* APR 30 1901
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LE RIGVÉDA
TEXTE ET TRADUCTION
NEUVIÈME MANDALA
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
DU MÊME AUTEUR
Exposé chronologique et systématique d’après les textes de
la doctrine des principales Upanishads. — Thèse qui a valu
à l'auteur le diplôme d’élève de l'École des Ilautes-Études (28e
et 34e fascicules de la Bibl. de l’École des Hautes-Etudes).
Paris, Wieweg, 1874-1876.
Les Stances érotiques morales et religieuses de Bhartrihari.
Un vol. in-16. Paris, Leroux, 1876.
Le Chariot de terre cuite (Mrcchakatika), drame sanscrit du
roi Çûdraka; avec notes tirées d’un Commentaire inédit, 4 vol.
in-16. Paris, Leroux, 1877.
La Rhétorique sanscrite exposée dans son développement histo-
rique et ses rapports avec la rhétorique classique. Thèse pour le
doctorat ès lettres; un vol. grand in-8. Paris, Leroux, 1884.
■ — Ouvrage honoré par l’Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres du prix Delalande-Guérineau .
Essai de linguistique évolutionniste. 1 vol. grand in-8. Paris,
Leroux, 1886.
Origine et Philosophie du langage, ou Principes de linguistique
indo-européenne (ouvrage couronné par l’Académie des sciences
morales et politiques). 2e édit. Un vol. in-12. Paris, Fischbacher,
1888 3 50
Principes généraux de linguistique indo-européenne, in-12.
Paris, Hachette et Cio, 1889 2 fr.
Le Rig-Véda et les origines de la mythologie indo européenne.
Un vol. grand in-8. Paris, Leroux, 1892.
Les premières Formes de la religion et de la tradition dans
l’Inde et la Grèce. Un vol. in-8. Paris, Leroux, 1894.
Phonétique historique et comparée du sanscrit et du zend,
dans la collection des Annales de l’Université de Lyon, 1895.
Eléments de grammaire comparée du grec et du latin. — Deux
vol. in-8. — Paris, A. Colin et Cie, 1895-96.
Précis de Logique évolutionniste, l’entendement dans ses
rapports avec le langage. Un vol. in-18. Paris, Félix Alcan,
1897 2 50
Comment naissent les mythes. — Un vol. in-18. Paris, Félix
Alcan, 1898 2 50
Eléments de grammaire comparée des principaux idiomes ger-
maniques. Un vol. in-18. Paris, Le Soudier, 1898. . . 3 fr.
Études védiques et post-védiques, dans les Annales de V Uni-
versité de Lyon. Gr. in-8. Paris, E. Leroux, 1898.
\
LE RIG-VÉDA
TEXTE ET TRADUCTION
NEUVIÈME MANDALA
PAR
PAUL 11EGNAUD
l’uot-KSSErit a i.’L’niveiisité de Lyon
PARIS
J. MAISONNEUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
6, RUE DE MÉZIÈRES ET RUE MADAME, 26
1900
Digitized by the Internet Archive
in 2016
https://archive.org/details/rigvedatexteettrOOregn
PRÉFACE
Dans ma pensée, ce volume consacré à la traduction du
neuvième mandata du Rig-Véda est le premier d’une
série qui embrassera l'ouvrage entier. Deux raisons m’ont,
décidé à commencer autrement que par le commencement,
autant du moins qu’il est indiqué par l’ordre extérieur et
traditionnel du texte original.
La première se rattache au caractère primordial des
hymnes védiques : ci titre de documents originaux et ini-
tiaux, ils ne peuvent guère s’expliquer que par eux-mêmes ,
et les comparaisons exégétiques auxquelles prête la fré-
quence des formules analogues dans la partie par laquelle
j’entreprends ma tâche, permettent d’en asseoir l’interpré-
tation sur une méthode pour laquelle les autres mandatas
n’offrent plus autant de secours. Or, ces acquisitions solides
du début constitueront, qui ne le voit? un point de départ
cle la valeur particulière duquel toute la suite aura à
bénéficier.
Une seconde raison dépend du but que j'ai eu particu-
lièrement en vue dans cette difficile entreprise. A mon
avis, il importait avant tout de déterminer, pour l’intelli-
gence de la religion védique et des textes sur lesquels elle
repose, le caractère réel de l’offrande aux dieux ou de
la libation. S’agissait-il avec elle du symbole concret d’une
conception déjci très abstraite, — du simulacre conven-
tionnel d’un don destiné ci la satisfaction mystique de la
divinité, — d'un hommage comparable à celui qu’aux
temps féodaux un vassal rendait à son suzerain pour
marquer sa dépendance? Et dans ce cas, les dieux auraient
VI
PREFACE
été considérés dés l’époque védique comme anthropo-
morphes, ou tout au moins comme animés de sentiments
analogue f à ceux de l’homme.
Ou bien V offrande était-elle réelle, efficace et directe,
en ce sens qu’elle n’avait encore d’autre objet que d’en-
gendrer et de nourrir les dieux- flammes?
Cette dernière hypothèse est celle qu’à mon sens la lo-
gique requiert et que les textes proclament; mais il fallait
le faire voir dès le début, et l’interprétation des hymnes
au soma est singulièrement appropriée ci cette fin.
Une condition de la mise au jour de la vérité, insépa-
rable de celles dont il vient d’être question, est le soin qui
s’impose expressément au traducteur de mettre au pre-
mier rang de ses préoccupations l’exactitude littérale de
son œuvre. Tout artifice de diction destiné à l’embellisse-
ment du style de la copie pourrait fausser le sens de
l’original, et c’est un risque auquel j’ai constamment refusé
de m’exposer. On ne voudrait d’ailleurs m’en faire un
reproche que le jour où Von aurait réussi à exprimer en
termes plus élégants et plus clairs des idées aussi fidèles au
texte.
Le rapprochement des formules analogues auquel sont
consacrées la plupart des notes qui accompagnent ma
traduction tient souvent lieu d’une explication mutuelle des
passages confrontés. Il est ci peine besoin d’ajouter que le
profit à en tirer n’est à l’usage, pour ainsi dire que des
gens du métier.
La seule traduction française antérieure à la mienne
est celle de Langlois, et l'on peut dire sans injustice qu'elle
ne compte plus, si tant est qu’elle ait jamais compté. Les
traductions allemandes de MM. Grassmann et Ludwig, et
la traduction anglaise en cours de publication de MM. Max
M idler et Oldenberg, sont incomparablement meilleures.
La mienne n’en est pas moins fort différente des leurs,
quant aux théories générales qu’elle suppose et aux données
premières sur lesquelles elle s’appuie. L'introduction qui
PKÉFACE
Vil
suit et le chapitre consacré aux notes préliminaires rap-
pelleront avec des raisons justificatives les principaux
points sur lesquels je suis en désaccord avec les savants
qui m’ont précédé.
Pour ce qui est de Bergaigne, clu système duquel mes
idées se rapprochent le plus, je me suis efforcé de mettre en
regara l des miennes les interprétations fragmentaires cor-
respondantes qu’il a disséminées dans son grand ouvrage
sur la Religion védique. On pourra juger par Ici de la
mesure dans laquelle je puis être considéré tantôt comme
son disciple et tantôt comme son adversaire.
De quelque clé qu’on dispose en ce qui regarde l’inter-
prétation du Véda, il serait trop ambitieux de prétendre en
ouvrir tous les secrets. Aussi , et sans parler des variantes
sgnongmiques auxquelles j’ai eu recours parfois pour
rendre des expressions identiques du texte, j’ai dû çci et là
marquer tel ou tel passage d’un signe de doute(f) ; mais il
ne s’agit jamais en pareil cas que de détails dont l’in-
fluence sur l’ensemble du travail est insignifiante ou ci peu
près.
C’est avec le vif sentiment de difficultés auxquelles j’ai
pu me trouver souvent inégal, que je sollicite en terminant
l’indulgence du lecteur pour les fautes dont un pareil tra-
vail ne saurait être exempt. En dépit des taches inévitables,
je reste soutenu par l’espoir d'avoir en général bâti sur
un terrain solide et fait œuvre utile et durable .
Lyon, 20 juin 1900.
INTRODUCTION
i
LE RIG-VÉDA ET LA RELIGION INDO-EUROPÉENNE1
Bien qu’inaugurées en Europe depuis plus d’un siècle,
en même temps que celles de l’ensemble de la littérature
sanscrite, la connaissance et l’étude des recueils védiques,
particulièrement en ce qui concerne le Rig-Véda, le plus im-
portant de tous, n’ont pas encore abouti à une appréciation
exacte et définitive des précieux documents qui en sont
l’objet. Je ne m’attarderai pas à en rechercher toutes les
causes. La principale et la seule que je tienne à signaler en
ce moment, à côté de celles qui dépendent de la langue
et du style védiques, résulte du crédit qu’on a trop libé-
ralement accordé jusqu’ici en Occident à la tradition indi-
gène ou brahmanique appliquée aux recueils dont s’agit.
Cette tradition, représentée dans l’ordre pratique par la
liturgie du sacrifice, et en matière spéculative par la littéra-
ture des Brâhmanas et tous les ouvrages qui s’y rattachent,
au double point de vue de l’interprétation verbale (gram-
maire, lexicographie, etc.) et du rituel, témoigne pourtant
d’une méthode aussi superficielle, aussi arbitraire et aussi
peu scientifique que possible. Partout où elle se prête au
contrôle, nous la prenons en faute, — que dis-je? en flagrant
délit d’inexactitude et de puérilité. Comment ne pas en
tirer cette conséquence imposée par les règles les plus
1. Conférence faite en décembre 1899 à l’École d’ Anthropologie de
Paris.
INTRODUCTION
X
simples d’une saine critique, qu’il faut s’armer de défiance
vis-à-vis de tout ce qu’elle prétend nous enseigner et n’ac-
cepter l’héritage de ses leçons que sous bénéfice d'inven-
taire ?
M’inspirant ici de ces principes, j’écarterai résolument
les données hindoues partout où elles me sembleront sus-
pectes, c’est-à-dire presque toujours, pour ne m’en tenir
qu’aux renseignements fournis de première main par les
textes originaux et aux déductions qu’ils autorisent.
Les grandes lignes de ma méthode étant ainsi indiquées,
j’aborde sans plus de préambule l'exposé rapide des princi-
paux enseignements que nous pouvons puiser sur la religion
de nos lointains ancêtres dans le livre qu’on a appelé la
Bible de l'Inde, mais (pii mérite encore mieux le titre de
Bible des Indo-Européens.
Les hymnes védiques dont le Rig-Véda (le Véda des
chants) contient la collection la plus ancienne, la plus volu-
mineuse et la plus authentique, étant affectés par destina-
tion spéciale aux chants accompagnant la célébration du
sacrifice, concernent exclusivement le sacrifice. Par là s’ex-
pliquent clairement leur seule raison d’être et le sens général
des textes qui les constituent, alors que toute autre hypo-
thèse entraîne avec elle des difficultés insolubles ou des
contradictions qui en trahissent l’erreur.
Le sacrifice, c’est-à-dire l’allumage et l’entretien du feu
sacré au moyen d’éléments inflammables, apparaît d’après
ces hymnes comme l’unique cérémonie de la religion qui,
dans l'Inde ancienne, a précédé le brahmanisme, et à laquelle
on est convenu de donner le nom de Religion védique. A
côté de cela, le fait que le sacrifice tel qu’il vient d’être
défini est un rite (et le seul rite) commun à toutes les
branches de la race indo-européenne, conduit à identifier la
religion de l’Inde védique à celle de la race entière, et à
conclure que les hymnes dont le chant conditionnait par-
ticulièrement ce rite remontent, sinon sous leur forme ac-
tuelle, du moins quant à leur leur objet et aux idées qu’ils
INTRODUCTION
XI
expriment, à l’époque même de la communauté ethnique des
Indo-Européens au sein de la race encore indivise. C’est par
là d’ailleurs que l'on se rendra compte des ressemblances
frappantes des principales formules védiques avec de nom-
breux passages des ouvrages grecs dus à l’inspiration reli-
gieuse, tels que les fragments orphiques, la Théogonie
d’Hésiode et les hymnes attribués à Homère, qui peuvent
être considérés comme des centons des poésies sacrées anté-
rieures, analogues à celles du Rig-Véda.
L’antique religion de l’Inde et de la Grèce consistait dans
le sacrifice; dans la Grèce comme dans l’Inde, le sacrifice
était accompagné d’hymnes, perdus d’un côté, conservés de
l’autre, mais dont tout indique la commune origine et
l’identité initiale.
L’âge des hymnes, dont la plupart des exégètes védiques
d’Europe font remonter la date dans l’Inde à douze ou
quinze cents ans avant Jésus-Christ, est donc à certains
égards beaucoup plus ancien. Probablement remis au point
quant à la langue à différentes époques, à partir du moment
où ils sont devenus la chose de l’Inde, ces précieux docu-
ments n’en sont pas moins essentiellement indo-européens
par le milieu où ils sont nés et l’inspiration qui les anime;
et c’est ainsi qu’il est juste de dire que le Rig-Véda est la
Bible de la race.
Ce livre ancestral, vénérable entre tous et original dans
toute la force du terme, car il n’en suppose aucun autre
qui le précède, est en même temps, il faut le reconnaître,
le plus monotone des livres. Les chantres du sacrifice, fidèles
à la logique de leurs fonctions, n’ont chanté que le sacrifice,
Initiateurs de la tradition et par là de la littérature, ils ont
ouvert cette voie par le seul côté dont le culte leur frayait
l'accès. Ils observaient d’ailleurs plutôt qu’ils n’imaginaient,
et la description de l’acte sacré constituait en le limitant
l’horizon de leur pensée. Aussi les dix mille vers du Rig-
Véda peuvent-ils être considérés comme autant de va-
riantes d’une seule et même conception pittoresque et sti-
XII
INTRODUCTION
mulatrice.: « Le fou sacré, en dépit de tous obstacles,
s’allume sur l’autel quand la libation nourricière lui est
versée par les sacrificateurs. Offrons-la-lui! » Le thème
est pauvre sous la parure verbale des épithètes et des méta-
phores qui semblent l’enrichir; mais il suffit à son objet, et
les circonstances voisines expliquent l’étroitesse du cadre
qui en restreignait le développement.
L’indigence fatale de la pensée védique a eu pour con-
séquence non moins nécessaire l’opulence des formes qu’elle
a revêtues aux mains des sacrificateurs-poètes qui n’ont
vraisemblablement pas cessé, depuis les temps indo-euro-
péens jusqu’à l’aurore du brahmanisme hindou, d’en re-
toucher les premières ébauches. Il fallait ou se contenter de
la formule ne varietuf que comportait l’apologie descriptive
pure et simple de l’acte sacré, ou bien en varier l’expression
par les moyens habituels de l’amplification littéraire, c’est-
à-dire par la synonymie et la métaphore comparative dont
s’inaugurait ainsi l’usage, et d’obtenir des tours nouveaux
et des idées accessoires à l’aide desquels seulement le texte
primitif pouvait diversifier son costume et élargir indé-
finiment son domaine. Il appartenait aux prêtres védiques
d’adopter cette dernière alternative; c’est par là qu’ils de-
vinrent poètes, dans la mesure du moins où on peut l’être
quand le sentiment manque encore de moyens d'expression
et que tout l’effort de l’artiste porte sur la création des
formes qui le revêtiront un jour.
Les hymnes du Rig-Véda sont en vers, mais il y a lieu
de croire qu’ici même comme partout la prose a nécessaire-
ment précédé le mètre, et qu’à la base des vers du Rig on
doit admettre l’existence préalable de formules plus natu-
relles et plus simples à tous égards qui ont été les matériaux
des textes soumis ultérieurement aux règles artificielles de
la poétique et de la rhétorique védiques. Cette hypothèse,
que la logique impose, se justifie singulièrement en pré-
sence du nombre considérable de morceaux de rapport ou
passe-partout que l’on rencontre dans la plupart des hymnes
Introduction
xili
clu Rig-Vjta, et surtout dans ceux du neuvième livre ex-
clusivement consacré au culte du Sonia. Citons parmi les
phrases d’usage particulièrement banal empruntées à ce
livre les formules suivantes :
« Coule, libation pour la boisson de l’ Ardent, » — c’est-
à-dire du feu sacré désigné par une épithète de nature. —
« Le brillant (le feu brillant) hennit (crépite) comme un
cheval. » — « Le doré (le feu de couleur d’or ) engendre le
soleil dans les eaux, » — c’est-à-dire le feu du sacrilice se
développe, pareil au soleil, dans les eaux de la libation. —
« La libation (le soma) détruit les obstacles, » — c’est-à-dire
rien ne la retient, elle est versée. — « La libation fait croître
la mer qui parle: » — en s’enflammant la libation liquide
comparée à la mer se développe en crépitant, etc.
Ces formules se retrouvent çà et là sous une foule de
rédactions analogues, et qui 11e diffèrent les unes des autres
que par de légers détails de style. Les comparaisons d’ailleurs
auxquelles elles prêtent sont des plus intéressantes et nous
livrent le secret de l’art védique sous sa forme la plus simple,
c’est-à-dire consistant dans la substitution d’un synonyme
à un autre.
Un procédé plus complexe est celui qui résulte de la
combinaison des formules entre elles par application littéraire
de l’axiome que les mathématiciens expriment en disant que
deux quantités égales à une troisième sont égales entre elles.
Un exemple en sera fourni par l’expression fréquente « la
mer crépite » tirée par voie de raccourcissement de ces deux
autres : « La libation est (comme) une mer, » « la libation
crépite en s’allumant », et devant s’interpréter en consé-
quence.
Qu’il se soit agi d'un moyen instinctif de variété et d'am-
plification, ou de la recherche étudiée d’effets de bizarrerie
et d’énigme, — quel qu’ait été, en un mot, le but raisonné
ou non des poètes védiques, — ils ont abouti par là aux
obscurités et aux étrangetés du style des hymnes. Et ces
défauts sont si choquants pour qui ne se rend pas compte
\lv
INTRODUCTION
des causes dont ils résultent et du sens qu'ils recouvrent,
qu’un indianiste contemporain a pu dire àce propos : « Une
portion considérable du Rig-Yéda est une pure poésie ma-
chinale, d'origine artificielle, rapiéçage de lieux communs
réunis par des combinaisons nouvelles, ou un remaniement
de vieux thèmes, avec des allusions mystiques et inexpli-
cables, des concetti tirés par les cheveux et une phraséo-
logie pénible. qu’il est impossible de traduire en produisant
un sens suivi, parce que cet élément y faisait défaut dès le
commencement'. » — Les passages visés par l’auteur sont
en effet doublement obscurs, si l’on songe qu’aux métaphores
déjà énigmatiques qui appellent les libations « la mer » et
le feu du sacrifice « le soleil », s’est ajouté le nouveau voile
des combinaisons à termes équivalents substitués, sur le
type de « la mer parle », pour dire que la libation inflam-
mable s’allume en crépitant. Seulement, n’allons pas jus-
qu'à croire avec Whitney que dès le principe le sens faisait
défaut à ces formules: on prouve par là qu’on ne les a pas
comprises, mais nullement qu’elles sont insignifiantes ou
incompréhensibles. Je reconnais tout le premier qu’il y a
des énigmes védiques, mais je me refuse énergiquement à
admettre que le mot en soit illusoire et que toute tentative
pour les expliquer doive rester essentiellement vaine.
Loin de là, l’explication qui vient d’en être fournie explique
en même temps l’étrange déviation que subit la religion
indo-européenne en passant du réalisme, utilitaire à l’ori-
gine, du culte du feu aux illusions fantastiques et confuses
de la mythologie qui luisuccéda. Qu’il s’agisse bien d’ailleurs
d’une succession, on en aura la preuve en constatant qu’il
suffit de faire abstraction des métaphores des hymnes et
de les ramener au sens propre qu’elles recouvrent, pour que
du même coup s’évanouisse avec elles toute la mythologie
védique. Grâce à ce procédé régressif et rectificatif, toutes
les personnalités divines, — Indra ou Tardent, Varuna ou
1. Whitney, Reçue de l’histoire des religions, VI, 138.
Introduction
l’enveloppeur, Dyaus ou le ciel. Usas ou l'aurore, — en un
mot l’ensemble des Dieux, ou des Célestes, — perdent leur
individualité mystique et imaginaire pour ne laisser place
qu’au feu réel, tangible, impersonnel, célébré sous le nom
d’Agni. Pareillement, s’éclipsent devant le soma ou l’élément
liquide et inflammable du sacrifice, Pûsan le nourricier,
Mitra l’ami (du feu), Sarasvatl la liquoreuse, et toutes les
autres figures métaphoriques et mythiques du breuvage
sacré. L’évocation divine disparue, il ne reste comme théorie
et pratique du culte que le rite de l’oblation liquide en-
flammée ( agnihotra ), dont c’est le moment de chercher la
la raison d’être.
Elle apparaît d’elle-même, si l’on se représente le sacrifice
à l’origine comme l'entretien au sein de chaque famille
d’une lampe destinée à assurer la perpétuité du feu domes-
tique, si difficile autrement à rallumer une fois éteint, et
si continuellement indispensable au point de vue des usages
journaliers, et surtout dans les ténèbres nocturnes et durant
la saison froide. La nécessité établit la coutume, et l’habi-
tude fit oublier la nécessité. D’intentionnel qu’il était
d’abord, l'entretien du feu devint purement traditionnel; il
passa ainsi à l’état de culte né de lui-même et continué
pour lui-même, — de culte par et pour le culte, et com-
parable à tant d’autres usages d’autant plus enracinés et
respectés que l’origine en est plus lointaine et la significa-
tion primordiale plus obscure.
Sous cette forme désintéressée et pour ainsi dire ab-
straite, le sacrifice ou l’offrande au feu perpétuel s’est con-
tinué jusque chez les Romains de la République et des
Césars par l’institution des Vestales, dont le foyer toujours
allumé et sans autre objet que son propre entretien, est
une pure survivance de 1 ’ agnihotra primitif. Et mieux
encore peut-être, le feu sacré qu’entretiennent les Parsis
modernes d’une façon constante et avec le soin le plus
pieux, est l’héritage direct du vieux rite indo-européen.
Tel qu’il vient d’être décrit, il manquait au culte du feu
INTRODUCTION
XVl
un élément essentiel pour en faire une religion au sens que
nous attachons à ce mot. Le mysticisme, — à moins qu’on
n’en veuille voir la trace fugitive dans le sentiment in-
conscient qui faisait vivre la coutume et animait le rite,
— en était absent. Dans tous les cas, c’est d’une tout autre
manière, nous le savons déjà, et sous les espèces de la
mythologie que le mysticisme entra en communion avec le
rite. Un oubli d’ordre pratique avait engendré le culte sous
sa première forme; un oubli d’ordre spéculatif, et en
quelque sorte littéraire, acheva de le métamorphoser en
religion proprement dite. Rappelons en deux mots que la
lettre des hymnes du sacrifice était d’un style métapho-
rique et énigmatique qui en recouvrait Y esprit. A celui-ci,
et tout naturellement, se substitua celle-là; et si l’on songe
(pie les textes sacrés portaient avec eux toute la tradition
indo-européenne et sa fortune, on se rendra facilement
compte des conséquences de cette substitution. Elles furent
considérables et décisives: non seulement elles instituèrent
par l’intermédiaire de la métaphore la mythologie avec
toutes ses évocations et toutes ses superstitions, mais elles
rendirent un sens précis au sacrifice en personnifiant les
flammes sacrées sous la figure des dieux auxquels l'obla-
tion était destinée et qui savaient en récompenser les dis-
pensateurs .
En réalité, le mouvement des idées fut déterminé par les
différentes conditions qui présidèrent à l’intelligence des
textes, et le meilleur moyen de montrer comment il s’est
produit et à quoi il a abouti est de mettre en parallèle les
différentes interprétations qu’ils comportent, selon la lettre
ou l’esprit. C’est ce (pie nous allons faire pour quelques
formules choisies parmi les plus caractéristiques.
SENS RÉEL ET PRIMITIF SENS MÉTAPHORIQUE SENS MYTHIQUE
Le feu s’est dégagé de ses L’ardent a détruit l’en- Le dieu Indra a tué le
liens ou s’est allumé. veloppeur. (serpent) Vi tra.
Le feu s’est alimenté par L’ardent a bu la li- Indra s’est enivré de
l’oblation. queur. soma.
SÉNS RÉEL ET PRIMITIF
Le feu aspire l'oblation
liquide au moyen de
sa flamme.
Les flammes, pareilles
à des veaux, se nour-
rissent du lait de la
vache-oblation .
Au contact de l’oblation
liquide, les flammes
crépitent en rallu-
mant.
INTRODUCTION
SENS MÉTAPHORIQUE
L’ardent fait jaillir
l’eau du rocher en le
fendant de son arme.
Les brillants tettent le
lait des vaches.
Les brillantes chantent
en se purifiant dans
les sources qui les
embellissent.
Xvii
SENS MYTHIQUE
I ndra brise la montagne
à l’aide du foudre.
Les dieux enfants ont
pour nourrice des
vaches, des chèvres,
etc.
Les déesses (Muses,
nymphes, fées) chan-
tent au bord des eaux
d’où elles tirent leur
éclat.
La transposition du sens des formules sacrées n’eut pas
seulement pour effet de remplacer par une religion idéale
le réalisme du culte antérieur : les rites en ressentirent
également l’influence. La fiction, par exemple, des dieux-
flammes nourris par les vaches-libations entraîna parallè-
lement la substitution au sacrifice des victimes animales,
surtout des laitières génisses, brebis, chèvres, etc., aux
liquides inflammables d’autrefois dont ces victimes étaient
devenues les. symboles. Ce changement était favorisé d’ail-
leurs par la conception nouvelle du sacrifice rémunéré, et
par l’anthropomorphisme qui présidait tacitement à l’idée
que les hommes se faisaient des dieux créés par leur imagi-
nation et taillés à leur image. Aux uns et aux autres la chair
des animaux domestiques était délicieuse, et plus on la goû-
tait des deux côtés, plus ceux-là étaient en droit de compter
sur elle pour obtenir de ceux-ci une récompense en rapport
avec l’excellence de leurs dons.
Bien que ce soient surtout les hymnes du Rig-Véda qui
nous suggèrent ces hypothèses et qui nous fournissent les
preuves de leur vérité, il n’est pas douteux que les circons-
tances qui les regardent ne remontent jusqu’à l’époque de
l’unité indo-européenne. C’est ce qui ressort en toute évi-
dence de l’étroite parenté de la plupart des mythes grecs
avec ceux de l’Inde védique et brahmanique. Comment en
effet s’expliqueraient ces ressemblances, s’il ne s’agissait pas
kvm
INTRODUCTION
d'une origine commune dans un centre ethnique indivis et
qu’atteste tout particulièrement le parallélisme des fictions
suivantes? — Conception générale des dieux (les dévas et
les (ho'j — immortels (amrtas-apSpoToi) — qui se nourrissent
d’ambroisie, — qui habitent le ciel (dyuksas-oùpavtoi), — qui
ont aux mains des armes brûlantes et brillantes (le vajra,
l’égide, le foudre, etc.). — Le dieu du ciel Dyauspitar, Zeôç
-i-rtf, Jupiter. Les dévas et les Oeoî, en particulier Krsna
et Apollon, élevés par des bergers et au milieu des vaches
et des bergères. — L’étable des vaches forcée par Indra,
Hercule, etc. — Indra tueur du serpent, Apollon vainqueur
du serpent Python, Hercule de l’hydre de Lerne, etc. —
Les cavaliers ou les Açvins et les Dioscures. — Sarasvatï,
déesse des eaux et de l’éloquence auprès des Muses, des
Nymphes, des Sirènes. — Le mythe du mauvais père, ou
du mauvais oncle et de l’enfant exposé ou relégué : Kainsa
et Krsna, Kronos et Zeus, Laius et Œdipe, Acrisius et
Persée, etc. —L’enlèvement de Sità et celui d’Hélène. — La
prise de Lanka et celle de Troie. — Les exploits d’Indra et
les travaux d’Hercule. — Tvastar, l’artisan qui fabrique
les chars et les armes des dévas, et Hépliaistos qui joue le
même rôle dans la mythologie grecque. — Isas ou les liba-
tions personnifiées et llébé (la vigueur) qui versent à boire
aux dieux. — La mer, dans l’Inde, Thétis, chez les Grecs,
procréatrices des dieux. — Le déluge et Manu, père des
hommes, qui repeuple la terre, auprès du mythe hellénique
de Deuealion et de Pyrrha, etc., etc.
Il importe de constater que tout ce relief et toute cette
extension de la mythologie, ainsi que tout le développement
coordonné de l’idée d’échange de bons offices entre les dieux
et les hommes, dès les hautes époques, n’en fut pas moins
une œuvre essentiellement sacerdotale, plutôt que populaire
et vulgaire. La tradition constituée et continuée par les
chants sacrés et les spéculations qui en modifièrent l’esprit,
— spéculations dont les Brâhmanas de l'Inde nous ont
transmis les procédés, — supposent l’existence et l'organi-
INTRODUCTION
XIX
sation régulière d’une caste dont le maniement et le gou-
vernement des choses sacrées formaient la profession. C’est
le prêtre exégète des hymnes, en même temps que sacrifi-
cateur, qui, pris sans s’en douter dans les filets de son
interprétation enfantine et superficielle, inventa la mytho-
logie et par là même la religion de formation secondaire
que se substitua insensiblement, et à l’insu même de ses
auteurs, au culte d’abord général et tout familial dont elle
avait été précédée. Le caractère peu populaire et ésotérique,
au moins dans une certaine mesure, de la religion indo-
européenne sous sa forme mythique ressort d’ailleurs du
fait qu’aux mains du peuple elle s’altéra considérablement.
Dans les couches inférieures de la société, la littérature des
hymnes et des Brâhmanas finit par être remplacée par les
contes de fée, et les pratiques de la sorcellerie, avec leur
grossier mysticisme, tinrent lieu de la noblesse et de l’élé-
vation relatives des rites du sacrifice.
Suivant une marche diamétralement opposée, les esprits
d’élite se dégagèrent petit à petit de l’erreur mythologique
en préférant les enseignements de l’expérience à ceux de la
tradition. Ainsi naquirent la philosophie et la science; c’est
un domaine tout différent de celui dont l’histoire vient d’être
esquissée. Il serait intéressant d’insister sur leurs rapports;
en ce moment, je me bornerai en terminant à résumer dans
ses grandes étapes la marche de la civilisation sur la voie
où l’a conduite, de la manière que nous venons de voir,
la race indo-européenne.
1° Religion naturelle. Institution du sacrifice ou du culte
utilitaire d’abord, puis de pur usage traditionnel, du feu
domestique. L’existence de ce culte dans toutes les civilisa-
tions primitives de l’antiquité milite en faveur de l’hypo-
thèse d’une origine commune.
2° Religion sacerdotale et mythologique succédant chez
les Indo-Européens, sous l’influence des chants sacrés mal
interprétés, aux formes religieuses de l’époque antérieure.
3° Lutte de l’expérience et de l’observation contre l’erreur
XX
INTRODUCTION
mythologique et substitution graduelle des données de la
science à celles delà tradition d’origine fabuleuse.
Constatons en guise de conclusion que cette lutte n’est
pas achevée, et que les résultats s’en confondent avec les
progrès mêmes de la civilisation dont la science est la pro-
motrice et l'instrument1 2.
II
LES CONDITIONS D’ORIGINE DES MYTHES DIVINS
Si l’abstrait consiste (pour partie) dans les êtres dits de
raison qui échappent à nos sens, il faut que les métaphysi-
ciens en prennent leur parti, l’esprit humain est incapable
de l’imaginer spontanément. On le voit surtout en se rap-
pelant les conditions logiques du langage dans leur rapport
avec l’entendement et entre autres les règles suivantes :
1° Toute dénomination est fondée sur un attribut sensible
de la chose dénommée : le soleil = étymologiquement le
brillant; 2° En matière verbale, tout sens abstrait n’est que
le substitut ou l’héritier d’un sens concret antérieur.
Or, ces règles admises, et la plupart des linguistes les
admettent, est-il permis de croire qu’une idée abstraite a
pu précéder le mot, concret d’abord, qui a servi ultérieure-
ment à sa désignation? Autrement dit, l’esprit peut-il con-
cevoir, abstraction faite de toute dénomination, un objet qui
ne tombe ni directement ni indirectement sous les sens?
Poser la question, c’est la résoudre. Si l'idée d'une chose
perceptible peut être indépendante du nom qui s’y rattache,
si par exemple la vue du soleil suffit à fournir l’idée du
soleil, il est évident qu’il ne saurait en être de même en
matière abstraite, et que là où l’intelligible fait défaut l'in-
telligence perd ses moyens d’action*.
1. Pour plus de développements, voir mon livre intitulé: Les pre-
mières Formes de la religion et delà tradition dans l’Inde et la Grèce ,
E. Leroux, éditeur, Paris, 1894.
2. Il est bon de faire remarquer à ce propos que l’idée d’un cercle
Introduction
xxi
Le nom du dieu mythologique (déva) de la religion indo-
européenne rentre dans la catégorie des mots concrets-
abstraits dont il vient d’être question. Avant de s’appliquer
à un être invisible, inaudible, intangible, — imperceptible,
en un mot, — ce nom désignait, à titre de brillant ou de
céleste, un objet à portée des sens, le soleil selon les uns,
le feu du sacrifice d’après nous, l’un et l'autre réunis, si l’on
en croit Bergaigne, mais dans tous les cas quelque chose
d’essentiellement concret. Les conditions, d’ailleurs, du pas-
sage à l’abstrait du déva-soleil ou feu sacré se laissent faci-
lement entrevoir. Elles apparaissent surtout en comparant
entre elles à ce point de vue les deux figures principales de
la religion védique : Agni (le feu) et Indra (l’ardent, autre
désignation de ce même feu), l’un et l’autre dévas, mais le
premier resté concret, parce que l’évidence significative de
son nom ne laissait aucune prise sur lui à l’équivoque,
tandis que le second, dont le sens étymologique pouvait
facilement s’oublier, se prêtait par là même aux déviations
significatives les plus propres à favoriser le mythe.
Le mythe n’est en effet autre chose, étant donné une
équivoque, ou l’alternative entre le sens propre d’un mot et
sa signification métaphorique ou comparative, que le résul-
tat de l’abandon de celui-là au profit de celui-ci.
Exemple : Indra primitivement et essentiellement l’ Ar-
dent ou l’alter ego d’Agni (le feu) ; puis Indra comparé à
un héros et conçu désormais comme tel. Qui ne voit que
cette substitution a pour effet d’employer le mot à révoca-
tion d’une fiction, d’imaginer à son aide une fausse image,
de recouvrir d’un voile verbal un objet illusoire, bref de
parfait, par exemple, n’est pas un mythe, eu égard à nos moyens super-
ficiels d’observation. Ce n’est qu’à l’aide de verres grossissants que nous
pouvons nous rendre compte qu’une figure de ce genre, tracée au compas
sur une feuille de papier, ne répond pas exactement à sa définition. Il y
a donc à distinguer entre le mythe purement illusoire (déva anthropo-
morphe) et l’objet réel d’une détermination approximative, — à savoir
entre ce qui n’est pas pour nos sens et ce qui est autre que nous le per-
cevons.
XXII
INTRODUCTION
dénommer une abstraction ou de créer un mythe, ce qui
est une seule et même chose? Le nom d’Indra, est-il besoin
de le dire? n'est pas le seul à nous fournir un exemple de
cette fallacieuse amphibologie; il en est de même de celui
de tout déva anthropomorphe, zoomorphe, etc., alors qu’au
contraire, Agni, par exemple, planant au-dessus de l’équi-
voque et de la déformation mythologique, échappe aux
pièges du nomen et reste (avec les Eaux, le Vent, etc.), un
pur numen, c’est-à-dire le prototype de l’être adorable et
suprême de la théodicée future.
Les dieux mythiques sont donc des dieux abstraits,
c'est-à-dire dont le nom est dépourvu de substratum réel,
— la constatation vaut la peine d’être répétée ; et c’est
comme tels que, sous le costume mythique masquant
leur néant, ils ont passé des fictions de la Fable aux
spéculations de la théologie qu’amorçait la Fable même,
inventrice de l’abstraction.
Une scission profonde s’introduisit alors dans la notion
du concept divin. L’observation et le raisonnement, aux
prises avec l’idolâtrie mythique, eurent pour conséquence
fatale de substituer un idéal religieux de plus en plus
rationnel aux images de plus en plus fictives des dévas de
la mythologie. Rien ne saurait mieux le montrer que la
comparaison du Oîô; de Socrate et des plus éclairés de ses
contemporains avec les Zïj; d’Homère. Le contraste est
frappant et s’accuse mieux encore si l’on met en regard du
Dieu, seul de son espèce, dépouillé de tout caractère anthro-
pomorphe, éminemment serein, constant et immuable,
omniprésent, omnipotent et omniscient, la légion céleste du
panthéon hellénique, dont les membres, en leur séjour sur
l’Olympe, sont livrés à toutes les passions humaines et,
comme les pauvres humains, soumis à la Fatalité avec les
conséquences souvent fâcheuses et toujours aléatoires que
ce double servage comporte.
Est-il besoin d’ajouter que l’idée d’un dieu rationnel
était une idée essentiellement progressive et solidaire des
INTRODUCTION XXIII
progrès de la raison même, c’est-à-dire d’une expérience de
plus en plus étendue et des spéculations de plus en plus
approfondies qu’elle devait suggérer? C’est ainsi que la di-
vinité conçue par Descartes et Leibnitz est de nature à
satisfaire encore mieux l’esprit des déistes que celle en qui
Socrate et Xénophon attachaient l'idée de providence.
Il ne faut pourtant pas se dissimuler que la méthode
théologique n’est pas complètement scientifique. Elle
reste en effet attachée à la méthode mythique par un lien
important qui est la tradition verbale ou le nom, et tout
ce que cette circonstance comporte, particulièrement l’ab-
straction. Séparez l’abstraction de l’idée du dieu, tout
s’écroule en mythologie, puisque Indra redevient Tardent
(Agni) ou le feu sacré. De même tout s’écroulera en théo-
logie si Dieu d’abstrait devient concret et cesse par là d’être
pur esprit avec toutes les conséquences qui en dérivent.
Tout ce qui vient d’être dit peut se résumer dans les
termes suivants. Point de mythologie sans idolâtrie ni per-
sonnification fictive ou a vide de l’objet primitif du culte ou
du feu sacré; point de théologie sans le point de départ
abstrait que lui fournit ainsi la mythologie’.
Ne terminons pas sans répondre à l’objection tirée de la
prétendue spontanéité des fictions mythiques et du senti-
ment religieux chez les sauvages. La question nécessite une
enquête scientifique qui n’a pas encore été abordée, que
nous sachions, dans les termes quelle comporte. Tout se
ramène ici au point do savoir quelle est, dans les langues des
non-civilisés, la valeur concrète des mots originaux qui
s’appliquent actuellement aux idées abstraites de dieu,
esprit, âme, etc. Tant qu’on ne sera pas fixé à cet égard,
1. Ceci indique la possibilité, la nécessité même, d’une troisième mé-
thode d’investigation métaphysique, indépendante de la mythologie et
de la théologie d’origine mythique, et qui se confond avec l’ensemble des
progrès de la science orientée vers la notion du suprême ou de l’absolu.
Mais c’est une perspective que nous ne saurions à peine qu’indiquer en
cequoment.
XXIV
INTRODUCTION
on ne pourra que faire des conjectures gratuites et supposer,
ou bien que leurs idées à cet égard sont toutes d’emprunt, ou
bien que l'évolution en a été la même pour eux que chez les
races civilisées et particulièrement chez les Indo-Européens.
Quant aux cas sporadiques de mythogénie spontanée qu’on
donne comme observés soit chez les enfants en général, soit
chez les sauvages adultes, il y a lieu d’étudier, avant tout,
dans quelles conditions psychologiques, logiques et surtout
grammaticales et linguistiques, ils se produisent, et si,
contre toute vraisemblance, ils sont susceptibles de durée
et de généralisation sous forme ethnique et traditionnelle.
Jusque-là, le mieux est de s’abstenir de toute conclusion
prématurée.
III
CONTRE LE NATURISME
La valeur étymologique du mot déva et le rôle qu’il joue
dans les hymnes ne permet guère d’autre .alternative pour
expliquer l’origine du culte védique que d’en voir l’objet
dans le feu domestique ou dans l’éclat de la lumière solaire.
Voici les principales raisons pour lesquelles je repousse
cette dernière hypothèse au profit de la seconde.
*
* *
Tout culte à son début a dû être suggéré par l’utilité.
Celle du feu domestique est évidente. Quelle aurait été
l’utilité du culte solaire?
*
La libation nourricière du feu perpétuel, — l’huile de
la lampe traditionnelle et sacrée, — s’explique ainsi d’une
manière si naturelle et si claire qu’on se demande pourquoi
l’on s’obstinerait à l’interpréter autrement.
* *
Le culte du soleil est une hypothèse inutile si l’on admet
INTRODUCTION
XXV
celui du feu domestique, mais la réciproque est difficilement
vraie, puisque le sacrifice répond si bien à l’idée d’un acte
utile accompli par les moyens les plus efficaces.
*
* *
Le sacrifice, dira-t-on, était le symbole d’une rémuné-
ration offerte au dieu-soleil dans l’attente ou en retour de
ses bienfaits. Il faut alors qu’une conception mythique et
mystique sous forme de personnification anthropomorphe,
au double point de vue physique et moral, se fût déjà
substituée à celle que suggérait simplement, réellement et
nécessairement à l’origine, la vue du corps lumineux appelé
soleil. Or, la plus sûre des règles de la mythogénie est
qu’une pareille substitution ne saurait avoir lieu que si le
nom de l’objet du mythe a cessé de le désigner formellement.
Le nom du soleil ne peut pas être en même temps celui
d’un mythe solaire : l’un exclut l’autre au même titre que le
réel exclut l’imaginaire. Il y a là une nécessité logique
qu’exemplifie singulièrement le fait qu’Agni ou le feu n’a
jamais été un mythe, tout en restant l’objet du culte tradi-
tionnel effectué par le sacrifice. C’est à Indra entre autres
qu’est échu ce rôle en même temps qu’il devenait le prête-
nom d’Agni.
%
* %
Non seulement le soleil ne pouvait être l’objet d’obla-
tions intéressées que s’il était considéré fictivement comme
doué d’attributs humains, mais comment expliquer la dé-
chéance de l’adoration qui l’aurait entouré au début de la
religion? Comment croire que les raisons qui présidèrent,
dit-on, à l’établissement de son culte n’auraient pas suffi à le
rendre durable, car il est de toute évidence qu’aux temps
védiques ce culte ne compte pas? Ou bien il n’a jamais eu
de réalité vraie, ou bien il avait alors à peu près cessé d’être.
L’invraisemblance de cette dernière hypothèse milite forte-
ment en faveur de l’autre.
XXVI
INTRODUCTION
*
* *
Hier l’humanité, pour qui l’apparition quotidienne du soleil
avait été de tout temps la principale condition naturelle et
essentielle de sa manière d'être, ne trouvait rien là qui
l’émût, et voilà qu’aujourd’hui ce phénomène devient
l’objet par excellence de son étonnement admiratif et de
ses vagues inquiétudes. Qui me donnera le mot d’une crise
psychologique aussi peu motivée?
-*
X X
L’universalité d’un culte ne s’explique guère que par
l’universalité même des conditions dans lesquelles il est né.
Or, tout chef de famille était directement intéressé à la
conservation du feu domestique et se trouvait tout natu-
rellement appelé par là à devenir l’initiateur et le colla-
borateur du culte qui s’y attachait. En était-il de même en
ce qui regarde l’adoration du soleil et peut-on dire qu’elle
s’est imposée à un moment donné, d’une manière en quelque
sorte uniforme et impérative, à toute une tribu ou à tout
un peuple?
X
X X
L’oblation offerte au soleil n’aurait de raison d’être qu’en
action de grâces pour des bienfaits acquis ou à venir.
Comment se fait-il que pareille intention ne soit jamais
exprimée dans les quelques vers du Rig-Véda qui sont
censés adressés à Sûrya (le dieu-soleil)? A cet égard les
textes ne disent rien de ce qu’on en attendrait.
X
X X
L’analyse logique de la question démontre :
1° Que le sentiment du divin n’a pas précédé l’idée de
Dieu ; 2° qu’à son tour cette idée, en tant qu’abstraite, ne
saurait être antérieure au nom de son objet; 3° qu’un nom
commun concret ne peut pas devenir le point de départ d’un
1NTR0DUCTIÔN
XXVII
mythe. Autant de conditions qui s’opposent à l'hypothèse
que le sentiment en question a pu s’attacher au mot soleil
dans ses rapports avec l’objet-soleil et l’idée-soleil, à moins
que ce mot ne soit employé comme substitut métaphorique
d’Agni.
% %
Toutes les objections qui précèdent s’appliquent également
au culte de la lune et des astres en général, mais surtout et
a fortiori à celui des éléments amorphes, tels que les eaux
et le vent dont la mention dans le Rig-Véda se rattacherait,
dit-on, au culte naturiste.
NOTES PRÉLIMINAIRES
§ 1. — Principes d’Exégèse védique
Les principes réunis sous ce paragraphe résument d’une manière
très succincte les règles générales que j’ai cru devoir suivre dans
l’interprétation des textes védiques, au double point de vue du
fond et de la forme de ces textes.
Le lecteur est prié d’y accorder d’autant plus d’attention qu’ici
se trouve la clé de toute la méthode que je me suis efforcé
d’appliquer rigoureusement au cours entier du présent ouvrage.
A’
Les mots védiques n’ont qu’un sens. Ils s’appliquent toujours à
un même objet et doivent évoquer toujours la même idée. Ber-
gaigne avait entrepris de démontrer une thèse voisine dans son
Lexique du Rig-Véda ; mais il admettait des exceptions là ou
je n’en saurais voir. Le substantif vàja, par exemple, signifie
constamment et exclusivement l'oblation considérée comme le
réconfort ou la nourriture du feu sacré.
B
Dans le Véda, la valeur des cas de la déclinaison est toujours
propre et entière. J’entends, par exemple, qu’on n’est jamais
autorisé à traduire un instrumental par un simple comitatif. Au
vers du RV., I, 1, 5, devo devebhir à gamat ne veut pas dire
seulement « le Céleste est venu avec les Célestes », mais bien
1. Les renvois aux différentes parties du présent paragraphe auront lieu au
Cours de eet ouvrage par l’indication entre parenthèses des lettres capitales
qui leur servent de litre (A, etc ).
1
4
NOTES PRÉLIMINAIRES
« au moyen des Célestes, ou à leur aide » ; c’est la présence des
flammes sacrées considérées au pluriel qui réalise celle du feu
sacré considéré au singulier, et essentiellement identique par
conséquent à ces mêmes flammes.
G
Il en est de toutes les fonctions grammaticales déterminées par
des suffixes spéciaux comme des cas de la déclinaison : on ne
saurait en modifier la valeur régulière au gré d’un contexte géné-
ralement mal compris. C’est ainsi que le participe présent yrwna
n’a jamais le sens passif qu'on lui attribue1, par exemple, à ce
passage, RV., VI, 32, 2, rujad adrim grnànali (indralj). Le vrai
sens est : « L’Ardent a brisé la montagne en chantant, » cést-à-dire
le feu sacré a crépité en s’emparant de la libation. Et non pas
« en étant l’objet de chants » (destinés à célébrer son exploit).
D
Les textes védiques ne contiennent pas de véritables noms
propres; tous ceux qui sont donnés comme tels s'appliquent à des
personnifications des éléments du sacrifice qui ne sont encore
pour ainsi dire qu’instantanées et occasionnelles. En d’autres
termes, ces dénominations ne perdent jamais complètement de vue
l’objet concret auquel elles se rapportent : Agni — le feu (sacré)
est à la fois l'Ardent ou Indra, le Céleste ou Deva, l’impétueux
ou le Marut, l’Enveloppeur ou Varuna, l’Ami ou Mitra, etc. La
personnification, destinée à devenir mythique et mystique dans la
mythologie et la religion proprement dite, qui se développeront
ultérieurement et grâce à celte personnification même, conserve
dans le Véda toute sa réalité native; l’image n’y prend pas encore
le pas sur la perception et n’a pas achevé d’en effacer le caractère
original et positif. Cette distinction entre la personnification
consciente et inconsciente est capitale2 et eutraine avec elle
1. Grassmann entre autres.
2, Ajoutons que les personnifications conscientes des éléments du sacrifice
remontent à la période d’unité de la race indo-européenne. C'est ainsi que
s'explique le rapport des Dccas védiques avec les ©sot de la Grèce et les DU
latins. Chacun de ces groupes ethniques a transformé pour son compte ces
personnifications conscientes eu personnifications inconscientes (ou réelles,
en tant que personnifications);
NOTES PRELIMINAIRES 3
l’explication des véritables rapports des idées védiques avec celles
qui leur ont succédé.
Exemples : 1° Personnification consciente ou ébauchée; les élé-
ments du sacrifice sont sous nos yeux; le mythe est à naître. Rien
encore de mystique dans les idées.
RV., I, 13, 1, susarniddho na à oaha deoâh agne hacismate.
« O Feu, bien allumé, apporte les Célestes pour notre Don,
pourvu de libation. »
2° Personnification inconsciente ou achevée. La réalité est écartée
et oubliée. L’état mythique et mystique de la pensée est désormais
chose faite.
Iliade, IV, 1-3, oî os (ho'. ~àp Zïjvs 5tx0-/)ji svoi r(YopôwvTO
ypojsw sv oaihocp, os ao'.c. TtoTvi a Ho/,
vr/"ap swvo^ost.
« Les Célestes aussi auprès du Ciel faisaient entendre leur voix
sur le sol d’or, et pour eux la puissante Jeunesse versait le nectar. »
Dans les deux cas, le fond de la scène est le même ; le feu sacré
personnifié sous la forme des Célestes ou des Dieux s’empare de
l’oblation liquide. Mais ce qui n’est qu’imagé transitoire et simple
dans le Rig-Veda est devenu tableau composé et permanent dans
l’Iliade; d’où, par une progression toute naturelle, la substitu-
tion du tableau à l'image et l’oubli au profit de celui-là des circons-
tances mêmes qui ont été le point de départ de celle-ci.
E
D’après ce qui vient d’être dit, les poètes védiques ne cessent
jamais d’avoir directement et matériellement en vue les objets dont
ils parlent, à savoir les éléments du sacrifice désignés au propre
ou au figuré. Il s’ensuit que, pour eux, les mots à sens abstrait
n’existent pas encore ou ne sont jamais employés comme tels.
Les exemples suivants contribueront à en fournir la preuve.
RV., IX, 23, 1, somà asrgram... abhi viçoâni kâoyà.
« Les liquides ont coulé vers toutes les choses qui appartiennent
au sage; ))' et non « vers les sagesses». — Kâcgam est en réalité
un adjectif employé substantivement, dérivé de havi « sage
(= Soma) » =• les choses qui sont de la nature du sage; ce qui
revient à dire ce qui lui ressemble, ce qui lui est identique = le
sage (Soma) lui-même.
I, 15, 5, taoed dhi sakhgam.
4
NOTES PRÉLIMINAIRES
« Cette chose du compagnon est à toi, » et non pas « ce compa-
gnonnage » ou « cette amitié ». — Sakhyam, adjectif neutre dérivé
de sakhin « compagnon », à savoir « la chose du compagnon »,
ce qui est de même nature que lui, — l’ami d’Indra = le Sonia.
1,9, 8, asme dhehi çraoah.
« Établis pour nous (donne-nous) la voix, » et non pas « la gloire ».
— Cf. le correspondant gr. /Aio ç, dont le sens premier est aussi
« voix, parole, discours », etc.
IX, 1, 1, indrâya pàtave sulaJi .
Littéralement : « le (liquide) versé pour le Boire pour l’Ardent»
(c’est-à-dire « pour que l’Ardent boive »), et non pas « pour boire ».
Le fait de boire est en quelque sorte objectivé et personnifié à côté
de la personnification du buveur (Indra').
F
Le style védique présente de fréquents exemples de l'emploi
comme substantifs d’adjectifs et de participes neutres au singulier,
où l’on a cru voir à tort des adverbes.
Exemples :
RV., Il, 7,4, çucili...agnebrhad ci rocase.
« O feu, toi qui es pur (brillant), tu éclaires le fort » = le Soma-
réconfort; et non « tu éclaires, grandement (ou hautement) ».
De là l’interprétation analogue des composés dont bvliat est le
premier terme.
RV., I, 27, 12, agnir bvhadbhànuli.
« Le feu (sacré) qui a pour éclat le fort » ou « qui a l’éclat du
fort" », et non pas « qui a un grand éclat ».
RV., I, 2, 5, iüc à yàtam upn draoat.
« Allez vous deux (càyac indraç ca) vers ce qui coule (= la
libation). » Cf. au vers suivant la formule à yàtam upa niskrtam ,
où niskrtam joue évidemment le même rôle grammatical que dracat
dans notre texte.
RV., IV, 43, 2, ratham... dracadaçcam.
« Le char (du Sonia pacamâna ) qui a pour cheval ce qui court
(ou coule) (= la libation enllammée). »
1. C’est le procédé fréquent d’Eschyle. Voir la traduction des chœurs de
Y Agamem.non dans Mes Études cédiques et posl-cèdiques .
2. L’accentuation ( brhâdbhànu ) est favorable d’ailleurs à cette interpré-
tation,
NOTES PRÉLIMINAIRES
5
De même, le prétendu nom propre bhàradvâja signifie non pas
« celui qui apporte la libation (Grassmann) », mais bien « celui qui
a pour réconfort ce qui apporte ( = le réconfort même) ».
G
Une particularité fréquente de la diction védique consiste dans
.un dédoublement verbal de l’idée en vertu duquel le même objet
reçoit différentes dénominations synonymiques (exemple : le (Sonia)
pavâmana — l’allumé, et indu = le brillant, — ou métaphoriques,
(exemple : le lait ou la vache pour dire l’oblation liquide), — qui
permettent à l’auteur de développer la pensée en se jouant, comme
si ces dénominations représentaient des objets différents.
De là une phraséologie tautologique, qui devient une forme habi-
tuelle d’amplification et que l’exemple suivant mettra en évidence.
RV. , IX, 10, 3, somàso gobhiv anjate.
<( Les liquides (Somas) oignent au moyen des vaches. » Les
vaches étant un autre nom pour désigner les liquides (sacrés), la
phrase revient à dire tautologiquement « les liquides oignent au
moyen des liquides ».
Au dédoublement verbal se rattachent deux procédés fréquents de
rhétorique védique qu’il importe de signaler et de définir.
H
1° Le mot propre est remplacé par un adjectif approprié, employé
substantivement.
Exemple : paoamâna « l’allumant » ou « l’allumé », pour somali
pavamànali « le liquide (Soma) allumé ».
Cette construction elliptique a été précédée de la construction
pleine qui comportait l’emploi des deux termes. Exemple :
RV., IX, 21, 1, ete dhâoantîndavah somàh , « ces liquides, ces
brillants coulent ».
Les dénominations divines reposent toutes sur ce même procédé.
Exemple : indrali « l’Ardent », ou plus tard « le dieu Indra »,
pour acjnir indrali « le feu, l’Ardent ».
I
2° Le mot propre est remplacé par un terme qui exprimait
NOTES PRÉLIMINAIRES
G
d’abord une comparaison explicite avec l’objet qu’il désigne, et
qui, finissant par se substituera lui, ne laisse debout qu’une com-
paraison implicite.
Exemple comparaison explicite :
RV., IX, 64, 9, dei'O na sûr// ah. « Le Céleste (qui est pareil
au soleil. »
Exemple b, comparaison implicite :
RV., IX, 64,30, soma... pavasoa sùryali. « Allume-toi, ô liquide
(qui es) le soleil. »
La comparaison implicite comporte à son tour deux catégories
bien distinctes.
J
1° L’idée qu’engendre la comparaison reçoit un développement
logique, ou conforme à la nature des choses sur lesquelles celle-ci
porte.
Exemple : RV., I, 7, 3, indrah ... âsùri/am roliayad divi.
a L’Ardent a fait monter le soleil (le feu pareil au soleil) dans le
ciel (autre désignation comparative avec dédoublement verbal (G),
du feu sacré). »
Idée première et réelle : le feu l’Ardent) a fait monter le feu
(soleil) dans le feu (ciel . En somme, tautologie pure.
Comparaison développée logiquement : Indra a fait monter le
soleil dans le ciel .
Le texte de l'Iliade cité plus haut, s’expliquera de même.
Les Célestes (les flammes, au pluriel) assises auprès du Ciel
personnifié (/.eus, ou la flamme, au singulier) dans le sol d’or
(yp’jaéw èv oaTïÉow, la base do ces mêmes flammes) discouraient
(crépitaient), et la vigueur juvénile personnifiée sous le nom de
Ilébé (c’est-à-dire la libation-réconfort verse le nectar ou ce même
réconfort) que le dédoublement verbal a distingué de la personnifi-
cation, compliquée de comparaison, qui le représente déjà à l’aide
du mot Hébé.
A ce procédé de style se rattache tout le développement des
récits mythiques.
K
L’idée qu’engendre la comparaison reçoit un développement
NOTES PRÉLIMINAIRES
7
illogique que les poètes védiques ont cultivé comme tel, soit
parce qu’il en résulte un effet de surprise, soit parce qu’on
semble solliciter ainsi la solution d’un problème difficile et faire
appel à la curiosité.
Exemple : RV., IX, 10, 3, somàso gobhir ahjate.
« Les liquides oignent par les vaches. »
L’idée réelle et première équivaut à la tautologie déjà signalée
plus haut : « Les liquides (Somas) oignent ou frottent au moyen
du lait auquel le soma est comparé et qui reçoit le nom des
vaches qui le fournissent. » Le tout revient donc à dire : « Les
Somas oignent au moyen des Somas. »
Sous un autre point de vue, l’idée revêt, grâce aux artifices qui
viennent d’être indiqués, un aspect illogique et bizarre qui trahit
d’ailleurs la métaphore (ou la comparaison elliptique) sur laquelle
elle repose. Il est absurde de dire que les liquides' oignent avec des
vaches; mais l’absurdité n’est qu’apparente et figurée : elle dis-
paraît avec la figure qui lui a donné naissance et que, dans quan-
tité de cas, le poète a laborieusement cherchée.
Toutes les formules énigmatiques et paradoxales des textes
védiques ont leur origine dans des comparaisons implicites où
la recherche de l’étrange a pris le pas sur la logique.
L
Les poètes védiques, nous le savons, ont toujours en vue les
cérémonies dont ils font la description. De là tant d’hymnes qui
commencent par un tableau des flammes qui se développent sur
l’autel, et tant de vers dont le mot important (sujet ou régime) est
un pronom démonstratif [sa, tam, tat, etc.). Cette constatation dont
l’évidence résulte d’une infinité de textes est un des plus forts
arguments à opposer aux explications naturalistes qu’on a essayé
de donner des passages descriptifs des hymnes.
§2. — Développement de la liturgie brahmanique du Soma
d’après les formules védiques correspondantes
1° La libation estcommunejau sacrifice de l’Inde et de la Grèce,
donc elle est proethnique et remonte à l’époque d’unité indo-euro-
péenne.
8
NOTES PRÉLIMINAIRES
2° Le culte du Sonia est particulier au sacrifice de l’Inde et de la
Perse, donc il s’est développé à titre de modification de la libation
primitive à une époque postérieure à la séparation de la branche
grecque de la branche indo-aryenne (ou persane).
3° La question est maintenant de savoir si la modification dont
il s’agit est antérieure ou postérieure à l'époque des hymnes.
Or, la communauté du culte du Sonia entre l’Inde et la Perse,
ne saurait s’opposer à l’hypothèse de la postériorité de ce culte sous
sa forme ritualiste, eu égard à l’époque des hymnes védiques. Si
tout indique, en effet, que l’Avesta repose sur un fond lyrique ana-
logue à ces hymnes, rien n’empêche d’admettre que la notion du
culte du Soma (en tant qu’il diffère de la libation primitive),
absente des hymnes védiques et avestiques, s’est développée sous
l'influence des mêmes formules dans l’intervalle qui sépare, d’un
côté la période des hymnes védiques de celle des Brâhmanas, et
d’autre part, dans celui qui s'étend entre la période des hymnes
avestiques et celle de l'Avesta même.
Un exemple de la manière dont les choses ont dû se passer
nous est fourni par l’expression (RV., I , " 9, 3 uparasya yonau,
dont le sens védique est « dans la matrice de ce qui est au-dessous
(ou inférieur) », c’est-à-dire la libation liquide, eu égard à laliba-
lion ignée qui la domine, mais entendue plus tard comme signifiant
« mortier », par opposition au pilon ou au supérieur. En suppo-
sant l’existence dans les Galbas avestiques d une expression sem-
blable, on se rendra compte du développement qu’il a reçu ( Yast,
10, 2) dans les termes suivants : « Je célèbre à haute voix ton
mortier inférieur , où sont déposées les tiges, ô dieu à la belle intel-
ligence. Je célèbre à haute voix ton mortier supérieur avec lequel
je te frappe de toute ma force d’homme, ô dieu à la belle intelli-
gence1. »
Principales raisons qui militent en faveur de l’hypothèse d'après
laquelle le Soma védique et pré-avestique n’est autre que la liba-
tion commune au culte indo-européen, ou plus précisément indo-
grec, et que le développement ritualiste des Brâhmanas et de
l’Avesta est postérieur à l’époque des hymnes védiques et des
Gâthas avestiques :
1. J. Darme.steter. Le Zend-Acesta. I, p. 98 seq.
NOTES PRÉLIMINAIRES
9
I. — Rien n’indique dans le RV. que le Sonia soit le suc d’une
plante du même nom. Voir § 3.
II. — De la plus grande importance dans la question est la dé-
termination du sens védique du rad. su' auquel les Brahmanes,
suivis en cela par les sanscritistes européens, ont attaché la signi-
fication de « pressurer » (la plante Sonia). Celte acception a été
déduite arbitrairement des contextes à l’époque des Brâhmanas, alors
que les hymnes étaient soumis, comme les preuves en abondent,
aux interprétations les plus subjectives et qu'on crut y trouver des
indications relatives à un prétendu pressurage de ln plante Sonia
qui prit place dans le rituel à la suite de ces interprétations.
Le véritable sens de su est « agiter, mettre en mouvement, faire
couler, verser (en parlant des liquides), etc. ». — En voici les
principales preuves :
a. — Le radical su correspond au gr. reim et <re.tw, « agiter,
pousser, mettre en mouvement ».
b. — Le sens de « pressurer » pour ce radical n’a guère qu’une
existence liturgique. A très peu d’exceptions près, on ne le ren-
contre que dans la littérature du sacrifice (Brâhmanas et rituels).
A l’époque dite classique, le sens de « couler » réapparaît, comme
on peut le voir par les textes cités à ce mot par le Dict. de S'-P.
c. — Le radical su n’est qu’une variante de sù, « mettre en mou-
vement, pousser, exciter, produire, enfanter ». Bergaigne ( Rel.
véd., III, 41) s’exprime en ces ternies à propos de ces radicaux :
« La langue védique connaît aussi une racine su par u bref qui
signifie « exprimer le jus du Sonia » et qui a fourni le nom même
du breuvage du sacrifice. Cette racine est évidemment, par son
origine, identique à la précédente (sù, « enfanter »)1 2. »
d. — La synonymie des radicaux su et hi « mettre en mouve-
ment, pousser, agiter »,est mise en évidence par les textes suivants :
RV., IX, 30, 2, indur hiyàncili sotrbhili, « le brillant (Sonia) mis
en mouvement par les metteurs en mouvement; » — l’action du
sotav est exprimée par le radical hi; — IX, 62, 5, (somali) nrbhili
sulah, auprès de IX, 28, 1, esa vâjî liito nrbhili; — X, 28, 3, te...
1. Ce radical se présente en sanscrit sous les formes principales sdu (sâca),
— sau. { saua ), — so ( sorna ), — su ( suta ), etc.; en zend sous la forme hao
( haoma ); en grec <rsu («ûo>), — cru (ffûpsvoç). Cf. aussi use pour * cru si « il
pleut » (idée de couler).
2. La preuve en est fournie d’ailleurs par le composé nrsûta (RV., VIII,
4, 1) et le subst. sûma.
10
NOTES PRÉLIMINAIRES
indra... sunvanti somàn, auprès de III, 46, 5, somam indra... te
hinvanti; — IX, 34, 1, suvànah... indur hincâno arsati. — Ces
rapprochements si décisifs pourraient être multipliés. On n’a
donc aucune raison péremptoire pour distinguer le sens de ces
deux radicaux.
e. — En attribuant à su le sens de « pressurer », on est obligé
de donner, contrairement aux indications de la grammaire, une
signification passive au participe suvâna, par exemple, RV., IX,
18, 1, suvànah... somo akëâh, « le liquide qui se pousse a coulé »,
et non pas « le Soma (plante) pressuré a coulé ».
f. — L’expression adribJiih sutah (RV., IV, 51, 1) doit s’expli-
quer, conformément aux indications qui résultent du § 3, « (le
Soma) coulé (ou versé) par les montagnes qui le recèlent et
dont Indra le fait sortir », et non pas « pressuré par les pierres (du
pressoir) ». Le rapprochement, à cet égard, de passages tels que
RV., IX, 32, 2, harim hinvanti / adribhih (cf. e), « ils mettent en
mouvement le (liquide) doré avec les montagnes », est concluant1.
g. — Les substantifs saca, sacana, prasaca signifient exclusi-
vement « poussée » ou « coulée » de la liqueur appelée Soma, sans
qu’il y ait jamais, pour leur explication, nécessité de faire inter-
venir l’idée de « pressurer ». — Exemple particulièrement intéres-
sant (RV., I, 164, 26 , savant savitâ sàvisan (cf. c), « le pousseura
poussé la poussée (du Soma ».
h. — Les trois savanas ou les trois pressurages de Soma, des
rituels, — celui du matin, celui de midi et celui du soir, — ont leur
origine dans des formules védiques dont la signification primitive
est facile à rétablir. 11 ressortira d’abord de RV., VIII, 13, 13 :
hâve tvâ (indra) sùra udite
hâve madhyamdine divah.
« je t’appelle, ô Indra, (pour venir) dans le soleil qui s’élève,
je t’appelle (pour venir) dans le milieu du jour... », que les
mots « matin » et « midi », dans les composés pràtalisavana
et madhgamdinasavana, sont employés métaphoriquement pour
désigner, non pas tel ou tel moment du jour, mais le feu sacré
comparé au soleil levant ou, par une amplification verbale et de
pure symétrie, comme c’est si souvent le cas dans le Véda, à celui
1. Même explication pour l’expression aclri/i... somasut (RV., \ 11, 68, 4).
NOTES PRÉLIMINAIRES
11
de midi. Le même procédé a donné naissance à l’idée d’un savana
du soir, ou d’un troisième saoana, eu égard aux deux autres,
dont il est question à leur suite, RV., III, 52, 4-6. L’expression
prâtahsaoe jusasva nah (III, 52, 4), « régale-toi, (oindra), dans
notre première libation », a subi, quant au composé pràtalisave ,
l’influence verbale des mots madhyamdinasya saoanasya du vers
suivant : la libation du milieu du jour supposant celle du matin
ou la première.
Enfin et de son côté, l’expression trtiyam sacanam , détachée des
contextes qui en justifient la signification littérale, a été employée
d’une manière indépendante et sans raison d’être significative,
sinon par allusion aux passages où elle venait à la suite des deux
autres, dans des passages tels que RV., I, 161, 8, trtîye... savane
màdayâdhvai, « baignez-vous dans la troisième libation ».
En résumé, dans le RV. les trois savanas n’en sont qu’un : autre-
ment dit, la différence des désignations qui les distinguent est
purement verbale. Mais on comprendra qu’à distance ces subtils
jeux de mots ont été perdus de vue au profit du sens littéral et
apparent. La conséquence naturelle de cette erreur a été l’établisse-
ment des pratiques liturgiques impliquées par les textes ainsi
compris, et par là s’expliquent les rapports et les différences qui
régnent à cet égard entre les hymnes et les rituels brahmaniques.
III. — Les différents vases employés dans les cérémonies rela-
tives au Soma et désignés dans les rituels, par des termes empruntés
aux textes védiques, à savoir camasa, camu, koça, kalaça,
dru, di'ona, pàtra, etc., n’étaient pas à l’origine des vases réels.
La preuve en est fournie par les formules du RV. où ces termes
alternent, non seulement entre eux, mais aussi avec les mots yoni
matrice, viç demeure, sadana résidence, etc. Le Soma, en tant que
liquide, suppose un vase ou récipient destiné à le recevoir et à le
contenir, et mieux encore une coupe dont on se sert pour le boire.
Ce récipient ou cette coupe ne sont en réalité que les figures des
flammes sacrées ou du Soma pavamàna qui enveloppe ou absorbe
le Soma liquide, et ce vase idéal est devenu par un procédé
constant le vase réel de la liturgie brahmanique.
L’hypothèse trouve surtout sa confirmation dans l’ensemble de
circonstances qu’elle explique et coordonne si on réduit, pour ainsi
dire, au même dénominateur les termes en question. Signalons
12
NOTES PRÉLIMINAIRES
toutefois comme argument de détail l’épithète de doré ( hiranyaya )
fréquemment employée avec koça (comme avec yoni), — RV., VIII,
20, 8; V, 67, 2, etc., — également avec halaça, IV, 32, 19, etc.
IV. — Comme les expressions dont on vient de parler, le mol
pavitra. a deux sens bien distincts, selon qu’il est employé dans
les hymnes ou dans les documents liturgiques postérieurs. — Le
second est indiqué de la manière suivante par le Dict. de S1.- P.,
qui le considère (à tort) comme commun à la littérature des hymnes
et à celle qui l’a suivie : « Pavitra, moyen de purification ou de
clarification en général, et particulièrement crible, tamis, sas de
fils, de poils, de pailles, etc., tressés ou tissés, à l’aide desquels les
liquides et surtout le Sonia étaient clarifiés. »
Grassmann, tout en admettant ce sens, en ajoute un autre,
celui d’ « allumeur » ou d « allumette » {entflammungsinitiel) »,
c’est-à-dire moyens à l’aide duquel le feu sacré est allumé, et
qui, d’après les indications et les allusions de l’hymne 111,26,3 et 8,
seraient au nombre de trois, à savoir: 1° la friction des aranis ou
morceaux de bois préparés à cet effet; 2° la libation de beurre cla-
rifié (ghrta), et 3° celle d’ambroisie ou du breuvage d’immortalité
[ararta, ha ci s).
Ce sens est précisément et spécialement le sens étymologique
et védique du mot pacilva, au propre, l’instrument d’allumage
(rad. pù « éclairer, allumer »). • — Dans les hymnes, le pavitra est
le Soma pavamâna ou igné en tant qu’allumeur du Sonia liquide
que verse fe sacrificateur. — Somam pacitra à s;ya(RV., IX, 16,3),
« verse le liquide pour qu’il vienne dans le pavitra1 ».
A titre de désignation du récepteur du Soma liquide, le mot
partira s’emploie presque parallèlement à koça , halaça , etc. (III) ;
le pavitra, en même temps qu’il allume le Soma, l’enveloppe et le
contient. De là, l’origine et l’explication des formules telles que
celle du RV., IX, 67, 7, indacas tirait pacitram... indram àçata,
u les brillants (Somas) ont atteint l’Ardent au delà du pavitra, ou
en le traversant. » — Le pavitra allumeur et réceptacle doit en effet
livrer passage au Soma pavamâna qu’il contient, quand celui-ci
est censé destiné à un autre réceptacle (qui ne diffère que verbale-
ment du premier) personnifié sous la forme de l’Ardent. (ou Indra).
1. Dans deux passages de la Vâjasaneyi-Samhitd , 1, 12, et IV, 4, le pavitra
est expressément mis eu parallèle avec les « rayons du soleil », figures évi-
dentes des flammes sacrées.
NOTES PRÉLIMINAIRES
13
Le pavitra est ainsi considéré soit comme but ou comme moyen :
dans le premier cas, on a la formule du vers IX, 16, 3, et dans
le second, celle du vers IX, 67, 7, et les analogues
Souvent, dans les textes védiques, le pavitra reçoit l’épithète de
avyaya « issu de la brebis », c’est-à-dire de la libation comparée
à du lait de brebis (cf. gavya « issu du lait de vacbe ») : indur
aksàli pavitram aty avyayam (RV., IX, 66, 28) « le brillant (Soma)
a coulé au delà du pavitra issu de la brebis ». Ce sont les formules
énigmatiques de ce genre qui ont éveillé l’idée du tamis de laine
ou de poils de brebis, au travers duquel on aurait, dès les temps
védiques, fait couler le Soma pour le clarifier.
La même explication est tout indiquée pour les formules appa-
rentées, comme celle-ci :
RV., IX, 37, 3, pavamàno vi dhàvati... vàram avyayam.
u Le (Soma) pavamâna coule à travers l’enveloppe issue de la
brebis. » Ici l’idée de réceptacle est exprimée par le mot vàra
(( enveloppe, toison », au lieu de l etre par pavitra.
Une substitution analogue a eu lieu au profit du mot tvac « peau,
enveloppe »,au vers IX, 69,3, avye... pavate... tvaci, « il (le Soma)
s’allume dans la peau de la chèvre; » et IX, 65, 25, hincàno y or
adhi tvaci, « (le Somaj qui se pousse dans la peau de la vache ».
Enfin, avec une combinaison curieuse de formules voisines, IX,
101, 16, avyo vàrebhiJi pavate somo gavye adhi tvaci, « le liquide
(Soma) s'allume au moyen des toisons de la brebis dans la peau
de la vache », ce qui revient à la tautologie : « le Soma s’allume
au moyen de la libation dans la libation -, »
V. — La désignation et l’emploi liturgiques des coupes appelées
grahas ou grahapâtras mettent en pleine évidence l’extension
prise aux temps brahmaniques par les détails de la liturgie rela-
tive au culte du Soma, et le caractère superficiel et grossièrement
cursif de l’interprétation des textes védiques qui lui a servi de
base.
Le mot graha ne se rencontre qu’une fois dans le RV., où il a le
sens étymologique de « preneur » (X, 1 14, 5), et s’applique au Soma
1. Cf. les montagnes, figures des flammes sacrées, ou réceptacles de la
libation.
2. A prendre ces textes à la lettre, comme l’ont fait les Brahmanes et les
indianistes d’Europe à leur suite, commeut expliquer qu'une peau de vache
serve de tamis? Cf. la peau d’or, c’est-à-dire de flammes, du vers RV..V, 77. 3.
14
NOTES PRÉLIMINAIRES
pavamâna, considéré comme celui qui s’empare de la libation ou
des offrandes :
chandàmsi ca dadhato adhcaresu
c/rahànl somasga mimate dvddaça
« (Les sages [Somas]} établissant les chants édifient dans les
oblations douze preneurs du Soma. » Ces preneurs sont au nombre
de douze, sans doute par allusion métaphorique à l’année (comparée
au feu sacré) composée de douze mois.
Dans le Çatapatha-Iiràlimana, les douze (ou treize) grahas
deviennent les coupes du liquide sacré, dont chacune d’elles porte
un nom particulier et reçoit des attributions liturgiques spéciales.
Les indications suivantes sont de nature à montrer l'origine
védique du nom et des attributions des grahas du rituel brahma-
nique.
1° updmcu graha .
RV-, X, 83,7 :
jahorni te dharunani madhvo agram
ubhà updmçu pratkamà pibâca
Cf. V djamnegi-S amli ità, VII, 1; IX, 38 ; XIII, 54; XVIII, 19-
2U antargdma graha.
Vâj.-S., VII, 5 :
anta.s te dyâvàprthici dadhdmg
antai' dadhdmg urrc antariksam j
sajùr decebhir aearaih paraiç. cd-
ntargâme maghacan mddagasca
Cf. XIII, 55; XVIII, 19.
3° aindracàgaea graha.
RV., IX, 27, 2 :
esa indrâya cdyare scarjit pari sic gaie
Cf. RV., VII, 92, 1 (= Vâj.-S., VII, 7); RV., I, 2, 4 (= Vâj.-S. ,
Vil, 8); Vâj.-S., XVIII, 19.
4° maitràoaruga graha.
RV., I, 130, 4 :
agani mitrâga varutiàya
çaintarnah nomo bhùtu
NOTES PRÉLIMINAIRES
15
Cf. RV., II, 41, 4 (cf. Vâj-S., VII, 9); Vâj.-S., XVIII, 19 et
XXIV, 2.
5° àçvina graha.
RV., IX, 86, 4 :
pra ta àçvinîh pauamàna dhijuvo
divyâ asrgran payasà dharimani
Cf. RV., I, 22,3; Vâj.-S., VII, 11, et XVIII, 19.
6° çukra graha.
RV., VIII, 46, 26 :
somapà dànàya çukrapùtapâli
Cf. RV., II, 41, 3; Vâj.-S., VIII, 47, et XVIII, 18.
7° manthin graha.
RV., III, 32, 2 (cf. II, 41, 3) :
gavàçiram manthinam indrd
çukram pibà somam
IX, 46, 4 :
à dhdvalà suhastyali
çukrà grblinita manthincl
Cf. Vâj.-S.. VII, 18; VIII, 57; XIII, 57, et XVIII, 19.
8° àgrayana graha.
RV., IX, 62, 26 :
tram samudriyà apo'griyo vacà irayan
Vâj.-S., VII, 20; XIII, 58, et XVIII, 20.
9° ukthya graha.
RV-, I, 83, 6 : gràvà yatra vadati kàrur ukthyali
RV., IX, 86, 48 : pavasva soma tcratuvin
na ukthyali... pari dhàca madhu priyam
Cf. Vâj.-S., VII, 22.
10° vaiçvânara graha.
RV., VI, 7,1 :
mùrdlianam divo aratim prthivyâ
vaiçvànaram rta àjàtam agnim |
lé
NOTES PRÉLIMINAIRES
kavim samràjam atithim janànàm
àsann à pàtrnm janaganta derâh
Cf. Yàj.-S., IV, 15; XXXIII, 60; Vil, 24.
11° dhruoa graha.
RV., X, 173, 3:
imam indro adiâdharad dhruvam dhruvena havisâ
Cf. Vàj.-S., VII, 25.
12° y ta graha.
RV-, II, 37, 1 : liotrâd somam drarinodah piba rtubhiJi
Cf. Vàj.-S., XVIII, 33; XII, 61; XXVII, 1; XXXIX, 6; aussi
RV., I, 15, 9.
aindràgna graha.
RV., III, 12, 1 Vàj.-S., VII. 31) :
indrâgnî à gatam sutam girbhir nabho rarengam
attga pâtarn dhigesitâ
Cf. Vàj.-S., XXIV, 8, cl XXIX, 58.
Formule employée dans le rituel à propos de F aindràgna graha
( Çat.-Bràh ., IV, 3, 1, 24 .
vaiçradeva graha.
RV., I, 3, 7 (= Vàj.-S., VII, 33) :
riçve devàsa àgata... satam
Cf. Vàj.-S., IV, 18; XIX, 44; XIX. 26; XXIV, 5.
Formule employée dans le rituel, à propos du vaiçvadeva graha
[Çat.-Bràh., IV, 3, 1, 27).
§ 3. — Examen critique des principales Circonstances sur
LESQUELLES S’APPUIENT LES INTERPRETATIONS DE M. 1 1 ILLEBRANDT.
I. Le Sonia et les montagnes.
Le premier vers cité par M. Hillebrandt1 en faveur de l’opinion
courante, d’après laquelle le Sonia était non seulement le liquide de
ce nom, mais aussi la plante qui fournissait ce liquide, et que
celle-ci croissait sur les montagnes, est de nature à nous fixer sur
1. Vcdisc/tc Mythologie, 1891, p. 60,
NOTES PRÉLIMINAIRES
17
ce qu’il faut entendre par la montagne ou les montagnes védiques '.
Ce vers tiré du RV. (V, 85, 2), est ainsi conçu :
varuno apsu agnim
divi sùryam adadhât somam adrau
« L’Enveloppeur (Varuna) a placé le feu dans les eaux, le soleil
dans le ciel, le liquide dans la montagne. »
Varuna, ou le feu sacré personnifié sous ce nom, réalise l’union
des deux éléments du sacrifice en mettant le feu dans les eaux ou
les oblations qui le nourrissent; il établit le soleil (feu) dans le
ciel (feu); il place le liquide (Soma) dans la montagne à laquelle
les flammes du feu sacré sont comparées, le tout par l’effet même
de sa manifestation ou de son existence, puisqu’il est à la fois le
feu (au propre), le soleil, le ciel et la montagne (au figuré).
La montagne-flamme, ainsi conçue, recèle dans ses flancs la
libation qu’elle absorbe, et l’Ardent (Indra), autre figure du feu
sacré, devra la fendre pour en faire sortir cette même libation qui
devient son breuvage. — La montagne (enflammée) est donc, sous
une forme figurée, l’identique d’Agni et d’Indra (l’Ardent), si
souvent qualifié d ’advivat 2, « celui qui possède la montagne ».
Elle est l’Olympe et l’Ida rempli de sources (mS^ei;), et dans
laquelle habitent les dieux de la mythologie grecque.
Même explication pour la formule adribhih ( somah ) sutali, « le
Soma coulé (ou versé) par les montagnes ».
Les choses étant ainsi, nous traduirons l’épithète giristha fré-
quemment appliquée au Soma, non pas « qui se tient sur la mon-
tagne », mais « qui se tient dans la montagne »; et cette montagne
est essentiellement mythique, ou plutôt métaphorique.
Il va de soi que les formules analogues de l’Avesta requièrent les
mêmes explications.
IL — Lïn aigle a apporté le Soma du ciel3.
1. Un examen plus approfondi de la question m’a fait revenir sur le sens
étymologique que j’avais essayé de substituer, dans Le Rig-Véda et les
Origines de la mythologie indo-européenne (1892), au sens traditionnel de
quelques mots védiques désignant au propre les pierres et les montagnes.
Ces mots sont adri, giri, grâoan , parcan, prstha et sânu.
2. L’emploi de cette épithète comme qualificatif d'Indra est la preuve sûre
que le mot adri doit être entendu au sens métaphorique. Aucune raison
d’appeler Indra « le montagneux », si ce n’est que la montagne est de la
même nature que lui, à savoir qu’elle est ignée.
3. Hillebrandt, op. cit., p. 277 sqq.
NOTES PRÉLIMINAIRES
18
Développement réel de la légende
1° Le Sonia pavamàna est comparé explicitement (I) à un aigle
( çyena ) qui vient s’abattre à tire d’ailes au lieu d’origine ( yoni ou
dans les demeures (oiç) du Sonia lui-même, — c’est-à-dire sur l’autel
où s’élève le feu sacré, alors que le sacrifice a lieu, — RV., IX, 61, 21,
sidan chyenu na yonim à, « (le Sonia) venant, comme l’aigle, s’as-
seoir (ou se poser) dans (sa) matrice ».
Cf. pour la même comparaison, IX, 38, 4; 57, 3; 67, 15.
2° Cette comparaison devient implicite par suite de l’ellipse de
la particule comparative na :
RV., IX, 67, 14, â kalaçesu dhâvati çyenah , « l’aigle (pareil au
Soina, ou l’aigle-Soma) court ou vole) pour venir dans les coupes
(autre nom de la matrice ou des demeures du Sonia pavamàna).
3° Au moment du sacrifice, l’aigle-Soma apporte le Sonia (absent
quand le sacrifice n’a pas lieu). Dédoublement verbal (G) entre le
Sonia proprement dit et le Sonia représenté sous la figure de l’aigle.
RV., X, 11, 4, tyam drapsam... vit' dbharad isitali çyenah,
« l'oiseau, l’aigle mis en mouvement a apporté cette goutte que
voilà ».
Cf. III, 43, 7; IV, 18, 13, etc.
4° A la question implicite suggérée par les circonstances (J) :
« d’où vient l’aigle-Soma? » les textes répondent par différentes
formules synonymiques :
a. — L’aigle porteur du Sonia pavamàna ou igné, inséparable
du Sonia liquide dont il tient l’être, vient de ce qui est en avant
(parâoat, cf. parà, « en avant »), c’est-à-dire qu’il est identique à
la flamme du Sonia igné qui s’élève au-dessus ou en avant du Sonia
liquide.
RV., IX, 68, 6, çyeno yad andho abharat paràvatah, « lorsque
l'aigle a apporté Vandhas (— Sonia) de ce qui est en avant ».
Cf. X, 144, 5, yam (somam)... çyenah... padàbharat, « le liquide
(Sonia) que l’aigle a apporté par le pied ». — Le pied désigne le
support liquide du Sonia igné. — Cf. aussi et surtout IV, 26, 6.
b. — Ou bien l’aigle a enlevé le Soma à la montagne (adri) qui
le contient, puisque Indra doit la fendre pour l’en faire sortir’.
1. Sur cette montagne, cf. ci-dessus I.
NOTES PRÉLIMINAIRES 19
RV., J, 93, 6, amathnàd anyarn pari çyeno adreli , « l’aigle a agité
circulairement l’autre 1 (Sonia) qui vient delà montagne ».
c. — Ou bien, enfin, l’aigle l’apporte du ciel, c’est-à-dire encore
qu’en étant inséparable2, il le détache, en se détachant de son
alter ego métaphorique, à savoir du ciel qui, comme lui, est une
figure du feu sacré ou du Sonia pavamâna.
RV.,IV,26,6, çyenali... somam... dico cLmusmâd ultaràd âdâya,
« l’aigle..., après avoir pris le liquide (Sonia) à ce ciel supérieur
(qui s’élève au-dessus du Sonia liquide) ».
III, — Les prêtres buvaient le Sonia, et ce breuvage leur pro-
curait l’immortalité3. —
Cette assertion s’appuie particulièrement sur les deux passages
suivants, qui perdent toute leur valeur probante si l’on reconnaît
qu’ils expriment, non pas la pensée du prêtre-poète, mais celle
qu’il prête à l’oblation, et si l’on prend le mot amrta dans son
sens primitif et grammatical de c non-mort », c’est-à-dire « actif,
vivant ».
RV. , VIII, 48 j 3:
apàma somam amrtà abhùmâ -
ganma jyotir amdàma deocïn.
« Nous avons bu le liquide, nous voilà hofi-morts, nous aVons
atteint la lumière, nous avons trouvé les Célestes. »
Les libations pleines de Soma et qui sont censées l’avoir bu, de-
viennent actives sous la forme de flammes, et par là même elles
ont atteint ou obtenu la lumière ou l’éclat, en même temps qu’elles
ont trouvé les Célestes, ou les Dieux, en les faisant apparaître, ce
qui résulte nécessairement de cette circonstance qu’ils ne sont
autres que les libations enflammées. — Explication analogue pour
le vers suivant :
RV., IX, 113, 7:
yatra jyotir ajasram
yasmin loke svar hitam |
1. Eu égard à celui qui vient du ciel; d’ailleurs les deux sont identiques
entre eux et ne diffèrent que verbalement.
2. Ne jamais perdre de vue. en effet, que le S'orna pavamâna, figuré par
l'aigle, contient le Soma liquide dont il se nourrit et dont il est la partie
supérieure et brillante, ou le ciel.
3: Hillebraudt) op. cit., p. 263 sqq.
20
NOTES PRÉLIMINAIRES
iesmin màm dehi pacamàna
amrte loUe alcsite.
Voir plus loin, à son ordre, la traduction et l’explication du
sens métaphorique de ce vers.
IV. — Le Soma n’est pas seulement une plante, il est aussi une
divinité, et comme tel, il s'identifie à la lune1. —
Je réponds que les rapports du Soma et de la lune reposent à
l’origine sur une comparaison explicite fondée sur l’éclat du Soma
pavamâna, et à laquelle a succédé une comparaison implicite dont
l’identification de celui-ci à celle-là est naturellement sortie.
Exemples : 1° Comparaison explicite.
RV., VIII, 71, 8, tjo apsu candramà ica somaç camùsu dadrçe
« le liquide (Soma qui apparaît dans les coupes comme la lune
dans les eaux »•
2° Comparaison implicite d’où identification: RV., 1, 105, 1,
candramà apsc antah, « la lune-(Soma) qui est au dedans des
eaux » ; le Soma igné brille au sein du Soma liquide.
L’identification du Soma et de la lune a été favorisée d’ailleurs à
l'époque brahmanique par les expressions telles que RV., 111,40,
4 y candràsa indacah, dont le second terme indu est synonyme de
soma, alors que le premier, candra , proprement « brillant »,
est devenu à cette même époque l’un des noms de la lune.
Les légendes des Brâlmianas relatives à la lune-Soma pro-
viennent d’ailleurs très visiblement de la mise en œuvre et de la
combinaison des formules védiques du genre de celles dont il vient
d’être question.
Exemple. — Çatapatha-Brâhmana, I, 6, 4, 5 : te deçà abrucan
na cà indram anj/at somàd dhinuj/àt. — Cf. RV., IX, 101, 5 :
indur indràya pacata iti decàso abrucan.
Soraam ecàsmai sambharàmeti tasmai somam samabharan. —
Cf. RV-, IX, 11, 6: indum indre dadhàtana.
esa cai somo ràjà decânàm annam yac candramàb. — Pour
l’origine de l’expression somo ràjà, cf. 1° comparaison explicite :
RV., IX, 7, 5, pacamànab . .. ràjeca sidati. — 2° comparaison
implicite : RV., VIII, 48, 7 et 8 : soma ràjan. — Le Soma, nour-
1. Hiilebrandl, op. cit., p. 269.
NOTES PRELIMINAIRES
21
riture divine: RV., VII, 98,2: annam... indra... pàhi somam.
— Le Soma identique à la lune. — Cf. RV., VIII, 71, 8, déjà cité
ci-dessus.
Sa yatraisa etàm ràtvim na purastàn na paçcàd dadrçe lokam
àgaclutti. Sa ihaicâpaç causadhiç ca praciçati. — Cf. RV., X,
51, 3 : aichàma tou. .. pravistam agne apsv osadhîsu.
Se vai deoànàm vaso annam htj esàm. — Cf. RV., I, 81, 2 : te
(indrasya) oasu.
Soudures logiques. — A la question suggérée parle texte et
qui vise un fait d'expérience : « Où est lalune-Soma dans les nuits
obscures? » l’auteur répond en employant comme auparavant des
formules védiques : « Elle est dans les eaux, dans les plantes qui
sont la boisson et la nourriture d’Indra et des dieux. »
LTne variante de la même circonstance mythique nous est fournie
par Çat .-Brâh-, II, 4, 2, 2 et 7 '.
Deux faits ressortent de l’analyse comparative qui précède :
1° La légende du Brâhmana est, en tant que récit continu, pos-
térieure aux textes védiques à l’aide desquels elle a été cons-
truite; 2° Ces textes, considérés isolément, n’impliquent aucune
idée de la légende qu'ils ont servi à fabriquer et qui est en quelque
sorte un centon tout composé de formules védiques. Conclusion :
Il n’est pas permis de s’appuyer sur les légendes de ce genre pour
expliquer les Védas, ni de considérer les textes védiques qui s’y
intercalent comme les fragments dispersés dans les hymnes de
récits parallèles à ces légendes1 2.
V. — Le Soma est non seulement le nom du liquide qu’on
obtient en pressurant les tiges de la plante qui l’a produit, mais
aussi celui de cette plante. Le mot andlias, synonyme de soma,
a tout particulièrement ces deux significations 3 . —
1. Pour ce texte et la traduction continue de ceux qui précèdent, je ren-
voie à la collection des Sacrer l Boo/rs of East.
2. Berg., Rel. eéd. , IH, 280 : « J’y veux tenir (dans une future traduction
du RV.) un plus grand compte que je n’ai pu le faire dans ce premier
ouvrage... des autres textes védiques, sinon toujours pour leur emprunter
des lumières nouvelles, du moins pour prouver qu’il n’y arien à faire de
bon des légendes des Brâhmanas, par exemple, qui semblent avoir été ima-
ginées après coup pour expliquer des formules qu’on ne comprenait déjà
plus. »
3. Hillebrandt, op. cit., p. 45, sqq.
90
NOTES PRELIMINAIRES
Dans la plupart des passages cités à l’appui de cette assertion,
M. Hillebrandt se réfère à l’expression andhali sutam ou andhasali
sutasya, qu’il entend au sens de « la plante and/tas pressée »,
mais qui signifie en réalité « le liquide versé » ou « coulé ».
Le même double sens a été attribué, également à tort, au mot
amçu' , autre synonyme d esoma. Qu’il me suffise de donner pour
preuve de l’erreur que l’on commet à cet égard, l’expression arriçoli
piyùsam (RV., III, 48, 2), que M. Hillebrandt rend par « le suc de
la tige (de la plante Sonia) », au lieu du sens réel de « liqueur de la
(liqueur appelée) amçu », comme nous dirions avec dédoublement
verbal analogue (G) « la liqueur du rhum, » c’est-à dire « la liqueur
(appelée) rhum ». Rien de plus fréquent dans le style védique
qu'une pareille figure de mots et rien de plus facile que d’en être
dupe en attribuant, si l’on n’y prend garde, les deux désignations
synonymes à des objets différents.
§ 4. — Preuves du peu de valeur de la tradition brahmanique
EN CE QUI REGARDE LE SENS DES TEXTES DU RlG-VÉDA
J’ai posé en principe (D) qu’il n’y a pas de véritables noms
propres dans le RV. J’ai eu l’occasion de montrer ailleurs (§ 2)
de quelle manière superficielle, et par là même arbitraire et fautive,
les auteurs des Brâhmanas et, d’une façon plus générale, les
anciens exégètes hindous des textes védiques, ont interprété ces
textes. Ces deux assertions se trouvent particulièrement confirmées
quand l’on met en rapport le nom des prétendus auteurs des
hymnes du RV., tels qu’ils nous sont indiqués dans la Sarvânu-
kramanî et les passages mêmes des hymnes qui les ont visible-
ment suggérés. L’expérience pourrait porter, en donnant les mêmes
résultats, sur la plupart de ces noms. Je ne la ferai qu'à propos
de quelques-uns. Elle n’en sera pas moins concluante, surtout si
l’on tient compte de la mesure dans laquelle elle pourrait se géné-
raliser. Dans tous les cas, il ressort des exemples qui vont suivre,
qu’au moins très souvent, les indications les plus extérieures, les
plus étrangères même au parti qu’ils en ont tiré, ont suffi aux
auteurs de ces listes pour y inscrire les noms de prétendus Risis
1. Orassmann, « plante et suc du Sonia »; Hillebrandt, « tige de la plante
Soma. »
NOTES PRÉLIMINAIRES
23
qui figurent avec une tout autre signification dans' les textes aux-
quels ils ont été empruntés.
Hymne V, 1. — Auteur Gavisthira. Ce nom est un composé tiré
du vs 12, 2e hémistiche, où on lit :
gavisthi.ro ndmasâ stomam agnau
diviva rukmam uruvyancam açret
Le gavisthira « celui qui prend sa forme dans (le lait de) la
vache » ou dans le Soma et qui atteint [açret) la voix [stomam),
c’est-à-dire qui crépite dans le feu (agnau), ne saurait être qu’une
désignation du Soma pavamâna.
Hymne V, 2. — Auteur Kumâra. Ce nom est le mot initial de
l’hymne :
kumàram màtâ yuoatili samubdham
guhà hihliarti na dadciti pitre
De l’aveu de tous les interprètes,, le mot kumàram « jeune
homme » s’applique, ici au feu sacré que porte ( hihliarti ) sa mère
[mât à), la libation.
Hymne Y, 7. — Auteur Isa. — Le mot isa figure au 1er hémis-
tiche du vers 1 de cet hymne :
sakhàyali sam vah samyaiïcam isarn stomam câgnaye
Il est de toute évidence que ce mot concerne ici la libation
offerte au feu sacré ( agnaye ).
Hymne V, 10. — Auteur Gaya :
vs 3- — team no agna esàm gayam pustim ca vardhaya
Le feu sacré (agni) est prié d’accroître la demeure (gayam) des
offrandes (esàm). Donc gaya ne saurait être ici un nom propre
d’homme.
Hymne V, 15. — Nom d’auteur, Dharuna:
vs 1. — glirtaprasatto asurah suçeoo
râyo dhartâ dliaruno rasvo agnili
Le feu sacré ( agnili ) est le support [dharunali) de la richesse
sacrée ( cascah ) ou de l’oblation; il la porte dans ses flammes.
Donc, ici encore, dharuna ne saurait être un nom propre d’homme.
A la vue de pareils quiproquos, s’étonnera-t-on que prenant ainsi
24
NOTES PRÉLIMINAIRES
couramment le Pirée pour un homme, les exégètes védiques indi-
gènes aient imaginé, d’après des textes qui prêtaient bien autre-
ment à la méprise, une plante Sonia dont on exprimait, à l’aide de
pressoirs de pierre, un suc clarifié ensuite au moyen de tamis de
laine ?
§ 5. — Remarques sur l’interprétation de Bergaigne
La différence fondamentale entre les explications védiques de
Bergaigne et les miennes résulte de la part considérable, supprimée
entièrement par moi, qu’il y laisse au mysticisme, au naturisme et
au rituel compliqué de l’époque des Brâhmanas.
En revanche, je le suis et le dépasse souvent dans tout ce qu’il
accorde de plus que ses devanciers à la liturgie primitive et simple
sur laquelle repose, à mon sens, le contenu entier des hymnes.
Sa conception du double sacrifice céleste et terrestre, qui néces-
site celle d’un double Agni et d’un double Soma, est aussi arti-
ficielle et invraisemblable que possible. Elle 1 égaré sans cesse dans
un dédale d’obscurs détails dont il ne se dégage qu’à grands frais
d’imagination. On peut se rendre compte du reste de la fragilité
de son laborieux édifice en constatant qu'il suffirait, pour le dé-
molir, d’obtenir qu’il reste conséquent avec lui-même, en voyant
dans le mot dyaus, ciel, une métaphore pour désigner le feu,
comme il en voit une dans le mot samudra , mer, pour désigner
le Soma. Cette concession faite (et que de raisons obligent à la
faire!), plus rien, je ne dirai pas ne nécessite, mais n’autorise l’hy-
pothèse d’un prototype céleste de la liturgie terrestre du sacrifice
au feu. Du même coup disparaissent aussi celle de la déification pri-
mordiale des corps célestes et celle d’un ritualisme védique inspiré
par le spectacle des phénomènes atmosphériques et sidéraux. Le
feu sacré n’est plus l'image du soleil, ni le Soma celle de la pluie :
les rôles sont renversés, la rhétorique rend compte de ce dont on
demandait l’explication à la météorologie et, par là même le culte
si naturel et si simple du feu domestique s’indique à la fois comme
l’objet unique des hymnes et la source commune du sentiment
religieux et des figures mythiques.
Voilà pour le grand conflit entre les idées de Bergaigne et les
miennes. Quant aux divergences de détail, elles seront indiquées
et discutées lorsqu’il le faudra dans les notes qui accompagnent
NOTES PRELIMINAIRES
25
ma traduction Je me bornerai pour l’instant à soumettre à un
examen critique, en me plaçant au point de vue de ma méthode,
la traduction donnée par ce savant au tome III, p. 136, de sa
Religion védique, du vers du RV., IX, 77, 5, dont je rappellerai
d’abord le texte :
cakrir divah pauate krtviyo raso
maliàn adabdlio varuno hurug ]/ate \
asâvi mitro vrjanesu yajniyo
'tyo na yùthe orsayuh kanikradat
1er pâda, traduction Bergaigne : « Le suc énergique et puissant
(le Soma) coule du ciel. » — Au tome II, p. 22, de la Religion
védique , Bergaigne interprétait l’expression cakrir divah par les
mots : « Soma a fait le ciel, » et il avait raison, le Soma est en effet
l’artisan ( cakri ) du ciel-feu.
Pavate ne saurait, dans aucun cas, signifier « couler ». Ici
comme partout, ce verbe se rapporte au soma qui s’allume ou qui
passe, au moment du sacrifice, de l’état liquide à l’état igné.
Krtviyah est plus expressif que ne l’indique le sens vague du
mot « puissant ». Il y a toute apparence que cet. adjectif vise la
même idée que cakri (même radical), et qu’il convient de le tra-
duire par « actif, opérateur, constructeur ».
2e pâda, trad. Berg. : « Grand Varuna, infaillible pour celui qui
sort de la voie droite. »
Mahân varunah • — Varuna a évidemment ici la valeur d'une
épithète ou d’une apposition, — « le Soma varuna ou envelop-
peur »; mais que devient alors l’hypothèse de Vhénotéisme des
divinités védiques que Bergaigne ne cesse jamais d'admettre? —
Mahân, non pas vaguement « grand », mais « haut, élevé », en tant
qu’épithète du feu sacré qui se dresse sur l’autel.
Adahdhah. - — La grammaire interdit de donner à ce participe
le sens actif d’ « infaillible ». Il signifie en réalité « non maltraité,
non opprimé ». — Le feu sacré, comprimé en quelque sorte quand
1. J’aime à reconnaître que cette partie importante de mon travail m'a été
rendue possible par l'Index de M. Bloomfield. il est regrettable toutefois
qu’il contienne un assez grand nombre d’erreurs qu’il n'est pas toujours
facile de corriger. J’ajoute, qu’à mon avis, le meilleur hommage à rendre
aux travaux de Bergaigne est encore de se considérer comme tenu de
montrer en quoi et pourquoi on est çà et là en désaccord avec lui.
NOTES PRÉLIMINAIRES
26
le sacrifice n'a pas lieu, cesse de l’être au moment où l’officiant
l’allume pour la célébration de l'acte sacré.
Par suite de ce qui vient d’être dit, l’expression hurug gaie ne
saurait être le complément de adabd/iah. Elle dépend de pacale :
le feu s’allume pour l’égaré, (autre désignation du feu, avec dédou-
blement verbal) (G), qui trouve sa voie par l’allumage même.
3e pâda, trad. Berg. : « Il a été exprimé, Mitra sacré, dans les
demeures. »
Asàci « il a coulé », et non pas « il a été exprimé » (§ 2).
Mitrali... yajniyah « Mitra sacré». — Même observation sur
Mitra que plus haut (pâda 2) sur Varuna, — ce mot est une épithète
du Soma liquide, lequel est l 'ami du Sonia igné. — « Sacré, » sens
vague que je précise en rendant le mot yajniya, conformément aux
indications de la grammaire et de l'étymologie, par « qui est de la
nature de l’oblation » ( yajna , dont yajniya dérive).
Vrjanesu, non pas « dans les demeures » au sens de résidences
des hommes, mais à celui de résidences des Somas, — à savoir les
flammes du feu sacré qui les contiennent.
4e pâda, trad. Berg. : « Hennissant comme un cheval en rut
au milieu du troupeau. »
Une seule réserve à faire à propos de vrsayuli (Berg. « en rut »)
et que je traduirais plutôt par « désireux de devenir taureau (mu-
gissant) », c’est-à-dire de crépiter en s’allumant.
Ces remarques ont surtout pour but de montrer l'invariabilité
et la précision grammaticale et logique de ma méthode, même en
la comparant à celle de l’indianiste- qui passe à cet égard, et
généralement à bon droit, pour le plus rigoureux des interprètes.
§ G. — Preuves étymologiques de l'importance de la libation
DANS LE SACRIFICE INDO-EUROPÉEN ET VEDIQUE
«• — Radical sanscrit hu « verser un liquide, répandre, faire
couler », etc. Ce sens est attesté comme primitif par la synonymie
des rad. correspondants yu, yeu en grec et hu en latin.
Principaux dérivés : sc. homan et lioma « offrande liquide, liba-
tion », — cf. yyq-ia « averse, tourmente », ysqjrôy « mauvais temps,
pluie », yeùpa « courant d’eau, libation », yÿpa, même sens, yjpô;
« suc, humidité »; lat. humor, même sens:
NOTES PRÉLIMINAIRES
27
Sc. hotvà, hotra-m « offrande liquide, libation » (d’où le com-
posé agnihotra-m, nom du sacrifice brahmanique, littér. libation
au feu); — cf. zend zaotlira, même sens, — gr. /;jtXov « liquide
répandu, libation ».
Gr. « libation », etc. — sc. havis, liaoya « libation », etc.
b. — Radical sc. dhù et dhùn, gr. 00, Oov « agiter, faire couler,
verser (une libation), d'ou sacrifier ».
1° Sens d’agiter, s’agiter.
RV. X, 23, 4, ud id dhùnoti vàtaJi... oanam. — « Le vent agite
la forêt. »
Hom., II. , V, 87, 0üve xp tieSiÔv itoTaptj) ttXt;0ovti soixwç. « Il
s’élança dans la plaine pareil à un fleuve gonflé. » — IL, XXI, 234,
ôo’ ETiéffffUTo, o’opaxt 0jwv. « Il s’élançait s’agitant par la vague. »
2° Sens de faire couler, verser, sacrifier.
RV., VIII, 2, 2, nrbhir dhülah sutali. — « (Le Soma) versé,
coulé par les hommes. »
Ilom., Od., XXIV, 185, oxtteoov x'-px-i 0ù£v. « Il arrosa le sol de
sang; » — II., IX, 219, Oeoïm Oùuai « faire des libations aux dieux ».
— Cf. au vers suivant : ô o' h itupî (fxXXs durcie;. « Il jeta des
offrandes dans le feu, » et l’expression homérique fréquente
crravoslv 0so7<nv, « verser des libations aux dieux ».
c. — Radical sc. mad, d’où sc. véd. mad-as « liqueur du sacri-
fice »; mad-in, mad-ir-as , mdts-ar-as (( liquoreux »; mad-ali
« mouiller, abreuver, enivrer, réjouir » ; mud « ce qui (abreuve,
enivre) réjouit » ; mod-ate « se réjouir (en buvant) ».
Gr. pao-xw « être humide, couler » ; paÇ-oç (cf. rad. sc. mais)
« ce qui coule, fait couler (le lait), mamelle »; poo-xw « être hu-
mide, mouiller ».
Même famille : pé0-u « liqueur (homér.) »; péôu •?, ou « liqueur
douce, vin », d’où p£01w « s’enivrer », mais aussi « mouiller,
tremper ».
Lat. mad-eoa être trempé, mouillé », d’où « s’enivrer »; mad-
idas « mouillé ».
Vieux-haut-allemand, meta, meto, mito « liqueur (hydromel),
etc. ».
Anglo-saxon, medu, medo, meodu , meodo, même sens; medu
dream « plaisir de boire (du vin) » ; medu drinc, « le fait de boire
du vip », etc.
28
NOTES PRÉLIMINAIRES
d. — Sc., radical sine (pour *soinc), sic, sèk « verser, répandre ».
Cf. surtout le sens religieux de abhi-sêka « sacre, sacre royal ». —
En rapprocher tout particulièrement lat. succ-us « suc, humidité »,
et peut-être aussi sicc-us (pour *sricc-us ) idée d’écouler, sécher,
— cf. aussi zend hic « mouiller, couler et sécher ».
Germanique — vieux-haut-all., seich « urine », d’où seichan,
seihhan « couler, uriner »; — vieux-haut-all., sïh-an, « couler » ;
— vieux-haut-all., sîg-an, senchan, sincan, sanchjan « s’écouler,
s'abaisser, s’enfoncer»; — vieux-haut-all. (s ici h «sacré», d’où
wïhan « sacrer, consacrer » ; ici se rattache peut-être anglo-saxon
tricca « sorcier (sacrificateur) ».
Rac. slave (Miklosich), senk « couler ».
Lat., rad. sac, d’où sac-er; sanc d’où sancio. — Sens premier
« verser », — sac c er, adj. « qui est pourvu de libation, qui offre
la libation », — subst. « ce qui offre la libation, le sacrifice »; —
sacrifico « verser la libation, sacrifier », — sacerdos « qui établit
la libation, qui sacrifie, prêtre », — cxsecror « écarter du sacrifice,
maudire », — sacer esto (sens premier probable) « qu’il soit tenu de
faire une libation expiatoire »; — sacrima « oblation de vin »; —
sancio « consacrer par un sacrifice » ; — sanclas, sancitus « consa-
cré par un sacrifice ».
Cf. l'identité du sens de sancio et de cr-évow, spondeo.
Se rattachent probablement à la même famille lat. sang-uis
« sang », en tant que liquide ; gr. aTpa = ‘jaiy-pa, m. s.
Dépendent encore très vraisemblablement de la même famille :
Gr. rad. ây, (say, ^aÇ) d’où ay-toç « sacré, qui concerne la
libation, le sacrifice »; — ay-o; et iyo; « sacrifice, sacrifice
expiatoire » (cf. la formule latine sacer esto); — àÇ-opat « faire
une' libation aux dieux, les honorer (d’une libation) »; — i-pZi»
« offrir en sacrifice ».
Sc. gaj (* syaj ) « verser la libation, sacrifier»; — l’acte concret
exprimé par ce radical est mis en pleine évidence par les formules
comme (RV., Il, 9, 4), gajasca hacisâ; — yajvan, sacrificateur,
est à tous égards le correspondant du lat. sac(v)cr. Cf. aussi
j/ajùas = "gaf- o an-as, développement de gajean, et gàgci
« oblation ».
Le radical sc. pu, dont il a déjà été question plus haut (§ 2) à
propos du dérivé paoilra et dont l’emploi est si fréquent et si
NOTES PRÉLIMINAIRES
■29
important dans tous les textes védiques relatifs au culte du Soma,
vise en général l’état igné de l’oblation liquide. Comme ces textes
le justifient partout, le Sonia paoamàna, pundna ou pùta est, non
pas celui que le prétendu filtrage du suc de la prétendue plante
Soma a clarifié, mais bien le Soma liquide éclairé ou allumé et
transformé ainsi en flammes sacrées. — Les preuves suivantes
s’ajouteront aux indications générales fournies par les textes.
1° Le rad. pùn, pù « éclairer, allumer, faire briller », est appa-
renté, de l’avis de la plupart des linguistes, au gr. uSp « feu » et au
germanique fon, fan , même sens; cf. aussi rad. slave pyr, pur
« briller, brûler ».
2° Le dérivé sc. pàoaka est une épithète fréquente d’Agni « l’al-
lumé » ou « le brillant ».
3° Le dérivé sc. pavana « le vent », à l’époque classique, le
désigne ainsi cet élément à titre d’ allumeur et non de purificateur,
comme on a pris l’habitude de le dire, sans s'apercevoir qu’on
substituait ainsi une conception européenne et moderne aux vieilles
idées de l’Inde.
4° Les textes de l’Atharva-Véda sont aussi explicites que ceux
du Rig lui-même, en ce qui regarde le Soma allumé ou s'allumant
désigné par le rad. pù. — Exemple : AV., XII, 2, 11, samiddho
agnili supund punàti. « Le feu allumé par le bon allumeur (Soma)
s’allume (ou brille). »
5° Exemple d’un texte qui a favorisé la substitution de l’idée
de purification par les eaux à celle d’allumage du feu sacré par
les libations, à propos du culte du Soma.
RV., X, 17, 10 ;
àpo asmdn màtarali çundhayantu
glirtena no ghrtapoâli punantu |
viçvam hi ripram pravahanti deoir
ud id clbhyah çucir à pùta emi
Les feux: (ou le feu) du sacrifice sont censés parler (par leurs cré-
pitements) — « Que les eaux, nos mères, nous fassent briller; que
celles qui allument à l’aide du ghrta nous allument à l’aide du
ghrta. Les (eaux) célestes (ou brillantes) emportent toute tache
30
NOTES PRÉLIMINAIRES
(substituant partout l’obscurité aux ténèbres); allumé, je m’élève
d’elles brillant (dans les airs . »
L’usage constant du ghrta comme oblation nourricière du feu
sacré suflit à établir la véritable signification de ce vers, dont l’im-
portance est capitale pour résoudre la question qui nous occupe.
1. D’après Grassmann, le sens premier du rad. pù est « flamber ». Il ajoute
que pù se dit en pareil cas « vom Feuer, oder vom den ins Feuer gegossenen
Strômeu der Schmelzbutter ( ghrta )».— C’est absolument mon avis, surtout
à propos du vers dont il s’agit.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
TRADUCTION DU NEUVIÈME MANDALA
DU RIG-VÉDA
HYMNE PREMIER
1. — svâdisthaya mâdièthayâ | pâvcisva soma dhàrayâ \
indràyci pâtave sutâh
Au moyen du courant très doux, très liquide, allume-toi,
6 liqueur (soma), — (toi qui) as été versée pour (servir de)
boisson à l’Ardent (Indra).
svâdisthayâ. — Le soma est très doux ou très savoureux, puisque
le feu sacré en fait ses délices.
madisthayâ. — On traduit d’ordinaire, en forçant le sens du mot,
par « très enivrant ». La signification propre et réelle est « très
liquide », « très mouillant ». — Cf. gr. p.a8aw, lat. madeo, et surtout
le sens védique constant (A) de mada « liqueur ».
pavasva. — Sâyana, d’après le contexte : « coule (këara). Ludwig :
« clarifie-toi. » Les deux interprétations sont fausses : à la voix
moyenne, le rad. pü signifie toujours « s’allumer ».
soma. — Dérivé du rad. so-su « couler ». Le soma n’est donc pas
une plante, mais un liquide inflammable qui sert d’aliment au feu
sacré.
dhàrayâ. — Construction fréquente avec l’instrumental quand il y
a dédoublement verbal (G) du nom d’un des éléments du sacrifice.
Ici dhârâ est synonyme de soma; d’où la tautologie : « ô liquide,
allume-toi au moyen du liquide, » c’est-à-dire « flambe à l’aide de
32
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
l'aliment que tu te fournis à toi-même ». La traduction de Ludwig :
« clarifie-toi dans un courant, etc., » c’est-à-dire « en produisant
un courant, etc. », donne à l’instrumental une nuance significative
arbitraire (B).
indrâya. — Proprement « Tardent », rad. ind = indh, « allu-
mer, s’allumer », — épithète de nature (employée substantivement)
du feu sacré (D).
sutah. — Proprement « ce qu’on a fait couler », « coulé », c’est-à-
dire « versé » (et non pas « pressé », signification déduite de contextes
mal interprétés).
2. — raksohâ viçüdcarsanir | ablii yônim âyohatam |
drûnâ sadhàstham âsadat
Le destructeur du gardien, qui s’agite au moyen de tous
(les dons) | (en se dirigeant) vers la matrice percée par
le fer, a pris résidence dans ce qui occupe au moyen du bois
la même demeure (que lui).
rakèah dans le composé raksohâ. — « Le gardien » ou « le rete-
neur », personnification de l’obstacle imaginaire qui est censé
retenir le soma quand le sacrifice n'a pas lieu. Le raksohan , ou celui
qui le détruit, n est autre que le soma lui-même, dont la présence au
sacrifice coïncide nécessairement avec la suppression de l’obstacle
qui s’opposait à sa venue.
viçcacarsanih. — Autre nom épithétique du soma, comme
l’indique son apposition à raksohâ.
yonim. — « La matrice » du soma est le lieu d’origine vers lequel
il est censé se diriger pour y prendre naissance et qui, dès lors,
l'enveloppe; d’où la nécessité qu’elle soit « percée par le fer »
(ayohafam) pour qu’il en jaillisse. La figure du fer qui perce la
matrice est une autre forme de celle du destructeur du gardien.
Comparer aussi le vajra d’Indra, dont le rôle est le même que
celui de l’arme acérée qui crève la matrice du soma.
drunâ. — « Le bois, » nom métaphorique du soma considéré
comme inflammable.
sadhastham. — Le soma, sous Tune ou l’autre de ses formes
liquide ou ignée), partage la résidence de celle qui le complète.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMÀ
33
3. — varivodhâtamo bhava | mdnhistho vrtrahântamah |
parUi râclho maghônâm
Sois tout à fait établisseur de l’espace, tout à fait géné-
reux, tout à fait destructeur de l’enveloppeur. Fais avancer
les dons des généreux.
varivodhàtamaJi. — Le soma devient libre et prend possession
de l’espace en s’enflammant.
pâda 2. — En tant qu’a liment des flammes sacrées, le soma est
très généreux ; de plus, il détruit l’enveloppe (ou l’enveloppeur, —
vrtra ) dans laquelle il est retenu, comme au vs 2 il tue le gardien
et perce la matrice.
pâda 3. — Le soma fait avancer le don des généreux (somas) en
se portant en avant sous sa forme ignée.
4. — ablnj àrsa maliânâm \ devânàm vîtiin âtidhasà |
ab/d vdjam utd çrdva/i |
Coule au moyen de Yandhas vers le régal des Célestes
élevés, — vers le réconfort et vers la voix.
Ce vers est tout en dédoublements verbaux (G). Le soma est
invité à s’unir au régal des Célestes, c’est-à-dire au soma lui-
même considéré dans son usage liturgique, au réconfort (vâja)
: - soma nourrissant, à la voix (çravah) = soma crépitant, au
moyen de Yandhas ’, autre désignation du soma.
Le tout revient à cette tautologie complexe et résultant de purs
jeux de mots : « O soma, unis-toi à toi (sois toi' par toi. »
mahânâm depànâm. — Les Célestes (ou les dieux) symboles des
flammes sacrées, élevées, en ce sens qu’elles se dressent sur l’autel.
5. — * tvâm dchâ carâmasi \ tdd id drthain dire dire |
itido tüé na dçàsah
Nous nous approchons de toi; l’objet que voici est pour
chaque jour(-feu); en toi, ô brillant, sont nos paroles.
carâmasi. — Les sacrificateurs ayant le soma entre leurs mains
1. Sens étymologique peu sûr ; c£. cependant le grec avûo;.
3
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
O A
O i
et s’identifiant à lui en quelque sorte, se représentent comme venant
s’unir au soma objectivé ou verbalement dédoublé (G) auquel ils
s’adressent.
tat. — Pronom démonstratif qui accompagne l'oblation, en dé-
signe 1 objet et s ajoute au geste du sacrificateur qui la verse (L).
dire dice. — Nom métaphorique du feu sacré, dont l eclat qui se
réitère à chaque oblation est comparé à celui du jour renaissant
chaque matin (I). — Je considère dire plutôt comme le datif (de
dir) que comme le locatif de diva.
indo. — Littér. « le brillant »; rad. ind, cf. ind-ra. — Adjectif
pris substantivement comme synonyme de soma pavamânah .
tve. — Dédoublement verbal eu égard à âçasalj. (G). — Sây. et
Lud. ; « en toi sont nos prières, » ce qui n aurait de sens
qu'en interprétant en toi par à toi ou pour toi ; mais à quoi bon
le locatif?
àçasali. — « (Nos) paroles, » c’est-à-dire « (nos) somas qui cré-
pitent», cf. le synonyme çravali, vs4.
G. — punâti te pari srûtam | sômam suryasya duhitâ \
vàrena râçvatà tânâ
La fille du soleil allume la liqueur qui coule autour (du
feu sacré) au moyen de la toison, de ce qui est constant, de
ce qui se développe.
te pariarutam somam. — Dédoublement verbal (G) analogue à
celui qu’implique, par exemple, l’expression « son eau », en
parlant de celle d’une rivière.
süryasrja duhitâ. — Sây. et Lud. = çraddhâ .« la foi. » — En
réalité, la fille du soleil (= le feu sacré) est une personnifica-
tion féminine instantanée (D) de ce même feu : la fille du soleil est
celle qui est de la nature du soleil-feu; comme telle, elle allume
[punâti] le soma liquide et le rend paoamàna.
vàrena. — Proprement, l’enveloppe ou la toison qui est censée
renfermer le soma avant qu’il ne soit offert au feu sacré. Quand il
coule et s’allume, c'est en quelque sorte grâce à l’enveloppe consi-
dérée comme l’ayant versé : il se répand par sa permission. Par là,
car a se trouve être le sujet logique de punâti.
çaçcatâ. — Adjectif employé substantivement comme synonyme
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
35
de soraa, avec dédoublement verbal (G). C’est non seulement à
l’aide de l’enveloppe que le soma coule et s’allume, mais aussi à
l’aide de lui-même considéré comme constant, c’est-à-dire comme
coulant constamment (une fois qu’il coule).
ianâ. — Explication tout à fait analogue à celle de çaçvatâ. —
Lud : « il est clair que ianâ ne saurait être que démonstratif (?) . » —
Sây. : = nistrtena « étendu ». Explication juste, à condition d’ajouter
que le mot est employé substantivement. — ianâ est l’instrumental
du verbe tan « ce qui s’étend », = le soma destiné à s’étendre ou à
s’accroître une fois allumé. — Pour la construction, cf. dhàrayâ
vs 1, drunâ vs 2, andhasâ vs 4.
