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Full text of "Le Rig-véda, texte et traduction : neuvième Mandala; Le culte védique du Soma"

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* APR  30  1901 
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LE  RIGVÉDA 

TEXTE  ET  TRADUCTION 


NEUVIÈME  MANDALA 

LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


DU  MÊME  AUTEUR 


Exposé  chronologique  et  systématique  d’après  les  textes  de 
la  doctrine  des  principales  Upanishads.  — Thèse  qui  a valu 
à l'auteur  le  diplôme  d’élève  de  l'École  des  Ilautes-Études  (28e 
et  34e  fascicules  de  la  Bibl.  de  l’École  des  Hautes-Etudes). 
Paris,  Wieweg,  1874-1876. 

Les  Stances  érotiques  morales  et  religieuses  de  Bhartrihari. 
Un  vol.  in-16.  Paris,  Leroux,  1876. 

Le  Chariot  de  terre  cuite  (Mrcchakatika),  drame  sanscrit  du 
roi  Çûdraka;  avec  notes  tirées  d’un  Commentaire  inédit,  4 vol. 
in-16.  Paris,  Leroux,  1877. 

La  Rhétorique  sanscrite  exposée  dans  son  développement  histo- 
rique et  ses  rapports  avec  la  rhétorique  classique.  Thèse  pour  le 
doctorat  ès  lettres;  un  vol.  grand  in-8.  Paris,  Leroux,  1884. 

■ — Ouvrage  honoré  par  l’Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres  du  prix  Delalande-Guérineau . 

Essai  de  linguistique  évolutionniste.  1 vol.  grand  in-8.  Paris, 
Leroux,  1886. 

Origine  et  Philosophie  du  langage,  ou  Principes  de  linguistique 
indo-européenne  (ouvrage  couronné  par  l’Académie  des  sciences 
morales  et  politiques).  2e  édit.  Un  vol.  in-12.  Paris,  Fischbacher, 
1888  3 50 

Principes  généraux  de  linguistique  indo-européenne,  in-12. 
Paris,  Hachette  et  Cio,  1889  2 fr. 

Le  Rig-Véda  et  les  origines  de  la  mythologie  indo  européenne. 
Un  vol.  grand  in-8.  Paris,  Leroux,  1892. 

Les  premières  Formes  de  la  religion  et  de  la  tradition  dans 
l’Inde  et  la  Grèce.  Un  vol.  in-8.  Paris,  Leroux,  1894. 

Phonétique  historique  et  comparée  du  sanscrit  et  du  zend, 
dans  la  collection  des  Annales  de  l’Université  de  Lyon,  1895. 

Eléments  de  grammaire  comparée  du  grec  et  du  latin.  — Deux 
vol.  in-8.  — Paris,  A.  Colin  et  Cie,  1895-96. 

Précis  de  Logique  évolutionniste,  l’entendement  dans  ses 
rapports  avec  le  langage.  Un  vol.  in-18.  Paris,  Félix  Alcan, 
1897  2 50 

Comment  naissent  les  mythes.  — Un  vol.  in-18.  Paris,  Félix 
Alcan,  1898 2 50 

Eléments  de  grammaire  comparée  des  principaux  idiomes  ger- 
maniques. Un  vol.  in-18.  Paris,  Le  Soudier,  1898.  . . 3 fr. 

Études  védiques  et  post-védiques,  dans  les  Annales  de  V Uni- 
versité de  Lyon.  Gr.  in-8.  Paris,  E.  Leroux,  1898. 


\ 


LE  RIG-VÉDA 

TEXTE  ET  TRADUCTION 


NEUVIÈME  MANDALA 


PAR 


PAUL  11EGNAUD 

l’uot-KSSErit  a i.’L’niveiisité  de  Lyon 


PARIS 

J.  MAISONNEUVE,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 

6,  RUE  DE  MÉZIÈRES  ET  RUE  MADAME,  26 


1900 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2016 


https://archive.org/details/rigvedatexteettrOOregn 


PRÉFACE 


Dans  ma  pensée,  ce  volume  consacré  à la  traduction  du 
neuvième  mandata  du  Rig-Véda  est  le  premier  d’une 
série  qui  embrassera  l'ouvrage  entier.  Deux  raisons  m’ont, 
décidé  à commencer  autrement  que  par  le  commencement, 
autant  du  moins  qu’il  est  indiqué  par  l’ordre  extérieur  et 
traditionnel  du  texte  original. 

La  première  se  rattache  au  caractère  primordial  des 
hymnes  védiques  : ci  titre  de  documents  originaux  et  ini- 
tiaux, ils  ne  peuvent  guère  s’expliquer  que  par  eux-mêmes , 
et  les  comparaisons  exégétiques  auxquelles  prête  la  fré- 
quence des  formules  analogues  dans  la  partie  par  laquelle 
j’entreprends  ma  tâche,  permettent  d’en  asseoir  l’interpré- 
tation sur  une  méthode  pour  laquelle  les  autres  mandatas 
n’offrent  plus  autant  de  secours.  Or,  ces  acquisitions  solides 
du  début  constitueront,  qui  ne  le  voit?  un  point  de  départ 
cle  la  valeur  particulière  duquel  toute  la  suite  aura  à 
bénéficier. 

Une  seconde  raison  dépend  du  but  que  j'ai  eu  particu- 
lièrement en  vue  dans  cette  difficile  entreprise.  A mon 
avis,  il  importait  avant  tout  de  déterminer,  pour  l’intelli- 
gence de  la  religion  védique  et  des  textes  sur  lesquels  elle 
repose,  le  caractère  réel  de  l’offrande  aux  dieux  ou  de 
la  libation.  S’agissait-il  avec  elle  du  symbole  concret  d’une 
conception  déjci  très  abstraite,  — du  simulacre  conven- 
tionnel d’un  don  destiné  ci  la  satisfaction  mystique  de  la 
divinité,  — d'un  hommage  comparable  à celui  qu’aux 
temps  féodaux  un  vassal  rendait  à son  suzerain  pour 
marquer  sa  dépendance?  Et  dans  ce  cas,  les  dieux  auraient 


VI 


PREFACE 


été  considérés  dés  l’époque  védique  comme  anthropo- 
morphes, ou  tout  au  moins  comme  animés  de  sentiments 
analogue f à ceux  de  l’homme. 

Ou  bien  V offrande  était-elle  réelle,  efficace  et  directe, 
en  ce  sens  qu’elle  n’avait  encore  d’autre  objet  que  d’en- 
gendrer et  de  nourrir  les  dieux- flammes? 

Cette  dernière  hypothèse  est  celle  qu’à  mon  sens  la  lo- 
gique requiert  et  que  les  textes  proclament;  mais  il  fallait 
le  faire  voir  dès  le  début,  et  l’interprétation  des  hymnes 
au  soma  est  singulièrement  appropriée  ci  cette  fin. 

Une  condition  de  la  mise  au  jour  de  la  vérité,  insépa- 
rable de  celles  dont  il  vient  d’être  question,  est  le  soin  qui 
s’impose  expressément  au  traducteur  de  mettre  au  pre- 
mier rang  de  ses  préoccupations  l’exactitude  littérale  de 
son  œuvre.  Tout  artifice  de  diction  destiné  à l’embellisse- 
ment du  style  de  la  copie  pourrait  fausser  le  sens  de 
l’original,  et  c’est  un  risque  auquel  j’ai  constamment  refusé 
de  m’exposer.  On  ne  voudrait  d’ailleurs  m’en  faire  un 
reproche  que  le  jour  où  Von  aurait  réussi  à exprimer  en 
termes  plus  élégants  et  plus  clairs  des  idées  aussi  fidèles  au 
texte. 

Le  rapprochement  des  formules  analogues  auquel  sont 
consacrées  la  plupart  des  notes  qui  accompagnent  ma 
traduction  tient  souvent  lieu  d’une  explication  mutuelle  des 
passages  confrontés.  Il  est  ci  peine  besoin  d’ajouter  que  le 
profit  à en  tirer  n’est  à l’usage,  pour  ainsi  dire  que  des 
gens  du  métier. 

La  seule  traduction  française  antérieure  à la  mienne 
est  celle  de  Langlois,  et  l'on  peut  dire  sans  injustice  qu'elle 
ne  compte  plus,  si  tant  est  qu’elle  ait  jamais  compté.  Les 
traductions  allemandes  de  MM.  Grassmann  et  Ludwig,  et 
la  traduction  anglaise  en  cours  de  publication  de  MM.  Max 
M idler  et  Oldenberg,  sont  incomparablement  meilleures. 
La  mienne  n’en  est  pas  moins  fort  différente  des  leurs, 
quant  aux  théories  générales  qu’elle  suppose  et  aux  données 
premières  sur  lesquelles  elle  s’appuie.  L'introduction  qui 


PKÉFACE 


Vil 


suit  et  le  chapitre  consacré  aux  notes  préliminaires  rap- 
pelleront avec  des  raisons  justificatives  les  principaux 
points  sur  lesquels  je  suis  en  désaccord  avec  les  savants 
qui  m’ont  précédé. 

Pour  ce  qui  est  de  Bergaigne,  clu  système  duquel  mes 
idées  se  rapprochent  le  plus,  je  me  suis  efforcé  de  mettre  en 
regara l des  miennes  les  interprétations  fragmentaires  cor- 
respondantes qu’il  a disséminées  dans  son  grand  ouvrage 
sur  la  Religion  védique.  On  pourra  juger  par  Ici  de  la 
mesure  dans  laquelle  je  puis  être  considéré  tantôt  comme 
son  disciple  et  tantôt  comme  son  adversaire. 

De  quelque  clé  qu’on  dispose  en  ce  qui  regarde  l’inter- 
prétation du  Véda,  il  serait  trop  ambitieux  de  prétendre  en 
ouvrir  tous  les  secrets.  Aussi , et  sans  parler  des  variantes 
sgnongmiques  auxquelles  j’ai  eu  recours  parfois  pour 
rendre  des  expressions  identiques  du  texte,  j’ai  dû  çci  et  là 
marquer  tel  ou  tel  passage  d’un  signe  de  doute(f)  ; mais  il 
ne  s’agit  jamais  en  pareil  cas  que  de  détails  dont  l’in- 
fluence sur  l’ensemble  du  travail  est  insignifiante  ou  ci  peu 
près. 

C’est  avec  le  vif  sentiment  de  difficultés  auxquelles  j’ai 
pu  me  trouver  souvent  inégal, que  je  sollicite  en  terminant 
l’indulgence  du  lecteur  pour  les  fautes  dont  un  pareil  tra- 
vail ne  saurait  être  exempt.  En  dépit  des  taches  inévitables, 
je  reste  soutenu  par  l’espoir  d'avoir  en  général  bâti  sur 
un  terrain  solide  et  fait  œuvre  utile  et  durable . 


Lyon,  20  juin  1900. 


INTRODUCTION 


i 

LE  RIG-VÉDA  ET  LA  RELIGION  INDO-EUROPÉENNE1 

Bien  qu’inaugurées  en  Europe  depuis  plus  d’un  siècle, 
en  même  temps  que  celles  de  l’ensemble  de  la  littérature 
sanscrite,  la  connaissance  et  l’étude  des  recueils  védiques, 
particulièrement  en  ce  qui  concerne  le  Rig-Véda,  le  plus  im- 
portant de  tous,  n’ont  pas  encore  abouti  à une  appréciation 
exacte  et  définitive  des  précieux  documents  qui  en  sont 
l’objet.  Je  ne  m’attarderai  pas  à en  rechercher  toutes  les 
causes.  La  principale  et  la  seule  que  je  tienne  à signaler  en 
ce  moment,  à côté  de  celles  qui  dépendent  de  la  langue 
et  du  style  védiques,  résulte  du  crédit  qu’on  a trop  libé- 
ralement accordé  jusqu’ici  en  Occident  à la  tradition  indi- 
gène ou  brahmanique  appliquée  aux  recueils  dont  s’agit. 
Cette  tradition,  représentée  dans  l’ordre  pratique  par  la 
liturgie  du  sacrifice,  et  en  matière  spéculative  par  la  littéra- 
ture des  Brâhmanas  et  tous  les  ouvrages  qui  s’y  rattachent, 
au  double  point  de  vue  de  l’interprétation  verbale  (gram- 
maire, lexicographie,  etc.)  et  du  rituel,  témoigne  pourtant 
d’une  méthode  aussi  superficielle,  aussi  arbitraire  et  aussi 
peu  scientifique  que  possible.  Partout  où  elle  se  prête  au 
contrôle,  nous  la  prenons  en  faute,  — que  dis-je?  en  flagrant 
délit  d’inexactitude  et  de  puérilité.  Comment  ne  pas  en 
tirer  cette  conséquence  imposée  par  les  règles  les  plus 

1.  Conférence  faite  en  décembre  1899  à l’École  d’ Anthropologie  de 
Paris. 


INTRODUCTION 


X 

simples  d’une  saine  critique,  qu’il  faut  s’armer  de  défiance 
vis-à-vis  de  tout  ce  qu’elle  prétend  nous  enseigner  et  n’ac- 
cepter l’héritage  de  ses  leçons  que  sous  bénéfice  d'inven- 
taire ? 

M’inspirant  ici  de  ces  principes,  j’écarterai  résolument 
les  données  hindoues  partout  où  elles  me  sembleront  sus- 
pectes, c’est-à-dire  presque  toujours,  pour  ne  m’en  tenir 
qu’aux  renseignements  fournis  de  première  main  par  les 
textes  originaux  et  aux  déductions  qu’ils  autorisent. 

Les  grandes  lignes  de  ma  méthode  étant  ainsi  indiquées, 
j’aborde  sans  plus  de  préambule  l'exposé  rapide  des  princi- 
paux enseignements  que  nous  pouvons  puiser  sur  la  religion 
de  nos  lointains  ancêtres  dans  le  livre  qu’on  a appelé  la 
Bible  de  l'Inde,  mais  (pii  mérite  encore  mieux  le  titre  de 
Bible  des  Indo-Européens. 

Les  hymnes  védiques  dont  le  Rig-Véda  (le  Véda  des 
chants)  contient  la  collection  la  plus  ancienne,  la  plus  volu- 
mineuse et  la  plus  authentique,  étant  affectés  par  destina- 
tion spéciale  aux  chants  accompagnant  la  célébration  du 
sacrifice,  concernent  exclusivement  le  sacrifice.  Par  là  s’ex- 
pliquent clairement  leur  seule  raison  d’être  et  le  sens  général 
des  textes  qui  les  constituent,  alors  que  toute  autre  hypo- 
thèse entraîne  avec  elle  des  difficultés  insolubles  ou  des 
contradictions  qui  en  trahissent  l’erreur. 

Le  sacrifice,  c’est-à-dire  l’allumage  et  l’entretien  du  feu 
sacré  au  moyen  d’éléments  inflammables,  apparaît  d’après 
ces  hymnes  comme  l’unique  cérémonie  de  la  religion  qui, 
dans  l'Inde  ancienne,  a précédé  le  brahmanisme,  et  à laquelle 
on  est  convenu  de  donner  le  nom  de  Religion  védique.  A 
côté  de  cela,  le  fait  que  le  sacrifice  tel  qu’il  vient  d’être 
défini  est  un  rite  (et  le  seul  rite)  commun  à toutes  les 
branches  de  la  race  indo-européenne,  conduit  à identifier  la 
religion  de  l’Inde  védique  à celle  de  la  race  entière,  et  à 
conclure  que  les  hymnes  dont  le  chant  conditionnait  par- 
ticulièrement ce  rite  remontent,  sinon  sous  leur  forme  ac- 
tuelle, du  moins  quant  à leur  leur  objet  et  aux  idées  qu’ils 


INTRODUCTION 


XI 


expriment,  à l’époque  même  de  la  communauté  ethnique  des 
Indo-Européens  au  sein  de  la  race  encore  indivise.  C’est  par 
là  d’ailleurs  que  l'on  se  rendra  compte  des  ressemblances 
frappantes  des  principales  formules  védiques  avec  de  nom- 
breux passages  des  ouvrages  grecs  dus  à l’inspiration  reli- 
gieuse, tels  que  les  fragments  orphiques,  la  Théogonie 
d’Hésiode  et  les  hymnes  attribués  à Homère,  qui  peuvent 
être  considérés  comme  des  centons  des  poésies  sacrées  anté- 
rieures, analogues  à celles  du  Rig-Véda. 

L’antique  religion  de  l’Inde  et  de  la  Grèce  consistait  dans 
le  sacrifice;  dans  la  Grèce  comme  dans  l’Inde,  le  sacrifice 
était  accompagné  d’hymnes,  perdus  d’un  côté,  conservés  de 
l’autre,  mais  dont  tout  indique  la  commune  origine  et 
l’identité  initiale. 

L’âge  des  hymnes,  dont  la  plupart  des  exégètes  védiques 
d’Europe  font  remonter  la  date  dans  l’Inde  à douze  ou 
quinze  cents  ans  avant  Jésus-Christ,  est  donc  à certains 
égards  beaucoup  plus  ancien.  Probablement  remis  au  point 
quant  à la  langue  à différentes  époques,  à partir  du  moment 
où  ils  sont  devenus  la  chose  de  l’Inde,  ces  précieux  docu- 
ments n’en  sont  pas  moins  essentiellement  indo-européens 
par  le  milieu  où  ils  sont  nés  et  l’inspiration  qui  les  anime; 
et  c’est  ainsi  qu’il  est  juste  de  dire  que  le  Rig-Véda  est  la 
Bible  de  la  race. 

Ce  livre  ancestral,  vénérable  entre  tous  et  original  dans 
toute  la  force  du  terme,  car  il  n’en  suppose  aucun  autre 
qui  le  précède,  est  en  même  temps,  il  faut  le  reconnaître, 
le  plus  monotone  des  livres.  Les  chantres  du  sacrifice,  fidèles 
à la  logique  de  leurs  fonctions,  n’ont  chanté  que  le  sacrifice, 
Initiateurs  de  la  tradition  et  par  là  de  la  littérature,  ils  ont 
ouvert  cette  voie  par  le  seul  côté  dont  le  culte  leur  frayait 
l'accès.  Ils  observaient  d’ailleurs  plutôt  qu’ils  n’imaginaient, 
et  la  description  de  l’acte  sacré  constituait  en  le  limitant 
l’horizon  de  leur  pensée.  Aussi  les  dix  mille  vers  du  Rig- 
Véda  peuvent-ils  être  considérés  comme  autant  de  va- 
riantes d’une  seule  et  même  conception  pittoresque  et  sti- 


XII 


INTRODUCTION 


mulatrice.:  « Le  fou  sacré,  en  dépit  de  tous  obstacles, 
s’allume  sur  l’autel  quand  la  libation  nourricière  lui  est 
versée  par  les  sacrificateurs.  Offrons-la-lui!  » Le  thème 
est  pauvre  sous  la  parure  verbale  des  épithètes  et  des  méta- 
phores qui  semblent  l’enrichir;  mais  il  suffit  à son  objet,  et 
les  circonstances  voisines  expliquent  l’étroitesse  du  cadre 
qui  en  restreignait  le  développement. 

L’indigence  fatale  de  la  pensée  védique  a eu  pour  con- 
séquence non  moins  nécessaire  l’opulence  des  formes  qu’elle 
a revêtues  aux  mains  des  sacrificateurs-poètes  qui  n’ont 
vraisemblablement  pas  cessé,  depuis  les  temps  indo-euro- 
péens jusqu’à  l’aurore  du  brahmanisme  hindou,  d’en  re- 
toucher les  premières  ébauches.  Il  fallait  ou  se  contenter  de 
la  formule  ne  varietuf  que  comportait  l’apologie  descriptive 
pure  et  simple  de  l’acte  sacré,  ou  bien  en  varier  l’expression 
par  les  moyens  habituels  de  l’amplification  littéraire,  c’est- 
à-dire  par  la  synonymie  et  la  métaphore  comparative  dont 
s’inaugurait  ainsi  l’usage,  et  d’obtenir  des  tours  nouveaux 
et  des  idées  accessoires  à l’aide  desquels  seulement  le  texte 
primitif  pouvait  diversifier  son  costume  et  élargir  indé- 
finiment son  domaine.  Il  appartenait  aux  prêtres  védiques 
d’adopter  cette  dernière  alternative;  c’est  par  là  qu’ils  de- 
vinrent poètes,  dans  la  mesure  du  moins  où  on  peut  l’être 
quand  le  sentiment  manque  encore  de  moyens  d'expression 
et  que  tout  l’effort  de  l’artiste  porte  sur  la  création  des 
formes  qui  le  revêtiront  un  jour. 

Les  hymnes  du  Rig-Véda  sont  en  vers,  mais  il  y a lieu 
de  croire  qu’ici  même  comme  partout  la  prose  a nécessaire- 
ment précédé  le  mètre,  et  qu’à  la  base  des  vers  du  Rig  on 
doit  admettre  l’existence  préalable  de  formules  plus  natu- 
relles et  plus  simples  à tous  égards  qui  ont  été  les  matériaux 
des  textes  soumis  ultérieurement  aux  règles  artificielles  de 
la  poétique  et  de  la  rhétorique  védiques.  Cette  hypothèse, 
que  la  logique  impose,  se  justifie  singulièrement  en  pré- 
sence du  nombre  considérable  de  morceaux  de  rapport  ou 
passe-partout  que  l’on  rencontre  dans  la  plupart  des  hymnes 


Introduction 


xili 


clu  Rig-Vjta,  et  surtout  dans  ceux  du  neuvième  livre  ex- 
clusivement consacré  au  culte  du  Sonia.  Citons  parmi  les 
phrases  d’usage  particulièrement  banal  empruntées  à ce 
livre  les  formules  suivantes  : 

« Coule,  libation  pour  la  boisson  de  l’ Ardent,  » — c’est- 
à-dire  du  feu  sacré  désigné  par  une  épithète  de  nature.  — 
« Le  brillant  (le  feu  brillant)  hennit  (crépite)  comme  un 
cheval.  » — « Le  doré  (le  feu  de  couleur  d’or  ) engendre  le 
soleil  dans  les  eaux,  » — c’est-à-dire  le  feu  du  sacrilice  se 
développe,  pareil  au  soleil,  dans  les  eaux  de  la  libation.  — 
« La  libation  (le  soma)  détruit  les  obstacles,  » — c’est-à-dire 
rien  ne  la  retient,  elle  est  versée.  — « La  libation  fait  croître 
la  mer  qui  parle:  » — en  s’enflammant  la  libation  liquide 
comparée  à la  mer  se  développe  en  crépitant,  etc. 

Ces  formules  se  retrouvent  çà  et  là  sous  une  foule  de 
rédactions  analogues,  et  qui  11e  diffèrent  les  unes  des  autres 
que  par  de  légers  détails  de  style.  Les  comparaisons  d’ailleurs 
auxquelles  elles  prêtent  sont  des  plus  intéressantes  et  nous 
livrent  le  secret  de  l’art  védique  sous  sa  forme  la  plus  simple, 
c’est-à-dire  consistant  dans  la  substitution  d’un  synonyme 
à un  autre. 

Un  procédé  plus  complexe  est  celui  qui  résulte  de  la 
combinaison  des  formules  entre  elles  par  application  littéraire 
de  l’axiome  que  les  mathématiciens  expriment  en  disant  que 
deux  quantités  égales  à une  troisième  sont  égales  entre  elles. 
Un  exemple  en  sera  fourni  par  l’expression  fréquente  « la 
mer  crépite  » tirée  par  voie  de  raccourcissement  de  ces  deux 
autres  : « La  libation  est  (comme)  une  mer,  » « la  libation 
crépite  en  s’allumant  »,  et  devant  s’interpréter  en  consé- 
quence. 

Qu’il  se  soit  agi  d'un  moyen  instinctif  de  variété  et  d'am- 
plification, ou  de  la  recherche  étudiée  d’effets  de  bizarrerie 
et  d’énigme,  — quel  qu’ait  été,  en  un  mot,  le  but  raisonné 
ou  non  des  poètes  védiques,  — ils  ont  abouti  par  là  aux 
obscurités  et  aux  étrangetés  du  style  des  hymnes.  Et  ces 
défauts  sont  si  choquants  pour  qui  ne  se  rend  pas  compte 


\lv 


INTRODUCTION 


des  causes  dont  ils  résultent  et  du  sens  qu'ils  recouvrent, 
qu’un  indianiste  contemporain  a pu  dire  àce  propos  : « Une 
portion  considérable  du  Rig-Yéda  est  une  pure  poésie  ma- 
chinale, d'origine  artificielle,  rapiéçage  de  lieux  communs 
réunis  par  des  combinaisons  nouvelles,  ou  un  remaniement 
de  vieux  thèmes,  avec  des  allusions  mystiques  et  inexpli- 
cables, des  concetti  tirés  par  les  cheveux  et  une  phraséo- 
logie pénible. qu’il  est  impossible  de  traduire  en  produisant 
un  sens  suivi,  parce  que  cet  élément  y faisait  défaut  dès  le 
commencement'.  » — Les  passages  visés  par  l’auteur  sont 
en  effet  doublement  obscurs,  si  l’on  songe  qu’aux  métaphores 
déjà  énigmatiques  qui  appellent  les  libations  « la  mer  » et 
le  feu  du  sacrifice  « le  soleil  »,  s’est  ajouté  le  nouveau  voile 
des  combinaisons  à termes  équivalents  substitués,  sur  le 
type  de  « la  mer  parle  »,  pour  dire  que  la  libation  inflam- 
mable s’allume  en  crépitant.  Seulement,  n’allons  pas  jus- 
qu'à croire  avec  Whitney  que  dès  le  principe  le  sens  faisait 
défaut  à ces  formules:  on  prouve  par  là  qu’on  ne  les  a pas 
comprises,  mais  nullement  qu’elles  sont  insignifiantes  ou 
incompréhensibles.  Je  reconnais  tout  le  premier  qu’il  y a 
des  énigmes  védiques,  mais  je  me  refuse  énergiquement  à 
admettre  que  le  mot  en  soit  illusoire  et  que  toute  tentative 
pour  les  expliquer  doive  rester  essentiellement  vaine. 
Loin  de  là,  l’explication  qui  vient  d’en  être  fournie  explique 
en  même  temps  l’étrange  déviation  que  subit  la  religion 
indo-européenne  en  passant  du  réalisme,  utilitaire  à l’ori- 
gine, du  culte  du  feu  aux  illusions  fantastiques  et  confuses 
de  la  mythologie  qui  luisuccéda.  Qu’il  s’agisse  bien  d’ailleurs 
d’une  succession,  on  en  aura  la  preuve  en  constatant  qu’il 
suffit  de  faire  abstraction  des  métaphores  des  hymnes  et 
de  les  ramener  au  sens  propre  qu’elles  recouvrent,  pour  que 
du  même  coup  s’évanouisse  avec  elles  toute  la  mythologie 
védique.  Grâce  à ce  procédé  régressif  et  rectificatif,  toutes 
les  personnalités  divines,  — Indra  ou  Tardent,  Varuna  ou 

1.  Whitney,  Reçue  de  l’histoire  des  religions,  VI,  138. 


Introduction 


l’enveloppeur,  Dyaus  ou  le  ciel.  Usas  ou  l'aurore,  — en  un 
mot  l’ensemble  des  Dieux,  ou  des  Célestes,  — perdent  leur 
individualité  mystique  et  imaginaire  pour  ne  laisser  place 
qu’au  feu  réel,  tangible,  impersonnel,  célébré  sous  le  nom 
d’Agni.  Pareillement,  s’éclipsent  devant  le  soma  ou  l’élément 
liquide  et  inflammable  du  sacrifice,  Pûsan  le  nourricier, 
Mitra  l’ami  (du  feu),  Sarasvatl  la  liquoreuse,  et  toutes  les 
autres  figures  métaphoriques  et  mythiques  du  breuvage 
sacré.  L’évocation  divine  disparue,  il  ne  reste  comme  théorie 
et  pratique  du  culte  que  le  rite  de  l’oblation  liquide  en- 
flammée ( agnihotra ),  dont  c’est  le  moment  de  chercher  la 
la  raison  d’être. 

Elle  apparaît  d’elle-même,  si  l’on  se  représente  le  sacrifice 
à l’origine  comme  l'entretien  au  sein  de  chaque  famille 
d’une  lampe  destinée  à assurer  la  perpétuité  du  feu  domes- 
tique, si  difficile  autrement  à rallumer  une  fois  éteint,  et 
si  continuellement  indispensable  au  point  de  vue  des  usages 
journaliers,  et  surtout  dans  les  ténèbres  nocturnes  et  durant 
la  saison  froide.  La  nécessité  établit  la  coutume,  et  l’habi- 
tude fit  oublier  la  nécessité.  D’intentionnel  qu’il  était 
d’abord,  l'entretien  du  feu  devint  purement  traditionnel;  il 
passa  ainsi  à l’état  de  culte  né  de  lui-même  et  continué 
pour  lui-même,  — de  culte  par  et  pour  le  culte,  et  com- 
parable à tant  d’autres  usages  d’autant  plus  enracinés  et 
respectés  que  l’origine  en  est  plus  lointaine  et  la  significa- 
tion primordiale  plus  obscure. 

Sous  cette  forme  désintéressée  et  pour  ainsi  dire  ab- 
straite, le  sacrifice  ou  l’offrande  au  feu  perpétuel  s’est  con- 
tinué jusque  chez  les  Romains  de  la  République  et  des 
Césars  par  l’institution  des  Vestales,  dont  le  foyer  toujours 
allumé  et  sans  autre  objet  que  son  propre  entretien,  est 
une  pure  survivance  de  1 ’ agnihotra  primitif.  Et  mieux 
encore  peut-être,  le  feu  sacré  qu’entretiennent  les  Parsis 
modernes  d’une  façon  constante  et  avec  le  soin  le  plus 
pieux,  est  l’héritage  direct  du  vieux  rite  indo-européen. 

Tel  qu’il  vient  d’être  décrit,  il  manquait  au  culte  du  feu 


INTRODUCTION 


XVl 

un  élément  essentiel  pour  en  faire  une  religion  au  sens  que 
nous  attachons  à ce  mot.  Le  mysticisme,  — à moins  qu’on 
n’en  veuille  voir  la  trace  fugitive  dans  le  sentiment  in- 
conscient qui  faisait  vivre  la  coutume  et  animait  le  rite, 
— en  était  absent.  Dans  tous  les  cas,  c’est  d’une  tout  autre 
manière,  nous  le  savons  déjà,  et  sous  les  espèces  de  la 
mythologie  que  le  mysticisme  entra  en  communion  avec  le 
rite.  Un  oubli  d’ordre  pratique  avait  engendré  le  culte  sous 
sa  première  forme;  un  oubli  d’ordre  spéculatif,  et  en 
quelque  sorte  littéraire,  acheva  de  le  métamorphoser  en 
religion  proprement  dite.  Rappelons  en  deux  mots  que  la 
lettre  des  hymnes  du  sacrifice  était  d’un  style  métapho- 
rique et  énigmatique  qui  en  recouvrait  Y esprit.  A celui-ci, 
et  tout  naturellement,  se  substitua  celle-là;  et  si  l’on  songe 
(pie  les  textes  sacrés  portaient  avec  eux  toute  la  tradition 
indo-européenne  et  sa  fortune,  on  se  rendra  facilement 
compte  des  conséquences  de  cette  substitution.  Elles  furent 
considérables  et  décisives:  non  seulement  elles  instituèrent 
par  l’intermédiaire  de  la  métaphore  la  mythologie  avec 
toutes  ses  évocations  et  toutes  ses  superstitions,  mais  elles 
rendirent  un  sens  précis  au  sacrifice  en  personnifiant  les 
flammes  sacrées  sous  la  figure  des  dieux  auxquels  l'obla- 
tion était  destinée  et  qui  savaient  en  récompenser  les  dis- 
pensateurs . 

En  réalité,  le  mouvement  des  idées  fut  déterminé  par  les 
différentes  conditions  qui  présidèrent  à l’intelligence  des 
textes,  et  le  meilleur  moyen  de  montrer  comment  il  s’est 
produit  et  à quoi  il  a abouti  est  de  mettre  en  parallèle  les 
différentes  interprétations  qu’ils  comportent,  selon  la  lettre 
ou  l’esprit.  C’est  ce  (pie  nous  allons  faire  pour  quelques 
formules  choisies  parmi  les  plus  caractéristiques. 

SENS  RÉEL  ET  PRIMITIF  SENS  MÉTAPHORIQUE  SENS  MYTHIQUE 

Le  feu  s’est  dégagé  de  ses  L’ardent  a détruit  l’en-  Le  dieu  Indra  a tué  le 
liens  ou  s’est  allumé.  veloppeur.  (serpent)  Vi  tra. 

Le  feu  s’est  alimenté  par  L’ardent  a bu  la  li-  Indra  s’est  enivré  de 
l’oblation.  queur.  soma. 


SÉNS  RÉEL  ET  PRIMITIF 

Le  feu  aspire  l'oblation 
liquide  au  moyen  de 
sa  flamme. 

Les  flammes,  pareilles 
à des  veaux,  se  nour- 
rissent du  lait  de  la 
vache-oblation . 

Au  contact  de  l’oblation 
liquide,  les  flammes 
crépitent  en  rallu- 
mant. 


INTRODUCTION 
SENS  MÉTAPHORIQUE 

L’ardent  fait  jaillir 
l’eau  du  rocher  en  le 
fendant  de  son  arme. 

Les  brillants  tettent  le 
lait  des  vaches. 


Les  brillantes  chantent 
en  se  purifiant  dans 
les  sources  qui  les 
embellissent. 


Xvii 

SENS  MYTHIQUE 

I ndra  brise  la  montagne 
à l’aide  du  foudre. 


Les  dieux  enfants  ont 
pour  nourrice  des 
vaches,  des  chèvres, 
etc. 

Les  déesses  (Muses, 
nymphes,  fées)  chan- 
tent au  bord  des  eaux 
d’où  elles  tirent  leur 
éclat. 


La  transposition  du  sens  des  formules  sacrées  n’eut  pas 
seulement  pour  effet  de  remplacer  par  une  religion  idéale 
le  réalisme  du  culte  antérieur  : les  rites  en  ressentirent 
également  l’influence.  La  fiction,  par  exemple,  des  dieux- 
flammes  nourris  par  les  vaches-libations  entraîna  parallè- 
lement la  substitution  au  sacrifice  des  victimes  animales, 
surtout  des  laitières  génisses,  brebis,  chèvres,  etc.,  aux 
liquides  inflammables  d’autrefois  dont  ces  victimes  étaient 
devenues  les. symboles.  Ce  changement  était  favorisé  d’ail- 
leurs par  la  conception  nouvelle  du  sacrifice  rémunéré,  et 
par  l’anthropomorphisme  qui  présidait  tacitement  à l’idée 
que  les  hommes  se  faisaient  des  dieux  créés  par  leur  imagi- 
nation et  taillés  à leur  image.  Aux  uns  et  aux  autres  la  chair 
des  animaux  domestiques  était  délicieuse,  et  plus  on  la  goû- 
tait des  deux  côtés,  plus  ceux-là  étaient  en  droit  de  compter 
sur  elle  pour  obtenir  de  ceux-ci  une  récompense  en  rapport 
avec  l’excellence  de  leurs  dons. 

Bien  que  ce  soient  surtout  les  hymnes  du  Rig-Véda  qui 
nous  suggèrent  ces  hypothèses  et  qui  nous  fournissent  les 
preuves  de  leur  vérité,  il  n’est  pas  douteux  que  les  circons- 
tances qui  les  regardent  ne  remontent  jusqu’à  l’époque  de 
l’unité  indo-européenne.  C’est  ce  qui  ressort  en  toute  évi- 
dence de  l’étroite  parenté  de  la  plupart  des  mythes  grecs 
avec  ceux  de  l’Inde  védique  et  brahmanique.  Comment  en 
effet  s’expliqueraient  ces  ressemblances,  s’il  ne  s’agissait  pas 


kvm 


INTRODUCTION 


d'une  origine  commune  dans  un  centre  ethnique  indivis  et 
qu’atteste  tout  particulièrement  le  parallélisme  des  fictions 
suivantes?  — Conception  générale  des  dieux  (les  dévas  et 
les  (ho'j  — immortels  (amrtas-apSpoToi)  — qui  se  nourrissent 
d’ambroisie,  — qui  habitent  le  ciel  (dyuksas-oùpavtoi),  — qui 
ont  aux  mains  des  armes  brûlantes  et  brillantes  (le  vajra, 
l’égide,  le  foudre,  etc.).  — Le  dieu  du  ciel  Dyauspitar,  Zeôç 
-i-rtf,  Jupiter.  Les  dévas  et  les  Oeoî,  en  particulier  Krsna 
et  Apollon,  élevés  par  des  bergers  et  au  milieu  des  vaches 
et  des  bergères.  — L’étable  des  vaches  forcée  par  Indra, 
Hercule,  etc.  — Indra  tueur  du  serpent,  Apollon  vainqueur 
du  serpent  Python,  Hercule  de  l’hydre  de  Lerne,  etc.  — 
Les  cavaliers  ou  les  Açvins  et  les  Dioscures.  — Sarasvatï, 
déesse  des  eaux  et  de  l’éloquence  auprès  des  Muses,  des 
Nymphes,  des  Sirènes.  — Le  mythe  du  mauvais  père,  ou 
du  mauvais  oncle  et  de  l’enfant  exposé  ou  relégué  : Kainsa 
et  Krsna,  Kronos  et  Zeus,  Laius  et  Œdipe,  Acrisius  et 
Persée,  etc. —L’enlèvement  de  Sità  et  celui  d’Hélène.  — La 
prise  de  Lanka  et  celle  de  Troie.  — Les  exploits  d’Indra  et 
les  travaux  d’Hercule.  — Tvastar,  l’artisan  qui  fabrique 
les  chars  et  les  armes  des  dévas,  et  Hépliaistos  qui  joue  le 
même  rôle  dans  la  mythologie  grecque.  — Isas  ou  les  liba- 
tions personnifiées  et  llébé  (la  vigueur)  qui  versent  à boire 
aux  dieux.  — La  mer,  dans  l’Inde,  Thétis,  chez  les  Grecs, 
procréatrices  des  dieux.  — Le  déluge  et  Manu,  père  des 
hommes,  qui  repeuple  la  terre,  auprès  du  mythe  hellénique 
de  Deuealion  et  de  Pyrrha,  etc.,  etc. 

Il  importe  de  constater  que  tout  ce  relief  et  toute  cette 
extension  de  la  mythologie,  ainsi  que  tout  le  développement 
coordonné  de  l’idée  d’échange  de  bons  offices  entre  les  dieux 
et  les  hommes,  dès  les  hautes  époques,  n’en  fut  pas  moins 
une  œuvre  essentiellement  sacerdotale,  plutôt  que  populaire 
et  vulgaire.  La  tradition  constituée  et  continuée  par  les 
chants  sacrés  et  les  spéculations  qui  en  modifièrent  l’esprit, 
— spéculations  dont  les  Brâhmanas  de  l'Inde  nous  ont 
transmis  les  procédés,  — supposent  l’existence  et  l'organi- 


INTRODUCTION 


XIX 


sation  régulière  d’une  caste  dont  le  maniement  et  le  gou- 
vernement des  choses  sacrées  formaient  la  profession.  C’est 
le  prêtre  exégète  des  hymnes,  en  même  temps  que  sacrifi- 
cateur, qui,  pris  sans  s’en  douter  dans  les  filets  de  son 
interprétation  enfantine  et  superficielle,  inventa  la  mytho- 
logie et  par  là  même  la  religion  de  formation  secondaire 
que  se  substitua  insensiblement,  et  à l’insu  même  de  ses 
auteurs,  au  culte  d’abord  général  et  tout  familial  dont  elle 
avait  été  précédée.  Le  caractère  peu  populaire  et  ésotérique, 
au  moins  dans  une  certaine  mesure,  de  la  religion  indo- 
européenne  sous  sa  forme  mythique  ressort  d’ailleurs  du 
fait  qu’aux  mains  du  peuple  elle  s’altéra  considérablement. 
Dans  les  couches  inférieures  de  la  société,  la  littérature  des 
hymnes  et  des  Brâhmanas  finit  par  être  remplacée  par  les 
contes  de  fée,  et  les  pratiques  de  la  sorcellerie,  avec  leur 
grossier  mysticisme,  tinrent  lieu  de  la  noblesse  et  de  l’élé- 
vation relatives  des  rites  du  sacrifice. 

Suivant  une  marche  diamétralement  opposée,  les  esprits 
d’élite  se  dégagèrent  petit  à petit  de  l’erreur  mythologique 
en  préférant  les  enseignements  de  l’expérience  à ceux  de  la 
tradition.  Ainsi  naquirent  la  philosophie  et  la  science;  c’est 
un  domaine  tout  différent  de  celui  dont  l’histoire  vient  d’être 
esquissée.  Il  serait  intéressant  d’insister  sur  leurs  rapports; 
en  ce  moment,  je  me  bornerai  en  terminant  à résumer  dans 
ses  grandes  étapes  la  marche  de  la  civilisation  sur  la  voie 
où  l’a  conduite,  de  la  manière  que  nous  venons  de  voir, 
la  race  indo-européenne. 

1°  Religion  naturelle.  Institution  du  sacrifice  ou  du  culte 
utilitaire  d’abord,  puis  de  pur  usage  traditionnel,  du  feu 
domestique.  L’existence  de  ce  culte  dans  toutes  les  civilisa- 
tions primitives  de  l’antiquité  milite  en  faveur  de  l’hypo- 
thèse d’une  origine  commune. 

2°  Religion  sacerdotale  et  mythologique  succédant  chez 
les  Indo-Européens,  sous  l’influence  des  chants  sacrés  mal 
interprétés,  aux  formes  religieuses  de  l’époque  antérieure. 

3°  Lutte  de  l’expérience  et  de  l’observation  contre  l’erreur 


XX 


INTRODUCTION 


mythologique  et  substitution  graduelle  des  données  de  la 
science  à celles  delà  tradition  d’origine  fabuleuse. 

Constatons  en  guise  de  conclusion  que  cette  lutte  n’est 
pas  achevée,  et  que  les  résultats  s’en  confondent  avec  les 
progrès  mêmes  de  la  civilisation  dont  la  science  est  la  pro- 
motrice et  l'instrument1 2. 


II 

LES  CONDITIONS  D’ORIGINE  DES  MYTHES  DIVINS 

Si  l’abstrait  consiste  (pour  partie)  dans  les  êtres  dits  de 
raison  qui  échappent  à nos  sens,  il  faut  que  les  métaphysi- 
ciens en  prennent  leur  parti,  l’esprit  humain  est  incapable 
de  l’imaginer  spontanément.  On  le  voit  surtout  en  se  rap- 
pelant les  conditions  logiques  du  langage  dans  leur  rapport 
avec  l’entendement  et  entre  autres  les  règles  suivantes  : 

1°  Toute  dénomination  est  fondée  sur  un  attribut  sensible 
de  la  chose  dénommée  : le  soleil  = étymologiquement  le 
brillant;  2°  En  matière  verbale,  tout  sens  abstrait  n’est  que 
le  substitut  ou  l’héritier  d’un  sens  concret  antérieur. 

Or,  ces  règles  admises,  et  la  plupart  des  linguistes  les 
admettent,  est-il  permis  de  croire  qu’une  idée  abstraite  a 
pu  précéder  le  mot,  concret  d’abord,  qui  a servi  ultérieure- 
ment à sa  désignation?  Autrement  dit,  l’esprit  peut-il  con- 
cevoir, abstraction  faite  de  toute  dénomination,  un  objet  qui 
ne  tombe  ni  directement  ni  indirectement  sous  les  sens? 
Poser  la  question,  c’est  la  résoudre.  Si  l'idée  d'une  chose 
perceptible  peut  être  indépendante  du  nom  qui  s’y  rattache, 
si  par  exemple  la  vue  du  soleil  suffit  à fournir  l’idée  du 
soleil,  il  est  évident  qu’il  ne  saurait  en  être  de  même  en 
matière  abstraite,  et  que  là  où  l’intelligible  fait  défaut  l'in- 
telligence perd  ses  moyens  d’action*. 

1.  Pour  plus  de  développements,  voir  mon  livre  intitulé:  Les  pre- 
mières Formes  de  la  religion  et  delà  tradition  dans  l’Inde  et  la  Grèce , 
E.  Leroux,  éditeur,  Paris,  1894. 

2.  Il  est  bon  de  faire  remarquer  à ce  propos  que  l’idée  d’un  cercle 


Introduction 


xxi 


Le  nom  du  dieu  mythologique  (déva)  de  la  religion  indo- 
européenne  rentre  dans  la  catégorie  des  mots  concrets- 
abstraits  dont  il  vient  d’être  question.  Avant  de  s’appliquer 
à un  être  invisible,  inaudible,  intangible,  — imperceptible, 
en  un  mot,  — ce  nom  désignait,  à titre  de  brillant  ou  de 
céleste,  un  objet  à portée  des  sens,  le  soleil  selon  les  uns, 
le  feu  du  sacrifice  d’après  nous,  l’un  et  l'autre  réunis,  si  l’on 
en  croit  Bergaigne,  mais  dans  tous  les  cas  quelque  chose 
d’essentiellement  concret.  Les  conditions,  d’ailleurs,  du  pas- 
sage à l’abstrait  du  déva-soleil  ou  feu  sacré  se  laissent  faci- 
lement entrevoir.  Elles  apparaissent  surtout  en  comparant 
entre  elles  à ce  point  de  vue  les  deux  figures  principales  de 
la  religion  védique  : Agni  (le  feu)  et  Indra  (l’ardent,  autre 
désignation  de  ce  même  feu),  l’un  et  l’autre  dévas,  mais  le 
premier  resté  concret,  parce  que  l’évidence  significative  de 
son  nom  ne  laissait  aucune  prise  sur  lui  à l’équivoque, 
tandis  que  le  second,  dont  le  sens  étymologique  pouvait 
facilement  s’oublier,  se  prêtait  par  là  même  aux  déviations 
significatives  les  plus  propres  à favoriser  le  mythe. 

Le  mythe  n’est  en  effet  autre  chose,  étant  donné  une 
équivoque,  ou  l’alternative  entre  le  sens  propre  d’un  mot  et 
sa  signification  métaphorique  ou  comparative,  que  le  résul- 
tat de  l’abandon  de  celui-là  au  profit  de  celui-ci. 

Exemple  : Indra  primitivement  et  essentiellement  l’ Ar- 
dent ou  l’alter  ego  d’Agni  (le  feu)  ; puis  Indra  comparé  à 
un  héros  et  conçu  désormais  comme  tel.  Qui  ne  voit  que 
cette  substitution  a pour  effet  d’employer  le  mot  à révoca- 
tion d’une  fiction,  d’imaginer  à son  aide  une  fausse  image, 
de  recouvrir  d’un  voile  verbal  un  objet  illusoire,  bref  de 

parfait,  par  exemple,  n’est  pas  un  mythe,  eu  égard  à nos  moyens  super- 
ficiels d’observation.  Ce  n’est  qu’à  l’aide  de  verres  grossissants  que  nous 
pouvons  nous  rendre  compte  qu’une  figure  de  ce  genre,  tracée  au  compas 
sur  une  feuille  de  papier,  ne  répond  pas  exactement  à sa  définition.  Il  y 
a donc  à distinguer  entre  le  mythe  purement  illusoire  (déva  anthropo- 
morphe) et  l’objet  réel  d’une  détermination  approximative,  — à savoir 
entre  ce  qui  n’est  pas  pour  nos  sens  et  ce  qui  est  autre  que  nous  le  per- 
cevons. 


XXII 


INTRODUCTION 


dénommer  une  abstraction  ou  de  créer  un  mythe,  ce  qui 
est  une  seule  et  même  chose?  Le  nom  d’Indra,  est-il  besoin 
de  le  dire?  n'est  pas  le  seul  à nous  fournir  un  exemple  de 
cette  fallacieuse  amphibologie;  il  en  est  de  même  de  celui 
de  tout  déva  anthropomorphe,  zoomorphe,  etc.,  alors  qu’au 
contraire,  Agni,  par  exemple,  planant  au-dessus  de  l’équi- 
voque et  de  la  déformation  mythologique,  échappe  aux 
pièges  du  nomen  et  reste  (avec  les  Eaux,  le  Vent,  etc.),  un 
pur  numen,  c’est-à-dire  le  prototype  de  l’être  adorable  et 
suprême  de  la  théodicée  future. 

Les  dieux  mythiques  sont  donc  des  dieux  abstraits, 
c'est-à-dire  dont  le  nom  est  dépourvu  de  substratum  réel, 
— la  constatation  vaut  la  peine  d’être  répétée  ; et  c’est 
comme  tels  que,  sous  le  costume  mythique  masquant 
leur  néant,  ils  ont  passé  des  fictions  de  la  Fable  aux 
spéculations  de  la  théologie  qu’amorçait  la  Fable  même, 
inventrice  de  l’abstraction. 

Une  scission  profonde  s’introduisit  alors  dans  la  notion 
du  concept  divin.  L’observation  et  le  raisonnement,  aux 
prises  avec  l’idolâtrie  mythique,  eurent  pour  conséquence 
fatale  de  substituer  un  idéal  religieux  de  plus  en  plus 
rationnel  aux  images  de  plus  en  plus  fictives  des  dévas  de 
la  mythologie.  Rien  ne  saurait  mieux  le  montrer  que  la 
comparaison  du  Oîô;  de  Socrate  et  des  plus  éclairés  de  ses 
contemporains  avec  les  Zïj;  d’Homère.  Le  contraste  est 
frappant  et  s’accuse  mieux  encore  si  l’on  met  en  regard  du 
Dieu,  seul  de  son  espèce,  dépouillé  de  tout  caractère  anthro- 
pomorphe, éminemment  serein,  constant  et  immuable, 
omniprésent,  omnipotent  et  omniscient,  la  légion  céleste  du 
panthéon  hellénique,  dont  les  membres,  en  leur  séjour  sur 
l’Olympe,  sont  livrés  à toutes  les  passions  humaines  et, 
comme  les  pauvres  humains,  soumis  à la  Fatalité  avec  les 
conséquences  souvent  fâcheuses  et  toujours  aléatoires  que 
ce  double  servage  comporte. 

Est-il  besoin  d’ajouter  que  l’idée  d’un  dieu  rationnel 
était  une  idée  essentiellement  progressive  et  solidaire  des 


INTRODUCTION  XXIII 

progrès  de  la  raison  même,  c’est-à-dire  d’une  expérience  de 
plus  en  plus  étendue  et  des  spéculations  de  plus  en  plus 
approfondies  qu’elle  devait  suggérer?  C’est  ainsi  que  la  di- 
vinité conçue  par  Descartes  et  Leibnitz  est  de  nature  à 
satisfaire  encore  mieux  l’esprit  des  déistes  que  celle  en  qui 
Socrate  et  Xénophon  attachaient  l'idée  de  providence. 

Il  ne  faut  pourtant  pas  se  dissimuler  que  la  méthode 
théologique  n’est  pas  complètement  scientifique.  Elle 
reste  en  effet  attachée  à la  méthode  mythique  par  un  lien 
important  qui  est  la  tradition  verbale  ou  le  nom,  et  tout 
ce  que  cette  circonstance  comporte,  particulièrement  l’ab- 
straction. Séparez  l’abstraction  de  l’idée  du  dieu,  tout 
s’écroule  en  mythologie,  puisque  Indra  redevient  Tardent 
(Agni)  ou  le  feu  sacré.  De  même  tout  s’écroulera  en  théo- 
logie si  Dieu  d’abstrait  devient  concret  et  cesse  par  là  d’être 
pur  esprit  avec  toutes  les  conséquences  qui  en  dérivent. 

Tout  ce  qui  vient  d’être  dit  peut  se  résumer  dans  les 
termes  suivants.  Point  de  mythologie  sans  idolâtrie  ni  per- 
sonnification fictive  ou  a vide  de  l’objet  primitif  du  culte  ou 
du  feu  sacré;  point  de  théologie  sans  le  point  de  départ 
abstrait  que  lui  fournit  ainsi  la  mythologie’. 

Ne  terminons  pas  sans  répondre  à l’objection  tirée  de  la 
prétendue  spontanéité  des  fictions  mythiques  et  du  senti- 
ment religieux  chez  les  sauvages.  La  question  nécessite  une 
enquête  scientifique  qui  n’a  pas  encore  été  abordée,  que 
nous  sachions,  dans  les  termes  quelle  comporte.  Tout  se 
ramène  ici  au  point  do  savoir  quelle  est,  dans  les  langues  des 
non-civilisés,  la  valeur  concrète  des  mots  originaux  qui 
s’appliquent  actuellement  aux  idées  abstraites  de  dieu, 
esprit,  âme,  etc.  Tant  qu’on  ne  sera  pas  fixé  à cet  égard, 


1.  Ceci  indique  la  possibilité,  la  nécessité  même,  d’une  troisième  mé- 
thode d’investigation  métaphysique,  indépendante  de  la  mythologie  et 
de  la  théologie  d’origine  mythique,  et  qui  se  confond  avec  l’ensemble  des 
progrès  de  la  science  orientée  vers  la  notion  du  suprême  ou  de  l’absolu. 
Mais  c’est  une  perspective  que  nous  ne  saurions  à peine  qu’indiquer  en 
cequoment. 


XXIV 


INTRODUCTION 


on  ne  pourra  que  faire  des  conjectures  gratuites  et  supposer, 
ou  bien  que  leurs  idées  à cet  égard  sont  toutes  d’emprunt,  ou 
bien  que  l'évolution  en  a été  la  même  pour  eux  que  chez  les 
races  civilisées  et  particulièrement  chez  les  Indo-Européens. 
Quant  aux  cas  sporadiques  de  mythogénie  spontanée  qu’on 
donne  comme  observés  soit  chez  les  enfants  en  général,  soit 
chez  les  sauvages  adultes,  il  y a lieu  d’étudier,  avant  tout, 
dans  quelles  conditions  psychologiques,  logiques  et  surtout 
grammaticales  et  linguistiques,  ils  se  produisent,  et  si, 
contre  toute  vraisemblance,  ils  sont  susceptibles  de  durée 
et  de  généralisation  sous  forme  ethnique  et  traditionnelle. 
Jusque-là,  le  mieux  est  de  s’abstenir  de  toute  conclusion 
prématurée. 

III 

CONTRE  LE  NATURISME 

La  valeur  étymologique  du  mot  déva  et  le  rôle  qu’il  joue 
dans  les  hymnes  ne  permet  guère  d’autre  .alternative  pour 
expliquer  l’origine  du  culte  védique  que  d’en  voir  l’objet 
dans  le  feu  domestique  ou  dans  l’éclat  de  la  lumière  solaire. 
Voici  les  principales  raisons  pour  lesquelles  je  repousse 
cette  dernière  hypothèse  au  profit  de  la  seconde. 

* 

* * 

Tout  culte  à son  début  a dû  être  suggéré  par  l’utilité. 
Celle  du  feu  domestique  est  évidente.  Quelle  aurait  été 
l’utilité  du  culte  solaire? 

* 

La  libation  nourricière  du  feu  perpétuel,  — l’huile  de 
la  lampe  traditionnelle  et  sacrée,  — s’explique  ainsi  d’une 
manière  si  naturelle  et  si  claire  qu’on  se  demande  pourquoi 
l’on  s’obstinerait  à l’interpréter  autrement. 

* * 

Le  culte  du  soleil  est  une  hypothèse  inutile  si  l’on  admet 


INTRODUCTION 


XXV 


celui  du  feu  domestique,  mais  la  réciproque  est  difficilement 
vraie,  puisque  le  sacrifice  répond  si  bien  à l’idée  d’un  acte 
utile  accompli  par  les  moyens  les  plus  efficaces. 

* 

* * 

Le  sacrifice,  dira-t-on,  était  le  symbole  d’une  rémuné- 
ration offerte  au  dieu-soleil  dans  l’attente  ou  en  retour  de 
ses  bienfaits.  Il  faut  alors  qu’une  conception  mythique  et 
mystique  sous  forme  de  personnification  anthropomorphe, 
au  double  point  de  vue  physique  et  moral,  se  fût  déjà 
substituée  à celle  que  suggérait  simplement,  réellement  et 
nécessairement  à l’origine,  la  vue  du  corps  lumineux  appelé 
soleil.  Or,  la  plus  sûre  des  règles  de  la  mythogénie  est 
qu’une  pareille  substitution  ne  saurait  avoir  lieu  que  si  le 
nom  de  l’objet  du  mythe  a cessé  de  le  désigner  formellement. 
Le  nom  du  soleil  ne  peut  pas  être  en  même  temps  celui 
d’un  mythe  solaire  : l’un  exclut  l’autre  au  même  titre  que  le 
réel  exclut  l’imaginaire.  Il  y a là  une  nécessité  logique 
qu’exemplifie  singulièrement  le  fait  qu’Agni  ou  le  feu  n’a 
jamais  été  un  mythe,  tout  en  restant  l’objet  du  culte  tradi- 
tionnel effectué  par  le  sacrifice.  C’est  à Indra  entre  autres 
qu’est  échu  ce  rôle  en  même  temps  qu’il  devenait  le  prête- 
nom  d’Agni. 

% 

* % 

Non  seulement  le  soleil  ne  pouvait  être  l’objet  d’obla- 
tions intéressées  que  s’il  était  considéré  fictivement  comme 
doué  d’attributs  humains,  mais  comment  expliquer  la  dé- 
chéance de  l’adoration  qui  l’aurait  entouré  au  début  de  la 
religion?  Comment  croire  que  les  raisons  qui  présidèrent, 
dit-on,  à l’établissement  de  son  culte  n’auraient  pas  suffi  à le 
rendre  durable,  car  il  est  de  toute  évidence  qu’aux  temps 
védiques  ce  culte  ne  compte  pas?  Ou  bien  il  n’a  jamais  eu 
de  réalité  vraie,  ou  bien  il  avait  alors  à peu  près  cessé  d’être. 
L’invraisemblance  de  cette  dernière  hypothèse  milite  forte- 
ment en  faveur  de  l’autre. 


XXVI 


INTRODUCTION 


* 

* * 

Hier  l’humanité,  pour  qui  l’apparition  quotidienne  du  soleil 
avait  été  de  tout  temps  la  principale  condition  naturelle  et 
essentielle  de  sa  manière  d'être,  ne  trouvait  rien  là  qui 
l’émût,  et  voilà  qu’aujourd’hui  ce  phénomène  devient 
l’objet  par  excellence  de  son  étonnement  admiratif  et  de 
ses  vagues  inquiétudes.  Qui  me  donnera  le  mot  d’une  crise 
psychologique  aussi  peu  motivée? 

-* 

X X 

L’universalité  d’un  culte  ne  s’explique  guère  que  par 
l’universalité  même  des  conditions  dans  lesquelles  il  est  né. 
Or,  tout  chef  de  famille  était  directement  intéressé  à la 
conservation  du  feu  domestique  et  se  trouvait  tout  natu- 
rellement appelé  par  là  à devenir  l’initiateur  et  le  colla- 
borateur du  culte  qui  s’y  attachait.  En  était-il  de  même  en 
ce  qui  regarde  l’adoration  du  soleil  et  peut-on  dire  qu’elle 
s’est  imposée  à un  moment  donné,  d’une  manière  en  quelque 
sorte  uniforme  et  impérative,  à toute  une  tribu  ou  à tout 
un  peuple? 

X 

X X 

L’oblation  offerte  au  soleil  n’aurait  de  raison  d’être  qu’en 
action  de  grâces  pour  des  bienfaits  acquis  ou  à venir. 
Comment  se  fait-il  que  pareille  intention  ne  soit  jamais 
exprimée  dans  les  quelques  vers  du  Rig-Véda  qui  sont 
censés  adressés  à Sûrya  (le  dieu-soleil)?  A cet  égard  les 
textes  ne  disent  rien  de  ce  qu’on  en  attendrait. 

X 

X X 

L’analyse  logique  de  la  question  démontre  : 

1°  Que  le  sentiment  du  divin  n’a  pas  précédé  l’idée  de 
Dieu  ; 2°  qu’à  son  tour  cette  idée,  en  tant  qu’abstraite,  ne 
saurait  être  antérieure  au  nom  de  son  objet;  3°  qu’un  nom 
commun  concret  ne  peut  pas  devenir  le  point  de  départ  d’un 


1NTR0DUCTIÔN 


XXVII 


mythe.  Autant  de  conditions  qui  s’opposent  à l'hypothèse 
que  le  sentiment  en  question  a pu  s’attacher  au  mot  soleil 
dans  ses  rapports  avec  l’objet-soleil  et  l’idée-soleil,  à moins 
que  ce  mot  ne  soit  employé  comme  substitut  métaphorique 
d’Agni. 

% % 

Toutes  les  objections  qui  précèdent  s’appliquent  également 
au  culte  de  la  lune  et  des  astres  en  général,  mais  surtout  et 
a fortiori  à celui  des  éléments  amorphes,  tels  que  les  eaux 
et  le  vent  dont  la  mention  dans  le  Rig-Véda  se  rattacherait, 
dit-on,  au  culte  naturiste. 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


§ 1.  — Principes  d’Exégèse  védique 

Les  principes  réunis  sous  ce  paragraphe  résument  d’une  manière 
très  succincte  les  règles  générales  que  j’ai  cru  devoir  suivre  dans 
l’interprétation  des  textes  védiques,  au  double  point  de  vue  du 
fond  et  de  la  forme  de  ces  textes. 

Le  lecteur  est  prié  d’y  accorder  d’autant  plus  d’attention  qu’ici 
se  trouve  la  clé  de  toute  la  méthode  que  je  me  suis  efforcé 
d’appliquer  rigoureusement  au  cours  entier  du  présent  ouvrage. 


A’ 

Les  mots  védiques  n’ont  qu’un  sens.  Ils  s’appliquent  toujours  à 
un  même  objet  et  doivent  évoquer  toujours  la  même  idée.  Ber- 
gaigne  avait  entrepris  de  démontrer  une  thèse  voisine  dans  son 
Lexique  du  Rig-Véda  ; mais  il  admettait  des  exceptions  là  ou 
je  n’en  saurais  voir.  Le  substantif  vàja,  par  exemple,  signifie 
constamment  et  exclusivement  l'oblation  considérée  comme  le 
réconfort  ou  la  nourriture  du  feu  sacré. 

B 

Dans  le  Véda,  la  valeur  des  cas  de  la  déclinaison  est  toujours 
propre  et  entière.  J’entends,  par  exemple,  qu’on  n’est  jamais 
autorisé  à traduire  un  instrumental  par  un  simple  comitatif.  Au 
vers  du  RV.,  I,  1,  5,  devo  devebhir  à gamat  ne  veut  pas  dire 
seulement  « le  Céleste  est  venu  avec  les  Célestes  »,  mais  bien 

1.  Les  renvois  aux  différentes  parties  du  présent  paragraphe  auront  lieu  au 
Cours  de  eet  ouvrage  par  l’indication  entre  parenthèses  des  lettres  capitales 
qui  leur  servent  de  litre  (A,  etc  ). 


1 


4 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


« au  moyen  des  Célestes,  ou  à leur  aide  » ; c’est  la  présence  des 
flammes  sacrées  considérées  au  pluriel  qui  réalise  celle  du  feu 
sacré  considéré  au  singulier,  et  essentiellement  identique  par 
conséquent  à ces  mêmes  flammes. 

G 

Il  en  est  de  toutes  les  fonctions  grammaticales  déterminées  par 
des  suffixes  spéciaux  comme  des  cas  de  la  déclinaison  : on  ne 
saurait  en  modifier  la  valeur  régulière  au  gré  d’un  contexte  géné- 
ralement mal  compris.  C’est  ainsi  que  le  participe  présent  yrwna 
n’a  jamais  le  sens  passif  qu'on  lui  attribue1,  par  exemple,  à ce 
passage,  RV.,  VI,  32,  2,  rujad  adrim  grnànali  (indralj).  Le  vrai 
sens  est  : « L’Ardent  a brisé  la  montagne  en  chantant,  » cést-à-dire 
le  feu  sacré  a crépité  en  s’emparant  de  la  libation.  Et  non  pas 
« en  étant  l’objet  de  chants  » (destinés  à célébrer  son  exploit). 

D 

Les  textes  védiques  ne  contiennent  pas  de  véritables  noms 
propres;  tous  ceux  qui  sont  donnés  comme  tels  s'appliquent  à des 
personnifications  des  éléments  du  sacrifice  qui  ne  sont  encore 
pour  ainsi  dire  qu’instantanées  et  occasionnelles.  En  d’autres 
termes,  ces  dénominations  ne  perdent  jamais  complètement  de  vue 
l’objet  concret  auquel  elles  se  rapportent  : Agni  — le  feu  (sacré) 
est  à la  fois  l'Ardent  ou  Indra,  le  Céleste  ou  Deva,  l’impétueux 
ou  le  Marut,  l’Enveloppeur  ou  Varuna,  l’Ami  ou  Mitra,  etc.  La 
personnification,  destinée  à devenir  mythique  et  mystique  dans  la 
mythologie  et  la  religion  proprement  dite,  qui  se  développeront 
ultérieurement  et  grâce  à celte  personnification  même,  conserve 
dans  le  Véda  toute  sa  réalité  native;  l’image  n’y  prend  pas  encore 
le  pas  sur  la  perception  et  n’a  pas  achevé  d’en  effacer  le  caractère 
original  et  positif.  Cette  distinction  entre  la  personnification 
consciente  et  inconsciente  est  capitale2  et  eutraine  avec  elle 

1.  Grassmann  entre  autres. 

2,  Ajoutons  que  les  personnifications  conscientes  des  éléments  du  sacrifice 
remontent  à la  période  d’unité  de  la  race  indo-européenne.  C'est  ainsi  que 
s'explique  le  rapport  des  Dccas  védiques  avec  les  ©sot  de  la  Grèce  et  les  DU 
latins.  Chacun  de  ces  groupes  ethniques  a transformé  pour  son  compte  ces 
personnifications  conscientes  eu  personnifications  inconscientes  (ou  réelles, 
en  tant  que  personnifications); 


NOTES  PRELIMINAIRES  3 

l’explication  des  véritables  rapports  des  idées  védiques  avec  celles 
qui  leur  ont  succédé. 

Exemples  : 1°  Personnification  consciente  ou  ébauchée;  les  élé- 
ments du  sacrifice  sont  sous  nos  yeux;  le  mythe  est  à naître.  Rien 
encore  de  mystique  dans  les  idées. 

RV.,  I,  13,  1,  susarniddho  na  à oaha  deoâh  agne  hacismate. 

« O Feu,  bien  allumé,  apporte  les  Célestes  pour  notre  Don, 
pourvu  de  libation.  » 

2°  Personnification  inconsciente  ou  achevée.  La  réalité  est  écartée 
et  oubliée.  L’état  mythique  et  mystique  de  la  pensée  est  désormais 
chose  faite. 

Iliade,  IV,  1-3,  oî  os  (ho'.  ~àp  Zïjvs  5tx0-/)ji svoi  r(YopôwvTO 

ypojsw  sv  oaihocp,  os  ao'.c.  TtoTvi a Ho/, 
vr/"ap  swvo^ost. 

« Les  Célestes  aussi  auprès  du  Ciel  faisaient  entendre  leur  voix 
sur  le  sol  d’or,  et  pour  eux  la  puissante  Jeunesse  versait  le  nectar.  » 

Dans  les  deux  cas,  le  fond  de  la  scène  est  le  même  ; le  feu  sacré 
personnifié  sous  la  forme  des  Célestes  ou  des  Dieux  s’empare  de 
l’oblation  liquide.  Mais  ce  qui  n’est  qu’imagé  transitoire  et  simple 
dans  le  Rig-Veda  est  devenu  tableau  composé  et  permanent  dans 
l’Iliade;  d’où,  par  une  progression  toute  naturelle,  la  substitu- 
tion du  tableau  à l'image  et  l’oubli  au  profit  de  celui-là  des  circons- 
tances mêmes  qui  ont  été  le  point  de  départ  de  celle-ci. 

E 

D’après  ce  qui  vient  d’être  dit,  les  poètes  védiques  ne  cessent 
jamais  d’avoir  directement  et  matériellement  en  vue  les  objets  dont 
ils  parlent,  à savoir  les  éléments  du  sacrifice  désignés  au  propre 
ou  au  figuré.  Il  s’ensuit  que,  pour  eux,  les  mots  à sens  abstrait 
n’existent  pas  encore  ou  ne  sont  jamais  employés  comme  tels. 

Les  exemples  suivants  contribueront  à en  fournir  la  preuve. 

RV.,  IX,  23,  1,  somà  asrgram...  abhi  viçoâni  kâoyà. 

« Les  liquides  ont  coulé  vers  toutes  les  choses  qui  appartiennent 
au  sage;  ))'  et  non  « vers  les  sagesses».  — Kâcgam  est  en  réalité 
un  adjectif  employé  substantivement,  dérivé  de  havi  « sage 
(=  Soma)  » =•  les  choses  qui  sont  de  la  nature  du  sage;  ce  qui 
revient  à dire  ce  qui  lui  ressemble,  ce  qui  lui  est  identique  = le 
sage  (Soma)  lui-même. 

I,  15,  5,  taoed  dhi  sakhgam. 


4 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


« Cette  chose  du  compagnon  est  à toi,  » et  non  pas  « ce  compa- 
gnonnage » ou  « cette  amitié  ».  — Sakhyam,  adjectif  neutre  dérivé 
de  sakhin  « compagnon  »,  à savoir  « la  chose  du  compagnon  », 
ce  qui  est  de  même  nature  que  lui,  — l’ami  d’Indra  = le  Sonia. 

1,9,  8,  asme  dhehi  çraoah. 

« Établis  pour  nous  (donne-nous)  la  voix,  » et  non  pas  « la  gloire  ». 
— Cf.  le  correspondant  gr.  /Aio ç,  dont  le  sens  premier  est  aussi 
« voix,  parole,  discours  »,  etc. 

IX,  1,  1,  indrâya  pàtave  sulaJi . 

Littéralement  : « le  (liquide)  versé  pour  le  Boire  pour  l’Ardent» 
(c’est-à-dire  « pour  que  l’Ardent  boive  »),  et  non  pas  « pour  boire  ». 
Le  fait  de  boire  est  en  quelque  sorte  objectivé  et  personnifié  à côté 
de  la  personnification  du  buveur  (Indra'). 

F 

Le  style  védique  présente  de  fréquents  exemples  de  l'emploi 
comme  substantifs  d’adjectifs  et  de  participes  neutres  au  singulier, 
où  l’on  a cru  voir  à tort  des  adverbes. 

Exemples  : 

RV.,  Il,  7,4,  çucili...agnebrhad  ci  rocase. 

« O feu,  toi  qui  es  pur  (brillant),  tu  éclaires  le  fort  » = le  Soma- 
réconfort;  et  non  « tu  éclaires,  grandement  (ou  hautement)  ». 

De  là  l’interprétation  analogue  des  composés  dont  bvliat  est  le 
premier  terme. 

RV.,  I,  27,  12,  agnir  bvhadbhànuli. 

« Le  feu  (sacré)  qui  a pour  éclat  le  fort  » ou  « qui  a l’éclat  du 
fort"  »,  et  non  pas  « qui  a un  grand  éclat  ». 

RV.,  I,  2,  5,  iüc  à yàtam  upn  draoat. 

« Allez  vous  deux  (càyac  indraç  ca)  vers  ce  qui  coule  (=  la 
libation).  » Cf.  au  vers  suivant  la  formule  à yàtam  upa  niskrtam , 
où  niskrtam  joue  évidemment  le  même  rôle  grammatical  que  dracat 
dans  notre  texte. 

RV.,  IV,  43,  2,  ratham...  dracadaçcam. 

« Le  char  (du  Sonia  pacamâna ) qui  a pour  cheval  ce  qui  court 
(ou  coule)  (=  la  libation  enllammée).  » 

1.  C’est  le  procédé  fréquent  d’Eschyle.  Voir  la  traduction  des  chœurs  de 
Y Agamem.non  dans  Mes  Études  cédiques  et  posl-cèdiques . 

2.  L’accentuation  ( brhâdbhànu ) est  favorable  d’ailleurs  à cette  interpré- 
tation, 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


5 


De  même,  le  prétendu  nom  propre  bhàradvâja  signifie  non  pas 
« celui  qui  apporte  la  libation  (Grassmann)  »,  mais  bien  « celui  qui 
a pour  réconfort  ce  qui  apporte  ( = le  réconfort  même)  ». 

G 

Une  particularité  fréquente  de  la  diction  védique  consiste  dans 
.un  dédoublement  verbal  de  l’idée  en  vertu  duquel  le  même  objet 
reçoit  différentes  dénominations  synonymiques  (exemple  : le  (Sonia) 
pavâmana  — l’allumé,  et  indu  = le  brillant,  — ou  métaphoriques, 
(exemple  : le  lait  ou  la  vache  pour  dire  l’oblation  liquide),  — qui 
permettent  à l’auteur  de  développer  la  pensée  en  se  jouant,  comme 
si  ces  dénominations  représentaient  des  objets  différents. 

De  là  une  phraséologie  tautologique,  qui  devient  une  forme  habi- 
tuelle d’amplification  et  que  l’exemple  suivant  mettra  en  évidence. 

RV. , IX,  10,  3,  somàso  gobhiv  anjate. 

<(  Les  liquides  (Somas)  oignent  au  moyen  des  vaches.  » Les 
vaches  étant  un  autre  nom  pour  désigner  les  liquides  (sacrés),  la 
phrase  revient  à dire  tautologiquement  « les  liquides  oignent  au 
moyen  des  liquides  ». 

Au  dédoublement  verbal  se  rattachent  deux  procédés  fréquents  de 
rhétorique  védique  qu’il  importe  de  signaler  et  de  définir. 

H 

1°  Le  mot  propre  est  remplacé  par  un  adjectif  approprié,  employé 
substantivement. 

Exemple  : paoamâna  « l’allumant  » ou  « l’allumé  »,  pour  somali 
pavamànali  « le  liquide  (Soma)  allumé  ». 

Cette  construction  elliptique  a été  précédée  de  la  construction 
pleine  qui  comportait  l’emploi  des  deux  termes.  Exemple  : 

RV.,  IX,  21,  1,  ete  dhâoantîndavah  somàh , « ces  liquides,  ces 
brillants  coulent  ». 

Les  dénominations  divines  reposent  toutes  sur  ce  même  procédé. 
Exemple  : indrali  « l’Ardent  »,  ou  plus  tard  « le  dieu  Indra  », 
pour  acjnir  indrali  « le  feu,  l’Ardent  ». 

I 

2°  Le  mot  propre  est  remplacé  par  un  terme  qui  exprimait 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


G 

d’abord  une  comparaison  explicite  avec  l’objet  qu’il  désigne,  et 
qui,  finissant  par  se  substituera  lui,  ne  laisse  debout  qu’une  com- 
paraison implicite. 

Exemple  comparaison  explicite  : 

RV.,  IX,  64,  9,  dei'O  na  sûr// ah.  « Le  Céleste  (qui  est  pareil 
au  soleil.  » 

Exemple  b,  comparaison  implicite  : 

RV.,  IX,  64,30,  soma...  pavasoa  sùryali.  « Allume-toi,  ô liquide 
(qui  es)  le  soleil.  » 

La  comparaison  implicite  comporte  à son  tour  deux  catégories 
bien  distinctes. 

J 

1°  L’idée  qu’engendre  la  comparaison  reçoit  un  développement 
logique,  ou  conforme  à la  nature  des  choses  sur  lesquelles  celle-ci 
porte. 

Exemple  : RV.,  I,  7,  3,  indrah  ...  âsùri/am  roliayad  divi. 

a L’Ardent  a fait  monter  le  soleil  (le  feu  pareil  au  soleil)  dans  le 
ciel  (autre  désignation  comparative  avec  dédoublement  verbal  (G), 
du  feu  sacré).  » 

Idée  première  et  réelle  : le  feu  l’Ardent)  a fait  monter  le  feu 
(soleil)  dans  le  feu  (ciel  . En  somme,  tautologie  pure. 

Comparaison  développée  logiquement  : Indra  a fait  monter  le 
soleil  dans  le  ciel . 

Le  texte  de  l'Iliade  cité  plus  haut,  s’expliquera  de  même. 

Les  Célestes  (les  flammes,  au  pluriel)  assises  auprès  du  Ciel 
personnifié  (/.eus,  ou  la  flamme,  au  singulier)  dans  le  sol  d’or 
(yp’jaéw  èv  oaTïÉow,  la  base  do  ces  mêmes  flammes)  discouraient 
(crépitaient),  et  la  vigueur  juvénile  personnifiée  sous  le  nom  de 
Ilébé  (c’est-à-dire  la  libation-réconfort  verse  le  nectar  ou  ce  même 
réconfort)  que  le  dédoublement  verbal  a distingué  de  la  personnifi- 
cation, compliquée  de  comparaison,  qui  le  représente  déjà  à l’aide 
du  mot  Hébé. 

A ce  procédé  de  style  se  rattache  tout  le  développement  des 
récits  mythiques. 

K 

L’idée  qu’engendre  la  comparaison  reçoit  un  développement 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


7 


illogique  que  les  poètes  védiques  ont  cultivé  comme  tel,  soit 
parce  qu’il  en  résulte  un  effet  de  surprise,  soit  parce  qu’on 
semble  solliciter  ainsi  la  solution  d’un  problème  difficile  et  faire 
appel  à la  curiosité. 

Exemple  : RV.,  IX,  10,  3,  somàso  gobhir  ahjate. 

« Les  liquides  oignent  par  les  vaches.  » 

L’idée  réelle  et  première  équivaut  à la  tautologie  déjà  signalée 
plus  haut  : « Les  liquides  (Somas)  oignent  ou  frottent  au  moyen 
du  lait  auquel  le  soma  est  comparé  et  qui  reçoit  le  nom  des 
vaches  qui  le  fournissent.  » Le  tout  revient  donc  à dire  : « Les 
Somas  oignent  au  moyen  des  Somas.  » 

Sous  un  autre  point  de  vue,  l’idée  revêt,  grâce  aux  artifices  qui 
viennent  d’être  indiqués,  un  aspect  illogique  et  bizarre  qui  trahit 
d’ailleurs  la  métaphore  (ou  la  comparaison  elliptique)  sur  laquelle 
elle  repose.  Il  est  absurde  de  dire  que  les  liquides' oignent  avec  des 
vaches;  mais  l’absurdité  n’est  qu’apparente  et  figurée  : elle  dis- 
paraît avec  la  figure  qui  lui  a donné  naissance  et  que,  dans  quan- 
tité de  cas,  le  poète  a laborieusement  cherchée. 

Toutes  les  formules  énigmatiques  et  paradoxales  des  textes 
védiques  ont  leur  origine  dans  des  comparaisons  implicites  où 
la  recherche  de  l’étrange  a pris  le  pas  sur  la  logique. 

L 

Les  poètes  védiques,  nous  le  savons,  ont  toujours  en  vue  les 
cérémonies  dont  ils  font  la  description.  De  là  tant  d’hymnes  qui 
commencent  par  un  tableau  des  flammes  qui  se  développent  sur 
l’autel,  et  tant  de  vers  dont  le  mot  important  (sujet  ou  régime)  est 
un  pronom  démonstratif  [sa,  tam,  tat,  etc.).  Cette  constatation  dont 
l’évidence  résulte  d’une  infinité  de  textes  est  un  des  plus  forts 
arguments  à opposer  aux  explications  naturalistes  qu’on  a essayé 
de  donner  des  passages  descriptifs  des  hymnes. 

§2.  — Développement  de  la  liturgie  brahmanique  du  Soma 
d’après  les  formules  védiques  correspondantes 

1°  La  libation  estcommunejau  sacrifice  de  l’Inde  et  de  la  Grèce, 
donc  elle  est  proethnique  et  remonte  à l’époque  d’unité  indo-euro- 
péenne. 


8 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


2°  Le  culte  du  Sonia  est  particulier  au  sacrifice  de  l’Inde  et  de  la 
Perse,  donc  il  s’est  développé  à titre  de  modification  de  la  libation 
primitive  à une  époque  postérieure  à la  séparation  de  la  branche 
grecque  de  la  branche  indo-aryenne  (ou  persane). 

3°  La  question  est  maintenant  de  savoir  si  la  modification  dont 
il  s’agit  est  antérieure  ou  postérieure  à l'époque  des  hymnes. 
Or,  la  communauté  du  culte  du  Sonia  entre  l’Inde  et  la  Perse, 
ne  saurait  s’opposer  à l’hypothèse  de  la  postériorité  de  ce  culte  sous 
sa  forme  ritualiste,  eu  égard  à l’époque  des  hymnes  védiques.  Si 
tout  indique,  en  effet,  que  l’Avesta  repose  sur  un  fond  lyrique  ana- 
logue à ces  hymnes,  rien  n’empêche  d’admettre  que  la  notion  du 
culte  du  Soma  (en  tant  qu’il  diffère  de  la  libation  primitive), 
absente  des  hymnes  védiques  et  avestiques,  s’est  développée  sous 
l'influence  des  mêmes  formules  dans  l’intervalle  qui  sépare,  d’un 
côté  la  période  des  hymnes  védiques  de  celle  des  Brâhmanas,  et 
d’autre  part,  dans  celui  qui  s'étend  entre  la  période  des  hymnes 
avestiques  et  celle  de  l'Avesta  même. 

Un  exemple  de  la  manière  dont  les  choses  ont  dû  se  passer 
nous  est  fourni  par  l’expression  (RV.,  I , " 9,  3 uparasya  yonau, 
dont  le  sens  védique  est  « dans  la  matrice  de  ce  qui  est  au-dessous 
(ou  inférieur)  »,  c’est-à-dire  la  libation  liquide,  eu  égard  à laliba- 
lion  ignée  qui  la  domine,  mais  entendue  plus  tard  comme  signifiant 
« mortier  »,  par  opposition  au  pilon  ou  au  supérieur.  En  suppo- 
sant l’existence  dans  les  Galbas  avestiques  d une  expression  sem- 
blable, on  se  rendra  compte  du  développement  qu’il  a reçu  ( Yast, 
10,  2)  dans  les  termes  suivants  : « Je  célèbre  à haute  voix  ton 
mortier  inférieur , où  sont  déposées  les  tiges,  ô dieu  à la  belle  intel- 
ligence. Je  célèbre  à haute  voix  ton  mortier  supérieur  avec  lequel 
je  te  frappe  de  toute  ma  force  d’homme,  ô dieu  à la  belle  intelli- 
gence1. » 


Principales  raisons  qui  militent  en  faveur  de  l’hypothèse  d'après 
laquelle  le  Soma  védique  et  pré-avestique  n’est  autre  que  la  liba- 
tion commune  au  culte  indo-européen,  ou  plus  précisément  indo- 
grec, et  que  le  développement  ritualiste  des  Brâhmanas  et  de 
l’Avesta  est  postérieur  à l’époque  des  hymnes  védiques  et  des 
Gâthas  avestiques  : 


1.  J.  Darme.steter.  Le  Zend-Acesta.  I,  p.  98  seq. 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


9 


I.  — Rien  n’indique  dans  le  RV.  que  le  Sonia  soit  le  suc  d’une 
plante  du  même  nom.  Voir  § 3. 

II.  — De  la  plus  grande  importance  dans  la  question  est  la  dé- 
termination du  sens  védique  du  rad.  su'  auquel  les  Brahmanes, 
suivis  en  cela  par  les  sanscritistes  européens,  ont  attaché  la  signi- 
fication de  « pressurer  » (la  plante  Sonia).  Celte  acception  a été 
déduite  arbitrairement  des  contextes  à l’époque  des  Brâhmanas,  alors 
que  les  hymnes  étaient  soumis,  comme  les  preuves  en  abondent, 
aux  interprétations  les  plus  subjectives  et  qu'on  crut  y trouver  des 
indications  relatives  à un  prétendu  pressurage  de  ln  plante  Sonia 
qui  prit  place  dans  le  rituel  à la  suite  de  ces  interprétations. 

Le  véritable  sens  de  su  est  « agiter,  mettre  en  mouvement,  faire 
couler,  verser  (en  parlant  des  liquides),  etc.  ».  — En  voici  les 
principales  preuves  : 

a.  — Le  radical  su  correspond  au  gr.  reim  et  <re.tw,  « agiter, 
pousser,  mettre  en  mouvement  ». 

b.  — Le  sens  de  « pressurer  » pour  ce  radical  n’a  guère  qu’une 
existence  liturgique.  A très  peu  d’exceptions  près,  on  ne  le  ren- 
contre que  dans  la  littérature  du  sacrifice  (Brâhmanas  et  rituels). 
A l’époque  dite  classique,  le  sens  de  « couler  » réapparaît,  comme 
on  peut  le  voir  par  les  textes  cités  à ce  mot  par  le  Dict.  de  S'-P. 

c.  — Le  radical  su  n’est  qu’une  variante  de  sù,  « mettre  en  mou- 
vement, pousser,  exciter,  produire,  enfanter  ».  Bergaigne  ( Rel. 
véd.,  III,  41)  s’exprime  en  ces  ternies  à propos  de  ces  radicaux  : 
« La  langue  védique  connaît  aussi  une  racine  su  par  u bref  qui 
signifie  « exprimer  le  jus  du  Sonia  » et  qui  a fourni  le  nom  même 
du  breuvage  du  sacrifice.  Cette  racine  est  évidemment,  par  son 
origine,  identique  à la  précédente  (sù,  « enfanter  »)1  2.  » 

d.  — La  synonymie  des  radicaux  su  et  hi  « mettre  en  mouve- 
ment, pousser,  agiter  »,est  mise  en  évidence  par  les  textes  suivants  : 
RV.,  IX,  30,  2,  indur  hiyàncili  sotrbhili,  « le  brillant  (Sonia)  mis 
en  mouvement  par  les  metteurs  en  mouvement;  » — l’action  du 
sotav  est  exprimée  par  le  radical  hi;  — IX,  62,  5,  (somali)  nrbhili 
sulah,  auprès  de  IX,  28, 1,  esa  vâjî  liito  nrbhili;  — X,  28,  3,  te... 

1.  Ce  radical  se  présente  en  sanscrit  sous  les  formes  principales  sdu  (sâca), 
— sau.  { saua ),  — so  ( sorna ),  — su  ( suta ),  etc.;  en  zend  sous  la  forme  hao 
( haoma );  en  grec  <rsu  («ûo>),  — cru  (ffûpsvoç).  Cf.  aussi  use  pour  * cru  si  « il 
pleut  » (idée  de  couler). 

2.  La  preuve  en  est  fournie  d’ailleurs  par  le  composé  nrsûta  (RV.,  VIII, 
4,  1)  et  le  subst.  sûma. 


10 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


indra...  sunvanti  somàn,  auprès  de  III,  46,  5,  somam  indra...  te 
hinvanti;  — IX,  34,  1,  suvànah...  indur  hincâno  arsati.  — Ces 
rapprochements  si  décisifs  pourraient  être  multipliés.  On  n’a 
donc  aucune  raison  péremptoire  pour  distinguer  le  sens  de  ces 
deux  radicaux. 

e.  — En  attribuant  à su  le  sens  de  « pressurer  »,  on  est  obligé 
de  donner,  contrairement  aux  indications  de  la  grammaire,  une 
signification  passive  au  participe  suvâna,  par  exemple,  RV.,  IX, 
18,  1,  suvànah...  somo  akëâh,  « le  liquide  qui  se  pousse  a coulé  », 
et  non  pas  « le  Soma  (plante)  pressuré  a coulé  ». 

f.  — L’expression  adribJiih  sutah  (RV.,  IV,  51,  1)  doit  s’expli- 
quer, conformément  aux  indications  qui  résultent  du  § 3,  « (le 
Soma)  coulé  (ou  versé)  par  les  montagnes  qui  le  recèlent  et 
dont  Indra  le  fait  sortir  »,  et  non  pas  « pressuré  par  les  pierres  (du 
pressoir)  ».  Le  rapprochement,  à cet  égard,  de  passages  tels  que 
RV.,  IX,  32,  2,  harim  hinvanti / adribhih  (cf.  e),  « ils  mettent  en 
mouvement  le  (liquide)  doré  avec  les  montagnes  »,  est  concluant1. 

g.  — Les  substantifs  saca,  sacana,  prasaca  signifient  exclusi- 
vement « poussée  » ou  « coulée  » de  la  liqueur  appelée  Soma,  sans 
qu’il  y ait  jamais,  pour  leur  explication,  nécessité  de  faire  inter- 
venir l’idée  de  « pressurer  ».  — Exemple  particulièrement  intéres- 
sant (RV.,  I,  164,  26  , savant  savitâ  sàvisan  (cf.  c),  « le  pousseura 
poussé  la  poussée  (du  Soma  ». 

h.  — Les  trois  savanas  ou  les  trois  pressurages  de  Soma,  des 
rituels,  — celui  du  matin,  celui  de  midi  et  celui  du  soir,  — ont  leur 
origine  dans  des  formules  védiques  dont  la  signification  primitive 
est  facile  à rétablir.  11  ressortira  d’abord  de  RV.,  VIII,  13,  13  : 

hâve  tvâ  (indra)  sùra  udite 
hâve  madhyamdine  divah. 

« je  t’appelle,  ô Indra,  (pour  venir)  dans  le  soleil  qui  s’élève, 
je  t’appelle  (pour  venir)  dans  le  milieu  du  jour...  »,  que  les 
mots  « matin  » et  « midi  »,  dans  les  composés  pràtalisavana 
et  madhgamdinasavana,  sont  employés  métaphoriquement  pour 
désigner,  non  pas  tel  ou  tel  moment  du  jour,  mais  le  feu  sacré 
comparé  au  soleil  levant  ou,  par  une  amplification  verbale  et  de 
pure  symétrie,  comme  c’est  si  souvent  le  cas  dans  le  Véda,  à celui 

1.  Même  explication  pour  l’expression  aclri/i...  somasut  (RV.,  \ 11,  68,  4). 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


11 


de  midi.  Le  même  procédé  a donné  naissance  à l’idée  d’un  savana 
du  soir,  ou  d’un  troisième  saoana,  eu  égard  aux  deux  autres, 
dont  il  est  question  à leur  suite,  RV.,  III,  52,  4-6.  L’expression 
prâtahsaoe  jusasva  nah  (III,  52,  4),  « régale-toi,  (oindra),  dans 
notre  première  libation  »,  a subi,  quant  au  composé  pràtalisave , 
l’influence  verbale  des  mots  madhyamdinasya  saoanasya  du  vers 
suivant  : la  libation  du  milieu  du  jour  supposant  celle  du  matin 
ou  la  première. 

Enfin  et  de  son  côté,  l’expression  trtiyam  sacanam , détachée  des 
contextes  qui  en  justifient  la  signification  littérale,  a été  employée 
d’une  manière  indépendante  et  sans  raison  d’être  significative, 
sinon  par  allusion  aux  passages  où  elle  venait  à la  suite  des  deux 
autres,  dans  des  passages  tels  que  RV.,  I,  161,  8,  trtîye...  savane 
màdayâdhvai,  « baignez-vous  dans  la  troisième  libation  ». 

En  résumé,  dans  le  RV.  les  trois  savanas  n’en  sont  qu’un  : autre- 
ment dit,  la  différence  des  désignations  qui  les  distinguent  est 
purement  verbale.  Mais  on  comprendra  qu’à  distance  ces  subtils 
jeux  de  mots  ont  été  perdus  de  vue  au  profit  du  sens  littéral  et 
apparent. La  conséquence  naturelle  de  cette  erreur  a été  l’établisse- 
ment des  pratiques  liturgiques  impliquées  par  les  textes  ainsi 
compris,  et  par  là  s’expliquent  les  rapports  et  les  différences  qui 
régnent  à cet  égard  entre  les  hymnes  et  les  rituels  brahmaniques. 

III.  — Les  différents  vases  employés  dans  les  cérémonies  rela- 
tives au  Soma  et  désignés  dans  les  rituels,  par  des  termes  empruntés 
aux  textes  védiques,  à savoir  camasa,  camu,  koça,  kalaça, 
dru,  di'ona,  pàtra,  etc.,  n’étaient  pas  à l’origine  des  vases  réels. 
La  preuve  en  est  fournie  par  les  formules  du  RV.  où  ces  termes 
alternent,  non  seulement  entre  eux,  mais  aussi  avec  les  mots  yoni 
matrice,  viç  demeure,  sadana  résidence,  etc.  Le  Soma,  en  tant  que 
liquide,  suppose  un  vase  ou  récipient  destiné  à le  recevoir  et  à le 
contenir,  et  mieux  encore  une  coupe  dont  on  se  sert  pour  le  boire. 
Ce  récipient  ou  cette  coupe  ne  sont  en  réalité  que  les  figures  des 
flammes  sacrées  ou  du  Soma  pavamàna  qui  enveloppe  ou  absorbe 
le  Soma  liquide,  et  ce  vase  idéal  est  devenu  par  un  procédé 
constant  le  vase  réel  de  la  liturgie  brahmanique. 

L’hypothèse  trouve  surtout  sa  confirmation  dans  l’ensemble  de 
circonstances  qu’elle  explique  et  coordonne  si  on  réduit,  pour  ainsi 
dire,  au  même  dénominateur  les  termes  en  question.  Signalons 


12 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


toutefois  comme  argument  de  détail  l’épithète  de  doré  ( hiranyaya ) 
fréquemment  employée  avec  koça  (comme  avec  yoni),  — RV.,  VIII, 
20,  8;  V,  67,  2,  etc.,  — également  avec  halaça,  IV,  32,  19,  etc. 

IV.  — Comme  les  expressions  dont  on  vient  de  parler,  le  mol 
pavitra.  a deux  sens  bien  distincts,  selon  qu’il  est  employé  dans 
les  hymnes  ou  dans  les  documents  liturgiques  postérieurs.  — Le 
second  est  indiqué  de  la  manière  suivante  par  le  Dict.  de  S1.- P., 
qui  le  considère  (à  tort)  comme  commun  à la  littérature  des  hymnes 
et  à celle  qui  l’a  suivie  : « Pavitra,  moyen  de  purification  ou  de 
clarification  en  général,  et  particulièrement  crible,  tamis,  sas  de 
fils,  de  poils,  de  pailles,  etc.,  tressés  ou  tissés,  à l’aide  desquels  les 
liquides  et  surtout  le  Sonia  étaient  clarifiés.  » 

Grassmann,  tout  en  admettant  ce  sens,  en  ajoute  un  autre, 
celui  d’  « allumeur  » ou  d « allumette  » {entflammungsinitiel)  », 
c’est-à-dire  moyens  à l’aide  duquel  le  feu  sacré  est  allumé,  et 
qui,  d’après  les  indications  et  les  allusions  de  l’hymne  111,26,3  et  8, 
seraient  au  nombre  de  trois,  à savoir:  1°  la  friction  des  aranis  ou 
morceaux  de  bois  préparés  à cet  effet;  2°  la  libation  de  beurre  cla- 
rifié (ghrta),  et  3°  celle  d’ambroisie  ou  du  breuvage  d’immortalité 
[ararta,  ha  ci  s). 

Ce  sens  est  précisément  et  spécialement  le  sens  étymologique 
et  védique  du  mot  pacilva,  au  propre,  l’instrument  d’allumage 
(rad.  pù  « éclairer,  allumer  »).  • — Dans  les  hymnes,  le  pavitra  est 
le  Soma  pavamâna  ou  igné  en  tant  qu’allumeur  du  Sonia  liquide 
que  verse  fe  sacrificateur. — Somam  pacitra  à s;ya(RV.,  IX,  16,3), 
« verse  le  liquide  pour  qu’il  vienne  dans  le  pavitra1  ». 

A titre  de  désignation  du  récepteur  du  Soma  liquide,  le  mot 
partira  s’emploie  presque  parallèlement  à koça , halaça , etc.  (III)  ; 
le  pavitra,  en  même  temps  qu’il  allume  le  Soma,  l’enveloppe  et  le 
contient.  De  là,  l’origine  et  l’explication  des  formules  telles  que 
celle  du  RV.,  IX,  67,  7,  indacas  tirait  pacitram...  indram  àçata, 
u les  brillants  (Somas)  ont  atteint  l’Ardent  au  delà  du  pavitra,  ou 
en  le  traversant.  » — Le  pavitra  allumeur  et  réceptacle  doit  en  effet 
livrer  passage  au  Soma  pavamâna  qu’il  contient,  quand  celui-ci 
est  censé  destiné  à un  autre  réceptacle  (qui  ne  diffère  que  verbale- 
ment du  premier)  personnifié  sous  la  forme  de  l’Ardent.  (ou  Indra). 

1.  Dans  deux  passages  de  la  Vâjasaneyi-Samhitd , 1, 12,  et  IV,  4,  le  pavitra 
est  expressément  mis  eu  parallèle  avec  les  « rayons  du  soleil  »,  figures  évi- 
dentes des  flammes  sacrées. 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


13 


Le  pavitra  est  ainsi  considéré  soit  comme  but  ou  comme  moyen  : 
dans  le  premier  cas,  on  a la  formule  du  vers  IX,  16,  3,  et  dans 
le  second,  celle  du  vers  IX,  67,  7,  et  les  analogues 

Souvent,  dans  les  textes  védiques,  le  pavitra  reçoit  l’épithète  de 
avyaya  « issu  de  la  brebis  »,  c’est-à-dire  de  la  libation  comparée 
à du  lait  de  brebis  (cf.  gavya  « issu  du  lait  de  vacbe  »)  : indur 
aksàli  pavitram  aty  avyayam  (RV.,  IX,  66, 28)  « le  brillant  (Soma) 
a coulé  au  delà  du  pavitra  issu  de  la  brebis  ».  Ce  sont  les  formules 
énigmatiques  de  ce  genre  qui  ont  éveillé  l’idée  du  tamis  de  laine 
ou  de  poils  de  brebis,  au  travers  duquel  on  aurait,  dès  les  temps 
védiques,  fait  couler  le  Soma  pour  le  clarifier. 

La  même  explication  est  tout  indiquée  pour  les  formules  appa- 
rentées, comme  celle-ci  : 

RV.,  IX,  37,  3,  pavamàno  vi  dhàvati...  vàram  avyayam. 

u Le  (Soma)  pavamâna  coule  à travers  l’enveloppe  issue  de  la 
brebis.  » Ici  l’idée  de  réceptacle  est  exprimée  par  le  mot  vàra 
((  enveloppe,  toison  »,  au  lieu  de  l etre  par  pavitra. 

Une  substitution  analogue  a eu  lieu  au  profit  du  mot  tvac  « peau, 
enveloppe  »,au  vers  IX,  69,3,  avye...  pavate...  tvaci,  « il  (le  Soma) 
s’allume  dans  la  peau  de  la  chèvre;  » et  IX,  65,  25,  hincàno  y or 
adhi  tvaci,  « (le  Somaj  qui  se  pousse  dans  la  peau  de  la  vache  ». 
Enfin,  avec  une  combinaison  curieuse  de  formules  voisines,  IX, 
101,  16,  avyo  vàrebhiJi  pavate  somo  gavye  adhi  tvaci,  « le  liquide 
(Soma)  s'allume  au  moyen  des  toisons  de  la  brebis  dans  la  peau 
de  la  vache  »,  ce  qui  revient  à la  tautologie  : « le  Soma  s’allume 
au  moyen  de  la  libation  dans  la  libation  -,  » 

V.  — La  désignation  et  l’emploi  liturgiques  des  coupes  appelées 
grahas  ou  grahapâtras  mettent  en  pleine  évidence  l’extension 
prise  aux  temps  brahmaniques  par  les  détails  de  la  liturgie  rela- 
tive au  culte  du  Soma,  et  le  caractère  superficiel  et  grossièrement 
cursif  de  l’interprétation  des  textes  védiques  qui  lui  a servi  de 
base. 

Le  mot  graha  ne  se  rencontre  qu’une  fois  dans  le  RV.,  où  il  a le 
sens  étymologique  de  « preneur  » (X,  1 14,  5),  et  s’applique  au  Soma 

1.  Cf.  les  montagnes,  figures  des  flammes  sacrées,  ou  réceptacles  de  la 
libation. 

2.  A prendre  ces  textes  à la  lettre,  comme  l’ont  fait  les  Brahmanes  et  les 
indianistes  d’Europe  à leur  suite,  commeut  expliquer  qu'une  peau  de  vache 
serve  de  tamis?  Cf.  la  peau  d’or,  c’est-à-dire  de  flammes,  du  vers  RV..V,  77.  3. 


14 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


pavamâna,  considéré  comme  celui  qui  s’empare  de  la  libation  ou 
des  offrandes  : 

chandàmsi  ca  dadhato  adhcaresu 
c/rahànl  somasga  mimate  dvddaça 

« (Les  sages  [Somas]}  établissant  les  chants  édifient  dans  les 
oblations  douze  preneurs  du  Soma.  » Ces  preneurs  sont  au  nombre 
de  douze,  sans  doute  par  allusion  métaphorique  à l’année  (comparée 
au  feu  sacré)  composée  de  douze  mois. 

Dans  le  Çatapatha-Iiràlimana,  les  douze  (ou  treize)  grahas 
deviennent  les  coupes  du  liquide  sacré,  dont  chacune  d’elles  porte 
un  nom  particulier  et  reçoit  des  attributions  liturgiques  spéciales. 

Les  indications  suivantes  sont  de  nature  à montrer  l'origine 
védique  du  nom  et  des  attributions  des  grahas  du  rituel  brahma- 
nique. 

1°  updmcu  graha . 

RV-,  X,  83,7  : 

jahorni  te  dharunani  madhvo  agram 
ubhà  updmçu  pratkamà  pibâca 

Cf.  V djamnegi-S amli ità,  VII,  1;  IX,  38  ; XIII,  54;  XVIII,  19- 

2U  antargdma  graha. 

Vâj.-S.,  VII,  5 : 

anta.s  te  dyâvàprthici  dadhdmg 
antai'  dadhdmg  urrc  antariksam  j 
sajùr  decebhir  aearaih  paraiç.  cd- 
ntargâme  maghacan  mddagasca 

Cf.  XIII,  55;  XVIII,  19. 

3°  aindracàgaea  graha. 

RV.,  IX,  27,  2 : 

esa  indrâya  cdyare  scarjit  pari  sic  gaie 

Cf.  RV.,  VII,  92,  1 (=  Vâj.-S.,  VII,  7);  RV.,  I,  2,  4 (=  Vâj.-S. , 
Vil,  8);  Vâj.-S.,  XVIII,  19. 

4°  maitràoaruga  graha. 

RV.,  I,  130,  4 : 

agani  mitrâga  varutiàya 
çaintarnah  nomo  bhùtu 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


15 


Cf.  RV.,  II,  41,  4 (cf.  Vâj-S.,  VII,  9);  Vâj.-S.,  XVIII,  19  et 
XXIV,  2. 

5°  àçvina  graha. 

RV.,  IX,  86,  4 : 

pra  ta  àçvinîh  pauamàna  dhijuvo 
divyâ  asrgran  payasà  dharimani 

Cf.  RV.,  I,  22,3;  Vâj.-S.,  VII,  11,  et  XVIII,  19. 

6°  çukra  graha. 

RV.,  VIII,  46,  26  : 

somapà  dànàya  çukrapùtapâli 
Cf.  RV.,  II,  41,  3;  Vâj.-S.,  VIII,  47,  et  XVIII,  18. 

7°  manthin  graha. 

RV.,  III,  32,  2 (cf.  II,  41,  3)  : 

gavàçiram  manthinam  indrd 
çukram  pibà  somam 

IX,  46,  4 : 

à dhdvalà  suhastyali 
çukrà  grblinita  manthincl 

Cf.  Vâj.-S..  VII,  18;  VIII,  57;  XIII,  57,  et  XVIII,  19. 

8°  àgrayana  graha. 

RV.,  IX,  62,  26  : 

tram  samudriyà  apo'griyo  vacà  irayan 
Vâj.-S.,  VII,  20;  XIII,  58,  et  XVIII,  20. 

9°  ukthya  graha. 

RV-,  I,  83,  6 : gràvà  yatra  vadati  kàrur  ukthyali 
RV.,  IX,  86,  48  : pavasva  soma  tcratuvin 

na  ukthyali...  pari  dhàca  madhu  priyam 

Cf.  Vâj.-S.,  VII,  22. 

10°  vaiçvânara  graha. 

RV.,  VI,  7,1  : 

mùrdlianam  divo  aratim  prthivyâ 
vaiçvànaram  rta  àjàtam  agnim  | 


lé 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


kavim  samràjam  atithim  janànàm 
àsann  à pàtrnm  janaganta  derâh 
Cf.  Yàj.-S.,  IV,  15;  XXXIII,  60;  Vil,  24. 

11°  dhruoa  graha. 

RV.,  X,  173,  3: 

imam  indro  adiâdharad  dhruvam  dhruvena  havisâ 
Cf.  Vàj.-S.,  VII,  25. 

12°  y ta  graha. 

RV-,  II,  37,  1 : liotrâd  somam  drarinodah  piba  rtubhiJi 

Cf.  Vàj.-S.,  XVIII,  33;  XII,  61;  XXVII,  1;  XXXIX,  6;  aussi 
RV.,  I,  15,  9. 

aindràgna  graha. 

RV.,  III,  12,  1 Vàj.-S.,  VII.  31)  : 

indrâgnî  à gatam  sutam  girbhir  nabho  rarengam 
attga  pâtarn  dhigesitâ 
Cf.  Vàj.-S.,  XXIV,  8,  cl  XXIX,  58. 

Formule  employée  dans  le  rituel  à propos  de  F aindràgna  graha 
( Çat.-Bràh .,  IV,  3,  1,  24  . 

vaiçradeva  graha. 

RV.,  I,  3,  7 (=  Vàj.-S.,  VII,  33)  : 

riçve  devàsa  àgata...  satam 

Cf.  Vàj.-S.,  IV,  18;  XIX,  44;  XIX.  26;  XXIV,  5. 

Formule  employée  dans  le  rituel,  à propos  du  vaiçvadeva  graha 
[Çat.-Bràh.,  IV,  3,  1,  27). 

§ 3.  — Examen  critique  des  principales  Circonstances  sur 

LESQUELLES  S’APPUIENT  LES  INTERPRETATIONS  DE  M.  1 1 ILLEBRANDT. 

I.  Le  Sonia  et  les  montagnes. 

Le  premier  vers  cité  par  M.  Hillebrandt1  en  faveur  de  l’opinion 
courante,  d’après  laquelle  le  Sonia  était  non  seulement  le  liquide  de 
ce  nom,  mais  aussi  la  plante  qui  fournissait  ce  liquide,  et  que 
celle-ci  croissait  sur  les  montagnes,  est  de  nature  à nous  fixer  sur 


1.  Vcdisc/tc  Mythologie,  1891,  p.  60, 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


17 


ce  qu’il  faut  entendre  par  la  montagne  ou  les  montagnes  védiques  '. 

Ce  vers  tiré  du  RV.  (V,  85,  2),  est  ainsi  conçu  : 

varuno  apsu  agnim 
divi  sùryam  adadhât  somam  adrau 

« L’Enveloppeur  (Varuna)  a placé  le  feu  dans  les  eaux,  le  soleil 
dans  le  ciel,  le  liquide  dans  la  montagne.  » 

Varuna,  ou  le  feu  sacré  personnifié  sous  ce  nom,  réalise  l’union 
des  deux  éléments  du  sacrifice  en  mettant  le  feu  dans  les  eaux  ou 
les  oblations  qui  le  nourrissent;  il  établit  le  soleil  (feu)  dans  le 
ciel  (feu);  il  place  le  liquide  (Soma)  dans  la  montagne  à laquelle 
les  flammes  du  feu  sacré  sont  comparées,  le  tout  par  l’effet  même 
de  sa  manifestation  ou  de  son  existence,  puisqu’il  est  à la  fois  le 
feu  (au  propre),  le  soleil,  le  ciel  et  la  montagne  (au  figuré). 

La  montagne-flamme,  ainsi  conçue,  recèle  dans  ses  flancs  la 
libation  qu’elle  absorbe,  et  l’Ardent  (Indra),  autre  figure  du  feu 
sacré,  devra  la  fendre  pour  en  faire  sortir  cette  même  libation  qui 
devient  son  breuvage.  — La  montagne  (enflammée)  est  donc,  sous 
une  forme  figurée,  l’identique  d’Agni  et  d’Indra  (l’Ardent),  si 
souvent  qualifié  d ’advivat 2,  « celui  qui  possède  la  montagne  ». 
Elle  est  l’Olympe  et  l’Ida  rempli  de  sources  (mS^ei;),  et  dans 
laquelle  habitent  les  dieux  de  la  mythologie  grecque. 

Même  explication  pour  la  formule  adribhih  ( somah ) sutali,  « le 
Soma  coulé  (ou  versé)  par  les  montagnes  ». 

Les  choses  étant  ainsi,  nous  traduirons  l’épithète  giristha  fré- 
quemment appliquée  au  Soma,  non  pas  « qui  se  tient  sur  la  mon- 
tagne »,  mais  « qui  se  tient  dans  la  montagne  »;  et  cette  montagne 
est  essentiellement  mythique,  ou  plutôt  métaphorique. 

Il  va  de  soi  que  les  formules  analogues  de  l’Avesta  requièrent  les 
mêmes  explications. 

IL  — Lïn  aigle  a apporté  le  Soma  du  ciel3. 

1.  Un  examen  plus  approfondi  de  la  question  m’a  fait  revenir  sur  le  sens 
étymologique  que  j’avais  essayé  de  substituer,  dans  Le  Rig-Véda  et  les 
Origines  de  la  mythologie  indo-européenne  (1892),  au  sens  traditionnel  de 
quelques  mots  védiques  désignant  au  propre  les  pierres  et  les  montagnes. 
Ces  mots  sont  adri,  giri,  grâoan , parcan,  prstha  et  sânu. 

2.  L’emploi  de  cette  épithète  comme  qualificatif  d'Indra  est  la  preuve  sûre 
que  le  mot  adri  doit  être  entendu  au  sens  métaphorique.  Aucune  raison 
d’appeler  Indra  « le  montagneux  »,  si  ce  n’est  que  la  montagne  est  de  la 
même  nature  que  lui,  à savoir  qu’elle  est  ignée. 

3.  Hillebrandt,  op.  cit.,  p.  277  sqq. 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


18 


Développement  réel  de  la  légende 

1°  Le  Sonia  pavamàna  est  comparé  explicitement  (I)  à un  aigle 
( çyena ) qui  vient  s’abattre  à tire  d’ailes  au  lieu  d’origine  ( yoni ou 
dans  les  demeures  (oiç)  du  Sonia  lui-même,  — c’est-à-dire  sur  l’autel 
où  s’élève  le  feu  sacré,  alors  que  le  sacrifice  a lieu,  — RV.,  IX,  61,  21, 
sidan  chyenu  na  yonim  à,  « (le  Sonia)  venant,  comme  l’aigle,  s’as- 
seoir (ou  se  poser)  dans  (sa)  matrice  ». 

Cf.  pour  la  même  comparaison,  IX,  38,  4;  57,  3;  67,  15. 

2°  Cette  comparaison  devient  implicite  par  suite  de  l’ellipse  de 
la  particule  comparative  na  : 

RV.,  IX,  67,  14,  â kalaçesu  dhâvati  çyenah , « l’aigle  (pareil  au 
Soina,  ou  l’aigle-Soma)  court  ou  vole)  pour  venir  dans  les  coupes 
(autre  nom  de  la  matrice  ou  des  demeures  du  Sonia  pavamàna). 

3°  Au  moment  du  sacrifice,  l’aigle-Soma  apporte  le  Sonia  (absent 
quand  le  sacrifice  n’a  pas  lieu).  Dédoublement  verbal  (G)  entre  le 
Sonia  proprement  dit  et  le  Sonia  représenté  sous  la  figure  de  l’aigle. 

RV.,  X,  11,  4,  tyam  drapsam...  vit'  dbharad  isitali  çyenah, 
« l'oiseau,  l’aigle  mis  en  mouvement  a apporté  cette  goutte  que 
voilà  ». 

Cf.  III,  43,  7;  IV,  18,  13,  etc. 

4°  A la  question  implicite  suggérée  par  les  circonstances  (J)  : 
« d’où  vient  l’aigle-Soma?  » les  textes  répondent  par  différentes 
formules  synonymiques  : 

a.  — L’aigle  porteur  du  Sonia  pavamàna  ou  igné,  inséparable 
du  Sonia  liquide  dont  il  tient  l’être,  vient  de  ce  qui  est  en  avant 
(parâoat,  cf.  parà,  « en  avant  »),  c’est-à-dire  qu’il  est  identique  à 
la  flamme  du  Sonia  igné  qui  s’élève  au-dessus  ou  en  avant  du  Sonia 
liquide. 

RV.,  IX,  68,  6,  çyeno  yad  andho  abharat  paràvatah,  « lorsque 
l'aigle  a apporté  Vandhas  (—  Sonia)  de  ce  qui  est  en  avant  ». 

Cf.  X,  144,  5,  yam  (somam)...  çyenah...  padàbharat,  « le  liquide 
(Sonia)  que  l’aigle  a apporté  par  le  pied  ».  — Le  pied  désigne  le 
support  liquide  du  Sonia  igné.  — Cf.  aussi  et  surtout  IV,  26,  6. 

b.  — Ou  bien  l’aigle  a enlevé  le  Soma  à la  montagne  (adri)  qui 
le  contient,  puisque  Indra  doit  la  fendre  pour  l’en  faire  sortir’. 


1.  Sur  cette  montagne,  cf.  ci-dessus  I. 


NOTES  PRÉLIMINAIRES  19 

RV.,  J,  93,  6,  amathnàd  anyarn  pari  çyeno  adreli , « l’aigle  a agité 
circulairement  l’autre 1 (Sonia)  qui  vient  delà  montagne  ». 

c.  — Ou  bien,  enfin,  l’aigle  l’apporte  du  ciel,  c’est-à-dire  encore 
qu’en  étant  inséparable2,  il  le  détache,  en  se  détachant  de  son 
alter  ego  métaphorique,  à savoir  du  ciel  qui,  comme  lui,  est  une 
figure  du  feu  sacré  ou  du  Sonia  pavamâna. 

RV.,IV,26,6,  çyenali...  somam...  dico  cLmusmâd  ultaràd  âdâya, 
« l’aigle...,  après  avoir  pris  le  liquide  (Sonia)  à ce  ciel  supérieur 
(qui  s’élève  au-dessus  du  Sonia  liquide)  ». 

III,  — Les  prêtres  buvaient  le  Sonia,  et  ce  breuvage  leur  pro- 
curait l’immortalité3.  — 

Cette  assertion  s’appuie  particulièrement  sur  les  deux  passages 
suivants,  qui  perdent  toute  leur  valeur  probante  si  l’on  reconnaît 
qu’ils  expriment,  non  pas  la  pensée  du  prêtre-poète,  mais  celle 
qu’il  prête  à l’oblation,  et  si  l’on  prend  le  mot  amrta  dans  son 
sens  primitif  et  grammatical  de  c non-mort  »,  c’est-à-dire  « actif, 
vivant  ». 

RV. , VIII,  48 j 3: 

apàma  somam  amrtà  abhùmâ - 
ganma  jyotir  amdàma  deocïn. 

« Nous  avons  bu  le  liquide,  nous  voilà  hofi-morts,  nous  aVons 
atteint  la  lumière,  nous  avons  trouvé  les  Célestes.  » 

Les  libations  pleines  de  Soma  et  qui  sont  censées  l’avoir  bu,  de- 
viennent actives  sous  la  forme  de  flammes,  et  par  là  même  elles 
ont  atteint  ou  obtenu  la  lumière  ou  l’éclat,  en  même  temps  qu’elles 
ont  trouvé  les  Célestes,  ou  les  Dieux,  en  les  faisant  apparaître,  ce 
qui  résulte  nécessairement  de  cette  circonstance  qu’ils  ne  sont 
autres  que  les  libations  enflammées.  — Explication  analogue  pour 
le  vers  suivant  : 

RV.,  IX,  113,  7: 

yatra  jyotir  ajasram 
yasmin  loke  svar  hitam  | 

1.  Eu  égard  à celui  qui  vient  du  ciel;  d’ailleurs  les  deux  sont  identiques 
entre  eux  et  ne  diffèrent  que  verbalement. 

2.  Ne  jamais  perdre  de  vue.  en  effet,  que  le  S'orna  pavamâna,  figuré  par 
l'aigle,  contient  le  Soma  liquide  dont  il  se  nourrit  et  dont  il  est  la  partie 
supérieure  et  brillante,  ou  le  ciel. 

3:  Hillebraudt)  op.  cit.,  p.  263  sqq. 


20 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


iesmin  màm  dehi  pacamàna 
amrte  loUe  alcsite. 

Voir  plus  loin,  à son  ordre,  la  traduction  et  l’explication  du 
sens  métaphorique  de  ce  vers. 

IV.  — Le  Soma  n’est  pas  seulement  une  plante,  il  est  aussi  une 
divinité,  et  comme  tel,  il  s'identifie  à la  lune1. — 

Je  réponds  que  les  rapports  du  Soma  et  de  la  lune  reposent  à 
l’origine  sur  une  comparaison  explicite  fondée  sur  l’éclat  du  Soma 
pavamâna,  et  à laquelle  a succédé  une  comparaison  implicite  dont 
l’identification  de  celui-ci  à celle-là  est  naturellement  sortie. 

Exemples  : 1°  Comparaison  explicite. 

RV.,  VIII,  71,  8,  tjo  apsu  candramà  ica  somaç  camùsu  dadrçe 
« le  liquide  (Soma  qui  apparaît  dans  les  coupes  comme  la  lune 
dans  les  eaux  »• 

2°  Comparaison  implicite  d’où  identification:  RV.,  1,  105,  1, 
candramà  apsc  antah,  « la  lune-(Soma)  qui  est  au  dedans  des 
eaux  » ; le  Soma  igné  brille  au  sein  du  Soma  liquide. 

L’identification  du  Soma  et  de  la  lune  a été  favorisée  d’ailleurs  à 
l'époque  brahmanique  par  les  expressions  telles  que  RV.,  111,40, 
4 y candràsa  indacah,  dont  le  second  terme  indu  est  synonyme  de 
soma,  alors  que  le  premier,  candra , proprement  « brillant  », 
est  devenu  à cette  même  époque  l’un  des  noms  de  la  lune. 

Les  légendes  des  Brâlmianas  relatives  à la  lune-Soma  pro- 
viennent d’ailleurs  très  visiblement  de  la  mise  en  œuvre  et  de  la 
combinaison  des  formules  védiques  du  genre  de  celles  dont  il  vient 
d’être  question. 

Exemple.  — Çatapatha-Brâhmana,  I,  6,  4,  5 : te  deçà  abrucan 
na  cà  indram  anj/at  somàd  dhinuj/àt.  — Cf.  RV.,  IX,  101,  5 : 
indur  indràya  pacata  iti  decàso  abrucan. 

Soraam  ecàsmai  sambharàmeti  tasmai  somam  samabharan.  — 
Cf.  RV-,  IX,  11,  6:  indum  indre  dadhàtana. 

esa  cai  somo  ràjà  decânàm  annam  yac  candramàb.  — Pour 
l’origine  de  l’expression  somo  ràjà,  cf.  1°  comparaison  explicite  : 
RV.,  IX,  7,  5,  pacamànab . ..  ràjeca  sidati.  — 2°  comparaison 
implicite  : RV.,  VIII,  48,  7 et  8 : soma  ràjan.  — Le  Soma,  nour- 


1.  Hiilebrandl,  op.  cit.,  p.  269. 


NOTES  PRELIMINAIRES 


21 


riture  divine:  RV.,  VII,  98,2:  annam...  indra...  pàhi  somam. 
— Le  Soma  identique  à la  lune.  — Cf.  RV.,  VIII,  71,  8,  déjà  cité 
ci-dessus. 

Sa  yatraisa  etàm  ràtvim  na  purastàn  na  paçcàd  dadrçe  lokam 
àgaclutti.  Sa  ihaicâpaç  causadhiç  ca  praciçati.  — Cf.  RV.,  X, 
51,  3 : aichàma  tou. ..  pravistam  agne  apsv  osadhîsu. 

Se  vai  deoànàm  vaso  annam  htj  esàm.  — Cf.  RV.,  I,  81,  2 : te 
(indrasya)  oasu. 

Soudures  logiques.  — A la  question  suggérée  parle  texte  et 
qui  vise  un  fait  d'expérience  : « Où  est  lalune-Soma  dans  les  nuits 
obscures?  » l’auteur  répond  en  employant  comme  auparavant  des 
formules  védiques  : « Elle  est  dans  les  eaux,  dans  les  plantes  qui 
sont  la  boisson  et  la  nourriture  d’Indra  et  des  dieux.  » 

LTne  variante  de  la  même  circonstance  mythique  nous  est  fournie 
par  Çat .-Brâh-,  II,  4,  2,  2 et  7 '. 

Deux  faits  ressortent  de  l’analyse  comparative  qui  précède  : 
1°  La  légende  du  Brâhmana  est,  en  tant  que  récit  continu,  pos- 
térieure aux  textes  védiques  à l’aide  desquels  elle  a été  cons- 
truite; 2°  Ces  textes,  considérés  isolément,  n’impliquent  aucune 
idée  de  la  légende  qu'ils  ont  servi  à fabriquer  et  qui  est  en  quelque 
sorte  un  centon  tout  composé  de  formules  védiques.  Conclusion  : 
Il  n’est  pas  permis  de  s’appuyer  sur  les  légendes  de  ce  genre  pour 
expliquer  les  Védas,  ni  de  considérer  les  textes  védiques  qui  s’y 
intercalent  comme  les  fragments  dispersés  dans  les  hymnes  de 
récits  parallèles  à ces  légendes1 2. 

V.  — Le  Soma  est  non  seulement  le  nom  du  liquide  qu’on 
obtient  en  pressurant  les  tiges  de  la  plante  qui  l’a  produit,  mais 
aussi  celui  de  cette  plante.  Le  mot  andlias,  synonyme  de  soma, 
a tout  particulièrement  ces  deux  significations 3 . — 

1.  Pour  ce  texte  et  la  traduction  continue  de  ceux  qui  précèdent,  je  ren- 
voie à la  collection  des  Sacrer l Boo/rs  of  East. 

2.  Berg.,  Rel.  eéd. , IH,  280  : « J’y  veux  tenir  (dans  une  future  traduction 
du  RV.)  un  plus  grand  compte  que  je  n’ai  pu  le  faire  dans  ce  premier 
ouvrage...  des  autres  textes  védiques,  sinon  toujours  pour  leur  emprunter 
des  lumières  nouvelles,  du  moins  pour  prouver  qu’il  n’y  arien  à faire  de 
bon  des  légendes  des  Brâhmanas,  par  exemple,  qui  semblent  avoir  été  ima- 
ginées après  coup  pour  expliquer  des  formules  qu’on  ne  comprenait  déjà 
plus.  » 

3.  Hillebrandt,  op.  cit.,  p.  45,  sqq. 


90 


NOTES  PRELIMINAIRES 


Dans  la  plupart  des  passages  cités  à l’appui  de  cette  assertion, 
M.  Hillebrandt  se  réfère  à l’expression  andhali  sutam  ou  andhasali 
sutasya,  qu’il  entend  au  sens  de  « la  plante  and/tas  pressée  », 
mais  qui  signifie  en  réalité  « le  liquide  versé  » ou  « coulé  ». 

Le  même  double  sens  a été  attribué,  également  à tort,  au  mot 
amçu' , autre  synonyme  d esoma.  Qu’il  me  suffise  de  donner  pour 
preuve  de  l’erreur  que  l’on  commet  à cet  égard,  l’expression  arriçoli 
piyùsam  (RV.,  III,  48,  2),  que  M.  Hillebrandt  rend  par  « le  suc  de 
la  tige  (de  la  plante  Sonia)  »,  au  lieu  du  sens  réel  de  « liqueur  de  la 
(liqueur  appelée)  amçu  »,  comme  nous  dirions  avec  dédoublement 
verbal  analogue  (G)  « la  liqueur  du  rhum,  » c’est-à  dire  « la  liqueur 
(appelée)  rhum  ».  Rien  de  plus  fréquent  dans  le  style  védique 
qu'une  pareille  figure  de  mots  et  rien  de  plus  facile  que  d’en  être 
dupe  en  attribuant,  si  l’on  n’y  prend  garde,  les  deux  désignations 
synonymes  à des  objets  différents. 

§ 4.  — Preuves  du  peu  de  valeur  de  la  tradition  brahmanique 

EN  CE  QUI  REGARDE  LE  SENS  DES  TEXTES  DU  RlG-VÉDA 

J’ai  posé  en  principe  (D)  qu’il  n’y  a pas  de  véritables  noms 
propres  dans  le  RV.  J’ai  eu  l’occasion  de  montrer  ailleurs  (§  2) 
de  quelle  manière  superficielle,  et  par  là  même  arbitraire  et  fautive, 
les  auteurs  des  Brâhmanas  et,  d’une  façon  plus  générale,  les 
anciens  exégètes  hindous  des  textes  védiques,  ont  interprété  ces 
textes.  Ces  deux  assertions  se  trouvent  particulièrement  confirmées 
quand  l’on  met  en  rapport  le  nom  des  prétendus  auteurs  des 
hymnes  du  RV.,  tels  qu’ils  nous  sont  indiqués  dans  la  Sarvânu- 
kramanî  et  les  passages  mêmes  des  hymnes  qui  les  ont  visible- 
ment suggérés.  L’expérience  pourrait  porter,  en  donnant  les  mêmes 
résultats,  sur  la  plupart  de  ces  noms.  Je  ne  la  ferai  qu'à  propos 
de  quelques-uns.  Elle  n’en  sera  pas  moins  concluante,  surtout  si 
l’on  tient  compte  de  la  mesure  dans  laquelle  elle  pourrait  se  géné- 
raliser. Dans  tous  les  cas,  il  ressort  des  exemples  qui  vont  suivre, 
qu’au  moins  très  souvent,  les  indications  les  plus  extérieures,  les 
plus  étrangères  même  au  parti  qu’ils  en  ont  tiré,  ont  suffi  aux 
auteurs  de  ces  listes  pour  y inscrire  les  noms  de  prétendus  Risis 

1.  Orassmann,  « plante  et  suc  du  Sonia  »;  Hillebrandt,  « tige  de  la  plante 
Soma.  » 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


23 


qui  figurent  avec  une  tout  autre  signification  dans'  les  textes  aux- 
quels ils  ont  été  empruntés. 

Hymne  V,  1.  — Auteur  Gavisthira.  Ce  nom  est  un  composé  tiré 
du  vs  12,  2e  hémistiche,  où  on  lit  : 

gavisthi.ro  ndmasâ  stomam  agnau 
diviva  rukmam  uruvyancam  açret 

Le  gavisthira  « celui  qui  prend  sa  forme  dans  (le  lait  de)  la 
vache  » ou  dans  le  Soma  et  qui  atteint  [açret)  la  voix  [stomam), 
c’est-à-dire  qui  crépite  dans  le  feu  (agnau),  ne  saurait  être  qu’une 
désignation  du  Soma  pavamâna. 

Hymne  V,  2.  — Auteur  Kumâra.  Ce  nom  est  le  mot  initial  de 
l’hymne  : 

kumàram  màtâ  yuoatili  samubdham 
guhà  hihliarti  na  dadciti  pitre 

De  l’aveu  de  tous  les  interprètes,,  le  mot  kumàram  « jeune 
homme  » s’applique,  ici  au  feu  sacré  que  porte  ( hihliarti ) sa  mère 
[mât à),  la  libation. 

Hymne  Y,  7.  — Auteur  Isa.  — Le  mot  isa  figure  au  1er  hémis- 
tiche du  vers  1 de  cet  hymne  : 

sakhàyali  sam  vah  samyaiïcam  isarn  stomam  câgnaye 

Il  est  de  toute  évidence  que  ce  mot  concerne  ici  la  libation 
offerte  au  feu  sacré  ( agnaye ). 

Hymne  V,  10.  — Auteur  Gaya  : 

vs  3-  — team  no  agna  esàm  gayam  pustim  ca  vardhaya 

Le  feu  sacré  (agni)  est  prié  d’accroître  la  demeure  (gayam)  des 
offrandes  (esàm).  Donc  gaya  ne  saurait  être  ici  un  nom  propre 
d’homme. 

Hymne  V,  15.  — Nom  d’auteur,  Dharuna: 

vs  1.  — glirtaprasatto  asurah  suçeoo 

râyo  dhartâ  dliaruno  rasvo  agnili 

Le  feu  sacré  ( agnili ) est  le  support  [dharunali)  de  la  richesse 
sacrée  ( cascah ) ou  de  l’oblation;  il  la  porte  dans  ses  flammes. 
Donc,  ici  encore,  dharuna  ne  saurait  être  un  nom  propre  d’homme. 

A la  vue  de  pareils  quiproquos,  s’étonnera-t-on  que  prenant  ainsi 


24 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


couramment  le  Pirée  pour  un  homme,  les  exégètes  védiques  indi- 
gènes aient  imaginé,  d’après  des  textes  qui  prêtaient  bien  autre- 
ment à la  méprise,  une  plante  Sonia  dont  on  exprimait,  à l’aide  de 
pressoirs  de  pierre,  un  suc  clarifié  ensuite  au  moyen  de  tamis  de 
laine  ? 

§ 5.  — Remarques  sur  l’interprétation  de  Bergaigne 

La  différence  fondamentale  entre  les  explications  védiques  de 
Bergaigne  et  les  miennes  résulte  de  la  part  considérable,  supprimée 
entièrement  par  moi,  qu’il  y laisse  au  mysticisme,  au  naturisme  et 
au  rituel  compliqué  de  l’époque  des  Brâhmanas. 

En  revanche,  je  le  suis  et  le  dépasse  souvent  dans  tout  ce  qu’il 
accorde  de  plus  que  ses  devanciers  à la  liturgie  primitive  et  simple 
sur  laquelle  repose,  à mon  sens,  le  contenu  entier  des  hymnes. 

Sa  conception  du  double  sacrifice  céleste  et  terrestre,  qui  néces- 
site celle  d’un  double  Agni  et  d’un  double  Soma,  est  aussi  arti- 
ficielle et  invraisemblable  que  possible.  Elle  1 égaré  sans  cesse  dans 
un  dédale  d’obscurs  détails  dont  il  ne  se  dégage  qu’à  grands  frais 
d’imagination.  On  peut  se  rendre  compte  du  reste  de  la  fragilité 
de  son  laborieux  édifice  en  constatant  qu'il  suffirait,  pour  le  dé- 
molir, d’obtenir  qu’il  reste  conséquent  avec  lui-même,  en  voyant 
dans  le  mot  dyaus,  ciel,  une  métaphore  pour  désigner  le  feu, 
comme  il  en  voit  une  dans  le  mot  samudra , mer,  pour  désigner 
le  Soma.  Cette  concession  faite  (et  que  de  raisons  obligent  à la 
faire!),  plus  rien,  je  ne  dirai  pas  ne  nécessite,  mais  n’autorise  l’hy- 
pothèse d’un  prototype  céleste  de  la  liturgie  terrestre  du  sacrifice 
au  feu.  Du  même  coup  disparaissent  aussi  celle  de  la  déification  pri- 
mordiale des  corps  célestes  et  celle  d’un  ritualisme  védique  inspiré 
par  le  spectacle  des  phénomènes  atmosphériques  et  sidéraux.  Le 
feu  sacré  n’est  plus  l'image  du  soleil,  ni  le  Soma  celle  de  la  pluie  : 
les  rôles  sont  renversés,  la  rhétorique  rend  compte  de  ce  dont  on 
demandait  l’explication  à la  météorologie  et,  par  là  même  le  culte 
si  naturel  et  si  simple  du  feu  domestique  s’indique  à la  fois  comme 
l’objet  unique  des  hymnes  et  la  source  commune  du  sentiment 
religieux  et  des  figures  mythiques. 

Voilà  pour  le  grand  conflit  entre  les  idées  de  Bergaigne  et  les 
miennes.  Quant  aux  divergences  de  détail,  elles  seront  indiquées 
et  discutées  lorsqu’il  le  faudra  dans  les  notes  qui  accompagnent 


NOTES  PRELIMINAIRES 


25 


ma  traduction  Je  me  bornerai  pour  l’instant  à soumettre  à un 
examen  critique,  en  me  plaçant  au  point  de  vue  de  ma  méthode, 
la  traduction  donnée  par  ce  savant  au  tome  III,  p.  136,  de  sa 
Religion  védique,  du  vers  du  RV.,  IX,  77,  5,  dont  je  rappellerai 
d’abord  le  texte  : 

cakrir  divah  pauate  krtviyo  raso 
maliàn  adabdlio  varuno  hurug  ]/ate  \ 
asâvi  mitro  vrjanesu  yajniyo 
'tyo  na  yùthe  orsayuh  kanikradat 

1er  pâda,  traduction  Bergaigne  : « Le  suc  énergique  et  puissant 
(le  Soma)  coule  du  ciel.  » — Au  tome  II,  p.  22,  de  la  Religion 
védique , Bergaigne  interprétait  l’expression  cakrir  divah  par  les 
mots  : « Soma  a fait  le  ciel,  » et  il  avait  raison,  le  Soma  est  en  effet 
l’artisan  ( cakri ) du  ciel-feu. 

Pavate  ne  saurait,  dans  aucun  cas,  signifier  « couler  ».  Ici 
comme  partout,  ce  verbe  se  rapporte  au  soma  qui  s’allume  ou  qui 
passe,  au  moment  du  sacrifice,  de  l’état  liquide  à l’état  igné. 

Krtviyah  est  plus  expressif  que  ne  l’indique  le  sens  vague  du 
mot  « puissant  ».  Il  y a toute  apparence  que  cet.  adjectif  vise  la 
même  idée  que  cakri  (même  radical),  et  qu’il  convient  de  le  tra- 
duire par  « actif,  opérateur,  constructeur  ». 

2e  pâda,  trad.  Berg.  : « Grand  Varuna,  infaillible  pour  celui  qui 
sort  de  la  voie  droite.  » 

Mahân  varunah • — Varuna  a évidemment  ici  la  valeur  d'une 
épithète  ou  d’une  apposition,  — « le  Soma  varuna  ou  envelop- 
peur  »;  mais  que  devient  alors  l’hypothèse  de  Vhénotéisme  des 
divinités  védiques  que  Bergaigne  ne  cesse  jamais  d'admettre?  — 
Mahân,  non  pas  vaguement  « grand  »,  mais  « haut,  élevé  »,  en  tant 
qu’épithète  du  feu  sacré  qui  se  dresse  sur  l’autel. 

Adahdhah.  - — La  grammaire  interdit  de  donner  à ce  participe 
le  sens  actif  d’ « infaillible  ».  Il  signifie  en  réalité  « non  maltraité, 
non  opprimé  ».  — Le  feu  sacré,  comprimé  en  quelque  sorte  quand 

1.  J’aime  à reconnaître  que  cette  partie  importante  de  mon  travail  m'a  été 
rendue  possible  par  l'Index  de  M.  Bloomfield.  il  est  regrettable  toutefois 
qu’il  contienne  un  assez  grand  nombre  d’erreurs  qu’il  n'est  pas  toujours 
facile  de  corriger.  J’ajoute,  qu’à  mon  avis,  le  meilleur  hommage  à rendre 
aux  travaux  de  Bergaigne  est  encore  de  se  considérer  comme  tenu  de 
montrer  en  quoi  et  pourquoi  on  est  çà  et  là  en  désaccord  avec  lui. 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


26 

le  sacrifice  n'a  pas  lieu,  cesse  de  l’être  au  moment  où  l’officiant 
l’allume  pour  la  célébration  de  l'acte  sacré. 

Par  suite  de  ce  qui  vient  d’être  dit,  l’expression  hurug  gaie  ne 
saurait  être  le  complément  de  adabd/iah.  Elle  dépend  de  pacale  : 
le  feu  s’allume  pour  l’égaré,  (autre  désignation  du  feu,  avec  dédou- 
blement verbal)  (G),  qui  trouve  sa  voie  par  l’allumage  même. 

3e  pâda,  trad.  Berg.  : « Il  a été  exprimé,  Mitra  sacré,  dans  les 
demeures.  » 

Asàci  « il  a coulé  »,  et  non  pas  « il  a été  exprimé  » (§  2). 

Mitrali...  yajniyah  « Mitra  sacré».  — Même  observation  sur 
Mitra  que  plus  haut  (pâda  2)  sur  Varuna,  — ce  mot  est  une  épithète 
du  Soma  liquide,  lequel  est  l 'ami  du  Sonia  igné.  — « Sacré,  » sens 
vague  que  je  précise  en  rendant  le  mot  yajniya,  conformément  aux 
indications  de  la  grammaire  et  de  l'étymologie,  par  « qui  est  de  la 
nature  de  l’oblation  » ( yajna , dont  yajniya  dérive). 

Vrjanesu,  non  pas  « dans  les  demeures  » au  sens  de  résidences 
des  hommes,  mais  à celui  de  résidences  des  Somas,  — à savoir  les 
flammes  du  feu  sacré  qui  les  contiennent. 

4e  pâda,  trad.  Berg.  : « Hennissant  comme  un  cheval  en  rut 
au  milieu  du  troupeau.  » 

Une  seule  réserve  à faire  à propos  de  vrsayuli  (Berg.  « en  rut  ») 
et  que  je  traduirais  plutôt  par  « désireux  de  devenir  taureau  (mu- 
gissant) »,  c’est-à-dire  de  crépiter  en  s’allumant. 

Ces  remarques  ont  surtout  pour  but  de  montrer  l'invariabilité 
et  la  précision  grammaticale  et  logique  de  ma  méthode,  même  en 
la  comparant  à celle  de  l’indianiste-  qui  passe  à cet  égard,  et 
généralement  à bon  droit,  pour  le  plus  rigoureux  des  interprètes. 

§ G.  — Preuves  étymologiques  de  l'importance  de  la  libation 

DANS  LE  SACRIFICE  INDO-EUROPÉEN  ET  VEDIQUE 

«•  — Radical  sanscrit  hu  « verser  un  liquide,  répandre,  faire 
couler  »,  etc.  Ce  sens  est  attesté  comme  primitif  par  la  synonymie 
des  rad.  correspondants  yu,  yeu  en  grec  et  hu  en  latin. 

Principaux  dérivés  : sc.  homan  et  lioma  « offrande  liquide,  liba- 
tion »,  — cf.  yyq-ia  « averse,  tourmente  »,  ysqjrôy  « mauvais  temps, 
pluie  »,  yeùpa  « courant  d’eau,  libation  »,  yÿpa,  même  sens,  yjpô; 
« suc,  humidité  »;  lat.  humor,  même  sens: 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


27 


Sc.  hotvà,  hotra-m  « offrande  liquide,  libation  » (d’où  le  com- 
posé agnihotra-m,  nom  du  sacrifice  brahmanique,  littér.  libation 
au  feu);  — cf.  zend  zaotlira,  même  sens,  — gr.  /;jtXov  « liquide 
répandu,  libation  ». 

Gr.  « libation  »,  etc.  — sc.  havis,  liaoya  « libation  »,  etc. 

b.  — Radical  sc.  dhù  et  dhùn,  gr.  00,  Oov  « agiter,  faire  couler, 
verser  (une  libation),  d'ou  sacrifier  ». 

1°  Sens  d’agiter,  s’agiter. 

RV.  X,  23,  4,  ud  id  dhùnoti  vàtaJi...  oanam.  — « Le  vent  agite 
la  forêt.  » 

Hom.,  II. , V,  87,  0üve  xp  tieSiÔv  itoTaptj)  ttXt;0ovti  soixwç.  « Il 
s’élança  dans  la  plaine  pareil  à un  fleuve  gonflé.  » — IL,  XXI,  234, 
ôo’  ETiéffffUTo,  o’opaxt  0jwv.  « Il  s’élançait  s’agitant  par  la  vague.  » 

2°  Sens  de  faire  couler,  verser,  sacrifier. 

RV.,  VIII,  2,  2,  nrbhir  dhülah  sutali.  — « (Le  Soma)  versé, 
coulé  par  les  hommes.  » 

Ilom.,  Od.,  XXIV,  185,  oxtteoov  x'-px-i  0ù£v.  « Il  arrosa  le  sol  de 
sang;  » — II.,  IX,  219,  Oeoïm  Oùuai  « faire  des  libations  aux  dieux  ». 
— Cf.  au  vers  suivant  : ô o'  h itupî  (fxXXs  durcie;.  « Il  jeta  des 
offrandes  dans  le  feu,  » et  l’expression  homérique  fréquente 
crravoslv  0so7<nv,  « verser  des  libations  aux  dieux  ». 

c.  — Radical  sc.  mad,  d’où  sc.  véd.  mad-as  « liqueur  du  sacri- 
fice »;  mad-in,  mad-ir-as , mdts-ar-as  ((  liquoreux  »;  mad-ali 
« mouiller,  abreuver,  enivrer,  réjouir  » ; mud  « ce  qui  (abreuve, 
enivre)  réjouit  » ; mod-ate  « se  réjouir  (en  buvant)  ». 

Gr.  pao-xw  « être  humide,  couler  » ; paÇ-oç  (cf.  rad.  sc.  mais) 
« ce  qui  coule,  fait  couler  (le  lait),  mamelle  »;  poo-xw  « être  hu- 
mide, mouiller  ». 

Même  famille  : pé0-u  « liqueur  (homér.)  »;  péôu  •?, ou  « liqueur 
douce,  vin  »,  d’où  p£01w  « s’enivrer  »,  mais  aussi  « mouiller, 
tremper  ». 

Lat.  mad-eoa  être  trempé,  mouillé  »,  d’où  « s’enivrer  »;  mad- 
idas  « mouillé  ». 

Vieux-haut-allemand,  meta,  meto,  mito  « liqueur  (hydromel), 
etc.  ». 

Anglo-saxon,  medu,  medo,  meodu , meodo,  même  sens;  medu 
dream  « plaisir  de  boire  (du  vin)  » ; medu  drinc,  « le  fait  de  boire 
du  vip  »,  etc. 


28 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


d.  — Sc.,  radical  sine  (pour  *soinc),  sic,  sèk  « verser,  répandre  ». 
Cf.  surtout  le  sens  religieux  de  abhi-sêka  « sacre,  sacre  royal  ».  — 
En  rapprocher  tout  particulièrement  lat.  succ-us  « suc,  humidité  », 
et  peut-être  aussi  sicc-us  (pour  *sricc-us ) idée  d’écouler,  sécher, 

— cf.  aussi  zend  hic  « mouiller,  couler  et  sécher  ». 

Germanique  — vieux-haut-all.,  seich  « urine  »,  d’où  seichan, 

seihhan  « couler,  uriner  »;  — vieux-haut-all.,  sïh-an,  « couler  » ; 

— vieux-haut-all.,  sîg-an,  senchan,  sincan,  sanchjan  « s’écouler, 
s'abaisser,  s’enfoncer»;  — vieux-haut-all.  (s  ici  h «sacré»,  d’où 
wïhan  « sacrer,  consacrer  » ; ici  se  rattache  peut-être  anglo-saxon 
tricca  « sorcier  (sacrificateur)  ». 

Rac.  slave  (Miklosich),  senk  « couler  ». 

Lat.,  rad.  sac,  d’où  sac-er;  sanc  d’où  sancio.  — Sens  premier 
« verser  »,  — sac  c er,  adj.  « qui  est  pourvu  de  libation,  qui  offre 
la  libation  »,  — subst.  « ce  qui  offre  la  libation,  le  sacrifice  »;  — 
sacrifico  « verser  la  libation,  sacrifier  »,  — sacerdos  « qui  établit 
la  libation,  qui  sacrifie,  prêtre  »,  — cxsecror  « écarter  du  sacrifice, 
maudire  »,  — sacer  esto  (sens  premier  probable)  « qu’il  soit  tenu  de 
faire  une  libation  expiatoire  »;  — sacrima  « oblation  de  vin  »;  — 
sancio  « consacrer  par  un  sacrifice  » ; — sanclas,  sancitus  « consa- 
cré par  un  sacrifice  ». 

Cf.  l'identité  du  sens  de  sancio  et  de  cr-évow,  spondeo. 

Se  rattachent  probablement  à la  même  famille  lat.  sang-uis 
« sang  »,  en  tant  que  liquide  ; gr.  aTpa  = ‘jaiy-pa,  m.  s. 

Dépendent  encore  très  vraisemblablement  de  la  même  famille  : 

Gr.  rad.  ây,  (say,  ^aÇ)  d’où  ay-toç  « sacré,  qui  concerne  la 
libation,  le  sacrifice  »;  — ay-o;  et  iyo;  « sacrifice,  sacrifice 
expiatoire  » (cf.  la  formule  latine  sacer  esto);  — àÇ-opat  « faire 
une' libation  aux  dieux,  les  honorer  (d’une  libation)  »;  — i-pZi» 
« offrir  en  sacrifice  ». 

Sc.  gaj  (* syaj ) « verser  la  libation,  sacrifier»;  — l’acte  concret 
exprimé  par  ce  radical  est  mis  en  pleine  évidence  par  les  formules 
comme  (RV.,  Il,  9,  4),  gajasca  hacisâ;  — yajvan,  sacrificateur, 
est  à tous  égards  le  correspondant  du  lat.  sac(v)cr.  Cf.  aussi 
j/ajùas  = "gaf-  o an-as,  développement  de  gajean,  et  gàgci 
« oblation  ». 

Le  radical  sc.  pu,  dont  il  a déjà  été  question  plus  haut  (§  2)  à 
propos  du  dérivé  paoilra  et  dont  l’emploi  est  si  fréquent  et  si 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


■29 


important  dans  tous  les  textes  védiques  relatifs  au  culte  du  Soma, 
vise  en  général  l’état  igné  de  l’oblation  liquide.  Comme  ces  textes 
le  justifient  partout,  le  Sonia  paoamàna,  pundna  ou  pùta  est,  non 
pas  celui  que  le  prétendu  filtrage  du  suc  de  la  prétendue  plante 
Soma  a clarifié,  mais  bien  le  Soma  liquide  éclairé  ou  allumé  et 
transformé  ainsi  en  flammes  sacrées.  — Les  preuves  suivantes 
s’ajouteront  aux  indications  générales  fournies  par  les  textes. 

1°  Le  rad.  pùn,  pù  « éclairer,  allumer,  faire  briller  »,  est  appa- 
renté, de  l’avis  de  la  plupart  des  linguistes,  au  gr.  uSp  « feu  » et  au 
germanique  fon,  fan , même  sens;  cf.  aussi  rad.  slave  pyr,  pur 
« briller,  brûler  ». 

2°  Le  dérivé  sc.  pàoaka  est  une  épithète  fréquente  d’Agni  « l’al- 
lumé » ou  « le  brillant  ». 

3°  Le  dérivé  sc.  pavana  « le  vent  »,  à l’époque  classique,  le 
désigne  ainsi  cet  élément  à titre  d’ allumeur  et  non  de  purificateur, 
comme  on  a pris  l’habitude  de  le  dire,  sans  s'apercevoir  qu’on 
substituait  ainsi  une  conception  européenne  et  moderne  aux  vieilles 
idées  de  l’Inde. 

4°  Les  textes  de  l’Atharva-Véda  sont  aussi  explicites  que  ceux 
du  Rig  lui-même,  en  ce  qui  regarde  le  Soma  allumé  ou  s'allumant 
désigné  par  le  rad.  pù.  — Exemple  : AV.,  XII,  2,  11,  samiddho 
agnili  supund  punàti.  « Le  feu  allumé  par  le  bon  allumeur  (Soma) 
s’allume  (ou  brille).  » 

5°  Exemple  d’un  texte  qui  a favorisé  la  substitution  de  l’idée 
de  purification  par  les  eaux  à celle  d’allumage  du  feu  sacré  par 
les  libations,  à propos  du  culte  du  Soma. 

RV.,  X,  17,  10  ; 

àpo  asmdn  màtarali  çundhayantu 
glirtena  no  ghrtapoâli  punantu  | 
viçvam  hi  ripram  pravahanti  deoir 
ud  id  clbhyah  çucir  à pùta  emi 

Les  feux:  (ou  le  feu)  du  sacrifice  sont  censés  parler  (par  leurs  cré- 
pitements) — « Que  les  eaux,  nos  mères,  nous  fassent  briller;  que 
celles  qui  allument  à l’aide  du  ghrta  nous  allument  à l’aide  du 
ghrta.  Les  (eaux)  célestes  (ou  brillantes)  emportent  toute  tache 


30 


NOTES  PRÉLIMINAIRES 


(substituant  partout  l’obscurité  aux  ténèbres);  allumé,  je  m’élève 
d’elles  brillant  (dans  les  airs  . » 

L’usage  constant  du  ghrta  comme  oblation  nourricière  du  feu 
sacré  suflit  à établir  la  véritable  signification  de  ce  vers,  dont  l’im- 
portance est  capitale  pour  résoudre  la  question  qui  nous  occupe. 

1.  D’après  Grassmann,  le  sens  premier  du  rad.  pù  est  « flamber  ».  Il  ajoute 
que  pù  se  dit  en  pareil  cas  « vom  Feuer,  oder  vom  den  ins  Feuer  gegossenen 
Strômeu  der  Schmelzbutter  ( ghrta )».—  C’est  absolument  mon  avis,  surtout 
à propos  du  vers  dont  il  s’agit. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


TRADUCTION  DU  NEUVIÈME  MANDALA 
DU  RIG-VÉDA 


HYMNE  PREMIER 

1.  — svâdisthaya  mâdièthayâ  | pâvcisva  soma  dhàrayâ  \ 
indràyci  pâtave  sutâh 

Au  moyen  du  courant  très  doux,  très  liquide,  allume-toi, 
6 liqueur  (soma),  — (toi  qui)  as  été  versée  pour  (servir  de) 
boisson  à l’Ardent  (Indra). 

svâdisthayâ.  — Le  soma  est  très  doux  ou  très  savoureux,  puisque 
le  feu  sacré  en  fait  ses  délices. 

madisthayâ.  — On  traduit  d’ordinaire,  en  forçant  le  sens  du  mot, 
par  « très  enivrant  ».  La  signification  propre  et  réelle  est  « très 
liquide  »,  « très  mouillant  ».  — Cf.  gr.  p.a8aw,  lat.  madeo,  et  surtout 
le  sens  védique  constant  (A)  de  mada  « liqueur  ». 

pavasva.  — Sâyana,  d’après  le  contexte  : « coule  (këara).  Ludwig  : 
« clarifie-toi.  » Les  deux  interprétations  sont  fausses  : à la  voix 
moyenne,  le  rad.  pü  signifie  toujours  « s’allumer  ». 

soma.  — Dérivé  du  rad.  so-su  « couler  ».  Le  soma  n’est  donc  pas 
une  plante,  mais  un  liquide  inflammable  qui  sert  d’aliment  au  feu 
sacré. 

dhàrayâ.  — Construction  fréquente  avec  l’instrumental  quand  il  y 
a dédoublement  verbal  (G)  du  nom  d’un  des  éléments  du  sacrifice. 
Ici  dhârâ  est  synonyme  de  soma;  d’où  la  tautologie  : « ô liquide, 
allume-toi  au  moyen  du  liquide,  » c’est-à-dire  « flambe  à l’aide  de 


32 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


l'aliment  que  tu  te  fournis  à toi-même  ».  La  traduction  de  Ludwig  : 
« clarifie-toi  dans  un  courant,  etc.,  » c’est-à-dire  « en  produisant 
un  courant,  etc.  »,  donne  à l’instrumental  une  nuance  significative 
arbitraire  (B). 

indrâya.  — Proprement  « Tardent  »,  rad.  ind  = indh,  « allu- 
mer, s’allumer  »,  — épithète  de  nature  (employée  substantivement) 
du  feu  sacré  (D). 

sutah.  — Proprement  « ce  qu’on  a fait  couler  »,  « coulé  »,  c’est-à- 
dire  « versé  » (et  non  pas  « pressé  »,  signification  déduite  de  contextes 
mal  interprétés). 

2.  — raksohâ  viçüdcarsanir  | ablii  yônim  âyohatam  | 
drûnâ  sadhàstham  âsadat 

Le  destructeur  du  gardien,  qui  s’agite  au  moyen  de  tous 
(les  dons)  | (en  se  dirigeant)  vers  la  matrice  percée  par 
le  fer,  a pris  résidence  dans  ce  qui  occupe  au  moyen  du  bois 
la  même  demeure  (que  lui). 

rakèah  dans  le  composé  raksohâ.  — « Le  gardien  » ou  « le  rete- 
neur »,  personnification  de  l’obstacle  imaginaire  qui  est  censé 
retenir  le  soma  quand  le  sacrifice  n'a  pas  lieu.  Le  raksohan , ou  celui 
qui  le  détruit,  n est  autre  que  le  soma  lui-même,  dont  la  présence  au 
sacrifice  coïncide  nécessairement  avec  la  suppression  de  l’obstacle 
qui  s’opposait  à sa  venue. 

viçcacarsanih.  — Autre  nom  épithétique  du  soma,  comme 
l’indique  son  apposition  à raksohâ. 

yonim.  — « La  matrice  » du  soma  est  le  lieu  d’origine  vers  lequel 
il  est  censé  se  diriger  pour  y prendre  naissance  et  qui,  dès  lors, 
l'enveloppe;  d’où  la  nécessité  qu’elle  soit  « percée  par  le  fer  » 
(ayohafam)  pour  qu’il  en  jaillisse.  La  figure  du  fer  qui  perce  la 
matrice  est  une  autre  forme  de  celle  du  destructeur  du  gardien. 
Comparer  aussi  le  vajra  d’Indra,  dont  le  rôle  est  le  même  que 
celui  de  l’arme  acérée  qui  crève  la  matrice  du  soma. 

drunâ.  — « Le  bois,  » nom  métaphorique  du  soma  considéré 
comme  inflammable. 

sadhastham.  — Le  soma,  sous  Tune  ou  l’autre  de  ses  formes 
liquide  ou  ignée),  partage  la  résidence  de  celle  qui  le  complète. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMÀ 


33 


3.  — varivodhâtamo  bhava  | mdnhistho  vrtrahântamah  | 
parUi  râclho  maghônâm 

Sois  tout  à fait  établisseur  de  l’espace,  tout  à fait  géné- 
reux, tout  à fait  destructeur  de  l’enveloppeur.  Fais  avancer 
les  dons  des  généreux. 

varivodhàtamaJi.  — Le  soma  devient  libre  et  prend  possession 
de  l’espace  en  s’enflammant. 

pâda  2. — En  tant  qu’a  liment  des  flammes  sacrées,  le  soma  est 
très  généreux  ; de  plus,  il  détruit  l’enveloppe  (ou  l’enveloppeur,  — 
vrtra ) dans  laquelle  il  est  retenu,  comme  au  vs  2 il  tue  le  gardien 
et  perce  la  matrice. 

pâda  3.  — Le  soma  fait  avancer  le  don  des  généreux  (somas)  en 
se  portant  en  avant  sous  sa  forme  ignée. 

