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Full text of "Rodrigue de Villandrando, l'un des combattants pour l'indépendence française au quinzième siècle"

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RODRIGUE 

DE  YILLANDRANDO 


22614.  —  PARIS,    TYPOGRAPHIE    A.    LAHURE 
Rue  de  Fleuras,  9 


RODRIGUE 

DE  VILLAND1UNDO 

L'UN     DES     COMBATTANTS 

POUR     L'INDÉPENDANCE    FRANÇAISE 
AL'    QUINZIÈME    SIÈI  M 


J.    QUICHERAT 

DIRECTEUR    b  E    L  '  L  C  o  I.  1:    DES    CHAEII    - 


PARIS 

LIBRAIRIE   HACHETTE  ET  G" 

"9,    BOULEVARD    SAINT-GERMAIN s    79 

1879 
Droit»  do  propriel»  etd'  traduction  rtaexvt» 


((      FEB    31955     )) 


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SlTY  CFT^0^ 


9  5'  8'  2  41 


PRÉFACE 


Ce  livre  est  le  remaniement  de  plusieurs  arti- 
cles que  je  publiai,  il  y  a  plus  de  trente  ans, 
dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  Chartes.  Je  lis 
connaissance  avec  le  personnage  qui  en  est  le  sujet 
pendant  que  je  recueillais  les  matériaux  de  mon 
édition  des  procès  de  Jeanne  d'Arc.  Sans  avoir  été 
l'un  des  compagnons  d'armes  de  la  Pucelle,  Ro- 
drigue de  Yillandrando  faisait  parler  de  lui  dans 
le  temps  qu'elle  parut.  Je  le  trouvai  tant  de  ibis 
mentionné  avant  et  après  les  événements  de  1429, 
que  je  me  persuadai  qu'un  homme  dont  le  nom 
revenait  si  souvent  avait  rempli  un  rôle  impor- 
tant. Je  profitai  de  la  correspondance  et  des  dé- 
placements auxquels  m'obligeait  la  préparation  de 
mon  grand  travail  pour  me  renseigner,  par  la 
même  occasion,  sur  ce  Rodrigue.  En  peu  de  temps 
j'eus  réuni  assez  de  matériaux  pour  voir  se  for- 


n  PRÉFACE. 

mer  un  ensemble  qui  me  parut  succpliblc  d'être 
mis  en  œuvre. 

Je  croyais  alors  avoir  épuisé  la  matière.  Lors- 
que ma  notice  eut  vu  le  jour,  je  m'aperçus  com- 
bien j'étais  loin  de  compte.  Comme  il  arrive  à 
ceux  qui  ne  sont  pas  rompus  aux  pratiques  de  l'é- 
rudition, j'avais  négligé  des  sources  de  première 
importance.  D'autres,  auxquelles  je  m'étais  adressé, 
avaient  été  de  ma  part  l'objet  d'un  mauvais  em- 
ploi. Et  puis  le  sujet  s'étendait  bien  au  delà  des 
limites  où  s'étaient  renfermées  mes  recherches. 
Cet  étranger  a  laissé  des  traces  dans  une  infinité 
de  lieux  où  je  ne  soupçonnais  pas  qu'il  lut  allé. 
J'en  acquis  la  preuve  par  le  nombre  de  textes 
nouveaux  qui  me  furent  signalés  depuis.  Je  tins 
registre  de  tout  ce  qui  se  présentait,  et  c'est  à  l'aide 
de  ce  supplément  d'informations  que  je  reviens 
sur  un  récit  qui  est  devenu  inexact  dans  un  trop 
grand  nombre  de  ses  parties. 

Je  confesse  sans  regret  et  sans  honte  l'insuffi- 
sance de  mon  premier  travail,  d'abord  parce  que, 
lorsqu'il  parut,  il  était  tout  ce  que  j'avais  pu  faire 
de  mieux  ;  ensuite  parce  que,  tel  qu'il  fut,  il  ré- 
pandit la  connaissance  d'un  nom  à  peu  près 
ignoré,  et  que  c'est  grâce  à  ce  que  l'attention  avait 
été  éveillée  sur  lui  qu'eurent  lieu  les  découvertes 
dont  je  profite  aujourd'hui. 


PRÉFACE 


A  la  façon  donl  on  comprend  actuellement  les 
recherches  historiques,  il  fout  renoncer  à  la  pré- 
tention de  les  faire  complètes,  surtout  si  le  sujet 
que  l'on  traite  appartient  aux  siècles  avancés  du 
moyen  âge.  La  difficulté  lient  à  la  dispersion  des 
documents  non  moins  qu'à  leur  abondance.  Aussi 
serait-on  mal  fondé  à  donner  comme  définitive 
une   composition,    si    laborieusement    préparée 
qu'elle  ait  été,  dont  les  matériaux  appartiennent 
à  l'immense  répertoire  de  cette  époque.  L'ambi- 
tion en  pareille  matière  doit  être  de  se  borner  à 
proposer  des  essais,  que  les  chercheurs  futurs  au- 
ront à  corriger  ou  à  augmenter  au  hasard   des 
pièces  qui  leur  tomberont  sous  la  main. 

Quoique  doublé  de  volume  et  presque  entière- 
ment refait  dans  les  parties  conservées  de  la  pre- 
mière édition,  le  présent  ouvrage  ne  vise  donc  pas 
à  être  autre   chose  qu'un  essai.  Nul  doute  que 
d'autres  documents  ne  s'ajoutent  encore  à  ceux 
qui  ont  permis  de  l'amener  au  point  où  il  est. 
Tous  nos  dépôts  d'archives  ne  sont  pas  encore  in- 
ventoriés; plus  d'une  chronique  manuscrite  du 
quinzième  siècle  reste  à  publier,  et  il  me  semble 
difficile  (pie  l'Espagne  ne  fournisse  rien  de  plus 
que  ce  que  j'ai  pu  en  obtenir.  Quelles  que  soient 
cependant  les  découvertes  à  venir,  je   crois  pou- 
voir affirmer  d'avance  qu'elles  ne  changeront  ni 


■v  PRÉFACE. 

la  physionomie  du  personnage  ni  le  caractère  de 
ses  actions. 

L'intérêt  de  sa  vie  esl  de  montrer  jusqu'à  quel 
point  les  institutions  militaires  furent  confuses  dans 
la  France  du  moyen  âge,  cl  combien  de  maux  l'on 
eut  à  souffrir  avant  qu'il  sortît  de  là  un  commen- 
cement de  régularité.  Non  seulement  Rodrigue  de 
Villandrando  vit   ce  changement  s'accomplir  au 
cours  de  sa  carrière,  mais  on  peut  dire  qu'il  fut 
l'un  do  ceux  qui  contribuèrent  le  plus  à  ramener. 
En  abusant  audelà  de  toute  mesure  d'une  forcedés- 
ordonnée  qui  détruisait  le  pays  pour  arriver  à  le 
défendre,  il  fil  naître   l'idée  de  fonder  sur  une 
armée  permanente  la  sécurité  du  dedans  et  du 
dehors  :  il  fut  comme  ces  fléaux  qui,  par  leurs  ra- 
vages, ont  suscité  la  découverte  des  principes  de 
la  salubrité.  Sinistre  recommandation,  il  faut   en 
convenir,  si  elle  était  la  seule  qui  s'attachât  au 
nom  de  ce  capitaine:  mais  l'équité  veut  que  Ton 
ait  égard  à  ce  que,  étranger  comme  i!  était,  il  s'at- 
tacha avec  une  fidélité  inébranlable  à  la  cause  de 
la  France,  quand  la  cause  de  la  France  était  déses- 
pérée. En  tenant  compte  de  sa  constance,  et  de  la 
part  considérable  qu'il  eut  dans   maints  combats 
glorieux  et  décisifs,  et  surtout  de  ce  que,  par  des 
démonstrations  incessantes,  il  déconcerta  pendant 
de  longues  années  les  plans  d'attaque  de  l'ennemi, 


i'  ri:  iv  Cl 


le  bien  mis  en  balance  a  ec  le  mal,  on  esl  amené 

à  conclure  qu'il  ne  lit  ni  pis  ni  moins  que  beau- 
coup d'autres  hommes  à  qui  une  place  honorable 
a  été  assignée  dans  l'histoire  de  son  temps. 

Que  si  tics  moralistes  sévères  Irouvenl  sans 
compensation  ni  excuse  la  plupart  des  choses  qu'il 
a  faites,  je  persisterai  à  croire  qu'elles  méritaient 
d'être  mises  en  récit,  ne  fût-ce  que  pour  témoigner 
de  l'un  de  ces  accès  d'étonnante  anarchie  que, 
sous  le  couvert  d'un  ordre  réputé  impertubable, 
chacun  des  siècles  passés  a  vus  se  renouveler  en 
Fiance,  et  dont  la  gravité  échappe  aux  yeux  de 
trop  de  personnes  à  cause  de  l'illusion  produite 
par  la  continuité  des  règnes.  C'est  pourquoi  j'ai 
transformé  en  un  livre  à  l'adresse  du  public  un 
mémoire  qui  ne  fut  composé  d'abord  que  pour  le 
monde  restreint  des  érudits  et  des  curieux. 


VIE 


DE 


RODRIGUE  DE  VILLANDRANDO 


Si  l'homme  qui  porta  lé  nom  magnifique  inscrit 
dsuis  ce  titre  revenait  d'entre  les  morts,  il  ne  pourrail 
pas  dire  <le  lui  les  paroles  que  Brantôme  a  mises  dans 
la  bouche  d'un  de  ses  compatriotes  :  «  A  quoi  bon  dis- 
courir de  ma  valeur  et  de  mes  hauts  faits,  quand  l'uni- 
vers entier  enesl  instruit1?  »  Il  s'en  faut  que  l'univers 
connaisse  les  hauts  faits  de  Rodrigue  de  Villandrando,  cl 
que  sa  valeur  soit  un  sujet  d'entretien  parmi  les 
hommes.  En  Espagne,  où  ses  services  lui  valurent  de  son 
vivant  des  honneurs  extraordinaires  dont  sa  postérité 
jouit  encore,  le  peuple  ne  parle  de  lui  que  comme  d'un 
adolescent  à  qui  une  mort  prématurée  n'aurait  pas 
laissé  le  temps  de  s'illustrer  par  les  armes2.  La  France, 
qui  fut  le  théâtre  principal  de  ses  exploits,  a  montré 
encore  moins  de  mémoire.  Jusqu'au  moment  où  elle 
oublia  tout  à  fait  le  nom  de  cet  étranger,  la  seule  idée 

1  No  hoj  necesidad  tle  contarmi  valore  virtudes  que  (odo  cl  mundu 

las  salie.  Rodomontades  espagnoles. 
J  Voy.  la  légende  rapportée  ci-après,  Pièces  justificative*,  u  lxxx, 

1 


2  VIE  DE  RODRIGUE 

qu'elle  y  ait  attaché  fut  d'avoir  appartenu  à  un  malfai- 
teur. Voici  en  effet  dans  quels  termes  nous  est  parvenu 
le  dernier  écho  de  la  renommée  de  Rodrigue,  recueilli 
il  y  a  deux  cents  ans  par  l'annaliste  du  Limousin  : 
«  Cet  homme  esloit  si  médian l  et  cruel,  que  son  nom 
est  tourné  en  proverbe  dans  la  Gascogne,  el  pour  signi- 
fier un  homme  brutal  et  cruel,  on  l'appelle  méchant 
Rodrigue  l.  » 

L'érudition  ne  s'est  pas  plus  mise  en  peine  du  per- 
sonnage historique  que  du  personnage  légendaire.  Dans 
toute  notre  littérature  savante  on  ne  trouve  rien  qui  le 
concerne  particulièrement,  si  ce  n'est  un  article  de  dix 
lignes  que  lui  a  consacré  Moréri8,  et  un  autre,  d'égale 
dimension,  inséré  dans  Y  Histoire  généalogique  de  la 
maison  de  France".  Ceux  de  nos  historiens  qui  l'ont 
mentionné  n'ont  pas  fait  autre  chose  que  de  prendre 
dans  les  chroniques  françaises  du  quinzième  siècle  son 
nom,  qui  n'y  apparaît  guère  autrement  qu'associé  à 
d'autres  noms  de  capitaines,  et  presque  toujours  sous  la 
forme  altérée  de  YiUandras*.  Nul  n'a  eu  la  curiosité 
de  recourir  aux  sources  espagnoles,  pour  voir  si  elles  ne 


1  Bonaventnre  de  Saint-Amable,  Histoire  de  saint  Martial,  apôtre  des 
Gaules  et  notamment  de  i Aquitaine  et  du  Limousin,  t.  111,  p.  701. 

s  Dietionnaire  historique,  t.  X,  p.  (119. 

s  Tome  Ier,  p.  304. 

*  L'altération  c'est  pas  si  profonde  que  semblerait  l'indiquer  l'ortho- 
graphe. C'est  à  tort  qu'on  ferait  sentir  la  finale  de  Yillandras,  comme 
celle  de  Ménélas  ou  Ayésilas.  As  final  se  prononçait,  dans  les  noms  pro- 
pres, comme  dans  les  noms  communs  ou  adjectifs  bas,  las,  chasselas  : 
Carpentrâ  et  non  Carpentrasse,  Mornâ  el  non  pas  Montasse,  Villandrû 
et  non  pas  Yillandrasse.  Villandrû  n'était  pas  très  éloigné  de  la  pronon- 
ciation Villandrando  avec  la  pénultième  fortement  accentuée,  l 'ailleurs 
on  a  écrit  aussi  en  français  Villandrant. 


DE  VILLANDRANDO. 

fourniraienl  pas  quelque  renseignement  de  plus  sur  cet 
Espagnol;  de  sorte  qu'une  uoticc  consacrée  à  sa  mé- 
moire par  Hernando  del  Pulgar1  esl  demeurée  jusqu'ici 
comme  non  avenue  pour  nous  autres  Français,  quelle 
intéressait  le  plus. 

Mais  Hernando  del  Pulgar  n'esl  pas  j  » 1 1 1 -  connu 
chez  nous  que  Rodrigue  de  Villandrando.  C'esl  le  Plu- 
tarque  espagnol  «lu  quinzième  siècle,  et  il  doil  â  la 
France  l'idée  du  livre  qui  a  établi  si  réputation.  Lui- 
même  en  a  fait  l'aven.  Dans  un  voyage  accompli  pour 
s'acquitter  d'une  mission  diplomatique*,  il  eul  com- 
munication d'un  recueil  des  hommes  illustres  du  règne 
de  Charles  Vil,  composé  par  un  certain  Georges  de  la 
Vcin;!ile  (jui  avail  été  secrétaire  de  ce  roiJ.  La  vue  de 
cet  ouvrage,  qui  ne  nous  esl  point  parvenu,  éveilla  en 
lui  le  désir  d'eu  l'aire  un  pareil  pour  son  pays. 

Je  serais  tenté  de  croire  qu'il  emprunta  quelque 
chose  de  plus  à  Georges  de  J;i  Vernade.  Rodrigue  ne 
pouvail  pas  manquer  (ravoir  sa  place  dans  le  livre  qui 
frappa  si  vivement  l'attention  de  son  compatriote.  Le 
secrétaire  de  Charles  VII  serait  alors  l'auteur  où  Her- 
nando del  Pulgar  a  puisé  ses  renseignements  pour  la 

1  Claros  Yurones  de  Caslilla.  Voy.  ci-après,  Pièces  justificati- 
ves, n°  i. 

-  «  Essoniismo  vi  on  Francia  cl  conipendio  que  hizo  un  maestro  Jorge 
(!•'  l.i  Yernada,  scerctario  del  rey  Carlos,  en  que  copild  los  hechos  no- 
tables de  algunos  cavalleros  y  perlado:  <!  i  aquel  reno,que  fueron  en  su 
tiempo.  »  Claros  Yarones,  I'rologo. 

'  Envoyé  à  Louis  XI  j>ar  la  reine  Isabelle  la  Catholique  dont  il  était 
secrétaire.  Nous  avons  sa  lettre  de  créance,  qu'il  présenta  le  18  mars 
1  175  (Ms.  lat.  6024,  fol.  188,  h  la  Bibliolh.  nal.)i  et  la  mention  d'un 
cadeau  d'argenterie  (deux  flacons  et  don/'1  hanaps)  que  le  roi  de  France 
lui  lit  à  celle  occasion.  Ms.  français  200^5,  f.  632. 


4  VIE  DE   RODRIGUE 

partie  de  la  vie  du  capitaine  espagnol  qui  se  passa  en 
France. 

Villandrando  ou,  conformément  à  la  signature  de 
Rodrigue  lui-même,  Yilla-Andrando,  csl  un  village  de 
la  Vieille  Castillc  entre  Burgosel  Valladolid.  La  l'a  ni  il  le 
<jui  porla  ce  nom  ne  IM  pas  d'abord  très-grande  figure, 
malgré  l'illustre  origine  qui  lui  a  été  assignée  par  Joscl 
Pellizer.  Suivanl  ce  aénéaloiriste,  elle  serait  descendue 
des  comtes  souverains  de  Biscaye.  Le  même  auteur 
ajoute  qu'elle  fui  partagée,  depuis  le  treizième  siècle, 
en  deux  branches,  dont  l'une  se  perpétua  à  Valladolid, 
tandis  que  l'autre  émigra  en  France.  La  branche  fran- 
çaise aurait  fondé  la  seigneurie  de  Villandraut  en 
Guienne,  qui  ne  larda  pas  d'être  portée  dans  la  maison 
de  Goth  j>ai'  une  femme,  et  cette  femme  serait  la  mère 
du  pape  Clément  \  '. 

Il  est  notoire  que  Clément  Y,  de  son  nom  de  gentil- 
homme Bertrand  de  Goth,  naquit  à  Villandraut;  mais 
tout  le  reste  du  récit  de  Pellizer  est  un  tissu  d'hxpo- 
thèses  et  de  rapprochements  forcés,  qui  a  pour  unique 
fondement  l'identité  apparente  des  deux  noms  Villan- 
drando  et  Villandraut.  Or  \  illandraut  n'est  que  la  pro- 
nonciation altérée  d'un  nom  qui  s'est  dit  d'abord  en 
latin  vinca  Andraldi  et  qui,  au  quatorzième  siècle, 
s'écrivait  encore  dans  --a  forme  romane  I  inhandraut l. 

1  h.  .In m  l  Pellizer,  Informe  del  origen,  antiguedad,  calidad  y  mo- 
de la  exeelentissima  casa  '/<  Sarmiento  de  Yillamayor.  Madrid, 
1665,  fol.  !)5. 

-  Charte  '!'■  1515  dans  la  Bibliothèque  de  VEcolcdes  chartes,  1  Y0  sé- 
rie, i.  I\,  ]>.  M  ;  Bladé,  Notice  sur  la  vicomte  de  Bezcaume,  lacomtéde 
Benauges,  1rs  vicomtes  de  Breuilhois  ri  d'Auvillars  cl  les  pays  de  Vil- 
landraut r!  de  Cayran,  y.  75.  Bordeaux,  1878. 


DE  VILLANDRANDO. 

Ce  qu'on  rapporte  des  Villandrando  de  Valladolid 
offre  plus  de  certitude.  De  père  en  Gis  ils  exercèrenl 
dans  cette  ville  «les  fonctions  administratives.  Lorsque 
les  Français  entrèrent  en  Espagne  sous  le  commande- 
mt'iii  de  Du  Guesclin,  don  Garcia  Gutierrez  de  Villan- 
drando, alorschef  de  la  famille, se  joignit  à  eux  comme 
partisan  du  prince  Henri  de  Transtamarre.  1!  se  lia  avec 
le  chevalier  Pierre  Le  Besgue  de  Villaines,  le  même 
qui,  au  dire  de  Froissart,  arrêta  de  ses  mains  le  roi 
don  Pèdre,  lorsque  celui-ci  cherchait  à  s'évader  du 
château  de  Montiel1. 

Telle  amitié  formée  sous  le  drapeaux  amena  le  ma- 
riage de  Garcia  Gutierrez  avec  la  sœur  de  Pierre  Le 
Besgue  :  union  brillante  lorsqu'elle  l'ut  conclue,  parce 
que  le  gentilhomme  français  venail  d'obtenir,  pour 
prix  de  ses  services,  le  rïhg  degrand  de  Castilleavec  le 
comté  de  Ribadeo  en  Galice*. 

Garcia  Gutierrez  donna  le  jour  à  Ruy  Garcia  de  Vil- 
landrando, qui  fui  regidor  de  Valladolid,  et  à  don 
Pedro,  seigneur  de  Bambiella,  qui  mourut  en  1  100, 
jeune  et  veuf  déjà  depuis  plusieurs  années,  laissant  la 
dot  de  l'eu  Àldonça  de  Corral5,  sa  femme,  fortement 
endommagée,  et  trois  fils  au  moins  dont  l'aîné,  Ro- 
drigue, esl  celui  que  concerne  cette  notice. 

Lors  du  décès  de  don  Pedro,  Rodrigue  pouvait 
avoir  d'âge  treize  ou  quatorze  ans.  Ses  frères  et  lui 

'  Froissart,  1.  I,  2"  partie,  ch.  ccl. 

*  Josef Pellizer,  Informe  ciel  origen,  etc.,  fol.  94,  r°. 

r>  Elle  est  appelée  [nez  par  le  P.  Anselme,  ainsi  que  dans  le  Diction- 
naire de  Moréri.  Le  témoignage  de  Josef  Pellizer  présente  plus  de  certi- 
tude. 


G  VIE  DE   RODRIGUE 

restèrent  sons  In   tutelle  de  leur  oncle,  Ruy  Garcia, 
et  de  leur  grand'mère,  Térésa  de  Yillaines.  Il  paraîl 
bien    que  quelque    chose    leur  avait  été  assigné,  sur 
le  revenu  du  comté  de  Ribadco,  par  Pierre  Le  Besgue, 
qui  vivait  toujours;  mais  ce  seigneur,  accablédc  vieil- 
lesse, négociait  alors  la  vente  d'un  bénéfice  sur  lequel 
il  avait  trop  à  perdre  à  cause  de  l'éloignement1.  Il  se 
défit  de  son  comté  alin  d'acheter,  du  prix  qu'il  en  tira, 
la  riche  et  libre  seigneurie  normande  que  l'usage  était 
déjà  d'appeler  le  «  royaume   d'Yvelot2.   ><   Sa   sœur, 
désespérée,  lii  tout  ce  qu'elle  put  pour  retenir  ce  que 
cette  aliénation  Taisait  perdre  à  ses  petits-enfants.  Un 
procès  dans  lequel  elle  s'engagea  ne   lui  réu^sil  pas; 
elle  mourut,  et  les  pauvres  orphelins   n'eurent  plus 
d'appui  .[n'en  leur  oncle  le  régidor,  lequel  n'était  pas 
en  situation   de  faire  beaucoup  pour  eux;,  ayant  une 
fille  à  marier,  el  préparant  les  choses  de  loin  pour  que 
le  gouvernement  de  Yalladolid  lui  servit  de  dot  un  joui' 
à  venir  \ 

Voilà  bien  de  la  généalogie,  mais  qui  n'est  pas  sans 
avoir  -mi  opportunité.  Nul  doute  que  les  traditions  de 
famille  n'aient  été  pour  beaucoup  dans  la  destinée 
de  Rodrigue  de  Villandrando.  [ssu  par  sa  grand'mère 
d'une  famille  des  environs  de  Paris  (Yillaines  est  près 
de  Pontoisc,  ei   la  résidence  habituelle  de  Pierre  Le 

|  José  Maria  de  Eguren,  Nolicia  hisiôrica  del  origen  y  funàacion  del 
conduite  de  Rivadeo,  dans  la  Rcvisla  curopea,  I.  Ml  (1876),  p.  215. 

--•  Contrat  passé  an  Chàlclel  de  Paris ,  le  2  mai  1401.  Notice  sur 
les  rois  d'Yvelot  dans  V Annuaire  de  la  noblesse  pour  1871-1872, 
p.  287. 

"■  PelliziT, Informe  del  origen,  etc.,  fol.  94,  \°. 


DE   VII  I  vNDRANDO.  7 

Besgue  fui  Villiers  sous  Néaufle-le-Châtel  |  ',  bercé  avec 
le  récil  des  exploits  de  son  grand-oncle  ci  induit  de 
honni;  heure  à  espérer  que  la  fortune  ne  lui  serait  pas 
moins  propice  en  France  qu'elle  ne  l'avait  été  à  Pierre 
Le  Besgue  en  Espagne,  lorsqu'il  futd'âge  à  voler  de  ses 
propres  ailes,  il  se  dirigea  résolûmenl  do  ce  côté-ci  des 
Pyrénées 

11  arriva  lorsque  s'annonça  il  la  division  fomentée 
par  la  rivalité  dos  doux  maisons  d'Orléans  et  de  Bour- 
gogne, à  laveilled'une  guerre  civile  où  il  allait  d'abord 
trouver  de  l'emploi. 

S'il  est  le  même  qu'un  certain  Rodigo,  que  l'on  trouve 
inscrit  sur  les  rôles  d'un  corps  d'armée  répandu  dans 
le  Rouergue  en  1412  et  1413*,  il  faut  admettre 
qu'il  fit  ses  premières  armes  sons  le  fameux  Ber- 
nard d'Armagnac,  lequel  avait  formé  lui-même  ce 
corps  d'armée  pour  s'en  servir  contre  les  commissaires 
du  roi  en  Languedoc5.  Il  y  a  lieu  toutefois  d'hésiter 
sur  l'identification,  attendu  que  d'autres  Espagnols  du 
nom  de  Rodrigue  servirent  la  France  en  ce  temps-là 
(on  en  aura  la  preuve;  parla  suite  de  ce  récit),  attendu 
aussi  que  notre  Rodrigue  ne  figure  jamais  sans  son 
nom  de  famille  dans  les  documents  administratifs  qui 
le  concernent. 

Un  témoignage  plus  positif  que  le  précédent,  et  qui 
pourrait  à  la  rigueur  se  concilier  avec  lui,  nous  repré- 

1  Lettre  de  rémission  communiquée  par  M.  Siméon  Luce,  JJ  139, 
n°  104,  aux  Archives  nationales. 

'  Archives  de  l'Avcyron,  C.  1345,  f.  122,  y",  et  C.  1369,  f.  3,  v». 
Communication  de  M.  Paul  Durricu. 

5  Vaissete,  Histoire  générale  de  Languedoc,  t.  III,  p.  430. 


8  VIE   DE   RODRIGUE 

sente  Rodrigue  de  Yillandrando  introduit  de  bonne  heurç 
auprès  d'un  capitaine  redouté,  qui  était  en  même  temps 
l'un  des  puissants  seigneurs  du  pays  d'origine  des  Vil- 
laines.  C'est  ceYilliers  de  l'Isle-Àdam1,  de  sinistre  mé- 
moire, à  qui  il  (Hait  réservé  de  conduire  l'entreprise 
nocturne  par  laquelle  Paris  fut  définitivement  livré 
aux  Bourguignons.  Mais,  lorsque  notre  jeune  castillan 
s'attacha  àlui,on  était  encore  éloigné  de  ce  dénouement 
funeste.  L'Isle-Adam,  comme  tant  d'autres  gentilshom- 
mes, n'eut  point  d'abord  d'opinion  arrêtée.  Il  prit  les 
armes  dans  l'intention  de  servir  le  roi,  et  changea  vo- 
lontiers de  parti,  suivant  que  les  chefs  de  l'un  ou 
de  l'autre  parvenaient  à  confisquer  la  personne  de 
Charles  VI.  Mais,  à  la  troisième  ou  quatrième  évolution 
qu'il  voulut  faire,  il  fut  repoussé  par  le  comte  d'Ar- 
magnac2. Alors  il  devint  l'implacable  bourguignon 
que  nous  ont  fait  connaître  les  chroniques. 

Par  les  termes  dont  s'est  servi  Hernando  de!  Pulgar 
pour  retracer  les  débuts  de  Rodrigue,  le  représentant 
comme  un  ouvrier  qu'un  patient  apprentissage  aurait 
conduit  au  plein  exercice  de  sa  profession5,  il  faut  en- 
tendre que  le  jeune  castillan  servit  d'abord  en  qualité 
de  page  sous  le  capitaine,  quel  qu'il  fut,  qui  l'avait  pre- 
mièrement accueilli,  et  que  ce  n'est  qu'après  avoir  passé 

1  Chronique  récemment  publiée  par  M.  Kervyn  de  Lettenhove,  sous 
le  titre  de  Livre  des  trahisons  de  la  France  contre  la  noble  maison  de 
Bourgogne,  volume  de  la  grande  collection  des  documents  inédits  bel- 
ges, intitulé  Chroniques  relatives  à  V histoire  de  la  Belgique  sous  la 
domination  des  ducs  de  Bourgogne,  p.  llliJ. 

-  Jean  Jouvenel  des  Ursins,  Chronique,  ad  ann.  1417. 

5  a  Moço  y  despues  hombre  mancebo,  etc.  »  Yoy.  Pièces  justifica- 
lifes,  n"  i. 


DE    VII  I  INDR  Wloi.  0 

par  les  divers  degrés  de  la  domesticité  militaire  qu'il 
prit  rang  comme  homme-d'armes  dans  une  compagnie. 

Personne  n'ignore  que  les  compagnies  furent  les 
corps  de  troupes  donl  se  composaient  alors  les  armées; 
mais,  la  composition  de  ces  corps  eux-mêmes  étant  moins 
généralement  connue,  quelques  explications  sur  ce  point 
sonl  nécessaires  pour  l'intelligence  de  ce  qui  suivra. 

11  n'y  avail  rien  de  réglé,  même  approximativement, 
qiiiini  à  l'effectif  îles  compagnies.  Cette  expression  a 
désigné  indistinctement  ce  qui  sérail  pour  nous  une 
brigade ,  un  régiment,  un  escadron,  voiremêmeune 
compagnie  dans  ta  rigueur  du  terme.  Mais,  quel  qu'ail 
été  le  nombre  des  hommes,  pour  toutes  les  compagnies 
l'organisation  fut  la  même.  Elles  étaient  forméesde  com- 
battants à  cheval,  auxquels  s'ajoutaient  d'ordinaire  un 
tiers  ou  un  quart  Je  fantassins.  Ceux-ci  maniaient  l'arc 
ou  L'arbalète,  L'arbalète  de  préférence  à  l'arc  dans  les 
compagnies  françaises.  Les  cavaliers  étaient  de  deux 
sortes  :  les  uns  appelés  nommes-d'armes,  paire  qu'ils 
étaient  armés  de  pied  eu  cap;  les  autres,  moins  bien 
montés  et  plus  lénèivinenl  équipés,  étaient  tenus  pour 
les  servants  ou  satellites  des  premiers.  Chaque  homme- 
d'armes  en  menait  deux,  trois,  quatre  à  sa  suite,  selon 
ses  facultés.  Maîtres  et  servants,  groupés  ensemble,  con- 
stituaient autant  d'unités  désignées  sous  le  nom  de 
lances,  parce  que  la  lance,  une  longue  lance  de  qua- 
torze pieds,  était  l'instrument  distinctif  de  l'homme- 
d'armes.  Celui-ci  représentait  le  chevalier  des  anciens 
temps,  et  même, dans  plus  d'un  esprit, persistait  l'opi- 
nion qu'on  ne  pouvait  pas  être  un  homme-d'armes  ae- 


lu  VIE   DE   RODRIGUE 

compli,  à  moins  qu'on  ne  lui  chevalier.  Mais,  en  dépit 
du  préjugé,  le  plus  grand  nombre  des  lances  étaient 
tenues  dans  les  compagnies  par  des  écuyers  ou  soi- 
disan!  lois,  el  il  n'élail  pas  rare  de  voir  de  ces  écuyers 
commander  à  des  hommes-d'armes  chevaliers. 

Les  compagnies  n'étaient  pas  permanentes.  Elles 
élaienl  formées  pour  le  besoin  du  moment,  celles-ci 
avec  de  la  noblesse,  d'après  le  principe  que  l;i  noblesse 
devait  le  service  militaire  en  cas  d'agression  de  la 
puissance  donl  elle  relevait;  celles-là,  en  plus  grand 
nombre,  avec  des  mercenaires  de  toutes  les  provinces 
du  royaume,  et  même  de  tous  les  pays  étrangers. 

En  temps  de  guerre,  surtout  lorsque  la  guerre  se 
prolongeait,  beaucoup  de  ces  corps  de  mercenaires 
n'attendaient  point  qu'on  les  format.  Ils  se  formaient 
d'eux-mêmes  el  se  soumettaient  à  des  chefs  de  leur 
choix,  ou  ({in  s'étaient  imposés  à  eux  par  leur  énergie. 
Les  engagements  contractés  ne  mettaient  pas  le  sort  de 
tous  les  hommes  à  la  merci  d'un  seul.  On  le  voit  par 
les  attributions  administratives  des  capitaines  dans  les 
armées  royales.  Quoiqu'ils  se  fussent  loués  eux  et  leur 
compagnie,  ils  ne  disposaient  point  de  la  solde  du  corps 
entier.  Ilsélaienl  payés  seulement  pour  eux,  leur  porte- 
étendard,  leur  trompette  el  une  petite  escouade  placée 
SOUS  leur  coin  ma udenien I  direct.  Les  sommes  allouées 
aux  autres  étaient  touchées  par  des  officiers  subalternes 
ou  chefs  de  chambre,  qui  avaient  à  leur  charge  les  hom- 
mes-d'armes de   leur  chambrée;   el  chaque  homme- 

d'ar s5  à  son  tour,  avait   à  la  sienne  son  escorte  de 

suivants. 


DE    VIII  INDU  \MiO.  i| 

L'effectif  des  chambrées  ne  fui  pas  moins  variable 
que  celui  du  corps  entier.  Telle  se  composai!  de  cinq 
à  dix  hommes,  telle  de  douze  à  quinze,  telle  de  vingt. 

Les  gens  de  pied  étaienl  administrés  à  part,  d'une 
façon  analogue.  Lorsqu'ils  étaienl  en  uombre  suffisant, 
ils  avaient  à  leur  tête  un  capitaine  subordonné  au  ca- 
pitaine de  la  compagnie.  Leurs  officiers  subalternes 
s'appelaient  conuétables1. 

La  compagnie  de  l'Isle-Àdam  fui ,  dès  les  pre- 
mières prises  d'armes,  employée  dans  l'Orléanais  et  en 
Picardie;  puis  elle  alla  au  secours  d'Harfleur  assiégé 
par  les  Anglais.  Rendue  maîtresse  de  Paris  sans  coup 
férir,  pendant  la  nuit  du  29  mai  1418,  mais  bientôt 
après  surprise  à  son  tour  par  un  corps  d'armée  arma- 
gnac, elle  eut  à  soutenir  dans  les  rues  une  bataille 
sanglante  dont  l'avantage  lui  resta.  Elle  fut  cantonnée 
ensuite  à  Pontoise  et  lieux  circonvoisins,  d'où  elle  se 
livra  pendant  un  an  à  une  guerre  d'extermination. 
Enfin,  ayanl  perdu  Pontoise,  elle  suivit  à  la  réduction 
de  la  France  centrale  son  capitaine,  que  les  événements 
avaient  élevé  à  la  dignité  de  maréchal  du  royaume. 

C'est. dans  ces  campagnes  que  Villandrando  établit 
sa  réputation  de  hardi  combattant  par  son  étude  à  bien 
faire  et  à  rechercher  les  actions  d'éclat.  Jl  était  toujours 
le  premier  à  se  proposer  pour  les  postes  dangereux  et 
les  commissions  difficiles.  Plus  d'une  fois,  lorsqu'on 
était  en  présence  dans  l'attente  de  la  bataille  et  qu'un 
champion  du  parti  ennemi   venait  devant   les    rangs 

1  Tous  ces  détails  sont  extraits  tic  la  volumineuse  collection  dea  Titrea 
scellés,  aux  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale. 


12  VIE  DE  RODRIGUE 

appeler  qui  osât  se  mesurer  avec  lui,  on  vil  le  castillan 
accepter  le  déli,  vaincre  son  adversaire  et  en  rap- 
porter les  dépouilles  à  son  capitaine,  qui  l'honorait 
publiquement  de  ses  éloges  et  de  ses  caresses. 

Mais,  si  ces  actes  de  valeur  trouvaient  leur  récom- 
pense dans  l'approbation  des  vrais  soldats,  pour 
d'autres  ils  furent  un  sujet  d'envie.  Les  chefs  subal- 
ternes craignirent  d'être  supplantés,  à  la  longue,  par 
ce  jeune  homme  dont  les  exploits  effaçaient  les  leurs. 
Ils  cabalèrent  contre  lui,  répandirent  sur  son  compte 
des  bruits  que  paraissait  justifier  son  origine  étran- 
gère1, et  obtinrent  enfin  son  exclusion  de  la  compagnie  : 
cela,  lorsqu'il  venait  de  s'acquitter,  peut-être  avec  peu 
de  succès,  de  la  garde  d'une  petite  forteresse  du  Câli- 
nais, où  l'Isle-Adam  l'avait  posté2. 

Selon  toute  apparence,  cette  disgrâce  se  place  à  la 
fin  de  1419  ou  au  commencement  de  1420,  dans  un 
moment  où  la  défection  entama  les  troupes  du  parti 
bourguignon,  à  propos  de  la  question,  qui  se  posait 
déjà,  d'exclure  de  la  succession  à  la  couronne  le  dau- 
phin, qui  fut  depuis  Charles  VII.  La  chose  fut  trouvée 
si  excessive,  mêmeparmi  les  exécuteurs  des  vengeances 
bourguignonnes,  que  plusieurs  d'entre  eux  désertèrent 
plutôt  que  d'avoir  à  y  souscrire.  Le  gouvernement  qui 
se  couvrait  du  nom  de  Charles  VI  fut  on  ne  peut  plus 
alarmé.  11  menaça  de  sévir  avec  la  dernière  rigueur 
contre  les  transfuges.  Tous  les  Castillans  devinrent  sus- 
pects, parce  que  leur  roi  s'était  déclaré  pour  le  dauphin, 

1  [fernando  de!  Pulgar. 

-  Livre  des  trahisons  de  la  France. 


DE  VILLANDRÀNDO.  ir, 

et  qu'on  savait  qu'il  avait  l'ait  voler  par  se-  corlès  l'ar- 
mement d'une  ûotte  destinée  à  soutenir  la  cause  du 
prince  déshérité *.  La  preuve  que  1rs  craintes  des  Bour- 
guignons à  l'égard  uYs  Espagnols  n'étaient  pas  sans 
fondement  est  dans  ce  fait,  consigné  par  le  religieux 
de  Saint-Denis,  que  plusieurs  arbalétriers  de  cette 
nation  furent  suppliciés  à  Saint-Denis  même,  pour  avoir 
abandonné  leur  compagnie  dans  l'intention  de  passer 
aux  Armagnacs2. 

La  Qdélité  de  Rodrigue  aurait-elle  été  ébranlée?Un 
trait  de  lui,  que  nous  raconterons  tout  à  l'heure,  rend 
inadmissible  un  pareil  soupçon.  Mais  il  est  possible 
que,  clans  sa  franchise,  il  ait  désapprouvé  tout  haut  le 
parti  vers  lequel  il  voyait  ses  amis  incliner.  Il  n'en  fal- 
lut pas  davantage  aux  jaloux  pour  le  représenter 
comme  un  traître. 

Rendu  à  sa  liberté  par  une  injustice,  il  se  tourna 
vers  le  parti  pour  lequel  s'était  prononcée  la  politique 
de  son  pays.  Mais  ce  parti,  il  résolut  de  le  servir  à  sa 
façon  et  à  son  heure,  après  qu'il  se  serait  créé  à  lui- 
même  une  situation  qui  le  mît  désormais  au-dessus  des 
intrigues. et  à  couvert  des  avanies.  Il  avait  assez  bonne 
opinion  de  lui  pour  se  considérer  comme  le  champion 
de  la  Castille,  député  pour  le  salut  de  la  France.  Il  tint 
à  ne  se  présenter  que  lorsqu'il  aurait  une  suite  avec 
laquelle  il  aurait  fait  ses  preuves  et  qui  lui  permettrait 
de  poser  ses  conditions.  Bref,  il  songea,  de  soldat  per- 

1  Fernan  ferez  Je  Guzmao,  Cronica  del  rey  d.  Juan  cl  II.  p.  1  ô7 
et  174. 

-  Livre  XL,  cli.  xn  (l.  VI,  p.  370). 


14  VIE  DE  RODRIGUE 

sécuté  qu'il  était,  à  devenir  par  sa  seule  industrie  un 
officier  compté  pour  quelque  chose  :  résolution  qui 
doit  paraître  singulière  de  la  part  d'un  compagnon  tel 
que  lui  ;  car,  étranger  dans  un  pays,  sans  terre,  sans 
amis,  sans  argent,  avec  des  antécédents  suspects,  com- 
ment espérer  de  s'imposer  aux  autres?  Mais  il  se  sentait 
né  pour  le  commandement,  et  les  circonstances  favori- 
saient ses  vues  ambitieuses. 

Les  compagnies  d'aventuriers  étaient  si  supérieures 
aux  corps  de  la  noblesse  fournis  par  l'appel  aux  armes, 
la  force  militaire  du  royaume  résidait  en  elles  d'une 
manière  si  évidente,  qu'elles  eurent  l'insolence  de  ceux 
qui  se  sentent  nécessaires.  Si,  à  la  fin  d'une  campagne, 
on  ne  voulait  plus  de  leurs  services,  elles  continuaient 
à  guerroyer  pour  leur  compte  ;  elles  se  maintenaient 
en  dépit  de  toutes  les  défenses.  Leur  puissance  était 
celle  d'une  association  qui  ne  compte  dans  son  sein 
que  des  bras  armés. 

La  question  capitale  pour  des  troupes  étant  de  sub- 
sister, malheur  à  la  contrée  où  ces  corps  indépendants 
avaient  pris  domicile!  Bien  que  leur  intention  lui  de 
vivre  sur  l'ennemi,  ils  n'étaient  que  trop  souvent  reje- 
tés dans  le  pays  ami,  qu'ils  traitaient  sans  aucune  dif- 
férence. Leurs  jours  étaient  comptés  par  les  dévasta- 
tions. Vider  les  granges  et  les  établcs  des  villages, 
piller  les  châteaux,  arrêter  les  passants  (jour  en  tirer 
des  rançons,  était  leur  ressource  accoutumée.  Ils 
s'attaquaient  aux  villes  quand  ils  étaient  assez  nom- 
breux pour  les  investir.  Des  communes  populeuses  cl 
protégées  par  de  bonnes  murailles,   mais  qui  se   dé- 


DE  V1LLANDRAB  DO.  i:, 

ûaienl  de  la  solidité  de  leurs  milices,  entrèrent  maintes 
fois  en  composition,  lorsqu'elles  se  virenl  bloquées  sans 
espoir  d'être  secourues.  Elles  achetaient  leur  libération 
à  prix  d'argent,  el  telle  fut  la  fréquence  de  ces  traités, 
qu'on  les  désigna  par  un  terme  particulier,  celui  de 
pactis  ou  patis,  sur  quoi  l'on  forgea  le  verbe  appatis- 
svr  el  le  substantif  appatissement. 

Les  choses  avaient  été  mises  sur  ce  pied  par  les 
hommes  des  compagnies  du  quatorzième  siècle,  ceux 
dont  Froissait  a  raconté  les  prouesses.  Rien  n'est  saisis- 
sanl  connue  les  regrets  de  ces  forbans,  condamnés  au 
repos  par  la  vigueur  du  gouvernemenl  de  Charles  V, 
lorsqu'ils  racontaient  au  curieux  chroniqueur  l'heu- 
reux temps  où  ils  avaient  fait  toutes  leurs  veinules 
dans  ce  plantureux  pays  de  France,  «  le  paradis  des 
gens-d'armes  »,  comme  ils  l'appelaient1.  Eux,  la  France 
d'alors  ne  sut  pas  les  appeler  autrement  que  les  compa- 
gnons, et  ce  terme  jusqu'alors  inoffensif  ne  fut  plus 
prononcé  sans  terreur.  11  était  dans  la  bouche  de  tous 
les  vieillards,  pendant  les  années  paisibles  du  règne  de 
Charles  VI.  11  rappelait  des  maux  que  l'on  ne  croyait 
pas  qu'il. fut  possible  de  voir  arriver  deux  fois  en  un 
siècle.  Et  voilà  que,  par  le  concours  de  la  guerre  civile 
et  de  la  guerre  étrangère,  de  nouveaux  corps  d'aventu- 
riers sortirent  par  centaines  comme  de  dessous  terre, 
et  que  la  tradition  des  ci-devant  compagnons  se  re- 
trouva vivante  parmi  eux.  On  les  jugea  pires  que  leurs 

1  Froissart,  1.  IV,  ch.  \e.  Cf.  De  Fréville,  Des  grandes  compagnies 
au  quatorzième  siècle,  Bibliothèque  de  L'École  des  charl  l1  série, 
(.  III,  2'.^,  et  V,  233;  S.  Luce  Histoire  de  Bertrand  Dugucsclin    i     t< 


li.  VIE    DE   FtODIlIGl'n 

devanciers.  Ils  furent  flétris  d'un  nom  sinistre,  em- 
prunté à  des  souvenirs  plus  anciens.  On  les  appela  les 
routiers1. 

C'esl  sur  des  routiers  que  Rodrigue  de  Villandrando 
se  proposa  d'établir  son  commandement,  mais  un  com- 
mandement qu'il  ne  devrait  pas  à  la  faveur  d'une  mul- 
titude inconstante.  Sa  visée  fui  de  se  créer  une  compa- 
gnie où  il  n'entrerait  que  des  sujets  de  son  choix, 
astreints  à  l'obéissance  par  des  serments  terribles,  et 
sur  lesquels  il  exercerait  un  pouvoir  absolu.  Sûr  d'ar- 
river à  ses  fins,  il  se  mit  à  l'œuvre  en  homme  que  n'é- 
taient pas  capables  de  décourager  des  débuts  ingrats. 

I.e^  premiers  routiers  qu'enfanta  la  guerre  civile 
avaient  fait  leur  apparition  sous  la  conduite  de  plu- 
sieurs chefs  étrangers,  donl  l'un  fui  Espagnol  et  s'ap- 
pela aussi  Rodrigue2.   Le  sort  de  celle  bande,  fut  d'être 

1      II bres  de  armas  de  aquella  gente  perdida  y  desmandada  que  an- 

dava  rob  mdo  v  rescatando  la  licrra,  que  llamavan  los  t'i  anceses  micros.  » 
Çurita,  Anales  (U  la  corona  de  Aragon,  I.  XIII,  c.  i.i. 

-  «  Quaîdani  nefanda  concio  octingentorum  prœdonum  sub  Polifcr, 
Radingo,  Philippoquc  de  Spina,  etc.  >  Chronique  du  religieux  de  Saint- 
I.  IV,  ch.  xxxn  (t.  IV,  p.  i02  cl  106).  Dans  la  Lraduction  fran- 
çais Radin  go  a  été  rendu  par  Radingen,  rattaché  comme  nom  de 
famille  à  celui  de  Polifer;  mais  plus  loin  la  différence  des  deux  per- 
des est  indiquée  :  «  Cum  Polifer  el  Radingo,  septem  quoque  aliis 
capitaneis  fere  triginla  alii,  ut  merucrant,  vitam  suspendio  adjudicati 
sunt  linire.  »  La  Chroniqucdc  Jonn  nel  des  Ursins  dissipe  tous  les  doutes, 
s'il  en  | >ou\ .1  i l  rester.  On  y  lil  à  l'an  lil!  :  »  \  avoit  deux  capitaines 
principaulx,  lesquelz  avoienl  larrons  et  meurtriers  en  leur  compagnie  en 
ranl  nombre.  L'un  estoil  nommé  Polifer  el  l'autre  Rodrigo.»  Ra- 
dingo csl  donc  à  corriger  par  Rodrigo  dans  le  texte  latin.  Le  même  nom 
se  trouve  dans  les  textes  français  du  quinzième  siècle  sous  les  formes 
Radigues,  Rodigues,  Rodiguo.  Quanl  .m  Rodrigue  supplicié  en  1411,  ce 
celui  donl  il  j  ;i  une  quittance  de  1  i  lu  au  Cabinet  dos  litres  de 
la  Bibliothèque  nationale.  Le  nom  est  Rodigo  ■■  Sai  ro.  Il  s'intitula 
c  conduiseur  d'arbaleslriers  »  au  service  du  duc  d'Orléans. 


DE  VILLANDRANDO.  17 

enveloppée  par  plus  loris  qu'elle  et  d'essuyer  lu  traite- 
ment qu'où  infligeait  aux  malfaiteurs.  Tout  son  état- 
uuijor,  Rodrigue  ou  tète,  lui  amené  de  trente  liouos  à 
Paris,  afin  d'y  être  pendu  haut  et  court  au  gibet  de 
Moutfaucou.  Le  souvenir  de  cet  événement,  présent 
encore  à  toutes  les  mémoires,  ne  mettait  pas  en  recom- 
mandation le  nom  de  Rodrigue.  Loin  toutefois  de  recu- 
ler devant  une  sinistre  renommée,  noire  castillan  s'en 
lit  plutôt  un  titre  à  l'effroi  qu'il  était  dans  ses  desseins 
d'inspirer.  C'est  sous  son  prénom  tout  seul  qu'il  inau- 
gura sa  vie  d'aventure. 

Errant  sur  les  grands  chemins,  il  rencontra  un 
premier  vagabond  brave  comme  lui,  pauvre  com- 
me lui,  également  incapable  de  perdre,  également 
désireux  de  gagner,  qui  ne  demanda  pas  mieux  que  de 
suivre  sa  fortune.  Un  antre  se  joignit  bientôt  à  eux. 
Les  \ o i  1  à  tous  les  trois,  associés  d'industrie  et  d'-au- 
daee.  Dans  les  lieux  solitaires,  à  des  heures  choisies, 
il»  épient  de  loin  les  pelotons  en  marche,  ou  bien  ils 
font  la  ronde  autour  des  campements  ennemis.  Sur 
les  traînards,  sur  les  imprudents  qui  s'écartent,  ils 
accourent  la  lance  en  arrêt.  Vainqueurs,  ils  emportent 
la  dépouille  ;  vaincus,  ils  s'enfuient  par  les  chemins 
creux  ou  à  travers  les  forets,  dans  des  retraites  connues 
d'eux  seuls.  Réduits  d'autres  jours  à  de  moins  nobles 
exploits,  ils  détroussent  les  marchands  en  voyage, 
surprennent  les  chaumières  isolées,  mettent  à  rançon 
!'■  paysan1; 

Cette  manière  de  guerroyer  portail  déjà  le  nom  que 

1  fernando  del  Pulsrar. 


18  Vil.   DE   R0MUG1  i: 

nous  lui  donnerions  aujourd'hui  :  elle  s'appelait  du 
brigandage.  La  forme  du  mol,  nu  quinzième  siècle,  fut 
brigandise. 

Les  brigands  pullulèrent  en  ces  lemp>  désolés.  11  y 
en  eut  autant  que  de  pervers  et  de  désespérés  impro- 
pres ou  rebelles  à  la  profession  des  armes,  niais  résolus 
à  gagner  leur  vie  If  couteau  à  la  main  '.  Ils  furent  des 
routiers  solitaires,  qui  achevèrenl  l'œuvre  de  destruc- 
lion  générale  en  porlanl  la  main  sur  tout  ce  qu'il 
arrivai!  aux  compagnies  d  épargner. 

Rodrigue,  qui  avait  trouvé  parmi  ces  bandits  deus. 
compagnons  susceptibles  de  se  plier  à  la  régularité  mi- 
litaire, IU  encore  un  certain  nombre  d'autres  recrues 
de  même  aloi,  si  bien  qu'en  peu  de  temps  il  se  vit,  à  la 
tète  d' une  escouade,  et  qu'il  put  se  donner  pour  ce  qu'il 
voulait  être,  c'est-à-dire  pour  un  chef  de  guerre.  Le 
théâtre  de  ses  exploits  parait  avoir  été  la  frontière  de 
l'Auxerrois,  du  côté  du  Câlinais.  Là  il  se  porta  à  une 
action  qui  montre  la  générosité  de  son  caractère. 

Comme  il  avait  des  espions  autant  qu'il  en  pouvait 
entretenir  et  qu'il  était  informé  de  tout  ce  qui  se  faisait 
autour  de  lui,  il  eut  connaissance  d'une  expédition  que 
les  Français  préparaient  contre  le  maréchal  de  Lisle- 
Adam,  alors  occupé  à  faire  le  siège  de  Villeneuve-le- 


lioi 


Ce  siège  lui  bien  l'entreprise  la  plus  téméraire  qu'on 


1   a  |'i tIi-i   eos  qui  pi  i  Francoruui  parlibus  se  inilitare  dicebant — 

.  il   iln    ine  iiumei  i  ilespcr.tti  alquc  perditi  11  rniines...  i|iii  vulgo  bri- 

Th     Ii.ii:i.    Histoire  du  règne  de  Charles  VIL 

1.     II.    Cil.      M. 


1»L  V1LLANDR  LMm.  lu 

puisse  imaginer,  <ui  était  au  cœur  de  l'hiver  (fé- 
vrier 1421),  el  il  était  notoire  qu'à  une  journée  de 
marche  autour  de  Villeneuve  on  n'aurait  pas  trouvé  de 
quoi  nourrir  seulement  un  cheval,  «  à  moins  de  lui 
faire  paître  la  neige  »,  ajoute  le  chroniqueur.  Lislc- 
Adam  osa  venir  néanmoins,  et,  prenant  position  sur  les 
hauteurs  avec  une  poignée  d'hommes-d'armes  démontés 
et  une  grosse  bombarde,  il  incommoda  tellement  la 
ville  qu'il  n'y.  eut  bientôt  qu'un  vœu  parmi  les  bour- 
geois,  celui  de  voir  le  capitaine  de  la  place  capituler. 
Il  fallait  se  hâter.  Le  vicomte  de  Narbonne,  comman- 
dant pour  le  dauphin  dans  la  contrée,  forma  pour  la 
délivrance  de  Villeneuve  un  corps  d'armée  qui  allait  se 
mettre  en  roule,  lorsque  Rodrigue  en  eut  la  nouvelle  . 

Le  coup  ne  pouvait  pas  manquer  de  réussir;  Lisle- 
Adam  avec  sa  petite  troupe  allait  être  enveloppé,  et  !<• 
sort  qui  le^  attendait  tous  était  d'être  passés  par  les 
armes;  car,  pour  le  moment,  la  fureur  était  montée  à 
ce  point,  dans  les  deux  partis,  qu'on  ne  Taisait  plus  de 
prisonniers.  Les  capitaines  et  les  grands  seigneurs 
étaient  mis  à  mort  aussi  bien  que  les  soldats2.  Dieu 
sait  si  les  français  >e  seraient  épargné  la  joie  d'im- 
moler le  cruel  et  impassible  témoin  des  massacres 
commis  par  les  boucliers  de  Paris  en  1418  ! 

Les  horreurs  de  Paris,  auxquelles  il  est  de  toute  pro- 
babilité qu'assista  Rodrigue,  n'étaient  pas  de  nature  à 
lui  avoir  laissé  des   remords.  Elles  durent  être  à  ses 


1  Livre  des  trahisons  de  la  France. 

*  «  Se  ce  n'uist  fait,  il  estoit  mort;  car  à  cesl  heure,  connue  dit  est) 
lie  failioit  parler  de  raenclion.  »  Ibid. 


20  VIE  DE  RODRIGUE 

yeux  uji  acte  d'hostilité  coinine  un  autre,  et  un  acte 
eonimis  contre  des  gens  qui  étaient  alors  ses  ennemis. 
La  voix  qui  s'éleva  en  lui,  en  apprenant  la  détresse  de 
Lisle-Adam,  fut  celle  de  la  reconnaissance,  ubliant 
l'injure  qui  lui  avait  été  l'aile,  il  ne  se  ressouvint  que 
des  bienfaits  de  ce  seigneur  ;  et  comme  aucun  serinent 
ne  l'attachait  encore  au  parti  français,  il  crut  qu'il 
était  de  son  honneur  d'empêcher  qu'un  homme  de 
guerre  éininent,  son  ancien  maître,  périt  sans  gloire 
dans  un  vulgaire  égorgeaient.  En  conséquence,  il  dé- 
pêcha un  exprès  au  maréchal  pour  l'instruire  de  ce  qui 
se  préparait. 

Lisle-Adam  ne  se  le  fit  pas  dire  deux  fois.  Il  or- 
donna à  ses  hommes  de  ramasser  leur  bagage  et,  la 
nuit  venue,  il  se  retira  à  Sens  où  le  reste  de  sa  compa- 
gnie tenait  garnison.  Le  vicomte  de  Narbonne,  arrivé 
le  lendemain,  ne  trouva  à  la  place  de  l'ennemi  qu'un 
monceau  de  cendres  qui  fumaient.  Les  Bourguignons 
en  s'en  allant  avaient  eu  soin  de  mettre  le  feu  à  leurs 
baraquements,  afin  qu'on  ne  fit  pas  butin  de  ce  qu'ils 
n'avaient  pas  pu  emporter1. 

Il  faut  que  cette  aventure  ait  eu  beaucoup  de  reten- 
tissement, puisque  c'est  d'un  chroniqueur  flamand  que 
nous  en  tenons  le  récit.  Elle  donna  l'éveil  aux  capi- 
taines français  sur  le  danger  qu'il  y  avait  à  laisser  hors 
des  cadres  un  partisan  entendu  et  résolu  comme  cet 
aventurier  espagnol.  Le  dauphin  reçut  le  conseil  de 
le  prendre  à  sa  solde.  L'été  suivant,  Rodrigue  fut  incor- 
poré dans  la  compagnie  du  maréchal  de  Séverac  avec 

1  Livre  des  trahison*  de  lu  France. 


DE  VILLANDRANDO.  l 

sa  l>;iii<K',  qui  formait  une  chambrée  de  vingt  écuyers 
hommes-d'armes,  c'est-à-dire  une  cinquantaine  au 
moins  de  combattants  \  Il  eut  la  gloire  île  Paire  flotter 
un  pennon  à  ses  armes  à  la  suite  du  grand  étendard  de 
France,  qui  marchait  déployé  devant  le  maréchal*. 

I.a  compagnie  de  Séverac  lut  attachée  à  une  armée 
qui  envahit  le  Maçonnais  en  1  i22,  au  moment  où 
Charles  VII  prenait  le  titre  do  roi.  On  voulait  chasser 
les  Bourguignons  du  pays;  car  le  Maçonnais  no  faisait 
pas  partie  du  duché  do  Bourgogne  :  il  relevait  direc- 
tement de  la  couronne.  Il  fut  non  pas  reconquis,  mais 
ravagé  d'un  bout  à  l'autre;  la  plupart  de  ses  villes 
Curent  mises  à  feu  et  à  sang.  De  Tournus  il  ne  resta 
debout  que  l'abbaye  et  les  églises5. 

(lotte  campagne  eut  pour  Rodrigue  l'avantage  de  le 
rapprocher  de  deux  personnes  qui  lui  furent  utiles  par 
la  suite  :  îmbert  de  Groslée,  bailli  nominal  deMâcon, 
mais  sénéchal  effectif  de  Lyon,  et  le  puîné  d'Arma- 
gnac, comte  de  Pardiac.  Ce  dernier  est  le  même  qu'on 
appelait,  familièrement  «  le  cadet  Bernard  »,  à  cause 


1  Ifs.  fr..n°  20588  delà  Bibl.  nat.  ,  fol.  79  :  «  Rodrigue  deVilloden- 
dro  (sic),  escuier,  reçoit  do  \Ia:é  Héron,  trésorier  de  Mgr  le  régent  le 
royaulme,  daulphin  de  Viennois,  32  livres  tournois  sur  ses  gages  et  de 
dis  neuf  aultres  escuiers  de  sa  chambre  et  compaignie  à  l'enconlrc 
des  Anglois,  en  la  compaignie  de  Messire  AJmaury  de  Severac,  mareschal 
de  France,  et  soubs  le  gouvernement  de  Mgr  le  Régent,  tin  nier  aousl 
1421.  » 

*  Ses  armes,  consistant  en  un  fascé  de  8  pièces,  écartelé  d'un  crois- 
sant baissé,  Ggurenl  sur  le,  sceau  de  plusieurs  ai  tes  qui  nous  restent 
de  lui.  Elles  décorent  le  titre  du  présent  ouvrage.  Selon  Paillot,  les 
croissants  étaient  échiquelés  d'or  et  de  sable  en  ebamp  d'areent,  et  les 
fasees  étaient  d'azur  en  champ  d'or. 

"•  .luéuin,  Histoire  de  Toumvs,  p.  2H. 


■2-2  VIE    DE   RODRIGUE 

qu'il  avait  le  prénom  de  Bernard,  porté  par  son  dé- 
funt père,  le  connétable  d'Armagnac.  Par  son  en- 
tremise, Rodrigue  lui  introduit  dans  la  maison  de 
Bourbon;  car  Bernard  d'Armagnac, en  ce  temps-là,  fut 
fiancé  avec  une  princesse  de  cette  famille,  el  enconsidé- 
ration  de  cette  illustre  alliance,  le  nouveau  roi  le  dé- 
cora du  litre  de  lieutenant-général  en  Charolais,  Ma- 
çonnais el  pays  environnants  '. 

[In   litre   comme   celui-];!    élail    une    provocation   à 
l'adresse  du    duc  de  Bourgogne,  héritier   légitime  du 
Charolais  el  seigneur  en  espérance  du  Maçonnais,  donl  il 
comptait  obtenir  la   cession  du  gouvernemenl   anglo- 
français.  Le  prince  n'étanl  d'humeur  à  se  dessaisir  ni 
de  son  droit,  ni  de  ses  prétentions,  se  prépara  à  fous 
les  sacrifices  pour  retenir,  ainsi  qu  il  les  retint  en  effet, 
les  pays  menacés;  el  comme  ses  adversaires  ne  se  lassè- 
rent pas  non  plus  de  les  attaquer,  i!  s'établit  là   une 
lutte  sans  fin,  donl  le  théâtre  s'élargil  à   maintes  re- 
prises, de  sorte  que  le  Beaujolais,  le   forez,    le  Velay 
même,  furent  de  la  partie  chacun  à  son   tour,  et  par 
moments  tous  ensemble.  On  verra  Rodrigue  jouer  son 
rôle  dans  celle  guerre,  dont  les  péripéties  ne  durèrent 
pas  moins  de  douze  ans.  Il  ne  tarda  pas  à  y  paraître  avec 
le  titre  cl  la  fonction  de  capitaine,  axant  déjà  sous  son 
commandemenl  une  compagnie  entière  el  se  disant  au 
son  ici'  du  comte  de  Pardiac. 

Lorsque  le  roi   n'avait  pas  de  quoi  solder  les  compa- 
gnies, ies  princes  el   grands  seigneurs  les  retenaient  à 


Histoire  aénealotjiniic  de  la  maison  de  France,  t.  III.  P.  127. 


DE  VII.I.  VRDRAKDO.  23 

leur  compte,  et  ne  leur  faisaient  pas  voir  davantage  la 
couleur  de  leur  argent  ;  mais  ils  les  laissaient  se  pour- 
voir comme  elles  l'entendaient,  et  souffraient  tout  de 
leur  part,  pourvu  que  de  temps  en  temps  on  pût  dire 
qu'elles  s'étaient  rencontrées  avec  l'ennemi. 

Cependant  la  situation  du  royaume  ne  faisait  qu'em- 
pirer. Réduit  déjà  à  moins  du  tiers  de  la  France  ac- 
tuelle, il  allait  se  diminuant  tous  les  jouis  de  quelque 
nouveau  lambeau,  soit  par  le  progrès  des  armées 
ennemies,  soit  par  la  défection  des  villes,  qui  répu- 
diaient un  gouvernement  si  manifestement  incapable 
de  les  protéger.  Le  monarque  de  vingt  ans,  qui  avait  à 
se  débattre  au  milieu  de  ce  naufrage,  ne  sacliant  où 
donner  de  la  tète,  cédait  à  toutes  les  suggestions.  Il 
se  laissa  persuader  que  le  mal  venait  de  ce  qu'il  y  avait 
trop  de  Français  sous  les  armes  ;  qu'à  part  la  noblesse, 
édevée  dans  le  sentiment  de  l'honneur  militaire,  ses 
sujets  n'étaient  bons  qu'au  pillage;  que,  s'il  voulait  re- 
conquérir  ses  Etats,  il  fallait  qu'il  se  servît  de  troupes 
étrangères.  Alors  il  envoya  demander  des  Ecossais  au 
roi  d'Ecosse,  des  Lombards  au  duc  de  Milan1,  et  il 
décréta  le  licenciement  de  toutes  les  compagnies  qui 
couraient  les  champs,  à  l'exception  de  quatre  cents 
lances  (environ  deux  mille  hommes),  qui  seraient  con- 
servées pour  désarmer  les  autres2. 

Rodrigue  de  Villandrando,  en  sa  qualité  d'étranger 
et  sans  doute  aussi  par  le  crédit  du  comte  de  Pardiac, 


1  Chronique  du  héraut  Berry,  dans  Godefroy,  Histoire  de  Charles  VII, 
p.  570  ;  Vullet  de  Viriville,  Histoire  de  Charles  Vil,  p.  391  et  siiiv. 
-  Pièces  justificatives,  n°  n. 


21  Vil    !»!.  RODRIGUE 

lut  du  nombre  des  capitaines  maintenus.  Presque  aus- 
sitôt on  le  mit  dans  une  petite  armée  formée  sous  le 
commandement  de  Louis  de  Culant,  amiral  de  France, 
pour  agir,  non  pas  contre  les  routiers,  mais  contre  les 
Anglais  et  Bourguignons  vainqueurs  à  Cravant  \ 

Après  leur  succès,  ceux-ci  s'étaient  concentrés  dans 
le  Nivernais.  Par  une  enclave  de  cette  province,  située 
en  face  du  bec  d'Allier  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire, 
ils  tenaient  en  échec  Bourges,  considérée  à  ce  moment 
comme  la  capitale  de  la  France.  C'est  pour  les  chasser 
de  là  que  l'amiral  arriva  en  toute  hâte. 

Sous  un  pareil  chef,  Villandrando  ne  put  que  re- 
doubler d'ardeur.  Louis  de  Culant  avait  combattu  pour 
la  Caslille  contre  les  Maures.  Il  fut  a  ce  fameux  siège 
d'Antequera,  qui  aujourd'hui  encore  est  l'un  des  plus 
glorieux  souvenirs  militaires  de  l'Espagne2.  Le  capitaine 
castillan  était  engagé  d'honneur  à  faire  aussi  bien  pour 
la  France  que  son  général  avait  fait  naguère  pour  son 
propre  pays. 

Les  Anglo-Bourguignons  furent  rejetés  de  l'autre 
côté  du  fleuve  par  la  prise  de  Cuffy  et  de  la  Guerche, 
qui  étaient  les  places  d'armes  d'où  ils  s'avançaient 
jusqu'au  creur  du  Berry5. 

Celte  opération  eut  lieu  peu  de  temps  avant  la  ba- 
taille de  Verneuil,  où  il  n'est  pas  dit  expressément  que 
Bodrigue  ait  assisté,  mais  où  Ton  sait  que  donnèrent 

1  Chronique  de  Raoulet,  publiée  pur  Vallet  de  Vir-ï ville  à  la  suite 
de  Jean  Cliaitier,  t.  III,  \>.  183. 

*  Cabaret  d'Oronville.  Vie  du  duc  Louis  III  de  Bourbon,  éd.  Cln- 
z.iud,  p.  206. 

"   Chronique  de  Huoiilel,  I.  c;  Chronique  du  héraut  Berii,  p.  571. 


DE  VILLANDRANDO.  25 

les  troupes  qui  avaient  l'ail  la  campagne  du  Nivernais. 
Il  est  même  spécifié  que  les  Espagnols  y  fureril  réunis 
m  un  seul  corps,  sous  le  commandemenl  du  \  icomte  de 
Narbonne l. 

Ce  capitaine  est  celui  auquel  on  impute  la  perte  de 
la  journée.  I.e  gros  de  l'armée  française,  composé  de 
gendarmerie  mise  à  pied  selon  la  lactique  dès-Anglais-, 
ne  formait  qu'une  masse  profonde.  I.e,  vicomte  île 
Narbonne,  placé  à  la  tête  de  la  colonne,  aurait  l'ail 
prendre  de  trop  loin  le  pas  accéléré,  de  sorte  que  sa 
division,  harassée  par  la  distance  qu'elle  eut  à  fran- 
chir, se  trouva  *ans  force  pour  entamer  les  lignes 
ennemies   . 

La  vérité  est  que  cette  division,  renversée  au  pre- 
mier choc,  couvrit  le  terrain  de  morts,  parmi  lesquels 
son  général  et  quantité  d'hommes  de  marque;  mais 
les  Ecossais,  qui  venaient  derrière,  tinrent  ferme  el  m 
longtemps,  qu'on  ne  se  souvenait  pas  d'avoir  jamais 
vu  pareille  résistance.  Ilsauraieni  eu  le  dessus,  --ans  une 
faute  du  duc  d'Alenron  C'esl  sur  ce  prince  que  doit 
retomber  la  responsabilité  de  la  défaite.  En  élevant 
une  sotte  .question  de  préséance  au  milieu  de  l'engage- 
ment, il  lit  manquer  un  mouvement  de  la  cavalerie 
d'où  dépendait  la  victoire3. 

La  conséquence  de  la  bataille  de  Verneuil  fut  l'a- 
journement des  projets  de  réforme  militaire.  Les 
Ecossais  turent  exterminés,  les  Lombards,  occupés  à 

1   «  Le  \is''on!e  de  Nerbonne   et  sa  bataille,  en  laquelle  estoient  touz 
les  Espaignols.  »  Raoulet,  p.  186. 
-  Chronique  de  la  Pucelle,èd.  Vallet  de  Viriville,  p.  2â5. 
"•  Vallel  de  Viriville,  Histoire  fie  Charles  VII.  t.  I.  \>.   H6 


20  VIE   DE    RODRKiUE 

piller  le  bagage  des  Anglais,  ne  furenl  d'aucun  se- 
cours;  el,  bien  que  cetlc  leçon  n'eûl  pas  dissipé  l'il- 
lusion où  l'on  étail  à  l'égard  des  troupes  étrangères1, 
les  pertes  qu'on  ;i\;iil  faites  obligèrenl  de  remettre  à 
iiîi  ■  autre  saison  le  désarmement  des  compagnies  fran- 
ches. Les  routiers  reprirenl  de  plus  belle  le  cours  de 
leur-,  exploits. 

Le  silence  qui  a  commencé  sur  les  actions  de  notre 
capitaine  se  prolonge  pendanl  trois  ans.  Il  nous  est 
permis  d'affirmer  que  ce  long  espace  de  temps  ne  se  p;issa 
pas  pour  lui  dans  l'inaction;  car  aucun  des  hommes 
(|!ii  eiirenl  alors  la  lance  nu  poing  ne  trouva  un  seul 
jour  pour  se  reposer.  Occupé  dans  des  lieux  dont  l'his- 
loire  ne  nous  esl  pas  parvenue,  se  signalant  de  son 
mieux  contre  les  Bourguignons  el  les  Anglais,  appa- 
lissanl  les  villes  ennemies,  et,  lorsque  la  faim  le  pres- 
sait, le-~  villes  de  son  propre  parti,  il  traversa,  suis  trop 
indisposer  contre  lui  ses  protecteurs,  la  période  fortunée 
pendanl  laquelle  Uernando  de!  Pulgar  dit  que  le  cœur 
lui  croissail  en  raison  de  ses  prouesses,  el  ses  prouesses 
en  raison  de  ses  recrues,  el  ses  recrues  en  raison  des 
profits  qu'il  procurai!  aux  gens-d'armes2.  Ces!  alors 

[îoethius  témoigne  que  d'aulres  Écossais  furenl  envoyés  à 
Charles  \ll  pour  remplacer  le  contingent  qui  avait  été  anéanti  à  la  ba- 
taille tl  lit,  Ihslovia  Scotorum.  I.  XVI.  Dans  le  Ms.  latin  tin-_>tde 

instructions  d'une  ambassade  envoyée 

arles  \  Il  au  roi  de  I  astille,  en  mars  I  125-6.  On  y  lit  cet  article  : 

,  |.,.  requerront  (le  i  oi  de  Caslille)  que  ceste  saison  il  lui  vueille  aidier  de 

deux  nulle  hommes  d'armes  bien  montez  et  arme/,  el  en  icelui  nombre 

.1  mu  s  ail  deux  ou  trois  cens  hommes  à  la  genete,  se  il  samble 

audit  ro\  expédient  que  ainsi  se  lace.  »  Ko!.  18. 

i  resciendode  clia  en  dia  el  coraçon  con  las  hazanas,  y  las  hazanas 
con  la  -rut",  \  la  gente  cou  el  interes  e.  »  Voy.  Pièces  justificatives,  n°  1. 


DE    VII  LAN  M!  \NM> 

en  effel  qu'il  donna  tanl  d'accroissemenl  à  l'effectif  de 
sa  compagnie  el  que,  sa  renommée  âppelanl  sous  sa 
bannière  autant  d'hommes  qu'il  en  voulait,  il  lui  fui 
possiblede  maintenir  cette  compagnie  sur  le  pied  d'un 
corps  d'armée  imposant,  malgré  les  pertes  qu'il  a vail 
à  réparer  sans  cesse. 

Il  ne  faudrait  pas  attribuer  le  succès  de  Rodrigue 
seulement  à  son  audace  el  à  son  bonheur.  Au  dire  de 
son  biographe  il  possédai!  au  suprême  degré  lesqualités 
el  les  talents  .nécessaires  pour  le  métier  qu'il  avail 
choisi  :  juste,  d'une  sévérité  inflexible,  fidèle  observa- 
teur de  sa  parole,  par-dessus  tout  cela,  général  vigi- 
lant el  bon  tacticien.  Il  ne  souffrail  dans  son  camp  ni 
querelle,  ni  violence,  ni  pillerie.  Si  quelque  excès  de 
ce  genre  lui  était  dénoncé,  il  faisait  venir  le  coupable 
ci  le  tuait  de  sa  propre  main.  Impossible  avec  lui  que  le 
partage  du  butin  amenât  des  discordes,  paire  que  rien 
n'appartenait  à  personne,  qu'il  n'eût  entendu  les  rap- 
ports de  ses  lieutenants.  Jusque-là  tontes  les  prises  'le 
la  journée  étaient  tenues  en  réserve,  pour  être  ensuite 
distribuées  à  chacun  selon  son  mérite.  Avait-il  donné 
sauf-conduit  à  quelqu'un  ou  passé  contrat  avec  une 
ville,  malheur  à  celui  des  siens  qui  l'enfreignait;  car, 
à  moins  de  fuir,  le  coupable  était  pendu  ^aus  rémis- 
sion. 

Mais  ce  capitaine,  qui  comptait  pour  si  peu  la  vie 
d'un  homme  lorsqu'il  s'agissait  de  maintenir  la  disci- 
pline, en  revanche,  il  était  tout  soin,  tout  élude  pour 
le  bien-être  de  sa  compagnie.  Il  voyait  sans  cesse  l'étal 
des  vivres,  du   fourrage,  de   l'équipement,  et,   s'il   y 


5S  VIF.  DE  RODRIGUE 

manquait  quelque  chose,  il  ne  dormait  pas  qu'il  n'y 
eût  été  pourvu. 

Avant  un  engagement,  toutes  les  mesures  avaient 
été  prises  pour  qu'il  rapportât  le  plus  et  coûtât  le 
moins  possible.  Nul  ne  savait  mieux  dresser  une  em- 
bûche,  ni  asseoir  un  camp,  ni  trouver  le  point  faible 
pour  attaquer,  le  côté  fort  pour  se  défendre.  Attentif, 
calculateur,  impassible  jusqu'au  signal  du  combat. 
L'affaire  engagée,  il  se  jetait  au  milieu  de  l'ennemi 
avec  une  fureur  aveugle,  si  plein  d'assurance  en  son 
impétuosité,  qu'il  avait  coutume  de  dire  :  «  Il  n'est 
résistance  qui  vaille  contre  la  tête  d'un  Espagnol  en 
colère.  » 

.l'emprunte  tous  ces  traits  à  Hernando  del  Pulgar. 
Leur  assemblage  sent  un  peu  le  panégyque,  et  il  y  a 
grande  apparence  que,  sous  la  plume  d'un  Français, 
l'éloge  eût  été  plus  mesuré;  mais  personne,  assuré- 
ment, en  France  ni  ailleurs,  n'aurait  contesté  les  droits 
du  routier  espagnol  au  renom  d'un  vaillant  et  savant 
capitaine. 

Le  héraut  d'armes  Berry,  que  sa  profession  tint 
attaché  aux  armées  pendant  toute  la  première  moitié 
du  quinzième  siècle,  affirme,  dans  sa  chronique,  que 
les  Français  avaient  oublié  le  métier  de  la  guerre  pen- 
dant les  années  pacifiques  du  règne  de  Charles  VI,  et 
qu'ils  ne  le  rapprirent  qu'au  milieu  des  alertes  où  ils 
furent  tenus  si  longtemps  par  les  Anglais  l.  Quelques 

1  «  Or  doibt  l'on  sçavoir  que  le  mestier  des  armes  se  doibl  appren- 
dre; car  quant  les  Anglois  vindrent  et  entrèrent  en  France,  les  François 
ne  senvoient  presque  riens  de  la  guerre;  mais  par  longuement  apprendre. 


I)  L    V  I  L 1.  A  >  0  «  A  M)  1 1 . 

hommes,  guidés  par  leurs  dispositions  naturelles,  res- 
taurèrent les  principes  cl  furent  les  instituteurs  de 
leur  génération.  Rodrigue  de  Villandrando  a  sa  place 
marquée  parmi  eux. 

Un  autre  eùlé  par  où  il  eut  l'avantage  sur  la  plu- 
part des  hommes  de  guerre  de  son  temps  fut  l'instruc- 
tion. Le  sort  ne  lavait  pas  l'ail  naître  en  vain  dans 
une  ville  d'université.  Lui  et  ses  frères  furent  mis  aux 
écoles  de  Valladolid.  L'un  de  ses  puînés,  appelé  Pierre 
de  Corral,  du  nom  de  leur  mère,  composa  un  livre 
d'histoire1;  lui-même  sut  écrire  en  espagnol  et  en 
français.  Sa  signature  nous  a  été  conservée  au  bas  de 
plusieurs  actes;  elle  est  élégante  et  dénote  une  main 
assurée.  Sur  une  lettre  que  possèdent  les  Archives  com- 
munales de  Lyon,  elle  est  accompagnée  de  quelques  mots 
dont  l'écriture  est  meilleure  que  celle  du  scribe  qui  a 
tracé  le  reste*.  Rodrigue,  homme  de  loisir ,  aurait  pu 
tenir  sa  correspondance  et  administrer  ses  affaires  sans 
le  secoursdepersonne;  mais  Rodrigue,  capitaine,  etplus 
tard  giand  seigneur,  fui  obligé  d'entretenir  à  son  ser- 
vicedes  secrétaires, un  trésorier,  un  maître  descomple^, 
enfin  tout  le  personnel  d'une  maison  bien  ordonnée. 

ils  sont  de\enuz  maistres  à  leurs  dépens,  et  à  la  lin  ont  dclt'aict  les  Au- 
•ilois.  »  Dans  Godefïoy,  Histoire  de  Charles  VI,  p.  137. 

1  C'est  Çurita  qui  nous  apprend  que  Pierre  de  Corral  était  frère  de 
Rodrigue  :  «  un  hermano  suyo  que  se  llamava  l'edro  de  Corral.  »  Anales 
de  la  coronade  Aragon,  1.  XIII,  c.  lxx.i.  Fernan  Perez  de  Cuzman  parle 
d'ailleurs  avec  peu  de  considération  de  cet  écrivain  :  «  Conio  en  cslos 
nuestros  lieinpos  hizo  un  liviano  y  presuucioso  nombre,  llamado  Pedro 
de  Corral,  en  una  ijue  llamo  Coronica  Scrracina,  que  mas  propriamenlc 
se  puede  llainar  trufa  o  mentira  paladina.  »  Generaciones,  semblanzas  e 
obras  de  L).  Enriqueffly  U.  Juan  el  II,  etc.,  cap.  I. 

'-  Pièces  justificatives,  n°  .wxin,  el  le  fac-similé  ci-contre. 


ou  >  IE   DE  RODRIGUE 

Il  est  temps  de  reprendre  le  iil  des  événements. 

On  était  au  déclin  de  l'année  1427.  Toute  la  région 
de  l'ouest,  depuis  les  possessions  anglaises  de  la 
Gùienne  jusqu'à  la  Loire,  était  plongée  dans  le  dés- 
ordre précurseur  d'une  guerre  civile;  car  le  sort  de 
celle  malheureuse  France,  si  amoindrie,  si  cruellement 
maltraitée  par  l'ennemi  sur  tout  son  pourtour,  était  de 
voir  à  tout  moment  ses  défenseurs  armés  les  uns  contre 
les  autres. 

Présentement,  un  parti  à  la  tête  duquel  figuraient  le 
connétable  de  France,  les  princes  de  Bourbon  et  le 
comte  dePardiac,  [toussait  à  outrance  le  seigneur  de  La 
Trémoille,  ministre  en  laveur,  qui  prétendait  gouverner 
sans  rendre  compte  à  personne,  et  qui  s'était  prémuni 
contre  les  attaques  de  ses  adversaires  en  remplissant 
de  routiers  à  sa  dévotion  la  plupart  des  forteresses  du 
Poitou.  Les  mécontents  ne  s'étaient  pas  fait  plus  Je 
scrupule  de  retirer  les  compagnies  de  devant  l'ennemi 
pour  se  préparer  à  la  lutte.  On  s'observait  des  deux 
côtés,  et,  le  cas  échéant,  on  escarmouchait.  Là  est  l'ex- 
plication d'une  aventure  qui  nous  remet  sur  la  trace  de 
Villandrando,  en  nous  le  montrant  campé  autour  de 
Ruffec,  sur  la  route  de  Poitiers  à  Angoulême. 

Deux  hommes-d'armes  espagnols  de  sa  compagnie 
rencontrèrent,  en  battant  l'estrade,  un  gentilhomme  et 
son  page  qui  leur  semblèrent  suspects.  Il  se  trouva 
que  c'était  un  Du  Plessis,  qui  était  capitaine  pour  le 
roi  du  château  d'Angle  en  Poitou.  11  allait,  disait-il, 
visiter  une  de  ses  terres  en  Angoumois.  Les  autres  ju- 
gèrent probablement  qu'il  allait  en  commission  pour 


DE  VILLANDIUNÛO.  I 

M.  de  laTrémoille  :  ils  le  déclarèrenl  de  bonne  prise 
et  le  mirent  à  rançon.  La  somme  étail  forte.  Le  prison- 
nier en  paya  une  partie  el  demanda  à  être  relâché  pour 

aller  recueillir  le  resle;  mais,  lorsqu'il  lui  libre,  il 
noria  plainte  au  roi,  le  suppliant  d'interposer  son  au- 
torité pour  lui  faire  rendre  ee  qu'il  avait  déjà  soldé. 
Charles  Ml  en  effei  décerna  un  ordre  de  restitution, 
dont  un  poursuivant  d'armes  porta  la  signification  à 
Rodrigue  de  Villandrando  '. 