7. — tdm Un ânvîh samaryâ \ â grbhnanti yôsano dâça \
svâsârah pca'ye divi
Celui-ci, — les minces qui sont dans celui qui a le mâle
le saisissent, (elles) qui sont (ses) dix femmes, (elles) les
sœurs qui sont dans le ciel(-feu) qui les entoure.
tam ïm. — Démonstratifs accompagnant le geste du sacrifica-
teur (L).
anvïli. — « Les petites « (ou « les minces ») destinées à devenir
grandes; cf. 10, 5.
samarye. — Lud. : « dans le combat. » — Sây. : = sarna-
nusye = yajne. Bien. Les flammes sacrées sont comparées aux dix
doigts des mains qui saisissent les libations, et en même temps
aux dix femmes du mâle (= soma) qui constitue l’oblation (yajiïe).
On peut dire par conséquent, avec accumulation de figures para-
doxales (K), cf. 10, 5, que les femmes-oblations sont dans l’oblation
considérée comme pourvue de mâles.
svasârah. — Les dix flammes-doigts sont sœurs, parce quelles
ont la même origine ou le même père, le soma liquide ; ou, au point
de vue de la comparaison à cause de leur parenté commune avec
le poignet.
pârye divi. — Le sens de pârye est douteux; peut-être faut-il
entendre « au haut » du ciel-fen, au sommet des flammes. — Les
flammes-doigts sont dans le ciel-feu par suite du dédoublement
verbal (G) qui permet de désigner le même objet par deux noms
différents et de dire que l’un est dans l’autre.
36
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
8. — tom îrn hi avant y ayrâvo \ dhâmanti bàkurâm drtini |
tridhâtu vârandm mâdhu
Celui que voilà, celles qui ont une pointe (?) l’agitent;
elles soufflent dans la cornemuse (?), dans le doux aux trois
bases, dans l’enveloppeur (?).
tam ïm. — Comme au vs précédent (L).
agruvah. — Les flammes en tant qu’elles forment le sommet ou
la pointe ( agra ) des libations. — Interprétation hypothétique.
pâda 2. — Interprétation hypothétique de l’expression bükuram
drtini, mais allusion sûre du texte aux crépitements des flammes
sacrées. — Berg., Rel. véd., III, 9, note, traduisait ce passage par
u ils (les sacrificateurs) font retentir la peau de la grenouille ».
tridhâtu. — Allusion probable à une division du dhâtu, ou du
soma-base du feu sacré, en inférieur, supérieur et moyen.
câranam. — Probablement à expliquer comme vürena, au vs 6.
9. — abhimdm dghnyd utâ | çrlndnti dhendvah çiçum |
sômam indrâya pâtave
Celles qui ne doivent pas être tuées, les (vaches) laitières,
échauffent (ou allument), en s’approchant (de lui), ce liquide,
leur petit1, pour servir de boisson à PÂrdent.
imam... somam. — Le démonstratif liturgique comme aux vs 5,
7 et 8 (L).
aghngâlj. — (Les vaches-libations) qui ne doivent pas être tuées,
qui doivent vivre, être actives, se manifester au sacrifice; cf. le
sens védique de amrta.
dhenavah. — Les (vaches) laitières, personnifications (D des
somas ou des libations nourrissantes, et ici du soma pavam. ; ce
qu’explique l expression gobhili çrïnânali (109, 17) « le soma) qui
s’allume par les vaches », les vaches étant considérées comme
allumant le soma pavam. dont elles fournissent l’aliment.
çiçum. — Le petit (de ces vaches) (J), celui quelles allaitent,
c’est-à-dire qu’elles produisent avec leur soma-lait, mais aussi,
1. Berg., Rel. cécl., II, 56, traduit : « les mères qui cuisent leur petit. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
37
qu’elles échauffent ou allument en tant que, comme nous venons
de le voir, elles figurent aussi le soma pavamâna.
indrâya pütave. — Cf. vs 3.
10. — asyéd indro mcïdesv â \ vlçvd vrtrdni jiçjhnate
euro rnaghâ ca manhate
L’Ardent (Indra) a détruit toutes les enveloppes qui sont
dans les boissons de celui-là (le liquide = soma). Le fort
donne les dons.
asjja. — Démonstratif liturgique (L).
madesu. — Lud. : « dans l’ivresse » = quand il (Indra) est ivre,
— faux locatif (B). — asy a., .madesu «dans les boissonsdu soma »,
dédoublement verbal (G).
vrtrüni. — Comme plus haut dans le composé vvtr ahant amali ,
vs 3.
çü rali. — Le fort, le puissant = indra = soma pavam. fortifié
par le soma liquide. Cf. gr. x'jpoî.
maghà ca manliate. — Sây., Lud. : « Il donne les dons (aux
sacrificateurs), » — non pas, mais à son alter ego nominal, le feu
sacré ou le soma pavam. Cf. vs 3.
HYMNE II
1. — pâvasva devavir âti | pamtram soma rânhyâ \
indrmn indo vHâ vira
O liquide, allume-toi, toi qui es le régal des Célestes,
en traversant l’allumeur, au moyen de celle qui court.
O brillant, toi qui es (pareil à) un taureau, pénètre l’ Ardent.
ati paoitram. — Lud. : « (Clarifie-toi en coulant) à travers le
tamis. » Le paoitra est proprement ce qui allume = soma pavam.
avec dédoublement verbal (G) : le soma proprement dit est censé
avoir à traverser la soma pavam. appelé pavitra pour s’allumeret se
transformer lui-même en soma pavam. — Il letraverse en coulant,
ou par une coulée (; ranliyâ ; cf. dhàrayâ, vs 1, 1), — nouveau dé-
doublement verbal (G). — Sây. et Lud. rendent ranliyâ par
38
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
l’adverbe « avec vitesse », sans s’inquiéter delà valeur de 1 instru-
mental (B1 *.
vi-sâ. — Sây. : secakah « verseur, arroseur ». Explication
admissible: le sonra at'rose le feu sacré, ou bien est comparé à un
taureau I qui l’engendre en répandant sa semence (J .
a t'iça. — « Pénètre (P Ardent), » formule bien expressive et qui
décrit au propre l’absorption du soma liquide par le soma pavam.
2. — â vacyasvamcihi psâro | vrsendo dyumnàvaitamah |
â y oui in dharnasili sadah
O brillant, mets en mouvement la grande nourriture, toi
qui es (pareil à) un taureau, toi qui es très brillant; loi
qui es fort, prends résidence dans (ta) matrice.
malii psarah. — « La grande nourriture » (du feu sacré) destinée à
grandir sous la forme des flammes de celui-ci.
vrsâ. — Comme au vs précédent.
dyumnavattamalr. — Lud.: (« comme un taureau) très brillant. »
Qu’est ce taureau, sinon la personnification du soma qui va briller
une fois enflammé ?
yonim. — Comme au vs 1, 25.
dharnasili. — Étymologiquement, « celui qui soutient» le feu
sacré.
3. — âdhuksatapriÿâmmâdhu \ dhârà sutâsya vedheisah |
apô vasistha sukrùtuh
Le courant do (la liqueur) versée, de l’édificateur, a trait
le (liquide) agréable, le doux. Celui qui a de belles œuvres
a revêtu les eaux’.
dhârà. — Comme au vs 1, 1. — Le soma sous ce nom trait (fait
sortir comme delà mamelle d’une vache, et quand il en est besoin
pour le sacrifice), le soma qualifié de liquide agréable et doux, —
ce qui revient à dire tautologiquement que le soma produit le soma.
vedhasah. — Sens probable: « (le soma) édificateur des flammes
sacrées. »
1. Uerg., Rel. céd., II, 42, voit dans ce passage l’indication que « les rivières
célestes!?) viennent servir de vêtement au soma terrestre! »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
39
apah. — Les eaux du soma §= le soma liquide dont le soma pavam.
se revêt en le transformant en flammes; cf. 3, 62, apo déco ci
g Cihate.
sukratuJi . — Sày. : suharmâ sornali, « le soma aux belles
œuvres », c’est-à-dire aux belles flammes, — celles dont il est l’arti-
san, le créateur. — Lud. : « Celui dont l’intelligence est puissante
(Indra) a tiré à lui les eaux ». — Sens purement arbitraire.
4. — mahântam tvci mahir ârw | âpo arsanti sindhavah |
yâd gôhhir vâsayisyâse
Les hautes eaux, les rivières coulent en te suivant, toi
qui es haut, lorsque tu auras été enveloppé par les vaches
(-libations).
mahântam. — « Le soma » (comme le dit très justement Sày.),
qui grandit en s’enflammant (cf. vs 1, 4).
mahîh... àpali... sindhavah. — « Les grandes (cellesquile devien-
dront), les eaux, les rivières, «autres noms d’origine comparative (I)
du soma liquide qui vient s’unir au soma enflammé.
anu. — Exprime la continuité du soma sous ses deux formes : au
courant enflammé se rattache, en arrière, le courant liquide.
gobhih. — Autre nom comparatif du soma; les vaches four-
nissent le lait, comme le soma fournit le liquide sacré. De plus,
la formule est fondée sur un dédoublement verbal (G). — Sày. juste-
ment : y ad =■ yadâ et gobhih ~ oikâraih = pa gobhih.
5. — samudrô apsû mâmrje \ vistambhô dharûno divûh \
sômah pavitre asmayûh
La mer s’est éclaircie dans les eaux ; (elle qui est) le sup-
port, le soutien du ciel(-feu), la liqueur désireuse d’être
nôtre qui est dans l'allumeur.
pàda 1. — La mer, à laquelle est comparé le soma (I) devient
brillante (en s’allumant) dans les eaux, autre dénomination com-
parative du soma, — cf. le vs précédent; — en d’autres termes, le
soma-mer se frotte, s’éclaircit ou s’allume dans les somas-eaux,
c’est-à-dire simplement et abstraction fai te du jeu d’idées auquel ont
prêté les dédoublements verbaux(G), le soma s’allume. — Lud. von-
40
I.E CULTE VÉDIQUE DU SOMA
drait donner à apsule sens de l’instrumental (B) et entend : « (Le
soma pareil à) la mer montre, sa limpidité au moyen des eaux des
fleuves dont l'eau est trouble, tandis que celle delà mer est claire. »
Cela nous mène-t-il assez loin du sacrifice et du rituel!
pâda 2. — Le soma supporte le feu sacré comparé au ciel,
puisque c’est sur celui-là et grâce à lui que celui-ci élève ses
flammes.
pâda 3. — Le soma pavam., qui est la chose des sacrificateurs
( asmayuh ), réside dans le feu qui l’allume paoitra ), et qui en est un
autre nom; cf. vs 2, 1\ Le poète joue peut-être sur cette idée
paradoxale (K): le soma qui est nôtre est (pourtant aussi) dans le
paoitra.
6. — âcikradad vt-sâ hârir | mahân mitrù nû darçatcih |
sain sur yen a rocade
Le taureau doré a mugi, lui qui est resplendissant comme
(son) haut ami; il est lumineux en même temps que le soleil
(-feu) et à son aide.
harih. — « Le doré, » c’est-à-dire de couleur d'or, ou plutôt de
feu.
o rsa. — Le taureau-soma, cf. 2, l3. — Lud. : « le taureau jaune
qui crie. » Qu’entendait-on par là, sinon une personnification du
soma allumé et crépitant?
mahân mitrah. — Sây. à juste titre) = çakhâ « ami ». Cet ami
est le feu sacré qui s’élève brillant sur l’autel et auquel s’unit le
soma pavam.
pâda 3. — Lud. : sans tenir compte de la valeur de l’instru-
mental B): « il le soma) brille en même temps que le soleil, »
C’est par le feu sacré comparé au soleil (I) que le soma devient
lumineux. — Sây. approche du vrai sens en résumant ce pâda
dans la formule dioi prahâçate, « il brille dans le ciel ».
7. — (/iras ta inda ôjasâ | marmrjyünte apasyûvah \
yâbhir màdâya çûmbhase
O brillant, tes voix qui produisent des œuvres1 dc-
1. Ou qui veulent se produire. — Voir, il propos du sens général de ce
vers, Berg., Rel. VécL, 1,154.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
41
viennent brillantes au moyen du réconfort; c’est par elles
que tu brilles pour la boisson.
pâdas 1 et 2. — Pour les voix ou les crépitements du soma
pavam., cf. le vs précédent, 1er pàda. — Ici ces voix s’identifient au
soma lui-même considéré comme crépitant (cf. çravali 1, 4:,);aussi
le poète peut-il dire fine les voix-somàs deviennent brillantes = s’al-
lument (cf. 2, 5', au moyen de la force = le réconfort (du feu
sacré) = soma (G). De même, les voix-somas veulent édifier des
œuvres-flammes (cf. 2,33). — Lud. traduit : « des hymnes célébrant
(tes) œuvres t’embellissent avec leur force, » — ce qui est aussi
loin que possible du vrai sens.
pâda 3. — C’est avecles voix-somas-flammesquele soma pavam.
brille pour la liqueur (-soma), c’est-à-dire donne à cette liqueur de
l’éclat., — en un mot, l’allume.
8. — tenu tvâ mâdâya ghrsvaya | u lokakrtnûm ïmalie \
tâva prâçastciyo mahih
Toi que voilà, nous t’appelons, - — toi qui produis l’espace
pour la liqueur ardente; (ces) hautes voix sont tiennes.
tam tvâ. — Démonstratif liturgique, comme aux vers 1,7', etc.
(L).
madàya ghrsvaye. — La boisson ardente = soma pavamàna.
lokakrtnûm. — Lud. (à juste titre) : « qui donne l’espace », c’est-
à-dire qui délivre, qui fait apparaître. Le soma, avec dédouble-
ment verbal (G), donne la liberté au soma; il le produit, ou se pro-
duit au sacrifice, quand le sacrifice a lieu.
Imalie. — « Nous t’appelons » = nous sommes censés t’appeler,
puisque tu viens, puisque tu es là.
pâda 3. — praçastayah, comme girali, au vs précédent. — -
mahïli , comme maliàn au vs 2, 62. — taoa, avec sens possessif
subjectif = tien ou tienne ; ce sens disparaît dans l’interprétation
de Sây. et de Lud. : « tes louanges, » c’est-à-dire les louanges qui
te sont données , au lieu de « les voix qui sont tiennes, qui t'appar-
tiennent ».
9. asmâbhyam indav indrayûr\niddlwali pavas va dhârayâ j
parjcinyo vrstimân ivci
O bridant, toi qui désires (devenir) l’ Ardent, allume-toi
42
LE CL' LTE VEDIQUE DU SOMA
pour nous au moyen du courant de la douce (liqueur), tel
le nuage humide.
asmabhyam. — « Pour nous, » sacrificateurs identifiés à l’objet
du sacrifice ou à l’oblation.
indrayuh. — Lud. : « en tant qu’ami d’Indra, » — plutôt
« désireux de l’Ardent (Indra) », voulant se transformer en lui, ou
le produire.
pàda2. — Variante de 1,1' : madisthayà pavas va ...dliârayâ et
preuve évidente r \u.e madhoah et dhàrayâ désignent un même objet
(G), à savoir le soma qui coule et dont la saveur est agréable au feu
sacré.
pâda 3. — Le soma et le nuage sont humides ou aqueux et par
là le mot nuage ( parjanya ) devient une désignation métapho-
rique du soma I). — Lud. croit à tort que la comparaison repose
sur la qualité commune de fertilisant, bienfaisant.
10. — rjosâ ifido nrsâ asy | açvasd vdjasâ utâ |
àtmâ yajiîâsya pure yak
O brillant, tu es conquérant de vaches, conquérant
d’hommes, conquérant de chevaux, conquérant de réconfort;
(tu es) lame (qui se trouve) en tête de l’oblation.
pàdas 1 et 2. — Le soma conquiert, c’est-à-dire acquiert pour
lui, manifeste, produit les vaches-libations, cf. 2, 4'. — Les
hommes ou les mâles = les forts — les somas (cf. samarye 1,7’
et vrëâ passim). — Les chevaux personnifient les flammes qui
traînent le char des libations, — les somas-réconforts, cf. 1, 4:i.
En résumé, le soma sous le nom de indu, réalise, constitue le soma
désigné par les épithètes du texte. — Berg., Rel. véd., III, 212,
entend que le soma donne les chevaux, etc.
pâda. 3. — Le soma est la vie, l’âme, l’essence de l'oblation
enflammée (soma pavam,). — L’adjectif pürvya « en avant » peut
s’entendre soit du soma liquide qui précède le soma igné, soit et
plutôt de celui-ci considéré comme se manifestant au sommet de
celui-là. — L’interprétation de Lud., « dès le principe », implique
des conceptions qui n’ont rien de védique.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
43
HYMNE III
1. — esd devô cimartyah \ parnavir iva cliyati |
abhi drônâny âsâdam
Ce Céleste non mort vole, comme un oiseau, vers les bois
pour s’y asseoir.
esa. — Démonstratif liturgique (L.).
deoali. — Sày. : dyolamânah, « brillant » ; cette désignation ne
convient qu’au soma pavam.
amartyali, « qui n’est plus mort », c’est-à-dire vivant, actif. —
Voir sur ce mot et ceux de même famille, mes Premières Formes de
la religion et de la tradition dans l'Inde et la Grèce, p.'48 et 49.
pâda 2.— Les flammes du soma pavam. sont comparées aux ailes
agitées d’un oiseau qui vient s’abattre dans le récipient du soma
liquide.
pâda 3. — ■ Cf. 1, 23, drunà sadhastham âsadat ; d’où la preuve
que l’objet exprimé par le mot drunà (ce par quoi vient le soma),
et celui exprimé (au pluriel) par le mot dronàni (ce vers quoi il
vient), est le même : dans les deux cas il s'agit d’un synonyme de
soma, donnant naissance par dédoublement verbal (G) à des for-
mules tautologiques. — drona (dérivé de dru « bois ») « ce qui est
delà nature du bois », « ce qui est combustible », désignation com-
parative (I) du soma aliment du feu sacré. — Berg., Rel. vëd. , 1, 149,
voit dans le drona un « vase de bois ».
2. — esd devô vipâ krtô j ’ ti hvcirâmsi dhâvati \
pdvamdno âdâbhyah
Ce Céleste, qui est produit par ce qui s’agite, coule au
delà des empêchements, (lui), l’allumé, qui ne doit pas être
opprimé.
esa devali. — Comme au vs précédent.
vipà krtali. — Sây. : « produit par le doigt. » — Lud. : « préparé
par l’hymne, » sens énigmatique. — En réalité, vip est une épi-
thète (employée substantivement) du soma pavam. actif ou agité. —
44
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Dédoublement verbal et tautologique habituel : le soma est produit
par le soma (G).
hvaràinsi. — Sây. : = les ennemis. — Lud. : « (il traverse) les
embûches. » — Vrai sens : « il traverse) les obstacles qui sont
censés l’arrêter quand il est absent. » La formule est parallèle à
vrtràni jighnate 1, 102. — Lud. soupçonne qu’il s’agit des obstacles
que le soma rencontre en traversant le tamis de laine à l'aide
duquel on le clarifie. Seulement, ce prétendu filtrage est imagi-
naire. C’est toutefois entrevoir une partie du vrai sens que de con-
sidérer les hvarâmsi comme des obstacles. — Berg., Rel. véd., 111,
180, note, traduit hvarâmsi par « tromperies ».
pacamânah. — Littéral. « l’allumant » ou « celui qui s’allume ».
— La relation grammaticale de pacamânah avec esa devah est
importante pour fixer l’objet précis désigné par l’un et l’autre de
ces mots : le céleste ou le brillant, que le sacrificateur a sous les yeux
(esa), est le (soma allumé.
adàbhyali. — « Celui qui ne doit pas être opprimé, arrêté,
empêché (par les obstacles). » — Berg., Rel. véd., III, 198, «in-
faillible ».
3. — esâ (leva mpanyûbldli \ pûvamâna rtàyûbhih |
hârir vàjâya mrjyate
Ce Céleste (qui est) allumé (est 'rendu brillant) par les
bruyants, par les coulants, — (ce) doré est rendu brillant
pour le réconfort.
esa devah. — Comme aux vers 1 et 2'.
vipanyûhhih. — Par les (somas) bruyants ou crépitants, cf. 2,
6' et7'. - Lud., dans sa traduction (er gelautert wird von lieder-
kundigen frommen), ne tient pas compte de la valeur de l’instru-
mental, ce qui suffit pour l’infirmer (B).
rlâyubhili. — Sens en rapport avec celui de via « le (soma)
coulé, versé ». Berg., Rel. véd., III, 239, donne à rtâyu le sens de
« fidèle à la loi ».
pâda 3. — Cf. 2, 7\ madâya çumbhase , d’où l’indice que madâya
et vàjâya sont synonymes. — Pour Sây., le soma serait comparé à
un cheval ( h avili ) qu’on prépare ou qu’on orne pour le combat.
Explication analogue de Lud., qui rend vàjâya par zu krafttat. —
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
45
Le vâja est personnifié, c’est pour lui, c’est-à-dire pour le faire
briller, que le soma pavara. brille.
4. — esâ üiçvâni v'âryà \ çuro yânn iva sâtvabhih |
pavamânah sisâsati
Ce (liquide) allumé, allant comme un héros, cherche à
s’emparer, à l’aide des (oblations) présentes, de toutes les
choses désirables.
esa. — Démonstratif liturgique (L).
viçvâni vâryci. — « Toutes les (choses) désirables » = toutes les
offrandes, toutes les libations-somas : le feu sacré, ou l’allumé,
s’empare des oblations liquides qui lui sont offertes. — Les expres-
sions de ce genre rendent compte du sens de viçva employé substan-
tivement.
çürah. — Comme au vs 1, 10*. — Le fort, ou le héros, cherche
à s’emparer de ce qui excite ses convoitises.
satcabhih. — Sày. = « avec les forts » ; Lud. : « avec les héros. »
— Vrai sens : (( au moyen des somas réels, présents, » par opposition
aux absents, à ceux qui sont considérés comme empêchés ou re-
tenus quand le sacrifice n’a pas lieu. — Dédoublement habituel (G) .
5. — esâ deoô ratharyati | pâvamâno daçasyati |
avis krnoti vagvanûm
Ce Céleste, (qui est) allumé, devient (ou agit comme) un
char, devient un don; il manifeste le bruyant.
esa devah. — Comme aux vs 1' et 21, etc. (L).
ratharyati. — Le soma pavam. ou le feu sacré, est comparé à un
char qui porte et entraîne les offrandes. — Say. approche du vrai
sens en entendant que le soma « désire un char pour porter l’of-
frande ». - — Lud. : « Il se hâte avec la vitesse d’un char. » —
Berg., Rel. véd., I, 223, traduit : « il est porté sur un char. »
daçasyati. — Le soma (dédoublé) est généreux (envers le soma).
pâda 3. — Le soma pavam. manifeste ou réalise le (soma) bruyant
ou crépitant. — Lud. : « er lâszt warnemen die stimme, » sans
explication.
4G
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
G. — esa viprair abhistuto \ ’pô deuô vi gâhate \
dâdhad vâtnâni dàçûse
Ce Céleste, célébré par les agités, se plonge dans les eaux,
en établissant les dons pour le donateur.
. esa. — Démonstratif liturgique, cf. 3, 4', etc. (L).
vipraili. — Sày., Lucl. : « (célébré) par les prêtres, les officiants. »
— En réalité : « rendu bruyant, crépitant (abhistutah) par les
(somas) agités = actifs, vifs, enflammés (G); cf. vipü kvtali, 3, 2’.
pâda2. — Le soma pavam. ou igné se baigne dans le soma liquide,
de même qu’il le revêt au vers 2, 33.
pâda 3. — Le soma pavam. établit, édifie, sous forme de flammes,
les dons ou les oblations qu'il a reçus; et il le fait pour le donateur,
pour (embellir) l’oblation même (considérée comme donatrice), ou le
soma liquide, en l’allumant. — Lud. : « spendend freude dem
spender, » — énigmatique à bien des égards.
7. — esâ dictant, vi dhâvati \ tiré râjâmsi dhârayà \
pavam ânah kdrd kradat
Ce (liquide) court au ciel(-feu) en traversant les ténèbres
au moyen de la coulée, — (lui), l’allumé, le crépitant.
esa. — Comme au vs précédent (L).
divam vi dhâvati. — Le soma liquide devient pavamâna en
coulant dans le feu sacré désigné métaphoriquement, ou compara-
tivement sous le nom de ciel (I).
rajâmsi. — Le soma obscur est censé traverser les ténèbres qui
l’enveloppent pour devenir lumineux ou pavamâna; cf. pour la
construction : ati hvarâmsi dhâvati , 3, 222.
dhârayâ. — Cf. 1, 1! (G).
pâda 3. — Cf. 2, 6’. — D’après Sây. et Lud., il s’agirait (très
invraisemblablement) du bruit que fait entendre le soma en tra-
versant le tamis qui le clarifie. — Berg., Bel. ced., 1, 163, reconnaît
qu’il « est difficile de préciser le corps ou le phénomène lumineux
représenté par soma traversant le ciel ». — hanikradat, participe
neutre employé substantivement en apposition à pacamânah.
LE CÜLTE VÉDIQUE DÛ SOMA
47
8. — eèâ clivain v y àsarcit j tirô ràjâmsy âsprtah \
pâvamânah svadhvaràli
Ce (liquide) a coulé dans le ciel(-feu), non empêché, à
travers les ténèbres, — (lui) rallumé aux bonnes oblations.
pâda 1. — Variante de 3, 7' ; même signification et même
explication.
lira raj ainsi- ■ — Comme à 3, 72.
asprtah. — Sây. : = kenâpij aliimsitali « que nul ne maltraite »;
cf. le synonyme âdabhyali, 3, 23.
soadhcaraJi. — Sây. (justement): «qui a de bons sacrifices. »
9. — em pratnêna jchnnancl \ devu devébhycdi sutoh |
h (tri h pavitre arsati
Ce Céleste, versé pour les Célestes par une génération
antérieure, (ce) doré, coule dans l’allumeur.
esa. — Comme aux vs précédents (L).
pratnêna janmanà. — La précédente ou la première génération
qui a donné naissance au soma pavam. est celle du soma liquide ou
du versé (sut ah).
pâda 2.— Le Céleste (soma) est coulé pour les Célestes (somas) :
dédoublement verbal (G) de l'idée fondée sur la différence des
nombres (le singulier et le pluriel ; en distinguant le deva des
devas, on peut dire que celui-là est destiné à ceux-ci.
pâda 3. — hardi, épithète anticipée en quelque sorte. C’est seule-
ment en arrivant dans le pavitra que le soma devient pavamàna.
10. — esà u syci puruvratô \jajnànô janâyann isah [
dharaycl pavcde sutcdi
Ce (liquide) que voilà, qui est pourvu des objets aux
nombreux (dons) de ses désirs, qui en naissant donne nais-
sance aux libations, — (lui), le versé, s’allume au moyen du
courant.
esa. — Comme aux vs précédents (L).
puruvratali. — Il est très vraisemblable que paru ainsi employé.
48
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
doit s’expliquer comme ciçca pris substantivement, « les nombreux
dons du sacrifice) ». — Berg., Rel. red., III, 237 : «dont les lois
ou les oeuvres conformes à la loi sont grandes, nombreuses. »
pada 2. — En apparaissant, le sonia fait apparaître ou produit les
libations dont il est l’essence et qui ne sont qu’un autre nom de
lui-même (G).
pada 3. — Cf. 1, l2, paoasva soma dhàrai/à.
HYMNE IV
1. — s and cci soma jesi ca \ püvamdna nui ht çrc'wah |
dthd no vcisyasas krdhi
O liqueur allumée, puisses-tu conquérir, et tu conquiers,
la haute voix; puis, fais-nous meilleurs.
malû çracali. — Autre nom du soma pavam., en tant que déve-
loppant des flammes qui crépitent. — Cf. 1,4’, abhij arsa... çracali ,
et 2,6', acileradad orëà... mahân.
pada 2. — « Fais-nous (nous les somas, auxquels les sacrifica-
teurs s’identifient) meilleurs, » c’est-à-dire plus fortifiants ou plus
savoureux (pour le feu sacré), en nous présentant à lui sous la forme
dont tu es l’artisan, — celle de soma pavam. qui est la tienne et
qui, lui étant identique, lui est la plus chère.
2. — sdndjyùtih scind suàr | viçod ca soma saûbhagd |
dthü, etc.
Conquiers, ô liquide, la lumière, conquiers le soleil(-feu),
et (conquiers) tous les biens. — (Refrain, comme au vers
précédent).
pàda 1. — Il est aussi clair que possible qu’il s’agit pour le
soma de s’allumer. — Sày. évite cette conséquence, en supposant
que le poète sous-entend « pour nous » (« procure-nous la lumière,
le ciel, etc. »).
soali. — « Le soleil, » désignation comparative du feu sacré (I);
l’absurdité de l'idée de conquérir le soleil décèle la métaphore.
oiçoâ-saubharjâ. — Toutes les choses avantageuses, toutes les
oblations; cf. 3. 4. viçcâni cciryà ... sisâsati.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOIvfA
49
3. — s and clâksam utd krdtum \ àpa soma mrdho jahi |
allia , etc.
Conquiers, ô liqueur, le fort et l’édificateur ; écarte les
oppresseurs (Refrain).
daksam. — Say. : balam « laforce». — Littér., celui qui prend,
qui s’empare habilement (de la libation), l'habile1 , épithète dénomi-
native du soma pavamâna.
kratam. — L’auteur, l’édificateur (des flammes), — autre épi-
thète dénominative du soma pavam.; cl. 2, 3:|, sukraluh, et l’explica-
tion de Sây. — Ces formules reviennent à dire : deviens daksa,
deviens kratu 2.
mrdhah. — Littér., ceux qui broient, les oppresseurs, les empê-
cheurs qui font obstacleà l’apparition du soma pavam. Cf. l’épithète
raksohâ, 1, 2'. — Say. et Lud. = « les ennemis ».
4. — ■ pàmtârah punïtàna | sômam indrcuja pâtave |
âtliâ , etc.
Allumeurs, allumez le liquide pour (servir de) boisson à
r Ardent (Refrain).
pâda 1. — Les allumeurs du soma sont les feux sacrés ou, au
singulier, l’Ardent (Indra) qui l’allume en le buvant.
pâda 2. — Cf. 1, l3 : indrâtja pâtace sutali.
5. — tüdm surye na à bhaja | tdua krâtvd tavotibhih (
cithâ, etc.
O toi, qui es dans le soleil, prends part à nos (oblations)
au moyen de ton édificateur et de tes régals (Refrain).
sürpe . — Le soma pavam. est dans son aller ego métaphorique,
le soleil-feu. — Berg., Rel. véd., 215, entend qu’on demande le soleil
à Soma.
1. Peut-être l’habile, dans le sens de « celui qui fabrique bien », et, dans ce
cas, synonyme de kratu.
2. Le sens classique de kratu. « sagesse » est un dérivé abstrait du sens
védique de « fabricateur » (E).
4
50 LE CULTE VÉDIQUE DU SO.MA
nah. — Fais de nous (de nos oblations ton partage. Empare-toi
d’elles.
tara kratrâ ■ — Cf. Icratum. 4, 31. — Sây. = karmanâ. Le
soma liquide est le metteur en œuvre du soraa pavamâna.
ütiohili. — Autre nom des oblations-somas destinées à être savou-
rées par le soma-feu.
6. — tctva krâtoâ tâüotibhir \jyôk paçyema suryam |
cithâ, etc.
Puissions-nous, au moyen de ton édilicateur et de tes
avantages, voir longtemps le soleil(-feu) (Refrain).
pâda 1. — S’explique comme 4, 52. — Formules identiques.
pada 2. — Le soma en s'allumant permet aux sacrificateurs
(inséparables des oblations) de voir le soleil = feu sacré; le soleil
ainsi conçu disparaît avec le soma pavam. et n’a de réalité que
par lui.
7. — abhy àrsa svâyudha | soma dvibürhasam rayim |
âthd, etc.
O liquide, toi qui as de belles armes, coule vers la
richesse au double réconfort (Refrain).
abhy arsa. — Lud. : « fais venir; » — aucune raison pour donner
à ce verbe un sens causal. — Même formule initiale et même
construction qu’au vs 1. 4. — Remarques analogues-
svâyudha. — Sây. : « aux armes brillantes ; » — bonne expli-
cation; il s’agit des flammes comparées à des traits, à des épieux,
etc ; — cf. le foudre de Zeus, etc.
dribarhasam. — dci, allusion probable à deux états du récon-
fort, l’obscur et le brillant.
rayim. — La richesse (du sacrifice = l’oblation. — Dédoublement
verbal (G) ; autrement dit, rayim = somam. Cf. 1, 4, abhy arsa...
vîtim... vâjam, d'où l'indice que rayim, cïtim, vâjarn sont autant de
synonymes. — Berg., Rel. ccd., 181, note, entend « la richesse des
deux mondes ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
51
8. — abhy àrsànapacyuto | rayim samdtsu sâsahih \
âthâ, etc.
Coule vers la richesse, toi qui n’as pas été mis de. côté,
toi qui es victorieux dans les boissons (Refrain).
abhrj arsa... rayim. ~ Comme au vers précédent.
anapacyutah. — Sày. : anàhatali, — (( non maltraité », non écarté,
qu’on a laissé venir; cf. adàbhyali, 3, 2‘, asprtah, 3, 82.
samatsu. — Le sens traditionnel de ;< combat » paraît tiré des
contextes. L'étymologie indique celui de « qui se baigne avec » ou
« qui boit avec », désignation qui convient aux éléments du sacri-
fice, soma et feu sacré, considérés. comme compagnons.
sâsaliih • — Cf. pour l’idée sisàsati, 3, 4L — sanà ca jesi, 4, IL
9. — tvàm yajiïcdr avîvrdhan \ pdvamdna vidhamnani \
cithâ, etc.
O allumé, (les liquides sacrés) t’ont fait croître au moyen
des oblations dans le support (du feu sacré) (Refrain.)
v idharmani. — Synonyme de yajnaih (= somaili) par dédou-
blement verbal (G). — Pour l’idée, cf. 2, 52, vistamblio dharuno
dirait. — Berg., Rel. véd , III, 218, note, rend oidharmani par
ces mots : « alors que s’accomplit l’acte qui consiste à soutenir en
séparant. »
10. — rayim ncu; citrdun açvinam \ indo viçüâyuni â b h ara |
ditliâ, etc.
O brillant, apporte (manifeste) notre richesse éclatante,
qui consiste en chevaux, active à l’aide de tous (les dons)
(Refrain).
citram. — « Éclatante », quand elle est allumée sous la forme du
soma pavamâna.
açvinam. — Comme au vs 2, 101, açvasâ. — Les éléments du
sacrifice sont comparés à des chevaux, donc ils ont la nature des
chevaux ou possèdent des chevaux.
à bliara. — Le rayiciira est un autre nom du soma pavam.;
sans celui-ci, celui-là est absent, c’est donc au premier d’ap-
porter le second, de le manifester.
52
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
HYMNE V
1. — sdmiddho viçvâtas pâtih \ pâuamâno vi râjati |
prindn vrsd kânikradat.
Enflammé, le maître, l’allumé brille de toute part ('?), —
lui, le taureau, qui savoure (l’oblation), le bruyant (ou le
crépitant).
pâdas 1 et 2. — 11 est impossible d’exprimer plus clairement
que le soma pavam. est le soma allumé, c’est-à-dire un autre nom
d’Agni .
pat il/. — Le maître (de l’offrande), le soma pavam . qui s’empare
du soma liquide. A moins qu’il ne faille construire ciçcatah avec
patih et entendre « le maître issu de tous (les dons) ».
prinan. — Cf. priyam (madhu), 2, 3'. — Le priyam est l’objet
du prïi/an.
vrëà. — Cf. 2, 1% etc.
kanikradat. — Cf. 2, 6', acikradal crsà , et 3, 73, kanikradat.
2. — tdnundpàt pcwamânah | çn'ige çiçâno arsati |
antdriksen a râra jet t
L’allumé, iils du tanû, coule en aiguisant ses deux
cornes; il a brillé au moyen de l’(espace) intermédiaire.
tanû dans tanü-napàt). — Désigne certainement le soma liquide,
père du soma pavam. ; mais il est difficile d’en déterminer le sens
propre. L’étymologie indique celui d’ « étendre » (rad. tan), sans
qu’on en voie bien le rapport avec le classique tanu « corps ».
çriïge. — Les cornes de feu du taureau-soma ; le soma pavam. les
aiguise en s’enflammant. — Cf. l’épithète svâyudha, 4, 7’.
antariksena. — Nom métaphorique du soma pavam. (dédouble-
ment comparé à l’espace lumineux qu’on plaçait, par pure considé-
ration de symétrie verbale, entre le rajas ou l’obscurité (symbole de
l’absence du soma pavam.) et le die ou le ciel qui symbolise sa pré-
sence.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
53
3. — üényah pâuamâno | rciyir m râjati dyumân |
mcklhor dhàràbhir ôjcisd
L’allumé qui doit être rendu crépitant, la richesse, le
lumineux, brille au moyen des courants du Doux, au
moyen du réconfort.
ïlenyah. — Sày. : stutyah. « cligne d’être célébré ».
pavamânah... ci râjati dyumân. — Cf. 5, 1, samiddhah ... pava-
mâno ci râjati. Mêmes conclusions à tirer des deux passages.
rayili. — L’apposition pacamâno rayili prouve la synonymie
des deux expressions. — Lud. : « le soma pavam. brille comme la
richesse. »
madlxor dliarâbliili. — Cf. 2, 9 -,madhvali pavasva dhàvayâ ; d’où
l’indice que pavasca exprime la même idée que vi râjati.
ojasâ. — Cf. 2, 7'. — Dédoublement verbal (G). — Lud. tra-
duit d’une manière ambiguë : « le pavam. brille puissamment avec
des courants de madhu. »
4. — barhili pràcinam ôjcisd | pàucimàna strnàn hardi |
devésu devâ lyate
L’allumé, le doré, étendant au moyen du réconfort le
fortifiant qui s’avance, — lui qui est céleste, est mis en
mouvement (pour aller) chez les Célestes.
barhili. — Le rad. barh indique pour ce mot l’idée de force. En
réalité, c’est un des noms du soma-réconfort. La fréquence des for-
mules où barhili est employé avec le rad. star « étendre », a fait
croire qu’il désignait une jonchée d’herbe qu’on étendait sur l’autel
avant de verser la libation et d’allumer le feu sacré. Notre passage
suffirait à lui seul pour démontrer l’erreur de cette interprétation
qui remonte à l’époque de transition du védisme au brahmanisme,
et que le rituel a fait sienne en prescrivant la pratique liturgique de
la jonchée du ùar/nVherbedont on avait cru voir l’indication dans
les hymnes. Comment pourrait-on dire en effet que le soma pavam.
étend l’herbe sur l’autel? Ce qu’il étend ou développe au moyen de
Vojas (cf. le vers précédent) est évidemment le soma même porteur
d’un autre nom pour la circonstance. — Lud. ne rend pas ojasâ.
51
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Est-ce par oubli ou par suite de la difficulté qu'il éprouvait à l’ex-
pliquer?
prâcinam. — « Qui s’étend, s’avance, se développe sous forme
de flammes; » cf. strnan au pâda 2 de notre vers.
harih. — Comme épithète du soma pavam., cf. 2, 6’.
devenu devah. — Dédoublement verbal fondé sur la différence
des nombres, cf. 3, 9\ devo devebhyah . — Lud. rend-il compte
du passif lyate en traduisant : « als gott unter den gôtten ange-
fleht? » et quelle valeur attacher à l'idée : « un dieu entre les
dieux? » — Sây. approche du vrai sens en expliquant deresu par
yajnesu.
5. — ud àtair jihate brhdd \ dvâro deoîv hiranyâylh |
pâvamânena s âstu tâh
Au moyen des âtas, les portes, les Célestes (de couleur)
d’or, s’en vont dans le Haut, bien célébrées par l’allumé.
dtaih. — Le sens propre de ce mot est inconnu, mais il n’est pas
douteux qu’il ne désigne les somas avec dédoublement verbal (G).
brhat. — Adj. neutre employé substantivement (F), — « le
Haut » = le feu sacré qui s’élève.
dvàrah « les portes » qui emprisonnent le soma pavam. absent,
mais qui sont censées le suivre lui ou ses substituts, les Célestes
ou les déesses, etc.), ou sortir avec lui quand il se manifeste. —
Ni Sây., ni Lud. n’expliquent ce qu’il faut entendre par ces portes
qui sont des déesses d'or. — Cf. l’explication de vàrena, 1, 63.
sustutâh. — « Bien célébrées » par les crépitements du soma
pavam. Contre toute évidence, Lud. ne construit pas ce mot avec
pavamànena. — Cf. pavamânah kanikradat, 3, 73.
6. — suçilpé brhati malü | pâvamâno vrsanyati |
nâktosâsd nci darçaté
L’allumé saillit comme un taureau les deux bien ornées,
hautes, grandes, brillantes comme la nuit et l’aurore.
Les «deux bien ornées, etc. », qui sont pareilles au couple de la
nuit et de l’aurore et que saillit le taureau-soma, sont les libations
sous leurs deux- formes, c’est-à-dire absentes ou présentes, obscures
ou brillantes. Le couple, comme d’habitude, reçoit des épithètes
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 55
qui ne conviennent qu’à celui de ses termes qui est brillant ou
manifesté \
7. — ubhâ deuâ nrcdksasd \ hôtârâ dawycï huve |
pduamdna indro vrsâ
J’appelle les deux célestes qui brillent à l’aide des hommes
(les màles-somas), les deux sacrificateurs d’origine céleste,
— (moi), l’allumé, l’ Ardent, le taureau.
nrcaksasà. — Littér., « qui ont de l’éclat au moyen des hommes »,
c’est-à-dire des somas qui servent d’aliment au feu sacré ; cf. 2,
10', vrsâ.
hotârâ., — Littér., « ceux qui versent » (l’oblation) = les somas
pavam. qui la contiennent et par conséquent qui l’offrent (aux
somas eux-mêmes désignés sous d’autres noms).
daivt/â. — « Qui sont de la nature des devas, » lesquels sont eux-
mêmes de la nature du ciel-feu (die) .
huoe. — Le soma pavam. crépitant est censé appeler les Célestes au
festin sacré. Les tournures de ce genre marquent un achemine-
ment vers l'identification si fréquente du sacrificateur humain, ou
du prêtre, avec l’oblation.
pàda 3. — indrali doit être considéré comme une apposition à
pavamânah, d’où la preuve de l’identité des deux objets que ces
mots désignent. Berg., Bel. céd., II, 266, voit ici à juste titre une
identification formelle de Soma à Indra.
8. — bliâratl pdvamünasya | sdrcisvatUâ mahî \
imam no yajildm â gaman | tisrô devth supéçasali
Que celle qui porte l’allumé, que la liquoreuse, que la
prieuse, que la grande, que les trois Célestes aux beaux
ornements viennent à cette oblation offerte par nous.
pàda 1. — « Celle qui porte l’allumé » est la libation liquide.
pàda 2. — Ce pàda est exclusivement composé d’épithètes de la
libation allumée et crépitante.
imam. — Démonstratif liturgique (L).
à gaman. — Les libations allumées, personnifiées, sont censées
1. Su ries couples védiques, voir mes Premières Formes, etc., p.210 et passim.
5G
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
se rendre à l'oblation, par le fait même de la présence de
l’oblation. Le vœu du sacrificateur revient à souhaiter que le
sacrifice s’accomplisse.
pâda 4. — Les trois Célestes résument et personnifient l’objet des
épithètes dénominatives du 1er hémistiche, en comptant llâ malû =
lia la grande, pour une seule désignation. — supeçasah, cf. suçilpe,
vs 6’.
9. — tvâstâram agrajâm gopâm \ puroyâvànam à huve |
indur indvo vrsà hârih \ pâvamânah prajâpatih
J’appelle le fabricateur, celui qui naît de la pointe, qui
garde les vaches, qui marche en avant, - - (moi) le brillant,
l’ Ardent, le taureau, le doré, l’allumé, le maître des créa-
tures.
Tous les termes de cette énumération s’appliquent à un seul et
même objet, à savoir au soma pavam. ou à Agni (le feu sacré). Pour
la construction du 2e hémistiche, eu égard à celle du 1er, cf. vs7,
et 11.
tvaëtâram. — Le soma pavam., en tant qu'édificateur du feu
sacré; cf. 2, 3‘, sukratuh .
agrajâm. — «Celui qui est né de la pointe» ou « dans la
pointe » de la flamme, — autre désignation par dédoublement (G)
de la flamme même. - Sây . — a^re jâtam. — Berg., Rel. céd.,
III, 58, « premier-né ».
gopâm. — « Celui qui garde ou possède les vaches-libations; »
cf. 2, 10’, gosâ.
purogâcânam. — « Celui qui marche en avant, » — le soma igné,
eu égard au soma liquide qui est en arrière; cf. 3, 91, pralnena
ianmanà... sutali.
à huve. — Comme hune, au vers 7 11 .
2ft hémistiche. — Enumération dont les termes sont en apposi-
tion les uns aux autres, d’où l’indice de leur synonymie. —
Cf. vs73.
prajâpatih. — «Lemaître des créatures, » c’est-à-dire le posses-
seur des êtres, ou des productions ignées, auxquels le soma donne
naissance, — en réalité, autre nom de ce même soma (G), dont
la mythologie brahmanique a fait la désignation d’une personnalité
divine constante; cf. Indra et Hari, déités brahmaniques dont
l’origine est la même que celle de Prajâpati.
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
57
10 .vânaspâtimpadamàna \ mâdlivâ sâmangdhi dhârayd \
sahâsravalçam hâritam \ bhrâjamdnam liiranyâyam
O allumé, oins avec le doux courant le maître des bûches
aux mille branches, fauve, étincelant, (de couleur) d’or.
vanaspatim. — « Le maître des bûches, » c’est-à-dire du soma.
inflammable comparé à du bois; en réalité, autre nom du soma
pavamâna.
mâdlivâ... dhârayâ , cf. 2, 92, madhvah... dhârayâ, a t 3, 10 1 ,
dliàrayâ pavate sulali.
sahnsravalçam. — « Aux mille branches » ou « aux branches pro-
duites par les mille (dons) » = aux mille flammes, par dévelop-
pement logique de la métaphore (J).
Hémistiche 2. — Toutes les épithètes dont ce passage est com-
posé et qui concernent le Vanaspati, démontrent qu’il n’est autre
que le soma pavam., par dédoublement verbal (G) : le soma oint le
soma, le rend brillant, l’allume, c’est-à-dire s'allume. — Berg.,
Bel. véd., 1,268 : «le poteau » d’or brillant aux mille branches,
ne saurait être que le feu lui-même.
11. — viçve devâh svâhàkrtim | pâvamdnasyâ y ata |
vdyûr brliaspâtih sàryo | ’ynir indrah sajosasa/i
Tous les Célestes, le vent, le maître du réconfort (Brhas-
pati), le soleil, le feu (sacré), F Ardent qui goûtent ensemble
au même aliment, — venez à l’appel de l’allumé.
devâli... à gata. — Le soma pavam. est destiné aux Célestes
[devâh) ; cf. 3, 92, devo devebhyah sutah •
svâhàkrtim. — L’appel ou le crépitement du soma pavam.
Cf. 2, 6’, acikradad vrsâ, etc.
vàyuli. — « L’air, le vent, » désignation comparative du feu
sacré fondée sur son activité, sur son ardeur.
brhaspatili. — « Le maître du réconfort(-soma), » c’est-à-dire le
soma même : le soma personnifié sous ce nom est le maître ou le
possesseur du soma proprement dit.
süryah. — Pour le soma pavam. comparé au soleil, cf. 4, 62.
agnih- — Nous connaissons l’identité du soma pavam. et du feu
sacré.
LE CULTE VÉDIQUE Df SONIA
58
sajosasah. — Les Célestes (devait) ont le même festin, ils parti-
cipent aux mêmes libations.
HYMNE VI
1. — mandrâyâ soma dhârayâ \ vrsâ pavasva devayûh \
üvyo vâresv asmayûh
O liqueur, ô taureau, dans le désir de devenir céleste,
allume-toi au moyen du courant liquide, — toi qui désires
devenir nôtre dans les toisons de la brebis.
Hémistiche 1. — Cf. 1,1*.
mandrayâ. — Sày. = madakarayà . — (Berg., Bel. véd., I,
148) (d’après l’interprétation brahmanique) : « Ce tamis est fait de
1 line de brebis. »
devayuh. — Cf. 2, 9', indrayuh. ..pavasva dhârayâ.
asmayuh. — Comme à 2, 5'.
L’expression avyo vâresu « dans les toisons de la brebis » est
fondée sur l’idée première que le soma pavam. est contenu dans
une enveloppe (de feu ;) mais le soma liquide étant comparé couram-
ment à du lait, et le lait étant fourni par la brebis, celle-ci en est
considérée, dans l’expression en question, comme la source et l’en-
veloppe, par la substitution métaphorique, avec l’entremise de l’idée
sous-entendue de lait et de mamelle, de celle de toison-enveloppe
à celle de feu-enveloppe. — Expressions métaphoriques corres-
pondantes : gos tvaci, pavitre , yonau, kalaçe, camusu, etc. — D’autre
part, l’idée d’une enveloppe a suggéré celle de la nécessité d’en sortir
pour agir ; de là les formules ati vàram avyayam, ati pavitram, etc.,
pour exprimer les mouvements du soma pavam. concourant à
l’œuvre du sacrifice.
2. — abhi tyam mâdyam mcldam \ indcw Indra iti ksara \
abhi vâjino à matait
« U brillant, coule, » lui dit (?) l’Ardent, vers cette boisson
liquide, vers ces (coursiers) actifs pourvus du réconfort.
Pour la construction et le sens général, cf. 1, 4, abhy arsa. . .
vïtim abhi vâjam.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
59
tyam. — Démonstratif liturgique (L).
indav indra iti. — Je traduis (sans certitude) d’après la valeur qu’a
prise iti dans le sanscrit brahmanique. L’Ardent crépite et est censé
tenir par là le langage, vraisemblable d’ailleurs, que lui prête le
poète.
Berg., Rel. véd., II, 244, et 11, 266.
pâda 3. — Cf. 1, 43, abhi vâjam ; s’il faut attacher à arvatah le
sens de chevaux, comme le veut Sây., cf. 2, 10“ , açvasâ vâjasâ.
3. — abhi tydm pûrvydm mâdam \ suvdnô avisa pavitra â |
abhi vâjam utâ çrâvah
Toi qui te répands, coule vers cette boisson qui est en
avant, dans l’allumeur, vers le réconfort et la voix.
Même construction et même sens général qu’au vers précédent.
purmyam. — Cf. 5, 92, puroyâvânam. — Berg.^ Rel. véd., 1, 188,
« antique ».
paoitre. — Comme 2, 53; cf. 3, 9', pavitre arsati. — Voir la
note sur le vs P.
pâda 3. — Comme 1, 43.
4. — cinu drapsâsa indava \ âpo nâ pvavâtâsavan \
punànâ indram âçata
Les gouttes, les brillants ont suivi leur cours, comme des
eaux, au moyen de la pente; ceux qui s’allument ont atteint
l’Ardent.
àpali. — Pour la comparaison du soma et de l'eau, cf. 2, 33, apo
vasistha sukratuli et surtout 2, 4% anv àpo arëahti.
praoatâ, dédoublement verbal (G). — La (liqueur) qui s’avance
(en coulant) = le soma.
indram âçata, — cf. 2, l3, indram indo. . . viça.
5. — y (ira dtycim iva vâjinam | mrjdnti yôsano ddiça |
vdne krüantam dtyavim
(C’est lui) que, pareil à un coursier pourvu de réconfort,
60
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
(ses) dix femmes rendent brillant; lui qui jouant dans la
bûche a dépassé (la toison de) la brebis.
pâda 1. — Cf. 6, 23, ablii vâjino aroata/i.
pâda 2. — Cf. 1, 72, yosano daça, — - même explication.
mrjanti. — Les flammes du soma pavam. sont comparées à des
trotteuses qui l'ont rendu brillant ou qui l’ont allumé1.
mne. — Cf. 5, 10', l’explication de oanaspatim, et 6, 3 î,pavitre
dont vane est le synonyme.
atyavim. — Voir la note sur avyo vdre.su, 6, l3.
G. — tdm gôbliir vfsanam rdsam | mâdâya deçà vît a y e |
sutâm blutrâya sam srja
Verse ce suc (pareil à un) taureau que les vaches* ont fait
couler pour la boisson, pour le régal des Célestes, pour
(leur) support.
tam. — Démonstratif liturgique (L).
gobhih... sutam. — Cf.2,41, gobhir càsayisyase, — mêmeexpli-
cation. — Dédoublement verbal (G).
vrëanam. — Cf. 6, 1, soma. . . vrsâ, etc.
devavïtaye. — Cf. 1, 4\ abliy arsa. . . devânüm cïtim.
bharàya. — Cf. 5, 8', b/iâratï pavaradnasya. — Sây. = « pour
le combat », sans que rien ne justifie ce sens.
7. — de vô devâyci dhârayé \ ndrâya pavate sutâh \
pâyo yâd asya pïpdyat
Le (liquide) céleste versé pour le Céleste, pour l’Ardent,
s’allume au moyen du courant, alors que son lait s’est enflé.
Hémistiche 1. —Cf. 1, l2et:i, pacasvasoma dhàrayâ indrâya. ..
sutah, — même explication.
payali. — Le lait-soma, dédoublement verbal (G).
pîpayat, — il s'est, enflé ou développé en s’allumant.
1. D'après Borg., Rel. céd. , 1. 222, il s'agirait d’un « tamis » assimilé il une
étrille.
2. Berg., Rel. eéd., II, 53 : « Les vaches qui accompagnent le soma que
le prêtre offre il Indra ne peuvent être que le lait, les prières, ou encore les
eaux qui ont servi il la préparation du breuvage. Même observation pour
les épouses. »
Lis Culte vedique du soma
61
8. — cltmâ yajnâsya rànhyd | susvdndh pavate sutdh |
pratnâm ni pâti kâvyarn
L’âme de l’oblation, le versé qui se répand, s’allume au
moyen du courant. Il s’empare de la sagesse antérieure.
pàda 1. — àtmâ yajnasya , comme 2, 10'.
ranhyâ. — Comme 2, l2.
ni pâti. — Littér. : « il garde sous lui. »
kâvyam. — Littér. : « la chose du kavi, » ou du soma (E) con-
sidéré comme sage, parce qu’il parle, révèle, c’est-à-dire crépite
quand il est allumé.
pratnam. — Littér., <( ancien ou premier », — le soma liquide,
eu égard au soma igné; — cf. 3, 9' : pratnena janmanà. . . sutali. —
Lud. : « La sagesse des anciens temps (!) »
9. — eoâ pundnâ indrayûr \ mddam madiètha vîtdye |
gâhâ cid dad/use girah
De cette manière; ô très liquide, désireux de devenir
l’ Ardent en allumant la boisson pour le régal (des Célestes) ;
tu établis les voix même par ce qui (les) cache.
evà. — « De la manière que voilà », — démonstratif liturgique (L).
indrayuh. — Comme 2, 9' ; cf. 6, 4', punânâ indram.
vïtaye. — Cf. 6, 62, devavïtaye.
pàda 3. — Le soma pavam. établit, produit, manifeste les flammes
crépitantes, les flammes-voix (girah-, cf. 2, 7'), même au moyen
de ce qui cache (au lieu de manifester), c’est-à-dire l’enveloppe du
soma (quand on le suppose absent ou invisible), qui contribue à
sa manifestation en disparaissant quand il apparaît; cf. 5, 5, les
portes (une fois ouvertes) représentées comme des déesses d’or.
De part et d’autre, le jeu subtil d’idées est le même. — Lud., sans
tenir compte de la valeur des cas (B) : « birgst du wenn auch in
verborgnen lieder. » — Sày. ne s’était d’ailleurs pas gêné davan-
tage pour expliquer l'instrumental guhâ par le locatif guhàyàm.
C’est avec de pareils expédients qu’on escamote les difficultés.
62
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
HYMNE VII
1. — âsrgrain indaoah pathâ \ dhànnann rtasya
süçriyah | vidânu asya yôjanam
Les brillants au bel éclat ont coulé au moyen de ce qui che-
mine dans le support du versé1 2, — en trouvant son attelage.
pathâ. — Au moyen de ce qui chemine (ou du chemin) (E) = la
libation active; cf. 6, 8', ranhyâ « ce qui court (ou le courant) ».
— Lud. : « auf ihren weg, » sans tenir compte de la valeur de
l’instrumental (B).
dharmann rtasya. — Cf. 4, 9!, vidharmani, et 5, 8', bhàratï
pavamânasya , d’où l’indice de la synonymie occasionnelle de
rtasya et pavamânasya. — Sày. justement : rtasya = yajhasya
pàda 3. — Les somas pavam., sous le nom de indaoah' trouvent,
c’est-à-dire acquièrent, conquièrent l’attelage (= les flammes com-
parées à des chevaux qui le traînent du soma désigné sous le nom
de rta.
2. — prâdhàrâ màdhoo agriyô \ mcihir apù vi gâhate \
hacir h avis a vândyah
Le courant du doux, celui qui est muni d’une pointe,
s’avance pour se plonger dans les hautes eaux; (lui qui est)
la libation (et) qui doit être célébré dans les libations.
dhârâ madhvah. — Cf. 5, 3', madhor dhâràbhih.
agriyah. — Le (soma) pointu en tant que transformé en flammes
qui deviennent les pointes, les cimes du soma liquide. — Berg.,
Rel. céd., I, 149, « offrande par excellence».
pàda 2. — Cf. 2, 4, maliïli. . . àpali , et 3, 6% apo devo vi yàhate;
— même explication de part et d’autre.
vandyali. — « Celui qui doit être l’objet de crépitements, ou rendu
1. Berg., Rcl. céd., III, 218 : « alors que le rta est maintenu » ou « dans
la loi de l'ordre ». — Rcl. ccd., III, 238 : « Les somas coulent dans 1 edharman
du rta. »
2. Le rta, littér., (le liquide) mis eu mouvement, versé, n’est autre que
l’oblation (yajna). Le sens mystique ultérieur de « ordre divin », qui s’est
attaché à l'un et à l’autre mot est certainement post-védique.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
63
crépitant (de la part du soma pavam.) ; cf. 5, 5:i, pavamânena
sustutâli. — Lud. traduit : « en tant que havis à apprécier entre
tous les havis. » — Dans ce vers, sujets et régimes s’appliquent par
1 effet du dédoublement verbal au soma considéré tout à la fois
comme liquide et comme igné. — Berg., Rel. véd., II, 32: « Le
nom des grandes eaux donné aux eaux dans lesquelles le soma
s’enfonce ou désigne les eaux célestes, ou du moins n’est donné
aux eaux terrestres que par allusion à ces eaux du ciel. . . J’ex-
plique de même le nom de rivières donné aux eaux. . . dans les-
quelles le soma court. »
3. — prc'c yujô vâcô agriyô \ orsâca cakraclad veine \
sâdmâbhi satyù adhvardh
Celui qui est à la pointe de la voix qui s’attelle en avant
(des libations), le taureau a mugi en bas, dans la bûche. L’o-
blation manifestée (a mugi en se dirigeant) vers la demeure.
yujali. — La voix-soma qui s’unit, s’attelle (aux flammes sacrées);
cf. 7, 1% vidànci asya yojanam.
pâda 1. — Cf. 106, 10'. cigre vâcaJi pavamânali kanikradal, qui
fixe le sens de notre passage; cf. aussi le vs précédent (7, 21).
pâda 2. — Cf. 2, 6', aeikradad orsà .
varie. — Comme à 6_,53.
sâdmâbhi. — Cf. 1, 2% ahlii yonim.
satyo adlivarah. — Cf. 3, 8, vy àsarat. . . pavamânali svadhvarali,
et 3, 42, yann iva satvabhili. — Berg., Rel. véd., I, 212, « sacrifice
efficace ».
4. — pàri yât kdvyci kavir ( nrninâ oâsdno ârsati \
svàr vâji sisâsati
Lorsque le sage, — s’enveloppant (tout) autour (de lui) de
ceux qui sont issus des sages, de ceux qui possèdent les
mâles, — coule; — celui qui est pourvu de réconforts cherche
à s’emparer du soleil(-feu).
kâvyà kaoili. — Dédoublement verbal fondé à la fois sur la dif-
férence du nombre grammatical et sur celle qui distingue le dérivé
( kdvya ) du primitif ( kavi ) : le sage (le soma crépitant) revêt ce qui
est issu du sage = ce même soma. — Cf. kâvyam, 6, 83.
64
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
nrntnâ. — Les choses pourvues de mâles, — les somascf. 2 , 10',
nrsâ .
pâda 3. — Cf. 3, 4', pavamânaJi sisâsati, et 4, 2’, sanâ svah, —
d’où l’indice que oâji = pavamânah.
Les deux actions exprimées par ce vers sont d’autant mieux
concomitantes quelles sont essentiellement identiques et ne dif-
fèrent que par l’appareil verbal qui les désigné: de part et d’autre, il
s’agit du soma liquide qui devient igné.
5. — pâoamâno abhi sprdho | ciço ràjeca aidai i \
y Ad un rnoânli vedhùsah
L’allumé, pareil à un roi, vient prendre résidence dans (ses)
demeures en se dirigeant vers les ennemis, lorsque les édi-
ficateurs (?) le mettent en mouvement.
abhi sprdha/i. — Le soma pavam., pour entrer dans le feu sacré,
pour s’enflammer, doit s’attaquer aux ennemis, aux obstacles.
vedhasah. — Cf. 2, 32, dhârà sutasija vedhasaJi.
G. — Acyo oàre pari priyô | hcirir utuïesu salait |
rebhô vanusyate niati
Le doré agréable vient prendre résidence dans la toison
de la brebis qui l’entoure, — dans les bûches; le chanteur
s’agite au moyen de la pensée.
avijo vàre. — Cf. 6, 1‘, avyo vâresu, — même explication.
r anesu. — Cf. 7, 3% veine. — vanesu désigne évidemment ici le
même objet que avyo vàre. — Berg., Rel. véd., 149, « dans des
vases de bois ».
pâda 3. — Dédoublement verbal G) : la mati ou la pensée-crépi-
tement est un autre nom du rebha = soma crépitant.
7. — sa vdyiun indrarn arvinà \ sâkam mùdena gachati \
râpa yô asya dhârmabhih
Celui (que voilà) va au moyen de la boisson dans le
1. Berg., Rai. céd., I, 185 : « Le mythe (du soma chantre) trouve uu point
d’appui dans le fait matériel du son que rend le soma en coulant par le
tamis, pour ne rien dire du bruit qui l'accompagne dans le ciel sous forme
d’éclair. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
G5
vent, dans l’Ardent, dans les deux cavaliers, dans le com-
pagnon (?), — qu’il se délecte au moyen de ses supports.
vâyurn indram, . — cf. 5, 112 et 3, vàyuli . . . indvali.
Hémistiche 1. — Sens général, cf. 2, 1 ' , indrain indo... vira : le
soma liquide s’unit au soma igné.
sa, — démonstratif liturgique (L). — gachati madena, — dédou-
blement verbal (G).
dharmabhili, — cf. 4, 92, vidharmani, et 7, l5, dharman.
ranà yali. ■ — Combinaison assez fréquente dans une même phrase
de la 2e personne et de la 3e.
açcinâ. — « Les deux qui ont des chevaux, » personnifications
du soma obscur et du soma brillant réunis.
sâkam. — - Je suis porté à voir dans ce mot un adj. subst. signi-
fiant « compagnon », plutôt qu’un adv. prép. ayant le sens d’« avec ».
Berg., Rel.véd., III. 239 : «Celui qui se conformeaux dhannann
de Soma est invité à se réjouir. »
8. — â niitrcwdrunà bhdgam \ müdhvah pavanta ûrmdyah\
vidànâ asya çdkmabhih
Les flots du (liquide) doux allument en les pénétrant
l’Ami et l’Enveloppeur, le Participant, — qu’ils trouvent
grâce â ses forces (celles du Doux).
Hémistiche 1. — Le soma s’allume en pénétrant le feu sacré
désigné sous le nom du couple Mitra (et) Varuna (l’Ami = le soma
et l'En veloppeur = le feu , et sous celui de bhaga « le Participant (à
l’oblation) » (D).
pâda 1. — Cf. 2, 92, madhvah pavasva dhârayâ.
vidânâp. — Cf. 7, l3, vidànâ asya yojanam.
asya çahmabhili. — Cf. vs précédent, asya dharmabhili. Les
deux formules sont équivalentes.
Lud. traduit : « Apportez- nous avec vos clarifications Mitra et
Varuna et Bhaga. »
9. — * asmâbhyam rodasi ray Un | mâdhvo oâjasya scltâye \
çrdvo vüsüni sdm jitam
O (vous) les deux rouges, conquérez pour nous la richesse
3
GG
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
l)oui' l’acquisition de la (liqueur) douce qui est le réconfort,
— (conquérez) la voix (et) les bonnes (choses).
asmabhyam. — Cf. 2, 9'; — « pour nous », c’est-à-dirc pour que
nous atteignions notre but, et cf. 4, 10, ràyim imh . . . â bhara.
rodant. — Le couple formé par le soma obscur et le soma igné,
cf. 7, 7', açi'inà.
vàjasya sütaye. — Cf. 2, 10\ vajasa. — Dans ces formules,
l 'acquisition ou la conquête est momentanément personnifiée,
pâda 3. — Cf. 4, 1, jeëi. . . çraoah.
HYMNE VIII
1. — été sômà abhi priyûm | indrasya kâmam akèaran |
uârd/ianto asya viryàm
Ces liquides ont coulé vers l’ Agréable, vers le désir de
l’Ardent, en accroissant sa virilité.
etc. — Démonstratif liturgique (L).
priyam.. . kâmam. — Dédoublement verbal (G) : le kâma, autre
nom du soma. en tant qu'il est l'objet du désir de l’Ardent (feu
sacré). L’explication de Sây. : kâmam = kâmyam... rasam, ap-
proche de la véritable. — Pour le tour, cf. 6, 6, rasam . . . sam
srja , ou bien 6, 3. ablii... madam... arsa.
pâda 3. — Cf. 4, 9b tram. . . atnordhan.
rïryam. — Littér. ce qui est de la nature du mâle-soma ou du
héros (rira) (E); c'est-à-dire soit le réconfort, soit la force. — Berg.,
Bel. véd., II, 250, « la force ».
2. — punânàsah camûsàdo | gâchanto vàyiim açvind |
té no dhântu sumriyam
Que les allumés qui résident dans les coupes (et) qui
vont au Vent, aux deux cavaliers, établissent notre (liquide)
bien pourvu de mâles.
camüèadah. — En tant que liquides, les somas sont censés
résider dans des coupes qui sont au point de vue du soma pavam.
une image des flammes sacrées.
pâda 2. — Cf. 7, 7 : savâyum... dçoinâ gdchcttii
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
6?
te. — Démonstratif liturgique (L.).
clhàntu. — Idée d’établir, de mettre debout, de manifester, comme
à 6, 9:l, dadliise girah ; cf. aussi 3, 6\ — Sây. approche du vrai en
donnant dliântu comme l’équivalent de dhàrayantu.
swnriyam. — « Ce qui est bien pourvu de vïrya » ; voir la note
sur vîryam au vs précédent.
3. — indrasya soma râdhase [ punânô hardi codaya |
rtcisya yônim àscidam
O liquide, mets-toi en mouvement en t’allumant pour le
Don, pour entrer dans le cœur de l’Ardent, pour prendre
résidence dans la matrice du versé.
râdhase... codaya. — Cf. 1, 33, parsi râdho maghonâm.
liârdi. ■ — Cf. 60, 33, indrasya liardy âoiçan. — Le cœur est
considéré ici comme une enveloppe interne remplissant les fonctions
de l’estomac. — L’expression indrasya hardi est synonyme de
rtasya yonim au pada suivant; elle équivaut d’ailleurs à paoitre,
àvyo rare, etc. , et figure les flammes qui boivent ou enveloppent
le soma liquide. Remarquons de plus que l’emploi de cette
expression est un témoin précieux des transitions par lesquelles la
personnification d’Indra, ébauchée par elle, s’est acheminée de plus
en plus vers l’anthropomorphisme.
rtasya yonim. — Cf. 7, l1 2, dharmann rtasya.
yonim âsadam. — Cf. 2, 23, à yonim... sadali. — Cf. aussi 3,
1 ahlü dronâny âsadam.
4. — rhrjcinti tvci ddça kstpo \ hinvânti saptâ dhïtdyah \
à n u viprd amàdièuh
Les dix lanceurs (?) te rendent brillant, les sept prières te .
poussent (en avant); les actifs se sont mouillés à ta suite.
daça ksipaJi. — Les feux sacrés comparés aux dix doigts qui
frottent les libations et les lanoent (sens du rad. ksip) ainsi en les
rendant brillantes, en les allumant, — Cf. 1, 7% à gpblinanti yosano
dura, et 6, 52, mrjanti yosano daça'.
1. Bsrg., Ral. oéd., Il : 26. « Le Soma est excité par les prières. » —
11,29 : « Ce mot (ksip) nous a paru avoir proprement le sens de flèche.»
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
68
pada2. — Les flammes crépitantes désignées métaphoriquement
sous le nom de prières poussent, développent les libations. —
Cf. 1, 8', tam ïm hinvanty agruvah. — Sur l’origine de l’emploi
du nombre sept dans les formules védiques, voir mes Éludes
védiques , p. 15.
vipràh.— « Les agités, » nom métaphorique des somas pavam. Ce
n est qu’à l’époque brâhmanique que ce mot a pris le sens de prêtres,
d'après les passages védiques où les cipras semblent accomplir des
fonctions liturgiques. Il en est de même de hotar et de tous les
termes d’origine védique qui s’appliquent au sacerdoce dans la
langue brâhmanique. Cf. 8, 6’, ciprair (abhistutah).
5. — devébhyas tvd mâdâxja kâm | srjânâm <iti mesyàh |
sam gobhir vâsayâmasi
Toi qui coules pour la boisson (destinée) aux Célestes, au
delà (des toisons) des brebis, nous t’enveloppons avec (le lait
des) vaches.
deveblujalj ... madàya... srjânam. — Même construction et même
sens intime que 1, 1', indràya pâlave... sutah; cf. aussi 3, 98,
devebhyali sutah .
kam. — Sây. udakam; j’y vois plutôt l’équivalent pur et simple
du démonstratif tam; cf. 45, 1.
ali mesgali. — Cf. 6, l3, avgo oâreëu, 7, 6', avgo vâre.
gobliir vâsayâmasi. — Cf. 6,6, tam gobldJi... madàya... sutam,
et 2, 4% yod gobhir vâsayisyase.
6. — punântih kalciçesv à \ vâstrâgy civusô hcirih |
pari gduyâny avyata
L’allumé, le rouge, le doré en allant dans les coupes s’est
enveloppé des vêtements qui viennent des vaches (il les a
revêtus).
kalaçesu. — Cf. 8, 2', camûëadah, même explication.
vastrâni... pari gavyâny avyata. — Cf. 2, 43, y ad gobhir vâsayi-
syase, et au vs précédent gobhir vâsayâmasi. — Liquides ou ignés,
les somas provie'nnent du lait des vaches-libations, et tout prouve
qu’il n’y a pas à distinguer ce lait du soma proprement dit-
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
69
aruso hardi. — L’application de ces deux épithètes au soma pavarn.
montre qu’il ne s’agit pas de désigner des couleurs distinctes et
bien déterminées : l’une et l’autre doivent s’entendre au sens de
brillant.
7. — maghônci à pauasva no j jahi viçvcl âpa dvîsah |
indo sâkliâyam à vira
O brillant, allume nos donateurs, écarte tous les ennemis,
pénètre l’ami.
pâda 1. — Cf. 1, 3% parsi râdho magJtonâm; même explication
pour maghavant, « les donateurs = les dons qui viennent de nous,
de nos oblations ». — Lud. : « au moyen de ta clarification, fais de
nous des maghivants. » — Cf. 6, 9 \ punüna... madam. — Pour
l’emploi du rad. pü avec un régime à l’accusatif ; cf. aussi 4, 41,
punïtana somam.
pâda 2. — Cf. 4, 3 i, apa soma mrdlio jahi, d’où l’indication de
l’identité du sens de dois et de mrdli , désignations fréquentes de
l’obstacle personnifié.
pâda 3. — Cf. 2, l3, indram indo vpsâviça. On peut inférer de ces
formules qu’Indra est l’ami du soma et, qu’en général, l’ami ou les
amis d’Indra sont des personnifications du ou des somas. Cf. Berg.,
Rel. véd., II, 245 et 263.
8. — vrstiin divàh pari srava | dyumncim prthivyci cïdhi |
s à ho nah sôma pris à dhâh
Fais couler la pluie du ciel qui est autour1; fais couler la
lumière de la large (terre-libation) qui est au-dessus2; ô
liquide, établis la force dans nos guerriers.
vrstirn dioah. — Dédoublement verbal; le soma est appelé opsti
« la pluie du ciel (feu) » : elle lui appartient. Le soma en coulant
la fait couler.
dyumnam prlhioyàli. — Dédoublement correspondant; le soma
pavam. ou le feu sacré appelé dijamna, « le brillant », est la
1. Ou « fais-la couler autour ».
2. Ou « fais-la couler au-dessus ».
70
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
lumière de la terre à laquelle la libation est comparée. — Le sens
général de l’hémistiche est que le soma liquide vient s’unir en
coulant au soma igné. D’ailleurs, allusions paradoxales et anti-
thétiques dans l’expression dyumnam prthivyàli ; c’est le ciel qui
devrait briller et non la terre.
pàda3. — Cf. 8, 23 te no dhâniu suoïryam.
sahali. — « Le réconfort. » — Lud. « la victoire ». — Berg., Rel.
véd., 1, 150 : « Donne-nous, ô soma, la force dans les combats. »
prtsu. — prt (cf. sprdh « lutte » et comme radical verbal
« lutter »), « celui ou ce qui lutte », « combat», — désignation méta-
phorique des libations considérées comme en lutte avec les obstacles.
— Le soma établit « la force », dans les guerriers, c’est-à-dire
s’installe en eux en tant que fort ou réconfort. Série de dédouble-
ments (G).
9. — nrcciksasam tod vayâm | indrapitani suaruidam \
bhaksîmâhi prajâm isam
Puissions-nous t’obtenir en partage (sous la forme de soma
pavant. ), toi qui brilles à l’aide des hommes, qui es bu par
l’ Ardent, qui trouves le soleil (feu sacré), — toi, progéniture
(et) réconfort!
nrcakëasam. — Cf. 5, 7', — même explication.
indrapîtam. — Cf. 1, l3, indràya patate sutali-
soarcidam. — Cf. 4, 2’, sanà jyotili sanâ svah. — Le rappro-
chement de jyotili et de svah indique que « soleil » doit être pris
ici dans le sens de « lumière, éclat, flamme, feu ».
prajâm. — La progéniture ignée du soma liquide; — cf. 5, 9S,
prajâpatili •
prajâm isam. — Cf. 3, 10*, janayarm isalu — 11 est évident que
les mois prajâm iëam sont construits en apposition avec tvâ. —
Lud : « Puissions-nous jouir de toi et (en même temps) d’enfants
et de nourriture! »
HYMNE IX
1. — pàvi priyd divü/i kavir | vâyâmsi naptyôv liitcih \
suvânô yâti kavikratuh
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
71
Le sage, qui édifie au moyen du sage, placé dans (ses)
deux filles, se dirige en coulant vers les agréables réconforts
du ciel (-feu).
kavih. — Cf. 7, 4’, — même explication.
priyâ divah. — Les (réconforts) agréables destinés au ciel(-feu)
et par conséquent siens. — • Cf. 8, 1, priyam indra'sya kâmam.
naptyoh. ■ — Berg., Rel. véd., II, 29, note : « Les deux filles
représentent sans doute les deux mains du sacrificateur, » — enten-
dons du soma personnifié.
vayâmsi... suvàno yâti. — cf. VI, 3: abhi madain suvâno arsa
abhi vâjam. — Ce rapprochement montre le défaut de la traduction
de Lud. : « Le sage fait venir à nous la force vitale... »
kavikratuh. — - Cf. 2, 33, sukratuli : le soma pavam. développe ses
flammes à l’aide du soma liquide. — Lud. : « Celui qui possède
un esprit sage. »
2. — prct pra hsciyâya pcinyase \ jctnâya jûsto adrûlie j
vit y àrsa cdnisthayâ
Toi qui es savouré pour (établir) la demeure très
bruyante (?), pour (établir) la postérité que rien n’opprime,
coule (à flots) réitérés au moyen du régal très agréable.
Hémistiche 1. — Le soma liquide goûté par le soma igné est
destiné à produire la résidence bruyante des flammes crépitantes,
ou une génération que n’opprime plus l’obstacle.
adruhe. — Cf. 3, 8% asprtah (pavamanali) ; 3, 2', adâbhyah.
janâya — Lud. : « Cher aux gens non fourbes, » alors qu’il tra-
duit le datif parallèle (. ksayâya ): « zu wonen (ftiesze),» — sûr indice
d’erreur. — Berg., Rel. véd., III, 199, adruh, — « non trompeur ».
pâda 3. — Cf. 6, 9, punâna... madistha vïtaye. — Dédouble-
ment (G.).
3. — sa sünûr mâtârâ çucir | jcltô jâtê arocayat \
mahân mahi rtâvrdhâ
Ce fils clair a fait briller ses deux mères, le (nouveau)-né
(a fait briller) les deux (nouvellement) nées, — le grand (a fait
briller) les deux grandes qui croissent par le (liquide) versé.
72
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
sa. — Démonstratif liturgique.
màtarâ. — « Les deux mères » de l’enfant soma pavam. sont les
libations obscures et lumineuses désignées au vs 5, 0' sous le nom
métaphorique de la nuit et de l’aurore ( naktosüsü)-, — elles sont
ses mères parce qu’elles le précédent et le produisent, tandis que lui,
de son côté, les allume ou les fait briller. — D’après Sày., il faut
entendre le couple du ciel et de la terre (dtjâoâprlhicï), métapho-
riquement identique d’ailleurs au couple de la nuit et de l’aurore.
jàto jâte. — Les phénomènes dont il vient d’être question n'ont
lieu que quand le soma pavam. et ses deux mères sont nés ou
manifestés.
mahân mahl. — Cf. 5, 6, mahï. . . naktosàsâ , et 2, 4, mahântam
toà maliîr anu . ...arsanti. - « Grand, » c’est-à-dire « haut »,
comme toujours.
rtâcrdhà. — Cf. 4, 9' : jjajnair aoïordhan. — Berg., Rel. ccd.,
111, 226 : « qui croît selon la loi. »
4. — sci saptd dhitibhir hitô | nadyô ajinvad adrûhah |
y à ékam (de si vâvrdhûh
Celui-là, établi par les sept prières, a mis en mouvement
les rivières non opprimées cjui ont fait croître l’œil unique.
sa. — Démonstratif liturgique.
sapia dhltibhih. — Cf. 8, 4% sapta dhitayali. — Ce sont les
flammes crépitantes qui établissent le soma pavamâna.
nadyo ajinvat. — Le soma igné met en mouvement, au moyen de
ses flammes, le soma liquide désigné métaphoriquement sous le
nom de rivière. Cf. 2, 4% sindhaoali .
adruhah. — Cf. 9, 22, adrulie; — non pas « celles qui n'op-
priment pas », mais « celles qui n’ont pas d’oppression (qui les
opprime) ».
ekam aksi. — ekam « un », par antithèse avec sapta; il s'agit
du soma pavam. comparé à un œil lumineux, éclairé, voyant, que
les libations développent; cf. au vs précédent rtâvrdhà. — Berg.,
Rel. véd., Il, 3 : « Les rivières qui ont accru l’œil unique ne
peuvent être que les eaux du ciel considérées comme les nourrices
du soleil. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
73
5. — ta ab ht sclntam âstrtam \ mahé yûvânam âdadhuh |
indum Indra tdva vraté
Celles-ci ont établi pour le grand, vis-à-vis d’elles, unjeune
qui se manifeste, qui n’est pas écarté; — (elles ont établi),
ô Ardent, le brillant dans l’objet de ton désir.
tàh. — Démonstratif liturgique; — « ces (rivières-somas) » dont
il a été question au vs précédent.
santam. — Le soma pavam. « présent », et non absent comme
quandle sacrifice n’a pas lieu. — Lud., très arbitrairement, cons-
truit ablii avec santam et traduit « qui est au-dessus de tout ».
astrtam.— Littér. : « non écarté, non éloigné, » — par conséquent
« proche, présent, voisin ».
malie. — « Pour le grand (soma) ». Cf. 9, 3% maliân. — Ici dédou-
blement verbal (G). — Lud., très arbitrairement, « zu herrlichkeit ».
yuoânam. — Cf. 9, 3', sûnu/i. — Le soma igné est le jeune (ou
le fils), eu égard au soma liquide.
à dadhuli. — Cf. 8, 8% dhàli, et 8, 2:!, dliàntu.
vraie. • — Littér. : « ce qui est choisi, » d’où le sens postérieur
de-« vœu ». — Berg., Rel. véd-, III, 246 : « C’est sous le vrata
d’Indra que les prières ont réjoui Soma. »
6. — abhi vâhnir âmartyah \ saptd paçyati vâvahih |
krivir devir atarpayat
Le porteur non mort, l’actif, celui qui s’applique à porter
(l’oblation), voit les sept (rivières); le réservoir (?) a nourri
les Célestes.
vahnili. — Le soma liquide considéré comme porteur de la
libation, — comme vâvahih, (cf. 4, 82, sâsahih) au pâda suivant.
amarlyah. — Cf. 3, 1', esa devo amartyali.
sapta paçyati. — Le soma liquide voit les somas ignés, puisqu’il
leur a donné naissance. — Cf. 4, 62, paçyema süryam , et 8, 92,
svaroidam. — Cf. l’œil unique du vs 43.
kricih. — Le sens propre est très incertain. — Berg., Rel. véd.,
I, 164, « réservoir», et II, 441, « outre » ou « source ». Méta-
phore qui désigne sûrement le soma liquide.
•y a
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
devïr atarpayat. — Le soma liquide nourrit les libations allu-
mées ou le soma pavamana.
7. — cwâ kâlpesu nah pumas | tcimâmsi soma yôdhyâ \
tâni punâna janglianah
O homme, régale-nous dans nos œuvres, — ô liqueur, ô toi
qui t’allumes, — en détruisant ces obscurités qu’il faut com-
battre.
kalpesu. — Dans les œuvres des sacrificateurs identifiés avec
les libations; ces œuvres sont les flammes sacrées que le soma est
prié de nourrir.
pumas. — Désignation métaphorique importante du somapavam.
elle indique ici clairement que le mot nr, « homme », et ses syno-
nymes si fréquents dans les textes védiques ont la même valeur.
pâdas 2 et 3. — Puisque le soma punâna détruit l’obscurité,
c’est qu’il est allumé, éclairé, lumineux, autrement dit converti
en flammes. — Pour Sày., les ténèbres sont les raksas, mais
ténèbres et raksas sont les désignations figurées et équivalentes de
l’absence des flammes sacrées.
8. — nu nâuyase nâvlyase | süktâya sâdhayâ pathâh |
pratnavdd rocayâ rûcali
Créé un passage à un chant nouveau et réitéré, fais briller
ce qui est pourvu de l’ancien, — les brillantes.
navyase süktâya. — « Au nouveau chant » = à la libation cré-
pitante qui est récente, eu égard à la libation non crépitante qui la
précède. — Cf. 5, 9% puroyâoânam; 9, 5% yuvànam.
sâdhayâ pathali. — Cf. 2, 82, lokakrtnum.
pratnaoat. — Adj. pris substantivement (F), en apposition à
rucah, et non pas adverbe, selon l’explication courante.— « Ce qui
est pourvu de l’ancien » = soma liquide; — cf. 3, 9', pratnena
janmanà. . . sutah; 6, 8\ pratnam. . . kâvyam.
rocayâ rucah. — Sens correspondant à celui de tamâmsi. . .
janglianah (vers précédent); même conclusion à tirer des deux
passages.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
75
9. — pdvamâna mcihi çrâvo \ gain âçvam râsi vïrdvat |
scincl medhâm sânâ svàh
O allumé, tu donnes la haute voix, la vache, le cheval,
ce qui est cloué de mâles. Conquiers la pensée, conquiers
le soleil(-feu).
Hémistiche 1. — Le soma allumé donne, c’est-à-dire produit la
grande voix ou le crépitement; cf. 4, 1, soma jesi ca pauamàna
maki çravali. — Il peut donner la vache(-libation), puisqu’il est
y osa (2, 10'), — le cheval (traîneur d’offrandes), puisqu’il est
açoasâ (2, 102), — le vïraoat (cf. pratnavat au vs précédent) ou le
soma « pourvu d’hommes », puisqu’il est nrèà (2, 10'); cf. aussi
9, 71, le mot pumas appliqué au soma pavamàna.
sanâ svaJi. — Cf. 4, 2', sanâ soali.
medhâm. — Cf. la qualification de kavi « sage » donnée au soma,
passim.
L’explication de Berg., Rel. véd., Il, 178 sqq. sur les dons du
soma est un curieux exemple des difficultés qu’on rencontre en
considérant ces dons comme destinés aux sacrificateurs.
HYMNE X
1. — prci suànâso râthâ ivâ | rvanto nd çravasyâvah |
sômclso ragé akramuh
Les liquides se sont avancés (développés) pour la richesse,
pareils à des chars bruyants, pareils à des coursiers désireux
de faire entendre leur voix.
pàda 1. — Les somas pavam. sont comparés à des chars bruyants,
c’est-à-dire crépitants, parce qu’ils portent les libations dont ils
sont purement et simplement l’un des noms métaphoriques.
pàda 2. — Même explication que pour le pàda précédent;
cf. 6, 2:1, arvatah. — Lud. : « avides de gloire, » — des coursiers!
raye. — Dédoublement verbal (G) : les somas(-richesses) se déve-
loppent pour les (somas)-richesses.
76
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
2 . — hinvdnâso râthd iva | dadlianviré gâbhastyoh |
bhârâsah kârindm iva
S’élançant comme des chars, ils ont couru (pour venir)
dans les deux mains, jouant le rôle de supports des chanteurs.
pâda 1. — Cf. le pâda 1 du vers précédent.
rjabhastyoh. — Les somas viennent s’unir aux flammes com-
parées à des mains qui les saisissent. — Berg., Rcl. véd., 1, 224
(en faussant la valeur du locatif) : « les doigts des deux mains entre
lesquelles le soma court comme un char. »
pâda 3. — Les somas liquides soutiennent les somas pavam.
chanteurs ou crépitants.
3. — rajdno nà prâçastibhili | sômdso gôbhir anjate j
yajüô nà saptâ dhdtrbhili
Pareils à des rois, les liquides sont oints par les éloges
(crépitements), par les vaches (libations) ; pareils à l’oblation
(ils sont oints) par les sept établisseurs.
ràjânali. — Cf. 5, 1% et 5, 32.
praçastibhi/i. — Cf. 2, 8*.
pâda 2. — Cf. 5, 10% sam angdhi dhârayà ; 8, 5% sain gobhir
vâsayâmasi. — Les somas proprement dits sont oints ou enveloppés
par les (somas-)vaclies ; — dédoublement verbal G).
pâda 3. — Aux sept établisseurs sous forme de feux de la libation,
cf. le soma sapta dhïtibhir hitali (9, 4' . — Berg., Rel. véd., III,
214 et 232 (en donnant un sens à peu près abstrait à yajnâh) : « les
fondateurs du sacrifice. »
4. — pàri suvdnâsa indavo \ mciddya barhând girâ |
sutâ arsanti dhârayâ
Les brillants, coulant alentour pour la boisson au moyen
du réconfort, au moyen de la voix, — s’avancent, coulés
qu’ils sont par le courant.
madâya. — Comme à 6, G% et 2, 7%
LÉ CU [.TE VÉDIQUE DU SOMA 77
r/irâ. — La voix = la libation crépitante, — dédoublement
verbal (G); cf. 2, 7', g iras ta indo.
pâda 3. — Cf. 7, 4% vasâno arsati ; 1, 1% pavasva soma
dhâragâ. — Le rad. ars est employé quand le poète a en vue le
mouvement du soma liquide, et le rad. pu quand il s’agit plutôt
du soma igné.
5. — dpanâso vivâsvato \jcinanta usâso bhagam |
sûrci cinvarn m tanvate
Ayant obtenu la part du lumineux, produisant celle de
l’aurore(-flamme), les soleils(-feux) étendent (agrandissent)
le petit ou (le nain).
vicasvatah. — Le lumineux, l’étincelant, épithète du soma
pavamâna.
usaso bhagam. — La part de l’aurore = le soma pavam. que les
soleils-feux (autre nom du soma pavam.) procurent à l’aurore qui
n’est elle-même qu’une désignation métaphorique avec dédouble-
ment verbal (G) de ces mêmes somas. — Lud. (arbitrairement)
traduit bhagam par « herrlichkeit ».
pâda 3. — Les soleils-somas pavam. développent, sous forme de
flammes, le nain ou le petit, à savoir le soma non développé;
cf. 9, 5% yuvànam. — Lud. : « Les brillants pareils à des soleils
traversent le tamis. » Il ajoute cette remarque que les somas sont
appelés des soleils, à cause de la force avec laquelle ils font ap-
paraître le matin les rayons du soleil. — Retenons-en seulement
l’admission très importante que les mots qui désignent le soleil
peuvent être appliqués métaphoriquement aux somas pavamànas. —
Explication analogue de Berg., Rel. vëd., I, 214 : « Les somas
traversant le tamis, qui paraissent engendrer l’aurore, sont expres-
sément appelés des soleils. »
anvam. — Cf. 1,7', anvîh.
6. — dpa clvârcï matlnâm \ pratnâ rnvanti kcïrâvah \
vrsno luirasa âyctvali
Les chanteurs anciens font couler en les écartant les portes
des pensées, — (eux) les actifs, pour la prise du taureau.
78
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pratnâJi... kâraoaJi. — Les chanteurs anciens (=les somas cré-
pitants déjà allumés introduisent, font apparaître en enlevant les
portes qui les retiennent, c’est-à-dire en les allumant, de nouveaux
somas crépitants désignés sous le nom de mati. — Aux matin,
cf. les dhïtis, 9, 4’. — Berg., Rel. véd., I, 294, y voit bien gratui-
tement « les sept sacrificateurs divins ».
pada 3. — Les somas pavam. actifs ou ardents se mettent en
mouvement pour la prise du taureau ou du sonna liquide (c’est-à-
dire pour le prendre).
7. — samîcinàsa ascite | hôtârah saptâjcïmayah |
pacLcim ékasya pipratah
Les verseurs (de l’offrande) qui ont sept sœurs ont pris
do concert la même résidence,, en remplissant (ainsi) la place
de l’unique.
Hémistiche 1. — Les verseurs ou sacrificateurs sont les somas
dont les sept soeurs procèdent du dédoublement verbal (G) ; ils sont
réunis en un même lieu, l’autel ou, mieux encore, les flammes du
feu sacré. — Cf. 5, 72, hotârâ.
pàda 3. — Ces mêmes sacrificateurs occupent la place de » l’un »,
si au lieu de figurer au pluriel le sorna pavam. sous la forme des
sept soeurs, on le considère au singulier comme unique; — même
antithèse d’arithmétique verbale et métaphorique au vs 9, 4, où l’œil
unique ( ekam aksi) est opposé aux sept dhïtis. — Sày., à juste
titre : ekasya — somasya ; Lud. — Agni. — Pour Berg., Rel. véd.,
II, 145, les sept sœurs sont « les sept prières » et « l’unique » cor-
respond à Agni.
8. — nâhhà nàbhim na à dade | câ/isus vit surye scicd |
kavér üpatyam â duhe
11 a donné le nombril en le plaçant dans notre nombril,
il a donné l’éclat (ou l’œil) (en le plaçant) dans le soleil, au
moyen du compagnon; il a trait la postérité du sage.
Hémistiche 1. — 11 (le soma-sacrificateur) a donné un nombril
dans le nombril, en ce sens qu’en s’allumant il devient le nombril
ou le nourricier du soma pavam., lequel peut être considéré de son
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
79
côté comme le nombril ou le nourricier d’Agni. Formule d’ailleurs
d’apparence paradoxale K). Explication analogue pour l’œil ou
l'éclat-soma placé dans le soleil-soma. Ici, le dédoublement verbal
aboutit également à une sorte de formule paradoxale que l’auteur
a signalée lui-même au moyen de la particule cit : l’éclat ou l’œil
a été placé dans le soleil, quoique celui-ci était déjà éclatant ou
voyant. Cf. vers suivant pàda3.— Berg., Rel. véd., 1, 184, traduit :
« Il (Soma) a réuni notre nombril à son nombril, et notre œil au
soleil, » — locutions auxquelles il attache inutilement un sens
mystique. Il s’agirait, d’après lui, op. cit., I, p. 211 : « de l’union
des sacrificateurs terrestres avec les sacrificateurs célestes, ancêtres
ou dieux. »
saeâ. — Non pas préposition, comme on le croit généralement,
mais instrumental sing. de sac, « compagnon; » — cf. 8, 73 sakhâyam
à viça.
pàda 3. — Le soma proprement dit peut être considéré comme
la progéniture du (soma)-kavi, et en le comparant au lait, on peut
dire, par un nouveau dédoublement verbal, que le soma-sacrifi-
cateur le trait, c’est-à-dire le produit, le fait naître.
9. — abhi priyâ divas paddm \ adlwaryûbliir gûhâ hitcun |
sur cth paçyati ccïksascï
(Coulant) vers les (mets) agréables, vers le pied (ou la
demeure) du ciel(-feu), établi par les sacrificateurs au moyen
de ce qui le cache, il voit au moyen de l’œil (ou de l’éclat) du
soleil.
ablii priyâ. — Cf. 8, 1’, abhi priyam ; 2, 3', priyam madliu.
— En apposition à priyâ : divas padam; cf. 12, 8'.
adhvaryubhili . — - A expliquer comme hotârah 10, 72; ce sont
les somas sacrificateurs qui édifient le feu sacré ou le soma pavam.
yuhâ. — En apposition à adhvaryubhili. — S’explique comme au
vs 6, 93 : la cachette imaginaire qui recèle le soma quand il est
absent, et qui l’abandonne quand il se manifeste.
pada 3. — Cf. 10, 8% caksuh. . . sürye.
Ce vers, où Berg, reconnaissait nettement (Rel. véd., III, 172)
l’identification du soma et du soleil, démontre, à côté de bien
d’autres, le caractère métaphorique du süra ou du sur y a (soleil)
80
LE CULTE VEDIQUE DU SONIA
védique, et par conséquent du ciel (dio) dans lequel le soleil est
placé.
HYMNE XI
1. — ûpàsmai gâyatà narah \ pëvaindndy enclave |
ablii devait iyaksate
O hommes, chantez pour cet allumé, pour ce brillant, qui
désire porter ses oblations aux Célestes.
Hémistiche 1. — Les hommes ( naras ), comme 1 epumân invoqué
au vs 9, 7', désignent métaphoriquement les somas. Ils sont invités
à chanter pour le soma pavam. (dédoublement verbal), c’est-à-dire
à le rendre crépitant. A l’aide d’un nouveau dédoublement, le poète
le représente comme appliqué à transmettre la libation aux (somas -
de vas.
asmai. — Démonstratif liturgique (L).
2. — abhi te mâdhunci peiyô \ 'tliarvdno açiçrayuh |
devenu devaya devayû
Les enflammés t’ont envoyé le lait(-soma) au moyen de la
(liqueur) douce ; — (ils ont envoyé) le Céleste, — ce qui
désire d’être céleste, — au Céleste.
madhunà payait. — Dédoublement verbal (G).
atharvânalt . — Littér. : ceux qui sont pourvus de feu, épithète
prise substantivement du soma pavam.; Berg., Rel. céd., I, 49,
note, voit dans les Atharvans d’ « anciens sacrificateurs ».
devam devâyù. — • Comme déco devaya (G, 7'), cf. aussi 3, 92,
devo devebluyah .
devaya [payait). — Cf. 6, 1% devayuh vrsâ).
3. — sâ nah pavasva çcnn yâve \ çcnnjândya çciin drvate |
çxtrn rdjann ôsadhibhyah
O roi, toi que voilà, allume le bien (la bonne chose) qui
vient de nous pour la vache, — le bien pour l’individu, — le
bien pour le coursier, — le bien pour les plantes (salutaires).
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMa
81
sa. — Démonstratif liturgique Ll.
çam. — Nom métaphorique de la libation, — Sây. = sukham.
r/ave et les autres datifs sont autant de désignations métapho-
riques fia plupart déjà connues) de la libalion-soma : le soma
pavain. est invité à allumer le soma liquide, pour allumer par là le
soma désigné (et dédoublé par des métaphores synonymiques. —
Le tout avec allusion au sens propre des expressions méta-
phoriques.
vâjan. — Sây. justement, « dïpyamânah ., brillant »; cf. 5, 1%
samiddhah... vi râjati; 5, 23, pavamànah . . . rârajat; 5, 1%
paoamânali . . . vi râjati.
osadhïbhyali. — Désignation métaphorique des somas comparés
à des plantes aux sucs nourrissants ou salutaires.
4. — babhrâve nû svcitavase | ’runâya dioisprçe \
sômâya gàthâm arcata
Allumez un chant pour le liquide brun, qui doit sa force à
ce qui est sien, rouge, qui touche le ciel (-feu).
Il faut très probablement sous-entendre le vocatif naralj,
cf. 11, V (les somas-sacrificateurs sont censés s’adresser au soma
offert en sacrifice) et expliquer le rôle des mots au datif comme à
ce même vers.
babhrave... arunàya. — Épithètes qui témoignent qu’il s’agit
du soma igné, et non du soma clarifié dont rien ne justifierait la
couleur brune ou rouge.
sva-tacase — sva, au sens nominal, « le sien » — le soma liquide
qui lui appartient, qui lui est destiné.
gâlham. — Le chant crépitement — le soma crépitant.
arcata. — Sur le sens de la rac. arc, voir Berg., Rel. véd.,
I, 277, note.
5. — hcïstacyutebhir âdribhih | sutcun sômam punitana \
mâdhâv à dhcïvotâ müdhu
Allumez le liquide qui coule avec les pierres, que les mains
(des flammes) mettent en mouvement; amenez en coulant le
doux dans le doux.
82
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
Le sacrificateur s’adresse aux somas.
pâda 5. — Les pierres à l’aide desquelles les somas pavam. sont
invités paradoxalement (K) à allumer le soma liquide, sont celles
qu'il a fallu fendre pour le faire jaillir — En cessant de faire
obstacle au soma emprisonné, les pierres sont entraînées avec le
soma en liberté, et elles s'identifient à lui. — Cf. l’emploi
analogue du mot < jului (10, 9!). — Les pierres-somas sont mises en
mouvement par les mains de flammes du feu sacré (qui les
saisissent).
pâda 2. — Cf. 4, 4’, pacUârali pu.nii.ana somam.
pâda 3. — Le soma igné est invité à s’unir au soma liquide.
6. — nàmaséd upa sidata | dadhnéd abhi çrinitana |
indu'rn indre dadhcitana
Faites-le asseoir au moyen de ce qui rend hommage ;
faites-le cuire au moyen du lait caillé; établissez le brillant
dans l’Ardent.
Comme au vers précédent, le sacrificateur s’adresse aux somas
pavamànas.
namasâ. — Proprement « au moyen de l’hommage ». — Dési-
gnation métaphorique du soma en tant qu’il rend hommage aux
devas et célèbre le sacrifice par ses crépitements.
sidata. — Faites-le asseoir, sous-entendu dans la résidence du
feu sacré.
dadhtiâ. — Désignation métaphorique du soma en tant que
nourrissant et agréable ; cf. payait, etc.
7. — amitvahà vicarsani h | pdvasva soma çdan gcwe |
devébhyo anukâmahft
O liquide, toi qui tues l’ennemi, (toi qui es) actif, allume
le bien pour la vache, — toi qui produis pour les Célestes ce
qui est conforme à leur désir.
pâda 1. — Cf. 1, 2', vaksohâ viçcacarsanili, — même expli-
cation.
pâda 2. — Cf. 11, 3’, pacasva çam gave> — même explication.
LË CULTE VÉDIQUE DU SOMA
83
pâda 3. — Le soma pavam. fournit aux Célestes (clevas) l’objet
de leurs désirs, à savoir le soma pavam. même.
8. — indràya soma pâtave \ màdâya pari sicyase |
manaçcin münasah pâtih
O liquide, tu es répandu alentour pour la boisson (destinée)
à l’ Ardent, toi qui brilles au moyen de la pensée, toi qui es
le maître de la pensée.
pâda 1. — Cf. 1, l3, indràya pâtave sutali , — même explication.
pâda 2. — Cf. 10, 4 : pari suoânâsa indavo madâya,.. sutâ
arsanti.
pâda 3. — Le soma pavam. possède le soma crépitant désigné
métaphoriquement sous le nom de manas « pensée », — le soma
crépitant est pensée, puisqu’il est parole ou voix.
9. — pcivamâna suviryam | rayon soma rirlhi nah |
indav indrena no yujâ
O allumé, donne (le liquide) qui est bien pourvu de mâles,
(donne)-nous, ô liquide, la richesse; (donne-la), ô brillant,
au moyen de l’Ardent, au moyen de celui qui nous attelle.
suviryam. — Cf. 8, 2% te no dhâniu suviryam. — suviryam. . .
rirlhi, — cf. 9, 92, râsi vlravat.
pâda 2. — Cf. 4, 10, rayon nah. . . indo. . . à bhara , — même
explication.
yuja. — Apposition à indrena ; — cf. sacâ, 10, 82, même rôle
grammatical et significatif.
HYMNE XII
1. — - sômd asrgram indauah [ sutâ rtasya sàdane \
indràya mâdhumattamâh
Les liquides, les brillants (ont) coulé dans la résidence
du versé pour l’Ardent, eux les très doux.
Hémistiche 1 . — Cf. 7, 1, asrgram indavah -. . . dharmann rtasya ,
84
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
— formules qui se correspondent et dont le sens intime est le même.
— La résidence en question n’est autre que celle dont Indra lui-
même est la personnification, à savoir le feu sacré.
pâda 3. — Cf. 1,1, svüdisthayâ. . . indràyâ sutah
2. — ablû viprd anüsata | gdeo vatsâra nà mâtûrak |
indrain sômasya pitaye
Les agités ont crié vers l’Ardent, pour la boisson (pour
qu’il boive) comme les vaches (qui sont) mères, vers leur
veau.
viprâli. — Les somas pavam. ardents et crépitants, — cf. 3, G1,
eëa ciprair abhistutali . . . devait.
pâda 2. — La comparaison serait peu exacte si les vipras
n’étaient pas les somas nourriciers dont Indra (l’Ardent) est le veau.
pâda 3. — Cf. 11, 8’, indràyâ soma patate.
Berg., Rel. véd-, II, 250, remarque à propos de ce vers que « les
somas, quoique essentiellement mâles, sont, en tant qu’offrandes,
comparés à des vaches ». La réalité est que les somas-li bâtions
sont mâles quand on les compare à des mâles, et femelles quand
des femelles les personnifient.
3. — madacyût kseti sâdane | sindhor urmà vipaçcit |
sômo gauri üdhi çritâh
Celui qui coule au moyen de la boisson habite dans la
résidence; celui, qui à l’éclat de l’agité (habite) dans le Ilot
de la rivière; le liquide est venu se placer au-dessus, dans
les deux (vaches) blondes.
Double série de désignations métaphoriques du soma qui se
résument dans la tautologie; le soma ( madacyût , vipaçcit, soma
est dans le soma pavam. (sadâne, ürmâ, gauri ) (G). Remarquer
l’antithèse paradoxale (K) de madacyût , vipaçcit, qui impliquent
des idées de mouvement, et de kseti qui implique le repos.
sâdane ■ — Cf. 12 1% — remarque analogue.
gauri. — Pour ce couple, cf. les mâlârâ du vs 9, 3’.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
85
4. — dt'vô nâbhâ vicaksanô \ ’vyo vâre malilyate \
sômo ycih sukrâtuh kamh
L’étincelant qui est dans le cordon ombilical du ciel(-feu).,
dans la toison de la brebis, est grandi, lui qui est le liquide
bon édificateur, le sage.
pâda I. — Le soma pavam. est pour ainsi dire dans le lien filial
qui le rattache, sous la désignation de ciel, au soma liquide dont
il est issu. — Cf. 10, 8', nâbhâ nàbhim... â dacle. — L’épithète
vicciksana ne peut convenir au soma qu’en le supposant enflammé.
— Lud. fait de nâbhâ un nominatif sing. !
avyo vâre. — Cf. 6, l3, avyo vâresu, — même explication.
mahïyate. — Cf. l’épithète mahàn, passim, et 10, 5% sürà
anvam vi tanvate. — Berg., Rel. véd., I, 200, traduit malilyate
par « il se réjouit », en dépit de l’évidence de l’étymologie.
sukrâtuh. — Cf. 2, 3', sukrâtuh, — • même explication. —
Cf. aussi 9, l3, küvikraluh .
5. — ycih sôinah kcddçeèv An I antâh pavitra âhitah |
tdm tnduhpàri sasvaje
Ce liquide qui a été placé dans les coupes, au dedans de
l’allumeur, le brillant l’enveloppe (ou l’embrasse).
pâda 1. — Le soma pavam. est considéré comme versé dans des
coupes de flammes où le feu sacré vient le boire.
pavitre. — Cf. 6, 3% pavitra â. ■ — Autre nom pour l’objet déjà
désigné par le mot kalaçesu auquel il est apposé.
pâda 3. — Le soma igné (indu) s’empare du soma liquide. —
Lud. traduit indu par « la lune ». Pourquoi?
Ce vers, d’après Berg., Rel. véd., I, 220, « oppose l’un à l’autre
deux somas dont l’un coule à travers le tamis dans la cuve, et
dont l’autre « embrasse » le premier. Cet autre serait le soma
céleste»... — Cette explication mise en regard de la mienne
montre clairement la différence générale des deux interprétations.
6. — prâ vâcarn indur isyati | samudràsyâdlii vistcipi \
jinvcin kôçam madhuçcûtam
86
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Le brillant fait parvenir la voix au-dessus, dans le support
de la mer, en agitant le vase d'où coule la (liqueur) douce.
pàda 1. — Le soma pavam. dédoublé met en mouvement le
soma pavam. considéré comme crépitant, ou la voix. — Pour
Berg., Rel. véd., II, 33: « La parole qu’excite ici le soma...
représente le tonnerre. »
pàda 2. — Il place la voix au sommet du support du soma liquide
comparé à la mer, dont ses flammes s’emparent et qu’elles sou-
lèvent; on peut donc appeler celui-ci le support (vistap) de celle-là.
— Lud. entend par vistap « la place occupée par la mer céleste ».
Berg, traduit ce mot par « sommet ».
jinvan. — Cf. 9, 42, ajinvat.
koçarn. — Le vase (ou l’enveloppe de flammes) qui est censé
contenir le soma pavam. S’emploient dans le même sens, les mots
kalaça, paoitra, sâdana , etc.
madhuçcutam. — Épithète du soma, mais aussi, comme dans
ce vers, du koça en tant que rempli de soma.
7. — nityastotro vdnaspâtir | dhlnâru antâh sabardûghah\
hinvânô mânusà yugâ
Chanteur perpétuel, maître des bûches, au dedans des
pensées(-crépitements) il traitle lait (des libations) en mettant
en mouvement les attelages formés par les hommes(-somas)
(quand ils se joignent aux flammes).
nityastotraJi. — Le soma pavam. crépite sans cesse.
vanaspatih. — Cf. 5, 10’, vanaspatim, — même explication.
hinvünali. — Cf. 8, 4a, hincanti, et 10, 2’, hinoânàsûh.
rnünusâ yugâ. — Cf. 7, l3, asya yojanam. — Les attelages de
la libation ignée dont la jonction avec la libation liquide s’effectue
au moyen des mâles-somas. — Lud. : « Il pousse) les races
humaines. »
Berg., Rel. véd., I, 171, croit que ce vers fait allusion à la pré-
tendue descente du soma.
8. — abhi priyâ divas padu | sôrno hinvânô arsati |
viprasya dhàrayâ kavih
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
87
Le liquide coule en (se) poussant vers les places agréables
du ciel(-feu); le sage (coule) au moyen du courant de l’agité.
pàda 1. — Cf. 10, 9', ablii priyâ divas padam, — même expli-
cation. — Berg., Rel. véd. , 1, 163, voit ici (à tort) l’idée de traverser
le ciel.
' hinvànah. — Cf. le vs précédent, pàda 3.
viprasya. — Cf. 12, 2% vlprdh, etl3, 2’, paoamânam . . . vipram.
dhârayâ. — Cf. 1, 1% dhürayà, — même explication.
somali. . . arèati. . . kavih. — D’où la preuve évidente que k avili
est un nom métaphorique du soma; cf. 7, 4’, kavili.
Berg., Rel. véd., 1, 171, voit dans ce vers une allusion au (pré-
tendu) retour dans le ciel du soma.
9. — d pavamâna clhâraya | rayiin sahdsravarcasam \
asmê indo svdbhuvam
O allumé, soutiens la richesse dont l’éclat est dû aux mille
(dons); ô brillant, (soutiens) pour nous (la richesse) au beau
développement.
Hémistiche 1. — Cf. 4, 10, rayirn naç citram... indo... â
bliarci. — Explication analogue.
sahasravarcasam. — Cf. 5,10% sahasravalçam . — Cette épi-
thète du soma-richesse contribue, indépendamment de bien
d’autres, à prouver que le soma pavam. est le soma allumé.
HYMNE XIII
1. — sômah punânô arsati | sahâsradhâro âty avili |
vàyôr indrasya niskrtâm
Le liquide allumé, aux courants issus des mille (dons),
qui est sorti (de la toison) de la brebis, coule (vers) (l’édifice)
développé du Vent et de l’Ardent.
pàda 1. — Cf. 12, 8% somo liinvâno arsati.
atyavili. — - Cf. 6, 5% atyavim, — même explication.
niskrtâm. — Le sens de « rendez-vous » généralement adopté
88
I-E CULTE VÉDIQUE DU SOMA
a été déduit des contextes. — L’étymologie indique tout autre
chose. J’y vois l'idée du soma « développé » sous forme de flammes
et qui est ainsi la chose de Vàyu et d’Indra.
vâjjoJi. — Le soma pavam. considéré comme agité et désigné
métaphoriquement sous le nom du « Vent ».
D’après Berg., Rel. véd., IL 244, note. Vâyu, le dieu du vont,
« doit peut-être à son étroite union avec Indra la large part qu'il
reçoit du breuvage sacré ». — 11 le doit surtout à ce qu’il est son
alter eyo, et que l'un et l’autre figurent le fou sacré ou le soma
pavam. nourri par le soma liquide.
2. — pâvamâncim avasyavo | vipram abhi prâ gayata \
suSùâmhn devdvltaye
O vous désireux du régal, élevez vos chants vers rallumé,
vers l’agité, qui coule pour le festin des Célestes.
Le sacrificateur (soma personnifié ou prêtre), cf. 11, 1, s'adresse
aux somas pavam. dont il fait l’offrande et qu’il distingue par
dédoublement verbal (G) des somas pavam. auxquels il les réunit,
pâda 2. — Cf. 11, 1’, yâyatâ narali. — Explication analogue.
pavamânam. . . susvânam. — Cf. 6, 8!, suscânah patate sutali.
devaoïtaye. — Cf. 6, 6% decavîtaye.
3. — pavante vâjasàtaye | sômâh sahàsrapdjasah \
grndnâ devdvltaye
Les liquides qui ont l’éclat des mille (dons) sont allumés
pour la conquête du réconfort, eux qui chantent pour le
festin des Célestes.
pâda 1. — Les somas doivent être allumés pour s’emparer des
somas liquides. — Cf. 2, 102, tüjasà.
sahasrapâjasah. — Cf. 12, 9", rayim sahasratarcaaam.
pâda 3. — Les libations doivent chanter ou crépiter, c’est-à-dire
flamber, pour que les somas liquides puissent servir du régal aux
Célestes (épithète prise substantivement et métaphoriquement des
somas pavam.) — Lud., à la suite de Sây. et contrairement à la
grammaire C), donne à grnànàh le sens passif de « célébrés par
des chants ».
devavltage. — Cf. le vers précédent, pâda 3.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
89
4. — utci no vâjcisdtaye \ pdoasva brhatïr isah |
dyumâd indo suvîryam
O brillant, allume nos fortes libations pour la conquête du
réconfort; (allume) ce qui (doit être) lumineux, ce qui est
bien pourvu de mâles(-somas).
Hémistiche 1. — Cf. le vers précédent, Ie1' hémistiche, où le mot
somâh tient lieu de son synonyme ( brhatïr ) isah; — même expli-
cation de part et d’autre. — Lud., sans tenir compte des exigences
de la grammaire : « Apporte-nous au moyen de ta clarification de
fortes nourritures. »
suvîryam. — Cf. 8, 23, et 11, 91, suvîryam, — même explication.
dyumat. — Cf. 5, 3% pauamânah... dyumân. — Ce qui est
« lumineux », c’est-à-dire ce qui est destiné à l’être.
5. — té nah sahasrinam rayim | pâvantdm â suvîryam |
suvdnâ devâsa indavah
Que ces Célestes brillants qui coulent, viennent allumer
notre richesse aux mille dons, — ce qui est bien pourvu de
mâles(-somas).
Hémistiche 1. — Correspond pour le sens au vers précédent. —
Explication analogue de part et d’autre.
sahasrinam. — Expliqué par sahasradhâriah (13, l2) , sahasra-
pâjasali (13, 33), etc.
6. — dtyd hiydnâ nâ hetrbhir | âsrgram vâjasdtaye |
vi vâram âvyam dçâvah
Les rapides, pareils à des coursiers excités par des exci-
tateurs, ont coulé à travers la toison de la brebis pour la
conquête du réconfort.
lùyânàh . . . hetrbhili. — Les « excités » sont plutôt les sonnas
liquides, et les « excitateurs » plutôt les somas ignés.
asrgram. — Cf. 12, l1, asryram.
vâjasàtaye. — Comme ci-dessus au vs 4'.
vi vâram avyam. — Cf. 6, l3, avyo vüresu. — Le soma est censé
sortir de son lieu d’origine pour s’allumer.
90
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
7. — vàçrâ arsantindavo \ ’bhi vatsâm nâ dhenûvah |
dadhanviré gâbhastyoh
Les brillants qui mugissent coulent comme des (vaches)
laitières qui coulent (leur lait) vers leur veau; ils ont coule
dans les deux mains.
Hémistiche 1. — Les somas qui crépitent en s’allumant au con-
tact des somas pavam. déjà allumés dont ils forment l’aliment sont
comparés à des vaches à lait qui nourrissent un veau; cf. 12, 2,
abhi... anüsata gàvo vatsam na mntarah. et I, 92, çrïnanti
dhenavah çiçum.
pàda 3. — Lud. fait de gabhastyoh un ablatif duel et traduit :
« ils se sont échappés des bras ». Sây. approche de la vérité :
« gabhastyor = bâhvor dadhanvive dhriyante ca. » — Cf. 10, 22,
même formule.
8. — J ris ta indràya matsarâh | pâvamâna kanikradat |
viçvâ âpa dvîsô jahi
O allumé, ô crépitant, toi qui es goûté (par les Célestes),
liquoreux (destiné) à TArdent, détruis tous les ennemis.
pâda 2. — Cf. 3, 73, pavamânah kanikradat. — Je considère
kanikradat, participe neutre employé substantivement (F) comme
apposé à pavamânah .
pâda 3. — Cf. 4, 3*, apa soma mrdho jahi.
9. — apaghnânto ârâvnah J pàvamânâh svardrçah |
yônâv rtasya sidata
O vous, les allumés, qui détruisez ceux qui ne donnent
pas, qui voyez par le soleil(-feu), prenez résidence dans la
matrice du coulé.
aràvnah. — « Ceux qui n’ont pas de dons (cf. avati) » : les
absences de dons personnifiées. — Sây. indique le vrai sens
: adânân = ayajamânân. — Lud. : (insuffisamment) « bôsen ».
svardrçah. — « Qui voient le soleil(-feu) », c’est-à-dire Agni,
leur aller ego; cf. 4, 6% paçyema süryam, et 10, 9\ sürali paçyati
caksasâ.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOÏVIA
91
pâda 3. — Cf. 8, 33, rtâsyayonim âsadam. — Lud., en approchant
du vrai sens : « Prenez votre place au lieu du sacrifice. Pourquoi
ne pas toujours traduire ainsi le mot rta? Berg, lui-même, malgré
l’idée mystique qu’il attache généralement à ce mot, dit, Rel. véd.,
III, 238 : « On donne le nom de matrice du rta au récipient où
coule le soma. » — La conséquence évidente de cette remarque est
que rta — soma.
HYMNE XIV
1. — pctri pràsisyadat kavih \ sindhor ürmâv cidhi çrtâh \
kârâm bibhrat purusprham
Le sage, qui est placé en liant clans le flot de la rivière, a
coulé tout autour, (lui qui est) ce qui supporte le chant objet
du désir des nombreux.
pâda 1. — Cf. 11, 82, pari sicyase manaçcit.
pâda 2. — Cf. 12, 3, sindhor ürmâ vipaçcit. . . adhi çrtah.
sindhor ürmau. — Dédoublement verbal (G) comporté d'ailleurs
par l’expression française correspondante « le Ilot de la rivière )>
qui revient à la tautologie « l’eau de l’eau ».
bibhrat , participe neutre employé substantivement en apposition
à kavili, cf. 13, 82, kanikradat. — Lud. : « erhebend. . . das lieb »,
sens arbitraire. — « Le chant » pour « ce qui chante » = la libation
qui crépite ; le sens revient à celui de 6, 93, dadliise girah-
kâram bibhrat. — Cf. 10, 2:1, bharàsali kàrinâm iva.
purusprham. — Dans ce composé et les analogues, paru « les
nombreux » est une désignation des somas comparable à brhat ,
viçua , etc.
2. — girci yâdi sàbandhavah \ pânca vrâtd apasydvah |
pariskrnvânti dharnasim
Si les cinq troupes (?) désireuses d’édifier ont les mêmes
alliés, au moyen de la voix elles développent autour (du
soma liquide) le support (du feu sacré).
girîi. . . apasyucali. — Cf. 2, 7, girah . ■ • apasyuvah. — Deux
92
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
tournures différentes pour exprimer la même idée. — Ici dédou-
blement verbal G). — La voix, comme toujours = la libation cré-
pitante.
vrâtâli. — Le sens traditionnel de «troupe» est douteux; dans
tous les cas, ce mot s’applique ici aux somas liquides qui «assistés
de leurs alliés » = ces mêmes somas (dédoublement verbal G), et
« au moyen de la voix » (encore le soma , développent le support
du soma pavam., c’est-à-dire Je soma pavam. lui-même uni au
soma liquide. — Le nombre cinq implique sans doute une com-
paraison avec les doigts de la main.
3. — ad asya susmino rase | viçve deuâ amatsata \
yâdi yôbliir vasdydite
Tous les Célestes ((levas) se sont mouillés dans le suc de
ce (liquide) ardent, s’il a été enveloppé par (le lait des)
vaches.
asya. — Démonstratif liturgique (L).
pâda 3. — Cf. 2, 4 yad gobhir vàsayisyase, — même explication ;
cf. aussi 8, 5, deoebhyali . . . madâya... sam gobhir vâsayàmasi.
— L’expression revient à dire : « quand il (le soma a reçu les
liquides dont il est formé, quand il est aux mains des sacrificateurs. »
Berg., Bel. véd., II, 58, croit qu’il est question ici des vaches
célestes. Rien ne prouve qu il y ait de telles vaches dans le Rig-
Véda.
4. — nirindnô vi dhâvati \jdhac chdryâni tcinvâ \
dtrd sdmi jiglinàte yujâ.
Il pénètre, en s’écoulant, ce qui lâche des llèches qui
s’étendent; en celui-ci, il tue (l’obstacle) en compagnie et à
l’aide de celui qui lui est joint.
Le soma liquide se répand dans le soma igné qui lance de
longues flèches de flammes. Uni à lui, il détruit (l’obstacle avec
(l’arme de ce compagnon; cf. 70, 5, çaryahâ, et G8, 2, ni çaryâni
dadathe devait. — Berg., Bel. véd., I, 203, voyait dans les flèches
du soma les rayons du soleil.
pâda 2. — Lud. traduit en accordant jahat (neutre) avec
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOIVÎA
93
nirinünali (masc.) et en donnant aux autres mots un sens arbi-
traire : « en abandonnant les membres de son corps déchiré. » Il
s’agirait, d’après lui, de la plante imaginaire d’où serait tiré par le
pressoir le suc du soma.