4.  — ablnj  àrsa  maliânâm  \ devânàm  vîtiin  âtidhasà  | 

ab/d  vdjam  utd  çrdva/i  | 

Coule  au  moyen  de  Yandhas  vers  le  régal  des  Célestes 
élevés,  — vers  le  réconfort  et  vers  la  voix. 

Ce  vers  est  tout  en  dédoublements  verbaux  (G).  Le  soma  est 
invité  à s’unir  au  régal  des  Célestes,  c’est-à-dire  au  soma  lui- 
même  considéré  dans  son  usage  liturgique,  au  réconfort  (vâja) 
: - soma  nourrissant,  à la  voix  (çravah)  = soma  crépitant,  au 
moyen  de  Yandhas ’,  autre  désignation  du  soma. 

Le  tout  revient  à cette  tautologie  complexe  et  résultant  de  purs 
jeux  de  mots  : « O soma,  unis-toi  à toi  (sois  toi'  par  toi.  » 

mahânâm  depànâm.  — Les  Célestes  (ou  les  dieux)  symboles  des 
flammes  sacrées,  élevées,  en  ce  sens  qu’elles  se  dressent  sur  l’autel. 

5.  — * tvâm  dchâ  carâmasi  \ tdd  id  drthain  dire  dire  | 

itido  tüé  na  dçàsah 

Nous  nous  approchons  de  toi;  l’objet  que  voici  est  pour 
chaque  jour(-feu);  en  toi,  ô brillant,  sont  nos  paroles. 

carâmasi.  — Les  sacrificateurs  ayant  le  soma  entre  leurs  mains 

1.  Sens  étymologique  peu  sûr  ; c£.  cependant  le  grec  avûo;. 

3 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


O A 

O i 

et  s’identifiant  à lui  en  quelque  sorte,  se  représentent  comme  venant 
s’unir  au  soma  objectivé  ou  verbalement  dédoublé  (G)  auquel  ils 
s’adressent. 

tat.  — Pronom  démonstratif  qui  accompagne  l'oblation,  en  dé- 
signe 1 objet  et  s ajoute  au  geste  du  sacrificateur  qui  la  verse  (L). 

dire  dice.  — Nom  métaphorique  du  feu  sacré,  dont  l eclat  qui  se 
réitère  à chaque  oblation  est  comparé  à celui  du  jour  renaissant 
chaque  matin  (I).  — Je  considère  dire  plutôt  comme  le  datif  (de 
dir)  que  comme  le  locatif  de  diva. 

indo.  — Littér.  « le  brillant  »;  rad.  ind,  cf.  ind-ra.  — Adjectif 
pris  substantivement  comme  synonyme  de  soma  pavamânah . 

tve.  — Dédoublement  verbal  eu  égard  à âçasalj.  (G).  — Sây.  et 
Lud.  ; « en  toi  sont  nos  prières,  » ce  qui  n aurait  de  sens 
qu'en  interprétant  en  toi  par  à toi  ou  pour  toi  ; mais  à quoi  bon 
le  locatif? 

àçasali.  — « (Nos)  paroles,  » c’est-à-dire  « (nos)  somas  qui  cré- 
pitent», cf.  le  synonyme  çravali,  vs4. 


G.  — punâti  te  pari srûtam  | sômam  suryasya  duhitâ  \ 
vàrena  râçvatà  tânâ 

La  fille  du  soleil  allume  la  liqueur  qui  coule  autour  (du 
feu  sacré)  au  moyen  de  la  toison,  de  ce  qui  est  constant,  de 
ce  qui  se  développe. 

te  pariarutam  somam.  — Dédoublement  verbal  (G)  analogue  à 
celui  qu’implique,  par  exemple,  l’expression  « son  eau  »,  en 
parlant  de  celle  d’une  rivière. 

süryasrja  duhitâ.  — Sây.  et  Lud.  = çraddhâ .«  la  foi.  » — En 
réalité,  la  fille  du  soleil  (=  le  feu  sacré)  est  une  personnifica- 
tion féminine  instantanée  (D)  de  ce  même  feu  : la  fille  du  soleil  est 
celle  qui  est  de  la  nature  du  soleil-feu;  comme  telle,  elle  allume 
[punâti]  le  soma  liquide  et  le  rend  paoamàna. 

vàrena.  — Proprement,  l’enveloppe  ou  la  toison  qui  est  censée 
renfermer  le  soma  avant  qu’il  ne  soit  offert  au  feu  sacré.  Quand  il 
coule  et  s’allume,  c'est  en  quelque  sorte  grâce  à l’enveloppe  consi- 
dérée comme  l’ayant  versé  : il  se  répand  par  sa  permission.  Par  là, 
car  a se  trouve  être  le  sujet  logique  de  punâti. 

çaçcatâ.  — Adjectif  employé  substantivement  comme  synonyme 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


35 


de  soraa,  avec  dédoublement  verbal  (G).  C’est  non  seulement  à 
l’aide  de  l’enveloppe  que  le  soma  coule  et  s’allume,  mais  aussi  à 
l’aide  de  lui-même  considéré  comme  constant,  c’est-à-dire  comme 
coulant  constamment  (une  fois  qu’il  coule). 

ianâ.  — Explication  tout  à fait  analogue  à celle  de  çaçvatâ.  — 
Lud  : « il  est  clair  que  ianâ  ne  saurait  être  que  démonstratif  (?) . » — 
Sây.  : = nistrtena  « étendu  ».  Explication  juste,  à condition  d’ajouter 
que  le  mot  est  employé  substantivement.  — ianâ  est  l’instrumental 
du  verbe  tan  « ce  qui  s’étend  »,  = le  soma  destiné  à s’étendre  ou  à 
s’accroître  une  fois  allumé.  — Pour  la  construction,  cf.  dhàrayâ 
vs  1,  drunâ  vs  2,  andhasâ  vs  4. 

7.  — tdm  Un  ânvîh  samaryâ  \ â grbhnanti  yôsano  dâça  \ 
svâsârah  pca'ye  divi 

Celui-ci,  — les  minces  qui  sont  dans  celui  qui  a le  mâle 
le  saisissent,  (elles)  qui  sont  (ses)  dix  femmes,  (elles)  les 
sœurs  qui  sont  dans  le  ciel(-feu)  qui  les  entoure. 

tam  ïm.  — Démonstratifs  accompagnant  le  geste  du  sacrifica- 
teur (L). 

anvïli.  — « Les  petites  « (ou  « les  minces  »)  destinées  à devenir 
grandes;  cf.  10,  5. 

samarye.  — Lud.  : « dans  le  combat.  » — Sây.  : = sarna- 
nusye  = yajne.  Bien.  Les  flammes  sacrées  sont  comparées  aux  dix 
doigts  des  mains  qui  saisissent  les  libations,  et  en  même  temps 
aux  dix  femmes  du  mâle  (=  soma)  qui  constitue  l’oblation  (yajiïe). 
On  peut  dire  par  conséquent,  avec  accumulation  de  figures  para- 
doxales (K),  cf.  10,  5,  que  les  femmes-oblations  sont  dans  l’oblation 
considérée  comme  pourvue  de  mâles. 

svasârah.  — Les  dix  flammes-doigts  sont  sœurs,  parce  quelles 
ont  la  même  origine  ou  le  même  père,  le  soma  liquide  ; ou,  au  point 
de  vue  de  la  comparaison  à cause  de  leur  parenté  commune  avec 
le  poignet. 

pârye  divi.  — Le  sens  de  pârye  est  douteux;  peut-être  faut-il 
entendre  « au  haut  » du  ciel-fen,  au  sommet  des  flammes.  — Les 
flammes-doigts  sont  dans  le  ciel-feu  par  suite  du  dédoublement 
verbal  (G)  qui  permet  de  désigner  le  même  objet  par  deux  noms 
différents  et  de  dire  que  l’un  est  dans  l’autre. 


36 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


8.  — tom  îrn  hi  avant  y ayrâvo  \ dhâmanti  bàkurâm  drtini  | 
tridhâtu  vârandm  mâdhu 

Celui  que  voilà,  celles  qui  ont  une  pointe  (?)  l’agitent; 
elles  soufflent  dans  la  cornemuse  (?),  dans  le  doux  aux  trois 
bases,  dans  l’enveloppeur  (?). 

tam  ïm.  — Comme  au  vs  précédent  (L). 

agruvah.  — Les  flammes  en  tant  qu’elles  forment  le  sommet  ou 
la  pointe  ( agra ) des  libations.  — Interprétation  hypothétique. 

pâda  2.  — Interprétation  hypothétique  de  l’expression  bükuram 
drtini,  mais  allusion  sûre  du  texte  aux  crépitements  des  flammes 
sacrées.  — Berg.,  Rel.  véd.,  III,  9,  note,  traduisait  ce  passage  par 
u ils  (les  sacrificateurs)  font  retentir  la  peau  de  la  grenouille  ». 

tridhâtu.  — Allusion  probable  à une  division  du  dhâtu,  ou  du 
soma-base  du  feu  sacré,  en  inférieur,  supérieur  et  moyen. 

câranam.  — Probablement  à expliquer  comme  vürena,  au  vs  6. 

9.  — abhimdm  dghnyd  utâ  | çrlndnti  dhendvah  çiçum  | 
sômam  indrâya  pâtave 

Celles  qui  ne  doivent  pas  être  tuées,  les  (vaches)  laitières, 
échauffent  (ou  allument),  en  s’approchant  (de  lui),  ce  liquide, 
leur  petit1,  pour  servir  de  boisson  à PÂrdent. 

imam...  somam.  — Le  démonstratif  liturgique  comme  aux  vs  5, 
7 et  8 (L). 

aghngâlj.  — (Les  vaches-libations)  qui  ne  doivent  pas  être  tuées, 
qui  doivent  vivre,  être  actives,  se  manifester  au  sacrifice;  cf.  le 
sens  védique  de  amrta. 

dhenavah.  — Les  (vaches)  laitières,  personnifications  (D  des 
somas  ou  des  libations  nourrissantes,  et  ici  du  soma  pavam.  ; ce 
qu’explique  l expression  gobhili  çrïnânali  (109,  17)  « le  soma)  qui 
s’allume  par  les  vaches  »,  les  vaches  étant  considérées  comme 
allumant  le  soma  pavam.  dont  elles  fournissent  l’aliment. 

çiçum.  — Le  petit  (de  ces  vaches)  (J),  celui  quelles  allaitent, 
c’est-à-dire  qu’elles  produisent  avec  leur  soma-lait,  mais  aussi, 


1.  Berg.,  Rel.  cécl.,  II,  56,  traduit  : « les  mères  qui  cuisent  leur  petit.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


37 


qu’elles  échauffent  ou  allument  en  tant  que,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  elles  figurent  aussi  le  soma  pavamâna. 

indrâya  pütave.  — Cf.  vs  3. 

10.  — asyéd  indro  mcïdesv  â \ vlçvd  vrtrdni  jiçjhnate 
euro  rnaghâ  ca  manhate 

L’Ardent  (Indra)  a détruit  toutes  les  enveloppes  qui  sont 
dans  les  boissons  de  celui-là  (le  liquide  = soma).  Le  fort 
donne  les  dons. 

asjja.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

madesu.  — Lud.  : « dans  l’ivresse  » = quand  il  (Indra)  est  ivre, 
— faux  locatif  (B).  — asy  a.,  .madesu  «dans  les  boissonsdu  soma  », 
dédoublement  verbal  (G). 

vrtrüni.  — Comme  plus  haut  dans  le  composé  vvtr  ahant  amali , 
vs  3. 

çü rali.  — Le  fort,  le  puissant  = indra  = soma  pavam.  fortifié 
par  le  soma  liquide.  Cf.  gr.  x'jpoî. 

maghà  ca  manliate.  — Sây.,  Lud.  : « Il  donne  les  dons  (aux 
sacrificateurs),  » — non  pas,  mais  à son  alter  ego  nominal,  le  feu 
sacré  ou  le  soma  pavam.  Cf.  vs  3. 

HYMNE  II 

1.  — pâvasva  devavir  âti  | pamtram  soma  rânhyâ  \ 
indrmn  indo  vHâ  vira 

O liquide,  allume-toi,  toi  qui  es  le  régal  des  Célestes, 
en  traversant  l’allumeur,  au  moyen  de  celle  qui  court. 
O brillant,  toi  qui  es  (pareil  à)  un  taureau,  pénètre  l’ Ardent. 

ati  paoitram.  — Lud.  : « (Clarifie-toi  en  coulant)  à travers  le 
tamis.  » Le  paoitra  est  proprement  ce  qui  allume  = soma  pavam. 
avec  dédoublement  verbal  (G)  : le  soma  proprement  dit  est  censé 
avoir  à traverser  la  soma  pavam.  appelé  pavitra  pour  s’allumeret  se 
transformer  lui-même  en  soma  pavam.  — Il  letraverse  en  coulant, 
ou  par  une  coulée  (; ranliyâ ; cf.  dhàrayâ,  vs  1,  1),  — nouveau  dé- 
doublement verbal  (G).  — Sây.  et  Lud.  rendent  ranliyâ  par 


38 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


l’adverbe  « avec  vitesse  »,  sans  s’inquiéter  delà  valeur  de  1 instru- 
mental (B1 *. 

vi-sâ.  — Sây.  : secakah  « verseur,  arroseur  ».  Explication 
admissible:  le  sonra  at'rose  le  feu  sacré,  ou  bien  est  comparé  à un 
taureau  I qui  l’engendre  en  répandant  sa  semence  (J  . 

a t'iça.  — « Pénètre  (P Ardent),  » formule  bien  expressive  et  qui 
décrit  au  propre  l’absorption  du  soma  liquide  par  le  soma  pavam. 

2.  — â vacyasvamcihi  psâro  | vrsendo  dyumnàvaitamah  | 
â y oui  in  dharnasili  sadah 

O brillant,  mets  en  mouvement  la  grande  nourriture,  toi 
qui  es  (pareil  à)  un  taureau,  toi  qui  es  très  brillant;  loi 
qui  es  fort,  prends  résidence  dans  (ta)  matrice. 

malii  psarah.  — « La  grande  nourriture  » (du  feu  sacré)  destinée  à 
grandir  sous  la  forme  des  flammes  de  celui-ci. 

vrsâ.  — Comme  au  vs  précédent. 

dyumnavattamalr.  — Lud.:  («  comme  un  taureau)  très  brillant.  » 
Qu’est  ce  taureau,  sinon  la  personnification  du  soma  qui  va  briller 
une  fois  enflammé  ? 

yonim.  — Comme  au  vs  1,  25. 

dharnasili.  — Étymologiquement,  « celui  qui  soutient»  le  feu 
sacré. 


3. — âdhuksatapriÿâmmâdhu  \ dhârà  sutâsya  vedheisah  | 
apô  vasistha  sukrùtuh 

Le  courant  do  (la  liqueur)  versée,  de  l’édificateur,  a trait 
le  (liquide)  agréable,  le  doux.  Celui  qui  a de  belles  œuvres 
a revêtu  les  eaux’. 

dhârà.  — Comme  au  vs  1,  1.  — Le  soma  sous  ce  nom  trait  (fait 
sortir  comme  delà  mamelle  d’une  vache,  et  quand  il  en  est  besoin 
pour  le  sacrifice),  le  soma  qualifié  de  liquide  agréable  et  doux,  — 
ce  qui  revient  à dire  tautologiquement  que  le  soma  produit  le  soma. 

vedhasah.  — Sens  probable:  « (le  soma)  édificateur  des  flammes 
sacrées.  » 

1.  Uerg.,  Rel.  céd., II,  42,  voit  dans  ce  passage  l’indication  que  « les  rivières 

célestes!?)  viennent  servir  de  vêtement  au  soma  terrestre!  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


39 


apah. — Les  eaux  du  soma  §=  le  soma  liquide  dont  le  soma  pavam. 
se  revêt  en  le  transformant  en  flammes;  cf.  3,  62,  apo  déco  ci 
g Cihate. 

sukratuJi . — Sày.  : suharmâ  sornali,  « le  soma  aux  belles 
œuvres  »,  c’est-à-dire  aux  belles  flammes,  — celles  dont  il  est  l’arti- 
san, le  créateur.  — Lud.  : « Celui  dont  l’intelligence  est  puissante 
(Indra)  a tiré  à lui  les  eaux  ».  — Sens  purement  arbitraire. 

4.  — mahântam  tvci  mahir  ârw  | âpo  arsanti  sindhavah  | 
yâd  gôhhir  vâsayisyâse 

Les  hautes  eaux,  les  rivières  coulent  en  te  suivant,  toi 
qui  es  haut,  lorsque  tu  auras  été  enveloppé  par  les  vaches 
(-libations). 

mahântam.  — « Le  soma  » (comme  le  dit  très  justement  Sày.), 
qui  grandit  en  s’enflammant  (cf.  vs  1,  4). 

mahîh...  àpali...  sindhavah.  — « Les  grandes  (cellesquile  devien- 
dront), les  eaux,  les  rivières,  «autres  noms  d’origine  comparative (I) 
du  soma  liquide  qui  vient  s’unir  au  soma  enflammé. 

anu.  — Exprime  la  continuité  du  soma  sous  ses  deux  formes  : au 
courant  enflammé  se  rattache,  en  arrière,  le  courant  liquide. 

gobhih.  — Autre  nom  comparatif  du  soma;  les  vaches  four- 
nissent le  lait,  comme  le  soma  fournit  le  liquide  sacré.  De  plus, 
la  formule  est  fondée  sur  un  dédoublement  verbal  (G). — Sày.  juste- 
ment : y ad  =■  yadâ  et  gobhih  ~ oikâraih  = pa gobhih. 

5.  — samudrô  apsû  mâmrje  \ vistambhô  dharûno  divûh  \ 
sômah  pavitre  asmayûh 

La  mer  s’est  éclaircie  dans  les  eaux  ; (elle  qui  est)  le  sup- 
port, le  soutien  du  ciel(-feu),  la  liqueur  désireuse  d’être 
nôtre  qui  est  dans  l'allumeur. 

pàda  1.  — La  mer,  à laquelle  est  comparé  le  soma  (I)  devient 
brillante  (en  s’allumant)  dans  les  eaux,  autre  dénomination  com- 
parative du  soma, — cf.  le  vs  précédent;  — en  d’autres  termes,  le 
soma-mer  se  frotte,  s’éclaircit  ou  s’allume  dans  les  somas-eaux, 
c’est-à-dire  simplement  et  abstraction  fai  te  du  jeu  d’idées  auquel  ont 
prêté  les  dédoublements  verbaux(G),  le  soma  s’allume. — Lud.  von- 


40 


I.E  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


drait  donner  à apsule  sens  de  l’instrumental  (B)  et  entend  : « (Le 
soma  pareil  à)  la  mer  montre,  sa  limpidité  au  moyen  des  eaux  des 
fleuves  dont  l'eau  est  trouble,  tandis  que  celle  delà  mer  est  claire.  » 
Cela  nous  mène-t-il  assez  loin  du  sacrifice  et  du  rituel! 

pâda  2.  — Le  soma  supporte  le  feu  sacré  comparé  au  ciel, 
puisque  c’est  sur  celui-là  et  grâce  à lui  que  celui-ci  élève  ses 
flammes. 

pâda  3.  — Le  soma  pavam.,  qui  est  la  chose  des  sacrificateurs 
( asmayuh ),  réside  dans  le  feu  qui  l’allume  paoitra ),  et  qui  en  est  un 
autre  nom;  cf.  vs  2,  1\  Le  poète  joue  peut-être  sur  cette  idée 
paradoxale  (K):  le  soma  qui  est  nôtre  est  (pourtant  aussi)  dans  le 
paoitra. 

6.  — âcikradad  vt-sâ  hârir  | mahân  mitrù  nû  darçatcih  | 
sain  sur  yen  a rocade 

Le  taureau  doré  a mugi,  lui  qui  est  resplendissant  comme 
(son)  haut  ami;  il  est  lumineux  en  même  temps  que  le  soleil 
(-feu)  et  à son  aide. 

harih.  — « Le  doré,  » c’est-à-dire  de  couleur  d'or,  ou  plutôt  de 
feu. 

o rsa.  — Le  taureau-soma,  cf.  2,  l3.  — Lud.  : « le  taureau  jaune 
qui  crie.  » Qu’entendait-on  par  là,  sinon  une  personnification  du 
soma  allumé  et  crépitant? 

mahân  mitrah.  — Sây.  à juste  titre)  = çakhâ  « ami  ».  Cet  ami 
est  le  feu  sacré  qui  s’élève  brillant  sur  l’autel  et  auquel  s’unit  le 
soma  pavam. 

pâda  3.  — Lud.  : sans  tenir  compte  de  la  valeur  de  l’instru- 
mental B):  « il  le  soma)  brille  en  même  temps  que  le  soleil,  » 
C’est  par  le  feu  sacré  comparé  au  soleil  (I)  que  le  soma  devient 
lumineux.  — Sây.  approche  du  vrai  sens  en  résumant  ce  pâda 
dans  la  formule  dioi  prahâçate,  « il  brille  dans  le  ciel  ». 

7.  — (/iras  ta  inda  ôjasâ  | marmrjyünte  apasyûvah  \ 
yâbhir  màdâya  çûmbhase 

O brillant,  tes  voix  qui  produisent  des  œuvres1  dc- 

1.  Ou  qui  veulent  se  produire.  — Voir,  il  propos  du  sens  général  de  ce 
vers,  Berg.,  Rel.  VécL,  1,154. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


41 


viennent  brillantes  au  moyen  du  réconfort;  c’est  par  elles 
que  tu  brilles  pour  la  boisson. 

pâdas  1 et  2.  — Pour  les  voix  ou  les  crépitements  du  soma 
pavam.,  cf.  le  vs  précédent,  1er  pàda. — Ici  ces  voix  s’identifient  au 
soma  lui-même  considéré  comme  crépitant  (cf.  çravali  1,  4:,);aussi 
le  poète  peut-il  dire  fine  les  voix-somàs  deviennent  brillantes  = s’al- 
lument (cf.  2,  5',  au  moyen  de  la  force  = le  réconfort  (du  feu 
sacré)  = soma  (G).  De  même,  les  voix-somas  veulent  édifier  des 
œuvres-flammes  (cf.  2,33).  — Lud.  traduit  : « des  hymnes  célébrant 
(tes)  œuvres  t’embellissent  avec  leur  force,  » — ce  qui  est  aussi 
loin  que  possible  du  vrai  sens. 

pâda  3.  — C’est  avecles  voix-somas-flammesquele  soma  pavam. 
brille  pour  la  liqueur  (-soma),  c’est-à-dire  donne  à cette  liqueur  de 
l’éclat.,  — en  un  mot,  l’allume. 

8.  — tenu  tvâ  mâdâya  ghrsvaya  | u lokakrtnûm  ïmalie  \ 
tâva  prâçastciyo  mahih 

Toi  que  voilà,  nous  t’appelons,  - — toi  qui  produis  l’espace 
pour  la  liqueur  ardente;  (ces)  hautes  voix  sont  tiennes. 

tam  tvâ.  — Démonstratif  liturgique,  comme  aux  vers  1,7',  etc. 
(L). 

madàya  ghrsvaye.  — La  boisson  ardente = soma  pavamàna. 

lokakrtnûm. — Lud.  (à  juste  titre)  : « qui  donne  l’espace  »,  c’est- 
à-dire  qui  délivre,  qui  fait  apparaître.  Le  soma,  avec  dédouble- 
ment verbal  (G),  donne  la  liberté  au  soma;  il  le  produit,  ou  se  pro- 
duit au  sacrifice,  quand  le  sacrifice  a lieu. 

Imalie.  — « Nous  t’appelons  » = nous  sommes  censés  t’appeler, 
puisque  tu  viens,  puisque  tu  es  là. 

pâda  3.  — praçastayah,  comme  girali,  au  vs  précédent.  — - 
mahïli , comme  maliàn  au  vs  2,  62.  — taoa,  avec  sens  possessif 
subjectif  = tien  ou  tienne  ; ce  sens  disparaît  dans  l’interprétation 
de  Sây.  et  de  Lud.  : « tes  louanges,  » c’est-à-dire  les  louanges  qui 
te  sont  données , au  lieu  de  « les  voix  qui  sont  tiennes,  qui  t'appar- 
tiennent ». 

9.  asmâbhyam  indav  indrayûr\niddlwali  pavas  va  dhârayâ  j 
parjcinyo  vrstimân  ivci 

O bridant,  toi  qui  désires  (devenir)  l’ Ardent,  allume-toi 


42 


LE  CL' LTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


pour  nous  au  moyen  du  courant  de  la  douce  (liqueur),  tel 
le  nuage  humide. 

asmabhyam.  — « Pour  nous,  » sacrificateurs  identifiés  à l’objet 
du  sacrifice  ou  à l’oblation. 

indrayuh.  — Lud.  : « en  tant  qu’ami  d’Indra,  » — plutôt 
« désireux  de  l’Ardent  (Indra)  »,  voulant  se  transformer  en  lui,  ou 
le  produire. 

pàda2.  — Variante  de  1,1'  : madisthayà  pavas  va  ...dliârayâ  et 
preuve  évidente  r \u.e  madhoah  et  dhàrayâ  désignent  un  même  objet 
(G),  à savoir  le  soma  qui  coule  et  dont  la  saveur  est  agréable  au  feu 
sacré. 

pâda  3.  — Le  soma  et  le  nuage  sont  humides  ou  aqueux  et  par 
là  le  mot  nuage  ( parjanya ) devient  une  désignation  métapho- 
rique du  soma  I).  — Lud.  croit  à tort  que  la  comparaison  repose 
sur  la  qualité  commune  de  fertilisant,  bienfaisant. 

10.  — rjosâ  ifido  nrsâ  asy  | açvasd  vdjasâ  utâ  | 
àtmâ  yajiîâsya  pure  yak 

O brillant,  tu  es  conquérant  de  vaches,  conquérant 
d’hommes,  conquérant  de  chevaux,  conquérant  de  réconfort; 
(tu  es)  lame  (qui  se  trouve)  en  tête  de  l’oblation. 

pàdas  1 et  2.  — Le  soma  conquiert,  c’est-à-dire  acquiert  pour 
lui,  manifeste,  produit  les  vaches-libations,  cf.  2,  4'.  — Les 
hommes  ou  les  mâles  = les  forts  — les  somas  (cf.  samarye  1,7’ 
et  vrëâ  passim).  — Les  chevaux  personnifient  les  flammes  qui 
traînent  le  char  des  libations,  — les  somas-réconforts,  cf.  1,  4:i. 
En  résumé,  le  soma  sous  le  nom  de  indu,  réalise,  constitue  le  soma 
désigné  par  les  épithètes  du  texte.  — Berg.,  Rel.  véd.,  III,  212, 
entend  que  le  soma  donne  les  chevaux,  etc. 

pâda.  3.  — Le  soma  est  la  vie,  l’âme,  l’essence  de  l'oblation 
enflammée  (soma  pavam,).  — L’adjectif  pürvya  « en  avant  » peut 
s’entendre  soit  du  soma  liquide  qui  précède  le  soma  igné,  soit  et 
plutôt  de  celui-ci  considéré  comme  se  manifestant  au  sommet  de 
celui-là.  — L’interprétation  de  Lud.,  « dès  le  principe  »,  implique 
des  conceptions  qui  n’ont  rien  de  védique. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


43 


HYMNE  III 

1.  — esd  devô  cimartyah  \ parnavir  iva  cliyati  | 
abhi  drônâny  âsâdam 

Ce  Céleste  non  mort  vole,  comme  un  oiseau,  vers  les  bois 
pour  s’y  asseoir. 

esa.  — Démonstratif  liturgique  (L.). 

deoali.  — Sày.  : dyolamânah,  « brillant  » ; cette  désignation  ne 
convient  qu’au  soma  pavam. 

amartyali,  « qui  n’est  plus  mort  »,  c’est-à-dire  vivant,  actif.  — 
Voir  sur  ce  mot  et  ceux  de  même  famille,  mes  Premières  Formes  de 
la  religion  et  de  la  tradition  dans  l'Inde  et  la  Grèce,  p.'48  et  49. 

pâda  2.—  Les  flammes  du  soma  pavam.  sont  comparées  aux  ailes 
agitées  d’un  oiseau  qui  vient  s’abattre  dans  le  récipient  du  soma 
liquide. 

pâda  3.  — ■ Cf.  1,  23,  drunà  sadhastham  âsadat  ; d’où  la  preuve 
que  l’objet  exprimé  par  le  mot  drunà  (ce  par  quoi  vient  le  soma), 
et  celui  exprimé  (au  pluriel)  par  le  mot  dronàni  (ce  vers  quoi  il 
vient),  est  le  même  : dans  les  deux  cas  il  s'agit  d’un  synonyme  de 
soma,  donnant  naissance  par  dédoublement  verbal  (G)  à des  for- 
mules tautologiques.  — drona  (dérivé  de  dru  « bois  »)  « ce  qui  est 
delà  nature  du  bois  »,  « ce  qui  est  combustible  »,  désignation  com- 
parative (I)  du  soma  aliment  du  feu  sacré. — Berg.,  Rel.  vëd. , 1, 149, 
voit  dans  le  drona  un  « vase  de  bois  ». 

2.  — esd  devô  vipâ  krtô  j ’ ti  hvcirâmsi  dhâvati  \ 
pdvamdno  âdâbhyah 

Ce  Céleste,  qui  est  produit  par  ce  qui  s’agite,  coule  au 
delà  des  empêchements,  (lui),  l’allumé,  qui  ne  doit  pas  être 
opprimé. 

esa  devali.  — Comme  au  vs  précédent. 

vipà  krtali.  — Sây.  : « produit  par  le  doigt.  » — Lud.  : « préparé 
par  l’hymne,  » sens  énigmatique.  — En  réalité,  vip  est  une  épi- 
thète (employée  substantivement)  du  soma  pavam.  actif  ou  agité. — 


44 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Dédoublement  verbal  et  tautologique  habituel  : le  soma  est  produit 
par  le  soma  (G). 

hvaràinsi.  — Sây.  : = les  ennemis.  — Lud.  : « (il  traverse)  les 
embûches.  » — Vrai  sens  : « il  traverse)  les  obstacles  qui  sont 
censés  l’arrêter  quand  il  est  absent.  » La  formule  est  parallèle  à 
vrtràni jighnate  1, 102.  — Lud.  soupçonne  qu’il  s’agit  des  obstacles 
que  le  soma  rencontre  en  traversant  le  tamis  de  laine  à l'aide 
duquel  on  le  clarifie.  Seulement,  ce  prétendu  filtrage  est  imagi- 
naire. C’est  toutefois  entrevoir  une  partie  du  vrai  sens  que  de  con- 
sidérer les  hvarâmsi  comme  des  obstacles. — Berg.,  Rel.  véd.,  111, 
180,  note,  traduit  hvarâmsi  par  « tromperies  ». 

pacamânah.  — Littéral.  « l’allumant  » ou  « celui  qui  s’allume  ». 
— La  relation  grammaticale  de  pacamânah  avec  esa  devah  est 
importante  pour  fixer  l’objet  précis  désigné  par  l’un  et  l’autre  de 
ces  mots  : le  céleste  ou  le  brillant,  que  le  sacrificateur  a sous  les  yeux 
(esa),  est  le  (soma  allumé. 

adàbhyali.  — « Celui  qui  ne  doit  pas  être  opprimé,  arrêté, 
empêché  (par  les  obstacles).  » — Berg.,  Rel.  véd.,  III,  198,  «in- 
faillible ». 

3.  — esâ  (leva  mpanyûbldli  \ pûvamâna  rtàyûbhih  | 
hârir  vàjâya  mrjyate 

Ce  Céleste  (qui  est)  allumé  (est 'rendu  brillant)  par  les 
bruyants,  par  les  coulants,  — (ce)  doré  est  rendu  brillant 
pour  le  réconfort. 

esa  devah.  — Comme  aux  vers  1 et  2'. 

vipanyûhhih.  — Par  les  (somas)  bruyants  ou  crépitants,  cf.  2, 
6' et7'.  - Lud.,  dans  sa  traduction  (er  gelautert  wird  von  lieder- 
kundigen  frommen),  ne  tient  pas  compte  de  la  valeur  de  l’instru- 
mental, ce  qui  suffit  pour  l’infirmer  (B). 

rlâyubhili.  — Sens  en  rapport  avec  celui  de  via  « le  (soma) 
coulé,  versé  ».  Berg.,  Rel.  véd.,  III,  239,  donne  à rtâyu  le  sens  de 
« fidèle  à la  loi  ». 

pâda  3.  — Cf.  2,  7\  madâya  çumbhase , d’où  l’indice  que  madâya 
et  vàjâya  sont  synonymes.  — Pour  Sây.,  le  soma  serait  comparé  à 
un  cheval  ( h avili ) qu’on  prépare  ou  qu’on  orne  pour  le  combat. 
Explication  analogue  de  Lud.,  qui  rend  vàjâya  par  zu  krafttat.  — 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


45 


Le  vâja  est  personnifié,  c’est  pour  lui,  c’est-à-dire  pour  le  faire 
briller,  que  le  soma  pavara.  brille. 

4.  — esâ  üiçvâni  v'âryà  \ çuro  yânn  iva  sâtvabhih  | 
pavamânah  sisâsati 

Ce  (liquide)  allumé,  allant  comme  un  héros,  cherche  à 
s’emparer,  à l’aide  des  (oblations)  présentes,  de  toutes  les 
choses  désirables. 

esa.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

viçvâni  vâryci.  — « Toutes  les  (choses)  désirables  » = toutes  les 
offrandes,  toutes  les  libations-somas  : le  feu  sacré,  ou  l’allumé, 
s’empare  des  oblations  liquides  qui  lui  sont  offertes.  — Les  expres- 
sions de  ce  genre  rendent  compte  du  sens  de  viçva  employé  substan- 
tivement. 

çürah.  — Comme  au  vs  1,  10*.  — Le  fort,  ou  le  héros,  cherche 
à s’emparer  de  ce  qui  excite  ses  convoitises. 

satcabhih.  — Sày.  = « avec  les  forts  » ; Lud.  : « avec  les  héros.  » 
— Vrai  sens  : ((  au  moyen  des  somas  réels,  présents,  » par  opposition 
aux  absents,  à ceux  qui  sont  considérés  comme  empêchés  ou  re- 
tenus quand  le  sacrifice  n’a  pas  lieu.  — Dédoublement  habituel  (G) . 

5.  — esâ  deoô  ratharyati  | pâvamâno  daçasyati  | 
avis  krnoti  vagvanûm 

Ce  Céleste,  (qui  est)  allumé,  devient  (ou  agit  comme)  un 
char,  devient  un  don;  il  manifeste  le  bruyant. 

esa  devah.  — Comme  aux  vs  1'  et  21,  etc.  (L). 

ratharyati.  — Le  soma  pavam.  ou  le  feu  sacré,  est  comparé  à un 
char  qui  porte  et  entraîne  les  offrandes.  — Say.  approche  du  vrai 
sens  en  entendant  que  le  soma  « désire  un  char  pour  porter  l’of- 
frande ».  - — Lud.  : « Il  se  hâte  avec  la  vitesse  d’un  char.  » — 
Berg.,  Rel.  véd.,  I,  223,  traduit  : « il  est  porté  sur  un  char.  » 

daçasyati.  — Le  soma  (dédoublé)  est  généreux  (envers  le  soma). 

pâda  3.  — Le  soma  pavam.  manifeste  ou  réalise  le  (soma)  bruyant 
ou  crépitant.  — Lud.  : « er  lâszt  warnemen  die  stimme,  » sans 
explication. 


4G 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


G.  — esa  viprair  abhistuto  \ ’pô  deuô  vi  gâhate  \ 
dâdhad  vâtnâni  dàçûse 

Ce  Céleste,  célébré  par  les  agités,  se  plonge  dans  les  eaux, 
en  établissant  les  dons  pour  le  donateur. 

. esa.  — Démonstratif  liturgique,  cf.  3,  4',  etc.  (L). 
vipraili.  — Sày.,  Lucl.  : « (célébré)  par  les  prêtres,  les  officiants.  » 
— En  réalité  : « rendu  bruyant,  crépitant  (abhistutah)  par  les 
(somas)  agités  = actifs,  vifs,  enflammés  (G);  cf.  vipü  kvtali,  3,  2’. 

pâda2.  — Le  soma  pavam.  ou  igné  se  baigne  dans  le  soma  liquide, 
de  même  qu’il  le  revêt  au  vers  2,  33. 

pâda  3.  — Le  soma  pavam.  établit,  édifie,  sous  forme  de  flammes, 
les  dons  ou  les  oblations  qu'il  a reçus;  et  il  le  fait  pour  le  donateur, 
pour  (embellir)  l’oblation  même  (considérée  comme  donatrice),  ou  le 
soma  liquide,  en  l’allumant.  — Lud.  : « spendend  freude  dem 
spender,  » — énigmatique  à bien  des  égards. 

7.  — esâ  dictant,  vi  dhâvati  \ tiré  râjâmsi  dhârayà  \ 
pavam ânah  kdrd kradat 

Ce  (liquide)  court  au  ciel(-feu)  en  traversant  les  ténèbres 
au  moyen  de  la  coulée,  — (lui),  l’allumé,  le  crépitant. 

esa.  — Comme  au  vs  précédent  (L). 

divam  vi  dhâvati.  — Le  soma  liquide  devient  pavamâna  en 
coulant  dans  le  feu  sacré  désigné  métaphoriquement,  ou  compara- 
tivement sous  le  nom  de  ciel  (I). 

rajâmsi.  — Le  soma  obscur  est  censé  traverser  les  ténèbres  qui 
l’enveloppent  pour  devenir  lumineux  ou  pavamâna;  cf.  pour  la 
construction  : ati  hvarâmsi  dhâvati , 3,  222. 
dhârayâ.  — Cf.  1,  1!  (G). 

pâda  3.  — Cf.  2,  6’.  — D’après  Sây.  et  Lud.,  il  s’agirait  (très 
invraisemblablement)  du  bruit  que  fait  entendre  le  soma  en  tra- 
versant le  tamis  qui  le  clarifie.  — Berg.,  Bel.  ced.,  1, 163,  reconnaît 
qu’il  « est  difficile  de  préciser  le  corps  ou  le  phénomène  lumineux 
représenté  par  soma  traversant  le  ciel  ».  — hanikradat,  participe 
neutre  employé  substantivement  en  apposition  à pacamânah. 


LE  CÜLTE  VÉDIQUE  DÛ  SOMA 


47 


8.  — eèâ  clivain  v y àsarcit  j tirô  ràjâmsy  âsprtah  \ 
pâvamânah  svadhvaràli 

Ce  (liquide)  a coulé  dans  le  ciel(-feu),  non  empêché,  à 
travers  les  ténèbres, — (lui)  rallumé  aux  bonnes  oblations. 

pâda  1.  — Variante  de  3,  7'  ; même  signification  et  même 
explication. 

lira  raj  ainsi-  ■ — Comme  à 3,  72. 

asprtah.  — Sây.  : = kenâpij  aliimsitali  « que  nul  ne  maltraite  »; 
cf.  le  synonyme  âdabhyali,  3,  23. 

soadhcaraJi.  — Sây.  (justement):  «qui  a de  bons  sacrifices.  » 

9.  — em  pratnêna  jchnnancl  \ devu  devébhycdi  sutoh  | 
h (tri  h pavitre  arsati 

Ce  Céleste,  versé  pour  les  Célestes  par  une  génération 
antérieure,  (ce)  doré,  coule  dans  l’allumeur. 

esa.  — Comme  aux  vs  précédents  (L). 

pratnêna  janmanà.  — La  précédente  ou  la  première  génération 
qui  a donné  naissance  au  soma  pavam.  est  celle  du  soma  liquide  ou 
du  versé  (sut ah). 

pâda  2.—  Le  Céleste  (soma)  est  coulé  pour  les  Célestes  (somas)  : 
dédoublement  verbal  (G)  de  l'idée  fondée  sur  la  différence  des 
nombres  (le  singulier  et  le  pluriel  ; en  distinguant  le  deva  des 
devas,  on  peut  dire  que  celui-là  est  destiné  à ceux-ci. 

pâda  3. — hardi,  épithète  anticipée  en  quelque  sorte.  C’est  seule- 
ment en  arrivant  dans  le  pavitra  que  le  soma  devient  pavamàna. 

10.  — esà  u syci  puruvratô  \jajnànô  janâyann  isah  [ 
dharaycl  pavcde  sutcdi 

Ce  (liquide)  que  voilà,  qui  est  pourvu  des  objets  aux 
nombreux  (dons)  de  ses  désirs,  qui  en  naissant  donne  nais- 
sance aux  libations, — (lui),  le  versé,  s’allume  au  moyen  du 
courant. 

esa.  — Comme  aux  vs  précédents  (L). 

puruvratali.  — Il  est  très  vraisemblable  que  paru  ainsi  employé. 


48 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


doit  s’expliquer  comme  ciçca  pris  substantivement,  « les  nombreux 
dons  du  sacrifice)  ».  — Berg.,  Rel.  red.,  III,  237  : «dont  les  lois 
ou  les  oeuvres  conformes  à la  loi  sont  grandes,  nombreuses.  » 
pada  2.  — En  apparaissant,  le  sonia  fait  apparaître  ou  produit  les 
libations  dont  il  est  l’essence  et  qui  ne  sont  qu’un  autre  nom  de 
lui-même  (G). 

pada  3.  — Cf.  1,  l2,  paoasva  soma  dhàrai/à. 


HYMNE  IV 

1.  — s and  cci  soma  jesi  ca  \ püvamdna  nui  ht  çrc'wah  | 

dthd  no  vcisyasas  krdhi 

O liqueur  allumée,  puisses-tu  conquérir,  et  tu  conquiers, 
la  haute  voix;  puis,  fais-nous  meilleurs. 

malû  çracali. — Autre  nom  du  soma  pavam.,  en  tant  que  déve- 
loppant des  flammes  qui  crépitent. — Cf.  1,4’,  abhij  arsa...  çracali , 
et  2,6',  acileradad  orëà...  mahân. 

pada  2.  — « Fais-nous  (nous  les  somas,  auxquels  les  sacrifica- 
teurs s’identifient)  meilleurs,  » c’est-à-dire  plus  fortifiants  ou  plus 
savoureux  (pour  le  feu  sacré),  en  nous  présentant  à lui  sous  la  forme 
dont  tu  es  l’artisan, — celle  de  soma  pavam.  qui  est  la  tienne  et 
qui,  lui  étant  identique,  lui  est  la  plus  chère. 

2.  — sdndjyùtih  scind  suàr  | viçod  ca  soma  saûbhagd  | 

dthü,  etc. 

Conquiers,  ô liquide,  la  lumière,  conquiers  le  soleil(-feu), 
et  (conquiers)  tous  les  biens.  — (Refrain,  comme  au  vers 
précédent). 

pàda  1.  — Il  est  aussi  clair  que  possible  qu’il  s’agit  pour  le 
soma  de  s’allumer.  — Sày.  évite  cette  conséquence,  en  supposant 
que  le  poète  sous-entend  « pour  nous  » («  procure-nous  la  lumière, 
le  ciel,  etc.  »). 

soali.  — « Le  soleil,  » désignation  comparative  du  feu  sacré  (I); 
l’absurdité  de  l'idée  de  conquérir  le  soleil  décèle  la  métaphore. 

oiçoâ-saubharjâ.  — Toutes  les  choses  avantageuses,  toutes  les 
oblations;  cf.  3.  4.  viçcâni  cciryà ...  sisâsati. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOIvfA 


49 


3.  — s and  clâksam  utd  krdtum  \ àpa  soma  mrdho  jahi  | 

allia , etc. 

Conquiers,  ô liqueur,  le  fort  et  l’édificateur  ; écarte  les 
oppresseurs  (Refrain). 

daksam.  — Say.  : balam  « laforce».  — Littér.,  celui  qui  prend, 
qui  s’empare  habilement  (de  la  libation),  l'habile1 , épithète  dénomi- 
native du  soma  pavamâna. 

kratam.  — L’auteur,  l’édificateur  (des  flammes),  — autre  épi- 
thète dénominative  du  soma  pavam.;  cl.  2,  3:|,  sukraluh,  et  l’explica- 
tion de  Sây.  — Ces  formules  reviennent  à dire  : deviens  daksa, 
deviens  kratu 2. 

mrdhah.  — Littér.,  ceux  qui  broient,  les  oppresseurs,  les  empê- 
cheurs qui  font  obstacleà  l’apparition  du  soma  pavam.  Cf.  l’épithète 
raksohâ,  1,  2'.  — Say.  et  Lud.  = « les  ennemis  ». 

4.  — ■ pàmtârah  punïtàna  | sômam  indrcuja  pâtave  | 
âtliâ , etc. 

Allumeurs,  allumez  le  liquide  pour  (servir  de)  boisson  à 
r Ardent  (Refrain). 

pâda  1.  — Les  allumeurs  du  soma  sont  les  feux  sacrés  ou,  au 
singulier,  l’Ardent  (Indra)  qui  l’allume  en  le  buvant. 

pâda  2.  — Cf.  1,  l3  : indrâtja  pâtace  sutali. 

5.  — tüdm  surye  na  à bhaja  | tdua  krâtvd  tavotibhih  ( 

cithâ,  etc. 

O toi,  qui  es  dans  le  soleil,  prends  part  à nos  (oblations) 
au  moyen  de  ton  édificateur  et  de  tes  régals  (Refrain). 

sürpe . — Le  soma  pavam.  est  dans  son  aller  ego  métaphorique, 
le  soleil-feu. — Berg.,  Rel.  véd.,  215,  entend  qu’on  demande  le  soleil 
à Soma. 

1.  Peut-être  l’habile,  dans  le  sens  de  « celui  qui  fabrique  bien  »,  et,  dans  ce 
cas,  synonyme  de  kratu. 

2.  Le  sens  classique  de  kratu.  « sagesse  » est  un  dérivé  abstrait  du  sens 

védique  de  « fabricateur  » (E). 


4 


50  LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SO.MA 

nah.  — Fais  de  nous  (de  nos  oblations  ton  partage.  Empare-toi 
d’elles. 

tara  kratrâ ■ — Cf.  Icratum.  4,  31.  — Sây.  = karmanâ.  Le 
soma  liquide  est  le  metteur  en  œuvre  du  soraa  pavamâna. 

ütiohili. — Autre  nom  des  oblations-somas  destinées  à être  savou- 
rées par  le  soma-feu. 

6.  — tctva  krâtoâ  tâüotibhir  \jyôk  paçyema  suryam  | 

cithâ,  etc. 

Puissions-nous,  au  moyen  de  ton  édilicateur  et  de  tes 
avantages,  voir  longtemps  le  soleil(-feu)  (Refrain). 

pâda  1.  — S’explique  comme  4,  52.  — Formules  identiques. 

pada  2.  — Le  soma  en  s'allumant  permet  aux  sacrificateurs 
(inséparables  des  oblations)  de  voir  le  soleil  = feu  sacré;  le  soleil 
ainsi  conçu  disparaît  avec  le  soma  pavam.  et  n’a  de  réalité  que 
par  lui. 

7.  — abhy  àrsa  svâyudha  | soma  dvibürhasam  rayim  | 

âthd,  etc. 

O liquide,  toi  qui  as  de  belles  armes,  coule  vers  la 
richesse  au  double  réconfort  (Refrain). 

abhy  arsa.  — Lud.  : « fais  venir;  » — aucune  raison  pour  donner 
à ce  verbe  un  sens  causal.  — Même  formule  initiale  et  même 
construction  qu’au  vs  1.  4.  — Remarques  analogues- 

svâyudha.  — Sây.  : « aux  armes  brillantes  ; » — bonne  expli- 
cation; il  s’agit  des  flammes  comparées  à des  traits,  à des  épieux, 
etc  ; — cf.  le  foudre  de  Zeus,  etc. 

dribarhasam.  — dci,  allusion  probable  à deux  états  du  récon- 
fort, l’obscur  et  le  brillant. 

rayim.  — La  richesse  (du  sacrifice  = l’oblation.  — Dédoublement 
verbal  (G)  ; autrement  dit,  rayim  = somam.  Cf.  1,  4,  abhy  arsa... 
vîtim...  vâjam,  d'où  l'indice  que  rayim,  cïtim,  vâjarn  sont  autant  de 
synonymes.  — Berg.,  Rel.  ccd.,  181,  note,  entend  « la  richesse  des 
deux  mondes  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


51 


8.  — abhy  àrsànapacyuto  | rayim  samdtsu  sâsahih  \ 
âthâ,  etc. 

Coule  vers  la  richesse,  toi  qui  n’as  pas  été  mis  de. côté, 
toi  qui  es  victorieux  dans  les  boissons  (Refrain). 

abhrj  arsa...  rayim.  ~ Comme  au  vers  précédent. 

anapacyutah.  — Sày.  : anàhatali, — ((  non  maltraité  »,  non  écarté, 
qu’on  a laissé  venir;  cf.  adàbhyali,  3,  2‘,  asprtah,  3,  82. 

samatsu.  — Le  sens  traditionnel  de  ;<  combat  » paraît  tiré  des 
contextes.  L'étymologie  indique  celui  de  « qui  se  baigne  avec  » ou 
« qui  boit  avec  »,  désignation  qui  convient  aux  éléments  du  sacri- 
fice, soma  et  feu  sacré,  considérés. comme  compagnons. 

sâsaliih • — Cf.  pour  l’idée  sisàsati,  3,  4L  — sanà  ca  jesi,  4,  IL 

9.  — tvàm  yajiïcdr  avîvrdhan  \ pdvamdna  vidhamnani  \ 

cithâ,  etc. 

O allumé,  (les  liquides  sacrés)  t’ont  fait  croître  au  moyen 
des  oblations  dans  le  support  (du  feu  sacré)  (Refrain.) 

v idharmani.  — Synonyme  de  yajnaih  (=  somaili)  par  dédou- 
blement verbal  (G).  — Pour  l’idée,  cf.  2,  52,  vistamblio  dharuno 
dirait.  — Berg.,  Rel.  véd  , III,  218,  note,  rend  oidharmani  par 
ces  mots  : « alors  que  s’accomplit  l’acte  qui  consiste  à soutenir  en 
séparant.  » 

10.  — rayim  ncu;  citrdun  açvinam  \ indo  viçüâyuni  â b h ara  | 

ditliâ,  etc. 

O brillant,  apporte  (manifeste)  notre  richesse  éclatante, 
qui  consiste  en  chevaux,  active  à l’aide  de  tous  (les  dons) 
(Refrain). 

citram.  — « Éclatante  »,  quand  elle  est  allumée  sous  la  forme  du 
soma  pavamâna. 

açvinam.  — Comme  au  vs  2,  101,  açvasâ.  — Les  éléments  du 
sacrifice  sont  comparés  à des  chevaux,  donc  ils  ont  la  nature  des 
chevaux  ou  possèdent  des  chevaux. 

à bliara.  — Le  rayiciira  est  un  autre  nom  du  soma  pavam.; 
sans  celui-ci,  celui-là  est  absent,  c’est  donc  au  premier  d’ap- 
porter le  second,  de  le  manifester. 


52 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  V 

1.  — sdmiddho  viçvâtas  pâtih  \ pâuamâno  vi  râjati  | 

prindn  vrsd  kânikradat. 

Enflammé,  le  maître,  l’allumé  brille  de  toute  part  ('?),  — 
lui,  le  taureau,  qui  savoure  (l’oblation),  le  bruyant  (ou  le 
crépitant). 

pâdas  1 et  2.  — 11  est  impossible  d’exprimer  plus  clairement 
que  le  soma  pavam.  est  le  soma  allumé,  c’est-à-dire  un  autre  nom 
d’Agni . 

pat  il/.  — Le  maître  (de  l’offrande),  le  soma  pavam . qui  s’empare 
du  soma  liquide.  A moins  qu’il  ne  faille  construire  ciçcatah  avec 
patih  et  entendre  « le  maître  issu  de  tous  (les  dons)  ». 

prinan.  — Cf.  priyam  (madhu),  2,  3'.  — Le  priyam  est  l’objet 
du  prïi/an. 

vrëà.  — Cf.  2,  1%  etc. 

kanikradat.  — Cf.  2,  6',  acikradal  crsà , et  3,  73,  kanikradat. 

2.  — tdnundpàt  pcwamânah  | çn'ige  çiçâno  arsati  | 

antdriksen a râra jet  t 

L’allumé,  iils  du  tanû,  coule  en  aiguisant  ses  deux 
cornes;  il  a brillé  au  moyen  de  l’(espace)  intermédiaire. 

tanû  dans  tanü-napàt).  — Désigne  certainement  le  soma  liquide, 
père  du  soma  pavam.  ; mais  il  est  difficile  d’en  déterminer  le  sens 
propre.  L’étymologie  indique  celui  d’ « étendre  » (rad.  tan),  sans 
qu’on  en  voie  bien  le  rapport  avec  le  classique  tanu  « corps  ». 

çriïge. — Les  cornes  de  feu  du  taureau-soma  ; le  soma  pavam.  les 
aiguise  en  s’enflammant.  — Cf.  l’épithète  svâyudha,  4,  7’. 

antariksena.  — Nom  métaphorique  du  soma  pavam.  (dédouble- 
ment comparé  à l’espace  lumineux  qu’on  plaçait,  par  pure  considé- 
ration de  symétrie  verbale,  entre  le  rajas  ou  l’obscurité  (symbole  de 
l’absence  du  soma  pavam.)  et  le  die  ou  le  ciel  qui  symbolise  sa  pré- 


sence. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


53 


3.  — üényah  pâuamâno  | rciyir  m râjati  dyumân  | 
mcklhor  dhàràbhir  ôjcisd 

L’allumé  qui  doit  être  rendu  crépitant,  la  richesse,  le 
lumineux,  brille  au  moyen  des  courants  du  Doux,  au 
moyen  du  réconfort. 

ïlenyah.  — Sày.  : stutyah.  « cligne  d’être  célébré  ». 

pavamânah...  ci  râjati  dyumân. — Cf.  5,  1,  samiddhah ...  pava- 
mâno  ci  râjati.  Mêmes  conclusions  à tirer  des  deux  passages. 

rayili.  — L’apposition  pacamâno  rayili  prouve  la  synonymie 
des  deux  expressions.  — Lud.  : « le  soma  pavam.  brille  comme  la 
richesse.  » 

madlxor  dliarâbliili. — Cf.  2,  9 -,madhvali  pavasva  dhàvayâ ; d’où 
l’indice  que  pavasca  exprime  la  même  idée  que  vi  râjati. 

ojasâ.  — Cf.  2,  7'.  — Dédoublement  verbal  (G).  — Lud.  tra- 
duit d’une  manière  ambiguë  : « le  pavam.  brille  puissamment  avec 
des  courants  de  madhu.  » 

4.  — barhili pràcinam  ôjcisd  | pàucimàna  strnàn  hardi  | 
devésu  devâ  lyate 

L’allumé,  le  doré,  étendant  au  moyen  du  réconfort  le 
fortifiant  qui  s’avance,  — lui  qui  est  céleste,  est  mis  en 
mouvement  (pour  aller)  chez  les  Célestes. 

barhili.  — Le  rad.  barh  indique  pour  ce  mot  l’idée  de  force.  En 
réalité,  c’est  un  des  noms  du  soma-réconfort.  La  fréquence  des  for- 
mules où  barhili  est  employé  avec  le  rad.  star  « étendre  »,  a fait 
croire  qu’il  désignait  une  jonchée  d’herbe  qu’on  étendait  sur  l’autel 
avant  de  verser  la  libation  et  d’allumer  le  feu  sacré.  Notre  passage 
suffirait  à lui  seul  pour  démontrer  l’erreur  de  cette  interprétation 
qui  remonte  à l’époque  de  transition  du  védisme  au  brahmanisme, 
et  que  le  rituel  a fait  sienne  en  prescrivant  la  pratique  liturgique  de 
la  jonchée  du  ùar/nVherbedont  on  avait  cru  voir  l’indication  dans 
les  hymnes.  Comment  pourrait-on  dire  en  effet  que  le  soma  pavam. 
étend  l’herbe  sur  l’autel?  Ce  qu’il  étend  ou  développe  au  moyen  de 
Vojas  (cf.  le  vers  précédent)  est  évidemment  le  soma  même  porteur 
d’un  autre  nom  pour  la  circonstance.  — Lud.  ne  rend  pas  ojasâ. 


51 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Est-ce  par  oubli  ou  par  suite  de  la  difficulté  qu'il  éprouvait  à l’ex- 
pliquer? 

prâcinam.  — « Qui  s’étend,  s’avance,  se  développe  sous  forme 
de  flammes;  » cf.  strnan  au  pâda  2 de  notre  vers. 

harih.  — Comme  épithète  du  soma  pavam.,  cf.  2,  6’. 

devenu  devah.  — Dédoublement  verbal  fondé  sur  la  différence 
des  nombres,  cf.  3,  9\  devo  devebhyah . — Lud.  rend-il  compte 
du  passif  lyate  en  traduisant  : « als  gott  unter  den  gôtten  ange- 
fleht?  » et  quelle  valeur  attacher  à l'idée  : « un  dieu  entre  les 
dieux?  » — Sây.  approche  du  vrai  sens  en  expliquant  deresu  par 
yajnesu. 

5.  — ud  àtair  jihate  brhdd  \ dvâro  deoîv  hiranyâylh  | 
pâvamânena  s âstu  tâh 

Au  moyen  des  âtas,  les  portes,  les  Célestes  (de  couleur) 
d’or,  s’en  vont  dans  le  Haut,  bien  célébrées  par  l’allumé. 

dtaih.  — Le  sens  propre  de  ce  mot  est  inconnu,  mais  il  n’est  pas 
douteux  qu’il  ne  désigne  les  somas  avec  dédoublement  verbal  (G). 

brhat.  — Adj.  neutre  employé  substantivement  (F),  — « le 
Haut  » = le  feu  sacré  qui  s’élève. 

dvàrah  « les  portes  » qui  emprisonnent  le  soma  pavam.  absent, 
mais  qui  sont  censées  le  suivre  lui  ou  ses  substituts,  les  Célestes 
ou  les  déesses,  etc.),  ou  sortir  avec  lui  quand  il  se  manifeste.  — 
Ni  Sây.,  ni  Lud.  n’expliquent  ce  qu’il  faut  entendre  par  ces  portes 
qui  sont  des  déesses  d'or.  — Cf.  l’explication  de  vàrena,  1,  63. 

sustutâh.  — « Bien  célébrées  » par  les  crépitements  du  soma 
pavam.  Contre  toute  évidence,  Lud.  ne  construit  pas  ce  mot  avec 
pavamànena.  — Cf.  pavamânah  kanikradat,  3,  73. 

6.  — suçilpé  brhati  malü  | pâvamâno  vrsanyati  | 
nâktosâsd  nci  darçaté 

L’allumé  saillit  comme  un  taureau  les  deux  bien  ornées, 
hautes,  grandes,  brillantes  comme  la  nuit  et  l’aurore. 

Les  «deux  bien  ornées,  etc.  »,  qui  sont  pareilles  au  couple  de  la 
nuit  et  de  l’aurore  et  que  saillit  le  taureau-soma,  sont  les  libations 
sous  leurs  deux- formes,  c’est-à-dire  absentes  ou  présentes,  obscures 
ou  brillantes.  Le  couple,  comme  d’habitude,  reçoit  des  épithètes 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  55 

qui  ne  conviennent  qu’à  celui  de  ses  termes  qui  est  brillant  ou 
manifesté  \ 

7.  — ubhâ  deuâ  nrcdksasd  \ hôtârâ  dawycï  huve  | 
pduamdna  indro  vrsâ 

J’appelle  les  deux  célestes  qui  brillent  à l’aide  des  hommes 
(les  màles-somas),  les  deux  sacrificateurs  d’origine  céleste, 
— (moi),  l’allumé,  l’ Ardent,  le  taureau. 

nrcaksasà. — Littér.,  « qui  ont  de  l’éclat  au  moyen  des  hommes  », 
c’est-à-dire  des  somas  qui  servent  d’aliment  au  feu  sacré  ; cf.  2, 
10',  vrsâ. 

hotârâ.,  — Littér.,  « ceux  qui  versent  » (l’oblation)  = les  somas 
pavam.  qui  la  contiennent  et  par  conséquent  qui  l’offrent  (aux 
somas  eux-mêmes  désignés  sous  d’autres  noms). 

daivt/â.  — « Qui  sont  de  la  nature  des  devas,  » lesquels  sont  eux- 
mêmes  de  la  nature  du  ciel-feu  (die) . 

huoe. — Le  soma  pavam.  crépitant  est  censé  appeler  les  Célestes  au 
festin  sacré.  Les  tournures  de  ce  genre  marquent  un  achemine- 
ment vers  l'identification  si  fréquente  du  sacrificateur  humain,  ou 
du  prêtre,  avec  l’oblation. 

pàda  3.  — indrali  doit  être  considéré  comme  une  apposition  à 
pavamânah,  d’où  la  preuve  de  l’identité  des  deux  objets  que  ces 
mots  désignent.  Berg.,  Bel.  céd.,  II,  266,  voit  ici  à juste  titre  une 
identification  formelle  de  Soma  à Indra. 

8.  — bliâratl  pdvamünasya  | sdrcisvatUâ  mahî  \ 

imam  no  yajildm  â gaman  | tisrô  devth  supéçasali 

Que  celle  qui  porte  l’allumé,  que  la  liquoreuse,  que  la 
prieuse,  que  la  grande,  que  les  trois  Célestes  aux  beaux 
ornements  viennent  à cette  oblation  offerte  par  nous. 

pàda  1.  — « Celle  qui  porte  l’allumé  » est  la  libation  liquide. 

pàda  2.  — Ce  pàda  est  exclusivement  composé  d’épithètes  de  la 
libation  allumée  et  crépitante. 

imam.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

à gaman.  — Les  libations  allumées,  personnifiées,  sont  censées 


1.  Su  ries  couples  védiques,  voir  mes  Premières  Formes, etc.,  p.210  et  passim. 


5G 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


se  rendre  à l'oblation,  par  le  fait  même  de  la  présence  de 
l’oblation.  Le  vœu  du  sacrificateur  revient  à souhaiter  que  le 
sacrifice  s’accomplisse. 

pâda  4. — Les  trois  Célestes  résument  et  personnifient  l’objet  des 
épithètes  dénominatives  du  1er  hémistiche,  en  comptant  llâ  malû  = 
lia  la  grande,  pour  une  seule  désignation.  — supeçasah,  cf.  suçilpe, 
vs  6’. 

9.  — tvâstâram  agrajâm  gopâm  \ puroyâvànam  à huve  | 
indur  indvo  vrsà  hârih  \ pâvamânah  prajâpatih 

J’appelle  le  fabricateur,  celui  qui  naît  de  la  pointe,  qui 
garde  les  vaches,  qui  marche  en  avant,  - - (moi)  le  brillant, 
l’ Ardent,  le  taureau,  le  doré,  l’allumé,  le  maître  des  créa- 
tures. 

Tous  les  termes  de  cette  énumération  s’appliquent  à un  seul  et 
même  objet,  à savoir  au  soma  pavam.  ou  à Agni  (le  feu  sacré).  Pour 
la  construction  du  2e  hémistiche,  eu  égard  à celle  du  1er,  cf.  vs7, 
et  11. 

tvaëtâram. — Le  soma  pavam.,  en  tant  qu'édificateur  du  feu 
sacré;  cf.  2,  3‘,  sukratuh . 

agrajâm.  — «Celui  qui  est  né  de  la  pointe»  ou  « dans  la 
pointe  » de  la  flamme,  — autre  désignation  par  dédoublement  (G) 
de  la  flamme  même.  - Sây . — a^re  jâtam.  — Berg.,  Rel.  céd., 
III,  58,  « premier-né  ». 

gopâm. — « Celui  qui  garde  ou  possède  les  vaches-libations;  » 
cf.  2,  10’,  gosâ. 

purogâcânam.  — « Celui  qui  marche  en  avant,  » — le  soma  igné, 
eu  égard  au  soma  liquide  qui  est  en  arrière;  cf.  3,  91,  pralnena 
ianmanà...  sutali. 

à huve.  — Comme  hune,  au  vers  7 11 . 

2ft  hémistiche.  — Enumération  dont  les  termes  sont  en  apposi- 
tion les  uns  aux  autres,  d’où  l’indice  de  leur  synonymie.  — 
Cf.  vs73. 

prajâpatih.  — «Lemaître  des  créatures,  » c’est-à-dire  le  posses- 
seur des  êtres,  ou  des  productions  ignées,  auxquels  le  soma  donne 
naissance,  — en  réalité,  autre  nom  de  ce  même  soma  (G),  dont 
la  mythologie  brahmanique  a fait  la  désignation  d’une  personnalité 
divine  constante;  cf.  Indra  et  Hari,  déités  brahmaniques  dont 
l’origine  est  la  même  que  celle  de  Prajâpati. 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


57 


10 .vânaspâtimpadamàna  \ mâdlivâ  sâmangdhi  dhârayd  \ 
sahâsravalçam  hâritam  \ bhrâjamdnam  liiranyâyam 

O allumé,  oins  avec  le  doux  courant  le  maître  des  bûches 
aux  mille  branches,  fauve,  étincelant,  (de  couleur)  d’or. 

vanaspatim.  — « Le  maître  des  bûches,  » c’est-à-dire  du  soma. 
inflammable  comparé  à du  bois;  en  réalité,  autre  nom  du  soma 
pavamâna. 

mâdlivâ...  dhârayâ , cf.  2,  92,  madhvah...  dhârayâ,  a t 3,  10 1 , 
dliàrayâ  pavate  sulali. 

sahnsravalçam.  — « Aux  mille  branches  » ou  « aux  branches  pro- 
duites par  les  mille  (dons)  » = aux  mille  flammes,  par  dévelop- 
pement logique  de  la  métaphore  (J). 

Hémistiche  2.  — Toutes  les  épithètes  dont  ce  passage  est  com- 
posé et  qui  concernent  le  Vanaspati,  démontrent  qu’il  n’est  autre 
que  le  soma  pavam.,  par  dédoublement  verbal  (G)  : le  soma  oint  le 
soma,  le  rend  brillant,  l’allume,  c’est-à-dire  s'allume.  — Berg., 
Bel.  véd.,  1,268  : «le  poteau  » d’or  brillant  aux  mille  branches, 
ne  saurait  être  que  le  feu  lui-même. 

11.  — viçve  devâh  svâhàkrtim  | pâvamdnasyâ  y ata  | 
vdyûr  brliaspâtih  sàryo  | ’ynir  indrah  sajosasa/i 

Tous  les  Célestes,  le  vent,  le  maître  du  réconfort  (Brhas- 
pati),  le  soleil,  le  feu  (sacré),  F Ardent  qui  goûtent  ensemble 
au  même  aliment,  — venez  à l’appel  de  l’allumé. 

devâli... à gata.  — Le  soma  pavam.  est  destiné  aux  Célestes 
[devâh)  ; cf.  3,  92,  devo  devebhyah  sutah • 
svâhàkrtim.  — L’appel  ou  le  crépitement  du  soma  pavam. 
Cf.  2,  6’,  acikradad  vrsâ,  etc. 

vàyuli.  — « L’air,  le  vent,  » désignation  comparative  du  feu 
sacré  fondée  sur  son  activité,  sur  son  ardeur. 

brhaspatili.  — « Le  maître  du  réconfort(-soma),  » c’est-à-dire  le 
soma  même  : le  soma  personnifié  sous  ce  nom  est  le  maître  ou  le 
possesseur  du  soma  proprement  dit. 
süryah.  — Pour  le  soma  pavam.  comparé  au  soleil,  cf.  4,  62. 
agnih-  — Nous  connaissons  l’identité  du  soma  pavam.  et  du  feu 
sacré. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  Df  SONIA 


58 


sajosasah.  — Les  Célestes  (devait)  ont  le  même  festin,  ils  parti- 
cipent aux  mêmes  libations. 

HYMNE  VI 

1.  — mandrâyâ  soma  dhârayâ  \ vrsâ  pavasva  devayûh  \ 
üvyo  vâresv  asmayûh 

O liqueur,  ô taureau,  dans  le  désir  de  devenir  céleste, 
allume-toi  au  moyen  du  courant  liquide,  — toi  qui  désires 
devenir  nôtre  dans  les  toisons  de  la  brebis. 

Hémistiche  1.  — Cf.  1,1*. 

mandrayâ.  — Sày.  = madakarayà . — (Berg.,  Bel.  véd.,  I, 
148)  (d’après  l’interprétation  brahmanique)  : « Ce  tamis  est  fait  de 
1 line  de  brebis.  » 

devayuh.  — Cf.  2,  9',  indrayuh.  ..pavasva  dhârayâ. 

asmayuh.  — Comme  à 2,  5'. 

L’expression  avyo  vâresu  « dans  les  toisons  de  la  brebis  » est 
fondée  sur  l’idée  première  que  le  soma  pavam.  est  contenu  dans 
une  enveloppe  (de  feu  ;)  mais  le  soma  liquide  étant  comparé  couram- 
ment à du  lait,  et  le  lait  étant  fourni  par  la  brebis,  celle-ci  en  est 
considérée,  dans  l’expression  en  question,  comme  la  source  et  l’en- 
veloppe, par  la  substitution  métaphorique,  avec  l’entremise  de  l’idée 
sous-entendue  de  lait  et  de  mamelle,  de  celle  de  toison-enveloppe 
à celle  de  feu-enveloppe.  — Expressions  métaphoriques  corres- 
pondantes : gos  tvaci,  pavitre , yonau,  kalaçe,  camusu,  etc. — D’autre 
part,  l’idée  d’une  enveloppe  a suggéré  celle  de  la  nécessité  d’en  sortir 
pour  agir  ; de  là  les  formules  ati  vàram  avyayam,  ati  pavitram,  etc., 
pour  exprimer  les  mouvements  du  soma  pavam.  concourant  à 
l’œuvre  du  sacrifice. 

2.  — abhi  tyam  mâdyam  mcldam  \ indcw  Indra  iti  ksara  \ 
abhi  vâjino  à matait 

« U brillant,  coule,  » lui  dit  (?)  l’Ardent,  vers  cette  boisson 
liquide,  vers  ces  (coursiers)  actifs  pourvus  du  réconfort. 

Pour  la  construction  et  le  sens  général,  cf.  1,  4,  abhy  arsa.  . . 
vïtim  abhi  vâjam. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


59 


tyam.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

indav  indra  iti.  — Je  traduis  (sans  certitude)  d’après  la  valeur  qu’a 
prise  iti  dans  le  sanscrit  brahmanique.  L’Ardent  crépite  et  est  censé 
tenir  par  là  le  langage,  vraisemblable  d’ailleurs,  que  lui  prête  le 
poète. 

Berg.,  Rel.  véd.,  II,  244,  et  11,  266. 

pâda  3.  — Cf.  1,  43,  abhi  vâjam ; s’il  faut  attacher  à arvatah  le 
sens  de  chevaux,  comme  le  veut  Sây.,  cf.  2,  10“ , açvasâ  vâjasâ. 

3. — abhi  tydm  pûrvydm  mâdam  \ suvdnô  avisa pavitra  â | 
abhi  vâjam  utâ  çrâvah 

Toi  qui  te  répands,  coule  vers  cette  boisson  qui  est  en 
avant,  dans  l’allumeur,  vers  le  réconfort  et  la  voix. 

Même  construction  et  même  sens  général  qu’au  vers  précédent. 

purmyam.  — Cf.  5,  92,  puroyâvânam. — Berg.^  Rel.  véd.,  1, 188, 
« antique  ». 

paoitre.  — Comme  2,  53;  cf.  3,  9',  pavitre  arsati.  — Voir  la 
note  sur  le  vs  P. 

pâda  3.  — Comme  1,  43. 

4.  — cinu  drapsâsa  indava  \ âpo  nâ  pvavâtâsavan  \ 
punànâ  indram  âçata 

Les  gouttes,  les  brillants  ont  suivi  leur  cours,  comme  des 
eaux, au  moyen  de  la  pente;  ceux  qui  s’allument  ont  atteint 
l’Ardent. 

àpali.  — Pour  la  comparaison  du  soma  et  de  l'eau,  cf.  2,  33,  apo 
vasistha  sukratuli  et  surtout  2,  4%  anv  àpo  arëahti. 

praoatâ,  dédoublement  verbal  (G).  — La  (liqueur)  qui  s’avance 
(en  coulant)  = le  soma. 

indram  âçata,  — cf.  2,  l3,  indram  indo. . . viça. 

5.  — y (ira  dtycim  iva  vâjinam  | mrjdnti  yôsano  ddiça  | 
vdne  krüantam  dtyavim 

(C’est  lui)  que,  pareil  à un  coursier  pourvu  de  réconfort, 


60 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


(ses)  dix  femmes  rendent  brillant;  lui  qui  jouant  dans  la 
bûche  a dépassé  (la  toison  de)  la  brebis. 

pâda  1.  — Cf.  6,  23,  ablii  vâjino  aroata/i. 
pâda  2.  — Cf.  1,  72,  yosano  daça,  — - même  explication. 
mrjanti.  — Les  flammes  du  soma  pavam.  sont  comparées  à des 
trotteuses  qui  l'ont  rendu  brillant  ou  qui  l’ont  allumé1. 

mne.  — Cf.  5,  10',  l’explication  de  oanaspatim,  et  6,  3 î,pavitre 
dont  vane  est  le  synonyme. 
atyavim.  — Voir  la  note  sur  avyo  vdre.su,  6,  l3. 

G.  — tdm  gôbliir  vfsanam  rdsam  | mâdâya  deçà  vît  a y e | 
sutâm  blutrâya  sam  srja 

Verse  ce  suc  (pareil  à un)  taureau  que  les  vaches*  ont  fait 
couler  pour  la  boisson,  pour  le  régal  des  Célestes,  pour 
(leur)  support. 

tam.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

gobhih...  sutam.  — Cf.2,41,  gobhir  càsayisyase, — mêmeexpli- 
cation.  — Dédoublement  verbal  (G). 
vrëanam.  — Cf.  6,  1,  soma. . . vrsâ,  etc. 
devavïtaye.  — Cf.  1,  4\  abliy  arsa. . . devânüm  cïtim. 
bharàya.  — Cf.  5,  8',  b/iâratï  pavaradnasya.  — Sây.  = « pour 
le  combat  »,  sans  que  rien  ne  justifie  ce  sens. 

7.  — de vô  devâyci  dhârayé  \ ndrâya  pavate  sutâh  \ 
pâyo  yâd  asya  pïpdyat 

Le  (liquide)  céleste  versé  pour  le  Céleste,  pour  l’Ardent, 
s’allume  au  moyen  du  courant,  alors  que  son  lait  s’est  enflé. 

Hémistiche  1.  —Cf.  1,  l2et:i,  pacasvasoma  dhàrayâ  indrâya. .. 
sutah,  — même  explication. 
payali.  — Le  lait-soma,  dédoublement  verbal  (G). 
pîpayat,  — il  s'est,  enflé  ou  développé  en  s’allumant. 

1.  D'après  Borg.,  Rel.  céd. , 1.  222,  il  s'agirait  d’un  « tamis  » assimilé  il  une 
étrille. 

2.  Berg.,  Rel.  eéd.,  II,  53  : « Les  vaches  qui  accompagnent  le  soma  que 

le  prêtre  offre  il  Indra  ne  peuvent  être  que  le  lait,  les  prières,  ou  encore  les 
eaux  qui  ont  servi  il  la  préparation  du  breuvage.  Même  observation  pour 
les  épouses.  » 


Lis  Culte  vedique  du  soma 


61 


8.  — cltmâ  yajnâsya  rànhyd  | susvdndh  pavate  sutdh  | 

pratnâm  ni  pâti  kâvyarn 

L’âme  de  l’oblation,  le  versé  qui  se  répand,  s’allume  au 
moyen  du  courant.  Il  s’empare  de  la  sagesse  antérieure. 

pàda  1.  — àtmâ  yajnasya , comme  2,  10'. 

ranhyâ.  — Comme  2,  l2. 

ni  pâti.  — Littér.  : « il  garde  sous  lui.  » 

kâvyam.  — Littér.  : « la  chose  du  kavi,  » ou  du  soma  (E)  con- 
sidéré comme  sage,  parce  qu’il  parle,  révèle,  c’est-à-dire  crépite 
quand  il  est  allumé. 

pratnam.  — Littér.,  <(  ancien  ou  premier  »,  — le  soma  liquide, 
eu  égard  au  soma  igné;  — cf.  3,  9'  : pratnena  janmanà.  . . sutali.  — 
Lud.  : « La  sagesse  des  anciens  temps  (!)  » 

9.  — eoâ  pundnâ  indrayûr  \ mddam  madiètha  vîtdye  | 

gâhâ  cid  dad/use  girah 

De  cette  manière;  ô très  liquide,  désireux  de  devenir 
l’ Ardent  en  allumant  la  boisson  pour  le  régal  (des  Célestes)  ; 
tu  établis  les  voix  même  par  ce  qui  (les)  cache. 

evà.  — « De  la  manière  que  voilà  »,  — démonstratif  liturgique  (L). 

indrayuh.  — Comme  2,  9'  ; cf.  6,  4',  punânâ  indram. 

vïtaye.  — Cf.  6,  62,  devavïtaye. 

pàda  3.  — Le  soma  pavam.  établit,  produit,  manifeste  les  flammes 
crépitantes,  les  flammes-voix  (girah-,  cf.  2,  7'),  même  au  moyen 
de  ce  qui  cache  (au  lieu  de  manifester),  c’est-à-dire  l’enveloppe  du 
soma  (quand  on  le  suppose  absent  ou  invisible),  qui  contribue  à 
sa  manifestation  en  disparaissant  quand  il  apparaît;  cf.  5,  5,  les 
portes  (une  fois  ouvertes)  représentées  comme  des  déesses  d’or. 
De  part  et  d’autre,  le  jeu  subtil  d’idées  est  le  même.  — Lud.,  sans 
tenir  compte  de  la  valeur  des  cas  (B)  : « birgst  du  wenn  auch  in 
verborgnen  lieder.  » — Sày.  ne  s’était  d’ailleurs  pas  gêné  davan- 
tage pour  expliquer  l'instrumental  guhâ  par  le  locatif  guhàyàm. 
C’est  avec  de  pareils  expédients  qu’on  escamote  les  difficultés. 


62 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  VII 

1. — âsrgrain  indaoah  pathâ  \ dhànnann  rtasya 
süçriyah  | vidânu  asya  yôjanam 

Les  brillants  au  bel  éclat  ont  coulé  au  moyen  de  ce  qui  che- 
mine dans  le  support  du  versé1 2, — en  trouvant  son  attelage. 

pathâ.  — Au  moyen  de  ce  qui  chemine  (ou  du  chemin)  (E)  = la 
libation  active;  cf.  6,  8',  ranhyâ  « ce  qui  court  (ou  le  courant)  ». 

— Lud.  : « auf  ihren  weg,  » sans  tenir  compte  de  la  valeur  de 
l’instrumental  (B). 

dharmann  rtasya.  — Cf.  4,  9!,  vidharmani,  et  5,  8',  bhàratï 
pavamânasya , d’où  l’indice  de  la  synonymie  occasionnelle  de 
rtasya  et  pavamânasya.  — Sày.  justement  : rtasya  = yajhasya 

pàda  3.  — Les  somas  pavam.,  sous  le  nom  de  indaoah'  trouvent, 
c’est-à-dire  acquièrent,  conquièrent  l’attelage  (=  les  flammes  com- 
parées à des  chevaux  qui  le  traînent  du  soma  désigné  sous  le  nom 
de  rta. 

2.  — prâdhàrâ  màdhoo  agriyô  \ mcihir  apù  vi  gâhate  \ 
hacir  h avis  a vândyah 

Le  courant  du  doux,  celui  qui  est  muni  d’une  pointe, 
s’avance  pour  se  plonger  dans  les  hautes  eaux;  (lui  qui  est) 
la  libation  (et)  qui  doit  être  célébré  dans  les  libations. 

dhârâ  madhvah.  — Cf.  5,  3',  madhor  dhâràbhih. 

agriyah.  — Le  (soma)  pointu  en  tant  que  transformé  en  flammes 
qui  deviennent  les  pointes,  les  cimes  du  soma  liquide.  — Berg., 
Rel.  céd.,  I,  149,  « offrande  par  excellence». 

pàda  2.  — Cf.  2,  4,  maliïli. . . àpali , et  3,  6%  apo  devo  vi  yàhate; 

— même  explication  de  part  et  d’autre. 

vandyali.  — « Celui  qui  doit  être  l’objet  de  crépitements,  ou  rendu 

1.  Berg.,  Rcl.  céd.,  III,  218  : « alors  que  le  rta  est  maintenu  » ou  « dans 
la  loi  de  l'ordre  ».  — Rcl.  ccd.,  III,  238  : « Les  somas  coulent  dans  1 edharman 
du  rta.  » 

2.  Le  rta,  littér.,  (le  liquide)  mis  eu  mouvement,  versé,  n’est  autre  que 
l’oblation  (yajna).  Le  sens  mystique  ultérieur  de  « ordre  divin  »,  qui  s’est 
attaché  à l'un  et  à l’autre  mot  est  certainement  post-védique. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


63 


crépitant  (de  la  part  du  soma  pavam.)  ; cf.  5,  5:i,  pavamânena 
sustutâli.  — Lud.  traduit  : « en  tant  que  havis  à apprécier  entre 
tous  les  havis.  » — Dans  ce  vers,  sujets  et  régimes  s’appliquent  par 
1 effet  du  dédoublement  verbal  au  soma  considéré  tout  à la  fois 
comme  liquide  et  comme  igné.  — Berg.,  Rel.  véd.,  II,  32:  « Le 
nom  des  grandes  eaux  donné  aux  eaux  dans  lesquelles  le  soma 
s’enfonce  ou  désigne  les  eaux  célestes,  ou  du  moins  n’est  donné 
aux  eaux  terrestres  que  par  allusion  à ces  eaux  du  ciel. . . J’ex- 
plique de  même  le  nom  de  rivières  donné  aux  eaux. . . dans  les- 
quelles le  soma  court.  » 

3.  — prc'c  yujô  vâcô  agriyô  \ orsâca  cakraclad  veine  \ 
sâdmâbhi  satyù  adhvardh 

Celui  qui  est  à la  pointe  de  la  voix  qui  s’attelle  en  avant 
(des  libations),  le  taureau  a mugi  en  bas,  dans  la  bûche.  L’o- 
blation manifestée  (a  mugi  en  se  dirigeant)  vers  la  demeure. 

yujali.  — La  voix-soma  qui  s’unit,  s’attelle  (aux  flammes  sacrées); 
cf.  7,  1%  vidànci  asya  yojanam. 

pâda  1.  — Cf.  106,  10'.  cigre  vâcaJi  pavamânali  kanikradal,  qui 
fixe  le  sens  de  notre  passage;  cf.  aussi  le  vs  précédent  (7,  21). 

pâda  2.  — Cf.  2,  6',  aeikradad  orsà . 

varie.  — Comme  à 6_,53. 

sâdmâbhi.  — Cf.  1,  2%  ahlii  yonim. 

satyo  adlivarah. — Cf.  3,  8,  vy  àsarat.  . . pavamânali  svadhvarali, 
et  3,  42,  yann  iva  satvabhili.  — Berg.,  Rel.  véd.,  I,  212,  « sacrifice 
efficace  ». 

4.  — pàri  yât  kdvyci  kavir  ( nrninâ  oâsdno  ârsati  \ 
svàr  vâji  sisâsati 

Lorsque  le  sage,  — s’enveloppant  (tout)  autour  (de  lui)  de 
ceux  qui  sont  issus  des  sages,  de  ceux  qui  possèdent  les 
mâles,  — coule;  — celui  qui  est  pourvu  de  réconforts  cherche 
à s’emparer  du  soleil(-feu). 

kâvyà  kaoili.  — Dédoublement  verbal  fondé  à la  fois  sur  la  dif- 
férence du  nombre  grammatical  et  sur  celle  qui  distingue  le  dérivé 
( kdvya ) du  primitif  ( kavi ) : le  sage  (le  soma  crépitant)  revêt  ce  qui 
est  issu  du  sage  = ce  même  soma.  — Cf.  kâvyam,  6,  83. 


64 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


nrntnâ. — Les  choses  pourvues  de  mâles,  — les  somascf.  2 , 10', 
nrsâ . 

pâda  3.  — Cf.  3,  4',  pavamânaJi  sisâsati,  et  4,  2’,  sanâ  svah,  — 
d’où  l’indice  que  oâji  = pavamânah. 

Les  deux  actions  exprimées  par  ce  vers  sont  d’autant  mieux 
concomitantes  quelles  sont  essentiellement  identiques  et  ne  dif- 
fèrent que  par  l’appareil  verbal  qui  les  désigné:  de  part  et  d’autre,  il 
s’agit  du  soma  liquide  qui  devient  igné. 

5.  — pâoamâno  abhi  sprdho  | ciço  ràjeca  aidai i \ 
y Ad  un  rnoânli  vedhùsah 

L’allumé,  pareil  à un  roi,  vient  prendre  résidence  dans  (ses) 
demeures  en  se  dirigeant  vers  les  ennemis,  lorsque  les  édi- 
ficateurs (?)  le  mettent  en  mouvement. 

abhi  sprdha/i. — Le  soma  pavam.,  pour  entrer  dans  le  feu  sacré, 
pour  s’enflammer,  doit  s’attaquer  aux  ennemis,  aux  obstacles. 

vedhasah.  — Cf.  2,  32,  dhârà  sutasija  vedhasaJi. 

G.  — Acyo  oàre  pari  priyô  | hcirir  utuïesu  salait  | 
rebhô  vanusyate  niati 

Le  doré  agréable  vient  prendre  résidence  dans  la  toison 
de  la  brebis  qui  l’entoure,  — dans  les  bûches;  le  chanteur 
s’agite  au  moyen  de  la  pensée. 

avijo  vàre.  — Cf.  6,  1‘,  avyo  vâresu,  — même  explication. 

r anesu.  — Cf.  7,  3%  veine.  — vanesu  désigne  évidemment  ici  le 
même  objet  que  avyo  vàre.  — Berg.,  Rel.  véd.,  149,  « dans  des 
vases  de  bois  ». 

pâda  3.  — Dédoublement  verbal  G)  : la  mati  ou  la  pensée-crépi- 
tement est  un  autre  nom  du  rebha  = soma  crépitant. 

7.  — sa  vdyiun  indrarn  arvinà  \ sâkam  mùdena  gachati  \ 
râpa  yô  asya  dhârmabhih 

Celui  (que  voilà)  va  au  moyen  de  la  boisson  dans  le 

1.  Berg.,  Rai.  céd.,  I,  185  : « Le  mythe  (du  soma  chantre)  trouve  uu  point 
d’appui  dans  le  fait  matériel  du  son  que  rend  le  soma  en  coulant  par  le 
tamis,  pour  ne  rien  dire  du  bruit  qui  l'accompagne  dans  le  ciel  sous  forme 
d’éclair.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


G5 


vent,  dans  l’Ardent,  dans  les  deux  cavaliers,  dans  le  com- 
pagnon (?),  — qu’il  se  délecte  au  moyen  de  ses  supports. 

vâyurn  indram, . — cf.  5,  112  et  3,  vàyuli . . . indvali. 

Hémistiche  1.  — Sens  général,  cf.  2,  1 ' , indrain  indo...  vira  : le 
soma  liquide  s’unit  au  soma  igné. 

sa,  — démonstratif  liturgique  (L).  — gachati  madena, — dédou- 
blement verbal  (G). 

dharmabhili,  — cf.  4,  92,  vidharmani,  et  7,  l5,  dharman. 

ranà  yali.  ■ — Combinaison  assez  fréquente  dans  une  même  phrase 
de  la  2e  personne  et  de  la  3e. 

açcinâ.  — « Les  deux  qui  ont  des  chevaux,  » personnifications 
du  soma  obscur  et  du  soma  brillant  réunis. 

sâkam.  — - Je  suis  porté  à voir  dans  ce  mot  un  adj.  subst.  signi- 
fiant « compagnon  »,  plutôt  qu’un  adv.  prép.  ayant  le  sens  d’«  avec  ». 

Berg.,  Rel.véd.,  III.  239  : «Celui  qui  se  conformeaux  dhannann 
de  Soma  est  invité  à se  réjouir.  » 

8.  — â niitrcwdrunà  bhdgam  \ müdhvah  pavanta  ûrmdyah\ 

vidànâ  asya  çdkmabhih 

Les  flots  du  (liquide)  doux  allument  en  les  pénétrant 
l’Ami  et  l’Enveloppeur,  le  Participant,  — qu’ils  trouvent 
grâce  â ses  forces  (celles  du  Doux). 

Hémistiche  1.  — Le  soma  s’allume  en  pénétrant  le  feu  sacré 
désigné  sous  le  nom  du  couple  Mitra  (et)  Varuna  (l’Ami  = le  soma 
et  l'En veloppeur  = le  feu  , et  sous  celui  de  bhaga  « le  Participant  (à 
l’oblation)  » (D). 

pâda  1.  — Cf.  2,  92,  madhvah  pavasva  dhârayâ. 

vidânâp.  — Cf.  7,  l3,  vidànâ  asya  yojanam. 

asya  çahmabhili.  — Cf.  vs  précédent,  asya  dharmabhili.  Les 
deux  formules  sont  équivalentes. 

Lud.  traduit  : « Apportez- nous  avec  vos  clarifications  Mitra  et 
Varuna  et  Bhaga.  » 

9.  — * asmâbhyam  rodasi  ray  Un  | mâdhvo  oâjasya  scltâye  \ 

çrdvo  vüsüni  sdm  jitam 

O (vous)  les  deux  rouges,  conquérez  pour  nous  la  richesse 


3 


GG 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


l)oui'  l’acquisition  de  la  (liqueur)  douce  qui  est  le  réconfort, 
— (conquérez)  la  voix  (et)  les  bonnes  (choses). 

asmabhyam.  — Cf.  2,  9';  — « pour  nous  »,  c’est-à-dirc  pour  que 
nous  atteignions  notre  but,  et  cf.  4, 10,  ràyim  imh  . . . â bhara. 

rodant.  — Le  couple  formé  par  le  soma  obscur  et  le  soma  igné, 
cf.  7,  7',  açi'inà. 

vàjasya  sütaye.  — Cf.  2,  10\  vajasa.  — Dans  ces  formules, 
l 'acquisition  ou  la  conquête  est  momentanément  personnifiée, 
pâda  3.  — Cf.  4,  1,  jeëi.  . . çraoah. 


HYMNE  VIII 

1.  — été  sômà  abhi  priyûm  | indrasya  kâmam  akèaran  | 
uârd/ianto  asya  viryàm 

Ces  liquides  ont  coulé  vers  l’ Agréable,  vers  le  désir  de 
l’Ardent,  en  accroissant  sa  virilité. 

etc.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

priyam.. . kâmam.  — Dédoublement  verbal  (G)  : le  kâma,  autre 
nom  du  soma.  en  tant  qu'il  est  l'objet  du  désir  de  l’Ardent  (feu 
sacré).  L’explication  de  Sây.  : kâmam  = kâmyam...  rasam,  ap- 
proche de  la  véritable.  — Pour  le  tour,  cf.  6,  6,  rasam  . . . sam 
srja , ou  bien  6,  3.  ablii...  madam...  arsa. 

pâda  3.  — Cf.  4,  9b  tram. . . atnordhan. 

rïryam.  — Littér.  ce  qui  est  de  la  nature  du  mâle-soma  ou  du 
héros  (rira)  (E);  c'est-à-dire  soit  le  réconfort,  soit  la  force.  — Berg., 
Bel.  véd.,  II,  250,  « la  force  ». 

2.  — punânàsah  camûsàdo  | gâchanto  vàyiim  açvind  | 
té  no  dhântu  sumriyam 

Que  les  allumés  qui  résident  dans  les  coupes  (et)  qui 
vont  au  Vent,  aux  deux  cavaliers,  établissent  notre  (liquide) 
bien  pourvu  de  mâles. 

camüèadah.  — En  tant  que  liquides,  les  somas  sont  censés 
résider  dans  des  coupes  qui  sont  au  point  de  vue  du  soma  pavam. 
une  image  des  flammes  sacrées. 

pâda  2.  — Cf.  7,  7 : savâyum...  dçoinâ  gdchcttii 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


6? 


te.  — Démonstratif  liturgique (L.). 

clhàntu.  — Idée  d’établir,  de  mettre  debout,  de  manifester,  comme 
à 6,  9:l,  dadliise  girah  ; cf.  aussi  3,  6\  — Sây.  approche  du  vrai  en 
donnant  dliântu  comme  l’équivalent  de  dhàrayantu. 

swnriyam.  — « Ce  qui  est  bien  pourvu  de  vïrya  » ; voir  la  note 
sur  vîryam  au  vs  précédent. 

3.  — indrasya  soma  râdhase  [ punânô  hardi  codaya  | 
rtcisya  yônim  àscidam 

O liquide,  mets-toi  en  mouvement  en  t’allumant  pour  le 
Don,  pour  entrer  dans  le  cœur  de  l’Ardent,  pour  prendre 
résidence  dans  la  matrice  du  versé. 

râdhase...  codaya.  — Cf.  1,  33,  parsi  râdho  maghonâm. 

liârdi.  ■ — Cf.  60,  33,  indrasya  liardy  âoiçan.  — Le  cœur  est 
considéré  ici  comme  une  enveloppe  interne  remplissant  les  fonctions 
de  l’estomac.  — L’expression  indrasya  hardi  est  synonyme  de 
rtasya  yonim  au  pada  suivant;  elle  équivaut  d’ailleurs  à paoitre, 
àvyo  rare,  etc. , et  figure  les  flammes  qui  boivent  ou  enveloppent 
le  soma  liquide.  Remarquons  de  plus  que  l’emploi  de  cette 
expression  est  un  témoin  précieux  des  transitions  par  lesquelles  la 
personnification  d’Indra,  ébauchée  par  elle,  s’est  acheminée  de  plus 
en  plus  vers  l’anthropomorphisme. 

rtasya  yonim.  — Cf.  7,  l1 2,  dharmann  rtasya. 

yonim  âsadam.  — Cf.  2,  23,  à yonim...  sadali.  — Cf.  aussi  3, 

1 ahlü  dronâny  âsadam. 

4.  — rhrjcinti  tvci  ddça  kstpo  \ hinvânti  saptâ  dhïtdyah  \ 
à n u viprd  amàdièuh 

Les  dix  lanceurs  (?)  te  rendent  brillant,  les  sept  prières  te  . 
poussent  (en  avant);  les  actifs  se  sont  mouillés  à ta  suite. 

daça  ksipaJi.  — Les  feux  sacrés  comparés  aux  dix  doigts  qui 
frottent  les  libations  et  les  lanoent  (sens  du  rad.  ksip)  ainsi  en  les 
rendant  brillantes,  en  les  allumant,  — Cf.  1,  7%  à gpblinanti  yosano 
dura,  et  6,  52,  mrjanti  yosano  daça'. 

1.  Bsrg.,  Ral.  oéd.,  Il  : 26.  « Le  Soma  est  excité  par  les  prières.  » — 

11,29  : « Ce  mot  (ksip)  nous  a paru  avoir  proprement  le  sens  de  flèche.» 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


68 

pada2.  — Les  flammes  crépitantes  désignées  métaphoriquement 
sous  le  nom  de  prières  poussent,  développent  les  libations.  — 
Cf.  1,  8',  tam  ïm  hinvanty  agruvah.  — Sur  l’origine  de  l’emploi 
du  nombre  sept  dans  les  formules  védiques,  voir  mes  Éludes 
védiques , p.  15. 

vipràh.—  « Les  agités,  » nom  métaphorique  des  somas  pavam.  Ce 
n est  qu’à  l’époque  brâhmanique  que  ce  mot  a pris  le  sens  de  prêtres, 
d'après  les  passages  védiques  où  les  cipras  semblent  accomplir  des 
fonctions  liturgiques.  Il  en  est  de  même  de  hotar  et  de  tous  les 
termes  d’origine  védique  qui  s’appliquent  au  sacerdoce  dans  la 
langue  brâhmanique.  Cf.  8,  6’,  ciprair  (abhistutah). 

5.  — devébhyas  tvd  mâdâxja  kâm  | srjânâm  <iti  mesyàh  | 
sam  gobhir  vâsayâmasi 

Toi  qui  coules  pour  la  boisson  (destinée)  aux  Célestes,  au 
delà  (des  toisons)  des  brebis,  nous  t’enveloppons  avec  (le  lait 
des)  vaches. 

deveblujalj ...  madàya...  srjânam.  — Même  construction  et  même 
sens  intime  que  1,  1',  indràya  pâlave...  sutah;  cf.  aussi  3,  98, 
devebhyali  sutah . 

kam.  — Sây.  udakam;  j’y  vois  plutôt  l’équivalent  pur  et  simple 
du  démonstratif  tam;  cf.  45, 1. 

ali  mesgali.  — Cf.  6,  l3,  avgo  oâreëu,  7,  6',  avgo  vâre. 

gobliir  vâsayâmasi.  — Cf.  6,6,  tam  gobldJi...  madàya...  sutam, 
et  2,  4%  yod  gobhir  vâsayisyase. 

6.  — punântih  kalciçesv  à \ vâstrâgy  civusô  hcirih  | 
pari  gduyâny  avyata 

L’allumé,  le  rouge,  le  doré  en  allant  dans  les  coupes  s’est 
enveloppé  des  vêtements  qui  viennent  des  vaches  (il  les  a 
revêtus). 

kalaçesu.  — Cf.  8,  2',  camûëadah,  même  explication. 

vastrâni...  pari  gavyâny  avyata.  — Cf.  2,  43,  y ad  gobhir  vâsayi- 
syase,  et  au  vs  précédent  gobhir  vâsayâmasi.  — Liquides  ou  ignés, 
les  somas  provie'nnent  du  lait  des  vaches-libations,  et  tout  prouve 
qu’il  n’y  a pas  à distinguer  ce  lait  du  soma  proprement  dit- 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


69 


aruso  hardi. — L’application  de  ces  deux  épithètes  au  soma  pavarn. 
montre  qu’il  ne  s’agit  pas  de  désigner  des  couleurs  distinctes  et 
bien  déterminées  : l’une  et  l’autre  doivent  s’entendre  au  sens  de 
brillant. 

7.  — maghônci  à pauasva  no  j jahi  viçvcl  âpa  dvîsah  | 
indo  sâkliâyam  à vira 

O brillant,  allume  nos  donateurs,  écarte  tous  les  ennemis, 
pénètre  l’ami. 

pâda  1.  — Cf.  1,  3%  parsi  râdho  magJtonâm;  même  explication 
pour  maghavant,  « les  donateurs  = les  dons  qui  viennent  de  nous, 
de  nos  oblations  ».  — Lud.  : « au  moyen  de  ta  clarification,  fais  de 
nous  des  maghivants.  » — Cf.  6,  9 \ punüna...  madam.  — Pour 
l’emploi  du  rad.  pü  avec  un  régime  à l’accusatif  ; cf.  aussi  4,  41, 
punïtana  somam. 

pâda  2.  — Cf.  4,  3 i,  apa  soma  mrdlio  jahi,  d’où  l’indication  de 
l’identité  du  sens  de  dois  et  de  mrdli , désignations  fréquentes  de 
l’obstacle  personnifié. 

pâda  3.  — Cf.  2,  l3,  indram  indo  vpsâviça.  On  peut  inférer  de  ces 
formules  qu’Indra  est  l’ami  du  soma  et,  qu’en  général,  l’ami  ou  les 
amis  d’Indra  sont  des  personnifications  du  ou  des  somas.  Cf.  Berg., 
Rel.  véd.,  II,  245  et  263. 

8.  — vrstiin  divàh  pari  srava  | dyumncim  prthivyci  cïdhi  | 
s à ho  nah  sôma  pris  à dhâh 

Fais  couler  la  pluie  du  ciel  qui  est  autour1;  fais  couler  la 
lumière  de  la  large  (terre-libation)  qui  est  au-dessus2;  ô 
liquide,  établis  la  force  dans  nos  guerriers. 

vrstirn  dioah.  — Dédoublement  verbal;  le  soma  est  appelé  opsti 
« la  pluie  du  ciel  (feu)  » : elle  lui  appartient.  Le  soma  en  coulant 
la  fait  couler. 

dyumnam  prlhioyàli.  — Dédoublement  correspondant;  le  soma 
pavam.  ou  le  feu  sacré  appelé  dijamna,  « le  brillant  »,  est  la 

1.  Ou  « fais-la  couler  autour  ». 

2.  Ou  « fais-la  couler  au-dessus  ». 


70 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


lumière  de  la  terre  à laquelle  la  libation  est  comparée.  — Le  sens 
général  de  l’hémistiche  est  que  le  soma  liquide  vient  s’unir  en 
coulant  au  soma  igné.  D’ailleurs,  allusions  paradoxales  et  anti- 
thétiques dans  l’expression  dyumnam  prthivyàli ; c’est  le  ciel  qui 
devrait  briller  et  non  la  terre. 
pàda3.  — Cf.  8,  23  te  no  dhâniu  suoïryam. 
sahali.  — « Le  réconfort.  » — Lud.  « la  victoire  ».  — Berg.,  Rel. 
véd.,  1,  150  : « Donne-nous,  ô soma,  la  force  dans  les  combats.  » 
prtsu.  — prt  (cf.  sprdh  « lutte  » et  comme  radical  verbal 
« lutter  »),  « celui  ou  ce  qui  lutte  »,  « combat»,  — désignation  méta- 
phorique des  libations  considérées  comme  en  lutte  avec  les  obstacles. 
— Le  soma  établit  « la  force  »,  dans  les  guerriers,  c’est-à-dire 
s’installe  en  eux  en  tant  que  fort  ou  réconfort.  Série  de  dédouble- 
ments (G). 

9.  — nrcciksasam  tod  vayâm  | indrapitani  suaruidam  \ 
bhaksîmâhi  prajâm  isam 

Puissions-nous  t’obtenir  en  partage  (sous  la  forme  de  soma 
pavant. ),  toi  qui  brilles  à l’aide  des  hommes,  qui  es  bu  par 
l’ Ardent,  qui  trouves  le  soleil  (feu  sacré),  — toi,  progéniture 
(et)  réconfort! 

nrcakëasam.  — Cf.  5,  7',  — même  explication. 
indrapîtam.  — Cf.  1,  l3,  indràya  patate  sutali- 
soarcidam.  — Cf.  4,  2’,  sanà  jyotili  sanâ  svah.  — Le  rappro- 
chement de  jyotili  et  de  svah  indique  que  « soleil  » doit  être  pris 
ici  dans  le  sens  de  « lumière,  éclat,  flamme,  feu  ». 

prajâm.  — La  progéniture  ignée  du  soma  liquide;  — cf.  5,  9S, 
prajâpatili  • 

prajâm  isam.  — Cf.  3, 10*,  janayarm  isalu  — 11  est  évident  que 
les  mois  prajâm  iëam  sont  construits  en  apposition  avec  tvâ.  — 
Lud  : « Puissions-nous  jouir  de  toi  et  (en  même  temps)  d’enfants 
et  de  nourriture!  » 


HYMNE  IX 

1.  — pàvi  priyd  divü/i  kavir  | vâyâmsi  naptyôv  liitcih  \ 
suvânô  yâti  kavikratuh 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


71 


Le  sage,  qui  édifie  au  moyen  du  sage,  placé  dans  (ses) 
deux  filles,  se  dirige  en  coulant  vers  les  agréables  réconforts 
du  ciel  (-feu). 

kavih.  — Cf.  7,  4’,  — même  explication. 

priyâ  divah.  — Les  (réconforts)  agréables  destinés  au  ciel(-feu) 
et  par  conséquent  siens.  — • Cf.  8,  1,  priyam  indra'sya  kâmam. 

naptyoh.  ■ — Berg.,  Rel.  véd.,  II,  29,  note  : « Les  deux  filles 
représentent  sans  doute  les  deux  mains  du  sacrificateur,  » — enten- 
dons du  soma  personnifié. 

vayâmsi...  suvàno  yâti. — cf.  VI,  3:  abhi  madain  suvâno  arsa 
abhi  vâjam.  — Ce  rapprochement  montre  le  défaut  de  la  traduction 
de  Lud.  : « Le  sage  fait  venir  à nous  la  force  vitale...  » 

kavikratuh. — - Cf.  2,  33,  sukratuli  : le  soma  pavam.  développe  ses 
flammes  à l’aide  du  soma  liquide.  — Lud.  : « Celui  qui  possède 
un  esprit  sage.  » 

2.  — prct  pra  hsciyâya  pcinyase  \ jctnâya  jûsto  adrûlie  j 
vit  y àrsa  cdnisthayâ 

Toi  qui  es  savouré  pour  (établir)  la  demeure  très 
bruyante  (?),  pour  (établir)  la  postérité  que  rien  n’opprime, 
coule  (à  flots)  réitérés  au  moyen  du  régal  très  agréable. 

Hémistiche  1.  — Le  soma  liquide  goûté  par  le  soma  igné  est 
destiné  à produire  la  résidence  bruyante  des  flammes  crépitantes, 
ou  une  génération  que  n’opprime  plus  l’obstacle. 

adruhe.  — Cf.  3,  8%  asprtah  (pavamanali)  ; 3,  2',  adâbhyah. 

janâya  — Lud.  : « Cher  aux  gens  non  fourbes,  » alors  qu’il  tra- 
duit le  datif  parallèle  (. ksayâya ):  « zu  wonen  (ftiesze),»  — sûr  indice 
d’erreur. — Berg.,  Rel.  véd.,  III,  199,  adruh,  — « non  trompeur  ». 

pâda  3.  — Cf.  6,  9,  punâna...  madistha  vïtaye.  — Dédouble- 
ment (G.). 

3.  — sa  sünûr  mâtârâ  çucir  | jcltô  jâtê  arocayat  \ 
mahân  mahi  rtâvrdhâ 

Ce  fils  clair  a fait  briller  ses  deux  mères,  le  (nouveau)-né 
(a  fait  briller)  les  deux  (nouvellement)  nées,  — le  grand  (a  fait 
briller)  les  deux  grandes  qui  croissent  par  le  (liquide)  versé. 


72 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


sa.  — Démonstratif  liturgique. 

màtarâ.  — « Les  deux  mères  » de  l’enfant  soma  pavam.  sont  les 
libations  obscures  et  lumineuses  désignées  au  vs  5,  0'  sous  le  nom 
métaphorique  de  la  nuit  et  de  l’aurore  ( naktosüsü)-,  — elles  sont 
ses  mères  parce  qu’elles  le  précédent  et  le  produisent,  tandis  que  lui, 
de  son  côté,  les  allume  ou  les  fait  briller.  — D’après  Sày.,  il  faut 
entendre  le  couple  du  ciel  et  de  la  terre  (dtjâoâprlhicï),  métapho- 
riquement identique  d’ailleurs  au  couple  de  la  nuit  et  de  l’aurore. 

jàto  jâte. — Les  phénomènes  dont  il  vient  d’être  question  n'ont 
lieu  que  quand  le  soma  pavam.  et  ses  deux  mères  sont  nés  ou 
manifestés. 

mahân  mahl.  — Cf.  5,  6,  mahï. . . naktosàsâ , et  2,  4,  mahântam 
toà  maliîr  anu . ...arsanti.  - « Grand,  » c’est-à-dire  « haut  », 
comme  toujours. 

rtâcrdhà.  — Cf.  4,  9'  : jjajnair  aoïordhan.  — Berg.,  Rel.  ccd., 
111,  226  : « qui  croît  selon  la  loi.  » 

4.  — sci  saptd  dhitibhir  hitô  | nadyô  ajinvad  adrûhah  | 
y à ékam  (de  si  vâvrdhûh 

Celui-là,  établi  par  les  sept  prières,  a mis  en  mouvement 
les  rivières  non  opprimées  cjui  ont  fait  croître  l’œil  unique. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

sapia  dhltibhih.  — Cf.  8,  4%  sapta  dhitayali.  — Ce  sont  les 
flammes  crépitantes  qui  établissent  le  soma  pavamâna. 

nadyo  ajinvat.  — Le  soma  igné  met  en  mouvement,  au  moyen  de 
ses  flammes,  le  soma  liquide  désigné  métaphoriquement  sous  le 
nom  de  rivière.  Cf.  2,  4%  sindhaoali . 

adruhah.  — Cf.  9,  22,  adrulie;  — non  pas  « celles  qui  n'op- 
priment pas  »,  mais  « celles  qui  n’ont  pas  d’oppression  (qui  les 
opprime)  ». 

ekam  aksi.  — ekam  « un  »,  par  antithèse  avec  sapta;  il  s'agit 
du  soma  pavam.  comparé  à un  œil  lumineux,  éclairé,  voyant,  que 
les  libations  développent;  cf.  au  vs  précédent  rtâvrdhà.  — Berg., 
Rel.  véd.,  Il,  3 : « Les  rivières  qui  ont  accru  l’œil  unique  ne 
peuvent  être  que  les  eaux  du  ciel  considérées  comme  les  nourrices 
du  soleil.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


73 


5. — ta  ab ht  sclntam  âstrtam  \ mahé  yûvânam  âdadhuh  | 
indum  Indra  tdva  vraté 

Celles-ci  ont  établi  pour  le  grand,  vis-à-vis  d’elles,  unjeune 
qui  se  manifeste,  qui  n’est  pas  écarté;  — (elles  ont  établi), 
ô Ardent,  le  brillant  dans  l’objet  de  ton  désir. 

tàh.  — Démonstratif  liturgique;  — « ces  (rivières-somas)  » dont 
il  a été  question  au  vs  précédent. 

santam.  — Le  soma  pavam.  « présent  »,  et  non  absent  comme 
quandle  sacrifice  n’a  pas  lieu.  — Lud.,  très  arbitrairement,  cons- 
truit ablii  avec  santam  et  traduit  « qui  est  au-dessus  de  tout  ». 

astrtam.—  Littér.  : « non  écarté,  non  éloigné,  » — par  conséquent 
« proche,  présent,  voisin  ». 

malie.  — « Pour  le  grand  (soma)  ».  Cf.  9,  3%  maliân.  — Ici  dédou- 
blement verbal  (G). — Lud.,  très  arbitrairement,  « zu  herrlichkeit  ». 

yuoânam.  — Cf.  9,  3',  sûnu/i.  — Le  soma  igné  est  le  jeune  (ou 
le  fils),  eu  égard  au  soma  liquide. 

à dadhuli.  — Cf.  8,  8%  dhàli,  et  8,  2:!,  dliàntu. 
vraie.  • — Littér.  : « ce  qui  est  choisi,  » d’où  le  sens  postérieur 
de-«  vœu  ».  — Berg.,  Rel.  véd-,  III,  246  : « C’est  sous  le  vrata 
d’Indra  que  les  prières  ont  réjoui  Soma.  » 

6.  — abhi  vâhnir  âmartyah  \ saptd  paçyati  vâvahih  | 
krivir  devir  atarpayat 

Le  porteur  non  mort,  l’actif,  celui  qui  s’applique  à porter 
(l’oblation),  voit  les  sept  (rivières);  le  réservoir  (?)  a nourri 
les  Célestes. 

vahnili.  — Le  soma  liquide  considéré  comme  porteur  de  la 
libation,  — comme  vâvahih,  (cf.  4,  82,  sâsahih)  au  pâda  suivant. 
amarlyah.  — Cf.  3,  1',  esa  devo  amartyali. 
sapta  paçyati.  — Le  soma  liquide  voit  les  somas  ignés,  puisqu’il 
leur  a donné  naissance.  — Cf.  4,  62,  paçyema  süryam , et  8,  92, 
svaroidam.  — Cf.  l’œil  unique  du  vs  43. 

kricih.  — Le  sens  propre  est  très  incertain.  — Berg.,  Rel.  véd., 
I,  164,  « réservoir»,  et  II,  441,  « outre  » ou  « source  ».  Méta- 
phore qui  désigne  sûrement  le  soma  liquide. 


•y  a 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


devïr  atarpayat.  — Le  soma  liquide  nourrit  les  libations  allu- 
mées ou  le  soma  pavamana. 

7.  — cwâ  kâlpesu  nah  pumas  | tcimâmsi  soma  yôdhyâ  \ 

tâni  punâna  janglianah 

O homme,  régale-nous  dans  nos  œuvres,  — ô liqueur,  ô toi 
qui  t’allumes,  — en  détruisant  ces  obscurités  qu’il  faut  com- 
battre. 

kalpesu.  — Dans  les  œuvres  des  sacrificateurs  identifiés  avec 
les  libations;  ces  œuvres  sont  les  flammes  sacrées  que  le  soma  est 
prié  de  nourrir. 

pumas. — Désignation  métaphorique  importante  du  somapavam. 
elle  indique  ici  clairement  que  le  mot  nr,  « homme  »,  et  ses  syno- 
nymes si  fréquents  dans  les  textes  védiques  ont  la  même  valeur. 

pâdas  2 et  3.  — Puisque  le  soma  punâna  détruit  l’obscurité, 
c’est  qu’il  est  allumé,  éclairé,  lumineux,  autrement  dit  converti 
en  flammes.  — Pour  Sày.,  les  ténèbres  sont  les  raksas,  mais 
ténèbres  et  raksas  sont  les  désignations  figurées  et  équivalentes  de 
l’absence  des  flammes  sacrées. 

8.  — nu  nâuyase  nâvlyase  | süktâya  sâdhayâ  pathâh  | 

pratnavdd  rocayâ  rûcali 

Créé  un  passage  à un  chant  nouveau  et  réitéré,  fais  briller 
ce  qui  est  pourvu  de  l’ancien,  — les  brillantes. 

navyase  süktâya.  — « Au  nouveau  chant  » = à la  libation  cré- 
pitante qui  est  récente,  eu  égard  à la  libation  non  crépitante  qui  la 
précède.  — Cf.  5,  9%  puroyâoânam;  9,  5%  yuvànam. 

sâdhayâ  pathali.  — Cf.  2,  82,  lokakrtnum. 

pratnaoat.  — Adj.  pris  substantivement  (F),  en  apposition  à 
rucah,  et  non  pas  adverbe,  selon  l’explication  courante.—  « Ce  qui 
est  pourvu  de  l’ancien  » = soma  liquide; — cf.  3,  9',  pratnena 
janmanà. . . sutah;  6,  8\  pratnam. . . kâvyam. 

rocayâ  rucah.  — Sens  correspondant  à celui  de  tamâmsi. . . 
janglianah  (vers  précédent);  même  conclusion  à tirer  des  deux 
passages. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


75 


9.  — pdvamâna  mcihi  çrâvo  \ gain  âçvam  râsi  vïrdvat  | 
scincl  medhâm  sânâ  svàh 

O allumé,  tu  donnes  la  haute  voix,  la  vache,  le  cheval, 
ce  qui  est  cloué  de  mâles.  Conquiers  la  pensée,  conquiers 
le  soleil(-feu). 

Hémistiche  1.  — Le  soma  allumé  donne,  c’est-à-dire  produit  la 
grande  voix  ou  le  crépitement;  cf.  4,  1,  soma  jesi  ca  pauamàna 
maki  çravali.  — Il  peut  donner  la  vache(-libation),  puisqu’il  est 
y osa  (2,  10'),  — le  cheval  (traîneur  d’offrandes),  puisqu’il  est 
açoasâ  (2,  102),  — le  vïraoat  (cf.  pratnavat  au  vs  précédent)  ou  le 
soma  « pourvu  d’hommes  »,  puisqu’il  est  nrèà  (2,  10');  cf.  aussi 
9,  71,  le  mot  pumas  appliqué  au  soma  pavamàna. 

sanâ  svaJi.  — Cf.  4,  2',  sanâ  soali. 

medhâm. — Cf.  la  qualification  de  kavi  « sage  » donnée  au  soma, 
passim. 

L’explication  de  Berg.,  Rel.  véd.,  Il,  178  sqq.  sur  les  dons  du 
soma  est  un  curieux  exemple  des  difficultés  qu’on  rencontre  en 
considérant  ces  dons  comme  destinés  aux  sacrificateurs. 


HYMNE  X 

1.  — prci  suànâso  râthâ  ivâ  | rvanto  nd  çravasyâvah  | 
sômclso  ragé  akramuh 

Les  liquides  se  sont  avancés  (développés)  pour  la  richesse, 
pareils  à des  chars  bruyants,  pareils  à des  coursiers  désireux 
de  faire  entendre  leur  voix. 

pàda  1.  — Les  somas  pavam.  sont  comparés  à des  chars  bruyants, 
c’est-à-dire  crépitants,  parce  qu’ils  portent  les  libations  dont  ils 
sont  purement  et  simplement  l’un  des  noms  métaphoriques. 

pàda  2.  — Même  explication  que  pour  le  pàda  précédent; 
cf.  6,  2:1,  arvatah.  — Lud.  : « avides  de  gloire,  » — des  coursiers! 

raye.  — Dédoublement  verbal  (G)  : les  somas(-richesses)  se  déve- 
loppent pour  les  (somas)-richesses. 


76 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


2 . — hinvdnâso  râthd  iva  | dadlianviré  gâbhastyoh  | 

bhârâsah  kârindm  iva 

S’élançant  comme  des  chars,  ils  ont  couru  (pour  venir) 
dans  les  deux  mains,  jouant  le  rôle  de  supports  des  chanteurs. 

pâda  1.  — Cf.  le  pâda  1 du  vers  précédent. 

rjabhastyoh.  — Les  somas  viennent  s’unir  aux  flammes  com- 
parées à des  mains  qui  les  saisissent.  — Berg.,  Rcl.  véd.,  1,  224 
(en  faussant  la  valeur  du  locatif)  : « les  doigts  des  deux  mains  entre 
lesquelles  le  soma  court  comme  un  char.  » 

pâda  3.  — Les  somas  liquides  soutiennent  les  somas  pavam. 
chanteurs  ou  crépitants. 

3.  — rajdno  nà  prâçastibhili  | sômdso  gôbhir  anjate  j 

yajüô  nà  saptâ  dhdtrbhili 

Pareils  à des  rois,  les  liquides  sont  oints  par  les  éloges 
(crépitements),  par  les  vaches  (libations)  ; pareils  à l’oblation 
(ils  sont  oints)  par  les  sept  établisseurs. 

ràjânali.  — Cf.  5,  1%  et  5,  32. 

praçastibhi/i.  — Cf.  2,  8*. 

pâda  2.  — Cf.  5,  10%  sam  angdhi  dhârayà ; 8,  5%  sain  gobhir 
vâsayâmasi.  — Les  somas  proprement  dits  sont  oints  ou  enveloppés 
par  les  (somas-)vaclies  ; — dédoublement  verbal  G). 

pâda  3.  — Aux  sept  établisseurs  sous  forme  de  feux  de  la  libation, 
cf.  le  soma  sapta  dhïtibhir  hitali  (9,  4'  . — Berg.,  Rel.  véd.,  III, 
214  et  232  (en  donnant  un  sens  à peu  près  abstrait  à yajnâh)  : « les 
fondateurs  du  sacrifice.  » 

4.  — pàri  suvdnâsa  indavo  \ mciddya  barhând  girâ  | 

sutâ  arsanti  dhârayâ 

Les  brillants,  coulant  alentour  pour  la  boisson  au  moyen 
du  réconfort,  au  moyen  de  la  voix,  — s’avancent,  coulés 
qu’ils  sont  par  le  courant. 

madâya.  — Comme  à 6,  G%  et  2,  7% 


LÉ  CU  [.TE  VÉDIQUE  DU  SOMA  77 

r/irâ.  — La  voix  = la  libation  crépitante,  — dédoublement 
verbal  (G);  cf.  2,  7',  g iras  ta  indo. 

pâda  3.  — Cf.  7,  4%  vasâno  arsati  ; 1,  1%  pavasva  soma 
dhâragâ.  — Le  rad.  ars  est  employé  quand  le  poète  a en  vue  le 
mouvement  du  soma  liquide,  et  le  rad.  pu  quand  il  s’agit  plutôt 
du  soma  igné. 


5.  — dpanâso  vivâsvato  \jcinanta  usâso  bhagam  | 
sûrci  cinvarn  m tanvate 

Ayant  obtenu  la  part  du  lumineux,  produisant  celle  de 
l’aurore(-flamme),  les  soleils(-feux)  étendent  (agrandissent) 
le  petit  ou  (le  nain). 

vicasvatah.  — Le  lumineux,  l’étincelant,  épithète  du  soma 
pavamâna. 

usaso  bhagam.  — La  part  de  l’aurore  = le  soma  pavam.  que  les 
soleils-feux  (autre  nom  du  soma  pavam.)  procurent  à l’aurore  qui 
n’est  elle-même  qu’une  désignation  métaphorique  avec  dédouble- 
ment verbal  (G)  de  ces  mêmes  somas.  — Lud.  (arbitrairement) 
traduit  bhagam  par  « herrlichkeit  ». 

pâda  3.  — Les  soleils-somas  pavam.  développent,  sous  forme  de 
flammes,  le  nain  ou  le  petit,  à savoir  le  soma  non  développé; 
cf.  9,  5%  yuvànam.  — Lud.  : « Les  brillants  pareils  à des  soleils 
traversent  le  tamis.  » Il  ajoute  cette  remarque  que  les  somas  sont 
appelés  des  soleils,  à cause  de  la  force  avec  laquelle  ils  font  ap- 
paraître le  matin  les  rayons  du  soleil.  — Retenons-en  seulement 
l’admission  très  importante  que  les  mots  qui  désignent  le  soleil 
peuvent  être  appliqués  métaphoriquement  aux  somas  pavamànas.  — 

Explication  analogue  de  Berg.,  Rel.  vëd.,  I,  214  : « Les  somas 
traversant  le  tamis,  qui  paraissent  engendrer  l’aurore,  sont  expres- 
sément appelés  des  soleils.  » 

anvam.  — Cf.  1,7',  anvîh. 

6.  — dpa  clvârcï  matlnâm  \ pratnâ  rnvanti  kcïrâvah  \ 
vrsno  luirasa  âyctvali 

Les  chanteurs  anciens  font  couler  en  les  écartant  les  portes 
des  pensées,  — (eux)  les  actifs,  pour  la  prise  du  taureau. 


78 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pratnâJi...  kâraoaJi.  — Les  chanteurs  anciens  (=les  somas  cré- 
pitants déjà  allumés  introduisent,  font  apparaître  en  enlevant  les 
portes  qui  les  retiennent,  c’est-à-dire  en  les  allumant,  de  nouveaux 
somas  crépitants  désignés  sous  le  nom  de  mati.  — Aux  matin, 
cf.  les  dhïtis,  9,  4’.  — Berg.,  Rel.  véd.,  I,  294,  y voit  bien  gratui- 
tement « les  sept  sacrificateurs  divins  ». 

pada  3.  — Les  somas  pavam.  actifs  ou  ardents  se  mettent  en 
mouvement  pour  la  prise  du  taureau  ou  du  sonna  liquide  (c’est-à- 
dire  pour  le  prendre). 

7.  — samîcinàsa  ascite  | hôtârah  saptâjcïmayah  | 
pacLcim  ékasya  pipratah 

Les  verseurs  (de  l’offrande)  qui  ont  sept  sœurs  ont  pris 
do  concert  la  même  résidence,,  en  remplissant  (ainsi)  la  place 
de  l’unique. 

Hémistiche  1.  — Les  verseurs  ou  sacrificateurs  sont  les  somas 
dont  les  sept  soeurs  procèdent  du  dédoublement  verbal  (G)  ; ils  sont 
réunis  en  un  même  lieu,  l’autel  ou,  mieux  encore,  les  flammes  du 
feu  sacré.  — Cf.  5,  72,  hotârâ. 

pàda  3.  — Ces  mêmes  sacrificateurs  occupent  la  place  de  » l’un  », 
si  au  lieu  de  figurer  au  pluriel  le  sorna  pavam.  sous  la  forme  des 
sept  soeurs,  on  le  considère  au  singulier  comme  unique;  — même 
antithèse  d’arithmétique  verbale  et  métaphorique  au  vs  9,  4,  où  l’œil 
unique  ( ekam  aksi)  est  opposé  aux  sept  dhïtis.  — Sày.,  à juste 
titre  : ekasya  — somasya ; Lud.  — Agni.  — Pour  Berg.,  Rel.  véd., 
II,  145,  les  sept  sœurs  sont  « les  sept  prières  » et  « l’unique  » cor- 
respond à Agni. 

8.  — nâhhà  nàbhim  na  à dade  | câ/isus  vit  surye  scicd  | 
kavér  üpatyam  â duhe 

11  a donné  le  nombril  en  le  plaçant  dans  notre  nombril, 
il  a donné  l’éclat  (ou  l’œil)  (en  le  plaçant)  dans  le  soleil,  au 
moyen  du  compagnon;  il  a trait  la  postérité  du  sage. 

Hémistiche  1.  — 11  (le  soma-sacrificateur)  a donné  un  nombril 
dans  le  nombril,  en  ce  sens  qu’en  s’allumant  il  devient  le  nombril 
ou  le  nourricier  du  soma  pavam.,  lequel  peut  être  considéré  de  son 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


79 


côté  comme  le  nombril  ou  le  nourricier  d’Agni.  Formule  d’ailleurs 
d’apparence  paradoxale  K).  Explication  analogue  pour  l’œil  ou 
l'éclat-soma  placé  dans  le  soleil-soma.  Ici,  le  dédoublement  verbal 
aboutit  également  à une  sorte  de  formule  paradoxale  que  l’auteur 
a signalée  lui-même  au  moyen  de  la  particule  cit  : l’éclat  ou  l’œil 
a été  placé  dans  le  soleil,  quoique  celui-ci  était  déjà  éclatant  ou 
voyant.  Cf.  vers  suivant  pàda3.—  Berg.,  Rel.  véd.,  1, 184,  traduit  : 
« Il  (Soma)  a réuni  notre  nombril  à son  nombril,  et  notre  œil  au 
soleil,  » — locutions  auxquelles  il  attache  inutilement  un  sens 
mystique.  Il  s’agirait,  d’après  lui,  op.  cit.,  I,  p.  211  : « de  l’union 
des  sacrificateurs  terrestres  avec  les  sacrificateurs  célestes,  ancêtres 
ou  dieux.  » 

saeâ.  — Non  pas  préposition,  comme  on  le  croit  généralement, 
mais  instrumental  sing.  de  sac,  « compagnon;  » — cf.  8,  73  sakhâyam 
à viça. 

pàda  3.  — Le  soma  proprement  dit  peut  être  considéré  comme 
la  progéniture  du  (soma)-kavi,  et  en  le  comparant  au  lait,  on  peut 
dire,  par  un  nouveau  dédoublement  verbal,  que  le  soma-sacrifi- 
cateur  le  trait,  c’est-à-dire  le  produit,  le  fait  naître. 

9. — abhi priyâ  divas paddm  \ adlwaryûbliir  gûhâ  hitcun  | 
sur cth  paçyati  ccïksascï 

(Coulant)  vers  les  (mets)  agréables,  vers  le  pied  (ou  la 
demeure)  du  ciel(-feu),  établi  par  les  sacrificateurs  au  moyen 
de  ce  qui  le  cache,  il  voit  au  moyen  de  l’œil  (ou  de  l’éclat)  du 
soleil. 

ablii  priyâ.  — Cf.  8,  1’,  abhi  priyam  ; 2,  3',  priyam  madliu. 
— En  apposition  à priyâ  : divas  padam;  cf.  12,  8'. 

adhvaryubhili . — - A expliquer  comme  hotârah  10,  72;  ce  sont 
les  somas  sacrificateurs  qui  édifient  le  feu  sacré  ou  le  soma  pavam. 

yuhâ.  — En  apposition  à adhvaryubhili.  — S’explique  comme  au 
vs  6,  93  : la  cachette  imaginaire  qui  recèle  le  soma  quand  il  est 
absent,  et  qui  l’abandonne  quand  il  se  manifeste. 

pada  3.  — Cf.  10,  8%  caksuh.  . . sürye. 

Ce  vers,  où  Berg,  reconnaissait  nettement  (Rel.  véd.,  III,  172) 
l’identification  du  soma  et  du  soleil,  démontre,  à côté  de  bien 
d’autres,  le  caractère  métaphorique  du  süra  ou  du  sur  y a (soleil) 


80 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SONIA 


védique,  et  par  conséquent  du  ciel  (dio)  dans  lequel  le  soleil  est 
placé. 

HYMNE  XI 

1.  — ûpàsmai  gâyatà  narah  \ pëvaindndy enclave  | 

ablii  devait  iyaksate 

O hommes,  chantez  pour  cet  allumé,  pour  ce  brillant,  qui 
désire  porter  ses  oblations  aux  Célestes. 

Hémistiche  1.  — Les  hommes  ( naras ),  comme  1 epumân  invoqué 
au  vs  9,  7',  désignent  métaphoriquement  les  somas.  Ils  sont  invités 
à chanter  pour  le  soma  pavam.  (dédoublement  verbal),  c’est-à-dire 
à le  rendre  crépitant.  A l’aide  d’un  nouveau  dédoublement,  le  poète 
le  représente  comme  appliqué  à transmettre  la  libation  aux  (somas  - 
de vas. 

asmai.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

2.  — abhi  te  mâdhunci  peiyô  \ 'tliarvdno  açiçrayuh  | 

devenu  devaya  devayû 

Les  enflammés  t’ont  envoyé  le  lait(-soma)  au  moyen  de  la 
(liqueur)  douce  ; — (ils  ont  envoyé)  le  Céleste,  — ce  qui 
désire  d’être  céleste,  — au  Céleste. 

madhunà  payait.  — Dédoublement  verbal  (G). 

atharvânalt . — Littér.  : ceux  qui  sont  pourvus  de  feu,  épithète 
prise  substantivement  du  soma  pavam.;  Berg.,  Rel.  céd.,  I,  49, 
note,  voit  dans  les  Atharvans  d’ « anciens  sacrificateurs  ». 

devam  devâyù.  — • Comme  déco  devaya  (G,  7'),  cf.  aussi  3,  92, 
devo  devebluyah . 

devaya  [payait).  — Cf.  6,  1%  devayuh  vrsâ). 

3.  — sâ  nah pavasva  çcnn  yâve  \ çcnnjândya  çciin  drvate  | 
çxtrn  rdjann  ôsadhibhyah 

O roi,  toi  que  voilà,  allume  le  bien  (la  bonne  chose)  qui 
vient  de  nous  pour  la  vache,  — le  bien  pour  l’individu,  — le 
bien  pour  le  coursier,  — le  bien  pour  les  plantes  (salutaires). 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMa 


81 


sa.  — Démonstratif  liturgique  Ll. 

çam.  — Nom  métaphorique  de  la  libation,  — Sây.  = sukham. 

r/ave  et  les  autres  datifs  sont  autant  de  désignations  métapho- 
riques fia  plupart  déjà  connues)  de  la  libalion-soma  : le  soma 
pavain.  est  invité  à allumer  le  soma  liquide,  pour  allumer  par  là  le 
soma  désigné  (et  dédoublé  par  des  métaphores  synonymiques.  — 
Le  tout  avec  allusion  au  sens  propre  des  expressions  méta- 
phoriques. 

vâjan.  — Sây.  justement,  « dïpyamânah .,  brillant  »;  cf.  5,  1% 
samiddhah...  vi  râjati;  5,  23,  pavamànah . . . rârajat;  5,  1% 
paoamânali . . . vi  râjati. 

osadhïbhyali.  — Désignation  métaphorique  des  somas  comparés 
à des  plantes  aux  sucs  nourrissants  ou  salutaires. 

4.  — babhrâve  nû  svcitavase  | ’runâya  dioisprçe  \ 
sômâya  gàthâm  arcata 

Allumez  un  chant  pour  le  liquide  brun,  qui  doit  sa  force  à 
ce  qui  est  sien,  rouge,  qui  touche  le  ciel  (-feu). 

Il  faut  très  probablement  sous-entendre  le  vocatif  naralj, 
cf.  11,  V (les  somas-sacrificateurs  sont  censés  s’adresser  au  soma 
offert  en  sacrifice)  et  expliquer  le  rôle  des  mots  au  datif  comme  à 
ce  même  vers. 

babhrave...  arunàya.  — Épithètes  qui  témoignent  qu’il  s’agit 
du  soma  igné,  et  non  du  soma  clarifié  dont  rien  ne  justifierait  la 
couleur  brune  ou  rouge. 

sva-tacase  — sva,  au  sens  nominal,  « le  sien  » — le  soma  liquide 
qui  lui  appartient,  qui  lui  est  destiné. 

gâlham.  — Le  chant  crépitement  — le  soma  crépitant. 

arcata.  — Sur  le  sens  de  la  rac.  arc,  voir  Berg.,  Rel.  véd., 
I,  277,  note. 

5.  — hcïstacyutebhir  âdribhih  | sutcun  sômam  punitana  \ 
mâdhâv  à dhcïvotâ  müdhu 

Allumez  le  liquide  qui  coule  avec  les  pierres,  que  les  mains 
(des  flammes)  mettent  en  mouvement;  amenez  en  coulant  le 
doux  dans  le  doux. 


82 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


Le  sacrificateur  s’adresse  aux  somas. 

pâda  5.  — Les  pierres  à l’aide  desquelles  les  somas  pavam.  sont 
invités  paradoxalement  (K)  à allumer  le  soma  liquide,  sont  celles 
qu'il  a fallu  fendre  pour  le  faire  jaillir  — En  cessant  de  faire 
obstacle  au  soma  emprisonné,  les  pierres  sont  entraînées  avec  le 
soma  en  liberté,  et  elles  s'identifient  à lui.  — Cf.  l’emploi 
analogue  du  mot  < jului  (10,  9!).  — Les  pierres-somas  sont  mises  en 
mouvement  par  les  mains  de  flammes  du  feu  sacré  (qui  les 
saisissent). 

pâda  2.  — Cf.  4,  4’,  pacUârali  pu.nii.ana  somam. 

pâda  3.  — Le  soma  igné  est  invité  à s’unir  au  soma  liquide. 


6.  — nàmaséd  upa  sidata  | dadhnéd  abhi  çrinitana  | 

indu'rn  indre  dadhcitana 

Faites-le  asseoir  au  moyen  de  ce  qui  rend  hommage  ; 
faites-le  cuire  au  moyen  du  lait  caillé;  établissez  le  brillant 
dans  l’Ardent. 

Comme  au  vers  précédent,  le  sacrificateur  s’adresse  aux  somas 
pavamànas. 

namasâ.  — Proprement  « au  moyen  de  l’hommage  ».  — Dési- 
gnation métaphorique  du  soma  en  tant  qu’il  rend  hommage  aux 
devas  et  célèbre  le  sacrifice  par  ses  crépitements. 

sidata.  — Faites-le  asseoir,  sous-entendu  dans  la  résidence  du 
feu  sacré. 

dadhtiâ.  — Désignation  métaphorique  du  soma  en  tant  que 
nourrissant  et  agréable  ; cf.  payait,  etc. 

7.  — amitvahà  vicarsani  h | pdvasva  soma  çdan  gcwe  | 

devébhyo  anukâmahft 

O liquide,  toi  qui  tues  l’ennemi,  (toi  qui  es)  actif,  allume 
le  bien  pour  la  vache,  — toi  qui  produis  pour  les  Célestes  ce 
qui  est  conforme  à leur  désir. 

pâda  1.  — Cf.  1,  2',  vaksohâ  viçcacarsanili,  — même  expli- 
cation. 

pâda  2.  — Cf.  11,  3’,  pacasva  çam  gave>  — même  explication. 


LË  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


83 


pâda  3.  — Le  soma  pavam.  fournit  aux  Célestes  (clevas)  l’objet 
de  leurs  désirs,  à savoir  le  soma  pavam.  même. 

8.  — indràya  soma  pâtave  \ màdâya  pari  sicyase  | 
manaçcin  münasah  pâtih 

O liquide,  tu  es  répandu  alentour  pour  la  boisson  (destinée) 
à l’ Ardent,  toi  qui  brilles  au  moyen  de  la  pensée,  toi  qui  es 
le  maître  de  la  pensée. 

pâda  1.  — Cf.  1,  l3,  indràya  pâtave  sutali , — même  explication. 

pâda  2.  — Cf.  10,  4 : pari  suoânâsa  indavo  madâya,..  sutâ 
arsanti. 

pâda  3.  — Le  soma  pavam.  possède  le  soma  crépitant  désigné 
métaphoriquement  sous  le  nom  de  manas  « pensée  »,  — le  soma 
crépitant  est  pensée,  puisqu’il  est  parole  ou  voix. 

9.  — pcivamâna  suviryam  | rayon  soma  rirlhi  nah  | 
indav  indrena  no  yujâ 

O allumé,  donne  (le  liquide)  qui  est  bien  pourvu  de  mâles, 
(donne)-nous,  ô liquide,  la  richesse;  (donne-la),  ô brillant, 
au  moyen  de  l’Ardent,  au  moyen  de  celui  qui  nous  attelle. 

suviryam.  — Cf.  8,  2%  te  no  dhâniu  suviryam.  — suviryam. . . 
rirlhi,  — cf.  9,  92,  râsi  vlravat. 

pâda  2.  — Cf.  4,  10,  rayon  nah. . . indo. . . à bhara , — même 
explication. 

yuja.  — Apposition  à indrena ; — cf.  sacâ,  10,  82,  même  rôle 
grammatical  et  significatif. 


HYMNE  XII 

1.  — - sômd  asrgram  indauah  [ sutâ  rtasya  sàdane  \ 
indràya  mâdhumattamâh 

Les  liquides,  les  brillants  (ont)  coulé  dans  la  résidence 
du  versé  pour  l’Ardent,  eux  les  très  doux. 

Hémistiche  1 . — Cf.  7, 1,  asrgram  indavah  -.  . . dharmann  rtasya , 


84 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


— formules  qui  se  correspondent  et  dont  le  sens  intime  est  le  même. 

— La  résidence  en  question  n’est  autre  que  celle  dont  Indra  lui- 
même  est  la  personnification,  à savoir  le  feu  sacré. 

pâda  3.  — Cf.  1,1,  svüdisthayâ. . . indràyâ  sutah 

2.  — ablû  viprd  anüsata  | gdeo  vatsâra  nà  mâtûrak  | 
indrain  sômasya  pitaye 

Les  agités  ont  crié  vers  l’Ardent,  pour  la  boisson  (pour 
qu’il  boive)  comme  les  vaches  (qui  sont)  mères,  vers  leur 
veau. 

viprâli.  — Les  somas  pavam.  ardents  et  crépitants,  — cf.  3,  G1, 
eëa  ciprair  abhistutali . . . devait. 

pâda  2.  — La  comparaison  serait  peu  exacte  si  les  vipras 
n’étaient  pas  les  somas  nourriciers  dont  Indra  (l’Ardent)  est  le  veau. 

pâda  3.  — Cf.  11,  8’,  indràyâ  soma  patate. 

Berg.,  Rel.  véd-,  II,  250,  remarque  à propos  de  ce  vers  que  « les 
somas,  quoique  essentiellement  mâles,  sont,  en  tant  qu’offrandes, 
comparés  à des  vaches  ».  La  réalité  est  que  les  somas-li bâtions 
sont  mâles  quand  on  les  compare  à des  mâles,  et  femelles  quand 
des  femelles  les  personnifient. 


3.  — madacyût  kseti  sâdane  | sindhor  urmà  vipaçcit  | 
sômo  gauri  üdhi  çritâh 

Celui  qui  coule  au  moyen  de  la  boisson  habite  dans  la 
résidence;  celui,  qui  à l’éclat  de  l’agité  (habite)  dans  le  Ilot 
de  la  rivière;  le  liquide  est  venu  se  placer  au-dessus,  dans 
les  deux  (vaches)  blondes. 

Double  série  de  désignations  métaphoriques  du  soma  qui  se 
résument  dans  la  tautologie;  le  soma  ( madacyût , vipaçcit,  soma 
est  dans  le  soma  pavam.  (sadâne,  ürmâ,  gauri ) (G).  Remarquer 
l’antithèse  paradoxale  (K)  de  madacyût , vipaçcit,  qui  impliquent 
des  idées  de  mouvement,  et  de  kseti  qui  implique  le  repos. 
sâdane ■ — Cf.  12  1%  — remarque  analogue. 
gauri.  — Pour  ce  couple,  cf.  les  mâlârâ  du  vs  9,  3’. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


85 


4.  — dt'vô  nâbhâ  vicaksanô  \ ’vyo  vâre  malilyate  \ 
sômo  ycih  sukrâtuh  kamh 

L’étincelant  qui  est  dans  le  cordon  ombilical  du  ciel(-feu)., 
dans  la  toison  de  la  brebis,  est  grandi,  lui  qui  est  le  liquide 
bon  édificateur,  le  sage. 

pâda  I.  — Le  soma  pavam.  est  pour  ainsi  dire  dans  le  lien  filial 
qui  le  rattache,  sous  la  désignation  de  ciel,  au  soma  liquide  dont 
il  est  issu.  — Cf.  10,  8',  nâbhâ  nàbhim...  â dacle.  — L’épithète 
vicciksana  ne  peut  convenir  au  soma  qu’en  le  supposant  enflammé. 
— Lud.  fait  de  nâbhâ  un  nominatif  sing.  ! 

avyo  vâre.  — Cf.  6,  l3,  avyo  vâresu,  — même  explication. 

mahïyate.  — Cf.  l’épithète  mahàn,  passim,  et  10,  5%  sürà 
anvam  vi  tanvate.  — Berg.,  Rel.  véd.,  I,  200,  traduit  malilyate 
par  « il  se  réjouit  »,  en  dépit  de  l’évidence  de  l’étymologie. 

sukrâtuh.  — Cf.  2,  3',  sukrâtuh,  — • même  explication.  — 
Cf.  aussi  9,  l3,  küvikraluh . 

5.  — ycih  sôinah  kcddçeèv  An  I antâh  pavitra  âhitah  | 
tdm  tnduhpàri  sasvaje 

Ce  liquide  qui  a été  placé  dans  les  coupes,  au  dedans  de 
l’allumeur,  le  brillant  l’enveloppe  (ou  l’embrasse). 

pâda  1.  — Le  soma  pavam.  est  considéré  comme  versé  dans  des 
coupes  de  flammes  où  le  feu  sacré  vient  le  boire. 

pavitre.  — Cf.  6,  3%  pavitra  â.  ■ — Autre  nom  pour  l’objet  déjà 
désigné  par  le  mot  kalaçesu  auquel  il  est  apposé. 

pâda  3.  — Le  soma  igné  (indu)  s’empare  du  soma  liquide.  — 
Lud.  traduit  indu  par  « la  lune  ».  Pourquoi? 

Ce  vers,  d’après  Berg.,  Rel.  véd.,  I,  220,  « oppose  l’un  à l’autre 
deux  somas  dont  l’un  coule  à travers  le  tamis  dans  la  cuve,  et 
dont  l’autre  « embrasse  » le  premier.  Cet  autre  serait  le  soma 
céleste»...  — Cette  explication  mise  en  regard  de  la  mienne 
montre  clairement  la  différence  générale  des  deux  interprétations. 

6.  — prâ  vâcarn  indur  isyati  | samudràsyâdlii  vistcipi  \ 
jinvcin  kôçam  madhuçcûtam 


86 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Le  brillant  fait  parvenir  la  voix  au-dessus,  dans  le  support 
de  la  mer,  en  agitant  le  vase  d'où  coule  la  (liqueur)  douce. 

pàda  1.  — Le  soma  pavam.  dédoublé  met  en  mouvement  le 
soma  pavam.  considéré  comme  crépitant,  ou  la  voix.  — Pour 
Berg.,  Rel.  véd.,  II,  33:  « La  parole  qu’excite  ici  le  soma... 
représente  le  tonnerre.  » 

pàda  2.  — Il  place  la  voix  au  sommet  du  support  du  soma  liquide 
comparé  à la  mer,  dont  ses  flammes  s’emparent  et  qu’elles  sou- 
lèvent; on  peut  donc  appeler  celui-ci  le  support  (vistap)  de  celle-là. 
— Lud.  entend  par  vistap  « la  place  occupée  par  la  mer  céleste  ». 
Berg,  traduit  ce  mot  par  « sommet  ». 

jinvan.  — Cf.  9,  42,  ajinvat. 

koçarn.  — Le  vase  (ou  l’enveloppe  de  flammes)  qui  est  censé 
contenir  le  soma  pavam.  S’emploient  dans  le  même  sens,  les  mots 
kalaça,  paoitra,  sâdana , etc. 

madhuçcutam.  — Épithète  du  soma,  mais  aussi,  comme  dans 
ce  vers,  du  koça  en  tant  que  rempli  de  soma. 

7.  — nityastotro  vdnaspâtir  | dhlnâru  antâh  sabardûghah\ 
hinvânô  mânusà  yugâ 

Chanteur  perpétuel,  maître  des  bûches,  au  dedans  des 
pensées(-crépitements)  il  traitle  lait  (des  libations)  en  mettant 
en  mouvement  les  attelages  formés  par  les  hommes(-somas) 
(quand  ils  se  joignent  aux  flammes). 

nityastotraJi.  — Le  soma  pavam.  crépite  sans  cesse. 

vanaspatih.  — Cf.  5,  10’,  vanaspatim,  — même  explication. 

hinvünali.  — Cf.  8,  4a,  hincanti,  et  10,  2’,  hinoânàsûh. 

rnünusâ  yugâ.  — Cf.  7,  l3,  asya  yojanam.  — Les  attelages  de 
la  libation  ignée  dont  la  jonction  avec  la  libation  liquide  s’effectue 
au  moyen  des  mâles-somas.  — Lud.  : « Il  pousse)  les  races 
humaines.  » 

Berg.,  Rel.  véd.,  I,  171,  croit  que  ce  vers  fait  allusion  à la  pré- 
tendue descente  du  soma. 

8.  — abhi  priyâ  divas  padu  | sôrno  hinvânô  arsati  | 
viprasya  dhàrayâ  kavih 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


87 


Le  liquide  coule  en  (se)  poussant  vers  les  places  agréables 
du  ciel(-feu);  le  sage  (coule)  au  moyen  du  courant  de  l’agité. 

pàda  1.  — Cf.  10,  9',  ablii  priyâ  divas  padam,  — même  expli- 
cation. — Berg.,  Rel.  véd. , 1, 163,  voit  ici  (à  tort)  l’idée  de  traverser 
le  ciel. 

' hinvànah.  — Cf.  le  vs  précédent,  pàda  3. 

viprasya.  — Cf.  12,  2%  vlprdh,  etl3,  2’,  paoamânam . . . vipram. 

dhârayâ.  — Cf.  1,  1%  dhürayà,  — même  explication. 

somali. . . arèati. . . kavih.  — D’où  la  preuve  évidente  que  k avili 
est  un  nom  métaphorique  du  soma;  cf.  7,  4’,  kavili. 

Berg.,  Rel.  véd.,  1, 171,  voit  dans  ce  vers  une  allusion  au  (pré- 
tendu) retour  dans  le  ciel  du  soma. 

9.  — d pavamâna  clhâraya  | rayiin  sahdsravarcasam  \ 
asmê  indo  svdbhuvam 

O allumé,  soutiens  la  richesse  dont  l’éclat  est  dû  aux  mille 
(dons);  ô brillant,  (soutiens)  pour  nous  (la  richesse)  au  beau 
développement. 

Hémistiche  1.  — Cf.  4,  10,  rayirn  naç  citram...  indo...  â 
bliarci.  — Explication  analogue. 

sahasravarcasam.  — Cf.  5,10%  sahasravalçam . — Cette  épi- 
thète du  soma-richesse  contribue,  indépendamment  de  bien 
d’autres,  à prouver  que  le  soma  pavam.  est  le  soma  allumé. 


HYMNE  XIII 

1.  — sômah  punânô  arsati  | sahâsradhâro  âty avili  | 
vàyôr  indrasya  niskrtâm 

Le  liquide  allumé,  aux  courants  issus  des  mille  (dons), 
qui  est  sorti  (de  la  toison)  de  la  brebis,  coule  (vers)  (l’édifice) 
développé  du  Vent  et  de  l’Ardent. 

pàda  1.  — Cf.  12,  8%  somo  liinvâno  arsati. 

atyavili.  — - Cf.  6,  5%  atyavim,  — même  explication. 

niskrtâm.  — Le  sens  de  « rendez-vous  » généralement  adopté 


88 


I-E  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


a été  déduit  des  contextes.  — L’étymologie  indique  tout  autre 
chose.  J’y  vois  l'idée  du  soma  « développé  » sous  forme  de  flammes 
et  qui  est  ainsi  la  chose  de  Vàyu  et  d’Indra. 

vâjjoJi.  — Le  soma  pavam.  considéré  comme  agité  et  désigné 
métaphoriquement  sous  le  nom  du  « Vent  ». 

D’après  Berg.,  Rel.  véd.,  IL  244,  note.  Vâyu,  le  dieu  du  vont, 
« doit  peut-être  à son  étroite  union  avec  Indra  la  large  part  qu'il 
reçoit  du  breuvage  sacré  ».  — 11  le  doit  surtout  à ce  qu’il  est  son 
alter  eyo,  et  que  l'un  et  l’autre  figurent  le  fou  sacré  ou  le  soma 
pavam.  nourri  par  le  soma  liquide. 

2.  — pâvamâncim  avasyavo  | vipram  abhi  prâ  gayata  \ 
suSùâmhn  devdvltaye 

O vous  désireux  du  régal,  élevez  vos  chants  vers  rallumé, 
vers  l’agité,  qui  coule  pour  le  festin  des  Célestes. 

Le  sacrificateur  (soma  personnifié  ou  prêtre),  cf.  11,  1,  s'adresse 
aux  somas  pavam.  dont  il  fait  l’offrande  et  qu’il  distingue  par 
dédoublement  verbal  (G)  des  somas  pavam.  auxquels  il  les  réunit, 
pâda  2.  — Cf.  11,  1’,  yâyatâ  narali.  — Explication  analogue. 
pavamânam. . . susvânam.  — Cf.  6,  8!,  suscânah  patate  sutali. 
devaoïtaye.  — Cf.  6,  6%  decavîtaye. 

3.  — pavante  vâjasàtaye  | sômâh  sahàsrapdjasah  \ 
grndnâ  devdvltaye 

Les  liquides  qui  ont  l’éclat  des  mille  (dons)  sont  allumés 
pour  la  conquête  du  réconfort,  eux  qui  chantent  pour  le 
festin  des  Célestes. 

pâda  1.  — Les  somas  doivent  être  allumés  pour  s’emparer  des 
somas  liquides.  — Cf.  2,  102,  tüjasà. 
sahasrapâjasah.  — Cf.  12,  9",  rayim  sahasratarcaaam. 
pâda  3.  — Les  libations  doivent  chanter  ou  crépiter,  c’est-à-dire 
flamber,  pour  que  les  somas  liquides  puissent  servir  du  régal  aux 
Célestes  (épithète  prise  substantivement  et  métaphoriquement  des 
somas  pavam.)  — Lud.,  à la  suite  de  Sây.  et  contrairement  à la 
grammaire  C),  donne  à grnànàh  le  sens  passif  de  « célébrés  par 
des  chants  ». 

devavltage.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  3. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


89 


4.  — utci  no  vâjcisdtaye  \ pdoasva  brhatïr  isah  | 
dyumâd  indo  suvîryam 

O brillant,  allume  nos  fortes  libations  pour  la  conquête  du 
réconfort;  (allume)  ce  qui  (doit  être)  lumineux,  ce  qui  est 
bien  pourvu  de  mâles(-somas). 

Hémistiche  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  Ie1'  hémistiche,  où  le  mot 
somâh  tient  lieu  de  son  synonyme  ( brhatïr ) isah;  — même  expli- 
cation de  part  et  d’autre.  — Lud.,  sans  tenir  compte  des  exigences 
de  la  grammaire  : « Apporte-nous  au  moyen  de  ta  clarification  de 
fortes  nourritures.  » 

suvîryam.  — Cf.  8,  23,  et  11,  91,  suvîryam,  — même  explication. 

dyumat.  — Cf.  5,  3%  pauamânah...  dyumân.  — Ce  qui  est 
« lumineux  »,  c’est-à-dire  ce  qui  est  destiné  à l’être. 

5.  — té  nah  sahasrinam  rayim  | pâvantdm  â suvîryam  | 
suvdnâ  devâsa  indavah 

Que  ces  Célestes  brillants  qui  coulent,  viennent  allumer 
notre  richesse  aux  mille  dons,  — ce  qui  est  bien  pourvu  de 
mâles(-somas). 

Hémistiche  1.  — Correspond  pour  le  sens  au  vers  précédent.  — 
Explication  analogue  de  part  et  d’autre. 

sahasrinam.  — Expliqué  par  sahasradhâriah  (13,  l2) , sahasra- 
pâjasali  (13,  33),  etc. 

6.  — dtyd  hiydnâ  nâ  hetrbhir  | âsrgram  vâjasdtaye  | 
vi  vâram  âvyam  dçâvah 

Les  rapides,  pareils  à des  coursiers  excités  par  des  exci- 
tateurs, ont  coulé  à travers  la  toison  de  la  brebis  pour  la 
conquête  du  réconfort. 

lùyânàh . . . hetrbhili.  — Les  « excités  » sont  plutôt  les  sonnas 
liquides,  et  les  « excitateurs  » plutôt  les  somas  ignés. 

asrgram.  — Cf.  12,  l1,  asryram. 

vâjasàtaye.  — Comme  ci-dessus  au  vs  4'. 

vi  vâram  avyam.  — Cf.  6,  l3,  avyo  vüresu.  — Le  soma  est  censé 
sortir  de  son  lieu  d’origine  pour  s’allumer. 


