qu'elles eussent la valeur de mon argent j?(7t£rjE7a^^r 
ces nouvelles. (Bâquî.) 

Exemple hindoustani : 

j-^—^j J^ '^ jy ^^-^ ^ ^ j^ (J> 

Toi qui as fait périr mon cœur et mon foie innocents, ils se 
vengent tous les deux de toi, qui es aussi blessé. 

D'autres fois, on met au contraire le pied makhbûn 
avant le matwî^ c'est-à-dire qu'on répète ^^^ ^^ 



— 289 — 

màfâîlûn, mùftàîlûn à chaque hémistiche. Voici un exem- 
ple de ce cas, qui est rare : 



Chaque matin je passe auprès de la rue eu soupirant ; comme 
je ne puis l'approcher, je regarde le toit de ta maison. 

Exemple arabe du rajaz régulier, mais composé seu- 
lement de six ^jSxki^ mûstàfîlm : 

TOUS tous qui aimez Dieu^ marchez avec courage b la suite 
du Prophète pur et sanctifié. (Mucaddécî*.) 

Exemple persan : 

A 

A 

La lune dans le firmament est honteuse au sujet de ton visage 
dont la beauté surpasse la sienne; le cjprès tient humblement 
son pied dans la boue en présence de ta taille. 

Exemple hindoustani : 



* Les Oiseaux et les Fleurs^ allégories morales, pag. 99 et 
107 de mon édition. 

49 



— 290 — 

Le bien-être que j*ai éprouvé de la part de mon amie esl-il 
comparable à celui que ressent le zéphjr de la part du jnnlin ? 

Exemple arabe de la même variété, si ce n'est que le 
dernier pied est réduit à y^y^ màfûlûn (pour ,}^t^ 
mûstàfïl) : 

Son cœur est tranquille et calme, et le mien est passionuc et 
soucieux. 

Exemple persan du rajaz à six pieds matwî^ c'est-à- 
dire composé de six ^1*XL» mûftàîlûn : 



■M» 



Celte belle à figure de lune ne veut pas se reposer un seul in- 
stant sur ma poitrine ; c'est ainsi que je me plains beaucoup d'elle. 

Exemple hindoustani ? 



Est-il à propos de se plaindre ^ elle-mâme de sa tyrannie? 
Puisqu'elle ne veut rien entendre, quelte est l'utilité de la 
plainte? 

Enfin Yoici un exemple arabe du rajaz à quatre pieds 
seulement réguliers^ : 

^ En réalité, ces prétendus vers no sont que des bémistiches. 
U en est de môme de ceux à trois pieds et à deux pieds, dont oa 
trguve quelques exemples que je crois inutile de citer. 



— 291 — 

'' ' • Il . • *' '*'. M 

vir— ^==^' -?^?^* ^/ c^" 

Ne désespère pas de trouver au milieu des malheurs quelque 
salisfactioii qui eifface les chagrins. (Harirt, xii*' séance.) 

6BCTI0N IV. 

Du mètre raml J^j. 

Les rhétoriciens arabes n'admettent ea théorid ce mè- 
tre qu'ayec six pieds seulement. Toutefois, on en trouve 
des exemples à huit pieds chez des poëtes arabes cé- 
lèbres. Ainsi, le cadda de Tantaranî, publié par S. de 
SacyS appartient à ce mètre à huit pieds réguliers, si 
ce n'est que le dernier est macsûr. Chaque hémistiche 
se compose donc de trois ^5^ Là fàîlàtûn et d'un fj^^ 
fàîlâ-n ou o^li fàïlâ't final *. Voici les deux premiers 
vers de ce poëme : 

JU JLJLJU .ôlL AS JUI > b 

JU jUi^bîl JiLi. ^ yi^ ^^1 J 



* Ckresîomathie arabe^ t. II, pag. 158 et suiv. 

* Un célèbre poëte anglais contemporain, Tennyson, a écrit sur 
un mètre pareil son poëme intitulé : Locksley Hall : 

Locksley Hall that in the distance overlooks the sandy ilats. 

(Ed. Fitz Gerald, lelt. partie.) 



— 292 — 

toi dont rame est exempte de tout souci, tu as livré mon 
cœur au trouble et aux angoisses ; et dans le tremblement que 
m'a causé ton absence, ma raison m*a abandonné. 

Ta laille droite et élégante a courbé mon dos sous le poids des 
chagrins. Sois donc droite en amour et ne me fais pas d'infidé- 
lité ; car la passion qui me perd occupe mon cœur tout entier. 

Du reste, on n'emploie pas, même en persan, en turc 
et en hindoustani, ce mètre à huit pieds réguliers; le 
dernier des deux hémistiches est toujours ou maesûr, 
comme on yient de le voir, ou mahzûf, ou mactûj ou 
musckaasy ou muçabbag. 

Voici un exemple persan de la même variété que le 
vers arabe de Tantaranî : 



"j^ ;-y \:T' ^5^ J-y co -^ 



L'ami mé/im du roi qui se permet l'injustice envers ses sujets 
devient pour lui un ennemi formidable au jour de la détresse. 
(Saadî, Gtdistân, liv. P'.) 

En voici un exemple turc, tiré du célèbre poëme de 
Macihi sur le printemps ^ : 

j^i çk^ ss^ ^ ^j-^ ^ ^^ ^^='^ 

j^ ^k^jij^^j^ ^ «-^J cr^j U^ 
• W. Jones, Poeseos asiaticce commentarii. 



— 293 — 

Écoute le cbant du rossignol qui annonce l'arrivée du prin- 
temps. A l'occasion de cette saison, la foule se porte dans tous 
les jardins où les fleurs prin tanières de Tamandier répandent de 
l'argent. Sois joyeux et content avant que ce temps passe, car il 
ne dure pas. 

Exemple hindoustani : 

Lorsque des inconnus me disent d'abandonner une amie qui 
m'est chèrCj je les regarde, et je m'attache encore plus h cette 
amie. 

Quelquefois le dernier pied des deux hémistiches est 
mahzûfy c'est-à-dire réduit à ^li fàïlûn. 
Exemple persan : 



ç^ j^\ s^l^ ^^-^ v^T^-T^ 



JLJLJ 



Je regarde cent fois de tous côtés le lieu où elle réside, afin 
que, rapproché par le regard, je sois comme à ses côtés. 

Exemple turc : 

^ Ici ^ est bref aussi bien que dans le premier hémistiche 
de ce vers. C'est comme si on écrivait ^. (Voyez p. 226.) 



— S94 — 

Le bonnet de la liberté religieuse est la couronne du conten- 
tement. Ce qu'on nomme royauté est un grand trouble temporel. 
(Sa{i4 uddln.) 

Exemple hindoustani : 

}^jL. ^ jjij^ ^ ^,^ U^:> i:)T^ 



11 n'y a dans le monde aucune beauté pareille & toi. La lune 
e£t jalouse dans le ciel de V éclat de ta joue. (Walt.) 

On peut employer le raml à huit pieds tous makhbûn^ 
c'est-à-dire réduiti à ^'^« Dans ce cas, le premier 
pied de chaque hémistiche peut rester régulier. Il en 
est ainsi, dans le vers suivant, pour le sadr ou premier 
pied du vers. 

jHlJ-^ >• ^ J- (^ J^ ;-9- (^J» *^^ 

Je me suis promis do te dire, lorsque tu viendras, le chagrin 
de mon cœur ; mais que pourrais-je (c dire ? puisque, lorsque lu 
Tiendras, ce chagrin se dissipera. (S^adt.) 

Exemple turc avec le dernief pied de chaque hémi- 
stiche mactûj c'est-à-dire réduit à ^Iti fàlûn : 

^ Jr^ J^ i}^ Jj' jp cM 'y 

A A A 

Celte coquelte œillade dispose les rangs de l'armée de ses cils; 
on dirait que des archers rangés en bataille se préparent au 
combat. (fiâ<|t]f.) 



— . S95 - 

Celte variété du raml ressemble au mètre kâmil mactû^ 
c'est-à-dire dont le pied primitif ^Lft:> mûiàfàïlûn de- 
vient ^'^ fàïlàtm (pour Jclix>» mûtàfaîl). Toutefois, 
comme le paradigme du pied altéré ressemble plus à 
^'b)pli fàïlàHin^ à cause du changement qu'on y intro- 
duit pour le rendre moins barbare, qu'à ^U^ mlM- 
fâîlûn^ il est plus naturel de le rapporter h fàïlàtûn^ et 
ainsi au mètre ramly et non au mètre kâmil. 

On emploie aussi le raml h huit pieds maschkâly c'est- 
à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds o^ 
^*ilfiLî fàïlàtû^ fâïlàtûny répétés deux fois. 

Exemple persan : 

Qu as-lu fait, de toi-même, pour l'égaler à moi? Par Dieu, il 
est \ propos que je l'évite désorvf^ais. 

Exemple hindoust^ini : 

^< j^:>\ ^ Jj^^l u »^U jb ^ ^y^ ^j 

Dieu n'est pas satisfait de moi, et cette idole non plus n'a pas 
d'inclination pour moi. Je suis pareil au YOjageur fatigué qui ne 
sait quelle route prendre. 

Exemple persan du raml à huit pieds maklibûn et wac- 
sûr^ c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des 
pieds ^%3 ^"^i cT*^ ^'^li fàïlàtûn, fàïlâiûny 
fàîlàtûn^ fàîlàrn (pour oii*? fàîlâ4) : 



— 296 — 

Je soupire à chaque instant h cause de ton absence ; mais il 
est fâcheux que le vent ne porte pas jusqu'à toi mes plaintifs gé- 
missements. (Hâfîz.) 

Exemple turc de la même variété : 

)W LT*''^' ^-^^^^^ '^**^ sJ>^J^ [J^ T^) 






Le zéphyr printanier a rendu la vie à la nature^ comme aux 
morts le souflle du Messie. Les fleurs ont ouvert leurs yeux que 
fermait le sommeil du néant. (Bâqut.) 

Exemple hindoustani : 

Quel éclat reste désormais h la bougie allumée en présence 
de ta face? Ton visage coloré est, en effet, un soleil qui éclaire la 
nuit. 

Exemple persan du raml à huit pieds makhbûn et 
muctû^ ou muhzûfet makhbûn composé, à chaque hémi- 

* Ici la dénomination de mactû ç^^^y dérivé de cat ^, 
expression qui a été expliquée plus haut [voir la dixième irrégu- 
larité des pieds), s'applique au dernier ^'b^U fàilàtûn en tant 
qu'il est d'abord réduit k ^j^^^ fàïlûn pour ^cli fàîlâ, qui 
devient, par le cat^ Jxli fait changé en ^l*i fàlm. S. doSacj 
donne à ce pied irrégulier le nom de abtarj:!^\ dans son Traité 
élémentaire de prosodie arabe. 



— 297 — 

stiche, des pieds ^i*i ^^ c^^ * ^ïiifili fàïlàtm, 
failàtwn^ fàîlâtûn, fàlûn ou fàïlûn i 

Qu'importent à ramant les criliques do ses rivaux ? Le feu 
fait-il attention aux reproches que lui fait Tépine qu'on brûle? 
(Sâib.) 

Exemple turc : 

Ne cache pas tes frais pétales dans le bouton^; ou, pour 
mieux dire, ne dérobe pas ta poitrine (à mes regards) ; mais 
ouvre le bouton {de ton vêtement). Bâquî.) 

Exemple hindoustani : 

Lorsque l'amour divin a dirigé le cœur passionné, il s'est sé- 
paré de lout et est entré dans la voie du spiritualisme. (Walî.) 

On trouve en arabe des vers écrits dans ce mètre à 
six pieds réguliers, si ce n'est que le dernier pied du 

* Le premier pied peut aussi être j^^, ainsi qu'on le voit 
au second hémistiche du vers hindoustani cité en exemple. 
' Allusion au bouton de rose. 



— 298 — 

premier hémistiche est réduit à ^U fàîlûn (pour ^U 
^Uà). En voici un exemple : 

• J^» ,Li, ^j JUI Ic'J 

Celui que Dieu dirige dans les sentiers de la yertu se laisse 
conduire avec un cœur docile et soumis ; mais Dieu égare qui 
bon lui semble. (Labtd '.} 

En persan, en turc et en hindoustani, il y a pour le 
mètre raml à six pieds les mêmes variétés que pour 
celui à huit. Celle qui se compose à chaque hémistiche 
de deux ^^^ fâïlàtûn et d'un ^li fàîlm (ou ^iicLi 
fâïlà n), est la plus commune. Beaucoup de poëmes per- 
sans sont écrits sur ce mètre; entre autres, le célèbre 
masna^vl de Jalâl uddîn Rûmî, le Pand-nâma d'Attâr, le 
Mantic uttaïr du même auteur, et le Qiiissa-i ^almân o 
Absâl de Jâmî. 

En voici un exemple turc : 

t. 



Que celui qui est doue de bonnes qualités jouisse du bonheur 
des deux mondes. (Scbâhidî.) 

* Je prononce ces deux derniers mots comme s'il y avait t«Li 

bLdI, conformément aux licences poétiques particulières aux 
Arabes, et je scande ainsi cet hémistiche : 

Nâitnàl bâ \ Il wâ màn ^chà \ à àdàllà 
Fàï la tm \fà î là tm | fâïlà tûn 

* Chrest, av. de S. de Sacy, t. II, p. 471. 



— 299 — 

Exemple hindonstani : 

Le souvenir continuel de ce précieux ami est pour mon cœur 
amoureux une tftche journalière. (Walt.) 

Voici un exemple turc de la même variété, si ce n'est 
que le dernier pied de chaque hémistiche est ^jîiftU 
fàîlâ-n ou vJL^li^li fàïlâ'ê : 

A 

jjJS ^j^ v^^5^ y<^ ^J-^. 
jjAS ^yk ^^JJ ^ AJ ÎJ^ 

Son amour fidèle plaît aux héros, et il plaità moi, son humble 
esclaye, (Bâqut.) 

La yarîété de ce mètre, qui est composé, à chaque hé- 
mistiche, des pieds '^3 ^^ ^jïiif^li fâïlâtûn, fàilàtm, 
fàîlmy est celle sur laquelle est écrit le joli poëme de 
Mlr Taqul dont j'ai publié la traduction sous le titre de 
Conseils aux mauvais poètes. 

Voici un exemple d'une autre yariété qui ne diffère 
de celle*ci qu'en ce que le dernier pied des deux hémi- 
stiches est à la fois rmischaas et maesûr^ o'esl-à-dire j^ 
fâlâ-n : 

C'est pour le jardin le jour de la gaieté et de la joie ; c'est lé 
jour du marché de la rose et du basilic. (Anwarî.) 



— 300 — 

On trouve aussi des vers arabes du mètre rami à quatre 
pieds seulement. Eu voici deux composés de quatre 
^'iiftli fàîlâtûn réguliers : 



J^. V^'^^' (JjLi w-^ J-^ t:^^l 

mes amis, répondez avec franchise h ce que je vous de- 
mande : (( Est-ce le sort de tous les amants éloignés de celle 
qu'ils aiment, d'être h ce point malheureux? » (Mukrî^) 



SECTION V. 

Du mètre sarî ^j^. 

On ne trouve pas ce mètre employé régulièrement. 
En arabe, le dernier pied des deux hémistiches, com- 
posés chacun de trois pieds, est généralement ou matwî 
ou maucûf^ ou maksûf. En persan, en turc et en hin- 
doustaui, les autres pieds mêmes sont généralement ir- 
réguliers. 

Exemple persan du sarî matwî et maksûf^ c'est-à-dire 
composé, à chaque hémistiche, des pieds : ^^;i*^ {^^^^ 
^^li mûftàîlûn^ mûftàUm^ fàïlûn* : 

* Anthologie de J. Humbert, pag. 54. 

* Ici ^^^ est pour bi*i», formé de c^biUi», pied wta^te/î de 

vi^jS^»L*. On peut aussi rapporter ce vers au mètre rajaz ï sii 
pieds, les deux premiers matwî et le troisième marfû. Alors le 
pied ^ifili est pour ^J^i et dérive de ^JaâXm»^ et non de 



N A 



— 301 — 

A 



Par ta grâce, la goutte d'eâu devient une perle ; par ta puis- 
sance, la terre devient do l'or. 

Exemple turc : 

v^^' Sy Or=-.=^ ^r* v^^' vJ^* v'--'* ^-^^ 

Il ^tait brûlé des feux de la splendeur divine ; il était plein 
d'amour pour le Seigneur. (Humâyûnnâma.) 

Exemple persan du sarî matwî et maucûf^ c'est-à-dire 
composé, à chaque hémistiche, des pieds f^^*^ c;^*^ 
^j^li rmftàïlm^ rmftmlûn^ fâîlà-n^ : 



A 



rf J 



Je préfère brûler avec toi dans les tourments, plutôt que d'être 
dans le paradis avec mie autre. (Saadt.) 

Exemple hindoustani : 

Quelle description ferai-je de sa personne? ma langue est 
muette dans ma bouche. 

* Le Makhzan ulasrâr de Nizâmî, le Tuhfat ulahrâr de Jâmî 
et plusieurs autres poëmes célèbres sont sur ce mètre. 



— 302 — 

Oa trouve quelquefois des différences entre les hé- 
mistiches d'un même vers du sarL Ainsi, dans le sui- 
vant, le premier hémistiche se compose des pieds ^^^i*^ 
^^li ,*^*^ mûftàïlûn^ mû/ïdUiln, fàUâr^^ et le Becond, 

de ^j%l3 ^yAA ,J^ màfûlûnj mâfïtlm, fàïlà-n : 

A 

La clef de la porte du trésor du sage, c'est le nom de Dieu 
clément et miséricordieux, (rnizâm).) 

Dans le yera suivant, le premier hémistiche se com- 
pose des pieds ^^^ ^i^ci» ^^Ijci^ rmftàïlm^ mûftàllûn^ 
fâîlm^ et le second, des pieds ^^Li (J^J^ c^^*^ '^^f' 
tàîlûn^ mâfûlm, fàïlà-n : 



Si un anneau n'est pas aussi parfait que les boucles de tes 
cheveux, tu dois considérer la bague de Jamschîd comme Féqui- 
valent. (Kbâcânt.) 

Exemple persan du saH matwî^ mactû et majdû^ c'est-à- 
dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^;1*^ 
ç-li ^j^y^ mûftàUwn^ màfûlûn, fà-a : 



y^ Je**- w^jj J^ sS^ 



- 303 — 

La rose de ton visage relevé le nard do les cheveux, et leurs 
noires boucles criblent* le feu qui anime tes joues. 

Exemple hindoustani : 

Ma plainte est cadencée , elle ensanglante la pierre elle- 



môme*. 



Exemple persan du mètre sarî^ makfûf et manhûr^ 
c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds : 

«3 Jjdbî*4*> ^Iflci^ mûftâïlïïn^ mustâptlû, fà : 

Si tu prends avec grâce ton épée dans ta main, que ma vie 
n'y serve pas de bouclier. (Faquîr.) 

Exemple persan de la variété composée, à chaque hé- 
mistiche, des pieds ^fi ^^1«àx^ ^^sku^ mûstàfîlûn^ 
mûstâfîlûn^ fàûlûn^ ce dernier pied étant à la fois makhbûn 
et makiûf : 

* C'est-à-dire « Tes cheveux laissent voir, h travers leurs 
boucles^ ton visage comparable au feu, )) 

' Cest-à-dire « J'exprime ma plainte en vers, et, par là, je 
rends sensible la pierre elle-même au point de la blesser au cœur 
et de l'ensanglanter. » 



— 304 — 

O charmante amie^ passe dans ma rue ; ô toi dont le front est 
pareil h la lune, regarde-moi. 

Exemple hindoustani : 

^ ^ cr' cn^b^j W^ J^ v3' 

mon cœur, n'erre pas dans les cheveux de cette idole, car 
chaque boucle est un lien préparé par sa tyrannie. 

Les poètes persans, turcs et tiindoustanis, n'emploient 
pas d'autres variétés du sarî; mais les poètes arabes en 
admettent quelques autres régulières aux deux premiers 
pieds de Thémistiche ; mais irrégulières au dernier, qui 
subit différentes altérations ^ 

Exemple où le dernier pied des deux hémistiches est 
réduit à ,J^li fâîlïin pour b\*A^ mâfûlâ : 

Va, mon ami, dans la prairie; si tu es affligé, elle te délivrera 
de la rouille du chagrin. Tu y verras le zéphyr s'embarrasser 
dans sa robe traînante, et la fleur entr'ouvrir son bouton pour 
sourire. (Soyûlt*.) 

^ Je ne parle pas de quelques vers arabes où ce mètre a été 
réduit à trois pieds, c'est^-dire à un hémistiche seulement dont 
le dernier pied est ^^y^ fàulà-^ pour obiS^? mâfulà-t ou 
^y^ màfûlùn pour ^jjiL» tnàfûlà, 

* Anthologie de J. Hunibert, pag. 78. 



— 305 — 

Exemple du sarî^ semblable au précédent pour le pre- 
mier hémistiche j mais dont le dernier pied du second 
est ,JUi faim pour jjô^ màfu : 

m 

Dieu ! ces jours de félicité, qu'ils ont été glorieux et riches 
en bienfaits ! Us sont évanouis, et il ne nous est resté, après eux, 
que le désir de les reyoir encore. (Omar ben Fâred^) 

Exemple du sarî^ pareil aux exemples précédents, 
si ce n'est que le dernier pied du second hémisti- 
che est ^^^li /5ï/a-n, ou oî^li fâîldnt pour obiii» 
màfiUârt : 

J^UJ^ ^U3l Hi, ^ d^ ^ U) XLS,! ^ 

quels heureux instants nous ayons passés avec des compa- 
gnons dont les paroles étaient comme des perles ! (Hadicat ula- 
frâh«.) 



SECTION YI. 

Du mètre munsarih 



zr^' 



Les poètes arabes n'emploient ce mètre qu'à six pieds. 
Les poètes des autres nations musulmanes, au con- 
traire, l'emploient rarement avec six pieds seulement, 

* Anthologie de 6. de Lagrange, pag. 166. 

* Ces mots, qui signifient « le jardin des délices, » sont le 
titre d'un choix de morceaux arabes en prose et en yers, édité ï. 
Calcutta en 1812» par lescheikh Ahmad-ulyamÂnt. 

80 



— 806 — 

mais ordittaicement nvee huit pieds irrégulieiîs^ jamais 
réguliers. Sq effet, laderniar pied des d^xa bémi^tichçp 
est, ou maucûf^ ou maksûfj qu fnqjiû^ pu 'mt^'^Vj et \e^ 
autres sont matwV. En voici un exemple matwî et mak- 
sûf^ c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds 
^li ^^^Ijui^ tnû/lWW5tt, fâîlûn^ répétés : 

f^fltlp-qipj pa)! tes regar^f , nq pai|e pa^ ^ m^i^ ^ ^^fux. ^ute 

Exemple du mufisanh matwî et maucûf, c'est-à-dire 
composé, à chaque hémistiche, des pieds ^^^U ^J^ 
mûftaUûnj fàUârn^ ou vJLi%li fàïlâ-t rép^té§ : 

roi', monté sur Duldul. salut à toi, ô roû lion, armé du 
zù'lficar, salut à toi, 6 roi. 

Au lieu du premier ^^li ou vI^!Ji&li, on peut em- 

* Au lieu du pied matwî ht^*^, on emploie quelquefois à sa 
place hmxictûy c'est-k-dire ^j^^^ màfâlûniponr Jjdx**»^ mûstâf' 
tM. Cette licence et les licences analogues sont fréquentes. 

* Il faut dans ce vers, à cause de la mesure, prononcer ce mot 
sàlamûn avec le taimîn mmma^ comme en arabe littéral 

f II est ici question d-Ali- Duldul était le nom de ^n cheyal, 
Zft'lSc^r de son épée, qui était à deux pointes et \ deux tran- 
chants, et qui lui ayait été donnée pM BfaliQipet. 



— 307 ~ 

I 

ployer ^U fâ^^^^ fiu\ fis\ ^o^v ^ m(ûià, o'pst-à- 

dire sz/^y^^ matwî et maksûf: 
Exemple persan : 

* vJU^ /i. K^^ ^* J^ V^ cAy 



4» 



Ce qu'on goûte sur tes lèvres de rubis détruit la râleur du 
sucre'. Tes cheyeux boudés anéantissent l'éclat de l'ambre gris'. 
(Anwarî.) 

Exemple hindoustani : 



«♦ . . A 




mon cœur, ne t'ai-je pas dit bien des fois, qu'il est dur d'être 
enchaîné par les hqudes de chei^eux des belles ? 

^ U faut ainsi i^cander cet hémistiche : 

Nôschî làVL I 1M% Wi \ quïmàtï schàk | kàr schikàs-t 
mûf iM lûn | fàîlûn \ mûftà î lûn I fà î là-n 

' C'est-à-dire « La douceur de ces lèrr^s est tellement préfé- 
rable à celle du sucre qu'il en perd tout son prix et deyient sans 
valeur. » 

' C'est-à-dire que les cheyeux dont parle ce poëte sont d'un 
noir plus brillant que celui de l'ambre gris oi^ plutôt noir. 