5. — naptibhir yô vivüsvatah \ çubhrô nâ mcunrje yuvcl |
gâh kriwânô net nirnijam
(C’est) lui qui, pareil à un brillant nouveau-né, est devenu
étincelant à l’aide des filles du lumineux, en produisant des
vaches pareilles à un émergé.
Hémistiche 1. — Cf. 1, 6, punâti. . . somam süryasya duhiiâ.
— Ici le pluriel ( naptïbhih ) au lieu du singulier (duhiiâ). A part
cette différence d’expression, l’idée est la même de part et d’autre :
les somas pavam. personnifiés au féminin allument le soma liquide
qui est nouveau ou enfant (cf. 9, 3 et 5 à leur égard. Pour Berg.,
Bel. véd., I, 87 : « les filles de Vivasvat désignent les doigts qui
ont pressé le soma. »
pâda 3. — Le sens de « parure » donné habituellement à nirnij
est tiré des contextes. L’étymologie indique celui d’ « émergé » qui
convient parfaitement à tous les passages où le mot est employé.
— Les flammes du soma pavam. sont à la fois des vaches-lait par
leur origine et 1’ « émergé » du lait-soma.
6. — âti çriti tiraçcdtà | gavyâ jigâty ânvyct |
vagnûm iyarti y dpi vidé
Au moyen de la marche, au moyen de ce qui s’écarte, il
va au delà (des petites) choses issues des vaches; il met en
marche le sonore qu’il a trouvé.
rriiï. — i-aç Xey. probablement à expliquer comme patliâ au
vers 7, 1'.
tiraçcatâ. — Adj. employé substantivement, en apposition à
çriiï; cf. bibhrat , 14, 1'; — - la libation liquide va de travers, con-
trairement à la libation allumée qui s’élève verticalement.
ati . . . gavyâ jigàti. — Le soma pavam. dépasse la libation
liquide désignée sous le nom de gavya « lait de vache » pour
s’unir au feu sacré. — Formules parallèles : 6, 5% atyavim ; 13, 1,
94
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
sornah punâno arsati... atyavili; 13, 6, asrgram. . . ci câram
avtjam.
anryà. — Faut-il y voir l’instrumental fémin. sing. de anu en
accord avec çritl, cf. 15, 1’, dhiyâ... anvyâ, ou l’accusatif plur.
neutre de anvya == anu en accord avec gavyâ? J’ai traduit d’après
cette dernière hypothèse.
vagnum iyarti. — Cf. 3, 53, âvis krnoti cagcanum, — même
explication.
yam vide. — Cf. 8, 9!, scarcidam.
7. — obhi ksipah sâm agmata | marjciyantir ièds pcitim \
prstha grbhnata vdjinah
Celles qui lancent se sont avancées ensemble, en le rendant
brillant, vers le maître de la libation; elles ont saisi les
sommets de celui qui est pourvu du réconfort.
Hémistiche 1. — Cf. 8, 4, mrjanti tcâ daça ksipoh.
pâda 3. — Les somas allumés, désignés sous le nom de ksipah,
saisissent (s’établissent dans) les parties supérieures du feu sacré
en s’élevant au-dessus des liquides qui le nourrissent. — Lud. rend
vàjinali par « cheval » (« les reins du cheval ») sans qu’il y ait lieu
et seulement d après ce qui lui a paru les nécessités du contexte. —
Cf. 6, 5, yam atyam ica vâjinam mrjanti yosano daça. — Je suis
de l’avis de Berg., Rel. véd., II, 29, qui attribue au mot ksip le
sens de « flèche ». mais je me sépare de lui quand il voit dans ces
flèches « les doigts du sacrificateur (assimilés aux flèches, c’est-
à-dire aux rayons qui distillent la lumière du soleil) ». Il s’agit
tout simplement des flammes qu’émet ou lance le soma qui s’al-
lume.
8. — pari divyâni inârmrçad \ viçvâni soma pârthivd |
va s û ni ydhy asmayûh
O liquide, toi qui es ce qui s’efforce d’envelopper toutes
les choses qui appartiennent au ciel(-feu), (toutes) celles
qui appartiennent à la terre(-Jibation), viens, désirant être
nôtre, aux biens.
Pour l'antithèse divyâni.., pârthivd , cf. 8, S1'2, vrstim dirai i
le culte védique du soma
95
pari srava dyumnam prthivyâ adhi. — double sens continu avec
apparence rationnelle (J).
marmrçat. — Sày. justement = parigrhnan; Lud., d’après les
prétendues nécessités du contexte, « gedenkend ». — Je considère
ce participe employé substantivement comme apposé à soma (F).
vasüni yâhi. — Cf. 7, 93, vasüni sam jitam
asmayuh. — Cf. 2, 53, et 6, l3.
HYMNE XV
1. — esâ dhiyà ydùj ânvycl | çüro ràthebhir âçûbhih |
gcichann indrasya nièkrtâm
Celui que voilà, le puissant arrive, au moyen de la pensée
(la crépitante), (encore) petite, — au moyen des chars1
rapides, en allant vers (l’édifice) développé de l’Ardent.
esa. — Démonstratif liturgique (L).
dliiyâ yâty anoyà. — Cf. 14, 62, gavyà jigàty anvyà. — Le
puissant soma vient au moyen de la pensée = soma crépitant, —
dédoublement verbal (G).
yàti. . . çürali. — Cf. 3, 4% esa. . . çüro yan.
indrasya niskrtam. — Cf. 13, l3, même formule.
2. — esd purü dliiyâyate | brhatê deuâtàtaye \
yàtrâmrtdsa âsate
Celui que voilà fait penser (fait crépiter) les nombreux
(somas) pour la haute nature de céleste, là où résident les
(actifs) non morts.
esa. — Démonstratif liturgique (L).
purü. — Neutre pluriel pris substantivement : « les (dons) nom-
breux » = les libations ou les somas.
dliiyâyate. — En allitération avec dhiyà yàti au vers précédent;
cf. dlidraya, 12, 9’, auprès de dhàrayâ, 12> 83.
brhate devatâtaye. — Cf. 1, 4’, maliànâm devânâm, et 8, 5,
1. Berg., Rel. oéd., I, 224, voit à tort ici les doigts qui font couler le soma;
ce sont les flammes qui sont censées porter le soma pavam.
96
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
deoebhyah. . . srjànam. — L’expression revient à brhatc deoâya
« pour le céleste feu) qui s’élève 'par ses flammes) », et ne saurait
en aucun cas signifier « das erhabne gôtterfest » (Grass.) ou
« gôtterversamlung » (Lucl. .
pâda 3. - — Les somas non morts (actifs) sont dans la déité ( dera -
tali) (l’ensemble des flammes sacrées) entendue au sens védique.
3. — esâ hitô vi niijate \ ’ntûli ç.ubhvàvatâ pat lia |
yâdl tunjdnti bhùrnayah
Celui que voilà, mis en mouvement, est conduit au dedans
par la marche brillante., quand les ardents (ou les forts) le
poussent.
esa. — Démonstratif liturgique (L).
antali. — Sous-entendu pavitre ou un mot analogue; cf. 12, 5%
antah pavitre.
patliâ. — Cf. 7, 1’, asrgram indaoah patliâ. — Lud., sans tenir
compte de la valeur du cas (B) : « sur les voies. » — patliâ au
sens concret de « marche, » « allure », ce mot correspond par con-
séquent à rathebhih, vs 1.
yadï. — Cf. pour la tournure, 14, 33.
tunjanti. — C’est à tort que Berg., Rcl. véd-, III, 11, donne à
ce verbe le sens de « exprimer un suc ».
bhùrnayah. — Quel que soit le sens propre de cet adjectif, il
désigne ici par dédoublement verbal (G) les somas pavamànas.
4. — esâ rhigdni dôdhuvac \ chiçîte ijûthtjo vrèâ |
nrinnâ dtidhâna ôjasâ
Celui que voilà, ce qui s’efforce de courir, le taureau qui
fait partie du troupeau aiguise ses cornes en établissant
à l’aide du réconfort ceux qui possèdent des hommes.
csa. — Démonstratif liturgique (L).
çrne/âni. . . çiçïlc. — Cf. 5, 22, çriiye çiçânah. Le laureau-soma
aiguise ses cornes, ou développe la pointe de ses flammes en s’al-
lumant. — Berg., Hel. véd., I, 222, voit avec raison dans ces
cornes les rayons du soma-soleil.
dudhuvat . — Participe employé substantivement au neutre, en
Le culte védique du soma
97
apposition avec esa vrsâ; cf., pour la syntaxe, 13, 8% kanikradat ;
14, 8', marmrëat, etc.
yüthycm. — Du troupeau par allusion probable au père et à la
mère du taureau.
nrmnâ dadhânah. — Cf. 7, 42, nrmnâ vasânali. — Il s’agit
comme toujours des hommes -somas.
ojascL. — Dédoublement verbal (G); cf. 5, 3', ojasâ.
pada 3. — Lud. traduit : « produisant avec force des actes hé-
roïques! » On peut juger par là le système qui nécessite une
pareille explication.
5. — esü rukinibhir lyate | vâji çubhrêbhir aiiçûbhih \
pâti h siridhüncïm bhâvan
Celui que voilà, le pourvu du réconfort, est mis en mou-
vement par les luisants, parles rayons étincelants, — (lui),
le maître des rivières, qui se manifeste.
esa. — Démonstratif liturgique (L).
Hémistiche 1. — Le soma pavam. est mis en mouvement par
les (flammes) brillantes, — preuve évidente qu’il est igné. Lud.
entend « les (mains) brillantes » (de celles qui clarifient le soma)
à cause de leurs ornements d’or! — Cf. 5, 43, devesu deva lyate.
pâda3. — Il est le maître ou l’époux (cf. Berg., Rel. vëd.. Il, 38)
des rivières-libations, parce qu’il s’en empare et qu’il les féconde.
6. — • esa vdsüni pibdanâ \ pârusà yaywân àti \
üva çâdesü yachati
Celui que voilà, s’efforçant d’aller au moyen de la pointe
au delà des Liens comprimés, descend dans les tonnes.
esa. — Démonstratif liturgique (L).
vasüni pibdanâ. — Les somas considérés comme retenus, arrêtés.
parusâ. — Dédoublement verbal (G) « la pointe » de la flamme
du soma pavam. — Lud. : « la laine. »
yayivân. — Pour un emploi analogue de l’intensif, cf. 13, 82,
kanikradat ; 15, 41, dodhuvat; 14, 8', marmrçat, etc.
çâdesu. — Cf. gr. xàooç (?). Ce mot correspond dans son emploi
métaphorique à kalaçesu, 8, 6'; 12, 5', etc.
7
98
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
7. — etdm mrjanti màrjyam | upa drônesv ûycïvah \
pracak rebut ni mahir ièali
Les actifs font briller dans les bûches celui que voilà qui
doit être rendu brillant, — (lui) qui développe les grands
réconforts.
elam. — Démonstratif liturgique (L).
upa drotjiesu. — Cf. 3, 1% abhi dvoijLâny âtsadam.
âyacafy. — Comme à 10, 6\
pâda 3. — Cf. 3, 10, esa. . . janayann isaJf, et 13, 4’, pacasca
bphaiîr Usai).
8. — étant u tycup dâça ksipo | mrjûnti saptà dhltàyah |
süâyudhcim madintamani
Celui-ci que voilà, les dix flèches, les sept pensées le
rendent brillant, — (lui) qui est pourvu d’une arme brillante,
(lui) le très liquide.
etam u tyam. — Démonstratif liturgique redoublé (L . —
Cf. 3, 10', eùa u sya.
Hémistiche 1. — Cf. 8, 4, mrjatdi ira daça Icsipà hincanti sapla
dhltayah. — En suivant Berg., Rel. véd-, II, 28, on est ici on
plein mysticisme avec « les prières qui purifient le soma ».
svâyudham. — ■ Cf. 4, 7', soâyudha sonia, — même explication.
— Quelle serait l’arme du soma pavam., sinon sa flèche de
flamme?
madinlamam. — Cf. 1,1', madis(hayâ.
HYMNE XVI
1. — pvd te sotâra on y b j râsam nicidâya yhrëoaye |
sâryo nâ takty étaça/i
Ceux qui font couler, (ont fait couler) ton suc pour la
boisson ardente dans les deux régals (?) ; le coursier s’élance
comme une émission (de liquide),
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
99
pra. — Employé sans verbe, cf. 9, 2'.
onyoli. — Mot obscur que je considère comme dérivé du rad. av.
Berg., Rel- ved., I, 181, y voit la désignation d’ustensiles servant
à la préparation du soma.
sotârali. — Les somas considérés comme portant en eux le prin-
cipe de leur mouvement : ils coulent, donc ils se font couler.
madâga ghrscage. — Cf. 2, 8', même formule,
pâda 3. — Peut-être faut-il renverser les termes de la compa-
raison et entendre : « l’émission s’élance, etc. »
2 . — krdtvd ddksasya rathyàm [ apô vdsânam ândhasà \
fjosàm ânvesu saçcima
Nous avons accompagné (nous nous sommes unis à) celui
qui a un char au moyen de l’édificateur de l’habile, —
celui qui a revêtu les eaux au moyen de Ycuidhas, — le
conquérant des vaches qui réside dans les nains.
kralvâ daksasya . — Cf. 4, 3', s and, daksam ata kratum, — dé-
doublement pris sur le fait.
apo oasânam. — Cf. 2, 3', apo vasista sukraiuh.
andhasâ. — Cf. 1, 42, ahhg arS'a. . . andhasâ.
gosâm. — Cf. 2, 10', gosâ.
anvesu. — Cf. 14, 62, gavgâ jigâtg anvgd ; 15, 1 1 , gatg ancgâ
çürah .
3. — ânaptam cipsm uustûram | sômam pavitra à srja \
punlhindrâya pâtcœe
(O soma), fais couler dans les eaux la liqueur qui manque
d’eau, difficile à vaincre, (fais-la couler) dans l’allumeur;
allume-la pour la boisson de l’Ardent.
anaptam apsu. — Par dédoublement verbal, on peut dire que
le soma coule dans ses eaux et ajouter, en continuant le jeu de
mots, qu'il manque d’eau avant qu’il ait coulé dans les eaux, avec
allusion au paradoxe du liquide qui est sans eau.
somam pavitra â srja. — Cf. 6, 3% suvâno arsa pavitra à.
100
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMÂ
pâda 3. — Cf. 1, 1, pavasva. . . indraya palace. — Indra boit
des flammes en buvant le soraa pavamana.
4. — pvâ punànüsya cétctsà \ sômah papitre avsati |
hrâtvci sadhâsïham âsadat
Le liquide s'élance, au moyen de l’éclat de l’allumé, dans
l’allumeur; il a pris résidence dans la demeure commune au
moyen de l’édificateur.
cetasâ. — Dédoublement verbal (G). — L’éclat de l’allumé est
l’allumé lui-même.
pâda 2. — Cf. 3, 9% hardi pavitre arsati.
pâda 3. — Cf. 1, 2\ drunâ sadhastliam âsadat, — donc drunâ
et kratcâ sont synonymes.
5. — pvâ tvà nâmobhir indava | Indra sôind asrküata |
mahé bhàrâya hârinah
O Ardent, les brillants, les liquides se sont élancés poin-
te couler (ou pour couler vers toi) au moyen des prières
(crépitantes); les chanteurs (somas) (t’ont coulé) pour le grand
porteur.
namobliil). — Dédoublement verbal (G).
bharâya hârinah. — Cf. 10, 2% bharâsah hârinàm ica; 6, 6 1 ,
sutam bharâya sam srja. — Le grand porteur, par dédoublement
verbal, est une autre désignation du soma considéré comme portant
ou apportant l’offrande; il est qualifié de « grand » par allusion à
sa forme (élevée) de pavamana.
G. — punânôrùpé avydye | viçvâ ürèann abhi çriyah |
rùro nâ y osa tisthati
L’allumé, coulant dans l’objet coloré qui est de la nature
de la brebis, vers toutes les lumières, se tient debout dans
les vaches, comme le fort.
pâda 1. — Cf. 6, 1, parasca. . . avyo oâreëu.
pâda 2. — Cf. 7, 1, asrgram indacah . . . suçriyaJi.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
101
çüro na. — Cf. 3, 42, çüro yann iva.
parla 3. — Comment le soma pavam. se dresserait-il dans les
liquides sacrés désignés métaphoriquement sous le nom de vaches,
sinon sous la forme de flammes?
7. — cliüô net sânu pipyûsl | dliàrâ sutcisya vedhâsah \
vrtliâ pcivitre arsati
La coulée du liquide, — de l’édificateur (?) qui s’enfle
comme le sommet du ciel (feu), — coule au moyen du déve-
loppeur (?) dans l’allumeur.
divali. . . sânu. — Le sommet des flammes qui développent le
feu sacré. — Le soma pavam. est en quelque sorte la croupe du
soma liquide.
pipyusï. — Cf. 6, 7J, payo yad asrja pîpajjat.
pâda 2. — Cf. 2, 32, même formule.
pâda 3. — ■ Cf. 16, 4, cetasâ somali paoitre arsati. — Toutes les
analogies indiquent que vrtliâ est l’instrumental sing. de vrtli,
désignation métaphorique du soma, probablement « celui qui dé-
veloppe, qui accroît », — cf. vrdh.
8. — tüdm soma vipaçcitam \ teinâ punânâ âyûsu |
civ i/o vâram ri dhâuasi
O toi, liquide, qui allumes dans les vigueurs ce qui tire son
éclat de l’agité au moyen de ce qui se développe, — tu tra-
verses en coulant la toison de la brebis.
pâda 1. — Cf. 12, 32, vipaçcil somali. — De la comparaison des
deux passages résulte la preuve du dédoublement.
padas 2 et 3. — Cf. 1, 6, punàti te. . . somain süryasya duhitü
vârena. . . tanâ.
pâda 3. — Cf. 13, 6, asp g ram. . . vi vâram aoyam. — Dédouble-
ment verbal complexe marqué par les différences casuelles des mots
tvam, vipaçcitam, tanâ , âyusu, qui désignent tous un même objet.
102
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
HYMNE XVII
1, — prâ ni mnêneva sindliavo \ ghnânto vrtrâni
bhûrnayah | sômâ asrgram âçâvah
Les rivières (s’élancent) en avant comme au moyen de
l’inclinaison, — elles qui sont des supports, — en détruisant
les enveloppements; les liquides rapides ont coulé.
pâda 1. — Paradoxe implicite : les rivières-somas s’élèvent
comme au moyen de l’abaissement des somas liquides (opposé à
l’élévation ou à l’exhaussement des somas pavam.) — Lud., sans
tenir compte de la valeur de l’instrumental : « comme sur un sol
qui s’abaisse. »
ghnanto vrtrâni. — Cf. 1, 10% vrtrâni jighnate. — bhürnayaJi,
cf. 15, 3% bJairnajjah-
pâda 3. — Cf. 13, 6, asrgram. . . açavah.
2. — alla suvûnâsci indavo \ vrstâyah prthivim iva |
indram sômctso aksaran
Les brillants qui coulent, les liquides ont coulé vers l’Ar-
dent, comme les pluies vers la large (la terre-libation).
pâda 1. — Cf. 13, 5% suvânâh... indavali; cf. aussi 10, 4%
suvânâsa indavah.
pâda 2. — Cf. 8, 8% vrstim. . . pari sraca. — Figure avec déve-
loppement rationnel (J) : les somas comparés à des pluies coulent
dans (ou alimentent) le soma comparé à la terre.
pâda 3. — Cf. 6, 4% punânâ indram âçata.
3. — ütyürmir matsarô mâdah | sômah pavitre arsati |
viglinân rdksâmsi devayûh
La boisson liquide qui traverse les flots, le liquide coule
dans l’allumeur, — (lui qui est) désireux de devenir Céleste
en détruisant les gardiens.
matsaro mada/j. — Cf. 6, 2% madtjam madam.
pâda 2. — Cf. 16, 4% même formule.
pâda 3, — Cf. 1,2% raksohâ, et 6, 1, soma. . . devayuh.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
103
4. — â kalâçesa dhclvati \ pamtre pari sicyate |
ukthair yajiiésu vardhate
Il coule dans les coupes; il s’étend alentour dans l’allu-
meur; il se développe dans les oblations au moyen des
paroles.
Hémistiche 1. — Cf. 12, 5, y ali somah kalaçeëu an antali pavitra
âhitali | tara induit pari sasvaje.
pàda 3. — Cf. 9, 31 * 3, rtâvrdhâ; 2, 8\ tara praçaslayo mahïlt. —
C’est par les crépitements, ou les libations crépitantes, que le soma
pavam. prend ses développements ignés. — Pour l’explication
courante, voir Berg., Bel. véd., If, 26.
5. — âti tri soma rocanâ \ rôlian ncï blirdjase divcun |
isnân sûr y ara rtâ codayah
O liqueur, tu étincelles après avoir traversé les trois bril-
lants comme si tu montais au ciel-(feu); tu t’agites comme
si tu mettais le soleil en mouvement.
Hémistiche 1. — Le soma pavam. distingué nominalement dos
trois' brillants qu’il est considéré comme dépassant ou dont il
forme le sommet igné, est représenté comme atteignant (e’est-à-diro
constituant) le ciel-feu.
pàda 3. — Par son mouvement même, le soma pavam. met en
mouvement cet autre lui-même qui est désigné sous le nom de
soleil (cf. Berg., Bel. véd., I, 162 et 215). Pour cette identité,
cf. 2, 6', sam süryena vocale. — L’expression soma. . . bhrâjase,
entre plusieurs autres semblables, prouve que le soma pavam.
était incandescent.
G. — abhi vîprâ anüsata \ mûrdhan yajncisya kârâvah |
dddhânâç cdksasi priyctm
Les actifs, les chanteurs qui sont au sommet de l’oblation,
ont crié (crépité) vers (lui), en établissant l’agréable (libation)
dans l’éclat.
1. « Trois » par allusion probable à la division du feu sacré en inférieur,
moyen ou supérieur. — Four une explication différente, voir tlerg., Rcl,
ccil.. Il, 118,
104
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pâda 1. — Cf. 12, 2', même formule.
pâda 2. — Les somas crépitants forment la pointe ou le sommet
de la libation liquide. — D'après Berg., Rel. véd., II, 82, note,
« la tête du sacrifice pourrait être la forme supérieure et cachée
du sacrifice ».
pâda 3. — Les somas pavam. transforment la libation liquide en
libation ignée.
7. — tdin u tvd vdjinam nâro \ dhîbhir viprd avasyâvah |
mrjânti devdtâtaye
Toi que voilà pourvu de réconfort, les hommes, les actifs
désireux du régal, te rendent brillant pour la splendeur des
Célestes au moyen des pensées(-crépitements).
tam u tvâ. — Démonstratif liturgique.
*
naval). — Comme pumas au vs 9, 71.
pàdas 2 et 3. — Cf. 13, 2, paoamânam aeasavgo vipram abhi
pra gâyata suscânam decavïtaye; 13, 33, grnânâ deravîtage ;
15, 2’, esa purü dhiyâgate . . . decatâtage.
8. — mddhor dhàrâm dnu ksara \ twrdh sadhasthani
âsadah | cârur rtàya pitâyè
Coule à la suite de la coulée de la (liqueur) douce; que tu
t’assoies, toi qui es ardent, dans la demeure commune, —
toi qui es agréable (au goût) (ou beau) pour la boisson de
l’oblation.
madhor dhàrâm. — Cf. 2, 9% madhvah . . . dhàrayâ.
sadhastham âsadali. — Cf. 1, 23, sadhasthani âsadal.
rtàya pïtage ne peut signifier, d’après l’analogie de indrüya
pâture que « pour donner à boire à l’oblation », c’est-à-dire pour
l’alimenter, la nourrir, ce qui revient à dire l’offrir. — Berg.,
Rel. véd., III, 238, imaginant un mysticisme inutile, traduit
rtàya par « pour que la loi s’accomplisse »,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
105
HYMNE XVIII
1. — pâri suvânô giristhâfk | pamtve soma akèâh \
mâdeèu sarvadhâ asi
Le liquide qui réside dans le rocher a coulé dans l'allu-
meur en s’étendant (tout) autour; — tu es de toute part dans
les breuvages.
Pour le sens de giri dans giriëthàli, cf. 11, 5’, l’explication de
adribhili; — avant de couler, le soraa est comme enfermé dans
le rocher. La traduction de Berg., I, 148 : « croissant sur les mon-
tagnes » est peu exacte. — Paradoxe : la liqueur qui réside et qui
coule.
pâda 2. ■ — Cf. 17, 4, dhâvati paoitre pari ëicgate.
pâda 3. — Cf. 14, 32, rase viçve deçà ( amatsata ).
2. — tvâm vipras tvâm kavir | mcidliu prâ jâtâm
ândhasah | mâdesu, etc.
Tu es l’actif; tu es le sage; (tu es) la (liqueur) douce issue
de Yandhas. — Refrain.
team. — Exhortation liturgique.
viprali. — Comme désignation du soma pavam., cf. 17, 6',
viprâli et passim.
h avili. — Comme désignation du soma pavam., cf. 7, 41, k avili,
et passim.
pâda 2. — Cf. 16, 22, apo vasànam andhasci, d’où l’indication
que le madhu et les apah (eaux) sont une seule et même chose
identique au soma, et que Yandhas n’est pas nécessairement une
plante, comme le dit Berg., I, 148.
3. — tâta viçve scijôsaso | devâsah pltim àeata \
mâdeèu, etc.
Tous les Célestes qui participent au même festin ont atteint
le breuvage qui est le tien (chose tienne). — Refrain.
pâda 1. — Cf. 5, 11, viçve devâh. . . sajoëasali.
pâda 2. — Cf. 14, 3% viçve deçà amatsata.
106
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
4. — â yô virvâni vâryà \ vâsüni hcistayor dadhé |
nui des u, etc.
(C’est) lui qui a établi (édifié) tous les biens désirables
dans les deux mains (du feu sacré). — Refrain.
pada 1. — Cf. 3, 41, esa ciçcâni vâryà. — Ces biens sont son
essence même, et non pas, comme l’entend Berg., I, 212, des
avantages extérieurs comme des vaches, des chevaux, etc.
hastayoJi. — Cf. 13, 73, et 20, 62 yabbastyoh.
5. — y ci imé vôdasi maki \ sam mütcireva dôhcite |
mcidesu, etc.
(C’est) lui qui trait ces deux grands brillants, comme deux
mères réunies. — Refrain.
ime. — Démonstratif liturgique.
voclasî. — Cf. 7, 9', rodasï, — même explication.
mahï. — Cf. 9, 3% mahï, — explication analogue.
mâtarâ. — Cf. 9, 3', mâtarü.
6. — pari y 6 rôdasl ubhé | sadyô vâjebhir cirsati |
mcidesu, etc.
(C’est) lui qui coule autour des deux brillants au moyen
des réconforts. — Refrain.
Couler autour des deux brillants ou des somas liquides destinés
à briller revient, de la part du soma pavam., à s’attacher à eux
pour s’en nourrir, à les traire, selon la formule du vers précédent.
sadyab. — Adverbe dont le sens exact est difficile à déterminer
et que je m’abstiens de traduire.
v âjebhili. — Dédoublement verbal (G).
7. — set çusini halâçesv à | punànô acikvadcit \
mcidesu, etc.
Cet allumé, ardent, est venu mugir dans les coupes. —
Refrain.
sa. — Démonstratif liturgique.
çuèmi. — Cf. 14, 3', as y a çuëminali.
kalaçesv â punânali. — Cf. 8, 6’ ^et 12, 5’ , punânaJi kalaçeso à-
ueikradat. — Cf. 2, 6’, aeikradat.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
107
HYMNE XIX
1. — yàt soma ci tram ukthyâm \ clivydm pârthivam
vâsu | tân nah punânâ â bhara
O liquide, cette bonne chose qui est brillante, crépitante,
céleste (et) terrestre, apporte-la-nous, — ô toi qui t’allumes.
citram. . . nali. . . à bhara. — Cf. 4, 10, rayim naç citram. . .
à bhara , — même explication de part et d’autre.
ukthyam. — « De la nature de Yuktha » ou du soma-crépite-
ment. — Cf. 17, 4% ukthair yajhesu vardliate. — Lud. : « digne
d’être célébré. »
divyam pârthivam. — « De la nature du ciel-feu et de la terre-
libation, » — cf. 8, 8, vrstiin divah pari sraoa. . . prthivyâ adhi ;
14, 8, pari divyâni marmrsat. . . soma pârthivâ. — Berg., II, 133,
prend, bien à tort, la formule au propre.
vasu. — Dédoublement verbal : vasu = le soma-vasu; cf. 14, 8,
soma. . . vasüni yâhi.
2. — yuvâm lii stficih svùrpciti | indraç cci soma yôpatï \
îçànâ pipyatam dhiyah
O vous deux, l’Ardent et le Liquide, vous êtes les maîtres
du soleil(-feu), les maîtres des vaches; puissants (que vous
êtes), faites croître les pensées (les crépitantes = les libations
enflammées et crépitantes).
yopaiï. — Comme gopâm, 5, 9b
pada 3. — Cf. 6, 7;i, payo yad asya pïpayat.
3. — vrsd punânâ âyûsu | stanüyann âdhi barhisi |
hârih sün yônim âscidat
Le taureau allumé, qui bruit dans les vigueurs au-dessus
des forts dans lesquels il réside, se manifestant (comme)
doré, s’est établi dans la matrice.
vrsâ punânah . . . stanayan. — Cf. 5, 1, pavamünah . ■ . vrsd
108
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
kanikradat. — Claire indication des crépitements, et par
conséquent de la nature ignée du soma pavamâna.
punâna fiyu.su. — La variante punâna üyümsi du Sàma-ceda
« celui qui allume les vigueurs » est importante en ce qu’elle
montre que âyusu ne saurait désigner- les hommes, comme le
veulent Sày., Lud. et Berg., I, 61.
barliisi. — S’explique comme harkis au vs 5, 4', et est indiqué
par la construction comme synonyme de âyusu.
pâda 3. — Cf. 8, 33, rtasya yonim àsadam.
4. — âvcivaçanta dhltüyo | vrsabhdsyâdk i retasi |
sunôr vatsdsya mdtârah
Les pensées ont fait entendre leurs voix au-dessus de la
semence du taureau(-soma) dans laquelle elles résident, —
elles qui sont les mères d’un veau, qui est leur fils.
Hémistiche 1. — A comparer avant tout à l’hémistiche 1 du
vers précédent.
acâeaçanta. — Correspond à stanayan, et adhi retasi à adlii
barhisi, d’où l'indication que harkis et retas désignent également
le soma liquide dans lequel réside en quelque sorte le soma igné
ou crépitant qui reçoit, par dédoublement verbal, le nom de dkiti
dans notre vers. Un dédoublement analogue résulte de l’application
du mot retas au soma liquide, comme l’a bien vu Sây. : « retasi
svaklye sûre vrsahkasya... somasya. » — Lud. ne tient pas compte
du sens du locatif en traduisant retasi par « iiber (des slieres)
samen ».
pâda 3. — Les libations crépitantes (dkïtayak sont les mères
du soma crépitant dédoublé verbalement sous le nom « d'un veau,
leur fils ». Pour la réciproque, cf. 9, 3, sa sünur mâtariî çucik . . .
arocayat. — Berg., II, 25, a vu ici tout autre chose.
5. — kuvîd vrkanyd ntlbhyah } punânô yârbliam àdâdhat \
yak çukrâm duliatê payait
Celui qui s’allume n’a-t-il pas placé un fœtus pour celles
qui saillissent comme des taureaux(-somas), — elles qui
trayent le lait brillant?
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
109
vrsanyantïbhyali. — Sens analogue à celui de ürsanyati, 5, 62.
— Pour le tour de l'idée avec àdadhat , cf. 3, 6% dadhad ratnâni
dâçuse.
Hémistiche 1. — Le soma pavam. donne un fœtus, qui n’est
autre que lui-même dédoublé (cf. au vers précédent les vaches-
somas et leur veau), aux vaches-libations qui agissent en taureaux,
parce qu’elles saillissent en quelque sorte sous forme ignée ces
liquides au-dessus desquels elles s’élèvent.
pâda3. — Les vaches-libations trayent (au lieu d’être traites, —
paradoxe) le lait brillant, à savoir le soma pavam. dédoublé verba-
lement auquel elles s’identifient ou dont elles se nourrissent, ce qui
revient au même; cf. 6, 73, payo yad asya pïpayat. — Lud.,
contrairement à la grammaire, donne un sens passif à duliate.
Berg., qui traduit ce vers dans sa Rel. véd., II, 25, rend
vrsanyantïbhyali par « elles désirent le mâle » (sans souci, ce
semble, de l’analogie du vers 5, 62), punânah par « coulant » et
çukram payai] par « lait pur ».
6. — upci çiksdpatcisthûso | bliiyâsam à dlielii rdtni.su |
pâummdna viclâ rayim
O allumé, renforce ceux qui s’affaissent; établis la crainte
chez les ennemis; trouve la richesse.
apatastliusali. — « Ceux qui s’affaissent, » métaphore pour dé-
signer les libations qui s’épuisent; le soma pavam. les ravive en se
ravivant lui -même.
bhiyasam. — La crainte qu’éprouvent les obstacles attaqués par
les flammes.
çatrusu. — « Les ennemis, » désignation métaphorique des
obstacles personnifiés.
pâda 3. — Cf. 12, 9', à pavamâna dliâraya rayim.
7. — ni çâiroh soma vrsnyam | ni çûsinam ni vâyas tira]
duré Pci satô cinti va
O liquide, empare-toi par en bas de la virilité fécondante,
de l’ardeur, du réconfort de l’ennemi, qu’il soit dans l’éloi-
gnement ou à proximité.
110
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
L’ennemi-obstacle est censé retenir le liquide fécondant, ardent
et réconfortant, grâce auquel le sacrifice a lieu. Le soina per-
sonnifié l’arrache, c’est-à-dire s’arrache soi-même à l’ennemi en
apparaissant sur l’autel pour allumer le feu sacré.
HYMNE XX
1. — prâ kavir devcivltayê | ’vyo vârebhir arsati |
sàhvân viçvâ cibla sprdhah
Le sage s’avance en coulant pour le régal des Célestes au
moyen des toisons de la brebis, l’emportant sur tous les
rivaux.
pâda 1. — Cf. 13, 3', (somâh). . . rjrnânâ devacïtaye.
pàda 2. — Cf. 16, 8, team soma. . . avijo râram vi dhâoasi. —
Les deux formules se commentent l’une par l’autre : couler à travers
la toison ou couler par les toisons revient au même.
Lud. ne tient pas compte de la valeur de l’instrumental et tra-
duit : « über die haare des schales. »
ab/ri spvdliah. — Cf. 7, 5', pavamâno abhi sprdhah. Aucune
raison pour donner avec Sây. et Lud. le sens d’armée à sprdh,
adjectif verbal du radical de même forme. Ce mot désigne d’ailleurs
les obstacles personnifiés.
2. — set hi smâ jariirbhya â [ vâjam yômantam invati |
pâvamànafy sahasrinam
Cet allumé met en mouvement pour les chanteurs le ré-
confort qui vient des vaches, qui a mille (dons).
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Le soma pousse le réconfort issu des vaches,
ou lui-même (dédoublement verbal) aux chanteurs ou aux somas
crépitants (autre dédoublement); cf. 6, 3, suvâno arsa. . . abhi vâjam
uta çracalj, formule par laquelle le soma est invité à s’unir au
réconfort- soma et au chant = le Soma crépitant. — vâjam f/omam
Le culte védique du sôma
111
tam, cf. 10, 3% sorhâso gobliir aiijate. — L’explication de Sây. et
de Lud. : « Le soma procure, etc., » nécessite l’attribution à invati
d’un sens arbitraire, ce verbe ne signifiant que « pousser, mettre
en mouvement ».
jarilrbliyali. — « Aux chanteurs, » aux somas crépitants avec
dédoublement verbal, eu égard à l’idée exprimée par pacamânah.
gomantam. — Berg., I, 212, voit bien à tort dans ce passage
l’indication de dons de vaches réelles procurées aux prêtres par
le soma.
sahasrinam. — Cf. 13, 5', sahasrinam rarjim, — même expli-
cation pour les deux cas.
3. — pctri viçvdni cêtasà \ mrçdise pdvase matl |
sd naît soma çrdvo vidait
Tu touches tous (les dons du sacrifice = les libations) en
les entourant au moyen de l’éclat; tu (les) allumes au moyen
de la pensée (la libation crépitante); ô liquide, trouve la
voix pour nous (pour nos libations).
oiçvâni. — Avec le substantif (peut-être vàryâni, cf. 16, 4') sous-
entendu (cf. ci-dessus, vers 1, viçvâh . . . sprdha/i, où il est exprimé),
comme avec sahasrinam (càjam) au vers précédent.
cetasâ mrçase. - Cf. 16, 4, cetasâ somali. . . arsati. — Lud. :
« Tu touches tout avec la pensée. » (?)
pacase matl. — Dédoublement verbal, — cf. 7, 63, rebho
vanusyate matl. — Lud. : « Tu purifies avec ta pensée. » (?)
pada 3. — Cf. 19, 6% pavamâna vida rayim, d’où l’indice que
les mots çravas et ragi désignent un seul et même objet; cf. aussi
4, 1, sanâ. . . soma. . . çravali.
4. — abhy àrèa brhdd yciço | maghdtvadbhyo dhruvàm
rayitn | isam stotrbliya à bhara
Coule vers le grand éclat, vers la forte richesse destinée
aux donateurs; apporte la libation aux chanteurs (aux somas
crépitants).
Hémistiche 1. Cf. 6, 3, abhi... a rsa, . , abhi vâ/am uta
çravali, et 4* 8, abhy arsa. . ■. rayim.
112
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
maghaoadbhyali. — Aux donateurs -somas qui transmettent la
liqueur sacrée au soma pavam. — On peut entendre aussi (« la
richesse) qui vient des donateurs-somas », en prenant le mot à
l’ablatif.
pâda 3. — Cf. 4, 10, rayim... à bliara; 19, 1, uklhyam. . .
rasa. . . a bliara; 20, 2, jaritrbhya â vâjam. . . inrati.
5. — tvcini ràjeva suvratô | girali soma viveçitha \
punânô vahne adbliuta
O liquide, pareil au roi qui a de bons objets do son choix,
tu as pénétré dans les voix(-crépitements = les libations
crépitantes), en t’allumant, ô porteur (de l’oblation), ô mani-
festé. (?)
team. — Invocation liturgique.
tram râjeca . . . punânah. — Cf. 5, 1, pacamâno vi râjati; 7, 5%
râjeca sïdati. — Berg., III, 270, traduit râjâ. . . sucrdtali par « un
roi qui a de bonnes lois ».
pâda 2. — Cf. 6, 9‘, punânah . . . dadhise girali. — Lud. : « Tu
es entré dans les hymnes (comme étant leur objet), » — sens aussi
invraisemblable que possible.
G. — sa vâhnir apsû duètàro | mrjyàmâno gàbliastyoh |
sômaç camusu sïdati
Ce porteur qui est dans les eaux, difficile à vaincre, qui
est rendu brillant dans les deux mains, — (ce) liquide prend
résidence dans les coupes.
sa. — Démonstratif liturgique.
apsu... mrjyamânah. — Cf. 2, 5', apsu màmrje. — Berg.,
I, 149, prend le mot apsu au propre.
dustarah . — Cf- 16, 3', apsu dustaram somam.
pada 2. — Cf. 13, 7’, dadhanrire gabliaslyoh ; 18, 4% hastayor
dadhe.
pâda 3. — Cf. 16, 4, somah . . . sadhastham àsadat ; 7, 63, vanesit
sïdati, — donc camusu et canesu répondent à la même idée. —
Berg., I, 149, prend le mot camusu au propre-
Le culte védique du soMa
113
7. — krilûr inakhô nu manhayâh \ pavitrcun soma
gachcisi \ dàclhat stotré suviryam
Sautant, pareil au guerrier, désireux de donner, ô liq aide,
tu vas vers l’allumeur; (tu es) ce qui établit le (suc) pourvu
de bons mâles pour le chanteur (crépitant).
pâda 1. — Cf. 1, 103, çüro mayhâ ca manhate.
pâda 2. — Cf. 12, 5, somaJi. . . paoilra âhitali ; 16, 32, somam
paoitra a s/y a.
pâda 3- — Cf. 20, 4:l, isam stotrbhya à bhara, — donc suviryam
— isam.
HYMNE XXI
1. — été dhcïvantindcwah | sômcï indraya ghrsvayah |
matsarâsah soarvidah
Ces brillants, ces liquides actifs coulent pour f Ardent — ,
(eux qui sont) liquoreux, qui trouvent le soleil(-feu).
ete. — Démonstratif liturgique.
pâda 2. — Cf. 16, 1, pra te sotârah. . . vasam maddya ghrscaye.
— L’échange de l'épithète ghrsvi entre les somas et Ipdra con-
tribue à prouver que ceux-là et celui-ci désignent un même objet.
svarcidah. — Comme svaruidam, 8, 92.
2. — pravrnüdnto ccbhiyûjah | smoaye uarivovidah |
svccyüni stotré vayaskrtah
Ils enveloppent (écartent) ceux qui s’attellent pour leur
faire échec (les obstacles personnifiés), ils trouvent l’espace
(libre) pour ce qui coule, (et) procurent le réconfort qui est
leur (chose) au chanteur (crépitant).
susvaye. — Aucune raison pour ne pas donner à ce mot le sens
étymologique de liqueur ou liquide.
varicooidah. — Le sens de varions est « le large, l’espace », et
rendre le composé avec Grass. et Lud. par « ce qui procure du
8
111
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
plaisir » est purement arbitraire. Cf. les fréquentes formules
comme urukvt et les analogues qui se rapportent toutes à la déli-
vrance ou à la libération du soma considéré comme retenu ou
captif. — Berg., III, 114, note, traduit parfaitement par « donnant
l'espace
pâda 3. — Cf. 20, 43, isam strolrbhya à b/tara. — La compa-
raison des deux formules ne permet guère de doute sur l’application
du mot « chanteur» au soma crépitant. — Say. (bien); « cayaskrtah
== annasya kartâraJi.)) — Lud., arbitrairement : « lebensfulle
schaffend. »
3. — uvthd kvilanta indavah \ sadhdstham abluj ékam
it | sindhor urina vy âksavan
Les brillants, dansant au moyen de l’accroisseur (?), ont
coulé vers cette résidence unique que voilà, dans les Ilots
de la rivière.
vrthâ. — Cf. 16, 7J, vythâ paoitre arsati. — Dédoublement
verbal (G).
krllantali. — Cf. 20, 7', krlluli.
pàda 2. — Cf. 1 G, 4% sadhastham âsadat.
sindhor ârmâ. — - Cf. 12, 3, südane sindhor ürmâ. — ürrnû,
dédoublement verbal, eu égard à sindhoh, dont le sens, de son
côté, est dédoublé vis-à-vis de celui de sadhastham : partout il ne
s'agit que du soma identifié aux formes des choses auxquelles on
peut le comparer.
4. — etc üiçôâni üàrijù | pdcamdnùsa âçata |
hità nd sâptciyo râthe
Ces allumés que voilà) ont atteint toutes les choses dési-
rables, pareils aux sept chevaux qui sont lancés dans le char.
etc. — Démonstratif liturgique»
Hémistiche 1. — Cf. 3, 4, csa viçoâni vâryâ ... pacamânah
sisasâti.
pâda 3. — Les sept chevaux somas lancés (ou placés) dans le
char- soma : paradoxe (K).
Le Cl LTE VÉDIQUE DU SOMA
115
5. — àsmin piçàngam indaüo \ dâdhâtcï vendin âdiçe |
yô cismâbhyam ârdud
O brillants, établissez en celui que voici l’Éclatant dé-
sireux (de l’oblation) pour (le) signaler, — lui qui était
(jusqu’ici) sans dons pour nous.
asmin. — Démonstratif liturgique.
piçangam... venant. — Autre nom du soma pavam. par dédou-
blement verbal.
arâcâ. — Cf. 13, 9', apaghnanto arâcnah pavamânâli. — Ici,
grâce au concours du soma pavam , le soma liquide cessera d’être
inerte ou sans dons (arâvan)
6. — rbhûr nâ râtliyam ndvam | dcidhàtâ kêtcini calice |
çukràh pavaclhvain ârnasâ
De même que l’(artisan) habile (a établi) un nouvel (objet)
de la nature d’un char, établissez le désir pour le signal;
ô brillants, allumez-vous au moyen du Ilot.
pâda 1. — Le « char » nouveau est le soma pavam., eu égard
au soma ancien ou liquide.
pâda 2. — Cf. le vers précédent, pâda 2. — « Le désir » = le
soma pavam. désireux du soma liquide; — « pour le signal », c’est-
à-dire pour produire la flamme du soma pavam. qui devient ainsi
le signe distinctif, le panache en quelque sorte, du soma liquide.
Inutile d’ajouter que les mots ketam et âdiçe ainsi employés sont
autant de dédoublements verbaux.
arnasâ . — Dédoublement verbal G). — L’allumage du soma
par lui-même, ou sa transformation de chose liquide en chose
ignée, ne saurait être indiqué plus clairement. — Cf. 1, l2, pacasca
soma dharagâ.
7. — etd u tyê auivciçan | hàsthdm vdjino cikrata |
satdh prâsdœisur mcittin
Ceux que voici ont crié; ceux qui ont les réconforts ont
construit la marche; ils ont fait couler la pensée (la libation
crépitante) de celui qui est (là)*
lie
LE CULTE VÉDIQUE DU SONlA
eta u tye. — Démonstratifs liturgiques.
àvïoaçan. — Cf. 19, 4', aoâbaçanta (dhïiayali).
kâtsthâm. . . akrata. — Cf. 21, 2% varicocidali. — Les réconforts-
somas ont fait la marche, c'est-à-dire se sont mis en marche.
prâsâoisur matim. — Cf. 16, 4, pra... cetasâ... somaJi... arsati.
— Berg., 1, 185, a pris cette expression au propre: « (Les sonms
donnent) l’activité à la pensée »; ailleurs, 111, 42, il traduit le
même passage par : « Les somas ont vivifié, excité la prière de
l’homme pieux (satah). »
HYMNE XXII
1. — etc sômdsa dçavo \ râthâ iva prâ vdjinah \
sàrgâh srstâ aliesata
Ces liqueurs rapides, pareilles aux chars pourvus de récon-
forts, se sont précipitées (sous la forme de) courants lâchés.
e/e. — Démonstratif liturgique.
pada 1. — Cf. 17, 1% somâ asrgram âçacalj.
rallia, ira. — Cf. 10, 1 et 2, ralhâ ica.
pàda 3. — Cf. 16, 1’, aargo na takty etaçali.
2. • — été vâtà ivovàuah | paijâtiyasyeva vrstàyah
agnér iva bhramâ vrthd
Ceux-ci (sont) pareils aux souffles étendus, pareils aux
averses du nuage, pareils aux tourbillons du feu provenant
de l’accroisseur (?).
e/e. — Démonstratif liturgique.
vâtâli. — Cf. 5, 11% oâyuli; 2, 10', âtmà yajnasya. — Ce pas-
sage est très important en ce qu’il indique l’origine de la métaphore
en vertu de laquelle les mots câta ou oàt/u désignent le soma pavam.
en tant qu’agité. — Pour Berg., I, 171, il s’agirait « des sucs du
soma répandus dans le ciel comme les vents ».
pada 2. — Cf. 2, 9', parjanyo vrètimân ica. — La comparaison
des deux formules permet de prendre sur le fait le dédoublement
verbal : parjavyasya . . , vrëtayah. Ce pàda vise le soma liquide,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
117
tandis que le suivant a en vue le soma pavara. ou igné. — Berg.,
I, 166 : « Les soinas sont comparés à la fois aux pluies du nuage
à cause de leur nature liquide, et aux flammes d’Agni à cause de
leur éclat. » Cette dernière partie de la comparaison s’appli-
querait-elle si le soma n’avait pas flambé?
vrtliâ. — Cf. 16, 7:l, et 21, 31.
. 3. — été pütâ mpaç.ciiah \ sômclso dâdhyâçtrah \
vipâ v y ânciçur dhiyah
Ces liquides allumés, qui tirent leur éclat de l’actif,
qui sont mêlés de lait caillé (?), ont obtenu (réalisé) les
pensées(-crépitements) au moyen de l’agité.
ete. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 12, 3, vipaçcit somali.
dadhyâçirah. — Faute de mieux, je m’en tiens provisoirement
au sens traditionnel (voir Berg., II, 23). Dans tous les cas, on ne
saurait entendre l’expression au propre; il s’agit certainement du
soma comparé au cladhi. — Cf. 11, 62, dadlined ablii çrïnïtana.
vïpâ. — Cf. 3, 2’, esa deoo vipâ krtah. — Dédoublement verbal.
pâda 3. — Cf. 6, 9, punânah . . . dadhise girali. — - L’idée est la
même dans les deux passages.
4. — été mrstâ âmartyâh | sasruâmso nc'i çaçramuh (
îyaksantah pathô rajah
Ces non-morts, rendus brillants, s’étant mis en mou-
vement ne se sont pas reposés, désireux de faire, au moyen
de l’oblation, de l’obscurité un chemin, — (de transformer
l’obscurité inerte en flammes actives).
ele. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Relation particulière entre les idées exprimées
par amartyâli et na çaçramuh.
pâda 3. — Cf. 9, 82, sâdhayâ pathali, ■ — même explication.
rajah . — Voir, pour l’explication traditionnelle, Berg., IL 1.18.
LE Cl' LTE VÉDIQUE DU SOMA
118
5. — été prsthâni rôdasor | viprayânto vy ânaçuh |
utédâm uttamdm rajah
Ces (liquides) ont atteint en allant en avant les sommets
des deux brillants, et ce rajas qui est tout en haut.
ete. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 14, 7% prëthâ yrbhnata vâjinali. — Les
sommets des deux brillants (lobscur et le brillant) et le rajas supé-
rieur sont d’autres formes nominales, c’est-à-dire des dédouble-
ments purs et simples, du nom feu sacré ou du soma pavam.
L’opposition signalée par Berg., II, 124, entre le rajas suprême et
« les deux mondes (rodasï) » est. imaginaire : cette opposition est
en réalité une identification.
rajah. — L’obscurité (devenue lumière) : paradoxe.
G. — tdntury tanvânâm uttamdm \ dnu pravdta âçata |
utédâm uttarnâyyam
Celles qui s’élèvent (les libations allumées) ont atteint — ,
en le suivant, — celui qui étend le (11 supérieur et ce (lieu)
supérieur.
Les sotnas pavam. se sont réunis au feu sacré qui s’élève au-
dessus du soma liquide. — Ce vers est comme une variante du
précédent. — Berg. (1, 204), est obligé, pour l’expliquer, d’avoir
recours à l’hypothèse du « soma céleste ».
7. — tvdm soma panibhya à | vdsu gdivyâni dhàrayah |
tatdm tantum acikradah
O liquide, tu as soutenu le bien, les produits des vaches
qui viennent des reteneurs; tu as rendu bruyant le fil (la
flamme) qui s’étend.
panibhyali. — « Les reteneurs, les détenteurs)) (d’où les mar-
chands) des somas, — métaphore pour désigner les obstacles per-
sonnifiés. Les somas possèdent la libation, donc ils l'ont enlevée
ou achetée à quelqu’un.
Hémistiche 1. — Cf. 12, 9, â parùmâna dhâraya rai/im.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
119
gavyâni. — Cf. 8, 6S, gavyâni, — même explication.
tatam tantum. — Cf. tantum tanvânam au vers précédent.
acikradah. — Cf. 18, 7-, punàno acikradat. — Le soma rend
le feu sacré crépitant. — Lud. : « Tu évoques la série angesponnem
(des pratiques sacrées) ! »
HYMNE XXIII
1. — sômâ asryram âçdoo | mcïdhor mcidasya dhârayd |
abhi viçvdni kcwycl
Les liqueurs rapides ont coulé au moyen du courant du
doux liquide vers tous ceux qui sont de la nature du sage
(soma).
pâda 1. — Cf. 12, 1', somâ asrgram; 22, 1', ete somâsa àçaval).
pâda 2. — Cf. 1, 1, svâdisthayà madis(hayâ pavasva soma
dhârayâ.
pâda 3. — Cf. 7, 4', pari yat kàoyâ kavih. . . arëati; 8, 1, ete
somâ abld priyam... akëaran. — Lud. : « Au gré de toute
sagesse! »
2. — ânu pratnâsa âydoah | paddin ndvlyo akrainuh \
rucé jananta sûryam
Les anciens Actifs sont venus, en continuant (de marcher),
dans une place nouvelle ; ils ont donné naissance au soleil
pour l'éclat.
Hémistiche 1. — Les somas liquides se sont transformés en
somas ignés qui viennent en avant de ceux-là quant au lieu et au
temps. — Cf. 3, 9’, pratnena janmanâ . . . sutah ; 10, 6, pratnàh . . .
âyavali; 21, 6, rathyam nùvam dadhâiü.
pâda 3. — Cf. 9, 8:\ pratnavad rocayâ rucah; 17, 53, sûryam. . .
codayah. — Le soma, en s’allumant, engendre le soleil(-feu) pour
le s feu ) éclatant, c’est-à-dire pour qu’il éclate, brille; série de dédou-
blements verbaux : pavamâna = sürya = rue. — Nouvel indice,
et des plus probants, de la véritable nature du soma pavamâna.
120
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
3. — à pavamâna no bharâ \ -nyô âdâçuso gchjam I
krdhi prajdvatïr isaJi
O allumé, apporte-nous la demeure (ou les biens) de celui
qui ne donne pas, qui n’est pas libéral; rends les libations
pourvues de progéniture (fais-leur porter des fruits; déve-
loppe-les).
Hémistiche 1. — Cf. 4, 10, vagira . . . à bhara. — « Celui qui ne
donne pas, » personnification métaphorique de l’absence de libation.
— La demeure de celui qui ne donne pas contient les dons qu’il
pourrait faire.
pâda 3. — Cf. 8, 9', bhaksimaln prajàm isam. — La compa-
raison des deux formules condamne la traduction de Lud. : << Pro-
cure-nous la nourriture qui produit des enfants. » La libation et
sa progéniture désignent un seul et même objet.
4. — abhi sômâsa âyüvah | pavante mâdyam ma dam |
abhi kôçam madhuçcutam
Les liqueurs rapides s’allument en s’approchant de la
boisson potable, en s’approchant du vase où coule le doux.
Hémistiche 1. — Cf. 6, 2', abhi tgam raadgam madam... ksartt.
pâda 3. — Cf. 12, 63,jinvan koçam madhuçcutam.
5. — snmo arsati dharnasir \ dâdhâna indriyâm râsam |
suvîro abJdçastipâh
Le liquide qui supporte (le feu sacré). coule en établissant
(produisant) le suc qui est de la nature de l’Ardent; lui qui,
bien pourvu des mâles(-somas), est le maître du contre--
crépitement.
dharnasih. — Cf. 2, 2:l, indo . . . dharnasih.
dadhâna... rasam. — Cf. 6, 6, rasam... sutam bharàya sam svja.
suclrah. — Cf. 11, 9', suvïvgam vagim.
abJdçastipâh. — L ’abhiçasti est ce qui fait échec à la çasli ou
au crépitement de l’élément igné du sacrifice; d’où le sens ultérieur
de « malédiction ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
121
6. — indrâya soma pavoise | devébhyah sadhamâdyah \
indo vâjam sisâsàsi
O liquide, tu t’allumes pour l’Ardent; toi qui participes
(avec eux) à la libation, (tu t’allumes) pour les Célestes;
ô brillant, tu cherches à t’emparer du réconfort.
Hémistiche 1. — Cf. 6, 7, devâya... indrâya pavaie sutali ;
3, 92, devo devebhyah sutali.
parla 3. — Cf. 7, 43, svar vâjï sisâsati. — Remarquer l’identité
fondamentale des deux formules.
7. — asÿd pltvâ mcidânâm | indro vrtrciny aprati \
jaghàna jayhdnac ca nu
Par la boisson des liquides de celui-ci, l’Ardent a tué, —
et qu’il lue, — les enveloppes qui cessent de faire obstacle.
asya. — Démonstratif liturgique.
Cf. 1, 10, asyed indro madesv âviçvâ vrtrâni jighnate.
Le fait que le feu sacré boit la libation est tout naturellement
solidaire de celui de la disparition des obstacles.
HYMNE XXIV
1. — prâ sômdso adhanvisuh \ pâvamânàsa indavah \
çrlnànâ apsû mrnjata
Les liquides, les allumés, les brillants se sont précipités
en avant; s’enflammant, ils sont devenus luisants dans les
eaux.
pâda 1. — Cf. 21, l'-,22, l'-,23', V, ete dhüoantïndavah somâh
— ete somâsa âçaoah — soma asrgram âçavah.
pàda 3. — Cf. 2, 5', samudro apsu màmrje. — Le soma igné
se baigne dans ses eaux, et ce bain le fait resplendir par une double
allusion à ses flammes et à l’éclat qui résulte naturellement du
bain (J).
12-2
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
2. — abhi gâuo adhanvisur | âpo nd pravdtd yalih |
punünà indvarn âçata
Les vaches (libations) se sont précipitées vers (lui) comme
les eaux qui coulent au moyen de ce qui se précipite en
avant; — les allumés ont atteint l’Ardent.
pâda 1. — Cf. 13, 7, arèanlïndavali . . . dhenavalj.
pâda 2. — Cf. 6, 4% âpo na pravatâsaran ; 22, G2, anu pravata
âçata.
pravatà. — Métaphore pour désigner le liquide qui coule; dédou-
blement verbal, — cf. 22, G'2.
pâda 3. — Cf. 6, 4', même formule.
3. — prâ pavamâna dhancasi | sôméndrày a pâtaue \
nrbhii * yatô vi niyase
O allumé, tu te précipites en avant, ô liquide, pour le
breuvage destiné à l’Ardent ; étendu par les hommes(-somas),
tu es conduit (par eux), (tu es emmené par les flammes du
sont a pavam.).
pâda 1. — Cf. 24, l1, pra somâso adhancisuh pavamânâsah.
indrâya pâtave. — Cf. 1, 1', même formule.
nrbhi/j. — Sur le nom d ’ « homme » employé métaphoriquement
pour désigner les somas, cf. 9, 7’. — Berg., I, 223, entend les
sacrificateurs.
yataJi. — Lud. : « saisi, » traduction arbitraire, — le rad. para
signifie toujours « étendre ». — Sây. est plus près du vrai sens :
« yalo = vinïtah. »
vi nïyase. — Cf. 15, 3', vi nïyate.
4. — fvdin soma nrmâdanah \ pdvasua carsanisdhe |
sdsnir yô anumâdyah
O toi, liquide, qui t’arroses avec les hommes(-somas),
allume-toi pour celui qui possède les actives, — toi qui (es)
désireux de conquêtes et qui dois participer à la libation à
la suite (des Célestes).
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
123
nrmàdanali. — Probablement pour nrbliir mâdanali. — Cf. au
vs précédent, nrbliir yatali.
pâda 2. — Cf. 1, 1, pacasva. . . indrâya, et 1, 2', raksoliâ viçva-
carsanili, qualifications qui s’appliquent dans les deux passages
à Indra-soma dédoublé. — Sâma-ceda (passage correspondant) :
carsanïdhrtih, — -preuve du dédoublement. — Le motm rsani a pu
passer au sens ultérieur d’« être vivant » de la même façon que
jagat.
sasni/j. — Cf. 3, 4', pavamânaJi siêasati.
anumâdyah. — -Cf. 8, 4 ’', anu viprâ (= somâh) amâdiëuh. —
Lud. : « Toi qui es un objet de joie ! »
5. — indo yâd ddribhih sut à h | pavitram paridhâvasi |
ârcun indrasya diminue
O brillant, quand, coulé par les pierres, tu t’élances autour
de l’allumeur, il y a chose prête pour l’édifice de l’Ardent.
pâda 1. — Cf. 11, 5, adribhih sutam somam.
pada2. — Cf. 17, 4, dhâvati pavitre pari sicyate.
pâda 3. — Lud. : « du auf das lâuterungsieb iiberlâufst, » —
bien peu compréhensible et ne rend pas le texte. — Cf. 15, l3,
yachan indrasya niëkrtam. — Lud. rend très arbitrairement
dhâmne par « fiir. . . machtgebot ». — Pour Bergaigne, II, 244,
et III, 211, note, dhàman signifierait « nature, essence » (appro-
priée à la nature d Indra).
6. — pdvasva vvtrahantamo | -kthébliir anumâdyah \
çûcih pdvakô ddbhutah
Allume-toi, ô destructeur par excellence de l’enveloppe,
au moyen des chants, — toi qui dois participer à la libation à
la suite (des Célestes), — toi (qui es) éclatant, flambant, mani-
festé ('?).
pavasva. . . ukthebhilx. — Cf. 17, 4‘, ukthaih. . . vardhate.
vrtrahantama. — Cf. 1, 32, rrtr allant amali.
anumâdyah . — Cf. ci-dessus 24, 4:l. — - Lud., contre toute vrai-
semblance et toute analyse logique de la phrase : « Celui en qui
on doit se réjouir dans Vuktha ».
J 24
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
çucih pàoakah. — Cf. 9, 3*, çucih.-. arocayat. — Lud. arbi-
trairement : pàoakah = « heiligend ». — Sây., çodhakalj. —
Grassmann traduit très justement çucih par « erglanzend » et
pàoakah par « flammend »; mais comment conciliait-il ces signi-
fications avec la nature prétendue liquide du soma pavamâna?
adbhutah. — Cf. 20, 5*, punânali. . . adbliuta.
7. — çucih pâuakâ ucyate | sômah sutâsya mâdhvah |
deudvir aghaçarnsahâ
Le liquide du Doux coulé est proclamé éclatant, flambant;
il (est) le régal des Célestes, le destructeur du mauvais chant.
pâdal. — Cf. ci-dessus 24, 63, çucih pàraknh-
somah sutasya. — Cf. 11, 52, sutam somam. — La comparaison
des deux formules prend le dédoublement verbal sur le fait.
deoâoïh. — Cf. 2, 1', pavasca deraeïh. — Lud. arbitrairement :
« Ce que les dieux font connaître. » — agha-çamaa-hâ, — l’obs-
tacle désigné métaphoriquement sous le nom d ’ayha « mal, peine »
est censé avoir une voix ou un crépitement, comme la libation
libre et active; celle de cette dernière fait taire l’autre. Cf. 23, 53,
abhiçastipâh.
HYMNE XNV
1. — pdcasva dakàasâdhano \ deoêbhyali pitâye hare |
marûdbhyo vâyâve mâdali
Allume-toi, ô doré, — toi qui produis l’habile (ou pour
l’habile), — pour le breuvage destiné aux Célestes, — (toi
qui es) la boisson destinée aux impétueux (Maruts), au vent.
daksasâdhanah. — Cf. 4, 3’, ( paramâna ) sanâ daksam; 62, 29s,
dakëâya südhanam:
pâda 2. — Cf. 3, 92, devebhyah sutali; 1, l3, indrâya piitave
sutah .
vâyave madali . - - Cf. 8, 2, punânâsah... yachanto vâyum.
— Pour la métaphore qu’implique l’emploi du mot vâyu, voir
sur 22, 2b
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMÀ
125
2. — pâuamâna dhiyâ hito | ’bhi yônim kdni bradai |
dhârmanâ vcuyûni à viçci
O allumé, mis en mouvement (ou établi) par la pensëe(-cré-
pitetnent), — (toi qui es) ce qui bruit (en se tournant) vers
la matrice, - — pénètre le vent au moyen du soutien.
pâda 1. — Cf. 8, 42, tod. . . hinvanti. . . dhïtayali.
kanikradat . — Cf. 3, 73, pavamânah kanikradat.
pâda 2. — Cf. 37, 2:), — même formule.
pâda 3. — Cf. 7, 7, sa vârjuin indram. . . gachati, ranci go asga
dliarmabhili; 2, l3. indram. . . viça. D’où l’indice que vâyum et
indram dans lesquels pénètre le soma pavam. sont la désignation
métaphorique d’un même objet.
dharmanâ. — Le soma soutien ou réconfort, — dédoublement
verbal (G). Lud., arbitrairement et sans tenir compte de la valeur
de l’instrumental ; « Selon la sainte (?) loi, » — Berg., III, 251,
sans plus de respect pour la valeur du cas, « selon le dliarman »
(ou la loi).
3. — sâm deoaih çobhate vrsâ | kavir yônâv âdlii priycïh \
crtrahâ devavttamah
Le taureau (soma) brille avec et par les Célestes, — lui
le sage (crépitant), l’agréable qui est au-dessus, dans la
matrice, — le destructeur de l’enveloppe, — celui qui, par
excellence, régale les Célestes.
pâda 1. — Cf. 2, G, vrsâ. . . sain sürgena rocade. — Lud. : « Il
brille avec les dieux, » — donc il est brillant!
pâda 2. — Cf. 14, 1, kavili. . . ûrmâv adhi çritah.
vrtrahd. — Cf. 24, G1, vrtrahantama. — Épithète commune au
soma et à Indra; donc l'un et l’autre sont essentiellement identiques.
clevavïtamalj. — Cf. 24, 73, devâvïh.
4. — vtçüd rüpàny cïmçdn | pandnô ydti haryatàih \
yàtràmrtdsa ascite
Pénétrant tous les aspects (du soma), l’allumé, le désiré
est en marché (pour aller là) où résident les non-morts.
126
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
viçvâ rüpâni. — « Les aspects », les formes, les couleurs noires
et rouges du soraa non allumé et allumé. Cf. R.V., X, 21, 3, krsnâ
rüpâny arjunâ. — Berg., I, 176, entendait par rüpâni « les
essences ».
pada 3. — Cf. 15, 2\ même formule et même explication.
5. — arusô janayan girah | sômah pauata àyumk \
indram gâchan kamkratuh
Le rouge qui engendre les voix (crépitantes), le liquide
qui accompagne les actifs, s’allume, — lui qui, allant dans
l’Ardent, construit le sage.
arusali. • — Cf. 8, 6, punânali . . . arasai). — Que serait le soma
rouge, sinon la libation enflammée?
janayan girali. — Cf. 2, 7', giras ta indo. — Lud. : « Engen-
drant (au sens figuré) des chants ; » c’est-à-dire excitant les
chanteurs à les faire enlendre. Sens arbitraire qu’on ne saurait
substituer au sens réel et si satisfaisant de « qui produit des chants,
qui crépite ». — Même observation à faire à propos de l’interpré-
tation de Bergaigne d’après lequel, II, 24, « soma a été considéré
comme l’inspirateur de la prière ».
pâda 2. — Cf. 23, 4, abhi somâsa âyacah parante,
indram, gachan. — Cf. 2, P, indram. . . vira,
havikratuli . - Cf. 9, P, sucànal/ . . . kaoikratuh.
G. — à pcwasva madintama | pavitram dhârayà kave \
arkâsya yônim àsàdam
O sage, très liquoreux, allume l’allumeur au moyen du
courant pour t’asseoir dans la matrice du chant (ou de l’éclat).
madintama. — Cf. 15, 8', madintamam.
pàda 2. — - Cf. 1, P, parasra soma dhârayà , et 2, 1, parasva. . .
pavitram. . , raiihyâ. — dhârayà, dédoublement verbal. — Lud-,
en dépit de la grammaire : « Clarifie- toi, ins sieb herein im
strome. » — Sây., sans plus de raison . « pavitram atikramya. »
pâda 3. — Cf. 8, 3% rtasya yonim âsadam, ■ — d’où la très grande
probabilité que les mots rtasya et arkasya s’appliquent à un même
objet. — Pour Berg., I, 279, note, a le séjour de Varka, où s’établit
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
127
le somaest naturellement la place du sacrifice, le séjour de l’hymne
qui sert, en môme temps que les gouttes du sorna, à l’accroissement
du corps d’Indra ». C’est en effet le séjour de l’hymne, mais au
sens absolument réel de la chose.
HYMNE XXVI
1. — tara anirksanta vâjinam | upâsthe ciditer àdhi [
viprclso dnvyd dhiyà
Les agités ont rendu brillant au moyen de la pensée.,
petite (encore),, ce (liquide) pourvu de réconforts (qui est)
au-dessus, dans le giron de la non-Hée.
tam. — Démonstratif liturgique.
pâdas 1 et 3. — Cf. 17, 7, tam u toâ vâjinam. .. dhîbhir viprâh...
mrjanti. — - anvyâ clhiyà. — Cf. 15, 1', dhiyà yâty anvyâ. — Lud.,
contre toute vraisemblance et sans tenir compte du rapport évident
des deux passages: « durch den einfall des fingersiebes. »
pâda 2. — Cf. 25, 3% yonào adhi. — Explication analogue.
Série de dédoublements verbaux qu’on peut indiquer par les
équations : viprâsah — dhiyà - aditeli = vâjinam, qui sont
autant de désignations métaphoriques du soma pavam. — Pour
une interprétation toute différente, voir Berg., I, 204, et III, 96.
2. — terni yâvo abhy ànüsata | sahdsradhàrain dkmtarn [
indurn dhartârani â diodJi
Les vaches(-libations) ont mugi vers ce liquide aux mille
courants, non diminué, — vers le Brillant supportent’ du
ciel(-feu).
tam. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 12, 2', abhi ciprü anüsala g aval) . . . na.
sahasradhâram. — Cf. 13, l2. sahasradhârah.
aksitam. — Explication analogue à celle de amria : le soma
u non diminué » ou « non épuisé » est celui qui est versé, qui coule
à foison. — Berg., I, 205 : « inépuisable, » ce qui n’est pas gram-
maticalement exact.
128
LU CU LTE VÉDIQUE DU SOMA
pâda 3. — Cf. 2, 5% dharuno divah. — L’expression « supporter
le ciel » appliquée au soma n’a de sens, pour peu qu’on y réflé-
chisse, qu’en prenant le mot « ciel » dans l’acception métaphorique
de feu sacré. — Comparer la traduction de Berg , I, 205.
3. — taux vcdhâni medhày ahyan \ pàvanxânanx âdhi dyâvi\
dharnasim bhüridhâyasam
Ils ont mis en mouvement au moyen de la pensée(-crépi-
tement) cet édificateur (?) allumé (pour aller) au-dessus, dans
le ciel(-feu), lui qui est le soutien dont l’aliment est le fort.
tara. — Démonstratif liturgique.
vedhürn. — Cf. 2, 3% dliârà sutasya redhasah.
medhayühyan. — Cf. 25, 21, pavamâna dhiyà hitah.
dharnasim. — Cf. 2, 23, somafi . . . dharnasili.
bhüridhâyasam. — Cf. 26, 22, sahasradhâram. — Comparer la
traduction de Berg., I, 205.
4. — tara ahyan bhurijor dhiyà | samvâsânam
vivâsvatah \ pâtim vâcô âdâbhyam
Ils ont mis en mouvement avec la penséeycrépitement)
(pour aller) dans les deux bras (des flammes), celui-ci qui
habite avec le brillant, — lui le maître de la parole, qui ne
doit pas être opprimé.
tam. — Démonstratif liturgique.
ahyan dhiyà. — Cf. vers précédent, medhayühyan, d'où l'indi-
cation de la synonymie de medhayà et de dhiyà. Ce dernier mot
est traduit très arbitrairement par Lud. par « hilfsmittel ».
bhurijoh. — Si ce mot signifie bien « bras », comme l'indique
Say., il faut entendre les flammes (dédoublement comparées à des
bras qui saisissent l’oblation.
cirascatah. — Cf. 10, 5, vivasoalali. . . bhâyam.
patim vâcah. — Cf. 11, 83, manasali palili. — Le soma cré-
pitant est naturellement le maître de la parole; cf. l’explication de
Berg., 11, 24.
adcibhyam. — Cf. 3, 2', pavamüno adcibhyalh
Lli CULTE VÉDIQUE DU SOMA
12Ü
5. — tara sànâu âdhi j'âmâyo | hâriin hinuanty âdribhik
liaryatchn bit ùricahisasam
Les sœurs, au moyen des pierres, mettent en mouvement
(pour aller) au-dessus, dans le sommet, ce doré, — (lui) le
désiré, (lui) dont l’éclat vient du fort.
tara. — ■ Démonstratif liturgique.
sânâo adhi. — Cf. pour le sens, 22, 5', prsthâni rodasol/ . . .
vy ânaçuh, et pour la construction, 26, V , upasthe aditer adhi,
et 32, adhi dyavi.
jamayo liarim hinvanti. — Cf. 1,8', tara im hinuanty ayruvali.
adribhih. — Cf. 11, 5, adribhih sutain somam.
haryatam. — Cf. 25, 4% havyatali-
blinricaksasam. — Cf. pour la valeur instrumentale du premier
terme du composé, 8, 9', nrcaksasam ; 12, 9% sahasravarcasam.
6. — tchn tvà hinvanti vedhâsah | pdvamàna yircïvrdham |
indav tndrâya matsardm
Toi que voilà, les édificateurs (?) te mettent en mouvement,
ô allumé, — toi qui te développes au moyen de la voix,
ô brillant, — (toi qui es) liquoreux, pour l’Ardent.
tain tcâ. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 7, 5', yad ïm rnvanti oedhasah.
girâvrdham. — Cf. 17, 4‘, ukthaih . . . vardhate. — La com-
paraison des deux formules montre l’erreur où est tombé Lud. en
traduisant « celui qui accroît l'hymne ».
pàda 3. — Cf. 13, 8', indrâya matsarah-
HYMNE XXVII
1. — esd havtr abhistutah \ pauitre cidhi toçate |
pünànô yhncinn üpa sridhah
Ce sage appelé (par les crépitements) coule dans l’allu-
meur, au-dessus, — (lui) l’allumé qui détruit en les écartant
les rivaux.
o
iso
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
esa. — Démonstratif liturgique.
abliistutal) . — Cf. 3, 6', esa. . . ahhistutah.
pâda 2. — Cf. 3, 9\ hardi pavitre arsati; — 26, vs 1, upasthe
aditer adhi; — vs 3, adhi dtjavi; — vs 5, sânâv adhi.
pada3. — Cf. 13, 8', viçvà apa dvisojahi, — d’où la preuve que
sridhah et dvisah sont synonymes.
2. — em indrâya vâyâve | svarjit pari èicyate |
pavitre daksasâdhanah
Celui-ci qui conquiert le soleil(-feu) est répandu alentour
pour l'Ardent, pour le vent, — lui qui produit l’habile
(placé) dans l’allumeur.
esa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — indrâya. . . pari sicyate, cf. 11, 8.
indrâya vâyave. — Cf. 7, 71, vâyum indram.
svarjit. — Cf. 4, 2’, et 9, 9:i, sanâ svaJi; 7, 4% soar vâjï sisùsati.
pavitre. — Cf. le vers précédent.
daksasâdhanah. — Cf. 25, 1, daksasâdhanah . . . vàyace.
3. — êsd nrbliir v i nlyate j divô rnürdhâ vHd sutàh \
sômo vcinesit viçvavit
Celui-ci, qui est la tète du ciel, le taureau., le coulé, est
emmené par les hommes(-somas); lui, le liquide (est conduit)
dans les bûches (auxquelles sont comparées les libations
inflammables), — lui qui trouve le tout (ce qui est tout
pour lui = la libation).
esa. — Démonstratif liturgique.
pada 1. ■ — Cf. 15, 31, esa... vi nlyate; 2 4, 33, nrbhih... vi nîyase.
divo mürdhâ. — Cf. 17, 6% mürdhan yajnasya. Cette formule
est inintelligible si l’on ne donne un sens métaphorique à dicah;
— cf. aussi les expressions synonymes : 27, 55, adhi dyavi; 26, 51,
sânâo adhi; 27, 1-, pavitre adhi, etc. — Pour une explication
différente, voir Berg., II, 81.
vanesu. — Cf. 7, 3% v rsa. . . cane.
viçvavit. — Cf. 18, 4, yo viçvàni vasüni... dadhe; 3, 4, esa
viçcüni vâryâ. . . sisùsati.
LË C U LT LJ VÉDIQUE DU SOMA
131
4. — esâ yavyûr acikraclat \ pâvamâno hiranyayûh |
induh satrâjid âstrtalx
Cet allumé, désireux (du lait) des vaches, désireux d’or,
a fait entendre sa voix, — lui le brillant qui conquiert com-
plètement (?), qui n’est pas écarté.
ei la. — Démonstratif liturgique.
gaoyuli. — Cf. 2, 10’, gosâ.
acikradat pavamànah. — Cf. 3, 7', paoamânah hanikradat.
hiranyayûh. — Cf. 5, 10', liiranyayam ( haritam — somam).
— « Désireux d’or, » c’est-à-dire de ressembler à l’or (brillant).
Comment entendre autrement que le soraa désire l’or?
induh. . . astrtah ■ — Cf. 9, 5, astrtam. . . indum. Cette épithète
revient à aksiiam (26, 2!).
5. — esâ suryena hâsate | pâvamâno âdhi dyâvi \
pavitre matsarô müdah
Cet allumé s’élance (?) au moyen du soleil(-feu) en haut
dans le ciel(-feu), dans l’allumeur, — (lui qui est) le liquide
liquoreux.
L’allumé, — le soleil, — le ciel, — l’allumeur, quatre noms
pour le même objet, au moyen du dédoublement verbal.
eèa. — Démonstratif liturgique.
hâsate. — Le sens précis est problématique, mais l’idée de mou-
vement paraît sûre; cf. Berg., I, 200, note.
pâda 2. — Cf. 26, 3% pacamânam adhi dyaoi.
pâda 3. — Cf. 17, 3, rnatsaro madali. • ■ pcloitre arsclti. —
Berg , I, 200, entend, ici comme ailleurs, pavitra au sens de
« tamis ».
G. — esâ çusmy àsisyadad | antârikse vrisd hâirih |
püncinâi indur indram â
Cet ardent, le taureau doré, a coulé dans Y antariksa ; \q
brillant, qui s’allume (a pénétré) l’ArdenL
esa. — Démonstratif liturgique;
Lfe CULTE VÉDIQUE bu SOMA
182
çusmi. . . punânah. — Cf. 18, 7, sa çusmï. . . punànah.
antarikse. — Voir sur ce mot, 5, 2'.
pâda 3. — Cf. 2, l3, indram indo vrsâ viça.
HYMNE XXVIII
1. — esa vàji hitô nrbhir \ virvcwin mdnasas pdtili |
au i/o vârcan vi dhdvati
Celui-ci qui, pourvu de réconfort, a été mis en mouvement
par les hommes(-somas), — lui qui trouve le tout (ce qui a
tous les dons), le maître de la pensée(-crépitement), — coule
en s’épandant (vers) la toison de la brebis.
esa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 15, 3', esa hito vi ntyate; 24, 33, nrbhir' yato ri
n vj a se.
virvavit. — Cf. 27, 3, esa nrbhiJi. . . viçoavit.
rnanasas patih . — Cf. 11, 83, même formule.
pada 3. — Cf. 16, 8‘, acyo vâram vi dhâcasi.
2. — esa pauitre ahsarat | sômo devébliyah sutdh |
viçvd dhâmàny àviçdn
Ce liquide, coulé pour les Célestes, a coulé dans l'allu-
meur, en pénétrant tous les édifices.
Hémistiche 1. — Cf. 3, 9, esa... devebhyali sidalj . . . pavitre
arsati.
pâda 3. — Cf. 24, 5, paridhàvasi. . . indrasya dhümne; 25, 41,
viçvâ rïipâny âviçan. — dhâmâni , Sày., assez justement : devaça-
rlrani. — Lud., sans précision : « (Dans tous) ses domaines. » —
Berg., I, 176 : « (Dans) toutes les essences. » — Les édifices où
pénètre le soma liquide sont ceux qu'il construit avec ses flammes
sous sa forme ignée.
3. — esa deüâh çubhdyaté \ ’dld yôndv dmartyah \
vrtrahâ devavitamah
Ce Céleste resplendit, au-dessus, dans la matrice, — lui
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
133
le non-mort, le destructeur de l’obstacle (et) qui, par excel-
lence, sert de régal aux brillants.
esa. — Démonstratif liturgique.
çubhâyate. — Cf. 25, 3', çobhate.
devait. . . amartyali. — Cf. 3, l1, esa déco amartyah.
adhi yonau. — Cf. 25, 32, yonàv adhi, et les formules analogues.
pâda 3. — Cf. 25, 3\ même formule.
4. — esâ vrsti kcinikradad | daçûbliir jâmibhir yatcdi |
cibla drônâni dhâvati
Ce taureau, qui est ce qui mugit, — lui qui est étendu par
les dix sœurs, — coule vers les bois.
esa. — Démonstratif liturgique,
pâda 1. — Cf. 5, 1% vrsâ kanikradat.
daçabhili. — Cf. 1, 7, yosano dura svasârah.
jâmibhir yatali. — Cf. 24, 3', nrbliir yalali, d’où l’indice que
les mots jâmibhili et nrbhili s’appliquent aux mêmes objets.
pâda 3. — Cf. 3, 1% abhi dronâny àsadam. — Cf. aussi le syno-
nyme vaneëu (27, 3:|).
5. — esâ suryam arocayat | pcwamâno uicarsani h .(
vt'çvd dhâmdni viçvavit
Cet allumé actif a fait briller le soleil, — tous les édifices,
— lui qui trouve le tout.
esa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 2, 6\ sam süryena rocate. De la comparaison des
deux formules il ressort que le soma pavam. « brille par le soleil »
et « fait briller le soleil », ce qui ne saurait s’expliquer que par
le dédoublement verbal en vertu duquel le soma pavam. et le soleil
(= feu sacré) désignent un même objet, c’est-à-dire précisément
le feu sacré alimenté par l’oblation liquide.
pâda 2. — Cf. 11, 7, vicarsanih pavasva soma. — vicarsanili,
Lud., arbitrairement: « surhumain. »
viçoâ dhâmâni. — Cf. 28, 23, même formule.
viçvavit. — Cf. 27, 33, viçvavit, même explication.
134
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
G. — ekcl çusmy âdâbhyah | sôiriah punànô ar.sati |
devüuir aghaçainsahâ
Cet ardent liquide qui ne doit pas être opprimé, coule en
s’allumant, — lui le régal des Célestes qui détruit le mauvais
chant (ou la voix du mal).
esa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 27, 6, esa çusmy asisyadat . . . punânah.
adâbhyaJi. — Cf. 3, 23, pavamàno adâbhyab . — Berg., III, 198,
sans souci du sens grammatical : « infaillible. »
püda 3. — Cf. 24, 73, même formule.
HYMNE XXIX
1. — prâsya dliàrâ aksaran | vrsnah sutdsyaûjasâ |
devâiï ânu prabhüsatah
Au moyen du réconfort ont coulé les courants de ce
taureau versé, qui se développe (ou s’agite?) à la suite des
Célestes.
asya. — Démonstratif liturgique.
pâdas 1-2. — Cf. 16, 7, dhàrü sutasya. . . arsati.
ojasâ devân anu. — Cf. 5, 4, ojasà pavamânah . . . devesu...
ïyate. — Dédoublement verbal.
2. — sâptim mrjanti ved/uiso | grnàntah kâvcwo girà \
jyôtir jajndnâm uhthyàm
Les édificateurs (?), les chanteurs qui chantent avec la
voix font briller (l’attelage) des sept (chevaux), — la lumière
parlante qui vient de naître.
saptim. — Cf. 21, 4‘, saptayah.
pada 2. — Cf. 17, 6, anüsata... kâravali. — girà, dédouble-
ment verbal, eu égard à kâravali, — il s’agit, bien entendu, des
somas crépitants.
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
135
pâda 3. — jyotili. . . uldhyam, désignation des plus précises du
feu sacré crépitant. — Lud., arbitrairement : « Lumière digne
d’être célébrée par Yuktha. » — - Berg., I, 205, même explication.
— Cf. 4, 1 et 2, sanâ çravali... sanâ. . . jyotili; 19, 1, citram
uldhyam. . . vasu.
Comment le soma pourrait-il être appelé lumière, s’il n’était pas
allumé ?
3. — suscüiâ soma tàni te | punânâya prabhûvaso |
vcirdhâ samudrcim ukthyàm
O liquide dont la richesse consiste en celui qui se déve-
loppe, ces (dons) sont faciles à conquérir pour toi, l’allumé;
accrois la mer parlante.
tàni. — Démonstratif liturgique.
punânâya. — Dédoublement verbal à l’aide du datif et pris sur
le fait ( soma punânâya).
samudram uktliyam. — Le soma liquide qui devient igné, tandis
qu’au vers précédent l’expression jyotili. . . uldhyam vise le soma
igné issu du soma liquide-
4. — viçvâ vdsûni samjdyan \ pdvasva soma dhârayâ |
inû dvésâmsi sadhrydk
Conquérant tous les biens (du sacrifice = toutes les obla-
tions), allume-toi, ô liquide, au moyen du courant. Écarte
on bloc (?) les ennemis(-obstacles).
pâda 1. — Cf. 28, 53, viçoaoit.
pâda 2. — Cf. 1, l2, même formule.
pâda 3. — Cf. 13, 8', viçvâ apa dviso jalii.
5. — rdhèd su no drarusah \ svanât samcisya kdsya cit \
nidô yditra mumucmdhe
Écarte de nous (en tant que sacrificateurs, c’est-à-dire de
nos oblations) ce qui ne donne pas (l’absence d’oblations),
136
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
— la voix de toute nuisance quelconque d’où nous nous
sommes échappés.
pâda 1. — Cf. 13, 9', apayhnanto arâvnali pavamânâli.
raksü... svanât... nidah. — Cf. 24, 7', aghaçamsalià, expli-
cation analogue pour les deux formules.
raksü... no... samasya... nidah. — Cf. 61, 30', rakëâ samasya
no nidah.
6. — êndo pârthivam rayim | divydm pavasva dhârayà |
dyumântam çûsmam à bhara
O brillant, allume au moyen du courant la richesse terrestre
(et) céleste; apporte l’éclatant, le brûlant.
Hémistiche 1. — Cf. 14, 8, pari divyâni marmrëad viçvâni
soma pàrthivâ, d’où l’indice que pavasva correspond pour le sens
et la construction à marmrëat et que Lud. est à côté du vrai, en
traduisant d’après Sây. : « Procure-nous la richesse, dadurch dasz
du gelautert wirst. »
pavasva dhârayà. — Cf. 1, lq même formule.
pâda 3. — Cf. 4, 10, rayim. . . citram. . . à bhara.
Sur le sens réel de pârthivam et divyam, voir ci-dessus, 14, 8.
HYMNE XXX
1. — prâ dhàrâ ctsya çusmino | vrthâ pavitre aksavan |
punânô vâcam isyati
Les courants de ce brûlant ont coulé dans l’allumeur au
moyen de l’augmenteur (?) ; en s’allumant, il met la voix
en mouvement.
asya. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 28, 6’"s, esa çusmï . . . punâno arëati; 29, 1 , prâsya
dhàrâ aksaran.
pâda 2. — Cf. 16, 73, vrthâ pavitre arëati.
pâda 3-. — Cf. 12, 6', pra vâcam indur isyati. — Lud. : « Taudis
qu’il est clarifié, il élève la voix, » — ce qui est inexplicable, —
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
137
au lieu de l'idée si simple, si nette et si réelle que le soma cré-
pite en s’allumant.
2. — indur hiyândh sotrbhir | mrjydmànah kdnikradat |
iyarti vagnûm indriydm
Le brillant mis en mouvement par ceux qui coulent (et)
rendu brillant, (lui) — le bruyant, — émet un son issu de
l’Ardent.
pâda 1. — Cf. 16, 1, pra te soiârali. . . rasam.
pâda 2. — Cf. 3, 7’, pavamânah kanihradat. — D’où la preuve
de l’analogie quant au sens entre mrjyamànah et pavamânah.
pâda 3. — Cf. 14, 6% vagnum iyarti. — - indriyam, cf. 23, 5%
somah-.. dadhâna indriyam rasam. — Cf. aussi le vers précé-
dent, pâda 3; même observalion générale sur le sens.
3. — d nah ç usinant nrsâliyam j vïrdvantam purusprham |
pdvasvci soma dhârayà
O liquide, allume au moyen du courant cette ardeur qui
vient de nous, — qui est de la nature de ce qui conquiert
les bommes(-somas), — pourvue de héros(-somas), — qui
désire le fort.
Cf. 29, 6, à.. . rayim. . . paoasva dhàrayâ. . . çusmam; 30, 1,
dhârâ asya çusminah. — La comparaison de ces formules met
en évidence le dédoublement verbal en ce qui regarde somah et
çusmali.
nrsâhyam. — Cf. 2, 10', nrsâ.
vïravantam. — Cf. 9, 92, pavamâna. . . ràsi vïravat.
purusprham. — Cf. 14, la, bibhrat purusprham. — paru dé-
signe le soma en tant que plein, solide, fort.
4. — prd sômo edi dhârayà | pdvamâno asisyadat \
abhi clrôndny cïsddam
Le liquide qui s’allume a coulé au delà au moyen du
courant, (en se dirigeant) vers les bois pour y prendre rési-
dence.
138
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
dhârayâ pavamânali. — Cf. 30, 31, pavasoa. ... dhârayâ.
asiëyadat. — Cf. 27, 6’, eëa çuëmy asiëyadat.
pâda 3. — Cf. 3, 1% même formule. — Cf. aussi 1, 2% drunà
sadhastham âsadat. — Du rapprochement de ces passages, il
résulte que le « bois » est considéré à la fois comme le but et le
moyen de Vassise du soma, ce qui ne saurait s’expliquer qu’en
admettant le dédoublement verbal en vertu duquel le bois qui
peut aller à la résidence et le bois où le soma va résider sont une
seule et même chose, à savoir le soma même désigné sous des
noms différents.
5. — apsû tüd mâdhumattamam | liürim hinvanty
âdribhilx | itidau indràya pitâye
Ils te poussent, toi doré, dont la saveur est très douce
dans les eaux au moyen des pierres, — ô brillant, pour
(servir de) boisson à l’Ardent.
madhumattamam .. . indràya. — Cf. 12, l3, indràya madhu-
mattamah.
pâda 2. — Cf. 26, 5% même formule.
pâda 3. — Cf. 12, 23, indràm somasya pïtaye, et 1, P, indràya
pàtave.
6. — sunôtâ mâdhumattamam | sômam indràya vajrine |
cârum ç.àrdhâya matsarâm
(O liquides), faites couler pour l’Ardent muni du vajra,
le liquide très doux, le beau, le liquoreux destiné au fort.
sunotà. — Cf. 16, 1, pra. . . sotàrali.
madhumattamam. . . indràya. — Cf. le vers précédent.
vajrine. — « Qui a le vajra » ( rajar-a dérivé de vajas-), « ce qui
est issu du vâja, ce qui en provient », d’où l'arme ignée d’Indra
dans le développement mythique ultérieur.
cârum. çardhàya. ■ — Cf. 17, 8', càrur rtâya.
indràya. . . çardhàya matsaram. — Cf. 13, 81, indràya mat-
sarah.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
139
HYMNE XXXI
1. — prd sômâsah svâdhyàh | pâvamânâso akramuli |
rayim krnvanti cêtanam
Les liquides, aux bonnes pensées(-crépiteraents), les allu-
més se sont avancés; ils produisent la richesse, l'éclat.
Hémistiche 1. — Variante de formules qui servent de début à
un grand nombre d’hymnes du 9e mandala, — cf. principalement
10, 1, pra. . . çravasyavah somâso raye akramuli.
pâda 3. — Cf. 16, 4’, punànasya cetasâ; 20, 3, celasâ mrsase.
— La comparaison de ces passages ne laisse aucun doute sur la
signification de la formule qui vise très expressément l’allumage
du rayi-soma. — Lud., très arbitrairement : « Ils (les somas
pavam.) effectuent la richesse gui attire les yeux sur elle (!). »
2. — clivas prthiuyâ âdhi \ bhâvendo dyumnavârdhanah \
bhâvâ vâjàndm pâtih
O brillant, manifeste-toi, au-dessus (comme) augmentateur
de l’éclat issu du ciel (et) de la terre; manifeste-toi (comme)
maître des réconforts.
Le soma pavam., en tant qu’igné, est de la nature du ciel-feu,
et en tant que liquide de celle de la terre libation, — c’est ainsi
qu’à 29, 6, le rayi-soma est dit terrestre ( pârtliiva ) et céleste
[die y a).
dyumnavardlianali. — Cf. 29, 6, rayim. . . pavasva. . . dyuman-
tam. . . â hhara. — Cette épithète est caractéristique en ce qui
regarde le soma allumeur et allumé. — Sày. entend : « Qui
augmente l’éclat de l’or, c’est-à-dire la richesse. »
pâda 3. — vàjànàm patih — vâjin (passim).
3. — tûbhyam vâtei abhipriyas \ tûbhycnn arsanti
sindhavah \ sôma vârdhanti te màhah
Pour toi qui (leur) es agréable, les vents (soufflent), pour
toi les rivières coulent; 6 liquide, ils accroissent ta grandeur.
140
LE CULTE VÉDIQUE DU SONIA
tubhyam. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 22, 2, eie (somâsah) râtà ira... parja-
nasya. . . vrëtayah. — Le rapport des deux passages est des plus
instructifs. Il met en évidence, d’une part, le fait que les vents
et les rivières ne sont ici que par métaphore ou comme objets
de comparaison; et, en second lieu, que la comparaison des somas
avec les vents porte sur leur course mutuelle. — Pour Berg.,
II, 33, il s’agit des rivières célestes (?).
pâda 3. — Cf. 2, 4, mahàntam ira. . . arsanti sindharah.
4. — â pyâyasua scim etu te | viçvdtah soma vrsnyam )
bhâvâ vâjasya samgathé
O liquide, grossis; que de toute part (des dons sacrés qui
sont tout pour toi) vienne avec toi (et) à toi ce qui est de la
nature du taureau(-soma). Manifeste-toi dans le confluent
du réconfort.
ie. — Démonstratif liturgique.
Le soma est taureau à titre de verseur (près) de la liqueur proli-
fique; il est naturel que le poète lui souhaite d’en avoir la qualité
essentielle (vrsnyam); cf. principalement 6. 6, orèanam rasam...
sam srja.
5. — tubhyam gâvo ghrtàm pàiyo | bdbhro duduhvé
dksitam \ vdvsistlie dtdhi sânavi
Pour toi, ô rouge, les vaches ont trait le lait, — le ghrta
non diminué — (pour aller) au-dessus, au sommet le plus
élevé.
tubhyam. — Démonstratif liturgique.
ghrtam. — Proprement « le fondu, l’échauffé », épithète du
soma comparé à du beurre clarifié.
akëitam. — Cf. 26, 2% aksitam.
Hémistiche 1. — Cf. 19, 53, yüh çukram duhate payai).
pâda 3. — Cf. 26, 51, sânâv adhi, et les formules analogues. —
Berg., II, 57, entend : « Sur le plus haut plateau, c’est-à-dire dans
le ciel, » au propre. En réalité, le sommet le plus élevé est celui
que forme la flamme du soma igné en s’élevant au-dessus du soma
liquide.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
141
6. — svâyudmâsya te scitô | bhuvanasya paie vciydm \
inclo sakliituâm uçmasi
O brillant, toi qui es le maître du producteur qui se
manifeste avec de belles armes, nous désirons que tu sois
notre compagnon (que tu t’unisses à notre libation).
te- — Démonstratif liturgique.
svâyudhasya. — L’arme belle ou brillante du soma pavam. est
la flamme acérée avec laquelle il manifeste son éclat.
bhuvanasya. — Proprement le monde, la nature, considérée
comme productrice, à laquelle est comparé avec dédoublement
verbal le soma qui produit ou manifeste tous les développements
matériels du sacrifice.
HYMNE XXXII
1. — prà sômâso madacyûtah \ çrclvase no maghônah |
sutâ viclàthe akramuh
Les liquides qui versent la boisson pour la voix de notre
donateur, — les coulés sont venus dans l’établi.
madacyûtah . — Cf. 12, 3', madacyut ( somah ).
pada 2. — Cf. 20, 4, abhy arsa. . . brhad yaço mayhavadbhyah .
— Sây. : « nxayhono = haoisrnatah. »
vidalhe. — Sây. : « vidathe = yajne. » — « Pour la voix de
notre donateur, » c’est-à-dire pour que celui qui est chargé de nos
offrandes (le soma) crépite en s’allumant, — avec allusion peut-être
au sens de gloire qu’a fini par revêtir le mot çravah (J). — « Nos
donateurs » = ceux qui donnent pour nous.
2. — âd lin tritàsya yôsano | licirim hinvanty àdvibhitj, \
indum itidrâya pitciye
Les femmes du Troisième mettent en mouvement ce doré
à l’aide des pierres, — le brillant pour (servir de) boisson à
l’ Ardent.
âd ïm. — Démonstratif liturgique que je suis tenté de rendre
142 LU CULTE VÉDIQUE DU SOMA
par « (le Troisième) venant de ceci », c’est-à-dire de noire
offrande.
yosanali. — Cf. 6, 5S, yosano daça. — Pour Berg., II, 30, ces
femmes seraient « les doigts du sacrificateur céleste, Trita ». J’y
vois, pour ma part, les flammes du soma pavam. appelé « le
Troisième » par allusion à un Premier et à un Second désignant
d’aufres formes purement verbales du même soma.
pada 2. — Cf. 30, 52, même formule.
pàda 3. — Cf. 30, 5', indao indrâya pîtaye.
3. — âd Im hamsô tjàthâ gandin \ viçvasgàvwaçan
matim \ c'ityo nà gôbhiv ajgate
Pareil au cygne, il a fait retentir cette troupe (?) du Tout
(du soma-tout), — (à savoir) la pensée(-crépitement); pareil
au coursier (?), il est oint (rendu brillant) par les vaches
(-libations).
âd îm. — Cf. le premier pàda du vers précédent, — même
hypothèse quant au sens de l’expression.
hamsali. — Le soma pavam. est comme un cygne dont l’éclat
se manifeste au-dessus des eaux du soma liquide dans lesquelles
il se baigne. — Cf. Berg., I, 225, pour une explication légèrement
différente.
gai.iai]i viçvasya. — Peut-être non sans rapport avec 31, 4’,
vàjasya samgathe.
aoïcaçan matim. — Cf. la formule aux termes syntactiquement
intervertis, 19, 41, avàvaçanla dlâtayal ).
pàda 3. — Cf. 10, 32, somâso gobliir ahjato.
4. — ubhé somâvacàkaçan | mrgô nà taktô avsasi I
sïdann vtasga gônim à
O liquide, toi qui es ce qui éclaire (ou regarde) les deux
(modes de la libation), tu coules, comme une gazelle lancée
(dans sa course), en venant prendre résidence dans la matrice
du coulé.
padas 1-2. - Cf. 18, G( pan yo vodasï ublic. ■. . arèati . — Le
soma pavam. « regarde d’en haut » (du haut de la flamme où il
Le culte védique du soma 143
réside) peut être « le ciel et la terre », comme le voulait Berg.,
I, 161, mais alors le ciel et la terre métaphoriques.
pâda 2. — Cf. 13, 6’, atyâ hiyànâ na.
pâda 3. — Cf. 13, 9', ( pavamânâh ) yonâu rtasya sîdata.
5. — abhi gâco anüéata | ijôsd jardin ica priÿàni |
àgann cljim yàthâ hitàm
Les vaches ont mugi vers l’agréable comme la femme vers
le bien-aimé; elles sont allées à celui qui a été lancé comme
à la course (?).
pâda 1. — Cf. 12, 2, abhi viprâ anüsata gâvo vatsam na. — La
comparaison des deux passages montre que, dans notre vers,
gâcali est employé métaphoriquement.
âjim. — Si le sens traditionnel de « course » est juste, il faut
entendre la course, la marche, la coulée du soma mis en mouve-
ment ( hitam ).
hitam. — Cf. 28, l1, eëa nâjl liitali.
6. — asmé dhehi dyutndd yâço | inaghâvadbhyaç ca
mdliyam ca | sanim medhâm utct çràvah
Établis pour nous l’éclat lumineux, pour les donateurs et
pour moi; (établis) la conquête, la pensée(-crépitement) et
la voix.
La parole est aux libations mêmes, ou aux sacrificateurs iden-
tifiés avec elles.
pâdas 1-2. — Cf. 20, 4, abliy arsa byhad yaço maghacadbhyah •
sanim medhâm. — Cf. 9, 9’, sanü medhâm.
çraoah. — Cf. 4, 1, sanâ. . . çraoali.
HYMNE XNXIII
1. —pvâ sôinàso vipaçcito | ’pàin nà yanty ürtnàyah |
vdnâni mahisâ ica
Les liquides qui tirent leur éclat de l’agité s’élancent
pareils aux Ilots des eaux, pareils aux buffles, (vers) les bois;
144
LE dUL+E VÉDIQUE DU SOMA
pâda 2. — Cf. 7, 8*, madhvaJi paoanta ürmayah. — La com-
paraison qui fait l’objet de ce pâda est importante en ce qu’elle
contribue à montrer comment s’est établi l'usage de la métaphore
qui consiste à désigner les somas sous le nom d’eaux, ou à les
représenter comme trempés dans les eaux.
pâda 3. — Cf. 28, 43, abhi dronàni dhâoati. — Observation
analogue sur l’emploi métaphorique de vana. — La comparaison
suit un développement logique (.1).
2. — abhi dvôndni babhvàvah \ çuk/'à rtdsya clhàrayà |
vâjam gômantam aksaran
Les rouges, les étincelants ont coulé au moyen du courant
du versé, vers les bois, vers le réconfort pourvu de vaches.
abhi dronàni. . . aksaran. — Cf. 28, 4:1, abhi dronàni dhàcati.
babliravali . — Cf. 31, 5% babhro.
rtasya dhârayà. — Cf. 29. 1, dhârâ aksaran. . . sulasya. — Le
rapprochement des deux formules contribue à montrer l’identité
du suta et du rta auquel Berg., III, 238, etc., attachait une idée
si mystique.
pâda 3. — Cf. 20, 2, à vàjarn yomantam.
3. — sutâ indrdya ray dre | vàvundya inarüdbhyah |
sômd arsanti visnave
Les liquides versés coulent pour l’Ardent (Indra), pour
le Vent, pour 1’Enveloppeur (Varuna), pour les Impétueux
(Maruts), pour l’Actif (Visnu).
pâda 1. — Cf. 7, 7, sa vàyum indram. . . yachati; 27, 2, esa
indrâya vâyaoe. . . pari ëicyate-
pâdas 1-2. — Cf. 25, 1:1, marndbhyo rayaoe madah.
Tous les mots au datif sont en apposition les uns aux autres et
désignent un même objet : indra — vâyu — varuna — marut —
visnu = somah pacam. Cf., comme exemple de la non personni-
fication de l’objet du nom au datif employé d’une manière ana-
logue, 30, G, sunotâ. , . somam. , . câritm çardhàya.
LË CULTE VÉDIQUE DU SOMA
145
4. — tisrô vdcci ûd ircite | gavo mimanti dlienàvah |
Iwrir eti kânikraâat
Les trois paroles se mettent en mouvement vers le liaut;
les vaches, les laitières mugissent, le doré va (se réunir) à
ce qui bruit (ou, le doré, — • ce qui bruit est en mouvement).
tisro vâcali. — Les crépitements des trois feux sacrés divisés
en supérieur, inférieur et moyen. — Cf. 5, 85, tisvo decïh.
pada 2- — Cf. 32, 5’, abhi gâco anüsata.
pàda 3. — Cf. 28, 4', esa orsà kanikradat.
5. — abhi brâhmïr anüsata \ yahvtr rtâsyd indtàrah \
marmrjyânte 1 divâh çiçum
Les prieuses (les crépitantes), les mères actives (?) du coulé
ont mugi vers (lui); elles ont rendu brillant le fils du ciel
(-feu).
Cf. 12, 2, abhi viprâ anüsata güoo vatsain na mâtarali; 3, 3:i,
hardi. . . mrjgate; 14, 5% çubliro na mcimrje gava; 2, 72, girali . . .
marmrjgante. — Pour l’interprétation générale, cf. Berg., III, 241.
çiçum. — Cf. 1, 9, abhïmam. . . çrlnanti dhenavah çiçum.
6. — rdyâli samudvànç catâro | ’smabhyam sonia
viçpdtah | d pauasva sahasrinah
O liquide, allume pour nous les richesses venant de ce qui
a tous (les dons), les quatre mers aux milliers (de dons).
Cf. 13, 5, te na,l). sahasriaani rayim pavantâm.
samudrân . . . a paccisva- — Cf. 2, 51, samudro apsu mâmrje.
caturali. — Cf. R.V., I, 161, 2 et 4, et 89, 5.
viçoatah â pavasva. — - Cf. o, 1', samiddho viçvatali.
1, Sama-Veda : marjayanüln
10
1 IC
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
HYMNE XXXIV
1. — pvd suvànô dhârciycL tdn- | êndur hinvdnô arsati |
rujdid drUiâ v y ôjasâ
Le brillant qui s’élance poussant en avant à l’aide du
courant, — de ce qui se développe, — coule, — (lui qui est)
ce qui brise les choses solides à l’aide de la force.
Hémistiche 1. — Cf. 16, 8, train soma. . . tanâ punânah . . . ri
dhâoasi.
arsati... ojasâ. — Cf. 29, 1, dhârü akëaran... ojasâ. — Dédou-
blement verbal (G).
drlhü. — Les choses solides qui arrêtent le soma jusqu’à ce
que, sous le nom d'ojah, il brise les obstacles pour se manifester
au sacrifice et l’accomplir. — Pour une explication voisine, voir
Berg., I, 218.
2. — ■ sutd indràya vdydve | u drundya marûdbhyah |
sônw arsati visnave
Le liquide versé coule pour l’Ardent, pour le Vent, pour
l’Enveloppeur, pour les Impétueux, pour l’Actif.
Identique à 33, 3, sauf le singulier sutali. . . somo arsati au lieu
du pluriel sutâli. . . soma arsanti, — d’où l'indice que la différence
entre les deux nombres n’est souvent dans le Véda qu’affaire de
style.
3. — vrsdnam vj-èab/dr yatdm | sunvànti sômcun àidribhih \
duhdnti çdkmanâ pdyah
Ils coulent le liquide, — le taureau étendu par les tau-
reaux, — au moyen des pierres; ils trayent le lait au moyen
du puissant.
pàda 1. — Cf. 24, 3', nrbhir tjaiah, — donc vrsabhili — nrbhili.
Cf. aussi 28, 4, esa vrsâ... jâmibhir yatali, — dédoublement
verbal indiqué par le fait que, dans cette dernière formule, vrsâ
LE CULTE VÉDIQUE DU SOIVtA
147
sujet avec yatah, correspond à vrs-abhih régime avec yatam dans
notre vers. — Autre forme de dédoublement verbal marqué par la
différence des nombres entre vrsânam et vrsabJuh.
pâda 2. — Cf. 11, 5, adribhih sutam somam.
pâda 3. — Cf. 19, 5\ yâli çukram duhate payai?.
çakrnanâ. — Par dédoublement verbal (G). — Lud. suppose que
ça/emanà est pour rakmane dat . ) !
4. — bhâvat tvitàsya mürjyo \ bhiwacl indràya mdisarâ/i\
sâm impair cijyate hâvih
(Le liquide) du Troisième qui doit être rendu brillant s’est
manifesté, le (liquide) liquoreux destiné à l’Ardent s’est
manifesté; le doré a été oint avec et par les couleurs.
Sur tritasya, voir 32, 21.
indràya. matsarah. — Cf. 13, 8', même formule.
pâda 3. — Cf. 32, 3% atyo na gobhir ajyate, — donc vüpaili
correspond à gobhili •’ l’un et l’autre, expressions métaphoriques
pour désigner les somas pavamànas.
5. — abhim rtâsyct viëüipam | duhatê prçnimdtârah |
câru priyâtamam liciüih
Ceux qui ont la tachetée pour mère (les Impétueux = les
Maruts) travent, (pour la diriger) vers ce support du coulé,
l'oblation) liquide belle, très agréable.
pâda 1. — Cf. 12, 6% samudrasyâdhi cis(api. — Berg., III, 252,
traduit vistapam par « lieu ».
pnyatamam. ■ — Cf. 2, 3’, aduhsata priyarn madhu dliârâ
sulasya, — donc prçnimàtaral i correspond à dliârâ sutasya.
6. — sclm encun dhrutd and | yiro arsanti sasvûtah |
dhenur vâçrô civwaçat
Ce,s voix (les somas crépitants) non détournées, coulant
ensemble, coulent avec (lui et) vers lui; le mugissant a mugi
(vers) les (vaches) laitières, (ou, il les a fait mugir).
148
Le culte védique dü soma
enam. — Démonstratif liturgique, — de même imâti.
ahrutâli. — « Non détournées » par l’obstacle, c’est-à-dire qui
peuvent couler.
pàda 2. — Cf. 10, 4, suvânâsali . . . girâ sutâ arsanti; 25, 5,
janayan girah somaJi . — La comparaison de ces passages montre
l’erreur de Lud. qui prend girah au propre dans le sens d'hymne
(cf. Berg., II, 27). — Il s’agit bien du chant, mais de celui que
font entendre les libations crépitantes désignées ici par cette par-
ticularité.
pàda 3. — Cf. 33, 42, gâvo rnimanti dhenacali.
HYMNE XXXV
1. — à nah pavasva dhàrayâ | pâvamâna rayim prtliâm \
yâyd jyôtir vidâsi nah
O allumé, allume avec le courant qui vient de nous la
richesse étendue au moyen de laquelle tu puisses nous
trouver la lumière.
pàda 1. — Cf. 1, l2, pavasva soma dhârayâ.
pàdas 1-2. — Cf. 5, 3, pavamâno ragir vi râjati dgumân. . .
dhârâbhili. — Ces formules se commentent entre elles parfaite-
ment.
pàda 3. — Cf. 4, 2', sanâ jyotili; 27, 22, svarjit [esa ( punânah)\ .
Berg., I, 214, s’en tirait trop facilement à propos du rôle lumineux
du soma, qui ressort avec tant de netteté de vers comme celui-ci,
en disant : « De toutes les manifestations de la puissance de Soma,
son rôle lumineux et son action sur les eaux du ciel sont celles
qu’il paraîtra le plus naturel de rapporter directement au soleil et
à l’éclair. »
2. — indo samudraminkhaya | pavasva viçvamejaya |
râyô dhartà na ôjasà
O brillant, toi qui agites la mer (des libations), qui mets
en mouvement ce qui a tous (les dons), allume-toi, — toi qui
supportes la richesse au moyen de notre réconfort.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
149
pâda 3. — Cf. 12, 9', à pavamâna dhâraya ratjim.
ojasâ. — Dédoublement verbal, cf. 34, 1% etc. : Le soma pavam.
supporte, soulève le soma liquide au moyen de ses propres forces.
3. — tvâyà viré net viravo | ’bhi syâma prtanyatàli \
ksàrâ no ablxi vâryam
Par toi, héros, ô toi qui es pourvu de héros, soyons vain-
queurs (possesseurs de la libation); coule vers le désirable
qui vient de nous.
tvayci. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Ce texte s’ajoute à l’emploi de pumas, 9, 71, pour
démontrer que le mot vira avec les dérivés et les composés
auxquels il donne naissance est applicable au soma pavam. con-
sidéré comme fort et victorieux. — Cf. 9, 9 1 , pavamâna .. . râsi
vïravat, etc.
pâda 3. - — Cf. 21, 4, ete viçvâni vâryà pavamdnàsa âçata.
4. — prâ vâjam inclur isyati | sisâsan vàjasâ rsih j
vratâ vidânâ âyudhà
Le brillant lance le réconfort, lui le chanteur qui con-
quiert (les libations), qui conquiert le réconfort, qui trouve
les objets de son choix, les armes.
pâda 1. — Cf. 12, 61, pra vâcam indur isyati. — Lud. considère
la conjecture vâcam pour vâjam comme permise, sans remarquer
qu’elle est tout à fait inutile : les deux mots dans la phraséologie
védique s’appliquent au même objet.
pâda 2. — Cf. 7, 4% vâjl siëâsati; 2, 10!, vàjasâ.
rsih. — Cet emploi du mot comme qualificatif synonymique de
induh nous montre les antécédents et les origines de son emploi
brahmanique dans le sens d’auteur inspiré ou révélateur des
hymnes.
vidâna àyudhâ. — Cf. 31, 6', svâyudhasya te (somasya). —
Berg., III, 237 : « Il prend les lois pour armes. »
150
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
5. — tüm girbhir vâcamînkhayâm | punândm vâsaydmasi |
sômarn jânasya yôpatim
Nous enveloppons au moyen des paroles cet allumé qui
met en mouvement la voix, le liquide bouvier de l’homme
(-soma).
tam. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 8, 5, srjânam. . . sam gobhir vâsayâmasi ;
d’où gïrbhih = gobhih = les voix des vaches-libations = les liba-
tions crépitantes. — Cf. l’explication de Berg., II, 41.
Dâcamïnkhayam. — Cf. 30, l3, punâno vâcam iàyati.
pâda 3. — Cf. 19, 2!, indraç ca soma gopatï. — Berg., I, 187 :
« Pasteur des hommes. »
6. — viçvo ycisya vraté jâno | dâdhàra dhârmanah patch |
punâncisya prabhàuasoh
Dans l’objet du choix de celui qui est le maître du support
— de l’allumé dont la richesse consiste en celui qui se déve-
loppe, — le Tout, riiomme(-soma) a soutenu (la libation).
pâda 1. — Cf. 9, 5% à (dadhuh) indam indra tava vraie.
pâda 2. — Cf. 7, 7 ‘, varia go asga dliarmabhih ; 2, 23, dharnasih ;
2, 5% dharuno dirai). — Lud. : dâdhâra, contre toute vraisem-
blance, d’après Sây. : « (Sur la voie duquel tout le peuple) a dirigé
son esprit. » — Berg., III, 216 : « Lui le maître du dliarman sous
la loi (v rata) duquel tous les hommes maintiennent (dhri). »
prabhüvasoh. — Cf. 29, 3% prablmvaso (soma).
HYMNE XXXVI
1. — âsarji râthyo yathd | pavitre camvoh sutâh )
kârsman vâji ny àkramit
Le coulé s’est élancé, comme celui qui est attelé) à un
char, dans l’allumeur, dans les deux coupes; celui qui est
pourvu du réconfort est venu à la limite.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
151
rathyah. — Cf. 21, 6', rathyam.
Hémistiche 1. — Cf. 22, 1, somàsaJi. . . rathâ iva... sargâh.
srstà ahesata.
camvoh. — Cf. 20, 63, -somaç camüsu sïdati.
kârëman. — Dans la limite (rad. kars), c’est-à-dire sans doute
au point culminant où s’élève et s’arrête le soma pavam. — Lud.
(3e pâda), sans égard pour le sens constant du rad .kram: « Le cour-
sier se tient solide au but. » — Pour moi, le suffixe ni a pour effet
d’insister sur le locatif.
2. — sd vâhnih soma jâgrvih j pâvasva devauir âti \
abhi kôçam madhuçcûtam
O liquide, toi qui es le porteur éveillé, le régal des Célestes,
allume-toi en dépassant (ton point de départ), (en te diri-
geant) vers le vase d’où coule le Doux.
sa valinili soma. — Cf. 20, 53, punâno oahne; 20, 6, sa vahnih . . .
somaJi.
pâda 2. — Cf. 2, 1, pavasva devavlr ati pavitram soma , — d’où
l’erreur manifeste de Lud., qui substitue iti à ati.
pâda 3. — Cf. 12, 6:1, jinvan koçam madhuçouiam.
3. — sd no jyôtlnsi pûrvya \ pdmamâna vi rocaya j
krdtfbe ddksâya no ht nu
O allumé, toi qui es de la nature de l’ancien, fais briller
nos clartés, mets-nous en mouvement pour l’édificateur,
pour l’habile.
sa. — Démonstratif liturgique.
jyôtlnsi. — Dédoublement verbal, eu égard à pavamâna.
Hémistiche 1. — Cf. 9, 8% pratnavad rocayâ rucah. — - Passage
important comme indication de la nature ignée du soma pavamâna.
pnrvyah. — Ce qui tient du püroa, de l’ancien, c’est-à-dire
du soma liquide antécédent du soma igné. — Berg., I, 188 :
« Antique. »
kratve daksâya. — Cf. 16, 2', kratoà daksaya, — indice de la
synonymie et du dédoublement verbal des deux expressions.
hinu. — Lud , arbitrairement : « Favorise-nous pour. »
152
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
4. — çumbhâmdna rtdyûbhir | mrjydmâno gâbhastyoh |
pâvate vâre avyâye
Éclatant au moyen de ceux qui désirent le coulé, rendu
brillant dans les deux mains (des flammes personnifiées), il
s’allume dans la toison de la brebis.
pâda 1. — Cf. 3, 3'2, paoamüna rlâyubhili. — Berg., III, 239 :
« fidèle à la loi. »
pâda 2. — Cf. 20, 6% même formule.
pâda 3. — Cf. 16, 6’, pund.no rüpe avyatje.
5. — sa viçvâ dcïçûse vcisu \ sômo dwyâni pârthivà |
pàvatdm à ntâriksy d
Que ce liquide allume tous les biens pour le donateur : les
(dons) qui viennent du ciel, ceux qui viennent de la terre,
ceux qui viennent de l’entre-deux.
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 14, 8, pari dicyâni. . . viçvâni soma pâr-
thivâ vasüni yâhi. — Lud., comme souvent, fausse ce passage si
clair en traduisant : « Que le soma procure en se clarifiant, etc. »
Sây., non moins arbitrairement : « pacatâm = prayacchatu. »
ântariksyâ. — Cf. 5, 2* , pavamânah . . . antaviksena ràrajat.
— Le rapprochement des deux passages est concluant : le soma
pavam. allume Yantariksa (métaphore qui le désigne avec dédou-
blement), ou les choses qui en proviennent, qui en ont la nature, —
ou s’allume par lui. - Uantariksa n’a qu’une valeur de symétrie,
eu égard au ciel et à la terre; ces deux termes appliqués à la
division de l’univers en supposent un troisième qui est l’atmo-
sphère, ou l’entre-deux. N’oublions pas d’ailleurs qu’ici, ciel, terre
et, par conséquent, anlariksa, sont de pures métaphores pour dé-
signer les différents états de la libation.
6. — ci clivas prsthâm açuayûr \ gavyayuh soma rohasi |
virayûh çavasas pâte
O liquide, tu t’élèves au sommet du ciel(-feu), toi désireux
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
153
de chevaux, désireux de vaches, désireux de héros (somas),
6 toi, maître de la force!
Hémistiche 1. — Cf. 22, 5, ete (somâh) prsthani rodasor vi-
prayanto vy ânaçuh. — Berg., I, 162, voit dans l’ascension au ciel
du soma une allusion au soleil.
açvayur gavayuli... vïrayuh. — Cf. 2, 10, gosâ... nrëâ...
açvasâ.
HYMNE XXXVII
1. — scc simili pitâye vrsd | sômali pccvitre arsati \
vighnân râksânsi devayûli
Ce liquide coulé pour la boisson, (ce) taureau coule dans
l’allumeur, — désireux d’être Céleste, en détruisant les
gardiens.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 27, 32, esa. . . vrsâ sutah.
pâda 2. — Cf. 16, 4% même formule.
pàdas 2 et 3. — Cf. 17, 32 et 3, mêmes formules.
2. — scc pccvitre vicciksanô [ liccrir ccrsati dharnasih |
ablii yônim kânikradat
Cet éclairé, (ce) doré, (ce) soutien coule dans l’allumeur ;
ce qui bruit (coule) vers la matrice.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 12, 4', dioo nâbhâ vicaksanah, indice de la syno-
nymie de paoitre et de divo nâbhâ.
pâda 2. — Cf. 23, 51, soma arsati dharnasih.
pâda 3. — Cf. 25, 2% même formule.
3. — scc vcijî rocanà divc'ch | pccvcimano en dhâvati \
raksohâ vâram auyâyam
Cet allumé, pourvu de réconfort, traverse en courant les
154
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
lumières du ciel(-feu), — lui qui détruit le gardien, il tnv-
ver.se la toison de la brebis.
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 17, 5, rocanâ rohan... bhrâjase divam;
42, 1', janayan rocanâ dirait. — Berg., I, 200 : rocanâ dirait ,
« les espaces du ciel ».
pâda 2. — Cf. 3, 7, esa dioam ri dhârati. . . paramétrait .
raksohâ. — Cf. 1, 2’, même épithète.
râram aryayam. — Cf. 13, 63, ri vàram aryam; 1(5, 83, aryo
râram ri dhàoasi.