Cependant  les  choses  allaient  au  plus  mal  à  l'autre 
extrémité  de  la  provinee  anglo-gasconne,  Non  seule- 
ment la  Dordogne,  mais  le  Lot,  avaient  été  franchis. 
Le  Quercj  dans  toute  son  étendue  et  la  partie  se] 
trionale  du  Toulousain  étaient  ravagés  par  les  partisans 
à  croix  rouge.  Un  de  leurs  capitaines,  nommé  André 
de  Ribes,  s'était  emparé  de  Laulrec.  Delà  ilappatissail 
Lombez,  menaçait  Castres,  poussait  des  reconnaissances 
jusque  dans  le  Iïouergue  et  le  Gévaudan.  Renvoyé 
de  Lautrec  à  prix  d'argent,  il  n'avait  pas  quitté  le 
pays2. 

Des  choses  étranges  se  passaient  à  son  égard.  Les 
châteaux  du  comte  d'Armagnac  lui  étaient  ouverts 
pour  mettre  en  sûreté  le  fruit  de  ses  déprédations. 
Plusieurs  places  fortes  du  domaine  de  la  maison  d'Ar- 
magnac, dont  il  s'était  rendu  maître  dans  l'Agenais 
et  dans  le  Quercy,  lui  avaient  été  cédées  en  légitime 
propriété,  et  il  en  montrait  les  contrats;  enfin  il  se  fai- 
sait appeler  «  bâtard  d'Armagnac  »,  avec  l'assentiment 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  m. 
Vaisscle   Histoire  générale  de  Languedoc,  t.  IV,  [t.  169. 


7rl  VIE   DE  RODRIGUE 

du  chef  de  la  famille,  bien  que,  d'après  ce  qu'on 
savait  de  bon  origine,  rien  ne  justifiât  cette  qualité1. 
Comment  expliquer  que  le  grand  seigneur  dont  le 
nom  servait  encore  à  rallier  le  parti  français  lit  de  ce 
nom  la  sauvegarde  de  tous  les  attentats  commis  con- 
tre la  France? 

(Test  que  le  comte  d'Armagnac  touchait  sa  part 
des  contributions  de  guerre  levées  par  André  de  Ribes, 
et  qu'en  même  temps,  par  les  courses  de  ce  partisan, 
il  se  donnait  le  plaisir  de  causer  des  insomnies  au  comte 
de  Foix,  son  rival,  qui  venait  d'être,  de  préférence  à 
lui,  gratifié  du  gouvernement  du  Languedoc.  Sa  per- 
versité ne  s'arrêta  pas  en  si  beau  chemin.  Afin  d'extor- 
quer la  riche  succession  du  maréchal  de  Séverac,  qu'il 
savait  dévolue  à  son  frère  Bernard,  il  séquestra  ce  vieux 
capitaine  dans  l'un  de  ses  châteaux,  et,  après  l'avoir 
contraint  de  changer  ses  dispositions  en  sa  faveur,  il  le 
lit  étrangler2.  Parce  crime,  qu'il  mit  impudemment 

1  Abolition  accordée  en  I  il'.t  au  comte  d'Armagnac,  dans  le  registre 
JJ,  160,  pièce  127  du  Trésor  des  chartes,  aux  Archives  nationales.  Les 
griefs  articulés  dans  cette  pièce  sont  déjà  énoncés  dans  un  mémoire  en 
béarnais,  rédigé  du  vivant  d'André  de  Ribes,  qui  existe  aux  Archives  des 
Basses-Pyrénées,  E,  246  :  «  Kl  (le  comte  d'Armagnac)  a  receubut  dever 
si  un  capitani  dels  Angles  nomnat  Andrieu  deRibas,  toquai,  jassia  quesia 
homme  mconegut,  e  non  sap  bom  propriainent  dont  el  es  hyssit  ni  qui 
es,  lo  dich  conte  l'a  voient  retenir  per  bastart  de  Postal  d'Armanaeh,  non 
sip  bom  per  quai  litol,  c  ayssi  lo  far  tôt  de  son  hostal.  Item  al  dich  An- 
drieu, angles  e  de  la  bobediensa  dels  Angles,  le  conte  a  balbas  et  donatz 
en  pur  don  los  cartels,  locs  e  senhonas  de  Torno,  de  Fumel  en  Agenes, 

de  Goido  en  Querci item  lo  toc  de Corbarrieu,...  item  del  caste!  de 

Combefa,  item  de  Rieupeyros,  etc.»  L'abolition  ajoute  qu'André  de  Ribes 
s'était  emparé  do  Cbâteauneuf  de  Randon. 

Le  1'.  Anselme,  dans  son  Histoire  généalogique  de  la  maison  de 
France,  t.  M,  p.  69,  accuse  ;i  toit  do  ce  crime  le  comte  de  l'ardiac.  Le 
comte  d'Armagnac  en  esl  déclaré  l'auteur  dans  un  acte  authentique  de 


DE    Mi.I.  \NM'.  AMh>. 

sur  le  compte  de  son  frère,  il  déchaîna  sur  le  Langue- 
doc les  compagnies  que  le  maréchal  de  Séverac,  l'un 
des  grands  condottieri  de  son  temps,  avait  entretenues 

à  sa  solde. 

Pendant  qu'il  s'employait  à  défendre  contre  elles  la 
sénéchaussée  de  Nîmes  l, Jacques  de  Bourbon,  beau-père 

du  cadet  d'Armagnac,  jugea  le  moment  propice  pour 
délivrer  de  la  présence  d'André  de  Ribes  ses  propriétés 
de  l'Albigeois;  car  Jacques  de  Bourbon  était  comte 
de  Castres  en  oaême  temps  que  de  la  .Marche.  Il  se  lit 
prêter  par  son  gendre  l'assistance  de  Rodrigue  de  Vil— 
landrando,  et  lança  ce  capitaine  à  la  poursuite  du 
rentier  anglais.  Celui-ci  l'ut  atteint  en  rase  campagne, 
battu  et  pris  :  capture  glorieuse  qui  fournil  au  vain- 
queur  l'occasion  de  montrer  une  fois  de  plus  sa  loyauté; 
car,  malgré  le-  instances  et  les  offres  magnifiques  du 
comte  d'Armagnac,  qui  réclamait  son  cher  bâtard  afin 
de  le  punir,  disait-il,  Rodrigue  le  livra  au  comte  de 
la  Marche,  par  les  soins  de  qui  il  fut  sur-le-champ  mis 
à  mort3. 

Ce  comte  de  la  Marche,  soit  dit  en  passant,  étaii  le 
mari,  mais  mari  fugitif,  delà  reine  Jeanne  de  \aples  : 
aussi  lui  donnait-on  le  titre  de  roi.  Par  un  destin  étrange, 
il  goûta  de  la  captivité  sous  toutes  ses  formes  :  d'abord 
prisonnier  des  Turcs  à  la  bataille  de  Nicopolis,  puis 
des  Vrmaunacs  au  commencement  delà  guerre  civile. 

1445,  rapporté  par  Mathieu  d'Escouchy,  eh.  m  de  sa  Chronique,  d 

un  original  où  le  nom  du  maréchal  Séverac  ;i\:iii  été  laissé  en  blanc  (édit, 

de  Beaucourt,  i.  I.  p.  63) . 

1  Hénard,  Histoire  de  Mines,  t.  III,  \>.   1  15. 

-  Yaissete,  Histoire  générale  de  Languedoc,  t.  IV,  )>.  173. 


3i  VIE  DE   RODRIGUE 

nuis  de  sa  femme,  des  mains  de  qui  il  s'évada,  En 
dernier  lien,  il  se  confina  dans  un  couvent  de  Be- 
sançon,  où  il  finit  ses  jours. 

Son  cerveau  n'était  sain  qu'à  moitié,  à  en  juger  par 
les  actes  qui  nous  restent  de  lui.  On  en  cite  un,  entre 
autres,  qui  est  une  donation  au  monastère  de  Saint- 
Antoine  en  Viennois,  pour  qu'il  y  eût  dans  cette  maison 
une  cloche  du  poids  de  huit  mille  livres  qui  sonnerait 
tous  les  jours,  pendant  sa  vie,  autant  de  coups  qu'il 
aurait  d'années  l. 

11  faut  que  dans  le  trésor  de  ce  singulier  monarque 
il  n'y  ait  pas  eu  de  quoi  payer  la  campagne  qui  venait 
d'être  faite  à  son  profil,  car  presque  aussitôt  après  Ro- 
drigue affilia  à  sa  compagnie  deux  des  bandes  ci-devant 
de  Sévcrac  qui  s'étaient  mises  à  vivre  sur  le  Langue- 
doc, et  ce  fut  pour  prendre  la  conduite  de  leurs  opé- 
rations. 

Jamais  guerre  de  pillage  ne  fut  menée  avec  un  tel 
ensemble.  Le  nom  du  castillan,  devenant  inséparable 
de  celui  des  deux  chefs  avec  lesquels  il  avait  fait  so- 
ciété, résonna  comme  un  glas  incessant  aux  oreilles 
des  populations  :  Rodrigue,  Valette,  Andrelin!  lis 
avaient  établi  leur  quartier  général  entre  le  mont  Lo- 
zère el  la  chaîne  du  Vivarais.  De  là  ils  dirigèrent  leurs 
courses  I  an  lot  au  nord,  à  des  distances  considérables, 
tantôt  dans  la  sénéchaussée  de  Nîmes  ou  dans  celle  de 
Carcassonnc8.  La  rapidité  de  leurs  manœuvres  est  quel- 

1  Vaissetc,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  p.  191. 
-  Menant,  Histoire  de  Nîmes,  t.  III,  p.  148,  et  les  Pièces  justifica- 
tives ilu  même  ouvrige,  p.  223-227. 


DE    \  11.1  àH  DU  AN  DO. 

que  chose  de  surprenant.  A  la  fin  de  septembre  I  128, 
le  comte  de  Foix  recevait  à  l'autre  extrémité  du  Lan- 
guedoc la  nouvelle  de  leurs  ravages  autour  du  l'u\  : 
un  mois  après,  dous  voyons  l'Hôtel-de-Yille  de  Lyon 
délibérant  sur  le  moyen  de  les  éloigner  de  la  marche 
beauiolaise  envahie  par  eux,  el  en  novembre,  ils  oc- 
cupaient les  routes  entre  Avignon  ci  Nîmes1. 

Les  registres  consulaires  de  Lyon  nous  apprennent 
quelle  fut  l'attitude  de  la  ville  en  leur  présence*. 

Lorsque  l'on  commença  à  entrer  en  arrangement 
avec  eux,  ilsétaienl  postés  sous  les  murs  d'Anse,  s'é- 
tendanl  en  amont  dans  toute  la  vallée  de  l'Azergue.  Au 
rapport  d'un  gentilhomme  « ju i  s"élait  fait  leur  inter- 
médiaire officieux,  ils  étaient  prêts  à  se  retirer,  pourvu 
qu'on  leur  payât  la  modique  somme  de  quatre  cents 
écus  d'or.  Le  Corps  de  ville  en  délibéra  le  16  octobre. 
L'archevêque  el  le  clergé  étaient  prêts  à  contribuer 
pour  une  bonne  partie  des  quatre  cents  écus,  et  la 
majorité  tenail  le  marché  pour  avantageux,  lorsque  la 
conclusion  fut  entravée  par  trois  ou  quatre  des  con- 
seillers, qui  représentèrent  qu'on  allait  entrer  dans  une 
voie  déplorable;  que  jamais  leur  cité  n'avait  souscrit  à 
de  semblables  accords  et  que,  si  l'on  commençait  une 
fois,  la  servitude  n'aurait  plus  de  lin;  les  routiers  con- 
gédiés de  la  sorte  ne  larderaient  pas  à  revenir,  OU  d'au- 
tres à  leur  place.  On  se  sépara  sans  avoir  rien  résolu. 

Les  compagnies,  ne  recevant  pas  de  réponse,  appa- 
Lissèrent  les  villages  cuire  Cha/.ey  et  Bibost.  Aprèsplua 

1  Mon. ii '1.  llisloire  de  Nîmes,  t.  III,  p.  1  !•'• 
-  CUaprès,  Pièces  justificatives,  n°  rv. 


36  VIE   DE   RODRIGUE 

d'une  semaine  écoulée,  on  leur  envoya  dire  que  le> 
quatre  cents  écus  étaienl  prêts,  cl  que  leurs  capitaines 
les  recevraient  aussitôt  qu'ils  se  seraient  engages  à 
battre  en  retraite. 

A  cela  les  capitaines  répondirent  que  ce  n'était  plus 
quatre  cents  écus  qu'il  leur  fallait,  mais  huit  cents,  et 
que,  jusqu'à  parfait  payement  de  la  somme,  ils  conti- 
nueraient à  faire  contribuer  le  pays,  n'entendant  pas 
d'ailleurs  que  l'argent  qu'ils  avaient  déjà  levé  comptât 
dans  les  huit  cents  écus. 

Ces  paroles  rapportées  à  PHôtel-de-Ville  de  Lyon  mi- 
rent les  conseillers  en  grande  indignation.  Il  n'y  eut 
qu'une  voix  pour  dire  qu'il  valait  mieux  recourir  au 
parti  de  la  résistance;  qu'avec  huit  cents  écus  d'or  on 
se  procurerait  une  compagnie  de  cent  hommes-d'armes, 
laquelle,  secondée  par  les  milices  du  pays,  suffirait 
bien  pour  donner  la  chasse  à  un  ramas  de  bandits.  La 
seule  difficulté  était  de  se  procurer  vite  de  l'argent  : 
on  v  parviendrait  par  des  emprunts. 

Cependant  le  lendemain  il  fallut  reconnaître  que 
les  prêts  ne  se  feraient  pas  avec  autant  de  promptitude 
qu'on  se  l'était  figuré.  On  parla  alors  de  mettre  en 
campagne  la  noblesse  du  pays,  en  attendant  qu'on  eût 
de  quoi  solder  des  hommes-d'armes;  mais  le  capitaine 
qui  avait  accepté  de  conduire  des  hommes-d'armes  con- 
tre les  routiers  refusa  d'y  conduire  des  gentilshommes 
sans  expérience  de  la  guerre.  Ce  capitaine  était  le  sé- 
néchal de  Lyon,  Imbert  de  Groslée,  que  nous  avons 
vu  servir  sous  le  même  commandement  que  Rodrigue 
en  1422. 


DE   Mil  Wl'i:  \N  DO. 

I.a  ville  ûnil  par  convenir  que  ce  qu'elle  avait  de 
mieux  à  faire  étail  de  fournir  de  l'argenl  au  sénéchal 
el  île  le  laisser  conduire  les  choses  au  plus  grand  avan- 
tage d'elle-même  et  du  pays.  On  arrive  toujours  à  s'en 
tendre  entre  compagnons  d'armes.  L'accommodement 
cul  lieu,  el  Rodrigue  se  retira  sans  laisser  de  lui  une 
trop  mauvaise  impression.  On  le  voit,  à  quelques  an- 
nées de  là,  placer  des  fonds  chez  un  habitant  de  Lyon 
el  correspondre  avec  l'Hôtel-de-\  ille,  pour  le  soin  de  ses 
affaires,  dans,  les  termes  d'une  bienveillance  affec- 
Lueuse  '.  Mieux  que  cela  :  nous  avons  le  compte  acquitté 
d'une  livraison  déconfitures  el  de  torches  de  cire,  que 
la  ville  lui  fit  faire  en  présent  '. 

il  ne  se  comporta  pas  dans  le  Languedoc,  après  qu'il 
y  fut  retourné,  de  façon  à  nouer  des  relations  aussi 
agréables  avec  les  consulats  «les  villes.  A  Nîmes,  à 
Uzès,  à  .Mais,  il  étail  en  horreur.  Ces  communes . au- 
raient volontiers  payé  sa  tête  au  poids  de  l'or  à  celui 
qui  la  leur  eûl  apportée. 

Nous  arrivons  à  la  mémorable  année  1  ï_'.>,  <jui  fui 
marquée  par  l'apparition  de  Jeanne  la  Pucelle.  La  fiè- 
vre d'enthousiasme  qui  se  répandit  partoul  fil  partir 
pour  les  armées  de  la  Loire  tous  les  méridionaux  qui 
se  sentaienl  le  goûl  des  aventures.  Les  compagnies  ne 
demandaient  qu'à  en  faire  autant.  Sans  doute  celle  de 
Rodrigue  el  les  autres  de  son  alliance  se  disposaienl  à 
suivre  le  comte  de  Pardiac;  mais  ceseigneur,  lorsqu'il 
s'était  déjà  avancé  jusqu'à  Beaugency,  recul  l'ordrede 

1  Pièces  justificatives,  a  xxxm. 
-  Pièces  justificatives,  n  xxvm. 


SS  VIE  DE   RODRIGUE 

rétrograder1.  Sa  place,  lui  fut-il  dit,  était  à  la  fron- 
tière, du  côté  de  Bordeaux".  Mécontent  et  réduit  d'ail- 
leurs à  de  très  faibles  ressources,  il  abandonna  à  elles- 
mêmes  les  compagnies  de  routiers.  Celles-ci  alors 
se  retournèrent  du  côté  du  Languedoc. 

Le  comte  de  Foix  avait  établi  si  bonne  garde  dans 
la  province,  qu'il  n'était  pas  facile  d'y  pénétrer;  mais 
la  même  politique,  qui  avait  confiné  le  comte  de  Par- 
diac  en  Guienne,  fut  employée  à  faire  sortir  le  comte  de 
Foix  du  Languedoc.  11  fut  déclaré  nécessaire  que  ce 
prince  vînt  avec  ses  meilleures  troupes  renforcer  l'ar- 
mée du  roi,  et,  comme  il  ne  s'y  montrait  pas  disposé, 
on  acheta  par  des  faveurs  son  obéissance. 

Son  départ  fut  marqué  par  un  incident  qui  prouva 
combien  il  avait  eu  raison  de  vouloir  rester.  Valette 
osa  lui  tendre  une  embûche  au  passage  des  Cévennes. 
Le  comte  en  reçut  l'avis  lorsqu'il  venait  de  se  mettre 
en  route,  quittant  à  peine  Montpellier3.  Aussitôt  il  fit 
doubler  le  pas  à  son  escorte,  et  toujours  au  trot,  jus- 
qu'à faire  dix-sept  lieues  en  une  seule  nuit  (on  était  en 
décembre),  il  se  trouva  le  lendemain  malin  en  pré- 
sence dos  routiers  qu'il  investit  dans  leur  camp.  Un 
vigoureux  assaut  contre  lequel  ils  ne  purent  pas  tenir 
mit  le  plus  grand  nombre  d'entre  eux  en  son  pouvoir. 
Valette  était  parmi  les  prisonniers.  Aussi  déconcerté 
qu'un  loup  pris  au  piège,  il  confessa  toute  la  conduite 


1  Guillaume  Cruel,  Chronique  du  connétable  de  Richemond,  ad  ami. 
1429. 
•'  Monstrelet,  I.  Il,  ch.  i.xm  (édit.  Douët  d'Arcq,  i.  IV.  p.  .">r><;). 
71  Vaissoiu.  Histoire  de  Languedoc,  i.  IV,  p.  175. 


DE  mm  wnu  \mmi 

de  v;i  damnable  entreprise.  Son  procès  fui  promple- 
ment  expédié,  sans  écritures  ni  plaidoiries.  Le  surlen- 
demain on  le  pendit  à  Nîmes1. 

Il  arriva  ce  à  quoi  l'on  devait  s'attendre.  Lorsque 

les  compagnies  furent  asMireesdel'rloiLinemeiit  du  comte 
de  Foix,  elles  se  mirent  de  concert  au  ravage  «le  la  pro- 
vince,d'autant plus  impitoyables  qu'elles  avaientà  venger 
la  défaite  infligée  à  l'une  d'elles.  Rodrigue  se  réserva  le 
Gévaudan  et  le  Velay,  tandis  qu'un  second  Valette, 
Guilhem  Valette*,  prit  le  commandement  des  gens- 
d'armes  de  son  frère  défunt,  et  les  conduisit  pins  avant 
dans  la  plaine  qu'ils  n'étaient  allés  jusque-là.  D'une 
place  forte  nommée  Cabrières,  dont  il  se  rendit  maître 
auprès  de  Pézenas,  il  lit  rage  autour  de  Pézenas  d'abord, 
puis  jusque  sons  les  murs  de  Montpellier '.  C'était  une 
contrée  vierge  de  pillage,  où  il  faisait  si  bon  vivre,  que 
deux  autres  capitaines  de  la  même  alliance  Oudinet 
de  la  Rivière  et  Archambault,  vinrent  se  joindre  à  Va- 
leur el  y  trouvèrent  leur  profil'. 

Cependant  les  habitants  de  Nîmes,  menacés  par  des 
détachements  du  corps  de  Rodrigue,  qu'on  voyait  à  tout 

1  Chronique  béarnaise  de  Miguel  del  Verras,  dans  le  Panthéon  litté- 
raire, volume  intitulé  :  Chroniques  el  mémoires  sur  l'histoire  de  France 
an  quatorzième  siècle,  p.  .V.i4. 

-  Le  Valette  supplicié  par  l'ordre  du  comte  de  Foix  avait  pour  pré- 
nom Jean,  au  témoignage  des  actes  conservés  dans  les  Archives  de 
Rimes,  dont  Ëénarda  fail  usage,  Histoire  dé  Nîmes,  t.  111,  p.  152.  Le 
volume  C1X  des  Titres  scellés  de  Clérambauli,  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, contient  plusieurs  quittances  des  deux  Valette  servant  comme 
écuvers  chargés  de  commandements:  l'un  capitaine  d'arbalétriers,  l'autre 
chef  de  chambre  dans  la  compagnie  du  vicomte  de  Narbonne.  Guilhem 
y  est  toujours  appelé  Guillonnet,  et  l'autre,  Forton. 

'•  Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  p.  i"i'>. 

1  Ménard,  Histoire  de  Nîmes,  t.  III.  p.  152. 


',)  VIE  DE   RODRIGUE 

moment  descendre  sur  Alais  et  sur  Andûze,  députaient 
au  comte  de  Foix  ambassade  sur  ambassade  pour  le 
presser  de  revenir.  Le  comte,  qui  au  lieu  d'ennemis  à 
combattre  n'avait  trouvé  en  France  que  des  intrigues 
à  démêler,  n'entendait  pas  perdre  pour  cela  le  fruit  de 
sa  campagne.  Il  ne  bougea  pas  qu'il  n'eut  obtenu  ce 
qu'il  était  allé  chercher.  Enfin  il  annonça  son  retour 
pour  le  temps  de  Pâques  1450,  et  les  routiers,  qui 
furent  des  premiers  à  en  avoir  la  nouvelle,  reprirent 
le  chemin  de  la  montagne  pour  gagner  le  Vivarais,  où  le 
castillan  leur  avait  donné  rendez-vous. 

Là  se  présenta  pour  eux  une  affaire  comme  ils  n'en 
faisaient  pas  souvent,  une  affaire  où  il  y  eut  à  gagner 
à  la  fois  du  butin  et  de  la  gloire  l. 

À  la  faveur  des  manœuvres  qui  avaient  brusquement 
arrêté  les  succès  de  Jeanne  d'Arc,  manœuvres  dont 
tous  les  familiers  de  la  cour  de  Bourgogne  avaient  le 
secret,  le  prince  d'Orange,  grand  ami  dePhilippeleBon 
et  encore  plus  de  son  profit,  forma  le  dessein  de  s'em- 
parer du  Dauphiné  par  un  coup  de  main.  Par  l'acqui- 
sition de  cette  province,  qui  était  comme  le  trait  d'union 
entre  sa  principauté  et  d'immenses  domaines  qu'il 
possédait  dans  toute  la  longueur  du  mont  Jura,  il  fût 

1  Deux  relations  composées  avec  beaucoup  de  soin,  l'une  par  feu 
Vallet  de  Viriville  (Histoire  de  Charles  VII,  t.  Il,  p.  257),  l'autre  par  M.  le 
marquis  Costa  de  Beauregard  (Souvenirs  d'Amédée  Mil,  premier  duc  île 
Savoie,  Chambéry,  18ô!t),  et  la  publication  intégrale,  par  l'abbé  Cheva- 
lier, de  l'enquête  sur  l'agression  d'Anthon,  Processus  super  insulta 
querre  Anlhonis  [Bulletin  de  la  Soeiélc  de  slalistiipœ  de  l'Isère,  3°  sé- 
rie, t.  VI,  1874),  m'ont  permis  de  rétablir  dan-  tous  ses  détails  cet  épi- 
sode de  la  vie  de  Rodrigue,  qui  laissait  trop  à  désirer  dans  ma  première 
rédaction. 


DE   Vil  I  Wbi;  \M>(».  ',1 

devenu  l'un  des  potentats  de  l'occident.  Malgré  son 
hostilité  déclarée  contre  la  couronne  «le  France,  on 
avait  eu  l'indulgence,  pour  ne  pas  dire  la  faiblesse,  de 
lui  laisser  prendre  possession  de  plusieurs  châteaux  du 
Dauphiné,  donl  il  se  prétendait  héritier.  Il  en  profita 
pour  mettre  secrètemenl  des  garnisons  partout  et  pour 
induire  ses  amis  à  le  servir  quand  l'heure  serait  venue. 
En  même  temps,  il  attira  le  «lue  de  Savoie  dans  son 
entreprise  et,  moyennanl  l'offre  du  Graisivaudan  qu'il 
lui  laissai!  à  prendre  sur  sa  future  conquête,  il  obtint 
de  lui  la  permission  de  faire  dans  ses  Etals  une  levée 
de  trois  cents  lances. 

Le  complol  ne  fui  pas  tenu  si  secret  que  le  sire  de 
Gaucourt,  gouverneur  du  Dauphiné,  n'eu  apprit  au 
moins  le  principal.  11  informa  le  roi  de  ce  qui  se  pré- 
parait, lui  représentant  combien  la  situation  était  pé- 
rilleuse; car  la  chevalerie  dauphinoise  avait  été  exter- 
minée à  la  bataille  de  Yerneuil,  el  tout  ce  que  lui.  gou- 
verneur, pouvait  faire,  était  de  réunir  au  restant  de  la 
noblesse  du  pays  deux  compagnies  de  Lombards  dont 
[mbert  de  Groslée  disposait  comme  sénéchal  de  Lyon. 
La  réponse  de  Charles  VJl  fut  qu'il  n'avait  pas  de 
troupes  disponibles  pour  la  défense  d'un  point  si  éloi- 
gné, el  que  le  gouverneur  n'avait  qu'à  faire  de  son 
mieux  pour  le  salut  du  pays  l. 

Dans  celte  extrémité  Gaucourt,  qui  était  un  homme 
de  résolution,  eut  bientôt  fait  de  prendre  son  parti.  11 
contracta  un  emprunt  sur  l'impôt  à  voler  par  les  Etals 

1  Fragment  du  Registre  delphinal  de  Thomassin,  publié  par  Berrial 
Saint-Prix,  dans  sa  Jeanne  d'Arc,  p.  321. 


42  VIE   DE   ROnRICUE 

de  la  province,  qui  étaient  à  la  veille  de  se  réunir, 
puis,  muni  d'une  bonne  somme  d'argent,  il  s'éloigna 
en  compagnie  du  sénéchal  de  Lyon.  Ils  n'avaient  dit  à 
personne  où  ils  se  proposaient  d'aller,  et,  pour  ne  pas 
attirer  les  regards,  ils  avaient  poussé  la  précaution  jus- 
qu'à se  dépouiller  de  leurs  armes1.  Mis  comme  des 
gens  qui  partaient  en  promenade,  ils  prirent  sans  être 
remarqués  le  chemin  d'Annonay. 

Rodrigue  de  Yillandrando  et  plusieurs  de  ses  subor- 
donnés, Valette  entre  autres,  tenaient  pour  le  moment 
leurs  quartiers  autour  de  cette  ville.  Il  s'agissait  de  les 
enrôler  pour  la  défense  du  Dauphiné.  Les  offres  du 
gouverneur  furent  trouvées  acceptables,  puisque  les 
bandes  ne  lardèrent  pas  à  s'ébranler  pour  descendre 
dans  la  vallée  du  Rhône.  Elles  traversèrent  le  pont  de 
Vienne  dans  la  nuit  du  26  mai  1450  et  furent  menées 
tout  d'une  traite  devant  Auberive,  possession  du  prince 
d'Orange  à  deux  lieues  de  là.  La  garnison  logée  dans 
cette  place  avait  déjà  commencé  les  hostilités  ;  on  ne 
s'aventurait  plus  aux  alentours  sans  risquer  d'être 
capturé  et  mis  à  rançon.  Plus  de  trente  personnes  no- 
tables du  pays,  victimes  de  ce  genre  de  violence,  atten- 
daient dans  les  prisons  du  château  que  leurs  familles 
eussent  réuni  de  quoi  les  racheter. 

L'attaque  fut  d'une  vigueur  extrême.  En  quelques 
heures  les  routiers  emportèrent  le  bourg,  puis  la  pre- 
mière cour  du  château,  puis  la  seconde;  mais  le  don- 
jon, tenu  par  une  centaine  d'hommes  qui  s'y  étaient 

"  «  Secrète  et  sine  armis  ».  Procetsat  suprr  insulta. 


DE  Ml  |  ANDl;  IN  DO  43 

retranchés,  résista  pendant  deux  juins.  Pour  amener 
.  g  gens  à  se  rendre,  il  fallut  commencer  la  démolition 
de  la  tour  à  coups  de  canon. 

Quand  on  sut  dans  le  pays  la  prise  du  château,  il  vint 
des  ouvriers  en  foule  pour  travailler  à  la  démolition  «le 
ce  dangereux  repaire.  Il  n'en  serait  pas  resté  une  seule 
pierre  debout,  sans  un  ordre  du  gouverneur  <jui  enjoi- 
gnit d'épargner  quelques  pans  de  murs,  afin  de  perpé- 
tuer le  souvenir  de  la  félonie  du  prince. 

Cependant  les  Etats  réunisà  La  Côte  Saint-André  dé- 
crétaient toutes  les  mesures  de  salut  public  dictées  par 
la  circonstance.  Ce  qu'on  avait  pu  rassembler  de 
troupes,  joint  aux  compagnies  de  Rodrigue  et  de  Va- 
lette, fut  dirigé  du  .côté  où  l'on  s'attendait  à  voir  pa- 
raître l'ennemi.  L'armée  enleva,  chemin  faisant,  les 
châteaux  d'Âzieuet  de  Puzignan,  où  il  y  avait  garnison 
d'orangistes.  Elle  s'arrêta  devant  le  Colombier,  qui  ne 
voulut  pas  se  rendre  sans  avoir  eu  l'honneur  de  subir 
un  siège.  C'est  alors  seulement  que  le  prince  d'Orange, 
qui  s'était  avancé  par  la  Bresse,  se  trouva  en  mesure 
d'entrer  en  Dauphiné.  Il  passa  le  Rhône  au  bacd'An- 
ihon  dans  la  journée  du  9  juin  1430. 

Anthon  est  situé  sur  la  rive  gauche  du  Rhône  en  face 
du  confluent  de  l'Ain.  La  berge  dauphinoise,  peu  ('levée 
en  eet  endroit,  forme  le  premier  gradin  d'un  massif 
montueux  et  boisé  qui  s'étend  en  longueur  du  nord  au 
midi.  Du  côté  de  l'ouest,  e'est  la  plate  plaine  jusqu'à 
Lyon,  sauf  une  arête  étroite  qui  se  détache  du  massif 
et  qui  finit  bientôt  en  un  promontoire  couronné  par 
le  château  do  Puzignan.   A  une  lieue  derrière  cette 


44  VIE  DE  RODRIGUE 

arête,  sur  le  versant  du  massif,  on  voit  le  Colombier. 
Reçu  en  grande  révérence  dans  le  château  d'Anthon, 
le  prince  d'Orange,  dès  le  lendemain  de  son  arrivée, 
y  tint  cour  pJénière  comme  dauphin  de  Viennois,  et  à 
ce  titre,  il  partagea  entre  ses  fidèles  les  offices  de  la 
province.  A  ceux  qui  n'eurent  rien  dans  cette  distribu- 
lion  il  promit  monts  et  merveilles.  Il  parla  de  la  pré- 
sence des  Français  devant  le  Colombier  comme  du  pré- 
lude d'un  triomphe  certain  pour  ses  armes.  L'extermi- 
nation du  ramas  d'aventuriers  que  lui  opposait  le  sire 
de  Gaucourt  serait  d'autant  pins  facile,  qu'ils  auraient 
à  se  défendre  du  côté  de  la  place  qu'ils  assiégeaient. 
L'important  était  de  se  bâter.  Dès  le  lendemain  malin, 
quoique  le  lendemain  fût  un  dimanche  et  la  fête  de  la 
Trinité,  on  marcherait  à  la  délivrance  du  Colombier. 
En  guerre  on  a  beau  proposer;  le  plus  souvent  c'est 
la  fortune  qui  dispose.  Il  arriva  que  la  garnison  du  Co- 
lombier se  rendit  dans  la  nuit  du  samedi  à  ce  même 
dimanche,  qui  était  le  il  juin,  de  sorte  que  les  Fran- 
çais, libres  sur  leurs  derrières,  purent  se  préparer  à  re- 
cevoir avec  toutes  leurs  forces  l'armée  qui  venait  les 
attaquer. 

Pendant  qu'on  réglait  l'ordre  de  bataille,  Rodrigue 
demanda  que  la  conduite  de  l'avant-garde  lui  fût  con- 
fiée. Il  savait  que  ce  commandement  appartenait  de 
droit  au  maréchal  de  Dauphiné  ;  mais  il  espérait 
qu'on  voudrait  bien  pour  cette  fois  déroger  à  l'usage, 
en  considération  de  sa  qualité  d'étranger  et  de  la  com- 
position des  troupes  qu'il  avait  amenées  avec  lui.  C'é- 
taient des  hommes  de  tous  pays,  qu'il  importait  de  ne 


DE    VILLÀNBRÀHDO. 

pas  laisser  un  seul  instant  dans  l'inaction.  En  les  en- 
gageant toul  d'abord,  on  n'aurait  pas  à  craindre  leurs 
écarts,  et,  si  le  malheur  voulait  qu'ils  eussent  le  des- 
sous, les  Lombards  el  la  chevalerie  dauphinoise,  qui 
formaienl  le  reste  de  l'armée,  pourraient,  en  se  retiranl 
à  temps,  conserver  au  pays  le  noyau  d'une  forée  né- 
cessaire à  son  salnl  '. 

Le  maréchal  de  Dauphiné  était  [mberl  de  Groslée, 
qui  se  trouvail  joindre  cette  dignité  au  commandement 
du  Lyonnais.  Il  essaya  vainement  de  défendre  sa  pré- 
rogative :  le  sire  de  Gaucourt  décida,  en  vertu  de  son 
autorité  de  général  en  chef,  <|ifil  serait  tait  selon  le 
désir  du  capitaine  espagnol.  Rodrigue  prit  doue  les 
devants  et  se  mil  en  embuscade  sur  la  lisière  d'un 
Imis  qui,  aujourd'hui  encore,  couvre  presque  loul 
le  massif  depuis  Anthon  jusqu'à  une  plaine  creuse 
d'une  lieue  de  large,  en  avant  du  Colombier. 

L'ordre  était  que  l'avant-garde  s'appuierait  sur  les 
compagnies  de  Valette  el  d'un  autre  routier  ',  compo- 
sant la  di\  ision  de  droite.  Les  Lombards,  sous  les  ordres 
dos  deux  capitaines  piémontais  Georges  Boys  el  Borno 
de  Caqueran,  devaient  se  tenir  à  gauche  et  surveiller 


1  Processus  super  insultu,  et  Thomassin,  Registre  delphinal. 

Vocatum  Vallete  et  Petrum  Churro,  capitancos  ructarum  ».  Pro- 
cessus super  insultu.  Ce  nom  de  Churro,  qui  a  l'air  espagnol,  figure 
sous  la  Forme  française  Churrc  au  contrat  de  mariage  de  Rodrigue 
(ci-après,  pièce  xwl  ;  c'est  assurément  le  même  qui  a  été  lu  Charre  par 
H.  Marcel  Canat,  dans  une  lettre  du  capitaine  de  Charolles,  écrite  au  com- 
mencementde  1431,  pour  annoncer  aux  gens  du  conseil  deBourç 
à  Dijon,  que  ce  Chaire,  en  compagnie  du  bailli  de  Hâcon,  de  l!"  Irigue  el 
de  Valette,  se  préparait  à  envahir  la  Bourgogne.  Documents  inédits  pour 
servir  à  Uiistoire  de  Bourgogne,  p.  515. 


1(5  \  !  I.   hi;   ttODIUG 

le  charroi  ([in  s'acheminait  du  côté  d'Aiithon,  escorté 
d'un  forl  délachemonl  d'infanterie.  Le  sire  de  Gaucourt 
cl  linbert  de  Groslée  prirent  le  commandement  de  la 
division  du  centre,  où  avail  été  mise  la  noblesse  du 
pays,  (le  corps  se  mil  le  dernier  en  marche  pour  occu- 
per le  indien  de  la  plaine. 

L'armée  ennemie,  de  son  côté,  s  avançait  par  le  bois, 
croyant  surprendre  les  Français.  Le  prince,  détrompé 
par  ses  éclaireurs,  dissimula  son  étonnement,  et,  afin 
de  donner  le  change,  envoya  demander  la  bataille  au 
gouverneur  de  Dauphiné. 

Il  allait,  lui  el  les  siens,  déboucher  dans  la  plaine, 
lorsque  des  (rails  volant  de  droite  el  de  gauche  i  aver- 
tirent que  les  fourrés  entre  lesquels  on  marchait 
n'élaienl  plus  ceux  d'une  foret  déserte.  Le  trouble 
commença  à  se  mettre  dans  les  rangs  par  le  l'ail  des 
chevaux  qui  se  cabraient  quand  ils  étaient  touchés. 
Kodrigue  se  présenta  alors  avec  ses  hommes-d'armes, 
la  lance  en  arrêt.  Le  voilà  poussant  cette  cavalerie  qui 
se  trouvait  massée  dansun  chemin  montant,  mire  deux 
rangées  d  arbres  qui  valaient  autant  que  dv<  murailles. 
La  position  n'était  pas  lenablc.  Les  orangistes  rétrogra- 
dèrent pèle-mèle  pour  aller  chercher  d'autres  issues, 
el  c'est  à  la  débandade  qu'ils  arrivèrent  sur  le  champ 
île  bataille,  occupé  déjà  par  l'ennemi  '. 

1   .I    me  <  ontoi  un:    ii  i   ;iu\    indii  i 
l'étude  du  I'  1 1  .un.   I  '•   li  ■   'in   i  lu  oniijueui 

liourgu  '  ni  pr  mi  mijj  |i  rrcnl  bonnement  du 

lout  nisscmlilt  i  ne  mettre  en  pleine  nidoiinanee  de  bataille,  pour  ce  que 
icculx  François  les  envayrenl  suubdainement  el  vigucurcusunicnt.  »  La 
chronique  du   ins.  Cramais,  n    "J •"> u  !  n    de  la  lîibliolhèquc  nationale 


hi:    \  III.  \  N  lut  AN  DO. 

Les  Français,  vu  leur  petil  nombre,  faisaient  si  peu 
d'effet  dans  cette  vaste  plaine,  que  le  prince,  ne  pouvanl 
pas  croire  que  l'aitaque  viendrait  de  leur  côté,  ne  mil 
aucune  diligence  à  réparer  le  désordre  des  siens.  Il 
laissa  ce  soin  à  ses  chefs  de  corps,  et  s'arrêta  à  conférer 
la  chevalerie  à  de  jeunes  seigneurs  qui  la  demandaient. 
Cependant,  les  petits  groupes  qui  composaient  l'ar- 
mée delphinale  s'étant  ébranlés  arrivèrent  en  un  clin 
d'œil,  tant  leurcourse  Put  impétueuse,  devanl  les  lignes 
non  pas  encore  tout  à  fait  formées  de  leurs  adversaires. 
Pour  que  ceux-ci  parvinssent  à  achever  leurs  disposi- 
tions, il  ne  fallut  rien  moins  que  la  résolution  héroïque 
d'un  peloton  de  jeunes  gens  de  la  noblesse  bourgui- 
gnonne, qui  mirent  pied  à  terri'  en  jurant  de  mourir 
plutôt  que  de  reculer  d'une  semelle.  Ces  braves  furent 
fidèles  à  leur  serment  ;  mais  le  temps  qu'on  mil  à  les 
abattre  ne  suffit  point  aux  autres  pour  réparer  le  dé- 
faut de  leurs  premiers  mouvements.  Ils  furent  rompus 
dès  que  les  trois  divisions  françaises  eurent  opéré  leur 
jonction. 

\  peine  y  avait-il  une  heure  que  l'action  étail  com- 
mencée, et  Ton  assistait  à  une  chasse  plutôt  qu'à  un 
combat.  Des  cavaliers  laissaient  là  cheval  el  armures. 
Les  fantassins  en  faisaient  autant  de  leurs  arbalètes, 

199,  \  |,  dil  plus  brièvement  :  «  Le  prince  d'Orenge...  lu  rencontré  d  un 
cappilaine  nommé  Rodighe,  lequel  en  undeslrcrj  le  attendy  et  corabatj.« 
La  relation  officielle,  contenue  dans  li'  Processus  snper  insultu, 
prime  les  circonstances  préliminaires  ci  représente  l'action  comme  une 
joute  engagée  en  rase  campagne  entre  deux  partis  parfaitement  mail  i 
de  leur  terrain:  ce  qui  efface  complètemenl  le  rôle  de  Rodrigue 
(ju'il  a  été  annoncé  d'une  manière  si  solennelle  par  le  débat  sur  le  corn* 
mandement  de  l'avanl-irarde. 


48  VIE   DK   RODRIGUE 

do  leurs  épées,  des  maillets  de  plomb  dont  on  les  avail 
pourvus,  pour  briser  les  bassinets  et  les  cuirasses  sur  le 
corps  des  Français  \  Ce  n'étaient  que  gens  éperdus  cou- 
rant dans  tous  les  sens,  ceux-ci  pour  gagner  le  Rhône, 
ceux-là  pour  se  cacher  dans  les  blés  ou  dans  les  bois. 
De  très  vaillants  hommes,  qui  n'avaient  jamais 
reculé  devant  l'ennemi ,  perdirent  la  tête  et  tournèrent 
bride  comme  les  autres  :  ainsi  le  comte  de  Fribourg, 
qui  était  venu  avec  une  compagnie  de  Suisses;  ainsi  le 
seigneur  de  Montagu-ÎSeufchàtel,  chevalier  de  Tordre 
tout  nouvellement  créé  de  la  Toison-d'Or,  que  les 
Anglais  avaient  élevé  à  la  dignité  de  grand-bouteiller 
de  France.  Pour  avoir  cherché  son  salut  dans  la  fuite, 
il  fut  dégradé  de  l'ordre2,  et  alla  mourir  de  chagrin  en 
Terre-Sainte.  Le  prince  d'Orange  lui-même,  atteint  de 
plusieurs  blessures  et  menacé  de  toutes  parts,  s'en 
remit  à  la  vitesse  de  sa  monture.  Il  arriva  inondé  de 
sang  au  château  d'Anthon5.  La  garnison  lui  ayant 
déclaré  qu'elle  était  décidée  à  se  rendre,  quoiqu'il  y  eût 
dans  la  place  des  munitions  et  des  vivres  pour  y  tenir 
deux  ans,  désespéré,  il  se  déroba  à  la  tombée  du  jour 
avec  la  résolution  de  traverser  le  Rhône.  Le  même  che- 
val, qui  lui  avait  sauvé  la  vie  le  matin,  la  lui  sauva 

1  «  Gros?os  malleos  plumbeos  déférentes,  de  quibus  adduci  dictus  d. 
Ludovicus  de  partibus  suis  Burgundie  septem  mulos  oneratos  fecerat.  » 
Processus  super  insulta,  c.  xxxi. 

-  «  Attendu  qu'il  s'estoit  trouvé  en  journée  de  bataille  où  cottes  d'ar- 
mes et  bannières  avoienl  esté  desployées,  et  avoit  procédé  si  avant  jus- 
ques  ù  combattre  s;ms  estre  victorieux,  mort  ni  prins,  etc.  »  Chronique 
de  Jean  Lefèvre  de  Saint-Remy,  ch.  ci.xx. 

r>  «  Arncsiis  suis  ac  dextrario,  ex  sanguine  et  vulneribus  sibi  illalis 
rutilante,  in  colorcm  rubeuin  transniulatis,  sic  quod  vix  cognosci  prêter 
per  suum  deslrarium  polerat.  »  Processus  super  insultu,  c.  xxx. 


DE   vin  \Nm;  \>  DO.  19 

encore  dans  celle  traversée  périlleuse.  Il  aborda  sans 
nouvel  accident  à  la  rive  bressane.  On  dil  que,  lorsqu  il 
mit  pied  à  terre,  prenant  dans  ses  mains  la  tôle  «lu 
noble  animal,  il  le  baisait  en  pleurant  et  l'appelait  son 
libérateur1. 

Quelle  terrible  disgrâce  pour  un  homme  puissant,  qui 
avait  si  pompeusement  annoncé  sa  victoire!  Sa  gloire 
était  tournée  en  honte,  et  sou  assurance  de  la  veille 
n'allait  plus  être  aux  yeux  de  tous  qu'une  ridicule  for- 
fanterie. Quatre  mille  hommes  de  belles  troupes  qu'il 
avait  venaient  de  fondre  devant  une  armée  (si  cela 
peut  s'appeler  une  armée)  plus  faible  d'un  tiers  pour 
le  moins '.  Cinq  cents  «les  siens  avaient  mordu  la  pous- 

1  Aymari  Rivallii  de  Allobrogibus,  libri  IX,  p.  M  i.  Le  I  éraut  Berri 
affirme,  contrairement  à  celte  assertion,  que  le  prince  repassa  le  Rhône 
par  1l>  bac  d'Anthou.  Au  témoignage  de  Jean  Chartier,  conforme  à  celui 
d'Aimar  du  Rivail,  il  faut  ajouter  celui  d'un  contemporain  qui  a  annoté 
une  petite  chronique  dont  le  ms.  est  à  la  Bibliothèque  Sainte-Geneviève 
(n°  115"),  loi.  28)  :  «  Messire  Yrobert  de  Groslée,  lors  baillj  de  Lyon, 
Jehan  Vallecte,  Rodigucs  et  plusieurs  autres  lui  furent  si  fiers  el  m  aspre- 
un'iit  t'assaillirent,  qu'il  lui  convint  passer  la  rivière  de  Rnsne  sur  ung 
coursier,  àl'endroict  île  Montlu>l  en  tinsse.  » 

-  Une  estimation  précise  est  impossible,  parce  que  les  nombres  four- 
nis par  1rs  textes  ne  s'appliquent  qu'aux  lances,  et  que  l'effectif  «les  lances 
a  été  variable.  Le  compte  des  orangistes  est  donné  en  ces  tenues  dans  le 
Processus  super  instilla  :  «In  exercitu  d.  Ludovici  erant  septingenti  vel 
circa,  tam  milites  quara  scutiferi,  associati  suis  grossis  famulis  bene  ar- 
matis,  ultra  balislarios,  sagittarios  et  alios  pedites,  grossos  malleos  plum- 
beos  déférentes,...  sic  quod  in  dicto  exercilu  erant  et  extimabantur  esse 
mille  el  septingenti  pugnatores  el  ultra  electi.»  Comme  par  combattants 
d'élite  il  faut  entendre  seulemenl  1rs  hommes  d'armes  el  leurs  coustilliers, 
il  n'j  a  pas  d'exagération  à  porter  à  un  peu  plus  de  deux  nulle  le  nombre 
des  servants,  piétons  et  gens  de  trait  de  toute  sorte.  Quanl  à  l'armée 
française,  je  l'évalue  à  un  peu  moins  de  trois  mille  hommes,  en  prenant 
pour  base  le  témoignage  du  héraut  Hein  :  »  Rodigues  «le  Villandrasavoit 
trois  cens  lances  et  les  gens  de  traict  avec  lu\  eslans,  et  ceulx  du  Daul- 
phiné  estoientdeui  cens  lances  du  pays.  »  Les  Lombards  sont  à  comptei 
en  su-. 

î 


50  VIE  DE  RODRIGUE 

sière,  deux  cents  s'étaient  noyés  dans  le  Rhône,  on  ne 
pouvait  pas  dire  le  nombre  des  prisonniers,  et  lui, 
désobéi,  méconnu,  abandonne,  il  fuyait  tout  seul,  lais- 
sant aux  mains  de  l'ennemi  ses  châteaux,  son  matériel 
de  guerre  et  toutes  ses  enseignes.  Son  grand  étendard 
de  soie  rouge  et  noire,  où  il  avait  fait  appliquer  un 
soleil  d'or  dardant  ses  rayons  jusqu'au  bout  de  l'étoffe, 
fut  porté  à  Grenoble  pour  être  suspendu  dans  la  cha- 
pelle dos  dauphins.  Sa  bannière,  aux  armes  de  Chalon, 
de  Genève  et  d'Orange,  échut  en  partage  à  Rodrigue, 
qui  l'envoya  comme  offrande  à  l'église  de  Yalladolid 
où   reposaient  ses  ancêtres1. 

Si  la  journée  fut  belle  pour  quelqu'un,  c'est  pour  le 
capitaine  espagnol.  Sa  contenance  sur  le  champ  de 
bataille  fut  colle  d'un  lion.  Il  promenai!  devant  lui 
l'épouvante  et  la  mort,  et  les  groupes  sur  lesquels  il 
se  jetait  semblaient  perdre  la  force  de  se  défendre.  Sa 
perte  fut  d'un  seul  homme  tué2,  tandis  que  le  yain  lui 
arriva  sous  toutes  les  formes.  «  Homme  plein  de  mali- 
cieux engin,  dit  la  Chronique  Martinienne,  il  exploita 
merveilleusement  en  la  défense,  sans  y  oublier  son 
profit".  »  Hernando  del  Pulgar  nous  apprend  en  quoi 
le  savoir-faire  de  son  a\ise  compatriote  se  montra  ce 
jour-là  d'une  manière  si  notable.  Lorsque  la  bataille 
fut  tinie.  il  s'entendit  avec  un  de  ses  prisonniers  el  se 
lit  dire  par  lui,  moyennant  qu'il  lui  promit  sa  liberté 
sans  rançon,  les  noms  et  qualités  des  autres  captures 


1  II iassin,  Ri  gistre  delphinal. 

-  Processus  super  insullu. 
:'  Édition  Yerard,  fol.  270,  \  . 


DE  Vll.l  àNDRÀNDO.  .M 

que  ses  gens  avaient  Faites.  De  celle  façon,  tous  ceux 
qui  lui  furent  désignés  comme  de  grands  seigneurs, 
il  les  acheta  au  comptant  bien  au-dessous  du  prix 
qu'ils  valaient,  pour  les  taxer  au  décuple  une  fois  qu'il 
les  eut  fii  s  mi  pouvoir1. 

Entre  ceux  dont  il  fut  trafiqué  delà  sorte,  nous  con- 
naissons François  de  la  Pal ud  et  Guillaume  de  Vienne, 
nu,  pour  les  appeler  par  leurs  noms  vulgaires,  Varara- 
Imii  et  le  sire  de  Bussy. 

Varambon,  chevalier  bressan,  passait  pour  le  meil- 
leur capitaine  de  la  Savoie.  La  journée  d'Anthon  lui  fut 
particulièrement  funeste.  Oulrequ'il  l'ut  ruiné,  sa  mère 
ayant  été  obligée  d'ajouter  huit  mille  florins  de  bon  or 
à  tout  le  sien  qu'il  avait  donné  pour  se  tirer  des  mains 
de  l'espagnol,  il  eut  le  visage  ravage  par  une  si 
effroyable  taillade,  qu'il  dut  porter  depuis  lors  un  nez 
d'argent*. 

Quant  à  Bussy,  il  sut  ce  qu'il  en  coûtait  d'être 
l'héritier  du  nom  le  plus  illustre  de  la  Bourgogne.  Sa 
délivrance  fut  mise  à  un  prix  si  élevé  que,  pour  par- 
faire la  somme,  il  fallut  quêter  partout.  La  famille 
étail  «'-puisée  par  ce  genre  de  dépense  :  une  rançon  du 
père,  quelques  années  auparavant,  avait  coûté  soixante 
mille  écus3.  Le  duc  et  la  duchesse  de  Bourgogne  con- 
sentirent à  tendre  l'escarcelle  en  faveur  du  prisonnier. 
La  preuve  des  démarches  accomplies  par  eux  auprès 
du  gouvernement    anglais  existe  dans  une    lettre  ré- 

1  Pièces  justificatives,  n°  i. 

-  Monstrelet,  1.  II,  c.  xcv;  Guichenon,  Histoire  de  Dresse,  lit  partie, 
p.  293. 

"■  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  France,  l.  MI,  p,  800. 


VIE   ht  RODRIGUE 

comment  découverte  de  la  duchesse  au  cardinal  de 
Winchester1. 

Après  la  bataille,  les  capitaines  se  séparèrent  pour 
aller,  chacun  de  son  côté,  réduire  les  places  où  l'en- 
nemi avait  compté  trouver  ses  points  d'appui.  Rodri- 
gue prit  sa  direction  du  coté  de  Lyon,  comme  s'il  se 
proposait  de  porter  la  guerre  en  Dresse*.  11  laissait 
dire  dans  son  camp  qu'il  avait  mission  de  punir  le  duc 
de  Savoie  de  sa  connivence  avec  le  prince  d'Orange, 
et  tous  les  rapports  des  espions  bressans  représen- 
taient l'irruption  des  routiers  comme  imminente.  Mais 
le  capitaine  n'avait  en  vue  que  de  déjouer  un  dessein 
qu'on  attribuait  au  même  duc  de  Savoie  sur  Belleville 
en  Beaujolais,  propriété  de  la  maison  de  Bourbon  que 
le  duc  de  Bourgogne,  qui  en  avait  l'hommage,  aurait 
vue  volontiers  passer  en  d'autres  mains.  La  démonstra- 
tion fut.  complétée  par  l'occupation  de  Belleville,  où 
Valette  alla  se  loger  avec  sa  compagnie. 

Lorsqu'il  n'y  eut  plus  d'inquiétude  à  avoir  d'aucun 
coté,  les  capitaines  se  réunirent  de  nouveau  pour 
fondre  sur  la  principauté  d'Orange,  retournant  contre 
le  prince  le  fléau  de  l'invasion  qu'il  avait  voulu  faire 
tomber  sur  les  pays  du  roi.  Aussi  bien  lui  avait-on  en- 
tendu dire  plus  d'une  fois  qu'il  regarderait  Orange 
comme  perdue,  si  on  lui  enlevait  Anthon;  et  le  sire  de 
Gaucourt  n'eut  rien  de  plus  pressé  que  de  lui  prouver 
qu'il  avait  prophétisé  juste3.  L'armée,  grossie  du  mar- 

'   Pièces  justificatives,  n°  v. 

2  Garnier,  Inventaire  sommairei  etc.,  I.  III,  p.  84. 

3  Processus  super  insultu,  ch.  \\\\. 


DE   Y  M.  F.  \NI»r.  \M>". 

qui*-;  de  Saluées,  du  vicomte  de  Tallard,  du  seigneur  de 
Grignan ,  el  de  maints  autres  voisins  qui  avaient  de 
vieilles  dettes  à  se  Paire  payer,  arriva  sans  obstacle  au 
bourg  de  Saint-Florent  sous  Orange  '. 

Cette  position  fut  enlevée  dès  le  premier  jour  par 
escalade,  cl  le  siège  posé  sur  six  points  à  la  fois  au- 
tour de  la  ville. 

La  ruine  colossale  du  théâtre  romain,  qui  émerveille 
hms  ceux  qui  la  voient  pour  ta  première  fois,  formâil 
alors  le  noyau"'  d'une  citadelle  imposante.  Flanquée  de 
tours  sur  I  <  n  1 1  son  circuit,  elle  gagnait  par  des  ouvrages 
avancés  le  sommet  du  mont  contre  lequel  elle  s'appuie. 
On  l'appelait  Gloriette,  et  Gloriette  possédail  tous  les 
genres  de  défense  dont  un  château  féodal  lût  sus- 
ceptible au  moyen  âge.  A  sa  Force  réelle  s'ajoutait  le 
prestige  des  souvenirs,  ou  plutôt  des  récils  fabuleux 
vulgarisés  par  les  romans.  C'est  là  qu'on  plaçai!  le 
séjour  deGuibour  l'enchanteresse,  uneespèeè  d'Armide 
convertie  à  la  foi  chrétienne,  qui  avait  aidé  Guillaume 
au  Court-Nez  à  s'emparer  furtivement  d'Orange,  pour 
eu  partager  la  possession  avec  lui.  Pendant  une  absence 
du  héros,  Guibour,  avec  les  dames  de  la  ville,  avait 
tenu  en  écbec  devant  les  murs  les  armées  de  trente 
rois  Sarrasins. 

Sans  s'inquiéter  de  ce  que  disait  la  chanson  : 

Ello  ne  doute  de  France  toi  l'empire, 
Ne  la  prandrez  à  nul  jor  de  vo  vie  -, 

1  Joseph  de  la  Pise,  Tableau  de  l'histoire  '/es  princes  et  de  laprinci- 
pauté  d'Orange,  p.  (22. 

-'  Juokblœt,  Guillaume  d' Orange,  chanson  tic  geste,  i.  I.  \.  I76i. 


r,{  VIE   DE  RODRIGUE 

les  vainqueurs  d'Anthon  investirent  à  la  fois  le  châ- 
teau et  la  ville. 

Pour  défendre  l'un  et  l'autre  il  n'y  avait  ni  magi- 
cienne, ni  paladins.  Lorsque  les  habitants  d'Orange 
virent  l'ennemi  de  tous  les  côtés,  ils  se  prirent  à  réflé- 
chir que  leur  seigneur  était  bien  loin,  que  les  passages 
lui  étaient  fermés  pour  venir  jusqu'à  eux,  enfin  qu'il 
valait  mieux  crier  vive  le  roi  !  que  subir  l'assaut  de  ces 
Français,  qui  gâteraient  la  ville,  s'ils  la  prenaient  de 
force,  tandis  que,  reçus  sans  résistance,  ils  ne  séjour- 
neraient guère,  et  par  leur  retraite  laisseraient  à  la 
population  la  liberté  de  se  retourner  comme  elle  vou- 
drait. En  conséquence,  il  y  eut  soumission  et  de  la  ville 
et  du  château  (5  juillet  1450). 

Les  vainqueurs  firent  leur  entrée  aux  acclamations 
de  la  foule,  ne  trouvant  sur  leur  trajet  que  des  visa- 
ges avenants.  Lorsqu'on  fut  arrivé  à  la  grande  salle  du 
château,  Gaucourt  entouré  des  capitaines,  comme  un 
Charlemagne  au  milieu  de  ses  pairs,  se  donna  le  plai- 
sir d'instituer  de  nouveaux  fonctionnaires  et  de  rece- 
voir les  serments  au  nom  de  roi.  Jonquières,  Gigondas, 
Courthezon,  et  toute  la  principauté  jusqu'au  territoire 
du  pape,  se  soumirent  à  l'exemple  de  la  capitale. 

Cette  conquête  fut  un  résultat  brillant,  mais  peu  du- 
rable, de  la  défaite  du  prince  d'Orange.  Aussi  n'en 
parla-t-on  guère  en  France;  mais  au  contraire,  la  ba- 
taille d'Anthon,  qui  avait  sauvé  la  couronne  delphinale, 
fut  l'objet  de  tous  les  discours,  et  pour  plusieurs  une 
consolation  de  la  perle  de  Jeanne  d'i^rc;  car  il  est  à 
noter  que  la  Pucelle  fut  prise  devant  Compiègne  le 


DE   VII  I.  \M)U  ANDO.  5:, 

jour  même  que  les  routiers  s'éloignèrent  d'Ânnonay 
pour  prendre  le  chemin  du  Dauphinéi  On  sut  partout  la 
part  considérable  que  Rodrigue  de  Villandrando  avait 
eue  dans  la  victoire;  quelques-uns  allèrent  môme 
jusqu'à  lui  en  attribuer  tout  l'honneur  l.  Sou  nom, 
depuis  eelte  journée,  fut  familier  à  tous  les  Fran- 
çais. 

Par  une  distinction  rare  pour  l'époque,  il  reçut  le 
témoignage  publie  de  la  reconnaissance  delà  province. 
Un  vote  des  États  du  Dauphiné  lui  adjugea  la  pro- 
priété du  château  et  de  la  châlellenie  de  Puzignan,  con- 
fisqués pour  forfaiture  sur  Alice  de  Varax  2.  C'est  cette 
dame  en  effet  qui  avait  ouvert  le  château  aux  oran- 
gistes  sur  qui  Rodrigue  eut  à  le  reconquérir3. 

On  ne  peut  pas  douter  que  Charles  VII  n'ait  ac- 
cueilli avec  une  satisfaction  extrême  la  nouvelle  de  la 
victoire  remportée  par  ses  armes.  Une  autre  personne 
qui  ne  dut  pas  moins  s'en  réjouir  fut  le  seigneur  de  la 
Trémoille. 

Investi  d'un  pouvoir  de  plus  en  plus  absolu  sur  la 
direction  de  toutes  les  affaires,  ce  favori  portait  lour- 
dement la  responsabilité  d'une  suite  de  revers  essuyés 
depuis  qu'il  avait  mis  Jeanne  d'Arc  à  l'écart,  de  sorte 
que  la  défaite  du  prince  d'Orange,  quoiqu'il  n'y  eût 

1  Ms.  2">018  de  la  Bibliothèque  nationale  cité  ci-dessus,  p.  40.  La  chro- 
nique de  Metz,  publiée  par  Don  Calmet,  dit  également  :  «  En  celle  année 
fu  vaincus  le  princeps  d'Orange  par  Rodigo,  ung  capitaine  de  France.  » 
Histoire  de  Lorraine,  t.  Il,  pr.  col.  207. 

1  «  La  plassa  et  terra  de  Pusignac  en  el  Dalfiné,  que  le  fu  ballea  et 
dounaa  per  les  trois  L^latz  du  DalGnea  et  confirniea  per  le  roy  et  le  daul- 
phin.  »  Ci-après,  pièce  11°  lxxxiv. 

3  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  vi. 


56  VIE   DE   RODRIGUE 

contribué  en  rien,  lui  servit  à  justifier  sa  politique.  11 
sut  même  y  puiser  l'audace  et  la  force  de  se  débarras- 
ser, par  un  coup  d'État,  de  plusieurs  familiers  du  roi  qui 
lui  portaient  ombrage1.  Un  service  de  cette  importance 
rendu  au  monarque  et  à  son  ministre  semblait  appeler 
une  récompense  peu  commune.  Cependant  on  ne  voit 
pas  que  Rodrigue  de  Villandrando,  après  la  victoire 
d'Àntbon,  ait  reçu  autre  chose  que  le  titre  d'écuyer  de 
récurie  du  roi. 

L'usage  était  d'accorder  cette  dignité  aux  débutants 
dans   la  carrière  militaire,  que  le  gouvernement  avait 
l'intention  de  s'attacher.  Elle  était  de  très-petit  rapport. 
Elle  avait  pour  plus  clair  avantage  de  donner  entrée 
à  la  cour.  Or  la  cour  n'était  pas  un  lieu  que  notre  ca- 
pitaine   eût  l'envie  de  fréquenter.  Il  n'entendait  pas 
briguer  par  des  courbettes  ou  par  des  intrigues  les  fa- 
veurs que  ses  prouesses  ne  lui  rapporteraient  pas  d'em- 
blée.  Il  était  de  l'école  du  vieux  compagnon  que  Jean 
de  Beuil  a  mis  en  scène  dans  son  roman  du  JouvenceL 
A  un  adolescent  qui  lui  demande  s'il  ne  ferait  pas  bien 
de  commencer  sa  carrière  par  un  voyage  en  cour,  le 
vétéran  répond  :  «  Ha!   voulez-vous  jà  aller  faire  la 
besle  !  Ha!  beau  sire,  puisque  vous  avez  voulenté  d'estre 
homme  de  guerre,  ne  vous  vault-il  pas  mieux  d'estre 
monté  et  armé  à  voslre  adventure  pour  la  guerre,  que 
d'aller  à  la  court  prier  le  roy  ne  faire  l'ennuyeux  après 
les  seigneurs,  despendant  vostre  argent  et  perdant  temps, 
comme  font  plusieurs  qui  ne  sçauroient  vivre,  qui  ne 

1  Arrestation  el  mis i  jugement  d'Antoine  de  Vivnnnc,  André  de 

Bonumont  et  Louis  d'Amboise,  au  mois  d'août  !  150. 


DE   VILLAS  D  R  VNDO.  ■■" 

leur  donneroil1.  »  En  effet  des  homnîes  habitués 
comme  ceux-là  à  rechercher  le  péril  en  plein  air  n'é- 
laienl  pas  propres  à  faire  faction  dans  les  antichambres, 
el  ils  savaient  trop  bien  prendre  pour  s'abaisser  au 
rôle  «If  quémandeurs. 

Un  point  reste  obscur.  Rodrigue,  si  peu  rémunéré  de 
ses  services,  si  fermement  résolu  à  ne  jamais  échanger 
le  séjour  de  son  camp  contre  celui  de  la  cour,  Rodrigue 
no  laissa  pas  cependanl  que  de  mettre  sa  personne  el 
son  épée  au  service  de  M.  de  La  Trémoille.  Il  se  lia 
avec  ce  seigneur  comme  s'il  lui  eûl  été  redevable  de 
beaucoup,  el  même  au  risque  de  compromettre  l'ami- 
tié que  lui  avail  témoignée  jusqUe-là  le  comte  de  Par- 
diac.  Quel  peut  avoir  été  le  motif  de  cet  attachement? 
je  l'ignore,  mais  j'en  vois  très-bien  la  conséquence,  qui 
fut  l'impunité  assurée  aux  routiers  pour  tous  les  désor- 
dres auxquels  ils  se  livrèrent  tant  que  M.  de  la  Tré- 
moille resta  au  pouvoir. 

Rodrigue,  en  vertu  <lu  titre  donl  il  venait  d'être  dé- 
coré, fut  incorporé  de  nouveau  dans  l'armée  royale.  On 
le  chargea,  conjointement  avec  Imberl  de  Groslée,  de  la 
défense  delà  frontière  bourbonnaise.  Depuis  le  mois  de 
septembre  1  iô<»,  ils  ne  cessèrent  de  courir  en  avant  de 
leurs  lignes,  faisant  tout  le  mal  possible  aux  Rourgui- 
gnons  du  Charolais  et  du  Maçonnais.  Leurs  ravages 
s'exercèrent  principalement  sur  les  terres  de  l'abbaye 
de  Cluny,  qui  lurent  soumises  au  régime  de  l'occupa- 
tion armée  par  la  prise  de  Mazille,  Pierre-Clos,  Bois 

1  Analyse  du  louvencel,  par  M.  P.  Paris,  Les  manuscrits  françois  <!•■ 
lu  Bibliothèque  du  toi,  t.  III,  p.  136. 


58  VIE   DE  RODRIGUE 

Sainie-Mariecl  Sancenay.  Le  pays  était  gagné,  si  les  ca- 
pitaines avaienl  pu  s'emparer  de  Cluny  et  de  Paray-le- 
Monial;  mais  ils  tentèrent  sans  succès  le  siège  tic  ces 

dcll\   villes1. 

Bienlôl  ils  furent  forcés  de  se  tenir  strictement  sur 
la  défensive,  par  l'arrivée  d'un  puissant  renfort  envoyé 
de  Dijon  sous  la  conduite  du  vicomte  d'Avallon  et 
ilu  prince  d'Orange,  le  vaincu  d'Anthon,  à  qui  le  dur 
Philippe  voulut  procurer  l'occasion  <lr  racheter  si  dé- 
faite2. Pour  seconder  ce-  deux  grands  seigneurs,  un  troi- 
sième capitaine,  supérieur  par  le  talent,  fui  appelé  de 
la  Charité-sur-Loire,  qu'il  tenait  contre  les  Français  de- 
puis le  commencement  de  la  guerre.  Il  est  célèbre  dans 
les  chroniques  sous  le  nom  tic  Perrinet  Grasset.  Son 
véritable  nom  fut  Gressart.  11  était  maçon  de  son  état3; 
h  -  événements  le  rendirent  homme  de  guerre.  En  1  iôl 
il  portail  le  litre  d'écuyer  et  dr  panetier  de  la  maison 
de  Bourgogne.  11  lit  de  Montcenis  m>u  centre  d'opéra- 
tions poiir  la  défense  de  Charolais*. 

Rodrigue,  retranché  Ai'  l'autre  côté  de  la  Loire,  sut 
protéger  à  distance  les  places  dont  on  s'était  emparé, 

;  Mar  i  i  Canat,  Documents  inédits,  etc.,  pp.  200,  r>ni.  ."lis;  Garnier, 
Inventaire  soi  les  archives  tic  lu  Côte-d'Or,  t.  II.  p.  5. 

-  Quatrième  compte  de  Mahieu  Regnault,  parmi  les  comptes  de  la 
maison  de  Bourgogne,  aiiN  archives  de  la  Côte-d'Or,  loi.  114,  verso;  Mar- 
cel Canal,  Documents  inédits,  ''le,  pp.  504,509,  512. 

3  Chronique  '1rs  Cordeliers,  nis.  IV.  n.  25018  ;*  l;i  Biblioth.  nation., 
lui.  iiii.  \  .  ad  ami.  I  i--"  :  •  En  ce  temps  fu  prinsc  La  Charité  sur  Loire 
par  subtivutû  et  sans  deffense  par  ung  nommé  Perrinel  Crasset,  machon 
et  capitaine  de  gens  d'armes  de  la  partie  des  Bourguignons.  » 

1  Cinquième  compte  de  Mahieu  Regnault,  fol.  99,  aux  Archives  de  la 
Côte-d'Or.  Le  litre  de  panetier  du  duc  de  Bourgogne  lui  était  déjà  attri- 
bué en  1 128.  Cf.  Lecoj  de  la  Marche,  Titres  delà  maisonducale  deBour- 
bon,  t.  II.  p.  258. 


DE   VII.I.  \M»ll  \NHO.  ;,9 

il  par  de  fausses  démonstrations  tenir  les  Bourguignons 
en  échec  pendant  plus  de  six  mois.  L'un  de  ses  strata- 
gèmes fut  de  faire  croire  à  une  jonction  concertée  entre 
lui  et  Barbasan,  <|ui  guerroyait  alors  en  Champagne 
pour  le  duc  de  Bar,  allié  du  roi  de  France.  L'ennemi 
lut  longtemps  paralyse  par  la  surveillance  à  laquelle 
cette  feinte  l'obligea  '.  A  la  fin,  un  hardi  coup  de  main 
exécuté  au  profil  «lu  parti  bourguignon  ayanl  contrainl 
notre  capitaine  à  diviser  aussi  ses  forces,  l'avantage 
conservé  jusque-là  fut  perdu. 

On  n'a  pas  oublié  ce  Varambon,  qui  paya  si  cher 
l'échauffourée  du  prince  d'Orange.  Dès  qu'il  fut  rendu 
à  la  liberté,  il  ne  songea  qu'à  réparer  son  désastre  par 
la  première  belle  prise  qui  se  présenterait  à  faire. 

Nous  avons  dit  qu'il  avait  été  ruiné  par  l'acquittement 
de  sa  rançon.  Il  l'était  au  point  qu'on  manquait  de  tout 
dans  son  château  de  Varambon,  et  que  sa  lîlle,  qui  vi- 
vait à  l'abandon  dans  cette  résidence,  n'avait  pas  de 
quoi  s'habiller  pour  sortir". 

Le  duc  Philippe  lui  ayant  confié  d'abord  la  défense 
de  Màcon,  il  se  comporta  dans  cette  ville  en  vrai  chef 

1  «  A  Martin  Lourdain,  le  vnj*  jour  dud.  mois  de  décembre,  la  somme 
de  six  frans  pour  aller,  lui  vingtiesrae  de  hommes  d'armes,  sur  les  mar- 
ches de  la  rivière  de  Loire,  <>ù  l'en  disoit  estre  Kodigueet  autres  ennemis 
;'i  grant  compaignie  pour  venir  devers  le  dit  Barbasan.  »  Des  commissions 
semblables  furent  données  depuis  le  19  novembre  1450,  sans  que  Ro- 
drigue soit  spécifié  parmi  les  ennemis  qui  les  motivaient,  mais  avec  l'in- 
dication que  Darbasan  assiégeait  alors  le  château  de  Lhappcs.  Quatrième 
compte  de  Mahieu  Regnault,  fol    140  et  I  13,  v°. 

-  «  Dépense  du  bailli  de  Bresse,  qui  était  allé  en  armes  avec  quelques 
chevaliers  à  Varambon  pour  y  prendre  la  iille  de  Varambon  et  la  conduire 
i  sa  grand-mère,  Avnarde  delà  Baume.  Celte  commission  ne  pul  être  exé- 
cutée, parce  que  la  jeune  fille  fut  trouvée  dépourvue  de  vétemens  et  pres- 
que nue.  »  Garnier,  Inventaire  sommaire,  etc.,  t.  III,  p.  85. 


60  VIF-   Ï>F.   HO  H  RICHE 

de  routiers.  On  l'en  relira  sur  la  plainte  des  habitants1. 
C'est  alors  qu'il  prépara,  on  dit  avec  l'approbation  du 
gouvernement  anglais,  le  coup  <[iii  devait  lui  rendre,  à 
son  calcul,  l'équivalent  de  ce  qu'il  avait  perdu. 

Ayant  ses  propriétés  en  Bresse,  il  connaissait  l'état 
du  pays  des  Dombes,  dépendance  de  la  couronne  ducale 
de  Bourbon,  mais  dépendance  défavorablement  placée 
à  cause  de  son  isolement  sur  la  rive  gauche  delà  Saône. 
Sans  tenir  compte  de  la  paix  qui  s'était  rétablie  entre 
le  duc  de  Bourbon   et  le  duc  de  Savoie,  lui,  vassal 
de  la  Savoie,  mais  plus  bourguignon  que  bressan, 
il    trouva   légitime    de   porter    la    guerre    dans    les 
Dombes.    En  conséquence,   il   réunit  une  armée  de 
pillards  qu'il  amena  sous  les  murs  de  Trévoux  dans 
la  nuit  du  18  mars  1451.  La  ville,  où  l'on  ne  s'atten- 
dait à  rien  de  pareil,  fut  prise  par  escalade.  Le  vain- 
queur, après  l'avoir  livrée  au  pillage,  s'y  établit  forte- 
ment, bien  qu'il  n'eût  pas  pu  s'emparer  du  château2. 
Le  prince  Charles  de  Bourbon  n'eut  pas  assez  de  sa  no- 
blesse pour  le  chasser  de  là.  Il  lui  fallut  l'assistance 
d'une  partie  des  routiers3.  Il  en  résulta  que,  pendant 
qu'on  recouvrait  Trévoux,  on  fut  obligé  d'évacuer  les 
places  conquises  du  Maçonnais  et  du  Cbarolais.  Dans 
toute  cette  région  il  ne  serait  pas  resté  aux  Français  un 
seul  pouce  de  terrain,  si  quelques-uns,  au  cours  de  la 
retraite,  n'eussent  trouvé  l'occasion  de  se  saisir  deMar- 

1  Marcel  Canat,  l)<i<-nments  inédits,  aie,  p.  202-204. 

J  Anlntt.  Mémoires  'pour  servir  a  l'histoire  de  Dombes,  t.  III,  p.  535; 
Costa  de  Beauregard,  Souvenirs  du  règne  d'Amédée  17//,  p.  71»,  et  les 
nièces  justificatives  du  même  ouvrage»  p.  228  et  253. 

"■  Gantier,  Inventaire  sommaire,  etc.,  I.  III,  p.  85, 


DE   V1LLANDRAND0.  (il 

eigny  el  d\  mettre  une  garnison  que  tous  les  efforts 
des  Bourguignons  ne  parvinrenl  poinl  à  déloger. 

A  la  suite  de  ces  revers  il  fui  question  d'un  retour 
offensif.  L'armée  bourbonnaise  étail  à  Charlieu  au  mois 
d'avril  1  iôl  avec  les  bandes  de  Rodrigue  el  de  Valette 
au  grand  complet,  avec  sis  chariots  d'artillerie1.  <ut 
s'attendait  à  la  voir  entrer  en  campagne,  el  déjà  Fer- 
tnoso ,  poursuivanl  d'armes  <lu  castillan,  était  allé 
porter  le  défi  de  son  maître  au  prince  d'Orange  cl  à 
Varambon*,  lorsque  le  Forez  fut  bouleversé  par  une 
explosion  de  communisme. 

Avoir  à  payer  contribution  sur  contribution,  el  pour 
si  peu  de  résultat,  lorsque  tant  de  privilégiés  échap- 
paient aux  charges  donl  le  pauvre  monde  étail  écrasé, 
avait  exaspéré  les  populations  d'entre  la  Loire  et  le 
Rhône.  Une  fermentation  dangereuse  s'était  manifestée 
Av>  le  temps  de  la  mort  du  l'eu  roi.  A  plusieurs  reprises, 
pendant  les  dix  dernières  aimées,  la  force  publique  dul 
être  employée,  autour  de  Lyon,  à  disperser  des  rassem- 
blements excités  par  des  prédicateurs  de  robe  courte,  qui 
remontraient  que  la  malédiction  prononcée  contre  Adam 
avait  atteint  tous  les  hommes,  sans  exception  de  nobles 
ni  de  clercs;  que  chacun  était  tenu  de  gagner  son  pain 
à  la  sueur  de  son  front;  qu'il  ne  fallait  plus  de  seigneurs, 
et  qu'un  seul  prêtre  suffirait  pour  le  service  de  chaque 
paroisse3. 

1  Marcel  Canat,  Documents  inédits,  etc.,  pp.  308,  516  :  Garnier,  In- 
ventaire sommaire,  t.  Il,  p.  5. 

-  Marcel  Canat,  Documents  inédits,  etc.,  p.  315. 

3  Pierre  de  Suint-Julien  de  Baleurre,  De  l'origine  des  Bourgongnons, 
p.  i7r.  ;  Lettre  d'Imberl  de  Groslée  au  conseil  de  ville  de  Lyon  (8  juin 
l 'rJ-Ji,  aux  Archives  communales  de  Lvon,  AA.  82. 


62  VIE  DE  RODRIGUE 

Ces  doctrines,  propagées  dans  les  montagnes  du  Forez 
et  du  Velay,  aboutirent  à  un  éclat  d'une  violence  ex- 
trême. L'historien  De  la  Mure  a  mentionné  cette  pertur- 
bation sans  en  dire  autre  chose,  sinon  qu'elle  fut  l'ou- 
vrage «  de  bandits  qui  étaient  de  la  secte  dont  il  est 
parlé  au  troisième  tome  des  Conciles,  lesquels,  soutenant 
qu'il  ne  devait  point  y  avoir  d'inégalité  de  condition 
parmi  les  hommes,  s'attaquaient  aux  gens  d'église  et 
aux  nobles,  assaillaient  les  chastcaux  et  maisons  fortes, 
et  y  faisaient  des  hostilités  épouvantables1.  » 

Le  môme  écrivain  ajoute  que  ces  insurgés  furent 
taillés  en  pièces  par  la  nohlesse  forésienne.  On  peut 
hardiment  donner  pour  auxiliaires  aux  nobles  de  Forez 
ceux  du  Bourbonnais  et  les  routiers  de  Rodrigue,  c'est- 
à  dire  toute  l'armée  réunie  à  Charlieu,  laquelle  fut  em- 
pêchée par  cet  incident  de  servir  à  l'objet  en  vue  du- 
quel elle  avait  été  formée.  Outre  la  levée  d'un  impôt 
extraordinaire  dont  le  capitaine  espagnol  eut  sa  part2, 
un  autre  indice  que  les  routiers  contribuèrent  à  la  re- 
pression est  dans  ce  fait  que,  vers  ce  temps-là,  ils  se 
transportèrent,  en  remontant  la  Loire,  jusqu'à  la 
limite  du  Forez  et  du  Yelav. 


1  Histoire  des  ducs  de  Bourbon  et  des  comtes  de  Forez-,  1.  III,  c.  xvi 
(t.  II,  p.  147). 

-  «  Notice  des  sommes  payées  à  Georges  Boix,  à  Rodrigo,  au  comte 
de  Clermont,  à  Guichard  de  Marzé  seigneur  de  Grcysieu,  et  autres,  sur 
les  impôts  levés  en  Forez  au  mois  de  septembre  I  131  et  au  mois  de  juin 
1452.  »  Lecoy  de  la  Marche,  Titres  de  la  maison  ducale  de  Bourbon, 
t.  II,  p.  249.  La  pièce  est  au  registre  P  1102-  des  Archives  nationales, 
cote  1328,  et  l'article  qui  concerne  Rodrigue  est  ainsi  conçu  :  «  Hem  de 
l'impost,  et  le  douhlet,  et  commissions  par  nous  l'aides  de  la  somme  de 
vij"  treize  escus  pour  Rodigo,  ou  moys  de  novembre  l'an  dessusdil 
mil  ccccxxxj.  » 


DE  VILLANDRANDO.  63 

Sur  mie  sinuosité  du  fleuve  qui  séparait  autrefois 
les  deux  provinces,  comme  elle  sépare  encore  aujour- 
d'hui les  deux  départements  de  Loire  et  Haute-Loire, 
se  présente  en  amphithéâtre  le  pittoresque  village 
d'Auree.  L'église  est  des  plus  anciennes  de  la  contrée. 
On  y  voyait  autrefois,  plantée  dans  l'un  des  battants 
de  la  porte,  une  bosselle  en  cuivre  doré,  au  sujet  de 
laquelle  se  débitait  un  conte  qui  doit  trouver  sa  place 
ici,  car  Rodrigue  en  est  le  héros. 

Ce  seigneur  espagnol,  disait-on,  étant  venu  à  Aurec, 
entra  dans  l'église  sans  daigner  mettre  pied  à  terre. 
I!  ne  descendit  de  cheval  que  lorsqu'il  fut  au  sanctuaire, 
et  là,  pour  mettre  le  comble  à  son  insolence  sacrilège, 
il  attacha  sa  moulure  après  nue  statue  de  saint  Pierre, 
qui  décorait  l'autel.  Le  châtiment  ne  se  Gt  pas  attendre. 
Le  cheval  entra  en  fureur  et  commença  à  faire  de  tels 
sauls,  (pic  son  maître  remonta  dessus  pour  en  venir  à 
bout.  Mais  il  n'y  eut  bride  ni  frein  qui  tinssent.  L'ani- 
mal s'élança  de  pleine  course  jusque  dans  la  Loire,  où 
il  noya  son  cavalier.  Le  corps  de  Rodrigue  fut  repêché 
à  Cornillon  en  Forez.  Quant  au  cheval,  il  sortit  du 
fleuve  sain  et  sauf,  et  la  bossetle  de  son  mors  fut  con- 
sacrée dans  l'église  d'Aurcc  en  mémoire  du  jugcnuml 
de  Dieu,  dont  il  avait  été  l'exécuteur1, 

L'histoire  n'a  rien  à  démêler  dans  cette  légende,  si  ce 
n'est  l'expression  d'un  sentiment  populaire  qui  n'est 
pas  en  faveur  de  la  piété  de  notre  capitaine.  Sa  des- 
tinée n'était  pas  de  périr  noyé,  ni  de  payer  si  chère- 

1  De  la  Mme,  Histoire  des  ducs  de  Bourbon,  I.  II,  pi  1 17, 


Gi  VIE   DE  RODRIGUE 

nient  une  irrévérence,  lui  à  qui  il  fut  permis  de  com- 
mettre impunément,  peodant  une  trentaine  d'années 
qu'il  séjourna  dans  notre  pays,  (ous  les  excès  imagi- 
nables. 