90 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


7.  — vàçrâ  arsantindavo  \ ’bhi  vatsâm  nâ  dhenûvah  | 
dadhanviré  gâbhastyoh 

Les  brillants  qui  mugissent  coulent  comme  des  (vaches) 
laitières  qui  coulent  (leur  lait)  vers  leur  veau;  ils  ont  coule 
dans  les  deux  mains. 

Hémistiche  1.  — Les  somas  qui  crépitent  en  s’allumant  au  con- 
tact des  somas  pavam.  déjà  allumés  dont  ils  forment  l’aliment  sont 
comparés  à des  vaches  à lait  qui  nourrissent  un  veau;  cf.  12,  2, 
abhi...  anüsata  gàvo  vatsam  na  mntarah.  et  I,  92,  çrïnanti 
dhenavah  çiçum. 

pàda  3.  — Lud.  fait  de  gabhastyoh  un  ablatif  duel  et  traduit  : 
« ils  se  sont  échappés  des  bras  ».  Sây.  approche  de  la  vérité  : 
« gabhastyor  = bâhvor  dadhanvive  dhriyante  ca.  » — Cf.  10,  22, 
même  formule. 

8.  — J ris  ta  indràya  matsarâh  | pâvamâna  kanikradat  | 
viçvâ  âpa  dvîsô  jahi 

O allumé,  ô crépitant,  toi  qui  es  goûté  (par  les  Célestes), 
liquoreux  (destiné)  à TArdent,  détruis  tous  les  ennemis. 

pâda  2.  — Cf.  3,  73,  pavamânah  kanikradat.  — Je  considère 
kanikradat,  participe  neutre  employé  substantivement  (F)  comme 
apposé  à pavamânah . 

pâda  3.  — Cf.  4,  3*,  apa  soma  mrdho  jahi. 

9.  — apaghnânto  ârâvnah  J pàvamânâh  svardrçah  | 
yônâv  rtasya  sidata 

O vous,  les  allumés,  qui  détruisez  ceux  qui  ne  donnent 
pas,  qui  voyez  par  le  soleil(-feu),  prenez  résidence  dans  la 
matrice  du  coulé. 

aràvnah.  — « Ceux  qui  n’ont  pas  de  dons  (cf.  avati)  » : les 
absences  de  dons  personnifiées.  — Sây.  indique  le  vrai  sens 

: adânân  = ayajamânân.  — Lud.  : (insuffisamment)  « bôsen  ». 

svardrçah.  — « Qui  voient  le  soleil(-feu)  »,  c’est-à-dire  Agni, 
leur  aller  ego;  cf.  4,  6%  paçyema  süryam,  et  10,  9\  sürali  paçyati 
caksasâ. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOÏVIA 


91 


pâda  3.  — Cf.  8, 33,  rtâsyayonim  âsadam.  — Lud.,  en  approchant 
du  vrai  sens  : « Prenez  votre  place  au  lieu  du  sacrifice.  Pourquoi 
ne  pas  toujours  traduire  ainsi  le  mot  rta?  Berg,  lui-même,  malgré 
l’idée  mystique  qu’il  attache  généralement  à ce  mot,  dit,  Rel.  véd., 
III,  238  : « On  donne  le  nom  de  matrice  du  rta  au  récipient  où 
coule  le  soma.  » — La  conséquence  évidente  de  cette  remarque  est 
que  rta  — soma. 

HYMNE  XIV 

1.  — pctri  pràsisyadat  kavih  \ sindhor  ürmâv  cidhi  çrtâh  \ 
kârâm  bibhrat  purusprham 

Le  sage,  qui  est  placé  en  liant  clans  le  flot  de  la  rivière,  a 
coulé  tout  autour,  (lui  qui  est)  ce  qui  supporte  le  chant  objet 
du  désir  des  nombreux. 

pâda  1.  — Cf.  11,  82,  pari  sicyase  manaçcit. 
pâda  2.  — Cf.  12,  3,  sindhor  ürmâ  vipaçcit.  . . adhi  çrtah. 
sindhor  ürmau.  — Dédoublement  verbal  (G)  comporté  d'ailleurs 
par  l’expression  française  correspondante  « le  Ilot  de  la  rivière  )> 
qui  revient  à la  tautologie  « l’eau  de  l’eau  ». 

bibhrat , participe  neutre  employé  substantivement  en  apposition 
à kavili,  cf.  13,  82,  kanikradat.  — Lud.  : « erhebend. . . das  lieb  », 
sens  arbitraire.  — « Le  chant  » pour  « ce  qui  chante  » = la  libation 
qui  crépite  ; le  sens  revient  à celui  de  6,  93,  dadliise  girah- 
kâram  bibhrat.  — Cf.  10,  2:1,  bharàsali  kàrinâm  iva. 
purusprham.  — Dans  ce  composé  et  les  analogues,  paru  « les 
nombreux  » est  une  désignation  des  somas  comparable  à brhat , 
viçua , etc. 


2.  — girci  yâdi  sàbandhavah  \ pânca  vrâtd  apasydvah  | 
pariskrnvânti  dharnasim 

Si  les  cinq  troupes  (?)  désireuses  d’édifier  ont  les  mêmes 
alliés,  au  moyen  de  la  voix  elles  développent  autour  (du 
soma  liquide)  le  support  (du  feu  sacré). 

girîi. . . apasyucali.  — Cf.  2,  7,  girah . ■ • apasyuvah.  — Deux 


92 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


tournures  différentes  pour  exprimer  la  même  idée.  — Ici  dédou- 
blement verbal  G).  — La  voix,  comme  toujours  = la  libation  cré- 
pitante. 

vrâtâli.  — Le  sens  traditionnel  de  «troupe»  est  douteux;  dans 
tous  les  cas,  ce  mot  s’applique  ici  aux  somas  liquides  qui  «assistés 
de  leurs  alliés  » = ces  mêmes  somas  (dédoublement  verbal  G),  et 
« au  moyen  de  la  voix  » (encore  le  soma  , développent  le  support 
du  soma  pavam.,  c’est-à-dire  Je  soma  pavam.  lui-même  uni  au 
soma  liquide.  — Le  nombre  cinq  implique  sans  doute  une  com- 
paraison avec  les  doigts  de  la  main. 

3.  — ad  asya  susmino  rase  | viçve  deuâ  amatsata  \ 

yâdi  yôbliir  vasdydite 

Tous  les  Célestes  ((levas)  se  sont  mouillés  dans  le  suc  de 
ce  (liquide)  ardent,  s’il  a été  enveloppé  par  (le  lait  des) 
vaches. 

asya.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

pâda  3.  — Cf.  2,  4 yad  gobhir  vàsayisyase,  — même  explication  ; 
cf.  aussi  8,  5,  deoebhyali . . . madâya...  sam  gobhir  vâsayàmasi. 
— L’expression  revient  à dire  : « quand  il  (le  soma  a reçu  les 
liquides  dont  il  est  formé,  quand  il  est  aux  mains  des  sacrificateurs.  » 

Berg.,  Bel.  véd.,  II,  58,  croit  qu’il  est  question  ici  des  vaches 
célestes.  Rien  ne  prouve  qu  il  y ait  de  telles  vaches  dans  le  Rig- 
Véda. 

4.  — nirindnô  vi  dhâvati  \jdhac  chdryâni  tcinvâ  \ 

dtrd  sdmi  jiglinàte  yujâ. 

Il  pénètre,  en  s’écoulant,  ce  qui  lâche  des  llèches  qui 
s’étendent;  en  celui-ci,  il  tue  (l’obstacle)  en  compagnie  et  à 
l’aide  de  celui  qui  lui  est  joint. 

Le  soma  liquide  se  répand  dans  le  soma  igné  qui  lance  de 
longues  flèches  de  flammes.  Uni  à lui,  il  détruit  (l’obstacle  avec 
(l’arme  de  ce  compagnon;  cf.  70,  5,  çaryahâ,  et  G8,  2,  ni  çaryâni 
dadathe  devait.  — Berg.,  Bel.  véd.,  I,  203,  voyait  dans  les  flèches 
du  soma  les  rayons  du  soleil. 

pâda  2.  — Lud.  traduit  en  accordant  jahat  (neutre)  avec 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOIVÎA 


93 


nirinünali  (masc.)  et  en  donnant  aux  autres  mots  un  sens  arbi- 
traire : « en  abandonnant  les  membres  de  son  corps  déchiré.  » Il 
s’agirait,  d’après  lui,  de  la  plante  imaginaire  d’où  serait  tiré  par  le 
pressoir  le  suc  du  soma. 

5.  — naptibhir  yô  vivüsvatah  \ çubhrô  nâ  mcunrje  yuvcl  | 
gâh  kriwânô  net  nirnijam 

(C’est)  lui  qui,  pareil  à un  brillant  nouveau-né,  est  devenu 
étincelant  à l’aide  des  filles  du  lumineux,  en  produisant  des 
vaches  pareilles  à un  émergé. 

Hémistiche  1.  — Cf.  1,  6,  punâti. . . somam  süryasya  duhiiâ. 

— Ici  le  pluriel  ( naptïbhih ) au  lieu  du  singulier  (duhiiâ).  A part 
cette  différence  d’expression,  l’idée  est  la  même  de  part  et  d’autre  : 
les  somas  pavam.  personnifiés  au  féminin  allument  le  soma  liquide 
qui  est  nouveau  ou  enfant  (cf.  9,  3 et  5 à leur  égard.  Pour  Berg., 
Bel.  véd.,  I,  87  : « les  filles  de  Vivasvat  désignent  les  doigts  qui 
ont  pressé  le  soma.  » 

pâda  3.  — Le  sens  de  « parure  » donné  habituellement  à nirnij 
est  tiré  des  contextes.  L’étymologie  indique  celui  d’ « émergé  » qui 
convient  parfaitement  à tous  les  passages  où  le  mot  est  employé. 

— Les  flammes  du  soma  pavam.  sont  à la  fois  des  vaches-lait  par 
leur  origine  et  1’  « émergé  » du  lait-soma. 

6.  — âti  çriti  tiraçcdtà  | gavyâ  jigâty  ânvyct  | 
vagnûm  iyarti  y dpi  vidé 

Au  moyen  de  la  marche,  au  moyen  de  ce  qui  s’écarte,  il 
va  au  delà  (des  petites)  choses  issues  des  vaches;  il  met  en 
marche  le  sonore  qu’il  a trouvé. 

rriiï.  — i-aç  Xey.  probablement  à expliquer  comme  patliâ  au 
vers  7,  1'. 

tiraçcatâ.  — Adj.  employé  substantivement,  en  apposition  à 
çriiï;  cf.  bibhrat , 14,  1';  — - la  libation  liquide  va  de  travers,  con- 
trairement à la  libation  allumée  qui  s’élève  verticalement. 

ati . . . gavyâ  jigàti.  — Le  soma  pavam.  dépasse  la  libation 
liquide  désignée  sous  le  nom  de  gavya  « lait  de  vache  » pour 
s’unir  au  feu  sacré.  — Formules  parallèles  : 6,  5%  atyavim ; 13,  1, 


94 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


sornah  punâno  arsati...  atyavili;  13,  6,  asrgram. . . ci  câram 
avtjam. 

anryà.  — Faut-il  y voir  l’instrumental  fémin.  sing.  de  anu  en 
accord  avec  çritl,  cf.  15,  1’,  dhiyâ...  anvyâ,  ou  l’accusatif  plur. 
neutre  de  anvya  ==  anu  en  accord  avec  gavyâ?  J’ai  traduit  d’après 
cette  dernière  hypothèse. 

vagnum  iyarti.  — Cf.  3,  53,  âvis  krnoti  cagcanum,  — même 
explication. 

yam  vide.  — Cf.  8,  9!,  scarcidam. 


7.  — obhi  ksipah  sâm  agmata  | marjciyantir  ièds  pcitim  \ 

prstha  grbhnata  vdjinah 

Celles  qui  lancent  se  sont  avancées  ensemble,  en  le  rendant 
brillant,  vers  le  maître  de  la  libation;  elles  ont  saisi  les 
sommets  de  celui  qui  est  pourvu  du  réconfort. 

Hémistiche  1.  — Cf.  8,  4,  mrjanti  tcâ  daça  ksipoh. 

pâda  3.  — Les  somas  allumés,  désignés  sous  le  nom  de  ksipah, 
saisissent  (s’établissent  dans)  les  parties  supérieures  du  feu  sacré 
en  s’élevant  au-dessus  des  liquides  qui  le  nourrissent.  — Lud.  rend 
vàjinali  par  « cheval  » («  les  reins  du  cheval  »)  sans  qu’il  y ait  lieu 
et  seulement  d après  ce  qui  lui  a paru  les  nécessités  du  contexte.  — 
Cf.  6,  5,  yam  atyam  ica  vâjinam  mrjanti  yosano  daça.  — Je  suis 
de  l’avis  de  Berg.,  Rel.  véd.,  II,  29,  qui  attribue  au  mot  ksip  le 
sens  de  « flèche  ».  mais  je  me  sépare  de  lui  quand  il  voit  dans  ces 
flèches  « les  doigts  du  sacrificateur  (assimilés  aux  flèches,  c’est- 
à-dire  aux  rayons  qui  distillent  la  lumière  du  soleil)  ».  Il  s’agit 
tout  simplement  des  flammes  qu’émet  ou  lance  le  soma  qui  s’al- 
lume. 

8.  — pari  divyâni  inârmrçad  \ viçvâni  soma  pârthivd  | 

va  s û ni  ydhy  asmayûh 

O liquide,  toi  qui  es  ce  qui  s’efforce  d’envelopper  toutes 
les  choses  qui  appartiennent  au  ciel(-feu),  (toutes)  celles 
qui  appartiennent  à la  terre(-Jibation),  viens,  désirant  être 
nôtre,  aux  biens. 


Pour  l'antithèse  divyâni..,  pârthivd , cf.  8,  S1'2,  vrstim  dirai i 


le  culte  védique  du  soma 


95 


pari  srava  dyumnam  prthivyâ  adhi.  — double  sens  continu  avec 
apparence  rationnelle  (J). 

marmrçat.  — Sày.  justement  = parigrhnan;  Lud.,  d’après  les 
prétendues  nécessités  du  contexte,  « gedenkend  ».  — Je  considère 
ce  participe  employé  substantivement  comme  apposé  à soma  (F). 
vasüni  yâhi.  — Cf.  7,  93,  vasüni  sam  jitam 
asmayuh.  — Cf.  2,  53,  et  6,  l3. 


HYMNE  XV 

1.  — esâ  dhiyà  ydùj  ânvycl  | çüro  ràthebhir  âçûbhih  | 
gcichann  indrasya  nièkrtâm 

Celui  que  voilà,  le  puissant  arrive,  au  moyen  de  la  pensée 
(la  crépitante),  (encore)  petite,  — au  moyen  des  chars1 
rapides,  en  allant  vers  (l’édifice)  développé  de  l’Ardent. 

esa.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

dliiyâ  yâty  anoyà.  — Cf.  14,  62,  gavyà  jigàty  anvyà.  — Le 
puissant  soma  vient  au  moyen  de  la  pensée  = soma  crépitant,  — 
dédoublement  verbal  (G). 

yàti. . . çürali.  — Cf.  3,  4%  esa. . . çüro  yan. 

indrasya  niskrtam.  — Cf.  13,  l3,  même  formule. 

2.  — esd  purü  dliiyâyate  | brhatê  deuâtàtaye  \ 
yàtrâmrtdsa  âsate 

Celui  que  voilà  fait  penser  (fait  crépiter)  les  nombreux 
(somas)  pour  la  haute  nature  de  céleste,  là  où  résident  les 
(actifs)  non  morts. 

esa.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

purü.  — Neutre  pluriel  pris  substantivement  : « les  (dons)  nom- 
breux » = les  libations  ou  les  somas. 

dliiyâyate.  — En  allitération  avec  dhiyà  yàti  au  vers  précédent; 
cf.  dlidraya,  12,  9’,  auprès  de  dhàrayâ,  12>  83. 

brhate  devatâtaye.  — Cf.  1,  4’,  maliànâm  devânâm,  et  8,  5, 

1.  Berg.,  Rel.  oéd.,  I,  224,  voit  à tort  ici  les  doigts  qui  font  couler  le  soma; 

ce  sont  les  flammes  qui  sont  censées  porter  le  soma  pavam. 


96 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


deoebhyah.  . . srjànam.  — L’expression  revient  à brhatc  deoâya 
« pour  le  céleste  feu)  qui  s’élève  'par  ses  flammes)  »,  et  ne  saurait 
en  aucun  cas  signifier  « das  erhabne  gôtterfest  » (Grass.)  ou 
« gôtterversamlung  » (Lucl.  . 

pâda  3.  - — Les  somas  non  morts  (actifs)  sont  dans  la  déité  ( dera - 
tali)  (l’ensemble  des  flammes  sacrées)  entendue  au  sens  védique. 

3.  — esâ  hitô  vi  niijate  \ ’ntûli  ç.ubhvàvatâ  pat  lia  | 

yâdl  tunjdnti  bhùrnayah 

Celui  que  voilà,  mis  en  mouvement,  est  conduit  au  dedans 
par  la  marche  brillante.,  quand  les  ardents  (ou  les  forts)  le 
poussent. 

esa.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

antali.  — Sous-entendu  pavitre  ou  un  mot  analogue;  cf.  12,  5% 
antah  pavitre. 

patliâ.  — Cf.  7,  1’,  asrgram  indaoah  patliâ.  — Lud.,  sans  tenir 
compte  de  la  valeur  du  cas  (B)  : « sur  les  voies.  » — patliâ  au 
sens  concret  de  « marche,  » « allure  »,  ce  mot  correspond  par  con- 
séquent à rathebhih,  vs  1. 

yadï.  — Cf.  pour  la  tournure,  14,  33. 

tunjanti.  — C’est  à tort  que  Berg.,  Rcl.  véd-,  III,  11,  donne  à 
ce  verbe  le  sens  de  « exprimer  un  suc  ». 

bhùrnayah.  — Quel  que  soit  le  sens  propre  de  cet  adjectif,  il 
désigne  ici  par  dédoublement  verbal  (G)  les  somas  pavamànas. 

4.  — esâ  rhigdni  dôdhuvac  \ chiçîte  ijûthtjo  vrèâ  | 

nrinnâ  dtidhâna  ôjasâ 

Celui  que  voilà,  ce  qui  s’efforce  de  courir,  le  taureau  qui 
fait  partie  du  troupeau  aiguise  ses  cornes  en  établissant 
à l’aide  du  réconfort  ceux  qui  possèdent  des  hommes. 

csa.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

çrne/âni.  . . çiçïlc.  — Cf.  5,  22,  çriiye  çiçânah.  Le  laureau-soma 
aiguise  ses  cornes,  ou  développe  la  pointe  de  ses  flammes  en  s’al- 
lumant. — Berg.,  Hel.  véd.,  I,  222,  voit  avec  raison  dans  ces 
cornes  les  rayons  du  soma-soleil. 

dudhuvat . — Participe  employé  substantivement  au  neutre,  en 


Le  culte  védique  du  soma 


97 


apposition  avec  esa  vrsâ;  cf.,  pour  la  syntaxe,  13,  8%  kanikradat ; 
14,  8',  marmrëat,  etc. 

yüthycm.  — Du  troupeau  par  allusion  probable  au  père  et  à la 
mère  du  taureau. 

nrmnâ  dadhânah.  — Cf.  7,  42,  nrmnâ  vasânali.  — Il  s’agit 
comme  toujours  des  hommes -somas. 

ojascL.  — Dédoublement  verbal  (G);  cf.  5,  3',  ojasâ. 
pada  3.  — Lud.  traduit  : « produisant  avec  force  des  actes  hé- 
roïques! » On  peut  juger  par  là  le  système  qui  nécessite  une 
pareille  explication. 

5.  — esü  rukinibhir  lyate  | vâji  çubhrêbhir  aiiçûbhih  \ 
pâti  h siridhüncïm  bhâvan 

Celui  que  voilà,  le  pourvu  du  réconfort,  est  mis  en  mou- 
vement par  les  luisants,  parles  rayons  étincelants,  — (lui), 
le  maître  des  rivières,  qui  se  manifeste. 

esa.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

Hémistiche  1.  — Le  soma  pavam.  est  mis  en  mouvement  par 
les  (flammes)  brillantes,  — preuve  évidente  qu’il  est  igné.  Lud. 
entend  « les  (mains)  brillantes  » (de  celles  qui  clarifient  le  soma) 
à cause  de  leurs  ornements  d’or!  — Cf.  5,  43,  devesu  deva  lyate. 

pâda3.  — Il  est  le  maître  ou  l’époux  (cf.  Berg.,  Rel.  vëd..  Il,  38) 
des  rivières-libations,  parce  qu’il  s’en  empare  et  qu’il  les  féconde. 

6.  — • esa  vdsüni  pibdanâ  \ pârusà  yaywân  àti  \ 
üva  çâdesü  yachati 

Celui  que  voilà,  s’efforçant  d’aller  au  moyen  de  la  pointe 
au  delà  des  Liens  comprimés,  descend  dans  les  tonnes. 

esa.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

vasüni  pibdanâ.  — Les  somas  considérés  comme  retenus,  arrêtés. 
parusâ.  — Dédoublement  verbal  (G)  « la  pointe  » de  la  flamme 
du  soma  pavam.  — Lud.  : « la  laine.  » 
yayivân.  — Pour  un  emploi  analogue  de  l’intensif,  cf.  13,  82, 
kanikradat  ; 15,  41,  dodhuvat;  14,  8',  marmrçat,  etc. 

çâdesu.  — Cf.  gr.  xàooç  (?).  Ce  mot  correspond  dans  son  emploi 
métaphorique  à kalaçesu,  8,  6';  12,  5',  etc. 


7 


98 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


7.  — etdm  mrjanti  màrjyam  | upa  drônesv  ûycïvah  \ 
pracak  rebut  ni  mahir  ièali 

Les  actifs  font  briller  dans  les  bûches  celui  que  voilà  qui 
doit  être  rendu  brillant,  — (lui)  qui  développe  les  grands 
réconforts. 

elam.  — Démonstratif  liturgique  (L). 

upa  drotjiesu.  — Cf.  3, 1%  abhi  dvoijLâny  âtsadam. 

âyacafy.  — Comme  à 10,  6\ 

pâda  3.  — Cf.  3,  10,  esa. . . janayann  isaJf,  et  13,  4’,  pacasca 
bphaiîr  Usai). 

8.  — étant  u tycup  dâça  ksipo  | mrjûnti  saptà  dhltàyah  | 
süâyudhcim  madintamani 

Celui-ci  que  voilà,  les  dix  flèches,  les  sept  pensées  le 
rendent  brillant,  — (lui)  qui  est  pourvu  d’une  arme  brillante, 
(lui)  le  très  liquide. 

etam  u tyam.  — Démonstratif  liturgique  redoublé  (L  . — 
Cf.  3,  10',  eùa  u sya. 

Hémistiche  1.  — Cf.  8,  4,  mrjatdi  ira  daça  Icsipà  hincanti  sapla 
dhltayah.  — En  suivant  Berg.,  Rel.  véd-,  II,  28,  on  est  ici  on 
plein  mysticisme  avec  « les  prières  qui  purifient  le  soma  ». 

svâyudham.  — ■ Cf.  4,  7',  soâyudha  sonia,  — même  explication. 
— Quelle  serait  l’arme  du  soma  pavam.,  sinon  sa  flèche  de 
flamme? 

madinlamam.  — Cf.  1,1',  madis(hayâ. 


HYMNE  XVI 

1.  — pvd  te  sotâra  on  y b j râsam  nicidâya  yhrëoaye  | 
sâryo  nâ  takty  étaça/i 

Ceux  qui  font  couler,  (ont  fait  couler)  ton  suc  pour  la 
boisson  ardente  dans  les  deux  régals  (?)  ; le  coursier  s’élance 
comme  une  émission  (de  liquide), 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


99 


pra.  — Employé  sans  verbe,  cf.  9,  2'. 

onyoli.  — Mot  obscur  que  je  considère  comme  dérivé  du  rad.  av. 
Berg.,  Rel-  ved.,  I,  181,  y voit  la  désignation  d’ustensiles  servant 
à la  préparation  du  soma. 

sotârali.  — Les  somas  considérés  comme  portant  en  eux  le  prin- 
cipe de  leur  mouvement  : ils  coulent,  donc  ils  se  font  couler. 
madâga  ghrscage.  — Cf.  2,  8',  même  formule, 
pâda  3.  — Peut-être  faut-il  renverser  les  termes  de  la  compa- 
raison et  entendre  : « l’émission  s’élance,  etc.  » 


2 . — krdtvd  ddksasya  rathyàm  [ apô  vdsânam  ândhasà  \ 
fjosàm  ânvesu  saçcima 

Nous  avons  accompagné  (nous  nous  sommes  unis  à)  celui 
qui  a un  char  au  moyen  de  l’édificateur  de  l’habile,  — 
celui  qui  a revêtu  les  eaux  au  moyen  de  Ycuidhas,  — le 
conquérant  des  vaches  qui  réside  dans  les  nains. 

kralvâ  daksasya . — Cf.  4,  3',  s and,  daksam  ata  kratum,  — dé- 
doublement pris  sur  le  fait. 

apo  oasânam.  — Cf.  2,  3',  apo  vasista  sukraiuh. 

andhasâ.  — Cf.  1,  42,  ahhg  arS'a. . . andhasâ. 

gosâm.  — Cf.  2,  10',  gosâ. 

anvesu.  — Cf.  14,  62,  gavgâ  jigâtg  anvgd ; 15,  1 1 , gatg  ancgâ 
çürah . 

3.  — ânaptam  cipsm uustûram  | sômam pavitra  à srja  \ 
punlhindrâya  pâtcœe 

(O  soma),  fais  couler  dans  les  eaux  la  liqueur  qui  manque 
d’eau,  difficile  à vaincre,  (fais-la  couler)  dans  l’allumeur; 
allume-la  pour  la  boisson  de  l’Ardent. 

anaptam  apsu.  — Par  dédoublement  verbal,  on  peut  dire  que 
le  soma  coule  dans  ses  eaux  et  ajouter,  en  continuant  le  jeu  de 
mots,  qu'il  manque  d’eau  avant  qu’il  ait  coulé  dans  les  eaux,  avec 
allusion  au  paradoxe  du  liquide  qui  est  sans  eau. 

somam  pavitra  â srja.  — Cf.  6,  3%  suvâno  arsa  pavitra  à. 


100 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMÂ 


pâda  3.  — Cf.  1,  1,  pavasva. . . indraya  palace.  — Indra  boit 
des  flammes  en  buvant  le  soraa  pavamana. 

4.  — pvâ punànüsya  cétctsà  \ sômah  papitre  avsati  | 
hrâtvci  sadhâsïham  âsadat 

Le  liquide  s'élance,  au  moyen  de  l’éclat  de  l’allumé,  dans 
l’allumeur;  il  a pris  résidence  dans  la  demeure  commune  au 
moyen  de  l’édificateur. 

cetasâ.  — Dédoublement  verbal  (G).  — L’éclat  de  l’allumé  est 
l’allumé  lui-même. 

pâda  2.  — Cf.  3,  9%  hardi  pavitre  arsati. 

pâda  3.  — Cf.  1,  2\  drunâ  sadhastliam  âsadat,  — donc  drunâ 
et  kratcâ  sont  synonymes. 


5.  — pvâ  tvà  nâmobhir  indava  | Indra  sôind  asrküata  | 
mahé  bhàrâya  hârinah 

O Ardent,  les  brillants,  les  liquides  se  sont  élancés  poin- 
te couler  (ou  pour  couler  vers  toi)  au  moyen  des  prières 
(crépitantes);  les  chanteurs  (somas)  (t’ont  coulé)  pour  le  grand 
porteur. 

namobliil).  — Dédoublement  verbal  (G). 

bharâya  hârinah.  — Cf.  10,  2%  bharâsah  hârinàm  ica;  6,  6 1 , 
sutam  bharâya  sam  srja.  — Le  grand  porteur,  par  dédoublement 
verbal,  est  une  autre  désignation  du  soma  considéré  comme  portant 
ou  apportant  l’offrande;  il  est  qualifié  de  « grand  » par  allusion  à 
sa  forme  (élevée)  de  pavamana. 


G.  — punânôrùpé  avydye  | viçvâ  ürèann  abhi  çriyah  | 
rùro  nâ  y osa  tisthati 

L’allumé,  coulant  dans  l’objet  coloré  qui  est  de  la  nature 
de  la  brebis,  vers  toutes  les  lumières,  se  tient  debout  dans 
les  vaches,  comme  le  fort. 

pâda  1.  — Cf.  6,  1,  parasca. . . avyo  oâreëu. 
pâda  2.  — Cf.  7,  1,  asrgram  indacah . . . suçriyaJi. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


101 


çüro  na.  — Cf.  3,  42,  çüro  yann  iva. 

parla  3.  — Comment  le  soma  pavam.  se  dresserait-il  dans  les 
liquides  sacrés  désignés  métaphoriquement  sous  le  nom  de  vaches, 
sinon  sous  la  forme  de  flammes? 

7.  — cliüô  net  sânu pipyûsl  | dliàrâ  sutcisya  vedhâsah  \ 
vrtliâ  pcivitre  arsati 

La  coulée  du  liquide,  — de  l’édificateur  (?)  qui  s’enfle 
comme  le  sommet  du  ciel  (feu), — coule  au  moyen  du  déve- 
loppeur (?)  dans  l’allumeur. 

divali.  . . sânu.  — Le  sommet  des  flammes  qui  développent  le 
feu  sacré.  — Le  soma  pavam.  est  en  quelque  sorte  la  croupe  du 
soma  liquide. 

pipyusï.  — Cf.  6,  7J,  payo  yad  asrja  pîpajjat. 

pâda  2.  — Cf.  2,  32,  même  formule. 

pâda  3.  — ■ Cf.  16,  4,  cetasâ  somali  paoitre  arsati.  — Toutes  les 
analogies  indiquent  que  vrtliâ  est  l’instrumental  sing.  de  vrtli, 
désignation  métaphorique  du  soma,  probablement  « celui  qui  dé- 
veloppe, qui  accroît  »,  — cf.  vrdh. 


8.  — tüdm  soma  vipaçcitam  \ teinâ  punânâ  âyûsu  | 
civ i/o  vâram  ri  dhâuasi 

O toi,  liquide,  qui  allumes  dans  les  vigueurs  ce  qui  tire  son 
éclat  de  l’agité  au  moyen  de  ce  qui  se  développe,  — tu  tra- 
verses en  coulant  la  toison  de  la  brebis. 

pâda  1.  — Cf.  12,  32,  vipaçcil  somali.  — De  la  comparaison  des 
deux  passages  résulte  la  preuve  du  dédoublement. 

padas  2 et  3.  — Cf.  1,  6,  punàti  te.  . . somain  süryasya  duhitü 
vârena. . . tanâ. 

pâda  3.  — Cf.  13,  6,  asp  g ram. . . vi  vâram  aoyam.  — Dédouble- 
ment verbal  complexe  marqué  par  les  différences  casuelles  des  mots 
tvam,  vipaçcitam,  tanâ , âyusu,  qui  désignent  tous  un  même  objet. 


102 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  XVII 

1,  — prâ  ni mnêneva  sindliavo  \ ghnânto  vrtrâni 
bhûrnayah  | sômâ  asrgram  âçâvah 

Les  rivières  (s’élancent)  en  avant  comme  au  moyen  de 
l’inclinaison,  — elles  qui  sont  des  supports,  — en  détruisant 
les  enveloppements;  les  liquides  rapides  ont  coulé. 

pâda  1.  — Paradoxe  implicite  : les  rivières-somas  s’élèvent 
comme  au  moyen  de  l’abaissement  des  somas  liquides  (opposé  à 
l’élévation  ou  à l’exhaussement  des  somas  pavam.)  — Lud.,  sans 
tenir  compte  de  la  valeur  de  l’instrumental  : « comme  sur  un  sol 
qui  s’abaisse.  » 

ghnanto  vrtrâni.  — Cf.  1,  10%  vrtrâni  jighnate.  — bhürnayaJi, 
cf.  15,  3%  bJairnajjah- 

pâda  3.  — Cf.  13,  6,  asrgram. . . açavah. 

2.  — alla  suvûnâsci  indavo  \ vrstâyah  prthivim  iva  | 
indram  sômctso  aksaran 

Les  brillants  qui  coulent,  les  liquides  ont  coulé  vers  l’Ar- 
dent,  comme  les  pluies  vers  la  large  (la  terre-libation). 

pâda  1.  — Cf.  13,  5%  suvânâh...  indavali;  cf.  aussi  10,  4% 
suvânâsa  indavah. 

pâda  2.  — Cf.  8,  8%  vrstim. . . pari  sraca.  — Figure  avec  déve- 
loppement rationnel  (J)  : les  somas  comparés  à des  pluies  coulent 
dans  (ou  alimentent)  le  soma  comparé  à la  terre. 

pâda  3.  — Cf.  6,  4%  punânâ  indram  âçata. 

3.  — ütyürmir  matsarô  mâdah  | sômah  pavitre  arsati  | 
viglinân  rdksâmsi  devayûh 

La  boisson  liquide  qui  traverse  les  flots,  le  liquide  coule 
dans  l’allumeur,  — (lui  qui  est)  désireux  de  devenir  Céleste 
en  détruisant  les  gardiens. 

matsaro  mada/j.  — Cf.  6,  2%  madtjam  madam. 

pâda  2.  — Cf.  16,  4%  même  formule. 

pâda  3,  — Cf.  1,2%  raksohâ,  et  6,  1,  soma. . . devayuh. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


103 


4.  — â kalâçesa  dhclvati  \ pamtre  pari  sicyate  | 
ukthair  yajiiésu  vardhate 

Il  coule  dans  les  coupes;  il  s’étend  alentour  dans  l’allu- 
meur; il  se  développe  dans  les  oblations  au  moyen  des 
paroles. 

Hémistiche  1.  — Cf.  12,  5,  y ali  somah  kalaçeëu  an  antali  pavitra 
âhitali  | tara  induit  pari  sasvaje. 

pàda  3.  — Cf.  9,  31 * 3,  rtâvrdhâ;  2,  8\  tara  praçaslayo  mahïlt.  — 
C’est  par  les  crépitements,  ou  les  libations  crépitantes,  que  le  soma 
pavam.  prend  ses  développements  ignés.  — Pour  l’explication 
courante,  voir  Berg.,  Bel.  véd.,  If,  26. 

5.  — âti  tri  soma  rocanâ  \ rôlian  ncï  blirdjase  divcun  | 
isnân  sûr  y ara  rtâ  codayah 

O liqueur,  tu  étincelles  après  avoir  traversé  les  trois  bril- 
lants comme  si  tu  montais  au  ciel-(feu);  tu  t’agites  comme 
si  tu  mettais  le  soleil  en  mouvement. 

Hémistiche  1.  — Le  soma  pavam.  distingué  nominalement  dos 
trois'  brillants  qu’il  est  considéré  comme  dépassant  ou  dont  il 
forme  le  sommet  igné,  est  représenté  comme  atteignant  (e’est-à-diro 
constituant)  le  ciel-feu. 

pàda  3.  — Par  son  mouvement  même,  le  soma  pavam.  met  en 
mouvement  cet  autre  lui-même  qui  est  désigné  sous  le  nom  de 
soleil  (cf.  Berg.,  Bel.  véd.,  I,  162  et  215).  Pour  cette  identité, 
cf.  2,  6',  sam  süryena  vocale.  — L’expression  soma. . . bhrâjase, 
entre  plusieurs  autres  semblables,  prouve  que  le  soma  pavam. 
était  incandescent. 

G.  — abhi  vîprâ  anüsata  \ mûrdhan  yajncisya  kârâvah  | 
dddhânâç  cdksasi  priyctm 

Les  actifs,  les  chanteurs  qui  sont  au  sommet  de  l’oblation, 
ont  crié  (crépité)  vers  (lui),  en  établissant  l’agréable  (libation) 
dans  l’éclat. 

1.  « Trois  » par  allusion  probable  à la  division  du  feu  sacré  en  inférieur, 

moyen  ou  supérieur.  — Four  une  explication  différente,  voir  tlerg.,  Rcl, 

ccil..  Il,  118, 


104 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pâda  1.  — Cf.  12,  2',  même  formule. 

pâda  2.  — Les  somas  crépitants  forment  la  pointe  ou  le  sommet 
de  la  libation  liquide.  — D'après  Berg.,  Rel.  véd.,  II,  82,  note, 

« la  tête  du  sacrifice  pourrait  être  la  forme  supérieure  et  cachée 
du  sacrifice  ». 

pâda  3.  — Les  somas  pavam.  transforment  la  libation  liquide  en 
libation  ignée. 

7.  — tdin  u tvd  vdjinam  nâro  \ dhîbhir  viprd  avasyâvah  | 
mrjânti  devdtâtaye 

Toi  que  voilà  pourvu  de  réconfort,  les  hommes,  les  actifs 
désireux  du  régal,  te  rendent  brillant  pour  la  splendeur  des 
Célestes  au  moyen  des  pensées(-crépitements). 

tam  u tvâ.  — Démonstratif  liturgique. 

* 

naval).  — Comme  pumas  au  vs  9,  71. 

pàdas  2 et  3.  — Cf.  13,  2,  paoamânam  aeasavgo  vipram  abhi 
pra  gâyata  suscânam  decavïtaye;  13,  33,  grnânâ  deravîtage ; 
15,  2’,  esa  purü  dhiyâgate . . . decatâtage. 

8.  — mddhor  dhàrâm  dnu  ksara  \ twrdh  sadhasthani 
âsadah  | cârur  rtàya  pitâyè 

Coule  à la  suite  de  la  coulée  de  la  (liqueur)  douce;  que  tu 
t’assoies,  toi  qui  es  ardent,  dans  la  demeure  commune,  — 
toi  qui  es  agréable  (au  goût)  (ou  beau)  pour  la  boisson  de 
l’oblation. 

madhor  dhàrâm.  — Cf.  2,  9%  madhvah . . . dhàrayâ. 

sadhastham  âsadali.  — Cf.  1,  23,  sadhasthani  âsadal. 

rtàya  pïtage  ne  peut  signifier,  d’après  l’analogie  de  indrüya 
pâture  que  « pour  donner  à boire  à l’oblation  »,  c’est-à-dire  pour 
l’alimenter,  la  nourrir,  ce  qui  revient  à dire  l’offrir.  — Berg., 
Rel.  véd.,  III,  238,  imaginant  un  mysticisme  inutile,  traduit 
rtàya  par  « pour  que  la  loi  s’accomplisse  », 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


105 


HYMNE  XVIII 

1.  — pâri  suvânô  giristhâfk  | pamtve  soma  akèâh  \ 
mâdeèu  sarvadhâ  asi 

Le  liquide  qui  réside  dans  le  rocher  a coulé  dans  l'allu- 
meur en  s’étendant  (tout)  autour;  — tu  es  de  toute  part  dans 
les  breuvages. 

Pour  le  sens  de  giri  dans  giriëthàli,  cf.  11,  5’,  l’explication  de 
adribhili;  — avant  de  couler,  le  soraa  est  comme  enfermé  dans 
le  rocher.  La  traduction  de  Berg.,  I,  148  : « croissant  sur  les  mon- 
tagnes » est  peu  exacte.  — Paradoxe  : la  liqueur  qui  réside  et  qui 
coule. 

pâda  2.  ■ — Cf.  17,  4,  dhâvati  paoitre  pari  ëicgate. 

pâda  3.  — Cf.  14,  32,  rase  viçve  deçà  ( amatsata ). 

2.  — tvâm  vipras  tvâm  kavir  | mcidliu  prâ  jâtâm 

ândhasah  | mâdesu,  etc. 

Tu  es  l’actif;  tu  es  le  sage;  (tu  es)  la  (liqueur)  douce  issue 
de  Yandhas.  — Refrain. 

team.  — Exhortation  liturgique. 

viprali.  — Comme  désignation  du  soma  pavam.,  cf.  17,  6', 
viprâli  et  passim. 

h avili.  — Comme  désignation  du  soma  pavam.,  cf.  7,  41,  k avili, 
et  passim. 

pâda  2.  — Cf.  16,  22,  apo  vasànam  andhasci,  d’où  l’indication 
que  le  madhu  et  les  apah  (eaux)  sont  une  seule  et  même  chose 
identique  au  soma,  et  que  Yandhas  n’est  pas  nécessairement  une 
plante,  comme  le  dit  Berg.,  I,  148. 

3.  — tâta  viçve  scijôsaso  | devâsah  pltim  àeata  \ 

mâdeèu,  etc. 

Tous  les  Célestes  qui  participent  au  même  festin  ont  atteint 
le  breuvage  qui  est  le  tien  (chose  tienne).  — Refrain. 

pâda  1.  — Cf.  5,  11,  viçve  devâh. . . sajoëasali. 

pâda  2.  — Cf.  14,  3%  viçve  deçà  amatsata. 


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LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


4.  — â yô  virvâni  vâryà  \ vâsüni  hcistayor  dadhé  | 

nui  des  u,  etc. 

(C’est)  lui  qui  a établi  (édifié)  tous  les  biens  désirables 
dans  les  deux  mains  (du  feu  sacré).  — Refrain. 

pada  1.  — Cf.  3,  41,  esa  ciçcâni  vâryà.  — Ces  biens  sont  son 
essence  même,  et  non  pas,  comme  l’entend  Berg.,  I,  212,  des 
avantages  extérieurs  comme  des  vaches,  des  chevaux,  etc. 
hastayoJi.  — Cf.  13,  73,  et  20,  62  yabbastyoh. 

5.  — y ci  imé  vôdasi  maki  \ sam  mütcireva  dôhcite  | 

mcidesu,  etc. 

(C’est)  lui  qui  trait  ces  deux  grands  brillants,  comme  deux 
mères  réunies.  — Refrain. 
ime.  — Démonstratif  liturgique. 
voclasî.  — Cf.  7,  9',  rodasï,  — même  explication. 
mahï.  — Cf.  9,  3%  mahï,  — explication  analogue. 
mâtarâ.  — Cf.  9,  3',  mâtarü. 

6.  — pari  y 6 rôdasl  ubhé  | sadyô  vâjebhir  cirsati  | 

mcidesu,  etc. 

(C’est)  lui  qui  coule  autour  des  deux  brillants  au  moyen 
des  réconforts.  — Refrain. 

Couler  autour  des  deux  brillants  ou  des  somas  liquides  destinés 
à briller  revient,  de  la  part  du  soma  pavam.,  à s’attacher  à eux 
pour  s’en  nourrir,  à les  traire,  selon  la  formule  du  vers  précédent. 

sadyab.  — Adverbe  dont  le  sens  exact  est  difficile  à déterminer 
et  que  je  m’abstiens  de  traduire. 
v âjebhili.  — Dédoublement  verbal  (G). 

7.  — set  çusini  halâçesv  à | punànô  acikvadcit  \ 

mcidesu,  etc. 

Cet  allumé,  ardent,  est  venu  mugir  dans  les  coupes.  — 
Refrain. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 
çuèmi.  — Cf.  14,  3',  as  y a çuëminali. 

kalaçesv  â punânali.  — Cf.  8,  6’  ^et  12,  5’  , punânaJi  kalaçeso  à- 
ueikradat.  — Cf.  2,  6’,  aeikradat. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


107 


HYMNE  XIX 

1.  — yàt  soma  ci  tram  ukthyâm  \ clivydm  pârthivam 
vâsu  | tân  nah  punânâ  â bhara 

O liquide,  cette  bonne  chose  qui  est  brillante,  crépitante, 
céleste  (et)  terrestre,  apporte-la-nous,  — ô toi  qui  t’allumes. 

citram.  . . nali.  . . à bhara.  — Cf.  4,  10,  rayim  naç  citram.  . . 
à bhara , — même  explication  de  part  et  d’autre. 

ukthyam.  — « De  la  nature  de  Yuktha  » ou  du  soma-crépite- 
ment.  — Cf.  17,  4%  ukthair  yajhesu  vardliate.  — Lud.  : « digne 
d’être  célébré.  » 

divyam  pârthivam.  — « De  la  nature  du  ciel-feu  et  de  la  terre- 
libation,  » — cf.  8,  8,  vrstiin  divah  pari  sraoa.  . . prthivyâ  adhi ; 
14,  8,  pari  divyâni  marmrsat. . . soma  pârthivâ.  — Berg.,  II,  133, 
prend,  bien  à tort,  la  formule  au  propre. 

vasu.  — Dédoublement  verbal  : vasu  = le  soma-vasu;  cf.  14,  8, 
soma.  . . vasüni  yâhi. 

2.  — yuvâm  lii  stficih  svùrpciti  | indraç  cci  soma  yôpatï  \ 
îçànâ  pipyatam  dhiyah 

O vous  deux,  l’Ardent  et  le  Liquide,  vous  êtes  les  maîtres 
du  soleil(-feu),  les  maîtres  des  vaches;  puissants  (que  vous 
êtes),  faites  croître  les  pensées  (les  crépitantes  = les  libations 
enflammées  et  crépitantes). 

yopaiï.  — Comme  gopâm,  5,  9b 

pada  3.  — Cf.  6,  7;i,  payo  yad  asya  pïpayat. 

3.  — vrsd  punânâ  âyûsu  | stanüyann  âdhi  barhisi  | 
hârih  sün  yônim  âscidat 

Le  taureau  allumé,  qui  bruit  dans  les  vigueurs  au-dessus 
des  forts  dans  lesquels  il  réside,  se  manifestant  (comme) 
doré,  s’est  établi  dans  la  matrice. 

vrsâ  punânah . . . stanayan.  — Cf.  5,  1,  pavamünah . ■ . vrsd 


108 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


kanikradat.  — Claire  indication  des  crépitements,  et  par 
conséquent  de  la  nature  ignée  du  soma  pavamâna. 

punâna  fiyu.su.  — La  variante  punâna  üyümsi  du  Sàma-ceda 
« celui  qui  allume  les  vigueurs  » est  importante  en  ce  qu’elle 
montre  que  âyusu  ne  saurait  désigner-  les  hommes,  comme  le 
veulent  Sày.,  Lud.  et  Berg.,  I,  61. 

barliisi.  — S’explique  comme  harkis  au  vs  5,  4',  et  est  indiqué 
par  la  construction  comme  synonyme  de  âyusu. 

pâda  3.  — Cf.  8,  33,  rtasya  yonim  àsadam. 

4.  — âvcivaçanta  dhltüyo  | vrsabhdsyâdk i retasi  | 
sunôr  vatsdsya  mdtârah 

Les  pensées  ont  fait  entendre  leurs  voix  au-dessus  de  la 
semence  du  taureau(-soma)  dans  laquelle  elles  résident,  — 
elles  qui  sont  les  mères  d’un  veau,  qui  est  leur  fils. 

Hémistiche  1.  — A comparer  avant  tout  à l’hémistiche  1 du 
vers  précédent. 

acâeaçanta.  — Correspond  à stanayan,  et  adhi  retasi  à adlii 
barhisi,  d’où  l'indication  que  harkis  et  retas  désignent  également 
le  soma  liquide  dans  lequel  réside  en  quelque  sorte  le  soma  igné 
ou  crépitant  qui  reçoit,  par  dédoublement  verbal,  le  nom  de  dkiti 
dans  notre  vers.  Un  dédoublement  analogue  résulte  de  l’application 
du  mot  retas  au  soma  liquide,  comme  l’a  bien  vu  Sây.  : « retasi 
svaklye  sûre  vrsahkasya...  somasya.  » — Lud.  ne  tient  pas  compte 
du  sens  du  locatif  en  traduisant  retasi  par  « iiber  (des  slieres) 
samen  ». 

pâda  3.  — Les  libations  crépitantes  (dkïtayak  sont  les  mères 
du  soma  crépitant  dédoublé  verbalement  sous  le  nom  « d'un  veau, 
leur  fils  ».  Pour  la  réciproque,  cf.  9,  3,  sa  sünur  mâtariî  çucik . . . 
arocayat.  — Berg.,  II,  25,  a vu  ici  tout  autre  chose. 

5. — kuvîd  vrkanyd  ntlbhyah  } punânô  yârbliam  àdâdhat  \ 
yak  çukrâm  duliatê  payait 

Celui  qui  s’allume  n’a-t-il  pas  placé  un  fœtus  pour  celles 
qui  saillissent  comme  des  taureaux(-somas),  — elles  qui 
trayent  le  lait  brillant? 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


109 


vrsanyantïbhyali.  — Sens  analogue  à celui  de  ürsanyati,  5,  62. 
— Pour  le  tour  de  l'idée  avec  àdadhat , cf.  3,  6%  dadhad  ratnâni 
dâçuse. 

Hémistiche  1.  — Le  soma  pavam.  donne  un  fœtus,  qui  n’est 
autre  que  lui-même  dédoublé  (cf.  au  vers  précédent  les  vaches- 
somas  et  leur  veau),  aux  vaches-libations  qui  agissent  en  taureaux, 
parce  qu’elles  saillissent  en  quelque  sorte  sous  forme  ignée  ces 
liquides  au-dessus  desquels  elles  s’élèvent. 

pâda3.  — Les  vaches-libations  trayent  (au  lieu  d’être  traites,  — 
paradoxe)  le  lait  brillant,  à savoir  le  soma  pavam.  dédoublé  verba- 
lement auquel  elles  s’identifient  ou  dont  elles  se  nourrissent,  ce  qui 
revient  au  même;  cf.  6,  73,  payo  yad  asya  pïpayat.  — Lud., 
contrairement  à la  grammaire,  donne  un  sens  passif  à duliate. 

Berg.,  qui  traduit  ce  vers  dans  sa  Rel.  véd.,  II,  25,  rend 
vrsanyantïbhyali  par  « elles  désirent  le  mâle  » (sans  souci,  ce 
semble,  de  l’analogie  du  vers  5,  62),  punânah  par  « coulant  » et 
çukram  payai]  par  « lait  pur  ». 

6.  — upci  çiksdpatcisthûso  | bliiyâsam  à dlielii  rdtni.su  | 
pâummdna  viclâ  rayim 

O allumé,  renforce  ceux  qui  s’affaissent;  établis  la  crainte 
chez  les  ennemis;  trouve  la  richesse. 

apatastliusali.  — « Ceux  qui  s’affaissent,  » métaphore  pour  dé- 
signer les  libations  qui  s’épuisent;  le  soma  pavam.  les  ravive  en  se 
ravivant  lui -même. 

bhiyasam.  — La  crainte  qu’éprouvent  les  obstacles  attaqués  par 
les  flammes. 

çatrusu.  — « Les  ennemis,  » désignation  métaphorique  des 
obstacles  personnifiés. 

pâda  3.  — Cf.  12,  9',  à pavamâna  dliâraya  rayim. 

7.  — ni  çâiroh  soma  vrsnyam  | ni  çûsinam  ni  vâyas  tira] 
duré  Pci  satô  cinti  va 

O liquide,  empare-toi  par  en  bas  de  la  virilité  fécondante, 
de  l’ardeur,  du  réconfort  de  l’ennemi,  qu’il  soit  dans  l’éloi- 
gnement ou  à proximité. 


110 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


L’ennemi-obstacle  est  censé  retenir  le  liquide  fécondant,  ardent 
et  réconfortant,  grâce  auquel  le  sacrifice  a lieu.  Le  soina  per- 
sonnifié l’arrache,  c’est-à-dire  s’arrache  soi-même  à l’ennemi  en 
apparaissant  sur  l’autel  pour  allumer  le  feu  sacré. 


HYMNE  XX 

1.  — prâ  kavir  devcivltayê  | ’vyo  vârebhir  arsati  | 
sàhvân  viçvâ  cibla  sprdhah 

Le  sage  s’avance  en  coulant  pour  le  régal  des  Célestes  au 
moyen  des  toisons  de  la  brebis,  l’emportant  sur  tous  les 
rivaux. 

pâda  1.  — Cf.  13,  3',  (somâh).  . . rjrnânâ  devacïtaye. 

pàda  2.  — Cf.  16,  8,  team  soma.  . . avijo  râram  vi  dhâoasi.  — 
Les  deux  formules  se  commentent  l’une  par  l’autre  : couler  à travers 
la  toison  ou  couler  par  les  toisons  revient  au  même. 

Lud.  ne  tient  pas  compte  de  la  valeur  de  l’instrumental  et  tra- 
duit : « über  die  haare  des  schales.  » 

ab/ri  spvdliah.  — Cf.  7,  5',  pavamâno  abhi  sprdhah.  Aucune 
raison  pour  donner  avec  Sây.  et  Lud.  le  sens  d’armée  à sprdh, 
adjectif  verbal  du  radical  de  même  forme.  Ce  mot  désigne  d’ailleurs 
les  obstacles  personnifiés. 

2.  — set  hi  smâ  jariirbhya  â [ vâjam  yômantam  invati  | 
pâvamànafy  sahasrinam 

Cet  allumé  met  en  mouvement  pour  les  chanteurs  le  ré- 
confort qui  vient  des  vaches,  qui  a mille  (dons). 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Le  soma  pousse  le  réconfort  issu  des  vaches, 
ou  lui-même  (dédoublement  verbal)  aux  chanteurs  ou  aux  somas 
crépitants  (autre  dédoublement);  cf.  6,  3,  suvâno  arsa. . . abhi  vâjam 
uta  çracalj,  formule  par  laquelle  le  soma  est  invité  à s’unir  au 
réconfort- soma  et  au  chant  = le  Soma  crépitant.  — vâjam  f/omam 


Le  culte  védique  du  sôma 


111 


tam,  cf.  10,  3%  sorhâso  gobliir  aiijate.  — L’explication  de  Sây.  et 
de  Lud.  : « Le  soma  procure,  etc.,  » nécessite  l’attribution  à invati 
d’un  sens  arbitraire,  ce  verbe  ne  signifiant  que  « pousser,  mettre 
en  mouvement  ». 

jarilrbliyali.  — « Aux  chanteurs,  » aux  somas  crépitants  avec 
dédoublement  verbal,  eu  égard  à l’idée  exprimée  par  pacamânah. 

gomantam.  — Berg.,  I,  212,  voit  bien  à tort  dans  ce  passage 
l’indication  de  dons  de  vaches  réelles  procurées  aux  prêtres  par 
le  soma. 

sahasrinam.  — Cf.  13,  5',  sahasrinam  rarjim,  — même  expli- 
cation pour  les  deux  cas. 

3.  — pctri  viçvdni  cêtasà  \ mrçdise  pdvase  matl  | 
sd  naît  soma  çrdvo  vidait 

Tu  touches  tous  (les  dons  du  sacrifice  = les  libations)  en 
les  entourant  au  moyen  de  l’éclat;  tu  (les)  allumes  au  moyen 
de  la  pensée  (la  libation  crépitante);  ô liquide,  trouve  la 
voix  pour  nous  (pour  nos  libations). 

oiçvâni.  — Avec  le  substantif  (peut-être  vàryâni,  cf.  16,  4')  sous- 
entendu  (cf.  ci-dessus,  vers  1,  viçvâh . . . sprdha/i,  où  il  est  exprimé), 
comme  avec  sahasrinam  (càjam)  au  vers  précédent. 

cetasâ  mrçase.  - Cf.  16,  4,  cetasâ  somali.  . . arsati.  — Lud.  : 
« Tu  touches  tout  avec  la  pensée.  » (?) 

pacase  matl.  — Dédoublement  verbal,  — cf.  7,  63,  rebho 
vanusyate  matl.  — Lud.  : « Tu  purifies  avec  ta  pensée.  » (?) 

pada  3.  — Cf.  19,  6%  pavamâna  vida  rayim,  d’où  l’indice  que 
les  mots  çravas  et  ragi  désignent  un  seul  et  même  objet;  cf.  aussi 
4,  1,  sanâ. . . soma. . . çravali. 

4.  — abhy  àrèa  brhdd  yciço  | maghdtvadbhyo  dhruvàm 
rayitn  | isam  stotrbliya  à bhara 

Coule  vers  le  grand  éclat,  vers  la  forte  richesse  destinée 
aux  donateurs;  apporte  la  libation  aux  chanteurs  (aux  somas 
crépitants). 

Hémistiche  1.  Cf.  6,  3,  abhi...  a rsa, . , abhi  vâ/am  uta 
çravali,  et  4*  8,  abhy  arsa. . ■.  rayim. 


112 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


maghaoadbhyali.  — Aux  donateurs -somas  qui  transmettent  la 
liqueur  sacrée  au  soma  pavam.  — On  peut  entendre  aussi  («  la 
richesse)  qui  vient  des  donateurs-somas  »,  en  prenant  le  mot  à 
l’ablatif. 

pâda  3.  — Cf.  4,  10,  rayim...  à bliara;  19,  1,  uklhyam. . . 
rasa.  . . a bliara;  20,  2,  jaritrbhya  â vâjam.  . . inrati. 


5.  — tvcini  ràjeva  suvratô  | girali  soma  viveçitha  \ 
punânô  vahne  adbliuta 

O liquide,  pareil  au  roi  qui  a de  bons  objets  do  son  choix, 
tu  as  pénétré  dans  les  voix(-crépitements  = les  libations 
crépitantes),  en  t’allumant,  ô porteur  (de  l’oblation),  ô mani- 
festé. (?) 

team.  — Invocation  liturgique. 

tram  râjeca . . . punânah.  — Cf.  5,  1,  pacamâno  vi  râjati;  7,  5% 
râjeca  sïdati.  — Berg.,  III,  270,  traduit  râjâ. . . sucrdtali  par  « un 
roi  qui  a de  bonnes  lois  ». 

pâda  2.  — Cf.  6,  9‘,  punânah . . . dadhise  girali.  — Lud.  : « Tu 
es  entré  dans  les  hymnes  (comme  étant  leur  objet),  » — sens  aussi 
invraisemblable  que  possible. 


G.  — sa  vâhnir  apsû  duètàro  | mrjyàmâno  gàbliastyoh  | 
sômaç  camusu  sïdati 

Ce  porteur  qui  est  dans  les  eaux,  difficile  à vaincre,  qui 
est  rendu  brillant  dans  les  deux  mains,  — (ce)  liquide  prend 
résidence  dans  les  coupes. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

apsu...  mrjyamânah.  — Cf.  2,  5',  apsu  màmrje.  — Berg., 
I,  149,  prend  le  mot  apsu  au  propre. 

dustarah . — Cf-  16,  3',  apsu  dustaram  somam. 

pada  2.  — Cf.  13,  7’,  dadhanrire  gabliaslyoh  ; 18,  4%  hastayor 
dadhe. 

pâda  3.  — Cf.  16,  4,  somah . . . sadhastham  àsadat  ; 7,  63,  vanesit 
sïdati,  — donc  camusu  et  canesu  répondent  à la  même  idée.  — 
Berg.,  I,  149,  prend  le  mot  camusu  au  propre- 


Le  culte  védique  du  soMa 


113 

7.  — krilûr  inakhô  nu  manhayâh  \ pavitrcun  soma 
gachcisi  \ dàclhat  stotré  suviryam 

Sautant,  pareil  au  guerrier,  désireux  de  donner,  ô liq aide, 
tu  vas  vers  l’allumeur;  (tu  es)  ce  qui  établit  le  (suc)  pourvu 
de  bons  mâles  pour  le  chanteur  (crépitant). 

pâda  1.  — Cf.  1,  103,  çüro  mayhâ  ca  manhate. 

pâda  2.  — Cf.  12,  5,  somaJi.  . . paoilra  âhitali ; 16,  32,  somam 
paoitra  a s/y  a. 

pâda  3-  — Cf.  20,  4:l,  isam  stotrbhya  à bhara,  — donc  suviryam 
— isam. 


HYMNE  XXI 

1.  — été  dhcïvantindcwah  | sômcï  indraya  ghrsvayah  | 
matsarâsah  soarvidah 

Ces  brillants,  ces  liquides  actifs  coulent  pour  f Ardent — , 
(eux  qui  sont)  liquoreux,  qui  trouvent  le  soleil(-feu). 

ete.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  2.  — Cf.  16,  1,  pra  te  sotârah. . . vasam  maddya  ghrscaye. 
— L’échange  de  l'épithète  ghrsvi  entre  les  somas  et  Ipdra  con- 
tribue à prouver  que  ceux-là  et  celui-ci  désignent  un  même  objet. 
svarcidah.  — Comme  svaruidam,  8,  92. 


2.  — pravrnüdnto  ccbhiyûjah  | smoaye  uarivovidah  | 
svccyüni  stotré  vayaskrtah 

Ils  enveloppent  (écartent)  ceux  qui  s’attellent  pour  leur 
faire  échec  (les  obstacles  personnifiés),  ils  trouvent  l’espace 
(libre)  pour  ce  qui  coule,  (et)  procurent  le  réconfort  qui  est 
leur  (chose)  au  chanteur  (crépitant). 

susvaye.  — Aucune  raison  pour  ne  pas  donner  à ce  mot  le  sens 
étymologique  de  liqueur  ou  liquide. 

varicooidah.  — Le  sens  de  varions  est  « le  large,  l’espace  »,  et 
rendre  le  composé  avec  Grass.  et  Lud.  par  « ce  qui  procure  du 


8 


111 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


plaisir  » est  purement  arbitraire.  Cf.  les  fréquentes  formules 
comme  urukvt  et  les  analogues  qui  se  rapportent  toutes  à la  déli- 
vrance ou  à la  libération  du  soma  considéré  comme  retenu  ou 
captif.  — Berg.,  III,  114,  note,  traduit  parfaitement  par  « donnant 
l'espace 

pâda  3.  — Cf.  20,  43,  isam  strolrbhya  à b/tara.  — La  compa- 
raison des  deux  formules  ne  permet  guère  de  doute  sur  l’application 
du  mot  « chanteur»  au  soma  crépitant.  — Say.  (bien);  « cayaskrtah 
==  annasya  kartâraJi.))  — Lud.,  arbitrairement  : « lebensfulle 
schaffend.  » 

3.  — uvthd  kvilanta  indavah  \ sadhdstham  abluj  ékam 
it  | sindhor  urina  vy  âksavan 

Les  brillants,  dansant  au  moyen  de  l’accroisseur  (?),  ont 
coulé  vers  cette  résidence  unique  que  voilà,  dans  les  Ilots 
de  la  rivière. 

vrthâ.  — Cf.  16,  7J,  vythâ  paoitre  arsati.  — Dédoublement 
verbal  (G). 

krllantali.  — Cf.  20,  7',  krlluli. 

pàda  2.  — Cf.  1 G,  4%  sadhastham  âsadat. 

sindhor  ârmâ.  — - Cf.  12,  3,  südane  sindhor  ürmâ.  — ürrnû, 
dédoublement  verbal,  eu  égard  à sindhoh,  dont  le  sens,  de  son 
côté,  est  dédoublé  vis-à-vis  de  celui  de  sadhastham  : partout  il  ne 
s'agit  que  du  soma  identifié  aux  formes  des  choses  auxquelles  on 
peut  le  comparer. 

4.  — etc  üiçôâni  üàrijù  | pdcamdnùsa  âçata  | 
hità  nd  sâptciyo  râthe 

Ces  allumés  que  voilà)  ont  atteint  toutes  les  choses  dési- 
rables, pareils  aux  sept  chevaux  qui  sont  lancés  dans  le  char. 

etc.  — Démonstratif  liturgique» 

Hémistiche  1.  — Cf.  3,  4,  csa  viçoâni  vâryâ ...  pacamânah 
sisasâti. 

pâda  3.  — Les  sept  chevaux  somas  lancés  (ou  placés)  dans  le 
char- soma  : paradoxe  (K). 


Le  Cl  LTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


115 


5.  — àsmin  piçàngam  indaüo  \ dâdhâtcï  vendin  âdiçe  | 

yô  cismâbhyam  ârdud 

O brillants,  établissez  en  celui  que  voici  l’Éclatant  dé- 
sireux (de  l’oblation)  pour  (le)  signaler,  — lui  qui  était 
(jusqu’ici)  sans  dons  pour  nous. 

asmin.  — Démonstratif  liturgique. 

piçangam...  venant.  — Autre  nom  du  soma  pavam.  par  dédou- 
blement verbal. 

arâcâ.  — Cf.  13,  9',  apaghnanto  arâcnah  pavamânâli.  — Ici, 
grâce  au  concours  du  soma  pavam  , le  soma  liquide  cessera  d’être 
inerte  ou  sans  dons  (arâvan) 

6.  — rbhûr  nâ  râtliyam  ndvam  | dcidhàtâ  kêtcini  calice  | 

çukràh  pavaclhvain  ârnasâ 

De  même  que  l’(artisan)  habile  (a  établi)  un  nouvel  (objet) 
de  la  nature  d’un  char,  établissez  le  désir  pour  le  signal; 
ô brillants,  allumez-vous  au  moyen  du  Ilot. 

pâda  1.  — Le  « char  » nouveau  est  le  soma  pavam.,  eu  égard 
au  soma  ancien  ou  liquide. 

pâda  2.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  2.  — « Le  désir  » = le 
soma  pavam.  désireux  du  soma  liquide;  — « pour  le  signal  »,  c’est- 
à-dire  pour  produire  la  flamme  du  soma  pavam.  qui  devient  ainsi 
le  signe  distinctif,  le  panache  en  quelque  sorte,  du  soma  liquide. 
Inutile  d’ajouter  que  les  mots  ketam  et  âdiçe  ainsi  employés  sont 
autant  de  dédoublements  verbaux. 

arnasâ . — Dédoublement  verbal  G).  — L’allumage  du  soma 
par  lui-même,  ou  sa  transformation  de  chose  liquide  en  chose 
ignée,  ne  saurait  être  indiqué  plus  clairement.  — Cf.  1,  l2,  pacasca 
soma  dharagâ. 

7.  — etd  u tyê  auivciçan  | hàsthdm  vdjino  cikrata  | 
satdh  prâsdœisur  mcittin 

Ceux  que  voici  ont  crié;  ceux  qui  ont  les  réconforts  ont 
construit  la  marche;  ils  ont  fait  couler  la  pensée  (la  libation 
crépitante)  de  celui  qui  est  (là)* 


lie 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SONlA 


eta  u tye.  — Démonstratifs  liturgiques. 
àvïoaçan.  — Cf.  19,  4',  aoâbaçanta  (dhïiayali). 
kâtsthâm. . . akrata.  — Cf.  21,  2%  varicocidali.  — Les  réconforts- 
somas  ont  fait  la  marche,  c'est-à-dire  se  sont  mis  en  marche. 

prâsâoisur  matim.  — Cf.  16,  4,  pra...  cetasâ...  somaJi...  arsati. 
— Berg.,  1,  185,  a pris  cette  expression  au  propre:  « (Les  sonms 
donnent)  l’activité  à la  pensée  »;  ailleurs,  111,  42,  il  traduit  le 
même  passage  par  : « Les  somas  ont  vivifié,  excité  la  prière  de 
l’homme  pieux  (satah).  » 


HYMNE  XXII 

1.  — etc  sômdsa  dçavo  \ râthâ  iva  prâ  vdjinah  \ 
sàrgâh  srstâ  aliesata 

Ces  liqueurs  rapides,  pareilles  aux  chars  pourvus  de  récon- 
forts, se  sont  précipitées  (sous  la  forme  de)  courants  lâchés. 

e/e.  — Démonstratif  liturgique. 

pada  1.  — Cf.  17,  1%  somâ  asrgram  âçacalj. 

rallia,  ira.  — Cf.  10,  1 et  2,  ralhâ  ica. 

pàda  3.  — Cf.  16,  1’,  aargo  na  takty  etaçali. 

2.  • — été  vâtà  ivovàuah  | paijâtiyasyeva  vrstàyah 
agnér  iva  bhramâ  vrthd 

Ceux-ci  (sont)  pareils  aux  souffles  étendus,  pareils  aux 
averses  du  nuage,  pareils  aux  tourbillons  du  feu  provenant 
de  l’accroisseur (?). 

e/e.  — Démonstratif  liturgique. 

vâtâli.  — Cf.  5,  11%  oâyuli;  2,  10',  âtmà  yajnasya.  — Ce  pas- 
sage est  très  important  en  ce  qu’il  indique  l’origine  de  la  métaphore 
en  vertu  de  laquelle  les  mots  câta  ou  oàt/u  désignent  le  soma  pavam. 
en  tant  qu’agité.  — Pour  Berg.,  I,  171,  il  s’agirait  « des  sucs  du 
soma  répandus  dans  le  ciel  comme  les  vents  ». 

pada  2.  — Cf.  2,  9',  parjanyo  vrètimân  ica.  — La  comparaison 
des  deux  formules  permet  de  prendre  sur  le  fait  le  dédoublement 
verbal  : parjavyasya . . , vrëtayah.  Ce  pàda  vise  le  soma  liquide, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


117 


tandis  que  le  suivant  a en  vue  le  soma  pavara.  ou  igné.  — Berg., 
I,  166  : « Les  soinas  sont  comparés  à la  fois  aux  pluies  du  nuage 
à cause  de  leur  nature  liquide,  et  aux  flammes  d’Agni  à cause  de 
leur  éclat.  » Cette  dernière  partie  de  la  comparaison  s’appli- 
querait-elle si  le  soma  n’avait  pas  flambé? 

vrtliâ.  — Cf.  16,  7:l,  et  21,  31. 

. 3.  — été  pütâ  mpaç.ciiah  \ sômclso  dâdhyâçtrah  \ 

vipâ  v y ânciçur  dhiyah 

Ces  liquides  allumés,  qui  tirent  leur  éclat  de  l’actif, 
qui  sont  mêlés  de  lait  caillé  (?),  ont  obtenu  (réalisé)  les 
pensées(-crépitements)  au  moyen  de  l’agité. 

ete.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  12,  3,  vipaçcit  somali. 

dadhyâçirah.  — Faute  de  mieux,  je  m’en  tiens  provisoirement 
au  sens  traditionnel  (voir  Berg.,  II,  23).  Dans  tous  les  cas,  on  ne 
saurait  entendre  l’expression  au  propre;  il  s’agit  certainement  du 
soma  comparé  au  cladhi.  — Cf.  11,  62,  dadlined  ablii  çrïnïtana. 

vïpâ.  — Cf.  3,  2’,  esa  deoo  vipâ  krtah.  — Dédoublement  verbal. 

pâda  3.  — Cf.  6,  9,  punânah . . . dadhise  girali.  — - L’idée  est  la 
même  dans  les  deux  passages. 

4.  — été  mrstâ  âmartyâh  | sasruâmso  nc'i  çaçramuh  ( 
îyaksantah  pathô  rajah 

Ces  non-morts,  rendus  brillants,  s’étant  mis  en  mou- 
vement ne  se  sont  pas  reposés,  désireux  de  faire,  au  moyen 
de  l’oblation,  de  l’obscurité  un  chemin,  — (de  transformer 
l’obscurité  inerte  en  flammes  actives). 

ele.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Relation  particulière  entre  les  idées  exprimées 
par  amartyâli  et  na  çaçramuh. 

pâda  3.  — Cf.  9,  82,  sâdhayâ  pathali,  ■ — même  explication. 

rajah . — Voir,  pour  l’explication  traditionnelle,  Berg.,  IL  1.18. 


LE  Cl' LTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


118 

5.  — été  prsthâni  rôdasor  | viprayânto  vy  ânaçuh  | 
utédâm  uttamdm  rajah 

Ces  (liquides)  ont  atteint  en  allant  en  avant  les  sommets 
des  deux  brillants,  et  ce  rajas  qui  est  tout  en  haut. 

ete.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  14,  7%  prëthâ  yrbhnata  vâjinali.  — Les 
sommets  des  deux  brillants  (lobscur  et  le  brillant)  et  le  rajas  supé- 
rieur sont  d’autres  formes  nominales,  c’est-à-dire  des  dédouble- 
ments purs  et  simples,  du  nom  feu  sacré  ou  du  soma  pavam. 
L’opposition  signalée  par  Berg.,  II,  124,  entre  le  rajas  suprême  et 
« les  deux  mondes  (rodasï)  » est.  imaginaire  : cette  opposition  est 
en  réalité  une  identification. 

rajah.  — L’obscurité  (devenue  lumière)  : paradoxe. 

G.  — tdntury  tanvânâm  uttamdm  \ dnu  pravdta  âçata  | 
utédâm  uttarnâyyam 

Celles  qui  s’élèvent  (les  libations  allumées)  ont  atteint — , 
en  le  suivant,  — celui  qui  étend  le  (11  supérieur  et  ce  (lieu) 
supérieur. 

Les  sotnas  pavam.  se  sont  réunis  au  feu  sacré  qui  s’élève  au- 
dessus  du  soma  liquide.  — Ce  vers  est  comme  une  variante  du 
précédent. — Berg.  (1,  204),  est  obligé,  pour  l’expliquer,  d’avoir 
recours  à l’hypothèse  du  « soma  céleste  ». 

7.  — tvdm  soma  panibhya  à | vdsu  gdivyâni  dhàrayah  | 
tatdm  tantum  acikradah 

O liquide,  tu  as  soutenu  le  bien,  les  produits  des  vaches 
qui  viennent  des  reteneurs;  tu  as  rendu  bruyant  le  fil  (la 
flamme)  qui  s’étend. 

panibhyali.  — « Les  reteneurs,  les  détenteurs))  (d’où  les  mar- 
chands) des  somas,  — métaphore  pour  désigner  les  obstacles  per- 
sonnifiés. Les  somas  possèdent  la  libation,  donc  ils  l'ont  enlevée 
ou  achetée  à quelqu’un. 

Hémistiche  1.  — Cf.  12,  9,  â parùmâna  dhâraya  rai/im. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


119 


gavyâni.  — Cf.  8,  6S,  gavyâni,  — même  explication. 

tatam  tantum.  — Cf.  tantum  tanvânam  au  vers  précédent. 

acikradah.  — Cf.  18,  7-,  punàno  acikradat.  — Le  soma  rend 
le  feu  sacré  crépitant.  — Lud.  : « Tu  évoques  la  série  angesponnem 
(des  pratiques  sacrées)  ! » 

HYMNE  XXIII 

1.  — sômâ  asryram  âçdoo  | mcïdhor  mcidasya  dhârayd  | 
abhi  viçvdni  kcwycl 

Les  liqueurs  rapides  ont  coulé  au  moyen  du  courant  du 
doux  liquide  vers  tous  ceux  qui  sont  de  la  nature  du  sage 
(soma). 

pâda  1.  — Cf.  12,  1',  somâ  asrgram;  22,  1',  ete  somâsa  àçaval). 

pâda  2.  — Cf.  1,  1,  svâdisthayà  madis(hayâ  pavasva  soma 
dhârayâ. 

pâda  3.  — Cf.  7,  4',  pari  yat  kàoyâ  kavih. . . arëati;  8,  1,  ete 
somâ  abld  priyam...  akëaran.  — Lud.  : « Au  gré  de  toute 
sagesse!  » 

2.  — ânu  pratnâsa  âydoah  | paddin  ndvlyo  akrainuh  \ 
rucé  jananta  sûryam 

Les  anciens  Actifs  sont  venus,  en  continuant  (de  marcher), 
dans  une  place  nouvelle  ; ils  ont  donné  naissance  au  soleil 
pour  l'éclat. 

Hémistiche  1.  — Les  somas  liquides  se  sont  transformés  en 
somas  ignés  qui  viennent  en  avant  de  ceux-là  quant  au  lieu  et  au 
temps.  — Cf.  3,  9’,  pratnena  janmanâ . . . sutah ; 10,  6,  pratnàh  . . . 
âyavali;  21,  6,  rathyam  nùvam  dadhâiü. 

pâda  3.  — Cf.  9,  8:\  pratnavad  rocayâ  rucah;  17,  53,  sûryam. . . 
codayah.  — Le  soma,  en  s’allumant,  engendre  le  soleil(-feu)  pour 
le  s feu  ) éclatant,  c’est-à-dire  pour  qu’il  éclate,  brille;  série  de  dédou- 
blements verbaux  : pavamâna  = sürya  = rue.  — Nouvel  indice, 
et  des  plus  probants,  de  la  véritable  nature  du  soma  pavamâna. 


120 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


3.  — à pavamâna  no  bharâ  \ -nyô  âdâçuso  gchjam  I 
krdhi  prajdvatïr  isaJi 

O allumé,  apporte-nous  la  demeure  (ou  les  biens)  de  celui 
qui  ne  donne  pas,  qui  n’est  pas  libéral;  rends  les  libations 
pourvues  de  progéniture  (fais-leur  porter  des  fruits;  déve- 
loppe-les). 

Hémistiche  1.  — Cf.  4,  10,  vagira . . . à bhara.  — « Celui  qui  ne 
donne  pas,  » personnification  métaphorique  de  l’absence  de  libation. 
— La  demeure  de  celui  qui  ne  donne  pas  contient  les  dons  qu’il 
pourrait  faire. 

pâda  3.  — Cf.  8,  9',  bhaksimaln  prajàm  isam.  — La  compa- 
raison des  deux  formules  condamne  la  traduction  de  Lud.  : <<  Pro- 
cure-nous  la  nourriture  qui  produit  des  enfants.  » La  libation  et 
sa  progéniture  désignent  un  seul  et  même  objet. 

4.  — abhi  sômâsa  âyüvah  | pavante  mâdyam  ma  dam  | 
abhi  kôçam  madhuçcutam 

Les  liqueurs  rapides  s’allument  en  s’approchant  de  la 
boisson  potable,  en  s’approchant  du  vase  où  coule  le  doux. 

Hémistiche  1.  — Cf.  6,  2',  abhi  tgam  raadgam  madam...  ksartt. 

pâda  3.  — Cf.  12,  63,jinvan  koçam  madhuçcutam. 

5.  — snmo  arsati  dharnasir  \ dâdhâna  indriyâm  râsam  | 
suvîro  abJdçastipâh 

Le  liquide  qui  supporte  (le  feu  sacré). coule  en  établissant 
(produisant)  le  suc  qui  est  de  la  nature  de  l’Ardent;  lui  qui, 
bien  pourvu  des  mâles(-somas),  est  le  maître  du  contre-- 
crépitement. 

dharnasih.  — Cf.  2,  2:l,  indo . . . dharnasih. 

dadhâna...  rasam.  — Cf.  6,  6,  rasam...  sutam  bharàya  sam  svja. 

suclrah.  — Cf.  11,  9',  suvïvgam  vagim. 

abJdçastipâh.  — L ’abhiçasti  est  ce  qui  fait  échec  à la  çasli  ou 
au  crépitement  de  l’élément  igné  du  sacrifice;  d’où  le  sens  ultérieur 
de  « malédiction  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


121 


6.  — indrâya  soma  pavoise  | devébhyah  sadhamâdyah  \ 
indo  vâjam  sisâsàsi 

O liquide,  tu  t’allumes  pour  l’Ardent;  toi  qui  participes 
(avec  eux)  à la  libation,  (tu  t’allumes)  pour  les  Célestes; 
ô brillant,  tu  cherches  à t’emparer  du  réconfort. 

Hémistiche  1.  — Cf.  6,  7,  devâya...  indrâya  pavaie  sutali ; 
3,  92,  devo  devebhyah  sutali. 

parla  3.  — Cf.  7,  43,  svar  vâjï  sisâsati.  — Remarquer  l’identité 
fondamentale  des  deux  formules. 

7.  — asÿd pltvâ  mcidânâm  | indro  vrtrciny  aprati  \ 
jaghàna  jayhdnac  ca  nu 

Par  la  boisson  des  liquides  de  celui-ci,  l’Ardent  a tué,  — 
et  qu’il  lue,  — les  enveloppes  qui  cessent  de  faire  obstacle. 

asya.  — Démonstratif  liturgique. 

Cf.  1,  10,  asyed  indro  madesv  âviçvâ  vrtrâni  jighnate. 

Le  fait  que  le  feu  sacré  boit  la  libation  est  tout  naturellement 
solidaire  de  celui  de  la  disparition  des  obstacles. 


HYMNE  XXIV 

1.  — prâ  sômdso  adhanvisuh  \ pâvamânàsa  indavah  \ 
çrlnànâ  apsû  mrnjata 

Les  liquides,  les  allumés,  les  brillants  se  sont  précipités 
en  avant;  s’enflammant,  ils  sont  devenus  luisants  dans  les 
eaux. 


pâda  1.  — Cf.  21,  l'-,22,  l'-,23',  V,  ete  dhüoantïndavah  somâh 
— ete  somâsa  âçaoah  — soma  asrgram  âçavah. 

pàda  3.  — Cf.  2,  5',  samudro  apsu  màmrje.  — Le  soma  igné 
se  baigne  dans  ses  eaux,  et  ce  bain  le  fait  resplendir  par  une  double 
allusion  à ses  flammes  et  à l’éclat  qui  résulte  naturellement  du 
bain  (J). 


12-2 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


2.  — abhi  gâuo  adhanvisur  | âpo  nd  pravdtd  yalih  | 

punünà  indvarn  âçata 

Les  vaches  (libations)  se  sont  précipitées  vers  (lui)  comme 
les  eaux  qui  coulent  au  moyen  de  ce  qui  se  précipite  en 
avant;  — les  allumés  ont  atteint  l’Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  13,  7,  arèanlïndavali . . . dhenavalj. 

pâda  2.  — Cf.  6,  4%  âpo  na  pravatâsaran ; 22,  G2,  anu  pravata 
âçata. 

pravatà.  — Métaphore  pour  désigner  le  liquide  qui  coule;  dédou- 
blement verbal,  — cf.  22,  G'2. 

pâda  3.  — Cf.  6,  4',  même  formule. 

3.  — prâ pavamâna  dhancasi  | sôméndrày a pâtaue  \ 

nrbhii * yatô  vi  niyase 

O allumé,  tu  te  précipites  en  avant,  ô liquide,  pour  le 
breuvage  destiné  à l’Ardent  ; étendu  par  les  hommes(-somas), 
tu  es  conduit  (par  eux),  (tu  es  emmené  par  les  flammes  du 
sont  a pavam.). 

pâda  1.  — Cf.  24,  l1,  pra  somâso  adhancisuh  pavamânâsah. 

indrâya  pâtave.  — Cf.  1,  1',  même  formule. 

nrbhi/j.  — Sur  le  nom  d ’ « homme  » employé  métaphoriquement 
pour  désigner  les  somas,  cf.  9,  7’.  — Berg.,  I,  223,  entend  les 
sacrificateurs. 

yataJi.  — Lud.  : « saisi,  » traduction  arbitraire,  — le  rad.  para 
signifie  toujours  « étendre  ».  — Sây.  est  plus  près  du  vrai  sens  : 
« yalo  = vinïtah.  » 

vi  nïyase.  — Cf.  15,  3',  vi  nïyate. 

4.  — fvdin  soma  nrmâdanah  \ pdvasua  carsanisdhe  | 

sdsnir  yô  anumâdyah 

O toi,  liquide,  qui  t’arroses  avec  les  hommes(-somas), 
allume-toi  pour  celui  qui  possède  les  actives,  — toi  qui  (es) 
désireux  de  conquêtes  et  qui  dois  participer  à la  libation  à 
la  suite  (des  Célestes). 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


123 


nrmàdanali.  — Probablement  pour  nrbliir  mâdanali.  — Cf.  au 
vs  précédent,  nrbliir  yatali. 

pâda  2.  — Cf.  1,  1,  pacasva. . . indrâya,  et  1,  2',  raksoliâ  viçva- 
carsanili,  qualifications  qui  s’appliquent  dans  les  deux  passages 
à Indra-soma  dédoublé.  — Sâma-ceda  (passage  correspondant)  : 
carsanïdhrtih,  — -preuve  du  dédoublement.  — Le  motm  rsani a pu 
passer  au  sens  ultérieur  d’«  être  vivant  » de  la  même  façon  que 
jagat. 

sasni/j.  — Cf.  3,  4',  pavamânaJi  siêasati. 

anumâdyah.  — -Cf.  8,  4 ’',  anu  viprâ  (=  somâh)  amâdiëuh.  — 
Lud.  : « Toi  qui  es  un  objet  de  joie  ! » 

5.  — indo  yâd  ddribhih  sut  à h | pavitram  paridhâvasi  | 
ârcun  indrasya  diminue 

O brillant,  quand,  coulé  par  les  pierres,  tu  t’élances  autour 
de  l’allumeur,  il  y a chose  prête  pour  l’édifice  de  l’Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  11,  5,  adribhih  sutam  somam. 

pada2.  — Cf.  17,  4,  dhâvati  pavitre pari  sicyate. 

pâda  3.  — Lud.  : « du  auf  das  lâuterungsieb  iiberlâufst,  » — 
bien  peu  compréhensible  et  ne  rend  pas  le  texte.  — Cf.  15,  l3, 
yachan  indrasya  niëkrtam.  — Lud.  rend  très  arbitrairement 
dhâmne  par  « fiir. . . machtgebot  ».  — Pour  Bergaigne,  II,  244, 
et  III,  211,  note,  dhàman  signifierait  « nature,  essence  » (appro- 
priée à la  nature  d Indra). 

6.  — pdvasva  vvtrahantamo  | -kthébliir  anumâdyah  \ 
çûcih  pdvakô  ddbhutah 

Allume-toi,  ô destructeur  par  excellence  de  l’enveloppe, 
au  moyen  des  chants,  — toi  qui  dois  participer  à la  libation  à 
la  suite  (des  Célestes),  — toi  (qui  es)  éclatant,  flambant,  mani- 
festé ('?). 

pavasva. . . ukthebhilx.  — Cf.  17,  4‘,  ukthaih. . . vardhate. 

vrtrahantama.  — Cf.  1,  32,  rrtr allant amali. 

anumâdyah . — Cf.  ci-dessus  24,  4:l.  — - Lud.,  contre  toute  vrai- 
semblance et  toute  analyse  logique  de  la  phrase  : « Celui  en  qui 
on  doit  se  réjouir  dans  Vuktha  ». 


J 24 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


çucih  pàoakah.  — Cf.  9,  3*,  çucih.-.  arocayat.  — Lud.  arbi- 
trairement : pàoakah  = « heiligend  ».  — Sây.,  çodhakalj.  — 
Grassmann  traduit  très  justement  çucih  par  « erglanzend  » et 
pàoakah  par  « flammend  »;  mais  comment  conciliait-il  ces  signi- 
fications avec  la  nature  prétendue  liquide  du  soma  pavamâna? 
adbhutah.  — Cf.  20,  5*,  punânali.  . . adbliuta. 


7.  — çucih  pâuakâ  ucyate  | sômah  sutâsya  mâdhvah  | 
deudvir  aghaçarnsahâ 

Le  liquide  du  Doux  coulé  est  proclamé  éclatant,  flambant; 
il  (est)  le  régal  des  Célestes,  le  destructeur  du  mauvais  chant. 

pâdal.  — Cf.  ci-dessus  24,  63,  çucih  pàraknh- 
somah  sutasya.  — Cf.  11, 52,  sutam  somam.  — La  comparaison 
des  deux  formules  prend  le  dédoublement  verbal  sur  le  fait. 

deoâoïh.  — Cf.  2,  1',  pavasca  deraeïh.  — Lud.  arbitrairement  : 
« Ce  que  les  dieux  font  connaître.  » — agha-çamaa-hâ,  — l’obs- 
tacle désigné  métaphoriquement  sous  le  nom  d ’ayha  « mal,  peine  » 
est  censé  avoir  une  voix  ou  un  crépitement,  comme  la  libation 
libre  et  active;  celle  de  cette  dernière  fait  taire  l’autre.  Cf.  23,  53, 
abhiçastipâh. 


HYMNE  XNV 

1.  — pdcasva  dakàasâdhano  \ deoêbhyali  pitâye  hare  | 
marûdbhyo  vâyâve  mâdali 

Allume-toi,  ô doré,  — toi  qui  produis  l’habile  (ou  pour 
l’habile),  — pour  le  breuvage  destiné  aux  Célestes,  — (toi 
qui  es)  la  boisson  destinée  aux  impétueux  (Maruts),  au  vent. 

daksasâdhanah.  — Cf.  4,  3’,  ( paramâna ) sanâ  daksam;  62,  29s, 
dakëâya  südhanam: 

pâda  2.  — Cf.  3,  92,  devebhyah  sutali;  1,  l3,  indrâya  piitave 
sutah . 

vâyave  madali . - - Cf.  8,  2,  punânâsah...  yachanto  vâyum. 
— Pour  la  métaphore  qu’implique  l’emploi  du  mot  vâyu,  voir 
sur  22,  2b 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMÀ 


125 


2.  — pâuamâna  dhiyâ  hito  | ’bhi  yônim  kdni bradai  | 
dhârmanâ  vcuyûni  à viçci 

O allumé,  mis  en  mouvement  (ou  établi)  par  la  pensëe(-cré- 
pitetnent),  — (toi  qui  es)  ce  qui  bruit  (en  se  tournant)  vers 
la  matrice,  - — pénètre  le  vent  au  moyen  du  soutien. 

pâda  1.  — Cf.  8,  42,  tod.  . . hinvanti. . . dhïtayali. 

kanikradat . — Cf.  3,  73,  pavamânah  kanikradat. 

pâda  2.  — Cf.  37,  2:),  — même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  7,  7,  sa  vârjuin  indram.  . . gachati,  ranci  go  asga 
dliarmabhili;  2,  l3.  indram.  . . viça.  D’où  l’indice  que  vâyum  et 
indram  dans  lesquels  pénètre  le  soma  pavam.  sont  la  désignation 
métaphorique  d’un  même  objet. 

dharmanâ.  — Le  soma  soutien  ou  réconfort,  — dédoublement 
verbal  (G).  Lud.,  arbitrairement  et  sans  tenir  compte  de  la  valeur 
de  l’instrumental  ; « Selon  la  sainte  (?)  loi,  » — Berg.,  III,  251, 
sans  plus  de  respect  pour  la  valeur  du  cas,  « selon  le  dliarman  » 
(ou  la  loi). 

3.  — sâm  deoaih  çobhate  vrsâ  | kavir  yônâv  âdlii  priycïh  \ 
crtrahâ  devavttamah 

Le  taureau  (soma)  brille  avec  et  par  les  Célestes,  — lui 
le  sage  (crépitant),  l’agréable  qui  est  au-dessus,  dans  la 
matrice,  — le  destructeur  de  l’enveloppe,  — celui  qui,  par 
excellence,  régale  les  Célestes. 

pâda  1.  — Cf.  2,  G,  vrsâ.  . . sain  sürgena  rocade.  — Lud.  : « Il 
brille  avec  les  dieux,  » — donc  il  est  brillant! 

pâda  2.  — Cf.  14,  1,  kavili.  . . ûrmâv  adhi  çritah. 

vrtrahd.  — Cf.  24,  G1,  vrtrahantama.  — Épithète  commune  au 
soma  et  à Indra;  donc  l'un  et  l’autre  sont  essentiellement  identiques. 

clevavïtamalj.  — Cf.  24,  73,  devâvïh. 

4.  — vtçüd  rüpàny  cïmçdn  | pandnô  ydti  haryatàih  \ 
yàtràmrtdsa  ascite 

Pénétrant  tous  les  aspects  (du  soma),  l’allumé,  le  désiré 
est  en  marché  (pour  aller  là)  où  résident  les  non-morts. 


126 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


viçvâ  rüpâni.  — « Les  aspects  »,  les  formes,  les  couleurs  noires 
et  rouges  du  soraa  non  allumé  et  allumé.  Cf.  R.V.,  X,  21,  3,  krsnâ 
rüpâny  arjunâ.  — Berg.,  I,  176,  entendait  par  rüpâni  « les 
essences  ». 

pada  3.  — Cf.  15,  2\  même  formule  et  même  explication. 

5.  — arusô  janayan  girah  | sômah  pauata  àyumk  \ 
indram  gâchan  kamkratuh 

Le  rouge  qui  engendre  les  voix  (crépitantes),  le  liquide 
qui  accompagne  les  actifs,  s’allume,  — lui  qui,  allant  dans 
l’Ardent,  construit  le  sage. 

arusali.  • — Cf.  8,  6,  punânali . . . arasai).  — Que  serait  le  soma 
rouge,  sinon  la  libation  enflammée? 

janayan  girali.  — Cf.  2,  7',  giras  ta  indo.  — Lud.  : « Engen- 
drant (au  sens  figuré)  des  chants  ; » c’est-à-dire  excitant  les 
chanteurs  à les  faire  enlendre.  Sens  arbitraire  qu’on  ne  saurait 
substituer  au  sens  réel  et  si  satisfaisant  de  « qui  produit  des  chants, 
qui  crépite  ».  — Même  observation  à faire  à propos  de  l’interpré- 
tation de  Bergaigne  d’après  lequel,  II,  24,  « soma  a été  considéré 
comme  l’inspirateur  de  la  prière  ». 
pâda  2.  — Cf.  23,  4,  abhi  somâsa  âyacah  parante, 
indram,  gachan.  — Cf.  2,  P,  indram. . . vira, 
havikratuli . - Cf.  9,  P,  sucànal/ . . . kaoikratuh. 

G.  — à pcwasva  madintama  | pavitram  dhârayà  kave  \ 
arkâsya  yônim  àsàdam 

O sage,  très  liquoreux,  allume  l’allumeur  au  moyen  du 
courant  pour  t’asseoir  dans  la  matrice  du  chant  (ou  de  l’éclat). 

madintama.  — Cf.  15,  8',  madintamam. 

pàda  2.  — - Cf.  1,  P,  parasra  soma  dhârayà , et  2,  1,  parasva.  . . 
pavitram. . , raiihyâ.  — dhârayà,  dédoublement  verbal.  — Lud-, 
en  dépit  de  la  grammaire  : « Clarifie- toi,  ins  sieb  herein  im 
strome.  » — Sây.,  sans  plus  de  raison  . « pavitram  atikramya.  » 
pâda  3.  — Cf.  8,  3%  rtasya  yonim  âsadam,  ■ — d’où  la  très  grande 
probabilité  que  les  mots  rtasya  et  arkasya  s’appliquent  à un  même 
objet.  — Pour  Berg.,  I,  279,  note,  a le  séjour  de  Varka,  où  s’établit 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


127 


le  somaest  naturellement  la  place  du  sacrifice,  le  séjour  de  l’hymne 
qui  sert,  en  môme  temps  que  les  gouttes  du  sorna,  à l’accroissement 
du  corps  d’Indra  ».  C’est  en  effet  le  séjour  de  l’hymne,  mais  au 
sens  absolument  réel  de  la  chose. 


HYMNE  XXVI 

1.  — tara  anirksanta  vâjinam  | upâsthe  ciditer  àdhi  [ 
viprclso  dnvyd  dhiyà 

Les  agités  ont  rendu  brillant  au  moyen  de  la  pensée., 
petite  (encore),,  ce  (liquide)  pourvu  de  réconforts  (qui  est) 
au-dessus,  dans  le  giron  de  la  non-Hée. 

tam.  — Démonstratif  liturgique. 

pâdas  1 et  3.  — Cf.  17,  7,  tam  u toâ  vâjinam. ..  dhîbhir  viprâh... 
mrjanti.  — - anvyâ  clhiyà.  — Cf.  15,  1',  dhiyà  yâty  anvyâ.  — Lud., 
contre  toute  vraisemblance  et  sans  tenir  compte  du  rapport  évident 
des  deux  passages:  « durch  den  einfall  des  fingersiebes.  » 

pâda  2.  — Cf.  25,  3%  yonào  adhi.  — Explication  analogue. 

Série  de  dédoublements  verbaux  qu’on  peut  indiquer  par  les 
équations  : viprâsah  — dhiyà  - aditeli  = vâjinam,  qui  sont 
autant  de  désignations  métaphoriques  du  soma  pavam.  — Pour 
une  interprétation  toute  différente,  voir  Berg.,  I,  204,  et  III,  96. 

2.  — terni  yâvo  abhy  ànüsata  | sahdsradhàrain  dkmtarn  [ 
indurn  dhartârani  â diodJi 

Les  vaches(-libations)  ont  mugi  vers  ce  liquide  aux  mille 
courants,  non  diminué,  — vers  le  Brillant  supportent’  du 
ciel(-feu). 

tam.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  12,  2',  abhi  ciprü  anüsala  g aval) . . . na. 

sahasradhâram.  — Cf.  13,  l2.  sahasradhârah. 

aksitam.  — Explication  analogue  à celle  de  amria  : le  soma 
u non  diminué  » ou  « non  épuisé  » est  celui  qui  est  versé,  qui  coule 
à foison.  — Berg.,  I,  205  : « inépuisable,  » ce  qui  n’est  pas  gram- 
maticalement exact. 


128 


LU  CU LTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pâda  3.  — Cf.  2,  5%  dharuno  divah.  — L’expression  « supporter 
le  ciel  » appliquée  au  soma  n’a  de  sens,  pour  peu  qu’on  y réflé- 
chisse, qu’en  prenant  le  mot  « ciel  » dans  l’acception  métaphorique 
de  feu  sacré.  — Comparer  la  traduction  de  Berg  , I,  205. 

3.  — taux  vcdhâni  medhày ahyan  \ pàvanxânanx  âdhi  dyâvi\ 
dharnasim  bhüridhâyasam 

Ils  ont  mis  en  mouvement  au  moyen  de  la  pensée(-crépi- 
tement)  cet  édificateur  (?)  allumé  (pour  aller)  au-dessus,  dans 
le  ciel(-feu),  lui  qui  est  le  soutien  dont  l’aliment  est  le  fort. 

tara.  — Démonstratif  liturgique. 
vedhürn.  — Cf.  2,  3%  dliârà  sutasya  redhasah. 
medhayühyan.  — Cf.  25,  21,  pavamâna  dhiyà  hitah. 
dharnasim.  — Cf.  2,  23,  somafi . . . dharnasili. 
bhüridhâyasam.  — Cf.  26,  22,  sahasradhâram.  — Comparer  la 
traduction  de  Berg.,  I,  205. 

4.  — tara  ahyan  bhurijor  dhiyà  | samvâsânam 
vivâsvatah  \ pâtim  vâcô  âdâbhyam 

Ils  ont  mis  en  mouvement  avec  la  penséeycrépitement) 
(pour  aller)  dans  les  deux  bras  (des  flammes),  celui-ci  qui 
habite  avec  le  brillant,  — lui  le  maître  de  la  parole,  qui  ne 
doit  pas  être  opprimé. 

tam.  — Démonstratif  liturgique. 

ahyan  dhiyà.  — Cf.  vers  précédent,  medhayühyan,  d'où  l'indi- 
cation de  la  synonymie  de  medhayà  et  de  dhiyà.  Ce  dernier  mot 
est  traduit  très  arbitrairement  par  Lud.  par  « hilfsmittel  ». 

bhurijoh.  — Si  ce  mot  signifie  bien  « bras  »,  comme  l'indique 
Say.,  il  faut  entendre  les  flammes  (dédoublement  comparées  à des 
bras  qui  saisissent  l’oblation. 

cirascatah.  — Cf.  10,  5,  vivasoalali.  . . bhâyam. 
patim  vâcah.  — Cf.  11,  83,  manasali  palili.  — Le  soma  cré- 
pitant est  naturellement  le  maître  de  la  parole;  cf.  l’explication  de 
Berg.,  11,  24. 

adcibhyam.  — Cf.  3,  2',  pavamüno  adcibhyalh 


Lli  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


12Ü 


5.  — tara  sànâu  âdhi  j'âmâyo  | hâriin  hinuanty  âdribhik 

liaryatchn  bit  ùricahisasam 

Les  sœurs,  au  moyen  des  pierres,  mettent  en  mouvement 
(pour  aller)  au-dessus,  dans  le  sommet,  ce  doré,  — (lui)  le 
désiré,  (lui)  dont  l’éclat  vient  du  fort. 

tara.  — ■ Démonstratif  liturgique. 

sânâo  adhi.  — Cf.  pour  le  sens,  22,  5',  prsthâni  rodasol/ . . . 
vy  ânaçuh,  et  pour  la  construction,  26,  V , upasthe  aditer  adhi, 
et  32,  adhi  dyavi. 

jamayo  liarim  hinvanti.  — Cf.  1,8',  tara  im  hinuanty  ayruvali. 

adribhih.  — Cf.  11,  5,  adribhih  sutain  somam. 

haryatam.  — Cf.  25,  4%  havyatali- 

blinricaksasam.  — Cf.  pour  la  valeur  instrumentale  du  premier 
terme  du  composé,  8,  9',  nrcaksasam ; 12,  9%  sahasravarcasam. 

6.  — tchn  tvà  hinvanti  vedhâsah  | pdvamàna  yircïvrdham  | 

indav  tndrâya  matsardm 

Toi  que  voilà,  les  édificateurs  (?)  te  mettent  en  mouvement, 
ô allumé,  — toi  qui  te  développes  au  moyen  de  la  voix, 
ô brillant,  — (toi  qui  es)  liquoreux,  pour  l’Ardent. 

tain  tcâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  7,  5',  yad  ïm  rnvanti  oedhasah. 

girâvrdham.  — Cf.  17,  4‘,  ukthaih . . . vardhate.  — La  com- 
paraison des  deux  formules  montre  l’erreur  où  est  tombé  Lud.  en 
traduisant  « celui  qui  accroît  l'hymne  ». 

pàda  3.  — Cf.  13,  8',  indrâya  matsarah- 

HYMNE  XXVII 

1.  — esd  havtr  abhistutah  \ pauitre  cidhi  toçate  | 
pünànô  yhncinn  üpa  sridhah 

Ce  sage  appelé  (par  les  crépitements)  coule  dans  l’allu- 
meur, au-dessus,  — (lui)  l’allumé  qui  détruit  en  les  écartant 
les  rivaux. 


o 


iso 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


esa.  — Démonstratif  liturgique. 
abliistutal) . — Cf.  3,  6',  esa. . . ahhistutah. 
pâda  2.  — Cf.  3,  9\  hardi  pavitre  arsati;  — 26,  vs  1,  upasthe 
aditer  adhi;  — vs  3,  adhi  dtjavi;  — vs  5,  sânâv  adhi. 

pada3.  — Cf.  13,  8',  viçvà  apa  dvisojahi,  — d’où  la  preuve  que 
sridhah  et  dvisah  sont  synonymes. 

2.  — em  indrâya  vâyâve  | svarjit  pari  èicyate  | 
pavitre  daksasâdhanah 

Celui-ci  qui  conquiert  le  soleil(-feu)  est  répandu  alentour 
pour  l'Ardent,  pour  le  vent,  — lui  qui  produit  l’habile 
(placé)  dans  l’allumeur. 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — indrâya. . . pari  sicyate,  cf.  11,  8. 
indrâya  vâyave.  — Cf.  7,  71,  vâyum  indram. 
svarjit.  — Cf.  4,  2’,  et  9,  9:i,  sanâ  svaJi;  7,  4%  soar  vâjï  sisùsati. 
pavitre.  — Cf.  le  vers  précédent. 

daksasâdhanah.  — Cf.  25,  1,  daksasâdhanah . . . vàyace. 

3.  — êsd  nrbliir  v i nlyate  j divô  rnürdhâ  vHd  sutàh  \ 
sômo  vcinesit  viçvavit 

Celui-ci,  qui  est  la  tète  du  ciel,  le  taureau.,  le  coulé,  est 
emmené  par  les  hommes(-somas);  lui,  le  liquide  (est  conduit) 
dans  les  bûches  (auxquelles  sont  comparées  les  libations 
inflammables),  — lui  qui  trouve  le  tout  (ce  qui  est  tout 
pour  lui  = la  libation). 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

pada  1.  ■ — Cf.  15,  31,  esa...  vi  nlyate;  2 4,  33,  nrbhih...  vi  nîyase. 
divo  mürdhâ.  — Cf.  17,  6%  mürdhan  yajnasya.  Cette  formule 
est  inintelligible  si  l’on  ne  donne  un  sens  métaphorique  à dicah; 
— cf.  aussi  les  expressions  synonymes  : 27,  55,  adhi  dyavi;  26,  51, 
sânâo  adhi;  27,  1-,  pavitre  adhi,  etc.  — Pour  une  explication 
différente,  voir  Berg.,  II,  81. 
vanesu.  — Cf.  7,  3%  v rsa. . . cane. 

viçvavit.  — Cf.  18,  4,  yo  viçvàni  vasüni...  dadhe;  3,  4,  esa 
viçcüni  vâryâ.  . . sisùsati. 


LË  C U LT  LJ  VÉDIQUE  DU  SOMA 


131 


4.  — esâ  yavyûr  acikraclat  \ pâvamâno  hiranyayûh  | 
induh  satrâjid  âstrtalx 

Cet  allumé,  désireux  (du  lait)  des  vaches,  désireux  d’or, 
a fait  entendre  sa  voix,  — lui  le  brillant  qui  conquiert  com- 
plètement (?),  qui  n’est  pas  écarté. 

ei la.  — Démonstratif  liturgique. 
gaoyuli.  — Cf.  2,  10’,  gosâ. 

acikradat  pavamànah.  — Cf.  3,  7',  paoamânah  hanikradat. 
hiranyayûh.  — Cf.  5,  10',  liiranyayam  ( haritam  — somam). 
— « Désireux  d’or,  » c’est-à-dire  de  ressembler  à l’or  (brillant). 
Comment  entendre  autrement  que  le  soraa  désire  l’or? 

induh. . . astrtah ■ — Cf.  9,  5,  astrtam. . . indum.  Cette  épithète 
revient  à aksiiam  (26,  2!). 


5.  — esâ  suryena  hâsate  | pâvamâno  âdhi  dyâvi  \ 
pavitre  matsarô  müdah 

Cet  allumé  s’élance  (?)  au  moyen  du  soleil(-feu)  en  haut 
dans  le  ciel(-feu),  dans  l’allumeur,  — (lui  qui  est)  le  liquide 
liquoreux. 

L’allumé,  — le  soleil,  — le  ciel,  — l’allumeur,  quatre  noms 
pour  le  même  objet,  au  moyen  du  dédoublement  verbal. 

eèa.  — Démonstratif  liturgique. 

hâsate.  — Le  sens  précis  est  problématique,  mais  l’idée  de  mou- 
vement paraît  sûre;  cf.  Berg.,  I,  200,  note. 

pâda  2.  — Cf.  26,  3%  pacamânam  adhi  dyaoi. 

pâda  3.  — Cf.  17,  3,  rnatsaro  madali.  • ■ pcloitre  arsclti.  — 
Berg  , I,  200,  entend,  ici  comme  ailleurs,  pavitra  au  sens  de 
« tamis  ». 

G.  — esâ  çusmy  àsisyadad  | antârikse  vrisd  hâirih  | 
püncinâi  indur  indram  â 

Cet  ardent,  le  taureau  doré,  a coulé  dans  Y antariksa ; \q 
brillant,  qui  s’allume  (a  pénétré)  l’ArdenL 


esa.  — Démonstratif  liturgique; 


Lfe  CULTE  VÉDIQUE  bu  SOMA 


182 

çusmi. . . punânah.  — Cf.  18,  7,  sa  çusmï. . . punànah. 

antarikse.  — Voir  sur  ce  mot,  5,  2'. 

pâda  3.  — Cf.  2,  l3,  indram  indo  vrsâ  viça. 

HYMNE  XXVIII 

1.  — esa  vàji  hitô  nrbhir  \ virvcwin  mdnasas  pdtili  | 

au  i/o  vârcan  vi  dhdvati 

Celui-ci  qui,  pourvu  de  réconfort,  a été  mis  en  mouvement 
par  les  hommes(-somas),  — lui  qui  trouve  le  tout  (ce  qui  a 
tous  les  dons),  le  maître  de  la  pensée(-crépitement),  — coule 
en  s’épandant  (vers)  la  toison  de  la  brebis. 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  15,  3',  esa  hito  vi  ntyate;  24,  33,  nrbhir'  yato  ri 
n vj  a se. 

virvavit.  — Cf.  27,  3,  esa  nrbhiJi. . . viçoavit. 

rnanasas  patih . — Cf.  11,  83,  même  formule. 

pada  3.  — Cf.  16,  8‘,  acyo  vâram  vi  dhâcasi. 

2.  — esa  pauitre  ahsarat  | sômo  devébliyah  sutdh  | 

viçvd  dhâmàny  àviçdn 

Ce  liquide,  coulé  pour  les  Célestes,  a coulé  dans  l'allu- 
meur, en  pénétrant  tous  les  édifices. 

Hémistiche  1.  — Cf.  3,  9,  esa...  devebhyali  sidalj . . . pavitre 
arsati. 

pâda  3.  — Cf.  24,  5,  paridhàvasi. . . indrasya  dhümne;  25,  41, 
viçvâ  rïipâny  âviçan.  — dhâmâni , Sày.,  assez  justement  : devaça- 
rlrani.  — Lud.,  sans  précision  : « (Dans  tous)  ses  domaines.  » — 
Berg.,  I,  176  : « (Dans)  toutes  les  essences.  » — Les  édifices  où 
pénètre  le  soma  liquide  sont  ceux  qu'il  construit  avec  ses  flammes 
sous  sa  forme  ignée. 

3.  — esa  deüâh  çubhdyaté  \ ’dld  yôndv  dmartyah  \ 

vrtrahâ  devavitamah 

Ce  Céleste  resplendit,  au-dessus,  dans  la  matrice,  — lui 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


133 


le  non-mort,  le  destructeur  de  l’obstacle  (et)  qui,  par  excel- 
lence, sert  de  régal  aux  brillants. 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

çubhâyate.  — Cf.  25,  3',  çobhate. 

devait. . . amartyali.  — Cf.  3,  l1,  esa  déco  amartyah. 

adhi  yonau.  — Cf.  25,  32,  yonàv  adhi,  et  les  formules  analogues. 

pâda  3.  — Cf.  25,  3\  même  formule. 

4.  — esâ  vrsti  kcinikradad  | daçûbliir  jâmibhir  yatcdi  | 
cibla  drônâni  dhâvati 

Ce  taureau,  qui  est  ce  qui  mugit,  — lui  qui  est  étendu  par 
les  dix  sœurs,  — coule  vers  les  bois. 

esa.  — Démonstratif  liturgique, 
pâda  1.  — Cf.  5,  1%  vrsâ  kanikradat. 
daçabhili.  — Cf.  1,  7,  yosano  dura  svasârah. 
jâmibhir  yatali.  — Cf.  24,  3',  nrbliir  yalali,  d’où  l’indice  que 
les  mots  jâmibhili  et  nrbhili  s’appliquent  aux  mêmes  objets. 

pâda  3.  — Cf.  3,  1%  abhi  dronâny  àsadam.  — Cf.  aussi  le  syno- 
nyme vaneëu  (27,  3:|). 

5.  — esâ  suryam  arocayat  | pcwamâno  uicarsani  h .( 
vt'çvd  dhâmdni  viçvavit 

Cet  allumé  actif  a fait  briller  le  soleil,  — tous  les  édifices, 
— lui  qui  trouve  le  tout. 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  2,  6\  sam  süryena  rocate.  De  la  comparaison  des 
deux  formules  il  ressort  que  le  soma  pavam.  « brille  par  le  soleil  » 
et  « fait  briller  le  soleil  »,  ce  qui  ne  saurait  s’expliquer  que  par 
le  dédoublement  verbal  en  vertu  duquel  le  soma  pavam.  et  le  soleil 
(=  feu  sacré)  désignent  un  même  objet,  c’est-à-dire  précisément 
le  feu  sacré  alimenté  par  l’oblation  liquide. 

pâda  2.  — Cf.  11,  7,  vicarsanih  pavasva  soma.  — vicarsanili, 
Lud.,  arbitrairement:  « surhumain.  » 
viçoâ  dhâmâni.  — Cf.  28,  23,  même  formule. 
viçvavit.  — Cf.  27,  33,  viçvavit,  même  explication. 


134 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


G.  — ekcl  çusmy  âdâbhyah  | sôiriah  punànô  ar.sati  | 
devüuir  aghaçainsahâ 

Cet  ardent  liquide  qui  ne  doit  pas  être  opprimé,  coule  en 
s’allumant,  — lui  le  régal  des  Célestes  qui  détruit  le  mauvais 
chant  (ou  la  voix  du  mal). 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  27,  6,  esa  çusmy  asisyadat . . . punânah. 
adâbhyaJi.  — Cf.  3,  23,  pavamàno  adâbhyab . — Berg.,  III,  198, 
sans  souci  du  sens  grammatical  : « infaillible.  » 
püda  3.  — Cf.  24,  73,  même  formule. 


HYMNE  XXIX 

1.  — prâsya  dliàrâ  aksaran  | vrsnah  sutdsyaûjasâ  | 
devâiï  ânu  prabhüsatah 

Au  moyen  du  réconfort  ont  coulé  les  courants  de  ce 
taureau  versé,  qui  se  développe  (ou  s’agite?)  à la  suite  des 
Célestes. 

asya.  — Démonstratif  liturgique. 

pâdas  1-2.  — Cf.  16,  7,  dhàrü  sutasya. . . arsati. 

ojasâ  devân  anu.  — Cf.  5,  4,  ojasà  pavamânah . . . devesu... 
ïyate.  — Dédoublement  verbal. 

2.  — sâptim  mrjanti  ved/uiso  | grnàntah  kâvcwo  girà  \ 
jyôtir  jajndnâm  uhthyàm 

Les  édificateurs  (?),  les  chanteurs  qui  chantent  avec  la 
voix  font  briller  (l’attelage)  des  sept  (chevaux),  — la  lumière 
parlante  qui  vient  de  naître. 

saptim.  — Cf.  21,  4‘,  saptayah. 

pada  2.  — Cf.  17,  6,  anüsata...  kâravali.  — girà,  dédouble- 
ment verbal,  eu  égard  à kâravali,  — il  s’agit,  bien  entendu,  des 
somas  crépitants. 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


135 


pâda  3.  — jyotili.  . . uldhyam,  désignation  des  plus  précises  du 
feu  sacré  crépitant.  — Lud.,  arbitrairement  : « Lumière  digne 
d’être  célébrée  par  Yuktha.  » — - Berg.,  I,  205,  même  explication. 
— Cf.  4,  1 et  2,  sanâ  çravali...  sanâ. . . jyotili;  19,  1,  citram 
uldhyam. . . vasu. 

Comment  le  soma  pourrait-il  être  appelé  lumière,  s’il  n’était  pas 
allumé  ? 

3.  — suscüiâ  soma  tàni  te  | punânâya prabhûvaso  | 
vcirdhâ  samudrcim  ukthyàm 

O liquide  dont  la  richesse  consiste  en  celui  qui  se  déve- 
loppe, ces  (dons)  sont  faciles  à conquérir  pour  toi,  l’allumé; 
accrois  la  mer  parlante. 

tàni.  — Démonstratif  liturgique. 

punânâya.  — Dédoublement  verbal  à l’aide  du  datif  et  pris  sur 
le  fait  ( soma  punânâya). 

samudram  uktliyam.  — Le  soma  liquide  qui  devient  igné,  tandis 
qu’au  vers  précédent  l’expression  jyotili. . . uldhyam  vise  le  soma 
igné  issu  du  soma  liquide- 

4.  — viçvâ  vdsûni  samjdyan  \ pdvasva  soma  dhârayâ  | 
inû  dvésâmsi  sadhrydk 

Conquérant  tous  les  biens  (du  sacrifice  = toutes  les  obla- 
tions), allume-toi,  ô liquide,  au  moyen  du  courant.  Écarte 
on  bloc  (?)  les  ennemis(-obstacles). 

pâda  1.  — Cf.  28,  53,  viçoaoit. 

pâda  2.  — Cf.  1,  l2,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  13,  8',  viçvâ  apa  dviso  jalii. 


5.  — rdhèd  su  no  drarusah  \ svanât  samcisya  kdsya  cit  \ 
nidô  yditra  mumucmdhe 

Écarte  de  nous  (en  tant  que  sacrificateurs,  c’est-à-dire  de 
nos  oblations)  ce  qui  ne  donne  pas  (l’absence  d’oblations), 


136 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


— la  voix  de  toute  nuisance  quelconque  d’où  nous  nous 
sommes  échappés. 

pâda  1.  — Cf.  13,  9',  apayhnanto  arâvnali  pavamânâli. 

raksü...  svanât...  nidah.  — Cf.  24,  7',  aghaçamsalià,  expli- 
cation analogue  pour  les  deux  formules. 

raksü...  no...  samasya...  nidah.  — Cf.  61,  30',  rakëâ  samasya 
no  nidah. 

6.  — êndo  pârthivam  rayim  | divydm pavasva  dhârayà  | 
dyumântam  çûsmam  à bhara 

O brillant,  allume  au  moyen  du  courant  la  richesse  terrestre 
(et)  céleste;  apporte  l’éclatant,  le  brûlant. 

Hémistiche  1.  — Cf.  14,  8,  pari  divyâni  marmrëad  viçvâni 
soma  pàrthivâ,  d’où  l’indice  que  pavasva  correspond  pour  le  sens 
et  la  construction  à marmrëat  et  que  Lud.  est  à côté  du  vrai,  en 
traduisant  d’après  Sây.  : « Procure-nous  la  richesse,  dadurch  dasz 
du  gelautert  wirst.  » 

pavasva  dhârayà.  — Cf.  1,  lq  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  4,  10,  rayim.  . . citram. . . à bhara. 

Sur  le  sens  réel  de  pârthivam  et  divyam,  voir  ci-dessus,  14,  8. 


HYMNE  XXX 

1.  — prâ  dhàrâ  ctsya  çusmino  | vrthâ  pavitre  aksavan  | 
punânô  vâcam  isyati 

Les  courants  de  ce  brûlant  ont  coulé  dans  l’allumeur  au 
moyen  de  l’augmenteur  (?)  ; en  s’allumant,  il  met  la  voix 
en  mouvement. 

asya.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  28,  6’"s,  esa  çusmï . . . punâno  arëati;  29, 1 , prâsya 
dhàrâ  aksaran. 

pâda  2.  — Cf.  16,  73,  vrthâ  pavitre  arëati. 

pâda  3-.  — Cf.  12,  6',  pra  vâcam  indur  isyati.  — Lud.  : « Taudis 
qu’il  est  clarifié,  il  élève  la  voix,  » — ce  qui  est  inexplicable,  — 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


137 


au  lieu  de  l'idée  si  simple,  si  nette  et  si  réelle  que  le  soma  cré- 
pite en  s’allumant. 

2.  — indur  hiyândh  sotrbhir  | mrjydmànah  kdnikradat  | 
iyarti  vagnûm  indriydm 

Le  brillant  mis  en  mouvement  par  ceux  qui  coulent  (et) 
rendu  brillant,  (lui)  — le  bruyant,  — émet  un  son  issu  de 
l’Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  16,  1,  pra  te  soiârali. . . rasam. 

pâda  2.  — Cf.  3,  7’,  pavamânah  kanihradat.  — D’où  la  preuve 
de  l’analogie  quant  au  sens  entre  mrjyamànah  et  pavamânah. 

pâda  3.  — Cf.  14,  6%  vagnum  iyarti.  — - indriyam,  cf.  23,  5% 
somah-..  dadhâna  indriyam  rasam.  — Cf.  aussi  le  vers  précé- 
dent, pâda  3;  même  observalion  générale  sur  le  sens. 

3.  — d nah  ç usinant  nrsâliyam  j vïrdvantam  purusprham  | 
pdvasvci  soma  dhârayà 

O liquide,  allume  au  moyen  du  courant  cette  ardeur  qui 
vient  de  nous,  — qui  est  de  la  nature  de  ce  qui  conquiert 
les  bommes(-somas),  — pourvue  de  héros(-somas),  — qui 
désire  le  fort. 

Cf.  29,  6,  à..  . rayim. . . paoasva  dhàrayâ. . . çusmam;  30,  1, 
dhârâ  asya  çusminah.  — La  comparaison  de  ces  formules  met 
en  évidence  le  dédoublement  verbal  en  ce  qui  regarde  somah  et 
çusmali. 

nrsâhyam.  — Cf.  2,  10',  nrsâ. 

vïravantam.  — Cf.  9,  92,  pavamâna.  . . ràsi  vïravat. 

purusprham.  — Cf.  14,  la,  bibhrat  purusprham.  — paru  dé- 
signe le  soma  en  tant  que  plein,  solide,  fort. 

4.  — prd  sômo  edi  dhârayà  | pdvamâno  asisyadat  \ 
abhi  clrôndny  cïsddam 

Le  liquide  qui  s’allume  a coulé  au  delà  au  moyen  du 
courant,  (en  se  dirigeant)  vers  les  bois  pour  y prendre  rési- 
dence. 


138 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


dhârayâ  pavamânali.  — Cf.  30,  31,  pavasoa. ...  dhârayâ. 
asiëyadat.  — Cf.  27,  6’,  eëa  çuëmy  asiëyadat. 
pâda  3.  — Cf.  3,  1%  même  formule.  — Cf.  aussi  1,  2%  drunà 
sadhastham  âsadat.  — Du  rapprochement  de  ces  passages,  il 
résulte  que  le  « bois  » est  considéré  à la  fois  comme  le  but  et  le 
moyen  de  Vassise  du  soma,  ce  qui  ne  saurait  s’expliquer  qu’en 
admettant  le  dédoublement  verbal  en  vertu  duquel  le  bois  qui 
peut  aller  à la  résidence  et  le  bois  où  le  soma  va  résider  sont  une 
seule  et  même  chose,  à savoir  le  soma  même  désigné  sous  des 
noms  différents. 


5.  — apsû  tüd  mâdhumattamam  | liürim  hinvanty 
âdribhilx  | itidau  indràya  pitâye 

Ils  te  poussent,  toi  doré,  dont  la  saveur  est  très  douce 
dans  les  eaux  au  moyen  des  pierres,  — ô brillant,  pour 
(servir  de)  boisson  à l’Ardent. 

madhumattamam .. . indràya.  — Cf.  12,  l3,  indràya  madhu- 
mattamah. 

pâda  2.  — Cf.  26,  5%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  12,  23,  indràm  somasya  pïtaye,  et  1,  P,  indràya 
pàtave. 

6.  — sunôtâ  mâdhumattamam  | sômam  indràya  vajrine  | 
cârum  ç.àrdhâya  matsarâm 

(O  liquides),  faites  couler  pour  l’Ardent  muni  du  vajra, 
le  liquide  très  doux,  le  beau,  le  liquoreux  destiné  au  fort. 

sunotà.  — Cf.  16,  1,  pra.  . . sotàrali. 

madhumattamam. . . indràya.  — Cf.  le  vers  précédent. 

vajrine.  — « Qui  a le  vajra  » ( rajar-a  dérivé  de  vajas-),  « ce  qui 
est  issu  du  vâja,  ce  qui  en  provient  »,  d’où  l'arme  ignée  d’Indra 
dans  le  développement  mythique  ultérieur. 

cârum.  çardhàya.  ■ — Cf.  17,  8',  càrur  rtâya. 

indràya.  . . çardhàya  matsaram.  — Cf.  13,  81,  indràya  mat- 
sarah. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


139 


HYMNE  XXXI 

1.  — prd  sômâsah  svâdhyàh  | pâvamânâso  akramuli  | 
rayim  krnvanti  cêtanam 

Les  liquides,  aux  bonnes  pensées(-crépiteraents),  les  allu- 
més se  sont  avancés;  ils  produisent  la  richesse,  l'éclat. 

Hémistiche  1.  — Variante  de  formules  qui  servent  de  début  à 
un  grand  nombre  d’hymnes  du  9e  mandala,  — cf.  principalement 
10,  1,  pra. . . çravasyavah  somâso  raye  akramuli. 

pâda  3.  — Cf.  16,  4’,  punànasya  cetasâ;  20,  3,  celasâ  mrsase. 
— La  comparaison  de  ces  passages  ne  laisse  aucun  doute  sur  la 
signification  de  la  formule  qui  vise  très  expressément  l’allumage 
du  rayi-soma.  — Lud.,  très  arbitrairement  : « Ils  (les  somas 
pavam.)  effectuent  la  richesse  gui  attire  les  yeux  sur  elle  (!).  » 

2.  — clivas  prthiuyâ  âdhi  \ bhâvendo  dyumnavârdhanah  \ 
bhâvâ  vâjàndm  pâtih 

O brillant,  manifeste-toi,  au-dessus  (comme)  augmentateur 
de  l’éclat  issu  du  ciel  (et)  de  la  terre;  manifeste-toi  (comme) 
maître  des  réconforts. 

Le  soma  pavam.,  en  tant  qu’igné,  est  de  la  nature  du  ciel-feu, 
et  en  tant  que  liquide  de  celle  de  la  terre  libation,  — c’est  ainsi 
qu’à  29,  6,  le  rayi-soma  est  dit  terrestre  ( pârtliiva ) et  céleste 
[die  y a). 

dyumnavardlianali.  — Cf.  29,  6,  rayim.  . . pavasva.  . . dyuman- 
tam.  . . â hhara.  — Cette  épithète  est  caractéristique  en  ce  qui 
regarde  le  soma  allumeur  et  allumé.  — Sày.  entend  : « Qui 
augmente  l’éclat  de  l’or,  c’est-à-dire  la  richesse.  » 

pâda  3.  — vàjànàm  patih  — vâjin  (passim). 

3.  — tûbhyam  vâtei  abhipriyas  \ tûbhycnn  arsanti 
sindhavah  \ sôma  vârdhanti  te  màhah 

Pour  toi  qui  (leur)  es  agréable,  les  vents  (soufflent),  pour 
toi  les  rivières  coulent;  6 liquide,  ils  accroissent  ta  grandeur. 


140 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SONIA 


tubhyam.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  22,  2,  eie  (somâsah)  râtà  ira...  parja- 
nasya. . . vrëtayah.  — Le  rapport  des  deux  passages  est  des  plus 
instructifs.  Il  met  en  évidence,  d’une  part,  le  fait  que  les  vents 
et  les  rivières  ne  sont  ici  que  par  métaphore  ou  comme  objets 
de  comparaison;  et,  en  second  lieu,  que  la  comparaison  des  somas 
avec  les  vents  porte  sur  leur  course  mutuelle.  — Pour  Berg., 
II,  33,  il  s’agit  des  rivières  célestes  (?). 

pâda  3.  — Cf.  2,  4,  mahàntam  ira.  . . arsanti  sindharah. 

4.  — â pyâyasua  scim  etu  te  | viçvdtah  soma  vrsnyam  ) 
bhâvâ  vâjasya  samgathé 

O liquide,  grossis;  que  de  toute  part  (des  dons  sacrés  qui 
sont  tout  pour  toi)  vienne  avec  toi  (et)  à toi  ce  qui  est  de  la 
nature  du  taureau(-soma).  Manifeste-toi  dans  le  confluent 
du  réconfort. 

ie.  — Démonstratif  liturgique. 

Le  soma  est  taureau  à titre  de  verseur  (près)  de  la  liqueur  proli- 
fique; il  est  naturel  que  le  poète  lui  souhaite  d’en  avoir  la  qualité 
essentielle  (vrsnyam);  cf.  principalement  6.  6,  orèanam  rasam... 
sam  srja. 


5.  — tubhyam  gâvo  ghrtàm  pàiyo  | bdbhro  duduhvé 
dksitam  \ vdvsistlie  dtdhi  sânavi 

Pour  toi,  ô rouge,  les  vaches  ont  trait  le  lait,  — le  ghrta 
non  diminué  — (pour  aller)  au-dessus,  au  sommet  le  plus 
élevé. 

tubhyam.  — Démonstratif  liturgique. 

ghrtam.  — Proprement  « le  fondu,  l’échauffé  »,  épithète  du 
soma  comparé  à du  beurre  clarifié. 

akëitam.  — Cf.  26,  2%  aksitam. 

Hémistiche  1.  — Cf.  19,  53,  yüh  çukram  duhate  payai). 

pâda  3.  — Cf.  26,  51,  sânâv  adhi,  et  les  formules  analogues.  — 
Berg.,  II,  57,  entend  : « Sur  le  plus  haut  plateau,  c’est-à-dire  dans 
le  ciel,  » au  propre.  En  réalité,  le  sommet  le  plus  élevé  est  celui 
que  forme  la  flamme  du  soma  igné  en  s’élevant  au-dessus  du  soma 
liquide. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


141 


6.  — svâyudmâsya  te  scitô  | bhuvanasya  paie  vciydm  \ 
inclo  sakliituâm  uçmasi 

O brillant,  toi  qui  es  le  maître  du  producteur  qui  se 
manifeste  avec  de  belles  armes,  nous  désirons  que  tu  sois 
notre  compagnon  (que  tu  t’unisses  à notre  libation). 

te-  — Démonstratif  liturgique. 

svâyudhasya.  — L’arme  belle  ou  brillante  du  soma  pavam.  est 
la  flamme  acérée  avec  laquelle  il  manifeste  son  éclat. 

bhuvanasya.  — Proprement  le  monde,  la  nature,  considérée 
comme  productrice,  à laquelle  est  comparé  avec  dédoublement 
verbal  le  soma  qui  produit  ou  manifeste  tous  les  développements 
matériels  du  sacrifice. 

HYMNE  XXXII 

1.  — prà  sômâso  madacyûtah  \ çrclvase  no  maghônah  | 

sutâ  viclàthe  akramuh 

Les  liquides  qui  versent  la  boisson  pour  la  voix  de  notre 
donateur,  — les  coulés  sont  venus  dans  l’établi. 

madacyûtah . — Cf.  12,  3',  madacyut  ( somah ). 

pada  2.  — Cf.  20,  4,  abhy  arsa.  . . brhad  yaço  mayhavadbhyah . 
— Sây.  : « nxayhono  = haoisrnatah.  » 

vidalhe.  — Sây.  : « vidathe  = yajne.  » — « Pour  la  voix  de 
notre  donateur,  » c’est-à-dire  pour  que  celui  qui  est  chargé  de  nos 
offrandes  (le  soma)  crépite  en  s’allumant,  — avec  allusion  peut-être 
au  sens  de  gloire  qu’a  fini  par  revêtir  le  mot  çravah  (J).  — « Nos 
donateurs  » = ceux  qui  donnent  pour  nous. 

2.  — âd  lin  tritàsya  yôsano  | licirim  hinvanty  àdvibhitj,  \ 

indum  itidrâya  pitciye 

Les  femmes  du  Troisième  mettent  en  mouvement  ce  doré 
à l’aide  des  pierres,  — le  brillant  pour  (servir  de)  boisson  à 
l’ Ardent. 

âd  ïm.  — Démonstratif  liturgique  que  je  suis  tenté  de  rendre 


142  LU  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 

par  « (le  Troisième)  venant  de  ceci  »,  c’est-à-dire  de  noire 
offrande. 

yosanali.  — Cf.  6,  5S,  yosano  daça.  — Pour  Berg.,  II,  30,  ces 
femmes  seraient  « les  doigts  du  sacrificateur  céleste,  Trita  ».  J’y 
vois,  pour  ma  part,  les  flammes  du  soma  pavam.  appelé  « le 
Troisième  » par  allusion  à un  Premier  et  à un  Second  désignant 
d’aufres  formes  purement  verbales  du  même  soma. 

pada  2.  — Cf.  30,  52,  même  formule. 

pàda  3.  — Cf.  30,  5',  indao  indrâya  pîtaye. 

3.  — âd  Im  hamsô  tjàthâ  gandin  \ viçvasgàvwaçan 

matim  \ c'ityo  nà  gôbhiv  ajgate 

Pareil  au  cygne,  il  a fait  retentir  cette  troupe  (?)  du  Tout 
(du  soma-tout),  — (à  savoir)  la  pensée(-crépitement);  pareil 
au  coursier  (?),  il  est  oint  (rendu  brillant)  par  les  vaches 
(-libations). 

âd  îm.  — Cf.  le  premier  pàda  du  vers  précédent,  — même 
hypothèse  quant  au  sens  de  l’expression. 

hamsali.  — Le  soma  pavam.  est  comme  un  cygne  dont  l’éclat 
se  manifeste  au-dessus  des  eaux  du  soma  liquide  dans  lesquelles 
il  se  baigne.  — Cf.  Berg.,  I,  225,  pour  une  explication  légèrement 
différente. 

gai.iai]i  viçvasya.  — Peut-être  non  sans  rapport  avec  31,  4’, 
vàjasya  samgathe. 

aoïcaçan  matim.  — Cf.  la  formule  aux  termes  syntactiquement 
intervertis,  19,  41,  avàvaçanla  dlâtayal ). 

pàda  3.  — Cf.  10,  32,  somâso  gobliir  ahjato. 

4.  — ubhé  somâvacàkaçan  | mrgô  nà  taktô  avsasi  I 

sïdann  vtasga  gônim  à 

O liquide,  toi  qui  es  ce  qui  éclaire  (ou  regarde)  les  deux 
(modes  de  la  libation),  tu  coules,  comme  une  gazelle  lancée 
(dans  sa  course),  en  venant  prendre  résidence  dans  la  matrice 
du  coulé. 

padas  1-2.  - Cf.  18,  G(  pan  yo  vodasï  ublic.  ■.  . arèati . — Le 
soma  pavam.  « regarde  d’en  haut  » (du  haut  de  la  flamme  où  il 


Le  culte  védique  du  soma  143 

réside)  peut  être  « le  ciel  et  la  terre  »,  comme  le  voulait  Berg., 
I,  161,  mais  alors  le  ciel  et  la  terre  métaphoriques. 

pâda  2.  — Cf.  13,  6’,  atyâ  hiyànâ  na. 

pâda  3.  — Cf.  13,  9',  ( pavamânâh ) yonâu  rtasya  sîdata. 

5.  — abhi  gâco  anüéata  | ijôsd  jardin  ica  priÿàni  | 
àgann  cljim  yàthâ  hitàm 

Les  vaches  ont  mugi  vers  l’agréable  comme  la  femme  vers 
le  bien-aimé;  elles  sont  allées  à celui  qui  a été  lancé  comme 
à la  course  (?). 

pâda  1.  — Cf.  12,  2,  abhi  viprâ  anüsata  gâvo  vatsam  na.  — La 
comparaison  des  deux  passages  montre  que,  dans  notre  vers, 
gâcali  est  employé  métaphoriquement. 

âjim.  — Si  le  sens  traditionnel  de  « course  » est  juste,  il  faut 
entendre  la  course,  la  marche,  la  coulée  du  soma  mis  en  mouve- 
ment ( hitam ). 

hitam.  — Cf.  28,  l1,  eëa  nâjl  liitali. 

6.  — asmé  dhehi  dyutndd  yâço  | inaghâvadbhyaç  ca 
mdliyam  ca  | sanim  medhâm  utct  çràvah 

Établis  pour  nous  l’éclat  lumineux,  pour  les  donateurs  et 
pour  moi;  (établis)  la  conquête,  la  pensée(-crépitement)  et 
la  voix. 

La  parole  est  aux  libations  mêmes,  ou  aux  sacrificateurs  iden- 
tifiés avec  elles. 

pâdas  1-2.  — Cf.  20,  4,  abliy  arsa  byhad  yaço  maghacadbhyah • 

sanim  medhâm.  — Cf.  9,  9’,  sanü  medhâm. 

çraoah.  — Cf.  4,  1,  sanâ. . . çraoali. 


HYMNE  XNXIII 

1.  —pvâ  sôinàso  vipaçcito  | ’pàin  nà  yanty  ürtnàyah  | 
vdnâni  mahisâ  ica 

Les  liquides  qui  tirent  leur  éclat  de  l’agité  s’élancent 
pareils  aux  Ilots  des  eaux,  pareils  aux  buffles,  (vers)  les  bois; 


144 


LE  dUL+E  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pâda  2.  — Cf.  7,  8*,  madhvaJi  paoanta  ürmayah.  — La  com- 
paraison qui  fait  l’objet  de  ce  pâda  est  importante  en  ce  qu’elle 
contribue  à montrer  comment  s’est  établi  l'usage  de  la  métaphore 
qui  consiste  à désigner  les  somas  sous  le  nom  d’eaux,  ou  à les 
représenter  comme  trempés  dans  les  eaux. 

pâda  3.  — Cf.  28,  43,  abhi  dronàni  dhâoati.  — Observation 
analogue  sur  l’emploi  métaphorique  de  vana.  — La  comparaison 
suit  un  développement  logique  (.1). 

2.  — abhi  dvôndni  babhvàvah  \ çuk/'à  rtdsya  clhàrayà  | 
vâjam  gômantam  aksaran 

Les  rouges,  les  étincelants  ont  coulé  au  moyen  du  courant 
du  versé,  vers  les  bois,  vers  le  réconfort  pourvu  de  vaches. 

abhi  dronàni. . . aksaran.  — Cf.  28,  4:1,  abhi  dronàni  dhàcati. 

babliravali . — Cf.  31,  5%  babhro. 

rtasya  dhârayà.  — Cf.  29.  1,  dhârâ  aksaran. . . sulasya.  — Le 
rapprochement  des  deux  formules  contribue  à montrer  l’identité 
du  suta  et  du  rta  auquel  Berg.,  III,  238,  etc.,  attachait  une  idée 
si  mystique. 

pâda  3.  — Cf.  20,  2,  à vàjarn  yomantam. 

3.  — sutâ  indrdya  ray  dre  | vàvundya  inarüdbhyah  | 
sômd  arsanti  visnave 

Les  liquides  versés  coulent  pour  l’Ardent  (Indra),  pour 
le  Vent,  pour  1’Enveloppeur  (Varuna),  pour  les  Impétueux 
(Maruts),  pour  l’Actif  (Visnu). 

pâda  1.  — Cf.  7,  7,  sa  vàyum  indram.  . . yachati;  27,  2,  esa 
indrâya  vâyaoe.  . . pari  ëicyate- 

pâdas  1-2.  — Cf.  25,  1:1,  marndbhyo  rayaoe  madah. 

Tous  les  mots  au  datif  sont  en  apposition  les  uns  aux  autres  et 
désignent  un  même  objet  : indra  — vâyu  — varuna  — marut  — 
visnu  = somah  pacam.  Cf.,  comme  exemple  de  la  non  personni- 
fication de  l’objet  du  nom  au  datif  employé  d’une  manière  ana- 
logue, 30,  G,  sunotâ. , . somam.  , . câritm  çardhàya. 


LË  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


145 


4.  — tisrô  vdcci  ûd  ircite  | gavo  mimanti  dlienàvah  | 
Iwrir  eti  kânikraâat 

Les  trois  paroles  se  mettent  en  mouvement  vers  le  liaut; 
les  vaches,  les  laitières  mugissent,  le  doré  va  (se  réunir)  à 
ce  qui  bruit  (ou,  le  doré,  — • ce  qui  bruit  est  en  mouvement). 

tisro  vâcali.  — Les  crépitements  des  trois  feux  sacrés  divisés 
en  supérieur,  inférieur  et  moyen.  — Cf.  5,  85,  tisvo  decïh. 

pada  2-  — Cf.  32,  5’,  abhi  gâco  anüsata. 

pàda  3.  — Cf.  28,  4',  esa  orsà  kanikradat. 

5.  — abhi  brâhmïr  anüsata  \ yahvtr  rtâsyd  indtàrah  \ 
marmrjyânte  1 divâh  çiçum 

Les  prieuses  (les  crépitantes),  les  mères  actives  (?)  du  coulé 
ont  mugi  vers  (lui);  elles  ont  rendu  brillant  le  fils  du  ciel 
(-feu). 

Cf.  12,  2,  abhi  viprâ  anüsata  güoo  vatsain  na  mâtarali;  3,  3:i, 
hardi. . . mrjgate;  14,  5%  çubliro  na  mcimrje  gava;  2,  72,  girali . . . 
marmrjgante.  — Pour  l’interprétation  générale,  cf.  Berg.,  III,  241. 

çiçum.  — Cf.  1,  9,  abhïmam.  . . çrlnanti  dhenavah  çiçum. 

6.  — rdyâli  samudvànç  catâro  | ’smabhyam  sonia 
viçpdtah  | d pauasva  sahasrinah 

O liquide,  allume  pour  nous  les  richesses  venant  de  ce  qui 
a tous  (les  dons),  les  quatre  mers  aux  milliers  (de  dons). 

Cf.  13,  5,  te  na,l).  sahasriaani  rayim  pavantâm. 

samudrân . . . a paccisva-  — Cf.  2,  51,  samudro  apsu  mâmrje. 

caturali.  — Cf.  R.V.,  I,  161,  2 et  4,  et  89,  5. 

viçoatah  â pavasva.  — - Cf.  o,  1',  samiddho  viçvatali. 


1,  Sama-Veda  : marjayanüln 


10 


1 IC 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  XXXIV 

1.  — pvd  suvànô  dhârciycL  tdn-  | êndur  hinvdnô  arsati  | 
rujdid  drUiâ  v y ôjasâ 

Le  brillant  qui  s’élance  poussant  en  avant  à l’aide  du 
courant,  — de  ce  qui  se  développe,  — coule,  — (lui  qui  est) 
ce  qui  brise  les  choses  solides  à l’aide  de  la  force. 

Hémistiche  1.  — Cf.  16,  8,  train  soma.  . . tanâ  punânah . . . ri 
dhâoasi. 

arsati...  ojasâ.  — Cf.  29,  1,  dhârü  akëaran...  ojasâ.  — Dédou- 
blement verbal  (G). 

drlhü.  — Les  choses  solides  qui  arrêtent  le  soma  jusqu’à  ce 
que,  sous  le  nom  d'ojah,  il  brise  les  obstacles  pour  se  manifester 
au  sacrifice  et  l’accomplir.  — Pour  une  explication  voisine,  voir 
Berg.,  I,  218. 

2.  — ■ sutd  indràya  vdydve  | u drundya  marûdbhyah  | 
sônw  arsati  visnave 

Le  liquide  versé  coule  pour  l’Ardent,  pour  le  Vent,  pour 
l’Enveloppeur,  pour  les  Impétueux,  pour  l’Actif. 

Identique  à 33,  3,  sauf  le  singulier  sutali. . . somo  arsati  au  lieu 
du  pluriel  sutâli. . . soma  arsanti,  — d’où  l'indice  que  la  différence 
entre  les  deux  nombres  n’est  souvent  dans  le  Véda  qu’affaire  de 
style. 

3.  — vrsdnam  vj-èab/dr  yatdm  | sunvànti  sômcun  àidribhih  \ 
duhdnti  çdkmanâ  pdyah 

Ils  coulent  le  liquide,  — le  taureau  étendu  par  les  tau- 
reaux, — au  moyen  des  pierres;  ils  trayent  le  lait  au  moyen 
du  puissant. 

pàda  1.  — Cf.  24,  3',  nrbhir  tjaiah,  — donc  vrsabhili  — nrbhili. 
Cf.  aussi  28,  4,  esa  vrsâ...  jâmibhir  yatali,  — dédoublement 
verbal  indiqué  par  le  fait  que,  dans  cette  dernière  formule,  vrsâ 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOIVtA 


147 


sujet  avec  yatah,  correspond  à vrs-abhih  régime  avec  yatam  dans 
notre  vers.  — Autre  forme  de  dédoublement  verbal  marqué  par  la 
différence  des  nombres  entre  vrsânam  et  vrsabJuh. 

pâda  2.  — Cf.  11,  5,  adribhih  sutam  somam. 

pâda  3.  — Cf.  19,  5\  yâli  çukram  duhate  payai?. 

çakrnanâ.  — Par  dédoublement  verbal  (G).  — Lud.  suppose  que 
ça/emanà  est  pour  rakmane  dat . ) ! 

4.  — bhâvat  tvitàsya  mürjyo  \ bhiwacl  indràya  mdisarâ/i\ 
sâm  impair  cijyate  hâvih 

(Le  liquide)  du  Troisième  qui  doit  être  rendu  brillant  s’est 
manifesté,  le  (liquide)  liquoreux  destiné  à l’Ardent  s’est 
manifesté;  le  doré  a été  oint  avec  et  par  les  couleurs. 

Sur  tritasya,  voir  32,  21. 

indràya.  matsarah.  — Cf.  13,  8',  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  32,  3%  atyo  na  gobhir  ajyate,  — donc  vüpaili 
correspond  à gobhili  •’  l’un  et  l’autre,  expressions  métaphoriques 
pour  désigner  les  somas  pavamànas. 

5.  — abhim  rtâsyct  viëüipam  | duhatê  prçnimdtârah  | 

câru  priyâtamam  liciüih 

Ceux  qui  ont  la  tachetée  pour  mère  (les  Impétueux  = les 
Maruts)  travent,  (pour  la  diriger)  vers  ce  support  du  coulé, 
l'oblation)  liquide  belle,  très  agréable. 

pâda  1.  — Cf.  12,  6%  samudrasyâdhi  cis(api.  — Berg.,  III,  252, 
traduit  vistapam  par  « lieu  ». 

pnyatamam.  ■ — Cf.  2,  3’,  aduhsata  priyarn  madhu  dliârâ 
sulasya,  — donc  prçnimàtaral i correspond  à dliârâ  sutasya. 

6.  — sclm  encun  dhrutd  and  | yiro  arsanti  sasvûtah  | 

dhenur  vâçrô  civwaçat 

Ce,s  voix  (les  somas  crépitants)  non  détournées,  coulant 
ensemble,  coulent  avec  (lui  et)  vers  lui;  le  mugissant  a mugi 
(vers)  les  (vaches)  laitières,  (ou,  il  les  a fait  mugir). 


148 


Le  culte  védique  dü  soma 


enam.  — Démonstratif  liturgique,  — de  même  imâti. 
ahrutâli.  — « Non  détournées  » par  l’obstacle,  c’est-à-dire  qui 
peuvent  couler. 

pàda  2.  — Cf.  10,  4,  suvânâsali . . . girâ  sutâ  arsanti;  25,  5, 
janayan  girah  somaJi . — La  comparaison  de  ces  passages  montre 
l’erreur  de  Lud.  qui  prend  girah  au  propre  dans  le  sens  d'hymne 
(cf.  Berg.,  II,  27).  — Il  s’agit  bien  du  chant,  mais  de  celui  que 
font  entendre  les  libations  crépitantes  désignées  ici  par  cette  par- 
ticularité. 

pàda  3.  — Cf.  33,  42,  gâvo  rnimanti  dhenacali. 


HYMNE  XXXV 


1.  — à nah  pavasva  dhàrayâ  | pâvamâna  rayim  prtliâm  \ 
yâyd  jyôtir  vidâsi  nah 

O allumé,  allume  avec  le  courant  qui  vient  de  nous  la 
richesse  étendue  au  moyen  de  laquelle  tu  puisses  nous 
trouver  la  lumière. 

pàda  1.  — Cf.  1,  l2,  pavasva  soma  dhârayâ. 

pàdas  1-2.  — Cf.  5,  3,  pavamâno  ragir  vi  râjati  dgumân. . . 
dhârâbhili.  — Ces  formules  se  commentent  entre  elles  parfaite- 
ment. 

pàda  3.  — Cf.  4,  2',  sanâ  jyotili;  27,  22,  svarjit  [esa  ( punânah)\ . 
Berg.,  I,  214,  s’en  tirait  trop  facilement  à propos  du  rôle  lumineux 
du  soma,  qui  ressort  avec  tant  de  netteté  de  vers  comme  celui-ci, 
en  disant  : « De  toutes  les  manifestations  de  la  puissance  de  Soma, 
son  rôle  lumineux  et  son  action  sur  les  eaux  du  ciel  sont  celles 
qu’il  paraîtra  le  plus  naturel  de  rapporter  directement  au  soleil  et 
à l’éclair.  » 

2.  — indo  samudraminkhaya  | pavasva  viçvamejaya  | 
râyô  dhartà  na  ôjasà 

O brillant,  toi  qui  agites  la  mer  (des  libations),  qui  mets 
en  mouvement  ce  qui  a tous  (les  dons),  allume-toi,  — toi  qui 
supportes  la  richesse  au  moyen  de  notre  réconfort. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


149 


pâda  3.  — Cf.  12,  9',  à pavamâna  dhâraya  ratjim. 

ojasâ.  — Dédoublement  verbal,  cf.  34,  1%  etc.  : Le  soma  pavam. 
supporte,  soulève  le  soma  liquide  au  moyen  de  ses  propres  forces. 

3.  — tvâyà  viré  net  viravo  | ’bhi  syâma  prtanyatàli  \ 

ksàrâ  no  ablxi  vâryam 

Par  toi,  héros,  ô toi  qui  es  pourvu  de  héros,  soyons  vain- 
queurs (possesseurs  de  la  libation);  coule  vers  le  désirable 
qui  vient  de  nous. 

tvayci.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Ce  texte  s’ajoute  à l’emploi  de  pumas,  9,  71,  pour 
démontrer  que  le  mot  vira  avec  les  dérivés  et  les  composés 
auxquels  il  donne  naissance  est  applicable  au  soma  pavam.  con- 
sidéré comme  fort  et  victorieux.  — Cf.  9,  9 1 , pavamâna .. . râsi 
vïravat,  etc. 

pâda  3.  - — Cf.  21,  4,  ete  viçvâni  vâryà  pavamdnàsa  âçata. 

4.  — prâ  vâjam  inclur  isyati  | sisâsan  vàjasâ  rsih  j 

vratâ  vidânâ  âyudhà 

Le  brillant  lance  le  réconfort,  lui  le  chanteur  qui  con- 
quiert (les  libations),  qui  conquiert  le  réconfort,  qui  trouve 
les  objets  de  son  choix,  les  armes. 

pâda  1.  — Cf.  12,  61,  pra  vâcam  indur  isyati.  — Lud.  considère 
la  conjecture  vâcam  pour  vâjam  comme  permise,  sans  remarquer 
qu’elle  est  tout  à fait  inutile  : les  deux  mots  dans  la  phraséologie 
védique  s’appliquent  au  même  objet. 

pâda  2.  — Cf.  7,  4%  vâjl  siëâsati;  2,  10!,  vàjasâ. 

rsih.  — Cet  emploi  du  mot  comme  qualificatif  synonymique  de 
induh  nous  montre  les  antécédents  et  les  origines  de  son  emploi 
brahmanique  dans  le  sens  d’auteur  inspiré  ou  révélateur  des 
hymnes. 

vidâna  àyudhâ.  — Cf.  31,  6',  svâyudhasya  te  (somasya).  — 
Berg.,  III,  237  : « Il  prend  les  lois  pour  armes.  » 


150 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


5.  — tüm  girbhir  vâcamînkhayâm  | punândm  vâsaydmasi  | 

sômarn  jânasya  yôpatim 

Nous  enveloppons  au  moyen  des  paroles  cet  allumé  qui 
met  en  mouvement  la  voix,  le  liquide  bouvier  de  l’homme 
(-soma). 

tam.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  8,  5,  srjânam.  . . sam  gobhir  vâsayâmasi ; 
d’où  gïrbhih  = gobhih  = les  voix  des  vaches-libations  = les  liba- 
tions crépitantes.  — Cf.  l’explication  de  Berg.,  II,  41. 

Dâcamïnkhayam.  — Cf.  30,  l3,  punâno  vâcam  iàyati. 

pâda  3.  — Cf.  19,  2!,  indraç  ca  soma  gopatï.  — Berg.,  I,  187  : 
« Pasteur  des  hommes.  » 

6.  — viçvo  ycisya  vraté  jâno  | dâdhàra  dhârmanah  patch  | 

punâncisya  prabhàuasoh 

Dans  l’objet  du  choix  de  celui  qui  est  le  maître  du  support 
— de  l’allumé  dont  la  richesse  consiste  en  celui  qui  se  déve- 
loppe, — le  Tout,  riiomme(-soma)  a soutenu  (la  libation). 

pâda  1.  — Cf.  9,  5%  à (dadhuh)  indam  indra  tava  vraie. 

pâda  2.  — Cf.  7,  7 ‘,  varia  go  asga  dliarmabhih  ; 2,  23,  dharnasih  ; 
2,  5%  dharuno  dirai).  — Lud.  : dâdhâra,  contre  toute  vraisem- 
blance, d’après  Sây.  : « (Sur  la  voie  duquel  tout  le  peuple)  a dirigé 
son  esprit.  » — Berg.,  III,  216  : « Lui  le  maître  du  dliarman  sous 
la  loi  (v rata)  duquel  tous  les  hommes  maintiennent  (dhri).  » 

prabhüvasoh.  — Cf.  29,  3%  prablmvaso  (soma). 


HYMNE  XXXVI 

1.  — âsarji  râthyo  yathd  | pavitre  camvoh  sutâh  ) 
kârsman  vâji  ny  àkramit 

Le  coulé  s’est  élancé,  comme  celui  qui  est  attelé)  à un 
char,  dans  l’allumeur,  dans  les  deux  coupes;  celui  qui  est 
pourvu  du  réconfort  est  venu  à la  limite. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


151 


rathyah.  — Cf.  21,  6',  rathyam. 

Hémistiche  1.  — Cf.  22,  1,  somàsaJi. . . rathâ  iva...  sargâh. 
srstà  ahesata. 

camvoh.  — Cf.  20,  63,  -somaç  camüsu  sïdati. 

kârëman.  — Dans  la  limite  (rad.  kars),  c’est-à-dire  sans  doute 
au  point  culminant  où  s’élève  et  s’arrête  le  soma  pavam.  — Lud. 
(3e  pâda),  sans  égard  pour  le  sens  constant  du  rad .kram:  « Le  cour- 
sier se  tient  solide  au  but.  » — Pour  moi,  le  suffixe  ni  a pour  effet 
d’insister  sur  le  locatif. 

2.  — sd  vâhnih  soma  jâgrvih  j pâvasva  devauir  âti  \ 

abhi  kôçam  madhuçcûtam 

O liquide,  toi  qui  es  le  porteur  éveillé,  le  régal  des  Célestes, 
allume-toi  en  dépassant  (ton  point  de  départ),  (en  te  diri- 
geant) vers  le  vase  d’où  coule  le  Doux. 

sa  valinili  soma.  — Cf.  20,  53,  punâno  oahne;  20,  6,  sa  vahnih . . . 
somaJi. 

pâda  2.  — Cf.  2,  1,  pavasva  devavlr  ati  pavitram  soma , — d’où 
l’erreur  manifeste  de  Lud.,  qui  substitue  iti  à ati. 

pâda  3.  — Cf.  12,  6:1,  jinvan  koçam  madhuçouiam. 

3.  — sd  no  jyôtlnsi  pûrvya  \ pdmamâna  vi  rocaya  j 

krdtfbe  ddksâya  no  ht  nu 

O allumé,  toi  qui  es  de  la  nature  de  l’ancien,  fais  briller 
nos  clartés,  mets-nous  en  mouvement  pour  l’édificateur, 
pour  l’habile. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

jyôtlnsi.  — Dédoublement  verbal,  eu  égard  à pavamâna. 