4. — sa tritdsyàdhi sânavi \ pdvamàno arocayat |
jâmibhih suryam sa/ni
Cet allumé a fait briller au-dessus, dans le sommet du
Troisième, le soleil à l’aide des sœurs.
sa. — Démonstratif liturgique.
trilasya. — Cf. 34,4’, tritasya, — même explication dans les
deux cas.
adhi sânari. . . jâmibhih. — Cf. 26, 5, tam sânâr adhi jâma-
yah . ■ ■ hinranti.
paramâno arocayat . . . suryam. — Cf. 28, 5, esa süryam
arocayat paramânaii.
jâmibhih. — Cf. 28, 4% daçabhir jâmibhir yatah.
Vers des plus concluants en faveur de la nature ignée du soma
pavamana.
5. — sd vrtrahâ vrsd sutô | varivovid cidâbhyah \
sômo vâjcun ivdsarat
Ce destructeur de l’enveloppe, (ce) taureau, (ce) versé,
trouveur du large, qu’on ne doit pas opprimer, — (ce) liquide
a coulé en quelque sorte vers le réconfort.
sa. — Démonstratif liturgique.
vrtrahâ. — Cf. 1, 3\ rrtrahantamah •
orëâ sutali. — Cf. 37, 1', sa sutah . . . rrsâ.
oarivoüit, — - Cf. 21, 22, caricocidah ( somâ/t .•
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
155
adàbhyali. — Cf. 3, 23, pavamano adabhyali.
pâda 3. — Cf. 3, 8’, esa divcirn vy asarat.
6. — scc devâh kavinesit'o | ’bhi drônâni clhâvati |
indur indrâya manhcinâ
Ce Céleste mis en mouvement par le sage coule vers les
bois; le brillant (coule) pour l 'Ardent au moyen du don.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Les mots devait et kavinà désignent le même objet,
à savoir le soma pavam., — dédoublement verbal (G).
pâda 2. — Cf. 28, 43, même formule.
pâda 3. — Cf. 6, 7, dhârayendrâya. . . sutah. — manlianâ ,
instrum. avec dédoublement verbal, qui correspond à dhârayü et
ne doit pas être traduit par l’adverbe « reichlich » (Lud.).
HYMNE XXXVIII
1. — esâ u syâ vr.sà râthô | ’vyo vârebhir arsati \
gcichan vcijam sahasrinam
Ce taureau que voilà, (pareil à) un char (qui marche),
coule au moyen des toisons de la brebis, en allant au ré-
confort pourvu de mille (dons).
esa u sya. — Démonstratifs liturgiques.
vrsâ vathah. — Cf. 22, 1’, ete somâsa âçavo rathâ iva.
pâda 2. — Cf. 20, l2, même formule.
gaclian vâjam. — Cf. 37, 5:), somo vâjam ivâsarat.
vâjam sahasrinam. — Cf. 20, 2, vâjam . . . sahasrinam. — Lud.,
très arbitrairement d’après Sây. : vâjam « kraftat ».
2. — et eu a tritàsya yôsano ] heirim liinvanty ccdribhih |
induire indrâya pitâye
Les femmes du Troisième mettent en mouvement ce
doré au moyen des pierres, — - ce brillant pour (servir de)
boisson à i’Ardent,
156
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
etam. — Démonstratif liturgique.
Ce vers est identique à 32, 2, sauf au début etam, au lieu de
ad ïm.
3. — etam tyàm harito dàça | marmrjycinte apasyiwah |
xyàbhir màdâya çûmbhate
Les dix dorées désireuses d’œuvres rendent brillant celui
que voici; c’est par elles qu’il resplendit pour la boisson.
etam tyam. — Démonstratifs liturgiques.
etam tyam. . . marmrjyante. — Cf. 33, 53, marmrjyante divali
çiçum.
harito daça. — Les dix brillantes (flammes) comparées à des
mains aux dix doigts, qui correspondent aux voix de Y indu [girah)
du vers 2, 7', giras ta inda ojasâ marmrjyante apasyucah. —
D’après Berg., I, 201 : « Les dix harits seraient les chevaux du
soleil qui représentent ses rayons. »
pâdas 2 et 3. — Cf. 2, 72 et 3, formules identiques, sauf la 3e per-
sonne çûmbhate , au lieu de la seconde çumbhase.
4. — esà syâ mânuslso â | çyenô nci viksû sidciti |
gâchaîi jârô nâ yosîtam
Celui que voilà est venu comme un aigle prendre rési-
dence dans les demeures qui sont de la nature des mâles
(-somas), — (y) venant comme l’amant vers la femme.
esa sya. — Démonstratifs liturgiques.
mânusïsu. — Cf. 12, 73, mânusâ yugâ. — Berg., II, 61 : « Il
descend (inexact) parmi les races (inexact) humaines. »
pâda 2. — L’assimilation de l’aigle et du soma, ou sous une
autre forme, le mythe de l’aigle apportant le soma est célèbre.
En réalité, aigle et soma pavam. ne sont qu’un % comme on peut
le voir par notre vers. La comparaison, comme celle avec le char
(cf. 38, 1'), porte sur la vitesse des mouvements commune à l’un
et à l’autre. — Cf. 32, 4, mrgo na takto arsasi sïdan; 20, 63,
somaJi. ■ . sïdati.
pàda 3. — Cf. 32, 5, abhi gâco anüsata yoëâ jâram ira.
1, Berg., I, 22b, le reconnaissait déjà.
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
157
5. — esd syd mddyo râsô \ ’ va caste divdh çiçuh |
yd indur vâràm àviçat
Ce suc liquide que voilà, fils du ciel(-feu), brille (ou regarde)
d’en haut, — lui le brillant qui a pénétré la toison \
esa sya. — Démonstratifs liturgiques.
pâda 1. — Cf. 6, 21 *, abhi tara madi/am madam. . . ksara. —
Dédoublement verbal en vertu duquel le sujet dans notre passage
est employé comme régime direct dans le passage comparé, quoique
l’un et l’autre s’appliquent à un même objet et visent une même
action.
pàda 2. — Cf. 33, 53, marmrjyante divah çiçum. — Rapport
analogue de sujet à régime entre les deux passages.
pàda 3. — Cf. 6, l3, amjo vâresc asmayuli.
6. — esd syd pîtdye sutô | hàrir arsati dharnasih |
krdndcin yônim abhi priydrn
Ce doré, ce coulé que voilà, (ce) support coule pour la
boisson, en grondant, vers la matrice, vers l’agréable.
esa sya. — Démonstratifs liturgiques.
pàda 1. — Cf. 37, l1, sa sutah pïtaye.
pàda 2. — - Cf. 37, 2-, même formule.
pàda 3. — Cf. 37, 2% abhi yonim kanikradat.
HYMNE XXXIX
1. — âçuv cirsa brhanmate | pctri priyéna dhdmnâ J
ycïtra devâ iti brâvcin
(Toi qui es) rapide, ô pensée du fort, coule autour, au
moyen de l’édilice agréable dans lequel les Célestes ont
parlé.
1. Berg., I, 180, traduit ce Vers d’uae manière un peu différente de la
mienne.
158
IÆ CULTE VEDIQUE DU SOMA
âçur arsa. — Cf. 23, 1', soma asrgram âçâtah.
pada 2. — Cf. 28, 2% (esa. . . aksarat) . . . oiçvâ dhâmàny àoiçan.
Le dhâman étant le réceptacle du soma, on peut dire, ou bien que
le soma le pénètre, ou bien qu’avec lui, en tant que pénétré par
le soma, on fait couler celui-ci. — Lud., arbitrairement : « Zusam-
men mit den freundlichen mâchten. » — Berg., III, 212, noie,
propose de rendre ici dhâmnà par « forme ».
pàda 3. — Cf. 15, 2% yatrâmrtâsa üsate. — Berg., I, 18G : a II
dit où sont les dieux, » — sens qu’il paraît difficile de tirer du
texte.
2. — pari. skrrwti nn ûniskrtam | janàya yâtâyann isah |
v ri fini divâh pari sraca
Développant alentour ce qui n’est pas développé, offrant
les libations pour l’homme(-soma), fais couler autour la pluie
du ciel(-feu).
pada 1. — Cf. 14, 2', pariskrnvanti dharnasim.
Pour le sens de aniskrtam, cf. 13, 1% et 15, 1J, niskrtam.
pada 2. — Cf. 11, 3, pavasva çam. . . janâija.
pada 3. — Cf. 8, 8', même formule.
3. — s ai à eti pavitra ci \ tuisim dâdhâna ôjasà \
vicâksdno vir.occiyan
Le coulé va dans l’allumeur en établissant l’ardeur au
moyen de la force; l’éclairé (y va) en brillant.
pada 1. — Cf. 37, 1, sa sutaJi . . . pavitre arsa/i. — Berg., I, 214,
voit dans le pavitra un tamis.
pada 2. — Cf. 2, 7', g iras ta inda ojasâ marmrjyante. — ojasâ,
dédoublement verbal. — 25, 4:1, dadhânâ ojasâ.
pavitra â. . . vicaksanali. — Cf. 37, 2, sa pavitre vicaksanal/ .
virocaijan. — Cette détermination ne saurait s’appliquer qu’au
soma allumé, éclairé, enflammé.
1. Sur le sens du rad. yat , voir Berg., III, 163-166.
159
Le culte védique du soma
4. — aychn sa yô divas pari \ raghuyâmâ pavitra ci \
sinclhor ûrmà vy âksarat
Celui-là qui, d’une course rapide, va, en l’entourant, dans
l’allumeur du ciel(-feu), a coulé dans le flot de la rivière.
ayant sa y ali. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — ■ Cf; 27, 5, paoamâno adhi dj/ani pavitre. — La
comparaison des deux passages milite en faveur de la construction
divali... pavitre , et condamne l'interprétation de Berg., II, 35:
« Le tamis par (inexact) lequel soma coule du ciel dans la vague
de la rivière. » — Pour pari, sans complément, cf. 39, IL
pàda 3. — Cf. 21, 3% même formule, sauf aksaran au lieu de
aksarat.
5. — cîüiüdsan pardvüto | âtho arvdvâtah sutâh |
indrciya sicycite mâdhu
Le coulé désireux, issu de ce qui s’éloigne et de ce qui
s’approche, — le doux est versé pour l’Ardent.
• « Ce qui s’éloigne » = le soma absent, retenu, non versé; « ce qui
s’approche » = le soma prêt pour le sacrifice. — D’après Berg.,
I, 175 : « L’opposition pourrait s’entendre des somas terrestres et
des somas célestes. »
pàda 3. — Cf. 27, 2, esa indrâya. . . pari sici/ate.
6. — samlcinâ anûsata j hcirim hinvanty âdribhih \
yôndv rtâsya sïdctta
Ceux qui vont ensemble (la troupe des sacrificateurs-
somas?) ont mugi; ils ont mis en mouvement le doré avec
des pierres. Prenez résidence dans la matrice du coulé.
samïcïiiâh. — Cf. 10, 7', samïcïnâsa àsate hotârali.
pàda 2. — Cf. 38, 2'2, etc., même formule.
pàda 3. — Cf. 13, 93, même formule.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
160
HYMNE XL
1. — punânô akramld abhi \ viçüd mrdho vicarsanih \
çumbhdnti vipram dliitibhih
L’allumé a marché contre tous les oppresseurs, lui l’actif;
ils (les somas pavamânas) font briller l’agité au moyen des
pensées(-crépitements).
Hémistiche 1. — Cf. 20, 1, kacili... arsati sàhvân viçccï abhi
sprdhah .
pâda 2. — Cf. 11, 7', amitrahâ vicarsanih.
pâda 3. — - Cf. 2, 7, giras ta indo. . . yàbhili. . . çumbhase. —
Dans l’un et l’autre passage, il s’agit des libations crépitantes
qui font resplendir le soma pavam., désignation verbalement
dédoublée (G) de ces mêmes libations.
vipram. — Cf. 13, 2% pavamânam. . . viprani abhi pra gàgata.
— Ce qui prouve qu’il ne s’agit pas d’un sage humain, comme
le croit Lud., entre autres.
2. — à yônim arunô ruhad \ gdmad indrarn vrsâ sutdh |
dhvuvé sddcisi sidati
Le rouge a monté en venant dans la matrice, le taureau,
le coulé est venu à l’ Ardent; il a pris résidence dans une
demeure solide (le réconfort).
arunal.i. — Cf. 11, 42, aruyâya. . . somâya.
pâda 1. — Cf. 36, 6, à divas prstham. . . soma roliasi.
pâda 2. — Cf. 2, 1% indrarn indo vrsâ vira.
pâda 3. — Cf. 12, 3', kseti sâdane.
3. — nû no rayim mahâm indo | ’sniâbhyam soma
viçvdtah j à pavasva sahasrinam
O brillant, allume notre grande richesse, ô liquide, (al-
lume-la) pour nous, elle qui, — issue de ce qui a tous (les
dons), — a mille (dons).
LE CULTE VÉDIQUE DU SOIVtA
161
oiçcatali. — viçva par une sorte d’abréviation pour viçvaoit, viç-
vfwasu, etc. (cf. sahasrin devenu l’un des noms du soma pavam.),
d’où, pour viçvütali, le sens de a (qui provient) de celui qui a tous
les dons (du sacri tice) , toutes les oblations ».
pâdas 2 et 3. — Cf. 33, 62~% mêmes formules, sauf le plur.
saliasrinali (rayait), pour le sing. sahasrinam.
4. — hiçod soma pavamclna \ dyumnânindav à bliara \
vidàh sahasrinîr isah
0 liquide allumé, ô brillant, apporte toutes les lueurs;
' trouve les libations aux mille (dons).
Hémistiche 1. — Cf. 5, 3, pavamânali. . . vi rûjati dyumân ;
29, 6, rayim. . . paoasva. . . dyumantcim . . . ci bliara.
pàda 3. — Cf. 3, 10% janayann isah; 15, 7% ( somam ) praca-
krânam mahïr isalj.
5. — sd nalipunànâ ci bliara | raijini stotré suviryam |
jaritûr vardhayd girah
O toi, allumé qui viens de nous, apporte la richesse pour-
vue de héros (-somas) au chanteur; accrois les voix du
chanteur.
pada 2. - Cf. 20, 7% cladliat stotre suviryam.
pâda 3. — Cf. 25, 5 , janayau yirali somali.
6. — punânâ inclav à bliara \ sôma dvib&rhüsam rayim |
vr sann indo na ukthyàm
O allumé, ô brillant, ô liquide, apporte la richesse au
double réconfort; ô taureau, ô brillant, (apporte)-nous le
parlant.
pâda 1. — Cf. le vers précédent, pâda 1.
pâda 2. — Cf. 4, 7% même formule. — Dans ce vers, abhy arsa
correspond à ci bliara dans cclui-ci.
ukthyam. — Cf. 19, 1, ukthyam... oasti tan nah punâna ci
bliara.
11
i02
LE CULTE VEDIQUE DÛ SOMA
HYMNE XLI
1. ■ — prd yé yàvo net bhurnayas | teesâ ayâso âkramuh
ghndntah krsnàm àpa tvàcain
En avant, ceux qui, pareils à des vaches, forts (?), ardents,
actifs, se sont mis en marche, détruisant (et) écartant la peau
noire !
Cf. 17, 1, pra... glinanto rrtrani bhürpayah sornâ asrgram
aravah- — Sày., très justement : « krsnâ tvak = raksâii. » — La
comparaison des deux vers établit clairement qu'il ne s’agit pas
(même par allusion) des ténèbres nocturnes, comme le veut Lud.,
mais bien de l’obstacle imaginaire comparé à une enveloppe noire,
par opposition aux flammes brillantes du soma pavamàna. —
Pour l’explication de Berg., cf. Rel. oéd., II, 86.
2. — suvilüsya manàmahé \ ’ti sétum durclvyàm |
sahvànso dàsyum avralâm
Nous pensons à celui dont la marche est bonne, qui est
au delà du pont difficile à atteindre (?), — (nous) qui maî-
trisons le lien dépourvu de l’objet du désir (de la libation .
La parole est aux sacrificateurs identifiés aux oblations.
manàmahé. — Sày., justement : « stumah. »
setum. — Sày., justement : « raksovisayani bandhanam. » —
Le « pont » par lequel l'oblation passe de l’absence à la présence.
duràvyam. — Sày. : « dustamatim. »
pâda 3. — Cf. 20, l3, sâhvân v içvà abhi sprdhah.
dasyum avratam. — L’obstacle désigné métaphoriquement sous
le nom de ce ou de celui qui lie le soma et qui est comme ne
l’ayant pas, ne le donnant pas, par opposition au soma pavarn. qui
en est pourvu, qui le manifeste, qui s’en sert. — Berg., Il, 215,
rend acrata par « impie qui n’observe pas la loi ».
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOMA i63
3. — çrnvé vrstér ivci svanah | pàvamânasya çusminah \
càranti vidyûto divx
Le son de l’allumé ardent, pareil à celui de la pluie, est
entendu; les éclairs vont (s’établir) dans le ciel(-feu).
Hémistiche 1. — Cf. 30, 1, dhârâ asya çusminah... akëaran
punâno vâcam isyati.
vrstev ira. — vrsti désigne ici le soma pavam. ou la pluie en-
flammée, celle du ciel(-feu) (8, 8' et 39, 23, vrstim dioaJi) ; cf. aussi
17, 2', indavo vrstayah, et les comparaisons correspondantes, 22, 2,
parjanasyeva vrstayah, agner iva bhramàh. — Voir pour l’expli-
cation différente de Berg-., Bel. véd., I, 169.
pâda 3. — vidyuto divi , dédoublement verbal : les éclairs (= soma
pavam.) vont s’unir au ciel-feu sacré qui n’est qu’une autre dési-
gnation métaphorique de ce même soma pavamâna. — Allusion
toutefois, mais simple allusion, à un orage avec pluie, tonnerre et
éclairs (J). — Berg., I, 170 : « Les éclairs courent dans le ciel. »
4. — à pavasva malxim isam \ gômcid indo hiranyavat |
âçvcïvad vâjavat sutcih
Allume, ô brillant, — toi le coulé, — la grande libation,
— ce qui est pourvu de vaches, pourvu d’or, pourvu de
chevaux, pourvu de réconfort.
pâda 1. — - Cf. 13, 4!, pavasva brhatïr isah; — 15, 7 3, praca-
hrânam maliïr isah.
pâdas 2 et 3. — Cf. 2, 10, posa indo. . . asy açvasâ vâjasü.
5. — s ci pavasva vicarsana | à mahi rôdas i prna \
usâh sûryo nâ raçmibhih
O toi que voilà, allume-toi, ô ardent; pénètre, comme
l’aurore, (comme) le soleil, les deux grands brillants, avec
(tes) rayons.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 11, 7, vicarsanih pavasva soma.
1G4
LE CULTE VEDIQUE DI SOMA
pada 2. — Cï. 22, 5, ele prstliâni vodasor viprayanto vy anacuh ;
18, 5, rodasï mahï.
pâda 3. — Cette comparaison n’a de sens que si l’on admet que
le soma pavam. est igné, car le mot raçmibhih ne peut que s’ap-
pliquer au sujet sa (somaJj).
6. — pari nah çarinayàiityâ | dhârayà soma viçvâtah |
sârâ raséva vistâpam
O liquide, issu de celui qui a tous les (dons), coule autour
au moyen du courant protecteur (?) qui vient de nous, —
pareil au suc (du soma, — dans le support.
soma viçcatah. — Cf. 33, 6% même formule.
s ara . . . oistapam. — Cf. 34, 5, abhïm rtasya cistapaia duhate
prçnimatarah. — Pour Berg., I, 320, le mot rasa « désigne une
rivière terrestre et, de plus, une forme céleste de cette rivière ».
Autant d'assertions peu fondées.
HYMNE XL 11
1. — janâyan rocanâ divô \ janâyann apsû sùryam |
vùscïjio g à apô hârih
Engendrant les clartés du ciel(-feu), engendrant le
soleil(-feu) dans les eaux, le doré enveloppant les vaches,
les eaux. . .
Description aussi claire que possible des effets de la transforma-
tion du soma liquide en soma igné. — Qu’entend Berg., I, 215,
en voyant dans ce vers une allusion au breuvage céleste?
• pâda 1. — Cf. 37, 3, sa vàjï rocanâ dirait pavamîinal).
pada 2. — - Cf. 24, 1, somâsali. . . pacamcinâsa indarah çrlnâna
apsu mrnjata; 28, 5, esa süryam arocayat pavamânali; 2, 6\
harili. . . sam sûryena rocate. — La confrontation de ces passages
met en toute évidence le fait que le soleil et les eaux ne sont ici
que des métaphores pour désigner les deux états du soma. — Pour
le paradoxe, nous avons affaire à un développement sur le type J.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
1G5
pâda 3. — Ne saurait être mieux commenté que par 2, 4, tva
( somani ) . . . âpo arsanti . . . yad gobhir vàsgyisyasc.
2. — esd prcitnéna mànmanâ | devn clevêbhijah pari j
clharayâ parafe sutdh
Ce Céleste, coulé, s’allume pour les Célestes en (les)
entourant au moyen de la pensée ancienne, au moyen du
courant.
esa. — Démonstratif liturgique. Ct. 3, 9, esa pratnena janmanâ
devo devebhyah sutali, — d’où l'indice que janmanâ et manmanâ
s’appliquent au même objet, à savoir au soma pavam. ainsi nommé
par dédoublement verbal (G). Sous le nom de manman (allusion
au crépitement), il est censé précéder, sous la forme liquide, celui
dont il est question, quant à l'heure actuelle, sous le nom de esa. ..
devait. — Lud., arbitrairement : « Selon la découverte d’autrefois. »
— Sây., en approchant de la vérité : « manmanâ = mananïyena
stotrena. » — Voir l’explication de Berg., qui considère devebhyali
comme un ablatif, Rel. véd., I, 188 et 207.
pâda 3. — Cf. 1, 1% pavasva soma dhârayâ.
3. — vâvrdhânàya tûrvaye \ pavante vâjasdtaye \
sômâh sahcisrapdjasah
Les liquides aux mille ardeurs s’allument pour le victo-
rieux qui accroît (ou s’accroît), — pour l’acquisition du ré-
confort.
pâdas 2 et 3. — Cf. 13, 31 et 2, mêmes formules.
4. — duhdnah pratndm U pâyah | pavitre pari sicyate |
krândan devân ajljanat
Trayant ce lait antérieur, il coule dans l’allumeur en
(l’)entourant; en grondant, il a engendré les Célestes.
pâda 1. — Cf. 19, 5% yâli çukram duhate payait .
pratnam. — Cf. ci-dessus, vs 21, pratnena. — Il s’agit du soma
liquide antérieur au soma igné.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
166
pâda 2. — Cf. 27, 2, esa. . . pari sicyate pacitre.
pâda 3. — Cf. 3, 7‘, pavamânali kanikradal. — D’où l’indice
que l'idée exprimée par pavamâna correspond à celle d’engendrer
les Célestes ou les dieux, — en s’allumant et en crépitant, le soma
pavam. produit les flammes brillantes ou les devas. — Berg., en
pi’ésence de ce passage si bien fait pour l’embarrasser, se contente
de dire, I. 214 : « Il est même le père des dieux qu il a engendrés
en hennissant. »
5. — ab/d viçüdni vâi'yci | -bld devait rtâvrdhah |
sômali punânô arsati.
Le liquide en s’allumant, coule vers tous les (dons) dési-
rables, vers les Célestes qui croissent par l’oblation.
pâda 1. — Cf. 3, 4, esa. viçcâni vârijâ... pan... pavamânali.
rtâvrdhah. — Lud., d’après Sây. et à tort : « Les dieux qui ac-
croissent l’ordre sacré. » — Cf. Berg., 1, 255 : « Qui grandissent
selon la loi. » — L’idée est voisine de celle du pâda 3 du vers pré-
cédent : les somas pavam. accroissent les dieux pour la même
raison et par les mêmes moyens qu’ils les engendrent. — Cette
formule est de la plus haute importance pour le sens de l’ensemble
de la doctrine védique. — Cf. les passages homériques d’après
lesquels les dieux défaillants se revivifient avec le nectar et l'am-
broisie.
pâda 3. — Cf. 28, 62. même formule.
6. — gôman nah soma vïrâvad | àçvâvad vdjavat sutâh |
pâvasva brhativ isah
O liquide, û coulé, allume ce qui, venant de nous, est
pourvu de vaches, ce qui est pourvu de héros, ce qui est
pourvu de chevaux, ce qui est pourvu de réconfort; (allume)
les puissantes libations.
Autre rédaction de 41, 4 : â pavasva mahim isam | r/omad indo
h iran yarat j aevâvad râjavat sut ah .
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
167
HYMNE XLIII
1. — ijo âiya iva mrjyâte | gôbhir màdâya haryatah |
tàm girbhir vâsayàmasi
Lui qui, désirable, est rendu brillant, pareil à un coursier,
au moyen des vaches, pour la boisson, — celui-ci nous l’en-
veloppons avec les voix.
yah . . . tam. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 32, 3', ait/o na gobliir ajyate.
madayâ haryatah. — Cf. 38, 3:), yâbhir madàya çumbhate.
hart/atali. — Cf. 25, 4% haryatah.
pâda 3. — Cf. 35, 5, tam gïrbhih ■ . . punânam vâsayàmasi.
2. — tenu no viçvâ cwasgûvo | girah çumbhanti pûrvàthâ |
indum indrâya pîtâye
Toutes nos voix désireuses du régal, l’embellissent, (le font
briller) comme autrefois, — (lui), le brillant, — pour la
boisson (destinée) à l’Ardent.
tam. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — • Cf. 13, 2, pavamânam (= tam ) avasyavah
(= avasyuvah) . . . pra gâyata (cf. giralt, sujet sous-entendu de
gâyata). — 2, 7, giras ta indo. . . yâbhili ■ . . çumbhase.
pürvathâ. — Peut-être : « en employant ce qui précède, à savoir
le soma liquide. »
pâda 3. — Cf. 32, 23, même formule.
3. — punânô yâti haryatah | sômo gïrbhih pâriskrtah |
viprasya médhgâtith eh
Le liquide désiré qui s’allume, se met en marche formé
par les voix qui l’entourent, — (celles) de l’hôte agité de
l’oblation (?).
pâda 1. — Cf. 25, 42, même formule.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
168
pâda 2. — Cf. 14, 2, girâ... pariskrnvanti dharnasim
(= somam). — Lud., arbitrairement : « Von den liedern dar-
gestellt. »
medhyâtitheli. — Aucune raison pour considérer ce composé
comme un nom propre de sacrificateur. — Berg., II, 301, affirme
sans hésiter que Medhyàtithi est un prêtre de la famille de Kanva.
4. — pâvamâna vidà ray Un | asmàbhyam soma suçriyam |
indo sahâsravarcasam
O toi qui t’allumes, ô liquide, trouve pour nous la richesse
bien brillante, — ô brillant, celle qui a l’éclat des mille
(dons).
rayim suçriyam. — Cf. 29, 6, rayim divyam.
pâda 1. — Cf. 19, 6:l, même formule.
pâda 3. — Cf. 12, 9!, rayim sahasravarcasam.
5. — indur âtyo nà vâjasrt \ hdnikranti pavîtra à \
yad âksâr âti devayûh
Le brillant, pareil à un coursier, coulant au réconfort (ou
par lui), gronde dans l’allumeur où il se rend, alors qu’il a
coulé au delà (de son point de départ), désireux de devenir
céleste.
atyo na. — Cf. 43, l1, atya ira.
pâda 2. — Cf. 42, 4, paritre. . . krandan.
pavitra à yad aksâli. — Cf. 18, 1, paritre somo akèàlt.
devayuh. — Cf. 6, 1-, parasca derayuh.
6. — pâvasva vâjasdtaye \ viprcisya yrnatô vrdhe \
sôma râsva suvivyam
Allume-toi pour l’acquisition du réconfort, pour l’accrois-
seur de l’agité qui chante ; ô liquide, donne ce qui a de beaux
héros (le soma).
pâda 1. — Cf. 13, 3', parante vâjasdtaye somâh.
pâda 2. — Cf. 40, 5% jaritur vardhayà g irait. — Lud., d’après
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
169
Sây. : ordhe « pour l’élévation ». — Les adjectifs verbaux mono-
syllabiques comme vrdh n’ont jamais un sens abstrait. — Berg.,
II, 236 : « Les dieux accroissent le sacrifiant; » — mais v iprasya
désigne ici le sonna et. non le prêtre, dont on ne peut- dire qu’on le
fait grandir en lui donnant à boire,
pâda 3. — Cf. 9, 92, râsi vïravat.
HYMNE XLIV
1. — prêt na indo mahé tâna | ûrtnim net bibhrad arsasi \
abhi devait ayâsyah
O brillant, ta t’avances en coulant comme (vers) le flot
pour la grande (chose) qui s’étend, — toi qui es ce qui porte
(l’oblation) ; (tu coules) vers les Célestes, toi qui es agile (?) .
Hémistiche 1. — Cf. 34, 1, pra suvânah. . . tanenduh. . . arsati.
ürmim na. — Cf. 33, l2, apâm na tjanty ûrmayah.
pâda 2. — Cf. 14, 1, kavih sindhor ürmâo adhi çritali...
bibhrat. — Ce dernier mot employé substantivement au neutre,
cf. 42, 6, gomat , etc.
ayâsyah. — Cf. 41, l2, ayâsah [somâli).
2. — mati justô dhiyâ hitàh | sômo liinve parâvâti \
viprasyct dhârayà kavih
Goûté par la pensée, mis en mouvement par la méditation
(-crépitement), le liquide est mis en mouvement (pour venir)
dans ce qui s’éloigne; le sage (est mis en mouvement) au
moyen du courant de l’agité.
clhiyâ hitah. — Cf. 25, 2', même formule.
liinve. — Cf. 12, 8'2, somo hinvâno arsati.
parâvati. — Cf. 39, 52. parâvatah. . . sutah, même explication,
pâda 3. — Cf. 12, 8', même formule, — donc dhiyâ (pâda 1)
= dhârayà (pâda 3).
170
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
3. — ayant clevésu jâgrvih | sutâ eti pavitra à |
sômo yàti viçarsanih
Cet éveillé (va) dans les Célestes; le coulé va dans l’allu-
meur ; le liquide actif se met en marche.
ayam. — Démonstratif liturgique.
ayant jâgrvih sutaJi . — Cf. 36, 2’, sa. . . soma jâgrvih .
pâda 2. — Cf. 39, 3’, même formule.
pâda 3. — Cf. 40, l,punâno akramlt. . . viçarsanih.
4. — sa nah pavasva vâjayûç | cakrânâç cârum
adhvarâm \ barhîsmân à vivdsati
O toi (que voilà) désireux de réconfort, allume-toi pour
nous en établissant une belle oblation; celui qui est pourvu
de force désire (l’)obtenir.
sa. — Démonstratif liturgique.
pavasva vâjayuh. — Cf. 43, 6', pavasva vâjasàtaye.
cârum adhvaram. — Cf. 34, 53, càru. . . havih.
harhismàn. — Lud. : « Celui qui a préparé le harhis. a
vivâsati. — Cf. 39. 51, âvivâsan.
5. — sà no bJiâgâya vdydve | vipravirah sadâvrdhah \
sômo devésv à yamat
Que notre liquide que voilà, — qui a pour héros (-somas)
les excités, qui s’accroît par celui qui réside (dans l’obla-
tion), qui est (destiné) au Participant, au Vent, — s'étende
chez les Célestes (dieux).
pâda 1. — Cf. 33, 3, sutâh . ■ • vâyave. . . somâ arsanti. — La
comparaison des deux passages montre l’erreur de Lud. qui tra-
duit : « Der môge uns. . . dem Vâyu. . . der Soma. . . bringen. »
vipravirah. — Dédoublement verbal sous forme de composé :
vipra et vira désignent le même objet, — le soma pavamàna. —
Berg., I, 126, note : « Qui donne des prêtres, » ou « Qui a des
prêtres pour fils »,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
171
sadâvrdhah. — Qui croît par la sad, — dédoublement verbal;
cf. 42, 52, rtâvrdhali.
pâda 3. — Cf. 42, 5, abhi, . . devân. . . somah . . . arsati.
6. — sci no aclyà vàsuttaye | kratuvid gâtuvittamali |
vâjam jesi çrcœo Induit
Toi qui es nôtre, puisses-tu conquérir aujourd’hui pour
l’établissement du bien, — toi qui trouves l’édificateur, toi
qui trouves par excellence la voie, — (puisses-tu conquérir)
le réconfort, la voix, le puissant !
sa. — Démonstratif liturgique.
kratuvit. — Cf. 4, 5, à bhaja tava kratvâ.
gâtuoittamah. — Cf. 37, 52, suto varivovit. — Lud. : « Der fôr~
derung am bestem findei. »
pâda 3. — Cf. 4, 1 , jesi . . . maki gravait.
HYMNE XLV
1. — • sà pavasva mciddya kdm j nrcâksd clevâvitaye |
indctv îndrâya pïtâye
Toi que voilà, qui brilles au moyen des hommes(-somas),
allume le bon (?) pour la boisson, pour le régal des Célestes,
pour (servir de) boisson à l’Ardent, ô brillant.
sa. — Démonstratif liturgique.
madâya kam. — Cf. 8, 5', même formule.
nrcaksâh. — Cf. 8, 9\ nrcaksasatn toâ.
madâya. . . devavïtaye. — Cf. 6, 62, madâya devavltaye.
pâda 3. — Cf. 43, 23, même formule, sauf indum au lieu de
ndo.
2. — sci no arsàbhi dütyàm \ tvc'tm îndrâya toçase \
devcui sâkhibhya à vdram
Toi que voilà qui es nôtre, coule vers ce qui est la chose
172
LE CULTE VÉDIQUE DU SONIA
du messager. Tu coules pour l’ Ardent; (tu coules) vers les
brillants, vers le choisi, pour (tes) amis.
sa. — Démonstratif liturgique.
dütyam. — La chose du data ou d'Agni messager, porteur de
l'offrande, — en dernière analyse, le soma pavam., avec dédouble-
ment verbal. — Lud., qui fait abstraction de a rsa : « Mach dich
auf zu deiner botenpflicht. » Berg., 1, 186 et 210, paraît interpréter
de même.
pâda 2. — Cf. 27, 1, esa kaoiJi. . . torate.
sakhibhyah. — Cf. 8, 7% indo sakliâyam à rira. — Lud., en
prenant à tort ce mot pour un ablatif et varam pour un nominatif :
« Toi, meilleur que les amis. »
* 3. — utâ tvcim arunârn vaydm | gôbhiv anjmo mâdâya
kdm | vi no raye dûro vrdhi
Toi qui es rouge, (toi qui es) le bon (?), nous t’oignons
(te faisons briller) avec les vaches, pour la boisson. Ouvre
les portes pour notre richesse.
Hémistiche 1. — Cf. 43, 1, yali ( soma/i )... mvjyate gobhir
madaya; 10, 3% somâso gobhir anjate. — La comparaison de ces
passages montre l’identité significative de vayam et de somâh.
madâya kam. — Cf. 45, 32, même formule.
pàda 3. — Cf. 10, 61, apa dvârâ. . . rncanti kârarah (= somâh).
— Laisse notre richesse (nos oblations) passer, pour se manifester
au sacrifice.
4. — âty û pavitram akramld \ veiji dhûram nà yâmani |
indur deuésu patyate
Celui qui est pourvu de réconfort s’est avancé au delà
vers l’allumeur, comme vers le joug qui est dans la marche;
ce brillant tombe au pouvoir d’un maître (?) chez les Célestes.
Hémistiche 1. — rathâ ira. . . somâsah . . . akramuh. — Le soma
liquide sous le nom de vâjin vient alimenter le soma igné désigné
sous celui de pacitra , et ce dernier est comparé à un joug que traîne
Le culte védique du soma
173
le cheval (= va jî = somali ) sur le chemin (yàmani) suivi par les
libations ou par le soma même, avec dédoublement verbal de l’idée
du mot qui le désigne. — Berg., I, 222, interprète énigmatique-
ment : le cheval-sonm « dont le tamis est le joug ».
indur devesu. — Cf. 44, 5:), somo devesu.
pâda 3. — Le maître dont il s’agit est le soma pavam., qui s’em-
pare du soma liquide au fur et à mesure que celui-ci s’allume et
devient brillant.
5. — sâm ï sdklmyo asvaran \ veine krüantam âtyavim |
indum nàvâ anüsata
Les amis réunis ont rendu sonore (ou ont retenti vers)
celui qui jouant dans le bois a traversé la toison de la brebis;
les chants ont chanté le brillant (ou ont chanté vers lui).
pâda 1. — Les amis (de la libation) ne peuvent être que les
somas (crépitants).
pâda 2. — Cf. 6, 5:t, même formule.
sam. . . sakhüyali. . . indum. . . anüsata. — Cf. 39, 6, samïcinâ
anüsata harim.
pâda 3. — ■ Cf. 32, 5, abhi gàvo anüsata yosct jaram iva priyam.
6. — tdyà pavasva dliârayd | ydyâ pîtô vicdksase j
indo stotré suviryam
Allume-toi au moyen de ce courant par lequel (tu es) bu
pour l’éclat, — ô brillant, toi qui procures au chanteur ce
qui a de beaux héros.
tayâ. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 1, V, pavasva soma dhârayâ.
pïtah. — Lud., arbitrairement: « grossi. » — L’expression pîto
vicaksase commente excellemment pavasva , — preuve importante
qu’il ne s’agit pas de clarification. — Cf. 39, 3!, vicaksâno viro-
cayan.
pada 3. — Cf. 20, 7:) et 40, 5‘2, stotre suviryam. — Pour Berg.,
I, 150, note , « il n’est pas sûr que le mot suvîrya ait d’autre signi-
fication que celle d'abondance d'enfants mâles ».
174
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
HYMNE XL VI
1. — dsrgran demœltayê | ’tyâsah krtvyci iva |
ksctrantah parva tâvrdh ah
Ils ont coulé pour le régal des Célestes, — pareils à des
coursiers, édificateurs (?), — eux qui, s’élançant, croissent
par la montagne.
pada 1. — Cf. 20, l1, pra kavir devacïtaye. . . arsati.
atyâsaJj . . . ica. — Cf. 13, 6, atyâ hiyànà na. . . asrgram.
parcatâcrdhah. — Cf. à parvata l’emploi métaphorique de
adribhih dans la formule : harini hinvanty adribhiJj. — Peut-être
faut-il entendre « qui se développent dans la montagne, » c’est-à-dire
au sommet des llammes formées par le soma pavam. qui s’élève
au-dessus du soma liquide. En tous cas, le mot montagne ne
saurait être entendu au propre, comme le fait Berg., II, 36, à la
suite des autres interprètes.
2. — pâriskrtâsa indavo | yôseca pitryàvati I
vdyâm sômâ asrksata
Les brillants développés tout autour, pareils à la femme
pourvue de ce qui lui vient de son père, — les liquides ont
coulé (vers) le Vent.
pada 1. — Cf. 43, 33 * S, somalj . . . pariskvtah .
pada 2. — La femme-libation à laquelle son père-soma donne
ce qu’il a. — Berg., II, 257, ajoute, sans qu’on voie pourquoi,
« (l’épouse parée) pour Indra ».
pada 3. — Cf. 7, 7, sa ( somalj ) câyum. . . gachati. — Ce pada
n’aurait pas de sens raisonnable si câyum n’y était pas employé
métaphoriquement.
3. — été sôinüsa indavah | prdyasvantah canin sutàh j
indram vardhanti kârmabhih
Ces liquides, (ces) brillants — pourvus de (réconfort),
175
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
savoureux, coulés dans la coupe, — accroissent l’Ardent
avec leurs œuvres.
ete. — Démonstratif liturgique.
camü sutâh. — Cf. 36, 1% camvoh suiah.
pàcla 3. — Cette formule est très expressive, si on laisse à
karmabliili, selon la règle absolue de l’interprétation védique, son
sens concret : Indra ou le feu sacré est accru par les œuvres ou
les flammes du sonia pavamana. — Lud., arbitrairement : « Par
leur action, leur énergie. »
4. — à dhcwatâ suhastyah \ çukvâ grbhnlta manthinà |
gôbhih çrïnïta matsarâm
Accourez, ô vous qui avez de belles mains; saisissez les
brillants avec celui qui (les) agite (le feu sacré); allumez
le liquoreux à l’aide des vaches.
pâda 1. — Cf. 11, 5, hastacyutebhir adribhih sutam... â
dhcwatâ.
pâda 2. — Cf. 1, 72, â gvbhnanü yosano daça. — Je considère
manthinà comme un instrumental sing.
pâda 3. — Cf. 1, 92, çrïnanti dhenavah çiçum. — Berg., II, 56,
qui voit ici la cuisson du soma par les vaches, trouve la formule
« bizarre » et dit qu’elle « paraît signifier que le lait qu’on mêle à
Soma, ou les prières qu’on chante en son honneur complètent la
préparation du breuvage sacré, comme une cuisson réelle complète
la préparation des autres offrandes ». — C’est aller chercher bien
loin une explication qui est sous la main, si l’on entend que le
soma pavam. est le soma igné, comme ce vers tout entier l’indique
bien clairement.
5. — set pavasva dhanamjaya | prayantâ ràdhaso mahàh
asmcibhyàm somci gdtuuit
O toi que voilà, conquérant de la richesse, développeur
de la grande oblation, allume-toi, — ô liquide qui trouves
la voie pour nous.
sa. — Démonstratif liturgique.
176
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
pàda 2. — Cf. 1, 33, parsi râdhaJj.
gâtuvit. — Cf. 44, 62, gâtuvittamah.
6. — etàm mrjanti mârjyam | pâvamânam dâça ksi/) a h \
indrâya matsarcim müdam
Les dix flèches(-doigts) frottent (font briller) cet allumé
qui doit être rendu brillant, — cette boisson liquoreuse
(destinée)- à l’Ardent.
etam. — Démonstratif liturgique,
pàda 1. — Cf. 15, 7', même formule,
pàda 2. — Cf. 15, 8, etam. . . daça ksipo mrjanti.
pàda 3. — Cf. 26, 6, hinvanti... indrâya matsciram; 27, 5%
matsaro madah.
HYMNE XL Vil
1. — ayà sômâh suhrtyâyâ ] mahâç çid abhy àvardhata |
mandânâ ûd vrsâyate
Au moyen de ce qui est de la nature de ce bel édificateur,
le liquide, quoique (déjà) haut, a grandi; en abreuvant, il
s’élève (comme) sous la forme d’un taureau (en mugissant).
agâ. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 12, 4, malügate somali. . . sukratuJj.
sukrtyayâ. — Dédoublement verbal, confirmé par l’emploi de
s ukratuJi comme synonyme de soma. — Berg., II, 235 : « Tout
grand qu’il est, il est accru encore par l’œuvre du sacrifice. » —
Mais qu’est-ce que cette œuvre, sinon la vivification du feu sacré
par le soma?
pàda 3. — Cf. 5, 6, paramâno vvsanyati.
2. — krtànid as g a kdrtvd | cétante dasyutârhanâ |
rnâ ca dhrsnûç cagate
Les choses qu’il avait à faire (les flammes qu’il avait à
édifier) sont faites; celles qui ont pour effet de briser les
Le CULTE VEDIQUE DU SOMA
17?
liens, (ces flammes en éruption) brillent; et l’audacieux
(soma) châtie les fautes (fournit ce qui manque, — l’oblation).
asya. — Démonstratif liturgique.
pâda 2. — Cf. 41, 23, dasyum aoratam.
pâda 3. — Cf- le composé rnamcaya. — - Berg., III, 173 : « (Le
soma) fait payer les dettes. »
3. — àt soma indriyô râso \ vâjrah sahasrasâ bhuvat |
ukthâm ycicl asya jâyate
(Venant) de celui-là, le liquide, — le suc qui est de la
nature de l’Ardent, (l’arme) issue du réconfort qui con-
quiert mille (dons), - — s’est manifesté, alors que son chant
s’est produit.
àt. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 23, 5, somo arsati. . . dadhâna indriyam rasam;
l’apposition soma = indriyo rasah atteste le dédoublement verbal
entre somah et rasam dans le passage comparé.
vajrah. — L’apposition de ce mot à somah indique un dédou-
blement verbal, c’est-à-dire l’identité significative des deux mots.
pâda 3. — - Très expressif : le crépitement est le signe de l’allu-
mage du soma pavamàna.
Berg., 1, 169, et II, 254, traduit : « Soma le breuvage d’Indra est
devenu la foudre qui conquiert mille biens, quand son hymne
retentit. »
4. — svayâm kavîr mdhartàri | vipvâya râtnam ichati |
yddi marmrjyâte dhiyah
Le sage recherche son bien, — (qui est) dans le soutien
pour l’agité, — alors qu’il rend les pensées(-crépitements)
brillantes.
Hémistiche 1. — Dédoublement verbal entre le sens des mots
kainli = vidhartari = viprâya — ratnam : autant de termes divers
se rapportant à un même objet.
pâda 3- — Cf. 17, 7, tam... vàjinam dhlbhir viprâ avasyavah >
12
178
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
mrjaati. — Les pensées-crépitements sont rendues brillantes ou
allumées par le soma pavana.; ou elles rendent celui-ci brillant,
— selon le point de vue cerbal auquel on se place.
5. — sisâsâtü rayinâm | vâjesv ârvatâm iva |
bhâresu jigyûsâm asi
Tu es désireux de conquérir les richesses pareilles à des
coursiers qui sont dans les réconforts, — (tu es désireux de
conquérir) les conquérants qui sont dans les porteurs.
padas 1-2. — Cf. 7, 4% vâji sisâsati ■ — Dédoublements verbaux :
rayïnam = vâjesu — blmresu = jigyûsâm : autant de termes dif-
férents qui s’appliquent aux somas.
HYMNE XLVII1
1, — tàm tvâ nrmnâni bibhratam | sadhàslhesu tnahô
diüdh | cdruin sukrtyâyemahe
Nous te recherchons au moyen de ce qui est de la nature
du bon édificateur, — toi que voilà, qui supportes (ou
apportes) les choses qui sont pourvues d’hommes(-somas),
— (toi qui es) beau dans les résidences communes (aux
deux sortes de soma) du ciel élevé.
tam tvâ. — Démonstratif liturgique.
pàda 1. — Cf. 7, 4, kaoir nrmnâ vasâna/i.
sadhaslhesu. — Cf. 17, 8% sadliaslham âsadaJi . — Berg., 1, 170,
prend le mot « ciel « au sens propre.
suhrtijayâ. — Cf. 47, 1\ sukrtgayà.
2 . — s à m vrktad hrs tium ukthyàm \ mohàmahiyratam
màdcun | çatâm puro rurukmnim
(Toi qui es) audacieux à l’aide de ce qui est répandu (l’of-
frande), — (toi qui es) de la nature du chant, — (toi), boisson
dont le grand objet désiré vient du grand (dont le suc-soma
LE CELTE VEDIQUE DU SOMA
179
vient du grand-soma), — (toi) qui désires briser les cent
forteresses.
ukthyam. — Cf. 29, 2% uhthyam.
maliâmahioratam. — Berg., III, 237, propose de traduire : « Dont
les lois ou dont les oeuvres conformes à la loi sont très grandes. »
3. — citas tvd rayim abhi | râjdnam sukrato divâh \
suparnô avyathlr bharat
De ceci, — ô toi qui as de belles œuvres, — r(oiseau) aux
belles ailes qui ne trébuche pas, a apporté la richesse vers
toi, le roi du ciel.
atali. — Démonstratif liturgique.
râjânam. — Cf. 20, 5% team râjeva .
pâda 3. — Cf. 38, 4'2, çyenali.
4. — viçvasmd U svàv drçé [ sâdhài'agam l'ajastùram |
gopâm rtâsya vit' bharat
Pour ceci qui a tous (Les dons), pour la vue du soleil(-feu),
l’oiseau t’a apporté, — ô toi qui supportes de concert (avec
le soma liquide, le feu sacré), — (toi) qui traverses (ou
domines) le rajas, — toi, le pâtre de (l’oblation) coulée.
pâda 1. — - Cf. 4, 6% paçyema sîiryam. — Le développement du
soma pavam. offre le spectacle du soleil- soma.
rajasturam. — Cf. 3, 8, esa divam vy âsarat tiro rajânsi.
gopâm. — Cf. 5, 9', gopâm.
vir bharat. — Cf. 48, 3:!, suparnah... bharat. — L’oiseau en
question est une personnification du soma.
5. — âdhâ hirwdnd indriyâm \jyâyo mahitvâm dnaçe |
abhistikrd vicarsanih
Maintenant, en s’agitant, il a atteint ce qui est de la nature
de l’Ardent, la grandeur supérieure, — (lui) qui développe
le soutien (?), — * (lui) hactih
180
LE CULTE VEDIQUE DU SO\ÎA
adhâ. — Adverbe qui tient lieu d’un démonstratif liturgique,
pada 1. — Cf. 30, 2, indur hiyânati. . . iyarti vagnum indriyam.
HYMNE XLIX
1. — pâuasva vrstim à su no \ ’pâm ûrmim divas part \
ayaksmâ brhatir isah
Allume en t’approchant (d’elle) notre pluie, le Ilot des eaux
du ciel(-feu) en (les) entourant, — (allume) les grandes liba-
tions non malades.
Hémistiche 1. — Cf. 8, 8', vrstim dicah pari srara, — indice
qu’il faut construire pari pavasra. — Il ne s’agit pas de la pluie
qui vient du ciel (ablatif), mais de la pluie qui est à lui (génitif ,
et qui l’alimente.
apâm ûrmim. — Cf. 33, 1% apâm. . . ürmayah.
pavasva. . . brhatir isah. — Cf. 42, 63, même formule.
ayaksmâh. — Qui n’ont pas le mal, la maladie-obstacle, — qui
ne sont pas empêchées par elle.
2. — tcfjjd pavasva dhàvayà \ yâtjct yàva ihàgàman |
jânydsa upa no grhâm
Allume-toi avec ce courant au moyen duquel les vaches
(-libations) sont arrivées ici. Celles qui proviennent du mâle
(-soma) sont venues vers notre demeure.
tayü. — Démonstratif liturgique.
pada 1. — Cf. 45, 6’, même formule.
janyâsaJi. — Cf. peut-être les yosano dura des vers 1, 7- et 6, 5S.
no grham. — Le lieu, le réceptacle où nos libations sont censées
se réunir.
3. — ghrtàm pavasva dhàvayà | yajnésu devavitamah |
asmàbhyam vrstim à pava
Allume le ghrta au moyen du courant dans les oblations,
I.E CULTE VÉDIQUE nU SOMA
181
ô toi qui régales par excellence les Célestes; allume la pluie
pour nous.
deoavïtamali. ■ — Cf. 25, 33, même épithète.
vrstim à pava. — ■ Cf. 49. V, paoasva vrstim. — Lud., sans tenir
compte des nécessités grammaticales : « Apporte-nous la pluie au
moyen de la clarification. » — Berg., I, 260, remarque à juste titre
« que le beurre ( ghrta ) et la pluie qu’on demande à la fois à Sonia
ne sont qu’une seule et même chose » ; — seulement il ne s’agit pas
de faille couler (en réalité allumer ) la pluie (Berg., I, 218), sinon
une pluie pour ainsi dire subjective et qui n’est autre que le soma
lui-même.
4. — sâ na ürjé vy àvydyam | pavitram dhcïva dhàrayâ |
devâsah çrnâvan ht kam
Toi que voilà, coule au moyen du courant à travers l’allu-
meur issu de la brebis, pour notre fort (soma); les Célestes
ont entendu le (bruit du) bon.
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 25, 6, â paoasva. . . pavitram dhàrayâ. —
Dédoublements verbaux : ürje = dhàrayâ.
ham. — Inséparable, à ce qu’il semble, quoique non accentué,
de kâm, aux vers 45, 1 et 3, etc.
5. — pavamâno asièyadad \ râksânsy apajânglianat |
pratncivckl roedyan rûcah
L’allumé (le liquide) a coulé; il a détruit en les écartant
les gardiens; il a fait briller ce qui est pourvu de l'ancien,
— les lumières.
pâda 1. — Cf. 30, 42, même formule,
pàda 2. — Cf. 37, 1% sa sutah. . . vighnün raksânsi.
pàda 3. — Cf. 9, 8:), même formule, sauf rocayâ, au lieu de
rocayan.
LE CULTE VÉDIQUE DU SO.MA
m
HYMNE L
1. — ût te çûsmâsa irate \ sindhor ûrmér iva svandh |
vândsya codaycL pavim
Tes ardeurs se sont élevées, comme le son, du Ilot de la
rivière; mets en mouvement 1 éclat (?) du (sifflet de) roseau.
te. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — « Les ardeurs » du soma qui s'élèvent impliquent
qu’il s’agit de flamme et non de liquide.
sindhor ürmer iva. — Cf. 39, 43, sindhor ürmà. — Il s’agit du
flot des libations crépitantes, et non pas du son du flot (Berg.,
I, 154) d’une rivière réelle, sinon par allusion.
püda 2. — Le poète a en vue le crépitement du soma liquide
se transformant en flammes.
pâda 3. — Cf. 17, 53, isnan sûryam na codayah. — Le soma
pavam. crépitant est comparé à un feu (?) ou à une pointe (?) qui
siflle.
2. — prasavé ta ûd ïrate | tisrô vâco makhasyûvah \
ydd dvya ési scinavi
Dans ta poussée s’élèvent trois voix belliqueuses, alors que
tu vas dans le sommet issu de la brebis.
te. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Même observation que sur 50, 1'. — Le mot prasare
ne saurait comporter ici aucune idée de pressurage.
tisru vâcah. — Cf. 5, 8\ a gaman tisro devïh supeçasah ; 33, 4',
tisro vâca ud Irate.
makhasyûvah. — Cf. 20, 7’, makho na. — « Belliqueuses, »
parce que ce sont celles du héros soma.
pâda 3. — Cf. 31, 53, oarsièthe adhi sânavi. — Ces formules
excluent absolument l’idée d’un tamis de peau de brebis à travers
lequel passerait pour se clarifier le soma pavamàna.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
18?.
3. — dvyo vâre pari priyâm \ hdrim hinvanty âdribhih |
pdvamdnam madh uçcûtam
Ils mettent en mouvement au moyen des pierres, en
l’entourant, le doré agréable qui est dans l’enveloppe de la
brebis, — l’allumé d’où coule (ou dans lequel coule) le doux.
Cf. 36, 43, pavate vâre avyaye; 12, 4-, avyo vâre malilyate;
7, 6’, aoyo vâre pari priyo harir vanesu sïdati.
pàda 2. — Cf. 39, 62, même formule.
madhuçcutam. — Cf. 12, 6\ koeam madhuçcutam.
4. — à pavasva madintama | pavitram dhârayà kâve \
arkcisya yônim âsâdam
Même texte que 25, 6.
5. — sd pavasva madintama | gôbhir aiïjânô aktûbhih |
indav indrâya pîidye
Toi que voilà, ô très liquide, allume-toi en t’oignant avec
les vaches-onctions, — ô brillant, pour (servir de) boisson à
l’Ardent.
sa. — Démonstratif liturgique.
pàda 2. — Cf. 45, 3, toâm. . . vayam gobhir aîijmo madâya. —
Berg., II, 56, a raison de dire qu'il s’agit ici de « vaches litur-
giques ».
pàda 3. — Cf. 1, 1% indrâya pâtave.
HYMNE LI
1. — dtdhvaryo âdribhih sutdm | sômam pavitra â srja \
punlhindrâya pâtave
O toi désireux de l’oblation, fais couler le liquide mis en
mouvement par les pierres qui est dans l’allumeur; allume-
toi pour (servir de) boisson à l’Ardent.
184
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
adhvar-yu. — Dérivé (comme adhcar-a, oblation enflammée
= soma pavam.) de adh-car « brûlant ». Ce n’est qu’à l’époque
brahmanique que le mot adhcaryu a pris le sens de prêtre.
pâda 1. — Cf- 24, 5’, adribhih sutali.
pâdas 2 et 3. — Cf. 16, 3S~\ mêmes formules.
2. — diva h piyusam uttamdm | sômam indrâya vajrine |
sunôtâ mâdhumattamam
Faites couler le lait très élevé du ciel(-feu), — le liquide
destiné à l'Ardent muni de ce qui est issu du réconfort (le
vajra), — le très doux.
pâda 2. — Cf. 30, 6% même formule.
pâda 3. — Cf. 30, 6', même formule. — Dans l’expression « le
lait du ciel » (cf. vrètili. . . dicali, 49, 1, etc.), ce dernier mot ne
saurait être pris au propre, et l'expression entière ne peut signifier
la pluie qui, dans la théorie naturaliste, est destinée aux hommes,
et non pas à Indra.
3. — tciva tyd indo àndhaso | devâ mddhor vy àçnate |
pàiuamdnasya marûtah
Ces Célestes goûtent, ô brillant, ton doux and fias; les
Impétueux (goûtent) l’allumé.
tava tye. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 18, 32, deoâsah pïtirn àçata.
4. — tvâm hi soma uardhâyan | sutô mddâya bhurnaye |
vrsan stotâram ütdye
(Je t’appelle), ô toi, liquide coulé pour la boisson (des-
tinée) au fort, pour le régal. — ô taureau qui accrois le
chanteur.
tvarn. — Démonstratif liturgique.
vardhayan. — Lud., arbitrairement : « erregend, » — le rad.
vrdh signifie toujours, dans le Véda, accroître au sens matériel.
— Cf. Berg., II, 236.
madCuya bhürnaye. — Cf. 16, l2, inadâya ghrsvaye.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
185
ütaye. — Le régal, comme le fort [bhûrnayc), est en quelque
sorte personnifié.
vardhayan... stotâram. — L’expression revient à dadliise
girah (6, 92 3).; cf. 40, 53, jaritur oardhayâ girah; 43, 6% pavasva...
viprasya grnato vrdhe.
5. — abhy àrsa vicaksana \ pavitram dhâvayd sutâh \
ahhi vâjam utâ çrdvah
O éclairé, — toi qui es mis en mouvement par le courant,
— coule vers l’allumeur, vers le réconfort et (vers) la voix
Hémistiche 1. — Cf. 24, 5, yad adribhih sutah pavitram pari-
dhàvasi; 25, 6, à pavasva. . . pavitram dhârayâ.
dhârayâ sutali. — LucL, très arbitrairement : « Im strome
gepresst. » — Cette expression fournit la preuve évidente que suta
ne signifie pas « pressé » ; on ne presse pas avec un courant de
liquide.
pâda 3. — Cf. 1, 43, même formule.
HYMNE LU
1. — pari dyuksdh sanâdrayir | bliàrad vâjam no
ândhasâ | suvânô arsa pavitra â
(O toi) qui résides dans le ciel(-feu), — toi qui as pour
richesse ce qui conquiert (le héros soma), — apporte le
réconfort au moyen de notre andhas; arrive en coulant
autour (de lui) dans l’allumeur.
sanadrayih. — 'Je considère le premier terme des composés sur
ce type comme apposé au second.
pari. . . andhasà. . . arsa. — Cf. 1, 4, abhy arsa. . . andhasâ.
pâda 3. — Cf. 6, 3% même formule.
2. — tâva pratnébhir âdlivabhir | dvyo vâre pdri priyâh \
sahdsradhâro yât tdnâ
Puisses-tu, au moyen de tes marches anciennes (celles du
18G
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
soma déjà allumé auquel viennent se joindre les libations
nouvelles), — toi, l’agréable, qui as pour courants les mille
(dons), — aller circulairement dans la toison de la brebis,
au moyen de ce qui s’étend.
tava. — Démonstratif liturgique.
pratnebhiv adhvabhib . — Cf. 3, 9, pratnena janmanâ. . . sutah ;
42, 2\ pratnena manmanâ. . . devait . . . sutah.
pâda 2. — Cf. 7, 6', même formule.
sahasradhârah. — Cf. 13, 1, somah . . . arsati ftahasradhâro
aty avili.
tanâ. — Cf. 16, 8, soma. . . tanà. . . avyo vâram vi dhâvasi.
3. — carür n<\ yàs tâm inkhayé | -ndo nd dànam inkhaya |
vadhair vadhasnav inkhaya
O brillant, mets en mouvement celui-là qui est comme un
pot, — mets en mouvement ce qui est comme un don, —
mets-(le) en mouvement, ô frappeur, au moyen de tes coups.
tam. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Le pot qui est censé contenir le soma avant qu’il no
soit versé.
ïnk/taya. — Cf. 35, 2 et 5, samudrarnïiikhaya, — vücamîn-
khayam.
pâda 3. — En agitant le soma liquide, le soma pavam., sous le
nom de indu (dédoublement verbal), est supposé briser avec ses
armes, ou ses flammes assimilées à des coups personnifiés (r adhaili),
le vase qui le contient d’après Berg., I, 215, ce vase serait le
nuage).
4. — ni çûsmam indav esâm \ puruhûta jânândm \
yô asmân âdideçati
O brillant, toi qu’appellent les nombreux (somas), descends
vers l’ardeur (la chose ardente, la flamme) de ces hommes
(-somas) qui nous éclaire.
La traduction de ce vers difficile est partiellement hypothétique.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
187
5. — çatàun na inda ütibhih | saliâsram va çûclnâm |
pdvasva manhayddrayih
O brillant, allume-toi, — • ô toi dont la richesse est le
généreux (soma), — soit au moyen de nos cent festins, soit
au moyen de mille (festins) étincelants.
pâda 1. — ■ Cf. 4, 5 et 6, tavotibhih.
pâda 3. — Cf. 52, 1’, sanadrayih.
HYMNE LIII
1. — ût te çûsmdso asthü | rdkso bhinddnto adrivah \
nuddsua yâh parisprdhah
Tes ardeurs se sont dressées, — ô toi qui es pourvu des
pierres(-libations), — en brisant le gardien; écarte ceux qui
t’entourent pour te faire obstacle.
te. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 50, 1', ut te çusmâsa ïrate. Mêmes remarques.
pâda 2. — Cf. 1,2', raksohâ. — L’expression est caractéristique,
il s’agit de briser ( bhid ), de fendre une barrière, un obstacle. —
adrivah. — Remarquer que toutes les qualifications de ce pâda ap-
pliquées au soma sont aussi celles que reçoit habituellement Indra :
nouvelle preuve de son identité essentielle avec le soma pavamàna.
pâda 3. — Cf. 20, l2 3, sâhvân. . . abhi sprdhah-
2. — ayâ nijaghntr ôjasâ \ rathasamgé dhâne liité \
stâvâ dbibhyusâ hrdâ
Destructeur (de l’obstacle) au moyen de cette force rési-
dant dans la richesse réunie sur le char, (et) mise en mou-
vement, je chante avec un cœur que la crainte n’écarte pas.
La libation identifiée au sacrificateur a la parole.
ayâ. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 34, l3, rujad drlhâ vy ojasâ.
pâda 2. — Cf. 10, 2', hinoànüso rathâ ira.
188
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
hrdâ. — Cf. 8, 3% hardi codaya. — « Le cœur », c’est-à-dire
l’intérieur (du corps) considéré métaphoriquement comme un
réceptacle du soma et comme le soma lui-même. Cf. 70, 9, soma...
indrasya hardi. . . à vira.
3. — âsya vratâni nâdhrse | pduamânasya dûdhyâ \
rujâ yàs tvd prtanydti
Les objets du désir de cet allumé ne sont pas pour l’au-
dacieux qui s’aide de la mauvaise pensée (= absence de
pensée, c’est-à-dire de crépitement). Brise celui qui lutte
contre toi (l’obstacle).
pàda 1. — Berg., III, 221 : « Le mot v rata se construit encore
avec la racine dJirs « oser », accompagnée du préfixe â et de la
négation pour former une locution dont le sens est « ne rien entre-
prendre contre la loi. » — Mais âdhrse peut être considéré comme
le datif sing. d’un nom d’agent, et je l’ai interprété comme tel.
dûdhyâ. — Sày., justement : « râksasena. »
pâda 3. — Cf. 35, 3% abhi syâma prtanyatah.
4. — tara hinvanti madacyâtam | hdriin nadisu vdjinam |
indum indrâya matsarâm
Ils mettent en mouvement ce doré qui est dans les rivières,
qui arrose avec la boisson, (ou dans lequel elle coule), qui
est pourvu de réconforts, — le brillant liquoreux (destiné) à
l’ Ardent,
tara. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 26, 6', tara toâ hinvanti.. . pavamâna.
pâda 3. — Cf. 26, 6% indav indrâya matsaram.
HYMNE LIV
1. — asyâ pratnâm ânu dyûtam | çukrctra duduhre
âhrayah | pdyah sahasrasâm rsim
Les actifs (?) ont trait, — en suivant l’éclat antérieur de
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 189
celui-ci, — le lait brillant qui conquiert mille (dons), — le
chanteur (risi).
asya. — Démonstratif liturgique.
pacla 1. — Cf. 52, 21, tara pratnebhir adhcabhih. — « Les
chemins précédents, » « la lumière précédente, » — métaphores
pour désigner le soma déjà allumé auquel vient s’allumer le soma
qui ne l’est pas encore.
çukram duduhre . . . payait. — Cf. 19, 53, ydli çukram dulioie
payait. — Sur les adjectifs qui expriment l’éclat du soma, voir
Berg., 1, 154.
sahasrasâm. — Cf. 47, 32, somali. . . sahasrasd.
2. — aydm süvya wopadrg | aydm sdrdnsi dhàvati |
saptd pravdta â divam
Celui-ci a l’apparence du soleil; celui-ci coule (vers) les
eaux, — vers les sept sommets (des flammes), — vers le
ciel(-feu).
ayant. . . ayant. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — La comparaison süvya ira (cf. 41, 5', sa pa-
rasoa... sûryo na) explique la métaphore de 5, 112, etc., où le
soma pavam. est. appelé süryah.
pàda 3. — Cf. 6, 4, indava dpo na pravatàsaran. — Berg.,
II, 140 : « Les sept pentes1 par lesquelles Soma s’élève dans le
ciel paraissent correspondre à sept mondes superposés. »
3. — aydm viçudni tisthati | punànô bhûvanopàri |
sômo devô nâ suryah
Celui-ci, l’allumé, se tient debout au-dessus de tous les
êtres (ou de toutes les essences = les somas liquides), —
(lui) le liquide, le Céleste pareil au soleil.
ayam. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 53, l1, ut te çusmâso asthuli.
1. L’étyrtiologie ( pra-ôat ) indique rion pâs le sens de «pente, » mais celui
de tt chose qui s’avance ou s’élève ».
190
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pada 3. — Cf. le vers précédent pour la comparaison qui porte
ici sur l’éclat du soleil-feu et celui du soraa pavamàna.
4. — pdri no deuâuitaye | vàjâii arsasi gômatah [
punânâ indav indrayûh
Tu coules autour de nos réconforts pourvus de vaches,
pour le régal des Célestes, — ô l’allumé, ô brillant, toi qui
désires devenir l’ Ardent.
Hémistiche 1. — Cf. 20, 1, kavir deoavïtaye. . . arèati.
pada 2. — Cf. 42, 6, goman nah soma. . . vâjavat.
pada 3. — Cf. 2, 9, asmabhyam indav indrayûh. . . pavant' a.
HYMNE LV
1. — y avant yavam no ândhasâ | pustâm pustarn pdri ■
sraua | sôma viçvà ca saûbhagà
Enveloppe en coulant au moyen de notre andhas l’orge,
nourri qui se succède; ô liquide, (enveloppe en coulant)
tout ce qui est delà nature des belles parts (des belles
oblations).
Hémistiche 1. — Cf. 1,4, abhy arsa. . . devânâm cïtim andhasâ ,
— d’où l’on peut conclure que yavam pustarn est la même chose
que devânâm vïtim. — yavam, métaphore pour désigner la libation
en tant que nourrissante, et de ce qu’elle est nourrissante, elle est
naturellement nourrie ou engraissée (pusta).
pada 3. — Cf. 4, 2, sanâ. . . viçvâ ca soma saubhagâ. — Berg.,
III, 9, note, traduit très librement : « O soma, coule et fais pros-
pérer nos blés. »
2. — indo yâthd tara stdvo | yàtliâ te jâtcan àndhasah \
ni bar/dsi priyé sadali
O brillant, pour que ton chant (se produise), pour qu’à
toi soit ce qui est issu de l’ andhas , — assieds-toi sur le fort
qui t’est agréable.
LE CULTE védique du soMa
101
(ara. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Lud. : « Indu entsprechend deinem preise, wie
es entsprechend dem sàfte entstanden. » Traduction extraordinaire
à tous les points de vue et qui permet de juger la théorie qui la
nécessite.
jâtam andhasah. — Berg., II, 22 : « Soma naît d’une certaine
plante. » — Ce passage ne saurait le prouver que si l’on fait
abstraction du dédoublement verbal en vertu duquel andhah
= somah.
pada 3. — Cf. 19, 3, adhi barhisi. . . yonim üsadat. — Le soma
s’assied naturellement sur le barhili, autre nom du soma même,
auquel il est inutile d’attribuer à ce propos, avec Berg., I, 182,
note, une forme céleste.
3. — utd no govid açvavît \ pàvasua somàndhasâ \
maksùtamebhir âhabhih
O liquide, allume au moyen de 1 ’andhas, ce qui trouve
les vaches, ce qui trouve les chevaux, — (allume-le) au
moyen des jours (= feu sacré) très actifs.
pada 1. — Cf. 36, 6, açvayuv gavyayuh soma.
pada 3. — ahabliilj. est grammaticalement parallèle à andhasü,
d’où la nécessité d’attribuer à ce mot un sens métaphorique; on
n’allume pas « avec des jours », mais, par exemple, avec des
flammes dont l’éclat est comparé à celui des jours; l’épithète
maksutama convient à cette interprétation et la confirme. — D’ail-
leurs, intention paradoxale: l’auteur s’est proposé une énigme. —
La traduction Lud, : « Au moyen (c’est-à-dire durant) des jours
rapides, » est insignifiante et en désaccord avec les exigences de la
grammaire.
4. — go jinàti nd jiyate j hdnti çdtrum cibhitya j
sd pavasva sahasrqjit
Celui-là qui conquiert (et) qui n’est pas conquis, (qui) tue
l’ennemi qui lui fait face (?), — que celui-là qui a conquis
mille (dons) s’allume.
102
LE CÜLTE VÉDIQUE DU SO\lA
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 2. — Cf. 19, 7, ni çatroli soma, vrsnyam. . . tira,
sahasrajit. — Cf. 47, 3, somaJi. . . rasai) . . . sahasrasâ.
HYMNE LVI
1. — pari soina rtâm brJiâd j dçûh pavitre arsati \
vighndn râksânsi devayûh
Le liquide rapide, — le fort, le coulé, — coule circulai-
rement dans l'allumeur, désireux de devenir céleste en dé-
truisant les gardiens.
Hémistiche 1. — Cf. 17, 1% somâ asrgram âçavali; 18, P,
pavitre somo aksàh.
pàdas 1-3. — Cf. 17, 3, somaJi pavitre arsati vighnan râksânsi
devayuî) .
2. — ijàt sômo vâjam arsati \ çatàrn dhàrâ apasyûvah |
indrasya sakhyàm dviçan
Quand le liquide coule (vers) le réconfort, (vers) les cent
courants, désireux d’(édifier) leurs œuvres en pénétrant la
chose amie de l’ Ardent. . .
pâda 1. — Cf. 51, 53, arsa. . . abhi vâjam.
çatam dhârâli. — Cf. 52, 21, ( somah ) sahasradhârali.
pâda 3. — Cf. 8, 71, indo sakhüyam ü viça. — « L’ami » ou la
chose amie de l’ Ardent est le soma liquide, ou même, avec dédou-
blement verbal, le soma pavam. — Traduire avec Lud. : « Il est
entré dans l’amitié d’Indra, » est un pur modernisme. — sakhyam,
proprement « ce qui vient de l’ami, ce qui est de la nature de
l’ami », d’où (mais postérieurement) « amitié ».
3. — abhi tüd yôèano dâça | jardin nâ kanycinüsata (
mrjyâse soma sâtàye
Les dix femmes ont crié vers toi comme une jeune fille
Vers son amant. O liquide* tu es rendu brillant pour la Con-
quête (ce qui conquiert = le conquérant-soma).
193
Le culte védique du soma
tvâ. — Démonstratif liturgique.
pàda 1. — Cf. 1, 72, tam. . . a grbhnanti yosano daça.
pâdas 1-2. — Cf. 32, 5, abhi gâvo anüsata yosà jâram iva
prigam. — Les dix femmes = les dix doigts des flammes cré-
pitantes; cf. Berg., II, 29.
pàda 3. — Pour conquérir le soma liquide, le soma igné a
besoin de ses flammes. — Cf. 3, 33, harir vâjâya mjjyate; 7, 9%
vâjasya sâtaye.
4. — tvdin indràya visnave \ svâdûr indo pari srava |
nrn stotrn pàhy ctnliasah
Toi qui es doux, ô brillant, coule circulairement pour
FArdent, pour l’Actif; écarte de l’oppression les hommes
(-somas), les chanteurs.
tvcim. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 34, 2, indràya. . . somo arsati visnave,.
HYMNE LVII
1. — prà te dhàrâ 'asaçcdto \ diuô nd yanti vrstdyah |
àchd vâjam sahasrinam
Tes courants, qui ne suivent pas (qui vont en avant?),
s’avancent comme les pluies du ciel(-feu) vers le réconfort
aux mille (dons).
te. — Démonstratif liturgique.
pàda 2. — Cf. 39, 23, vrstim divali pari srava. — Cette pluie est
le soma même.
pâda 3. — Cf. 38, l3, gachan vâjam sahasrinam,
2. — abhi priyâni kâuycL | viçuâ càksdno arsati J
hâris tunjànd àyudhâ
Il coule en brillant (ou en regardant) vers toutes les choses
13
194
LE CULTE védique Du soMa
agréables qui sont de la nature du sage (soma), — (lui) le
doré qui lance ses armes.
Hémistiche 1. — Cf. 23, 1, soma asrgram... abhi viçvâni
kâoyâ. — Contre toute vraisemblance, Lud. construit kâcyâ avec
caksânali et non pas avec arsati. — Berg., I, 185 : « En coulant
et en se clarifiant, il donne toutes les sagesses. »
pâda 3. — Cf. 35, 4% induit... vidâna âyudhâ. — Comment
Lud., qui traduit « le doré qui lance ses armes », n’a t-il pas vu que
cette qualification ne saurait s’appliquer qu’au soma enflammé?
— Berg., 1, 224, constate, mais sans en donner la raison, que
Soma « est un héros armé ».
3. — sa mavmpjânà cïyûbhiv | ib/io rùjecci suvvatàh \
çyenô nd vànsa sîdati
Cet éléphant (?) qui, pareil au roi, se rend brillant au
moyen des actifs, — lui, attaché au bel objet de ses désirs,
pareil à l’aigle, — il réside dans les bois.
sa. - Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 15, 7, étant mrjanti . . . âyavali... upa dronesa
(cf. vaiisu).
pâda 2. — Cf. 20, 5', team ràjeva suvratoli.
ibhalj. — Cf. v rsa, passim.
pâda 3. — Cf. 38, 4-, esa. . . çyeno na ciksu sïdati.
4. — su no viçvci dicô vàsu | -tô prthioyâ âdhi |
punânà indav u bhetra
O toi que voilà, ô brillant, ô allumé, apporte-nous en haut
tous les biens du ciel(-feu) et (tous ceux) de la terre(-libation).
sa. — Démonstratif liturgique.
Cf. 19, 1, yat soma. . . divyam pârlhicam vasu tan naît punâna
a bhara; 29, 6, pârthivam rayirrt divyam pavasca dhârayâ . . . ü
b/tara. — 11 est clair que c’est par l’effet de l’acte qu’exprime le
rad. pu (briller) que le soma apporte le casa ou le rayi.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
195
HYMNE LV1II
1. — tcirat sci mandi dhâoati \ dhàrcl sutdsyàndhasah |
tdrat sd mandi dhâoati
Ce qui traverse (l’obstacle), ce liquoreux que voilà coule ;
(il coule) le courant de Yanclhas coulé; — ce qui traverse, le
liquoreux que voilà, coule.
sa. — Démonstratif liturgique.
tarai. — Participe neutre pris substantivement.
2. — - itsrâ vedct oâsûnâm [ mdrtasya cleo y dvasa/i \
tdrat sd mandi dhâoati
La brillante (ou l’aurore) a trouvé les richesses; la céleste
(a trouvé) le régal du mort; • — - ce qui traverse, le liquoreux
que voilà, coule.
Le composé védique vasuoit (IX, 86, 39, etc.) « qui trouve le
bien » montre l’erreur de Lud. qui traduit : « Die usrà weisz vom
gutem. ))
pàda 1. — Cf. 19, 6J, pavamâna rida rayim.
3. — dhocisrdyoh purusântyor \ cl sahdsrâni dcidmahe \
tdrat sd mandi dhâoati
Nous offrons les milliers (de dons) des deux mâles (somas)
qui jaillissent; — ce qui traverse, le liquoreux que voilà,
coule.
pàda 1. — Berg., Il, 449, a vu juste, ce me semble, en disant ;
« On peut chercher une allusion à Agni ou à Soma dans le nom
de Dhvasanti (sorte de varianle de Dhvasra; R.V, I, 112, 23) « qui
jaillit », et même dans celui de Purusanti « le mâle (?) ». — - Ces
noms sont au duel, parce qu’ils visent les deux formes du soma.
196
LË CULTE VÉDIQUE DU SOMA
4. — à ydyos trinçâtam tânâ \ sahâsràni cci dâdmahe [
tarai sa mandi dhàuati
Nous offrons trente milliers (de dons) provenant de ces
deux-là, au moyen de ce qui s'étend; — ce qui traverse, le
liquoreux que voilà, coule.
pàda 1. — Cf. 52, 2\ sahasradhâro yât tanâ.
HYMNE LIX
1. — püvasva yojid acvajid | viçvajit soma ranyajit |
prajàvad râtnam à bhara
O liquide, allume ce qui conquiert les vaches, ce qui con-
quiert les chevaux, ce qui conquiert le tout, ce qui conquiert
l’agréable; apporte la richesse douée de postérité.
pàda 1. — Cf. 2, 10, y osa indo. . . açvasâ; 36, 6, açvayur
yavyayu.lt soma; 42, 6, gomat. . . soma. . . açvàvat. . . pavasca. —
Ce dernier passage contribue à prouver que yojit, etc., sont des
compléments, et non des sujets de pavasva.
à bhara. — Cf. 57, 43, même formule.
»
2. — pdvasvâdbhyô âdàbliyah \ pàoasvaûsadhïbhyah \
pdvasva dhièânàbhyah
Allume-toi comme issu des eaux, ô toi qui ne dois pas être
opprimé; allume-toi comme issu des plantes; allume-toi
comme issu des oblations (?).
pavasva. . . adübhyali. — Cf. 3, 23, pavamâno adàbhyah.
pàda 2. — Cf. 11, 3, sa. . . pavasva. . . osadhlbhyah. — Lud.,
énigmatiquement : « Làutere ausz den waszern dicb, etc. » .- —
Berg., I, 177 : « Clarifie-toi en coulant des eaux', etc. )>
dhisanabhyah. — Berg., I, 177 : « En coulant des cuves. »
]. Ces eaux, d’après Berg,, II, 35, seraieut celles du ciel.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
197
3. — tuâm sorna pâvcimâno | viçvâni duritâ tara |
kavih sida ni bar/mi
O toi, liquide allumé, traverse (domine) tout ce qui marche
mal ; sage, assieds-toi sur les forts!
tara. — Cf. 58, 1', tarai. — 11 s’agit pour le soma d’aller au
delà de ce qui ne va pas (antithèse imaginaire), c’est-à-dire simple-
ment d’aller, de couler. — Lud. traduit très arbitrairement duritâ
par « malheur ».
pâda 3. — Cf. 55, 2, indo . . . ni barhisi . . . sadah.
4. — püvamàna svdr vido | jâyamàno ’bhavo mahân \
indo viçvàn abliîd asi
O toi qui t'allumes, trouve le soleil(-feu) ; en naissant tu
as été grand; ô brillant, tu domines ceux qui ont tous (les
dons).
pàda 1. — - Cf. 21, 1, somâii. . . svaroidah.
pàda 2. — Qu’est-ce qui est grand en venant au monde, sinon
le feu qui s’allume? — Berg., I, 187, cf. 214, signale sans l’ex-
pliquer suffisamment cette circonstance si importante.
HYMNE LX
1. — prd gdyatréna gâyata \ pâvamânam mcarsanim |
indum sahdsracaksasam
Faites résonner à l’aide ce qui chante (et) en le poussant
le brillant, l’allumé, l’actif qui a l’éclat de ce qui a les mille
(dons).
pàda 1. — Cf. 30, 1% punâno vâcam isyati; 11, 1, upâsmai
gàyatâ narali paoamànâyendave ; 13, 2, paoamânam... vipram
abhi pra yayata.
pàda 3. — Si Yindu a de l’éclat, c’est qu’il brille, ou qu’il est
allumé.
198
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
gâyatrena. — Dédoublement verbal (G). — gâyata s’adresse
aux somas crépitants, et gâyatrena les désigne encore à l’aide
d’une autre tournure, — ce n’est que postérieurement à l’époque
des hymnes que le mot gâyatra a pris une valeur technique, en
servant à désigner une certaine espèce de mètre. Ce passage-ci
même a pu servir de point de départ au nouveau sens.
2. — tenu (va sahàsraèaksasam | àtho sahâsrabharnasam |
cïti vâram apâvisuh
Toi que voilà, qui brilles de l'éclat des mille (dons), — (toi)
qui as pour support les mille (dons), — ils (les somas) t’ont
allumé (une fois que tu as coulé) au delà de (ou vers)
l’enveloppe (ou la toison).
tam tvà. — Démonstratifs liturgiques.
sahasracakëasam. — Comme au vers précédent,
pâda 2. — Cf. 40, 4, viçvâ soina pavamâna. . . à bliara vidait
saliasrinïr isalj.
pâda 3. — Cf. 2, 1, parasva devavlr ati pavitrarn soma ranhyâ;
36, 2% soma... pavasva devavlr ati. — Dans tous ces passages,
ati est plutôt adverbe que préposition. Cf. l’emploi védique de
adhi « en haut ».
3. — citi varan pâvamâno asisyadat | kahiçân abhi
dhâoati | indrasya hârdy âviçân
L’allumé a coulé au delà de (ou vers) les enveloppes;
il coule vers les coupes, en pénétrant dans le cœur de
r Ardent.
ati varan. — Cf., vers précédent, ali vâram.
pâda 1. — Cf. 49, 5', pavamâno asisyadat.
pâda 2. — Cf. 17, 4’, à kalaçeëu dhâvati.
pâda 3. — Cf. 8, 3, indrasya. . . râdhase punâno hardi codaya.
— De la comparaison de ces passages, on peut conclure que l’ex-
pression indrasya hràdi est l’équivalent de varan et de kalaçân.
— Berg., Il, 245, remarque avec raison que le cœur d’Indra où
le soma pénètre « paraît considéré comme une sorte de cuve à
recevoir le soma ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
199
4. — indvasya soma râdhase | çàm pavasva vicarsane |
prajâvad réta à bharcc
O liquide, ô actif, allume le bon pour le don de l’ Ardent;
apporte la semence douée de progéniture.
Hémistiche 1. — Cf. 8, 3, indrasya soma râdhase punano hardi
coda y a.
pàda 3. — Cf. 59, 1', prajâvad ratnara à bharü. — D’où il y a
lieu de conclure que retah — ratnam; d’ailleurs, cette « semence
d’où sort la postérité (Berg., I, 183) », n’est autre que la propre
essence qui procrée les flammes sacrées.
HYMNE LXI
1. — - ayd vîti pari sraoa \ yâs ta indo mcidesv à \
avâhan navatir nava
Au moyen de ce régal, ô brillant, coule circulairement
vers celui qui, étant tien dans les boissons, a détruit les
quatre-vingt dix-neuf (citadelles).
ajjâ. — Démonstratif liturgique.
aya vïtï. — Cf. 9, 2:l, vît y arsa.
pàda 2. — Cf. 18, V, madesu sarcadhü asi.
pâdas 1-2. — Cf. 1, 10, asyed indro madesu â viçvâ vrtrâni
jighnate. — Indices de l’identité d’Indra et du soma pavamâna.
pàda 3. — Cf. 48, 2:l, çatam puro rurukëanim. — Les 99 ou 100
citadelles dont il s’agit sont une désignation métaphorique en
chiffres ronds des obstacles qui sont censés s’opposer à l’émission
du soma. — Voir Berg., Il, 146, note.
2. — pûrah sadyâ itthâdhye \ dwodâsâya çâmbaram |
âdha tyâm turvâçam yâdum
(Il a détruit) sur-le-champ les citadelles pour celui qui
manifeste sa pensée par ses crépitements; (il a détruit) pour
Divodâsa celui qui apporte le bon; (il a détruit) ensuite ce.
vainqueur qui coule*
200
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
divodâsâya. — Nom métaphorique et dont le sens propre est
difficile à déterminer du soma pavam., au profit duquel les cita-
delles sont détruites et les rivaux mis à mort.
çambaram. — Probablement « celui qui porte ou emporte (pour
lui) le bon (soma) » et auquel, par conséquent, il faut l’enlever
pour que le soma pavam. en devienne possesseur.
turvaçagi yadum. — Autres noms métaphoriques du soma et
par suite de ses possesseurs intérimaires1 auxquels un rival
heureux, qui tire son origine d’une autre dénomination du soma,
l’enlève en les transperçant. — Voir Berg., II, 358.
3. — pari no âçvam açvavicl \ gômad indo hiranyavat |
ksârti sahasrinîr tsah
Autour de nous (de nos libations), coule, ô brillant, (vers)
le cheval, — (vers) ce qui trouve le cheval, — (vers) ce qui
est pourvu de vaches, — (vers) ce qui est pourvu d’or, —
(vers) les libations aux mille (dons).
açvaoit. — Cf. 55, 3, açvavit pavasva.
pâdas 2-3. — Cf. 42, 6, goman nali soma. . . açvâvat. . . sutali
pavasva brhalïr iëali; 41, 4, à pavasva mahîm isam gomad indo
hiranyavat ; 40, 4', soma. . . vidâh sahasrinîr isafi .
Dédoublements verbaux : arvam, gomat, etc., = somah; ces
formules reviennent à la tautologie, « le soma coule vers le
soma ».
4. — pâvamdnasya te vayâm | pavitram abhyundatdh |
sakhitvdm à vrnlmahe
Nous enveloppons, en nous en approchant, la chose amie
et qui t’appartient, — ô toi, l’allumé, — en coulant vers
l’allumeur.
Cf. 31, 6, te (somasya) . . . vayam indo sakliitvam uçmasi.
1. Ce qui explique la confusion fréquente (Berg., loc. cit.) des démons et
des héros.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
201
5. — yê te pamtram ürmâyo | ’bhiksâranti dhârayà |
tébhir nah soma mrlaya
Les flots qui coulent vers l’allumeur au moyen du courant,
— avec eux, ô liquide, caresse-nous.
ye te. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 39, 4, ayam ( somah ). . . pavitra ü sindhor
ürmâ vy aksarat.
mrlaya. — Littéralement et primitivement : « Frotte-nous, ap-
proche-nous. »
6. — - sà nali punânà à blxara | rayim mràvatlm isam |
içânah soma viçvdtah
Que celui-ci, l’allumé, nous apporte la richesse, la libation
pourvue de héros (somas); — (lui), le liquide qui tire sa
puissance de ce qui a tous (les dons).
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1 . — Cf. 57, 4, sa no viçoü. . . vasu. . . puhàna indav
â bhara; 40, 3, rayim mahâm. . . asmabhyam soma. . . à pacasna.
7. — etâm u tyâm dàça ksipo \ mrjdnti sîndhumâtaram |
sam âdityêbhir akhyata
Celui-là que voici, dont la mère sont les rivières, les dix
flèches (ou les dix doigts) le rendent brillant; il s’est montré
en même temps que ceux qui sont issus de la non-liée et
à leur aide.
etam u tyam. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 15, 8, etam u tyam daça ksipo mrjanti.
pàda 3. — Lud. : « Il est compté au nombre des âdityas. » — Tra-
duction inexacte et insignifiante. — Berg., Il, 29: « Il brille avec
les Adityas, » — d’où il conclut que ce « ne peut guère être que le
soma céleste » .
202
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
8. — sdm indrenotâ vâyund \ sutâ eti pavitra à |
sdm suryasya raçmibhih
Le coulé va dans l’allumeur en même temps que l’Ardent
et le Vent et à leur aide, — en même temps que les rayons
du soleil et à leur aide.
Hémistiche 1. — Cf. 33, 3, sutà indrâyavâyave... arsanti ,*7. 7,
sa vâyum indram. . . madena gachati. — Les somâh sutâh vont
« à l'aide du vent, pour le vent,, dans le vent », assertions qui ne
peuvent se concilier qu’en vertu de l’équation soma — vâyu
= indra, etc. — Berg., I, 191, traduit : « Une fois exprimé, il
passe à travers le tamis et se réunit à Indra, à Vâyu, et aux rayons
du soleil. »
pâda 2. — Cf. 44, 3% même formule.
pâda 3. — Cf. 41, 5% süryo na raçmibhih .
9. — sd no bhàgâya vâydve \ pûsné pavasva mâdhumân |
càrur mitre varune ca
Que celui qui est pourvu de doux nous allume (ou que
celui qui est pourvu de notre doux s’allume), pour le Parti-
cipant, pour le Vent, pour le Nourricier, — lui qui est beau
(qu’il nous allume) dans l’Ami, dans l’Enveloppeur.
pâda 1. — Cf. 44, 5, même formule, avec à yamat (3e pâda)
pour verbe, au lieu de pavasva. — Aux locatifs du 3e pâda mitre
varune, cf. devesu (44, 5‘).
pâda 3. — Sày., suivi par Lud. : « mitre — mitràya ; varune
— varunaya, » — manière commode d’esquiver les difficultés. —
bhagâya, vâyave, püsne , mitre, varune : autant de noms méta-
phoriques du soma.
10. — uccâ te jâtdm dndhaso \ divt ëdd bhumy à dade |
uyrdra çdrma mdlii çrdvah
Ton fort refuge, ta grande voix née en haut deYandhas,
apparaissant dans le ciel(-feu), — la terre(-libation) l’a reçue.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
203
pâda 1. — Cf. 55, 2% tejâtam andhasali.
divi sat. — Cf. 52, l1, dyuksah.
bhümy à dade. — Cf. 19, l2, pârthivain vasu,
mahi çrcivali. — Cf. 4, 1% meme formule.
Le somapavam. a allumé le soma liquide. Cette interprétation,
qui s’accorde avec toutes celles qui conviennent aux passages ana-
logues, réfute celle de Berg., I, 171, d’après qui « le soma
terrestre est descendu du ciel ».
11. — enà viçvâny aryà \ à dyumncini mânusdnàm |
sisâsanto vctnàmahe
Actifs, cherchant à les conquérir en nous en approchant,
nous poursuivons au moyen de celui-ci toutes les clartés
des choses issues des hommes(-somas).
enà. — Démonstratif liturgique.
à dyumnâni . . . vanâmahe. — Cf. 40, 4, dyumnâni . . . a bliara.
aryah. — Il n’est pas invraisemblable qu'il faille entendre ce
mot au sens proposé par Berg., III, 287, note; mais l’interprétation
générale reste la même.
12. — scî net indrdya ydjyave \ vârundya marûdbhycth |
varivovit pari srava
Toi que voilà, venant de nous, coule circulairement pour
l’Ardent, - — pour celui qui désire offrir la libation, pour
l’Enveloppeur, pour les Impétueux, — ô toi qui trouves
l’espace.
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 33, 3, sutà indrâya. . . varunàya mcivud-
bhyali somci arsanti.
varivovit. — Cf. 21, 2% varivovidali ( somâh ).
13. — ûpo sû jdtdm aptûram | gôbhir bhangdm
pâriskrtam j indinn devâ aydsisuh
Vers le bien né (le bien manifesté), le conquérant des
204
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
eaux, le briseur (des) obstacles, celui qui s’est développé
(ou embelli) à l’aide des vaches(-libations), — (vers) le
brillant, les Célestes sont venus.
pâda 2. — Cf. 43, 3S somo gïrbhih parièkrtah.
14. — (dm id vardhantu no giro | vatsârn samçiçvarîr
(va | y à indrasya hrdamsânih
Que nos voix fassent grandir celui que voilà, — comme
celles qui sont avec un petit (font grandir) leur veau, — lui
qui a conquis le cœur de l’Ardcnt,
tara id. — Démonstratifs liturgiques,
püda 1. — Cf. 17, 4', ukthai/i. . . vardhate.
pâda 2. — Cf 12, 2% gâvo vdtsam na mâtarah.
samçiçvarïli. — Cf. le terme védique samvatsam.
pâda 3. — Cf. 8, 3, indrasya... hardi codaya ; 60. 3, 3, indrasya
hardi âciran.
15. — ârsâ nah soma çdm gave | duksâsva pipyûèhn
isam | vdi'dhâ samudrdm ukthyàm
Coule-nous, ô liquide, le bien pour la vache, — trais la
libation qui grossit, — accrois la mer parlante.
pâda 1. — Cf. 11, 72, pavasra soma çain gave.
pâda 2. — Cf. 2, 3', adhuksata priyam madhu.
pada 3. — Cf. 29, 33, même formule.
samudram. — Lud. : « la mer du ciel, » — fantaisie pure.
16. — pdvamâno ajljanad \ divdç. ci tram nâ tanyatûm |
jyôtir vaiçvânarâm brhdt
L’allumé a engendré, pareille au tonnerre brillant du ciel,
une forte lumière issue de tous les liomines(-somas).
Cf. 4, 1 et 2, sanâ. . . pavamâna . . . çraval). — sanâ jyotih ; 5, 1,
samiddhah. . . pavamâno ci râjati . . . érsâ kanikradat.
Ce vers est des plus probants en faveur de l’hypothèse qui con-
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
205
sidère le soma pavam. comme allumé et crépitant. — Cf. Berg.,
I, 215, qui dit en visant (entre autres) ce vers : « Nous pouvons
croire soit qu’il (le soma) est identifié à l’éclair, soit tout au
moins qu’il lui emprunte ces fonctions. » — Donc le soma pavam.
est igné!
17. — pdvamânasya te rdso | mddo râjann aduchunâh |
vi vârcim üvyam arsati
Ton suc, ton liquide, ô allumé, ô roi, — toi qui n’es
(plus) soumis à la nuisance (ou à l’oppression), — coule en
s’épandant (vers) la toison de la brebis.
te. — Démonstratif liturgique.
te raso inadali. — Cf. 38, 51, esa sya mctdyo rasait ( madali —
madyah, dédoublement pris sur le fait).
aduchunali. ■ — - Cf. 3, 23, pavamâno adâbhyali.
pàda 3. - — Cf. 28, 1% acyo vàram vi dhâvati.
18. — pdvamâna irisas tava \ ddkso vi râjati dyumân \
jyôtir viçvam svàr drçê
O allumé, ton suc habile (à prendre?) doué d’éclat brille;
c’est la lumière, ce qui a tous les dons, — (c’est) le soleil
pour la vue (pour que le soma pavam. voie, c’est-à-dire
brille).
tava. — Démonstratif liturgique.
pauamàna. .. vi râjati dyumân. — Cf. 5, 3, même formule, sauf
pavamânali au lieu de pavamâna.
rasas tava. — Cf. au vers précédent, te rasali.
daksali. — - Cf. 4, 3’, sanâ daksam (dédoublement).
pàda 3. — Cf. 48, 4', viçvasmâ it svar drçe. — Vers des plus
expressifs en faveur de l’hypothèse du soma igné.
. . 4*
19. — yds te mddo vdrenyas \ tend pavasvdndhasâ \
devâvir aghaçansahd
Allume-toi au moyen de la boisson désirable que voilà et
2(36
LE CULTE VEDICjUE DU SOMA
qui est Vandhas, toi qui sers de régal aux brillants, toi qui
détruis le mauvais chant.
Ce vers permet d’établir deux faits importants : 1° le mada est
le soma même, et non pas l’ivresse produite par le soma; 2° mada
et andhas sont des mots synonymes, et par conséquent, andliali
désigne le suc de la plante soma, et non pas cette plante même.
tend. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 55, 1, no andhasâ . . . pari srara.
te madah. — Cf. 61, 17, le raso madah.
pâda 3. — Cf. 24, 7% même formule.
20. — jâyhniv vrtrcim amitriyam | su s ni r vâjam dicé dwe |
y os à u açvasâ asi
Destructeur de l’enveloppeur ennemi (ou d’où l'ami est
absent), conquérant du réconfort pour chaque ciel(-feu), —
tu es conquérant de vaches, conquérant de chevaux.
jaghnili. — Cf. 53, 2', nijaghni/i; 1, 3S, vrlrahantamaJi. —
Donc indra est synonyme de soma.
sasni/i. — Cf. 24, 4% sasnir yo anumâdyal/ .
dire dire. — Je ne vois aucune raison pour ne pas voir un datif
de die dans chacun des termes de cette formule,
pâda 3. — Cf. 2, 10, y osa. . . asy açrasâ.
21. — sàmmiçio arusô bhaua | süpasthâbhir nù dhenübhih |
sidaîï chyenô nâ yônim à
Sois rouge et pourvu de bons girons pareils aux vaches
laitières, en venant prendre résidence, comme un aigle,
dans la matrice.
Hémistiche 1. — Cf. 8, 6, arasai/... pari gaoyâny aryata;
14, 33, yadï gobhir vasâyate. — Berg. ,11, 261, remarque avec raison
qu’ici les vaches sont l’équivalent du lait, mais il aurait pu ajouter
que ce lait désigne métaphoriquement le soma lui-même,
pâda 3. — Cf. 38, 42, çyeno na viksu sïdali.
ÉE CULTE VÉDIQUE DU SONIA
207
22. — sa pavasva yd âvithé | -ndram vrtrâya hclntave |
vavrivànsam mahir apâh
Toi que voilà, allume-toi. — (toi) qui régales T Ardent
pour le meurtre (destiné à, c’est-à-dire de) l’Enveloppeur,
— lui qui a enveloppé les hautes eaux.
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 60, 4, indrasya. . . râdhase. . . pavasoa;
61, 20 ' , jaglinir vrtram.
pàda 3. — - Cf. 42, l3, vasânaJi. . . apo liarili; 7, 2% mahir apo
(vi gâhate). — Les hautes eaux, c’est-à-dire celles qui s’élèveront
sous la forme du soma pavamàna. — Voir Berg'., II, 200, seq.,
sur les rapports du mot vrtra avec les dérivés du rad. or « enve-
lopper ».
23. — suvirdso vaydm dhânà \ jdyema soma mïdhvah |
puncïnô vai'dha no girah
O liquide, ô humide, puissions-nous, pourvus de beaux
héros(-somas), conquérir les oblations. Que l’allumé accroisse
nos voix.
suvirâsah. — Cf. 23, 5, somah . . . suoïrah, — donc ici vayam
= somah.
dlianâ jayema. — Cf. 46, 5', dlianamjaya (soma).
pàda 3. — Cf. 61, 14', tam id vardhantu no girah , — donc
girah — somah , puisque les voix augmentent le soma et que le
soma augmente les voix.
24. — tvôtâsas tdüâvasd \ syâma vanvànta dmûvah \
sôma vratésu jdgrhi
Régalés par toi, puissions-nous, au moyen de ton régal,
nous emparer des ennemis! O liquide, éveille-toi dans les
objets de tes désirs (les libations).
ümurah . — Sây. — abhimârakàli-
vratesu. — Berg., III, 223, « veille sur les lois ».
208
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
25. — apaghnün pauate inrdhô | ’pa sômo ârâvnah \
gâchann indrasya niàkrtâin
Le liquide s’allume en écartant les oppresseurs, en écar-
tant ceux qui ne donnent pas, en se rendant dans l’édifice
de l’Ardent.
pâda 1. — Cf. 4, 2!, apa soma mrdho jahi.
pâda 2. — Cf. 13, 9', apaglinanto arâcnali pavamànâh.
pada 3. — Cf. 15, 1\ même formule.
26. — niahô no raya à bhara | pâvamâna jahi mrdhah |
. râsvendo virâvad yaçah
O toi, allumé, apporte-nous de hautes richesses; détruis
les oppresseurs; donne, ô brillant, l’éclat pourvu des héros
(-somas).
pâda 1. — Cf. 29, 6, indo. . . rayim. . . â bhara.
pâda 2. — Cf. au vers précédent, apaghnan . . . mrdhah.
vïracat. — Cf. 9, 92, pavamâna. . . râsi vïracat.
yaçah. — 20, 4', abhy arsa brhad yaçah .
27. — nà tvâ çatâm cand lirâio | râdho ditsantani à
ininan | yàt punànô makhasyàse
Cent obstacles ne t’ont pas diminué quand tu voulais
donner l’oblation, lorsque, t’allumant, tu deviens un
guerrier.
tvâ. — Démonstratif liturgique.
râdhah. — Cf. 1, 33, parsi râdho mayhonâm.
minan. — Lud., peu exactement : « t’ont empêché. » — Les obs-
tacles diminuent, réduisent à rien le soma liquide et l’empêchent
ainsi de prodiguer ses dons au soma igné. — Berg., III, 198 :
« Cent enlacements ne sauraient le retenir quand il veut donner, »
— traduction approximative.
makhasyase. — Cf. 20,7', makho na manhayuln
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
209
28. — pàucisuendo vrsd sutâli | krdhi no yaçciso jccne \
viçvd àpa dviso jalü
O brillant, — taureau qu’on a fait couler, — allume-toi;
développe nos lueurs dans riiomme(-soma) ; écarte en les
détruisant tous les ennemis.
pâda 2. — Lud. : « Rends-nous célèbres dans le peuple. » — La
suite réelle des idées sera établie si l’on entend que le soma pavam.
en s’allumant brille au sein du soma liquide auquel le sacrificateur
s’identifie.
pâda 3. — Cf. 13, 83 (et 8, 7), même formule.
29. — âsya te sakhyê vaydm | tàvendo dyuinnd uttamé |
sdsahyâma prtanyatàh
Nous sommes dans la chose amie de toi que voilà, dans
ton éclat qui est tout en haut, ô brillant. Puissions-nous
maîtriser ceux qui nous font obstacle.
as;/ a. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 61, 4, pauamânasya te oayam. . . sakhitcam a
vrnïmahe.
pâda 2. — Cf. 51, 2, uttamam somam. . . sunotâ; 22, 5, vy üna-
çuh utedam uttamam rajah. — Le soma igné est tout en haut, eu
égard au soma liquide : témoignage important sur la nature réelle
de l'un et de l’autre.
pâda 3. — Cf. 35, 32, abhi syâma prtanyatah.
30. — y à te bhîmâny âyudhâ \ tigmâni sdnti dhùrücuie |
rdksâ scimasya no nidàlx
Tes armes terribles (et) acérées sont pour la destruction;
garde-nous d’un oppresseur quelconque.
te. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 57, 2\ haris tunjâna âyudhâ. — Berg.,
III, 200 : « On peut entendre que Soma a des armes pour tromper. »
14
210
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
— Cos armes sont les flammes du soma pavam., et il s’en sert ici
pour percer et détruire l’obstacle.
pâda 3. — Cf. 29, 5, raksü. . . no. . . scanât samasga kasyacit,
nido galra mumucmalie.
HYMNE LXII
1. — été asrgram indavas | tir ci h pamtram dçcwah \
viçvàny abhi saübhagâ
Ces brillants ont coulé rapides en traversant (l’obstacle)
(vers) l’allumeur, — vers toutes les choses qui sont de la
nature de la bonne part.
etc. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 23, 1, soma asrgram âçavali. . . abhi.
pada 3. — Cf. 55, 1J. pari srava ) soma viçvà ca saubhagà. —
Lud. (d’une manière énigmatique) : « Vers tous les bonheurs. »
2. — vighnünto durit à. puru | sugà tokâya vùjinah |
tûnà hrnvànto cirvate
Ceux qui sont pourvus des réconforts détruisant le grand
nombre des mauvaises allures, produisant au moyen de
ce qui s’étend les bonnes allures pour riiomme(-soma),
pour le rapide. . .
La construction est certainement viglinanto durilâ , krn vantah...
sugà , avec antithèse entre les deux membres de la phrase. — Les
sugâJi ou les libations actives s'opposent aux inactives, à celles qui
sont inertes, c’est-à-dire absentes. — Lud. : tanà = « damit ».
pàda 1. — Cf. 59, 32, duritâ tara.
pâdas 2 et 3. — Cf. 11, 3, pacasva çam . . . janâga çam arcate .
3. — kr/ivcinto vârivo gc'œe | ’bhy ùrsanti sustutim |
ihïm cismàbhyam samyàtam
Produisant l’espace pour la vache, ils coulent vers la
Le culte védique du soma £XÎ
bonne chanson, (vers) la libation, (vers) ce qui setencl (?)
pour nous.
pâda 1. — Cf. 37, 5% suto mrivooit. — La formule revient à
celle du vers précédent : sugüli. .. krij.oa.nto arcate. — Lud.,
arbitrairement : « Agissant amicalement pour le bétail. »
pâda 2. — Cf. 51, 5, abhy arsa. . . çraoah.
pâda 3. — Cf. 65, 3% ise pavasva samyatam.
4. — dsâvtj ançûr mâdàyâ | -psû dâkso giristhâh |
çyenô nci yônim âsadat
Le brillant, l’habile qui se tient à la cime (ou sur la mon-
tagne) a été versé pour la boisson dans les eaux; pareil à
un aigle, il est venu prendre résidence dans la matrice-.
asâoy aiïçuh. — Cf. 15, 5, vjate. .. ançubhili,
madâyâpsu... giristhâh. — Cf. 18, 1, suvâno giristhâh ... aksâh,
madesu. . . asi.
pâda 3. — Cf. 61, 213, sïdan clujeno na yonim â.
5. — çubhrâm ândho devâvdtam | apsû dhütô nrbhih
sutàh | svâdanti yàoah pdyobhih
(Voilà) Yandhas brillant, désiré par les Célestes; (voilà)
celui qui a été mis en mouvement (pour aller) dans les eaux
(et) qui a été versé par les hommes(-somas) ; les vaches
(le) rendent savoureux avec leur lait.
apsu dhütaJi. — Cf. 30, 5, apsu tvâ. . . himanty adribhih. —
Lud., arbitrairement : « Qui a crû dans les eaux. »
nrbhih sutah ■ — Cf. 24, 3:i, nrbhir yato vi nïyase; 28, 1 1 , eëa
oâjl hito nrbhih,
6. — âd lm dçoam nd hétârô | ’çûçubhann amrtâya \
mcidhvo râsam sadhamâde
De ceci (le faisant sortir) comme (des cavaliers) qui
poussent un cheval, ils ont fait briller le suc du Doux
212
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pour le non-mort, — pour celui qui le boit de concert (avec
les Célestes).
âd îm. — Démonstratifs liturgiques. — Cf. 32, 2 et 3', âd îm.
pàda 1. — Cf. 13, 6, atyâ hit/ânâ na hetrbhir asrgram.
a çüçubhan... rasam. — Ils (les saerificateurs-somas), et non
pas « les sacrificateurs terrestres ou célestes » (Berg., I, 222),
ont rendu igné le soma liquide.
7. — yâs te dhàrâ madhuçcutû | ’srgram inda ûtciye |
tàbhih pavitram dsada/i
O brillant, (avec) tes courants coulant le Doux qui ont
coulé pour le régal, — avec ceux-là tu es venu prendre
résidence dans l'allumeur.
y as te. . . tâbhifj. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 23, 1, soma asrgram. . . madlior madasya
dhârayà.
pâda 3. — Cf. 20, 7% pavitram soma gachasi.
8. — s 6 arséndrâya pïtàye | tiré rômâny avyàyâ |
sîdan yônâ vâtiesu à
Que celui-ci coule en traversant (les obstacles) pour (servir
de) boisson à l’ Ardent, (vers) les poils (ou la toison) de la
brebis, en venant s’asseoir dans la matrice, — dans les bois.
sait. — Démonstratif liturgique.
pàda 1. — Cf. 24, 3, dhanvasi somendràya pâtave.
pâda 2. — Cf. 37, 3, ii dhâvati. .. vâram acyayam; 61, 173, ci
L'üram avyam arsati; 62, 1 , ete asrgram indacas tirah pavitram.
pâda 3. — Cf. 13, 9 yonâv rtasya sïdata;' 57, 3a, çyeno na
vansu sîdati.
9. — tvâm indo pari srava | svâdistho dngivobhyah \
varivovid glirtàm pâyali
O toi, brillant) très doux, coule circulairement pour les
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
213
actifs ( angiras ), ô toi qui trouves l’espace — (coule vers) le
glirta, (vers) le lait.
Construction générale. — Cf, 61, 12, sa. . . marudbhyali , vari-
vovit pari srara.
ghrtarn payait. — Cf. 31, 5', même formule.
ivam. — Démonstratif liturgique.
pari sraca svâdisthah. — Cf. 1, 1, soâdisthayâ, . . paoasva. . ,
dhàrayâ. — Dédoublement pris sur le fait.
10. — aydm viccirsanir liitâh | pàvamânah sa cetati |
hinvànâ âpyam brhât
Celui-ci (que voilà), — l’actif, le mis en mouvement,
l’allumé, — brille, lui qui met en mouvement ce qui vient
de l’ami, — le fort.
ayant . . . sa. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 19, 1, soma cilrani. . . vasu. . . punâna â
bhara.
pàda 3. — Cf. 48, 5, hinvâna indriyam. . . vicarsanih ; 44, 63,
jesi (çravo) brhat; 56, 1, pari. . . brhat. , . arsati. — Lud. : « Ent-
sandt auf grosze freundschaft ! »
11. — esd vrsâ vfsavratah | pcœamâno açastihâ \
kârad vâsüni dâçûse
Ce taureau qui a le taureau pour objet de ses désirs,
l’allumé, qui détruit l’absence de paroles, — qu’il produise
des biens pour le donateur.
esa. — Démonstratif liturgique.
vrsavratah. — Le taureau (métaphorique), à savoir celui qui
désire le taureau-soma, c’est-à-dire le soma lui-même.
açastihâ , — açasti — non pas « malédiction » (Lud., etc.), mais
conformément à l’analyse du composé, « qui manque de voix ou de
chant », = la libation muette ou non enflammée que le soma
pavam. rend bruyante ou parlante en lui communiquant ses feux.
pàda 3. — Cf. 3, 63, dadhad ratnâni dâçuse. — Pour donner,
214
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
le donateur (sonna a besoin des dons que le soma (avec dédou-
blement verbal) lui fournit.
19. — â pavasva sahasrinam | rayim gômantam açvinam \
puruçcandràm purusprham
Allume, en t’en approchant, la richesse aux mille (dons),
pourvue de vaches, pourvue de chevaux, qui doit son éclat
aux nombreux (somas), qui désire les nombreux (somas).
pâda 1. — Cf. 40, 33, même formule.
pâda 2. — Cf. 41, 4, â pavasca rnalüm isam gomat . . . açvâvat.
purusprham. — Cf. 30, 32, çusmam... purusprham pavasva
soma.
13. — esà sycl pari sicyate | marmrjyâmâna âyûhhih [
urugâyâh kavikratuli
Celui que voilà est versé circulairement en étant rendu
brillant par les actifs, — lui qui va dans le large (et) qui
édifie avec les sages (somas).
esa sya. — Démonstratifs liturgiques.
pâda 2. — Cf. 57, 3', sa marrmrjâna âyubhili.
urugâyâh , sens analogue à celui de varivovit (62, 9\ etc.).
— Lud. et Berg. (II, 417) : « Qui voyage au loin. »
kavikratuli. — Cf. 25, 53, somah. . . kavikratuli.
14. — sahâsrotih çatâmagho \ vimâno râjasah kavih |
indrâya pavate mâdah
Pourvu de mille régals (ou ayant pour régal les mille
dons), ayant cent dons, constructeur de l’obscurité, sage, le
breuvage s’allume pour l’Ardent.
vimâno rajasali . — Sây., justement « vimâno = nirmâtâ ».
Lud., à tort, « qui traverse l’espace ». Le soma pavam. édifie
l'obscurité (rajah) par ses flammes, c’est-à-dire qu’il substitue
celles-ci à celle-là.
pâda 3. — pavate madah; la formule revient à celle de 17, 32,-
madah somah pavitre arsati.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA.
215
15. — girâ jâtà ihâ stutâ \ inclur indrâya dhiyate |
vir yônà vasaiâv iva
Né de la parole, ici appelé (par la parole-crépitement qui
l'a enfanté), le brillant s’est établi pour F Ardent dans la
matrice, comme l’oiseau dans sa demeure.
girâ jâtali. — Cf. 43, 3, somo gîrbliili pariskrtah. — Voir
Berg., II, 26.
stutali. — Cf. 3, 6', esa viprair abhiëtutah.
pâda 2. — Cf. 62, 14:l, indrâya pacate madali.
pâda 3. — Cf. 62, 4\ eyeno na yonim âsadat; 62, 83, sïdan yonà
vaneso à.
16. — pâuamânah sutô nrbhih | sômo vâj'am ivâsarat |
cam us u çâkmanâsâdam
L’allumé qu’ont fait couler les hommes(-somas) a coulé
comme le liquide (vers) le réconfort, pour résider au moyen
du fort dans les coupes.
suto nrbhih. — Cf. 62, 5% nrbhih sutah.
pâda 2. — Cf. 37, 53, même formule.
pâda 3. — Cf. 20, 6:1, somaç camîcsu sïdati.
çakmanà. — Lud., « mit kundiger stàrke », — énigmatique.
17. — tara triprsthé trwandhurê [ râthe yunjanti yâtave |
rsinâm saptd dhlUbhih
Ils attellent celui-ci pour aller dans le char à trois som-
mets, à trois sièges (?) S au moyen des sept pensées(-crépi-
tements) des chanteurs.
tara. — Démonstratif liturgique.
triprsthé. — Berg., I, 179, «qui a trois plateaux», c’est-à-dire
« qui coule de trois plateaux ».
pâdas 2 et 3. — Cf. 21, 4, pavamânasah... hit à na saptayo rallie.
pâda 3. — Cf. 9, 4', sa sapta dhïtibhir hitah.
1. Berg., I, 211 ; « le char à trois fonds. »
216
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
rsïnàm. . . dhîtibhifi. — Dédoublement verbal à l'aide du génitif,
— les deux mots s’appliquent aux libations crépitantes.
18. — tâm sotcïro dhanasprtam | dçûm vâjàya yâtaue |
hdrim liinota vàjinam
O vous qui faites couler, poussez celui-ci pour aller au
réconfort, (lui) qui, rapide, doré, pourvu de réconforts, lutte
pour (obtenir) l’oblation.
tara. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 16, 1’, pra te sotârali... rasam; 30, 2', indur
hiyànah solrbhiJi.
vâjàya. . . liarim. — Cf. 3, 31, liarir vâjàya mrjyate.
pâda 3. — Cf. 53, 4, tam hincanti. . . liarim. . . vàjinam.
19. — dviçâti kalâçam sutô | viçvâ ârsann abhi çriyah \
çuro nà gôsu tisthati
Entrant dans la coupe, le versé coulant vers toutes les
clartés, pareil au héros, se tient debout dans les vaches
(-libations).
pâda 1. — Cf. 17, 4’, à kalaçesu dhâvati.
pâda 2. — Cf. 16, 6% même formule.
pâda 3. — Cf. 16, 6% même formule.
20. — â ta indo màdâya h dm | pdyo duhanty dyüvali |
devâ devôbhyo mûdliu
Les actifs viennent traire le bon, le lait pour ta boisson,
ô brillant; les Célestes (viennent traire) le doux pour les
Célestes.
te- — Démonstratif liturgique.
pâdas 1 et 3. — Cf. 8, 5, devebhyas tvâ madayâ kam srjânam.
pâda 2. — Cf. 23, 4, abhi somâsa âyavah pavante... madam.
Le dédoublement verbal entre âyavah et induli = somah, ressort
de la comparaison des deux passages. — Berg., I, 155, remarque
avec raison, que « le suc du soma a été considéré comme un lait ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
217
pâda 3. — Cf. 3, 92, devo devebhyali sutah. — Les dieux, en tant
que fournissant le soma dont ils sont pourvus, sont distingués des
dieux, en tant qu’ils le boivent. — Berg., I, 208, y voit une allusion
« à l’opposition des dieux anciens et des dieux nouveaux».
21. — à nah sômam pavüra à \ srjâtâ màdhumattamam \
devébhyo devaçrûttamam
Faites couler pour nous dans l’allumeur en le dirigeant
vers (lui), le liquide très doux (destiné) aux Célestes, très
écouté par les Célestes (ou qui écoute très attentivement
les Célestes, c’est-à-dire leurs voix ou leurs crépitements).
pâdas 1 et 2. — Cf. 16, 3% somam garnira à srja.
pâda 2. — Cf. 51, 2% sunotâ madhumattamam [somam).
22. — été sômà asrksata \ grndnâh çrâvase mcthé |
madintamasyci dhàrayâ
Ces liquides ont coulé en chantant pour la haute voix,
au moyen du courant du très liquoreux.
ete. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 16, 5, somâ asrksata, mahe bharâya kârinah
[kârinah correspond à grnünâh et montre l’erreur de Lud. qui fait
de ce dernier un régime).
grnânâli çrauase mahe. — Lud., très arbitrairement : « Die
besungenen zu groszem ruhme. » — La Voix est personnifiée et
c’est ainsi qu’on peut dire que les somas chantent pour elle, qui,
recevant leurs chants, peut les chanter à son tour.
pâda 3. — Cf. 1, 1, madiëthayâ... dhàrayâ; 15, 8% madintamam
[somam). — Dédoublement verbal pris sur le fait. — Lud., sans
souci de la valeur de l’instrumental, « dans le courant ».
23. — abhi gcwydni vltâye | nrmnà pundnô arsasi |
sanâdvâjah pciri srava
O allumé, tu coules pour le régal vers ceux qui sont de la
nature les vaches, vers ceux qui sont pourvus d’hommes-
218
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
somas; coule circulairement, toi qui as pour réconfort
ce qui conquiert.
pâda 1 . — Cf. 8, 6% -pari gacyâny avyata.
pàda 2. — Cf. 7, 4-, nvmnà vasàno arsati.
vitaye. . . arsasi. — Cf. 62, 72, asrgram. . . ütaye.
pàda 3. — Cf. 52, 1, sanadrayir bharad vâjam.
24. — utâ no gômatîr iüo | viçvd arsa paristûbhah \
grnânô jamâdagninâ
Coule (vers) nos libations issues des vaches, (vers) tous
ceux qui chantent alentour, toi qui chantes au moyen du
feu de l’arrivant (?).
Hémistiche 1. — Cf. 54, 42, vüjân arsasi gomatali.
grnânah. — Cf. 62, 222. — Lud., d’après l’interprétation brah-
manique, prend ce participe au sens passif et traduit, en dépit de
la grammaire, « chanté par Jamadagni ».
jamat , dans jamadagninâ, peut être un participe présent de
gam, pour *gamat.
25. — pâvasva vcicô arjriyâh | sôma citrâbliir üttbhih |
ablii viçvdni kâvyà
O liquide, toi qui es à la pointe de la parole (du feu cré-
pitant qui forme la pointe des libations), allume-toi au
moyen des festins brillants (en te dirigeant) vers tous ceux
qui sont issus du sage (soma).
râco agriyah. — Cf. 7, 3', même formule, et surtout, 86, 12,
agre sindhünâm. . . agre vâco agriyo gosu gacliati.
Hémistiche 1. — Lud. traduit d’une manière assez énigmatique
et sans grand respect pour la grammaire : « Lâutere dich soma der
du dem worte (liede) vorauszgehstmitwunderbarenhilileistungen. »
— Berg., II, 24, entend de même « le soma qui précède la parole ».
pâda 2. — Cf. 52, 5, inda ütibhih. . . pavasva.
pâda 3. — Cf. 23, l3, même formule.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
219
26. — tvciin samudriyà apô \ ’yriyô vâca irâyan |
pâvasua viçvamèjaya
O toi qui es à la pointe de la voix, toi qui agites ce qui
a tous (les dons), allume-toi en mettant en mouvement les
eaux de la mer.
Berg., I, 215, voit dans ce vers une allusion à l’éclair. « Le
soma, dit-il, a mis en mouvement les eaux de la mer et fait
retentir en les précédant lui-même, les voix (du tonnerre). »
tvam. — Démonstratif liturgique.
agriyo vâcah. — Cf. la même formule au vers précédent.
samudriyà apah... ïrayan. — Cf. 35, 2', indo samudramïnkliaya.
pâda 3. — Cf. 35, 22, même formule.
ïrayan pavasva. — Combinaison verbale qui explique la substi-
tution si fréquente et réciproque du verbe ars et les synonymes au
verbe pu : quand les deux ne sont pas exprimés, l’un est sous-
entendu à la suite de l’autre.