Des  actes  nous  ont  conservé  la  mémoire  d'une  dé- 
vastation commise  auprès  de  Montbrison,  qui  semble 
bien  se  rapporter  encore  au  soulèvement  du  Forez. 

Une  montagne  isolée,  appelée  à  cause  de  sa  configu- 
ration Saint-Romain  le  Puy,  se  présentait  avec  un  triple 
étage  de  fortifications  :  au  sommet  un  redoutable  cbà- 
leau  protégeant  un  prieuré  de  bénédictins,  au  milieu 
une  enveloppe  de  murailles  élevées  pour  la  défense  du 
bourg,  tandis  qu'au  bas  une  autre  muraille  circonscri- 
vait une  première  enceinte  ou  basse-cour,  qui  était  en 
temps  de  guerre  le  refuge  des  liabitanls  de  la  cam- 
pagne. 

Dans  un  moment  où  cette  basse-cour  était  pleine  de 
fugitifs,  les  gens-d'armes  deRodrigue  fondirent  dessus. 
Ils  dispersèrent  les  hommes,  firent  proie  des  provisions  et 
du  bétail,  et  laissèrent  les  lieux  dans  un  état  de  déla- 
brement que  d'autres  compagnies,  venues  après  eux, 
changèrent  en  destruction  complète.  Larelalionn'ajoule 
rien  de  plus,  sinon  que  la  population  rurale,  qui  com- 
mençait à  reparaître  en  1433,  demanda  pour  sa  sécu- 
rité le  rétablissement  du  refuge  de  Saint-Romain1. 

C'est  au  cours  de  ces  obscures  opérations,  le 
7  mars  1431,  que  notre  capitaine  reçut  enfin  la  con- 
cession en  règle  de  la  seigneurie  de  l'uzignan  2.  I/acle 

1  Pièces  justificatives,  w"  xxx. 
-  Pièces  justificatives,  n°vi. 


DE  vil. I.  \Mu;  \Miu. 

royal  qui  consacra  -es  droits  sur  cette  propriété  ne  dit 
rien  du  don  qui  lui  en  avail  été  l'ait,  ou  du  moins  qui 
avait  été  proposé  pour  lui,  par  les  Elals  du  Dauphiné. 
La  chose  esl  présentée  connue  une  laveur  venant  de 
l'initiative  du  prince.  Les  us  monarchiques  voulaient 
qu'il  en  lui  ainsi.  Peut-être  même  auraient-ils  exigé  que 
la  motion  des  députés  dauphinois  fût  regardée  comme 
non  avenue;  mais  en  temps  de  calamité  on  passe  par- 
dessus les  principes.  11  esl  permis  de  croire  que  Ro- 
drigue de  Villandrando,  très-irrégulièrement  rem- 
boursé de  ses  frais  de  guerre,  criait  lamine,  et  qu'alin 
de  lui  faire  prendre  patience  on  lui  lâcha  d'abord  ce 
morceau  qu'il  avail  le  droit  de  réclamer  comme  sien. 
Bientôt,  sur  sa  menace  de  mettre  le  Languedoc  au  pil- 
lage (menace  à  Laquelle  il  donna  un  commencement 
d'exécution  par  l'invasion  du  Rouergue1),  on  lui  procura 
un  supplément  de  quatre  mille  écus  qui  lui  furent  alloués 
par  la  province2.  Enfin  on  prit  le  parti  de  l'envoyer 
contre  les  Anglais  de  laGuienne,  afin  de  leur  reprendre 
les  châteaux  de  Sainl-Exnperi  et  de  Charlus,  d'où  ils 
désolaient  le  Limousin5.  La  suite  des  événements  donne 
à  penser  qu'à  cette  mission  en  fut  ajoutée  une  autre, 
qui  consistait  à  faire  payer  cher  son  passage  à  des 
seigneurs  dont  avait  à  se  plaindre  le  ministre  omni- 
potent. Il  faut  savoir  que  M.  de  la  Trémoille  revendi- 
quait en  ce  temps-là  la  succession  du  comté  d'Auvergne, 

1  Pièces  justificatives,  n°  vin. 

-  Jolibois,  Inventaire  sommaire  des  archives  communales  d'Mbi, 
I     \-l.  .1  l.i  date  du  "Jii  août  1 131. 

3  Inventaire  manuscrit  des  Archives  communales  dlssel  rédigé  en 
I7i'.'.  Communication  de  M.  l'aul  lluol. 


\  II.    DE   RODRIGUE 

qu'il  prétendait  lui  «'lie  échue  du  chef  (le.  sa  défuule 
femme,  Jeanne  de  Boulogne. 

Bodrieue  |,,ii  |,.  chemin  de  la  Basse-Auvergne  au 
lemps  «li-  l.i  recolle,  qui  élail  la  bonne  saison  pour  les 
rouliers.  Il  menait  avec  lui  ses  associés  Andrelin  et 
Chapelle,  ayant  renvoyé  Valette  dans  les  ('('venues.  Aux 
environs  de  Monlpensier,  il  fait  exécuter  une  battue 
(rcnérale,  el  tous  les  "eus  de  la  campagne  qu'on  lui 
arrête,  il  les  emmène  en  captivité.  Alors  la  province 
s'émeut.  Jean  de  Langeac,  sénéchal  d'Auvergne,  lui 
envoie  des  propositions  d'accommodement,  puis  vient 
le  trouver  lui-même  avec  un  banquier  de  Clermont 
pour  fixer  à  l'amiable  le  chiffre  du  palis.  Les  villes 
joignenl  leurs  soumissions  aux  politesses  du  sénéchal. 
Elles  envoient  des  présents  pour  se  recommander,  gé- 
néreuses  à  tout  prix,  même  jusqu'à  commettre  des 
violences  afin  de  se  procurer  plus  vite  lesobjets  qu'elles 
destinenl  au  terrible  capitaine.  On  trouve  que  les  con- 
suls d'Amberl  lui  offrirent  un  cheval  qu'ils  avaient 
pris  de  force  au  bailli  d'Alègre1. 

I.n  vertu  d'une  délibération  prise  par  les  Etats  d'Au- 
vergne en  I  i-><»,  la  province,  de  concerl  avec  celles  de 
Bourbonnais,  Beaujolais  el  Forez,  avait  créé  pour  la 
défense  commune  un  comité  de  cinq  personnes,  qui  de- 
vaient a\oir  le  maniement  d'un  fonds  spécial  destiné  à 
entretenir  un  contingent  fixe  d'hommes-d'armes  el  de 
fantassins.  <  In  élail  convenu  que  l'argent  sérail  conservé 
îles  les  pr  cautions  d'us  ige  en  ce  temps-là, 
c'est-à-dire  mis  dans  un  coffre  fermé  de  cinq  serrures 

'   l'h  <  [  s  \unlif\aitu  <•.     ii   \. 


DE    \  Il  I  V  M»  Il  A  Mm  ». 

(autant  qu'il  y  avait  do  commissaires),  ot  que  chacun 
de  ceux-ci  en  garderait  une  clé  \  Si  ce  coffre  fût  bâti,  il 
ne  recul  pas  l'emploi  auquel  ou  l'avait  destiné,  puisque 
nous  voyons,  au  boni  d'un  an,  la  province  surprise  n'a- 
voir pas  un  soldai  à  opposer  à  ses  envahisseurs. 

De  l'Auvergne  Rodrigue  passa  en  Limousin,  ayant 
licence  d'aller  compléter  sa  moisson  sur  les  terres  de 
la  maison  de  Ventadour,  dont  était  la  comtesse  titulaire 
d'Auvergne,  celle  avec  qui  La  Trémoille  se  trouvait  en 
compétition.  La  ville  d'Ussel,  capitale  du  comté  de 
Ventadour,  éloigna  la  menace  d'un  siège  en  payant 
une  contribution  qu'elle  ne  put  parfaire  qu'à  force 
d'emprunts.  .Nous  avons  les  pièces  d'un  règlement  de 
compte  daté  de  1  i">  i.  Elles  constatent  que  le  comte  de 
Ventadour  avait  prèle  sa  vaisselle  d'argent  pour  aider 
ses  sujets  à  se  racheter.  La  malheureuse  ville  ne  s'é- 
tait pas  encore  libérée  en  1  iôO  \ 

Les  bandes,  poursuivant  la  campagne  qui  leur  avait 
été  tracée,  réussirent-elles  à  délivrer  le  Limousin  de  la 
présence  des  anglais?  On  serait  tenté  de  le  croire  quand 
on  voit  leurchef,  à  peu  de  temps  de  là,  gratifié  d'une  se- 
conde seigneurie.  Le3avril  1432,  Rodrigue  reçut,  à  titre 
de  propriété  transmissible  seulement  à  sa  descendance 
masculine,  le  château  et  la  chàtellenie  de  Talmonl-sur- 
Gironde".  C'était  là  un  domaine  d'une  véritable  impor- 
tance par  son  étendue  et  par  la  station  maritime  qui 
en   dépendait,  une  récompense  à   la  hauteur  d'une 

1  De  la  Mure,   Histoire  des  ducs  de  Bourbon,  pr.  t.  III,  p.  196. 
-  Paul  Buot,  Les  archives  municipales  de  la  ville  d'Ussel  (In- i*, 
l'ssel,  1856). 
3  Pièces  justificatives,  n°  mi. 


VIE   liE   HUDU1GUE 

action  d'éclat,  routefois  les  considérants  de  l'acte  de 
donation  o'allèguent  point  de  succès  récent  obtenu  sur 
l'ennemi.  La  seule  raison  qui  soit  mise  dans  la  bouche 
du  roi,  c'est  qu'il  entendait  que  Rodrigue  «  fût  désor- 
mais son  homme,  et  plus  astreint  à  le  servir  »  :  lan- 
gage étrange,  et  plus  digne  d'un  chef  de  parti  que  d'un 
souverain.  Il  fait  penser  aux  factions  qu'une  détestable 
politique  avait  déchaînées  de  nouveau  sur  le  royaume, 
après  le  beau  mouvement  de  concorde  qui  fut  l'œuvre 
de  Jeanne  d'Arc. 

Lorsque,  par  suite  des  conquêtes  nouvellement  effec- 
tuées, on  avait  à  se  défendre  sur  une  plus  grande  éten- 
due de  frontières,  quatre  guerres  civiles  étaient  en- 
gagées ou  menaçaient  à   l'intérieur  :  guerre  pour  la 
possession  du  pouvoir  entre  La  Trémoille  et  les  princes 
de  la  maison  d'Anjou;    guerre  pour  des  intérêts  de 
famille  entre  le  duc  d'Alençon  et  le  duc  de  Bretagne  ; 
guerre  de  voisins  qui  ne  se  pouvaient  pas  souffrir  entre 
le  comte  de  Foix  et  le  comte  d'Armagnac;  guerre  entre 
les  prélats  et  la  noblesse  des  diocèses  de  Mende  et  du 
Puy.  La  cure  île  cette  dernière  est  inconnue  ;  mais  on 
sait  que  des  voies  de  fait  avaient  eu  lieu  dès  le  com- 
mencement de  1  iôw2,  et  que  les  deux  partis  ne  négli- 
geaient  rien  pour  se  mettre  aussi  promptement  que 
possible  sur  le  pied  de  guerre1. 

Nous  ignorons  trop  de  choses  pour  voir  clair  dans  ce 
Irouble  universel.  Tout  ce  qu'il  est  possible  de  discer- 
ner au  sujet  «le  Kodriguc,  c'est  le  voyage  d'un  de  ses 
écuyers,  député  par  lui  comme  ambassadeur  auprès  du 
!  Vai  «clc,  Histoire  <l<-  Languedoc,  I.  IV,  p.  jsu. 


DE   VIII  VNDRANDO. 

(inc  de  Bretagne1*,  c'est  la  présence  de  son  associé  Cha- 
pelle dans  une  armée  qui  combattait  en  Poitou  sous  la 
bannière  de  Bretagne,  tandisqu'au  contraire  le  bâtard 
de  Bourbon,  l'un  de  ses  meilleurs  amis,  défendait  le 
ducd'Alençon  dans  Pouancé";  c'est  enfin  une  marche 
exécutée  par  Rodrigue  en  personne  sur  le  Gévaudan. 

Il  nVui  pas  le  temps  de  se  faire  sentir  à  cette  pro- 
vince. Outre  que  le  conflit  sur  lequel  il  avait  compté 
lut  évité  par  l'effet  d'une  habile  négociation,  un  ordre 
du  roi  l'appela  dans  le  nord  pour  prendre  part  à  une 
entreprise  de  première  importance.  Mais,  avant  de  ra- 
conter cette  nouvelle  expédition,  il  faut  parler  d'une 
distinction  que  l'heureux  aventurier  venait  de  recevoir 
«le  son  pays,  et  qui  lui  assigna  un  rang  à  part  entre 
tous  les  capitaines  de  routiers. 

On  a  vu  que  la  sœur  de  Pierre  deVillaines,  grand- 
mère  de  Rodrigue  de  Vil  landrando,  avait  plaidé  sanssuc- 
cès  pour  établir  le  droit  de  sa  descendance  à  une  por- 
tion du  comté  deRibadeo3.  I. a  terre,  dans  son  intégrité, 
et  le  titre,  furent  confirmés  par  le  roi  de  Castille 
Henri  III  à  l'acquéreur,  qui  était  don  Ituy  Lopez  d'A- 
valos*,  l'un  de  ses  chambellans  dont  il  ne  tarda  pas  à 
faire  nui  connétable.    Ruy  Lopez  fit   mauvaise   lin. 


'  «<  A  un  escuier  de  RoJigo  (le  Villandras,  nommé  Le  Bègue,  venu  vers 
le  due  en  ambassade  à  Monronlour  de  par  son  maislre.»  Ordonnancement 
du  17  juillet  1 132,  extrait  des  Comptes  de  Bretagne,  mss.  français  de  la 
l'.ibl.  nat.,  n'11542,  M.  -J.-,. 

-  Guillaume  Gruel,  La  vie  du  connétable  de  Richemond,  dans  Gode- 
froy,  p.  7.*>8;  Lobineau,  Histoire  de  Bretagne,  t.  I,  p.  590. 

3  Ci-dessus,  p.  G. 

•  Esteban  de  Garibay,  dans  la  Revista  europèa  de  1876,  t.  Ml. 
p.  214. 


VII     DE    R0DRIG1  I 

t,iuiii.  •  r'e>l  assez  l'usage  des  grands  favoris.  En  I  i23 
|,'  roi  Juan  II  If  chassa  de  sa  cour,  dépouillé  de  toutes 
lignilés  el  seigneuries,  de  sorte  que  sa  chute  re- 
ni i l  à  Mot  I»-.  espérances  conçues  jadis  par  les  colla lé- 
d,-  Pierre  de  Villaines.  Or  Rodrigue,  <|iii  était  l'un 
drs  hériliers  de  ces  prétentions,  ne  larda  pas  à  s'illus- 
trer en  l'ranee,  el  le  bruit  de  ses  exploits  passant  en 
Kspagne  plaida  pour  lui  beaucoup  mieux  que  les  droits 
problématiques  invoqués  par  sa  famille.  Toutefois  il  ne 
parvint  à  obtenir  l'objet  de  sa  poursuite  qu'en  forçant 
l,i  main  au  roi  don   Juan. 

(!e  monarque  ayant  songé  un  moment,  d'après  les 
conseils  de  son  nouveau  connétable,  Alvaro  de  Luna,  à 
entraver  les  projets  du  roi  d'Aragon  sur  le  royaume  de 
Naples,  conçut  pour  cela  un  plan  d'invasion  auquel 
liodrigue  de  \  illandrando  aurait  coopéré  en  attaquant  le 
Ibmssillon  avec  ses  compagnies.  Pour  celte  entreprise 
on  comptail  aussi  sur  le  comte  d'Armagnac,  parce  qu'il 
Unail  par  les  liens  du  sang  à  la  maison  de  Castille,  el 
encore  plus  à  raison  de  son  inimitié  bien  connue  contre 
le  comte  de  Koix,  qui,  lui,  se  trouvait  dans  les  relations 
les  plus  intimes  avec  le  roi  d'Aragon.  Mais  le  roi  d'Ara- 
gon, qui  était  alors  cel  illustre  Alfonse  qu'on  a  sur- 
nommé le  Magnanime,  eut  connaissance  de  l'agression 
projetée  contre  ses  Étals,  et  le  secret  ne  lui  en  fut  pas 
plus  tôt  découvert  qu'il  envoya  des  ambassadeurs  en 
I  rance,  les  uns  pour  tacher  de  réconcilier  par  un  ma- 
ies maisons  d'Armagnac  el  de  Foix,  les  autres 
•'"  sa   laveur  sur   l'esprit  de  liodrigue.  La 

'•marrlie  réussit  complètement  auprès  de  ce  dernier, 


DE  VILLANDRANDO.  71 

qui  alla  jusqu'à  promettre  au  roi  Alfonse  de  le  ser- 
vir envers  et  contre  tous,  sauf  cependanl  le  roi  de  Cas- 
t i Ho.  C'est  le  cadet  de  Villandrando,  Pierre  deGorral, 
(jiii  porta  cet  engagement  de  la  part  de  son  livre1. 

Lorsqu'on  fui  informé  de  cela  à  la  cour  de  Gastille, 
Alvaro  de  Lima  ne  se  donna  plus  de  repos  qu'il  n'eût 
rompu  entre  les  mains  du  roi  d'Aragon  les  alliances 
que  ce  prince  croyait  tenir  de  ce  côté-ci  des  Pyrénées. 
La  concession  du  comté  de  Cangas  de  Tineo  au  comte 
d'Armagnac,  et  celle  du  comté  de  Ribadeo  à  Rodrigue 
de  Villandrando,  consommèrent  ce  coup  de  politique*. 

Ces  événements  se  passaient  en  I  &31.  11  faut  qu'il  y 
ait  eu  poiir  notre  capitaine  de  longues  formalités  à 
remplir,  peut-être  l'obligation  d'un  voyage  en  Castille 
et  dans  les  As  lu  ri  es,  où  est  situé  Ribadeo,  qui  l'empê- 
chèrent d'entrer  immédiatement  en  possession  de  la 
dignité  qui  lui  était  échue.  C'est  seulement  à  partir  du 
mois  de  juillet  1  iôw2  qu'il  s'intitula,  dans  les  actes, 
comte  de  Ribadeo,  et  quelquefois  de  Ribedieu,  quiesl  la 
forme  francisée  du  nom  espagnol  ". 

Rodrigue. venait  donc  de  lever  bannière  de  comte, 
lorsqu'il  reçut  cette  commission  qui  l'éloigna  du  (leva u- 
dan.  Charles  Ml  lui  enjoignait  de  se  rendre  à  Orléans 
pour  effectuer  dans  cette  ville  sa  jonction  avec  le  bâ- 

1  Çurita,  Anales  <lc  la  corona  de  Aragon,  1.  Mil,  c.  i.xxi. 

2  Cent  on  epistolario  del  bachiller  Fernan  Gomez  de  Cibdareal , 
p.  65;  Alvar  Garcia  de  Santa-Maria,  dans  les  annotations  (te  M.  Jimenez 
de  la  Espada  aux  Andanças  e  viages  de  Pero  Tafur,  p.  545.  Le  témoi- 
gnage de  ces  deux  auteurs,  confirmé  par  les  actes,  annule  celui  de  Fernan 
Perez  de  Guzman  et  de  llernando  del  Pulgar,  qui  ont  placé  ta  concession 
du  comté  de  Ribadeo  à  l'an  1  139. 

r>  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n0'  xm.  wxiv.  etc. 


VIE  DE  RODRIf.l'E 

lard  d'Orléans,  1«'  sire  deGaucourt,  le  maréchal  de  Rais 
<>t  l'aîné  Xaintrailles 4.  Il  s'agissait  d'aller  affronter, 
dans  son  camp  défendu  par  dix  mille  hommes,  le  due 
deBedford,  c'est-à-dire  la  science  militaire  personnifiée, 
l'homme  dont  le  talent  seul  prolongeait,  la  durée  de  la 
domination  anglaise  sur  le  continent. 

i  e  grand  capitaine  faisait  alors  assiéger,  lui  présent, 
l,i  ville  de  Lagny,  où  une  garnison  française  s'était 
maintenue  depuis  le  temps  de  la  Pucelle.  Les  assiégés, 
travaillés  depuis  six  mois  et  manquant  de  vivres,  al- 
laient se  rendre.  Il  fallait  à  tout  prix  leur  faire  parve- 
nir les  moyens  de  prolonger  leur  résistance,  si  l'on  ne 
voulait  pas  voir  se  relever  Paris,  le  Paris  anglo- 
bourguignon,  que  l'occupation  de  Lagny  tenait  en  dé- 
tresse. 

Rodrigue  ne  vint  pas  au  rendez-vous  qui  lui  avait 
été  assigné  sans  laisser  çà  et  là  des  traces  de  son  pas- 
sage.  Un  contemporain  prétend  qu'il  menait  cinq  mille 
combattants  à  sa  suite2.  Un  de  ses  détachements,  tra- 
versant Ponllevoy,  mit  à  rançon  l'abbé  du  lieu  après 
l'avoir  dévalisé  3.  C'étaient  là  peccadilles  de  routiers, 
sur  lesquelles  on  ferma  les  yeux  en  considération  de 
l'excellente  avant-garde  que  ces  hommes  allaient  four- 
nir à  l'expédition. 


1  Monstrelet,  I.  II,  cb.  r.xxi  (t.  V  de  l'édition  Douët  d'Arcq). 

*  *  Le  bastart  d'Orléans  en  la  compaignie  de  pluiseurs  capitaines.... 
ava  -i\  mille  combattons,  et  Rodigue  de  Villendras  qui  avoit  aussi  bien 

'' ib«  lui  en  su  compaignie  cinq  mille  combattans.  »  Chronique  des 

Payi  Bat,  de  France,  et  ingleterre  et  de  Tournai/,  dans  le  Recueil  des 
chroniques  de  Flandre,  publié  par  M.  de  Smet,  t.  III,  p.  418. 
1  i-après,  Pièce»  justificative»,  n0xi\. 


DE  YILLAHDRANDO.  73 

l.,i  Seine  passée  à  Melun,  les  capitaines  s'avancèrenl 

vers  I.;iliii\  . 

Lorsqu'on  marche  dans  celte  direction,  on  arrive 
toul  |»rès  de  Lagnj  sans  l'apercevoir,  parce  qu'on  a  de- 
vant soi  un  coteau  au  revers  duquel  la  ville  est  adossée. 

Mais  ce  coteau  ne  se  prolonge  qu'à  un  quart  de  lieue 
sur  la  gauche,  de  sorte  qu'il  laisse  ouverte  la  prairie  de 
la  Marne,  et  c'est  par  là  qu'on  tourne  pour  gagner  la 
\ille.  après  avoir  traversé  un  ruisseau  qui  va  du  coteau 
à  la  rivière.  Si  le  camp  des  Anglais  eut  été  établi  sur  ce 
point,  le  ravitaillement  de  Lagnv  était  impossible; 
mais  le  duc  de  Bedford,  s'attendant  à  être  attaqué-  par 
la  Champagne  plutôt  que  par  la  Brie,  s'était  posté  en 
amont  dans  la  direction  opposée.  Ce  fut  une  première 
erreur  de  calcul,  qui  fut  suivie  d'une  seconde  en  ce  que 
le  duc  jugea  qu'il  aurait  à  soutenir  une  bataille,  et  qu'il 
prit  Loutes  ses  dispositions  en  conséquence. 

Le  plan  des  Français  était  d'éviter  la  bataille,  tout 
en  feignant  de  la  vouloir  livrer.  Avant  passé  la  nuil 
dans  le  village  de  Gouverne,  à  la  source  du  ruisseau 
dont  on  a  parlé  tout  à  l'heure  (on  l'appelle  à  cause  de 
cela  le  Ru  de  Gouverne),  ils  se  partagèrent  dès  le  lever 
du  soleil  en  trois  corps,  dont  deux  devaient  menacer  le 
camp  anglais,  tandis  que  le  troisième,  composé  des 
routiers  sous  le  commandement  de  Hodrigue,  se  lance- 
rait dans  la  prairie  de  la  Marne  pour  introduire  dans 
la  place,  par  une  porte  qui  était  là,  un  convoi  de  vivres 
et  de  munitions. 

A  peine  ce  mouvement  eut-il  été  aperçu  du  duc  de 
Bedford,  qu'il    forma  aussi  son  armée  en  trois  corps 


\  M.   DE   KODIUGUE 

donl  chacun  s'avança  à  la  défense  des  points  menacés. 
L'avantage  du  nombre  n'était  pas  du  côté  des  Anglais,  à 
cause  des  bommes  laissés  pour  la  garde  du  camp  et  des 
lignes  du  siège:  aussi  le  duc  avait-il  résolu  de  n'en 
venir  à  une  action  générale  qu'autant  qu'elle  serait 
engagée  par  l'ennemi.  11  commandait  une  partie  de  la 
chevalerie  qui  allait  faire  face  à  ce  que  nous  pouvons 
appeler  les  réguliers  français;  le  capitaine  détaché  sur 
la  droite,  afin  de  barrer  le  passage  au  castillan,  fut  l'an- 
cien instituteur  de  celui-ci,  le  maréchal  anglo-bour 
guignon  Villiers  de  l'Isle-Àdam  l. 

Est-ce  une  combinaison  fortuite,  est-ce  une  provo- 
cation comme  on  s'en  faisait  alors  à  la  veille  des 
batailles,  qui  mit  ainsi  en  présence  le  maître  et  le  dis- 
ciple? Les  chroniqueurs  n'en  disent  rien,  mais  ce 
qu'ils  laissent  voir  très  clairement,  c'est  que  l'action 
décisive  de  la  journée  se  passa  entre  ces  deux  capi- 
taines, tandis  que  sur  les  autres  points  il  n'y  eut  que 
des  feintes  ou  des  escarmouches. 

L'engagement  commença  sur  le  Ru  de  Gouverne.  Là 
le  combat  fut  une  mêlée  opiniâtre.  Longtemps  on  vit 
1rs  deux  partis  gagner,  perdre,  ressaisir  la  rive  oppo- 
sée,  el  cela,  tous  les  deux  à  la  fois,  ondoyant  l'un  sur 
l'autre,  reculant  ici,  avançant  là.  Enfin  l'effort  des 
routiers  l'emporta;  les  Anglais,  culbutés  et  dispersés, 
leur  abandonnèrent  la  possession  de  la  prairie,  où 
Rodrigue  refil  bien  vite  son  corps  de  bataille  pour  cou- 
rir aux  lignes  des  assiégeants  et  les  traverser;  car  cette 
partie  de  la  besogne  restait  à  faire. 

1  Konilrelot.l.  Il,  oh.  r.xxi  (t.  V,  p.  3i). 


DE  VILLANDRANDO.  75 

Pendanl  le  combal  qui  venait  d'avoir  lieu,  les 
Anglais  postés  devant  la  ville  avaient  pris  l'offensive 
contre  les  assiégés,  el  s'étaient  emparés  d'une  forte 
redoute  établie  devant  la  porte  par  où  devaient  entrer 
les  Français.  L'étendard  d'Angleterre,  arboré  sur  ce 
point1,  porta  il  au  loin  l'annonce  d'un  succès  qui 
aurait  été  <1«'  grande  conséquence,  si  la  division  du 
comte  deRibadeo  eût  été  repoussée.  Au  contraire,  par 
suite  de  la  tournure  qu'avaient  prise  les  choses,  les 
vainqueurs  de  la  redoute  furent  écrasés  entre  les  gens 
de  Lagny,  qui  tirent  irruption  par  derrière,  tandis  que 
les  routier-  pressaient  en  face*.  La  position  perdue  lut 
reconquise  par  les  Français,  le  terrain  nettoyé  et  rendu 
libre  pour  la  marche  du  convoi. 

Mais  le  transport  ne  se  fil  pas  si  rapidement  que  le 
duc  de  Bedford  n'eût  le  temps  d'accourir  avec  une 
partie  des  hommes  ralliés  de  l'Isle-Adam  et  d'autres 
pelotons  retirés  de  la  garde  des  retranchements.  Il 
parut  lorsque  les  charrettes,  accumulées  à  la  tète  du 
pont-levis,  prenaient  le  passage  l'une  après  l'autre,  dif- 
ficilement,, lentement. 

Faire  volte-face,  conduire  la  moitié  de  son  monde 
à  l'ennemi,  jeter  l'autre  moitié  dans  un  ouvrage  de 
terre  que  venaient  d'abandonner  les  assiégeants,  tels 
furent  les  mouvements  que  Rodrigue  conçut  et  exécuta 
avec  une  merveilleuse  promptitude.  Alors  commença 
un  troisième  engagement,  plus  meurtrier  que  les  deux 
autres  et  plus  pénible  à  cause  de  l'intensité  de  la  clia- 

1  Journal  île  Paris,  nd  ann.  I  1.V2. 
-  Jean  Chartier,  t.  1,  p.  14,'». 


;,.  \  IK   DE   RODRIGUE 

leur1;  car  on  était  au  milieu  de  la  journée,  et  d'une 
journée  d'août.  La  plupart  des  hommes-d'armes  ayant 
mis  pied  à  terre,  on  s'était  abordé  sur  un  espace  très 
étroit,  à  travers  les  ouvrages  du  siège,  et  de  part  et 
d'autre  on  se  tenait  main  à  main,  la  pointe  de  l'épée 
sur  la  gorge.  Heureusement  pour  les  Français,  ils 
eurent  ce  retranchement  occupe  par  eux,  qui  leur  servit 
pour  reprendre  haleine.  Leurs  chefs  les  y  envoyèrent 
dix  par  dix,  vingt  par  vingt,  faire  chacun  à  leur  tour 
une  pause  de  quelques  instants,  si  bien  que  les  pre- 
miers rangs  ne  cessèrent  pas  d'être  tenus  par  des 
hommes  rafraîchis  et  dispos2.  Les  Anglais,  qui  n'eurent 
pas  la  môme  ressource,  s'épuisèrent  sans  gagner  un 
pouce  de  terrain.  Plusieurs  tombèrent  morts  comme 
d'apoplexie,  étouffés  sous  leur  armure  par  la  presse  et 
par  lechaud.  Enfin  le  duc  de  Bedford,  qui  était  sanguin 
et  replet,  se  sentant  lui-même  très  incommodé,  donna 
le  signal  de  la  retraite3.  On  vit  bientôt  toutes  les  divi- 
sions anglaises  à  la  fois  se  ramasser  et  reculer  avec  la 
plus  fière  contenance  dans  la  direction  de  leur  camp. 
On  ne  commit  pas  l'imprudence  de  les  attaquer. 
Lorsque  toutes  les  voitures  du  convoi  furent  entrées 
dans  la  ville,  Rodrigue  rejoignit  le  reste  de  l'armée,  et 
l'on  alla  coucher  au  village  de  Gouverne.  On  s'était 
battu  depuis  huit  heures  du  malin  jusqu'à  quatre 
heures  (lu  soirv. 

relie  lin  l'action  du  ravitaillement  de  Lagny,  action 

1  Monslrelet,  ch.  cxxi  (t.  \  p.  34). 

le  m  Charlier,  t.  I,  p.  1  i.">. 

i  efèvre  de  Saint- Kemy,  ch.  clx.mii. 
•  Chronique  des  Pays-Bas,  etc.,  publiée  par  M.  deSmet,  1.  c. 


DE    V1I.I  A  Mil;  A  Mu).  77 

dont  le  résultat  valut  le  gain  d'une  bataille.  Mlle  eul 
lieu  le  10  août  1  i-~*2,  qui  était  un  dimanche,  jour  déci- 
dément propice  aux  entreprises  de  noire  capitaine. 

Je  ne  sais  si  cela  lini  à  sa  présence  et  à  ses  conseils, 
mais  les  Français  montrèrent  <lans  toute  cette  campagne 
un  esprit  de  conduite,  voire  même  un  talent  de  straté- 
gie, dont  ils  u'étaient  pas  coutumiers. 

La  ville  ravitaillée  comme  on  vient  de  le  voir,  ils 
avisèrent  d'en  l'aire  lever  le  siège,  non  poinl  en  atta- 
quant les  Anglais  dans  leur  camp  qui  était  [tins  grand 
que  Lagny  même1,  ni  en  tentant  le  sort  d'une  bataille 
que  le  due  de  Bedford  leur  envoya  offrir  à  plusieurs 
reprises,  mais  seulement  par  une  démonstration  habi- 
lement exécutée.  Pour  cela  ils  allèrent  chercher  un 
passage  sur  la  Marne,  aux  environs  de  la  Ferté,  et 
remontèrent  quelque  temps  la  rive  droite,  comme  s'ils 
avaient  dessein  de  s'enfoncer  dans  la  Champagne ;'puis, 
par  un  brusque  changement  de  direction,  ils  se  rabat- 
tirent sur  la  France  qu'ils  coururent  jusqu'à  Mitry*. 
Dans  la  crainte  qu'eut  Bedford  de  voir  Paris  attaqué,  il 
y  emmena  précipitamment  toutes  ses  troupes,  laissant 
devant  Lagny  camp,  artillerie  et  provisions3.  On  pense 

'  «  k  l'autre  bout,  en  l'abbaye,  il  avoil  fait  taire  ung  parc  fossoyé 
tout  autour,  plus  granl  que  tmite  [adicte  ville  de  Lagny.  »  Jean  Char— 
lier. 

-  Monstrelet,  I.  c.  C'est  à  tort  que  les  mss.  et  les  éditions  portent  Vitry 
en  France.  Il  n'y  a -jamais  eu  de  Vitry  ainsi  surnommé;  la  correction 
Milry  est  indiquée  pur  toutes  les  circonstances  du  récit. 

"•  «  Furent  m  prèsprins,  qu'ils  lai-sièrent  leurs  canons  et  leurs  viandes 
toutes  prestes  à  mangier,  et  si  grant  foison  de  queues  de  vin,  dont  on 
avoit  si  grant  disette  à  l'aris,  et  de  pain  par  cas  pareil,  dont  le  blé  à  Pari 
enchery  telement,  car  le  sextier  monta  le  sabmedj  ensievanl  de  seizi    oh 
parisis.  »  Journal  'le  Paris,  ad  ann.  1 152. 


VII.    DE   KUDRIG1  I. 

hi.il  •  | tic*  les  assiégés   ne    laissèrent   pas  à  toutes  ces 
■  hnses  abandonnées  par  l'ennemi  le  temps  de  se  gâter 
à  l'air.  Mille  liras  se  mirenl  à  l'œuvre  pour  transporter 
le  matériel  dans  l,i  ville  el  [>our  détruire  les  travaux 
d'iineslissemenl.  La  perle  fut  de  plus  de  cent  cinquante 
mille  saluis,  au  dire  di  s  F'arisiens  quecel  échec  exaspéra 
eonire  le  gouvernement  anglais1.  Rodrigue  el  les  autres 
capitaines  voulurent  avoir  leur  part  d'un  si  riche  butin. 
Ils  se  la  firent  donner  quelques  semaines  après,  étant 
revenus  pour  mettre  à  Lagny  un  renfort  de  garnison. 
Si  la  campagne  était  finie  pour  le  roi,  elle  ne  l'était 
T'|v  pour  M.  de  la  Trémoille,   qui   n'estimait  les  vic- 
'"ii'es    qu'autant    qu'il   \    trouvait  son   profit.   Par  ses 
conseils  ou  au  moins  avec   son  autorisation,  le  comte 
de  Kibadeo,  à  son  retour  de   Lagny,  se  jeta  en  belli- 
gérant  sur    la  province    d'Anjou.  Yolande  d'Aragon , 
belle-mère  du  roi,  el  Charles  d'Anjou,  son  fils  puîné, 
gouvernaient  alors  ce  pays  en  l'absence  de  Louis  d'An- 
J""-  appelé  en  Italie  comme  héritier  présomptif  de  la 
couronne  de  Naples.  Le  castillan  réclamait  de  la  prin- 
;'  <•'  de  son  fils  on  ne  sait  quelle  créance,   dont  il 
•  disait-il,  pour  se  payer  sur  les  sujets  du  duché, 
si  v'^  'léliileurs  ne  le  satisfaisaient  pas  dans  le  plus 
délai   . 

1  ,|r  l;l  Ti-émoille,  dans  cette  affaire,  était  de 

ans  affermoient  que  bien  avoit 
"ll  niujuanlo  mil  salus  d'or,  dont  la  pièce  valoit  vingt 
mal  </<>  Paris. 

Jouvencel,  §  11.  Ms.  de 
.  ir)l.  Camille  Favre,  de 

«tenues  par  les  élèves  de  l'École  des 
$70-187*2. 


DE  VIII  Lfl  DR  \Mm).  70 

susciter  à  Charles  d'Anjou  des  embarras  qui  l'obli- 
geassent de  s'éloigner  de  la  cour,  parce  qu'il  voyait  ce 
prince  s'insinuer  dan-  la  confiance  de  Charles  Vil  d'une 
manière  alarmante  pour  son  propre  crédit.  Mais,  mal- 
gré tout  ce  qu'on  lit  pour  l'épouvanter  el  en  <lt;|>ii  des 
lettres  provocantes  du  comte  de  Ribadeo,  Charles  d'An- 
jou ne  quitta  pas  la  place.  Il  comptait  assez  de  liras 
à  son  service  pour  être  sûr  que  ce  qu'il  y  avait  à  l'aire 
se  ferait  sans  lui.  Son  espoir  reposait  principalement 
sur  Jean  de  Beuil,  ami  dévoué  de  sa  maison  el  de  sa 
personne,  qu'il  avait  appelé  à  son  aide  à  la  première 
annonce  du  danger. 

La  noblesse  du  pays  fut  convoquée.  Dès  qu'on  eut 
dequoi  former  une  compagnie,  Jean  de  Beuil  demanda 
l'honneur  de  la  conduire  à  une  entreprise  contre  Ro- 
driguéde  Villandrando,  qui  s'était  établi  dans  un  camp 
très-fort,  en  avant  des  Ponts-de-Cé. 

Jean  de  Beuil  était  un  jeune  homme  de  grande  es- 
pérance, qui  ne  respirait  que  la  guerre,  et  qui  en  sa- 
vail  plus  long  sur  ce  point  que  bien  des  vieus  capitai- 
nes :  aussi  s'était-il  formé  à  l'école  de  La  Hire.  On  eut 
confiance  en  lui,  et  on  le  laissa  se  mettre  en  campagne 
avec  cent  lances,  contre  le  castillan  qui  en  avait  six 
cents1. 

Parti  de  la  Touraine,  il  sut  dissimule]  sa  marche 
jusqu'à  Angers,  et  lorsqu'il  fut  dans  celte  ville,  il  dé- 
puta son  poursuivant  d'armes  au  camp  des  Ponts-de-Cé 
pour  intimer  à  Rodrigue  l'ordre  de  se  retirer  dan-  !■ 

1  Guillaume  fringant,  Commentaire  sur  leJouvéncel. 


\  I  I.    M.    UUDI!  it.l  1. 

vin^l-quatre  heures,  lui  olTranl  sauf-conduil  pour  exé- 
cuter s;i  relraile  à  l'abri  de  loute  agression1. 

i  Miniiir  ce  lui  là  une  pure  bravade,  de  l'inutilité  de 
Inquelle  il  ne  pul  pas  douter,  il  semblera  qu'il  aurait 
mieux  l'ail  de  s'en  abstenir  et  de  tenter  la  surprise  du 
camp,  sans  donner  ainsi  l'éveil  à  son  adversaire.  Mais 
ru  -iicnv  il  \  a  va  il  de  ces  formalités  chevaleresques 
auxquelles  n'auraient  manqué  pour  rien  au  monde  les 
moins  scrupuleux  à  violer  toutes  les  lois  divines  et  hu- 

s,  une  l'ois  que  les  hostilités  élaienl  déclarées. 
Ii  sommation  de  Jean  de  Beuil  lit  sourire  le  comte 
de  Ilibadeo.  Il  répondit  qu'il  soumettrait  l'affaire  à  son 

I  pour  en  délibérer  dans  la  quinzaine.  Gela  dit, 
il  lit  sonner  le  boute-selle,  s'attendant  bien  à  ce  que 
l'ennemi  ne  tarderait  pas  à  paraître. 

Effectivement,  Jean  de  Beuil  suivit  de  près  son  émis- 
saire. Gomme  il  avail  appris  que  les  compagnies  de 
lîodrigue  laissaienl  à  désirer  sous  le  rapport  des  gens 
île  Irait,  il  s'étail  pourvu  de  trois  cents  arbalétriers 
d'élite.  Lorsqu'il  fui  devant  le  camp,  il  vit  des  cavaliers 
on  niasse,  remplissanl  une  large  rue  dont  une  forte 
barricade   de  charrelles  défendait   l'accès.  Il  lit  mettre 

1  terre  à  une  partie  de  ses  hommes-d'armes,  don- 
nanl  aux  autres,  tjni  restèrcnl  à  cheval,  l'ordre  de  tour- 

!  autour  du  camp,  comme  s'ils  cherchaient  à  exé- 

'•"«■  sec le  attaque.  Prenant  lui-même  le  com- 

nenl  de  ses  cavaliers  démontés  et  de  ses  arbalé- 
rici-N,  il  h:>  conduisil  délibérément  à  la  barricade. 


1    ...  i  iij.icx    Viixn  JHstificalivt  s, 


DE    \  Il  I  \.\  DRABDO.  SI 

La  situation  des  hommes-d'armes  de  Rodrigue  fut  la 

même  que  celle  de  la  cavalerie  du  prince  d'Orange 
dans  le  bois  d'An  thon.  Agglomérés  en  masse  profonde, 
les  coudes  serrés  et  la  lance  sur  la  cuisse,  ils  furent  mis 
en  désarroi  par  leurs  chevaux  qui  ruèrent  sous  l'at- 
teinte des  traits.  Avant  que  le  capitaine  eût  avisé  à  un 
autre  mouvement,  la  barricade  fui  franchie  et  les  pre- 
miers rangs,  qui  seuls  avaient  la  possibilité  de  combat- 
tre, furent  enfoncés  par  l'impétuosité  des  assaillants. 
Plusieurs  des  combattants  d'élite  qui  tenaient  la  tête 
des  routiers,  entre  autres  un  Villandrando,  frère  de  Ro- 
drigue1,  tombèrent   percés  de  coups,  et.  pendant  celle 
mêlée  les  gens  de  trait  eurent  le  temps  de  se  jeter  sur 
le  bagage  et  d'y  l'aire  du  butin.  Comme  cela  ne  pouvait 
pas  être  de  longue  durée,  le  jeune  capitaine  donna  à 
temps  le  signal  de  la  retraite,  et  sa  troupe,  joyeuse  et 
Hère  du  coup  qu'elle  avait  l'ait,  s'éloigna  plus  vite  que 
le  pas,  comme  elle  était  venue. 

Celte  action  lit  du  bruit  en  son  temps,  et  la  «  dé- 
trousse des  Ponts-de-Cé  »  fut  l'une  des  prouesses  qui 
défrayèrent  les  conversations  des  bivouacs*.  Jean  de 
Beuil  en  a  fait  entrer  le  récit  dans  son  roman  militaire 


1  Ignoré  de  Pellizer,  ce  frère  de  Rodrigue  ne  nous  est  connu  que 
par  le  témoignage  de  Guillaume  Tringant. 

-  De  ce  qu'elle  est  rapportée  incidemment  à  Tau  1458  par  Jean  Char- 
rier, Bourdigné  l'a  mise  ï  cette  n  ème  date  dans  ses  Chroniques  d'Anjou 
(t.  II.  p.  187  de  la  nouvelle  édition),  erreur  que  ce  compilateur  :i  aug- 
mentée d'une  autre  bien  plus  grave  en  ajoulant  que  :  «  le  vaillant  capi- 
taine deslroussé  par  Jean  de  liueil  lenoit  le  parti  des  Anglois.  »  LYxlr.nl 
des  Comptes  de  la  ville  de  Tours  rapporté  ci-après,  Pièces  jtutificali' 
ves,  n"  x\n,  établit  d'une  manière  irréfragable  la  date  de  l'affaire  des 
Ponls-de-Cé. 

G 


VIE  DE  RODRIGUE 

du  Jouvcncel',  moins  pour  se  targuer  d'un  coup  de 
main  qui  lui  faisait  honneur  que  pour  montrer  le  peu 
de  valeur  de  la  force  à  cheval,  lorsqu'elle  n'est  pas  en 
position  de  manœuvrer  au  large. 

Il  y  a  lieu  de  s'étonner  qu'un  militaire  d'autant  de 
ressource  que  l'était  Rodrigue  n'ait  pas  répondu  sur-le- 
champ  à  la  manœuvre  de  son  adversaire  par  une  ma- 
nœuvre semblable.  Faire  descendre  de  cheval  des  hom- 
mes-d'armes n'était  pas  une  chose  si  extraordinaire. 
Lui-même  l'avait  fait  à  Lagny  avec  promptitude  etsuccès. 
C'était  une  habitude  des  Anglais.  Dans  les  batailles,  les 
plus  vaillants  de  leur  chevalerie,  mettant  pied  à  terre, 
venaient  se  ranger  parmi  les  archers  pour  leur  donner 
courage2.  Il  est  vrai  que  le  comte  de  Ribadeo  n'avait 
pas  pour  le  moment  ses  archers  sous  la  main  ;  probable- 
ment aussi  qu'ayant  affaire  à  de  la  jeunesse  française, 
il  ne  s'était  point  attendu  à  autre  chose  qu'à  une  bravade 
sans  conséquence.  Enfin  il  faut  tenir  compte  de  ce  que 
l'alerte  fut  de  très-courte  durée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  se  trouva  singulièrement  blessé 
dans  son  amour-propre  de  cette  leçon  donnée  à  sa  pré- 
voyance. Il  cria  plus  fort  qu'un  innocent,  défia  Charles 
il'  \njou,  et  finalement  prit  sa  revanche  en  faisant  tout 
le  mal  qu'il  put,  dans  une  course  qu'il  exécuta  depuis 
les  l'onts-de-Cé  jusqu'à  l'extrémité  méridionale  de  la 


1  Rapporté  textuellement  ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  xv. 

*  u  Entre  les  Bourguignons,  lorscYsloicnt  les  plus  honnorez  que  ceulz 
qui  descendoienl  avec  les  archiers,  et  tous  jours  s'y  en  mettoit  grant  quan- 
tité de  gens  de  bien,  affin  que  le  peuple  en  fust  plus  ;isscuré  et  combat- 
if mieulx;  et  tenoient  cela  des  Anglois.  n  Mémoires  de  Philippe  de 
Comminet,  1.  I,  c.  m. 


M     VII  I  A  Mil;  AN  lui. 

Touraine.  C'est  là  qu'étaieni  les  plus  belles  propriétés 

de  Jean  de  Beuil.  Si  celui-ci  se  trouva  en  force  pour 
Taire  bonne  contenance  jusqu'à  la  fin,  le  nombre  de  ses 
adversaires  lui  interdit  de  s'opposer  au  ravage  de  ses 
terres  ;  car  les  routiers  ne  furent  pas  les  seuls  qu'il  eût 
devant  lui. 

Des  personnes  «  estant  en  auctorité  autour  du  roy,  » 
selon  l'expression  d'un  contemporain  bien  informé1, 
c'est-à-dire  le  seigneur  de  la  Trémoille  et  ceux  de  sa 
l'action,  très-mécontents  de  l'affaire  des  Ponts-de-Cé, 
détachèrent  une  compagnie  de  la  retenue  du  roi  aux 
trousses  de  Jean  de  Beuil,  qui  était  allé  s'enfermer  dans 
Mirabeau,  sur  la  frontière  du  Poitou.  Son  butin  des 
Ponts-de-Cé,  qu'il  n'avait  point  fait  entrer  dans  la  ville, 
lui  fut  enlevé.  Il  le  regagna  en  se  mettant  à  son  tour 
à  la  poursuite  de  ses  déprédateurs;  mais  ce  fut  au  mo- 
ment où  ceux-ci  opéraient  par  leur  avant-garde  leur 
jonction  avec  les  troupes  de  Rodrigue,  campées  autour  de 
La  Haye.  Il  fallut  rebrousser  chemin  et  s'enfuir  à  toute 
bride. 

Alors  Rodrigue,  à  la  tète  d'une  véritable  année, 
exerça  ses  représailles  tout  à  son  aise,  en  regagnant  à 
petites  journées  la  val  1er  de  la  Loire.  Comme  si  ce  n'é- 
tait pas  assez  du  dégât  qu'il  commit  sur  son  chemin, 
toutes  les  villes  situées  à  quelque  distance,  il  les  assi- 
gna en  réparation  de  son  dommage,  leur  faisant  savoir 
par  des  exprès  qu'elles  eussent  à  lui  fournir  au  plus 
vite  tel  ou  tel  des  objets  qu'il  avait  perdus  en  Anjou. 
La  cité  de  Tours,  taxée  pour  sa  part  au  don  d'un  cheval, 

1  Guillaume  fringant,  Commenlaire  sur  le  Jouvenccl,  1.  c. 


\  II;    M.   IlOfoiUGUE 

,.,1  appela  ,ni   lui,  ijui  écrivil  à  Rodrigue  de  se  désister 
;,  -i  demande.  Mois,  au  nom  <lu  maître  dont  l'inter- 
vention le  privait  (l'un  cadeau  de  quelques  ('eus,  ce  do- 
cilr  serviteur  se  fil  livrer  passage  par  la  même  cité  de 

l'ours ,  non  pas  | r  vider  le  pays  plus  vite,  comme  on 

aurail  pu  le  croire,  mais  pour  aller  s'établir  à  l'autre 
hoiil  du  pont,  sur  l,i  rive  droite  de  la  Loire.  Là,  maître 
de  toute?  les  voie-  de  communication,  il  leva  tribut 
pendanl  plusieurs  semaines  sur  les  passants  et  sur  les 
convois  '. 

On  ne  voit  pas  qu'en  faisant  tout  cela  Rodrigue  ait 
compromis  sa  laveur  :  on  voit  au  contraire  qu'il  avança 
•  H  dignité,  car  pendant  l'hiver  qui  suivit  sa  campagne 
de  Touraineil  porta  le  litre  de  conseiller  el  chambellan 
du  roi  .  Celai!  l'office  de  cour  supérieur  à  celui  d'é- 
cuver  d'écurie.  Qu'il  l'ait  reçu  comme  dédommage- 
menl  de  ses  perles  aux  Ponts-de-Cé  ou  bien  à  raison  de 
ses  prouesses  en  Languedoc, où  il  se  rendit  en  quittanl 
la  Loue,  ses  litres  pour  l'obtenir  furent,  dans  un  cas 
comme  dans  l'autre,  absolument  demêmealoi. 

Le  comte  de  Foix  était  toujours  investi  delà  lieute- 
nanec  générale  du  Languedoc,  toujours  aussi  au  plus 
mal  avec  le  comte  d'Armagnac,  sans  être  mieux  pour 
,:,'i;i  nvec  le  sire  de  la  Trémoille.  Cet  intraitable  méri- 
ridional  Iranehail  du  souverain  dans  son  gouvernement. 
\y.mi  converti  l'évèché  de  Béziers  en  citadelle,  il  as- 
semblait li  les  Étals  de  la  province  au  milieu  de  ses 
.'■ii-il  armes,  sous  une  batterie  de  canons  dont  il  avait 

'    ''       '    '  I  S,    M      XXII. 
h     X'  [Il 


DE   Vll.l  Win;  \\D0. 

garni  la  plate-forme  de  la  cathédrale.  Il  faisait  voter  les 
impôts,  prenait  sa  pari  el  laissai!  le  reste  à  la  disposi- 
tion des  commissaires  du  roi1.  Lâcher  les  routierscon- 
ii'c  un  pareil  lyran  n'eût  été*  que  demi-mal,  si  lui  seul  el 
les  siens  avaient  du  en  pâlir;  mais  le  plus  Port  dessouf- 
frances allait  retomber  sur  les  malheureuses  popula- 
tions  confiées  à  sa  garde,  et   c'est  pourquoi,  avec    la 

grande  apparence  qu'il  \  a  que  l'agressi le  Rodrigue 

fut  tolérée  en  haut  lieu,  on  est  forcé  de  conclure  que  la 
politique  de  ce  temps-là  fut  une  politique  abominable. 

Un  appel  aux  armes  de  la  noblesse  et  des  communes 
du  Bas-Languedoc,  au  mois  de  décembre  1  '»•"-",  nous  in- 
struit de  l'approche  des  bandes.  Celles-ci  se  cantonnèrent 
dans  leur--  retranchements  accoutumés  des  Cévennes. 
L'hiver,  qui  fut  un  des  plus  rigoureux  du  siècle,  les  em- 
pêcha de  faire  d'abord  trop  parler  d'elles;  mais  dèsque 
les  neiges  eurent  commencé  à  fondre,  elles  firenl  irrup- 
tion de  toutes  le^  vallées  à  la  fois,  par  Saint-Ambroix, 
par  Alais,  par  Andu/.e,  par  Ganges  el  le  Caylar3.  La 
compagnie  qui  était  sous  le  commandement  direct  de 
Rodrigue  prit  la  droite  et  pénétra  jusqu'en  Albigeois. 
Le  château  de  la  Garde-de-Viaur,  près  de  Montirat,  de- 
vint le  quartier  général  du  capitaine. 

I. "alarme  fut  chaude  à  Albi.  Le  consulat  fit  travailler 
lumultuairement  aux  fortifications  et  décréta  toutes  les 
mesures  que  comportait  l'état  desiège*.  A  l'autre  extré- 

'  Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  pp.  i7i.  177. 
3  Ménard,  Histoire  de  Nîmes,  t.  III,  p.  236  des  preuves. 
"  Ibiii.,  p.  2.">7  et  238. 

'•  Jolibois,    Inventaire  sommaire  des  (initiées    communales  d'AU'i, 
p.  '*•">. 


VU.    M     RODRIGUE 

nui,'.  ,1,.  la  ligne  (l'invasion,  Nîmes  n'éprouvait  pas  de 
moindres  inquiétudes.  On  mil  en  étal  les  engins  de  la 
commune;  des  hommes  placés  en  observation  sur  la 
Tour-Magne  el  dans  le  clocher  de  la  cathédrale  eurenl 
naler  d'heure  en  heure  l'état  de  la  plaine,  pendant 
que  des  courriers  allnienl  dans  toutes  les  directions,  ou 
chercher  des  nouvelles  des  gens-d'armes  de  Rodrigue, 
ou  annoncer  dans  les  villages  la  visite  prochaine  de  ces 
hôtes  redoutables1. 

Cependant  le  comte  de  Foix,  àqui  était  confié  le  salut 
delà  province,  n'apparaissait  pas.  Pourquoi  n'amenait- 
il  pas  les  troupes  qu'il  avait  sous  son  commandement? 
où  était-il?  que  faisait  il?  On  le  saura  dans  un  instant. 
Il  suffit  de  constater  ici  qu'éloigné  des  lieux  où  son 
devoir  l'appelait,  il  donnaii  ses  soins  ;vi  une  correspon- 
dance secrète  dont  Rodrigue  et  ses  routiers  n'étaient 
que  l'objet  secondaire  \ 

Les  villes,  lasses  de  ces  alertes  continuelles,  parlèrent 
de  composer.  Il  fut  question  décela  aux  États  delà  pro- 
vince tenus  ;i  Béziers  au  mois  de  mars  1455;  mais  l'as- 
semblée n'osa  pas  prendre  des  arrangements  qui  auraient 
pu  indisposer  le  comte  de  Foix  absent.  En  consé- 
quence, elle  vota  purement  el  simplement  une  somme 
de  cent  vingt  nulle  moulons  d'or,  sur  laquelle  elle 
lit  i  prendre  aux  officiers  du  roi  ce  qu'il  faudrait 
pour  rétablir  la  sécurité  dans  le  pays3. 

i  s,  n    xxi  ;   Ménard,  Histoire  de  Nîmes, 

I.  III.  p.   IliO  el  suiv. 

/'        .  justificatives,  n    \\. 
le,  t.  IV.  p.   i-SO,  'lit  :  «  [.es  États  indiqués  ;i  Béziers  pour  le 
:    ;  i.àci  qu'il  parait.     Noire  pièce  justificative,  n'xxni, 


DE  VILLANDRANDO.  87 

Dans  les  actes  d'où  sont  tirés  les  faits  qu'on  vient  de 
lire,  le  nom  de  Rodrigue  revient  à  tout  propos.  On 
dirait  que  les  mesures  de  salut  public  ont  été  motivées 
par  lui  tout  seul,  et  qu'elles  sont  prises  uniquement 
contre  sa  personne.  Les  populations  effarées  ne  voient 
que  lui  :  il  est  à  la  fois  dans  la  direction  des  quatre 
points  cardinaux,  et  à  la  tète  de  toutes  les  bandes,  et 
derrière  les  flammes  de  tous  les  incendies  signalés  à 
l'horizon.  Il  est  vrai  que  la  rapidité  habituelle  de  ses 
mouvements  avait  accrédité  l'opinion  que  ni  le  temps 
ni  la  distance  ne  comptaient  pour  lui.  C'est  au  point 
que,  depuis  qu'il  posséda  le  comté  de  Ribadeo,  par  ses 
apparitions  fréquentes  en  Galice  même  au  plus  fort  des 
opérations  qu'il  dirigeait  en  France,  il  devint  pour  les 
Basques  un  personnage  proverbial.  En  Navarre  elenBis- 
caye  on  disait  de  ces  gens  qui  sont  toujours  par  voie  et 
par  chemin  et  qu'on  ne  sait  où  saisir  :  «  Il  est  comme 
Rodrigue  de  Yillandrando,  ici  aujourd'hui,  demain  là1.» 

Cette  fois  cependant  ce  ne  ne  fut  pas  le  cas.  Rodrigue 
avait  des  lieutenants  pours'en  servir,  et  sa  grandeur  lui 
imposait  alors  d'autres  soins  que  celui  de  diriger  des 
razzias. 

prouve  qu'ils  eurent  lieu  au  contraire,  et  qu'ils  votèrent  l'impôt  de  la  ma- 
nière accoutumée.  La  tenue  de  l'assemblée  et  la  question  qu'on  y  traita 
ressortenl  d'ailleurs  assez  clairement  du  voyage  d'un  courrier  député  à 
Béziers  par  les  consuls  de  Nîmes,  au  commencement  de  mars,  «  per  sa- 
ver  novclas  de  las  gens  d'annas  deKodiguo  ctde  nions,  de  Fnix  ».  Uodrigue, 
ainsi  que  le  comte  de  Foix,  étant  alors  très  éloignés  de  Béziers,  ce  qu'on 
pouvait  apprendre  sur  leur  compte,  dans  cette  ville,  n'était  que  les  déci- 
sions prises  à  leur  égard,  ou  les  nouvelles  que  les  États  recevaient  d'eux. 
1  «  Rodrigo  de  Villandran  egun  emen  eta  biar  an  ».  Esteban  Garibay, 
auteur  contemporain  de  Philippe  II,  nous  a  conservé  ce  dicton,  encore  usité 
de  son  temps.  José  Maria  de  Eguren,  Reviêta  europea  du  9  août  1876. 


\  II:    DE   P.ODRÏf.l'E 

I  ;i  chose  iloul  il  paraîl  s'être  surtoul  occupé  en  ce 
lemps-là   fui   d'augmenter  le  nombre  de  ses  alliances 
resserrer  davantage  celles  qu'il  avail  contractées 
déjà . 

On  le  voit,  sous  l'obligation  des  sermenls  les  plus 
solennels,  s'attacher  d'amitié  (et  de  ce  genre  d'amitié 
fini  entraînait  l'assistance  des  armes)  avec  le  vicomte  de 
furenne,  alors  le  plus  puissanl  seigneur  du  Limousin1. 
I.f  cardinal  espagnol  don  Alfonse  Carillo  ayant  été 
porté  au  gouvernement  d'Avignon,  il  entretient  une 
l'orrespondance  active  avec  ce  prélat,  qui  s'était  rendu 
-un  obligé  en  lui  empruntant  de  l'argent2.  11  est  en 
échange  de  lettres  el  de  messages  avec  la  cour  de 
Castille,  avec  le  sire  de  la  Trémoille,  avec  la  plupart 
des  harons  de  la  France  méridionale,  et  surtout  avec  la 
famille  de  Bourbon,  où  il  poursuit  une  affaire  de  pre- 
mière importance  pour  lui,  el  qui  est  sur  le  poinl 
d'aboutir  :  celle  de  son  établissement. 

L'origine  des  relations  de  Rodrigue  avec  les  princes 
de  Bourbon  a  été  indiquée  précédemment.  La  connais- 
sance commencée  en  1  \'2'2  élail  devenue  une  liaison 
intime,  grâce  à  des  circonstances  qu'il  faut  savoir. 

Le  duc  Jean  I  ,  chef  de  la  famille,  l'ut  fait  prisonnier 
à  la  bataille  d'Azincourt,  el  taxé  pour  sa  rançon  à  une 
nie  (1  argent  si  consi  lérable  que,  depuis  dix-huit  ans 
qn  on  cherchait  à  la  compléter,  on  n'y  était  pas  encore 
parvenu;  el  l'on  n'j  parvint  jamais.  Huit  jeunes  en- 
fants,  tanl  légitimes  que  naturels,  que  cette  captivité 

'   lii-après    Pièces  justificatives,  n   \iv. 

■  insiiléralilt!  de  2000  ducals.  Pièces  justificatives,  n°  mil 


DE  VIII  W  DR  INDO.  89 

avait  rendus  orphelins,  s'élevèrent  comme  ils  purenl 
sous  le  gouvernement  des  femmes.  Charles,  l'aîné,  qui 
portail  le  titre  il»'  comte  de  Clermont,  dut,  à  sa  sortie  de 
tu  ici  le,  prendre  en  main  l'administra  lion  du  duché,  Dieu 

s'ait  au  milieu  de  quels  embarras.  Ou  était  au  plus  fort 
de  la  guerre  civile  compliquée  île  la  guerre  étrangère. 
Dans  les  moments  de  répit  où  le  Bourbonnais  n'avait 
pas  besoin  d'être  défendu  contre  1rs  Bourguignons  ou 
contre  les  Savoisiens,  il  fallait  se  rendre  aux  armées 
du  roi,  et  de  toute  façon  les  frais  de  la  guerre  retom- 
baient sur  une  malheureuse  petite  province  qui,  en 
temps  de  paix,  rendait  à  peine  de  quoi  faire  subsister 
ses  seigneurs. 

Le  prince  qui  se  trouvait  en  face  de  ces  difficultés 
jugea  bonne  à  cultiver  l'amitié  d'un  condottiere  comme 
Rodrigue.  11  comptait  par  là  disposer  à  son  gré  d'une 
force  militaire  respectable,  pour  le  payement  de  laquelle 
il  aurait  l'avantage  d'obtenir  des  facilités.  Le  castillan, 
reçu  dans  les  châteaux  du  duc,  y  fut  l'objet  d'attentions 
d'autant  plus  marquées,  qu'il  répondit  pleinement  à  ci' 
qu'on  avait  attendu  de  lui.  l'eu  à  peu  il  se  familiarisa 
et  prit  de  l'ascendant  dans  la  maison.  Il  trouva  dans 
l'un  des  bâtards,  qui  s'appelait  Gui,  un  homme  oé 
pour  la  guerre  :  il  lui  donna  un  commandement  dans 
ses  compagnies.  Un  autre,  qu'on  avait  fait  chanoine  à 
Beaujeu ,  ayant  abjuré  la  profession  ecclésiastique,  il 
le  prit  également  à  son  école,  ne  prévoyant  pas  où  ses 
leçons  le  conduiraient.  C'est  cet  Alexandre  de  Bourbon 
dont  la  mémoire  a  été  perpétuée  jusqu'ici  à  Bar-sur- 
Aube  par  un  monument  érigé  sur  le  milieu  du  pont. 


,„,  VIE   DE   RODRIGUE 

.',  l'endroil  d'où  il  fut  précipité  dans  la  rivière  et  noyé 
par  ordre  de  Charles  VII. 

La  famille  comptait  en  outre  deux  bâtardes.  La  beauté 
ou  le  blason  de  Tune  d'elles,  qui  s'appelait  Marguerite, 
firent  songer  à  Rodrigue  qu'il  n'avait  pas  à  chercher 
mieux  que  cette  personne  pour  faire  une  comtesse  de 
Ribadeo.  Il  fit  part  de  sa  prétention,  qui  ne  fut  pas 
repoussée.  L'unique  difficulté  fut  de  trouver  ce  que  Ton 
détacherait  du  domaine  ducal  pour  constituer  une  dot 
à  la  jeune  fille.  Soit  qu'on  ait  jugé  à  propos  de  se  passer 
du  consentement  du  père,  qu'il  aurait  fallu  envoyer 
chercher  à  Londres,  soit  que  le  duc  consulté  eût  fait 
savoir  qu'il  se  remettait  de  tout  à  son  fils  aîné,  le  comte 
de  Clermont  fut  seul  en  nom  dans  toute  la  conduite  de 
cette  affaire. 

Le  24  mai  1455,  il  présenta  à  l'enregistrement  de 
la  chancellerie  de  Cusset  les  conventions  arrêtées  en- 
tre Rodrigue  de  Villandrando  et  lui  pour  l'établisse- 
ment de  sa  sœur  naturelle1.  La  dot  se  composait  de  la 
seigneurie  d'Ussel  en  Bourbonnais,  avec  un  revenu 
garanti  de  mille  livres,  plus  une  somme  une  fois  payée 
de  deux  mille  écus  pour  le  trousseau.  Yu  le  mauvais 
étal  du  château  d'Ussel,  celui  de  Châteldon  fut  pro- 
visoirement assigné  comme  demeure  aux  conjoints.  De 
son  côté,  le  futur  versa  une  somme  de  huit  mille 
ccus  d'or  pour  constituer  le  douaire  de  sa  femme,  et 
il  prit  sur  lui  l'engagement  «  d'enjouailler  ladite  de- 
moiselle  bien  et   deuinent,  selon  son  estât,  »  c'est-à- 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n"  x\\. 


DE  Mil  \M'i:  \Mm».  91 

dire  de  lui  acheter  les  parures  el  bijoux  séanl  à  prin- 
cesse du  sang  royal  el  femme  de  comte. 

La  cession  d'Ussel,  bien  qu'l  ssel  eût  le  rang  de  ville 
fermée,  étail  loin  de  constituer  une  fortune,  (luire  l;i 
demeure  seigneuriale  reconnue  inhabitable,  le  revenu 
de  la  terre  étail  si  loin  du  compte  que  l'on  avait  fait, 
qu'une  relouche  du  contrai  en  date  du  '2  août  I  îôii 
prouve  que,  duranl  les  trois  premières  années  de  son 
mariage,  Rodrigue  ne  put  réaliser  que  trois  cents  livres 
sur  les  mille  qui  avaient  été  stipulées1.  Mais,  si'  trou- 
vant déjà  posséder  une  vingtaine  de  seigneuries  en 
Bourbonnais',  et  gagnant  assez  pour  enrichir  sa  femme, 
il  mit  au-dessus  de  l'avantage  pécuniaire  l'honneur  de 
s'allier  à  la  maison  de  France. 

Son  intention  parait  avoir  élé  d'abord  de  célébrer  ses 
noces  par  une  danse  générale  de  ses  bandes  sur  les 
terres  du  due  de  Bourgogne. 

11  avait  à  cœur  de  délivrer  le  Bourbonnais  du  voisi- 
nage d'un  aventurier  qui  faisait  mine  de  prendre  dans 
le  parti  ennemi  une  situation  analogue  à  celle  que  lui, 
Rodrigue,  occupait  dans  le  parti  français.  C'était  aussi 
un  espagnol,  mais  non  pas  un  castillan.  Les  noires 
l'appelaient  François  l'Aragonais,  ou,  de  son  nom  de 
famille  plus  ou  moins  fidèlement  rendu,  François  Su- 
rienne.  Les  dispositions  antifrançaises  de  la  puissance 
sous  laquelle  il  était  né  expliquent  son  hostilité  contre 
tout  ce  qui  tenait  à  la  cause  de  Charles  VII.  Il  porta 
pendant  tout  le  temps  des  guerres  la  croix  rouge,  soit 

1  Pièces  justificatives,  n'xn. 

-  [fernando  del  Pulgar,  ci-après,  p.  209. 


VIE  DE  RODRIGUE 

des  Anglais,  soil  des  Bourguignons.  Son  dévouement 
aux  Anglais  lui  valul  la  chevalerie  de  la  Jarretière, 
conférée  si  rarement  aux  étrangers. 

Ce  capitaine  occupait  Marcigny  qu'il  avait  eu  l'adresse 
de  reprendre  sur  les  Français.  Ceux-ci  s'étant  dédom- 
magés de  cette  perte  par  la  prise  du  château  deSolutré 
près  de  Màcon,  on  se  poursuivit  d'un  côté  et  de  l'autre 
avec  un  acharnement  si  préjudiciable  au  pays,  que  les 
habitants  s'offrirent  à  contribuer  pour  une  trêve, 
dont  la  première  condition  était  l'évacuation  des  deux 
places.  Mais  lequel  des  deux  partis  voudrait  s'exécuter 
le  premier?  Surienne  insista  pour  être  payé  d'abord. 
On  lui  compta  son  argent,  et  Marcigny  ne  fut  pas 
rendu1. 

Le  comte  de  Hibadeo  trouva  les  choses  en  ce  point 
et  jugea  qu'au  lieu  d'attendre  de  l'Aragonais  une  chose 
qu'on  n'obtiendrait  jamais  de  lui,  au  lieu  aussi  de  con- 
tinuer indéfiniment  la  guerre  d'escarmouches,  il  valait 
mieux  tenter  un  grand  coup.  Ses  compagnies,  cantonnées 
dans  le  Lyonnais  et  le  Beaujolais,  étaient  prêtes  à  se 
mettre  en  mouvement.  On  le  savait  à  Mâcon  et  à  Dijon, 
où  l'inquiétude  fut  à  son  comble.  Des  convocations  écrites 
furent  envoyées  dans  toutes  les  directions  à  la  noblesse 
bourguignonne,  pour  qu'elle  se  hâtât  de  venir  à  la  dé- 
fense des  pays  menacés2.  Puis  tout  d'un  coup  le  danger 


1  Marcel  Canat,  Documents  inédits  pour  servir  à  V histoire  de  Bour- 
gogne, pp.  '217,  220,  225,  225,  229,  254,  .")29. 

J  i  Jacol  Boisot,  Guillaume  Boisot,  Simonnet  Martin  et  Jehan  de  Mons- 
terendel,  notaires  publiques,  demorans  à  Dijon...  ont  escript  en  leur  pa- 
pier  detu  cens  vingt  lettres  closes  contenans  chacune  plus  d'une  fueille 
de  papier,  adrecées  par  M-r  le  gouverneur  de  Bourgongne  à  plusieurs 


DE   VILLANDRANDO.  :•:, 

se  détourna;  la  Bourgogne  eu(  à  se  porter  contre  une 
autre  armée  française  qui  s'avançait  par  la  Bhampagne  . 

Quant  aux  routiers  de  Rodrigue,  ils  avaient  disparu. 
Ils  daient  partis  pour  une  expédition  qui  fut  le  résultat 
il. s  intelligences  <le  leur  capitaine  avec  le  cardinal 
Carillo. 

\\ant  d'aller  plus  loin,  je  placerai  ici  une  anecdote 
qui  -i'  trouve  consignée  sur  l'un  <!<•-  registres  capitu- 
laires  de  la  cathédrale  de  Lyon. 

Au  moment  où  l'on  se  livrait  à  tant  de  commentaires 
sur  les  évolutions  probables  du  comte  de  Ribadeo,  les 
mêmes  (erreurs  dont  tout  le  monde  étail  ;i^siéué  en 
Bourgogne  troublaient  le  sommeil  de  la  duchesse  de 
llourbon,  l'épouse  altliyée  du  duc  prisonnier  dont  nous 
parlions  il  n'y  a  qu'un  instant.  Cette  princesse,  alors 
en  résidence  à  Lyon,  était  logée  dans  le  cloître  de  la 
cathédrale.  Entendant  dire  autour  d'elle  que  les  gens- 
d'armes  de  Rodrigue  étaient  convoqués  pour  porter  la 
guerre  en  Savoie  et  qu'ils  allaient  venir  camper  près 
de  Lyon, à  tort  ou  à  raison  elle  se  figura  qu'il  y  aurait  du 
danger  pour  elle  dans  ce  voisinage,  et  elle  fit  présenter 
requête  au  chapitre  pour  que  les  portes  du  cloître  fus- 
sent fermées  pendant  la  nuit.  Les  chanoines  s'empres- 
sèrent de  taire  droit  à  cette  demande  :  ce  qui  ne  fut  de 


nobles  des  pais  de  Bourgongne,  louchant  qu'ilz  soient  à  l'Abergement- 
le-Duc  preï  de  Seurre,  le  xve  jour  de  mav  Mccccxxxiij,  pour  aler  au  de- 
vant de  Rodrigue  et  autres  cappitaines  des  ennemis,  que  Fou  dit  estre  à 
grant  puissance  sur  les  frontières  de  Charrolois  et  Hasconnois,  en  en- 
tencion  d'entrer  es  pays  de  lîourgongne,  s'ils  peuent.  »  Septiàne  comi>lc 
de  Mahieu  Reijnault.  fui.  103  v°,  aux  Archives  de  la  Côle-d'Or. 
1  Lefèvre  de  Sainl-Remv.  c.  cxxxvi. 


VIE   DE  RODRIGUE 

leur  pari  que  l'accomplissement  d'un  article  inobservé 
de  leurs  statuts1. 

Ainsi  donc,  dans  la  maison  de  Bourbon,  Rodrigue 
n'était  point  vu  du  même  œil  par  la  mère  que  par  les 
enfants,  et  son  mariage  n'eut  certainement  pas  l'appro- 
bation de  la  duchesse.  Il  faut  que  celle-ci  ait  ignoré 
jusqu'au  dernier  moment  une  union  dont  on  lui  avait 
fait  mystère,  ou  qu'en  étant  instruite  elle  ait  mieux 
aimé  s'éloigner  de  sa  maison  que  d'y  donner  son  con- 
sentement. On  conviendra  que  cette  dernière  supposi- 
tion expliquerait  mieux  la  crainte  que  lui  inspirait  l'ap- 
proche des  routiers  à  la  veille  du  mariage  de  leur  chef. 

Revenons  à  présent  à  l'affaire  négociée  avec  le  car- 
dinal espagnol. 

Le  comlat  Yenaissin  était  en  pleine  révolte  contre 
la  cour  de  Rome.  Le  pape  Eugène  IV  ayant  nommé  au 
gouvernement  de  ce  pays  un  vénitien  de  ses  neveux, 
dont  les  habitants  ne  voulaient  pas,  ceux-ci  portèrent 
plainte  au  concile  de  Baie;  car  cette  célèbre  assemblée 
siégeait  déjà  depuis  deux  ans,  et  son  hostilité  contre  le 
Vatican  s'était  manifestée  plus  d'une  fois.  Le  concile 
déclara  le  choix  du  pape  inacceptable,  et  nomma  de 
sa  propre  autorité  le  cardinal  Carillo2. 

Une  enquête  sur  la  vie  et  les  mœurs  du  candidat 
romain  avait  donné  de  tels  résultats,  qu'Eugène  IV 
n  osa  pas  le  maintenir;  mais  il  ne  voulut  pas  non  plus 
reconnaître  L'élu  du  concile.  Il  nomma  à  la  légation 
d'Avignon  I»-  cardinal  de  Foix,  frère  du  comte  de  Foix. 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  d  wn. 

*  Fantoni.  Ittoria  délia  città  (TAvignione,  p.  51  i  etsuiv. 


DE   \  NI  \  MM;  AN  DO.  95 

Cependant  Garillo,  sans  attendre  l'approbation  de 
Rome,  avait  pris  possession  du  Comtat,  el  parce  que  sa 
présence  à  Bâle  était  indispensable,  il  avait  mis  à  sa 
place  dans  son   gouvernement  l'archevêque  d'Auch, 

créature  du  comte  d'Armagnac;  de  sorte  que  la  con- 
testation s'était  envenimée  de  l'animosilé  des  deux 
maisons  rivales,  Armagnac  et  Foix. 

Le  cardinal  de  I  oix,  éconduit  lorsqu'il  se  présenta 
avec  ses  bulles,  ne  recula  pas  devant  l'emploi  de  ce 
qu'on  appelait  alors  «  le  bras  séculier.  »  11  invita  ses 
deux  frères,  le  comte  de  Foix  et  le  comte  de  Com- 
munes, à  le  venir  mettre  en  possession  de  son  gouver- 
nement avec  la  suite  qu'ils  jugeraient  nécessaire  pour 
une  pareille  entreprise. 

On  devine  maintenant  la  cause  de  l'inaction  du  comle 
de  Foix  en  face  des  désordres  dont  le  Languedoc  fut  le 
théâtre  pendant  l'hiver  de  1433.  Retiré  dans  son  châ- 
teau de  Mazères,  en  plein  comté  de  Foix1,  il  faisait  ses 
préparatifs  pour  la  conquête  du  comtat  Venaissin,  et 
n'avait  garde  de  dépenser  à  l'avance  ses  hommes  et 
ses  ressources.  Aux  supplications  qui  lui  étaient  adres- 
sées de  toutes  parts  il  répondait  par  la  promesse  d'une 
action  énergique  aussitôt  que  le  subside  annuel  aurait 
élé  octroyé  par  la  province.  Les  Étals  s'élant  réunis  au 
mois  de  mars,  ainsi  qu'il  a  élé  dit  précédemment,  les 
fonds  votés  par  eux  ne  furent  pas  disponibles  avant  le 
mois  de  mai 2,  de  sorte  que  les  routiers  auraient  con- 
tinué leurs  méfaits  pendant  tout  ce  temps-là,  sans  leur 

1  Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  [>.  JNI. 
*  Ci-après,  Pièces  justificatives,  nJ  xxin. 


VIL   DE   11  il  DR  IGUE 

concentration  inopinée  sur  la  Loire,  qui  fut  prise  pour 
la  menace  d'une  invasion  en  Bourgogne. 

Grâce  à  cette  retraite  les  méridionaux  respirèrent; 
mais  l<"  répit  fut  de  peu  de  durée.  L'entrée  en  campa- 
gne des  troupes  levées  pour  le  pape  fuL  le  signal  de 
nouvelles  incursions. 

Avignon  était  le  point  de  mire  dueomtedeFoix;  mais 
s'emparer  d'Avignon  n'était  pas  une  petite  affaire.  Le  roi 
Louis  VIII  l'éprouva  anciennement,  lui  qui  y  consuma 
ses  efforts  et  sa  puissance  pendant  trois  mois;  et 
cependant  les  fortifications  du  treizième  siècle,  qu'a- 
vaienl-elles  été  auprès  de  celles  qui  se  dressaient  devant 
le  comte  de  Foix?  11  n'y  avait  pas  de  surprise  à  tenter 
avec  ce  colossal  château,  avec  cette  enceinte  de  mu- 
railles si  bien  crénelées,  si  bien  gardées  par  une  popu- 
lation qui  avait  juré  de  ne  pas  recevoir  d'autre  gouver- 
neur que  celui  qu'elle  tenait  du  concile. 

Tout  cela  considéré,  le  comte  jugea  prudent  de 
s'assurer  d'abord  du  Comlat.  Il  fit  irruption  par  le  pont 
Saint-Esprit,  mit  garnison  dans  toutes  les  villes  qu'il 
put  se  faire  ouvrir,  et  n'établit  qu'en  dernier  lieu  ses 
lignes  d'investissement  autour  d'Avignon  l. 

Alors  le  cardinal  Carillo,  qui  travaillait  depuis  long- 
temps  à  se  faire  un  ami  du  routier,  son  compatriote, 
jugea  le  moment  venu  de  lui  découvrir  les  vues  qu'il 
avail  sur  lui.  Il  lui  représenta  l'intérêt  delà  chrétienté 
loul  entière  engagé  dans  celte  question  du  gouverne- 
ment il  Avignon.    La  reconnaissance  des  pères  du  con- 

'  Miguel  de!  Verms,  Chroniques  béarnaises,  éd.  Buchon,  p.  595. 


1)L    Mil.  \.\1U1  \M)0.  *.)7 

cile  et  île  tous  les  vrais  ûdèles,  disait-il,  serait  acquise 
à  celui  qui  prcndrail  la  défense  du  droit  contre  les  vio- 
lences d'une  famille  criminelle.  Finalement  il  l'exhorta  à 
se  proposer  pour  ce  rôle  glorieux. 

Rodrigue  ayant  écrit  à  l'assemblée  de  Bàle  conformé- 
ment au  conseil  du  prélat,  la  délibération  suivit  de 
près  sa  lettre.  Par  un  décret  rendu  dans  le  temps  où  il 
célébrait  son  mariage  en  Bourbonnais,  le  concile,  au 
nom  de  l'Église  universelle,  arma  le  bras  du  comte  de 
Ribadeo,  afin  que,  par  lui,  la  cité  pontificale  fût  pré- 
servée île  l'outrage  qui  la  menaçait1. 

Par  quel  côté  Rodrigue  pénétra-t-il  dans  leComlat.' 
Quelles  opérations  poursuivit-il  pour  l'accomplissement 
de  sa  mission?  Voilà  ce  que  je  n'ai  trouvé  dit  nulle  part. 
On  voit  bien  qu'une  partie  des  routiers  prirent  position 
dans  la  sénéchaussée  de  Nîmes2,  afin  d'inquiéter  le  comte 
de  Foix  qui  avait  établi  son  quartier  général  à  Ville- 
neuve, au  bout  du  pont  d'Avignon.  Au  sujet  des  com- 
pagnies qui  traversèrent  le  Rhône,  nous  ne  possédons 
qu'un  témoignage  indirect  :  une  plainte  d'Eugène  IV 
contre  le  concile  qu'il  accuse  d'avoir  déchaîné  sur  les 
terres  de  l'Église  le  meurtre,  le  pillage  et  l'incendie  \ 

Le  comte  de  Foix,  pendant  qu'il  se  tenait  à  Ville- 
neuve, fit  une  chose  excessive.  Trouvant  insuffisants  les 
impôts  votés  à  Béziers  au  mois  de  mars  précédent,  il 
convoqua  de  nouveau  les  États  du  Languedoc,  et  les 


1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  xxv. 
:  Ménard,  Histoire  de  Nîmes,  t.  III,  p.  1G0. 

3  «  Unde  tôt   jinerrurum  strages,   tôt  rapiruc,  tôt  homicidia.  tôt  m- 
1 1  suborta  sunl.  »  Dans  Raynaldi,  Annales  ecclesiastici ,  t.  IX.  p.  134. 


98  VIE  DE  RODRIGUE 

obligea  de  lui  venir  octroyer  d'acclamation,  dans  son 
camp,  le  surcroît  d'une  contribution  de  guerre  énorme: 
70  000  moutons  d'or  qui  s'ajoutaient  à  120  000 
déjà  payés.  Le  seul  motif  allégué  pour  justifier 
cette  extorsion  fut  la  nécessité  de  résistera  Rodrigue1. 
Or  n'était-il  pas  clair  à  tous  les  yeux  que  l'ennemi 
auquel  on  faisait  la  guerre  n'était  pas  Rodrigue,  et 
que  la  résistance  aux  routiers  n'eût  pas  exigé  qu'on 
s'engageât  dans  les  frais  d'un  siège  dispendieux?  Mais 
ces  anciennes  assemblées  d'Etats,  assemblées  payantes 
plutôt  que  délibérantes,  n'étaient  pas  plus  maîtresses 
de  se  soustraire  aux  fictions  gouvernementales  que  de 
refuser  les  contributions  qu'on  les  mettait  en  de- 
meure de  voter. 