Hémistiche  1.  — Cf.  9,  8%  pratnavad  rocayâ  rucah.  — - Passage 
important  comme  indication  de  la  nature  ignée  du  soma  pavamâna. 

pnrvyah.  — Ce  qui  tient  du  püroa,  de  l’ancien,  c’est-à-dire 
du  soma  liquide  antécédent  du  soma  igné.  — Berg.,  I,  188  : 
« Antique.  » 

kratve  daksâya.  — Cf.  16,  2',  kratoà  daksaya,  — indice  de  la 
synonymie  et  du  dédoublement  verbal  des  deux  expressions. 

hinu.  — Lud  , arbitrairement  : « Favorise-nous  pour.  » 


152 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


4.  — çumbhâmdna  rtdyûbhir  | mrjydmâno  gâbhastyoh  | 
pâvate  vâre  avyâye 

Éclatant  au  moyen  de  ceux  qui  désirent  le  coulé,  rendu 
brillant  dans  les  deux  mains  (des  flammes  personnifiées),  il 
s’allume  dans  la  toison  de  la  brebis. 

pâda  1.  — Cf.  3,  3'2,  paoamüna  rlâyubhili.  — Berg.,  III,  239  : 
« fidèle  à la  loi.  » 

pâda  2.  — Cf.  20,  6%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  16,  6’,  pund.no  rüpe  avyatje. 

5.  — sa  viçvâ  dcïçûse  vcisu  \ sômo  dwyâni pârthivà  | 
pàvatdm  à ntâriksy d 

Que  ce  liquide  allume  tous  les  biens  pour  le  donateur  : les 
(dons)  qui  viennent  du  ciel,  ceux  qui  viennent  de  la  terre, 
ceux  qui  viennent  de  l’entre-deux. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  14,  8,  pari  dicyâni. . . viçvâni  soma  pâr- 
thivâ  vasüni  yâhi.  — Lud.,  comme  souvent,  fausse  ce  passage  si 
clair  en  traduisant  : « Que  le  soma  procure  en  se  clarifiant,  etc.  » 
Sây.,  non  moins  arbitrairement  : « pacatâm  = prayacchatu.  » 

ântariksyâ.  — Cf.  5,  2* , pavamânah . . . antaviksena  ràrajat. 
— Le  rapprochement  des  deux  passages  est  concluant  : le  soma 
pavam.  allume  Yantariksa  (métaphore  qui  le  désigne  avec  dédou- 
blement), ou  les  choses  qui  en  proviennent,  qui  en  ont  la  nature,  — 
ou  s’allume  par  lui.  - Uantariksa  n’a  qu’une  valeur  de  symétrie, 
eu  égard  au  ciel  et  à la  terre;  ces  deux  termes  appliqués  à la 
division  de  l’univers  en  supposent  un  troisième  qui  est  l’atmo- 
sphère, ou  l’entre-deux.  N’oublions  pas  d’ailleurs  qu’ici,  ciel,  terre 
et,  par  conséquent,  anlariksa,  sont  de  pures  métaphores  pour  dé- 
signer les  différents  états  de  la  libation. 


6.  — ci  clivas  prsthâm  açuayûr  \ gavyayuh  soma  rohasi  | 
virayûh  çavasas  pâte 

O liquide,  tu  t’élèves  au  sommet  du  ciel(-feu),  toi  désireux 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


153 


de  chevaux,  désireux  de  vaches,  désireux  de  héros  (somas), 
6 toi,  maître  de  la  force! 

Hémistiche  1.  — Cf.  22,  5,  ete  (somâh)  prsthani  rodasor  vi- 
prayanto  vy  ânaçuh.  — Berg.,  I,  162,  voit  dans  l’ascension  au  ciel 
du  soma  une  allusion  au  soleil. 

açvayur  gavayuli...  vïrayuh.  — Cf.  2,  10,  gosâ...  nrëâ... 
açvasâ. 

HYMNE  XXXVII 

1.  — scc  simili  pitâye  vrsd  | sômali  pccvitre  arsati  \ 
vighnân  râksânsi  devayûli 

Ce  liquide  coulé  pour  la  boisson,  (ce)  taureau  coule  dans 
l’allumeur,  — désireux  d’être  Céleste,  en  détruisant  les 
gardiens. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  27,  32,  esa. . . vrsâ  sutah. 

pâda  2.  — Cf.  16,  4%  même  formule. 

pàdas  2 et  3.  — Cf.  17,  32  et  3,  mêmes  formules. 

2.  — scc  pccvitre  vicciksanô  [ liccrir  ccrsati  dharnasih  | 

ablii  yônim  kânikradat 

Cet  éclairé,  (ce)  doré,  (ce)  soutien  coule  dans  l’allumeur  ; 
ce  qui  bruit  (coule)  vers  la  matrice. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  12,  4',  dioo  nâbhâ  vicaksanah,  indice  de  la  syno- 
nymie de  paoitre  et  de  divo  nâbhâ. 

pâda  2.  — Cf.  23,  51,  soma  arsati  dharnasih. 

pâda  3.  — Cf.  25,  2%  même  formule. 

3.  — scc  vcijî  rocanà  divc'ch  | pccvcimano  en  dhâvati  \ 

raksohâ  vâram  auyâyam 

Cet  allumé,  pourvu  de  réconfort,  traverse  en  courant  les 


154 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


lumières  du  ciel(-feu),  — lui  qui  détruit  le  gardien,  il  tnv- 
ver.se  la  toison  de  la  brebis. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  17,  5,  rocanâ  rohan...  bhrâjase  divam; 
42,  1',  janayan  rocanâ  dirait.  — Berg.,  I,  200  : rocanâ  dirait , 
« les  espaces  du  ciel  ». 

pâda  2.  — Cf.  3,  7,  esa  dioam  ri  dhârati. . . paramétrait . 

raksohâ.  — Cf.  1,  2’,  même  épithète. 

râram  aryayam.  — Cf.  13,  63,  ri  vàram  aryam;  1(5,  83,  aryo 
râram  ri  dhàoasi. 

4.  — sa  tritdsyàdhi  sânavi  \ pdvamàno  arocayat  | 

jâmibhih  suryam  sa/ni 

Cet  allumé  a fait  briller  au-dessus,  dans  le  sommet  du 
Troisième,  le  soleil  à l’aide  des  sœurs. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

trilasya.  — Cf.  34,4’,  tritasya,  — même  explication  dans  les 
deux  cas. 

adhi  sânari.  . . jâmibhih.  — Cf.  26,  5,  tam  sânâr  adhi  jâma- 
yah . ■ ■ hinranti. 

paramâno  arocayat . . . suryam.  — Cf.  28,  5,  esa  süryam 
arocayat  paramânaii. 

jâmibhih.  — Cf.  28,  4%  daçabhir  jâmibhir  yatah. 

Vers  des  plus  concluants  en  faveur  de  la  nature  ignée  du  soma 
pavamana. 

5.  — sd  vrtrahâ  vrsd  sutô  | varivovid  cidâbhyah  \ 

sômo  vâjcun  ivdsarat 

Ce  destructeur  de  l’enveloppe,  (ce)  taureau,  (ce)  versé, 
trouveur  du  large,  qu’on  ne  doit  pas  opprimer,  — (ce)  liquide 
a coulé  en  quelque  sorte  vers  le  réconfort. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

vrtrahâ.  — Cf.  1,  3\  rrtrahantamah • 

orëâ  sutali.  — Cf.  37,  1',  sa  sutah . . . rrsâ. 

oarivoüit,  — - Cf.  21,  22,  caricocidah  ( somâ/t .• 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


155 


adàbhyali.  — Cf.  3,  23,  pavamano  adabhyali. 
pâda  3.  — Cf.  3,  8’,  esa  divcirn  vy  asarat. 


6.  — scc  devâh  kavinesit'o  | ’bhi  drônâni  clhâvati  | 
indur  indrâya  manhcinâ 

Ce  Céleste  mis  en  mouvement  par  le  sage  coule  vers  les 
bois;  le  brillant  (coule)  pour  l 'Ardent  au  moyen  du  don. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Les  mots  devait  et  kavinà  désignent  le  même  objet, 
à savoir  le  soma  pavam.,  — dédoublement  verbal  (G). 

pâda  2.  — Cf.  28,  43,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  6,  7,  dhârayendrâya. . . sutah.  — manlianâ , 
instrum.  avec  dédoublement  verbal,  qui  correspond  à dhârayü  et 
ne  doit  pas  être  traduit  par  l’adverbe  « reichlich  » (Lud.). 


HYMNE  XXXVIII 

1.  — esâ  u syâ  vr.sà  râthô  | ’vyo  vârebhir  arsati  \ 
gcichan  vcijam  sahasrinam 

Ce  taureau  que  voilà,  (pareil  à)  un  char  (qui  marche), 
coule  au  moyen  des  toisons  de  la  brebis,  en  allant  au  ré- 
confort pourvu  de  mille  (dons). 

esa  u sya.  — Démonstratifs  liturgiques. 
vrsâ  vathah.  — Cf.  22,  1’,  ete  somâsa  âçavo  rathâ  iva. 
pâda  2.  — Cf.  20,  l2,  même  formule. 
gaclian  vâjam.  — Cf.  37,  5:),  somo  vâjam  ivâsarat. 
vâjam  sahasrinam.  — Cf.  20,  2,  vâjam . . . sahasrinam.  — Lud., 
très  arbitrairement  d’après  Sây.  : vâjam  « kraftat  ». 

2.  — et  eu  a tritàsya  yôsano  ] heirim  liinvanty  ccdribhih  | 
induire  indrâya  pitâye 

Les  femmes  du  Troisième  mettent  en  mouvement  ce 
doré  au  moyen  des  pierres,  — - ce  brillant  pour  (servir  de) 
boisson  à i’Ardent, 


156 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


etam.  — Démonstratif  liturgique. 

Ce  vers  est  identique  à 32,  2,  sauf  au  début  etam,  au  lieu  de 
ad  ïm. 

3.  — etam  tyàm  harito  dàça  | marmrjycinte  apasyiwah  | 
xyàbhir  màdâya  çûmbhate 

Les  dix  dorées  désireuses  d’œuvres  rendent  brillant  celui 
que  voici;  c’est  par  elles  qu’il  resplendit  pour  la  boisson. 

etam  tyam.  — Démonstratifs  liturgiques. 

etam  tyam. . . marmrjyante.  — Cf.  33,  53,  marmrjyante  divali 
çiçum. 

harito  daça.  — Les  dix  brillantes  (flammes)  comparées  à des 
mains  aux  dix  doigts,  qui  correspondent  aux  voix  de  Y indu  [girah) 
du  vers  2,  7',  giras  ta  inda  ojasâ  marmrjyante  apasyucah.  — 
D’après  Berg.,  I,  201  : « Les  dix  harits  seraient  les  chevaux  du 
soleil  qui  représentent  ses  rayons.  » 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  2,  72  et  3,  formules  identiques,  sauf  la  3e  per- 
sonne çûmbhate , au  lieu  de  la  seconde  çumbhase. 

4.  — esà  syâ  mânuslso  â | çyenô  nci  viksû  sidciti  | 
gâchaîi  jârô  nâ  yosîtam 

Celui  que  voilà  est  venu  comme  un  aigle  prendre  rési- 
dence dans  les  demeures  qui  sont  de  la  nature  des  mâles 
(-somas),  — (y)  venant  comme  l’amant  vers  la  femme. 

esa  sya.  — Démonstratifs  liturgiques. 

mânusïsu.  — Cf.  12,  73,  mânusâ  yugâ.  — Berg.,  II,  61  : « Il 
descend  (inexact)  parmi  les  races  (inexact)  humaines.  » 

pâda  2.  — L’assimilation  de  l’aigle  et  du  soma,  ou  sous  une 
autre  forme,  le  mythe  de  l’aigle  apportant  le  soma  est  célèbre. 
En  réalité,  aigle  et  soma  pavam.  ne  sont  qu’un  % comme  on  peut 
le  voir  par  notre  vers.  La  comparaison,  comme  celle  avec  le  char 
(cf.  38,  1'),  porte  sur  la  vitesse  des  mouvements  commune  à l’un 
et  à l’autre.  — Cf.  32,  4,  mrgo  na  takto  arsasi  sïdan;  20,  63, 
somaJi.  ■ . sïdati. 

pàda  3.  — Cf.  32,  5,  abhi  gâco  anüsata  yoëâ  jâram  ira. 

1,  Berg.,  I,  22b,  le  reconnaissait  déjà. 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


157 


5.  — esd  syd  mddyo  râsô  \ ’ va  caste  divdh  çiçuh  | 

yd  indur  vâràm  àviçat 

Ce  suc  liquide  que  voilà,  fils  du  ciel(-feu), brille  (ou  regarde) 
d’en  haut,  — lui  le  brillant  qui  a pénétré  la  toison  \ 

esa  sya.  — Démonstratifs  liturgiques. 

pâda  1.  — Cf.  6,  21 *,  abhi  tara  madi/am  madam.  . . ksara.  — 
Dédoublement  verbal  en  vertu  duquel  le  sujet  dans  notre  passage 
est  employé  comme  régime  direct  dans  le  passage  comparé,  quoique 
l’un  et  l’autre  s’appliquent  à un  même  objet  et  visent  une  même 
action. 

pàda  2.  — Cf.  33,  53,  marmrjyante  divah  çiçum.  — Rapport 
analogue  de  sujet  à régime  entre  les  deux  passages. 

pàda  3.  — Cf.  6,  l3,  amjo  vâresc  asmayuli. 

6.  — esd  syd  pîtdye  sutô  | hàrir  arsati  dharnasih  | 

krdndcin  yônim  abhi  priydrn 

Ce  doré,  ce  coulé  que  voilà,  (ce)  support  coule  pour  la 
boisson,  en  grondant,  vers  la  matrice,  vers  l’agréable. 

esa  sya.  — Démonstratifs  liturgiques. 

pàda  1.  — Cf.  37,  l1,  sa  sutah  pïtaye. 

pàda  2.  — - Cf.  37,  2-,  même  formule. 

pàda  3.  — Cf.  37,  2%  abhi  yonim  kanikradat. 


HYMNE  XXXIX 

1.  — âçuv  cirsa  brhanmate  | pctri  priyéna  dhdmnâ  J 
ycïtra  devâ  iti  brâvcin 

(Toi  qui  es)  rapide,  ô pensée  du  fort,  coule  autour,  au 
moyen  de  l’édilice  agréable  dans  lequel  les  Célestes  ont 
parlé. 

1.  Berg.,  I,  180,  traduit  ce  Vers  d’uae  manière  un  peu  différente  de  la 

mienne. 


158 


IÆ  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


âçur  arsa.  — Cf.  23,  1',  soma  asrgram  âçâtah. 
pada  2.  — Cf.  28,  2%  (esa.  . . aksarat) . . . oiçvâ  dhâmàny  àoiçan. 
Le  dhâman  étant  le  réceptacle  du  soma,  on  peut  dire,  ou  bien  que 
le  soma  le  pénètre,  ou  bien  qu’avec  lui,  en  tant  que  pénétré  par 
le  soma,  on  fait  couler  celui-ci.  — Lud.,  arbitrairement  : « Zusam- 
men  mit  den  freundlichen  mâchten.  » — Berg.,  III,  212,  noie, 
propose  de  rendre  ici  dhâmnà  par  « forme  ». 

pàda  3.  — Cf.  15,  2%  yatrâmrtâsa  üsate.  — Berg.,  I,  18G  : a II 
dit  où  sont  les  dieux,  » — sens  qu’il  paraît  difficile  de  tirer  du 
texte. 

2.  — pari. skrrwti nn  ûniskrtam  | janàya  yâtâyann  isah  | 
v ri  fini  divâh  pari  sraca 

Développant  alentour  ce  qui  n’est  pas  développé,  offrant 
les  libations  pour  l’homme(-soma),  fais  couler  autour  la  pluie 
du  ciel(-feu). 

pada  1.  — Cf.  14,  2',  pariskrnvanti  dharnasim. 

Pour  le  sens  de  aniskrtam,  cf.  13,  1%  et  15,  1J,  niskrtam. 
pada  2.  — Cf.  11,  3,  pavasva  çam. . . janâija. 
pada  3.  — Cf.  8,  8',  même  formule. 

3.  — s ai  à eti  pavitra  ci  \ tuisim  dâdhâna  ôjasà  \ 
vicâksdno  vir.occiyan 

Le  coulé  va  dans  l’allumeur  en  établissant  l’ardeur  au 
moyen  de  la  force;  l’éclairé  (y  va)  en  brillant. 

pada  1.  — Cf.  37,  1,  sa  sutaJi . . . pavitre  arsa/i.  — Berg.,  I,  214, 
voit  dans  le  pavitra  un  tamis. 

pada  2.  — Cf.  2,  7',  g iras  ta  inda  ojasâ  marmrjyante.  — ojasâ, 
dédoublement  verbal.  — 25,  4:1,  dadhânâ  ojasâ. 
pavitra  â.  . . vicaksanali.  — Cf.  37,  2,  sa  pavitre  vicaksanal/ . 
virocaijan.  — Cette  détermination  ne  saurait  s’appliquer  qu’au 
soma  allumé,  éclairé,  enflammé. 


1.  Sur  le  sens  du  rad.  yat , voir  Berg.,  III,  163-166. 


159 


Le  culte  védique  du  soma 

4.  — aychn  sa  yô  divas  pari  \ raghuyâmâ pavitra  ci  \ 
sinclhor  ûrmà  vy  âksarat 

Celui-là  qui,  d’une  course  rapide,  va,  en  l’entourant,  dans 
l’allumeur  du  ciel(-feu),  a coulé  dans  le  flot  de  la  rivière. 

ayant  sa  y ali.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — ■ Cf;  27,  5,  paoamâno  adhi  dj/ani  pavitre.  — La 
comparaison  des  deux  passages  milite  en  faveur  de  la  construction 
divali...  pavitre , et  condamne  l'interprétation  de  Berg.,  II,  35: 
« Le  tamis  par  (inexact)  lequel  soma  coule  du  ciel  dans  la  vague 
de  la  rivière.  » — Pour  pari,  sans  complément,  cf.  39,  IL 

pàda  3.  — Cf.  21,  3%  même  formule,  sauf  aksaran  au  lieu  de 
aksarat. 

5.  — cîüiüdsan  pardvüto  | âtho  arvdvâtah  sutâh  | 
indrciya  sicycite  mâdhu 

Le  coulé  désireux,  issu  de  ce  qui  s’éloigne  et  de  ce  qui 
s’approche,  — le  doux  est  versé  pour  l’Ardent. 

• « Ce  qui  s’éloigne  » = le  soma  absent,  retenu,  non  versé;  « ce  qui 
s’approche  » = le  soma  prêt  pour  le  sacrifice.  — D’après  Berg., 
I,  175  : « L’opposition  pourrait  s’entendre  des  somas  terrestres  et 
des  somas  célestes.  » 

pàda  3.  — Cf.  27,  2,  esa  indrâya. . . pari  sici/ate. 

6.  — samlcinâ  anûsata  j hcirim  hinvanty  âdribhih  \ 
yôndv  rtâsya  sïdctta 

Ceux  qui  vont  ensemble  (la  troupe  des  sacrificateurs- 
somas?)  ont  mugi;  ils  ont  mis  en  mouvement  le  doré  avec 
des  pierres.  Prenez  résidence  dans  la  matrice  du  coulé. 

samïcïiiâh.  — Cf.  10,  7',  samïcïnâsa  àsate  hotârali. 

pàda  2.  — Cf.  38,  2'2,  etc.,  même  formule. 

pàda  3.  — Cf.  13,  93,  même  formule. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


160 


HYMNE  XL 


1.  — punânô  akramld  abhi  \ viçüd  mrdho  vicarsanih  \ 
çumbhdnti  vipram  dliitibhih 

L’allumé  a marché  contre  tous  les  oppresseurs,  lui  l’actif; 
ils  (les  somas  pavamânas)  font  briller  l’agité  au  moyen  des 
pensées(-crépitements). 

Hémistiche  1.  — Cf.  20,  1,  kacili...  arsati  sàhvân  viçccï  abhi 
sprdhah  . 

pâda  2.  — Cf.  11,  7',  amitrahâ  vicarsanih. 
pâda  3.  — - Cf.  2,  7,  giras  ta  indo. . . yàbhili. . . çumbhase.  — 
Dans  l’un  et  l’autre  passage,  il  s’agit  des  libations  crépitantes 
qui  font  resplendir  le  soma  pavam.,  désignation  verbalement 
dédoublée  (G)  de  ces  mêmes  libations. 

vipram.  — Cf.  13,  2%  pavamânam.  . . viprani  abhi  pra  gàgata. 
— Ce  qui  prouve  qu’il  ne  s’agit  pas  d’un  sage  humain,  comme 
le  croit  Lud.,  entre  autres. 

2.  — à yônim  arunô  ruhad  \ gdmad  indrarn  vrsâ  sutdh  | 
dhvuvé  sddcisi  sidati 

Le  rouge  a monté  en  venant  dans  la  matrice,  le  taureau, 
le  coulé  est  venu  à l’ Ardent;  il  a pris  résidence  dans  une 
demeure  solide  (le  réconfort). 

arunal.i.  — Cf.  11,  42,  aruyâya. . . somâya. 

pâda  1.  — Cf.  36,  6,  à divas  prstham. . . soma  roliasi. 

pâda  2.  — Cf.  2,  1%  indrarn  indo  vrsâ  vira. 

pâda  3.  — Cf.  12,  3',  kseti  sâdane. 


3.  — nû  no  rayim  mahâm  indo  | ’sniâbhyam  soma 
viçvdtah  j à pavasva  sahasrinam 

O brillant,  allume  notre  grande  richesse,  ô liquide,  (al- 
lume-la)  pour  nous,  elle  qui,  — issue  de  ce  qui  a tous  (les 
dons),  — a mille  (dons). 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOIVtA 


161 


oiçcatali.  — viçva  par  une  sorte  d’abréviation  pour  viçvaoit,  viç- 
vfwasu,  etc.  (cf.  sahasrin  devenu  l’un  des  noms  du  soma  pavam.), 
d’où,  pour  viçvütali,  le  sens  de  a (qui  provient)  de  celui  qui  a tous 
les  dons  (du  sacri tice) , toutes  les  oblations  ». 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  33,  62~%  mêmes  formules,  sauf  le  plur. 
saliasrinali  (rayait),  pour  le  sing.  sahasrinam. 

4.  — hiçod  soma pavamclna  \ dyumnânindav  à bliara  \ 

vidàh  sahasrinîr  isah 

0 liquide  allumé,  ô brillant,  apporte  toutes  les  lueurs; 

' trouve  les  libations  aux  mille  (dons). 

Hémistiche  1.  — Cf.  5,  3,  pavamânali. . . vi  rûjati  dyumân ; 
29,  6,  rayim.  . . paoasva. . . dyumantcim . . . ci  bliara. 

pàda  3.  — Cf.  3,  10%  janayann  isah;  15,  7%  ( somam ) praca- 
krânam  mahïr  isalj. 

5.  — sd  nalipunànâ  ci  bliara  | raijini  stotré  suviryam  | 

jaritûr  vardhayd  girah 

O toi,  allumé  qui  viens  de  nous,  apporte  la  richesse  pour- 
vue de  héros (-somas)  au  chanteur;  accrois  les  voix  du 
chanteur. 

pada  2.  - Cf.  20,  7%  cladliat  stotre  suviryam. 

pâda  3.  — Cf.  25,  5 , janayau  yirali  somali. 

6.  — punânâ  inclav  à bliara  \ sôma  dvib&rhüsam  rayim  | 
vr sann  indo  na  ukthyàm 

O allumé,  ô brillant,  ô liquide,  apporte  la  richesse  au 
double  réconfort;  ô taureau,  ô brillant,  (apporte)-nous  le 
parlant. 

pâda  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  1. 

pâda  2.  — Cf.  4,  7%  même  formule.  — Dans  ce  vers,  abhy  arsa 
correspond  à ci  bliara  dans  cclui-ci. 

ukthyam.  — Cf.  19,  1,  ukthyam...  oasti  tan  nah  punâna  ci 
bliara. 


11 


i02 


LE  CULTE  VEDIQUE  DÛ  SOMA 


HYMNE  XLI 


1.  ■ — prd  yé  yàvo  net  bhurnayas  | teesâ  ayâso  âkramuh 
ghndntah  krsnàm  àpa  tvàcain 

En  avant,  ceux  qui,  pareils  à des  vaches,  forts  (?),  ardents, 
actifs,  se  sont  mis  en  marche,  détruisant  (et)  écartant  la  peau 
noire  ! 

Cf.  17,  1,  pra...  glinanto  rrtrani  bhürpayah  sornâ  asrgram 
aravah-  — Sày.,  très  justement  : « krsnâ  tvak  = raksâii.  » — La 
comparaison  des  deux  vers  établit  clairement  qu'il  ne  s’agit  pas 
(même  par  allusion)  des  ténèbres  nocturnes,  comme  le  veut  Lud., 
mais  bien  de  l’obstacle  imaginaire  comparé  à une  enveloppe  noire, 
par  opposition  aux  flammes  brillantes  du  soma  pavamàna.  — 
Pour  l’explication  de  Berg.,  cf.  Rel.  oéd.,  II,  86. 

2.  — suvilüsya  manàmahé  \ ’ti  sétum  durclvyàm  | 
sahvànso  dàsyum  avralâm 

Nous  pensons  à celui  dont  la  marche  est  bonne,  qui  est 
au  delà  du  pont  difficile  à atteindre  (?),  — (nous)  qui  maî- 
trisons le  lien  dépourvu  de  l’objet  du  désir  (de  la  libation  . 

La  parole  est  aux  sacrificateurs  identifiés  aux  oblations. 
manàmahé.  — Sày.,  justement  : « stumah.  » 
setum.  — Sày.,  justement  : « raksovisayani  bandhanam.  » — 
Le  « pont  » par  lequel  l'oblation  passe  de  l’absence  à la  présence. 
duràvyam.  — Sày.  : « dustamatim.  » 
pâda  3.  — Cf.  20,  l3,  sâhvân  v içvà  abhi  sprdhah. 
dasyum  avratam.  — L’obstacle  désigné  métaphoriquement  sous 
le  nom  de  ce  ou  de  celui  qui  lie  le  soma  et  qui  est  comme  ne 
l’ayant  pas,  ne  le  donnant  pas,  par  opposition  au  soma  pavarn.  qui 
en  est  pourvu,  qui  le  manifeste,  qui  s’en  sert.  — Berg.,  Il,  215, 
rend  acrata  par  « impie  qui  n’observe  pas  la  loi  ». 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  i63 

3.  — çrnvé  vrstér  ivci  svanah  | pàvamânasya  çusminah  \ 

càranti  vidyûto  divx 

Le  son  de  l’allumé  ardent,  pareil  à celui  de  la  pluie,  est 
entendu;  les  éclairs  vont  (s’établir)  dans  le  ciel(-feu). 

Hémistiche  1.  — Cf.  30,  1,  dhârâ  asya  çusminah...  akëaran 
punâno  vâcam  isyati. 

vrstev  ira.  — vrsti  désigne  ici  le  soma  pavam.  ou  la  pluie  en- 
flammée, celle  du  ciel(-feu)  (8,  8'  et  39,  23,  vrstim  dioaJi)  ; cf.  aussi 
17,  2',  indavo  vrstayah,  et  les  comparaisons  correspondantes,  22,  2, 
parjanasyeva  vrstayah,  agner  iva  bhramàh.  — Voir  pour  l’expli- 
cation différente  de  Berg-.,  Bel.  véd.,  I,  169. 

pâda  3.  — vidyuto  divi , dédoublement  verbal  : les  éclairs  (=  soma 
pavam.)  vont  s’unir  au  ciel-feu  sacré  qui  n’est  qu’une  autre  dési- 
gnation métaphorique  de  ce  même  soma  pavamâna.  — Allusion 
toutefois,  mais  simple  allusion,  à un  orage  avec  pluie,  tonnerre  et 
éclairs  (J).  — Berg.,  I,  170  : « Les  éclairs  courent  dans  le  ciel.  » 

4.  — à pavasva  malxim  isam  \ gômcid  indo  hiranyavat  | 

âçvcïvad  vâjavat  sutcih 

Allume,  ô brillant,  — toi  le  coulé,  — la  grande  libation, 
— ce  qui  est  pourvu  de  vaches,  pourvu  d’or,  pourvu  de 
chevaux,  pourvu  de  réconfort. 

pâda  1.  — - Cf.  13,  4!,  pavasva  brhatïr  isah;  — 15,  7 3,  praca- 
hrânam  maliïr  isah. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  2,  10,  posa  indo. . . asy  açvasâ  vâjasü. 

5.  — s ci  pavasva  vicarsana  | à mahi  rôdas  i prna  \ 
usâh  sûryo  nâ  raçmibhih 

O toi  que  voilà,  allume-toi,  ô ardent;  pénètre,  comme 
l’aurore,  (comme)  le  soleil,  les  deux  grands  brillants,  avec 
(tes)  rayons. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  11,  7,  vicarsanih  pavasva  soma. 


1G4 


LE  CULTE  VEDIQUE  DI  SOMA 


pada  2.  — Cï.  22,  5,  ele  prstliâni  vodasor  viprayanto  vy  anacuh  ; 
18,  5,  rodasï  mahï. 

pâda  3.  — Cette  comparaison  n’a  de  sens  que  si  l’on  admet  que 
le  soma  pavam.  est  igné,  car  le  mot  raçmibhih  ne  peut  que  s’ap- 
pliquer au  sujet  sa  (somaJj). 

6.  — pari  nah  çarinayàiityâ  | dhârayà  soma  viçvâtah  | 
sârâ  raséva  vistâpam 

O liquide,  issu  de  celui  qui  a tous  les  (dons),  coule  autour 
au  moyen  du  courant  protecteur  (?)  qui  vient  de  nous,  — 
pareil  au  suc  (du  soma,  — dans  le  support. 

soma  viçcatah.  — Cf.  33,  6%  même  formule. 

s ara . . . oistapam.  — Cf.  34,  5,  abhïm  rtasya  cistapaia  duhate 
prçnimatarah.  — Pour  Berg.,  I,  320,  le  mot  rasa  « désigne  une 
rivière  terrestre  et,  de  plus,  une  forme  céleste  de  cette  rivière  ». 
Autant  d'assertions  peu  fondées. 


HYMNE  XL  11 

1.  — janâyan  rocanâ  divô  \ janâyann  apsû  sùryam  | 
vùscïjio  g à apô  hârih 

Engendrant  les  clartés  du  ciel(-feu),  engendrant  le 
soleil(-feu)  dans  les  eaux,  le  doré  enveloppant  les  vaches, 
les  eaux. . . 

Description  aussi  claire  que  possible  des  effets  de  la  transforma- 
tion du  soma  liquide  en  soma  igné.  — Qu’entend  Berg.,  I,  215, 
en  voyant  dans  ce  vers  une  allusion  au  breuvage  céleste? 

• pâda  1.  — Cf.  37,  3,  sa  vàjï  rocanâ  dirait  pavamîinal). 

pada  2.  — - Cf.  24,  1,  somâsali.  . . pacamcinâsa  indarah  çrlnâna 
apsu  mrnjata;  28,  5,  esa  süryam  arocayat  pavamânali;  2,  6\ 
harili. . . sam  sûryena  rocate.  — La  confrontation  de  ces  passages 
met  en  toute  évidence  le  fait  que  le  soleil  et  les  eaux  ne  sont  ici 
que  des  métaphores  pour  désigner  les  deux  états  du  soma.  — Pour 
le  paradoxe,  nous  avons  affaire  à un  développement  sur  le  type  J. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


1G5 


pâda  3.  — Ne  saurait  être  mieux  commenté  que  par  2,  4,  tva 
( somani ) . . . âpo  arsanti . . . yad  gobhir  vàsgyisyasc. 


2.  — esd  prcitnéna  mànmanâ  | devn  clevêbhijah  pari  j 
clharayâ  parafe  sutdh 

Ce  Céleste,  coulé,  s’allume  pour  les  Célestes  en  (les) 
entourant  au  moyen  de  la  pensée  ancienne,  au  moyen  du 
courant. 

esa.  — Démonstratif  liturgique.  Ct.  3,  9,  esa  pratnena  janmanâ 
devo  devebhyah  sutali,  — d’où  l'indice  que  janmanâ  et  manmanâ 
s’appliquent  au  même  objet,  à savoir  au  soma  pavam.  ainsi  nommé 
par  dédoublement  verbal  (G).  Sous  le  nom  de  manman  (allusion 
au  crépitement),  il  est  censé  précéder,  sous  la  forme  liquide,  celui 
dont  il  est  question,  quant  à l'heure  actuelle,  sous  le  nom  de  esa. .. 
devait.  — Lud.,  arbitrairement  : « Selon  la  découverte  d’autrefois.  » 
— Sây.,  en  approchant  de  la  vérité  : « manmanâ  = mananïyena 
stotrena.  » — Voir  l’explication  de  Berg.,  qui  considère  devebhyali 
comme  un  ablatif,  Rel.  véd.,  I,  188  et  207. 

pâda  3.  — Cf.  1,  1%  pavasva  soma  dhârayâ. 

3.  — vâvrdhânàya  tûrvaye  \ pavante  vâjasdtaye  \ 
sômâh  sahcisrapdjasah 

Les  liquides  aux  mille  ardeurs  s’allument  pour  le  victo- 
rieux qui  accroît  (ou  s’accroît),  — pour  l’acquisition  du  ré- 
confort. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  13,  31  et  2,  mêmes  formules. 

4.  — duhdnah pratndm  U pâyah  | pavitre  pari  sicyate  | 
krândan  devân  ajljanat 

Trayant  ce  lait  antérieur,  il  coule  dans  l’allumeur  en 
(l’)entourant;  en  grondant,  il  a engendré  les  Célestes. 

pâda  1.  — Cf.  19,  5%  yâli  çukram  duhate  payait . 

pratnam.  — Cf.  ci-dessus,  vs  21,  pratnena.  — Il  s’agit  du  soma 
liquide  antérieur  au  soma  igné. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


166 

pâda  2.  — Cf.  27,  2,  esa. . . pari  sicyate  pacitre. 

pâda  3.  — Cf.  3,  7‘,  pavamânali  kanikradal.  — D’où  l’indice 
que  l'idée  exprimée  par  pavamâna  correspond  à celle  d’engendrer 
les  Célestes  ou  les  dieux,  — en  s’allumant  et  en  crépitant,  le  soma 
pavam.  produit  les  flammes  brillantes  ou  les  devas.  — Berg.,  en 
pi’ésence  de  ce  passage  si  bien  fait  pour  l’embarrasser,  se  contente 
de  dire,  I.  214  : « Il  est  même  le  père  des  dieux  qu  il  a engendrés 
en  hennissant.  » 


5.  — ab/d  viçüdni  vâi'yci  | -bld  devait  rtâvrdhah  | 
sômali  punânô  arsati. 

Le  liquide  en  s’allumant,  coule  vers  tous  les  (dons)  dési- 
rables, vers  les  Célestes  qui  croissent  par  l’oblation. 

pâda  1.  — Cf.  3,  4,  esa.  viçcâni  vârijâ...  pan...  pavamânali. 

rtâvrdhah.  — Lud.,  d’après  Sây.  et  à tort  : « Les  dieux  qui  ac- 
croissent l’ordre  sacré.  » — Cf.  Berg.,  1,  255  : « Qui  grandissent 
selon  la  loi.  » — L’idée  est  voisine  de  celle  du  pâda  3 du  vers  pré- 
cédent : les  somas  pavam.  accroissent  les  dieux  pour  la  même 
raison  et  par  les  mêmes  moyens  qu’ils  les  engendrent.  — Cette 
formule  est  de  la  plus  haute  importance  pour  le  sens  de  l’ensemble 
de  la  doctrine  védique.  — Cf.  les  passages  homériques  d’après 
lesquels  les  dieux  défaillants  se  revivifient  avec  le  nectar  et  l'am- 
broisie. 

pâda  3.  — Cf.  28,  62.  même  formule. 


6.  — gôman  nah  soma  vïrâvad  | àçvâvad  vdjavat  sutâh  | 
pâvasva  brhativ  isah 

O liquide,  û coulé,  allume  ce  qui,  venant  de  nous,  est 
pourvu  de  vaches,  ce  qui  est  pourvu  de  héros,  ce  qui  est 
pourvu  de  chevaux,  ce  qui  est  pourvu  de  réconfort;  (allume) 
les  puissantes  libations. 

Autre  rédaction  de  41,  4 : â pavasva  mahim  isam  | r/omad  indo 
h iran  yarat  j aevâvad  râjavat  sut  ah . 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


167 


HYMNE  XLIII 

1.  — ijo  âiya  iva  mrjyâte  | gôbhir  màdâya  haryatah  | 
tàm  girbhir  vâsayàmasi 

Lui  qui,  désirable,  est  rendu  brillant,  pareil  à un  coursier, 
au  moyen  des  vaches,  pour  la  boisson,  — celui-ci  nous  l’en- 
veloppons avec  les  voix. 

yah  . . . tam.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  32,  3',  ait/o  na  gobliir  ajyate. 

madayâ  haryatah.  — Cf.  38,  3:),  yâbhir  madàya  çumbhate. 

hart/atali.  — Cf.  25,  4%  haryatah. 

pâda  3.  — Cf.  35,  5,  tam  gïrbhih  ■ . . punânam  vâsayàmasi. 

2.  — tenu  no  viçvâ  cwasgûvo  | girah  çumbhanti  pûrvàthâ  | 
indum  indrâya  pîtâye 

Toutes  nos  voix  désireuses  du  régal,  l’embellissent,  (le  font 
briller)  comme  autrefois,  — (lui),  le  brillant,  — pour  la 
boisson  (destinée)  à l’Ardent. 

tam.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — • Cf.  13,  2,  pavamânam  (=  tam ) avasyavah 
(=  avasyuvah) . . . pra  gâyata  (cf.  giralt,  sujet  sous-entendu  de 
gâyata).  — 2,  7,  giras  ta  indo. . . yâbhili  ■ . . çumbhase. 

pürvathâ.  — Peut-être  : « en  employant  ce  qui  précède,  à savoir 
le  soma  liquide.  » 

pâda  3.  — Cf.  32,  23,  même  formule. 

3.  — punânô  yâti  haryatah  | sômo  gïrbhih  pâriskrtah  | 
viprasya  médhgâtith eh 

Le  liquide  désiré  qui  s’allume,  se  met  en  marche  formé 
par  les  voix  qui  l’entourent,  — (celles)  de  l’hôte  agité  de 
l’oblation  (?). 


pâda  1.  — Cf.  25,  42,  même  formule. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


168 

pâda  2.  — Cf.  14,  2,  girâ...  pariskrnvanti  dharnasim 
(=  somam).  — Lud.,  arbitrairement  : « Von  den  liedern  dar- 
gestellt.  » 

medhyâtitheli.  — Aucune  raison  pour  considérer  ce  composé 
comme  un  nom  propre  de  sacrificateur.  — Berg.,  II,  301,  affirme 
sans  hésiter  que  Medhyàtithi  est  un  prêtre  de  la  famille  de  Kanva. 

4.  — pâvamâna  vidà  ray  Un  | asmàbhyam  soma  suçriyam  | 
indo  sahâsravarcasam 

O toi  qui  t’allumes,  ô liquide,  trouve  pour  nous  la  richesse 
bien  brillante,  — ô brillant,  celle  qui  a l’éclat  des  mille 
(dons). 

rayim  suçriyam.  — Cf.  29,  6,  rayim  divyam. 

pâda  1.  — Cf.  19,  6:l,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  12,  9!,  rayim  sahasravarcasam. 

5.  — indur  âtyo  nà  vâjasrt  \ hdnikranti  pavîtra  à \ 
yad  âksâr  âti  devayûh 

Le  brillant,  pareil  à un  coursier,  coulant  au  réconfort  (ou 
par  lui),  gronde  dans  l’allumeur  où  il  se  rend,  alors  qu’il  a 
coulé  au  delà  (de  son  point  de  départ),  désireux  de  devenir 
céleste. 


atyo  na.  — Cf.  43,  l1,  atya  ira. 

pâda  2.  — Cf.  42,  4,  paritre.  . . krandan. 

pavitra  à yad  aksâli.  — Cf.  18,  1,  paritre  somo  akèàlt. 

devayuh.  — Cf.  6,  1-,  parasca  derayuh. 


6.  — pâvasva  vâjasdtaye  \ viprcisya  yrnatô  vrdhe  \ 
sôma  râsva  suvivyam 

Allume-toi  pour  l’acquisition  du  réconfort,  pour  l’accrois- 
seur  de  l’agité  qui  chante  ; ô liquide,  donne  ce  qui  a de  beaux 
héros  (le  soma). 

pâda  1.  — Cf.  13,  3',  parante  vâjasdtaye  somâh. 

pâda  2.  — Cf.  40,  5%  jaritur  vardhayà  g irait.  — Lud.,  d’après 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


169 


Sây.  : ordhe  « pour  l’élévation  ».  — Les  adjectifs  verbaux  mono- 
syllabiques comme  vrdh  n’ont  jamais  un  sens  abstrait.  — Berg., 
II,  236  : « Les  dieux  accroissent  le  sacrifiant;  » — mais  v iprasya 
désigne  ici  le  sonna  et.  non  le  prêtre,  dont  on  ne  peut- dire  qu’on  le 
fait  grandir  en  lui  donnant  à boire, 
pâda  3.  — Cf.  9,  92,  râsi  vïravat. 


HYMNE  XLIV 


1.  — prêt  na  indo  mahé  tâna  | ûrtnim  net  bibhrad  arsasi  \ 
abhi  devait  ayâsyah 

O brillant,  ta  t’avances  en  coulant  comme  (vers)  le  flot 
pour  la  grande  (chose)  qui  s’étend,  — toi  qui  es  ce  qui  porte 
(l’oblation)  ; (tu  coules)  vers  les  Célestes,  toi  qui  es  agile  (?) . 

Hémistiche  1.  — Cf.  34, 1,  pra  suvânah. . . tanenduh. . . arsati. 
ürmim  na.  — Cf.  33,  l2,  apâm  na  tjanty  ûrmayah. 
pâda  2.  — Cf.  14,  1,  kavih  sindhor  ürmâo  adhi  çritali... 
bibhrat.  — Ce  dernier  mot  employé  substantivement  au  neutre, 
cf.  42,  6,  gomat , etc. 

ayâsyah.  — Cf.  41,  l2,  ayâsah  [somâli). 

2.  — mati  justô  dhiyâ  hitàh  | sômo  liinve  parâvâti  \ 
viprasyct  dhârayà  kavih 

Goûté  par  la  pensée,  mis  en  mouvement  par  la  méditation 
(-crépitement),  le  liquide  est  mis  en  mouvement  (pour  venir) 
dans  ce  qui  s’éloigne;  le  sage  (est  mis  en  mouvement)  au 
moyen  du  courant  de  l’agité. 

clhiyâ  hitah.  — Cf.  25,  2',  même  formule. 
liinve.  — Cf.  12,  8'2,  somo  hinvâno  arsati. 
parâvati.  — Cf.  39,  52.  parâvatah. . . sutah,  même  explication, 
pâda  3.  — Cf.  12,  8',  même  formule,  — donc  dhiyâ  (pâda  1) 
= dhârayà  (pâda  3). 


170 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


3.  — ayant  clevésu  jâgrvih  | sutâ  eti  pavitra  à | 

sômo  yàti  viçarsanih 

Cet  éveillé  (va)  dans  les  Célestes;  le  coulé  va  dans  l’allu- 
meur ; le  liquide  actif  se  met  en  marche. 

ayam.  — Démonstratif  liturgique. 

ayant  jâgrvih  sutaJi . — Cf.  36,  2’,  sa. . . soma  jâgrvih . 

pâda  2.  — Cf.  39,  3’,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  40,  l,punâno  akramlt. . . viçarsanih. 

4.  — sa  nah  pavasva  vâjayûç  | cakrânâç  cârum 

adhvarâm  \ barhîsmân  à vivdsati 

O toi  (que  voilà)  désireux  de  réconfort,  allume-toi  pour 
nous  en  établissant  une  belle  oblation;  celui  qui  est  pourvu 
de  force  désire  (l’)obtenir. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 
pavasva  vâjayuh.  — Cf.  43,  6',  pavasva  vâjasàtaye. 
cârum  adhvaram.  — Cf.  34,  53,  càru. . . havih. 
harhismàn.  — Lud.  : « Celui  qui  a préparé  le  harhis.  a 
vivâsati.  — Cf.  39.  51,  âvivâsan. 


5.  — sà  no  bJiâgâya  vdydve  | vipravirah  sadâvrdhah  \ 
sômo  devésv  à yamat 

Que  notre  liquide  que  voilà,  — qui  a pour  héros (-somas) 
les  excités,  qui  s’accroît  par  celui  qui  réside  (dans  l’obla- 
tion), qui  est  (destiné)  au  Participant,  au  Vent,  — s'étende 
chez  les  Célestes  (dieux). 

pâda  1.  — Cf.  33,  3,  sutâh . ■ • vâyave. . . somâ  arsanti.  — La 
comparaison  des  deux  passages  montre  l’erreur  de  Lud.  qui  tra- 
duit : « Der  môge  uns. . . dem  Vâyu. . . der  Soma. . . bringen.  » 
vipravirah.  — Dédoublement  verbal  sous  forme  de  composé  : 
vipra  et  vira  désignent  le  même  objet,  — le  soma  pavamàna.  — 
Berg.,  I,  126,  note  : « Qui  donne  des  prêtres,  » ou  « Qui  a des 
prêtres  pour  fils  », 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


171 


sadâvrdhah.  — Qui  croît  par  la  sad,  — dédoublement  verbal; 
cf.  42,  52,  rtâvrdhali. 

pâda  3.  — Cf.  42,  5,  abhi, . . devân. . . somah . . . arsati. 

6.  — sci  no  aclyà  vàsuttaye  | kratuvid  gâtuvittamali  | 
vâjam  jesi  çrcœo  Induit 

Toi  qui  es  nôtre,  puisses-tu  conquérir  aujourd’hui  pour 
l’établissement  du  bien,  — toi  qui  trouves  l’édificateur,  toi 
qui  trouves  par  excellence  la  voie,  — (puisses-tu  conquérir) 
le  réconfort,  la  voix,  le  puissant  ! 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 
kratuvit.  — Cf.  4,  5,  à bhaja  tava  kratvâ. 
gâtuoittamah.  — Cf.  37,  52,  suto  varivovit.  — Lud.  : « Der  fôr~ 
derung  am  bestem  findei.  » 

pâda  3.  — Cf.  4,  1 , jesi . . . maki  gravait. 


HYMNE  XLV 

1.  — • sà  pavasva  mciddya  kdm  j nrcâksd  clevâvitaye  | 
indctv  îndrâya  pïtâye 

Toi  que  voilà,  qui  brilles  au  moyen  des  hommes(-somas), 
allume  le  bon  (?)  pour  la  boisson,  pour  le  régal  des  Célestes, 
pour  (servir  de)  boisson  à l’Ardent,  ô brillant. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 
madâya  kam.  — Cf.  8,  5',  même  formule. 
nrcaksâh.  — Cf.  8,  9\  nrcaksasatn  toâ. 
madâya. . . devavïtaye.  — Cf.  6,  62,  madâya  devavltaye. 
pâda  3.  — Cf.  43,  23,  même  formule,  sauf  indum  au  lieu  de 
ndo. 

2.  — sci  no  arsàbhi  dütyàm  \ tvc'tm  îndrâya  toçase  \ 
devcui  sâkhibhya  à vdram 

Toi  que  voilà  qui  es  nôtre,  coule  vers  ce  qui  est  la  chose 


172 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SONIA 


du  messager.  Tu  coules  pour  l’ Ardent;  (tu  coules)  vers  les 
brillants,  vers  le  choisi,  pour  (tes)  amis. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

dütyam.  — La  chose  du  data  ou  d'Agni  messager,  porteur  de 
l'offrande,  — en  dernière  analyse,  le  soma  pavam.,  avec  dédouble- 
ment verbal.  — Lud.,  qui  fait  abstraction  de  a rsa  : « Mach  dich 
auf  zu  deiner  botenpflicht.  » Berg.,  1,  186  et  210,  paraît  interpréter 
de  même. 

pâda  2.  — Cf.  27,  1,  esa  kaoiJi. . . torate. 

sakhibhyah.  — Cf.  8,  7%  indo  sakliâyam  à rira.  — Lud.,  en 
prenant  à tort  ce  mot  pour  un  ablatif  et  varam  pour  un  nominatif  : 
« Toi,  meilleur  que  les  amis.  » 

* 3.  — utâ  tvcim  arunârn  vaydm  | gôbhiv  anjmo  mâdâya 
kdm  | vi  no  raye  dûro  vrdhi 

Toi  qui  es  rouge,  (toi  qui  es)  le  bon  (?),  nous  t’oignons 
(te  faisons  briller)  avec  les  vaches,  pour  la  boisson.  Ouvre 
les  portes  pour  notre  richesse. 

Hémistiche  1.  — Cf.  43,  1,  yali  ( soma/i )...  mvjyate  gobhir 
madaya;  10,  3%  somâso  gobhir  anjate.  — La  comparaison  de  ces 
passages  montre  l’identité  significative  de  vayam  et  de  somâh. 

madâya  kam.  — Cf.  45,  32,  même  formule. 

pàda  3.  — Cf.  10,  61,  apa  dvârâ. . . rncanti  kârarah  (=  somâh). 
— Laisse  notre  richesse  (nos  oblations)  passer,  pour  se  manifester 
au  sacrifice. 

4.  — âty  û pavitram  akramld  \ veiji  dhûram  nà  yâmani  | 
indur  deuésu  patyate 

Celui  qui  est  pourvu  de  réconfort  s’est  avancé  au  delà 
vers  l’allumeur,  comme  vers  le  joug  qui  est  dans  la  marche; 
ce  brillant  tombe  au  pouvoir  d’un  maître  (?)  chez  les  Célestes. 

Hémistiche  1.  — rathâ  ira. . . somâsah . . . akramuh.  — Le  soma 
liquide  sous  le  nom  de  vâjin  vient  alimenter  le  soma  igné  désigné 
sous  celui  de  pacitra , et  ce  dernier  est  comparé  à un  joug  que  traîne 


Le  culte  védique  du  soma 


173 


le  cheval  (=  va jî  = somali ) sur  le  chemin  (yàmani)  suivi  par  les 
libations  ou  par  le  soma  même,  avec  dédoublement  verbal  de  l’idée 
du  mot  qui  le  désigne.  — Berg.,  I,  222,  interprète  énigmatique- 
ment : le  cheval-sonm  « dont  le  tamis  est  le  joug  ». 

indur  devesu.  — Cf.  44,  5:),  somo  devesu. 

pâda  3.  — Le  maître  dont  il  s’agit  est  le  soma  pavam.,  qui  s’em- 
pare du  soma  liquide  au  fur  et  à mesure  que  celui-ci  s’allume  et 
devient  brillant. 

5.  — sâm  ï sdklmyo  asvaran  \ veine  krüantam  âtyavim  | 
indum  nàvâ  anüsata 

Les  amis  réunis  ont  rendu  sonore  (ou  ont  retenti  vers) 
celui  qui  jouant  dans  le  bois  a traversé  la  toison  de  la  brebis; 
les  chants  ont  chanté  le  brillant  (ou  ont  chanté  vers  lui). 

pâda  1.  — Les  amis  (de  la  libation)  ne  peuvent  être  que  les 
somas  (crépitants). 

pâda  2.  — Cf.  6,  5:t,  même  formule. 

sam.  . . sakhüyali. . . indum.  . . anüsata.  — Cf.  39,  6,  samïcinâ 
anüsata  harim. 

pâda  3.  — ■ Cf.  32,  5,  abhi  gàvo  anüsata  yosct  jaram  iva  priyam. 

6.  — tdyà  pavasva  dliârayd  | ydyâ  pîtô  vicdksase  j 
indo  stotré  suviryam 

Allume-toi  au  moyen  de  ce  courant  par  lequel  (tu  es)  bu 
pour  l’éclat,  — ô brillant,  toi  qui  procures  au  chanteur  ce 
qui  a de  beaux  héros. 

tayâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  1,  V, pavasva  soma  dhârayâ. 

pïtah.  — Lud.,  arbitrairement:  « grossi.  » — L’expression pîto 
vicaksase  commente  excellemment  pavasva , — preuve  importante 
qu’il  ne  s’agit  pas  de  clarification.  — Cf.  39,  3!,  vicaksâno  viro- 
cayan. 

pada  3.  — Cf.  20,  7:)  et  40,  5‘2,  stotre  suviryam.  — Pour  Berg., 
I,  150,  note  , « il  n’est  pas  sûr  que  le  mot  suvîrya  ait  d’autre  signi- 
fication que  celle  d'abondance  d'enfants  mâles  ». 


174 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  XL VI 


1.  — dsrgran  demœltayê  | ’tyâsah  krtvyci  iva  | 

ksctrantah  parva tâvrdh ah 

Ils  ont  coulé  pour  le  régal  des  Célestes,  — pareils  à des 
coursiers,  édificateurs  (?),  — eux  qui,  s’élançant,  croissent 
par  la  montagne. 

pada  1.  — Cf.  20,  l1,  pra  kavir  devacïtaye. . . arsati. 

atyâsaJj . . . ica.  — Cf.  13,  6,  atyâ  hiyànà  na. . . asrgram. 

parcatâcrdhah.  — Cf.  à parvata  l’emploi  métaphorique  de 
adribhih  dans  la  formule  : harini  hinvanty  adribhiJj.  — Peut-être 
faut-il  entendre  « qui  se  développent  dans  la  montagne,  » c’est-à-dire 
au  sommet  des  llammes  formées  par  le  soma  pavam.  qui  s’élève 
au-dessus  du  soma  liquide.  En  tous  cas,  le  mot  montagne  ne 
saurait  être  entendu  au  propre,  comme  le  fait  Berg.,  II,  36,  à la 
suite  des  autres  interprètes. 

2.  — pâriskrtâsa  indavo  | yôseca  pitryàvati  I 

vdyâm  sômâ  asrksata 

Les  brillants  développés  tout  autour,  pareils  à la  femme 
pourvue  de  ce  qui  lui  vient  de  son  père,  — les  liquides  ont 
coulé  (vers)  le  Vent. 

pada  1.  — Cf.  43,  33 * S,  somalj . . . pariskvtah . 

pada  2.  — La  femme-libation  à laquelle  son  père-soma  donne 
ce  qu’il  a.  — Berg.,  II,  257,  ajoute,  sans  qu’on  voie  pourquoi, 
« (l’épouse  parée)  pour  Indra  ». 

pada  3.  — Cf.  7,  7,  sa  ( somalj ) câyum. . . gachati.  — Ce  pada 
n’aurait  pas  de  sens  raisonnable  si  câyum  n’y  était  pas  employé 
métaphoriquement. 

3.  — été  sôinüsa  indavah  | prdyasvantah  canin  sutàh  j 

indram  vardhanti  kârmabhih 

Ces  liquides,  (ces)  brillants  — pourvus  de  (réconfort), 


175 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 

savoureux,  coulés  dans  la  coupe,  — accroissent  l’Ardent 
avec  leurs  œuvres. 

ete.  — Démonstratif  liturgique. 

camü  sutâh.  — Cf.  36,  1%  camvoh  suiah. 

pàcla  3.  — Cette  formule  est  très  expressive,  si  on  laisse  à 
karmabliili,  selon  la  règle  absolue  de  l’interprétation  védique,  son 
sens  concret  : Indra  ou  le  feu  sacré  est  accru  par  les  œuvres  ou 
les  flammes  du  sonia  pavamana.  — Lud.,  arbitrairement  : « Par 
leur  action,  leur  énergie.  » 

4.  — à dhcwatâ  suhastyah  \ çukvâ  grbhnlta  manthinà  | 
gôbhih  çrïnïta  matsarâm 

Accourez,  ô vous  qui  avez  de  belles  mains;  saisissez  les 
brillants  avec  celui  qui  (les)  agite  (le  feu  sacré);  allumez 
le  liquoreux  à l’aide  des  vaches. 

pâda  1.  — Cf.  11,  5,  hastacyutebhir  adribhih  sutam...  â 
dhcwatâ. 

pâda  2.  — Cf.  1,  72,  â gvbhnanü  yosano  daça.  — Je  considère 
manthinà  comme  un  instrumental  sing. 

pâda  3.  — Cf.  1,  92,  çrïnanti  dhenavah  çiçum.  — Berg.,  II,  56, 
qui  voit  ici  la  cuisson  du  soma  par  les  vaches,  trouve  la  formule 
« bizarre  » et  dit  qu’elle  « paraît  signifier  que  le  lait  qu’on  mêle  à 
Soma,  ou  les  prières  qu’on  chante  en  son  honneur  complètent  la 
préparation  du  breuvage  sacré,  comme  une  cuisson  réelle  complète 
la  préparation  des  autres  offrandes  ».  — C’est  aller  chercher  bien 
loin  une  explication  qui  est  sous  la  main,  si  l’on  entend  que  le 
soma  pavam.  est  le  soma  igné,  comme  ce  vers  tout  entier  l’indique 
bien  clairement. 

5.  — set  pavasva  dhanamjaya  | prayantâ  ràdhaso  mahàh 
asmcibhyàm  somci  gdtuuit 

O toi  que  voilà,  conquérant  de  la  richesse,  développeur 
de  la  grande  oblation,  allume-toi,  — ô liquide  qui  trouves 
la  voie  pour  nous. 


sa.  — Démonstratif  liturgique. 


176 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


pàda  2.  — Cf.  1,  33,  parsi  râdhaJj. 
gâtuvit.  — Cf.  44,  62,  gâtuvittamah. 

6.  — etàm  mrjanti  mârjyam  | pâvamânam  dâça  ksi/)  a h \ 
indrâya  matsarcim  müdam 

Les  dix  flèches(-doigts)  frottent  (font  briller)  cet  allumé 
qui  doit  être  rendu  brillant,  — cette  boisson  liquoreuse 
(destinée)-  à l’Ardent. 

etam.  — Démonstratif  liturgique, 
pàda  1.  — Cf.  15,  7',  même  formule, 
pàda  2.  — Cf.  15,  8,  etam. . . daça  ksipo  mrjanti. 
pàda  3.  — Cf.  26,  6,  hinvanti...  indrâya  matsciram;  27,  5% 
matsaro  madah. 

HYMNE  XL  Vil 


1.  — ayà  sômâh  suhrtyâyâ  ] mahâç  çid  abhy  àvardhata  | 
mandânâ  ûd  vrsâyate 

Au  moyen  de  ce  qui  est  de  la  nature  de  ce  bel  édificateur, 
le  liquide,  quoique  (déjà)  haut,  a grandi;  en  abreuvant,  il 
s’élève  (comme)  sous  la  forme  d’un  taureau  (en  mugissant). 

agâ.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  12,  4,  malügate  somali.  . . sukratuJj. 

sukrtyayâ.  — Dédoublement  verbal,  confirmé  par  l’emploi  de 
s ukratuJi  comme  synonyme  de  soma.  — Berg.,  II,  235  : « Tout 
grand  qu’il  est,  il  est  accru  encore  par  l’œuvre  du  sacrifice.  » — 
Mais  qu’est-ce  que  cette  œuvre,  sinon  la  vivification  du  feu  sacré 
par  le  soma? 

pàda  3.  — Cf.  5,  6,  paramâno  vvsanyati. 

2.  — krtànid  as  g a kdrtvd  | cétante  dasyutârhanâ  | 
rnâ  ca  dhrsnûç  cagate 

Les  choses  qu’il  avait  à faire  (les  flammes  qu’il  avait  à 
édifier)  sont  faites;  celles  qui  ont  pour  effet  de  briser  les 


Le  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


17? 


liens,  (ces  flammes  en  éruption)  brillent;  et  l’audacieux 
(soma)  châtie  les  fautes  (fournit  ce  qui  manque, — l’oblation). 

asya.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  2.  — Cf.  41,  23,  dasyum  aoratam. 

pâda  3.  — Cf-  le  composé  rnamcaya.  — - Berg.,  III,  173  : « (Le 
soma)  fait  payer  les  dettes.  » 

3.  — àt  soma  indriyô  râso  \ vâjrah  sahasrasâ  bhuvat  | 

ukthâm  ycicl  asya  jâyate 

(Venant)  de  celui-là,  le  liquide,  — le  suc  qui  est  de  la 
nature  de  l’Ardent,  (l’arme)  issue  du  réconfort  qui  con- 
quiert mille  (dons),  - — s’est  manifesté,  alors  que  son  chant 
s’est  produit. 

àt.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  23,  5,  somo  arsati. . . dadhâna  indriyam  rasam; 
l’apposition  soma  = indriyo  rasah  atteste  le  dédoublement  verbal 
entre  somah  et  rasam  dans  le  passage  comparé. 

vajrah.  — L’apposition  de  ce  mot  à somah  indique  un  dédou- 
blement verbal,  c’est-à-dire  l’identité  significative  des  deux  mots. 

pâda  3.  — - Très  expressif  : le  crépitement  est  le  signe  de  l’allu- 
mage du  soma  pavamàna. 

Berg.,  1, 169,  et  II,  254,  traduit  : « Soma  le  breuvage  d’Indra  est 
devenu  la  foudre  qui  conquiert  mille  biens,  quand  son  hymne 
retentit.  » 

4.  — svayâm  kavîr  mdhartàri  | vipvâya  râtnam  ichati  | 

yddi  marmrjyâte  dhiyah 

Le  sage  recherche  son  bien,  — (qui  est)  dans  le  soutien 
pour  l’agité,  — alors  qu’il  rend  les  pensées(-crépitements) 
brillantes. 

Hémistiche  1.  — Dédoublement  verbal  entre  le  sens  des  mots 
kainli  = vidhartari  = viprâya  — ratnam  : autant  de  termes  divers 
se  rapportant  à un  même  objet. 

pâda 3-  — Cf.  17,  7,  tam...  vàjinam dhlbhir  viprâ  avasyavah > 

12 


178 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


mrjaati.  — Les  pensées-crépitements  sont  rendues  brillantes  ou 
allumées  par  le  soma  pavana.;  ou  elles  rendent  celui-ci  brillant, 
— selon  le  point  de  vue  cerbal  auquel  on  se  place. 

5.  — sisâsâtü  rayinâm  | vâjesv  ârvatâm  iva  | 
bhâresu  jigyûsâm  asi 

Tu  es  désireux  de  conquérir  les  richesses  pareilles  à des 
coursiers  qui  sont  dans  les  réconforts,  — (tu  es  désireux  de 
conquérir)  les  conquérants  qui  sont  dans  les  porteurs. 

padas  1-2.  — Cf.  7,  4%  vâji  sisâsati ■ — Dédoublements  verbaux  : 
rayïnam  = vâjesu  — blmresu  = jigyûsâm  : autant  de  termes  dif- 
férents qui  s’appliquent  aux  somas. 


HYMNE  XLVII1 

1,  — tàm  tvâ  nrmnâni  bibhratam  | sadhàslhesu  tnahô 

diüdh  | cdruin  sukrtyâyemahe 

Nous  te  recherchons  au  moyen  de  ce  qui  est  de  la  nature 
du  bon  édificateur,  — toi  que  voilà,  qui  supportes  (ou 
apportes)  les  choses  qui  sont  pourvues  d’hommes(-somas), 
— (toi  qui  es)  beau  dans  les  résidences  communes  (aux 
deux  sortes  de  soma)  du  ciel  élevé. 

tam  tvâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  1.  — Cf.  7,  4,  kaoir  nrmnâ  vasâna/i. 

sadhaslhesu.  — Cf.  17,  8%  sadliaslham  âsadaJi . — Berg.,  1, 170, 
prend  le  mot  « ciel  « au  sens  propre. 

suhrtijayâ.  — Cf.  47,  1\  sukrtgayà. 

2 . — s à m vrktad  hrs  tium  ukthyàm  \ mohàmahiyratam 

màdcun  | çatâm  puro  rurukmnim 

(Toi  qui  es)  audacieux  à l’aide  de  ce  qui  est  répandu  (l’of- 
frande),  — (toi  qui  es)  de  la  nature  du  chant,  — (toi),  boisson 
dont  le  grand  objet  désiré  vient  du  grand  (dont  le  suc-soma 


LE  CELTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


179 


vient  du  grand-soma),  — (toi)  qui  désires  briser  les  cent 
forteresses. 

ukthyam.  — Cf.  29,  2%  uhthyam. 

maliâmahioratam.  — Berg.,  III,  237,  propose  de  traduire  : « Dont 
les  lois  ou  dont  les  oeuvres  conformes  à la  loi  sont  très  grandes.  » 

3.  — citas  tvd  rayim  abhi  | râjdnam  sukrato  divâh  \ 
suparnô  avyathlr  bharat 

De  ceci,  — ô toi  qui  as  de  belles  œuvres,  — r(oiseau)  aux 
belles  ailes  qui  ne  trébuche  pas,  a apporté  la  richesse  vers 
toi,  le  roi  du  ciel. 

atali.  — Démonstratif  liturgique. 

râjânam.  — Cf.  20,  5%  team  râjeva . 

pâda  3.  — Cf.  38,  4'2,  çyenali. 

4.  — viçvasmd  U svàv  drçé  [ sâdhài'agam  l'ajastùram  | 

gopâm  rtâsya  vit'  bharat 

Pour  ceci  qui  a tous  (Les  dons),  pour  la  vue  du  soleil(-feu), 
l’oiseau  t’a  apporté,  — ô toi  qui  supportes  de  concert  (avec 
le  soma  liquide,  le  feu  sacré),  — (toi)  qui  traverses  (ou 
domines)  le  rajas,  — toi,  le  pâtre  de  (l’oblation)  coulée. 

pâda  1.  — - Cf.  4,  6%  paçyema  sîiryam.  — Le  développement  du 
soma  pavam.  offre  le  spectacle  du  soleil- soma. 

rajasturam.  — Cf.  3,  8,  esa  divam  vy  âsarat  tiro  rajânsi. 

gopâm.  — Cf.  5,  9',  gopâm. 

vir  bharat.  — Cf.  48,  3:!,  suparnah...  bharat.  — L’oiseau  en 
question  est  une  personnification  du  soma. 

5.  — âdhâ  hirwdnd  indriyâm  \jyâyo  mahitvâm  dnaçe  | 

abhistikrd  vicarsanih 

Maintenant,  en  s’agitant,  il  a atteint  ce  qui  est  de  la  nature 
de  l’Ardent,  la  grandeur  supérieure,  — (lui)  qui  développe 
le  soutien  (?),  — * (lui)  hactih 


180 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SO\ÎA 


adhâ.  — Adverbe  qui  tient  lieu  d’un  démonstratif  liturgique, 
pada  1.  — Cf.  30,  2,  indur  hiyânati. . . iyarti  vagnum  indriyam. 


HYMNE  XLIX 

1.  — pâuasva  vrstim  à su  no  \ ’pâm  ûrmim  divas  part  \ 
ayaksmâ  brhatir  isah 

Allume  en  t’approchant  (d’elle)  notre  pluie,  le  Ilot  des  eaux 
du  ciel(-feu)  en  (les)  entourant,  — (allume)  les  grandes  liba- 
tions non  malades. 

Hémistiche  1.  — Cf.  8,  8',  vrstim  dicah  pari  srara,  — indice 
qu’il  faut  construire  pari  pavasra.  — Il  ne  s’agit  pas  de  la  pluie 
qui  vient  du  ciel  (ablatif),  mais  de  la  pluie  qui  est  à lui  (génitif  , 
et  qui  l’alimente. 

apâm  ûrmim.  — Cf.  33,  1%  apâm.  . . ürmayah. 

pavasva. . . brhatir  isah.  — Cf.  42,  63,  même  formule. 

ayaksmâh.  — Qui  n’ont  pas  le  mal,  la  maladie-obstacle,  — qui 
ne  sont  pas  empêchées  par  elle. 

2.  — tcfjjd  pavasva  dhàvayà  \ yâtjct  yàva  ihàgàman  | 
jânydsa  upa  no  grhâm 

Allume-toi  avec  ce  courant  au  moyen  duquel  les  vaches 
(-libations)  sont  arrivées  ici.  Celles  qui  proviennent  du  mâle 
(-soma)  sont  venues  vers  notre  demeure. 

tayü.  — Démonstratif  liturgique. 

pada  1.  — Cf.  45,  6’,  même  formule. 

janyâsaJi.  — Cf.  peut-être  les  yosano  dura  des  vers  1,  7-  et  6,  5S. 

no  grham.  — Le  lieu,  le  réceptacle  où  nos  libations  sont  censées 
se  réunir. 

3.  — ghrtàm  pavasva  dhàvayà  | yajnésu  devavitamah  | 
asmàbhyam  vrstim  à pava 

Allume  le  ghrta  au  moyen  du  courant  dans  les  oblations, 


I.E  CULTE  VÉDIQUE  nU  SOMA 


181 


ô toi  qui  régales  par  excellence  les  Célestes;  allume  la  pluie 
pour  nous. 

deoavïtamali.  ■ — Cf.  25,  33,  même  épithète. 

vrstim  à pava.  — ■ Cf.  49.  V,  paoasva  vrstim.  — Lud.,  sans  tenir 
compte  des  nécessités  grammaticales  : « Apporte-nous  la  pluie  au 
moyen  de  la  clarification.  » — Berg.,  I,  260,  remarque  à juste  titre 
« que  le  beurre  ( ghrta ) et  la  pluie  qu’on  demande  à la  fois  à Sonia 
ne  sont  qu’une  seule  et  même  chose  » ; — seulement  il  ne  s’agit  pas 
de  faille  couler  (en  réalité  allumer ) la  pluie  (Berg.,  I,  218),  sinon 
une  pluie  pour  ainsi  dire  subjective  et  qui  n’est  autre  que  le  soma 
lui-même. 

4.  — sâ  na  ürjé  vy  àvydyam  | pavitram  dhcïva  dhàrayâ  | 
devâsah  çrnâvan  ht  kam 

Toi  que  voilà,  coule  au  moyen  du  courant  à travers  l’allu- 
meur issu  de  la  brebis,  pour  notre  fort  (soma);  les  Célestes 
ont  entendu  le  (bruit  du)  bon. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  25,  6,  â paoasva.  . . pavitram  dhàrayâ.  — 
Dédoublements  verbaux  : ürje  = dhàrayâ. 

ham.  — Inséparable,  à ce  qu’il  semble,  quoique  non  accentué, 
de  kâm,  aux  vers  45,  1 et  3,  etc. 


5.  — pavamâno  asièyadad  \ râksânsy  apajânglianat  | 
pratncivckl  roedyan  rûcah 

L’allumé  (le  liquide)  a coulé;  il  a détruit  en  les  écartant 
les  gardiens;  il  a fait  briller  ce  qui  est  pourvu  de  l'ancien, 
— les  lumières. 

pâda  1.  — Cf.  30,  42,  même  formule, 
pàda  2.  — Cf.  37,  1%  sa  sutah. . . vighnün  raksânsi. 
pàda  3.  — Cf.  9,  8:),  même  formule,  sauf  rocayâ,  au  lieu  de 
rocayan. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SO.MA 


m 


HYMNE  L 

1.  — ût  te  çûsmâsa  irate  \ sindhor  ûrmér  iva  svandh  | 

vândsya  codaycL  pavim 

Tes  ardeurs  se  sont  élevées,  comme  le  son,  du  Ilot  de  la 
rivière;  mets  en  mouvement  1 éclat  (?)  du  (sifflet  de)  roseau. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — « Les  ardeurs  » du  soma  qui  s'élèvent  impliquent 
qu’il  s’agit  de  flamme  et  non  de  liquide. 

sindhor  ürmer  iva.  — Cf.  39,  43,  sindhor  ürmà.  — Il  s’agit  du 
flot  des  libations  crépitantes,  et  non  pas  du  son  du  flot  (Berg., 
I,  154)  d’une  rivière  réelle,  sinon  par  allusion. 

püda  2.  — Le  poète  a en  vue  le  crépitement  du  soma  liquide 
se  transformant  en  flammes. 

pâda  3.  — Cf.  17,  53,  isnan  sûryam  na  codayah.  — Le  soma 
pavam.  crépitant  est  comparé  à un  feu  (?)  ou  à une  pointe  (?)  qui 
siflle. 

2.  — prasavé  ta  ûd  ïrate  | tisrô  vâco  makhasyûvah  \ 

ydd  dvya  ési  scinavi 

Dans  ta  poussée  s’élèvent  trois  voix  belliqueuses,  alors  que 
tu  vas  dans  le  sommet  issu  de  la  brebis. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Même  observation  que  sur  50,  1'.  — Le  mot  prasare 
ne  saurait  comporter  ici  aucune  idée  de  pressurage. 

tisru  vâcah.  — Cf.  5,  8\  a gaman  tisro  devïh  supeçasah ; 33,  4', 
tisro  vâca  ud  Irate. 

makhasyûvah.  — Cf.  20,  7’,  makho  na.  — « Belliqueuses,  » 
parce  que  ce  sont  celles  du  héros  soma. 

pâda  3.  — Cf.  31,  53,  oarsièthe  adhi  sânavi.  — Ces  formules 
excluent  absolument  l’idée  d’un  tamis  de  peau  de  brebis  à travers 
lequel  passerait  pour  se  clarifier  le  soma  pavamàna. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


18?. 


3.  — dvyo  vâre pari priyâm  \ hdrim  hinvanty  âdribhih  | 

pdvamdnam  madh uçcûtam 

Ils  mettent  en  mouvement  au  moyen  des  pierres,  en 
l’entourant,  le  doré  agréable  qui  est  dans  l’enveloppe  de  la 
brebis,  — l’allumé  d’où  coule  (ou  dans  lequel  coule)  le  doux. 

Cf.  36,  43,  pavate  vâre  avyaye;  12,  4-,  avyo  vâre  malilyate; 
7,  6’,  aoyo  vâre  pari  priyo  harir  vanesu  sïdati. 

pàda  2.  — Cf.  39,  62,  même  formule. 

madhuçcutam.  — Cf.  12,  6\  koeam  madhuçcutam. 

4.  — à pavasva  madintama  | pavitram  dhârayà  kâve  \ 

arkcisya  yônim  âsâdam 

Même  texte  que  25,  6. 

5.  — sd  pavasva  madintama  | gôbhir  aiïjânô  aktûbhih  | 

indav  indrâya  pîidye 

Toi  que  voilà,  ô très  liquide,  allume-toi  en  t’oignant  avec 
les  vaches-onctions,  — ô brillant,  pour  (servir  de)  boisson  à 
l’Ardent. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  2.  — Cf.  45,  3,  toâm. . . vayam  gobhir  aîijmo  madâya.  — 
Berg.,  II,  56,  a raison  de  dire  qu'il  s’agit  ici  de  « vaches  litur- 
giques ». 

pàda  3.  — Cf.  1,  1%  indrâya  pâtave. 

HYMNE  LI 

1.  — dtdhvaryo  âdribhih  sutdm  | sômam  pavitra  â srja  \ 
punlhindrâya  pâtave 

O toi  désireux  de  l’oblation,  fais  couler  le  liquide  mis  en 
mouvement  par  les  pierres  qui  est  dans  l’allumeur;  allume- 
toi  pour  (servir  de)  boisson  à l’Ardent. 


184 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


adhvar-yu.  — Dérivé  (comme  adhcar-a,  oblation  enflammée 
= soma  pavam.)  de  adh-car  « brûlant  ».  Ce  n’est  qu’à  l’époque 
brahmanique  que  le  mot  adhcaryu  a pris  le  sens  de  prêtre. 

pâda  1.  — Cf-  24,  5’,  adribhih  sutali. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  16,  3S~\  mêmes  formules. 

2.  — diva  h piyusam  uttamdm  | sômam  indrâya  vajrine  | 
sunôtâ  mâdhumattamam 

Faites  couler  le  lait  très  élevé  du  ciel(-feu),  — le  liquide 
destiné  à l'Ardent  muni  de  ce  qui  est  issu  du  réconfort  (le 
vajra),  — le  très  doux. 

pâda  2.  — Cf.  30,  6%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  30,  6',  même  formule.  — Dans  l’expression  « le 
lait  du  ciel  » (cf.  vrètili. . . dicali,  49,  1,  etc.),  ce  dernier  mot  ne 
saurait  être  pris  au  propre,  et  l'expression  entière  ne  peut  signifier 
la  pluie  qui,  dans  la  théorie  naturaliste,  est  destinée  aux  hommes, 
et  non  pas  à Indra. 

3.  — tciva  tyd  indo  àndhaso  | devâ  mddhor  vy  àçnate  | 
pàiuamdnasya  marûtah 

Ces  Célestes  goûtent,  ô brillant,  ton  doux  and  fias;  les 
Impétueux  (goûtent)  l’allumé. 

tava  tye.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  18,  32,  deoâsah  pïtirn  àçata. 

4.  — tvâm  hi  soma  uardhâyan  | sutô  mddâya  bhurnaye  | 
vrsan  stotâram  ütdye 

(Je  t’appelle),  ô toi,  liquide  coulé  pour  la  boisson  (des- 
tinée) au  fort,  pour  le  régal.  — ô taureau  qui  accrois  le 
chanteur. 

tvarn.  — Démonstratif  liturgique. 

vardhayan.  — Lud.,  arbitrairement  : « erregend,  » — le  rad. 
vrdh  signifie  toujours,  dans  le  Véda,  accroître  au  sens  matériel. 
— Cf.  Berg.,  II,  236. 

madCuya  bhürnaye.  — Cf.  16,  l2,  inadâya  ghrsvaye. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


185 


ütaye.  — Le  régal,  comme  le  fort  [bhûrnayc),  est  en  quelque 
sorte  personnifié. 

vardhayan...  stotâram.  — L’expression  revient  à dadliise 
girah  (6,  92 3).;  cf.  40,  53,  jaritur  oardhayâ  girah;  43,  6%  pavasva... 
viprasya  grnato  vrdhe. 

5.  — abhy  àrsa  vicaksana  \ pavitram  dhâvayd  sutâh  \ 
ahhi  vâjam  utâ  çrdvah 

O éclairé,  — toi  qui  es  mis  en  mouvement  par  le  courant, 
— coule  vers  l’allumeur,  vers  le  réconfort  et  (vers)  la  voix 

Hémistiche  1.  — Cf.  24,  5,  yad  adribhih  sutah  pavitram  pari- 
dhàvasi;  25,  6,  à pavasva.  . . pavitram  dhârayâ. 

dhârayâ  sutali.  — LucL,  très  arbitrairement  : « Im  strome 
gepresst.  » — Cette  expression  fournit  la  preuve  évidente  que  suta 
ne  signifie  pas  « pressé  » ; on  ne  presse  pas  avec  un  courant  de 
liquide. 

pâda  3.  — Cf.  1,  43,  même  formule. 


HYMNE  LU 

1.  — pari  dyuksdh  sanâdrayir  | bliàrad  vâjam  no 
ândhasâ  | suvânô  arsa  pavitra  â 

(O  toi)  qui  résides  dans  le  ciel(-feu),  — toi  qui  as  pour 
richesse  ce  qui  conquiert  (le  héros  soma),  — apporte  le 
réconfort  au  moyen  de  notre  andhas;  arrive  en  coulant 
autour  (de  lui)  dans  l’allumeur. 

sanadrayih.  — 'Je  considère  le  premier  terme  des  composés  sur 
ce  type  comme  apposé  au  second. 
pari.  . . andhasà. . . arsa.  — Cf.  1,  4,  abhy  arsa.  . . andhasâ. 
pâda  3.  — Cf.  6,  3%  même  formule. 

2.  — tâva  pratnébhir  âdlivabhir  | dvyo  vâre  pdri  priyâh  \ 
sahdsradhâro  yât  tdnâ 

Puisses-tu,  au  moyen  de  tes  marches  anciennes  (celles  du 


18G 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


soma  déjà  allumé  auquel  viennent  se  joindre  les  libations 
nouvelles),  — toi,  l’agréable,  qui  as  pour  courants  les  mille 
(dons),  — aller  circulairement  dans  la  toison  de  la  brebis, 
au  moyen  de  ce  qui  s’étend. 

tava.  — Démonstratif  liturgique. 

pratnebhiv  adhvabhib . — Cf.  3,  9,  pratnena  janmanâ. . . sutah ; 
42,  2\  pratnena  manmanâ. . . devait . . . sutah. 

pâda  2.  — Cf.  7,  6',  même  formule. 

sahasradhârah.  — Cf.  13,  1,  somah . . . arsati  ftahasradhâro 
aty  avili. 

tanâ.  — Cf.  16,  8,  soma.  . . tanà.  . . avyo  vâram  vi  dhâvasi. 


3.  — carür  n<\  yàs  tâm  inkhayé  | -ndo  nd  dànam  inkhaya  | 
vadhair  vadhasnav  inkhaya 

O brillant,  mets  en  mouvement  celui-là  qui  est  comme  un 
pot,  — mets  en  mouvement  ce  qui  est  comme  un  don,  — 
mets-(le)  en  mouvement,  ô frappeur,  au  moyen  de  tes  coups. 

tam.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Le  pot  qui  est  censé  contenir  le  soma  avant  qu’il  no 
soit  versé. 

ïnk/taya.  — Cf.  35,  2 et  5,  samudrarnïiikhaya,  — vücamîn- 
khayam. 

pâda  3.  — En  agitant  le  soma  liquide,  le  soma  pavam.,  sous  le 
nom  de  indu  (dédoublement  verbal),  est  supposé  briser  avec  ses 
armes,  ou  ses  flammes  assimilées  à des  coups  personnifiés  (r adhaili), 
le  vase  qui  le  contient  d’après  Berg.,  I,  215,  ce  vase  serait  le 
nuage). 

4.  — ni  çûsmam  indav  esâm  \ puruhûta  jânândm  \ 
yô  asmân  âdideçati 

O brillant,  toi  qu’appellent  les  nombreux  (somas),  descends 
vers  l’ardeur  (la  chose  ardente,  la  flamme)  de  ces  hommes 
(-somas)  qui  nous  éclaire. 

La  traduction  de  ce  vers  difficile  est  partiellement  hypothétique. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


187 


5.  — çatàun  na  inda  ütibhih  | saliâsram  va  çûclnâm  | 
pdvasva  manhayddrayih 

O brillant,  allume-toi,  — • ô toi  dont  la  richesse  est  le 
généreux  (soma),  — soit  au  moyen  de  nos  cent  festins,  soit 
au  moyen  de  mille  (festins)  étincelants. 

pâda  1.  — ■ Cf.  4,  5 et  6,  tavotibhih. 
pâda  3.  — Cf.  52,  1’,  sanadrayih. 


HYMNE  LIII 

1.  — ût  te  çûsmdso  asthü  | rdkso  bhinddnto  adrivah  \ 

nuddsua  yâh  parisprdhah 

Tes  ardeurs  se  sont  dressées,  — ô toi  qui  es  pourvu  des 
pierres(-libations),  — en  brisant  le  gardien;  écarte  ceux  qui 
t’entourent  pour  te  faire  obstacle. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  50,  1',  ut  te  çusmâsa  ïrate.  Mêmes  remarques. 

pâda  2.  — Cf.  1,2',  raksohâ.  — L’expression  est  caractéristique, 
il  s’agit  de  briser  ( bhid ),  de  fendre  une  barrière,  un  obstacle.  — 
adrivah.  — Remarquer  que  toutes  les  qualifications  de  ce  pâda  ap- 
pliquées au  soma  sont  aussi  celles  que  reçoit  habituellement  Indra  : 
nouvelle  preuve  de  son  identité  essentielle  avec  le  soma  pavamàna. 

pâda  3.  — Cf.  20,  l2 3,  sâhvân. . . abhi  sprdhah- 

2.  — ayâ  nijaghntr  ôjasâ  \ rathasamgé  dhâne  liité  \ 

stâvâ  dbibhyusâ  hrdâ 

Destructeur  (de  l’obstacle)  au  moyen  de  cette  force  rési- 
dant dans  la  richesse  réunie  sur  le  char,  (et)  mise  en  mou- 
vement, je  chante  avec  un  cœur  que  la  crainte  n’écarte  pas. 

La  libation  identifiée  au  sacrificateur  a la  parole. 

ayâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  34,  l3,  rujad  drlhâ  vy  ojasâ. 

pâda  2.  — Cf.  10,  2',  hinoànüso  rathâ  ira. 


188 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


hrdâ.  — Cf.  8,  3%  hardi  codaya.  — « Le  cœur  »,  c’est-à-dire 
l’intérieur  (du  corps)  considéré  métaphoriquement  comme  un 
réceptacle  du  soma  et  comme  le  soma  lui-même.  Cf.  70,  9,  soma... 
indrasya  hardi.  . . à vira. 

3.  — âsya  vratâni  nâdhrse  | pduamânasya  dûdhyâ  \ 
rujâ  yàs  tvd  prtanydti 

Les  objets  du  désir  de  cet  allumé  ne  sont  pas  pour  l’au- 
dacieux qui  s’aide  de  la  mauvaise  pensée  (=  absence  de 
pensée,  c’est-à-dire  de  crépitement).  Brise  celui  qui  lutte 
contre  toi  (l’obstacle). 

pàda  1.  — Berg.,  III,  221  : « Le  mot  v rata  se  construit  encore 
avec  la  racine  dJirs  « oser  »,  accompagnée  du  préfixe  â et  de  la 
négation  pour  former  une  locution  dont  le  sens  est  « ne  rien  entre- 
prendre contre  la  loi.  » — Mais  âdhrse  peut  être  considéré  comme 
le  datif  sing.  d’un  nom  d’agent,  et  je  l’ai  interprété  comme  tel. 

dûdhyâ.  — Sày.,  justement  : « râksasena.  » 

pâda  3.  — Cf.  35,  3%  abhi  syâma  prtanyatah. 

4.  — tara  hinvanti  madacyâtam  | hdriin  nadisu  vdjinam  | 
indum  indrâya  matsarâm 

Ils  mettent  en  mouvement  ce  doré  qui  est  dans  les  rivières, 
qui  arrose  avec  la  boisson,  (ou  dans  lequel  elle  coule),  qui 
est  pourvu  de  réconforts,  — le  brillant  liquoreux  (destiné)  à 
l’ Ardent, 

tara.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  26,  6',  tara  toâ  hinvanti..  . pavamâna. 

pâda  3.  — Cf.  26,  6%  indav  indrâya  matsaram. 

HYMNE  LIV 

1.  — asyâ  pratnâm  ânu  dyûtam  | çukrctra  duduhre 
âhrayah  | pdyah  sahasrasâm  rsim 

Les  actifs  (?)  ont  trait,  — en  suivant  l’éclat  antérieur  de 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  189 

celui-ci,  — le  lait  brillant  qui  conquiert  mille  (dons),  — le 
chanteur  (risi). 

asya.  — Démonstratif  liturgique. 

pacla  1.  — Cf.  52,  21,  tara  pratnebhir  adhcabhih.  — « Les 
chemins  précédents,  » « la  lumière  précédente,  » — métaphores 
pour  désigner  le  soma  déjà  allumé  auquel  vient  s’allumer  le  soma 
qui  ne  l’est  pas  encore. 

çukram  duduhre . . . payait.  — Cf.  19,  53,  ydli  çukram  dulioie 
payait.  — Sur  les  adjectifs  qui  expriment  l’éclat  du  soma,  voir 
Berg.,  1,  154. 

sahasrasâm.  — Cf.  47,  32,  somali. . . sahasrasd. 

2.  — aydm  süvya  wopadrg  | aydm  sdrdnsi  dhàvati  | 
saptd  pravdta  â divam 

Celui-ci  a l’apparence  du  soleil;  celui-ci  coule  (vers)  les 
eaux,  — vers  les  sept  sommets  (des  flammes),  — vers  le 
ciel(-feu). 

ayant. . . ayant.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — La  comparaison  süvya  ira  (cf.  41,  5',  sa  pa- 
rasoa...  sûryo  na)  explique  la  métaphore  de  5,  112,  etc.,  où  le 
soma  pavam.  est.  appelé  süryah. 

pàda  3.  — Cf.  6,  4,  indava  dpo  na  pravatàsaran.  — Berg., 
II,  140  : « Les  sept  pentes1  par  lesquelles  Soma  s’élève  dans  le 
ciel  paraissent  correspondre  à sept  mondes  superposés.  » 

3.  — aydm  viçudni  tisthati  | punànô  bhûvanopàri  | 
sômo  devô  nâ  suryah 

Celui-ci,  l’allumé,  se  tient  debout  au-dessus  de  tous  les 
êtres  (ou  de  toutes  les  essences  = les  somas  liquides),  — 
(lui)  le  liquide,  le  Céleste  pareil  au  soleil. 

ayam.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  53,  l1,  ut  te  çusmâso  asthuli. 

1.  L’étyrtiologie  ( pra-ôat ) indique  rion  pâs  le  sens  de  «pente,  » mais  celui 

de  tt  chose  qui  s’avance  ou  s’élève  ». 


190 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pada  3.  — Cf.  le  vers  précédent  pour  la  comparaison  qui  porte 
ici  sur  l’éclat  du  soleil-feu  et  celui  du  soraa  pavamàna. 

4.  — pdri  no  deuâuitaye  | vàjâii  arsasi  gômatah  [ 
punânâ  indav  indrayûh 

Tu  coules  autour  de  nos  réconforts  pourvus  de  vaches, 
pour  le  régal  des  Célestes,  — ô l’allumé,  ô brillant,  toi  qui 
désires  devenir  l’ Ardent. 

Hémistiche  1.  — Cf.  20,  1,  kavir  deoavïtaye. . . arèati. 

pada  2.  — Cf.  42,  6,  goman  nah  soma. . . vâjavat. 

pada  3.  — Cf.  2,  9,  asmabhyam  indav  indrayûh. . . pavant' a. 


HYMNE  LV 

1.  — y avant  yavam  no  ândhasâ  | pustâm  pustarn  pdri  ■ 

sraua  | sôma  viçvà  ca  saûbhagà 

Enveloppe  en  coulant  au  moyen  de  notre  andhas  l’orge, 
nourri  qui  se  succède;  ô liquide,  (enveloppe  en  coulant) 
tout  ce  qui  est  delà  nature  des  belles  parts  (des  belles 
oblations). 

Hémistiche  1.  — Cf.  1,4,  abhy  arsa. . . devânâm  cïtim  andhasâ , 
— d’où  l’on  peut  conclure  que  yavam  pustarn  est  la  même  chose 
que  devânâm  vïtim.  — yavam,  métaphore  pour  désigner  la  libation 
en  tant  que  nourrissante,  et  de  ce  qu’elle  est  nourrissante,  elle  est 
naturellement  nourrie  ou  engraissée  (pusta). 

pada  3.  — Cf.  4,  2,  sanâ. . . viçvâ  ca  soma  saubhagâ.  — Berg., 
III,  9,  note,  traduit  très  librement  : « O soma,  coule  et  fais  pros- 
pérer nos  blés.  » 

2.  — indo  yâthd  tara  stdvo  | yàtliâ  te  jâtcan  àndhasah  \ 

ni  bar/dsi  priyé  sadali 

O brillant,  pour  que  ton  chant  (se  produise),  pour  qu’à 
toi  soit  ce  qui  est  issu  de  l’ andhas , — assieds-toi  sur  le  fort 
qui  t’est  agréable. 


LE  CULTE  védique  du  soMa 


101 


(ara.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Lud.  : « Indu  entsprechend  deinem  preise,  wie 
es  entsprechend  dem  sàfte  entstanden.  » Traduction  extraordinaire 
à tous  les  points  de  vue  et  qui  permet  de  juger  la  théorie  qui  la 
nécessite. 

jâtam  andhasah.  — Berg.,  II,  22  : « Soma  naît  d’une  certaine 
plante.  » — Ce  passage  ne  saurait  le  prouver  que  si  l’on  fait 
abstraction  du  dédoublement  verbal  en  vertu  duquel  andhah 
= somah. 

pada  3.  — Cf.  19,  3,  adhi  barhisi. . . yonim  üsadat.  — Le  soma 
s’assied  naturellement  sur  le  barhili,  autre  nom  du  soma  même, 
auquel  il  est  inutile  d’attribuer  à ce  propos,  avec  Berg.,  I,  182, 
note,  une  forme  céleste. 

3.  — utd  no  govid  açvavît  \ pàvasua  somàndhasâ  \ 
maksùtamebhir  âhabhih 

O liquide,  allume  au  moyen  de  1 ’andhas,  ce  qui  trouve 
les  vaches,  ce  qui  trouve  les  chevaux,  — (allume-le)  au 
moyen  des  jours  (=  feu  sacré)  très  actifs. 

pada  1.  — Cf.  36,  6,  açvayuv  gavyayuh  soma. 

pada  3.  — ahabliilj.  est  grammaticalement  parallèle  à andhasü, 
d’où  la  nécessité  d’attribuer  à ce  mot  un  sens  métaphorique;  on 
n’allume  pas  « avec  des  jours  »,  mais,  par  exemple,  avec  des 
flammes  dont  l’éclat  est  comparé  à celui  des  jours;  l’épithète 
maksutama  convient  à cette  interprétation  et  la  confirme.  — D’ail- 
leurs, intention  paradoxale:  l’auteur  s’est  proposé  une  énigme.  — 
La  traduction  Lud,  : « Au  moyen  (c’est-à-dire  durant)  des  jours 
rapides,  » est  insignifiante  et  en  désaccord  avec  les  exigences  de  la 
grammaire. 

4.  — go  jinàti  nd  jiyate  j hdnti  çdtrum  cibhitya  j 
sd  pavasva  sahasrqjit 

Celui-là  qui  conquiert  (et)  qui  n’est  pas  conquis,  (qui)  tue 
l’ennemi  qui  lui  fait  face  (?),  — que  celui-là  qui  a conquis 
mille  (dons)  s’allume. 


102 


LE  CÜLTE  VÉDIQUE  DU  SO\lA 


sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  2.  — Cf.  19,  7,  ni  çatroli  soma,  vrsnyam. . . tira, 
sahasrajit.  — Cf.  47,  3,  somaJi. . . rasai) . . . sahasrasâ. 


HYMNE  LVI 

1.  — pari  soina  rtâm  brJiâd  j dçûh  pavitre  arsati  \ 
vighndn  râksânsi  devayûh 

Le  liquide  rapide,  — le  fort,  le  coulé,  — coule  circulai- 
rement  dans  l'allumeur,  désireux  de  devenir  céleste  en  dé- 
truisant les  gardiens. 

Hémistiche  1.  — Cf.  17,  1%  somâ  asrgram  âçavali;  18,  P, 
pavitre  somo  aksàh. 

pàdas  1-3.  — Cf.  17,  3,  somaJi  pavitre  arsati  vighnan  râksânsi 
devayuî) . 

2.  — ijàt  sômo  vâjam  arsati  \ çatàrn  dhàrâ  apasyûvah  | 
indrasya  sakhyàm  dviçan 

Quand  le  liquide  coule  (vers)  le  réconfort,  (vers)  les  cent 
courants,  désireux  d’(édifier)  leurs  œuvres  en  pénétrant  la 
chose  amie  de  l’ Ardent.  . . 

pâda  1.  — Cf.  51,  53,  arsa. . . abhi  vâjam. 

çatam  dhârâli.  — Cf.  52,  21,  ( somah ) sahasradhârali. 

pâda  3.  — Cf.  8,  71,  indo  sakhüyam  ü viça.  — « L’ami  » ou  la 
chose  amie  de  l’ Ardent  est  le  soma  liquide,  ou  même,  avec  dédou- 
blement verbal,  le  soma  pavam.  — Traduire  avec  Lud.  : « Il  est 
entré  dans  l’amitié  d’Indra,  » est  un  pur  modernisme.  — sakhyam, 
proprement  « ce  qui  vient  de  l’ami,  ce  qui  est  de  la  nature  de 
l’ami  »,  d’où  (mais  postérieurement)  « amitié  ». 

3.  — abhi  tüd  yôèano  dâça  | jardin  nâ  kanycinüsata  ( 
mrjyâse  soma  sâtàye 

Les  dix  femmes  ont  crié  vers  toi  comme  une  jeune  fille 
Vers  son  amant.  O liquide*  tu  es  rendu  brillant  pour  la  Con- 
quête (ce  qui  conquiert  = le  conquérant-soma). 


193 


Le  culte  védique  du  soma 

tvâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  1.  — Cf.  1,  72,  tam. . . a grbhnanti  yosano  daça. 

pâdas  1-2.  — Cf.  32,  5,  abhi  gâvo  anüsata  yosà  jâram  iva 
prigam.  — Les  dix  femmes  = les  dix  doigts  des  flammes  cré- 
pitantes; cf.  Berg.,  II,  29. 

pàda  3.  — Pour  conquérir  le  soma  liquide,  le  soma  igné  a 
besoin  de  ses  flammes.  — Cf.  3,  33,  harir  vâjâya  mjjyate;  7,  9% 
vâjasya  sâtaye. 

4.  — tvdin  indràya  visnave  \ svâdûr  indo  pari  srava  | 
nrn  stotrn  pàhy  ctnliasah 

Toi  qui  es  doux,  ô brillant,  coule  circulairement  pour 
FArdent,  pour  l’Actif;  écarte  de  l’oppression  les  hommes 
(-somas),  les  chanteurs. 

tvcim.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  34,  2,  indràya. . . somo  arsati  visnave,. 

HYMNE  LVII 

1.  — prà  te  dhàrâ  'asaçcdto  \ diuô  nd  yanti  vrstdyah  | 
àchd  vâjam  sahasrinam 

Tes  courants,  qui  ne  suivent  pas  (qui  vont  en  avant?), 
s’avancent  comme  les  pluies  du  ciel(-feu)  vers  le  réconfort 
aux  mille  (dons). 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  2.  — Cf.  39,  23,  vrstim  divali  pari  srava.  — Cette  pluie  est 
le  soma  même. 

pâda  3.  — Cf.  38,  l3,  gachan  vâjam  sahasrinam, 

2.  — abhi  priyâni  kâuycL  | viçuâ  càksdno  arsati  J 
hâris  tunjànd  àyudhâ 

Il  coule  en  brillant  (ou  en  regardant)  vers  toutes  les  choses 

13 


194 


LE  CULTE  védique  Du  soMa 


agréables  qui  sont  de  la  nature  du  sage  (soma),  — (lui)  le 
doré  qui  lance  ses  armes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  23,  1,  soma  asrgram...  abhi  viçvâni 
kâoyâ.  — Contre  toute  vraisemblance,  Lud.  construit  kâcyâ  avec 
caksânali  et  non  pas  avec  arsati.  — Berg.,  I,  185  : « En  coulant 
et  en  se  clarifiant,  il  donne  toutes  les  sagesses.  » 

pâda  3.  — Cf.  35,  4%  induit...  vidâna  âyudhâ.  — Comment 
Lud.,  qui  traduit  « le  doré  qui  lance  ses  armes  »,  n’a  t-il  pas  vu  que 
cette  qualification  ne  saurait  s’appliquer  qu’au  soma  enflammé? 
— Berg.,  1,  224,  constate,  mais  sans  en  donner  la  raison,  que 
Soma  « est  un  héros  armé  ». 


3.  — sa  mavmpjânà  cïyûbhiv  | ib/io  rùjecci  suvvatàh  \ 
çyenô  nd  vànsa  sîdati 

Cet  éléphant  (?)  qui,  pareil  au  roi,  se  rend  brillant  au 
moyen  des  actifs,  — lui,  attaché  au  bel  objet  de  ses  désirs, 
pareil  à l’aigle,  — il  réside  dans  les  bois. 

sa.  - Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  15,  7,  étant  mrjanti . . . âyavali...  upa  dronesa 
(cf.  vaiisu). 

pâda  2.  — Cf.  20,  5',  team  ràjeva  suvratoli. 

ibhalj.  — Cf.  v rsa,  passim. 

pâda  3.  — Cf.  38,  4-,  esa. . . çyeno  na  ciksu  sïdati. 

4.  — su  no  viçvci  dicô  vàsu  | -tô  prthioyâ  âdhi  | 
punânà  indav  u bhetra 

O toi  que  voilà,  ô brillant,  ô allumé,  apporte-nous  en  haut 
tous  les  biens  du  ciel(-feu)  et  (tous  ceux)  de  la  terre(-libation). 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Cf.  19,  1,  yat  soma.  . . divyam  pârlhicam  vasu  tan  naît  punâna 
a bhara;  29,  6,  pârthivam  rayirrt  divyam  pavasca  dhârayâ . . . ü 
b/tara.  — 11  est  clair  que  c’est  par  l’effet  de  l’acte  qu’exprime  le 
rad.  pu  (briller)  que  le  soma  apporte  le  casa  ou  le  rayi. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


195 


HYMNE  LV1II 

1.  — tcirat  sci  mandi  dhâoati  \ dhàrcl  sutdsyàndhasah  | 
tdrat  sd  mandi  dhâoati 

Ce  qui  traverse  (l’obstacle),  ce  liquoreux  que  voilà  coule  ; 
(il  coule)  le  courant  de  Yanclhas  coulé;  — ce  qui  traverse,  le 
liquoreux  que  voilà,  coule. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

tarai.  — Participe  neutre  pris  substantivement. 


2.  — - itsrâ  vedct  oâsûnâm  [ mdrtasya  cleo  y dvasa/i  \ 
tdrat  sd  mandi  dhâoati 

La  brillante  (ou  l’aurore)  a trouvé  les  richesses;  la  céleste 
(a  trouvé)  le  régal  du  mort;  • — - ce  qui  traverse,  le  liquoreux 
que  voilà,  coule. 

Le  composé  védique  vasuoit  (IX,  86,  39,  etc.)  « qui  trouve  le 
bien  » montre  l’erreur  de  Lud.  qui  traduit  : « Die  usrà  weisz  vom 
gutem.  )) 

pàda  1.  — Cf.  19,  6J,  pavamâna  rida  rayim. 


3.  — dhocisrdyoh  purusântyor  \ cl  sahdsrâni  dcidmahe  \ 
tdrat  sd  mandi  dhâoati 

Nous  offrons  les  milliers  (de  dons)  des  deux  mâles  (somas) 
qui  jaillissent;  — ce  qui  traverse,  le  liquoreux  que  voilà, 
coule. 

pàda  1.  — Berg.,  Il,  449,  a vu  juste,  ce  me  semble,  en  disant  ; 
« On  peut  chercher  une  allusion  à Agni  ou  à Soma  dans  le  nom 
de  Dhvasanti  (sorte  de  varianle  de  Dhvasra;  R.V,  I,  112,  23)  « qui 
jaillit  »,  et  même  dans  celui  de  Purusanti  « le  mâle  (?)  ».  — - Ces 
noms  sont  au  duel,  parce  qu’ils  visent  les  deux  formes  du  soma. 


196 


LË  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


4.  — à ydyos  trinçâtam  tânâ  \ sahâsràni  cci  dâdmahe  [ 
tarai  sa  mandi  dhàuati 

Nous  offrons  trente  milliers  (de  dons)  provenant  de  ces 
deux-là,  au  moyen  de  ce  qui  s'étend;  — ce  qui  traverse,  le 
liquoreux  que  voilà,  coule. 

pàda  1.  — Cf.  52,  2\  sahasradhâro  yât  tanâ. 


HYMNE  LIX 

1.  — püvasva  yojid  acvajid  | viçvajit  soma  ranyajit  | 
prajàvad  râtnam  à bhara 

O liquide,  allume  ce  qui  conquiert  les  vaches,  ce  qui  con- 
quiert les  chevaux,  ce  qui  conquiert  le  tout,  ce  qui  conquiert 
l’agréable;  apporte  la  richesse  douée  de  postérité. 

pàda  1.  — Cf.  2,  10,  y osa  indo.  . . açvasâ;  36,  6,  açvayur 
yavyayu.lt  soma;  42,  6,  gomat.  . . soma. . . açvàvat.  . . pavasca.  — 
Ce  dernier  passage  contribue  à prouver  que  yojit,  etc.,  sont  des 
compléments,  et  non  des  sujets  de  pavasva. 

à bhara.  — Cf.  57,  43,  même  formule. 

» 

2.  — pdvasvâdbhyô  âdàbliyah  \ pàoasvaûsadhïbhyah  \ 
pdvasva  dhièânàbhyah 

Allume-toi  comme  issu  des  eaux,  ô toi  qui  ne  dois  pas  être 
opprimé;  allume-toi  comme  issu  des  plantes;  allume-toi 
comme  issu  des  oblations  (?). 

pavasva. . . adübhyali.  — Cf.  3,  23,  pavamâno  adàbhyah. 

pàda  2.  — Cf.  11,  3,  sa.  . . pavasva. . . osadhlbhyah.  — Lud., 
énigmatiquement  : « Làutere  ausz  den  waszern  dicb,  etc.  » .- — 
Berg.,  I,  177  : « Clarifie-toi  en  coulant  des  eaux',  etc.  )> 

dhisanabhyah.  — Berg.,  I,  177  : « En  coulant  des  cuves.  » 


].  Ces  eaux,  d’après  Berg,,  II,  35,  seraieut  celles  du  ciel. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


197 


3.  — tuâm  sorna  pâvcimâno  | viçvâni  duritâ  tara  | 
kavih  sida  ni  bar/mi 

O toi,  liquide  allumé,  traverse  (domine)  tout  ce  qui  marche 
mal  ; sage,  assieds-toi  sur  les  forts! 

tara.  — Cf.  58,  1',  tarai.  — 11  s’agit  pour  le  soma  d’aller  au 
delà  de  ce  qui  ne  va  pas  (antithèse  imaginaire),  c’est-à-dire  simple- 
ment d’aller,  de  couler.  — Lud.  traduit  très  arbitrairement  duritâ 
par  « malheur  ». 

pâda  3.  — Cf.  55,  2,  indo . . . ni  barhisi . . . sadah. 

4.  — püvamàna  svdr  vido  | jâyamàno  ’bhavo  mahân  \ 
indo  viçvàn  abliîd  asi 

O toi  qui  t'allumes,  trouve  le  soleil(-feu)  ; en  naissant  tu 
as  été  grand;  ô brillant,  tu  domines  ceux  qui  ont  tous  (les 
dons). 

pàda  1.  — - Cf.  21,  1,  somâii.  . . svaroidah. 

pàda  2.  — Qu’est-ce  qui  est  grand  en  venant  au  monde,  sinon 
le  feu  qui  s’allume?  — Berg.,  I,  187,  cf.  214,  signale  sans  l’ex- 
pliquer suffisamment  cette  circonstance  si  importante. 

HYMNE  LX 

1.  — prd  gdyatréna  gâyata  \ pâvamânam  mcarsanim  | 
indum  sahdsracaksasam 

Faites  résonner  à l’aide  ce  qui  chante  (et)  en  le  poussant 
le  brillant,  l’allumé,  l’actif  qui  a l’éclat  de  ce  qui  a les  mille 
(dons). 

pàda  1.  — Cf.  30,  1%  punâno  vâcam  isyati;  11,  1,  upâsmai 
gàyatâ  narali  paoamànâyendave ; 13,  2,  paoamânam...  vipram 
abhi  pra  yayata. 

pàda  3.  — Si  Yindu  a de  l’éclat,  c’est  qu’il  brille,  ou  qu’il  est 
allumé. 


198 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


gâyatrena.  — Dédoublement  verbal  (G).  — gâyata  s’adresse 
aux  somas  crépitants,  et  gâyatrena  les  désigne  encore  à l’aide 
d’une  autre  tournure,  — ce  n’est  que  postérieurement  à l’époque 
des  hymnes  que  le  mot  gâyatra  a pris  une  valeur  technique,  en 
servant  à désigner  une  certaine  espèce  de  mètre.  Ce  passage-ci 
même  a pu  servir  de  point  de  départ  au  nouveau  sens. 

2.  — tenu  (va  sahàsraèaksasam  | àtho  sahâsrabharnasam  | 
cïti  vâram  apâvisuh 

Toi  que  voilà,  qui  brilles  de  l'éclat  des  mille  (dons),  — (toi) 
qui  as  pour  support  les  mille  (dons),  — ils  (les  somas)  t’ont 
allumé  (une  fois  que  tu  as  coulé)  au  delà  de  (ou  vers) 
l’enveloppe  (ou  la  toison). 

tam  tvà.  — Démonstratifs  liturgiques. 
sahasracakëasam.  — Comme  au  vers  précédent, 
pâda  2.  — Cf.  40,  4,  viçvâ  soina  pavamâna. . . à bliara  vidait 
saliasrinïr  isalj. 

pâda  3.  — Cf.  2,  1,  parasva  devavlr  ati  pavitrarn  soma  ranhyâ; 
36,  2%  soma...  pavasva  devavlr  ati.  — Dans  tous  ces  passages, 
ati  est  plutôt  adverbe  que  préposition.  Cf.  l’emploi  védique  de 
adhi  « en  haut  ». 

3.  — citi  varan  pâvamâno  asisyadat  | kahiçân  abhi 
dhâoati  | indrasya  hârdy  âviçân 

L’allumé  a coulé  au  delà  de  (ou  vers)  les  enveloppes; 
il  coule  vers  les  coupes,  en  pénétrant  dans  le  cœur  de 
r Ardent. 

ati  varan.  — Cf.,  vers  précédent,  ali  vâram. 
pâda  1.  — Cf.  49,  5',  pavamâno  asisyadat. 
pâda  2.  — Cf.  17,  4’,  à kalaçeëu  dhâvati. 

pâda  3.  — Cf.  8,  3,  indrasya. . . râdhase  punâno  hardi  codaya. 

— De  la  comparaison  de  ces  passages,  on  peut  conclure  que  l’ex- 
pression indrasya  hràdi  est  l’équivalent  de  varan  et  de  kalaçân. 

— Berg.,  Il,  245,  remarque  avec  raison  que  le  cœur  d’Indra  où 
le  soma  pénètre  « paraît  considéré  comme  une  sorte  de  cuve  à 
recevoir  le  soma  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


199 


4.  — indvasya  soma  râdhase  | çàm  pavasva  vicarsane  | 
prajâvad  réta  à bharcc 

O liquide,  ô actif,  allume  le  bon  pour  le  don  de  l’ Ardent; 
apporte  la  semence  douée  de  progéniture. 

Hémistiche  1.  — Cf.  8,  3,  indrasya  soma  râdhase  punano  hardi 
coda y a. 

pàda  3.  — Cf.  59,  1',  prajâvad  ratnara  à bharü.  — D’où  il  y a 
lieu  de  conclure  que  retah  — ratnam;  d’ailleurs,  cette  « semence 
d’où  sort  la  postérité  (Berg.,  I,  183)  »,  n’est  autre  que  la  propre 
essence  qui  procrée  les  flammes  sacrées. 

HYMNE  LXI 

1.  — - ayd  vîti  pari  sraoa  \ yâs  ta  indo  mcidesv  à \ 
avâhan  navatir  nava 

Au  moyen  de  ce  régal,  ô brillant,  coule  circulairement 
vers  celui  qui,  étant  tien  dans  les  boissons,  a détruit  les 
quatre-vingt  dix-neuf  (citadelles). 

ajjâ.  — Démonstratif  liturgique. 

aya  vïtï.  — Cf.  9,  2:l,  vît  y arsa. 

pàda  2.  — Cf.  18,  V,  madesu  sarcadhü  asi. 

pâdas  1-2.  — Cf.  1,  10,  asyed  indro  madesu  â viçvâ  vrtrâni 
jighnate.  — Indices  de  l’identité  d’Indra  et  du  soma  pavamâna. 

pàda  3.  — Cf.  48,  2:l,  çatam  puro  rurukëanim.  — Les  99  ou  100 
citadelles  dont  il  s’agit  sont  une  désignation  métaphorique  en 
chiffres  ronds  des  obstacles  qui  sont  censés  s’opposer  à l’émission 
du  soma.  — Voir  Berg.,  Il,  146,  note. 

2. — pûrah  sadyâ  itthâdhye  \ dwodâsâya  çâmbaram  | 
âdha  tyâm  turvâçam  yâdum 

(Il  a détruit)  sur-le-champ  les  citadelles  pour  celui  qui 
manifeste  sa  pensée  par  ses  crépitements;  (il  a détruit)  pour 
Divodâsa  celui  qui  apporte  le  bon;  (il  a détruit)  ensuite  ce. 
vainqueur  qui  coule* 


200 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


divodâsâya.  — Nom  métaphorique  et  dont  le  sens  propre  est 
difficile  à déterminer  du  soma  pavam.,  au  profit  duquel  les  cita- 
delles sont  détruites  et  les  rivaux  mis  à mort. 

çambaram.  — Probablement  « celui  qui  porte  ou  emporte  (pour 
lui)  le  bon  (soma)  » et  auquel,  par  conséquent,  il  faut  l’enlever 
pour  que  le  soma  pavam.  en  devienne  possesseur. 

turvaçagi  yadum.  — Autres  noms  métaphoriques  du  soma  et 
par  suite  de  ses  possesseurs  intérimaires1  auxquels  un  rival 
heureux,  qui  tire  son  origine  d’une  autre  dénomination  du  soma, 
l’enlève  en  les  transperçant.  — Voir  Berg.,  II,  358. 

3.  — pari  no  âçvam  açvavicl  \ gômad  indo  hiranyavat  | 

ksârti  sahasrinîr  tsah 

Autour  de  nous  (de  nos  libations),  coule,  ô brillant,  (vers) 
le  cheval,  — (vers)  ce  qui  trouve  le  cheval,  — (vers)  ce  qui 
est  pourvu  de  vaches,  — (vers)  ce  qui  est  pourvu  d’or,  — 
(vers)  les  libations  aux  mille  (dons). 

açvaoit.  — Cf.  55,  3,  açvavit  pavasva. 

pâdas  2-3.  — Cf.  42,  6,  goman  nali  soma.  . . açvâvat. . . sutali 
pavasva  brhalïr  iëali;  41,  4,  à pavasva  mahîm  isam  gomad  indo 
hiranyavat  ; 40,  4',  soma. . . vidâh  sahasrinîr  isafi . 

Dédoublements  verbaux  : arvam,  gomat,  etc.,  = somah;  ces 
formules  reviennent  à la  tautologie,  « le  soma  coule  vers  le 
soma  ». 

4.  — pâvamdnasya  te  vayâm  | pavitram  abhyundatdh  | 

sakhitvdm  à vrnlmahe 

Nous  enveloppons,  en  nous  en  approchant,  la  chose  amie 
et  qui  t’appartient,  — ô toi,  l’allumé,  — en  coulant  vers 
l’allumeur. 

Cf.  31,  6,  te  (somasya) . . . vayam  indo  sakliitvam  uçmasi. 


1.  Ce  qui  explique  la  confusion  fréquente  (Berg.,  loc.  cit.)  des  démons  et 
des  héros. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


201 


5.  — yê  te  pamtram  ürmâyo  | ’bhiksâranti  dhârayà  | 

tébhir  nah  soma  mrlaya 

Les  flots  qui  coulent  vers  l’allumeur  au  moyen  du  courant, 
— avec  eux,  ô liquide,  caresse-nous. 

ye  te.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  39,  4,  ayam  ( somah ). . . pavitra  ü sindhor 
ürmâ  vy  aksarat. 

mrlaya.  — Littéralement  et  primitivement  : « Frotte-nous,  ap- 
proche-nous. » 

6.  — - sà  nali  punânà  à blxara  | rayim  mràvatlm  isam  | 

içânah  soma  viçvdtah 

Que  celui-ci,  l’allumé,  nous  apporte  la  richesse,  la  libation 
pourvue  de  héros  (somas);  — (lui),  le  liquide  qui  tire  sa 
puissance  de  ce  qui  a tous  (les  dons). 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1 . — Cf.  57,  4,  sa  no  viçoü. . . vasu. . . puhàna  indav 
â bhara;  40,  3,  rayim  mahâm.  . . asmabhyam  soma.  . . à pacasna. 

7.  — etâm  u tyâm  dàça  ksipo  \ mrjdnti  sîndhumâtaram  | 
sam  âdityêbhir  akhyata 

Celui-là  que  voici,  dont  la  mère  sont  les  rivières,  les  dix 
flèches  (ou  les  dix  doigts)  le  rendent  brillant;  il  s’est  montré 
en  même  temps  que  ceux  qui  sont  issus  de  la  non-liée  et 
à leur  aide. 

etam  u tyam.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  15,  8,  etam  u tyam  daça  ksipo  mrjanti. 

pàda  3.  — Lud.  : « Il  est  compté  au  nombre  des  âdityas.  » — Tra- 
duction inexacte  et  insignifiante.  — Berg.,  Il,  29:  « Il  brille  avec 
les  Adityas,  » — d’où  il  conclut  que  ce  « ne  peut  guère  être  que  le 
soma  céleste  » . 


202 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


8.  — sdm  indrenotâ  vâyund  \ sutâ  eti  pavitra  à | 
sdm  suryasya  raçmibhih 

Le  coulé  va  dans  l’allumeur  en  même  temps  que  l’Ardent 
et  le  Vent  et  à leur  aide,  — en  même  temps  que  les  rayons 
du  soleil  et  à leur  aide. 

Hémistiche  1.  — Cf.  33,  3,  sutà  indrâyavâyave...  arsanti ,*7.  7, 
sa  vâyum  indram. . . madena  gachati.  — Les  somâh  sutâh  vont 
« à l'aide  du  vent,  pour  le  vent,,  dans  le  vent  »,  assertions  qui  ne 
peuvent  se  concilier  qu’en  vertu  de  l’équation  soma  — vâyu 
= indra,  etc.  — Berg.,  I,  191,  traduit  : « Une  fois  exprimé,  il 
passe  à travers  le  tamis  et  se  réunit  à Indra,  à Vâyu,  et  aux  rayons 
du  soleil.  » 

pâda  2.  — Cf.  44,  3%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  41,  5%  süryo  na  raçmibhih . 

9.  — sd  no  bhàgâya  vâydve  \ pûsné  pavasva  mâdhumân  | 
càrur  mitre  varune  ca 

Que  celui  qui  est  pourvu  de  doux  nous  allume  (ou  que 
celui  qui  est  pourvu  de  notre  doux  s’allume),  pour  le  Parti- 
cipant, pour  le  Vent,  pour  le  Nourricier,  — lui  qui  est  beau 
(qu’il  nous  allume)  dans  l’Ami,  dans  l’Enveloppeur. 

pâda  1.  — Cf.  44,  5,  même  formule,  avec  à yamat  (3e  pâda) 
pour  verbe,  au  lieu  de  pavasva.  — Aux  locatifs  du  3e  pâda  mitre 
varune,  cf.  devesu  (44,  5‘). 

pâda  3.  — Sày.,  suivi  par  Lud.  : « mitre  — mitràya ; varune 
— varunaya,  » — manière  commode  d’esquiver  les  difficultés.  — 
bhagâya,  vâyave,  püsne , mitre,  varune  : autant  de  noms  méta- 
phoriques du  soma. 

10.  — uccâ  te  jâtdm  dndhaso  \ divt  ëdd  bhumy  à dade  | 
uyrdra  çdrma  mdlii  çrdvah 

Ton  fort  refuge,  ta  grande  voix  née  en  haut  deYandhas, 
apparaissant  dans  le  ciel(-feu),  — la  terre(-libation)  l’a  reçue. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


203 


pâda  1.  — Cf.  55,  2%  tejâtam  andhasali. 
divi  sat.  — Cf.  52,  l1,  dyuksah. 
bhümy  à dade.  — Cf.  19,  l2,  pârthivain  vasu, 
mahi  çrcivali.  — Cf.  4,  1%  meme  formule. 

Le  somapavam.  a allumé  le  soma  liquide.  Cette  interprétation, 
qui  s’accorde  avec  toutes  celles  qui  conviennent  aux  passages  ana- 
logues, réfute  celle  de  Berg.,  I,  171,  d’après  qui  « le  soma 
terrestre  est  descendu  du  ciel  ». 


11.  — enà  viçvâny  aryà  \ à dyumncini  mânusdnàm  | 
sisâsanto  vctnàmahe 

Actifs,  cherchant  à les  conquérir  en  nous  en  approchant, 
nous  poursuivons  au  moyen  de  celui-ci  toutes  les  clartés 
des  choses  issues  des  hommes(-somas). 

enà.  — Démonstratif  liturgique. 

à dyumnâni . . . vanâmahe.  — Cf.  40,  4,  dyumnâni . . . a bliara. 

aryah.  — Il  n’est  pas  invraisemblable  qu'il  faille  entendre  ce 
mot  au  sens  proposé  par  Berg.,  III,  287,  note;  mais  l’interprétation 
générale  reste  la  même. 


12.  — scî  net  indrdya  ydjyave  \ vârundya  marûdbhycth  | 
varivovit  pari  srava 

Toi  que  voilà,  venant  de  nous,  coule  circulairement  pour 
l’Ardent,  - — pour  celui  qui  désire  offrir  la  libation,  pour 
l’Enveloppeur,  pour  les  Impétueux,  — ô toi  qui  trouves 
l’espace. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  33,  3,  sutà  indrâya. . . varunàya  mcivud- 
bhyali  somci  arsanti. 

varivovit.  — Cf.  21,  2%  varivovidali  ( somâh ). 

13.  — ûpo  sû  jdtdm  aptûram  | gôbhir  bhangdm 
pâriskrtam  j indinn  devâ  aydsisuh 

Vers  le  bien  né  (le  bien  manifesté),  le  conquérant  des 


204 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


eaux,  le  briseur  (des)  obstacles,  celui  qui  s’est  développé 
(ou  embelli)  à l’aide  des  vaches(-libations),  — (vers)  le 
brillant,  les  Célestes  sont  venus. 

pâda  2.  — Cf.  43,  3S  somo  gïrbhih  parièkrtah. 

14.  — (dm  id  vardhantu  no  giro  | vatsârn  samçiçvarîr 
(va  | y à indrasya  hrdamsânih 

Que  nos  voix  fassent  grandir  celui  que  voilà,  — comme 
celles  qui  sont  avec  un  petit  (font  grandir)  leur  veau,  — lui 
qui  a conquis  le  cœur  de  l’Ardcnt, 

tara  id.  — Démonstratifs  liturgiques, 
püda  1.  — Cf.  17,  4',  ukthai/i.  . . vardhate. 
pâda  2.  — Cf  12,  2%  gâvo  vdtsam  na  mâtarah. 
samçiçvarïli.  — Cf.  le  terme  védique  samvatsam. 
pâda  3.  — Cf.  8,  3,  indrasya...  hardi  codaya  ; 60.  3,  3,  indrasya 
hardi  âciran. 


15.  — ârsâ  nah  soma  çdm  gave  | duksâsva  pipyûèhn 
isam  | vdi'dhâ  samudrdm  ukthyàm 

Coule-nous,  ô liquide,  le  bien  pour  la  vache,  — trais  la 
libation  qui  grossit,  — accrois  la  mer  parlante. 

pâda  1.  — Cf.  11,  72,  pavasra  soma  çain  gave. 

pâda  2.  — Cf.  2,  3',  adhuksata  priyam  madhu. 

pada  3.  — Cf.  29,  33,  même  formule. 

samudram.  — Lud.  : « la  mer  du  ciel,  » — fantaisie  pure. 


16.  — pdvamâno  ajljanad  \ divdç.  ci  tram  nâ  tanyatûm  | 
jyôtir  vaiçvânarâm  brhdt 

L’allumé  a engendré,  pareille  au  tonnerre  brillant  du  ciel, 
une  forte  lumière  issue  de  tous  les  liomines(-somas). 

Cf.  4,  1 et  2,  sanâ.  . . pavamâna . . . çraval).  — sanâ  jyotih  ; 5, 1, 
samiddhah. . . pavamâno  ci  râjati . . . érsâ  kanikradat. 

Ce  vers  est  des  plus  probants  en  faveur  de  l’hypothèse  qui  con- 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


205 


sidère  le  soma  pavam.  comme  allumé  et  crépitant.  — Cf.  Berg., 
I,  215,  qui  dit  en  visant  (entre  autres)  ce  vers  : « Nous  pouvons 
croire  soit  qu’il  (le  soma)  est  identifié  à l’éclair,  soit  tout  au 
moins  qu’il  lui  emprunte  ces  fonctions.  » — Donc  le  soma  pavam. 
est  igné! 

17.  — pdvamânasya  te  rdso  | mddo  râjann  aduchunâh  | 

vi  vârcim  üvyam  arsati 

Ton  suc,  ton  liquide,  ô allumé,  ô roi,  — toi  qui  n’es 
(plus)  soumis  à la  nuisance  (ou  à l’oppression),  — coule  en 
s’épandant  (vers)  la  toison  de  la  brebis. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

te  raso  inadali.  — Cf.  38,  51,  esa  sya  mctdyo  rasait  ( madali  — 
madyah,  dédoublement  pris  sur  le  fait). 

aduchunali.  ■ — - Cf.  3,  23,  pavamâno  adâbhyali. 

pàda  3.  - — Cf.  28,  1%  acyo  vàram  vi  dhâvati. 

18.  — pdvamâna  irisas  tava  \ ddkso  vi  râjati  dyumân  \ 

jyôtir  viçvam  svàr  drçê 

O allumé,  ton  suc  habile  (à  prendre?)  doué  d’éclat  brille; 
c’est  la  lumière,  ce  qui  a tous  les  dons,  — (c’est)  le  soleil 
pour  la  vue  (pour  que  le  soma  pavam.  voie,  c’est-à-dire 
brille). 

tava.  — Démonstratif  liturgique. 

pauamàna. ..  vi  râjati  dyumân.  — Cf.  5,  3,  même  formule,  sauf 
pavamânali  au  lieu  de  pavamâna. 

rasas  tava.  — Cf.  au  vers  précédent,  te  rasali. 

daksali.  — - Cf.  4,  3’,  sanâ  daksam  (dédoublement). 

pàda  3.  — Cf.  48,  4',  viçvasmâ  it  svar  drçe.  — Vers  des  plus 
expressifs  en  faveur  de  l’hypothèse  du  soma  igné. 

. . 4* 

19.  — yds  te  mddo  vdrenyas  \ tend  pavasvdndhasâ  \ 
devâvir  aghaçansahd 

Allume-toi  au  moyen  de  la  boisson  désirable  que  voilà  et 


2(36 


LE  CULTE  VEDICjUE  DU  SOMA 


qui  est  Vandhas,  toi  qui  sers  de  régal  aux  brillants,  toi  qui 
détruis  le  mauvais  chant. 

Ce  vers  permet  d’établir  deux  faits  importants  : 1°  le  mada  est 
le  soma  même,  et  non  pas  l’ivresse  produite  par  le  soma;  2°  mada 
et  andhas  sont  des  mots  synonymes,  et  par  conséquent,  andliali 
désigne  le  suc  de  la  plante  soma,  et  non  pas  cette  plante  même. 
tend.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  55,  1,  no  andhasâ . . . pari  srara. 
te  madah.  — Cf.  61,  17,  le  raso  madah. 
pâda  3.  — Cf.  24,  7%  même  formule. 

20.  — jâyhniv  vrtrcim  amitriyam  | su  s ni  r vâjam  dicé  dwe  | 

y os  à u açvasâ  asi 

Destructeur  de  l’enveloppeur  ennemi  (ou  d’où  l'ami  est 
absent),  conquérant  du  réconfort  pour  chaque  ciel(-feu),  — 
tu  es  conquérant  de  vaches,  conquérant  de  chevaux. 

jaghnili.  — Cf.  53,  2',  nijaghni/i;  1,  3S,  vrlrahantamaJi.  — 
Donc  indra  est  synonyme  de  soma. 
sasni/i.  — Cf.  24,  4%  sasnir  yo  anumâdyal/ . 
dire  dire.  — Je  ne  vois  aucune  raison  pour  ne  pas  voir  un  datif 
de  die  dans  chacun  des  termes  de  cette  formule, 
pâda  3.  — Cf.  2,  10,  y osa. . . asy  açrasâ. 

21.  — sàmmiçio  arusô  bhaua  | süpasthâbhir  nù  dhenübhih  | 

sidaîï  chyenô  nâ  yônim  à 

Sois  rouge  et  pourvu  de  bons  girons  pareils  aux  vaches 
laitières,  en  venant  prendre  résidence,  comme  un  aigle, 
dans  la  matrice. 

Hémistiche  1.  — Cf.  8,  6,  arasai/...  pari  gaoyâny  aryata; 
14,  33,  yadï gobhir  vasâyate.  — Berg.  ,11,  261,  remarque  avec  raison 
qu’ici  les  vaches  sont  l’équivalent  du  lait,  mais  il  aurait  pu  ajouter 
que  ce  lait  désigne  métaphoriquement  le  soma  lui-même, 
pâda  3.  — Cf.  38,  42,  çyeno  na  viksu  sïdali. 


ÉE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SONIA 


207 


22.  — sa  pavasva  yd  âvithé  | -ndram  vrtrâya  hclntave  | 
vavrivànsam  mahir  apâh 

Toi  que  voilà,  allume-toi.  — (toi)  qui  régales  T Ardent 
pour  le  meurtre  (destiné  à,  c’est-à-dire  de)  l’Enveloppeur, 
— lui  qui  a enveloppé  les  hautes  eaux. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  60,  4,  indrasya. . . râdhase. . . pavasoa; 
61,  20 ' , jaglinir  vrtram. 

pàda  3.  — - Cf.  42,  l3,  vasânaJi.  . . apo  liarili;  7,  2%  mahir  apo 
(vi  gâhate).  — Les  hautes  eaux,  c’est-à-dire  celles  qui  s’élèveront 
sous  la  forme  du  soma  pavamàna.  — Voir  Berg'.,  II,  200,  seq., 
sur  les  rapports  du  mot  vrtra  avec  les  dérivés  du  rad.  or  « enve- 
lopper ». 

23.  — suvirdso  vaydm  dhânà  \ jdyema  soma  mïdhvah  | 
puncïnô  vai'dha  no  girah 

O liquide,  ô humide,  puissions-nous,  pourvus  de  beaux 
héros(-somas),  conquérir  les  oblations.  Que  l’allumé  accroisse 
nos  voix. 

suvirâsah.  — Cf.  23,  5,  somah . . . suoïrah,  — donc  ici  vayam 
= somah. 

dlianâ  jayema.  — Cf.  46,  5',  dlianamjaya  (soma). 

pàda  3.  — Cf.  61,  14',  tam  id  vardhantu  no  girah , — donc 
girah  — somah , puisque  les  voix  augmentent  le  soma  et  que  le 
soma  augmente  les  voix. 


24.  — tvôtâsas  tdüâvasd  \ syâma  vanvànta  dmûvah  \ 
sôma  vratésu  jdgrhi 

Régalés  par  toi,  puissions-nous,  au  moyen  de  ton  régal, 
nous  emparer  des  ennemis!  O liquide,  éveille-toi  dans  les 
objets  de  tes  désirs  (les  libations). 

ümurah . — Sây.  — abhimârakàli- 

vratesu.  — Berg.,  III,  223,  « veille  sur  les  lois  ». 


208 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


25.  — apaghnün  pauate  inrdhô  | ’pa  sômo  ârâvnah  \ 
gâchann  indrasya  niàkrtâin 

Le  liquide  s’allume  en  écartant  les  oppresseurs,  en  écar- 
tant ceux  qui  ne  donnent  pas,  en  se  rendant  dans  l’édifice 
de  l’Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  4,  2!,  apa  soma  mrdho  jahi. 

pâda  2.  — Cf.  13,  9',  apaglinanto  arâcnali  pavamànâh. 

pada  3.  — Cf.  15,  1\  même  formule. 

26.  — niahô  no  raya  à bhara  | pâvamâna  jahi  mrdhah  | 

. râsvendo  virâvad  yaçah 

O toi,  allumé,  apporte-nous  de  hautes  richesses;  détruis 
les  oppresseurs;  donne,  ô brillant,  l’éclat  pourvu  des  héros 
(-somas). 

pâda  1.  — Cf.  29,  6,  indo.  . . rayim.  . . â bhara. 
pâda  2.  — Cf.  au  vers  précédent,  apaghnan . . . mrdhah. 
vïracat.  — Cf.  9,  92,  pavamâna. . . râsi  vïracat. 
yaçah.  — 20,  4',  abhy  arsa  brhad  yaçah . 

27.  — nà  tvâ  çatâm  cand  lirâio  | râdho  ditsantani  à 
ininan  | yàt  punànô  makhasyàse 

Cent  obstacles  ne  t’ont  pas  diminué  quand  tu  voulais 
donner  l’oblation,  lorsque,  t’allumant,  tu  deviens  un 
guerrier. 

tvâ.  — Démonstratif  liturgique. 
râdhah.  — Cf.  1,  33,  parsi  râdho  mayhonâm. 
minan.  — Lud.,  peu  exactement  : « t’ont  empêché.  » — Les  obs- 
tacles diminuent,  réduisent  à rien  le  soma  liquide  et  l’empêchent 
ainsi  de  prodiguer  ses  dons  au  soma  igné.  — Berg.,  III,  198  : 
« Cent  enlacements  ne  sauraient  le  retenir  quand  il  veut  donner,  » 
— traduction  approximative. 
makhasyase.  — Cf.  20,7',  makho  na  manhayuln 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


209 


28.  — pàucisuendo  vrsd  sutâli  | krdhi  no  yaçciso  jccne  \ 
viçvd  àpa  dviso  jalü 

O brillant,  — taureau  qu’on  a fait  couler,  — allume-toi; 
développe  nos  lueurs  dans  riiomme(-soma)  ; écarte  en  les 
détruisant  tous  les  ennemis. 

pâda  2.  — Lud.  : « Rends-nous  célèbres  dans  le  peuple.  » — La 
suite  réelle  des  idées  sera  établie  si  l’on  entend  que  le  soma  pavam. 
en  s’allumant  brille  au  sein  du  soma  liquide  auquel  le  sacrificateur 
s’identifie. 

pâda  3.  — Cf.  13,  83  (et  8,  7),  même  formule. 

29.  — âsya  te  sakhyê  vaydm  | tàvendo  dyuinnd  uttamé  | 
sdsahyâma  prtanyatàh 

Nous  sommes  dans  la  chose  amie  de  toi  que  voilà,  dans 
ton  éclat  qui  est  tout  en  haut,  ô brillant.  Puissions-nous 
maîtriser  ceux  qui  nous  font  obstacle. 

as;/ a.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  61,  4,  pauamânasya  te  oayam. . . sakhitcam  a 
vrnïmahe. 

pâda  2.  — Cf.  51,  2,  uttamam  somam.  . . sunotâ;  22,  5,  vy  üna- 
çuh  utedam  uttamam  rajah.  — Le  soma  igné  est  tout  en  haut,  eu 
égard  au  soma  liquide  : témoignage  important  sur  la  nature  réelle 
de  l'un  et  de  l’autre. 

pâda  3.  — Cf.  35,  32,  abhi  syâma  prtanyatah. 


30.  — y à te  bhîmâny  âyudhâ  \ tigmâni  sdnti  dhùrücuie  | 
rdksâ  scimasya  no  nidàlx 

Tes  armes  terribles  (et)  acérées  sont  pour  la  destruction; 
garde-nous  d’un  oppresseur  quelconque. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  57,  2\  haris  tunjâna  âyudhâ.  — Berg., 
III,  200  : « On  peut  entendre  que  Soma  a des  armes  pour  tromper.  » 

14 


210 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


— Cos  armes  sont  les  flammes  du  soma  pavam.,  et  il  s’en  sert  ici 
pour  percer  et  détruire  l’obstacle. 

pâda  3.  — Cf.  29,  5,  raksü. . . no. . . scanât  samasga  kasyacit, 
nido  galra  mumucmalie. 

HYMNE  LXII 

1.  — été  asrgram  indavas  | tir  ci  h pamtram  dçcwah  \ 

viçvàny  abhi  saübhagâ 

Ces  brillants  ont  coulé  rapides  en  traversant  (l’obstacle) 
(vers)  l’allumeur,  — vers  toutes  les  choses  qui  sont  de  la 
nature  de  la  bonne  part. 

etc.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  23,  1,  soma  asrgram  âçavali. . . abhi. 

pada  3.  — Cf.  55,  1J.  pari  srava ) soma  viçvà  ca  saubhagà.  — 
Lud.  (d’une  manière  énigmatique)  : « Vers  tous  les  bonheurs.  » 

2.  — vighnünto  durit  à.  puru  | sugà  tokâya  vùjinah  | 

tûnà  hrnvànto  cirvate 

Ceux  qui  sont  pourvus  des  réconforts  détruisant  le  grand 
nombre  des  mauvaises  allures,  produisant  au  moyen  de 
ce  qui  s’étend  les  bonnes  allures  pour  riiomme(-soma), 
pour  le  rapide. . . 

La  construction  est  certainement  viglinanto  durilâ , krn vantah... 
sugà , avec  antithèse  entre  les  deux  membres  de  la  phrase.  — Les 
sugâJi  ou  les  libations  actives  s'opposent  aux  inactives,  à celles  qui 
sont  inertes,  c’est-à-dire  absentes.  — Lud.  : tanà  = « damit  ». 

pàda  1.  — Cf.  59,  32,  duritâ  tara. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  11,  3,  pacasva  çam . . . janâga  çam  arcate . 

3.  — kr/ivcinto  vârivo  gc'œe  | ’bhy  ùrsanti  sustutim  | 

ihïm  cismàbhyam  samyàtam 

Produisant  l’espace  pour  la  vache,  ils  coulent  vers  la 


Le  culte  védique  du  soma  £XÎ 

bonne  chanson,  (vers)  la  libation,  (vers)  ce  qui  setencl  (?) 
pour  nous. 

pâda  1.  — Cf.  37,  5%  suto  mrivooit.  — La  formule  revient  à 
celle  du  vers  précédent  : sugüli.  ..  krij.oa.nto  arcate.  — Lud., 
arbitrairement  : « Agissant  amicalement  pour  le  bétail.  » 
pâda  2.  — Cf.  51,  5,  abhy  arsa. . . çraoah. 
pâda  3.  — Cf.  65,  3%  ise  pavasva  samyatam. 

4.  — dsâvtj  ançûr  mâdàyâ  | -psû  dâkso  giristhâh  | 
çyenô  nci  yônim  âsadat 

Le  brillant,  l’habile  qui  se  tient  à la  cime  (ou  sur  la  mon- 
tagne) a été  versé  pour  la  boisson  dans  les  eaux;  pareil  à 
un  aigle,  il  est  venu  prendre  résidence  dans  la  matrice-. 

asâoy  aiïçuh.  — Cf.  15,  5,  vjate.  ..  ançubhili, 
madâyâpsu...  giristhâh.  — Cf.  18,  1,  suvâno  giristhâh ...  aksâh, 
madesu. . . asi. 

pâda  3.  — Cf.  61,  213,  sïdan  clujeno  na  yonim  â. 

5.  — çubhrâm  ândho  devâvdtam  | apsû  dhütô  nrbhih 

sutàh  | svâdanti  yàoah  pdyobhih 

(Voilà)  Yandhas  brillant,  désiré  par  les  Célestes;  (voilà) 
celui  qui  a été  mis  en  mouvement  (pour  aller)  dans  les  eaux 
(et)  qui  a été  versé  par  les  hommes(-somas)  ; les  vaches 
(le)  rendent  savoureux  avec  leur  lait. 

apsu  dhütaJi.  — Cf.  30,  5,  apsu  tvâ.  . . himanty  adribhih.  — 
Lud.,  arbitrairement  : « Qui  a crû  dans  les  eaux.  » 

nrbhih  sutah ■ — Cf.  24,  3:i,  nrbhir  yato  vi  nïyase;  28,  1 1 , eëa 
oâjl  hito  nrbhih, 

6.  — âd  lm  dçoam  nd  hétârô  | ’çûçubhann  amrtâya  \ 

mcidhvo  râsam  sadhamâde 

De  ceci  (le  faisant  sortir)  comme  (des  cavaliers)  qui 
poussent  un  cheval,  ils  ont  fait  briller  le  suc  du  Doux 


212 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pour  le  non-mort,  — pour  celui  qui  le  boit  de  concert  (avec 
les  Célestes). 

âd  îm.  — Démonstratifs  liturgiques.  — Cf.  32,  2 et  3',  âd  îm. 

pàda  1.  — Cf.  13,  6,  atyâ  hit/ânâ  na  hetrbhir  asrgram. 

a çüçubhan...  rasam.  — Ils  (les  saerificateurs-somas),  et  non 
pas  « les  sacrificateurs  terrestres  ou  célestes  » (Berg.,  I,  222), 
ont  rendu  igné  le  soma  liquide. 

7.  — yâs  te  dhàrâ  madhuçcutû  | ’srgram  inda  ûtciye  | 
tàbhih  pavitram  dsada/i 

O brillant,  (avec)  tes  courants  coulant  le  Doux  qui  ont 
coulé  pour  le  régal,  — avec  ceux-là  tu  es  venu  prendre 
résidence  dans  l'allumeur. 

y as  te. . . tâbhifj.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  23,  1,  soma  asrgram. . . madlior  madasya 
dhârayà. 

pâda  3.  — Cf.  20,  7%  pavitram  soma  gachasi. 

8.  — s 6 arséndrâya  pïtàye  | tiré  rômâny  avyàyâ  | 
sîdan  yônâ  vâtiesu  à 

Que  celui-ci  coule  en  traversant  (les  obstacles)  pour  (servir 
de)  boisson  à l’ Ardent,  (vers)  les  poils  (ou  la  toison)  de  la 
brebis,  en  venant  s’asseoir  dans  la  matrice,  — dans  les  bois. 

sait.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  1.  — Cf.  24,  3,  dhanvasi  somendràya  pâtave. 

pâda  2.  — Cf.  37,  3,  ii  dhâvati. ..  vâram  acyayam;  61,  173,  ci 
L'üram  avyam  arsati;  62,  1 , ete  asrgram  indacas  tirah  pavitram. 

pâda  3.  — Cf.  13,  9 yonâv  rtasya  sïdata;'  57,  3a,  çyeno  na 
vansu  sîdati. 


9.  — tvâm  indo  pari  srava  | svâdistho  dngivobhyah  \ 
varivovid  glirtàm  pâyali 

O toi,  brillant)  très  doux,  coule  circulairement  pour  les 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


213 


actifs  ( angiras ),  ô toi  qui  trouves  l’espace  — (coule  vers)  le 
glirta,  (vers)  le  lait. 

Construction  générale.  — Cf,  61,  12,  sa. . . marudbhyali , vari- 
vovit  pari  srara. 

ghrtarn  payait.  — Cf.  31,  5',  même  formule. 

ivam.  — Démonstratif  liturgique. 

pari  sraca  svâdisthah.  — Cf.  1,  1,  soâdisthayâ, . . paoasva. . , 
dhàrayâ.  — Dédoublement  pris  sur  le  fait. 

10.  — aydm  viccirsanir  liitâh  | pàvamânah  sa  cetati  | 
hinvànâ  âpyam  brhât 

Celui-ci  (que  voilà),  — l’actif,  le  mis  en  mouvement, 
l’allumé,  — brille,  lui  qui  met  en  mouvement  ce  qui  vient 
de  l’ami,  — le  fort. 

ayant . . . sa.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  19,  1,  soma  cilrani. . . vasu. . . punâna  â 
bhara. 

pàda  3.  — Cf.  48,  5,  hinvâna  indriyam. . . vicarsanih ; 44,  63, 
jesi  (çravo)  brhat;  56, 1,  pari. . . brhat. , . arsati.  — Lud.  : « Ent- 
sandt  auf  grosze  freundschaft  ! » 

11.  — esd  vrsâ  vfsavratah  | pcœamâno  açastihâ  \ 
kârad  vâsüni  dâçûse 

Ce  taureau  qui  a le  taureau  pour  objet  de  ses  désirs, 
l’allumé,  qui  détruit  l’absence  de  paroles,  — qu’il  produise 
des  biens  pour  le  donateur. 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

vrsavratah.  — Le  taureau  (métaphorique),  à savoir  celui  qui 
désire  le  taureau-soma,  c’est-à-dire  le  soma  lui-même. 

açastihâ , — açasti  — non  pas  « malédiction  » (Lud.,  etc.),  mais 
conformément  à l’analyse  du  composé,  « qui  manque  de  voix  ou  de 
chant  »,  = la  libation  muette  ou  non  enflammée  que  le  soma 
pavam.  rend  bruyante  ou  parlante  en  lui  communiquant  ses  feux. 

pàda  3.  — Cf.  3,  63,  dadhad  ratnâni  dâçuse.  — Pour  donner, 


214 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


le  donateur  (sonna  a besoin  des  dons  que  le  soma  (avec  dédou- 
blement verbal)  lui  fournit. 

19.  — â pavasva  sahasrinam  | rayim  gômantam  açvinam  \ 
puruçcandràm  purusprham 

Allume,  en  t’en  approchant,  la  richesse  aux  mille  (dons), 
pourvue  de  vaches,  pourvue  de  chevaux,  qui  doit  son  éclat 
aux  nombreux  (somas),  qui  désire  les  nombreux  (somas). 

pâda  1.  — Cf.  40,  33,  même  formule. 

pâda  2.  — Cf.  41,  4,  â pavasca  rnalüm  isam  gomat . . . açvâvat. 

purusprham.  — Cf.  30,  32,  çusmam...  purusprham  pavasva 
soma. 

13.  — esà  sycl  pari  sicyate  | marmrjyâmâna  âyûhhih  [ 

urugâyâh  kavikratuli 

Celui  que  voilà  est  versé  circulairement  en  étant  rendu 
brillant  par  les  actifs,  — lui  qui  va  dans  le  large  (et)  qui 
édifie  avec  les  sages  (somas). 

esa  sya.  — Démonstratifs  liturgiques. 

pâda  2.  — Cf.  57,  3',  sa  marrmrjâna  âyubhili. 

urugâyâh , sens  analogue  à celui  de  varivovit  (62,  9\  etc.). 
— Lud.  et  Berg.  (II,  417)  : « Qui  voyage  au  loin.  » 

kavikratuli.  — Cf.  25,  53,  somah.  . . kavikratuli. 

14.  — sahâsrotih  çatâmagho  \ vimâno  râjasah  kavih  | 

indrâya  pavate  mâdah 

Pourvu  de  mille  régals  (ou  ayant  pour  régal  les  mille 
dons),  ayant  cent  dons,  constructeur  de  l’obscurité,  sage,  le 
breuvage  s’allume  pour  l’Ardent. 

vimâno  rajasali . — Sây.,  justement  « vimâno  = nirmâtâ  ». 
Lud.,  à tort,  « qui  traverse  l’espace  ».  Le  soma  pavam.  édifie 
l'obscurité  (rajah)  par  ses  flammes,  c’est-à-dire  qu’il  substitue 
celles-ci  à celle-là. 

pâda  3.  — pavate  madah;  la  formule  revient  à celle  de  17,  32,- 
madah  somah  pavitre  arsati. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA. 


215 


15.  — girâ  jâtà  ihâ  stutâ  \ inclur  indrâya  dhiyate  | 
vir  yônà  vasaiâv  iva 

Né  de  la  parole,  ici  appelé  (par  la  parole-crépitement  qui 
l'a  enfanté),  le  brillant  s’est  établi  pour  F Ardent  dans  la 
matrice,  comme  l’oiseau  dans  sa  demeure. 

girâ  jâtali.  — Cf.  43,  3,  somo  gîrbliili  pariskrtah.  — Voir 
Berg.,  II,  26. 

stutali.  — Cf.  3,  6',  esa  viprair  abhiëtutah. 

pâda  2.  — Cf.  62,  14:l,  indrâya  pacate  madali. 

pâda  3.  — Cf.  62,  4\  eyeno  na  yonim  âsadat;  62,  83,  sïdan  yonà 
vaneso  à. 

16.  — pâuamânah  sutô  nrbhih  | sômo  vâj'am  ivâsarat  | 
cam  us  u çâkmanâsâdam 

L’allumé  qu’ont  fait  couler  les  hommes(-somas)  a coulé 
comme  le  liquide  (vers)  le  réconfort,  pour  résider  au  moyen 
du  fort  dans  les  coupes. 

suto  nrbhih.  — Cf.  62,  5%  nrbhih  sutah. 

pâda  2.  — Cf.  37,  53,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  20,  6:1,  somaç  camîcsu  sïdati. 

çakmanà.  — Lud.,  « mit  kundiger  stàrke  »,  — énigmatique. 

17.  — tara  triprsthé  trwandhurê  [ râthe  yunjanti  yâtave  | 
rsinâm  saptd  dhlUbhih 

Ils  attellent  celui-ci  pour  aller  dans  le  char  à trois  som- 
mets, à trois  sièges  (?)  S au  moyen  des  sept  pensées(-crépi- 
tements)  des  chanteurs. 

tara.  — Démonstratif  liturgique. 

triprsthé.  — Berg.,  I,  179,  «qui  a trois  plateaux»,  c’est-à-dire 
« qui  coule  de  trois  plateaux  ». 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  21,  4,  pavamânasah...  hit  à na  saptayo  rallie. 

pâda  3.  — Cf.  9,  4',  sa  sapta  dhïtibhir  hitah. 


1.  Berg.,  I,  211  ; « le  char  à trois  fonds.  » 


216 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


rsïnàm. . . dhîtibhifi.  — Dédoublement  verbal  à l'aide  du  génitif, 
— les  deux  mots  s’appliquent  aux  libations  crépitantes. 

18.  — tâm  sotcïro  dhanasprtam  | dçûm  vâjàya  yâtaue  | 

hdrim  liinota  vàjinam 

O vous  qui  faites  couler,  poussez  celui-ci  pour  aller  au 
réconfort,  (lui)  qui,  rapide,  doré,  pourvu  de  réconforts,  lutte 
pour  (obtenir)  l’oblation. 

tara.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  16,  1’,  pra  te  sotârali...  rasam;  30,  2',  indur 
hiyànah  solrbhiJi. 

vâjàya. . . liarim.  — Cf.  3,  31,  liarir  vâjàya  mrjyate. 

pâda  3.  — Cf.  53,  4,  tam  hincanti. . . liarim. . . vàjinam. 

19.  — dviçâti  kalâçam  sutô  | viçvâ  ârsann  abhi  çriyah  \ 

çuro  nà  gôsu  tisthati 

Entrant  dans  la  coupe,  le  versé  coulant  vers  toutes  les 
clartés,  pareil  au  héros,  se  tient  debout  dans  les  vaches 
(-libations). 

pâda  1.  — Cf.  17,  4’,  à kalaçesu  dhâvati. 

pâda  2.  — Cf.  16,  6%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  16,  6%  même  formule. 

20.  — â ta  indo  màdâya  h dm  | pdyo  duhanty  dyüvali  | 

devâ  devôbhyo  mûdliu 

Les  actifs  viennent  traire  le  bon,  le  lait  pour  ta  boisson, 
ô brillant;  les  Célestes  (viennent  traire)  le  doux  pour  les 
Célestes. 

te-  — Démonstratif  liturgique. 

pâdas  1 et  3.  — Cf.  8,  5,  devebhyas  tvâ  madayâ  kam  srjânam. 

pâda  2.  — Cf.  23,  4,  abhi  somâsa  âyavah  pavante...  madam. 
Le  dédoublement  verbal  entre  âyavah  et  induli  = somah,  ressort 
de  la  comparaison  des  deux  passages.  — Berg.,  I,  155,  remarque 
avec  raison,  que  « le  suc  du  soma  a été  considéré  comme  un  lait  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


217 


pâda  3.  — Cf.  3,  92,  devo  devebhyali  sutah.  — Les  dieux,  en  tant 
que  fournissant  le  soma  dont  ils  sont  pourvus,  sont  distingués  des 
dieux,  en  tant  qu’ils  le  boivent.  — Berg.,  I,  208,  y voit  une  allusion 
« à l’opposition  des  dieux  anciens  et  des  dieux  nouveaux». 

21.  — à nah  sômam  pavüra  à \ srjâtâ  màdhumattamam  \ 
devébhyo  devaçrûttamam 

Faites  couler  pour  nous  dans  l’allumeur  en  le  dirigeant 
vers  (lui),  le  liquide  très  doux  (destiné)  aux  Célestes,  très 
écouté  par  les  Célestes  (ou  qui  écoute  très  attentivement 
les  Célestes,  c’est-à-dire  leurs  voix  ou  leurs  crépitements). 

pâdas  1 et  2.  — Cf.  16,  3%  somam  garnira  à srja. 

pâda  2.  — Cf.  51,  2%  sunotâ  madhumattamam  [somam). 

22.  — été  sômà  asrksata  \ grndnâh  çrâvase  mcthé  | 

madintamasyci  dhàrayâ 

Ces  liquides  ont  coulé  en  chantant  pour  la  haute  voix, 
au  moyen  du  courant  du  très  liquoreux. 

ete.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  16,  5,  somâ  asrksata,  mahe  bharâya  kârinah 
[kârinah  correspond  à grnünâh  et  montre  l’erreur  de  Lud.  qui  fait 
de  ce  dernier  un  régime). 

grnânâli  çrauase  mahe.  — Lud.,  très  arbitrairement  : « Die 
besungenen  zu  groszem  ruhme.  » — La  Voix  est  personnifiée  et 
c’est  ainsi  qu’on  peut  dire  que  les  somas  chantent  pour  elle,  qui, 
recevant  leurs  chants,  peut  les  chanter  à son  tour. 

pâda  3.  — Cf.  1,  1,  madiëthayâ...  dhàrayâ;  15,  8%  madintamam 
[somam).  — Dédoublement  verbal  pris  sur  le  fait.  — Lud.,  sans 
souci  de  la  valeur  de  l’instrumental,  « dans  le  courant  ». 

23.  — abhi  gcwydni  vltâye  | nrmnà  pundnô  arsasi  | 

sanâdvâjah  pciri  srava 

O allumé,  tu  coules  pour  le  régal  vers  ceux  qui  sont  de  la 
nature  les  vaches,  vers  ceux  qui  sont  pourvus  d’hommes- 


218 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


somas;  coule  circulairement,  toi  qui  as  pour  réconfort 
ce  qui  conquiert. 

pâda  1 . — Cf.  8,  6%  -pari  gacyâny  avyata. 
pàda  2.  — Cf.  7,  4-,  nvmnà  vasàno  arsati. 
vitaye. . . arsasi.  — Cf.  62,  72,  asrgram. . . ütaye. 
pàda  3.  — Cf.  52,  1,  sanadrayir  bharad  vâjam. 