27. — tûbhyemâ bhâvanci kcive | mahimné soma tasthive |
tûbliyam arsanti sindhavah
O sage., ô liquide, pour toi ces êtres (les flammes sacrées)
se tiennent debout pour (ta) grandeur (pour que tu sois
grand, haut); pour toi coulent les rivières.
tubhya. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 54, 3, ayam ( somah ) oiçoâni tistliati punâno
bhuvanopari.
pâda 3. — Cf. 31, 32, même formule.
Métaphores habituelles en même temps qu’all usions laudatives
et hyperboliques à la réalité (K): la nature s’intéresse au déve-
loppement du soma.
28. — prâ te divô nà vrstâyo \ dliârà yanty asaçcâtah [
abhi çukrâm upastiram
Tes courants qui ne suivent pas (?) s’avancent comme les
220
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pluies du ciel(-feu) vers la couverture brillante (des flammes
du soma pavamâna).
te. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 57, 1 qui n’en est qu’une variante : pra
te dhârâ asaçcato divo na yanti vrstayah.
pâda 3. — Lud. : « Auf die reine unterbreitung, » — d’après
Sây., qui voit ici la désignation du pavitra (çuklaoarnaih. . .
nirmitam).
29. — indrâyêndum punltano | -grâm ddksâya sâdhanam |
îçdndm vïtiràdhasam
Allumez le brillant pour l’Ardent, — (allumez) le fort, le
constructeur pour l’habile, — (allumez) le puissant, celui qui
a pour don le régal.
pâda 1. — Cf. 4, 4, punltana somam indràya.
pâda 2. — Cf. 105, 3', ayam daksâya sâdhanah.
ïçânam. — Cf. 61, 63, îçânah soma.
30. — pavamâna rtàh kavih \ sômah pavitram âsadat |
dâdhat stotré suviryam
L’allumé, le sage qui a été mis en mouvement, est venu
prendre résidence dans l’allumeur, (lui qui est) ce qui établit
ce qui est pourvu de bons mâles pour le chanteur.
rtah. — D’après Berg., III, 216, signifierait ici «apte, capable ».
Hémistiche 1. — Cf. 12, 4% somoyah. . . kavih.
pâda 2. — Cf. 20, 7% pavitram soma gachasi.
pâda 3. — Cf. 20, 7% même formule.
HYMNE LXIII
1. — -a pavasva sahasrinam | rayim soma suviryam \
asmé çrâvânsi dhâraya
O liquide, allume en t’en approchant la richesse aux
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
221
mille (dons), pourvue de ce qui est de la nature des bons
mâles; soutiens pour nous les voix.
Hémistiche 1. — Cf. 13. 5'~2, te nali sahasrinam rayim pavan-
tâm à suvïryam.
pâda 3. — ■ Cf. 12, 9, â pavamâna dhâraya rayim... asme ■ —
D’où l’indice que çravânsi désigne le même objet que rayim. —
Lud., sans tenir compte du sens constant de dhâraya : « Aie pour
nous de nombreuses gloires. »
2. — isam urjam ca pinvasa | indrâya matsarintamah \
camuse â ni sidasi
O très liquoreux, tu grossis la libation, — le réconfort,
— pour, F Ardent; tu viens t’asseoir dans les coupes.
pâda 1. — Lud., d’une manière injustifiable au point de vue
strictement grammatical : « Kraft strotzendes gedeihen strômest
du (dem Indra). »
pâda 2. — Cf. 53, 4, tam hinoanti. . . indum indrâya matsaram.
— La comparaison des deux formules permet de saisir sur le fait
le dédoublement verbal.
pâda 3. — Cf. 20, 63, somaç camüsu sldati.
3. — ■ sutd indi'üya visnaue | sômah kalâçe aksarat j
mâdhumân astu vdyâve
La liqueur mise en mouvement a coulé dans la coupe
pour l’ Ardent, pour l’actif; que le pourvu de doux soit pour
le Vent.
pâdas 1 et 2. — Cf. 33, 3' et3, sutâ indrâya câyave... somâ
arsanti visnave.
pâda 2. — Cf. 17, 4', à kalaçesu dhâvati ,
4. — été asryram âçdvô \ ’ti hvârànsi habhrdmah \
sômd rtdsya dhârayà
Ces liquides rouges, rapides, ont coulé au delà des empê-
chements au moyen du courant du versé,
222
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMa
ete. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 3, 2, esa devait . . . ati hcarànsi dhâcati. —
Cf. Berg., III, 180, note, et 198. — Cf. pour l’ensemble du vers
33, 2, babliravali ç.ukrâ rtast/a dhürayâ. . . aksaràn.
pâda 1. — Cf. 22, 1', ete somàsa âçavah . . . ahesata.
Le pâda 3 contribue excellemment à fixer le sens de rta — suta
= hita , etc. — Lud-, arbitrairement et énigmatiquement : « In
der heiligen handlung strom. » CL Berg., III, 238.
5. — • indram vârdhanto aptûrah | krnvdnlo vU/vcini
âryam \ apaghnânto dvcwnah
Ceux qui ont traversé (ou dominé) les eaux (?), produisant
ce qui a tous (les dons), ce qui est de la nature de l’actif,
écartant et détruisant ceux qui ne donnent pas. . .
pâda 1. — Cf. 46, 3, ete somâsah. . . indram vardhand ; 61, 13',
apturam ( somam ).
pâda 3. — Cf. 61, 25, apaglinan . . . somah . . . arâvnah.
6. — sutà ânu svâm à rdjo | 'bhy àrsanti babhvûoah |
indram gâchant a indavah
Les coulés, les rouges, coulent en suivant l’obscurité qui
est la leur, — (eux) les brillants allant (vers) l’Ardent.
anu svam â rajah . — Cf. 54, 1, anu dijutam çukram. — « L’obs-
curité » destinée à devenir lumière. Cf. 62, 142.
pâda 3. — Cf. 25, 5:1, indram gachan (somah)-
7. — ayâ pavasvci dhâragà | yâgâ sùryam drocayah [
hinvdnô mânusîr apdh
Allume-toi au moyen de ce courant par lequel tu as fait
briller le soleib en mettant en mouvement les eaux qui sont
de la nature des liommes(-somas).
La figure est ici des plus transparentes et des plus décisives : le
soma liquide s’allume à l’aide du soma igné, ou de celui qui fait
briller le soleil-feu.
Le culte védique du soMa
'223
Hémistiche 1. — Cf. 28, 5, esa süryam arocayat pavamânah.
pâda 3. — Cf. 12, 7\ hinvàno mànusâ yugâ. — Lud., arbitrai-
rement : « Envoyant aux hommes les eaux. »
8. — ciyukta sur a étciçam j pcwamàno manâv àdhi \
antâriksena yàtave
L’allumé a attelé le coursier du soleil, au-dessus, dans
rhomme(-soma), pour s’avancer au moyen de l’atmosphère
(ou de l’entre-deux).
Pour l’ensemble du vers, cf. 62,17, tani (somam)... rathe
yunjanti yâtave.
pâda 3. — Cf. 5, 2, pavamânali , . . antariksena rârajat.
Berg., I, 190 : « Il a attelé l’Etaça (le cheval) du soleil, se cla-
rifiant chez Manu, pour aller dans l’atmosphère. » — Plus loin,
p. 217, Berg, admet que « Sonia paraît s’être transformé en soleil ».
9. — ut à tyâ liarito dciça | süro ciyukta yàtcœe \
indur indra iti bruuün
Le brillant a attelé ces dix chevaux dorés du soleil pour
(accomplir) sa course, en appelant l’ Ardent.
tyül). — Démonstratif liturgique.
liarito daça. — Cf. 38, 3', liarito daça.
pâda 2. — Cf. le vers précédent. — Lud. a été obligé de violenter
le texte en traduisant : « Il (?) a attelé les dix dorés pour que Soar
vienne. »
pâda 3. — Cf. 39, 1% yatra devâ iti bravan; 6, 2, indue indra
iti ksara.
Berg., I, 217, traduit : « Et il a attelé les dix harits du soleil,
pour aller dans (l’atmosphère), lui Indu, en prononçant le nom
d’Indra. » — - Mais pourquoi cette autre interprétation, II, 266 :
« Il a attelé les dix harits du soleil. . . en disant : Indu est Indra? »
10. — pârlto vdyüve sutârp | g ira indrâya matsaràm j
üvyo v ares u siiïcata
O voix, faites couler circulairement hors de celui-ci, le
224
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
versé pour le Vent, le liquoreux pour l’Ardent, dans les
toisons de la brebis.
pari. — Berg. I, 183, croit voir une allusion à la course circu-
laire du soleil dans l’emploi de cet adverbe avec des verbes de
mouvement, quand il s’agit du soma. J’y vois plutôt l’indication
de l’enveloppement du soma liquide par le soma igné.
itah. — Démonstratif liturgique; — itah — autant — girah,
dédoublements verbaux.
Hémistiche 1. — Cf. 63, 3, suta indrâga. . . aksarat madhumân
astu câyave. — Il est aussi clair que possible que « les voix » dé-
signent ici les éléments liquides du sacrifice (considérés comme
crépitants ou destinés à crépiter),
pâda 3. — Cf. 6, 1, soma. . . pavasod. . . aryo câresu.
11. — pdvamâna vidâ rayim \ asmübhyam soma
dustaram | yù dûnâço vanusyatâ
O allumé, 6 liquide, trouve-nous la richesse dont la prise
de possession est difficile et qui cesse d’être morte, grâce à
celui qui cherche à l’obtenir.
pâda 1. — Cf. 43, 41, même formule.
soma dustaram. — Cf. 16, 31, dustaram ( somam )
12. — abhy àrëa sahasrinam | rayim gômantam açvinam |
abhi vâjam utâ çràvah
Coule vers la richesse aux mille (dons) pourvue de
vaches, pourvue de chevaux, — (coule) vers le réconfort
et la voix.
Hémistiche 1. — Cf. 62, 12 ’'2, sauf ü pacasoa, au lieu de abhy
arsa. — Le poète a-t-il en vue le soma liquide, il emploie le rad.
ars ou les synonymes; a-t-il en vue le soma igné, il se sert du rad.
pü (et. 62, 26').
pâda 3. — Cf. 1, 4, même formule.
225
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
13. — sômo devô nâ sûryô \ ’dribhih pavate sutâli \
dâdhânah kaldçe rüsain
Le liquide, le céleste, pareil au soleil, s’allume coulé à
l’aide des pierres, — lui qui établit le suc dans la coupe.
pàda 1. — Cf. 54, 33, même formule.
pàda 2. — Cf. 11, 5, adribhih sutarn somam punïtana. — La
comparaison du 1er hémistiche est des plus caractérisques; le soma
et le soleil font l’un et l’autre l’action exprimée par le verbe pü.
Qu'est-ce sinon briller, éclairer?
pàda 3. — ■ Cf. 63, 3% somah kalaçe aksarat; 23, 5, dadhâna
indriyam rasam. — Pour le rapprochement des idées de briller et
de couler, cf. 54, 2, ayam sürya ira, — ayam sarànsi dhâvati.
14. — été dhàmdny dry à | çukrâ rtâsya dhâraycï |
vâjam gômantam ahsaran
Ces étincelants ont coulé, à l’aide du courant du versé,
(vers) les édifices issus de l’actif (?), — (vers) le réconfort
pourvu de vaches.
etc. — Démonstratif liturgique.
Pour l’ensemble du vers, cf. 28, 2, esa... aksarat somali —
viçüà dhâmâny âviçan.
rtasya dhârayâ. — Cf. 63, 4% même formule.
pàda 3. — Cf. 20, 2, vâjam gômantam invati pavamânah . . .
15. — sutâ indràya vajrine | sômdso dâdhyâçivah |
pavitram dty ahsaran
Les liquides mêlés de lait, — versés pour l’Ardcnt muni
de ce qui provient du réconfort, — ont coulé au delà (des
obstacles, vers) l’allumeur.
Hémistiche 1. Cf. 30, 6, sunotâ. . . somam indràya vajrine.
pàda 2. — Cf. 22, 3% même formule.
pâda 3. — Cf. 45, 4', aty ü pavitram akramït ; 62, 1, asrgram
indavas tirali pavitram.
15
226
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
IG. — prd soma müdhumattamo | rayé avèa pavitra à \
mâdo y 6 devavitamah
O liquide très doux, viens pour la richesse dans l’allumeur,
toi qui es un breuvage qui fait par excellence le régal des
Célestes.
Hémistiche 1. — Cf. 62, 21, à nali somam pavitra à srjatâ
madhumattamam.
dcoavîtamaJi. — Cf. 49, 3% même épithète.
17. — tâm l mrjanty àyâvo \ hàrim nadisu vâjinam |
indum indrâya matsarâm
Ce doré que voilà, pourvu de réconfort, les actifs le font
briller dans les rivières, — (lui) le brillant liquoreux, (des-
tiné) à F Ardent.
tara ï. — Démonstratifs liturgiques qui contredisent l’avis de
Berg., I, 62, disant qu’il s’agit ici d’une « préparation du soma
dans le ciel ».
pâda 1. — Cf. 15, 7, etam mrjanti. . . âyavah.
pâda 2. — Cf. 53, 4% même formule.
pâda 3. — Cf. 53, 4% même formule.
18. — à pcwasuci hircinyavad | ciçvdvat soma virdvat \
vâjam yômantam à bhara
Viens allumer, ô liquide, ce qui est pourvu d’or, pourvu
de chevaux, pourvu de héros(-somas) ; apporte le réconfort
pourvu de vaches.
Hémistiche 1. — Cf. 41, 4, ô pacasna... hiran;/aoa,t, açcâcat
vâjavat.
pâda 3. — Cf. 63, 14% vajarn yômantam akëaran [etc somàli).
— La comparaison de ces deux passages indique le sens qu’il
convient d’attacher à l’expression « bhara ,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
227
19. • — pari vàje nci vàjayûm | dvyo vâresu sincata |
indrâya mâdliumattamam
Faites couler circulairement dans les toisons de la brebis
comme dans le réconfort, le désireux de réconfort, le très
doux, pour V Ardent.
pâda 2. — Cf. 63, 191, même formule, avec girali comme sujet
exprimé; d’où l’indice que c’est ici le sujet sous-entendu,
pâda 3. — Cf. 63, 102, indrâya matsaram.
20. — kavim mrjanti mârjyam | dhibhir viprà aoasydvah |
vrsâ hclnikrad arsati
Les agités désireux de régal font briller, au moyen des
pensées, le sage qui doit être rendu brillant. Le taureau,
— ce qui mugit, — coule.
mrjanti marjyam. . . viprâli , — cf. 15, 7, etam mrjanti mar-
jyam. . . âyavah; — donc viprâli = àyavali.
pâda 2. — Cf. 17, 72, même formule,
pâda 3. — Cf. 5, 1\ vrsâ kanihradat.
21. - — vrsanam dhibhir aptûram | sômam rtdsya dhàrayâ \
matî viprâh sâm asvaran
Les agités ont fait résonner de concert au moyen des pensées
le taureau qui a traversé (ou maîtrisé) les eaux, — le liquide
au moyen du courant du coulé, au moyen de la pensée.
Dédoublements verbaux habituels : viprâh =■ dhïbhih = dhârayâ
— matî.
apturam somam. — Cf. 63, 5’, apturah [somaJi) .
rtasya dhârayâ. — Cf. 63, 4b
pâda 3. — Cf. 12, 2’, abhi viprà anüsata.
22. — pdvasva devdyusàg \ indram yachatu te mdidali |
vdyûm à roha dhdrmanâ
O toi, allume-toi, ô Céleste qui suis les actifs; que ta
228 LE CULTE VEDIQUE D(J SOMA
boisson aille (à) l’ Ardent; monte (dans) le Vent au moyen
du support.
pâda 1. — Cf. 25, 5% somali patata ây usak.
te. — Démonstratif liturgique.
pâda 2. — Cf. 25, 5% indram gachan.
pâda 3. — Cf. 25, 23, dliarmanâ vàyum à viça. — Lud., énig-
matiquement : « Avec vâyu monte sur le pouvoir de la loi ». —
Berg., III, 251 : « C’est selon le dharman (ou la loi) que le soma
pénètre en vüyu ». — Sây., justement : « dharmanâ dhârakena
rasena. »
23. — pâvamdna ni toçase | rayim soma çravâyyam \
priyâh samudrdm â viça
O allumé, ô liquide, tu descends en coulant (vers) la
richesse bruyante. Toi, l’agréable, entre dans la mer.
Dédoublements verbaux : paramâna-(soma) = rayim — samu-
dram.
pada 1. — Cf. 27, 1-, pavitre adhi toçate.
pàdas2et3. — Cf. 61, 153, tard h â samudram ukthyam ( ukthyam
= çravâyyam). — Berg., II, 32, voit dans «la mer» la désignation
des eaux célestes, « ou du moins, dit-il, ce nom n’est donné aux
eaux terrestres que par allusion à ces eaux du ciel auxquelles elles
sont identiques par leur origine comme par leur nature ».
24. — apaghnün pavase mrdhah | kratuvit soma
matsarâh | nudcisuâdevayum jânam
U liquide liquoreux, en écartant et détruisant les ennemis,
tu t’allumes, ô toi qui trouves l’édificateur; repousse l’homme
(-soma) qui n’a pas le désir de briller.
pâda 1. — Cf. 61, 25', même formule, sauf patate au lieu de
pavase.
kratuvit. — Cf. 44, 62, même épithète.
pâda 3. — Cf. 53, l3, nudûsva yüh parisprdah ■
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
229
25. — pàvamcïnti asrksata | sômàh çukrâsa indavali \
abhi viçvdni kâvyâ
Les allumés, les liquides, les resplendissants, les brillants
ont coulé vers tous ceux qui sont de la nature du sage
(soma).
Pour l’ensemble du vers, cf. 23, 1, somâ asrgram... abhi
viçvâni kâvyâ.
26. — pâvamdndsa dçâvah \ çubhrâ asrgram indauah |
ghncinto viçvcï âpa dvisah
Les allumés, les rapides, les resplendissants, les brillants
ont coulé, détruisant en les mettant à l’écart tous les mal-
faisants.
Hémistiche 1 . — Variante de l’hémistiche correspondant du vers
précédent.
pàda 3. — Cf. 61, 283, viçoâ apa dviëojahi.
27. — pdoamând diras par y | antâriksâd asrksata \
prthivyâ âdlxi sdnavi
Les allumés ont coulé circulairement en venant du ciel
(-feu), de l’entre-deux, de la terre(-libation) ; (ils ont coulé)
au-dessus, dans le sommet.
Le soma est céleste, c’est-à-dire brillant comme le ciel quand il
s’allume, — donc il vient du ciel; même raison pour dire qu’il
vient de Yantariksa; il vient enfin de la terre-libation, puisqu’il est
humide ou liquide comme elle. Jeu d’esprit paradoxal qui consiste
à assigner au soma pavam. des origines différentes, sinon contra-
dictoires.
Pour l’ensemble du vers, cf. surtout 36, 5, somo divijàni pâr-
thivâ pavatâm ântariksyâ.
adhi sdnavi. — Cf. 8, 8, vrstim divah pari srava dyumnam
prthivyâ adhi; 31, 2, divas prthivyâ adhi bliavendo dyumnavar-
dhanali; 31, 5:l, varsiëthe adhi sânavi ; 57, 4, sa no viçvâ divo
230
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
vasuto prthi cyaadhi. — Berg., I, 171, entend « que les somas
ont été reçus du ciel et de l'atmosphère sur la surface de la terre ».
28. — punânàh soma dhârayé | -ndo viçvâ dpa sridhah |
ialxi rdksànsi sukrato
O liquide, ô allumé, ô brillant, au moyen du courant,
écarte en les détruisant tous les rivaux, les gardiens, —
ô toi qui produis de belles œuvres.
pâdas 2 et 3. — Cf. 27, P, punâno ghnann apa sridhah ; 56, l3,
oighnan raksânsi.
29. — apaghndn soma raksâso \ ’bhy àrsa kânikradat |
dyumdntam çûsmam uttamdm
O liquide, coule vers ce qui bruit (ou toi qui es ce qui
bruit), en détruisant et écartant les gardiens, — (coule vers)
le lumineux, l’ Ardent, qui est tout en haut.
pâda 1. — Cf. le vers précédent, pàda 3.
pâda 2. — Cf. 37, 2, harir arsati. . . kani/cradat.
pâda 3. — Cf. 61, 29% dyumna uttame; 29, 63, dyumantam
çusmam â bhara.
30. — asmé vdsûni dhâraya \ sôma divycini pârthivd |
indo viçuâni vâryà
O liquide, supporte pour nous les biens célestes (et) ter-
restres, ô brillant, — toutes les choses désirables.
Hémistiche 1. — Cf. 19, 1, divyam pârtliivam casu tan nah pu-
nâna â bhara.
pâda 3. — Cf. 18, 4, ü yo viçvâni câryâ vasüni. . . dadhe.
HYMNE LXIV
1. — vrsâ soma dyumâri asi \ vrsâ deva vrsavratah |
vrsâ dhdrmâni dadhise
O liquide, tu es un taureau brillant; ô céleste taureau,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
231
toi qui as le taureau pour objet de tes désirs; taureau, tu
établis les supports.
pâda 1. — Gf. 5, 32, pavamâno rayir vi râjati dyumân, — d’où
l’indice de l’identité rayi — soma.
pâda 2. — Cf. 62, 11', esa vrsa vrsavratali.
pâda 3. — Cf. 7, 7J, ranci yo asya dharmabhih. Lud. : « Als
stier bestimmst du dir die satzungen » (?)
2. — vrsnas te vrsnyam çcïvo | vrsâ uânam vrsâ màdah j
satyàm vrsan vrséd asi
La force issue du taureau est à toi, ô taureau; le bois (est)
le taureau; la boisson (est) le taureau; ô taureau, tu es le
taureau qui se manifeste ici.
pâda 1. — Cf. 31, 42, sam etu te. . . soma vrsnyam.
vrsâ vanam. — ■ Cf. 7, 3% vrsâca cakvadad varie.
vrsâ madah. — Cf. 37, 5, vrsâ sutah . . . somah.
Identification du taureau-soma aux autres objets des désignations
métaphoriques du soma.
3. — ciçvo nà cakrado vrsci \ sâm y à indo sam âvvatah |
vi no rayé dûro vrdhi
O brillant, ô taureau, tu as mugi comme un cheval (hennit),
et avec (toi) les vaches, avec (toi) les coursiers. Ouvre les
portes pour notre richesse.
pâda 1. — Cf. 7, 32, vrsâca cakvadat.
pâda 3. — Cf. 45, 33, même formule.
4. — âsrksata prâ vâjino | gavyâ sômâso açvayd \
çukrâso vîrayâçâvah
Les liquides pourvus de réconfort ont coulé au moyen de
ce qui désire les vaches, au moyen de ce qui désire les
chevaux; les resplendissants, les rapides (ont coulé) au
moyen de ce qui a le désir des héros(-somas).
232
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Pour l’ensemble du vers, cf. 36, 6, açoayur gacyayuli soma
vohasi vïrayuh, — excellent commentaire de celui-ci.
5. — çumbhàmânâ rtàyübhiv | mrjyàmânâ gdbhastyoh |
pavante vàre avydye
S’embellissant au moyen de ceux qui désirent le coulé,
rendus brillants dans les deux mains, ils s’allument dans
la toison de la brebis.
Identique à 36, 4, sauf qu'ici le sujet est au pluriel au lieu d’être
au singulier,
6. — té viçvd dâçûèc vdsu \ sômâ divyâni pârthivd |
pdvantdm àntàriksyâ
Que ces liquides allument tous les biens pour le donateur:
les (dons) qui viennent du ciel(-feu), — ceux qui viennent
de la terre(-libation), — • ceux qui viennent de l’entre-deux
(ou de l’atmosphère).
Identique au vers 36, 5, sauf que celui-ci a les singuliers sa. . .
somah. . . pavatâm au lieu des pluriels te. . . somâh. . . pavantâm.
7. — pdvamànasya viçvavit | prd te sàrçjâ asrksata |
sür'yasyeva nd raçmâyah
O toi qui trouves ce qui a tous (les dons), tes émissions,
ô allumé, se sont avancées en coulant, pareilles aux rayons
du soleil.
te. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 22, 1, ete somàsali . . . saryàh srëtâ ahesata.
pâda 3. — Cf. 61, 8‘, suta eti... sam süryasya raçmiblùh. —
Preuve de la comparaison implicite contenue dans ce passage.
Berg., I, 160 : « Quand le soma brille du haut du ciel (?) ses
flots se répandent (il aurait fallu dire brillent ) comme les rayons
du soleil. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
233
8. — ketûm krnvân divas pari | viçvâ rüpâbhy àrsasi |
samudrâh soma pinvase
Produisant le signal autour du ciel(-feu), tu coules vers
toutes les formes; ô liquide, tu es une mer qui s’entle.
pâda 1. — Cf. 21, 6% navam dadhâtâ ketam àdiçe.
pâda 2. — Cf. 25, 4\ viçvâ rüpâny âviçan , — même explication.
pâda 3. — Cf. 61, 151, vardhâ samudram ukthyam. — Cette
formule établit clairement l’identité du soma et de la mer : la
mer du soma pavam. s’enfle par le développement des flammes du
feu sacré. — Cf. Berg., II, 30 : « Le soma qui est lui-même une
mer. » — Ce serait le soma céleste (Berg., I, 164).
9. — hinvânô vâcam isyasi | pâvamâna vidharmani |
àkrân deuô rut sûr y ah
O allumé, tu émets la voix en la mettant en mouvement
(pour venir) dans le support; Céleste, tu as résonné pareil
au soleil.
pâda 1. — Cf. 30, 1*, punâno vâcam isyati.
pâda 2. — Cf. 4, 9% même formule,
pâda 3. — Cf. 54, 3% somo devo na süryaJi. — Berg., I, 228,
voyait ici une confusion du soleil avec l’éclair et le bruit du ton-
nerre, alors qu’il s’agit du crépitement du feu-soleil.
10. — induit pavistha cétanah | priyâh kavinâm mati \
srjüd âçvam rathir iva
Le brillant, l’agréable, - s’est allumé (ou qu’il s’allume)
resplendissant au moyen de la pensée des sages; pareil à
un conducteur de char, il a lancé (ou qu’il lance) le cheval.
pâda 1. — Cf. 31, l3, sotnâsah. . . rayim krnvanü cetanam. —
Se rappeler que rayim = somam.
Hémistiche 1. — Cf. 20, 3, cetasâ mrçase pavase matï.
pâda 3. — Cf. 9, 9% açvam râsi (pavamâna) ; 61, 3, açvam, . ,
ksarâ,
234
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
11. — ûrmtr yds te pavitra â | devâuih parydksarat |
sidann rtdsya yônim â
Le flot qui est tien, le régal des Célestes, a coulé, en l’en-
veloppant, dans l’allumeur, — en venant prendre résidence
dans la matrice du versé.
te. — Démonstratif liturgique.
pâda 2. — Cf. 28, 6, esa. . . somaJi punâno arsati devâvlh.
pâda 3. — Cf. 8, 33, rtasya yonim âsadam.
12. — sâ no arsa pavitra â \ mâdo yô devavîtamah |
indav indrâya pîtâye
Toi que voilà (et) qui es nôtre, coule, ô breuvage, —
toi qui es par excellence le régal des Célestes, — dans
l’allumeur; (coule) ô brillant, pour (servir de) boisson à
TArdent.
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 63, 16, arsa pavitra â mado yo devavîtamah .
pâda 3. — Cf. 50, 5', même formule.
13. — isê pavasva dhârayà | mrjyàmâno manisibhih |
indo ruccibhi gâ ilii
Allume-toi pour la libation au moyen du courant, toi qui
es rendu brillant par les sages; ô brillant, viens aux vaches
au moyen de l’éclat.
pâda 2. — Cf. 74, 93, sa mrjyamânah kavibhili ; d’où la preuve
que manisibhih (comme kavibhih) désigne les somas (dédoublement
verbal).
rucà. — Au moyen de l’éclat = soma pavam. (dédoublement
verbal).
14. — punànô vârivas krdhy | ùrjam jdnâya girvanah [
luire srjdnd âçiram
O allumé, produis l’espace; ô toi qui as le désir de la voix,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
235
(produis) le fort pour rhomme(-soma), — ô doré, en lançant
le lait (?).
Hémistiche 1. — Cf. 11, 3, sa nali pavasva çam gave çam janâya ;
62, 3', k rnvanto varivo gave {janâya = gave); 63, 2', ürjatn ca
pilleuse.
15. — punànô deveivîtaya \ indrasya yâlii nishrtdm |
dyutânù vdjibhir yatàh
O allumé, viens à l'édifice de l’Ardent pour le régal des
Célestes, — resplendissant, étendu (que tu es) par ceux qui
sont pourvus de réconforts.
Cf. 54, 4, devavïtaye vâjàn arsasi. . . punânah.
pâda 2. — Cf. 61, 25 gachann indrasya niskrtam.
pâda 3. — Cf. 24, 3, paoamâna. . . nrbhir yatah (nrbhili = vâ-
jibhiJi). — Lud., en dépit du texte : « Stralend zu dem des mit
rossem komenden. »
16. — prd hinvdnâsa indavô | ’chd samudrdm dçdvah |
dhiyâ jütâ asrksata
Les brillants, les rapides, se mettant en mouvement vers
la mer, poussés par pensée, — ont coulé.
pâda 1. — Cf. 34, 1, suvânah . . . hinvâno arsati.
pâda 2. — La mer dont il s’agit est celle du soma; cf. ci-dessus,
vers 8:).
pâda 3. — Cf. 44, 2, dhiyâ hitaii somo hinve. — Lud. : « Vom
liede beschleunigt, » — mysticisme non justifié.
17. — marmrjdncïsa dyâvo | vrthd samudrdm indavah \
dgmann rtâsya yônim â
Les actifs, les brillants qui se sont éclaircis, sont allés â la
mer au moyen de l’accroisseur (?) ; ils sont allés à la matrice
du coulé.
pàdal. — Cf. 57, 31, sa marmrjâna àyubhih. — ( âyu indifférem-
ment sujet ou régime, preuve du dédoublement verbal).
236
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
vrthâ. — Cf. 16, 7\ crthâ paciire arsati.
pâda 3. — Cf. 64, 113, sïdann vtasya yonim à.
18. — pari no yàhy asmayûr \ viçvd vdsûny ôjasâ \
pâhi nah çârma virdvat
O toi qui désires être nôtre, viens autour de toutes nos
richesses au moyen de la force; garde-nous la demeure
pourvue de héros(-somas).
pâda 3. — Cf. 9, 9’, pacamâna . . . râsi viravat.
19. — mimâti vdhnir étaçali | paddm yujând rkvabhih |
prd ydt samudrâ âhitah
Le porteur, le coursier hennit en attelant la base avec les
chanteurs, alors qu’il est poussé dans la mer.
Hémistiche 1. — Cf. 63, 8', ayukta sîira elaçam.
pâda 2. — La base ou le sol = le soma liquide auquel s’attellent
les flammes crépitantes. — Lud., padam yujânah= « angespannt
nach dem orte (!) ».
sanuidra âhitah. — Cf. 12,5, somah... antah pavitra âhitah .
20. — â ydd yônim hiranyàiyam | dçur rtdsya sîdati \
jdhâty dpracetasah
Lorsque le rapide prend résidence dans la matrice d’or
du coulé, il abandonne les non-éclairés.
Vers d’une rare clarté au point de vue de la détermination de la
nature du soma pavamàna.
Hémistiche 1. — Cf. 64, 17, indavah, agmann rtasya yonim â.
yonim liiratiyayam. — Le soma allumé considéré comme la ma-
trice de ses flammes.
pâda 3. — Cf. 9, 7', iâni (tamnnsi) punâna janylianah. — Berg.,
III, 79, rend apracetasah par « inattentifs » et suppose qu’il s'agit
de personnages qui « avaient la volonté de retenir le soma ».
LË CULTE VÉDIQUE DÛ SOMA
23?
21. — abhi vend anüsatê | -yak nanti pràcetasah \
mâjjanty âuicetasah
Les désireux ont poussé des cris vers (la boisson), les
éclairés s’empressent de verser l’oblation, les non-éclairés
plongent.
pâda 1. - — Cf. 12, 2', abhi viprà anüsata.
pâda 3. — Cf. le pâda correspondant du vers précédent. — Quand
les somas sont allumés, le sacrifice s’accomplit, et les somas non
allumés restent au fond des eaux. — Figure très pittoresque et très
expressive pour dépeindre l’opposition des effets de la présence
et de l’absence du soma.
22. — indràyendo marûtvate \ püvasva mâdhumattamah |
rtàsya yônim âsâdcun
O brillant, très pourvu de doux, allume-toi pour l’Ardent,
— pour celui qui est pourvu de l’impétueux, — afin de
prendre résidence dans la matrice du coulé.
Hémistiche 1. — Cf. 61, 12, indrâtja... marudbhyali. . . pari
sraca.
pâda 3. — Cf. 8, 3’, même formule.
23. — tdm tvd viprà uacovidah j pâriskrnvanti uedhâsah |
schn tvd mrjanty âyàvah
O toi que voilà, les agités qui trouvent la voix, les sacri-
ficateurs (?) te développent en t’entourant; les actifs te font
briller en même temps (qu’eux).
tam tvâ. — Démonstratifs liturgiques.
viprà vacocidah. — Cf. 12, 2', viprà anüsata.
pâda 3. — Cf. 15, 7, etam mrjanti. . . àyavah.
24. — râsam te mitrô aryamâ \ pibanti vürunah kave |
pdvamdncisya marûtah
Ton suc, — ô toi, allumé, ô sage, — le boivent l’Ami,
238 LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Celui qui est pourvu de l’actif (?), l’Enveloppeur, les Impé-
tueux.
Pour l’ensemble du vers, cf. 34, 2, sutah... varunâya marud -
bhyah somo arsati.
25. — tüâm soma vipaçcitam | punânô vâcam isyasi |
indo sahâsrabharnasam
Toi (que voilà), ô liquide, en t’allumant tu mets en mou-
vement la voix qui a l’éclat de l’agité, — ô brillant, (la voix)
qui a pour support des milliers (de dons).
Icam. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 64, 9, vâcam isyasi pacamâna.
pâda 3. — Cf. 60, 2!, sahasrabharnasam ( somam ).
26. — utô sahâsrabharnasam | vâcam soma makhasy âoam
punânà indav à bhara
O liquide, ô brillant, apporte en t’allumant la voix belli-
queuse qui a pour support des milliers (de dons).
pàda 1. — Cf. le vers précédent, pâda 3.
pàda 2. — Cf. 50, 2, ud îrate tisro câco makhasyucah .
pâda 3. — Cf. 57, 4', même formule — Très important au point
de vue du sens de l’expression â bhara : il s’agit de manifester
quelque chose qui vient du sujet, et non de l’apporter d’ailleurs.
27. — punânà indav esâm | pûruhûta jânànàm \
priyâh samudrdm â vira
En t’allumant, ô brillant, pénètre, — ô toi qui (lui) es
agréable, ô toi qu’appellent les nombreux (somas), — dans
la mer de ces hommes(-somas)
esâm. — Démonstratif liturgique,
pâda 1. — Cf. 52, 4', ni çusmam indav esâm.
pàda 2. — Cf. 52, 42, même formule.
pada3. — Cf. 63, 233, même formule.
le culte védique du soMa
239
28. — cldviclyutatyâ rucà \ paristôbhantyà krpà |
somâh çukrâ gâvâçirah
(Voilà) les liquides resplendissants mêlés de lait, (produits)
par l’éclat étincelant, par la manifestation (?) bruyante !
pâdal. — Cf. 64, 13% indo rucàbhi gâ ihi.
29. — hinvcïnô hetrbhir yatâ | à vàjam vdjy àkramlt |
sïdanto vanûso yathà
Celui qui se pourvoit de réconfort est venu au réconfort
en s’agitant, développé par ceux qui le mettent en mouve-
ment, pareil aux désireux qui s’établissent (dans les objets
de leurs désirs).
Hémistiche 1. — Cf. 13, 6, atyâ hiyânâ na hetrbhir asrgram
vâjasâtaye.
pâda 2. — - Cf. 45, 4, paoitram akramîd vâjï (paoitram = vüjam) .
30. — rd/idk soma svastdye \ samjagmânô divdh kavih |
p cw as va süryo drçê
O liquide, — toi le sage qui viens du ciel te joindre au
séparé pour la bonne manifestation, — allume-toi, ô soleil,
pour voir.
rdliak, — Adjectif neutre pris substantivement, qui désigne ici
e soma liquide, en tant que séparé du soma igné.
divali kavih. — Cf. 9, 1’, même formule, mais construction
différente.
pâda 3. Cf. 61, 18', svar drçe.
Berg., qui croit voir dans ce vers une indication de l’opposition
du soma terrestre et du soma céleste, traduit (I, 181) : « Que tu sois
séparé de lui, ô soma, ou que tu lui sois réuni, sage du ciel, cia-1
rifie-toi, pareil au soleil, pour notre salut. »
240
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
HYMNE LXV
1. — hinvànti suram ûsrayah | svâscïro jâmdyah pâtim |
maliàm indam mahlyûvah
Les lumineuses (aurores) mettent en mouvement le soleil,
— les sœurs, les parentes (mettent en mouvement) l’époux,
— celles qui désirent grandir (mettent en mouvement) le
grand, le brillant.
Dédoublements verbaux : usrayali — süram; s vasârab + jâma-
yah — patim; indum = mahïyuvah.
Hémistiche 1. — Cf. 26, 5, jâmayo harim hinvànti.
Berg., I, 161, reconnaît que dans ce vers, pâda 1, la particule
comparative est supprimée et que le « nom de soleil est appliqué à
Soma ». Cf. aussi Berg., Il, 43, pour une explication théorique
inadmissible, à mon avis.
2. — pâvamàna rucâ rucâ | devô devébhycih pari |
viçvâ vdsûny à viça
O allumé, par le moyen de chaque clarté qui se succède,
toi, Céleste, pénètre pour les Célestes tous les biens en les
entourant.
pâda 1. — Cf. 64, 28, rucâ. . . somâh çukrâfi.
pâda 2. — Cf. 42, 2% même formule.
pâda 3. — Cf. 25, 4', viçvâ rüpâny àviçan (punânab).
3. — à pavamâna sustutim \ vrstim devébhyo dûoah |
isé pavasva samyâtam
Ü toi, allumé, allume pour les Célestes la pluie, — celle
quia une belle voix, — le don; (allume) pour la libation
celle qui s’étend de concert (avec toi).
sustutim. . . samyatam. — Cf. 62, 3, abhy avsanti sustutim. . .
samyatam.
vrstim. . . pavasva. — Cf. 49, 1, pavasva vrstim.
ise pavasva. — Cf. 64, 13’, même formule.
Le culte védique du soma
241
Hémistiche I. — Lud. traduit très arbitrairement : « Ileran,
ô Pavamàna, zum schônen preislied schaff regen von den gôttern
ber. » — De pareilles interprétations permettent de juger le sys-
tème sur lequel elles s’appuient. — deoebhyah est certainement
au datif, et non pas à l’ablatif.
4. — vrsd liy dsi bhclnûnd \ dyumàntam toâ havdmahe \
pàvamàna svddhyàh
O taureau, tues (manifesté) par l’éclat; nous t’appelons,
toi qui brilles, ô allumé, — nous qui avons de belles pensées.
bhânunâ. — Dédoublement verbal.
Ce sont les libations crépitantes qui sont censées parler; cf. 11, 1.
Berg., I, 155, constate que « les indications relatives à la couleur
brillante du breuvage du sacrifice sont accumulées dans ce vers ».
5. — â pavasva sumryam \ mândamâna/i svdyudha |
ihô su indav â galii
O toi qui a de belles armes, toi qui te baignes (ou qui
t’abreuves), allume ce qui est pourvu de beaux héros(-somas);
ô brillant, viens ici (c’est-à-dire, en ceci).
pâda 1. — Cf. 13, 4, pacasca. . . indo suvïrrjam.
svâyudha. — Cf. 4, 7', svài/udha soma.
6. — ydd adbhih parisicyâse \ mrjyâmdno gdbhastyoh |
drûnd sadhdstham açnuse
Lorsque tu es baigné par les eaux, (et) rendu brillant dans
les deux mains, tu obtiens, au moyen du bois, celui qui siège
avec (le compagnon = soma).
pâda 2. — Cf. 36, 42, même formule.
pâda 3. - — Cf. 1, 2% drunâ sadhastham âsadat.
7. — - prâ sômdya vyciçvavâit \ pd.txxmdndya gdyata \
marné sahdsracaksase
Faites résonner ce qui est pourvu de celui qui manque
16
*242
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
de cheval pour le liquide, pour l’allumé, pour le grand qui
a l’éclat de celui qui a les mille (dons).
Hémistiche 1. — Cf. 11, 4’, somâya gâtham arcata.
Pour l'ensemble du vers, cf. GO, 1, pra gâyatrena gâyata para-
mânam... sahasracakëasam. — « Faites résonner celui qui est
pourvu de ce qui manque de cheval, » revient à dire « rendez cré-
pitant, allumez le soma liquide privé de son cheval de flamme. »
8. — y àsy a vârnam madhuçcutam \ hdrim hirwànty
âdvibhih | indum indrâya pitüye
De ce (liquide) que (voilà), ils mettent en mouvement
avec des pierres, l’éclat qui distille le doux, — le doré,
*— le brillant, pour la boisson (destinée) à l’Ardent.
pada 1. — Cf. 50, 33, paoamânam madhuçcutam; 36, 23, /coçam
madhuçcutam.
pada 2. — Cf. 50, 3S, même formule.
pàda 3. — Cf. 43, 2', même formule.
0. — tdsya te vdjino vayâm | viçvd dhândni jig y ûsci/i |
sakhitvdm â vrnîmahe
De toi que voilà pourvu de réconfort, désireux de con-
quérir toutes les oblations, nous désirons (ou choisissons)
la chose amie.
tasya te. — Démonstratifs liturgiques.
pada 2. — Cf. 61, 23, dhanâ jayema.
pada 3. — Cf. 61, 4\ même formule.
10. — üi'sd pavasva dhàrayd | marütvate ca matsardh |
viçvd dâdhâna ôjasd
O taureau, allume-toi au moyen de la coulée, ô liquoreux,
pour ce qui est pourvu de l’impétueux; (allume-toi) en
établissant au moyen de la force les choses qui ont tous (les
dons).
pada 1. — Cf. I, P, pacasva. . . dhârayü.
LÈ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
243
marutvûte. — Cf. 64, 22, marutoate pavasva.
pâda 3. — - Cf. 64, 18, yàlii. . . viçoâ vasüny ojasà; 39, 3% toisim
dadhâna ojasâ.
11. — tàm tvd dhartâram onyôlx \ pâvamdna suardfçam |
liinvé vâjesu vâjinam
Toi que voilà,, ô allumé, toi qui soutiens les deux régals (?),
toi qui vois au moyen du soleil, toi qui te pourvois de récon-
forts, je te mets en mouvement (pour arriver) dans les
réconforts.
ont] oh. — Cf. 16, 1'.
pâda 2. — Cf. 13, 9\ pavamânâh svardrçali.
pâda 3. — Cf. 64, 292, a vâ/am oâjy akramït.
12. - — ayâ cittô vipânâyd | hâri/i pavasva dhàrayd |
yüjam vâjesu codaya
Rendu brillant par cet agité, allume-toi, ô doré, au moyen
du courant; pousse celui qui s’attelle (à eux) dans les récon-
forts.
cnjü. . . anayâ. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1, — Cf. 63, 71, ayâ pavasva dhârayl.
pâda 3. — Cf. le pâda correspondant du vers précédent [yajain
— vâjinam ).
13. — à na indo mahim isam | pavasva viçvàdarçatah |
asmàbhyam soma ydtuvit
O toi, brillant, toi qui as l’éclat de ce qui a tous (les dons),
allume notre grande libation, ô liquide qui trouves la voie
pour nous.
Hémistiche 1. — Cf. 41, 41, à pavasva malüm isam. — Lud. :
« Schafft uns. . . màchtige kraft (!) »
pâda 3. — Cf. 46, 53, même formule,
244
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
14. — à kalàçâ anüsaté \ -ndo dhàrâbhiv ôjasâ |
êndrasya pltdye viça
Les coupes ont retenti au moyen des courants, au moyen
de la force; pénètre-(les), ô brillant, pour la boisson de
r Ardent.
pada 1. — Cf. 18, 7, sa. . . kalaçesu â punâno acikradat. —
La comparaison des deux passages montre que dans notre vers, le
contenant ( kalaçesu ) est dit pour le contenu (punâna).
pâdas 2 et 3. — Cf. 60, 3, pavamânal). . . kalaçân abhi dhàvali,
indrasya hârdy âoiçan. — 12, 5, yali somah kalaçesu... tam induh
pari sasvaje.
15. — yàsya te mddyam râsam \ twrdm duhânty
âdribhih | sd pavasuâbhimdtihâ
Toi dont ils trayent le suc liquoreux (et) cuisant (ou
brûlant) au moyen des pierres, allume-toi, — ô toi, le des-
tructeur de la contre-pensée.
yasya te. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 34, 3, sunvanti somam âdribhih dulianti...
payai).
rasani livrant dulianti. — Cf. 13, 5', çukram duhate payai).
abhimâtihâ. — Lud., très arbitrairement : « Vernichter feind-
licher anschlfige ». — Cf. 62, 112, pavamâno açastihâ.
16. — râjà medhâbhir iyate \ pàvamâno manâv ddhi |
antàriksena yâtave
L’allumé, (pareil au) roi, est conduit par les pensées dans
(et) au-dessus de l’homme(-soma), pour s’avancer 1 au moyen
de l’entre-deux (l’atmosphère).
padas 2 et 3. — Cf. 63 , 82 ct 3, mêmes formules. — Le pâda qui
précède ( ayukta süra etaçam ) prouve qu’au pâda correspondant
de notre vers (63,8'), medluiblnli tient lieu de etaçam. — Berg.,
1. Littéralement: « Pour l’Allure (personnifiée).
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
245
I, 190, traduit : « Le roi s’avance avec les prières, se clarifiant
chez Manu, pour aller dans l’atmosphère. «
17. — â na indo çatagvinam \ gc'wclm pôsam svâçuyam I
vàhâ bhdgattirn ütdye
Apporte-nous, ô brillant, la nourriture des vaches douée
de cent vaches, douée de beaux chevaux, — le don de la
Part (de l’oblation), pour le régal.
Hémistiche 1. — Cf. 63, 12, abhy arsa sahasrinam rayim go-
mantam açvinam; 62, 12, « pavasva, et la suite comme à 63, 12; — -
donc «... vahâ — abhy arsa — pavasva.
18. — à nah soma sûho juvo \ rûpâm nd vdrcase bhara |
susvdnô devdvïtaye
O liquide, apporte-nous la puissance, l’ardeur, comme la
beauté (?) destinée à l’éclat, — ô toi qui coules pour le régal
des Célestes.
pâda 3. — Cf. 13, 23, pavamânam. . . susvânam devavïtaye.
Ce n’est pas aux sacrificateurs-hommes que le soma apporte ses
dons, mais à l’éclat des flammes du soma pavamâna.
19. — arsâ soma dyumdttamo \ ’bhi drônâni rôruvat \
sidah chyenô nd yônim â
O liquide très brillant, coule vers les choses qui sont de
la nature du bois, (vers) ce qui bruit, en venant te poser
comme un aigle dans la matrice.
abhi dronàni. — - Cf. 3, l3,abhi dronâny cisadam.
pâda 3. — Cf. 61, 21% même formule.
20. — apsâ indrâya vâydve | vdrunàya mavddbhyah |
sômo arsati visnave
Le liquide, celui qui conquiert les eaux, coule pour l' Ar-
dent, pour le Vent, pour l’Enveloppeur, pour les Impétueux,
pour l’Actif,
246
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
Vers idenlique à 34, 2, (cf. 33, 3), sauf, au commencement du
pâda 1, sutali au lieu de apsâ.
21. — isam tokâya no dâdliad \ asmâbhyam soma
viçvâtah | dyxtcasva sahasrinam
Ce qui établit la libation pour noire poussée (ou pour
notre progéniture), — ô toi, liquide, allume pour nous
ce qui, venant de ce qui a tous (les dons), a mille (dons).
ièam tokâya. — Cf. 8, 93, prajüm isam.
pâdas 2 et 3. — Cf. 40, 3* et 3, mêmes formules.
22. — yé sômâsah paràvati | yé aruduüti sunviré |
yé vâddh çaryanâvati
Les liquides qui sont (destinés) à ce qui s’éloigne, ceux
qui sont (destinés) à ce qui s’approche, ou ceux qui (venant)
de ceci (?) sont (destinés) à celui qui a la flèche, ont coulé.
adah. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 39, 5, paràoato atho aroâcatah sutali.
Sur le mot çaranyâoat, voir Berg., I, 206.
23. — y à ârjïkésu krtvasu [ yé màdhye pastyànâm |
yé uâ jdnesu pancdsu
Ceux qui sont dans ce qui est de la nature des brillants
(ou des actifs) qui édifient (les flammes), ceux qui sont au
milieu des demeures, ou ceux qui sont dans les cinq hommes
(-somas). . .
janesu pancasu. — Les flammes du soma pavam. comparées
aux cinq doigts de la main. — Pour l’explication de Berg.,
cf. surtout Rel. véd., I, 206.
24. — té no vrstim divâh pari | pcivantdm à suviryam |
suvânâ devâsa indavah
Que ceux-là, les Célestes, les brillants qui coulent,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
247
viennent allumer pour nous en l’entourant la pluie du ciel
— ce qui est pourvu de beaux héros(-somas).
te. — Démonstratif liturgique.
pâda 2. — Cf. 65, 52, â pavasva suvïryam.
Hémistiche 1. — Cf. 65, 3, vrëtim. . . pavasva.
25. — pcivate haryatô Iiârir | grtidnô jamâdagninâ \
hinvânô gôr âdhi tvaci
Le doré, le désiré, s’allume en chantant au moyen du feu
qui s’approche (ou de l’arrivant), en s’agitant (pour arriver)
au-dessus, dans la peau de la vache.
pâda 1. — Cf. 43, 3', punâno yâti haryatah (somah).
pâda 2. — Cf. 62 , 243, même formule.
pâda 3 — Cf. 50, 3, avyo vâre pari... haritn hinvanti. —
Berg., II, 79-80, voit ici la mention d’une peau de vache réelle,
« qui reçoit le suc exprimé par les pierres du pressoir. »
26. — prâ çukrâso vayojûuo \ hinudnâso nâ sciptayah \
çrïndnâ apsû mrnjata
Les étincelants dont l’énergie est due au réconfort s’agi-
tant comme les sept (coursiers); en s’enflammant, ils sont
devenus luisants dans les eaux.
pada 2. — Cf. 21, 4', hitâ na saptayo rathe.
pâda 3. — Cf. 24, 1:\ même formule.
27. — tàm tvd sutésu dbliûoo | hinoirê deoâtatdye |
sd pavasvdndyd rucâ
Ceux qui se manifestent t’ont poussé, toi que voilà, dans
les coulés pour (obtenir) l’état de Céleste; allume-toi au
moyen de la lumière que voici.
tam tvâ. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 17, 7, viprâh. . . mrjanti devatâtaye.
pâda 3. — Très utile pour la détermination du sens de pavasva.
248
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
— Pour Berg., I, 180, «le pronom anayâ désigne une splendeur
Éloignée de Sonia qui se trouve implicitement opposée à sa forme
terrestre ».
28. — à te ddksam mayobhûvam \ vâhnim adyà
vrnîmahe | pântam à purusprham
Nous désirons aujourd’hui nous unir à ton porteur, à
l’habile, qui consiste dans le réconfortant, au protecteur (?),
à celui que désirent les nombreux (somas).
29. — â mandrcun à vârenyam \ à vipram â manlsinam |
pântam à purusprham
(Nous désirons), en allant à lui, le liquoreux, le désirable,
l’agité, le sage, le protecteur (?) désiré par les nombreux
(somas).
30. — â rayim â sucetûnam | à sukrato tanûsv â \
pântam à purusprham
(Nous désirons), en nous en approchant, la richesse au bel
éclat, ô bon édificateur, en allant dans les extensions (ou les
corps); (nous désirons) le protecteur désiré par les nombreux
(somas).
HYMNE LXVI
1. — pâvasva viçvacarsane | ’blii viçvdni hâvyà |
sâkhà sâkliibhya idyah
O (toi qui es) actif au moyen de tous (les dons), allume-toi
en te dirigeant vers tous ceux qui sont de la nature des sages
(somas), — toi, l’ami (destiné) aux amis (et) qu’on doit invoquer.
viçvacarsane. — Cf. 1,2', viçvacarsanih.
pàda 2. — Cf. 23, l3, même formule,
sakhibhyah. — Cf. 45, 2% sakhibhyah. — Le soma liquide est
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
249
destiné aux amis dont il est lui-même l’ami, à savoir aux somas
ignés.
2. — tâbhyàm viçvasya ràjasi | yê pavamâna dliâmanl |
pratlci soma tastlidtuh
O liquide, ô allumé, tu brilles au moyen des deux qui,
étant les édifices de ce qui a tous (les dons), se tiennent
debout en face (l’un de l’autre).
Hémistiche 1. — Cf. 5, 1, viçoatah patih pavamâno vi l'âjati.
— Berg., 1, 180, traduit : « Tu règnes sur l’univers, ô Soma, avec
tes deux formes ( dhâman ) qui se sont face l’une à l’autre. »
3. — pari dhàmâni yâni | te tvâm somâsi viçvâtah |
pavamâna rtûbhih kave
O liquide, ô allumé, les édifices qui sont tiens, tu te mani-
festes autour d’eux, — toi issu de celui qui a tous (les dons),
ô sage, à l’aide des saisons)?).
te team. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. l’hémistiche correspondant du vers pré-
cédent.
rtubhih. — « Les saisons » (s’il faut s’en tenir à ce sens tradi-
tionnel), auxquelles sont comparés les somas pavamânas.
4. — pâvasva janâyann iso | ’blii viçvàni vàryâ \
sàkhâ sdkhibhya ütâye
Allume-toi en produisant les libations (et en te dirigeant)
vers toutes les choses désirables, ô ami, pour le régal
(destiné) aux amis.
pâda 1. — Cf. 3, 10, janayann isah. . . pavate sutah.
pâda 2. — Cf. 42, 5', même formule -f- somah punüno arèati,
sakhâ sakjiibhyah. — Cf. 66, l3, même formule.
250
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
5. — tara çukràso arcàyo | divâh prsthê ri tanvate \
pavttram soma dhâmabhih
Tes flammes étincelantes, ô liquide, s’étendent dans le
sommet du ciel(-feu); (elles viennent) dans l’allumeur au
moyen des édifices.
tara. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 10, 5‘, sürâ anvain vi tanvate.
divali prsthe. — Cf. 61, 29% dyumna uitame.
dhâmabhih. — Cf. 39, 1% arsa. . . dhâmnâ.
Lud. : « Deine flammen... dehnen sich. . . als lâulerung...
mitihren wesenheiten, » — énigmes pures. — Sây. (justement):
« dhâmabhih — tejobhih. » — Berg., III, 236, traduit : « Tes
rayons brillants, ô Soma, traversent le tamis au sommet du ciel,
selon les dhâman. » — Ce vers est des plus importants pour la
détermination du soma pavam. et celle du sens de pavitra.
G. — tâuemé saptd sindhavah | praçisam soma sisrate |
tûbhyam dhàvanti dhenâvah
O liquide, tes sept rivières que voilà ont coulé (vers) la
voix ; pour toi les (vaches) laitières coulent.
taverne. — Démonstratifs liturgiques.
sapta sindhavah. — Cf. 54, 23, sapta pravatah.
praçisam. — Lud., «pour faire connaître l’ordre » (?) — Sây.,
justement, eu égard à la construction : « praçisam = üjnüm ( abhi
sisrate). »
pâda 3. — Cf. 13, 7, arsanti. . . na dhenavah.
7. — pra soma ycihi dhârayd | sutd indràya matsavàh j
dâdhâno àksiti çrâvah
O liquide versé, avance-toi au moyen de la coulée, toi
qui es liquoreux, pour l’Ardent, en établissant la voix qui
ne s’épuise pas (qui est constamment active).
indrâtja matsarah. — Cf. 13, 8', même formule.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
251
8. — sàm u tvd dhibhtr asuaran | hinoatih saptci
jâmâyah | vipram djâ vivâsvatah
Les sept sœurs t’ont fait résonner en même temps (qu’elles)
au moyen des pensées(-crépitements) ; (elles ont fait résonner)
celles qui s’agitent; (elles ont fait résonner) l’agité dans le
combat du brillant (celui où il conquiert l’oblation).
tvâ. — Démonstratif liturgique.
pàda 1. — • Cf. 63, 21, vrsânam dlilbhili. . . sam asvaran.
La syntaxe du vs 63, 21, indique que hinvatili est régime et non
sujet.
pâda 3. - — Cf. 63, 21', matl viprâJi sam asvaran. ■ — Dédouble-
ment verbal, en ce qui regarde vipra, pris sur le fait.
9. — mrjànti tvâ sam agrûvô | ’vye jirâo âdhi svdni |
rebhô yâd ajyâse vâne
Celles qui ont une pointe (?) te rendent brillant en même
temps (qu’elles) dans le courant sonore de la brebis, alors
que, ô chanteur, tu es l’objet d’onctions dans le bois.
tvâ. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 1, 8', tam ïm hinvanty agruvah.
pâda 2. — Cf. 50, 23, gad acya esi sânavi.
Pour l’ensemble du vers, cf. 7, 6, avyo pare... harir vanesu
sïdati, rebho vanusyate matï.
10. — pdvamdnasya te kave | vâjin sàrgd asrksata |
drvanto nd çravasydvah
O sage, ô allumé, pourvu de réconforts, tes émissions ont
coulé, pareilles à des coursiers, désireuses de devenir
bruyantes.
te. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 64, 7, pavamünasya . . . pra te sargü
asrksata.
pàda 3. — Cf. 10, 1% même formule.
252
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
11. — cichà kùçam madhuçcûtam \ dsrgram vâre avyàye\
düâvaçanta dhltâyah
Les pensées ont coulé vers le vase d’où sort le Doux, dans
la toison de la brebis; elles ont fait entendre leur voix.
L’identité des pensées-crépitements et des libations ou des somas
pavam., ressort nettement du texte de ce vers.
pâda 1. — Cf. 36, 2', même formule, sauf abhi, au lieu de achâ.
pâda 2. — Cf. 13, 6, asrgram. . . vi vâram avyam âçavali.
pâda 3. — Cf. 19, 4’, même formule.
12. — âchà samudràm indavô | ’ s tain gdvo nâ dhendvah \
âgmann rtâsya yônim à
Les brillants (sont allés) vers la mer; les laitières, pareilles
aux vaches, (sont allées) à leur demeure; elles sont allées
vers la matrice du coulé.
pàdas 1 et 3. — Cf. 64, 17, samudram indavah ; le reste (pâda 3)
même formule.
gâvo na dhenacah. — Cf. 33, 4!, gâco mimanti dhenacah.
13. — prd na indo mahé râna | dpo anéanti sindhavali (
yâd gôbhir vâsayisyâse
O brillant, les eaux, les rivières, s’avancent en coulant
pour notre grande jouissance (celle que causent nos obla-
tions)1, lorsque tu seras enveloppé par les vaches.
pâda 1. — Cf. 2, 4’, mahüntam toâ mahïr anu.
pâdas 2 et 3. — Cf. 2, 4* et 3, mêmes formules.
14. — dsya te sakhyé vaydm | iyahsantas tvôtayali |
indo sakhitvdm açmasi
Nous qui sommes désireux de verser l’oblation dans la
1. Berg., II, 42, entend « les rivières qui coulent pour la joie des sacri-
ficateurs », et ces rivières sont « les rivières célestes »,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
253
chose amie de toi que voilà, ayant des régals grâce à toi,
ô brillant, nous désirons la chose amie (de toi), (ou que tu
sois notre compagnon).
asya te. — Démonstratifs liturgiques.
pâda 1. — Cf. 61, 291, même formule.
iyaksantâh. — Cf. 22, 4% même expression.
pâda 3. — Cf. 31, 63, même formule.
15. — à pavasva gdvistage | mahé soma nrcàksase |
êndrasya jathàre viçci
Viens t’allumer, ô liquide, pour ce qui a le désir des
vaches, pour le grand, pour celui qui a de l’éclat au moyen
des hommes(-somas); viens pénétrer dans le ventre de
l’Ardent.
Hémistiche 1. — Cf. 45, 1, sa pavasva. . . nrcakscdi ; dédouble-
ment verbal.
pâda 3. — Cf. 60, 3% indrùsya hârdy âviçan.
16. — mahân asi soma jyéstha \ ugrândm inda ôjisthdh \
yûdhvâ sân chdçvaj jigetha
O liquide, tu apparais grand, tu apparais très victorieux,
ô brillant, tu es le plus réconforté des forts; apparaissant
pourvu d’armes, tu as conquis ce qui est continuel (ce qui
n’est pas arrêté).
17. — y à ugrébhyaç cid ôjiyàn [ cliùrebhyaç cic
chùratarah | bhüridcibhyaç cin mânhîydn
Lui qui est plus fort que les forts mêmes, plus héros que
les héros mêmes, plus généreux que les grands donateurs
mêmes.
(Le soma liquide) est plus fort que les forts (les somas ignés),
puisqu’il leur ajoute de la force; il est plus héroïque qu’eux, puis-
qu’il leur procure de l’héroïsme; il est plus généreux qu’eux,
puisqu’il accroît leurs dons.
254
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
18. — todm so/na suva ésah | tokdsya sâtci tanùnâm |
vrnimdhe sakhyâya | vrnimdhe yûjyàya
O liquide, toi (qui es semblable au) soleil, t’approchant
dans la Conquête (personnifiée) de la libation, de la poussée,
des extensions, — nous te choisissons pour la chose amie,
nous te choisissons pour la chose à joindre.
Hémistiche 1. — Cf. G5, 21’, isam tokâija na dadhat. — Berg.,
II, 177, note, rend l’expression sàtâ tanùnâm par « conquête de
soi-même ».
pada 3. — Cf. 65, 9% sakhitcam à rrnïmahe.
19. — dyna âyütisi pavasa \ à suvôrjam isam ca nah \
ürê bddhasva duchûnâm
O feu, tu allumes les vigueurs; viens faire couler la force,
la libation qui sont nôtres; chasse au loin la malfaisante.
Hémistiche 1. — Cf. 63, 2’, ièam ürjam ca pincase. — Berg.,
III, 43, rend le 2e pada par les mots, « donne-nous (à suça ) la
force et la santé. »
pada 1. — L’identité d'Agni et du soma pavam. est établie
aussi clairement que possible par la formule agne... paoase. —
Berg., I, 166, essaye vainement de rendre compte de la prétendue
anomalie qui consiste à employer le radical pu avec agni pour
sujet.
20. — agnir rsih pdvamànah | pâncajanyali puvôhitah \
tdm imahe mahâgayàm
(Voilà) le feu, le chanteur, l’allumé, celui qui est de la
nature des cinq hommes, celui qui est placé en avant; nous
l’appelons, lui qui a une haute demeure (les flammes).
pâncajanyaJi . — Cf. 65, 23’, ye ( somàsah ) câ janesu pancasu.
pâdal. — agnih... pacamânalj. Cf. au vers précédent, pâdal,
agnc. . . paca se.
Le culte védique du soivèa
255
21. — dyne p do as va soâpd | cisiné varcah suviryam |
dàdhacl rayim mâyi posant
0 feu aux belles œuvres, allume-nous l’éclat, ce qui est
pourvu de beaux héros(-somas), — ce qui établit en moi la
richesse, la nourriture.
agne pavasva. — Cf. 66, 19', agne... pavase, et 66, 20',
agnil) . . . pavainânali.
22-. - pcwamâno âti sridho \ ’bliy àirsati sustutim \
sàro nd viçvddarçatah
L’allumé coule vers celle qui a une belle voix au delà des
rivaux1, pareil au soleil qui a l’éclat de ce qui a tous (les
dons).
pâda 1. — Cf. 27, 1% pundno ghnann apa sridhali.
pàda 2. — Cf. 62, 32, même formule.
süro nd. — Cf. 41, 5‘, sûrgo na.
viçvadarratal) . — Cf. 65, 13, même épithète donnée au soma. —
Berg., I, 160, « visible à tous ».
23. — sâ marmrjdnâ âyâbhih | prdyasvân prdyase hitâh |
indur dtyo vicaksanâ/i
Celui (que voilà) se rendant brillant au moyen des actifs,
doué de l’agrément (le réconfort), (est) mis en mouvement
pour l’agrément, — (lui) le brillant, le coursier, l’étincelant.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 57, 3', même formule.
pàda 2. — Cf. 46, 3, ete somâsa indavalj, pragasoantah,., sutü/j,
— 65, 113, hinve vâjesu vàjinam.
indur atgalj. — Cf. 43, 5’, indur atgo na.
1. Peut-être « les trébuchants », désignation métaphorique des semas
paresseux, fatigués ou retardataires et, par conséquent, absents.
256
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
24. — pàoamâna rtdm brhdc | chukràm jyôtir ajijanat \
krsnâ tàmânsi jânghanat
L’allumé a engendré le coulé, le vigoureux, le brillant, la
lumière, ce qui détruit les noires ténèbres.
Détermination des plus claires et des plus précises du caractère
igné et lumineux du soma pavamâna. — Cf. Berg., I, 214.
Hémistiche 1. — Cf. 61, 16, pavamâno ajijanat... j y otih ... brhat.
pâda 3. — Cf. 9, 73, tâni ( tamànsi ) p unàna janghanaJi.
25. — pâvamdnasya jànghnato \ hàreç candrà asrksata |
jirà ajiràçocisah
Les lumières de l’allumé, du destructeur (des ténèbres),
du doré, ont coulé; les actifs qui tiennent leur éclat de
l’actif (ont coulé).
pâda 1. — Cf. au vers précédent, pavamânah. . . janghanat. —
Berg., I, 155, signale ce vers comme un de ceux où « les indica-
tions relatives à la couleur brillante du breuvage du sacrifice
sont accumulées ».
26. — pavamâno rathitamah | çubhvébhih çubhràçastaniah |
hdriçcandro marûdganah
(Voilà) l’allumé très bien pourvu de char, à la voix très
éclatante au moyen des éclatants, (lui qui a) un éclat doré
(et) qui a pour escorte les Impétueux.
pâda 1. — Cf. 64, 10, induit. . . rathïv ica.
pâda 2. — Cf. 25, 5, aruso janayan girah somali pacate. —
Lud., « Der mit den schônen von dem schônsten preise »(!)
hariçcandrah. — Cf. au vs précédent, pâda 2, haveç candrü.
27. — pavamâno vy àçnavad \ raçmibhir vâjasdtamah \
dâdhat siotré suvtryam
Que l’allumé saisisse avec ses rayons, — lui, le conquérant
par excellence du réconfort, — ce qui établit pour le chanteur
ce qui est pourvu de beaux héros(-somas).
le culte védique du soma 257
Vers important pour la détermination de la nature ignée du soma
pavamâna. — Cf. Berg., I, 154.
Hémistiche 1. — Cf. 41, 5, sa pavasva. . . süryo na raçmibhih.
vâjasâtamah. — Cf. 2, 10% indo. . . vajasà.
pâda 3. — Cf. 62 , 303, même formule.
28. — prâ suvdnü indur aksdh \ pavitram City auyâyam |
pundnd indur indram â
En s’avançant en coulée, le brillant a coulé au delà, (vers)
l’allumeur qui est de la nature de la brebis; en s’allumant,
le brillant est venu à l’Ardent.
Hémistiche 1. — Cf. 18, 1, pari suvânah ... pavitre somo aksâh;
cf. aussi 43, 5.
pâda 3. — Cf. 27, 6% même formule.
29. — esâ sômo âdlii tvaci \ gdvdm krllaty àdribhih |
indram mciddya jôhuvat
Ce liquide danse en haut, dans la peau des vaches, au
moyen des pierres; c’est ce qui a appelé l’Ardent à la
boisson.
esa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 65, 25% hinvâno gor adhi toaci.
pâda 3. — Cf. 11, 8, indrüya soma. . . pâtave madüya.
30. — ydsya te dyumnâvat pdyah | pâvamdnâbhrtam
divcih | têna no nirki jlvcise
Au moyen de ton lait lumineux, ô allumé, apporté du ciel
(-feu), frotte-nous (ou caresse-nous) pour la vie (pour que
nous vivions).
te. — Démonstratif liturgique.
dyumnavat. — Cf. 2, 2% dyumnavattamal/. ( induh ),
pâda 3. — Cf. 61, 5% tebhir nali soma mrlaya.
Hémistiche 1. — D’après Berg., II, 83, note, il s’agit « d’un lait
apporté du ciel » ; mais ni le lait, ni le ciel ne doivent être pris au
17
258
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
propre : l’un et l’autre sont des dénominations métaphoriques du
soma pavarn., considéré tout à la fois comme liquide et comme
brillant ou igné.
HYMNE LXVII
1. — toâm somâsi dhârayur | mandrâ ôjistho adhuaré |
pdvasva manliayâdrayih
O toi, liquide, tu es désireux de couler, liquoreux, très
pourvu de réconfort, dans l’oblation; allume-toi, toi qui as
la richesse du généreux (soma).
team. — Démonstratif liturgique.
dhârayur mandrali. — Cf. 6. 1’, mandrâya soma dhârayâ. . .
pavasva.
pàda 3. — Cf. 52, 5% même formule.
2. — tvdm sutô nrmàdano | dadharwân matsarintamah |
indrâya surir ândhasà
Tu (as été) versé, toi qui baignes dans les hommes(-somas),
pourvu de lait, très liquoreux, brillant, pour l’Ardent au
moyen de l 'and/tas.
tram. — Démonstratif liturgique,
pada 1. — Cf. 24. 4', tram soma nrmâdanah.
matsarintamah, indrâya. — Cf. 63, 2S, indrâya matsarintamah.
— Lud. : « Tu es avec ton suc un suri pour Indra. »
surir andhasâ. — Cf. 61, 19, yas te nwdali... tenu parasrân-
dhasâ; — indice que sürih désigne un liquide inflammable et que
c’est un nom du soma.
3. — tvdm susvdnô âdribhir | abhy àrsa kdnikradat \
dyumdntain çusmam uttamâm
O toi qui as coulé au moyen des pierres, coule vers ce qui
bruit, (vers) le lumineux, (vers) Tardent qui est tout en haut.
Le culte védique du soma
259
tvam. — Démonstratif liturgique.
pàda 1. — Cf. 24, 51, adribhili sutali-
padas 2 et 3. — Cf. 63, 292'% mêmes formules.
4. — indur liirwânô arsati | tiré vàrdny avydyd \
hdrir vâjatn acikvadat
Le brillant coule en (se) poussant à travers les toisons des
brebis; le doré a fait résonner le réconfort.
pàda 1. — Cf. 34, 1% même formule.
pàda 2. — Cf. 62, 1, asrgram indavas (irai) pavitrum; 62, 8%
tiro româny cipyayà.
pâda 3. — Cf. 2, 6', acikradat... hardi. — Lud., énigmati-
quement : « Der gelbe hat kraft gebrüllt. »
5. — indo vy âvyain arsasi j ri çrdvdnsi ri saâbhayd |
ri vâjdn soma yômatah
O brillant, tu coules en t’épanchant (vers) ce qui vient
de la brebis, — • (vers) les voix, — (vers) ce qui provient
de la bonne part, ô liquide, — (vers) les réconforts pourvus
de vaches(-libations).
Lud. est absolument à côté du vrai sens en traduisant : « Tu fais
couler la possession en brebis, etc. » — L’emploi du préfixe vi
avec çracàiisi , etc., prouve qu’on aurait tort de le traduire par « à
travers ».
pâda 3. — Cf. 54, 4% oâjân arsasi. y o mat ah .
6. — à na indo çatayrinam \ rayim yômantam açvinam |
bhàrd soma sahasrinam
O brillant, apporte--nous la richesse qui consiste en cent
vaches (ou en vaches qui ont cent dons), pourvue de vaches,
pourvue de chevaux, ayant mille (dons).
pâda 1. — Cf. 65, 17', même formule.
pàda 2. — Cf. 65, 17’, gavâm posant svaçpyam.
pàda 3. — Cf. 38, 1\ gachan vâjani sahasrinam,
260
LE CELTE VÉDIQUE DU SOMA
7. — pdvamânàsa indavah | tiràh pcwitram âçdvah |
indram yâmebhtr âçata
Les allumés, les brillants, les rapides ont atteint en tra-
versant (les obstacles) l'allumeur — l’Ardent, au moyen
des marches (= en marchant).
Hémistiche 1. — Cf. 62, 1, indavas tirah pacitram âçacah.
pada 3. — Cf. 24, 2, êpo na pravatü yatïh, punânâ indram âçata.
— Lud. : yâmebhih = « auf ihren wegen ».
8. — kakuhdh somyô rasa \ indur indrâya pûrvydh [
âyûh pavata âydve
Le suc, de la nature du liquide, qui se trouve au sommet,
— le brillant de la nature de celui qui est en avant, — s’al-
lume pour l’Ardent; la vigueur (s’allume) pour le vigoureux.
pada 1. — somyo t-asait, — dédoublement verbal = somasya
rasait = somait ou rasait. — Berg., II, 441, rend kakuhaii par
« qui séjourne sur les sommets»; d’où il conclut qu’il s’agit du
soma céleste, alors qu’au contraire les sommets en question s’ap-
pliquent à la flamme du soma pavamàna.
induit. . . pürvyah. — Cf. 6, 3’, pürvyam madam.
pada 3. — Cf. 16, 8, tram soma... punâna àyusu. — Berg.,
II, 323 : « Le nom d’Ayu est donné à Soma aussi bien qu’à Agni ».
N’était-ce pas le cas de voir que ces deux termes égaux à un troi-
sième sont égaux entre eux?
0. — hinvdnti suram ûsrayah\ pdaamànam madhuçcàtam\
abhi girâ sam asvaran
Les rouges (aurores) poussent le soleil, l’allumé, qui fait
couler le Doux; elles ont résonné vers (lui) et en même
temps (que lui) à l’aide de la voix.
1. Ou « ont atteint, au delà de l’allumeur, l’Ardeut ». — L'allumeur et
l’Ardent sont une seule et même chose, mais distinguée verbalemeut, ou par
des appellations différentes; le soma peut donc passer de l une dans l’autre,
tout eu étant dans l’une et l'autre.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
261
pâda 1. — Cf. 65, Y, même formule. — Berg., I, 161, reconnaît
qu’ici le nom du soleil est appliqué directement à Soma.
pâda 2. — Cf. 50, 33, même formule.
pâda 3. — Cf. 66, 8', sam u tiw dhïbhir asvaran; 63, 21 3 , matl
vipràh sam asvaran.
10. — avitâ no ajâçvah j püsà yâmani yâmani \
â bhaksat kanyâsu nah
Celui qui offre notre régal, qui a chèvres et chevaux (ou
qui a des chèvres pour chevaux), le Nourricier qui réside
dans chaque marche, — qu’il vienne prendre sa part dans
nos jeunes filles.
pâda 2. — Püsan, en tant que personnification du soma pavam.
nourricier du feu sacré, reçoit les dons du soma liquide personnifié
sous la forme de jeunes filles. Cf. 61, 92.
yâmani. — Cf. 67, 73, yâmebhih.
kanyâsu , — Cf. les libations personnifiées sous le nom de yâmi,
svasr, yosan, etc.
11. — ayctm sômah kapardine \ ghrtdm nd pavate mddhu |
à bhaksat kanyâsu nah
Ce liquide s’allume comme du ghrta (beurre clarifié),
doux, pour celui qui a des cheveux bouclés, — qu’il vienne
prendre sa part dans nos jeunes filles.
ayam. — Démonstratif liturgique.
kapardine. — Désignation métaphorique du feu sacré, dont les
flammes sont comparées à une chevelure bouclée.
12. — ayam ta âghrne sutô \ ghrtdm nd pavate çâci j
â bhaksat kanyâsu nah
Ce coulé qui est à toi, ô étincelant, s’allume comme du
ghrta (beurre clarifié), brillant, — qu’il vienne prendre sa
part dans nos jeunes filles.
ayam te. — Démonstratifs liturgiques.
262
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
13. — vàcô jantâh kavinâm | pâvasva soma dhârayà |
devésu ratnadhà asi
Toi qui engendres la voix des sages (somas), allume-toi,
ô liquide, au moyen du courant; tu es établisseur de
richesses dans les Célestes.
pàda 1. — Cf. 42, 4\ krandan devait ajïjanat.
pàda 2. — Cf. 1, 1% même formule.
pàda 3. — Cf. 3, 63, dadhad ratnàni dàçuèe. — Lud.: hémis-
tiche 1 : « Làutere dich, soma, in den strom des liederzeugers
unter den weisen » (!). — Berg., II, 26, rend l'expression vüco
jantuli, par les mots « l’enfant de la parole ».
14. — â kalàçesu dhâvati | çyenû vanna vi gàhate \
. ab/ii dvônà kânikradat
L’aigle court pour venir dans les coupes; il se plonge
dans l’enveloppe, en se dirigeant vers les bois, (vers) le
bruyant (ou, lui la chose bruyante).
pâda 1. — Cf. 63, 3S, somali kalaçe aksarat.
varma vi gâhate. — Cf. 7, 2% apo ri gâliate; cf. aussi 38, 4,
mânusïsv â çyeno na viksu sidati, — donc mânuëïsu viksu
— varma — droriâ.
pâda 3. — Cf. 65, 19’, abhi dronâni roruvat.
Berg., I, 149, remarque l’emploi dans ce vers des deux mots
kalaça et drona auxquels il attribue le même sens de « vase de
bois ». — C’est reconnaître le dédoublement verbal.
15. — pari prà soma te râsô | ’sarji kalàçe sutàh |
çyenô nd taktô arsati
Ton suc, ô liquide, mis en mouvement, a coulé en s’avan-
çant circulairement (pour arriver) dans la coupe; il coule
rapide comme un aigle.
te. — Démonstratif liturgique.
pâdas 2 et 3. — Cf. les pàdas 1 et 2 du vers précédent.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
263
pâda 3, — Cf. 32, 42, mrgo na takto arsasi. — De part et d’autre,
la comparaison porte sur la vitesse du soma liquide et flamme;
cf. Berg., 1, 225.
16. — pâvasva soma mandàyann \ indrâya
mâdli umattamali
Allume-toi, ô liquide, en (le) baignant, pour l’Ardent,
— ô toi très pourvu de doux.
Cf. 64, 221"2, indrâyendo . . . pavasva madhumattamah,
17. — âsrgran devcmitaye | vâjayànto ràthà iva
Ils ont coulé pour le régal des Célestes, réconfortants (et)
pareils à des chars.
pâda 1. — Cf. 46, l1, même formule.
pâda 2. — - Cf. 22, l2, rathà iva pra vâjinah... ahesata (somâh).
18. — té sutâso madtntamàh | çukrâ vdyûin asrksata
Ces coulés très liquoreux, étincelants, ont coulé vers le
Vent (ou ont coulé le Vent, c’est-à-dire produit le Vent).
pâda 2. — Cf. 46, 23, vât/uin soma asrksata.
19. — grâvnà tunnô abhistutah | pauitram soma gachasi \
dâdhat stotré sumryam
Mis en mouvement par la pierre, objet d’appel (de sa
part), ô liquide, tu vas à l’allumeur, — à ce qui établit
ce qui a de beaux héros (somas) pour le chanteur.
Hémistiche 1. — Cf. 24, 5, ;jad adribhih sutah pavitrampavi-
dhâvasi.
abhistutah. — Cf. 27, 1', esa kavir abhistutah .
pâda 3. — Cf. 66, 273, même formule.
264
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
20. — esd tunnô abhistutah | pavitram àti gâhate |
raksohâ vâram avydyam
Celui (que voilà), mis en mouvement, objet d’appel, plonge
en le dépassant dans l’allumeur; lui qui détruit le gardien
(plonge, en la traversant, dans) la toison de la brebis.
esa. — Démonstratif liturgique.
pàda 1. — Cf. vers précédent, pâda 1.
pàda2. — Cf. vers précédent, pâda 2.
pâda 3. — Cf. 37, 3% même formule.
21. — ydd ànti yâc ca dûraké | bhaydm vindoti mâm ihâ |
pâvamdna vi tâj jahi
O allumé, écarte la crainte, — celle qui est vis-à-vis et
celle qui est au loin, — qui me rencontre ici.
pàda 1. — Cf. 19, 73, dure va sato anti va.
pâda 2. — « La crainte, » nom métaphorique de l’obstacle, qui
empêche la libre allure de la libation.
pàda 3. — Cf. 13, 83, viçvâ apa dviëojahi.
22. — pdvamdnah sô adyd nah \ pavitrena vicarsanih |
ydh potâ sd punâtu nah
Que celui que voilà, notre allumé d’aujourd’hui, l’actif,
lui qui est allumeur, — qu’il nous allume au moyen de
l’allumeur.
sali. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 28, 5*, pavamâno vicarsanih.
pàda 3. — Berg., I, 187, considère potâ comme désignant déjà
le prêtre spécial dont la liturgie postérieure nous fait connaître les
fonctions.
23. — ydt te pavitram arcisy | digne vitatam antdr à |
bràthma téna punihi nah
L’allumeur développé qui est arrivé dans ta flamme, ô feu,
— avec lui, allume notre réconfort.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
265
te. — Démonstratif liturgique.
Berg., I, 283, interprète ce vers en ces termes : « C’est dans la
flamme d’Agni qu’est placé le tamis tendu qui doit purifier la
prière. » J’y vois au contraire la preuve la plus manifeste que
pavitra ne désigne pas un tamis. — L’expression brahm,asavaih
du vers suivant, pâda 3, prouve surabondamment qu’il ne s’agit
pas de « purifier la prière », singulière opération d’ailleurs et dont
on ne voit guère la raison d’être.
24. — yàt te pamtram arcivâd | àgne téna punlhi nah |
brahmasavaih punlhi nah
Ton allumeur doué de flammes, ô feu, — avec lui allume-
nous; allume-nous avec les coulées du réconfort.
Variante du vers précédent.
pâda 3. — Lud. : « Sanctifie-nous au moyen des libations du
prêtre brahmane. »
25. — ubhâbhyàm deva savitah \ pavitrena savêna ca \
màrn punlhi viçvâtah
O Céleste, toi qui fais couler au moyen de ces deux choses,
— l’allumeur et la libation, — allume-moi, qui proviens de
ce qui a tous (les) dons (?).
Hémistiche 1. — Les deux formes du soma : pavitrena — soma
pavam.; savena= soma liquide.
pâda 3. — Cf. 5, l1, samiddho viçvatah patih pavamânah.
26. — tribhis tvàm deva savitar | vàrsistliaih soma
dhâmabhih \ dyne dàksaih punlhi nah
O Céleste, toi qui fais couler, ô liquide, (allume-nous) au
moyen des trois édifices très élevés; allume-nous, ô feu, au
moyen des habiles.
tvam. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 66, 5, arcayali. , , vi tanvate pavitram
soma dhâmabhih .
266
-LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
tribhih. . . dhàmabhili. — Tes trois édifices (supérieur, inférieur
et moyen) des flammes du soma pavam. identifié dans le texte
même à Agni. — L’épithète varsistliaih ne vise que l’édifice supé.
rieur. — Berg., I, 179, « trois essences ».
27. — punàntu mâm devajanâh | punântu vâsavo dhiyâ ||
viçve devâh punitd ma | jâtavedah punlhi ma
Que les hommes célestes m’allument; que les biens m’al-
lument au moyen de la pensée; que tous les Célestes m’al-
lument; que celui qui trouve (ou connaît) celui qui est né
m’allume !
pâda 2. — Cf. 63, 20, mrjanti. . . dhibhiv viprâh .
28. — prâ pydyasva prà syandasva | soma viçvebhiv
ançûbhih | devébhya uttamdm liavih
O liquide, développe-toi; coule au moyen de toutes les
clartés (vers) la libation (destinée) aux Célestes, qui est tout
en haut.
pâda 2. — Cf. 15, 5, lya(e vàjï. . . ançûbhih.
pâda 3. — Cf. 51,2, pîyüsam uitamarri somam indrâya... su-
notü. — Lud., arbitrairement : utlamam = « le meilleur ». — Berg.,
I, 149 : « La liqueur du Soma est (pour les dieux) l’offrande par
excellence. »
29. — ûpa priyàm pânipnatam \ yûodnam âhutwrdham \
âganma bibhrato nâmah
Nous arrivons apportant le namas vers celui qui est
agréable, retentissant, jeune (et) qui croît à l’aide des li-
bations.
âhutwrdham. — Lud. : = « qui renforce les libations ». —
Berg., 1, 182, remarque avec justesse que cette expression a favorisé
l’idée d’une distinction « entre le breuvage sacré et un dieu qui y
préside ». Mais cette distinction réelle est postvédique, — à
l’époque des hymnes, elle n’est que verbale, comme nous avons
sj souvent lieu de le constater,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
267
30. — alâyyasya paraçur nanàça \ tdm ci pavasva deva
soma | dkhûm cid evâ cleva soma
La hache de l’Ardent (?) a atteint celui-ci, allume-la,
ô Céleste, ô liquide, quoique ce soit une taupe, ô Céleste,
ô liquide.
Tant qu’il est caché au sein des libations obscures, le soma
pavam. est comparable à un animal souterrain, ou à une taupe,
destinée à être allumée (paradoxe).
31. — ycih pcLvainânîr adhyéty | rsibhih sâmbhrtam
ràsam || sârvam sâ pütdm açnàti | svaditdm mdtariçvand
Celui qui s’élève sur celles qui sont de la nature des allumés,
(sur) le suc apporté par les chanteurs, — celui-là goûte tout
l’allumé, savouré par celui qui croît dans sa mère.
Lud. voit dans les pâvamânïli des vers du Rig-Véda composés par
les rishis et comparés à des sucs nourriciers; cf. Berg., I, 283, qui
propose une explication analogue. L’un et l’autre donnent à adhyeti
un sens qui ne s’est développé que postérieurement à l’époque des
hymnes. En prenant ce verbe dans sa signification étymologique,
tout ce que la formule a d’obscur s’éclaircit à merveille.
32. — pdvamdnîr y 6 adhyéty \ rsibhih sdmbhrtam rctsam ||
tdsmai sdrasvati duhe | ksirdm sarpir màdhüdakàm
Celui qui s’élève sur celles qui sont de la nature des
allumés, (sur) le suc apporté par les chanteurs, — pour celui-
là la Liquoreuse trait du lait, du beurre, du doux, de l’eau.
HYMNE LXVIII
1. — prd devdm dchd màdhumanta indam | ’sisyadanta
gava a nd dhendœah || barhisddo vacanâvanta udhabhih |
parisrûtam usviyd nii'nijam dhire.
Les brillants, les pourvus de doux, ont coulé eu s’avan-
268
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
çant vers le Céleste comme des vaches laitières; assis sur le
réconfort, doués de voix, les rouges ont édifié à l'aide des
mamelles l’émergé qui coule autour.
Hémistiche 1. — Cf. 66, 12, achâ samudram indavo ’ stam gâvo
na dhenavah.
barhisadah. — Cf. 59, 3:i, k avili sida ni barhisi.
pâda 4. — Cf. 1,6', punàti te parisrutam somam.
usriyà nirnijam dhire. — Cf. 14, 53, gâh krnvâno na nirnijam .
2. — sa rôruvad abhi purvà acikradad | updrûhah çrathd-
yan svâdate hârih || tir ah pavitram pari garni uni jrâyo \
ni çâryâni dadhate devü à vâram
Celui (que voilà), — ce qui est bruyant, — a grondé en
se dirigeant vers celles qui sont en avant; le doré, mettant
en liberté celles qui s’élèvent, les savoure; le Céleste allant
oirculairement au delà de l’allumeur, dans le large espace,
établit en bas des flèches (lancées) vers l’objet de son choix.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 65, 19, arsâ soma. . . abhi dronâni rorucat.
svâdate. — Cf. 67, 31, açnâti svaditam.
tirait pavitram. — Cf. 62, 1!, même formule. — Il passe du pa-
rtira dans l’uru j rayait.
uru jrayali. — Cf. 64, 14', punâno varivas krdlii.
à varam. — Cf. 45, 2’, devân. . . â varam.
pâda 4. — D’après Berg., I, 204, « c’est en qualité de soleil (?)
que Soma a des flèches ».
3. — vi yô marné yamyâ samyati mâdah | sâkamvrdhâ
pâyasd pinvad àksitd || malü apdrê rüjasi vivévidad |
abhivràjann âksitam pâja â dade
Le breuvage qui a édifié les deux jumelles qui vont
ensemble, a fait grossir au moyen du lait les deux non
épuisées qui accroissent le compagnon; s’efforçant, en
s’avançant, de trouver les deux rajas élevés, sans limites (?),
il a donné l’éclat non épuisé.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
269
pâda 1. — Cf. 97, 14', payasâ pinvamânali.
rajasï. — - « Les deux obscurités, » c’est-à-dire l’obscurité et la
lumière = l’obscurité destinée à devenir lumière,
pàda 4. — Cf. le même pâda du vers précédent.
4. — sd màtârâ viçâran vdjdyann apâh \ prâ médhirah
svadhàyd pinvate padàm || ançûr yâvetia pipiçe yatô
nrbhili j sam jdmibhir ndsate râksate çirah
Celui (que voilà), — le sage, parcourant ses deux mères,
réconfortant les eaux, — grossit sa base au moyen de l’éta-
blissement qui lui est propre. L’éclat s’embellit au moyen
du froment; étendu qu’il est par les hommes, à l’aide des
sœurs et en même temps qu’elles, il atteint (et) préserve
la tête.
sa. — Démonstratif liturgique.
mâtarâ vicaran. — Cf. 9, 3, sa sünur mâtarâ. . . arocayat.
pinvate padam. — Cf. 10, 7% padàm. . . pipratali.
pàda 2. — Lud. : « Macht (sich) strotzen den (hohen) ort vom
svadhà (!). » — Le soma développe sa base, c’est-à-dire que le
liquide se transforme en flammes.
yato nrbhili. — Cf. 24, 31 * 3, même formule.
yavena. — Métaphore pour désigner le soma réconfort ou nour-
riture. — Lud. : « La tige du soma est mêlée à l’orge. »
çirah. — La tête ou le sommet du feu sacré, par opposition à
padam (pâda 2), est conservée, entretenue par les libations-sœurs.
5. — sam ddksena mànasd jdyate lmvir | rtdsya ydrbho
niliito yamâ pardh || yunâ ha sdntd prathamdm vî
jajnatur | gûhd hitâm jcunima néniam ûdyatam
Le sage naît par et en même temps que l’habile, par
et en même temps que la pensée; le fœtus du coulé a été
déposé au delà des deux jumeaux'; étant jeunes, ils ont
1. Berg., II, 76, voit dans ces deux jumeaux «le ciel et la terre». En
réalité, il s’agit du soma sous ses deux formes réunies. Ce sont ces deux
formes qui sont représentées au £' hémistiche comme donnant naissance à
un nouvel être, ligure du soma pavamàna.
270
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMÀ
engendré un premier-né qui est établi (ou lancé) par la
cachette, et une autre production qui se développe en
s’élevant.
kacih . — Le soleil, d’après Lud., qui suit Sàyana.
pâda 2. — Cf. 19, 52, punâno garbham àdadhat.
fjuhâ hiiam. — Cf. 10, 9!, même formule.
D’après Lud., le dernier hémistiche viserait la lune ( ! ).
6. — mandrâsya râpant viuidur manlsinah \ çyenô ydd
ândho übharat parâodtali || tant marjayanta suurdham
riadisv an | uçdntam ançûin pariyântam rgmiyam
Les sages (somas) ont trouvé l’éclat du liquoreux, alors
que l’aigle a apporté l ’andhas venant de celui qui est en
avant; ils l’ont rendu brillant dans les rivières, (lui) qui se
développe bien, (lui) le désireux, (lui) l’éclat qui enveloppe,
(lui) qui chante.
pâda 1. — Cf. 25, 4, rüpàny âoiçan punâno ijâti; 34, 4\ sam
rüpair ajyate liarih . — • Lud. : « Les sages ont trouvé une forme
réjouissante. »
pâda 3. — Cf. 2, 5'. samudro apsu mâmpje ; 63, 17, tam ï mrjanty
âyaco harim nadlsu.
Pour l’interprétation de Berg., voir Rel. véd., Il, 33. — Les
sages dont il s’agit sont, d’après lui, des « ancêtres mythiques ».
7. — tvâm mrjanti dàra yôsanah sutdm \ sôma rsibhir
matibhir dhitibhir hitâm || àoyo vârebhir utd dccdhû-
tibhir | nrbhir yatô vâjam à darsi sâtdye
Les dix femmes te rendent brillant, ô liquide coulé, toi
qu’ont mis en mouvement les chanteurs, les pensées, les
méditations; étendu par les toisons de la brebis, par les
libations aux Célestes, par les hommes(-somas), ouvre le
réconfort pour la conquête.
tvâm. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 6, 5, vâjinam mrjanti yosatio daça .
Le Culte védique du sOma 27i
pâda 2. — Cf. 9, 4', sa. . . dhïtïbhir hitah. — rsibhir matibhir
dhitibhih : synonymes par dédoublement verbal.
Hémistiche 2. — vârebhih . . . decahütibhir nrbhili : nouvelle
série de synonymes par dédoublement verbal.
nrbhir yatali. — Cf. ci-dessus vs 4% yato nrbhili.
vàjam. . . sâtaye. — Cf. 7, 92, vâjasya sâtaye.
8. — pariprayântam vayyàrn susamsddam \ sômam manisâ
abhy ànüsata stûbliah\\ yô dliârayâ màdhumdn ürminâ
divâ | iyarti vâcam rayisâl âmartyah
Les pensées, les chants ont poussé des cris vers le liquide
nourricier (?) qui s’avance circulairement, qui a une belle
assistance, — - lui qui, pourvu du doux, conquérant de la
richesse, non mort, émet sa voix avec le courant, (qui est)
le Ilot du ciel.
pâda 2. — Cf. 45, 5‘, indam. . . anüsata.
pâda 4. — Cf. 30, 2‘, iyarti vagnum indriyam; 64, 9', vâcam
isyasi.
D’après Berg., I, 169, ce vers, « insiste sur le son rendu par le
soma céleste ».
9. — ayâm divci iyarti viçuain â râjah | sômah punânâh
kalâçesu sîdati || adbhir gôbhir mrjyate âdribhih sutâh |
punânâ indur vdrivo vidât priyàm
Ce liquide qui s’allume met en mouvement en s’approchant
le tout, le rajas du ciel; il prend résidence dans les coupes;
le brillant qui s’allume, mis en mouvement par les pierres,
est rendu brillant par les eaux, par les vaches. Qu’il trouve
l’espace, l’agréable.
ayam. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Lud., malgré l’analogie du vers précédent, pâda 4,
fait de rajah le complément indirect (« in den ganzen raum ») de
iyarti.
pâda 2. — Cf. 67, 14’, â kalaçesu dhàvati çyenah ■ — çyenali
== soma h .
272 LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
adbhir gobhili. — Synonymes par dédoublement verbal; —
cf. 91, 2.
adribhih sutah. — Cf. 24, 5', même formule,
pâda 4. — Cf. 62, 93, varivovid ghrtam payait.
10. — euâ nah soma parisicyâmâno | vdtyo dàdhac citrd-
tamarn pavasva || aduesê dyâüàprthivî huvema | dévà
dhattd rayini asmé suviram
Par cela, ô liquide, qu’on a versé tout autour, allume la
chose très brillante qui établit notre nourriture; appelons
le ciel et la terre délivrés de l’ennemi. Que les Célestes éta-
blissent pour nous la richesse pourvue de beaux héros
(somas).
evâ. — Démonstratif liturgique.
huvema. — La parole est aux libations crépitantes.
HYMNE LXIX
1. — isur tid dhdnvan prdti dhiyate matir \ vatsô nd
rndtûr ûpa sarjy ùdhani || urûdhâreva duhe dyva dyaty |
dsya vratésv dpi sôma isyate
Pareille à la flèche, la pensée a été placée contre l’arc;
pareille au veau, elle a été lancée dans la mamelle de la
mère; comme celle qui a un large courant, elle trait en
allant dans la pointe; le liquide même est envoyé dans les
objets de ses désirs.
D’après Lud. (et Berg., I, 310), il s’agit dans ce vers de la rela-
tion de l’hymne et de l’offrande; l’arc est le soma. Cette dernière
remarque est juste; mais si la flèche-pensée est lancée par l’arc-
soma, celle-là représente la voix ou le crépitement de celui-ci, et
non le chant des prêtres. Cette conséquence est forcée. De plus, la
comparaison avec une flèche ne s’explique bien que si la mati est
la voix du feu sacré et le désigne en même temps que cette voix
même. La prière-feu est ardente et acérée, elle s’élève dans les
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 273
airs, etc., et l’assimilation devient ainsi, et seulement ainsi, d’une
parfaite justesse : à l’arc-soma s’adapte la flèche-feu crépitante.
Hémistiche 1. — Cf. 68, 1, vacanâvanta üdhabhiJi... usriyâ
nirnijam dhire.
asya vratesu. — Cf. 35, 6, yasya ( punânasya ) vraté; 9, 5, ci
dadhuh, indum indra tara vraie. — Lud. : « Le soma sera employé
à cette œuvre sacrée. »
pàda 2. — Le veau-feu, fils de la vache-libation est lancé (allusion
à la figure du pàda 1) dans la mamelle pleine de lait (= soma
liquide) de sa mère. — Lud. est absolument à côté du sens en tra-
duisant, d’après Say. : « Comme un veau laissé à la mamelle de sa
mère. » Cf. Berg., II, 106.
agra ciyaii ( matili ). — Cf. 62, 25 et 26, agriyali ( somah ). — Le
soma, pareil à une grande rivière, fournit un liquide ( dulie ) qui se
rend à la pointe du feu sacré, — qui alimente les flammes s’élevant
au-dessus du liquide même.
2. — iipo matih prcyâte sicyâte mâdhu | mandrâjanî codate
antàr âsdni || pâvamâna/i samtanih praghnatâm ira \
mâdhumân drapsâh pari vâram arsati
La pensée est répandue, le doux est versé; celle qui agite
la (boisson) liquoreuse se meut dans la bouche; rallumé (est)
pareil au bruit de ceux qui détruisent (les obstacles); la
goutte pourvue du doux coule autour de l’enveloppe.
pâda 2. — âsani « dans la bouche » (du soma pavam. absorbant
le soma liquide).
3, — âvye vadhüyûh pavate pari tvaci | çrathnltê naptïr
éditer rtàm yaté || hârir ahrân yajatâh samyatô mddo \
nrmnâ çiçcino mahisô né çobhate
Celui qui désire une épouse (la libation) s’allume en l’en-
tourant dans la peau de la brebis; la fille de la non-liée
s’est détachée pour celui qui vient au coulé; le doré, le
sacrificateur, le breuvage qui se développe de concert (avec
le feu) a henni; aiguisant ceux qui sont pourvus d’hommes,
pareil à un buffle, il brille.
18
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMa
pâda 1. — Cf. 65, 25, pavate. . . hardi . . . gor adhi tvaci.
pàcla 2. — La tille d’Aditi, la non-liée, autre forme personnifiée
de la libation, se détache pour s’unir au soma pavam. qui vient de
son côté s’unir au soma liquide versé (rta). — Berg., III, 263 :
« La fille d’Adili laisse couler (son lait) pour celui qui suit le rta. »
nrmnâ çiçânafi. . . mahiso na. — Cf. 5, 2, pavamânali çrnge
çiçânah. — Lud.: « aiguisant, sa force virile. » — En réalité, « aigui-
sant en forme de corne le soma pavam., ou le feu sacré », — c’est-
à dire lui donnant ses cornes, ses flèches, ce avec quoi il pique ou
brûle, — en un mot, l’allumant.
mahiso na. — Cf. 33, 1, mahiëâ ica.
4. — uksâ mimâti prâti yanti dhenâvo \ devâsya devir ûpa
y and niskrtdm || âty akramid drjunam vâram avy ayant \
dtkam nâ niktâm pari sômo avyata
Le taureau mugit, les vaches laitières viennent contre
(lui); les (femmes) célestes viennent vers le développé du
Céleste; le liquide s’est avancé au delà de la brillante toison
de la brebis; il a revêtu le versé comme un tissu.
pàda 1. — Cf. 64, 19', mimâti vahnir etaçali.
pâda 2. — Cf. 61, 25:i, gachann (somah) indrasya niskrtam.
pâda 3. — Cf. 45, 41, atg ü pavitram akramlt.
pâda 4. — Cf. 8, 6, vastrâni. . . pari gavyâny avyata.
5. — dmrktena rüçatd vâsasd hârxr \ dinar tyo nirnijdndh
pari vyata || divdh prsthâm barhând nirttije | krtopas-
tdranam carnvàr nabhasmâyam
Le doré, le non-mort, sorti du bain, s est enveloppé d’un
vêtement non usé, étincelant; au moyen du réconfort, il a
construit le sommet du ciel pour celui qui sort du bain; (il
a fabriqué) un tapis fait de brouillard pour les deux coupes.
Hémistiche 1. — Cf. l’hémistiche 2 du vers précédent.
harhanâ. — Cf. 10, 4.
pâda 3. — Cf. 36, 6, â divali prstham. . . soma rohasi. — Lud.
rend nirnije par « zu seiner schônheilshülle ».
LE CULTE^ VEDIQUE DU SOMA 275
pâda 4. — Lud. : « Die aus himlischem bestebende füllung den
beiden presschalen ».
Hémistiche 2. — Berg., II, 34, l'interprète en ces termes : « Les
deux cuves où Sonia prend une couverture faite du nuage , en même
temps qu’il prend pour vêtement la surface du ciel, ne peuvent être
que le ciel et la terre. » — Il va sans dire que le tapis de brouillard
est l’oblation liquide considérée à la fois comme répandue et comme
contenue dans des coupes.
6. — sunjasyeva raçmdyo drâvayitnâvo | matsaràsah
prasûpah sâkâm irate || tcintum tatccm pari sdrgâsa
àçdvo | nénclrâd rtê pavate dhâma kim cand
Les rayons pareils à ceux du soleil, désireux de courir,
liquoreux, ont mis en mouvement les endormis, — le com-
pagnon (?); les émissions rapides (ont mis en mouvement)
circulaire le tissu qui s’étend; il n’est nul édifice qui s’al-
lume sans l’Ardent.
pâdas 1 et 3. — Cf. 64, 7, pra te ( pavamânasya ) sargâ aspksata
süryasyeoa na raçmayah.
tantum tatam. — Cf. 22, 7:l (aussi G1), même formule,
pâda 4. — Cf. 66, 2, tâbliyâm viçoasya râjasi ye pavamàna
dhâma, ni.- — Berg., 11,244; cf. III, 244: « Aucune forme (dhâman)
de Sonia ne se clarifie sans Indra (sans qu'il en ait sa part) ».
7. — sïndhor iva pravané nimnà àçdvo | vrsacyutâ mâdâso
gàtûm âçata || çam no niveçé dvipâde cdtuspade \ ’smé
vâjàh soma tièthantu krstdyah
Comme dans le cours descendant de la rivière, les boissons
rapides tombées du taureau ont trouvé une issue; dans notre
demeure est le bien pour ce qui a deux pieds, pour ce qui en
a quatre. Que se dressent pour nous, ô liquide, les récon-
forts, les divisions (— les races des hommes-somas).
pâda 2. — Cf. 65, 13', soma gâtuvit.
pâda 3. — Cf. 11, 3, çam gave çam janâya çam arvate. — « Ce qui
a deux pieds » = l’oiseau-feu; « ce qui en a quatre » = la vache-
libation, etc.
276
LE CELTE VÉDIQUE DU SOMA
8. — à nah pavasva vâsumad dhiranyavad | âçvâvad
gômad yâvamat suviryam || yûyâm hi soma pitâro
marna sthâna [ divô mûrdhânah prâsthitâ vayaskrtali
Allume-nous en t’approchant ce qui est pourvu de bien,
pourvu d’or, pourvu de chevaux, pourvu de vaches, pourvu
de blé, pourvu de beaux héros; ô liquide, vous nos pères,
dressez-vous, soyez debout comme têtes du ciel, produc-
teurs du réconfort.
Hémistiche 1. — Cf. 42, 6, goman nah soma vïracad açcâcad
vâjavat; 63, 18, à pavasva hiranyavad açvâvat soma vïravat.
pâda 3. — Cf. pâda 4 du vers précédent.
divo mûrdhânah. — Cf. 69, 52, divali prstham. — Ce pâda est
de la plus haute importance au point de vue de l’identification des
Somas et des Pitris ; cf. Berg., I, 183.
vayaskrtali. — Cf. 21, 23.
9. — etc sômâh pâvamânâsa indrarn | ràthâ iva prü yayuh
sâtim cicha || sutàh pavitram àti yanty âvyam | hitvi
vavrim harito vrstim âclia
Ces liquides, (ces) allumés sont allés à l’Ardent, comme
des chars, à la conquête (= le conquérant); les coulés vont
au delà de l’allumeur issu de la brebis ; les dorés ayant laissé
leur enveloppe (vont) à la pluie.
Hémistiche 1. — Cf. 67, 17, asrgran. . . vâjayanto rathâ ica.
pâda 3. — Cf. 67, 20, esa... pavitram ati gâhate... càram
avgagam .
pâda 4. — Cf. 8, 8’, vrstim divali pari srava. — Il faut entendre
que les somas pavam. quittent leur enveloppe aqueuse pour allumer
le soma liquide. — Cf. 71 , 23 et Berg., III, 481.
10. — indav indràya brhaté pavasva | sumrhkô anavadyô
viçàdâli || bhdrà candrâni grnaté vdsûni | devait' dycivâ-
prtldvi prâvatam nah
O brillant, allume-toi, — toi qui caresses bien, qui n’es
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
277
pas sans voix, qui déchires (les obstacles), — pour l’Ardent,
pour le fort; apporte au chanteur des biens resplendissants.
Que le ciel et la terre nous régalent au moyen des Célestes.
pâda 2. — La qualification de candra donnée aux richesses
demandées pour le chanteur ne permet pas de douter qu’il ne s’agisse
du soma-chanteur.
HYMNE LXX
1. — irir asmai saptâ dhenâvo duduhre \ satyâm âçiram
pûrvyé vy'omani || catuâry anyâ bhâvanâni nirnije j
cârüni cakre yàd rtair dvardhata
Trois fois les sept (vaches) laitières ont trait pour lui le
^ait issu du manifesté1 (pour entrer) dans le ciel qui est en
avant2; il a effectué quatre autres belles productions (ou
mondes) pour celui qui sort du bain, lorsqu’il a grandi au
moyen des coulés.
Hémistiche 1. — Cf. 68, 1, pra devant achâ madhumanta indavo
’sisyadanta gava a na dhenavali.
trih. — Allusion aux trois mondes ou aux trois étages du soma
pavamâna. — Berg., II, 54, entend « trois fois » sept vaches,
pâda 2. — Cf. 22, 5, prsthüni rodasoh ■ . . uttamam rajalr.
catvâri. . . bhuoanâni. — - « Quatre » équivaut ici à « comme
quatrième », eu égard à trih du pâda 1. Les vaches-somas ont
donné au Soma trois émissions du lait par allusion aux trois
divisions de l’espace (die, rajah, antariksa); les productions dont
il s’agit maintenant sont au nombre de quatre, en en joignant une
nouvelle aux trois précédentes.
Hémistiche 2. — Le soma produit des développements sous la
forme de flammes pour la nirnij (autre désignation du soma par
dédoublement verbal), — et ce phénomène a lieu naturellement
quand les libations le font croître ou s’étendre. — Berg., III, 237 :
« Soma a grandi selon les rtas. »
1. Berg., III, 183, note, traduit satyam par « réel ».
2. Berg., II, 135, « dans le ciel antique »,
278
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
nirnije. — Cf. 14, 5% gàl) krnvâno na nirnijam.
L’explication de Lud., qui suppose une allusion à des rites brah-
maniques, est par cela même inacceptable.
2. — sd bhiksamâno amrtasya câruna | ubhé dyàvâ kâ-
uyenâ vi çaçratlxe || têjisthâ apô maiihânâ pari v y ata |
yâdl devcisya çrcwasâ sâdo uidûh
Celui-là, désireux d’obtenir la belle (liqueur) non morte,
a mis en liberté, au moyen de ce qui est de la nature du
sage, les deux .pieux; il a enveloppé à l’aide du don les eaux
très aiguës, alors qu’elles ont trouvé (leur) résidence au
moyen de la. voix du Céleste.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 2. — Cf. 69, 3, pari. . . çrathnite naptïr aditeli. — Il ne
s’agit pas, comme le pense Lud., de séparer la terre et le ciel, —
rien ne prouve que les poètes védiques aient jamais conçu une
pareille idée, — mais bien de mettre en mouvement les libations
enflammées désignées par métaphore sous le nom des deux eieux
(le présent et l absent), et cela à l’aide de la libation désignée sous
le nom de kâvya, « ce qui est de la nature du kavi-soma. »
pàda 3. — Cf. 8, 6, â vastrâni. . . pari gavyâny avyata; 37, G,
sa devah kavinesito ’ bhi . . . dhavati . . . manlianâ.
tejisthâh (apah). — Les somas destinés à devenir pavamànas
et dont les flammes seront très aiguës, très piquantes.
pâda 4. — Les somas ont trouvé leur résidence dans les flammes
sacrées, quand le feu (brillant = de va) crépite.
Berg., I, 220 : « Ce vers dit de Sonia que mendiant le précieux
amrta le soma céleste) il a par sa sagesse (en qualité de soma
terrestre) fait couler le suc des deux mondes, et qu’il s’est revêtu
des eaux très brillantes (en qualité de soma céleste quand sa
demeure a été trouvée (par les sacrificateurs). »
3. — té asya santu ketavô ’mrtyavô \ ’dâbhyâso janûsî
ubhé dnu || yébhir nrmnâ ca devyâ ca punatà | âd id
râjdnam manânâ agrbhnata
Puissent, c(e toi que voilà, se manifester les clartés non
mortes, qu’on ne doit pas opprimer, qui suivent les deux
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
279
races (l’active et la non-active — l’absente et la présente),
au moyen desquelles (clartés) il (le soma) allume ce qui est
pourvu d’hommes et ce qui est de la nature des Célestes;
c’est à lui que ceux qui pensent (allusion aux crépitements)
ont pris le roi.
te asya. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche I. — Berg., III, 198 : « Ses rayons infaillibles doivent
s’étendre sur les deux races. » — I, 209 : « Distillant l’héroïsme
humain et la force divine avec ses rayons immortels qui s’étendent
sur les deux races. »
4. — sd mrjydmâno daçdbhih sukârmabhih \ prâ madhya-
mâsu mâtrsu pramê sücd || vratâni pânô amrtasya
câruna \ ubhé nrcâksà ùnu paçyate viçau
Celui (que voilà) — rendu brillant par les dix qui ont
de belles œuvres dans les mères qui sont au milieu (non à la
pointe)1, — s’est avancé pour se développer au moyen de
son compagnon; gardant les objets des désirs du non-mort,
du beau, lui dont l’éclat vient des hommes(-somas), regarde
en les suivant les deux demeures.
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 38, 3, Irarito daça marmrj yante apasyuvdh.
vratâni panait. — Cf. 65, 30, à rayim. . . pântam.
amrtasya càrunah. — Cf. 70, 2', même formule,
pâda 4. — Cf. 5, 7, nbhâ devâ nrcaksasâ. . . liave.
5. — sd marmrjând indriyàya dliâyasa \ ôbhé antâ rôdasi
harsate hitàh || vrsd çûsmena bâdhaie vidurmatir \ ddé-
diçàncih çaryahéva çurûdhah
Celui que voilà, rendu brillant pour la sucée (destinée) à
celui qui est de la nature de l’Ardent, mis en mouvement,
s’agite joyeusement à l’intérieur des deux brillants; le tau-
reau frappe au moyen du Vigoureux celles qui ont de mau-
1. Berg., Il, 30, « les mères du milieu, c’est-à-dire les eaux de l’atmo-
sphère ».
280
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
vaises pensées (qui ne crépitent pas), en marquant d’un
signe les forts (somas) comme (est marqué) celui qui tue au
moyen de flèches.
indriyâya dhâyase. — Cf. 1, l3, indrâya pàtave. — Lud. :
« Kraft ilieszen zu lassen. »
pâda 2. — Cf. 18, 6, pari yo rodasï ubhe. . . arsati. — Le soma
pénètre dans, (et non entre) les deux brillants. — Berg., II, 21 : « Se
clarifiant entre les deux inondes (?). »
pâda 4. — Lud. : « Visant la nourriture comme l’archer (vise
le gibier) ». — Le soma pavam. distingue, en lui donnant une
flèche de feu, le soma liquide et le rend pareil à un archer;
cf. Berg., I, 204.
6. — sâ mdtdrd nà dddrçdna usriyo | nânadad eti marû-
tâm iva svandh Wjândnn rtdim prathamâm ydt svdrna-
ram | pràçastaye kâm avrnita sukrâtuh
Ce rouge (que voilà), en regardant en quelque sorte ses
deux mères, va à ce qui mugit (ou va mugissant), pareil au
bruit des Impétueux, alors que reconnaissant le coulé, qui
est en avant, qui brille1, — lui qui a de beaux édifices s’en
est emparé pour la Voix.
sa. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Sur les mugissements du soma, cf. Berg., I, 222.
— Les deux mères en question sont les deux formes du soma.
pâda 4. — Cf. 2, 33, apo vasista sukratuli. — Lud. (hémis-
tiche 2) : « Connaissant la loi qui brilla d’abord, le très sage a été
choisi pour l’enseignement. » — Berg., I, 180 : « Connaissant la
première loi. »
7. — ruvâti bhîmô vrsabhâs tavisydyd | gruge çiçâno hdrini
vicaksatiâh || à yônim sômah sûkrtam ni sldati | gavydyi
tvàg bhauati nirnig avydyi
Le taureau terrible (?) mugit au moyen de la Violence,
1. Berg., 1, 207 note, « soarnara, paraît signifier le héros dq ciel »; 1, 208,
« c’est un des préparateurs célestes du breuvage ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
281
lui, l’étincelant, en aiguisant ses deux cornes dorées; le
liquide vient prendre résidence dans la matrice bien édifiée;
la peau est de vache, celle qui sort du bain vient de la
brebis.
p ad a 2. — - Cf. 5% pavamânah çrnge çiçânaJi; 69, 3:|, çiçàno
mahiso na. — Les cornes dorées sont évidemment une figure des
flammes. Voir pourtant Berg., I, 222.
pâda 3. — Cf. 19, 33, harih sari yonim àsadat.
pâda 4. — Cf. 66, 29, esa somo adhi tvaci gavant krîlati. — « La
peau de vache, » c’est-à-dire l’enveloppe du soma-lait. De même
l’émergée issue (du lait) de chèvre est le soma pavana, sortant de
son bain humide sous forme de flammes.
8. — çucih punânàs tanvàm arepdsam | âvye hârir ny
adhâvista sâncwi || jûsto mitrâyci vârunâya vâyctve \
tridhâtu mcldhu kriyate sukârmabliih
Étincelant, allumant l’étendu (ou le corps) non obscur,
le doré a coulé dans le sommet qui est issu de la brebis;
le succulent (destiné) à l’Ami, à l’Enveloppeur, au Vent, —
le doux, qui a trois bases, a été ouvré par ceux qui ont de
belles œuvres.
pâda 2. — Cf. 31, 5% varsisthe adhi sanavi.
pâda 3. — Cf. 13, 8', justa indrâya.
pâda 4. — Cf. 1, 83, tridhâtu vàranam madhu. — - Berg., I, 179,
rend tridhâtu simplement par « triple ».
9. — pâvasva soma devcivltaye vrsé \ -ndrasya hardi soma-
dhânam â viça\\purâ no bàdhâd duritâti pâraya | kse-
travid dhi diça dhâ viprchaté
Allume-toi, ô liquide, pour le régal des Célestes, ô tau-
reau, pénètre le cœur de l’ Ardent, le réceptacle 1 du liquide ;
fais-nous traverser au moyen de ce qui remplit (?) ce qui ne
marche pas, (au delà) de l’empêchement; celui qui a trouvé
J. Berg., II, 245, « la cuve ».
282
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
le champ (ou la contrée) a indiqué les directions1 pour celui
qui les demande.
pâda 1. — Cf. 45, 1, sa parasca. . . deoavïtaye.
pâda 2. — Cf. 60, 3’, indrasya liârdy âoiçan.
pâda 3. — Cf. 59, 3S, durità tara (soma). — Lud. voit dans
bâdhât l’action de presser le soma et traduit duritâ par
« malheurs ».
pâda 4. — Lud. : « Car celui qui connaît les lieux indique les
directions à qui les lui demande. » — «Celui qui a trouvé le champ »
= le feu qui a trouvé le lieu où réside la libation. L’indication et
la demande visent le crépitement.
10. — hitô nâ sâptir abhi vdjam arsé \ -ndrasyendo jathâ-
ram â pavcisva |] tidvâ nâ sindhum âti parsi vidvân |
chv.ro nâ yudhyann âva no nidcih spah
Pareil à un attelage de sept chevaux lancé, coule, ô bril-
lant, vers le réconfort, vers le ventre de l’Ardent (et) allume-
toi en t’en approchant. Que le sage traverse la rivière comme
avec une barque; que pareil à un héros, il écarte nos ennemis
en combattant.
pâda 1. — Cf. 21, 4:l, hitâ na saptayo rathe.
pâda 2. — Cf. 66, 15, endrasya jathare viça.
pâda 3. — Cf. vers précédent, pâda 3.
pâda 4. — Cf. 61, 30% raksâ. . . no nïda/j.
HYMNE LXXI
1. — â dâksind srjyate çusmy âsâdam | vêti druliô raksâ-
sah pâti jàgrvih || hârir opaçâm krnute nâbhas pâya \
upastire camvor brâlxma nirnije
Le don est versé, le Vigoureux gagne sa résidence, l'éveillé
préserve de l’oppresseur, du gardien ; le doré produit une
1. Berg., I, 185, « les régions ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
283
coiffure (ou une houppe), (il produit) l’humide, le lait pour
la couverture des deux coupes; (il fait) la prière-réconfort
pour l’émergé.
Hémistiche 1 . — daksinâ, çuëmï, jâgrvih, autant de désignations
du même objet par dédoublement verbal.
Hémistiche 2. — Cf. 69, 5, nirnije krtopastaranam camvor
iiabhasmayam, — d’ou l’indice qu’il faut construire nabhas paya
upastire eamvoh liarih [krnute). Lud. : « Der gelbe erhebt seine
haarflechte zum himel, nasz zu der beiden camü füllung das
brahma schaffter zur schônheit sich. »
Berg., II, 28: « Soma, en même temps qu’il prend pour cheve-
lure le nuage, prend aussi pour vêtement la prière dans les deux
cuves, c’est-à-dire dans les deux mondes. »
2. — prà krstihéva çûsd eti rôruvad | asuryàm vârnam
ni rinite asya tcim \ \ jcihâti vavrim pitûr eti niskrtdm\
upaprûtam krnute nirnijam tond
Le souffleur, pareil à celui qui frappe (les obstacles) avec
les races (somas), va à ce qui rugit; il coule dans cette splen-
deur issue de l’animé qui est sienne; il laisse de côté l’en-
veloppe de (son) père; il se rend dans ce qui est édifié; il
produit au moyen de ce qui s’étend l’émergé entouré d’eau.
krëtihâ. — Cf. 70, 5% çaryahâ. ■ — Dans les deux cas, le premier
terme du composé tient lieu d’un instrumental.
eti roruvat. — Cf. 65, 19, arèâ soma. . . ablii dronàni roruvat;
68, 2, sa roruvad ablxi pürvâ acikradat . . . harili.
pâda 2. — Cf. 65, 8, yasya varnam. . . harim hinvanty adrïbhili.
— Berg., II, 102 : « Il délivre sa propre splendeur divine. »
pàda 3. — Cf. 69, 9, avyam hitvï vavrim; 69, 4% yanti niskrtam.
pàda 4. — Cf. 68, 1, üdhabhih parisrutam usriyâ nirnijam dhire.