Dès  que  le  comte  eut  de  l'argent,  il  poussa  son  siège 
avec  une  vigueur  extrême.  A  défaut  de  ces  gros  canons, 
dont  des  armées  mieux  pourvues  que  la  sienne  faisaient 
usage  pour  pratiquer  la  brèche,  il  employa  contre 
Avignon  les  ressources  de  l'ancienne  artillerie.  Il  fit 
construire  de  ces  grandes  catapultes,  appelées  trébu- 
chets,  au  moyen  desquelles  des  quartiers  de  roche 
pouvaient  être  lancés  à  des  distances  considérables. 
Une  grêle  de  ces  projectiles  tombant  sur  la  ville  pro- 
duisit l'effet  d'un  bombardement3.  Des  maisons  furent 
effondrées,  des  personnes  écrasées,  et  les  Avignonnais 


1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  xxvn. 

*  «  Grans  engens  ;i!>  los  quais  abatia  ei  derocava  los  hostals  de  la  dita 
ciulat  d'Avinho.  »  Miguel  del  Verrais, p.  595.  On  a,  pour  cette  innée  même 
!  i.".".  les  comptes  de  construction  de  plusieurs  de  ces  machines  exe* 
culées  pour  le  duc  de  Savoie,  à  Bourg-en-Bresse.  Mémoires  de  l'Acadé- 
mie royale  de  Savoie,  deuxième  série,  t.  1,  p.  c203  (1851). 


DE  VILLANDRANDO.  99 

commencèrent  à  trouver  leur  sort  bien  rigoureux.  Une 
sédition  relata  sur  ces  entrefaites.  Un  parti,  qui  voulait 
le  rétablissement  de  l'obéissance  au  Saint-Siège,  saisit 
l'heure  propice.  Les  armes  de  Carillo  furent  abattues, 
et  l'archevêque  d'Auch,  jeté  hors  du  palais  des  papes, 
sortit  de  la  ville  par  une  poterne,  tandis  que  le  cardi- 
nal de  Foix  y  faisait  son  entrée  triomphale  sous  L'éten- 
dard de  ses  deux  frères. 

Rodrigue  n'eut  qu'à  s'éloigner  du  Comtat  avee  le 
butin  qu'il  avait  fait.  11  repassa  le  Rhône,  nous  ne  sa- 
vons sur  quel  point,  pour  rallier  les  corps  qu'il  avait 
laissés  sur  la  rive  droite  du  fleuve.  La  saison  n'était 
pas  avancée.  Il  employa  le  reste  des  beaux  jours  à  une 
exécution  en  grand  sur  les  Languedociens,  et  principa- 
lement sur  ceux  du  Rouergue. 

Pourquoi  cette  préférence  donnée  au  Rouergue?  'Le 
comte  d'Armagnac,  comme  comte  de  Rodez,  exerçait 
sur  cette  partie  de  la  province  une  sorte  de  protectorat 
qui,  à  ce  qu'il  semble,  aurait  dû  la  préserver  de  la 
visite  de  Rodrigue;  car  Rodrigue  n'avait  pas  rompu 
avec  le  chef  delà  maison  d'Armagnac.  Loin  de  là;  dans 
son  récent  traité  avec  le  vicomte  de  Turenne,  tout  en 
s'obligeant  à  servir  ce  seigneur  envers  et  contre  tous, 
il  avait  fait  exception  pour  le  comte  d'Armagnac  aussi 
bien  que  pour  M.  de  la  Trémoille1.  Rien  plus,  il  venait 
de  servir  l'intérêt  et  la  passion  du  comte  d'Armagnac 
par  sa  guerre  contre  le  cardinal  de  Foix.  Et  voilà  qu'au 
retour  de  cette  guerre    il   livre  au   ravage  un    pays 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n  flx. 


\  I  I     DE    IlODRIGUE 

rouvert  des  i>ropriétés  de  ce  môme  seigneur,  et  qu'il 
expose  ses  sujets  ;'i  dos  violences  donl  on  n'a  pas  l'idée. 

Vouloir  donner  l'explication  de  ces  faits  contradic- 
toires serait  Iron  s'aventurer.  Contentons-nous  de  rap- 
porter un  acte  horrible,  au  sujet  duquel  le  comte  d'Ar- 
magnac lii  faire  pai'  sa  justice  une  information  qu'il 
destinait,  selon  toute  apparence,  à  devenir  {tins  lard  le 
fondement  d'une  poursuite  criminelle1.  Ce  sera  un 
Irait  de  plus  au  tableau  des  mœurs  de  va  temps-là. 

Une  famille  de  chevalerie  du  nom  d'Apchier,  qui 
lui  des  premières  en  Gévaudan,  se  composait  alors  du 
père,  de  deux  lils  légitimes  et  d'un  bâtard.  Tous  les 
ipiatre  s'étaient  attachés  à  la  cause  de  Charles  Ml  et 
servirent  avec  valeur,  tantôt  dans  les  compagnies  ré- 
gulières, tantôt  à  la  tète  d'une  bande  qu'ils  firent  et 
délirent  leur  à  tour,  suivant  que  leur  convenance  ou 
la  nécessité  les  y  portail.  Ils  étaient  de  toutes  les 
parties  où  il  \  avait  Ac>  coups  à  donner,  et  aussi  de 
celles  au  boni  desquelles  on  était  sur  de  trouver  sou 
proiil.  Aucune  entreprise  de  routiers  conduite  dans 
leur  voisinage  ne  les  trouva  indifférents.  Ils  s'y  ren- 
dirent toutes  les  fois,  sans  qu'on  eût  eu  besoin  de  les 
un  iler. 

Or,  tandis  que  les  bandes  de  Rodrigue  amenées  en 
lb rgue  dévastaient  les  villages  entre  Milhau  e.t  En- 
traînes, le  bâtard  d'Apchier  accourut  à  la  tête  d'une 
vingtaine  d'individus  armés.  Le  hasard  ou  des  rensei- 
gnements qu'il  avait  pris  le  conduisirent  au  village  de 

1  /' 


DF.    Vil  LAN  DR  \Nlm.  loi 

Fernugnac,  qui  élail  une  seigneurie  appartenanl  au 
comte  d'Armagnac. 

Informé  que  les  habitants  avaient  caché  en  un  même 
lieu  leurs  plus  précieux  effets,  il  se  saisil  de  La  |  er- 
sonne  île  l'un  d'eux,  afin  de  se  faire  dire  par  lui  l'en- 
droil  île  la  cachette.  Cet  homme  refusant  «le  parler,  il 
le  mit  à  la  torture.  I.e  supplice  consista  à  l'exposer 

tout  garrotté  «levant  un  l'eu  violent  et  à  le  mettre  ;iu\ 
abois  en  l'approchant  peu  à  peu  de  la  flamme.  Le 
secret  qu'on  voulait  avoir  ne  «util  de  la  bouche  de  ce 
malheureux  que  lorsque  son  corps  n'était  déjà  plus 
qu'une  plaie  et  son  cas  désespéré.  Il  expira  le  len- 
demain dans  d'horribles  souffrances.  1-e  bâtard  cepen- 
dant avait  mis  la  main  sur  le  trésor  du  village.  Il  le 
(axa  au  prix  de  cinquante  écus  d'or,  et  ne  s'éloigna 
pas  que  celte  somme  ne  lui  eùl  été  comptée  par  les 
habitants. 

Les  états  de  service  des  quatre  Apchier  contenaient 
un  certain  nombre  de  prouesses  de  celte  sorte,  qui 
lurent  cause  qu'ils  jugèrent  prudent,  après  que  l'ordre 
eut  été  rétabli  dans  le  royaume,  de  se  faire  délivrer 
par  Charles  Vil  un  acte  d'abolition  de  tout  ce  qui 
aurait  pu  donner  lieu  à  poursuite,  dans  leur  passé1. 


1  Rémission  octroyée  à  Montauban,  au  mois  dejanvier  I  i  i  :.  et  renou- 
velée à  Tours  en  avril  1  Vis,  à  la  «  supplication  de  uos  amez  et  féaulz 
Bérault  d'Apcbier,  chevalier,  Jehan  et  François  d'Apchier,  fières,  enfans 
légitimes  dudit  Bérault,  et  Gonnel  d'Apchier,  son  lil/  illégitime,  etc. 
...lescraelz  1 1  aussi  autres  qui  ont  esté  c:  s.'  sonl  nus  souhz  eulz,  ...ont  fait, 
commis  el  perpétrez  plusieurs  grans  m. ml/,  déliz,  maléfices,  pilleries, 
roueries,  raenconnemens  <\r  places,  villes,  églises  et  lorteresses  en  divers 
lieui  de  nostre  royaulme,  où  ils  ont  tenu  les  champs,  dès  longtemps  a,  et 
semblablement  ont  les  aucuns  de  leurs  compaignies  et  estant  soubz  eulz, 


\  IE    l»E   RODIUf.l  i 

Quand  les  militaires  il»'  la  classe  élevée  avaient  de 
lois  [léchés  -m  la  conscience,  on  se  demande  de  quoi 
leurs  inférieurs  ne  furenl  pas  capables. 

Il  |;,|||  faire  la  pari  du  (emps  ainsi  que  de  l'éduca- 
li011    cl  ce  sérail  n'en  pas  tenir  compte  que  de  traiter 
,)e  scélérats  tous  «•eux  qui  composèrent  alors  le  gros 
des  armées.  Mais  il  esl   permis  d'affirmer  que,  parmi 
ces  hommes,  il  v  en  eul  bien  peu  qui  n'aient  été  cou- 
tumiers  de  ce  que  non-  appelons  des   scélératesses, 
[mbus  de  l'idée  que  les  arme-  étaienl  données  au  soldai 
pour  faire  à  l'ennemi  tout  le  mal  imaginable,  ilscon- 
Iractaienl   dan-    la  pratique  des  hostilités  d'affreuses 
habitudes,  el  trop  souvent  on  les  voyait  se  comporter, 
sans  nécessité  ni  raison,  comme  s'ils  eussent  été  dans 
le  cas  de  légitime  défense.  De  là  les  cruautés  inutiles, 
les  amusements  féroces,   comme  de  faire  paître  aux 
chevaux  le  blé  en  herbe,  de  jeter  le  grain   et  le  vin 
dans  les  rivières,  de  démolir  les  maisons,  de  mettre  les 
prisonniers  à  toute  sorte  de  supplices,  de  faire  périr 
dans  les  mauvais  traitements  les  femmes,  et  de  pré- 
férence les  femmes  enceintes,  enfin  de  torturer  et  de 
massacrer  pour  le  plaisir  de  voir  répandre  des  larmes 
el  couler  le  sang1.  Mais  rien  ne  réjouissait  ces  âmes 
f  nivages  à  l'égal  de  l'incendie,  dont  les  lueurs  sinistres, 
el  les  cris  qu'il  provoque,  el  la  terreur  qu'il  porte  au 
loin,  leur  semblaient   l'indispensable  accompagnement 

n\  en  éplise?  ni  villages,  prins  el  ravv  femmes,  marchans,  la- 
irs  el  antres  de  divers  eslaz,  ele..  Registres  du  Trésor  des 

chartes,  JJ  170,  n    M,  cl  179,  n    I  12. 

1   Yoii  les  prohibitions  de  l'ordonnance  rovalc  du  2  novembre  1439. 
Ordonnances  tirs  rois  de  France,  t.  XIII,  p.  7,<u\. 


DE   Y  II.  LA  NU  II  AS  DO.  103 

de  leur  œuvre  de  destruction.  Il  y  a  là-dessus  un  mot 
bien  cruel,  quoique  plaisant,  ou  pluiùt  paire  qu'il  est 
plaisant,  du  roi  Henri  V  de  Lancastre,  homme  pieux, 
s'il  en  fut,  peu  rieur  d'habitude,  mais  soldai  à  la  ma 
nitie  du  quinzième  siècle.  A  ses  sujets  de  France,  qui 
se  lamentaient  à  ses  pieds  des  incendies  allumés  de 
tous  côtés  par  ses  partisans,  il  répondit  :  «  Bon,  bon  ! 
guerre  sans  feux  ne  vaut  rien,  non  plus  qu'andouilles 
sans  moutarde  l.  » 

Revenons  aux  Bourguignons,  que  nous  avons  laissés 
aux  prises  avec  les  Français  du  côté  de  la  Champagne. 
Une  armée  que  leur  duc  amena  de  ses  Etals  du  nord 
rétablit,  non  sans  peine,  l'intégrité  de  cette  frontière, 
et  donna  ensuite  la  chasse  aux  partisans  qui  infestaient 
les  abords  de  l'Auxois  et  du  Nivernais.  Il  faut  que  le 
comte  de  Clermont  ait  eu  des  craintes  pour  ses  terres, 
car  Rodrigue,  appelé  du  midi  en  toute  hâte,  vint 
exécuter  en  plein  hiver  sa  diversion  accoutumée.  Il 
envahit  encore  une  fois  le  Maçonnais,  et  se  trouva  le 
jour  des  Rois,  6  janvier  1454,  au  pied  du  mont  Saint- 
Vincent,  avec  quatorze  cents  hommes  que  comman- 
daient, sous  ses  ordres,  son  lieutenant  Salazar  et  le 
capitaine  Chapelle2. 

Sur  le  pilon  le  plus  élevé  du  mont  Saint-Vincent  est 
la  ville  du  même  nom  qui,  difficilement  accessible  à 
cause  de  sa  position,  était  de  plus  à  cette  époque  proté- 


1  Jean  Jouvenel  des  Ursins,  Histoire  de  Charles  VI,  aun.  1420  (p.  565 
de  l'édition  du  Panthéon  littéraire). 

i  Lefevre  de  Saint-Remy,  ch.  clxxix;  Garnier,  Inventaire  sommaire, 
etc.,  t.  II,  Comptes  de  Chalon,  B  5670,  \d.;du  Charolais,  li."9."l . 


104  VIF.   DE   P.O  DR  ICI!  F. 

sèe  par  un  fort  château.  Ville  et  château  furent  empor- 
tés par  une  audacieuse  escalade,  et  les  routiers  prirent 
possession  d'une  place  sans  pareille  pour  le  genre  d'o- 
pérations qu'ils  venaient  faire  dans  le  pays. 

La  nouvelle  de  cet  événement  portée  au  duc  de 
Bourgogne  le  mit  dans  une  inquiétude  extrême.  Le  soir 
même  il  fit  partir  de  Dijon  le  bâtard  de  Saint-Pol  avec 
cinq  cents  hommes-d'armes  artésiens,  ignorant  quelle 
était  la  force  de  l'ennemi  ;  mais  l'expédition  n'osa  pas 
avancer  lorsqu'elle  eut  appris,  par  les  maraudeurs  arrê- 
tés sur  les  champs,  que  Rodrigue  tenait  le  Mont  Saint- 
Vincent  avec  une  force  égale.  Alors  le  duc  convoqua 
en  toute  hâte  le  ban  de  la  Bourgogne  et  de  la  Franche- 
Comté  pour  seconder  les  Artésiens,  qui  s'étaient  arrêtés 
à  Buxy  en  attendant  du  rentort. 

La  brillante  chevalerie  qui  répondit  à  cet  appel  s'en- 
tendait mieux  à  la  parade  qu'au  métier  de  la  guerre. 
Au  lieu  de  conduire  à  couvert  son  plan  d'attaque,  elle 
vint  tournoyer  au  pied  de  la  montagne  afin  de  recon- 
naître les  lieux.  Rodrigue  compta  ses  adversaires  et  se 
tint  pour  averti.  Sur-le-champ  il  ordonna  de  fermer  les 
portes  de  la  ville  et  envoya  ses  hommes  dans  les  mai- 
sons faire  main  basse  sur  les  objets  qui  se  pouvaient 
emporter. 

On  fit  des  ballots  de  tout  ce  qui  en  valait  la  peine, 
et  le  soir,  pendant  que  les  Bourguignons  concer- 
taient autour  des  feux  leurs  manœuvres  du  lendemain, 
nos  gens  délogèrent  sans  lumière  et  sans  bruit,. «'éloi- 
gnant avec  leur  butin  par  les  chemins  des  bois.  On  en 
était  encore,  dans  le  camp  bourguignon,  à  la  surprise 


DE    \  II  I  \N  DR  \\|m.  |Ofî 

de  ce  brusque  départ,  que  déjà  ils  étaienl  parvenus  à 
refuge  dans  !*■  Bourbonnais*. 

Il  semble  qu'à  la  suite  de  [cette  retraite  Rodrigue 
suit  allé  chercher  le  reste  de  -es  bandes,  toujours  can- 
tonnées d;ins  le  Gévaudan  d'où  elles  continuaient  de 
menacer  le  Rouergue  el  toul  le  Bas-Languedoc.  L'a- 
larme était  entretenue  à  Nîmes  par  des  lettres  du  con- 
sulat de  Milhair.  On  s'attendait  partoul  dans  In  séné- 
chaussée à  une  nouvelle  irruption  du  terrible  capi- 
taine"; mais  loin  de  songer  à  porter  ses  pas  de  ce  côté, 
quand  il  se  mit  en  route,  ce  fut  pour  retourner  à  la 
frontière  bourguignonne.  On  sut  à  Dijon,  dès  les  pre- 
miers jours  de  mars,  qu'il  stationnait  à  proximité  de 
Charlieu  avec  des  forces  considérables 

La  reprise  des  hostilités  fut  différée  à  cause  d'une 
grande  assemblée  qui  allait  se  réunir  à  Vienne3,  et  d'où 
Ton  s'attendait   à  voir  sortir   du  changement  quant 


4  Lefèvrc  de  Saint-Remv,  ch.  clx\i\. 

-  Ci-après,  Pièces  justificatives,  a°xxxu;  Ménard,  Histoire  de  Nîmes, 

t.  III,  p.  183. 

3  «  Pardevant  le  viguier  de  Nismes,  François  Aurillac  a  reçu,  le  4  avril 
1  1"  \.  st.),  du  trésorier  de  Nismes  22  moutons  d'or  taxés  par  mande- 
ment du  seneschal  de  Nismes  et  de  Beaucaire,  du  21  mars  précédent,  pour 
avoir  été  de  Nismes  à  Masères  château  du  comte  deFoix)  porte)-  audit  se- 
neschal certaines  lettres  des  gens  du  Conseil  du  roy,  estans  audit  lieu  de 
Nismes,  et  deplusieurs  barons,  nobles,  scindiez  et  consulz,  manans  el  lia- 
bilans  de  la  ville  du  Puy  et  des  pa\s  de  Velay  et  de  Gévaudan,  faisans 
mencion  de  Rodigo  et  plusieurs  autres  gens  d'armes  et  de  traict.  lesquels 
se  elforcent  d'entrer  eu  présent  paï^  de  Languedoc,  el  dès  jà  sont  près 
des  inettrs  el  lins  de  ladilte  seneschauciée.  »  Note  qui  m'a  été  communi- 
quée, et  dont  j'ai  perdu  la  provenance. 

•  Marcel  Canat,  Documents  inédits,  etc.,  p.  ."10;  Garnier  ,  Intentant' 
sommaire,  etc.,  t.  Il,  Comptes  du  Charolais,  l>  3931. 

5  Chronique  du  héraut  Berry,  dans  Godefrov  .  Histoire  de  Char- 
les VII.  p.  587. 


106  VIE  DE  RODRIGUE 

à  la  situation  du  royaume.  Pour  la  premièrefois  depuis 
son    -acre,    Charles   VII  s'était   décidé   à  tenir    cour 
plénière.  Il  en  trouvait  l'occasion  dans  sa  réconciliation 
récente  avec   son  connétable  Artus  de  Richemond,  et 
dans  les  adieux  qu'il  lui  convenait  de  faire  à  la  reine 
présomptive  de  Napleset  de  Sicile,  femme  de  son  beau- 
livre  Louis  d'Anjou,  que  la  princesse  allait  rejoindre 
en  Italie.  Le  roi,  ayant  choisi  la  métropole  du  Dauphiné 
pour  y  réunir  les  députés  de  ses  pays  d'étals  du  midi1, 
avait  invité  à  venir  le  trouver  au  même  lieu  les  princes 
français   et  les   ambassadeurs  des   puissances  amies, 
notamment  ceux  du  concile  de  Bâle;  car  les  pères  du 
concile  poursuivaient  la  pacification  du  royaume  avec 
autant  et  plus  d'ardeur  que  la  réforme  de  l'Eglise,  et  ils 
avaient  des  agents  diplomatiques  partout  où  ils  pensaient 
que  cette  question  si  grave  pût  être  utilement  abordée. 
Rodrigue  assista  à  la  réunion  de  Vienne  en  compagnie 
des  Bourbons  qui  y  étaient  venus  tous  ensemble.  Le  duc 
prisonnier  étant  mort  depuis  peu,  son   titre  venait  de 
passer  au  comte  de  Clermont,  son  fils  aîné  :  son  titre 
et  sa  dignité,  car  à  la  couronne  ducale  deBourbon  était 
attaché  l'office  de  grand-chambrier  de  France.  Le  nou- 
veauduc  exerça  en  grande  pompe  les  devoirs  de  celte 
fonction,  le  roi  séant  à  table2. 

1  u  Fist  et  tint  le  roy  de  France  ung  conseil,  à  Lyon  sur  le  Rosne, 
des  trois  estas  du  pays,  c'est  assavoir  du  Languedoc,  du  Daulphiné  et  du 
Limosin.i  Chronique  des  Pays-Bas,  de  France,  etc.,  dans  la  Collection 
des  I  (ironiques  inédites  de  Flandre,  publiée  par  M.  de  Smet,  t.  III, 
p.  i  18.  L'auteur  a  comme  Lyon  à  la  place  de  Vienne,  trompé  sans  doute 
p;ir  les  lettres  d'une  première  convocation,  où  Lyon  avait  été  désigné 
comme  lieu  de  rassemblée. 

1  Berri,  I.  <•. 


DE  Y  III  INDRANDO.  I»i7 

Quant  au  beau-frère  le  routier,  on  ne  sait  pas  quel 

rang  lui  fut  assigné  dans  les  cérémonies;  mais  des  actes 
témoignent  que  la  figure  qu'il  lit  là  fut  celle  d'un  riche 
seigneur,  à  la  bourse  duquel  plusieurs  grands  person- 
nages, le  duc  tout  le  premier,  furent  trop  heureux  de 
recourir.  La  terre  de  Mont-Gilbert  en  Bourhonnais  lui 
lui  engagée  par  ce  prince  comme  garantie  d'une  somme 
de  six  mille  écus  d'or  dont  il  lui  avança  une  partie  à 
Vienne  même,  et  il  prêta  sans  gage  mille  autres  écus 
d'or  ;ni  vicomte  de  Comborn  en  Limousin1. 

Le  résultat  des  conférences  où  l'on  s'entretint  de  la 
paix  ayant  étéqu'il  fallait  plus  que  jamais  se  préparer  à 
la  guerre,  les  Etats  votèrent  de  quoi  y  subvenir  et  dési- 
gnèrent les  capitaines  qui  en  dirigeraient  les  opérations. 
Rodrigue  fut  du  nombre  de  ces  élus  2.  A  vrai  dire,  la 
commission  qu'il  reçut  ne  fut  pas  autre  chose  que  la 
régularisation  du  commandement  dont  il  avait  été  in- 
vesti déjà  par  le  duc  de  Bourbon  sur  la  frontière  bour- 
bonnaise :  aussi  n'eut-il  qu'à  retourner  au  milieu  de 
ses  troupes. 

11  les  distribua  à  l'intérieur  et  autour  de  Charlieu, 
ville  à  lui,  dont  il  fit  une  forteresse  imprenable.  Les  murs 
étaient  tout  délabrés;  il  les  remit  à  neuf.  Il  disposa 
dessus  un  système  de  machines  volantes,  au  jeu  des- 
quelles devait  s'ajouter  celui  d'une  grosse  bombarde 
qu'il  fit   fondre  exprès3.  Quand  il  se  fut   bien    for- 

4  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°*  xxxiv  et  xxxv. 

-  «  Ouquel  conseil  ilz  ordonnèrent  le  duc  de  Bourbon,  Rodrigue,  For- 
tespiie  et  pluiseurs  aultres  pour  faire  la  guerre  et  tenir  frontière.  Chro- 
nique des  Pays-Bas,  de  France,  etc.,  1.  c. 

5  Ci-après.  Pièces  justificatives,  n°  xi.n. 


vie  de  r.onr.ir.rE 
i,!j,'.,  j|  |;,nça  ses    hommes  par  petites    escouades   sur 
le   Maçonnais  cl  sur  le  Charolais,   qui  furent  ravagés 
simultanément . 

|,:i  ville  de  Màcon,  craignant  pour  sa  sûreté,  jugea 
nécessaire,  elle  aussi,  d'ajouter  à  la  force  de  ses  rem- 
parts1, [/année  d'avant,  elle  avait  exhaussé  sa  muraille 
au-dessus  des  créneaux  moyennant  une  construction  en 
pierres  sèches  dans  laquelle  on  avait  plante,  à  des  inter- 
valles rapprochés,  des  douves  de  tonneau  taillées  en 
pointe  par  le  bout2.  On  faisait  de  ces  ouvrages  pour  se 
prémunir  contre  l'escalade  dans  un  cas  pressant  ;  mais, 
à  moins  d'être  réparés  sans  cesse,  ils  tombaient  bientôl 
en  ruines.  C'esl  pourquoi  les  habitants  de  Mâcon  trou- 
vèrent que  le  plus  sûr  pour  eux  était  de  s'imposer  la 
dépense  d'une  construction  durable,  lis  y  pourvurent 
par  le  moyen  d'une  collecte  hebdomadaire. 

Rodrigue,  malgré  les  récils  que  l'on  faisait  de  ses 
forces,  n'était  point  en  étal  de  s'attaquer  à  une  grosse 
ville  qui  se  montrait  déterminée  à  se  défendre.  Il  ne 
lit  aucune  tentative  sérieuse  sur  Màcon.  C'est  sur  les 
bourgs  et  sur  les  (bateaux  que,  cette  fois  comme  les 
autres,  il  dirigea  ses  détachements.  Les  captures  fu- 
rent nombreuses  et  fructueuses.  Le  grand  succès  de  la 


Marcel  Canal,  /'  inédits,  elc,  p.  225. 

'  I''  m    olivier  à    emblée  d'escliielles   [le   bailli]  avoit  advisé  qu'il 

occuper  (sic)  les  murs  aulour  de  la  ville,  c'est  assavoir 

ix.  excepté  un  pertuis  à  mectre  la  leste  dehors,  et  par 

mei  lie  dm  sseaux  ciunsiécs  par  devant,  à  un  leur  l'une 

île  l'autre,   cl  charnier   pardessus   de   pierres.,    un   pied  d'aul  :  et   par 

i'es  «I  icelles,  meclre  d'autres  en  tonne,  d'un  ratel.  Et  se 

ilivi: era  par  cinquantaines  et  dizaines,  comme  sera  advisé.  »  Marcel  Ca- 

n.it.  ibiil..  p.  ai  y. 


DE   Ml.l.  LNDRANDO.  U)9 

campagne  lut  la  prise  du  château  de  Chaumont-la- 
Guiche  '. 

Cependant  le  duc  de  Bourgogne,  qui  était  allé  faire 
des  levées  en  Flandre,  arrivait  avec  le  dessein  d'acca- 
bler le  duc  de  Bourbon  en  l'attaquant  à  la  fois  dans  le 
Beaujolais  et  dans  les  Dombes.  La  perte  de  Ghaumont 
lui  lut  irautant  plus  sensible  qu'il  était  exaspéré  con- 
tre les  routiers  et  qu'il  avait  juré  d'en  finir  avec  eux. 
Il  donna  à  ses  troupes  des  ordres  impitoyables.  Elles 
devaient  procéder  par  le  fer  et  par  le  feu,  sans  se  laisser 
fléchir  par  aucune  considération  de  pitié  ni  d'intérêt. 
Pour  prêcher  d'exemple,  il  lit  noyer  d'abord  dans  la 
Sa  me  ou  accrocher  aux  arbres  plusieurs  centaines  de 
prisonniers,  en  expiation  d'outrages  qu'avaient  essuyés 
des  ambassadeurs  venant  devers  lui2.  Au  siège  de  Chau- 
mont,  dont  il  voulut  suivre  lesopérations  de  ses  yeux,  deux 
cents  combattants  qui  tenaient  cette  place  s'élant  rendus 
àdiscrétion  furent  tous  pendus.  Monstrelet  rapporte  que 
dans  le  nombre  il  y  eut  un  neveu  de  Rodrigue5. 

Les  routiers,  poussés  avec  cette  fureur,  n'eurent  pas 
à  chercher  un  refuge  dans  l'appui  des  populations. 
Leurs  dérèglements  les  avaient  rendus  odieux  à  tous 
les  hnbitants  de  la  contrée,  français  aussi  bien  que 
bourguignons.  Le  vœu  des  campagnes  était  de  les  voir 
exterminés,    et    loin   de    leur  prêter    assistance,   les 


'LefèvredeSaint-Remy,  cli.  clxxxu;  Monstrelet,  1.  II,  c.  clxh  ;  Gamin  , 
Inventaire  sommaire,  etc.,  pp.  (i,  40. 

*  Jeun  Joufiïoy,  De  Philippo  duce  Burgundiœ  Oratio,  dans  les  Chro- 
niques belges  latines  publiée>  par  M.  hervyn  de  Lettenhove,  p.  140. 

5  Monstrelet.  1.  II,  ch.  clvi  (t.  V.  p.  90  de  la  nouvelle  édition). 


I io  VIE   DE   KODRIGUE 

paysans  do  Ions  les  partis  étaicnl  prêts  à  tomber  sur 
rllx  s'ils  croyaient  pouvoir  le  faire  sans  se  compromet- 
Ire,  l'ne  lettre  de  rémission,  accordée  par  (.ha  ri  es  \  Il  en 
I  i  ,s.  contient  le  récit  d'une  de  cesvengeances  secrètes 
dont  furent  victimes  deux  hommes  enrôlés  sous  Rodri- 
gue de  Villandrando1.  Le  fait  se  rapportée  l'an  J  loi: 
il  eut  précisément  pour  théâtre  le  Beaujolais,  à  la  dé- 
fense duquel  s'employaient  alors  les  compagnies. 

Celle  à  laquelle  appartenaient  ces  routiers,  s'étant 
répandue  autour  de  Villefranche,  y  commit  tant  de 
dégâts,  que  les  habitants  d'un  village  de  la  contrée, 
appelé  Saint-Just-d'Àvray,  abandonnèrent  la  plupart 
leurs  maisons  pour  se  barricader  dans  l'église  du  lieu, 
d'où  ils  n'osèrent  plus  sortir. 

I  ii  laboureur  qui  demeurait  dans  un  endroit  écarté 
de   la  paroisse   fut  du   nombre  de  ceux  qui   ne  s'ef- 
frayèrent pas  cl  voulut  rester  chez  lui.  quoi  qu'il  dut 
advenir. Deux  hommes-d'armes  frappèrent  un  soiràsa 
.    Pai    aventure  c'étaient    des  Liens  paisibles  qui 
demandèrent,   moyennant  rétribution,    à  souper   pour 
eux  «'I  du  foin  pour  leurs  chevaux,  contents  d'ailleurs 
de  boire  de  1  eau  et  de  coucher  sur  la  paille,  si  on  n  a- 
vail  ni  vinni  lit  à  leur  offrir.  Ces  procédés  honnêtes  qui, 
;'i  cause  de   leur  rareté  seule,  eussent  commandé  des 
ds,  ne  tirent  qu'affriander  la  vindicte  du  paysan-  H 
se  mil  à  considérer  «   les  afflictions,  rançons,  pillenes 
et   batures,  et   autres  maux  énormes  et  innumérables 
dommages  »  que   le  punie  peuple  de  son   pays  avait 

'  es,  n    x\xw. 


DE  VILLANORANDO  111 

supportés  cl  supportait  encore,  tellement  qu'il  en  vint 
à  conclure  que  ce  serait  justice  rigoureuse  de  tuer  ers 
gens-d'armes  et  de  les  voler,  comme  eux  ou  leurs  pa- 
reils en  avaient  tué  et  volé  tant  d'autres.  Il  sortit  doue 
quand  il  fut  assuré  que  ses  hôtes  étaient  endormis,  et 
s'en  alla  quérir  aux  environs  plusieurs  de  ses  amis, 
tant  pour  arrêter  en  leur  compagnie  l'exécution  de  son 
dessein  que  pour  l'accomplir  avec  leur  assistance.  A 
cinq  qu'ils  étaient,  ils  entrèrent  furtivement  dans  Fé- 
tableoù  dormaient  les  routiers,  enlevèrent  leurs  armes, 
les  garrottèrent,  et  les  emmenèrent  bien  loin  avec  leurs 
chevaux.  Arrivés  dans  un  bois  sur  le  coup  de  minuit, 
ils  firent  halte,  puis  ordonnèrent  à  leurs  prisonniers  de 
se  confesser  l'un  à  l'autre.  C'était  leur  dire  le  sort  qui 
les  attendait.  Les  autres,  loin  de  s'y  résigner,  com- 
mencèrent à  remuer  les  bras,  comme  s'ils  pensaient 
se  dégager  de  leurs  liens;  mais  aux  premiers  mou- 
vements qu'ils  firent,  on  les  tua  avec  leurs  propres 
épées  qu'on  avait  eu  soin  d'apporter  à  cet  effet.  Leurs 
assassins,  après  les  avoir  dépouillés  jusqu'à  la  chemise, 
délibérèrent  que  deux  d'entre  eux  iraient  déguises 
vendre  les  chevaux,  non  pas  à  Villefranche,  non  pas  à 
Beaujeu,  non  pas  même  à  Lycn,  où  on  aurait  pu  les 
reconnaître,  mais  à  Vienne  en  Dauphiné.  Ainsi  fut-il 
fait,  et  les  neuf  écus  provenant  de  la  vente  furent  par- 
tagés entre  eux  cinq  ;  et  personne  ne  sut  rien  de  l'aven- 
ture jusqu'après  la  destruction  totale  des  routiers,  que 
le  laboureur  de  Saint-Just  alla  se  dénoncer  et  deman- 
der grâce  au  roi,  dans  la  crainte  d'être  inquiété  un 
jour  ou  l'autre  par  la  justice  du  duc  de  Bourbon. 


H-j  VIL   DE   RODRIGUE 

A  la  guerre  il  en  est  de  même  qu'au  jeu.  A  une 
bonne  veine  succède  une  mauvaise.  Rodrigue  cessa  de 
gagner,  depuis  qu'il  eut  affaire  à  la  nouvelle  armée 
qu'avait  amenée  le  duc  de  Bourgogne.  La  situation  où 
il  s'élail  déjà  trouvé  en  1431  se  renouvela  de  point  en 
point.  11  avait  à  répondre  à  l'ennemi  à  la  fois  dans  le 
Charolais,  dans  le  Maçonnais  et  dans  les  Dombes1.  Ses 
compagnies  forcément  disséminées  ne  purent  porter 
aucun  coup  décisif.  Elles  n'empêchèrent  ni  la  concen- 
tration des  forces  bourguignonnes  à  Mâcon,  ni  l'inva- 
sion du  Beaujolais,  ni  la  prise  de  la  forte  place  de  Belle- 
ville2.  L'hiver  approchant,  les  vivres  leur  manquèrent 
^ur  le  terrain  de  leurs  opérations.  Leur  chef  fut  obligé 
de  les  conduire  à  la  pâture  dans  le  pays  de  Velay3. 

Vers  le  temps  de  la  prise  de  Belleville,  le  roi  de  Cas- 
tille  députa  au  duc  de  Bourgogne  l'un  de  ses  hérauts 
d'armes.  A  quelle  fin  ?  Ce  n'est  que  pour  traiter  une  af- 
faire de  rançon  ou  pour  apporter  quelque  réclamation 
concernant  un  fait  de  guerre  qu'un  émissaire  de  cette 
classe  avait  pu  être  choisi.  On  sait  que  les  hérauts  d'ar- 
mes étaient  désignés  par  un  sobriquet,  qui  fut  d'ordi- 
naire un  nom  de  fief  ou  de  seigneurie.  Celui-ci  s'appelait 

1  Lefèvre  de  Saint-Remy,  ch.  clxxxh;  Giirnier,  Inventaire  som- 
maire,  etc.,  t.  III,  p  85.  Deux  passages  inintelligibles  de  Monstrelet  se 
rapportent  à  cette  guerre  des  Dombes.  Le  premier  dans  le  chapitre  clvi 
(livre  M),  quand  l'auteur  mentionne,  à  la  suite  de  la  prise  de  Gbaumont- 
la-Guiche,  celle  de  Benain:  il  faut  lire  Baneins  près  de  Trévoux;  le  se- 
cond  à  la  lin  du  chapitre  clxii  où  on  lit  :  «  ledit  duc  de  Bourgongne  en- 
roia  une  autre  armée  de  ses  pays,  gens  de  doine,  en  tirant  vers  Lion  sur 
leRosne  lies!  vraisemblable  que  le  nom  de  Donibe  se  cache  sous  celte 
absurde  leçon. 

•'  Lefèvre  de  Saint-Remy,  I.  c. 
Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  I\.  p.  183 


Il  1.    \  I  11   \MH;  AMKI.  113 

Villandrando.  Soit  que  ce  nom  le  désignât  à  la  vindicte 
bourguignonne,  soit  que,  sa  commission  ayant  été  de 

sser  d'abord  par  le  camp  de  Rodrigue,  cette  démar- 
che eût  fait  naître  des  soupçons,  arrivé  à  Clialon  où 
>e  lenail  alors  le  duc,  il  fut  déclaré  prisonnier.  Toute- 
fois  on  le  relâcha  au  bout  de  quelque  temps;  on  le 
dédommagea  même  de  la  dépense  qu'il  avait  été  obligé 
de  taire  durant  sa  captivité1. 

L'aventure  est  d'un  mince  intérêt,  mais  elle  devait 
trouver  sa  place  dans  ce  récit,  comme  preuve  de  la  célé- 
brité dont  notre  capitaine  jouissait  dès  lors  dans  son 
pays  natal;  car  c'est  assurément  en  considération  île 
sa  personne  que  le  nom  de  Villandrando  lui  attaché  à 
l'un  des  offices  de  la  maison  militaire  du  roi  deCastille. 

On  était  en  décembre.  Le  duc  de  Bourbon,  enfermé 
dans  Villefranche  et  serré  de  près  par  une  armée  de 
Picards,  semblail  perdu,  lorsque  le  bruit  se  répandit 
tout  à  coup  qu'il  était  en  pourparlers  pour  faire  sa  paix 
avec  le  duc  de  Bourgogne2.  Ce  dénouement  en  effet  ne 
se  lit  pas  longtemps  attendre.  11  eut  pour  coum':- 
quence,  non  seulement  la  cessation  des  hostilité-  Mu- 
le-deux  rives  delà  Saône,  mais  encore  la  réconciliation 
des  Français  et  des  Bourguignons,  qui  fut  scellée,  plu- 
sieurs mois  après,  par  le  traité  d'Arras. 

Pendant  que  les  négociations  préliminaires  de  ce  rap- 
prochement si  désiré  suivaient  leur  cours,  Rodrigue 
de  Villandrando  fit  à  la  province  de  Limousin  une 
visite  qui  n'était  pas  celle  d'un  apôtre  de  la  paix,  Un 

1  Marcel  Canal.  Documents  inédits,  etc.,  p.  353i 
J  Lefèvrede  Saint-Remy,  ch.  clxxxii. 


||4  VIE    DE   IlODHIGUE 

le  voit  par  le  vote  d'un  subside  que  les  Etals  du  Bas- 
Limousin  accordèrent  au  mois  d'août  1455  pour  payer 
les  frais  de  la  résistance  opposée  au  routier.  Le  vicomte 
de  Ventadour  fut  l'un  des  combattants  porté  sur  l'état 
de  répartition.  Les  deux  places  principales  de  son  do- 
maine, Ussel  et  Meymac,  avaient  été  assiégées  pendant 
deux  mois1.  Il  tint  bon  dans  Ussel,  et  Meymac  sut  éga- 
lement se  préserver  ;  mais  la  contrée  ne  laissa  pas  que 
de  beaucoup  souffrir. 

Pourquoi  cette  course  en  Limousin?  Aucun  docu- 
ment n'en  donne  l'explication  ;  mais  les  pièces  abon- 
dent pour  établir  que  les  deux  parties  haute  et  basse  du 
pays  étaient  dans  le  plus  grand  trouble.  Les  Anglais, 
maîtres  depuis  des  années  de  Domme  et  de  Mareuil, 
deux  places  formidables  du  Périgord,  s'étaient  avancés 
de  là  dans  le  Limousin,  où  ils  détenaient  plusieurs  châ- 
teaux. La  province  n'était  pas  en  situation  de  leur 
résister,  ayant  pour  gouverneur  un  prince  du  sang  tou- 
jours absent,  Charles  d'Anjou,  qui  avait  mis  un  lieute- 
nant à  sa  place,  et  celui-ci  ne  parvenant  point  à  réunir 
dans  un  effort  commun  les  grands  seigneurs  de  la  con- 
trée, qui  ne  songeaient  chacun  qu'à  la  défense  particu- 
lière de  ses  terres.  C'est  pourquoi  on  manda  de  l'ouest 
les  contingents  qui  s'y  trouvaient  à  la  disposition  du 
seigneur  de  Pons  et  du  sénéchal  de  Poitou  2.  Or  ces 
auxiliaires,  soldats  et  capitaines,  étaient  des  routiers 


1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n"  xxxvn. 
Répartition  d'une  aide  de  5000  livres  et  d'un  suppléaient  de  iSOO, 
accordés  par  les  États  du  ll.nii-l.iiiimi.sin  en  septembre  1455  (Bibl.  mil.. 
Manuscrits  liançais,  n   23902,  à  la  date). 


DE   VILLANDRANDO.  tlS 

de  la  veille,  imparfaitement  convertis  au  service  des 
troupes  régulières.  Le  sénéchal  de  Poitou,  Jean  de  la 
Hoche,  étaii  surtoul  noté  pour  ses  exploits  de  condot- 
tiere, Il   avait  été  naguère  aux  gages  du  sire  de  la 
Trémoille,  et  rien  ne  prouve  qu'il  ne  continuait  pas  à 
travailler  pour  ce  maître,  quoique  celui-ci  fût  tombé 
en  disgrâce.  Ses  troupes  en  effet  ne  délivrèrent  le  Li- 
mousin que  pour  se  substituer  aux  Anglais,  comme  si 
elles  avaient  eu  mission  de  discréditer  par  leurs  excès  le 
gouvernement  de  ce  Charles  d'Anjou,  qui  était,  comme 
on  l'a  vu,  l'ennemi  personnel  du  ministre  déchu.  Dans 
cette  supposition,  Rodrigue  de  Villandrando  aurait  joué, 
à  l'extrémité  opposée  du  Limousin,  le  même  rôle  que 
le  sénéchal  de  Poitou1.   Il  y  a  quelque  chose  de  plus 
certain  :  c'est    qu'un    aventurier   des   montagnes    du 
Vclay,  nommé  Jean  Delaporle,  après  avoir  servi  s,ous 
Rodrigue,  obtint  un  commandement  sous  Jean  de  la 
Pioche;  que  cet  homme  prit  le  château  de  Saint-Exu- 
péry, qui  était  l'une  des  places  occupées  par  les  Anglais, 
et  que,  lorsqu'il  y  fut,  il  s'y  établit  si  solidement  que  le 
vicomte  de  Turenne,  propriétaire  de  ce  château,  ne  put 
l'en  faire  sortir  qu'au  prix  d'une  grosse  allocation  votée 
encore  par  les  États  \  C'est  ainsi  qu'amis  et  ennemis 

1  Son  hostilité  contre  lousles  défenseurs  officiels  du  pays  est  incontes- 
table. Dans  l'étal  de  répartition  cité  précédemment  on  lit  cet  article  :  «  Au 
capitaine  de  Peyrat,  pour  lui  aider  à  paier  sa  rançon  aux  gens  de  Rodri- 
gues  qui  L'ont  tenu  longtemps  prisonnier,  a  esté  ordonné  x  1. 1.» 

9  Quittance  de  Pierre  de  Beaufort,  vicomte  de  Turenne,  du  i  nov. 
i  ;."',,  pour  la  somme  de  3000  livres  à  lui  allouée  par  les  États  du  Bas- 
Limousin,  assi  mblés  à  Oserche  au  mois  d'août  précédent,  «  pour  avoir  et 
recouvrer  en  nostre  main  (c'est  lui  qui  parle)  le  cliastcau  de  Saint-Uxu- 
peri  estant  audit  pais  détenu  par  Jehan  de  la  Porte,  pour  aucun  debtez 


M,-.  V  1 1  :  I)i:  RODRIGUE 

dallaient  monnaie  à  l'cnvi  les  uns  des  autres,  el  que 
!<>  malheureuses  populations  étaient  réduites  à  financer 
|niij(Uii>  et  s. uts  lin. 

La  tradition  méridionale  sur  Rodrigue,  que  j'ai  rap- 
portée ni  niiniiieiicanl,  arrive  dans  les  annales  limou- 
sines du  P.  Punaventure  de  Saint-Amable  à  propos 
d'une  démonstration  hostile  contre  Limoges1,  et  la  date 
de  ce  l'ait,  selon  le  même  auteur,  serait  l'an  1456.  Il 
oie  M'inlile  plulôl  devoir  être  rattaché  à  la  campagne 
dont  on  vient  de  voir  que  furent  affligés  les  vicomtes  de 
Yeutadour  et  de  Turenne.  La  source  où  avait  puisé  le 
P.  Saint-Amable  était  certainement  l'un  des  registres  de 
l'Uotel-de-ville  de  Limoges.  La  destruction  de  ces  re- 
gistres, pour  le  quinzième  siècle,  rend  aujourd'hui  le 
contrôle  impossible  ;  mais  on  peut  supposer  que  la  date 
de  l'événement  aura  été  confondue  avec  celle  du  paye- 
ment de  la  dépense  à  laquelle  il  avait  donné  lieu  :  c'est 
un  genre  d'erreur  auquel  on  est  exposé  lorsqu'on  fait 
usage  des  anciens  livres  de  comptes.  Aussi  bien  Tan- 
née 1  156  est  une  année  de  la  vie  de  Rodrigue  tellement 
remplie,  qu'il  ne  serait  pas  aisé  d'y  trouver  le  moment 
'l'une  pointe  sur  Limoges. 

I.e  P.  Saint-Amable  donne  pour  motif  à  l'invasion 
de  son  pays  le  dessein  formé  par  le  capitaine  espagnol 

i l>;i"v  le  lait  dudit  pais.  »  Ms.  français  22420,  p.  52,  Bibl.  nal.  Il  est 

à  noler  que  dans  une  rémission  que  Jean  Delaporte  se  fit  donner  par  le 
loi,  en  1  iiT.  il  nïst  dit  mut  ni  de  ses  exploits  en  Limousin,  ni  de  son 
•  •ii)im;md< meut  sous  le  sénéchal  de  Poitou.  Voy.  ci-après,  Pièces  justi- 
fh  iilurs,  n    xxwia. 

1  Histoire  de  tanil  Mnrtnil,  apôtre  des  Gaules  et  notamment  de  l'A- 
Huitaine  cl  du  Limousin,  l.  III,  p.  7dl. 


DE   VII  1  INDU  \Mm1.  117 

d'aller  guerroyer  les  Anglais  eti  tiuienne.  Cela  catire- 
pail  très-bien  avec  la  situation  de  I  15a,  |>aree  qu'après 
la  délivrance  du  Limousin  nu  cul  à  le^defëmire  éncôr'c 
contre  l'ennemi  qui  gardait  toutes  ses  po'sîtfohs 
limitrophes1.  Mais  comme  la  suite  du  récit  du  I*.  Sainl- 
Amalde  prouve  que  ['expédition  dlé! uuf&hmVqftMt  â  e'ù'e 
en  vue  est  celle dni il  il  sera  fyucèstiohci-â)jire,s/ à  l'an  I  1~s. 
il  vaut  mieux  conclure  que  son  récit  ksi  fondé  sur  un 
anachronisme  manifeste. 

Tenons-nous-en  donc  à  cette  très-grande  probabilité 
qu'après  le  ravage  du  \iiomlé  de  Ventadour,  le  Haut- 
Limousin  eut  son  tour  de  donner  asile  à  des  hôtes  mal- 
faisants,  de  voir  rançonner  ses  habitants,  et  le  pillaue 

de  sas  campagnes  s'accomplir  jusque  sous  les  murs  des 

i  n 

plus  grosses  villes. 

i  •  i  -  <  i 

Limoges  cependant  ne  se  résigna  pas  a  contempler 

dans  la  sécurité  qu'elle  devait  à  ses  fortifications  le 
ravage  de  sa  banlieue.  Lorsqu'elle  fut  informée  de  [ap- 
proche du  capitaine,  tdle  lui  envoya  dire  qu'il  eùl  a 
[.rendre  le  large.  Celui-ci,  blessé  d'une  semblable 
injonction,  ordonna  au  contraire  de  faire  tout  le  mal 
possible  aux  abords  de  la  ville;  après  quoi  il  affecta 
de  passer  avec  ses  équipages  sous  les  yeux  des  Rabi- 
tants. 

Très  imprudemment  il  s'enjrajjva,  lui  ou  l'un  de  sé(s 
lieutenants,  entre  la  Vienne  et  les  coteaux,  quand  tous 

1  Au  nu  i<  de  décembre  I  136,  le  Limousin  contribuai!  encore 
evacuatione  el  deliberationc  mentis  vome,  in  manibus  inimicorum  dnli- 
quorum  existeniis.  Bibl.,  nat.,  Ifs.,  IV.,  •    224£tij  pièces  IG  et  il.  Cl. 
Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV.  p.  183.  La  place  de  Domine  ne 
fut  reconquise  qu'à  la  fin  >\c  l'année1  1  i~s.  Ms.  mandais,  n   ûvVtl. 


lis  VIE  DE  RODRIGUE 

les  chemins  el  passages  en  avant  du  faubourg  avaient 
été  barricadés.  Partout  se  présentèrent  des  enchevêtre- 
ments de  grosses  voilures  chargées  de  blocs  de  pierre. 
Les  routiers,  n'étanl  pas  assez  de  bras  pour  débarrasser 
la  voie,  reconnurent  bientôt  qu'il  fallait  revenir  sur 
leurs  pas  ou  prendre  leur  chemin  par  la  traverse,  au 
milieu  des  vignes  dont  la  cote  est  couverte  autour  de 
Limoges.  Ils  s'arrêtèrent  à  ce  dernier  parti  qui  était 
le  pire.  Leurs  charrettes  s'empêtrèrent  dans  les  vignes 
sans  pouvoir  avancer,  et  les  hommes,  occupés  autour 
des  roues  el  des  chevaux,  ne  présentèrent  plus  bientôt 
que  des  groupes  en  désordre.  Alors  les  paysans,  qui 
s'étaient  réfugiés  dans  Limoges,  sortirent  accom- 
pagnés de  la  milice  communale.  Us  eurent  bientôt 
enveloppé  les  hommes  et  les  voitures.  Leur  nombre 
les  rendit  maîtres  de  tout  sans  coup  férir,  et  ils  n'eu- 
rent qu'à  faire  sauter  les  toiles  des  charrettes  pour 
reprendre  chacun,  soit  ses  propres  effets,  soit  l'équi- 
valent de  ce  qu'il  avait  perdu.  Les  routiers  interdits, 
non  seulement  se  laissèrent  enlever  leur  butin,  mais 
consentirent  encore  à  lâcher  les  prisonniers  qu'ils  em- 
menaient avec  eux. 

Ce  récit  d'un  auteur  qui  ne  brille  paspar  l'exactitude 
n'est  pas  sans  laisser  du  doute  dans  l'esprit.  On  se  de- 
mande si  toutes  les  circonstances  qui  étaient  consignées 
au  manuscrit  ont  élé  exactement  interprétées.  L'impru- 
dence du  chemin  pris  à  travers  les  vignes  paraît  surtout 
injustifiable.  Laissons-en  la  responsabilité  au  P..  Saint- 
\i'i;il)lc.  Il  ajoute  une  chose  que  l'on  croira  plus 
aisément.  C'est  que  les  routiers,  au  sortir  de  ces  four- 


DE    \  Il  1  àNDR  LND0.  ll'i 

chcs  caudines,  firent  payer  cher  au  reste  du  pays  l'avan- 
tage que  la  capitale  avait  obtenu  sur  eux. 

Les  registres  de  toutes  les  villes,  heureusement  pour 
nous,  n'ont  pas  éprouvé  le  sort  de  ceux  de  Limoges. 
Tours  a  conservé  les  siens  pour  cette  époque.  L'un 
d'eux  nous  apprend  qu'au  milieu  «lu  mois  de  septem- 
bre 1455,  Rodrigue  vint  de  nouveau  se  poster  autour 
de  la  ville  avec  ses  bandes.  Il  avait  en  sa  compagnie 
Gui  de  Bourbon,  l'un  des  bâtards  ses  beaux-frères.  Le 
commandant  militaire  de  la  Touraine  était  absent;  les 
bourgeois  consternés  députèrent  au  roi  un  moine 
jacobin  pour  implorer  son  intervention  '.  Charles  Vil  se 
tenait  alors  à  Bourges,  attendant  la  conclusion  du  traité 
de  paix  que  ses  ambassadeurs  étaient  allés  consommer 
à  A  iras.  Il  envoya  aux  routiers  un  ordre  de  déguerpir 
qui  fut  obéi  sans  trop  de  difficulté.  Les  compagnies 
plièrent  bagage  après  un  séjour  d'une  semaine,  regret- 
tant sans  doute  de  n'avoir  pas  exploité  plus  longtemps 
cette  grasse  vallée  de  la  Loire,  et,  on  peut  croire  aussi, 
fort  préoccupées  du  grand  événement  qui  faisait  en  ce 
moment  le  sujet  de  toutes  les  conversations. 

Autant  le  rapprochement  des  deux  partis  qui  divi- 
saient le  royaume  réjouit  les  populations,  autant  il  jeta 
d'inquiétude  parmi  les  soldats  d'aventure,  qui  virent 
au  bout  le  chômage,  et  peut-être  pis  encore.  Ils  com- 
prirent parfaitement  que,  bien  que  la  guerre  dût  se 
continuer  avec  les  Anglais,  elle  n'occuperait  plus  un 
aussi  grand  nombre  d'hommes,  et  que  le  gouvernement 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  xyxix. 


Vil!    M     RODRIGUE 

,1,.  Charles  VII,  se  Irouvnnl  plus  à  l'aise,  pourrail  bien 
revenir  à  son  ancien  projet  de  se  débarrasser  d'eux. 
«  (  lu'allons  nous  devenir?  »  fui  le  propos  journellement 
échangé  -"M-  la  lente,  el  un  sujet  de  sombres  réflexions 
nour  les  capitaines. 

J'ai  omis  «le  dire  que  Rodrigue,  avant  d'envahir  le 
Limousin,  s'étail  porté  sur  le  Gévaudan.  Il  s'y  rencon- 
tra avec  Vntoine  de  Chabannes,  Gui  de  Blanchefort, 
Caulier  de  Bruzae  el  le  bâtard  d'Àstarac,  capitaines 
jusqu'alors  occupés  à  combattre  entre  la  Marne  et  la 
Somme,  qu'on  avait  détachés  de  l'armée  du  nord  pour 
les  envoyer  au  secours  du  duc  de  Bourbon  '.  Ils  arri- 
vèrent en  Beaujolais  pour  être  témoins  de  la  cessation 
des  hostilités.  Obligés  de  s'en  retourner  avec  des  frais 
de  route  insuffisants,  ils  recoururent  à  la  ressource 
des  palis.  Ils  en  possédaient  la  pratique  tout  aussi  bien 
que  Rodrigue.  Leurs  compagnies  d'à  il  leurs,  pour  l'esprit 
el  pour  la  conduite,  ne  différaient  en  rien  des  routiers. 
On  devine  par  quel  genre  d'exploits  fut  signalé  leur  trajet 
depuis  I;;  vallée  de  la  Saône  jusqu'aux  abords  du  mont 
Lozèi  e.  Le  rendez-vous  fut  au  complet  par  l'arrivée  d'au- 
tres bandes  qui  venaient,  le  sire  de  Lestrac  cl  le  bâtard  de 
Noailles  J  leur  lèle,  de  ravager  la  frontière  bordelaise2. 

l".  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  p.   I8fi.  Le  sa  va  ni   bénédic- 

l'ail  .1   I  i."ii.  Son  erreur  vient  Ai-  ce  qu'il  .1 

irsinn  en  Gévaudan,  celle  d'une  ordonnance 

assurer  le  pavom<  ni  des  emprunts  au  moyen 

If  pays,  l'our  s'en  convaincre,  on  n'a  qu'à  recourir 

nti  nue  dans  le  tome  1  \\xi\  (fol.  IN." | 

"''/'"'.  ms.  de  la  Bibl.  nat. 

*  Ijuitl;  née  de  ()  re  du  sénéchal  de  Beaucaire,  en  oyé  de 

Niines  en  Gévaud  m  cl  Vel.iy.  dans  les  derniers  jours  d'avril   I  i ô 5 ,  auprès 

de  ■>  1res,  Bibl.  nat.,  dossier  Villar. 


DE  VILLANDRANDO,  |.>| 

A  la  nouvelle  du  dangereux  rassemblemenl  qui  se 
formai!  dans  le  pays,  les  Étals  particuliers  du  Gévau- 
dan  avisèrenl  au  moyen  le  plus  prorapl  d'acheter  la 
retraite  de  Rodrigue  el  des  autres  capitaines.  Ceux-ci 
ne  se  firenl  pas  prier,  l'argent  ne  s'étani  point  fait  at- 
tendre. Ils  décampèrent  aussitôt  ;  mais  si  peu  de  temps 
qu'ils  passèrent  ensemble,  ils  en  eurenl  assez  pour 
s'entretenir  de  la  situation,  pour  se  donner  entre  eux 
l'assurance  que  la  paix  qu'on  était  en  voie  de  conclure 
ne  leur  ferait  pas  quitter  un  métier  ;mssi  fructueux 
que  le  leur,  enfin  pour  jeter  dès  lors  les  bases  d'un  ac- 
cord qui  leur  permettrait  de  se  perpétuer  en  dépit  de 
toutes  les  puissances.  La  suit»!  des  événements  donne  à 
penser  que  les  choses  furent  réglées  de  la  sorte  dans 
les  conférences  qu'eurent  entre  eux  ces  capitaines. 

Aussitôt  après  la  publication  du  traité  d'Arras,  les 
bandes  de  deçà  la  Loire  constituèrent,  au  vu  et  au  su 
de  tout  le  monde,  une  société  fortement  unie,  qui 
•  ■ut  pour  chefs  principaux  les  personnages  qui  vien- 
nent d'être  nommés,  el  dont  les  suppôts  de  toute  arme 
et  de  tout  grade  lurent  baptisés  dans  le  peuple  du 
nom  à'écorcheurs1.  Ecorcheurs  voulait  dire  des  bandits 
qui  dépouillaient  jusqu'à  la  chemise  ceux  auxquels 
ils  s'attaquaieni  '.  La  pratique  n'était  pas  nouvelle;  le 
nom  fut  nouveau,  parce  qu'il  prit  naissance  dans  une 
contrée  qui,  préservée  jusqu'alors  du  fléau  de  la  guerre, 
soullrait  pour  la  première  fois  de  ces  excès.  Ils'étendit, 

1  Un  litre  important  ;i  été  publié  récemment  sur  ce  sujet  par  M.  Tuc- 
tcy:  Les  Ecorcheurs  sous  Charles  VII,  2  vol.  in-8\  Montbéliard,  1*7  i. 

-  Jean  Chartier, . t.  I.  p.  216;  Konstrelet,  I.  II,  ch.  ccxxh  ;  Thomas 
Basin,  i.  I.  p.   125. 


VIE    DE    RODRIGUE 

,.,,  nom.  ol  devint  d'un  usage  universel.  Â  la  vérité  ce 
„Ysl  (|i1(.  dans    la  rrance  du   nord'   qu'on   l'appliqua 

aux  hommes  du   ser ni  de  Rodrigue.  Pour  désigner 

ceux-ci,  les  méridionaux  trouvaient  assez  expressive 
l'appellation  que  leur  langue  avail  fournie  d'ancien- 
neté; car  ils  avaient  dil  Loul  ce  qu'ils  pouvaienl 
un  miner  de  pis,  quand  ils  les  appelaient  routiers.  Dans 
I,..  provinces  du  centre  on  les  distingua  par  le  nom  de 
Rod i finis,  qui  équivaut  à  ce  que  sérail  celui  de  Ro- 
flrigais  dans  la  langue  actuelle. 

|r  fait   d'une  solidarité  qui  lia  ensemble  les  Écor- 
clieurs  cl  les  Rodrigais  ne  saurait  êtrerévoquéen  doute2. 
Si  ce    ne  fut  pas    une  alliance  offensive   et   défensive 
dans  toute  la   rigueur  du  terme,  ce  fut  au  moins  une 
entente  propre  à  favoriser,  quand  il  ie  faudrait,  une 
action  commune.  On  tint  cela  pour  certain  à  la  cour  de 
rrance  aussi  bien  qu'à  celle  de  Bourgogne.  Des   actes 
sortis    des  chancelleries   des  deux   États   niellent  Ro- 
drigue  sur  la  même  ligne  que  les  capitaines  d'Ecor- 
cheurs,   et  attestent  sa  participation   à   plus  d'une  de 
leurs  entreprises  s.  Peut-être  y  eut-il  davantage  quant 
;i    la    situation    du    castillan.  Il   ne    serait   pas  éton- 
nant que  la  supériorité  de  ses  forces  el  sa  notoriété 
plus  grande  lui  eussent  valu,  au   moins  dans   le  pre- 
mier n enl,  une  sorte  de  suprématie  qu'exprimerait 

nmoienl  Esrorchcnrs  el  les  conduisoienl  pour  capitaines 

Court,  fier l  Joachin  Rohaut.  »  Livre  des 

i  i  si,  dans  le  recueil  des  chroniques  relatives 
i    par  M.  kervvn  de  Lettenhove. 
'  i  •■   lui  .1  •!    nu    en  évidence  par  M    Tuetey,  Les  Êcorcheurs  sous 
VU,  t.  I,  p.  10. 

justificatives,  n0'  ix  et  lxi, 


VIII   WIU!  \MlO.  123 

l'épithète  d'empereur  des  pillards  de. France,  ;i  lui  dé- 
cernée par  un  lettré  du  quinzième  siècle  . 

Les  Ecorcheurs,  à  leurs  débuts,  ne  furenl  pas  plus 
de  trois  à  quatre  mille,  tandis  que  les  Innés  :1e  Ro- 
drigue, évaluées  alors  à  dix  mille  chevaux  .  représen- 
tent un  effectif  d'environ  quinze  mille  hommes.  La 
réunion  des  uns  el  des  autres  aurait  produit  une  armée 
telle  qu'aucun  souverain  d'Europe  n'était  capable  d'en 
mettre  sur  pied  pour  le  moment.  A  quoi  n'aurait  pas 
pu  prétendre  notre  aventurier,  s'il  avait  porté  en  lui  le 
génie  d'un  conquérant?  Mus  s(>s  \j<('.,»s  ne  dépassaient 
pas  l'horizon  nu  dedans  duquel  s'agitent  les  hommes 
créés  pour  les  rôles  secondaires.  Il  n'eut  jamais  de  plus 
haute  ambition  que  d'être  réputé  le  premier  parmi 
les  condottieri,  et  le  serviteur  le  plus  opiniâtre  des 
causes  bonnes  ou  mauvaises  auxquelles  il  s'était 
attaché. 

Son  dévouement  à  la  personne  de  M.  de  la  Tré- 
moille  parait  l'avoir  amené  à  Sully-sur-Loire  vers  le 
temps  d,-  Pâques  1436.  A  Sully  enel'fct,  dans  l'un  des 
forts  et  riches  châteaux  de  la  France  centrale,  ce  sei- 
gneur méditait  alors  sursa  déchéance,  accomplie  depuis 
tantôt  trois  ans.  Une  révolution  de  palais,  habilement 
menée  pendant  que  le  comte  de  Ribadeo  était  occupé 
dans  le  comtat  Venaissin,  en  1433,  avait  eu  pour  ré- 


1  Ci-après,  p.  193. 

-  C'est  le  chiffre  donné  par  les  auteurs  espagnols  ;  ci-après,  Heroando 
.tel  Pulgar,  p.  "J<in,  et  Garcia  de  Rezende,  p.  183.  Jean  Chartierdit  :  «  huit 

mille  hommes  »  dans  Godefroy,  p.  !•(!.  Le  héraut  Berri  (p.  594)  con-t;it<\ 
en  termes  plus  généraux,  «  qu'il  avoit  la  plus  grande  compagnie  de  tous 
les  capitaines  de  France,  n 


vir   m:  Ronp.ir.rE 
s„llni   l.i  séquestration,  puis   la  disgrâce  du  favori.   Il 
recouvra  -.1  liU-ii<:  moyennanl  de  grands  serments  qu'il 
n'aspirerail    plus   au    pouvoir,   moyennanl    aussi    une 
.«rosse  rançon  que  lui  lit  payer  Jean  de  Beuil,  son   ne- 
veu, nui  avail  fourni  la  prison  pour  l'incarcérer.  Mais 
v,-  rési^ne-l-on  au  sacrifice  de  ••<•  qui  vous  a  été  arra- 
clié  par  la  violence?  L'ambitieux  La  Trémoille  usa   le 
reste  de  ses  jours  en  intrigues  pour  ressaisir  l'autorité 
qu'il  avait  perdue.  La  visite  de  Rodrigue,  que  peut-être 
il  avail  sollicitée,  lui   lit  faire  une  démarche  lortueuse 
dont   la  mémoire  est  consignée  sur  l'un  des  registres 
,1,'  l'Hotel-de-ville  d'Orléans1.  Il  envoya  prévenir  le  pre- 
mier personnage  de  la  ville  de  la  présence  0  des  Rodi- 
gois  »  sur  ses  terres,  comme  quelqu'un  qui  cherche  à 
se  préparer  d'avance  un  témoin  à  décharge  pour  un  cas 
embarrassait!  qui  lui  arrive,  et  dont  il  veut  être  en  étal 
de  décliner  plus  tard  la  responsabilité. 

Ce  fail  coïncide  avec  le  rétablissement  de  Paris  sous 
la  domination  française,  et  il  se  trouve  précisément 
que  le  bâtard  de  Bourbon,  dès  lors  l'inséparable  de  Ro- 
drigue, lui  de  l'armée  qui,  par  son  approche,  détermina 
la  révolution  de  Paris8.  Pourtant  le  connétable  de  Riche- 
mond,  qui  dirigea  celte  heureuse  entreprise,  avail  nii< 

i>    I  ;."',  I  l'A)  à  la  Bibliothèque  d'Orléans  :  «  A  Regnault 

I.Miii.  .  iini  M;uv  1  -_>:.  ;ivi  il  I  i.'tii.  pour  despenee  faicte 

lire  Mions.  le  prévosl  d'Orliens  et  maistre  Si- 

lirfi  du  rc\  nnstiv  sire,  rpii  assemblèrent  chex  ledit 

iiicuns  des  procureurs  certaines  lectres  que 

1    elier  d'Orliens,  pour  les  Ro- 

!  1 

le  bien    huiel  \  int  lances  autour  de  son 

■  m  m  _  1  de  la  Su t  le  h  istarl  de  Bourbon.  »  Guillaume 

Ciruel,  .'A  moires  ri'  \rln.s  rie  Hicheinond.  dans  Go  lefroi,  p.  7fifi. 


ni.    ULLANDRÀNDO.  !-■> 

nue  atlentioo  particulière  à  eu  écarter  les  troupes 
mal  famées.  Il  esl  à  croire  que,  s'il  accepta  le  concours 
du  bâtard,  ce  fut  sur  des  recommandations  venues  de 
haut,  i'i  en  lui  faisanl  ses  conditions  quant  au  nombre 
d'hommes  qu'il  amènerai!  avec  lui,  el  quant  à  l'emploi 
qu'il  en  ferait.  L'histoire  mentionne  effectivement  des 
routiers  occupés  à  Saint-Denis,  pendant  que  la  capitale 
effectuait  sa  soumission1.  \.  la  nouvelle  de  l'entrée  des 
troupes  royales,  ils  accoururenl  pour  être  de  la  fêle; 
mais  les  portes  furent  fermées  devant  eux. 

A  quelque  temps  de  là,  Rodrigue  alla  se  reposer  dans 
si  -  terres  du  Bourbonnais  ;  du  moins  nous  le  trouvons 
a  Saint-Pierre-le-Moulier,  puis  à  Moulins,  au  commen- 
cement du  mois  d'août  1436,  occupé  du  règlement  de 
diverses  affaires  d'intérêt. 

L'heure  était  venin;  pour  lui  d'évacuer  enfin  la  place 
deCharlieu,  qu'il  avait  maintenue  jusque-là  surle  pied 
de  guerre.  Il  s'en  dessaisi!  moyennant  Gnance  entre  les 
mains  du  duc  de  Bourbon*. 

Ensuite  il  se  fi!  assigner  sur  les  meilleures  recettes 
du  Bourbonnais  la  rente,  jusque-là  si  mal  servie,  qui 
avait  été  constituée  en  dot  à  sa  femme  ;  puis,  comme 
le  château  de  Châteldon,  leur  résidence  provisoire, 
était  redemandé  par  les  possesseurs  légitimes,  nouvel- 
lement revenus  de  l'émigration,  il  eut  à  se  faire  pour- 
voir d'une  autre  demeure.  Le  cas  avait  été  prévu  au 
contrat.  11  devait  avoir,  et  eut  en  effet,  mais  sans  pou- 

1  «  Cestoit  la  plus  part  des  rouctiers  et  des  gens  lors  à  entretenir.  » 
Guillaume  Gruel,  1.  c.,  p.  768. 

-  Ci-après,  rièces  juslificalires,  a"  .\lii. 


P2C  VIE  DE   RODRIGUE 

voir  entrer  aussitôt  en  jouissance,  le  château  de  Roche- 
fort  en  Bourbonnais1,  celui  dont  la  masse  imposante 
se  dresse  encore  au-dessus  du  cours  de  la  Sioule. 

Rodrigue,  au  milieu  de  ces  soins,  reçut  des  ouvertures 
pour  une  entreprise  dont  la  maison  de  Bourbon  tout  en- 
tière désirait  le  succès.  Il  s'agissait  d'aller  conquérir  le 
siège épiscopal  d'Albi,  disputé  entre  deux  compétiteurs 
dont  l'un  se  trouvait  être  le  grand  oncle  de  la  famille. 
Cette  grave  affaire  demande  à  être  exposée  en  quelques 
mots  depuis  son  origine. 

En  1434,  lorsque  le  chapitre  d'Albi  venait  de  déci- 
der, conformément  à  un  récent  décret  du  concile  de 
Bàle,  qu'il  procéderait  par  voie  d'élection  au  rempla- 
cement de  son  évêque  défunt,  l'évèque  de  Chartres, 
Robert  Dauphin,  de  la  lignée  des  Dauphins  d'Auvergne, 
qui  avait  jeté  ses  vues  sur  l'évêché  d'Albi,  se  fit  donner 
des  lettres  de  recommandation  du  roi  et  des  princes  du 
sang,  afin  d'être   nommé  directement   par  le   pape, 
comme  c'était  l'usage  auparavant.  Sa  nomination,  que 
la  cour  de  Rome  s'empressa  de  lui  accorder,  n'empêcha 
pas  les  chanoines  d'Albi  de  persévérer  dans  leurs  des- 
seins. Ils  élurent  l'un  d'entre  eux,  appelé  Bernard  de 
Casilhac,  lequel  alla  se  faire  reconnaître  et  consacrer 
à  Bâle  ;  de  sorte  qu'il  y  eut  en  présence  deux  conton- 
dants revendiquant  chacun  pour  lui  le  droit  divin, 
et  disposés  à  le  faire  triompher  par  la  force  terrestre. 
Ce  triomphe,  Robert  Dauphin,  après  l'avoir  obtenu, 
le  compromit  par  son  imprudence.  11  crut  son  autorité 

1  Ci-après,  l'ièces  justificatives,  n   xli. 


DE    VILI.VMtUA.MiU.  121 

établie  à  tout  jamais,  parce  qu'il  en  avait  joui  paiblesi- 
nii'iii  pendant  une  année.  Au  bout  de  ce  terme,  ayant 
un  voyage  à  faire  en  Auvergne,  dans  sa  famille,  il 
s'éloigna  d'Albi,  à  l'indicible  joie  de  son  adversaire 

qui  revint  au  nom  du  concile  et  »[ui,  escorté  d  nue 
armée,  pourvu  de  bombardes  et  de  canons,  occupa 
militairement  la  cathédrale  d'Albi,  mit  le  siège  devant 
le  château  épiscopal  et  lit  trembler  la  ville.  C'est  alors 
que  Robert  Dauphin,  n'obtenant  du  roi  qu'il  avait 
imploré  que  des  ordres  de  secours  et  pas  même  une 
escouade  pour  les  exécuter,  se  ressouvint  que  Rodrigue 
de  Yillandrando  était  quelque  peu  son  neveu.  Il  lui  fit 
offrir  de  sa  part  six  mille  écus,  deux  places  fortes  en 
nantissement  et  les  profils  de  la  guerre,  s'il  voulait  le 
remettre  en  possession  de  son  évêché1. 

Le  cas  était  délicat  parce  que  le  prélat,  tout  en  se 
servant  des  routiers,  tenait  fort  à  ce  qu'il  ne  parût  pas 
qu'il  les  avait  appelés,  et  qu'il  fallait  que  l'affaire  fût 
au  compte  du  duc  de  Bourbon.  D'autre  part,  l'aîné  et 
le  cadet  d'Armagnac  étaient  intervenus,  chacun  de  son 
coté,  comme  protecteurs  de  la  ville  \  Il  y  avait  à  conci- 
lier les  nécessités  d'une  action  énergique  avec  le  res- 
pect des  garanties  déjà  stipulées.  Ce  n'est  qu'après 
mure  réflexion,  et  quand  il  eut  pris  toutes  ses  sûretés, 
que  le  comte  de  Ribadeo  accepta. 

11  s'approcha  d'Albi  à  grande  puissance,  ayant  réuni 

1  Plaidoiries  de  Lmllier  pour  Casilhac,  prononcées  au  Parlement  de 
Paris,  !'•  in  juillet  1438  et  le  1er  septembre  1459.  Registre  crimineU 
ii   23,  aux  Archives  nationales. 

*  Jolibois,  Inventaire    sommaire  des  archives  communales  d'AH'i- 


VIE    hL    U0DR1U1  I- 

une  armée  de  li h i l  mille  chevaux,  dont  le  bâtard  de 
liourbon  partageait  le  cominandemenl  avec  lui1. 

Aliu  de  dégager  les  abords  de  la  ville,  les  Casilhac 
avaient  démoli  les  maisons  isolées  autour  tics  remparts. 
Il  compléta  leur  ouvrage  en  livrant  aux  flammes  un 
hôpital  qu'ils  avaient  laissé  debout,  ainsi  qu'une  partie 
du  faubourg  \  attenant.  C'était  leur  faire  entendre  qu'il 
ne  leur  procurerait  pas,  ainsi  qu'il-  s'\  étaient  attendus, 
le  plaisir  de  brûler  leur  poudre  contre  lui  \ 

li  n'eut  garde  en  elle!  des  attaquer  ;'i  la  ville  ni  à  la 
édrale,  parce  que  le  château  épiscopal  n'était  plus 
,i,i  pouvoir  des  partisans  de  Robert  Dauphin.  Le  comte 
d'Armagnac  venait  de  le  faire  neutraliser  et  de  le 
mettre  en  main-tierce5,  à  la  poursuite  des  habitants 
trop  incommodés  par  les  éclaboussures  qu'ils  recevaient 
du  siège  commencé  contre  celte  place.  Or  un  coup  de 
main  comme  il  en  fallait  aux  routiers  n'aurait  pu 
s'exécuter  que  moyennant  des  intelligences  avec  le  châ- 
teau. 

Cette  forteresse  est  mentionnée  dans  les  actes  du 
Lumps  sous  le  nom  de  Berbie1.  Elle  occupait,  conjointe- 
ment avec  la  cathédrale,  tout  le  dessus  d'un  promon- 


1   Le  I  min  le  plus  court.  On  lil  dans  l'état  de  ré- 

I    fin    li'  la  même  année  I  i.~>ii.  par  les  États 

.!.  ■  i;i  |:  sse-Auver^ne.  que!2'i  marcs  d'argent  avaient  été  payés  au  bâtard 

.in!  il  passa  par  le  pays,  afûn  que  luy  ne  ses  gens  n'y 

i-  20005,  cote  5055. 

-  plaidoirie  de  Luilliei  du  1  :  septembre  I  L59,  1.  c. 

•  Jolibois,    Inventaire    sommaire,    etc.-,    Plaidoirie    de   Luillier,  du 

tembre  1 1">9. 

•  Il  '  Ail n  une  place  du  nom  de  Vcrbic,  située  devant  une 
n;ii  ii  bâtimeiil    di    l'am  I  iteau. 


M.    \  III.  \M'l;  \MH».  129 


1,,'iic  qui  lermine  la  ville  au  couchant,  entre  le  cours 
du  Tarn  el  un  ravin  profond.  L'eu  lise,  par  sa  position 
dans  l'enceinte  fortifiée  el  paF  sa  structure  massive, 
était  à  proprement  parler  une  doublure  du  château. 
C*esl  ce  qui  explique  connut'  quoi  les  Gasilhac  l'occu- 
peront militairement  et  s'en  servirent  pour  battre  en 
brèche  la  Berbie,  jusqu'à  ce  que  celle-ci  eût  été  mise  en 
situation  de  ne  les  plus  inquiéter. 

Rodrigue  de  Villandrando  donc  tint  Albi  bloquée 
plutôt  qu'assiégée  et  lui  donna,  hors  de  la  portée  de  l'ar- 
tillerie, le  spectacle  de  ses  évolutions.  S'étant  emparé 
(l'abord  du  château  de  Lescure1,  au  moyen  duquel  il 
eut  le  libre  pa*ssagc  du  Tarn,  il  répandit  sur  les  deux 
rives  du  fleuve  sa  nombreuse  cavalerie,  exercée  de  si 
longue  main  à  réduire  en  déserts  les  contrées  fertiles 
el  populeuses.  Bientôt  ceux  d'Albi  ne  purent  voir  sans 
soupirer  le  réseau  des  incendies  s'étendre  à  l'horizon, 
atteindre  de  proche  en  proche  leurs  vergers  et  leurs 
vignes,  et  les  champs  livrés  au  ravage,  les  riches  récol- 
tes de  pastel  coupées  comme  litière  ou  foulées  aux  pieds 
des  chevaux.  11  n'est  puissance  qui  tienne  contre  des 
angoisses  de  cette  sorte,  lorsqu'elles  se  renouvellent  tous 
les  jours.  Le  prétendant  et  les  gens-d'armes  qui  soute- 
naient sa  cause  perdirent  leur  autorité  sur  la  population, 
qui  finit  par  leur  dire  qu'il  fallait  capituler  ;  et  ils 
capitulèrent,  à  la  condition  de  sortir  de  la  ville  avec 
armes  et  bagages. 

Rodrigue  de  Villandrando   fit  dans  Albi  une  entrée 

Vaissele,  Histoire  de  Laïujueiluc.  I.  IV,  p.    t89 


130  VIE  DE  RODHIGl'E 

conforme  à  l'objet  de  sa  mission.  Tout  armé,  tout  épe- 
ronné  et  salade  en  tète,  il  descendit  à  la  porte  de  la 
eathédrale,  franchil  le  seuil,  alla  droit  au  chœur,  et  en 
I'.kv  de  l'assistance  effarée,  qui  se  demandait  s'il  allait 
violer  le  tabernacle,  étant  monté  dans  la  chaire  épisco- 
pale  et  s'y  asseyant,  il  prit  possession  des  lieux  au  nom 
«le  Monseigneur  Robert  Dauphin.  Les  consuls,  qui  cru- 
rent voir  dans  cette  cérémonie  la  menace  d'une  réac- 
tion, se  hâtèrent  de  mettre  leur  ville  sous  la  sauve- 
garde du  roi  en  arborant  les  fleurs  de  lis;  mais  Rodri- 
gue, pour  qu'il  n'y  eût  pas  d'équivoque,  fîtôter  lepennon 
de  France  et  mettre  à  la  place  celui  des  dauphins  d'Au- 
vergne1. 

Après  cela  il  laissa  garnison  à  Àlbi  et  s'en  alla  mettre 
lesiège  devant  les  places  que  tenaient  encore,  aux  envi- 
rons, plusieurs  seigneurs  du  parti  de  Casilhac.  Flotard 
de  Bar,  chevalier,  sommé  de  rendre  la  forteresse  de 
Montirat,  ayant  dédaigné  les  menaces  du  capitaine,  eut 
sa  terre  mise  à  feu  et  à  sang,  cl  perdit  son  château  de 
Bar,  qui  devint  un  repaire  de  plus  pour  les  routiers*. 
Puis  ceux-ci  ne  tardèrent  pas  à  trouver  l'Albigeois  in- 
suffisant pour  leur  consommation,  et  ils  se  jetèrent  à 
droite  età  gauche  sur  les  sénéchaussées  environnantes. 
Rodrigue  en  personne  conduisit  une  expédition  sur  les 
bords  de  l'Aude,  prit  Villegailhène,  Conques,  Yille- 
mouslanson,  et  poussa  jusqu'à  un  quart  de  lieue  de 
Carcassonne,  où  peu  s'en  fallutqu'il  n'entrât.  La  corn* 
raune  s'étanl  armée  précipitamment  lui  tît  rebrousser 

1  Plaidoirie  de  Luiltiçr,  du  10  juillet  1438. 

*  Plaidoirie  do  Luillier  du   I     septembre  I  '< ."'.'. 


Dl     VIII  INDR  \Mhi.  1",] 

chemin,  mais  sans  que,  celte  fois,  i!  tâchai  ses  prison- 
niers  ni  perdîl  une  seule  tête  du  bétail  que  sa  compa- 
gnie chassai)  devant  elle1. 

Les  Lrois  sénéchaussées  de  Beaucaire,  Carcassonne  et 
Toulouse,  atterrées  de  ces  ravages,  réunirenl  leurs  États 
à  Béziers  au  mois  de  novembre".  Le  duc  de  Bourbon, 
<|iii  venait  d'acheter  de  son  beau-frère  L'engagement  de 
ne  point  envahir  l'Auvergne",  envoya  des  ambassadeurs 
à  l'assemblée  de  Béziers  pour  se  justifier  d'avoir  pro- 
curé ces  hôtes  funestes  au  Languedoc.  Son  excuse  était 
dans  la  détresse  de  Robert  Dauphin,  son  oncle4.  La 
déclaration  d'un  si  grand  seigneur  fut  acceptée  sans 
contesté.  On  écouta  ensuite  avec  effroi  les  rapports 
envoyés  de  divers  points,  qui  tous  attribuaient  à  Ro- 
drigue  L'intention  formelle  de  chevaucher  le  Languedoc 
«  en  long  et  en  travers,  jusqu'à  totale  destruction5:  » 
Le  résultat  «les  délibérations  fut  qu'on  lui  députerait 
PonsGuilhem,  seigneur  de  Glermont-Lodève,  en  com- 
pagnie  d'un  chambellan  du  duc  de  Bourbon,  là  pré- 
sent; que  ces  envoyés  tâcheraient  de  le  disposer  à  un 

1  Bouges,  Histoire  civile  et  ecclésiastique  de  la  ville  de  Carcassonne, 
p.  274. 

1  Vaissete,  Histoire  de  Languedoc.  I.  IV,  p.   186. 

"•  11  est  spécifié  dans  l'étal  de  répartition  de  l';iido  votée  par  les  Étals 
il-  la  Basse-Auvergne,  assemblés  à  Clermonl  en  décembre  1436,  qu'une 
somme  de  quatre  mille  livres  fut  allouée  au  duc  «  pourluiaydierà  paieret 
contenter  Rodigo  de  Villandrando,  cappitaine  de  gêna  d'armes  et  de  trait, 
'■t  sa  compaigi  ie,  estans  en  Ubigois,  affin  que  à  leur  retour  ilz  ne  passent 
par  ledit  pais.    Bibl.  nat.  Vis.  [r.  26062,  cote  5055. 