24.  — utâ  no  gômatîr  iüo  | viçvd  arsa  paristûbhah  \ 
grnânô  jamâdagninâ 

Coule  (vers)  nos  libations  issues  des  vaches,  (vers)  tous 
ceux  qui  chantent  alentour,  toi  qui  chantes  au  moyen  du 
feu  de  l’arrivant  (?). 

Hémistiche  1.  — Cf.  54,  42,  vüjân  arsasi  gomatali. 

grnânah.  — Cf.  62,  222.  — Lud.,  d’après  l’interprétation  brah- 
manique, prend  ce  participe  au  sens  passif  et  traduit,  en  dépit  de 
la  grammaire,  « chanté  par  Jamadagni  ». 

jamat , dans  jamadagninâ,  peut  être  un  participe  présent  de 
gam,  pour  *gamat. 

25.  — pâvasva  vcicô  arjriyâh  | sôma  citrâbliir  üttbhih  | 
ablii  viçvdni  kâvyà 

O liquide,  toi  qui  es  à la  pointe  de  la  parole  (du  feu  cré- 
pitant qui  forme  la  pointe  des  libations),  allume-toi  au 
moyen  des  festins  brillants  (en  te  dirigeant)  vers  tous  ceux 
qui  sont  issus  du  sage  (soma). 

râco  agriyah.  — Cf.  7,  3',  même  formule,  et  surtout,  86,  12, 
agre  sindhünâm. . . agre  vâco  agriyo  gosu  gacliati. 

Hémistiche  1.  — Lud.  traduit  d’une  manière  assez  énigmatique 
et  sans  grand  respect  pour  la  grammaire  : « Lâutere  dich  soma  der 
du  dem  worte  (liede)  vorauszgehstmitwunderbarenhilileistungen.  » 
— Berg.,  II,  24,  entend  de  même  « le  soma  qui  précède  la  parole  ». 

pâda  2.  — Cf.  52,  5,  inda  ütibhih. . . pavasva. 

pâda  3.  — Cf.  23,  l3,  même  formule. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


219 


26.  — tvciin  samudriyà  apô  \ ’yriyô  vâca  irâyan  | 
pâvasua  viçvamèjaya 

O toi  qui  es  à la  pointe  de  la  voix,  toi  qui  agites  ce  qui 
a tous  (les  dons),  allume-toi  en  mettant  en  mouvement  les 
eaux  de  la  mer. 

Berg.,  I,  215,  voit  dans  ce  vers  une  allusion  à l’éclair.  « Le 
soma,  dit-il,  a mis  en  mouvement  les  eaux  de  la  mer  et  fait 
retentir  en  les  précédant  lui-même,  les  voix  (du  tonnerre).  » 

tvam.  — Démonstratif  liturgique. 

agriyo  vâcah.  — Cf.  la  même  formule  au  vers  précédent. 

samudriyà  apah...  ïrayan.  — Cf.  35,  2',  indo  samudramïnkliaya. 

pâda  3.  — Cf.  35,  22,  même  formule. 

ïrayan pavasva.  — Combinaison  verbale  qui  explique  la  substi- 
tution si  fréquente  et  réciproque  du  verbe  ars  et  les  synonymes  au 
verbe  pu  : quand  les  deux  ne  sont  pas  exprimés,  l’un  est  sous- 
entendu  à la  suite  de  l’autre. 

27.  — tûbhyemâ  bhâvanci  kcive  | mahimné  soma  tasthive  | 
tûbliyam  arsanti  sindhavah 

O sage.,  ô liquide,  pour  toi  ces  êtres  (les  flammes  sacrées) 
se  tiennent  debout  pour  (ta)  grandeur  (pour  que  tu  sois 
grand,  haut);  pour  toi  coulent  les  rivières. 

tubhya.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  54,  3,  ayam  ( somah ) oiçoâni  tistliati  punâno 
bhuvanopari. 

pâda  3.  — Cf.  31,  32,  même  formule. 

Métaphores  habituelles  en  même  temps  qu’all usions  laudatives 
et  hyperboliques  à la  réalité  (K):  la  nature  s’intéresse  au  déve- 
loppement du  soma. 

28.  — prâ  te  divô  nà  vrstâyo  \ dliârà  yanty  asaçcâtah  [ 
abhi  çukrâm  upastiram 

Tes  courants  qui  ne  suivent  pas  (?)  s’avancent  comme  les 


220 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pluies  du  ciel(-feu)  vers  la  couverture  brillante  (des  flammes 
du  soma  pavamâna). 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  57, 1 qui  n’en  est  qu’une  variante  : pra 
te  dhârâ  asaçcato  divo  na  yanti  vrstayah. 

pâda  3.  — Lud.  : « Auf  die  reine  unterbreitung,  » — d’après 
Sây.,  qui  voit  ici  la  désignation  du  pavitra  (çuklaoarnaih. . . 
nirmitam). 


29.  — indrâyêndum punltano  | -grâm  ddksâya  sâdhanam  | 
îçdndm  vïtiràdhasam 

Allumez  le  brillant  pour  l’Ardent,  — (allumez)  le  fort,  le 
constructeur  pour  l’habile,  — (allumez)  le  puissant,  celui  qui 
a pour  don  le  régal. 

pâda  1.  — Cf.  4,  4,  punltana  somam  indràya. 

pâda  2.  — Cf.  105,  3',  ayam  daksâya  sâdhanah. 

ïçânam.  — Cf.  61,  63,  îçânah  soma. 

30.  — pavamâna  rtàh  kavih  \ sômah pavitram  âsadat  | 
dâdhat  stotré  suviryam 

L’allumé,  le  sage  qui  a été  mis  en  mouvement,  est  venu 
prendre  résidence  dans  l’allumeur,  (lui  qui  est)  ce  qui  établit 
ce  qui  est  pourvu  de  bons  mâles  pour  le  chanteur. 

rtah.  — D’après  Berg.,  III,  216,  signifierait  ici  «apte,  capable  ». 

Hémistiche  1.  — Cf.  12,  4%  somoyah. . . kavih. 

pâda  2.  — Cf.  20,  7%  pavitram  soma  gachasi. 

pâda  3.  — Cf.  20,  7%  même  formule. 


HYMNE  LXIII 

1.  — -a  pavasva  sahasrinam  | rayim  soma  suviryam  \ 
asmé  çrâvânsi  dhâraya 

O liquide,  allume  en  t’en  approchant  la  richesse  aux 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


221 


mille  (dons),  pourvue  de  ce  qui  est  de  la  nature  des  bons 
mâles;  soutiens  pour  nous  les  voix. 

Hémistiche  1.  — Cf.  13.  5'~2,  te  nali  sahasrinam  rayim  pavan- 
tâm  à suvïryam. 

pâda  3.  — ■ Cf.  12,  9,  â pavamâna  dhâraya  rayim...  asme ■ — 
D’où  l’indice  que  çravânsi  désigne  le  même  objet  que  rayim.  — 
Lud.,  sans  tenir  compte  du  sens  constant  de  dhâraya  : « Aie  pour 
nous  de  nombreuses  gloires.  » 

2.  — isam  urjam  ca  pinvasa  | indrâya  matsarintamah  \ 
camuse  â ni  sidasi 

O très  liquoreux,  tu  grossis  la  libation,  — le  réconfort, 

— pour, F Ardent;  tu  viens  t’asseoir  dans  les  coupes. 

pâda  1.  — Lud.,  d’une  manière  injustifiable  au  point  de  vue 
strictement  grammatical  : « Kraft  strotzendes  gedeihen  strômest 
du  (dem  Indra).  » 

pâda  2.  — Cf.  53,  4,  tam  hinoanti. . . indum  indrâya  matsaram. 

— La  comparaison  des  deux  formules  permet  de  saisir  sur  le  fait 
le  dédoublement  verbal. 

pâda  3.  — Cf.  20,  63,  somaç  camüsu  sldati. 

3.  — ■ sutd  indi'üya  visnaue  | sômah  kalâçe  aksarat  j 
mâdhumân  astu  vdyâve 

La  liqueur  mise  en  mouvement  a coulé  dans  la  coupe 
pour  l’ Ardent,  pour  l’actif;  que  le  pourvu  de  doux  soit  pour 
le  Vent. 

pâdas  1 et  2.  — Cf.  33,  3'  et3,  sutâ  indrâya  câyave...  somâ 
arsanti  visnave. 

pâda  2.  — Cf.  17,  4',  à kalaçesu  dhâvati , 

4.  — été  asryram  âçdvô  \ ’ti  hvârànsi  habhrdmah  \ 
sômd  rtdsya  dhârayà 

Ces  liquides  rouges,  rapides,  ont  coulé  au  delà  des  empê- 
chements au  moyen  du  courant  du  versé, 


222 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMa 


ete.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  3,  2,  esa  devait . . . ati  hcarànsi  dhâcati.  — 
Cf.  Berg.,  III,  180,  note,  et  198.  — Cf.  pour  l’ensemble  du  vers 
33,  2,  babliravali  ç.ukrâ  rtast/a  dhürayâ. . . aksaràn. 

pâda  1.  — Cf.  22,  1',  ete  somàsa  âçavah . . . ahesata. 

Le  pâda  3 contribue  excellemment  à fixer  le  sens  de  rta  — suta 
= hita , etc.  — Lud-,  arbitrairement  et  énigmatiquement  : « In 
der  heiligen  handlung  strom.  » CL  Berg.,  III,  238. 

5.  — • indram  vârdhanto  aptûrah  | krnvdnlo  vU/vcini 

âryam  \ apaghnânto  dvcwnah 

Ceux  qui  ont  traversé  (ou  dominé)  les  eaux  (?),  produisant 
ce  qui  a tous  (les  dons),  ce  qui  est  de  la  nature  de  l’actif, 
écartant  et  détruisant  ceux  qui  ne  donnent  pas. . . 

pâda  1.  — Cf.  46,  3,  ete  somâsah. . . indram  vardhand ; 61,  13', 
apturam  ( somam ). 

pâda  3.  — Cf.  61,  25,  apaglinan . . . somah . . . arâvnah. 

6.  — sutà  ânu  svâm  à rdjo  | 'bhy  àrsanti  babhvûoah  | 

indram  gâchant  a indavah 

Les  coulés,  les  rouges,  coulent  en  suivant  l’obscurité  qui 
est  la  leur,  — (eux)  les  brillants  allant  (vers)  l’Ardent. 

anu  svam  â rajah . — Cf.  54,  1,  anu  dijutam  çukram.  — « L’obs- 
curité » destinée  à devenir  lumière.  Cf.  62,  142. 

pâda  3.  — Cf.  25,  5:1,  indram  gachan  (somah)- 

7.  — ayâ pavasvci  dhâragà  | yâgâ  sùryam  drocayah  [ 

hinvdnô  mânusîr  apdh 

Allume-toi  au  moyen  de  ce  courant  par  lequel  tu  as  fait 
briller  le  soleib  en  mettant  en  mouvement  les  eaux  qui  sont 
de  la  nature  des  liommes(-somas). 

La  figure  est  ici  des  plus  transparentes  et  des  plus  décisives  : le 
soma  liquide  s’allume  à l’aide  du  soma  igné,  ou  de  celui  qui  fait 
briller  le  soleil-feu. 


Le  culte  védique  du  soMa 


'223 


Hémistiche  1.  — Cf.  28,  5,  esa  süryam  arocayat  pavamânah. 

pâda  3.  — Cf.  12,  7\  hinvàno  mànusâ  yugâ.  — Lud.,  arbitrai- 
rement : « Envoyant  aux  hommes  les  eaux.  » 

8.  — ciyukta  sur  a étciçam  j pcwamàno  manâv  àdhi  \ 
antâriksena  yàtave 

L’allumé  a attelé  le  coursier  du  soleil,  au-dessus,  dans 
rhomme(-soma),  pour  s’avancer  au  moyen  de  l’atmosphère 
(ou  de  l’entre-deux). 

Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  62,17,  tani  (somam)...  rathe 
yunjanti  yâtave. 

pâda  3.  — Cf.  5,  2,  pavamânali , . . antariksena  rârajat. 

Berg.,  I,  190  : « Il  a attelé  l’Etaça  (le  cheval)  du  soleil,  se  cla- 
rifiant chez  Manu,  pour  aller  dans  l’atmosphère.  » — Plus  loin, 
p.  217,  Berg,  admet  que  « Sonia  paraît  s’être  transformé  en  soleil  ». 

9.  — ut  à tyâ  liarito  dciça  | süro  ciyukta  yàtcœe  \ 
indur  indra  iti  bruuün 

Le  brillant  a attelé  ces  dix  chevaux  dorés  du  soleil  pour 
(accomplir)  sa  course,  en  appelant  l’ Ardent. 

tyül).  — Démonstratif  liturgique. 

liarito  daça.  — Cf.  38,  3',  liarito  daça. 

pâda  2.  — Cf.  le  vers  précédent.  — Lud.  a été  obligé  de  violenter 
le  texte  en  traduisant  : « Il  (?)  a attelé  les  dix  dorés  pour  que  Soar 
vienne.  » 

pâda  3.  — Cf.  39,  1%  yatra  devâ  iti  bravan;  6,  2,  indue  indra 
iti  ksara. 

Berg.,  I,  217,  traduit  : « Et  il  a attelé  les  dix  harits  du  soleil, 
pour  aller  dans  (l’atmosphère),  lui  Indu,  en  prononçant  le  nom 
d’Indra.  » — - Mais  pourquoi  cette  autre  interprétation,  II,  266  : 
« Il  a attelé  les  dix  harits  du  soleil. . . en  disant  : Indu  est  Indra?  » 

10.  — pârlto  vdyüve  sutârp  | g ira  indrâya  matsaràm  j 
üvyo  v ares u siiïcata 

O voix,  faites  couler  circulairement  hors  de  celui-ci,  le 


224 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


versé  pour  le  Vent,  le  liquoreux  pour  l’Ardent,  dans  les 
toisons  de  la  brebis. 

pari.  — Berg.  I,  183,  croit  voir  une  allusion  à la  course  circu- 
laire du  soleil  dans  l’emploi  de  cet  adverbe  avec  des  verbes  de 
mouvement,  quand  il  s’agit  du  soma.  J’y  vois  plutôt  l’indication 
de  l’enveloppement  du  soma  liquide  par  le  soma  igné. 

itah.  — Démonstratif  liturgique;  — itah  — autant  — girah, 
dédoublements  verbaux. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  3,  suta  indrâga. . . aksarat  madhumân 
astu  câyave.  — Il  est  aussi  clair  que  possible  que  « les  voix  » dé- 
signent ici  les  éléments  liquides  du  sacrifice  (considérés  comme 
crépitants  ou  destinés  à crépiter), 
pâda  3.  — Cf.  6,  1,  soma. . . pavasod. . . aryo  câresu. 


11.  — pdvamâna  vidâ  rayim  \ asmübhyam  soma 
dustaram  | yù  dûnâço  vanusyatâ 

O allumé,  6 liquide,  trouve-nous  la  richesse  dont  la  prise 
de  possession  est  difficile  et  qui  cesse  d’être  morte,  grâce  à 
celui  qui  cherche  à l’obtenir. 

pâda  1.  — Cf.  43,  41,  même  formule. 

soma  dustaram.  — Cf.  16,  31,  dustaram  ( somam ) 

12.  — abhy  àrëa  sahasrinam  | rayim  gômantam  açvinam  | 
abhi  vâjam  utâ  çràvah 

Coule  vers  la  richesse  aux  mille  (dons)  pourvue  de 
vaches,  pourvue  de  chevaux,  — (coule)  vers  le  réconfort 
et  la  voix. 

Hémistiche  1.  — Cf.  62,  12  ’'2,  sauf  ü pacasoa,  au  lieu  de  abhy 
arsa.  — Le  poète  a-t-il  en  vue  le  soma  liquide,  il  emploie  le  rad. 
ars  ou  les  synonymes;  a-t-il  en  vue  le  soma  igné,  il  se  sert  du  rad. 
pü  (et.  62,  26'). 

pâda  3.  — Cf.  1,  4,  même  formule. 


225 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 

13.  — sômo  devô  nâ  sûryô  \ ’dribhih  pavate  sutâli  \ 

dâdhânah  kaldçe  rüsain 

Le  liquide,  le  céleste,  pareil  au  soleil,  s’allume  coulé  à 
l’aide  des  pierres,  — lui  qui  établit  le  suc  dans  la  coupe. 

pàda  1.  — Cf.  54,  33,  même  formule. 

pàda  2.  — Cf.  11,  5,  adribhih  sutarn  somam  punïtana.  — La 
comparaison  du  1er  hémistiche  est  des  plus  caractérisques;  le  soma 
et  le  soleil  font  l’un  et  l’autre  l’action  exprimée  par  le  verbe  pü. 
Qu'est-ce  sinon  briller,  éclairer? 

pàda  3.  — ■ Cf.  63,  3%  somah  kalaçe  aksarat;  23,  5,  dadhâna 
indriyam  rasam.  — Pour  le  rapprochement  des  idées  de  briller  et 
de  couler,  cf.  54,  2,  ayam  sürya  ira,  — ayam  sarànsi  dhâvati. 

14.  — été  dhàmdny  dry  à | çukrâ  rtâsya  dhâraycï  | 

vâjam  gômantam  ahsaran 

Ces  étincelants  ont  coulé,  à l’aide  du  courant  du  versé, 
(vers)  les  édifices  issus  de  l’actif  (?),  — (vers)  le  réconfort 
pourvu  de  vaches. 

etc.  — Démonstratif  liturgique. 

Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  28,  2,  esa...  aksarat  somali  — 
viçüà  dhâmâny  âviçan. 

rtasya  dhârayâ.  — Cf.  63,  4%  même  formule. 

pàda  3.  — Cf.  20,  2,  vâjam  gômantam  invati  pavamânah . . . 

15.  — sutâ  indràya  vajrine  | sômdso  dâdhyâçivah  | 

pavitram  dty  ahsaran 

Les  liquides  mêlés  de  lait,  — versés  pour  l’Ardcnt  muni 
de  ce  qui  provient  du  réconfort,  — ont  coulé  au  delà  (des 
obstacles,  vers)  l’allumeur. 

Hémistiche  1.  Cf.  30,  6,  sunotâ. . . somam  indràya  vajrine. 

pàda  2.  — Cf.  22,  3%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  45,  4',  aty  ü pavitram  akramït ; 62,  1,  asrgram 
indavas  tirali  pavitram. 


15 


226 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


IG.  — prd  soma  müdhumattamo  | rayé  avèa  pavitra  à \ 
mâdo  y 6 devavitamah 

O liquide  très  doux,  viens  pour  la  richesse  dans  l’allumeur, 
toi  qui  es  un  breuvage  qui  fait  par  excellence  le  régal  des 
Célestes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  62,  21,  à nali  somam  pavitra  à srjatâ 
madhumattamam. 

dcoavîtamaJi.  — Cf.  49,  3%  même  épithète. 

17.  — tâm  l mrjanty  àyâvo  \ hàrim  nadisu  vâjinam  | 

indum  indrâya  matsarâm 

Ce  doré  que  voilà,  pourvu  de  réconfort,  les  actifs  le  font 
briller  dans  les  rivières,  — (lui)  le  brillant  liquoreux,  (des- 
tiné) à F Ardent. 

tara  ï.  — Démonstratifs  liturgiques  qui  contredisent  l’avis  de 
Berg.,  I,  62,  disant  qu’il  s’agit  ici  d’une  « préparation  du  soma 
dans  le  ciel  ». 

pâda  1.  — Cf.  15,  7,  etam  mrjanti. . . âyavah. 

pâda  2.  — Cf.  53,  4%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  53,  4%  même  formule. 

18.  — à pcwasuci  hircinyavad  | ciçvdvat  soma  virdvat  \ 

vâjam  yômantam  à bhara 

Viens  allumer,  ô liquide,  ce  qui  est  pourvu  d’or,  pourvu 
de  chevaux,  pourvu  de  héros(-somas)  ; apporte  le  réconfort 
pourvu  de  vaches. 

Hémistiche  1.  — Cf.  41,  4,  ô pacasna...  hiran;/aoa,t,  açcâcat 
vâjavat. 

pâda  3.  — Cf.  63,  14%  vajarn  yômantam  akëaran  [etc  somàli). 
— La  comparaison  de  ces  deux  passages  indique  le  sens  qu’il 
convient  d’attacher  à l’expression  « bhara , 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


227 


19.  • — pari  vàje  nci  vàjayûm  | dvyo  vâresu  sincata  | 
indrâya  mâdliumattamam 

Faites  couler  circulairement  dans  les  toisons  de  la  brebis 
comme  dans  le  réconfort,  le  désireux  de  réconfort,  le  très 
doux,  pour  V Ardent. 

pâda  2.  — Cf.  63,  191,  même  formule,  avec  girali  comme  sujet 
exprimé;  d’où  l’indice  que  c’est  ici  le  sujet  sous-entendu, 
pâda  3.  — Cf.  63,  102,  indrâya  matsaram. 

20.  — kavim  mrjanti  mârjyam  | dhibhir  viprà  aoasydvah  | 

vrsâ  hclnikrad  arsati 

Les  agités  désireux  de  régal  font  briller,  au  moyen  des 
pensées,  le  sage  qui  doit  être  rendu  brillant.  Le  taureau, 

— ce  qui  mugit,  — coule. 

mrjanti  marjyam. . . viprâli , — cf.  15,  7,  etam  mrjanti  mar- 
jyam. . . âyavah;  — donc  viprâli  = àyavali. 
pâda  2.  — Cf.  17,  72,  même  formule, 
pâda  3.  — Cf.  5,  1\  vrsâ  kanihradat. 

21.  - — vrsanam  dhibhir  aptûram  | sômam  rtdsya  dhàrayâ  \ 

matî  viprâh  sâm  asvaran 

Les  agités  ont  fait  résonner  de  concert  au  moyen  des  pensées 
le  taureau  qui  a traversé  (ou  maîtrisé)  les  eaux,  — le  liquide 
au  moyen  du  courant  du  coulé,  au  moyen  de  la  pensée. 

Dédoublements  verbaux  habituels  : viprâh  =■  dhïbhih  = dhârayâ 

— matî. 

apturam  somam.  — Cf.  63,  5’,  apturah  [somaJi) . 

rtasya  dhârayâ.  — Cf.  63,  4b 

pâda  3.  — Cf.  12,  2’,  abhi  viprà  anüsata. 

22.  — pdvasva  devdyusàg  \ indram  yachatu  te  mdidali  | 
vdyûm  à roha  dhdrmanâ 

O toi,  allume-toi,  ô Céleste  qui  suis  les  actifs;  que  ta 


228  LE  CULTE  VEDIQUE  D(J  SOMA 

boisson  aille  (à)  l’ Ardent;  monte  (dans)  le  Vent  au  moyen 
du  support. 

pâda  1.  — Cf.  25,  5%  somali  patata  ây usak. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  2.  — Cf.  25,  5%  indram  gachan. 

pâda  3.  — Cf.  25,  23,  dliarmanâ  vàyum  à viça.  — Lud.,  énig- 
matiquement : « Avec  vâyu  monte  sur  le  pouvoir  de  la  loi  ».  — 
Berg.,  III,  251  : « C’est  selon  le  dharman  (ou  la  loi)  que  le  soma 
pénètre  en  vüyu  ».  — Sây.,  justement  : « dharmanâ  dhârakena 
rasena.  » 


23.  — pâvamdna  ni  toçase  | rayim  soma  çravâyyam  \ 
priyâh  samudrdm  â viça 

O allumé,  ô liquide,  tu  descends  en  coulant  (vers)  la 
richesse  bruyante.  Toi,  l’agréable,  entre  dans  la  mer. 

Dédoublements  verbaux  : paramâna-(soma)  = rayim  — samu- 
dram. 

pada  1.  — Cf.  27,  1-,  pavitre  adhi  toçate. 

pàdas2et3.  — Cf.  61,  153,  tard  h â samudram  ukthyam  ( ukthyam 
= çravâyyam).  — Berg.,  II,  32,  voit  dans  «la  mer»  la  désignation 
des  eaux  célestes,  « ou  du  moins,  dit-il,  ce  nom  n’est  donné  aux 
eaux  terrestres  que  par  allusion  à ces  eaux  du  ciel  auxquelles  elles 
sont  identiques  par  leur  origine  comme  par  leur  nature  ». 


24.  — apaghnün  pavase  mrdhah  | kratuvit  soma 
matsarâh  | nudcisuâdevayum  jânam 

U liquide  liquoreux,  en  écartant  et  détruisant  les  ennemis, 
tu  t’allumes,  ô toi  qui  trouves  l’édificateur;  repousse  l’homme 
(-soma)  qui  n’a  pas  le  désir  de  briller. 

pâda  1.  — Cf.  61,  25',  même  formule,  sauf  patate  au  lieu  de 
pavase. 

kratuvit.  — Cf.  44,  62,  même  épithète. 

pâda  3.  — Cf.  53,  l3,  nudûsva  yüh  parisprdah ■ 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


229 


25.  — pàvamcïnti  asrksata  | sômàh  çukrâsa  indavali  \ 
abhi  viçvdni  kâvyâ 

Les  allumés,  les  liquides,  les  resplendissants,  les  brillants 
ont  coulé  vers  tous  ceux  qui  sont  de  la  nature  du  sage 
(soma). 

Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  23,  1,  somâ  asrgram...  abhi 
viçvâni  kâvyâ. 


26.  — pâvamdndsa  dçâvah  \ çubhrâ  asrgram  indauah  | 
ghncinto  viçvcï  âpa  dvisah 

Les  allumés,  les  rapides,  les  resplendissants,  les  brillants 
ont  coulé,  détruisant  en  les  mettant  à l’écart  tous  les  mal- 
faisants. 

Hémistiche  1 . — Variante  de  l’hémistiche  correspondant  du  vers 
précédent. 

pàda  3.  — Cf.  61,  283,  viçoâ  apa  dviëojahi. 

27.  — pdoamând  diras  par  y | antâriksâd  asrksata  \ 
prthivyâ  âdlxi  sdnavi 

Les  allumés  ont  coulé  circulairement  en  venant  du  ciel 
(-feu),  de  l’entre-deux,  de  la  terre(-libation)  ; (ils  ont  coulé) 
au-dessus,  dans  le  sommet. 

Le  soma  est  céleste,  c’est-à-dire  brillant  comme  le  ciel  quand  il 
s’allume,  — donc  il  vient  du  ciel;  même  raison  pour  dire  qu’il 
vient  de  Yantariksa;  il  vient  enfin  de  la  terre-libation,  puisqu’il  est 
humide  ou  liquide  comme  elle.  Jeu  d’esprit  paradoxal  qui  consiste 
à assigner  au  soma  pavam.  des  origines  différentes,  sinon  contra- 
dictoires. 

Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  surtout  36,  5,  somo  divijàni  pâr- 
thivâ  pavatâm  ântariksyâ. 

adhi  sdnavi.  — Cf.  8,  8,  vrstim  divah  pari  srava  dyumnam 
prthivyâ  adhi;  31,  2,  divas  prthivyâ  adhi  bliavendo  dyumnavar- 
dhanali;  31,  5:l,  varsiëthe  adhi  sânavi ; 57,  4,  sa  no  viçvâ  divo 


230 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


vasuto  prthi  cyaadhi.  — Berg.,  I,  171,  entend  « que  les  somas 
ont  été  reçus  du  ciel  et  de  l'atmosphère  sur  la  surface  de  la  terre  ». 

28.  — punânàh  soma  dhârayé  | -ndo  viçvâ  dpa  sridhah  | 
ialxi  rdksànsi  sukrato 

O liquide,  ô allumé,  ô brillant,  au  moyen  du  courant, 
écarte  en  les  détruisant  tous  les  rivaux,  les  gardiens,  — 
ô toi  qui  produis  de  belles  œuvres. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  27,  P,  punâno  ghnann  apa  sridhah  ; 56,  l3, 
oighnan  raksânsi. 

29.  — apaghndn  soma  raksâso  \ ’bhy  àrsa  kânikradat  | 

dyumdntam  çûsmam  uttamdm 

O liquide,  coule  vers  ce  qui  bruit  (ou  toi  qui  es  ce  qui 
bruit),  en  détruisant  et  écartant  les  gardiens,  — (coule  vers) 
le  lumineux,  l’ Ardent,  qui  est  tout  en  haut. 

pâda  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pàda  3. 

pâda  2.  — Cf.  37,  2,  harir  arsati. . . kani/cradat. 

pâda  3.  — Cf.  61,  29%  dyumna  uttame;  29,  63,  dyumantam 
çusmam  â bhara. 

30.  — asmé  vdsûni  dhâraya  \ sôma  divycini  pârthivd  | 

indo  viçuâni  vâryà 

O liquide,  supporte  pour  nous  les  biens  célestes  (et)  ter- 
restres, ô brillant,  — toutes  les  choses  désirables. 

Hémistiche  1.  — Cf.  19,  1,  divyam  pârtliivam  casu  tan  nah  pu- 
nâna  â bhara. 

pâda  3.  — Cf.  18,  4,  ü yo  viçvâni  câryâ  vasüni. . . dadhe. 


HYMNE  LXIV 

1.  — vrsâ  soma  dyumâri  asi  \ vrsâ  deva  vrsavratah  | 
vrsâ  dhdrmâni  dadhise 

O liquide,  tu  es  un  taureau  brillant;  ô céleste  taureau, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


231 


toi  qui  as  le  taureau  pour  objet  de  tes  désirs;  taureau,  tu 
établis  les  supports. 

pâda  1.  — Gf.  5,  32,  pavamâno  rayir  vi  râjati  dyumân,  — d’où 
l’indice  de  l’identité  rayi  — soma. 

pâda  2.  — Cf.  62,  11',  esa  vrsa  vrsavratali. 

pâda  3.  — Cf.  7,  7J,  ranci  yo  asya  dharmabhih.  Lud.  : « Als 
stier  bestimmst  du  dir  die  satzungen  » (?) 

2.  — vrsnas  te  vrsnyam  çcïvo  | vrsâ  uânam  vrsâ  màdah  j 

satyàm  vrsan  vrséd  asi 

La  force  issue  du  taureau  est  à toi,  ô taureau;  le  bois  (est) 
le  taureau;  la  boisson  (est)  le  taureau;  ô taureau,  tu  es  le 
taureau  qui  se  manifeste  ici. 

pâda  1.  — Cf.  31,  42,  sam  etu  te. . . soma  vrsnyam. 

vrsâ  vanam.  — ■ Cf.  7,  3%  vrsâca  cakvadad  varie. 

vrsâ  madah.  — Cf.  37,  5,  vrsâ  sutah . . . somah. 

Identification  du  taureau-soma  aux  autres  objets  des  désignations 
métaphoriques  du  soma. 

3.  — ciçvo  nà  cakrado  vrsci  \ sâm  y à indo  sam  âvvatah  | 

vi  no  rayé  dûro  vrdhi 

O brillant,  ô taureau,  tu  as  mugi  comme  un  cheval  (hennit), 
et  avec  (toi)  les  vaches,  avec  (toi)  les  coursiers.  Ouvre  les 
portes  pour  notre  richesse. 

pâda  1.  — Cf.  7,  32,  vrsâca  cakvadat. 

pâda  3.  — Cf.  45,  33,  même  formule. 

4.  — âsrksata  prâ  vâjino  | gavyâ  sômâso  açvayd  \ 
çukrâso  vîrayâçâvah 

Les  liquides  pourvus  de  réconfort  ont  coulé  au  moyen  de 
ce  qui  désire  les  vaches,  au  moyen  de  ce  qui  désire  les 
chevaux;  les  resplendissants,  les  rapides  (ont  coulé)  au 
moyen  de  ce  qui  a le  désir  des  héros(-somas). 


232 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  36,  6,  açoayur  gacyayuli  soma 
vohasi  vïrayuh,  — excellent  commentaire  de  celui-ci. 

5.  — çumbhàmânâ  rtàyübhiv  | mrjyàmânâ  gdbhastyoh  | 
pavante  vàre  avydye 

S’embellissant  au  moyen  de  ceux  qui  désirent  le  coulé, 
rendus  brillants  dans  les  deux  mains,  ils  s’allument  dans 
la  toison  de  la  brebis. 

Identique  à 36,  4,  sauf  qu'ici  le  sujet  est  au  pluriel  au  lieu  d’être 
au  singulier, 

6.  — té  viçvd  dâçûèc  vdsu  \ sômâ  divyâni  pârthivd  | 

pdvantdm  àntàriksyâ 

Que  ces  liquides  allument  tous  les  biens  pour  le  donateur: 
les  (dons)  qui  viennent  du  ciel(-feu),  — ceux  qui  viennent 
de  la  terre(-libation),  — • ceux  qui  viennent  de  l’entre-deux 
(ou  de  l’atmosphère). 

Identique  au  vers  36,  5,  sauf  que  celui-ci  a les  singuliers  sa. . . 
somah. . . pavatâm  au  lieu  des  pluriels  te. . . somâh. . . pavantâm. 

7.  — pdvamànasya  viçvavit  | prd  te  sàrçjâ  asrksata  | 

sür'yasyeva  nd  raçmâyah 

O toi  qui  trouves  ce  qui  a tous  (les  dons),  tes  émissions, 
ô allumé,  se  sont  avancées  en  coulant,  pareilles  aux  rayons 
du  soleil. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  22,  1,  ete  somàsali . . . saryàh  srëtâ  ahesata. 

pâda  3.  — Cf.  61,  8‘,  suta  eti...  sam  süryasya  raçmiblùh.  — 
Preuve  de  la  comparaison  implicite  contenue  dans  ce  passage. 

Berg.,  I,  160  : « Quand  le  soma  brille  du  haut  du  ciel  (?)  ses 
flots  se  répandent  (il  aurait  fallu  dire  brillent ) comme  les  rayons 
du  soleil.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


233 


8.  — ketûm  krnvân  divas  pari  | viçvâ  rüpâbhy  àrsasi  | 

samudrâh  soma  pinvase 

Produisant  le  signal  autour  du  ciel(-feu),  tu  coules  vers 
toutes  les  formes;  ô liquide,  tu  es  une  mer  qui  s’entle. 

pâda  1.  — Cf.  21,  6%  navam  dadhâtâ  ketam  àdiçe. 

pâda  2.  — Cf.  25,  4\  viçvâ  rüpâny  âviçan , — même  explication. 

pâda  3.  — Cf.  61,  151,  vardhâ  samudram  ukthyam.  — Cette 
formule  établit  clairement  l’identité  du  soma  et  de  la  mer  : la 
mer  du  soma  pavam.  s’enfle  par  le  développement  des  flammes  du 
feu  sacré.  — Cf.  Berg.,  II,  30  : « Le  soma  qui  est  lui-même  une 
mer.  » — Ce  serait  le  soma  céleste  (Berg.,  I,  164). 

9.  — hinvânô  vâcam  isyasi  | pâvamâna  vidharmani  | 

àkrân  deuô  rut  sûr  y ah 

O allumé,  tu  émets  la  voix  en  la  mettant  en  mouvement 
(pour  venir)  dans  le  support;  Céleste,  tu  as  résonné  pareil 
au  soleil. 

pâda  1.  — Cf.  30,  1*,  punâno  vâcam  isyati. 

pâda  2.  — Cf.  4,  9%  même  formule, 

pâda  3.  — Cf.  54,  3%  somo  devo  na  süryaJi.  — Berg.,  I,  228, 
voyait  ici  une  confusion  du  soleil  avec  l’éclair  et  le  bruit  du  ton- 
nerre, alors  qu’il  s’agit  du  crépitement  du  feu-soleil. 

10.  — induit  pavistha  cétanah  | priyâh  kavinâm  mati  \ 

srjüd  âçvam  rathir  iva 

Le  brillant,  l’agréable,  - s’est  allumé  (ou  qu’il  s’allume) 
resplendissant  au  moyen  de  la  pensée  des  sages;  pareil  à 
un  conducteur  de  char,  il  a lancé  (ou  qu’il  lance)  le  cheval. 

pâda  1.  — Cf.  31,  l3,  sotnâsah. . . rayim  krnvanü  cetanam.  — 
Se  rappeler  que  rayim  = somam. 

Hémistiche  1.  — Cf.  20,  3,  cetasâ  mrçase  pavase  matï. 

pâda  3.  — Cf.  9,  9%  açvam  râsi  (pavamâna)  ; 61,  3,  açvam,  . , 
ksarâ, 


234 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


11.  — ûrmtr  yds  te  pavitra  â | devâuih  parydksarat  | 

sidann  rtdsya  yônim  â 

Le  flot  qui  est  tien,  le  régal  des  Célestes, a coulé,  en  l’en- 
veloppant, dans  l’allumeur,  — en  venant  prendre  résidence 
dans  la  matrice  du  versé. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  2.  — Cf.  28,  6,  esa. . . somaJi  punâno  arsati  devâvlh. 

pâda  3.  — Cf.  8,  33,  rtasya  yonim  âsadam. 

12.  — sâ  no  arsa pavitra  â \ mâdo  yô  devavîtamah  | 

indav  indrâya  pîtâye 

Toi  que  voilà  (et)  qui  es  nôtre,  coule,  ô breuvage,  — 
toi  qui  es  par  excellence  le  régal  des  Célestes,  — dans 
l’allumeur;  (coule)  ô brillant,  pour  (servir  de)  boisson  à 
TArdent. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  16,  arsa  pavitra  â mado  yo  devavîtamah . 

pâda  3.  — Cf.  50,  5',  même  formule. 

13.  — isê  pavasva  dhârayà  | mrjyàmâno  manisibhih  | 

indo  ruccibhi  gâ  ilii 

Allume-toi  pour  la  libation  au  moyen  du  courant,  toi  qui 
es  rendu  brillant  par  les  sages;  ô brillant,  viens  aux  vaches 
au  moyen  de  l’éclat. 

pâda  2.  — Cf.  74,  93,  sa  mrjyamânah  kavibhili ; d’où  la  preuve 
que  manisibhih  (comme  kavibhih)  désigne  les  somas  (dédoublement 
verbal). 

rucà.  — Au  moyen  de  l’éclat  = soma  pavam.  (dédoublement 
verbal). 

14.  — punànô  vârivas  krdhy  | ùrjam  jdnâya  girvanah  [ 

luire  srjdnd  âçiram 

O allumé,  produis  l’espace;  ô toi  qui  as  le  désir  de  la  voix, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


235 


(produis)  le  fort  pour  rhomme(-soma),  — ô doré,  en  lançant 
le  lait  (?). 

Hémistiche  1.  — Cf.  11, 3,  sa  nali  pavasva  çam  gave  çam  janâya ; 
62,  3',  k rnvanto  varivo  gave  {janâya  = gave);  63,  2',  ürjatn  ca 
pilleuse. 

15.  — punànô  deveivîtaya  \ indrasya  yâlii  nishrtdm  | 

dyutânù  vdjibhir  yatàh 

O allumé,  viens  à l'édifice  de  l’Ardent  pour  le  régal  des 
Célestes,  — resplendissant,  étendu  (que  tu  es)  par  ceux  qui 
sont  pourvus  de  réconforts. 

Cf.  54,  4,  devavïtaye  vâjàn  arsasi. . . punânah. 

pâda  2.  — Cf.  61,  25 gachann  indrasya  niskrtam. 

pâda  3.  — Cf.  24,  3,  paoamâna. . . nrbhir  yatah  (nrbhili  = vâ- 
jibhiJi).  — Lud.,  en  dépit  du  texte  : « Stralend  zu  dem  des  mit 
rossem  komenden.  » 

16.  — prd  hinvdnâsa  indavô  | ’chd  samudrdm  dçdvah  | 

dhiyâ  jütâ  asrksata 

Les  brillants,  les  rapides,  se  mettant  en  mouvement  vers 
la  mer,  poussés  par  pensée,  — ont  coulé. 

pâda  1.  — Cf.  34,  1,  suvânah . . . hinvâno  arsati. 

pâda  2.  — La  mer  dont  il  s’agit  est  celle  du  soma;  cf.  ci-dessus, 
vers  8:). 

pâda  3.  — Cf.  44,  2,  dhiyâ  hitaii  somo  hinve.  — Lud.  : « Vom 
liede  beschleunigt,  » — mysticisme  non  justifié. 

17.  — marmrjdncïsa  dyâvo  | vrthd  samudrdm  indavah  \ 
dgmann  rtâsya  yônim  â 

Les  actifs,  les  brillants  qui  se  sont  éclaircis,  sont  allés  â la 
mer  au  moyen  de  l’accroisseur  (?)  ; ils  sont  allés  à la  matrice 
du  coulé. 

pàdal.  — Cf.  57,  31,  sa  marmrjâna  àyubhih.  — ( âyu  indifférem- 
ment sujet  ou  régime,  preuve  du  dédoublement  verbal). 


236 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


vrthâ.  — Cf.  16,  7\  crthâ  paciire  arsati. 
pâda  3.  — Cf.  64,  113,  sïdann  vtasya  yonim  à. 

18.  — pari  no  yàhy  asmayûr  \ viçvd  vdsûny  ôjasâ  \ 
pâhi  nah  çârma  virdvat 

O toi  qui  désires  être  nôtre,  viens  autour  de  toutes  nos 
richesses  au  moyen  de  la  force;  garde-nous  la  demeure 
pourvue  de  héros(-somas). 

pâda  3.  — Cf.  9,  9’,  pacamâna . . . râsi  viravat. 


19.  — mimâti  vdhnir  étaçali  | paddm  yujând  rkvabhih  | 
prd  ydt  samudrâ  âhitah 

Le  porteur,  le  coursier  hennit  en  attelant  la  base  avec  les 
chanteurs,  alors  qu’il  est  poussé  dans  la  mer. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  8',  ayukta  sîira  elaçam. 

pâda  2.  — La  base  ou  le  sol  = le  soma  liquide  auquel  s’attellent 
les  flammes  crépitantes.  — Lud.,  padam  yujânah=  « angespannt 
nach  dem  orte  (!)  ». 

sanuidra  âhitah.  — Cf.  12,5,  somah...  antah pavitra  âhitah . 

20.  — â ydd  yônim  hiranyàiyam  | dçur  rtdsya  sîdati  \ 
jdhâty  dpracetasah 

Lorsque  le  rapide  prend  résidence  dans  la  matrice  d’or 
du  coulé,  il  abandonne  les  non-éclairés. 

Vers  d’une  rare  clarté  au  point  de  vue  de  la  détermination  de  la 
nature  du  soma  pavamàna. 

Hémistiche  1.  — Cf.  64,  17,  indavah,  agmann  rtasya  yonim  â. 

yonim  liiratiyayam.  — Le  soma  allumé  considéré  comme  la  ma- 
trice de  ses  flammes. 

pâda  3.  — Cf.  9,  7',  iâni  (tamnnsi)  punâna  janylianah.  — Berg., 
III,  79,  rend  apracetasah  par  « inattentifs  » et  suppose  qu’il  s'agit 
de  personnages  qui  « avaient  la  volonté  de  retenir  le  soma  ». 


LË  CULTE  VÉDIQUE  DÛ  SOMA 


23? 


21.  — abhi  vend  anüsatê  | -yak  nanti  pràcetasah  \ 
mâjjanty  âuicetasah 

Les  désireux  ont  poussé  des  cris  vers  (la  boisson),  les 
éclairés  s’empressent  de  verser  l’oblation,  les  non-éclairés 
plongent. 

pâda  1.  - — Cf.  12,  2',  abhi  viprà  anüsata. 

pâda  3.  — Cf.  le  pâda  correspondant  du  vers  précédent.  — Quand 
les  somas  sont  allumés,  le  sacrifice  s’accomplit,  et  les  somas  non 
allumés  restent  au  fond  des  eaux.  — Figure  très  pittoresque  et  très 
expressive  pour  dépeindre  l’opposition  des  effets  de  la  présence 
et  de  l’absence  du  soma. 

22.  — indràyendo  marûtvate  \ püvasva  mâdhumattamah  | 

rtàsya  yônim  âsâdcun 

O brillant,  très  pourvu  de  doux,  allume-toi  pour  l’Ardent, 
— pour  celui  qui  est  pourvu  de  l’impétueux,  — afin  de 
prendre  résidence  dans  la  matrice  du  coulé. 

Hémistiche  1.  — Cf.  61,  12,  indrâtja...  marudbhyali.  . . pari 
sraca. 

pâda  3.  — Cf.  8,  3’,  même  formule. 

23.  — tdm  tvd  viprà  uacovidah  j pâriskrnvanti  uedhâsah  | 

schn  tvd  mrjanty  âyàvah 

O toi  que  voilà,  les  agités  qui  trouvent  la  voix,  les  sacri- 
ficateurs (?)  te  développent  en  t’entourant;  les  actifs  te  font 
briller  en  même  temps  (qu’eux). 

tam  tvâ.  — Démonstratifs  liturgiques. 

viprà  vacocidah.  — Cf.  12,  2',  viprà  anüsata. 

pâda  3.  — Cf.  15,  7,  etam  mrjanti. . . àyavah. 

24.  — râsam  te  mitrô  aryamâ  \ pibanti  vürunah  kave  | 
pdvamdncisya  marûtah 

Ton  suc,  — ô toi,  allumé,  ô sage,  — le  boivent  l’Ami, 


238  LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 

Celui  qui  est  pourvu  de  l’actif  (?),  l’Enveloppeur,  les  Impé- 
tueux. 

Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  34,  2,  sutah...  varunâya  marud - 
bhyah  somo  arsati. 


25.  — tüâm  soma  vipaçcitam  | punânô  vâcam  isyasi  | 
indo  sahâsrabharnasam 

Toi  (que  voilà),  ô liquide,  en  t’allumant  tu  mets  en  mou- 
vement la  voix  qui  a l’éclat  de  l’agité,  — ô brillant,  (la  voix) 
qui  a pour  support  des  milliers  (de  dons). 

Icam.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  64,  9,  vâcam  isyasi  pacamâna. 
pâda  3.  — Cf.  60,  2!,  sahasrabharnasam  ( somam ). 


26.  — utô  sahâsrabharnasam  | vâcam  soma  makhasy âoam 
punânà  indav  à bhara 


O liquide,  ô brillant,  apporte  en  t’allumant  la  voix  belli- 
queuse qui  a pour  support  des  milliers  (de  dons). 


pàda  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  3. 
pàda  2.  — Cf.  50,  2,  ud  îrate  tisro  câco  makhasyucah . 
pâda  3.  — Cf.  57,  4',  même  formule  — Très  important  au  point 
de  vue  du  sens  de  l’expression  â bhara  : il  s’agit  de  manifester 
quelque  chose  qui  vient  du  sujet,  et  non  de  l’apporter  d’ailleurs. 


27.  — punânà  indav  esâm  | pûruhûta  jânànàm  \ 
priyâh  samudrdm  â vira 

En  t’allumant,  ô brillant,  pénètre,  — ô toi  qui  (lui)  es 
agréable,  ô toi  qu’appellent  les  nombreux  (somas),  — dans 
la  mer  de  ces  hommes(-somas) 

esâm.  — Démonstratif  liturgique, 
pâda  1.  — Cf.  52,  4',  ni  çusmam  indav  esâm. 
pàda  2.  — Cf.  52,  42,  même  formule. 
pada3.  — Cf.  63,  233,  même  formule. 


le  culte  védique  du  soMa 


239 


28.  — cldviclyutatyâ  rucà  \ paristôbhantyà  krpà  | 
somâh  çukrâ  gâvâçirah 

(Voilà)  les  liquides  resplendissants  mêlés  de  lait,  (produits) 
par  l’éclat  étincelant,  par  la  manifestation  (?)  bruyante  ! 

pâdal.  — Cf.  64,  13%  indo  rucàbhi  gâ  ihi. 

29.  — hinvcïnô  hetrbhir  yatâ  | à vàjam  vdjy  àkramlt  | 
sïdanto  vanûso  yathà 

Celui  qui  se  pourvoit  de  réconfort  est  venu  au  réconfort 
en  s’agitant,  développé  par  ceux  qui  le  mettent  en  mouve- 
ment, pareil  aux  désireux  qui  s’établissent  (dans  les  objets 
de  leurs  désirs). 

Hémistiche  1.  — Cf.  13,  6,  atyâ  hiyânâ  na  hetrbhir  asrgram 
vâjasâtaye. 

pâda  2.  — - Cf.  45,  4,  paoitram  akramîd  vâjï  (paoitram  = vüjam) . 

30.  — rd/idk  soma  svastdye  \ samjagmânô  divdh  kavih  | 
p cw  as  va  süryo  drçê 

O liquide,  — toi  le  sage  qui  viens  du  ciel  te  joindre  au 
séparé  pour  la  bonne  manifestation,  — allume-toi,  ô soleil, 
pour  voir. 

rdliak,  — Adjectif  neutre  pris  substantivement,  qui  désigne  ici 
e soma  liquide,  en  tant  que  séparé  du  soma  igné. 

divali  kavih.  — Cf.  9,  1’,  même  formule,  mais  construction 
différente. 

pâda  3.  Cf.  61,  18',  svar  drçe. 

Berg.,  qui  croit  voir  dans  ce  vers  une  indication  de  l’opposition 
du  soma  terrestre  et  du  soma  céleste,  traduit  (I,  181)  : « Que  tu  sois 
séparé  de  lui,  ô soma,  ou  que  tu  lui  sois  réuni,  sage  du  ciel,  cia-1 
rifie-toi,  pareil  au  soleil,  pour  notre  salut.  » 


240 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  LXV 

1.  — hinvànti  suram  ûsrayah  | svâscïro  jâmdyah  pâtim  | 
maliàm  indam  mahlyûvah 

Les  lumineuses  (aurores)  mettent  en  mouvement  le  soleil, 

— les  sœurs,  les  parentes  (mettent  en  mouvement)  l’époux, 

— celles  qui  désirent  grandir  (mettent  en  mouvement)  le 
grand,  le  brillant. 

Dédoublements  verbaux  : usrayali  — süram;  s vasârab  + jâma- 
yah  — patim;  indum  = mahïyuvah. 

Hémistiche  1.  — Cf.  26,  5,  jâmayo  harim  hinvànti. 

Berg.,  I,  161,  reconnaît  que  dans  ce  vers,  pâda  1,  la  particule 
comparative  est  supprimée  et  que  le  « nom  de  soleil  est  appliqué  à 
Soma  ».  Cf.  aussi  Berg.,  Il,  43,  pour  une  explication  théorique 
inadmissible,  à mon  avis. 

2.  — pâvamàna  rucâ  rucâ  | devô  devébhycih  pari  | 
viçvâ  vdsûny  à viça 

O allumé,  par  le  moyen  de  chaque  clarté  qui  se  succède, 
toi,  Céleste,  pénètre  pour  les  Célestes  tous  les  biens  en  les 
entourant. 

pâda  1.  — Cf.  64,  28,  rucâ. . . somâh  çukrâfi. 

pâda  2.  — Cf.  42,  2%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  25,  4',  viçvâ  rüpâny  àviçan  (punânab). 

3.  — à pavamâna  sustutim  \ vrstim  devébhyo  dûoah  | 
isé  pavasva  samyâtam 

Ü toi,  allumé,  allume  pour  les  Célestes  la  pluie,  — celle 
quia  une  belle  voix,  — le  don;  (allume)  pour  la  libation 
celle  qui  s’étend  de  concert  (avec  toi). 

sustutim. . . samyatam.  — Cf.  62,  3,  abhy  avsanti  sustutim. . . 
samyatam. 

vrstim. . . pavasva.  — Cf.  49,  1,  pavasva  vrstim. 
ise pavasva.  — Cf.  64,  13’,  même  formule. 


Le  culte  védique  du  soma 


241 


Hémistiche  I.  — Lud.  traduit  très  arbitrairement  : « Ileran, 
ô Pavamàna,  zum  schônen  preislied  schaff  regen  von  den  gôttern 
ber.  » — De  pareilles  interprétations  permettent  de  juger  le  sys- 
tème sur  lequel  elles  s’appuient.  — deoebhyah  est  certainement 
au  datif,  et  non  pas  à l’ablatif. 

4.  — vrsd  liy  dsi  bhclnûnd  \ dyumàntam  toâ  havdmahe  \ 
pàvamàna  svddhyàh 

O taureau,  tues  (manifesté)  par  l’éclat;  nous  t’appelons, 
toi  qui  brilles,  ô allumé,  — nous  qui  avons  de  belles  pensées. 

bhânunâ.  — Dédoublement  verbal. 

Ce  sont  les  libations  crépitantes  qui  sont  censées  parler;  cf.  11, 1. 
Berg.,  I,  155,  constate  que  « les  indications  relatives  à la  couleur 
brillante  du  breuvage  du  sacrifice  sont  accumulées  dans  ce  vers  ». 

5.  — â pavasva  sumryam  \ mândamâna/i  svdyudha  | 
ihô  su  indav  â galii 

O toi  qui  a de  belles  armes,  toi  qui  te  baignes  (ou  qui 
t’abreuves),  allume  ce  qui  est  pourvu  de  beaux  héros(-somas); 
ô brillant,  viens  ici  (c’est-à-dire,  en  ceci). 

pâda  1.  — Cf.  13,  4,  pacasca. . . indo  suvïrrjam. 
svâyudha.  — Cf.  4,  7',  svài/udha  soma. 

6.  — ydd  adbhih  parisicyâse  \ mrjyâmdno  gdbhastyoh  | 
drûnd  sadhdstham  açnuse 

Lorsque  tu  es  baigné  par  les  eaux,  (et)  rendu  brillant  dans 
les  deux  mains,  tu  obtiens,  au  moyen  du  bois,  celui  qui  siège 
avec  (le  compagnon  = soma). 

pâda  2.  — Cf.  36,  42,  même  formule. 

pâda  3.  - — Cf.  1,  2%  drunâ  sadhastham  âsadat. 

7.  — - prâ  sômdya  vyciçvavâit  \ pd.txxmdndya gdyata  \ 
marné  sahdsracaksase 

Faites  résonner  ce  qui  est  pourvu  de  celui  qui  manque 

16 


*242 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


de  cheval  pour  le  liquide,  pour  l’allumé,  pour  le  grand  qui 
a l’éclat  de  celui  qui  a les  mille  (dons). 

Hémistiche  1.  — Cf.  11,  4’,  somâya  gâtham  arcata. 

Pour  l'ensemble  du  vers,  cf.  GO,  1,  pra  gâyatrena  gâyata  para- 
mânam...  sahasracakëasam.  — « Faites  résonner  celui  qui  est 
pourvu  de  ce  qui  manque  de  cheval,  » revient  à dire  « rendez  cré- 
pitant, allumez  le  soma  liquide  privé  de  son  cheval  de  flamme.  » 

8.  — y àsy a vârnam  madhuçcutam  \ hdrim  hirwànty 
âdvibhih  | indum  indrâya  pitüye 

De  ce  (liquide)  que  (voilà),  ils  mettent  en  mouvement 
avec  des  pierres,  l’éclat  qui  distille  le  doux,  — le  doré, 
*—  le  brillant,  pour  la  boisson  (destinée)  à l’Ardent. 

pada  1.  — Cf.  50,  33,  paoamânam  madhuçcutam;  36,  23,  /coçam 
madhuçcutam. 

pada  2.  — Cf.  50,  3S,  même  formule. 

pàda  3.  — Cf.  43,  2',  même  formule. 

0.  — tdsya  te  vdjino  vayâm  | viçvd  dhândni  jig y ûsci/i  | 
sakhitvdm  â vrnîmahe 

De  toi  que  voilà  pourvu  de  réconfort,  désireux  de  con- 
quérir toutes  les  oblations,  nous  désirons  (ou  choisissons) 
la  chose  amie. 

tasya  te.  — Démonstratifs  liturgiques. 

pada  2.  — Cf.  61,  23,  dhanâ  jayema. 

pada  3.  — Cf.  61,  4\  même  formule. 

10.  — üi'sd  pavasva  dhàrayd  | marütvate  ca  matsardh  | 
viçvd  dâdhâna  ôjasd 

O taureau,  allume-toi  au  moyen  de  la  coulée,  ô liquoreux, 
pour  ce  qui  est  pourvu  de  l’impétueux;  (allume-toi)  en 
établissant  au  moyen  de  la  force  les  choses  qui  ont  tous  (les 
dons). 

pada  1.  — Cf.  I,  P,  pacasva. . . dhârayü. 


LÈ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


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marutvûte.  — Cf.  64,  22,  marutoate  pavasva. 
pâda  3.  — - Cf.  64,  18,  yàlii. . . viçoâ  vasüny  ojasà;  39,  3%  toisim 
dadhâna  ojasâ. 

11.  — tàm  tvd  dhartâram  onyôlx  \ pâvamdna  suardfçam  | 
liinvé  vâjesu  vâjinam 

Toi  que  voilà,,  ô allumé,  toi  qui  soutiens  les  deux  régals  (?), 
toi  qui  vois  au  moyen  du  soleil,  toi  qui  te  pourvois  de  récon- 
forts, je  te  mets  en  mouvement  (pour  arriver)  dans  les 
réconforts. 

ont]  oh.  — Cf.  16,  1'. 

pâda  2.  — Cf.  13,  9\  pavamânâh  svardrçali. 
pâda  3.  — Cf.  64,  292,  a vâ/am  oâjy  akramït. 

12.  - — ayâ  cittô  vipânâyd  | hâri/i  pavasva  dhàrayd  | 
yüjam  vâjesu  codaya 

Rendu  brillant  par  cet  agité,  allume-toi,  ô doré,  au  moyen 
du  courant;  pousse  celui  qui  s’attelle  (à  eux)  dans  les  récon- 
forts. 

cnjü.  . . anayâ.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1,  — Cf.  63,  71,  ayâ  pavasva  dhârayl. 
pâda  3.  — Cf.  le  pâda  correspondant  du  vers  précédent  [yajain 
— vâjinam ). 

13.  — à na  indo  mahim  isam  | pavasva  viçvàdarçatah  | 
asmàbhyam  soma  ydtuvit 

O toi,  brillant,  toi  qui  as  l’éclat  de  ce  qui  a tous  (les  dons), 
allume  notre  grande  libation,  ô liquide  qui  trouves  la  voie 
pour  nous. 

Hémistiche  1.  — Cf.  41,  41,  à pavasva  malüm  isam.  — Lud.  : 

« Schafft  uns. . . màchtige  kraft  (!)  » 
pâda  3.  — Cf.  46,  53,  même  formule, 


244 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


14.  — à kalàçâ  anüsaté  \ -ndo  dhàrâbhiv  ôjasâ  | 
êndrasya  pltdye  viça 

Les  coupes  ont  retenti  au  moyen  des  courants,  au  moyen 
de  la  force;  pénètre-(les),  ô brillant,  pour  la  boisson  de 
r Ardent. 

pada  1.  — Cf.  18,  7,  sa.  . . kalaçesu  â punâno  acikradat.  — 
La  comparaison  des  deux  passages  montre  que  dans  notre  vers,  le 
contenant  ( kalaçesu ) est  dit  pour  le  contenu  (punâna). 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  60,  3,  pavamânal).  . . kalaçân  abhi  dhàvali, 
indrasya  hârdy  âoiçan.  — 12,  5,  yali  somah  kalaçesu...  tam  induh 
pari  sasvaje. 

15.  — yàsya  te  mddyam  râsam  \ twrdm  duhânty 
âdribhih  | sd  pavasuâbhimdtihâ 

Toi  dont  ils  trayent  le  suc  liquoreux  (et)  cuisant  (ou 
brûlant)  au  moyen  des  pierres,  allume-toi,  — ô toi,  le  des- 
tructeur de  la  contre-pensée. 

yasya  te.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  34,  3,  sunvanti  somam  âdribhih  dulianti... 
payai). 

rasani  livrant  dulianti.  — Cf.  13,  5',  çukram  duhate  payai). 

abhimâtihâ.  — Lud.,  très  arbitrairement  : « Vernichter  feind- 
licher  anschlfige  ».  — Cf.  62,  112,  pavamâno  açastihâ. 

16.  — râjà  medhâbhir  iyate  \ pàvamâno  manâv  ddhi  | 
antàriksena  yâtave 

L’allumé,  (pareil  au)  roi,  est  conduit  par  les  pensées  dans 
(et)  au-dessus  de  l’homme(-soma),  pour  s’avancer  1 au  moyen 
de  l’entre-deux  (l’atmosphère). 

padas  2 et  3.  — Cf.  63  , 82  ct  3,  mêmes  formules.  — Le  pâda  qui 
précède  ( ayukta  süra  etaçam ) prouve  qu’au  pâda  correspondant 
de  notre  vers  (63,8'),  medluiblnli  tient  lieu  de  etaçam.  — Berg., 


1.  Littéralement:  « Pour  l’Allure  (personnifiée). 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


245 


I,  190,  traduit  : « Le  roi  s’avance  avec  les  prières,  se  clarifiant 
chez  Manu,  pour  aller  dans  l’atmosphère.  « 

17.  — â na  indo  çatagvinam  \ gc'wclm  pôsam  svâçuyam  I 
vàhâ  bhdgattirn  ütdye 

Apporte-nous,  ô brillant,  la  nourriture  des  vaches  douée 
de  cent  vaches,  douée  de  beaux  chevaux,  — le  don  de  la 
Part  (de  l’oblation),  pour  le  régal. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  12,  abhy  arsa  sahasrinam  rayim  go- 
mantam  açvinam;  62,  12,  « pavasva,  et  la  suite  comme  à 63,  12;  — - 
donc  «...  vahâ  — abhy  arsa  — pavasva. 

18.  — à nah  soma  sûho  juvo  \ rûpâm  nd  vdrcase  bhara  | 
susvdnô  devdvïtaye 

O liquide,  apporte-nous  la  puissance,  l’ardeur,  comme  la 
beauté  (?)  destinée  à l’éclat,  — ô toi  qui  coules  pour  le  régal 
des  Célestes. 

pâda  3.  — Cf.  13,  23,  pavamânam.  . . susvânam  devavïtaye. 

Ce  n’est  pas  aux  sacrificateurs-hommes  que  le  soma  apporte  ses 
dons,  mais  à l’éclat  des  flammes  du  soma  pavamâna. 

19.  — arsâ  soma  dyumdttamo  \ ’bhi  drônâni  rôruvat  \ 

sidah  chyenô  nd  yônim  â 

O liquide  très  brillant,  coule  vers  les  choses  qui  sont  de 
la  nature  du  bois,  (vers)  ce  qui  bruit,  en  venant  te  poser 
comme  un  aigle  dans  la  matrice. 

abhi  dronàni.  — - Cf.  3,  l3,abhi  dronâny  cisadam. 

pâda  3.  — Cf.  61,  21%  même  formule. 

20.  — apsâ  indrâya  vâydve  | vdrunàya  mavddbhyah  | 

sômo  arsati  visnave 

Le  liquide,  celui  qui  conquiert  les  eaux,  coule  pour  l' Ar- 
dent, pour  le  Vent,  pour  l’Enveloppeur,  pour  les  Impétueux, 
pour  l’Actif, 


246 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


Vers  idenlique  à 34,  2,  (cf.  33,  3),  sauf,  au  commencement  du 
pâda  1,  sutali  au  lieu  de  apsâ. 

21.  — isam  tokâya  no  dâdliad  \ asmâbhyam  soma 

viçvâtah  | dyxtcasva  sahasrinam 

Ce  qui  établit  la  libation  pour  noire  poussée  (ou  pour 
notre  progéniture),  — ô toi,  liquide,  allume  pour  nous 
ce  qui,  venant  de  ce  qui  a tous  (les  dons),  a mille  (dons). 

ièam  tokâya.  — Cf.  8,  93,  prajüm  isam. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  40,  3*  et  3,  mêmes  formules. 

22.  — yé  sômâsah  paràvati  | yé  aruduüti  sunviré  | 

yé  vâddh  çaryanâvati 

Les  liquides  qui  sont  (destinés)  à ce  qui  s’éloigne,  ceux 
qui  sont  (destinés)  à ce  qui  s’approche,  ou  ceux  qui  (venant) 
de  ceci  (?)  sont  (destinés)  à celui  qui  a la  flèche,  ont  coulé. 

adah.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  39,  5,  paràoato  atho  aroâcatah  sutali. 

Sur  le  mot  çaranyâoat,  voir  Berg.,  I,  206. 

23.  — y à ârjïkésu  krtvasu  [ yé  màdhye  pastyànâm  | 
yé  uâ  jdnesu  pancdsu 

Ceux  qui  sont  dans  ce  qui  est  de  la  nature  des  brillants 
(ou  des  actifs)  qui  édifient  (les  flammes),  ceux  qui  sont  au 
milieu  des  demeures,  ou  ceux  qui  sont  dans  les  cinq  hommes 
(-somas). . . 

janesu  pancasu.  — Les  flammes  du  soma  pavam.  comparées 
aux  cinq  doigts  de  la  main.  — Pour  l’explication  de  Berg., 
cf.  surtout  Rel.  véd.,  I,  206. 

24.  — té  no  vrstim  divâh  pari  | pcivantdm  à suviryam  | 
suvânâ  devâsa  indavah 

Que  ceux-là,  les  Célestes,  les  brillants  qui  coulent, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


247 


viennent  allumer  pour  nous  en  l’entourant  la  pluie  du  ciel 
— ce  qui  est  pourvu  de  beaux  héros(-somas). 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  2.  — Cf.  65,  52,  â pavasva  suvïryam. 

Hémistiche  1.  — Cf.  65,  3,  vrëtim. . . pavasva. 

25.  — pcivate  haryatô  Iiârir  | grtidnô  jamâdagninâ  \ 
hinvânô  gôr  âdhi  tvaci 

Le  doré,  le  désiré,  s’allume  en  chantant  au  moyen  du  feu 
qui  s’approche  (ou  de  l’arrivant),  en  s’agitant  (pour  arriver) 
au-dessus,  dans  la  peau  de  la  vache. 

pâda  1.  — Cf.  43,  3',  punâno  yâti  haryatah  (somah). 

pâda  2.  — Cf.  62  , 243,  même  formule. 

pâda  3 — Cf.  50,  3,  avyo  vâre  pari...  haritn  hinvanti.  — 
Berg.,  II,  79-80,  voit  ici  la  mention  d’une  peau  de  vache  réelle, 
« qui  reçoit  le  suc  exprimé  par  les  pierres  du  pressoir.  » 

26.  — prâ  çukrâso  vayojûuo  \ hinudnâso  nâ  sciptayah  \ 
çrïndnâ  apsû  mrnjata 

Les  étincelants  dont  l’énergie  est  due  au  réconfort  s’agi- 
tant comme  les  sept  (coursiers);  en  s’enflammant,  ils  sont 
devenus  luisants  dans  les  eaux. 

pada  2.  — Cf.  21,  4',  hitâ  na  saptayo  rathe. 

pâda  3.  — Cf.  24,  1:\  même  formule. 

27.  — tàm  tvd  sutésu  dbliûoo  | hinoirê  deoâtatdye  | 
sd  pavasvdndyd  rucâ 

Ceux  qui  se  manifestent  t’ont  poussé,  toi  que  voilà,  dans 
les  coulés  pour  (obtenir)  l’état  de  Céleste;  allume-toi  au 
moyen  de  la  lumière  que  voici. 

tam  tvâ.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  17,  7,  viprâh. . . mrjanti  devatâtaye. 

pâda  3.  — Très  utile  pour  la  détermination  du  sens  de  pavasva. 


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LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


— Pour  Berg.,  I,  180,  «le  pronom  anayâ  désigne  une  splendeur 
Éloignée  de  Sonia  qui  se  trouve  implicitement  opposée  à sa  forme 
terrestre  ». 

28.  — à te  ddksam  mayobhûvam  \ vâhnim  adyà 
vrnîmahe  | pântam  à purusprham 

Nous  désirons  aujourd’hui  nous  unir  à ton  porteur,  à 
l’habile,  qui  consiste  dans  le  réconfortant,  au  protecteur  (?), 
à celui  que  désirent  les  nombreux  (somas). 

29.  — â mandrcun  à vârenyam  \ à vipram  â manlsinam  | 
pântam  à purusprham 

(Nous  désirons),  en  allant  à lui,  le  liquoreux,  le  désirable, 
l’agité,  le  sage,  le  protecteur  (?)  désiré  par  les  nombreux 
(somas). 

30.  — â rayim  â sucetûnam  | à sukrato  tanûsv  â \ 
pântam  à purusprham 

(Nous  désirons),  en  nous  en  approchant,  la  richesse  au  bel 
éclat,  ô bon  édificateur,  en  allant  dans  les  extensions  (ou  les 
corps);  (nous  désirons)  le  protecteur  désiré  par  les  nombreux 
(somas). 


HYMNE  LXVI 

1.  — pâvasva  viçvacarsane  | ’blii  viçvdni  hâvyà  | 
sâkhà  sâkliibhya  idyah 

O (toi  qui  es)  actif  au  moyen  de  tous  (les  dons),  allume-toi 
en  te  dirigeant  vers  tous  ceux  qui  sont  de  la  nature  des  sages 
(somas), — toi,  l’ami  (destiné)  aux  amis  (et)  qu’on  doit  invoquer. 

viçvacarsane.  — Cf.  1,2',  viçvacarsanih. 
pàda  2.  — Cf.  23,  l3,  même  formule, 

sakhibhyah.  — Cf.  45,  2%  sakhibhyah.  — Le  soma  liquide  est 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


249 


destiné  aux  amis  dont  il  est  lui-même  l’ami,  à savoir  aux  somas 
ignés. 

2.  — tâbhyàm  viçvasya  ràjasi  | yê  pavamâna  dliâmanl  | 
pratlci  soma  tastlidtuh 

O liquide,  ô allumé,  tu  brilles  au  moyen  des  deux  qui, 
étant  les  édifices  de  ce  qui  a tous  (les  dons),  se  tiennent 
debout  en  face  (l’un  de  l’autre). 

Hémistiche  1.  — Cf.  5,  1,  viçoatah  patih  pavamâno  vi  l'âjati. 
— Berg.,  1, 180,  traduit  : « Tu  règnes  sur  l’univers,  ô Soma,  avec 
tes  deux  formes  ( dhâman ) qui  se  sont  face  l’une  à l’autre.  » 

3.  — pari  dhàmâni  yâni  | te  tvâm  somâsi  viçvâtah  | 
pavamâna  rtûbhih  kave 

O liquide,  ô allumé,  les  édifices  qui  sont  tiens,  tu  te  mani- 
festes autour  d’eux,  — toi  issu  de  celui  qui  a tous  (les  dons), 
ô sage,  à l’aide  des  saisons)?). 

te  team.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  l’hémistiche  correspondant  du  vers  pré- 
cédent. 

rtubhih.  — « Les  saisons  » (s’il  faut  s’en  tenir  à ce  sens  tradi- 
tionnel), auxquelles  sont  comparés  les  somas  pavamânas. 

4.  — pâvasva  janâyann  iso  | ’blii  viçvàni  vàryâ  \ 
sàkhâ  sdkhibhya  ütâye 

Allume-toi  en  produisant  les  libations  (et  en  te  dirigeant) 
vers  toutes  les  choses  désirables,  ô ami,  pour  le  régal 
(destiné)  aux  amis. 

pâda  1.  — Cf.  3,  10,  janayann  isah. . . pavate  sutah. 

pâda  2.  — Cf.  42,  5',  même  formule  -f-  somah  punüno  arèati, 

sakhâ  sakjiibhyah.  — Cf.  66,  l3,  même  formule. 


250 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


5.  — tara  çukràso  arcàyo  | divâh  prsthê  ri  tanvate  \ 
pavttram  soma  dhâmabhih 

Tes  flammes  étincelantes,  ô liquide,  s’étendent  dans  le 
sommet  du  ciel(-feu);  (elles  viennent)  dans  l’allumeur  au 
moyen  des  édifices. 

tara.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  10,  5‘,  sürâ  anvain  vi  tanvate. 

divali  prsthe.  — Cf.  61,  29%  dyumna  uitame. 

dhâmabhih.  — Cf.  39,  1%  arsa.  . . dhâmnâ. 

Lud.  : « Deine  flammen...  dehnen  sich. . . als  lâulerung... 
mitihren  wesenheiten,  » — énigmes  pures.  — Sây.  (justement): 
« dhâmabhih  — tejobhih.  » — Berg.,  III,  236,  traduit  : « Tes 
rayons  brillants,  ô Soma,  traversent  le  tamis  au  sommet  du  ciel, 
selon  les  dhâman.  » — Ce  vers  est  des  plus  importants  pour  la 
détermination  du  soma  pavam.  et  celle  du  sens  de  pavitra. 

G.  — tâuemé  saptd  sindhavah  | praçisam  soma  sisrate  | 
tûbhyam  dhàvanti  dhenâvah 

O liquide,  tes  sept  rivières  que  voilà  ont  coulé  (vers)  la 
voix  ; pour  toi  les  (vaches)  laitières  coulent. 

taverne.  — Démonstratifs  liturgiques. 

sapta  sindhavah.  — Cf.  54,  23,  sapta  pravatah. 

praçisam.  — Lud.,  «pour  faire  connaître  l’ordre  » (?)  — Sây., 
justement,  eu  égard  à la  construction  : « praçisam  = üjnüm  ( abhi 
sisrate).  » 

pâda  3.  — Cf.  13,  7,  arsanti. . . na  dhenavah. 

7.  — pra  soma  ycihi  dhârayd  | sutd  indràya  matsavàh  j 
dâdhâno  àksiti  çrâvah 

O liquide  versé,  avance-toi  au  moyen  de  la  coulée,  toi 
qui  es  liquoreux,  pour  l’Ardent,  en  établissant  la  voix  qui 
ne  s’épuise  pas  (qui  est  constamment  active). 

indrâtja  matsarah.  — Cf.  13,  8',  même  formule. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


251 


8.  — sàm  u tvd  dhibhtr  asuaran  | hinoatih  saptci 
jâmâyah  | vipram  djâ  vivâsvatah 

Les  sept  sœurs  t’ont  fait  résonner  en  même  temps  (qu’elles) 
au  moyen  des  pensées(-crépitements)  ; (elles  ont  fait  résonner) 
celles  qui  s’agitent;  (elles  ont  fait  résonner)  l’agité  dans  le 
combat  du  brillant  (celui  où  il  conquiert  l’oblation). 

tvâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  1.  — • Cf.  63,  21,  vrsânam  dlilbhili. . . sam  asvaran. 

La  syntaxe  du  vs  63,  21,  indique  que  hinvatili  est  régime  et  non 
sujet. 

pâda  3.  - — Cf.  63,  21',  matl  viprâJi  sam  asvaran.  ■ — Dédouble- 
ment verbal,  en  ce  qui  regarde  vipra,  pris  sur  le  fait. 


9.  — mrjànti  tvâ  sam  agrûvô  | ’vye  jirâo  âdhi  svdni  | 
rebhô  yâd  ajyâse  vâne 

Celles  qui  ont  une  pointe  (?)  te  rendent  brillant  en  même 
temps  (qu’elles)  dans  le  courant  sonore  de  la  brebis,  alors 
que,  ô chanteur,  tu  es  l’objet  d’onctions  dans  le  bois. 

tvâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  1,  8',  tam  ïm  hinvanty  agruvah. 

pâda  2.  — Cf.  50,  23,  gad  acya  esi  sânavi. 

Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  7,  6,  avyo  pare...  harir  vanesu 
sïdati,  rebho  vanusyate  matï. 

10.  — pdvamdnasya  te  kave  | vâjin  sàrgd  asrksata  | 
drvanto  nd  çravasydvah 

O sage,  ô allumé,  pourvu  de  réconforts,  tes  émissions  ont 
coulé,  pareilles  à des  coursiers,  désireuses  de  devenir 
bruyantes. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  64,  7,  pavamünasya . . . pra  te  sargü 
asrksata. 

pàda  3.  — Cf.  10, 1%  même  formule. 


252 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


11.  — cichà  kùçam  madhuçcûtam  \ dsrgram  vâre  avyàye\ 

düâvaçanta  dhltâyah 

Les  pensées  ont  coulé  vers  le  vase  d’où  sort  le  Doux,  dans 
la  toison  de  la  brebis;  elles  ont  fait  entendre  leur  voix. 

L’identité  des  pensées-crépitements  et  des  libations  ou  des  somas 
pavam.,  ressort  nettement  du  texte  de  ce  vers. 

pâda  1.  — Cf.  36,  2',  même  formule,  sauf  abhi,  au  lieu  de  achâ. 

pâda  2.  — Cf.  13,  6,  asrgram.  . . vi  vâram  avyam  âçavali. 

pâda  3.  — Cf.  19,  4’,  même  formule. 

12.  — âchà  samudràm  indavô  | ’ s tain  gdvo  nâ  dhendvah  \ 

âgmann  rtâsya  yônim  à 

Les  brillants  (sont  allés)  vers  la  mer;  les  laitières,  pareilles 
aux  vaches,  (sont  allées)  à leur  demeure;  elles  sont  allées 
vers  la  matrice  du  coulé. 

pàdas  1 et  3.  — Cf.  64,  17,  samudram  indavah ; le  reste  (pâda 3) 
même  formule. 

gâvo  na  dhenacah.  — Cf.  33,  4!,  gâco  mimanti  dhenacah. 

13.  — prd  na  indo  mahé  râna  | dpo  anéanti  sindhavali  ( 
yâd  gôbhir  vâsayisyâse 

O brillant,  les  eaux,  les  rivières,  s’avancent  en  coulant 
pour  notre  grande  jouissance  (celle  que  causent  nos  obla- 
tions)1, lorsque  tu  seras  enveloppé  par  les  vaches. 

pâda  1.  — Cf.  2,  4’,  mahüntam  toâ  mahïr  anu. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  2,  4*  et  3,  mêmes  formules. 

14.  — dsya  te  sakhyé  vaydm  | iyahsantas  tvôtayali  | 
indo  sakhitvdm  açmasi 

Nous  qui  sommes  désireux  de  verser  l’oblation  dans  la 


1.  Berg.,  II,  42,  entend  « les  rivières  qui  coulent  pour  la  joie  des  sacri- 
ficateurs »,  et  ces  rivières  sont  « les  rivières  célestes  », 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


253 


chose  amie  de  toi  que  voilà,  ayant  des  régals  grâce  à toi, 
ô brillant,  nous  désirons  la  chose  amie  (de  toi),  (ou  que  tu 
sois  notre  compagnon). 

asya  te.  — Démonstratifs  liturgiques. 

pâda  1.  — Cf.  61,  291,  même  formule. 

iyaksantâh.  — Cf.  22,  4%  même  expression. 

pâda  3.  — Cf.  31,  63,  même  formule. 

15.  — à pavasva  gdvistage  | mahé  soma  nrcàksase  | 
êndrasya  jathàre  viçci 

Viens  t’allumer,  ô liquide,  pour  ce  qui  a le  désir  des 
vaches,  pour  le  grand,  pour  celui  qui  a de  l’éclat  au  moyen 
des  hommes(-somas);  viens  pénétrer  dans  le  ventre  de 
l’Ardent. 

Hémistiche  1.  — Cf.  45,  1,  sa  pavasva. . . nrcakscdi  ; dédouble- 
ment verbal. 

pâda  3.  — Cf.  60,  3%  indrùsya  hârdy  âviçan. 

16.  — mahân  asi  soma  jyéstha  \ ugrândm  inda  ôjisthdh  \ 
yûdhvâ  sân  chdçvaj  jigetha 

O liquide,  tu  apparais  grand,  tu  apparais  très  victorieux, 
ô brillant,  tu  es  le  plus  réconforté  des  forts;  apparaissant 
pourvu  d’armes,  tu  as  conquis  ce  qui  est  continuel  (ce  qui 
n’est  pas  arrêté). 

17.  — y à ugrébhyaç  cid  ôjiyàn  [ cliùrebhyaç  cic 
chùratarah  | bhüridcibhyaç  cin  mânhîydn 

Lui  qui  est  plus  fort  que  les  forts  mêmes,  plus  héros  que 
les  héros  mêmes,  plus  généreux  que  les  grands  donateurs 
mêmes. 

(Le  soma  liquide)  est  plus  fort  que  les  forts  (les  somas  ignés), 
puisqu’il  leur  ajoute  de  la  force;  il  est  plus  héroïque  qu’eux,  puis- 
qu’il leur  procure  de  l’héroïsme;  il  est  plus  généreux  qu’eux, 
puisqu’il  accroît  leurs  dons. 


254 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


18.  — todm  so/na  suva  ésah  | tokdsya  sâtci  tanùnâm  | 

vrnimdhe  sakhyâya  | vrnimdhe  yûjyàya 

O liquide,  toi  (qui  es  semblable  au)  soleil,  t’approchant 
dans  la  Conquête  (personnifiée)  de  la  libation,  de  la  poussée, 
des  extensions,  — nous  te  choisissons  pour  la  chose  amie, 
nous  te  choisissons  pour  la  chose  à joindre. 

Hémistiche  1.  — Cf.  G5,  21’,  isam  tokâija  na  dadhat.  — Berg., 

II,  177,  note,  rend  l’expression  sàtâ  tanùnâm  par  « conquête  de 
soi-même  ». 

pada  3.  — Cf.  65,  9%  sakhitcam  à rrnïmahe. 

19.  — dyna  âyütisi  pavasa  \ à suvôrjam  isam  ca  nah  \ 

ürê  bddhasva  duchûnâm 

O feu,  tu  allumes  les  vigueurs;  viens  faire  couler  la  force, 
la  libation  qui  sont  nôtres;  chasse  au  loin  la  malfaisante. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  2’,  ièam  ürjam  ca  pincase.  — Berg., 

III,  43,  rend  le  2e  pada  par  les  mots,  « donne-nous  (à  suça ) la 
force  et  la  santé.  » 

pada  1.  — L’identité  d'Agni  et  du  soma  pavam.  est  établie 
aussi  clairement  que  possible  par  la  formule  agne...  paoase.  — 
Berg.,  I,  166,  essaye  vainement  de  rendre  compte  de  la  prétendue 
anomalie  qui  consiste  à employer  le  radical  pu  avec  agni  pour 
sujet. 

20.  — agnir  rsih  pdvamànah  | pâncajanyali  puvôhitah  \ 

tdm  imahe  mahâgayàm 

(Voilà)  le  feu,  le  chanteur,  l’allumé,  celui  qui  est  de  la 
nature  des  cinq  hommes,  celui  qui  est  placé  en  avant;  nous 
l’appelons,  lui  qui  a une  haute  demeure  (les  flammes). 

pâncajanyaJi . — Cf.  65,  23’,  ye  ( somàsah ) câ  janesu  pancasu. 

pâdal.  — agnih...  pacamânalj.  Cf.  au  vers  précédent,  pâdal, 
agnc. . . paca  se. 


Le  culte  védique  du  soivèa 


255 


21.  — dyne  p do as  va  soâpd  | cisiné  varcah  suviryam  | 
dàdhacl  rayim  mâyi  posant 

0 feu  aux  belles  œuvres,  allume-nous  l’éclat,  ce  qui  est 
pourvu  de  beaux  héros(-somas),  — ce  qui  établit  en  moi  la 
richesse,  la  nourriture. 

agne  pavasva.  — Cf.  66,  19',  agne...  pavase,  et  66,  20', 
agnil) . . . pavainânali. 

22-.  - pcwamâno  âti  sridho  \ ’bliy  àirsati  sustutim  \ 

sàro  nd  viçvddarçatah 

L’allumé  coule  vers  celle  qui  a une  belle  voix  au  delà  des 
rivaux1,  pareil  au  soleil  qui  a l’éclat  de  ce  qui  a tous  (les 
dons). 

pâda  1.  — Cf.  27,  1%  pundno  ghnann  apa  sridhali. 

pàda  2.  — Cf.  62,  32,  même  formule. 

süro  nd.  — Cf.  41,  5‘,  sûrgo  na. 

viçvadarratal) . — Cf.  65,  13,  même  épithète  donnée  au  soma.  — 
Berg.,  I,  160,  « visible  à tous  ». 

23.  — sâ  marmrjdnâ  âyâbhih  | prdyasvân  prdyase  hitâh  | 
indur  dtyo  vicaksanâ/i 

Celui  (que  voilà)  se  rendant  brillant  au  moyen  des  actifs, 
doué  de  l’agrément  (le  réconfort),  (est)  mis  en  mouvement 
pour  l’agrément,  — (lui)  le  brillant,  le  coursier,  l’étincelant. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  57,  3',  même  formule. 

pàda  2.  — Cf.  46,  3,  ete  somâsa  indavalj, pragasoantah,.,  sutü/j, 
— 65,  113,  hinve  vâjesu  vàjinam. 

indur  atgalj.  — Cf.  43,  5’,  indur  atgo  na. 

1.  Peut-être  « les  trébuchants  »,  désignation  métaphorique  des  semas 

paresseux,  fatigués  ou  retardataires  et,  par  conséquent,  absents. 


256 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


24.  — pàoamâna  rtdm  brhdc  | chukràm  jyôtir  ajijanat  \ 
krsnâ  tàmânsi  jânghanat 

L’allumé  a engendré  le  coulé,  le  vigoureux,  le  brillant,  la 
lumière,  ce  qui  détruit  les  noires  ténèbres. 

Détermination  des  plus  claires  et  des  plus  précises  du  caractère 
igné  et  lumineux  du  soma  pavamâna.  — Cf.  Berg.,  I,  214. 

Hémistiche  1.  — Cf.  61,  16,  pavamâno  ajijanat...  j y otih ...  brhat. 

pâda  3.  — Cf.  9,  73,  tâni  ( tamànsi ) p unàna  janghanaJi. 

25.  — pâvamdnasya  jànghnato  \ hàreç  candrà  asrksata  | 

jirà  ajiràçocisah 

Les  lumières  de  l’allumé,  du  destructeur  (des  ténèbres), 
du  doré,  ont  coulé;  les  actifs  qui  tiennent  leur  éclat  de 
l’actif  (ont  coulé). 

pâda  1.  — Cf.  au  vers  précédent,  pavamânah. . . janghanat.  — 
Berg.,  I,  155,  signale  ce  vers  comme  un  de  ceux  où  « les  indica- 
tions relatives  à la  couleur  brillante  du  breuvage  du  sacrifice 
sont  accumulées  ». 

26.  — pavamâno  rathitamah  | çubhvébhih  çubhràçastaniah  | 

hdriçcandro  marûdganah 

(Voilà)  l’allumé  très  bien  pourvu  de  char,  à la  voix  très 
éclatante  au  moyen  des  éclatants,  (lui  qui  a)  un  éclat  doré 
(et)  qui  a pour  escorte  les  Impétueux. 

pâda  1.  — Cf.  64,  10,  induit. . . rathïv  ica. 

pâda  2.  — Cf.  25,  5,  aruso  janayan  girah  somali  pacate.  — 
Lud.,  « Der  mit  den  schônen  von  dem  schônsten  preise  »(!) 

hariçcandrah.  — Cf.  au  vs  précédent,  pâda  2,  haveç  candrü. 

27.  — pavamâno  vy  àçnavad  \ raçmibhir  vâjasdtamah  \ 
dâdhat  siotré  suvtryam 

Que  l’allumé  saisisse  avec  ses  rayons, — lui,  le  conquérant 
par  excellence  du  réconfort, — ce  qui  établit  pour  le  chanteur 
ce  qui  est  pourvu  de  beaux  héros(-somas). 


le  culte  védique  du  soma  257 

Vers  important  pour  la  détermination  de  la  nature  ignée  du  soma 
pavamâna.  — Cf.  Berg.,  I,  154. 

Hémistiche  1.  — Cf.  41,  5,  sa  pavasva. . . süryo  na  raçmibhih. 

vâjasâtamah.  — Cf.  2,  10%  indo. . . vajasà. 

pâda  3.  — Cf.  62  , 303,  même  formule. 

28.  — prâ  suvdnü  indur  aksdh  \ pavitram  City  auyâyam  | 
pundnd  indur  indram  â 

En  s’avançant  en  coulée,  le  brillant  a coulé  au  delà,  (vers) 
l’allumeur  qui  est  de  la  nature  de  la  brebis;  en  s’allumant, 
le  brillant  est  venu  à l’Ardent. 

Hémistiche  1.  — Cf.  18,  1,  pari  suvânah ...  pavitre  somo  aksâh; 
cf.  aussi  43,  5. 

pâda  3.  — Cf.  27,  6%  même  formule. 

29.  — esâ  sômo  âdlii  tvaci  \ gdvdm  krllaty  àdribhih  | 

indram  mciddya  jôhuvat 

Ce  liquide  danse  en  haut,  dans  la  peau  des  vaches,  au 
moyen  des  pierres;  c’est  ce  qui  a appelé  l’Ardent  à la 
boisson. 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  65,  25%  hinvâno  gor  adhi  toaci. 

pâda  3.  — Cf.  11,  8,  indrüya  soma. . . pâtave  madüya. 

30.  — ydsya  te  dyumnâvat  pdyah  | pâvamdnâbhrtam 

divcih  | têna  no  nirki  jlvcise 

Au  moyen  de  ton  lait  lumineux,  ô allumé,  apporté  du  ciel 
(-feu),  frotte-nous  (ou  caresse-nous)  pour  la  vie  (pour  que 
nous  vivions). 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

dyumnavat.  — Cf.  2,  2%  dyumnavattamal/.  ( induh ), 

pâda  3.  — Cf.  61,  5%  tebhir  nali  soma  mrlaya. 

Hémistiche  1.  — D’après  Berg.,  II,  83,  note,  il  s’agit  « d’un  lait 
apporté  du  ciel  » ; mais  ni  le  lait,  ni  le  ciel  ne  doivent  être  pris  au 

17 


258 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


propre  : l’un  et  l’autre  sont  des  dénominations  métaphoriques  du 
soma  pavarn.,  considéré  tout  à la  fois  comme  liquide  et  comme 
brillant  ou  igné. 


HYMNE  LXVII 

1.  — toâm  somâsi  dhârayur  | mandrâ  ôjistho  adhuaré  | 

pdvasva  manliayâdrayih 

O toi,  liquide,  tu  es  désireux  de  couler,  liquoreux,  très 
pourvu  de  réconfort,  dans  l’oblation;  allume-toi,  toi  qui  as 
la  richesse  du  généreux  (soma). 

team.  — Démonstratif  liturgique. 

dhârayur  mandrali.  — Cf.  6.  1’,  mandrâya  soma  dhârayâ. . . 
pavasva. 

pàda  3.  — Cf.  52,  5%  même  formule. 

2.  — tvdm  sutô  nrmàdano  | dadharwân  matsarintamah  | 

indrâya  surir  ândhasà 

Tu  (as  été)  versé,  toi  qui  baignes  dans  les  hommes(-somas), 
pourvu  de  lait,  très  liquoreux,  brillant,  pour  l’Ardent  au 
moyen  de  l 'and/tas. 

tram.  — Démonstratif  liturgique, 
pada  1.  — Cf.  24.  4',  tram  soma  nrmâdanah. 
matsarintamah,  indrâya.  — Cf.  63,  2S,  indrâya  matsarintamah. 
— Lud.  : « Tu  es  avec  ton  suc  un  suri  pour  Indra.  » 

surir  andhasâ.  — Cf.  61,  19,  yas  te  nwdali...  tenu  parasrân- 
dhasâ; — indice  que  sürih  désigne  un  liquide  inflammable  et  que 
c’est  un  nom  du  soma. 

3.  — tvdm  susvdnô  âdribhir  | abhy  àrsa  kdnikradat  \ 
dyumdntain  çusmam  uttamâm 

O toi  qui  as  coulé  au  moyen  des  pierres,  coule  vers  ce  qui 
bruit,  (vers)  le  lumineux,  (vers)  Tardent  qui  est  tout  en  haut. 


Le  culte  védique  du  soma 


259 


tvam.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  1.  — Cf.  24,  51,  adribhili  sutali- 

padas  2 et  3.  — Cf.  63,  292'%  mêmes  formules. 

4.  — indur  liirwânô  arsati  | tiré  vàrdny  avydyd  \ 
hdrir  vâjatn  acikvadat 

Le  brillant  coule  en  (se)  poussant  à travers  les  toisons  des 
brebis;  le  doré  a fait  résonner  le  réconfort. 

pàda  1.  — Cf.  34,  1%  même  formule. 

pàda  2.  — Cf.  62,  1,  asrgram  indavas  (irai)  pavitrum;  62,  8% 
tiro  româny  cipyayà. 

pâda  3.  — Cf.  2,  6',  acikradat...  hardi.  — Lud.,  énigmati- 
quement : « Der  gelbe  hat  kraft  gebrüllt.  » 

5.  — indo  vy  âvyain  arsasi  j ri  çrdvdnsi  ri  saâbhayd  | 
ri  vâjdn  soma  yômatah 

O brillant,  tu  coules  en  t’épanchant  (vers)  ce  qui  vient 
de  la  brebis,  — • (vers)  les  voix,  — (vers)  ce  qui  provient 
de  la  bonne  part,  ô liquide,  — (vers)  les  réconforts  pourvus 
de  vaches(-libations). 

Lud.  est  absolument  à côté  du  vrai  sens  en  traduisant  : « Tu  fais 
couler  la  possession  en  brebis,  etc.  » — L’emploi  du  préfixe  vi 
avec  çracàiisi , etc.,  prouve  qu’on  aurait  tort  de  le  traduire  par  « à 
travers  ». 

pâda  3.  — Cf.  54,  4%  oâjân  arsasi.  y o mat  ah . 

6.  — à na  indo  çatayrinam  \ rayim  yômantam  açvinam  | 
bhàrd  soma  sahasrinam 

O brillant,  apporte--nous  la  richesse  qui  consiste  en  cent 
vaches  (ou  en  vaches  qui  ont  cent  dons),  pourvue  de  vaches, 
pourvue  de  chevaux,  ayant  mille  (dons). 

pâda  1.  — Cf.  65,  17',  même  formule. 

pàda  2.  — Cf.  65,  17’,  gavâm  posant  svaçpyam. 

pàda  3.  — Cf.  38,  1\  gachan  vâjani  sahasrinam, 


260 


LE  CELTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


7.  — pdvamânàsa  indavah  | tiràh  pcwitram  âçdvah  | 

indram  yâmebhtr  âçata 

Les  allumés,  les  brillants,  les  rapides  ont  atteint  en  tra- 
versant (les  obstacles)  l'allumeur — l’Ardent,  au  moyen 
des  marches  (=  en  marchant). 

Hémistiche  1.  — Cf.  62,  1,  indavas  tirah  pacitram  âçacah. 
pada  3.  — Cf.  24,  2,  êpo  na pravatü  yatïh,  punânâ  indram  âçata. 

— Lud.  : yâmebhih  = « auf  ihren  wegen  ». 

8.  — kakuhdh  somyô  rasa  \ indur  indrâya  pûrvydh  [ 

âyûh  pavata  âydve 

Le  suc,  de  la  nature  du  liquide,  qui  se  trouve  au  sommet, 

— le  brillant  de  la  nature  de  celui  qui  est  en  avant,  — s’al- 
lume pour  l’Ardent;  la  vigueur  (s’allume)  pour  le  vigoureux. 

pada  1.  — somyo  t-asait,  — dédoublement  verbal  = somasya 
rasait  = somait  ou  rasait.  — Berg.,  II,  441,  rend  kakuhaii  par 
« qui  séjourne  sur  les  sommets»;  d’où  il  conclut  qu’il  s’agit  du 
soma  céleste,  alors  qu’au  contraire  les  sommets  en  question  s’ap- 
pliquent à la  flamme  du  soma  pavamàna. 

induit.  . . pürvyah.  — Cf.  6,  3’,  pürvyam  madam. 
pada  3.  — Cf.  16,  8,  tram  soma...  punâna  àyusu.  — Berg., 
II,  323  : « Le  nom  d’Ayu  est  donné  à Soma  aussi  bien  qu’à  Agni  ». 
N’était-ce  pas  le  cas  de  voir  que  ces  deux  termes  égaux  à un  troi- 
sième sont  égaux  entre  eux? 

0.  — hinvdnti suram  ûsrayah\ pdaamànam  madhuçcàtam\ 
abhi  girâ  sam  asvaran 

Les  rouges  (aurores)  poussent  le  soleil,  l’allumé,  qui  fait 
couler  le  Doux;  elles  ont  résonné  vers  (lui)  et  en  même 
temps  (que  lui)  à l’aide  de  la  voix. 

1.  Ou  « ont  atteint,  au  delà  de  l’allumeur,  l’Ardeut  ».  — L'allumeur  et 
l’Ardent  sont  une  seule  et  même  chose,  mais  distinguée  verbalemeut,  ou  par 
des  appellations  différentes;  le  soma  peut  donc  passer  de  l une  dans  l’autre, 
tout  eu  étant  dans  l’une  et  l'autre. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


261 


pâda  1.  — Cf.  65,  Y,  même  formule.  — Berg.,  I,  161,  reconnaît 
qu’ici  le  nom  du  soleil  est  appliqué  directement  à Soma. 

pâda  2.  — Cf.  50,  33,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  66,  8',  sam  u tiw  dhïbhir  asvaran;  63,  21 3 , matl 
vipràh  sam  asvaran. 

10.  — avitâ  no  ajâçvah  j püsà  yâmani  yâmani  \ 
â bhaksat  kanyâsu  nah 

Celui  qui  offre  notre  régal,  qui  a chèvres  et  chevaux  (ou 
qui  a des  chèvres  pour  chevaux),  le  Nourricier  qui  réside 
dans  chaque  marche,  — qu’il  vienne  prendre  sa  part  dans 
nos  jeunes  filles. 

pâda  2.  — Püsan,  en  tant  que  personnification  du  soma  pavam. 
nourricier  du  feu  sacré,  reçoit  les  dons  du  soma  liquide  personnifié 
sous  la  forme  de  jeunes  filles.  Cf.  61,  92. 

yâmani.  — Cf.  67,  73,  yâmebhih. 

kanyâsu , — Cf.  les  libations  personnifiées  sous  le  nom  de  yâmi, 
svasr,  yosan,  etc. 

11.  — ayctm  sômah  kapardine  \ ghrtdm  nd  pavate  mddhu  | 
à bhaksat  kanyâsu  nah 

Ce  liquide  s’allume  comme  du  ghrta  (beurre  clarifié), 
doux,  pour  celui  qui  a des  cheveux  bouclés,  — qu’il  vienne 
prendre  sa  part  dans  nos  jeunes  filles. 

ayam.  — Démonstratif  liturgique. 

kapardine.  — Désignation  métaphorique  du  feu  sacré,  dont  les 
flammes  sont  comparées  à une  chevelure  bouclée. 

12.  — ayam  ta  âghrne  sutô  \ ghrtdm  nd  pavate  çâci  j 
â bhaksat  kanyâsu  nah 

Ce  coulé  qui  est  à toi,  ô étincelant,  s’allume  comme  du 
ghrta  (beurre  clarifié),  brillant,  — qu’il  vienne  prendre  sa 
part  dans  nos  jeunes  filles. 

ayam  te.  — Démonstratifs  liturgiques. 


262 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


13.  — vàcô  jantâh  kavinâm  | pâvasva  soma  dhârayà  | 
devésu  ratnadhà  asi 

Toi  qui  engendres  la  voix  des  sages  (somas),  allume-toi, 
ô liquide,  au  moyen  du  courant;  tu  es  établisseur  de 
richesses  dans  les  Célestes. 

pàda  1.  — Cf.  42,  4\  krandan  devait  ajïjanat. 

pàda  2.  — Cf.  1,  1%  même  formule. 

pàda  3.  — Cf.  3,  63,  dadhad  ratnàni  dàçuèe.  — Lud.:  hémis- 
tiche 1 : « Làutere  dich,  soma,  in  den  strom  des  liederzeugers 
unter  den  weisen  » (!).  — Berg.,  II,  26,  rend  l'expression  vüco 
jantuli,  par  les  mots  « l’enfant  de  la  parole  ». 

14.  — â kalàçesu  dhâvati  | çyenû  vanna  vi  gàhate  \ 

. ab/ii  dvônà  kânikradat 

L’aigle  court  pour  venir  dans  les  coupes;  il  se  plonge 
dans  l’enveloppe,  en  se  dirigeant  vers  les  bois,  (vers)  le 
bruyant  (ou,  lui  la  chose  bruyante). 

pâda  1.  — Cf.  63,  3S,  somali  kalaçe  aksarat. 

varma  vi  gâhate.  — Cf.  7,  2%  apo  ri  gâliate;  cf.  aussi  38,  4, 
mânusïsv  â çyeno  na  viksu  sidati,  — donc  mânuëïsu  viksu 
— varma  — droriâ. 

pâda  3.  — Cf.  65,  19’,  abhi  dronâni  roruvat. 

Berg.,  I,  149,  remarque  l’emploi  dans  ce  vers  des  deux  mots 
kalaça  et  drona  auxquels  il  attribue  le  même  sens  de  « vase  de 
bois  ».  — C’est  reconnaître  le  dédoublement  verbal. 

15.  — pari  prà  soma  te  râsô  | ’sarji  kalàçe  sutàh  | 
çyenô  nd  taktô  arsati 

Ton  suc,  ô liquide,  mis  en  mouvement,  a coulé  en  s’avan- 
çant circulairement  (pour  arriver)  dans  la  coupe;  il  coule 
rapide  comme  un  aigle. 

te.  — Démonstratif  liturgique. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  les  pàdas  1 et  2 du  vers  précédent. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


263 


pâda  3,  — Cf.  32,  42,  mrgo  na  takto  arsasi.  — De  part  et  d’autre, 
la  comparaison  porte  sur  la  vitesse  du  soma  liquide  et  flamme; 
cf.  Berg.,  1,  225. 

16.  — pâvasva  soma  mandàyann  \ indrâya 
mâdli  umattamali 

Allume-toi,  ô liquide,  en  (le)  baignant,  pour  l’Ardent, 
— ô toi  très  pourvu  de  doux. 

Cf.  64,  221"2,  indrâyendo . . . pavasva  madhumattamah, 

17.  — âsrgran  devcmitaye  | vâjayànto  ràthà  iva 

Ils  ont  coulé  pour  le  régal  des  Célestes,  réconfortants  (et) 
pareils  à des  chars. 

pâda  1.  — Cf.  46,  l1,  même  formule. 

pâda  2.  — - Cf.  22,  l2,  rathà  iva  pra  vâjinah...  ahesata  (somâh). 

18.  — té  sutâso  madtntamàh  | çukrâ  vdyûin  asrksata 

Ces  coulés  très  liquoreux,  étincelants,  ont  coulé  vers  le 
Vent  (ou  ont  coulé  le  Vent,  c’est-à-dire  produit  le  Vent). 

pâda  2.  — Cf.  46,  23,  vât/uin  soma  asrksata. 

19.  — grâvnà  tunnô  abhistutah  | pauitram  soma  gachasi  \ 
dâdhat  stotré  sumryam 

Mis  en  mouvement  par  la  pierre,  objet  d’appel  (de  sa 
part),  ô liquide,  tu  vas  à l’allumeur,  — à ce  qui  établit 
ce  qui  a de  beaux  héros  (somas)  pour  le  chanteur. 

Hémistiche  1.  — Cf.  24,  5,  ;jad  adribhih  sutah  pavitrampavi- 
dhâvasi. 

abhistutah.  — Cf.  27,  1',  esa  kavir  abhistutah . 

pâda  3.  — Cf.  66,  273,  même  formule. 


264 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


20.  — esd  tunnô  abhistutah  | pavitram  àti  gâhate  | 
raksohâ  vâram  avydyam 

Celui  (que  voilà),  mis  en  mouvement,  objet  d’appel,  plonge 
en  le  dépassant  dans  l’allumeur;  lui  qui  détruit  le  gardien 
(plonge,  en  la  traversant,  dans)  la  toison  de  la  brebis. 

esa.  — Démonstratif  liturgique. 

pàda  1.  — Cf.  vers  précédent,  pâda  1. 

pàda2.  — Cf.  vers  précédent,  pâda  2. 

pâda  3.  — Cf.  37,  3%  même  formule. 

21.  — ydd  ànti  yâc  ca  dûraké  | bhaydm  vindoti  mâm  ihâ  | 
pâvamdna  vi  tâj  jahi 

O allumé,  écarte  la  crainte,  — celle  qui  est  vis-à-vis  et 
celle  qui  est  au  loin,  — qui  me  rencontre  ici. 

pàda  1.  — Cf.  19,  73,  dure  va  sato  anti  va. 

pâda  2.  — « La  crainte,  » nom  métaphorique  de  l’obstacle,  qui 
empêche  la  libre  allure  de  la  libation. 

pàda  3.  — Cf.  13,  83,  viçvâ  apa  dviëojahi. 

22.  — pdvamdnah  sô  adyd  nah  \ pavitrena  vicarsanih  | 
ydh  potâ  sd  punâtu  nah 

Que  celui  que  voilà,  notre  allumé  d’aujourd’hui,  l’actif, 
lui  qui  est  allumeur,  — qu’il  nous  allume  au  moyen  de 
l’allumeur. 

sali.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  28,  5*,  pavamâno  vicarsanih. 

pàda  3.  — Berg.,  I,  187,  considère  potâ  comme  désignant  déjà 
le  prêtre  spécial  dont  la  liturgie  postérieure  nous  fait  connaître  les 
fonctions. 

23.  — ydt  te  pavitram  arcisy  | digne  vitatam  antdr  à | 
bràthma  téna  punihi  nah 

L’allumeur  développé  qui  est  arrivé  dans  ta  flamme,  ô feu, 
— avec  lui,  allume  notre  réconfort. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


265 


te.  — Démonstratif  liturgique. 

Berg.,  I,  283,  interprète  ce  vers  en  ces  termes  : « C’est  dans  la 
flamme  d’Agni  qu’est  placé  le  tamis  tendu  qui  doit  purifier  la 
prière.  » J’y  vois  au  contraire  la  preuve  la  plus  manifeste  que 
pavitra  ne  désigne  pas  un  tamis.  — L’expression  brahm,asavaih 
du  vers  suivant,  pâda  3,  prouve  surabondamment  qu’il  ne  s’agit 
pas  de  « purifier  la  prière  »,  singulière  opération  d’ailleurs  et  dont 
on  ne  voit  guère  la  raison  d’être. 

24.  — yàt  te  pamtram  arcivâd  | àgne  téna  punlhi  nah  | 

brahmasavaih  punlhi  nah 

Ton  allumeur  doué  de  flammes,  ô feu,  — avec  lui  allume- 
nous;  allume-nous  avec  les  coulées  du  réconfort. 

Variante  du  vers  précédent. 

pâda  3.  — Lud.  : « Sanctifie-nous  au  moyen  des  libations  du 
prêtre  brahmane.  » 

25.  — ubhâbhyàm  deva  savitah  \ pavitrena  savêna  ca  \ 

màrn  punlhi  viçvâtah 

O Céleste,  toi  qui  fais  couler  au  moyen  de  ces  deux  choses, 
— l’allumeur  et  la  libation,  — allume-moi,  qui  proviens  de 
ce  qui  a tous  (les)  dons  (?). 

Hémistiche  1.  — Les  deux  formes  du  soma  : pavitrena  — soma 
pavam.;  savena=  soma  liquide. 

pâda  3.  — Cf.  5,  l1,  samiddho  viçvatah  patih  pavamânah. 

26.  — tribhis  tvàm  deva  savitar  | vàrsistliaih  soma 
dhâmabhih  \ dyne  dàksaih  punlhi  nah 

O Céleste,  toi  qui  fais  couler,  ô liquide,  (allume-nous)  au 
moyen  des  trois  édifices  très  élevés;  allume-nous,  ô feu,  au 
moyen  des  habiles. 

tvam.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  66,  5,  arcayali. , , vi  tanvate  pavitram 
soma  dhâmabhih . 


266 


-LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


tribhih. . . dhàmabhili.  — Tes  trois  édifices  (supérieur,  inférieur 
et  moyen)  des  flammes  du  soma  pavam.  identifié  dans  le  texte 
même  à Agni.  — L’épithète  varsistliaih  ne  vise  que  l’édifice  supé. 
rieur.  — Berg.,  I,  179,  « trois  essences  ». 

27.  — punàntu  mâm  devajanâh  | punântu  vâsavo  dhiyâ  || 
viçve  devâh  punitd  ma  | jâtavedah  punlhi  ma 

Que  les  hommes  célestes  m’allument;  que  les  biens  m’al- 
lument au  moyen  de  la  pensée;  que  tous  les  Célestes  m’al- 
lument; que  celui  qui  trouve  (ou  connaît)  celui  qui  est  né 
m’allume  ! 

pâda  2.  — Cf.  63,  20,  mrjanti. . . dhibhiv  viprâh . 

28.  — prâ pydyasva prà  syandasva  | soma  viçvebhiv 
ançûbhih  | devébhya  uttamdm  liavih 

O liquide,  développe-toi;  coule  au  moyen  de  toutes  les 
clartés  (vers)  la  libation  (destinée)  aux  Célestes,  qui  est  tout 
en  haut. 

pâda  2.  — Cf.  15,  5,  lya(e  vàjï. . . ançûbhih. 

pâda  3.  — Cf.  51,2,  pîyüsam  uitamarri  somam  indrâya...  su- 
notü.  — Lud.,  arbitrairement  : utlamam  = « le  meilleur  ». — Berg., 
I,  149  : « La  liqueur  du  Soma  est  (pour  les  dieux)  l’offrande  par 
excellence.  » 

29.  — ûpa  priyàm  pânipnatam  \ yûodnam  âhutwrdham  \ 
âganma  bibhrato  nâmah 

Nous  arrivons  apportant  le  namas  vers  celui  qui  est 
agréable,  retentissant,  jeune  (et)  qui  croît  à l’aide  des  li- 
bations. 

âhutwrdham.  — Lud.  : = « qui  renforce  les  libations  ».  — 
Berg.,  1, 182,  remarque  avec  justesse  que  cette  expression  a favorisé 
l’idée  d’une  distinction  « entre  le  breuvage  sacré  et  un  dieu  qui  y 
préside  ».  Mais  cette  distinction  réelle  est  postvédique,  — à 
l’époque  des  hymnes,  elle  n’est  que  verbale,  comme  nous  avons 
sj  souvent  lieu  de  le  constater, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


267 


30.  — alâyyasya  paraçur  nanàça  \ tdm  ci  pavasva  deva 
soma  | dkhûm  cid  evâ  cleva  soma 

La  hache  de  l’Ardent  (?)  a atteint  celui-ci,  allume-la, 
ô Céleste,  ô liquide,  quoique  ce  soit  une  taupe,  ô Céleste, 
ô liquide. 

Tant  qu’il  est  caché  au  sein  des  libations  obscures,  le  soma 
pavam.  est  comparable  à un  animal  souterrain,  ou  à une  taupe, 
destinée  à être  allumée  (paradoxe). 

31.  — ycih  pcLvainânîr  adhyéty  | rsibhih  sâmbhrtam 
ràsam  ||  sârvam  sâ  pütdm  açnàti  | svaditdm  mdtariçvand 

Celui  qui  s’élève  sur  celles  qui  sont  de  la  nature  des  allumés, 
(sur)  le  suc  apporté  par  les  chanteurs,  — celui-là  goûte  tout 
l’allumé,  savouré  par  celui  qui  croît  dans  sa  mère. 

Lud.  voit  dans  les  pâvamânïli  des  vers  du  Rig-Véda  composés  par 
les  rishis  et  comparés  à des  sucs  nourriciers;  cf.  Berg.,  I,  283,  qui 
propose  une  explication  analogue.  L’un  et  l’autre  donnent  à adhyeti 
un  sens  qui  ne  s’est  développé  que  postérieurement  à l’époque  des 
hymnes.  En  prenant  ce  verbe  dans  sa  signification  étymologique, 
tout  ce  que  la  formule  a d’obscur  s’éclaircit  à merveille. 

32.  — pdvamdnîr  y 6 adhyéty  \ rsibhih  sdmbhrtam  rctsam  || 

tdsmai  sdrasvati  duhe  | ksirdm  sarpir  màdhüdakàm 

Celui  qui  s’élève  sur  celles  qui  sont  de  la  nature  des 
allumés,  (sur)  le  suc  apporté  par  les  chanteurs,  — pour  celui- 
là  la  Liquoreuse  trait  du  lait,  du  beurre,  du  doux,  de  l’eau. 

HYMNE  LXVIII 

1.  — prd  devdm  dchd  màdhumanta  indam  | ’sisyadanta 

gava  a nd  dhendœah  ||  barhisddo  vacanâvanta  udhabhih  | 

parisrûtam  usviyd  nii'nijam  dhire. 

Les  brillants,  les  pourvus  de  doux,  ont  coulé  eu  s’avan- 


268 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


çant  vers  le  Céleste  comme  des  vaches  laitières;  assis  sur  le 
réconfort,  doués  de  voix,  les  rouges  ont  édifié  à l'aide  des 
mamelles  l’émergé  qui  coule  autour. 

Hémistiche  1.  — Cf.  66,  12,  achâ  samudram  indavo  ’ stam  gâvo 
na  dhenavah. 

barhisadah.  — Cf.  59,  3:i,  k avili  sida  ni  barhisi. 

pâda  4.  — Cf.  1,6',  punàti  te  parisrutam  somam. 

usriyà  nirnijam  dhire.  — Cf.  14,  53,  gâh  krnvâno  na  nirnijam . 

2.  — sa  rôruvad  abhi purvà  acikradad  | updrûhah  çrathd- 
yan  svâdate  hârih  ||  tir  ah  pavitram  pari  garni  uni  jrâyo  \ 
ni  çâryâni  dadhate  devü  à vâram 

Celui  (que  voilà),  — ce  qui  est  bruyant,  — a grondé  en 
se  dirigeant  vers  celles  qui  sont  en  avant;  le  doré,  mettant 
en  liberté  celles  qui  s’élèvent,  les  savoure;  le  Céleste  allant 
oirculairement  au  delà  de  l’allumeur,  dans  le  large  espace, 
établit  en  bas  des  flèches  (lancées)  vers  l’objet  de  son  choix. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  65,  19,  arsâ  soma. . . abhi  dronâni  rorucat. 
svâdate.  — Cf.  67,  31,  açnâti  svaditam. 

tirait  pavitram.  — Cf.  62,  1!,  même  formule.  — Il  passe  du  pa- 
rtira dans  l’uru  j rayait. 

uru  jrayali.  — Cf.  64,  14',  punâno  varivas  krdlii. 
à varam.  — Cf.  45,  2’,  devân. . . â varam. 
pâda  4.  — D’après  Berg.,  I,  204,  « c’est  en  qualité  de  soleil  (?) 
que  Soma  a des  flèches  ». 

3.  — vi  yô  marné  yamyâ  samyati  mâdah  | sâkamvrdhâ 
pâyasd  pinvad  àksitd  ||  malü  apdrê  rüjasi  vivévidad  | 
abhivràjann  âksitam  pâja  â dade 

Le  breuvage  qui  a édifié  les  deux  jumelles  qui  vont 
ensemble,  a fait  grossir  au  moyen  du  lait  les  deux  non 
épuisées  qui  accroissent  le  compagnon;  s’efforçant,  en 
s’avançant,  de  trouver  les  deux  rajas  élevés,  sans  limites  (?), 
il  a donné  l’éclat  non  épuisé. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


269 


pâda  1.  — Cf.  97,  14',  payasâ  pinvamânali. 
rajasï.  — - « Les  deux  obscurités,  » c’est-à-dire  l’obscurité  et  la 
lumière  = l’obscurité  destinée  à devenir  lumière, 
pàda  4.  — Cf.  le  même  pâda  du  vers  précédent. 

4.  — sd  màtârâ  viçâran  vdjdyann  apâh  \ prâ  médhirah 
svadhàyd  pinvate  padàm  ||  ançûr  yâvetia  pipiçe  yatô 
nrbhili  j sam  jdmibhir  ndsate  râksate  çirah 

Celui  (que  voilà),  — le  sage,  parcourant  ses  deux  mères, 
réconfortant  les  eaux,  — grossit  sa  base  au  moyen  de  l’éta- 
blissement qui  lui  est  propre.  L’éclat  s’embellit  au  moyen 
du  froment;  étendu  qu’il  est  par  les  hommes,  à l’aide  des 
sœurs  et  en  même  temps  qu’elles,  il  atteint  (et)  préserve 
la  tête. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

mâtarâ  vicaran.  — Cf.  9,  3,  sa  sünur  mâtarâ.  . . arocayat. 
pinvate  padam.  — Cf.  10,  7%  padàm. . . pipratali. 
pàda  2.  — Lud.  : « Macht  (sich)  strotzen  den  (hohen)  ort  vom 
svadhà  (!).  » — Le  soma  développe  sa  base,  c’est-à-dire  que  le 
liquide  se  transforme  en  flammes. 
yato  nrbhili.  — Cf.  24,  31 * 3,  même  formule. 
yavena.  — Métaphore  pour  désigner  le  soma  réconfort  ou  nour- 
riture. — Lud.  : « La  tige  du  soma  est  mêlée  à l’orge.  » 
çirah.  — La  tête  ou  le  sommet  du  feu  sacré,  par  opposition  à 
padam  (pâda  2),  est  conservée,  entretenue  par  les  libations-sœurs. 

5.  — sam  ddksena  mànasd  jdyate  lmvir  | rtdsya  ydrbho 
niliito  yamâ  pardh  ||  yunâ  ha  sdntd  prathamdm  vî 
jajnatur  | gûhd  hitâm  jcunima  néniam  ûdyatam 

Le  sage  naît  par  et  en  même  temps  que  l’habile,  par 
et  en  même  temps  que  la  pensée;  le  fœtus  du  coulé  a été 
déposé  au  delà  des  deux  jumeaux';  étant  jeunes,  ils  ont 

1.  Berg.,  II,  76,  voit  dans  ces  deux  jumeaux  «le  ciel  et  la  terre».  En 

réalité,  il  s’agit  du  soma  sous  ses  deux  formes  réunies.  Ce  sont  ces  deux 
formes  qui  sont  représentées  au  £'  hémistiche  comme  donnant  naissance  à 

un  nouvel  être,  ligure  du  soma  pavamàna. 


270 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMÀ 


engendré  un  premier-né  qui  est  établi  (ou  lancé)  par  la 
cachette,  et  une  autre  production  qui  se  développe  en 
s’élevant. 

kacih . — Le  soleil,  d’après  Lud.,  qui  suit  Sàyana. 
pâda  2.  — Cf.  19,  52,  punâno  garbham  àdadhat. 
fjuhâ  hiiam.  — Cf.  10,  9!,  même  formule. 

D’après  Lud.,  le  dernier  hémistiche  viserait  la  lune  ( ! ). 

6.  — mandrâsya  râpant  viuidur  manlsinah  \ çyenô  ydd 
ândho  übharat  parâodtali  ||  tant  marjayanta  suurdham 
riadisv  an  | uçdntam  ançûin  pariyântam  rgmiyam 

Les  sages  (somas)  ont  trouvé  l’éclat  du  liquoreux,  alors 
que  l’aigle  a apporté  l ’andhas  venant  de  celui  qui  est  en 
avant;  ils  l’ont  rendu  brillant  dans  les  rivières,  (lui)  qui  se 
développe  bien,  (lui)  le  désireux,  (lui)  l’éclat  qui  enveloppe, 
(lui)  qui  chante. 

pâda  1.  — Cf.  25,  4,  rüpàny  âoiçan  punâno  ijâti;  34,  4\  sam 
rüpair  ajyate  liarih . — • Lud.  : « Les  sages  ont  trouvé  une  forme 
réjouissante.  » 

pâda  3.  — Cf.  2,  5'.  samudro  apsu  mâmpje  ; 63,  17,  tam  ï mrjanty 
âyaco  harim  nadlsu. 

Pour  l’interprétation  de  Berg.,  voir  Rel.  véd.,  Il,  33.  — Les 
sages  dont  il  s’agit  sont,  d’après  lui,  des  « ancêtres  mythiques  ». 

7.  — tvâm  mrjanti  dàra  yôsanah  sutdm  \ sôma  rsibhir 
matibhir  dhitibhir  hitâm  ||  àoyo  vârebhir  utd  dccdhû- 
tibhir  | nrbhir  yatô  vâjam  à darsi  sâtdye 

Les  dix  femmes  te  rendent  brillant,  ô liquide  coulé,  toi 
qu’ont  mis  en  mouvement  les  chanteurs,  les  pensées,  les 
méditations;  étendu  par  les  toisons  de  la  brebis,  par  les 
libations  aux  Célestes,  par  les  hommes(-somas),  ouvre  le 
réconfort  pour  la  conquête. 

tvâm.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  6,  5,  vâjinam  mrjanti  yosatio  daça . 


Le  Culte  védique  du  sOma  27i 

pâda  2.  — Cf.  9,  4',  sa. . . dhïtïbhir  hitah.  — rsibhir  matibhir 
dhitibhih  : synonymes  par  dédoublement  verbal. 

Hémistiche  2.  — vârebhih . . . decahütibhir  nrbhili  : nouvelle 
série  de  synonymes  par  dédoublement  verbal. 
nrbhir  yatali.  — Cf.  ci-dessus  vs  4%  yato  nrbhili. 
vàjam. . . sâtaye.  — Cf.  7,  92,  vâjasya  sâtaye. 

8.  — pariprayântam  vayyàrn  susamsddam  \ sômam  manisâ 
abhy  ànüsata  stûbliah\\  yô  dliârayâ  màdhumdn  ürminâ 
divâ  | iyarti  vâcam  rayisâl  âmartyah 

Les  pensées,  les  chants  ont  poussé  des  cris  vers  le  liquide 
nourricier  (?)  qui  s’avance  circulairement,  qui  a une  belle 
assistance,  — - lui  qui,  pourvu  du  doux,  conquérant  de  la 
richesse,  non  mort,  émet  sa  voix  avec  le  courant,  (qui  est) 
le  Ilot  du  ciel. 

pâda  2.  — Cf.  45,  5‘,  indam.  . . anüsata. 

pâda  4.  — Cf.  30,  2‘,  iyarti  vagnum  indriyam;  64,  9',  vâcam 
isyasi. 

D’après  Berg.,  I,  169,  ce  vers,  « insiste  sur  le  son  rendu  par  le 
soma  céleste  ». 

9.  — ayâm  divci  iyarti  viçuain  â râjah  | sômah  punânâh 
kalâçesu  sîdati  ||  adbhir  gôbhir  mrjyate  âdribhih  sutâh  | 
punânâ  indur  vdrivo  vidât  priyàm 

Ce  liquide  qui  s’allume  met  en  mouvement  en  s’approchant 
le  tout,  le  rajas  du  ciel;  il  prend  résidence  dans  les  coupes; 
le  brillant  qui  s’allume,  mis  en  mouvement  par  les  pierres, 
est  rendu  brillant  par  les  eaux,  par  les  vaches.  Qu’il  trouve 
l’espace,  l’agréable. 

ayam.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Lud.,  malgré  l’analogie  du  vers  précédent,  pâda  4, 
fait  de  rajah  le  complément  indirect  («  in  den  ganzen  raum  »)  de 
iyarti. 

pâda  2.  — Cf.  67,  14’,  â kalaçesu  dhàvati  çyenah ■ — çyenali 
==  soma h . 


272  LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 

adbhir  gobhili.  — Synonymes  par  dédoublement  verbal;  — 
cf.  91,  2. 

adribhih  sutah.  — Cf.  24,  5',  même  formule, 
pâda  4.  — Cf.  62,  93,  varivovid  ghrtam  payait. 

10.  — euâ  nah  soma  parisicyâmâno  | vdtyo  dàdhac  citrd- 
tamarn  pavasva  ||  aduesê  dyâüàprthivî  huvema  | dévà 
dhattd  rayini  asmé  suviram 

Par  cela,  ô liquide,  qu’on  a versé  tout  autour,  allume  la 
chose  très  brillante  qui  établit  notre  nourriture;  appelons 
le  ciel  et  la  terre  délivrés  de  l’ennemi.  Que  les  Célestes  éta- 
blissent pour  nous  la  richesse  pourvue  de  beaux  héros 
(somas). 

evâ.  — Démonstratif  liturgique. 

huvema.  — La  parole  est  aux  libations  crépitantes. 

HYMNE  LXIX 

1.  — isur  tid  dhdnvan  prdti  dhiyate  matir  \ vatsô  nd 
rndtûr  ûpa  sarjy  ùdhani  ||  urûdhâreva  duhe  dyva  dyaty  | 
dsya  vratésv  dpi  sôma  isyate 

Pareille  à la  flèche,  la  pensée  a été  placée  contre  l’arc; 
pareille  au  veau,  elle  a été  lancée  dans  la  mamelle  de  la 
mère;  comme  celle  qui  a un  large  courant,  elle  trait  en 
allant  dans  la  pointe;  le  liquide  même  est  envoyé  dans  les 
objets  de  ses  désirs. 

D’après  Lud.  (et  Berg.,  I,  310),  il  s’agit  dans  ce  vers  de  la  rela- 
tion de  l’hymne  et  de  l’offrande;  l’arc  est  le  soma.  Cette  dernière 
remarque  est  juste;  mais  si  la  flèche-pensée  est  lancée  par  l’arc- 
soma,  celle-là  représente  la  voix  ou  le  crépitement  de  celui-ci,  et 
non  le  chant  des  prêtres.  Cette  conséquence  est  forcée.  De  plus,  la 
comparaison  avec  une  flèche  ne  s’explique  bien  que  si  la  mati  est 
la  voix  du  feu  sacré  et  le  désigne  en  même  temps  que  cette  voix 
même.  La  prière-feu  est  ardente  et  acérée,  elle  s’élève  dans  les 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  273 

airs,  etc.,  et  l’assimilation  devient  ainsi,  et  seulement  ainsi,  d’une 
parfaite  justesse  : à l’arc-soma  s’adapte  la  flèche-feu  crépitante. 

Hémistiche  1.  — Cf.  68,  1,  vacanâvanta  üdhabhiJi...  usriyâ 
nirnijam  dhire. 

asya  vratesu.  — Cf.  35,  6,  yasya  ( punânasya ) vraté;  9,  5,  ci 
dadhuh,  indum  indra  tara  vraie.  — Lud.  : « Le  soma  sera  employé 
à cette  œuvre  sacrée.  » 

pàda  2.  — Le  veau-feu,  fils  de  la  vache-libation  est  lancé  (allusion 
à la  figure  du  pàda  1)  dans  la  mamelle  pleine  de  lait  (=  soma 
liquide)  de  sa  mère.  — Lud.  est  absolument  à côté  du  sens  en  tra- 
duisant, d’après  Say.  : « Comme  un  veau  laissé  à la  mamelle  de  sa 
mère.  » Cf.  Berg.,  II,  106. 

agra  ciyaii  ( matili ).  — Cf.  62,  25  et  26,  agriyali  ( somah ).  — Le 
soma,  pareil  à une  grande  rivière,  fournit  un  liquide  ( dulie ) qui  se 
rend  à la  pointe  du  feu  sacré,  — qui  alimente  les  flammes  s’élevant 
au-dessus  du  liquide  même. 

2.  — iipo  matih  prcyâte  sicyâte  mâdhu  | mandrâjanî  codate 
antàr  âsdni  ||  pâvamâna/i  samtanih  praghnatâm  ira  \ 
mâdhumân  drapsâh  pari  vâram  arsati 

La  pensée  est  répandue,  le  doux  est  versé;  celle  qui  agite 
la  (boisson)  liquoreuse  se  meut  dans  la  bouche;  rallumé  (est) 
pareil  au  bruit  de  ceux  qui  détruisent  (les  obstacles);  la 
goutte  pourvue  du  doux  coule  autour  de  l’enveloppe. 

pâda  2.  — âsani  « dans  la  bouche  » (du  soma  pavam.  absorbant 
le  soma  liquide). 

3,  — âvye  vadhüyûh  pavate  pari  tvaci  | çrathnltê  naptïr 
éditer  rtàm  yaté  ||  hârir  ahrân  yajatâh  samyatô  mddo  \ 
nrmnâ  çiçcino  mahisô  né  çobhate 

Celui  qui  désire  une  épouse  (la  libation)  s’allume  en  l’en- 
tourant dans  la  peau  de  la  brebis;  la  fille  de  la  non-liée 
s’est  détachée  pour  celui  qui  vient  au  coulé;  le  doré,  le 
sacrificateur,  le  breuvage  qui  se  développe  de  concert  (avec 
le  feu)  a henni;  aiguisant  ceux  qui  sont  pourvus  d’hommes, 
pareil  à un  buffle,  il  brille. 


18 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMa 


pâda  1.  — Cf.  65,  25,  pavate. . . hardi . . . gor  adhi  tvaci. 
pàcla  2.  — La  tille  d’Aditi,  la  non-liée,  autre  forme  personnifiée 
de  la  libation,  se  détache  pour  s’unir  au  soma  pavam.  qui  vient  de 
son  côté  s’unir  au  soma  liquide  versé  (rta).  — Berg.,  III,  263  : 
« La  fille  d’Adili  laisse  couler  (son  lait)  pour  celui  qui  suit  le  rta.  » 
nrmnâ  çiçânafi. . . mahiso  na.  — Cf.  5,  2,  pavamânali  çrnge 
çiçânah.  — Lud.:  « aiguisant,  sa  force  virile.  » — En  réalité,  « aigui- 
sant en  forme  de  corne  le  soma  pavam.,  ou  le  feu  sacré  »,  — c’est- 
à dire  lui  donnant  ses  cornes,  ses  flèches,  ce  avec  quoi  il  pique  ou 
brûle,  — en  un  mot,  l’allumant. 

mahiso  na.  — Cf.  33,  1,  mahiëâ  ica. 

4.  — uksâ  mimâti  prâti  yanti  dhenâvo  \ devâsya  devir  ûpa 
y and  niskrtdm  ||  âty  akramid  drjunam  vâram  avy  ayant  \ 
dtkam  nâ  niktâm  pari  sômo  avyata 

Le  taureau  mugit,  les  vaches  laitières  viennent  contre 
(lui);  les  (femmes)  célestes  viennent  vers  le  développé  du 
Céleste;  le  liquide  s’est  avancé  au  delà  de  la  brillante  toison 
de  la  brebis;  il  a revêtu  le  versé  comme  un  tissu. 

pàda  1.  — Cf.  64,  19',  mimâti  vahnir  etaçali. 

pâda  2.  — Cf.  61,  25:i,  gachann  (somah)  indrasya  niskrtam. 

pâda  3.  — Cf.  45,  41,  atg  ü pavitram  akramlt. 

pâda  4.  — Cf.  8,  6,  vastrâni. . . pari  gavyâny  avyata. 

5.  — dmrktena  rüçatd  vâsasd  hârxr  \ dinar tyo  nirnijdndh 
pari  vyata  ||  divdh  prsthâm  barhând  nirttije  | krtopas- 
tdranam  carnvàr  nabhasmâyam 

Le  doré,  le  non-mort,  sorti  du  bain,  s est  enveloppé  d’un 
vêtement  non  usé,  étincelant;  au  moyen  du  réconfort,  il  a 
construit  le  sommet  du  ciel  pour  celui  qui  sort  du  bain;  (il 
a fabriqué)  un  tapis  fait  de  brouillard  pour  les  deux  coupes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  l’hémistiche  2 du  vers  précédent. 
harhanâ.  — Cf.  10,  4. 

pâda  3.  — Cf.  36,  6,  â divali  prstham.  . . soma  rohasi.  — Lud. 
rend  nirnije  par  « zu  seiner  schônheilshülle  ». 


LE  CULTE^ VEDIQUE  DU  SOMA  275 

pâda  4.  — Lud.  : « Die  aus  himlischem  bestebende  füllung  den 
beiden  presschalen  ». 

Hémistiche  2.  — Berg.,  II,  34,  l'interprète  en  ces  termes  : « Les 
deux  cuves  où  Sonia  prend  une  couverture  faite  du  nuage , en  même 
temps  qu’il  prend  pour  vêtement  la  surface  du  ciel,  ne  peuvent  être 
que  le  ciel  et  la  terre.  » — Il  va  sans  dire  que  le  tapis  de  brouillard 
est  l’oblation  liquide  considérée  à la  fois  comme  répandue  et  comme 
contenue  dans  des  coupes. 

6.  — sunjasyeva  raçmdyo  drâvayitnâvo  | matsaràsah 
prasûpah  sâkâm  irate  ||  tcintum  tatccm  pari  sdrgâsa 
àçdvo  | nénclrâd  rtê  pavate  dhâma  kim  cand 

Les  rayons  pareils  à ceux  du  soleil,  désireux  de  courir, 
liquoreux,  ont  mis  en  mouvement  les  endormis,  — le  com- 
pagnon (?);  les  émissions  rapides  (ont  mis  en  mouvement) 
circulaire  le  tissu  qui  s’étend;  il  n’est  nul  édifice  qui  s’al- 
lume sans  l’Ardent. 

pâdas  1 et  3.  — Cf.  64,  7,  pra  te  ( pavamânasya ) sargâ  aspksata 
süryasyeoa  na  raçmayah. 

tantum  tatam.  — Cf.  22,  7:l  (aussi  G1),  même  formule, 
pâda  4.  — Cf.  66,  2,  tâbliyâm  viçoasya  râjasi  ye  pavamàna 
dhâma, ni.- — Berg.,  11,244;  cf.  III,  244:  « Aucune  forme  (dhâman) 
de  Sonia  ne  se  clarifie  sans  Indra  (sans  qu'il  en  ait  sa  part)  ». 

7.  — sïndhor  iva pravané  nimnà  àçdvo  | vrsacyutâ  mâdâso 
gàtûm  âçata  ||  çam  no  niveçé  dvipâde  cdtuspade  \ ’smé 
vâjàh  soma  tièthantu  krstdyah 

Comme  dans  le  cours  descendant  de  la  rivière,  les  boissons 
rapides  tombées  du  taureau  ont  trouvé  une  issue;  dans  notre 
demeure  est  le  bien  pour  ce  qui  a deux  pieds,  pour  ce  qui  en 
a quatre.  Que  se  dressent  pour  nous,  ô liquide,  les  récon- 
forts, les  divisions  (—  les  races  des  hommes-somas). 

pâda  2.  — Cf.  65,  13',  soma  gâtuvit. 

pâda  3.  — Cf.  11,  3,  çam  gave  çam  janâya  çam  arvate.  — « Ce  qui 
a deux  pieds  » = l’oiseau-feu;  « ce  qui  en  a quatre  » = la  vache- 
libation,  etc. 


276 


LE  CELTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


8.  — à nah  pavasva  vâsumad  dhiranyavad  | âçvâvad 
gômad  yâvamat  suviryam  ||  yûyâm  hi  soma  pitâro 
marna  sthâna  [ divô  mûrdhânah  prâsthitâ  vayaskrtali 

Allume-nous  en  t’approchant  ce  qui  est  pourvu  de  bien, 
pourvu  d’or,  pourvu  de  chevaux,  pourvu  de  vaches,  pourvu 
de  blé,  pourvu  de  beaux  héros;  ô liquide,  vous  nos  pères, 
dressez-vous,  soyez  debout  comme  têtes  du  ciel,  produc- 
teurs du  réconfort. 

Hémistiche  1.  — Cf.  42,  6,  goman  nah  soma  vïracad  açcâcad 
vâjavat;  63,  18,  à pavasva  hiranyavad  açvâvat  soma  vïravat. 
pâda  3.  — Cf.  pâda  4 du  vers  précédent. 

divo  mûrdhânah.  — Cf.  69,  52,  divali  prstham.  — Ce  pâda  est 
de  la  plus  haute  importance  au  point  de  vue  de  l’identification  des 
Somas  et  des  Pitris ; cf.  Berg.,  I,  183. 
vayaskrtali.  — Cf.  21,  23. 

9.  — etc  sômâh  pâvamânâsa  indrarn  | ràthâ  iva  prü  yayuh 
sâtim  cicha  ||  sutàh  pavitram  àti  yanty  âvyam  | hitvi 
vavrim  harito  vrstim  âclia 

Ces  liquides,  (ces)  allumés  sont  allés  à l’Ardent,  comme 
des  chars,  à la  conquête  (=  le  conquérant);  les  coulés  vont 
au  delà  de  l’allumeur  issu  de  la  brebis  ; les  dorés  ayant  laissé 
leur  enveloppe  (vont)  à la  pluie. 

Hémistiche  1.  — Cf.  67,  17,  asrgran. . . vâjayanto  rathâ  ica. 
pâda  3.  — Cf.  67,  20,  esa...  pavitram  ati  gâhate...  càram 
avgagam . 

pâda  4.  — Cf.  8,  8’,  vrstim  divali  pari  srava.  — Il  faut  entendre 
que  les  somas  pavam.  quittent  leur  enveloppe  aqueuse  pour  allumer 
le  soma  liquide.  — Cf.  71 , 23  et  Berg.,  III,  481. 

10.  — indav  indràya  brhaté  pavasva  | sumrhkô  anavadyô 
viçàdâli  ||  bhdrà  candrâni  grnaté  vdsûni  | devait'  dycivâ- 
prtldvi  prâvatam  nah 

O brillant,  allume-toi,  — toi  qui  caresses  bien,  qui  n’es 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


277 


pas  sans  voix,  qui  déchires  (les  obstacles),  — pour  l’Ardent, 
pour  le  fort;  apporte  au  chanteur  des  biens  resplendissants. 
Que  le  ciel  et  la  terre  nous  régalent  au  moyen  des  Célestes. 

pâda  2.  — La  qualification  de  candra  donnée  aux  richesses 
demandées  pour  le  chanteur  ne  permet  pas  de  douter  qu’il  ne  s’agisse 
du  soma-chanteur. 


HYMNE  LXX 

1.  — irir  asmai  saptâ  dhenâvo  duduhre  \ satyâm  âçiram 
pûrvyé  vy'omani  ||  catuâry  anyâ  bhâvanâni  nirnije  j 
cârüni  cakre  yàd  rtair  dvardhata 

Trois  fois  les  sept  (vaches)  laitières  ont  trait  pour  lui  le 
^ait  issu  du  manifesté1  (pour  entrer)  dans  le  ciel  qui  est  en 
avant2;  il  a effectué  quatre  autres  belles  productions  (ou 
mondes)  pour  celui  qui  sort  du  bain,  lorsqu’il  a grandi  au 
moyen  des  coulés. 

Hémistiche  1.  — Cf.  68,  1,  pra  devant  achâ  madhumanta  indavo 
’sisyadanta  gava  a na  dhenavali. 

trih.  — Allusion  aux  trois  mondes  ou  aux  trois  étages  du  soma 
pavamâna.  — Berg.,  II,  54,  entend  « trois  fois  » sept  vaches, 
pâda  2.  — Cf.  22,  5,  prsthüni  rodasoh ■ . . uttamam  rajalr. 
catvâri. . . bhuoanâni.  — - « Quatre  » équivaut  ici  à « comme 
quatrième  »,  eu  égard  à trih  du  pâda  1.  Les  vaches-somas  ont 
donné  au  Soma  trois  émissions  du  lait  par  allusion  aux  trois 
divisions  de  l’espace  (die,  rajah,  antariksa);  les  productions  dont 
il  s’agit  maintenant  sont  au  nombre  de  quatre,  en  en  joignant  une 
nouvelle  aux  trois  précédentes. 

Hémistiche  2.  — Le  soma  produit  des  développements  sous  la 
forme  de  flammes  pour  la  nirnij  (autre  désignation  du  soma  par 
dédoublement  verbal),  — et  ce  phénomène  a lieu  naturellement 
quand  les  libations  le  font  croître  ou  s’étendre.  — Berg.,  III,  237  : 
« Soma  a grandi  selon  les  rtas.  » 

1.  Berg.,  III,  183,  note,  traduit  satyam  par  « réel  ». 

2.  Berg.,  II,  135,  « dans  le  ciel  antique  », 


278 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


nirnije.  — Cf.  14,  5%  gàl)  krnvâno  na  nirnijam. 

L’explication  de  Lud.,  qui  suppose  une  allusion  à des  rites  brah- 
maniques, est  par  cela  même  inacceptable. 

2.  — sd  bhiksamâno  amrtasya  câruna  | ubhé  dyàvâ  kâ- 
uyenâ  vi  çaçratlxe  ||  têjisthâ  apô  maiihânâ  pari  v y ata  | 
yâdl  devcisya  çrcwasâ  sâdo  uidûh 

Celui-là,  désireux  d’obtenir  la  belle  (liqueur)  non  morte, 
a mis  en  liberté,  au  moyen  de  ce  qui  est  de  la  nature  du 
sage,  les  deux  .pieux;  il  a enveloppé  à l’aide  du  don  les  eaux 
très  aiguës,  alors  qu’elles  ont  trouvé  (leur)  résidence  au 
moyen  de  la.  voix  du  Céleste. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  2.  — Cf.  69,  3,  pari. . . çrathnite  naptïr  aditeli.  — Il  ne 
s’agit  pas,  comme  le  pense  Lud.,  de  séparer  la  terre  et  le  ciel,  — 
rien  ne  prouve  que  les  poètes  védiques  aient  jamais  conçu  une 
pareille  idée,  — mais  bien  de  mettre  en  mouvement  les  libations 
enflammées  désignées  par  métaphore  sous  le  nom  des  deux  eieux 
(le  présent  et  l absent),  et  cela  à l’aide  de  la  libation  désignée  sous 
le  nom  de  kâvya,  « ce  qui  est  de  la  nature  du  kavi-soma.  » 

pàda  3.  — Cf.  8,  6,  â vastrâni. . . pari  gavyâny  avyata;  37,  G, 
sa  devah  kavinesito  ’ bhi . . . dhavati . . . manlianâ. 

tejisthâh  (apah).  — Les  somas  destinés  à devenir  pavamànas 
et  dont  les  flammes  seront  très  aiguës,  très  piquantes. 

pâda  4.  — Les  somas  ont  trouvé  leur  résidence  dans  les  flammes 
sacrées,  quand  le  feu  (brillant  = de  va)  crépite. 

Berg.,  I,  220  : « Ce  vers  dit  de  Sonia  que  mendiant  le  précieux 
amrta  le  soma  céleste)  il  a par  sa  sagesse  (en  qualité  de  soma 
terrestre)  fait  couler  le  suc  des  deux  mondes,  et  qu’il  s’est  revêtu 
des  eaux  très  brillantes  (en  qualité  de  soma  céleste  quand  sa 
demeure  a été  trouvée  (par  les  sacrificateurs).  » 

3.  — té  asya  santu  ketavô  ’mrtyavô  \ ’dâbhyâso  janûsî 
ubhé  dnu  ||  yébhir  nrmnâ  ca  devyâ  ca  punatà  | âd  id 
râjdnam  manânâ  agrbhnata 

Puissent,  c(e  toi  que  voilà,  se  manifester  les  clartés  non 
mortes,  qu’on  ne  doit  pas  opprimer,  qui  suivent  les  deux 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


279 


races  (l’active  et  la  non-active  — l’absente  et  la  présente), 
au  moyen  desquelles  (clartés)  il  (le  soma)  allume  ce  qui  est 
pourvu  d’hommes  et  ce  qui  est  de  la  nature  des  Célestes; 
c’est  à lui  que  ceux  qui  pensent  (allusion  aux  crépitements) 
ont  pris  le  roi. 

te  asya.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  I.  — Berg.,  III,  198  : « Ses  rayons  infaillibles  doivent 
s’étendre  sur  les  deux  races.  » — I,  209  : « Distillant  l’héroïsme 
humain  et  la  force  divine  avec  ses  rayons  immortels  qui  s’étendent 
sur  les  deux  races.  » 

4.  — sd  mrjydmâno  daçdbhih  sukârmabhih  \ prâ  madhya- 
mâsu  mâtrsu  pramê  sücd  ||  vratâni  pânô  amrtasya 
câruna  \ ubhé  nrcâksà  ùnu  paçyate  viçau 

Celui  (que  voilà)  — rendu  brillant  par  les  dix  qui  ont 
de  belles  œuvres  dans  les  mères  qui  sont  au  milieu  (non  à la 
pointe)1,  — s’est  avancé  pour  se  développer  au  moyen  de 
son  compagnon;  gardant  les  objets  des  désirs  du  non-mort, 
du  beau,  lui  dont  l’éclat  vient  des  hommes(-somas),  regarde 
en  les  suivant  les  deux  demeures. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  38,  3,  Irarito  daça  marmrj yante  apasyuvdh. 
vratâni  panait.  — Cf.  65,  30,  à rayim.  . . pântam. 
amrtasya  càrunah.  — Cf.  70,  2',  même  formule, 
pâda  4.  — Cf.  5,  7,  nbhâ  devâ  nrcaksasâ. . . liave. 

5.  — sd  marmrjând  indriyàya  dliâyasa  \ ôbhé  antâ  rôdasi 
harsate  hitàh  ||  vrsd  çûsmena  bâdhaie  vidurmatir  \ ddé- 
diçàncih  çaryahéva  çurûdhah 

Celui  que  voilà,  rendu  brillant  pour  la  sucée  (destinée)  à 
celui  qui  est  de  la  nature  de  l’Ardent,  mis  en  mouvement, 
s’agite  joyeusement  à l’intérieur  des  deux  brillants;  le  tau- 
reau frappe  au  moyen  du  Vigoureux  celles  qui  ont  de  mau- 

1.  Berg.,  Il,  30,  « les  mères  du  milieu,  c’est-à-dire  les  eaux  de  l’atmo- 
sphère  ». 


280 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


vaises  pensées  (qui  ne  crépitent  pas),  en  marquant  d’un 
signe  les  forts  (somas)  comme  (est  marqué)  celui  qui  tue  au 
moyen  de  flèches. 

indriyâya  dhâyase.  — Cf.  1,  l3,  indrâya  pàtave.  — Lud.  : 
« Kraft  ilieszen  zu  lassen.  » 

pâda  2.  — Cf.  18,  6,  pari  yo  rodasï  ubhe. . . arsati.  — Le  soma 
pénètre  dans,  (et  non  entre)  les  deux  brillants. — Berg.,  II,  21  : « Se 
clarifiant  entre  les  deux  inondes  (?).  » 

pâda  4.  — Lud.  : « Visant  la  nourriture  comme  l’archer  (vise 
le  gibier)  ».  — Le  soma  pavam.  distingue,  en  lui  donnant  une 
flèche  de  feu,  le  soma  liquide  et  le  rend  pareil  à un  archer; 
cf.  Berg.,  I,  204. 

6.  — sâ  mdtdrd  nà  dddrçdna  usriyo  | nânadad  eti  marû- 
tâm  iva  svandh  Wjândnn  rtdim  prathamâm  ydt  svdrna- 
ram  | pràçastaye  kâm  avrnita  sukrâtuh 

Ce  rouge  (que  voilà),  en  regardant  en  quelque  sorte  ses 
deux  mères,  va  à ce  qui  mugit  (ou  va  mugissant),  pareil  au 
bruit  des  Impétueux,  alors  que  reconnaissant  le  coulé,  qui 
est  en  avant,  qui  brille1,  — lui  qui  a de  beaux  édifices  s’en 
est  emparé  pour  la  Voix. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Sur  les  mugissements  du  soma,  cf.  Berg.,  I,  222. 
— Les  deux  mères  en  question  sont  les  deux  formes  du  soma. 

pâda  4.  — Cf.  2,  33,  apo  vasista  sukratuli.  — Lud.  (hémis- 
tiche 2)  : « Connaissant  la  loi  qui  brilla  d’abord,  le  très  sage  a été 
choisi  pour  l’enseignement.  » — Berg.,  I,  180  : « Connaissant  la 
première  loi.  » 

7.  — ruvâti  bhîmô  vrsabhâs  tavisydyd  | gruge  çiçâno  hdrini 
vicaksatiâh  ||  à yônim  sômah  sûkrtam  ni  sldati  | gavydyi 
tvàg  bhauati  nirnig  avydyi 

Le  taureau  terrible  (?)  mugit  au  moyen  de  la  Violence, 


1.  Berg.,  1,  207  note,  « soarnara,  paraît  signifier  le  héros  dq  ciel  »;  1,  208, 
« c’est  un  des  préparateurs  célestes  du  breuvage  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


281 


lui,  l’étincelant,  en  aiguisant  ses  deux  cornes  dorées;  le 
liquide  vient  prendre  résidence  dans  la  matrice  bien  édifiée; 
la  peau  est  de  vache,  celle  qui  sort  du  bain  vient  de  la 
brebis. 

p ad  a 2.  — - Cf.  5%  pavamânah  çrnge  çiçânaJi;  69,  3:|,  çiçàno 
mahiso  na.  — Les  cornes  dorées  sont  évidemment  une  figure  des 
flammes.  Voir  pourtant  Berg.,  I,  222. 

pâda  3.  — Cf.  19,  33,  harih  sari  yonim  àsadat. 
pâda  4.  — Cf.  66,  29,  esa  somo  adhi  tvaci  gavant  krîlati.  — « La 
peau  de  vache,  » c’est-à-dire  l’enveloppe  du  soma-lait.  De  même 
l’émergée  issue  (du  lait)  de  chèvre  est  le  soma  pavana,  sortant  de 
son  bain  humide  sous  forme  de  flammes. 


8.  — çucih  punânàs  tanvàm  arepdsam  | âvye  hârir  ny 
adhâvista  sâncwi  ||  jûsto  mitrâyci  vârunâya  vâyctve  \ 
tridhâtu  mcldhu  kriyate  sukârmabliih 

Étincelant,  allumant  l’étendu  (ou  le  corps)  non  obscur, 
le  doré  a coulé  dans  le  sommet  qui  est  issu  de  la  brebis; 
le  succulent  (destiné)  à l’Ami,  à l’Enveloppeur,  au  Vent,  — 
le  doux,  qui  a trois  bases,  a été  ouvré  par  ceux  qui  ont  de 
belles  œuvres. 

pâda  2.  — Cf.  31,  5%  varsisthe  adhi  sanavi. 
pâda  3.  — Cf.  13,  8',  justa  indrâya. 

pâda 4.  — Cf.  1,  83,  tridhâtu  vàranam  madhu.  — - Berg.,  I,  179, 
rend  tridhâtu  simplement  par  « triple  ». 


9.  — pâvasva  soma  devcivltaye  vrsé  \ -ndrasya  hardi  soma- 
dhânam  â viça\\purâ  no  bàdhâd  duritâti  pâraya  | kse- 
travid  dhi  diça  dhâ  viprchaté 

Allume-toi,  ô liquide,  pour  le  régal  des  Célestes,  ô tau- 
reau, pénètre  le  cœur  de  l’ Ardent,  le  réceptacle 1 du  liquide  ; 
fais-nous  traverser  au  moyen  de  ce  qui  remplit  (?)  ce  qui  ne 
marche  pas,  (au  delà)  de  l’empêchement;  celui  qui  a trouvé 


J.  Berg.,  II,  245,  « la  cuve  ». 


282 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


le  champ  (ou  la  contrée)  a indiqué  les  directions1  pour  celui 
qui  les  demande. 

pâda  1.  — Cf.  45,  1,  sa  parasca. . . deoavïtaye. 
pâda  2.  — Cf.  60,  3’,  indrasya  liârdy  âoiçan. 
pâda  3.  — Cf.  59,  3S,  durità  tara  (soma).  — Lud.  voit  dans 
bâdhât  l’action  de  presser  le  soma  et  traduit  duritâ  par 
« malheurs  ». 

pâda  4.  — Lud.  : « Car  celui  qui  connaît  les  lieux  indique  les 
directions  à qui  les  lui  demande.  » — «Celui  qui  a trouvé  le  champ  » 
= le  feu  qui  a trouvé  le  lieu  où  réside  la  libation.  L’indication  et 
la  demande  visent  le  crépitement. 


10.  — hitô  nâ  sâptir  abhi  vdjam  arsé  \ -ndrasyendo  jathâ- 
ram  â pavcisva  |]  tidvâ  nâ  sindhum  âti  parsi  vidvân  | 
chv.ro  nâ  yudhyann  âva  no  nidcih  spah 

Pareil  à un  attelage  de  sept  chevaux  lancé,  coule,  ô bril- 
lant, vers  le  réconfort,  vers  le  ventre  de  l’Ardent  (et)  allume- 
toi  en  t’en  approchant.  Que  le  sage  traverse  la  rivière  comme 
avec  une  barque;  que  pareil  à un  héros,  il  écarte  nos  ennemis 
en  combattant. 

pâda  1.  — Cf.  21,  4:l,  hitâ  na  saptayo  rathe. 
pâda  2.  — Cf.  66,  15,  endrasya  jathare  viça. 
pâda  3.  — Cf.  vers  précédent,  pâda  3. 
pâda  4.  — Cf.  61,  30%  raksâ. . . no  nïda/j. 


HYMNE  LXXI 

1.  — â dâksind  srjyate  çusmy  âsâdam  | vêti  druliô  raksâ- 
sah  pâti  jàgrvih  ||  hârir  opaçâm  krnute  nâbhas  pâya  \ 
upastire  camvor  brâlxma  nirnije 

Le  don  est  versé,  le  Vigoureux  gagne  sa  résidence,  l'éveillé 
préserve  de  l’oppresseur,  du  gardien  ; le  doré  produit  une 


1.  Berg.,  I,  185,  « les  régions  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


283 


coiffure  (ou  une  houppe),  (il  produit)  l’humide,  le  lait  pour 
la  couverture  des  deux  coupes;  (il  fait)  la  prière-réconfort 
pour  l’émergé. 

Hémistiche  1 . — daksinâ,  çuëmï,  jâgrvih,  autant  de  désignations 
du  même  objet  par  dédoublement  verbal. 