* Dans ce second hémistiche, on a employé une licence auto- 
risée, c'est-à-dire que le troisième pied est ^»y*^ mûtàfUïm au 
lieu de ^Uxâ» mûftaUûn. Il faut scander^ en effet, ainsi cet hé- 
mistiche : 

Tmrra\ l^f^ti \ Ifàn k% caï j dî s^kht^ b,^i \ dvschvi^r 
mûftàî lïf/in I fà f ly.n \ rmià, fïlvfljk \ /a % lô^ 



— 308 — 

Exemple du mumarik maiwi^ manhûr et majdû ainsi 
composé : 

* oLi ^^^ Ji,%\3 ^^^ ^ ^^^ slMi ^^pUxi. 






Ce n'est pas une chose menreilleuse que de tisser du fil, mais 
admire le miracle de Dayid, qui faisait des tissus arec du fer'. 
(Khftcânt) 

Voici un exemple arabe du munsarih régulier* à six 
pieds : 

I * *J J *' ^ 

Pai souffert de Tardeur de leur guerre ce qu'un homme glacé 
de froid sou&e des rigueurs de l'hiver^. 

Autre exemple, avec le dernier pied réduit à ^^^li*^ 
vmftMûn pour ^JUx«m^ mviÂiMlm : 

* Les deux hémistiches peuvent être aussi tout k fait pareils. 

* Allusion à une légende orientale. 

' Sauf les licences dont les pieds originaux sont susceptibles. 

* ChrestamatfUe de S. de Sacy, t. U, p. 388* 



— 309 — 

Le fils de Zaïd ne cesse pas de faire du bien ; il répand ses 
bienfaits dans sa ville ^. 

Il y a quelques vers arabes qu'on rattache à ce mètre, 
et qui n'ont que deux pieds. Us se composent de ^Ji^cu^ 
et de 3J^y^j ou ^y^ pour '^iysu». J'en cite le para- 
digme pour mémoire. 

SECTION vu. 
Da mètre khafîf 



En arabe, on emploie ce mètre régulier, c'est-à-dire 
composé à chaque hémistiche des pieds ^sl^ ^j^^^ 
^*iJcli J fâïlâtûn^ mûstàfirlûn^ fWtlàtwn^ avec les li- 
cences accidentelles autorisées de ^^U^ màfWUûn pour 
^ «iju«^, et de ^Jy^ fàUàtûnpoxxv ^iieli. Exemple : 



Jamais les hommes ne verront un second Mutanabbî. Le pre- 
mier né de ce temps peut-il trouver son semblable? Dans 
ses vers il est prophète ^ sans doute, et ses miracles sont dans ses 
pensées'. 

^ Le mot de misr ou, comme on le prononce aujourd'hui en 
Orient, masr est souvent pris dans le sens de ville. 

* Allusion au surnom de MutanabM (celui qui se dit pro- 
phète) sous lequel est connu le célèbre poëte arabe Âbûtaljib- 
Ahmad de Kûfa. 

* An^%tedeGrangeretdeLagrange,p. 102. 



-Mo - 

Quelquefois ies deux hémisiiches se terminent par 
^li /Sl/ûn, pour %\i foM. Exemple : 

;^— •! — ^ c^ kn ^J"^ t^' 

Si un jour je réduis Amir en mon pouvoir, je yerrai si je dob 
le traiter comme il le mérite bu tous le renvoyer. 

D'autres fois, le dernier pied dû second hémistiche 
seulement est réduit à ^A^^i et le dernier pied du pre- 
mier hémistiche reste régulier. Exemple : 

Je voudrais bien satoir si je les atteindrai Ih, ou si la mort m'en 
empêchera. 

En persan, en turc et èh hindoustani, on n'emploie 
le khafîf qu'irrégiilier, à six piedSé Le premier de cha- 
que hémistiche est ou régulier, ou makhbûn, ou muçab- 
bagy et le dernier màcsûr, mazhûf^ muschaas, mactû et 
fhdkhBûfïi 

Voici des exemples du khafîf makhhûn composé à cha- 
que hémistiche des pieds ^^ ^^U>» * ^iJcU fâllà- 
tûn, màfàîlûn^ fàUâtm. Exemple arabe : 









* Ce pied peut être aussi accidenteliément makhiiûay c'est^' 
dira réduit i <Ji^; 



- Mi - 

Je n'aime pas voir l'encrier plein de calams; c'est le, selon 
moi, une chose blâmable pour les écritoires, (Kuschajim^) 

Exemple persan : 

Zéphir, baise sa porte de ma part^ pourvu que ses liyres 

aussi douces ^e le sucre n'en soient pas blessées. 

Exemple hinâoustàni : 

^^ \^. ^ ^\ ^\ J ^\ ^ >^^ 

A la vue de cette belle à visage dé lime; mtiii ctèùib i'ëftt Hgité ; 
hélas ! il n'a pu se sauver de ses mains. 

Exemple du khafîf makhbûn et macsûr^j c'est-à-dire 
composé à chaque hétnistiche des pieds J^ii^ ^^\i 
^%i fàîlâtûnj màfâïlm^ fàîldrn, ou fàlà-n. 

Exemple arabe : 

^jy btjj, 2f^ tr.ji 

C'était un jardin iivec un ruisseàd d'eâu lithpiAé $ c'était faii 
bosquet où le chant des dtieàux était èa(lencé« (§âaât| Gutièiah.) 

Exemple persan : 

^ CM^estomàihié arabe de S. de Sicjr, i. U, p. dSS; 
' Cette irrégularité est tfës-cbmÂdne dàhs le dernier pM; 










ilfo' était à la fois T héritier et le gendre du Prophète. L'œil 
de Mahomet était content de sa beauté. (Sanâl.) 

Exemple turc : 

A 

r^ ^^ ^ jA' A^ /-. ^ 

Le roi deviendra-t-il, sans voyager, le conquérant du monde ? 
La lune deyiendra-t-elle| sans se déplacer, pleine et brillante? 
(Humâyûn-nàma,) 

Exemple hindoustani : 

Ce Toile sur ta face, ô charmante amie^ brille comme Taurore 
qui annonce le soleil. (Walî.) 

^ Telle est, je pense, la véritable leçon, et non ^, qu'on lit 
dans mon édition. Cette nouvelle leçon m'est indiquée par un 
manuscrit que j'ai acheté depuis Timpression des œuvres de Walî. 
Ce manuscrit parait avoir fait partie de la bibliothèque impériale 
de Dehli, car il porte Tempreinte du cachet de Tempereur mogol 
Mohammad Schâh. Il est excellent et il m'a souvent donné, à 
mon cours, l'occasion de proposer des leçons meilleures que 
celles que j'avais adoptées. Je puis aussi actuellement consulter 
un manuscrit du même écrivain dont Samuel Lee voulut bien me 
gratifier, et un autre qui a appartenu à D. Forbes. 



— 313 — 

Exemples du khafîfmakhbûn et mactû^ c'est-à-dire com- 
posé, à chaque hémistiche, des pieds ,Mi ^Isj ^^li 
fàîlâtmi mafaUmj fàïlûn ou fàlûn ^ 

Exemple persan : 

,J^ hj-^ J-^r^ j' ^^ J^ 
^^ ^L^ ^ ^ ^j^ 

k chacpie respiration, une parcelle de la vie s'échappe. Si j'y 
fais bien attention, je verrai qu'il n'en reste que peu. (Saadt^ 
Gulistan.) 

Exemple turc ^ .* 

Jtfj^t ^L;>::> J ^JL^ J-^caJ 
jJ^^J ^k 'J^-^ ^> J^^ 

>! vl^ JU. »J^ ^jy 
Je Teax me confier * en la bonté de Dieu et aller, au sein de 



f» 



* C'est sur ce mètre que sont écrits, entre autres, le SalsaJat 
uzzahab et le Subhat ulabrâr de Jftmî, le Hadîcat de Sanâ! 

(^Lj), le Haft Païkar de Nizâmi et le Jâm-i Jâm d'Auhadî. 

* Le poôme turc de Fazli intitulé Gui o bulbul dont feu le 
baron de Hammer Purgstall a donné une édition accompagnée 
d'une traduction allemande, est un masnawî écrit sur ce mètre. 
Ainsi ses vers ne se composent pas, comme Ta cru le célèbre 
orientaliste de Vienne, des pieds fàîlàtûfiy fàUâtûn^ falûn^ qui 
formeraient d'ailleurs un paradigme inusité. 

' Mot à mot : « Faisons appui ï> ou « appuyons-nous. » 
C'est le sultan Murâd qui est censé prononcer ces yers lorsqu'il 
se décide à abdiquer. Voyez le récit de la bataille de Varna, 



— iU — 

la retraite, inroquer son nom. ïe veùi éloigner ma main de ce 
royaume périssable et semet dâils moii bb^iir lé gtâin de Famour 
de Dieu. (Saad-uddîn.) 

Exemple hindoustani : 

I 

u 





Dirâi-jè cdmtnëiit ësi actuellement sd figtirë ¥ Elle \ééi âem- 
blabie à celle du roi An monde. (Sàudl) 

En arabe, ce mètre n'a quelquefois que quatre pieds 
seulement, c'est-à-dire : ^^jJcu^ ^^ïîicli fàîlatûn^ mus- 
tàfïrlûn^^ à chaque hémistiche. L'énigme suivante en 
offre un exemple : 

Quel est le nom d'une chose qui fait partie de la pluie, dont la 
moitié est la même cliose que Tautre moitié rètôtlfnéë ; Si Ton 
en retranche la dernière lettre, sa bonne odeur la rend digne 
d'éloges*. 

dans le Journal asiftticiue| ftnnée 1^26, et ddhsl la Bibliothèque 
des Groisâdeâi à la suite de THistoire dé Hichaud^ t. IX, p. 416 
et suiv. 

^ Fàîlàtm peut être réduit k ^^j*^ fâïlatûn et mûstàfi' 
IM à j^ssc^j» mûtàfïBn. 

* Le mot de TénigiUe est tjisa « goutte d'eau« * Ce mot, 
séparé en deux mots donne Idi et 9j, et ce dernier mot retourné 
donne j». Or^ les mots i:S etZj sont deux noms du chat. En 

retranchant la dernièi*e partie de ^^aS, c'esUà-diré 9, on a^, 
qui signifie le bois d'aloès. (Chrest. àràbe, îll, 164.) 



— éi8 — 



Autre exemple, avec le dernier pied réduit à Jiyi 
fàûlùn (pour J*à2/» mûtàftl) : 



*jT-i ç^r^ IriP (J L> v-ko. J^ 
Toute chose est facile, pourm que rotiê tie tous fâchiez pêAi 

SECTION VIIU 

Dù mètre muzâri ôjL^oa 

On ne troÙTe pas ce mètre employé régulièrement. 
Les poètes arabes ne l'emploient jamais qu'avec quatre 
t)ieds, quoiqu'il en ait huit dans les tables des para- 
digmes primitifs. En persan, en turc, en hindoustani^ 
au contraire, on l'emploie à huit pieds. 

Voici un exemple persan akhrab^ c'est-à-dire com- 
posé, à chaque hémistiche, des pieds ^^ p li J^ nm- 
fûlûf fàï'tàtîm répéiës * : 

* Yoiei comment tm doit èbtttidet ce vêts : 

Kûllû khâtbin I ma lâm tàkû \ nU 'gadA^btufn \ i/âcîr^ 
fâ î tû tM I mfc fâ fî-lM \ fâîlà tUft \ fàûlùn 

Ainsi qu'on le voit par la scansion, les deux premières syllabes 
du mot |y^' appartiennent au premier hémistiche du yers et 
la detiiiëte ktt dëcond. tes coupures he sont autorisées (|u'en 
arabe. 

* Les pieds des deux héiiiistiches né sont quelquefois pas bien 
}iareil6; ainsi l'auteur du Hadâyic ulbalâgat Cite un yérs de 
Khâcânt, dont le premier hémistiche est confornle Htt parftdigme 
que je donne ici, mais dont le deuxième doit, selon lui,' se Scan- 

dët dinsi : Ji^ ^ J^Li. Jj^ ô Li J>i. fnajmû, fâï- 
\âtû^ fnàfmûj fâîli tûn. Toutefois, je pensé qu'on peut le 
scander régulièrement comme le pféoiiet. Voici ce fei:â : 



— 316 — 

cyprès à visage de lune, ô lune à taille de cyprès, tu m'as 
abandonné ; mais aussi cent afflictions m'ont assailli. 

Exemple turc : 

y *r- Jj' »j>' J^ J^ Jj' ^jj-î' vDjLôy 
^^^ ï>^.^^ ^ :fjj^l ^-î ^L^ 

Sur ta joue est cette éphélide, sur cette éphélide ce poil noir; 
on dirait que c'est de Tambre gris sur du feu, et qu'il y a sur 
l'ambre une odorante fumée *. (Scbabidî.) 







Tu sais bien que tu as pris antérieurement un engagement 
avec moi, mais je sais bien que tu ne le tiendras pas. 

Je lis Jl^y conformément à une correction manuscrite que je 
trouve en marge de mon exemplaire, au lieu de jJL» que porte 
le texte imprimé, et je scande ainsi cet hémistiche : 

Dânâm bà \ ànkî bar sàr \ an àhdî | khûd nàmànl 
màfùlû I fâ î'ià tûn \ ma fûlû | fâ î-lâtùn 

* ^SJ ®^* pour j {et) et ^1 {oh /). 

' Il faut prononcer bîgzûschtî^ pour avoir mâfûlû. Sur la 
prononciation de la particule verbale ^, voyez mon édition delà 
Grammaire persane de Jones, pag. 50. 

^ L'auteur compare au feu la joue, à cause de son incarnat; 
à l'ambre l'épbélide, à cause de sa noirceur, et à la fumée le poil 
tortillé qui croît sur la lentille. 



— 317 — 
Exemple hindoustani : 

Cette femme gentille est une yéritable merveille ; elle se dis- 
tingue^ par sa beauté, de toutes se» compagnes. (Walt.) 

Exemple turc du muzâri makfûfy akhrab et mahzûf^ 
c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds 

^ oli J-cli/i ^zJ^ pli Jj*Â^ màfûlû^ fàïrlàtûj màfcûlûf 
fâî'lûn : 

j — *^l jJLii j^ JjLx AiLiuB jjLy 

Je suis soumis, au péril de ma yie, à Tordre de Tamour ; ma 
résistance est tout à fait impuissante contre le destin. (Bâqui.) 

Exemple hindoustani : 

\ ^ ^^-^^^ ^^ ^ ^^r-^ v'bàî ^1 



soleil de beauté, viens dans le jardin en te balançant, afin 
que la couleur de la rose disparaisse de son visage comme la 
rosée, par le dépit qu'elle aura d'être éclipsée par ta beauté. 
(Walî.) 

Exemple persan du muzâri akhrab, makfûf et macsûr^ 
c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des mêmes 
pieds que les vers précédents, si ce n'est que le dernier 
est ^i) P li fWirlârn : 



— 81g — 

A 



A 



U)l vJU-tj^^ ix^^x jji^ v-Cj^ 



sj^j *'^-*-r*j p^-^ ,r^' 



Miséricorde ! je ressens encore de ramoor pour cette bell^ idole; 
miséricorde ! 6 mon cœur tu es encore ému et agité. (Hâfîz.) 

Exemple du mmâri k huit piecls i^lternativemeiittnai:- 
fûfei mucsûr^ c'est-à-dire composé à chaque hémistiche 
des pieds ^ çXi ô^^ mafailu^ /ài-Zâ-» répétés. 

^S^ ^'^ u-^ iv ^^^ ^^^-^ ^> j'^ / 



Si ces boucles de cheveux sont du musc, pourquoi me refusent- 
elles leur odeur ? Si ce visage est U lune, pourquoi s'est-il dé- 
tourné de moi? 



mon cœur, ne ya pas te perdre dans les boucles des cheveux 
de mon amie, de crainte que tu n'y trouves du poison. 

YQici açtuellpmept 4e§ exçmplp^ (]Jvi mu^vi à sii^pieids 
akbmb et makfûfj c'est-à-dir« compsé il chaque hémi- 
stiche djes pieds ^^Î^Li» o^iJ ûli J^*i» màfûlûy fàï-lâtû^ 
viià(a/ilm. Ei^çpaple par^an ; 

A 



— 319 — 

))Qauté charmante, qui toonuentes mon çcei|r, regardq au 
moins de mon côté avec amitié. 

Exemple du muzâri à six pieds akhrab, makfûf et mac- 
sûr^ c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds* 
JSAi J-f Lw ^}ytSLA mâfûlû^ màfWilu^ fàïlà-n : 

Viens Toir que, bien qu'il soit Açaf et Jam, il est assis sur le 
trône solide de Salomon. (Anwar!.) 

Voici actuellement un exemple arabe du muzâri à 
quatre pieds composé à chaque hémistiche des pieds 

^jri pli ^Jiôlif màfàilm^ fàï-làtûn^ : 



* On peut aussi employer le pied ^p^^^y c'est-k-dire que le 
pied primitif ^*b)&li peut deyenir mahzûf au lieu de mdcsûr. 
Au reste, on voit par le paradigme de ce mètr(^ d^^iyé, qi^p ce 
n'est pas le dernier pied de l'hémistiche qui est retranché, mais 
le second. 

^ Il est essentiel de remarquer seulement : 1® qu'on emploie 
quelquefois J^li>* màfàllû au lieu de ^Jl^Li», et même qu'au 
commencement du vers on peut substituer k ces pieds ^*>A&Ii 

fàîlûn eC J^xÂp mdfûlû (pour j^li fàïlû); 2* que ^^ ç.li 

peut, k la fin du premier hémistiche, se changer fifl OJ^ p t^ 
fàï-làttu 

* Le o^ de w^Jj et le J de JL=wj sont longs ; il faut donc 
scander ainsi : 

Wà cdd ràal \ tûr rïjâlà 
ma (à Uûn | fà ï-làtûn 



— 320 — 
J'ai TU les hommesi mais je n'en ai vu aucun comme Zaïd. 

SECTION IX. 

Du mètre muctazab 



*A**r 



En persan, en turc et en hindoustani, on n'emploie 
ce mètre qu'irrégulièrement des deux manières sui- 
vantes : 

!• A huit pieds matwîSj c'est-à-dire composé à chaque 
hémistiche des pieds ^^^»^ c^li fàïlàtûy mûftàUm 
répétés. Exemple persan : 



Tu es mon cyprès aux joues de rose et mon nouveau prin- 
temps ; quoique je puisse te faire honte, toi^ tu me fais honneur 
et tu es ma gloire. 

Exemple turc : 



Si ma bien-aimée aux joues de rose jette sur moi un regard 
furtif, que mon cœur et mon ftme soient pleins de joie et chan- 
tent ses louanges soir et matin ! (Scfaàhidt) 

Exemple hindoustani : 

>SJ^ J^^ ^^ v^ 3>^ J^j "^^ v^ 



— 321 — 

Quel espoir puis-je avoir d'être jamais uni k une amie infi- 
dèle, h une coquette qui se fait un jeu de séduire les cœurs* 

2» A huit pieds matwî et macsûrj c'est-à-dire composé 
à chaque hémistiche des pieds ^^j^ sSj%[i fàUàtû, 
màfulm répétés. Exemple persan : 



* Jb 'u ^^! ^^^ ^U ^1 oU >U 

Autant que tu le peux, considère le temps comme une proie 
dont il faut se saisir ; car la vie, ô mon âme, autant que tu 
peux le savoir, n'est qu'un instant. 

Exemple hindoustani : 

Hélas, quel sort malheureux, pour moi qui suis plein de dé- 
sirs ! Ne viendra- t-ello pas au moins après ma mort passer une 
fois sur ma poussière ? 

ÎElû arabe, quoiqu'en théorie les rhétoriciens admet- 
tent le mucta%a}> à six pieds, il n'en a jamais que quatre 

dans la pratique, à savoir : ^^^UajL^ cJ^^ màfûlâtû^ 
mmtàfïlûn à chaque hémistiche; encore ces pieds ne 
sont-ils employés que dans des formes altérées, ainsi 
qu'on le voit dans les vers suivants, dont les hémistiches 

* On pourrait aussi scander ce vers par ^^LclX» j^li /âi- 
lûn^ màfSUûn répétés quatre fois, et alors il appartiendrait au 
mètre ha%aj aschtar, 

31 



— 3«2 — 



se eomposent des pieds 2 ^J^*^ vi^bt^i» màftUàiû^ mù(- 
tàîlûn : 

Elle s'appfocha et ses joues brillaient comme du jais ; puis 
elle recula, et je lui dis, tandis que mon cœur était enflammé : 
IUl«$> kursqud ja plaiimte, est-ce que je commets uià crime? 

SECTION X. 

Du mètre mujtas v^^^^Xar^. 

Le pied ^ ^ ^ imS'tàfï--Mm, dont ce mètre se 
compose en partie, ne peut pas devenir matwî {^j^^a^) 
comme /^^^l»i:u^ mûstàfîlûn; parce que ici ^ iâfî est un 
watad mafrûc (pieu disjoint) entre deux sababs khafîf 
(cordes légères). Cette particularité iadique assez la 
différence qu'il y a entre ^ ^ jj^ en trois mots et 
^ \ »k u . ^ en un seuL 

Biemple persan du muftas ^ huit pieds réguliers, e'est- 
à^dire composé, k chaque hémisticlie, de» |aed4 ^ ^ 
^%[i Ji mûS'tâfï4in^ f&Uitm répété» s 

^^ ^J^ ^1^ ^y^ ^j ^y^ Ji jj^ O^ j^ 

O beauté b visage de fée, js yeux p€^dre la raison dans ton 
amour ; non, non, je me trompe, je yeux ôtrs sage désennaist 



-. 328 -^ 

Exemple persan du mujias k huit pieds makht4n^ o'est- 
à-dire composé, à chaque hémistiche des pieds ^li^ 
^*b\x3 màfàîlûn fàîlâtûn répétés : 

!;' — * J-^ ^Jr^ J^ jr^ ""^^-^ jJ^J 

\j\J y Ji j! *^( J,L*J- C^\ vju)j^ ^ 

11 m'est difficile de Toir ta face de loin. (0 Dieu !) heureuse est 
ta robe qui enyeloppe tes formes ehânmmtûs. 

Exemple hindoustani : 

N^->1A ^a)/ j^ r ^ ^ à^ (^j ^ 

La rose acquiert son incarnai par la blessure de mon cœur ; 
et le nuage yerse ses eaux par Teffet de mes larmes. 

Exemple persan du mujtas à huit pieds makhbûn et 
macsûr^ c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des 
pieds ^J^ ^^ {^^ ^^ màfâîlun^ fàMitmy ma- 
fâîlûn^ fàîlà-^: 

cr^> ^k? r^= jVj (^^' r^ ^ 

Je tombe sur mon lit et je fais semblant de mourir. Je pour- 
rai peut-être ainsi par Qet artifice l'attirer dans ma maiion. 
(Figinl.) 

Exemple hindoustani : 



— 324 — 

Selon moi, tu n'es pas au-dessous des houris immortelles; 
non, je ne quitterai pas la rue où tu demeures pour aller vers le 
paradis. 

Dans rhémistiche turc suivant, le second pied est, 
comme le dernier, réduit à ^!^ fàlâru : 






Plût à Dieu que je fusse avec toi, pl&t \ Dieu que je fusse avec 
toi! 

Exemple persan de la variété composée, à chaque hé- 
mistiche, des pieds ^J^ {J^^ e^-**^ c;^'^ màfâîlûnj 
fàîlâtûn^ màfàîlûn^ fàUm ou fàlûn : 

Ih ^k ^'^ ^^j^ ^^=^ flr^ dvi 

Puisque ton approche donne la santé à celui qui est amou- 
reux de toi, sors de ta demeure ; mais prends garde de blesser 
tes pieds délicats. 

Exemple hindoustani : 

Ne crois pas avoir des poursuivants qui soient pareils à moi; 
car autres sont les gens de plaisir, autre je suis, moi qui ressens 
pour toi une si vive sympathie. (Walt) 

^ A la lettre : « Ne crois pas dans ton cœur. » Dans le texte 
imprimé, il y a .^y, mais mes nouveaux manuscrits portent 
r¥^ji> et je n'hésite pas à admettre cette leçon. 



— 325 — 

Le mujtas peut avoir le premier et le troisième pied 
de chaque hémistiche makhbûn^ le second mmchûs ou 
makhbûn^ et le quatrième mahzûf oxxmacsûr ; c'est-à-dire 
que chaque hémistiche peut se composer des pieds 
^Jxi ^Li» ^Jj»ÀA ^^Li» màfâïlm^ màfûlm^ màfWilûn^ 
fàîlûn^ et qu'au lieu de ^j*â> et de ^^pi*i, on peut em- 
ployer ^J^^ fàïlàtûn et ^il*3 fàïldrn. Dans le vers sui- 
vant, le premier héoHstiche est conforme au paradigme, 
et le second admet les modifications qui viennent d'être 
signalées : 

stJUii ^â=> LaJ ^JLS=sj3 j^ ^j^ JjL^. 






Il n'est sans doute pas resté de flèches dans le carquois du 
destin, puisque le ciel n'a pas attaqué mon cœur ayec la main de 
répreuve» (Abd-urrazzftc*.) 

Quoique les rhétoriciens arabes admettent en théorie 
le mujtas à six pieds, les poètes qui ont écrit en arabe 
ne l'ont employé qu'à quatre pieds. 

Exemple du mujtas à quatre pieds réguliers, c'est-à- 
dire composé de ^^'^l^ iJ ^ ^j^ mûs-tàfi-lûn^ fàïlà- 
tûn à chaque hémistiche : 








* Il s'agit ici de Jamftl-uddin Mohammad Abd-urrazzftc d'is- 
pahan. 