■  Plaidoirie  d<  Rapioul  pour  Robert  Dauphin,  du  27  avril  I  i."'.». 

5  Ci-après,  Pièces  justificatives,  a  \i\.  Les  mêmes  termes  sont  répétés 
dans  un  grand  nombre  de  quittances  de  la  Collection  des  titres  scellés  et 
du  Cabinel  des  titres  delà  Bibliothèque  nationale,  dont  le  volume  cix  de 
li  Collection  de  Languedoc  conli-'iil  des  copies,  fol.  168  .'i  17-.' 


\  n    ni.  ii  o  i»  ni  G  i  i: 

., ,  miiiiMt  Iciiiriii  en  lui  offranl  cinq  cents  vieux  écus 
,l'or  ,,01U.  lui,  ci  deux  cents  autres  écus  pour  son  beau- 
ln\!V  (.|  lieutenant  le  bâtard  de  Bourbon  ;  enfin  que  le 
sénéchal  de  Beaucaire  et  Jean  de  Carmaing  se  tiendraient 
prêts  avec  les  miliees  du  pays,  dans  le  cas  où  les  pro- 
posai ions  pacifiques  seraient  repoussées1. 

Rodrigue  pril  l'argent  volé  par  les  Etals  et  consentit 
,'i  évacuer  immédialenicnl  l'Albigeois,  niais  en  laissant 
«>arnison  dan-  1»'-  châteaux  que  lui  avait  livrés  Robert 
Dauphin,  eten  opérant  sa  retraite  par  un  chemin  qui 
n'était  pas  celui  d'un  homme  décidé  à  quitter  de  sitôt 
le  Languedoc.  On  dirait  qu'il  lui  revint  mémoire  d'an- 
ciennes créances  qu'il  avait  -ni  le  roi,  et  que  son  inten- 
tion lui,  avant  daller  plus  h  un,  de  s'adjuger  des  garan- 
ties par  la  saisie  d'un  gage.  C'est  sur  le  château  de 
Cabrières,  qui  faisait  partie  du  douaire  de  la  reine,  qu'il 
porta  ses  \  ues 

Pour  des  batteurs  d'estrade  rien  n'étail  au-dessus  de 
cette  forteresse;  car  elle  commandait  les  chemins  suivis 
pour  se  rendre  du  centre  de  la  France  aux  foires  de 
lY-zenas  et  de  Monlagnac,  c'est-à-dire  au  seul  (\c>  grands 
marchés  du  royaume  qui  continuai  d'être  fréquenté 
pendant  ces  années  de  désolation.  L'un  des  beaux  exploits 
de  Valette  fut  d'avoir  enlevé  par  surprise  le  château  de 
Cabrières  en  1  i-503  :   mais  la  surveillance  avait  redou- 

;   Yaissele,  Histoire  de  Languedoc,  t.  I\,  p.   is'>. 
es  justifii  atii es,  n   \i.\ii. 

■  Viiisselc,  t-  IV,  p.  170.  I  ne  ordonnance  rie  paiement  sur  le  trésor 
royal,  en  date  du  18  septembre  1  i.ti.  représente  le  château:  de  Cabrières 

co n' une  «  trè>  notable  place;  niesniement  qu  il  est  fort  envié  d'au- 

i  un  -,  de  leur  vouleuté  desraisoiinahle  lendans  à  l'avoir  en  leurs  mains  par 


Dl    flLLANDRANDO  •  133 

blé  à  la  suite  lit;  cel  événement.  Sepl  sergents,  installés 
là  comme  des  colons  militaires,  gardaienl  chacun  une 
partie  de  l'enceinte  -nus  le  commandement  d'un  vail- 
lant capitaine,  appelé  Jean  de  Loupiac,  el  avec  le  con- 
cours d'une  garnison  qui  no  montai!  pas  à  moins  de 
quatre  cents  hommes,  tous  combattants  d'élite1. 

Rodrigue  renia  pendanl  deux  mois  el  demi  autour  de 
la  place,  .-ans  parvenir  à  tromper  la  vigilance  d'aucun 
doses  défenseurs.  Il  ne  réussit  qu'à  répandre  la  (erreur 
dans  les  environs  el  jusque  dans  Béziers.  Celte  ville, 
persuadée  que  c'était  à  elle  qu'il  en  voulait,  se  mit  sous 
la  tutelle  d'une  sorte  de  dictateur  qu'elle  chargea  de 
diriger  les  opérations  de  son  comité  de  défense*.  L'ap- 
proche du  roi  qui  s'avança  jusqu'à  Clermont,  et  celle 
de  l'armée  provinciale  amenée  par  le  sénéchal  de  Beau- 
caire,  mirent  lin  à  toutes  les  menaces. 

L.s  compagnies  évincées  du  Bas-Languedoc  se  re- 
trouveront toul  à  l'heure  dans  le  Berri.  Avant  de  les  y 
suivre,  il  est  bon  d'indiquer  ce  que  lit  une  autre  bande 
de  Rodrigais,  attachée  à  l'escorte  qui  ramena  Robert 
Dauphin  dans  son  diocèse. 

Plusieurs  mois  s'écoulèrent  entre  la  soumission 
d'  Ubi  et  le  retour  de  l'évêque restauré,  pane  que,  Ber- 
nard de  Casilhac  s'étant  enfermé  dans  le  château  de 

emblée  ou  autrement;  et  s'en  sont  vantez ,  ainsi  que  nous  en  sommes 
informez;  el  s'ils  l'avoient,  gratis  inconveniens  et  dommaiges  en  pour- 
roient  avenir.  »  Cabinet  des  titres  de  la  Bibliothèque  nationale,  dossiei 
Loupiac. 

1  Quittance  de  Maurigon  de  Loupiac,  frère  et  lieutenant  de  Jean  de 
Loupiac,  chargé  delà  procuration  des  sept  sergents  du  château  doCabnères 
pour  toucher  leurs  gages  échus  (27  avril  liSi).  Cabine!  des  titres.  1.  c. 

-  Ci-après,  Pièces  jiutificatives,  n   xlvi. 


IV,  VIE   DE   RODRIGUE 

Cordes  avec  une  forle  garnison,  lloberl  Dauphin  ne 
voulut  se  montrer  que  lorsqu'il  sérail  en  mesure  de 
chasser  de  là  son  compétiteur.  Ses  amis  embauchèrent 
;'i  son  service  bon  nombre  d'aventuriers  parmi  lesquels 
un  corps  d'Ecossais,  cl  ce  détachemenl  des  compagnies 
du  castillan,  donl  on  vient  déparier,  loul  cela,  joinl  à 
quelques  escouades  de  la  retenue  du  roi,  forma  une  pe- 
tite armée  donl  les  sénéchaux  du  Languedoc  prirenl  le 
commandement. 

Vu  l'intervention  des  autorités  de  la  province,  on 
aurail  pu  croire  que  les  choses  se  passeraient  avec  une 
certaine  décence  :  mais,  loin  que  la  présence  de  ceshauts 
personnages  imposât  aux  routiers  la  moindre  retenue, 
c'est  au  contraire  le  dérèglement  des  routiers  qui  ga- 
gna les  officiers  du  roi  cl  leur  suite. 

11  fallut  assiéger  el  prendre  de  vive  force  le  château 
de  Cordes.  Les  compagnons,  comme  les  appelle  le  nar- 
rateur de  qui  nous  tenons  ces  détails,  les  compagnons 
s'y  précipitèrent  avec  la  certitude  que  la  rançon  de  Ca- 
silhacallail  leur  rapportera  chacun  cent  moutons  d'or 
pour  le  moins.  Quelle  ne  fut  pas  leur  déconvenue!  Ca- 
silhac  s'était  évadé.  Quand  ils  en  furent  certains,  ils 
passèrent  sur  le  mobilier  du  château  leur  rage  de  se 
voir  ainsi  frustrés  ;  puis,  étant  descendus  dans  la  ville, 
ils  accompagnèrent  dans  les  rues,  avec  mille  dérisions 
el  blasphèmes,  le  sénéchal  de  Toulouse,  qui  s'était  ridi- 
culement accoutré  des  babils  d'église  du  fugitif,  sa 
tôle  coiffée  d'un  grand  chapeau  en  guise  de  mitre. 

Robert  Dauphin,  honteux  de  leurs  comportements, 
lit  sans  eux  son  entrée  dans  Àlbi;  mais  des  inquiétudes 


DE    Mil  \M«l;  \M"i  155 

qu'il  eut  bientôt  l'obligèreni  de  les  appeler  à  son  aide 
Introduits  de  nuil  dans  la  ville,  ils  prirent  domicile 
chez  les  bourgeois  en  forçant  les  portes  el  en  faisant, 
la  plupart*  sauter  les  maris  par  les  fenêtres.  Ils  exigè- 
rent ensuite  la  levée  d'utle  forte  contribution  pour 
leur  être  distribuée  :  nonobstant  quoi  ils  rançonné- 
renl  chacun  leur  bote  au  moment  de  leur  départ1. 

Voilà  quel  fui  le  cérémonial  à  l'usage  des  acolytes 
du  comte  Rodrigue  pour  introniser,  au  milieu  de  ses 
ouailles,  un  pasteur  en  Jésus-Cbrist.  Ceux  de  la  même 
église  qui  gratifièrent  le  Bcrri  de  leur  visite  étaient  des* 
tinés  par  leur  clef,  ainsi  qu'on  va  le  voir,  à  des  œuvres 
tout  aussi  peu  orthodoxes,  quoique  de  l'ordre  pure- 
ment temporel. 

L'intention  de  Rodrigue  en  entrant  dans  le  Berri 
était  de  traverser  cette  province  et  de  traverser  aussi 
la  Touraine  pour  se  rendre  quelque  part  où  il  se  disait 
pressé  d'arriver.  On  ('lait  dans  les  premiers  jours  de 
l'année  1  iôT  qui,  suivant  l'usage  de  ce  temps-là,  avait 
commencé  à  Pâques,  et  Pâques  en  1457  fut  le  51  mars. 
Qi inique  le  but  du  voyage  demeurât  le  secret  du  capi- 
taine, cependant  tout  le  monde  dans  son  camp  savait 
l'itinéraire,  de  sorte  que,  divulgué  au  dehors  et  répété 
de  bouche  en  bouche,  on  le  sut  à  Tours  lorsque  la  com- 
pagnie n'était  encore  qu'à  La  Châtre.  Désespérés  de  cette 
nouvelle  qui  venait  au  moment  le  plus  fàcbeux,  le  roi 
ni  le  daupbin  n'étant  dans  le  pays,  les  habitants  de 
Tours  supplièrent  la  reine  et  la  dauphine  d'intercéder 

1  Plaidoirie  de  Luillier,  du  1  i  juillet  1438.  Voy.  ci-dessus,  p.   127, 
note  1. 


156  VIE    DE    RODRIGUE 

pour  eux  auprès  du  redoutable  visiteur  qu'ils  ne  con- 
naissaient que  trop,  ayant  eu  deux  fois  déjà  affaire  à 
lui.  Les  daines  écrivirent  en  effet.  Leur  lettre,  portée  à 
La  Châtre,  fui  reçue  du  comte  Rodrigue  avec  une  cour- 
toisie toute  chevaleresque.  11  déclara  au  messager  que, 
malgré  l'importance  de  son  dessein,  il  renonçait  à  pas- 
ser par  la  Touraine  pour  l'honneur  et  révérence  qu'il 
devait  à  de  si  grandes  dames;  que,  d'ailleurs,  il  était 
bien  aise  de  donner  cette  marque  de  déférence  au  dau- 
phin, dont  il  se  dit  être  le  serviteur  et  l'obligé.  A  l'appui 
de  ces  paroles,  il  écrivit  une  aimable  lettre  en  réponse 
à  celle  qu'il  avait  reçue  l. 

A  quinze  jours  de  là,  il  y  eut  à  Tours  une  nouvelle 
alerte.  On  apprit  que  les  routiers,  au  lieu  de  s'éloi- 
gner suivant  la  promesse  de  leur  capitaine,  étaient  ve- 
nus camper  à  Chàtillon-sur-Indre,  à  huit  lieues  de  Lo- 
ches. La  reine  et  sa  belle-tille  écrivirent  encore,  et  leur 
lettre  remise  cette  fois,  non  plus  à  Rodrigue  de  Villan- 
drando  qui  était  absent,  mais  au  bâtard  de  Bourbon, 
son  remplaçant,  amena  la  retraite  déiinitive  delacom- 
pagnie.  Après  trois  jours  d'hésitation  et  d'attente,  elle 
rebroussa  chemin  tout  d'une  traite  jusqu'au  bourg  de 
Déols,  à  coté  de  Chàteauroux  ;  puis  delà  elle  se  mit  en 
marche  vers  le  Bourbonnais2. 

Son  passage  fut  signalé,  comme  à  l'ordinaire,  par 
de-  pilleries,  par  des  rançonnements,  par  des  incen- 
dies. Même,  il  y  eut  quelque  chose  de  plus.  L'œuvre  de 
malfaisance  fut  couronnée  par  un  meurtre  qui  eut  plus 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n   xlyiii, 
■:  Ibid. 


DE    Vil  LANDR  LNDO  137 

de  retentissement  à  lui  seul  que  le  massacre  de  cenl 
personnes.  Dans  un  combat  ou  dans  une  embuscade, 
Giraud  de  Goulas,  bailli  de  Berri  lui  tué,  tué  de  la 
main  d'un  homme-d'armes  espagnol  renommé  dans  la 
compagnie,  et  que,  parce  qu'il  avait  le  même  prénom 
crue  son  chef,  on  appelait  \e petit  Rodrigue1. 

Mais  la  circonstance  tout  à  fait  aggravante  de  cette 
dévastation  l'ut  d'avoir  été  osée  au  cœur  même  du 
royaume,  dix-huil  mois  après  une  pacification  d'où  l'on 
avait  été  en  droit  d'attendre  le  rétablissement  de  la 
sécurité,  pour  le  moins  autour  des  résidences  royales. 
Une  preuve  si  frappante  que  les  maux  dont  on  avait 
souffert  pendant  tant  d'années  n'étaient  pas  encore 
parvenus  à  leur  terme  souleva  l'opinion.  Même  dans  le 
monde  officiel,  on  ne  se  contraignit  plus  pour  dire  la 
lassitude  qu'on  éprouvait. 

Cette  disposition  des  esprits  fui  ^i  marquée,  qu'il  en 
a  passé  quelque  chose  jusque  dans  la  chronique  de 
Jean  Chartier.  Cel  auteur,  qu'on  peut  appeler  le  pané- 
gyriste quand  même  de  Charles  VII,  retraçant  la  si- 
tuation du  royaume  en  ce  temps-là,  se  laisse  aller  à  dire 
que,  plus  un  homme  de  guerre  était  en  force  pour  dé- 
valiser les  pauvres  gens,  mieux  il  était  posé  pour  obtenir 
du  roi  tout  ce  qu'il  voulait  \ 

Mais  c'est  surtout  sur  nos  paysans  de  la  France  cen- 
trale «pie  ce  retour  du  désordre  lit  impression.  Il  les 

•  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  i.i. 

-  «  Qui  povoit  avoir  plus  de  gens  sur  les  champs  et  |»!us  povoit 
pillier  et  rober  les  povres  gens  estoit  le  plus  craint  et  le  plus  doubté,  el 
qui  plus  lost  east  obtenu  quelque  chose  du  roy  de  France  que  nul  autre.  » 
K.lii.  Vallef  de  Viriville,  t.  ï,  p.  Ml. 


[3g  V 1 1:    DE  RODRIGUE 

plongea  dans  un  sombre  désespoir.  Ils  se  persuadèrent 
qu'on  les  abandonnait,  de  parti  pris,  aux  ravageurs,  et 
qu'il  fallait  attribuer  à  une  odieuse  préméditation  l'in- 
différence des  autres  classes  à  leur  égard  et  l'inaction  du 
gouvernement,  lorsque  pourtant  ils  payaient  ce  gou- 
vernement si  cher  pour  être  protégés  par  lui.  De  là 
un  ton  d'aigreur,  un  accent  d'hostilité  qui  se  mêla  aux 
plaintes  proférées  dans  les  villages;  et  il  fut  possible  de 
surprendre  çà  et  là  des  menaces  peu  différentes  de 
celles  par  lesquelles  la  Jacquerie  avait  été  annoncée  au- 
trefois. 

On  peut  saisir  quelque  chose  de  cela  dans  une  com- 
plainte du  temps,  dont  un  couplet  a  ici  sa  place  mar- 
quée parce  qu'il  y  est  question  de  Rodrigue,  ou  plutôt 
de  ses  hommes1  : 

Hélas,  sans  plus  vous  dire,  hélas, 

Comment  peuvent  penser  créatures 

Qui  bien  advisent  noz  figures 

Et  ont  sens  et  entendement, 

Et  nous  voyent  nudz  par  les  rues, 

Aux  gelées  et  aux  froidures, 

Nostre  poure  vie  quérant  ? 

Car  nous  n'avons  plus  rien  vaillant, 

Comme  aucuns  veullenl  langaiger. 

Hz  s'en  sont  très  mal  informez'; 

Car  s'ilz  pensoient  bien  en  Rodigues 

1  Celle  pièce,  qui  a  pour  titre  :  La  complaincte  ou  les  hélas  du  poure 
commun  et  il  s  /mures  laboureurs  de  France,  a  été  fourrée  par  inlerpo- 
I. il Io ii  dans  le  chapitre  cclxxiv  du  liv.  [•*,  de  Monstrelet,  comme  si  elle 
avait  trait  au  règne  de  Charles  VI.  M.  Douët  d'Arcq,  dans  son  édition,  l'a 
mise  à  la  place  qui  lui  convient,  en  la  rejetant  en  appendice  à  là  fin  du 
Becond  lifre.  Il  esl  évident  qu'elle  n'est  pas  de  .Monstrelet.  C'est  l'œuvre 
d'un  Français,  buji  i  de  Gharles  VII;  un  couplet  établit  qu'on  était  alors 
à  la  quinzième  année  du  règne,  c'est-a-dire  en  1437. 


Dl    VILLAKDRANDO.  [39 

Et  EsCOÇois,  et  li'lli  -  COmplisi 

El  es  \  vers  qui  sont  passez, 
El  aultres  voyes  forl  oblicques 
Iiiuit  teus  estatz  nous  son!  relicques, 
1  omme  chascuo  nous  a  plusmé  : 
11/  seroyent  bien  hérétic  [nos, 
Se  ilz  peusoyent  en  leur-  oices 
Que  il  nous  fusl  riens  demouié. 

I  es  protestations  d'un  prosaïque,  mais  violent  déses- 
poir, sont  adresséesaux  prélats,  aux  seigneurs,  aux  gens- 
d'armes,  aux  bourgeois,  aux  marchands,  aux  avocats, 
à  tous  ceux,  en  un  mot,  que  leur  condition  préservait 
des  angoisses  de  la  misère.  La  fin  est  une  menace  : 
«  Faites  attention  à  cette  complainte  Si  vous  regardez 
«  bien  ce  qu'il  y  ,1  au  fond,  nous  est  avis  que  vous  verrez 
«  de  vos  yeux  que  le  feu  u'esl  pas  loin  de  vos  demeu- 

»    ces1  .  » 

Nous  avons  laissé  le  comte  de  Uibadeo  annonçant  la 
résolution  de  traverser  la  Tou raine.  11  esl  temps  de 
dire  ce  qu'il  pensait  faire  en  prenant  ce  chemin. 

Plusieurs  princes  du  sang,  mécontents  de  ce  que 
i  ute  l'autorité  appartenait  à  Charles  d'Anjou  depuis  la 
chute  de  la  Trémoille,  s'étaient  donné  le  mot  pour 
tenir  un  conciliabule  à  Angers,  au  mois  de  mai  1  137. 
Le  duc  de  lSourbon  conduisait  cette  intrigue,  secrète- 
ment élaborée  sous  le  couvert  du  mariage  de  sa  fille 


1  Voici  le  texte  : 


Vous  |ilai^e  penser  aucun  poj 
En  ccsir  complaini  te  amère; 
tt  si  v < m-  bien  y  nd\  isi  l, 
Nous  cuidons  que  appercevi  / 

Et  que  vous  voirrez  par  vos  yculx 
Le  feu  Lien  près  de  vos  lio?leulz. 


HO  VIE    DE    RODRIGUE 

avec  le  fils  de  René  d'Anjou.  Rodrigue  arrivant  comme 
par  hasard  en  vue  de  la  ville  où  s'agitaient  les  complo- 
teurs, il  eût  pu  se  faire  que  l'insurrection  qui  eut  lieu 
trois  ans  plus  tard  éclatai  dès  ce  moment;  et  cela  est 
si  vrai,  que  les  forces  du  castillan  n'étaient  pas  les 
seules  qu'on  si1  fût  ménagées.  Jacques  de  Chabannes, 
le  frère  du  capitaine  des  Écorcheurs,  avait  reçu  l'ordre 
du  duc  de  Bourbon,  son  seigneur,  de  faire  alliance  avec 
le  comte  de  Ribadeo  pour  joindre  au  besoin  les  gens 
d'armes  qu'il  entretenait  à  ceux  que  l'autre  amenait  du 

midi1. 

Faut-il  croire  que  l'entreprise  fut  rompue  par  le 
billet  de  la  reine,  qui  arrêta  le  flot  des  routiers  à  deux 
journées  de  Tours?  Non,  car  il  eût  été  facile  de  leur 
faire  gagner  l'Anjou  sans  passer  par  la  Touraine  ;  mais 
il  est  probable  que  Rodrigue,  qui  était  certainement  à 
Angers-  lorsque  le  messager  de  la  reine  se  présenta  au 
camp  de  Ghâlillon,  fit  savoir  dans  le  même  temps  au 
bâtard  de  Bourbon  que  le  secret  de  la  coalition  avait 
transpiré,  et  qu'il  était  nécessaire  de  prendre  le  large. 

En  effet,  le  roi  revenait  alors  de  Montpellier,  parlant 
en  termes  irrités  devant  qui  voulait  l'entendre,  tant  du 
duc  de  Bourbon  que  de  son  beau-frère  le  routier:  et 
son  courroux  ne  se  traduisait  pas  seulement  en  paroles, 
car  lui,  d'ordinaire  si  irrésolu,  si  ennemi  des  actes 
significatifs,  on  l'avait  vu  ramasser  par  le  Languedoc  et 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n"  \n\. 

*  Le  héraut  Béni,  <[ui  se  tait  sur  l'intrigue  des  princes  du  snng,  dit 
seulement  que  Rodrigue,  en  apprenant  l'approche  du  roi,  «  partit  hasti- 
veinent  des  (nus  de  Touraine  et  iï Anjou,  où  il  estoit  aie  pour  piller  le 
peuple.  »  Dans  Godefroy,  p.  ">9.'». 


ni.  \  ni  wm;  \mmi.  in 

embrigader  à  son  service  tous  les  aventuriers  qu'il  ;i\;iii 
trouvés  sans  occupation  ou  sans  maître,  informanl  sur 
-un  passage,  recueillanl  dans  chaque  localité  les  innom- 
brables plaintes  portées  contre  Rodrigue  el  ses  gens, 

comme  s*il  fût  pris  plaisir  à  se  former  au  sujet  de  cet 
homme  un  trésor  infini  d'indignation  el  décolère.  Ile 
Saint-Flour,  il  lui  en  un  clin  d'oeil  à  Clermont,  de 
Clermont  à  àigueperse,  puis  à  Montmaraull  où  il 
campa  lorsque  les  routiers,  attardés  par  leur  chef  qu'ils 
avaient  attendu,  ne  faisaient  que  poser  le  pied  en  Bour- 
bonnais. Us  étaient  alors  à  Saint-Àmand1. 

Charles  VII  cependant  n'avait  pas  encore  fait  con- 
naître le  fond  de  sa  pensée.  Voulail-il  seulement  sur- 
v ciller  la  marche  de  Rodrigue,  voulait-il  l'empêcher  de 
prendre  domicile  sur  les  terres  du  duc  de  Bourbon  ? 
Pendant  que  les  deux  partis,  arrêtes  à  seize  lieues  l'un 
de  L'autre,  attendaient  réciproquement  de  leurs'  nou- 
velles, un  détachement  de  routiers,  envoyé  en  reconnais- 
sance, rencontra  aux  portes  d'Hérisson  les  fourriers  et 
autres  domestiques  du  roi  qui  venaient  préparer  son 
logis.  Sans  respect  pour  la  livrée,  ces  maraudeurs  bat- 
tirent les  hommes  et  tirent  proie  du  bagage.  Le  roi, 
pour  le  coup,  éclata  ;  il  donna  l'ordre  d'une  répression 
aussi  prompte  qu'énergique,  et  sur-  le-champ  son  armée 
s'ébranla  :  grosse  année  de  quatre  mille  hommes  de 
trait  et  de  plus  de  cinq  cents  chevaliers2.  Voilà  Rodri- 
gue de  Villandrando  placé  dans  l'alternative  de  tirer 
l'épée  contre  sou  souverain  d'adoption  ou  de  fuir. 

1  Chronique  de  Berrii 
-  i  [ironique  île  Bërri. 


I  ;j  V1K  DE   RODRIGUE 

Il  fuit,  mais  -mis  tourner  le  dos.  Plus  au  fait  du 
pays  que  h  s  i  apitaincs  du  roi,  il  passa  au  milieu  d'eux, 
alla  chercher  le  passage  de  l'Allier  à  Varcnne,  celui  de 
la  Loire  à  Roanne,  celui  de  la  Saône  en  face  de  Tré- 
voux1. Là  exislail  un  bas-fond  qu'il  connaissail  pour 
s'en  rire  servi  maintes  fois  dans  le  temps  des  guerres 
avec  la  Bourgogne;  là  était,  pour  les  gens  en  danger, 
['une  des  issues  du  royaume  de  France  sur  les  terres 
de  l'Empire,  et  sur  une  portion  de  ces  terres  qui  ap- 
partenait au  duc  de  Bourbon.  Il  y  précipita  ses  esca- 
drons, et  réussit  à  mettre  loul  son  monde  en  sûreté, 
longtemps  avant  que  les  troupes  royales  parussent  sur 
l'autre  bord  de  la  rivière. 

il  n\  cul  pas  de  soumission  que  ne  fissent  les 
princes  compromis  dans  l'intrigue  d'Angers,  quand  ils 
virent  la  façon  dont  Charles  VII  procédait  à  l'égard  de 
leur  complice.  Charles  de  Bourbon,  à  qui  la  peur  lit 
épuiser  toutes  les  formes  de  l'humilité,  s  empressa  d'al- 
ténucr  pur  un  désaveu  les  griefs  que  la  conduite  de 
son  beau-frère  faisait  peser  sur  lui.  Mais  le  roi  voulut 
davantage.  11  exigea  la  rupture  immédiate  de  toute 
alliance  contractée  entre  Rodrigue  et  les  sujets  du  duc, 
avec  le  serment  de  n'eu  plus  jamais  souffrir  de  sembla- 
bles. Jacques  '!<•  Chabannes  et  le  bâtard  de  Bourbon, 
rappelés  par  son  ordre,  vinrent  avec  leurs  gens-d'armes 
prendre  place  dans  une  armée  rassemblée  sous  ses  yeux 
pour  la  conquête  du  Câlinais;  cl  après  qu'il  les  eut 
vus  s'éloigner,    il   déclara    par    un   édil    Rodrigue  de 


1  i  i-aj  justificatives,  n    xj  ix 


DE   Mil.  IMHl  LNDO.  141 

Villandrando  banni  de  son  royaume*,  défendanl  à  loute 
personne,  et  nommémenl  aux  princes  du  sang,  de  lui 
accorder  aide,  proteetioi  ni  confort,  donnanl  en  outre 
autorisation  à  quiconque  de  courir  9usà  ses  routiers, 
s'ils  reparaissaient  sur  le  territoire,  el  de  les  tuer  comme 
bêles  nuisibles2.  Il  partit  ensuite  pour  aller  comman- 
der le  siège  deMontereau,  par  un  usage  spontané  de  sa 
puissance  qu'on  ne  lui  avait  point  vu  Paire  jusqu'alors: 
comme  s'il  eût  trouvé  du  courage  contre  l'étranger, 
dans  le  sentiment  de  ce  qu'il  venait  d'oser  contre  les 
ennemis  de  l'ordre. 

La  saison  fut  mauvaise  pour  les  Rodrigaisà  In  suite 
de  l'édit  rendu  contre  eux.  Plusieurs  de  leurs  bandes, 
qui  refluèrent  sur  l'Auvergne,  furent  contraintes  de 
s'en  éloigner  bientôt,  parce  qu'il  se  forma  contre  elles 
une  alliance  offensive  et  défensive  de  la  province  avec 
le  Velay  et  le  Gévaudan.  Les  populations,  pour  s'affran- 
chir, étaient  déterminées  à  faire  flèche  de  tout  bois.  Des 
fonds  alloués  par  les  Etats  provinciaux  pour  améliorer 
la  navigation  de  l'Allier  servirent  à  payer  une  partie 
de  la  dépense  occasionnée  par  celte  confédération  \ 
Qu'on  juge  des  périls  de  la  retraite  exécutée  au  milieu 
d'un  pareil  soulèvement  !  Les  vengeances  privées,  qui 
n'avaient  pas  besoin  d'encouragement  pour  s'exercer, 


1  D.  Plancher,  Histoire  de  Bourgogne,  t.  IV,  p.  232,  prétend  que 
Villandrando,  Chabannes  et  le  bâtard  de  Bourbon,  furent  bannis  par  ar- 
rêt ilu  Parlement  il'1  Paris.  C'est  probablement  une  fausse  interprétation 
du  témoignage  de  Berfi,  qui  se  borne  à  dire  :  «  Et  fist  le  rov  bannir  ledil 
Rodiiiues  bors  de  son  rojaulme.  » 

3  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  lu  etj.iv. 

n  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n  i.. 


1 41  VIE  DE   RODRIGUE 

se  multiplièrent  en  raison  de  l'impunité  qui  leur  était 
garantie,  et  les  traînards,  les  hommes  d'ordonnance, 
les  maraudeurs,  tous  ceux  qui  s'écartaient  pour  une 
cause  ou  pour  une  autre,  durent  s'attendre  à  périr 
misérablement. 

Les  plus  exposés  lurent  ceux  des  détachements  que 
le  grand  chef  avait  laissés  derrière  lui  pour  garder  un 
certain  nombre  de  positions  aux  abords  de  la  Guienne 
et  du  Languedoc.  Une  véritable  chasse  fut  organisée 
contre  eux  entre  les  gentilshommes  et  les  paysans,  au- 
tant qu'on  put,  on  les  noya  par  crainte  des  représailles 
que  la  découverte  de  leur-  cadavres  aurait,  pu  attirer  sur 
les  localités.  La  Dordogne,  le  Lot  et  leurs  affluents  lu- 
rent le  tombeau  d'un  grand  nombre  de  ces  victimes 
isolées1;  d'autres  lurent  accrochés  aux  gibets  des  com- 
munes ou  des  justices  seigneuriales2.  Le  Petit  Rodrigue 
périt  assassiné  près  de  Lecloure,  sous  la  sauvegarde  du 
comte  d'Armagnac  dont  un  héraut  l'accompagnait.  Le 
frère  du  bailli  de  Berri,  qu'il  avait  tué,  lui  donna  de 
l'épée  dans  le  dos  et  n'en  eut  pas  d'autre  souci  \ 

Qui  ne  se  serait  attendu  à  voir  le  brigandage  en 
baisse  après  une  si  rude  correction? C'est  pourtant  le 
contraire  qui  eut  lieu.  La  saison  qui  suivit  fut  signalée 
par  une  recrudescence  de  ce  fléau.  Les  Écorcheurs  se 
multiplièrent,  et  des  hommes   illustrés   par  les  plus 

1  Ci-nprôs,  Pièces  justificatives,  a    lu  et  nv. 

-  Exécution  de  huit  hommes  de  guerre  delà  compagnie  de  Rodrigue, 
condamnés  par  le  bailli  de  Mâcon  à  être  pendus  comme  infracteurs  de 
la  paix,  à  la  fin  de  1437.  Garnier,  Inventaire  sommaire,  etc.,  t.  Il, 
p.  2H. 

3  Ci-apri  .  Pi  cet  justifù  atives,  u   u. 


DE  vi  il  vmh;  wimi.  145 

glorieux  exploits,  un  Poton  de  Xainlrailles,  un  Bern  ird 
d'Armagnac,  un  Louis  de  fieuil l,  n'eurenl  pas  scrupule 
de  se  mettre  à  la  tête  de  ces  bandits,  en  concurrence 
avec  les  capitaines  sans  av<  u.  Louis  de  Beuil  pril  même 
le  commandement  général  de  tons  le-  Ecorcheurs  . 
D'autres  bandes,  d'obédiences  diverses,  se  trouvèrenl 
formées  à  poinl  nommé  pour  occuper  les  cantonne- 
ments du  midi  délaissés  par  les  Rodrigais,  el  1rs  Rodri- 
gais  eux-mêmes,  rentrés  sur  le  terril  >ire  rrançais, 
donnèrent  aussi  toi  la  preuve  que  rien  n'étail  changé 
pour  eux  que  le  lieu  de  leurs  déprédations. 

A  la  lin  de  I  i~>7,  ils  partageaient  fraternellement 
avec  les  Ecorcheurs  la  (routière  champenoise  de  la 
Bourgogne.  Nous  les  trouvons  campés  dans  la  vallée  des 
Riceys3.  Le  bâtard  de  Bourbon,  en  dépit  de  ses  ser- 
ments, est  venu  se  remettre  avec  eux,  et  leur  nombre 
doit  s'augmenter  bientôt  d'un  nouveau  contingenl  qu'a- 
mène le  comte  de  Pardiac.  Ils  ont  concerté  à  eux  trois, 
Pardiac,  Rodrigue  et  le  bâtard  de  Bourbon,  nue  irrup- 


1  Journal  de.  Parts,  ad  ann.  1438. 

-  Tuetey ,  Les  Ecorcheurs  toits  Charles  17/.  1. 1,  p.24,  Dote.  Le  douzième 
compte  de  Mahieu  Begnault,  aux  Archives  de  la  Côte-d'Or  (fol.  88  v°), 
contient  la  mention  plus  détaillée  du  fait  rapporté  par  H.  Tuetey,  à  propos 
d'un  voyage  accompli  par  le  seigneur  Guillaume  de  Saulx  e  pour  aler 
querre  Lo\s  de  Bieuf  [sic),  capitaine  général  de  tous  les  Escorchcurs,  et  le 
faire  venir  à  Dijon  devers  Mgr  de  Saint-Georges,  s  m  parent,  pour  trou- 
ver manière  et  appoinctement,  qui  eust  peu,  avec  ledit  Loys  par  le  moien 
dud.  Mgr  de  Saint-Georges,  de  faire  deslogier  les  liz  Escorcheurs  des  lieux 
de  1/  et  de  Gemeaulx,  et  leur  feire  prandre  aultre  chemin  que  par  le  pais 
de  Hourgongne  -,  combien  que,  quelque  diligence  et  remonslrance  que  l'en 
ait  faicte  audit  Lo\s  de  Bieuf,  le  bastard  de  Bourbon  et  aultres  cnpitaim 
il/  ne  se  vouldrent  désister  de  leur  malvaise  voulenté. 

5  Tuetey,   p.    13,  note;  Garnier,  Inventaire  sommaire  des  archiv  s 
départementales  de  la  Côte-aVOr,  t.  II.  p.  8  (comptes  de  Chaloi 

IÛ 


140  VIE   DE  RODRIGUE 

lion  en  Bourgogne,  donl  ilsfonl  grand  bruit  plusieurs 
semaines  à  l'avance.  En  effet,  des  détachements  d'avant- 
garde  traversent  le  Cliàtillonnais  et  von!  prendre  posi- 
tion autour  'l<i  Dijon,  à  Gémeaux,  à  Is-sur-Thil,  à 
Talmav,  à  Poulailler1,  tandis  que  le  gros  de  la  compa- 
gnie gagne  loul  d'une  traite  le  Maçonnais. 

C'est  au  Maçonnais  effectivement  que  Rodrigue  en 
voulait  pour  le  moment.  Il  n'y  avait  qu'une  voix  là- 
dessus.  Ses  propos  revenaienl  les  mêmes  de  tous  les 
côtés.  Il  fera  il  à  ce  pays,  disnit-il,  plus  de  maux  qu'on 
n'en  y  avait  jamais  éprouvé2.  D'autre  pari,  l'intention 
prêtée  au  comte  de  Pardiac  était  de  conquérir  le  Cha- 
rolais,  ancienne  propriété  de  la  maison  d'Armagnac*. 
Les  voies  de  fait  commencèrent  parla  «  détrousse  »  du 
bailli  de  Màcon,  lorsque  ce  magistral  passail  par  la 
ville  de  Bois  Sainte-Marie  pour  aller  tenir  ses  assises, 
accompagné  d'une  suite  considérable  de  clercs,  de  ser- 
gents ci  d'archers*. 

Envahir  la  Bourgogne  à  main  armée,  lorsque  la 
Bourgogne  avait  repris  ses  attaches  à  la  couronne,  c'é- 
tait offenser  Charles  \ll  plus  gravement  peut-être  que 
si  l'on  se  fûl  attaqué  à  ses  propres  sujets.  11  est  inexpli- 
cable que  li'  comte  de  Pardiac,  alors  l'homme  de  con- 
fiance et  l'ami  du  roi,  soil  entré  dans  une  semblable 


1  Marcel  \ervir  à  V histoire   de  Bour- 

gogne (décembre    I  '■.'<'  ■    1  i~>8),  p.  277   et  270;  Tuelcy,  Les 

i  s  17/.  l.  I.  |>.  21;  Douzième  compte  de  Maltieu 

Regnault,  aux  \rt?liives  de  la  Côle-d'Or,  fol.  8<S,  verso. 

-  Marcel  tianat.  Documents  inédits,  \>    27i,   273,  LJT7. 

"•  Garniei ,  In,  nmaii  e,  l.  II,  p.  211  |  Il  .".us.""!). 

«  Ibid.  il:  51 


DE  Vil  I  W!M;  \Mm)  [41 

entreprise.  Les  choses  toutefois  ne  furent  pas  poussées 
plus  loin  de  sa  part,  non  plus  <pi<i  de  celle  du  comte  de 
Ribadeo.  Grâce  aux  démarches  de  beaucoup  de  grands 
personnages,  qui  voulaient  voir  finir  la  disgrâce  du  cas- 
tillan, celui-ci,  après  avoir  hissé  rendre  par  le  duc  de 
Bourbon  les  chevaux  dérobés  au  bailli  de  Mâcon1,  prit 
subitement  avec  ses  hommes  le  chemin  de  la  Guienne. 

Celle  détermination  semble  avoir  été  motivée  par  la 
perspective  d'une  grande  opération  militaire  à  laquelle 
devait  s'associer  le  gouvernement  de  laCastille.  La  chose 
n'était  encore  qu'à  l'étal  de  négociation;  mais  on  pou- 
vait déjà  regarder  comme  certain  le  concours  d'une 
flotte  espagnole,  qui  inquiéterait  par  mer  les  possessions 
anglaises  du  midi,  tandis  que  les  Français  les  attaque- 
raient par  terre.  En  attendant  que  tout  fût  prêt,  Ro- 
drigue, autorisé  à  lever  contribution  sur  sonpassage*, 
irait  harceler  l'ennemi,  cl  lâcherait  par  d'heureux 
coups  de  main  de  mériter  sa  réhabilitation  publique. 
C'est  pourquoi  son  but  avoué,  en  s'éloignanl  de  la  Bour- 
gogne, fut  d'aller  se  mêler  à  la  guerre  de  partis  qui 
s'était  ranimée  entre  la  Dordogne  et  le  Lot,  aux  confins 
des  pays  d'Agenais,  lVrigord  etQuerci. 

Cette  contrée  était  l'image  de  la  désolation.  Les  capi- 
taines cà  croix  hlanchc  et  les  capitaines  à  croix  rouge 
n'avaient  par  cessé  de  s'y  poursuivre  depuis  la  rupture 
du  traité  de  Brétigny,  de  sorte  qu'elle  en  était  à  sa 
soixante-dixième  année  de  trihulalion.  Qu'on  se  figure 
des  lieux  foulés  de  la  sorte  [tendant  près  de  trois  quarts 

1  Garnicr,  Inventaire  sommaire,  t.  II.  p.  2i  1  (I!  5083). 

i  Vov.  pour  le  palis  du  Gêvauclati.  Pièces  justificatives,  a   un. 


I  ,.  \  Il    DE  RODRIGUE 

tle  siècle.  In  peu  loin  dos  grandes  villes,  surtout  dans 
la  partie  quercinoise ,  il  n'existait  plus  ni  culture,  ni 
chemins,  ni  délimitations  de  propriété,  rien  de  ce  qui 
annonce  un  pays  habité.  Mes  villages  entiers  avaient 
disparu;  Gramat,  ville  autrefois  florissante,  était  ré- 
duite à  sept  habitants;  toutes  les  maisons  y  formaient 
des  tas  de  décombres,  qu'on  avait  fouillés  et  comme 
passés  au  tamis  pour  en  extraire  le  bois.  On  n'y  eût  pas 
trouvé  un  bâton,  de  quoi  lier  une  botte  de  foin1.  Çà  et 
là  seulement  émergeaient,  comme  autant  d'oasis,  quel- 
ques points  plus  favorisés,  qui  étaient  des  positions 
stratégiques  importantes,  et  à  cause  de  cela  incessam- 
ment disputés. 

Les  Anglais  occupant  le  lieu  de  Camboulit  près  li- 
geac,  Rodrigue  partagea  en  deux  sa  petite  armée.  Il  en 
établit  une  partie  sur  la  frontière  du  Limousin,  tandis 
que  l'autre  prit  ses  quartiers  sur  la  rive  gauche  du  Lot, 
à  La  Capelle-Balaguier  et  lieux  circouvoisins.  Cette 
seconde  division  était  sous  le  commandement  de  deux 
chefs  espagnols,  qui  acquirent  par  la  suite  une  certaine 
célébrité  dans  le  pays.  Ils  s'appelaient  Sancho  deTovar 
et  Alonzo  de  Zamora,  autant  toutefois  qu'il  est  possible 
tle  restituer  leurs  noms  travestis  dans  les  documents 
jrançais8.  Ils  sont  les  héros,  et  les  héros  peu  glorieux, 

1  Empiète  sur  l'étal  < i n  pays  en  I  i40,  faile  à  la  poursuite  de  l'abbesse 
de  L'hôpital  d'Issendolus.  Us.  de  l'abbé  de  Fouilhac,  appartenant  à  M.  le 
chevalier  de  Folmont,  <!<•  Cabors. 

2  Xanchon  de  Thouars  et  Alençon  de  Somorre,  dans  la  Pièce  justi- 
ficative, n  i  \i  :  Sanchon  de  Tours  et  Sumorte,  dans  les  Chroniques  ma- 
nuscrites du  Querci,  recueillies  par  l'abbé  de  Fouilhac,  d'après  les  comptes 
de  l'Hôtel  de  ville  de  Cahors.  Ce  S.mche  de  Tovar  a  tout  l'air  d'être  le 
même  qui  devint  guarda  mayor  de  Soria  pour  le  roi  de  Castille  Juan  H. 


DE  VILLANDIUNDO.  149 

.l'une  aventure  qui  se  place  au  début  de  la  campagne. 

A  une  journée  de  marche  de  leur  cantonnement,  au 
delà  du  r.ot .  se,  trouvai  en  I  les  terres  de  Mathurin  de 
Cardaillac,  seigneur  de  Montbrun,  qui  disposait  de 
quelques  hommes-d'armes  à  la  solde  du  roi,  et  à  ce  litre 
était  considéré  comme  gardien  delà  frontière  du  Querci. 
Les  Rodrigais  et  lui  n'avaient  pas  lieu  de  se  chérir.  Ils 
avaient  l'ait  connaissance  à  Albi,  le  seigneur  de  Mont- 
bruns'étanl  prêté  à  défendre  la  neutralité  de  la  Berbie, 
les  Rodrigais  L'ayanl  i  basse  de  celte  forteresse.  D'autres 
griefs  sans  doute  s'ajoutèrent  à  celui-là,  si  bien  qu'une 

bande  c luite  par  Alonzo  de  Zamora  se  jeta  un  jour 

sur  la  terre  de  Cardaillac,  mit  le  feu  à  un  village  qui 
en  dépendait,  et  ne  se  relira  qu'après  avoir  lait  beau- 
coup de  butin  et  des  prisonniers.  Là-dessus  grande  co- 
lère du  seigneur  de  Montbrun,  qui  vint  à  La  Capelle  se 
plaindre  et  demander  restitution  des  objets  volés.  Il 
s'adressa  àSancho  de  Tovar,  qui  était  le  supérieur  d'Â- 
lon/.o  de  Zamora  et  liaient  de  Rodrigue  de  Villandrando. 
Mais  ce  capitaine,  daignant  à  peine  récouler,  lui  déclara 
que  les  prises  de  guerre  ne  se  rendaient  que  pour  de 
l'argent. 

Mieux  eût  valu   restituer   cependant  que    subir    ia 

el  qu'on  voit  figurer  dans  la  Chronique  d'Alvaro  de  Lima  (éd.  Sancha. 
p.  594),  comme  seigneur  de  Car.icena  et  de  Cenizo,  parmi  les  gentils- 
hommes de  la  frontière  aragonaise  les  plus  dévoués  au  connétable.  Pour 
Zamora,  il  pourrait  bien  être  resté  au  service  de  la  France  et  avoii  - 
un  commandement  dans  les  compagnies  régulières  qui  remplacèrent  les 
routiers.  On  lit,  dans  une  Lettre  écrite  par  Louis  XI.  lors  de  la  première 
conquit''  du  Roussillon  :  «  J'envoie  Salezarl  et  Chamarre  par  do  là.  » 
(Bibl.  nat.  Ms.  français  '211465,  fol.  18^.  Ce  nom  de  Chamarre  a  assez 
la  physionomie  espagnole,  et  rien  ne  répugne  à  ce  qu'il  soit  une  corruption 
de  Zamora. 


VIF.    DE    R0DIUG1  I 

mésaventure  dont  lui  suivi  son  refus;  car  les  mêmes 
maraudeurs,  quelles  à  leur  tour,  donnèrent  à  quelque 
lemps  'le  là  dans  une  embuscade  où  ils  perdirent,  avec 
chevaux  cl  bagages,  les  uns  la  vie  les  autres  la  liberté. 
Le  seigneur  Alon/.o,  pris  dans  celte  rencontre,  se  vil 
mener  pieds  cl  poings  liés  au  château  de  Cardaillac, 
d'où  il  s'évada  plus  tard,  trop  heureux  d'en  être  quitte 
pour  sou  équipement  qu'il  n'alla  jamais  redemander 
au  gentilhomme  quercinois1. 

l!  fallait  des  exploits  plus  méi  itoires  que  ceux-là  pour 
valoir  aux  Piodrigais  le  pardon  qu'ils  étaient  venus  cher- 
cher en  Guienne.  Leur  général  y  pourvu!  par  une  suite 
d'opérations  heureuses,  dont  la  première  tut  de  pren- 
dre position  autour  de  Lavercantière  pour  tomber  de  là 
sur  l'urne!  \ 

Cette  ville,  située  sur  la  rive  droite  du  Lot  avec  une 
grosse  tour  qui  lui  faisait  face  de  l'autre  côté  delà  ri- 
vière, était  alors  une  place  très  forte,  la  première  à 
l'entrée  de  l'Agenais  quand  on  venait  du  Quercy.  1  n 
partisan  redoutable,  qui  s»;  taisait  appeler  le  Baron, 
l'occupait  depuis  des  années  avec  la  connivence  du  comte 
d'  armagnac  ;  car  le  double  jeu  auquel  le  comte  d'Ar- 
magnac avait  fait  servir  autrefois  André  de  lîibes,  il  le 
continuait  avec  ce  capitaine7'.  Rodrigue  passa  outre  cette 


1  Ci  après,  Pièces  justificatives,  n   i.vi. 

!  Ile  1  i,  crites   du   Quercy;  Labrunie,  Notes 

mumiM;rili!S   mit   l'Agenais;  Miuucl  del    Verms,   Chroniques  béarnaises. 
p.    ">'■''■  justifi  atues,  n°  i.v. 

ion  du  ite   d'Armagnac,  détenu  prisonnier  au  château  de 

1  en   1145.   Du  Frcsne  de  Beaucourt,  Chronique  de  Mathieu 

ichy,  l.  III,  p.  I  i  I . 


DE    VII  I.  WIHiANDO.  VA 

fois  comme  la  première.  Il  profita  d'une  faute  de  sur- 
veillance pour  enlever  Fume]  et,  lorsqu'il  en  fui  maître, 
il  ne  laissa  plus  de  repos  aux  capitaines  du  parti  an- 
glais. 11  les  poursuivit  à  outrance  sur  les  champs  ou 
les  assiégea  dans  les  châteaux.  Par  la  prise  d'Eymet  et 
d'Issigeac  il  eut  un  pied  dans  le  Périgord  ;  celle  de 
Tonneins  lui  ayant  livré  l'un  des  passages  de  la  Garonne, 
il  rempli!  de  terreur  les  trois  diocèses  de  Périgueux, 
d'Agen  et  de  Bazas1. 

Cette  énergique  attitude  favorisa  singulièrement  l'exé- 
cution du  plan  de  campagne  qui  s'élaborait  depuis  plu- 
sieurs mois.  L'espoir  d'une  délivrance  prochaine  avait 
relevé  les  courages  d'un  côté  de  la  frontière,  tandis  que 
de  l'autre  n'apparaissaient  que  des  signes  de  lassitude  et 
de  découragement.  Les  Etats  de  Languedoc  votèrent  avec 
allégresse  les  subsides  qui  leur  furent  demandés  pour 
porter  la  guerre  au  cœur  de  la  Gascogne  et  de  la  Guienne*. 

Rodrigue,  rentré  en  grâce,  avec  promesse  d'être  bien- 
tôt rétabli  dans  la  dignité  de  conseiller  et  chambellan5, 
reçut  la  mission  de  conquérir  le  Bordelais  et  tout  le 
pays  pour  y  arriver,  tandis  que  Polon  de  Xaintrailles,  à 
la  tête  d'un  autre  corps  d'armée  recruté  parmi  les  Eco r- 
cheurs,  traversait  la  France  à  marches  forcées  pour 
prendre  à  revers  le  pays  de  Gascogne.  Le  sire  d'Albret 
fut   investi  des  pouvoirs  de  lieutenant-général4,   non 

1  De  Fouilhac,  Labrunie,  11.  ce. 

-  Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  p.  489. 

3  11  se  l'attribuait  an  mois  de  novembre  1458,  mais  ne  le  portait  pas 
encore  en  juillet.  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°"  lix  eti.xni. 

*  Us.  Doat  217,  fol.  4s,  ii  la  Bibliothèque  nationale.  Les  lettres  d'insti- 
tution sont  du  15  mai  1  138. 


i.v  \  ir  i»i    p.nDRir.ui 

nas  pour  diriger  le?  opérations  de  deux  capitaines  qui 
élaienl  des  ma îlres  dans  l'art  de  la  guerre,  mais  parce 
iiuc  sa  haute  noblesse  lui  donnait  pins  de  titres  à  repré- 
senter la  personne  du  roi  dans  les  traités  à  conclure,  et 
dans  toutes  les  mesures  à  prendre  pour  l'administration 
du  pays  conquis. 

i  ,i  campagne  commença  au  mois  de  mai  I  i-58  sous 
les  plus  heureux  auspices.  Rodrigue,  sans  se  dessaisir 
de  I  umel,  où  il  laissa  garnison,  réduisil  Loul  en  son 
pouvoir  jusqu'à  la  Garonne  qu'il  traversa  victorieuse- 
ment. Aussitôt  le  Bordelais  lut  parcouru  dans  toute  sa 
longueur,  le  Médoc  mis  hors  d'état  de  se  défendre  par 
la  prise  de  Blanqueforl  et  de  Caslelnau,  ravagé  jusqu  à 
la  pointe  que  forme  l'embouchure  de  la  Gironde1. 

On  dirait  qu'il  n'y  eul  de  résistance  nulle  pari.  I  n 
des  meilleurs  généraux  de  l'Angleterre,  qui  tint  la  cam- 
pagne, ne  trouva  jamais  l'occasion  propice  pour  se  me- 
surer avec  les  Bcdrigais.  <  >n  bien  il  les  harcelait  de  loin, 
ou  bien,  s'il  s'avançait  pour  les  attaquer,  aussitôt  qu  il 
avait  vu  leur  contenance,  il  jugeail  à  propos  de  battre 
en  retraite. 

Ilernando  de!  Pulgar  a  fait  de  l'une  de  ces  approches 
un  récil  que  l'on  croirait  emprunté  à  un  romande  che- 


1   Monstrelct,  I.  II.  ch.  ccxxxvn;  et  dans  l'enquête  pour  la  eanonisa- 

I'  yrc  Bei  and,  archevêque  de  Bordeaux  :    «Fuit   magna  caristia 

r-l  devaslalio  m  r  Iwrdeg  I  mm  per  gentes  armorum,  et 

specialiler  per  miemdam   c.ipitnneum    vocatum   Rodericum  de  Vinhan- 

cum  inaj  ci  exercitu;  qui  applicuit  ad  partes' burdega- 

r|uas  crndeliler  devastavit,  el  specialiter  terram  de  Ësparra  el  pa- 

Iriam  de  Medulco,    sic  el   laliter  quod  gentes  peribanl  lame.  »  Archives 

■  la  Gironde,  t.  i  II .  p.  '.  i  •  . 


Dl     VILLANDRANDO  ISS 

valorie.  Nous  le  traduisons  en  lui  conservant,  autan I 
que  possible,  la  couleur  qu'il  a  dans  l'original. 

t  Rodrigue  étant  dans  la  province  de  Guienne,  il  lui 
advint  <le  se  trouver  un  jour  sur  le  point  de  combattre 
avec  un  grand  capitaine  d'Angleterre,  qui  s'appelail 
Talbot.  Le  capitaine  anglais,  qui  savait  par  ouï  dire  les 
prouesses  de  ce  chevalier,  eut  envie  de  connaître  aussi 
sa  personne,  pour  savoir  ce  que  semblail  un  homme 
qui,  <le  si  petit  état,  s'étail  élevé  si  haut  en  fortune.  Ils 
convinrent  donc  tous  deux,  par  leurs  poursuivants,  qu'ils 
s'avanceraient  en  vue  de  leurs  osts  retranchés  en  bon 
ordre  de  bataille,  et  qu'ils  se  parleraient  seul  a  seul 
sur  le  bord  d'une  rivière  appelée  Leyre.  Et  quand  ils 
furent  en  présence,  le  capitaine  Talbot  dit  :  «  Je  dési- 
«  rais  voir  ta  personne,  et  puisqu'à  présent  nous  avons 
«  fait  connaissance,  qu'il  te  plaise  pendant  que  nous  nous 
«  trouvons  ensemble  de  manger  avec  moi  quelques dou- 
«  chées  de  pain  et  de  boire  un  Irait  de  vin  par-dessus  ; 
«  et  après  sera  la  bataille  au  plaisir  de  Dieu  et  à  l'aide 
«  de  Monsieur  saint  Georges.  »  Mais  le  capitaine  Rodri- 
gue lui  répondit  :  «  Si  c'est  là  tout  ce  que  lu  as  à  me 
«  demander,  ma  volonté  est  de  n'en  rien  faire;  car,  si 
"  nous  devons  en  venir  aux  mains,  je  n'aurais  plus  la 
r  fureur  qu'il  convient  avoir  en  bataille,  ni  mon  épée 
«  ne  frapperait  assez  fort  sur  les  liens,  s'il  me  souve- 
«  nait  d'avoir  partagé  le  pain  avec  loi.  »  Et  en  disant 
ces  mots,  il  tourna  bride  et  alla  se  remettre  avec  sa 
compagnie.  Et  le  capitaine  Talbot,  quoiqu'il  fût  un 
chevalier  accompli,  conçut  telle  opinion  de  ces  paroles 
que,  à  cause  d'elles,  comme  aussi  parce  que  sa  position 


i;,i  VIE    DE   R0DRIG1  I 

en  ce  lieu  n'était  pas  la  meilleure,  il  résolut  de  ne  pas 
combattre;  el  si  était-il  venu  là  à  plus  grande  puissance 
que  le  dil  Rodrigue.  '  » 

Offrir  de  boire  à  l'ennemi,  sur  le  poinl  de  combat- 
Ire,  était  une  coutume  anglaise  qui  fut  observée  par  le 
i\\[,-  de  Bedford  avant  la  bataille  de  Verneuil.  Son  invi- 
tation fut  apportée  par  un  héraut  d'armes  au  comte  de 
Douglas,  général  en  chef  de  l'armée  française*.  Le 
colloque  rapporté  par  Hcrnando  del  Pulgar  est  donc 
dans  la  vérité  historique;  mais  ce  biographe  a  l'ail, 
ci  i  eur  sur  le  nom  du  capitaine  anglais  qui  commandait 
en  Guienne.  Ce  fut  le  comte  de  Hunlingdon,  el  non 
pas  Talbol  ;  car  on  sait  que  Talbot  s'employa  pendant 
toute  celte  année  1  i58  à  recouvrer  pour  sou  gouverne- 
ment les  frontières  de  la  Haute-Normandie,  envahies 
parle-  français3.  Quant  au  lieu  où  doit  être  placée 
l'entrevue  des  deux  capitaines,  il  faut  le  chercher  sur 
la  petite  rivière  qui  va  se  jeter  dans  le  bassin  d'Àrca- 
chon  après  avoir  traversé  les  Landes  bordelaises.  C'est 
là  le  cours  d'eau  qui  porte  le  nom  de  Leyre. 

Cependant  la  Gascogne,  menacée  sur  toute  l'étendue 
de  ses  côtes  par  la  flotte  espagnole  el  occupée  à  défendre 
ses  ports  grands  el  petits  \  subit  avec  encore  moins  de 
résistance  que  la  Guienne  l'assaut  des  routiers.  Polon 


sjusli/icatii  es,  n    i. 

-  i  liiu!iii|ii  dans  Godcfroy,  p.  57  1 . 

•  Monslrelet,  I.  Il,  »  li.  ccxxviu. 

'•  |i  fensc    par    le  gouvernement  anglais  aux  habitants  de  Biarritz,  de 

Cap-Breton  ci   do  S.iinl  Jean  de  Luz,  di iclure  aucune  Uève  avec  les 

Espagnols,   sans    l'autorisation    du  rncur  de  Bayonne   (11  juillet 

1  158).  Uyuier,  Pacla,  fœdera,  etc.,  t.  \,  p.  oï. 


DK   VII  I  W  l>K  \NDO.  155 

de  Xaintrailles el  le  sire d'Albrel  entrèrent  parla  fron- 
tière du  Béarn,  en  faisant  le  dégâl  devanl  eux  el  en 
prenant  loul  ce  qu'ils  rencontrèrent  de  lionnes  forte- 
pess  -  à  proximité  des  grandes  villes.  Ils  traversèrent 
ainsi  le  paysdans toute  sa  longueur,  pressés  d'atteindre 
le  Bordelais;  car  ils  y  avaient  pris  rendez-vous  avec 
le  comle  de  Ribadeo,  afin  de  tenter  ensemble  le  coup 
décisif  de  la  campagne,  qui  était  la  prise  de  Bor- 
deaux. 

Lorsqu'ils  eurenl  fait  leur  jonction,  ils  s'emparèrent 
sans  beaucoup  de  peine  de  la  paroisse  de  Saint-Seurin 
qui,  dans  ce  temps-là,  était  un  faubourg  à  la  dislance 
de  cinq  cents  mètres  de  la  ville.  M.iis  ce  succès,  en  met- 
tant l'ennemi  sur  le  qui-vive,  rendit  impossible  l'esca- 
lade ou  toute  autre  surprise;  et  cependant  il  n'y  a 
qu'une  surprise  qui  aurait  pu  mettre  Bordeaux  en  leur 
pouvoir.  Leur  armée  n'avait  ni  canons  ni  le  matériel  . 
nécessaire  pour  faire  un  siège  dans  les  règles;  et  d'autre 
part,  le  blocus  qui  avait  procuré  la  réduction  d'Âlbi 
perdait  son  efficacité  avec  la  Garonne,  qui  était  là  pour 
amener  aux  assiégés  tout  ce  dont  ils  auraient  besoin, 
sans  que  les  assiégeants  pussent  songer  à  y  mettre 
obstacle. 

Il  serait  invraisemblable  que  des  hommes  de  guerre 
aussi  expérimentés  que  Xaintrailles  et  Rodrigue  eussent 
concerté  de  si  loin  l'attaque  de  Bordeaux,  s'ils  ne 
s'étaient  pas  crus  assurés  d'avoir,  le  moment  venu,  tout 
ce  qu'il  faudrait  pour  mener  à  fin  cette  grande  entre- 
prise. Sans  doute  on  leur  avait  promis  de  leur  envoyer 
des  munitions  et  de  l'artillerie,  qui  n'arrivèrent  point; 


i;(;  YIE   DE  RODRIGUE 

de  sorte  qu'ils  n'eurent  pas  mieux  à  faire  qu'à  conver- 
tir  le  faubourg  Saint-Seurin  en  un  camp  approprié  au 
genre  de  manœuvres  dans  lequel  excellaient  leurs 
troupes.  Des  détachements  allaient  dans  toules  les  di- 
rections achever  le  ravage  des  lieux  où  il  restait  quelque 
chose  à  prendre. 

Telle  de  ces  courses  eut  l'importance  d'une  expédi- 
tion. On  en  connaît  une  qui  fut  poussée  jusqu'à  l'Adour 
par  le  comte  de  Ribadeo  lui-même.  Un  acte  du  roi 
d'Angleterre,  daté  du  11  juillet  1438,  reconnaît  les 
charges  supportées  par  les  habitants  de  Bayonne,  afin 
de  résister  «  à  l'ennemi  nommé  Rodriguo  »,  et  ce  sacri- 
fice est  représenté  comme  d'autant  plus  méritoire,  que 
dans  le  même  temps  la  ville  faisait  assiéger  les  forte- 
resses d'Arien  et  de  Gamarthe,  et  qu'elle  entretenait  six 
cents  hommes-d'armes  sur  ses  vaisseaux,  pour  tenir  tête 
à  l'escadre  espagnole'. 

Te  doit  être  dans  cette  campagne  que  Rodrigue  cap- 
tura l'un  des  barons  allemands  du  Rhin,  de  la  famille 
de  Heinsberg,  qui  tenait  alors  le  redoutable  château 
d'Ehrenbreitstein  en  face  de  Coblentz.  Ce  seigneur  fai- 
sait ses  dévotions  à  Compostelle  pendant  qu'on  se  battait 
sur  la  frontière  franco-espagnole.  On  l'arrêta  comme 
sujet  d'une  puissance  alliée  de  l'Angleterre.  Conduit 
à  Burgos,  il  y  tint  prison  jusqu'à  ce  qu'il  eut  trouvé  le 
moyen  de  se  faire  échanger  contre  des  marchands  cas- 
tillans arrêtés  en  Allemagne.  Sa  mauvaise  fortune  vou- 
lut que  la  route  par  laquelle  il  entra  en  France,  à  son 

'  Ci-après,  î'iices  justificatives,  n°  i\. 


HL    VII.I.AM'I;  \Mhi  157 

retour,  lui  occupée  parles  Rodrigais,  qui  lui  mirent  la 
main  dessus.  Nouvelle  prison,  nouvelle  rançon  ;  mais 
celle  fois  il  eul  affaire  à  un  maître  qui  n'acceptail  pas 
les  payements  en  nature.  Il  n'obtint  sa  liberté  que  pour 
une  grosse  somme  de  florins  du  Rhin,  en  bonnes  pièces 
bien  sonnantes  et  bien  trébuchantes  '. 

La  fortification  de  Bordeaux,  du  côté  des  champs, 
était  percée  de  huit  portes,  précédées  chacune  d'une 
barbacane  cuire  deux  ponts-levis.  Trois  de  ces  portes 
débouchaient  dans  la  direction  de  Saint-Seurin  *.  Du 
haut  des  tours  dont  elles  étaient  flanquées,  les  anglais 
plongeaient  sur  les  quartiers  de  l'ennemi,  qui,  Je  son 
côté,  usait  «le  tous  les  artifices  pour  se  rendre  impéné- 
trable dans  ses  retranchements.  De  part  et  d'autre  on 
se  montrait  également  attentif  àse  garder,  niais,  tandis 
que  les  uns  multipliaient  les  sorties,  les  autres  affi- 
chaient la  résolution  de  se  tenir  enfermés. 

L'étude  constante  des  capitaines  assiégeants  fut  d'in- 
venter des  stratagèmes  el  de  commander  des  manœuvres 
feintes,  en  vue  d'attirer  les  Anglais  dans  la  cam- 
pagne. Ils  y  réussirent  une  fois,  avec  un  succès  dont 
ils  purent  se  réjouir  comme  d'une  victoire  en  bataille 
rangée. 

ayant  avisé  combien  les  vignes  qui  entouraient  la 
ville  étaient  liantes  et  commodes  pour  se  cacher,  ils  y 
envoyèrent  pendant  la  nuit  un  fort  parti  de  leurs  gens. 
Le  lendemain  malin,  le  reste  des  bandes  sortit  de  S;iiul- 
Seurinet  feignit  de  battre  en  retraite  dans  la  direction 

1  M.  limeriez  delà  Espada,  An  lanças é  viajes  de  Pero  Tnfur,  p.  239. 
i  Léo  Drouyn,  Bordeaux  ras  I  tDO,  description  topo-graphique. 


I:,s  VIE   DE    RODRIGUE 

de  l'embuscade.  Alors  les  Anglais  de  se  précipiter  hors 
de  Bordeaux  par  toutes  les  portes  el  de  disputer  de  vi- 
tesse entre  eux  à  qui  enfonccrail  le  premier  l'arricrc- 
garde  ennemie.  Mais,  au  lieu  de  chasser,  ils  furent 
chassés  eux-mêmes;  car  à  un  signal  convenu  les  traits 
commencèrenl  à  pleuvoir  sur  eux-  en  même  temps  que 
les  censés  fuyards,  recevant  dans  leurs  rangs  ceux 
de  l'embuscade,  firent  volte-face  e(  repoussèrent  les 
Anglais  jusque  dans  leurs  redoutes.  Ceux-ci  rentrèrent 
huit  cents  de  moins  qu'ils  n'étaient  sortis1. 

Les  semaines  s'écoulèrent  sans  que  l'armée  qui  s'em- 
ployail  si  bien  pour  le  roi  lût  mieux  payée  par  lui 
qu'elle  n'avail  été  outillée  pour  les  opérations  du  siège. 
L'année  courante  et  celle  d'avanl  ayant  été  1res  mau- 
vaises, la  disette,  quand  vinl  le  milieu  de  l'été,  fut 
universelle.  Bordeaux  en  souffrit  beaucoup  :  on  y  con- 
sommait plus  (le  millet  que  de  blé2.  Les  Français  eux- 
mêmes,  malgré  l'étendue  de  pays  qu'ils  avaient  à  leur 
disposition  pour  se  refaire,  virent  le  moment  où  ils  ne 
renouvelleraient  plus  leurs  approvisionnements.  Pour 
comble  d'embarras,  un  nouveau  ban  de  routiers  amené 
sur  le  Bordelais  vinl  augmenter  le  nombre  des  bou- 
ches. 

Rodrigue,  en  quittant  la  Bourgogne, s'était  séparédu 
bâtard  de  Bourbon.  Celui-ci,  toujours  en  bulle  à  Pindi- 

1  Monstrclct,  l.  II,  cli.  ccxxxvm  ;  Chronique  Martinienne,  2"  vol., 
fol.  285. 

-  ((  I  mil   1res  rnrrus  seu  c:  nilii,  dando  pro  qualibel  cadriga 

scu  curru  xxxvi  francos  mon  alcnsis,  ad  distribuendum  paupe- 

rihiis.  n  Enquête   pour  la    ca  l'arc licvêque  Peyre  Berland, 

Archives  historiques  de  lu  Gironde, l.  III.  p.  140. 


DE  VII  I.AM'l;  LHDO.  159 

gnation  «le  Charles  VIL  se  transporta  en  Languedoc. 

Plusieurs  petites  bandes  insoumises,  par-dessus  les- 
quelles avait  passé,  sans  les  atteindre,  la  proscription 
naguère  édictée  contre  les  Rodrigais,  erraient  dans  la 
province.  Leurs  capitaines  firent  alliance  avec  le  bâtard 
de  Bourbon,  et  tous  ensemble  s'étant  établis  dans  le 
bourg  de  Sainte-Gavelle,  voisin  de  Toulouse,  trouvèrent 
moyen  de  vivre  pendant  plusieurs  mois  aux  dépens  de 
cette  capitale1,  k  la  lin  ils  vendirent  leur  retraite, 
moyennant  un  palis  avantageux*.  L'une  des  conditions 
du  traité  était  qu'ils  iraient  rejoindre  l'armée  de 
Guienne.  Par  ordre  du  roi,  Poton  de  Xaintrailles  vint 
exprès  à  Toulouse  peur  les  emmener  et  veiller  à  ce 
qu'ils  suivissent  leur  chemin  sans  s'écarter  \ 

Dans  un  mémoire  adressé  par  la  noblesse  de  Guienne 
au  gouvernement  anglais,  on  porte  à  I  i  000  chevaux- 
la  force  qui  se  trouva  réunie,  après  leur  jonction,  sous 
l'étendard  du  roi  de  France4.  Tant  de  cavalerie  com- 

1  Miguel  del  Verms,  Chronique*  béarnaises,  p.  596. 

4  Vaissete,  Histoire  ,!<■  Languedoc,  t  IV.  p.  Ï89. 

'  Quittance  donnée  par  Poton  de  Xaintrailles,  le  8  août  1458,  à  Tou- 
louse, de  la  sotnme  de  -'non  écus  d'or  à  lui  «  donnée,  promise  et  accor- 
dée par  les  gens  des  trois  Estaz  de  la  seneschaucié,  pour  aider  à  vivre, 
conduire  et  soutenir,  et  faire  plus  toust  et  hastivement  passer  de  toute 
ladicte  seneschaucié  certaine  grant  compaignie  de  gens  d'armes  et  de 
traict  dont  le  roy  nostre  sire  m'avoit  donné  la  charge  soubz  son  esten- 
dart,  pour  faire  guerre  en  Guienne.  »  Vallct  de  Viriville,  Histoire  de 
Charles  17/,  t.  1.  p.  404.  On  voit  par  une  autre  quittance  du  même  jour 
que  la  sénéchaussée  de  Toulouse  fournit  en  outre  une  provision  de  blé 
et  de  vin  p  iut  le  voyage.  Tardif,  Monuments  historique* ,  p.  156  ,  vo- 
lume de  l'Inventaire  imprimé  des  Archives  nationales. 

*  «  Lodit  de  La  Brit,  dus  hans  a  passais,  ab  grant  companhe  de  rolers, 
de  qui  a  cou  le  de  xiiij  inili  rosins,  ab  l'estandard  deu  rey  tïi  anses,  es  vien- 
cut  en  Bordâtes  et  en  las  Lanes.  »  Collection  Bréquigny,  vol.  lxxmi,  aux 
mss.  de  la  Bibliothèque  nationale. 


[60  VIE  DE    RODRIGUE 

posait  une  armée  qu'un  territoire  épuisé  n'était  point 
en  état  de  nourrir  bien  longtemps.  En  effet  la  néces- 
sité de  se  séparer  pour  aller  chercher  leur  vie  ailleurs 
s'imposa  bientôt  aux  capitaines,  qui  en  prirent  bra- 
vement leur  parti.  Le  sire  d'Albrel,  en  vertu  de  ses 
pouvoirs  et  avec  le  concours  des  garnisons  qui  furent 
laissées  dans  les  places  qu'elles  occupaient,  se  chargea 
de  garder  ce  qu'on  avait  fait  de  conquêtes.  Rodrigue, 
Poton  de  Xaintrailles,  le  bâtard  de  Bourbon  et  les  au- 
tres, se  mirent  en  devoir  de  vider  le  pays. 

Ils  s'éloignèrent,  ne  pouvant  pas  douter  du  résultat 
qu'aurait  leur  retraite.  11  était  trop  évident  qu'avec 
Bordeaux  pour  point  d'appui  les  Anglais  reprendraient 
le  dessus  dès  qu'ils  pourraient  envoyer  de  nouvelles 
troupes  en  Guienne.  C'est  ce  qui  arriva  effectivement 
l'année  suivante.  De  toutes  les  places  conquises,  on  ne 
conserva  que  Tartas,  au  bord  des  landes  de  Gascogne. 
Que  de  morts  d'hommes,  de  violences  commises  et  de 
souffrances  infligées,  pour  peu  de  profit  !  Quel  argu- 
ment de  plus  pour  les  mécontents,  qui  imputaient  au 
gouvernement  le  dessein  d'éterniser  la  guerre,  afin  de 
procurer  de  l'occupation  aux  gens-d'armes! 

Sur  quelle  contrée  allait  fondre  la  horde  impitoya- 
ble qui  avait  saccagé  le  riche  Bordelais?  Longtemps  on 
s'en  préoccupa  en  France  et  hors  de  France,  même 
après  que  le  danger  n'existait  plus. 

La  ville  de  Bàlc,  épouvantée  par  une  courte  appari- 
tion îles  Ecorcheurs  du  nord  en  Alsace,  se  persuada 
que,  s'ils  s'étaient  retirés  sans  s'attaquer  à  elle,  c'était 
afin  d'aller  se  rallier  avec  leurs  contingents  du  midi, 


DE    VILLÀNDR  LMm.  101 

el  qu'ils  reviendraient  en  nombre  se  saisir  <l«_'s  pas- 
sages du  mont  Jura,  L'objet  de  leur  convoitise  ne  pou- 
vant être  qui1  le  pillage  de  la  cité  opulente  OÙ  la  pré- 
sence  du  concile  faisait  pour  le  moment  affluer  tous  [es 
biens.  Or  c'est  plus  de  neuf  mois  après]  que  les  com- 
pagnies avaient  quitte  la  Guienne  qu'on  se  livrait  à  ers 
appréhensions  sur  les  bords  «lu  Rhin. 11  n'est  pas  moins 
étrange  que  les  magistrats  de  Besancon,  interrogés  par 
les  Bàlois  sur  l'imminence  du  danger,  aient  rassuré 
leurs  voisins  en  leur  affirmant  que  Rodrigue  et  \ain- 
trailles  étaient  encore  devant  Bordeaux1. 

Ces  craintes  avaient  pris  naissance  à  la  cour  de 
Bourgogne.  Dès  le  temps  de  l'évacuation  du  Bordelais, 
le  duc  Philippe  crut  à  une  conjuration  de  tous  les  rou- 
tiers contre  ses  Étals,  si  bien  que,  dans  une  correspon- 
dance active  qu'il  entretint  a  ce  sujet  avec  le  gouverne- 
ment de  Charles  VII,  il  sollicita  l'appui  de  l'autorité 
royale.  Sur  ses  instances,  le  roi  enjoignit  publiquement 
à  Poton  de  Xaintrailles,  Rodrigue,  Je  bâtard  de  Bour- 
bon et  consorts,  de  respecter  les  possessions  d'un  prince 
qui  était  à  la  fois  son  allié,  son  vassal  el  son  proche 
parent". 

Quels  qu'aient  été  les  projets  antérieurs  de  ces  capi- 
taines, il  est  certain  qu'en  quittant  la  Guienne  ils  ne  se 
dirigèrent  point  du  côte  de  la  Bourgogne.  Tout  au  con- 
traire ;  au  lieu  d'aller  chercher  l'un  des  passages  de  la 
Caronne,  ils  s'écoulèrent  par  le  pays  de  Marsan  pour 
gagner  Condom   et    lieux  circonvoisins  où   ils   s'arrè- 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n  i.xw. 
*  Ci-après,  Pièces  justificatircs,  n   l\. 

Il 


102  VIE   DE  RODRIGUE 

tèrent  plusieurs  jours1.  Était-ce  en  vertu  des  ordres 
du  roi  qu'ils  prenaient  ce  chemin?  Non,  car  le  roi, 
aussi  peu  soucieux  de  les  avoir  sur  ses  terres  que  de  les 
voir  sur  celles  de  son  parent,  avait  décrété  la  levée  d'un 
subside  à  répartir  entre  eux  pour  les  empêcher  de  ren- 
trer en  Languedoc2.  Ils  y  rentrèrent  cependant,  parce 
qu'il  se  présenta  de  ce  côté  quelque  chose  qui  leur  pro- 
mettait mieux  que  tout  ce  que  le  roi  pouvait  leur  offrir. 
Au  résultat  très-douteux  de  l'opération  fiscale  qu'on  al- 
lait pratiquer,  après  tant  d'autres,  sur  une  population 
épuisée,  ils  préférèrent  les  chances  de  la  guerre  dans 
des  contrées  préservées  jusqu'alors  de  la  dévastation, 
et  leur  honne  fortune  voulut  que  cette  perspective  s'ou- 
vrît à  leurs  yeux  de  deux  côtés  à  la  fois. 

D'ahord,  le  comte  d'Armagnac  et  les  princes  deFoix 
étaient  aux  prises  dans  le  comté  de  Comminges.  Les 
habitants  de  ce  petit  pays  s'étant  mis  en  révolution 
pour  obtenir  la  délivrance  de  leur  comtesse,  séquestrée 
depuis  vingt  ans  par  Mathieu  de  Foix,  son  mari,  le 
comte  d'Armagnac  se  porta  défenseur  de  l'opprimée, 
appela  en  conséquence  les  compagnies  lorsqu'elles  ter- 
minaient leur  affaire  de  Guienne,  et  fit  si  bien  que  les 
Etats  du  Comminges  reçurent  avec  acclamation  ces  dan- 

1  Miguel  del  Vernis,  Chroniques  béarnaises,  p.  596.  Le  passage  à 
Condom  est  attesté  par  une  note  manuscrite  du  livre  des  coutumes  de  la 
Ville,  conçue  en  ces  termes  :  a  Anno  Domini  miilesimo  quadringentesimo 
Irircsimo  octavo,  vengo  en  aquest  pafais  R;idigo  ab  gran  re  de  gens 
d*armas  sus  la  palus,  en  la  companhia  deu  noble  Poton  de  Santa-Rallia, 
loqual  menaba  la  ensenha,  so  es  à  dise,  Festandart  deu  rey  nostre  sen- 
lior,  en  que  eslan  ix  joins  esta  biela  deforas;  e  l'estandart  de'morec  aus 
Predicados,  aus  despens  de  la  biela,  »  Communication  de  M.  Parfouru, 
archiviste  du  département  du  tiers. 

*  l'icecs  justificatives,  n"  ixm. 


DE   \  l!  LANDR  INDO  163 

gereux  auxiliaires.  Rodrigue  el  Poton  de  Xaintrailles 
entrèrent  par  Montrejeau  où  Le  bâtard  de  Bourbon  les 
avait  devancés.  Pendant  que  Kaintrailles  s'établit  à  Sa- 
matan,  \  illandrandoalla  prendre  position  à  SaintrJub'a. 
Ils  curont  bientôt  chassé  les  Béarnais  de  partout,  ex- 
cepté de  Muret,  de  Saint-Lezier  et  de  la  montagne  de 
Castillon,  trois  places  extrêmement  fortes,  dont  ils  ne 
s'étaient  point  engagés  à  entreprendre  le  siège1.  Ayant 
mis  de  leurs  gens  dans  plusieurs  châteaux,  qu'ils  en- 
tendaient garder  comme  gages,  ils  laissèrent  le  eomle 
d'Armagnac  s'arranger  du  reste,  et  eontinuèrent  leur 
route  le  long  des  Pyrénées;  ear  la  seconde  partie  de 
leur  programme  les  appelait  en  Roussi  lion. 

D'après  des  bruits  rapportés  par  l'annaliste  Çurita, 
l'instigateur  de  celte  course  lointaine  aurait  été  René 
d'Anjou,  lequel,  poursuivi  en  Italie  par  les  armes  du 
roi  Alfonse  d'Aragon,  se  voyait  menacé  dans  la  posses- 
sion du  trône  de  Naples.  René  aurait  cherché  à  éloi- 
gner son  rival  en  lui  suscitant  des  embarras  en  Espagne2. 
Mais  René,  ou  ceux  qui  travaillaient  pour  lui  en  France, 
auraient-ils  pu  espérer  qu'une  simple  irruption  de 
routiers  détournât  Alfonse  le  Magnanime  de  sa  con- 
quête ?  Lorsque  l'on  informa  ce  prince  de  la  rumeur 
publique,  il  fit  la  réponse  à  laquelle  on  devait  s'at- 
tendre, à  savoir  qu'il  ne  quitterait  point  l'Italie  pour  si 
peu. 

L'intérêt  de  la  maison  d'Anjou  mis  en  avant  me 
fait  plutôt  l'effet  d'un  faux  bruit,  à  la  faveur  duquel 

1  Miguel  del  Verms,  Chroniques  béarnaises,  p.  596. 
i  Çurita,  Anales  de  la  Corona  de  Aragon,  1.  XIV,  c.  Ll. 


104  VIE   DE   RODRIGUE 

voulait  se  dérober  le  véritable  ordonnateur  île  l'eut  re- 
prise, et  celui-ci  serait,  selon  moi,  le  connétable  de 
Caslille,  cet  Alvaro  de  Luna  que  nous  avons  déjà  vu 
nia.  binant,  dès  1451,  quelque  chose  de  pareil  à  ce 
dont  il  s'agit  présentement. 

Ministre  tout-puissant  de  Juan  II,  ou  plutôt  roi  sous 
le  nom  de  ce  monarque,  Alvaro  de  Luna  poursuivait 
depuis  quinze  ans,  au  milieu  des  périls  et  au  mépris 
des  factions,  une  politique  invariable  dont  le  but  était 
de  soustraire  la  Castille  à  l'insolence  des  grands  et  aux 
prises  de  la  maison  d'Aragon.  Il  croyait  avoir  réduit 
pour  toujours  les  partis  à  l'impuissance  et  commençait 
à  jouir  de  son  triomphe,  lorsqu'une  ligue,  dont  l'agent 
le  plus  actif  était  l'infant  d'Aragon,  frère  du  roi  Al- 
fonse,  se  déclara  contre  lui.  Pressé  parle  danger  de 
cette  coalition,  il  appela  ses  amis  à  son  aide.  Le  comte 
Rodrigue,  qui  était  du  nombre,  lui  envoya  pour  sa 
part  un  secours  de  trente-six  lances  sous  le  commande- 
ment de  son  fils1. 