Hémistiche  2.  — Cf.  69,  5,  nirnije  krtopastaranam  camvor 
iiabhasmayam,  — d’ou  l’indice  qu’il  faut  construire  nabhas  paya 
upastire  eamvoh  liarih  [krnute).  Lud.  : « Der  gelbe  erhebt  seine 
haarflechte  zum  himel,  nasz  zu  der  beiden  camü  füllung  das 
brahma  schaffter  zur  schônheit  sich.  » 

Berg.,  II,  28:  « Soma,  en  même  temps  qu’il  prend  pour  cheve- 
lure le  nuage,  prend  aussi  pour  vêtement  la  prière  dans  les  deux 
cuves,  c’est-à-dire  dans  les  deux  mondes.  » 

2.  — prà  krstihéva  çûsd  eti  rôruvad  | asuryàm  vârnam 
ni  rinite  asya  tcim  \ \ jcihâti  vavrim  pitûr  eti  niskrtdm\ 
upaprûtam  krnute  nirnijam  tond 

Le  souffleur,  pareil  à celui  qui  frappe  (les  obstacles)  avec 
les  races  (somas),  va  à ce  qui  rugit;  il  coule  dans  cette  splen- 
deur issue  de  l’animé  qui  est  sienne;  il  laisse  de  côté  l’en- 
veloppe de  (son)  père;  il  se  rend  dans  ce  qui  est  édifié;  il 
produit  au  moyen  de  ce  qui  s’étend  l’émergé  entouré  d’eau. 

krëtihâ.  — Cf.  70,  5%  çaryahâ.  ■ — Dans  les  deux  cas,  le  premier 
terme  du  composé  tient  lieu  d’un  instrumental. 

eti  roruvat.  — Cf.  65,  19,  arèâ  soma.  . . ablii  dronàni  roruvat; 
68,  2,  sa  roruvad  ablxi  pürvâ  acikradat . . . harili. 

pâda  2.  — Cf.  65,  8,  yasya  varnam. . . harim  hinvanty  adrïbhili. 
— Berg.,  II,  102  : « Il  délivre  sa  propre  splendeur  divine.  » 
pàda  3.  — Cf.  69,  9,  avyam  hitvï  vavrim;  69,  4%  yanti  niskrtam. 
pàda  4.  — Cf.  68, 1,  üdhabhih parisrutam  usriyâ  nirnijam  dhire. 
Lud.  : « Er  schafft  sich  so  eine  angenomene  hiille  (?).  » 

3.  — àdribhih  sutàh pavate  gâbhastyor  \ vrsâydte  nàbhasâ 
vépate  mati  ||  sa  modate  nâsate  sâdhate  girâ  \ nenikté 
apsû  ydjate  pdrlmani 

Mis  en  mouvement  par  les  pierres,  il  s’allume  dans  les 


284 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


deux  mains;  il  agit  en  taureau  au  moyen  de  l’humide;  il 
s’agite  au  moyen  de  la  pensée;  il  goûte,  il  s’approche,  il 
édifie  au  moyen  de  la  voix;  il  se  baigne  dans  les  eaux;  il 
verse  l’oblation  dans  l’entourage. 

pâda  1.  — Cf.  64,  5,  mrjyamânâ  gabhastyoh  pacante.  — Lud., 
« dans  les  deux  bras  ». 

pâda  2.  — Cf.  47,  1,  ayà  somah...  mandâna  ud  vrsâyate ; — 
Berg.,  II,  38  : « Il  fait  le  mâle  à travers  le  nuage.  » — 63,  2V,  malî 
vipràli  sam  ascaran , — contre-partie  de  notre  formule.  — Lud.  : 
« Il  est  en  agitation  au  moyen  de  l’hymne.  » 

4.  — pari  dyuksdm  sâhasah  parvatâvrdham  | mâdhvah 
sincanti  harmydsya  saksânim  ||  à yâsmin  gâvah  suhu- 
tâda  àdhani  mürdhdn  chrlnànty  agrigàm  vdrimabhih 

Ils  coulent  circulairement  (vers)  l’habitant  du  ciel,  (vers) 
celui  qui  s’accroît  par  la  montagne1,  (vers)  celui  qui  s’est 
emparé  de  la  force,  du  doux,  de  la  demeure;  les  vaches  qui 
goûtent  la  bonne  oblation  viennent  allumer  2 dans  cette  ma- 
melle, au  moyen  des  développements,  celui  qui  est  à la 
pointe,  dans  la  tête. 

Hémistiche  2.  — Le  soma  liquide  est  dans  une  mamelle  où  les 
vaches  (=  somas  ignés)  en  font  une  pointe  (celle  du  feu  sacré)  qui 
est  dans  la  tête  de  ce  même  feu,  et  qu’elles  allument  au  moyen  de 
l’enveloppe  étendue  des  flammes. 

5.  — sdm  l rdtham  nd  bhurijor  ahesata.  | dàça  svdsdro 
âditer  upàstha  à ||  jigdd  ûpa  jrayati  gôr  aplcyàm  \ 
paddm  yàd  asya  matûthâ  djxjanan 

Celui  que  voilà,  pareil  à un  char,  les  dix  sœurs  l’ont 
poussé  dans  (ou  avec)  les  deux  mains,  dans  le  sein  de  la 
déliée;  il  s’est  mis  en  marche,  il  a atteint  la  partie  secrète 
de  la  vache,  alors  que  les  chanteurs  ont  engendré  son  pas. 

1.  Berg.,  I,  148,  « qui  croit  sur  les  montagnes  ». 

2.  Berg.,  III,  248,  «cuire  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


2g5 


sam  l.  — Démonstratifs  liturgiques, 
pâda  1.  — Cf.  26,  4',  tam  ahyan  bhurijor  dhiyà. 
pâda  2.  — Cf.  1,  7,  daça  svasârali;  26,  1,  upasthe  aditer  adhi. 
pâda  3.  — Berg.:  « Soma  se  dirige  vers  le  séjour  caché  de  la  vache.  » 
— Ce  lieu  caché  est  l’image  de  la  libation  absente. 

pâda  4.  — Les  chanteurs  ou  les  sages  (somas  pavam.)  ont  en- 
gendré « le  pas  » du  feu  sacré  en  donnant  naissance  à ce  feu. 

6.  — çyenô  nd  yônim  sâdanam  dhiyà  \ krtâm  hiranydyam 
âsâdam  devà  ésati  )|  ê rinanti  barhisi  priyàm  girâ  | -çvo 
nd  devân  àpy  eti  yajniyah 

Pareil  à un  aigle,  le  Céleste  s’élance  pour  s’y  asseoir  vers 
la  matrice,  la  demeure  d’or  édifiée  par  la  pensée.  Ils  coulent 
la  (liqueur)  agréable  dans  le  réconfort  au  moyen  de  la  voix; 
pareil  à un  cheval,  celui  qui  doit  être  offert  en  oblation  vient 
vers  les  Célestes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  65,  19:!,  sïdah  chyeno  na  yonim  â. 
dhiyâ  krtam.  — Cf.  44,  2',  dhiyà  liitali. 
pâda  3.  — Cf.  55,  2:i,  ni  barhisi  priye  sadah. 

7.  — para  vyâkto  arusô  divà/i  kavir  | or  sa  triprsthô  ana- 
vista  gâ  ablxi  [|  sahàsranitir  yâtih  paràyâtl  \ rebhô  nd 
püruir  usdso  vi  râjati 

Le  sage  du  ciel,  le  rouge  rendu  brillant  par  des  onctions, 
le  taureau  aux  trois  sommets',  a mugi  en  s’avançant  vers 
les  vaches.  L’Extension,  qui  s’avance,  dirigée  par  ce  qui  a 
les  mille  (dons),  pareille  au  chanteur,  éclaire  (ou  allume) 
les  nombreuses  aurores. 

Cf.  75,  33'4  abhlm  rtasya  dohanâ  anüëatâdhi  triprstha  usaso  vi 
râjati. 

rebho  na.  — Cf.  66,  93,  rebho  yad  ajyase  vane , et  7,  6',  rebho 
vanusyate  niait . — Sur  Soma-Rebha,  cf.  Berg.,  III,  19. 


1.  Berg.,  I,  179,  « qui  coule  de  trois  plateaux  ». 


•286 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


8.  — tvesdm  rûpdm  krnute  vàrno  asya  \ sâ  yâtràçayat 
sâmrtâ  sédhati  sridhâh  ||  apsd  yâti  svadhciyâ  daivycun 
jânam  | sdm  sustuti  ndsate  sâm  yôagrayà 

Sa  couleur  donne  naissance  à l'ardeur,  à l’éclat;  au  lieu 
où  il  a pris  résidence,  dans  la  rencontre,  il  écarte  les  oppres- 
seurs; conquérant  des  eaux,  il  va  au  moyen  de  la  svadhâ 
dans  la  gent  d’origine  céleste;  au  moyen  de  la  belle  voix, 
il  s’unit  à elle;  au  moyen  de  celle  qui  a une  pointe  par  (ou 
sur)  la  vache,  (il  s’unit  à elle). 

pâda  1.  — Cf.  71,  2,  carnam.  — Berg.,  I,  162,  « sa  couleur 
devient  brillante  » et  excellemment,  I,  176,  « les  essences  de  Sonia 
sont  un  seul  et  même  être  qui  prend  tantôt  une  forme,  tantôt  une 
autre.  » 

pâda  2.  — Cf.  27,  1\  punâno  ghnann  apa  sridhah. 
apsà.  — Cf.  65,  20',  même  épithète. 

pâda  4.  — Cf.  66,  22%  abhy  arsati  sustutim.  — Lud.  : « Auf 
schônes  loblied  stôszt  er,  das  durch  milch  vorzüglich.  » 

9.  — ukséoa  yûthà  pariydnn  arâmd  \ ddhi  tvisir  adhita 
sûryasya  ||  divydh  suparnô  ’va  caksata  ksâm  \ sômah 
pari  krdtunâ  paçyate  jâh 

Allant  autour  des  troupeaux,  il  a mugi  comme  un  taureau  ; 
il  a établi  en  haut  les  ardeurs  du  soleil;  oiseau  céleste,  il 
éclaire  (ou  regarde)  en  bas  la  terre(-libation) ; le  liquide 
regarde  autour  (de  lui)  les  créatures  à l’aide  de  l’édificateur. 

pâda  1.  — Cf.  vs  7,  hémistiche  1. 

pâda  2.  — Cf.  vs  8',  tvesam. . . krnute  varno  asya.  — Lud.  (et 
Berg.,  1, 162)  : « lia  revêtu  l’éclat  du  soleil.  » 

pâda  3.  — Cf.  38,  5%  ara  caste  dirai)  çiçuli.  — Berg.,  I,  225  : 
« L’oiseau  divin  qui  regarde  d’en  haut  la  terre  est  le  soma- 
soleil.  » 

pâda  4.  — Cf.  4,  6',  tara  kratrà. . . paçyema  süryam.  — Berg-, 
I,  162  : « Sonia  surveille  les  races  avec  intelligence.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SÔMA 


287 


HYMNE  LXXIl 

1.  — hârim  mrjanty  aruèô  nd  yujyate  [ s dm  dhenâbhih 
kaldçe  sômo  ajyate  ||  ûd  vdcam  îrâyati  liinvâte  mati\ 
purustutàsya  kdti  cit  paripriyah 

Ils  rendent  brillant  le  doré;  le  rouge  est  (comme)  attelé; 
le  liquide  est  oint  par  et  avec  les  vaches  laitières  dans  la 
coupe;  l’entourage  des  amis,  autant  qu’ils  sont,  de  celui  qui 
est  célébré  par  les  nombreux  (somas),  se  met  en  mouvement 
au  moyen  de  la  pensée  pour  entrer  dans  celui  qui  lance1  la 
voix  en  l’air. 

2.  — sâkàm  vadanti  bahàuo  manlsina  | indrasya  sômam 
jathdre  ycïd  âduhûh  ||  yâdl  mrjânti  sûgabhastayo  nârah  | 
sânîlâbhir  daçdbhih  kàmyam  mâdhu 

Les  nombreux  penseurs  appellent  le  compagnon  alors 
qu’ils  font  couler  le  liquide  dans  le  ventre  de  l’Ardent,  — 
alors  que  les  hommes  aux  deux  beaux  bras  rendent  brillant 
le  doux,  l’agréable  au  moyen  des  dix  qui  sont  dans  le  même 

nid. 

pâdal.  — Cf.  69,  6‘2,  sâkam  îrate.  — Lud.  : sàkam  vadanti 
— « ils  parlent  ensemble  ». 

pâda  2.  — Cf.  66,  15%  endrasya  jathare  viça. 
pâda  3.  — Cf.  20,  62,  mrjyamâno  yabhastyoh. 
pâda  4.  — Cf.  1,  72,  tain.  . . ü grbhnanti  yosano  daça. 

3.  — àrainainâno  âty  eti  gd  abhi  \ süryasya  priydm  duhi- 
tâs  tiré  rdvam  ||  drio  asmaijôsam  abharad  vinamgrsâh  | 
sdm  duayib/dh  svâsrbhih  kseti  jâmibhih 

Sans  prendre  de  repos,  il  s’avance  vers  les  vaches  au  delà 
de  la  voix  agréable  de  la  fille  du  soleil;  le  chanteur  (Sày.) 

1.  En  dépit  de  Berg.,  II,  26,  note,  je  vois  un  participe  dans  la  forme 

Irâyati . 


288 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


qui  le  suit  lui  a apporté  la  jouissance  (le  régal);  il  prend 
résidence  avec  et  au  moyen  des  deux  espèces  qui  sont 
sœurs  (et)  parentes. 

pâda  2.  — Cf.  1,  6*,  süryasya  duhitâ.  — Berg.,  II,  70  : « Sonia 
se  dirige  vers  les  vaches,  malgré  le  cri  de  la  fille  du  Soleil.  » 
pâda  4.  — Cf.  68,  4%  sam  jâmibhir  nasate.  — Le  procédé  du 
dédoublement  verbal  est  pris  ici  sur  le  fait  avec  ses  conséquences 
numériques  : les  scasr  et  les  jâmi  sont  une  seule  et  même  chose,  à 
savoir  les  flammes  du  soma  pavant,  personnifiées,  et  elles  sont  de 
deux  espèces  à cause  seulement  de  la  différence  des  dénominations  ; 
cf.  5,  8. 

4.  — nrdhüto  âdrièuto  barhièi  priyâh  | pcitir  gavant  pin- 
diva  indur  rtviyah  ||  pûramdhivân  mdnuso  yajnasâ- 
dhanah  | ç.ûcir  dhiyà  pavate  sôma  indra  te. 

Mis  en  mouvement  par  les  hommes(-somas),  coulé  par  les 
pierres,  agréable  dans  le  réconfort,  maître  de  vaches,  bril- 
lant d’origine  céleste  (?),  de  la  nature  du  coulé  (?),  doué  de 
celle  qui  établit  l'abondant,  édificateur  de  l’oblation  de 
rhomme(-soma),  clair,  — le  liquide  s’allume  au  moyen  de 
la  pensée  pour  toi,  ô Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  55,  2%  ni  barhièi  priye  sadah;  71,  63,  e rinanti 
barhisi  priyam. 

pâda  4.  — Cf.  67,  27,  punantu  t'asavo  dhiyâ. 

5.  — nrbâhûbhyàm  coditô  dharayâ  suto  | ’nusvadhâm 
pavate  sôma  indra  te  ||  âpràh  krâtùn  sàm  ajair  adlwaré 
matir  \ vér  nâ  druèàc  camvor  âsadad  dliârih 

Mis  en  mouvement  par  les  deux  bras  des  hommes,  coulé 
par  le  courant,  le  liquide,  à la  suite  de  ce  qui  est  établi  par 
lui  (?),  s’allume,  ô Ardent,  pour  toi;  il  a rempli  les  édifica- 
teurs, il  a fait  la  conquête,  en  s’unissant  à elles,  des  pensées 
qui  sont  dans  l’oblation;  le  doré  a pris  résidence  dans  les 
deux  coupes  comme  dans  le  siège  de  bois  (le  nid)  de 
l’oiseau. 


Le  culte  védique  du  soma 


pâda  1.  — Cf.  72,  23,  yadl  mrjanti  sugabhastayo  naval). 
pâda  2.  — Cf.  pâda  4 du  vers  précédent. 
âprâli  kratün.  ■ — Berg.,  I,  185  : « Il  remplit  l’intelligence.  » 
pâda  4.  — Cf.  36,  l2,  pavitre  camvoh  sutal).  — Berg.,  I,  225  : 

« Il  se  pose  dans  les  cuves  comme  un  oiseau  qui  se  pose  sur  le  bois.  » 

6.  — ançûm  duhanti  stanciyantam  âksitam  ] kavùn  kaoàyo 
’pciso  manisinah  ||  scim  l gâvo  matàyo  yanti  samydta  | 
rtâsya  yônà  sâdane  punarbhûvah 

Les  sages,  les  actifs,  les  penseurs  frayent  l’éclat,  — le  sage 
qui  gronde  (comme  le  tonnerre)1,  qui  n’est  pas  épuisé;  les 
vaches,  les  pensées  vont  de  concert  dans  la  matrice  du  coulé, 
dans  la  résidence  du  rajeuni2. 

pâda  1.  — Cf.  15,  52,  lyate  vâjî. . . ançubhili. 
pâda  4.  — Cf.  62,  8%  sïdan  yonâ. 

7.  — nâbhcï  prthivyà  dharüno  maliô  divô  \ ’pàm  ùrmaû 
sindhusv  antâr  uksitdh  H indrasya  vdjro  vrsabhô  vibhu- 
vasuh  | sômo  hrdé  pcwate  câru  matsardh 

Celui  qui  soutient  le  ciel  élevé  dans  le  nombril  de  la  terre, 
qui  a crû  dans  le  flot  des  eaux,  dans  les  rivières,  — (l’arme) 
de  l’Ardent  issue  du  réconfort,  le  taureau  dont  la  richesse 
vient  de  celui  qui  se  développe,  — le  liquide  liquoreux 
allume  le  beau  pour  le  cœur  (d’Indra). 

pavate  câru.  — Cf.  34,  5,  duhate. . . câru. 

Sur  l’identification  du  vajra  et  du  soma,  cf.  Berg.,  I,  169,  et 
II,  253. 

8.  — sâ  tu  pcwasua  pari  pàrthivam  rdjali  ] stotrô  çiksann 
ddhünvaté  ca  sukrato  ||  ma  no  nir  bhâg  vdsunah  sada- 
nasprço  [ rayim  piçdngam  bahuldm  vasïmahi 

Toi  que  voilà,  allume  en  l’entourant  le  rajas  qui  vient 

1.  Berg.,  1,  199  et  209,  « la  plante  tonnante  ».  — Image  de  « l’éclair  ». 

2.  Berg,  (d’après  Grass.)  prend  punarbhucah  pour  un  nominatif  pluriel  en 
accord  avec  güca.h.  et  il  y voit  les  prières  « revenantes  ». 


19 


200 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


de  la  terre(-libation),  apportant  la  force  (?)  pour  le  chanteur 
et  pour  celui  qui  agite  (la  libation),  ô bel  édificateur.  Puis- 
sions-nous ne  pas  être  exclus  du  partage  du  bien  qui  est  en 
contact  avec  la  demeure;  puissions-nous  revêtir  la  richesse 
brillante,  nombreuse! 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  68,  9%  à rajah  so malt  pun anal) . 

pâda  2.  — Cf.  67,  19%  dadlio.t  stoire  sumrijam. 

9.  — à tu  na  indo  çatâdâtv  àçvyam  | sahdsradàtu  paçumâd 
dhiranyavat  ||  ûpa  mdsva  brhati  revàtïr  isô  \ ’dhi  stotrds- 
ya  pavamdna  no  gahi 

Apporte-nous,  ô brillant,  ce  qui  donne  des  centaines  (de 
dons)  consistant  en  chevaux,  ce  qui  donne  des  milliers  (de 
dons)  consistant  en  bétail,  consistant  en  or;  édifie  des  liba- 
tions élevées,  pourvues  de  richesses;  viens  au-dessus  de 
notre  chant  (de  notre  offrande  qui  crépite),  ô allumé. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  18,  à pavasva  liiranyavad  açvàvat 
soma. . . vâjam  yomantam  à hliara. 
pada  3.  — mâsoa.  Sây.  justement  : « upanirmimlsva . » 
pâda  4.  — Cf.  liV.  X,  78,  8%  adhi  stotrasya.. . . gâta. 


HYMNE  LXXIII 

1.  — srdkve  drapsdsya  dhdmatah  scini  asvarann  | rtdsya 
yônd  sdm  aranta  nâbhayalx  ||  trin  sd  mûvdhnô  âsuraç 
cakra  dràblie  | scitydsya  nàvah  sukrtam  aplparan 

Les  nombrils  ont  bruit  de  concert  dans  la  bouche  (ou 
la  pointe)  de  la  goutte  de  celui  qui  bout  (ou  crépite);  ils  sont 
allés  ensemble  dans  la  matrice  du  coulé;  l’animé  a fait  trois 
têtes  pour  la  prise1;  les  barques  du  manifesté  ont  fait  tra- 
verser le  bel  édificateur. 


1.  Berg.,  I,  186,  « pour  se  laisser  saisir  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  291 

pâda  1.  — Lud.  : « (Les  pierres  du  pressoir)  ont  brui  au  bord 
par  l’effet  des  gouttes  qui  jaillissent.  » 
pâda  2.  — Cf.  72,  6%  rtasya  yonâ. 

pâda  4.  — Cf.  70,  10,  nâvâ  na  sindhum  ati  parsi  vidvàn.  — 
Berg.,  III,  186  : « Les  navires  de  la  vérité  font  passer  heureusement 
l’homme  pieux.  » 

2.  — samyâk  samyânco  mahisâ  ahesata  | sindlior  armât) 
adhi  vend  auîvipan  ||  mcidhor  dhâràbhir  janâyanto  ar- 
kâm  | il  priyâm  indrasya  tanvàm  avwrdhan 

Les  buffles  qui  vont  avec  lui  ont  mis  en  mouvement  ce  qui 
va  avec  eux;  les  désireux  se  sont  agités  dans  le  flot  de  la 
rivière;  engendrant  le  chant  au  moyen  des  courants  du  doux, 
ils  ont  fait  croître  ce  (liquide)  agréable  (qui  devient)  le  corps 
de  l’Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  22,  l3,  sargâli  srstâ  ahesata.  — Lud.  : « Gleich- 
mâszig  haben  die  zugleich  komenden  stiere  sich  beeilt.  » 
avïvipan. — Lud.  : « Scball  ergehn  laszen.  » 
pâda  3.  — Cf.  25,  6,  â pavasoa. . . dhürayâ. . . arleasya  yonim 
âsadam . 

3.  — pamtravcintah  pari  vâcam  clsale  \ pitaisâm  pratnô 
abhi  raksati  vratâm  ||  mahâh  samudrchn  vdrunas  tiré 
dadhe  j dhîrâ  ic  chekur  dhavânesv  ârâbham 

Ceux  qui  possèdent  l’allumeur  se  sont  assis  autour  de  la 
parole;  leur  père,  l’ancien,  garde  l’objet  de  leur  choix;  le 
grand  Enveloppeur  s’est  établi  au  delà  de  (ou  a caché)  la 
mer;  les  forts  ont  pu  le  prendre  (le  soma)  dans  les  sup- 
ports. 

pâda  4.  — dhïrâh,  — dharunesu,  désignation  différente  d’un 
même  objet,  par  dédoublement  verbal.  — Lud.  : « Die  weisen 
haben  vermocht  das  feste  zu  erfaszen.  » — Berg.,  III,  128  : « Le 
grand  Varuna  a caché  la  mer;  les  habiles  seuls  ont  su  la  ressaisir 
dans  les  réservoirs,  a 


292 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


4.  — sahàsradhâre  ’va  té  sdm  asvarati  | divô  nàke  mâdhu- 
jihvà  asaçcdtah  ||  dsya  spàço  nd  ni  misanti  bhùrnayah  | 
padé  pcide  pàçinah  santi  sétcwah 

Ceux-là  qui  ont  résonné  de  concert,  en  bas,  dans  (le  liquide) 
aux  courants  qui  ont  les  mille  dons,  — eux  qui  ont  la  langue 
dans  le  doux,  — qui  ne  sont  pas  en  retard,  — (sont  arrivés) 
dans  le  sommet  du  ciel.  Les  forts  de  celui-ci  (Varuna),  ses 
espions,  ne  ferment  pas  les  yeux;  dans  chacun  de  ses  pas 
sont  des  ponts  pour  celui  qui  a des  liens. 

Hémistiche  1.  — Cf.  62,  28,  pra  te  divo  na  vrëtayo  dhàrâ  yanty 
asaçcalali. 

pàda3.  — Cf.  41, 1,  bhùrnayah.  ••  yhnantali  krsnâm  apa  tracam. 
pàda  4.  — Cf.  41,  2!,  ati  setum  durâcyam.  — Berg.,  III,  119: 
« Il  (Varuna)  a ses  digues  et  ses  lacets.  » 

5.  — pitûr  màtàr  ddliy  à yé  samdsvarann  \ rcâ  çôcantah 
samdàhanto  avratàn  ||  indradvistâm  cipa  dhamanti  mâ- 
ydyâ  | tvdcam  àsiknim  bhumano  diudh  pari 

Ceux  qui  sont  au-dessus  du  père  et  de  la  mère  sont  venus 
résonner  de  concert  au  moyen  du  chant,  étincelants,  con- 
sumant ceux  qui  n’ont  pas  l’objet  de  leurs  vœux1;  ils  en- 
lèvent. en  soufflant  bruyamment  au  moyen  de  la  créatrice 
la  peau  noire,  ennemie  de  l’Ardent,  qui  est  autour  de  la  terre 
(et)  du  ciel. 

Cf.  73,  1,  srakoe  drapsasya  dhamalali  sam  ascarann. 

Berg.,  III,  119,  résume  ce  vers  ainsi  : « Les  Somas  assimilés  à 
des  chantres,  chassent  de  la  terre  et  du  ciel,  par  leur  magie,  la 
peau  noire  (l’obscurité)  haïe  d’Indra.  » — En  réalité,  il  s’agit  des 
somas  pavam.  qui  s'allument. 

6.  — pratnân  mànâd  àd/ty  à yé  samdsvaran  \ chlôhayan- 
trdso  rabhasdsya  mdntavah  |]  dpdnakèàso  badhirâ  ahâ- 
sata  | rtdsya  pdnthdm  nd  taranti  duskvtah 

Ceux  qui,  provenant  de  l’ancien  élément  (s’élèvent)  au- 
1.  Berg.,  III,  247,  « ceux  qui  n’observent  pas  la  loi.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


293 


dessus,  sont  venus  résonner  de  concert,  eux  qui  étendent 
la  Voix,  qui  sont  les  conseillers  de  l’impétueux  ; les  aveugles, 
les  sourds  s’en  sont  allés;  ceux  qui  construisent  mal  ne 
traversent  pas  la  voie  du  coulé. 

Hémistiche  1 . — Cf.  l’hémistiche  correspondant  du  vers  précédent, 
pâda  1.  — « L’ancien  élément  »,  c’est-à-dire  le  liquide  qui  pré- 
cède la  flamme;  cf.  « le  père  et  la  mère  » du  vers  précédent. 

pâda  3.  — Les  somas  obscurs  et  inactifs  cèdent  le  pas  à ceux 
qui  s’élancent  et  s’allument. 

pâda  4.  — Cf.  9,  8%  sâdhayà  pathali. 

7.  — sahâsradhâre  vitale pavitra  â | vâcam punanti  kavâyo 
manîsînah  ||  rudrâsa  esâm  isirâso  adrûha  | spâçah  svâîi- 
cah  sudrço  nrcâkèasah 

Les  sages,  les  penseurs  allument  la  Voix  dans  l’allumeur 
étendu,  pourvu  de  courants  qui  ont  mille  (dons).  Leurs 
espions  (ceux  qui  brillent  et  par  conséquent  qui  voient)  sont 
les  rouges,  les  actifs,  les  non-opprimés1,  ceux  qui  marchent 
bien,  les  bien  voyants,  qui  ont  de  l’éclat  au  moyen  des 
hommes(-somas). 

Hémistiche  1.  — Cf.  30,  1 , pra  dhârà  asya  çusminali. . . pavitre 
aksaran,  punâno  vâcam  isyati;  cf.  aussi  73,  4,  sahasradhâre  ’va 
te  sam  asvaran  divo  nâke.  — Berg.,  I,  283  ; « Ils  (les  prêtres  poètes) 
purifient  la  parole  sur  un  tamis  tendu.  » 

Hémistiche  2.  — Cf.  73,  4,  asya  spaçah. 

Vers  très  important  pour  déterminer  le  sens  de  pavitra. 

8.  — rtâsya  gopâ  nà  ddbhâya  sukrâtus  | tri  sa  pavitra 
hrdy  àntar  â dadhe  ||  vidvân  sel  viçvci  bhûuandbhi 
paçyaty  \ âvâjustàn  vidhyati  kartê  avratân 

Le  berger  du  coulé,  le  bon  édificateur  a établi  dans  son 
cœur  les  trois  allumeurs  pour  qu’ils  ne  soient  pas  opprimés; 
sage,  il  regarde  tous  les  êtres  ; il  détruit  en  bas,  dans  la  fosse, 
les  non-goûtés,  ceux  qui  sont  sans  l’objet  de  leurs  désirs. 

1.  Berg.,  III,  199,  « ceux  qui  ne  trompent  pas  ». 


294 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Hémistiche  1.  — Cf.  60,  3,  pavamânah . . . dhüvati,  indrasya 
hardi)  âciçan.  — Berg.,  I,  179,  note  : « Il  prend  (passe  par)  trois 
tamis  dans  le  cœur  de  l’homme.  » — Allusion  aux  trois  étages  du 
feu  sacré. 

gopü  na  dabhâya.  — Berg.,  III,  181  : « Gardien  qui  n’est  pas  à 
tromper,  qu’on  ne  peut  tromper.  » — Gardien  qui  a en  vue  la  déli- 
vrance et  non  l'oppression  du  liquide  sacré. 

pâda  3.  — Cf.  54,  3,  ayam  viçvâni  tisthati  punâno  bhuvanopari ; 
71,  9S  somaJi  pari  kratunâ  paçyate  jâli- 

pâda  4.  — Le  soma  pavam.,  en  ouvrant  la  voie  au  soma  liquide, 
fait  qu’il  est  goûté,  et  détruit  ainsi  les  non-goûtés;  de  même  en 
l’unissant  à ce  qu’il  désire,  il  supprime  ceux  qui  n’ont  pas  l’objet 
de  leurs  désirs. 

avratân.  — Cf.  73,  52.  — Berg.,  III,  239  : « Soma,  gardien  in- 
faillible du  r ta,  frappe  ceux  qui  n’observent  pas  le  crata.  » 

9.  — rtdsya  tântur  vitatah  pavitrci  à \ jilwàycï  âgre  vûru- 
nasya  mâyàycl  ||  dhirâç  cit  tût  saminaksanta  dçatâ-  | 
trâ  kartâm  tiva  padâty  ciprabhuh 

Le  fil  du  coulé  a été  étendu  dans  l’allumeur  par  la  créa- 
trice de  l’Enveloppeur  dans  la  pointe  de  la  langue  (du  feu 
sacré);  tout  fermes  qu’ils  soient,  (les  liquides)  ont  atteint 
ceci  (l’oblation  que  voici)  en  s’efforçant  de  le  faire;  que  celui 
qui  ne  prend  pas  le  dessus  dans  ceci  descende  dans  la  fosse. 

pâda  1.  — Cf.  69,  6:!,  tantum  tatam;  73,  71,  vitate  pacitre.  — 
Berg.,  I,  283  : « Ils  purifient  la  parole  sur  un  tamis  tendu  qui  n’est 
autre  que  la  pointe  de  leur  langue.  » — II,  81  : « C’est-à-dire  que 
la  langue  du  prêtre  prononce  des  prières  conformes  à la  loi.  » — 
III,  132  : «La  prière,  assimilée  successivement  à une  étoffe  et  à un 
liquide,  est  tissée  et  purifiée  dans  la  bouche  du  prêtre.  » 

pâda  4.  — Tautologie  habituelle  : « Que  celui  qui  ne  s’élève  pas 
au-dessus,  tombe  dans  la  fosse;  » cf.  le  vers  précédent,  pâda  4. 


HYMNE  LXXIV 


1.  — çiçur  nà  jâtô  ’vci  cakradad  veine  | svàr  yâd  vâjy 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


295 


àrusmh  sisdsati  ||  clivô  rétasâ  sctcate  payovvdhâ  | tcim 
îmahe  sumati  çàrma  saprâthah 

Le  (nouveau)-néj  pareil  à un  enfant,  a crié  vers  le  bas, 
clans  le  bois,  alors  que  le  rouge  pourvu  du  réconfort  cherche 
à s’emparer  du  soleil.  Au  moyen  de  la  liqueur  séminale  du 
ciel,  il  suit  les  deux  (formes  du  soma?)  qui  s’accroissent 
par  le  lait;  nous  l’appelons  (ou  le  lançons)  au  moyen  de  la 
belle  pensée,  — lui  qui  est  la  demeure  (ou  le  refuge)  accom- 
pagnant l’extension. 

pada  1.  — Cf.  38,  5%  aoa  caste  dicali  çiçuli;  7,  32,  vrsâva  ca- 
kradad  varie. 

pâda  2.  — Cf.  7,  4 3,  svar  vâjï  sisâsati. 

2.  — clivô  yâ  skambhô  dharûnah  svâtcda  [ âpürno  ançûh 
paryêti  viçvâtah  [|  sémé  mahi  rôdcisî  yaksacl  âvrtâ  | sa- 
mïclné  dàdhâra  sam  isah  kcivili 

Lui  qui,  colonne  du  ciel,  support,  bien  développé,  éclat 
(bien)  nourri  qui  enveloppe  (l’oblation),  issu  de  ce  qui  a 
tous  (les  dons),  — que  celui-là  développe  par  l’offrande  ces 
deux  brillants,  élevés,  enveloppés  qui  vont  ensemble.  Le 
sage(-soma)  a soutenu  les  libations  auxquelles  il  est  uni. 

pâda  1.  — Cf.  2,  52,  vistambho  dharuno  divah.  — Berg.,  I,  213, 
« étai  solide  ». 

pâda  2.  — - Cf.  67,  28%  viçvebhir  ançubhili.  — Berg.,  I,  162, 
« autour  de  toutes  choses  » ( viçvatah ). 

pâda  3.  — Cf.  41,  5,  sa  pavasva. . . ü maliï  rodasï  prna;  18,  5, 
ya  ime  rodasï  main  sam...  doliate.  — Berg.,  I,  186  : « Qu’il 
honore  par  le  sacrifice  les  deux  mondes.  » 

3.  — mâhi  pscivah  sûkrtcun  somydm  mâdhü  | -rvi  gâvyû- 
tir  ûditer  rtâm  y cité  ||  îçe  yô  vrstér  itâ  usriyo  vrsâ-  \ 
pain  netâ  yâ  itâûtir  rgmiyah 

(Voilà)  la  grande  nourriture,  le  liquoreux  bien  édifié,  le 
doux,  le  large  régal  issu  de  la  vache,  (destiné)  à celui  qui  va 


296 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


au  coulé  de  la  non-liée,  — lui  qui,  taureau,  de  la  nature 
brillante  de  l'aurore,  (provenant)  de  ceci  (de  l’oblation),  se 
rend  maître  de  la  pluie,  — lui  qui,  conducteur  des  eaux, 
régal  (provenant)  de  ceci  (de  l’offrande  que  voici),  est 
chanteur. 

pâda  3.  — Berg.,  I,  217  : « Il  commande  d’ici  à la  pluie.  » — 
Cf.  Berg.,  I,  220,  pour  la  comparaison  de  ce  vers  avec  le  suivant, 
à propos  de  la  prétendue  « correspondance  des  deux  sacrifices, 
terrestre  et  céleste  ». 

4.  — dtmanvcïn  nàbho  duhyate  ghrtâm  paya  [ rtàsya 
nâbhiv  amrtam  vi  jâyate  ||  samîcïndh  sudânavah  prî- 
nanti  | tara  ndro  hitâm  dva  mehanti  péravah 

Le  brouillard  (ou  l’humide)  qui  respire,  le  ghrta,  le  lait 
est  trait  (voilà  qu’on  le  fait  couler);  le  nombril  du  coulé, 
le  non-mort  est  né;  ceux  qui  vont  ensemble,  ceux  qui  ont 
de  belles  gouttes  (le)  régalent;  les  hommes(-somas)  qui  tra- 
versent (les  obstacles)  émettent  par  en  bas  en  urinant  ce 
(liquide)  mis  en  mouvement. 

pâda  1.  — Cf.  71,  l3,  nabhalt  payait;  62,  9%  pari  srava...  ghrtam 
payait;  62,  20s,  payo  duhanty  âyavalt.  — Berg.,  I,  209  : « Le 
Soma  désigné  sous  le  nom  d’amrta  et  assimilé  au  lait  du  nuage, 
est  honoré  (proprement  réjoui)  par  des  personnages  qui  le  font 
couler  en  bas.  » 

5.  — àrâvld  ançüh  sàcamàna  ûrminâ  \ devdvyàm  mdrtuse 
pinvati  tvdcarn  ||  dâdhàti  gdrbham  éditer  updstha  â 
yéna  tokâm  ca  tdnayam  ca  dhâmahe 

L’éclat  qui  accompagne  (l’oblation)  au  moyen  du  flot  a 
mugi;  il  gonfle  pour  l’homme(-soma)  la  peau  qui  est  le  régal 
des  Célestes;  il  vient  établir,  dans  la  matrice  de  la  non-liée, 
un  fœtus  au  moyen  duquel  nous  établissons  (ou  nous  re- 
cevons) extension  (ou  descendance)  et  progéniture. 

pâda  2.  — Berg. , 1 1 , 35  : « La  peau  où  se  rafraîchissent  les  dieux  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


297 


= le  soma  dans  les  eaux  du  nuage.  — En  réalité,  cette  peau 
(fictive)  est  l’enveloppe  du  liquide  sacré,  appelée  ailleurs  la  toison 
de  la  brebis,  ou  la  peau  de  la  vache. 

Hémistiche  1.  — Cf.  64,  11,  ttrmir  y as  te  pavitra  à devâvïli 
paryaksarat . 

pâda  3.  — Cf.  26,  l2,  upasthe  aditer  adhi;  19,  5%  punâno  gav- 
bham  àdadhat. 

pàda  4.  — 65,  21\  isam  tokâya  no  dadliat.  — Berg.,  III,  96, 
note:  « C’est  dans  le  sein  d’Aditi  que  Soma  produit  le  germe  des 
enfants  des  hommes.  » 

6.  — sahâsradhâré  ’va  ta  asaçcdtas  | trtiye  santu  râjasi 

prâjàoatlh  ||  câtcisvo  nâblio  nihitd  avû  divô  | havir 

bharanty  amrtam  ghrtaçcûtah 

Qu’apparaissent  non  retardées,  douées  de  postérité,  dans 
le  rajas  qui  est  le  troisième,  celles-ci  qui  sont  en  bas  dans 
la  (liqueur)  aux  courants  qui  ont  les  mille  (dons).  Les  quatre 
cordons  ombilicaux  (?)  (ou  ouvertures?)  qui  coulent  le  glirta 
mis  en  mouvement  en  bas,  au-dessous  du  ciel,  apportent  la 
libation,  (le  liquide)  non  mort. 

Hémistiche  1.  — Cf.  73,  4,  sahasradliàre  'va  te  sam  asvaran 
divo  nake. . . asaçcatah. 

trtiye.  — « Le  troisième,  « eu  égard  au  dio  et  à Vantariksa;  voir 
toutefois  Berg.,  III,  138. 

catasrah  (nübhah)  = « quatre  » = « quatrième  (objet)  »,  eu 
égard  aux  trois  mondes,  — Berg.,  loc.  cit.,  y voit  les  quatre 
points  cardinaux. 


7.  — çvetâm  rûpàm  krnute  ycit  sisâsati  | sumo  mîdhvân 
âsuro  veda  bhumanah  ||  dhiyâ  çàml  sacate  sém  ablii 
pravdd  | divc’di  kâvandham  civa  darsad  udrinam 

Le  liquide  produit  la  couleur  brillante  alors  que,  hu- 
mide (?),  animé,  il  cherche  à conquérir  (et)  trouve  la  terre 
(-libation).  Au  moyen  de  la  pensée,  au  moyen  de  l’activité, 
il  suit  la  pente;  il  a percé  en  bas  la  tonne  aqueuse  du  ciel. 


298 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pâda  1.  — Cf.  65,  18,  â nah  soma. . . rüpam  na  vareuse  bhara; 
74,  1%  svai ' y ad  vâjy  arusali  sisâsati. 

pâda  2.  — Cf.  73,  1,  asurali. . . àrabhe  satyasya. 
dhiyâ  çaml.  — Cf.  RV.  II,  hymne  31,  6,  même  formule. 
divaîi  kaoandliam.  — Cf.  la  formule  dirai).  . . vrstih,  passim.  — 
Berg.,  I,  215,  voit  dans  le  Soma  « fendant  la  tonne  d’eau  du  ciel  », 
une  allusion  certaine  à l’éclair.  — La  pluie  ou  la  tonne  en  question 
sont  en  bas  eu  égard  au  ciel  -feu). 

8.  — âdha  çuetâm  kaldçam  gôbhir  aktdm  \ kârsmann  â 
vâjy  àkramit  sasavân  ||  â hinvire  mânasâ  devaydntah  \ 
kaksîvate  çatâhimâya  gônâm 

Voilà  que  celui  qui  a les  réconforts,  le  conquérant,  s’est 
avancé  dans  la  limite  (le  but),  vers  la  coupe  brillante  que  les 
vaches  ont  ointe.  Ceux  qui  deviennent  célestes  (l’)ont  mis 
en  mouvement  au  moyen  de  la  pensée  pour  le  sanglé  (?)  qui 
a l'humidité  des  cent  (dons)  provenant  des  vaches. 

Hémistiche  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  1. 
pâda  2.  — Cf.  36,  V,  kârsman  vâjl  ny  akramït , — même  ex- 
plication. 

9.  — adbhih  soma  paprcândsya  te  rdsô  | ’vyo  vâram  vi 
pavamâna  dhâvati  ||  sd  mrjydmânah  kavibhir  madin- 
tama  \ svddasvéndrdya  pavamâna  pltâye 

O liquide,  ô toi  qui  te  répands  au  moyen  des  eaux,  ton 
suc,  coule,  ô allumé,  vers  (ou,  à travers)  la  toison  de  la 
brebis;  toi  (que  voilà),  ô très  liquoreux,  rendu  brillant  par 
les  sages  (somas),  goûte  (ce  suc),  ô allumé,  pour  la  boisson 
(destinée)  à l’Ardent. 

te,  sa.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  61,  17 , pacamânasya  te  raso  mado  râjan... 
vi  vâram  avyam  arsati. 

pâda  3.  — Cf.  64,  13,  mrjyamâno  manlsibhih. 
pâda  4.  — Cf.  62,  5:l,  svadanti  güvali  payobhili;  62,  81,  indrâya 
pïtaye. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


299 


HYMNE  LXXV 

1.  — abhi  pviyâni  pavate  cânohito  \ nârndni  yahvô  âdhi 
yésu  vârdhate  ||  â suryasya  brhatô  brhdnn  âdhi  | rcdhara 
visuancam  aruhad  vicaksandh 

Le  jeune  (ou  l’actif)  mis  en  mouvement  par  l’agréable, 
allume  les  choses  qui  (lui)  sont  chères,  — les  signes  dans 
lesquels  il  croît  en  haut.  Le  fort,  l’étincelant  est  venu 
monter  sur  le  char,  qui  va  dans  toutes  les  directions,  du 
puissant  soleil. 

Hémistiche  1.  — Cf.  12,  8,  abhi  priyâ. . . somo  hinvàno  arsati. 
Hémistiche  2.  — Cf.  15,  1,  esa...  yâti...  çüro  rathehhir  açubjiili. 

2.  — rtdsya  jihvâ  pavate  mâdhu  priydm  | vaktâ  pâtir 
dhiyô  asyâ  âdâbhyah\\  dâdhâti putrâh  pitrôr  apîcycnn  | 
nâma  trtîyam  âdhi  rocanô  divâh 

La  langue  du  coulé  allume  le  doux,  l’agréable,  (elle  qui 
est)  le  parleur,  le  maître  de  cette  pensée  qui  ne  doit  pas  être 
opprimé;  le  fils  établit  le  signe  caché  du  père,  — le  troi- 
sième, — au-dessus,  dans  l’éclat  du  ciel. 

priyam  madhu.  — Cf.  2,  31. 

pàda  1.  — Cf.  73,  4,  sam  asoaran  divo  nâke  madhujihvctli . — 
Berg-,  I,  283  : « La  langue  clarifie  l’agréable  liqueur  de  la  loi.  » 
pàda  3.  — Cf.  71,  5 , jrayati  gor  apïcyam  padam.  — Le  père,  ou 
le  soma  liquide,  est  caché  ou  disparu  quand  le  fils  ou  le  soma  igné 
en  apporte  le  signe  (troisième  objet,  eu  égard  au  père  et  au  fils), 
dans  le  ciel-feu. 

pàda  4.  — Cf.  17,  5,  ati  tri  soma  rocanà  rohan;  42,  1',  janayan 
rocanà  divali. 

3.  • — âva  dyutânâh  kaldçân  acikradan  \ nrbhir  yemândli 
kôça  â hivanydye  ||  abhim  rtdsya  dohdnà  anüsatâ  \ -dlii 
triprsthd  usdso  vi  râjati 

L’étincelant  a fait  résonner  en  bas  les  coupes,  lui  qui 


300 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


s’étend  au  moyen  des  hommes(-somas)  dans  le  vase  d’or; 
vers  lui  ont  mugi  ceux  qui  trayent  le  coulé;  celui  qui  a 
trois  sommets  fait  au-dessus  briller  les  aurores. 

pàda  1.  — Cf.  18,  7,  sa  çusmï  kalaçeso  â punâno  acikradat. 
— kalaçàn-koçe,  dédoublement  verbal. 

Hémistiche  2.  — Cf.  71,  7,  rrsâ  triprstho  anavista  gü  ablii. . . 
rebho  na  pürcïr  usaso  ci  râjati. 

4.  — àdribhih  sutô  matibhiç  eu  no  hit  ah  \ prarocâyan  rôdasï 
mâtârà  çûcih  [|  rômâny  âvyâ  samâyâ  vi  dhâvati  | mâdhor 
dhàrâ  pinvamânâ  divé  dive 

Versé  par  les  pierres,  par  les  pensées,  lui  qui  est  mis  en 
mouvement  par  l’agréable,  clair,  éclairant  les  deux  bril- 
lantes, les  deux  mères,  — le  courant  du  doux  coule  à travers 
les  poils  de  la  brebis  à l’aide  de  la  semblable,  en  grossissant 
pour  (ou  dans)  chaque  jour(-feu). 

canoliitah.  — Cf.  75,  1. 

pàda  2.  — Cf.  9,  3,  sa  sünur  mâlarà  çuciJi ...  arocagat.  — 
Berg.,  II,  22  : « Il  fait  briller  les  deux  mondes,  ses  parents.  » 
pàda  3.  — Cf.  62,  8,  so  arsa . . . tiro  româny  acyaijâ. 


5.  — pari  soma  prâ  dhanvâ  svastâye  \ nrbhih  punânô  abhi 
vàsaydçiram  \\  y ê te  mâdâ  âhanâso  vihciyasas  | tébhir 
indrarn  codaya  dâtave  maghâm 

O liquide,  allumé  par  les  hommes(-somas),  avance-toi  en 
coulant  circulairement  pour  la  bonne  manifestation;  revêts 
le  lait  chaud.  Ces  tiens  breuvages  que  voilà  parlants  ('?),  for- 
tifiants, avec  eux  mets  en  mouvement  le  don  pour  gratifier 
l’Ardent. 

àçiram.  — Berg.,  II,  56  : « Ce  qui  sert  à cuire  Soma.  » 
âhanasah.  — Sày.  « r acanavantah.  » 

pàda  4.  — Cf.  8,  3,  indrasya  soma  ràdhase  punâno  hardi  co- 
daga.  — RV.,  X,  hymne  141,  5,  indram  dânüga  codaya. 


Le  culte  védique  du  soMa 


301 


HYMNE  LXXVI 

1.  — dhartâ  divâh  pcivate  krtvyo  rdso  \ dâkso  devânàni 
anumâdyo  nrbhih  [|  hdrih  srjânô  âtyo  nd  sâtvabhir  | 
vrthâ  pàjânsi  krnute  ncidîsv  â 

Le  porteur  du  ciel,  le  suc  créateur  s’allume,  — (lui), 
l’habile  appartenant  aux  Célestes  qui  doit  participer  à leur 
suite  à la  libation  (?)  versée  par  les  hommes.  Le  doré  qui 
s’élance  pareil  à un  coursier  â l’aide  des  (oblations)  présentes 
(ou,  pourvues  du  manifesté,  — sat)  vient  créer  des  lumières 
dans  les  rivières  au  moyen  de  l’accroisseur. 

pâda  1.  — Cf.  26,  23,  indam  dhartâram  â divali;  46,  1%  atyâsali 
krtviyâ  iva. 

Hémistiche  1.  — Cf.  61,  18,  rasas  tara  dakso  vi  râjati  dyumân. 
pâda  3.  — Cf.  3,  4%  çüro  yann  iva  satvabhih. 
pâda  4.  — Cf.  63,  17,  mrjanti. . . harim  nadïsu.  — Ce  pâda  est 
des  plus  concluants  en  faveur  de  l’hypothèse  que  le  soma  est  un 
liquide  inflammable. 

2.  — çuro  nd  dhatta  àyudhâ  gâbhastyoh  \ svàh  sisâscin 
rathirô  gdvistisu  ||  indrasya  çûsmctm  irdyann  apas- 
yübhir  ] indur  hinvdnô  cijyate  manisibhih 

Comme  un  héros,  il  a placé  des  armes  dans  ses  deux  mains, 
cherchant  à s’emparer  du  soleil,  muni  d’un  char  dans  les 
(choses)  qui  ont  le  désir  des  vaches.  Mettant  en  mouvement 
l’activité  de  l’ Ardent  au  moyen  de  ceux  qui  veulent  produire 
des  œuvres,  le  brillant  qui  s’élance  est  oint  par  les  sages. 

pâda  1.  — Cf.  57,  23,  liaris  tunjâna  âyudhâ. 
pâda  2.  — Cf.  7,  4:‘,  svar  vâjï  sisâsati. 
pâda  3.  — Cf.  50,  1',  ut  te  çusmàsa  ïrate. 
pâda  4.  — Cf.  64,  132,  mrjyamâno  manïsibhih. 

3.  — indrasya  soma  pcœamàna  ürmiyd  | tavisydmdpo 


302 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


jathdresv  à viça  || prd  nah  pinva  vidyûd  abhréva  rôdasi  | 
dhiyâ  nâ  vàjdn  ûpa  màsi  çâçvata/i 

O liquide,  ô allumé,  rendu  impétueux  pénètre  au  moyen 
du  flot  dans  les  ventres  de  l’ Ardent;  gonfle  nos  deux  bril- 
lantes comme  l’éclair  (gonfle)  les  pluies;  comme  au  moyen 
de  la  pensée,  tu  développes  nos  réconforts  qui  ne  cessent  de 
couler. 

Hémistiche  1-  — Cf.  72,  2,  indrasya  somam  jathave  yad  âduhuli. 
pâda  3.  — Cf.  41,  5%  à raalii  rodasï  prtia.  — Lud.  : pinça 
= « lasz  uns  strômen  ».  — Berg.,  I,  168  : « Comme  l’éclair  fait 
gonfler  les  nuages.  » — Le  gr.  le  lat.  imber  et  le  sc.  ambhas 

donnent  fortement  à croire  que  abhra  signifie  « eau,  pluie  »,  plutôt 
que  « nuage  ».  L’éclair-feu  sacré  gonfle  ou  développe  sous  la  forme 
de  flammes  l’eau  ou  la  pluie-soma,  surtout  si  nous  nous  rappelons 
que  les  comparaisons  védiques  ne  sortent  jamais  de  l’horizon  des 
éléments  du  sacrifice. 

pâda  4,  — Cf.  71,  6,  sadanam  dhiyâ  krtam. 

4.  — viçvasya  râjà  pavate  svardrça  j rtâsya  dhltim  psisâl 
avivaçat  ||  ydh  suryasyâsirena  mrjydte  \ pitâ  matinàm 
àsamastakdvyah 

Le  roi  de  ce  qui  a tous  (les  dons),  de  ce  qui  voit  le  soleil, 
s’allume.  Celui  qui  s’est  emparé  du  chanteur  a fait  retentir 
la  méditation  du  coulé,  — lui  qui,  père  des  pensées,  n’ayant 
pas  (encore)  atteint  tout  ce  qui  provient  du  sage  (soma), 
est  rendu  brillant  par  le  trait  du  soleil. 

pâda  2.  — Cf.  66,  11,  avâcaçanta  dhîtayali;  32,  3S,  viçoasyâ- 
cîcaçan  matim.  — Berg.,  II,  24  : « Il  a fait  mugir  la  prière.  » 
pâda  3.  — Berg.,  I,  202  : « Il  est  purifié  par  le  trait  du  soleil.  » 

5.  — vrseva  yüthà  pdiri  kùçam  arsasy  | apâm  updsthe 
vrsabhàh  kànikradat  ||  sa  indrâya  pavase  matsarintamo  | 
ydthâ  jésàma  samithé  tvôtayah 

Comme  le  taureau  (qui  court)  autour  des  troupeaux,  tu 
coules  circulairement  vers  le  vase,  toi  le  buffle,  — ce  qui 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


303 


mugit,  — (pour  entrer)  dans  le  giron  des  eaux;  toi  que  voilà, 
tu  t’allumes  pour  l’Ardent,  toi  très  liquoreux,  de  telle  sorte 
que  régalés  par  toi,  nous  soyons  conquérants  (de  la  libation) 
dans  la  rencontre  (ou,  la  lutte  du  feu  sacré  pour  s’emparer 
d’elle). 

pâda  1.  — Cf.  71,  9’,  ukseva  yüthü  pariyann  arâvït. 

pâda  3.  — Cf.  63,  2,  pinoasa  indrâya  matsarintamàli. 

Hémistiche  1.  — Le  poète,  comme  souvent  dans  les  passages 
analogues,  a deux  idées  en  vue  : 1°  Le  soma  igné  enveloppe  le 
soma  liquide;  2°  celui-là,  vient  s’unir  à celui-ci  dans  le  vase,  ou  le 
réceptacle,  qui  est  censé  le  contenir  à titre  de  liquide. 


HYMNE  LXXVII 

1.  — es  à prd  kôçe  mâdhumân  acikradad  | ùidrasya  vc'ijro 
vdpuso  vàpustarah\\abhim  rtàsya  sudûgliâ  ghrtaçcûto  | 
vdçrâ  arsanti  pàyaseua  dhenàvah 

Celui  que  voilà  pourvu  de  doux  s’est  avancé  en  criant 
dans  le  vase,  (sous  la  forme  de  l’arme)  issue  du  réconfort 
( uctjra ) de  l’Ardent,  plus  éclatante  que  l’éclat;  vers  lui  les 
(brillants),  — pareils  aux  (vaches)  laitières  du  coulé,  au  bon 
lait,  qui  font  couler  le  ghrta,  mugissantes,  — coulent  au 
moyen  de  leur  lait. 

esa.  — Démonstratif  liturgique, 
pâda  1.  — Cf.  le  Ie1'  hémistiche  du  vers  précédent, 
pâda  2.  — Le  vajra  est  nettement  identifié  au  soma  pavamâna. 
— Berg.,  I,  169  : « Soma  est  appelé  la  foudre  d’Indra  ». 

pâda  4.  — 13,  7,  câçrâ  arsantïndavali...  net  dhenavah.  — Berg., 
III,  242  : « Les  vaches  bonnes  laitières  du  rta,  qui  coulent  pour 
Soma,  pourraient  être  aussi  les  eaux  avec  lesquelles  on  le  prépare 
sur  la  terre  » 

2.  — sa  pürüyâh pavate  yàrp  divdh  pari  | çyenô  mathàyâd 


304 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


isitds  tiré  rajah  ||  sâ  mâdlwa  à yuvate  vêvijcïna  it  \ 
krçànor  dstur  mànasâha  bibliyûsd 

Celui  que  voilà,  que  l’aigle  du  ciel  lancé  au  delà  du  rajas 
a agité  circulairement,  s’allume.,  — lui  qui  est  de  la  nature 
de  l’ancien;  celui-là  vient  s’atteler  aux  douces  (liqueurs) 
en  s’agitant  au  moyen  de  la  pensée  effrayée  par  l’archer 
qui  blesse. 

sa.  — Démonstratif  liturgique. 

pada  2.  — Cf.  68,  62,  çyeno  yad  andho  abharat  parâvatali.  — 
Berg.,  III,  7 : « Lui,  que  l’aigle  a baratté  (tiré  par  le  barattage)  du 
ciel.  » 

pâda  4.  — Berg.,  III,  30  : « (Krçànu)  l’archer  qui  lance  une 
flèche  à l’aigle  au  moment  où  celui-ci  dérobe  la  liqueur  sacrée.  » — 
Voir  sur  ce  mythe,  p.  17  seq. 

3.  — té  nah  purudsa  ûpardsa  indavo  | mahé  vâjdija  dhan- 
vantu  gômate  ||  iksenyâso  ahyô  nâ  càravo  | brdhma 
brahma  yé  jujusur  hcwir  havili 

Que  ces  brillants  venant  de  nous  qui  sont  en  avant,  qui 
sont  en  arrière,  courent  pour  le  réconfort  élevé,  pourvu  de 
vaches,  — eux  qui,  admirables  (?),  beaux,  pareils  à des  ser- 
pents, ont  goûté  chaque  libation,  chaque  prière-réconfort. 

ahyo  na.  — Berg.,  I,  168,  voit  dans  cette  comparaison  une 
allusion  à l’éclair.  — Il  est  possible,  à mon  avis,  que  le  poète  vise 
la  transformation  du  soma  liquide  en  soma  pavam.,  en  l’assimilant 
à celle  du  serpent  qui  change  de  peau;  cf.  86,  44. 

4.  — ciyàm  no  vidvâti  vanavad  vanusyatd  \ indu  h satrâcd 
mdnasd  purustutdh  [|  incisya  yd/i  scidane  gàrbhani 
dclaclhé  | gâvdm  urubjdm  abhy  drsati  vrajdm 

Que  ce  sage,  le  brillant  qui  vient  de  nous,  célébré  par  les 
nombreux  (somas),  obtienne  ceux  qui  s’agitent  au  moyen 
de  la  pensée  qni  va  de  compagnie  (allusion  aux  deux  états 
du  soma);  lui  qui  a établi  un  foetus  dans  la  résidence  du 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  305 

fort(-soma)  coule  vers  l’enceinte  des  vaches  largement 
ouverte  (?). 

pâda  1.  — Cf.  7,  6a,  rebho  canuëyate  matï. 
pâda  2.  — Cf.  19,  5,  punâno  garbhcim  üdadhat. 


5.  — câkriv  divdh  pavate  krtvyo  rciso  | mahàn  üdcibdho 
vàruno  hurûg  yaté\\dsàvi  mitrô  vrjânesu  yajniyô  \ ’tyo 
tid  yûthé  vrsayûh  kânikradat 

Le  suc  du  ciel,  créateur,  actif,  s’allume,  (lui)  le  haut, 
l’Enveloppeur  non  opprimé,  pour  celui  qui  va  de  travers  (?); 
l’Ami  qui  est  de  la  nature  de  l’oblation  a été  versé  dans  les 
enceintes  (de  la  libation),  pareil  à un  coursier  (qui  va  se 
joindre)  au  troupeau,  — (lui)  désireux  de  devenir  taureau, 
— (lui)  qui  est  ce  qui  mugit. 

pâda  1.  — - Cf.  76,  1',  dhartâ  diocih  pavate  krtvyo  rasali.  — 
Berg.,  II,  22  : « Soma  a fait  le  ciel.  » 
pâda  2.  — Identification  nette  de  Varuna  et  du  soma  pavamâna. 
pâda  4.  — Cf.  76,  5,  crseca  yüthâ pari  koçam  arsasi...  vrëabhali 
kanikradat. 

Berg.,  III,  136,  a traduit  ce  vers  très  librement  : « Le  suc  éner- 
gique et  puissant  (le  Soma)  coule  du  ciel  (contradictoire  avec 
l’interprétation  ci-dessus,  pâda  1 : « Soma  a fait  le  ciel  a),  grand 
Varuna  infaillible  pour  celui  qui  sort  de  la  voie  droite;  il  a été 
exprimé,  Mitra  sacré,  dans  les  demeures,  hennissant  comme  un 
cheval  en  rut  au  milieu  du  troupeau.  » 

HYMNE  LXXVIII 

1.  — prci  râjd  vacant  janâyann  asisyadad  | apô  vàscïno 
cibhi  y à iyakèati  ||  yrbhnàti  riprdm  dvir  cisya  tânvd  \ 
çuddhô  devânâm  ûpa  yâti  niskrtâm 

Le  roi  engendrant  la  voix  a coulé;  revêtant  les  eaux,  il 
s’efforce  d’offrir  les  vaches  en  oblation  (ou  d’aller  vers  les 
vaches)  ; la  brebis  s’empare  de  la  tache  au  moyen  du  corps  (?) 


20 


306 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SO\lA 


de  celui-là;  rendu  brillant,  il  (le  soma)  se  rend  à ledilice  des 

Célestes. 

pâda  1.  — Cf.  25,  5',  aruso  janayan  girali. 
pâda  2.  — Cf.  11,  l:l,  abhi  deoün  iyaksate;  2,  33,  apo  vasista  su- 
kraiuli.  — Beig.,  II,  49  : « Sonia  s’élance  vers  les  vaches.  » 
pâda  3.  — Cf.  14,  4%  jahac  charyâni  tànvà.  — Sây.  « tànvà 

— svïyena  vastrena.  » — Cf.  Berg.,  I,  203,  note.  — J’entends  que 
le  lait-soma  de  la  brebis  rend  brillant,  c’est-à-dire  permet  d’al- 
lumer, le  soma  obscur  et  pour  ainsi  dire  couvert  d’une  tache. 

2.  — indrâya  soma  pari  sicyase  nj-bhir  | nrcdksd  ûrmih 
kaoir  ajyase  veine  ||  pûrvîr  hi  te  srutâyah  sànti  yâtave  | 
sahâsram  dçvd  hàrayaç  camüsàdah 

O liquide,  tu  es  versé  circulairement  par  les  hommes 
(-somas)  pour  l’Ardent;  (pareil  au)  flot,  sage,  toi  qui  tires 
ton  éclat  des  hommes(-somas),  tu  es  l’objet  d’onctions  dans 
le  bois  (=  le  combustible);  nombreux  sont  tes  courants  pour 
te  mettre  en  marche,  — (ce  sont)  mille  chevaux  dorés  qui 
résident  dans  les  coupes. 

pada  2.  — Cf.  66,  9%  rebho  yad  ajyase  vane. 

pâda  4.  — - Cf.  8,  2,  punânâsaç  camûëado  gachanto  câyum  açcind. 

— Berg.,  I,  223  : « Tu  as  pour  courir  des  flots  innombrables, 
mille  chevaux  bais  qui  ont  pour  écurie  la  cuve.  » 

3.  — samudriyà  apsardso  manisinam  | usina  antâr  abhi 
sôniam  aksaran\\tâ  Un  liinvanti  harmyàsya  saksdnim  | 
yàcante  sumndm  pâuamdnain  dkèitam 

Les  aqueuses  qui  sont  de  la  nature  de  la  mer  ont  coulé 
vers  le  liquide,  (vers)  le  penseur  dans  lequel  elles  viennent 
prendre  résidence;  celles-ci  ont  mis  en  mouvement  celui  qui 
s’est  emparé  de  la  demeure;  elles  appellent  l’allumé,  le  bon 
penseur  non  épuisé. 

pâda  1.  — * Cf.  62,  26',  samudriyà  apali.  — Berg.,  II,  35  : « Les 


Le  culte  védique  du  soma  30? 

Apsaras  sont  appelées  « maritimes  »,  par  allusion  à la  mer  atmos- 
phérique. » 

pàda  3.  — Cf.  71,  4%  sincanti  harmyasya  saksanim. 


4.  — gojin  nah  sômo  rathajid  dhiranyajit  [ svcirjid  abjit 
pavate  sahasrajit  ||  y dm  devâsaç  cakriré  pltûye  mâdam  | 
svâdistham  drapsàm  arundm  mayobhûvam 

Notre  liquide  allume  ce  qui  conquiert  les  vaches,  ce  qui 
conquiert  les  chars,  ce  qui  conquiert  l’or,  ce  qui  conquiert 
le  soleil,  ce  qui  conquiert  les  eaux,  ce  qui  conquiert  les  mille 
(dons),  — lui,  boisson  très  douce,  goutte  rouge,  qui  se  mani- 
feste par  l’agréable,  que  les  Célestes  ont  produit  pour  le 
Boire  (pour  être  bue). 

Hémistiche  1.  — Cf.  59,  1,  pavasva  gojid  açoajid,  viçvajit  soma 
ranyajit.  — L’analogie  de  4,  2 : soma. . . sanâ,  svali  semble  bien 
indiquer  que  svarjit,  etc.,  sont  des  régimes  et  non  pas  des  sujets. 

pâda  3.  ■ — Les  dieux  « font  » le  soma  pavam.  qui  est  leur  aller 
ego , et  qui  ne  saurait  exister  sans  eux. 

5.  — etàni  soma  pcmamâno  asmayüh  \ satyâni  krnvdn 
drdoindny  arsasi  ||  jahi  çdtrum  antiké  düraké  ca  y à \ 
urvim  ydvyütim  dbhayam  ca  nah  krdhi 

O liquide,  ô allumé,  désireux  d’être  nôtre,  tu  coules  en 
les  produisant  (vers)  ces  richesses  qui  sont  de  la  nature  du 
manifesté.  Écarte  l’ennemi,  celui  qui  est  dans  le  proche  et 
celui  qui  est  dans  l’éloigné.  Produis  pour  nous  le  large  régal 
issu  de  la  vache  et  ce  qui  n’a  pas  de  crainte  (ce  qui  se  déve- 
loppe librement). 

etâni.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  l’hémistiche  2 du  vers  précédent.  Les 
Célestes  et  le  soma  pavam.  sont  mis  sur  le  même  pied  et  produisent 
les  mêmes  œuvres. 

Hémistiche  2.  — Cf.  67,  21,  y ad  and  yac  ca  dürake  bhayam 
rindati  mâm  ilia  pavamüna  vi  taj  jalii , 


308 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  LXXIX 

1.  — acodciso  no  dhanvantu  indavah  | prâ  suvànâso  brhàd- 
divesu  hàrayah  ||  vi  ca  nàçan  na  isô  àrdtayo  | ’ryô  na- 
çanta  sânisanta  no  dhiyah 

Que  nos  brillants  qui  manquaient  d’excitation  (ou  d’acti- 
vité) se  mettent  à courir,  (eux)  les  dorés  qui  s’élancent  (pour 
venir)  dans  les  cieux  du  fort  (soma).  Périssent  nos  libations 
qui  n’ont  pas  de  dons;  périssent  les  pensées  de  celui  qui  n’a 
pas  de  dons;  que  les  nôtres  soient  conquérantes! 

Hémistiche  1.  — Cf.  17,  2,  abhi  sucânâsa  indavah.  ■ . aksaran; 
65,  24,  sucânà  devâ.sa  indavah.  — Berg.,  I,  209  : « Que  les  gouttes 
brillantes  pressées  chez  ceux  qui  habitent  le  haut  du  ciel,  coulent 
d’elles-mêmes  pour  nous.  » 

pâda  3.  — Grassmann  : « Die  Frevler  môgen  nicht  erlangen 
unser  Gut  (!).  » 

2.  — prâ  no  dhanvantv  indavo  madacyulo  | dhânâ  va. 
yêbhiv  ârvato  junimdsi  ||  tiré  mârtasya  kâsya  cit  pâri- 
lwrtim  \ vaydm  dhânâni  viçvàdhâ  bharemahi 

Puissent  se  mettre  à couler  nos  brillants  qui  versent  la 
boisson,  ou  (qui  coulent)  les  richesses,  au  moyen  desquelles 
nous  mettons  les  coursiers  en  mouvement.  Puissions-nous 
apporter  des  richesses  de  manière  à établir  ce  qui  possède 
tous  (les  dons),  en  allant  au  delà  de  l’empêchement  de  tout 
mort  ! 

pâda  1.  — Cf.  l'hémistiche  1 du  vers  précédent, 
pâda  3.  — Cf.  3,  2-,  ati  hoarànsi  dliàvati;  63,  4’,  ete  asrgram... 
ati  licarünsi.  — Berg.,  III,  189  : « L’enlacement  d’un  mortel  quel- 
conque. » — La  libation  morte  est  censée  faire  obstacle  à la  liba 
tion  vive. 

pâda  4.  — Cf.  61,  23,  cayam  dhanü  jayema ; 65,  9,  vayam  ciçvâ 
dhanüni  jiyyusali . 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


309 


3.  — utâ  svcisyci  àrâtyâ  arir  hi  s ci  ] utànyasyâ  dràtyà 
vrko  hi  sdh  [|  dhànvan  nci  trsnâ  sam  arita  tân  abhi  | 
sôma  jahi  pavamâna  durâdhyàh 

Ou  bien  celui  que  voilà  est  le  non-donneur  de  son  propre 
non-donneur,  ou  bien  celui  que  voilà  est  le  loup  d’un  autre 
non-donneur  (il  le  dévore).  Que  la  soif  (la  libation  altérée) 
se  dirige  vers  ceux-là  comme  (si  elle  était  flèche)  sur  l’arc. 
O liquide,  ô allumé,  écarte  ceux  qui  ont  de  mauvaises 
pensées  (qui  crépitent  mal,  qui  ne  s’allument  pas). 

Hémistiche  1.  — Cf.  79,  1,  pàda  3.  — Berg.,  III,  173  : « Qu’il 
(nous  préserve)  de  notre  propre  méchanceté!  car  elle  est  un  ennemi. 
Qu’il  (nous  préserve)  aussi  de  la  méchanceté  des  autres!  Car  elle 
est  un  loup.  » En  ce  qui  regarde  lé  sens  des  mots  ari  et  arâti,  j’en 
appelle  de  Berg,  à Berg.  (II,  218,  note  3).  Le  sens  réel  est  que  le 
Sonia  est  donneur,  puisqu’il  ne  donne  pas  le  non-don,  ou  puisqu’il 
le  dévore. 

pàda  3.  — dhancan  « lande  »,  sens  traditionnel  déduit  du  con- 
texte. La  traduction  que  je  propose  est  hypothétique. 

trsnâ.  — Désignation  métaphorique  du  soma  pavam.  qui  a soif 
du  soma  liquide. 

pàda  4.  — Cf.  70,  5,  bâdlmtevi  durmatïh;  53,  32,  düdhyâ. 

4.  — divi  te  nâblià  paramô  yâ  âdadé  \ prthivyâs  te  ruru- 
huh  scînaui  ksipah  [|  âdrayas  tvà  bapsati  gôr  âdhi  tvacy  | 
cipsû  tvà  hâstair  duduhur  manîsinah 

A toi  est  celui  qui,  tout  en  haut,  t’a  pris  (pour  te  placer) 
dans  le  ciel,  dans  le  nombril;  à toi  sont  les  flèches  (ou  les 
doigts)  qui  se  sont  élevées  au  sommet  de  la  terre;  les  mon- 
tagnes te  dévorent  (?)  dans  la  peau  de  la  vache;  les  penseurs 
(somas)  te  trayent  dans  les  eaux  avec  leurs  mains. 

pàda  1.  — Cf.  12,  4,  divo  nâbhà. . . mahïyate  somah. 
pàda  2.  — Cf.  63,  27,  pavamâna  dioali  pari.  ..  prthivyâ  adhi 
sânavi. 

pàda  3.  — Cf.  66,  29,  esa  somo  adhi  tvaci  gavâm  krïlaty  adri- 
bhih.  — Les  feux  du  soma  pavam.  sont  assimilés  à des  montagnes, 


310 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


ou  peut-être  faut-il  entendre  que  les  montagnes  ont  comme  dévoré 
la  libation  tant  qu’elle  n'en  jaillit  pas.  — tant  qu’elle  est  (en  vertu 
d’une  autre  figure)  dans  la  peau  de  la  vache, 
pâda  4.  — Cf.  20,  6,  sa. . . apsu. . . mvjyamâno  gabhastyoh. 
Hémistiche  1.  — Berg.,  I,  210  : « Pour  toi  qui  y as  été  reçu  sous 
ta  forme  suprême,  les  doigts  (les  sacrificateurs),  sont  montés  (se  sont 
placés)  sur  le  ciel,  ton  nombril  (ta  patrie);  pour  toi  ils  sont  montés 
(se  sont  placés)  sur  la  surface  de  la  terre.  » — Preuve,  d’après 
Berg.,  de  la  conception  des  deux  sonnas,  le  terrestre  et  le  céleste. 

5.  — evâ  ta  indo  subhvàm  supéçasam  \ râsarn  tunjanti 
prathamâ  abhiçriyah  ||  nidam  nidam  pavamdna  ni 
târisa  \ avis  te  çûsmo  bhavatu  pviyô  mâdah 

Ainsi  (ou,  par  cela)  les  clartés  qui  sont  en  avant  poussent 
ton  suc,  ô brillant,  au  beau  développement,  aux  beaux  orne- 
ments. O allumé,  soumets  en  bas  chaque  oppression;  qu’ap- 
paraisse ta  boisson  ardente,  agréable. 

evâ.  — Démonstratif  liturgique. 

HYMNE  LXXX 

1.  — sômasya  dhàrâ  pavate  nrcâksasa  | rténa  devân  ha- 
vate  divâhpàri  ||  brhaspdte  ravdthenâ  vi  didyute  | samu- 
drâso  nâ  sàvanûni  vivyacuh 

Le  courant  du  liquide  dont  l’éclat  vient  des  hommes 
s’allume;  au  moyen  du  coulé,  il  appelle  à la  ronde  (?)  les 
Célestes  du  ciel;  il  brille  au  moyen  de  la  voix  du  maître  du 
Fort;  pareilles  à des  mers,  les  coulées  (l’)ont  enveloppé. 

pâda  1.  — Cf.  1,  1%  pavasva  soma  dhârayâ. 

2.  — ydm  tvâ  vâjinn  aghnyd  abliy  ànûsatâ  | -yohatam 
yônim  à rohasi  dyumân  ||  maghônâm  âyuh  prativân 
màhi  çt'dva  | indràya  soma  pavase  vrsà  mâdah 

O toi  qui  es  pourvu  de  réconforts,  vers  lequel  celles  qui 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


311 


ne  doivent  pas  être  tuées  ont  mugi,  tu  as  monté,  lumineux, 
sur  la  matrice  percée  par  le  fer.  O liquide,  taureau  (qui  es) 
boisson,  tu  allumes  pour  l’ Ardent  la  haute  voix  en  étendant 
la  vigueur  des  généreux. 

yam  tvà.  — Démonstratifs  liturgiques, 
pâda  1.  — Cf.  26,  21,  tam  gàvo  abhy  anüsata. 
pâda  2.  — Cf.  1,  2,  abhi  yonirn  ayohatam. . . âsadai.  — Berg., 
I,  86  : « La  matrice  percée  par  le  fer  vers  laquelle  s’élève  le  soma 
terrestre  paraît  être  aussi  le  sein  de  la  mère  violemment  ouverte 
pour  enfanter  la  forme  céleste  du  mâle.  » — Explication  réelle  : 
la  matrice  est  le  soma  liquide  d’où  sort  et  sur  lequel  s’élève  le 
soma  igné,  représenté  simultanément  comme  une  arme  qui  perce 
cette  même  matrice. 

pâda  3.  — Cf.  1,  33,  pars!  râdho  mcighonâm. 

Hémistiche  2.  — malù  gravait...  pavase;  cf.  9,  9,  pavamàna 
maki  gravai) . . . râsi;  cf.  aussi  le  vers  précédent,  pâda  3. 

3.  — éndrasya  kuksâ  pavate  madintama  | urjam  vâsdnah 
çrdvase  sumangàlah  ||  pratyan  set  viçud  bhûuandbhi 
paprathe  | krüan  hàrir  dtyah  syandate  vrsd 

Le  très  liquoreux  vient  s’allumer  dans  l’enveloppe  (ou  le 
ventre)  de  l’Arclent,  en  revêtant  le  Fort  pour  la  Voix,  lui  qui 
a de  beaux  dons  (?).  Se  plaçant  contre  eux,  il  s’est  étendu 
au-dessus  de  tous  les  êtres  (les  essences  sacrées);  en  jouant, 
le  coursier  doré,  le  taureau  coule. 

pâda  1.  — Cf.  76,  3,  indrasya.  . . pavamàna. . . jatliaresv  âviça. 
pâda  3.  — Cf.  54,  3,  ayant  viçoâni  tistliati  punâno  bhuvanopari. 

4.  — tàm  ivd  devêbhyo  mcidhumattamam  nàtrah  \ sahcis- 
radhâratn  duhate  dctça  ksipah  l|  nrbliih  soma  prdcyuto 
yvâvabliih  sutô  | viçvdn  devân  â pauasud  sahasrajit 

Toi  que  voilà,  très  pourvu  de  doux,  toi  qui  as  pour  cou- 
rants les  mille  (dons),  — les  hommes(-somas),  les  dix  flèches 
(ou  doigts)  t’ont  trait  pour  les  Célestes.  O liquide  mis  en 
mouvement  par  les  hommes,  que  les  montagnes  ont  fait 


312 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


couler,  viens  allumer  tous  les  Célestes,  (viens  allumer) 
ce  qui  conquiert  les  mille  (dons)  (ou,  toi  qui  a conquis  les 
mille  dons). 

tam  tvâ.  — Démonstratifs  liturgiques, 
pâda  4.  — Cf.  55,  4%  sa  pavasva  saliasrajit. 

5.  — tâm  tvâ  hastino  mâdhumantam  âdribhir  | duhdnty 
apsû  vrsabhdm  dâça  ksipah  ||  îndram  soma  mâdàyan 
daiuyam  jànam  j sindhor  ivormih  pàvamâno  arsasi 

Toi  que  voilà,  taureau  pourvu  du  doux,  ceux  qui  ont  des 
mains,  les  dix  flèches  (ou  doigts)  t’ont  trait  dans  les  eaux 
au  moyen  des  montagnes;  ô liquide,  en  t’allumant,  tu  coules 
pareil  au  flot  de  la  rivière,  en  mouillant  l’Ardent,  l’homme 
céleste. 

tam  tvâ.  — Démonstratifs  liturgiques. 

Hémistiche  1.  — Cf.  hémistiche  1 du  vers  précédent, 
pâda  3.  — Cf.  71,  8,  apsâ  yâti.  . . daicyam  janam. 
pâda  4.  — Cf.  39,  4\  sindhor  ürmâ  vy  aksarat. 

HYMNE  LXXXI 

1.  — prâ  sômasya  pàvamânasyormâya  | ûidr'asya  yanti 
jathâram  supéçasah  ||  dadhnci  ydd  lin  ûnnïtâ  yaçàisâ 
gâvâm  | dandy  a çùram  uddmandisuh  sutâh 

Les  flots  bien  ornés  du  liquide  qui  s’allume  s’avancent 
pour  aller  dans  le  ventre  de  l'Ardent,  alors  que  les  coulés 
portés  en  haut  au  moyen  du  lait  éclatant  des  vaches  ont 
mouillé  le  héros  pour  le  Don  (à  lui  faire). 

Hémistiche  1.  — Cf.  80,  31,  et  80,  5,  hémistiche  2 : combinaison 
des  deux  formules. 

Hémistiche  2.  — Cf.  11,  6,  dadhned  ablii  crïnîtana  indurn  indre 
dadhâtana. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


313 


2.  — dchcï  ht  sômah  kaldçân  dsisyadad  | âtyo  nâ  uôlhâ 
raghûvartanir  vrsâ  |]  âihà  devânàm  ubhâyasya  jàn- 
incino  | vidvcai  açnoty  amûta  itâç  cct  yât 

Le  liquide  a coulé  vers  les  coupes,  pareil  à un  coursier, 
lui  le  porteur,  le  taureau  aux  mouvements  rapides;  connais- 
seur (outrouveur)  de  l’une  et  l’autre  génération  des  Célestes, 
il  obtient  ce  qui  vient  de  celle-ci  et  de  celle-là. 

pâda  1.  — Cf.  60,  3,  pavamâno  asisgadat  kalaçân  ablii  dhâvati. 
Hémistiche  2.  — Les  deux  naissances  ou  les  deux  générations  : 
sont  celles  du  soma  liquide  et  du  soma  igné  = le  pârthiva  et  le 
daivya , le  céleste,  celui  des  dieux  et  le  terrestre  ou  l’humain  qui 
est  aussi  indirectement  celui  des  dieux.  Le  soma  pavam.  comprend 
l’une  et  l’autre.  — Berg.,  I,  210  : « (Le  Soma)  atteint  les  deux 
races.  » 

3.  — â nah  soma  pdvamânah  kir  à vctsv  | indo  bhâva  ma- 
ghâvâ  râdhaso  mahdh  []  çiksâ  vayodho  vdsave  sû  cetûnà  | 
ma  no  gâyam  ciré  asmàt  para  sicah 

O liquide,  qui  t’allumes,  viens  répandre  notre  bien  ; ô bril- 
lant, apparais  pourvu  des  dons  de  la  grande  richesse;  ô éta- 
blisseur  de  la  nourriture,  prête  secours  au  Bien  au  moyen 
de  l’Éclat;  ne  fais  pas  couler  loin  de  nous  ce  qui  est  dans 
notre  demeure,  (ne  l’écarte  pas). 

pâda  2.  — Cf.  1,  103,  çüro  maghâ  ca  mcinhcite;  1,  33,  parsi 
râdho  maghonâm. 

4.  — â nah  püsâ  pdoamdnah  snrcïtâyo  [ mitrô  gachantu 
vârunah  sajôsasah  ||  brhaspâtir  marûto  vâyûr  açvinâ  j 
tüdstcl  savitâ  suyàmâ  sdrasvati 

Viennent  à nous1  le  Nourricier,  l’allumé,  ceux  qui  ont  de 
beaux  dons,  l’Ami,  l’Enveloppeur,  ceux  qui  goûtent  de 
concert  (à  l’oblation);  - — le  maître  du  Fort,  les  Impétueux, 


1.  Ou,  viennent  ici  grâce  à nous. 


314 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


le  Vent,  les  deux  cavaliers,  le  fabricateur,  le  metteur  en 
mouvement,  la  liquoreuse  au  beau  jumeau  (?)! 

Cf.  pour  l’énumération  et  le  caractère  de  litanie,  5,  11. 

5.  — ubhé  dyâvdprthivi  viçvaminvé  j aryamâ  devô  âditir 
vidhàtâ  |]  bhâgo  nr causa  arv  àntdriksam  \ viçve  devait 
pâvamdnam  jusanta 

Que  les  deux  (mondes),  la  terre  et  le  ciel  qui  mettent  le 
Tout  en  mouvement,  (que)  le  fidèle,  le  céleste,  la  non-liée, 
l’établisseur,  le  participant,  celui  qui  tient  sa  voix  des 
hommes,  le  large  (monde)  intermédiaire,  tous  les  Célestes 
goûtent  l’allumé! 

nrçamsa.  — Voir  l’explication  de  Berg.,  I,  306. 
aditih.  — Berg.,  111,  92  : « Le  nom  d’Aditi  est  donné  à l'un  des 
Âdityas  ou  des  fils  d’Aditi,  à savoir  Aryaman.  » — Je  vois  tout 
simplement  dans  ce  vers  une  énumération  d’éléments  du  sacrifice 
plus  ou  moins  personnifiés  et  qui  ne  sont  que  nominalement  indé- 
pendants les  uns  des  autres. 

pàda4.  — Voilà  le  souhait  védique  par  excellence.  — Cf.  5,  11'. 


HYMNE  LXXXII 

1.  — âsàvi  sômo  arusô  vrsd  hârl  | ràjeva  dasmô  abhi  g à 
acikradat  ||  puncinô  vâram  pâry  etg  avydyam  | çyenô 
nâ  yônim  ghrtâvantam  âsâdam 

Le  liquide,  le  taureau  rouge,  le  doré  a coulé;  pareil  à un 
roi,  l’habile  a mugi  vers  les  vaches;  en  s’allumant,  il  entoure 
la  toison  de  la  brebis;  pareil  à un  aigle,  (il  est  venu)  prendre 
résidence  dans  la  matrice  pourvue  de  ghrta. 

pâdas  1 et  4.  — Cf.  62,  4,  asàvy  aïiçuh. . . daksali. . . çyeno  na 
yonim  âsadat. 

pâdas  1 et  2.  — Cf.  77,  5,  asüvi  mitrali . . . atyo  na  yüthe  vrëayuh 
kanikradat. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


315 


2.  — 1 tarir  vedhasyâ  pâry  esi  mâhinam  | ùtyo  nâ  mrstô 
abhi  vâjam  arsasi  ||  apasédhan  durità  soma  mrlaya  | 
ghrtâm  vâsânah  pari  yâsi  nirnijam 

Sage,  ta  entoures  le  Grand  au  moyen  de  l'oblation  (?), 
pareil  à un  coursier  rendu  brillant,  tu  coules  vers  le  récon- 
fort; écartant  les  choses  dont  l’allure  est  mauvaise,  ô liquide, 
sois  caressant  (ou,  onctionneur);  revêtant  le  glirta , tu  en- 
toures l’émergé. 

pâda  2.  — Cf.  43, 1,  atya  iva  mrjyate  gobhih. 
pâda  3.  — Cf.  70,  9,  duritâti  paraya. 
pâda  4.  — Cf.  80,  3,  ûrjam  casànah. 

3.  — parjânyah  pitâ  mahisâsya  parnino  | nâbhd  prthivyâ 
girisu  ksàyam  dadhe  ||  svâsâra  àpo  abhi  g à utâsaran  | 
sam  grâvabhir  nasate  vite  adhvarê 

Le  nuage  pluvieux,  le  père  du  buffle  ailé,  a établi  sa 
demeure  dans  le  nombril,  dans  les  montagnes1  de  la  terre; 
les  sœurs,  les  eaux,  ont  coulé  vers  les  vaches;  au  moyen 
des  pierres,  et  avec  elles  il  (le  soma)  s’unit  à l’oblation 
désirée  (ou  savourée). 

pâda  1.  — Au  buffle  ailé,  cf.  le  dvipat  et  le  catuspat  réunis  du 
vers  69,  73.  — Berg.,  I,  173  : « Soma  est  souvent  comparé  ou 
assimilé  à un  oiseau.  » 

pâda  2.  — Cf.  72,  7,  nâbhâ  prthicyâh . . . sindhusv  antar  ukèitali. 
pâda  4.  — Cf.  80,  4,  grâvabhih  sutah. 


4.  — jciyêva  pcityâv  ctdhi  çéva  manhase  j pâjràyà  garbha 
çrnuhi  brcœîmi  te  ||  antcir  vânîsu  prâ  carâ  su  jivàse  | 
’nindyô  vrjâne  soma  jâgrhi 

Pareille  à une  épouse,  ô bon,  tu  fais  des  dons  (que  tu 
déposes)  dans  l’époux;  fœtus  de  la  forte,  écoute,  je  m’a- 
dresse à toi:  avance-toi  à l’intérieur  des  chants  pour  le  bien- 


1.  Berg.,  I,  173,  prend  ces  montagnes  au  réel. 


316 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


vivre;  ô liquide  qui  ne  dois  pas  être  maltraité,  éveille-toi 
dans  l’enceinte! 

pâda  1.  — La  comparaison  porte  sur  la  relation  de  femme  et  de 
mari  : le  soma  liquide  est  comme  l’épouse  du  soma  igné. 
manhase.  — Cf.  1,  10%  çüro  maghâ  ca  manhate. 
pâda  3.  — Cf.  66,  30%  tena  no  mrla  jïrase. 
pâda  4.  — Cf.  77,  5,  asâvi  mitro  vrjanesu. 

5.  — yàthâ  puruebhyah  çatasâ  àmrdhrah  \ sahasrasâh 
paryâyâ  vâjam  indo  ||  evà  pavasva  suvitâya  nâvyase  \ 
tâva  vratdm  ànv  âpah  sacante 

De  la  sorte  que,  ô brillant,  toi  qui  conquiers  cent  (dons), 
qui  conquiers  mille  (dons),  toi  qui  (en  ce  moment)  n’as  point 
d’oppresseur,  tu  as  entouré  le  réconfort  pour  les  anciens 
(les  somas  liquides),  — ainsi  allume-toi  pour  la  bonne  allure 
(cf.  durita ) nouvelle.  Les  eaux  suivent  l’objet  de  ton  désir. 

pâda  2.  — Cf.  vs  2,  pâda  2,  abhi  vâjam  arsasi. 
pâda  3.  — Cf.  9,  8,  navyase. . . süktâya  sâdhayâ  pathah. 
L’antithèse  pürvebhyafi . . . navyase  est  purement  verbale  et  de 
formule  : les  deux  termes  s’appliquent  au  même  objet  considéré  à 
deux  moments  différents. 

HYMNE  LXXXIII 

1.  — pavitram  te  vitatam  brahmanah  pâte  \ prabhûr  gâ- 
tvâni püry  esi  viçvâtah  [|  dtaptatanüv  nâ  tàd  âmô  açnute  | 
çrtàsa  id  vcihantas  tût  sâm  àçata 

O maître  de  la  prière-réconfort,  ton  allumeur  est  étendu; 
marchant  en  avant,  tu  enveloppes  les  chants  (?)  issus  du 
Tout.  Le  cru,  celui  dont  le  corps  n’a  pas  été  échauffé, 
n’obtient  pas  ceci;  les  cuits  qui  le  portent  l'ont  atteint. 

pâda  1.  — Cf.  67,  23,  yat  te  pavitram  arcisy  ay ne  vitatam  antar 
à;  cf.  aussi  73,  7. 


Le  culte  védique  du  soma 


317 


pàda  2.  — Cf.  74,  2,  aiïçuli  paryeti  viçvaiali. 
tat.  — Démonstratif  liturgique. 

Voir  sur  ce  vers  si  caractéristique  au  point  de  vue  du  système 
d’interprétation  ici  appliqué,  l’étrange  explication  de  Berg.,  I,  79, 
qui  songe  à une  allusion  à la  crémation  des  cadavres. 

2.  — tâpos  pavitram  vitatam  divdh  padé  | çôcanto  asya 
tdntavo  vy  àsthiran  [|  àvanty  asya  pamtâram  dçâvo  | 
divdh  prsthdm  cidhi  tisthanti  cétasd 

L’allumage  du  chaud  est  étendu  dans  le  pas  du  ciel  ; ses 
fils  (ou,  ses  tissus)  brûlants  se  sont  développés  (et)  dressés. 
Les  rapides  régalent  l'allumeur  de  celui-ci;  ils  se  dressent 
au  sommet  du  ciel  au  moyen  de  l’éclat1. 

pâda  1.  — Cf.  67,  23,  yat  te  pacitram. . . vitatam. 
divali  pade.  — Cf.  12,  8.  abhi  priyâ  divali  padâ  somali. . . arsati. 
tantavah.  — D’après  Berg.,  I,  201,  ces  fils  brillants  seraient  les 
rayons  du  soleil. 

pâda  3.  — Cf.  22,  1,  ete  somàsa  âçavaJi. 

pâda  4.  — Cf.  36,  61-2,  ü divali  prstham. . . soma  rohâsi;  16,  4, 
panünasya  cetasâ  somah  pavitre  arsati. 

Ce  vers  présente  une  description  évidente  des  flammes  sacrées 
développées  par  le  soma. 

3.  — drürucad  usdsah  prçnir  agriyâ  \ uksà.  bibharti 
bhûvandni  vdjayûh  [|  mdyâvino  mamire  asya  mdyâyâ  | 

nrcdksasah  pitciro  gdrbham  à dadhuh 

Le  moucheté  qui  est  à la  pointe  a éclairé  les  aurores  ; le 
taureau  qui  désire  le  réconfort  supporte  les  êtres  ; ceux  qui 
possèdent  la  créatrice  ont  créé  (le  feu  sacré)  avec  la  créatrice 
(qui  vient)  de  celui-ci  ; les  pères  qui  tirent  leur  éclat  des 
hommes,  ont  établi  le  foetus. 

pâda  1.  — Cf.  7,  3,  agriyo  vrsâ. 
vâjayuli.  — Cf.  44,  4,  pavasva  vâjayuh. 


1.  Berg.,  I,  205  : <■  Grâce  à leur  sagesse.  » 


318 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DÛ  SOMA 


pâda  2.  — Cf.  54,  3,  ayant  viçvâni  tistliati  punàno  bhucanopari. 
asya.  — Démonstratif  liturgique. 

padâ  4.  — Cf.  19,  5,  punàno  garbham  âdadhat.  — Les  pères- 
somas  engendrent  un  fils  qui  est  le  feu  sacré. 

4.  — gandharvâ  itthâ  paddm  asya  raksati  | pâti  devânàin 
jànimâny  âdbhutah  [|  grbhnâti  ripûm  nidhâycï  nidhâ- 
patih  | sukrttamâ  mâdhuno  bhaksdm  dçata 

Le  gandharva  garde  le  pas’  de  celui-ci,  admirable  (?), 
il  protège  (ou  met  la  main  sur)  les  naissances  des  Célestes  ; 
le  maître  de  la  base  (?)  se  saisit  du  malfaisant  au  moyen  de 
la  base  ; les  très  bons  édificateurs  ont  acquis  leur  part  du 
doux. 

pâda  2.  — Cf.  81,  2,  devânâm  ubhayasya  janmano  vidvâh  açnoti. 
pâda  3.  — Cf.  78,  1%  grbhnâti  ripram.  — Berg.,  111,  66: 
« Gandharva,  maître  des  liens,  saisit  le  trompeur  dans  ses  liens.  » 
— Je  donne  à nidhâ  le  sens  étymologique  de  « base  » et  j’y  vois 
la  désignation  du  soma  liquide  supportant  le  soma  igné. 
sukrttamâJi;  cf.  sukratuh,  passim. 

5.  — havir  hauismo  mdhi  sàdma  daivyam  | ndbho  udsdnah 
pari  ydsy  adhuaràm  ||  râjd  pamtvaratho  vâjam  âruhah  | 
salidsrabhrstir  jayasi  çrctvo  brhât 

O oblation  pourvue  de  l’oblation,  — (toi)  la  haute  demeure 
des  Célestes,  — ayant  revêtu  le  nuage,  tu  entoures  l’offrande. 
Roi,  ayant  pour  char  l’allumeur,  tu  es  monté  sur  le  récon- 
fort ; ayant  des  lueurs  issues  des  mille  (dons),  tu  conquiers 
la  voix  forte  (ou,  haute). 

Hémistiche  1.  — Je  construis  comme  Berg.,  I,  187,  mais  sans 
me  dissimuler,  que  haoiJt  pourrait  être  considéré  comme  régime, 
pâda  2.  — nabho  vasânati,  cf.  78,  V,  apo  v asânali. 
pari  yâsy  adltoaram.  — Cf.  82,  52,  paryayâ  vâjam, 
pâda  4.  — Cf.  4,  1 ,jesi. . . mahi  çravali. 


1.  Berg.,  III,  05  : « Le  séjour  du  Soma.  » 


Le  Culte  védique  du  sOma 


319 


HYMNE  LXXXIV 

1.  — pdvasva  devamâdano  vicarsanir  \ apsà  indrâya  odni- 
nâya  uâydve  ||  krdhi  no  adyd  vârivah  svastimdd  uruksi- 
taû  grnlhi  daivyam  jdnam 

Allume-toi,  — toi  qui  baignes  les  Célestes,  actif,  con- 
quérant des  eaux,  — pour  l’Ardent,  pour  l’Enveloppeur, 
pour  le  Vent.  Crée-nous  aujourd’hui  le  libre  espace,  ce  qui 
est  pourvu  de  la  bonne  manifestation  ; dans  le  large  séjour, 
fais  retentir  l’homme  céleste. 

Hémistiche  1.  — Cf.  65,  29,  apsâ  indrâya  vàyave  varunâya. . . 
somo  arsati. 

pâda  3.  — Cf.  68,  9,  punâna  indur  varioo  vidât  priyam. 
pâda  4.  — Cf.  71,  8',  apsâ  yâti. . . daivyam  janam. 

2.  — à yds  tasthau  bhûvanàny  dmavtyo  | viçvâni  sômah 
pari  tâny  arsati  [|  krnvdn  samcrtam  vicrtam  abliistaya  | 
induh  sisakty ; usdsain  nd  suryah 

Ce  liquide  non  mort  qui  se  tient  debout  en  s’approchant 
de  tous  les  êtres,  coule  autour  d’eux,  produisant  le  réuni  (et) 
le  séparé  pour  le  régal  (ou  le  soutien).  Le  brillant,  pareil  au 
soleil,  accompagne1  l’aurore. 

Hémistiche  1.  — Cf.  54,  3,  ayam  viçvâni  tistliati  punâno  bliuva- 
nopari;  62,  27,  tubliyemâ  bhuvanâ  kave.  . . tasthii‘e. 

pâda  3.  — Cf.  48,  5',  abhistikrt.  — Berg.,  II,  66  : « Faisant  la 
réunion  et  la  séparation.  » — « Le  réuni  » est  le  soma  igné  et  « le 
séparé  i)  le  soma  liquide;  le  premier  produit,  c’est-à-dire  comporte 
l’un  et  l’autre. 

3.  — ■ à yô  gùbhih  srjydta  ôsadhlsv  â | deuànâin  sumnd 


1.  Berg.,  1,  162  : « Soma  est  comparé  au  soleil  poursuivant  l’aurore.  » 


320 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 

isâyann  ûpâvasuh  ||  à vidyûtâ  pavcite  dhârayâ  sutà  \ 
indram  sômo  mâdàyan  daivyam  jcinam 

Celui  qui  est  répandu  par  les  vaches  (pour  venir)  dans  les 
plantes,  dans  la  bonne  pensée  des  Célestes,  réconfortant, 
voisin  de  la  richesse  — le  coulé  au  moyen  du  courant  s’allume 
au  moyen  de  l’éclair,  — (lui),  le  liquide,  en  baignant  l’Ar- 
dent,  l’homme  céleste. 

pâda  1.  — Cf.  68,  9%  adbliir  yobliir  mi'jyate. 
pàda  3.  — Cf.  1,1,  pavasva  soma  dhârayâ. . . sutali.  — Berg., 
I,  170  : « Il  se  clarifie,  exprimé  en  un  torrent  qui  est  l’éclair.  » 
pâda  4.  — Cf.  vs  l1,  devamâdanah  ; même  vers,  pâda  4,  daivyam 
jatiam. 

4.  — es  à syâ  sômah  pauate  saliasrajid  \ dhinüdnô  vâcain 
isiràm  usarbûdham  ||  induh  samudrâm  ûd  iyarti  vâyû- 
bhir  | éndfasya  hardi  kalciçesu  sîdati 

Ce  liquide  que  voilà,  qui  conquiert  les  mille  (dons),  s’al- 
lume en  mettant  en  mouvement  la  voix  active  qui  éveille 
l’aurore.  Le  brillant  soulève  la  mer  à l’aide  des  Vents;  il 
prend  résidence  dans  le  cœur  de  l’ Ardent,  dans  les  coupes. 

pâda  1.  — Cf.  78,  4,  somah.  . . pavale  sahasrajit. 
pâda  2.  — Cf.  30,  l3,  punâno  vâcam  isyati. 
pâda  3.  — Formule  pittoresque  (J)  ; la  mer-libation  est  soulevée 
par  les  vents-flammes.  — Berg.,  1,  218,  y voit  la  mer  atmosphérique. 
Cf.  64,  8:i,  samudrali  soma  pinvase. 

pàda  4.  — Cf.  68  , 92,  somah  punânah  kalaçesu  sîdati;  60,  3% 
kalaçân  abhi  dhàcati  indrasya  hârdy  àviçan. 

5.  — abhi  tyàm  gcwah  pâyasd  payovrdham  | sômam  çrl- 
nanti  matibhih  soarvidam  ||  dhanamjaydh  pavate  krtvyo 
râso  | viprah  kavih  kâvyenà  svàrcanàh 

Les  vaches  cuisent  (ou  allument)  au  moyen  du  lait,  au 
moyen  des  pensées,  ce  liquide  vers  lequel  elles  se  dirigent, 
qui  s’accroît  par  le  lait,  qui  trouve  le  soleil  ; le  suc  créateur 
qui  conquiert  le  butin,  — l’agité,  le  sage,  — s'allume  au 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA  321 

moyen  cle  ce  qui  est  issu  du  sage,  — lui  qui  est  le  régal  du 
soleil  (?). 

Hémistiche  1.  — Cf.  46,  4\  gobhih  çrïnîta  matsaram.  — Berg., 
II,  56  : « Les  vaches  cuisent  le  Soma  avec  le  lait  et  avec  les  prières.  » 
pada  3.  — Cf.  76,  V , paoate  krtoyo  rasait . 

HYMNE  LXXXV 

1.  — indrâya  soma  sûsutah  pari  sravâ  | -pâmlvd  bhavatu 
rdksasâ  salxà\\  ma  te  rüsasya  matsata  dvayàvino  \ drâ- 
vinasvanta  ihâ  santv  indavah 

O liquide  bien  coulé,  coule  pour  l’Ardent.  Que  l’oppres- 
sion s’en  aille  avec  le  gardien  ; que  ceux  qui  sont  doubles 
ne  se  baignent  pas  dans  ton  suc;  qu’ici  soient  les  brillants 
pourvus  de  richesses. 

pàda  1.  — Cf.  56,  4,  tvam  indrâya.  . . pari  sraoa. 
pàda  3.  — Berg.,  III,  189  : « Ceux  qui  sont  doubles  ne  doivent 
pas  goûter  de  son  suc.  » — dcayâcinah , peut-être  ceux  qui  ont  à 
la  fois  la  nature  de  l’obstacle  et  celle  de  la  libation  libre. 

2.  — asmàn  samaryé  pavamcina  codaya  j dcikso  devânàm 
âsi.  ht priyô  mâdah\\  jalii  çâtrünr  abhy  â bhandcinaya- 
tàh  | pibendra  sômam  üua  no  mrdho  jahi 

O allumé,  pousse-nous  dans  celui  qui  est  avec  un  époux  (?), 
car  tu  es  l’habile,  la  boisson  agréable  des  Célestes;  écarte 
les  ennemis  en  venant  à ceux  qui  veulent  chanter  (ou, 
briller)  ; bois  le  liquide,  ô Ardent  ; écarte  nos  oppresseurs 
en  les  abaissant. 

pàda  1.  — Cf.  1,  7,  samarya  â yrblinanti. 

pàda  2.  — Cf.  76,  1,  raso  dakso  decânâin  anumüdyah. 

pàda  3.  — Cf,  78,  h3,  jahi  çatrum. 

pàda  4.  — Cf.  61,  25,  apaglinan  pavate  mrdhali.  . . yaclxann 
indrasya  niëkrtam. 


21 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


S5>2 


3.  — ddabdha  indo  pavase  madintama  j âtmêndrasya 
bhavasi  dhâsir  uttamâh  ||  abhi  svaranti  baliûvo  manl- 
Sino  | râjànam  cisycï  bhuvanasya  ninsate 

O brillant,  non  opprimé,  très  liquoreux,  tu  t’allumes;  tu 
es  le  souflle  de  l’Ardent,  tu  es  la  résidence  supérieure.  Les 
nombreux  penseurs  font  entendre  leurs  voix  vers  (toi)  ; ils 
célèbrent  le  roi  de  cet  être  (ou  de  ce  monde). 

pada  2.  — Cf.  2,  10%  âtmü  yajiïasya. . . püroyah. 
pada  3.  — Cf.  72,  2%  sâkam  vadanti  bahaoo  manïsinah. 
pada  4.  — Cf.  31,  6%  bhuvanasya  pâte  (indo). 

4.  — sa/uisranithah  çatàdhâro  âdbhuta  | indvàyénduh  pa- 
vate  kàmyom  mâdliu  \\jdyan  ksétram  abhy  àrsa  jàyann 
a pâ  uvûm  no  yâtwn  krnu  soma  mîdhvah 

Le  brillant  qui  a pour  conducteurs  les  mille  (dons),  qui  a 
pour  courants  les  cent  (dons),  l’admirable,  s’allume  pour 
l'Ardent,  — (bd),  l’agréable,  le  doux.  Coule,  en  le  con- 
quérant, vers  le  champ,  — en  conquérant  les  eaux  ; ô liquide 
savoureux,  fais-nous  une  large  voie. 

pada  3.  — jayann  apali.  — Cf.  84,  1,  apsâ. 
pada  4.  — Cf.  65,  13%  asmabliyam  soma  gütuvit. 

5.  — - kânikradat  kalàçe  gôbhiv  ajyase  | vy  àvyâyam  sa- 
mâyâ  va  ram  arsasi  ||  marmrjydmàno  ùtyo  nà  sânasir  \ 
indrasya  soma  jathâre  sam  aksarah 

O toi,  ce  qui  est  grondant,  tu  es  oint  (rendu  brillant)  par 
les  vaches  dans  la  coupe;  tu  coules  à travers  la  toison  de  la 
brebis  au  moyen  de  ta  semblable  ; pareil  à un  coursier 
rendu  brillant,  conquérant,  tu  as  coulé,  ô liquide,  dans  le 
ventre  de  l’Ardent. 

Hémistiche  1.  — Cf.  67,  4,  indur  hinvâno  arsati  tiro  vàrâpy 
aoyaya,  harir  vâjâm  acikradat ; 75,  4%  vomâny  avyâ  samayà  ci 
dliacali. 


Le  CULTE  VEDIQUE  DU  SÔMA 


323 

pâda  3.  — Cf.  43,  1,  yo  atya  ica  mrjyate  gobhili. 

pâda  4.  — Cf.  72,  2,  indrasya  somam  jathare  yad  âduhuh. 

6.  — svdclûh  pavasva  divyâya  jânmane  | svâdûr  indvâya 
sühâvltunâmne  ||  svâdûr  mitrâya  vdrunâya  vcïyâve  | 
brhaspdtaye  mddhumâri  ddâbhyah 

0 toi  qui  es  doux,  allume-toi  pour  la  génération  céleste; 
toi  qui  es  doux,  (allume-toi)  pour  l’ Ardent  dont  le  nom  est 
bien  retentissant  (?)  ; toi  qui  es  doux,  (allume-toi)  pour 
l’Ami,  pour  l’Enveloppeur,  pour  le  Vent;  toi  qui  es  pourvu 
de  doux,  toi  qui  ne  dois  pas  être  opprimé,  (allume-toi)  pour 
le  Maître  du  fort. 

Cf.  84,  1,  pacasca. . . indrâya,  etc. 

pâda  1.  — Cf.  84,  3:1,  müdayan  daivyam  janarn. 

7.  — àtyam  mrjanti  kalàtçe  ddça  ftsîpah  \ prâ  vipvdndni 
matdyo  vâca  ïrate  ||  pdvamdnâ  abhi  àrsanti  sustutim  \ 
êndram  viçanti  madirâsa  indavali 

Les  dix  flèches  (ou,  doigts)  rendent  le  coursier  brillant 
dans  la  coupe  ; les  pensées  des  agités  mettent  en  mouvement 
les  voix  ; les  allumés  coulent  vers  celle  qui  a une  belle  voix  ; 
les  liquoreux,  les  brillants,  pénètrent  dans  l’Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  61,  7,  etam  u tyam  daça  ksipo  mrjanti. 
pâda  2.  — Cf.  33,  4',  tisro  vâca  ud  ïrate. 
pâda  3.  — Cf.  66,  22,  pavamânaJi . . . abhy  arsati  sustutim. 
pâda  4.  — Cf.  ci-dessus,  vs  5,  indrasya  soma  jathare  sam 
aksarali. 

8.  — pàvamceno  abhy  àrsâ  suviryam  | urvïm  gdvyûtim 
mdlù  çdrma  saprdthah  ||  màkir  no  asyct  pdrisûtir  içaté-  \ 
ndo  jdyerna  tvdyà  dhdnam  dhanam 

O allumé,  coule  vers  ce  qui  est  pourvu  de  bons  héros,  vers 
le  large  régal  qui  vient  des  vaches,  vers  le  grand  refuge  qui 
est  accompagné  de  ce  qui  se  développe.  Qu’aucune  enve- 


324 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


loppe  ne  maîtrise  ceci  qui  vient  de  nous  ; puissions-nous, 
ô brillant,  conquérir  à ton  aide'  chaque  butin  (oblation). 

pâda  1.  — Cf.  43,  6b  soma  râsva  suvîryam. 
pâda  2.  — Cf.  78,  5%  uroîm  gaoyütim. . . nah  krdhi;  74,  1, 
ïmahe...  çarma  saprathah. 

pâda  4.  — Cf.  84,  53,  dhanamjayali  pavate. . . rasah. 

9.  — àdhi  dycïm  asthâd  vrsabhô  vicaksanô  \ ’rûrucad  vi 
divô  rocanà  kavih\\râjà  pavitram  dty  eti  rôruvad  | di- 
vâh pïyusam  duhate  nrcàksasah 

Le  taureau,  l’étincelant,  s’est  dressé  au-dessus,  dans  le 
ciel;  le  sage  a fait  briller  les  clartés  du  ciel;  le  roi  va 
au  delà,  vers  l’allumeur  qui  mugit  ; ceux  qui  tiennent  leur 
éclat  des  hommes(-somas)  trayent  le  lait  du  ciel  (destiné 
au  ciel). 

pâda  1.  — Cf.  83,  2,  divah  pade  çocanto  asya  tantavo  vy  asthiran. 
pâda  2.  — Cf.  42,  1 Janayan  rocanà  divah. 
pâda  3.  - — - Cf.  65,  192,  abhi  dronâni  roruvat.  — Berg.,  I,  210: 
« Le  roi  traverse  le  tamis  en  mugissant.  » 
pâda  4.  — Cf.  51,  1,  divah  pïyüsam. . . sunotâ. 

10.  — divô  nàke  mâdliujihvà  asaçcdto  | vend  duhanty 
ukèdnam  giristhâm  ||  apsû  drapsdm  vàvrdhânàm  samu- 
drâ  à j stndhor  ürmâ  mâdhumantam  pavitra  à 

Les  désireux  (?)  dans  le  sommet  du  ciel,  ayant  la  langue 
dans  le  doux,  non  retardés,  trayent  le  taureau  qui  se  tient 
sur  la  montagne,  — la  goutte  qui  vient  se  développer  dans 
les  eaux,  dans  la  mer,  — le  pourvu  de  doux  (qui  vient)  dans 
le  flot  de  la  rivière,  dans  l’allumeur. 

pâda  1.  — Cf.  73,  4%  même  formule, 
pâdas  2 et  4.  — Cf.  18,  1,  girièthâh  pavitre  somo  aksàh - 
pâdas  2 et  4.  — Cf.  73,  2,  sindhor  ürmâc  adhi  vend  avïvipan. 
Traduction  de  Berg.,  I,  210.  « Les  amantes  incomparables  qui 


1.  Litlér.  : « par  toi  »,  c’est-à-dire  « par  le  fait  de  ta  manifestation  ». 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


325 


ont  la  liqueur  sur  la  langue  (les  prières),  trayent  le  taureau  monta- 
gnard dans  l’espace  du  ciel;  (elles  font  couler)  la  goutte  savoureuse 
qui  s’est  accrue  au  sein  des  eaux,  dans  la  mer,  dans  la  vague  du 
fleuve,  sur  le  tamis.  » 

11.  — nâke  suparnàm  upapaptiuânsam  \ giro  venânàm 
akrpanta  paroi  h [|  çiçurn  rihanti  matâyah  pânipnatam  \ 
hiranyciyam  çakunâm  ksâmani  stliâm 

Les  voix  nombreuses  des  désireux  ont  appelé  en  criant 
dans  le  sommet  (du  ciel)  l’oiseau  aux  ailes  brillantes  qui 
s’est  envolé  vers  (lui)  ; les  pensées  lèchent  le  petit,  l’oiseau 
doré  qui,  poussant  des  cris,  se  tient  debout  sur  la  terre. 

Série  d’allusions,  avec  dédoublements  verbaux,  au  soma  pavam. 
crépitant. 

pàdas  1 et  4.  — Cf.  71,  9,  divyah  supctrno  iva  caksata  ksâm. 
pâda  3.  — Cf.  67,  29,  upa  pritjam  panipnatam  yuvânam  âhutl- 
vrdham. 

Traduction  de  Berg.,  I.  211  : « Les  voix  nombreuses  des  amantes 
ont  imploré  l’oiseau  qui  s’est  envolé  dans  le  ciel  ; les  prières  lèchent 
le  petit  merveilleux,  l’oiseau  d’or  qui  se  tient  sur  la  terre.  » 

12.  — ûrdhvô  gandhctruô  âdhi  nâke  asthcïd  | viçvci  rupâ 
praticdksàno  cisya  ||  bhdnûh  çukréna  çocisâ  àdyaut  | prâ- 
rürucad  rôdasl  mâtdrâ  çûcih 

Le  gandhavva  s’est  placé  tout  droit  au  sommet  (du  ciel), 
éclairant  auprès  de  lui  toutes  les  formes  qui  appartiennent  à 
celui-ci;  le  rayonnant  a brillé  au  moyen  de  l’éclatante 
lumière;  le  clair  a fait  briller  en  s’avançant  les  deux  bril- 
lantes, les  deux  mères. 

pâda  1.  — Cf.  85,  91,  àdlii  dyâm  asthâd  vrsabho  vicaksanali. 
pâda  2.  — Cf.  25,  4',  viçvà  rüpàny  âoiçan  punâno  yâti;  71,  8, 
rüpam  krnate  varno  asya.  — Berg.,  I,  176  : ((  Gandharva-Soma 
contemple  lui-même  toutes  ses  formes.  » — asya,  démonstratif 
liturgique. 

pâda  3.  — Cf.  18,  5,  ya  ime  rodasï  maliï  sam  mâtareva  doliate. 


3 26 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  LXXXYI 

1.  — prà  ta  âçàvah  pavamdna  dhïjâvo  | màdâ  arsanti 
raghujâ  iva  tmânâ\\diüyâh  suparnâ  màdhumanta  in- 
davo  | madintamâsah  pari  kôçam  âçate 

O allumé,  tes  boissons  rapides,  qui  ont  l’activité  de  la 
pensée,  coulent,  comme  les  enfants  du  rapide,  au  moyen  du 
tman  ; les  brillants,  les  oiseaux  célestes,  pourvus  du  doux, 
très  liquoreux,  ont  atteint  le  vase  en  l’entourant. 

Hémistiche  1.  — Cf.  23,  1,  soma  asvgram  âçavo  madhor  ma- 
dasya  dhârayü.  — Dédoublement  verbal  pris  sur  le  fait.  — Iman, 
désignation  certaine  du  soma  pavamâna. 

pàda  3.  — Cf.  71,  9,  divyali  suparnali;  cf.  aussi  85,  11. 
pàda  4.  — Cï.  76,  5',  pari  koçam  arsasi. 

2.  — prà  te  mâdâso  madirâsa  àçüvô  j ’srksata  râthyàso 
yâthd  prthak  ||  dhenûr  nd  vatscïm  pàyasdbhi  oajrinam  | 
indvam  indavo  màdhumanta  ürmàyah 

Tes  boissons  liquoreuses,  rapides,  pareilles  à ce  qui  est 
de  la  nature  des  chars,  ont  fait  couler  ce  qui  se  développe; 
pareille  à la  (vache)  laitière  qui  va  (vers)  son  veau,  les  bril- 
lants, les  flots  pourvus  de  doux,  sont  allés  à l’aide  du  lait 
(vers)  l’Ardent  muni  du  vajra. 

Hémistiche  1.  — Cf.  22,  1,  ete  somàsa  àçavo  rathâ  ira. 
Hémistiche  2.  — Cf.  13,  7,  arsantïndaco  ’bhi  catsam  na  dhenavah. 

3.  — àtyo  nd  hiydnô  abhi  vàjam  arsa  \ svarvit  kôçam  dwô 
àdrimâtaram  H vrSâ  pavitre  àdhi  sâno  avyâye  | sômah 
punânà  indriyâya  dhdyase 

Pareil  à un  coursier  qui  s’élance,  coule  vers  le  réconfort, 
ô toi  qui  trouves  le  soleil,  (vers)  le  vase  du  ciel,  — vers  celui 
qui  a la  montagne  pour  mère  ; le  taureau,  le  liquide,  l’allumé, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


327 


(coule)  dans  l’allumeur,  au-dessus,  dans  le  sommet  issu  de 
la  brebis,  pour  l’allaitement  (destiné  à)  celui  qui  est  de  la 
nature  de  TArdent. 

pâda  1.  — Cf.  82,  2,  atyo  na  mrsto  abhi  vâjam  arsasi.  — Berg., 
I,  223,  rend  ici  vâjam  par  « butin  ». 

lioçain  dicali  = pavitre  = sâno  acyaye. 

adrimâtaram.  — Excellent  commentaire  de  la  formule  adribhih 
sutaJi. 

pâda  4.  — Cf.  70,  5,  sa  marmrjàna  indriyâya  dJtâyase. 

4.  — prit  ta  âçvinïh  pavamâna  dhljûvo  | divyâ  asrgran 
pctyasâ  dhârlmani  ||  prântâr  rsaya  sthâvirîr  asrksata  \ 
yé  tvd  mrjünty  rsisâna  uedhâsah 

Tes  (liquides),  ô allumé,  pourvus  de  ce  qui  est  de  la 
nature  des  chevaux1,  ayant  l’activité  de  la  pensée,  célestes, 
ont  coulé  au  moyen  du  lait  dans  le  support'2;  les  chanteurs 
ont  coulé  à l'intérieur  de  celles  qui  se  tiennent  debout3 4  (?), 
eux  qui  sacrificateurs,  ô toi  qui  conquiers  les  chanteurs,  te 
rendent  brillant. 

dhîjuvah.  — Cf.  vs  1,  dhîjavah. 

pâda  2.  — Cf.  7,1,  asrgram  indavah...  dharmann  rtasya; 
cf.  aussi  2,  5,  vistamblio  dharuno  divali. 

5.  — viçvâ  dhâmàni  viçvacaksa  rbhaoas'ah  | prabhôs  te 
satâh  pari  yanti  ketâvah  ||  vyànaçih  pavase  soma  dhctr- 
mabhih  | pâtir  viçvasya  bhûoanasya  rcijasi 

O toi  qui  as  l’éclat  du  Tout,  toi  qui  te  développes  et  te  mani- 
festes, les  actifs  (ou  les  habiles),  — les  éclats,  — entourent 
tous  tes  établissements,  ô liquide  pénétrant  (?);  tu  t’allumes 
au  moyen  des  soutiens1;  tu  es  le  maître,  le  roi  de  toute 
production  (ou  de  tout  ce  monde). 

1.  Berg.,  II,  434  : « données  par  les  Açvins.  » 

2.  Berg.,  III,  218  : « sous  la  loi.  » 

3.  Berg.,  II,  63  : « les  vieilles,  c’est-à-dire  les  prières.  » 

4.  Berg.,  III,  236  : « selon  les  dharman.  » 


328 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Hémistiche  1.  — Cf.  83,  l2,  prabhur  gâtràni  pary  esi  oiçoatah. 
pâda  3.  — 7,73,  ranâyo  asya  dharmabhih. 
pâda  4.  — Cf.  85,  3,  râjânam  asya  bhuoanasya. 

6.  — ubhayâtah pâvamandsya  raçmdyo  | dhruoâsya  satdh 
pari  yanti  ketdvah  ||  yddl  pavitre  ddhi  mrjyâte  hàrih  | 
sàttâ  ni  yûnà  kaldçesu  sidati 

Les  rayons  de  l’allumé,  lequel  est  issu  de  l’une  et  de 
l’autre  (forme  de  la  libation),  — les  éclats  du  Fort  qui  se 
manifeste,  — enveloppent  (les  libations).  Alors  que  le  doré 
est  rendu  brillant  en  haut,  dans  l’allumeur,  celui  qui  s’assied 
prend  résidence  dans  la  matrice,  dans  les  coupes. 

ubhayatah.  — Berg.,  I,  180  : « Les  rayons  de  Soma  partent  de 
deux  côtés  par  allusion  aux  deux  mondes.  » 

pâda  2.  - Cf.  au  vers  précédent,  prabhos  te  satali  pari  yanti 
ketaval).  — Berg.,  I,  162  : « Le  soma-soleil  porte  circulairement 
sa  couleur  brillante.  » 

pâda  3.  — Cf.  3,  33,  hardi . . . mrjyate- 
pâda  4.  — Cf.  68,  9,  punânali  kalaçesu  sïdati. 

7.  — yajiidsya  ketûh  pavate  svadhvarâh  j sômo  devânàm 
ûpa  yâti  niskrtâm  ||  sahdsradhârah  pdvi  kôçam  arsati  | 
vrsâ  pavitram  dty  eti  rôruvat 

L’éclat  de  l’oblation  à la  belle  offrande  s’allume;  le  liquide 
se  rend  à l’édifice  des  Célestes;  celui  qui  a le  courant  des 
mille  (dons)  entoure  le  vase  en  coulant;  le  taureau  s’avance 
au  delà,  vers  l’allumeur  qui  mugit. 

pâda  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  2.  — yajiïasya  ketuh.  — 
Berg.,  I,  166  : « L’étendard  du  sacrifice.  » 
pâda  2.  — Cf.  78,  1‘,  même  formule  sauf  en  tête  çuddhali  au 
lieu  de  somah. 

pâda  3.  — Cf.  86,  3%  abhi...  arsa...  koçam  divah  ; 86,  ls, 
pari  koçam  âsate. 

pâda  4.  — Cf.  85,  93,  même  formule,  sauf  en  tête  râjâ  au  lieu 
de  vrsâ. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


329 


8.  — râjâ  sam  udrâm  nadyo  vi  gdhate  | ’pâm  ûrmim  sacate 
sindusu  çritâh  ||  àdhy  asthât  sânu  pâvamâno  avyâyam  | 
nâbhcl  prthivyâ  dharûno  mahô  divd/i 

Le  roi  plonge  dans  la  mer,  dans  les  rivières;  arrivé  dans 
les  fleuves,  il  accompagne  le  flot  des  eaux.  L’allumé  s’est 
tenu  debout  sur  le  sommet  qui  vient  de  la  brebis,  — dans 
le  nombril  de  la  terre,  — lui,  le  support  du  ciel  élevé. 

Hémistiche  1.  — Succession  de  termes  synonymes  ou  de  dédou- 
blements verbaux  que  Berg.,  II,  42,  s’évertue  d’expliquer  comme 
s’il  s’agissait  d’objets  différents  les  uns  des  autres, 
pâda  1.  — Cf.  3,  6%  apo  déco  ci  gàliate. 

pâdas  2 et  4.  ■ — Cf.  2,  5,  samudro  apsu  mâmrje  cistambho 
dlmruno  dicali;  72,7,  nâbhâ  prthivyâ  dharuno  maho  dico  ’ para 
ürmau  sindhusc  antar  uksitah . 

pâda  3.  — Cf.  83,  2,  divah  prstham  adhi  tiëthanti  cetasâ. 


9.  — divô  net  sânu  stanâyann  aeikradad  \ dyaûç  ca  yâsya 
prthivi  ca  dhârmabhih  ||  indrasya  sakhyâm  pavate  vi  Dé- 
vidât | sômah  punânâh  kalciçesu  sïdati 

Pareil  au  sommet  du  ciel,  le  tonnant  a résonné,  lui  par  les 
soutiens  duquel  (sont)  le  ciel  et  la  terre  ; ce  qui  s’efforce  de 
trouver  l’ami  de  l’Ardent,  s’allume;  le  liquide  qui  s’allume 
prend  résidence  dans  les  coupes. 

pâdas  1 et  4.  — Cf.  18,  7,  kalaçeso  à punàno  aeikradat ;75,  3, 
aca. . . kalaçân  aeikradat. 

dico  na  sânu.  — Cf.  16,  7,  même  formule. 

pâda  2.  — Berg.,  I,  213  : « Le  ciel  et  la  terre  sont  sous  tes  lois.  » 

vicecidat.  — Cf.  68,  3,  même  expression. 

pâda  3.  — Cf.  56,  23,  indrasya  sakhyam  âciçan. 

10.  — jyôtir  yajnâsya  pavate  màdhu  priyàrn  | pitâ  deuâi- 
nâm  janitâ  vibhûvasuh  ||  dàdhâti  ràtnam  svaclhâyor 
apïcycim  | madintamo  matsarà  indriyô  râsah 

La  lumière  de  l’oblation,  le  Doux  agréable,  le  père  des 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


330 

Célestes,  l’engendreur,  celui  dont  la  richesse  se  développe, 
s’allume;  le  suc  très  liquoreux,  liquide,  de  la  nature  de 
l’Ardent  (ou,  à lui  destiné)  établit  le  don  (qui  était)  caché 
dans  les  deux  svadhàs  (la  libation  sous  sa  double  forme). 

pàda  1.  — Cf.  85,  4%  indrâtjenduh  pavate  kâmi/am  madhu ; 
cf.  67,  11%  pavate  madhu. 

pâda  3.  — Cf.  67,  13%  decesu  ratnadhà  asi. 
pàda  4.  — Cf.  47,  3%  indriyo  rasait. 

11.  — abhikrândan  kalâçam  vdjy  ùrsati  \ pâtir  divâh  çatü- 
dhâro  vicaksandh  ||  l tarir  mitrâsya  s àd  a ries  a sidati  | 
marmrjdnô  ’vibhili  sindhubhir  vrsd 

Celui  qui  est  pourvu  de  réconfort  coule  en  grondant  vers 
la  coupe,  (lui)  le  maître  du  ciel,  qui  a le  courant  des  cent 
(dons),  l’étincelant;  le  doré  s’assied  dans  les  demeures  de 
l’Ami,  — (lui)  le  taureau  qui  s’est  rendu  brillant  au  moyen 
des  brebis,  des  rivières. 

pàda  1.  — Cf.  75,  3%  aoa  dyutânah  kalaçân  acikradat. 
Hémistiche  2.  — Cf.  vs  6,  harih . . . ni  yonâ  kalaçesu  sîdati. 
Voir  la  traduction  de  Berg.,  Rel.  véd.,  III,  136,  note,  et 
cf.  II,  32. 

12.  — âgre  sindhünâm pâvamdno  arèaty  | ogre  vdcô  agriyô 
gôsu  gachati  ||  âgre  vdjasya  bhajate  mahddhanâm  | 
svdyudhâh  sotrbhih  püyate  vrsd 

L’allumé  coule  (pour  venir)  à la  pointe  des  rivières;  celui 
qui  est  à la  pointe  dans  les  vaches,  va  dans  la  pointe  de  la 
voix  ; dans  la  pointe  du  réconfort,  il  obtient  en  partage  la 
grande  oblation;  le  taureau  aux  belles  armes  est  allumé  par 
ceux  qui  coulent. 

Partout,  l’expression  « la  pointe  » vise  la  flamme  du  feu  sacré, 
pàda  2.  — Cf.  73,  9%  jihvâyâ  ayre;  62,  25%  pavasca  cüco 
agriyah;  62,  26,  agriyo  vâca  ïrayan;  7,  3,  pra  yujo  vâco  ayriyo 
vrsàva  cakvadad  vane.  — Berg.,  II,  24  : « Sonia  précède  la 
parole.  » 


L,E  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  331 

pâda  4.  — CE.  65,  5,  à paoasva...  svâyudlia;  30,  2',  indur 
hiyânali  sotrbhih. 

13.  — ayâm  matdvân  chakunô  yâthâ  lxitô  | ’vye  scisâra 
pâvamdna  ûrminà  ||  tcïva  krcttvà  rôdasi  antarâ  kave  | 
çucir  dhiyâ  pavate  sôma  indra  te 

Celui  que  voilà,  .pourvu  de  ce  qui  est  pensé,  mis  en  mou- 
vement comme  un  oiseau,  — lui,  l’allumé,  a coulé  dans  (la 
toison)  de  la  brebis  au  moyen  du  flot  ; par  ta  création, 
ô sage,  ton  liquide,  ô Ardent,  toi  qui  es  clair,  s’allume  à 
l’intérieur  des  deux  brillantes  au  moyen  de  la  pensée. 

pâda  1.  — CE.  77,  2,  çyenah.  . . isitah;  67,  15%  çyeno  na  takto 
arsati. 

pâda  3.  — Berg.,  II,  21  : « Se  clarifiant  entre  les  deux  mondes.  » 
pâda  4.  — Cf.  67  , 272,  punantu. . . dhiyâ. 

14.  — drâpim  vdsdno  yajatô  divisprçam  \ antariksaprâ 
bhuvanesü  ârpitah\\ svàr  jajnànô  ndbhasâbliy  àkramît  \ 
pratndm  asya  pitàram  à vivâsati 

Revêtant  le  manteau  (?)  qui  touche  le  ciel,  le  sacrifica- 
teur, qui  remplit  le  (monde)  intermédiaire,  qui  a été  inséré 
dans  les  êtres  (essences  ou  éléments  du  sacrifice),  engendrant 
le  soleil,  s’est  mis  en  marche  vers  (lui)  au  moyen  du  nuage 
(ou,  de  l’humidité);  il  cherche  à s’emparer  du  père  antique 
(le  soma  liquide),  de  celui  que  voici. 

drâpim.  — « Manteau  »,  sens  traditionnel  très  douteux  et  qui 
semble  déduit  du  contexte;  cf.  peut-être  drapsa,  « goutte  ». 
pâda  2.  — 36,  53,  paoatâm  ântariksyâ. 

pâda  3.  — Cf.  29,  23,  jyotir  jajnânam  ukthyam;  71,  3%  nabiiasâ 
vepate.  — Berg.,  II,  34  : « Il  traverse  le  nuage  quand  il  est  né  dans 
le  ciel.  » 

asya.  — Démonstratif  liturgique. 


15.  — sô  asya  viçé  mdhi  çdrma  yachati  \ y 6 asya  dhâma 


332 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


prathatndm  vydnaçé  ||  paddm  ydd  asya  pararné  vyo- 
many  \ dto  viçvd  abhi  sdm  ydti  samydtah 

C’est  celui  qui  a pénétré  l’édifice  qui  est  en  avant  appar- 
tenant à celui  que  voici,  qui  étend  le  refuge  élevé  de  celui 
que  voici  pour  (sa)  demeure,  — alors  que  son  pas  est  tout 
au  haut  du  ciel,  et  que  (venant)  de  ceci,  il  va  vers  toutes 
celles  qui  se  développent  avec  (lui). 

so  asya...  yo  asya,  etc.  — Démonstratifs  liturgiques  dont  le 
rôle  est  prépondérant  dans  ce  vers  et  qui  en  rendent  la  traduction 
si  obscure. 

pâda  1.  — Cf.  61,  10,  â dade  uyram  çarma;  85,  8,  pacamâno 
abhy  arsa.  . . mahi  çarma  saprathah. 
vyânaçe.  — Cf.  86,  5,  cyânaçih  pavase. 
pâda  3.  — Cf.  72,  6%  sam  l gâoo  matayo  yanti  samyatah . 


16.  — prô  aydsld  indur  indras  y a niskrtâm  | sdkhâ  sdkhyur 
nd  prd  inindti  samgiram  ||  mdrya  ica  yuoatibhi/i  sdm 
arsati  \ sômah  kaldçe  çatdydmnd  pathâ 

Le  brillant  s’est  avancé  vers  l’édifice  de  l’Ardent;  l’ami 
ne  diminue  pas  l’ami,  celui  dont  la  voix  se  joint  à la  sienne; 
pareil  à l’époux,  le  liquide  coule  à l’aide  des  jeunes  femmes 
et  en  même  temps  qu’elles  dans  la  coupe,  au  moyen  de  la 
voie  aux  passages  issus  des  cent  (dons). 

pâda  1.  — Cf.  86,  7%  somo  devânàm  upa  yâti  niskrtâm. 
pâda  2.  — Cf.  66,  43,  pavasva.  . . sakhâ  sahhibhya  ütaye. 
pâda  3.  — Cf.  1,  7,  tam. . . samarya  â yrbhnanti  yosano  daça. 
pâda  4.  — Cf.  15,  3,  esa  hito  vi  nïyate.  . . çubhrâvatà  pathâ.  — 
Explication  analogue  de  part  et  d’autre. 

17.  — prdvo  dhiyo  mandrayüvo  vipanyûvah  | panasyûvah 
sainodsanesv  akramuh  ||  sômam  tnanîsâ  abhy  ànûsata 
stübho  | ’bhi  dhendvah  pàyasem  açiçrayuh 

Vos  pensées  désireuses  de  boisson,  désireuses  de  chant, 
désireuses  d’hymnes,  se  sont  avancées  (pour  entrer)  dans  les 


Le  cülte  védique  dû  soma 


333 

demeures  communes;  les  chants  (ou,  les  chanteurs),  les 
pensées  ont  retenti  vers  le  liquide  (ou,  l’ont  fait  résonner)  ; 
les  (vaches)  laitières  l’ont  échauffé  (ou,  allumé)  au  moyen  de 
(leur)  lait. 

pâda  3.  — Cf.  68,  8%  même  formule. 

pâda  4.  — Cf.  77,  1',  arsanti  payaseva  dhenavah, 

18.  — â nah  soma  samyâtam pipyusïm  | iscun  indo  pâvasua 
pavamcïno  asridham  ||  y à no  dôhate  trir  âhann  àsaçcusl  | 
ksumàd  vâjavan  mddhumad  suviryam 

O liquide,  allume-nous  la  libation  réunie  (au  soma  pavam.), 
qui  s’entle  ; ô brillant,  ô allumé  (allume-la-nous),  elle  qui 
n’est  pas  opprimée,  — elle  qui,  non  retardée,  trait  pour  nous 
trois  fois  dans  le  jour(-feu)  ce  qui  est  pourvu  de  nourriture, 
pourvu  de  réconfort,  pourvu  de  doux,  pourvu  de  bons  héros. 

Cf.  61,  15,  soma.  ..  dhuksasoa  pipyusïm  isam. 
pâda  3.  — Cf.  74,  6,  sahasradhâre  'va  ta  asaçcatas  trtïye  santu 
rajasi  prajâvatïh.  — L’expression  trtïye  rajasi  indique  la  manière 
dont  il  faut  entendre  trir  alian. 

19.  — vrsd  matlnàm  pavate  vicaksanâh  \ sômo  dhnah  pra - 
tarltôsâso  divâh  ||  krclnâ  sindhünâm  kaldçdn  avivaçad  | 
indrasya  hàrdy  dviçàn  manlsibhih 

Le  taureau  des  pensées,  l’étincelant,  s’allume,  — le  liquide 
qui  fait  effectuer  la  traversée  au  jour,  à l’aurore,  au  ciel  ; 
l'édificateur  des  rivières  a fait  résonner  les  coupes  en  péné- 
trant dans  le  cœur  de  l’Ardent  au  moyen  des  penseurs. 

Cf.  ci-dessus,  vs  11. 

pâda  1.  — Lud.  : matïnâm...  vicaksanah  = « Die  lieder 
versteht.  » — Berg.,  II,  24  : « Le  mâle  des  prières,  » allusion  à 
l’union  (considéré  comme  sexuelle)  de  Soma  avec  la  prière.  » 
pâda  4.  — Cf.  84,  41,  endrasya  hardi  kalaçeëu  sïdati. 

2U.  — manlsibhih  pavate  pûrvydh  kavir  | nrbhtr  yatdh 


834 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


pari  kôçdri  acikradat  ||  tritâsya  nâma  jandyan  màdhu 
ksarad  | indvasya  vdyôh  sakhyàya  kârtaue 

Le  sage  qui  est  de  la  nature  des  anciens  (somas  liquides) 
s’allume  au  moyen  des  penseurs  ; étendu  par  les  hommes 
(-somas),  il  a mugi  en  entourant  les  vases  ; engendrant  le 
signe  du  Troisième,  il  a coulé  (vers)  le  doux  pour  produire, 
l’ami  de  l’Ardent,  du  Vent. 

pàda  1.  — Cf.  77,  2',  sa  püroyah  patate. 

pàda  2.  — Cf.  68,  42,  yato  nrbhifi.  — pari  koçân  acikradat / 
et.  au  vers  précédent,  kalaçân  acïcaçat. 

pàda  3.  — Cf.  37,  4',  sa  tritasyâdhi  sànaoi patamâno  arocayat. 
Sur  trita,  cf.  Berg.,  II,  326. 
pâda  4.  — Cf.  86,  9',  indrasya  sakhyam  patate. 

21.  — ayâm  punânâ  usdso  vi  rocayad  [ ayâm  sindhubhyo 
abhavad  u lokakrt  |j  ayâm  trih  saptd  duduhâna  àçiram  | 
sômo  hrdé  pavate  càru  matsarcih 

Celui-là  qui  s’allume  a fait  briller  les  aurores,  celui-là 
qui  a produit  l’espace  (le  libre  cours)  aux  rivières  s’est  mani- 
festé; celui-là,  trayant  le  lait  des  sept  (vaches)  trois  fois,  — 
lui  le  liquide,  le  liquoreux,  — allume  le  beau  pour  le  cœur 
(d’Indra). 

pàda  1.  — Cf.  28,  5',  esa  süryam  arocayat  pavamânaJi. 
pâda  2.  — Cf.  2,  8,  tvà  madâya.  . . u lokakrtnum  ïmahe. 
pàda  3.  — Cf.  70,  1,  trir  asmai  sapta  dhenaco  duduhre...  âçiram. 
— Berg.,  II,  135,  entend  « trois  fois  sept  femelles  traites  ou  tétées 
par  Sonia  ». 

pàda  4.  — Cf.  72,  7‘,  même  formule. 

22.  — pdvasva  soma  divyésu  dhâmasu  | srjànd  indo  kaldçe 
pavitra  à Ü sidann  indrasya  jathdre  kànikradan  | npbhir 
yatdh  sûryam  ârohayo  divi 

Allume-toi,  ô liquide,  dans  les  édifices  célestes,  t’élançant, 
ô brillant,  dans  la  coupe,  dans  l’allumeur,  — prenant  rési- 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


335 


dence  dans  le  ventre  de  l’Ardent  (sous  la  forme  de)  ce  qui 
gronde,  — étendu  par  les  hommes,  tu  as  fait  monter  le  soleil 
dans  le  ciel. 

pâda  1.  — Cf.  86,  5%  pavase  soma  dharmabhih.  — divyesu  dhà- 
mâsu,  Berg.,  I,  218,  « sous  ses  formes  divines  »,  et  (différemment) 
III,  219,  « sous  les  lois  divines  ». 

pâda  3.  — - Cf.  72,  2,  sâkain  vadanti  bahaco  rnanïsina  indrasya 
somcun  jatliare  y ad  âduhuli.  — D’où  la  preuve  que  les  penseurs 
en  question  (manîsviaJi)  sont  les  somas. 

23.  — àdribhih  sutàh  pcwase  pavitra  an  | indau  indrasya 
jathdresv  dviçcln  ||  tvcim  nrcâksd  abhavo  vicaksana  \ 
soma  gotrâm  ângirobhyo  ’vrnor  cipa 

Coulé  par  les  montagnes,  (pour  venir)  dans  l’allumeur, 
tu  t’allumes,  ô brillant,  en  pénétrant  dans  les  ventres  de 
l’Ardent;  ô toi  liquide,  dont  l’éclat  vient  des  hommes,  tu 
es  apparu,  étincelant,  tu  as  ouvert  l’étable  pour  les  actifs 
(Angiras). 

Hémistiche  1.  — Cf.  au  vers  précédent,  pâdas  1 et  3. 


24.  — tüâm  soma  pâvamdnam  svcïdhyô  ( ’nu  viprâso  aina- 
dann  avasyàvah  ||  tvâm  suparnâ  âblxarad  divâh part-  | 
ndo  üiçücïbhir  matibhih  püriskrtam 

O liquide,  les  agités  aux  bonnes  pensées,  désireux  du 
régal,  t’ont  suivi  pour  t’arroser,  toi  l’allumé;  l’oiseau  du  ciel 
t’a  apporté,  ô brillant,  entouré  et  développé  par  toutes  les 
pensées. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  20,  kavim  mrjanti. . . dhïbhir  viprâ 
aoasyavah  ( mrjanti  = amadan ). 

pâda  3.  — Cf.  71,  93,  divyah  suparno  'va  caksate,  — donc  s«- 
parnali. . . divah  est  « l’oiseau  du  ciel  ».  — Berg.,  J I,  28  : « Orné 
de  toutes  les  prières,  quand  il  (Soma)  a été  apporté  du  ciel.  » 
pâda  4.  — Cf.  43,  32,  somo  gïrbhih pariskptah- 


330 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOIVtA 


25.  — âvye  punândm  pari  vdra  ûrmind  \ hàrim  navante 
abhisaptâ  dhenàvah  ||  apâm  upàsthe  ddhy  âydvah  kavim  | 
rtasyct  yônâ  mahisâ  ahesata 

Les  sept  (vaches)  laitières  mugissent  circulairement  (en  se 
dirigeant)  vers  le  doré  qui  s’allume  dans  la  toison  de  la 
brebis  au  moyen  du  Ilot  ; les  actifs,  — les  buffles,  — ont 
poussé  le  sage  qui  est  au-dessus  (d’elles)  dans  le  giron  des 
eaux,  dans  la  matrice  du  coulé. 

Cf.  76.  5,  pari  koçam  arsasy  apâm  upasthe  vrsabhah  kani- 
kradat. 

pâda  4.  — Cf.  39,  6'.  yonàv  rtasya  sïdata. 

26.  — induh  pundnô  dti  gdhatc  mrdho  | viçvdni  krnvdn 
supâthdni  ydjyave  ||  g ah  krnudnû  nirnijaiu  haryatàh 
kavir  \ dtyo  nd  krilan  pari  uâram  arsati 

Le  brillant  qui  s’allume  plonge  en  traversant  les  oppres- 
seurs, en  procurant  toutes  les  bonnes  voies  à celui  qui  est 
désireux  de  verser  l’oblation;  le  sage,  le  désirable,  pro- 
duisant les  vaches,  (produisant)  l’émergé,  s’agitant  pareil 
à un  coursier,  coule  en  entourant  la  toison. 

pàda  1.  — Cf.  40,  1,  punûiio  akramïd  ablii  viçcâ  mrdhah. 
pâda  2.  — Cf.  62,  2,  sufjâ  tokâya  vâjinah. . . krnvantah. 
pàda  3.  — Cf.  14,  5\  yâh  krncâno  na  nirnijam.  — Berg.,  II,  50  : 
« Le  soma  se  revêt  de  vaches.  » 

pâda  4.  — Cf.  80,  3*,  krilan  harir  atyali  syandale  vrsâ. 

27.  — asaçcdtah  çatàdhârd  abhiçriyo  \ hàrim  navanté 
’ va  tci  udanyûvah  ||  ksipo  mrjanti  pdri  gôbhir  àvrtam  \ 
trtiye  prsthé  âidhi  rocané  diva  h 

Celles-ci,  qui  ne  sont  pas  retardées,  qui  ont  les  courants 
des  cent  (dons),  qui  sont  resplendissantes,  qui  sont  dési- 
reuses des  eaux,  font  retentir  en  bas  (ou,  retentissent  vers) 
le  doré;  les  flèches  (ou,  les  doigts)  rendent  brillant  circu- 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


337 


lairement  celui  qui  est  enveloppé  par  les  vaches,  au-dessus, 
dans  le  troisième  sommet,  dans  la  lumière  du  ciel. 

pàda  1.  — Cf.  57,  1,  pra  te  dhàrâ  asaçcatah. . . yanti.  — Berg., 
II,  35  : « Les  torrents  inépuisables  retentissent.  » 

pàda  2.  — Vs  252,  harim  navante  abhi  sapta  dhenavah. 
pâda  3.  — Cf.  46,  6,  etam  mrjanti  marjyam  pavamânam  daça 
ksipaJi  ■ 

pâda 4.  — Cf.  17,  5\  ati  trï  soma  rocanâ  rohan;  75,  24,  ctpïcyam 
nâma  frtïyam  adlii  rocane  dicali;  75,  3J,  adhi  triprstha  usaso  vi 
ràjati;  cf.  62,  17. 

28.  — tâvemâh  prajâ  divyâsya  rétasas  | tu  dm  viçvasya 
bhâvanasya  rcijctsi  ||  âthedâm  viçvam  pavamâna  te  vâçe  | 
tvâm  indo  prathamô  dhâmadhà  asi 

Tiens  sont  ces  rejetons  de  la  semence  céleste;  tu  es  le  roi 
de  tout  ce  monde;  tout  ceci,  ô allumé,  est  dans  ton  pouvoir; 
tu  es,  ô brillant,  tout  en  avant,  l’établisseur  de  l’établis- 
sement. 

pâda  1.  — Cf.  60,  43,  prajâvad  reta  â bliara.  — Berg.,  I,  183  : 
« Voici  ta  postérité,  ô toi,  semence  divine.  » 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  86,  5',  pâtir  viçvasya  bhuvanasya  râjasi. 
pâda  4.  — ■ Cf.  28,  23,  viçvâ  dhâmâny  âviçttn.  — Berg.,  I,  188  : 
« Tu  es  le  premier  législateur.  » 

29.  — tvâm  samudrô  asi  üiçvamt  kave  | tâvemâh  pdnca 
pradiço  vidharmani  ||  tvâm  dyàm  ca  prthivîm  câti  ja- 
bhrise  | tâva  jyôtlnsi  pavamâna  sùvyah 

O sage,  toi  qui  trouves  le  Tout,  tu  es  l’océan;  ces  cinq 
indicatrices  qui  sont  dans  le  support  sont  tiennes;  tu  as  sou- 
tenu en  les  dépassant  le  ciel  et  la  terre;  ô allumé,  à toi  sont 
les  clartés,  le  soleil. 

pâda  2.  — Cf.  64,  9,  oâcam  isyasi  pavamâna  vidharmani- 
pâda  3.  — Cf.  86,  8,  nâbliâ  prthivyâ  dharuno  malio  dicah. 
pàda  4.  — Cf.  4,  2',  sanâ  jyotih  sanâ  svah. 


22 


338 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SO\lA 


Hémistiche  2.  — Berg.,  I,  161  : « (Sonia)  dépasse  le  ciel  et  la 
terre,  son  éclat  est  le  soleil.  » — Recueillons  aussi  précieusement 
l’aveu  du  même  savant  ( Rel . r éd.,  I,  168,  et  II,  30)  que  le  soma 
est  un  « feu  liquide  ».  Pour  ma  part,  je  n’ai  jamais  eu  autre  chose 
en  vue  que  de  prouver  que  c’était  un  liquide  enflammé. 

panca  pradiçah.  — Berg.,  I,  213,  et  II,  125  : « Les  cinq  points 
cardinaux.  » — En  réalité,  les  cinq  doigts  (ou,  la  main)  de  la 
flamme  sacrée. 

30.  • — tvdin  pavitre  rcïjaso  uidharmani  | devébhyah  soma 
pavameïna  püyase  ||  tvâm  uçijah  prathamci  ayrbhnata  | 
tdbhyemà  viçuâ  bhûvanâni  yemire 

O liquide,  ô allumé,  tu  es  allumé  pour  les  Célestes  dans 
l’allumeur,  dans  le  support  du  rajas;  les  ardents  qui  sont 
en  avant  t’ont  saisi;  c’est  pour  toi  que  tous  ces  êtres  se  sont 
étendus. 

pâda  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  2. 

pâda  4.  — Cf.  vs  28%  tvam  ciçcasya  bhuvanasya  râjasi.  — 
Berg.,  I,  213  : « Tous  les  mondes,  ou  tous  les  êtres,  lui  sont 
soumis.  » 

Hémistiche  1.  — Traduction  de  Berg.,  I,  200:  « O soma  qui  te 
clarifies,  tu  es  clarifié  pour  les  dieux  sur  le  tamis,  lors  de  l’organi- 
tion  du  monde  (littér.  de  l’espace).  » — D'où  la  nécessité  de  sup- 
poser une  clarification  céleste  du  Soma  ! 

31.  — prd  rebhâ  ety  dti  vâram  avyâyam  | vrsâ  vânesv 
diva  cakradad  dhàrih  ||  sdm  dhitâyo  vdvaçdnâ  anüsata  | 
çiçum  rihanti  matàyah  pdnipnatam 

Le  chanteur  s’avance  au  delà  de  la  toison  de  la  brebis; 
le  taureau,  le  doré  a mugi  en  bas,  dans  les  bûches;  mugis- 
sant avec  (lui),  les  méditations  ont  fait  entendre  leur  voix 
vers  (lui);  les  pensées  lèchent  le  petit  qui  fredonne  (ou, 
qui  pousse  des  cris). 

Hémistiche  1.  — Cf.  7,  6,  avyo  tare  pari  priyo  harir  canesu 
sïdati,  rebho  vanusyate  maiî. 


Le  culte  védique  du  soma 


339 


pâda  3.  — Cf.  66,  113,  avaoaçanta  dhïtayali. 
pâda  4.  — Cf.  85,  113,  même  formule. 

32.  — sà  sûryasya  raçmibhih pari  vyata  ] tantum  tanrdnàs 
trivrtam  yàthâ  vidé  ||  nâyann  rtâsya  praçiso  ncwlyaslh  [ 
pâtir  jântnâm  ûpa  yâti  niskrtâm 

Celui  que  voilà  s’est  enveloppé  des  rayons  du  soleil,  en 
étendant  le  triple  fil,  de  telle  sorte  qu’on  le  trouve;  condui- 
sant les  nouvelles  indicatrices  du  coulé,  le  maître  (ou,  le 
mari)  se  rend  dans  l’édifice  de  (ses)  femmes. 

sa.  — démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  61,  8,  suta  eti  paoitra  â,  sam  sûryasya  raçmi- 
bhih. 

pâda  2.  — Cf.  22,  61,  tantum  tanvânam  uttamam.  — Berg., 
I,  211  : « Tissant  une  triple  chaîne.  » 
yathâ  vide.  — Cf.  14,  63,  yam  vide. 

pâda  3.  — Cf.  66,  62,  taoa...  sindhavah  praçisam  soma  sisrate. 
— Berg.  III,  238  : « (Soma)  donne  les  règles  nouvelles  du  rta.  » 
pâda  4. — Cf.  78,  1*,  ( somali ) devânâm  upa  yâti  niëkrtam. 

33.  — ràjcï  sindhûnâm  pavate  pâtir  clivâ  | rtâsya  yâti 
pathibhih  kànikradat  ||  sahâsradhàrah  pc'iri  sicyate 
hàrih  \ punânô  vâcam  janâiyann  ûpâvasuh 

Le  roi  des  rivières,  le  maître  du  ciel  s’allume;  il  va  â 
ce  qui  gronde  par  les  marches  du  coulé;  le  doré  qui  a les 
courants  aux  mille  (dons)  est  versé  circulairement,  — lui  qui 
s’allume  en  engendrant  la  voix,  (lui)  qui  est  voisin  de  la 
richesse. 

pâdal.  — Cf.  86, 12',  agre  sindhûnâm  pavamâno  arsati. 
pâda  2.  — Cf.  33,  4%  harir  eti  kanikradat. 

Hémistiche  2.  — Cf.  78,  1,  pra  râjçt  vâcam  janayânn  asà 
syadat. 

34.  — pâvamdna  mühy  ârno  ri  dhdvasi  | sü/'o  nâi  citrô 


340 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


dvyaydni  pâoyayâ\\  gdbhastipûto  nrbhir  cidvibhih  sutô 
mahé  vâjâya  dhànyâya  dhcmvasi 

O allumé,  tu  cours  (vers)  le  haut  océan,  brillant  comme  le 
soleil,  — (tu  cours),  au  moyen  de  ce  qui  allume,  vers  ceux 
qui  sont  issus  de  la  brebis;  allumé  par  les  mains  (de  la 
flamme),  mis  en  mouvement  par  les  hommes,  par  les  mon- 
tagnes, tu  coules  pour  le  grand  réconfort,  pour  ce  qui  est 
issu  de  l’oblation. 

pâda  1.  — Cf.  21,  63,  çukrûh  pavadhvam  arnasâ.  — Berg., 
1,  160  : « (Soma)  court  à travers  la  grande  mer  (céleste).  » 
pâda  2.  — Cf.  66,  223,  süro  na  viçvadarçalah . 
pâda  3.  — Cf.  62,  5!,  nrbhiJi  sutaJi. 
pâda  4.  — Cf.  77,  32,  indaco  mahe  vâjâya  dhanvantu. 

35.  — isam  urjam  pavamdndbhy  àrsasi  | çyenô  nd  oâtisu 
kaldçesu  sidasi  ||  indràya  mddvd  mcklyo  mâdah  sutô  | 
diüô  vistamblià  upamô  vicaksanâh 

O allumé,  tu  coules  vers  la  libation,  vers  la  force;  pareil 
à un  aigle,  tu  prends  résidence  dans  les  bois,  dans  les  vases; 
(toi  qui),  boisson  liquoreuse,  pourvue  de  liquide,  es  versée 
pour  l’ Ardent,  — (toi)  support  du  ciel,  (toi)  qui  étincelles 
tout  en  haut. 

pâda  1.  — Cf.  66,  19,  agne...  pavasa  à suvorjam  isatri  ca  nah. 
pâda  2. — Cf.  57,  33,  cyeno  na  vaïisu  sïdati. 
pâda  3.  — Cf.  6,  2,  ablii  tyam  madyam  madam  indac  indra 
iti  ksara. 

pada4.  — Cf.  2,  5,  samudraJi . . . vistambho  dhavuyo  dicali. 

36.  — saptd  süâsdro  abhi  mâtàrah  çiçuip  j nàuam  jajnd- 
ndm  jényam  vipaçcitam  ||  apâm  gandharvàyi  divyctm 
nrcdksasam  | sômam  viçuctsya  bhûvanasya  rdjàse 

Sept  sœurs  mères  s’approchent  du  petit,  nouveau,  nais- 
sant, jenyafî),  qui  tient  son  éclat  des  agités,  — le  gandh- 
arva  des  eaux,  le  Céleste,  le  liquide  qui  brille  de  1* éclat 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  341 

des  hommes(-somas)  pour  la  splendeur  (ou,  la  direction)  de 
tout  être. 

Hémistiche  1.  — ■ Cf.  33,  5,  ablii...  anüsaia  yalivïr  rtasya 
mâtaraJi,  marmijyante  divah  çiçum  (—  çiçum..  . divyam). 

pâda  2,  jajnânarri  jenyam.  — Cf.  l’expression  mrjanli  mar- 
jyam,  46,  6',  etc.  Peut-être  jenya  signifie-t-il  « cligne  de  naître  ». 
pâda  4.  — Cf.  86,  5* ,patir  viçoasya  bhuoanasya  râjasi. 