- S«6 — 

Le bien aè m^atrif^ ni ^r It fareur d«6 dênUnéiê» ni par le 
IraTtii de mes mains. Que d'ignorante dont le bont touche aux 

pléiades l que d'faommea instruite cachés I (Alf laîla * .) 

Le pied ^J ^iï ^j^ mûs'tàfî-lûn devient quelquefois 
J jâ5 ^j^ mûS'tàfï-lû, et donne ainsi une autre variété. 

Exemple du mujtas à quatre pieds makhbûn^ c'est-à- 
dire dont les hémistiches se comnosent des pieds çÀi ^ 
^ jUi ^ màrfàlrlûn, fàUàtûn : 

Ta et attaché à Salma^ quoique tu saches qu'elle mourra. 

Au lieu de ^Ji oli ^, on emploie aussi ô ^ f ^«- 

fâî'lûf 

SECTION XI. 

Du mètre mutacârib i^^jlLil». 

Ce mètre est fort employé par les poètes musulmans , 
mais le plus souvent irrégulièrement. Généralement 
rirrégularilé n'a lieu qu'au dernier pied des deux hé- 
mistiches, pied qui devient fréquemment macsûr ou 
mahzûf. Voici d'abord des exemples de ce mètre régu- 
lier. 
Exemple arabe : 



^ Anthologie de J. Humbert, pag. 1 0. 



— 8«7 — 

Il (Mfthomet) «st un intercMseur eiaucé, un prophète géné- 
reux, beau de yisage et de corps, aimablt et marqua du sceau de 

sa mission. (Vers tiré du Gulistan,) 

Exemple persan : 

A A 

A 

Si tton cyprès^ prentiit placé dans le jatdiA, il mtài étôAttUttt 
que le cyprès conseryAt sa posture verticale *. 

Exemple turc : 

La révolution du ciel ne m'est pas propice, les constellations 
ne me sont pas favorables» ceite belle k la jambe d'argeot* ne 
jette pa« son bras k mon cou, (BAqut.) 

Exemple hindoustani : 

^-"V sJ-^ ^'^ "i wT^ ^ ^^ s^^ 
,J ^ J^ -^^ \J s^*^* xJ^ LT^ ^ 

^ C'est4-dire : « Ma inab^^imée dotii la taillé est pareille au 
cyprès. » 

' C'eit4*dire : « Il se courberait devant ee eyp^ vitatit ; il 
confesserait son infériorité. » 

^ Cest-à-dire : « D'un blanc mat comine Tâigent^ » 



— 328 — 

Je pleure en voyant sourire la rose ; car mon infidèle avait 
rhabitude de sourire ainsi ^ 

Exemples du mutacârib régulier, si ce n'est au qua- 
trième pied de chaque hémistiche, pied qui devient 
macsûr ou mahzûf^ c'est-à-dire Jyi fàvrl ou Jji fààl. 
Le Schâh nâma ou Livre des Rois, VIskandamâma de 
Nizâmt, le Firâc nâma de Salmàn Sàv^ajt, le Bostan de 
Saadl, le Sihr ulrhayàn^ les Aventures de Kâmrûp et plu- 
sieurs autres poèmes célèbres, sont écrits sur ce mètre. 
Exemple arabe*: 



tf * 



J'ai défendu i ma bien-aimée de se servir de l'éventail, et voici 
ma raison : j'ai craint que le zéphyr, en touchant ses joues, n'en 
blessât la délicatesse ^ 

Je donnerai comme exemple persan de cette variété 

' A la lettre : « L'habitude de quelqu'une était de sourire de 
la même manière. » L'auteur veut dire que le sourire de la 
rose, lui rappelant ce sourire chéri, renouvelle ses regrets. 

' Quelquefois, en arabe, c'est seulement le dernier pied du 
vers qui est altéré ; on le trouve même réduit h ai /a. 

^ Il faut prononcer hàsbàk pour avoir la mesure. 

* Il faut prononcer, pour avoir la mesure, lâmts et khà- 
daihu 

* Anthologie de G. de Lagrange, p. 1 35. 



— 329 — 

les yers suivants de Saadl, qui sont gravés sur une 
pierre tumulaire que feu mon ami le général Harriot a 
rapportée de l'Inde : 

V^t-^ sSj3j ^x^ j^ fri J^ 

• «y » •••/ •• 

A 

J^V ^ ^ ^ ^ l-^J^ 



• • 



> • •« ♦ y •• 

Un jour, deux (quelques) vers, qu'un chanteur récitait en 
s' accompagnant de son rabftb*, rendirent mon cœur pareil au 
kabâb*. 

Hélas! sans nous, pendant longtemps, la rose croîtra , et de 
nouveaux printemps se développeront. 

Bien des mois de juillet, de décembre et de mai paraîtront, 
tandis que nous serons de la terre et de la poussière. 

Après nous, le jardin produira bien des roses, et les amis se- 
ront assis ensemble. 

* Sorte de guitare d'où vient le nom de rabâbiya qu'on 
donne, en Afrique^ aux femmes qui en jouent, et, par suite, aux 
danseuses. 

* Morceaux 4e viande grillée. 



— 330 — 

Bien des gens qui, aujeurd'hui, «ont encore dans ie néant, 
viendront et passeront sur notre poussière. 

Exemple turc : 

J^ ^^ Jj» ^p >l ^^ 

^ A 

mon cœur affligé, sache supporter le malheur. Quelque 
chose qui t'arri?e de la part de ta bien-aimée, agrée-le volontiers. 
(Schâhldî.) 

Exemple hindoustani : 

Je ne veux solliciter de personne aucune faveur ; c'est de toi 
seul (ô mon Dieu!), que j'attends Taccomplissement de mes dé- 
sirs. Oui, je vivrai avec honneur et avec considération, je con- 
serverai Testime de mes amis. (Haçan.) 

Quelquefois le premier et le troisième pied de cha- 
que hémistiche prennent rirrégularité nommée mlm 
jjb*, c*est-à-dire deviennent ^J^ fàtûn (pour ^P^). 
Exemple : 



On ne peut quitter facilement sa rue ; on a des rosei jusqu'au 
cou, et de la ^otie jusqu'aux genoux* (Baet Arltmatt.) 



— 331 — 



Avec le saint, on emploie quelquefois le tasMg au deu- 
xième et au quatrième pied, c'est-à-dire le pied ^J^y^ 
fàûlà-n, avec lequel on peut employer parallèlement le 
pied régulier ^yi fàûlm. Exemple : 



'^ J 3:f=^ j^ ^j^ ^ / 



iAJ\ ,u ^rn.-T*^' 







Si Tépée dévaste la rue qu'habite cette lune, je courberai ' la 
tête ; car c'est Tordre de Dieu. (Haftz.) 

Exemple du mutacârib à huit pieds macbûz et aslanij 
c'est-à-dire composé à chaque hémistiche des pieds 
^^1«9 J^ fàviû, fâlûn répétés : 

A 

Qtael remède àpporterai^-je k là peine de Tabsencer je tne fonds 
comme la bougie. 

On trouve aussi en persan le mutacârib avec six pieds 
réguliers seulement Exemple : 

* 6^)1 est proprement pour 2$bUI Allah. En effet, l'auteur du 
Hadâyic scande ainsi ce second hémistiche : 

Gârdàn | nïhà dx-m \ ul hûk \ mû àllà-h 
fâlûn I fâ û là-n \ fâ lûn \ fàûtàrfi 

* Il y a, dans le texte, le pluriel pour le singulier. 

^ Dans ^J-^f la deuxième syllabe est brève. En effet, le hé 
est mukhtafî ou caché^ et, par conséquent, ne rend pas la syl- 
labe longue. (Voyez mon édition de la Grammaire persane de 
W. Jones, p. 6.) 




— 332 — 



Je suis tellement malheureux par ton absence, que je suis sur 
le poinUde rendre Tâme. (Saïfl.) 

En arabe, on emploie aussi le mutacârib à six pieds, 
mais avec le dernier irrégulier. Dans le vers suivant, 
par exemple, le dernier pied du premier hémistiche est 
Jjii fààl\ et le dernier du second J^ fàû4 : 

S>iJ' jU=. jtLai L^jj jl_d. J^ 



Ses joues sont comme un jardin qui ressemble au paradis. 
(Ata Mohammed.) 

SECTION XII, 

Du mètre mutadârik s^j 1 J^ . 

Exemple arahe du mutadârik régulier, c'est-à-dire 
composé de huit ^^li fâïlm : 

Amir est venu nous trouver sain et sauf et chargé de butin, 
après avoir terminé son expédition. 

Exemple persan : 

* Quelquefois réduit à iii /a au dernier pied du vers. 



— 333 — 

Le soleil et la lune ont été les esclaves de ta gentillesse ; le 
musc du Khotan a été pareil h la poussière du chemin au prix 
de tes poils follets et de tes éphélides. 

Exemple turc : 

^ — LxLj ij — LeU ^ l-oli ,., 1 r.Lj 




^r^^ ^ S^ ^.A^ Jy S 



\ 



Le rossignol des roses, le chef ^ des esclaves, le compagnon 
des cœurs, le guide des routes* est fàîlm^ fàîlm^ fàllûn^ fàî- 
lûfiy A esclave de Dieu, 6 roi des contrées. (Sarwari ^) 

*■ L'auteur fait allusion h son nom. Ces deux vers sont extraits 
de son Arûz ou Prosodie arabe appliquée au turc. 

* L'auteur de ces vers s'exprime ainsi ï cause du bourdonne- 
ment et du tintement que ce mètre représente. Selon les musul- 
mans, il ressemble surtout au tintement des cloches chré- 
tiennes. Ils racontent, à ce sujet, qu'Ali, traversant un village 
de Syrie avec Jâbir l'ansarî dit h ce dernier, en entendant son- 
ner la cloche d'une église : « Cette cloche semble prononcer les 
mots : 

lix^ [ix^ LSx^ lix^ Laû. Lfla^ Uâ. La^ 

c'est-à-dire « véritablement, véritablement, véritablement, vé- 
ritablement; assurément, assurément, assurément, assuré- 
ment. » En effet, ces mots, répétés quatre fois chacun, repré- 
sentent quatre ^JUi et forment le mutadârik mactû dont il sera 
parlé plus bas. 

' Ou, selon la prononciation turque, Servèrî. C'est le même 
écrivain qui a été quelquefois appelé, par erreur, Surûrî. 



— 334 — 

Exemple hindoustani : 

^ .^^^ l^ jb k.;.^ JU ^^^ Jy 

Regarde les boucles des cheveux et les joues; leséphélideiet 
les poils follets de ta bien-aimée. 

Exemple arabe du mutaddrik à huit pieds makhbûn^ 
c'est-à-dire réduits à ^JUi fàïlûn: 



» ^ f 



La5r|^Aû-J w^o^J^ îy^=> 



f » . f » , 



J4; J4j U-àJLL^ 

La boule a été l^ncéQ p«r les maillets, et les joueurs l'ont at- 
trapée. 

Exemple persan : 

p' t^ J^ ^y^ w^j -^ 

La rose du JQrdin d'Iram n'est pas aussi belle que ta joue ; la 
stature du cyprès du jardin n'est pas comparable à ta taille. 

Exemple du mutadârik mâkhbûn et mactû ou plutôt 
mukhalla^ c'est-à-dire composé à chaque hémistiche 
des pieds Jji ^li faUûn, fààl répétés : 

^ aW*. En ^{et, cette irrégularité^ qui consiste à réduire 
Ji&ii h JjA fààl, se BdmiBe ^Jiap>*. ( Voyei p. 33 #1 M.) 



— 333 — 

Depuis que tu t'es échappée h mes emhrassements, ma vie est 
fort triste. 

Exemple arabe du mutadârik maeM^ c'e&H*dir# com- 
posé de huit ^^^ fàlûn : 

Je n'ai pour toute fortune qu'un dirhem, si ce n'est mon mau- 
vais cheval noir. 

Exemple persan de la même variété : 

A chaque instant je gémis devant toi ; quand écouteras-tu les 
géakiss^menta que ia'arr«cbe mon chagrin? 

Exemple hindoustani : 

Mon ecwif est plu» déM^é que ne le lut jamais Putnimal qu'on 
va sacrifier. 

Exemple du mutadârik makhbûn et mactâ^ mactû et 
muzâl, c'est-à-dire composé, à chaque hémistiche, des 
pieds J^ Ja3 ^Jlxi ^^ji*i fâlûrij fâBn^^ fàâly (àlârn: 

* On peut employer accidentellement, pour ce pied, le makh* 
bûn ^JUi fàlVm^ ainsi qu'on le voit dans le deuxième hémi- 
stiche du vers de BahâL 



— 336 — 

jb J^— t— ^ vj ^i ^ 



seigneur, A seigneur, ce livre ^ où sont écrits mes noirs pé- 
chés est l'objet des gémissements de Bahâî. (Scfaaïkh Bahâï.] 

En arabe, on emploie souyent ce mètre avec six pieds 
seulement. En voici un exemple régulier : 

^ UV -^ i v:)*^ ^S^^' !^ Ç^)^ i-eJ 

maison printanière, rends -moi heureux ; qu'à ton abri je 
mène une vie paisible. 

En voici un autre exemple avec le dernier pied mu- 
zaîyal, c'est-à-dire développé en ^%[i fâîlârn* : 

Cette maison qui leur appartenait a disparu comme un écrit 
qu'ont effacé les siècles. 

SECTION XIII. 

Des mètres carîb woy » jadîd ^, J^ ek mnschÂkil J.S=>LiUp. 

Ces mètres sont inconnus aux Arabes, et n'ont pas 
été employés non plus par les auteurs classiques des 

^ La mesure exige ^, par contraction pour 2^1^ i qu'on a 
mis mal à propos dans l'édition du Eadâyic, 
^ Voici comment on doit scander cet hémistiche : 

an nà | ma sî yâh \ khàtà \ kàrdâ-r 
fâ lûn I fà î Im \ fa al \ fâ là-n 

* Le livre du jugement dernier. 

^ Quelquefois ce pied final prend aussi la forme ^V^li fàï* 
làtûn. 



— 337 — 

autres nations musulmanes. L'auteur du Hadâyic les 
traite d'innovations et ne les mentionne que pour mé- 
moire. Toutefois, je dois remplir en peu de mots cette 
lacune : 

Le mètre jadîd^ ne s'emploie pas selon le paradigme 
régulier. En voici un exemple makhbûn^ c'est-à-dire com- 
posé, à chaque hémistiche, des pieds ^^ i^^ 
^JUU^ fàïlàtûn^ fàïlàtm, màfaîlûn : 

Le pin est honteux k cause de ta stature, et la nuit est con- 
fuse à cause des boucles de tes cheveux ^. 

Le mètre carîh^ n'est pas non plus employé réguliè- 
rement, mais seulement dans des formes dérivées. En 
voici deux exemples : 1° carih mahzûfj c'est-à-dire com- 
posé, à chaque hémistiche des pieds ^^li J^Li» J-j^Li» 
màfmlûj màfSUUf fàUàtm : 

* Cest-à-dire nouveau. Il est, en effet, nouveau, relativement 
aux mètres plus anciens ; mais l'invention n'en est pas d'une 
date récente, car on l'attribue à Buzurjmihr, ministre de Nûs- 
chirwân. On nomme aussi ce mètre v.^ t^ eu étranger (aux 
Arabes.) 

' G'est-k-dire que le pin est honteux d'être moins droit que la 
belle dont il s'agit, et que la nuit est confuse d'être moins noire 
que les boucles de ses cbeveux. 

' Ce nom, qui signifie proche^ est donné à ce mètre, selon 
l'auteur du Hadâyic urdû^ parce qu'il se rapproche des anciens 
mètres et surtout du hazaj et du muzârî. On en doit l'invention 
à Yuçûf Arûzî, qui vivait deux siècles après Khalîl. Les Turcs 
nomment ce mètre Jsr*^^***^, c'est-à-dire prompt. 

22 



. — 338 — 

>tf ^'j s:^ eil>^ «lA^ 



seigneur dispensateur des biens du monde, 6 soùfhMh 
juste, xqi 4^ roiii ^. b^wreuQQ fortailtt el aiix qualitési «ceoin- 

piies; 

i^ Carih ^khrAU fit mtkfûf, c*é6t-à-dire fetiriitJbsê, 8 
chaque hémistiche, des inlèds ^*SfetJ J^lA* Jy^ ^- 
/lifô, rnàfâïlû^ fàïlâtûn : 

Tant que je désirerai la ttdnpiiliiâi firaicéléi)rer les louanges 
du roi à sa ppirte^ 

Le mètre é^mehâkU^^ ënoerë jhùltï^ tinité qÛë léd (1^ 
cédeiits^ ii'esi guèrei ftDQlpléyô non pitié qu*irrégrilièi*e- 
menV 1^ ttilicl un ei^eitlplâ mmkfâf et fHëtéûr^ e'el^t-à-dlrë 
composé, à chaque hémistiche, éëd plfeûs J;?ttf ciiSifll 
J-jcU/» fâîlâtûj màfâ/Uûy màfâUû : 



Dans la nuit obscure par Fabsence de la lune^ je liie èuis 
Wnêmn ôhàgriti* j eti effet, daHs bette triste nUttf îè' chagrin ne 
s'élt^lgd^ pas de Fatoant; 

^ Cesi^-ine pareil^ » eaute qi^^it ressemble au mhtte cttrîb. 
En effet, les pieds ^ont les mômes^ rord]^ setftefinëiit eii éït- 

fê^êûi. Les Turcs Èîdmmé'nt Ce mètre j^Lî>, c'est-à-dire le 
deHtièr. 
* A la lettre: k J*aJ été l'amî du. chagrin, » 



— 3^9 — 
CHAPITRE VI. 

DU RUBAI ^bj. 

Le rubâî ou quatrain est un petit poëme * particulier 
aux Persans et à leurs imitateurs. Il consiste en deux 
vers, c'est-à-dire en quatre hémistiches, dont le pre- 
mier, le second et le quatrième doivent rimer ensemble, 
et dont le troisième ne rimé ordinairement pas avec 
les trois autres. Ce qu'offre de particulier ce petit 
poëme, relativement à la prosodie, c'esrt qu'il est écrit 
sur des mètres très-irréguliers, quoique dérivés néan- 
moins du mètre hazaj^ ce qui en rend la scansion dif- 
ficile à trouvât. Je vais faire connaître le plus briève- 
ment possible les différentes mesures de cette espèce de 
quatrain. 

On compte vîiïgt- quatre formes différentes de riibâî, 
lesquelles se distinguent les unes dès autres par neuf 
espèces d'irrégularités dû pied fondamental ^J^^ ma- 
fâïtûn^ irrégularités qui se divisent en deux classes ou 
schajra ï^ar^ (arbre), chacuhe de douze espèces; la pre- 
mière, nommée akhram m^\ du nom du pied irrégu- 
lier yj^y^ màfulm^ et la seconde akhrùb v*^!, du nom 
du pied irrégulier ^}yJ^ màfûlii, selon que le premier 
ou le second de ces deux pieds commence les quatre 
hémistiches du rubâî. Voici le tableau de ces paradigmes 
en forme de cercle, tel que le donnent les auteurs ori- 
ginaux : 

* On le nomme aussi do-baïtî ^^^^ et tarâna bj\y, 
(tToyèz \k pfifâéô di mon ic lïfëéotfOè la Httéfdtiirè Witaduie 
et hindoustanie » , ^ êdHWi, 1. 1^, p. SB eè 37;) 



— 8i0 — 



»I<)oo^'t3^oo<jr ^j^] «joi> 




* C'est-k-dire, cercle des rubâî^ akhram au premier pied do 
premier et du second hémistiche des deux vers. 



— 341 — 



(■ p. 



>jjsAjyf^ j«>uiaJ( ç>^t «v^'^ 




^ ■^^ ^tt 



5^" '^' 




* Cest-Ji-dire cercle des rabais^ akhrab au premier pied du 
premier et du second hémistiche. J'ai reproduit le tableau du 
HadâyiCf quoiqu'il ne s'accorde pas bien avec les explications 
du texte; et qu'il diffère de la liste de Gladwin. 



Dans les listes circulaires qui précèdent, j'ai eu soin 
de mettre un numéro d'ordre aux différents paradigmes. 
Les mots ^^y^ et J,^, qui sont au milieu des deux 
cercles, doivent précéder les paradigmes rayonnants 
pour les compléter. Les mots qui sont au-dessus des 
pieds en désignept les irrégularités ^ 

Exemples de rubâîs de la première classe : 



- J>-^ 



u 



^ 6>mm4»m ,S V» 



j^ vJL^^AjIj 



^j V" 



f-^V ^^'/l' 



' b^=' JV? ^ ' ^ cP^ Ui}j^j^ lT 



Ton absence a fortement ensanglanté mon cœur ; le chagrin 
qu'elle n^'a occasionné y a établi sa demeure. Uais jusqu'à quand 

^ On en trouve l'explication au chapitre III. 

' Bien que ^J ne se trouve ni dans le BaMyic ulbalâgat ni 
dans Gladwin, je l'ai ajouté d'après l'avis de mon savant élè?e 
M. G. Carrez» le sens l'exigeant en effet. 

' Voici la scansion de ce mbaï : 



Hîjrânàt 

1 màfu lûn 

Wàndûhàt 

2 ma fûlûn 
JHgàr ta 

3 màfû lûn 
Kâs hàrguiz 

^ ma ft^ lûn 



I khû bàcë \ mârà dâr dïl 
I fâ ïlûn I ma/S l lûn 
I âàr sînà | î mân mÂnzïl 
I ma fûlû I màfà ï lûn 
I îyïm mihnà 
I mafâ i lu 
I nà bâ bë dil 
\màfâ% lûn 



I kaïfàzà 
fâ ïlûn 

I l sûkhàn 



\ fàï lûn 

Les quatre hémistiches qui précèdent présentent un 
des quatre premières variétés du mbâî akhraffi. 



kàf'd 

fà-a 

kàr-d 

fâ-a 

tôgâm 

fà-âl 

kâr-d 

fà-a 

exemple 



— 3*3 — 

augmenterai-je en douleur et en afflictiop? Personne n'a jamais 
ténii ^ un homme désolé le discours que j'entends. 

■f î* 5' 

^c-^-A ^ *' j'H! '^' j'-i ^^ j^. 

Hélas ! ton amie est venue, ion amie est Tenue, ton amie est 
Tenue, et tu restes Ainsi assis dans rinsouciance I Ne demeure 
pas un seul instant éloigné de cette belle au Tisage de lune, si tu 
Teux goAter à la coupe de ses lèvtes de rUbid. 

* ^i ^')T' ^-^^ cT?. J*J "-^i^J* 



* Voici la scansion jde ces Ters : 

yvi/r àmid \ yar âmàd | yar àrnâi \ A^i 
p ma fu lûn \ ffiâ fûlûn \ mâfû lûn j /Ç 

IRmchlni I bè khàbàr \ bMl sa ta \ kat 
p ma fûlûn j fà î lûn | m4fà l lûn \ fâ 

Yàfç smt I àzà màhï | jâbl dûrï | màbi-sch 
\\ w fû lûn I màfà i lu \ jnqfâ %lû \ f(t û-l 

Ta y à bi \ àz jàmï \ làH lâlàsch | iitaî 
6 fuifûlûH I m^ fû lu I màf^ tlûn \fâ 

• Voici là scansion de ces vers : 

Jd dàddm | d^f r^hï | wàf^ 54 J tlâml 
i6 ma fûlûn \ mâfû lu | 0ifal lu \ f(f àl 



— 344 — 

Pai sacrifié ma vie dans la voie de la fidélité envers ma belle ; 
je lui ai offert entièrement mon cœur en holocauste. Si, par ha- 
sard, je ne réussis pas, pourquoi me livrerais-je au chagrin ? jo 
me contenterai d'avoir des larmes dans les yeux et du feu dans le 
cœur*. 

Exemples de rubâïs de la seconde classe : 




Cher amour, tu as mille prétendants comma moi qui désirent 
ta face pareille à celle de Joseph d'Égjpte. Lorsque tu es absente, 
j'éprouve mille peines et mille chagrins; il vaut bien mieux que 
tu ne te sépares pas de moi, 



ÏM kârdàm \ cûrbànàsch [ bë bèschô | kàmï 
9 màfulûn | mâfûlûn | màfûlû j fà àl 

àz dàstàm \ kàri gâr | nyàyâd chî \ gàmâs-t 
»v 11 mâfûlûn \ fâïlûn \ màfâïlû \ fàû-l 

Dâr cRdà \ ô cRl bàçâs \ tî sôzï 6 \ nàmï 
3 màfû lûn \ màfà îlûn \ ma fallu \ fà àl 

Le quatrième hémistiche, que je rapporte au n*' 3, offre une 
irrégularité au second pied, 

* Ceci offre un exemple frappant de la figure de rhétorique 
orientale nommée laf o naschar. (Voyez la « Rhétorique •, 
II* partie, chapitre I, section xi, p. 91 et suiv.) 

' Ces quatre hémistiches offrent précisément un exemple des 
quatre premiers paradigmes du second tableau. 