Ce  fils,  que  les  généalogistes  n'ont  point  connu,  était 
un  bâtard  assurément.  Quant  au  secours  de  trente-six 
lances  (une  centaine  d'hommes),  tout  chétif  qu'il  paraît 
être,  il  eût  été  difficile  à  Villandrando  de  le  faire  plus 
grand  ;  car  dans  ce  débat  qui  mettait  en  présence  deux 
factions  rivales  il  n'avait  le  droit  de  s'immiscer  qu'à 
titre  de  grand  de  Castille  avec  l'appui  de  sa  maison  mili- 

1  «  Tambien  al  llamainienlo  qu'el  Condestable  a  fecho  de.los  que  lle- 
van  su  acostamiento,  son  venidos  bien  guarnidos  e  diligentes  a  punto  el 
l'i.io  del  conde  <lr  Ribadeo  con  xxxvj  lanzas,  el  mariscal  Gomez  Carillo  con 
nw  lanzas,  etc.  »  Centon  e/nstolario  del  bachiller  de  Cibdareal,  p.  79. 


DE    \  III.  WM;  \Mmi.  [05 

laire.  Mais,  -'il  ne  lui  étail  pas  permis  d'agir  dans  son 
pays  comme  général  d'une  armée  étrangère,  du  moins 
pouvait-il  hors  de  la  Castille  servir  Alvaro  de  Luna  par 
tous  les  moyens  indirects.  Rien  en  ce  genre  n'étail 
mieui  trouvé  que  d'attaquer  le  Roussillon,  province 
soumise  au  roid'Aragon,  qui  était  à  la  fois  un  allié  des 
Anglais,  l'ennemi  déclaré  d'un  prince  français  el  un 
voisin  très-malveillant  de  la  France.  On  avait  présumé 
avec  raison  que  cette  agression  inattendue  ramènerai I 
chez  lui,  par  la  menace  d'un  incendie  clans  sa  propre 
maison,  non  pas  le  roi,  maïs  l'infant,  frère  du  roi, 
qui  (lassait  sa  vie  à  souffler  le  feu  en  Castille.  C'esl 
effectivement  ce  qui  arriva,  ainsi  qu'on  va  le  voir  dans 
un  instant. 

Homme  en  s'éloignant  «lu  pays  de  Gomminges Rodri- 
gue el  ses  deux  associés  entrèrent  sur  les  terres  du  roi, 
el  que  le  roi  était  resté  leur  débiteur  à  raison  de  la 
campagne  de  Guienne,  ils  trouvèrenl  légitime,  en  pas- 
sant, de  se  payr  de  leurs  arrérages  sur  les  populations. 
Le  comte  de  Ribadeo  prit  sur  lui,  pour  son  compte,  de 
rançonner  la  sénéchaussée  de  Carcassonne. 

Il  s'empara  d'Alzonne  avec  mille  chevaux.  Cette  ville, 
située  à  trois  lieues  de  Carcassonne,  fut  sa  place  d'ar- 
mes et  le  centre  de  ses  opérations  pendant  dix-sept  jours. 
Il  y  fut  assiégé  par  les  milices  de  Carcassonne  et  des  au- 
tres communes  du  pays,  qui  s'étaient  armées  en  voyant 
les  dégâts  de  l'an  1456  se  renouveler.  D'abord  il  mé- 
prisa l'effort  de  ces  vilains;  mais  leur  nombre  aug- 
mentant sans  cesse,  et  la  difficulté  de  sauver  le  butin, 
quand  il  faudrait  rompre  leurs  lignes,  devenant  mani- 


166  VIE  DE    RODRIGUE 

feste,  il  se  décida  à  vider  les  lieux  pendant  la  nuit,  afin 
d'aller  chercher  une  position  plus  sûre1. 

Le  roi,  informé  de  cela,  envoya  à  ses  agents  les  in- 
structions les  plus  pressantes  pour  obtenir  que  la  pro- 
vince se  résignât  à  un  nouveau  sacrifice  d'argent, payer 
étant  le  moyen  le  plus  prompt  de  mettre  à  la  raison 
des  créanciers  implacables.  Une  aide  supplémentaire 
fut  octroyée  en  effet,  à  Carcassonne  même,  on  ne  voit 
pas  trop  par  quelle  formalité2,  mais  certainement  sous 
la  menace  du  comte  Rodrigue,  qui  ne  continua  sa  route 
que  lorsqu'il  eut  été  satisfait.  D'ailleurs  son  éloigne- 
ment  ne  fut  pas  la  délivrance  complète  du  pays,  parce 
que  Salazar,  avec  un  autre  capitaine  qu'on  appelait  le 
bâtard  de  Béarn,  prit  domicile  pour  plusieurs  mois  dans 
les  montagnes  du  Lauraguais,  et  que,  de  là,  tous  les 
deux  se  firent  sentir,  tantôt  à  Carcassonne,  tantôt  à 
Limoux  \ 

Le  corps  principal  des  routiers,  toujours  commandé 

1  Bouges,  Histoire  ecclésiastique  et  civile  de  la  ville  et  diocèse  de 
Carcassonne,  p.  275.  Cet  auteur,  et  Dom  Vaissete  d'après  lui  (t.  IV. 
p.  489),  mettent  l'invasion  du  Carcassais  au  mois  de  mai  1458;  mais  cette 
date  est  erronée,  car  Rodrigue  passa  certainement  le  mois  de  mai  en 
Guienne.  D'ailleurs  Bouges  donne  lui-même  la  preuve  de  sa  méprise  en 
disant  que  Rodrigue  s'éloigna  de  Carcassonne  pour  entrer  dans  le  Com- 
minges  :  or  le  Comminges  ne  fut  envahi  qu'au  retour  de  l'expédition  du 
lîordelais. 

-  Dom  Vaissete  (t.  IV,  p.  490)  suppose  que  les  États,  qui  avaient  déjà 
voté  l'aide  annuelle  à  Béziers  au  mois  d'avril,  se  réunirent  de  nouveau  en 
novembre  à  Carcassonne;  mais  il  ne  parait  pas  avoir  eu  pour  établir  ce 
fail  d'autres  documents  que  ceux  rapportés  ci-après,  Pièces  justificatives, 
n°'  lxiii  et  i.xiv,  où  il  n'est  pas  dit  mot  d'une  assemblée  d'États.  L'octroi 
semble  avoir  été  fait  par  quelques  députés  des  États  réunis  uux  membres 
d'une  Cour  des  aides  qui  fonctionnait  depuis  deux  ans  en  Languedoc. 

r>  Bouges,  1.  c;  Jolibois,  Inventaire  sommaire  des  archives  commu- 
nales d'Albi,  p.  46. 


DE  MM.  INDRÀNDO.  161 

par  Rodrigue,  par  Kaintrailles  el  par  le  bâtard  «le 
Bourbon,  opéra  enfin  son  entrée  dans  le  Roussillon  à  la 
fin  du  mois  de  novembre  I  158.  Ils  arrivèrenl  au  galop 
jusqu'à  quatre  milles  de  Perpignan.  Là,  ayant  tenté  sans 
succès  l'escalade  d'une  petite  place  dont  ils  avaient  mal 
calculé  la  force,  ils  furenl  contraints  de  se  replier  sur 
Salces,  qui  i  inl  égalemenl  contre  leur  impétuosité.  Après 
qu'ils  eurent  manqué  ces  deux  entreprises,  il  leur  de- 
vint si  difficile  de  s'assurer  d'aucune  ville  fermée  ou 
forteresse,  qu'ils j  renoncèrent.  Ils  prirent  leurs  quar- 
tiers d'IuM'r  à  proximité  des  frontières  du  pays,  dans 
l'intention,  fut-il  dit,  de  recommencer  leur  attaque  et 
même  d'entamer  la  Catalogne,  dès  que  le  printemps 
serait  venu  l. 

On  aurait  peine  à  se  figurer  l'effet  produit  dans  les 
pays  de  la  domination  aragonaise  par  cette  incursion, 
dont  les  compagnies  cependant  n'eurent  pas  tant  à  se 
louer.  La  France  tout  entière  se  sérail  avancée  contre 
les  Pyrénées,  que  L'émotion  n'eût  pas  été  plus  grande. 
La  reine  lit  appel  de  Barcelone,  où  elle  se  tenait,  à  tous 
les  Catalans  en  état  de  porter  les  armes,  tandis  que  le 
roi  de  Navarre,  frère  du  roi  d'Aragon,  fut  sollicité  de 
venir  en  toute  hâte  à  Saragosse  pour  y  convoquer  les 
cortès,  et  prendre  en  attendant  les  mesures  jugées  néces- 
saires au  salut  du  royaume.  Les  cortès  se  réunirent 
effectivement  au  mois  de  février  suivant  (1459)  ;  mais 
délibérations  et  armements  devinrent  bientôt  superflus, 
parce  que  l'ennemi  délogea  sans  avoir  rien  tenté  de  ce 

1  (jurila,  Anales,  etc.,  1.  XIII,  c.  u. 


|i, s  VIE    DE   RODRIGUE 

qu'on  lui  attribuait.  La  campagne  était  médiocre,  si  on 
ne  l'avait  entreprise  que  pour  le  butin;  mais,  si  on 
avail  voulu  faire  une  diversion  utile  au  connétable  de 
Castiile,  on  avail  réussi.  L'infant  don  Henri,  rappelé 
par  un  ordre  que  le  roi  Alfonse  lui  envoya  de  Gaètc, 
dul  quitter  la  Castiile  pour  se  rendre  à  la  défense  de 
l 'Aragon  '. 

Dans  le  même  temps  et  pour  la  même  raison,  la 
Bourgogne  put  se  remettre  de  ses  alarmes. 

Il  faut  se  rappeler  ce  qui  a  été  dit  plus  haut.  Dans 
les  conseils  du  due  Philippe,  aussi  bien  que  dans  le 
peuple,  on  était  convaincu  que  l'hiver  ramènerait  la 
visite  de  Rodrigue  et  des  capitaines  d'Ecorcheurs  em- 
ployés devant  Bordeaux.  La  chose  étail  confirmée  par 
des  informations  qu'on  avait  lieu  de  croire  certaines  ; 
le  due  de  Savoie,  le  comte  de  Ne  vers,  d'autres  person- 
nages éminents  avaient  écrit  en  ce  sens,  soit  au  prince. 
soil  à  ses  ministres.  En  conséquence  les  Etats  du  pays, 
réunis  à  Dijon  dans  le  mois  de  novembre  1458,  vo- 
tèrent un  subside  pour  la  formation  immédiate  d'un 
corps  de  quatre  cents  hommes-d'armes,  destiné  à  re- 
pousser les  agresseurs  lorsqu'ils  si1  présenteraient8.  La 
panique  passa  jusqu'en  Franche-Comté.  A  Besançon,  où 
l'on  montra  plus  de  sang-froid  par  la  suite,  tout  le 
monde  se  mit  sous  les  armes,  à  ce  point  qu'une  partie 
du  clergé  se  lit  inscrire  pour  défendre  la  ville  contre 
les  Ëcorcheurs3.  Mais  les  donneurs  de  sinistres  nou- 

1  Çurita,  1.  XIII,  c.  mi. 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n    i.xi. 

Ilodie  fuerunl  dcnulnti  Basan  el  TollelnA  scribendum  dominos  el 


DE  MM.  \M'i;  \Mmi.  iog 

velles,  c(  le  gouvernemenl  bourguignon,  et  le  peuple, 
s'étaient  trompés.  Le  fléau  qu'on  s'attendait  à  voir 
tondre  sur  la  vallée  de  la  Saône  ue  se  détourna  pas 

de  In  ligne  des  P\  renées. 

En  fait  de  souffrances  causées  par  les  gens-d'arnies, 
le  Haut-Languedoc  n'avait  rien  vu  encore  qui  fût  com- 
parable à  ce  qu'il  endura  au  commencement  de  I  $39, 
après  que  les  corps  expéditionnaires  du  Roussillon  eu- 
rent renoncé  à  poursuivre  plus  loin  leur  entreprise; 
car  le  Haut-Languedoc  fui  la  contrée  sur  laquelle  toutes 
les  bandes  s'abattirent  à  la  fois.  Le  roi  étant  attendu  à 
Montpellier,  d'où  il  devait  se  rendre  au  Pny  pour  tenir 
les  Etals  de  la  province,  il  n'aurait  pas  été  prudent 
d'aller  s'établir  dans  la  sénéchaussée  de  Nîmes;  et  d'au- 
tre part  Rodrigue,  en  vertu  d'un  traité  récemment  mé- 
nagé par  le  comte  d'Armagnac  entre  lui  et  le  consolai 
de  louiez,  venait  de  s'interdire  à  tout  jamais  l'entrée  du 
Rouergue  '.  Telle estla  cause  du  concertavec  lequel  fut 
entrepris  le  rançonnement  des  hautes  terres  du  Langue- 
doc. 

Le  soin  des  capitaines  fui  de  se  poster  aussi  près  que 
possible  des  grnndes  villes. 

Le  comte  Rodrigue,  pour  sa  part,  jeta  son  dévolu  sur 
Toulouse.  Maître  de  Villemur  sur  le  Tarn,  deBouzelle 


capellanos  ecclesie,  et  alios  familiares,  qui  petierunt  arma  porlare  cl  se 
deffendere  contra  excoriatores,  si  opus  sit(lG  mars  1  iô  8/K).  —  Bodie 
nieront  deputati  capitanei  pro  gentilnis  capituli,  ad  deflensionem  ville 
contra  excoriatores,  Orlanl  et  Gazel  »  (18  mars).  Extraits  du  registre  LJ 
des  délibérations  du  chapitre  métropolitain  de  Besançon,  communiqués 
par  M.  A.  Castao. 
1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n"  ixv. 


170  VIF   DE  RODRIGUE 

sur  la  Garonne,  et  de  plusieurs  autres  postes  comman- 
dant les  grandes  voies  de  communication,  il  étreignit 
cette  capitale  au  point  que,  pendant  plusieurs  semaines, 
elle  ne  reçut  rien,  ni  vivres,  ni  marchandises,  sur  quoi 
les  routiers  n'eussent  prélevé  l'impôt1.  Et  cela  eut  lieu 
lorsque  la  disette  durait  encore,  et  sans  préjudice  des 
chevauchées  qui  foulaient  la  campagne,  ni  des  feux  qui 
la  dévoraient,  ni  des  ravages  exercés  autour  d'Àlbi  et 
de  Carcassonne  par  les  autres  compagnies,  ni  des  hor- 
reurs dont  le  Comminges  n'avait  pas  cessé  d'être  le 
théâtre,  ni  enfin  des  pointes  que  faisaient  continuelle- 
ment sur  le  Languedoc  les  défenseurs  des  places  fron- 
tières de  la  Guienne. 

Le  roi  fut  d'autant  plus  désespéré  de  cette  universelle 
dévastation,  qu'il  avait  cru  la  prévenir  en  se  transpor- 
tant lui-même  en  Languedoc  pendant  l'hiver,  et  qu'afin 
d'encourager  les  capitaines,  Rodrigue  avant  tous  les 
autres,  à  vivre  sans  opprimer  le  peuple,  il  venait  de 
leur  faire  voter  de  l'argent  par  les  États  particuliers  de 
toutes  les  provinces  du  midi 2.  Ne  sachant  plus  à  quel 
parti  recourir,  il  envoya  à  Toulouse  les  meilleures  têtes 
de  son  conseil,  avec  charge  de  tout  faire  en  vue  d'une 
prompte  pacification. 

Ces  commissaires  commencèrent  par  ménager  entre 
les  capitouls  et  les  chefs  de  routiers  un  accord  qui  ren- 
dit à  Toulouse  la  liberté  de  ses  communications.  La 
retraite  de  Rodrigue  était  achetée  deux  mille  écus  d'or 


1   Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  p.  492;  Pièces  justifica- 
tives, ci-après,  n°  i.xyi. 
■  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n    iayiii  et  lxxiii. 


HE    VILLANDRANDO.  171 

et  celle  du  bâtard  de  Bourbon  mille  ('eus,  outre  les  ca- 
deaux offerts  aux  officiers  de  ces  deux  seigneurs,  et  les 
faux  frais1.  Mais  ce  traité  ne  rétablissait  la  sécurité 
publique  qu'autant  que  la  pacification  s'étendrait  au 
Comminges,  car  il  y  avait  là,  les  choses  restant  en  l'état 
où  elles  étaient,  un  champ  de  manœuvres  tout  prêt  pour 
les  compagnies,  qui  n'auraient  pas  manqué  de  s'y 
transporter  en  masse,  au  grand  péril  de  la  sénéchaus- 
sée de  Toulouse.  C'est  pourquoi  les  commissaires  du  roi 
employèrent  une  partie  de  leurs  efforts  à  faire  cesser  la 
guerre  qui  désolail  ce  pays. 

Ils  y  parvinrent  en  induisant  les  États  du  Comminges 
à  déférer  à  l'arbitrage  de  Charles  VII  le  différend  si 
compliqué  d'où  cette  guerre  était  sortie2.  Les  hosti- 
lités une  fuis  suspendues,  il  fut  possible  d'amener  le 
comte  de  liihadeo  à  s'entendre  avec  le  comte  de  Com- 
minges pour  l'abandon  des  places  dont  les  Rodrigais 
s'étaient  rendus  maîtres  l'année  d'avant.  Ce  fut, 
comme  toujours,  une  affaire  d'argent.  On  convint  que 
les  fonds  seraient  fournis  par  le  comte  de  Foix,  neveu 
du  comte  de  Comminges5.  Comme  la  somme  était  forte, 
il  n'en  fut  payé  comptant  qu'une  partie,  le  reste  devant 
être  acquitté  à  diverses  échéances. 

L'oncle  et  le  neveu  ne  s'en  tinrent  pas  là.  Leur  mai- 
son avait  contre  le  castillan  de  vieux  griefs  dont  ils 
voulurent  que  la  trace  fût  à  jamais  effacée,  et  à  celte  fin 


1   Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  p.    ifl'2  ;  ci-après,  Pièces 
justificatives,  n"  lxvii,  lxx,  lxxi,  lxxii. 

-  Vaissete,  Histoire  de  Languedoc,  t.  IV,  p.  493. 
5  Miguel  dcl  Venus,  Chroniques  béarnaises,  p.  596. 


172  VIE   HE    RODRIGUE 

ils  conclurent  avec  lui  un  pacte  par  lequel  ils  se  pro- 
mirenl  assistance  mutuelle.  Rodrigue  se  fit  leur  allié 
et  leur  serviteur  moyennant  une  pension  qu'il  recevrait 
d'eux,  et  tous  les  trois  validèrent  par  les  serments  les 
plus  solennels  les  engagements  qu'ils  prenaient  vis-à-vis 
l'un  de  l'autre1. 

Restait  la  question  de  savoir  ce  que  l'on  ferait  des 
gens-d'armes  aussi  bien  que  des  capitaines  mis  en  dis- 
ponibilité par  ces  arrangements.  Cette  partie  de  la  tâche 
revint  au  dauphin  que  le  roi  envoya  sur  les  lieux, 
investi  des  pouvoirs  de  lieutenant-général  et  entouré 
d'une  escorte  de  sages  conseillers. 

Le  dauphin,  qui  fut  plus  lard  Louis  XI,  n'avait  en- 
core que  seize  ans,  mais  il  valait  déjà  mieux  que  bien 
des  hommes  mûrs  pour  décevoir  les  gens  par  des  pa- 
roles artificieuses,  pour  dorer  aux  yeux  des  plus  fins  les 
marchés  désavantageux,  pour  diviser  les  plus  unis  de 
manière  à  ne  pas  les  laisser  deux  ensemble.  Son  habi- 
leté précoce,  étonnamment  secondée  par  l'imprévu  des 
événements,  le  rendit  maître  en  un  clin  d'œil  de  la 
situation. 

Au  moment  de  son  arrivée  à  Toulouse,  Rodrigue 
avait  dans  son  camp  l'archidiacre  deCuença,  qui  venait 
de  par  le  roi  don  Juan  pour  l'emmener  en  Castille  avec 
tout  ce  qu'il  pourrait  réunir  de  combattants;  et  cette 
injonction,  rendue  dans  les  termes  les  plus  pressants, 
ne  comportait  ni  excuse  ni  délai,  attendu  que  l'op- 
position des  grands  avait  dégénéré  en  guerre  civile,  et 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  x\  ixix. 


DE   \  ILLANDR  \  NDO.  173 

que  dix  mille  hommes  demandaient,  la  lance  au  poing, 
la  perte  d'Alvaro  de  Luna1.  Aussi  le  comte  de  Ribadeo 
se  mit-il  immédiatement  à  faire  ses  préparatifs  de 
départ. 

Par  là  se  trouva  levé  le  principal  obstacle.  Ou  allait 
être  délivré,  au  moins  pour  un  lemps,  de  la  plus  redou- 
table des  bandes  et  du  capitaine  dont  l'exemple  était 
pour  tous  les  autres  un  encouragement  pernicieux.  Le 
dauphin,  en  homme  qui  sait  tirer  parti  des  circon- 
stances, profila  du  désarroi  où  la  retraite  de  Rodrigue 
mettait  ce  monde  de  routiers  pour  agir  sur  les  chefs 
des  compagnies,  faire  renoncer  les  uns  à  leur  comman- 
dement en  les  attachant  à  sa  pjrsonne,  enchaîner  les 
autres  au  service  du  roi  en  les  soumettant  à  une  régu- 
larité qu'ils  n'avaient  jamais  connue.  Ainsi  il  lit 
Polon  de  Xaintrailles  son  premier  écuyer  de  corps,  cl 
capitaines  d'ordonnance  le  bâtard  de  Béarn  et  le 
bâtard  d'Armagnac,  deux  des  aventuriers  qui  étaient 
entrés  en  Guienne  avec  le  bâtard  de  Bourbon.  Quant  à 
ce  bâtard  lui-môme,  il  semble  qu'il  ait  jugé  à  propos 
de  disparaître  pour  quelque  temps  en  faisant  courir  le 
bruit  de  sa  mort  ;  car  sa  compagnie,  éconduite  à  prix 
d'argent,  fut  désignée,  dans  la  répartition  des  fonds 
qu'elle  recul,  comme  «  compagnie  du  feu  bâtard  de 
Bourbon".  »  Il  est  prouvé  cependant  que  Gui  de  Bour- 
bon ne  mourut  qu'en  I  i il 3. 

1  Fernan  Perez  de  Gazman,  Cronica  del  rey  d.  Juan  el  II,  p.  596. 

-  Vaisseie,  Histoire  de  Languedoc,  i.  IV,  p.  192  «lu  texte,  et  454 des 
prouves. 

5  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  France,  l.  I,  p.  304;  ci- 
après,  Pièces  justificatives,  n  xiv. 


174  VIE    DE    RODRIGUE 

Le  dernier  acte  qui  témoigne  de  la  présence  de  Ro- 
drigue de  Villandrando  sur  le  sol  français  est  une  quit- 
tance qu'il  donna  «à  Toulouse,  le  9  juin  1459,  pour 
une  allocation  que  les  Etats  d'Auvergne  lui  avaient 
précédemment  accordée1.  Son  départ  suivit  de  peu. 
La  semaine  d'après,  il  descendait  à  la  tête  de  trois 
mille  combattants2  le  revers  espagnol  des  Pyrénées. 

En  ce  moment  le  roi  don  Juan  traitait  avec  les  révol- 
tés pour  un  armistice  de  quarante  jours,  pendant  lequel 
on  tacherait  de  s'accorder  à  Tordesillas,  village  situé  à 
six  lieues  de  Valladolid.  On  savait  en  Gastille  que  des 
troupes  avaient  été  mandées  de  France  ;  on  fit  pro- 
mettre au  roi  qu'aussitôt  qu'il  serait  informé  de  leur 
approche  il  leur  enverrait  l'ordre  de  s'arrêter.  Mais,  ou 
les  routiers  allèrent  plus  vite  que  les  courriers  du  roi,  ou 
bien  (ce  qui  est  plus  supposable)  le  roi  feignit  l'igno- 
rance jusqu'au  dernier  moment,  caria  venue  de  Rodri- 
gue ne  s'ébruita  que  par  la  rumeur  publique,  lorsque 
ce  capitaine  approchait  de  Roa,  ayant  déjà  fait  soixante- 
dix  lieues  sur  le  territoire  espagnol". 

Roa  est  sur  le  Duero,  à  une  journée  de  marche  de 
Valladolid,  qui  servait  pour  le  moment  de  quartier  géné- 
ral aux  insurgés,  tandis  que  le  roi  se  tenait  à  Médina 
del  Campo,  à  peu  près  à  distance  égale,  de  l'autre  côté 
du  fleuve.  A  la  nouvelle  du  danger  que  courait  Roa,  les 

1  Gi-ni>i  es,  l'icces  justificatives,  n°  lxxiii. 

a  C'est  le  chiffre  donné  par  Fernan  Ferez  Guzman  (p.  596)  et  par  Çu- 
rita  (1.  XIV,  c.  lviii).  Mariana  dit  :  a  A  la  sazon  habia  llegado  Rodrigo  de 
Villandrando  de  Francia  con  quatro  mil  caballos.  »  (L.  XXI,  c.  xiv.) 

"  Seguro  de  Tordesillas  del  Conde  de  Haro,  cap.  XXIV.  Imprimé  à  la 
suite  de  la  chronique  d'Alvaro  de  Luna,  édition  Sancha. 


DE  VILLAKDRANDO.  173 

grands  do  Cas  tille  envoyèrent  pour  la  défendre  quinze 
cents  hommes  de  cavalerie  sous  le  commandement  de 
don  Pedro  de  Zuniga,  comte  de  Ledesma;  mais,  avant 
que  ce  seigneur  arrivât,  il  n'y  eut  plus  rien  à  défendre, 

attendu  que  la  ville  ouvrit  ses  portes  au  comte  de  Ri- 
badeo,  sur  la  présentation  des  lettres  royales  dont  l'ar- 
chidiacre de  Cuença  était  porteur.  Ledesma,  s'arrêtant 
assez  loin  de  la  ville,  détacha  de  sa  troupe  un  corp-  île 
génétaires  (c'était  une  cavalerie  légère  empruntée  aux 
Maures)  pour  aller  escarmoucher  sous  les  murs.  Salazar, 
chargé  de  répondre  à  ces  premiers  venus,  essaya  sur 
eux  l'avantage  des  troupes  organisées  à  la  française. 
Après  les  avoir  tenus  longtemps,  par  ses  archers,  hors 
de  portée  pour  la  manœuvre  de  leurs  javelines,  il  les 
rompit  avec  ses  gens-d'armes. 

Le  résultat  de  cet  engagement  fut  que  les  Espagnols 
se  retirèrent  à  une  lieue  plus  loin  en  arrière,  attendant 
du  renfort  qui  ne  tarda  pas  à  leur  venir  de  Valladolid 
sur  le  bruit  que  le  roi  voulait  venir  chercher  à  Roa  son 
sujet  et  auxiliaire,  Rodrigue  de  Villandrando. 

En  effet  .le  roi  s'avança  dans  cette  intention  jusqu'à 
Olmedo;  mais  là,  cédant  aux  remontrances  du  comte 
de  Haro,  qui  lui  rappela  la  promesse  donnée  par  lui, 
il  voulut  bien  retourner  à  Médina,  après  avoir  donné 
son  scellé  comme  quoi  le  comte  de  Ribadeo  restera  il 
confiné  dans  Roa  jusqu'à  nouvel  ordre.  Ledesma  de  son 
côté  consenti!  à  rentrer  dans  Valladolid  '. 

L'acte  si  fameux  dans  l'histoire  d'Espagne  sous  le 

1  Fernan  Perez  de  Guzman  ;  Seguro  de  Tordesillas. 


I7G  \  II'-   DE   RODRIGUE 

nom  de  Svt/uro  tir  Tordesillas,  c'est-à-dire  les  sûretés 
données  pour  la  tenue  d'un  congrès  où  la  paix  devail  se 
conclure,  cel  acte  porte  une  clause  spéciale  en  faveur 
de  Rodrigue  de  Villandrando.  Il  y  est  dil  qu'il  pourra 
venir  faire  la  révérence  au  roi  à  ïordesillas,  avec  un 
équipage  de  trente  bètes  de  somme;  que  d'ailleurs  il 
aura  délai  de  cinquante  jours  pour  aller,  venir,  sé- 
journer et  sortir  du  royaume  avec  ses  gens,  ou  ses 
gens  sans  lui.  Mais,  sauf  le  cas  de  sa  visite  au  roi  ou 
celui  de  sa  retraite  hors  de  l'Espagne,  le  traité  de 
Tordesillas  le  confinait  encore  à  Roa1:  ce  à  quoi  il  ne 
se  conforma  pas  trop  scrupuleusement,  car  on  ne  larda 
pas  d'apprendre  qu'il  était  sans  cesse  en  course  de 
l'autre  côté  du  Duero;  qu'il  envoyait  en  cachette  de 
petits  détachements  de  sa  compagnie  à  Médina;  enfin 
qu'il  s'efforçait  de  préparer  les  choses  pour  le  roi 
comme  s>'il  savait  que  le  congrès  dût  bientôt  se  dis- 
soudre. 

Effectivement  on  vit  bientôt  arriver  à  Médina,  et 
Juan  11,  qui  niait  que  les  conférences  de  Tordesillas 
pussent  aboutir  à  rien,  et  son  cher  connétable,  qui 
ne  voulait  pins  se  tenir  à  l'écart,  comme  on  l'avait 
induit  à  faire  jusque-là.  Cette  rupture  subite  amena 
de  nouvelles  hostilités,  lesquelles  à  leur  tour  lurent 
suivies  d'un  autre  congrès  qui  se  tint  à  Castronuno, 
trois  lieues  plus  loin  de  Valladolid  que  Tordesillas.  Là 
le  talent  d'Àlvaro  de  Lima,  qui  vint  lui-même  plaider 
sa  cause,  échoua  contre  la  haine  de  ses  ennemis.  11  fut 

1  Ci— api'ès:  Pièces  justificatives,  n   lxxit. 


DE    Mil-  V  MM!  \MiH.  177 

forcé  cie  consentir  à  son  exil  temporaire,  au  sacrifice 
de  la  grande  maîtrise  de  Saint-Jacques,  enfin  à  la 
réintégration  des  princes  aragonais  dans  l'autorité 
excessive  d'où  il  iesavail  fail  déchoir  dix  ans  aupara- 
vant1. Le  roi  adouci)  celte  disgrâce  en  publiant,  sous 
forme  de  sauve-garde,  une  apologie  de  son  favori, 
qu'il  adressa  à  tous  les  grands  de  son  royaume,  <•! 
nommément  au  comte  de  Ribadeo*. 

Ainsi  unit  sans  bataille,  siège  ni  sac  de  ville,  l;i 
sédition  quianiena,  en  I  159,  1rs  routiers  de  France  en 
Espagne.  La  présence  de  troupes  aguerries,  tombées 
du  ciel  en  quelque  sorte  au  cœur  de  la  Caslille,  «tonna 
à  réfléchir  aux  révoltés  et  leur  lii  beaucoup  rabattre 
de  leurs  projets  contre  Alvaro  de  Lima,  (le  résultat, 
joint  à  ce  (|iie  le  fait  avait  d'extraordinaire  en  lui- 
même,  est  cause  que  la  venue  du  comte  île  Ribadco  a 
toujours  été  considérée  comme  l'un  îles  plus  notables 
événements  du  règne  de  Jùan  11.  La  matière  en  a 
même  paru  assez  importante  pour  devenir,  au  seizième 
siècle,  l'objet  d'un  ouvrage  spécial.  Il  faut  dire  que  ce 
fut  de  la  part  d'un  intéressé.  Don  Rodrigo  Gomez  de 
Sarmiento,  deuxième  arrière-petit- fils  de  notre  Ro- 
drigue, est  l'auteur  de  cet  écrit,  que  je  n'ai  pu  me 
procurer,  à  mon  grand  regret.  Josef  Pellizer  en  avait 
vu  le  manuscrit,  qui  probablement  existe  encore  dans 
quelque  bibliothèque  de  l'Espagne*. 

Un  article  du  traité  de  Castronuno  prescrivait  la  disso- 

1  Seguro  de  Tordesillas,  capp.  iaix.  rwvn,  lxxh  el  i.wxii. 
-  Coronica  del  Condestabie  Alvarode  Luna  (appendices),  p.  113. 
"•  Joscf  Pellizer,  Informe  del  origen,  etc.,  fol.  51.  Cel  ouvr.ige  ;<  pour 

12 


17S  VIE   DE   RODRIGUE 

lulion  immédiate  des  corps  de  (roupes  rassemblés  par 
l'un  et  l'autre  parti.  Par  là  lecomtede  Ribadeose  trouva 
de  nouveau  dans  l'alternative,  qui  lui  avait  été  faite  à 
Tordesillas,  ou  d'emmener  avec  lui  sa  compagnie  en 
France,  ou  de  l'y  renvoyer  promptement,  s'il  préférait 
rester  en  Castille.  11  choisit  ce  dernier  parti,  sans  doute 
parce  qu'il  en  fut  prié  par  le  connétable  ou  par  le  roi  lui- 
même,  en  prévision  d'un  revirement  que  l'on  pensait 
ne  devoir  pas  tarder  beaucoup  à  se  produire.  Quant  à 
renoncer  à  la  situation  importante  qu'il  avait  prise  en 
France,  il  n'y  songea  pas  pour  le  moment.  Son  inten- 
tion manifeste  était  alors  de  retourner  sur  le  champ 
habituel  de  ses  exploits  aussitôt  que  le  permettraient 
les  circonstances.  Provisoirement,  il  ne  songea  qu'à 
remettre  entre  les  mains  d'un  dépositaire  fidèle  le  com- 
mandement de  tout  ce  qu'il  y  avait  d'hommes  soumis 
à  son  serment  des  deux  côtés  des  Pyrénées.  Il  eut  assez 
de  confiance  en  son  lieutenant  Salazar  pour  le  charger 
de  ce  mandat.  Après  avoir  fait  jurer  à  ses  braves  qu'ils 
obéiraient  à  ce  capitaine  comme  à  lui-même,  il  les 
congédia  en  les  exhortant  à  soutenir,  comme  ils  le 
devaient,  le  prestige  de  son  nom  et  l'honneur  de  sa 
bannière. 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  d'une  singulière  faveur 
qu'il  se  fit  accorder  par  le  roi  de  Castille,  et  qui  nous 
introduit  par  un  coin  dans  le  secret  de  ses  affaires. 

11   n'était  pas   de  ceux  qui  amassent  uniquement 

titre  :  «  Et  socorro  del  conde  de  Ribadeo  don  Rodrigo  de  Villandrando  al 
rey  don  Juan  et  secundo,  con  todos  lôs  privilegios,  cedutas  y  cartas  realcs 
pc  'lonci  icnl  s  n  aquc-liu  accion.  » 


DE   Yll.I.ANUKAMio.  179 

pour  le  plaisir  de  thésauriser.  Au  talent  d'acquérir  il 

joignait  celui  de  faire  valoir,  et  dans  ses  rapports  avec 
les  gros  marchands  de  tous  les  pays,  il  avait  appris 
qu'il  n'y  a  placement  comparable  à  celui  de  l'argent 
que  l'on  met  dans  le  commerce  maritime.  Justement 
il  se  trouvait  être  possesseur  d'un  navire.  L'avait-il 
conquis  pendant  la  guerre  du  Bordelais,  ou  l'avait-il 
reçu  comme  dépendance  de  son  comté  de  Ribadeo,  dont 
le  chef-lieu  est  port  de  mer,  ou  enfin  se  l'était-il  tout 
bonnement  procuré  pour  se  livrer  à  la  spéculation? 
Les  actes  n'en  disent  rien;  mais  ce  qu'ils  permettent 
de  comprendre,  c'est  que,  se  trouvant  de  loisir,  il 
songea  à  tirer  parti  de  son  vaisseau. 

La  Caslille  alors  n'avait  guère  de  débouchés  ailleurs 
qu'en  France  et  en  Angleterre.  Le  marché  de  la  France 
languissait  et  ne  devait  pas  reprendre  de  si  tôt  .son 
activité;  celui  de  l'Angleterre  était  fermé  par  suite  de 
l'hostilité  des  deux  Etats.  Cependant  les  Anglais 
avaient  grand  besoin  des  fers  de  la  Biscaye,  et  les  sujets 
de  la  couronne  de  Gastille  souffraient  de  la  disette  des 
draps  anglais.  Quels  bénéfices  pour  l'Espagnol  qui 
serait  autorisé,  par  exception,  à  faire  l'échange  entre 
les  deux  pays!  Celle  faveur  extraordinaire,  Rodrigue 
osa  la  solliciter  pour  lui,  grâce  à  une  mésaventure 
qu'il  avait  éprouvée  pendant  son  trajet  de  France  en 
Espagne. 

Attaqué  au  passage  des  Pyrénées  par  un  parti  d'An- 
glais, il  s'était  vu  enlever,  sans  espoir  de  les  délivrer, 
plusieurs  personnages  importants  de  sa  suite,  entre 
autres  un  Pedro  Carillo  et  un  Fernando  de  Tovar,  qui 


180  VIE    M.   RODB  Mi  l  i 

était  son  propre  neveu.  1!  nous  semble  que  la  rançon 
de  ces  prisonniers  aurait  dû  être  payée  par  Je  roi  de 
Caslille,  puisque  la  capture  avait  été  faite  dans  une 
marche  exécutée  pour  le  service  du  roi  deCastille;  elle 
fut  mise  cependant  à  la  charge  de  Rodrigue.  11  allégua 
Ténormitédu  sacrifice  pour  réclamer  le  privilège  dont 
il  vient  d'être  question.  La  concession  lui  fut  octroyée 
pour  quatre  voyages  que  son  navire  aurait  la  faculté 
d'accomplir  dans  le  délai  de  trente  mois1. 

11  eut  tout  le  loisir  de  surveiller  les  préparatifs  de  son 
entreprise.  Les  choses  ne  vont  pas  si  vite  en  Espagne 
qu'en  France.  Plus  d'un  an  s'écoula  avant  qu'on  osât 
parler  du  rappel  d'Àlvaro  de  Lima.  A  la  fin,  les  amis 
du  connétable  perdirent  patience.  Ils  conseillèrent  de 
le  faire  redemander  par  les  Cortès,  croyant  que  par  là 
on  éviterait  l'orage  ;  mais  les  haines  n'étaient  pas  en- 
core assoupies.  Les  grands  reprirent  les  armes;  l'infant 
d'Aragon  ouvrit  la  campagne  par  une  marche  précipitée 
sur  Tolède. 

A  la  nouvelle  de  ce  mouvement,  le  roi  qui  était 
à  Arevalo  fit  mettre  à  cheval  tout  ce  qu'il  avait  de 
monde  autour  de  lui,  et  prit  lui-même  avec  cette 
escorte  le  chemin  de  Tolède.  Il  espérait  gagner  de  vi- 
tesse don  Henri  et  arriver  assez  tôt  pour  disposer  la 
défense  de  la  ville  ;  mais  il  avait  compté  sans  la  trahison 
du  gouverneur  Lopez  d'Àyala,  qui,  après  avoir  accueilli 
le  prince  aragonais  de  son  autorité  privée,  lui  permit 
encore  de  sortir  avec  sa  cavalerie  pour  faire  haie  au- 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n   i.wvi. 


M.    Ml  I   \M»I;  A.NDO.  LSI 

devant  de  la  porle,  lorsque  le  roi  se  présenta.  Juan  11 
avait  avec  lui  une  trentaine  de  chevaliers,  dont  Rodrigue 
de  Villandrando.  L'infant  le  voyant  si  petitement  accom- 
pagné, lui  envoya  dire  assez  insolemment  que,  s'il  vou- 
lait entrer  dans  la  ville,  elle  était  à  sa  disposition. 
A  (jnoi  il  lui  lut  répondu  par  un  ordre  de  s'éloigner 
sur-le-champ  ;  mais  il  répliqua  que  le  bien  du  royaume 
exigeait  qu'il  restât  à  la  place  ou  il  était  :  que  d'ailleurs 
pour  témoigner  de  son  respect  envers  I»'  roi,  son  souve- 
rain seigneur,  il  irait  lui  baiser  la  main  s'il  en  rece- 
vait la  permission.  Comme  là-dessus  il  fit  avancer  ses 
gens  de  quelques  pas,  ceux  qui  accompagnaient  le  roi 
mirent  l'épéeà  la  main,  se  croyant  déjà  attaqués  et  lais- 
sant voir  la  plus  grande  inquiétude  à  cause  de  leur 
petit  nombre1. 

Ils  étaient  dans  le  faubourg  par  où  on  arrive  à  Tolède 
en  venant  de  Madrid,  près  d'un  hôpital  dédié  à  sainl 
Lazare.  L'effroi  général  inspira  au  comte  de  Ribadeo 
une  soudain»'  résolution.  Comme  cet  hôpital  était  un 
édifice  bien  bâti  et  solide,  il  y  lit  on  lier  le  roi  et  sa 
suite;  puis;  avec  l'aide  des  gens  de  la  maison  qu'il  mit 
tous  à  l'œuvre,  il  en  barricada  les  avenues,  il  éleva  des 
palissades  autour  de  l'église,  bref,  il  mit  les  lieux  en  si 
bon  état  de  défense,  qu'on  put  y  attendre  en  toute  sécu- 
rité l'arrivée  (rime  escorte  plus  respectable.  Cela  se 
passa  le  jour  des  Ilois,  6  janvier  1441 2. 

Les  Castillans  furent  émerveillés  de  cette  savante  et 
prompte  opération,  le  roi  surtout  qui,  joignant  la  recon- 

1  Fernan  ferez  dc.Guzman,  Cronica  del  reij  Don  Juan,  p.  416. 
-  [fernando  (tel  Pulgar,  ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  i. 


1S2  VIE  DE   RODRIGUE 

naissance  à  l'admiration,  déclara  devant  tout  le  monde 
que,  quelque  grâce  que  le  comte  de  Ribadeo  lui  deman- 
dât en  retour  d'un  si  grand  service,  elle  lui  serait 
immédiatement  accordée.  Alors,  au  rapport  des  chroni- 
queurs, Rodrigue  mit  un  genou  en  terre  et  dit  que, 
puisqu'il  plaisait  au  roi  d'agréer  ce  qu'il  venait  de  faire 
pour  son  service,  il  le  suppliait  d'en  perpétuer  la  mé- 
moire dans  sa  maison  en  lui  accordant  à  lui  et  aux 
comtes  de  Ribadeo,  ses  successeurs,  la  faveur  de  s'as- 
seoir tous  les  ans  à  pareil  jour  à  la  table  du  roi  et 
d'avoir,  à  titre  aussi  de  gratification  annuelle,  le  vête- 
ment porté  ce  jour-là  par  Sa  Majesté. 

L'octroi  d'un  privilège  qui  coûtait  si  peu  de  chose 
à  la  couronne  ne  se  fil  pas  attendre.  Rodrigue  en  fut 
investi  trois  jours  après1  par  un  acte  qui  a  répondu  plei- 
nement à  ses  vœux,  car  il  est  encore  aujourd'hui  en  vi- 
gueur. Les  ducs  de  Hijar,  branche  des  Sarrniento  issue 
de  Rodrigue  par  les  femmes,  jouissent  à  titre  héré- 
ditaire de  la   faveur  sollicitée  par  leur  ancêtre2. 

Manger  côte  à  côte  avec  le  roi,  porter  des  habits  qui 
avaient  touché  le  corps  du  roi,  était  le  plus  grand  hon- 
neur qu'on  pût  imaginer  dans  un  pays  comme  l'Espagne, 
où,  déjà  au  quinzième  siècle,  la  rigueur  du  cérémonial 
interdisait  au  souverain  toute  communauté  dévie  avec 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  lxxviii. 

i  II  y  eut  interruption  au  commencement  de  ce  siècle-ci.  La  reine 
Isabelle  a  rétabli  le  privilège  en  18-41.  Josef  Pellizer  a  publié  le  procès- 
verbal  du  repas  dont  Philippe  IV  (it  les  honneurs  à  Rodrigue  Sarrniento, 
le  jour  des  Rois  1626,  cent  quatre-vingt-cinquième  anniversaire  delà 
rescousse  de  Tolède  (Informe  del  origen,  etc.,  fol.  50).  M.  de  Eguren  a 
recueilli  de  curieuses  anecdotes  sur  celte  cérémonie,  dans  l'article  de  la 
Revista  europea  de  1876  cité  précédemment,  p.  (i. 


DE    VIII  \MU;  \\|ni.  183 

ses  sujets.  Aussi  l'extraordinaire  de  la  récompense  con- 
tribua-t-il  à  amplifier  considérablement  dans  l'opinion 
publique  le  mérite  de  l'action  qui  l'avait  motivée;  tel- 
lement  que  les  Espagnols  regardèrent  la  défense  de 

l'hôpital  Saint-Lazare  comme  le  plus  sublime  exploit  <lr 
Villandrando.  C'est  avec  ce  sentiment  qu'en  parle  le 
poète  portugais  Garcia  de  Hezende  : 

«  Nous  avons  vu  aussi  la  grande  action  du  comte 
de  Ribadeo,  pour  laquelle  le  roi  lui  accorda  de  manger 
à  table  avec  lui,  et  lui  fit  don  de  son  vêlement.  Celui- 
là  fil  si  bien  en  France,  simple  homme-d'armes  qu'il 
était,  qu'il  en  vint  à  commander  dix  mille  lances,  et 
qu'il  obtint  en  Castille  ce  que  l'on  a  le  droit  d'obtenir 
quand   on  se  comporte   ainsi1.  » 

L'imagination  populaire,  par  la  suite  du  temps,  ne 
se  contenta  plus  de  ce  prosaïque  récit  d'un  roi  qui 
avait  trouvé  son  salut  dans  une  maladreric  convertie  en 
redoute  On  eut  besoin  d'expliquer  d'une  manière  plus 
dramatique  la  double  circonstance  du  repas  et  de  l'ha- 
billement royal  concédés  à  un  sujet  à  litre  de  redevance 
annuelle,  et  l'on  forgea  le  conte  d'un  complot  formé 
contre  les  jours  de  Juan  II,  qui  devait  recevoir  son 
exécution  dans  un  festin.  Un  page  du  roi,  nommé  Vil- 
landrando, ayant  surpris  au  dernier  moment  le  secret 
des  conjurés,  fit  le  sacrifice  de  sa  vie  pour  sauver  son 
maître.  Il  se  présenta  lorsqu'on  était  à  table  et  dit  au 
roi  qu'il  était  chargé  pour  lui  d'une  commission  qui  ne 
pouvait  pas  souffrir  de  remise.  Il  l'attira  par  cet  artifice 

1  Ci-après,  Pièces  Justificatives,  n°  i.xxix. 


\  I  1     M.    KUURKH  K 

dans  une  nièce  voisine  où  il  lui  appril  quel  danger  le 
menaçait,  ni  le  supplia  fie  consentir  à  changer  de  vêle- 
ment avec  lui.  De  celte  façon,  il  lui  possible  au  mo- 
narque de  s'évader,  cl  le  page  périt  assassiné,  victime 
de  son  dévouement.  La  récompense  qu'il  n'avait  pas  pu 
recevoir  fui  dévolue  à  sa  famille  sous  une  forme  propre 
à  rappeler  sa  belle  ac!  ion  ' . 

Telle  est  la  légende  qui  a  cours  encore  aujourd'hui 
parmi  les  Espagnols  qui  ne  lisent  pas  l'histoire,  et  ils 
sont  nombreux . 

Rodrigue  de  Villandrando  figura  encore,  mais  cette 
fois  sans  pouvoir  déjouer  les  efforts  de  la  rébellion, 
dans  la  journée  du  28  juin  1441  où  les  mécontents, 
furtivement  introduits  dans  Médina  del  Campo,  en 
vinrent  à  leur-  fins  de  confisquer  la  personne  du  roi. 
Celui-ci  ne  voulut  pas  que  l'on  essayai  une  résistance 
inutile;  il  se  livra  avec  sa  suite,  rassemblée  par  son 
ordre  sous  sa  bannière  qu'il  avait  l'ail  planter,  en  signe 
de  détresse,  au  milieu  de  In  grande  place  de  Médina. 
Dans  le  traité  honteux  auquel  il  souscrivit  alors  comme 
pour  mettre  le  sceau  à  son  humiliation,  lorsqu'il  sacrifiai! 
à  la  vindicte  des  grands  ses  serviteurs  el  les  droits  de 
ses  serviteurs,  il  réserva  cependant  ceux  du  comte  Ro- 
drigue par  une  clause  spéciale,  que  les  confédérés 
acceptèrent  grâce  à  ce  qu'un  des  leurs  en  partagea  le 
bénéfice.  Toute  concession  de  terre  faite  depuis  trois 
ans  élanl  déclarée  nulle,  on  convint  que  la  révocation 
n'atteindrait   ni   Rodrigue  de  Villandandro,  ni  Diego 

1  Ci-nprès    Pièces  justificatives,  n   lxxx. 


DE  VILLANDRAN'DO.  185 

Fernando  de  Quinones,  parce  que  tout  ce  qu'ils  avaient 
reçu  de  la  munificence  royale  dans  les  derniers  temps 
sérail  considéré  comme  une  compensation  de  leurs 
droits  sur  le  comté  de  Cang  -  de  Tineo,  donné  depuis 
plusieurs  années  au  comte  d'Armagnac,  ainsi  qu'on  l'a 
vu  en  son  lieu  l. 

Se  faire  accorder  tant  de  laveurs  en  Espagne  ne  té- 
moignait pas  d'un  bien  grand  empressement  à  retour- 
ner en  France,  Effectivement  les  dispositions  du  comte 
de  Ribadeo  à  l'égard  de  sesanciens  compagnons  d'armes 
n'étaient  plus  relies  du  premier  moment.  Au  lieu  de 
se  préparer  à  les  aller  rejoindre,  il  resserrait  de  plus 
en  plus  se>  attaches  à  la  cour  deCastille,  suit  qu'il  se  fûl 
pris  d'amour  pour  son  pays  natal,  soit  plutôt  que  la 
profession  de  capitaine  de  compagnie  eût  baissé  dans 
son  estime,  par  suite  d'un  nouveau  règlement  militaire 
que  Charles  VII  avait  mis  à  l'essai,  el  dont  il  poursuivait 
l'application  avec  une  grande  vigueur. 

Il  esl  de  notre  sujel  de  nous  arrêter  à  celte  mesure, 
provoquée  par  le  vœu  des  derniers  Etals-généraux  que 
Charles  VII  ait  réunis,  et  promulguée  avec  le  li Ire  so- 
lennel de  pragmatique  sanction,  ou  de  constitution, 
comme  on  dirait  aujourd'hui.  Elle  parut  le  2  novem- 
bre 1439,  six  mois  après  le  départ  de  Rodrigue  pour 
l'Espagne.  Klle  portait  qu'à  l'avenir,  il  n'\  aurai!  plus 
de  capitaines  «pie  ceux  qui  seraient  institués  par  lettres 
royales;  plus  d'hommes-d'armes  que  les  sujets  dont  la 
vie  et  les  mœurs  auraient  été  trouvées  dignes  d'appro- 

1  Fernand  Perez  de  Guzman,  pp,  156,  U2  el  W5  ;  ci-dessus,  p.  71 


isr,  VIE    DE   RODRIGUE 

liation  après  un  examen  sérieux  ;  plus  de  campement 
en  lieux  vagues,  ni  de  séjour  ailleurs  que  dans  des 
villes  ou  bourgades  frontières,  qui  seraient  désignées 
par  le  roi  ;  plus  de  courses,  ni  d'incendies,  ni  de  pil- 
lage sous  peine  de  mort1. 

Ce  sont  les  mêmes  dispositions  que  celles  qui  avaient 
été  ('dictées  sans  aucun  succès  en  1422  ;  on  y  avait  seu- 
lement ajouté  le  régime  de  la  garnison2  :  chose  très 
importante,  plus  importante  assurément  que  tout  le 
reste;  car  le  moyen  d'exercer  un  conlrôle  efficace  sur 
les  compagnies  était  trouvé,  du  moment  qu'on  allait  les 
tenir  à  demeure  dans  des  lieux  fermés  et  sous  les  yeux 
de  beaucoup  de  témoins.  La  difficulté  était  de  forcer  à 
résidence  des  hommes  qui  avaient  l'habitude  de  vaga- 
bonder. 

On  était  occupé,  au  milieu  de  toutes  sortes  d'en- 
traves, à  mettre  celte  nouveauté  en  pratique,  lorsque 
les  Rodrigais  renvoyés  de  la  Castille  par  le  traité  de 
Castro-Nuno  opérèrent  leur  rentrée  en  France.  Sala- 
zar,  sans  tenir  compte  de  l'ordonnance,  les  promena 
par  le  Haut-Languedoc,  et  rencontrant  sur  son  chemin 
le  bâtard  de  Béarn,  qui  refusait  de  se  soumettre  à  un 
pareil  régime,  il  renouvela  son  alliance  avec  lui3. 
Quand  ils  eurent  réuni  leurs  bandes,  ils  recommen- 
cèrent le  pillage  du  Lauraguais,  de  ce  plantureux  Lau- 
raguais  où  a  pris  naissance  la  légende  du  pays  de  Co- 

1  Recueil  des  ordonnances  des  rois  de  France,  t.  XIII,  p.  506. 

2  Ce  point  a  été  mis  en  relief  par  M.  Vallet  de  Viriville,  Histoire  de 
Charles  VU,  t.  I,  p.  402. 

r-  Vaissete,  Histoire  de  Languedoc  t.  IV,  p.  493. 


DE   Vil  I  INDRANDO.  181 

cagne.  Telle  était  en  effel  la  richesse  de  la  contrée, 
qu'on  ne  s'y  ressentait  déjà  plus  de  leurs  dépréciations 
de  l'année  précédente. 

Le  roi,  extrêmement  irrité  à  la  nouvelle  de  ces  dé- 
sordres, vint  exprès  en  Languedoc  pour  en  hâter  la  ré- 
pression. Les  sénéchaux  de  la  province  reçurent  l'in- 
jonction de  se  mettre  à  la  têle  de  toutes  les  forces 
disponibles1,  tandis  que  les  États,  convoqués  à  Nar- 
bonne,  feraient  les  fonds  nécessaires  pour  solder  la 
dépense.  Mais  au  plus  fort  de  ces  préparatifs,  éclata  la 
sédition  connue  dans  l'histoire  sous  le  nom  de  Praguerie. 

Les  princes  français,  à  l'exemple  des  grands  de  la 
Castille,  avaient  comploté  entre  eux  de  réduire  le  roi  à 
se  défaire  de  deux  ou  trois  personnes  de  son  entourage 
qui  les  offusquaient.  Ils  profitèrent  du  mécontentement 
général  que  causait  dans  l'armée  la  contrainte  de  la 
garnison,  pour  attirer  à  leur  parti  la  plupart  des  capi- 
taines. Disposant  ainsi  d'un  bon  nombre  des  compa- 
gnies réformées,  ils  ne  doutaient  pas  de  l'appui  des 
compagnies  réfractaires,  d'autant  que  le  duc  de  Bour- 
bon était  à  la  tète  du  mouvement,  et  que  les  Rodrigais 
avaient  toujours  été  considérés  comme  une  milice  au 
service  du  duc  de  Bourbon.  Mais  on  avait  compté  sans 
la  diligence  du  roi. 

Au  lieu  de  se  laisser  prévenir,  comme  avait  fait  le 
malheureux  roi  de  Castille,  Charles  Vil  gagna  de  vi- 

1  «  Avons  esté  et  sommes  deuement  informez  que  ledit  bastart  do 
Béarn,  accompagné  d'ung  appelé  Salazar,  et  plusieurs  autres  routiers,  en 
grant  nombre  de  gens  d'armes  et  de  traict,  sont  puiz  n'a  guières  entrez 
en  nostre  pays  de  Languedoc, etc.  »  (5  janvier  1439  v.  st.),Vaissete,  t.  IV, 
preuves,  col.  454. 


VIE    DL    RODRIGUE 

lesse  ses  ennemis;  il  arriva  le  premier  partout  où  il  y 
avail  à  prendre  barre  sur  eux.  Salazar  était  déjà  gagné, 
avant  d'avoir  reçu  les  propositions  des  rebelles1.  L'ar- 
gent qu'on  s'était  proposé  de  demander  aux  Etats  du 
Languedoc  pour  lui  donner  la  chasse,  fut  voté  pour  lui 
Paire  une  gratification  considérable,  qui  le  rendit  l'un 
des  plus  fermes  soutiens  de  la  couronne. 

Le  premier  gage  qu'il  donna  de  sa  fidélité  fut  de 
laisser,  peut-êire  même  de  faire  arrêter  dans  ses  rangs 
l'un  des  écuyers  du  dauphin  qui  s'y  était  introduit, 
sans  doute  afin  de  cabaler,  quoiqu'il  se  donnât  pour  un 
paisible  pèlerin  qui  revenait  de  Saint-Jacques  de  Com- 
postelle2.  Ni  suggestions  secrètes  ni  promesses  ne  furent 
capables  de  détourner  le  capitaine  de  son  engagement  ; 
il  opéra  sa  jonction  au  jour  convenu. 

L'étendard  de  Rodrigue  de  Yillandrando  flottant  a  côté 
de  celui  du  roi  produisit  sur  les  révoltés  un  effet  dé- 
sastreux. Ce  spectacle  inattendu  ne  fut  pas  la  moindre 
cause  du  découragement  qui  s'empara  des  troupes 
qu'on  avait  débauebées  au  nom  de  l'indépendance  et  de 
la  dignité  du  soldat3. 

La  déroute  de  la  Praguerie  valut  à  Salazar  la  dignité 
d'écuyer  du  roi  de  France,  qu'il  joignit  à  celle  d'écuyer 
du  roi  de  Caslille;  car  il  avait  rapporté  de  l'expédition 
d'Espagne  ce  titre  honorifique*.  Mais  quelle  fut  sa  si- 
tuation dans  l'armée  française  après  l'apaisement  des 
troubles?  que  devint  le  commandement  général,  si  peu 

1  Vaissete,  t.  IV.  p.  491. 

-  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n°  i.xxvn. 

:>  Chronique  du  héraut  Berri,  dans  Godefroy,  p.  iO'J. 

*  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n   lxxxii. 


DE    Ml  I  kNDRANDO.  189 

compatible  avec  la  aouvelle  ordonnance,  qu'il  exerçait 
naguère  sur  tous  les  capitaines  du  serment  de  Rodri- 
gue1? 

Les  documents  sonl  en  trop  petit  nombre  pour  four- 
nir une  réponse  précise  à  ces  questions.  Dans  un  acte 
de  I  I  <"-\  Salazar  se  donne  pour  un  chef  de  compngnie 
ayanl  puissance  sur  d'autres  hommes  que  ceux  dont 
son  corps  était  composé*.  D'autre  part  nous  trouvons 
en  1 140  et  1441,  Mimi/ii  de  Zamora  et  Sancho  de  To- 
var  occupant  â  tour  de  rôle,  en  qualité  de  lieutenants 
de  Rodrigue,  la  ville  de  Fumel  en  Agenais,  et  rien  n'in- 
dique que,  pour  agir,  ils  aient  eu  besoin  de  prendre 
les  ordres  de  Salazar3. 

Le  rôle  de  Sancho  de  Tovar  eut  de  l'importance.  Les 
Anglais  ayant  profité  de  la  Praguerie  pour  se  saisir 
encore  une  fois  d'une  partie  des  forteresses  du  Quercy, 
il  les  en  chassa.  A  l'occasion  de  cette  campagne,  la  pro- 
vince s'imposa  une  contribution  dont  le  produit  fui 
partagé  entre  le  comte  de  Ribadeo  et  son  lieutenant. 
Celui-ci  ne  se  trouva  pas  suffisamment  dédommagé  de 
ses  frais  ^^  guerre  par  la  portion  qui  lui  revint;  il  lit 

1  «  Sallezar  qui  avoil  entièrement  le  gouvernement  des  gens  d'ar- 
mes qui  estaient  pour  Etadigues,  ou  païs  de  Guicnne.  -  Chronique  du 
Béni. 

-  Pièces  justificatives,  n"  i.xwn. 

3  «  L'an  1440,  Cahors  payoit  contribution  en  bled  au  capitaine  de  Fu- 
mel, apelé  Sumorte.  ..  L'an  1441,  les  Élatz  du  Quercy,  assemblés  à 
Caylus,...  demandent  qu'on  chasse  les  Anglois  de  Clermont  (Soubiran). 
Sanchon  de  Tours,  li  ntenanl  du  comte  de  Rieux,  appelé  dans  les  comptes 
Ribadious,  y  alla  au  mois  de  septembre,  fil  quelque  composition  qui  ne 
l'ut  pas  gardée,  s'en  alla  en  Rouergue,  volant  partout;  et  les  consuls  de 
Cahors  le  font  suivre,  pour  le  prier  de  leur  rendre  ce  qu'il  n'avoil  pa  pris 
sur  l'ennemi.  »  De  Foùîlhac,  Soles  manuscrites  sur  le  Qucrci, 


,,,0  VIE  DE   RODRIGUE 

une  razzia  sur  le  Rouergue,  absolument  comme  si  l'or- 
donnnnce  de  I  ioO  n'avail  pas  existé1. 

Concluons  de  loul  cela  qu'il  est  plus  facile  de  cou- 
cher les  réformes  sur  le  papier  que  d'en  obtenir  l'ac- 
complissement; que  la  régularisation  de  l'armée  fut  re- 
tardée encore  une  fois,  parce  que  le  roi  dut  fermer  les 
veux  sur  plus  d'un  écart  de  ces  routiers  ipii  venaient 
de  lui  rendre  un  h  grand  service;  enfin  qu'une  partie 
des  compagnies  franches  prolongeant  leur  existence,  le 
comte  de  Ribadeo  trouva  bon  de  partager  le  gain  de 
celles  qui  continuaient  à  se  décorer  de  son  nom. 

Il  ne  <e  (il  pas  illusion  sur  la  durée  de  ce  quart 
d'heure  de  grâce.  Mrs  l'année  1  \  il ,  toutes  ses  mesures 
lurent  prises  pour  la  liquidation  de  ses  affaires  eu 
France.  In  écuyer  de  sa  maison  reçut  de  lui  procura- 
lion  en  bonne  forme,  pour  recouvrer  les  créances  ou  dé- 
pôts qu'il  avait  en  plusieurs  lieux  du  royaume.  L'opé- 
ralion  fui  longue  et  laborieuse.  Elle  exigea  plus  d'une 
fois,  <lu  mandataire  qui  en  avait  la  charge,  qu'il  se  don- 
nai des  substituts  pour  négocier  des  affaires  qui  se 
poursuivaient  simultanément  à  de  grandes  distances2. 
Au  nombre  des  créances  étaient  les  sommes  qui  res- 
laienl  dues  à  Rodrigue  en  vertu  du  traité  conclu  pour 
l'évacuation  du  Comminges.  Il  n'en  avait  pas  touché 
une  obole  depuis  son  retour  en  Espagne.  Aux  premières 
demandes  les  comtes  de  IHi\  ri  de  Comminges  oppo- 

1  «  (in  i.:K  une  laxe  mit  le  pays  pour  le  paiement  de  ce  qu'on  devoit 
donner  au  comte  de  Ribadious  et  ;i  Sanction  de  Toars,  son  lieutenant, 
pour  les  frais  el  la  peine  qu'ils  avuient  prise  ;i  chasser  les  Anglois  des 
loris  de  Quercy  qu'ils  avoienl  assiégés.     De  Fouilhac,  I.  c. 

-'  Ci-après,  Pièces  justificatives,  a   \.\\\\. 


DE  VILLÀNDRÀNDO.  191 

sèrent  des  délais,  qui  se  changèrent  en  relus,  lorsqu'ils 
furent  certains  de  n'avoir  plus  la  visite  du  terrible 
capitaine. 

Mais  le  moyeu  de  se  soustraire  à  une  obligation  qui 
avait  été  contractée  sous  les  serments  les  plus  solennels? 

Les  princes  de  Foix  avisèrenl  que  celui  qui  a  sur  terre 
le  pouvoir  de  lier  el  de  délier  ne  se  refuserait  pas  aies 
tirer  de  là.  Le  cardinal  de  Foix,  frère  de  l'un  et  oncle 
de  l'autre,  vivait  toujours,  et  n'avait  pas  oublié,  on 
peut  le  croire,  la  guerredu  (lomtat  soutenue  contre  lui 
par  le  Castillan.  Le  comte  deComminges  et  le  comte  de 
Foix  se  servirent  de  lui  pour  l'aire  parvenir  et  agréer  à 
la  chancellerie  romaine  une  supplique  par  laquelle  ils 
demandaient  à  être  relevés  d'un  serment,  non  valable, 
disaient-ils,  attendu  qu'il  leur  avait  été  extorqué  sous 
la  pression  des  Écorcheurs.  Pour  montrer  jusqu'à  quel 
point  leur  prétention  leur  semblait  légitime,  ils  se'dé- 
claraient  déterminés,  non  seulement  à  ne  pas  solder  le 
reliquat  des  sommes  stipulées,  mais  encore  à  pour- 
suivre par  toutes  les  voies  légales  la  restitution  de  ce 
qu'ils  avaient  déjà  payé. 

La  libération  qu'ils  sollicitaient  leur  fut  accordée  par 
une  bulle  du  pape  Eugène  IV  (15  septembre  1445),  dont 
l'exécution  fut  renvoyée  à  Pévêque  de  Hieux,  délégué 
apostolique  en  cette  partie1. 

Une  telle  façon  de  payer  ses  dettes,  tout  à  fait  au  goût 
dts  débiteurs,  fut  certainement  trouvée  moins  plaisante 
par  le  créancier.  Il  n'est  pas  douteux  que  le  comte  de 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n  Lxxxm 


m  VIE   DK   HOblUG!  F. 

Ribadeone  se  soit  agité  pour  faire  réformer  la  décision 
dont  il  était  vie-lime.  Ses  démarches  restèrent  sans  effet 
de  son  vivant.  Après  sa  mort,  l'archevêque  de  Tolède 
les  reprit,  auprès  des  puissances  temporelles,  pour  le 
compte  de  Pierre  de  Villandrando,  fils  de  Rodrigue.  Le 
prélat  écrivit  à  Louis  XI,  afin  de  l'intéresser  en  laveur 
de  l'orphelin  injustement  frustré1.  C'était  en  1462, 
dans  un  moment  où  Louis  XI  était  au  mieux  avec  le 
saint-père  et  avec  le  comte  de  Foix,  de  sorte  que  les 
réclamations  apportées  au  nom  du  fils  eurent  le  même 
sort  que  celles  du  père. 

Si  l'on  me  demandait  de  préciser  l'époque  où  Ro- 
drigue cessa  d'exercer  tout  commandement  en  France, 
je  désignerais  Tannée  1442,  parce  que  depuis  lors  son 
nom  n'apparaît  plus  dans  les  documenls  où  il  est  ques- 
tion de  ses  routiers.  Le  nom  deSalazar  a  définitivement 
remplacé  le  sien. 

Jean  de  Salazar  est  un  castillan  qui  appartient  à 
l'histoire  de  France  encore  plus  que  Rodrigue  de  Villan- 
drando; car  sa  vie  entière  se  passa  au  service  de  notre 
pays  et  il  y  fit  race.  Il  est  le  père  de  ce  Tristan  de  Sa- 
lazar, archevêque  de  Sens,  qui  fit  construire  l'un  des 
deux  seuls  hôtels  à  la  façon  du  moyen  âge  existant  en- 
core à  Paris,  et  qui  fut  aussi  le  dernier  de  nos  prélats 
qu'on  ail  vu  se  montrer  armé  de  toutes  pièces  sur  un 
champ  de  bataille2. 

Pour  ses  débuts,  il  se  distingua  à  la  bataille  d'Anthon, 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n  iww. 

■-  Au  combat  devant  Gênes  en  1507.  Voy.  Jean  d'Auton,  Chroniques, 
i.  lit,  y.  338. 


hl.    V1L1  \M'l;  WImi.  [03 

t  n  combalianl  comme  page  aux  côtés  de  Rodrigue1.  Son 
avancemenl  fui  rapide.  Dans  les  commandements  qui  lui 
furent  confiés,  il  se  comj  orta  de  façon  à  devenir  en  peu 
de  temps  l'homme  de  confiance  de  son  maître. 

lu  détracteur  de  sa  famille  a  prétendu  qu'il  y  cul 
chez  lui  plus  de  savoir-faire  que  de  vaillance,  et  que  le 
principal  instrument  de  s*  gloire  lui  une  insigne  hâble- 
rie. «  Quand  il  \iui  d'Espaigne  en  France,  dit  cet  au- 
teur, il  estoil  autant  i_;n  u\  île  biens  qu'est  un  singe  de 
queue.  Toutes  fois  il  lii  h  bien,  contre  droit  et  sansnul 
mérite,  qu'il  s'euiiehii  tant  par  mariage  que  parpille- 
rie.  Il  lui  page  de  tlodrigues,  qui  fut  empereur  des  pil- 
lards de  France;  toutes  fois  Sa llezart  en  ce  mestier  le 
passa.  Quand  quelque  deslrousse  se  faisoit  en  France 
de  son  temps,  il  donnoit  de  l'argent  pour  dire  es  villes 
et  partout  que  c'estoit  luy.  Il  disoit  prou  el  n'en  faisoit 
guères*.  » 

Il  esl  hors  île  toute  vraisemblance  que  Rodrigue  de 
Yillandrando  aurait  choisi  pour  son  successeur  l'origi- 
nal île  ce  portrait.  Les  talents  militaires  et  la  valeur  <le 
Salazar  nous  sont  u ;um ïi t i s  nu  contraire  par  le  cas  que 
Louis  M  lit  de  lui.  Ce  roi.  si  difficile  ;'i  contenter,  l'estima 
et  l'employa  lanl  qu'il  vécul  comme  l'un  de  ses  meil- 
leurs généraux.  Aussi  bien  avait-il  été  surnommé  dans 
l'armée  française  «  le  grand  chevalier3». 

En  I  i  i'2,  il  n'avait  pas  encore  d'autre  ambition  (pie 
de  continuer  le  rôle  <lr  Rodrigue.  Il  venait  d'épouser 

1  Lefèvre  de  Saînt-Remy,  ch.  u.w. 

-  Paulin  Paris,  analyse  de  la  Marguerite  historiale,  dans  Les  manu- 
scrits françois  'le  la  Bibliothèque  'lu  roi,  t.  Ml.  p.  525. 
5  liiMiil.  Histoire  du  Berri,  i.  III.  p.  !•". 


lui  \  11.    DE    RODRIGUE 

une  bâtarde  de  Lu  Trémoille1,  et  du  même  coup  plu- 
sieurs seigneuries  en  Champagne2,  qui  lui  donnaient 
parmi  la  noblesse  française  une  situation  analogue  à 
celle  de  son  maître.  Quoiqu'il  fût  de  la  retenue  du  roi 
et  de  plus  bénéficié,  sur  le  domaine  royal,  de  la  chà- 
tellenie  d  hsoudun3,  il  se  mit  à  eorrespondre  avec  les 
puissances,  comme  aurait  fait  un  condottiere  indépen- 
dant. 11  alla  jusqu'à  traiter  avec  le  duc  de  Bourgogne 
en  s'obligeant  à  servir  ce  prince  envers  et  contre  tous, 
sans  faire  d'exception  pour  le  roi  de  France  quand  il 
eut  soin  d'un  faire  une  pour  le  roi  de  Castille5.  11  fit 
plus.  Il  se  déclara  pour  le  comte  d'Armagnac  lorsque  ce 
seigneur,  enhardi  par  l'impunité  de  ses  crimes,  conçut 
la  folle  pensée  de  s'affranchir  de  ses  devoirs  envers  la 
couronne5. 

C'était  aller  trop  loin,  si  loin,  que  les  Rodrigais  eux- 
mêmes  hésitèrent  devant  l'énormilé  du  cas.  Salazar, 
assiégé  dans  Rodez  avec  des  hommes  qu'il  vit  mollir, 
fut  obligé  de  souscrire  à  une  capitulation  dont  le  pre- 


1  Elle  s'appelait  Marguerite  et  était  née  d'une  demoiselle' de  Château- 
Guillaume  en  Berri.  Le  contrat  est  du  51  octobre  1441,  et  les  grands  ser- 
vices rendus  par  Salazar  au  seigneur  de  La  Trémoille  y  sont  allégués 
Cabinet  des  Titres  de  la  Bibliothèque  nationale,  dossier  Salazar. 

-  Saint-Jus!  en  l'Angle,  Marcilly-sur-Seine,  Jfontainc-Bethon,  Potau^i.-- 
el  Waugonières. 

3  Raynal,  Histoire  du  llerri.  1.  c. 

•''  Ci-après,  Pièces Justificatives,  n   lxxii. 

s  Chronique  du  héraut  Berry,  dans  Godefroy,  p.  124.11  existe  dans 
le  dossier  Armagnac  du  Cabinet  des  Titres,  à  la  Bibliothèque  nationale, 
la  déposition  d'un  chanoine  de  Lectoure  révélant  que  le  comte  d'Arma- 
gnac avait  acheté  la  complicité  de  Salazar  en  lui  donnant  la  seigneurie  de 
Chaudesaigues,  qui  taisait  partie  de  la  succession  Séverac,  et  qui  n'avait 
été  attribuée  audit  comte  qu'à  la  condition  de  servir  d'apanage  aux  aines 
d'Armagnac,  ou  sinon  de  retourner  au  roi. 


DE   VIN  L3DRAND0.  193 

niier  article  était  qu'il  résilierait  son  commande- 
ment1.  Le  dauphin,  qui  l'avait  réduit  à  cette  extré- 
mité, mil  à  sa  place  un  autre  Espagnol,  aimé  de 
Charles  \'||  el  recommandé  par  vingt  ans  d'un  service 
assidu  auprès  île  |,i  personne  du  roi.  Les  chroniqueurs 
français  donnent  à  ce  capitaine  le  nom  de  Martin 
Garcie*.  Fernan  Perez  de  Guzman,  dans  ton  histoire 
de  Juan  II,  l'appelle  .Martin  Enriquez,  el  nous  apprend 
qu'il  était  fils  du  comte  do  Guijon".  C'est  lui  qui  opéra 
l'arrestation  du  comte  d'Armagnac  à  l'Ile-en-Jourdain, 
ou  l'armée  royale  se  rendit  en  quittant  Rodez. 

I  iir  partie  des  compagnies  qui  avaient  obéi  à  Ro- 
drigue  tenaient  toujours  la  frontière  contre  les  Anglo- 
gascons.  Elles  se  mirent  en  routé  pour  venir  au  secours 
de  Salazar,  lorsqu'elles  apprirent  qu'il  était,  en  danger. 
Le  dauphin  alla  à  leur  rencontre  et,  au  nom  de'  la 
fidélité  qu'elles  devaient  au  roi,  les  conduisit  à  l'assaut 
des  places  de  Séverac  et  de  Capdenac,  où  la  rébellion 
suscitée  par  le  comte  d'Armagnac  acheva  d'être 
étouffée  '. 

Aussitôt  après,  les  mêmes  compagnies  furent  versées 
dans  la  grande  armée  des  Ecorcheurs,  par  qui  le  roi 
lit  envahir  l'Alsace.  Les  Rodrigais,  remis  pour  cette  cam- 
pagne sous  le  commandement  de  Salazar s,  eurent  le 

1  Berri,  p.    i_ 5. 

-  Berri,  ibid.  Jean  Chartier,  t.  II.  pp.  2ti.'>.  31  %,  318  :  Compte  do  l'ar- 
genterie  de  Charles  Vil,  dans  le  supplément  aux  preuves  du  Mathieu  d'Es- 
co'ieliy   de  M.  de  Deaucourt. 

3  Cronica  del  rey  <l<m  Juan  ri  IL  part.  II,  c.  i.vm. 

*  Berry,  p.  125. 

■  Une  relation  latine  qui  lait  partie  dn<  pièces  justificatives  des  Écor~ 
ckeurs  de  M.  Tuetej  (t.  II,  n.  517)  établit  que  Saluzar  était  secondé  dan< 


IOC  Vil.    DE    RODRIGUE 

double  honneur  de  fournir  l'escorte  du  général  en  chcl  ' 
et  d'être  placés  à  l'avaul-garde  de  l'armée8.  Ils  ga- 
gnèrent à  cela  d'être  horriblement  maltraités  à  la 
bataille  de  Saint-Jacques,  ayant  été  les  premiers  qui 
éprouvèrent  la  vigueur  du  poignet  des  Suisses.  Presque 
toutes  les  pertes  de  la  journée  furent  à  leur  compte,  et, 
qui  pis  est,  ils  avaient  reculé.  Ce  fut  leur  dernier  ex- 
ploit. 

Pendant  l'éloignement  des  bandes,  ou  avait  trouvé 
enfin,  dans  les  conseils  de  la  couronne,  le  moyen  de  se 
débarrasser  d'elles  une  fois  pour  toutes3.  Le  système 
adopté  était  celui  d'une  armée  permanente,  maintenue 
à  un  effectif  constant,  payée  de  mois  en  mois,  et  dissé- 
minée par  petites  escouades  dans  les  villes  et  bourgs. 
Les  routiers,  à  leur  rentrée  en  France,  trouvèrent  des 
capitaines  déjà  institués  qui  les  attendaient,  avec  l'appui 
d'une  force  respectable,  pour  désigner  ceux  d'entre  eux 
ijui  seraient  admis  dans  la  nouvelle  armée.  Un  homme 
d'une  énergie  extraordinaire,  dont  tout  le  monde  a  en- 
tendu prononcer  le  nom,  Tristan  PHermite,  avait  pré- 


un  commandement  par  deux  capitaines  appelés  Conques  et  Guntsales. 
Le  premier  de  ces  noms  répond  à  l'espagnol  Concha,  et  le  second,  a 
Qonzales.  I  a  Gonzalès  Dars,  possesseur  de  la  seigneurie  de  Larpenlis, 
eut  pour  héritier  naturel,  en  1177.  Jean  de  s,iliz;ir  lui-même.  Cabinet 
des  Titres  de  la  Bibliothèque  nationale,  dossier  Salazar. 

1  "  Les  Esjiaignoz  qui  sont  gardes  du  corps  de  Mgr  le  chiulphin,  dont 
est  capitaine  un  nommé  i. hausse  de  Sav.ic  (!)   ou   nombre  de  environ 
bevaulx.     Du  Fresne  dé  Beaucourt,  Pièces  justificatives  aux  Mé- 
moires <le  Mathieu  d'Escouchy,  t.  111.  p.  93. 
-   [uetey.  Les  Écorcheurs sous  Charles  17/,  t.  1,  p.  167.' 

I.t  lot  ainsi  trouvée  i<  ceste  heure  l'ordonnance  de  vivre  aux  gens 
d'armes  de  France.  »  Guillaume  Gruel,  Mémoires  du  connétable  de  Ri- 
vhemond,  p.  782. 


Hl.  \  Il  I WM;  \  sno.  197 

paré  le  travail  cl  pourvu  à  tous  les  moyens  d'exécution. 
Le  triage  se  fil  sans  éprouver  de  résistance.  Les  hommes 
qu'on  élimina  furent  désarmés,  groupés  par  nations 
et  confiés  à  des  commissaires  qui  1rs  conduisirent, 
bous  bonne  escorte,  jusqu'aux  frontières  de  leurs  pays 
respectifs  '. 

La  compagnie  où  furenl  incorporés  ceux  des  Rodri- 
gais  que  l'on  conserva  fui  appelée,  à  cause  de  sa  com- 
position, la  compagnie  des  Espagnols*.  Le  roi  en  donna 
le  commandement  à  ce  Martin  Enriquezjiont  il  a  été 
parlé  ci-dessus.  Quanl  à  Salazar,  il  fut  congédié  «le 
nouveau,  et  pour  longtemps,  car  sa  disgrâce  dura  jus- 
qu'à la  mort  de  Charles  VII. 

Ainsi  fut  consommée,  cinq  ans  cl  demi  après  l'éloi- 
gnement  de  Rodrigue,  une  révolution  qu'il  avail  pré- 
vue, et  dans  laquelle  il  n'eut  garde  de  revenir  se  com- 
promettre. 11  comprit  qu'il  ne  fallait  pas  essayer  de 
prolonger  un  état  de  choses  dont  le  gouvernement  de  la 
France  avait  juré  l'anéantissement.  En  pliant  sa  ban- 
nière à  temps,  il  s'épargna  la  mortification  de  la  voir 
poursuivie.et  abattue  par  l'autorité  des  lois. 

La  sagesse  dont  il  lit  preuve  eu  celle  circonstance 
apparaît  dans  tout  ce  qu'on  peut  discerner  de  la  con- 
duile  qu'il  tinl  en  Castille. 

Il  eut  le  bon  esprit,  dans  une  cour  qui  était  la  patrie 
de-  cabale-,  de  ne  s'afficher  ni  comme  meneur,  ni 
comme  créature,  et,  lorsque  sa  science  était  la  guerre, 
de  ne  pas  faire  l'homme  entendu  aux  intrigues.  La  ru- 

1  Mathieu  (TEscouehy,  édition  il<'  Beaucourt,  t.  I.  pp.  50,  51  el  suiv. 
•'  Jean  Char  lier,  t.  II.  p.  265. 


198  VIE   DE   RODRIGUE 

desse  de  son  abord,  sa  mine  flère  jusqu'à  la  dureté1, 
lui    assuraient  le   respect,  en    même  temps  que  sa 
loyauté  bien  connue  le  niellait  hors  des  atteintes  de  la 
médisance.  Il  était  ouvertement  le  partisan  d'Alvaro  de 
Luna,  jusqu'à  souffrir  d'être  compté  au  nombre  de  ses 
pensionnaires2.  Au  contraire,  le  prince  des  Asturies, 
dont  il  fut  maréchal  %  ne  trouva  jamais  d'assistance  en 
lui  dans  ses  continuelles  révoltes  contre  le  roi,  son  père. 
Quant  à  ce  roi,  digne  de  commisération  à  cause  de  sa 
faiblesse  et  de  ses  infortunes,  on  peut  dire  que  ce  fut 
sur  lui  que  le  comte  de  Ribadeo  concentra  tout  ce  qu'il 
avait  de  soumission  et  d'attachement.  La  seule  gloire 
qu'il  connut  et  rechercha   dans  sa   nouvelle  vie  fut 
celle  de  se  rendre  utile  à  ce  prince  malheureux;  et  la 
charge  de  conseiller,  qu'il  remplit  auprès  de  sa  per- 
sonne, ne  lui  servit  pas  à  satisfaire  d'autre  ambition  4. 
Il  acheva  sa  carrière  militaire  au  milieu  des  mouve- 
ments qui  ramenèrent  au   pouvoir  Alvaro  de  Luna. 
En  1 444,  il  eut  la  charge  de  s'assurer  de  Guellar  pen- 
dant que  Juan  II  allait  mettre  le  siège  devant  Penafiel  ; 
en  1445,  il  commanda  une  partie  de  la  maison  du  roi 

1   «  La  catudura  feroz.  »  Ilernando  del  Pulgar. 

-  «  Coudes  e  perlados  e  nobles  varones  e  muchos  senhores  de  villas  cer- 
cadas  vi\  ian  en  la  su  casa  (del  condestable)  e  avian  continua  soldada  d'el. 
Los  condes  cran,  el  conde  de  Medina-Celi,  don  Luis  de  la  Cerda,  el  conde 
de  Alva.  don  Fernando  Alvarez  de  Toledo,  etc....  don  Rodrigo  de  Villan- 
drando  conde  de  Ribadeo  e  don  Pedro  de  Villandrando,  su  6]o,  que  des- 
pues lue  conde  d'esté  condado.  etc.  »  Coronica  del  condestable  D.  Alvaro, 
Epilogo,  p.  389. 