Lud. : « Er schafft sich so eine angenomene hiille (?). »
3. — àdribhih sutàh pavate gâbhastyor \ vrsâydte nàbhasâ
vépate mati || sa modate nâsate sâdhate girâ \ nenikté
apsû ydjate pdrlmani
Mis en mouvement par les pierres, il s’allume dans les
284
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
deux mains; il agit en taureau au moyen de l’humide; il
s’agite au moyen de la pensée; il goûte, il s’approche, il
édifie au moyen de la voix; il se baigne dans les eaux; il
verse l’oblation dans l’entourage.
pâda 1. — Cf. 64, 5, mrjyamânâ gabhastyoh pacante. — Lud.,
« dans les deux bras ».
pâda 2. — Cf. 47, 1, ayà somah... mandâna ud vrsâyate ; —
Berg., II, 38 : « Il fait le mâle à travers le nuage. » — 63, 2V, malî
vipràli sam ascaran , — contre-partie de notre formule. — Lud. :
« Il est en agitation au moyen de l’hymne. »
4. — pari dyuksdm sâhasah parvatâvrdham | mâdhvah
sincanti harmydsya saksânim || à yâsmin gâvah suhu-
tâda àdhani mürdhdn chrlnànty agrigàm vdrimabhih
Ils coulent circulairement (vers) l’habitant du ciel, (vers)
celui qui s’accroît par la montagne1, (vers) celui qui s’est
emparé de la force, du doux, de la demeure; les vaches qui
goûtent la bonne oblation viennent allumer 2 dans cette ma-
melle, au moyen des développements, celui qui est à la
pointe, dans la tête.
Hémistiche 2. — Le soma liquide est dans une mamelle où les
vaches (= somas ignés) en font une pointe (celle du feu sacré) qui
est dans la tête de ce même feu, et qu’elles allument au moyen de
l’enveloppe étendue des flammes.
5. — sdm l rdtham nd bhurijor ahesata. | dàça svdsdro
âditer upàstha à || jigdd ûpa jrayati gôr aplcyàm \
paddm yàd asya matûthâ djxjanan
Celui que voilà, pareil à un char, les dix sœurs l’ont
poussé dans (ou avec) les deux mains, dans le sein de la
déliée; il s’est mis en marche, il a atteint la partie secrète
de la vache, alors que les chanteurs ont engendré son pas.
1. Berg., I, 148, « qui croit sur les montagnes ».
2. Berg., III, 248, «cuire ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
2g5
sam l. — Démonstratifs liturgiques,
pâda 1. — Cf. 26, 4', tam ahyan bhurijor dhiyà.
pâda 2. — Cf. 1, 7, daça svasârali; 26, 1, upasthe aditer adhi.
pâda 3. — Berg.: « Soma se dirige vers le séjour caché de la vache. »
— Ce lieu caché est l’image de la libation absente.
pâda 4. — Les chanteurs ou les sages (somas pavam.) ont en-
gendré « le pas » du feu sacré en donnant naissance à ce feu.
6. — çyenô nd yônim sâdanam dhiyà \ krtâm hiranydyam
âsâdam devà ésati )| ê rinanti barhisi priyàm girâ | -çvo
nd devân àpy eti yajniyah
Pareil à un aigle, le Céleste s’élance pour s’y asseoir vers
la matrice, la demeure d’or édifiée par la pensée. Ils coulent
la (liqueur) agréable dans le réconfort au moyen de la voix;
pareil à un cheval, celui qui doit être offert en oblation vient
vers les Célestes.
Hémistiche 1. — Cf. 65, 19:!, sïdah chyeno na yonim â.
dhiyâ krtam. — Cf. 44, 2', dhiyà liitali.
pâda 3. — Cf. 55, 2:i, ni barhisi priye sadah.
7. — para vyâkto arusô divà/i kavir | or sa triprsthô ana-
vista gâ ablxi [| sahàsranitir yâtih paràyâtl \ rebhô nd
püruir usdso vi râjati
Le sage du ciel, le rouge rendu brillant par des onctions,
le taureau aux trois sommets', a mugi en s’avançant vers
les vaches. L’Extension, qui s’avance, dirigée par ce qui a
les mille (dons), pareille au chanteur, éclaire (ou allume)
les nombreuses aurores.
Cf. 75, 33'4 abhlm rtasya dohanâ anüëatâdhi triprstha usaso vi
râjati.
rebho na. — Cf. 66, 93, rebho yad ajyase vane , et 7, 6', rebho
vanusyate niait . — Sur Soma-Rebha, cf. Berg., III, 19.
1. Berg., I, 179, « qui coule de trois plateaux ».
•286
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
8. — tvesdm rûpdm krnute vàrno asya \ sâ yâtràçayat
sâmrtâ sédhati sridhâh || apsd yâti svadhciyâ daivycun
jânam | sdm sustuti ndsate sâm yôagrayà
Sa couleur donne naissance à l'ardeur, à l’éclat; au lieu
où il a pris résidence, dans la rencontre, il écarte les oppres-
seurs; conquérant des eaux, il va au moyen de la svadhâ
dans la gent d’origine céleste; au moyen de la belle voix,
il s’unit à elle; au moyen de celle qui a une pointe par (ou
sur) la vache, (il s’unit à elle).
pâda 1. — Cf. 71, 2, carnam. — Berg., I, 162, « sa couleur
devient brillante » et excellemment, I, 176, « les essences de Sonia
sont un seul et même être qui prend tantôt une forme, tantôt une
autre. »
pâda 2. — Cf. 27, 1\ punâno ghnann apa sridhah.
apsà. — Cf. 65, 20', même épithète.
pâda 4. — Cf. 66, 22% abhy arsati sustutim. — Lud. : « Auf
schônes loblied stôszt er, das durch milch vorzüglich. »
9. — ukséoa yûthà pariydnn arâmd \ ddhi tvisir adhita
sûryasya || divydh suparnô ’va caksata ksâm \ sômah
pari krdtunâ paçyate jâh
Allant autour des troupeaux, il a mugi comme un taureau ;
il a établi en haut les ardeurs du soleil; oiseau céleste, il
éclaire (ou regarde) en bas la terre(-libation) ; le liquide
regarde autour (de lui) les créatures à l’aide de l’édificateur.
pâda 1. — Cf. vs 7, hémistiche 1.
pâda 2. — Cf. vs 8', tvesam. . . krnute varno asya. — Lud. (et
Berg., 1, 162) : « lia revêtu l’éclat du soleil. »
pâda 3. — Cf. 38, 5% ara caste dirai) çiçuli. — Berg., I, 225 :
« L’oiseau divin qui regarde d’en haut la terre est le soma-
soleil. »
pâda 4. — Cf. 4, 6', tara kratrà. . . paçyema süryam. — Berg-,
I, 162 : « Sonia surveille les races avec intelligence. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SÔMA
287
HYMNE LXXIl
1. — hârim mrjanty aruèô nd yujyate [ s dm dhenâbhih
kaldçe sômo ajyate || ûd vdcam îrâyati liinvâte mati\
purustutàsya kdti cit paripriyah
Ils rendent brillant le doré; le rouge est (comme) attelé;
le liquide est oint par et avec les vaches laitières dans la
coupe; l’entourage des amis, autant qu’ils sont, de celui qui
est célébré par les nombreux (somas), se met en mouvement
au moyen de la pensée pour entrer dans celui qui lance1 la
voix en l’air.
2. — sâkàm vadanti bahàuo manlsina | indrasya sômam
jathdre ycïd âduhûh || yâdl mrjânti sûgabhastayo nârah |
sânîlâbhir daçdbhih kàmyam mâdhu
Les nombreux penseurs appellent le compagnon alors
qu’ils font couler le liquide dans le ventre de l’Ardent, —
alors que les hommes aux deux beaux bras rendent brillant
le doux, l’agréable au moyen des dix qui sont dans le même
nid.
pâdal. — Cf. 69, 6‘2, sâkam îrate. — Lud. : sàkam vadanti
— « ils parlent ensemble ».
pâda 2. — Cf. 66, 15% endrasya jathare viça.
pâda 3. — Cf. 20, 62, mrjyamâno yabhastyoh.
pâda 4. — Cf. 1, 72, tain. . . ü grbhnanti yosano daça.
3. — àrainainâno âty eti gd abhi \ süryasya priydm duhi-
tâs tiré rdvam || drio asmaijôsam abharad vinamgrsâh |
sdm duayib/dh svâsrbhih kseti jâmibhih
Sans prendre de repos, il s’avance vers les vaches au delà
de la voix agréable de la fille du soleil; le chanteur (Sày.)
1. En dépit de Berg., II, 26, note, je vois un participe dans la forme
Irâyati .
288
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
qui le suit lui a apporté la jouissance (le régal); il prend
résidence avec et au moyen des deux espèces qui sont
sœurs (et) parentes.
pâda 2. — Cf. 1, 6*, süryasya duhitâ. — Berg., II, 70 : « Sonia
se dirige vers les vaches, malgré le cri de la fille du Soleil. »
pâda 4. — Cf. 68, 4% sam jâmibhir nasate. — Le procédé du
dédoublement verbal est pris ici sur le fait avec ses conséquences
numériques : les scasr et les jâmi sont une seule et même chose, à
savoir les flammes du soma pavant, personnifiées, et elles sont de
deux espèces à cause seulement de la différence des dénominations ;
cf. 5, 8.
4. — nrdhüto âdrièuto barhièi priyâh | pcitir gavant pin-
diva indur rtviyah || pûramdhivân mdnuso yajnasâ-
dhanah | ç.ûcir dhiyà pavate sôma indra te.
Mis en mouvement par les hommes(-somas), coulé par les
pierres, agréable dans le réconfort, maître de vaches, bril-
lant d’origine céleste (?), de la nature du coulé (?), doué de
celle qui établit l'abondant, édificateur de l’oblation de
rhomme(-soma), clair, — le liquide s’allume au moyen de
la pensée pour toi, ô Ardent.
pâda 1. — Cf. 55, 2% ni barhièi priye sadah; 71, 63, e rinanti
barhisi priyam.
pâda 4. — Cf. 67, 27, punantu t'asavo dhiyâ.
5. — nrbâhûbhyàm coditô dharayâ suto | ’nusvadhâm
pavate sôma indra te || âpràh krâtùn sàm ajair adlwaré
matir \ vér nâ druèàc camvor âsadad dliârih
Mis en mouvement par les deux bras des hommes, coulé
par le courant, le liquide, à la suite de ce qui est établi par
lui (?), s’allume, ô Ardent, pour toi; il a rempli les édifica-
teurs, il a fait la conquête, en s’unissant à elles, des pensées
qui sont dans l’oblation; le doré a pris résidence dans les
deux coupes comme dans le siège de bois (le nid) de
l’oiseau.
Le culte védique du soma
pâda 1. — Cf. 72, 23, yadl mrjanti sugabhastayo naval).
pâda 2. — Cf. pâda 4 du vers précédent.
âprâli kratün. ■ — Berg., I, 185 : « Il remplit l’intelligence. »
pâda 4. — Cf. 36, l2, pavitre camvoh sutal). — Berg., I, 225 :
« Il se pose dans les cuves comme un oiseau qui se pose sur le bois. »
6. — ançûm duhanti stanciyantam âksitam ] kavùn kaoàyo
’pciso manisinah || scim l gâvo matàyo yanti samydta |
rtâsya yônà sâdane punarbhûvah
Les sages, les actifs, les penseurs frayent l’éclat, — le sage
qui gronde (comme le tonnerre)1, qui n’est pas épuisé; les
vaches, les pensées vont de concert dans la matrice du coulé,
dans la résidence du rajeuni2.
pâda 1. — Cf. 15, 52, lyate vâjî. . . ançubhili.
pâda 4. — Cf. 62, 8% sïdan yonâ.
7. — nâbhcï prthivyà dharüno maliô divô \ ’pàm ùrmaû
sindhusv antâr uksitdh H indrasya vdjro vrsabhô vibhu-
vasuh | sômo hrdé pcwate câru matsardh
Celui qui soutient le ciel élevé dans le nombril de la terre,
qui a crû dans le flot des eaux, dans les rivières, — (l’arme)
de l’Ardent issue du réconfort, le taureau dont la richesse
vient de celui qui se développe, — le liquide liquoreux
allume le beau pour le cœur (d’Indra).
pavate câru. — Cf. 34, 5, duhate. . . câru.
Sur l’identification du vajra et du soma, cf. Berg., I, 169, et
II, 253.
8. — sâ tu pcwasua pari pàrthivam rdjali ] stotrô çiksann
ddhünvaté ca sukrato || ma no nir bhâg vdsunah sada-
nasprço [ rayim piçdngam bahuldm vasïmahi
Toi que voilà, allume en l’entourant le rajas qui vient
1. Berg., 1, 199 et 209, « la plante tonnante ». — Image de « l’éclair ».
2. Berg, (d’après Grass.) prend punarbhucah pour un nominatif pluriel en
accord avec güca.h. et il y voit les prières « revenantes ».
19
200
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
de la terre(-libation), apportant la force (?) pour le chanteur
et pour celui qui agite (la libation), ô bel édificateur. Puis-
sions-nous ne pas être exclus du partage du bien qui est en
contact avec la demeure; puissions-nous revêtir la richesse
brillante, nombreuse!
sa. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 68, 9% à rajah so malt pun anal) .
pâda 2. — Cf. 67, 19% dadlio.t stoire sumrijam.
9. — à tu na indo çatâdâtv àçvyam | sahdsradàtu paçumâd
dhiranyavat || ûpa mdsva brhati revàtïr isô \ ’dhi stotrds-
ya pavamdna no gahi
Apporte-nous, ô brillant, ce qui donne des centaines (de
dons) consistant en chevaux, ce qui donne des milliers (de
dons) consistant en bétail, consistant en or; édifie des liba-
tions élevées, pourvues de richesses; viens au-dessus de
notre chant (de notre offrande qui crépite), ô allumé.
Hémistiche 1. — Cf. 63, 18, à pavasva liiranyavad açvàvat
soma. . . vâjam yomantam à hliara.
pada 3. — mâsoa. Sây. justement : « upanirmimlsva . »
pâda 4. — Cf. liV. X, 78, 8% adhi stotrasya.. . . gâta.
HYMNE LXXIII
1. — srdkve drapsdsya dhdmatah scini asvarann | rtdsya
yônd sdm aranta nâbhayalx || trin sd mûvdhnô âsuraç
cakra dràblie | scitydsya nàvah sukrtam aplparan
Les nombrils ont bruit de concert dans la bouche (ou
la pointe) de la goutte de celui qui bout (ou crépite); ils sont
allés ensemble dans la matrice du coulé; l’animé a fait trois
têtes pour la prise1; les barques du manifesté ont fait tra-
verser le bel édificateur.
1. Berg., I, 186, « pour se laisser saisir ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 291
pâda 1. — Lud. : « (Les pierres du pressoir) ont brui au bord
par l’effet des gouttes qui jaillissent. »
pâda 2. — Cf. 72, 6% rtasya yonâ.
pâda 4. — Cf. 70, 10, nâvâ na sindhum ati parsi vidvàn. —
Berg., III, 186 : « Les navires de la vérité font passer heureusement
l’homme pieux. »
2. — samyâk samyânco mahisâ ahesata | sindlior armât)
adhi vend auîvipan || mcidhor dhâràbhir janâyanto ar-
kâm | il priyâm indrasya tanvàm avwrdhan
Les buffles qui vont avec lui ont mis en mouvement ce qui
va avec eux; les désireux se sont agités dans le flot de la
rivière; engendrant le chant au moyen des courants du doux,
ils ont fait croître ce (liquide) agréable (qui devient) le corps
de l’Ardent.
pâda 1. — Cf. 22, l3, sargâli srstâ ahesata. — Lud. : « Gleich-
mâszig haben die zugleich komenden stiere sich beeilt. »
avïvipan. — Lud. : « Scball ergehn laszen. »
pâda 3. — Cf. 25, 6, â pavasoa. . . dhürayâ. . . arleasya yonim
âsadam .
3. — pamtravcintah pari vâcam clsale \ pitaisâm pratnô
abhi raksati vratâm || mahâh samudrchn vdrunas tiré
dadhe j dhîrâ ic chekur dhavânesv ârâbham
Ceux qui possèdent l’allumeur se sont assis autour de la
parole; leur père, l’ancien, garde l’objet de leur choix; le
grand Enveloppeur s’est établi au delà de (ou a caché) la
mer; les forts ont pu le prendre (le soma) dans les sup-
ports.
pâda 4. — dhïrâh, — dharunesu, désignation différente d’un
même objet, par dédoublement verbal. — Lud. : « Die weisen
haben vermocht das feste zu erfaszen. » — Berg., III, 128 : « Le
grand Varuna a caché la mer; les habiles seuls ont su la ressaisir
dans les réservoirs, a
292
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
4. — sahàsradhâre ’va té sdm asvarati | divô nàke mâdhu-
jihvà asaçcdtah || dsya spàço nd ni misanti bhùrnayah |
padé pcide pàçinah santi sétcwah
Ceux-là qui ont résonné de concert, en bas, dans (le liquide)
aux courants qui ont les mille dons, — eux qui ont la langue
dans le doux, — qui ne sont pas en retard, — (sont arrivés)
dans le sommet du ciel. Les forts de celui-ci (Varuna), ses
espions, ne ferment pas les yeux; dans chacun de ses pas
sont des ponts pour celui qui a des liens.
Hémistiche 1. — Cf. 62, 28, pra te divo na vrëtayo dhàrâ yanty
asaçcalali.
pàda3. — Cf. 41, 1, bhùrnayah. •• yhnantali krsnâm apa tracam.
pàda 4. — Cf. 41, 2!, ati setum durâcyam. — Berg., III, 119:
« Il (Varuna) a ses digues et ses lacets. »
5. — pitûr màtàr ddliy à yé samdsvarann \ rcâ çôcantah
samdàhanto avratàn || indradvistâm cipa dhamanti mâ-
ydyâ | tvdcam àsiknim bhumano diudh pari
Ceux qui sont au-dessus du père et de la mère sont venus
résonner de concert au moyen du chant, étincelants, con-
sumant ceux qui n’ont pas l’objet de leurs vœux1; ils en-
lèvent. en soufflant bruyamment au moyen de la créatrice
la peau noire, ennemie de l’Ardent, qui est autour de la terre
(et) du ciel.
Cf. 73, 1, srakoe drapsasya dhamalali sam ascarann.
Berg., III, 119, résume ce vers ainsi : « Les Somas assimilés à
des chantres, chassent de la terre et du ciel, par leur magie, la
peau noire (l’obscurité) haïe d’Indra. » — En réalité, il s’agit des
somas pavam. qui s'allument.
6. — pratnân mànâd àd/ty à yé samdsvaran \ chlôhayan-
trdso rabhasdsya mdntavah |] dpdnakèàso badhirâ ahâ-
sata | rtdsya pdnthdm nd taranti duskvtah
Ceux qui, provenant de l’ancien élément (s’élèvent) au-
1. Berg., III, 247, « ceux qui n’observent pas la loi. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
293
dessus, sont venus résonner de concert, eux qui étendent
la Voix, qui sont les conseillers de l’impétueux ; les aveugles,
les sourds s’en sont allés; ceux qui construisent mal ne
traversent pas la voie du coulé.
Hémistiche 1 . — Cf. l’hémistiche correspondant du vers précédent,
pâda 1. — « L’ancien élément », c’est-à-dire le liquide qui pré-
cède la flamme; cf. « le père et la mère » du vers précédent.
pâda 3. — Les somas obscurs et inactifs cèdent le pas à ceux
qui s’élancent et s’allument.
pâda 4. — Cf. 9, 8% sâdhayà pathali.
7. — sahâsradhâre vitale pavitra â | vâcam punanti kavâyo
manîsînah || rudrâsa esâm isirâso adrûha | spâçah svâîi-
cah sudrço nrcâkèasah
Les sages, les penseurs allument la Voix dans l’allumeur
étendu, pourvu de courants qui ont mille (dons). Leurs
espions (ceux qui brillent et par conséquent qui voient) sont
les rouges, les actifs, les non-opprimés1, ceux qui marchent
bien, les bien voyants, qui ont de l’éclat au moyen des
hommes(-somas).
Hémistiche 1. — Cf. 30, 1 , pra dhârà asya çusminali. . . pavitre
aksaran, punâno vâcam isyati; cf. aussi 73, 4, sahasradhâre ’va
te sam asvaran divo nâke. — Berg., I, 283 ; « Ils (les prêtres poètes)
purifient la parole sur un tamis tendu. »
Hémistiche 2. — Cf. 73, 4, asya spaçah.
Vers très important pour déterminer le sens de pavitra.
8. — rtâsya gopâ nà ddbhâya sukrâtus | tri sa pavitra
hrdy àntar â dadhe || vidvân sel viçvci bhûuandbhi
paçyaty \ âvâjustàn vidhyati kartê avratân
Le berger du coulé, le bon édificateur a établi dans son
cœur les trois allumeurs pour qu’ils ne soient pas opprimés;
sage, il regarde tous les êtres ; il détruit en bas, dans la fosse,
les non-goûtés, ceux qui sont sans l’objet de leurs désirs.
1. Berg., III, 199, « ceux qui ne trompent pas ».
294
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Hémistiche 1. — Cf. 60, 3, pavamânah . . . dhüvati, indrasya
hardi) âciçan. — Berg., I, 179, note : « Il prend (passe par) trois
tamis dans le cœur de l’homme. » — Allusion aux trois étages du
feu sacré.
gopü na dabhâya. — Berg., III, 181 : « Gardien qui n’est pas à
tromper, qu’on ne peut tromper. » — Gardien qui a en vue la déli-
vrance et non l'oppression du liquide sacré.
pâda 3. — Cf. 54, 3, ayam viçvâni tisthati punâno bhuvanopari ;
71, 9S somaJi pari kratunâ paçyate jâli-
pâda 4. — Le soma pavam., en ouvrant la voie au soma liquide,
fait qu’il est goûté, et détruit ainsi les non-goûtés; de même en
l’unissant à ce qu’il désire, il supprime ceux qui n’ont pas l’objet
de leurs désirs.
avratân. — Cf. 73, 52. — Berg., III, 239 : « Soma, gardien in-
faillible du r ta, frappe ceux qui n’observent pas le crata. »
9. — rtdsya tântur vitatah pavitrci à \ jilwàycï âgre vûru-
nasya mâyàycl || dhirâç cit tût saminaksanta dçatâ- |
trâ kartâm tiva padâty ciprabhuh
Le fil du coulé a été étendu dans l’allumeur par la créa-
trice de l’Enveloppeur dans la pointe de la langue (du feu
sacré); tout fermes qu’ils soient, (les liquides) ont atteint
ceci (l’oblation que voici) en s’efforçant de le faire; que celui
qui ne prend pas le dessus dans ceci descende dans la fosse.
pâda 1. — Cf. 69, 6:!, tantum tatam; 73, 71, vitate pacitre. —
Berg., I, 283 : « Ils purifient la parole sur un tamis tendu qui n’est
autre que la pointe de leur langue. » — II, 81 : « C’est-à-dire que
la langue du prêtre prononce des prières conformes à la loi. » —
III, 132 : «La prière, assimilée successivement à une étoffe et à un
liquide, est tissée et purifiée dans la bouche du prêtre. »
pâda 4. — Tautologie habituelle : « Que celui qui ne s’élève pas
au-dessus, tombe dans la fosse; » cf. le vers précédent, pâda 4.
HYMNE LXXIV
1. — çiçur nà jâtô ’vci cakradad veine | svàr yâd vâjy
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
295
àrusmh sisdsati || clivô rétasâ sctcate payovvdhâ | tcim
îmahe sumati çàrma saprâthah
Le (nouveau)-néj pareil à un enfant, a crié vers le bas,
clans le bois, alors que le rouge pourvu du réconfort cherche
à s’emparer du soleil. Au moyen de la liqueur séminale du
ciel, il suit les deux (formes du soma?) qui s’accroissent
par le lait; nous l’appelons (ou le lançons) au moyen de la
belle pensée, — lui qui est la demeure (ou le refuge) accom-
pagnant l’extension.
pada 1. — Cf. 38, 5% aoa caste dicali çiçuli; 7, 32, vrsâva ca-
kradad varie.
pâda 2. — Cf. 7, 4 3, svar vâjï sisâsati.
2. — clivô yâ skambhô dharûnah svâtcda [ âpürno ançûh
paryêti viçvâtah [| sémé mahi rôdcisî yaksacl âvrtâ | sa-
mïclné dàdhâra sam isah kcivili
Lui qui, colonne du ciel, support, bien développé, éclat
(bien) nourri qui enveloppe (l’oblation), issu de ce qui a
tous (les dons), — que celui-là développe par l’offrande ces
deux brillants, élevés, enveloppés qui vont ensemble. Le
sage(-soma) a soutenu les libations auxquelles il est uni.
pâda 1. — Cf. 2, 52, vistambho dharuno divah. — Berg., I, 213,
« étai solide ».
pâda 2. — - Cf. 67, 28% viçvebhir ançubhili. — Berg., I, 162,
« autour de toutes choses » ( viçvatah ).
pâda 3. — Cf. 41, 5, sa pavasva. . . ü maliï rodasï prna; 18, 5,
ya ime rodasï main sam... doliate. — Berg., I, 186 : « Qu’il
honore par le sacrifice les deux mondes. »
3. — mâhi pscivah sûkrtcun somydm mâdhü | -rvi gâvyû-
tir ûditer rtâm y cité || îçe yô vrstér itâ usriyo vrsâ- \
pain netâ yâ itâûtir rgmiyah
(Voilà) la grande nourriture, le liquoreux bien édifié, le
doux, le large régal issu de la vache, (destiné) à celui qui va
296
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
au coulé de la non-liée, — lui qui, taureau, de la nature
brillante de l'aurore, (provenant) de ceci (de l’oblation), se
rend maître de la pluie, — lui qui, conducteur des eaux,
régal (provenant) de ceci (de l’offrande que voici), est
chanteur.
pâda 3. — Berg., I, 217 : « Il commande d’ici à la pluie. » —
Cf. Berg., I, 220, pour la comparaison de ce vers avec le suivant,
à propos de la prétendue « correspondance des deux sacrifices,
terrestre et céleste ».
4. — dtmanvcïn nàbho duhyate ghrtâm paya [ rtàsya
nâbhiv amrtam vi jâyate || samîcïndh sudânavah prî-
nanti | tara ndro hitâm dva mehanti péravah
Le brouillard (ou l’humide) qui respire, le ghrta, le lait
est trait (voilà qu’on le fait couler); le nombril du coulé,
le non-mort est né; ceux qui vont ensemble, ceux qui ont
de belles gouttes (le) régalent; les hommes(-somas) qui tra-
versent (les obstacles) émettent par en bas en urinant ce
(liquide) mis en mouvement.
pâda 1. — Cf. 71, l3, nabhalt payait; 62, 9% pari srava... ghrtam
payait; 62, 20s, payo duhanty âyavalt. — Berg., I, 209 : « Le
Soma désigné sous le nom d’amrta et assimilé au lait du nuage,
est honoré (proprement réjoui) par des personnages qui le font
couler en bas. »
5. — àrâvld ançüh sàcamàna ûrminâ \ devdvyàm mdrtuse
pinvati tvdcarn || dâdhàti gdrbham éditer updstha â
yéna tokâm ca tdnayam ca dhâmahe
L’éclat qui accompagne (l’oblation) au moyen du flot a
mugi; il gonfle pour l’homme(-soma) la peau qui est le régal
des Célestes; il vient établir, dans la matrice de la non-liée,
un fœtus au moyen duquel nous établissons (ou nous re-
cevons) extension (ou descendance) et progéniture.
pâda 2. — Berg. , 1 1 , 35 : « La peau où se rafraîchissent les dieux »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
297
= le soma dans les eaux du nuage. — En réalité, cette peau
(fictive) est l’enveloppe du liquide sacré, appelée ailleurs la toison
de la brebis, ou la peau de la vache.
Hémistiche 1. — Cf. 64, 11, ttrmir y as te pavitra à devâvïli
paryaksarat .
pâda 3. — Cf. 26, l2, upasthe aditer adhi; 19, 5% punâno gav-
bham àdadhat.
pàda 4. — 65, 21\ isam tokâya no dadliat. — Berg., III, 96,
note: « C’est dans le sein d’Aditi que Soma produit le germe des
enfants des hommes. »
6. — sahâsradhâré ’va ta asaçcdtas | trtiye santu râjasi
prâjàoatlh || câtcisvo nâblio nihitd avû divô | havir
bharanty amrtam ghrtaçcûtah
Qu’apparaissent non retardées, douées de postérité, dans
le rajas qui est le troisième, celles-ci qui sont en bas dans
la (liqueur) aux courants qui ont les mille (dons). Les quatre
cordons ombilicaux (?) (ou ouvertures?) qui coulent le glirta
mis en mouvement en bas, au-dessous du ciel, apportent la
libation, (le liquide) non mort.
Hémistiche 1. — Cf. 73, 4, sahasradliàre 'va te sam asvaran
divo nake. . . asaçcatah.
trtiye. — « Le troisième, « eu égard au dio et à Vantariksa; voir
toutefois Berg., III, 138.
catasrah (nübhah) = « quatre » = « quatrième (objet) », eu
égard aux trois mondes, — Berg., loc. cit., y voit les quatre
points cardinaux.
7. — çvetâm rûpàm krnute ycit sisâsati | sumo mîdhvân
âsuro veda bhumanah || dhiyâ çàml sacate sém ablii
pravdd | divc’di kâvandham civa darsad udrinam
Le liquide produit la couleur brillante alors que, hu-
mide (?), animé, il cherche à conquérir (et) trouve la terre
(-libation). Au moyen de la pensée, au moyen de l’activité,
il suit la pente; il a percé en bas la tonne aqueuse du ciel.
298
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pâda 1. — Cf. 65, 18, â nah soma. . . rüpam na vareuse bhara;
74, 1% svai ' y ad vâjy arusali sisâsati.
pâda 2. — Cf. 73, 1, asurali. . . àrabhe satyasya.
dhiyâ çaml. — Cf. RV. II, hymne 31, 6, même formule.
divaîi kaoandliam. — Cf. la formule dirai). . . vrstih, passim. —
Berg., I, 215, voit dans le Soma « fendant la tonne d’eau du ciel »,
une allusion certaine à l’éclair. — La pluie ou la tonne en question
sont en bas eu égard au ciel -feu).
8. — âdha çuetâm kaldçam gôbhir aktdm \ kârsmann â
vâjy àkramit sasavân || â hinvire mânasâ devaydntah \
kaksîvate çatâhimâya gônâm
Voilà que celui qui a les réconforts, le conquérant, s’est
avancé dans la limite (le but), vers la coupe brillante que les
vaches ont ointe. Ceux qui deviennent célestes (l’)ont mis
en mouvement au moyen de la pensée pour le sanglé (?) qui
a l'humidité des cent (dons) provenant des vaches.
Hémistiche 1. — Cf. le vers précédent, pâda 1.
pâda 2. — Cf. 36, V, kârsman vâjl ny akramït , — même ex-
plication.
9. — adbhih soma paprcândsya te rdsô | ’vyo vâram vi
pavamâna dhâvati || sd mrjydmânah kavibhir madin-
tama \ svddasvéndrdya pavamâna pltâye
O liquide, ô toi qui te répands au moyen des eaux, ton
suc, coule, ô allumé, vers (ou, à travers) la toison de la
brebis; toi (que voilà), ô très liquoreux, rendu brillant par
les sages (somas), goûte (ce suc), ô allumé, pour la boisson
(destinée) à l’Ardent.
te, sa. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. 61, 17 , pacamânasya te raso mado râjan...
vi vâram avyam arsati.
pâda 3. — Cf. 64, 13, mrjyamâno manlsibhih.
pâda 4. — Cf. 62, 5:l, svadanti güvali payobhili; 62, 81, indrâya
pïtaye.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
299
HYMNE LXXV
1. — abhi pviyâni pavate cânohito \ nârndni yahvô âdhi
yésu vârdhate || â suryasya brhatô brhdnn âdhi | rcdhara
visuancam aruhad vicaksandh
Le jeune (ou l’actif) mis en mouvement par l’agréable,
allume les choses qui (lui) sont chères, — les signes dans
lesquels il croît en haut. Le fort, l’étincelant est venu
monter sur le char, qui va dans toutes les directions, du
puissant soleil.
Hémistiche 1. — Cf. 12, 8, abhi priyâ. . . somo hinvàno arsati.
Hémistiche 2. — Cf. 15, 1, esa... yâti... çüro rathehhir açubjiili.
2. — rtdsya jihvâ pavate mâdhu priydm | vaktâ pâtir
dhiyô asyâ âdâbhyah\\ dâdhâti putrâh pitrôr apîcycnn |
nâma trtîyam âdhi rocanô divâh
La langue du coulé allume le doux, l’agréable, (elle qui
est) le parleur, le maître de cette pensée qui ne doit pas être
opprimé; le fils établit le signe caché du père, — le troi-
sième, — au-dessus, dans l’éclat du ciel.
priyam madhu. — Cf. 2, 31.
pàda 1. — Cf. 73, 4, sam asoaran divo nâke madhujihvctli . —
Berg-, I, 283 : « La langue clarifie l’agréable liqueur de la loi. »
pàda 3. — Cf. 71, 5 , jrayati gor apïcyam padam. — Le père, ou
le soma liquide, est caché ou disparu quand le fils ou le soma igné
en apporte le signe (troisième objet, eu égard au père et au fils),
dans le ciel-feu.
pàda 4. — Cf. 17, 5, ati tri soma rocanà rohan; 42, 1', janayan
rocanà divali.
3. • — âva dyutânâh kaldçân acikradan \ nrbhir yemândli
kôça â hivanydye || abhim rtdsya dohdnà anüsatâ \ -dlii
triprsthd usdso vi râjati
L’étincelant a fait résonner en bas les coupes, lui qui
300
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
s’étend au moyen des hommes(-somas) dans le vase d’or;
vers lui ont mugi ceux qui trayent le coulé; celui qui a
trois sommets fait au-dessus briller les aurores.
pàda 1. — Cf. 18, 7, sa çusmï kalaçeso â punâno acikradat.
— kalaçàn-koçe, dédoublement verbal.
Hémistiche 2. — Cf. 71, 7, rrsâ triprstho anavista gü ablii. . .
rebho na pürcïr usaso ci râjati.
4. — àdribhih sutô matibhiç eu no hit ah \ prarocâyan rôdasï
mâtârà çûcih [| rômâny âvyâ samâyâ vi dhâvati | mâdhor
dhàrâ pinvamânâ divé dive
Versé par les pierres, par les pensées, lui qui est mis en
mouvement par l’agréable, clair, éclairant les deux bril-
lantes, les deux mères, — le courant du doux coule à travers
les poils de la brebis à l’aide de la semblable, en grossissant
pour (ou dans) chaque jour(-feu).
canoliitah. — Cf. 75, 1.
pàda 2. — Cf. 9, 3, sa sünur mâlarà çuciJi ... arocagat. —
Berg., II, 22 : « Il fait briller les deux mondes, ses parents. »
pàda 3. — Cf. 62, 8, so arsa . . . tiro româny acyaijâ.
5. — pari soma prâ dhanvâ svastâye \ nrbhih punânô abhi
vàsaydçiram \\ y ê te mâdâ âhanâso vihciyasas | tébhir
indrarn codaya dâtave maghâm
O liquide, allumé par les hommes(-somas), avance-toi en
coulant circulairement pour la bonne manifestation; revêts
le lait chaud. Ces tiens breuvages que voilà parlants ('?), for-
tifiants, avec eux mets en mouvement le don pour gratifier
l’Ardent.
àçiram. — Berg., II, 56 : « Ce qui sert à cuire Soma. »
âhanasah. — Sày. « r acanavantah. »
pàda 4. — Cf. 8, 3, indrasya soma ràdhase punâno hardi co-
daga. — RV., X, hymne 141, 5, indram dânüga codaya.
Le culte védique du soMa
301
HYMNE LXXVI
1. — dhartâ divâh pcivate krtvyo rdso \ dâkso devânàni
anumâdyo nrbhih [| hdrih srjânô âtyo nd sâtvabhir |
vrthâ pàjânsi krnute ncidîsv â
Le porteur du ciel, le suc créateur s’allume, — (lui),
l’habile appartenant aux Célestes qui doit participer à leur
suite à la libation (?) versée par les hommes. Le doré qui
s’élance pareil à un coursier â l’aide des (oblations) présentes
(ou, pourvues du manifesté, — sat) vient créer des lumières
dans les rivières au moyen de l’accroisseur.
pâda 1. — Cf. 26, 23, indam dhartâram â divali; 46, 1% atyâsali
krtviyâ iva.
Hémistiche 1. — Cf. 61, 18, rasas tara dakso vi râjati dyumân.
pâda 3. — Cf. 3, 4% çüro yann iva satvabhih.
pâda 4. — Cf. 63, 17, mrjanti. . . harim nadïsu. — Ce pâda est
des plus concluants en faveur de l’hypothèse que le soma est un
liquide inflammable.
2. — çuro nd dhatta àyudhâ gâbhastyoh \ svàh sisâscin
rathirô gdvistisu || indrasya çûsmctm irdyann apas-
yübhir ] indur hinvdnô cijyate manisibhih
Comme un héros, il a placé des armes dans ses deux mains,
cherchant à s’emparer du soleil, muni d’un char dans les
(choses) qui ont le désir des vaches. Mettant en mouvement
l’activité de l’ Ardent au moyen de ceux qui veulent produire
des œuvres, le brillant qui s’élance est oint par les sages.
pâda 1. — Cf. 57, 23, liaris tunjâna âyudhâ.
pâda 2. — Cf. 7, 4:‘, svar vâjï sisâsati.
pâda 3. — Cf. 50, 1', ut te çusmàsa ïrate.
pâda 4. — Cf. 64, 132, mrjyamâno manïsibhih.
3. — indrasya soma pcœamàna ürmiyd | tavisydmdpo
302
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
jathdresv à viça || prd nah pinva vidyûd abhréva rôdasi |
dhiyâ nâ vàjdn ûpa màsi çâçvata/i
O liquide, ô allumé, rendu impétueux pénètre au moyen
du flot dans les ventres de l’ Ardent; gonfle nos deux bril-
lantes comme l’éclair (gonfle) les pluies; comme au moyen
de la pensée, tu développes nos réconforts qui ne cessent de
couler.
Hémistiche 1- — Cf. 72, 2, indrasya somam jathave yad âduhuli.
pâda 3. — Cf. 41, 5% à raalii rodasï prtia. — Lud. : pinça
= « lasz uns strômen ». — Berg., I, 168 : « Comme l’éclair fait
gonfler les nuages. » — Le gr. le lat. imber et le sc. ambhas
donnent fortement à croire que abhra signifie « eau, pluie », plutôt
que « nuage ». L’éclair-feu sacré gonfle ou développe sous la forme
de flammes l’eau ou la pluie-soma, surtout si nous nous rappelons
que les comparaisons védiques ne sortent jamais de l’horizon des
éléments du sacrifice.
pâda 4, — Cf. 71, 6, sadanam dhiyâ krtam.
4. — viçvasya râjà pavate svardrça j rtâsya dhltim psisâl
avivaçat || ydh suryasyâsirena mrjydte \ pitâ matinàm
àsamastakdvyah
Le roi de ce qui a tous (les dons), de ce qui voit le soleil,
s’allume. Celui qui s’est emparé du chanteur a fait retentir
la méditation du coulé, — lui qui, père des pensées, n’ayant
pas (encore) atteint tout ce qui provient du sage (soma),
est rendu brillant par le trait du soleil.
pâda 2. — Cf. 66, 11, avâcaçanta dhîtayali; 32, 3S, viçoasyâ-
cîcaçan matim. — Berg., II, 24 : « Il a fait mugir la prière. »
pâda 3. — Berg., I, 202 : « Il est purifié par le trait du soleil. »
5. — vrseva yüthà pdiri kùçam arsasy | apâm updsthe
vrsabhàh kànikradat || sa indrâya pavase matsarintamo |
ydthâ jésàma samithé tvôtayah
Comme le taureau (qui court) autour des troupeaux, tu
coules circulairement vers le vase, toi le buffle, — ce qui
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
303
mugit, — (pour entrer) dans le giron des eaux; toi que voilà,
tu t’allumes pour l’Ardent, toi très liquoreux, de telle sorte
que régalés par toi, nous soyons conquérants (de la libation)
dans la rencontre (ou, la lutte du feu sacré pour s’emparer
d’elle).
pâda 1. — Cf. 71, 9’, ukseva yüthü pariyann arâvït.
pâda 3. — Cf. 63, 2, pinoasa indrâya matsarintamàli.
Hémistiche 1. — Le poète, comme souvent dans les passages
analogues, a deux idées en vue : 1° Le soma igné enveloppe le
soma liquide; 2° celui-là, vient s’unir à celui-ci dans le vase, ou le
réceptacle, qui est censé le contenir à titre de liquide.
HYMNE LXXVII
1. — es à prd kôçe mâdhumân acikradad | ùidrasya vc'ijro
vdpuso vàpustarah\\abhim rtàsya sudûgliâ ghrtaçcûto |
vdçrâ arsanti pàyaseua dhenàvah
Celui que voilà pourvu de doux s’est avancé en criant
dans le vase, (sous la forme de l’arme) issue du réconfort
( uctjra ) de l’Ardent, plus éclatante que l’éclat; vers lui les
(brillants), — pareils aux (vaches) laitières du coulé, au bon
lait, qui font couler le ghrta, mugissantes, — coulent au
moyen de leur lait.
esa. — Démonstratif liturgique,
pâda 1. — Cf. le Ie1' hémistiche du vers précédent,
pâda 2. — Le vajra est nettement identifié au soma pavamâna.
— Berg., I, 169 : « Soma est appelé la foudre d’Indra ».
pâda 4. — 13, 7, câçrâ arsantïndavali... net dhenavah. — Berg.,
III, 242 : « Les vaches bonnes laitières du rta, qui coulent pour
Soma, pourraient être aussi les eaux avec lesquelles on le prépare
sur la terre »
2. — sa pürüyâh pavate yàrp divdh pari | çyenô mathàyâd
304
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
isitds tiré rajah || sâ mâdlwa à yuvate vêvijcïna it \
krçànor dstur mànasâha bibliyûsd
Celui que voilà, que l’aigle du ciel lancé au delà du rajas
a agité circulairement, s’allume., — lui qui est de la nature
de l’ancien; celui-là vient s’atteler aux douces (liqueurs)
en s’agitant au moyen de la pensée effrayée par l’archer
qui blesse.
sa. — Démonstratif liturgique.
pada 2. — Cf. 68, 62, çyeno yad andho abharat parâvatali. —
Berg., III, 7 : « Lui, que l’aigle a baratté (tiré par le barattage) du
ciel. »
pâda 4. — Berg., III, 30 : « (Krçànu) l’archer qui lance une
flèche à l’aigle au moment où celui-ci dérobe la liqueur sacrée. » —
Voir sur ce mythe, p. 17 seq.
3. — té nah purudsa ûpardsa indavo | mahé vâjdija dhan-
vantu gômate || iksenyâso ahyô nâ càravo | brdhma
brahma yé jujusur hcwir havili
Que ces brillants venant de nous qui sont en avant, qui
sont en arrière, courent pour le réconfort élevé, pourvu de
vaches, — eux qui, admirables (?), beaux, pareils à des ser-
pents, ont goûté chaque libation, chaque prière-réconfort.
ahyo na. — Berg., I, 168, voit dans cette comparaison une
allusion à l’éclair. — Il est possible, à mon avis, que le poète vise
la transformation du soma liquide en soma pavam., en l’assimilant
à celle du serpent qui change de peau; cf. 86, 44.
4. — ciyàm no vidvâti vanavad vanusyatd \ indu h satrâcd
mdnasd purustutdh [| incisya yd/i scidane gàrbhani
dclaclhé | gâvdm urubjdm abhy drsati vrajdm
Que ce sage, le brillant qui vient de nous, célébré par les
nombreux (somas), obtienne ceux qui s’agitent au moyen
de la pensée qni va de compagnie (allusion aux deux états
du soma); lui qui a établi un foetus dans la résidence du
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 305
fort(-soma) coule vers l’enceinte des vaches largement
ouverte (?).
pâda 1. — Cf. 7, 6a, rebho canuëyate matï.
pâda 2. — Cf. 19, 5, punâno garbhcim üdadhat.
5. — câkriv divdh pavate krtvyo rciso | mahàn üdcibdho
vàruno hurûg yaté\\dsàvi mitrô vrjânesu yajniyô \ ’tyo
tid yûthé vrsayûh kânikradat
Le suc du ciel, créateur, actif, s’allume, (lui) le haut,
l’Enveloppeur non opprimé, pour celui qui va de travers (?);
l’Ami qui est de la nature de l’oblation a été versé dans les
enceintes (de la libation), pareil à un coursier (qui va se
joindre) au troupeau, — (lui) désireux de devenir taureau,
— (lui) qui est ce qui mugit.
pâda 1. — - Cf. 76, 1', dhartâ diocih pavate krtvyo rasali. —
Berg., II, 22 : « Soma a fait le ciel. »
pâda 2. — Identification nette de Varuna et du soma pavamâna.
pâda 4. — Cf. 76, 5, crseca yüthâ pari koçam arsasi... vrëabhali
kanikradat.
Berg., III, 136, a traduit ce vers très librement : « Le suc éner-
gique et puissant (le Soma) coule du ciel (contradictoire avec
l’interprétation ci-dessus, pâda 1 : « Soma a fait le ciel a), grand
Varuna infaillible pour celui qui sort de la voie droite; il a été
exprimé, Mitra sacré, dans les demeures, hennissant comme un
cheval en rut au milieu du troupeau. »
HYMNE LXXVIII
1. — prci râjd vacant janâyann asisyadad | apô vàscïno
cibhi y à iyakèati || yrbhnàti riprdm dvir cisya tânvd \
çuddhô devânâm ûpa yâti niskrtâm
Le roi engendrant la voix a coulé; revêtant les eaux, il
s’efforce d’offrir les vaches en oblation (ou d’aller vers les
vaches) ; la brebis s’empare de la tache au moyen du corps (?)
20
306
LE CULTE VEDIQUE DU SO\lA
de celui-là; rendu brillant, il (le soma) se rend à ledilice des
Célestes.
pâda 1. — Cf. 25, 5', aruso janayan girali.
pâda 2. — Cf. 11, l:l, abhi deoün iyaksate; 2, 33, apo vasista su-
kraiuli. — Beig., II, 49 : « Sonia s’élance vers les vaches. »
pâda 3. — Cf. 14, 4% jahac charyâni tànvà. — Sây. « tànvà
— svïyena vastrena. » — Cf. Berg., I, 203, note. — J’entends que
le lait-soma de la brebis rend brillant, c’est-à-dire permet d’al-
lumer, le soma obscur et pour ainsi dire couvert d’une tache.
2. — indrâya soma pari sicyase nj-bhir | nrcdksd ûrmih
kaoir ajyase veine || pûrvîr hi te srutâyah sànti yâtave |
sahâsram dçvd hàrayaç camüsàdah
O liquide, tu es versé circulairement par les hommes
(-somas) pour l’Ardent; (pareil au) flot, sage, toi qui tires
ton éclat des hommes(-somas), tu es l’objet d’onctions dans
le bois (= le combustible); nombreux sont tes courants pour
te mettre en marche, — (ce sont) mille chevaux dorés qui
résident dans les coupes.
pada 2. — Cf. 66, 9% rebho yad ajyase vane.
pâda 4. — - Cf. 8, 2, punânâsaç camûëado gachanto câyum açcind.
— Berg., I, 223 : « Tu as pour courir des flots innombrables,
mille chevaux bais qui ont pour écurie la cuve. »
3. — samudriyà apsardso manisinam | usina antâr abhi
sôniam aksaran\\tâ Un liinvanti harmyàsya saksdnim |
yàcante sumndm pâuamdnain dkèitam
Les aqueuses qui sont de la nature de la mer ont coulé
vers le liquide, (vers) le penseur dans lequel elles viennent
prendre résidence; celles-ci ont mis en mouvement celui qui
s’est emparé de la demeure; elles appellent l’allumé, le bon
penseur non épuisé.
pâda 1. — * Cf. 62, 26', samudriyà apali. — Berg., II, 35 : « Les
Le culte védique du soma 30?
Apsaras sont appelées « maritimes », par allusion à la mer atmos-
phérique. »
pàda 3. — Cf. 71, 4% sincanti harmyasya saksanim.
4. — gojin nah sômo rathajid dhiranyajit [ svcirjid abjit
pavate sahasrajit || y dm devâsaç cakriré pltûye mâdam |
svâdistham drapsàm arundm mayobhûvam
Notre liquide allume ce qui conquiert les vaches, ce qui
conquiert les chars, ce qui conquiert l’or, ce qui conquiert
le soleil, ce qui conquiert les eaux, ce qui conquiert les mille
(dons), — lui, boisson très douce, goutte rouge, qui se mani-
feste par l’agréable, que les Célestes ont produit pour le
Boire (pour être bue).
Hémistiche 1. — Cf. 59, 1, pavasva gojid açoajid, viçvajit soma
ranyajit. — L’analogie de 4, 2 : soma. . . sanâ, svali semble bien
indiquer que svarjit, etc., sont des régimes et non pas des sujets.
pâda 3. ■ — Les dieux « font » le soma pavam. qui est leur aller
ego , et qui ne saurait exister sans eux.
5. — etàni soma pcmamâno asmayüh \ satyâni krnvdn
drdoindny arsasi || jahi çdtrum antiké düraké ca y à \
urvim ydvyütim dbhayam ca nah krdhi
O liquide, ô allumé, désireux d’être nôtre, tu coules en
les produisant (vers) ces richesses qui sont de la nature du
manifesté. Écarte l’ennemi, celui qui est dans le proche et
celui qui est dans l’éloigné. Produis pour nous le large régal
issu de la vache et ce qui n’a pas de crainte (ce qui se déve-
loppe librement).
etâni. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. l’hémistiche 2 du vers précédent. Les
Célestes et le soma pavam. sont mis sur le même pied et produisent
les mêmes œuvres.
Hémistiche 2. — Cf. 67, 21, y ad and yac ca dürake bhayam
rindati mâm ilia pavamüna vi taj jalii ,
308
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
HYMNE LXXIX
1. — acodciso no dhanvantu indavah | prâ suvànâso brhàd-
divesu hàrayah || vi ca nàçan na isô àrdtayo | ’ryô na-
çanta sânisanta no dhiyah
Que nos brillants qui manquaient d’excitation (ou d’acti-
vité) se mettent à courir, (eux) les dorés qui s’élancent (pour
venir) dans les cieux du fort (soma). Périssent nos libations
qui n’ont pas de dons; périssent les pensées de celui qui n’a
pas de dons; que les nôtres soient conquérantes!
Hémistiche 1. — Cf. 17, 2, abhi sucânâsa indavah. ■ . aksaran;
65, 24, sucânà devâ.sa indavah. — Berg., I, 209 : « Que les gouttes
brillantes pressées chez ceux qui habitent le haut du ciel, coulent
d’elles-mêmes pour nous. »
pâda 3. — Grassmann : « Die Frevler môgen nicht erlangen
unser Gut (!). »
2. — prâ no dhanvantv indavo madacyulo | dhânâ va.
yêbhiv ârvato junimdsi || tiré mârtasya kâsya cit pâri-
lwrtim \ vaydm dhânâni viçvàdhâ bharemahi
Puissent se mettre à couler nos brillants qui versent la
boisson, ou (qui coulent) les richesses, au moyen desquelles
nous mettons les coursiers en mouvement. Puissions-nous
apporter des richesses de manière à établir ce qui possède
tous (les dons), en allant au delà de l’empêchement de tout
mort !
pâda 1. — Cf. l'hémistiche 1 du vers précédent,
pâda 3. — Cf. 3, 2-, ati hoarànsi dliàvati; 63, 4’, ete asrgram...
ati licarünsi. — Berg., III, 189 : « L’enlacement d’un mortel quel-
conque. » — La libation morte est censée faire obstacle à la liba
tion vive.
pâda 4. — Cf. 61, 23, cayam dhanü jayema ; 65, 9, vayam ciçvâ
dhanüni jiyyusali .
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
309
3. — utâ svcisyci àrâtyâ arir hi s ci ] utànyasyâ dràtyà
vrko hi sdh [| dhànvan nci trsnâ sam arita tân abhi |
sôma jahi pavamâna durâdhyàh
Ou bien celui que voilà est le non-donneur de son propre
non-donneur, ou bien celui que voilà est le loup d’un autre
non-donneur (il le dévore). Que la soif (la libation altérée)
se dirige vers ceux-là comme (si elle était flèche) sur l’arc.
O liquide, ô allumé, écarte ceux qui ont de mauvaises
pensées (qui crépitent mal, qui ne s’allument pas).
Hémistiche 1. — Cf. 79, 1, pàda 3. — Berg., III, 173 : « Qu’il
(nous préserve) de notre propre méchanceté! car elle est un ennemi.
Qu’il (nous préserve) aussi de la méchanceté des autres! Car elle
est un loup. » En ce qui regarde lé sens des mots ari et arâti, j’en
appelle de Berg, à Berg. (II, 218, note 3). Le sens réel est que le
Sonia est donneur, puisqu’il ne donne pas le non-don, ou puisqu’il
le dévore.
pàda 3. — dhancan « lande », sens traditionnel déduit du con-
texte. La traduction que je propose est hypothétique.
trsnâ. — Désignation métaphorique du soma pavam. qui a soif
du soma liquide.
pàda 4. — Cf. 70, 5, bâdlmtevi durmatïh; 53, 32, düdhyâ.
4. — divi te nâblià paramô yâ âdadé \ prthivyâs te ruru-
huh scînaui ksipah [| âdrayas tvà bapsati gôr âdhi tvacy |
cipsû tvà hâstair duduhur manîsinah
A toi est celui qui, tout en haut, t’a pris (pour te placer)
dans le ciel, dans le nombril; à toi sont les flèches (ou les
doigts) qui se sont élevées au sommet de la terre; les mon-
tagnes te dévorent (?) dans la peau de la vache; les penseurs
(somas) te trayent dans les eaux avec leurs mains.
pàda 1. — Cf. 12, 4, divo nâbhà. . . mahïyate somah.
pàda 2. — Cf. 63, 27, pavamâna dioali pari. .. prthivyâ adhi
sânavi.
pàda 3. — Cf. 66, 29, esa somo adhi tvaci gavâm krïlaty adri-
bhih. — Les feux du soma pavam. sont assimilés à des montagnes,
310
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
ou peut-être faut-il entendre que les montagnes ont comme dévoré
la libation tant qu’elle n'en jaillit pas. — tant qu’elle est (en vertu
d’une autre figure) dans la peau de la vache,
pâda 4. — Cf. 20, 6, sa. . . apsu. . . mvjyamâno gabhastyoh.
Hémistiche 1. — Berg., I, 210 : « Pour toi qui y as été reçu sous
ta forme suprême, les doigts (les sacrificateurs), sont montés (se sont
placés) sur le ciel, ton nombril (ta patrie); pour toi ils sont montés
(se sont placés) sur la surface de la terre. » — Preuve, d’après
Berg., de la conception des deux sonnas, le terrestre et le céleste.
5. — evâ ta indo subhvàm supéçasam \ râsarn tunjanti
prathamâ abhiçriyah || nidam nidam pavamdna ni
târisa \ avis te çûsmo bhavatu pviyô mâdah
Ainsi (ou, par cela) les clartés qui sont en avant poussent
ton suc, ô brillant, au beau développement, aux beaux orne-
ments. O allumé, soumets en bas chaque oppression; qu’ap-
paraisse ta boisson ardente, agréable.
evâ. — Démonstratif liturgique.
HYMNE LXXX
1. — sômasya dhàrâ pavate nrcâksasa | rténa devân ha-
vate divâhpàri || brhaspdte ravdthenâ vi didyute | samu-
drâso nâ sàvanûni vivyacuh
Le courant du liquide dont l’éclat vient des hommes
s’allume; au moyen du coulé, il appelle à la ronde (?) les
Célestes du ciel; il brille au moyen de la voix du maître du
Fort; pareilles à des mers, les coulées (l’)ont enveloppé.
pâda 1. — Cf. 1, 1% pavasva soma dhârayâ.
2. — ydm tvâ vâjinn aghnyd abliy ànûsatâ | -yohatam
yônim à rohasi dyumân || maghônâm âyuh prativân
màhi çt'dva | indràya soma pavase vrsà mâdah
O toi qui es pourvu de réconforts, vers lequel celles qui
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
311
ne doivent pas être tuées ont mugi, tu as monté, lumineux,
sur la matrice percée par le fer. O liquide, taureau (qui es)
boisson, tu allumes pour l’ Ardent la haute voix en étendant
la vigueur des généreux.
yam tvà. — Démonstratifs liturgiques,
pâda 1. — Cf. 26, 21, tam gàvo abhy anüsata.
pâda 2. — Cf. 1, 2, abhi yonirn ayohatam. . . âsadai. — Berg.,
I, 86 : « La matrice percée par le fer vers laquelle s’élève le soma
terrestre paraît être aussi le sein de la mère violemment ouverte
pour enfanter la forme céleste du mâle. » — Explication réelle :
la matrice est le soma liquide d’où sort et sur lequel s’élève le
soma igné, représenté simultanément comme une arme qui perce
cette même matrice.
pâda 3. — Cf. 1, 33, pars! râdho mcighonâm.
Hémistiche 2. — malù gravait... pavase; cf. 9, 9, pavamàna
maki gravai) . . . râsi; cf. aussi le vers précédent, pâda 3.
3. — éndrasya kuksâ pavate madintama | urjam vâsdnah
çrdvase sumangàlah || pratyan set viçud bhûuandbhi
paprathe | krüan hàrir dtyah syandate vrsd
Le très liquoreux vient s’allumer dans l’enveloppe (ou le
ventre) de l’Arclent, en revêtant le Fort pour la Voix, lui qui
a de beaux dons (?). Se plaçant contre eux, il s’est étendu
au-dessus de tous les êtres (les essences sacrées); en jouant,
le coursier doré, le taureau coule.
pâda 1. — Cf. 76, 3, indrasya. . . pavamàna. . . jatliaresv âviça.
pâda 3. — Cf. 54, 3, ayant viçoâni tistliati punâno bhuvanopari.
4. — tàm ivd devêbhyo mcidhumattamam nàtrah \ sahcis-
radhâratn duhate dctça ksipah l| nrbliih soma prdcyuto
yvâvabliih sutô | viçvdn devân â pauasud sahasrajit
Toi que voilà, très pourvu de doux, toi qui as pour cou-
rants les mille (dons), — les hommes(-somas), les dix flèches
(ou doigts) t’ont trait pour les Célestes. O liquide mis en
mouvement par les hommes, que les montagnes ont fait
312
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
couler, viens allumer tous les Célestes, (viens allumer)
ce qui conquiert les mille (dons) (ou, toi qui a conquis les
mille dons).
tam tvâ. — Démonstratifs liturgiques,
pâda 4. — Cf. 55, 4% sa pavasva saliasrajit.
5. — tâm tvâ hastino mâdhumantam âdribhir | duhdnty
apsû vrsabhdm dâça ksipah || îndram soma mâdàyan
daiuyam jànam j sindhor ivormih pàvamâno arsasi
Toi que voilà, taureau pourvu du doux, ceux qui ont des
mains, les dix flèches (ou doigts) t’ont trait dans les eaux
au moyen des montagnes; ô liquide, en t’allumant, tu coules
pareil au flot de la rivière, en mouillant l’Ardent, l’homme
céleste.
tam tvâ. — Démonstratifs liturgiques.
Hémistiche 1. — Cf. hémistiche 1 du vers précédent,
pâda 3. — Cf. 71, 8, apsâ yâti. . . daicyam janam.
pâda 4. — Cf. 39, 4\ sindhor ürmâ vy aksarat.
HYMNE LXXXI
1. — prâ sômasya pàvamânasyormâya | ûidr'asya yanti
jathâram supéçasah || dadhnci ydd lin ûnnïtâ yaçàisâ
gâvâm | dandy a çùram uddmandisuh sutâh
Les flots bien ornés du liquide qui s’allume s’avancent
pour aller dans le ventre de l'Ardent, alors que les coulés
portés en haut au moyen du lait éclatant des vaches ont
mouillé le héros pour le Don (à lui faire).
Hémistiche 1. — Cf. 80, 31, et 80, 5, hémistiche 2 : combinaison
des deux formules.
Hémistiche 2. — Cf. 11, 6, dadhned ablii crïnîtana indurn indre
dadhâtana.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
313
2. — dchcï ht sômah kaldçân dsisyadad | âtyo nâ uôlhâ
raghûvartanir vrsâ |] âihà devânàm ubhâyasya jàn-
incino | vidvcai açnoty amûta itâç cct yât
Le liquide a coulé vers les coupes, pareil à un coursier,
lui le porteur, le taureau aux mouvements rapides; connais-
seur (outrouveur) de l’une et l’autre génération des Célestes,
il obtient ce qui vient de celle-ci et de celle-là.
pâda 1. — Cf. 60, 3, pavamâno asisgadat kalaçân ablii dhâvati.
Hémistiche 2. — Les deux naissances ou les deux générations :
sont celles du soma liquide et du soma igné = le pârthiva et le
daivya , le céleste, celui des dieux et le terrestre ou l’humain qui
est aussi indirectement celui des dieux. Le soma pavam. comprend
l’une et l’autre. — Berg., I, 210 : « (Le Soma) atteint les deux
races. »
3. — â nah soma pdvamânah kir à vctsv | indo bhâva ma-
ghâvâ râdhaso mahdh [] çiksâ vayodho vdsave sû cetûnà |
ma no gâyam ciré asmàt para sicah
O liquide, qui t’allumes, viens répandre notre bien ; ô bril-
lant, apparais pourvu des dons de la grande richesse; ô éta-
blisseur de la nourriture, prête secours au Bien au moyen
de l’Éclat; ne fais pas couler loin de nous ce qui est dans
notre demeure, (ne l’écarte pas).
pâda 2. — Cf. 1, 103, çüro maghâ ca mcinhcite; 1, 33, parsi
râdho maghonâm.
4. — â nah püsâ pdoamdnah snrcïtâyo [ mitrô gachantu
vârunah sajôsasah || brhaspâtir marûto vâyûr açvinâ j
tüdstcl savitâ suyàmâ sdrasvati
Viennent à nous1 le Nourricier, l’allumé, ceux qui ont de
beaux dons, l’Ami, l’Enveloppeur, ceux qui goûtent de
concert (à l’oblation); - — le maître du Fort, les Impétueux,
1. Ou, viennent ici grâce à nous.
314
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
le Vent, les deux cavaliers, le fabricateur, le metteur en
mouvement, la liquoreuse au beau jumeau (?)!
Cf. pour l’énumération et le caractère de litanie, 5, 11.
5. — ubhé dyâvdprthivi viçvaminvé j aryamâ devô âditir
vidhàtâ |] bhâgo nr causa arv àntdriksam \ viçve devait
pâvamdnam jusanta
Que les deux (mondes), la terre et le ciel qui mettent le
Tout en mouvement, (que) le fidèle, le céleste, la non-liée,
l’établisseur, le participant, celui qui tient sa voix des
hommes, le large (monde) intermédiaire, tous les Célestes
goûtent l’allumé!
nrçamsa. — Voir l’explication de Berg., I, 306.
aditih. — Berg., 111, 92 : « Le nom d’Aditi est donné à l'un des
Âdityas ou des fils d’Aditi, à savoir Aryaman. » — Je vois tout
simplement dans ce vers une énumération d’éléments du sacrifice
plus ou moins personnifiés et qui ne sont que nominalement indé-
pendants les uns des autres.
pàda4. — Voilà le souhait védique par excellence. — Cf. 5, 11'.
HYMNE LXXXII
1. — âsàvi sômo arusô vrsd hârl | ràjeva dasmô abhi g à
acikradat || puncinô vâram pâry etg avydyam | çyenô
nâ yônim ghrtâvantam âsâdam
Le liquide, le taureau rouge, le doré a coulé; pareil à un
roi, l’habile a mugi vers les vaches; en s’allumant, il entoure
la toison de la brebis; pareil à un aigle, (il est venu) prendre
résidence dans la matrice pourvue de ghrta.
pâdas 1 et 4. — Cf. 62, 4, asàvy aïiçuh. . . daksali. . . çyeno na
yonim âsadat.
pâdas 1 et 2. — Cf. 77, 5, asüvi mitrali . . . atyo na yüthe vrëayuh
kanikradat.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
315
2. — 1 tarir vedhasyâ pâry esi mâhinam | ùtyo nâ mrstô
abhi vâjam arsasi || apasédhan durità soma mrlaya |
ghrtâm vâsânah pari yâsi nirnijam
Sage, ta entoures le Grand au moyen de l'oblation (?),
pareil à un coursier rendu brillant, tu coules vers le récon-
fort; écartant les choses dont l’allure est mauvaise, ô liquide,
sois caressant (ou, onctionneur); revêtant le glirta , tu en-
toures l’émergé.
pâda 2. — Cf. 43, 1, atya iva mrjyate gobhih.
pâda 3. — Cf. 70, 9, duritâti paraya.
pâda 4. — Cf. 80, 3, ûrjam casànah.
3. — parjânyah pitâ mahisâsya parnino | nâbhd prthivyâ
girisu ksàyam dadhe || svâsâra àpo abhi g à utâsaran |
sam grâvabhir nasate vite adhvarê
Le nuage pluvieux, le père du buffle ailé, a établi sa
demeure dans le nombril, dans les montagnes1 de la terre;
les sœurs, les eaux, ont coulé vers les vaches; au moyen
des pierres, et avec elles il (le soma) s’unit à l’oblation
désirée (ou savourée).
pâda 1. — Au buffle ailé, cf. le dvipat et le catuspat réunis du
vers 69, 73. — Berg., I, 173 : « Soma est souvent comparé ou
assimilé à un oiseau. »
pâda 2. — Cf. 72, 7, nâbhâ prthicyâh . . . sindhusv antar ukèitali.
pâda 4. — Cf. 80, 4, grâvabhih sutah.
4. — jciyêva pcityâv ctdhi çéva manhase j pâjràyà garbha
çrnuhi brcœîmi te || antcir vânîsu prâ carâ su jivàse |
’nindyô vrjâne soma jâgrhi
Pareille à une épouse, ô bon, tu fais des dons (que tu
déposes) dans l’époux; fœtus de la forte, écoute, je m’a-
dresse à toi: avance-toi à l’intérieur des chants pour le bien-
1. Berg., I, 173, prend ces montagnes au réel.
316
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
vivre; ô liquide qui ne dois pas être maltraité, éveille-toi
dans l’enceinte!
pâda 1. — La comparaison porte sur la relation de femme et de
mari : le soma liquide est comme l’épouse du soma igné.
manhase. — Cf. 1, 10% çüro maghâ ca manhate.
pâda 3. — Cf. 66, 30% tena no mrla jïrase.
pâda 4. — Cf. 77, 5, asâvi mitro vrjanesu.
5. — yàthâ puruebhyah çatasâ àmrdhrah \ sahasrasâh
paryâyâ vâjam indo || evà pavasva suvitâya nâvyase \
tâva vratdm ànv âpah sacante
De la sorte que, ô brillant, toi qui conquiers cent (dons),
qui conquiers mille (dons), toi qui (en ce moment) n’as point
d’oppresseur, tu as entouré le réconfort pour les anciens
(les somas liquides), — ainsi allume-toi pour la bonne allure
(cf. durita ) nouvelle. Les eaux suivent l’objet de ton désir.
pâda 2. — Cf. vs 2, pâda 2, abhi vâjam arsasi.
pâda 3. — Cf. 9, 8, navyase. . . süktâya sâdhayâ pathah.
L’antithèse pürvebhyafi . . . navyase est purement verbale et de
formule : les deux termes s’appliquent au même objet considéré à
deux moments différents.
HYMNE LXXXIII
1. — pavitram te vitatam brahmanah pâte \ prabhûr gâ-
tvâni püry esi viçvâtah [| dtaptatanüv nâ tàd âmô açnute |
çrtàsa id vcihantas tût sâm àçata
O maître de la prière-réconfort, ton allumeur est étendu;
marchant en avant, tu enveloppes les chants (?) issus du
Tout. Le cru, celui dont le corps n’a pas été échauffé,
n’obtient pas ceci; les cuits qui le portent l'ont atteint.
pâda 1. — Cf. 67, 23, yat te pavitram arcisy ay ne vitatam antar
à; cf. aussi 73, 7.
Le culte védique du soma
317
pàda 2. — Cf. 74, 2, aiïçuli paryeti viçvaiali.
tat. — Démonstratif liturgique.
Voir sur ce vers si caractéristique au point de vue du système
d’interprétation ici appliqué, l’étrange explication de Berg., I, 79,
qui songe à une allusion à la crémation des cadavres.
2. — tâpos pavitram vitatam divdh padé | çôcanto asya
tdntavo vy àsthiran [| àvanty asya pamtâram dçâvo |
divdh prsthdm cidhi tisthanti cétasd
L’allumage du chaud est étendu dans le pas du ciel ; ses
fils (ou, ses tissus) brûlants se sont développés (et) dressés.
Les rapides régalent l'allumeur de celui-ci; ils se dressent
au sommet du ciel au moyen de l’éclat1.
pâda 1. — Cf. 67, 23, yat te pacitram. . . vitatam.
divali pade. — Cf. 12, 8. abhi priyâ divali padâ somali. . . arsati.
tantavah. — D’après Berg., I, 201, ces fils brillants seraient les
rayons du soleil.
pâda 3. — Cf. 22, 1, ete somàsa âçavaJi.
pâda 4. — Cf. 36, 61-2, ü divali prstham. . . soma rohâsi; 16, 4,
panünasya cetasâ somah pavitre arsati.
Ce vers présente une description évidente des flammes sacrées
développées par le soma.
3. — drürucad usdsah prçnir agriyâ \ uksà. bibharti
bhûvandni vdjayûh [| mdyâvino mamire asya mdyâyâ |
nrcdksasah pitciro gdrbham à dadhuh
Le moucheté qui est à la pointe a éclairé les aurores ; le
taureau qui désire le réconfort supporte les êtres ; ceux qui
possèdent la créatrice ont créé (le feu sacré) avec la créatrice
(qui vient) de celui-ci ; les pères qui tirent leur éclat des
hommes, ont établi le foetus.
pâda 1. — Cf. 7, 3, agriyo vrsâ.
vâjayuli. — Cf. 44, 4, pavasva vâjayuh.
1. Berg., I, 205 : <■ Grâce à leur sagesse. »
318
LE CULTE VÉDIQUE DÛ SOMA
pâda 2. — Cf. 54, 3, ayant viçvâni tistliati punàno bhucanopari.
asya. — Démonstratif liturgique.
padâ 4. — Cf. 19, 5, punàno garbham âdadhat. — Les pères-
somas engendrent un fils qui est le feu sacré.
4. — gandharvâ itthâ paddm asya raksati | pâti devânàin
jànimâny âdbhutah [| grbhnâti ripûm nidhâycï nidhâ-
patih | sukrttamâ mâdhuno bhaksdm dçata
Le gandharva garde le pas’ de celui-ci, admirable (?),
il protège (ou met la main sur) les naissances des Célestes ;
le maître de la base (?) se saisit du malfaisant au moyen de
la base ; les très bons édificateurs ont acquis leur part du
doux.
pâda 2. — Cf. 81, 2, devânâm ubhayasya janmano vidvâh açnoti.
pâda 3. — Cf. 78, 1% grbhnâti ripram. — Berg., 111, 66:
« Gandharva, maître des liens, saisit le trompeur dans ses liens. »
— Je donne à nidhâ le sens étymologique de « base » et j’y vois
la désignation du soma liquide supportant le soma igné.
sukrttamâJi; cf. sukratuh, passim.
5. — havir hauismo mdhi sàdma daivyam | ndbho udsdnah
pari ydsy adhuaràm || râjd pamtvaratho vâjam âruhah |
salidsrabhrstir jayasi çrctvo brhât
O oblation pourvue de l’oblation, — (toi) la haute demeure
des Célestes, — ayant revêtu le nuage, tu entoures l’offrande.
Roi, ayant pour char l’allumeur, tu es monté sur le récon-
fort ; ayant des lueurs issues des mille (dons), tu conquiers
la voix forte (ou, haute).
Hémistiche 1. — Je construis comme Berg., I, 187, mais sans
me dissimuler, que haoiJt pourrait être considéré comme régime,
pâda 2. — nabho vasânati, cf. 78, V, apo v asânali.
pari yâsy adltoaram. — Cf. 82, 52, paryayâ vâjam,
pâda 4. — Cf. 4, 1 ,jesi. . . mahi çravali.
1. Berg., III, 05 : « Le séjour du Soma. »
Le Culte védique du sOma
319
HYMNE LXXXIV
1. — pdvasva devamâdano vicarsanir \ apsà indrâya odni-
nâya uâydve || krdhi no adyd vârivah svastimdd uruksi-
taû grnlhi daivyam jdnam
Allume-toi, — toi qui baignes les Célestes, actif, con-
quérant des eaux, — pour l’Ardent, pour l’Enveloppeur,
pour le Vent. Crée-nous aujourd’hui le libre espace, ce qui
est pourvu de la bonne manifestation ; dans le large séjour,
fais retentir l’homme céleste.
Hémistiche 1. — Cf. 65, 29, apsâ indrâya vàyave varunâya. . .
somo arsati.
pâda 3. — Cf. 68, 9, punâna indur varioo vidât priyam.
pâda 4. — Cf. 71, 8', apsâ yâti. . . daivyam janam.
2. — à yds tasthau bhûvanàny dmavtyo | viçvâni sômah
pari tâny arsati [| krnvdn samcrtam vicrtam abliistaya |
induh sisakty ; usdsain nd suryah
Ce liquide non mort qui se tient debout en s’approchant
de tous les êtres, coule autour d’eux, produisant le réuni (et)
le séparé pour le régal (ou le soutien). Le brillant, pareil au
soleil, accompagne1 l’aurore.
Hémistiche 1. — Cf. 54, 3, ayam viçvâni tistliati punâno bliuva-
nopari; 62, 27, tubliyemâ bhuvanâ kave. . . tasthii‘e.
pâda 3. — Cf. 48, 5', abhistikrt. — Berg., II, 66 : « Faisant la
réunion et la séparation. » — « Le réuni » est le soma igné et « le
séparé i) le soma liquide; le premier produit, c’est-à-dire comporte
l’un et l’autre.
3. — ■ à yô gùbhih srjydta ôsadhlsv â | deuànâin sumnd
1. Berg., 1, 162 : « Soma est comparé au soleil poursuivant l’aurore. »
320
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
isâyann ûpâvasuh || à vidyûtâ pavcite dhârayâ sutà \
indram sômo mâdàyan daivyam jcinam
Celui qui est répandu par les vaches (pour venir) dans les
plantes, dans la bonne pensée des Célestes, réconfortant,
voisin de la richesse — le coulé au moyen du courant s’allume
au moyen de l’éclair, — (lui), le liquide, en baignant l’Ar-
dent, l’homme céleste.
pâda 1. — Cf. 68, 9% adbliir yobliir mi'jyate.
pàda 3. — Cf. 1,1, pavasva soma dhârayâ. . . sutali. — Berg.,
I, 170 : « Il se clarifie, exprimé en un torrent qui est l’éclair. »
pâda 4. — Cf. vs l1, devamâdanah ; même vers, pâda 4, daivyam
jatiam.
4. — es à syâ sômah pauate saliasrajid \ dhinüdnô vâcain
isiràm usarbûdham || induh samudrâm ûd iyarti vâyû-
bhir | éndfasya hardi kalciçesu sîdati
Ce liquide que voilà, qui conquiert les mille (dons), s’al-
lume en mettant en mouvement la voix active qui éveille
l’aurore. Le brillant soulève la mer à l’aide des Vents; il
prend résidence dans le cœur de l’ Ardent, dans les coupes.
pâda 1. — Cf. 78, 4, somah. . . pavale sahasrajit.
pâda 2. — Cf. 30, l3, punâno vâcam isyati.
pâda 3. — Formule pittoresque (J) ; la mer-libation est soulevée
par les vents-flammes. — Berg., 1, 218, y voit la mer atmosphérique.
Cf. 64, 8:i, samudrali soma pinvase.
pàda 4. — Cf. 68 , 92, somah punânah kalaçesu sîdati; 60, 3%
kalaçân abhi dhàcati indrasya hârdy àviçan.
5. — abhi tyàm gcwah pâyasd payovrdham | sômam çrl-
nanti matibhih soarvidam || dhanamjaydh pavate krtvyo
râso | viprah kavih kâvyenà svàrcanàh
Les vaches cuisent (ou allument) au moyen du lait, au
moyen des pensées, ce liquide vers lequel elles se dirigent,
qui s’accroît par le lait, qui trouve le soleil ; le suc créateur
qui conquiert le butin, — l’agité, le sage, — s'allume au
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA 321
moyen cle ce qui est issu du sage, — lui qui est le régal du
soleil (?).
Hémistiche 1. — Cf. 46, 4\ gobhih çrïnîta matsaram. — Berg.,
II, 56 : « Les vaches cuisent le Soma avec le lait et avec les prières. »
pada 3. — Cf. 76, V , paoate krtoyo rasait .
HYMNE LXXXV
1. — indrâya soma sûsutah pari sravâ | -pâmlvd bhavatu
rdksasâ salxà\\ ma te rüsasya matsata dvayàvino \ drâ-
vinasvanta ihâ santv indavah
O liquide bien coulé, coule pour l’Ardent. Que l’oppres-
sion s’en aille avec le gardien ; que ceux qui sont doubles
ne se baignent pas dans ton suc; qu’ici soient les brillants
pourvus de richesses.
pàda 1. — Cf. 56, 4, tvam indrâya. . . pari sraoa.
pàda 3. — Berg., III, 189 : « Ceux qui sont doubles ne doivent
pas goûter de son suc. » — dcayâcinah , peut-être ceux qui ont à
la fois la nature de l’obstacle et celle de la libation libre.
2. — asmàn samaryé pavamcina codaya j dcikso devânàm
âsi. ht priyô mâdah\\ jalii çâtrünr abhy â bhandcinaya-
tàh | pibendra sômam üua no mrdho jahi
O allumé, pousse-nous dans celui qui est avec un époux (?),
car tu es l’habile, la boisson agréable des Célestes; écarte
les ennemis en venant à ceux qui veulent chanter (ou,
briller) ; bois le liquide, ô Ardent ; écarte nos oppresseurs
en les abaissant.
pàda 1. — Cf. 1, 7, samarya â yrblinanti.
pàda 2. — Cf. 76, 1, raso dakso decânâin anumüdyah.
pàda 3. — Cf, 78, h3, jahi çatrum.
pàda 4. — Cf. 61, 25, apaglinan pavate mrdhali. . . yaclxann
indrasya niëkrtam.
21
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
S5>2
3. — ddabdha indo pavase madintama j âtmêndrasya
bhavasi dhâsir uttamâh || abhi svaranti baliûvo manl-
Sino | râjànam cisycï bhuvanasya ninsate
O brillant, non opprimé, très liquoreux, tu t’allumes; tu
es le souflle de l’Ardent, tu es la résidence supérieure. Les
nombreux penseurs font entendre leurs voix vers (toi) ; ils
célèbrent le roi de cet être (ou de ce monde).
pada 2. — Cf. 2, 10% âtmü yajiïasya. . . püroyah.
pada 3. — Cf. 72, 2% sâkam vadanti bahaoo manïsinah.
pada 4. — Cf. 31, 6% bhuvanasya pâte (indo).
4. — sa/uisranithah çatàdhâro âdbhuta | indvàyénduh pa-
vate kàmyom mâdliu \\jdyan ksétram abhy àrsa jàyann
a pâ uvûm no yâtwn krnu soma mîdhvah
Le brillant qui a pour conducteurs les mille (dons), qui a
pour courants les cent (dons), l’admirable, s’allume pour
l'Ardent, — (bd), l’agréable, le doux. Coule, en le con-
quérant, vers le champ, — en conquérant les eaux ; ô liquide
savoureux, fais-nous une large voie.
pada 3. — jayann apali. — Cf. 84, 1, apsâ.
pada 4. — Cf. 65, 13% asmabliyam soma gütuvit.
5. — - kânikradat kalàçe gôbhiv ajyase | vy àvyâyam sa-
mâyâ va ram arsasi || marmrjydmàno ùtyo nà sânasir \
indrasya soma jathâre sam aksarah
O toi, ce qui est grondant, tu es oint (rendu brillant) par
les vaches dans la coupe; tu coules à travers la toison de la
brebis au moyen de ta semblable ; pareil à un coursier
rendu brillant, conquérant, tu as coulé, ô liquide, dans le
ventre de l’Ardent.
Hémistiche 1. — Cf. 67, 4, indur hinvâno arsati tiro vàrâpy
aoyaya, harir vâjâm acikradat ; 75, 4% vomâny avyâ samayà ci
dliacali.
Le CULTE VEDIQUE DU SÔMA
323
pâda 3. — Cf. 43, 1, yo atya ica mrjyate gobhili.
pâda 4. — Cf. 72, 2, indrasya somam jathare yad âduhuh.
6. — svdclûh pavasva divyâya jânmane | svâdûr indvâya
sühâvltunâmne || svâdûr mitrâya vdrunâya vcïyâve |
brhaspdtaye mddhumâri ddâbhyah
0 toi qui es doux, allume-toi pour la génération céleste;
toi qui es doux, (allume-toi) pour l’ Ardent dont le nom est
bien retentissant (?) ; toi qui es doux, (allume-toi) pour
l’Ami, pour l’Enveloppeur, pour le Vent; toi qui es pourvu
de doux, toi qui ne dois pas être opprimé, (allume-toi) pour
le Maître du fort.
Cf. 84, 1, pacasca. . . indrâya, etc.
pâda 1. — Cf. 84, 3:1, müdayan daivyam janarn.
7. — àtyam mrjanti kalàtçe ddça ftsîpah \ prâ vipvdndni
matdyo vâca ïrate || pdvamdnâ abhi àrsanti sustutim \
êndram viçanti madirâsa indavali
Les dix flèches (ou, doigts) rendent le coursier brillant
dans la coupe ; les pensées des agités mettent en mouvement
les voix ; les allumés coulent vers celle qui a une belle voix ;
les liquoreux, les brillants, pénètrent dans l’Ardent.
pâda 1. — Cf. 61, 7, etam u tyam daça ksipo mrjanti.
pâda 2. — Cf. 33, 4', tisro vâca ud ïrate.
pâda 3. — Cf. 66, 22, pavamânaJi . . . abhy arsati sustutim.
pâda 4. — Cf. ci-dessus, vs 5, indrasya soma jathare sam
aksarali.
8. — pàvamceno abhy àrsâ suviryam | urvïm gdvyûtim
mdlù çdrma saprdthah || màkir no asyct pdrisûtir içaté- \
ndo jdyerna tvdyà dhdnam dhanam
O allumé, coule vers ce qui est pourvu de bons héros, vers
le large régal qui vient des vaches, vers le grand refuge qui
est accompagné de ce qui se développe. Qu’aucune enve-
324
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
loppe ne maîtrise ceci qui vient de nous ; puissions-nous,
ô brillant, conquérir à ton aide' chaque butin (oblation).
pâda 1. — Cf. 43, 6b soma râsva suvîryam.
pâda 2. — Cf. 78, 5% uroîm gaoyütim. . . nah krdhi; 74, 1,
ïmahe... çarma saprathah.
pâda 4. — Cf. 84, 53, dhanamjayali pavate. . . rasah.
9. — àdhi dycïm asthâd vrsabhô vicaksanô \ ’rûrucad vi
divô rocanà kavih\\râjà pavitram dty eti rôruvad | di-
vâh pïyusam duhate nrcàksasah
Le taureau, l’étincelant, s’est dressé au-dessus, dans le
ciel; le sage a fait briller les clartés du ciel; le roi va
au delà, vers l’allumeur qui mugit ; ceux qui tiennent leur
éclat des hommes(-somas) trayent le lait du ciel (destiné
au ciel).
pâda 1. — Cf. 83, 2, divah pade çocanto asya tantavo vy asthiran.
pâda 2. — Cf. 42, 1 Janayan rocanà divah.
pâda 3. - — - Cf. 65, 192, abhi dronâni roruvat. — Berg., I, 210:
« Le roi traverse le tamis en mugissant. »
pâda 4. — Cf. 51, 1, divah pïyüsam. . . sunotâ.
10. — divô nàke mâdliujihvà asaçcdto | vend duhanty
ukèdnam giristhâm || apsû drapsdm vàvrdhânàm samu-
drâ à j stndhor ürmâ mâdhumantam pavitra à
Les désireux (?) dans le sommet du ciel, ayant la langue
dans le doux, non retardés, trayent le taureau qui se tient
sur la montagne, — la goutte qui vient se développer dans
les eaux, dans la mer, — le pourvu de doux (qui vient) dans
le flot de la rivière, dans l’allumeur.
pâda 1. — Cf. 73, 4% même formule,
pâdas 2 et 4. — Cf. 18, 1, girièthâh pavitre somo aksàh -
pâdas 2 et 4. — Cf. 73, 2, sindhor ürmâc adhi vend avïvipan.
Traduction de Berg., I, 210. « Les amantes incomparables qui
1. Litlér. : « par toi », c’est-à-dire « par le fait de ta manifestation ».
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
325
ont la liqueur sur la langue (les prières), trayent le taureau monta-
gnard dans l’espace du ciel; (elles font couler) la goutte savoureuse
qui s’est accrue au sein des eaux, dans la mer, dans la vague du
fleuve, sur le tamis. »
11. — nâke suparnàm upapaptiuânsam \ giro venânàm
akrpanta paroi h [| çiçurn rihanti matâyah pânipnatam \
hiranyciyam çakunâm ksâmani stliâm
Les voix nombreuses des désireux ont appelé en criant
dans le sommet (du ciel) l’oiseau aux ailes brillantes qui
s’est envolé vers (lui) ; les pensées lèchent le petit, l’oiseau
doré qui, poussant des cris, se tient debout sur la terre.
Série d’allusions, avec dédoublements verbaux, au soma pavam.
crépitant.
pàdas 1 et 4. — Cf. 71, 9, divyah supctrno iva caksata ksâm.
pâda 3. — Cf. 67, 29, upa pritjam panipnatam yuvânam âhutl-
vrdham.
Traduction de Berg., I. 211 : « Les voix nombreuses des amantes
ont imploré l’oiseau qui s’est envolé dans le ciel ; les prières lèchent
le petit merveilleux, l’oiseau d’or qui se tient sur la terre. »
12. — ûrdhvô gandhctruô âdhi nâke asthcïd | viçvci rupâ
praticdksàno cisya || bhdnûh çukréna çocisâ àdyaut | prâ-
rürucad rôdasl mâtdrâ çûcih
Le gandhavva s’est placé tout droit au sommet (du ciel),
éclairant auprès de lui toutes les formes qui appartiennent à
celui-ci; le rayonnant a brillé au moyen de l’éclatante
lumière; le clair a fait briller en s’avançant les deux bril-
lantes, les deux mères.
pâda 1. — Cf. 85, 91, àdlii dyâm asthâd vrsabho vicaksanali.
pâda 2. — Cf. 25, 4', viçvà rüpàny âoiçan punâno yâti; 71, 8,
rüpam krnate varno asya. — Berg., I, 176 : (( Gandharva-Soma
contemple lui-même toutes ses formes. » — asya, démonstratif
liturgique.
pâda 3. — Cf. 18, 5, ya ime rodasï maliï sam mâtareva doliate.
3 26
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
HYMNE LXXXYI
1. — prà ta âçàvah pavamdna dhïjâvo | màdâ arsanti
raghujâ iva tmânâ\\diüyâh suparnâ màdhumanta in-
davo | madintamâsah pari kôçam âçate
O allumé, tes boissons rapides, qui ont l’activité de la
pensée, coulent, comme les enfants du rapide, au moyen du
tman ; les brillants, les oiseaux célestes, pourvus du doux,
très liquoreux, ont atteint le vase en l’entourant.
Hémistiche 1. — Cf. 23, 1, soma asvgram âçavo madhor ma-
dasya dhârayü. — Dédoublement verbal pris sur le fait. — Iman,
désignation certaine du soma pavamâna.
pàda 3. — Cf. 71, 9, divyali suparnali; cf. aussi 85, 11.
pàda 4. — Cï. 76, 5', pari koçam arsasi.
2. — prà te mâdâso madirâsa àçüvô j ’srksata râthyàso
yâthd prthak || dhenûr nd vatscïm pàyasdbhi oajrinam |
indvam indavo màdhumanta ürmàyah
Tes boissons liquoreuses, rapides, pareilles à ce qui est
de la nature des chars, ont fait couler ce qui se développe;
pareille à la (vache) laitière qui va (vers) son veau, les bril-
lants, les flots pourvus de doux, sont allés à l’aide du lait
(vers) l’Ardent muni du vajra.
Hémistiche 1. — Cf. 22, 1, ete somàsa àçavo rathâ ira.
Hémistiche 2. — Cf. 13, 7, arsantïndaco ’bhi catsam na dhenavah.
3. — àtyo nd hiydnô abhi vàjam arsa \ svarvit kôçam dwô
àdrimâtaram H vrSâ pavitre àdhi sâno avyâye | sômah
punânà indriyâya dhdyase
Pareil à un coursier qui s’élance, coule vers le réconfort,
ô toi qui trouves le soleil, (vers) le vase du ciel, — vers celui
qui a la montagne pour mère ; le taureau, le liquide, l’allumé,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
327
(coule) dans l’allumeur, au-dessus, dans le sommet issu de
la brebis, pour l’allaitement (destiné à) celui qui est de la
nature de TArdent.
pâda 1. — Cf. 82, 2, atyo na mrsto abhi vâjam arsasi. — Berg.,
I, 223, rend ici vâjam par « butin ».
lioçain dicali = pavitre = sâno acyaye.
adrimâtaram. — Excellent commentaire de la formule adribhih
sutaJi.
pâda 4. — Cf. 70, 5, sa marmrjàna indriyâya dJtâyase.
4. — prit ta âçvinïh pavamâna dhljûvo | divyâ asrgran
pctyasâ dhârlmani || prântâr rsaya sthâvirîr asrksata \
yé tvd mrjünty rsisâna uedhâsah
Tes (liquides), ô allumé, pourvus de ce qui est de la
nature des chevaux1, ayant l’activité de la pensée, célestes,
ont coulé au moyen du lait dans le support'2; les chanteurs
ont coulé à l'intérieur de celles qui se tiennent debout3 4 (?),
eux qui sacrificateurs, ô toi qui conquiers les chanteurs, te
rendent brillant.
dhîjuvah. — Cf. vs 1, dhîjavah.
pâda 2. — Cf. 7,1, asrgram indavah... dharmann rtasya;
cf. aussi 2, 5, vistamblio dharuno divali.
5. — viçvâ dhâmàni viçvacaksa rbhaoas'ah | prabhôs te
satâh pari yanti ketâvah || vyànaçih pavase soma dhctr-
mabhih | pâtir viçvasya bhûoanasya rcijasi
O toi qui as l’éclat du Tout, toi qui te développes et te mani-
festes, les actifs (ou les habiles), — les éclats, — entourent
tous tes établissements, ô liquide pénétrant (?); tu t’allumes
au moyen des soutiens1; tu es le maître, le roi de toute
production (ou de tout ce monde).
1. Berg., II, 434 : « données par les Açvins. »
2. Berg., III, 218 : « sous la loi. »
3. Berg., II, 63 : « les vieilles, c’est-à-dire les prières. »
4. Berg., III, 236 : « selon les dharman. »
328
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Hémistiche 1. — Cf. 83, l2, prabhur gâtràni pary esi oiçoatah.
pâda 3. — 7,73, ranâyo asya dharmabhih.
pâda 4. — Cf. 85, 3, râjânam asya bhuoanasya.
6. — ubhayâtah pâvamandsya raçmdyo | dhruoâsya satdh
pari yanti ketdvah || yddl pavitre ddhi mrjyâte hàrih |
sàttâ ni yûnà kaldçesu sidati
Les rayons de l’allumé, lequel est issu de l’une et de
l’autre (forme de la libation), — les éclats du Fort qui se
manifeste, — enveloppent (les libations). Alors que le doré
est rendu brillant en haut, dans l’allumeur, celui qui s’assied
prend résidence dans la matrice, dans les coupes.
ubhayatah. — Berg., I, 180 : « Les rayons de Soma partent de
deux côtés par allusion aux deux mondes. »
pâda 2. - Cf. au vers précédent, prabhos te satali pari yanti
ketaval). — Berg., I, 162 : « Le soma-soleil porte circulairement
sa couleur brillante. »
pâda 3. — Cf. 3, 33, hardi . . . mrjyate-
pâda 4. — Cf. 68, 9, punânali kalaçesu sïdati.
7. — yajiidsya ketûh pavate svadhvarâh j sômo devânàm
ûpa yâti niskrtâm || sahdsradhârah pdvi kôçam arsati |
vrsâ pavitram dty eti rôruvat
L’éclat de l’oblation à la belle offrande s’allume; le liquide
se rend à l’édifice des Célestes; celui qui a le courant des
mille (dons) entoure le vase en coulant; le taureau s’avance
au delà, vers l’allumeur qui mugit.
pâda 1. — Cf. le vers précédent, pâda 2. — yajiïasya ketuh. —
Berg., I, 166 : « L’étendard du sacrifice. »
pâda 2. — Cf. 78, 1‘, même formule sauf en tête çuddhali au
lieu de somah.
pâda 3. — Cf. 86, 3% abhi... arsa... koçam divah ; 86, ls,
pari koçam âsate.
pâda 4. — Cf. 85, 93, même formule, sauf en tête râjâ au lieu
de vrsâ.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
329
8. — râjâ sam udrâm nadyo vi gdhate | ’pâm ûrmim sacate
sindusu çritâh || àdhy asthât sânu pâvamâno avyâyam |
nâbhcl prthivyâ dharûno mahô divd/i
Le roi plonge dans la mer, dans les rivières; arrivé dans
les fleuves, il accompagne le flot des eaux. L’allumé s’est
tenu debout sur le sommet qui vient de la brebis, — dans
le nombril de la terre, — lui, le support du ciel élevé.
Hémistiche 1. — Succession de termes synonymes ou de dédou-
blements verbaux que Berg., II, 42, s’évertue d’expliquer comme
s’il s’agissait d’objets différents les uns des autres,
pâda 1. — Cf. 3, 6% apo déco ci gàliate.
pâdas 2 et 4. ■ — Cf. 2, 5, samudro apsu mâmrje cistambho
dlmruno dicali; 72,7, nâbhâ prthivyâ dharuno maho dico ’ para
ürmau sindhusc antar uksitah .
pâda 3. — Cf. 83, 2, divah prstham adhi tiëthanti cetasâ.
9. — divô net sânu stanâyann aeikradad \ dyaûç ca yâsya
prthivi ca dhârmabhih || indrasya sakhyâm pavate vi Dé-
vidât | sômah punânâh kalciçesu sïdati
Pareil au sommet du ciel, le tonnant a résonné, lui par les
soutiens duquel (sont) le ciel et la terre ; ce qui s’efforce de
trouver l’ami de l’Ardent, s’allume; le liquide qui s’allume
prend résidence dans les coupes.
pâdas 1 et 4. — Cf. 18, 7, kalaçeso à punàno aeikradat ;75, 3,
aca. . . kalaçân aeikradat.
dico na sânu. — Cf. 16, 7, même formule.
pâda 2. — Berg., I, 213 : « Le ciel et la terre sont sous tes lois. »
vicecidat. — Cf. 68, 3, même expression.
pâda 3. — Cf. 56, 23, indrasya sakhyam âciçan.
10. — jyôtir yajnâsya pavate màdhu priyàrn | pitâ deuâi-
nâm janitâ vibhûvasuh || dàdhâti ràtnam svaclhâyor
apïcycim | madintamo matsarà indriyô râsah
La lumière de l’oblation, le Doux agréable, le père des
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
330
Célestes, l’engendreur, celui dont la richesse se développe,
s’allume; le suc très liquoreux, liquide, de la nature de
l’Ardent (ou, à lui destiné) établit le don (qui était) caché
dans les deux svadhàs (la libation sous sa double forme).
pàda 1. — Cf. 85, 4% indrâtjenduh pavate kâmi/am madhu ;
cf. 67, 11% pavate madhu.
pâda 3. — Cf. 67, 13% decesu ratnadhà asi.
pàda 4. — Cf. 47, 3% indriyo rasait.
11. — abhikrândan kalâçam vdjy ùrsati \ pâtir divâh çatü-
dhâro vicaksandh || l tarir mitrâsya s àd a ries a sidati |
marmrjdnô ’vibhili sindhubhir vrsd
Celui qui est pourvu de réconfort coule en grondant vers
la coupe, (lui) le maître du ciel, qui a le courant des cent
(dons), l’étincelant; le doré s’assied dans les demeures de
l’Ami, — (lui) le taureau qui s’est rendu brillant au moyen
des brebis, des rivières.
pàda 1. — Cf. 75, 3% aoa dyutânah kalaçân acikradat.
Hémistiche 2. — Cf. vs 6, harih . . . ni yonâ kalaçesu sîdati.
Voir la traduction de Berg., Rel. véd., III, 136, note, et
cf. II, 32.
12. — âgre sindhünâm pâvamdno arèaty | ogre vdcô agriyô
gôsu gachati || âgre vdjasya bhajate mahddhanâm |
svdyudhâh sotrbhih püyate vrsd
L’allumé coule (pour venir) à la pointe des rivières; celui
qui est à la pointe dans les vaches, va dans la pointe de la
voix ; dans la pointe du réconfort, il obtient en partage la
grande oblation; le taureau aux belles armes est allumé par
ceux qui coulent.
Partout, l’expression « la pointe » vise la flamme du feu sacré,
pàda 2. — Cf. 73, 9% jihvâyâ ayre; 62, 25% pavasca cüco
agriyah; 62, 26, agriyo vâca ïrayan; 7, 3, pra yujo vâco ayriyo
vrsàva cakvadad vane. — Berg., II, 24 : « Sonia précède la
parole. »
L,E CULTE VÉDIQUE DU SOMA 331
pâda 4. — CE. 65, 5, à paoasva... svâyudlia; 30, 2', indur
hiyânali sotrbhih.
13. — ayâm matdvân chakunô yâthâ lxitô | ’vye scisâra
pâvamdna ûrminà || tcïva krcttvà rôdasi antarâ kave |
çucir dhiyâ pavate sôma indra te
Celui que voilà, .pourvu de ce qui est pensé, mis en mou-
vement comme un oiseau, — lui, l’allumé, a coulé dans (la
toison) de la brebis au moyen du flot ; par ta création,
ô sage, ton liquide, ô Ardent, toi qui es clair, s’allume à
l’intérieur des deux brillantes au moyen de la pensée.
pâda 1. — CE. 77, 2, çyenah. . . isitah; 67, 15% çyeno na takto
arsati.
pâda 3. — Berg., II, 21 : « Se clarifiant entre les deux mondes. »
pâda 4. — Cf. 67 , 272, punantu. . . dhiyâ.
14. — drâpim vdsdno yajatô divisprçam \ antariksaprâ
bhuvanesü ârpitah\\ svàr jajnànô ndbhasâbliy àkramît \
pratndm asya pitàram à vivâsati
Revêtant le manteau (?) qui touche le ciel, le sacrifica-
teur, qui remplit le (monde) intermédiaire, qui a été inséré
dans les êtres (essences ou éléments du sacrifice), engendrant
le soleil, s’est mis en marche vers (lui) au moyen du nuage
(ou, de l’humidité); il cherche à s’emparer du père antique
(le soma liquide), de celui que voici.
drâpim. — « Manteau », sens traditionnel très douteux et qui
semble déduit du contexte; cf. peut-être drapsa, « goutte ».
pâda 2. — 36, 53, paoatâm ântariksyâ.
pâda 3. — Cf. 29, 23, jyotir jajnânam ukthyam; 71, 3% nabiiasâ
vepate. — Berg., II, 34 : « Il traverse le nuage quand il est né dans
le ciel. »
asya. — Démonstratif liturgique.
15. — sô asya viçé mdhi çdrma yachati \ y 6 asya dhâma
332
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
prathatndm vydnaçé || paddm ydd asya pararné vyo-
many \ dto viçvd abhi sdm ydti samydtah
C’est celui qui a pénétré l’édifice qui est en avant appar-
tenant à celui que voici, qui étend le refuge élevé de celui
que voici pour (sa) demeure, — alors que son pas est tout
au haut du ciel, et que (venant) de ceci, il va vers toutes
celles qui se développent avec (lui).
so asya... yo asya, etc. — Démonstratifs liturgiques dont le
rôle est prépondérant dans ce vers et qui en rendent la traduction
si obscure.
pâda 1. — Cf. 61, 10, â dade uyram çarma; 85, 8, pacamâno
abhy arsa. . . mahi çarma saprathah.
vyânaçe. — Cf. 86, 5, cyânaçih pavase.
pâda 3. — Cf. 72, 6% sam l gâoo matayo yanti samyatah .
16. — prô aydsld indur indras y a niskrtâm | sdkhâ sdkhyur
nd prd inindti samgiram || mdrya ica yuoatibhi/i sdm
arsati \ sômah kaldçe çatdydmnd pathâ
Le brillant s’est avancé vers l’édifice de l’Ardent; l’ami
ne diminue pas l’ami, celui dont la voix se joint à la sienne;
pareil à l’époux, le liquide coule à l’aide des jeunes femmes
et en même temps qu’elles dans la coupe, au moyen de la
voie aux passages issus des cent (dons).
pâda 1. — Cf. 86, 7% somo devânàm upa yâti niskrtâm.
pâda 2. — Cf. 66, 43, pavasva. . . sakhâ sahhibhya ütaye.
pâda 3. — Cf. 1, 7, tam. . . samarya â yrbhnanti yosano daça.
pâda 4. — Cf. 15, 3, esa hito vi nïyate. . . çubhrâvatà pathâ. —
Explication analogue de part et d’autre.
17. — prdvo dhiyo mandrayüvo vipanyûvah | panasyûvah
sainodsanesv akramuh || sômam tnanîsâ abhy ànûsata
stübho | ’bhi dhendvah pàyasem açiçrayuh
Vos pensées désireuses de boisson, désireuses de chant,
désireuses d’hymnes, se sont avancées (pour entrer) dans les
Le cülte védique dû soma
333
demeures communes; les chants (ou, les chanteurs), les
pensées ont retenti vers le liquide (ou, l’ont fait résonner) ;
les (vaches) laitières l’ont échauffé (ou, allumé) au moyen de
(leur) lait.
pâda 3. — Cf. 68, 8% même formule.
pâda 4. — Cf. 77, 1', arsanti payaseva dhenavah,
18. — â nah soma samyâtam pipyusïm | iscun indo pâvasua
pavamcïno asridham || y à no dôhate trir âhann àsaçcusl |
ksumàd vâjavan mddhumad suviryam
O liquide, allume-nous la libation réunie (au soma pavam.),
qui s’entle ; ô brillant, ô allumé (allume-la-nous), elle qui
n’est pas opprimée, — elle qui, non retardée, trait pour nous
trois fois dans le jour(-feu) ce qui est pourvu de nourriture,
pourvu de réconfort, pourvu de doux, pourvu de bons héros.
Cf. 61, 15, soma. .. dhuksasoa pipyusïm isam.
pâda 3. — Cf. 74, 6, sahasradhâre 'va ta asaçcatas trtïye santu
rajasi prajâvatïh. — L’expression trtïye rajasi indique la manière
dont il faut entendre trir alian.
19. — vrsd matlnàm pavate vicaksanâh \ sômo dhnah pra -
tarltôsâso divâh || krclnâ sindhünâm kaldçdn avivaçad |
indrasya hàrdy dviçàn manlsibhih
Le taureau des pensées, l’étincelant, s’allume, — le liquide
qui fait effectuer la traversée au jour, à l’aurore, au ciel ;
l'édificateur des rivières a fait résonner les coupes en péné-
trant dans le cœur de l’Ardent au moyen des penseurs.
Cf. ci-dessus, vs 11.
pâda 1. — Lud. : matïnâm... vicaksanah = « Die lieder
versteht. » — Berg., II, 24 : « Le mâle des prières, » allusion à
l’union (considéré comme sexuelle) de Soma avec la prière. »
pâda 4. — Cf. 84, 41, endrasya hardi kalaçeëu sïdati.
2U. — manlsibhih pavate pûrvydh kavir | nrbhtr yatdh
834
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
pari kôçdri acikradat || tritâsya nâma jandyan màdhu
ksarad | indvasya vdyôh sakhyàya kârtaue
Le sage qui est de la nature des anciens (somas liquides)
s’allume au moyen des penseurs ; étendu par les hommes
(-somas), il a mugi en entourant les vases ; engendrant le
signe du Troisième, il a coulé (vers) le doux pour produire,
l’ami de l’Ardent, du Vent.
pàda 1. — Cf. 77, 2', sa püroyah patate.
pàda 2. — Cf. 68, 42, yato nrbhifi. — pari koçân acikradat /
et. au vers précédent, kalaçân acïcaçat.
pàda 3. — Cf. 37, 4', sa tritasyâdhi sànaoi patamâno arocayat.
Sur trita, cf. Berg., II, 326.
pâda 4. — Cf. 86, 9', indrasya sakhyam patate.
21. — ayâm punânâ usdso vi rocayad [ ayâm sindhubhyo
abhavad u lokakrt |j ayâm trih saptd duduhâna àçiram |
sômo hrdé pavate càru matsarcih
Celui-là qui s’allume a fait briller les aurores, celui-là
qui a produit l’espace (le libre cours) aux rivières s’est mani-
festé; celui-là, trayant le lait des sept (vaches) trois fois, —
lui le liquide, le liquoreux, — allume le beau pour le cœur
(d’Indra).
pàda 1. — Cf. 28, 5', esa süryam arocayat pavamânaJi.
pâda 2. — Cf. 2, 8, tvà madâya. . . u lokakrtnum ïmahe.
pàda 3. — Cf. 70, 1, trir asmai sapta dhenaco duduhre... âçiram.
— Berg., II, 135, entend « trois fois sept femelles traites ou tétées
par Sonia ».
pàda 4. — Cf. 72, 7‘, même formule.
22. — pdvasva soma divyésu dhâmasu | srjànd indo kaldçe
pavitra à Ü sidann indrasya jathdre kànikradan | npbhir
yatdh sûryam ârohayo divi
Allume-toi, ô liquide, dans les édifices célestes, t’élançant,
ô brillant, dans la coupe, dans l’allumeur, — prenant rési-
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
335
dence dans le ventre de l’Ardent (sous la forme de) ce qui
gronde, — étendu par les hommes, tu as fait monter le soleil
dans le ciel.
pâda 1. — Cf. 86, 5% pavase soma dharmabhih. — divyesu dhà-
mâsu, Berg., I, 218, « sous ses formes divines », et (différemment)
III, 219, « sous les lois divines ».
pâda 3. — - Cf. 72, 2, sâkain vadanti bahaco rnanïsina indrasya
somcun jatliare y ad âduhuli. — D’où la preuve que les penseurs
en question (manîsviaJi) sont les somas.
23. — àdribhih sutàh pcwase pavitra an | indau indrasya
jathdresv dviçcln || tvcim nrcâksd abhavo vicaksana \
soma gotrâm ângirobhyo ’vrnor cipa
Coulé par les montagnes, (pour venir) dans l’allumeur,
tu t’allumes, ô brillant, en pénétrant dans les ventres de
l’Ardent; ô toi liquide, dont l’éclat vient des hommes, tu
es apparu, étincelant, tu as ouvert l’étable pour les actifs
(Angiras).
Hémistiche 1. — Cf. au vers précédent, pâdas 1 et 3.
24. — tüâm soma pâvamdnam svcïdhyô ( ’nu viprâso aina-
dann avasyàvah || tvâm suparnâ âblxarad divâh part- |
ndo üiçücïbhir matibhih püriskrtam
O liquide, les agités aux bonnes pensées, désireux du
régal, t’ont suivi pour t’arroser, toi l’allumé; l’oiseau du ciel
t’a apporté, ô brillant, entouré et développé par toutes les
pensées.
Hémistiche 1. — Cf. 63, 20, kavim mrjanti. . . dhïbhir viprâ
aoasyavah ( mrjanti = amadan ).
pâda 3. — Cf. 71, 93, divyah suparno 'va caksate, — donc s«-
parnali. . . divah est « l’oiseau du ciel ». — Berg., J I, 28 : « Orné
de toutes les prières, quand il (Soma) a été apporté du ciel. »
pâda 4. — Cf. 43, 32, somo gïrbhih pariskptah-
330
LE CULTE VÉDIQUE DU SOIVtA
25. — âvye punândm pari vdra ûrmind \ hàrim navante
abhisaptâ dhenàvah || apâm upàsthe ddhy âydvah kavim |
rtasyct yônâ mahisâ ahesata
Les sept (vaches) laitières mugissent circulairement (en se
dirigeant) vers le doré qui s’allume dans la toison de la
brebis au moyen du Ilot ; les actifs, — les buffles, — ont
poussé le sage qui est au-dessus (d’elles) dans le giron des
eaux, dans la matrice du coulé.
Cf. 76. 5, pari koçam arsasy apâm upasthe vrsabhah kani-
kradat.
pâda 4. — Cf. 39, 6'. yonàv rtasya sïdata.
26. — induh pundnô dti gdhatc mrdho | viçvdni krnvdn
supâthdni ydjyave || g ah krnudnû nirnijaiu haryatàh
kavir \ dtyo nd krilan pari uâram arsati
Le brillant qui s’allume plonge en traversant les oppres-
seurs, en procurant toutes les bonnes voies à celui qui est
désireux de verser l’oblation; le sage, le désirable, pro-
duisant les vaches, (produisant) l’émergé, s’agitant pareil
à un coursier, coule en entourant la toison.
pàda 1. — Cf. 40, 1, punûiio akramïd ablii viçcâ mrdhah.
pâda 2. — Cf. 62, 2, sufjâ tokâya vâjinah. . . krnvantah.
pàda 3. — Cf. 14, 5\ yâh krncâno na nirnijam. — Berg., II, 50 :
« Le soma se revêt de vaches. »
pâda 4. — Cf. 80, 3*, krilan harir atyali syandale vrsâ.
27. — asaçcdtah çatàdhârd abhiçriyo \ hàrim navanté
’ va tci udanyûvah || ksipo mrjanti pdri gôbhir àvrtam \
trtiye prsthé âidhi rocané diva h
Celles-ci, qui ne sont pas retardées, qui ont les courants
des cent (dons), qui sont resplendissantes, qui sont dési-
reuses des eaux, font retentir en bas (ou, retentissent vers)
le doré; les flèches (ou, les doigts) rendent brillant circu-
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
337
lairement celui qui est enveloppé par les vaches, au-dessus,
dans le troisième sommet, dans la lumière du ciel.
pàda 1. — Cf. 57, 1, pra te dhàrâ asaçcatah. . . yanti. — Berg.,
II, 35 : « Les torrents inépuisables retentissent. »
pàda 2. — Vs 252, harim navante abhi sapta dhenavah.
pâda 3. — Cf. 46, 6, etam mrjanti marjyam pavamânam daça
ksipaJi ■
pâda 4. — Cf. 17, 5\ ati trï soma rocanâ rohan; 75, 24, ctpïcyam
nâma frtïyam adlii rocane dicali; 75, 3J, adhi triprstha usaso vi
ràjati; cf. 62, 17.
28. — tâvemâh prajâ divyâsya rétasas | tu dm viçvasya
bhâvanasya rcijctsi || âthedâm viçvam pavamâna te vâçe |
tvâm indo prathamô dhâmadhà asi
Tiens sont ces rejetons de la semence céleste; tu es le roi
de tout ce monde; tout ceci, ô allumé, est dans ton pouvoir;
tu es, ô brillant, tout en avant, l’établisseur de l’établis-
sement.
pâda 1. — Cf. 60, 43, prajâvad reta â bliara. — Berg., I, 183 :
« Voici ta postérité, ô toi, semence divine. »
pâdas 2 et 3. — Cf. 86, 5', pâtir viçvasya bhuvanasya râjasi.
pâda 4. — ■ Cf. 28, 23, viçvâ dhâmâny âviçttn. — Berg., I, 188 :
« Tu es le premier législateur. »
29. — tvâm samudrô asi üiçvamt kave | tâvemâh pdnca
pradiço vidharmani || tvâm dyàm ca prthivîm câti ja-
bhrise | tâva jyôtlnsi pavamâna sùvyah
O sage, toi qui trouves le Tout, tu es l’océan; ces cinq
indicatrices qui sont dans le support sont tiennes; tu as sou-
tenu en les dépassant le ciel et la terre; ô allumé, à toi sont
les clartés, le soleil.
pâda 2. — Cf. 64, 9, oâcam isyasi pavamâna vidharmani-
pâda 3. — Cf. 86, 8, nâbliâ prthivyâ dharuno malio dicah.
pàda 4. — Cf. 4, 2', sanâ jyotih sanâ svah.
22
338
LE CULTE VÉDIQUE DU SO\lA
Hémistiche 2. — Berg., I, 161 : « (Sonia) dépasse le ciel et la
terre, son éclat est le soleil. » — Recueillons aussi précieusement
l’aveu du même savant ( Rel . r éd., I, 168, et II, 30) que le soma
est un « feu liquide ». Pour ma part, je n’ai jamais eu autre chose
en vue que de prouver que c’était un liquide enflammé.
panca pradiçah. — Berg., I, 213, et II, 125 : « Les cinq points
cardinaux. » — En réalité, les cinq doigts (ou, la main) de la
flamme sacrée.
30. • — tvdin pavitre rcïjaso uidharmani | devébhyah soma
pavameïna püyase || tvâm uçijah prathamci ayrbhnata |
tdbhyemà viçuâ bhûvanâni yemire
O liquide, ô allumé, tu es allumé pour les Célestes dans
l’allumeur, dans le support du rajas; les ardents qui sont
en avant t’ont saisi; c’est pour toi que tous ces êtres se sont
étendus.
pâda 1. — Cf. le vers précédent, pâda 2.
pâda 4. — Cf. vs 28% tvam ciçcasya bhuvanasya râjasi. —
Berg., I, 213 : « Tous les mondes, ou tous les êtres, lui sont
soumis. »
Hémistiche 1. — Traduction de Berg., I, 200: « O soma qui te
clarifies, tu es clarifié pour les dieux sur le tamis, lors de l’organi-
tion du monde (littér. de l’espace). » — D'où la nécessité de sup-
poser une clarification céleste du Soma !
31. — prd rebhâ ety dti vâram avyâyam | vrsâ vânesv
diva cakradad dhàrih || sdm dhitâyo vdvaçdnâ anüsata |
çiçum rihanti matàyah pdnipnatam
Le chanteur s’avance au delà de la toison de la brebis;
le taureau, le doré a mugi en bas, dans les bûches; mugis-
sant avec (lui), les méditations ont fait entendre leur voix
vers (lui); les pensées lèchent le petit qui fredonne (ou,
qui pousse des cris).
Hémistiche 1. — Cf. 7, 6, avyo tare pari priyo harir canesu
sïdati, rebho vanusyate maiî.
Le culte védique du soma
339
pâda 3. — Cf. 66, 113, avaoaçanta dhïtayali.
pâda 4. — Cf. 85, 113, même formule.
32. — sà sûryasya raçmibhih pari vyata ] tantum tanrdnàs
trivrtam yàthâ vidé || nâyann rtâsya praçiso ncwlyaslh [
pâtir jântnâm ûpa yâti niskrtâm
Celui que voilà s’est enveloppé des rayons du soleil, en
étendant le triple fil, de telle sorte qu’on le trouve; condui-
sant les nouvelles indicatrices du coulé, le maître (ou, le
mari) se rend dans l’édifice de (ses) femmes.
sa. — démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 61, 8, suta eti paoitra â, sam sûryasya raçmi-
bhih.
pâda 2. — Cf. 22, 61, tantum tanvânam uttamam. — Berg.,
I, 211 : « Tissant une triple chaîne. »
yathâ vide. — Cf. 14, 63, yam vide.
pâda 3. — Cf. 66, 62, taoa... sindhavah praçisam soma sisrate.
— Berg. III, 238 : « (Soma) donne les règles nouvelles du rta. »
pâda 4. — Cf. 78, 1*, ( somali ) devânâm upa yâti niëkrtam.
33. — ràjcï sindhûnâm pavate pâtir clivâ | rtâsya yâti
pathibhih kànikradat || sahâsradhàrah pc'iri sicyate
hàrih \ punânô vâcam janâiyann ûpâvasuh
Le roi des rivières, le maître du ciel s’allume; il va â
ce qui gronde par les marches du coulé; le doré qui a les
courants aux mille (dons) est versé circulairement, — lui qui
s’allume en engendrant la voix, (lui) qui est voisin de la
richesse.
pâdal. — Cf. 86, 12', agre sindhûnâm pavamâno arsati.
pâda 2. — Cf. 33, 4% harir eti kanikradat.
Hémistiche 2. — Cf. 78, 1, pra râjçt vâcam janayânn asà
syadat.
34. — pâvamdna mühy ârno ri dhdvasi | sü/'o nâi citrô
340
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
dvyaydni pâoyayâ\\ gdbhastipûto nrbhir cidvibhih sutô
mahé vâjâya dhànyâya dhcmvasi
O allumé, tu cours (vers) le haut océan, brillant comme le
soleil, — (tu cours), au moyen de ce qui allume, vers ceux
qui sont issus de la brebis; allumé par les mains (de la
flamme), mis en mouvement par les hommes, par les mon-
tagnes, tu coules pour le grand réconfort, pour ce qui est
issu de l’oblation.
pâda 1. — Cf. 21, 63, çukrûh pavadhvam arnasâ. — Berg.,
1, 160 : « (Soma) court à travers la grande mer (céleste). »
pâda 2. — Cf. 66, 223, süro na viçvadarçalah .
pâda 3. — Cf. 62, 5!, nrbhiJi sutaJi.
pâda 4. — Cf. 77, 32, indaco mahe vâjâya dhanvantu.
35. — isam urjam pavamdndbhy àrsasi | çyenô nd oâtisu
kaldçesu sidasi || indràya mddvd mcklyo mâdah sutô |
diüô vistamblià upamô vicaksanâh
O allumé, tu coules vers la libation, vers la force; pareil
à un aigle, tu prends résidence dans les bois, dans les vases;
(toi qui), boisson liquoreuse, pourvue de liquide, es versée
pour l’ Ardent, — (toi) support du ciel, (toi) qui étincelles
tout en haut.
pâda 1. — Cf. 66, 19, agne... pavasa à suvorjam isatri ca nah.
pâda 2. — Cf. 57, 33, cyeno na vaïisu sïdati.
pâda 3. — Cf. 6, 2, ablii tyam madyam madam indac indra
iti ksara.
pada4. — Cf. 2, 5, samudraJi . . . vistambho dhavuyo dicali.
36. — saptd süâsdro abhi mâtàrah çiçuip j nàuam jajnd-
ndm jényam vipaçcitam || apâm gandharvàyi divyctm
nrcdksasam | sômam viçuctsya bhûvanasya rdjàse
Sept sœurs mères s’approchent du petit, nouveau, nais-
sant, jenyafî), qui tient son éclat des agités, — le gandh-
arva des eaux, le Céleste, le liquide qui brille de 1* éclat
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 341
des hommes(-somas) pour la splendeur (ou, la direction) de
tout être.
Hémistiche 1. — ■ Cf. 33, 5, ablii... anüsaia yalivïr rtasya
mâtaraJi, marmijyante divah çiçum (— çiçum.. . divyam).
pâda 2, jajnânarri jenyam. — Cf. l’expression mrjanli mar-
jyam, 46, 6', etc. Peut-être jenya signifie-t-il « cligne de naître ».
pâda 4. — Cf. 86, 5* ,patir viçoasya bhuoanasya râjasi.
37. — îçânâ imâ bhûuanâni vîyase | yujdnd indo liaritah
suparnyàh || tâs te ksarantu mâdliumad ghrtàm payas |
tâva vratê soma tisthantu krstâyah
O brillant, agissant en maître, tu traverses ces êtres, en
attelant les femelles d’oiseaux dorées. Que celles que voilà te
coulent le lait pourvu de doux, le ghrta ; à liquide, que les
races se dressent dans ce qui est l’objet de tes désirs!
pâda 1. — Cf. 61, 6’, ïçànali soma ciçvatah.
pâda 2. - — Cf. 63, 9, liarito daça süro ayuhta yâtave. —
Berg., I, 163: « Le soma traverse en maître les mondes avec un
attelage composé des harits ailées. »
pâda 3. — Cf. 86, 20’, madhukëarat.
pâda 4. — Cf. 69, T', tisthantu krètayali.