— 345 — 















Je t'ai offert mon cœur suppliant. J'allonge (j'étends) mes 
bras en rapport avec tes cheveux et mon espoir'. Comme il n'y a, 
dans le monde, personne qui soit plus abattu que moi, il faut 
bien que je te sollicite, ô toi qui es compatissante envers ceux . 
qui te sont dévoués. .< 

^jri^ j^^ri ^^^'-^ ^'^j f>.^ ^^ 



^y:^ j'j" ^^ v^^=* d .j fïï^^*^ 



* Voici la scansion de ces vers : 

tu àwârdàm 
màfâ l lûn 



Dârpëschî 
^ ma fù lu 

Dàstlmà 
6 ma fû lu 

Dâr alà 
5 mÂfûlû 

à bïh kl 
8 màfûlû 



nô zûl fi tu 
màfâ % lu 

ml bëschàzmàn 
màfâ l lûn 



M râ bà | nîyâ-z 
màfûlû I fàû-V^ ' 

ôûmmèdl | dlrâ-z 
màfâ ï lu I fàû'l 

dârmùndà | chu nè-s 
mâfû lu I fà û-l 

tu ai banda \ nàwà-z 
màfâ l lu \ fà Vrl 



nawaziim 
mâfâllûn 

• A la lettre : « mes bras, tes cheveux et mon espoir sont 
longs. » 

^ Ces vers, dus à Schaïkh Ibrahim, auteur persan moderne 
distingué, sont cités dans les intéressants mémoires d'Alî-Haztn 



^\^' 

^N.- 



— 346 — 



11 n'y avait pas pour moi de confident dans le jardin du 
monde ; il n'y arait pas^ dans le banquet du siècle» un musicien 
qui pût, de son instrument, accompagner mes plaintes. Je ne 
pouvais pas mdme gémir en secret ; aussi ai-je retenu ma lan- 
guOy puisque je ne trouvais de sympathie chez personne. 

Il me paraU inutile de citer des exemples de rtiiâX en 
turc et en hindoustani. Ceux qui en voudront connattre 
dans €6ttQ dômtère langue en trouveront Un grand 
nombre dans mon édition de Walî. 

Les poètes arabes modernes Q]it j^p^ft guelm^p^ ^(^ 
à l'imitation des Persans. En voici im da \% fife^D4e 
classe : 

d-w^ u ^;,' j^l >)t j 

qnq j'^i lixpliqttéii à mon court de fwssji au CoUégo de France. 
En vpîpi |a scftuiioD s 



Dôr gûlschà | ffJi dàhH tnàh 
^ f(i& fA m \ ma fâ ï Im 

Dâr bà^mï \ mmàna nàg 
8 fnflfû lu \ \nàfâ î Im 

i fû wâ %àin%à 
I ma f» l lu 

I zàbà kàcë 
I màfâ îlûn 



Fin hâ «la 
la màfa lu 

Bà^fimî 
8 màfûlû 



ràmï râzî \ nàbvrd 
ma fàiHi ) fàU'l 

mâpàrdâzî \ nàbû-4 
ma fâ % lÛ \ fà vrl 

pârdâ%î J kâr-d 
ma fûlûn I /3-a 

hàm àwâ%ï | nà bvrd 
ma fàï lu I fàû^i 



Voici ta Sôansîon dô ces vefs : 



— 347 — 

Si, après ma mort, celle que j'aime vient visliter mon tom- 
beau, je lui adresserai la parole à haute voix pour l'assurer de 
mon dévouement ; puis je lui dirai tout bas : <( Ne vois-tu pas à 
quel état m'ont réduit tei beaux ytuxV n Mais ce ne sera pas un 
reprocbe. (Ebn-Fâred*.) 



ClfAPÏTIlE VII. 
m LA RIME. 

qn enteiid par la rime ^\^ çafîya, ^h pliyriel J}J 
cawâfîy la fép^tition^ dans des ifiptç différents, ^ }a i}n 
deç vers o\\ des hémisUches^^ dps fnéifaes lettres et des 
mêmes mptions. Ces lettres et ces ipotioDs ont des dé- 
nominations spéciales et sont soumises à des jègles par* 
ticulières. 

m muttû 1 uuà %àrà tûr | bàfi mân àh \ wà 
1 wà/u lu \ ma fâï lûn j màfâ ï lu \ fà 

Làb battu \ mumjlyàn \ H gûinn ndj \ wà 
i ma fûlû I mdfâ îlm \ ma fâ ï lûn \ fâ 



tara mû sa 



màfâ l lu fàâl 



nààt 



Fïsstrrï \ àcûlû ma 
7 mâfû lu I màfâî lûn 

âlhà%û \kab%wà Iffi \ si hdt4 schçik^ \ m 
1 mûfûlû I ma fâ î lûn \ma fà l lûn \ fâ 

* Chrestomxithie de S. de Sacy, t. III, p. 62. 

• Quand les hémistiches riment ensemble^ la rime change h 
chaque vers ; quand ils ne riment pas, elle est permanente pou 
tout le poëme; mais le premier vers de tout poëme rime tou- 
jours aux deux hémistiches. 



r 



— 348 — 

SECTION t" 

Des lettres qai fonnent la rime. 

La lettre la plus essentielle de la rime, c'est celle 
qu'on nomme rawî ^jj *. Les explications qui suivent 
feront mieux connaître ce qu'il faut entendre par ce 
mot que les définitions embrouillées des auteurs cri- 
ginaux. 

La rime peut comprendre, outre le rawî^ huit autres 
lettres de suite, quatre avant et quatre après, dont les 
deux dernières ne sont pas connues des Arabes. 

Voici un quatrain destiné à fixer, dans la mémoire, 
les noms qu'on a donnés à ces différentes lettres : 



»-J)* !^l ^JUà^ .JUwl ^jS^ vllj J^! j^ i^li 

Ih'^ L^I >S=>^ ^! ^j^^ jU.^ ^j.^^ jU 

^-fjy ^-^^ ^-r^^ o^J-^ J-r^^^ yjr-T^^ ^f^ 
* tjJiSi ^ c^^y^ C^^î ^j^i.^ J^j ^ jl ^ 

La rime ne consiste réellement qu'en une seule lettre (Ierat(;f) ; 
mais elle peut être accompagnée de huit autres, quatre avant 
et quatre après. Celle-lè est le centre, les autres sont la circon- 
férence. 

^ C'est à cette lettre que doivent leur nom plusieurs poëmes 
arabes. Ainsi iL^*^ est un oacîtiia rimant en làm. L^^ un cad({a 
rimant en mm, h\i un cadia rimant en yé^ etc. 

^ Cesyers appartiennent au mètre raml mahzûf^ c'est-à-dire 
composé, à chaque hémistiche, de trois ^^^1-^ et d'un jJLcli. 



— 349 — 

On met d'abord les lettres nommées tads, dakhîl^ ridfei 
caïd, puis le rawî que suivent les lettres nommées wasl, khu- 
rûj, mazîd et nâïra* 

1 « On nomme ridf ^ -j , ou vulgairement radif ,^ >j , 
Valif quiescent après un fatha, le waw quiescent après 
un zamma, et Vyé quiescent après un kesra; c'est-à- 
dire les trois lettres alify waw et yé servant de lettres de 
prolongation et placées avant le rawî, ainsi qu'on le 
voit dans les mots qui terminent les hémistiches des 
vers suivants : 



j^ ^\j^ vj^T J^ iji^ 

Sanâï, par la force de la foi, chante les louanges d'Ali qui 
succéda k Osman. Le premier était par sa vertu la terreur du pa- 
lais de l'orgueilleux. Le second était le porte-drapeau du pro- 
phète et avait la science en partage. Ce n'était pas du prophète 
qu'il avait appris l'explication du Coran, mais elle avait ete ré- 
vélée à son esprit. 

• Ce vers est du mètre khaflf makhbûn et macsûr, c'est-b- 

dire composé, k chaque hémistiche, des pieds ^^^U^ ^^^ 

,%i. Dans le premier vers, l'aH/^est le ndf et le noun lerawî; 

dkns le second, le waw est le ridf et le lâm le rawt et, dans le 

troisième, le yé est le ridfoi le lâm le rawî. 



1 



— 350 — 

Lorsqu'après le ridf il y a deux lettres quiescentes 
comme dans les mots vj:^b, « il a trouyé^ )i ^Ji^^^j^i 
« ami » sjuiij « il a versé, » etc., quelques rhétori- 
ciens pensent que la première fait partie dii n'd/*, et la 
nomment ridfzâïd^ SSh s^^j ou ridf superflu; a autres, 
au contraire, la considèrent comme faisant pàriie du 
rawî^^ et la nomment rawî rauzàîf, .^^L^a^ ^^» ou 
rawî additionnel. 

En persan ei en iiihdoùstani le waw et 1'^^ prennent 
deux sons différents z oueii; o et é. Dans le premier 
cas, on les nomme marûfj ^jj^ ; dans le second, ma- 
jhûl Jj-^?=^ *. Ainsi on prononce aj^ bûta^ (creuset) et 
bj} bota (jeune chameau), j^ schîVy (lait) et scher 
(tigre), etc; Malgré la différence de ces deux prononcia- 
tions, il est permis de faire rimer ensemble des mois 
dont le ridf est un waw ou tm yé prononcés au eii avec 
des mots dont le ridf est ua waw oU un yé prononcés o 
et é. Exemple persan : 

' j^ i^ tor^ }i J^ ^^ ^^ 

* telle est Topinion de Nack-udJtii ïûct dans son lUiSt .U^^ 
ou « Pierre de touche des vers. » 

• • ■ 

^ Cette double prononciation du waw et du j/^, qui existé 
aussi en turc^ est tombée en désuétude dans le persan moderne. 
A ce sujet^ voyez la préface do mon édition de la Grammaire de 
W, Jones. 

^ Dans ces deux hémistiches» le Waw est le ridf et le zé le 
rawU Or, le waw de J^> yiU est inaiHf^ c'est-à-dire se pro- 
nonce ou^ et l^waw de jjy ro% est nuijhûU c'est-i-ire se pro- 



-- 351 — 

Les dénis de Tonce sont émoussées pour Thoiame dont U 
niàn^é, seulement pendant deux joufs^ le fromage. (Sae^dî, 
Béèmn, Hv. lî.J 

Exemple hindoustani : 



•s 



:>^ji ;j' c^ ^ k^=* 



Le ministre Mitarchand attentif dit : Sumit, racontez quelc^ue 
autre chose. {ÀpekHtre» deKûmrûp.) 

2» On nomme caïd JJ» la lettre quiescente placée 
immédiatement avant le rawî^ à l'exception des lettres 
qd on homîtie Hdf^ et dont il vient d'être parlé.» U est 

^ ^ ^ ^ a même lettre pour le caïd^ 

comme dans le vers suivant où les mots J^ et U^. 
qui termipent les deux hémistiches ont pour caïd un 

iJ-;ir^ *^^jrt ^^^ '^-^ ^-^ 

Les deux mondes (le visible et rinvisible) sont une souttçde 
FcieSan de sa sctencé (de Dieu]l. Il voit le crinié et il le courre 
avec le manteau de Tindulgence. (Saaidiy Èostan,) 

nonce Qy et cepeadaai ce^ deuiL moift rimant eosembkw C« vers^ 
comme tout la poëme da Bpslan^ eçt da nft^Uo miitac^nè 

* La même observation d lie« pour le» mola CUj^p^ et 
vJ:,^.^^,^; le yé du premier est majhûli et odui an second 
waril/'. Cette lettre est le ridf et le té le raw;i. Ce versf m du 
même mètre que le précèdent. 



— 352 — 

Si Ton n'emploie pas précisément la même lettre, il 
faut au moins en employer une dont la prononciation 
soit analogue, comme on le voit dans le vers suivant, 
où le catd consiste aux lettres ^^ et s qui appartiennent 
au même organe : 

^ ^j ^ ^ j ^^ *^j> r^ ^ 

Non-seulement TÉgypte et la Syrie, non-seulement la terre et 
la mer, mais tous recherchent ta face aussi bien que Schirâz. 
(Saadi.) 

Enfin, il est même cependant permis d'employer pour 
le caU deux lettres entièrement différentes, comme dans 
l'exemple suivant : 






A 



* v-aui» ..wJ^i-T Jw/^i ^--_a» ï,^ 



Tous savent que cet homme n'a jamais de sa vie conçu le des- 
sein de faire des vers. (Extrait du Gulschan-i-râz*.) 

Dans ce vers, le mim et le aïn des mots^ et jxà» sont 
la lettre qu'on nomme caïd. 

* Ce vers est du mètre hazaj mahzûf, c'est-à-dire composé, ï 
chaque hémistiche, des pieds ^«Isà JLdU^ ^L&La;». 

^ Le nom de l'auteur de cet ouvrage est inconnu. Tholuck 
(Sufîsmus) pense que c'est Âzîzî, mais S. de Sacy croit plutôt 
que c'est liÂhî ou Mahmûd. (Voyez le Journal des savants, 1821, 
p. 720.) 



— 353 — 

3» et 4\ On nomme tads ,j*^Ij Valif quiescent avant 
le rawîy mais suivi immédiatement d'une lettre mue 
par une voyelle-lettre, qui est celle qu'on nomme dakhîl. 
Exemple : 






Dieu accorde tant de biens aux ignorants, que le savant en 
demeure étonné. (Saadt, Gulistârij liv, I.) 

Dans les mots oJL*j raçânad et JJIv bimânad^ qui v 
terminent les deux hémistiches de ce vers, Valif est ce 
qu'on nomme le tacîs^ le noun le dakhîly et le dM le 
rawî. 

L'emploi de la même lettre pour le dakhU n'est pas 
nécessaire ; ainsi, on peut faire rimer ensemble j^U. 
khâwary « soleil, » et j^L^ châdavj « rideau, » s-^1à 
khâtib et wa^=>!j râkib, etc. * Si l'on s'astreint à em- 
ployer la même lettre pour le dakhîl dans une pièce de 
vers, on considère cette obligation comme appartenant 
à la figure de rhétorique nommée >)Aj bî L» >jjp, « tâche 
à laquelle on n'est pas tenu*. » 

5"* La lettre nommée wasl J^^ est celle qui suit im- 
médiatement le rawî ; ainsi, dans le vers suivant, c'est 
le yé final des deux hémistiches : 

^ Ce vers est du mèlre hazaj mahzûf, c'est-à-dire composé, 
à chaque hémistiche, des pieds ^y^ t:^^ tj^^' 
* En arabe, les poëmes dont les rimes ont le tads se nom- 



ment ^j^*^y muassas. 

la « Rhétorique », section xvi, p. 146. 

23 



' Vojez la « Rhétorique », section xvi, p. 146. >j 



— 354 — 

Celui \ qui il n'est pas resté de corps comme \ la bougie se 
rira de toi lorsque tu youdras lui couper le cou. (Sanâî.) 

Dans cet autre vers, c'est le A^ final * : 

ïjL_k^ ^ ^ J-3U m 

« «^Xx-à.^ J^ ^ ^ J^ 



homme ^, tu es comme Tinsouciante tuNpe, le cœur noir, la 
▼ie courte, et tu tottns ! 

On voit, par ces exemples, que le wa$l est une lettre 
additionnelle au mat principaK Ainsi, en persan, c'est 
Yyé nommé v^Uaâ. ou allocutift c'est-à-dire -exprimant 
la seconde personne du singulier du verbe, comme dans 

* Ce vers est du mètre khafîf makhbûn et mahzûfy c'est-à- 
dire composé, h chaque hémistiche, des pieds ^j^Uu» ^'iîcli 
,Jxd. Tané^ qui termine le premier hémistiche, rime avec zanî; 



w ^ 



ce vers offre ainsi un exemple du yé marûf rimant avec un yé 
majhût. 

* 11 en est de même en arabe. Ainsi, dans ^^ pour ^^, 
• son esclave; » le ft^ est la lettre nommée te/â^^. 

* Ce vers est du mètre khafîf makhbûn et mactû^ c'esl-k- 
dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^^Up ^ïbi&li 

* A la lettre, « serviteur de Dieu, » Or, serviteur est sou- 
vent pris, par les auteurs musulmans, dans le sens d'homme, 
comme dans Tépître de saint Paul aux Hiilippiens, ii, 7, etc. 



— 355 — 

^j, « tu coupes » ou « tu couperas, » de rayant- 
dernier vers ; dans ^U aJ"^, t tu es l'insouciante tu- 
lipe; » et dans v^»^, « tu as enlevé, » ^S^jy^^ « tu 
as mangé, » etc. ; Vyé formatif du nom abstrait, nommé 
^j..^, comme J^^ « bonté, » ^^^ « méchan- 
ceté; » Vyé d'unité vj*>^j, comme dans ^, dans 
ravantrdemier vers ; c'est «icore le nuba de la première 
personne du singulier, ou J^, comme J^, «r mon 
cœur; » le té de la seconde personne du singulier, 
nommé v.^^Ls^, comme vju)^, « ton cœur; » le schîn 
du pronom de la troisième personne du singulier, etc., 
nommé '^^-^-cd ^^^, comme ^^^ « son cœur; » le hé 
flnal non radical, comme dans ï^ et yjla. du vers pré- 
cédent; enfin, le noun de Tinfinitif, comme dans ^J^^J 
« voir, » ^^iX^, « entendre, » etc. 

6^ On nomme khurûj ^js^ la lettre qui se joint immé- 
diatement au wosU comme, par exemple, l'addition du 
té^ du mîm et de Yyé aux mots déjà augmentés du wasL 
Ex. : ^jJci, « une audition, » CU»^^, « je t'ai 
vu, » fi^jL^, « nous avons mangé *. » 

7* On nomme mazîd ^^y une lettre gui peut être en- 
core ajoutée aux deux précédentes ; tel est le schîn dans 
le mot jjV."^^» *^ nous l'avons enlevé. » Les vers sui- 
vants offrent à la fois des exemples du khurûj et du ma- 
zïd dans les mots j:-lj^ et J^^^j} *. 

^ £q arabe, on peut citer comme exemple le mot L^^, son 
esclave (en parlant d'une femme); en effet, dansée mot, lemîm 
est le rawî^ le hé le waslei Yatif le khurûj. 

* Dans ces mots, Yalif est le rawî, le sîn le wasl^ le té le 
khurûj et le y^le maz/ld. 



— 356 — 

S'il y avait un jardin au firmament, Jupiter en serait la tulipe; 
SI, au contraire^ le firmament était dans le jardin, son rosier 
serait Orion; et ne prendrait-on pas ses roses charmantes pour 
les étoiles du Chariot, si celles-ci étaient odorantes et les pre- 
mières brillantes? (Ansari.) 

8* Le nàira ïy\j est une quatrième lettre qu'on peut 
encore ajouter aux précédentes ; tel est le schîn final de 
^J^^^jy^i « je l'ai mangé. » Ce qu'on pourrait ajou- 
ter de plus ferait partie du nâîra. 

Quelques rhétoriciens orientaux considèrent les trois 
dernières lettres dont nous venons de parler comme une 
addition à la rime, addition qui rentre dans la figure de 
rhétorique nommée radîf ^^^j^\ mais, selon l'auteur 
du HadâyiCy il faut que ces lettres constituent un mot 
distinct pour qu'on doive les considérer ainsi. 

SECTION il. 

Sar les nwHons *JiÀ^=>jss. de la rime. 
1 *" On nomme taujîh ^y la motion, c'est-à-dire la 

* Ces vers sont du mètre raml mahzûf, composés, à chaque 
hémistiche, de trois ^'iîcli suivis d'un ^J^li* 

* Voyez la « Rhétorique » , chapitre II, section xxiii, p. 175. 



— 357 — 

voyelle brève qui précède immédiatement la lettre 
ratuîj lorsque cette lettre est quiescente et qu'elle n'est 
pas accompagnée d'une autre lettre de la rime. Dans 
ce cas, la motion ne doit pas varier dans les mots qui 
riment ensemble. Ainsi, par exemple, dans le vers sui- 
vant, le bé de bas et le haf de kas^ ont l'un et l'autre la 
même voyelle : 



LJI O; ^1 



u 



0—>i *-^' cTî-Vj J^ 

A la fin, par le pouvoir de ces mots : TAe/a. me suffit^ je n'ai 
plus fait attention ni aux choses ni aux personnes. (Saadî, 
Bostân*.) 

Si le rawî se joint à la lettre wasl^ et que cette dernière 
lettre soit mue, la voyelle taujîh peut changer. Ainsi, 
dans le vers suivant» dilé rime avec gtUé. 



A A A 

Sous son i-ègne il n*y eut au cœur de personne, je ne dirai 
pas une épine, mais le pli de la feuille d'une rose. (Saadt, 
Bostân,) 

2* La motion ou voyelle de la lettre qui précède le 
ridf ou le caïd se nomme hazw ji^. C'est un fatha^ 
lorsque le ridf consiste en un afo/, un zamma lorsqu'il 

^ Dans ces deux mots, le sin est le raii^. 
* J*ai indiqué le mètre du Bostâriy p. 328. 



— 358 — 

consiste en un waw^ et un kesra lorsqu'il consiste en un 
yé. Le hazw avant le caïd peut prendre aussi une des 
trois voyelles brèves, ainsi qu'on Ta vu dans plusieurs 
vers précédents. Il est évident qu'on ne peut pas 
changer le hazw devant le ridf; mais il n'en est pas 
ainsi devant le caïd, quand la lettre du rawî est mue. 
Exemple : 



Ta rue est jonchée des cils de tes amants, cils pareils à des 
épines ; ainsi, si tu sors de ta demeure, appuie avec précaution 
tes pieds pour ne pas être blessée. 

Le jardin a été couvert de plaies* k cau6« de ta promenade; 
toutefois, son sein brille de diverses couleurs comme les plumes 
du paon, et ses mains sont pourvues de bouquets. (Mtr, 
I" diwân.) 

Dans ces vers, les mots à:^^ âhista et à:L>^>^ guldasta 
riment ensemble. Dans ces deux mots, le té est le rawt^ 
le Affinai le wasU le sîn le caU^ et la voyelle de la lettre 
précédente est, dans âhista^ kesra^ et, dans guldasta, 
fatha. 

^ Ces vers sont du mètre hazaj régulier, c'esi-à*dire com- 
posés de huit ^LfilA^, 

^ Par jalousie, à cause que sa beauté a été surpassée par celle 
de la bien-aimée du poëte. 



— 359 - 

S" On nomme ras ^j^j le fatha qui précède le toef« ; et 
la voyelle du dakhîl^ lorsque cette lettre en prend une, 
se nomme ischbâ 9^^^^ c'est-à-dire « saturation »• Cette 
Yoyelle peut changer, comme on le voit dans les vers 
suivants : 

jjyj v.!^-! lÉ»^ ^ AÊri ^ jUT ^y^ 



Sire, lorsque tu auras cessé de réguer^, tu seras patdil au 
malheureux qui mendie devant ton palais. Ne cfois pas qu'il 
suffise pour occuper dignement sa place dans le genre humain 
d'être en possession de la force physique ou de la puissance ; si 
tu es élevé par ton esprit, je sais seulement alors que tu as du 
mérite. (Saadi.) 

Dans ces vers la rime a lieu entre s^ji];^ bàràhàrî et 
^jioiL schâtîrî. Le fatha, c'est-à-dire Va bref qui pré- 
cède Yalifet en détermine la prononciation est le ras; 
Talifesi le tads, le W et le toê sont le dakhîl, qui prend 
dans le premier mot nn fatha et dans le second un kesra; 
le ré est le rawî; etTy^est le wasL 

Lorsque le raw% comme on le voit dans les deux vers 

* Ces vers sont sur le mhitemuzâri akhrab^ makfûfai mah- 
zûfy c'est-èi-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds Jj»i* 
Ji oU J-jDLi» dS^ pli. 

^ A la lettre, « roi du temps, lorsque ton temps a passé: x» 



— 360 — 

précédents, se joint au wasl^ on nomme la voyelle qu'il 
prend mujra yjy?^ *. Or, cette voyelle est kesra dans les 
vers précédents. On nomme nafâz ilii la voyelle du 
wasl^ aussi bien que celles du khurûj et du mazîd. Quant 
au nâïra^ il ne prend pas de voyelle. 

SECTION III. 

Des différentes espèces de rawî. Classification des rimes. 

On nomme le rawt quiescent, c'est-à-dire sans motion 
ou voyelle brève, mucaïyad ola^, ou : « ressemblant au 
caïd. » Tel serait par exemple le noun dans ^^^ chaman 
(jardin), et dans ^jsk-* mkhan (discours), si ces mots fi- 
nissaient un vers. Lorsque le rawî reçoit une motion ou 
voyelle par l'effet de son union avec le wa&l^^ on le 
nomme mudac ^3^^», c'est-à-dire indépendant. Tels se- 
raient par exemple les mots py^ chamanam (mon jar- 
din), Uâ^ sukhanam (mon discours). Dans ces deux cas, 
si le rawt n'est pas joint à une autre lettre de la rime, 
il se nomme mujarrad ^^^, c'est-à-dire isolé (nu); si 
au contraire il y est joint, il prend le nom de ces lettres. 
Ainsi, par exemple, on le nomme rawî mucaïyad bâ ridf 
s^^j lj SSa \S^j9 c'est-à-dire rati;! mucaïyad, avec ridf; 
rawî mutlac bâ ridf ^^j ^ {^j^ ,3>), c'est-à-dire rawî 
indépendant avec ridf, etc. 

* Qu'on prononce aussi en persan mujré et même mujrî. 