3  Fernan  Perez  de  Guzman,  Cronica  del  rey  don  Juan  H,  p.  406. 

4  Son  nom  est  inscrit  parmi  ceux  des  grands  qui  assistèrentaux  cortès 
de  Valladolid,  en  1442,  e!  d'Olmedo,  en  1  i4o.  Cartes  de  los  aniiguos 
reinos  de  Léon  y  de  Castilla,  recueil  publié  par  l'Académie  royale  d'his- 
toire, i.  III,  p.  593 el  '>'■<!.  In-i  .  Madrid,  1866, 


DE   VII  l  INDRA  Miu.  19g 

•1  la  bataille  d'Olmedo,  gagnée  par  le  connétable; 
en  1446,  il  fut  d'un  grand  secours  au  siège  d'Atiença, 
un  des  plus  difficiles  qui  aienl  eu  lieu  dans  ce  temps 
là,  à  cause   de  l'inexpugnable  position   de  la  ville1. 

Depuis  lors  son  nom  ne  paraît  plus  dans  l'histoire; 
mais  celui  de  sa  femme  esl  mêlé  à  un  évènemenl  trop 
grave  pour  qu'il  n'en  soit  point  parlé  ici. 

.Marguerite  de  Bourbon  n'avail  pas  longtemps  vécu 
en  Espagne  où  elle  étail  allée  s'établir  avec  son  mari. 
Celui-ci,  resté  veuf  .ivre  des  curants  en  qui  son  nom 
allait  s'éteindre,  se  remaria  dans  la  maison  de  Zuniga 
avec  doua  Béatriz,  fille  du  seigneur  de  Monterey*.  Celle 
dame  fut  en  mande  autorité  auprès  de  la  reine  Isabelle, 
femme  de  Juan  11.  Or  il  faut  savoir  que  la  reine  Isa- 
belle étail  Portugaise,  et  qu'elle  ne  cessa  jamais  de 
l'être  de  caractère  comme  d'affection;  de  telle  sorte 
qu'ayant  ('prouvé  souvent  de  grandes  impatiences 
à  l'égard  du  connétable,  elle  linit  par  l'avoir  tout  à  fait 
en  aversion  lorsqu'elle  sut  qu'il  donnait  des  conseils 
au  roi,  son  mari,  contre  l'extension  des  établissements 
portugais  sur  la  cote  d'Afrique5.  Cela  se  passait  dans  le 
temps  où  Alvaro  de  Luna  avait  façonné  à  son  joug  tous 
les  cabaleurs  du  temps  passé,  hormis  un  seul,  qui 
était  Pedro  de  Zuniga,  comte  de  Ledesma,  devenu  ré- 
cemment comte  de  Plasencia.  La  comtesse  de  Ribadeo 
étant  la  nièce  de  ce  seigneur,  il  ne  tarda  pas  de  se  faire 
que,  par  sou  entremise,  la  reine  et  lui  ne  connussent 

1  Fernan  Ferez  île  Guzman,  pp.  486,   492,  507. 

-  Josef  Pelizer,  1.  c. 

3  Histoire  du  connétable  de  Lune,  p.  308.  Paris,  1720,  in-li. 


\  IE    DE    Uni)  Ri  r,i  |. 

leurs  ressentiments  respectifs.  Une  ligue  s'ensuivit,  el 
bientôt  la  tranchée  lui  ouverte  contre  le  connétable, 
bien  secrètement,  bien  profondément,  mais  avec  la  cer- 
titude de  rencontrer  el  de  s'adjoindre,  à  mesure  qu'on 
avancerait,  assez  d'autres  ouvriers  souterrains. 

Comme  ces  choses  se  tramaient,  la  cour,  qui  était 
à  Valladolid,  recul  l'ordre  de  se  rendre  à  Burgos, 
à  cause  de  quelque  soupçon  que  conçut  Alvaro  de  Luna. 
La  reine  comprit  alors  qu'il  fallait  brusquer  le  dénoû- 
ment.  Elle  obtint,  ou  peut-être  contrefit  une  lettre 
à  l'adresse  du  comte  de  Plasencia,  dans  laquelle  le  roi, 
se  plaignant  de  la  tyrannie  de  son  connétable,  assurait 
de  sa  reconnaissance  le  sujet  fidèle  qui  l'en  délivrerait. 
Cette  lettre,  avec  des  instructions  en  conséquence,  fut 
confiée  à  la  comtesse  de  Ribadeo,qui  s'échappa  dans  le 
plus  grand  mystère  lorsqu'on  allait  quitter  Valladolid. 
Elle  arriva  au  château  de  Béjar,  résidence  de  son 
oncle,  dans  la  nuit  du  12  avril  1 Ahô.  Là  elle  expliqua 
bien  longuement  sa  commission;  puis,  quand  elle  eut 
achevé  (il  était  deux  heures  du  matin),  le  comte,  qui 
était  vieux  el  infirme,  lit  venir  son  iils  aîné  Alvaro  de 
Zuniga,  lui  montra  la  lettre  du  roi,  lui  dit  ce  qu'il 
y  avait  à  faire,  el  ajouta,  avec  le  Ion  d'un  homme  qui 
se  dispose  à  sauver  l'Étal,  lorsqu'on  effet  il  ne  s'agissait 
pour  lui  que  de  mettre  le  baume  sur  les  plaies  de  son 
orgueil  :  «  Mon  fils,  si  j'étais  libre  de  mes  mains,  je  ne 
«  céderais  à  personne  la  gloire  ni  le  danger  de  cette 
«  entreprise.  M;iis,  puisque  Dieu  le  Tout-Puissant  a 
«  éteint  la  force  de  mon  corps,  je  ne  puis  mieux  mon- 
«  trer  l'affection  que  j'ai  au  service  du  roi,  mon  sou- 


DE  Vil  l  \M>I;  \\i>".  !01 

a  verain  seigneur,  qu'en  exposant  la  vie  de  mon  pre- 
0  mier-né  pour  que  son  bon  plaisir  soil  accompli.  \ll<v 
u  donc  ;  faites  de  votre  mieux,  comme  il  convient  à  un 
«  loyal  chevalier,  el  que  l'étoile  qui  guida  les  Trois  rois 
«  vous  conduise  '.   » 

Le  reste  appartienl  à  l'histoire  d'Espagne.  Alvaro  de 
Luna  se  perdit  par  excès  de  confiance.  Redoutable  jus- 
qu'à la  fin,  mais  arrêté  dans  un  guel-apens;  mis  au 
secret  à  l'égard  du  roi,  qu'on  lit  dès  lors  agir  comme 
on  voulut;  livré  à  un  tribunal  exceptionnel,  qui  ne 
prit  pas  seulement  la  peine  d'écrire  son  procès;  atteint, 
mais  non  convaincu  d'avoir  empoisonné  une  infinité  de 
personnes  dont  la  mort  violente  ne  reposait  que  sur  des 
bruits  semés  jadis  dans  la  fureur  des  guerres  civiles; 
d'avoir  tenu  le  diable  dans  une  fiole,  pour  gouverner  la 
Castille  par  -es  cou-cil-;   d'avoir  parlé   maintes  fois 
à  son  souverain  le  chapeau  sur  la  tête  :  d'avoir  fait  por- 
ter au  roi,  avec  serment  de  ne  jamais   l'ouvrir,  une 
bague  -uns  le  chaton  de  laquelle  Sa  .Majesté  était  peinte 
dans  une  posture  ridicule  à  la  queue  d'une  bourrique2  ; 
condamné  sans  rémission  sur  de  tels  griefs,  lui  qui 
avait  préparé  l'œuvre  d'Isabelle  la  Catholique,  il  se  pré- 
senta à  la  mort  le  dédain  sur  les  lèvn-  el  la  constance 
dans  le  cœur  (22  juin  1455). 

1  Feman  Perez  de  Guzraan,  p.  557  el  suiv. 

2  i  K  le  moslro  dentro  del  anillo  al  mismo  i*ej  pintado,  é  una  aca,  6 
el  di  ho  rej  la  estaba  besando  en  parte  cuyo  nombre  no  se  permite  alla 
decencia  de  esta  bistoria.      ^harca,  Anales  de  Aragon,  part.  II,  cap    8. 

:  a  imln[ii>;  &  -  grii  fs  d'après  une  enquête  qui  lut  faite  quarante  ans 

;i|nès  la  morl  du  connétable,  pour  recorder  son  | «s  h  l'écrire,  puis- 

qu'on  ne  l'avait  pas  fait  au  momenl  du  jugement.  Voy.  les  appen 
l.i  chronique  d'Alvaro  de  Luna,  édition  Sancha,  p.  17"). 


202  VIE  DE  ROI» UI GUE 

Que  taisait  cependant  Rodrigue  de  Villandrando? 
Ignora-t-il  le  coup  qui  passa  par  sa  maison  pour  aller 
frapper  d'une  manière  si  indigne  son  bienfaiteur  et 
son  ami"?  ou  bien,  admis  dans  la  confidence  de  sa 
femme,  la  laissa-t-il  faire  par  déférence  pour  la  reine? 
ou  bien  encore,  fatigué  lui  aussi  de  l'omnipotence  du 
connétable,  trempa-t-il  dans  le  complot? 

Il  est  plutôt  dans  la  donnée  de  son  caractère  de  sup- 
poser qu'au  moment  de  la  catastrophe  il  ne  s'occupait 
plus  des  choses  de  ce  monde,  et  que  déjà  avait  com- 
mencé pour  lui  cette  longue  pénitence  dans  laquelle 
Hernando  del  Pulgar  affirme  qu'il  termina  ses  jours. 
En  effet,  au  dire  de  cet  auteur,  lorsque  le  comte  de 
Ribadeo,  arrivé  à  un  certain  âge,  se  vit  atteint  de  ces 
infirmités  que  l'art  des  hommes  ne  peut  pas  guérir,  il 
fit  un  retour  sur  lui-même  et  pour  la  première  fois  de 
sa  vie  connut  la  crainte  :  tant  la  peine  qu'il  s'était  don- 
née à  poursuivre  la  gloire  du  monde  l'avait  détaché  des 
œuvres  par  lesquelles  on  gagne  la  félicité  du  ciel  !  C'est 
pourquoi  il  voulut  mettre  le  temps  à  profit  en  accumu- 
lant sur  le  peu  qui  lui  restait  à  vivre  toutes  les  rigueurs 
possibles,  toutes  les  œuvres  capables  de  lui  faire  trouver 
grâce  devant  Dieu.  Il  s'achemina  ainsi  par  la  prière,  par 
le  jeûne  et  par  la  contrition,  à  l'éternité  dans  laquelle 
il  entra  à  l'âge  de  soixante-dix  ans  l. 

D'après  l'époque  de  sa  naissance,  supputée  en  combi- 
nant sa  grande  jeunesse  au  début  de  nos  guerres  ci- 
viles (14(111)  et  la  mort  de  sa  mère  arrivée  en  1590,  il 

1  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n"  i. 


D]    \  Il  I  INDU  \MMi.  203 

mourut  lui-même  au  commencement  <lu  règne  de 
Henri  IV  de  Caslille,  en  I  157  ou  1  158. 

Conformément  à  sa  volonté  dernière,  il  fui  inhumé 
à  Valladolid,  dans  l'église  du  monastère  de  la  Merci 
qu'il  avait  l'ait  reconstruire  à  ses  Irais.  Il  ne  reste  plus 
rien  de  cet  édifice  <|iii  fut  démoli  pour  l'aire  place  à  une 
rue,  il  n'y  a  pas  un  bien  mand  nombre  d'années.  On  se 
rappelle  à  Valladolid  que  la  sépulture  du  redoutable 
capitaine  était  annoncée  par  une  simple  pierre  avec 
son  nom  gravé  dessus. 

Des  personnes  instruites  du  pays  ajoutent  que  le  tes- 
tament en  vertu  duquel  existait  cette  sépulture  avait 
été  dicté  le  15  mars  1  î 65.  Si  spécieux  (pie  soit  un  sou- 
venir qu'on  énonce  avec  celte  précision,  je  n'hésite  pas 
à  le  déclarer  erroné.  Rodrigue  avait  certainement  cessé 
de  vivre  et  depuis  longtemps  en  1465.  La  preuve  en  est 
non-seulement  dans  le  synchronisme  établi  ci-dessus, 
mais  encore  dans  la  lettre  de  réclamation  adressée  à 
Louis  X]  par  l'archevêque  de  Tolède,  laquelle  l'ut  écrite 
le  12  septembre  I  162,  Rodrigue  étant  déjà  décédé1. 

Deux  lils  lui  survécurent,  Charles  et  Pierre  de  Villan- 
drando.  Charles,  dont  l'existence  a  été  ignorée  de  tous 
-énéalogistes,  était  né  de  Marguerite  de  Bourbon.  Il 
faut  qu'il  ait  été  contrefait  ou  idiot,  car  son  père  le 
laissa  en  France  et  le  déshérita,  ou  à  peu  près,  ne  lui 
ayant  assigné  dans  sa  succession  que  la  terre  de  Puzi- 
gnan  et  ses  créances  du  Bourbonnais2.  Ce  Charles  passa 
sa  vie  dans  la  maison  de  Bourbon,  où  il  était  traité  de 

1  Ci-dessus,  p.  192,  el  Pièces  justificatives,  n  i\xw. 
-  Ci-après,  Pièces  justificatives,  n  iwxiv. 


\  h   de  rokrh;  i  r 

cousin,  mais  gouverné  comme  un  enfant.  En  IÏT'i. 
;"i i»-«î  peut-être  de  quarante  ans,  il  élail  confié  aux  soins 
Je  i'uii  des  sim'\  ileurs  de  la  duchesse  '. 

Pierre  u\>  Villaiulrando,  issu  du  second  mariage  de 
liodrigue,  lui  l'héritier  des  biens,  litres  et  honneurs 
«  1 1 1 ,  -  son  père  avail  possédés  en  Espagne.  Il  lui  comte 
de  Iiibadeo  pendant  plus  d'un  demi-siècle.  A  défaut 
de  postérité,  sa  succession  passa  à  son  neveu  don  Diego 
fiomez  de  Sarmienlo,  fils  de  Marina  de  Villandrando, 
s;i  sœur  du  même  lit  que  lui  '.  Pour  être  plus  sûr  que 
le  privilège  du  jour  des  Rois  ne  périrai!  point  à  sa 
mort,  il  le  fil  passer  de  son  vivant  sur  la  tète  de  ce 
neveu.  In  acte  royal  qui  non-  a  été  conservé  autorisa 
cette  substitution  en    I  o  1  "!'. 

Mais  ce  sont  là  «  choses  d'Espagne  »,  comme  on  dit  de 
l'autre  côté  des  Pyrénées.  Pour  nous  autres  Erançais, 
I  intérêt  du  sujet  cesse  au  moment  »»ù  le  souvenir  de 
lîndrigue  s'effa<;a  dans  I  armée  française,  et  cet  oubli 
remonte  à  la  mort  de  Jean  de  Salazar. 

Louis  \l ,  à  son  avènement .  avail  destitué  le  capitaine 
Martin  Henriquez  de  son  commandement  pour  le  don- 
ner à  Salazar1.  Ce  commandement,  on  ne  l'a  pas  oublié, 
était  celui  de  la  compagnie  régulière  où  entra  en  I  i  io 

*  Charles  de  Villandrando,  cousin  de  Mjjr  le  duc,  mis  sous  le  c;ou 
veriii'inenl  de  Jehan  Cheval,  fourrier  de  Madame  la  duchesse,  au  lieu  de 
feu  Pierre  M. une.   Il  avril   liTî.      Notice  d'un  registre  aujourd'hui  dé- 
truit de  la  chambre  des  comptes  de   Bourbonnais,   dans  le  nis.   fra 

olhèijue  nationale. 
i    h  l,i/  t.   ;  ele .  :   le  P.   Anselme,  Histoii\ 

nrnéalotjique  (i-  lu  maison  il    Fraii  <  .  1.  50 i. 
■  i  .i   ■■,         r         justificatives,  n    i  xxxvi. 

•  Vllitcalion  de   I  .n  livres  tournois  ordonnée  par  Louis  M.  en  I  i'il  : 


mi.  \  m  i.  \  \  iihammi.  205 

l'élile  conservée  des  Rodrigais.  Salazareul  soin  d'entre- 
tenir  dans  ce  corps  la  tradition  de  son  origine,  en  \ 
réservant  nu  certain  nombre  de  places  à  ceux  des  gen- 
tilshommes castillans  qui  seraient  désireux  d'apprendre 
la  guerre  comme  on  la  faisait  en  France.  Sur  les  étals 
de  deux  inspections  passées  par  des  détachements  de  la 
compagnie,  dans  L'Orléanais  en  I  i"n  cl  près  d'Amiens 

m  I  i75,  Ggurenl  des  n s  appartenanl  aux  premières 

maisons  de  la  Caslille  :  Àloncillo  Barrera,  Fernan  de 
Solomayor,  Rodrigue  de  Fonseca  '.  Ces  jeunes  gens 
issus  de  la  grandesse  trouvaient  de  l'honneur  à  venir 
chez  nous  endosser  le  hoqueton  violet,  qui  était  la  livrée 
du  capitaine  leur  compatriote*,  et  à  porter  l'insigne 
français  de  la  croix  blanche  sous  lequel  un  antre  com- 
patriote, le  fameux  Rodrigue,  avait  accompli  tant  de 
prouesses.  Cela  finit  après  la  réunion  de  l'Aragon  el  de 
la  Castille,  qui  lit  succéder  l' hostilité  aux  relations  m' 
longtemps  amicales  de  l'Espagne  et  de  la  France.  La 
compagnie  n'étant  plus  composée  que  de  Français,  et 
d'ailleurs  l'esprit  du  temps  portant  la  jeunesse  militaire 

l'ouï  considération  de  ce  que  nous  avons  osté  et  dérais  nostre  .mit'  '•! 
Féal  chevalier  don  Martin  Henricquez  de  Castella  de  la  charge  cl  retenue 
de  xl  lances  fournies  que  nostre  feu  seigneur  et  père  lui  avoit  baillé.  • 
Ms.  Gaigniers,  .">".'>,  fol.  78,  à  la  Bibliothèque  nationale. 

1  Cabinet  des  Titres  de  la  Bibliothèque  nationale,  dossii  r  Salazar. 

-  a  Tous  lesquelz  hommes  d'armes  estoienl  \e>ius  et  habillés  de  bo- 
quetousde  camelot  violet  a  grans  croii  blanches,  et  avoient  belles  chais- 
aes  dur  autour  du  col,  et  en  leurs  testes  cramignolles  de  velours  noir  à 
:in"^  lmu[ij  es  de  lil  d'or  de  (Tiippre  dessus  ;  et  tous  leurs  cbevauh  es- 
toient  couvers  de  grosses  campanes  d'argent.  El  au  regarl  de  Sallezart, 
pour  différence  de  ses  geu*,  il  e>toit  monté  sur  un  beau  coursier  à  une 
moult  belle  houssure,  toute  couverte  de  tranchoirs  d'argent,  dessus  cha- 
cun desquels  v  avoit  une  grosse  cainpane  d'argent  doré,  i  Chronique 
scandaleuse,  à  l'an  14ii.">. 


206  VIE   DE  RODRIGUE  DE  VILLANDRANDO. 

à  s'instruire  dans  les  traductions  de  Quinte-Curcc  et 
de  Tile-Livc  plutôt  que  par  les  récits  des  vieux  soldats, 
Salazar  fut  impuissant  à  prolonger  la  durée  d'une  célé- 
brité  devenue  contestable.  Il  emporta  avec  lui  dans  la 
tombe1  la  mémoire  des  actions  qui  pouvaient  recom- 
mander à  la  postérité  le  nom  de  son  maître  ;  et  voilà 
comment  il  se  fait  que  le  dernier  mot  de  la  France  du 
quinzième  siècle  sur  le  grand  condottiere  a  été  ce  ju- 
gement dédaigneux  que  nous  trouvons  dans  une  épître 
de  Robert  Gaguin 2  : 

«  Les  Espagnols  font  grand  bruit  des  exploits,  ou 
plutôt  des  déprédations  heureuses ,  de  leur  Rodrigue 
de  Ribadeo,  ce  partisan  que  la  précédente  génération  a 
vu  promener  le  ravage  dans  presque  toute  l'Aquitaine  : 
mais  n'est-il  pas  évident  que  de  tels  exemples  sont 
pour  valoir  à  ceux  qui  les  donnent  le  déshonneur  plu- 
tôt qu'un  glorieux  renom?  » 


1  11  mourut  à  la  fin  de  1479,  d'après  son  épilaphe  qu'on  lisait  autre- 
fois dans  l'église  du  prieuré  de  Macheret,  en  Champagne  :  «  Cy  gist 
Jehan  de  Salazard,  natif  du  pays  d'Espaigne,  en  soi:  vivant  chevalier, 
conseiller  et  chambellan  du  roy  nostre  sire,  et  capiteyne  de  cent  lances 
de  son  ordonnance,  et  seigneur  de  Montaignes,  Saint  Just,  Marcilly, 
Las,  Lauzac,  et  d'Issoldum,  qui  trespassu  ;i  Troyes,  le  douziestne  jour  de 
novembre  l'an  de  grâce  mcccclxxix.  Dieu  par  sa  grâce  de  ses  péchés  pardon 
lui  face.  Amen.  »  Cabinet  des  Titres  de  la  Bibliothèque  nationale,  dos- 
sier Salazar. 

-  Épître  adressée  de  Burgos  au  docteur  François  Ferrebout,  The- 
suions  anecdotorum,  t.  I,  col.  1838. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


i 


Vi*  de  Rodrigue  de  Vi  landrftndo,  par  Hernando  de!  Pulgar,  titre  Vlljde  l'ou- 
vrage intitulé  :  Los  claros  varones  de  Castilla,  dirigido  a  lu  muy  alta 

reyna  doha  Isabel,  reyna  de  Castilla,  Mcala  de  Benares,  1524.  Une  i - 

Telle  édition  a  été  donnée  en  1775,  à  la  suite  du  Centon  epistolario  del 
bachiller  Fcrnan  Gomesde  Cibdareal,  Uadrid,  in-  i  . 


Itou  Rodrigo  de  Yillandrando,  coude  de  Ribadeo,  filé  lijo  de  un 
cscudero  Bjodalgo  natural  de  la  villa  de  Valladolid,  hombre  de 
bueo  corpo,  bien  compuesto  en  sus  miembros  é  de  muy  recia 
i  1 1  '  rza.  Las  faciones  del  rostro  ténia  fermosas  é  la  catadura  féroce. 

Seyendo  de  poeos  dias,  su  grau  corazonésu  buenà  constelacion 
le  llevaron  mozo  é  pobre  é  solo  al  reyno  de  Francia,  en  el  tiempo 
que  en  aquellas  partes  a\ia  grandes  guerrasé  divisiones  é  compaâias 
•  I     gente  de   armas.   É  como  en  aquellos   tiempos  de  guerras 
eoncurian  eu  aquel  reyno  hombres  estrangeros  de  todas  partes, 
este  caballero  .por  ser  dispuesto  para  los  trabajos  de  la  guerra  fallo 
luego  capitan  que  le  rescibio*  en  su  compailia,  en  la  quai  aprobo* 
lanbien,  seyendo  mozo,  é  despues  en  las  cosas  que  hombre  man- 
cebo  deve  facer,  que  gand  por  las  armas  estimacion  de  hombre 
valiente  y  esfbrzado  ;  é  su  capitan  le  reputava  por  nombre  singular 
entre  todos  los  otros  de  su  capitanla.  Acaesciô  algunas  veces  que 
estando  las  batallas  en  el  campo,  quando  algun  hombre  de  armas 
de  la  parte  contraria,  confiando  en  sus  fuerzas,  queria  lacer  armas 
é  demandaba  batalla  uno  por  uno,  este  caballero  se  esmeraba  entre 
todos  los  otros  de  su  parte,  é  présentes  las  batallas  de  la  un 
parte  é  de  la  otra,  salia  a  pelear  cou  el  contrario,  é  le  vencia ,  é 
derribaba  étraia  sus. armas  é  despojo  à  su  capitan;  é  esta  vitoria 
que  algunas  veces  ovô,  le  dio  onra.  Laquai,  asi  como  le  pusa  eu 


\  II.    Di:    l'.UDKIGl  I. 

slimacioii  tic  algunos,  asi  le  Iraxé  en  odio  j  embidiu  de 
,i  ; ,,,.  Laquai  (  iv m- m  I  m lo  que,  por  ser  estrangero,  fué  constrenido 
(|-  se  anarlar  de  su  capitan,  é  coino  rjuier  que  le  fué  grave  de  so- 
h  h  ,  pei'o  eouid  vceinos  mue-bas  veces  que  I"-  infortunios  de  pré- 
sente son  r  iusa  de  la  prosperidad  futura,  segiui  ipie  los  casos  de  la 
provideneia  las  suele  l'odear,  este  caballero  veyendose  solo  de  pa- 
rient es,  di  lïavorescido  île  compaùeros,  sin  an  iuio  de  capitan,  pobre 
de  il  i)  ro  c  siu  amii>i>s  é  en  Lierra  ageua,  uo  tovn  olro  refugio  siuo  a 
..h  luifii  m -mi  ■'■  grand  esfui  i/o;  é  eon  olro  é  otros  dos  que  se  lleg  i- 
ron  aél,  se  avauturalia  cou  bucua  deslrcza  é  gr  ud  osadia  â  facer 
saîtos  eu  la  tierra  de  lo>  conlrarios  m  lugares  peligrosos,  c  facia 
h  -  »ui  rra,  c  louiaba  alguua  presc  eon  que  se  podia  sustencr. 

I  - i . i  ii/i'i  inucbas  veces  é  eon  laula  Siiijaci  lad  é  esfuerzo  que 
sienipre  salia  en  salvo;  é  coino  la  lama  de  su  valen.1  ia  é  de  las 
prêtas  que  loniaba  se  divulgô  por  la  tierra,  aHegaronsc  â  id  algunos 
-  •.  i'  cresi'iendo  de  dia  en  dia  cl  corazon  eon  las  hazaïïas,  v 
las  hazaùas  eon  li  gente,  via  gente  eon  el  interese,  allegaronseii 
él  niutbas  mas  geutes,  la-la  (jiie  alcanzô  â  ser  capitan  inia  vez  de 
nnll  hombres,  v  despues  de  grado  aeresenln  en  grado  su  capitania 
l'araser  capitan  dédiez  mil  bonibrcs;  é  su  poder  lue  de  los  majores 
que  ténia  ningun  mes  del  rej  de  i  rancia  â  qnien 

sirvia,  é  eon  aquel  su  prand  poder,  v  bô,  quemô,  destruyô,  der- 
rild,  dcspoblô  villas  é  lugaies  é  pueblos  de  Horgofia  édeFrancia, 
,11  tiempo  (|iie  aquel  honorable  reyno  padescia  guerras  erueles  que 
duraron  por  espaeio  de  eiiKjuenla  anos. 

Andava  1^  mas  del  liempo  en  el  i  ampo  é  ponia  grand  diligencia 
m  la  guarda  de  \<>-  reaies  para  que  su  gente  no  rescibiese  dano. 
Kia  boinbre  ayrado  en  los  lugares  que  convenia  serlo,  é  moslraba 
i  ,n  _ i  .m  l'eiocidad  eon  la  ira,  que  todos  le  avian  miedo. 

Teuia  dos  singulares  eondieiones  :  la  una  que  facia  guardar  la 

i  entre  1 1  g  nie  que  ténia  é  no  eonsentia  fuerza,  ni  robo,  ni 

imi  ii     <    si  alguno  lo  coinctia,  el  por  sus  manos  lo  pûnia. 

I   mu  esto  todas  las  pentes  de  su  lui  sle,  aunque  eran  mm  '  as  é 

rsas  iiacioncs  é  lenian  nl'li  io  de  robar,  le  temian  j  estaban 

en  paz   é  n<>  osaban  cometci    fuerza   ni  crinicn  uno  contra  otro. 

1  assimisini  !    las  piezas  vgualmente  segun  que  cada 

uno  1"  debia  aver;  é  de  lai  maneia  dividia  lo  robado  pur  juslieia, 

que  facia  durai  los  robadoresen  coneordia.  Kra  assimismo  hombre 

de  vrillai I.  é  cl  segui'o  qui  dava  â  qualquier  villa, lugaro  provincia, 

0  qualquiei  paelo  que  puni; :llo     guai  dabalo  estrcebamente  ; 


DE    Mil    \M>li  \Mhi.  2flJ 

i  si  alguno  robaba  o  facia  dafio  al  que  el  segural  a,  facia  le  buscai 
-ijiul  diligencia  é  executar  en  el  justicia;  é  con  estacondi- 
iinii  que  en  el  veian,  muchos  pueblos,  é  provincias,  é  otraa 
|ti >nii,i<  Hii.iil.iit-.,  v,.  ii.iImm  de  su  palabra  é  la  compraban  cou 
grandes  precios  a  lin  de  ser  seguros  de  mis  gentes.  Econ  esto  ténia 
sus  reaies  bien  bastecidos  de  viandas  é  armas  ê  de  todas  las  cosas 
neccssarias,  porque  mandava  pagar  3  guardar  i  losquevenian  a 
ellos  con  provision  ;  é  su  mandado  era  muj  temido  5  complido. 

Ovd  muchas  batdllas  con  Ingleses  y  Borgonones,  en  las  quales 
hios  le  liltiô  por  muchos  casos  de  si  r  perdido  é  le  ayudo  por 
mucbas  maneras  i  ser  vencedor  :  espei  ialmente  venciô"  una  batalla 
que  ovd*  con  el  principe  de  Oreyna,  donde  concurriô  mucha  gente 
de  ambas  partes.  Esta  batalla  lue  muy  ferida  y  sangrienta:  en  la 
quai  los  que  le  vieron  pelear  le  compararon  â  leon  bravo  en  el 
estrago  que  facia  en  los  contrarios,  é  el  ayuda  é  esfuerzo  que 
daba  a  K>s  suyos.  É  acabado  de  aver  el  vencimiento,  tuvô  esta 
astucia.  Fabld  con  uno  de  los  prisioneros  que  ténia  é  prometidle 
libertad  si  le  descubriesse  el  valor  de  los  prisioneros  que  las  otras 
sus  gentes  avian  tomadoen  la  batalla.  E  como  se  informa  sécréta- 
meute  de  loquecada  unopodia  valer,  comprô  los  todos  dando  por 
cada  uno  mucho  menor  precio  de  loque  valian;  é  como  fueron 
puestos  en  su  podcr,  rescatôlos  â  Indus  por  muchos  majores  pre- 
cios de  lo  que  le  costaron,  é  con  esta  astucia  ovd  grau  tesoro. 

Lafortuna  le  pusô  en  tan  gran  reputacion,  que  alcanzô  casar 
con  la  hija  del  duque  de  Borbon,  411e  era  de  la  sangre  real  de 
Francia;  é  fuesenor  de  veinte  5  siete  villas  en  la  tierra  de  Borbo- 
nes,  délias  compradas  y  délias  ganadas.  É  en  veynle  anos  que 
siguiô  aquella  guerra,  fizd  olras  notables  fazanas,  entre  las  quales 
acaescid  que  un  dia,  estando  â  punto  de  batalla  con  un  gran  capi- 
tan  de  Inglatierra  que  se  llamaba  Talabot,  en  la  provincia  de 
Guiana,  el  capilan  ingles,  que  por  oydas  conoscia  las  condiciones 
d'esté  caballero,  desseava  assimismo  conoscer  su  persona  por  ver 
que  cuerpo  é  que  faciones  leuia  hombre  que  de  tan  pequefia 
manera  avia  subido  â  tan  gran  estado;  é  como  per  medio  de  sus 
farautes  acordassen  de  se  fablar,  dexadas  el  uno  é  el  otro  sus 
lniestes  en  buena  guarda,  eslos  dos  capitanes  solos  se  juntaron  é 
vieron  en  la  ribera  de  un  rio  llamado  Lera.  É  eleapitan  Talabot  le 
dixi'i  :  «  Desseava  ver  tu  persona.  Pues  tengo  conoscida  tu  condi- 
ciou,  ruego  te,  »  dixd  el,  «  pues  los  fados  nos  truxeron  juntos  â  este 
lugar,  que  comamos  sendos  bocados  de  pan,  y  bebamos  seudo> 

14 


-10  \  il    DE  RODRIGUE 

veces  de  vino  ;  é  despues  sera  la  ventura  de  la  batalla  como  â  Dios 
pluguiere  é  senor  saut  Jorge  ayudare.  »  Este  capitan  Rodrigo  le 
rcspondiô  :  u  Si  otra  coza  no  te  plaze,  esta  por  cierta  no  la  quiero 
facer;  por  que  si  la  fortuna  dispusiere  que  hayaraos  de  pelear, 
perderia  gran  parte  de  la  yra  que  eu  la  fazienda  debo  tener,  é 
meuos  feriria  mi  fierro  en  los  tuyos,  membrando  me  aver  comidq 
pan  contigo.  »  É  diciendo  estas  palabras,  bolvio  la  riendaâ  su 
caballo,  é  tornô  [tara  sus  batallas;  éel  capitan  Talabot.  aunque  era 
eaballero  esforzado,  concibiô  de  aquellas  palabras  tal  concepto  que, 
assi  por  ellas  como  por  la  disposiciou  del  lugar  do  estaba,  acordô 
de  no  pelear  aunque  teuia  mâyor  numéro  de  gente  que  el. 

Affirmose  aver  diclio  este  capitan  en  su  leuguage  :  «  JNon  es  de 
pelear  cou  cabeza  espanola  en  tiempo  de  su  yra.  » 

Despues  de  niucbos  tiempos  de  guerras  é  deslruiciones  avidas  eu 
aquella  tierra,  ovô  Diospiedad  de  los  moradores  d'ella,  y  diô  talcs 
victorias  al  rey  Carlos  de  Françia,  que  lanzô  de  todo  su  reyno  al 
rey  Eduarte  de  Inglaterra,  su  enemigo,  é  todu  su  gente  ;  é  i'ueron 
eessando  las  crudas  guerras  que  en  aquel  reyno  avia.  É  en  aquel 
ticni|)o  acaescio  aver  en  Castilla  grandes  debates  é  dissensiones ; 
para  las  quales  el  rey  don  Juan  embiô  â  mandar  â  este  eaballero, 
su  natural,  que  viniesse  en  Castilla  â  le  servir  cou  la  mas  gente 
que  pudiesse.  El  quai  vino  a  su  llamado  cou  quatro  mil  bombres 
â  caballo;  é  el  rey  le  rescibiô  muy  bien  é  le  bizô  mercedes  de 
la  villa  de  llibadeo,  y  diole  titulo  de  conde  délia,  é  lîzôle  otras 
mercedes. 

Mucrta  la  primera  muger  francesa,  caso  en  Castilla  con  muger 
noble  de  liuaje  de  Stufiiga,  é  el  rey  le  pusô  en  su  consejo  é  facia 
d'ei  gran  confianza,  especialmente  de  aquellas  cosas  que  concernian 
â  la  guerra  que  por  entonces  avia  en  sus  reynos.  Acaescio  que 
como  el  rey  en  tiempo  de  aquellas  dissensiones  fuesse  â  la  cibdad 
de  Toledo,  é  los  de  aquella  cibdad  se  rebellasscn  contra  el  é  le 
cerrassenlas  puertas,  puesto  el  rey  enalgun  recelo  de  la  gente  de 
armas  que  â  la  hora  estaba  apoderada  de  aquella  ciudad,  este 
conde  de  Ribadeo  fizo  improviso  eu  la  yglesia  de  Saut  Lazaro,  que 
es  bien  cerca  de  la  cibdad,  un  palenque  con  tan  gran  deffensa, 
que  la  persoua  del  rey  con  la  poca  gente  que  por  entonces  con  el 
rey  estaba,  podiaser  segura  é  sin  dafio,  fasla  que  los  otros  sus 
capitanes  é  gentes  de  armas  que  venian  en  la  zaguera  ovierou 
tiempo  de  He^ar.  E  por  memoria  perpétua  d'esté  servicio  que 
li/i)  i.'n  el  dia  senalado  de  la  Epiphania,  <•!  rey  lizi'»  merced  â  ri  (> 


DE   \  II.  I.  INDR  \Mmi.  :li 

i  sus  descendientes  de  la  ropa  que  ■  ■!  é  los  reyes  de  Castilla,  sus 

guccessores,  vistiessen  aquel  dia,  éque  c iesse  con  elâsu  mesa. 

!>■■  laquai  merced  goza  oy  su  successor. 

É  al  fin  veiendo  se  ya  viejo  é  eufermo  tii-  dolencia  ta]  que  do  podia 
escapar,  liios  que  ni  dexa  ;il  hombre  sin  punicion,  ni  le  niega  su 
misericordia,  lediô*  tiempo  en  que  se  corrigiesse  arrepintiendose. 
E  por  cierto  cosa  fué  maravillosa  é  exempta  digno  de  memoria  ;i 
los  modales  la  gran  contricion  que  ovo  éei  arrepentimiento  de  sus 

peccados,  é  el  derramar  de  las  lagrimas  que  fizô  continu: snte 

muchos  dias  antes  que  muriesse,  llamando  ;'i  Dios  y  pidiendole 
cou  todo  corazon  que  le  perdonasse  é  aviesse  merced  de  >u  anima. 
E  cou  esta  contiii  ion,  fenesciô*  sus  dias  en  cdad  de  selenta  aùos. 
K  por  esta  fin  que  con  tal  contricion  ovô,  se  pone  aqui  en  el  nu- 
méro de  los  claros  varones. 


Il 

Mandement  de  Charles  VII  pour  l'exécution  d'une  ordonnance  cassant  les  com- 
pagnie- de  gens  d'armes  et  de  Irait,  d'après  une  copie  de  la  collection  Doat, 
t.  IX,  p .  279,  aux  Manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale.  Cette  pièce  a  été 
par  H.  Vaissete,  t.  IV,  p.  162,  de  l'Histoire  de  Languedoc,  .l'ep  ai 
rapporté  un  extrait  dans  mes  Aperçus  nouveaux  sin-  Joui/h-  d'Are,  p.  If). 

(30  janvier  1  i'2  ^.) 


|)e  par  le  roj . 

Nostreamé  eL  féal,  pour  les  gratis  et  griefs  complaintes  que 
avons  eues,  à  ce  présent  conseil  de  Selles  et  autrement,  des  oppres- 
sions et  dommaiges  et  aultres  maulx  innumérables  que  font  les 
gens  d'armes  et  de  traict  qui  sont  sur  les  champs  et  vivent  sur  le 
peuple  à  nous  obéissant,  parquoy  il  est  tant  vexé  et  si  travaillié 
que  plus  n'en  puel  bonnement  souffrir,  et  à  ceste  cause  est  fort 
indigné  el  ne  puel  plus  riens  puer  des  revenues  qu'il  doit,  ne  les 
aides  dont  nous  le  chargeons  pour  le  fait  de  la  guerre  et  autre- 
ment, et  moins  le  pourrait  faire  ou  temps  advenir,  se  il  n'estoit 
suporté  et  deschargié  des  dictes  gens  d'armes  et  de  traict,  tout  en 
nostre  très  grant  préjudice  et  dommage  inestimable  :  Nous,  par 
l'advis  dudit  conseil,  avons  commis  et  ordonné  nosaméset  féaulx 
le  marescbal  de  la  Fayete,  le  maislre  des  arbalestriers  et  L'admi- 
ra] à  quatre  cens  hommes  d'armes,  c'est  assavoir  ledit  marescbal 


212  VIE  DE  UODKIGUE 

à  deux  cens  hommes  d'armes,  ledit  maistre  des  arbalestriers  à 
cent,  et  ledit  admirai  à  cent,  pour  chasser  et  faire  vuider  tous 
autres  gens  d'armes  et  de  traict  vivans  sur  nostre  peuple.  Et  tous 
autres  capitaines  de  gens  d'armes  et  de  traict  quelxconques  avons 
cassés,  exceptés  les  Escossois,  et  les  Lombars  qui  sontsoubs  le  lïorne 
Caqueren  ;  en  vous  mandant  que  lesdits  gens  d'armes  vous  ne  ac- 
cueillies, recevez,  ne  retenez  aucuns,  ne  leur  donnés  soustenemeut 
ne  eonfoi  t  à  plus  séjourner  ;  mais  que  chacun  retourne  à  son  hos- 
tel  ;  et  d'icculx  ne  voulons  plus  estre  servis  ;  et  à  la  saison  nouvelle 
l'on  eu  trouvera  des  autres.  Donné  à  Selles,  le  trentiesme  jour  de 
janvier.  Signé  Charles  et  Mallière. 


III 

Notice  d'un  mandement  île  Charles  VII  ayant  pour  olijet  tic  taire  rendre  l'ar- 
gent d'une  rançon  extorquée  par  deux  hommes  de  la  compagnie  de  Rodrigue 
de  Villandrando.  —  Du  Cliesne,  Histoire  généalogique  de  la  maison  du 
Plessis  de  Richelieu,  preuves,  p.  140  (Extrait  des  titres  de  la  maison  du 
Plessis). 

(0  octobre  1427.) 

Lettres  du  roy  Charles  par  lesquelles,  comme  Jean  du  Plessis, 
qui  avoit  esté  toujours  vray  et  loyal  obéissant  de  S.  M.,  sans  tenir 
autre  party  que  le  sien  ne  soy  entremettre  de  fait  de  guerre,  si 
non  de  sadite  Majesté,  de  par  elle  et  au  service  de  capitaines  de 
son  party,  estant  accompaigné  d'un  jeune  filz  de  l'âge  de  qua- 
torze ans,  nommé  Gilet  Glérambaut,  qu'il  nienoit  avec  luy  comme 
son  page,  se  fust  party  du  lieu  d'Angle,  dont  il  estoit  capitaine, 
pour  soy  en  venir  en  un  sien  hostel  qu'il  a  en  la  chastellenie  de 
Roffec,  ou  pays  d'Angoumois,  et  eust  trouvé  audit  lieu  de  lioffec 
la  compaignic  de  Kodigo  de  Villandras,  de  laquelle  estoient  Jean 
Perrade  et  Alfonsc  Rodigo,  qui  l'avoient  prins  prisonnier  et  mis 
à  grosse  rançon,  dont  il  avoit  payé  partie  :  S.  M.  mande  au  pre- 
mier hérault  ou  poursuivant  d'armes  sur  ce  requis,  qu'il  le  lui 
fasse  restituer.  A  Lezignen,  le  0°  jour  d'octobre  mccccxxvii. 


l»K  Vlll  \\|i|;\Mhi.  213 


IV 


Délibérations  du  Conseil  de  la  ville  de  Lyon   au  sujet  de  Kodrigue  de  Villan- 
drando,  campé  près  d'Anse. —  Extraits  du  registre  BB  ..  'les  archives  com- 

i aies  de  Lyon,  c muniqués  pai  M.  G  chiviste  du  département 

du  Rhône. 

(16-25  oc  i  brc  I  I 

Le  samedi,  \\i"  jour  d'octobre  un'  sxvm,  à  Saint- Jaqueme1, 
présens*,  etc.   Il/,  ont  conclus  que  la  ville  s'aide  à  gecter  du 

nais  de  Lionnois  le  grant  nombre  de  gens  d'ar s  que  meinenl 

Vallete,  I»oclig«»  et"...  capitaines  soy  disans  estre  an  conte  de  Per- 
diacb,  lesqueulx  vuideronl  parmi  mi'  escus  miels  corans  à  pré- 
sent que  leur  douera  mous,  le  Bailli,  combien  qu'ilz  se  lèveront 
susmons.  de  Lion,  mess,  d  is  églises,  sus  la  ville  et  sus  le  plat 

pais  par  manière  de  collecte  (à  quoy  se  sont  offers  lesdi/  i is. 

de  Lion  et  gens  d'église  et  aucuns  du  plat  pais,  c'est  assavoir 
Bonichon  et  Fosses),  considérez  les  grans  dommaiges  qu'ilz  pue- 
vent  faire,  mesmement  maintenant  que  tous  vivres  sont  à  plus 
liabandon  que  en  temps  de  l'an,  et  qu'il  est  impossible  de  leur 
résister,  actendu  le  grand  nombre  qu'ilz  sont,  et  pour  plusieurs 
autres  considérations  faisans  à  ceste  matière  :  excepté  Pierre  de 
Nièvre,  Loys  des  Sollières,  Jol'freyMalanest,  Jehan  Jehennot  ctNisier 
Greysieu,  qui  ont  e«té  d'oppinion  de  non  riens  leur  donner  pour 
les  conséquences  qui  s'en  puevent  ensuir,  c'est  assavoir  que  par 
aventure  faudra  desliormays  souventes  fois  taire  pareillement, 
et  aussi  considéré  que  oneque  mes  dont  il  soit  mémoire  ne  fut 
fait  ;  ains  qu'il  fallut  recourerà  gens  d'armes  (fol.  68  v°). 

—  Le  lundi,  \w  jour  d'octobre  mil  un'  xxviii,  à  Hoanne  \ 
présent  nions,  le  Bailli,  etc.. 

11/  ont  conclus  <pie,  puisque  ainsi  est  que  Vallete,  Radigo  de 
Valcndra  et  leurs  compaignons,  gens  d'armes  estans  sus  ce  pays 
de  Lyonnois  et  faisant  inaulx  innumerables  et  inbumains,  ne  se 
sont  voulus  départir  dudit  pays  parmi  iuic  escus  d'or  cornu-  '> 

1  Alors  maison  commune  île  la  Ville. 

*  Suivent  les  noms  «le  beaucoup  de  Conseillers. 
3  L'n  troisième  nom  laissé  en  blanc. 

*  Ni.m  de  la  maison  de  Lyon  OÙ  se  rendait  In   justice. 


■ji;  VIE    DE    R0DRIG1  E 

nresent,  que  la  ville  cl  pays  de  Lionnois  leur  donnoit  par  moyen 
[e  traietié  de  sire  liillel  Bichart,  seigneur  de  Saint-Priet,  mes  en 
demandoienl  mil  escus  d'or  ou  vmc  pour  le  moins,  parmi  ce  que 
les  pats  dcsjà  par  eulx  fais  audit  pays  depuis  Jareys  jusques  à 
p,essena\  cl  lïibousl  leur  demourast  avec  lesdits  vmc  escus,  et 
que  jusques  ilz  feussent  payés  dosdits  vin'  escus  il  procédassent 
lousjours  à  apatisser  le  demourant  dudil  pays  de  Lionnois:  que 
lesdits  vin'  escus  soient  baillez  audit  nions,  le  Bailli  pour  servir 
c  ou  mxx  hommes  d'armes  pour  x\  jours,  pour  les  gecter  de  fait 
du  païs  à  l'aide  des  communes. 

Dequoy  faire  a  prins  la  charge  ledit  mons.  le  bailli  parmi  ce  que 
l'on  lui  baille  promptement  les  [inc  escus  et  des  autres  ne  res- 
pondeur  souffisant  à  paierau  bot  desdiz  xv  jours  ;  et  il  a  assuré 
lesdits  conseillers  et  autres  dessus  nommez  d'en  faire  païer  à  ceulx 
du  plat  pais  leur  part,  desdiz  iiiic  escus. 

Et  oultre  ont  esté  d'acors  lesdits  conseillers  et  autres  dessus 
nommés  que  demain,  qu'ilz  seront  à  Boanne  en  plus  grand  nom- 
bre, ilz  asseureront  ceulx  qui  vouldront  promptement  prester  les- 
dits niic  escus,  et  ledit  mous,  le  bailli  des  autres  nu  escus  :  les- 
queuls  vnr  escus  «e  lèveront  tout  par  emprunpt  comme  sur  les 
deniers  communs  de  ladite  ville;  et  pluseurs  du  plat  païs,  tant  du 
\Iontour  !  que  d'aillieurs,  ont  accordé  d'en  paier  leurs  portions 
(fol.  69  v°). 

—  Le  mardi,  xxvie  d'octobre  mr wvni,  à  Saint-Albain2,  etc. 
Hz  ont  conclus  que,  nonobstant  l'appointemenl  d'ier,  que  nions. 

le  Bailli  aille  faire vuider  les  gens  d'armes  avec  les  gentilz  hommes 
et  les  communes  du  pays,  et  que  l'on  lui  donne  cent  escus  pour 
sa  peine  :  lequel  mous,  le  Bailli  l'a  refusé;  et  pour  ce  il/  ont 
appointié  que  l'on  j  envoyera  cent  compaignons  de  la  ville  de 
Lion,  qui  yronl  vers  Cbasey3  à  l'encontre  desdits  gens  d'armes, 
avec  les  communes  du  plat  pays,  qui  desja  ;  sont;  et  donnera 
l'on  à  chacun  desdits  cent  compaignons  \\\  s.  t.  pour  une 
sepmaine  >  \bid.). 

—  Le  vendredi,  wiv  jour  d'octobre  à  Saint-Albain. 

Présent   mons.  le  Bailli  et  des  segneurs  tant  de  Chapitre  que 

1  Le  Mo  iton  Je  I  imonesl  cl  de  Neuville. 

—  Chapelle  près  de  la  maison  de  Roanne. 
:  i  liazej  d'A  litre  b]  r>n  et    hise. 


DE   Mil  W'hl;  \M"i.  815 

,1  •  lutn  'r_li--  .plusieurs  tant  conseillers  comme  maistres  d<  - 
mestiers  et  autres  notabli  i  granl  nombre,    ont  conclus 

quemieulx  vaulx  despendre  l'argent  à  gecter  les  gens  d'armes 
hors  iln  pays  à  force  d'autres  gens  d'armes  et  de  communes,  que 
leur  donner  ung  denier  p  ir  i  omposition  ne  accors,  pour  les  consé- 
quences. El  ceu  \  'I  is  églises,  excepté  messire  Chabert,  ont  con  - 
clns  (jue  mieulx  les  i  n  vauldroil  envoyer  pour  un  peud'argenl  que 
leur  courir  sus,  attendu  que,  avant  que  l'on  ait  gens  d'armes 
prests,  Hz  auront  fait  mains  maulx,  et  aussi  pour  obviera  la  tuerie 
qui  y  porroit  estre,  <|iii  leur  courra  sus. 

Sur  quoy  lesditz  conseillerset  autres  de  leur  dicte  opinion  ont 
demandé  instrument  à  Denis  Becej  à  ce  présent,  en  so]  ouffrans 
paier  la  cotte  <•{  portion  de.la  ville  des  gaigesdes  gens  d'armes  et 
des  communes,  ou  y  envoyer  de  ceulx  de  la  ville,  à  la  valeur  de 
leur  dicte  cotte.  Les  [ueuh  gens  d'église,  ce  ouy,  ont  esté  de  l'acors 
de  la  ville  après  avoir  parlé  premièrement  chacun  à  son  chapitre, 
pourveu  que  chacun  eu  paye  sa  coite  raisonnablement. 

—  Le  dimenche,  dernier  jour  d'octobre  ira€  xxvm,  ù  Saint- 

Jaqueme,  api  es  disner,  etc.. 

La  pins  grant  et  saine  partie  des  assemblé  ont  conclus  que 
mons.  le  Bailli  face  vuider  les  gens  d'armes  estansen  ce  païsâ  la  plus 
gracieuse  somme  qu'il  pourra,  et  la  ville  lui  baillera  un"  escus 
pour  eu  faire  en  ceste  matière  son  bon  plesir;  et  que  ce  l'on 
signiflie  au  roy  le  plus  lui  I  que  faire  se  p  turra,  à  lin  de  descliarge 
de  la  ville  des  aides  du  roy;  el  aussi  que  les  gens  d'église  et 
nobles  du  pays  contribuent  à  ce  qui  sera  donné  ausditz  gens 
d'armes,  attendu  «ju'ilz  ont  le  plus  des  domaiges  à  causede  leurs 
terres,  forteresses  ,  t  > u ! > l: i •  '■  - .  I.l  desditz  nu"  escus  ont  ;passé  le 
mandat  sus  Jehan  Gontier  (fol.  li'.J  \°). 


Lettre  de  la  duchesse  de  Bourgogne  au  cardinal  de  Winchester,  en  f.iveur  du 
sire  de  Bussy,  prisonnier  de  Rodrigue  de  Villandrando.  —  Communiqué  par 
M.  Paul  }!>  s  le  manuscrit  li.  6,  17.  loi.  00,  de  la  Bibliothèque  de 

l'Université  de  Cambridge. 

1 1")  septembre  1 150. 

Très  révérend  père  en  Dieu,  mou  très  chier  et  très  amé  oncle, 
très  cordialement  el  humblement  je  me  recomaunde  tousjours  a 


216  VIE  DE  RODRIGUE 

vous.  Et  vous  plaise  savoir  que  mon  très  redoublé  seigneur  et  je 
semblablement  escripvons  présentement  à  monseigneur  le  roy  en 
laveur  de  mon  très  cliier  et  a  nié  messire  Guillaume  de  Vianne, 
seigneur  de  Bussy,  qui  est,  comme  vous  tieng  bien  sçavoir,  de 
pièça  prisonnier  d'un  capitaine  du  parti  contraire,  nommé 
Rodigue,  lequel  si  l'a  mis  à  très  grosse  finance  et  excessive 
raençon,  laquelle,  si  lui  convenoit  paier,  il  seroit  comme  du  tout 
destitué,  destruit  et  désert.  Et  sur  ce.  mondit  seigneur  et  moy 
louchons  el  ouvrons  à  mondit  seigneur  le  roy  certain  convenable 
et  raisonable  moyen,  dontporrez  estre  adeertenne,  par  lequel  ledit 
seigneur  de  bussy  pourroit  avoir  bonne  expedicion,  ainsi  que  je 
désire,  ou  fait  de  sa  dicte  raençon.  Si  vous  pry,  mon  très  chicr 
et  très  amé  oncle,  très  affectueusement  et  de  cuer,  que  au  fait 
dessusdit  il  vous  plaise  tenir  la  main  devers  mondit  seigneur  le 
roy  eu  temps  convenable,  et  tant  y  faire,  corne  j'ai  en  vous  ma 
parfaicte  fiance,  que  icellui  puisse  en  temps  convenable  sortir 
plain  effet- 1.  Et  vous  me  ferés  ung  très  grant  et  singulier  plaisir, 
et  dont  me  reputeray  à  vous  estre  grandement  tenue.  Et  se  chose 
vous  plaise,  signiffiez  le  moy  pour  l'acomplir  très  voulentiers  et 
de  bon  cuer.  Très  révérend  père  en  Dieu,  mon  très  cbier  et  très 
amé  oncle,  le  benoit  filz  de  Dieu  vous  ait  en  sa  saincte  garde  et 
doint  bonne  vie  et  longue.  Escript  à  Anvers,  le  xme  jour  de  sep- 
tembre. 

Yostre  niepee  la  duchesse  de  Bourgoingne  et  de  Braubant. 

Sur  l'adresse:  Très  révérend  père  en  dieu,  le  cardinal  d'Angle- 
terre, mon  très  cbier  et  très  amé  oncle. 


Acte  de  donation  de  la  seigneurie  de  Puzignan  en  Dauphiné,  à  Rodrigue  de 
Villandrando. —  Original  en  parchemin  des  Archives  nationales,  reg.  I'  1363, 
cote  1245. 

(7  mars  1430/1.) 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  à  tous  présens  et 
à  venir  salut.  Comme  nous  aions  entendu  que  Alaiz  de  Vcyras, 
femme  de  Guillaume  de  la  Balme,  chevalier,  lequel  a  sous  tenu 
et  favorisé  nostre  adversaire  de  Bourgongue,  ait,  en  soy  demons- 
trant  rebolle  et  desobéissant  envers  nous  et  favorisant  nostre  dit 
adversaire  de  Bourgongne  el  ceulx   de   son  parti,  mis  et   bouté 


DE   VIII  Whl;  \Mm».  217 

mi  chaste)  de  Puseigné1  en  nostre  Daulphiné,  Loys  de  Chalon, 
ier,  soydisanl  prince  d'Orange,  pour  faire  el  porter  guerre 
à  noslredit  Daulphiné  ;  et  pour  ce,  et  aussi  que  ladite  Alayz  est  de- 
mouranl  en  l'obéissan  <•  de  qoz  ennemis,  soil  ledit  chastel  de  Pu- 
-    _     .  avecques   to  i  ipparlenances  et  toutes  les  autres 

-,  rentes  et  revenues,  que  ladite  ÂJaiz  a  eu  et  peut  avoir 
tant  en  uostre  royaume  que  en  nostredil  Daulphiné,  envers  nous 
forfaites  el  confisquées,  el  dont  à  ceste  cause  en  povons  faire  el 
disposer  à  nostre  plaisir  el  voulcnté  :  savoir  faisons  que,  pour  con- 
sidéracion  des  grans,  bons  el  agréabli  -  el  profitables  services  que 
nostre  bien  aîné  escuier  d'escuiie,  Rodrigue  da  Villandrando, 
nous  a  l'ai/,  dès  longtemps  a,  ou  fail  de  noz  guerres  el  autrement 
en  plusieurs  manières,  et  mesmemenl  depuis  ung  an  en  <.à  es 
marches  de  nostredit  Daulphiné,  à  rencontre  dudit  Loys  de  Chalon 
à  nous  rebelle  et  di  sobéissaut,  comme  dit  esl  :  pour  considéracion 
aussi  de  ce  que  nostredit  escuier  et  ses  gens  ont  gangné  el  prins 
ill  ledit  chaste!  sur  les  gens  dudit  Loys  de  Chalon  :  nous,  à 
nostre  dit  escuier.  en  recongnoissance  desdiz  services  et  pour 
aucunement  le  recompenser  des  grans  Irai/  et  despens  que,  à 
l'occasion  de  nostre  dit  service  lui  a  convenu,  convient  et  c  n- 
viendra  faire  el  soustenir;  actendu  mesmemenl  que,  comme  dit 
est,  lui  et  sesdictes  gens  ont  prins  ledit  chaste]  d'assault  sur  le- 
dit de  Chalon:  avons  donné,  cédé,  transporté  el  délaissé,  donnons, 
cédons,  transportons  et  délaissons  de  grâce  espéciale  par  ces  pré- 
sentes ledit  chaste!  el  terre  de  Puseigné,  avecques  toutes  les  rentes 
el  revenues  audit  chastel  appartenant,  et  généralement  toutes  les 
autres  terres,  cens,  rentes  et  revenues  que  ladicte  Alaiza  et  peut 
avoir  en  nostredit  Daulphiné,  pour,  toutes  les  choses  dessus  dit  tes 
et  chacune  d'icelles  avoir,  tenir,  joïr  et  user  par  ledit  Rodrigue 
de  Villandrando,  ses  hoirs  et  aians  cause,  ou  temps  à  venir,  et 
en  faire  et  disposer  à  leur  plaisir  et  voulenté,  comme  de  leur 
propre  chose  à  tous  joui-,  jusques  à  la  valeur  et  estimacion  de 
trois  cens  livres  tournois  de  rente,  par  chacun  an  et  au  dessoubz. 

Si  donnons  en  mandement,  etc Donné  à  Saumur,  le  vije  jour 

de  mars,  l'an  de  grâce  mil  cerc  et  trente,  et  de  nostre  règne  le 
neufiesme.  Ainsi  signé  :  Par  le  Roy  Dauphin,  Vous,  le  seigneur 

1  Le  nom  de  ce  lieu  'lins  la  bouche  des  habitants  du  pays  est  Pusigneu  :  il 
se  disait  en  latin  Pusiniacum,  auquel  Pusigné  répond  aussi  bien  que  Pusigneu; 
mais  il  est  difficile  d'expliquer  l'altération  qui  a  déterminé  la  l'orme  Puzignan, 
consacrée  depuis  longtemps  par  les  actes  administratifs. 


-ils  VIE    DE   RODRIGUE 

de  la  Trémoille,  Christofle  de  Harecourt,  les  sires  de  Trêves  el  de 
Mortemar,  et  antres  présens1. 

VII 

Condamnation  à  l'amende,  aux  assises  de  la  châtellenio  de  la  Tour  en  Jarret 

I  orez  ,  d'un  homme  coupable  d'avoir  dilapidé  une  garde-robe  reprise  sur  les 

routiers  de  Rodrigue,  qui  avait  été  mise  en  séquestre  entre   ses  mains.  — 

Registre  C.    1190,  fol.   9,   des    Archives    de  la    Loire.   Communication   de 

SI.  Chaverondier,  archiviste  du  département. 

(20  février  I43f) 

Petrus  Escofferii,  de  Sancto-Christoforo,  gratis  coinposuit  ad 
quinque  solidos  turon.  pro  co  quia,  sine  licencia  alicnjus  super  hoc 
potestatem  habenlis,  quanclam  vestem  sibi  sub  manu  domini  nos- 
tri  ducis  per  Johannem  Tliolio,  servientem  Forensem,  traditam  in 
custodia,  que  fueral  cujusdam  mercatoris  quem  gentes  armorum 
de  Rodigo  depredaverant,  de  eadem  tradidit  Pctro  Gogiardi  sine 
licencia;  quos  solvcre  promictit  per  juramentum  suum  et  sub 
obligacione  omnium  bonorum  suoruni.  Cavit  per  Johannem  Tillez. 
Datum  die  martis  xv.  mensis  febroarii,  anno  predieto  [miiiic  xxx]. 

VIII 

Extrait  du  livre  des  délibérations  des  consuls  du  Bourg  de  Rodez.  —  Registre 
BB  5,  fol.  1 10,  des  Archives  communales  de  Rodez.  Communication  de 
M.  Paul  Durrieu. 

(25  juillet  1431.) 

l'on  ordenat  que,  attendut  que  mossenhor  lo  comte  de  Pardiac 
era  vengut  en  esta  vila  per  far  gitar  del  pays  lo  capitani  Rodigo 

4  Deux  autres  pièces  qui  sont  le  complément  de  celle-ci  se  trouvent  dans 
les  Registres  de  la  même  série,  I'  ÎS.M)*  cote  770,  et  P  1363*  cote  12io.  La 
première,  en  date  du  15  septembre  1431,  est  la  sentence  de  confiscation  sur  Alice 
de  \  irax,  prononcée  par  Raoul  de  Gaucourl  d'après  l'avis  conforme  du  Conseil 
delphinal  :  «  Quia  nobis  constat  et  apparet  dictam  dominmu  Alesiam  infra  cas- 
trum  Pusigniaci,  quod  de  feudo  delphinali  existit,  plures  Bnrgundos  et  alios 
risione  castri  Anlhonis  adversarios  et  inimicos  serenissimi  principis,  etc., 
intrare  permisisse.  »  L'autre  pièce  est  l'expédition  des  lettres  royales  par  le 
même  Raoul  de  Gaucourt,  expédition  délivrée  à  Lyon  le  12  novembre  1431, 
à  la  poursuite  d'un  fondé  de  pouvoirs  de  Rodrigue:  a  Receptis  per  nos  litteris 
exhibilisque  per  Johannem  de  Mondono,  civem  Lugduncnsem,  procuratorem 
legitimum  et  nomme  procuralorio  viri  oôbilis  Rodrigui  de  Villandrando,  scutif- 
feri  scuttifferie  prefali  domini  nostri  régis  delfini.  »  C'est  l'acte  de  mise  eu 
possession. 


DE  Vil  I  INDRANDO.  U9 

.un  sas  gens,  loqual  donava  granl  dampuage  à  loi  lo  pays,  fon 
de  cocelh  que  à  comu  despens  dil  bore  et  de  la  cieutal  lin  ses 
trames  cl  présentai  ij  pipas  de  bon  vi,  el  \\  sestiers  civada,  el 
\ij  torchas,  el  viij  libras  coffimens,  en  supplican  que  llii  plassa 
aver  per  recomandada  la  vila  el  loi  I"  pays. 


I\ 

Ordunnani  emenl  d  ind<  mnilé  à  de  la  levée  d'une  aide  accordée  pai  li 

h, il  il  mis  des  diocèses  de  Hâcon,  Chai ■!  Aulun,  pour  re vrei  les  places 

m,    pées  pai  Rodi  »  Villandrando  et  autres  capitaines  du  parti  français. 

—  Original  de  la  Chambre  des  comptes  de  Dijon,  aux  Archive 
.  laj  lie  159,  liasse  I.  cote  5151. 

l'i  novi  mbi e  1451. 


Philippe,  par  la  grâce  de  Dieu  duc  de  Bourgoingne  ri  de  Lothier, 
de  Brabant  el  de  Lembourg,  comte  de  Flandres,  etc.,  â  nostre 
ami'  ri  féal  secrétaire  maistre  Guillaume  Bourrelier,  receveur  gé- 
néral  d'ung  aide  de  si\  mil  frans  à  noz  octroiez  par  les  gens 
d'église,  manans  et  liabitans  es  villes  el  terres  roiaulx  estans  es 
diocèses  de  Mascon,  Chalon  et  Ostun,  salut  et  dileclion.  Gomme 
pour  nous  aidier  à  restituer  d'une  partie  des  frais  que  nous  avons 
sostenus  <'ii  une  armée  de  par  nous  mise  sus  en  un/  pais  de  Bour- 
goigne,  soubz  la  conduite  de  nostre  cosiu  le  prince  d'Orenges  en 
absence  de  nostre  mareschal  de  Bourgoingne,  environ  Pasques 
charnelz  darrain  passé,  à  la  liés  grand  requeste  tanl  de  révérend 
père  en  dieu  l'abbé  de  Glugny  i  omme  d'aucuns  autres  prelas,  gens 
d'église,  bourgeois,  manans  et  habitans  des  villes  eslans  en 
royaulté  es  termes  el  mectes  des  diocèses  et  eslections  de  Mascon, 
Chalon  et  d'Ostun,  pour  la  vuidange  des  places  et  forteresses  île 
M,izilles,Chastel-soulis-Clugny,Senceney,  Saint-Christofle  et  Pierre- 
clox,  lors  détenues  et  occuppées  par  le  bailli  de  Lion,  Rodigue 
el  autres  ennemis  de  inonsr  le  Roy,  au  bien  de  son  povre  peuple 
desdiz  lieux  et  au  cessement  des  inaulx  qu'ils  en  soslenoient, 
qous  ayenl  esté  par  manière  d'ayde  promis,  accordé-  et  octroyez 
la  somme  de  sh  mil  frans,  venans  eus  franchement  eu  uoz  mains 
avec  les  liais  nécessaires  à  la  poursuite  dudit  octroy  et  du  relie- 
vement  des  deniers  dicellui,  tant  eu  voyaiges,  L'aiges  d'esleuz  et 
receveurs  e1  <  scriptures  que  autrement,  ou  l'ait  dessusdil  el  es 
dépendences;  et  il  soil  ainsinque  nostre  amé  receveur  de  Mascon, 


220  VIE   DE   RODI'.ICUE 

Anthoine  Ailloud,  ait  par  nostre  ordonnance  et  de  par  nous  esté 
mandé  venir,  et  soit  venus  dès  son  hostel  de  Mascon  à  Saint-Gen- 
goul  devers  le  bailli  dudit  lieu  et  autres  officiers  royaulx  pour  le 
fait  dudit  ayde,  auquel  voyaige  il  a  vacqué  six  jours  entiers  et 
continuels;  ait  aussi  esté  et  soit  ordonné  et  institué  receveur 
particulier  dudit  ayde  ou  diocèse  de  Mascon,  sens  ce  qu'il  ait  eu 
encoires  à  ceste  couleur  aucuns  gaiges  de  nous  ne  autrement  à 
cause  que  dit  est  :  Pour  ce  est  il  que  nous,  ces  choses  considé- 
rées, vous  mandons  que  des  deniers  ordonnés,  assis  et  imposés 
pour  lesdis  frais,  en  oultre  lesdits  vi'1'  frans  et  sens  diminucion 
d'iceulx,  pour  ce  que  franchement  et  sans  déchéance  ils  doivent 
venir  en  noz  mains,  vous  paiez,  bailliez  et  délivrez  audit  Anthoine 
Ailloud  la  somme  de  six  vins  six  frans  ;  la  quelle  somme,  en  oultre 
les  gaiges  ordinaires  qu'il  prant  de  nous  à  cause  de  sondit  office 
de  receveur  de  Mascon,  nous  lui  avons  ordonné  et  tauxé,  ordon- 
nons et  tauxons  par  ces  présentes  :  c'est  assavoir  six  frans  pour 
sesdiz  voiaiges,  qui  est  ung  franc  par  jour,  et  six  vins  frans 
pour  ses  gaiges  de  ladite  recepte  dudit  ayde  oudit  diocèse  de  Mas- 
con, parmy  ce  que,  au  regard  desdis  vixx  frans,  il  sera  tenu  de 
cuillir  et  fere  venir  eus  les  deniers  de  sadite  recepte  à  ses  frais, 
pourter  ou  fere  pourter  à  Dijon  lesdits  deniers,  et  fere  tous  autres 
frais  touchant  sa  charge  et  les  dépendances,  sens  ce  qu'il  en  puisse 
aucune  autre  chose  demander.  Et  par  rapportant  ces  présentes 
avec  assercion  dudit  Anthoine  d'avoir  vacqué  oudit  voiaige  lesdits 
vi  jours,  ladite  somme  de  vixxvi  fr.  sera  alouéeen  la  despence  de 
voz  comptes,  sur  ce  que  dit  est,  par  nos  amez  et  féaulx  les  gens 
de  noz  comptes  à  Dijon,  ausquelx  nous  mandons  que  ainsin  le 
lacent  sens  contredit  ou  difficulté,  non  ohstant  que  de  la  déclara- 
ciondesdiz  jours  autrement  n'appere,  et  quelxconques  mandemens 
ou  deffenees  contraires.  Donné  en  nostre  ville  de  Dijon,  le  xve  jour 
de  novembre,  l'an  de  grâce  mil  cccc  trente  et  ung. 

Par  Monseigneur  le  Duc  à  la  relacion  du  Conseil,  ouquel  estoient 
les  liens  des  comptes  à  Dijon. 

Signé  T.  Bouesseau.  Scellé  du  petit  sceau. 


IH.    \  ILLANDUANDO.  221 


Extraits  de  l'ordonnance  dressée  poui  la  répartition  des  deniers  volés  par  \c< 
Etals  des  pays  de  Haute  el  de  Basse-Auvergne,  réunis  à  Honlfcrrand  en  jau- 
riei  1  * -— j  1  '.'.  —  Original  en  parchemin  dans  le  ms.  français  25914  de  la 
liilil.  nulionale. 

(Événements  de  décembre  I  !"  I 


Item  seront  lenuz  (les  receveurs)  de  paier  la  somme  de  nr  li- 
vres tournois  qui  ont  esté  ordonnez  à  mons.  le  seneschal  d'Au- 
vergne, pour  et  eu  recompensacion  des  Irai/  et  despenses  qu'il 
luv  a  convenu  faire  en  deux  voiages  qu'il  a  esté,  par  l'ordonnance 
de  Messeigneurs,  par  devers  Rôdigode  Villandrado,  capitaine  de 
certaines  gens  d'armes  el  detraict,  pour  traictier  avec  luv  que 
luv  noies  siens  ne  passassent  parmj  ledit  pays,  et  n'y  feissent 
dommaige;  esquelz  voiaiges  mondit  seigneur  le  seneschal  a  vai  - 
tjiié  par  l'espace  de  trois  nioi>  ou  environ. 

A  Loys  du  Lac  et  Guillaume  du  Loir,  escuiers,  pour  avoir  esté, 
par  l'ordonnance  de  Messeigneurs  dudil  pays  devers  Andrelin  et 
Cappelle,  cappitaines  de  gens  d'armes  el  de  traict,  affin  qu'ilz 
ne  pasçassenl  ne  dommaigassent  ledit  pays  :  à  chacun  c  solz  tour- 
nois. 

A  l'oncet  de  la  Roche,  escuier,  pour  et  en  recompensacion 
d'ung  sien  cheval  que  les  gensdu  dessusdit  Rodigo  luv  ostèrent, 
en  alaril  devers  mondit  seigneur  le  seneschal  d'Auvergne,  pour 
aucunes  choses  touchans  le  service  dudit  |k» ys  :  \w  1.  t. 

A  aucuns  des  hommes  des  parroisses  et  villaiges  de  Saint-Bon- 
net, Monlpensier,  Kilïiat ,  Denonne,  Saint-Martin  dis  \  loches, 
Cuin,  Olhat  et  Saint-Clément,  ou  conté  de  Montpensier;  lesquelz 
habitans  ont  esté  naguères  prias  et  emprisonnez  par  les  yens  du 
dessusdii  Rodigo,  à  laquelle  cause  ilz  ont  lieu  de  granz  peines  et 
dommaiges:  pour  eux  aidier  desdiz  dommaiges,  pertes  et  maulx, 
e  1.  tournois. 

A  Anthoine  Saillans,  escuier,  hailly  d'Alègre,  pour  ung  cheval 
qui  fut  prins  de  luv  à  Ambert  et  donné  audit  Rodigo,  luy  et  les 
siens  estans  oudit  lieu  d' Ambert  logiés,  affin  qu'il  oust  ledit  païs 
pour  recommandé,  et  qu'il  n'eust  cause  d'y  l'aire  dommaige  :  Ix  I. 
tournois. 

A  Girault  Crespat,  marchant  de  Clermont,  en  recompensacion 


\  n;  de  rionr.ii.i  i. 


de  certains  voiages  qu'il  a  faiz  par  l'ordonnance  de  Messeigneurs 
dndit  pais,  en  la  compaignie  de  mondit  seigneur  le  scnescbal  et 
autremenl .  par  devers  le  dessusdit  Rodigo,affin  de  trouver  appoinc- 
tement  avec  lny,  pour  qu'ilz  vuidiïsent  du  pays,  etc,  :  six  vins  l.t. 


Xï 


Quittances  des  années  1434  et  lir>0  pour  remboursements  des  emprunts  con- 
tractéspar  la  ville  d'Ussel  ru  Limousin  à  L'occasion  de  l'appatissemenl  exigé 
par  Rodrigue  do  Villandrando.  —  Pièces  communiquées  p. ir  M.  Paul  Huot, 
d'après  les  originaux  des  Archives  communales  d'Ussel. 

Événements  de  décembre  1  i'\ . 

i.  In  mei,  notarii  publici,  presentia  et  testium  infra  scripto- 
rum  personaliter  constitutus  Steplianus  Charlat,  rnercator  ville 
Lsselli  [recognovil]  quod,  cum  Johannes  de  Fraxin» -,  .laeobus  Des- 
tanha,  Jacobus  Marletz  et  Johannes  Rolondi,  tcneivmtur  et  essenl 
[obligati1  pro  consnlibns  dicte  ville  ad  solvendum  diclo  Stepbano 
Charlat  quaterviginti  scuta  auri  veteris  pro  ipso  fradendo  feni- 
dam]  capitaneo  gentium  armoruni,  Rotrico  de  Villa  \ndrado,  cum 
quo  quandara  compositionem  fecerat  dicta  villa  ad  finem  ne  dic- 
tam  villam  assalliret  nec  destrueret ,  prout  de  dicta  obligaUone 
latius  constat  per  quoddam  instruraentum  publkum  receptum 
per  magistrum  Guillelmum  Esparverium,  notanum  publicum, 
sub  data  diei  ultime  mensis  decembris  aimi  Domini  millesimi 
quadringentesimi  tricesimi  primi  :  bine  fuit  et  est  quod  dictus 
Steplianus  Charlat  confessus  fuit  babuisse  et  récépissé,  tam  per 
manum  sapientium  virorum  Franeisci  de  Pradinaco,  notarii  pu- 
blici,  et  Jobannis  Codoniez,  Johannis  Paulhiaci,  Jobannis  de  Mi- 
chai,  consulum  anni  presentis  dicte  ville,  quam  predecessorum 
consulum  ejusdem  ville,  videlicet  quaterviginti  scuta,  tam  pro 
talhia  per  ipsam  débita  pro  parte  sua  dicte  corapositionis  de  Ro- 
trico, quam  in  auro  sibi  tradilo,  ut  asseruit.  De  qua  summa  qua- 
ter  viginti  scutorum  quictavit  diclos  consules,  etc.,  etc.  Actumin 
villa  Usselli,  die  xmia  mensis  augusti,  anno  Domini  m°cccc  xxxiiii0. 

2.  In  mei,  notarii  publici,  testiumque  infrascriptorum  presentia 
existens  et  personaliter  constituta  Margarita,  uxor  quondam  Pétri 
de  Las  Portas,  ville  Usselli,  que,  cum  dictus  quondam  Petrus 
mutuasset  consulibus  cl  babilantibus  dicte  ville  Usselli  quinqua- 


hl    VILLANDRAK  DO. 

ginta  scuta  ami  veteris  prosolvendo  .1  Rodig le  Villaindraldo, 

capitaneo  gentium  armorum,  cerlam  <• posilionem  ami  ci  ar- 
gent] quam  ipsi  consules  et  babil  mtes  feceranl  cum  ipso  Elodiguo 
ad  linem  ne  agrederetur  dictam  villam  :  hodie  dicta  Margarila 
confessa  luit  babuisse  et  sibi  d  duxisse  et  dedui  tam  fuisse  de  lui- 
qui'  poterat  debere  de  suqueto  vini  pei  ipsam  venditi,  quindecim 
Ecuta  a  11  ri  veteris  seu  realia,  et  de  talliis  suis  et  dicti  sui  quon- 
dam  mari t i  et  Pétri  de  Iquis,  sui  quondam  uepotis,  et  per  ma- 
nuin  Johannis  Grelet,  usquc  ad  summara  triginta  el  sex  scuto 
runi,  inclusis  dictis  quindecim  sculis  auri,  ex  compulo  facto  per 
ipsam  hfargaritam  cum  sapientibus  \iii<  magistro  Francisco  de 
Pradinaco,  nolario  publico,  Joli  amie  Codonhies,  Johanne  de  Mî- 
chal  et  Johanne  PouUhat,  consulibus  anni  presentis  dicte  ville.  De 
qua  summa  triginta  et  ses  scutorum  auri  et  septem  solidorum  dicta 
Margarita  dictos  consules  et  habitantes  dicte  ville  et  quoscunquc 
alios,  qui  pro  dicta  summa  quinquaginta  scutorum  auri  sunt  obli- 
gati  dictis  consulibus,  pro  se  et  pro  Iota  communitate  et  babitanti- 
bus  dicte  ville  el  pro  omnibus  illis  quorum  interest  aul  intererat, 
quictavit  et  absolvit,  et  de  premissis  concessil  ûeri  presens  me- 
moriale.  Actnm  in  dicta  villa  Usselli,  in  operatorio  mei,  notarii 
infrascripti,  presentibus  Johanne  Lafoz,  Johanne  Imgerd  et'me, 
Guillelmo  Esparverio,  notario  infrascripto,  die  in.1  mensis  julii, 
anno  Domini  mccccxxxiiii. 

3.  Nous,  Charles,  conte  de  Venthadour,  savoir  faisons  à  tous 
ceulx  qui  ces  présentes  verront  et  oironi  que.  comme  les  consoulzel 
habitans  de  nostré  ville  d'U  el  qous  fussenl  tenus  en  la  somme  de 
cent  escus  d'or,  par  nous  à  euh  baillés  1  1  prestes  à  fere  1<  ur  paie- 
ment pour  la  ransson  de  Iiodiguo  de  Vilandrado,  et  en  Imict 
goubeaux  dargent,  et  d'autre  pari  en  vingt  et  cinq  escus,  et  en 
oultre  en  ung  beringuier  et  en  une  aiguière  d'argenl  poisant  neuf 
marcs  deux  onsses  et  demi",  el  ausi  en  sexainte  escus  d'or  ou 
royaulx,  lesqueulx  nous  estoienl  donnés  sur  la  taille  faicle  el  00 
troiée  sur  les  habitans  de  ladicte  ville  et  sur  pluseurs  parroisses, 
faicte  pour  paier  ladicte  ransson  dudict  Rodiguo,  el  aussi  en  li 
somme  de  cinq  escus  d'or  pour  l'œuvre  de  ladicte  ville  d'Ucel  : 
Non-,  au  jour  d'uy,  date  de  ces  présentes,  confessons  el  recoignois- 
sons  avoyr  lieu  et  receu  des  consoulz  et  habitans  de  ladicte  ville 
les  sommes  et  parties  cy  dessus  déclarées,  et  nous  en  tenons  poui 
bien  contemps  et  payés  desdictes  sommes.  Desquelles  sommes  el 


::\  VIE  DE  RODRIGUE 

chacune  d'ycelles  quictons  pour  nous  et  pour  les  hoirs  nostres 
lesdicts  consuls  et  habitans  de  ladicle  ville  d'L'cel  en  convenance 
de  non  plus  demander  d'ores  en  avant  èsdicts  habitans,  à  cause 
desdictes  sommes  enclus  en  ceste  quictance,  toutes  autres  sédulcs 
et  quiet;mccs  lesquelles  iio;:s  pourrions  avoir  doné  et  octroyé  des 
dictes  sommes  èsdicts  habitans  ou  de  aulcune  d'ycelles;  et  voulons 
H  consentons  par  ces  présentes  que  toutes  recognoissances  et  obliga- 
toires sur  ce  à  nous  octroyées  par  le:  dicts  habitans  soyent  de  nulle 
valeur,  et  les  anullons  et  cancellons.  Mandons  et  commandons  à 
maistre  Fransset  del  Pradinatz  de  ladietc  ville,  nostre  notaire, 
qu'il  ayt  à  canceller  les  lectres  obligatoires  que  sur  ce  pour  nous 
a  receues.  Et  en  tesmoing  de  ces  chouscs  et  pour  pins  de  fermeté, 
nous  avons  seellé  ces  présentes  de  nostre  propre  seel  et  signé  de 
nostre  propre  main.  Donné  à  Venthedor,  le  xxie  jour  du  moys  de 
ma\  mi.cccxxxiiu.  Signé  :  Yanthadours1. 


XII 


Lettres  royales  du  don  fait  à  Rodrigue  de  Villandrando  de  la  terre  et  seigneurie 
de  Talmont  sur  Gironde.  —  Original  en  parchemin  des  Archives  nationales, 
P  1375,  cote  2478. 