38. — tüâm nrcâksâ asi soma viçüdtali | pdvamdna vrsabha
ta oi dhâvasiW sâ nah pavasva vdsumad dhiranyavad |
vaydm syâma bhâuanesu jîvcise
O liquide, te voilà, toi qui tiens ton éclat des hommes,
toi qui proviens du Tout, — ô allumé, ô taureau, tu coules
à travers celles que voici; toi que voilà, allume pour nous
ce qui est pourvu de bien, pourvu d’or. Puissions-nous
(pénétrer) dans les êtres pour la vie (pour vivifier la flamme
qui est en eux)!
pâda 1. — Cf. 31, 4, sam eta te viçvatali soma.
pâda 2. — Cf. 86, 34, paoamàna mahy arno vi dhâvasi.
342
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pâda 3. — Cf. 69, 8', même formule, sauf a au commencement
au lieu de sa.
püda 4. — Cf. 82, 43, antar vânïsu pra carà sujïvase.
39. — govit pavasva vasuvid dhiranyavid \ retodliâ indo
bhuvanesv ârpitah || tvâin suuiro asi soma viçvavit \ tdm
tvd viprâ ûpa girémâ âsate
O brillant, allume ce qui trouve les vaches, ce qui trouve
la richesse, ce qui trouve l'or, toi qui édifies la semence et
qui es inséré dans les êtres. O liquide, te voilà pourvu de
bons héros, trouvent' du Tout; auprès de toi que voilà ces
agités se sont assis au moyen de la voix.
pàda 1. — Cf. 55, 3, govit... pavasva ; cf. aussi le vers précé-
dent, pâda 3.
pâda 2. — Cf. le vers précédent, pàda 4. — Berg., I, 183 :
« (Soma) est donneur de semence répandue dans les mondes (ou
dans les êtres). »
pâda 3. — Cf. 28, 1, esa... viçvavit.
40. — ûn mâdhva Urmir vandnd atiàtliipad ] apô vüsdno
mahisô vi gdhate || raja pavitraratho vâjcun âruhat
sahâsrabhrstir jayati çrdvo brhât
Le flot du doux a fait tenir debout les désirs; le buffle
revêtant les eaux s’y est plongé; le roi dont le char est l’allu-
meur a monté sur le réconfort; celui qui a des lueurs au
moyen des mille (dons) conquiert la voix forte (ou, haute).
pàda 1. — Cf. 84, 2', à gas tasthau bhuvanâni,
pàda 2. — Cf. 42, l3, vasüno gâ apo hardi; 3, 62, apo devo vi
gâhate.
Hémistiche 2. — Cf. 83, 5, même hémistiche. — Même formule,
sauf üruhah au lieu de âruhat.
41. — sa bhanddnâ ûd iyarti prajâvatir \ viçvâyur uiçuâh
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
343
subhârâ âhardivi || brâhma prajâvad rayirn dçvapas-
tyam | pïtd indav îndram asmàbhyam yâcatât
Celui que voilà, lui qui a cle la vigueur au moyen de tous
(les dons), lance vers le haut les bruyantes, les fécondes,
toutes les bonnes porteuses, dans le ciel qui est le jour;
ô brillant, que le brahmcin doué de progéniture nous appelle
la richesse, la demeure des chevaux; étant bu (appelle)-nous
l’Ardent.
pâda 1. — Cf. 84, 43, induli samudram ud iyarti.
pâda 3. — Cf. 60, 43, prajâvad reia ci bhara.
42. — sô àgre dhnâm kârir haryatô mâdah | prci cétasd
cetayate dnu dyûbhih || dvâ jc'tnd ydtàyann antâr iyate |
ndird ca çânsam daivyam ca dhartdri
Ce breuvage doré, agréable, s’avance en brillant dans la
pointe des jours au moyen de la lumière, à l’aide des cieux
qu'il suit; réunissant les deux générateurs, il pénètre celui
qui a la parole humaine (des hommes-somas) et le soutien
céleste.
pâda 1. — Cf. 65, 251, paoate haryato harih.
Hémistiche 2. — Berg., I, 210 : « (Sonia) s’avance entre les deux
races, celle des hommes et celle des dieux. » — Sur l’expression
narâ ca cansam, voir Berg., I, 305, 307 et 308.
43. — anjdte v y ànjate sdm ahjate | kràtum rihanti mâdhu-
ndbliy ànjate || sindhor ucchvâsé patâyantam uksdnam |
hiranyapàüâh paçûm dsu grbhnate
Elles l’oignent, elles l’oignent en traversant, elles l’oignent
conjointement, elles lèchent l’édificateur, elles l’oignent en
s’approchant (de lui) au moyen du doux; dans celles-là, ceux
qui ont l'éclat de l’or s’emparent du taureau, du bétail, qui
vole dans la respiration (ou, l’expiration) de la rivière.
Hémistiche 1. — Cf. 10, 32, somàso gobhir aîijate.
pâda 3. — Cf. 82, 3', mahisasya parninati. . .
344
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Hémistiche 2. — Juste remarque 'de Berg., I, 225 : « La figure
de l’oiseau peut d’ailleurs se combiner avec quelque autre des
représentations du Sonia pour former des monstres mythologiques.
Ainsi Sonia est appelé le taureau qui vole. » — Berg , II, 34,
attribue au mot pava le sens de tamis.
44. — vipaçcite pâvamcïndya gàyata | maki nà dhârâty
ùndho arsati || âhir nâ jürnâm âti sarpati tvâcam | àtyo
nà krilann asarad vrsâ hàrih
Chantez pour l’allumé qui tire son éclat de l’agité; comme
un courant élevé, 1 ’andhas coule au delà; pareil à un ser-
pent, il serpente au delà de la peau vieillie; pareil à un
coursier, le taureau, le doré, a coulé en sautant (ou, en
dansant).
pàda 1. — Cf. 65, 7, pra somâya vyaçvavat pavamànâya gâyata.
pâda 3. — Cf. 77, 3a, ahyo na.
pàda 4. — Cf. 86, 26s, atyo na krïlan pari vâram arsati. —
D’après Berg., I, 223, il s’agirait de Sonia « jouant dans la cuve».
«
45. — agregô râjâpyas tavisyate | vimâno âhnàm bhûva-
nesv ârpitah\\ hârir ghrtâsnuh sudrçlko arnavô \jyoti-
rathah pavate raya okyàh
Le roi qui va dans la pointe, issu des eaux, devient vigou-
reux, (lui) le constructeur des jours, qui est inséré dans les
êtres; le doré, celui dont le sommet est de glirta, celui dont
l’aspect est brillant, le fluctuant, celui qui a la lumière pour
char, qui est issu de l’agréable, allume les richesses.
pàda 2. — Cf. 62, 142, vimâno rajasah; 86, 39!, bhuvanesv
arpitah.
pàda 4. jyotïrathah. — Cf. 86, 40', et 83, 5, râjâ pavitrarathali.
— Le rapprochement de ces deux composés avait déjà été fait par
Berg., I, 223, mais sans qu’il en ait tiré la conclusion qu’il convient,
à savoir que pavitra —jyotih.
46. — âsarji skambhô dira ûdyato müdah | pari tridhâ-
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
345
tur bhûvanâny arsati || aiïsûm rihanti matâyah pdnip-
natam | girâ yâdi nirnijam rgmino yayûh
Le support du ciel, — la boisson qui setend en s’élevant,
a été lancée; celui qui a un triple établissement (ou, une
triple base) coule autour des êtres ; les pensées lèchent
l’éclat qui fredonne, alors que les chanteurs sont allés (vers)
l’émergé au moyen de la voix.
pàda 1. — Cf. 74, 21, dioo y a skambho dharuna) h svâtatah.
pâda 2. — Cf. 1, B3, tridhâtu vàranam madhu. — Berg., 1, 179:
« Soma coule triple autour des mondes. »
pâda 3. — Cf. 86, 314, même formule, sauf en tête çiçum, au lieu
de ansum.
pàda 4. — Cf. 68, 1, vacanàvantali . . . pardsrutam usriyâ nir-
-nijam dhire.
47. — prâ te dhàrâ dty ânvâni mesyàh \ punândsya sam-
ydto yanti rdnlxayah || ydd gôbhir indo ccunvbh sama-
jyàsa à \ suvand/i soma kaldçesu sïdasi
Tes courants, ô allumé, — courses qui se développent en-
semble, — s’avancent au delà des petites choses issues de
la brebis; lorsque, ô brillant, tu es oint par les vaches
dans les deux coupes, t’élançant, ô liquide, tu prends rési-
dence dans les vases.
pâdal. — Cf. 14, 6, ati çrilî. . . gavyâ jigüty anoyà.
pàda 2. — Cf. 2, 1, pavasva. . . soma raïihyà.
pàda 4. — Cf. 86, 35% kalaçesu sïdasi.
48. — pdvasua soma kratuvin na ukthyô \ ’vyo vàre pari
dhàva mddhu priydun || jahi viçvân raksdsa indo atrino |
brhâd vadema viddthe suviràh
O liquide parleur, allume-nous ce qui trouve l’éditica-
-teur; coule en l’entourant le doux agréable dans la toison
de la brebis; écarte, ô brillant, tous les gardiens dévorants;
pourvus de bons héros, appelons le fort dans l’oblation.
346
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pâda 1. — Cf. 44, 6, sa no adya. . . kratuvit. . . cüjamjesi çraco
brhat; cf. aussi 63, 24.
pâda 2. — Cf. 2, 3% adhuksata priyam mad.hu.
pâda 3. — Cf. 63, 29', apaghnan soma raksasah.
pâda 4. — Cf. 32, l3, sutà cidathe akramuh.
HYMNE LXXXVII
1. — prâ tû dvcwa pari kôçam ni èicla | nrbhih puncinô
abhi vcijam arsa || dçvain nd tvd vdjinam marjdyantô |
’chd barhî raçanâbhir nayanti
Avance-toi en coulant circulairement, assieds-toi dans le
vase, t’allumant au moyen des hommes(-somas), coule vers
le réconfort. Te faisant briller, toi qui es pourvu de récon-
fort, comme un cheval, ils te conduisent au fortifiant avec
des brides.
pâda 1. — Cf. 86, 1, indaoah. . . pari, koçam âsate.
pâda 2. — Cf. 1, 4, arsa. . . abhi câjam.
pâda 3. — Cf. 62, 6, açcam na helâro 'çüçubhan.
pâda 4. — Cf. 55, 2% ni barhisi priye sadah.
2. — svâyudhâh pavate devd indur \ açastihd vrjànam
râksamdnah || pitâ devândm janitâ suddkso \ vistambhô
divô dharûnah prthivyàh
Le brillant, le Céleste aux belles armes s’allume, — (lui)
qui tue le mutisme, en gardant l’enceinte, — (lui) le père des
Célestes, l’engendreur, le très habile, le support du ciel, le
soutien de la terre.
pâda 1. — Cf. 65, 5, a pavasva. .. soâyudha.
pâda 2. — ^ Cf. 62, 11, esa crsâ... paoamâno açastihâ; 82, 4‘,
vrjane somajâyrhi.
pâda. 3. — Cf. 86, 10% pitâ devânâm janitâ.
pâda 4. — Cf. 86, 9S dyauç ca yasya prthivî ca dharmabhih. —
Ce rapprochement est de nature à infirmer toutes les hypothèses
de Berg., sur le sens du mot dharman.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
347
3. — rsir viprah puraetâ jânànâm \ rbhûr dhira uçânâ
kâvyena II sd cid viveda nihitam ydd àsàm \ aplcyàm
gûhyain nàma gônâm
Le chanteur, l’agité, celui qui marche en avant des
hommes(-somas), l’habile, le fort, au moyen de ce qui est
de la nature du sage désireux (des libations)', — celui-là
a trouvé ce qui est le signe 1 2 des vaches que voilà, quoiqu’il
soit déposé, secret,, caché.
Hémistiche 2. — Cf. 75, 2, dadhâti... apîcyam nàma. — 71, 5,
jigât... gor apîcyam padam yad asya matuthà ajïjanan.
4. — esà syâ te mâdhumân indra sômo | vrsâ vrsne pari
pavitre aksâh || sahasrasâh çatasci bhüridàvâ [ çaçvat-
tarndm bar hiv à vdjy àstliât
Ce liquide que voilà, pourvu de doux, ô Ardent, (est) à
toi. Le taureau a coulé circulairement dans l’allumeur pour
le taureau; celui qui, pourvu de réconfort, a conquis les
mille (dons), les cent (dons), — celui qui a plusieurs dons
est venu se dresser sur le fortifiant toujours très en mou-
vement (?).
pâda 2. —64, 2', vrsnas te vrsnyam çavali; 18, V, pavitre somo
aksâh.
pâda 3. — Cf. 82, 5, çatasâli... saliasrasâli.
5. — été sômâ abhi gavyâ sahasrâ \ mahé vâjàyâmrtâya
çrâvânsi\\ pavttrebhih pdvamànd asrgran | chravasydvo
nd prtanâjo âtyâh
Ces liquides (que voilà) (se dirigent) vers les mille (dons)
qui viennent des vaches, (vers) les voix pour le grand récon-
fort non mort; en s’allumant, ils ont coulé à l’aide des allu-
1. Berg., II, 340: « Soma est lui-même appelé Uçanâ à cause de sa
sagesse. » — Je considère ce mot (uçanâ) comme un instrumental irrégulier
de uçan; cf. mahnâ pour ‘ma/ianâ auprès de rnahan.
2. Berg., II, 27 : « les formes (cachées des vaches). »
348
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
meurs, désireux d’avoir de la voix (et) pareils à des coursiers
qui courent au combat (?) (pour la conquête des libations).
pâda 1. — Cf. 22, 72, à vasu gacyùni dhârayaJi.
pàda 2. — Cf. 77, 32, mahe vâjâya dhanoantu; 67, 5% arsasi
ri çravânsi.
pada 3. — Cf. 67, 25, pacitrena. . . müm punïhi.
pâda 4. — Cf. 86, 44\ atyo na krllan. — Berg., I, 223: « Sonia
est assimilé à un cheval de guerre. » — C’est bien douteux; la
comparaison porte plutôt sur l’idée commune de vitesse.
6. — pari ht smd puruhütô jdndndm | viçvâsarad bhôjanâ
pûyâmdnah || dthâ bhara çyendbhrta pràyânsi \ rayirn
tûfijâno abhi vâjam arsa
Celui-là qui est allumé, qui est appelé par les nombreux
(-somas), a coulé circulairement (vers) toutes les nourritures
des hommes(-somas). O toi qui es porté par l’aigle, apporte
les (choses) agréables; mettant en mouvement la richesse,,
coule vers le réconfort.
pàda 1. — Cf. 52, 42, çusmam... esâm puruhüta janânâm.
pàda 2. — Cf. 37, 5% somo vâjam ivâsarat.
pàda 3. — 68, 6% çyeno yad andho abharat.
pàda 4. — Cf. 79, 52, supeçasam rasam tunjanti. — Berg.,
III, 11 : « L’un des sens de la racine tuj dans le Rig-Véda est
« exprimer un suc ». — C’est très douteux; je n’y vois jamais que
l’idée de « pousser, lancer ».
7. — esd suvânâh pari sômah pavitre \ sdryo nd srètô
adadhàvad àvcd || tigmê çiçdno mahisô nd çfrige \ g à
gavydnn abhi çuro nd sdtvd
Ce liquide que voilà, coulant circulairement (pour arriver)
dans l’allumeur, — l’actif (ou le coursier) a coulé comme
l’émission lâchée, — aiguisant comme un bullle ses deux
cornes pointues, — pareil à un héros, pourvu de ce qui- se
manifeste (l’oblation), — mugissant (?) comme les vaches
vis-à-vis des vaches.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
349
pâda 2. — Cf. 22, l3, sargâh srslâ aliesata.
pâda 3. — Cf. 70, 7, vrsabhah. . . çrnge çiçânaJi.
pâda 4. — Cf. 3, 42, çüro yann ira satvabhih. — 16, 6:), çüro na
gosu tisthati.
8. — esci yayau paramâd antâr âdreh | kucit satir ûrvé
gâ viveda |] divô nâ vidyût stanâyanty abhraih | sômasya
te pcwata indra dhârâ
Celle que voilà est venue de tout en haut de la montagne,
à l’intérieur (de laquelle elle était); elle a trouvé les vaches
présentes n’importe où, dans l’enceinte (ou, l’étable). Reten-
tissant au moyen des pluies, comme l’éclair du ciel, le
courant de ton liquide, ô Ardent, s’allume.
pâda 1. — Cf. 86, 15!, yo asya dliama pratliamam vyünaçe. . .
parame vyomani. — Berg., I, 168 : « Le Soma sorlant de la mon-
tagne suprême (ciel ou nuage) est comparé à l’éclair du ciel tonnant
dans les nuages. »
pâda 2. — Cf. 55, 3, govit... pavasva. — Vers précédent : gâ
gavyann oblii çüro na satvâ.
pâda 3. — Cf. 76, 3, pra nah pinva vidyud abhreva rodasï.
pâda 4. — Cf. 80, 1', somasya dliàrâ pavate.
Ce vers est à joindre aux plus expressifs en faveur de l’hypo-
thèse de l’allumage du soma.
9. — utà sma râçim pari ycïsi gônâm | indrena soma sarà-
thain punànâh || pûrvir iso brhatir jïradclno [ çiksd ça-
civas tara tà upastut
O liquide, en t’allumant, tu vas entourer l’abondance(?)
des vaches, — celui qui est avec un char (?), — à l’aide de
l’ Ardent; ô toi qui. as des gouttes rapides, empare-toi dés
libations nombreuses, fortes, ô puissant; à toi sont celles-là,
ô bruyant (?).
pâda 2. — Berg., II, 190 : « Soma est monté sur le char d’Indra. »
— J’hésite beaucoup à considérer saratham comme un adverbe,
pâda 3. — Cf. 72, 93, upa mâsva brhatï revatïr isali.
350
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pàda 4. — Cf. upastut, upastuta et upastud. — Même obser-
vation que ci-dessus à propos de saralham. — Sày. : « upaslüya-
mânah. »
HYMNE LXXXVIII
1. — aydm soma indrci tûbhyam sunce | tübhyain pavatc.
tvdm asya pdhi || tvdm ha y dm cakrsé tvdm vavrsd |
indum màdàya yûjydya sômam
Ce liquide (que voilà), ô Ardent, coule pour toi, il s’al-
lume pour toi; ô toi, bois-en; c’est celui que tu as produit,
c’est celui que tu as choisi, — le brillant, le liquide (destiné)
à la boisson qui doit être attelée (unie au soina pavamâna).
Hémistiche 1. — Cf. 1,1, pavasca soma dhârayâ indràya pâtaee
sutali.
pàda 4. — Cf. 45, L1, sa paeasva madâj/a. . . indav indraya
pitaye.
2. — sa Un ràtho nà bfiurisâl ayoji | mahdh puvuni sâtdye
vdsuni || ad Un viçvd nahusyâni jdtâ \ svàrsdtd vdna
ürdhvâ navanta
Celui que voilà, pareil à un char, a été attelé, — lui, pos-
sesseur des forts (-somas), — pour la conquête des nom-
breuses richesses du Grand; toutes les choses voisines!?)
qui sont nées de lui, dressées, mugissent dans la conquête
(= ce qui conquiert) du soleil, dans la forêt.
pàda 4. — Cf. 74, 1. çiçur na jâto 'va cahradad pane scar yad
vâjy arusah sisâsati.
3. — vdyâr nd yû niyûivdii istdydmd | ndsatyeva hdva à
ç.dmbhavisthah || viçuduàro dravinodà iva (indu | p usé va
dhïjdvano ’si s orna
(Toi) qui, pareil au Vent, pourvu d’attelage, marchant au
moyen du désiré, pareil aux deux manifestés, (arrivant)
Le culte védique du soMa
351
dans l’appel (= la voix), produisant excellemment le salu-
taire, ayant tous les biens, pareil au donneur de richesse,
qui est dans le tman, pareil au Nourricier, actif au moyen
de la pensée1, — te voilà, ô liquide!
Hémistiche 2. — Cf. 86, 1, dhijavo madâ arsanti vaghujd iva
tmanâ.
4. — indro nâ y 6 mahâ kârmdni càkrir [ hantâ vrtrândm
asi soma pxirbliit || paidvô nâ hi tvdm dhindmnàm \ hantâ
viçvasydsi soma ddsyoli
Pareil à l’Ardent, qui produit de grandes œuvres, te voilà,
ô liquide, (toi qui) détruis les enveloppes, (toi qui) brises les
citadelles! Pareil à celui qui est issu du marcheur2, te voilà,
ô liquide, destructeur de ceux qui ont les signes du ser-
pent3, (destructeur) de tout attaclieur!
pâda 1. — Cf. 46, 33, indrain vardhanti harmabhih .
pürbhit, — Cf. 48, 2% çatam puro ruruksanim.
pàda 4. — - Cf. 41, 2% sâhvânso dasyum avvatam.
5. — agnir nâ yô vàina à srjyâmdno | vvthd pâjdnsi krnute
nadisu Wjdno nd yudhuà maliatài upabdir \ iyarti sômah
pdvamdna ürmim
Pareil au feu qui est -lancé dans la forêt, il édifie des
clartés dans les rivières au moyen de ce qui croît (?);
comme rhomme(-soma) pourvu d’armes, le bruit du grand
(soma = le soma bruyant), — le liquide qui s’allume, —
met en mouvement le flot.
Hémistiche 1. — Cf. 76, 1, hardi srjàno atyo na... vrthâ pâ-
jânsi krnute nadïsv à.
pâda 3. — Cf. 66, 16', yudhvâ san ( somah ).
1. Berg., II, 428 : « inspirateur de la prière. »
2. Ou, au cheval de pedu , « le marcheur ».
3. Berg., II, 207: « Le mot alii s’emploie au pluriel pour désigner une
race de démons. »
352
LE CULTE VÉDIQUE DU SOXÎA
pâda4. — Cf. 84, 43, induh samudram ud iyarti.
upabdih. — Cf. 87, 9, upastut .
Particulièrement curieuses sont les remarques de Berg, sur ce
vers si significatif. Il dit (Rel. véd., Il, 36) : « Au vers 9, 88, 5,
Sonia brillant au milieu des rivières, est expressément comparé au
feu. Il est sur la terre le représentant le plus exact du feu des
nuages, puisqu’il peut briller, et qu'il brille effectivement dans le
sacrifice, au milieu des eaux terrestres. » — Cf. aussi, I, 165.
6. — été sômd àti vàrâny civyd | divyâ nâ kôçdso ablirâvar-
sdh || vrthà samudram sindhavo nâ nîclh | sutâso ab/d
kalâçdn asrgran
Ces liquides coulent au delà des toisons de brebis, pareils
à des vases célestes qui contiennent (ou versent) la pluie au
moyen des nuages; pareils à des rivières qui penchent (pour
couler) dans la mer au moyen de ce qui croit (?), les versés
ont coulé vers les coupes.
Hémistiche 1 et pâda 4. — Cf. 86, 3 et 7 ; 66, 11, achâ koçam.. .
asrgram tare avyaye. — Berg. I, 257 : « Les eaux du nuage sont
renfermées dans les cuves divines. » — En réalité, les somas
liquides sont représentés comme étant dans des vases qui se dé-
versent dans d’autres récipients pour alimenter le soma pavamana.
pàda 3. — Cf. 64, 172, vrthà samudram indavah, ayman; 16, 7',
vrthà paoitre arsati (dhârâ).
7. — çusmi çàrdho nd màrutam pavasvâ | -nabhiçastd
divyâ yâthd vit [| àpo nd maksu sumatir bhavàt nah \
sahâsrâpsâh prtandsân nd yajiîdh
O Ardent, allume-toi, pareil à la troupe issue des Impé-
tueux, — toi qui, pareil à la demeure céleste, n’a pas de
parleur rival; rapidement, pareil aux eaux, manifeste-toi
comme notre bonne pensée, - — (toi) qui conquiers les eaux
aux mille (dons), — • (toi qui), pareil à l’oblation, es con-
quérant dans les combats.
sahasrâpsâh. — Cf. 65, 20', apsàh.
LÈ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
353
8. — râjno nû te vdrunasya vratâni | brhdd gabhlrdm
ta va s orna dhâma [| çûcis tudm asi priyô nà mitrô \ da-
kèâyyo aryamévâsi soma
O liquide, à toi sont maintenant les objets de choix du
roi, de l’Enveloppeur ; à toi, le fort, l’édifice profond (qui
plonge dans les libations). Voilà que tu es clair, pareil à
l’Ami agréable; voilà, ô liquide, que tu es habile (?), que
tu es pareil au fidèle.
HYMNE LXXXIX
1. — [>rô syâ vàhnih pathyâbhir asyân | divô nà vrstih
pâvamano aksâh || sahâsradhâro asadan ny àsme | ma-
tin ‘ upâsthe vdna â ca sômah
Le porteur a coulé en s’avançant au moyen des marches
(ou des chemins); comme la pluie du ciel, l’allumé a coulé;
le liquide qui a les courants aux mille (dons) est descendu
pour prendre résidence pour nous dans le giron de la mère
et dans la forêt.
Pour l’ensemble du vers, cf. 86, 33.
pàda 1. — Cf. 15, 3, esa. . . ci nïyate. . . pathâ.
pâda 2. — Cf. 39, 22 3, vrstim dicah pari sraca.
pâda 4. — Cf. 26, 1, upasthe aditeli.
Hémistiche 2. — Berg., 1,172: « Soma en milliers de gouttes,
s’est arrêté chez nous, dans le sein de la mère (la terre) et dans le
bois (la cuve ou la plante). » — Cf. aussi, II, 55.
2. — râjd sindhündm auasista vâsa \ rtdsya nâvam âruhad
vdjisthàm || apsû drapsô vàurdhe çyendjûto \ duhâ im
pitâ duhâ Im pitûr jâm
Le roi des rivières a revêtu le vêtement; il est monté sur
le navire très droit du coulé; la goutte mise en mouvement
par l’aigle a grandi dans les eaux ; le père l’a trait, (il) a trait
cette progéniture du père.
23
354
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
püda 1. — Cf. 86, 33’, râjâ sindhünâm parafe.
pàda 2. — Cf. 73, 1‘, satyasya nürali sukrtam. . . apïparan.
pàda 3. — Cf. 85, 10!, apsu drapsam vâvvdhünam samudra à.
çyenajutah. — Cf. 87, 6\ çyenabhrta.
pada 4. — Berg., II, 112: « Sonia trait la fille du père, tandis
qu’il est trait lui-même par le père. » — Le soma liquide produit
le soma igné, ou le fils du père (soma liquide).
3. — sinhàm nasanta mddhvo ayâsam \ hàrim arusâm
divô asyd pàtim || çùro yutsu prathamdh prchate gà |
as y a câksasd pari pcïty uksâ
Les douces (boissons) se sont approchées du lion ardent (?),
— du doré, du rouge, du maître du ciel que voilà; le héros
qui est en avant dans les rencontres interroge les vaches ;
le taureau garde celui-ci en l’entourant au moyen de l'éclat
(ou, de la vue).
ayâsam. — Cf. 41, 1, gâvo na bhûrtiayali. .. ayâso akramuh.
pâdas 2-4. — Cf. 82, 1, aruso vrsâhariji...abhi gâ acikradat.
pàda 4. — Cf. Berg., I, 162: « Il surveille avec son propre)
œil. »
4. 1 — màdhuprstham ghorâm ayâsam dçoam | ràthe yun-
janty urucakrà rsodm || suâsdra ira jdmâyo marjayanti \
sdndbliayo vdjinam ûrjayanti
Ils attèlent le cheval dont la croupe est le Doux, terrible,
ardent, qui se dresse, au char aux larges roues; les sœurs,
les parentes, le rendent brillant; celles qui ont le même
nombril réconfortent celui qui est fait de réconforts.
Hémistiche 1. — Cf. 62, 17, tam triprsthe... radie yiihjanti. —
Berg-, I, 223 : « Ce char est le sacrifice. » — Oui, si l’on identifie
celui-ci aux flammes sacrées ou à la libation enflammée,
pàda 3. — Cl. 65, 1, hinoanti... scâsaro jâmayah patim.
5. — câtasra ira ghptadûhah sacante | saindné anteir
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 355
dharûne nisattâh || ta im arsanti nàmasâ punânâs [ ta
îm viçvdtah pari santi pürvih
Quatre qui trayent le yhrta le suivent, assises à l’intérieur
du support commun; celles que voilà coulent (vers) lui en
s’allumant au moyen du natnas; celles que voilà, les nom-
breuses, l’entourent (en venant) du Tout.
tàh. — Démonstratif liturgique.
Hémistiche 1. — Cf. 72, 6, sam l gcicah... yanti samyatah. . .
sadane.
pàda 4. — Cf. 83, V, pary est viçvataJi.
6. — mstambliô clivé dharûnah prthivyâ \ oie va utâ
ksitdyo hdste asya || dsat ta utso yrnaté niyûtvân \
màdhvo ançuh pavcita indriyâya
Support du ciel, soutien de la terre, toutes les demeures
sont dans la main de celui que voilà. Que ta source pourvue
d’attelage soit pour le chanteur; l’éclat du Doux s’allume
pour ce qui est de la nature de l’Ardent.
pàda 1. — Cf. 87, 24, même formule.-
niyûtvân. — Cf. 88, 3'. — Cf. le mythe grec de Pégase.
pàda 2. — Berg., I, 213 : « Toutes les races sont dans sa main. »
pàda 4. — Cf. 70, 5', sa mavmrjâna indriyâya dhâyase.
7. — vanudnn dvâto cibhi devâvïtim \ indràya soma vptrahà
pavasva || çagdlxi mahâh puruçcanclrdsy a | râyàh suoi-
ryasya pdtaycih syàma
Cherchant à conquérir sans être conquis, allume-toi,
ô liquide, en t’approchant du régal des Célestes, pour l’Ar-
dent, ô toi qui détruis l’enveloppe; sois le maître du grand,
qui a l’éclat des nombreux (somas). Puissions-nous être
maîtres de la richesse pourvue de bons héros!
Hémistiche 1. — Cf. 1, 4, abhy arsa... devânâm oïtim; 1, 1,
pavasva soma.,. indrâya.
pàda 3. — Cf. 62, 12, â pavasva. .. rayim . . . puruçcandram »
356
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
HYMNE XC
1. — prd hirwànô janitâ rôdcistjo | ràtho nd vcijara sarii-
sgânn aydsit || indram gdchann âyudhâ samçiçdno \
viçuâ vdsu hdstayor àdddhànah
S’élançant en avant, celui qui a engendré les deux brillants
est allé, pareil à un char, au réconfort pour le conquérir, —
allant à l’Ardent, aiguisant ses armes, plaçant tous les biens
dans ses deux mains.
pâdas 2 et 3. — Cf. 69, 9, ete somâli pacamânâsa indram rathâ
iva pra yayuli sâtim acha ; 10, 2' hinvânâso ratliâ ica.
pâda 3. — Cf. 61, 30, te... âyudhâ iigmâni santi ; 76, 2, çüro
na dhatta âyudhâ gabhastyoh .
pâda 4. — Cf. 89, 6% ksitayo haste asya.
2. — abhi triprsthdm vrsanam vayodhâm | dngûsândm
avâvaçanta vânih || vdnd vdsdno vâruno nd sindhûn | vi
ratnadhà dayate vârydni
Les Voix des pensées ont crié vers le taureau aux trois
croupes, qui établit la nourriture; l’Enveloppeur revêtant
les bois (les combustibles liquides) pareils à des rivières,
distribue les choses précieuses qui établissent la richesse.
Hémistiche 1. — Cf. 71, 7-, crsâ triprstho anacista gâ abhi.
pâda 3. — Berg., 111,130 : « Sonia qui se revêt des cuves comme
Varuna des rivières. »
pâda 4. — Cf. 67, 133, soma . . decesu ratnadhà asi.
3. — çi ïragrâmah sdirvcivirah sdhdüdn | jétà pavasva sdnitâ
dhàndniW tigmàyudhah ksiprâdhanvd samdtsv \ àsâUiah
sdhvân prtandsu çdtrûn
Groupe de héros, pourvu de tous les mâles, puissant, vain-
queur, conquérant, allume les oblations, — ayant des armes
pointues, muni d’un arc rapide dans les rencontres, invaincu,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
357
(mais) vainqueur des ennemis dans les combats (quand il
s’agit de s’emparer des offrandes).
tigmâyudhali. — Cf. 90, l3, âyudhâ samçiçânah.
sâhvân prtanâsu. — -Cf. 88, 75, prtanâsâh.
4. — urûgavyûtir âbhaydni krnvân \ samïciné â pavasvà
pûramdhî || apâh sisâsann usdsah svàr gcih [ sdrn cihrado
mahô asmdbhyam vâjdn
O toi qui as un large régal provenant des vaches, toi
qui édifies ceux qui n’ont pas de crainte, allume les deux
puramdhls (l’oblation sous ses deux formes) qui vont de
concert; cherchant à t’emparer des eaux, des aurores, du
soleil, des vaches, tu as fait résonner de concert pour nous
les hauts réconforts.
pàcla 1. — -Cf. 78, 5'*, uroïm gaoyütim abhayam ca nah krdlii.
Hémistiche 2. — Cf. 74, 1, çiçur najâto ’ va cakradad vane svar
y ad vdjy arusah sisàsati; 7, 43, svar vüjl sisâsati.
5. — mâtsi soma vdrunam màtsi mitrâm | mdtsindram
indo pavamdnci visnum 1] mdtsi çàrdho mârutam màtsi
devân \ mdtsi mahâm indram indo mddâya
O liquide, arrose l’Enveloppeur, arrose l’Ami, arrose,
ô brillant, ô allumé, l’Ardent, l’Actif; arrose la vigueur des
Impétueux, arrose les Célestes, arrose, ô brillant, le grand
Ardent pour la boisson (pour qu’il boive).
Cf. 34, 2, suta indrâya.. . varwiâya marudbtiyah, somo arsati
visnace.
6. — evâ rcijeva kràtumdn amena \ viçud ghdnighnad du -
ritâ pavasva || indo sûhtdya vdcase vdyo dhâ \ yuydm
pdta svastibhih sâdâ nah
De cette façon, par la violence, pareil â un roi, doué de ce
qui édifie, allume-toi, ô toi qui es ce qui détruit toutes les
mauvaises allures. O brillant, établis le réconfort pour la
358
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
parole bien parlée. O vous, protégez-nous toujours (?) au
moyen des bonnes manifestations !
Hémistiche 1. — Cf. 63, 24, apaghnan paoase mrdhali kratuoit;
59, 32, viçcâni duritâ tara.
pâda 4. — Formule qui se trouve déjà RV., VII, 1, 20, etc.
HYMNE XCI
1. — âsar/i uàkuâ râthye yâthâjaû | dhiyâ manôtâ pra-
tliamô manlsi || ddça svdsàro àdhi sâno ûvyé \ ’janti
vâhnim sâdanàny cïcha
Le parleur s’est élancé comme dans une course (?) faite de
chars, — lui qui exprime sa pensée par la prière1, — (lui)
le penseur qui est tout en avant. Les dix sœurs qui sont
au-dessus, dans le sommet issu de la brebis, poussent le
porteur vers les résidences.
pàda 1. — Cf. 36, 1, asarji ratliyo yathâ pavitre... sutali.
pâda 2. — Berg., I, 185: « (Soma) est le premier inventeur de la
prière. » — - Sans doute, en tant que crépitant.
Hémistiche 2. — Cf. 71, 5, sam ï ratham na... ahesata daça
svasâro aditer upastha â.
2. — vîti jdnasya divyc'isya kavyair | àdhi suvânô nahu-
syèbhir induh\\prâ y 6 nrbhir amrto mârtyebhir | mar-
mrjânô ’mbhir gôbhir adbhih
(Voilà) le brillant qui coule en s’élevant au moyen du
régal de l’homme céleste, au moyen des choses issues du
sage, au moyen des voisins, — (lui) le non-mort qui s’avance
au moyen des hommes, des morts (ou, des mortels)2, et qui
devient brillant à l’aide des brebis, des vaches, des eaux.
pâda 1. — Cf. 84, 34, somo mâdayan daivyam janam.
1. Ou, qui a été laucé par la prière.
2. Berg., II, 31, prend martya au sens propre.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
359
pâda 4. — Cf. 86, 114, marmrjâno ’vibhih sindhubhili; 68, 9,
adbliir g obhir mrjyate... sut ah.
3. — vrsci vrsne rôruvad ançûr astnai \ pdvamàno rûçad
îrte pdyo gôh || sahdsram rkvâ pathibhir vacouid \
adlwasmdbhih suro ânvam vi yâti
Le taureau, — l’éclat, — met en mouvement ce qui mugit
pour ce taureau; l’allumé (lui) envoie ce qui étincelle, le lait
de la vache; le chanteur va au moyen des marches à travers
les mille (dons), à travers ce qui trouve la voix; le soleil
va à travers le nain par (les marches) qui ne sont pas
assombries.
pâda 1. — Cf. 87, 42, vrëâ vrsne pari paoitre aksâh; 34, 3',
vrëânam vrëabliir yatam sunvanti somam adribhih; 86, 74, vrsd
pavitram aty eti roruvat.
pâda 2. — Cf. 66, 30', dyumnavat payait — ruçat . . . payait.
pâda 4. — Cf. 10, 53, sûrâ anvam vi tanvate.
4. — rujâ drlhâ cid rakèdsah sàdânsi | punânà inda
üvtiuhi vi vâjàn || vrçcôpàristdt tujatâ vadhéna \ yô dnti
dürâd upanâyâm esâm
O brillant qui t’allumes, brise, quoiqu’elles soient solides,
les demeures du gardien; développe les réconforts; coupe
d’en haut avec un couteau qui pénètre, l’introducteur (des
oblations) que voici (et qui viennent) de l’éloigné dans le
proche (?).
pâda 1. — Cf. 53, 33, ruja yas tvâ prtanyati; 34, P, rujad drlhâ
vi/ ojasà.
pâda 3. — Cf. 52, 3% vadhaih. . . ïnkhaya.
pâda 4. — 67, 21b yad anti yac ca dürake.
5. — sci pratnavdn nâuyase viçvavdra | sûktâya pathdh
krnuhi prâcah || yé duhsdhâso vanüsà brhdntas \~tàùs
te açyâma purukrt purukso
Toi que voilà, qui as tous les dons, produis l’ancien pour
360
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
le nouveau, (produis) des chemins qui s’avançent pour ce
beau chant. O toi qui édifies au moyen des nombreux
psomas), toi qui possèdes la nourriture des nombreux (somas),
puissions-nous conquérir au moyen du désir ces fortes
(oblations) à toi (destinées), qui sont difficiles à conquérir!
Hémistiche 1. — Cf. 9, 8, nü navyase navïyase süktâya sâ-
dhayü pathah, pratnavad rocayârucali.- — Berg., I, 185: « Soma)
ouvre la voie à l'hymne nouveau, comme il l’aouverte à l’ancien. )>
— Nous savons qu’en réalité « l’ancien » est le soma liquide, et
« le nouveau » le soma igné.
6. — evâ punânô apâh svàr gâ | asmàbhyam tokâ tdnayâni
bhuri || çdm nah ksétrcim urâ jyôtinsi soma | jyôil nah
sûr y a ni drçâye rirlhi
De cette manière allumant (ou, en t’allumant, donne-nous)
les eaux, le soleil, les vaches, — (donne)-nous des rejetons,
des productions nombreuses, — (donne)-nous, ô liquide, le
bien, le champ large, les lumières, — donne-nous pour
longtemps (?) le soleil pour la vision.
evâ. — Démonstratif liturgique.
pâda 1. — Cf. 90, 43, apali sisâsann usasah svar gâli.
pâda 2. — Cf. 66, 18, team soma. . . tokasya sâtâ tanünâm. —
Conquérir ou procurer, produire, la postérité ou l’extension de la
libation, c’est-à-dire les flammes sacrées, est seule et même chose.
pâda 3. — Cf. 85, 4; 36, 3, jyotïnsi. .. vi rocaya; 4, 2, sanâ
jyotili.
pâda 4. — Cf. 4, 6, tavotibhir jyok paçyema süryam.
HYMNE XCII
1. — pari suvânô hârir ançûh pavitre | rcitho nâ sarji
sanciye hiyànâh || âpac chlôkam indriyâm puyûmdnah |
prâti devân ajusata prâyobhih
Le doré, — l’éclat, — coulant circulairement (pour arriver)
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
361
dans l’allumeur, poussé comme un char, a été lancé pour la
Conquête; allumant les eaux, la voix, ce qui est delà nature
de r Ardent, il a régalé les Célestes, auprès de lui, au moyen
des nourritures agréables.
Hémistiche 1. — Cf. 69, 9, ete somàh. . . ratliâ iva pra yayuh
sâtim acha.
pâda 3. — Cf. 91, 6, evâ punüno apali svar gàJi.
2. — âchâ nrcàksâ asarcit pavitre | nâmct dâdhânah kavir
asyayônau || sîdan hôteva sàdane catnüsü | -pem agmann
rsayah saptâ viprâh
Celui qui tient son éclat des hommes a coulé dans l’allu-
meur, (lui), le sage, en établissant le signe dans la matrice
de celui que voici, en prenant résidence comme le sacri-
ficateur dans la demeure, dans les coupes; les sept chan-
teurs, les agités sont venus vers lui.
pâda 2. — Cf. 75, 23, dadliâti putrali pitror apïcyam nâma.
pâda 3. — Cf. 20, 6:\ somaç camüsu sïdati.
pâda 4. — Cf. 86, 39, tam tcâ viprâ upa girema âsate.
3. — prâ sumedhâ gâtuvid viçvüdevah \ sômah punânâh
sâda eti nityam || bhûvad viçvesu kâuyesu rântâ | -nu
jdnân yatate pdnca dhirah
Le liquide à la bonne pensée, qui s’allume, lui qui trouve
l’issue, qui est pourvu de tous les Célestes, se rend vers
la demeure durable (?). Puisse se manifester celui qui goûte
à toutes les choses qui sont de la nature du sage. Le fort
suit pour s’unir à eux les cinq hommes (ou, les cinq races) !
pâda 2. — Cf. le pâda 3 du vers précédent,
pâda 3. — Cf. 23, 1, somâ asrgram. . . abhi viçvàni kâcyâ.
pâda 4. — Cf. 65, 23 *,ye vàjanesu paücasu. — Berg., I, 211:
« (Soma) se dirige vers les cinq races. »
4. — tàva tyé soma pauamâna ninyé | vtçve devâs trciya
362
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
eltâdaçàsah || dàça svadhàbhir àdlii sàno dvye | mrjcinti
tvâ nadyàh saptâ yahvih
O liquide qui t’allumes, dans cet intérieur à toi sont tous
les trois (fois) onze Célestes; au moyen des dix svadhâs, au-
dessus, dans le sommet issu de la brebis, les sept rivières,
les actives (?), te rendent brillant.
pâda 2, cicce devait. — Cf. au vers précédent, pâda 1, viçvct.
devait. — Cf. Berg., II, 146, note, sur les trente-trois dieux, et
RV., I, 34, 11 et VIII, 39, 9.
Hémistiche 2. — Cf. 91, P, daça svasâro adhi sàno avije 'janti
vahnim; 33, 5i,yahvïr t'tasya mâtarali, marmijyante divah çiçum.
5. — tànnu satyâm pâvamdnasyâstu | yâtra viçve kdrdvah
sa/nnâsanta, Wjyôtir yâd âhne âkrnod u lokcim \ pràvcin
mânum ddsyave kar abhikam
Que soit cette manifestation de celui qui s’allume, là où
tous les chanteurs se sont réunis, alors qu’il a produit la
lumière, l’espace pour le jour, qu’il a régalé en s’avançant
rhomme(-soma), (et qu’)il a produit un rival pour l’atta-
cheur!
pâda 1. — Cf. 64, 23, satyam vrsan vrsed asi.
pâda 3. — Cf. 66, 24’, jyotir ajïjanat; 86, 21, ayam. . . ahliavad
u lokakrt. — Berg., I, 214 : « Faisant le jour. »
pâda 4. — Berg., II, 211, note : « Sonia a fait la lumière du jour
en triomphant du Dasyu. »
6. — pari sddmeva paçumânti hôtâ \ râjd nd satydh sdmi-
tir iyânâh || sômah punânàh kaldçân aydsît | sidan mrgô
nd mahisô va ne su
Le sacrificateur entourant (les oblations) pareilles à des
demeures pourvues de bétail, pareil au roi se rendant sous
une forme apparente aux réunions, — le liquide qui s’allume
est allé aux coupes, prenant sa résidence dans les bois
comme l’animal sauvage, le buffle.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
363
pàda 1. — Cf. 86, 434, paçum. .. grbhnate.
pâda 3. — Cf. 88, 6', sutâso abhi kalaçün asrgran.
pâda 4. — Cf. 62, 83, sldan yonâ vaneëo â; 86, 31, vrëâ vaneëo
ava cakradat.
HYMNE flll
1. — sâkamûkso marjayanta suâsdro | ddça dhirâsya
dlutâyo dhânutrih\\hârih pâry adravaj jâh suryasya \
drônam nanakse dtyo nd vâji
Les sœurs qui accroissent le compagnon, les dix pensées
du fort, les coulantes (l’)ont rendu brillant; le doré, la pro-
géniture du soleil a coulé (ou, couru) circulairement; pareil
au coursier, le pourvu de réconfort a trouvé ce qui est de la
nature du bois.
Hémistiche 1. — Cf. 8, 4, mrjanti ivâ daça këipo liinvanti sapta
dhïtayah.
pâda 3. — - Cf. 1, 6, punüti te parisrutam somain süryasya duhitâ.
pâda 4. — Cf. 28, 4, esa vrsâ. . . abhi dronâni dhâvati.
2. — • sàm mâtrhhir nd çiçur vâvaçânô | vrsâ dadhanve
puruvâro adbliih || indry o nàyôèdm abhi niskrtâm y dm |
sàm yachate kalâça usriyâbhih
Comme le petit qui mugit au moyen de ses mères et
avec elles, le taureau qui a les dons des nombreux (somas), a
couru au moyen des eaux ; comme l’époux qui va vers sa
femme, allant à l’édifice, il se rend dans la coupe au moyen
des rouges et avec elles.
pâda 1. — Cf. 74, l1, çiçur na jâto 'va cakradat. — Berg.,
II, 36 : « Les eaux où croît Sonia ont naturellement dû passer pour
ses mères. »
pâda 2. — Cf. 74, 9, adbliih soma. . . dhâvati.
Hémistiche 2. — Cf. 86, 16, pro aijâsîd indur indrasya niskr-
tam, . . mary a iva yuvatibhili sam arëati somah kalaçe. — Berg.,
364
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
I, 316 [usritjâ) : « Vaches, couleur d’aurore. » — II, 43 : « Allusion à
l’union que sous sa forme céleste Soma contracte avec les aurores. »
3. — utâ prâ pipya ûdhar âghnydyd | indur dhàrâbhih
sacate sumedhâh\\ mürdhânam gâvah pàyascl camûsv \
abhi çrinanti vdsubhir nâ niktaih
La mamelle de celle qui ne doit pas être tuée s’est enflée
en s’avançant; le brillant aux bonnes pensées (l’)accompagne
au moyen des courants ; les vaches cuisent (ou, allument) la
tête dans les coupes avec du lait, comme avec des richesses
baignées (dans les liquides sacrés).
pàda 1 et hémistiche 2. — Cf. 71, 4, à yasmin gâoaJi. ■ ■ ûdhani
mürdhan clirïnanty agriyam varïmabhih.
pàda 3. — Berg., II, 58 : « La tête représente la forme supérieure
de Soma dans le ciel. » — C’est la tête de flammes de la libation
ignée.
4. — sâ no devébhih pavamcina radé | -ndo rayim açvinam
vâuaçdnàh || ratliirâyâtâm uçati pûramdliir | asmadryàg
â ddvâne vâsûnàm
Toi que voilà, ô brillant, ô allumé, ronge en mugissant
notre richesse pourvue de chevaux, au moyen des Célestes.
Qu’arrive vers nous, pour le don des richesses munies d’un
char, la désireuse, celle qui établit l’abondance!
pâda 2. — Cf. 4, 10, rayim naît . . . açvinam indo ... à bhara.
pâda 3. — Berg., II, 478 : « Puramdhi est priée de venir sur
sou char pour distribuer des richesses à ceux qui l’invoquent. »
5. — nu no rayim upa màsva nrvântam \ punânô vdtâ-
pyam viçvâçcandram || prâ vanditûr indo türy âyuh
prâtâr | maksù dhiyâvùsur jagamydt
En t’allumant, approche-toi pour développer notre
richesse pourvue d’hommes, enflée(?)', qui a l’éclat de tous
1. Berg., I, 171, note, propose pour le mot obscur cûlûpya le sens de
(( amitié du veut. »
Le culte védique du soma
365
(les dons). O brillant, étends de bonne heure la vigueur du
chanteur; qu’arrive rapidement celui qui tient sa richesse
de la pensée !
pàda 1. — Cf. 72, 9:i, upa rnâsva brliciti revatîr isah.
pâda 3- — Cf. 80, 23, maghonâm âyuli pratiran.
HYMNE XCIV
1. — ddhi yâd asmin vâjinîoa çûbha | spârdhante dhiyah
surye nd viçah || apô vrnândh pavate kavîydn \ vrajdm
nd paçuvdrdhandy a mànma
Lorsque les lumières s’efforcent en quelque sorte de
s’élever dans celui que voici, le pourvu de réconfort, —
(que) les pensées, pareilles à des demeures, (s’efforcent de
s’établir) dans le soleil, — (le liquide), agissant comme le
sage, choisissant1 les eaux, allume la pensée, pareille à une
étable, pour l’accroissement du bétail.
pâda 2. ■ — Cf. 4, 5, tvam sürtje na â bhaja.
pàda 3. — Cf. 84, 5, pavate.. . kavih kâvyenâ.
2. — dvitâ vyûrnvdnn amrtasya dhâma | svarvide bhûua-
nâni prathanta |] dhiyah pinvànâh svdsare nd gava \
rtâydntir abhi vdvaçra indum
Voilà (?) celui qui développe doublement^) l’édifice du
non-mort ; les êtres s’étendent pour celui qui trouve le
soleil ; les pensées qui grossissent pareilles à des vaches
dans leur étable (?), devenant coulantes2, ont mugi vers le
brillant.. . (La suite au vers suivant.)
pàda 1. — Berg., III, 236 : « Soma découvre, manifeste le
dhâman de Yamrta, c’est-à-dire sans doute la loi qui régit le
soma céleste. »
1. Berg., II, 38 : « Soma choisit les eaux. »
2. Berg., III, 241, rlcujantlli « agissant selon le rite ».
366
LE CULTE VÉDIQUE DU SO\lA
pâda 2. — Cf. 84, 5, abhi tyam gâvali payasâ payocrdham
somam çrï nanti. . . soarvidam.
Hémistiche 2. — Cf. 19, 4', aoàvaçanta dhltaya.h.
3. — pari ydt kavili kâvyd bhdrate | çiiro nci rdtlio bhtwa-
ndni viçvd || deuésu ydiço màrtâya bhusan | dàksâya
rdydh purubhusu nàvyah
Lorsque le sage (soma) porte en les entourant les choses
qui sont de la nature du sage, — (que) le héros, pareil à un
char, (porte en les entourant) tous les êtres, — agitant (pour
l’établir) dans les Célestes l’éclat pour le mort, — (agitant),
lui, le nouveau, les richesses (pour les établir) dans ceux
qui s’accroissent par les nombreux (somas) pour l’Habile.
pâdal. — Cf. 84, 5, patate... kavili kâvyenâ.
pâda 2. — Cf. 15, 1, esa... yâti... çüro rathebhir àçubhili.
pâda 3. — Cf. 32, 6', asme dhehi dyumad yaçali.
4. — çriyé jdtdh çriyà â nir iydya | çriyam vdyo jaritrbliyo
dadhâti || çriyam vdsânâ amrtatvâm âyan | bhdvanti
satyâ samithâ mitddrau
Celui qui est né pour leclat s’est dégagé pour l’éclat; il
établit l’éclat, la nourriture pour les chanteurs. — Revêtant
l’éclat, ils sont allés dans l’état de non-morts; les réunions
manifestées (des deux formes du soma) ont lieu dans celui
dont le courant est édifié (ou, érigé).
pâda 1. — Cf. 62, 19, suto viçvâ arëann abhi çriyah.
pâda 2. — Cf. 20, 2, sa... jaritvbhya d vàjam... invati.
pâda 4. — Cf. 92, 6!, ràjâ na satyah samitïr iyânali. — Rap-
prochement qui éclaire ces passages difficiles.
5. — isam urjam abhy àrèàçuam yâm | urû jyôtih krnuhi
mdtsi devân || viçvdni ht susdhd tàni tàbhyam \ pdca-
màna bâdhase soma çàtrün
Coule vers la libation, vers le réconfort, vers le cheval,
Le culte védique du soma
367
vers la vache; produis le large, la lumière; arrose les
Célestes; à toi sont toutes ces (oblations) d’une conquête
facile ; ô liquide, ô allumé., tu chasses en les frappant les
ennemis.
pâda 1. — Cf. 9, 9% gam açvam râsi; 61, 3, pari no açvam...
ksarâ; 86, 35', isam ürjam... abhy arsasi.
pâda 2. — Cf. 61, 16, pavamâno ajîjanat. .. jgotili... brhai;
90, 5% matsi devân.
pâda 3. — Cf. 29, 3', susahâ soma tâni te.
pâda 4. — Cf. 85, 2:i, jahi çalrün.
HYMNE XCV
1. — kclnikranti hdrir ci srjydmdnah | siclan vânasya ja-
thâre pundndh || nrbhir yatdh krnute nirnijam gd \ àto
matir janciyata svadhâbhih
Le doré qu’on a lâché hennit en s’approchant, lui qui
s’allume en s’asseyant dans le ventre du bois1; étendu par
les hommes, il produit l’émergé, les vaches; de ceci il a
produit les pensées au moyen des svadhâs.
Hémistiche 1. — Cf. 88, 5', agnir na go vana a srjyamànali.
pâda 3. — Cf. 14, 5% gàh krnvâno na nirnijam; 68, 1’, usriyâ
nirnijam dhire; 86, 26% gâli krnvâno nirnijam.
2. — hdri/i srjdndh pathyâm rtcisyê \ -yarti vâcain aritéoa
nâvam || deuô deuânàm gühydni nâmcl | -vis krnoti b av-
ilis i prauàce
Le doré mettant en marche le chemin du coulé, pousse
la voix comme le rameur (qui pousse) le bateau; le Céleste
produit manifestement les signes cachés des Célestes dans
les réconforts pour la déclaratrice.
pâda 1. — Cf. 73, 6% rtasga panthâm na taranti duslcrtah.
Berg., III, 238 : « Soma suit le chemin du rta. »
1. Berg., Il, 55 : « Dans le veulre de la cuve. »
LE CULTE VEDIQUE DU SÔMA
pâda 2. — Cf. 14, 63, vagnum iyarti.
pàda 3. — Cf. 87, 3, sa ciceda... guhgam nâma gonàm.
pâda 4. — Cf. 19, 3, vrsâ... stanagann adhi barhisi.
Hémistiche 2. — Berg., 1, 186 : « Soma découvre les noms ou les
essences secrètes des dieux pour qu’on les proclame sur le gazon
du sacrifice. » — Les signes des dieux sont cachés tant que les
flammes divines ne brillent pas.
3. — apâm ivéd ürmâyas târturânâh | prd nianisà irate
sômam dcha || namasydntir ûpa ca ydnti sâm câ \ ca
viçanty uçatir uçântam
S’efforçant de (le) traverser, les pensées s’avancent comme
les flots des eaux vers le liquide ; elles s’approchent ensemble
en priant (?); les désireuses pénètrent le désireux.
pâda 2. — Cf. 68, 8, et 86, 17, somam manïsâ abhg anüsata.
pâda 4. — Berg., Il, 25 : « Les prières... s’approchent volontiers
de Soma qui les accueille volontiers. »
4. — tâm marmrjânàm mahièâm nâ sândv | ariçâm du-
hanty uksânam giristhàm || tcini uàüaçânâm matdyah
sacante | tritô bibharti vârunam samudré
Celui-ci, pareil à un buffle, — ce taureau qui devient
brillant, cet éclat, debout sur la montagne, — qu’elles travent
(pour le placer) dans le sommet, — les pensées le suivent,
tandis qu’il mugit. Le Troisième supporte l’Enveloppeur qui
est dans la mer.
Hémistiche 1. — Cf. 85,10, dioo nâke (cf. sànau)... vend du-
hanty uksanam giristliâm ; 72, 6’, atiçum duhanti stanagantam...
kavagah . . . manïsinah .
pâda 3. — Cf. 72, 6J, sam l gâco matago xganti.
Traduction de Berg. , III, 131 : « On trait la plante pour en tirer
le mâle, l’habitant de la montagne, pareil à un taureau qui se
purifie sur le plateau (le tamis). Il mugit et les prières le suivent.
Trita (prêtre céleste) entretient Varuna dans la mer. »
Lfe CULTE VÉDIQUE DU SOMA
369
5. — isyan vâcam upavaktéva hôtuh | piindnâ indo m syd
manïsâm [| îndraç ca yàt ksâyathah saûbhagaya \ suvi-
ryasya pdtayah sydma
Pareil à un parleur, mettant en mouvement la voix du
sacrificateur, ô brillant, ô allumé, détache la pensée (mets-
la en mouvement, en liberté). Lorsque F Ardent et toi vous
êtes domiciliés (ou, maîtres de la demeure), pour celui qui est
pourvu de la bonne part, puissions-nous être possesseurs de
ce qui a de bons héros (somas) !
Hémistiche 1. — Cf. 95, 2, liarili... rtasyeyarti oâcam ; 95, 3,
pra manïsà ïrate somam acha.
pàda3. — Cf. 4, 2, sanâ... soma saubhagâ.
pâda 4. — Cf. 8, 22 3, te no dhântu sucîryam.
HYMNE XCVI
1. —prâ sendnîh çiiro âyre ràthdndm | gavyànn eti hârsate
asya sênâ || bhadràn krnvdnn indrahavân sâkhibhya ] â
sômo vâstrd rabhasâni datte
Le héros conducteur de l’armée utilisant la vache (?)
s’avance pour pénétrer dans la pointe des chars ; l’armée de
celui que voici s’agite; le liquide produisant les bruyants
appels (adressés) à P Ardent, (venant) de ses amis (ou, les
appels d’Indra adressés à ses amis), se donne des vêtements
impétueux.
pâda 1. — Cf. 86, 42', agre ahnâm; 86, 12', agre sindhûnam.
pâda 2. — Cf. 87, 7, gâ gavyann abhi çüvo na satvâ.
pâda 3. — Cf. 66, 43, sakha sakhibhya ütaye.
pâda 4. — Cf. 8, 6, â vastrüni ... pari gavyüny acyata.
2. — sam asya hârim hârayo mrjanty \ açvahayair âniçU
tam ndmobhih\\â tisthati rdtham indrasya sdklid | vid-
uâti end sumatim ydty délia
Les dorés, avec son concours, rendent brillant le doré
24
3tO
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
actif (?) de celui que voici, au moyen des nanias qui mettent
en mouvement les chevaux; l’ami de F Ardent se tient
debout sur le char; le sage vient au moyen de celui que voici
à celle qui a la bonne pensée.
pâda 3. — Cf. 86, 16, pro ayâsïd indur indrasya niskrlam
sakhà sakhyuJ).
3. — sd no deva devdtâte pauasvci | rnahô soma psdrasa
indrapânah || krnvânn apô varsdyan dyàm utémâm |
urôr à no varwasyâ punàndh
Toi que voilà, ô Céleste, allume-toi pour notre état de
Célestes; ô liquide, breuvage de F Ardent, (allume-toi) pour
la haute nourriture; produisant les eaux, et arrosant ce ciel
(que voilà), en t’allumant, donne-nous le large (tiré) du
large.
pada 2. — Cf. 2,2' , à uacyasca mahi paarah.
pâda 3. — Berg., I, 218 : « Soma fait pleuvoir le ciel. » — J’en •
tends le rendant humide, pluvieux, — le mouillant.
pàda4. — Cf. 68, 9‘, punâna indur varivo cidat; 84, l3, krdhï no
adya varioah . . . uruksitau.
4. — àjltayé ’hataye pavasva | svastdye saroàtâtaye
brhatê || tâd uçanti viçva imé sdkhâyas | tâd ahdm vaçmi
pavamdna soma
Allume-toi pour la non-défaite, pour la non-destruction,
pour la bonne existence, pour l’intégrité, pour le grand.
Voici ce que désirent tous ces amis, voici ce que je désire,
ô liquide, ô allumé.
pâda. 2. — Le sens de svaslaye est bien déterminé par le syno-
nyme voisin ciliataye.
pâdas 3 et 4. — Cf. 31, 6', indo sakhiioam uçmasi.
5, — sômah pavate janitâ matinàm \ janità dicô janitâ
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
371
prthivyàh 1 1 janitàgnêv janità suryasya | janiténdrasya
janitôtâ visnoh
Le liquide s’allume engendreur des pensées, engendreur
du ciel, engendreur de la large (terre); engendreur du feu,
engendreur du soleil, engendreur de l’Ardent, engendreur
de l’Actif.
Hémistiche 1. — Cf. 61, 16’, pavamâno ajïjanad dioah ... jyotih .
pâda 2. — Cf. 86, 29, train dyâm ca prthioïm cüti jabhrise.
pâda 3. — Très significatif au point de vue de la nature du
soma pavamâna.
6. — brahmci devânàm padavih kavînâm \ rsir viprdndm
mahisô mrgândm || çyenô grdhrânâm süàdhitir vdnd-
ndm j sômah pamtvam âty eti rébhcui
La parole-réconfort des Célestes, celui qui conduit les
pas(?) des sages, le chanteur des agités, le buffle des ani-
maux sauvages, l’aigle des oiseaux de proie, la hache des
bois1, — le liquide s’avance en chantant au delà de l’al-
lumeur.
pâda 2. — Cf. 92, 6% mrgo na mahiso vanesu.
pâda 4. — Cf. 86, 31, pra reblia etij ati vâram acyayam, vvsâ
vanesv ava cahradad dharih.
Toutes ces désignations reposent sur des dédoublements verbaux;
c’est ainsi que rsir viprânâm signifie celui qui, étant chanteur, fait
en même temps partie des (flammes) agitées.
7. — prâvlvipad vdcà ûrmim nâ sindhur \ girah sômah
pavamâno manisâh |] antâh pâçyan vrjdnemâvardny \
â tisthati vrsabhô gôsu jânân
Le liquide qui s’allume a mis en mouvement les voix,,
comme la rivière (met en mouvement) le flot, — (il a mis en
mouvement) les paroles, les pensées. Regardant à l’intérieur
1. D’après Berg, , I, 166, Soma est appelé ainsi enTant qu’identifié à Agni
LE CULTE VÉDIQUE DU SOIVÎA
372
de ces enceintes inférieures, le taureau qui les connait se
tient debout dans les vaches.
Hémistiche 1. — Cf. 50, 1, çusmâsa ïrate sindhor armer ica
scanali.
pàda 4. — Cf. 62, 193, çüro na gosu tisthaii.
8. — sci matsaràh prtsû vanvcinn âudtah | sahdsraretd
abhi vâjam arsa || indrâyendo pâuaindno manîsy | ànçôr
ürmim iraya gâ isanyàn
Toi que voilà, ô liquoreux, luttant (pour la conquête) de
l’oblation dans les combats, non conquis, (toi-même), pourvu
d'une semence au moyen des mille (dons), coule vers le
réconfort; ô brillant qui t’allumes, penseur, mets en mou-
vement pour l’Ardent le tlot de l’éclat en excitant les
vaches.
pàdas 1-3. — Cf. 89, 7, canrann aeâtah... indrâya soma...
pavasca .
pàda 4. — Cf. 62, 4’, asâvy aiiçuii.
9. — pdri priyâh kalâçe deuàvâta \ indi'âya sômo rânyo
mâdâya || sahâsradliârah çatâvâja indur | vdji nd sdptih
sàmand jigdti
Le liquide savoureux, agréable, conquis par les Célestes,
(coule) circulairement dans la coupe pour la boisson (des-
tinée) à T Ardent; le brillant qui a les courants des mille
(dons), qui a les réconforts des cents (dons), qui est pourvu
de réconforts, pareil à un attelage de sept chevaux, va aux
choses qui sont réunies.
pàda 2. — Cf. 11, 81, indrâya soma. .. madâya pari sicyase.
pàda 4. — * Cf. 92, 6% samitir iyânah. — Berg., II, 56 : samanà
jiyâti, « il court à l’hymen ».
10. — set pûrvyô vcisuvij jàyamdno | inpjdnô apsu dudu -
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
373
hànô âdrau || abhiçastipà bhûvanasya râjd | vidâd gdtûm
brahmane püyàmdnah
Celui que voilà, qui est issu de l’ancien (le soma liquide),
qui trouve la richesse, naissant (et) devenant brillant dans
les eaux, trayant (le lait) dans la montagne, — (lui) qui
s’empare de la parole rivale, roi de l’être, — qu’il trouve
le passage, lui qui est allumé, pour la parole-réconfort.
pàda 2. — Berg , II, 31 : « Soma a été trait dans la pierre ou
la montagne. »
pàda 3. — Cf. 86, 36% viçvasya bhûvanasya rdjase.
pàda 4. — Cf. 85, 44, apa urum no gâtum krnu soma.
11. — tvâyâ hi nah pitârah soma purve \ hdrmâni cakruh
pavamdna dhirâh\\vanvdnn âvdtah paridhinr âpornu |
vîrébhir dçvair maghâvd bhavd nah
Par toi, ô liquide, nos pères qui sont en avant (de nous,
c’est-à-dire anciens), eux qui sont forts, ont produit des
oeuvres ; toi, qui sans être conquis désires la conquête, ouvre
les enceintes; au moyen des héros, des chevaux, sois
généreux pour nous, (ou, sois généreux au moyen de nos
héros, etc.).
Hémistiche 1. — Cf. 83, 3, asya mâyayà. . . pitaro garbliam d
dadhuh. — Berg., II, 309 : « C’est par Soma que les pères anciens
ont accompli leurs œuvres. »
pàda 3. — vanvann avdtali. — Cf. vers 8', môme formule. —
purve, — cf. pürvya au vers précédent. — Le rapport des deux
passages montre bien qu’il s’agit ici des pères (liquides) du soma
(igné).
Même pàda. — Cf. 64, 33, vi no raye duro vrdlii.
12. — yâthâpavathd mdnave vayodhd | amitrahâ vari-
vovid dhavismân || evâ pavasva drdvinam dadhâna |
îndre sâm tistha janâyâyudhdni
De la même manière que tu t’es allumé pour l’homme
374
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
(-soma)’, — ô toi qui établis la nourriture, qui détruis
l’ennemi, qui trouves le large, qui es pourvu de la libation,
— de cette manière-là, allume-toi en établissant la richesse;
tiens-toi debout dans l'Ardent et avec lui; engendre(-lui)
des armes.
pâda 2. — Cf. 37, 5’, sa vrtrahâ. . . suto varicocit.
pâda3. — Cf. 78, 5, satyâni krnvan dravinâni.
pâda 4. — Cf. 76, 2’, çüro na dhatla âijudhà gabhastyoli. —
Berg., II, 251 : « Le soma fabrique à Indra ses armes. » — Sans
doute, et combien cette indication est suggestive!
13. — pdvasva soma màdhumâiï rtâvd | -pô vâsdno âdhi
sâno dvye || âva drônàni ghrtàvdnti sida \ madintamo
matsard indrapânah
O liquide, pourvu du doux, pourvu du coulé, allume-toi
en revêtant les eaux, au-dessus, dans la toison de la brebis;
ô très liquoreux, savoureux, toi qui es la boisson de l’Ardent,
descends t’asseoir dans les objets ligneux pourvus de ghrta.
pàdas 2-3. — Cf. 82, 2, ghrtam vasânah pari yâsi nirnijam.
pàdas 1-4. — Cf. 96, 3, pavasva.. . indrapânah. — Berg., II, 23 :
« O Soma, descends dans les baquets pleins de beurre. »
14. — vrstim divdh çatddhârah pavasva | sahasrasâ vd-
jagûr devdvîtau || sdm sindhubhili kalâçe vdvaçdndh |
sdm usriydbhih pratirdn na âyuh
O toi qui as les courants des cent (dons), allume la pluie
du ciel, ô toi qui conquiers les mille (dons), qui es désireux
du réconfort, dans le régal des Célestes, — mugissant dans
la coupe au moyen des rivières et avec elles, faisant émerger
notre vigueur au moyen des rouges (aurores) et avec elles.
pâda 1. — Cf - 65, 24, te no vrstim divah pari pavantâm.
pâda 2. — Cf. 67, 17, asryran devavitaye vüjayantah.
1. Berg., I, 66 : « pour Manu. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 375
Hémistiche 1. — Berg., I, 218 : « Soma est invité à faire couler
la pluie lors du festin des dieux. »
Hémistiche 2. — Cf. 93, 2, sam màtrbhili. . . vâoaçânali. . . sam
gachate kalaça usriyâbhih ; 93, 5\ indo târg âyuli prâtah.
15. — esâ syd sômo matibhih punànô \ ’tyo nâ vaji tàratîd
àrâtih || paya nâ dugdhâm âditer isiràrn | urv ma gàtûh
suyâmo nà vôlhâ
Ce liquide que voilà qui s’allume à l’aide des pensées,
pareil au coursier, pourvu de réconforts, traverse les absences
de dons, pareil au lait actif trait de la non-liée, — pareil à
la marche dans le large, — pareil au porteur (ou, au cheval)
dont la course est facile.
Hémistiche 1. — Cf. 86, 3', algo na hiyâno abhi vâjam arëa;
59, 3, soma. . . viçvüni duritci tara.
pâda 3. — Cf. 74, 32, aditer rtam yate.
urviva gâtuh. — Cf. urugâya,e t 85, 45, arum no gâtum krnu
soma .
pâda 4. — Cf. 81, 2, atyo na colhâ raghuvartanih. — Berg.,
I, 222 : « Soma est comparé à un cheval qui traîne (un char). »
16. — svâyudhüh sotrbhih püyâmâno \ ’bliy àrsa gûhyam
câru nâma || abhi vâjam sàptir iva çravasyâ | -bhi
vàyûm abhi gâ deva soma
Toi qui, ayant de belles armes, es allumé par ceux qui
mettent en mouvement (les oblations), coule (vers) le beau,
vers le signe caché; (coule) comme l’attelage à sept chevaux
vers le réconfort, au moyen de la voix ; (coule) vers le Vent,
vers les vaches, ô Céleste, ô liquide!
pâda 1. — Cf. 87, 21, scâyudhah pavate deçà induh.
pâda 2. — Cf. 87, 3, sa.. . viceda. .. guliyam nâma gonâm. —
Berg., II, 125 : « Soma est prié de faire apparaître la forme
cachée. »
pâda 3. — Cf. 96, 94, indur vàjï na saptih. . . jigâti.
pâda 4. — Cf. 67, 18, te sutâsaJi.. . vâyum asrksata.
376
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
17. — çiçurn jajnânâm haryatâm mrjanti \ çumbhdnti
vâhnim rharâto ganéna | kavir gîrbhih kâvyend kavih
sân 1 sômali pauitram àty eti rébhan
Les Impétueux rendent brillant le petit naissant, le désiré;
ils embellissent le porteur au moyen de leur troupeau1;
le sage se manifestant au moyen des voix, le sage (se mani-
festant) au moyen de ce qui est de la nature du sage, (lui) le
liquide, s’avance en chantant au delà de l’allumeur.
pâda 1. — Cf. 86, 36, çiçurn navam jajnânam ; 33. 53, marmr-
jyante divalr çiçum.
pâda 3. — Cf. 84, 5S, pavate ■ . . raso viprah havili kâvyenâ.
pâda 4. — Cf. vs 64, même formule.
18. — rsimanâ yà rsikrt svarsâh | saliâsranîthah padavîh
kavînâmW trtîyani dhâma mahisàh sisâsan \ sô/no virâ-
jam ânu râjati stûp
Celui qui a la pensée des chanteurs, qui produit les chan-
teurs, qui conquiert le soleil, qui a pour conducteurs les
mille (dons), qui dirige les sages,' — le buffle qui s’attache à
conquérir le troisième établissement, le liquide, le chanteur
resplendit à la suite du resplendissant (ou, le fait resplendir).
Hémistiche 1. — Cf. 96, 6, padavïli havïnàm rsir viprânâm.
pâda 3. — Cf. 74, 6, trtîye santu rajasi.
stup. — Cf. 87, 91, upastut.
19. — camûsdc chyendh çakunô vibhrtvâ | govindûr drapsd
âyudhàni bibhrat || apâm ürmim sdcamànali sam udrdm |
turiyam dhâma mahrsô viuaktr
L’aigle qui réside dans les coupes, l’oiseau qui apporte (le
soma), la goutte qui trouve les vaches (?), la chose qui porte
des armes, — celui qui accompagne le flot des eaux, la mer,
— le buffle, fait retentir le quatrième établissement.
1. Les Maruts forment une troupe.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
377
pâda 1. — Cf. 67, 14, â kalaçesu dhüvati çyenah.
pâda 2. — Cf- 35, 4% vidàna âyudhâ.
pâda 3. — Cf. 74, 5, ançuli sacamâna ürminâ.
turïyam dhâma. — Cf. vs 18% trtïyam dhàma. — Ce quatrième
établissement est purement verbal eu égard aux trois autres : il est
le quatrième nommé, mais identique en réalité à ceux dont il a été
question précédemment1. — Cf. Berg., II, 125.
20. — mûr y o nâ çubhrâs tanvàm mrjânô | ’tyo nà srtvd
sancïye dhànânâm || vrseva yûthâ pari kôçam drsan |
kânikradac camvbr â viveça
Pareil â l’époux éclatant qui rend brillant son corps, —
pareil au coursier qui s’élance pour la conquête des obla-
tions, — coulant pareil au taureau autour du vase (comme
celui-là court) autour du troupeau, — ce qui gronde a pénétré
dans les deux coupes.
pâda 1. — Cf. 70, 8% çucili punânas tanvam arepasam.
pâda 2. — Cf. 92, 1, ratlio na sarji sanaye hiyânah .
pâda 3. — - Cf. 86, 7, pari koçam arsati vrsâ; 76, 5, vrseva
yîitlm pari koçam arsasi; 71, 9% ukseca yûthâ pariyan.
pâda 4. — Cf. 85, 5% kanikradat kalaçe gobhir ajyase; 86, 22,
sïdann indrasya jathare kanikradût.
21. — pdvasvendo pdvamâno mdhobhih | kanikradat pari
vâràny arsa || krüan camvbr â viça püydmdna | indram
te râso madiro mamattu
O brillant, toi qui t’allumes, allume-toi au moyen des
grandeurs (des hautes flammes du soma pavamâna), coule,
ô bruyant, autour des enveloppes; pénètre, ô allumé, dans
les deux coupes en dansant; que ton suc liquoreux arrose
l’ Ardent.
1. Pour une arithmétique analogue, cf. Racine ( Alexandre ) :
Maître de deux états, arbitre des siens mêmes.
Allez avec vos vœux offrir trois diadèmes.
378
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pâdas 2 et 3. — Cf. le vers précédent, hémistiche 2.
pâda 4. — Cf. 86, 10‘, madintamo matsara indriyo rasah;
74, 9, te rasah. . . dhâcati... indrâya... pïtaye.
22. — prâsya dhârà brhatir asrgrann | aktô gôbhih kalà-
çdn â viveça || sâma krnvân sâmanyo vipaçcit | krândann
ety abhi sàkhyur ndjâmim
Les courants élevés de celui que voici se sont avancés
en coulant; oint par les vaches, il a pénétré dans les coupes;
lui qui a l’éclat de l’agité, pourvu du chant, produisant le
chant, il va en résonnant comme vers la sœur de l’ami.
pâda 2. — Cf. 74, 8, kalaçam gobhir aktam.. . â vüjy akramït.
pâda 4. — « La sœur de l’ami » = la libation verbalement dé-
doublée de l’ami liquide du sonia igné. — Cf. Berg., II, 428, note.
23. — apaghndnn esi pavamdna çdtrûn | priyâm nd jdrô
abhiglta induh |l sidan uànesu çakunô nd pàtvd \ sômah
pundndh kalâçesu sdttâ
Tu t’avances, ô allumé, en détruisant les ennemis, pareil
à l’amant, ô brillant, qui va appelé par des chants à celle
qui lui est chère; pareil à l’oiseau muni d’ailes qui se pose
dans les bois, le liquide qui s’allume s’assied dans les coupes.
pâda 1. — - Cf. 85, 2 3,jahi çatrün.
Hémistiche 2. — Cf. 92, 6, punânah kalaçân ayàsît sidan
mygo na mahiso canesu. — Cf. Berg., I, 225.
pâda 2. — Cf. 32, 51 2, yosâ jàram iva priyam; 38, 4', et 56, 3.
24. — à te rucah pcwamdnasga soma | yôseva yanti sudû-
ghdh sudhdrâhW hdrir dnîtah puruvâro apso | àcikradat
kaldçe devayünâm
Tes clartés, ô liquide qui t’allumes, qui ont de beaux laits,
de beaux courants, vont pareilles à la femme (vers l’époux);
le doré qui a les dons des nombreux \ qui a été amené dans
1. A paru, dans un composé comme purucâra, cf. sahasra dans un com-
posé comme sahasradhâra .
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 379
les eaux, a grondé dans la coupe de ceux qui aspirent à
devenir célestes.
pâda 4. — Cf. 75, 3’, dyutânüli kalaçân acikradat.
HYMNE XCVII
1. — asyâ presâ hemânâ pûyâmàno | clevô deuéblnh sdm
aprhta rüsam\\ sutcïh pamtram pâry etirébhan j mitera
sddma paçumânti hôtâ
Allumé par l’excitation qui le pousse en avant de celui
que voici, le Céleste a fait don de (son) suc au moyen des
Célestes et avec eux; le coulé entoure l’allumeur en chan-
tant, — le sacrificateur (l’entoure) comme des demeures
édifiées pourvues de bétail.
déco deoebhih. — Cf. 95 , 23, déco devànâm.
pâda 3. — Cf. 96, 17J, somah pamtram aty eti rebhan.
pâda 4. — Cf. 92, 6, pari sadmeoa paçumânti hotâ rüjâ na
satyah samitïr iyânah. — Berg., I, 186, reconnaît que le hotar
est ici le soma.
2. — bhadrâ vdstrâ samanyâ vdsdno | mahân kavir nivd-
canâni çànsan || â vacyasva camvoh pûyàmâno \ vica-
ksanô jâgrvir devdvîtau
Revêtant des vêtements brillants (ou, bruyants), qui réu-
nissent (les deux formes du soma), (toi) le sage élevé chan-
tant des chants, accours1, — toi qui es allumé, dans les
deux coupes, — (toi) étincelant, éveillé, — dans le régal
des Célestes.
pâda 1. — Cf. 96, 9(, indur vâjï. . . samanâjigâti.
pâda 2. — Cf. 2, 2', à vacyasva malii psarah.
pâda 4. — Cf. 36, 2, sa... soma jâgrvih pavasva devavïr ati.
1. Berg., II, 442, note : « Jaillis. »
380
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
3. — sdm u priyô mrjyate scino dvye \ yaçâstaro yaçâsdm
ksaito asmé || abhi svara dhânvâ pûyâmâno | yûyâm
pâta svastibhih sâdd nah
Voilà que l’agréable est rendu brillant au sommet de la
brebis, (lui qui est) pour nous plus brillant que les brillants,
(lui) l’habitant. O allumé, retentis, cours vers (lui)! O vous,
protégez-nous toujours (?) au moyen des bonnes manifes-
tations !
pâdal. — Cf. 43, 1, mrjyate yobhih.. . haryatah .
pâda 4. — Cf. 90, 6', même formule.
4. — prâ gâyatdbhy àrcdma devân | sômam hinota mahaté
dhànàyci || svâduh pavdte dti vâram dvyam | â siddti
kalâçam devayûr nah
Chantez en vous avançant. Nous, faisons retentir les Cé-
lestes! Mettez en mouvement le liquide pour la grande obla-
tion; le doux s’allume en dépassant la toison de la brebis;
celui qui aspire à devenir céleste vient prendre résidence
dans notre coupe.
Hémistiche 2. — Cf. 56, 1, âçuh pavitre arsati... devayuh ;
6, 1, pacasva devayuh, avyo vâresu.
5. — indur devândm ûpa sakhydm diydn | sahàsradlidrah
pavate inddâya || nrbhih stüvdno dnu dhâma purvam \
dgann indram mahaté saûbhaydya
Le brillant allant vers l’amitié (= la chose amie) des Cé-
lestes, lui qui a les courants des mille (dons), s’allume pour
la boisson; retentissant au moyen des hommes en suivant
l’établissement ancien (le soma liquide), il est allé à l’Ardent
pour le grand, pour la bonne part.
pâda 1. — Cf. 56, 2J, indrasya sakhyam âviçan.
pâda 2. — Cf. 45, 1, sa pavasca madâya.
LE CULTE VEDIQUE DÜ SOIVtA
381
pàda 3. — Berg., III, 239 : « Sonia est loué par les hommes,
selon le dhàman ancien. »
pàda 4. — Cf. 95, 5, indraç ca yat ksayathah saubhagâya.
6. — stotrê rayé hàrir arsd puncïnct | indram màdo gachcita
te bhclrclyaW devair yâhi sardtham râdho dchd ] yüydm
pâtci svastibhih sddâ nah
O doré, coule en t’allumant pour le chanteur, pour la
richesse; que ta boisson aille à l’Ardent pour le soutien
(= pour le soutenir); au moyen des Célestes, viens à celui
qui a un char, (viens) au don. O vous, protégez-nous tou-
jours (?) au moyen des bonnes manifestations !
pàda 2. — Cf. 63, 22, pauasva. . . indram gacliatu te madah. —
Berg., I, 190 : « Va sur le même char que les dieux pour nous
faire ses dons. »
pàda 3. — Cf. 1, 3;!, parsi râdhali.
pàda 4. — Cf. vs 34, même formule.
7. — prd kâvyam uçâneva bruvdnô | deoô deuânàm janimâ
üioakti || rndhivratah çûcibandhuh pclvakdh | padâ va-
rdliô abhy èti rébhan
S’adressant à la chose du sage (soma) comme au moyen du
désireux, le Céleste appelle les générations des Célestes;
celui qui a pour objet de choix le grand, qui a pour lien (ou,
parent) le clair, — l’allumeur, le sanglier, — va vers les
places (les demeures?) en chantant.
pâda 1. — Cf. 87, 3, dhïra uçanâ kàvyena. — Berg., II, 340 :
« Il professe la sagesse comme Uçanâ. »
pâda 2. — Cf. 95, 2, déco deoânâm guhyâni nâmâviskrnoti
barhisi pravâce. — Berg., 1, 186 : « Il proclame les dieux. »
pàda 3. — Cf. 24 , 63, çucili pâvakali.
pàda 4. — Cf. 96, 61, somah pavitram aly eti reblian.
8. — prd hansdsah tppûdam manyûm dchd | -mdd dstam
382
LE Ct) LTE VÉDIQUE DU SOMA
vrsagand aydsuh [| dngüsyàm pdvamdnam sâkhâyo |
durmârsam sâkâm prd vadanti vânâm
Les cygnes sont venus d’ici près vers celui qui rassasie,
(vers) Tardent (ou, le penseur); les troupes de taureaux (sont
venues) à la demeure; les amis font retentir le bruyant,
l’allumé; (ils font retentir) léchant, le non-oublié, le com-
pagnon.
prsagat'iâli. — Cf. 66, 26% marudgcaiah.
Hémistiche 2. — Cf. 90, 2% ângüsânâm avâvaçanta vânïh .
9. — sa ranliata urugâycisya jütim \ vrtliâ krüantam mi-
mate iià gâvah || parlnasâm krnute tigmâçrngo | dwü
hcirir dàdrçe nâktam rjrâh
Celui que voilà a couru (vers) la précipitation de celui
qui va au large1. Pareilles aux vaches, (elles) ont produit
celui qui danse au moyen de ce qui croit. Celui qui a les
cornes pointues produit l’abondance; le doré, le rouge, a vu
la nuit au moyen du jour.
pâda 2. — Cf. 21, 3% vrtliâ krïlanta indavah; 33, 4% gâco
mimanti dhenavah. — Berg., II, 49: « Les mères qui font (le
Soma). »
pâda 3. — Cf. 87, 7% tigme çiçâno mahiso na çrnge.
rjrah. — Berg., III, 5-6, croit pouvoir affirmer, d'après ce pas-
sage, qu’il s'agit d’une couleur sombre. — Il faut entendre que le
soma rouge ou allumé a vu le soma obscur comparé à la nuit à
l’aide de sa propre clarté comparée au jour.
10. — indur vàji pavate gônyoghâ | indre sômah sâha
invan màdâya\\ hânti râkso bâdhate pâry ârâtir | vàri-
vali krnvdn vrjdnasya râjà
Le brillant pourvu de réconforts, qui trouve son plaisir
(ou, sa résidence) dans les vaches, s’allume; le liquide qui
s’agite avec lui (pour pénétrer) dans l’Ardent pour la boisson
1. üerg., II, 417, rend urugàya par la formule : « Voyageant au loiu.
le culte védique du soma
383
(s’allume); il détruit le gardien, il frappe (tout) autour (de
lui) les absences de dons en faisant le large, lui le roi de
l’enceinte \
pàda2. — Cf. 96, 12, indre samtistlia.
pâda 3. — Sur arâti, cf. 79, 1 et 3.
pâda 4. — Cf. 84, l3, krdhï no adyavarivali.
11. — àdha dhârayà mâdhvâ prcànâs \ tirô rôma pavate
âdridugdhah || indur indrasya sakhyâm jusànô | devô
devâsya matsarô môdcïya
Voilà que, remplissant2 à l’aide du courant du doux, celui
qui est trait dans la montagne s’allume en traversant le
poil, — (lui) le brillant qui goûte (ou, fait goûter) la chose
amie de l’Ardent, le céleste liquoreux (destiné) à la boisson
du Céleste.
pâda 1. — Cf. 1, 1, svâdisthayâ. .. pavasva.. . dhârayà.
pâdas 2 et 3. — Cf. 62, 8, so arsendrâya pïtaye tiro româny
avyayâ.
12. — ablii priyàni pavate puncinô | devô devân svéna rà-
sena prncân II indur dhürmàny rtuthâ vdsâno ( dciça
ksipo avyata sâtio âuye
Celui qui s’allume allume en s’en approchant les choses
qui lui sont chères, — en remplissant les Célestes avec son
suc. Le brillant revêtant les supports au moment oppor-
tun (?) enveloppe les dix flèches (ou, doigts) (qui sont) au
sommet de la brebis,
pâda 1. — Cf. 75,1 , abhi priyàni pacate.
pâda 3. — Cf. 7, 1, asrgram indaoah. . . dliarmann rtasya.
pâda 4. — Cf. 8, 6, hardi , pari gavyâny avyata.
13. — orsâ çôno abhikânikradad y à | nadâyann eti prthi -=
1. Berg., 1, 187 : « Le roi de la demeure. »
2. Ceux' à qui il est destiné, — les dieux ; cf. le vers suivant, pâda 2 .
384
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
vim utd dyâm || indrasyeva vaynûr à grava âjaû | pra-
cetdyann arsati vâcam etnâm
Le taureau rouge a mugi vers les vaches, il marche en
faisant retentir la large (terre) et le ciel; pareil à la voix de
l’Ardent, il est entendu en s’avançant dans le combat (= ce
qui combat pour conquérir l’oblation), — il coule en faisant
briller cette voix (que voilà).
pàda 1. — Cf. 82, 1, vrsâ... abhi gà acikradat. — D’après
Berg., II, 57, il ne s’agirait pas ici du soma terrestre,
pàda 3. — Cf. 30, 2', iyarti vagnum indrigam.
pàda 4. — Cf. 12, 6, pra vâcam indur isyati.
14. — rasciyyah pàyasâ pinvamàna | ïrdyann esi nxàidhu-
mantam ançwn [| pâvamânah samtanim esi krnvânn \
indrâya soma parisicyâmànah
O toi qui es succulent, toi qui grossis au moyen du lait,
tu marches en mettant en mouvement l’éclat pourvu de
doux; toi qui t’allumes, tu te meus en produisant le concert
(des voix des oblations), ô liquide versé circulairement pour
l’Ardent.
pàda 1. — Cf. 68, 3!, pagasâ pinoat.
pàda 2. — Cf. 72, 6’, ançum duhanti.
pàda 3. — Cf. 96, 22, sàma krnvun sânianyo vipaçcit krandan.
15. — evci pavasva madirô màdâyo- | dayrâbhàsya na-
mdyan vadhasnaih || pari vârnam bhdrajndno rûgan-
tam | yavyûr no arsa pari siktâh
Allume-toi ainsi, ô liquoreux, pour la boisson en cour-
bant (l’ennemi?) au moyen des armes de celui qui s’empare
de l’humide; supportant circulairement la couleur brillante,
désireux de vaches, coule pour nous, toi qui es versé alen-
tour (de cette couleur).
pàda 1. — Cf. 96, 12', evâ pavasva.
pàda 2. — Cf. 16, 5, pra tcâ namobhir indavali . . . asrksata.
Le culte védique du soma
385
pàda 3. — Berg., I, 162 : « (Le soma-soleil) porte circulairement
sa couleur brillante. »
pâda 4. — Cf. vs 14', parisicyamânah.
16. — jus toi na inclo supâthâ sugâny | uraû pcwasva vâri-
vcïiïsi krnvân\\ ghanéua visuag duvitâni vighnânn | cidhi
snûncï dhanoa sâno c'œye
O brillant, ayant goûté nos bons chemins à la marche
facile, allume-toi en produisant les espaces dans le large;
détruisant de toute part les mauvaises allures comme avec
un instrument de destruction1, coule au moyen du sommet
(la pointe de la flamme) au-dessus., dans le sommet de la
brebis.
pâda 1. — Cf. 86, 26, viçoâni krnvan supathâni ijajyave.
pâda 2. — Cf. v3 10, induit... patate... varicah krnvan; 94, 52,
uru jyotili krnuhi.
pâda 3. — Cf. 90, 6, viçvâ ghaniglinad duritci pavasva.
17. — vrsUrri no arsa divyâm jigatnûm \ Üaoatim çam-
gàylm jirâdânum\\ stûkeva vltâ dhanvâ vicinuân | bdn-
dhûnr imân avançai inclo vâyun
Coule pour nous la pluie céleste, active, pourvue de liba-
tions, demeure du bon, aux gouttes rapides; ô brillant, coule
ces régals pareils à des houppes (de cheveux) détachant ces
liens (?), (ces) Vents d’en bas.
pâda 1. — Cf. 89, 1, dioo na orstili pavamâno akëah.
18. — granthim net vi syci grathitâm punclnct [ muni ca
gdtûm vrjinâm ca somci\\ cityo nâ krado hdrir à srjàtiô |
mclryo deva dharwa pastyâvcïn
O allumé, délie le noué comme (on délie) un nœud; ô li-
quide, (délie) la marche droite et la courbe! Pareil à un
1. Traduction très hasardeuse de g hanâ considéré comme l’instrumental
sing. peu régulier de ghan — han .
386
LE CULTE tÉDIQUE DU SOMA
coursier, tu as grondé, ô doré, en t’élançant vers (l’oblation) ;
ô Céleste, toi qui es (comme) un époux pourvu de domicile,
cours.
Hémistiche 1. — Berg., III, 185 : « Soma dénoue, c’est-à-dire
distingue la voie droite de la voie tortueuse. » — En réalité, simple
intention d’antithèse : Soma délie et met en marche tout ce qui est
censé lié, le droit (soma actif] et le courbe (soma inerte),
pâda 3. — Cf. 69, 33, harir akrân.
pâda 4. — Cf. 93, 2', maryo na; 65, 23!, ye madhye pastyànâm.
19. — jüsto mâdâya devdtàta indo J pari snûnâ dhanva
sâno dvye || sahdsradhârah surabhir âdabdhah | pari
sraua vâjasàtau nrsdhye
O brillant, toi qui es goûté pour la boisson, pour l’état de
Céleste, coule circulairement au moyen du sommet (pour
venir) dans le sommet de la brebis; toi qui as les courants
des mille (dons), (toi) bien savoureux, toi qui n’es pas op-
primé, coule circulairement dans la conquête (= ce qui
conquiert) du réconfort, dans la domination des hommes
(-somas).
pàda 1. — Cf. 96, 3’, sa no deçà decatüte pacasva; 13, 8',justa
indrâya.
pàda 2. — Cf. v3 16*, même formule, sauf adhi au lieu de pan,
en tête.
pàda 4. — Cf. 13, 4'. vâjasâlaye pacasva.
20. — araçmàno yè ’rathà dyuktd | dtydso nd sasrjdnasa
âjaû || été çukrâso dhanvanti soma | dévâsas tan ûpa
yâtâ pibadhyai
Les liquides qui, pareils aux coursiers, s’élançant dans la
lutte sans bride, sans chars, non attelés, — ceux-là (que
voilà) étincelants courent. O Célestes, venez à eux pour
boire!
pàda 2. — Cf. 91, 1', asarji. .. rathye yathâjau .
pàda 3. — Cf. 64, 28b somâli çukrâh.
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
387
21. — evâ nci indo ahhi devdmtim | pari sraua ndbho àrnaç
camusu |1 sômo asmâbhyam kâmyam brhântam \ rayim
dadâtu mrâvantam ugrâm
O brillant, coule ainsi circulairement vers notre régal des
célestes, (vers) le nuage, (vers) le flot (pour venir) dans
les coupes; que le liquide nous donne la richesse désirable,
puissante, pourvue de héros, forte.
pâda 1. — Cf. 89, 7, abhi deoavïtim... soma.. . pavasva.
pâda 2. — Cf. 86, 34’, pavamctna mcduj arno vi dhâoasi. —
Berg., II, 41 : « Soma fait couler le nuage, la mer (céleste). »
Hémistiche 2. — Cf. 61, 6, sa nah punâna â bliara rayim vïra -
valïm isam.
22. — tciksad yâdi mânaso vénato vciy | jyésthasya vd
dhdrmani ksôr ânlke\\âd un àyan vdram â vâuaçânà \
justain pâtiin kaldçe gâva indum
Lorsque la voix de la pensée, (la voix) du désireux a
fabriqué (l’édifice igné)1 dans le soutien du très fort (ou,
de l’ainé)2, dans la pointe de la nourriture, — les vaches
issues de celui-ci sont venues en mugissant au choisi, au
maître savouré, au brillant, dans la coupe.
pâda 2. — Cf. 7, 1, dharmann rtasya.
23. — prd dânudô divyô ddnupinuâ | rtdm rtàya pauate
sumedhâh || dharmâ bhuvad vrjanyàsya râjd \ prd raç-
mibhir daçdbhir bhâri bhuma
Celui qui donne l’humide, le Céleste qui grossit au moyen
de l’humide, qui a les bonnes pensées, allume en s’avançant
le coulé pour le coulé; le soutien, le roi de ce qui est dans
l’enceinte s’est manifesté; la terre(-libation) a été portée en
avant par les dix rênes3.
1. Berg., II, 26 : « La parole cbirpeute le soma. »
2. Cf. Berg., I, 181.
3. Ou, « il a été porté vers la terre parles dix rênes ».
388
LE CULTE VÉDIQUE DE SOMA
pâda 2. — Cf. 17, 8, cârur rtâya ■ — Berg-, III, 238: « llobserve
en coulant le rta pour le rta, c’est-à-dire pour que la loi s’accom-
plisse. »
pâda 3. — Cf. 97, 10', crjanasya râjâ.
24. — pamtrebliih pàvamdno nrcâksâ \ râjâ deoândm utà
mârtyânàm || dcitâ bhuuad ray i pâti raylnàm \ rtàm
bharat sûbhrtam cârv induh
Celui qui s’allume au moyen des allumeurs, celui qui tire
son éclat des hommes, le roi des Célestes et des morts, — le
riche maître des richesses, s’est manifesté doublement (?)
(allusion au double soma et à sa double naissance) ; le brillant
a porté le coulé, le bien porté ’, le beau.
dcitâ. — Cf. 94, 2'.
25. — àroân iua çrdvase sâtim âchê \ -ndrasya vdyôv ctb/ti
vitini arsa j| sâ nah sahdsrd brhatir iso dd | bhdvd soma
dravinoüit pundnâh
Pareil à un coursier, coule vers la conquête pour la voix,
(coule) vers le régal de l’Ardent, du Vent; toi que voilà,
donne-nous des milliers de puissantes libations, toi qui
trouves la richesse, ô liquide, manifeste-toi en t’allumant!
Hémistiche 1. — Cf. 65, 20, indrâya vâyace... sorno arsati.
Hémistiche 2. — Cf. 3, 10 ,jana.yann isah... parafe sutaJi.
26. — deüàvy'o nah parièicyàmdndh \ ksâyam suoiram
dhanvantu sômà/i || dyajydvah sumatim vtçaâvdrd |
hôtdro nâ diviycijo mandrâtamâh
Que les liquides qui régalent les Célestes, versés circu-
lairement, coulent pour nous (vers) la demeure pourvue de
bons mâles; que ceux qui ont le désir de verser l’oblation,
qui ont tous les objets désirés, qui, pareils aux sacrificateurs.
1. Berg., III, 238: « Bien porté, bien observé. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
389
font des oblations au ciel, (qu’eux) les très savoureux (cou-
lent vers) celle qui a la bonne pensée.
pàda 2. — Cf. G8, 10, deçà dhatta rayim asme suoïram.
27. — evâ dcvci deodtâte pavas va \ malié soma psdrase
deuapânah\\ mahdç cid dhi smdsi hitâh samarwé | krdhi
susthâné rôdasi pundnàh
De cette manière, ô Céleste, allume-toi pour 1 état de Cé-
leste; ô liquide, boisson des Célestes, (allume-toi) pour la
haute nourriture; tout grands que nous sommes, nous sommes
établis (ou, mis en mouvement) dans ce qui est avec le mari ;
en t’allumant, produis les deux brillantes qui se tiennent
bien debout.
Hémistiche 1. — Cf. 96, 3'-2, mêmes formules, sauf en tête sa
nah au lieu de ecâ, et à la fin, indrapânah au lieu de decapânah.
pàda 3. — Cf. 85, 2', asmân samarye pacamâna codaya.
pâda 4. — - Berg., Il, 22: Soma fait tenir en place les deux
mondes. »
28. — dçvo nô hrado vrsabhir yujânâh | sinh'o nd bhîmô
mdnaso jâvUjân H arvâcinaih pathibhir yé rdjistliâ | â
pavasva saumanasàm na indo
T’attelant au moyen des taureaux, tu as henni comme un
cheval, (toi qui), pareil à un lion terrible, es plus rapide que
la pensée; ô brillant, au moyen des chemins qui viennent
ici (?), — des plus directs, — allume-nous, en t’approchant,
ce qui est de la nature de la bonne pensée.
pâda 1. — Cf. 97, 18, atyo na hrado liarir à srjânah... dhanva.
pâda 2. — Cf. 86, 1, dlnjavo madâ avsanti.
29. — çatdra dhdrà deüâjdtâ asryran | sahdsram end/i
kavdyo mrjanti || indo sanitram diva â pavasva \ pu-
raetâsi mahatô dhdnasya
Cent courants issus des Célestes ont coulé; les mille sages
390
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
les rendent brillants; ô brillant, allume en t’en approchant
ce qui conquiert le ciel; tu es l’introducteur de la haute
oblation.
devajâtâ. — Cf. 67, 27, punantu marri decajanâh.
pâda 3. — Cf. 4, 2, sanà jyotili sanâ svah.
pâda 4. — Cf. 87, 3\ puraetà janânclm.
30. — divô nâ scïrgd asasrgram âhndm \ râjd nâ mitrâm
prâ minâti dhirah || pitûr nâ putrâh krdtubhir yatdnâ \
â pavasva viçé asyâ àjltim
Les émissions des jours, pareilles à celles du ciel, ont
coulé; le roi, le fort, ne diminue pas son ami; ô toi qui l’at-
telles comme le fils au moyen des productions du père, al-
lume en t'approchant d’elle la non défaite1 pour la demeure
que voici.
pâda 1. — Cf. 66, 10 , pavamânasya . . . sargâ asrksata.
pâda 2. — Cf. 61, 272, na... ditsantam à minan.
Hémistiche 1. — Berg., III, 118 : « Du ciel se sont en quelque
sorte épanchés les torrents des jours; le sage roi (Sonia) ne viole
pas (les lois de) Mitra. »
pâda 4. — Cf. 96, 4', ajltaye 'hataye pavasva.
31. — prâ te dhcirâ mâdhumatlr asrgran \ vârdn yât pûtô
atyésy âuydn || pâœcundna pâvase dhâma gônàm |
jajnânâh sùryam cipinvo arkaih
Tes courants pourvus du doux ont coulé en avant, alors
que, allumé, tu dépasses (les toisons des) brebis; ô allumé,
tu allumes l’édifice des vaches*; en l’engendrant, tu as grossi
le soleil au moyen de (tes) rayons.
pâda 3. — Cf. 69, 6', pavate dhâma.
pâda 4. — Cf. 86, 143, svar jajnânah. — Berg., I, 215 : « Soma
en naissant a orné le soleil d’une multitude de rayons. »
1. Ce qui n’a pas subi la conquête, ce qui n'est pas retenu.
2. Berg.. III, 212, note: « L’esseuce ou la race des vaches.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
391
32. — kânikradad ânu pànthâm rtâsya ] çukrô v i bhâsy
amrtasya dhârna || sâ indrâya pavase matsaravân hin~
vânô vâcain matibhih kavînâm
(Toi qui es) ce qui gronde, en suivant la voie du coulé,
ô étincelant, tu éclaires l’édifice du non-mort; toi que voilà,
pourvu de boisson, tu t’allumes pour l’Ardent en mettant
en mouvement la voix au moyen des pensées des sages
(-somas).
pàda 1. — Cf. 85, 51, kanikradat . . . ajyase, etc.
pàda2. — Cf. au vers précédent, pàda 3, dharna gonâm.
pàda 4. — Cf. 12, 6', pra oâcam indur isyati; 73, 7, vàcam
punanti kavayah .
33. — divyâh suparnô ’va caksi soma \ pinvan dhârâli
kdrmanâ devàvîtau || éndo viça kalàçam somadhânam |
krândann ilii süryasyôpa raçmim
O liquide, oiseau céleste, tu regardes d’en haut les courants
en (les) grossissant au moyen de l’œuvre dans le régal des
Célestes; ô brillant, viens pénétrer la coupe, le récipient du
liquide; viens en grondant (vers) la bride (ou, le rayon) du
soleil.
pàda 1. — Cf. 86, 241, suparnah. . . divali; 38, 5, raso 'oa caste
dicah çiçuh. — Berg., I, 225 : « L’oiseau divin qui regarde d’en
haut la terre, est le soma-soleil. »
pàda 2. — Cf. 75, 44, madhor dhürâ pinvamânâh.
pàda 3. — Cf. 70, 9, indrasya hardi somâdhanam â viça (in-
drasya liârdi = kalaçam).
34. — tisrô vâca irayati prâ va finir \ rtâsya dhïtim
brâhmano manlsâm || yâvo yanti gôpatim prchâmânâh |
sômam yanti matdyo vàvaçànâh
Le porteur met en mouvement, en avant, les trois voix,
la pensée du coulé, la pensée de la prière-réconfort; les
392
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
vaches vont au maître des vaches en l’interrogeant; les
pensées vont au liquide en mugissant.
pàda 1. — Cf. 33, 4 (et 5, 8), tisro vâca ud ïrate gâoali. —
Berg., II, 28 : « Soma excite les trois voix. »
35. — sômam, gâvo dkenàoo vâoaçdnàh | sômam, viprâ
matibhih prchàmânâh || sômah sutâh püyate ajyâmâ-
nah ] sûme arkâs tristûbhah sam navante
Les vaches, les laitières (vont) au liquide en mugissant;
les agités (vont) au liquide en l’interrogeant au moyen des
pensées; le liquide versé est allumé en étant oint; dans le
liquide, les clartés aux trois voix retentissent avec (lui).
Hémistiche 1. — Cf. le vers précédent, hémistiche 2.
pàda 4. — Cf. le vers précédent, pâda 1.
30. — eoâ nah soma parisicyâmâna | â pavasva püyâmâ-
nah svasti || îndram à viça brhatâ ravena \ vardhâyâ
vâcam janâyâ pûramdhim
De cette manière, ô notre liquide versé circulairement,
allume-toi, toi qui es allumé; allume en t’en approchant
ce qui est bien existant; pénètre l’ Ardent avec le son puis-
sant; accrois la voix, engendre celle qui établit l’abondance.
Hémistiche 1. — Cf. 75, 5', dhanvâ svastaye; 90, 4', paoasva
svastaye.
pâda 4. — Cf. 40, 5:1, vardhayâ girah.
37_ — â jâgroir vipra rtâ matinâm \ sômah punânô asa-
dac camusu || sàpanti yâm mithunàso nikâmâ | adliva-
rydvo rathirâsah suhâstâh
L’éveillé, l’excité, — les coulés des pensées, — le liquide
qui s’allume, a pris résidence dans les coupes; les accouplés
désireux, les sacrificateurs munis de chars, aux belles mains
le suivent.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
393
pâda 1. — - Cf. 44, 3% at/am. .. jâgrvili suta eti pavitra â.
pàda 2. - — Cf. 92, 2\ sïdan... sadane camüsüpem agmann
rsayah sapta viprâli.
Hémistiche 2. — Berg., I, 210, émet l’hypothèse que l’expression
mithunâsali- . . adharyavaJi désigne peut-être les hommes et les dieux.
Il ajoute que « les sacrificateurs ainsi désignés honorent Sonia j).
38. — sd punânâ ûpa sûre nâ dhàtô \ -bhé aprcï rôdasl vi
sa û o ah Wpriijà cid ydsya priyasâsa ütî \ sd tu dhcinam
kârine nâ prd yansat
Celui que voilà en s’allumant, pareil à qui édifie dans le
soleil, a rempli les deux brillantes, — il les a ouvertes;
celui de qui les conquérants de choses chères conquièrent
pourtant1 les choses chères au moyen du régal, celui-là étend
l’oblation comme pour le chanteur.
pâda 1. • — Cf. 4, 5, tvarn sürye na â bliaja. — Berg., I, 201 :
« Soma paraît... placé dans le soleil, en qualité de créateur. »
pâda 2. — Cf. 41, 52, â mahï rodasï prna; 74, 2, seme main
rodasï yaksad cmvtâ samïcïne.
39. — sd vardhitâ vdrdhanah pûydmànah | sômo mldhvàiï
abld no j y ôtisàvlt || yéncl nah pùrve pitdrah padajnàli ]
svaroido ablii gâ ddrim usndn
Celui que voilà augmentateur, s’augmentant, s’allumant,
(lui) le liquide, l’humide, nous a régalés en s’approchant
au moyen de la lumière, — lui par qui nos pères, les anciens,
qui connaissent les places (de l’oblation), qui ont trouvé le
soleil, ont allumé en s’en approchant les vaches, la mon-
tagne.
pàda 2. — Cf. 74, 72, somo mïdhvân.
pâda 3. — Cf. 96, 11, nali pitarah. .. pürve.
pâda 4. — Cf. 21, 1, somâli... svaroidali; 91, 6', punüno apali
svai ' ga.li. — Berg., II, 309 : « Soma fait sortir les vaches de la
montagne en la brûlant. »
1. Les ayant déjà conquises, ils ne devraient plus avoir à Jes conquérir.
394
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
40. — âkràn samudrdh prathamé vidharman \ j an dp an
prajà bhûuanasya râjà || vrsâ pavitre àdhi sâno âvye |
brhât sômo vâurdhe suvânà induh
L’océan a mugi dans le support qui est en avant, en en-
gendrant les créatures, (lui) le roi de l’être (ou du monde);
le taureau (qui est) dans l’allumeur, en haut, dans le sommet
de la brebis, le liquide., le brillant qui coule a développé le
puissant.
pâda 1. — Cf. 64, 9, câcam isyasi pacamâna vidliarmani, altran
demi/. — Berg., I, 291, note : (( La mer a mugi lors de la première
organisation (du monde). »
pâda 2. — Cf. 96, 103, bhuvanast/a râjà.
pâda 4. — Cf. 66, 24, pavamünah . . . brhat. . . ajîjanat.
41. — malidt tàt sômo mahisàh cakârâ | -para yâd gdrbhô
’vrnîta devan || àdadhâd indre pâvamâna ôjô | ’janayat
sûrye jyôtir induh
Le liquide, le buffle a produit cette (chose) élevée, alors
que le fœtus des eaux a choisi les Célestes; l’allumé a établi
la force dans l’Ardent; le brillant a engendré la lumière
dans le soleil.
pâda 1. — Cf. le vers précédent, pâda 4.
pâda 2. — Berg., III, 147, note : « Sonia achoisi les dieux, s’est
déclaré pour eux. » — Pour moi, j’entends qu'il se les est attachés,
qu’il s’est uni à eux.
pâda 3. — Cf. 96, 12, draninam dadhâna indre.
pâda 4. — Cf. vs 381, sa punâna upa sure na dhâtâ.
42. — mdisi vdyûm istdye ràdliase ca \ mdtsi mrtrâuârund
pûyâmânah || mdtsi çârdo mârutam mdtsi devan | mdtsi
dyâvâprthiüt deva soma
Arrose le Vent pour l’oblation et pour le don; arrose l’Ami
et l’Enveloppeur en t’allumant; arrose la vigueur impé-
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
395
tueuse, arrose les Célestes; arrose le ciel et la terre, ô Cé-
leste, ô liquide!
pàda 3. — Cf. 94, 52, matsi deoân.
43. — rjûh pavasua vrjindsya liantâ | -pâmîvâm bâdha-
mâno mrdhaç ca || abhiçrïnân pdyah pdyasàbhi gônâm \
indrasyci tvdin tdva uaydm sâkhâyah
Dressé, allume-toi, ô destructeur du courbe en écartant
l’oppression1 et les ennemis; faisant cuire (ou, allumant) le
lait à l’aide du lait des vaches et en t’en approchant, tu ès
l’ami de l’Ardent, — nous sommes les tiens.
pâda 1. — Cf. 97, 182 punàna rjum ca gâtum vrjinam ca soma.
— Berg., III, 173 : « Soma détruit ce qui est tortueux. »
pâda 2. — Cf. 85, 1, soma... apâmïoâ bhaoatu; 85, 24, ava
no mrdhojalii.
pâda 3. — Cf. 86, 174, dhenavah payasem açiçrayuli.
44. — mâdhvah sûdam pavasua vcisua ûtsam | virdm ca
na â pavasua bhàgam ca || suâdasuêndrâya pdvamdnci
indo | rayiin ca na â pavasua samudrât
Allume la liqueur (savoureuse) du doux, la source du
bon; viens nous allumer le héros et le participant; ô bril-
lant, ô allumé, savoure pour l’ Ardent et viens allumer notre
richesse (issue) de la mer.
Hémistiche 1. — Cf. 7, 8, â mitrâvarunà bliagam madhvah
pavante.
pâda 3, — Cf. 74, 9(, soadasvendrâga pavamâna pïtaye.
pâda 4. — Cf. 29, 6, rayim. . . pavasoa.
45. — sômah sutô dhârayâtyo nd hituâ | sindhur nâ nim-
nàm abliî vâjy àksdh || â yonùn vdnycun asadat punâ-
ndh | scim indur gôbhir asarat sdm adbhih
Le liquide versé par le courant après s’être élancé, pareil
1. Berg., I, 132: « Les maladies. »
390
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
à un coursier, pareil à une rivière, a coulé pourvu de récon-
forts vers ce qui est au-dessous (ou incliné); en s’allumant,
il est venu résider dans la matrice faite de bois; le brillant
a coulé au moyen des vaches et en même temps qu’elles, au
moyen des eaux et en même temps qu’elles.
pâda 2. — Cf. 17, 1, pra nimneneva sindhacah... somâ asrgram.
— Berg., I, 154 : « Sonia coule comme une rivière suivant sa
pente. »
pâda 3. — Cf. 89, 1, asadat... upastlie caria à ca soma/j.
pâda 4. — Cf. 91, 2', marmrjâno ’cbhir gobhir adbhih.
4G. — esd syct te pcwatci indra sômaç | camàsu dhira uçaté
tàuasvân H suàrcaksâ rathirdh satydçusmah \ kâmo nâ
])(’> deoayatâm âsarji
Ton liquide que voilà, ô Ardent, s’allume dans les coupes,
(lui qui est) ferme, fort, (destiné) au désireux, — lui qui,
ayant l’éclat du soleil, pourvu de char, vigoureux au moyen
de la manifestation, a été émis pareil au désir de ceux qui
deviennent célestes.
pâda 3. — Cf. 76, 2!, scah sisâsan rathirali.
pâda 4. — Cf. 8, 1, ete somâli... indrasga kâmam aksaran. —
Cf. aussi l’épithète védique decakâma appliquée en différents pas-
sages au soma.
47. — esd pratnéna vdyasâ pundnds \ tirô vârpânsi duhi-
tur dâdhânah |j | dsânah çârma tvivarütliam apsû | hôte-
v a yâti sâmanesu rébhan
Celui que voilà s’allumant au moyen de l’ancien, — de
la nourriture, — s’établissant en laissant de côté les formes
brillantes de (sa) lille, revêtant dans les eaux l’entourage
aux trois enveloppes, — se met en marche, pareil au sacri-
ficateur, en chantant dans les (éléments du sacrifice) réunis.
pâda 1. - Berg., II, 112 : « Soma cache les formes de sa fille. »
le cüLte Védique du soma
397
pâda 3. — Berg., I, 179 : « Il se revêt (Tune triple protection
dans les eaux. »
pâda 4. — Cf. 96 , 64, pavitram atg eti reblian.
48. — nu nas tvc'nn rathirô cleva soma \ pari s/‘ava camv'oh
püyâmdnah || apsâ svâdistho mâdhumân rtâvd \ deoô nâ
y ah savitâ satyâmanmâ
O céleste, ô liquide, venant de nous, toi qui es pourvu
d’un char, circule, allumé, dans les deux coupes, — toi qui,
très savoureux dans les eaux, pourvu du doux, pourvu du
versé1, es pareil au Céleste, qui met en mouvement (le
liquide) et qui est la pensée de ce qui vient du manifesté.
pâda 2. — Cf. 97, 2, â vact/asva camcoh püyamânah.
pâda. 3. — Cf. 96, 13', pavasca soma mâdhumân rtàoâ.
49. — abhi vâyûm vît y àrsâ yrndn'o \ ’bhi mitrâvàrund
püyâmdnah || abhi nâram dhîjüvanam rathestliàm |
abhindram vrsanam vàjrabdhum
Coule en chantant vers le Vent au moyen du régal, vers
l’Ami et l’Enveloppeur, ô allumé, — vers rhomme(-soma)
agile au moyen de la pensée, qui se tient debout sur un char,
— vers l’Ardent, — (vers) le taureau, — dont le bras est
armé du vajrci.
pâda 1. — - Cf. 9, 2% vïty arsa; 97, 42', matsi vâyum.
pâda 2. — Cf. 88, 3’, dhïjavano ’si soma.
50. — abhi vàstrd suuasanâny arsd ] -bhi dhenüh sudâ-
ghdh pûydmdnah [| abhi candrâ bliârtaue no hiranyd - |
bhy âçvdn rathino deua soma
Coule vers les vêtements, (vers) les bonnes enveloppes, —
vers les laitières au bon lait, ô allumé, — vers nos choses
brillantes (qui sont) d’or, pour (les) soutenir, — vers les
chevaux pourvus de chars, ô Céleste, ô liquide.
padâ 3. — Cf. 66 , 252, hareç candrâ aspksata.
1. Berg., III, 237: Fidèle à la loi. »
398
LE CELTE VÉDIQUE DU SOMA
51. — abhi no arèa divyà vdsûmj | abhi viçvà pàrthivâ
pûydimdnah j| abhi y cna drâvinam açncivàmâ \ -bhy
àrseyâm jamadagniuàn nah
Coule vers nos richesses célestes, — vers toutes les choses
qui proviennent de la terre, ô allumé, — toi par qui puis-
sions-nous en nous en approchant obtenir la richesse, —
ce qui est de la nature du chanteur, ce qui est doué du feu
de l’arrivant (?).
Hémistiche 1. — Cf. 14, 8, pari dicgâni marmrçad ciçcâni
soma pàrthivâ.
pada 4. — Cf. 62, 24’, grnâno jamadagninà.
52. — ayâ pava pauasvainâ vâsüni | mânçcatvà indo sdrasi
prà dhanva || bradhndç cid dira vâto nd jûtâh | puru-
médhaç cit takave ndrain dût
Au moyen de cette lumière, allume les biens, ô brillant,
coule en t’avançant dans la mer, dans le matin (?); en ceci
est le rouge quoiqu’il soit agité comme le Vent1; que celui
qui a la pensée à l’aide des nombreux (somas) donne pour-
tant2 l’homme (soma) au rapide.
pâda 1. — Cf. 67, 22, pavaniànah. . . pavilrena. .. punâtu.
pâda 4. — Cf. vs 49* , abhi naram dhljavanam.
53. — utd na enà pavayà pavasvà | -dhi çrutê çravàyya-
sya tlrthê || sastim sahàsrâ nciiyutô vdsüni | vrksâm nd
pcdwdm dhünavad ràndya
Au moyen de cette lumière, allume-nous en haut, dans la
traversée bruyante de la voix. Qu'il mette en mouvement
pour la jouissance les soixante mille biens de l’ennemi,
comme un arbre cuit (livré aux flammes).
1. Sa nature fie bradhna ne parait pas impliquer qu'il soit rapide comme
le vent; il l’est pourtant l’un et l'autre et de là le tour oppositif employé
par le poète.
2. Quoiqu’il soit purumedha, c’est-à-dire tout autre chose, ce semble, que
donneur de soma, on lui demande de l’être.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
399
pàda 1. — Cf. le vers précédent, pàda 1.
pâda 2. — Cf. 63, 23', ni toçase rayim soma çravàyyam.
pâda 4. — Cf. RV., IV, 20, 52.
54. — / nâhlme asya vrsanâma çüsé | mânçcatve va prçane
va vâdhatre || àsvâpayan nigûtah snehàyac \ câpdmitrdn
dpdcito acetâh
De cette (oblation) voici les deux grands...1, ardents
qui frottent (?), — les deux armes destructives. Le lub ré-
fiant (?) a endormi les adversaires. Écarte d’ici les ennemis,
les non-éclairés.
55. — sam tri pavitrâ vitatdny esy | ânv ékam dhàvasi
püyâmdnah || dsi bhàgo dsi dàtrâsya dcitâsi | maghàud
maghdvadbhya itido
Tu vas d’ensemble aux trois allumeurs étendus; tu cours
à la suite de l’un (d’eux) en t’allumant; tu es le partageur,
tu es le donneur du don, tu es, ô brillant, le généreux
pour les généreux.
pâda 1. — Cf. 73, 7, vitate paoitre; 73, 8, tri sa pavitrâ hrdy
antar à dadlie. — Berg., I, 179 : « Soma passe par trois tamis. »
pàda 2. — Cf. 49, 4% pavitram dliâva. — « L’un » par opposi-
tion aux trois.
pàda 4. — Cf. 1, 10;!, çüro magliâ ca manhate.
56. — esd viçuauit pavate manïsî \ sômo viçvasya b/u'wa-
nasya râjd H drapsân îrdyan vidâtheso indur | vi vdrain
dvyam samdyâti ydti
Ce penseur (que voilà) qui trouve le Tout s’allume, (lui)
le liquide, roi de tout cet être (ou, ce monde); le brillant,
mettant en mouvement les gouttes (qui sont) (ou, pour les
1. Je n’essaye pas de traduire les deux expressions particulièrement énig-
matiques orsanâma (= carsananamane, Sàv.) et mtulçcatue (= açeath
hriyamâne yudclhe, Sây,).
400
LE CULTE VÉDIQUE DU SO.\tA
amener) dans les oblations, traverse la toison de la brebis
au moyen de la semblable.
pâda 1. — Cf. 28, 1% et 53, viçvavit.
pàda 2. — Cf. 97, 40% bhuvanasya raja.
pàda 3. — Cf. 32, 1', sutâ cidathe akramufi.
pâda 4. — Cf. 75, 4% romctny actjâ samayü vi dhâcati.