* En arabe, le rawî peut prendre, dans ce cas, une motion 
seulement, mais elle est censée suivie de la lettre qui lui est ana- 
logue. Tel serait, par exemple, le mot <^jss^^ âlhârbû qui, 
proprement, devrait être écrit, dans ce càs^jjjsrK 



— 361 — 

Il y a ainsi, d'après ce qui vient d'être dit, quatre es- 
pèces de rimes Axàti qui sont nommées : la première 
mujarrada »^^^, la seconde muraddafa ^3^, la 
troisième muassaça iJLy^ et la quatrième muassala 

Comme la lettre nommée caU est de la nature du 
nd/; on nomme la rime qui a lieu avec le caïd^ murad- 
dafa aussi bien que celle qui a lieu avec le ridf. On 
nomme muassala la rime qui comprend les lettres khu- 
rûj^ maztd et nâïra, aussi bien que celle qui comprend 
le wasL 

SECTION IV, 

Des défauts de la rime. 

On en distingue onze différents, à savoir : 
!• Le gulû^^ qui consiste à employer dans des mots 
rimant ensemble un rawî quiescent, c'est-à-dire sans 
voyelle, et un autre mu, c'est-à-dire affecté d'une 
voyelle. Exemple : 



2 



I S^ ^\j i. ^ P^ 1~?^ )^ '^ ^ 



* Ces trois derniers mots sont des adjectifs dérivés des mots 
ridfj tadts et wasl que j'ai expliqués. 

* Ce vers est du mètre mujtas makhbûn eim^ihzûf^ c'est-îi- 
dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^^w ^^t-Â^» 
^Isè ^Jî&Li». Le mot Lse^, qui termine les deux hémistiches, 

ne fait pas partie de la rime; c'est ce qu'on nomme radîf^^^^^j. 
La rime a donc lieu entre s^tp» et <^^» Mais je trouve que, h 



— 362 — 

L'affaire pourra-t-elle s'arranger ? que devîendrai-je| malhea- 
reux ! Vois la différence de la chose, où et comment elle peut 
avoir lieu. (Hâfîz.) 

%"" La lettre nommée wasl peut de même être quies- 
cente dans un mot et mue dans l'autre. Ce défaut prend 
le nom particulier de taaddî ^Sm. 

3« Vicwâ .ty! ou ^y(. C'est l'emploi de différents 
taujîh, o'est-à-dire de voyelles différentes sur la lettre 
qui précède le rawî^. Ainsi dans le vers que j'ai donné, 
p. 857, si au lieu de J,^ et de ^^ il y avait J3 dil et 
Ji^ gul^ la rime aurait dans sa plénitude le défaut 
nommé icwâ. 

4° Uikfâ .US=>'. On entend par là une différence 
dans le rawî, ce qui est tout à fait prohibé. Cependant 
quelques rhétoriciens originaux permettent d'employer 
une lettre arabe avec une lettre persane qui en modifie 
la prononciation, ainsi de faire rimer, par exemple : 
wJ, lèvre, et s.^^^^ gauche; ^iXt doute et vjX-, 
chien, etc.; et aussi de faire rimer des lettres arabes 

la rigueur, le défaut dont il s'agit n'existe pas dans cette rime, 
car, bien qu'il soit vrai que, dans v^^lp., le M final ne soit pas 
mu grammaticalement par une voyelle, toutefois on doit, pour 
la scansion du yers, en supposer une. Dans ce cas, on fait en- 
tendre ordinairement le son d'un kesra ou d'un i; mais rien 
n'empêche de faire entendre le son d'un fatha ou d'un a, h cause 
de la rime, et de prononcer khâràbà dans le premier hémi- 
stiche, comme on prononce ta bà dans le second. 

^ SukÂki dit, dans son Miftâh^ que beaucoup de rhétoriciens 
ne comptent pas iHcwâ parmi les défauts de la rimet mais qu'il 
vaut mieux, néaumoins, le tenir comme tel« 



— 363 — 

d'un même organe comme ^^r^, matin, ayec yl^, 
armée; si^Li secours, avec ^L), vêtement; o^\ 
trône, avec J^^, excès, j^ avec ^j^b^ (dans le Mantic 
uttaïr); mais, dans ce cas, pour ne pas choquer l'œil, 
on adopte quelques fois une mauvaise transcription 
d'un des deux mots; ainsi, dans l'exemple ci-dessus, on 
a écrit ^bt pourjbt. Ceci est surtout commun enhin- 
doustani ; il y en a plusieurs exemples dans Kàmrûp, 
comme on le verra dans l'Appendice. Non-seulement 
les poètes hindoustanis se permettent ces licences; 
mais ils font, de plus, rimer les lettres nommées 
cérébrales ou linguales, avec les dentales qui leur cor- 
respondent*. 

5* Un autre défaut, c'est la différence du ridf^ ce qui 
est tout à fait prohibé en persan, en turc et en hindous- 
tani. Toutefois, cette différence est permise en arabe,* 
car on peut y faire rimer ensemble un waw et un yé de 
prolongation, comme par exemple : J^, beau, et J^, 
descente; ^^, éclatant, et j^Jo, des lunes; v.;^j» dési- 
reux, et vy^ d^s talons, etc. 

6* On compte parmi les défauts de la rime l'emploi 
de lettres différentes pour le caïd, ce qui est cependant 
permis à la rigueur, ainsi qu'on l'a vu plus haut. 

T La différence dans le hazw est aussi signalée parmi 
les défauts de la rime. Ainsi j/:> dur (éloigné) ne peut 
pas rimer avec jjS daur (motion circulaire). Toutefois, 
il paraît qu'on tolère les rimes entre les waw eiyémajhûl 

* Voyez à l'Appendice les particularités de la métrique arabe 
adaptée h Thindoustani. 



— 364 — 

et les diphthoDgues qui leur sont analogues. Ainsi, 
dans l'Appendice, on trouvera un vers du célèbre Mtr 
Haçan, vers où le mot jj! aur (et) rime avec jj^=^ 
chaukor (quadrangulaire.) 

S"" La dififérence dans Vischbâ est aussi interdite lors- 
que le rawî est mucaïyad^ c'est-à-dire quiescent AiDsi, 
on ne peut pas faire rimer, par exemple, J^L£=> kàmil 
(parfait) avec Jj^Lae-» tajâhnl (sottise). On appelle ce der- 
nier défaut isnâd ^Lwl 

9« Le défaut nommé M «iJajt en arabe et schayigân 
jl^Li en persan, consiste en une répétition ayant le 
même sens^ 

Ce défaut peut avoir lieu de deux manières : ou 
d'une manière cachée, ,^_^, comme : Ub (savant) et 
.Luj (clairvoyant), ^'^ (stupéfait) et ^^^^j-^ (pris de 
vertige), etc.; ou d'une manière apparente, ,J^, 
comme : ^^j^ (affligé, possesseur d'afQiction) et 
Oo^v^^a^ta. (besoigneux, possesseur de besoin), jS^ 
(tyran, faiseur de tyrannie) et Jijj^\ (fascinateur, 
faiseur de fascination), 3^ bikard (il a fait) et 
^j^ nakard (il n'a pas fait), ^ bikun (fais) et ^ 
makun (ne fais pas), ^Jî turâ (à toi) et t^ marâ (à 
moi), etc. Il faut aussi ranger dans cette catégorie les 
désinences nominales en ^\ âtij en ^ m et en U hâ, 
Ex. : ^\ju (les amis) et jLiLà.Lô (les amants), ^j^^^ (d'ar- 

^ Lorsque la répélition a un sens différent, son emploi produit 
la figure nommée tajnîs ou allitération^ sur laquelle on peut 
consulter la « Rhétorique », deuxième partie, chapitre II, sec- 
tion i'% p. 1 20. 



— 36o — 

& 
gent, argenteus) et ^^)j (d'or, aureus)^ ^^S^ (triste) et 

^^^^ (honteux), etc. Vitâ apparent ou manifeste, ^J^, 
est un défaut très-censuré par les rhétoriciens orien- 
taux et qu'ils ne tolèrent pas dans un vers isolé. Toute- 
fois, on peut se le permettre, en passant, dans le ca- 
dda^ le gazai et même le quita. 

10*^ Le tazmîn ^*j^:d^, ou insertion* On nomme ainsi la 
rime qui dépend, quant au sens, de ce qui suit Ex. : 



Personne ne peut demeurer devant ta beauté, si ce n'est le 
soleil, qui sort chaque matin pour te servir et te baiser les pieds, 
car ce n'est pas toi qui vas de son côté pour qu'il te baise les 
pieds. (Amîr Khusrau.) 

Dans ces vers, les mots qui terminent les trois pre- 
miers hémistiches et qui forment la rime, à savoir : 
b)|, U et L>t, ne sigûifient quelque chose qu'autant qu'ils 
sont joints à ce qui suit. 

A ce sujet, je ferai observer, en passant, que généra- 
lement le sens finit avec le vers, et que l'hémistiche 
forme un membre de phrase. C'est un avantage qu'ont 
les vers sur la prose dont les phrases en persan, et 

* Ces vers forment un ruhùx de la branche akhrab. Vojez le 
tableau. 



— 366 — 

surtout en turc, sont souvent d'une longueur déme- 
surée. 

1 1* Le onzième et dernier défaut, qu'on nomme ma- 
mûl Jj*»> *, consiste à faire rimer un seul mot avec deux 
mots. Exemple : 




Je suis encore ivre du yin que j'ai bu cette nuit, et mon échan- 
son n'a pas quitté la maison. 

Tu m'attires à toi et tu me dis avec une œillade : Te repens-tu 
encore de m'aimer, omonnon? (Hâfiz.) 

Une autre espèce de momM répréhensible consiste à 
prendre la rime dans un mot dont une partie sert au 
vaille c'est-à-dire à une répétition régulière dans le 
poème, comme on le voit dans les vers suivants : 

^ L'auteur du Hadâyic place aussi, parmi les défauts de la 
rime, le changement de la rime dans le cadda et les autres 
poëmes dans lesquels la même rime est exigée, excepté quand 
le poëte anncmce lui-même ce changement. Ma» ceci me semble 
rentrer dans ks règle» partiealières .aux diyers genres de 
poëmes« 

* Dans ces vers, qui sont du mètre khafîf^ composés, à cha- 
que hémistiche, des pieds ^JcLi» ^bicli et ^*3 ou /j^i la 
rime a lieu entre aJUl et ^jLk, qui ne forment, l'un et Tautre, 
qu'un seul mot, et ^ L), qui forme deux mots. 



— 367 — 



Plus elle me fait des agaceries, plus mon pauvre cœur fait des 
supplications ; mais je désire que désormais cette belle, malgré 
mon rival, ne tourmente plus mon esprit, (Faquîr.) 

SSGtION V. 

Division de la rime par rapport à la mesure. 

D'après ce qui a été dit plus haut, ou a pu TOir qu'il 
faut, pour former la rime, deux lettres quiescentes ; et 
c'est ainsi qu'il y a cinq sortes de rimes relativement à 
la mesure : 

1» Celle qu'on nomme murâdif ^:>^yj et qui consiste 
en deux quiescentes contiguês. Exemple : 

* Dans e«8 vei» qui sont du même mètre que les précédents, 
le moi ^jU^> doit sa séparer en deux portions, dont }a pre- 
mière, jLj, offre la rime, et dont la seconde, c'estrèt-dire J^jl, 
fait partie du râdifou de la répétition. J'ai eu Foccasion de par- 
ler d'un cas pareil à l'article sur la tajnîs ou Tallitération, article 
que j'ai déjà cité. 

• Ces vers sont dn mètre khafîf. makhbûn et macsûr, c'est- 
à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ^JL\àp ^JS%ii 



— 368 — 

Au jour de l'allocution dit Prophète avec Alî (au lac de 
Gadir^), Mahomet le nomma son vicaire et prince de sa religion, 

(Sanâï.) 

S"" Celle qu'on nomme mutawâtîr y]^y et qui con- 
siste en deux lettres quiescentes séparées par une lettre 
mue. Exemple : 

Son pied est solide dans les rangs du combat et son âme est 
fidèle h Tordre du souverain. (Sanâî.) 

3° Celle qu'on nomme mutadârik a)jt Jôî^, et qui con- 
siste en deux lettres quiescentes séparées par deux 
lettre mues. Exemple : 



* Voyez, dans mon Mémoire sur la religion musulmane dans 
rinde, l'article au sujet de la fête qui porte ce nom, p. 71 , 2® édiL 

* Ce vers est du même mètre que le précédent, si ce n'est que 
le dernier pied est réduit à iJ^, fàlûn. 

^ Il est essentiel de remarquer qu'ici, le noun de r)^^y ^^ 
compte pas dans la scansion, et qu'ainsi on prononce tnardâ 
comme pâ de pâdschâh. 

\ U»^b et mis ici au lieu de ^jIj, pour la satisfaction de 
Fœil, car la prononciation est la même. En effet, Valif et le hé 
final ont, comme je l'ai fait observer dans mon édition de la 
Grammaire persane de Jones, p. 51, un son identique. Ce vers 
est du mètre raml mahzûf^ c'est-à-dire composé, à chaque hé- 
misliche, de trois ^'bicli et d'un ^^L5. 



— 369 — 

Débarrasse-toi de la cuirasse des choses extérieures et entre 
dans la compagnie des hommes dignes de ce nom. Étudie ton 
cœur et tu pourras devenir le souverain de sa maison. (Khâ- 
cânt) 

Les deux lettres mues sont, dans le premier hémi- 
stiche, le dâleile réj et, dans le second, le dâl qui, pour 
la scansion, doit être mu par un kesra^ et le schîny et 
ces lettres séparent les deux alif quiescents. 

4* Celle qu'on nomme mutarâkib^ s-^ly^, et qui con- 
siste à placer trois lettres mues entre les lettres quîes- 
centes de la rime. Exemple : 



' ^) -^^ y. cl) ô^' j' ^^^^ 

Sa force a brisé de toute éternité les idoles, sa main a frappé 
de répée le sommet de la planète de Saturne. (Sanâî.) 

5' Enfin, on nomme mutakâwiSj ^jKx/*, la rime com- 
posée de deux quiescentes séparées par quatre lettres 
mues. Cette dernière espèce n'existe qu'en arabe. Le 
mot ÏM^\^ « la dépense (ce qu'on dépense), » en offre 
un exemple. En effet, dans ce mot qui se prononce 
jxftâjJl ànnàfàcàtûy le premier noun quiescent qui repré- 
sente le lâm de Tarticle est séparé, par quatre lettres 
mues, du wâw quiescent qui représente le zamma. 

* Ce vers est du mètre khafîf^ makhbûn et mahzûfy c'est- 
à-dire composé, à chaque hémistiche, des pieds ylcLâ/» .^bitli 

24 



— 370 — 

Ces différentes sortes de rimes ne peuvent pas 
s'employer indistinctement pour tous les mètres, mais 
seulement pour ceux dont les paradigmes offrent, à 
leur dernier pied, les combinaisons dont il vient d^être 
parlé*. 

SIGTIOIT YK 

Sur le radîf iV^^j. 

On entend par cette expression un ou plusieurs mots 
indépendants qu'on place après la rime à la lOua des hé- 
mistiches ou des vers, mots qui doivent être les mêmes 
dans tout le poème. 

La même chose a lieu quelquefois en anglais : c'est 
ce qu'on nomme Vhypermètre. Voyez les vers de Swift, 
cités dans la Poétique anglaise par Hennet, t. P% p. 68 ; 
et ces vers de Th. Moore : 

There shone such iruth about thee 

1 did Dot dare to doubt thee. 

J'en ai donné plusieurs exemples dans la Rhétorique^. 
En voici encore un : 

* En consultant la liste des mètres primitifs et dérivés, il sera 
facile de trouyer les paradigmes qui permettent remploi de ces 
différentes rimes. 

* II* partie, ch. H,^ section xv, p* 1 37 et suir. 

' Ce vers est du mètre hazaj à six pieds mahzûf^ c*est4-dire 
composé, à chaque hémistiche, de deux f^^^ et d'un ^y^* 



— 3»1 — 

fen'ai pas^fgnâ meagéatissemeats et mes plaintes; mais 
à quoi bon ? Je a'ai pas soogé à obtenir la moindre résuHat. 
(Zuhûrî,) 

Dans ce vers, rexpFession ^^j^ est répétée à chaque 
hémistiche et la rime a lieu dans les mots précédents. 

On trouve même des vers composés seulement de la 
rime et du râdif^ comme dans le rubâï suivant : 

oyij o^^ sih^j^ p-.^^ J b 

Je suis dans le chagrin de Tablence, mais mon cœur jouit de 
ta vue; mon corps Zan^t^f^ dans le chagrin, mais mon cœur jouit 
de ta Yue. Jusqu'à quand mon œil répandra- t-il des larmes de 
regret f Je suis dans le chagrin de l'absence, mais mon cœur 
jouit de ta Tue. (Jâmî.) 

On donne le nom particulier de Mjib w^U. OMradîf 
placé entre deux rimes. J'ai parlé de cette figure de 
mots dans la Rhétorique, II« partie, ch. II, sect. xxii, 
p. 152 et suiv.» et j'en ai donné un exemple : 

L'usage du radîf a été introduit par les poètes per- 
sans, et les poètes arabes modernes l'ont adopté à l'imi- 
tation des premiers. 

Le poète ne doit pas changer de radîf dans un même 
poème, à moins qu'il n'en avertisse lui-même, comme 

* Ce rubM est de la branche akhrabé (Voyez le tableau* > 



— 37Î — 

on le voit dans un cadda de Kamâl Ism&il qui com- 
mence parle rad%f^\ ^ (il est venu), et où, plus loin, 
le poète emploie jjI v> (il Tient) de cette façon : 

JubI ^ jLu AMihj A^"^ >.^ gj. ^ ,^ o 






A l'aurore, lorsque le zéphyr printanier est venu, j'ai regardé, 
et j'ai vu que ma bien-aimée était arrivée 

Je crois de bon augure de passer du prétérit au futur, car le fu- 
tur est, en effet, plus agréable h l'humanité. 



CHAPITRE VIII. 

La nomenclature des différents genres de poèmes 
adoptés par les nations musulmanes serait un utile 
complément à la prosodie, mais elle donnerait trop 
d'étendue à ce travail. 

* Les vers de ce poëme sont du mètre mujtas makhbûn et 
mahzûf^ c est-k-dire composés, à chaque hémistiche, des pieds 

Ji^i ^Lc^» ^^ ^Lâa. 



— 373 — 

Je me bornerai à indiquer ceux qui sont le plus usités 
en persan et en hindoustani. 

Ces genres sont les suivants : 

1» Le gazal^ J^, sorte d'ode sur laquelle on peut con- 
sulter l'introduction de la seconde édition de mon His- 
toire de la littérature hindouie et hindoustanie, t. P% 
p. 31 . C'est la réunion des pièces de ce genre disposées 
selon l'ordre de l'alphabet par la lettre finale des vers 
qui forment proprement ce qu'on nomme un diwân 
^\^^. Hâflz, Sauda, Bâqui, et ime foule d'autres écri- 
vains persans, turcs et hindoustanis, ont écrit un ou 
plusieurs diwâns. Mir Taqut, le plus fécond des poètes 
hindoustanis% en a écrit six. 

On trouve des gazai dont chaque vers se compose 
d'un hémistiche hindoustani et d'un hémistiche arabe. 
Le vers suivant est extrait d'une pièce de ce genre, écrite 
par le poète Faïz * : 

J^ v5* '^ u-^ c?^ e;^ f^ ^-^ 

Par Teffet du chagrin provenaDt de rameur que tu m'as ins- 
piré, des pleurs coulent de mes yeux ; je suis comme le rossignol 
qui gémit dans le jardin. 

2* Le poëme arabe nommé cadda jj.x^, consacré à la 
louange et à la satire, est très-usité dans les langues de 

* La collection de ses œuvres forme un volume très-grand in-4' 
de 1088 pages, imprimé à Calcutta en 1811. 

* Le mètre de ce vers est le J.** réduit aux pieds i^^l^ 



— «74 — 

rorient musulman. La plupart des poètes qui ont écrit 
en urdû, en ont composé plusieurs qui se lisent ordinai- 
rement à la suite de leur diwan. Il est inutile de donner 
des détails sur ce genre de poëme, que Gladwin a feit 
connaître dans ses Disiertations*. Je ferai seulement 
observer qu*eD hindoustani, le dernier vers des cacidah 
contient toujours le nom poétique de Técrivain, ou 
takhallus ^jâlâr» , comme on le voit dans ce vers final d*Uû 
caddah (je Walî • : 

Les spiritualistes applaudiront do cœur et do bouclie lorsque 
Walî répandra, pour te louer, les perles de Téloquence. 

3* La pièce nommée quitâ **1^ est fort employée 
dans les ouvrages en prose entremêlés de vers. En voici 
un, extrait de la traduction hindoustani de YAnwâri 
suhaïlî^ : 

* Dissertations on the rhetoric^ prosody and rhyme of the 
Persians, pag. 2. 

^ Cette pièce est du mètre J^j dont le dernier pied est réduit 

* Pag. 57, édition de Madras, ville nommée en hindoustani 

Mand-raj et Chinapatan, Les vers cités ici sont du métro 

* k * 



— S75 — 

^k ^J ué ^^ ^ sS^. •> 

Tandis que d'an côté Tayare s'interdit les jouissances qtie l'or 
pourrait lui procurer, de l'autre son héritier le jette au vent et 
ne se souvient souvent de celui qui l'avait amassé que pour en 
dire du mal. 

4» Les pièces nommées rvhXî ^J'L;; et fard ^^ sont 
autant usitées en hindoustani qu*en persan; f en ai parlé 
loco citato. 

S* Le mamavi y^y^ {muzdawy ^'^^y en arabe) est un 
poëme dont chaque yers a une rime particulière, chaque 
paire d'hémistiches rimant ensemble. En persan, en turc 
et en hindoustani, les poèmes épiques, historiques, mo- 
raux, en un mot, toutes les compositions poétiques d'une 
certaine longueur, sont des wui«nat;ê, généralement écrits 
dans les mètres J^j ^y^ et wylix^ . Pour ce genre de vers, 
le dernier pied des deux hémistiches doit être pareil* Il 
n'en est pas de même dans les hémistiches qui ne riment 
pas. Yoilà pourquoi, dans la Prosodie arabe de S. de Sacy, 
on Yoit généralement une différence dans les derniers 
pieds des deux hémistiches d'un vers, par exemple ^J^ 
et o^. 

C"" Le tarjî band joj M^y est un poème composé de 
strophes de cinq k onze vers. Les vers des strophes res- 
pectives riment entre eux, et au bout de chaque strophe 
se trouve toujours le même vers qui sert de refrain jus- 
qu'à la fin du poëme. Le vers qui dans la dernière stro- 
phe précède ce refrain contient, comme dans les gazais 
et les cadda, le taUiallus ou nom poétique de l'écrivain. 



- 376 — 

On trouve deux pièces de ce genre à la suite du diwan 
de Walî : une sur Mahomet, et l'autre sur le contem- 
platif Wajîh uddln. 

T Le muçammat la^ est un poème en stances de 
trois, quatre, cinq ou six hémistiches. Les hémistiches 
de la première stance riment tous entre eux; mais dans 
les stances suivantes les premiers hémistiches seulement 
riment entre eux, et le dernier rime avec la première 
stance. La dernière contient aussi le nom poétique ou 
takhallusj de l'écrivain. Les ia^ les plus usités sont ceux 
qui ont quatre hémistiches et qui sont nommés mu- 
rabbâ ^y , et de cinq hémistiches, nommés mukhammas 
jjmIœ^. On en trouve aussi de six qui portent le nom 
de muçaddas ^J*^. Il y a de ces genres de composition 
à la suite de la plupart des diwans. Les marcia aJ^» 
sortes d'hymnes élégiaques, où l'on retrace les souf- 
frances d'Huçaîn et de ses compagnons, sont en stances 
de quatre hémistiches*. 

8*^ Enfin le mustazâd ô\yu^ est un poëme composé de 
vers qui riment à la manière des gazai, et dont chaque 
hémistiche est suivi de quelques mots en prose. L'addi- 
tion du second hémistiche est souvent terminée par une 
nouvelle rime qui est la même dans toute la pièce. Ce 
qui fait le mérite de ces poëmes, c'est qu'il faut pouvoir 
les lire à volonté avec ou sans l'addition dont il s'agit. 
De là vient qu'il y a des manuscrits qui contiennent, 
sans ^tjx^ comme de simples gazai, certaines pièces 
que d'autres portent avec cette addition. Je terminerai 

* Gilclirist, Hindoostanee grammar^ pag. 273. 



— 877 — 



mes observations par un i\y:u^ *■ de Wall, écrivain dont 
j'ai publié les « Œuvres » et qui est surnommé ajuste 
titre le père de la poésie hmdouttanie : 4as£. ^^Ij. 




M' J tr^ ^ cJ^-> vSjtr* "k-» 
£'^ 'r^* c«:* cr^L^ j »j^' j y cw* j»^ 






j db^UvM» 



M • 



i^j- 



' Il est du mètre »j* composé des pieds J^^Ia^ Jj*^ 



^ ^ ^^ -^ cTï' fJ^ LT^ '^ (J^ 

J'ignore encore laquelle de ces agaçantes beautés a touché 
mon cœur; j'ignore qui Ta agité parmi ces femmes gentilles 
dont la taille est aussi déliée qu'un cheveu. Si ce n'est pas cette 
œillade attrayante, ah! dis-le moi, quel de ces regards enchan- 
teurs a pu me faire perdre la raison ? 