37.  — îçânâ  imâ  bhûuanâni  vîyase  | yujdnd  indo  liaritah 
suparnyàh  ||  tâs  te  ksarantu  mâdliumad  ghrtàm  payas  | 
tâva  vratê  soma  tisthantu  krstâyah 

O brillant,  agissant  en  maître,  tu  traverses  ces  êtres,  en 
attelant  les  femelles  d’oiseaux  dorées.  Que  celles  que  voilà  te 
coulent  le  lait  pourvu  de  doux,  le  ghrta ; à liquide,  que  les 
races  se  dressent  dans  ce  qui  est  l’objet  de  tes  désirs! 

pâda  1.  — Cf.  61,  6’,  ïçànali  soma  ciçvatah. 
pâda  2.  - — Cf.  63,  9,  liarito  daça  süro  ayuhta  yâtave.  — 
Berg.,  I,  163:  « Le  soma  traverse  en  maître  les  mondes  avec  un 
attelage  composé  des  harits  ailées.  » 
pâda  3.  — Cf.  86,  20’,  madhukëarat. 
pâda  4.  — Cf.  69,  T',  tisthantu  krètayali. 

38.  — tüâm  nrcâksâ  asi  soma  viçüdtali  | pdvamdna  vrsabha 
ta  oi  dhâvasiW  sâ  nah  pavasva  vdsumad  dhiranyavad  | 
vaydm  syâma  bhâuanesu  jîvcise 

O liquide,  te  voilà,  toi  qui  tiens  ton  éclat  des  hommes, 
toi  qui  proviens  du  Tout,  — ô allumé,  ô taureau,  tu  coules 
à travers  celles  que  voici;  toi  que  voilà,  allume  pour  nous 
ce  qui  est  pourvu  de  bien,  pourvu  d’or.  Puissions-nous 
(pénétrer)  dans  les  êtres  pour  la  vie  (pour  vivifier  la  flamme 
qui  est  en  eux)! 

pâda  1.  — Cf.  31,  4,  sam  eta  te  viçvatali  soma. 
pâda  2.  — Cf.  86,  34,  paoamàna  mahy  arno  vi  dhâvasi. 


342 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pâda  3.  — Cf.  69,  8',  même  formule,  sauf  a au  commencement 
au  lieu  de  sa. 

püda  4.  — Cf.  82,  43,  antar  vânïsu  pra  carà  sujïvase. 

39.  — govit  pavasva  vasuvid  dhiranyavid  \ retodliâ  indo 
bhuvanesv  ârpitah  ||  tvâin  suuiro  asi  soma  viçvavit  \ tdm 
tvd  viprâ  ûpa  girémâ  âsate 

O brillant,  allume  ce  qui  trouve  les  vaches,  ce  qui  trouve 
la  richesse,  ce  qui  trouve  l'or,  toi  qui  édifies  la  semence  et 
qui  es  inséré  dans  les  êtres.  O liquide,  te  voilà  pourvu  de 
bons  héros,  trouvent'  du  Tout;  auprès  de  toi  que  voilà  ces 
agités  se  sont  assis  au  moyen  de  la  voix. 

pàda  1.  — Cf.  55,  3,  govit...  pavasva ; cf.  aussi  le  vers  précé- 
dent, pâda  3. 

pâda  2.  — Cf.  le  vers  précédent,  pàda  4.  — Berg.,  I,  183  : 
« (Soma)  est  donneur  de  semence  répandue  dans  les  mondes  (ou 
dans  les  êtres).  » 

pâda  3.  — Cf.  28,  1,  esa...  viçvavit. 

40.  — ûn  mâdhva  Urmir  vandnd  atiàtliipad  ] apô  vüsdno 
mahisô  vi  gdhate  ||  raja  pavitraratho  vâjcun  âruhat 
sahâsrabhrstir  jayati  çrdvo  brhât 

Le  flot  du  doux  a fait  tenir  debout  les  désirs;  le  buffle 
revêtant  les  eaux  s’y  est  plongé;  le  roi  dont  le  char  est  l’allu- 
meur a monté  sur  le  réconfort;  celui  qui  a des  lueurs  au 
moyen  des  mille  (dons)  conquiert  la  voix  forte  (ou,  haute). 

pàda  1.  — Cf.  84,  2',  à gas  tasthau  bhuvanâni, 
pàda  2.  — Cf.  42,  l3,  vasüno  gâ  apo  hardi;  3,  62,  apo  devo  vi 
gâhate. 

Hémistiche  2.  — Cf.  83,  5,  même  hémistiche.  — Même  formule, 
sauf  üruhah  au  lieu  de  âruhat. 


41.  — sa  bhanddnâ  ûd  iyarti  prajâvatir  \ viçvâyur  uiçuâh 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


343 


subhârâ  âhardivi  ||  brâhma  prajâvad  rayirn  dçvapas- 
tyam  | pïtd  indav  îndram  asmàbhyam  yâcatât 

Celui  que  voilà,  lui  qui  a cle  la  vigueur  au  moyen  de  tous 
(les  dons),  lance  vers  le  haut  les  bruyantes,  les  fécondes, 
toutes  les  bonnes  porteuses,  dans  le  ciel  qui  est  le  jour; 
ô brillant,  que  le  brahmcin  doué  de  progéniture  nous  appelle 
la  richesse,  la  demeure  des  chevaux;  étant  bu  (appelle)-nous 
l’Ardent. 

pâda  1.  — Cf.  84,  43,  induli  samudram  ud  iyarti. 
pâda  3.  — Cf.  60,  43,  prajâvad  reia  ci  bhara. 

42.  — sô  àgre  dhnâm  kârir  haryatô  mâdah  | prci  cétasd 
cetayate  dnu  dyûbhih  ||  dvâ  jc'tnd  ydtàyann  antâr  iyate  | 
ndird  ca  çânsam  daivyam  ca  dhartdri 

Ce  breuvage  doré,  agréable,  s’avance  en  brillant  dans  la 
pointe  des  jours  au  moyen  de  la  lumière,  à l’aide  des  cieux 
qu'il  suit;  réunissant  les  deux  générateurs,  il  pénètre  celui 
qui  a la  parole  humaine  (des  hommes-somas)  et  le  soutien 
céleste. 

pâda  1.  — Cf.  65,  251,  paoate  haryato  harih. 

Hémistiche  2.  — Berg.,  I,  210  : « (Sonia)  s’avance  entre  les  deux 
races,  celle  des  hommes  et  celle  des  dieux.  » — Sur  l’expression 
narâ  ca  cansam,  voir  Berg.,  I,  305,  307  et  308. 

43.  — anjdte  v y ànjate  sdm  ahjate  | kràtum  rihanti  mâdhu- 
ndbliy  ànjate  ||  sindhor  ucchvâsé  patâyantam  uksdnam  | 
hiranyapàüâh  paçûm  dsu  grbhnate 

Elles  l’oignent,  elles  l’oignent  en  traversant,  elles  l’oignent 
conjointement,  elles  lèchent  l’édificateur,  elles  l’oignent  en 
s’approchant  (de  lui)  au  moyen  du  doux;  dans  celles-là,  ceux 
qui  ont  l'éclat  de  l’or  s’emparent  du  taureau,  du  bétail,  qui 
vole  dans  la  respiration  (ou,  l’expiration)  de  la  rivière. 

Hémistiche  1.  — Cf.  10,  32,  somàso  gobhir  aîijate. 

pâda  3.  — Cf.  82,  3',  mahisasya  parninati.  . . 


344 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Hémistiche  2.  — Juste  remarque  'de  Berg.,  I,  225  : « La  figure 
de  l’oiseau  peut  d’ailleurs  se  combiner  avec  quelque  autre  des 
représentations  du  Sonia  pour  former  des  monstres  mythologiques. 
Ainsi  Sonia  est  appelé  le  taureau  qui  vole.  » — Berg  , II,  34, 
attribue  au  mot  pava  le  sens  de  tamis. 

44.  — vipaçcite  pâvamcïndya  gàyata  | maki  nà  dhârâty 
ùndho  arsati  ||  âhir  nâ  jürnâm  âti  sarpati  tvâcam  | àtyo 
nà  krilann  asarad  vrsâ  hàrih 

Chantez  pour  l’allumé  qui  tire  son  éclat  de  l’agité;  comme 
un  courant  élevé,  1 ’andhas  coule  au  delà;  pareil  à un  ser- 
pent, il  serpente  au  delà  de  la  peau  vieillie;  pareil  à un 
coursier,  le  taureau,  le  doré,  a coulé  en  sautant  (ou,  en 
dansant). 

pàda  1.  — Cf.  65,  7,  pra  somâya  vyaçvavat  pavamànâya  gâyata. 
pâda  3.  — Cf.  77,  3a,  ahyo  na. 

pàda  4.  — Cf.  86,  26s,  atyo  na  krïlan  pari  vâram  arsati.  — 

D’après  Berg.,  I,  223,  il  s’agirait  de  Sonia  « jouant  dans  la  cuve». 

« 

45.  — agregô  râjâpyas  tavisyate  | vimâno  âhnàm  bhûva- 
nesv  ârpitah\\  hârir  ghrtâsnuh  sudrçlko  arnavô  \jyoti- 
rathah  pavate  raya  okyàh 

Le  roi  qui  va  dans  la  pointe,  issu  des  eaux,  devient  vigou- 
reux, (lui)  le  constructeur  des  jours,  qui  est  inséré  dans  les 
êtres;  le  doré,  celui  dont  le  sommet  est  de  glirta,  celui  dont 
l’aspect  est  brillant,  le  fluctuant,  celui  qui  a la  lumière  pour 
char,  qui  est  issu  de  l’agréable,  allume  les  richesses. 

pàda  2.  — Cf.  62,  142,  vimâno  rajasah;  86,  39!,  bhuvanesv 
arpitah. 

pàda  4.  jyotïrathah.  — Cf.  86,  40',  et  83,  5,  râjâ  pavitrarathali. 
— Le  rapprochement  de  ces  deux  composés  avait  déjà  été  fait  par 
Berg.,  I,  223,  mais  sans  qu’il  en  ait  tiré  la  conclusion  qu’il  convient, 
à savoir  que  pavitra  —jyotih. 

46.  — âsarji  skambhô  dira  ûdyato  müdah  | pari  tridhâ- 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


345 


tur  bhûvanâny  arsati  ||  aiïsûm  rihanti  matâyah  pdnip- 
natam  | girâ  yâdi  nirnijam  rgmino  yayûh 

Le  support  du  ciel,  — la  boisson  qui  setend  en  s’élevant, 
a été  lancée;  celui  qui  a un  triple  établissement  (ou,  une 
triple  base)  coule  autour  des  êtres  ; les  pensées  lèchent 
l’éclat  qui  fredonne,  alors  que  les  chanteurs  sont  allés  (vers) 
l’émergé  au  moyen  de  la  voix. 

pàda  1.  — Cf.  74,  21,  dioo  y a skambho  dharuna) h svâtatah. 
pâda  2.  — Cf.  1,  B3,  tridhâtu  vàranam  madhu.  — Berg.,  1, 179: 
« Soma  coule  triple  autour  des  mondes.  » 

pâda  3.  — Cf.  86,  314,  même  formule,  sauf  en  tête  çiçum,  au  lieu 
de  ansum. 

pàda  4.  — Cf.  68,  1,  vacanàvantali . . . pardsrutam  usriyâ  nir- 
-nijam  dhire. 

47.  — prâ  te  dhàrâ  dty  ânvâni  mesyàh  \ punândsya  sam- 
ydto  yanti  rdnlxayah  ||  ydd  gôbhir  indo  ccunvbh  sama- 
jyàsa  à \ suvand/i  soma  kaldçesu  sïdasi 

Tes  courants,  ô allumé,  — courses  qui  se  développent  en- 
semble, — s’avancent  au  delà  des  petites  choses  issues  de 
la  brebis;  lorsque,  ô brillant,  tu  es  oint  par  les  vaches 
dans  les  deux  coupes,  t’élançant,  ô liquide,  tu  prends  rési- 
dence dans  les  vases. 

pâdal.  — Cf.  14,  6,  ati  çrilî. . . gavyâ  jigüty  anoyà. 
pàda  2.  — Cf.  2,  1,  pavasva. . . soma  raïihyà. 
pàda  4.  — Cf.  86,  35%  kalaçesu  sïdasi. 

48.  — pdvasua  soma  kratuvin  na  ukthyô  \ ’vyo  vàre  pari 
dhàva  mddhu  priydun  ||  jahi  viçvân  raksdsa  indo  atrino  | 
brhâd  vadema  viddthe  suviràh 

O liquide  parleur,  allume-nous  ce  qui  trouve  l’éditica- 
-teur;  coule  en  l’entourant  le  doux  agréable  dans  la  toison 
de  la  brebis;  écarte,  ô brillant,  tous  les  gardiens  dévorants; 
pourvus  de  bons  héros,  appelons  le  fort  dans  l’oblation. 


346 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pâda  1.  — Cf.  44,  6,  sa  no  adya. . . kratuvit. . . cüjamjesi  çraco 
brhat;  cf.  aussi  63,  24. 

pâda  2.  — Cf.  2,  3%  adhuksata  priyam  mad.hu. 
pâda  3.  — Cf.  63,  29',  apaghnan  soma  raksasah. 
pâda  4.  — Cf.  32,  l3,  sutà  cidathe  akramuh. 


HYMNE  LXXXVII 

1.  — prâ  tû  dvcwa  pari  kôçam  ni  èicla  | nrbhih  puncinô 
abhi  vcijam  arsa  ||  dçvain  nd  tvd  vdjinam  marjdyantô  | 
’chd  barhî  raçanâbhir  nayanti 

Avance-toi  en  coulant  circulairement,  assieds-toi  dans  le 
vase,  t’allumant  au  moyen  des  hommes(-somas),  coule  vers 
le  réconfort.  Te  faisant  briller,  toi  qui  es  pourvu  de  récon- 
fort, comme  un  cheval,  ils  te  conduisent  au  fortifiant  avec 
des  brides. 

pâda  1.  — Cf.  86,  1,  indaoah. . . pari,  koçam  âsate. 
pâda  2.  — Cf.  1,  4,  arsa. . . abhi  câjam. 
pâda  3.  — Cf.  62,  6,  açcam  na  helâro  'çüçubhan. 
pâda  4.  — Cf.  55,  2%  ni  barhisi  priye  sadah. 

2.  — svâyudhâh  pavate  devd  indur  \ açastihd  vrjànam 
râksamdnah  ||  pitâ  devândm  janitâ  suddkso  \ vistambhô 
divô  dharûnah  prthivyàh 

Le  brillant,  le  Céleste  aux  belles  armes  s’allume,  — (lui) 
qui  tue  le  mutisme,  en  gardant  l’enceinte,  — (lui)  le  père  des 
Célestes,  l’engendreur,  le  très  habile,  le  support  du  ciel,  le 
soutien  de  la  terre. 

pâda  1.  — Cf.  65,  5,  a pavasva. ..  soâyudha. 
pâda  2.  — ^ Cf.  62,  11,  esa  crsâ...  paoamâno  açastihâ;  82,  4‘, 
vrjane  somajâyrhi. 

pâda.  3.  — Cf.  86,  10%  pitâ  devânâm  janitâ. 
pâda  4.  — Cf.  86,  9S  dyauç  ca  yasya  prthivî  ca  dharmabhih.  — 
Ce  rapprochement  est  de  nature  à infirmer  toutes  les  hypothèses 
de  Berg.,  sur  le  sens  du  mot  dharman. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


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3.  — rsir  viprah  puraetâ  jânànâm  \ rbhûr  dhira  uçânâ 
kâvyena  II  sd  cid  viveda  nihitam  ydd  àsàm  \ aplcyàm 
gûhyain  nàma  gônâm 

Le  chanteur,  l’agité,  celui  qui  marche  en  avant  des 
hommes(-somas),  l’habile,  le  fort,  au  moyen  de  ce  qui  est 
de  la  nature  du  sage  désireux  (des  libations)',  — celui-là 
a trouvé  ce  qui  est  le  signe 1  2 des  vaches  que  voilà,  quoiqu’il 
soit  déposé,  secret,,  caché. 

Hémistiche  2.  — Cf.  75,  2,  dadhâti...  apîcyam  nàma.  — 71,  5, 
jigât...  gor  apîcyam  padam  yad  asya  matuthà  ajïjanan. 

4.  — esà  syâ  te  mâdhumân  indra  sômo  | vrsâ  vrsne  pari 
pavitre  aksâh  ||  sahasrasâh  çatasci  bhüridàvâ  [ çaçvat- 
tarndm  bar  hiv  à vdjy  àstliât 

Ce  liquide  que  voilà,  pourvu  de  doux,  ô Ardent,  (est)  à 
toi.  Le  taureau  a coulé  circulairement  dans  l’allumeur  pour 
le  taureau;  celui  qui,  pourvu  de  réconfort,  a conquis  les 
mille  (dons),  les  cent  (dons),  — celui  qui  a plusieurs  dons 
est  venu  se  dresser  sur  le  fortifiant  toujours  très  en  mou- 
vement (?). 

pâda  2.  —64,  2',  vrsnas  te  vrsnyam  çavali;  18,  V,  pavitre somo 
aksâh. 

pâda  3.  — Cf.  82,  5,  çatasâli...  saliasrasâli. 

5.  — été  sômâ  abhi  gavyâ  sahasrâ  \ mahé  vâjàyâmrtâya 
çrâvânsi\\ pavttrebhih  pdvamànd  asrgran  | chravasydvo 
nd  prtanâjo  âtyâh 

Ces  liquides  (que  voilà)  (se  dirigent)  vers  les  mille  (dons) 
qui  viennent  des  vaches,  (vers)  les  voix  pour  le  grand  récon- 
fort non  mort;  en  s’allumant,  ils  ont  coulé  à l’aide  des  allu- 

1.  Berg.,  II,  340:  « Soma  est  lui-même  appelé  Uçanâ  à cause  de  sa 
sagesse.  » — Je  considère  ce  mot  (uçanâ)  comme  un  instrumental  irrégulier 
de  uçan;  cf.  mahnâ  pour  ‘ma/ianâ  auprès  de  rnahan. 

2.  Berg.,  II,  27  : « les  formes  (cachées  des  vaches).  » 


348 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


meurs,  désireux  d’avoir  de  la  voix  (et)  pareils  à des  coursiers 
qui  courent  au  combat  (?)  (pour  la  conquête  des  libations). 

pâda  1.  — Cf.  22,  72,  à vasu  gacyùni  dhârayaJi. 
pàda  2.  — Cf.  77,  32,  mahe  vâjâya  dhanoantu;  67,  5%  arsasi 
ri  çravânsi. 

pada  3.  — Cf.  67,  25,  pacitrena. . . müm  punïhi. 
pâda  4.  — Cf.  86,  44\  atyo  na  krllan.  — Berg.,  I,  223:  « Sonia 
est  assimilé  à un  cheval  de  guerre.  » — C’est  bien  douteux;  la 
comparaison  porte  plutôt  sur  l’idée  commune  de  vitesse. 

6.  — pari  ht  smd  puruhütô  jdndndm  | viçvâsarad  bhôjanâ 
pûyâmdnah  ||  dthâ  bhara  çyendbhrta  pràyânsi  \ rayirn 
tûfijâno  abhi  vâjam  arsa 

Celui-là  qui  est  allumé,  qui  est  appelé  par  les  nombreux 
(-somas),  a coulé  circulairement  (vers)  toutes  les  nourritures 
des  hommes(-somas).  O toi  qui  es  porté  par  l’aigle,  apporte 
les  (choses)  agréables;  mettant  en  mouvement  la  richesse,, 
coule  vers  le  réconfort. 

pàda  1.  — Cf.  52,  42,  çusmam...  esâm  puruhüta  janânâm. 
pàda  2.  — Cf.  37,  5%  somo  vâjam  ivâsarat. 
pàda  3.  — 68,  6%  çyeno  yad  andho  abharat. 
pàda  4.  — Cf.  79,  52,  supeçasam  rasam  tunjanti.  — Berg., 
III,  11  : « L’un  des  sens  de  la  racine  tuj  dans  le  Rig-Véda  est 
« exprimer  un  suc  ».  — C’est  très  douteux;  je  n’y  vois  jamais  que 
l’idée  de  « pousser,  lancer  ». 

7.  — esd  suvânâh  pari  sômah  pavitre  \ sdryo  nd  srètô 
adadhàvad  àvcd  ||  tigmê  çiçdno  mahisô  nd  çfrige  \ g à 
gavydnn  abhi  çuro  nd  sdtvd 

Ce  liquide  que  voilà,  coulant  circulairement  (pour  arriver) 
dans  l’allumeur,  — l’actif  (ou  le  coursier)  a coulé  comme 
l’émission  lâchée,  — aiguisant  comme  un  bullle  ses  deux 
cornes  pointues,  — pareil  à un  héros,  pourvu  de  ce  qui- se 
manifeste  (l’oblation),  — mugissant  (?)  comme  les  vaches 
vis-à-vis  des  vaches. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


349 


pâda  2.  — Cf.  22,  l3,  sargâh  srslâ  aliesata. 
pâda  3.  — Cf.  70,  7,  vrsabhah.  . . çrnge  çiçânaJi. 
pâda  4.  — Cf.  3,  42,  çüro  yann  ira  satvabhih.  — 16,  6:),  çüro  na 
gosu  tisthati. 

8.  — esci  yayau  paramâd  antâr  âdreh  | kucit  satir  ûrvé 
gâ  viveda  |]  divô  nâ  vidyût  stanâyanty  abhraih  | sômasya 
te  pcwata  indra  dhârâ 

Celle  que  voilà  est  venue  de  tout  en  haut  de  la  montagne, 
à l’intérieur  (de  laquelle  elle  était);  elle  a trouvé  les  vaches 
présentes  n’importe  où,  dans  l’enceinte  (ou,  l’étable).  Reten- 
tissant au  moyen  des  pluies,  comme  l’éclair  du  ciel,  le 
courant  de  ton  liquide,  ô Ardent,  s’allume. 

pâda  1.  — Cf.  86,  15!,  yo  asya  dliama  pratliamam  vyünaçe.  . . 
parame  vyomani.  — Berg.,  I,  168  : « Le  Soma  sorlant  de  la  mon- 
tagne suprême  (ciel  ou  nuage)  est  comparé  à l’éclair  du  ciel  tonnant 
dans  les  nuages.  » 

pâda  2.  — Cf.  55,  3,  govit...  pavasva.  — Vers  précédent  : gâ 
gavyann  oblii  çüro  na  satvâ. 

pâda  3.  — Cf.  76,  3,  pra  nah  pinva  vidyud  abhreva  rodasï. 
pâda  4.  — Cf.  80,  1',  somasya  dliàrâ  pavate. 

Ce  vers  est  à joindre  aux  plus  expressifs  en  faveur  de  l’hypo- 
thèse de  l’allumage  du  soma. 

9.  — utà  sma  râçim  pari  ycïsi  gônâm  | indrena  soma  sarà- 
thain  punànâh  ||  pûrvir  iso  brhatir  jïradclno  [ çiksd  ça- 
civas  tara  tà  upastut 

O liquide,  en  t’allumant,  tu  vas  entourer  l’abondance(?) 
des  vaches,  — celui  qui  est  avec  un  char  (?),  — à l’aide  de 
l’ Ardent;  ô toi  qui. as  des  gouttes  rapides,  empare-toi  dés 
libations  nombreuses,  fortes,  ô puissant;  à toi  sont  celles-là, 
ô bruyant  (?). 

pâda  2.  — Berg.,  II,  190  : « Soma  est  monté  sur  le  char  d’Indra.  » 
— J’hésite  beaucoup  à considérer  saratham  comme  un  adverbe, 
pâda  3.  — Cf.  72,  93,  upa  mâsva  brhatï  revatïr  isali. 


350 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pàda  4.  — Cf.  upastut,  upastuta  et  upastud.  — Même  obser- 
vation que  ci-dessus  à propos  de  saralham.  — Sày.  : « upaslüya- 
mânah.  » 


HYMNE  LXXXVIII 

1.  — aydm  soma  indrci  tûbhyam  sunce  | tübhyain  pavatc. 
tvdm  asya  pdhi  ||  tvdm  ha  y dm  cakrsé  tvdm  vavrsd  | 
indum  màdàya  yûjydya  sômam 

Ce  liquide  (que  voilà),  ô Ardent,  coule  pour  toi,  il  s’al- 
lume pour  toi;  ô toi,  bois-en;  c’est  celui  que  tu  as  produit, 
c’est  celui  que  tu  as  choisi,  — le  brillant,  le  liquide  (destiné) 
à la  boisson  qui  doit  être  attelée  (unie  au  soina  pavamâna). 

Hémistiche  1.  — Cf.  1,1,  pavasca  soma  dhârayâ  indràya  pâtaee 
sutali. 

pàda  4.  — Cf.  45,  L1,  sa  paeasva  madâj/a.  . . indav  indraya 
pitaye. 

2.  — sa  Un  ràtho  nà  bfiurisâl  ayoji  | mahdh  puvuni  sâtdye 
vdsuni  ||  ad  Un  viçvd  nahusyâni  jdtâ  \ svàrsdtd  vdna 
ürdhvâ  navanta 

Celui  que  voilà,  pareil  à un  char,  a été  attelé,  — lui,  pos- 
sesseur des  forts  (-somas),  — pour  la  conquête  des  nom- 
breuses richesses  du  Grand;  toutes  les  choses  voisines!?) 
qui  sont  nées  de  lui,  dressées,  mugissent  dans  la  conquête 
(=  ce  qui  conquiert)  du  soleil,  dans  la  forêt. 

pàda  4.  — Cf.  74,  1.  çiçur  na  jâto  'va  cahradad  pane  scar  yad 
vâjy  arusah  sisâsati. 

3.  — vdyâr  nd  yû  niyûivdii  istdydmd  | ndsatyeva  hdva  à 
ç.dmbhavisthah  ||  viçuduàro  dravinodà  iva  (indu  | p usé  va 
dhïjdvano  ’si  s orna 

(Toi)  qui,  pareil  au  Vent,  pourvu  d’attelage,  marchant  au 
moyen  du  désiré,  pareil  aux  deux  manifestés,  (arrivant) 


Le  culte  védique  du  soMa 


351 


dans  l’appel  (=  la  voix),  produisant  excellemment  le  salu- 
taire, ayant  tous  les  biens,  pareil  au  donneur  de  richesse, 
qui  est  dans  le  tman,  pareil  au  Nourricier,  actif  au  moyen 
de  la  pensée1,  — te  voilà,  ô liquide! 

Hémistiche  2.  — Cf.  86,  1,  dhijavo  madâ  arsanti  vaghujd  iva 
tmanâ. 

4.  — indro  nâ  y 6 mahâ  kârmdni  càkrir  [ hantâ  vrtrândm 
asi  soma  pxirbliit  ||  paidvô  nâ  hi  tvdm  dhindmnàm  \ hantâ 
viçvasydsi  soma  ddsyoli 

Pareil  à l’Ardent,  qui  produit  de  grandes  œuvres,  te  voilà, 
ô liquide,  (toi  qui)  détruis  les  enveloppes,  (toi  qui)  brises  les 
citadelles!  Pareil  à celui  qui  est  issu  du  marcheur2,  te  voilà, 
ô liquide,  destructeur  de  ceux  qui  ont  les  signes  du  ser- 
pent3, (destructeur)  de  tout  attaclieur! 

pâda  1.  — Cf.  46,  33,  indrain  vardhanti  harmabhih . 
pürbhit,  — Cf.  48,  2%  çatam  puro  ruruksanim. 
pàda  4.  — - Cf.  41,  2%  sâhvânso  dasyum  avvatam. 

5.  — agnir  nâ  yô  vàina  à srjyâmdno  | vvthd  pâjdnsi  krnute 
nadisu  Wjdno  nd  yudhuà  maliatài  upabdir  \ iyarti  sômah 
pdvamdna  ürmim 

Pareil  au  feu  qui  est  -lancé  dans  la  forêt,  il  édifie  des 
clartés  dans  les  rivières  au  moyen  de  ce  qui  croît  (?); 
comme  rhomme(-soma)  pourvu  d’armes,  le  bruit  du  grand 
(soma  = le  soma  bruyant),  — le  liquide  qui  s’allume,  — 
met  en  mouvement  le  flot. 

Hémistiche  1.  — Cf.  76,  1,  hardi  srjàno  atyo  na...  vrthâ  pâ- 
jânsi  krnute  nadïsv  à. 

pâda  3.  — Cf.  66,  16',  yudhvâ  san  ( somah ). 

1.  Berg.,  II,  428  : « inspirateur  de  la  prière.  » 

2.  Ou,  au  cheval  de  pedu , « le  marcheur  ». 

3.  Berg.,  II,  207:  « Le  mot  alii  s’emploie  au  pluriel  pour  désigner  une 
race  de  démons.  » 


352 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOXÎA 


pâda4.  — Cf.  84,  43,  induh  samudram  ud  iyarti. 
upabdih.  — Cf.  87,  9,  upastut . 

Particulièrement  curieuses  sont  les  remarques  de  Berg,  sur  ce 
vers  si  significatif.  Il  dit  (Rel.  véd.,  Il,  36)  : « Au  vers  9,  88,  5, 
Sonia  brillant  au  milieu  des  rivières,  est  expressément  comparé  au 
feu.  Il  est  sur  la  terre  le  représentant  le  plus  exact  du  feu  des 
nuages,  puisqu’il  peut  briller,  et  qu'il  brille  effectivement  dans  le 
sacrifice,  au  milieu  des  eaux  terrestres.  » — Cf.  aussi,  I,  165. 

6.  — été  sômd  àti  vàrâny  civyd  | divyâ  nâ  kôçdso  ablirâvar- 
sdh  ||  vrthà  samudram  sindhavo  nâ  nîclh  | sutâso  ab/d 
kalâçdn  asrgran 

Ces  liquides  coulent  au  delà  des  toisons  de  brebis,  pareils 
à des  vases  célestes  qui  contiennent  (ou  versent)  la  pluie  au 
moyen  des  nuages;  pareils  à des  rivières  qui  penchent  (pour 
couler)  dans  la  mer  au  moyen  de  ce  qui  croit  (?),  les  versés 
ont  coulé  vers  les  coupes. 

Hémistiche  1 et  pâda  4.  — Cf.  86,  3 et  7 ; 66,  11,  achâ  koçam.. . 
asrgram  tare  avyaye.  — Berg.  I,  257  : « Les  eaux  du  nuage  sont 
renfermées  dans  les  cuves  divines.  » — En  réalité,  les  somas 
liquides  sont  représentés  comme  étant  dans  des  vases  qui  se  dé- 
versent dans  d’autres  récipients  pour  alimenter  le  soma  pavamana. 

pàda  3.  — Cf.  64,  172,  vrthà  samudram  indavah,  ayman;  16,  7', 
vrthà  paoitre  arsati  (dhârâ). 

7.  — çusmi  çàrdho  nd  màrutam  pavasvâ  | -nabhiçastd 
divyâ  yâthd  vit  [|  àpo  nd  maksu  sumatir  bhavàt  nah  \ 
sahâsrâpsâh  prtandsân  nd  yajiîdh 

O Ardent,  allume-toi,  pareil  à la  troupe  issue  des  Impé- 
tueux, — toi  qui,  pareil  à la  demeure  céleste,  n’a  pas  de 
parleur  rival;  rapidement,  pareil  aux  eaux,  manifeste-toi 
comme  notre  bonne  pensée,  - — (toi)  qui  conquiers  les  eaux 
aux  mille  (dons),  — • (toi  qui),  pareil  à l’oblation,  es  con- 
quérant dans  les  combats. 


sahasrâpsâh.  — Cf.  65,  20',  apsàh. 


LÈ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


353 


8.  — râjno  nû  te  vdrunasya  vratâni  | brhdd  gabhlrdm 
ta  va  s orna  dhâma  [|  çûcis  tudm  asi  priyô  nà  mitrô  \ da- 
kèâyyo  aryamévâsi  soma 

O liquide,  à toi  sont  maintenant  les  objets  de  choix  du 
roi,  de  l’Enveloppeur  ; à toi,  le  fort,  l’édifice  profond  (qui 
plonge  dans  les  libations).  Voilà  que  tu  es  clair,  pareil  à 
l’Ami  agréable;  voilà,  ô liquide,  que  tu  es  habile  (?),  que 
tu  es  pareil  au  fidèle. 

HYMNE  LXXXIX 

1.  — [>rô  syâ  vàhnih  pathyâbhir  asyân  | divô  nà  vrstih 
pâvamano  aksâh  ||  sahâsradhâro  asadan  ny  àsme  | ma- 
tin ‘ upâsthe  vdna  â ca  sômah 

Le  porteur  a coulé  en  s’avançant  au  moyen  des  marches 
(ou  des  chemins);  comme  la  pluie  du  ciel,  l’allumé  a coulé; 
le  liquide  qui  a les  courants  aux  mille  (dons)  est  descendu 
pour  prendre  résidence  pour  nous  dans  le  giron  de  la  mère 
et  dans  la  forêt. 

Pour  l’ensemble  du  vers,  cf.  86,  33. 
pàda  1.  — Cf.  15,  3,  esa. . . ci  nïyate. . . pathâ. 
pâda  2.  — Cf.  39,  22 3,  vrstim  dicah  pari  sraca. 
pâda  4.  — Cf.  26,  1,  upasthe  aditeli. 

Hémistiche  2.  — Berg.,  1,172:  « Soma  en  milliers  de  gouttes, 
s’est  arrêté  chez  nous,  dans  le  sein  de  la  mère  (la  terre)  et  dans  le 
bois  (la  cuve  ou  la  plante).  » — Cf.  aussi,  II,  55. 

2.  — râjd  sindhündm  auasista  vâsa  \ rtdsya  nâvam  âruhad 
vdjisthàm  ||  apsû  drapsô  vàurdhe  çyendjûto  \ duhâ  im 
pitâ  duhâ  Im  pitûr  jâm 

Le  roi  des  rivières  a revêtu  le  vêtement;  il  est  monté  sur 
le  navire  très  droit  du  coulé;  la  goutte  mise  en  mouvement 
par  l’aigle  a grandi  dans  les  eaux  ; le  père  l’a  trait,  (il)  a trait 
cette  progéniture  du  père. 


23 


354 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


püda  1.  — Cf.  86,  33’,  râjâ  sindhünâm  parafe. 
pàda  2.  — Cf.  73,  1‘,  satyasya  nürali  sukrtam. . . apïparan. 
pàda  3.  — Cf.  85,  10!,  apsu  drapsam  vâvvdhünam  samudra  à. 
çyenajutah.  — Cf.  87,  6\  çyenabhrta. 

pada  4.  — Berg.,  II,  112:  « Sonia  trait  la  fille  du  père,  tandis 
qu’il  est  trait  lui-même  par  le  père.  » — Le  soma  liquide  produit 
le  soma  igné,  ou  le  fils  du  père  (soma  liquide). 

3.  — sinhàm  nasanta  mddhvo  ayâsam  \ hàrim  arusâm 
divô  asyd  pàtim  ||  çùro  yutsu  prathamdh  prchate  gà  | 
as  y a câksasd  pari  pcïty  uksâ 

Les  douces  (boissons)  se  sont  approchées  du  lion  ardent (?), 
— du  doré,  du  rouge,  du  maître  du  ciel  que  voilà;  le  héros 
qui  est  en  avant  dans  les  rencontres  interroge  les  vaches  ; 
le  taureau  garde  celui-ci  en  l’entourant  au  moyen  de  l'éclat 
(ou,  de  la  vue). 

ayâsam.  — Cf.  41,  1,  gâvo  na  bhûrtiayali. ..  ayâso  akramuh. 
pâdas  2-4.  — Cf.  82,  1,  aruso  vrsâhariji...abhi  gâ  acikradat. 
pàda  4.  — Cf.  Berg.,  I,  162:  « Il  surveille  avec  son  propre) 
œil.  » 

4.  1 — màdhuprstham  ghorâm  ayâsam  dçoam  | ràthe  yun- 
janty  urucakrà  rsodm  ||  suâsdra  ira  jdmâyo  marjayanti  \ 
sdndbliayo  vdjinam  ûrjayanti 

Ils  attèlent  le  cheval  dont  la  croupe  est  le  Doux,  terrible, 
ardent,  qui  se  dresse,  au  char  aux  larges  roues;  les  sœurs, 
les  parentes,  le  rendent  brillant;  celles  qui  ont  le  même 
nombril  réconfortent  celui  qui  est  fait  de  réconforts. 

Hémistiche  1.  — Cf.  62,  17,  tam  triprsthe...  radie  yiihjanti.  — 
Berg-,  I,  223  : « Ce  char  est  le  sacrifice.  » — Oui,  si  l’on  identifie 
celui-ci  aux  flammes  sacrées  ou  à la  libation  enflammée, 
pàda  3.  — Cl.  65,  1,  hinoanti...  scâsaro  jâmayah  patim. 

5.  — câtasra  ira  ghptadûhah  sacante  | saindné  anteir 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  355 

dharûne  nisattâh  ||  ta  im  arsanti  nàmasâ  punânâs  [ ta 
îm  viçvdtah  pari  santi  pürvih 

Quatre  qui  trayent  le  yhrta  le  suivent,  assises  à l’intérieur 
du  support  commun;  celles  que  voilà  coulent  (vers)  lui  en 
s’allumant  au  moyen  du  natnas;  celles  que  voilà,  les  nom- 
breuses, l’entourent  (en  venant)  du  Tout. 

tàh.  — Démonstratif  liturgique. 

Hémistiche  1.  — Cf.  72,  6,  sam  l gcicah...  yanti  samyatah. . . 
sadane. 

pàda  4.  — Cf.  83,  V,  pary  est  viçvataJi. 

6.  — mstambliô  clivé  dharûnah  prthivyâ  \ oie  va  utâ 
ksitdyo  hdste  asya  ||  dsat  ta  utso  yrnaté  niyûtvân  \ 

màdhvo  ançuh  pavcita  indriyâya 

Support  du  ciel,  soutien  de  la  terre,  toutes  les  demeures 
sont  dans  la  main  de  celui  que  voilà.  Que  ta  source  pourvue 
d’attelage  soit  pour  le  chanteur;  l’éclat  du  Doux  s’allume 
pour  ce  qui  est  de  la  nature  de  l’Ardent. 

pàda  1.  — Cf.  87,  24,  même  formule.- 

niyûtvân.  — Cf.  88,  3'.  — Cf.  le  mythe  grec  de  Pégase. 

pàda  2.  — Berg.,  I,  213  : « Toutes  les  races  sont  dans  sa  main.  » 

pàda  4.  — Cf.  70,  5',  sa  mavmrjâna  indriyâya  dhâyase. 

7.  — vanudnn  dvâto  cibhi  devâvïtim  \ indràya  soma  vptrahà 
pavasva  ||  çagdlxi  mahâh  puruçcanclrdsy a | râyàh  suoi- 
ryasya  pdtaycih  syàma 

Cherchant  à conquérir  sans  être  conquis,  allume-toi, 
ô liquide,  en  t’approchant  du  régal  des  Célestes,  pour  l’Ar- 
dent,  ô toi  qui  détruis  l’enveloppe;  sois  le  maître  du  grand, 
qui  a l’éclat  des  nombreux  (somas).  Puissions-nous  être 
maîtres  de  la  richesse  pourvue  de  bons  héros! 

Hémistiche  1.  — Cf.  1,  4,  abhy  arsa...  devânâm  oïtim;  1,  1, 
pavasva  soma.,.  indrâya. 

pàda  3.  — Cf.  62,  12,  â pavasva. ..  rayim . . . puruçcandram » 


356 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


HYMNE  XC 

1.  — prd  hirwànô  janitâ  rôdcistjo  | ràtho  nd  vcijara  sarii- 
sgânn  aydsit  ||  indram  gdchann  âyudhâ  samçiçdno  \ 
viçuâ  vdsu  hdstayor  àdddhànah 

S’élançant  en  avant,  celui  qui  a engendré  les  deux  brillants 
est  allé,  pareil  à un  char,  au  réconfort  pour  le  conquérir,  — 
allant  à l’Ardent,  aiguisant  ses  armes,  plaçant  tous  les  biens 
dans  ses  deux  mains. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  69,  9,  ete  somâli  pacamânâsa  indram  rathâ 
iva  pra  yayuli  sâtim  acha  ; 10,  2'  hinvânâso  ratliâ  ica. 

pâda  3.  — Cf.  61,  30,  te...  âyudhâ  iigmâni  santi ; 76,  2,  çüro 
na  dhatta  âyudhâ  gabhastyoh . 

pâda  4.  — Cf.  89,  6%  ksitayo  haste  asya. 

2.  — abhi  triprsthdm  vrsanam  vayodhâm  | dngûsândm 
avâvaçanta  vânih  ||  vdnd  vdsdno  vâruno  nd  sindhûn  | vi 
ratnadhà  dayate  vârydni 

Les  Voix  des  pensées  ont  crié  vers  le  taureau  aux  trois 
croupes,  qui  établit  la  nourriture;  l’Enveloppeur  revêtant 
les  bois  (les  combustibles  liquides)  pareils  à des  rivières, 
distribue  les  choses  précieuses  qui  établissent  la  richesse. 

Hémistiche  1.  — Cf.  71,  7-,  crsâ  triprstho  anacista  gâ  abhi. 
pâda  3.  — Berg.,  111,130  : « Sonia  qui  se  revêt  des  cuves  comme 
Varuna  des  rivières.  » 

pâda  4.  — Cf.  67, 133,  soma  . . decesu  ratnadhà  asi. 


3.  — çi ïragrâmah  sdirvcivirah  sdhdüdn  | jétà pavasva  sdnitâ 
dhàndniW  tigmàyudhah  ksiprâdhanvd  samdtsv  \ àsâUiah 
sdhvân  prtandsu  çdtrûn 

Groupe  de  héros,  pourvu  de  tous  les  mâles,  puissant,  vain- 
queur, conquérant,  allume  les  oblations,  — ayant  des  armes 
pointues,  muni  d’un  arc  rapide  dans  les  rencontres,  invaincu, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


357 


(mais)  vainqueur  des  ennemis  dans  les  combats  (quand  il 
s’agit  de  s’emparer  des  offrandes). 

tigmâyudhali.  — Cf.  90,  l3,  âyudhâ  samçiçânah. 
sâhvân  prtanâsu. — -Cf.  88,  75,  prtanâsâh. 

4.  — urûgavyûtir  âbhaydni  krnvân  \ samïciné  â pavasvà 
pûramdhî  ||  apâh  sisâsann  usdsah  svàr  gcih  [ sdrn  cihrado 
mahô  asmdbhyam  vâjdn 

O toi  qui  as  un  large  régal  provenant  des  vaches,  toi 
qui  édifies  ceux  qui  n’ont  pas  de  crainte,  allume  les  deux 
puramdhls  (l’oblation  sous  ses  deux  formes)  qui  vont  de 
concert;  cherchant  à t’emparer  des  eaux,  des  aurores,  du 
soleil,  des  vaches,  tu  as  fait  résonner  de  concert  pour  nous 
les  hauts  réconforts. 

pàcla  1.  — -Cf.  78,  5'*,  uroïm  gaoyütim  abhayam  ca  nah  krdlii. 
Hémistiche  2.  — Cf.  74,  1,  çiçur  najâto  ’ va  cakradad  vane  svar 
y ad  vdjy  arusah  sisàsati;  7,  43,  svar  vüjl  sisâsati. 

5.  — mâtsi  soma  vdrunam  màtsi  mitrâm  | mdtsindram 
indo  pavamdnci  visnum  1]  mdtsi  çàrdho  mârutam  màtsi 
devân  \ mdtsi  mahâm  indram  indo  mddâya 

O liquide,  arrose  l’Enveloppeur,  arrose  l’Ami,  arrose, 
ô brillant,  ô allumé,  l’Ardent,  l’Actif;  arrose  la  vigueur  des 
Impétueux,  arrose  les  Célestes,  arrose,  ô brillant,  le  grand 
Ardent  pour  la  boisson  (pour  qu’il  boive). 

Cf.  34,  2,  suta  indrâya..  . varwiâya  marudbtiyah,  somo  arsati 
visnace. 

6.  — evâ  rcijeva  kràtumdn  amena  \ viçud  ghdnighnad  du - 
ritâ  pavasva  ||  indo  sûhtdya  vdcase  vdyo  dhâ  \ yuydm 
pdta  svastibhih  sâdâ  nah 

De  cette  façon,  par  la  violence,  pareil  â un  roi,  doué  de  ce 
qui  édifie,  allume-toi,  ô toi  qui  es  ce  qui  détruit  toutes  les 
mauvaises  allures.  O brillant,  établis  le  réconfort  pour  la 


358 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


parole  bien  parlée.  O vous,  protégez-nous  toujours  (?)  au 
moyen  des  bonnes  manifestations  ! 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  24,  apaghnan  paoase  mrdhali  kratuoit; 
59,  32,  viçcâni  duritâ  tara. 

pâda  4.  — Formule  qui  se  trouve  déjà  RV.,  VII,  1,  20,  etc. 


HYMNE  XCI 

1.  — âsar/i  uàkuâ  râthye  yâthâjaû  | dhiyâ  manôtâ  pra- 
tliamô  manlsi  ||  ddça  svdsàro  àdhi  sâno  ûvyé  \ ’janti 
vâhnim  sâdanàny  cïcha 

Le  parleur  s’est  élancé  comme  dans  une  course  (?)  faite  de 
chars,  — lui  qui  exprime  sa  pensée  par  la  prière1,  — (lui) 
le  penseur  qui  est  tout  en  avant.  Les  dix  sœurs  qui  sont 
au-dessus,  dans  le  sommet  issu  de  la  brebis,  poussent  le 
porteur  vers  les  résidences. 

pàda  1.  — Cf.  36,  1,  asarji  ratliyo  yathâ  pavitre...  sutali. 
pâda  2.  — Berg.,  I,  185:  « (Soma)  est  le  premier  inventeur  de  la 
prière.  » — - Sans  doute,  en  tant  que  crépitant. 

Hémistiche  2.  — Cf.  71,  5,  sam  ï ratham  na...  ahesata  daça 
svasâro  aditer  upastha  â. 

2.  — vîti  jdnasya  divyc'isya  kavyair  | àdhi  suvânô  nahu- 
syèbhir  induh\\prâ  y 6 nrbhir  amrto  mârtyebhir  | mar- 
mrjânô  ’mbhir  gôbhir  adbhih 

(Voilà)  le  brillant  qui  coule  en  s’élevant  au  moyen  du 
régal  de  l’homme  céleste,  au  moyen  des  choses  issues  du 
sage,  au  moyen  des  voisins,  — (lui)  le  non-mort  qui  s’avance 
au  moyen  des  hommes,  des  morts  (ou,  des  mortels)2,  et  qui 
devient  brillant  à l’aide  des  brebis,  des  vaches,  des  eaux. 

pâda  1.  — Cf.  84,  34,  somo  mâdayan  daivyam  janam. 

1.  Ou,  qui  a été  laucé  par  la  prière. 

2.  Berg.,  II,  31,  prend  martya  au  sens  propre. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


359 


pâda  4.  — Cf.  86,  114,  marmrjâno  ’vibhih  sindhubhili;  68,  9, 
adbliir  g obhir  mrjyate...  sut  ah. 

3.  — vrsci  vrsne  rôruvad  ançûr  astnai  \ pdvamàno  rûçad 
îrte  pdyo  gôh  ||  sahdsram  rkvâ  pathibhir  vacouid  \ 
adlwasmdbhih  suro  ânvam  vi  yâti 

Le  taureau,  — l’éclat,  — met  en  mouvement  ce  qui  mugit 
pour  ce  taureau;  l’allumé  (lui)  envoie  ce  qui  étincelle,  le  lait 
de  la  vache;  le  chanteur  va  au  moyen  des  marches  à travers 
les  mille  (dons),  à travers  ce  qui  trouve  la  voix;  le  soleil 
va  à travers  le  nain  par  (les  marches)  qui  ne  sont  pas 
assombries. 

pâda  1.  — Cf.  87,  42,  vrëâ  vrsne  pari  paoitre  aksâh;  34,  3', 
vrëânam  vrëabliir  yatam  sunvanti  somam  adribhih;  86,  74,  vrsd 
pavitram  aty  eti  roruvat. 

pâda  2.  — Cf.  66,  30',  dyumnavat  payait  — ruçat . . . payait. 
pâda  4.  — Cf.  10,  53,  sûrâ  anvam  vi  tanvate. 

4.  — rujâ  drlhâ  cid  rakèdsah  sàdânsi  | punânà  inda 
üvtiuhi  vi  vâjàn  ||  vrçcôpàristdt  tujatâ  vadhéna  \ yô  dnti 
dürâd  upanâyâm  esâm 

O brillant  qui  t’allumes,  brise,  quoiqu’elles  soient  solides, 
les  demeures  du  gardien;  développe  les  réconforts;  coupe 
d’en  haut  avec  un  couteau  qui  pénètre,  l’introducteur  (des 
oblations)  que  voici  (et  qui  viennent)  de  l’éloigné  dans  le 
proche  (?). 

pâda  1.  — Cf.  53,  33,  ruja  yas  tvâ  prtanyati;  34,  P,  rujad  drlhâ 
vi/  ojasà. 

pâda  3.  — Cf.  52,  3%  vadhaih. . . ïnkhaya. 
pâda  4.  — 67,  21b  yad  anti  yac  ca  dürake. 

5.  — sci  pratnavdn  nâuyase  viçvavdra  | sûktâya  pathdh 
krnuhi  prâcah  ||  yé  duhsdhâso  vanüsà  brhdntas  \~tàùs 
te  açyâma  purukrt  purukso 

Toi  que  voilà,  qui  as  tous  les  dons,  produis  l’ancien  pour 


360 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


le  nouveau,  (produis)  des  chemins  qui  s’avançent  pour  ce 
beau  chant.  O toi  qui  édifies  au  moyen  des  nombreux 
psomas),  toi  qui  possèdes  la  nourriture  des  nombreux  (somas), 
puissions-nous  conquérir  au  moyen  du  désir  ces  fortes 
(oblations)  à toi  (destinées),  qui  sont  difficiles  à conquérir! 

Hémistiche  1.  — Cf.  9,  8,  nü  navyase  navïyase  süktâya  sâ- 
dhayü  pathah,  pratnavad  rocayârucali.- — Berg.,  I,  185:  « Soma) 
ouvre  la  voie  à l'hymne  nouveau,  comme  il  l’aouverte  à l’ancien.  )> 
— Nous  savons  qu’en  réalité  « l’ancien  » est  le  soma  liquide,  et 
« le  nouveau  » le  soma  igné. 

6.  — evâ punânô  apâh  svàr  gâ  | asmàbhyam  tokâ  tdnayâni 
bhuri  ||  çdm  nah  ksétrcim  urâ  jyôtinsi  soma  | jyôil  nah 
sûr  y a ni  drçâye  rirlhi 

De  cette  manière  allumant  (ou,  en  t’allumant,  donne-nous) 
les  eaux,  le  soleil,  les  vaches,  — (donne)-nous  des  rejetons, 
des  productions  nombreuses,  — (donne)-nous,  ô liquide,  le 
bien,  le  champ  large,  les  lumières,  — donne-nous  pour 
longtemps  (?)  le  soleil  pour  la  vision. 

evâ.  — Démonstratif  liturgique. 

pâda  1.  — Cf.  90,  43,  apali  sisâsann  usasah  svar  gâli. 
pâda  2.  — Cf.  66,  18,  team  soma. . . tokasya  sâtâ  tanünâm.  — 
Conquérir  ou  procurer,  produire,  la  postérité  ou  l’extension  de  la 
libation,  c’est-à-dire  les  flammes  sacrées,  est  seule  et  même  chose. 

pâda  3.  — Cf.  85,  4;  36,  3,  jyotïnsi.  ..  vi  rocaya;  4,  2,  sanâ 
jyotili. 

pâda  4.  — Cf.  4,  6,  tavotibhir  jyok  paçyema  süryam. 


HYMNE  XCII 

1.  — pari  suvânô  hârir  ançûh  pavitre  | rcitho  nâ  sarji 
sanciye  hiyànâh  ||  âpac  chlôkam  indriyâm  puyûmdnah  | 
prâti  devân  ajusata  prâyobhih 

Le  doré, — l’éclat, — coulant  circulairement  (pour  arriver) 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


361 


dans  l’allumeur,  poussé  comme  un  char,  a été  lancé  pour  la 
Conquête;  allumant  les  eaux,  la  voix,  ce  qui  est  delà  nature 
de  r Ardent,  il  a régalé  les  Célestes,  auprès  de  lui,  au  moyen 
des  nourritures  agréables. 

Hémistiche  1.  — Cf.  69,  9,  ete  somàh.  . . ratliâ  iva  pra  yayuh 
sâtim  acha. 

pâda  3.  — Cf.  91,  6,  evâ  punüno  apali  svar  gàJi. 

2.  — âchâ  nrcàksâ  asarcit  pavitre  | nâmct  dâdhânah  kavir 
asyayônau  ||  sîdan  hôteva  sàdane  catnüsü  | -pem  agmann 
rsayah  saptâ  viprâh 

Celui  qui  tient  son  éclat  des  hommes  a coulé  dans  l’allu- 
meur, (lui),  le  sage,  en  établissant  le  signe  dans  la  matrice 
de  celui  que  voici,  en  prenant  résidence  comme  le  sacri- 
ficateur dans  la  demeure,  dans  les  coupes;  les  sept  chan- 
teurs, les  agités  sont  venus  vers  lui. 

pâda  2.  — Cf.  75,  23,  dadliâti  putrali pitror  apïcyam  nâma. 

pâda  3.  — Cf.  20,  6:\  somaç  camüsu  sïdati. 

pâda  4.  — Cf.  86,  39,  tam  tcâ  viprâ  upa  girema  âsate. 

3.  — prâ  sumedhâ  gâtuvid  viçvüdevah  \ sômah  punânâh 
sâda  eti  nityam  ||  bhûvad  viçvesu  kâuyesu  rântâ  | -nu 
jdnân  yatate  pdnca  dhirah 

Le  liquide  à la  bonne  pensée,  qui  s’allume,  lui  qui  trouve 
l’issue,  qui  est  pourvu  de  tous  les  Célestes,  se  rend  vers 
la  demeure  durable  (?).  Puisse  se  manifester  celui  qui  goûte 
à toutes  les  choses  qui  sont  de  la  nature  du  sage.  Le  fort 
suit  pour  s’unir  à eux  les  cinq  hommes  (ou,  les  cinq  races)  ! 

pâda  2.  — Cf.  le  pâda  3 du  vers  précédent, 
pâda  3.  — Cf.  23,  1,  somâ  asrgram.  . . abhi  viçvàni  kâcyâ. 
pâda  4.  — Cf.  65,  23 *,ye  vàjanesu  paücasu.  — Berg.,  I,  211: 
« (Soma)  se  dirige  vers  les  cinq  races.  » 

4.  — tàva  tyé  soma  pauamâna  ninyé  | vtçve  devâs  trciya 


362 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


eltâdaçàsah  ||  dàça  svadhàbhir  àdlii  sàno  dvye  | mrjcinti 
tvâ  nadyàh  saptâ  yahvih 

O liquide  qui  t’allumes,  dans  cet  intérieur  à toi  sont  tous 
les  trois  (fois)  onze  Célestes;  au  moyen  des  dix  svadhâs,  au- 
dessus,  dans  le  sommet  issu  de  la  brebis,  les  sept  rivières, 
les  actives  (?),  te  rendent  brillant. 

pâda  2,  cicce  devait.  — Cf.  au  vers  précédent,  pâda  1,  viçvct. 
devait.  — Cf.  Berg.,  II,  146,  note,  sur  les  trente-trois  dieux,  et 
RV.,  I,  34,  11  et  VIII,  39,  9. 

Hémistiche  2.  — Cf.  91,  P,  daça  svasâro  adhi  sàno  avije  'janti 
vahnim;  33,  5i,yahvïr  t'tasya  mâtarali,  marmijyante  divah  çiçum. 

5.  — tànnu  satyâm pâvamdnasyâstu  | yâtra  viçve  kdrdvah 
sa/nnâsanta,  Wjyôtir  yâd  âhne  âkrnod  u lokcim  \ pràvcin 
mânum  ddsyave  kar  abhikam 

Que  soit  cette  manifestation  de  celui  qui  s’allume,  là  où 
tous  les  chanteurs  se  sont  réunis,  alors  qu’il  a produit  la 
lumière,  l’espace  pour  le  jour,  qu’il  a régalé  en  s’avançant 
rhomme(-soma),  (et  qu’)il  a produit  un  rival  pour  l’atta- 
cheur! 

pâda  1.  — Cf.  64,  23,  satyam  vrsan  vrsed  asi. 
pâda  3.  — Cf.  66,  24’,  jyotir  ajïjanat;  86,  21,  ayam. . . ahliavad 
u lokakrt.  — Berg.,  I,  214  : « Faisant  le  jour.  » 

pâda  4.  — Berg.,  II,  211,  note  : « Sonia  a fait  la  lumière  du  jour 
en  triomphant  du  Dasyu.  » 

6.  — pari  sddmeva  paçumânti  hôtâ  \ râjd  nd  satydh  sdmi- 
tir  iyânâh  ||  sômah  punânàh  kaldçân  aydsît  | sidan  mrgô 
nd  mahisô  va  ne  su 

Le  sacrificateur  entourant  (les  oblations)  pareilles  à des 
demeures  pourvues  de  bétail,  pareil  au  roi  se  rendant  sous 
une  forme  apparente  aux  réunions,  — le  liquide  qui  s’allume 
est  allé  aux  coupes,  prenant  sa  résidence  dans  les  bois 
comme  l’animal  sauvage,  le  buffle. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


363 


pàda  1.  — Cf.  86,  434,  paçum.  ..  grbhnate. 
pâda  3.  — Cf.  88,  6',  sutâso  abhi  kalaçün  asrgran. 
pâda  4.  — Cf.  62,  83,  sldan  yonâ  vaneëo  â;  86,  31,  vrëâ  vaneëo 
ava  cakradat. 

HYMNE  flll 

1.  — sâkamûkso  marjayanta  suâsdro  | ddça  dhirâsya 
dlutâyo  dhânutrih\\hârih  pâry  adravaj  jâh  suryasya  \ 
drônam  nanakse  dtyo  nd  vâji 

Les  sœurs  qui  accroissent  le  compagnon,  les  dix  pensées 
du  fort,  les  coulantes  (l’)ont  rendu  brillant;  le  doré,  la  pro- 
géniture du  soleil  a coulé  (ou,  couru)  circulairement;  pareil 
au  coursier,  le  pourvu  de  réconfort  a trouvé  ce  qui  est  de  la 
nature  du  bois. 

Hémistiche  1.  — Cf.  8,  4,  mrjanti  ivâ  daça  këipo  liinvanti  sapta 
dhïtayah. 

pâda  3.  — - Cf.  1,  6,  punüti  te parisrutam  somain  süryasya  duhitâ. 
pâda  4.  — Cf.  28,  4,  esa  vrsâ. . . abhi  dronâni  dhâvati. 

2.  — • sàm  mâtrhhir  nd  çiçur  vâvaçânô  | vrsâ  dadhanve 
puruvâro  adbliih  ||  indry  o nàyôèdm  abhi  niskrtâm  y dm  | 
sàm  yachate  kalâça  usriyâbhih 

Comme  le  petit  qui  mugit  au  moyen  de  ses  mères  et 
avec  elles,  le  taureau  qui  a les  dons  des  nombreux  (somas),  a 
couru  au  moyen  des  eaux  ; comme  l’époux  qui  va  vers  sa 
femme,  allant  à l’édifice,  il  se  rend  dans  la  coupe  au  moyen 
des  rouges  et  avec  elles. 

pâda  1.  — Cf.  74,  l1,  çiçur  na  jâto  'va  cakradat.  — Berg., 
II,  36  : « Les  eaux  où  croît  Sonia  ont  naturellement  dû  passer  pour 
ses  mères.  » 

pâda  2.  — Cf.  74,  9,  adbliih  soma. . . dhâvati. 

Hémistiche  2.  — Cf.  86,  16,  pro  aijâsîd  indur  indrasya  niskr- 
tam,  . . mary  a iva  yuvatibhili  sam  arëati  somah  kalaçe.  — Berg., 


364 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


I,  316  [usritjâ)  : « Vaches,  couleur  d’aurore.  » — II,  43  : « Allusion  à 
l’union  que  sous  sa  forme  céleste  Soma  contracte  avec  les  aurores.  » 

3.  — utâ  prâ  pipya  ûdhar  âghnydyd  | indur  dhàrâbhih 
sacate  sumedhâh\\  mürdhânam  gâvah  pàyascl  camûsv  \ 
abhi  çrinanti  vdsubhir  nâ  niktaih 

La  mamelle  de  celle  qui  ne  doit  pas  être  tuée  s’est  enflée 
en  s’avançant;  le  brillant  aux  bonnes  pensées  (l’)accompagne 
au  moyen  des  courants  ; les  vaches  cuisent  (ou,  allument)  la 
tête  dans  les  coupes  avec  du  lait,  comme  avec  des  richesses 
baignées  (dans  les  liquides  sacrés). 

pàda  1 et  hémistiche  2.  — Cf.  71,  4,  à yasmin  gâoaJi.  ■ ■ ûdhani 
mürdhan  clirïnanty  agriyam  varïmabhih. 

pàda  3.  — Berg.,  II,  58  : « La  tête  représente  la  forme  supérieure 
de  Soma  dans  le  ciel.  » — C’est  la  tête  de  flammes  de  la  libation 
ignée. 

4.  — sâ  no  devébhih  pavamcina  radé  | -ndo  rayim  açvinam 
vâuaçdnàh  ||  ratliirâyâtâm  uçati  pûramdliir  | asmadryàg 
â ddvâne  vâsûnàm 

Toi  que  voilà,  ô brillant,  ô allumé,  ronge  en  mugissant 
notre  richesse  pourvue  de  chevaux,  au  moyen  des  Célestes. 
Qu’arrive  vers  nous,  pour  le  don  des  richesses  munies  d’un 
char,  la  désireuse,  celle  qui  établit  l’abondance! 

pâda  2.  — Cf.  4,  10,  rayim  naît . . . açvinam  indo ...  à bhara. 
pâda  3.  — Berg.,  II,  478  : « Puramdhi  est  priée  de  venir  sur 
sou  char  pour  distribuer  des  richesses  à ceux  qui  l’invoquent.  » 

5.  — nu  no  rayim  upa  màsva  nrvântam  \ punânô  vdtâ- 
pyam  viçvâçcandram  ||  prâ  vanditûr  indo  türy  âyuh 
prâtâr  | maksù  dhiyâvùsur  jagamydt 

En  t’allumant,  approche-toi  pour  développer  notre 
richesse  pourvue  d’hommes,  enflée(?)',  qui  a l’éclat  de  tous 

1.  Berg.,  I,  171,  note,  propose  pour  le  mot  obscur  cûlûpya  le  sens  de 
((  amitié  du  veut.  » 


Le  culte  védique  du  soma 


365 


(les  dons).  O brillant,  étends  de  bonne  heure  la  vigueur  du 
chanteur;  qu’arrive  rapidement  celui  qui  tient  sa  richesse 
de  la  pensée  ! 

pàda  1.  — Cf.  72,  9:i,  upa  rnâsva  brliciti  revatîr  isah. 
pâda  3-  — Cf.  80,  23,  maghonâm  âyuli  pratiran. 

HYMNE  XCIV 

1.  — ddhi  yâd  asmin  vâjinîoa  çûbha  | spârdhante  dhiyah 
surye  nd  viçah  ||  apô  vrnândh  pavate  kavîydn  \ vrajdm 
nd  paçuvdrdhandy a mànma 

Lorsque  les  lumières  s’efforcent  en  quelque  sorte  de 
s’élever  dans  celui  que  voici,  le  pourvu  de  réconfort,  — 
(que)  les  pensées,  pareilles  à des  demeures,  (s’efforcent  de 
s’établir)  dans  le  soleil,  — (le  liquide),  agissant  comme  le 
sage,  choisissant1  les  eaux,  allume  la  pensée,  pareille  à une 
étable,  pour  l’accroissement  du  bétail. 

pâda  2.  ■ — Cf.  4,  5,  tvam  sürtje  na  â bhaja. 
pàda  3.  — Cf.  84,  5,  pavate.. . kavih  kâvyenâ. 

2.  — dvitâ  vyûrnvdnn  amrtasya  dhâma  | svarvide  bhûua- 
nâni  prathanta  |]  dhiyah  pinvànâh  svdsare  nd  gava  \ 
rtâydntir  abhi  vdvaçra  indum 

Voilà  (?)  celui  qui  développe  doublement^)  l’édifice  du 
non-mort  ; les  êtres  s’étendent  pour  celui  qui  trouve  le 
soleil  ; les  pensées  qui  grossissent  pareilles  à des  vaches 
dans  leur  étable  (?),  devenant  coulantes2,  ont  mugi  vers  le 
brillant.. . (La  suite  au  vers  suivant.) 

pàda  1.  — Berg.,  III,  236  : « Soma  découvre,  manifeste  le 
dhâman  de  Yamrta,  c’est-à-dire  sans  doute  la  loi  qui  régit  le 
soma  céleste.  » 

1.  Berg.,  II,  38  : « Soma  choisit  les  eaux.  » 

2.  Berg.,  III,  241,  rlcujantlli  « agissant  selon  le  rite  ». 


366 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SO\lA 


pâda  2.  — Cf.  84,  5,  abhi  tyam  gâvali  payasâ  payocrdham 
somam  çrï nanti. . . soarvidam. 

Hémistiche  2.  — Cf.  19,  4',  aoàvaçanta  dhltaya.h. 

3.  — pari  ydt  kavili  kâvyd  bhdrate  | çiiro  nci  rdtlio  bhtwa- 
ndni  viçvd  ||  deuésu  ydiço  màrtâya  bhusan  | dàksâya 
rdydh  purubhusu  nàvyah 

Lorsque  le  sage  (soma)  porte  en  les  entourant  les  choses 
qui  sont  de  la  nature  du  sage,  — (que)  le  héros,  pareil  à un 
char,  (porte  en  les  entourant)  tous  les  êtres,  — agitant  (pour 
l’établir)  dans  les  Célestes  l’éclat  pour  le  mort,  — (agitant), 
lui,  le  nouveau,  les  richesses  (pour  les  établir)  dans  ceux 
qui  s’accroissent  par  les  nombreux  (somas)  pour  l’Habile. 

pâdal.  — Cf.  84,  5,  patate...  kavili  kâvyenâ. 

pâda  2.  — Cf.  15,  1,  esa...  yâti...  çüro  rathebhir  àçubhili. 

pâda  3.  — Cf.  32,  6',  asme  dhehi  dyumad  yaçali. 

4.  — çriyé  jdtdh  çriyà  â nir  iydya  | çriyam  vdyo  jaritrbliyo 
dadhâti  ||  çriyam  vdsânâ  amrtatvâm  âyan  | bhdvanti 
satyâ  samithâ  mitddrau 

Celui  qui  est  né  pour  leclat  s’est  dégagé  pour  l’éclat;  il 
établit  l’éclat,  la  nourriture  pour  les  chanteurs.  — Revêtant 
l’éclat,  ils  sont  allés  dans  l’état  de  non-morts;  les  réunions 
manifestées  (des  deux  formes  du  soma)  ont  lieu  dans  celui 
dont  le  courant  est  édifié  (ou,  érigé). 

pâda  1.  — Cf.  62, 19,  suto  viçvâ  arëann  abhi  çriyah. 
pâda  2.  — Cf.  20,  2,  sa...  jaritvbhya  d vàjam...  invati. 
pâda  4.  — Cf.  92,  6!,  ràjâ  na  satyah  samitïr  iyânali.  — Rap- 
prochement qui  éclaire  ces  passages  difficiles. 

5.  — isam  urjam  abhy  àrèàçuam  yâm  | urû  jyôtih  krnuhi 
mdtsi  devân  ||  viçvdni  ht  susdhd  tàni  tàbhyam  \ pdca- 
màna  bâdhase  soma  çàtrün 

Coule  vers  la  libation,  vers  le  réconfort,  vers  le  cheval, 


Le  culte  védique  du  soma 


367 


vers  la  vache;  produis  le  large,  la  lumière;  arrose  les 
Célestes;  à toi  sont  toutes  ces  (oblations)  d’une  conquête 
facile  ; ô liquide,  ô allumé.,  tu  chasses  en  les  frappant  les 
ennemis. 

pâda  1.  — Cf.  9,  9%  gam  açvam  râsi;  61,  3,  pari  no  açvam... 
ksarâ;  86,  35',  isam  ürjam...  abhy  arsasi. 

pâda  2.  — Cf.  61,  16,  pavamâno  ajîjanat. ..  jgotili...  brhai; 
90,  5%  matsi  devân. 

pâda  3.  — Cf.  29,  3',  susahâ  soma  tâni  te. 
pâda  4.  — Cf.  85,  2:i,  jahi  çalrün. 

HYMNE  XCV 

1.  — kclnikranti  hdrir  ci  srjydmdnah  | siclan  vânasya  ja- 
thâre  pundndh  ||  nrbhir  yatdh  krnute  nirnijam  gd  \ àto 
matir  janciyata  svadhâbhih 

Le  doré  qu’on  a lâché  hennit  en  s’approchant,  lui  qui 
s’allume  en  s’asseyant  dans  le  ventre  du  bois1;  étendu  par 
les  hommes,  il  produit  l’émergé,  les  vaches;  de  ceci  il  a 
produit  les  pensées  au  moyen  des  svadhâs. 

Hémistiche  1.  — Cf.  88,  5',  agnir  na  go  vana  a srjyamànali. 
pâda  3.  — Cf.  14,  5%  gàh  krnvâno  na  nirnijam;  68,  1’,  usriyâ 
nirnijam  dhire;  86,  26%  gâli  krnvâno  nirnijam. 

2.  — hdri/i  srjdndh  pathyâm  rtcisyê  \ -yarti  vâcain  aritéoa 
nâvam  ||  deuô  deuânàm  gühydni  nâmcl  | -vis  krnoti  b av- 
ilis i prauàce 

Le  doré  mettant  en  marche  le  chemin  du  coulé,  pousse 
la  voix  comme  le  rameur  (qui  pousse)  le  bateau;  le  Céleste 
produit  manifestement  les  signes  cachés  des  Célestes  dans 
les  réconforts  pour  la  déclaratrice. 

pâda  1.  — Cf.  73,  6%  rtasga  panthâm  na  taranti  duslcrtah. 
Berg.,  III,  238  : « Soma  suit  le  chemin  du  rta.  » 


1.  Berg.,  Il,  55  : « Dans  le  veulre  de  la  cuve.  » 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SÔMA 


pâda  2.  — Cf.  14,  63,  vagnum  iyarti. 

pàda  3.  — Cf.  87,  3,  sa  ciceda...  guhgam  nâma  gonàm. 

pâda  4.  — Cf.  19,  3,  vrsâ...  stanagann  adhi  barhisi. 

Hémistiche  2.  — Berg.,  1, 186  : « Soma  découvre  les  noms  ou  les 
essences  secrètes  des  dieux  pour  qu’on  les  proclame  sur  le  gazon 
du  sacrifice.  » — Les  signes  des  dieux  sont  cachés  tant  que  les 
flammes  divines  ne  brillent  pas. 

3.  — apâm  ivéd  ürmâyas  târturânâh  | prd  nianisà  irate 
sômam  dcha  ||  namasydntir  ûpa  ca  ydnti  sâm  câ  \ ca 
viçanty  uçatir  uçântam 

S’efforçant  de  (le)  traverser,  les  pensées  s’avancent  comme 
les  flots  des  eaux  vers  le  liquide  ; elles  s’approchent  ensemble 
en  priant (?);  les  désireuses  pénètrent  le  désireux. 

pâda  2.  — Cf.  68,  8,  et  86,  17,  somam  manïsâ  abhg  anüsata. 
pâda  4.  — Berg.,  Il,  25  : « Les  prières...  s’approchent  volontiers 
de  Soma  qui  les  accueille  volontiers.  » 

4.  — tâm  marmrjânàm  mahièâm  nâ  sândv  | ariçâm  du- 
hanty  uksânam  giristhàm  ||  tcini  uàüaçânâm  matdyah 
sacante  | tritô  bibharti  vârunam  samudré 

Celui-ci,  pareil  à un  buffle,  — ce  taureau  qui  devient 
brillant,  cet  éclat,  debout  sur  la  montagne,  — qu’elles  travent 
(pour  le  placer)  dans  le  sommet,  — les  pensées  le  suivent, 
tandis  qu’il  mugit.  Le  Troisième  supporte  l’Enveloppeur  qui 
est  dans  la  mer. 

Hémistiche  1.  — Cf.  85,10,  dioo  nâke  (cf.  sànau)...  vend  du- 
hanty  uksanam  giristliâm ; 72,  6’,  atiçum  duhanti  stanagantam... 
kavagah . . . manïsinah . 

pâda  3.  — Cf.  72,  6J,  sam  l gâco  matago  xganti. 

Traduction  de  Berg. , III,  131  : « On  trait  la  plante  pour  en  tirer 
le  mâle,  l’habitant  de  la  montagne,  pareil  à un  taureau  qui  se 
purifie  sur  le  plateau  (le  tamis).  Il  mugit  et  les  prières  le  suivent. 
Trita  (prêtre  céleste)  entretient  Varuna  dans  la  mer.  » 


Lfe  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


369 


5.  — isyan  vâcam  upavaktéva  hôtuh  | piindnâ  indo  m syd 
manïsâm  [|  îndraç  ca  yàt  ksâyathah  saûbhagaya  \ suvi- 
ryasya  pdtayah  sydma 

Pareil  à un  parleur,  mettant  en  mouvement  la  voix  du 
sacrificateur,  ô brillant,  ô allumé,  détache  la  pensée  (mets- 
la  en  mouvement,  en  liberté).  Lorsque  F Ardent  et  toi  vous 
êtes  domiciliés  (ou,  maîtres  de  la  demeure),  pour  celui  qui  est 
pourvu  de  la  bonne  part,  puissions-nous  être  possesseurs  de 
ce  qui  a de  bons  héros  (somas)  ! 

Hémistiche  1.  — Cf.  95,  2,  liarili...  rtasyeyarti  oâcam ; 95,  3, 
pra  manïsà  ïrate  somam  acha. 

pàda3.  — Cf.  4,  2,  sanâ...  soma  saubhagâ. 
pâda  4.  — Cf.  8,  22 3,  te  no  dhântu  sucîryam. 

HYMNE  XCVI 

1.  —prâ  sendnîh  çiiro  âyre  ràthdndm  | gavyànn  eti  hârsate 
asya  sênâ  ||  bhadràn  krnvdnn  indrahavân  sâkhibhya  ] â 
sômo  vâstrd  rabhasâni  datte 

Le  héros  conducteur  de  l’armée  utilisant  la  vache  (?) 
s’avance  pour  pénétrer  dans  la  pointe  des  chars  ; l’armée  de 
celui  que  voici  s’agite;  le  liquide  produisant  les  bruyants 
appels  (adressés)  à P Ardent,  (venant)  de  ses  amis  (ou,  les 
appels  d’Indra  adressés  à ses  amis),  se  donne  des  vêtements 
impétueux. 

pâda  1.  — Cf.  86,  42',  agre  ahnâm;  86,  12',  agre  sindhûnam. 

pâda  2.  — Cf.  87,  7,  gâ  gavyann  abhi  çüvo  na  satvâ. 

pâda  3.  — Cf.  66,  43,  sakha  sakhibhya  ütaye. 

pâda  4.  — Cf.  8,  6,  â vastrüni ...  pari  gavyüny  acyata. 

2.  — sam  asya  hârim  hârayo  mrjanty  \ açvahayair  âniçU 
tam  ndmobhih\\â  tisthati  rdtham  indrasya  sdklid  | vid- 
uâti  end  sumatim  ydty  délia 

Les  dorés,  avec  son  concours,  rendent  brillant  le  doré 


24 


3tO 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


actif  (?)  de  celui  que  voici,  au  moyen  des  nanias  qui  mettent 
en  mouvement  les  chevaux;  l’ami  de  F Ardent  se  tient 
debout  sur  le  char;  le  sage  vient  au  moyen  de  celui  que  voici 
à celle  qui  a la  bonne  pensée. 

pâda  3.  — Cf.  86,  16,  pro  ayâsïd  indur  indrasya  niskrlam 
sakhà  sakhyuJ). 

3.  — sd  no  deva  devdtâte  pauasvci  | rnahô  soma  psdrasa 
indrapânah  ||  krnvânn  apô  varsdyan  dyàm  utémâm  | 
urôr  à no  varwasyâ  punàndh 

Toi  que  voilà,  ô Céleste,  allume-toi  pour  notre  état  de 
Célestes;  ô liquide,  breuvage  de  F Ardent,  (allume-toi)  pour 
la  haute  nourriture;  produisant  les  eaux,  et  arrosant  ce  ciel 
(que  voilà),  en  t’allumant,  donne-nous  le  large  (tiré)  du 
large. 

pada  2.  — Cf.  2,2' , à uacyasca  mahi  paarah. 
pâda  3.  — Berg.,  I,  218  : « Soma  fait  pleuvoir  le  ciel.  » — J’en  • 
tends  le  rendant  humide,  pluvieux, — le  mouillant. 

pàda4.  — Cf.  68,  9‘,  punâna  indur  varivo  cidat;  84,  l3,  krdhï  no 
adya  varioah . . . uruksitau. 

4.  — àjltayé  ’hataye  pavasva  | svastdye  saroàtâtaye 
brhatê  ||  tâd  uçanti  viçva  imé  sdkhâyas  | tâd  ahdm  vaçmi 
pavamdna  soma 

Allume-toi  pour  la  non-défaite,  pour  la  non-destruction, 
pour  la  bonne  existence,  pour  l’intégrité,  pour  le  grand. 
Voici  ce  que  désirent  tous  ces  amis,  voici  ce  que  je  désire, 
ô liquide,  ô allumé. 

pâda.  2.  — Le  sens  de  svaslaye  est  bien  déterminé  par  le  syno- 
nyme voisin  ciliataye. 

pâdas  3 et  4.  — Cf.  31,  6',  indo  sakhiioam  uçmasi. 


5,  — sômah  pavate  janitâ  matinàm  \ janità  dicô  janitâ 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


371 


prthivyàh  1 1 janitàgnêv  janità  suryasya  | janiténdrasya 
janitôtâ  visnoh 

Le  liquide  s’allume  engendreur  des  pensées,  engendreur 
du  ciel,  engendreur  de  la  large  (terre);  engendreur  du  feu, 
engendreur  du  soleil,  engendreur  de  l’Ardent,  engendreur 
de  l’Actif. 

Hémistiche  1.  — Cf.  61,  16’,  pavamâno  ajïjanad  dioah ...  jyotih . 
pâda  2.  — Cf.  86,  29,  train  dyâm  ca  prthioïm  cüti  jabhrise. 
pâda  3.  — Très  significatif  au  point  de  vue  de  la  nature  du 
soma  pavamâna. 


6.  — brahmci  devânàm  padavih  kavînâm  \ rsir  viprdndm 
mahisô  mrgândm  ||  çyenô  grdhrânâm  süàdhitir  vdnd- 
ndm  j sômah  pamtvam  âty  eti  rébhcui 

La  parole-réconfort  des  Célestes,  celui  qui  conduit  les 
pas(?)  des  sages,  le  chanteur  des  agités,  le  buffle  des  ani- 
maux sauvages,  l’aigle  des  oiseaux  de  proie,  la  hache  des 
bois1,  — le  liquide  s’avance  en  chantant  au  delà  de  l’al- 
lumeur. 

pâda  2.  — Cf.  92,  6%  mrgo  na  mahiso  vanesu. 
pâda  4.  — Cf.  86,  31,  pra  reblia  etij  ati  vâram  acyayam,  vvsâ 
vanesv  ava  cahradad  dharih. 

Toutes  ces  désignations  reposent  sur  des  dédoublements  verbaux; 
c’est  ainsi  que  rsir  viprânâm  signifie  celui  qui,  étant  chanteur,  fait 
en  même  temps  partie  des  (flammes)  agitées. 

7.  — prâvlvipad  vdcà  ûrmim  nâ  sindhur  \ girah  sômah 
pavamâno  manisâh  |]  antâh  pâçyan  vrjdnemâvardny  \ 
â tisthati  vrsabhô  gôsu  jânân 

Le  liquide  qui  s’allume  a mis  en  mouvement  les  voix,, 
comme  la  rivière  (met  en  mouvement)  le  flot,  — (il  a mis  en 
mouvement)  les  paroles,  les  pensées.  Regardant  à l’intérieur 

1.  D’après  Berg, , I,  166,  Soma  est  appelé  ainsi  enTant  qu’identifié  à Agni 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOIVÎA 


372 

de  ces  enceintes  inférieures,  le  taureau  qui  les  connait  se 
tient  debout  dans  les  vaches. 

Hémistiche  1.  — Cf.  50,  1,  çusmâsa  ïrate  sindhor  armer  ica 
scanali. 

pàda  4.  — Cf.  62,  193,  çüro  na  gosu  tisthaii. 

8.  — sci  matsaràh  prtsû  vanvcinn  âudtah  | sahdsraretd 
abhi  vâjam  arsa  ||  indrâyendo  pâuaindno  manîsy  | ànçôr 
ürmim  iraya  gâ  isanyàn 

Toi  que  voilà,  ô liquoreux,  luttant  (pour  la  conquête)  de 
l’oblation  dans  les  combats,  non  conquis,  (toi-même),  pourvu 
d'une  semence  au  moyen  des  mille  (dons),  coule  vers  le 
réconfort;  ô brillant  qui  t’allumes,  penseur,  mets  en  mou- 
vement pour  l’Ardent  le  tlot  de  l’éclat  en  excitant  les 
vaches. 

pàdas  1-3.  — Cf.  89,  7,  canrann  aeâtah...  indrâya  soma... 
pavasca . 

pàda 4.  — Cf.  62,  4’,  asâvy  aiiçuii. 

9.  — pdri  priyâh  kalâçe  deuàvâta  \ indi'âya  sômo  rânyo 
mâdâya  ||  sahâsradliârah  çatâvâja  indur  | vdji  nd  sdptih 
sàmand  jigdti 

Le  liquide  savoureux,  agréable,  conquis  par  les  Célestes, 
(coule)  circulairement  dans  la  coupe  pour  la  boisson  (des- 
tinée) à T Ardent;  le  brillant  qui  a les  courants  des  mille 
(dons),  qui  a les  réconforts  des  cents  (dons),  qui  est  pourvu 
de  réconforts,  pareil  à un  attelage  de  sept  chevaux,  va  aux 
choses  qui  sont  réunies. 

pàda  2.  — Cf.  11,  81,  indrâya  soma. ..  madâya  pari  sicyase. 
pàda  4.  — * Cf.  92,  6%  samitir  iyânah.  — Berg.,  II,  56  : samanà 
jiyâti,  « il  court  à l’hymen  ». 

10.  — set  pûrvyô  vcisuvij  jàyamdno  | inpjdnô  apsu  dudu - 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


373 


hànô  âdrau  ||  abhiçastipà  bhûvanasya  râjd  | vidâd  gdtûm 
brahmane  püyàmdnah 

Celui  que  voilà,  qui  est  issu  de  l’ancien  (le  soma  liquide), 
qui  trouve  la  richesse,  naissant  (et)  devenant  brillant  dans 
les  eaux,  trayant  (le  lait)  dans  la  montagne,  — (lui)  qui 
s’empare  de  la  parole  rivale,  roi  de  l’être,  — qu’il  trouve 
le  passage,  lui  qui  est  allumé,  pour  la  parole-réconfort. 

pàda  2.  — Berg  , II,  31  : « Soma  a été  trait  dans  la  pierre  ou 
la  montagne.  » 

pàda  3.  — Cf.  86,  36%  viçvasya  bhûvanasya  rdjase. 
pàda  4.  — Cf.  85,  44,  apa  urum  no  gâtum  krnu  soma. 

11.  — tvâyâ  hi  nah  pitârah  soma  purve  \ hdrmâni  cakruh 
pavamdna  dhirâh\\vanvdnn  âvdtah  paridhinr  âpornu  | 
vîrébhir  dçvair  maghâvd  bhavd  nah 

Par  toi,  ô liquide,  nos  pères  qui  sont  en  avant  (de  nous, 
c’est-à-dire  anciens),  eux  qui  sont  forts,  ont  produit  des 
oeuvres  ; toi,  qui  sans  être  conquis  désires  la  conquête,  ouvre 
les  enceintes;  au  moyen  des  héros,  des  chevaux,  sois 
généreux  pour  nous,  (ou,  sois  généreux  au  moyen  de  nos 
héros,  etc.). 

Hémistiche  1.  — Cf.  83,  3,  asya  mâyayà. . . pitaro  garbliam  d 
dadhuh.  — Berg.,  II,  309  : « C’est  par  Soma  que  les  pères  anciens 
ont  accompli  leurs  œuvres.  » 

pàda  3.  — vanvann  avdtali.  — Cf.  vers  8',  môme  formule.  — 
purve,  — cf.  pürvya  au  vers  précédent.  — Le  rapport  des  deux 
passages  montre  bien  qu’il  s’agit  ici  des  pères  (liquides)  du  soma 
(igné). 

Même  pàda.  — Cf.  64,  33,  vi  no  raye  duro  vrdlii. 


12.  — yâthâpavathd  mdnave  vayodhd  | amitrahâ  vari- 
vovid  dhavismân  ||  evâ  pavasva  drdvinam  dadhâna  | 
îndre  sâm  tistha  janâyâyudhdni 

De  la  même  manière  que  tu  t’es  allumé  pour  l’homme 


374 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


(-soma)’,  — ô toi  qui  établis  la  nourriture,  qui  détruis 
l’ennemi,  qui  trouves  le  large,  qui  es  pourvu  de  la  libation, 
— de  cette  manière-là,  allume-toi  en  établissant  la  richesse; 
tiens-toi  debout  dans  l'Ardent  et  avec  lui;  engendre(-lui) 
des  armes. 

pâda  2.  — Cf.  37,  5’,  sa  vrtrahâ.  . . suto  varicocit. 
pâda3.  — Cf.  78,  5,  satyâni  krnvan  dravinâni. 
pâda  4. — Cf.  76,  2’,  çüro  na  dhatla  âijudhà  gabhastyoli.  — 
Berg.,  II,  251  : « Le  soma  fabrique  à Indra  ses  armes.  » — Sans 
doute,  et  combien  cette  indication  est  suggestive! 

13.  — pdvasva  soma  màdhumâiï  rtâvd  | -pô  vâsdno  âdhi 
sâno  dvye  ||  âva  drônàni  ghrtàvdnti  sida  \ madintamo 
matsard  indrapânah 

O liquide,  pourvu  du  doux,  pourvu  du  coulé,  allume-toi 
en  revêtant  les  eaux,  au-dessus,  dans  la  toison  de  la  brebis; 
ô très  liquoreux,  savoureux,  toi  qui  es  la  boisson  de  l’Ardent, 
descends  t’asseoir  dans  les  objets  ligneux  pourvus  de  ghrta. 

pàdas  2-3.  — Cf.  82,  2,  ghrtam  vasânah  pari  yâsi  nirnijam. 
pàdas  1-4.  — Cf.  96,  3,  pavasva.. . indrapânah.  — Berg.,  II,  23  : 
« O Soma,  descends  dans  les  baquets  pleins  de  beurre.  » 

14.  — vrstim  divdh  çatddhârah  pavasva  | sahasrasâ  vd- 
jagûr  devdvîtau  ||  sdm  sindhubhili  kalâçe  vdvaçdndh  | 
sdm  usriydbhih  pratirdn  na  âyuh 

O toi  qui  as  les  courants  des  cent  (dons),  allume  la  pluie 
du  ciel,  ô toi  qui  conquiers  les  mille  (dons),  qui  es  désireux 
du  réconfort,  dans  le  régal  des  Célestes,  — mugissant  dans 
la  coupe  au  moyen  des  rivières  et  avec  elles,  faisant  émerger 
notre  vigueur  au  moyen  des  rouges  (aurores)  et  avec  elles. 

pâda  1.  — Cf  - 65,  24,  te  no  vrstim  divah  pari  pavantâm. 
pâda  2.  — Cf.  67, 17,  asryran  devavitaye  vüjayantah. 

1.  Berg.,  I,  66  : « pour  Manu.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  375 

Hémistiche  1.  — Berg.,  I,  218  : « Soma  est  invité  à faire  couler 
la  pluie  lors  du  festin  des  dieux.  » 

Hémistiche  2.  — Cf.  93,  2,  sam  màtrbhili. . . vâoaçânali. . . sam 
gachate  kalaça  usriyâbhih ; 93,  5\  indo  târg  âyuli  prâtah. 


15.  — esâ  syd  sômo  matibhih  punànô  \ ’tyo  nâ  vaji  tàratîd 
àrâtih  ||  paya  nâ  dugdhâm  âditer  isiràrn  | urv  ma  gàtûh 
suyâmo  nà  vôlhâ 

Ce  liquide  que  voilà  qui  s’allume  à l’aide  des  pensées, 
pareil  au  coursier,  pourvu  de  réconforts,  traverse  les  absences 
de  dons,  pareil  au  lait  actif  trait  de  la  non-liée,  — pareil  à 
la  marche  dans  le  large,  — pareil  au  porteur  (ou,  au  cheval) 
dont  la  course  est  facile. 

Hémistiche  1.  — Cf.  86,  3',  algo  na  hiyâno  abhi  vâjam  arëa; 
59,  3,  soma. . . viçvüni  duritci  tara. 
pâda  3.  — Cf.  74,  32,  aditer  rtam  yate. 

urviva  gâtuh.  — Cf.  urugâya,e t 85,  45,  arum  no  gâtum  krnu 
soma . 

pâda  4.  — Cf.  81,  2,  atyo  na  colhâ  raghuvartanih.  — Berg., 
I,  222  : « Soma  est  comparé  à un  cheval  qui  traîne  (un  char).  » 

16.  — svâyudhüh  sotrbhih  püyâmâno  \ ’bliy  àrsa  gûhyam 
câru  nâma  ||  abhi  vâjam  sàptir  iva  çravasyâ  | -bhi 
vàyûm  abhi  gâ  deva  soma 

Toi  qui,  ayant  de  belles  armes,  es  allumé  par  ceux  qui 
mettent  en  mouvement  (les  oblations),  coule  (vers)  le  beau, 
vers  le  signe  caché;  (coule)  comme  l’attelage  à sept  chevaux 
vers  le  réconfort,  au  moyen  de  la  voix  ; (coule)  vers  le  Vent, 
vers  les  vaches,  ô Céleste,  ô liquide! 

pâda  1.  — Cf.  87,  21,  scâyudhah  pavate  deçà  induh. 
pâda  2.  — Cf.  87,  3,  sa.. . viceda.  ..  guliyam  nâma  gonâm.  — 
Berg.,  II,  125  : « Soma  est  prié  de  faire  apparaître  la  forme 
cachée.  » 

pâda  3.  — Cf.  96,  94,  indur  vàjï  na  saptih. . . jigâti. 
pâda  4.  — Cf.  67,  18,  te  sutâsaJi.. . vâyum  asrksata. 


376 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


17.  — çiçurn  jajnânâm  haryatâm  mrjanti  \ çumbhdnti 
vâhnim  rharâto  ganéna  | kavir  gîrbhih  kâvyend  kavih 
sân  1 sômali  pauitram  àty  eti  rébhan 

Les  Impétueux  rendent  brillant  le  petit  naissant,  le  désiré; 
ils  embellissent  le  porteur  au  moyen  de  leur  troupeau1; 
le  sage  se  manifestant  au  moyen  des  voix,  le  sage  (se  mani- 
festant) au  moyen  de  ce  qui  est  de  la  nature  du  sage,  (lui)  le 
liquide,  s’avance  en  chantant  au  delà  de  l’allumeur. 

pâda  1.  — Cf.  86,  36,  çiçurn  navam  jajnânam ; 33.  53,  marmr- 
jyante  divalr  çiçum. 

pâda  3.  — Cf.  84,  5S,  pavate ■ . . raso  viprah  havili  kâvyenâ. 
pâda  4.  — Cf.  vs  64,  même  formule. 

18.  — rsimanâ  yà  rsikrt  svarsâh  | saliâsranîthah  padavîh 
kavînâmW  trtîyani  dhâma  mahisàh  sisâsan  \ sô/no  virâ- 
jam  ânu  râjati  stûp 

Celui  qui  a la  pensée  des  chanteurs,  qui  produit  les  chan- 
teurs, qui  conquiert  le  soleil,  qui  a pour  conducteurs  les 
mille  (dons),  qui  dirige  les  sages,'  — le  buffle  qui  s’attache  à 
conquérir  le  troisième  établissement,  le  liquide,  le  chanteur 
resplendit  à la  suite  du  resplendissant  (ou,  le  fait  resplendir). 

Hémistiche  1.  — Cf.  96,  6,  padavïli  havïnàm  rsir  viprânâm. 
pâda  3.  — Cf.  74,  6,  trtîye  santu  rajasi. 
stup.  — Cf.  87,  91,  upastut. 

19.  — camûsdc  chyendh  çakunô  vibhrtvâ  | govindûr  drapsd 
âyudhàni  bibhrat  ||  apâm  ürmim  sdcamànali  sam  udrdm  | 
turiyam  dhâma  mahrsô  viuaktr 

L’aigle  qui  réside  dans  les  coupes,  l’oiseau  qui  apporte  (le 
soma),  la  goutte  qui  trouve  les  vaches  (?),  la  chose  qui  porte 
des  armes,  — celui  qui  accompagne  le  flot  des  eaux,  la  mer, 
— le  buffle,  fait  retentir  le  quatrième  établissement. 


1.  Les  Maruts  forment  une  troupe. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


377 


pâda  1.  — Cf.  67,  14,  â kalaçesu  dhüvati  çyenah. 
pâda  2.  — Cf-  35,  4%  vidàna  âyudhâ. 
pâda  3.  — Cf.  74,  5,  ançuli  sacamâna  ürminâ. 
turïyam  dhâma.  — Cf.  vs  18%  trtïyam  dhàma.  — Ce  quatrième 
établissement  est  purement  verbal  eu  égard  aux  trois  autres  : il  est 
le  quatrième  nommé,  mais  identique  en  réalité  à ceux  dont  il  a été 
question  précédemment1.  — Cf.  Berg.,  II,  125. 

20.  — mûr  y o nâ  çubhrâs  tanvàm  mrjânô  | ’tyo  nà  srtvd 
sancïye  dhànânâm  ||  vrseva  yûthâ  pari  kôçam  drsan  | 
kânikradac  camvbr  â viveça 

Pareil  â l’époux  éclatant  qui  rend  brillant  son  corps,  — 
pareil  au  coursier  qui  s’élance  pour  la  conquête  des  obla- 
tions, — coulant  pareil  au  taureau  autour  du  vase  (comme 
celui-là  court)  autour  du  troupeau,  — ce  qui  gronde  a pénétré 
dans  les  deux  coupes. 

pâda  1.  — Cf.  70,  8%  çucili  punânas  tanvam  arepasam. 
pâda  2.  — Cf.  92,  1,  ratlio  na  sarji  sanaye  hiyânah . 
pâda  3.  — - Cf.  86,  7,  pari  koçam  arsati  vrsâ;  76,  5,  vrseva 
yîitlm  pari  koçam  arsasi;  71,  9%  ukseca  yûthâ  pariyan. 

pâda  4.  — Cf.  85,  5%  kanikradat  kalaçe  gobhir  ajyase;  86,  22, 
sïdann  indrasya  jathare  kanikradût. 


21.  — pdvasvendo  pdvamâno  mdhobhih  | kanikradat  pari 
vâràny  arsa  ||  krüan  camvbr  â viça  püydmdna  | indram 
te  râso  madiro  mamattu 

O brillant,  toi  qui  t’allumes,  allume-toi  au  moyen  des 
grandeurs  (des  hautes  flammes  du  soma  pavamâna),  coule, 
ô bruyant,  autour  des  enveloppes;  pénètre,  ô allumé,  dans 
les  deux  coupes  en  dansant;  que  ton  suc  liquoreux  arrose 
l’ Ardent. 


1.  Pour  une  arithmétique  analogue,  cf.  Racine  ( Alexandre ) : 

Maître  de  deux  états,  arbitre  des  siens  mêmes. 

Allez  avec  vos  vœux  offrir  trois  diadèmes. 


378 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pâdas  2 et  3.  — Cf.  le  vers  précédent,  hémistiche  2. 
pâda  4.  — Cf.  86,  10‘,  madintamo  matsara  indriyo  rasah; 
74,  9,  te  rasah. . . dhâcati...  indrâya...  pïtaye. 

22.  — prâsya  dhârà  brhatir  asrgrann  | aktô  gôbhih  kalà- 
çdn  â viveça  ||  sâma  krnvân  sâmanyo  vipaçcit  | krândann 
ety  abhi  sàkhyur  ndjâmim 

Les  courants  élevés  de  celui  que  voici  se  sont  avancés 
en  coulant;  oint  par  les  vaches,  il  a pénétré  dans  les  coupes; 
lui  qui  a l’éclat  de  l’agité,  pourvu  du  chant,  produisant  le 
chant,  il  va  en  résonnant  comme  vers  la  sœur  de  l’ami. 

pâda  2.  — Cf.  74,  8,  kalaçam  gobhir  aktam.. . â vüjy  akramït. 
pâda  4.  — « La  sœur  de  l’ami  » = la  libation  verbalement  dé- 
doublée de  l’ami  liquide  du  sonia  igné.  — Cf.  Berg.,  II,  428,  note. 

23.  — apaghndnn  esi  pavamdna  çdtrûn  | priyâm  nd  jdrô 
abhiglta  induh  |l  sidan  uànesu  çakunô  nd  pàtvd  \ sômah 
pundndh  kalâçesu  sdttâ 

Tu  t’avances,  ô allumé,  en  détruisant  les  ennemis,  pareil 
à l’amant,  ô brillant,  qui  va  appelé  par  des  chants  à celle 
qui  lui  est  chère;  pareil  à l’oiseau  muni  d’ailes  qui  se  pose 
dans  les  bois,  le  liquide  qui  s’allume  s’assied  dans  les  coupes. 

pâda  1.  — - Cf.  85,  2 3,jahi  çatrün. 

Hémistiche  2.  — Cf.  92,  6,  punânah  kalaçân  ayàsît  sidan 
mygo  na  mahiso  canesu.  — Cf.  Berg.,  I,  225. 

pâda  2.  — Cf.  32,  51 2,  yosâ  jàram  iva  priyam;  38,  4',  et  56,  3. 

24.  — à te  rucah  pcwamdnasga  soma  | yôseva  yanti  sudû- 
ghdh  sudhdrâhW  hdrir  dnîtah  puruvâro  apso  | àcikradat 
kaldçe  devayünâm 

Tes  clartés,  ô liquide  qui  t’allumes,  qui  ont  de  beaux  laits, 
de  beaux  courants,  vont  pareilles  à la  femme  (vers  l’époux); 
le  doré  qui  a les  dons  des  nombreux  \ qui  a été  amené  dans 

1.  A paru,  dans  un  composé  comme  purucâra,  cf.  sahasra  dans  un  com- 

posé comme  sahasradhâra . 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  379 

les  eaux,  a grondé  dans  la  coupe  de  ceux  qui  aspirent  à 
devenir  célestes. 

pâda  4.  — Cf.  75,  3’,  dyutânüli  kalaçân  acikradat. 

HYMNE  XCVII 

1.  — asyâ  presâ  hemânâ  pûyâmàno  | clevô  deuéblnh  sdm 
aprhta  rüsam\\  sutcïh  pamtram  pâry  etirébhan  j mitera 
sddma  paçumânti  hôtâ 

Allumé  par  l’excitation  qui  le  pousse  en  avant  de  celui 
que  voici,  le  Céleste  a fait  don  de  (son)  suc  au  moyen  des 
Célestes  et  avec  eux;  le  coulé  entoure  l’allumeur  en  chan- 
tant, — le  sacrificateur  (l’entoure)  comme  des  demeures 
édifiées  pourvues  de  bétail. 

déco  deoebhih.  — Cf.  95  , 23,  déco  devànâm. 
pâda  3.  — Cf.  96,  17J,  somah  pamtram  aty  eti  rebhan. 
pâda  4.  — Cf.  92,  6,  pari  sadmeoa  paçumânti  hotâ  rüjâ  na 
satyah  samitïr  iyânah.  — Berg.,  I,  186,  reconnaît  que  le  hotar 
est  ici  le  soma. 

2.  — bhadrâ  vdstrâ  samanyâ  vdsdno  | mahân  kavir  nivd- 
canâni  çànsan  ||  â vacyasva  camvoh  pûyàmâno  \ vica- 
ksanô  jâgrvir  devdvîtau 

Revêtant  des  vêtements  brillants  (ou,  bruyants),  qui  réu- 
nissent (les  deux  formes  du  soma),  (toi)  le  sage  élevé  chan- 
tant des  chants,  accours1,  — toi  qui  es  allumé,  dans  les 
deux  coupes,  — (toi)  étincelant,  éveillé,  — dans  le  régal 
des  Célestes. 

pâda  1.  — Cf.  96,  9(,  indur  vâjï.  . . samanâjigâti. 

pâda  2.  — Cf.  2,  2',  à vacyasva  malii  psarah. 

pâda  4.  — Cf.  36,  2,  sa...  soma  jâgrvih  pavasva  devavïr  ati. 


1.  Berg.,  II,  442, note  : « Jaillis.  » 


380 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


3.  — sdm  u priyô  mrjyate  scino  dvye  \ yaçâstaro  yaçâsdm 
ksaito  asmé  ||  abhi  svara  dhânvâ  pûyâmâno  | yûyâm 
pâta  svastibhih  sâdd  nah 

Voilà  que  l’agréable  est  rendu  brillant  au  sommet  de  la 
brebis,  (lui  qui  est)  pour  nous  plus  brillant  que  les  brillants, 
(lui)  l’habitant.  O allumé,  retentis,  cours  vers  (lui)!  O vous, 
protégez-nous  toujours  (?)  au  moyen  des  bonnes  manifes- 
tations ! 

pâdal.  — Cf.  43,  1,  mrjyate  yobhih.. . haryatah . 
pâda  4.  — Cf.  90,  6',  même  formule. 

4.  — prâ  gâyatdbhy  àrcdma  devân  | sômam  hinota  mahaté 
dhànàyci  ||  svâduh  pavdte  dti  vâram  dvyam  | â siddti 
kalâçam  devayûr  nah 

Chantez  en  vous  avançant.  Nous,  faisons  retentir  les  Cé- 
lestes! Mettez  en  mouvement  le  liquide  pour  la  grande  obla- 
tion; le  doux  s’allume  en  dépassant  la  toison  de  la  brebis; 
celui  qui  aspire  à devenir  céleste  vient  prendre  résidence 
dans  notre  coupe. 

Hémistiche  2.  — Cf.  56,  1,  âçuh  pavitre  arsati...  devayuh  ; 
6,  1,  pacasva  devayuh,  avyo  vâresu. 

5.  — indur  devândm  ûpa  sakhydm  diydn  | sahàsradlidrah 
pavate  inddâya  ||  nrbhih  stüvdno  dnu  dhâma  purvam  \ 
dgann  indram  mahaté  saûbhaydya 

Le  brillant  allant  vers  l’amitié  (=  la  chose  amie)  des  Cé- 
lestes, lui  qui  a les  courants  des  mille  (dons),  s’allume  pour 
la  boisson;  retentissant  au  moyen  des  hommes  en  suivant 
l’établissement  ancien  (le  soma  liquide),  il  est  allé  à l’Ardent 
pour  le  grand,  pour  la  bonne  part. 

pâda  1.  — Cf.  56,  2J,  indrasya  sakhyam  âviçan. 
pâda  2.  — Cf.  45,  1,  sa  pavasca  madâya. 


LE  CULTE  VEDIQUE  DÜ  SOIVtA 


381 


pàda  3.  — Berg.,  III,  239  : « Sonia  est  loué  par  les  hommes, 
selon  le  dhàman  ancien.  » 

pàda  4.  — Cf.  95,  5,  indraç  ca  yat  ksayathah  saubhagâya. 


6.  — stotrê  rayé  hàrir  arsd  puncïnct  | indram  màdo  gachcita 
te  bhclrclyaW  devair  yâhi  sardtham  râdho  dchd  ] yüydm 
pâtci  svastibhih  sddâ  nah 

O doré,  coule  en  t’allumant  pour  le  chanteur,  pour  la 
richesse;  que  ta  boisson  aille  à l’Ardent  pour  le  soutien 
(=  pour  le  soutenir);  au  moyen  des  Célestes,  viens  à celui 
qui  a un  char,  (viens)  au  don.  O vous,  protégez-nous  tou- 
jours (?)  au  moyen  des  bonnes  manifestations  ! 

pàda  2.  — Cf.  63,  22,  pauasva. . . indram  gacliatu  te  madah.  — 
Berg.,  I,  190  : « Va  sur  le  même  char  que  les  dieux  pour  nous 
faire  ses  dons.  » 

pàda  3.  — Cf.  1,  3;!,  parsi  râdhali. 
pàda  4.  — Cf.  vs  34,  même  formule. 

7.  — prd  kâvyam  uçâneva  bruvdnô  | deoô  deuânàm  janimâ 
üioakti  ||  rndhivratah  çûcibandhuh  pclvakdh  | padâ  va- 
rdliô  abhy  èti  rébhan 

S’adressant  à la  chose  du  sage  (soma)  comme  au  moyen  du 
désireux,  le  Céleste  appelle  les  générations  des  Célestes; 
celui  qui  a pour  objet  de  choix  le  grand,  qui  a pour  lien  (ou, 
parent)  le  clair,  — l’allumeur,  le  sanglier,  — va  vers  les 
places  (les  demeures?)  en  chantant. 

pâda  1.  — Cf.  87,  3,  dhïra  uçanâ  kàvyena.  — Berg.,  II,  340  : 
« Il  professe  la  sagesse  comme  Uçanâ.  » 
pâda  2.  — Cf.  95,  2,  déco  deoânâm  guhyâni  nâmâviskrnoti 
barhisi  pravâce.  — Berg.,  1, 186  : « Il  proclame  les  dieux.  » 
pàda  3.  — Cf.  24  , 63,  çucili  pâvakali. 
pàda  4.  — Cf.  96,  61,  somah pavitram  aly  eti  reblian. 

8.  — prd  hansdsah  tppûdam  manyûm  dchd  | -mdd  dstam 


382 


LE  Ct) LTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


vrsagand  aydsuh  [|  dngüsyàm  pdvamdnam  sâkhâyo  | 
durmârsam  sâkâm  prd  vadanti  vânâm 

Les  cygnes  sont  venus  d’ici  près  vers  celui  qui  rassasie, 
(vers)  Tardent  (ou,  le  penseur);  les  troupes  de  taureaux  (sont 
venues)  à la  demeure;  les  amis  font  retentir  le  bruyant, 
l’allumé;  (ils  font  retentir)  léchant,  le  non-oublié,  le  com- 
pagnon. 

prsagat'iâli.  — Cf.  66,  26%  marudgcaiah. 

Hémistiche  2.  — Cf.  90,  2%  ângüsânâm  avâvaçanta  vânïh  . 

9.  — sa  ranliata  urugâycisya  jütim  \ vrtliâ  krüantam  mi- 
mate  iià  gâvah  ||  parlnasâm  krnute  tigmâçrngo  | dwü 
hcirir  dàdrçe  nâktam  rjrâh 

Celui  que  voilà  a couru  (vers)  la  précipitation  de  celui 
qui  va  au  large1.  Pareilles  aux  vaches,  (elles)  ont  produit 
celui  qui  danse  au  moyen  de  ce  qui  croit.  Celui  qui  a les 
cornes  pointues  produit  l’abondance;  le  doré,  le  rouge,  a vu 
la  nuit  au  moyen  du  jour. 

pâda  2.  — Cf.  21,  3%  vrtliâ  krïlanta  indavah;  33,  4%  gâco 
mimanti  dhenavah.  — Berg.,  II,  49:  « Les  mères  qui  font  (le 
Soma).  » 

pâda  3.  — Cf.  87,  7%  tigme  çiçâno  mahiso  na  çrnge. 
rjrah.  — Berg.,  III,  5-6,  croit  pouvoir  affirmer,  d'après  ce  pas- 
sage, qu’il  s'agit  d’une  couleur  sombre.  — Il  faut  entendre  que  le 
soma  rouge  ou  allumé  a vu  le  soma  obscur  comparé  à la  nuit  à 
l’aide  de  sa  propre  clarté  comparée  au  jour. 

10.  — indur  vàji  pavate  gônyoghâ  | indre  sômah  sâha 
invan  màdâya\\  hânti  râkso  bâdhate  pâry  ârâtir  | vàri- 
vali  krnvdn  vrjdnasya  râjà 

Le  brillant  pourvu  de  réconforts,  qui  trouve  son  plaisir 
(ou,  sa  résidence)  dans  les  vaches,  s’allume;  le  liquide  qui 
s’agite  avec  lui  (pour  pénétrer)  dans  l’Ardent  pour  la  boisson 


1.  üerg.,  II,  417,  rend  urugàya  par  la  formule  : « Voyageant  au  loiu. 


le  culte  védique  du  soma 


383 


(s’allume);  il  détruit  le  gardien,  il  frappe  (tout)  autour  (de 
lui)  les  absences  de  dons  en  faisant  le  large,  lui  le  roi  de 
l’enceinte  \ 

pàda2.  — Cf.  96,  12,  indre  samtistlia. 

pâda  3.  — Sur  arâti,  cf.  79,  1 et  3. 

pâda  4.  — Cf.  84,  l3,  krdhï  no  adyavarivali. 

11.  — àdha  dhârayà  mâdhvâ  prcànâs  \ tirô  rôma  pavate 
âdridugdhah  ||  indur  indrasya  sakhyâm  jusànô  | devô 
devâsya  matsarô  môdcïya 

Voilà  que,  remplissant2  à l’aide  du  courant  du  doux,  celui 
qui  est  trait  dans  la  montagne  s’allume  en  traversant  le 
poil,  — (lui)  le  brillant  qui  goûte  (ou,  fait  goûter)  la  chose 
amie  de  l’Ardent,  le  céleste  liquoreux  (destiné)  à la  boisson 
du  Céleste. 

pâda  1.  — Cf.  1,  1,  svâdisthayâ.  ..  pavasva.. . dhârayà. 
pâdas  2 et  3.  — Cf.  62,  8,  so  arsendrâya  pïtaye  tiro  româny 
avyayâ. 

12.  — ablii  priyàni  pavate  puncinô  | devô  devân  svéna  rà- 
sena  prncân  II  indur  dhürmàny  rtuthâ  vdsâno  ( dciça 
ksipo  avyata  sâtio  âuye 

Celui  qui  s’allume  allume  en  s’en  approchant  les  choses 
qui  lui  sont  chères,  — en  remplissant  les  Célestes  avec  son 
suc.  Le  brillant  revêtant  les  supports  au  moment  oppor- 
tun (?)  enveloppe  les  dix  flèches  (ou,  doigts)  (qui  sont)  au 
sommet  de  la  brebis, 

pâda  1.  — Cf.  75,1 , abhi  priyàni pacate. 

pâda  3.  — Cf.  7,  1,  asrgram  indaoah. . . dliarmann  rtasya. 

pâda  4.  — Cf.  8,  6,  hardi , pari  gavyâny  avyata. 

13.  — orsâ  çôno  abhikânikradad  y à | nadâyann  eti  prthi -= 

1.  Berg.,  1,  187  : « Le  roi  de  la  demeure.  » 

2.  Ceux'  à qui  il  est  destiné,  — les  dieux  ; cf.  le  vers  suivant,  pâda  2 . 


384 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


vim  utd  dyâm  ||  indrasyeva  vaynûr  à grava  âjaû  | pra- 
cetdyann  arsati  vâcam  etnâm 

Le  taureau  rouge  a mugi  vers  les  vaches,  il  marche  en 
faisant  retentir  la  large  (terre)  et  le  ciel;  pareil  à la  voix  de 
l’Ardent,  il  est  entendu  en  s’avançant  dans  le  combat  (=  ce 
qui  combat  pour  conquérir  l’oblation),  — il  coule  en  faisant 
briller  cette  voix  (que  voilà). 

pàda  1.  — Cf.  82,  1,  vrsâ...  abhi  gà  acikradat.  — D’après 
Berg.,  II,  57,  il  ne  s’agirait  pas  ici  du  soma  terrestre, 
pàda  3.  — Cf.  30,  2',  iyarti  vagnum  indrigam. 
pàda  4.  — Cf.  12,  6,  pra  vâcam  indur  isyati. 

14.  — rasciyyah  pàyasâ  pinvamàna  | ïrdyann  esi  nxàidhu- 
mantam  ançwn  [|  pâvamânah  samtanim  esi  krnvânn  \ 
indrâya  soma  parisicyâmànah 

O toi  qui  es  succulent,  toi  qui  grossis  au  moyen  du  lait, 
tu  marches  en  mettant  en  mouvement  l’éclat  pourvu  de 
doux;  toi  qui  t’allumes,  tu  te  meus  en  produisant  le  concert 
(des  voix  des  oblations),  ô liquide  versé  circulairement  pour 
l’Ardent. 

pàda  1.  — Cf.  68,  3!,  pagasâ  pinoat. 
pàda  2.  — Cf.  72,  6’,  ançum  duhanti. 

pàda  3.  — Cf.  96,  22,  sàma  krnvun  sânianyo  vipaçcit  krandan. 

15.  — evci  pavasva  madirô  màdâyo-  | dayrâbhàsya  na- 
mdyan  vadhasnaih  ||  pari  vârnam  bhdrajndno  rûgan- 
tam  | yavyûr  no  arsa  pari  siktâh 

Allume-toi  ainsi,  ô liquoreux,  pour  la  boisson  en  cour- 
bant (l’ennemi?)  au  moyen  des  armes  de  celui  qui  s’empare 
de  l’humide;  supportant  circulairement  la  couleur  brillante, 
désireux  de  vaches,  coule  pour  nous,  toi  qui  es  versé  alen- 
tour (de  cette  couleur). 

pàda  1.  — Cf.  96,  12',  evâ  pavasva. 

pàda  2.  — Cf.  16,  5,  pra  tcâ  namobhir  indavali . . . asrksata. 


Le  culte  védique  du  soma 


385 


pàda  3.  — Berg.,  I,  162  : « (Le  soma-soleil)  porte  circulairement 
sa  couleur  brillante.  » 

pâda  4.  — Cf.  vs  14',  parisicyamânah. 

16.  — jus  toi  na  inclo  supâthâ  sugâny  | uraû  pcwasva  vâri- 
vcïiïsi  krnvân\\ ghanéua  visuag  duvitâni  vighnânn  | cidhi 
snûncï  dhanoa  sâno  c'œye 

O brillant,  ayant  goûté  nos  bons  chemins  à la  marche 
facile,  allume-toi  en  produisant  les  espaces  dans  le  large; 
détruisant  de  toute  part  les  mauvaises  allures  comme  avec 
un  instrument  de  destruction1,  coule  au  moyen  du  sommet 
(la  pointe  de  la  flamme)  au-dessus.,  dans  le  sommet  de  la 
brebis. 

pâda  1.  — Cf.  86,  26,  viçoâni  krnvan  supathâni  ijajyave. 
pâda  2.  — Cf.  v3  10,  induit...  patate...  varicah  krnvan;  94,  52, 
uru  jyotili  krnuhi. 

pâda  3.  — Cf.  90,  6,  viçvâ  ghaniglinad  duritci  pavasva. 

17.  — vrsUrri  no  arsa  divyâm  jigatnûm  \ Üaoatim  çam- 
gàylm  jirâdânum\\  stûkeva  vltâ  dhanvâ  vicinuân  | bdn- 
dhûnr  imân  avançai  inclo  vâyun 

Coule  pour  nous  la  pluie  céleste,  active,  pourvue  de  liba- 
tions, demeure  du  bon,  aux  gouttes  rapides;  ô brillant,  coule 
ces  régals  pareils  à des  houppes  (de  cheveux)  détachant  ces 
liens  (?),  (ces)  Vents  d’en  bas. 

pâda  1.  — Cf.  89,  1,  dioo  na  orstili  pavamâno  akëah. 

18.  — granthim  net  vi  syci  grathitâm  punclnct  [ muni  ca 
gdtûm  vrjinâm  ca  somci\\  cityo  nâ  krado  hdrir  à srjàtiô  | 
mclryo  deva  dharwa  pastyâvcïn 

O allumé,  délie  le  noué  comme  (on  délie)  un  nœud;  ô li- 
quide, (délie)  la  marche  droite  et  la  courbe!  Pareil  à un 

1.  Traduction  très  hasardeuse  de  g hanâ  considéré  comme  l’instrumental 

sing.  peu  régulier  de  ghan  — han . 


386 


LE  CULTE  tÉDIQUE  DU  SOMA 


coursier,  tu  as  grondé,  ô doré,  en  t’élançant  vers  (l’oblation)  ; 
ô Céleste,  toi  qui  es  (comme)  un  époux  pourvu  de  domicile, 
cours. 

Hémistiche  1.  — Berg.,  III,  185  : « Soma  dénoue,  c’est-à-dire 
distingue  la  voie  droite  de  la  voie  tortueuse.  » — En  réalité,  simple 
intention  d’antithèse  : Soma  délie  et  met  en  marche  tout  ce  qui  est 
censé  lié,  le  droit  (soma  actif]  et  le  courbe  (soma  inerte), 
pâda  3.  — Cf.  69,  33,  harir  akrân. 

pâda  4.  — Cf.  93,  2',  maryo  na;  65,  23!,  ye  madhye  pastyànâm. 

19.  — jüsto  mâdâya  devdtàta  indo  J pari  snûnâ  dhanva 
sâno  dvye  ||  sahdsradhârah  surabhir  âdabdhah  | pari 
sraua  vâjasàtau  nrsdhye 

O brillant,  toi  qui  es  goûté  pour  la  boisson,  pour  l’état  de 
Céleste,  coule  circulairement  au  moyen  du  sommet  (pour 
venir)  dans  le  sommet  de  la  brebis;  toi  qui  as  les  courants 
des  mille  (dons),  (toi)  bien  savoureux,  toi  qui  n’es  pas  op- 
primé, coule  circulairement  dans  la  conquête  (=  ce  qui 
conquiert)  du  réconfort,  dans  la  domination  des  hommes 
(-somas). 

pàda  1. — Cf.  96,  3’,  sa  no  deçà  decatüte  pacasva;  13,  8',justa 
indrâya. 

pàda  2.  — Cf.  v3 16*,  même  formule,  sauf  adhi  au  lieu  de  pan, 
en  tête. 

pàda  4.  — Cf.  13,  4'.  vâjasâlaye  pacasva. 

20.  — araçmàno  yè  ’rathà  dyuktd  | dtydso  nd  sasrjdnasa 
âjaû  ||  été  çukrâso  dhanvanti  soma  | dévâsas  tan  ûpa 
yâtâ  pibadhyai 

Les  liquides  qui,  pareils  aux  coursiers,  s’élançant  dans  la 
lutte  sans  bride,  sans  chars,  non  attelés,  — ceux-là  (que 
voilà)  étincelants  courent.  O Célestes,  venez  à eux  pour 
boire! 

pàda  2.  — Cf.  91,  1',  asarji. ..  rathye  yathâjau . 
pàda  3.  — Cf.  64,  28b  somâli  çukrâh. 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


387 


21.  — evâ  nci  indo  ahhi  devdmtim  | pari  sraua  ndbho  àrnaç 
camusu  |1  sômo  asmâbhyam  kâmyam  brhântam  \ rayim 
dadâtu  mrâvantam  ugrâm 

O brillant,  coule  ainsi  circulairement  vers  notre  régal  des 
célestes,  (vers)  le  nuage,  (vers)  le  flot  (pour  venir)  dans 
les  coupes;  que  le  liquide  nous  donne  la  richesse  désirable, 
puissante,  pourvue  de  héros,  forte. 

pâda  1.  — Cf.  89,  7,  abhi  deoavïtim...  soma.. . pavasva. 
pâda  2.  — Cf.  86,  34’,  pavamctna  mcduj  arno  vi  dhâoasi.  — 
Berg.,  II,  41  : « Soma  fait  couler  le  nuage,  la  mer  (céleste).  » 
Hémistiche  2.  — Cf.  61,  6,  sa  nah  punâna  â bliara  rayim  vïra - 
valïm  isam. 

22.  — tciksad  yâdi  mânaso  vénato  vciy  | jyésthasya  vd 
dhdrmani  ksôr  ânlke\\âd  un  àyan  vdram  â vâuaçânà  \ 
justain  pâtiin  kaldçe  gâva  indum 

Lorsque  la  voix  de  la  pensée,  (la  voix)  du  désireux  a 
fabriqué  (l’édifice  igné)1  dans  le  soutien  du  très  fort  (ou, 
de  l’ainé)2,  dans  la  pointe  de  la  nourriture,  — les  vaches 
issues  de  celui-ci  sont  venues  en  mugissant  au  choisi,  au 
maître  savouré,  au  brillant,  dans  la  coupe. 

pâda  2.  — Cf.  7,  1,  dharmann  rtasya. 

23.  — prd  dânudô  divyô  ddnupinuâ  | rtdm  rtàya  pauate 
sumedhâh  ||  dharmâ  bhuvad  vrjanyàsya  râjd  \ prd  raç- 
mibhir  daçdbhir  bhâri  bhuma 

Celui  qui  donne  l’humide,  le  Céleste  qui  grossit  au  moyen 
de  l’humide,  qui  a les  bonnes  pensées,  allume  en  s’avançant 
le  coulé  pour  le  coulé;  le  soutien,  le  roi  de  ce  qui  est  dans 
l’enceinte  s’est  manifesté;  la  terre(-libation)  a été  portée  en 
avant  par  les  dix  rênes3. 

1.  Berg.,  II,  26  : « La  parole  cbirpeute  le  soma.  » 

2.  Cf.  Berg.,  I,  181. 

3.  Ou,  « il  a été  porté  vers  la  terre  parles  dix  rênes  ». 


388 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DE  SOMA 


pâda  2.  — Cf.  17,  8,  cârur  rtâya ■ — Berg-,  III,  238:  « llobserve 
en  coulant  le  rta  pour  le  rta,  c’est-à-dire  pour  que  la  loi  s’accom- 
plisse. » 

pâda  3.  — Cf.  97,  10',  crjanasya  râjâ. 

24.  — pamtrebliih  pàvamdno  nrcâksâ  \ râjâ  deoândm  utà 
mârtyânàm  ||  dcitâ  bhuuad  ray i pâti  raylnàm  \ rtàm 
bharat  sûbhrtam  cârv  induh 

Celui  qui  s’allume  au  moyen  des  allumeurs,  celui  qui  tire 
son  éclat  des  hommes,  le  roi  des  Célestes  et  des  morts,  — le 
riche  maître  des  richesses,  s’est  manifesté  doublement  (?) 
(allusion  au  double  soma  et  à sa  double  naissance)  ; le  brillant 
a porté  le  coulé,  le  bien  porté  ’,  le  beau. 

dcitâ.  — Cf.  94,  2'. 

25.  — àroân  iua  çrdvase  sâtim  âchê  \ -ndrasya  vdyôv  ctb/ti 
vitini  arsa  j|  sâ  nah  sahdsrd  brhatir  iso  dd  | bhdvd  soma 
dravinoüit  pundnâh 

Pareil  à un  coursier,  coule  vers  la  conquête  pour  la  voix, 
(coule)  vers  le  régal  de  l’Ardent,  du  Vent;  toi  que  voilà, 
donne-nous  des  milliers  de  puissantes  libations,  toi  qui 
trouves  la  richesse,  ô liquide,  manifeste-toi  en  t’allumant! 

Hémistiche  1.  — Cf.  65,  20,  indrâya  vâyace...  sorno  arsati. 
Hémistiche  2.  — Cf.  3,  10 ,jana.yann  isah...  parafe  sutaJi. 

26.  — deüàvy'o  nah  parièicyàmdndh  \ ksâyam  suoiram 
dhanvantu  sômà/i  ||  dyajydvah  sumatim  vtçaâvdrd  | 
hôtdro  nâ  diviycijo  mandrâtamâh 

Que  les  liquides  qui  régalent  les  Célestes,  versés  circu- 
lairement,  coulent  pour  nous  (vers)  la  demeure  pourvue  de 
bons  mâles;  que  ceux  qui  ont  le  désir  de  verser  l’oblation, 
qui  ont  tous  les  objets  désirés,  qui,  pareils  aux  sacrificateurs. 


1.  Berg.,  III,  238:  « Bien  porté,  bien  observé.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


389 


font  des  oblations  au  ciel,  (qu’eux)  les  très  savoureux  (cou- 
lent vers)  celle  qui  a la  bonne  pensée. 

pàda  2.  — Cf.  G8,  10,  deçà  dhatta  rayim  asme  suoïram. 

27.  — evâ  dcvci  deodtâte  pavas va  \ malié  soma  psdrase 
deuapânah\\  mahdç  cid  dhi  smdsi  hitâh  samarwé  | krdhi 
susthâné  rôdasi  pundnàh 

De  cette  manière,  ô Céleste,  allume-toi  pour  1 état  de  Cé- 
leste; ô liquide,  boisson  des  Célestes,  (allume-toi)  pour  la 
haute  nourriture;  tout  grands  que  nous  sommes,  nous  sommes 
établis  (ou,  mis  en  mouvement)  dans  ce  qui  est  avec  le  mari  ; 
en  t’allumant,  produis  les  deux  brillantes  qui  se  tiennent 
bien  debout. 

Hémistiche  1. — Cf.  96,  3'-2,  mêmes  formules,  sauf  en  tête  sa 
nah  au  lieu  de  ecâ,  et  à la  fin,  indrapânah  au  lieu  de  decapânah. 
pàda  3.  — Cf.  85,  2',  asmân  samarye  pacamâna  codaya. 
pâda  4.  — - Berg.,  Il,  22:  Soma  fait  tenir  en  place  les  deux 
mondes.  » 

28.  — dçvo  nô  hrado  vrsabhir  yujânâh  | sinh'o  nd  bhîmô 
mdnaso  jâvUjân  H arvâcinaih  pathibhir  yé  rdjistliâ  | â 
pavasva  saumanasàm  na  indo 

T’attelant  au  moyen  des  taureaux,  tu  as  henni  comme  un 
cheval,  (toi  qui),  pareil  à un  lion  terrible,  es  plus  rapide  que 
la  pensée;  ô brillant,  au  moyen  des  chemins  qui  viennent 
ici  (?),  — des  plus  directs,  — allume-nous,  en  t’approchant, 
ce  qui  est  de  la  nature  de  la  bonne  pensée. 

pâda  1.  — Cf.  97,  18,  atyo  na  hrado  liarir  à srjânah...  dhanva. 
pâda  2.  — Cf.  86,  1,  dlnjavo  madâ  avsanti. 

29.  — çatdra  dhdrà  deüâjdtâ  asryran  | sahdsram  end/i 
kavdyo  mrjanti  ||  indo  sanitram  diva  â pavasva  \ pu- 
raetâsi  mahatô  dhdnasya 

Cent  courants  issus  des  Célestes  ont  coulé;  les  mille  sages 


390 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


les  rendent  brillants;  ô brillant,  allume  en  t’en  approchant 
ce  qui  conquiert  le  ciel;  tu  es  l’introducteur  de  la  haute 
oblation. 

devajâtâ.  — Cf.  67,  27,  punantu  marri  decajanâh. 
pâda  3.  — Cf.  4,  2,  sanà  jyotili  sanâ  svah. 
pâda  4.  — Cf.  87,  3\  puraetà  janânclm. 

30.  — divô  nâ  scïrgd  asasrgram  âhndm  \ râjd  nâ  mitrâm 
prâ  minâti  dhirah  ||  pitûr  nâ  putrâh  krdtubhir  yatdnâ  \ 
â pavasva  viçé  asyâ  àjltim 

Les  émissions  des  jours,  pareilles  à celles  du  ciel,  ont 
coulé;  le  roi,  le  fort,  ne  diminue  pas  son  ami;  ô toi  qui  l’at- 
telles comme  le  fils  au  moyen  des  productions  du  père,  al- 
lume en  t'approchant  d’elle  la  non  défaite1  pour  la  demeure 
que  voici. 

pâda  1.  — Cf.  66,  10 , pavamânasya . . . sargâ  asrksata. 
pâda  2.  — Cf.  61,  272,  na...  ditsantam  à minan. 

Hémistiche  1.  — Berg.,  III,  118  : « Du  ciel  se  sont  en  quelque 
sorte  épanchés  les  torrents  des  jours;  le  sage  roi  (Sonia)  ne  viole 
pas  (les  lois  de)  Mitra.  » 

pâda  4.  — Cf.  96,  4',  ajltaye  'hataye  pavasva. 

31.  — prâ  te  dhcirâ  mâdhumatlr  asrgran  \ vârdn  yât  pûtô 
atyésy  âuydn  ||  pâœcundna  pâvase  dhâma  gônàm  | 
jajnânâh  sùryam  cipinvo  arkaih 

Tes  courants  pourvus  du  doux  ont  coulé  en  avant,  alors 
que,  allumé,  tu  dépasses  (les  toisons  des)  brebis;  ô allumé, 
tu  allumes  l’édifice  des  vaches*;  en  l’engendrant,  tu  as  grossi 
le  soleil  au  moyen  de  (tes)  rayons. 

pâda  3.  — Cf.  69,  6',  pavate  dhâma. 

pâda  4.  — Cf.  86,  143,  svar  jajnânah.  — Berg.,  I,  215  : « Soma 
en  naissant  a orné  le  soleil  d’une  multitude  de  rayons.  » 


1.  Ce  qui  n’a  pas  subi  la  conquête,  ce  qui  n'est  pas  retenu. 

2.  Berg..  III,  212,  note:  « L’esseuce  ou  la  race  des  vaches. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


391 


32.  — kânikradad  ânu  pànthâm  rtâsya  ] çukrô  v i bhâsy 
amrtasya  dhârna  ||  sâ  indrâya  pavase  matsaravân  hin~ 
vânô  vâcain  matibhih  kavînâm 

(Toi  qui  es)  ce  qui  gronde,  en  suivant  la  voie  du  coulé, 
ô étincelant,  tu  éclaires  l’édifice  du  non-mort;  toi  que  voilà, 
pourvu  de  boisson,  tu  t’allumes  pour  l’Ardent  en  mettant 
en  mouvement  la  voix  au  moyen  des  pensées  des  sages 
(-somas). 

pàda  1.  — Cf.  85,  51,  kanikradat . . . ajyase,  etc. 
pàda2.  — Cf.  au  vers  précédent,  pàda  3,  dharna  gonâm. 
pàda  4.  — Cf.  12,  6',  pra  oâcam  indur  isyati;  73,  7,  vàcam 
punanti  kavayah . 

33.  — divyâh  suparnô  ’va  caksi  soma  \ pinvan  dhârâli 
kdrmanâ  devàvîtau  ||  éndo  viça  kalàçam  somadhânam  | 
krândann  ilii  süryasyôpa  raçmim 

O liquide,  oiseau  céleste,  tu  regardes  d’en  haut  les  courants 
en  (les)  grossissant  au  moyen  de  l’œuvre  dans  le  régal  des 
Célestes;  ô brillant,  viens  pénétrer  la  coupe,  le  récipient  du 
liquide;  viens  en  grondant  (vers)  la  bride  (ou,  le  rayon)  du 
soleil. 

pàda  1.  — Cf.  86,  241,  suparnah. . . divali;  38,  5,  raso  'oa  caste 
dicah  çiçuh.  — Berg.,  I,  225  : « L’oiseau  divin  qui  regarde  d’en 
haut  la  terre,  est  le  soma-soleil.  » 

pàda  2.  — Cf.  75,  44,  madhor  dhürâ  pinvamânâh. 
pàda  3.  — Cf.  70,  9,  indrasya  hardi  somâdhanam  â viça  (in- 
drasya  liârdi  = kalaçam). 

34.  — tisrô  vâca  irayati  prâ  va  finir  \ rtâsya  dhïtim 
brâhmano  manlsâm  ||  yâvo  yanti  gôpatim prchâmânâh  | 
sômam  yanti  matdyo  vàvaçànâh 

Le  porteur  met  en  mouvement,  en  avant,  les  trois  voix, 
la  pensée  du  coulé,  la  pensée  de  la  prière-réconfort;  les 


392 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


vaches  vont  au  maître  des  vaches  en  l’interrogeant;  les 
pensées  vont  au  liquide  en  mugissant. 

pàda  1.  — Cf.  33,  4 (et  5,  8),  tisro  vâca  ud  ïrate  gâoali.  — 
Berg.,  II,  28  : « Soma  excite  les  trois  voix.  » 

35.  — sômam,  gâvo  dkenàoo  vâoaçdnàh  | sômam,  viprâ 
matibhih  prchàmânâh  ||  sômah  sutâh  püyate  ajyâmâ- 
nah  ] sûme  arkâs  tristûbhah  sam  navante 

Les  vaches,  les  laitières  (vont)  au  liquide  en  mugissant; 
les  agités  (vont)  au  liquide  en  l’interrogeant  au  moyen  des 
pensées;  le  liquide  versé  est  allumé  en  étant  oint;  dans  le 
liquide,  les  clartés  aux  trois  voix  retentissent  avec  (lui). 

Hémistiche  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  hémistiche  2. 
pàda  4.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  1. 

30.  — eoâ  nah  soma  parisicyâmâna  | â pavasva  püyâmâ- 
nah  svasti  ||  îndram  à viça  brhatâ  ravena  \ vardhâyâ 
vâcam  janâyâ  pûramdhim 

De  cette  manière,  ô notre  liquide  versé  circulairement, 
allume-toi,  toi  qui  es  allumé;  allume  en  t’en  approchant 
ce  qui  est  bien  existant;  pénètre  l’ Ardent  avec  le  son  puis- 
sant; accrois  la  voix,  engendre  celle  qui  établit  l’abondance. 

Hémistiche  1.  — Cf.  75,  5',  dhanvâ  svastaye;  90,  4',  paoasva 
svastaye. 

pâda  4.  — Cf.  40,  5:1,  vardhayâ  girah. 


37_  — â jâgroir  vipra  rtâ  matinâm  \ sômah  punânô  asa- 
dac  camusu  ||  sàpanti  yâm  mithunàso  nikâmâ  | adliva- 
rydvo  rathirâsah  suhâstâh 

L’éveillé,  l’excité,  — les  coulés  des  pensées,  — le  liquide 
qui  s’allume,  a pris  résidence  dans  les  coupes;  les  accouplés 
désireux,  les  sacrificateurs  munis  de  chars,  aux  belles  mains 
le  suivent. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


393 


pâda  1.  — - Cf.  44,  3%  at/am. ..  jâgrvili  suta  eti  pavitra  â. 
pàda  2.  - — Cf.  92,  2\  sïdan...  sadane  camüsüpem  agmann 
rsayah  sapta  viprâli. 

Hémistiche 2.  — Berg.,  I,  210,  émet  l’hypothèse  que  l’expression 
mithunâsali- . . adharyavaJi  désigne  peut-être  les  hommes  et  les  dieux. 
Il  ajoute  que  « les  sacrificateurs  ainsi  désignés  honorent  Sonia  j). 

38.  — sd  punânâ  ûpa  sûre  nâ  dhàtô  \ -bhé  aprcï  rôdasl  vi 
sa  û o ah  Wpriijà  cid  ydsya  priyasâsa  ütî  \ sd  tu  dhcinam 
kârine  nâ  prd  yansat 

Celui  que  voilà  en  s’allumant,  pareil  à qui  édifie  dans  le 
soleil,  a rempli  les  deux  brillantes,  — il  les  a ouvertes; 
celui  de  qui  les  conquérants  de  choses  chères  conquièrent 
pourtant1  les  choses  chères  au  moyen  du  régal,  celui-là  étend 
l’oblation  comme  pour  le  chanteur. 

pâda  1.  • — Cf.  4,  5,  tvarn  sürye  na  â bliaja.  — Berg.,  I,  201  : 
« Soma  paraît...  placé  dans  le  soleil,  en  qualité  de  créateur.  » 
pâda  2.  — Cf.  41,  52,  â mahï  rodasï  prna;  74,  2,  seme  main 
rodasï  yaksad  cmvtâ  samïcïne. 

39.  — sd  vardhitâ  vdrdhanah  pûydmànah  | sômo  mldhvàiï 
abld  no  j y ôtisàvlt  ||  yéncl  nah  pùrve  pitdrah  padajnàli  ] 
svaroido  ablii  gâ  ddrim  usndn 

Celui  que  voilà  augmentateur,  s’augmentant,  s’allumant, 
(lui)  le  liquide,  l’humide,  nous  a régalés  en  s’approchant 
au  moyen  de  la  lumière,  — lui  par  qui  nos  pères,  les  anciens, 
qui  connaissent  les  places  (de  l’oblation),  qui  ont  trouvé  le 
soleil,  ont  allumé  en  s’en  approchant  les  vaches,  la  mon- 
tagne. 

pàda  2.  — Cf.  74,  72,  somo  mïdhvân. 
pâda  3.  — Cf.  96,  11,  nali  pitarah.  ..  pürve. 
pâda  4.  — Cf.  21,  1,  somâli...  svaroidali;  91,  6',  punüno  apali 
svai ' ga.li.  — Berg.,  II,  309  : « Soma  fait  sortir  les  vaches  de  la 
montagne  en  la  brûlant.  » 


1.  Les  ayant  déjà  conquises,  ils  ne  devraient  plus  avoir  à Jes  conquérir. 


394 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


40.  — âkràn  samudrdh  prathamé  vidharman  \ j an  dp  an 
prajà  bhûuanasya  râjà  ||  vrsâ  pavitre  àdhi  sâno  âvye  | 
brhât  sômo  vâurdhe  suvânà  induh 

L’océan  a mugi  dans  le  support  qui  est  en  avant,  en  en- 
gendrant les  créatures,  (lui)  le  roi  de  l’être  (ou  du  monde); 
le  taureau  (qui  est)  dans  l’allumeur,  en  haut,  dans  le  sommet 
de  la  brebis,  le  liquide.,  le  brillant  qui  coule  a développé  le 
puissant. 

pâda  1.  — Cf.  64,  9,  câcam  isyasi  pacamâna  vidliarmani,  altran 
demi/. — Berg.,  I,  291,  note  : ((  La  mer  a mugi  lors  de  la  première 
organisation  (du  monde).  » 

pâda  2.  — Cf.  96,  103,  bhuvanast/a  râjà. 

pâda  4.  — Cf.  66,  24,  pavamünah . . . brhat. . . ajîjanat. 

41.  — malidt  tàt  sômo  mahisàh  cakârâ  | -para  yâd  gdrbhô 
’vrnîta  devan  ||  àdadhâd  indre  pâvamâna  ôjô  | ’janayat 
sûrye  jyôtir  induh 

Le  liquide,  le  buffle  a produit  cette  (chose)  élevée,  alors 
que  le  fœtus  des  eaux  a choisi  les  Célestes;  l’allumé  a établi 
la  force  dans  l’Ardent;  le  brillant  a engendré  la  lumière 
dans  le  soleil. 

pâda  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  4. 

pâda  2.  — Berg.,  III,  147,  note  : « Sonia achoisi  les  dieux,  s’est 
déclaré  pour  eux.  » — Pour  moi,  j’entends  qu'il  se  les  est  attachés, 
qu’il  s’est  uni  à eux. 

pâda  3.  — Cf.  96,  12,  draninam  dadhâna  indre. 
pâda  4.  — Cf.  vs  381,  sa  punâna  upa  sure  na  dhâtâ. 

42.  — mdisi  vdyûm  istdye  ràdliase  ca  \ mdtsi  mrtrâuârund 
pûyâmânah  ||  mdtsi  çârdo  mârutam  mdtsi  devan  | mdtsi 
dyâvâprthiüt  deva  soma 

Arrose  le  Vent  pour  l’oblation  et  pour  le  don;  arrose  l’Ami 
et  l’Enveloppeur  en  t’allumant;  arrose  la  vigueur  impé- 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


395 


tueuse,  arrose  les  Célestes;  arrose  le  ciel  et  la  terre,  ô Cé- 
leste, ô liquide! 

pàda  3.  — Cf.  94,  52,  matsi  deoân. 

43.  — rjûh  pavasua  vrjindsya  liantâ  | -pâmîvâm  bâdha- 
mâno  mrdhaç  ca  ||  abhiçrïnân  pdyah pdyasàbhi  gônâm  \ 
indrasyci  tvdin  tdva  uaydm  sâkhâyah 

Dressé,  allume-toi,  ô destructeur  du  courbe  en  écartant 
l’oppression1  et  les  ennemis;  faisant  cuire  (ou,  allumant)  le 
lait  à l’aide  du  lait  des  vaches  et  en  t’en  approchant,  tu  ès 
l’ami  de  l’Ardent,  — nous  sommes  les  tiens. 

pâda  1.  — Cf.  97,  182 punàna  rjum  ca  gâtum  vrjinam  ca  soma. 
— Berg.,  III,  173  : « Soma  détruit  ce  qui  est  tortueux.  » 
pâda  2.  — Cf.  85,  1,  soma...  apâmïoâ  bhaoatu;  85,  24,  ava 
no  mrdhojalii. 

pâda  3.  — Cf.  86,  174,  dhenavah  payasem  açiçrayuli. 

44.  — mâdhvah  sûdam  pavasua  vcisua  ûtsam  | virdm  ca 
na  â pavasua  bhàgam  ca  ||  suâdasuêndrâya  pdvamdnci 
indo  | rayiin  ca  na  â pavasua  samudrât 

Allume  la  liqueur  (savoureuse)  du  doux,  la  source  du 
bon;  viens  nous  allumer  le  héros  et  le  participant;  ô bril- 
lant, ô allumé,  savoure  pour  l’ Ardent  et  viens  allumer  notre 
richesse  (issue)  de  la  mer. 

Hémistiche  1.  — Cf.  7,  8,  â mitrâvarunà  bliagam  madhvah 
pavante. 

pâda  3,  — Cf.  74,  9(,  soadasvendrâga  pavamâna  pïtaye. 
pâda  4.  — Cf.  29,  6,  rayim.  . . pavasoa. 

45.  — sômah  sutô  dhârayâtyo  nd  hituâ  | sindhur  nâ  nim- 
nàm  abliî  vâjy  àksdh  ||  â yonùn  vdnycun  asadat  punâ- 
ndh  | scim  indur  gôbhir  asarat  sdm  adbhih 

Le  liquide  versé  par  le  courant  après  s’être  élancé,  pareil 


1.  Berg.,  I,  132:  « Les  maladies.  » 


390 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


à un  coursier,  pareil  à une  rivière,  a coulé  pourvu  de  récon- 
forts vers  ce  qui  est  au-dessous  (ou  incliné);  en  s’allumant, 
il  est  venu  résider  dans  la  matrice  faite  de  bois;  le  brillant 
a coulé  au  moyen  des  vaches  et  en  même  temps  qu’elles,  au 
moyen  des  eaux  et  en  même  temps  qu’elles. 

pâda  2.  — Cf.  17,  1,  pra  nimneneva  sindhacah...  somâ  asrgram. 
— Berg.,  I,  154  : « Sonia  coule  comme  une  rivière  suivant  sa 
pente.  » 

pâda  3.  — Cf.  89,  1,  asadat...  upastlie  caria  à ca  soma/j. 

pâda  4.  — Cf.  91,  2',  marmrjâno  ’cbhir  gobhir  adbhih. 


4G.  — esd  syct  te  pcwatci  indra  sômaç  | camàsu  dhira  uçaté 
tàuasvân  H suàrcaksâ  rathirdh  satydçusmah  \ kâmo  nâ 
])(’>  deoayatâm  âsarji 

Ton  liquide  que  voilà,  ô Ardent,  s’allume  dans  les  coupes, 
(lui  qui  est)  ferme,  fort,  (destiné)  au  désireux,  — lui  qui, 
ayant  l’éclat  du  soleil,  pourvu  de  char,  vigoureux  au  moyen 
de  la  manifestation,  a été  émis  pareil  au  désir  de  ceux  qui 
deviennent  célestes. 

pâda  3.  — Cf.  76,  2!,  scah  sisâsan  rathirali. 
pâda  4.  — Cf.  8,  1,  ete  somâli...  indrasga  kâmam  aksaran.  — 
Cf.  aussi  l’épithète  védique  decakâma  appliquée  en  différents  pas- 
sages au  soma. 


47.  — esd  pratnéna  vdyasâ  pundnds  \ tirô  vârpânsi  duhi- 
tur  dâdhânah  |j  | dsânah  çârma  tvivarütliam  apsû  | hôte- 
v a yâti  sâmanesu  rébhan 

Celui  que  voilà  s’allumant  au  moyen  de  l’ancien,  — de 
la  nourriture,  — s’établissant  en  laissant  de  côté  les  formes 
brillantes  de  (sa)  lille,  revêtant  dans  les  eaux  l’entourage 
aux  trois  enveloppes,  — se  met  en  marche,  pareil  au  sacri- 
ficateur, en  chantant  dans  les  (éléments  du  sacrifice)  réunis. 

pâda  1.  - Berg.,  II,  112  : « Soma  cache  les  formes  de  sa  fille.  » 


le  cüLte  Védique  du  soma 


397 

pâda  3. — Berg.,  I,  179  : « Il  se  revêt  (Tune  triple  protection 
dans  les  eaux.  » 

pâda  4.  — Cf.  96  , 64,  pavitram  atg  eti  reblian. 

48.  — nu  nas  tvc'nn  rathirô  cleva  soma  \ pari  s/‘ava  camv'oh 
püyâmdnah  ||  apsâ  svâdistho  mâdhumân  rtâvd  \ deoô  nâ 
y ah  savitâ  satyâmanmâ 

O céleste,  ô liquide,  venant  de  nous,  toi  qui  es  pourvu 
d’un  char,  circule,  allumé,  dans  les  deux  coupes,  — toi  qui, 
très  savoureux  dans  les  eaux,  pourvu  du  doux,  pourvu  du 
versé1,  es  pareil  au  Céleste,  qui  met  en  mouvement  (le 
liquide)  et  qui  est  la  pensée  de  ce  qui  vient  du  manifesté. 

pâda  2.  — Cf.  97,  2,  â vact/asva  camcoh  püyamânah. 
pâda.  3.  — Cf.  96,  13',  pavasca  soma  mâdhumân  rtàoâ. 

49.  — abhi  vâyûm  vît  y àrsâ  yrndn'o  \ ’bhi  mitrâvàrund 
püyâmdnah  ||  abhi  nâram  dhîjüvanam  rathestliàm  | 
abhindram  vrsanam  vàjrabdhum 

Coule  en  chantant  vers  le  Vent  au  moyen  du  régal,  vers 
l’Ami  et  l’Enveloppeur,  ô allumé,  — vers  rhomme(-soma) 
agile  au  moyen  de  la  pensée,  qui  se  tient  debout  sur  un  char, 
— vers  l’Ardent,  — (vers)  le  taureau,  — dont  le  bras  est 
armé  du  vajrci. 

pâda  1.  — - Cf.  9,  2%  vïty  arsa;  97,  42',  matsi  vâyum. 
pâda  2.  — Cf.  88,  3’,  dhïjavano  ’si  soma. 

50.  — abhi  vàstrd  suuasanâny  arsd  ] -bhi  dhenüh  sudâ- 
ghdh  pûydmdnah  [|  abhi  candrâ  bliârtaue  no  hiranyd - | 
bhy  âçvdn  rathino  deua  soma 

Coule  vers  les  vêtements,  (vers)  les  bonnes  enveloppes, — 
vers  les  laitières  au  bon  lait,  ô allumé,  — vers  nos  choses 
brillantes  (qui  sont)  d’or,  pour  (les)  soutenir,  — vers  les 
chevaux  pourvus  de  chars,  ô Céleste,  ô liquide. 

padâ  3.  — Cf.  66  , 252,  hareç  candrâ  aspksata. 

1.  Berg.,  III,  237:  Fidèle  à la  loi.  » 


398 


LE  CELTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


51.  — abhi  no  arèa  divyà  vdsûmj  | abhi  viçvà  pàrthivâ 
pûydimdnah  j|  abhi  y cna  drâvinam  açncivàmâ  \ -bhy 
àrseyâm  jamadagniuàn  nah 

Coule  vers  nos  richesses  célestes,  — vers  toutes  les  choses 
qui  proviennent  de  la  terre,  ô allumé,  — toi  par  qui  puis- 
sions-nous en  nous  en  approchant  obtenir  la  richesse,  — 
ce  qui  est  de  la  nature  du  chanteur,  ce  qui  est  doué  du  feu 
de  l’arrivant  (?). 

Hémistiche  1.  — Cf.  14,  8,  pari  dicgâni  marmrçad  ciçcâni 
soma  pàrthivâ. 

pada  4.  — Cf.  62,  24’,  grnâno  jamadagninà. 

52.  — ayâ  pava pauasvainâ  vâsüni  | mânçcatvà  indo  sdrasi 
prà  dhanva  ||  bradhndç  cid  dira  vâto  nd  jûtâh  | puru- 
médhaç  cit  takave  ndrain  dût 

Au  moyen  de  cette  lumière,  allume  les  biens,  ô brillant, 
coule  en  t’avançant  dans  la  mer,  dans  le  matin  (?);  en  ceci 
est  le  rouge  quoiqu’il  soit  agité  comme  le  Vent1;  que  celui 
qui  a la  pensée  à l’aide  des  nombreux  (somas)  donne  pour- 
tant2 l’homme  (soma)  au  rapide. 

pâda  1.  — Cf.  67,  22,  pavaniànah. . . pavilrena. ..  punâtu. 
pâda  4.  — Cf.  vs  49* , abhi  naram  dhljavanam. 

53.  — utd  na  enà  pavayà  pavasvà  | -dhi  çrutê  çravàyya- 
sya  tlrthê  ||  sastim  sahàsrâ  nciiyutô  vdsüni  | vrksâm  nd 
pcdwdm  dhünavad  ràndya 

Au  moyen  de  cette  lumière,  allume-nous  en  haut,  dans  la 
traversée  bruyante  de  la  voix.  Qu'il  mette  en  mouvement 
pour  la  jouissance  les  soixante  mille  biens  de  l’ennemi, 
comme  un  arbre  cuit  (livré  aux  flammes). 

1.  Sa  nature  fie  bradhna  ne  parait  pas  impliquer  qu'il  soit  rapide  comme 
le  vent;  il  l’est  pourtant  l’un  et  l'autre  et  de  là  le  tour  oppositif  employé 
par  le  poète. 

2.  Quoiqu’il  soit  purumedha,  c’est-à-dire  tout  autre  chose,  ce  semble,  que 
donneur  de  soma,  on  lui  demande  de  l’être. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


399 


pàda  1.  — Cf.  le  vers  précédent,  pàda  1. 

pâda  2.  — Cf.  63,  23',  ni  toçase  rayim  soma  çravàyyam. 

pâda  4.  — Cf.  RV.,  IV,  20,  52. 

54.  — / nâhlme  asya  vrsanâma  çüsé  | mânçcatve  va  prçane 
va  vâdhatre  ||  àsvâpayan  nigûtah  snehàyac  \ câpdmitrdn 
dpdcito  acetâh 

De  cette  (oblation)  voici  les  deux  grands...1,  ardents 
qui  frottent  (?),  — les  deux  armes  destructives.  Le  lub ré- 
fiant (?)  a endormi  les  adversaires.  Écarte  d’ici  les  ennemis, 
les  non-éclairés. 

55.  — sam  tri  pavitrâ  vitatdny  esy  | ânv  ékam  dhàvasi 
püyâmdnah  ||  dsi  bhàgo  dsi  dàtrâsya  dcitâsi  | maghàud 
maghdvadbhya  itido 

Tu  vas  d’ensemble  aux  trois  allumeurs  étendus;  tu  cours 
à la  suite  de  l’un  (d’eux)  en  t’allumant;  tu  es  le  partageur, 
tu  es  le  donneur  du  don,  tu  es,  ô brillant,  le  généreux 
pour  les  généreux. 

pâda  1.  — Cf.  73,  7,  vitate  paoitre;  73,  8,  tri  sa  pavitrâ  hrdy 
antar  à dadlie.  — Berg.,  I,  179  : « Soma  passe  par  trois  tamis.  » 
pàda  2.  — Cf.  49,  4%  pavitram  dliâva.  — « L’un  » par  opposi- 
tion aux  trois. 

pàda  4.  — Cf.  1,  10;!,  çüro  magliâ  ca  manhate. 

56.  — esd  viçuauit  pavate  manïsî  \ sômo  viçvasya  b/u'wa- 
nasya  râjd  H drapsân  îrdyan  vidâtheso  indur  | vi  vdrain 
dvyam  samdyâti  ydti 

Ce  penseur  (que  voilà)  qui  trouve  le  Tout  s’allume,  (lui) 
le  liquide,  roi  de  tout  cet  être  (ou,  ce  monde);  le  brillant, 
mettant  en  mouvement  les  gouttes  (qui  sont)  (ou,  pour  les 


1.  Je  n’essaye  pas  de  traduire  les  deux  expressions  particulièrement  énig- 

matiques orsanâma  (=  carsananamane,  Sàv.)  et  mtulçcatue  (=  açeath 
hriyamâne  yudclhe,  Sây,). 


400 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SO.\tA 


amener)  dans  les  oblations,  traverse  la  toison  de  la  brebis 
au  moyen  de  la  semblable. 

pâda  1.  — Cf.  28,  1%  et  53,  viçvavit. 

pàda  2.  — Cf.  97,  40%  bhuvanasya  raja. 

pàda  3.  — Cf.  32,  1',  sutâ  cidathe  akramufi. 

pâda  4.  — Cf.  75,  4%  romctny  actjâ  samayü  vi  dhâcati. 