57. — indum rihanti mahisà àdabdhâh | padé vebhanti
kavdyo nà yrdhrâh || hinvànti dhircï daçàbhih kèipdbJuh j
sdm anjate rupâm apâm rcisena
Les buffles non opprimés lèchent le brillant; pareils aux
sages, ils chantent avides dans la base; les fermes (le)
poussent au moyen des dix flèches (ou, des dix doigts); ils
oignent de concert sa forme brillante avec le suc des eaux.
pâdas 1 et 4. — Cf. 86, 43, anjate. . . kratum rihanti.
pàda 2. — Cf. 97, 7% padâ varâho abluj eti rebhan.
pâda 3. — Cf. 80, 5% duhanty apsu vrsabliam daça ksipah.
adabdhâh. — Berg., Il, 31 : « Infaillibles, — cette épithète parait
désigner les prêtres divins. »
58. — tüâyd vayàm pdoamdnena soma \ bhàre krtdm vi
cinuydma çdçvat || tan no mitrô vàruno mdmahantdm |
ciditih sindhuh prthivi utà dyaâh
Puissions-nous, avec toi qui t’allumes, ô liquide, distin-
guer (?) le constant qui s’est développé dans le porteur; que
grandifient cette (oblation) qui vient de nous, l’Ami, l’Enve-
loppeur, la non-liée, la rivière, la terre et le ciel.
pàda 2. — Cf. 97, 17:!.
HYMNE XCVI1I
1. — abhi no vdjasàtamam | rayim avisa purusprham ||
indo sahâsrabharnasam | tuoidyumnâm vibhvàsâham
Coule vers notre richesse très conquérante de réconforts,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
401
désirée par les nombreux; ô brillant, (coule vers notre ri-
chesse) qui a pour support les milliers (de dons), qui a l’éclat
du fort, qui s’est emparée du développement (?).
pâda 1. — Cf. 66, 27, pavamânah . . . vâjasâtamali.
pâda 2. — Cf. 65, 30, â vayim. . . pântam à purusprham.
pâda 3. — Cf. 60, 2- ( indu ni ) sahasrabharnasam.
pâda 4. — Berg., II, 407 : « vibhvàsaham paraît signifier maî-
tresse de Vibhvan et impliquer l’assimilation de Vibli van à la richesse
par excellence. »
2. — pari syd suvdnô aoyâyam | râthe nd vdrmdvyata ||
indur abhi drûnâ hitô \ hiydnô dhârdbhir aksdli
Celui-là, coulant circulairement comme (étant) sur le
char, a revêtu l’enveloppe de la brebis; le brillant mis en
mouvement par les bois, mis en mouvement par les courants,
a coulé.
Hémistiche 1. — Cf. 97, 12, induit. . . amjata sâno avye.
pàda 3. — Cf. 1, 23, drunâ sadhastham âsadai.
3. — pari syd suvdnô aksd \ indur àœye mddacyutah ||
dliârd yd ürdhvô adhvaré | bhrdjâ naiti yavyayâh
Celui que voilà s’avançant circulairement a coulé; le bril-
lant versé par la boisson (a coulé) dans (la toison) de la
brebis, — lui qui dressé s’avance dans l’oblation au moyen
du courant, comme au moyen de la lumière, — (lui qui est)
désireux de vaches.
pàdas 1 et 3. — Cf. le vers précédent, pàdas 1 et 4.
pàda 2. — Cf. 79, 2, indavo madacyùtah.
Hémistiche 2. — Cf. 36, 6, à divali prstham. . . cjapyayuli soma
roliasi. — Berg., I, 166, voit avec raison dans l’adjectif ürdhva
appliqué au soma l’indice d’une assimilation avec Agni.
4. — sd hi tvdni deva çàçvate | vdsu mdrtdya ddçûse ||
indo sahasrinam rayim j çatàtmdnam viodsasi
Toi que voilà, ô Céleste, (tu cherches à t’emparer) du bien
26
402
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
destine au mort qui donne perpétuellement; ô brillant, tu
cherches à t’emparer de la richesse aux mille (dons), qui
tient son souffle des cent (dons).
Hémistiche 1. — Cf. 64, 6', te viçvâ dâiçuèe oasu somâh...
pacantâm.
martâya daçuse. — Formule fréquente qui s’applique au soma
inerte, mais dont la générosité s'éveillera avec la vie.
pâda 3. — Cf. 13, 5, te nah saha.srinam rayim pacantâm.
5. — vatjàm te asyd vrtrahan | uâso veisuah purusprhah ||
ni nédisthatamâ isâh \ sijâma sumnâsyâdhrigo
O destructeur de l’enveloppeur, ô richesse, puissions-nous
être très proches de cette richesse qui est à toi, qui est dé-
sireuse des nombreux; (puissions-nous être très proches),
ô adhrigu, de la libation, de celui qui a la bonne pensée!
pâda 2. — Cf. au vers 1, pâda 2, rayim. . . purusprham.
6. — duir gara pânea süàyaçasam \ svâsâro àdrisamha-
tam || priyàm indrasya kâmyam \ prasnâpâyanty ûr mi-
nam
- (Lui) qui brille par son propre (bien), qui est secoué (ou,
broyé) par les montagnes, (lui) l'agréable, l’aimé de l’Ardent,
qui est pourvu du flot, — c’est lui que les deux fois cinq
sœurs font baigner.
pâda 2. — Cf. 80, 5, adribhir duhanti.
pâdas 1-3. — Cf. 72, 2, yadï mrjanti... naralj . . . daçabhih
kâmyam madhu.
pâda 4. — Les flammes du soma pavant, représentées par les
dix soeurs le font baigner, c’est-à-dire se baignent dédoublement
verbal).
7. — pari tyàm haryatâin hârim | babhrûm punanti uâre-
na || y 6 decân viçvdn it pari | màdena salià gâchati
Ils allument circulairement au moyen de la toison, ce doré,
Le CULTE VEDIQUE DU SOMA
403
désirable, rouge, — lui qui vient autour de tous les Célestes
au moyen de la boisson et en même temps qu’elle.
pàda 1. — Cl. 26, 5, harim. . . haryatam.
Hémistiche 2. — Cf. 7, 7, sa vàyam indram. . . sâkam madena
gachati. — Berg., I, 189 : « Soma va tout autour des dieux en les
enivrant. >)
8. — asyci vo hy évasa | pânto daksasâdhanam j| yâh
sûrisu çrâvo brhâd \ dadhê svàr net haryatcih
Vous buvez celui qui édifie 1 habile au moyen du régal de
celui que voici, — du désirable qui a établi comme le soleil
la puissante voix dans les brillants.
pàda 2. — Cf. 65, 28, â te dakëam... vrnïmahe püntam ;
25, l1, pacasva daksasâdhanali.
Hémistiche 2. — Cf. 9, 9, paoamâna malii çravali... râsi... sanà
soah.
9. — sd vain yajnésu mànavl \ indur janista rodasl || devô
devi giristhâ \ âsredhan tenu tuvisvâni
Ce brillant que voilà, — ô vous les deux brillantes qui êtes
issues de ce qui est de la nature de riiomme(-soma), — vous
a engendrées dans les oblations, — (lui) le Céleste, ô vous
Célestes, qui se tient debout sur la montagne sans nuire (?)
à celui qui est (destiné) à celui dont la voix est puissante.
Hémistiche 2. — Cf. 18, 5, ya ime rodasl mahï... dohate;
74, 2% sertie mahï rodasl yaksat. — Berg., I, 213 : « Soma a
engendré les deux mondes dans les sacrifices. »
10. — indrâya soma pâtave | vrtraghnê péri, sicyase ||
ndre ca dâksinâvate | devâya sadanâsàde
O liquide, tu es répandu circulairement pour (servir de)
boisson à l’Ardent qui détruit l’enveloppeur, — à l’homme
(-soma) pourvu du don, — au Céleste qui réside dans la
résidence.
404
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
11. — té pratnâso vyùstisu ] sômâh pamtve aksaran || apa-
prôthantah sanutâr | huraçcitah prdtâs tàn àpracetasah
Ces liquides anciens ont coulé (pour pénétrer) dans les
lueurs, dans l'allumeur, écartant en bruissant au loin ceux
qui méditent le mal 1 (et), de bonne heure2, ces non-allumés.
pàda 1. — Cf. 86, 14, akramït pratnam aaya pitaram;
73, 3, pilaisâm pratnali; 23, 2, pratnâsaJi. . . akramuh, ruce
jananta sünjam.
12. ■ — tâm sakhâyah purorucatn | yuydm vaydm ca
sürdyah || açyâma vâjagandhyam \ sanéina üâjapastyam
O amis, que vous et nous, les brillants, atteignions celui-là
dont l’éclat est en avant, qui a le parfum (?) du réconfort!
Puissions-nous conquérir celui qui a sa demeure dans le
réconfort !
pàda 2. — Distinction entre les offrandes auxquelles le sacri-
ficateur s’identifie et les offrandes proprement dites.
pàda 4. — Cf. 65, 23, yc madhye pasiyànâm.
HYMNE XCIX
1. — à harycitàya dhrsncwe | dhdnus tanoanli paûnsyam ||
çukrâm uayanty àsurâya | nirnijain vipdm àgre ma-
hlyûvah
Ils viennent étendre l’arc, ce qui est de la nature du mâle,
pour le désirable, pour le hardi; ceux qui désirent grandir
tissent pour l’animé, à l’extrémité des agités (?), l’éclatant
émergé
Hémistiche 2. — Cf. 82, 2, pari yâsi nirnijam; 68, 1', usriyâ
nirnijam dhire.
1. Berg., III, 183 : « Ceux qui dressent des embûches. »
ü. prata/i, peut-être « en avant, auprès », en antithèse avec sanuta/i « au
loin, de loin ».
Le culte védique du soma
405
2. — cïdha ksapâ pàriskrto | vâjdn abhi prd gâhcite II
yàdi uivâsvato dhiyo | hdrim hinvdnti yàtave
Développé circulai renient par la nuit1, il se plonge dans
les réconforts en s’en approchant, — alors que les pensées
du lumineux mettent en mouvement le doré pour la marche.
pâda 2. — Cf. 3, 6, apo déco ci çjâhate .
Hémistiche 2. — Berg., I, 87 : « Les prières de Vivasvat excitent
Sonia. »
pâda 4. — Cf. 62, 17, iam... rathe yunjanti yàtace.
3. — tara asya marjaycLmasi \ mâdo yd indrapâtamali ||
yârn yâoa dsdbhir dadhâh \ purâ nündm ca sur b y ah
Cotte sienne boisson (du soma), qui est par excellence
celle de l’Ardent, nous la rendons brillante, — elle que les
vaches ont établie par leurs bouches, — celle de main-
tenant que les brillants (ont établie) avec l’ancienne.
pâda 1. — Cf. 68, 6, iam mavjayanta... ançum.
pâda 2. - Cf. 66, 3, paoasva... soma... indrapànah.
pâda 3. — Berg., II, 27 : « Les vaches(-prières) ont fait Soma
au moyen des bouches. »
< »
4. — tara gâtliayd purdnyâ | pundndm abhy ànüsata II
utô hrpanta dhïtdyo \ deoândin nâma bibhratïh
Au moyen d’un chant venant de l’ancien, ils ont mugi
vers cette (oblation) qui s’allume; les pensées ont crié (vers)
celles qui portent le signe des Célestes.
Hémistiche 1. — Cf. 68, 8, somam manïsâ abhy anüsata
stubhali.
Hémistiche 2. — Cf. 85, 11, nàke suparnam. . . giro venânüm
ahrpanta puroïli.
1. La libation obscure qui se développe en s’allumant.
406
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
5. — tdm uksdmânam avyâye | vàre puncinti dharnasim ||
dütdm nd pürvâcittaya | â çdsate manisinah
Celui-là qui répand (le liquide), — le support, — ils
l’allument dans la toison de la brebis, — les penseurs l’ap-
pellent comme un messager pour la clarté qui est en avant.
pâda 2. — Cf. 14, 23, pariëkrnvanti dharnasim.
pürvacittaye. — Cf. 98, 12, purorucam.
pâda 4. — Cf. 72, 2', sàkam vadanti bahaoo manïsinali ; 73, 7, ü
rcicam punanti... maniëinah.
6. — sd pundnô madintamah | sômaç camusu sïdati ||
paç.aû nd rêta âdddhat \ pdtir vacasyate dhiyâh
Celui que voilà, l’allumé, le liquide très liquoreux, réside
dans les coupes; établissant sa semence comme dans le
bétail, le maître de la pensée fait entendre sa voix.
pâda 3. — Cf. 60, 4% reta â bhara; 96, 7, à tiëtliati vrêablio
gosu jànan. — Berg., II, 56 : « Déposant sa semence dans un
troupeau. » — Le soma, comparé à de la semence qui engendre
Agni, est déposé dans le taureau-soma (dédoublement verbal).
7. — sd mrjyate sukdrmabhir | deuô devébhyah sutdh ||
vidé ydd dsu samdadir | mahir apô vi gâhate
Celui que voilà, — le Céleste mis en mouvement pour les
Célestes, — est rendu brillant par ceux qui ont de belles
œuvres. Quand la réunion apparaît en elles, il plonge dans
les hautes eaux.
pâda 1. — Cf. 70, 4, sa mrjyamànah . . . sukarmabhili.
pâda 4. — Cf. vs 2, pâda 2. — D’après Berg., II. 32, il s’agirait
des eaux célestes.
8. — sutd indo pavitra â | nrbhir yatô vi nlyase || indrâya
matsarintamaç | camûsv â ni sidasi
O brillant, mis en mouvement, étendu par les hommes,
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 407
ta es conduit dans l’allumeur; très liquoreux, tu descends
pour prendre résidence dans les coupes pour l’Ardent.
Hémistiche 1. — Cf. 27, 3, esct nrbhir vi nïyate. . . vrsct sutali.
pâda 3. — Cf. 76, 53. sa indrâya pavase matsarintamah .
HYMNE C
1. — abhi navante adruhah \ priyàm indrasya kâmyam j|
uatscon nâ purva âyuni \jàtâm rilianti mâtârah
Ceux qui ne sont pas opprimés mugissent vers la (liqueur)
agréable, chère, de l’ Ardent; les mères lèchent le (nouveau)-
né, pareil à un veau dans l’actif qui est en avant.
pâda 2. — Cf. 98, 6\ même formule.
pâda 4. — Cf. 86, 31, çiçum rilianti matayali. — Berg., II, 49
(et III, 186) : « Les mères (prières) mugissantes de Soma le lèchent
dans son premier âge. »
2. — punânâ inclav â blxara \ sôma dvibcirhasam rayim\\
tvc'nn vâsüni pusyasi | viçvâni dâçûso grhê
O brillant, ô allumé, ô liquide, apporte la richesse ayant le
double réconfort; tu engraisses tous les biens dans la demeure
du généreux.
Hémistiche 1. — Cf. 40, 61-2, mêmes formules; 4, 7, abhy
arsa. . . soma dvibarhasam vayim.
3. — t verni dliiyam manoyûjam \ srjâ vrstim nâ tanyatûli ||
tvâm vâsüni pârthwd [ divyâ ca soma pusyasi
O toi (oblation), fais couler la pensée attelée à l’esprit,
comme le tonnerre (fait couler) la pluie; tu engraisses, ô li-
quide, les biens terrestres et célestes.
padàs 1-3. — Cf. 8, 8', vrstim divah pari sravà; 17, 2, vrstayah
prtliivîm... aksaran; 87, 8, divo na vidyut stanayanty abliraih
408
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
somasya te pavata indra dhârâ. Cf. aussi RV., X, 75, 3. —
Toutes ces formules font allusion aux crépitements du soma qui
s’allume.
Hémistiche 2. — Cf. 63, 30, asme vasüni dhüraya soma divyâni
pârthicâ.
4. — pan te jjgyüso yathâ \ clhârd sutâsya dhâoati ||
ranhamânâ vy àvyâyam | vârain vâjiva sânasih
Le courant de ton (liquide) versé, pareil au vainqueur
(des obstacles), coule circulairement, — il court pour
traverser la toison de la brebis comme le conquérant (soma)
pourvu de réconfort.
pâda 4. — Cf. 85, 5, atyo na sânasih.
5. — krdtve ddksâya nah kave | pâvasva soma dhârciyà ||
indrâya pâtave sutô | mitrâya vârunâya ca
O notre sage, ô liquide, allume-toi (ou, allume-nous) au
moyen du courant pour l’édificateur, pour l’habile, — toi
(qui as été) versé pour la boisson (destinée) à l’Ardent, à
l’Ami et à l’Enveloppeur.
pâda 1. — Cf. 36, 33, kratoe daksâya no hinu.
pâdas 2 et 3. — Cf. 1, l2-3, mêmes formules.
6. — pâvasva vàjasâtamah | pavitre dhârayà sutâh ||
indrâya soma visnave | devébhyo màdhumattamah
Allume-toi, (ô toi) qui conquiers par excellence le récon-
fort, (toi) qui as été versé par le courant dans l’allumeur,
— ô liquide, très pourvu de doux, (destiné) à l’Ardent, à
l’Actif, aux Célestes.
pâda 1. — Cf. 66, 27, pavamânah ■ . . vàjasâtamah.
Hémistiche 2. — Cf. 63, 3, suta indrâya visnave somali . . .
aksaratj madhumàn astu oâyave.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
409
7. — tvâm rihanti mâtâro | hàrim pavitre adrûhah ||
vatsdrn jcïtàm nd dhenàvah | pdvamdna vidliarmani
Les mères qui ne sont pas opprimées te lèchent, ô doré,
dans rallumeur, comme les vaches à lait (lèchent) le veau
(nouveau)-né, ô toi qui t’allumes dans le support.
pâdas 1-3. — Cf. vs 1.
pâda 4. — Cf. 4, 9% même formule.
8. — pdvamdna mâhi çrdvaç | citrébhir ydsi raçmibhih ||
çàrdhan tâmdnsi jighnase \ viçvdni ddçûèo grhé
O allumé, tu vas à la grande voix au moyen des rênes
(ou, des rayons) éclatantes; en t’agitant fièrement, tu détruis
toutes les ténèbres dans la demeure du généreux.
pâda 2. — Cf. 86, 32', sa süryasya raçmibhih.
pâda 3. — Cf. 66, 24% krsnà tamânsi janghanat.
pâda 4. — Cf. vs 2l, même formule.
9. — tvàm dyâm ca mahivrata \ prthivim câti jablirise |[
prdti drâpim amuncathdh | pdvamdna mahitvanâ
O toi qui as le grand pour objet de ton choix, tu as sou-
tenu en les dépassant le ciel et la terre; tu as lâché l’enve-
4oppe, ô toi qui t’allumes, au moyen de la grandeur.
Hémistiche 1. — Cf. 86, 29‘, team dyâm ca prthicïm câti
jablirise.
pâda 3. — Cf. 86, 14', drâpim vasânah. Cf. aussi RV. 1, 116, 10.
HYMNE CI
1. — purôjitl vo dndhasah \ sutâya mâdayitndve\\ dpa
çvânam çnathisfana \ sâkhdyo dlrghajihvyàm
Au moyen de la conquête qui s’avance de votre andlias
(destiné) au versé liquoreux, ô amis, détruisez en l’écartant
le chien à la longue langue,
410
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Hémistiche 2. — Berg., III, GO : « Le chien est évidemment le
gardien avare du soma. » — Ou plutôt il est comparable au loup
(cf. 79, 32), qui dévore l’oblation et l’empêche d’apparaître au
sacrifice; mais il est en même temps considéré comme suscep-
tible de s’allumer en tant que figure du soma absent et de là sa
longue langue qui peut faire allusion, non seulement à celle du
chien dévorant le soma, mais aussi à la flamme même du soma
pavamâna.
2. — yô dhârayà pâuakâyâ | pariprasycindate sutâh |
indur dçoo nu krtvyah
(Celui-là) qui s’avance en coulant circulairement versé
par le courant allumeur, (est), pareil à un cheval, (lui) le
brillant, de la nature de celui qui édifie.
pâda 3. — Cf. 46, 1, asrgran. . . atyâsaJi krtoyâ iva; 84, 5S,
pavate krtvyo rasait.
3. — tâm durôsam ablü nârah \ sômam viçuâcyà dhiyâ \
yajnàm hinvcmty àdribhih
Les liommes(-somas) lancent vers (l’oblation) ce liquide
(encore) ténébreux au moyen de la pensée qui se dirige dans
tous les sens; (ils lancent) l’offrande au moyen des mon-
tagnes.
Cf. 25, 2’, pavamâna dhiyâ hitali.
pâda 3. — Cf. 30, 5% liarirn hinvanty àdribhih.
4. — sutâso mâdhumattamàh | sômâ indvâya mandinah ||
pavitrauanto aksaran \ deuàn gachantu vo mâdàh
Les liquides versés, très pourvus de doux, liquoreux (des-
tinés) à l’ Ardent, pourvus de l’allumeur, ont coulé. Que
vos boissons aillent aux Célestes!
5. — indur indrâya pavata \ iti deuâso abruvan || vdcâh
pâtir makhasyate | viçvasyéçâna ôjasâ
« Le brillant s’allume pour l’Ardent : » voilà ce que les
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
411
Célestes ont dit. Le maître de la parole à qui appartient
le Tout combat au moyen de la Force (du réconfort).
Hémistiche 1. — Cf. 63, 9', indur indra iti bruvan ; 39, l3, yatra
deoâ iti bravan.
pàda 3. — Cf. 50, 21 2, vâco makhasyuoah.
6. — sahâsradhtirah pavcite | samudrô vâcamînkhayâh\\
sômah pâti rayïnâm | sâkhéndrasya divé dive
La mer dont les courants ont les mille (dons), qui agite
la parole, s’allume; le liquide maître des richesses, l’ami de
l’Ardent (s'allume) pour (ou, dans) chaque jour(-feu).
Hémistiche 1. — Cf. 35,5, vâccimïnkhayam punânam... somam.
Hémistiche 2. — Cf. 75, 4, vi dhâvati madhor dhârci pinvamânâ
dive dive.
7. — ayâm püsâ rayir bhàgah | sômah punânô arsati ||
pàtii ’ viçvasya bhumano \ vy àkhyad rôdasî ubhé
Ce Nourricier ’, (qui est) la richesse, la part (ou, le parti-
cipant), le liquide qui s’allume., coule; le maître de toute
production (ou, de toute la terre) a éclairé (ou, regardé) 2
les deux brillantes.
8. — sâm u priyâ anûsata \ gâvo mâdâya ghrsvayah ||
sômâsah krnvate pathali \ pâvamdndsa indavali
Les agréables., les vaches, les actives, ont mugi pour la
boisson (et) avec (elle); les liquides, les brillants qui s’allu-
ment, ont créé le chemin (— la mise en marche).
Hémistiche 1. — Cf. 21, 1, ete dhüuantïndavah soma indràya
ghrsvayah.
pàda 3. — Cf. 9, 8% sâdhayâ pathali; 91, 52, pathali krnulii.
1. Berg., III, 172, note, reconnaît que le personnage de Püsan offre de très
grandes ressemblances avec celui de Soma.
2. Cf. Berg., I, 161.
412
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
9. — yà ôjisthas tâm à bhava | pdvamdna çravâyyam ||
y ah pâfïca carsantr abhi \ rayim yéna vânàmahai
O allumé, apporte ce bruyant qui est très pourvu de force;
celui qui (se dirige) vers les cinq qui s’ngitent est celui par
lequel nous voulons acquérir la richesse.
Hémistiche 1. — Cf. 63. 23, ni toçase rayim. soma çravâyyam;
67, 1, team Tomasi. . . ojiëfhah.
10. — sômàh pauanta indavo \ ’smàbhyam gâtuvittamâh II
mitrâh suvanci arepâsah \ suâdhyàh svarvidah
Les liquides, les brillants, qui excellent à trouver le chemin
s’allument pour nous, — (eux) les amis qui coulent, (eux
qui sont) sans souillure1, (eux) qui ont de bonnes pensées,
qui trouvent le soleil.
Hémistiche 1. — Cf. 44, 6, sa ( somah ). . . gâtuvittamali.
Hémistiche 2. — Çf. 21, 1, somâh. . . svarvidah; 31, 1', somâsah
svâdhyah.
11. — susvânâso vy âdribhiç \ citdnâ gôr âdhi tvaci\\
isam asmâbhyam abhitah \ sàm asuaran vasuvidah
Ceux qui, coulant lumineux au moyen des montagnes,
au-dessus, dans la peau de la vache, trouvent la richesse,
ont de concert (avec lui) fait résonner la libation pour nous
dans le voisinage (?).
pâda 1. — Cf. 101, 33, yajham hinvanty adribliili.
pâda 2. — Cf. 79. 4, adrayas ivâ hapsati gor adhi ivaci. . . du-
duhuh: 66, 29, es a somo adhi tvaci gavâm krïlaty adribhih;
65, 25', hinvâno gor adhi tvaci.
Hémistiche 2. — Cf. 63, 21, somam. . . viprâh sam asvaran.
1. Sans obscurité = brillants.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
413
12. — été pütâ vipaçcitah \ sômâso dddhyâçirah\\ sàryâso
nâ darçatâso \ jigatnâvo dhruvâ ghrté
Ces liquides allumés qui ont l’éclat de l’agité, mêlés de
lait caillé, (sont) brillants comme des soleils, — actifs,
fermes dans le ghrta.
Hémistiche 1. - — Cf. 22, 31-2, même formule.
pâda 3. — Cf. 2, 6, harih... mitro na darçatah sam süryena
rocate.
13. — prà suudnàsyândkaso | mdrto nâ opta tàd vâca/i ||
âpa çvânam arâdhdsam \ hatâ makhcim nâ bhrgaoah
Le mort n’a pas pris pour lui cette voix de Vandhas qui
s’avance en coulant. Écartez en le tuant le chien qui n’a
point de dons comme les Lumineux font du guerrier.
pâda 1. — Cf. 58, V, dhârâ sutasyândhasah.
Hémistiche 2. — Cf. vs 1, pâda 3.
14. — d jâmir dthe cwyata \ bhujé nà putrd onyoh ||
sâraj jârô nâ yôsanâm \ varô nâ yônim àsddcun
Le parent est venu s’envelopper dans la couverture comme
le fils dans les deux onis pour la jouissance; (il) s’est avancé
comme l’amant vers la femme; comme celui qui fait un
choix, (il est venu) vers la matrice pour y résider.
pâda 1. — Cf. 69, 4, vâram... atkam na niktam pari somo
ari/ata. — Berg., Il, 50 : « Le frère s’est revêtu du vêtement. »
pâda 3. — Cf. 38, 4% gacliah jâro na yositam.
pâda 4. — Cf. 50, 43, arkasya ijonim âsadam; 82, V , yonim
yhrtacantam âsadam.
15. — sd oirô dakàasâdhano I vi gds tastâmbha rôdasî ||
hdirih pavitre avgata | vedhâ nd yônim âsddam
Ce héros que voilà, le créateur de l’habile, est celui qui
a soutenu les deux brillantes; le doré s’est enveloppé dans
414
LE CULTE védique du soma
l’allumeur; pareil au sacrificateur (il est venu vers) la ma-
trice pour y résider.
pâda 1. — CE. 100, 5\ kratve daksâya; 98, 8% daksasâdhanam.
pâda 3. — Cf. 97, 124, avyata sütio avye.
pâda 4. — Cf. le vers précédent, pâda 4.
16. — àvyo vârebhih pauate \ sômo gcœye àdhi tvaci ||
kànikradad vrsâ hâriv | indrasydbhy èti niskrtâm
Le liquide s’allume au moyen des enveloppes de la brebis,
au-dessus, dans la peau de la vache; le taureau qui gronde,
le doré, s’approche de l’édilice del’Ardent.
Hémistiche 1. — Cf. vers 11, hémistiche 1 [vârebhih = adri-
bhi/i).
pâda 3. — Cf. 5, l2 3, vrsâ kanikradat.
pâda 4. — Cf. 15, P, yacliann indrasya niskrtâm.
HYMNE Cil
1. — krdnà çiçur mahindm | hinuànn rtdsya didhitim ||
viçvd pari priyà bhuvad | âdha dvitâ
L’enfant producteur des grandes (flammes) b mettant en
mouvement la pensée du versé, s’est manifesté maintenant
doublement (par le concours du soma sous ses deux espèces)
autour des choses (qui lui sont) chères.
pâda 1. — Cf. 86, 19', krànâ sindhünàm; 93, 2, màtrbhir na
çiçur vâvaçânah.
Hémistiche 2. — Cf. 94, 2, dvitâ vyür^vann amrtasya dhàma;
97, 243, dvitâ bliuvat.
2. — upa tritâsya pdsybr | dbhakta yâd gûhd padâin ||
yajnàsya saptd dhâmabhir | ddUa priyàm
La base qu’il a obtenue par ce qui cache, dans les deux
1. Berg., II, 49 : « Le jeuue des grandes. »
LÉ CULTE VÉDIQUE DU SOMA
415
montagnes (?) du Troisième, (la voilà) maintenant, — l’a-
gréable, — (obtenue) au moyen des sept établissements de
l’oblation.
Cf. 10, 9, abhi priyà divah padam. . . guhâ liitcim; 67, 26, tvi-
bhili. . . dhâmabhih.
Berg., III, 236 : « Sonia a un séjour mystérieux sous les pierres
de Trita (dans le monde invisible), et un séjour aimé selon les
sept dhâman du sacrifice (dans les sept mondes). »
3. — trini tritàsya dhârayà j prsthésv érayâ rayim ||
inimité asya yôjancï | vi sukrâtuh
Mets en mouvement les trois (libations) du Troisième au
moyen du courant, (mets en mouvement) la richesse (pour
entrer) dans les sommets; le bon édificateur produit les
attelages de (l’offrande) que voici.
Hémistiche 1. — Cf. 96, 84, ürmim iraya ; 86, 27, âvrtam trtlye
prsthe adhi rocane divali.
pâda 3. — Cf. 7, l3, vidâna asya yojanam.
4. — jajriânàm saptâ mâtâro ( vedhâm açclsata çriyé ||
ayâin dhruvô rayînàm \ ciketa yclt
Les sept mères ont donné leurs enseignements au (nou-
veau)-né, au sacrificateur (?), pour l’éclat, alors que ce (sou-
tien) solide des richesses s’est montré.
pâdas 1 et 2. — Cf. 86, 36, sapta svasâro abhi màlarali çiçurn
navam jajnânam; 12, 2, anüsata gcœo vatsam na mütarali.
5. — cisyà vraté sajôsaso \ viçve devâso adruhah ||
spàrhâ bhavanti rcintayo \ jusant a yàt
Dans l’objet du choix de (l’oblation) que voilà apparais-
sent tous les Célestes non opprimés qui goûtent au même
(festin), — (apparaissent) les réconforts désirables, alors
qu’ils savourent.
pâda 1. — Cf. 86, 37, taca vraie soma tisthantu krstayah,
416
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
6. — y dm i gdrbham rtâordho | drçé cârum âjljanon ||
kavim mânhistham adhvavé | purusprham
(Voilà) le fœtus, le beau, que ceux qui croissent par le
versé1 2 * ont engendré pour la vue, — le sage, très généreux,
(qui réside) dans l’oblation, désiré par les nombreux(-somas).
Hémistiche 1. — Cf. 83, 3, nvcakèasali pitaro garbham â dadhuli.
7. — samïciné abhi truand j yahvi rtdsya mdtdrâ ||
tanvdnâ yajiidm ânusâg \ ydd anjaté
(Voici) ce vers quoi s’avancent celles qui vont de concert
au moyen du tman, les deux mères actives du coulé, — (voici)
ce qu’oignent ceux qui étendent successivement l’oblation.
pâda 2. — Cf. 33, 5% yahoïr rtasya màtarah.
8. — krdtoâ çukrébhir aksâbhir \ rtiôr dpa urajàm divâh [|
hinuânn rtdsya didhitim \ prâdhvarc
Au moyen de l’édificateur, au moyen des yeux étincelants,
tu as ouvert le parc du ciel, en mettant en mouvement la
pensée du coulé (pour qu’elle s'avance, — ou, qui est) dans
l’oblation.
pâda 3. — Cf. 102, 1% même formule.
HYMNE CI1I
1. — ■ prd pundnâya vedhàse | sômâya vdca ûdyatain ||
bhrtini nd bbard matibhir | jûjosate
(Apporte) la voix qui se dresse en s’étendant pour le sacri-
ficateur qui s’allume, pour le liquide5; apporte comme
l’apport à celui qui goûte (l’oblation) au moyen des pensées.
1. Berg., III, 253 : « Qui grandisseut selou la loi. »
2. Ce qui revient à dire que le soma pavam. se développe en flammes
crépitantes.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 417
Berg., I, 312 : « L’hymne est une offrande que le prêtre présente
même à Sonia. »
2. — pciri vârdny aoyàyd [ gôbhir arijdnô arsati\\
tri sadhâsthd pundnàh krnute hârih
Celui qui oint au moyen des vaches coule autour des
toisons de brebis; le doré qui s’allume produit les trois
demeures communes.
Hémistiche 1. — Cf. 50, 5, sa panasva. . . gobhir anjâno aktu-
bhili.
pâda 3. — Cf . 16, 43, kratoà sadhastham âsadat. — Berg. , 1 , 179 :
« Soma prend île texte dit fait) trois demeures en se clarifiant, ou,
ce qui revient sans doute au même, il passe par trois tamis. »
3. — pari kôçam madhuçcûtam | avyàye vâre arsati\\
abhi vânîr rslnàin saptd nüsata
Il coule autour du vase qui distille le doux (pour entrer)
dans la toison de la brebis; les sept voix des chanteurs ont
chanté.
Cf. 96, 20, pari koçam arsan kanikradat .
pâda 1. — Cf. 23, 43, abhi koçam madhuçcutam.
pâda 3. — Cf. 90, 22, ângüsânâm avâvaçanta vànïli.
4. — pari netâ matînâm [ viçvàdevo àddbhyah |] sômah
pundnâç camvbr viçad dhârih
Le conducteur des pensées qui est pourvu de tous les
Célestes, celui qui ne doit pas être opprimé, — le liquide
qui s’allume, le doré, est entré (en coulant) circulairement
dans les deux coupes.
pâda 1. — Cf. 74, 3S, apâm netâ.
pâda 2. — Cf. 92, 3, viçvadevali somah punânah.
5. — pciri daivir ânu svadhâ | indrena yâhi saràtham \\
pundnô vàighàd vàgliàdbhir àmartyah
Viens autour des femmes célestes, à la suite des svadhd)
27
4i8
LE CULTE VÉDIQUE DU SO\tA
(viens) ;tu moyen de l’Ardent (vers) celui qui est avec le
char, — (loi) chanteur qui t’allumes au moyen des chan-
teurs, (toi) non-mort.
Hémistiche 1. — Cf. 97, 6‘, decair yâlii saratham; 87, 9 ' , pari
yâsi. . . indrena soma sarcitliam punânah.
6. — pari sâptir nd vdjayûr \ devô devébhyali sutâh ||
vyânaçih pdvamâno vi dhàcati
Pareil à l’attelage de sept chevaux, le désireux du récon-
fort, le Céleste versé pour les Célestes, le pénétrant (?) qui
s'allume, coule circulairement.
pâda 1. — Cf. 44, 4', sa. . . pavasca oâjayuh; 70, 10’, hito na
saptir abhi cd/am.
pâda 2. — Cf. 99, 7S, même formule; 65, 22, déco deccbhyali
pari.
pâda 3- — Cf. 86 53, vyânaçiJi pacase soma.
HYMNE CIV
1. — sâkhâya à ni sldata \ puhànâya prâ gàyata || çiçum
nd yajftaih pari bhüsata çriyé
O amis, venez vous asseoir! Chantez pour celui qui s'al-
lume; pareil à l’enfant, ornez-le tout autour au moyen des
oblations, pour l’éclat.
Hémistiche 1. — Cf. 45. 5, sam l sakhâyo ascaran cane krï-
laniam; 86, 441, pacamânâya yâyata.
pàdas 3 et 4. — Cf. 102, 4, jajnânam. . . mâtarah... açâsata
çriye.
2. — sdm i vatsàm nâ mdtrbhih \ srjàtd yayasâdhanam ||
deüdvyàm màdam abhi düiçavasam ’
Faites couler au moyen des mères et en même temps
qu'elles (celui qui), pareil à un veau, est le constructeur
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
419
de la demeure, le breuvage savouré par les Célestes, à la
double énergie.
pâda 1. — Cf. 12, 2 î,gâ»o vatsam na mâtarah. — ■ Berg., II, 49:
« Sonia est un veau qu’on réunit à ses mères. »
pâda 2. — Berg., I, 187: « Sonia fait prospérer le domaine. »
pâda 3. — Cf. 100, 2, à bliara soma dvibarhasam rayim.
3. — punâtd daksasâdhanam \ yàthcï çârdhcïya vltâye ||
yâthd mitrâya vàrundya çdmtamah
Allumez celui qui produit l’habile, de sorte qu’il serve au
régal (destiné) à l’ardeur, — qu’il soit très salutaire à l’Ami
(et) à l’Enveloppeur.
Hémistiche 1. — Cf. 25, 1, pavasva dakscltàdhanal} . . . ma -
rudbh ifgfli.
4. — asindbhyam tuâ vasuuidam | abhi vânir anüsata\\
gôbhrs te vârnam abhi vdsaydmasi
Pour nous, les chants ont crié vers toi qui trouves la
richesse; nous t’enveloppons de ta couleur en t’approchant
au moyen des vaches.
Hémistiche 1. — Cf. 103, 3, abhi vânir rsïnàm sapta nüsatai
pâda 3. — Cf. 45, 3, team arunam vayam gobhir anjmah,
Cf. Berg., I, 154, sur la couleur brillante de Somâ.
5. — sd no madanâm pata ) itido devàpsard ast||
sàklieva scddiye gdtuvittamo bhaua
O brillant, le maître de nos boissons, te voilà (toi) la nour-
riture des Célestes; pareil à l’ami, manifeste-toi pour l’ami,
(toi) par excellence le trouveur de la voie.
pâda 3. — Cf. 101, 10, somàh pavante.. , gâtuvittamâli , mitrâh,
420
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMa
6. — sânemi krdhy àsmdd à | raksdsam kdm cid atrinam ||
âpâdevam dvayûm dnho yuyodhi nah
Viens faire de nous ce qui est avec la jante 1 * ; écarte de
nous le gardien quelconque, le dévorant, le non-céleste, le
double, l’oppression.
Hémistiche 2. — Cf. 86, 48 , jahi oiçoân raksasa indo atrinah.
HYMNE CV
1. — tara vah sakhàyo màdâyà\punândm abhi gâyata [|
çiçum nd yajnaih svadayanta gùrtibhih
O amis, faites résonner en vous en approchant celui que
voilà qui s’allumepour la boisson! Que pareil à l’enfant, ils
le régalent au moyen des oblations, des chants.
pâda 3. — Cf. 104, l3, çiçum na yajnai/i pari bhüsata.
2. — sdm vatsd iva mdtrbhir | indur hinvânô ajyate ||
devâvir mddo matibhih pâriskrtah
Pareil au veau, le brillant qui s’élance est oint par les
mères et en même temps qu’elles; le régal des Célestes, la
boisson, est développé tout autour par les pensées.
pàda 1. — Cf. 104, 2, sam i vatsam na mütrbhili srjalâ,
pàda 3. — Cf. 43, 3, somo gïrbhih pariskrtah.
3. — ayàim ddksâya sâdhano [ ’ydm çârdhàya vîtdyc ||
aydm devêbhyo màdhumattamah sutàh
Celui que voilà est l’édificateur pour l’habile; celui que
voilà (est l’édificateur) pour le régal (destiné) à l’ardeur;
celui que voilà très pourvu de doux a été versé pour les
Célestes.
1. Ou, ce qui a la même jante (que le soma liquide); ce qui inlpliqüe
comparaison avec une roue ou un char
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 421
Hémistiche 1. — Cf. 104, 3, punàtâ daksasâdhanani yathâ çar -
dhâya vïtaye.
4. — gôman na indo àcvavat | sutâh sudaksa dhanua ||
çûcim te vârnam âdhi yôsu dldharam
O brillant, très habile, toi qui as été versé, coule (vers)
notre (offrande) pourvue de vaches, pourvue de chevaux;
j’ai établi ta couleur claire, au-dessus, dans les vaches.
Hémistiche 1. — Cf. 69, 8, ânah pavasoa... açvâvad gomat ;
61, 3, pari nali. . . gomad indo. . . ksarâ.
pàda 3. — Cf. 104 , 43, gobhië te varnam abhi oâsayâmasi .
5. — sa no harlnàm pata | indo devâpsarastamah\\
sdkheva sàkhye ndryo rucé bhava
Toi que voilà, ô maître de nos dorées, — nourriture par
excellence des Célestes, — manifeste-toi comme l’ami pour
l’ami, toi qui es de la nature des hommes(-somas), pour
l’éclat.
Cf. 104, 5, sa no madânàm pata indo deoapsarâ asi sakheva
sakhye gàtuvittamo bhava.
6. — scinemi tuâm asmüd dû | âdeuam kdm cid atrinam j|
sdhvân indo pari bàdho dpa dvayum
O toi qui, venant de nous, t’approches de ce qui est avec
une jante, écarte en frappant, — ô brillant, ô puissant, —
le non-céleste quelconque, le dévorant, le double.
Cf. 104, 6, dont ce vers est une variante.
HYMNE CVI
1. — indram âclia sutâ imé \ vrsanam yantu hârayah |j
çvusti jcïtâsa indavah svarvidah
Que ces dorés qui ont été versés aillent à l’Ardent, au
422
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
taureau! Les brillants qui trouvent le soleil (sont) nés au
moyen de l’audition (le fait d’ouïr, d’entendre les crépite-
ments est une manifestation de leur existence).
pâda 3. — Cf. 21, 1, indava/j . . . svarvidah.
2. — ayàm bhârâya sânasir | indrcïya pavate sutâh ||
sômo jaitrasya cetati yàthd vidé
Ce conquérant que voilà, qui a été versé, s’allume pour
le support, pour l’ Ardent; le liquide éclaire (ou, allume)
le vainqueur de manière à ce qu’il le trouve.
Hémistiche 1. — Cf. 6, 6:l, sutam bharâya sam svja.
pâda 3. — Cf. 86, 32, tancànas trivrtam yatliâ vide.
3. — asyéd indro mddesv â | grâbhâm grbhnita sânasim |j
vâjram ca vrsanam bharat sam apsujit
Dans les breuvages de celui que voilà, que l’Ardent vienne
saisir le saisisseur, le conquérant; que celui qui remporte
ses victoires dans les eaux ’ soutienne de concert (l’arme) 2
issue du réconfort, (le vajra), — le taureau.
4. — prâ dhanvâ soma jâgrvir | indrâyendo pari srava ||
dyumântain çûsmam â bJiarâ svarvidam
O liquide éveillé, coule en avant; ô brillant, coule circu-
lairement pour l’ Ardent! Apporte l’éclairé, le vif, celui qui
trouve le soleil.
pâda 3. — Cf. 29, 63. dyumantam çusmam a bhara.
5. — indràya vrsanam mâdam\ pâvasva viçvâdarçatah ||
sahàsraycimâ pathikrd vicaksandh
Toi qui brilles par l’effet de tous (les dons), allume le tau-
1. Berg., II, 186: « Vainqueur dans les eaux.»
2. Cf; l’épithète cajrabhrt.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
423
reau, la boisson pour l’Ardent, — (toi) qui marches au moyen
des mille (dons), (toi) le créateur du chemin, l’étincelant;
Hémistiche 1. — ■ Cf. 65, 13, isam pavasva viçvadarçalah.
pâda 3. — Cf. 46, 53, soma gâtuoit.
G. — asmâbhyam gâtuvittamo \ deoébhyo mâdhumattamah ||
sahâsram yâhi pathibhih kânikvadat
Toi qui trouves par excellence la voie pour nous, toi qui
es très pourvu de doux pour les Célestes, viens à l’aide des
mille chemins, toi qui bruis (ou, vers ce qui bruit).
7. — pâuasva devâvltâya | indo dhavâbhir ôjasd |[
â kalâçam mâdhumân soma nah sadah
Allume-toi pour le régal des Célestes, ô brillant, à l’aide
des courants, à l’aide de la Force; ô liquide pourvu du doux,
viens t’asseoir dans notre coupe !
pâda 1. — Cf. 70, 9', pavasca soma deoavïtaye.
8. — ta va drapsd udaprûta | indram mâdàya vàvrdhuh ||
tvâm devdso amrtàya kdm papuh
Tes gouttes qui baignent dans les eaux ont fait croître
l’Ardent pour la boisson (= pour boire); les Célestes t’ont
bu pour le non-mort (= pour vivre).
Hémistiche 1. — Cf. 89, 21, apsu drapso vâcrdhe; 78, 4, gain
devâsah cakrire pïtaye madam... drapsam.
pâda 3. — Voir Berg., I, 198, sur l 'amrta..
9. — â nah sutâsa indavah | punârid dhâvatâ rayim []
vrstidydvo rltyclpah svaroidah
En vous allumant, ô brillants versés, coulez vers notre
richesse, — (vous) qui avez la pluie du ciel, qui avez des
courants d’eau, qui trouvez le soleil.
424
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
v rëtidyâcah. — Cf. 89, 1, divali... crëtih. — Donc « la pluie du
ciel (métaphorique) » est le soma.
10. — sômah punànd ürminâ \ -vyo vâram vi dhâvati ||
dgre vâcàh pàœamdnah kânikradat
Le liquide qui s’allume au moyen du flot coule à travers
la toison de la brebis, — (lui) qui s’allume en bruissant dans
la pointe de la voix.
Hémistiche 1. — Cf. 86,25, arye punânam pari vâra ürminâ
harim.
pàda 3. — Cf. 73, 9, jihoâyâ agre.
11. — dhibhir hinvanti vdjinam | varie krüantam dtyavim ||
ablii triprsthâm matâyah sdm asvaran
Ils mettent en mouvement, au moyen des pensées dans
le bois, celui qui est pourvu des réconforts, qui joue, qui
dépasse (la toison de) la brebis; les pensées ont fait retentir
avec (elles) en se dirigeant vers lui celui qui a trois sommets.
pàda 2. — Cf. 45, 52 et 6, 5% même formule.
pâda 3. — Cf. 90, 2, abhi trippëtham crëanam. . . avâvaranta
vânïh.
12. — dsarji kalàçân abhi \ mühé sdptir nd vdjayûh ||
pundnô vàcam jandyann asisyadat
Le désireux de réconfort a été lancé, pareil à l’attelage de
sept chevaux, vers les coupes dans le combat (ou, dans l’hu-
mide) (?); s’allumant, il a coulé en engendrant la voix.
pâda. 1. — Cf. 67, 15, soma te raso ’sarji kalaçe sutah.
pàda 2. — Cf. 103, 6', pari saptir na câjayuh.
pàda 3. — Cf. 78, 1, râjâ vâcani janayann asiëyadat.
13. — pdwate haryatü hdrir | dii fwdrdrisi rdiihyà ||
abhydrsan stotrbhyo vîrdvad ydçah
Le désiré, le doré s’allume au delà des nuisances, au moyen
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 425
du courant, en coulant vers l’éclat pourvu de héros (destiné)
aux chanteurs.
pâda 2. — Cf. 63, 4, ete asrgram âçavo’ti hvarânsi.. , rtasya
dhârayà. — Berg., III, 198 : « Soma échappe aux pièges. »
pâda 3. — Cf. 66. 27% dcidhat stotre suvïryam (formule);
61,26% ràsoendo oïraoad yaçali.
14. — ayà paucisva devayûv | mddhor dhàrâ asrkèata ||
rébhan pavitram pâry esi viçuàtah
Par celle que voilà, allume-toi, ô toi qui désires devenir
céleste; le courant du doux a coulé; en chantant, tu vas
tout autour de l’allumeur, toi qui proviens de ce qui a tous
(les dons).
Hémistiche 1. — Cf. 63, 7% ayâ pavasoa dhârayâ.
pâda 3. — Cf. 97,1% sutah pacitram pary eii rébhan. — Berg.,
I, 185, voit ici une simple allusion au son « que rend le soma en
coulant par le tamis. »
HYMNE CVII
1. — pârito sincatâ sutâm \ sômo yâ uttamàm havih ||
dadhanvân yô nàryo apsv àntdr â | susâva sômam
àdribhih
De ceci faites couler circulairement le versé, le liquide qui
est la libation très haute, — (lui) qui, de la nature de l’homme
(-soma), courant (pour entrer) à l’intérieur des eaux, a fait
couler le liquide au moyen des montagnes.
Hémistiche 1. — Cf. 67, 28, pra syandasva soma... uttamam
havih.
Hémistiche 2. — Cf. 30, 5 .apsuivâ... harirn hinvanty àdribhih.
dadhanvân, voir sur ce mot, Berg., II, 31 et 459, note.
2. — nünâm pundnô ’vibliih pari sravâ- | dabdhah sura-
4 26
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
bhintarah || su té cid tvdpsû madcLmo àndhasâ \ çrinànto
gôbhir ûttaram
Allumant l’actuel1 2 avec les brebis, coule circulairement*,
(ô toi) qui n’es pas opprimé, qui es très savoureux! Nous te
baignons dans le coulé quoiqu’il soit coulé), dans les eaux,
allumant (ou, cuisant) celui qui est plus haut avec l 'andhas,
avec les vaches.
Hémistiche 1. — Cf. 97, 19, sâno cwye... surabhir adabdhah
pari sraca.
püda 4. — Cf. 46, 43, gobhili çrïnïta matsaram.
3. — pari suvdndç cdksase deva | -mâdanah krâtur indur
vicaksanàh
Coulant circulairement pour l’éclat, (voilà) celui qui
abreuve (ou, baigne) les Célestes, le créateur, le brillant,
l’étincelant.
kratuJi . — Berg., III, 304, propose ici pour ce mot le sens de
« une force ».
4. — pundnàh sorna dhârayd \ -pô vdsdno a rsa si || d rat-
nadhâ yônim rtâsya sidasy | ûtso deva hiranydyali
O liquide, en t’allumant tu coules ayant revêtu les eaux
au moyen du courant; ô Céleste, toi qui établis la richesse,
fontaine d’or, tu viens prendre résidence dans la matrice du
versé.
Hémistiche 1. — Cf. 96, 13, pacasoa soma... rtâvâpo casânaJi.
pàda 3. — Cf. 66, 12', indavah... aymann rtasga i/onim.
pâda 4. — Berg., 1, 155 : et Nous trouvons les allusions à la nature
liquide et à l’éclat du Sonia combinées dans l’expression pittoresque
de source d'or. »
1. Berg., Il, 31 note : « Le sacrifice actuel ».
2. Berg. , I, 220: » Pcut-èlre par allusion au Soma qui coule autour du
ciel.»
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
427
5. — duhând ûdhar divydm rnàdhu priyâm | pratnâm
sadhdstham âsadcit || dprchyam dharûnam vâjy àrèati |
nrbhir dhûtô vicaksandh
Celui qui trait la mamelle céleste, le doux, l’agréable, a
pris résidence dans la demeure commune, l’ancienne; pourvu
de réconforts, mis en mouvement par les hommes(-somas),
étincelant, il coule (vers) le support qui doit être interrogé
(allusion aux crépitements).
pâdal.- — Berg., II, 104: « Sonia trait la mamelle du ciel. »
pâda 2. — Berg., I, 187 : « Le récipient où il s’arrête (Sonia) est
sa demeure ancienne ».
6. — punândh soma jâgrvir \ civyo rare pari priyâh ||
tvdm vipro abhavô ’iïgirastamo | mddhvâ yajndm mi-
mi ksa nah
O liquide, toi qui t’allumes circulairement, éveillé, dans
la toison de la brebis, agréable, — tu t’es manifesté, agité,
très actif 1 ; mêle notre oblation au moyen du doux (c’est-
à-dire au doux).
pâda 4. — -Cf. 86, 43% madhunCdiby anjate. — ■ Berg., II, 226,
voit dans ces formules l’idée que les dieux « répondent au sacrifice
par le don de la pluie ».
7. — sômo mldhvân pavate gâtuvittama \ rsir vipro vica-
ksandh || tvdm kavir abhavo devavitama | â suryam
rohayo divi
Le liquide humide s’allume, lui qui sait par excellence
trouver la voie, (lui) le chanteur, l’agité, l’étincelant. O sage,
très approprié au régal des Célestes, tu es apparu ; tu as fait
monter le soleil dans le ciel.
pâda 4. — Cf. 86, 22% suryam ârohayo divi. — Berg., I, 218 :
l.Berg., I, 188: « Le plus Angiras. »
428
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
« C’est comme étant très agréable aux dieux que Soma fait monter
le soleil dans le ciel. )> — Pour moi, c’est comme liquide trans-
formé en flammes.
8. — sôma u suvdnàh sotrbhiv | âdhi snûbhir âvlndm ||
àçuayeva haritd xjàti dhârayà | mandrâyà yàti dhârayà
Le liquide, s’écoulant en haut par ceux qui le font couler,
par les sommets des brebis, marche comme au moyen de la
cavale dorée à l’aide du courant liquoreux; il marche au
moyen du courant.
pâda 1 . — Cf. 30, 2', indur hiyànah . .. sotrbhili .
9. — anüpé gômdn gôbhir aksdh \ sômo dugdhâbliir aks dh
samudrdm nd samvârandny agman | mandî màddya
toçate
Celui qui est pourvu de vaches a coulé au moyen des
vaches dans le réservoir (?); le liquide a coulé au moyen
des traites (de lait); les enveloppes sont venues comme dans
la mer; le liquoreux coule pour la boisson.
pâda 1. — Cf. 87, 4% somo vrsâ vrsne pari paoitre akëâl.i
pâda 3. — Cf. 88, 6; 66, 12, etc.
pâda 4. — Cf. 45, 2, team indràga loçase.
10. — à soma suvdnô ddribhis j tiré varan y avydy djd no
nd puri camvor viçad dhdrth | sddo uàtiesu dadhise
Le liquide qui coule au moyen des montagnes à travers
les toisons des brebis, pareil à l’homme(-soma), a pénétré
dans la ville, dans les deux coupes. O doré, tu as établi (ta)
demeure dans les bois.
pâdas 2 et 4. — Cf. 62, 8, so arsa. . . tiro româny avyayâ sïdan
yonà uanesü à ; 92, 6', sïdan mrgo na mahiso vanesu. — Berg.,
I, 224 : « Soma entre dans les cuves comme un homme dans une
ville. »
le culte védique du soma
429
11. — sd mâmrje tiré ânvâni mesyo \ mühé sàptiv net
vdjayûh || anumâdyah pcwatndno manlsibhih | sômo
viprebhir rkvabhi/i
Celui que voilà est devenu brillant au delà des (dons)
minuscules de la brebis, désireux de réconfort, pareil à l’at-
telage à sept chevaux dans l’humide (?), — lui qui doit par-
ticiper à la libation, (lui) le liquide qui s’allume au moyen
des penseurs, des agités, des chanteurs.
pâda 1. — Cf. 10, 5:l, sürâ anvam vi tanvate ; 16, 23, gosâm an-
vesu saçcima.
pâda 2. — Cf. 106, 12% même formule.
pâda 3. — Cf. 24, 6, pavasoa...ukthebhir anumâdyah.
12. — prd soma clevdvïtaye \ sindhur nd pipye àrnasd ||
ançôh pdyasd madirô nd jâgrvir | cichd kôçam madhuç-
câtam
En avant, ô liquide, pour le régal des Célestes ! Comme
la rivière, il s’est enflé par le flot; pareil au liquoreux, l’é-
veillé (s’est dirigé) vers l’enveloppe d’où coule le doux au
moyen du lait de l’éclat.
pâda 1. — Cf. 66, 7', pra soma yàhi dhârayâ.
pâda 2. — Ch 21, 63, çukràli pacadhoam arnasà. — Berg., 1, 154 :
« Le flot de Soma se gonfle comme celui d’une rivière. »
pâda 4. — Cf. 66, 111, aclia koçam madhuçcutam asryram...
13. — â haryatô àvjune dtke avyata \ priyâh sünûr nd
màrjyah || tâm lin hinvanty apetso ydthd rdtham | nadisv
â gdbhastyoh
Le désiré s’est enveloppé dans un tissu brillant, — (lui)
qui doit être rendu luisant, agréable à l’égal du fils; les
actifs le mettent en mouvement comme un char, dans les
rivières, dans les deux mains.
Hémistiche. 1 — Cf. 101, 14, âjâmir atke avyata... na putrah
430
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
pàda4. — Cf. 13, 1\ dadhanoire gab/iasiyoli ; 20, 6, cahnir
apsu... mrjyamàno gabhastyoh.
14. — abhi sômdsa dydvah | pavante màdyam mâdam ||
samudrâsyâdhi vistdpi manïsino \ matsarâsah svarvidah
*
Les liquides, les actifs s’allument en s’approchant de la
boisson potable, — (eux) les penseurs, les liquoreux, qui
trouvent le soleil, qui sont (placés) en haut, dans le support
de la mer1.
Hémistiche 1. — Cf. 23, 4'-!, même formule.
pâda 3. — Cf. 12, 6!, indur isyati samudrasyâdhi cistapi.
15. — tàrat samudrdm pâuamàna ùr/nind \ vàjâ devd rtàm
brhât || ârsati mitràsya vârunasya dhdnnand | prd hin-
vdnd rtàm brhât
Que l’allumé traverse la mer au moyen du Ilot; que le roi,
le Céleste (atteigne ou traverse) le coulé, le fort, — en
coulant à l’aide du soutien de l’Ami (et) de l’Enveloppeur,
— en mettant en mouvement pour s’avancer le coulé, le
fort.
pâdas2et4. — Cf. 56, 1, pari soma rtam brhad âçuhpaoitre
arsati ; 66,24 paj'arnâna rtam brhac chukram jyotir ajîjanat.
pâda 3. — Cf. 63, 22‘, câyiun ü roha dharmanâ.
Hémistiche 2. — Berg., 111,261 :« Soma coule selon le dhannan
de Mitra et Varuna, en accomplissant le grand rta. »
16. — nrbhir yemànô haryatô vicaksanô | raja devdlx
samudriyah
S’étendant au moyen des hommes-(somas), (voilà) le dési-
rable, l’étincelant, le roi, le Céleste, celui qui est de la
nature de la mer.
pâda 1. — Cf. 99, 8, à nrbhir yatah.
1. Berg., II, 32 : « Le sommet de la mer, »
LÈ CULTE VEDIQUE DU SOMA
43 1
17. — indràya pauate mâdah \ sômo mcirûtvate sutâh ||
sahàsvadhâro dty âvycun arsati | tdm l mrjanty ày du ah
La boisson s’allume pour l’Ardent; le liquide versé (s’al-
lume) pour celui qui est pourvu des Impétueux; ayant les
courants de ceux qui ont les mille (dons), il coule au delà
de (la toison) de la brebis; les actifs le rendent brillant.
Hémistiche 1. — Cf. 64, 22, indrâyendo marutvo.te pavasoa.
pàda 4. — Cf. 64, 233, sam tvâ mrjanty âyavali.
18. — punândç camu janciyan matim kavih \ sômo deoésu
ranyati\\ apô vdsdnah pdri gôhhir ûttarah | sîdan vdnesv
avyata
S’allumant dans la coupe, engendrant la pensée, le sage,
le liquide, se régale parmi les Célestes ; s’entourant des eaux,
il s’en enveloppe au moyen des vaches, (lui) le supérieur1,
en prenant résidence dans les bois.
pàda 1. — Cf. 46, 32, ete somâsaJi... camü sutâli.
pâdas 1 et 3. — ■ Cf. 78, 1, vâcam janayann asisyadadapo vasâno
ablii y à iyaksati.
pàda 3. — Cf. 107, 24, gobliir üttaram.
.pàda 4. — Cf. 107, 10', hardi sado vanesu dadhise.
19. — tcwdham soma rdrana \ sahhyâ indo divé dire \\pu-
j'üni bahlxro ni caranti mâm àua | paridlünr dti tân ihi
O liquide, je me suis régalé, ô brillant, dans ton amitié
(destinée) à chaque jour (ou, placée dans chaque jour);
ô rouge, les nombreux(-somas) descendent (vers) moi ; va au
delà de ces enveloppes (ou, de ces entourages).
Hémistiche 1. — Cf. 61, 29, asya te sakhye vayam taoendo
dyumng. uttame ; cf. aussi 66, 14.
pàda 6. — Cf. 96, 11, paridlünr apornu.
1. Ea tant que soma igné, il s’élève au-dessus du soma liquide.
432
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
20. — utàhàm ndktam. utâ soma te dioâ | sakhyâya babhra
ùdhani || ghrnà tâpantam dti surgeon pardli [ çakunâ ira
paptima
Moi (qui suis) la nuit, ô liquide, au moyen de ton jour,
ô rouge, (je suis destiné) à l’amitié qui est dans la mamelle;
pareils à l’oiseau, nous avons volé au delà du soleil qui
échauffe au moyen de l’éclat.
pàda 1. — Cf. 97, 9', dioâ harir dadrçe naktam rjrali.
Hémistiche 2. — Berg., I, 6: « Nous avons comme les oiseaux
dans leur vol, échappé au soleil qui brûle pendant l’été. »
21. — mrjyàmânah suhastya | samudré vâcam invasi ||
rayim piçdngam bahut à ni purusprham [ pdvamânàbhy
àrsasi
O toi aux belles mains, qui as été rendu brillant, tu mets
en mouvement la voix (qui est) dans la mer1; ô allumé, tu
coules vers la richesse dorée, forte, désirée par les nombreux
(-somas) .
pâda 2. — Cf, 12, 6’-2, pra vâcam indur isyati samudrasyâdhi
vistapi .
22. — mrjânô rare pàvamdno aoyàye | vrsâoa cakrado
mine || devândm soma pavamâna niskrtdrp, j gôbhir aiï-
jânô arsasi
Te rendant brillant, ô allumé, dans la toison de la brebis,
tuas mugi, ô taureau, en descendant dans le bois; ô liquide,
ô allumé, tu coules en t’oignant avec les vaches vers l’édi-
fice des Célestes.
pàda 2. — Cf. 7, 32, vrsàca cakradad vane.
pàda 3. — Cf. 101, 16'.
pàdas 1 et 4. — Cf. 103, 2, pari cârâny avyayà gobhir aiïjâno
arsati.
1. Berg., Il, 33: « La voix que Soma fait entendre au milieu de la mer. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA 433
23. — pdvasva vâjascïtaye | ’bhi viçuâni kâvyd\\tvdm sa-
mudrdm prathamô vi dhârayo | devébhyah soma mat-
sardh
Allume en t’en approchant (ou, allume-toi en approchant
d’elles) toutes les choses qui sont de la nature du sage, pour
la conquête du réconfort ; allant en avant, ô liquide liquo-
reux, tu as supporté la mer pour les Célestes.
Hémistiche 1. — Cf. 23, 1, soma asrgram. . . abhi viçoàni
kâoyâ.
pâda 3. — Cf. 84, 4% induli samudram ud iyarti.
24. — sd tü pcwasva pari pârthiuam râjo | divyâ ca soma
dhàrmabhih || tvâm viprdso matibhir vicaksana | çubhrdm
liinvanti dhltibliih
Toi que voilà, allume circulairement (ou, allume-toi en
les entourant), ô liquide, le rajas terrestre, et les (choses)
célestes au moyen des supports; les agités, ô étincelant, te
mettent en mouvement, ô toi qui es éclatant, au moyen
des pensées, des méditations.
pâda 1. — Cf. 72, 81, même formule. .
pâda 2. — Cf. 72, 7, prthioyâ dliaruno maho dicali, — Berg.,
III, 236 : « Soma est invité à couler selon les dliarman autour
du ciel et de la terre. » — Le rapprochement des deux formules
démontre l’erreur de Berg, en ce qui concerne le sens du mot
dliarman.
25. — pdvamând asrksata | pavitram dti dhârayà || marât-
vanto matsarâ indriyâ lidyâ | medhâm abhi prdyânsi ca
Les allumés ont coulé au delà de l’allumeur au moyen du
courant; les coursiers pourvus des Impétueux, liquoreux,
de la nature de l’Ardent, (ont coulé) vers la sagesse, vers les
choses agréables.
pâda 3. — Cf. 64, 22, indràyendo marutvate pavasva .
28
434
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
26. — apô vdsûnah pari kôçam arsati \ -ndur hiydnàh
■ sotrbhih \\ jandyan jyôtir mandànâ avîvaçad \ gâh krn-
vdnô net nirnijam
Le brillant, ayant revêtu les eaux, coule autour du vase,
mis en mouvement parceux qui font couler; en engendrant la
lumière, il a fait mugir les vaches liquoreuses1 en (les) créant
en quelque sorte (sous la forme de) l’émergé.
pâda 4. — Cf. 95, l3, krnule nirnijam gâli.
HYMNE CVIJI
1. — pdvasva mâdhumattama indrâya | sonia kratu-
vittamo mâdah\\mcïhi dyuksdtamo mâdah
O boisson très pourvue de doux, très apte à trouver
l’édificateur, allume-toi pour l’Ardent, — (toi) le haut, la
boisson qui par excellence habite le ciel.
2. — ydsya te pituâ vrsctbhô vrsâyâte | ’syà pitâ svarui-
dah\\sâ suprciketo abhy àkramld | isô ’chcï vâjam nai-
taçah
O toi qui trouves le soleil, dont les boissons quand elles
sont bues font que ton taureau agit en taureau2, — (toi),
le très brillant, tu t’es avancé vers les libations, pareil au
coursier, vers le réconfort.
pâda 1. — Cf. 47, 1, ayà somah sukrtyayâ. . . mandâna ad
vrsâyâte.
3. — tvdni hy àngd daivyà pdvamcina \jdnimdni dyumdt -
tama/i || amrtatvâya ghoèdyah
O allumé, très pourvu d’éclat, fais retentir les engendre-
ments célestes pour la non-mort (= la vie).
1. Berg., 11,49: «Joyeuses».
2. Berg., II, 250: « Indra veut faire œu\re de màle(ou, de béros). »
Le culte védique du somà
43è
Berg., I, 198 : « Sonia a appelé à l’immortalité les races
divines. »
4. — gêna nâvagvo dadhydnn apornutê | yêna vipvdsa
âpiré || devâncim sumné amrtasya cârûno | yêna çrà-
vânsy ânaçûh
(Voilà celui) par lequel celui aux neuf vaches qui se meut
par le lait s’ouvre; (voilà celui) par lequel les agités ont
prospéré (?); (voilà celui) par lequel les beaux ont obtenu
les voix dans la bonne pensée des Célestes, du non-mort.
pàda 1. — Berg., II, 310 : « C’est par Soma que le Navagva
ouvre. »
5. — esâ syd dhârayà sutô \ ’vyo vârebhih pavate madtti-
tamah\\ krüann ürmir apâm iva
Celui que voilà coulé au moyen du courant, très liquoreux,
s’allume à l’aide des toisons delà brebis, en s’agitant comme
le flot des eaux,
Cf. 86, 26, atyo na krllan pari vüram arsati.
6. — yd usriyâ dpyâ antdr àçmano | nir gâ dkrntad ôjasâ ||
abhi vrajàm tatnise gcwyam dçvyam | varmwa dhrsnav
à ruja
Toi qui as fait sortir, en le fendant, de l’intérieur du
rocher les vaches rouges, aqueuses, à l’aide de la force,
— tu as étendu l’enceinte faite de vaches et de chevaux;
ô audacieux, brise-(la), comme celui qui est pourvu d’un
entourage (le brise).
pàdas 1-2. — Cf. 102, 8, rnor apa vrajam dioah. — Berg., I, 218 :
« Soma fait sortir les vaches de la caverne de pierre. »
7. — • à sotâ pari sihcatd | - çvam net stômam aptûram
rajastûram\\ vanakraksdm udaprâtam
Faites couler, versez circulairement le chant, pareil à un
436
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
cheval, qui traverse les eaux, qui traverse le rajas, — qui
bruit dans le bois, qui se baigne dans l’eau.
Berg., II, 32, rajastur = « traversant l’atmosphère », avec
allusion au sacrifice céleste. — Il s’agit simplement du soma
liquide dont le soma pavam. s’empare, qu’il conquiert, c’est-à-dire
qu’il s’assimile.
8. — sahàsradhàràm vrsabhdm payovrdham | priydm de-
vâya jânmane || rtêna y à rtdjdto viüdvrdhé | ràjd devà
rtdm brhàt
(Faites couler) le taureau pourvu des courants aux mille
(dons), qui croît à l’aide du lait, l’agréable (destiné) à la pro-
duction pour le Céleste, (c’est-à-dire, à produire le Céleste),
— lui qui, issu du versé, croît par le versé, — le roi, le
Céleste, le coulé, le fort.
pàda2. — Cf. vers 3, hémistiche 1, daivyâ... janimâni.
9. — ablii dyumnâm brhdd ydça j isah pâte didihi deva
devayûh\\ m kôçam madhyamdm yuva
O maître de la libation, Céleste, désireux du Céleste, éclaire
l’éclat, la lumière puissante; ouvre le vase du milieu1.
10. — â vacyasva sudaksa camv'oh sutô \ viçâm vdhnir nà
viçpdtih || vrstim divdh pauasva rltim apâm \jinvd gd-
vi étaye dhiyah
Jaillis, ô très habile, toi qui as été versé dans les deux
coupes, maître de la demeure, pareil au porteur des de-
meures, — allume la pluie du ciel, le courant des eaux;
mets en mouvement les pensées pour celui qui a le désir des
vaches.
1. Far allusion à l’inférieur qui contient le soma liquide et le supérieur
qui équivaut au soma igné. — Berg., I, 178: « Somaest prié d’ouvrir la tonne
intermédiaire, apparemment pour en sortir lui-même. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
437
pàcla 2. — Cf. 97, 34, vahnir rtasya. — Berg., I, 187 : « Sonia
est chef des tribus. »
11. — et dm u tydm madacyûtam \ sahdsradhdram
vrsabhdm divo duhuh || viçvâ vdsûni bibhratam
Ils ont trait ce taureau du ciel que voilà, d’où coule la
boisson, qui a le courant des mille (dons), qui porte (ou,
apporte) tous les biens.
12. — vrsd vi jctjne janàyann âmartyah | pratdipan jyôtisâ
tdmah |] sa sûstutah kavibhir nirnijam dadhe | tridhâtu
asya ddnsasd
Le taureau, le non-mort est né en engendrant, en allumant
l’obscurité au moyen de la lumière; lui, bien célébré parles
sages, a établi l’émergé, — ce qui a trois supports, — au
moyen de sa création.
pâda 2. — Berg., I, 214 : « Brûlant l’obscurité avec la lumière. »
Hémistiche 2. — Cf. 70, 8, tridhàtumadliukriyate sukarmabhili ;
99, 1, çukrâm vayanti... nirnijam. — Berg., I, 179: « Soma
prend un vêtement triplement (ou trois fois). »
13. — sà sunve yô vâsündm | yô ràyâm dnetâ yd
ildndm || sômo ydh suksitlnâm
Voilà qu’il coule celui qui est l’introducteur des biens, des
richesses, des libations, — le liquide (qui est l’introducteur)
de celles qui ont de belles demeures.
Cf. 27, 3, esa nrbhir vi nïyate. . . vrsâ sutah.
pâda 2. — Berg., I, 324 : « L’élément céleste désigné par le mot
ila semble être ordinairement l’eau de la nuée. »
14. — ydsya net indrah pibâd ydsya marûto | ydsya vdrya-
mdnd blidyah || â yéna mitrâvàrund kàrâmaha | éndram
dvase inahé
Du nôtre que voilà, que l’Ardent boive, que les Impé-
438
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
tueux (boivent), que le Participant boive au moyen du
Fidèle, — ■ lui par lequel nous venons produire l’Ami et
l'Enveloppeur, l’Ardent pour le haut régal.
Hémistiche 1. — Cf. 97, 42 et 49.
15. — indrâya soma pàtave nrbhir | yatàli svâyudhô
madintamah || pâvasva mâdhumattamah
O liquide étendu par les hommes pour (servir) à la bois-
son del’Ardent, — toi qui as de belles armes, très liquoreux,
allume-toi, (ô toi qui es) très pourvu de doux!
IG. — indrasya hârdi somâdhanam à viça | samudrâm
iva stndhavah Wjûsto mitrâya vârunâya vdyàve \ divô
vistambhü uttamâh
Pénètre le réceptacle du liquide, dans le cœur de l’Ardent,
— comme les rivières (pénètrent) la mer, — toi le savouré
(destiné) â l’Ami, à l’Enveloppeur, au Vent, — toi, support
très élevé du ciel.
pâda 1. — Cf. 70, 9!, même formule,
pâda 3. — Cf. 70, 8:|, même formule.
HYMNE CIX
1. — pari prâ dhanvéndrâya soma svcldûr | mitrâya
püsné bhàgâya
O liquide, toi qui es doux, coule circulairement pour
Y Ardent, pour l'Ami, pour le Nourricier, pour le Parti-
cipant.
Cf. 61,9, sa no bhagâtja oâyave pûëne pavasoa madhumrm.
2. — indras te soma sutâsya peyàh krdtve \ ddksâya
viçve ca devâh
Que l’Ardent, ô liquide, boive ton (suc) coulé pour l’édi-
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
439
ficateur, pour l’habile, — que tous les Célestes (le boivent)!
Cf. 100, 5, kratve claksâya nali kave pavasva soma dhârayâ.
3. — evâmrtâya mahé ksdyàya sd çukrô | arsa
divydh plyusah
Que cette liqueur éclatante, de la nature des Célestes,
coule pour le non-mort, pour la haute demeure.
Cf. 9, 2', pra pra ksayayâ.
4. — pcivcisua soma mahân samudrâh pitâ | devanâm
viçvàbhi dhdma
O liquide élevé, océan, père, — allume-toi en t’approchant
de tous les édifices des Célestes.
pàda 2. — Cf. 28, 23, viçvâ dhàmâny âviçan.
5. — çukrâh pavasva devébhyah soma divé | prthivyai
çâm ca prajâyai
O liquide étincelant, allume le bon pour les Célestes, pour
le ciel, pour la terre, pour la progéniture.
pàda 1. — Cf. 11,7, paocisva soma çam pave devebhyali .
6. — divô dhartàsi çukrâh plyusah satyé | vidharman
vâji pavasva
O liquide étincelant, tu es le soutien du ciel dans ce qui
est delà nature du manifesté; pourvu de réconfort, allume-
toi dans le support.
pàda 1. — Cf. 76, 1, dhartâ divaJi pacate. . . rasali.
pâda 2. — Cf. 86, 30, rajaso vidharmani . . . soma. . . püyase.
7. — pavasva soma dyumni sudhârô mahâm | dvlnâm
dnu pûrvydh
Allume-toi, ô liquide lumineux des hautes brebis, pourvu
440
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
de beaux courants, toi qui proviens de l’ancien (et) qui (le)
suis.
Cf. 77, 2, sa pürvyali pacate. . . isitas tiro rajah.
pàda 2. — Cf. 107, 8S, adhi snubhir avlnüm.
8. — nrbhir yemânô jajnânâh pûtdh ksürad | uiçvdni
mandrâh svarvit
Étendu par les hommes(-somas), naissant, allumé, — que
le liquoreux qui trouve le soleil, coule (vers) tous (lesdons)!
Cf. 107, 16, nrbhir yemânah. . • decali.
9. — induli punânùh prajâm urànâh kdrad \ uiçoâni
drdvinâni nah
Que le brillant qui s’allume choisissant (se dotant de) la
postérité, nous crée toutes les richesses !
Cf. 8, 93, bhakëïmahi prajâm isam; 62, 113, karad rasüni
dàçuse.
10. — pàvasva soma krdtve ddksàyâçüo | nd niktô
vâji dhdnâya
Allume-toi, ô liquide, pour l'édificateur, pour l’habile, —
toi qui es baigné, pareil à un cheval, pourvu de réconfort,
(allume-toi) pour l’oblation !
Cf. ci-dessus, vers 2.
11. — tain te sotâro rdsani mâdàya pundnti | sômam
mahê dyumnàya
Ceux qui font couler allument ton suc que voilà pour la
boisson; (ils allument) le liquide pour la haute lumière.
pâda 1. — Cf. 16, 1, pra te sotârah-. . rasam madüya.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
441
12. — çiçum jcijncïnâm hârim mrjanti pavitre | sômam
devébhya indum
Ils rendent brillant dans l’allumeur, l’enfant naissant, le
doré, le liquide, le brillant, — pour les Célestes.
Cf. 86, 36, çiçum navarn jajîiànam; 96, 17, çiçum jajnânarp
haryatam mrjanti.
13. — induh pavista càrur mddàyàpâm | updsthe
kavir bhdgdya
Le brillant, le beau s’est allumé pour la boisson dans le
giron des eaux, — le sage (s’est allumé) pour le Participant.
pâda 1. — Cf. 76, 5, arsasy apâm upasthe.
14. — bibliarti càru indrasya nâma yéna | viçvàni
vrtrâ jaghâna
Il porte (ou, supporte) le beau, le signe de l’Ardent au
moyen duquel il a détruit tôutes les enveloppes.
pâda 1. — Cf. 96, 16, abliy arsa guhyam câru nâma. — Berg.,
I, 219: « Soma porte la forme d’Indra sous laquelle ce dieu tue les
démons. »
15. — pîbcinty asya viçve devâso gôbhih \ çrïtdsya
nrbhih sutdsya
Tous les Célestes le boivent au moyen des vaches, (lui qui
est) cuit (ou, allumé) (et) versé par les hommes(-somas).
16. — prd suvânô aksàh sahdsradhâras tirâh |
pavitram oi vciram àvyam
S’élançant, il coule pourvu du courant des mille (dons)
travers l'allumeur, à travers la toison delà brebis,
442
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
17. — sâ vcïjy àksâh sahâsraretâ adbhir | rnrjdnû
gôbhih çrînânàh
Celui que voilà pourvu de réconfort, qui a pour semence
les mille (dons), a coulé au moyen des eaux, lui qui est
devenu brillant, qui est cuit (ou, allumé) par les vaches.
Cf. 96, 8, sa matsarali. . . sahasraretâh... arsa.
pàda 2. — Cf. 65, 26, çrânünâ apsu mrhjata.
18. — prd soma yâhindrasya kuksâ nrbhir | yemânô
âdribhih sutàh
Avance-toi, ô liquide (pour entrer) dans le ventre de l’Ar-
dent, (toi qui es) étendu par les hommes(-somas) et versé par
les montagnes.
Cf. 108, 16', indrasya hardi somadhânam à viça.
19. — âsarji vâji tirdh pauitram indr&ya | sômah
sahâsradhârah
Le pourvu de réconfort a été versé à travers l’allumeur
pour l’Ardent, — le liquide qui a les courants des mille
(dons).
Cf. vs 16.
20. — anjânty enam mâdhvo rcisenéndrâya | vHna
indum màdâya
Ils l’oignent avec le suc du doux pour l’Ardent, (lui) le
brillant (ils l’oignent) pour la boisson (destinée) au taureau.
pàda 1. — Cf. 62, 6', madhco rasam.
21 . — devébhyas tvâ vrthâ pàjase ’pô | vâsànam
hârim mrjanti
Ils te rendent brillant pour les Célestes au moyen de ce
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
443
qui croît (?), pour l’éclat, — (toi) le doré qui as revêtu les
eaux.
Cf. 68, 3, aksitam pâja â dade ; 76, 1, havili srjânah. . . sat-
vabhir vrthâ pâjànsi krnute; 88, 5, srjyamüno vrthâ pâjânsi
krnute.
22. — indur indrâya toçate ni toçate | çrlnânn ugrô
rindnn apdh
Le brillant jaillit, il jaillit en bas pour l’Ardent, — brûlant,
vigoureux, coulant les eaux.
pâda 1. — Cf. 45, 22, tvarn indrâya ioçase; 63, 23', pavamâna
ni toçase rayim.
HYMNE CX
1. — pdry ü sû prâ dhanva vâjasdtaye | pari vrtrâni
saksdnih || dvisds taràdhyâ rnayâ na iyase
En ce moment, élance-toi circulairement pour la conquête
du réconfort, (élance-toi), toi le conquérant, autour des enve-
loppes; tu t’avances pareil au punisseurC?)1 pour dompter les
ennemis.
pâda 1. — Cf. 13, 62, asrgram vàjasàtaye.
2. — ânu hi tvâ sutdm soma mddâmasi | mahé sarnarya-
râjye\\ vâjâîi ab/d pavamâna prd gàhase
O liquide, nous te baignons, ô coulé, pourle Grand qui est
dans la royauté (ou l’éclat) de ce qui est accompagné de
l’époux2. O toi qui t’allumes, tu plonges en t’avançant auprès
(d’eux) dans les réconforts.
pâda 1. — Cf. 8, 4:1, anu (tan) viprâ amâdisuh,
pâda 3. — Cf. 99, 2, vàjàn abhi pra gàhate.
1. Berg., III, 173 : « Soma poursuit les dettes (les fautes). »
2. Circonlocution pour désigner le domaine du liquide sacré.
444
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
3. — âjîjano ht pavamâna suryam \ vidhâre çdJunanâ
pdyah || gôjlrayâ ranhamànah pûrarndhiyd
O allumé, tuas engendré le soleil, — le lait au moyen de
la force, dans le support (?), — toi qui es mis en mouvement
au moyen de celle qui établit l’abondance (et) qui tire son
activité des vaches.
pâda 1. — Cf. 42, l2 , janaijann apsu süryam.
pâda 3. — Berg., III, 327: « La Puramdhi est la compagne de
Sonia. »
4. — àjijano amrta mârtyesv an \ rtcisya dhârmann
amrtasya cârunah || sâdâsaro vâjam ctchâ sânisyadat
Tu (l’)as engendré, ô toi non-mort, dans les morts, dans le
soutien du coulé, du beau non-mort; tu as coulé, désireux
de jaillir, au moyen du résident (?) vers le réconfort.
Hémistiche 1. — Cf. 7, 1, aargram indaoah... dharmann rlasya.
— Berg., III, 239 : « Sous le dharman du rta et du précieux
amrta, Soma a engendré (le soleil) chez les mortels; » etl, 217:
« Soma a engendré le soleil, lui mortel (le texte a amrta) chez les
mortels. »
5. — abhy àbhi hi çrdvasà tatdrdithô \ -tsam nd kdm cij
janapànam dksitam || çdryâbhir nd bhdramâno ydbhastyoh
En t’approchant sans cesse, tu as percé avec la voix comme
une fontaine non arrêtée, boisson générale (?) des hommes
(-somas), — toi qui (la) supportes comme avec des flèches
dans (tes) deux mains.
pâda 2. — Berg., I, 217 : « Soma a fait couler comme une
source le breuvage des hommes (les eaux célestes). »
pâda 3. — Cf. 7G, 2, çüro na dhatta àt/udhâ gabhastyoJi. —
Berg., I, 203 : « Soma est représenté « porté dans les bras comme
par des flèches. » — Les bras et les flèches s’appliquent au soma
allumé, par dédoublement verbal.
LE CULTE VEDIQUE DU SOMA
445
6. — ctd Un kê cit pàçyamânâsa âpyain | vasurûco divyâ
àbhy ànûsata || vcirarn nâ devâh savitâ vy urnute
N’importe lesquels (issus) de celui-ci voyant l’ami, ayant
l’éclat au moyen du bien, Célestes, ont crié vers (lui). Le
Céleste qui fait couler (le) développe comme une enveloppe.
pâda 1. — Cf. 96, 11, paridhïnr apornu.
pâda 2. — Berg., I, 207 (cf. 209) : « Des personnages divins ont
acclamé Soma. »
7. — tvé soma prathamâ vrktâbarhiso j mahé uàjcïya
çràvase dhiyain dadhuh || sa tvâm no vira vïryâya codaya
En toi, ô liquide, ceux qui sont en avant1 (et) pour qui
les réconforts dont répandus, ont établi la pensée, pour le
grand, pour le réconfort, pour la voix ; toi que voilà, ô notre
héros, mets-(toi) en mouvement pour l’héroïsme!
Hémistiche 1- — Cf. 62, 22’, ete soma asrksata grndnâli çra-
vase mahe.
pàda 3. — Cf. 8, 3, indrasya soma râdliase punâno hardi
codaya.
8. — divâh piyusam pûrvyâm yâd ukthyàm \ mahô gdhâd
divâ â nir adhuksata || indram abhi jâyamànam sâm
asvaran
Ils ont trait la sonore boisson du ciel qui est de la nature
de l’ancien, du grand abîme du ciel (?) ; s’approchant de
l’Ardent qui naît, ils l’ont fait retentir avec eux.
pâda 1. — Cf. 109, 3, arsa divyah piyüsah ; 51, 2, divali pïyü-
sam uttamam somam... sunotâ; 85, 9, roruvad divali pïyüsain
daliate nrcaksasah .
1. Berg., I, 209 : « Les premiers sacrificateurs. » — Il est peu vraisem-
blable que les auteurs des hymnes aient eu l’idée des fondateurs du sacrifice.
446
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
9. — cidha xjâd imé pavamdna rôdasî | imà ca viçvd
bhûvandbhi maj mdnd\\ ijûthê nd nisthâ vrsabhô vi tisthase
O allumé, lorsque ces deux brillantes et tous ces êtres
s’approchent au moyen de la grandeur, ô taureau, tu te
tiens (debout), pareil à celui qui se dresse dans le troupeau.
pâda 4. — Cf. 77, 5, atyo na yüthc vrsayuh kanikradat. —
Berg., I, 213: « 11 est au milieu des êtres comme le taureau dans le
troupeau. »
10. — sômah pundnô avydye vâre \ çiçur nd krilan pdva-
mdno aksdh || sahàsradhârah çatàvàja induh
Le liquide qui s’allume dans la toison de la brebis, celui
qui s’allume en s’agitant comme un enfant1 2, a coulé, — (lui)
le brillant qui a les courants des mille (dons), qui a pour
réconfort les cent (dons).
Hémistiche 1. — Cf. 86, 26, kacir atyo na krilan pari Dâram
arsati.
pâda 3. — Cf. 96, 9\ même .formule.
11. — esd pundnô mâdhumàn rtâvé | -ndrâyênduh paoate
svàdûr ûrinih || vdjasdnir varivovid vayodhâh
Celui que voilà qui s’allume, pourvu du doux, pourvu du
versé, le brillant, le savoureux, le Ilot, s’allume pour
l’Ardent, — lui qui conquiert le réconfort, qui trouve
le large, qui établit la nourriture.
12. — sa pavasva sâhamânah prtanyùn | sédhan rdksdnsy
titpa duvyddiâni || svdyudhàh sdsahvân soma çàtrün
Toi que voilà, maîtrisant les adversaires, écartant les
gardiens qui ont de mauvais bains1, (écartant) les ennemis,
1. Berg., I, 187 : « Jouant comme un petit. »
2. C’est-à-dire qui sont dépourvus des liquides dans lesquels se plonge le
soma pavamâna.
Le culte védique du soma
44t
à liquide, toi qui as de belles armes, qui es vainqueur, —
allume-toi !
HYMNE CXI
1. — ayâ rucà hdrinyâ puncinô viçvd | dvéèdnsi tarati
svayûgvabhih \ suro nd svayûgvabhih || clhârà sutâsya
roccite \ puncinô arusô liârih || viçvd ydd rûpâ pariyâty
rkvabhih j saptâsyebhir rkvabhih
Au moyen de cet éclat doré, l’allumé traverse tous les
ennemis, à l’aide de ceux qui ont un attelage fait avec leur
bien; pareil à un héros, à l’aide de ceux qui ont un attelage
fait avec leur bien. Le courant du coulé, l’allumé, le rouge,
le doré resplendit, alors qu’il vient entourer toutes les
formes avec les chanteurs aux sept bouches, — avec les
chanteurs.
Berg., I, 155, remarque que « les indications relatives à la cou-
leur brillante du breuvage du sacrifice sont accumulées » aux trois
vers de cet hymne.
2. — tvc'nn tydt panînâm vido vcïsu sdm [ màtrbldr mav -
jciycisi svd à dama | rtàsya dhitibhir dcime || pardvâto nd
sâma tcid j yditrd rdnanti dhitâyah \\ triclhâtubhir dru -
slbhir vc'iyo dadhe | rôcamdno vdyo dadhe
Tu as trouvé ceci,, ce bien qui est aux reteneurs, à l’aide
des mères et en même temps qu’elles; tu (le) rends brillant
dans sa demeure au moyen des pensées du versé, — dans
(sa) demeure. C’est comme un chant qui vient de l'éloigné,
là où les pensées se rassasient; celui qui brille au moyen
des rouges aux trois supports a établi la nourriture, — il a
établi la nourriture.
pâda 1. — Berg., 218 : « Soma est conquérant du trésor des
Papis. »
448
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
3. — pàroàin ànu pradiçam ydti cékitat | sdm raçmibhir
yatate darçatô râtho \ daiüijo darçatô râtliah\\dgmann
ukthâni paûnsyê \ -ndram jaitrdya harsayan || vûjraç ca
yâd bliàuatho dncipacyutd | sainâtsv ânapacyutd
En (la) suivant, le luisant va à l’indicatrice qui est en
avant; le char céleste brillant s’attelle au moyen des rênes
(ou, des rayons), — le char brillant; les chants issus des
mâles sont venus en agitant (ou, réjouissant) h Ardent pour
la conquête', alors que (l’arme) issue du réconfort et (toi)
apparaissez non écartés dans les rencontres (ou, dans les
festins communs), — non écartés.
HYMNE CX1I
1. — ndnânüm vâ u no dhiyo | vi vratâni jândndm || tâksd
ristdm rutàm bhisâg \ brahmâ sunvântam ichati |
-ndràyendo pari srava
Ce que (voilà) de différent aspect, ce sont nos pensées, ce
sont les objets désirés des hommes(-somas), — le fabricateur
désire ce qui a été fendu, le guérisseur ce qui a été brisé,
la prière-réconfort ce qui coule; — ô brillant, coule circu-
lairement pour l’Ardent.
pâda 2. — Berg., III, 270 : « Les différents orata des hommes
paraissent être leurs différents genres de vie. »
2. — jâratlbhir ôsadhibhih | parnébhih çakunândm\\ kdr-
mdrô âçmabhir dyûbhir \ liivanyavantam ichati | -ndrâ-
yendo pari srava
Au moyen des plantes (réconfortantes) qui chantent (?),
des ailes des oiseaux, des montagnes, des jours, l’artisan
désire celui qui est pourvu d’or; — 'ô brillant, coule circu-
lairement pour l’Ardent.
li Berg., II, 251 : « Le Sonia excite Indra à vaincre. »
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
449
3. — kàrûr ahdm tatô bhiscïg | upalapraksinï nanâ || nànâ-
dhiyo vasüydvô ] ’nu gâ iva tasthimê | -ndràyendo pari
srava
Je suis chanteur, (mon) papa (est) médecin, la maman est
nourrice de ce qui est au-dessus1 ; — ayant diverses2 pen-
sées, désireux du bon, nous nous tenons à la suite comme les
vaches; — ô brillant, coule circulairement pour l’Ardent.
4. — ctçvo vôlhà sukhâm rdtham | hasanàm upamantrinah |[
çépo rômanvantau bhedciâ | vâr in mandüka ichati \
-ndràyendo pari srava
Le cheval, le porteur, désire le char aux beaux rais; les
conseillers (ou, les discoureurs) désirent le l'ire; mentula
duas pilosas Jïssuras cupit ; la grenouille désire l’eau; —
ô brillant, coule circulairement pour l’Ardent.
HYMNE CXIII
1. — çaryanâvati :1 sômam | indrah pi bat u vrtrahâ || bàlam
dcidhâna âtmdni | karisyàn viryàm mahcïd \ indrâyendo
pari srava
Que l’Ardent, destructeur de l’enveloppe, boive le liquide
dans celui qui est muni de flèches; — établissant la force
dans le souffle vital, devant produire le haut héroïsme, —
ô brillant, coule circulairement pour l’Ardent.
pàda 4. — Cf. 8, 1% ( somah )■ •• vardhanto asya vïrrjam.
2. — d paoasva diç.cun pata \ ârjïkâV soma mîd/ioa/i ||
1. Sens hypothétique. Je rattache praksin dans le composé upalapraksin
à prks , nourriture.
2. Des noires et des blanches, par allusion aux deux couleurs du soma.
3. Sur le prétendu Çaryanàvat, voir Berg., I, 176.
4. Sur le prèteudu Ârjika, voir Berg., I, 176.
29
450
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
rtaodkéna satyéna | çraddhâyâ tâpasà suid \ indrcL-
ya, etc.
Allume-toi, ô maître des directrices, ô liquide humide,
issu de celui qui est de la nature de ce qui est droit, —
ô versé, coule circulairement pour l’ Ardent au moyen de
la voix du coulé, de la manifestation, de l'oblation, de la
chaleur.
3. — parjànyavrddham mahisdm | tdm süryasya duhità-
bharat || tdm gandharvàh pi'âty agrbhnan | tdm sôme
rdsam âdadhur indràya, etc.
La fille du soleil a apporté ce buffle que voilà, qui croit
par le nuage (ou, la pluie);, les gandharcas 1 l’ont saisi, ils
ont établi ce suc dans le liquide. — Coule circulairement,
ù brillant, pour 1 Ardent!
Hémistiche 1. — Cf. 1, 6, punüti te parisrutarn somam süryasya
duhilâ. — Berg., Il, 402 : « La fille du soleil apporte ce taureau qui
a cru dans le nuage ou chez Parjanyab »
pàda3. — Cf. 83, 4, yandharca itthâ padam asya raksati.
4. — rtdm vâdann rtadyumna | satydan vâdan satyci-
karman || çrdddhàm vddan soma rdjan ] dhdtrà soma
pdriskrta indràya , etc.
Appellant (ou, proclamant) le versé, ô toi qui tiens ton
éclat du coulé, — appelant (ou, proclamant) le manifesté,
ô toi qui as pour œuvre le manifesté, — appelant (ou, pro-
clamant) l’oblation, ô liquide, ô roi, ô liquide développé par
le créateur, — coule, etc.
Berg. , III, 266 : « Soma dit le rta et le satya. ».
1. Cf. Berg., III, 66.
2. Pourquoi celte alternative dans un cas qu’il importait si fort de tran-
cher (cf. III, 27)? Si Parjanya est le nuage, Indra est le feu ardent et aiusi
des autres personnifications védiques.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
451
5. — satydmugrasya brhatdh \ scun sravanti samsravcïh ||
s dm ycinti rasino râsâh \ punânô brdhmand hara in-
clrâya, etc.
Les courants réunis du fort qui se manifeste (et) du
puissant, coulent avec lui; les sucs du succulent raccom-
pagnent. O doré, toi qui l’allumes par la prière-réconfort,
— coule, etc.
6. - — yâtra brahmâ pavamàna \ chandasyâm oàcam vdclan ||
yrâvnd sôme mahlyàte \ sômenânanddm jandyann in -
drâya, etc.
Ceci dans quoi la prière-réconfort, ô allumé, faisant re-
tentir la voix du chant, est agrandie dans le liquide au
moyen de la montagne, en engendrant le plaisir au moyen
du liquide, — (en cela) coule, etc.
Traduction Berg., I, 193 : a Là où le prêtre céleste, (Brahmâ?),
ô toi qui te clarifies, prononçant des paroles rythmées, presse
magnifiquement le Sonia avec la pierre, répandant la joie avec
ce Sonia. »
7. — mettra jyôtir djasrain | ydsinin loké soàr hitdm II
tdsmin mâm dhehi pavamàna | -inrte loké dksita in-
dràya, etc.
Ceci dans quoi est l’éclat non épuisé, l'espace dans lequel
le soleil est établi, dans cet espace non mort, non arrêté,
établis-moi, ô allumé; — coule, etc.
Traduction Berg., I, 192: « Là où est la clarté impérissable, dans
le monde où est déposée la lumière, dans ce monde immortel et
indestructible, ô toi qui te clarifies, place-moi. » — Cf. 92, 5.
8. — y dira râjd vaioasoato \ ydtràvarôdhanam divcih ||
yütrâmûr yahvâtîr âpas ( tâtra mâm amrtam krdht-
ndrâya, etc.
Ceci dans quoi est le roi issu du brillant, là où est l’enve-
452
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
loppe du ciel, là où sont ces eaux rapides (?), — en cela
crée-moi non-mort; — coule, etc.
Traduction Berg., I, 192 : « Là où est le roi fils de Vivasvat
(Yama),là où est la partie la plus reculée du ciel, là où sont les eaux
lointaines toujours jaillissantes, en ce lieu rends-moi immortel. »
9. — yâtrdnukâmâm câranam \ trinâké tridivc divâh ||
lokâ yâtra jyôtismantas | tâtra mâm amrtam krdhi-
ndràya, etc.
Ceci dans quoi est la marche à la suite de ce qu’on désire,
dans ce qui a trois sommets, dans les trois cieux du ciel,
là où sont les espaces pourvus de lumière, — en cela crée-
moi non-mort; — coule, etc.
Traduction Berg., 1, 193 : « Là où l’on se meut à son gré, dans le
triple firmament, dans le triple ciel du ciel, là où sont les mondes
resplendissants, en ce lieu rends-moi immortel. »
10. — yàtra kâmd nikàmâç ca | yâtra bradhnâsya vistci-
pam || suadhâ ca yàtra tjptiç ca \ tâtra mâm amrtam
krdhindrâya, etc.
Ceci dans quoi sont les désirs, et les désirs inférieurs ;
ceci dans quoi est le support du rouge, ceci dans quoi est
la soad/ici et le régal, — en cela crée-moi non-mort; —
coule, etc.
Traduction Berg., I, 193 : « Là où sont les objets de tous les
désirs, là où est le séjour élevé du brillant, là où l’on se rassasie de
la svadhâ offrande aux mânes), en ce lieu rends-moi immortel. »
11. — yâtrânandaç ca môdâç ca | mûdah pramûda âsate ||
kâmasya yâtrâptàh kàmâs j tâtra mâm amrtam krdhi-
ndrâya, etc. 1
Ceci dans quoi sont les jouissances et les joies, les plaisirs,
1. L’explication de l'ensemble de cet hymne est inséparable de celle de
RV., VIII, 4S, 'à, traduit et commenté ci-dessus, p. 19.
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
453
les aspirations ; ceçi dans quoi sont obtenus les désirs du
désir, — en cela crée-moi non-mort; — coule, etc.
Traduction Berg., I, 193 : « Là où sont les joies, les plaisirs, les
satisfactions, là où le désir atteint ses objets, en ce lieu rends-moi
immortel. »
HYMNE CXIV
1. — y à indoh pdvamdnasyâ | -nu dhâmàny âkramit || tâm
dliuh suprajâ iti y as te somâvidhan \ mclnct indrâyendo
pari srava
Celui qui a monté à la suite dans les établissements
du brillant, de l’allumé, ils disent de lui : « Il a une belle
progéniture », lui qui, ô liquide, a pénétre ta pensée, —
ô brillant, coule pour l’Ardent!
Hémistiche 1. — Cf. 28, 23, viçvâ dhâmàny âoiçan.
2. — rse mantrakrtàm stômaih | kâçyapodvardhdyan
gira/i\\ sômam namasya râjdnam | yô jajnê vïrûdhdm
pâtir indrcïyendo pari, srava.
O chanteur kaçyapa, toi qui accrois en les élevant les voix
au moyen des voix de ceux qui créent les pensées, célèbre
le liquide, le roi qui est né, (lui) le maitre des plantes(-récon-
forts), — ô brillant, coule pour l1 Ardent!
3. — saptd diço nândsûrydh | saptd hôtdra rtvijah\\ devâ
ddityâ yé saptd têbhih somdhhi raksa na \ indrâyendo
pari srava
(Il y a) sept directrices, ayant plusieurs soleils, sept sacri-
ficateurs qui offrent l’oblation ; les Célestes de la nature do
la non-liée qui sont au nombre de sept, — au moyen d’eux,
ô liquide, approche-toi pour nous garder, — ô brillant,
coule pour l’ Ardent!
454
LE CULTE VÉDIQUE DU SOMA
Berg., III, 102 : « Il y a sept régions qui ont les soleils divers;
il y a sept prêtres hotris; avec les Âdit}ras qui sont sept, protège-
nous, ô Sotna! »
4. — ydt te râjah chrtdm hauts \ téna somâblii raksa nah ||
ardtiuâ ma nas tarin | rnô ca nah kim canàmamad \ in-
drâyendo pari srava
O roi, avec cette libation cuite (ou, allumée) (qui est)
tienne, approche-toi pour nous garder; que celui qui est
muni du manque de dons ne nous domine pas, que rien
ne nous nuise, — ô brillant, coule pour l’Ardent!
APPENDICES AUX NOTES PRÉLIMINAIRES
§ 1. — Sur les substitutions verbales dans le style védique.
Une cause très fréquente des obscurités et des incohérences
apparentes du style védique, est l’emploi constant d'un mode de
développements verbaux qui consiste dans ce qu’on pourrait
appeler l’application à la composition littéraire de l’axiome de
mathématique en vertu duquel deux quantités égales à une troi-
sième sont égales entre elles. L’exemple suivant mettra le procédé
en pleine lumière. La liqueur du sacrifice ou le soma est fréquem-
ment qualifiée de sage (kavi, RV., IX, 25, 6, etc.); elle reçoit
tout aussi souvent l’épithète d’active, agitée, excitée (vipra, RV.,
IX, 13, 2, etc.). Ces expressions peuvent être représentées par les
formules kavi — soma , vipra — soma, et impliquent la possibilité
d’une nouvelle formule kavi = vipra rendue par l’apposition
kavir viprah qu’on rencontre en effet, RV., IX, 84, 5. Autrèment
dit, le soma étant à la fois le sage et l’agité, on peut, en sous-
entendant l’idée exprimée par le mot s orna sous-entendu lui-même,
dire que « le sage est l’agité » ; et si l’on perd en vue les sous-
entendus, comprendre que « le sage est agité », ce qui devient
énigmatique en tant qu’idée exprimée dans un hymne au soma
et au milieu d’un contexte qui, du moins à première vue, semble
parfaitement étranger à cette idée.
Ce procédé de style qui s’est développé à l’aide des innombrables
synonymes du nom primitif des éléments du sacrifice ( soma et
agni) et qu’a compliqué à l’infini la substitution fréquente à ces
synonymes des adjectifs dérivés correspondants, rend parfaitement
compte de l’effet produit sur certains savants, qui n’en ont pas
pénétré le jeu secret, par les étrangetés auxquelles il a abouti1.
1. Voir le passage de Whitney cité à Y Introduction, p. xiv.
456 APPENDICES AUX NOTES PRÉLIMINAIRES
Il a été du reste singulièrement favorisé par cette circonstance que
la littérature des hymnes s’est accrue par elle-même, et qu’elle
trouvait là un moyen tout à sa portée et inépuisable d'amplification
et de variété. Dans tous les cas, une des principales règles de
l’exégèse védique est d’avoir sans cesse en vue cette particularité
qui, à certains égards, se confond avec ce que nous avons appelé
le dédoublement verbal', mais qui s'en distingue pourtant par le
surcroît d’obscurité qu’elle jette dans ses applications les plus com-
plexes sur les textes védiques. Remarquons aussi que ses consé-
quences mythiques sont d’une analyse facile et évidente. Si nous
reprenons, en effet, l’exemple « le sage est l’excité », ou inversement
« l’excité est le sage », nous apercevons clairement comment on en
a tiré l’interprétation brahmanique, « le prêtre (en tant qu’excité
ou enthousiaste) est sage ou le sage ». La pente qui conduisait là
était peut-être inévitable et irrésistible pour les écoles brahma-
niques d’où est sorti le Nirukta, par exemple. Mais leur autorité
est-elle de nature à agir encore sur nous, en paralysant entre nos
mains les données les plus sûres de la critique moderne et en nous
obligeant à suivre avec une docile naïveté des enseignements que
tant de raisons contribuent à rendre suspects?
§ 2. — Sur certaines formules liturgiques latines
qu’ expliquent les Montras védiques.
Quelques formules sacrificatoires romaines, qui ont échappé à
la perte de l'ensemble du rituel, viennent singulièrement à l’appui
des textes védiques qui nous représentent l'oblation comme des-
tinée à entretenir et accroître le feu sacré, ou qui nous montrent
sous l’effet de quelles circonstances purement verbales les animaux-
victimes, — taureaux, génisses, chèvres, etc., — ont été substitués
aux libations à titre d’offrandes aux dieux.
Rappelons d’abord celle que Servius nous a conservée et ex-
pliquée dans son Commentaire sur VÉnéide, IX, 641 :
Quoties aut tus aut vinum super victimam fundebatur , dicebant :
Mactus est taurus vino, tel ture, — hoc est cumulata est hostia,
et magis aucta.
Comme l’a très justement indiqué M. Bréal, dans son ouvrage
en collaboration avec M. Bailly, intitulé : Les Mots latins groupés
1. Cf. le sv Sià Suoïv des Grecs.
APPENDICES AUX NOTES PRÉLIMINAIRES
457
d'après l'étymologie, mactus est un participe passé se rattachant
au radical mag de magnus , qui signifie « grandi ». Ce sens s’ap-
plique excellemment à la formule indiquée par Servius et qui cor-
respond mot pour mot par endroit au passage du RV., VI, 18, 1 :
übhir gïrbhir vardha vrsabham , « avec ces chants, — c’est-à-dire
avec ces libations qui chantent ou crépitent, — accrois le taureau ».
Or, le taureau védique, on le sait, n’est pas un taureau véritable,
mais bien un animal métaphorique, si l’on peut s’exprimer ainsi,
dont le nom s’applique en général au soma pavamâna ou à la
libation allumée qu’agrandit ou qu’augmente la libation qui ne
1 est pas encore et qu’on verse à cet effet sur l’autel déjà enflammé.
La formule latine n’a de sens que si on lui attribue à l’origine, et
conformément à l’étymologie de mactus, la même valeur que celle
de la formule védique. Il s’agissait d’abord, avec elle aussi, de
grandir le taureau-feu à l’aide de résines aromatiques (encens) ou
de liquides inflammables (vin alcoolique). Seulement, chez les
Latins comme chez les Indous, et peut-être dès avant l’époque de
leur séparation, le sens littéral de taureau avait remplacé au moins
partiellement le sens métaphorique de feu sacré, et le rite s’était
modifié en conséquence.
Dans la formule latine, d’ailleurs, le désaccord des termes trahit
la confusion à laquelle il est dû. On n’accroît pas un taureau qu’on
offre en sacrifice en répandant sur lui de l’encens ou du vin, et
l’explication de Servius, d’après laquelle il faudrait entendre qu’on
ajoute au taureau comme complément d’offrande l’encens ou le vin
en question, attacherait à mactus , dont le sens liturgique a généra-
lement tant d’importance et de relief, une acception effacée et tout
à fait inadmissible dans le cas actuel.
Mais la meilleure preuve encore que l’explication de Servius
n’est pas la bonne, résulte des formules voisines qui nous sont par-
venues par Caton, De Re rustica, 132, 134, 139 : Macte hoc vino
inferio esto. — Macte itac dape pollucenda esto. — Macte hoc
porco esto. « Que (le feu de l’autel) soit agrandi par ce vin qui est
au-dessous. — Qu’il soit agrandi par cette nourriture destinée à
l’allumer. — Qu’il soit agrandi par ce porc (cf. le taureau de
la formule de Servius). » Ici pas d’amphibologie possible sur le
sens de macte , qui ne saurait s’appliquer qu’à l’objet même que la
libation ou la victime grandifie.
Tout naturellement, le sens du verbe mactare , dérivé de mactus ,
458
APPENDICES AUX NOTES PRÉLIMINAIRES
«t suivi les vicissitudes de ce dernier. C’est ainsi qu’à côté de l’ac-
ception étymologique de « faire grandir » conservée dans les
phrases comme mactant lionoribus (Cic., chez Nonius), « ils l’ac-
croissent (ou le comblent) d’honneurs », on le trouve, et le plus
fréquemment, avec le sens liturgique d’immoler une victime, c’est-
à-dire primitivement d’accroître avec elle le feu sacré, comme
dans cette phrase de Virgile ( Æn ., IV, 57), mactant lectaa de
more bidentes : « Ils immolent des brebis, etc. »
Le rapprochement de toutes ces circonstances ne permet pas de
doute, ce me semble, sur la cause qui les relie et les explique.
Les formules hiératiques traditionnelles, ces témoins précieux de
la religion indo-européenne du feu domestique, ont été adaptées
à de nouveaux rites, mais non pas de telle sorte qu’on n’en
retrouve l’antique costume derrière les altérations qu’elles ont
subies, et ces altérations mêmes servent à en rétablir la signi-
fication originelle.
LISTE DES PRINCIPAUX MOTS
POUR LESQUELS ON S’EST ÉCARTÉ PLUS OU MOINS DANS CETTE TRADUCTION
DU SENS TRADITIONNEL
àùçu , éclat. — Sens traditionnel, nom de la prétendue plante qui
produit le soma.
ayriya, qui est au sommet, à la pointe. — Sens trad., qui est le
premier.
angiras, le rapide, l’agile. — Sens trad., Angiras, personnification
mythique.
adabdha , qu’on ne saurait opprimer. — Sens trad., qu’on ne
saurait tromper.
aditi, la non-liée, la déliée. — Sens trad., Aditi, personnification
mythique.
adlwcira, l’oblation enflammée. — - Sens trad., la cérémonie du
sacrifice.
apsaras, l’aqueuse, la liquide. — Sens trad., Apsaras, personni-
fication mythique.
amartya, amrta, non mort, vif, actif. — Sens trad., immortel.
arâti, l’absence de dons, d’oblations. — Sens trad., l’Aràti, per-
sonnification mythique.
ciryaman , le fidèle. — Sens trad., Aryaman, personnification
mythique.
asura , l’animé. — Sens trad., l’Asura, personnification mythique.
indu, le brillant, l’éclatant. — Sens trad., goutte brillante (de
soma).
indra, Tardent. — Sens trad., Indra, personnification mythique.
ukthya , bruyant, sonore. — Sens trad., élogieux, digne de louange,
usrâ, la rouge. — Sens trad., l’Aurore.
via, ce qui est répandu, versé (régulièrement, sans interruption). —
Sens trad., régulier, conforme à Tordre (sacré).
460
LISTE DES PRINCIPAUX MOTS
rbhu, l’actif. — Sens trad., Ribliu, personnification mythique.
rsi, le chanteur. — Sens trad., Risi, personnification mythique.
kvçânu, celui qui blesse (?). — Sens trad., Krçànu, personnification
mythique.
krtvya, qui est de la nature de ce qui crée. — Sens trad., actif.
kratu, créateur, création. — Sens trad., capacité, habileté, intel-
ligence.
gavyüti, le régal fourni par les vaches. — Sens trad., pâturage.
gichâ, instrumental de guh, ce qui cache. — Sens trad., adverbe,
en cachette.
carsani, qui s’agite. — Sens trad., les races humaines.
tan, d’où l’instrumental tanâ, ce qui s’étend. — .Sens trad., avec
sens adverbial, continuellement.
turvaça, le vainqueur. — Sens trad., Turvaça, personnification
mythique.
trita, le troisième. — Sens trad., Trita, personnification mythique.
dasgu, le lieur. — Sens trad., le Dasyu, personnification mythique.
durita , ce dont l’allure est difficile, la marche empêchée. — Sens
trad., difficulté, danger.
deçà, céleste. — Sens trad., Dieu, personnification mythique.
dliàman , établissement, édifice. — Sens trad., établissement, loi.
nâman, signe distinctif. — Sens trad., nom.
nirnij, l’émergé. — Sens trad., ornement, parure.
nièkrta , ce qui est édifié, édifice. — Sens trad., rendez-vous.
nrcaksas, ce qui est éclairé par les hommes(-somas). — Sens
trad., ce qui éclaire, guide les hommes.
pani, le reteneur. — Sens trad., le Pani, personnification mythique.
parjanya , l’arroseur, le pluvieux. — Sens trad., Parjanya, per-
sonnification mythique.
puramdhi, celle qui établit l’abondance. — Sens trad., Puramdhi,
personnification mythique.
rad. pü (et les dérivés), allumer, s’allumer, briller. — Sens trad.,
briller et purifier, éclaircir, clarifier.
püèan, le nourricier. — Sens trad., Püsan, personnification
mythique.
barhis, la force, en tant que nom de la libation. — Sens trad.,
jonchée d’herbes dont on couvre l’autel au moment du sacri-
fice.
Liste des principaux mots
461
brhcispati, le maître de la prière- réconfort. — Sens trad., Brihas-
pati, personnification mythique.
brahman, la prière-réconfort. — Sens trad., la prière.
bhaga, la part, le partageur, le participant. — Sens trad., Bhaga,
personnification mythique.
bhrgu, le lumineux, l'étincelant. — Sens trad., Bhrgu, personni-
fication mythique.
rad. mad (et les dérivés), mouiller, baigner, abreuver. — Sens
trad., enivrer.
manu, manus, le penseur. — Sens trad.. Manu, personnification
mythique.
marut, l’impétueux. — Sens trad., Marut, personnification
mythique.
marta, martya, mrta, le mort. — Sens trad., le mortel.
maya, matière productrice. — Sens trad., illusion, tromperie, ruse.
mitra, l’ami. — Sens trad., Mitra, personnification mythique,
rad. mrd, frotter, flatter. — Sens trad., pardonner, se montrer
favorable.
rakèas, le gardien, le reteneur. — Sens trad., le Raksas, personni-
fication mythique.
rudra , le rouge. — Sens trad., Rudra, personnification mythique.
rodasï, les deux brillantes. — - Sens trad., les deux mondes.
vanaspati, le maître du bois. — Sens trad., Vanaspati. personni-
fication mythique.
varuna , renveloppeur(-ilamme). — Sens trad., Varuna, personni-
fication mythique.
vâja, le réconfort. — Sens trad., la force, etc.
vipaçcit , celui qui tire son éclat de l’agité. — Sens trad., sage.
vipra, l’agité, l’actif. — Sens trad., le prêtre.
viçvatas, adverbe (provenant) du tout. — Sens trad., généralement.
vistap, support, soutien. — Sens trad., superficie, sommet.
visnu, l’actif. — Sens trad., Visnu, personnification mythique.
vrtra, l’enveloppe, l’enveloppeur(-obstacle). — Sens trad., Vrtra,
personnification mythique.
vrthâ, instrum. de vrth, ce qui accroît. — Sens trad. (adverbe),
à plaisir.
vrdta, objet de choix. — Sens trad., ordre divin, loi céleste.
çambara, celui qui porte le bon. — Sens trad., Çambara, personni-
fication mythique.
462
LISTE DES PRINCIPAUX MOTS
çaryanâcat, celui qui est muni de ilèches. — Sens trad., Çarya-
nàvat, nom d’homme.
çraddhâ, l’offrande, l’oblation. — Sens trad., foi.
gravas, parole, cri. — Sens trad., gloire.
saca, instrumental de sac, ce ou celui qui suit. — Sens trad.
adverbial, de compagnie, avec.
sajosa , compagnon de festin. — Sens trad., animé du même
esprit.
sat (et les dérivés), ce qui apparaît, se manifeste, se présente. —
Sens trad., l’être.
sada, instrum. de sâd, qui réside. — Sens trad., sadâ, adverbe,
toujours.
sapti, attelage de sept chevaux (?). — Sens trad., cheval.
samat, rencontre. — Sens trad., combat.
sarascatï, la liquoreuse. — Sens trad., Sarasvatï, personnification
mythique.
savitar, celui qui verse, fait couler. — Sens trad., Savitar, per-
sonnification mythique.
suta , ce qui est répandu, versé. — Sens trad., ce qui est pressé.
soma, liqueur, liquide. — Sens trad., la liqueur extraite par le
pressurage de la plante soma.
svasti, bonne manifestation. — Sens trad., bien-être.
ERRATUM1
P. 16, 1.6. — ■ Au lieu de adiàdharad, lire : adîdharad.
P. 20, 1. 1. — Au lieu de tesmin , lire : tasmin.
P. 47, 1. 9. — Au lieu de üdabhyah, lire : adabhyali.
P. 57, 1. 10. — Au lieu de sahnsravalçam, lire : sahasravalçam.
P. 66, 1. 26, et 67, 1. 5. — Au lieu de sumviyam, lire : suvïryam.
P. 67, 1. 17. — Au lieu de âvyo, lire : avyo.
P. 92, 1. 11. — Au lieu de susmino, lire : çusmino.
P. 114, 1. 25. — Au lieu de vârya paoamanasa , lire : vâryà pava-
mânâsa.
P. 151 , 1. 3, à partir du bas. — Au lieu de daksaya, lire : daksasya.
P. 214, 1. 18. — Au lieu de mavrmrjàna , lire : marmvjâna.
P. 241, 1. 15. — Au lieu de su, lire : sv.
P. 247, 1. 23. — Au lieu de devatatâye, lire : deoàtataye.
P. 261, 1. 18 et 26. — Au lieu de glirtam, lire : glirtam.
P. 328, 1. 4. — Au lieu de pavamanàsya, lire : pavamânasya.
P. 329, 1. 2. — Au lieu de s indus u, lire : sindhusu.
P. 335, 1. 4. — Au lieu de dhâmüsu, lire : dhümasu.
P. 365, 1. 6. — Au lieu de çubha, lire : çubliali.
P. 391, 1. 10. — Au lieu de dliama, lire : dliçtma.
P. 414 seqq. à l’hymne C 1 1 , supprimer partout au texte sanscrit
le dernier trait vertical de chaque vers.
P. 439, l. 7. — Au lieu de ksayayâ , lire : ksayâya.
1. N'ont été relevées ni les quelques fautes d’accentuation ni celles qui
consistent dans l’omission ou le mauvais placement des sigues diacritiques
dans le sanscrit.
'
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Préface v
Introduction ix
Notes préliminaires
§ 1. — Principes d’exégèse védique. . I
§ 2. — Développement de la liturgie brahmanique du
soma d’après les formules védiques correspondantes... 7
§ 3. — - Examen critique des principales circonstances sur
lesquelles s’appuient les interprétations de M. Hille-
brandt 16
§ 4. — - Preuves du peu de valeur de la tradition brahma-
nique en ce qui regarde les textes du Rig-Véda 22
§ 5. — Remarques sur l’interprétation de Bergaigne 24
§ 6. — Preuves étymologiques de l’importance de la liba-
tion dans le sacrifice indo-européen et védique 26
Hymne I
31
Hymne XIV
91
— II
37
XV
95
III
43
— XVI
98
— IV
48
XVII
101
— V
52
— XVIII
104
- VI
58
— XIX
107
— VII
62
— XX
110
— VIII
66
— XXI
113
— IX
70
— XXII
116
— X
75
— XXIII
119
— XI
80
— XXIV
121
— XII
83
— XXV
124
— XIII
87
— XXVI
127
30
466 TABLE DES MATIÈRES
Hymne
XXVII
Pages
129
Hymne LXV
Pages
240
—
XXVIII
132
—
LXVI
248
—
XXIX
134
—
LXVII
258
—
XXX
136
—
LXVIII
267
—
XXXI
139
—
LXIX
272
—
XXXII
141
—
LXX
277
—
XXXIII
143
—
LXXI
282
—
XXXIV
146
—
LXXII
287
—
XXXV
148
—
LXXI 1 1
290
—
XXXVI
150
—
LXX IV
294
—
XXXVII
153
—
LXXV
299
—
XXXVIII
155
—
LXX VI
301
—
XXXIX
157
—
LXXVII
303
—
XL
160
—
LXXVIII
305
—
XLI
162
—
LXXIX
308
—
XL1I
164
—
LXXX
310
- —
XLIII
167
—
LXXXI
312
—
XLI V
169
—
LXXX II
314
—
XLV
171
—
LXXXIII
316
—
XL VI
174
—
LXXXIV
319
—
XL VII
176
—
LXXXV
321
—
XLVIII
178
—
LXXXVI
326
—
XLIX
180
—
LXXXV II
346
—
L
182
—
LXXXVI II
350
—
LI
183
—
LXXX IX
353
—
lu
185
—
XC
356
—
lui
187
—
XCI
358
—
LIV
188
—
XCII
360
—
LV
190
—
XCIII
363
—
LVI
192
—
XCIV
365
—
LVI I
193
—
xcv
367
—
LVI II
195
—
XCVI
369
—
LIX
196
—
XCVII
379
—
LX
197
—
XCVIII
400
—
LXI
199
—
XCIX
404
—
LXII
210
—
c
407
—
LXI II
220
—
CI
409
—
LXIV
230
—
Cil
414
TABLE DES
MATIÈRES
467
Pages
Pages
Hymne C 1 1 1
416
Hymne CIX
438
— CIV
418
— CX
443
— cv
420
— CXI
447
— CVI
421
— CXII
448
— CVII
425
— CXIII
449
CVIII
434
— CXIV
453
Appendices aux
notes préliminaires
455
Listes des principaux mots pour lesquels on s’est écarté plus
ou moins dans
cette traduction du sens traditionnel
459
Erratum
463
CHALON-SUR-SAONE
IMPRIMERIE FRANÇAISE ET ORIENTALE DE E. BERTRAND
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