A l'extérieur, il est frais et vigoureux ; mais la blessure que tu 
lui as faite, demeure au dedans de lui. Parmi les amants dont le 
cœur est ensanglanté, il est semblable à la tulipe, et lui a même 
donné sa couleur. 

Pour tout capital de discernement, l'amant n'a autre chose que 
la faiblesse et l'impuissance du cœur; toutefois il est du nombre 
des insensés, celui qui a vécu paisiblement dans le monde, sans 
amour. 

échanson d'ivresse, Wali n'est pas seul enivré de ton amour; 
tous ceux qui dans ce banquet ont bu a ta coupe, sont du nom- 
bre de tes adorateurs passionnés. 



APPENDICE 



OBSERVATIONS PARTICULIÈRES A L'UINDOUSTANI. 

Les différents peuples qui se sont convertis à la reli* 
gion de Mahomet^ ont adopté, pour écrire leur propre 
langue, les caractères dans lesquels est tracé le Coran, 
et avec eux un grand nombre d'expressions relatives sur- 
tout t la religion, les mots techniques de la grammaire, 
et enfin le système métrique des Arabes. Ce système est 
donc celui qu'ont suivi les poètes qui ont écrit en hin- 
doustani * ; car, bien que cet idiome soit parlé dans toute 
rinde, tant par les Hindous que par les musulmans, 
comme il fut TouVrage de ces derniers, forcés de se 
mettre en relation avec les natifs, il reçut le cachet de 
leurs caractères sacrés, et doit être considéré comme 
une langue musulmane, avec l'arabe, le persan, le turc, 
le puchtou, le sindhl, le malais, le madégasse, etc. 

Et de même que, pour la forme extérieure, la poésie 
hindoustanie ressemble à celle des Persans, à laquelle 
elle a emprunté le système métrique des Arabes, de 

* Il ne s'agit ici qae de Fhiiidousiani proprement dit ou de 
i'urdû. Vhindouï oa brajbhakha est soumis h d'autres règles de 
▼ersiûcation qu'on trouve exposées dans plusieurs traités nommés 
Ping al J^. 



— 380 — 

même, aussi, elle a beaucoup d'analogie, quant au fond, 
avec celle de ce peuple. Les poètes hindoustanis sont 
cependant loin d'avoir servilement imité les Persans. 
Leurs productions, comme celles des poètes turcs, se 
distinguent de celles des premiers par des peintures d'un 
autre climat, des métaphores résultant d'autres idées, 
des pensées empreintes d'une autre teinte. Enfin, leur 
merveilleux n'est pas seulement puisé dans la théologie 
et l'histoire musulmane, il est encore emprunté à la 
mythologie indienne* inconnue aux poètes de la Perse. 
Wall s'exprime ainsi dans son masnavî sur Surate, sa 
ville natale : 






A chaque pas tous trouvez des groupes de femmes char- 
mantes, tels que si Indra les voyait, il se cacherait et plongerait 
dans le néant sa cour céleste. Ces beautés délicieuses sont les 
prototypes des bergères de Krichna, bien loin d'être de leur 
race. 

Et Afsos, en décrivant une dnnse de bayadères, parle 
en ces termes : 

* Les poëtes chrétiens ont souvent tiré de même leurs images 
des allégories grecques et romaines ; bien plus, quelques-uns se 
sont permis de mêler la théologie biblique à la mythologie d'Hé- 
siode et d'Ovide» 



— 881 — 



Le saint patriarche Joseph, si célèbre par sa chasteté, aurait 
onyert son cœur au plaisir, s'il eût pu contempler un spectacle 
aussi beau. Les Apsaras dlndra sont elles-mêmes ravies d'éton- 
nement, en voyant le coup d*œil enchanteur qu'offre la réunion 
de ces aimables danseuses. 

Le D' Gilchrist a bien consacré un chapitre de sa 
Grammaire hindoustani imprimée à Calcutta en 1796, 
pag. 261-276, à Texposition des règles de la yersification 
arabe, appliquée à l'hindoustani : mais il ne parle que 
d'une manière générale et en quelques lignes de ce qui 
est spécial à cette langue, et c'est précisément ce que 
j'ai voulu développer ici. J'ai fait néanmoins au travail 
du célèbre docteur, quelques emprunts que je n'ai pas 
manqué d'indiquer dans les notes. 

Licences poétiques et règles relatives à la scansion en urdû. 

Les règles relatives à la scansion peuvent se confondre 
avec les licences poétiques, lesquelles se réduisent aux 
suivantes : 

L Ajouter une lettre. 

II. Omettre une lettre. 

III. Substituer une lettre à une autre et les assimiler. 

IV. Faire longue une voyelle brève. 



V. Faire brève une voyelle longue. 

YL Augmenter le nombre des syllabes dans un mot. 

VIL Le réduire. 

YIIL Compter ou non certaines lettres dans la scan- 
sion. 

Je vaiSr expliquer en quoi coo^iâte chaciBn& de. ces li- 
cences. 

I. *Et d*abord les lettres qu*on peut ajouter dans les 
vers bindoustanis sont : 

r Valif h la fin des mots, pour rq[)jcéseftter Va bref 
indien, comme dans ce vers du poêcae des Meniufm d» 
Kamrûp^j où Lx^j^ est mis pour ^^ : 

Les gardiens ayarit entendu (cet ordre}., firent asseoir le 
prince et lui donnèrent à manger de la nourriture et de Teau ï 
boire. 

t"" Le noun nasal au miiieu on à la fiin des mots, des* 
tiné à représenter Vanuswara de l'écriture dévanagaH, 
comme da:ns ce vers du poëme que je viens de citer, où 
^bj\ est pour ^ : 

^ ijt* '*^-»* /jTJ' j^— *** w>.?a>>Xp 

* Ce poëme est du mètre nommé vJL^U:^, >rrégulier au der- 
nier pied seulement, qui est réduit hyti ou Jjâ. 



— a«3 — 

MitarchMid ayant entendu ces mots» reTÎnt à lui Qt dit : 
Faites-moi connaître votre nom. 

S"" On peut aussi, comcne se le permettent les Arabes 
eux-mêmes S ajouter uue lettre quelconque au moyen 
du teschdid^ ainsi que dans le vers suivant de Mir '« où le 
lâm de ^jbîju doit être doublé : 



j'^ (J^ ^ jjj u-^ ^' sj^ 



émir, celui que vous fîtes fustiger ce jour-là^ sollicite.f à 
votre porte, la faveur d'être introduit. 

II. Lorsque les lettres dont je viens d*indiquer l'addi- 
tion comme permise, ont été introduites par un usage 
constant, et par conséquent doivent être écrites et pro- 
noncées, on peut les retrancher en poésie. Il en est donc 
ainsi : 

1* De Fait/* final représentant l'a bref, comme dans ce 
vers du poème des Aventures deKamrûp, oùjL^* est pour 



* S. de Sac;, Grammaire arabe, t. II, p. 372. 

* Ce yers est du mètre J> i, réduit k trois pieds, et le dernier 

* On trouve aussi <^^|i- pour c^mi | dans la traduction 
hindouiedu Mahâbharata (not. 52, 17)» et cette forme paraît 
être usitée. 



— 384 — 

Alors il dit : O prince, je sois ArchftrAj, ton pandit» on de les 
six amis. 

2* Du nûn représentant Vanuswaray comme dans le 
vers suivant du même poëme, où ^Lr*^ est mis pour 

Va M réjouirent ensemble pendant deux gkariy ils se diver- 
tirent, s* entretenant de leur amour. 

Mais le retranchement de ce nUm est inutile, puisque, 

* 

ainsi qu'on le verra plus loin, il n'a pas généralement 
de valeur dans la scansion. Dans quelques cas cepen- 
dant, il est bon de l'effectuer lorsque la scansion peut 
être douteuse, comme dans le vers qui précède. 

Le retranchement du noun après une voyelle longue 
est permis même en persan, comme dans ce vers du 
Bostân*^ où on trouve ^\ pour ^j. 



^»»-<>i 



r . 



La porte de la connaissance (de Dieu), c'est l'oeil de l'homme, 
car il est ouvert pour voir le ciel et la terre. 

3^ De la lettre insérée dans une autre au moyen du 
' Page 387, ligne 4 de Tédition Graf. 



— 385 — 

teschdîdj comme dans cet hémistiche de Wall ^ où le 
mot ^ baUîj mèche, doit se prononcer batî sans 
teschdid : 

W t^J^ cTA) ^ J^ jy" y^^ Ui 
Ma lampo est lumineuse sans mèche ni huile. 

Il en est de même pour les mots arabes; ainsi on pro- 
nonce souvent en poésie J^ pour Xx, ^ pour J^, etc. 
Les poètes arabes prennent eux-mêmes cette licence. 

4* Enfin, à cause de la rime ou pour d'autres raisons, 
on peut retrancher le hé n des lettres aspirées, qui de- 
viennent ainsi identiques avec leurs tenues. L'hémi- 
stiche suivant de Wall* en offre un exemple dans le mot 
jj pour »^ du verbe bj^ lire : 

Qui pourra lire ce livre magique ? 

5* On peut retrancher aussi le » après une voyelle 
longue et même le ^ . H&tim dit expressément dans son 
Diwân-zâda qu'on le fait disparaître quelquefois, entre 
autres dans les mots ^r*^ et ^-ja?^ qui deviennent 
amsi ^^^-^ et ^^'=^> 

IIL Les lettres qu*on peut substituer à d'autres 
sont : 

* Le gazai d'où est tiré cet hémistiche est du mètre & jUo», 
composé des pieds ^'bUcli J^aa> répétés deux fois. 

* Le mètre de cet hémisticbe est celui qui est nommé ^jit. Il 

est ici composé des pieds 4j^^ Jt^^ J^'^ Jj*^- 

25 



— 386 — 

1« Le fioiiif. dental, qulŒDpent mettre' à la place du* 
noun représentant Kaniau;^a; etau contmiro, celui^)!, 
qu'on peut employer au lieu du premier. L'hémisticbe 
suivant, tiré du poème des Aventures de Kâmrûp^ offt^ 
un exemple de ces- deux lidénces poétiques : de la pre- 
mière dans la postposition ^ dans^ dont le noun forme 
la première syllabe de Tavant^iernier pied ; et de la 
seconde dans radfeetif persan \^j^\^ dont le naunne 
compte pas dans la^cansion t 

^/jjT**' cîti^ ur! uv ^jr"^ 

n j a dvr|os^ mnm, 

t"" Les consonnes propres à Tarabe etaapevsan, sottt 
prononcées en hindoustani comme celles de l'alphabet 
indien qui s'en rapprochent le plus. Par suite, on fait 
rimer ensemble des syllabes d'une prononciation iden- 
tique, mais d'une orthographe différente, et pour les 
rimes on emploie identiquement le ré arabe et le ré , 
indian,r c'est-à*dire eéréfaralé i Ainsi nonr fait rimer *|)^^ 
avec )jiy, ^^ avec j^ ^ Dansroet cas quetqties ' copistes 
croient devoir changer îles^lettréfriarabeB^poiirreiidreia 
rima visible; comme on l!a lou plus tout, et 'substituer 
Vatif au », comme \^ pour »jjj, ôtc^Tel est, dansple) 
vers suivant du. poème des Àven^ve» dôKâinril^j le mot 
ïlX) (--IXJ selon le copiste), regard^ attention^ etc.,. qui- 
rime avec J^^ avis^ etc. 

^ Uàtim, préf. crîg, io son JHuiâiuZâia. 



— 387 — 

Karamchand ayant entendu cet ovif^i dtt ^J^ teilienii îoor et 
nuit sur le prince. 

lY. En Ikindoustani ainsi qu'çn arabe, on peut rendre 
longues les voyelles brèves, en ajoutant à la motion la 
lettre de prolongation qui lui est aûaUgue, comme dans 
le mot j»^\ employé pour^^! dans les vers suivants 
d'un gazai de Cudrat * : 

sjr^ t^jy c^j j^. ^ ^ çjj ^ ^ ^ 



Hier ces 'désm agitaient'moii c(eitr. Quels beaux pays, me 
disais-je, que la Turquie et la Russie ! 

Si la chose était possible, j'y passerais délicieusement ma rie. 
Iii,ttfa bruit 'du tambour guerrier; ici, au don retentissant d& la 
timbftilei *• 

V. "^On^ peut rendre brèves : 1 Mes voyelles longues^t 
y^j^ soit Jjv?^» ^i^si que les diphthonguess t^ntau 
commencement qu'au milieu et à la fln des mots. Dansi 
ITiëmistiche suivant d'M sos *, par exemple, les mono- 
syllabes ^ J^ j^ sont brefs : 

« Gilcfarifti, ëinioùstanêe yrammât\ifm. ti^^^ €e9 vers 
sont du mètre nommé J^j dont le dernier pied est réduit à 

* Il est du mètre v.;,*^'-éfTetrle dertiw plod-^féduit fc 'J*5. 



— 388 — 

L'hindoQStani s'est fonné Qi. 

L'hémistiche suivant du Sihr ulhayàn d'Haçan ' offre 
un exemple de L^* employé pour une brève : 

^/ L^^ ^ ICI L^' J^ ^ 

C'est son cœur que je ne cesse d'admirer. 

Dans le vers suivant de Wali ', la première syllabe de 
^J^ est brève : 

j\ ji ^j^ ^j^ bl ^b J> J\ 

rose du jardin de la beauté, le cyprès, en présence de ta 
charmante stature, n'offre à tout contemplatif que la figure d'une 
lime. 

Lorsque les voyelles nommées J^-v?^, c'est-à-dire 
j^ ift et ^1 17, sont employées comme brèves, au com- 
mencement ou au milieu des mots, on les change quel- 
quefois, surtout dans Jes ouvrages imprimés, aux 
voyelles brèves qui leur correspondent. Ainsi on écrit 
J^ pour 1^ de moi^ \Ji^ pour \j^ de toi^ ûj^ pour bb^j 
sorte de voile^ etc. Hâtim, dans la préface du Diwân-zâda^ 
cite aussi èj\>^ pour ^^L^. Il en est de même des 
voyelles ^^J^* Le même auteur cite ^^j^ pour aj'jj^. 

* Ce poëme est du même mètre que le précédent hémistiche. 
' Ce vers est du mètre jj Ju» régulier. 



— 389 — 

Dans ce premier vers d'un charmant masnavi de Mlr *, 
vil] est mis pour sti^t : 

JL^ ,j\J ^ / ,^\J ^ j^ 

L'amour crée sans cesse de nouyeauz pièges ; il produit par* 
tout (pielque acte nouveau. 

Ces voyelles longues ne laissent pas d'être considérées 
comme brèves, quoiqu'elles soient suivies d\m noun 
nasal lequel, comme on le verra plus loin, ne compte 
pas dans la scansion. Ainsi ^ est bref dans cet hémi- 
stiche de Mtr ' : 

Le mépris qu'on a pour les anciens est tel que, etc. 

Par suite de cette abréviation des voyelles longues, on 
trouve dans un vers du poëme des Aventures de Kâmrûpj 
le mot ^fb^ joaillier^ de deux syllabes; la diphthongue 
j! n'ayant que la valeur de 1 et le t étant réuni dans la 
scansion à cette diphthongue : 



* Cette pièce est du mètre ^^^^^^ composé des pieds ^^*licli 
sJIj^ ^Ji&Li». Elle se trouve pag. 897 et suivantes de iédition 
des œuvres de Mir Taqut. 

* Il est du mètre Jj»j réduit aux pieds ^jïi^li ^^^iX^li 

' Il faudrait écrire ,C^^ pour représenter la manière dont ce 
mot doit ôtre scandé. 



n 



— 390 — 

L» jiMÂHier ftjant reconnu le prince, etc. 

Il faut observer que ces voyelles longues étant consi- 
dérées comme brèves, un ^J^y^ ^^ ou trochée composé 
d'une consonne, dJune Toyelle longue et d'une autre 
consonne, peut devenir un ^^^^^suk v-^%^ ou une simple 
loBguercomme, par exemple, la syllabe vlijj du mot 
<lL^ dans cet hémistiche de Walî * : 

; à^J j^ ;î>^ / ^/ \J (i^' City vij 

W^li, fais'à Dieu mille prières etj]»ille supplicali.ons, 

2» Une syllabe longue terminée pai' une consonne, 
étant suivie d'une syllçibe commençant par une voyelle, 
uuj ou un ^ consonnes, peut être jointe avec elle dans 
la scansion et devenir brève. Ainsi ^ par exemple, dans 
le vers, suivant de Wall % les .mots,^! JjI|« doivent se 
scaader Ci^mme s'ils étaieutrécrits ^j**l^li, ai iis fcucment 
,leâ trois,premièr.estsyllabes..du pied ^^^^'ii&li : 

Aucune rose dans le monde ne peut doimei: jinet.idée 4e ton 
yiwgeTTerroeH; le léphyçduxnattakiédaro» 



• i^.'Cet «bémisticheoastrdii nette viiOtsr^.-ownposé -des: pieds 

^ J^^ c;^^ C^^- 



— .^91 — 

Dans cet autre yera du. même écrivain S les mots jj 
s^lx»! doi\^nt se Ure^ûiDiûeB'il yvtait wI^|;J : 

wbJl ^ ^ ^^jj sj^ L) « j^^^ 

En Toyant l'éclat de tai l^eauté l'emporter sur le sien dans le 
monde, le soleil, confus, a couyert sa face d'un voile doré. 

Dans le vers suivant, encore du même écrivain, du 
mètre v^Lax^ régulier, v^^ est un f-^?^ ^^ ou un 
Ïambe : 

. Jj ,^...JuA^ / ^:> .^ L^ 

En décrivant les charmes de ton visage, Walî a plaoé sujs cha- 
que feuille de papier une perle unique pour la beauté. 

Dans le vers siûviuii du. méHie poète ^distingué ^ If^^ 
est aussi un Ïambe : 

Il mettra en agitation l'océan de son cœur; en versant des pleurs 
mêlés de sang, il en rendra les perles aussi rouges que le corail. 

* Ce< vers est du mètre diaUfl# omopoié des pieds Jjaa^ 

o^Li J^Uu oiîfiLi. ^ 

*.Le^ 71^ se'friHionee tfëflnfaiblBiiieiitdans l'bide, c'est' ce qui 
fait que ^jt» ne compte que pour une longue, comme s'iliétait 
écrit i^. 

^ Il est du mètre Jw»j , irrég«liir4ttt'éirmr pied -seukfBieiif, 
4Qi«sl.iédiiit à ^Jiftii, 



— 302 — 

Enfin dans ce yers d'HaçanS les mots J*\ j^ jjj 
forment un épitrite second, c'est-à-dire, une longue, 
une brève, puis deux longues : 

UouTerture du puits est fermée par une pierre du poids de 
quelques cent mille mans, 

VI. On augmente dans un mot le nombre des syl- 
labes : 

1* En détachant \^hé % des consonnes aspirées et le 
considérant comme une lettre à part. Ainsi dans l'hémi- 
stiche suivant du poëme des Aventures de Kâmrûp, L^ 
racine du verbe LiL^ manger ^ est un dissyllabe composé 
d'une brève et d'une longue, comme si c'était le prétérit 
du verbe iJ^ dire qui se lit aussi dans cet hémistiche : 

Ayant pris de la nourriture, il dit au prince. 

2"^ En changeant en dissyllabes certains monosyllabes 
arabes et persans de trois lettres; ou, pour mieux dire, 
en les rendant des ç^j^ ^j ou ïambes de çjj^ ^j 
ou trochées qu'ils sont régulièrement \ C'est ainsi que 

* Sihr ulbayâtif page 99, ligne 7. Ce poëme est du mètre 

^ Ce mot devrait être écrit L^, si on voulait représenter la 
manière dont il doit être scandé. 

* Ces mots ne sont proprement monosyllabes qu'en prose : car 



— 393 — 

dans le yers suivant du poëme des Aventures de Kâmrûp, 
oJJU est employé comme un Ïambe : 

^j jj\ JU silU ^ ^j*3f 

Tabandonnerai ce royaame et mes richesses ; je laisserai mon 
goaTornement, et tous l'administrerez pour moi. 

Cette prononciation, usitée en poésie lorsque la me- 
sure l'exige, est, du reste, généralement adoptée dans 
le langage parlé. On dit en effet Jib^i ^ ^j sUL- 
jii, etc., et noujSi jic^i JSà» ^^j vtiA^, etc. 

3* En plaçant Vizâfat persane entre un mot persan et 
un mot hindoustani; tandis que cette construction n'est 
autorisée par la grammaire qu'entre deux mots persans. 
Ainsi dans le vers suivant de Walt, du mètre Jj J^, le 
mot jji est un spondée : 



!j_a> ^LJ! Ojj-^ po Sj^ cJ-r-* O^ 



lumière de mes yeux, c'est parce que tu aimes l'humanité 
que j'ose t'offrir mon amour humain. 

VII. On réduit le nombre des syllabes : 
l^" En attachant le hé 9, lettre indépendante de l'al- 
phabet, à la consonne qui le précède, lorsqu'elle est du 

ils sont considérés comme dissyllabes en poésie et forment un 
trochée. La licence dont je parle ici consiste donc plutôt en une 
transposition qu'en une addition. 



— 194 — 

iKHnbre^e^CAUô» qui saut susceptibleft d^ reeeimr i'ae- 
piratioQ. Le hé ne forme ators avee^'dedto: oeu^ua^ 
qu'une seule lettre aspirée, et se prononce en une seule 
émission de Toix, sans yoyelle intermédiaire. Ainsi 
^d^Â qui est proprement triss^fllabe, ne compte que 
comme dissyllabe dans cet hémistiche de Mtr * : 

LQflBque.i2aU6 nottteUe parant (dans (tcÉI l0*iiiiixhé^ etc. 

Il .en est de même.de ^y^^ aoriste da verbe b^dire^ 
qui est monosyllabe et se prononce par conséquent 
khuuy et non ftaAuf^dans cet hémistiche de Wall ' : 

Que dirai-je de ton absence.aux autres compagnons ? 

2« On se permet môme d'unir le A^ if- avec de» lettres 
autres que celles qui viennent d'être indiquées. Ainsi 
^Uj là, ne forme qu'une seule syllabe dans cet hémi- 
stiche de Wall '^ : 

* La pièeS'd'oîi'eBt Ii^écfethémi9licbei•ei^da mètre Jj^ réduit 
aux pieds ^li ^'bicU ^'Sbli. 

^ Si on yeut représenter la manière dont ce mot doit être 
scandé, il faut récrire ^çc^. 
1 B esl.du ttèto ^.^.Jtte^^compoeS dêS'pMs ^^^ik ^^^ 

* Il faudrait écrire ^^^ pour représenter la manière dont ce 
iiiotidûiAtâtre.se«iAé e^ynnoÉcé. 



il £i*iàiiaBètre «.^Laar loamfpté iw pieii' «^u^i> ^^ 



39o — 

Je te Yois 1^ où tu résides. 

Et ^^^ non est employé deux fois comme monosyl • 
labe daus cet autre hémistiche du même écrivain, qui 
est du mètre ^ ja régulier : 

Il n'entend aucun discours, il n'a pitié de personne. 

Ou se permet aussi, lorsqu'un mot commence par un 
hé 2(, de l'unir à ladepnière consonne -du mot précédent, 
qui devient ainsi aspirée. Le tr dej^ etj est, dans ce cas, 
dans ce vers de Walî, du mètre ^^ régulier : 

^^ j^ ^) ^ j/y- J/^ ^^ ^ ^^y. 

.s^ crt^-H / ^^. ^L^ j' ^ c?/ ^^ -5^ 

Ceux qui parcourent nuit et jour la xoute da TainQur, xoux- 
là ne considèrent le monde que comme le puits obscur de Baby- 
looe^ 

S'^Dangles mots^aù^une^yllabe brève de sa nature est 
suivie^ d^une voyelle4ongue fermant une autre Syllabe, 
il Arrive qu'oii faît de ces deux syllabes une seule lon- 
gue, 4TOmme dans Phémîstiche suivant de Mîr*, o\x ^ 
devient ^ : 

*^'Sekmte'€wà«'(9nr. II, v;*Ji)2),-le» anges Harftt^t Marût se 
tenaient cachés dans ce puits, dans' Fintention de séduire les 
jUKNT^Is, 

' Il est, ainsi que le suivant, du mëtrô> J>j iéduiÉ^auE) pieds 



— 396 — 

Si on le pourait, on les anéantirait. 

Le mot ^^, contraction de ^t i^, est dans le même 
cas, dans Thémistiche suivant déjà cité, où il ne forme 
qu'une seule longue : 

M ô^ ^jij u-'^'^v^"^ 



prince, celui cpie tous fltes fustiger ce jour-Ii, etc. 

^ participe passé irrégulier féminin du verbe L5U., 
est aussi d'une seule syllabe dans ce vers d'Haçan ' : 

^ JU ^! ^ ^ ^ ^î 'j^ 



Comme ses yeux étaient fixés, dans le même état, elle l'aper- 
çut plongé dans la peine. 