57.  — indum  rihanti  mahisà  àdabdhâh  | padé  vebhanti 
kavdyo  nà  yrdhrâh  ||  hinvànti  dhircï  daçàbhih  kèipdbJuh  j 
sdm  anjate  rupâm  apâm  rcisena 

Les  buffles  non  opprimés  lèchent  le  brillant;  pareils  aux 
sages,  ils  chantent  avides  dans  la  base;  les  fermes  (le) 
poussent  au  moyen  des  dix  flèches  (ou,  des  dix  doigts);  ils 
oignent  de  concert  sa  forme  brillante  avec  le  suc  des  eaux. 

pâdas  1 et  4.  — Cf.  86,  43,  anjate. . . kratum  rihanti. 
pàda  2.  — Cf.  97,  7%  padâ  varâho  abluj  eti  rebhan. 
pâda  3.  — Cf.  80,  5%  duhanty  apsu  vrsabliam  daça  ksipah. 
adabdhâh.  — Berg.,  Il,  31  : « Infaillibles,  — cette  épithète  parait 
désigner  les  prêtres  divins.  » 

58.  — tüâyd  vayàm  pdoamdnena  soma  \ bhàre  krtdm  vi 
cinuydma  çdçvat  ||  tan  no  mitrô  vàruno  mdmahantdm  | 
ciditih  sindhuh  prthivi  utà  dyaâh 

Puissions-nous,  avec  toi  qui  t’allumes,  ô liquide,  distin- 
guer (?)  le  constant  qui  s’est  développé  dans  le  porteur;  que 
grandifient  cette  (oblation)  qui  vient  de  nous,  l’Ami,  l’Enve- 
loppeur,  la  non-liée,  la  rivière,  la  terre  et  le  ciel. 

pàda  2.  — Cf.  97,  17:!. 

HYMNE  XCVI1I 

1.  — abhi  no  vdjasàtamam  | rayim  avisa  purusprham  || 
indo  sahâsrabharnasam  | tuoidyumnâm  vibhvàsâham 

Coule  vers  notre  richesse  très  conquérante  de  réconforts, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


401 


désirée  par  les  nombreux;  ô brillant,  (coule  vers  notre  ri- 
chesse) qui  a pour  support  les  milliers  (de  dons),  qui  a l’éclat 
du  fort,  qui  s’est  emparée  du  développement  (?). 

pâda  1.  — Cf.  66,  27,  pavamânah . . . vâjasâtamali. 
pâda  2.  — Cf.  65,  30,  â vayim.  . . pântam  à purusprham. 
pâda  3.  — Cf.  60,  2-  ( indu  ni ) sahasrabharnasam. 
pâda  4.  — Berg.,  II,  407  : « vibhvàsaham  paraît  signifier  maî- 
tresse de  Vibhvan  et  impliquer  l’assimilation  de  Vibli  van  à la  richesse 
par  excellence.  » 

2.  — pari  syd  suvdnô  aoyâyam  | râthe  nd  vdrmdvyata  || 

indur  abhi  drûnâ  hitô  \ hiydnô  dhârdbhir  aksdli 

Celui-là,  coulant  circulairement  comme  (étant)  sur  le 
char,  a revêtu  l’enveloppe  de  la  brebis;  le  brillant  mis  en 
mouvement  par  les  bois,  mis  en  mouvement  par  les  courants, 
a coulé. 

Hémistiche  1.  — Cf.  97,  12,  induit. . . amjata  sâno  avye. 
pàda  3.  — Cf.  1,  23,  drunâ  sadhastham  âsadai. 

3.  — pari  syd  suvdnô  aksd  \ indur  àœye  mddacyutah  || 

dliârd  yd  ürdhvô  adhvaré  | bhrdjâ  naiti  yavyayâh 

Celui  que  voilà  s’avançant  circulairement  a coulé;  le  bril- 
lant versé  par  la  boisson  (a  coulé)  dans  (la  toison)  de  la 
brebis,  — lui  qui  dressé  s’avance  dans  l’oblation  au  moyen 
du  courant,  comme  au  moyen  de  la  lumière,  — (lui  qui  est) 
désireux  de  vaches. 

pàdas  1 et  3.  — Cf.  le  vers  précédent,  pàdas  1 et  4. 
pàda  2.  — Cf.  79,  2,  indavo  madacyùtah. 

Hémistiche  2.  — Cf.  36,  6,  à divali  prstham. . . cjapyayuli  soma 
roliasi.  — Berg.,  I,  166,  voit  avec  raison  dans  l’adjectif  ürdhva 
appliqué  au  soma  l’indice  d’une  assimilation  avec  Agni. 

4.  — sd  hi  tvdni  deva  çàçvate  | vdsu  mdrtdya  ddçûse  || 

indo  sahasrinam  rayim  j çatàtmdnam  viodsasi 

Toi  que  voilà,  ô Céleste,  (tu  cherches  à t’emparer)  du  bien 

26 


402 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


destine  au  mort  qui  donne  perpétuellement;  ô brillant,  tu 
cherches  à t’emparer  de  la  richesse  aux  mille  (dons),  qui 
tient  son  souffle  des  cent  (dons). 

Hémistiche  1.  — Cf.  64,  6',  te  viçvâ  dâiçuèe  oasu  somâh... 
pacantâm. 

martâya  daçuse.  — Formule  fréquente  qui  s’applique  au  soma 
inerte,  mais  dont  la  générosité  s'éveillera  avec  la  vie. 

pâda  3.  — Cf.  13,  5,  te  nah  saha.srinam  rayim  pacantâm. 

5.  — vatjàm  te  asyd  vrtrahan  | uâso  veisuah  purusprhah  || 

ni  nédisthatamâ  isâh  \ sijâma  sumnâsyâdhrigo 

O destructeur  de  l’enveloppeur,  ô richesse,  puissions-nous 
être  très  proches  de  cette  richesse  qui  est  à toi,  qui  est  dé- 
sireuse des  nombreux;  (puissions-nous  être  très  proches), 
ô adhrigu,  de  la  libation,  de  celui  qui  a la  bonne  pensée! 

pâda  2.  — Cf.  au  vers  1,  pâda  2,  rayim. . . purusprham. 

6.  — duir  gara  pânea  süàyaçasam  \ svâsâro  àdrisamha- 
tam  ||  priyàm  indrasya  kâmyam  \ prasnâpâyanty  ûr mi- 
nam 

- (Lui)  qui  brille  par  son  propre  (bien),  qui  est  secoué  (ou, 
broyé)  par  les  montagnes,  (lui)  l'agréable,  l’aimé  de  l’Ardent, 
qui  est  pourvu  du  flot,  — c’est  lui  que  les  deux  fois  cinq 
sœurs  font  baigner. 

pâda  2.  — Cf.  80,  5,  adribhir  duhanti. 

pâdas  1-3.  — Cf.  72,  2,  yadï  mrjanti...  naralj . . . daçabhih 
kâmyam  madhu. 

pâda  4.  — Les  flammes  du  soma  pavant,  représentées  par  les 
dix  soeurs  le  font  baigner,  c’est-à-dire  se  baignent  dédoublement 
verbal). 

7.  — pari  tyàm  haryatâin  hârim  | babhrûm  punanti  uâre- 

na  ||  y 6 decân  viçvdn  it  pari  | màdena  salià  gâchati 

Ils  allument  circulairement  au  moyen  de  la  toison,  ce  doré, 


Le  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


403 


désirable,  rouge,  — lui  qui  vient  autour  de  tous  les  Célestes 
au  moyen  de  la  boisson  et  en  même  temps  qu’elle. 

pàda  1.  — Cl.  26,  5,  harim. . . haryatam. 

Hémistiche  2.  — Cf.  7,  7,  sa  vàyam  indram. . . sâkam  madena 
gachati.  — Berg.,  I,  189  : « Soma  va  tout  autour  des  dieux  en  les 
enivrant.  >) 

8.  — asyci  vo  hy  évasa  | pânto  daksasâdhanam  j|  yâh 
sûrisu  çrâvo  brhâd  \ dadhê  svàr  net  haryatcih 

Vous  buvez  celui  qui  édifie  1 habile  au  moyen  du  régal  de 
celui  que  voici,  — du  désirable  qui  a établi  comme  le  soleil 
la  puissante  voix  dans  les  brillants. 

pàda  2.  — Cf.  65,  28,  â te  dakëam...  vrnïmahe  püntam  ; 
25,  l1,  pacasva  daksasâdhanali. 

Hémistiche  2.  — Cf.  9,  9,  paoamâna  malii  çravali...  râsi...  sanà 
soah. 

9.  — sd  vain  yajnésu  mànavl  \ indur  janista  rodasl  ||  devô 
devi  giristhâ  \ âsredhan  tenu  tuvisvâni 

Ce  brillant  que  voilà,  — ô vous  les  deux  brillantes  qui  êtes 
issues  de  ce  qui  est  de  la  nature  de  riiomme(-soma),  — vous 
a engendrées  dans  les  oblations,  — (lui)  le  Céleste,  ô vous 
Célestes,  qui  se  tient  debout  sur  la  montagne  sans  nuire  (?) 
à celui  qui  est  (destiné)  à celui  dont  la  voix  est  puissante. 

Hémistiche  2.  — Cf.  18,  5,  ya  ime  rodasl  mahï...  dohate; 
74,  2%  sertie  mahï  rodasl  yaksat.  — Berg.,  I,  213  : « Soma  a 
engendré  les  deux  mondes  dans  les  sacrifices.  » 

10.  — indrâya  soma  pâtave  | vrtraghnê  péri,  sicyase  || 
ndre  ca  dâksinâvate  | devâya  sadanâsàde 

O liquide,  tu  es  répandu  circulairement  pour  (servir  de) 
boisson  à l’Ardent  qui  détruit  l’enveloppeur,  — à l’homme 
(-soma)  pourvu  du  don,  — au  Céleste  qui  réside  dans  la 
résidence. 


404 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


11.  — té  pratnâso  vyùstisu  ] sômâh  pamtve  aksaran  ||  apa- 
prôthantah  sanutâr  | huraçcitah  prdtâs  tàn  àpracetasah 

Ces  liquides  anciens  ont  coulé  (pour  pénétrer)  dans  les 
lueurs,  dans  l'allumeur,  écartant  en  bruissant  au  loin  ceux 
qui  méditent  le  mal  1 (et),  de  bonne  heure2,  ces  non-allumés. 

pàda  1.  — Cf.  86,  14,  akramït  pratnam  aaya  pitaram; 
73,  3,  pilaisâm  pratnali;  23,  2,  pratnâsaJi. . . akramuh,  ruce 
jananta  sünjam. 

12.  ■ — tâm  sakhâyah  purorucatn  | yuydm  vaydm  ca 
sürdyah  ||  açyâma  vâjagandhyam  \ sanéina  üâjapastyam 

O amis,  que  vous  et  nous,  les  brillants,  atteignions  celui-là 
dont  l’éclat  est  en  avant,  qui  a le  parfum  (?)  du  réconfort! 
Puissions-nous  conquérir  celui  qui  a sa  demeure  dans  le 
réconfort  ! 

pàda  2.  — Distinction  entre  les  offrandes  auxquelles  le  sacri- 
ficateur s’identifie  et  les  offrandes  proprement  dites. 

pàda  4.  — Cf.  65,  23,  yc  madhye  pasiyànâm. 


HYMNE  XCIX 

1.  — à harycitàya  dhrsncwe  | dhdnus  tanoanli paûnsyam  || 
çukrâm  uayanty  àsurâya  | nirnijain  vipdm  àgre  ma- 
hlyûvah 

Ils  viennent  étendre  l’arc,  ce  qui  est  de  la  nature  du  mâle, 
pour  le  désirable,  pour  le  hardi;  ceux  qui  désirent  grandir 
tissent  pour  l’animé,  à l’extrémité  des  agités  (?),  l’éclatant 
émergé 

Hémistiche  2.  — Cf.  82,  2,  pari  yâsi  nirnijam;  68,  1',  usriyâ 
nirnijam  dhire. 

1.  Berg.,  III,  183  : « Ceux  qui  dressent  des  embûches.  » 

ü.  prata/i,  peut-être  « en  avant,  auprès  »,  en  antithèse  avec  sanuta/i  « au 
loin,  de  loin  ». 


Le  culte  védique  du  soma 


405 


2.  — cïdha  ksapâ  pàriskrto  | vâjdn  abhi  prd  gâhcite  II 
yàdi  uivâsvato  dhiyo  | hdrim  hinvdnti  yàtave 

Développé  circulai  renient  par  la  nuit1,  il  se  plonge  dans 
les  réconforts  en  s’en  approchant,  — alors  que  les  pensées 
du  lumineux  mettent  en  mouvement  le  doré  pour  la  marche. 

pâda  2.  — Cf.  3,  6,  apo  déco  ci  çjâhate . 

Hémistiche  2.  — Berg.,  I,  87  : « Les  prières  de  Vivasvat  excitent 
Sonia.  » 

pâda  4.  — Cf.  62,  17,  iam...  rathe  yunjanti  yàtace. 

3.  — tara  asya  marjaycLmasi  \ mâdo  yd  indrapâtamali  || 

yârn  yâoa  dsdbhir  dadhâh  \ purâ  nündm  ca  sur  b y ah 

Cotte  sienne  boisson  (du  soma),  qui  est  par  excellence 
celle  de  l’Ardent,  nous  la  rendons  brillante,  — elle  que  les 
vaches  ont  établie  par  leurs  bouches,  — celle  de  main- 
tenant que  les  brillants  (ont  établie)  avec  l’ancienne. 

pâda  1.  — Cf.  68,  6,  iam  mavjayanta...  ançum. 

pâda  2.  - Cf.  66,  3,  paoasva...  soma...  indrapànah. 

pâda  3.  — Berg.,  II,  27  : « Les  vaches(-prières)  ont  fait  Soma 

au  moyen  des  bouches.  » 

< » 

4.  — tara  gâtliayd purdnyâ  | pundndm  abhy  ànüsata  II 
utô  hrpanta  dhïtdyo  \ deoândin  nâma  bibhratïh 

Au  moyen  d’un  chant  venant  de  l’ancien,  ils  ont  mugi 
vers  cette  (oblation)  qui  s’allume;  les  pensées  ont  crié  (vers) 
celles  qui  portent  le  signe  des  Célestes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  68,  8,  somam  manïsâ  abhy  anüsata 
stubhali. 

Hémistiche  2.  — Cf.  85,  11,  nàke  suparnam.  . . giro  venânüm 
ahrpanta  puroïli. 


1.  La  libation  obscure  qui  se  développe  en  s’allumant. 


406 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


5.  — tdm  uksdmânam  avyâye  | vàre  puncinti  dharnasim  || 
dütdm  nd  pürvâcittaya  | â çdsate  manisinah 

Celui-là  qui  répand  (le  liquide),  — le  support,  — ils 
l’allument  dans  la  toison  de  la  brebis,  — les  penseurs  l’ap- 
pellent comme  un  messager  pour  la  clarté  qui  est  en  avant. 

pâda  2.  — Cf.  14,  23,  pariëkrnvanti  dharnasim. 

pürvacittaye.  — Cf.  98,  12,  purorucam. 

pâda  4.  — Cf.  72,  2',  sàkam  vadanti  bahaoo  manïsinali  ; 73,  7,  ü 
rcicam  punanti...  maniëinah. 

6.  — sd  pundnô  madintamah  | sômaç  camusu  sïdati  || 
paç.aû  nd  rêta  âdddhat  \ pdtir  vacasyate  dhiyâh 

Celui  que  voilà,  l’allumé,  le  liquide  très  liquoreux,  réside 
dans  les  coupes;  établissant  sa  semence  comme  dans  le 
bétail,  le  maître  de  la  pensée  fait  entendre  sa  voix. 

pâda  3.  — Cf.  60,  4%  reta  â bhara;  96,  7,  à tiëtliati  vrêablio 
gosu  jànan. — Berg.,  II,  56  : « Déposant  sa  semence  dans  un 
troupeau.  » — Le  soma,  comparé  à de  la  semence  qui  engendre 
Agni,  est  déposé  dans  le  taureau-soma  (dédoublement  verbal). 

7.  — sd  mrjyate  sukdrmabhir  | deuô  devébhyah  sutdh  || 
vidé  ydd  dsu  samdadir  | mahir  apô  vi  gâhate 

Celui  que  voilà,  — le  Céleste  mis  en  mouvement  pour  les 
Célestes,  — est  rendu  brillant  par  ceux  qui  ont  de  belles 
œuvres.  Quand  la  réunion  apparaît  en  elles,  il  plonge  dans 
les  hautes  eaux. 

pâda  1.  — Cf.  70,  4,  sa  mrjyamànah . . . sukarmabhili. 

pâda  4.  — Cf.  vs  2,  pâda  2.  — D’après  Berg.,  II.  32,  il  s’agirait 
des  eaux  célestes. 

8.  — sutd  indo  pavitra  â | nrbhir  yatô  vi  nlyase  ||  indrâya 
matsarintamaç  | camûsv  â ni  sidasi 

O brillant,  mis  en  mouvement,  étendu  par  les  hommes, 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  407 

ta  es  conduit  dans  l’allumeur;  très  liquoreux,  tu  descends 
pour  prendre  résidence  dans  les  coupes  pour  l’Ardent. 

Hémistiche  1.  — Cf.  27,  3,  esct  nrbhir  vi  nïyate. . . vrsct  sutali. 
pâda  3.  — Cf.  76,  53.  sa  indrâya  pavase  matsarintamah . 


HYMNE  C 

1.  — abhi  navante  adruhah  \ priyàm  indrasya  kâmyam  j| 

uatscon  nâ  purva  âyuni  \jàtâm  rilianti  mâtârah 

Ceux  qui  ne  sont  pas  opprimés  mugissent  vers  la  (liqueur) 
agréable,  chère,  de  l’ Ardent;  les  mères  lèchent  le  (nouveau)- 
né,  pareil  à un  veau  dans  l’actif  qui  est  en  avant. 

pâda  2.  — Cf.  98,  6\  même  formule. 

pâda  4.  — Cf.  86,  31,  çiçum  rilianti  matayali.  — Berg.,  II,  49 
(et  III,  186)  : « Les  mères  (prières)  mugissantes  de  Soma  le  lèchent 
dans  son  premier  âge.  » 

2.  — punânâ  inclav  â blxara  \ sôma  dvibcirhasam  rayim\\ 

tvc'nn  vâsüni  pusyasi  | viçvâni  dâçûso  grhê 

O brillant,  ô allumé,  ô liquide,  apporte  la  richesse  ayant  le 
double  réconfort;  tu  engraisses  tous  les  biens  dans  la  demeure 
du  généreux. 

Hémistiche  1.  — Cf.  40,  61-2,  mêmes  formules;  4,  7,  abhy 
arsa.  . . soma  dvibarhasam  vayim. 

3.  — t verni  dliiyam  manoyûjam  \ srjâ  vrstim  nâ  tanyatûli  || 

tvâm  vâsüni  pârthwd  [ divyâ  ca  soma  pusyasi 

O toi  (oblation),  fais  couler  la  pensée  attelée  à l’esprit, 
comme  le  tonnerre  (fait  couler)  la  pluie;  tu  engraisses,  ô li- 
quide, les  biens  terrestres  et  célestes. 

padàs  1-3.  — Cf.  8,  8',  vrstim  divah  pari  sravà;  17,  2,  vrstayah 
prtliivîm...  aksaran;  87,  8,  divo  na  vidyut  stanayanty  abliraih 


408 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


somasya  te  pavata  indra  dhârâ.  Cf.  aussi  RV.,  X,  75,  3.  — 
Toutes  ces  formules  font  allusion  aux  crépitements  du  soma  qui 
s’allume. 

Hémistiche  2.  — Cf.  63,  30,  asme  vasüni  dhüraya  soma  divyâni 
pârthicâ. 

4.  — pan  te  jjgyüso  yathâ  \ clhârd  sutâsya  dhâoati  || 
ranhamânâ  vy  àvyâyam  | vârain  vâjiva  sânasih 

Le  courant  de  ton  (liquide)  versé,  pareil  au  vainqueur 
(des  obstacles),  coule  circulairement,  — il  court  pour 
traverser  la  toison  de  la  brebis  comme  le  conquérant  (soma) 
pourvu  de  réconfort. 

pâda  4.  — Cf.  85,  5,  atyo  na  sânasih. 

5.  — krdtve  ddksâya  nah  kave  | pâvasva  soma  dhârciyà  || 
indrâya  pâtave  sutô  | mitrâya  vârunâya  ca 

O notre  sage,  ô liquide,  allume-toi  (ou,  allume-nous)  au 
moyen  du  courant  pour  l’édificateur,  pour  l’habile,  — toi 
(qui  as  été)  versé  pour  la  boisson  (destinée)  à l’Ardent,  à 
l’Ami  et  à l’Enveloppeur. 

pâda  1.  — Cf.  36,  33,  kratoe  daksâya  no  hinu. 

pâdas  2 et  3.  — Cf.  1,  l2-3,  mêmes  formules. 

6.  — pâvasva  vàjasâtamah  | pavitre  dhârayà  sutâh  || 
indrâya  soma  visnave  | devébhyo  màdhumattamah 

Allume-toi,  (ô  toi)  qui  conquiers  par  excellence  le  récon- 
fort, (toi)  qui  as  été  versé  par  le  courant  dans  l’allumeur, 
— ô liquide,  très  pourvu  de  doux,  (destiné)  à l’Ardent,  à 
l’Actif,  aux  Célestes. 

pâda  1.  — Cf.  66,  27,  pavamânah  ■ . . vàjasâtamah. 

Hémistiche  2.  — Cf.  63,  3,  suta  indrâya  visnave  somali . . . 
aksaratj  madhumàn  astu  oâyave. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


409 


7.  — tvâm  rihanti  mâtâro  | hàrim pavitre  adrûhah  || 
vatsdrn  jcïtàm  nd  dhenàvah  | pdvamdna  vidliarmani 

Les  mères  qui  ne  sont  pas  opprimées  te  lèchent,  ô doré, 
dans  rallumeur,  comme  les  vaches  à lait  (lèchent)  le  veau 
(nouveau)-né,  ô toi  qui  t’allumes  dans  le  support. 

pâdas  1-3.  — Cf.  vs  1. 

pâda  4.  — Cf.  4,  9%  même  formule. 

8.  — pdvamdna  mâhi  çrdvaç  | citrébhir  ydsi  raçmibhih  || 

çàrdhan  tâmdnsi  jighnase  \ viçvdni  ddçûèo  grhé 

O allumé,  tu  vas  à la  grande  voix  au  moyen  des  rênes 
(ou,  des  rayons)  éclatantes;  en  t’agitant  fièrement,  tu  détruis 
toutes  les  ténèbres  dans  la  demeure  du  généreux. 

pâda  2.  — Cf.  86,  32',  sa  süryasya  raçmibhih. 
pâda  3.  — Cf.  66,  24%  krsnà  tamânsi  janghanat. 
pâda  4.  — Cf.  vs  2l,  même  formule. 

9.  — tvàm  dyâm  ca  mahivrata  \ prthivim  câti  jablirise  |[ 

prdti  drâpim  amuncathdh  | pdvamdna  mahitvanâ 

O toi  qui  as  le  grand  pour  objet  de  ton  choix,  tu  as  sou- 
tenu en  les  dépassant  le  ciel  et  la  terre;  tu  as  lâché  l’enve- 
4oppe,  ô toi  qui  t’allumes,  au  moyen  de  la  grandeur. 

Hémistiche  1.  — Cf.  86,  29‘,  team  dyâm  ca  prthicïm  câti 
jablirise. 

pâda  3.  — Cf.  86,  14',  drâpim  vasânah.  Cf.  aussi  RV.  1, 116, 10. 

HYMNE  CI 

1.  — purôjitl  vo  dndhasah  \ sutâya  mâdayitndve\\ dpa 
çvânam  çnathisfana  \ sâkhdyo  dlrghajihvyàm 

Au  moyen  de  la  conquête  qui  s’avance  de  votre  andlias 
(destiné)  au  versé  liquoreux,  ô amis,  détruisez  en  l’écartant 
le  chien  à la  longue  langue, 


410 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Hémistiche  2.  — Berg.,  III,  GO  : « Le  chien  est  évidemment  le 
gardien  avare  du  soma.  » — Ou  plutôt  il  est  comparable  au  loup 
(cf.  79,  32),  qui  dévore  l’oblation  et  l’empêche  d’apparaître  au 
sacrifice;  mais  il  est  en  même  temps  considéré  comme  suscep- 
tible de  s’allumer  en  tant  que  figure  du  soma  absent  et  de  là  sa 
longue  langue  qui  peut  faire  allusion,  non  seulement  à celle  du 
chien  dévorant  le  soma,  mais  aussi  à la  flamme  même  du  soma 
pavamâna. 

2.  — yô  dhârayà  pâuakâyâ  | pariprasycindate  sutâh  | 
indur  dçoo  nu  krtvyah 

(Celui-là)  qui  s’avance  en  coulant  circulairement  versé 
par  le  courant  allumeur,  (est),  pareil  à un  cheval,  (lui)  le 
brillant,  de  la  nature  de  celui  qui  édifie. 

pâda  3.  — Cf.  46,  1,  asrgran. . . atyâsaJi  krtoyâ  iva;  84,  5S, 
pavate  krtvyo  rasait. 

3.  — tâm  durôsam  ablü  nârah  \ sômam  viçuâcyà  dhiyâ  \ 

yajnàm  hinvcmty  àdribhih 

Les  liommes(-somas)  lancent  vers  (l’oblation)  ce  liquide 
(encore)  ténébreux  au  moyen  de  la  pensée  qui  se  dirige  dans 
tous  les  sens;  (ils  lancent)  l’offrande  au  moyen  des  mon- 
tagnes. 

Cf.  25,  2’,  pavamâna  dhiyâ  hitali. 

pâda  3.  — Cf.  30,  5%  liarirn  hinvanty  àdribhih. 

4.  — sutâso  mâdhumattamàh  | sômâ  indvâya  mandinah  || 

pavitrauanto  aksaran  \ deuàn  gachantu  vo  mâdàh 

Les  liquides  versés,  très  pourvus  de  doux,  liquoreux  (des- 
tinés) à l’ Ardent,  pourvus  de  l’allumeur,  ont  coulé.  Que 
vos  boissons  aillent  aux  Célestes! 

5.  — indur  indrâya  pavata  \ iti  deuâso  abruvan  ||  vdcâh 
pâtir  makhasyate  | viçvasyéçâna  ôjasâ 

« Le  brillant  s’allume  pour  l’Ardent  : » voilà  ce  que  les 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


411 


Célestes  ont  dit.  Le  maître  de  la  parole  à qui  appartient 
le  Tout  combat  au  moyen  de  la  Force  (du  réconfort). 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  9',  indur  indra  iti  bruvan  ; 39,  l3,  yatra 
deoâ  iti  bravan. 

pàda  3.  — Cf.  50,  21 2,  vâco  makhasyuoah. 

6.  — sahâsradhtirah  pavcite  | samudrô  vâcamînkhayâh\\ 
sômah  pâti  rayïnâm  | sâkhéndrasya  divé  dive 

La  mer  dont  les  courants  ont  les  mille  (dons),  qui  agite 
la  parole,  s’allume;  le  liquide  maître  des  richesses,  l’ami  de 
l’Ardent  (s'allume)  pour  (ou,  dans)  chaque  jour(-feu). 

Hémistiche  1.  — Cf.  35,5,  vâccimïnkhayam  punânam...  somam. 

Hémistiche  2.  — Cf.  75,  4,  vi  dhâvati  madhor  dhârci  pinvamânâ 
dive  dive. 

7.  — ayâm  püsâ  rayir  bhàgah  | sômah  punânô  arsati  || 
pàtii ’ viçvasya  bhumano  \ vy  àkhyad  rôdasî  ubhé 

Ce  Nourricier  ’,  (qui  est)  la  richesse,  la  part  (ou,  le  parti- 
cipant), le  liquide  qui  s’allume.,  coule;  le  maître  de  toute 
production  (ou,  de  toute  la  terre)  a éclairé  (ou,  regardé) 2 
les  deux  brillantes. 

8.  — sâm  u priyâ  anûsata  \ gâvo  mâdâya  ghrsvayah  || 

sômâsah  krnvate  pathali  \ pâvamdndsa  indavali 

Les  agréables.,  les  vaches,  les  actives,  ont  mugi  pour  la 
boisson  (et)  avec  (elle);  les  liquides,  les  brillants  qui  s’allu- 
ment, ont  créé  le  chemin  (—  la  mise  en  marche). 

Hémistiche  1.  — Cf.  21,  1,  ete  dhüuantïndavah  soma  indràya 
ghrsvayah. 

pàda  3.  — Cf.  9,  8%  sâdhayâ  pathali;  91,  52,  pathali  krnulii. 

1.  Berg.,  III,  172,  note,  reconnaît  que  le  personnage  de  Püsan  offre  de  très 
grandes  ressemblances  avec  celui  de  Soma. 

2.  Cf.  Berg.,  I,  161. 


412 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


9.  — yà  ôjisthas  tâm  à bhava  | pdvamdna  çravâyyam  || 
y ah  pâfïca  carsantr  abhi  \ rayim  yéna  vânàmahai 

O allumé,  apporte  ce  bruyant  qui  est  très  pourvu  de  force; 
celui  qui  (se  dirige)  vers  les  cinq  qui  s’ngitent  est  celui  par 
lequel  nous  voulons  acquérir  la  richesse. 

Hémistiche  1.  — Cf.  63.  23,  ni  toçase  rayim.  soma  çravâyyam; 
67,  1,  team  Tomasi. . . ojiëfhah. 

10.  — sômàh pauanta  indavo  \ ’smàbhyam  gâtuvittamâh  II 
mitrâh  suvanci  arepâsah  \ suâdhyàh  svarvidah 

Les  liquides,  les  brillants,  qui  excellent  à trouver  le  chemin 
s’allument  pour  nous,  — (eux)  les  amis  qui  coulent,  (eux 
qui  sont)  sans  souillure1,  (eux)  qui  ont  de  bonnes  pensées, 
qui  trouvent  le  soleil. 

Hémistiche  1.  — Cf.  44,  6,  sa  ( somah ). . . gâtuvittamali. 
Hémistiche  2.  — Çf.  21,  1,  somâh. . . svarvidah;  31,  1',  somâsah 
svâdhyah. 


11.  — susvânâso  vy  âdribhiç  \ citdnâ  gôr  âdhi  tvaci\\ 
isam  asmâbhyam  abhitah  \ sàm  asuaran  vasuvidah 

Ceux  qui,  coulant  lumineux  au  moyen  des  montagnes, 
au-dessus,  dans  la  peau  de  la  vache,  trouvent  la  richesse, 
ont  de  concert  (avec  lui)  fait  résonner  la  libation  pour  nous 
dans  le  voisinage  (?). 

pâda  1.  — Cf.  101,  33,  yajham  hinvanty  adribliili. 

pâda  2.  — Cf.  79.  4,  adrayas  ivâ  hapsati  gor  adhi  ivaci.  . . du- 
duhuh:  66,  29,  es  a somo  adhi  tvaci  gavâm  krïlaty  adribhih; 
65,  25',  hinvâno  gor  adhi  tvaci. 

Hémistiche  2.  — Cf.  63,  21,  somam.  . . viprâh  sam  asvaran. 


1.  Sans  obscurité  = brillants. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


413 


12.  — été  pütâ  vipaçcitah  \ sômâso  dddhyâçirah\\ sàryâso 

nâ  darçatâso  \ jigatnâvo  dhruvâ  ghrté 

Ces  liquides  allumés  qui  ont  l’éclat  de  l’agité,  mêlés  de 
lait  caillé,  (sont)  brillants  comme  des  soleils,  — actifs, 
fermes  dans  le  ghrta. 

Hémistiche  1.  - — Cf.  22,  31-2,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  2,  6,  harih...  mitro  na  darçatah  sam  süryena 
rocate. 

13.  — prà  suudnàsyândkaso  | mdrto  nâ  opta  tàd  vâca/i  || 

âpa  çvânam  arâdhdsam  \ hatâ  makhcim  nâ  bhrgaoah 

Le  mort  n’a  pas  pris  pour  lui  cette  voix  de  Vandhas  qui 
s’avance  en  coulant.  Écartez  en  le  tuant  le  chien  qui  n’a 
point  de  dons  comme  les  Lumineux  font  du  guerrier. 

pâda  1.  — Cf.  58,  V,  dhârâ  sutasyândhasah. 

Hémistiche  2.  — Cf.  vs  1,  pâda  3. 

14.  — d jâmir  dthe  cwyata  \ bhujé  nà  putrd  onyoh  || 
sâraj  jârô  nâ  yôsanâm  \ varô  nâ  yônim  àsddcun 

Le  parent  est  venu  s’envelopper  dans  la  couverture  comme 
le  fils  dans  les  deux  onis  pour  la  jouissance;  (il)  s’est  avancé 
comme  l’amant  vers  la  femme;  comme  celui  qui  fait  un 
choix,  (il  est  venu)  vers  la  matrice  pour  y résider. 

pâda  1.  — Cf.  69,  4,  vâram...  atkam  na  niktam  pari  somo 
ari/ata.  — Berg.,  Il,  50  : « Le  frère  s’est  revêtu  du  vêtement.  » 

pâda  3.  — Cf.  38,  4%  gacliah  jâro  na  yositam. 

pâda  4.  — Cf.  50,  43,  arkasya  ijonim  âsadam;  82,  V , yonim 
yhrtacantam  âsadam. 

15.  — sd  oirô  dakàasâdhano  I vi  gds  tastâmbha  rôdasî  || 
hdirih  pavitre  avgata  | vedhâ  nd  yônim  âsddam 

Ce  héros  que  voilà,  le  créateur  de  l’habile,  est  celui  qui 
a soutenu  les  deux  brillantes;  le  doré  s’est  enveloppé  dans 


414 


LE  CULTE  védique  du  soma 

l’allumeur;  pareil  au  sacrificateur  (il  est  venu  vers)  la  ma- 
trice pour  y résider. 

pâda  1.  — CE.  100,  5\  kratve  daksâya;  98,  8%  daksasâdhanam. 
pâda  3.  — Cf.  97,  124,  avyata  sütio  avye. 
pâda  4.  — Cf.  le  vers  précédent,  pâda  4. 

16.  — àvyo  vârebhih pauate  \ sômo  gcœye  àdhi  tvaci  || 
kànikradad  vrsâ  hâriv  | indrasydbhy  èti  niskrtâm 

Le  liquide  s’allume  au  moyen  des  enveloppes  de  la  brebis, 
au-dessus,  dans  la  peau  de  la  vache;  le  taureau  qui  gronde, 
le  doré,  s’approche  de  l’édilice  del’Ardent. 

Hémistiche  1.  — Cf.  vers  11,  hémistiche  1 [vârebhih  = adri- 
bhi/i). 

pâda  3.  — Cf.  5,  l2 3,  vrsâ  kanikradat. 

pâda  4.  — Cf.  15,  P,  yacliann  indrasya  niskrtâm. 


HYMNE  Cil 

1.  — krdnà  çiçur  mahindm  | hinuànn  rtdsya  didhitim  || 

viçvd  pari  priyà  bhuvad  | âdha  dvitâ 

L’enfant  producteur  des  grandes  (flammes)  b mettant  en 
mouvement  la  pensée  du  versé,  s’est  manifesté  maintenant 
doublement  (par  le  concours  du  soma  sous  ses  deux  espèces) 
autour  des  choses  (qui  lui  sont)  chères. 

pâda  1.  — Cf.  86,  19',  krànâ  sindhünàm;  93,  2,  màtrbhir  na 
çiçur  vâvaçânah. 

Hémistiche  2.  — Cf.  94,  2,  dvitâ  vyür^vann  amrtasya  dhàma; 
97,  243,  dvitâ  bliuvat. 

2.  — upa  tritâsya  pdsybr  | dbhakta  yâd  gûhd  padâin  || 

yajnàsya  saptd  dhâmabhir  | ddUa  priyàm 

La  base  qu’il  a obtenue  par  ce  qui  cache,  dans  les  deux 


1.  Berg.,  II,  49  : « Le  jeuue  des  grandes.  » 


LÉ  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


415 


montagnes  (?)  du  Troisième,  (la  voilà)  maintenant,  — l’a- 
gréable, — (obtenue)  au  moyen  des  sept  établissements  de 
l’oblation. 

Cf.  10,  9,  abhi  priyà  divah  padam.  . . guhâ  liitcim;  67,  26,  tvi- 
bhili. . . dhâmabhih. 

Berg.,  III,  236  : « Sonia  a un  séjour  mystérieux  sous  les  pierres 
de  Trita  (dans  le  monde  invisible),  et  un  séjour  aimé  selon  les 
sept  dhâman  du  sacrifice  (dans  les  sept  mondes).  » 

3.  — trini  tritàsya  dhârayà  j prsthésv  érayâ  rayim  || 
inimité  asya  yôjancï  | vi  sukrâtuh 

Mets  en  mouvement  les  trois  (libations)  du  Troisième  au 
moyen  du  courant,  (mets  en  mouvement)  la  richesse  (pour 
entrer)  dans  les  sommets;  le  bon  édificateur  produit  les 
attelages  de  (l’offrande)  que  voici. 

Hémistiche  1.  — Cf.  96,  84,  ürmim  iraya ; 86,  27,  âvrtam  trtlye 
prsthe  adhi  rocane  divali. 

pâda  3.  — Cf.  7,  l3,  vidâna  asya  yojanam. 

4.  — jajriânàm  saptâ  mâtâro  ( vedhâm  açclsata  çriyé  || 
ayâin  dhruvô  rayînàm  \ ciketa  yclt 

Les  sept  mères  ont  donné  leurs  enseignements  au  (nou- 
veau)-né,  au  sacrificateur  (?),  pour  l’éclat,  alors  que  ce  (sou- 
tien) solide  des  richesses  s’est  montré. 

pâdas  1 et  2.  — Cf.  86,  36,  sapta  svasâro  abhi  màlarali  çiçurn 
navam  jajnânam;  12,  2,  anüsata  gcœo  vatsam  na  mütarali. 

5.  — cisyà  vraté  sajôsaso  \ viçve  devâso  adruhah  || 
spàrhâ  bhavanti  rcintayo  \ jusant  a yàt 

Dans  l’objet  du  choix  de  (l’oblation)  que  voilà  apparais- 
sent tous  les  Célestes  non  opprimés  qui  goûtent  au  même 
(festin),  — (apparaissent)  les  réconforts  désirables,  alors 
qu’ils  savourent. 

pâda  1.  — Cf.  86,  37,  taca  vraie  soma  tisthantu  krstayah, 


416 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


6.  — y dm  i gdrbham  rtâordho  | drçé  cârum  âjljanon  || 
kavim  mânhistham  adhvavé  | purusprham 

(Voilà)  le  fœtus,  le  beau,  que  ceux  qui  croissent  par  le 
versé1 2 *  ont  engendré  pour  la  vue,  — le  sage,  très  généreux, 
(qui  réside)  dans  l’oblation,  désiré  par  les  nombreux(-somas). 

Hémistiche  1.  — Cf.  83,  3,  nvcakèasali pitaro  garbham  â dadhuli. 

7.  — samïciné  abhi  truand  j yahvi  rtdsya  mdtdrâ  || 
tanvdnâ  yajiidm  ânusâg  \ ydd  anjaté 

(Voici)  ce  vers  quoi  s’avancent  celles  qui  vont  de  concert 
au  moyen  du  tman,  les  deux  mères  actives  du  coulé,  — (voici) 
ce  qu’oignent  ceux  qui  étendent  successivement  l’oblation. 

pâda  2.  — Cf.  33,  5%  yahoïr  rtasya  màtarah. 

8.  — krdtoâ  çukrébhir  aksâbhir  \ rtiôr  dpa  urajàm  divâh  [| 
hinuânn  rtdsya  didhitim  \ prâdhvarc 

Au  moyen  de  l’édificateur,  au  moyen  des  yeux  étincelants, 
tu  as  ouvert  le  parc  du  ciel,  en  mettant  en  mouvement  la 
pensée  du  coulé  (pour  qu’elle  s'avance,  — ou,  qui  est)  dans 
l’oblation. 

pâda  3.  — Cf.  102,  1%  même  formule. 


HYMNE  CI1I 

1.  — ■ prd  pundnâya  vedhàse  | sômâya  vdca  ûdyatain  || 
bhrtini  nd  bbard  matibhir  | jûjosate 

(Apporte)  la  voix  qui  se  dresse  en  s’étendant  pour  le  sacri- 
ficateur qui  s’allume,  pour  le  liquide5;  apporte  comme 
l’apport  à celui  qui  goûte  (l’oblation)  au  moyen  des  pensées. 

1.  Berg.,  III,  253  : « Qui  grandisseut  selou  la  loi.  » 

2.  Ce  qui  revient  à dire  que  le  soma  pavam.  se  développe  en  flammes 

crépitantes. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  417 

Berg.,  I,  312  : « L’hymne  est  une  offrande  que  le  prêtre  présente 
même  à Sonia.  » 

2.  — pciri  vârdny  aoyàyd  [ gôbhir  arijdnô  arsati\\ 
tri  sadhâsthd  pundnàh  krnute  hârih 

Celui  qui  oint  au  moyen  des  vaches  coule  autour  des 
toisons  de  brebis;  le  doré  qui  s’allume  produit  les  trois 
demeures  communes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  50,  5,  sa  panasva. . . gobhir  anjâno  aktu- 
bhili. 

pâda  3.  — Cf . 16,  43,  kratoà  sadhastham  âsadat.  — Berg. , 1 , 179  : 
« Soma  prend  île  texte  dit  fait)  trois  demeures  en  se  clarifiant,  ou, 
ce  qui  revient  sans  doute  au  même,  il  passe  par  trois  tamis.  » 

3.  — pari  kôçam  madhuçcûtam  | avyàye  vâre  arsati\\ 

abhi  vânîr  rslnàin  saptd  nüsata 

Il  coule  autour  du  vase  qui  distille  le  doux  (pour  entrer) 
dans  la  toison  de  la  brebis;  les  sept  voix  des  chanteurs  ont 
chanté. 

Cf.  96,  20,  pari  koçam  arsan  kanikradat . 

pâda  1.  — Cf.  23,  43,  abhi  koçam  madhuçcutam. 

pâda  3.  — Cf.  90,  22,  ângüsânâm  avâvaçanta  vànïli. 

4.  — pari  netâ  matînâm  [ viçvàdevo  àddbhyah  |]  sômah 

pundnâç  camvbr  viçad  dhârih 

Le  conducteur  des  pensées  qui  est  pourvu  de  tous  les 
Célestes,  celui  qui  ne  doit  pas  être  opprimé,  — le  liquide 
qui  s’allume,  le  doré,  est  entré  (en  coulant)  circulairement 
dans  les  deux  coupes. 

pâda  1.  — Cf.  74,  3S,  apâm  netâ. 

pâda  2.  — Cf.  92,  3,  viçvadevali  somah  punânah. 

5.  — pciri  daivir  ânu  svadhâ  | indrena  yâhi  saràtham  \\ 

pundnô  vàighàd  vàgliàdbhir  àmartyah 

Viens  autour  des  femmes  célestes,  à la  suite  des  svadhd) 


27 


4i8 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SO\tA 


(viens)  ;tu  moyen  de  l’Ardent  (vers)  celui  qui  est  avec  le 
char,  — (loi)  chanteur  qui  t’allumes  au  moyen  des  chan- 
teurs, (toi)  non-mort. 

Hémistiche  1.  — Cf.  97,  6‘,  decair  yâlii  saratham;  87,  9 ' , pari 
yâsi. . . indrena  soma  sarcitliam  punânah. 

6.  — pari  sâptir  nd  vdjayûr  \ devô  devébhyali  sutâh  || 
vyânaçih  pdvamâno  vi  dhàcati 

Pareil  à l’attelage  de  sept  chevaux,  le  désireux  du  récon- 
fort, le  Céleste  versé  pour  les  Célestes,  le  pénétrant  (?)  qui 
s'allume,  coule  circulairement. 

pâda  1.  — Cf.  44,  4',  sa. . . pavasca  oâjayuh;  70,  10’,  hito  na 
saptir  abhi  cd/am. 

pâda  2.  — Cf.  99,  7S,  même  formule;  65,  22,  déco  deccbhyali 
pari. 

pâda  3-  — Cf.  86  53,  vyânaçiJi  pacase  soma. 


HYMNE  CIV 

1.  — sâkhâya  à ni  sldata  \ puhànâya  prâ  gàyata  ||  çiçum 

nd  yajftaih  pari  bhüsata  çriyé 

O amis,  venez  vous  asseoir!  Chantez  pour  celui  qui  s'al- 
lume; pareil  à l’enfant,  ornez-le  tout  autour  au  moyen  des 
oblations,  pour  l’éclat. 

Hémistiche  1.  — Cf.  45.  5,  sam  l sakhâyo  ascaran  cane  krï- 
laniam;  86,  441,  pacamânâya  yâyata. 

pàdas  3 et  4.  — Cf.  102,  4,  jajnânam. . . mâtarah...  açâsata 
çriye. 

2.  — sdm  i vatsàm  nâ  mdtrbhih  \ srjàtd  yayasâdhanam  || 

deüdvyàm  màdam  abhi  düiçavasam ’ 

Faites  couler  au  moyen  des  mères  et  en  même  temps 
qu'elles  (celui  qui),  pareil  à un  veau,  est  le  constructeur 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


419 


de  la  demeure,  le  breuvage  savouré  par  les  Célestes,  à la 
double  énergie. 

pâda  1.  — Cf.  12,  2 î,gâ»o  vatsam  na  mâtarah.  — ■ Berg.,  II,  49: 
« Sonia  est  un  veau  qu’on  réunit  à ses  mères.  » 

pâda  2.  — Berg.,  I,  187:  « Sonia  fait  prospérer  le  domaine.  » 

pâda  3.  — Cf.  100,  2,  à bliara  soma  dvibarhasam  rayim. 

3.  — punâtd  daksasâdhanam  \ yàthcï  çârdhcïya  vltâye  || 

yâthd  mitrâya  vàrundya  çdmtamah 

Allumez  celui  qui  produit  l’habile,  de  sorte  qu’il  serve  au 
régal  (destiné)  à l’ardeur,  — qu’il  soit  très  salutaire  à l’Ami 
(et)  à l’Enveloppeur. 

Hémistiche  1.  — Cf.  25,  1,  pavasva  dakscltàdhanal} . . . ma - 
rudbh  ifgfli. 

4.  — asindbhyam  tuâ  vasuuidam  | abhi  vânir  anüsata\\ 

gôbhrs  te  vârnam  abhi  vdsaydmasi 

Pour  nous,  les  chants  ont  crié  vers  toi  qui  trouves  la 
richesse;  nous  t’enveloppons  de  ta  couleur  en  t’approchant 
au  moyen  des  vaches. 

Hémistiche  1.  — Cf.  103,  3,  abhi  vânir  rsïnàm  sapta  nüsatai 

pâda  3.  — Cf.  45,  3,  team  arunam  vayam  gobhir  anjmah, 

Cf.  Berg.,  I,  154,  sur  la  couleur  brillante  de  Somâ. 

5.  — sd  no  madanâm  pata  ) itido  devàpsard  ast|| 
sàklieva  scddiye  gdtuvittamo  bhaua 

O brillant,  le  maître  de  nos  boissons,  te  voilà  (toi)  la  nour- 
riture des  Célestes;  pareil  à l’ami,  manifeste-toi  pour  l’ami, 
(toi)  par  excellence  le  trouveur  de  la  voie. 

pâda  3.  — Cf.  101,  10,  somàh  pavante.. , gâtuvittamâli , mitrâh, 


420 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMa 


6.  — sânemi  krdhy  àsmdd  à | raksdsam  kdm  cid  atrinam  || 
âpâdevam  dvayûm  dnho  yuyodhi  nah 

Viens  faire  de  nous  ce  qui  est  avec  la  jante  1 * ; écarte  de 
nous  le  gardien  quelconque,  le  dévorant,  le  non-céleste,  le 
double,  l’oppression. 

Hémistiche  2.  — Cf.  86,  48 , jahi  oiçoân  raksasa  indo  atrinah. 


HYMNE  CV 

1.  — tara  vah  sakhàyo  màdâyà\punândm  abhi  gâyata  [| 
çiçum  nd  yajnaih  svadayanta  gùrtibhih 

O amis,  faites  résonner  en  vous  en  approchant  celui  que 
voilà  qui  s’allumepour  la  boisson!  Que  pareil  à l’enfant,  ils 
le  régalent  au  moyen  des  oblations,  des  chants. 

pâda  3.  — Cf.  104,  l3,  çiçum  na  yajnai/i  pari  bhüsata. 

2.  — sdm  vatsd  iva  mdtrbhir  | indur  hinvânô  ajyate  || 

devâvir  mddo  matibhih  pâriskrtah 

Pareil  au  veau,  le  brillant  qui  s’élance  est  oint  par  les 
mères  et  en  même  temps  qu’elles;  le  régal  des  Célestes,  la 
boisson,  est  développé  tout  autour  par  les  pensées. 

pàda  1.  — Cf.  104,  2,  sam  i vatsam  na  mütrbhili  srjalâ, 

pàda  3.  — Cf.  43,  3,  somo  gïrbhih  pariskrtah. 

3.  — ayàim  ddksâya  sâdhano  [ ’ydm  çârdhàya  vîtdyc  || 

aydm  devêbhyo  màdhumattamah  sutàh 

Celui  que  voilà  est  l’édificateur  pour  l’habile;  celui  que 
voilà  (est  l’édificateur)  pour  le  régal  (destiné)  à l’ardeur; 
celui  que  voilà  très  pourvu  de  doux  a été  versé  pour  les 
Célestes. 

1.  Ou,  ce  qui  a la  même  jante  (que  le  soma  liquide);  ce  qui  inlpliqüe 

comparaison  avec  une  roue  ou  un  char 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  421 

Hémistiche  1.  — Cf.  104,  3,  punàtâ  daksasâdhanani  yathâ  çar - 
dhâya  vïtaye. 

4.  — gôman  na  indo  àcvavat  | sutâh  sudaksa  dhanua  || 
çûcim  te  vârnam  âdhi  yôsu  dldharam 

O brillant,  très  habile,  toi  qui  as  été  versé,  coule  (vers) 
notre  (offrande)  pourvue  de  vaches,  pourvue  de  chevaux; 
j’ai  établi  ta  couleur  claire,  au-dessus,  dans  les  vaches. 

Hémistiche  1.  — Cf.  69,  8,  ânah  pavasoa...  açvâvad  gomat  ; 
61,  3,  pari  nali. . . gomad  indo. . . ksarâ. 

pàda  3.  — Cf.  104  , 43,  gobhië  te  varnam  abhi  oâsayâmasi . 

5.  — sa  no  harlnàm  pata  | indo  devâpsarastamah\\ 
sdkheva  sàkhye  ndryo  rucé  bhava 

Toi  que  voilà,  ô maître  de  nos  dorées,  — nourriture  par 
excellence  des  Célestes,  — manifeste-toi  comme  l’ami  pour 
l’ami,  toi  qui  es  de  la  nature  des  hommes(-somas),  pour 
l’éclat. 

Cf.  104,  5,  sa  no  madânàm  pata  indo  deoapsarâ  asi  sakheva 
sakhye  gàtuvittamo  bhava. 

6.  — scinemi  tuâm  asmüd  dû  | âdeuam  kdm  cid  atrinam  j| 
sdhvân  indo  pari  bàdho  dpa  dvayum 

O toi  qui,  venant  de  nous,  t’approches  de  ce  qui  est  avec 
une  jante,  écarte  en  frappant,  — ô brillant,  ô puissant,  — 
le  non-céleste  quelconque,  le  dévorant,  le  double. 

Cf.  104,  6,  dont  ce  vers  est  une  variante. 


HYMNE  CVI 

1.  — indram  âclia  sutâ  imé  \ vrsanam  yantu  hârayah  |j 
çvusti  jcïtâsa  indavah  svarvidah 

Que  ces  dorés  qui  ont  été  versés  aillent  à l’Ardent,  au 


422 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


taureau!  Les  brillants  qui  trouvent  le  soleil  (sont)  nés  au 
moyen  de  l’audition  (le  fait  d’ouïr,  d’entendre  les  crépite- 
ments est  une  manifestation  de  leur  existence). 

pâda  3.  — Cf.  21,  1,  indava/j . . . svarvidah. 

2.  — ayàm  bhârâya  sânasir  | indrcïya  pavate  sutâh  || 
sômo  jaitrasya  cetati  yàthd  vidé 

Ce  conquérant  que  voilà,  qui  a été  versé,  s’allume  pour 
le  support,  pour  l’ Ardent;  le  liquide  éclaire  (ou,  allume) 
le  vainqueur  de  manière  à ce  qu’il  le  trouve. 

Hémistiche  1.  — Cf.  6,  6:l,  sutam  bharâya  sam  svja. 
pâda  3.  — Cf.  86,  32,  tancànas  trivrtam  yatliâ  vide. 

3.  — asyéd  indro  mddesv  â | grâbhâm  grbhnita  sânasim  |j 
vâjram  ca  vrsanam  bharat  sam  apsujit 

Dans  les  breuvages  de  celui  que  voilà,  que  l’Ardent  vienne 
saisir  le  saisisseur,  le  conquérant;  que  celui  qui  remporte 
ses  victoires  dans  les  eaux  ’ soutienne  de  concert  (l’arme) 2 
issue  du  réconfort,  (le  vajra),  — le  taureau. 

4.  — prâ  dhanvâ  soma  jâgrvir  | indrâyendo  pari  srava  || 
dyumântain  çûsmam  â bJiarâ  svarvidam 

O liquide  éveillé,  coule  en  avant;  ô brillant,  coule  circu- 
lairement  pour  l’ Ardent!  Apporte  l’éclairé,  le  vif,  celui  qui 
trouve  le  soleil. 

pâda  3. — Cf.  29,  63.  dyumantam  çusmam  a bhara. 

5.  — indràya  vrsanam  mâdam\  pâvasva  viçvâdarçatah  || 
sahàsraycimâ  pathikrd  vicaksandh 

Toi  qui  brilles  par  l’effet  de  tous  (les  dons),  allume  le  tau- 

1.  Berg.,  II,  186:  « Vainqueur  dans  les  eaux.» 

2.  Cf;  l’épithète  cajrabhrt. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


423 


reau,  la  boisson  pour  l’Ardent,  — (toi)  qui  marches  au  moyen 
des  mille  (dons),  (toi)  le  créateur  du  chemin,  l’étincelant; 

Hémistiche  1.  — ■ Cf.  65,  13,  isam  pavasva  viçvadarçalah. 

pâda  3.  — Cf.  46,  53,  soma  gâtuoit. 

G.  — asmâbhyam  gâtuvittamo  \ deoébhyo  mâdhumattamah  || 
sahâsram  yâhi  pathibhih  kânikvadat 

Toi  qui  trouves  par  excellence  la  voie  pour  nous,  toi  qui 
es  très  pourvu  de  doux  pour  les  Célestes,  viens  à l’aide  des 
mille  chemins,  toi  qui  bruis  (ou,  vers  ce  qui  bruit). 

7.  — pâuasva  devâvltâya  | indo  dhavâbhir  ôjasd  |[ 
â kalâçam  mâdhumân  soma  nah  sadah 

Allume-toi  pour  le  régal  des  Célestes,  ô brillant,  à l’aide 
des  courants,  à l’aide  de  la  Force;  ô liquide  pourvu  du  doux, 
viens  t’asseoir  dans  notre  coupe  ! 

pâda  1.  — Cf.  70,  9',  pavasca  soma  deoavïtaye. 

8.  — ta  va  drapsd  udaprûta  | indram  mâdàya  vàvrdhuh  || 
tvâm  devdso  amrtàya  kdm  papuh 

Tes  gouttes  qui  baignent  dans  les  eaux  ont  fait  croître 
l’Ardent  pour  la  boisson  (=  pour  boire);  les  Célestes  t’ont 
bu  pour  le  non-mort  (=  pour  vivre). 

Hémistiche  1.  — Cf.  89,  21,  apsu  drapso  vâcrdhe;  78,  4,  gain 
devâsah  cakrire pïtaye  madam...  drapsam. 

pâda 3.  — Voir  Berg.,  I,  198,  sur  l 'amrta.. 

9.  — â nah  sutâsa  indavah  | punârid  dhâvatâ  rayim  [] 
vrstidydvo  rltyclpah  svaroidah 

En  vous  allumant,  ô brillants  versés,  coulez  vers  notre 
richesse,  — (vous)  qui  avez  la  pluie  du  ciel,  qui  avez  des 
courants  d’eau,  qui  trouvez  le  soleil. 


424 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


v rëtidyâcah.  — Cf.  89,  1,  divali...  crëtih.  — Donc  « la  pluie  du 
ciel  (métaphorique)  » est  le  soma. 

10.  — sômah  punànd  ürminâ  \ -vyo  vâram  vi  dhâvati  || 
dgre  vâcàh  pàœamdnah  kânikradat 

Le  liquide  qui  s’allume  au  moyen  du  flot  coule  à travers 
la  toison  de  la  brebis,  — (lui)  qui  s’allume  en  bruissant  dans 
la  pointe  de  la  voix. 

Hémistiche  1.  — Cf.  86,25,  arye  punânam  pari  vâra  ürminâ 
harim. 

pàda  3.  — Cf.  73,  9,  jihoâyâ  agre. 

11.  — dhibhir  hinvanti  vdjinam  | varie  krüantam  dtyavim  || 
ablii  triprsthâm  matâyah  sdm  asvaran 

Ils  mettent  en  mouvement,  au  moyen  des  pensées  dans 
le  bois,  celui  qui  est  pourvu  des  réconforts,  qui  joue,  qui 
dépasse  (la  toison  de)  la  brebis;  les  pensées  ont  fait  retentir 
avec  (elles)  en  se  dirigeant  vers  lui  celui  qui  a trois  sommets. 

pàda  2.  — Cf.  45,  52  et  6,  5%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  90,  2,  abhi  trippëtham  crëanam. . . avâvaranta 
vânïh. 


12.  — dsarji  kalàçân  abhi  \ mühé  sdptir  nd  vdjayûh  || 
pundnô  vàcam  jandyann  asisyadat 

Le  désireux  de  réconfort  a été  lancé,  pareil  à l’attelage  de 
sept  chevaux,  vers  les  coupes  dans  le  combat  (ou,  dans  l’hu- 
mide) (?);  s’allumant,  il  a coulé  en  engendrant  la  voix. 

pâda.  1.  — Cf.  67,  15,  soma  te  raso  ’sarji  kalaçe  sutah. 
pàda  2.  — Cf.  103,  6',  pari  saptir  na  câjayuh. 
pàda  3.  — Cf.  78,  1,  râjâ  vâcani  janayann  asiëyadat. 

13.  — pdwate  haryatü  hdrir  | dii  fwdrdrisi  rdiihyà  || 
abhydrsan  stotrbhyo  vîrdvad  ydçah 

Le  désiré,  le  doré  s’allume  au  delà  des  nuisances,  au  moyen 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  425 

du  courant,  en  coulant  vers  l’éclat  pourvu  de  héros  (destiné) 
aux  chanteurs. 

pâda  2.  — Cf.  63,  4,  ete  asrgram  âçavo’ti  hvarânsi.. , rtasya 
dhârayà.  — Berg.,  III,  198  : « Soma  échappe  aux  pièges.  » 

pâda  3.  — Cf.  66.  27%  dcidhat  stotre  suvïryam  (formule); 
61,26%  ràsoendo  oïraoad  yaçali. 

14.  — ayà  paucisva  devayûv  | mddhor  dhàrâ  asrkèata  || 
rébhan  pavitram  pâry  esi  viçuàtah 

Par  celle  que  voilà,  allume-toi,  ô toi  qui  désires  devenir 
céleste;  le  courant  du  doux  a coulé;  en  chantant,  tu  vas 
tout  autour  de  l’allumeur,  toi  qui  proviens  de  ce  qui  a tous 
(les  dons). 

Hémistiche  1.  — Cf.  63,  7%  ayâ  pavasoa  dhârayâ. 
pâda  3.  — Cf.  97,1%  sutah  pacitram  pary  eii  rébhan.  — Berg., 
I,  185,  voit  ici  une  simple  allusion  au  son  « que  rend  le  soma  en 
coulant  par  le  tamis.  » 

HYMNE  CVII 

1.  — pârito  sincatâ  sutâm  \ sômo  yâ  uttamàm  havih  || 
dadhanvân  yô  nàryo  apsv  àntdr  â | susâva  sômam 
àdribhih 

De  ceci  faites  couler  circulairement  le  versé,  le  liquide  qui 
est  la  libation  très  haute,  — (lui)  qui,  de  la  nature  de  l’homme 
(-soma),  courant  (pour  entrer)  à l’intérieur  des  eaux,  a fait 
couler  le  liquide  au  moyen  des  montagnes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  67,  28,  pra  syandasva  soma...  uttamam 
havih. 

Hémistiche  2.  — Cf.  30,  5 .apsuivâ...  harirn  hinvanty  àdribhih. 
dadhanvân,  voir  sur  ce  mot,  Berg.,  II,  31  et  459,  note. 

2.  — nünâm  pundnô  ’vibliih  pari  sravâ-  | dabdhah  sura- 


4 26 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


bhintarah  ||  su  té  cid  tvdpsû  madcLmo  àndhasâ  \ çrinànto 
gôbhir  ûttaram 

Allumant  l’actuel1 2  avec  les  brebis,  coule  circulairement*, 
(ô  toi)  qui  n’es  pas  opprimé,  qui  es  très  savoureux!  Nous  te 
baignons  dans  le  coulé  quoiqu’il  soit  coulé),  dans  les  eaux, 
allumant  (ou,  cuisant)  celui  qui  est  plus  haut  avec  l 'andhas, 
avec  les  vaches. 

Hémistiche  1.  — Cf.  97,  19,  sâno  cwye...  surabhir  adabdhah 
pari  sraca. 

püda  4.  — Cf.  46,  43,  gobhili  çrïnïta  matsaram. 


3.  — pari  suvdndç  cdksase  deva  | -mâdanah  krâtur  indur 

vicaksanàh 

Coulant  circulairement  pour  l’éclat,  (voilà)  celui  qui 
abreuve  (ou,  baigne)  les  Célestes,  le  créateur,  le  brillant, 
l’étincelant. 

kratuJi . — Berg.,  III,  304,  propose  ici  pour  ce  mot  le  sens  de 
« une  force  ». 

4.  — pundnàh  sorna  dhârayd  \ -pô  vdsdno  a rsa  si  ||  d rat- 
nadhâ  yônim  rtâsya  sidasy  | ûtso  deva  hiranydyali 

O liquide,  en  t’allumant  tu  coules  ayant  revêtu  les  eaux 
au  moyen  du  courant;  ô Céleste,  toi  qui  établis  la  richesse, 
fontaine  d’or,  tu  viens  prendre  résidence  dans  la  matrice  du 
versé. 

Hémistiche  1.  — Cf.  96,  13, pacasoa  soma...  rtâvâpo  casânaJi. 

pàda  3.  — Cf.  66,  12',  indavah...  aymann  rtasga  i/onim. 

pâda  4.  — Berg.,  1, 155  : et  Nous  trouvons  les  allusions  à la  nature 
liquide  et  à l’éclat  du  Sonia  combinées  dans  l’expression  pittoresque 
de  source  d'or.  » 

1.  Berg.,  Il,  31  note  : « Le  sacrifice  actuel  ». 

2.  Berg. , I,  220:  » Pcut-èlre  par  allusion  au  Soma  qui  coule  autour  du 

ciel.» 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


427 


5.  — duhând  ûdhar  divydm  rnàdhu  priyâm  | pratnâm 
sadhdstham  âsadcit  ||  dprchyam  dharûnam  vâjy  àrèati  | 
nrbhir  dhûtô  vicaksandh 

Celui  qui  trait  la  mamelle  céleste,  le  doux,  l’agréable,  a 
pris  résidence  dans  la  demeure  commune,  l’ancienne;  pourvu 
de  réconforts,  mis  en  mouvement  par  les  hommes(-somas), 
étincelant,  il  coule  (vers)  le  support  qui  doit  être  interrogé 
(allusion  aux  crépitements). 

pâdal.- — Berg.,  II,  104:  « Sonia  trait  la  mamelle  du  ciel.  » 
pâda  2.  — Berg.,  I,  187  : « Le  récipient  où  il  s’arrête  (Sonia)  est 
sa  demeure  ancienne  ». 

6.  — punândh  soma  jâgrvir  \ civyo  rare  pari  priyâh  || 
tvdm  vipro  abhavô  ’iïgirastamo  | mddhvâ  yajndm  mi- 
mi ksa  nah 

O liquide,  toi  qui  t’allumes  circulairement,  éveillé,  dans 
la  toison  de  la  brebis,  agréable,  — tu  t’es  manifesté,  agité, 
très  actif 1 ; mêle  notre  oblation  au  moyen  du  doux  (c’est- 
à-dire  au  doux). 

pâda 4.  — -Cf.  86,  43%  madhunCdiby  anjate.  — ■ Berg.,  II,  226, 
voit  dans  ces  formules  l’idée  que  les  dieux  « répondent  au  sacrifice 
par  le  don  de  la  pluie  ». 

7.  — sômo  mldhvân  pavate  gâtuvittama  \ rsir  vipro  vica- 
ksandh ||  tvdm  kavir  abhavo  devavitama  | â suryam 
rohayo  divi 

Le  liquide  humide  s’allume,  lui  qui  sait  par  excellence 
trouver  la  voie,  (lui)  le  chanteur,  l’agité,  l’étincelant.  O sage, 
très  approprié  au  régal  des  Célestes,  tu  es  apparu  ; tu  as  fait 
monter  le  soleil  dans  le  ciel. 

pâda  4.  — Cf.  86,  22%  suryam  ârohayo  divi.  — Berg.,  I,  218  : 


l.Berg.,  I,  188:  « Le  plus  Angiras.  » 


428 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


« C’est  comme  étant  très  agréable  aux  dieux  que  Soma  fait  monter 
le  soleil  dans  le  ciel.  )>  — Pour  moi,  c’est  comme  liquide  trans- 
formé en  flammes. 

8.  — sôma  u suvdnàh  sotrbhiv  | âdhi  snûbhir  âvlndm  || 
àçuayeva  haritd  xjàti  dhârayà  | mandrâyà  yàti  dhârayà 

Le  liquide,  s’écoulant  en  haut  par  ceux  qui  le  font  couler, 
par  les  sommets  des  brebis,  marche  comme  au  moyen  de  la 
cavale  dorée  à l’aide  du  courant  liquoreux;  il  marche  au 
moyen  du  courant. 

pâda  1 . — Cf.  30,  2',  indur  hiyànah . ..  sotrbhili . 

9.  — anüpé  gômdn  gôbhir  aksdh  \ sômo  dugdhâbliir  aks  dh 
samudrdm  nd  samvârandny  agman  | mandî  màddya 
toçate 

Celui  qui  est  pourvu  de  vaches  a coulé  au  moyen  des 
vaches  dans  le  réservoir  (?);  le  liquide  a coulé  au  moyen 
des  traites  (de  lait);  les  enveloppes  sont  venues  comme  dans 
la  mer;  le  liquoreux  coule  pour  la  boisson. 

pâda  1.  — Cf.  87,  4%  somo  vrsâ  vrsne  pari  paoitre  akëâl.i 

pâda  3.  — Cf.  88,  6;  66,  12,  etc. 

pâda  4.  — Cf.  45,  2,  team  indràga  loçase. 

10.  — à soma  suvdnô  ddribhis  j tiré  varan  y avydy  djd  no 
nd  puri  camvor  viçad  dhdrth  | sddo  uàtiesu  dadhise 

Le  liquide  qui  coule  au  moyen  des  montagnes  à travers 
les  toisons  des  brebis,  pareil  à l’homme(-soma),  a pénétré 
dans  la  ville,  dans  les  deux  coupes.  O doré,  tu  as  établi  (ta) 
demeure  dans  les  bois. 

pâdas  2 et  4.  — Cf.  62,  8,  so  arsa. . . tiro  româny  avyayâ  sïdan 
yonà  uanesü  à ; 92,  6',  sïdan  mrgo  na  mahiso  vanesu.  — Berg., 
I,  224  : « Soma  entre  dans  les  cuves  comme  un  homme  dans  une 
ville.  » 


le  culte  védique  du  soma 


429 


11.  — sd  mâmrje  tiré  ânvâni  mesyo  \ mühé  sàptiv  net 
vdjayûh  ||  anumâdyah  pcwatndno  manlsibhih  | sômo 
viprebhir  rkvabhi/i 

Celui  que  voilà  est  devenu  brillant  au  delà  des  (dons) 
minuscules  de  la  brebis,  désireux  de  réconfort,  pareil  à l’at- 
telage à sept  chevaux  dans  l’humide  (?),  — lui  qui  doit  par- 
ticiper à la  libation,  (lui)  le  liquide  qui  s’allume  au  moyen 
des  penseurs,  des  agités,  des  chanteurs. 

pâda  1.  — Cf.  10,  5:l,  sürâ  anvam  vi  tanvate ; 16,  23,  gosâm  an- 
vesu  saçcima. 

pâda  2.  — Cf.  106,  12%  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  24,  6,  pavasoa...ukthebhir  anumâdyah. 

12.  — prd  soma  clevdvïtaye  \ sindhur  nd  pipye  àrnasd  || 
ançôh  pdyasd  madirô  nd  jâgrvir  | cichd  kôçam  madhuç- 
câtam 

En  avant,  ô liquide,  pour  le  régal  des  Célestes  ! Comme 
la  rivière,  il  s’est  enflé  par  le  flot;  pareil  au  liquoreux,  l’é- 
veillé (s’est  dirigé)  vers  l’enveloppe  d’où  coule  le  doux  au 
moyen  du  lait  de  l’éclat. 

pâda  1.  — Cf.  66,  7',  pra  soma  yàhi  dhârayâ. 
pâda  2.  — Ch  21, 63,  çukràli pacadhoam  arnasà.  — Berg.,  1, 154  : 
« Le  flot  de  Soma  se  gonfle  comme  celui  d’une  rivière.  » 
pâda  4.  — Cf.  66,  111,  aclia  koçam  madhuçcutam  asryram... 

13.  — â haryatô  àvjune  dtke  avyata  \ priyâh  sünûr  nd 
màrjyah  ||  tâm  lin  hinvanty  apetso  ydthd  rdtham  | nadisv 
â gdbhastyoh 

Le  désiré  s’est  enveloppé  dans  un  tissu  brillant,  — (lui) 
qui  doit  être  rendu  luisant,  agréable  à l’égal  du  fils;  les 
actifs  le  mettent  en  mouvement  comme  un  char,  dans  les 
rivières,  dans  les  deux  mains. 

Hémistiche.  1 — Cf.  101,  14,  âjâmir  atke  avyata...  na  putrah 


430 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


pàda4.  — Cf.  13,  1\  dadhanoire  gab/iasiyoli  ; 20,  6,  cahnir 
apsu...  mrjyamàno  gabhastyoh. 

14.  — abhi  sômdsa  dydvah  | pavante  màdyam  mâdam  || 

samudrâsyâdhi  vistdpi  manïsino  \ matsarâsah  svarvidah 

* 

Les  liquides,  les  actifs  s’allument  en  s’approchant  de  la 
boisson  potable,  — (eux)  les  penseurs,  les  liquoreux,  qui 
trouvent  le  soleil,  qui  sont  (placés)  en  haut,  dans  le  support 
de  la  mer1. 

Hémistiche  1.  — Cf.  23,  4'-!,  même  formule. 

pâda  3.  — Cf.  12,  6!,  indur  isyati  samudrasyâdhi  cistapi. 

15.  — tàrat  samudrdm  pâuamàna  ùr/nind  \ vàjâ  devd  rtàm 
brhât  ||  ârsati  mitràsya  vârunasya  dhdnnand  | prd  hin- 
vdnd  rtàm  brhât 

Que  l’allumé  traverse  la  mer  au  moyen  du  Ilot;  que  le  roi, 
le  Céleste  (atteigne  ou  traverse)  le  coulé,  le  fort,  — en 
coulant  à l’aide  du  soutien  de  l’Ami  (et)  de  l’Enveloppeur, 
— en  mettant  en  mouvement  pour  s’avancer  le  coulé,  le 
fort. 

pâdas2et4. — Cf.  56,  1,  pari  soma  rtam  brhad  âçuhpaoitre 
arsati ; 66,24  paj'arnâna  rtam  brhac  chukram  jyotir  ajîjanat. 
pâda  3.  — Cf.  63,  22‘,  câyiun  ü roha  dharmanâ. 

Hémistiche  2.  — Berg.,  111,261  :«  Soma  coule  selon  le  dhannan 
de  Mitra  et  Varuna,  en  accomplissant  le  grand  rta.  » 

16.  — nrbhir  yemànô  haryatô  vicaksanô  | raja  devdlx 
samudriyah 

S’étendant  au  moyen  des  hommes-(somas),  (voilà)  le  dési- 
rable, l’étincelant,  le  roi,  le  Céleste,  celui  qui  est  de  la 
nature  de  la  mer. 

pâda  1.  — Cf.  99,  8,  à nrbhir  yatah. 

1.  Berg.,  II,  32  : « Le  sommet  de  la  mer,  » 


LÈ  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


43 1 


17.  — indràya  pauate  mâdah  \ sômo  mcirûtvate  sutâh  || 
sahàsvadhâro  dty  âvycun  arsati  | tdm  l mrjanty  ày  du  ah 

La  boisson  s’allume  pour  l’Ardent;  le  liquide  versé  (s’al- 
lume) pour  celui  qui  est  pourvu  des  Impétueux;  ayant  les 
courants  de  ceux  qui  ont  les  mille  (dons),  il  coule  au  delà 
de  (la  toison)  de  la  brebis;  les  actifs  le  rendent  brillant. 

Hémistiche  1.  — Cf.  64,  22,  indrâyendo  marutvo.te  pavasoa. 
pàda  4.  — Cf.  64,  233,  sam  tvâ  mrjanty  âyavali. 

18.  — punândç  camu  janciyan  matim  kavih  \ sômo  deoésu 
ranyati\\  apô  vdsdnah pdri  gôhhir  ûttarah  | sîdan  vdnesv 
avyata 

S’allumant  dans  la  coupe,  engendrant  la  pensée,  le  sage, 
le  liquide,  se  régale  parmi  les  Célestes  ; s’entourant  des  eaux, 
il  s’en  enveloppe  au  moyen  des  vaches,  (lui)  le  supérieur1, 
en  prenant  résidence  dans  les  bois. 

pàda  1.  — Cf.  46,  32,  ete  somâsaJi...  camü  sutâli. 
pâdas  1 et  3.  — ■ Cf.  78,  1,  vâcam  janayann  asisyadadapo  vasâno 
ablii  y à iyaksati. 

pàda  3.  — Cf.  107,  24,  gobliir  üttaram. 

.pàda  4.  — Cf.  107,  10',  hardi  sado  vanesu  dadhise. 

19.  — tcwdham  soma  rdrana  \ sahhyâ  indo  divé  dire  \\pu- 
j'üni  bahlxro  ni  caranti  mâm  àua  | paridlünr  dti  tân  ihi 

O liquide,  je  me  suis  régalé,  ô brillant,  dans  ton  amitié 
(destinée)  à chaque  jour  (ou,  placée  dans  chaque  jour); 
ô rouge,  les  nombreux(-somas)  descendent  (vers)  moi  ; va  au 
delà  de  ces  enveloppes  (ou,  de  ces  entourages). 

Hémistiche  1.  — Cf.  61,  29,  asya  te  sakhye  vayam  taoendo 
dyumng.  uttame  ; cf.  aussi  66,  14. 

pàda  6.  — Cf.  96,  11,  paridlünr  apornu. 

1.  Ea  tant  que  soma  igné,  il  s’élève  au-dessus  du  soma  liquide. 


432 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


20.  — utàhàm  ndktam.  utâ  soma  te  dioâ  | sakhyâya  babhra 
ùdhani  ||  ghrnà  tâpantam  dti  surgeon pardli  [ çakunâ  ira 
paptima 

Moi  (qui  suis)  la  nuit,  ô liquide,  au  moyen  de  ton  jour, 
ô rouge,  (je  suis  destiné)  à l’amitié  qui  est  dans  la  mamelle; 
pareils  à l’oiseau,  nous  avons  volé  au  delà  du  soleil  qui 
échauffe  au  moyen  de  l’éclat. 

pàda  1.  — Cf.  97,  9',  dioâ  harir  dadrçe  naktam  rjrali. 
Hémistiche  2.  — Berg.,  I,  6:  « Nous  avons  comme  les  oiseaux 
dans  leur  vol,  échappé  au  soleil  qui  brûle  pendant  l’été.  » 

21.  — mrjyàmânah  suhastya  | samudré  vâcam  invasi  || 
rayim  piçdngam  bahut  à ni  purusprham  [ pdvamânàbhy 
àrsasi 

O toi  aux  belles  mains,  qui  as  été  rendu  brillant,  tu  mets 
en  mouvement  la  voix  (qui  est)  dans  la  mer1;  ô allumé,  tu 
coules  vers  la  richesse  dorée,  forte,  désirée  par  les  nombreux 
(-somas) . 

pâda  2.  — Cf,  12,  6’-2,  pra  vâcam  indur  isyati  samudrasyâdhi 
vistapi . 

22.  — mrjânô  rare  pàvamdno  aoyàye  | vrsâoa  cakrado 
mine  ||  devândm  soma  pavamâna  niskrtdrp,  j gôbhir  aiï- 
jânô  arsasi 

Te  rendant  brillant,  ô allumé,  dans  la  toison  de  la  brebis, 
tuas  mugi,  ô taureau, en  descendant  dans  le  bois;  ô liquide, 
ô allumé,  tu  coules  en  t’oignant  avec  les  vaches  vers  l’édi- 
fice des  Célestes. 

pàda  2.  — Cf.  7,  32,  vrsàca  cakradad  vane. 
pàda  3.  — Cf.  101,  16'. 

pàdas  1 et  4. — Cf.  103,  2,  pari  cârâny  avyayà  gobhir  aiïjâno 
arsati. 


1.  Berg.,  Il,  33:  « La  voix  que  Soma  fait  entendre  au  milieu  de  la  mer.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA  433 

23.  — pdvasva  vâjascïtaye  | ’bhi  viçuâni  kâvyd\\tvdm  sa- 
mudrdm  prathamô  vi  dhârayo  | devébhyah  soma  mat- 
sardh 

Allume  en  t’en  approchant  (ou,  allume-toi  en  approchant 
d’elles)  toutes  les  choses  qui  sont  de  la  nature  du  sage,  pour 
la  conquête  du  réconfort  ; allant  en  avant,  ô liquide  liquo- 
reux, tu  as  supporté  la  mer  pour  les  Célestes. 

Hémistiche  1.  — Cf.  23,  1,  soma  asrgram. . . abhi  viçoàni 
kâoyâ. 

pâda  3.  — Cf.  84,  4%  induli  samudram  ud  iyarti. 

24.  — sd  tü  pcwasva  pari  pârthiuam  râjo  | divyâ  ca  soma 
dhàrmabhih  ||  tvâm  viprdso  matibhir  vicaksana  | çubhrdm 
liinvanti  dhltibliih 

Toi  que  voilà,  allume  circulairement  (ou,  allume-toi  en 
les  entourant),  ô liquide,  le  rajas  terrestre,  et  les  (choses) 
célestes  au  moyen  des  supports;  les  agités,  ô étincelant,  te 
mettent  en  mouvement,  ô toi  qui  es  éclatant,  au  moyen 
des  pensées,  des  méditations. 

pâda  1.  — Cf.  72,  81,  même  formule. . 

pâda  2.  — Cf.  72,  7,  prthioyâ  dliaruno  maho  dicali,  — Berg., 
III,  236  : « Soma  est  invité  à couler  selon  les  dliarman  autour 
du  ciel  et  de  la  terre.  » — Le  rapprochement  des  deux  formules 
démontre  l’erreur  de  Berg,  en  ce  qui  concerne  le  sens  du  mot 
dliarman. 

25.  — pdvamând  asrksata  | pavitram  dti  dhârayà  ||  marât- 
vanto  matsarâ  indriyâ  lidyâ  | medhâm  abhi prdyânsi  ca 

Les  allumés  ont  coulé  au  delà  de  l’allumeur  au  moyen  du 
courant;  les  coursiers  pourvus  des  Impétueux,  liquoreux, 
de  la  nature  de  l’Ardent,  (ont  coulé)  vers  la  sagesse,  vers  les 
choses  agréables. 

pâda  3.  — Cf.  64,  22,  indràyendo  marutvate  pavasva . 

28 


434 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


26.  — apô  vdsûnah  pari  kôçam  arsati  \ -ndur  hiydnàh 
■ sotrbhih  \\  jandyan  jyôtir  mandànâ  avîvaçad  \ gâh  krn- 
vdnô  net  nirnijam 

Le  brillant,  ayant  revêtu  les  eaux,  coule  autour  du  vase, 
mis  en  mouvement  parceux  qui  font  couler;  en  engendrant  la 
lumière,  il  a fait  mugir  les  vaches  liquoreuses1  en  (les)  créant 
en  quelque  sorte  (sous  la  forme  de)  l’émergé. 

pâda  4.  — Cf.  95,  l3,  krnule  nirnijam  gâli. 


HYMNE  CVIJI 

1.  — pdvasva  mâdhumattama  indrâya  | sonia  kratu- 
vittamo  mâdah\\mcïhi  dyuksdtamo  mâdah 

O boisson  très  pourvue  de  doux,  très  apte  à trouver 
l’édificateur,  allume-toi  pour  l’Ardent,  — (toi)  le  haut,  la 
boisson  qui  par  excellence  habite  le  ciel. 

2.  — ydsya  te  pituâ  vrsctbhô  vrsâyâte  | ’syà  pitâ  svarui- 
dah\\sâ  suprciketo  abhy  àkramld  | isô  ’chcï  vâjam  nai- 
taçah 

O toi  qui  trouves  le  soleil,  dont  les  boissons  quand  elles 
sont  bues  font  que  ton  taureau  agit  en  taureau2,  — (toi), 
le  très  brillant,  tu  t’es  avancé  vers  les  libations,  pareil  au 
coursier,  vers  le  réconfort. 

pâda  1.  — Cf.  47,  1,  ayà  somah  sukrtyayâ. . . mandâna  ad 
vrsâyâte. 

3.  — tvdni  hy  àngd  daivyà  pdvamcina  \jdnimdni  dyumdt - 

tama/i  ||  amrtatvâya  ghoèdyah 

O allumé,  très  pourvu  d’éclat,  fais  retentir  les  engendre- 
ments célestes  pour  la  non-mort  (=  la  vie). 

1.  Berg.,  11,49:  «Joyeuses». 

2.  Berg.,  II,  250:  « Indra  veut  faire  œu\re  de  màle(ou,  de  béros).  » 


Le  culte  védique  du  somà 


43è 


Berg.,  I,  198  : « Sonia  a appelé  à l’immortalité  les  races 
divines.  » 

4.  — gêna  nâvagvo  dadhydnn  apornutê  | yêna  vipvdsa 
âpiré  ||  devâncim  sumné  amrtasya  cârûno  | yêna  çrà- 
vânsy  ânaçûh 

(Voilà  celui)  par  lequel  celui  aux  neuf  vaches  qui  se  meut 
par  le  lait  s’ouvre;  (voilà  celui)  par  lequel  les  agités  ont 
prospéré  (?);  (voilà  celui)  par  lequel  les  beaux  ont  obtenu 
les  voix  dans  la  bonne  pensée  des  Célestes,  du  non-mort. 

pàda  1.  — Berg.,  II,  310  : « C’est  par  Soma  que  le  Navagva 
ouvre.  » 

5.  — esâ  syd  dhârayà  sutô  \ ’vyo  vârebhih  pavate  madtti- 

tamah\\ krüann  ürmir  apâm  iva 

Celui  que  voilà  coulé  au  moyen  du  courant,  très  liquoreux, 
s’allume  à l’aide  des  toisons  delà  brebis,  en  s’agitant  comme 
le  flot  des  eaux, 

Cf.  86,  26,  atyo  na  krllan  pari  vüram  arsati. 

6.  — yd  usriyâ  dpyâ  antdr  àçmano  | nir  gâ  dkrntad  ôjasâ  || 
abhi  vrajàm  tatnise  gcwyam  dçvyam  | varmwa  dhrsnav 
à ruja 

Toi  qui  as  fait  sortir,  en  le  fendant,  de  l’intérieur  du 
rocher  les  vaches  rouges,  aqueuses,  à l’aide  de  la  force, 
— tu  as  étendu  l’enceinte  faite  de  vaches  et  de  chevaux; 
ô audacieux,  brise-(la),  comme  celui  qui  est  pourvu  d’un 
entourage  (le  brise). 

pàdas  1-2.  — Cf.  102,  8,  rnor  apa  vrajam  dioah.  — Berg.,  I,  218  : 
« Soma  fait  sortir  les  vaches  de  la  caverne  de  pierre.  » 

7.  — • à sotâ  pari  sihcatd  | - çvam  net  stômam  aptûram 
rajastûram\\  vanakraksdm  udaprâtam 

Faites  couler,  versez  circulairement  le  chant,  pareil  à un 


436 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


cheval,  qui  traverse  les  eaux,  qui  traverse  le  rajas,  — qui 
bruit  dans  le  bois,  qui  se  baigne  dans  l’eau. 

Berg.,  II,  32,  rajastur  = « traversant  l’atmosphère  »,  avec 
allusion  au  sacrifice  céleste.  — Il  s’agit  simplement  du  soma 
liquide  dont  le  soma  pavam.  s’empare,  qu’il  conquiert,  c’est-à-dire 
qu’il  s’assimile. 

8.  — sahàsradhàràm  vrsabhdm  payovrdham  | priydm  de- 
vâya  jânmane  ||  rtêna  y à rtdjdto  viüdvrdhé  | ràjd  devà 
rtdm  brhàt 

(Faites  couler)  le  taureau  pourvu  des  courants  aux  mille 
(dons),  qui  croît  à l’aide  du  lait,  l’agréable  (destiné)  à la  pro- 
duction pour  le  Céleste,  (c’est-à-dire,  à produire  le  Céleste), 
— lui  qui,  issu  du  versé,  croît  par  le  versé,  — le  roi,  le 
Céleste,  le  coulé,  le  fort. 

pàda2.  — Cf.  vers  3,  hémistiche  1,  daivyâ...  janimâni. 

9.  — ablii  dyumnâm  brhdd  ydça  j isah  pâte  didihi  deva 
devayûh\\  m kôçam  madhyamdm  yuva 

O maître  de  la  libation,  Céleste,  désireux  du  Céleste,  éclaire 
l’éclat,  la  lumière  puissante;  ouvre  le  vase  du  milieu1. 

10.  — â vacyasva  sudaksa  camv'oh  sutô  \ viçâm  vdhnir  nà 
viçpdtih  ||  vrstim  divdh  pauasva  rltim  apâm  \jinvd  gd- 
vi étaye  dhiyah 

Jaillis,  ô très  habile,  toi  qui  as  été  versé  dans  les  deux 
coupes,  maître  de  la  demeure,  pareil  au  porteur  des  de- 
meures, — allume  la  pluie  du  ciel,  le  courant  des  eaux; 
mets  en  mouvement  les  pensées  pour  celui  qui  a le  désir  des 
vaches. 

1.  Far  allusion  à l’inférieur  qui  contient  le  soma  liquide  et  le  supérieur 
qui  équivaut  au  soma  igné.  — Berg.,  I,  178:  « Somaest  prié  d’ouvrir  la  tonne 
intermédiaire,  apparemment  pour  en  sortir  lui-même.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


437 


pàcla  2.  — Cf.  97,  34,  vahnir  rtasya.  — Berg.,  I,  187  : « Sonia 
est  chef  des  tribus.  » 

11.  — et  dm  u tydm  madacyûtam  \ sahdsradhdram 
vrsabhdm  divo  duhuh  ||  viçvâ  vdsûni  bibhratam 

Ils  ont  trait  ce  taureau  du  ciel  que  voilà,  d’où  coule  la 
boisson,  qui  a le  courant  des  mille  (dons),  qui  porte  (ou, 
apporte)  tous  les  biens. 

12.  — vrsd  vi  jctjne  janàyann  âmartyah  | pratdipan  jyôtisâ 
tdmah  |]  sa  sûstutah  kavibhir  nirnijam  dadhe  | tridhâtu 
asya  ddnsasd 

Le  taureau,  le  non-mort  est  né  en  engendrant,  en  allumant 
l’obscurité  au  moyen  de  la  lumière;  lui,  bien  célébré  parles 
sages,  a établi  l’émergé,  — ce  qui  a trois  supports,  — au 
moyen  de  sa  création. 

pâda  2.  — Berg.,  I,  214  : « Brûlant  l’obscurité  avec  la  lumière.  » 
Hémistiche  2.  — Cf. 70,  8,  tridhàtumadliukriyate sukarmabhili  ; 
99,  1,  çukrâm  vayanti...  nirnijam.  — Berg.,  I,  179:  « Soma 
prend  un  vêtement  triplement  (ou  trois  fois).  » 

13.  — sà  sunve  yô  vâsündm  | yô  ràyâm  dnetâ  yd 
ildndm  ||  sômo  ydh  suksitlnâm 

Voilà  qu’il  coule  celui  qui  est  l’introducteur  des  biens,  des 
richesses,  des  libations,  — le  liquide  (qui  est  l’introducteur) 
de  celles  qui  ont  de  belles  demeures. 

Cf.  27,  3,  esa  nrbhir  vi  nïyate. . . vrsâ  sutah. 
pâda  2.  — Berg.,  I,  324  : « L’élément  céleste  désigné  par  le  mot 
ila  semble  être  ordinairement  l’eau  de  la  nuée.  » 

14.  — ydsya  net  indrah  pibâd  ydsya  marûto  | ydsya  vdrya- 
mdnd  blidyah  ||  â yéna  mitrâvàrund  kàrâmaha  | éndram 
dvase  inahé 

Du  nôtre  que  voilà,  que  l’Ardent  boive,  que  les  Impé- 


438 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


tueux  (boivent),  que  le  Participant  boive  au  moyen  du 
Fidèle,  — ■ lui  par  lequel  nous  venons  produire  l’Ami  et 
l'Enveloppeur,  l’Ardent  pour  le  haut  régal. 

Hémistiche  1.  — Cf.  97,  42  et  49. 

15.  — indrâya  soma  pàtave  nrbhir  | yatàli  svâyudhô 
madintamah  ||  pâvasva  mâdhumattamah 

O liquide  étendu  par  les  hommes  pour  (servir)  à la  bois- 
son del’Ardent,  — toi  qui  as  de  belles  armes,  très  liquoreux, 
allume-toi,  (ô  toi  qui  es)  très  pourvu  de  doux! 

IG.  — indrasya  hârdi  somâdhanam  à viça  | samudrâm 
iva  stndhavah  Wjûsto  mitrâya  vârunâya  vdyàve  \ divô 
vistambhü  uttamâh 

Pénètre  le  réceptacle  du  liquide,  dans  le  cœur  de  l’Ardent, 
— comme  les  rivières  (pénètrent)  la  mer,  — toi  le  savouré 
(destiné)  â l’Ami,  à l’Enveloppeur,  au  Vent,  — toi,  support 
très  élevé  du  ciel. 

pâda  1.  — Cf.  70,  9!,  même  formule, 
pâda  3.  — Cf.  70,  8:|,  même  formule. 


HYMNE  CIX 

1.  — pari  prâ  dhanvéndrâya  soma  svcldûr  | mitrâya 

püsné  bhàgâya 

O liquide,  toi  qui  es  doux,  coule  circulairement  pour 
Y Ardent,  pour  l'Ami,  pour  le  Nourricier,  pour  le  Parti- 
cipant. 

Cf.  61,9,  sa  no  bhagâtja  oâyave  pûëne  pavasoa  madhumrm. 

2.  — indras  te  soma  sutâsya  peyàh  krdtve  \ ddksâya 

viçve  ca  devâh 

Que  l’Ardent,  ô liquide,  boive  ton  (suc)  coulé  pour  l’édi- 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


439 


ficateur,  pour  l’habile,  — que  tous  les  Célestes  (le  boivent)! 

Cf.  100,  5,  kratve  claksâya  nali  kave  pavasva  soma  dhârayâ. 

3.  — evâmrtâya  mahé  ksdyàya  sd  çukrô  | arsa 
divydh  plyusah 

Que  cette  liqueur  éclatante,  de  la  nature  des  Célestes, 
coule  pour  le  non-mort,  pour  la  haute  demeure. 

Cf.  9,  2',  pra  pra  ksayayâ. 

4.  — pcivcisua  soma  mahân  samudrâh  pitâ  | devanâm 

viçvàbhi  dhdma 

O liquide  élevé,  océan,  père,  — allume-toi  en  t’approchant 
de  tous  les  édifices  des  Célestes. 

pàda  2.  — Cf.  28,  23,  viçvâ  dhàmâny  âviçan. 

5.  — çukrâh  pavasva  devébhyah  soma  divé  | prthivyai 

çâm  ca  prajâyai 

O liquide  étincelant,  allume  le  bon  pour  les  Célestes,  pour 
le  ciel,  pour  la  terre,  pour  la  progéniture. 

pàda  1.  — Cf.  11,7,  paocisva  soma  çam  pave  devebhyali . 

6.  — divô  dhartàsi  çukrâh  plyusah  satyé  | vidharman 

vâji  pavasva 

O liquide  étincelant,  tu  es  le  soutien  du  ciel  dans  ce  qui 
est  delà  nature  du  manifesté;  pourvu  de  réconfort,  allume- 
toi  dans  le  support. 

pàda  1.  — Cf.  76, 1,  dhartâ  divaJi  pacate. . . rasali. 

pâda  2.  — Cf.  86,  30,  rajaso  vidharmani . . . soma. . . püyase. 

7.  — pavasva  soma  dyumni  sudhârô  mahâm  | dvlnâm 

dnu  pûrvydh 

Allume-toi,  ô liquide  lumineux  des  hautes  brebis,  pourvu 


440 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


de  beaux  courants,  toi  qui  proviens  de  l’ancien  (et)  qui  (le) 
suis. 

Cf.  77,  2,  sa  pürvyali  pacate.  . . isitas  tiro  rajah. 

pàda  2.  — Cf.  107,  8S,  adhi  snubhir  avlnüm. 

8.  — nrbhir  yemânô  jajnânâh  pûtdh  ksürad  | uiçvdni 

mandrâh  svarvit 

Étendu  par  les  hommes(-somas),  naissant,  allumé,  — que 
le  liquoreux  qui  trouve  le  soleil,  coule  (vers)  tous  (lesdons)! 

Cf.  107, 16,  nrbhir  yemânah.  . • decali. 

9.  — induli  punânùh  prajâm  urànâh  kdrad  \ uiçoâni 

drdvinâni  nah 

Que  le  brillant  qui  s’allume  choisissant  (se  dotant  de)  la 
postérité,  nous  crée  toutes  les  richesses  ! 

Cf.  8,  93,  bhakëïmahi  prajâm  isam;  62,  113,  karad  rasüni 
dàçuse. 

10.  — pàvasva  soma  krdtve  ddksàyâçüo  | nd  niktô 
vâji  dhdnâya 

Allume-toi,  ô liquide,  pour  l'édificateur,  pour  l’habile,  — 
toi  qui  es  baigné,  pareil  à un  cheval,  pourvu  de  réconfort, 
(allume-toi)  pour  l’oblation  ! 

Cf.  ci-dessus,  vers  2. 

11.  — tain  te  sotâro  rdsani  mâdàya  pundnti  | sômam 
mahê  dyumnàya 

Ceux  qui  font  couler  allument  ton  suc  que  voilà  pour  la 
boisson;  (ils  allument)  le  liquide  pour  la  haute  lumière. 

pâda  1.  — Cf.  16,  1,  pra  te  sotârah-. . rasam  madüya. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


441 


12.  — çiçum  jcijncïnâm  hârim  mrjanti  pavitre  | sômam 
devébhya  indum 

Ils  rendent  brillant  dans  l’allumeur,  l’enfant  naissant,  le 
doré,  le  liquide,  le  brillant,  — pour  les  Célestes. 

Cf.  86,  36,  çiçum  navarn  jajîiànam;  96,  17,  çiçum  jajnânarp 
haryatam  mrjanti. 

13.  — induh  pavista  càrur  mddàyàpâm  | updsthe 

kavir  bhdgdya 

Le  brillant,  le  beau  s’est  allumé  pour  la  boisson  dans  le 
giron  des  eaux,  — le  sage  (s’est  allumé)  pour  le  Participant. 

pâda  1.  — Cf.  76,  5,  arsasy  apâm  upasthe. 

14.  — bibliarti  càru  indrasya  nâma  yéna  | viçvàni 

vrtrâ  jaghâna 

Il  porte  (ou,  supporte)  le  beau,  le  signe  de  l’Ardent  au 
moyen  duquel  il  a détruit  tôutes  les  enveloppes. 

pâda  1.  — Cf.  96,  16,  abliy  arsa  guhyam  câru  nâma.  — Berg., 
I,  219:  « Soma  porte  la  forme  d’Indra  sous  laquelle  ce  dieu  tue  les 
démons.  » 

15.  — pîbcinty  asya  viçve  devâso  gôbhih  \ çrïtdsya 

nrbhih  sutdsya 

Tous  les  Célestes  le  boivent  au  moyen  des  vaches,  (lui  qui 
est)  cuit  (ou,  allumé)  (et)  versé  par  les  hommes(-somas). 

16.  — prd  suvânô  aksàh  sahdsradhâras  tirâh  | 
pavitram  oi  vciram  àvyam 

S’élançant,  il  coule  pourvu  du  courant  des  mille  (dons) 
travers  l'allumeur,  à travers  la  toison  delà  brebis, 


442 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


17.  — sâ  vcïjy  àksâh  sahâsraretâ  adbhir  | rnrjdnû 
gôbhih  çrînânàh 

Celui  que  voilà  pourvu  de  réconfort,  qui  a pour  semence 
les  mille  (dons),  a coulé  au  moyen  des  eaux,  lui  qui  est 
devenu  brillant,  qui  est  cuit  (ou,  allumé)  par  les  vaches. 

Cf.  96,  8,  sa  matsarali. . . sahasraretâh...  arsa. 

pàda  2.  — Cf.  65,  26,  çrânünâ  apsu  mrhjata. 

18.  — prd  soma  yâhindrasya  kuksâ  nrbhir  | yemânô 
âdribhih  sutàh 

Avance-toi,  ô liquide  (pour  entrer)  dans  le  ventre  de  l’Ar- 
dent,  (toi  qui  es)  étendu  par  les  hommes(-somas)  et  versé  par 
les  montagnes. 

Cf.  108,  16',  indrasya  hardi  somadhânam  à viça. 

19.  — âsarji  vâji  tirdh  pauitram  indr&ya  | sômah 

sahâsradhârah 

Le  pourvu  de  réconfort  a été  versé  à travers  l’allumeur 
pour  l’Ardent,  — le  liquide  qui  a les  courants  des  mille 
(dons). 

Cf.  vs  16. 

20.  — anjânty  enam  mâdhvo  rcisenéndrâya  | vHna 

indum  màdâya 

Ils  l’oignent  avec  le  suc  du  doux  pour  l’Ardent,  (lui)  le 
brillant  (ils  l’oignent)  pour  la  boisson  (destinée)  au  taureau. 

pàda  1.  — Cf.  62,  6',  madhco  rasam. 


21 .  — devébhyas  tvâ  vrthâ  pàjase  ’pô  | vâsànam 
hârim  mrjanti 

Ils  te  rendent  brillant  pour  les  Célestes  au  moyen  de  ce 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


443 


qui  croît  (?),  pour  l’éclat,  — (toi)  le  doré  qui  as  revêtu  les 
eaux. 

Cf.  68,  3,  aksitam  pâja  â dade  ; 76,  1,  havili  srjânah. . . sat- 
vabhir  vrthâ  pâjànsi  krnute;  88,  5,  srjyamüno  vrthâ  pâjânsi 
krnute. 

22.  — indur  indrâya  toçate  ni  toçate  | çrlnânn  ugrô 
rindnn  apdh 

Le  brillant  jaillit,  il  jaillit  en  bas  pour  l’Ardent,  — brûlant, 
vigoureux,  coulant  les  eaux. 

pâda  1.  — Cf.  45,  22,  tvarn  indrâya  ioçase;  63,  23',  pavamâna 
ni  toçase  rayim. 


HYMNE  CX 

1.  — pdry  ü sû  prâ  dhanva  vâjasdtaye  | pari  vrtrâni 
saksdnih  ||  dvisds  taràdhyâ  rnayâ  na  iyase 

En  ce  moment,  élance-toi  circulairement  pour  la  conquête 
du  réconfort,  (élance-toi),  toi  le  conquérant,  autour  des  enve- 
loppes; tu  t’avances  pareil  au  punisseurC?)1  pour  dompter  les 
ennemis. 

pâda  1.  — Cf.  13,  62,  asrgram  vàjasàtaye. 

2.  — ânu  hi  tvâ  sutdm  soma  mddâmasi  | mahé  sarnarya- 
râjye\\  vâjâîi  ab/d  pavamâna  prd  gàhase 

O liquide,  nous  te  baignons,  ô coulé,  pourle  Grand  qui  est 
dans  la  royauté  (ou  l’éclat)  de  ce  qui  est  accompagné  de 
l’époux2.  O toi  qui  t’allumes,  tu  plonges  en  t’avançant  auprès 
(d’eux)  dans  les  réconforts. 

pâda  1.  — Cf.  8,  4:1,  anu  (tan)  viprâ  amâdisuh, 

pâda  3.  — Cf.  99,  2,  vàjàn  abhi  pra  gàhate. 

1.  Berg.,  III,  173  : « Soma  poursuit  les  dettes  (les  fautes).  » 

2.  Circonlocution  pour  désigner  le  domaine  du  liquide  sacré. 


444 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


3.  — âjîjano  ht  pavamâna  suryam  \ vidhâre  çdJunanâ 
pdyah  ||  gôjlrayâ  ranhamànah  pûrarndhiyd 

O allumé,  tuas  engendré  le  soleil,  — le  lait  au  moyen  de 
la  force,  dans  le  support  (?),  — toi  qui  es  mis  en  mouvement 
au  moyen  de  celle  qui  établit  l’abondance  (et)  qui  tire  son 
activité  des  vaches. 

pâda  1.  — Cf.  42,  l2 , janaijann  apsu  süryam. 

pâda  3.  — Berg.,  III,  327:  « La  Puramdhi  est  la  compagne  de 
Sonia.  » 

4.  — àjijano  amrta  mârtyesv  an  \ rtcisya  dhârmann 

amrtasya  cârunah  ||  sâdâsaro  vâjam  ctchâ  sânisyadat 

Tu  (l’)as  engendré,  ô toi  non-mort,  dans  les  morts,  dans  le 
soutien  du  coulé,  du  beau  non-mort;  tu  as  coulé,  désireux 
de  jaillir,  au  moyen  du  résident  (?)  vers  le  réconfort. 

Hémistiche  1.  — Cf.  7,  1,  aargram  indaoah...  dharmann  rlasya. 
— Berg.,  III,  239  : « Sous  le  dharman  du  rta  et  du  précieux 
amrta,  Soma  a engendré  (le  soleil)  chez  les  mortels;  » etl,  217: 
« Soma  a engendré  le  soleil,  lui  mortel  (le  texte  a amrta)  chez  les 
mortels.  » 

5.  — abhy  àbhi  hi  çrdvasà  tatdrdithô  \ -tsam  nd  kdm  cij 
janapànam  dksitam  ||  çdryâbhir  nd  bhdramâno  ydbhastyoh 

En  t’approchant  sans  cesse,  tu  as  percé  avec  la  voix  comme 
une  fontaine  non  arrêtée,  boisson  générale  (?)  des  hommes 
(-somas),  — toi  qui  (la)  supportes  comme  avec  des  flèches 
dans  (tes)  deux  mains. 

pâda  2.  — Berg.,  I,  217  : « Soma  a fait  couler  comme  une 
source  le  breuvage  des  hommes  (les  eaux  célestes).  » 

pâda  3.  — Cf.  7G,  2,  çüro  na  dhatta  àt/udhâ  gabhastyoJi.  — 
Berg.,  I,  203  : « Soma  est  représenté  « porté  dans  les  bras  comme 
par  des  flèches.  » — Les  bras  et  les  flèches  s’appliquent  au  soma 
allumé,  par  dédoublement  verbal. 


LE  CULTE  VEDIQUE  DU  SOMA 


445 


6.  — ctd  Un  kê  cit  pàçyamânâsa  âpyain  | vasurûco  divyâ 
àbhy  ànûsata  ||  vcirarn  nâ  devâh  savitâ  vy  urnute 

N’importe  lesquels  (issus)  de  celui-ci  voyant  l’ami,  ayant 
l’éclat  au  moyen  du  bien,  Célestes,  ont  crié  vers  (lui).  Le 
Céleste  qui  fait  couler  (le)  développe  comme  une  enveloppe. 

pâda  1.  — Cf.  96,  11,  paridhïnr  apornu. 

pâda  2.  — Berg.,  I,  207  (cf.  209)  : « Des  personnages  divins  ont 
acclamé  Soma.  » 

7.  — tvé  soma  prathamâ  vrktâbarhiso  j mahé  uàjcïya 
çràvase  dhiyain  dadhuh  ||  sa  tvâm  no  vira  vïryâya  codaya 

En  toi,  ô liquide,  ceux  qui  sont  en  avant1  (et)  pour  qui 
les  réconforts  dont  répandus,  ont  établi  la  pensée,  pour  le 
grand,  pour  le  réconfort,  pour  la  voix  ; toi  que  voilà,  ô notre 
héros,  mets-(toi)  en  mouvement  pour  l’héroïsme! 

Hémistiche  1-  — Cf.  62,  22’,  ete  soma  asrksata  grndnâli  çra- 
vase  mahe. 

pàda  3.  — Cf.  8,  3,  indrasya  soma  râdliase  punâno  hardi 
codaya. 

8.  — divâh  piyusam  pûrvyâm  yâd  ukthyàm  \ mahô  gdhâd 

divâ  â nir  adhuksata  ||  indram  abhi  jâyamànam  sâm 

asvaran 

Ils  ont  trait  la  sonore  boisson  du  ciel  qui  est  de  la  nature 
de  l’ancien,  du  grand  abîme  du  ciel  (?)  ; s’approchant  de 
l’Ardent  qui  naît,  ils  l’ont  fait  retentir  avec  eux. 

pâda  1.  — Cf.  109,  3,  arsa  divyah  piyüsah  ; 51,  2,  divali  pïyü- 
sam  uttamam  somam...  sunotâ;  85,  9,  roruvad  divali  pïyüsain 
daliate  nrcaksasah . 

1.  Berg.,  I,  209  : « Les  premiers  sacrificateurs.  » — Il  est  peu  vraisem- 
blable que  les  auteurs  des  hymnes  aient  eu  l’idée  des  fondateurs  du  sacrifice. 


446 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


9.  — cidha  xjâd  imé  pavamdna  rôdasî  | imà  ca  viçvd 
bhûvandbhi  maj mdnd\\  ijûthê  nd  nisthâ  vrsabhô  vi  tisthase 

O allumé,  lorsque  ces  deux  brillantes  et  tous  ces  êtres 
s’approchent  au  moyen  de  la  grandeur,  ô taureau,  tu  te 
tiens  (debout),  pareil  à celui  qui  se  dresse  dans  le  troupeau. 

pâda  4.  — Cf.  77,  5,  atyo  na  yüthc  vrsayuh  kanikradat.  — 
Berg.,  I,  213:  « 11  est  au  milieu  des  êtres  comme  le  taureau  dans  le 
troupeau.  » 


10.  — sômah  pundnô  avydye  vâre  \ çiçur  nd  krilan  pdva- 

mdno  aksdh  ||  sahàsradhârah  çatàvàja  induh 

Le  liquide  qui  s’allume  dans  la  toison  de  la  brebis,  celui 
qui  s’allume  en  s’agitant  comme  un  enfant1 2,  a coulé,  — (lui) 
le  brillant  qui  a les  courants  des  mille  (dons),  qui  a pour 
réconfort  les  cent  (dons). 

Hémistiche  1.  — Cf.  86,  26,  kacir  atyo  na  krilan  pari  Dâram 
arsati. 

pâda  3.  — Cf.  96,  9\  même  .formule. 

11.  — esd  pundnô  mâdhumàn  rtâvé  | -ndrâyênduh  paoate 

svàdûr  ûrinih  ||  vdjasdnir  varivovid  vayodhâh 

Celui  que  voilà  qui  s’allume,  pourvu  du  doux,  pourvu  du 
versé,  le  brillant,  le  savoureux,  le  Ilot,  s’allume  pour 
l’Ardent,  — lui  qui  conquiert  le  réconfort,  qui  trouve 
le  large,  qui  établit  la  nourriture. 

12.  — sa pavasva  sâhamânah  prtanyùn  | sédhan  rdksdnsy 
titpa  duvyddiâni  ||  svdyudhàh  sdsahvân  soma  çàtrün 

Toi  que  voilà,  maîtrisant  les  adversaires,  écartant  les 
gardiens  qui  ont  de  mauvais  bains1,  (écartant)  les  ennemis, 


1.  Berg.,  I,  187  : « Jouant  comme  un  petit.  » 

2.  C’est-à-dire  qui  sont  dépourvus  des  liquides  dans  lesquels  se  plonge  le 
soma  pavamâna. 


Le  culte  védique  du  soma 


44t 


à liquide,  toi  qui  as  de  belles  armes,  qui  es  vainqueur,  — 
allume-toi  ! 


HYMNE  CXI 

1.  — ayâ  rucà  hdrinyâ  puncinô  viçvd  | dvéèdnsi  tarati 
svayûgvabhih  \ suro  nd  svayûgvabhih  ||  clhârà  sutâsya 
roccite  \ puncinô  arusô  liârih  ||  viçvd  ydd  rûpâ  pariyâty 
rkvabhih  j saptâsyebhir  rkvabhih 

Au  moyen  de  cet  éclat  doré,  l’allumé  traverse  tous  les 
ennemis,  à l’aide  de  ceux  qui  ont  un  attelage  fait  avec  leur 
bien;  pareil  à un  héros,  à l’aide  de  ceux  qui  ont  un  attelage 
fait  avec  leur  bien.  Le  courant  du  coulé,  l’allumé,  le  rouge, 
le  doré  resplendit,  alors  qu’il  vient  entourer  toutes  les 
formes  avec  les  chanteurs  aux  sept  bouches,  — avec  les 
chanteurs. 

Berg.,  I,  155,  remarque  que  « les  indications  relatives  à la  cou- 
leur brillante  du  breuvage  du  sacrifice  sont  accumulées  » aux  trois 
vers  de  cet  hymne. 

2.  — tvc'nn  tydt  panînâm  vido  vcïsu  sdm  [ màtrbldr  mav - 
jciycisi  svd  à dama  | rtàsya  dhitibhir  dcime  || pardvâto  nd 
sâma  tcid  j yditrd  rdnanti  dhitâyah  \\  triclhâtubhir  dru - 
slbhir  vc'iyo  dadhe  | rôcamdno  vdyo  dadhe 

Tu  as  trouvé  ceci,,  ce  bien  qui  est  aux  reteneurs,  à l’aide 
des  mères  et  en  même  temps  qu’elles;  tu  (le)  rends  brillant 
dans  sa  demeure  au  moyen  des  pensées  du  versé,  — dans 
(sa)  demeure.  C’est  comme  un  chant  qui  vient  de  l'éloigné, 
là  où  les  pensées  se  rassasient;  celui  qui  brille  au  moyen 
des  rouges  aux  trois  supports  a établi  la  nourriture,  — il  a 
établi  la  nourriture. 

pâda  1.  — Berg.,  218  : « Soma  est  conquérant  du  trésor  des 
Papis.  » 


448 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


3.  — pàroàin  ànu  pradiçam  ydti  cékitat  | sdm  raçmibhir 
yatate  darçatô  râtho  \ daiüijo  darçatô  râtliah\\dgmann 
ukthâni paûnsyê  \ -ndram  jaitrdya  harsayan  ||  vûjraç  ca 
yâd  bliàuatho  dncipacyutd  | sainâtsv  ânapacyutd 

En  (la)  suivant,  le  luisant  va  à l’indicatrice  qui  est  en 
avant;  le  char  céleste  brillant  s’attelle  au  moyen  des  rênes 
(ou,  des  rayons),  — le  char  brillant;  les  chants  issus  des 
mâles  sont  venus  en  agitant  (ou,  réjouissant)  h Ardent  pour 
la  conquête',  alors  que  (l’arme)  issue  du  réconfort  et  (toi) 
apparaissez  non  écartés  dans  les  rencontres  (ou,  dans  les 
festins  communs),  — non  écartés. 


HYMNE  CX1I 

1.  — ndnânüm  vâ  u no  dhiyo  | vi  vratâni  jândndm  ||  tâksd 
ristdm  rutàm  bhisâg  \ brahmâ  sunvântam  ichati  | 
-ndràyendo  pari  srava 

Ce  que  (voilà)  de  différent  aspect,  ce  sont  nos  pensées,  ce 
sont  les  objets  désirés  des  hommes(-somas),  — le  fabricateur 
désire  ce  qui  a été  fendu,  le  guérisseur  ce  qui  a été  brisé, 
la  prière-réconfort  ce  qui  coule;  — ô brillant,  coule  circu- 
lairement  pour  l’Ardent. 

pâda  2.  — Berg.,  III,  270  : « Les  différents  orata  des  hommes 
paraissent  être  leurs  différents  genres  de  vie.  » 

2.  — jâratlbhir  ôsadhibhih  | parnébhih  çakunândm\\  kdr- 
mdrô  âçmabhir  dyûbhir  \ liivanyavantam  ichati  | -ndrâ- 
yendo  pari  srava 

Au  moyen  des  plantes  (réconfortantes)  qui  chantent  (?), 
des  ailes  des  oiseaux,  des  montagnes,  des  jours,  l’artisan 
désire  celui  qui  est  pourvu  d’or;  — 'ô  brillant,  coule  circu- 
lairement  pour  l’Ardent. 

li  Berg.,  II,  251  : « Le  Sonia  excite  Indra  à vaincre.  » 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


449 


3.  — kàrûr  ahdm  tatô  bhiscïg  | upalapraksinï  nanâ  ||  nànâ- 
dhiyo  vasüydvô  ] ’nu  gâ  iva  tasthimê  | -ndràyendo  pari 
srava 

Je  suis  chanteur,  (mon)  papa  (est)  médecin,  la  maman  est 
nourrice  de  ce  qui  est  au-dessus1  ; — ayant  diverses2  pen- 
sées, désireux  du  bon,  nous  nous  tenons  à la  suite  comme  les 
vaches;  — ô brillant,  coule  circulairement  pour  l’Ardent. 

4.  — ctçvo  vôlhà  sukhâm  rdtham  | hasanàm  upamantrinah  |[ 
çépo  rômanvantau  bhedciâ  | vâr  in  mandüka  ichati  \ 
-ndràyendo  pari  srava 

Le  cheval,  le  porteur,  désire  le  char  aux  beaux  rais;  les 
conseillers  (ou,  les  discoureurs)  désirent  le  l'ire;  mentula 
duas  pilosas  Jïssuras  cupit ; la  grenouille  désire  l’eau;  — 
ô brillant,  coule  circulairement  pour  l’Ardent. 

HYMNE  CXIII 

1.  — çaryanâvati :1  sômam  | indrah  pi  bat u vrtrahâ  ||  bàlam 
dcidhâna  âtmdni  | karisyàn  viryàm  mahcïd  \ indrâyendo 
pari  srava 

Que  l’Ardent,  destructeur  de  l’enveloppe,  boive  le  liquide 
dans  celui  qui  est  muni  de  flèches;  — établissant  la  force 
dans  le  souffle  vital,  devant  produire  le  haut  héroïsme,  — 
ô brillant,  coule  circulairement  pour  l’Ardent. 

pàda  4.  — Cf.  8,  1%  ( somah )■  ••  vardhanto  asya  vïrrjam. 

2.  — d paoasva  diç.cun  pata  \ ârjïkâV  soma  mîd/ioa/i  || 

1.  Sens  hypothétique.  Je  rattache  praksin  dans  le  composé  upalapraksin 
à prks , nourriture. 

2.  Des  noires  et  des  blanches,  par  allusion  aux  deux  couleurs  du  soma. 

3.  Sur  le  prétendu  Çaryanàvat,  voir  Berg.,  I,  176. 

4.  Sur  le  prèteudu  Ârjika,  voir  Berg.,  I,  176. 


29 


450 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 

rtaodkéna  satyéna  | çraddhâyâ  tâpasà  suid  \ indrcL- 
ya,  etc. 

Allume-toi,  ô maître  des  directrices,  ô liquide  humide, 
issu  de  celui  qui  est  de  la  nature  de  ce  qui  est  droit,  — 
ô versé,  coule  circulairement  pour  l’ Ardent  au  moyen  de 
la  voix  du  coulé,  de  la  manifestation,  de  l'oblation,  de  la 
chaleur. 

3.  — parjànyavrddham  mahisdm  | tdm  süryasya  duhità- 
bharat  ||  tdm  gandharvàh  pi'âty  agrbhnan  | tdm  sôme 
rdsam  âdadhur  indràya,  etc. 

La  fille  du  soleil  a apporté  ce  buffle  que  voilà,  qui  croit 
par  le  nuage  (ou,  la  pluie);,  les  gandharcas 1 l’ont  saisi,  ils 
ont  établi  ce  suc  dans  le  liquide.  — Coule  circulairement, 
ù brillant,  pour  1 Ardent! 

Hémistiche  1.  — Cf.  1,  6,  punüti  te  parisrutarn  somam  süryasya 
duhilâ.  — Berg.,  Il,  402  : « La  fille  du  soleil  apporte  ce  taureau  qui 
a cru  dans  le  nuage  ou  chez  Parjanyab  » 

pàda3.  — Cf.  83,  4,  yandharca  itthâ  padam  asya  raksati. 

4.  — rtdm  vâdann  rtadyumna  | satydan  vâdan  satyci- 
karman  ||  çrdddhàm  vddan  soma  rdjan  ] dhdtrà  soma 
pdriskrta  indràya , etc. 

Appellant  (ou,  proclamant)  le  versé,  ô toi  qui  tiens  ton 
éclat  du  coulé,  — appelant  (ou,  proclamant)  le  manifesté, 
ô toi  qui  as  pour  œuvre  le  manifesté,  — appelant  (ou,  pro- 
clamant) l’oblation,  ô liquide,  ô roi,  ô liquide  développé  par 
le  créateur,  — coule,  etc. 

Berg. , III,  266  : « Soma  dit  le  rta  et  le  satya.  ». 

1.  Cf.  Berg.,  III,  66. 

2.  Pourquoi  celte  alternative  dans  un  cas  qu’il  importait  si  fort  de  tran- 
cher (cf.  III,  27)?  Si  Parjanya  est  le  nuage,  Indra  est  le  feu  ardent  et  aiusi 
des  autres  personnifications  védiques. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


451 


5.  — satydmugrasya  brhatdh  \ scun  sravanti  samsravcïh  || 
s dm  ycinti  rasino  râsâh  \ punânô  brdhmand  hara  in- 
clrâya,  etc. 

Les  courants  réunis  du  fort  qui  se  manifeste  (et)  du 
puissant,  coulent  avec  lui;  les  sucs  du  succulent  raccom- 
pagnent. O doré,  toi  qui  l’allumes  par  la  prière-réconfort, 
— coule,  etc. 

6.  - — yâtra  brahmâ pavamàna  \ chandasyâm  oàcam  vdclan  || 
yrâvnd  sôme  mahlyàte  \ sômenânanddm  jandyann  in - 
drâya,  etc. 

Ceci  dans  quoi  la  prière-réconfort,  ô allumé,  faisant  re- 
tentir la  voix  du  chant,  est  agrandie  dans  le  liquide  au 
moyen  de  la  montagne,  en  engendrant  le  plaisir  au  moyen 
du  liquide,  — (en  cela)  coule,  etc. 

Traduction  Berg.,  I,  193  : a Là  où  le  prêtre  céleste,  (Brahmâ?), 
ô toi  qui  te  clarifies,  prononçant  des  paroles  rythmées,  presse 
magnifiquement  le  Sonia  avec  la  pierre,  répandant  la  joie  avec 
ce  Sonia.  » 

7.  — mettra  jyôtir  djasrain  | ydsinin  loké  soàr  hitdm  II 
tdsmin  mâm  dhehi  pavamàna  | -inrte  loké  dksita  in- 
dràya,  etc. 

Ceci  dans  quoi  est  l’éclat  non  épuisé,  l'espace  dans  lequel 
le  soleil  est  établi,  dans  cet  espace  non  mort,  non  arrêté, 
établis-moi,  ô allumé;  — coule,  etc. 

Traduction  Berg.,  I,  192:  « Là  où  est  la  clarté  impérissable, dans 
le  monde  où  est  déposée  la  lumière,  dans  ce  monde  immortel  et 
indestructible,  ô toi  qui  te  clarifies,  place-moi.  » — Cf.  92,  5. 

8.  — y dira  râjd  vaioasoato  \ ydtràvarôdhanam  divcih  || 
yütrâmûr  yahvâtîr  âpas  ( tâtra  mâm  amrtam  krdht- 
ndrâya,  etc. 

Ceci  dans  quoi  est  le  roi  issu  du  brillant,  là  où  est  l’enve- 


452 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


loppe  du  ciel,  là  où  sont  ces  eaux  rapides  (?),  — en  cela 
crée-moi  non-mort;  — coule,  etc. 

Traduction  Berg.,  I,  192  : « Là  où  est  le  roi  fils  de  Vivasvat 
(Yama),là  où  est  la  partie  la  plus  reculée  du  ciel, là  où  sont  les  eaux 
lointaines  toujours  jaillissantes,  en  ce  lieu  rends-moi  immortel.  » 

9.  — yâtrdnukâmâm  câranam  \ trinâké  tridivc  divâh  || 
lokâ  yâtra  jyôtismantas  | tâtra  mâm  amrtam  krdhi- 
ndràya,  etc. 

Ceci  dans  quoi  est  la  marche  à la  suite  de  ce  qu’on  désire, 
dans  ce  qui  a trois  sommets,  dans  les  trois  cieux  du  ciel, 
là  où  sont  les  espaces  pourvus  de  lumière,  — en  cela  crée- 
moi  non-mort;  — coule,  etc. 

Traduction  Berg.,  1, 193  : « Là  où  l’on  se  meut  à son  gré,  dans  le 
triple  firmament,  dans  le  triple  ciel  du  ciel,  là  où  sont  les  mondes 
resplendissants,  en  ce  lieu  rends-moi  immortel.  » 

10.  — yàtra  kâmd  nikàmâç  ca  | yâtra  bradhnâsya  vistci- 
pam  ||  suadhâ  ca  yàtra  tjptiç  ca  \ tâtra  mâm  amrtam 
krdhindrâya,  etc. 

Ceci  dans  quoi  sont  les  désirs,  et  les  désirs  inférieurs  ; 
ceci  dans  quoi  est  le  support  du  rouge,  ceci  dans  quoi  est 
la  soad/ici  et  le  régal,  — en  cela  crée-moi  non-mort;  — 
coule,  etc. 

Traduction  Berg.,  I,  193  : « Là  où  sont  les  objets  de  tous  les 
désirs,  là  où  est  le  séjour  élevé  du  brillant,  là  où  l’on  se  rassasie  de 
la  svadhâ  offrande  aux  mânes),  en  ce  lieu  rends-moi  immortel.  » 

11.  — yâtrânandaç  ca  môdâç  ca  | mûdah  pramûda  âsate  || 
kâmasya  yâtrâptàh  kàmâs  j tâtra  mâm  amrtam  krdhi- 
ndrâya,  etc. 1 

Ceci  dans  quoi  sont  les  jouissances  et  les  joies,  les  plaisirs, 

1.  L’explication  de  l'ensemble  de  cet  hymne  est  inséparable  de  celle  de 
RV.,  VIII,  4S,  'à,  traduit  et  commenté  ci-dessus,  p.  19. 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


453 


les  aspirations  ; ceçi  dans  quoi  sont  obtenus  les  désirs  du 
désir,  — en  cela  crée-moi  non-mort;  — coule,  etc. 

Traduction  Berg.,  I,  193  : « Là  où  sont  les  joies,  les  plaisirs,  les 
satisfactions,  là  où  le  désir  atteint  ses  objets,  en  ce  lieu  rends-moi 
immortel.  » 

HYMNE  CXIV 

1.  — y à indoh  pdvamdnasyâ  | -nu  dhâmàny  âkramit  ||  tâm 
dliuh  suprajâ  iti  y as  te  somâvidhan  \ mclnct  indrâyendo 
pari  srava 

Celui  qui  a monté  à la  suite  dans  les  établissements 
du  brillant,  de  l’allumé,  ils  disent  de  lui  : « Il  a une  belle 
progéniture  »,  lui  qui,  ô liquide,  a pénétre  ta  pensée,  — 
ô brillant,  coule  pour  l’Ardent! 

Hémistiche  1.  — Cf.  28,  23,  viçvâ  dhâmàny  âoiçan. 

2.  — rse  mantrakrtàm  stômaih  | kâçyapodvardhdyan 
gira/i\\ sômam  namasya  râjdnam  | yô  jajnê  vïrûdhdm 
pâtir  indrcïyendo  pari,  srava. 

O chanteur  kaçyapa,  toi  qui  accrois  en  les  élevant  les  voix 
au  moyen  des  voix  de  ceux  qui  créent  les  pensées,  célèbre 
le  liquide,  le  roi  qui  est  né,  (lui)  le  maitre  des  plantes(-récon- 
forts),  — ô brillant,  coule  pour  l1  Ardent! 

3.  — saptd  diço  nândsûrydh  | saptd  hôtdra  rtvijah\\  devâ 
ddityâ  yé  saptd  têbhih  somdhhi  raksa  na  \ indrâyendo 
pari  srava 

(Il  y a)  sept  directrices,  ayant  plusieurs  soleils,  sept  sacri- 
ficateurs qui  offrent  l’oblation  ; les  Célestes  de  la  nature  do 
la  non-liée  qui  sont  au  nombre  de  sept,  — au  moyen  d’eux, 
ô liquide,  approche-toi  pour  nous  garder,  — ô brillant, 
coule  pour  l’ Ardent! 


454 


LE  CULTE  VÉDIQUE  DU  SOMA 


Berg.,  III,  102  : « Il  y a sept  régions  qui  ont  les  soleils  divers; 
il  y a sept  prêtres  hotris;  avec  les  Âdit}ras  qui  sont  sept,  protège- 
nous,  ô Sotna!  » 

4.  — ydt  te  râjah  chrtdm  hauts  \ téna  somâblii  raksa  nah  || 
ardtiuâ  ma  nas  tarin  | rnô  ca  nah  kim  canàmamad  \ in- 
drâyendo  pari  srava 

O roi,  avec  cette  libation  cuite  (ou,  allumée)  (qui  est) 
tienne,  approche-toi  pour  nous  garder;  que  celui  qui  est 
muni  du  manque  de  dons  ne  nous  domine  pas,  que  rien 
ne  nous  nuise,  — ô brillant,  coule  pour  l’Ardent! 


APPENDICES  AUX  NOTES  PRÉLIMINAIRES 


§ 1.  — Sur  les  substitutions  verbales  dans  le  style  védique. 

Une  cause  très  fréquente  des  obscurités  et  des  incohérences 
apparentes  du  style  védique,  est  l’emploi  constant  d'un  mode  de 
développements  verbaux  qui  consiste  dans  ce  qu’on  pourrait 
appeler  l’application  à la  composition  littéraire  de  l’axiome  de 
mathématique  en  vertu  duquel  deux  quantités  égales  à une  troi- 
sième sont  égales  entre  elles.  L’exemple  suivant  mettra  le  procédé 
en  pleine  lumière.  La  liqueur  du  sacrifice  ou  le  soma  est  fréquem- 
ment qualifiée  de  sage  (kavi,  RV.,  IX,  25,  6,  etc.);  elle  reçoit 
tout  aussi  souvent  l’épithète  d’active,  agitée,  excitée  (vipra,  RV., 
IX,  13,  2,  etc.).  Ces  expressions  peuvent  être  représentées  par  les 
formules  kavi  — soma , vipra  — soma,  et  impliquent  la  possibilité 
d’une  nouvelle  formule  kavi  = vipra  rendue  par  l’apposition 
kavir  viprah  qu’on  rencontre  en  effet,  RV.,  IX,  84,  5.  Autrèment 
dit,  le  soma  étant  à la  fois  le  sage  et  l’agité,  on  peut,  en  sous- 
entendant  l’idée  exprimée  par  le  mot  s orna  sous-entendu  lui-même, 
dire  que  « le  sage  est  l’agité  » ; et  si  l’on  perd  en  vue  les  sous- 
entendus,  comprendre  que  « le  sage  est  agité  »,  ce  qui  devient 
énigmatique  en  tant  qu’idée  exprimée  dans  un  hymne  au  soma 
et  au  milieu  d’un  contexte  qui,  du  moins  à première  vue,  semble 
parfaitement  étranger  à cette  idée. 

Ce  procédé  de  style  qui  s’est  développé  à l’aide  des  innombrables 
synonymes  du  nom  primitif  des  éléments  du  sacrifice  ( soma  et 
agni)  et  qu’a  compliqué  à l’infini  la  substitution  fréquente  à ces 
synonymes  des  adjectifs  dérivés  correspondants,  rend  parfaitement 
compte  de  l’effet  produit  sur  certains  savants,  qui  n’en  ont  pas 
pénétré  le  jeu  secret,  par  les  étrangetés  auxquelles  il  a abouti1. 


1.  Voir  le  passage  de  Whitney  cité  à Y Introduction,  p.  xiv. 


456  APPENDICES  AUX  NOTES  PRÉLIMINAIRES 

Il  a été  du  reste  singulièrement  favorisé  par  cette  circonstance  que 
la  littérature  des  hymnes  s’est  accrue  par  elle-même,  et  qu’elle 
trouvait  là  un  moyen  tout  à sa  portée  et  inépuisable  d'amplification 
et  de  variété.  Dans  tous  les  cas,  une  des  principales  règles  de 
l’exégèse  védique  est  d’avoir  sans  cesse  en  vue  cette  particularité 
qui,  à certains  égards,  se  confond  avec  ce  que  nous  avons  appelé 
le  dédoublement  verbal',  mais  qui  s'en  distingue  pourtant  par  le 
surcroît  d’obscurité  qu’elle  jette  dans  ses  applications  les  plus  com- 
plexes sur  les  textes  védiques.  Remarquons  aussi  que  ses  consé- 
quences mythiques  sont  d’une  analyse  facile  et  évidente.  Si  nous 
reprenons,  en  effet,  l’exemple  « le  sage  est  l’excité  »,  ou  inversement 
« l’excité  est  le  sage  »,  nous  apercevons  clairement  comment  on  en 
a tiré  l’interprétation  brahmanique,  « le  prêtre  (en  tant  qu’excité 
ou  enthousiaste)  est  sage  ou  le  sage  ».  La  pente  qui  conduisait  là 
était  peut-être  inévitable  et  irrésistible  pour  les  écoles  brahma- 
niques d’où  est  sorti  le  Nirukta,  par  exemple.  Mais  leur  autorité 
est-elle  de  nature  à agir  encore  sur  nous,  en  paralysant  entre  nos 
mains  les  données  les  plus  sûres  de  la  critique  moderne  et  en  nous 
obligeant  à suivre  avec  une  docile  naïveté  des  enseignements  que 
tant  de  raisons  contribuent  à rendre  suspects? 

§ 2.  — Sur  certaines  formules  liturgiques  latines 
qu’ expliquent  les  Montras  védiques. 

Quelques  formules  sacrificatoires  romaines,  qui  ont  échappé  à 
la  perte  de  l'ensemble  du  rituel,  viennent  singulièrement  à l’appui 
des  textes  védiques  qui  nous  représentent  l'oblation  comme  des- 
tinée à entretenir  et  accroître  le  feu  sacré,  ou  qui  nous  montrent 
sous  l’effet  de  quelles  circonstances  purement  verbales  les  animaux- 
victimes,  — taureaux,  génisses,  chèvres,  etc.,  — ont  été  substitués 
aux  libations  à titre  d’offrandes  aux  dieux. 

Rappelons  d’abord  celle  que  Servius  nous  a conservée  et  ex- 
pliquée dans  son  Commentaire  sur  VÉnéide,  IX,  641  : 

Quoties  aut  tus  aut  vinum  super  victimam  fundebatur , dicebant  : 
Mactus  est  taurus  vino,  tel  ture,  — hoc  est  cumulata  est  hostia, 
et  magis  aucta. 

Comme  l’a  très  justement  indiqué  M.  Bréal,  dans  son  ouvrage 
en  collaboration  avec  M.  Bailly,  intitulé  : Les  Mots  latins  groupés 


1.  Cf.  le  sv  Sià  Suoïv  des  Grecs. 


APPENDICES  AUX  NOTES  PRÉLIMINAIRES 


457 


d'après  l'étymologie,  mactus  est  un  participe  passé  se  rattachant 
au  radical  mag  de  magnus , qui  signifie  « grandi  ».  Ce  sens  s’ap- 
plique excellemment  à la  formule  indiquée  par  Servius  et  qui  cor- 
respond mot  pour  mot  par  endroit  au  passage  du  RV.,  VI,  18,  1 : 
übhir  gïrbhir  vardha  vrsabham , « avec  ces  chants,  — c’est-à-dire 
avec  ces  libations  qui  chantent  ou  crépitent,  — accrois  le  taureau  ». 
Or,  le  taureau  védique,  on  le  sait,  n’est  pas  un  taureau  véritable, 
mais  bien  un  animal  métaphorique,  si  l’on  peut  s’exprimer  ainsi, 
dont  le  nom  s’applique  en  général  au  soma  pavamâna  ou  à la 
libation  allumée  qu’agrandit  ou  qu’augmente  la  libation  qui  ne 
1 est  pas  encore  et  qu’on  verse  à cet  effet  sur  l’autel  déjà  enflammé. 
La  formule  latine  n’a  de  sens  que  si  on  lui  attribue  à l’origine,  et 
conformément  à l’étymologie  de  mactus,  la  même  valeur  que  celle 
de  la  formule  védique.  Il  s’agissait  d’abord,  avec  elle  aussi,  de 
grandir  le  taureau-feu  à l’aide  de  résines  aromatiques  (encens)  ou 
de  liquides  inflammables  (vin  alcoolique).  Seulement,  chez  les 
Latins  comme  chez  les  Indous,  et  peut-être  dès  avant  l’époque  de 
leur  séparation,  le  sens  littéral  de  taureau  avait  remplacé  au  moins 
partiellement  le  sens  métaphorique  de  feu  sacré,  et  le  rite  s’était 
modifié  en  conséquence. 

Dans  la  formule  latine,  d’ailleurs,  le  désaccord  des  termes  trahit 
la  confusion  à laquelle  il  est  dû.  On  n’accroît  pas  un  taureau  qu’on 
offre  en  sacrifice  en  répandant  sur  lui  de  l’encens  ou  du  vin,  et 
l’explication  de  Servius,  d’après  laquelle  il  faudrait  entendre  qu’on 
ajoute  au  taureau  comme  complément  d’offrande  l’encens  ou  le  vin 
en  question,  attacherait  à mactus , dont  le  sens  liturgique  a généra- 
lement tant  d’importance  et  de  relief,  une  acception  effacée  et  tout 
à fait  inadmissible  dans  le  cas  actuel. 

Mais  la  meilleure  preuve  encore  que  l’explication  de  Servius 
n’est  pas  la  bonne,  résulte  des  formules  voisines  qui  nous  sont  par- 
venues par  Caton,  De  Re  rustica,  132,  134,  139  : Macte  hoc  vino 
inferio  esto.  — Macte  itac  dape  pollucenda  esto.  — Macte  hoc 
porco  esto.  « Que  (le  feu  de  l’autel)  soit  agrandi  par  ce  vin  qui  est 
au-dessous.  — Qu’il  soit  agrandi  par  cette  nourriture  destinée  à 
l’allumer.  — Qu’il  soit  agrandi  par  ce  porc  (cf.  le  taureau  de 
la  formule  de  Servius).  » Ici  pas  d’amphibologie  possible  sur  le 
sens  de  macte , qui  ne  saurait  s’appliquer  qu’à  l’objet  même  que  la 
libation  ou  la  victime  grandifie. 

Tout  naturellement,  le  sens  du  verbe  mactare , dérivé  de  mactus , 


458 


APPENDICES  AUX  NOTES  PRÉLIMINAIRES 


«t  suivi  les  vicissitudes  de  ce  dernier.  C’est  ainsi  qu’à  côté  de  l’ac- 
ception étymologique  de  « faire  grandir  » conservée  dans  les 
phrases  comme  mactant  lionoribus  (Cic.,  chez  Nonius),  « ils  l’ac- 
croissent (ou  le  comblent)  d’honneurs  »,  on  le  trouve,  et  le  plus 
fréquemment,  avec  le  sens  liturgique  d’immoler  une  victime,  c’est- 
à-dire  primitivement  d’accroître  avec  elle  le  feu  sacré,  comme 
dans  cette  phrase  de  Virgile  ( Æn .,  IV,  57),  mactant  lectaa  de 
more  bidentes  : « Ils  immolent  des  brebis,  etc.  » 

Le  rapprochement  de  toutes  ces  circonstances  ne  permet  pas  de 
doute,  ce  me  semble,  sur  la  cause  qui  les  relie  et  les  explique. 
Les  formules  hiératiques  traditionnelles,  ces  témoins  précieux  de 
la  religion  indo-européenne  du  feu  domestique,  ont  été  adaptées 
à de  nouveaux  rites,  mais  non  pas  de  telle  sorte  qu’on  n’en 
retrouve  l’antique  costume  derrière  les  altérations  qu’elles  ont 
subies,  et  ces  altérations  mêmes  servent  à en  rétablir  la  signi- 
fication originelle. 


LISTE  DES  PRINCIPAUX  MOTS 


POUR  LESQUELS  ON  S’EST  ÉCARTÉ  PLUS  OU  MOINS  DANS  CETTE  TRADUCTION 
DU  SENS  TRADITIONNEL 


àùçu , éclat.  — Sens  traditionnel,  nom  de  la  prétendue  plante  qui 
produit  le  soma. 

ayriya,  qui  est  au  sommet,  à la  pointe.  — Sens  trad.,  qui  est  le 
premier. 

angiras,  le  rapide,  l’agile.  — Sens  trad.,  Angiras,  personnification 
mythique. 

adabdha , qu’on  ne  saurait  opprimer.  — Sens  trad.,  qu’on  ne 
saurait  tromper. 

aditi,  la  non-liée,  la  déliée.  — Sens  trad.,  Aditi,  personnification 
mythique. 

adlwcira,  l’oblation  enflammée.  — - Sens  trad.,  la  cérémonie  du 
sacrifice. 

apsaras,  l’aqueuse,  la  liquide.  — Sens  trad.,  Apsaras,  personni- 
fication mythique. 

amartya,  amrta,  non  mort,  vif,  actif.  — Sens  trad.,  immortel. 

arâti,  l’absence  de  dons,  d’oblations.  — Sens  trad.,  l’Aràti,  per- 
sonnification mythique. 

ciryaman , le  fidèle.  — Sens  trad.,  Aryaman,  personnification 
mythique. 

asura , l’animé.  — Sens  trad.,  l’Asura,  personnification  mythique. 

indu,  le  brillant,  l’éclatant.  — Sens  trad.,  goutte  brillante  (de 
soma). 

indra,  Tardent.  — Sens  trad.,  Indra,  personnification  mythique. 

ukthya , bruyant,  sonore.  — Sens  trad.,  élogieux,  digne  de  louange, 

usrâ,  la  rouge.  — Sens  trad.,  l’Aurore. 

via,  ce  qui  est  répandu,  versé  (régulièrement,  sans  interruption).  — 
Sens  trad.,  régulier,  conforme  à Tordre  (sacré). 


460 


LISTE  DES  PRINCIPAUX  MOTS 


rbhu,  l’actif.  — Sens  trad.,  Ribliu,  personnification  mythique. 
rsi,  le  chanteur.  — Sens  trad.,  Risi,  personnification  mythique. 
kvçânu,  celui  qui  blesse  (?).  — Sens  trad.,  Krçànu,  personnification 
mythique. 

krtvya,  qui  est  de  la  nature  de  ce  qui  crée.  — Sens  trad.,  actif. 
kratu,  créateur,  création.  — Sens  trad.,  capacité,  habileté,  intel- 
ligence. 

gavyüti,  le  régal  fourni  par  les  vaches.  — Sens  trad.,  pâturage. 
gichâ,  instrumental  de  guh,  ce  qui  cache.  — Sens  trad.,  adverbe, 
en  cachette. 

carsani,  qui  s’agite.  — Sens  trad.,  les  races  humaines. 
tan,  d’où  l’instrumental  tanâ,  ce  qui  s’étend.  — .Sens  trad.,  avec 
sens  adverbial,  continuellement. 

turvaça,  le  vainqueur.  — Sens  trad.,  Turvaça,  personnification 
mythique. 

trita,  le  troisième.  — Sens  trad.,  Trita,  personnification  mythique. 
dasgu,  le  lieur.  — Sens  trad.,  le  Dasyu,  personnification  mythique. 
durita , ce  dont  l’allure  est  difficile,  la  marche  empêchée.  — Sens 
trad.,  difficulté,  danger. 

deçà,  céleste.  — Sens  trad.,  Dieu,  personnification  mythique. 
dliàman , établissement,  édifice.  — Sens  trad.,  établissement,  loi. 
nâman,  signe  distinctif.  — Sens  trad.,  nom. 
nirnij,  l’émergé.  — Sens  trad.,  ornement,  parure. 
nièkrta , ce  qui  est  édifié,  édifice.  — Sens  trad.,  rendez-vous. 
nrcaksas,  ce  qui  est  éclairé  par  les  hommes(-somas).  — Sens 
trad.,  ce  qui  éclaire,  guide  les  hommes. 
pani,  le  reteneur.  — Sens  trad.,  le  Pani,  personnification  mythique. 
parjanya , l’arroseur,  le  pluvieux.  — Sens  trad.,  Parjanya,  per- 
sonnification mythique. 

puramdhi,  celle  qui  établit  l’abondance.  — Sens  trad.,  Puramdhi, 
personnification  mythique. 

rad.  pü  (et  les  dérivés),  allumer,  s’allumer,  briller.  — Sens  trad., 
briller  et  purifier,  éclaircir,  clarifier. 
püèan,  le  nourricier.  — Sens  trad.,  Püsan,  personnification 
mythique. 

barhis,  la  force,  en  tant  que  nom  de  la  libation.  — Sens  trad., 
jonchée  d’herbes  dont  on  couvre  l’autel  au  moment  du  sacri- 
fice. 


Liste  des  principaux  mots 


461 


brhcispati,  le  maître  de  la  prière- réconfort.  — Sens  trad.,  Brihas- 
pati,  personnification  mythique. 
brahman,  la  prière-réconfort.  — Sens  trad.,  la  prière. 
bhaga,  la  part,  le  partageur,  le  participant.  — Sens  trad.,  Bhaga, 
personnification  mythique. 

bhrgu,  le  lumineux,  l'étincelant.  — Sens  trad.,  Bhrgu,  personni- 
fication mythique. 

rad.  mad  (et  les  dérivés),  mouiller,  baigner,  abreuver.  — Sens 
trad.,  enivrer. 

manu,  manus,  le  penseur.  — Sens  trad..  Manu,  personnification 
mythique. 

marut,  l’impétueux.  — Sens  trad.,  Marut,  personnification 
mythique. 

marta,  martya,  mrta,  le  mort.  — Sens  trad.,  le  mortel. 
maya,  matière  productrice.  — Sens  trad.,  illusion,  tromperie,  ruse. 
mitra,  l’ami.  — Sens  trad.,  Mitra,  personnification  mythique, 
rad.  mrd,  frotter,  flatter.  — Sens  trad.,  pardonner,  se  montrer 
favorable. 

rakèas,  le  gardien,  le  reteneur.  — Sens  trad.,  le  Raksas,  personni- 
fication mythique. 

rudra , le  rouge.  — Sens  trad.,  Rudra,  personnification  mythique. 
rodasï,  les  deux  brillantes.  — - Sens  trad.,  les  deux  mondes. 
vanaspati,  le  maître  du  bois.  — Sens  trad.,  Vanaspati.  personni- 
fication mythique. 

varuna , renveloppeur(-ilamme).  — Sens  trad.,  Varuna,  personni- 
fication mythique. 

vâja,  le  réconfort.  — Sens  trad.,  la  force,  etc. 
vipaçcit , celui  qui  tire  son  éclat  de  l’agité.  — Sens  trad.,  sage. 
vipra,  l’agité,  l’actif.  — Sens  trad.,  le  prêtre. 
viçvatas,  adverbe  (provenant)  du  tout.  — Sens  trad.,  généralement. 
vistap,  support,  soutien.  — Sens  trad.,  superficie,  sommet. 
visnu,  l’actif.  — Sens  trad.,  Visnu,  personnification  mythique. 
vrtra,  l’enveloppe,  l’enveloppeur(-obstacle).  — Sens  trad.,  Vrtra, 
personnification  mythique. 

vrthâ,  instrum.  de  vrth,  ce  qui  accroît.  — Sens  trad.  (adverbe), 
à plaisir. 

vrdta,  objet  de  choix.  — Sens  trad.,  ordre  divin,  loi  céleste. 
çambara,  celui  qui  porte  le  bon.  — Sens  trad.,  Çambara,  personni- 
fication mythique. 


462 


LISTE  DES  PRINCIPAUX  MOTS 


çaryanâcat,  celui  qui  est  muni  de  ilèches.  — Sens  trad.,  Çarya- 
nàvat,  nom  d’homme. 

çraddhâ,  l’offrande,  l’oblation.  — Sens  trad.,  foi. 

gravas,  parole,  cri.  — Sens  trad.,  gloire. 

saca,  instrumental  de  sac,  ce  ou  celui  qui  suit.  — Sens  trad. 
adverbial,  de  compagnie,  avec. 

sajosa , compagnon  de  festin.  — Sens  trad.,  animé  du  même 
esprit. 

sat  (et  les  dérivés),  ce  qui  apparaît,  se  manifeste,  se  présente.  — 
Sens  trad.,  l’être. 

sada,  instrum.  de  sâd,  qui  réside.  — Sens  trad.,  sadâ,  adverbe, 
toujours. 

sapti,  attelage  de  sept  chevaux  (?).  — Sens  trad.,  cheval. 

samat,  rencontre.  — Sens  trad.,  combat. 

sarascatï,  la  liquoreuse.  — Sens  trad.,  Sarasvatï,  personnification 
mythique. 

savitar,  celui  qui  verse,  fait  couler.  — Sens  trad.,  Savitar,  per- 
sonnification mythique. 

suta , ce  qui  est  répandu,  versé.  — Sens  trad.,  ce  qui  est  pressé. 

soma,  liqueur,  liquide.  — Sens  trad.,  la  liqueur  extraite  par  le 
pressurage  de  la  plante  soma. 

svasti,  bonne  manifestation.  — Sens  trad.,  bien-être. 


ERRATUM1 


P.  16,  1.6.  — ■ Au  lieu  de  adiàdharad,  lire  : adîdharad. 

P.  20,  1.  1.  — Au  lieu  de  tesmin , lire  : tasmin. 

P.  47,  1.  9.  — Au  lieu  de  üdabhyah,  lire  : adabhyali. 

P.  57,  1.  10.  — Au  lieu  de  sahnsravalçam,  lire  : sahasravalçam. 
P.  66,  1.  26,  et  67,  1.  5.  — Au  lieu  de  sumviyam,  lire  : suvïryam. 
P.  67,  1.  17.  — Au  lieu  de  âvyo,  lire  : avyo. 

P.  92,  1.  11.  — Au  lieu  de  susmino,  lire  : çusmino. 

P.  114,  1.  25.  — Au  lieu  de  vârya  paoamanasa , lire  : vâryà  pava- 
mânâsa. 

P.  151 , 1.  3,  à partir  du  bas.  — Au  lieu  de  daksaya,  lire  : daksasya. 
P.  214,  1.  18.  — Au  lieu  de  mavrmrjàna , lire  : marmvjâna. 

P.  241,  1.  15.  — Au  lieu  de  su,  lire  : sv. 

P.  247,  1.  23.  — Au  lieu  de  devatatâye,  lire  : deoàtataye. 

P.  261,  1.  18  et  26.  — Au  lieu  de  glirtam,  lire  : glirtam. 

P.  328,  1.  4.  — Au  lieu  de  pavamanàsya,  lire  : pavamânasya. 

P.  329,  1.  2.  — Au  lieu  de  s indus  u,  lire  : sindhusu. 

P.  335,  1.  4.  — Au  lieu  de  dhâmüsu,  lire  : dhümasu. 

P.  365,  1.  6.  — Au  lieu  de  çubha,  lire  : çubliali. 

P.  391,  1. 10.  — Au  lieu  de  dliama,  lire  : dliçtma. 

P.  414  seqq.  à l’hymne  C 1 1 , supprimer  partout  au  texte  sanscrit 
le  dernier  trait  vertical  de  chaque  vers. 

P.  439,  l.  7.  — Au  lieu  de  ksayayâ , lire  : ksayâya. 

1.  N'ont  été  relevées  ni  les  quelques  fautes  d’accentuation  ni  celles  qui 
consistent  dans  l’omission  ou  le  mauvais  placement  des  sigues  diacritiques 
dans  le  sanscrit. 


' 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 


Préface v 

Introduction ix 

Notes  préliminaires 

§ 1.  — Principes  d’exégèse  védique. . I 

§ 2.  — Développement  de  la  liturgie  brahmanique  du 
soma  d’après  les  formules  védiques  correspondantes...  7 
§ 3.  — - Examen  critique  des  principales  circonstances  sur 
lesquelles  s’appuient  les  interprétations  de  M.  Hille- 

brandt 16 

§ 4.  — - Preuves  du  peu  de  valeur  de  la  tradition  brahma- 
nique en  ce  qui  regarde  les  textes  du  Rig-Véda 22 

§ 5.  — Remarques  sur  l’interprétation  de  Bergaigne 24 

§ 6.  — Preuves  étymologiques  de  l’importance  de  la  liba- 
tion dans  le  sacrifice  indo-européen  et  védique 26 


Hymne  I 

31 

Hymne  XIV 

91 

— II 

37 

XV 

95 

III 

43 

— XVI 

98 

— IV 

48 

XVII 

101 

— V 

52 

— XVIII 

104 

- VI 

58 

— XIX 

107 

— VII 

62 

— XX 

110 

— VIII 

66 

— XXI 

113 

— IX 

70 

— XXII 

116 

— X 

75 

— XXIII 

119 

— XI 

80 

— XXIV 

121 

— XII 

83 

— XXV 

124 

— XIII 

87 

— XXVI 

127 

30 


466  TABLE  DES  MATIÈRES 


Hymne 

XXVII 

Pages 

129 

Hymne  LXV 

Pages 

240 

— 

XXVIII 

132 

— 

LXVI 

248 

— 

XXIX 

134 

— 

LXVII 

258 

— 

XXX 

136 

— 

LXVIII 

267 

— 

XXXI 

139 

— 

LXIX 

272 

— 

XXXII 

141 

— 

LXX 

277 

— 

XXXIII 

143 

— 

LXXI 

282 

— 

XXXIV 

146 

— 

LXXII 

287 

— 

XXXV 

148 

— 

LXXI  1 1 

290 

— 

XXXVI 

150 

— 

LXX  IV 

294 

— 

XXXVII 

153 

— 

LXXV 

299 

— 

XXXVIII 

155 

— 

LXX  VI 

301 

— 

XXXIX 

157 

— 

LXXVII 

303 

— 

XL 

160 

— 

LXXVIII 

305 

— 

XLI 

162 

— 

LXXIX 

308 

— 

XL1I 

164 

— 

LXXX 

310 

- — 

XLIII 

167 

— 

LXXXI 

312 

— 

XLI  V 

169 

— 

LXXX  II 

314 

— 

XLV 

171 

— 

LXXXIII 

316 

— 

XL  VI 

174 

— 

LXXXIV 

319 

— 

XL  VII 

176 

— 

LXXXV 

321 

— 

XLVIII 

178 

— 

LXXXVI 

326 

— 

XLIX 

180 

— 

LXXXV  II 

346 

— 

L 

182 

— 

LXXXVI  II 

350 

— 

LI 

183 

— 

LXXX  IX 

353 

— 

lu 

185 

— 

XC 

356 

— 

lui 

187 

— 

XCI 

358 

— 

LIV 

188 

— 

XCII 

360 

— 

LV 

190 

— 

XCIII 

363 

— 

LVI 

192 

— 

XCIV 

365 

— 

LVI I 

193 

— 

xcv 

367 

— 

LVI  II 

195 

— 

XCVI 

369 

— 

LIX 

196 

— 

XCVII 

379 

— 

LX 

197 

— 

XCVIII 

400 

— 

LXI 

199 

— 

XCIX 

404 

— 

LXII 

210 

— 

c 

407 

— 

LXI  II 

220 

— 

CI 

409 

— 

LXIV 

230 

— 

Cil 

414 

TABLE  DES 

MATIÈRES 

467 

Pages 

Pages 

Hymne  C 1 1 1 

416 

Hymne  CIX 

438 

— CIV 

418 

— CX 

443 

— cv 

420 

— CXI 

447 

— CVI 

421 

— CXII 

448 

— CVII 

425 

— CXIII 

449 

CVIII 

434 

— CXIV 

453 

Appendices  aux 

notes  préliminaires 

455 

Listes  des  principaux  mots  pour  lesquels  on  s’est  écarté  plus 

ou  moins  dans 

cette  traduction  du  sens  traditionnel 

459 

Erratum 

463 

CHALON-SUR-SAONE 

IMPRIMERIE  FRANÇAISE  ET  ORIENTALE  DE  E.  BERTRAND 


■ 


■