De même, la dernière consonne d'un mot gui, déta- 
chée, dans la scansion, de la syllabe avec laquelle elle 
se prononce en prose, forme une syllabe brève, cette 
consonne, dis-je, se joint quelquefois à un \ bref, gui com- 
mence le mot suivant, et, dans ce cas, cette syllabe 

^ ^j^^\ est pour ^wj ^Cit. Il a été dit plus haut qu'on 
substitue souvent anx voyelles Jiyiff^ employées conmxe brèyes, 
les motions qui leur correspondent, 

^ On devrait écrire ^^a pour représenter la manière dont 
ce mot doit être scandé. 
' Sihr ulbayâUf pag. 99, lig. 2. 



— S97 — . 

composée reste brèye. Les mots o[j}yjJ en offrent un 
exemple dans cet hémistiche de Walt, du mètre J^j : 

La coupe de l'amour est pleine duyin des soupirs. 

Il en est ainsi de^ et ^<^^ dans cet hémistiche de 
Wall * : 

Toi dont Thaleine embaumée rappelle le zéphyr matinal, ne 
diminue pas ton amour pour moi. 

4* Souvent deux voyelles longues n'ont la valeur que 
d'une seule. Par exemple, J^ est monosyllabe dans 
l'hémistiche suivant de Wall, qui est du mètre J^j : 

Les secrets de la maison du cœur te seront défoilés, si tu 
cherches à les pénétrer . 

Et ^^ est aussi monosyllabe dans le vers suivant * 
du même écrivain : 



r v^ * ^^-^ 

^^ Le mètre de cet hémistiche est le ojUa» composé des pieds 
^'iicli J^*ft^ répétés deux fois. 
' Il est du mètre iM^ coinposé des pieds ^JicU> ^'b^li 



— 3W.— 

CoÉiatali ces* souroilsr 4igaçini1i Breifemofi1^ii9pas ito reffet' 
sur moiy puiSBqu&lecroisMiitde la limer fali-mAne wnblo Vindï^ 
ner pour les saluer ? 

Le substantif ^^ est également monosyllabe dans 
ce \ers^ du célèbre poète que je viensde citer : 



J^ JJ-^^^ c^ c^ d^ J^^' '^h 

Les larmes des gens humbles sont agréables à Dieu, comme 
la rosée de la terre l'est an sideil. 

Dans le vers suivant *, encore du môme poète, ^j^,^ 
est audsi 'monosyllabe-: 

Après avoir comparé. tes lèvresiau sucre, je suis4aiu iUm- 
puissance de rien ajouter de plus. 

Le pronom indéfini ^^jàsi souvent aussi monosyl- 
labe * comme dans cet hémistiche * de Wall : 

* Il eÉt dix mètre Jjs tsompwé des pieds^ A>i^ \^^^ 

* Il est du mètre ojLo» composé des^eds oitLr Jj*i» 

* Lorsque -J^ est meiNtB^lab0y>On i'éortly-y diiiB« certains 
manuscrits. 

* Il est du-mètfe & ^I^^a/* '-ooinposé^dei pied» ^!»^li' Jj>^ 
répétés deux fois. 



— 3M — 

bt.iî^ ^-. ^j^ J^ ^ ^ J/ ^^ 

Il n'est personne qui n'ait laissé son cœur dans k me où iu 
habitbB. 

Enfin^ dans rhémîsUohe «ité idan6 le paragraphe sui- 
vaiïl^î jL^ ^8t de deux syllabes seiilement, les voyelles 
I et jt se contractant conformément à la règle dont il 
s'agit. [ 

Qû^lqiiffiMff' «Qési6 ces'ileus ToyeUeiB < loûgues de leur 
nattire^ii:ét]aieB;aingidsn)>une seuto'syllabe; sont em- 
pldyé^«eomm6 anefiiinple brève. L'hémistiche suivant' 
de Wall en offre un exemple dans^ JyjB> qui forme la 
première syllabe du.troisième pied.* : 

Jns^'aoïjeur deila résurreotioD, leilr course sera pluiT rapide 
que4)eHe. du «rent qui précède Forage»; 

5* Une licence toute contraire à celle dont il a été 
question à l'article 2 du paragraphe précédent, a lieu 
dans des mots hindoustanis composés de trois lettres et 
de deux syllsdbes; elle consiste à les rendre moâosyllabes 
ou pour mieux dire ^^^J^ ^j ou trochées de yy-^- ^^ 
ou ïambes qu'ils sont proprement. Le mot ^y^ baraSy 
année,, est dany ce< cas dans' Thénristicbe * suivant de 
Wall, du mètre^j régulier, où il se prononce bars : 

* Ce vert-est du mètre vi^^As?^ composé des pieds ^Ua 



— 400 — 

Depuis combien d'années ne suis-je pas désireux de te yoîr, 
6 infidèle? 

On dit de même marz pour maraz j^y* gorz pour 
garaz joji^ etc. C'est d'après le même système qu'on 
prononce barkat pour barakat vJU^- 

YIII. Les lettres qu'on ne compte pas généralement 
dans la scansion sont : 

1 ® Le A/ y ajouté à la consonne tenue pour la rendre 

aspirée. Par exemple ^U? frère^ qui représente >TIT, se 
compose d'un spondée ou de deux longues (et non d'un 
bacquique, c'est-à-dire d'une brève et de deux longues) ^ 
comme dajis l'hémistiche suivant de Saudà * : 

Les enfants dirent : Cher frère» ordonnez. 



f Le hé z final nommé J^^^j soit dans les mono- 
syllabes, où il n'est placé que parce qu'un mot ne peut 
consister en une seule lettre, comme dans h^ à^àj ', etc.; 
soit dans les polysyllabes, comme le y de zj^ dans ce 
vers de Wall * : 



^ ^j^ aiP^ ^jj ^1 jj.^ X^^^ 
C)/ ^J^ ^^^ y^ O^ J^ ^J^ yj" ^."^ 



* Il est du mètre ^^tiâ. composé des pieds ^J^U'* ^'^li 

^ Dans ^^ six^ le premier t ne compte pas, parce qu'il aspire 
le ^ ; et le second ne compte pas non plus, parce qu'il est 



^ Il est du mètre ^^ composé des pieds J^li^ ôj*^ 



— 401 — 

Celai qui a obtenu un regard de ton amour, pourra voir à 
chaque instant l'éclat de ta beauté. 

On retraoehe même dans récriture le v final, après un 
alif. Ainsi par exemple on écrit Li^^^b pour «L^^Lj, Je 
trouve aussi cette orthographe, d'autant plus irrégulière 
que le s semble être ici radical, dans le Bostân (p. 350, 
édition Graf). 



Une femme belle et obéissante fait un Roi du derviche auprès 
de qui elle est. 

3* Vyé ^ précédé d'une consonne et suivi d'une 
voyelle, comme dans l'hémistiche ^ suivant de Walî, où 
Lj ^ ne forme qu'un ïambe : 

^ lj^ ^^ cf/r? ^ ^^ cJr- v^' 

Je ne me soucie en aucune manière de tous les biens du 
monde. 

Il en est de même des mots très-usités, ^j^ comme^ 
HL^ pourquoi^ ^ amant^ iS quoiy etc., lesquels ne 
comptent que comme monosyllabes. Ainsi on trouve 
dans l'hémistiche suivant de Mir ' Lâ=> employé comme 

^J^ v^^^s^ ou simple longue. 



. Ml est du mètre &jL^ composé des pieds ^*b^l-9 Jj^ 
répétés deux fois. 

' Cet hémistiche est du mètre J^j composé des pieds ^^^^ 



Combiea cet emplacement n'était-il pas purgé d'ordures ! 

Cette règle s'applique aussi à Vyé euphonique qui^ 
dans le dialecte hindoustani du Décan, se place avant 
l'alif final du participe passé et les terminaisons du plu- 
riel ^1 et ^j^l. Ainsi L»^ pour La^j participe passé du verbe 
\Sjbj rester^ est un ïambe dans ce vers de Walt ^ : 



Les amandes^ ont demandé à tes yeux leur forme. Gomme j'ai 
entendu cette demande, je suis resté muet d'étonnement. 

Et le pluriel jL;^ ' est aUssi un ïàmbê dans ce vers * 
du même écrivain : 

Comment pourrions-nous trouver au nombre de tes amants ce 
jeune homme au Visage vermeil, qui n^eut jamais ses yeux mouil- 
lés du sang de son cœur? 

* Ce vers est du mètre ]p \jai> composé des pieds Jyts^ 

* Les Orientaux comparent fréquemment la forme des yeux à 
celle des amandes. 

^ Ce vers est du tnéme «nètre que le précédent, mnis de la va- 
riété composée des pieds ^*îi«li J^*^ répétés deux fois. 



- 4M — 

i« Le nûn j des mots hindoustanis et sanscrits qu 

représente Vanuswâra. Par exemple, J^ (ïïïïFT) est 
un ïambe ou 9y^ ^j dans cet hémistiche de Wall ^ : 

Tai erré pendant longtemps dans les bois comme un insensé. 

Toutefois, ce nûn compte aussi quelquefois dans Id 
scansion, comme dans ^ de l'hémistiche suivant déjà 
cité, où il forme la première syllabe de Tavant-deroier 
pied: 

^ ).y^ C^ L/*^ UV v5;/*' 

5** Le noun qui vient après une voyelle tongut, n^ast 
généralement pas compté non plus dans la scansion ; 
quelquefdis même dans les mots arabes où il est radical. 
Par exemple, dans l'hémistiche suivant de Walt S le 
mot ^x^j^ est simplement un spondée : 

^j^j J ^j 3j^ o/ ^y^ 5;y 

Les tresses de tes cheveux ont lenri de lien à 1a troupe de» 
insensés. 

Il est même permis de ne pas compter le noun dans la 
scansion, toutes les fois qu'il est quiescent, quand même 
il serait précédé d'une voyelle brève de sa nature. Ainsi, 

' Cet hémistiche est du môme mètre gue le vers précédent. 
' Cet hémistiche est du mètre Jj»j composé des pieds ^'^li 



— 404 — 



e mot arabe yi^ ambre est employé comme un ïambe 
dans cet hémistiche de Wali, qui est du mètre^j : 

Qu'importe le musc et Tambre à celui qui recherche les tresses 
de tes cheveux? 

6® La lettre arabe aîn & qui n'a pas de correspondante 
dans l'alphabet nagarîf et qui, dans ce caractère, ne se 
rend que par la yoyelle brève qui l'accompagne, ne 
compte quelquefois pas plus dans la scansion que dans 
cette écriture et dans la prononciation ordinaire on ne 
la fait pas sentir du tout. Ainsi dans l'hémistiche sui- 
vant de Walî, qui est du mètre ^^ régulier, le p du 
mot (3^16 doit être omis dans la scansion : 

Kjjl^ ^U v-^lL^ ^kk Ojt \J=^ ^ ^ 

C'est de la vérité même qu'il (Mahomet) a acquis un langage 
agréable à ceux qui aiment Dieu ^ 

7* Dans des mots généralement d'origine sanscrite, 
deux consonnes se suivent quelquefois sans yoyelle in- 
termédiaire. Ces consonnes sont alors groupées dans 
l'écriture dévanagarî ; mais quoiqu'on soit obligé de les 

* Je trouve un exemple de la même licence dans cet hémistiche 
du Bostân (p. 324, édition Graf) : 

qu'il faut scander ainsi selon le mètre mutacârib : 

Bar 'âïb'l \ pàrlriîikh \ zàbàn bar | kûschûd 
Il délia la langue sur les défauts de cette belle personne. 



— 405 — 

écrire séparément dans récriture hindou-persane, elles 
se prononcent néanmoins sans voyelle intermédiaire, 
n'équivalent ainsi qu'à une seule consonne. Le mot >o/i 
krut en offre un exemple dans ce vers du poëme des 
Aventures de Kamrûp : 



y ^jj^ ^ uv u^^ v^* ^ jr^ 

k^ J-n / k J':^^ ^^1 ^/ 



Alors le prince prit un peu de ce jus, et en donna quelques 
gorgées aux Ihiâl-pâ. 

Tel est encore le mot sl^^l ambrit (pour o^l amnt)^ 
ambroisie et nectar^ dans cet hémistiche de Walî * : 

Le rubis de tes lèvres d'ambroisie est aussi rouge que la flamme 
de la bougie qui éclaire rassemblée de la fidélité. 

Il est bien entendu qu'on peut aussi scander ces mots 
comme si la première des deux consonnes, qui s'arti- 
culent ensemble, avait une voyelle. Ainsi dans le vers 
suivant de Walî*, lequel est gravé sur un cachet dont 
feu Reinaud avait vu l'empreinte quelque part, le mot 
sl^ji [prit) y amour y est dissyllabe* : 

* Le mètre de cet hémistiche est le ^^^^ composé des pieds 

* Ce vers est du mètre f* y-^'^ composé des pieds jy^ 
^'iicli répétés deux fois. 

^ Il se prononce vulgairement il est vrai pirat en dakhn). 



— 406 — 

Wali, l'amour remplit la caaba de ton ctear, de ce coeur 
dont le harem n'a d'autre mahrem que Dieu. 

Et dans rhémistiche suivants ^^j} (brahman) est 
trissyllabe : 



!^ dr^ cj'> ^ O^ -^ ^^^ cr^^ ^' 

brahmane» en te voyant, le lecteur du Yéda eit devenu fou. 

Des mètres usités plus particulièrement en hindoustani. 

Les mètres les plus usités en cette langue sont : 
I. Le ^^ qui est extrêmement employé surtout dans 
les gazai, 
r Le régulier, comme danace vers de Wall : 

L'homme qui aime le monde ne ressent aucun goût pour les 
choses spirituelles; les plaisirs, en effet, dont il jouit, forment 
pour lui le trésor des biens célestes. 

V Le dernier pied de ce mètre est quelquefois changé 
en ^^Li», comme dans ce vers cité par le D'Gilchrist * : 

* Il est du mètre J^ dont le detnier pied eet réduit è ^Ji&li. 

* Hindoostanee grammar^ Calcutta, 1796, pag. 268, 



— i»7 — 

Les cruels instants de Tabsenoe deTiennent plus sujqtoriaUûs 
pour mon cœur, puisque je puis passer actuellement sans Elle des 
jours entiers; tandis qu'autrefois je n'aurais fu rester quelques 
heures sans la Toir. 

30 On emploie fréquemment cette même mesure 
composée des pieds ^^X^^ ^}y^ répétés deux fois, 
comme dans cet hémistiche dTaquîn ^ : 

J^ LT/ j^S^j ^^,\^ ^^iS 

Qu'as-tu fait, 6 mon c(Bur?Mais que dir^à un insensé? 

4* Du pied J^ai» suivi de trois Jjf Li» ou de deux 
J-jcLâ» avec J^yà pour dernier pied. 

Le vers suivant, extrait du premier gazai du diwan 
de Saudâ, offre un exemple de ces deux variétés du 
mètre ^jib qui sont souvent employéqs concurremjBent 
dans ^es mêmes poëmes : 

*,jLot ^-^1 i^t^ ^iUk aLo r^*^ "^ 

pheikh, viens voir un moment le temple de l'objet de mon 
amçur. La beauté de mon idol^ j brille comn^e la bougie qui 
éclaire le temple de la Mecque* 

* M. ibid. 



— 408 — 

5* Chaque hémistiche peut être réduit à trois pieds 
et former entre autres la variété qui se compose des 
pieds ^^^ c^^ {j^^ laquelle est très-usitée. Le 
poème de Joseph et Zalîkhâ^ d'Âmin, est écrit sur cette 
mesure ; lo vers suivant en est tiré : 

j-j^l JU siL ^ U^j ^l^j 
r'J J^ ^ ^ ^j^. ^ 

Le inonde ne reste pas dans le môme état : le firmament ne 
présente pas toujours le môme aspect. 

6* J'ai trouvé aussi epiployée la variété composée des 
pieds ^yà M;^Li» Jjni», comme dans ce vers de Wall : 



Toi dont le cœur est aujourd'hui ouvert à la joie, tu parais 
agité de désirs. 

Les variétés du mètre ^yt^ que je viens de citer, sont 
employées par les poètes de l'Inde pour les gazai, les 
cacida et les masnavt. Beaucoup de gazai du diwan de 
Saudâ et de Walî, le Bârah mâçâ et plusieurs masnawîs 
et cacidas de Zakl, Mîr, Dard, etc. % sont écrits en ce 
mètre. 

. IL Le mètre J^^ est beaucoup moins usité que le pré- 
cédent, toutefois on en trouve des exemples. Telle est la 
gazelle de Walî qui se termine par le vers suivant : 

^ Gilcbrist, Hindoostanee grammar^ pag. 269. 






Walî ! tes vers sont aussi célèbres dans le monde que ceux 
de réloquent rossignol de Tauris^ 

III. Le mètre J^j est extrêmement usité en hindou- 
stani, notamment : 

1 *» La yariété qui se compose du pied ^^Li quatre 
fois répété, mais réduit la dernière fois en oiîcii ou en 
^^U. Le vers suivant de Saudâ otfre la réunion de ces 
deux variétés, qui souvent s'emploient concurremment 
dans les mêmes poèmes : 

J^* sj ^y} v^!^ ^/ u'-ï:*^' ^^ ^*^-^ 
crvV sj^^^ ers' j-cp^ ^ yL^ ^' 

Quelqu'un yerra-t-il ses yeui sous le mihrab du sourcil? 
musulmans, la boutique du marchand de vin est-elle dans la 
mosquée ? 

2* La variété composée des pieds ^"^ ij^^ ^^'^li 
^J^. La première gazelle du div^an de Walî, d'où est 
tiré le vers suivant, est écrite en ce mètre : 

' LTir^ ^L-^L- ^r JJb ^jfj ^j^ ^'1 

Depuis que mes yeui étonnés ont contemplé cette idole, le feu 
de l'amour a embrasé mon cœur. 

' Cest-à-dire, Schams-uddin Tabrîzt. 



- 410 - 

3* On l'emploie aussi, réduit aux pieds rr'^li ^j^*^!^ 
^pioli, comme dans ce vers de SajjAd : 

Les nuits de l'absence sont aussi passées, le temps ne reste 
poar personne dans la même situation. 

4** Et aux pieds y*^ ^P*^ ^^^^^9 comme dans le 
vers suivant de Wall : 

^ j4'^ v^ Kj-^ V^ C^^ 



Lorsque l'amour a fait impressiep dims mon cœur, il a rendu 
inutile l'écriture du destin. 

IV. Le mètre ^^r*^ ®st très-rarement employé en 
hindoustani. On trouve cependant quelques pièces sur 
ce mètre. Le vers suivant, extrait d'im gazai de Walt, 
dont les vers se composent des pieds ^\i ^^^^^ répétés 
deux fois, en offre un exemple : 

^L;3o ^ v> v^' (ji^ v.r^ /^ ^j^ 

On doit comparer tes lèvres de sucre, au miel ; bien plus, les 
considérer comme son essence. 

V. Le mètre f jl-^» composé primitivement des pieds 
^'iifili ^JL^Lâ/» répétés deux fois à chaque hémistiche, 
est fort usité en hindoustani, daqs t<Qutas $e^ variétés. 



— 411 — 



1* Dans celle où le pied dérivé J^ remplace le pri- 
mitif ^^li»; la vers suivant «d offre un exemple ; 



Il est bon de parler peu ; mais non an point de ne pas oa?rir 
les lèvres lorsque ton amant ferme les yeux^ 

î"" DaBS la variété composée des pieds w>%U J^ 

Sf^ et oiîeLà OU ^Li; rhémistiche suivant de Mir 
offre un exemple du premier cas : 

m 

Nous devons tous quitter le monde pour être ensevelis sous la 
poussière. 

Et le suivant de Wall un exemple du second : 

Daigne m'adresser la parole, ô printemps du jardin de 
Tamonr. 

VI. Le mètre ^,L^c:a:^ est assez peu usité. En voici un 
exemple tiré d'un gazai de Wal!, qui est écrit sur ^ 
mètre composé des pieds J^ J^^ er^^ ^U» : 

La pboe digne de eetle beauté à la taille eteneée, c'est la ri- 
vière de Tamabilité et de l'enjouement. 

* G\\chiisi^HindoosUineegramniar^fiLg.%10, 



— 41t — 



VIL Le mètre ^^ est extrêmement peu usité; le 
D' Gilchrist * cite cependant un hémistiche de la variété 
de ce mètre qui est composé des pieds ^ji*j^ (^r^*^ 

Ce maudit habite la Grèce. 

VIII. Le mètre ^^^ est employé quelquefois en hîn- 
doustani ; mais on ne le trouve guère que dans la variété 
composée des pieds ^^^ y^^ ^^^% comme dans ce 
vers de Walî : 

^/ «lSj ^> j s, ^ 



Jette un regard du côté de-Wal! ; il l'attend depuis ce matin 
avec impatience. 

IX. Le mètre v^L^^, surtout la variété dont le der- 
nier pied est réduit à J^i, s'emploie fréquemment dans 
les poèmes nommés masnavî, principalement dans ceux 
qui ont une certaine étendue, tant moraux qu'héroïques, 
historiques, didactiques, descriptifs, etc. Les Aventures 
de Kâmrûp^ le Sihr ulbayân d'Haçan, le Sarafrâz nâma 
de Hadic et le Saquî nâma de Dard-mand * sont de ce 
mètre, comme le Bostân et le Schâh-nâma. On trouve 
aussi d'autres pièces sur cette même mesure; tel est le 
Tarjî'band de Walî, dont le vers suivant est extrait : 



* Hindoostanee grammar^ pag. 270. 

* Hindoostanee grammar^ pag. 271 



— 413 — 

j/ ^k ^^ -^ >;-? -^ 

ç^ ^j-^ o^r^ (Jy^? 

Ton occnpation jour et nuit est de m'oublier, moi ton amant 
sincère. 

X. Le mètre jj;x» est peu usité; mais on le trouve 
néanmoins employé quelquefois dans les bons écrivains, 
comme dans le gazai de Walî, d'où est tiré le vers sui- 
vant : 



Celui qui a demeuré dans l'angle de ton amour, considère la 
natte déchirée comme le trône de Salomon. 

XL J'ai rencontré le mètre J^K : 

1 * Régulier, comme dans Thémistiche suivant : 

^y" 1^ ^ ^ ^b J,^ ^ ^L^ ^^^ .j:^ J/ 

Aucun champ, dans le monde, ne saurait être frais sans eau« 

2* De la variété composée du pied dérivé ^^*^LL», 
répété quatre fois à chaque hémistiche. Le vers suivant 
de Wall en offre un exemple : 



Le soid n'est «itre dMse qu'un rajen de ta beauté qui est 
allé répaudre la lumière dans le ciel. Le sel ne tient sa saveur pi- 
quante que de ton «gaçante vivacité» 

Les autres mètres nommés ^t^ s}j^ ^j\Sii^ «.^.^us^tL» 
et JL^ sont très-rarement employés en hindoustani. Je 
n'en ai pas rencontré d'exemple. 

Quant aux mètres v^j5 jj j^ et JTLiu^, ils sont par- 
ticuliers à la langue persane et paraissent tout à fait 
inusités en hindoustani. 



Observatiam sur la rime. 

Les observations particulières à la rime en hindou- 
stani, peuvent se réduire aux suivantes : 

1 • On fait rimer quelquefois les mots terminés par 
un noun nasal représentant Vmmswaraf avec des mots 
qui n'en ont pas, comme <laas te v^rs suiyaiit des Aven- 
tures de Kâmrûpy où ^^^^^ rime avec ^jtric^ : 

,J^^ J' ^}-Y ^ ^ 
ij-ir^ JjLp ^j^ ^.I^L^ 

Etant allés auprès du Maharaj, ifs lui dirent : Il votn «st né un 
priDce béni. 

2* En général, les poètes hindou^nis évitept de faire 
rimer les voyelles nommées J^^-^ avec les y^^f^ qui 
leur cwresppndent, fi'est-à-Kiire, ^ ^ -0 avec jl ^ H; 



^^ ^ é aVéc yj] "^ 1 Néanmoins îls prennent quel- 
quefois cette licence. Ainsi on trouve un gazai de Walt 
où les mots qui contiennent la rime sont : ^J^ tâésj 
fj^yt^^ afsos, (^jjli fanûSy u^'jf^ pabos^ ^y^^ jaç^^ 
^^ bos^ etc. On trouve ailleurs dans le même écrivain 
J' Arrimant avec ^kî. On voit même dans le célèbre 
poëme d'Haçan, intitulé Sihr ulbayân^ page 137, ligne 7, 

la diphthongue ji ^ au rimer avec la voyelle j' ît ^> 
dans ce vers : 



LTJ^ J^' y,/^ ^' "^^^ ^-r^ 

11 y avait là un siège resplendissant, recouvert d*un tapis carré 
d'une beauté parfaite. 

3<> Les lettres nommées cérébrales peuvent rimer avec 
les dentales qui leur correspondent, comme dans ces 
vers métaphoriques de Walî * : 

Qui pourra le disputer de puissance avec tes regards animés? 
* Ces vers sont du mètre ^j» composé des pieds J^'* 

Jji^ J-xLà. J-jdLa^. 



— 416 — 

Ces lèrres sont pleines de l'eau de la yie : qui pourra j aborder 
sans le béra de Khizr^? 

Dans ce cas, les copistes écrivent quelquefois les con- 
sonnes dentales avec les quatre points qui distinguent 
les cérébrales, ou avec le toé i arabe, servant de points 
diacritiques. 

* Voyez au sujet de cette allusion mon Mémoire sur des par- 
ticularités de la religion musulmane dans Vlnde, pag. 82. 



FIN. 



TABLE 

DES MOTS TECHNIQUES ORIENTAUX 



RANGÉS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE ARABE 



cr' 



JL,\J 




• t* 



A '.V M 









Page 138, 214 


^($^1 206, 213, 256 


864 


et non] ^IjuX^t 


71, 74, 106, 108 


(sXjuJU-! 101 


245 


cUlxwI 111 


244 


JitX^l 111 


10, 17, 206 


>!jisL,| 91, 181 

vjtyij.\x-,,t 111 




122 


^^\ 23 


26 


8jUXw! *, 5, 40, 42, 45, 


245i 339 


46,55,57,59, 


245, 339 


63,76,77,174, 


237 


182 


5, 87 


AibiîbïJit^l 43,65,66 


6 


112 


iXftsr» 5,L«ilw| 63 


243 


JL:^* :î,ljClwt 64, 65, 66 


88 


x,y^ îf^Ljûu-ï 60 



27 



-- 418 — 



{jiy^ 



»1 



»jL 



JcLi p» 
ou k1>s\ I 



»jU»l 



Là, 






. A 



t» 





iN6V> dr^' *^* 


65 


iy»^ j^l 168 




^L,1l2 


61 


^y^\ ^ 


60 


jL,-to! 235 


55 


it^t 116 


2 


^jiJLtl 63 


191 


jL^! 191 


187 


«ImmIa )^^' ^^ 


78» 120 


t«>'*« 


55 


jLteU 


S6 


^jL»l a 


56 


jal^l 118 


59, 364 


JL^t 189 


166 


■ ** 1 • 




J^* JL^t 169 


75, 137 

• 


Jt^ JL^I i«^ 


207, 359 


UjUl 197 


245 


jtpU 


5, 11, 179 


J^lil 206 


135, 140 


^LSÎ 202 


59 




56, 206 


^1 245 


56 


^y ! ou .tyl 862 


167, 168, 206 


^yU9 



— 419 — 



jU)l 



f« • 



s>M 



« • 



862 

24 

2, 70 

2 

63 

108 

196 

100 

169 

73 

186 

78, 81 

80 

75 

31, 85, 90, 112 

83 

85 

242 

205 

205, 230 

77 

104 

13, 212, 414 

5 

2,34,71,72,81 



i* 



35 



,,.L^ 1, 3, 5, 77 



213 



^' 



«* 



r 



jji 



^li » 175 

♦» • 

«jb 61 

. «M**tf U 146, 353 



»• 



£' 



110 



Jl ^Jw»! Jl/1j' 108 

w^^* 187 

*Ij 120, 124 

^\j 209 

JjJ^i* 89, 169 
si^wouJ S7, 59 

iJLj 101 

JfcUi* 114 
^^^IjJ) J^UJ il* 

^X>ysè^ 60, 62, 63, 100 
120, 140 




♦» • 



< ** 




137 



134 



tt • 



v^JiS jj«J«i 130, 137 



124 



— 420 — 



ur- 









3^ 



•^r 



i« 



M • 



«Jj/' 



I» 



w • 






I* 



l« 




JJ-^* 



I* 



)6 



22 



22 

21 
32 

u 

26 

23 

31 

32 

20 

89 

7 

69 

69 

74 



190 
^j^ 374 

iJLsr»* 289 



J-JJJ 243 
Jjji* 169 

Ù\ji »89 
,_^y IM, 166 

A^* 60, 62, 63 
AMs^y 156 



^ 35, 169 




• ♦• 



.»• 



A ^ .,-, ^« 174, 243 



^ 



Lu «5 



H ♦ 



A> .jtj 5, 25, 4*, 62, 77, 

182 



H • 



JjLÏ A^wAJ 64 

A ..^A/f' 238 
174 



— 421 — 



j^y^ 76, 247 
Cijd»^ 13, 36 
^U? 19 

j 2 

2, 202, 365 

117 

192 



Vi^îï*'^ 



«• •• 






iJuo» 



^^ 



I» 



362 



192 



^JLo 82 

*«>*-> 63 

J-*Uo Î06 
^J^ yi* 95, 97, 99 
j»Si «40 . 
iW 206 



ry' 



28 



«yifij 247 
«« 

jIJCj IW, 181 



Ky 



li^'120 
^ 162, 174 

.L^ 28, 186 
Jjg; Î9, 68, 67 



^•209 
^^•209 
Uï84 
Uï 62 



uT 



• •« 






174 



•• 



JL.U*a)) 168 
^209 
^209 
"•3 209 



196 



JmxjJ 118, 856 



Wjji* 90 

^^^ 164 

O^Ij 106 

^ J 248 

Jjb*208 

JU 248 



— 4Î2 — 



yîUA 

UZ, 244 



357 



JJ J^ 213, 336, 414 

M • 

(jj^) -J^ ^p 188, 206, 247 
.tVa. 87 
Jç.183 
a^ 95, 97, 99 

j^amXjj açi. 199 

^Li«^ 19» 

JU. 59, 67, 69 
.la. 8Tt 
4t 



AJ *^ ^Ja 85 






^^ 37, 56, 78, 120 

0'^\a- l•<^ 356 

W'Lo. 174» 184 

I ^.^L-a. 184 



^jLa-ar'I 4^6 

,J»a. Vij^UMa. 185 

^^^j w»Lo. 186 

^y^x) Ju44a. 166 

-*Mû. 11» 13, 14, 52 
yLsi. 118, 138, 214 
Jb<m*Jo» AMOk. 219 

119 




«* • 



*• • «^ 5, 40, 41, 76 






v^yJ 



(J^ 



LL 41^42 



•• «• 



4t 






u* 



u 



— 423 — 



Jjâ. 237, 


241 


OU JU-! ^i)^ 


^ «6, - 


239 


JL?.1 167 


P^ Î43, 1 


U4 


J^ ;JU)iî^ 166 


^3f^ 85» 




JJ^104 


^^^ 12 




v..sVf -5^ ^^^ 


^Ufl^ 354 

• 




^U:> 217 


lisLâ. 75 




c)î^.^ ''' 


J^n 




v^j^y ^jL^b 71 


. Lisx «08, 


212, 309, 


Jl^^^li^i 158, 159 


389 


, 390, 397, 


C^b '' 


400 


, 405, 411 


^ bj 339, 375 


JLlu 




«Uj 239, 249 


^ ^Ul 9, 10, 


23 


js^. 212, 286, 399, 


«(ft.sv 151 

M 




403 


jr^îb «n 




t^J '^ 


Jl >^t y^b 340 








>>?^'^J 


Jt 341 




jjgjl 137, 143 


i5i3C y^b Ï22 




Ô^J ''' 


Jbs-» 5jJb 219 




Jjlj ^Jj 350 


A^Xi^ «yb 221 




^:>j 148, 159, 349, 


Aib^ fy b 219 




356, 361, 370 


oljliul^vr^îîiJ^ ss 




^jm 


^•L^ 166 




Jk 240, 250, 251 


vrJblo U 58 




.tl»« 151 



166 



^j*06 



^j75 
Jjij «H, 291, 374, 
375, 383, 887, 
389,391,394, 
895,397,398, 
401,403,406, 
409 
^^j 146, 348 
La» C^ 4 350 



— 424 — 



^1 J^LL. ^^j 860 
^1 J> ^^j 360 



jjU 1Î4, 131 
jU.; 233, Î56 
y^ «34 
JU «14, 256 

K*^ 67, 82 



jwww»»» 42, 82 
•J3^ 193 
t3y^ 193, 196 
aJj«« 212, 300, 411 
OIaC 166 
,^JL 78, 81, 208 



^L&Là.l aJ^ 136 
Jjé 4J;» 56 
^ys-^ 339 
* 67* 



t« 



1, A, 87, 247 
jMJt, *05 

Ki. «*i 

^jiU» 1» 

jX^ 138 

^yLo «09 

Oli^ 60 

5, 12, 70, 186 

13 

J-» ^J:,Afl^ 10» 
^Jà^ 70, 74 
JL^ 242, 251 
jù^ 214 

«?U^ i«o 

Uftj ^Lur» i«o 

^U«06 



^j^ 



214, 246, 257 



— 428 — 



v^^jjfc^ 2^6 


jdp 106 


^kf^ »9 


^ Î39, 242 


Ôc*-^*^ 


j[^169 


Ll^ 206 • 


Ajg.^^ 40 


^jLt^S 


J^ 244, 248 


^d^'^ 


^^ 245, 247 


Jj^ 211, 257, 414 


C^i)^ 240 


Jt»37 


Ai^U^ 47 


^Lt 21, 193 


sJ^t/51 




jô^ 5, 20, 36 


;s^ 108, 148, 214 




^J* 124 

• 


*5^/5« 


^iJx 116 


^^^ 34, 36 


J-'- J^ ** . 


J> 373 


^U ^^ 41 


^ 101, 361 


C0.^ 138, 143, 205, 


Ao.lj^ l'y 


214, 246, 259 


JLoLî v^ 106, 108 


^^ 75 


Jc^V*» 




jfclt j*D 195 


(v.^AM.P 436 


y^^ yt. 92 


Jio 12, 14, 70, 240 


A^^^«6 


Jio 8,9,11,14,17, 


i^ ^ 151 


53 


li 242, 243 


JS^ 89 


.J^li 178 


AÏiJc 4,41,42,67,70 


àLdIi 208 



— i26 — 






108 

«08 

m et poMim 

150 et (Mutim 



S37 «< JHWin 
tSl «( JNUtiflt 

^' !:} c.li 108 etptuHm 



cr' 






S53 0< |)as»m 
254 el panim 
U/B etpasHm 
iUU et pamm 
41, 375 
239 ej pasH» 
78 

239 «^poiStm 
2S3 et poisim 
241 «^ pa««tm 
241 eipoitim 
258 9^ i^asrîtn 
286 «I j^iMsim 
224 et poBsim 
253 et pojtim 
224 et pasnm 



Atà 253 et pasHm 



237 et pamm 
253 et poenm 
206 et ^o^stm 



iJl5 M7, 861 

X 



C.^ftAÔ vli 



254 et jjassim 
248 et i^amm 



61 
61 
237 



5 



2, 34, 36, 71, 
213, 336, 414 



M ^ 4, 41, 45, 59, 



"if 



60, 64, 77, 81 



90 

39> 138 

238 

373 



^^t5 242 
ttiaS 238, 239, 248, 
249, 250, 251 
a^ 374 



y^^ 131, 187 
JûX) s^^ 130 
J^ v-Jlî 131 

^ J Î5, 40, 76, 77 

LT^ 105 

J^ 26, 146, 351 

M 

^Jiuf ou ^^^241 



^237 
wlir4, 5, 64,65,70, 

M 

72,73,74,76, 
81, 174 



L 



^î) 244 

;^ 4, 70, 72, 73, 
75, 76 







427 — 

>^^ 4, 42, 82 
fA^L.j.^^146 

^^ 92, 93, 94 
yJ^ ^ 35. 91, 93 

iàii 77, 120 
ïjLcLat lâftj 55 
jôj/.as^ %si 41, 42 
jbcU**»» iftj 56, 59 
Jift) 186, 182 
v^^jJ 44 
li) 193 
J>)41 
^Ja.t^ 167, 168 
UL» fSA.ip 168 

>jy 2, 65 
^1 hL» 16T 
AxJIj^ 200 

j3iL» »4, 36 
^U» 338 



— 428 — 



Jl^ 51 

• 




jUp* 4, M, 41, 41, 


^r^. «34 




70, 76 


^Ja^ 25 




^jL)\^ 41 


viJjL> m, 332, 


368, 


J^jL^ 


414 




^U 4* 


v^lyii 369 




j^3L_^ 


• 




>U 41 


^^li^U 240, 243 




JibjLp'43 


JfiLft::^ 209 e< panim 


^>J jU> 41 


jjjuû* 13, 14, 17 




J^y jLsr^ 4, 5, 66, 70 


jiJclJb» 251 




,^jAj[s^ 62 


s^j[S> 211, 212, 


326, 


^J^* 


375, 382, 


387, 


s .^.^ 244 


392, 411 




^A,ScK-* 212, 322, 390, 


^JjJa^ 254 


• 


394, 399 


^jKx^ 869 




Jbis^ 219 
• • 


^jl> 160, 257 




v^^Jj*?^ 239 


^jxHa 63 




^^J^ 244 


©^ 13 




^^860 


yî^ 868 




,>ip^ 214 


^jl^ «» 




y:|^ 90, 361 


viJbbi 213 




j^js^ 59 


c;>*^« 




•jj^ «^^ 


^gyJU 375 




J,^ 30, 92, 94 


JA^ 213 




ç.««A^ 208 






— 429 — 

850, 387, 388, 
396, 414 



17 

106 



et non) ij 



J*' 






!.. • 









Jj» 



^ 



J^^ 






113 

242, ligne 10 
10 
17 

67, 69 
241 

236, 400 
228 
52 
218 
127 

244, 245 
240 
376 
190 
190 
165 

212, 387, 393, 
413 



JIj- 243 

OU ACAr \^^>^Xa 
\ 

^"^ 104 
JjJg» 243 
j/ju» 74, 185 
^:>\jA 180, 367 
^^1 i[ù\jA 84 
aJL» 246 
Aj^ 145, 213, 376 

wôy 92 
Ajjîy 376 

05^ 133 
*95^ 361 

:)j:y 76 

J^y 37, 42, 161 
<vs^y 61, 90 
Ji^ 240 
^^y 240 
.^^^^ 4, 13, 14, 17, 

122 
^\y 214, 256 
àAjUA B'ï» 88 



L. 



— 430 — 



^^^y 133 




^J..M^ 213, 376 


Jj Ip 355 

fiu^m* 243 


é" 


Jl^^i^ 213, 276 
Ja^jw 876 


^]yu^ 376 




J^U^ 213, 336, 414 


rJL^ «4Î 




JTLi^ 86 


»^.^J!w 67, 68 
• * 




Ctj^ 8, 6. 20, 33, 37, 


^^JMJt^ 238 




38, 39, 42, 43, 


^^*mP 197 

èijlfCU^ 46, 52, 53, 54, 




44,45,56,63, 
64, 65, 66 


56,60,62,183 




Ij à^ 5, 6, 24, 25, 26, 


AX^jUjLv» 43, 46, 51, 52, 




33, 38, 42, 43, 


53,54,56,60, 




44,45,56,63, 


63, 183 




64, 65, 66, 77 


J,af«Xu4^ 337 
JaâXm^ 238 et passim 




s^y^JL^ 179 
jssA^ 165 


J ftij ^j^ 254 
tpNlifl;.,,,» 254 


n ^ 


j^L^ 247 
A. 


^b5^'^252 

^^Îmjuup 240 et poisim 
^^xiz^ 207 et passim 
ij Çf^ U^ 252 


strivJl 247 

Jjii.* 241 

pI^aO» 213 

>yl^;» 242 


jjh^ 33 
• V 




■ 
CjLa» 212, 315, 385, 




391,394, 397, 






398,401,402, 
1 405, 410 



— 431 — 



iUûJ» 38 



Lk. 78 






JLL» 1*8 

^k. 360 

^^ 237 

aJI*» 246 

kj^jXA 23, 350, 387, 
388, 414 

y^yûXf' 236 

i^ 165, 166, 193 
Jyx^ 240 
d^^ 866 

O^ 241 



.5^ 



:jy. 1, 70, 77, 120 



>r-t 



<^i^ 



J c,ye>^ 41 
aJ 40 



Ll. Î53 



\j\sj* 241 e^ j>(w«im 
.. Jl&U/> 236 e^ |>assim 



.mUU» 207 t% jpoâtim 

Lrtfrl fl^ 253 
J-xLâ>» 232 iX ^(wwm 






\yCÀ^ 



243 e^ |)a«sim 

207 el pamm 

237 et passif» 
251 et poBiim 

253 et ^(Ksim 

254 et jpasjtm 

208 et 'passim 
236 et ^amm 

238 et pamm 
4, 14, 26, 122 
27, 208 

33, 92 

83 

237 

36 

12, 21 

242 

131 

212, 320, 414 

183 

238 

153 



— 482 — 



p^^ «89 


M 


^j^^AO 


jjj:il33 


^yiCi «88 


Oo^iî/» 1« 


l^Ujbi^ 4 


^VJU W, 68 


JI^IV^^^^»^* 


.^^ 2,4, 70, 7Î, 78, 


75, 76 


^^ 27 


àUL^ 157 


(rJLX^ 106, 108 




^yi:j» 100 


j^î44 


^^.«i^ 21t, 305, 410 


^b^*%Jy» 


o^a:;^ Ml 


iyju. 151 


oiJyL^ Î5Î 


s^j^ 2*7 


J.^ 2*7 


iJjt^ 155 



74 



tsby 218, 219 
jiLy» 213 

. yukMf^A 353 

^^p --..a 361 

^y 153 

jJLoaP 361 
j^jA^?^ 57, 70, 
b^Y^y 56 
^^^ 1 
I c^y^yt 45, 66 
LT'y^ 240 

J?y» 37 
f^ 244 

JjL^^ 348 
^yU 356 
waSLÎ 120, 125 
20 




C^^.55 
^^■amS 193 

sJI^amaJ 59 
^iui 92 
^ 58. 59 
61 



— 433 — 




hUj 360 




^jj 155, 156 


^j*ij 69 




LL-^ 72, 75 


OLû^ t/Âj 7Î 


J ^J 


erratum. 


n « 


Voyez . U^* 






^^ 30, 56, 108 


^74 


C^LÎ J^j 106 


Jii 257 




J.rj 1, 106, 108 


py 120, 124, 138 




J^^ 236, 353 


Cgy «^ 




«.^j 1, 41 


JaI^ 13 




j^j^ 


«^j^ 72 




t^J* 


yl^ 212, 414 




4^ bj 47 


Xij 208 




u45 «*« 


^^,re» Sij 391, 392, 399, 




^^m 


^ 


« 


.»j 9. 10, i l 


^JjfjÀA aij 890, 39Î, 899 




^»^ 9, 10, 13, Î3 


»^J* 




-Vil) 244 


*=.jS9 




ys, 212, 271, 375, 


ftjla. ^j 46, 48, 49, 50, 




385, 395, 403, 


52, 53, 63 




406, 415 


Ut. ^j 5, 46, 48, 77, 




Jj^ 101, 113 


183 




ïTb 348 

M 



28 



TABLE DES MATIÈRES 



ÀTis préliminaire v 

Rhétorique des langues de l'orient musulman ... 1 

I** Partie. De Texposition 1 

Chapitre P'. De la comparaison. ....... 5 

Section i^^. Des deux objets de la comparaison. . . 6 

Section ii. Du sujet de la comparaison 11 

Section m. Du but de la comparaison 20 

Section iy. Des circonstances de la comparaison . . 26 

Section t. Classement de la comparaison. ... 29 

Section vi. De l'instrument de la comparaison. . 37 

Chapitre II. Du trope iO 

Section i'®. Oass«ment du trope par rapport à l'objet 

emprunté 46 

Section ii. Classement du trope par rapport à l'idée 

commune • 48 

Section m. Classement du trope par rapport aux deux 

choses précédentes 52 

Section ly. Classement du trope par d'autres considé- 
rations 55 

Chapitre III. De la métaphore substituée 66 

Chapitre IV. t)e la métonymie 70 

W Partie. Do la science des figures 77 

Chapitre I^. Figures de pensées. 78 

Section i''. De l'antithèse. 78 

Section ii. De la conyenance 84 

Section ni. Insinuation de la conyenance .... 85 

Section nr. De la ressemblance 86 

Section y. De raccoaplement 87 



— i36 — 

Section VI. Indication, .••...•.. 88 

Section th. Rebours 89 

Section viii. Retour sur ce qui a été dit, • • . . 89 

Section ix. Dissimulation 90 

Section x. Assenrissement 91 

■ Section XI. Réunion et dispersion 91 

Section xii. Association 95 

Section xiii. Distinction ou séparation 95 

Section xiy. Distribution 96 

Section xv. Association et séparation. * . • . . 97 

Section xvi. Association et distribution 98 

Section xvii. Association^ séparation et distribution. . 99 

Section xYiii. Dépouillement 100 

Section xix. Hyperbole acceptable 1 01 

Section XX. Ordre du discours lOi 

Section xxi. Éloquente indication de la cause. . . 1 06 

Section xxii. Louange avec semblant de blAme. . • 1 08 

Section xxiii. Blâme avec semblant de louange. • . 110 

Section xxiv. Succession 111 

Seciion XXV. Enveloppement , . 112 

Section xxvL Double face 113 

Section XXVII. Le plaisant en vue du sérieux . . . 113 

Section XXVIII. Dissimulation 11i 

Section XXIX. Indication du motiti 115 

Section XXX. Gradation 116 

Section XXXI. Admiration 117 

Section XXXII. Incidence ,.118 

Chapitre IL Des figures de mots. . ...... 120 

Section 1". Le l'allitération identique , .... 120 

Section ii. De Tallitération imparfaite . . . . . 121 

Section III. De Tallitération composée 122 

Section IV. De l'allitération reprisée. . . . . , 123 

Section V. De l'allitération d'écriture 124 

Section VI. De l'allitération allongée. ... ; • 124 

Section vu. Autre espèce d'allitération défectueuise. • 1 27 

Section viu. De l'allitération intervertie. . • . . 1 30 



— 437 — 

Section IX. De rallitéralion intervertie égale '• • . 1 32 

Section x. De Tallitération continue 1 33 

Section XI. De Tallitération d'écriture 134 

Section xii. De la dérivation 135 

Section xin. Du semblant de dérivation* .... 136 

Section xiv. De Tallitération par allusion • . • . 1 37 

Section xv. Du retour de la fin au commencement. . 1 37 

Section xvi. De la tâche h laquelle on n'est pas obligé. 1 46 

Section XVII. De la suppression d'une lettre. • • . 147 
Section xviii. De l'emploi d'un ou de plusieurs mots 

particuliers 148 

Section xix. Des lettres ponctuées et non ponctuées. 1 51 

Section XX. Des disjointes et des jointes 1 53 

Section xxi. Observations sur la prose cadencée . . 154 

Section xxii. Des vers à double et à triple rime. . . 1 58 

Section xxiii. Des compositions bigarrées .... 1 60 

Section xxiv. De l'allusion 1 62 

Section xxv. De la réunion simultanée de plusieurs 

objets 163 

Section XXVI. Énumération des qualités 1 63 

Section xxvu. De l'acrostiche 1 64 

m® Partie. Des énigmei^ et logogriphes . • . « . . 165 

Chapitre P". Des procédés facilitants 169 

Chapitre II. Des procédés productifs 1 74 

Chapitre III. Des procédés de perfection 1 87 

Chapitre IV. Des procédés accessoires 189 

Chapitre V. Du /Mgfz 193 

IV- Partie. Des plagiats 195 

Chapitre l". Du plagiat apparent ...••.. 1 95 

Chapitre IL Du plagiat occulte 1 99 

Chapitre III. De l'ic/iôa^ et du ^azmCn 202 

Prosodie des langues de l'orient musulman . • • • ^^^ 
Chapitre V'. Des mètres réguliers, des pieds qui les 

composent et de leur classification . . • • . 205 
Chapitre II. De la scansion et de l'appropriation desyors 

h leur paradigme 222 



— i3S — 
Chapitre III. Des iiTégolarîtés dans les pieds des rers. 233 
Chapitre IV. Sur les diangements des pieds primitils. . 247 
Chapitre V. Détails sur les mètres primitifs et secon- 
daires 256 

Section ^^ Des mètres tatiAlf hacU^ kâmil et wâfir, 259 

Section u. Du mètre hazaj, • 271 

Section m. Da mètre rajaz 286 

Section iy, Da mètre raml 291 

Section t. Da mètre 9ari 300 

Section vi. Da mètre mu/nmrih 305 

Section vu. Du mètre Ichafif. 309 

Section yni. Du mètre mtcsan* 315 

Section IX. Du mètre fn«ctoj»i& 320 

Section x. Du mètre mujtas 322 

Section xl Du mètre muiacârib 326 

Section xii. Du mètre mu^adârik, 332 

Section xiii. Des mètres carib^ jadid et musehdkU. . 336 

Chapitre VI. Du rubâ'i 339 

Chapitre VII. De k rime 347 

Section i'®. Des lettres qui forment la rime. . . . 348 

Section n. Des motions de la rime 356 

Section m. Sur le rawi^ classification des rimes. . 360 

Section iv. Des défauts de la rime 361 

Section y. Division de la rime par rapport à la mesure. 367 

Section vi. Sur le radif 370 

Chapitre VIII. Genres de poèmes les plus usités en persan 

et en hindoustani. .....•••. 373 

Le gazai (et non gazelle^ erratum de la p. 409, 1. 1 8). 373 

Le eaetda ^ » 373 

Le qmtâ. 374 

Le ruhâ'i 373 

Le fard 375 

lemmnaiwî 375 

Le tarjt band 375 

Le fnmçmmmat, 376 

Le muBtùzâd 376 



— 439 — 
Abpendige. Obseryations particulières à Thindoustani. . . 379 
Licences poétiques et règles relatives à la scansion en 

hindoustani 381 

Mètres plus particulièrement usités en cette dernière 

langue 406 

Obseryations sur la rime 414 

Table des mots techniques 417 



FIN. 



PARIS. — IMPRIMERIE ORIENTALE DE VICTOR GOUPY, RUE GARANCIÈRE, 5. 



I