(5  avril  145  {.) 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  savoir  faisons  à 
tous  présens  et  à  venir  que  nous,  considerans  les  grans  et  no- 
tables services  que  nostre  amé  et,  féalescuier  d'escuverie  Rodigo  de 
Villedrando  nousafaiz  ou  temps  passé,  tant  ou  fait  de  noz  guerres 
comme  en  plusieurs  diverses  manières,  fait  chacun  jour  et  espérons 
que  ancor  face  ou  temps  avenir;  considerans  oultre  les  grans 
fraiz  et   despences  que  à  l'occasion  d'icelles  lui  a  convenu  su- 

1  M.  Paul  Iluot  a  publié  textuellement  cette  dernière  pièce  dans  sa  notice 
sur  les  Archives  municipales  d'Ussel  (Ussel,  1856).  Il  a  ajouté,  d'après  un 
inventaire  de  1749,  la  notice  d'un  autre  arle  sur  le  même  sujet,  qui  ne  se 
retrouve  plus  dans  les  archives  de  la  ville  :  «  Expédition  de  certaines  lettres 
patentes  à  innytié  déchirées  ou  effacées  cl  en  dalte  de  1439,  par  lesquelles  le  roy 
Charles  Vil  accorde  aux  consuls  et  habitans  de  la  ville  d'Ussel  de  pouvoir  lever 
ii  rtains  droit»  qui  paroissenl  considérables,  sur  les  marchandises  et  denrées. 
11  y  a  d'autres  concessions  bien  intéressantes;  niais  il  est  impossihle  de  les 
détailler  parce  qu'il  y  manque  la  plupart  îles  mois.  Suivant  les  apparences,  elles 
avoient  été  faites  à  l'occasion  de  la  ransson  qui  fut  payée  à  Rodigon  de  Villendras, 
comte  de  Villedieu.  Ci  -  lettres  furent  enregistrées  dans  les  greffe*  du  sénéchal 
de  Périeueux.  >• 


DE  \  1 1  i  \  MM;  vmm).  22S 

porter  el  à  ce  que  doresnavant  il  soil  nostre  homme  et  plus 
astrainl  à  non-  servir,  el  que  plus  honnorablemenl  II  le  puisse 
1 1  iv  el  sous  enir  -  m  eslal  :  pour  c  s  causes  el  autres  à  ce  m  uis 
mouvans,  nous,  par  délib  Taci  in  de  aostre  gra  il  Conseil,  au  lil  Ro- 
ivons  donné,  cédé;,  Iransporlé  el  délaissé,  donnons,  cédons, 
transportons  el  il  laissons  à  tous  jours,  de  grâce  espesial,  plaine 
pu i -Mince  et  auctorilé  royal,  par  ces  présentes,  pour  lui  et  ses  hoirs 
malles  descendans  de  -.1  c  lair  par  vraj  m  iri  ige,  la  ville,  cliastel, 
terre  el  chastellenie  de  Talmont  sur  Gironde,  ainsi  qu'il  se  com- 
porte, en  nostre  pays  de  Xantonge,  aveu  toute  justice  haulte, 
moyenne  el  bisse,  el  les  rentes  et  revenus  apparleuans  à  ladicte 
ville,  cliastel  el  chastellenie  el  tous  telz  droiz  et  profiz  que  nous 
avons  et  pouons  av.iir  en  l.idicte  terre  el  es  despeudances  et  cir- 
constances d'icelle,  saufel  réservez  à  nous  et  noz  successeurs  les 
souveraineté  el  ressort  devanl  nostre  seneschal  deXantonge,  pour 
li  -  avoir,  tenir,  exploiter  el  en  j ■  >îr  el  user  dore  navaut  par  ledit 
Rodigo-el  ses  hoirs  malles  à  lousjours,  parmyce  que  ledit  Rodigo 
et  sesiliz  hoirs  seront  el  demourront  à  lousjours,  à  cause  <ie  ladite 
terre,  imz  hommes  liges,  el  icelle  terre  tendront  de  nous  el  de  noz 
successeurs  à  foj  et  hommage.  Si  donnons  en  mandement  par 
ces  présentes  à  noz  amez  et  féaulx,  gens  de  nostreParlenientetde 
un/  Comptes  el  trésoriers,  età  nostre amé et  féal  maistre  Régnier 
de  Bouliguy,  général  conseiller  sur  le  fait  et  gouvernement  de 
toutes  no/  finances,  ;i  nostre  senesi  bal  de  Xantonge  et  à  tous  noz 
autres  justiciers,  officiers  el  subgez  présens  et  avenir,  ou  à  leurs 
lieuxtenans  el  à  chacun  d'eulx,  si  comme  à  lui  apparlendra,  que  <le 
nosl  re  preseul  don,  0  il  ro] ,  c  tssion  el  transport  lacent .  seuffrenl  et 
I lisent  ledit  llodigo  et  ses  hoirs  malles  joïr  et  user  plainement 
et  paisiblement  par  la  manière  que  dit  est,  sans  lui  faire  ou  don- 
ner, ou  soûl frir  es tre  fait  ou  donné,  aucun  arrest,  destourbier  ou 

empeschement  en  quelque  manière  que  ce  soit;  car  ainsi   1 - 

plaist  il  estre  fait,  et  sur  ce  imposons  silence  à  nostre  pro- 
cureur et  à  tous  autres  qui  contre  la  teneur  de-  ces  piesentes  voul- 
droyent  faire  ou  donner  aucun  destourbier  ou  empeschement,  non 
olistant  quelconques  droiz  et  conslitucions  par  nous  ou  noz  pré- 
décesseurs faicles  de  non  distribuer,  transporter  ou  aliéner  au- 
cune chose  de  nostre  domaine,  et  quelconques  0  donnances,  man- 
demens  ou  deffences  à  ce  contraires.  Et  afin  que  ce  soit  ferme 
chose  et  i  stable,  nous  avons  fait  [mettre]  nostre  seel  à  ces  pré- 
sentes. Donné   à  Selles  en  Berry,  le  tiers  jour  d'avril,  l'an  de 

15 


226  VIE   DE   RODRIGUE 

grâce  mil  cccc  trente  et  ung  avant  Pasques,  et  de  nostre  règne  le 
dixiesin<\ 

Sur  le  repli  :  Par  le  Roy  en  son  grant  Conseil  ouquel  Vous,  le 
conte  de  Vendosme,  l'évesque  de  Seez,  les  sires  de  le  Bret  et  de 
la  Tremoille,  Christofle  de  Ilarecourt,  le  Maistredes  arbalestriers, 
les  siies  de  Gaucourt  et  de  Trêves,  niaistre  Régnier  de  Boullegny 
et  Jehan  Rabateau,  et  plusieurs  autres  estoient.  Signé,  Charrier. 

Lecta  Pictavis  in  caméra  Parlamenti,  duodecima  die  aprilis, 
anno  Domini  quadringentesimo  tricesimo  primo.  Signé,  Blois. 


XIII 

Acte  d'un  emprunt  de  2000  ducats  d'or,  contracté  par  le  cardinal  Carillo  sur 
Rodrigue  de  Villandrando,  comte  de  Ribadeo. —  Vidimus  sur  parchemin  de  la 
chancellerie  de  Thiers,  aux  Archives  nationales,  P  13751.  cote  2468. 

(22  juillet  1432.) 

Univcrsis  présentes  litteras  inspecturis  et  audituris  Durandus 
de  Barra,  clericus  tennis  sigillum  curie  canccllarie  Tiherni,  in 
terra  ejusdem  loci  Tiherni  etdoininio  constitutum,  salu'ern  in  Do- 
mino. Noveritis  quod  nos  vidimus,  legimus,  tenuimus  seu  legi 
fecimus  quasdam  patentes  litteras,  sub  manu  Johanuis  Bessonis, 
clerici  Viennensis  diocesis,  publici  apostolica  etimperiali  ac  civi- 
tatis  Avinionis  auctoritatibus  notarii,  confectas,  non  vicia  tas,  non 
dévolu  las,  non  cancellatas,  nec  in  aliqua  sui  parte  corruptas,  sed 
oinni  prorsus  vicio  et  suspicione  carentes,  quarum  ténor  sequi- 
tur  et  est  talis  : 

«  lu  nomine  Domini,  amen.  Anno  a  nativitate  ejusdem  mille- 
simo  quadringentesimo  tricesimo  secundo,  indicione  décima 
cum  eodem  anno  sumpta,  et  die  vicesima  secunda  mensis  jullii, 
pontifficatus  sanclis^inii  in  Christo  patris  et  domini  nostri  do- 
mini Eagenii,  divina  providentia  pape  quarti,  anno  secundo;  in 
presencia  mei,  notarii  pulilici,  et  testium  subscriptorum ,  ad  bec 
specialitcr  vocatoruni  et  rogalorum,  reverendi  patres  domini  Al- 
fonsus  Carrilho,  protbonotarius  cedis  appostolice,  et  Johannes 
Carrilho,  arcbidiacouus  Conchensis,  ambo  insimul  et  uterque 
ipso  ru  ra  in  solidum  per  se  et  suos  heredes  et  impostèrum  suc- 
cessores  quoscunque,  bona  iide  et  sine  dolo  ac  fraude  aliqua 
etabsque  omni  excepeione  et  condicione  juris  dicti  et  facti  tacila 
vcl  expressa,  non  coliacti,  non  dece[»ti,  non  vi,  non  metu,  nulla 


DE   \  1 1  I  \N  DR  \  NDO.  227 

caliditate  seu  raachinacione  circumventi,  sed  gratis,  scieuter  cl 
sponte,  Domine  ac  mandato  reverendissimi  in  Christo  patris  el 
domini  Alfoncii,  cardinalis  Sancti  Eustacii,  lit  dixerunt,  confessi 
fuerunt  in  veritate,  et  ex  eorum  ccrta  sciencia  gratis  il  publiée 
overunt  nobili  el  potenti  viro  Roderico  de  Vilandrando,  com- 
niitti  de  Rippaldo,  licel  absenti,  me  notario publico  infrascripto, 
ut  persona  publica,  ibidem  présente,  stipulante  cl  récipient e, 
Domine  el  vice  dicti  nobilis  Roderici,  licel  abhinc  absentis,  el  per 
me  i  idem  suisque  b  n  dibusel  imposterum  successoribusquibus- 
cunque,  se  eidem  nobili  Roderico  debere  el  ab  eodem  babuisse 
e  re<  episse  per  manus  honorabilis  viri  Johannis  de  Jevasio,  camp- 
soris,  habitatoris  Avinionis,  seu  Johannis  Sextoris,  eciara  camp- 
soris,  ejus  aepotis  el  facloris,  videlicet  duo  milia  ducatos  auri 
boni  el  legitimi  ponderis,  valoris  cujuslibet  viginti  grossorum 
monde  pape  et  regine  Usualium  in  Aviuione,  racione  et  ex  causa 
veri,  puri  et  amicabilis  mutui,  gracie  el  amoris,  sic  et  tabler 
quod  dé  dictis  duobus  milibus  ducatis  auri  fuerunt  ipsi  domini 
debitores  contenti  omnino,  et  dictura  credditorem  interposita 
stipulacione,  ut  supra,  ac  omnia  bona  sua  et  suorum  predictorum 
mobilia  et  immobilia,  presentia  et  futura,  quictaverunt,  libe- 
raverunt  penitus  perpetuo  et  absolvcrunt;  paclumque  ipsum 
solempne  et  validum  fecerunt  ipsi  debitores  et  uterque 
ipsorum  in  solidum  de  non  petendo  aliquid  ulterius  ab  eoduu 
credditore,  interposita  stipulacione,  ut  supra,  aul  suis  predictis, 
née  in  bonis  suis. aut  suorum  predictorum,  occasione  dictorum 

dnorum  mil ducatorum  auri  in  solidum  vel  in  parte.  Excep- 

cionî  vero  dictorum  duorum  milium  ducatorum  auri,  ex  causa 
premissa,  per  eosdem  debitores  nonhabitorum  et  non  receptorum, 
sibique  per  dictum  credditorem,  seu  dictos  Jobannem  de  Jevasio 
et  Johannem  Sextoris,  ejus  nomine,  non  traditorum,  non  nume- 
ratorum  ac  deliberatorum,  ac  spei  future  tradicionis,  mutuacionis, 
deliberacionis  eorumdem,  etexcepeioni  non  numerate  pecunie  ac 
errori  calculi,  et  cuilibet  alii  excepeioni,  ex  pacto  et  ex  eorum 
certa  sciencia,  renunciaverunl  dicti  debitores  et  nterque  ipsorum 
in  solidum  penitus  in  premissis. 

i  Quos  quidem  duo  n  ilia  ducatos,  valoris  et  monde  predic- 
torum, convenerunt  et  promiserunt  dicti  domini  Alfonsus  Car- 
rillo  et  Johannes  Carrilho,  debitores,  et  uterque  ipsorum  in 
solidum,  per  >>c  et'suos,  ut  supra,  dicto  nobili  Roderico  de 
Vilandrando  credditori,   interposita  stipulacione,   ut  supra,    aut 


228  VIE   DE  RODRIGI  i 

eius  cerlo  procuratori  vel  nuncio  speciali,  aut  cui  sou  quibus 
jura  sua  cessent  in  hac  parte,  (lare,  trulere,  solvere  et  in- 
tègre satisfacere  in  pace  et  sine  litigio  et  absque  aliqua  questione, 
Avinionis  a.it  alibi,  ubicunque  locorum  et  terrarnm  requisiti 
fuerint  seu  conventi,  seu  alter  ipsorum  requisitus  fuerit  seu  con- 
ventus,  vidëlicet  a  prima  die  mensis  augusti  proxime  fulura  in 
sex  menses  tune  proxime  futuros,  et  hoc  in  ducatis  auri  aut  iu 
grossis  pape  et  regine  antedictis,  juxta  eleccionem  dictorum  debi- 
lorum,  et  non  in  aliis  bonis  eorum  seu  alterius  ipsorum  extimalis 
vel  extimandis,  non  dando  nec  conferendo  bona  eorum  seu  al- 
terius ipsorum  aliqua  in  solutum;  et  non  allegare  seu  opponere 
super  contentis  in  Imjusmodi  instrumente  aut  aliquo  seu  aliqui- 
bus  eorum,  solucionem  universalem  vel  particularem  dictorum 
duorum  milinm  ducatorum  auri,  quictacionem  seu  delibera- 
cionem,  aut  pactum  de  non  pelendo  super  lioc  (ore  factam,  nisi 
per  hoc  instrumentum  eisdem  debitoribus  légitime  restitutum, 
scissum  et  anullatum,  aut  peraliud  instrumentum  siifficiens  finis, 
quictacionis  aut  pacti  de  non  petendo,  manu  boue  famé  et  noti 
tabcllionis  confectum;  neque  nullitatem  instrumenti  aut  aliam 
quameunque  jmis  vel  facti  excepeionem,  neque  super  hoc  dilla- 
cionem  seu  remissionem  extra  locum  ubi  dictum  debitum  peti- 
lum  fuerit,  pro  aliquibus  probacionibus  faciendis,  nec  aliqua  alia 
petere  in  aliquo  seu  aliquibus  coutenlorum  in  hujusmodi  instru- 
mente contraria  aut  per  que  contra  pivmissa  aut  infrascripta,  vel 
eorum  aliqua,  venire  possint,  aut  in  aliquo  se  juvare,  dicere,  op- 
ponere,  vel  allegare. 

«  Et  nichilominus  convenerunt  et  promiserunt  dicli  debitores 
et  uterque  ipsorum  in  solidum  per  se  et  suos,  ut  supra,  eidem 
credditori  aut  suis  prediclis,  interposita  stipulacione  ut  su- 
pra, redderc,  restituera  et  intègre  referre  omnia  et  singula 
dampna,  gravamina,  interesse  et  expemas,  que,  quod  et  quas, 
propterdt ■ffectum  conlentorum  in  hujusmodi  inslrumento,  vel  alicu- 
jus  eorum,  dictum  credditorem  vel  suos  predictos  facere,  pati  vel 
sustinere  contigent,  injudicio  seu  extra  jiidicium,  eundo  vel  re- 
deundo,  nuncium  vel  nuncios mictendo,  licteras  impetrando, salaria 
procuratonbus  vel  advocatis  dando,  aut  alias  quovismodo;  et  de 
quanlitatibus  dictorum  dampnorum,  gravaminum,  interesse  et  ex- 
pensaium,  eidem  credditori  et  suis  predictis  credere  suo  verbo 
simplici  et  suorum,  sine  sacramento  et  testibus,  ac  quolibet  alio 
|)robacionis  génère  super  hiis  non  exacto:  quod  verbum  simplex, 


DE  \  Il  1  AN  DR  WImi.  2îfl 

casu  predicto,  pro  vera  et  légitima  probacione  baberi  voluerunl 
paritei  et  tiabebunt,  ac  equidera  obseï  vare  pariter  et  observabunt. 
n  Pro  quibus  quidem  omnibus  et  singulis  supra  et  infrascriplis  sic 
tenendi»,  actendendis,  com|»lendis  Grmiler  et  inviolabiliter  ob- 
scrvandis  supposuerunt,  summiserunt,  obligaverunt  et  yppotheca- 
veruiit  dicti  domini  Alfonsus  Garrillho  et  Johannes  Garrilho   se 
et  ulrumque  ipsorum  in  solidum,    ac  omnia  bona,  res  et  jura 
eorum  et  utriusque  ipsorum  in  solidum  ac  suorum  predictorum, 
mobiliaet  immobilia,  presentia  et  futura,  juridictioni,  vigori.  coiu- 
pulcioni,  cohercioni  (sic)  et  mero  examini  curiarum  Gamere  dicti 
domini  nostri  papeejusque  camerarii,  auditorisipsius,  vicegerentis 
vel  locumtenentis  el  commissai'ii   ejusdem,  ac  curiarum  spiri- 
lualis  et  temporalis  civitatis  Âviniouis  et  domini  marescalli  dicti  do- 
mini nostri  pape  ac  rom  me  curie,  curiarumqueparvi  sigilli  Montis- 
pessuli  domini  Francorum  régis,  Cabeoli  domini  Dalphini,  camere 
régie  racionum  civitatis  \quensis  el  convencionum  regiarum  Ne- 
mosi,  nonobstantequodde  il  lins  foro  non  existant,  earumque  vica- 
riorum,officialium,judicum,custodumet  locatenentiumeorundem  ; 
et  per  pactum  expressum  cujuslibel  alterius   curie  ecclesiastice 
el  secularis,  in  qua  seu  quibus  presens  publicum  instrumentum 
ostendi  conlingeril  seu  produci,  sic  qund,  una  curia  per  dictum 
credditorem  aut  suos  predictos  electa  et  judicio  ap  er  to  in  illa,  ad 
aliam   vel   alias  nichilominus,  anie  litem  contesta' am  et   posl. 
ire  m    redire    possit,  et    habere   recur-um  nullum  suum  neque 
suis  propter  i  lectionem  hujusmodi,  prejudicium  generando,  juri- 
dicionem  dictarum  curiarum  et  cujuslibet  ipsarum  in  se  cl  in  hoc 
casu  prorogando,  ita  quod  vigore  presenlis  publici  instrument 
et  per  solam  ostencionem  ejusdem  [»o>sint  et  valeant  dicti  debi- 
tores  et  uterque  ipsorum  iu  solidum  et  sui  predicti  per  dictas 
curias  et  quamlibet  eorum,  quam  seu  quas  dictus  credditor  el  sui 
prelieligerint,  cogi,  compelli  et  coherci,  moneri,  excommunicai'i, 
agravari,  reagravari  et  ad  brachium  seeulare  poni,  citai  i,  pigno- 
rari,  bonaque  capta  vendi,  distrahi  et  plus  offerentibus  alienari, 
et  al  as  convenir!  et  in  judicium  trahi,  secundum  vires,  rigores, 
slilos  et  piivilrgia  curiarum  p  edictarum  et  cujuslibet  ipsarum, 
usque  ad  integram  satisiactionem  et  ob>ervanliam  omnium  el  sin 
gulorum  in  presenti  instrumente  contentorum. 

m  El  ibidem  incontinenti,  absquealiquo  intervallo,  pro  habun- 
danciori  et  tuciori  cautella,  suflïagio  seu  firmitate  ipsius  nobilis 
Roderici  de  Villandrando  el  suorum   predictorum,  prenominati 


VIT    Hi:   RODRIGUE 

dominus  Aliotisus  Carrilho  cl  Joli, unies  Carrilbo,  debitores, et  utcr- 
,|nr  ipsorum  m  soliduin,  i  x  eoi  uni  cerla  scieneia  et  non  pci  erro- 
iviii   i  mslil iieriml  el  solemniter  ordinaveruul  suos  ve- 

liinos  1 1  indubilalos,  ac  irrévocables  procuraiores, 
ciales  el  générales,  iin  quod  spé- 
ciale <  lali  non  deroguct  nec  e  contra,  videliccl  vcnera- 
hi les  vires,  dominos  el  magistros  llugoncm  Vinccncii,  Petrum 
i,,iiIIi,h <\\,  IMiilippnm  de  Costeria,  [ici  nciatos  in  legibus,  el  Bau- 
n  lîolieiii,  jurisperitum,   procura  tores  lu  Àvinione   neenon 

ra tores  fiscales,  clavarios  cl  notarios  curiarum  predictarum 
cl  cnjiislibel  ipsarum,  (jni  nunc  sunt  vel  pro  tempore  fuerint,  et 
;ilios  proenratores  per  ennulcm  procuraloretn  nominandos,  quo- 
rum nomina  et  cognoniina  bic  baberi  voluerunl  pro  sufficienter 
expressis.  prcseiilemque  procuratorum  conshtucioncni  perinde 
-i  I lie  uominali  forent,  absentes  tamquam  présentes  el 
tjuemlibet  ipsorum  in  soliduin,  ita  quod  occuppanteseondictis  po- 
liorcs  non  existant,  sed  quod  per  unum  ipsorum  ineeptum  fueril, 
per  alium  seu  aiios  eorumdem  mediari  valcat  et  liuiri  et  ad  effee- 
t u ii i  perduci,  sciliccl  ad  comparendum  el  se,  procuratorio  nomine 
diclorum  debiloruni,  constituendum  cl  utriusque  ipsorum  in  so- 
IkIuii1  -  ri  utroque  ipsorum  in  soliduin  representandum 

el  extra,  occasione  contenlorum  m  luijiismodi  instru- 
ineulo,  '  c!  alicujns  eorum  onmi  die  cl  temjiore,  feriatis  et  non 
l'erialis,  ante  tamen  lerminum  faciende  solueionis  dicti  debiti 
dictoruni  duorum  miliuin  ducatoriun  auri,  in  ipso  termino,  infra 
cl  posl,  lociens  quoeiens  cl  ipiaudo  dicto  credditori  aut  suis  pre- 
diclis,  scu  diclis  proeuratoribus  .ml  ipsorum  alteri  placuerit,  co- 
i.iin  dictis  doininis  curiarum  eamere  dicti  domini  nostri  pape.. 
rario,  auditoïc  ipsius,  vicegerente  vel  locumtenente  et  com- 
missario  lam  presentibus  quam  futuris,  ac  coram  quoeunque  et. 
qtiibuscunquc  ipsorum  ac  generaliter  coram  quibuscunque  aliis 
ilominis,  judicibus,  vicariis,  cuslodibus  cl  officialibus  ac  locate- 
iiciuibus  corinndcin  curiarum  ;  un  cl  cujuslibet  ipsarum, 

predictnruni  dominorum  el  cujusvis  ipsorum,  el  coram  eis  et 
quolibet  ac  quovis  ipsorum  m  solidum,  dictos  debitores  consli- 

;el  iitruinipic  ipsorum  m  solidum  eidem  credditori  et  suis 
predictis  debere  i  I  légitime  loin  li  solvcre  dictos  duo  uiilia  duca- 

ui  ri  ;n]  solucioiiem  bujusniodi  teneri  et  esse  efticaci ter 
oMigalos,  modo  el  forma  ac  ex  causis  premissis,  ac  dampna,  gra- 
vamina,   intéresse  el  expensas  per  eundem  credditorem  aut  suos 


DE   VILI  \  S  DB  \.Mmi.  231 

prcdictos  propterea  faciendas  el  sustinenda,  ac  corum  el  earuoi 
quantitates  ac  ornnia  el  singula  in  presenli  instrumente  contenta, 
scmel  el  pluries,  injudicio  el  exlra  judicium,  in  solidum  vel  in 
parte,  confitendum  el  ccudum,  adconcensum  et  utilita- 

t .-m  dicti  credditoris  et  suorum  predictorom,  el  perinde  peten- 
diiiii,  audiendum  el  recipiendum  omne  preci  ptum,  oionicionera, 
sentenciam,  condempnacionem,  censuram  el  mandalum,  quod  el 
quam  prenominati  domini  caracrarius,  auditor,  ipsius  vicegerentes 
vel  locumtenent»  s  et  commissarii  ac  alii  domini  judiccs,  vicarii,  of- 
flciales,  custodes  el  ofGciarii  ac  eorum  locatenentes  el  quivis  ip- 
sorum, proul  reqtiisiti  fuerinl  ac  facere  el  l'erré  volueril  seu  volue- 
rint  contra  eosdeni  debitores,  constituentes,  el  utrumque  ipsorum 
in  solidum,  suosque  heredes  el  suça  ssores  ac  eorum  bona  pro  dicto 
debito  solvendo,  dampnis  |ue,  gravaminibus,  interesse  el  cxpensis 
restituendis,  et  ad  acquiescendum  sponte  predictis,  el  ad  summit- 
tendum  el  resummittendum  se,  de  procuratorio  nomine  jam  dicto 
cl  per  se dictos  debitores,  constituentes,  et  utrumqui  ipsorum  in  so- 
lidum suosque  heredes  el  successorcs  ac  eorum  bona  superius 
obligata  et  yppothecata  pro  predictis  solvendis,  tenendis,  actenden- 
dis,  complendis,  firmiteret  inviolabiliter  observandis,  juridictioni, 
rigori,  compulcioni,  cohercioni  ac  mero  examini  curiaruna  pre- 
dictarum  et  cujuslibel  ipsarurn,  predictorum  dominoiumel  cujus- 
vis  connu;  et  ad  volendum  et  conscenciendum  expresse  quod  a 
tempore  dictarum  monicioni»,  precepti,  seatencie,  condempna- 
cionis,  censure  et  mandati  et  alias,  quolibel  tempore,  ipsi  domini 
camerarius  auditor,  ipsius  vicegerens  vel  locumtenens  el  commis- 
sarius  ac  alii  domini  judices,  vicarii,  offi  iales  el  eorum  locatem  n- 
tes,  excommùnicationis  sententiam  seu  sentencias  semel  et  pluries 
promulgent  et  ferant,  ueenon  tam  ipsi  quam  alii  quicunque  domini 
judices,  custodes  et  officiariiac quivis  eorum  quoscunque  alios  pro- 
cessus reaies  et  personalesfaciant  et  gérant  contra  eosdem  debitores, 
constituentes  et  utrumque  ipsorum  in  solidum,  suosque  heredes 
el  successores,  ac  eorum  bona  predicta,  quoeiens,  quando,  quo- 
modo,  qualiter  et  ubi  voluerint  et  fueril  opporlunum,  si  dicto 
credditori  nul  suis  predictis  non  fuerit  de  dicto  debito  dampms- 
que,  gravaminibus,  intéresse  et  expensis,  juxta  bujus  instrument! 
publici  seriem  seu  tenorem,  plenarie  seu  intègre  satislaclum;  et 
demum  ac  generaliter  ad  omnia  el  singula  alia  (aciendum,  dicen- 
dum,  procurandum  èl  i  xercendum,  volendum  et  confeen<  iendum, 
que  in  premissis  et  circa  ea  fuerint  necessaria,  seu  quomodolibet 


\  I  I     DE    [iODRKiU] 

oiiportiiua,  cciamsi  mandatum  exiganl  mugis  spéciale  :  danfes  el 
Loiiccdi-iitcs   dicti   dcbitores,    ennstitucntes  el    uterque   ipsorum 
m  so|j  |m)i  dic!i>  proeiiraloribus  suis  cl  euilibet  ipsorum  in  soli- 
,|mUi  m  pronii>5.i>  el  quolibel  preinissoruin,  plénum,  liberum  cl 
lui,  spéciale  iiuaiii  générale  mandatum  min  plena,  libéra  ac  ge 
ncral   aduiiui>trai,i(inc.  El   relevantes  dicli   debitorcs,  constilueu- 
|,  .v  ,i   uterque  ipsorum   in  solidum,  diclos  procura  tores  suos  el 
iju.  nilibel  ipsorum  in  solid   m  ab  ni  mu  onere  salisdandi,  convene- 
iiinl  ac  promiseruut  dicti  dcbitores,  conslitucntes,  cl  uterque  ip- 
sorum m  solidum  micbi,  notario  |iublico  inlrnscripto,  ni  persone 
publiée,  ibidem  iresenù,  slipnlanli   el   recipieuti,  nomme  el  vice 
omuiuni    el    singulorum   ipiorum    intcresl   el    intéresse    poteril 
qnomodolibel  in  l'uiiirum,  se  rai   ni,  giatum  el  firnium  perpetuo 
babiluros  lolum  id  el  miidqud  dicli  procuialores  suiaut  ipsorum 
aliijuis  lecerinl  de  predicl.is  in  preniissis  el  quolibel  premissorum, 
jutlicioque  salislaccre  et  juduatum   solvere   cuni    suis  clausulis 
univei'sis,  sub  expressa  yppolbeca  et  obligaeione  predictis.    Pro- 
iniM'iuiiî  pir   ipsi    debitorcs,  constitucnles,    et   ulenpic   ipsorum 
m  solidum  micbi,  notario  publico  inl'rascriplo,  slipulanti  el   reci- 
pieuti  ul  supra,   diclos  procuratores    suos  aul  ipsorum  aliquem 
mi  1 1< >  casu  seu  lempore  revocarc  nec  revocari  lacère:  et  si  eo 
ipsorum  uli<|uem   revocari   contingent,   revocaeioneni   bujusmodi 
voluerunt  abquabter  non    leneri,   sed  pro  coufirmacione  liaberi., 
.',i  ipstruin  ulo  el  contenlis  in  eo  in  suo  robore  duraturis. 
Que  pivniis>a  omnia  et  sing  ila  vera  es~e  eaque  cum  effeclu  sic 
tenci'e,  actenderc,  complere,  linniter  el    inviolabilitHr  observarc, 
conlraque  seu  coutiarium  ni  aliquo  nunquam  lacère,  dicere,  op- 
m  I  \euirc  de  pire  nec  de  l'aclo  per  se  nec  per  aliam  inter 
[losilam  pei  sonam,  aliqua  rai  mue  vi  I  causa,  boua  lide  coiivenerunt 
cl  ]i  oiniseruiil  dicti  il  bitoreset  uterque  ipsorum  m  solidum  per 
•im\  ni   supra  eidem  c  edditori,  interposita  stipulacioue  nt 
i  i  ii  i  euvangclia,  nianibus  eoriiui  propriis  corpo- 
dis  scripturis,  juraverunt.  Quod  juramentum  ex- 
leudi   voliieruul  ad  oinnes  et  > 1 1 1 _j  1 1 1 1 -  clausulas  ac  omnia  el  siu- 
gula  cap[)ilula    m  bujusmodi   publico    instrumento   desciiptas  el 
descripla,  .h-  pu  in  le  iiilellui  ri  liaberi  ai'  >i  in  qualibet  di  tariini 
claii>ul.irum  ilorum  juramentum  bujnsmodi  expressum  el 

specialiler  [uvstituiu  alquc  lact.iiui  seu  repetitum  ;  sub  quorum 
bonu  lidui,  proinissionis  ac  presliti  juramenti  virtute  et  vi  renuncia- 
vei  nul  de  h  debitorcs  '■)  uterque  ipsorum  in  solidum  expresse  per 


DE   \  ll.l  kNDRANDO. 

pacturo,  in  premissis omnibus el  singulis,  juris  el  facti  ignorant  ie 
epcioui  doli  mali,  mêlas  <  t  m  fa<  Lum,  actioni  et  <  ondiciooi 
1 1 1 1  bile  el  sine  <  ausa,  el  ob  injùstam  vel  turpem  causam,  el  cui- 
libet  alii  excepcioni,  peticioni  ac  oblacioui  luVlli  et  simplicis  pe- 
licioni>,  atque  transci  ipto  hujus  inslrumenti  publ  ci  seu  ejus  not «* 
per  modum  actorum  aut  alias quomodocunque ;  el  vi^iuti.  quinde- 
cîm,  d  cem  et  quiuque  dierum  dilacionibus,  et  judiciis  messium 
el  vindemiarum  ac  aliis  quibuscunque,  et  quinquennali,  terapo- 

rali  et  perpétue  dilacionibus  ;  et  juribus  dicentibus  ul>i  cepti si 

judHum  ibidem  finirid<  bere,  conventumque  coram  nonsuo  judice 
forum  declinare,  -t  ante  litem  contestatara  penitere  et  in 
contraclibus  de  Iqco  ad  locum  remissionem  fit  ii  i  on  debere,  con- 
fessionemque  lactam  extra  judicium  non  ?alere;  el  nove  constitu- 
cioni  de  duobus  vel  pludbus  reis  deb  odi  beneflficio  ci  juri  ceden- 
darum  e1  dividendarum  aclionum;  et  epistole  divi  Adriani;  el 
conslitucioui  Gregoi  iane,  qua  caveri  dicitur  ne  debitum  aliquod 
per  procuratorem  valeal  conûteri,  seu  confessio  per  eum  facta  non 
valeat  nec  teneat,  nisi  prius  debitor,  si  in  Avinionis  aul  romana 
curia  pri'sens  existât,  ad  hoc  fieri  videndum  fueril  legitime*eita- 
tus;  impetracionique  el  contradiuioni  littéral  uni  apostolicarum, 
imperialium  et  regalium,  ac  uliarum  quarumcunque,  in  se  graciam 
seu  justifiant  conlinencium  :  ac  omni  legum  el  canoiium  auxilio. 
subsidio  el  favori,  ac  juri  donnm  revocandi,  el  impelracioni  re- 
laxacionis,  et  dispensauioni  juramenlorum  prestitoruni  el  |  res- 
tandorum,  ac  nullitali  processuum  et  sententiarum  ;  etbenefficio 
appellaciouis,  reclamassionis,  recursus,  opposicionis  et  coutra- 
dicionis  cujuslibet;  el  demum  omni  alii  juri  canonico  et  civili, 
divino  el  liumano,  novo  et  veteri,  usui,  mori  el  consuetudini,  ac 
statu  tis  omnibusqne  previlegiis,  lilteris,  yratiis,  rescriplis,  liberta- 
tibus  el  franquesiis  papalibus,  impei  ialibus  el  regiis,  impelratis  el 
impetrandis  ac  conccssis  et  concedendis,  quibus  média ntibus 
contra  premissa  vel  premissoimm  aliqua  venire  postant,  aut  in 
aliquo  se  juvare,  deffendere  seu  luheii;  el  specialiler  juri  dicenti 
generalem  renunciacioneni  non  valere,  nisi  precesseril  specialis. 
(Juin  ymo  voluerunt  el  expresse  concesserunt  ipsi  debitores  el 
ulei  ij  1e  ipsorum  in  solidum,  quod  hec  prescns  fjeueralis  renunc.ia- 
cio  perinde  valeat  el  teneat,  adeoque  sit  efiicax  et  valida,  ac  si 
omnes  et  singule  reuunciaciones  tam  juris  quam  facti,  de  quibus 
expressara  hic  oporteret  facere  mencionem ,  essent  ibidem  inserle 
singulariter  et  descripte. 


VIE  DE   RODRIGUE 

«  De  quibus  omnibus  et  singulis  supradictis  ilicli  dcbitores  et 
uterque  ipsoru  m  in  solidura  pecierunt  ac  iîcri  voluerunt  et  con- 
cesserunl  eidem  credditori,  iaterposita  stipulacione  ut  supra, 
11  ii mu  el  plura,  publicum  et  publies  instrumentant  fieri  et  in- 
strumenta, per  me,  notarium  publicum  infrascriplum,  quod  et 
que  possint  el  valeant  dictari,  corrigi,  rclfici,  meliorariet  cmen- 
dari,  semel  et  pluries,  producla  in  judicio  \el  non  producta,ad 
dictamen,  consilium,  correctionem  et  intellectum  cujuslibet  sa- 
pientis,  facti  tamen  principalis  substantia  in  aliquo  non  mutata. 

«  Acta  fuerunt  bec  Avinione,  in  palacio  apostolico,  in  caméra 
ipsius  doniini  prothonotarii.  Testes  présentes  interfuerunt  dis- 
creli  viri  :  Stephanus  Achardi  de  Gratinopoli,  campsor,  habitans 
Aviuionis;  nobilis  Petrus  Fernandi,  eniptor  dicti  domini  cardi- 
nalis  Sancti-Eustachii,  et  Nicholaus  Te^e,  campsor  loci  de  Roma- 
nis, Viennensis  diocesis,  habitantes  Aviuionis. 

«  Sic  signatum  in  margine,  J.  Bessonis. 

In  quorum  quidem  visionis  et  lecture  dictarum  litterarum  fi- 
dem,  tobur  et  testimonium  premissorum,  luis  presentibus  litteris 
dictum  sigillum  quod  tenemus,  duximus  apjionendum.  A«tum 
et  datum  die  vicesima  tercia  ménsis  augusti,  anno  Doniini 
M"1"  CCCO0  trieesimo  quinto. 

Facta  est  collectio  cum  originali.  Signé?.  GuaritoiMs. 


XIV 


Rémission  accordée  en  1446  à  un  homme  d'armes  de  la  compagnie  de  Rodrigue 
•  le  Villandrando  compromis  dans  la  détrousse  de  l'abbé  de  Pontlevoy,  lors  de 
la  marche  des  routiers  sur  Lagni.  —  Registre  JJ  176  du  Trésor  des  chartes, 
pièce  435,  aux  Archives  nationales. 

(Événement  du  mois  de  juillet  1452.) 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France,  savoir  faisons 
à  tous  présens  el  advenir  nous  avoir  receue  l'umble  supplica- 
tion de  Martin,  bastard  de  Misery,  escuier.  natif  du  pais  de 
Berry,  contenant  que,  dès  quinze  ou  seize  ans  a  ou  environ, 
ledil  suppliant  nous  a  continuellement  servy  ou  l'ait  de  noz 
guerres  soubz  et  en  la  compaignie  de  Rodigo  de  Villandras, 
lors  capitaine  de  gens  d'armes  en  nostre  royaume,  jusques  à  ce 
qu'il  s'en  ala  en  Espaigne,  el  depuis  en  la  compaignie  de  feu 
Guy,  en  son  vivant  bastard  de  Bourbon,  et  jusques  à  son  très- 


M    VILLANDRANDO.  255 

pas,  en  la  compaignie  desquels  ledit  suppliant  s'est  emploie 
en  aostre  service  et  i  souventcs  ici/  mi>  sa  personne  en  dangier 
et  péril  de  mort,  en  exposant  son  corps  en  nostre  dit  service  à 
l'encontre  des  taglois  noz  anciens  annemis,  et  pour  le  fait  de  la 
chose  publique  de  nostredit  royaume,  et  s'<  si  trouvé  en  plusieurs 

courses,  rançons,  et  autres! nés  besongnes  el  entreprises  qui 

oui  esté  faicfes  sur  nosditz  ennemis,  et  aussi  en  plusieurs  sièges 
qui  ont  esté  tenuz  de  par  nous  devant  plusieurs  places  occupées 
par  nosditz  ennemis,  mesmement  es  sièges  d'Avrenches  el  de 
Kfeaulx,  que  détenoienl  nosditz  ennemis,  et  aussi  ^  lever  les 
sièges  qu  lesditz  v  glois  tindrent  devant  nostre  ville  el 
place  de  Leigny  ;•  pendans  lesquelz  sièges,  icellui  suppliant  fut 
el  demoura  avecques  autres,  pour  le  rafraîchissement  de  ceulx 
qui  estoient  de  par  nous  en  ladicte  place,  el  durant  ledit  siège, 
\  nul  ma  plusieurs  mésièses  jusques  à  ce  que  ledit  siège  lui  levé, 
et  s'est  trouvé  en  plusieurs  autres  voiages  <•!  armées  qui  >em- 
blablenîent  oui  esté  faictes  de  par  nous  ;  durant  lequel  temps  il 
est  plusieurs  foiz  aie  et  venu  par  les  païs  ci  tenu  les  champs 
en  la  compaignie  des  dessus  ditz,  et  sur  noz  ^eu-  et  subgiez, 
tant  gens  d'église,  nobles,  marchans,  laboureurs  que  autres, 
prins,  pillé,  robe  e1  raençonné,  ci  avecques  ce  a  Iai1  el  commis, 
et  esté  présent  el  consentant  «le  faire  et  commectre  plusieurs 
autres  pilleries,  roberies,  destrousses,  excez  et  déliz  que  faisoient 
lors  nosditz  gens  de  guerre  tenans  les  champs;  cl  soit  ainsi  que 
après  le  décès  dudit  feu  bastard  de  Bourbon,  qui  lut  l'an  mil 
iiiicxli,  ledit  suppliant  se  soil  retraict  et  marié  eu  la  ville  de 
Gannal  eu  païs  de  Bourbonnois,  où  il  s'est  depuis  tenu  ci 
tientencores,  vivant  du  sien  au  mieulx  qu'il  puet,  sans  mal  faire 
à  uiillv;  mais  ee  non  obstant,  pour  ec  que  un  Mit  qu'il  est 
marié  et  retraict  audit  lieu  et  qu'il  vit  bien  cl  honnestemenl 
de  .•<•  peu  qu'il  a,  aucuns  l'ont  l'ail  adjourner  pour  occasion 
desdictes  eh  ises  avenues  durant  le  temps  dessus  dit.  ci  mesme- 
ment l'abbé  de  Pontlevay,  prétendant  contre  vérité  que,  du  temps 
que  ledit  de  Villandras  aloit  lever  ledit  siège  de  Laigny,  il  lut 
destrousï.é'  et  rançoné  par  le-  gens  dudit  Roudigues  en  passant 
leur  chemin,  et  que  ledit  suppliant  estoit  en  la  compaignie  de 
ceul\  qui  ainsi  le  destroussèrent  et  raençon  lièrent  :  de  laquelle 
chose  il  n'e-i  ,',  présent  recors,  pour  ce  qu'il  puet  avoir  seze  ans 
ou  environ;  et  doub'të  que,  aux  causes  deïsus  dictes,  ledit  abbé  et 
autres  vueillent  contre  lui  rigoureusement  procé  ter  par  justice  ou 


236  VIE  DE  RODRIGUE 

autrement,  et  qu'il  ne  se  ose  mil    I  onnement  jamais  tenir  seure- 
mciit  au  nais,  se  uoz  grâce  et  miséricorde  ne  lui  estoient  sur  ce  im- 
parties; humblement  requérant,  que,  actetidu  les  services  par  lui 
a  nous  iaiz,  où  il  a  emploie  corps  et  clievance  et  le  temps  de  sa  jou- 
nesse;  aussi  que,  le  temps  passé,  toutes  gens  de  guerre  tenansles 
champs  faisoient  les   maulx  dessus  ditz,  et  n'eust  peu  ledit  sup- 
pliant vivre  ne  soy  entretenir  sur  les  champs,  veu  queluy  ne  au- 
tres  n'cstoient  point  souldoiez  ;  et  (jue  depuis  qu'il  s'est  ainsi  re- 
traict  et  marié,  comme  dit  est,  il  n'a  lait  aucun  mal;  aussi  que 
nous  avons    donné  abolucion  générale  à  tous  nos  ditz  gens  de 
guerre  des  maulx  et  choses  par  eulx  faietes  et  commises  par  avant 
noz  ordonnances  par  nous  faietes  sur  le  fait  et  entretenement  de 
noz  gens  de  guerre  :  il  nous  plaise  lui  pardonner  et  abolir  les  cho- 
ses dessus  dites,  et  sur  ce  lui  impartir  nostre  grâce.  Pourquoy 
nous,  ces  choses  cousidéiées  et  mcsmement  lesditz  services  par 
lui    Iaiz,   voulant  aucunement  iceulx   recognoistre  envers  ledit 
suppliant    et,    en  faveur   d'iceulx,   miséricorde   estre    en  ceste 
partie    préférée    à  rigueur    de   justice,    audit    Martin    bastard 
deMisery,  suppliant,  avons,  pour  ces  raisons  et  autres  à  ce  nous 
mouvans,  quicté,  remis,  pardonné  et  aboly,  et  par  la  teneur  de  ces 
présentes  de  grâce  espécial,  p'aine  puissance  et  auctoiité  royal, 
quictons,  remecions,  pardonnons  et  abolissons  tous  les  faiz  et  cas 
devant   diz,  avecques  toutes  les  pilleries  roberies,  destrousses, 
courses,  larreeins,  excès,  crimes,  maléfices  et  déliz,  qu'il  a  faiz, 
conseutiz  ou  esté  présent  à  faire  soubz  umbre  et  à  l'occasion  de 
la  guerre,  de  tout  le  temps  passé  jusques  à  présent,  en  quelque 
manière  qu'ilz  aient  esté  par  lui  Iaiz  et  commis,  et  tout  ainsi 
que  s'ilz  estoient  chaseun  particulièrement  spécifiez  et  déclarez  en 
ces  dictes  présentes,  avecques  toute  peine,  offense,  amende  cor- 
porelle, criminelle  et  civille,  en  quoy  il  pourroit  pour  occasion 
de  ce  que  dit  est  estre  encouru  envers  nous  et  justice;  et  voulons 
lesdites  choses  et  chascune  d'icclles  estre  dictes,  censées  et  rep- 
putées  comme  non  dictes,  faietes  ou  avenues;  et  l'avons  remis  el 
restitué,  remectons  et  lestituons  à  ses  bonne  famé  et  renommée, 
au  pai-  el  à  -s  biens  non  confisquez,  en  nu  étant  au  néant  par 
ces  dictes  présentes  tous  procès,  adjournemens,  appeaiik,  ban  et 
autres  exploiz,  s'aucuns  i  n  sont  pour  ce  ensuiz  et  cnconuuanciez. 
sans  ce  que  aucune  chose  lui  en  soit  ou  puist  e?tre  imputée  ou 
demandée  ores  ne  ou  temps  advenir,  à  requeste  de  partie  ne  autre- 
ment, pour  quelque  cause  ne  en  quelque  manière  que  ce  soit, 


D)    VILLANDRANDO.  237 

té  Beulemenl  meurtre  d'aguel  appensé,  ravissement  et 
violence  de  femmes,  boutemens  de  feuz  el  sacrelège.  El  quanl  à 
,  i  .  imposons  scilence  perpétu  I  à  uostre  procureur  el  à  tous  au- 
Sj  donnons  en  maudemenl  par  ces  mesmes  pre'senles  au 
bailli  de  Saint-Pierre  le  Moustier,  etc.,  etc.  Donné  à  Rasilly-lez- 
Chinon,  ou  mois  de  juillet  l'an  de  grâce  mil  ceci  xlvi,  el  de  nostre 
lex\iiije.  Ainsi  signées  :  Par  le  Roy,  le  conte  deFoix,  Vous, 
les  sires  de  la  Varenne  el  de  Précigny,  el  autres  présens,  Im  i  k 
LoÈnE.  Visa.  Contenter.  J.  I>i  I '> v > . 


W 


Récil  déguisé  de  la  détrousse  des  Ponts-de-Cé  dans  le  Roman  du  Jouvi 
—  Hss.    i.  \c  la  Bibliothèque  nationale  a°    192,  fol.  iOJ.  el  24381,  f.  loô. 

ptembre  1432.) 

Le  Jeuvencel  s'en  part,  et  print  congié  du  r<>\  Amydas,  son 
père,  et  de  toute  la  compaignie,  avecques  ung  oombre  de  gens 
pour  chevauchier  devant,  ainsi  que  requis  avoit,  p;ir  une  manière 
d'avant  garde,  el  le  roy  Amydas  après;  et  tant  chemina  par  ses 
petiz,  qu'il  arriva  à  uue  ville  tenant  leur  party,  assez  près  de  là 
où  estoil  ce  cappitaine. 

Et  ainsi  qu'il  fut  arrivé  à  la  ville,  ne  voullul  point  se  donner  de 
séjour,  affiu  que  ce  cappitaine  ne  peust  estre  advisé  de  sa  puis- 
sance. Il  arriva  de  nuit  à  la  ville  :  par  quoy  les  ennemiz  ne  peu 
rent  avoir  congnoissance  du  nombre  qu'il  pouoit  avoir. 

Et  au  matin,  dès  ce  que  le  jour  apparut,  il  ouy(  messe  et  saillit 
aux  champs.  Et  pour  ce  que  lecappitaine  estoil  estrangier,  il  en- 
ung  poursuivant  le  sommer  et  requérir  de  vuyder  le 
pays  du  roy  Amydas,  el  qu'il  luy  feroit  Tailler  passaige  pour 
s'en  aller  en  son  pays.  El  il  respondif  qu'il  n' estoil  pas  venu  pour 
cela  taire,  et  que  dedans  xv  jours  il  assembleroit  son  conseil  el 
qu'il  en  parlerait.  Et  fut  sa  response,  qui  estoit  par  une  manière 
t\r  mocquerie. 

Le  Jeuvencel,  qui  marchoil  tousjours  aprezle  poursuivanl  sur 
les  champs,  oyl  la  response  dudit  poursuivant  telle  comme  avez 
ouve  ;  sur  quoy  le  Jeuvencel  conclud  et  délibéra  de  le  aller  coin- 
battre.  VA  ainsi  qu'il  arriva  au  logeisdu  cappitaine,  il  le  vit  avec- 
ques  se-  gens  d'armes  en  une  rue  du  l'^eis.  et  touz  ses  gens 


VIE   M.   IIODUIGUE 

armez  ;i  cheval,  la  lune  sur  la  cuisse,  el  devant  culx  une  granl 
barrière  liicn  espesse.  l'aide  de  charrettes  liées  les  unes  avecques 
los  aul  res. 

Il  \r  j,  uvciii  el  se  tourna  el  disl  à  ses  gens  :  Seigneurs,  vécz 
vous  bien  ci  là'.'  li    me   semble  que   nous  n'avons  garde 

d'eulx,  car  ci  sic  barrière  esl  entre  euh  cl  nous.  Or  sus,  tosl  à 
■  lied  !  n  Le  Jeuvencel  n'avoil  pas  si  granl  noml  rc  de  gens  que  ce 
cappilaine  avoil,  mais  il  avoit  meilleur  traict,  et  pour  ce  voulul 
bien  eslre  à  pic.  Il  mareba  lui  cl  tous  ses  gens  dz'oil  à  celle  bar- 
rière; M  en  marchant  il  disait  tousjours  :  «  11/  sont  nostres; 
il/   ne   voleront    pas   pardessus  la  barrière  pour  venir  à  nous.  » 

Ainsi  mareba  le  Jeuvencclà  pied  lui  el  tous  ses  gens,  fors  ung 
petit  tropele.l  de  _i-u-  à  cheval  qu'il  niist  à  part,  [>our  leur  donner 
par  darrière  aucune  alla  ire,  ou  par  ensté.  Kt  quant  il  fut  à  celle  bar- 
rière, il  la  gaingna  (  I  vint  ebargier  de  traict  et  de  poux  de  lance 
parim  ces  gens  qui  esloienl  en  celle  rue.  L'ng  estant  achevai 
avoil  d  une  lleiscbe  par  la  teste,  el  son  cheval  une  par  le  liane,  et 
m, ni.  ri  l'aisoil  perdre  la  lance  à  s  n  maistre.  Les  hommes  d'ar- 
mes à  cheval  ne  pouuienl  donner  dedans  tes  archiers  pour  ce 
qu'il/  m  pouoient  passer  oullrc  les  barrières  ;  el  se  gens  de  che- 
val donnent  dedans  gens  de  pie,  el  il/  n'ont  point  d'issue,  il/  font 
leur  domina 

Kl  pour  ce  esl  ce  loi  te  chose  que  ^ens  de  cheval  se  puissent  bien 
aider  en   rue  ne  en  chemin  estroit,  el  doibvenl  quérir  le  large  à 

leur   i ii.   J'av  ouy   dire  que  à  Jaunes,  à  la  desconfiture  que 

li>|  \Lr  de  Calabre  sur  messire  l'errin,  les  gens  de  pied  servirent 
bien,  pour  les  i  Lies  cslroii  tes  qui  y  estoienl  '. 

l-.i  pour  vous  dire  la  conclusion  deceste  besoigne,  le  Jeuvencel 

[dit    ce  cappitaine  aceompaigné  de   si\  cens   lames,   et   le 

Jeuvencel  n'en  avoil  qneci  ni  cl  huit  et  trois  cens  archiers.  Lades- 

con lit ure  de  ce  cappilaine  lut  en  partie  pour  la  barrière  qu  il  avoil. 

l'aide  devant    luj  :   car  gens  de  cheval  ne  doivent  mettre  ne  bar- 

ue  fossez,  ne  nulle  fortification  devant  euh,  pour  ce  que  la 

:  des  chevaulx  rompt  les  gens,  el  se  font  faire  plan'  ;  et  pour 

ce  ne  doivent  quérir  que  le  lai  i 

les   l  i - 1 1 1 . ;  il-.   -"Hs  le  i 

...        i  lit  du  14  a 

i  |,  i!    i  -;mi-. 


DE   ULLANDRANDO. 

XVI 

s,  relatifs  ù  Rodrigue  de  Villaadrando,  du  Commentaire  composé  sui 
le  Jourencel  pir  Guillaume  ["ring  mt,  secrétaire  de  Jean  de  Beuil.  —  M>.  (Y. 
de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal,  n«  5059,  signalé  par  M.  Camille  Favre. 

Il  y  eul  un-  granl  cappitaine  aommé  Rodigues,  conte  de  Rybe- 
gicux,  d'Espaigne,  qui  vint  loger  mu  Pont-de-Sel  à  ton!  ^i\  cens 
hommes  d'armes  el  leur  séquelle;  lequel  courul  devant  Angiers 
et  recouvril  toul  le  pays.  I.t  demandoil  à  h  royne  Yolanl  el  mon- 
seigneur Charles  d'Anjou,  son  lil/,  granl  somme  di  deniers; 
h'si|in'lz  dame  et  seigneur  man  lèrenl  quérir  le  sire  de  Bueil  (ce 
qu'il/  faisoienl  ;i  toutes  I  -  a  ssitez  el  affaires]  qu'il  vinl  do- 
rera >'ulx.  Ce  qu'il  fist;  el  combatil  ledict  conte  de  Rybegieux, 
qui  esl  le  cappitaine  estrangier  que  vous  troverez  escripi  ou  Jou- 
vencel.  I.'i  n'avoil  que  cenl  huil  lances  el  troys  cens  archiers. 
Et  munit  en  la  besongne  le  frère  dudict  conte  de  Ribegieux. 

Or  retournons  ;i  parler  de  Rodigues.  Aucuns  ne  furent  pas 
contenl  de  la  destrousse  dudict  Rodigues  conte  de  Ribedyeux,  estant 
eu  auctorité  autour  du  Roy,  et  envoyèrent  Ponce!  de  Rivière,  el 
Lyonnet,  capitaines  de  gens  d'armes,  courre  à  Myrebeau  poureeque 
leJouvencel  lf  tenoit,  el  là  prindrenl  buefz,  vaches,  mulles  et  tout 
ce  qu'ilz  purenl  mi  revanche  de  la  destrousse  de  Rodigues.  11/ 
estoient  grant  compaignie  et  ti"i->  foys  plus  que  n'estoil  le  Jou- 
vence! qui  estoit  dans  la  ville  de  Myrebeau.  El  pour  ce  faillut 
qu'il  leur  laissas!  faire  ce  jour  à  leur  plaisii  :  mais  .m  lendemain, 
lui  .m  point  du  jour  à  leur  lever  et  récouyt  toute  leur  proye  à 
Uncières  près  la  Haye  en  Thoraine,  et  emporta  leurs  enseignes  et 
estandartz  de  ceuh  qui  les  y  avoient. 

XVII 

Extraits  du  registre  des  comptes  de  la  ville  de  Tours,  n"  25,  et  du  registre 

des  délibérations  du  corp*  municipal  de  la  môme  ville  pour  l'année  1 132, - 

cernant  les  démarches  de  Rodrigue  de  Villandrando  après  la  détrousse  des 
Ponts-de-Cé.  —  Archives  communales  île  Tours. 
(Octobre  1452.) 

1°  A  Michelet  le  Marié,  chevaucheur  d'escuerie  du  roy  nostre 
sire,  paie  par  mandement  desditz  esleuz  donné  le  xve  jour  d'oc- 


iil  VI  I.   DE    RODIUGUE 

lolirc,  l'an  mil  un'  xxxn,  ey  rendu  avec  quictanec  -tir  ce,  la 
somme  de  vi  livres  to  irnois  pour  sa  peine,  salaire  el  despens  de 
luv  el  de  son  ■  In1  val,  de  vj  jouis  qu'il  a  vacqué  à  aller,  venir  el  sé- 
j  urnei'  de  la  ville  d'Amboise  pisques  à  la  Haye  en  Touraine  où  le 
i-o\  ii  istre  dit  seigneur  l'a  envoyé,  à  la  requeste  des  li'hs  de  ladicte 
ville,  divins  Rodigo  de  Villeudrado,  conte  de  Ribedieu  en  Es- 
|.ii_iiil  ca  [litanie  de  très  granl  coni|>aignie  de  gens  d'armes, 
poiler  lettres  closes  de  par  le  roy  uoslre  dit  seigneur,  par  les- 
quelles il  luv  reseripvoit  qu'il  ne  demandas!  aucune  chose  aux 
gens  de  I. ulule  ville  de  Tours  d'ung  courcier  qu'il  leur  avuil  de- 
mandé on  lait  demander  à  douer  pour  lui  aider  à  remonter,  pour 
se  remettre  sus  de  la  destrousse  qu'il  disoil  lui  avoir  esté  laicte 
ou  pais  d'Anjou. 

A  honnoraile  homme  maistro  Jehan  Farincau,  paie  par  ma  n- 
demenl  desdiz  esleuz,  donné  le  derrenier  jour  d'octobre,  etc.,   la 

soin d'1  m    livres  I.   peur   troys   journées  do  lui  ueuxiesme  à 

cheval,  qu'il  a  vacqué  en  ce  présent  moys  à  aller,  venir  el  sé- 
journer  decesie  villtà  Amboi>e,où  il  a  esté  envoyé  jiar  delilieracion 
cl  ordonnance  des  gens  d'égli  e,  bourgoys  el  lialiilans  de  ladicte 
ville  devers  le  roy,  noslre  sire,  pour  lui  supplier  el  requérir  qu'il 
lui  pleusl  d'escripre  el  mandera  Rodigo  de  Villeudrado,  etc., 
qu'il  laissas!  en  [uiix  lesdiclz  gei  s  d'égl  se,  bourgoys  el  ba- 
bitans,  d'ung  courcier  qu'il  leur  demandoit  pour  lui  aidera  re- 
monter, p  >ur  ce  que,  ou  pais  d'Anjou,  il  disoit  avoir  e:>té  des- 
troussé. 

A  honnorables  hommes  maistre  Mai  lin  Berruier,  chanoynedes 
deux  églises  de  Tours,  et  Jehan  Farineau,  bourgoys  il  icelle  ville, 
la  somme  de  xvi  I.  tournois  pour  leurs  voyages  d'estre  allez  à 
Amboise  par  l'ordonnance  des  gens  d'église,  etc.,  devers  le  roy. 
uostre  sire,  qui  estoit  audit  lieu  d'Amboise,  pour  lui  remonstrer 
les  grans  et  innuiuérables  maulx  et  dommages  que  font  cliascun 
jour  I  -  gens  d'armes  el  de  trait  estans  de  la  compagnie  de  Ro- 
digo de  Villendiado,  leur  cappitaine,  qui  sont  loge-  environ  la- 
dicte ville  di  Joui-,  oultre  la  rivière  de  Loyre,  el  prennent  gens 
à  très  grosse  rançon,  gastenl  les  blez,  desioreul  les  vignes  estans 
presles  à  vandangier,  el  autres  maulx  innuiuérables;  et  aussi 
lui  requérir  el  supplier  que  les  monstres  des  gens  d'armes  ne 
fassent  point  près  de  ladicte  ville,  ne  que  leur  passage  ne  fusl 
point  par  e  elle  ;  li  squelx  ont  lant  fail  que  le  roy,  noslre  dit  seigneur, 
promisl  tant  qu'il  envnyroit  le  seigneur  de  la  Borde  devers  ledit 


DE    VIL!  W  M;  \  NDO.  -  ,1 

Rodigo  poui  le  faire  deslogicr,  el  qu'il  a'i  auroit  nulles  monstres 
de  près  la  dicte  ville.  El  aveeques  ce  ont  obtenu  lettres  du  roy, 
aostre  dil  se  gn  :ur,  par  lesquelles  il  est  mandé  aux  gens  de  ladicle 
ville  qu'il  ne  laisscnl  entier  nulles  gens  d'armes  plus  fors  «jue 
eulx  en  ladicte  ville  de  Tours,  excepté  Ledit  seigneur  et  mon- 
ur  le  Daulphiu.  El  oudit  voyage  on(  esté  lesdiz  niaisli  e< 
Martin  Berruier  et  Jehan  Farineau  chascun  un  jours,  et  leur  a 
esté  tauxé  à  chacun  d'eulx  xi  s.  par  jour,  qui  valent  la  somme 
de  wi  I.  t.  à  eulx  paiée  par  mandement  donné  le  derrier  jour 
d'octobre,  l'an  mil  cccc  xxxii. 

2.  —  Le  x\j"  .jour  du  dit  mois  (de  novembre),  assemblez  les 
esleuz  de  par  el  eu  présence  de  monseigneur  le  Bailli  (le  sire  de 
Cussé). 

Ledit  nions,  le  Bailli  a  dit  qu'il  a  bien  .*ceu  les  oultraiges  et 
oppressions  que  plusieurs  cappitaines,  comme  Rodigues  et  autres 
plusieurs,  qui  oui  esté  logez  environ  ceste  ville,  depuis  que  de 
derrenier  se  partit  de  eeste  \ille  de  Tours,  ont  l'ail  z  à  la  dille 
ville  et  au  pays,  el  desquelles  choses  il  est  très  déplaisant,  et  vou- 
len  tiers  y  eust  donne  toute  la  meilleure  provision  qu'il  etist  pu  ; 
mais  oljstaut  l'occupation  du  mariage  de  mademoiselle,  Glle  île 
madame  sa  femme,  avec  Loys  de  Bueil,  mesme  aussi  que  mons. 
Charles  d'Anjou  l'a  retenu  pour  le  fail  du  débat  de  Rodigues,  d 
n'y  a  peu  aller  el  n'a  peu  avoir  eon^é  dudit  mons.  Charles. 

En  tout  ce  qui  touche  à  cest  article,  il  a  esté  remercié  par  les 
gens  d'église  >i  de  la  ville  de  la  lionne  amour  et  affection  qu'il 
dit  a  voir  à    la   ville  et  au  pays. 


WUI 

Obligation  par  le  chanceliei  de  la  Marche  de  rembourser  Rodrigue  de  Villan- 
drando  d'une  somme  de  deux  cents  écus  d'or  prêtée  aux  seigneurs  de  Saint- 
Sébaslien  père  et  fils.  —  Copie  autlientique  des  Archives  nationales,  P  1378', 

cote  Û10  ". 

(2  janvier  1  i">  -,. 

Nos  Warcialis  Bryal,  in  leuibus  licenciatus,  custos  sigilli  auo- 
tentici  domini  nostri  Francie  régis  in  baylivia  Lemoviei  consli- 
tnti,  notum  lacimus  universis  quod  coram  lideli  commissario 
nostro  dictique  sigilli  jurato  subscripto,  ad  hoc  deppntato,  per- 

Iti 


VU:  DE  i; oDiii  1,1  ! 

jonaliter  con»titutu  nobili  vir  Johannes  Bartonii  de  Garatto, 
cancellariui  comitatu  Marcliie,  gratis  el  scienteret  ex  sua  certa 
ciencia  et  p  nlanea  voluntate  recognovit  et  publiée  confus- 
sus  fuit  se  debcre  bene  et  légitime  et  olven  leneri  nobili  et 
potenti  viro  Rodigono  de  Vittandran,  domicello,  comiti  de  /■''- 
bedieu,  consilario  et  canibelhino  domini  nostiï  régis,  licet  absenli, 
sed  nobili  viro  Johanne  d'Albin,  domicello,  ejus  procuralore,  ut 
ibidem  a  îoruit,  et  nomine  procuratorio  ipsius  et  pro  i  j  >^r>  ac- 
ceptante el  -"Il  mniter  stipulante,  videlicet  ducenta  scuta  auri  de 
sexiiginta  qu  tuoradmarchum,  nomine  el  causa  nobilium  virorum 
Perrelli  de  Sancto  Sebastiano,  domicelli,  et  domini  Jacobi  de 
Sanclo-Sebastiano,  milili  ,  ejus  filii,  qui  supradicta  summa  tene- 
bantur  el  eranl  qbligati  pro  dicto  domino  comité  de  Ribedieu, 
prou t  dicte  parle»,  quibus  supra  nominibus,  ibidem  dixerunt; 
que  quidem  ducenla  scuta  auri  prediclus  Johannes  Barlhonis 
solve  e  el  tradere  promisil  predicto  domino  comili  aul  Johanni  de 
Jonnas,  mercatori  ville  Avinionis,  nomine  i|»  m^  et  pro  ipso, 
comlutla  el  apportala  adbospicium  sive  domum  habitacionis  pre- 
dicti  Joliannis  de  Jonnas  in  predicta  villa  Avinionis,  infra  festum 
Omnium  Sanclorum  proxi  num  ruturum,  sibique  emendare,  sol- 
vere  et  reffundere  ac  eciam  ressarcire  omnia  dampna,  intéresse 
et  expensa  .  que  el  quas  dictus  creditor  faceret  et  suslinerel  ob 
culpam,  moram  seu  del'fectum  solucionis  predicte  et  aliorum  pre- 
imi  miiiii  complementi,  ad  simplex juramenlum  ipsius  créditons 
absque  alia  probacione  quacunque,  non  obstante  jure  dicente  ali« 
quemjudicem,  tesl  m  vel  arbitrum  jure  seu  causa  su;i  esse  non 
l>os-''.  Cni  juri  dictus  debitor  |  renunciavit  el  omni  exepeioni  doli 
mali,  fori,  loci,  in  factum  accioni,  condicioni  indebitis  et  sine 
causa,  omni  usui,  consuetudini  el  Jtatuto,  et  juri  per  quod  de- 
cepti  el  lezis  aul  aliis  quomodolibet  subvenitur,  neenonel  omni- 
bus aliii  el  ingulis  excepeionibus,  accioiûbus,  obligacionibus 
el  deflènsis  juris  et  facli,  que  contra  tenorem  pre  en  ium  lille- 
rarum  po  sent  obici  sive  dici,  el  per. quas  contenta  in  presen 
hli'i    litteris  in  loto  vel  in   parte  impediri  possent  quomodolibel 

vel  infringi,  el  legi  dicenij  gencralem  rei i;iacionsm   non  ra- 

lere  nisi  exprimitur  in  contracta.  Promiltens  dictus  debitor  se 
contra  contenta  in  preseatibus  litteris  vel  eorura  aliquod  aliquid 
non  proponere,  ullegare,  lacère,  il  cere  quomodolibet,  nec  venin' 
perse  nec  per  alium,  clam,  palam,  tacite  nec  expresse,  nec  dare 
alicui  .'M' ii  obci sm  sive  causani  in  contrarium  veniendi;  ab 


Dt   Mil.  \.\hl;  \Mmi. 

ipso  debitore  super  Imc  prcstito  ad   sancta  Dei  euvangelia,  libro 
i  corporaliter,  juramento.  El   pro  premissia  tenendis,  obser 
vandis  el  complendis,ob  igavil  dit  lus  Johannes  Barlhonis  predicto 
domino  comiti,  pro  ipso  stipulant]  quo  supra,  se  ac  hère 

sua  essores  suos,  el  nia  singulaquc  bona  sua  mobilia  et  Immo- 

bilia,  presencia  et  futura  quecunque  :  el  ad  obseï  vanciam  omnium 
el  singulorum  premissorum  voluil  dictus  .1  ihannes  Barlhonis, 
debilor,  se  ac  lieredes  el  succcssores  '-uns  cogi  et  compelli 
per  nos  el  successores  noslros,  et  per  custodem  seu  judicem 
parvi  sigilli  Monlispesullani  et  per  alias  gentes,  servientes  el 
allocatos  dicti  domini  nostri  Francie  régis,  per  sazinam,  capcio- 
nom,  vendicionem  et  distracionem  rerum  et  bonorum  suorum 
quorumcunque  et  per  quodlibet  ipsorum  insolidum,  intotum  et 
divisim,  semé!  et  pluries,  tociens  quociens  opus  erit.  Ad  quorum 
premissorum  observanciam  fuit  dictus  Johannes  Çarthonis,  dé- 
biter presens,  volens,  consenciens,  predicto  Johanne  d'Albin,  no- 
mine  et  procuracione  quo  supra,  instante,  petente  et  que-  supra 

nine  solemniter  stipulante,  judicio  curie  dicti  sigilli  regii  con- 

dempnatus  per  Guilhelmum  île  Quadrumo,  clericum,  fidelem  com- 
missarium  nostrum  dictique  sigilli  juratum,  suscriptum;  coram 
quo  premissa  acta  et  pereum,  loco  nosiii,  recepta  fuerunt,  ut  no- 
bis  fideliter  retulit;  cui  super  mis  légitime  commisimus  vices 
nostras,  et  cujus  relacioni  nos  Inlein  plenariam  adhibemuset  pre- 
missa lauilamus  et  approbamus,  perinde  ac  si  acta  essent  in  ju- 
dicio presencialiter  coram  nobis.  Sigillum  predictum  auctenticum 
regium  in  dicta  Lemovicensi  baylivia  constitutum,  in  premis- 
sorum lidem  et  testimonium  lilleiis  piesentibus  duximus  apponen- 
dum.  Ûatum  et  actum,  presentibus  venerabilibus  et  religiosis 
\iris.  l'iahe  Phjlippo  Bilhonis,  priore  de  Grangia,  et  dilecto  in 
Cliristo  domino  Petto  Simonis  de  Sancto-Sinphoriano,  presbitero, 
Lcmovicensis  diocesis,  testibus  ad  premissa  vocalis,  die  n"  men- 
risjanuarii,  anno  Domini  mil"  cccc°  tricesimo  secundo. 


vil    ni.  i;<>l)i;l<;i  t 


XIX 


(drttriic  de  Villandrando  au  vicomte  de  Turenne  d'êirc 

ami  cl   i-1  le  servii    envers  ''l  contre    tous,   cinq  personnes  réservées. 
—  Original  en  parchemin  des   Vrchives  nationales,  K  05,  n    2'2,  scellé  d'un 
en  cire  i  ouge. 

1 17  janviei   1  i"  -,. 

,le  Kodiguo  de  Villadrando,  conte  tle  tlibedieux  cl  cappitaine 
île  gens  d'armes  el  de  Lraict  pour  le  roy,  nostre  sire,  aj  juré  aux 
saincts  Dieu  evangeles,  el  si  aj  promis  et  promeet,  sur  la  foy  et 
scrmenl  de  mon  corps  el  sur  mou  lionneur  et  la  diffamacion  de 
mes  armes,  que  je  sera}  dorénavant  bon,  vray,  loyal  amy,  allie 
el  bien  vueillanl  de  Mgr.  lecontede  Beaufort,  viconte  de  Turenne 
el  de  Valerneet  seigneur  de  Lymueille  ;  et  ly  seeourray  et ayderaj 
envers  touz  et  contre  louz,  excepté  le  Roy,  Messeigneurs  les  contes 
di  i  lermont,  d'Armeignac  et  Mgr.  de  la  Tremoille  el  Mgr.  de 
Saincte-Sevère  marescbal  de  Frauce;  el  avecques  ce,  son  bien 
el  lionneur  l\  gardera}-,  son  mal  et  domina  ge  el  déshonneur  l\ 
enverra}'  et  ly  fera}  assavoir  à  mon  pouoir.  I.l  toutes  les  choses 
dessusdietes  promecl  el  jure,  comme  dessus,  tenir  et  acomplir 
sans  fraud,  baras  et  mal  engin,  de  poinel  en  poinct,  non  obstaus 
quelconques  promesses  et  alyences  faictes  !<•  temps  passé.   En 

les ing  de  ce,  j'a\  signé  ces  présentes  de  mon  seing  manuel  el 

l'ail  sceelei  du  sccl   de  mes  armes,  ce  xvije  jour  de  janvier,   l'an 
uni  cccc  trente  et  deux . 

SigiiC  IlODlUGO    DE    \  II. LA  \MU;  V.Mm. 


w 


n  un  ni''--, i..'  sccrcl  du  eonile  de  l'oix  au  courte  de  l'ardiai 
lors  d'une  menace  d'agression  des  compagnies  de  Rodrigue  de  Villandrando 
contre  le  Languedoi  -  Original  en  paiclic  nin  du  Cabinet  des  titres  de  la 
Uibl.  nat.,  dossier  Fois,  n    7."    Communication  de  M.  Flourac. 

2'J  l'é\  i  ier  1  i"  :'. 


Guillaume,  évcs(|ue  el  duc  île  Laon,  per  de  France,  président 
de  la  Chambre  des  comptes  du  roy,  nostre  sire,  el  gênerai  cou- 


DE   vu  l  INDHANDO.  245 

seillier  ordonné  par  le  «lit  seigneur  sur  le  fail  et  gouvernement  de 
toutes  ses  finances  ou  paya  de  Languedoc,  à  Jehan  il  Estampes, 
trésorier  de  la  seneschaucée  de  Beaucaire  et  de  Nyraes  ou  à  son 
lieutenant,  salut.  Comme  pour  résister  à  la  venue,  force,  maie 
raulenté  el  entencion  de  Rodigo  el  de  plusieurs  routiers,  pillars 

ef  autres  gens  de  c paignie,  ses  aliez  el  complices,  lesquelz  se 

efîorcenl  e1  vaillent  d'entreroudil  pays  de  Languedoc,  pour  ledil 
pays  rober,  piller  el  destruire  à  leur  pouoir,  Jehan  de  Masdisili, 
escuier,  soil  aie  partant  de  Masières  par  l'ordonnance  el  gouver- 
nement de  mons.  le  conte  de  Foix,  lieutenant  gênerai  du  roj 
nestredil  seigneur  es  pays  de  Languedoc  el  duchié  de  Guyenne,  ou 
pays  de  Carladès,  devers  mons.  le  conte  de  Perdryac,  lui  porter 

certainnes  lettres  closes  de ndil  seigneur  le  conte  el  lieutenant, 

faisans  mencionde  ce  que  dil  est,  el  contenant  plusieurs  autres 
choses  secrètes  touchans  grandement  le  bien,  honneur  et  eonser- 
vacion  dudil  pays  de  Languedoc  et  des  subgetz  du  roy  nestredil 
seigneur  estans  en  icellui  ;  pour  lequel  voyage,  frais,  missions  et 
despens  but  ce  l'ai/,  cuz  et  soustenuz  par  ledit  Jehan,  lui  avons 
lauxé  et  ordonné,  tauxons  et  ordonnons  parce-  présentes,  eu  regart 
à  la  chierté  des  vivres,  la  somme  de  soixante  moutons  :  si  vous 
mandons  que  ladite  somm  i  de  i.\  moutons  d'or  vous,  des  den  ers 
de  voslre  recepte  ordinaire  ou  extraodinaire,  paiez, baillez  el  dé- 
livrez audit  Jehan  de  Masdisili,  pour  la  cause  dessus  dicte.  Et  par 
rapportant  ces  présentes  avec  quittance  souffisanl  dudit  Jehan, 
ladite  somme  de  i\  moutons  sera  allouée  en  voz  comptes  el  ra- 
batue  de  vostre  recepte  partout  où  il  appartendra,  sans  contredit. 
Donné  soubz  noz  seing  el  signel  manuel  cy  mis.  en  lesmoing  de 
ce.  le  xxiie  jour  de  lévrier  l'an  mil  cccc  trente-deux. 

Signé  Favi rot. 

XXI 

Quittances  de  divers  payements  ordonnés  par  le  consulat  de  .Ni -  | '  liais 

de  garde  et  de  voyages  à  l'occasion  de  Rodrigue  de  Villandrando  et  de  bi  - 
compagnies.  —  Pièces  imprimées  par  Ménard,  Histoire  de  Sinus,  t.  III, 
p.  239-241,  dont  les  originaux  en  papier  existent  encore  aux  Archives  com- 
munales de  Nîmes. 

(Mars-mai  1433.) 

1.  Sapion  totz  que  yen   Peire  Raynaut,  laborador  de  Nemse, 
confesse  aver  agut,  etc.,  ner    as  mans  de  Amielli,  etc.,  per  mou 


VIE   DF  RODRIGUE 

liebalb  de  quatre  joins,  losc.dz  ay  vacquatz  per  anar  à  Besers, 
por  saver  novelasde  las  gens  d'armasde  Rodiguo  et  de  mossenhor 
deFoix;  à  ij  joins  ung  mouton,  mounta  dos  moutons.  Dtscals  ij 
moulons  soy  content.  Lo  xe  jorn  de  mars,  l'an  m  cccc  xxxn. 

Subscripla  et  signata  de  voluntate  dicti  Pétri  Raynaudi  per 
me,  J.  Pasqdeti. 

2.  Sapion  totz  que  yeu,  Troffeme  Olmieyras,  confesse,  etc., 
per  las  maus  del  dit  Farjas  por  mon  trebalh  de  vj  jorns,  loscals 
yeu  ay  vaquatz  anant  à  Mirueix,  stant  et  retornant,  per  saber  novelas 
de  los  gens  d'urmas  de  Rodiguo,  al  for  de  ij  jorns  ung  mouton, 
monta  très  moulons.  Descals  très  moutons  me  tenc  per  content.  Lo 
we  jorn  de  mars,  lan  mil  cccc  xxxn. 

Ua  est,  Trofeme  Holmyeyius. 

~>.  Sapion  totz  que  yeu,  Johan  Guarret,  bachelier  en  leys, 
confesse  aver,  etc.,  per  mon  trebalh  de  estreanatde  par  los  diclis 
senhos  cossols  à  Belcaire,  pueys  à  Forques,  per  parlar  am  mos- 
senhor de  Laon  et  saber  s'el  era  contant  que  lo  présent  pais  doues 
argent  à  Rodiguo  per  non  descendre  en  lo  présent  pais  ;  anclusas 
las  despensas  et  loquies  del  vailet  et  dels  rossins,  en  tôt  per  près 
fach  am  me  per  dos  joins,  très  moutons  hucch  gros  et  un  cari 
bons.  Dels  cals  iij  moutons  viij  gros  j  cart  bons  me  tenc  per 
content.  Lo  premier  jorn  de  abril,  l'an  m  cccc  xxxm. 

Constat  de  recognitione  predicta.  B.  Verni. 

4.  Sapion  totz  que  yeu,  Jaunies  Saurel,  lavorador  de  Nemse, 
confesse,  etc.,  per  mon  trebalh  de  xxxij  jorns,  loscals  ay  vaquatz  à 
estar  à  Torremanha  per  descobrir  los  traspassans  per  lo  terrador 
de  Nemse,  per  dobte  de  los  gens  d'armas  de  Rodiguo  ;  à  dos  gros 
bons  per  ca^cun  jorn,  monta  cinq  florins  et  quatres  grosses  bons, 
cnclusas  totas  paguas  et  politias.  Descals  cinq  florins  et  quatre 
grosses  me  tenc  per  content.  Lo  xxiiij0  jorn  de  abril,  l'an  m  ceci: 

\W1II. 

lia  est,  Texerii. 

5.  Sapion  totz  que  yeu,  Guillem  de  Vagarns,  habitant  de  Nemse, 
confesse  aver  agut,  etc.,  per  portar  lettras  als  cossols  de  Mont- 
pellier par  saber  coras  se  tengra  lo  cosselh  de  Besers,  et  aussi 
pei  lo  tractai  de  donar  argent  à  Rodiguo  par  non  descendre  en 


M    VILLANDRANDO.  17 

aquest  pais,  en  \i\  doblas  un  mouton.  De]  cal  mouton  me  tenti 
per  content.  Lo  xje  jorn  ilo  may,  l'an  h  ceci  xxxjii. 
lia  est,  Texerii. 


XXII 

Délibération  du  chapitre  de  Lyon,  provoquée  par  la  duchesse  de  Itourhon,  alin 
de  faire  renner  'I"  nuit  les  portes  du  i  loîlre  de  la  caihédrale  par  crainte  des 
gens-d'arnifs  (li-  [;■■  i  i-uc.  -  Reg  strc capilulaire  XIV,  fol.  75,  aux  Archives 
du  département  du  Rhône.  Communication  de  M.  Guigue. 

13    •    I  i 


Anno  domini  millesimo  cccc°xxx°  tercio,  et  die  martis  xin. 
mensis  nprilis  post  pascha.  Cum  illustras  domina  ducissa  Borbon- 
oensis,  pro  ounc  residenciam  Faciens  perso nalem  infra  clauslrum 
Lugdunense  domum  |ue  dictam  de  Bellijoco,  organo  venerabilis 
magistri  Oddoardi  Clepperii,  presidenlis  Borbonnensis,  supplica- 
tionem  feceril  eisdem  Dominis  quatenus,  attcnlo  tempore  guerra- 
ruin  propter  hoc,  o  dolor!  urgente,  el  maxime  cum  fueril 
informata  illustrera  principem  dominum  Karolum  de  Borbonio, 
ipsius  domine  filitun,  comitem  Claromontensem,  mandasse  Ro- 
digum  de  Villandras,  capitaneum,  cura  tota  sua  comitiva,  el 
multos  alios  capitaneos  pro  faciendo  guerram  in  patria  Sabaudie 
vicina  civitati  Lugdunensi,  ita  quod  plures  gentes  armorum  cir- 
cumeirca  eandem  civitatem,  nisi  Deus  advertat,  poterunl  evenire, 
de  nocte  claudi  et  Grmari  faciant  portas  claustri  predicti,  et 
idem  Domini,  contemj  lacione  ejusdem  domine,  lioc  (ieri  annue- 
runt  :  lilnc  est  quod  egregius  dominus  P.  de  Lornay,  camerarius 
ecclesie  Lugdunensis,  ad  quera  presentalio  potterii  dictarum 
portarum  ex  statu  lis  dicte  ecclesie  perlinet,  in  capitulo  presentavil 
dominum  Johannem  de  Balma,  presbiterum,  ipsius  camerarii 
commensal. m,  ad  exercendum  officium  dicte  porterie.  Qui 
quidem  Domini  dictura  dominum  Johannem  lanquam  sufDcientem 
ad  hoc  admii-tendo,  eumdera  dominum  Johannem  constitueront 
porterium  dicti  claustri,  qumdiu  bene  feceril  el  placueril eorum 
voluntati,  ad  stipendia  consueta,  |  ro  el  m  diante  i  o  quod  promisit 
dictiim  officium  Gdeliter  per  -u  diligenter  exercere  easque  portas 
lions  consuetis  claudere  el  tirmare,  vïdelicel  grossas  portas  <l 
horam  seralis  Sancli-Johannis,  et  hoc  sine  guichelis,  et  guichetos 
ad  grossum  serale  Sancti-Nicecii  ;  et  de  mane  apperire  guichetos  ad 


VI  r   DE    RODRIGI   I 

primum  cimbalum,  videlicel  oschillam,  el  ail  gueytiam  grossas 
porlas;  el  alias  prestilit  juramcnluni,  etc.  Pre>entibus  domino 
Rartholomoo  Bercherii,  Cousinelo  Hure,  Bodello  et  Petro,  filio 
Franeisci  I  uppi,  etc. 

XXI  II 


Allocation  su  e  par  les  Etats  de  Languedoc,  à  Reziers,  au  mois  de 

in.irs    li"".   indiquant    le    prélèvement    fuil   pour   défendre    le   pays  contre 
ue  de  Villandrando.  —  Original  en  parchemin,  aux  Archives  nationales, 
K  G".,  n.  20. 

lli  mai  1  i">.) 


Cuillanme,  évesqueetdue  de  Laou,  per  de  France,  président  de 
|,i  Chambre  des  comptes  du  ro\  nostre  sire,  el  général  conseillicr 
par  lui  ordonné  >ur  le  f.iii  el  gouvernement  de  Lotîtes  ses  finances 
en  ses  pavs de  Languedoc  el  duebié  de  Guyenne,  à  PonsdeQnercy, 
receveur  particulier  à  Lautrecb  el  d'aucunes  autres  \illes  el  lieux 
mi  diocèse  de  Castres  de  l'ayde  de  \iNX  mil  moutons  d'or  ollroyés 
an  roy  nostrcdil  seigneur,  à  l'assemblée  dernièrement  l'aide  à 
Besiers,  par  les  gens  des  trois  estalz  dudil  pays  de  Languedoc 
pour  l'entreteiicmeiil  de  la  guerre  et  autres  ses  affaires,  salut. 
Comme  par  nostre  ordonnance  el  mandement  vous  soyez  venu 
par  devers  nous  en  la  \ille  de  Saint-Esperit,  a|)portcr  l'estal  au 
vray  de  voslre  reeepte,  et  aus»i  la  somme  de  trois  cent  moutons 
d'or,  pour  icelle  employer  el  convertir  ou  payement  des  gens 
d'armes  el  de  Iraicl  mandez  i  t  inissus  par  nions  le  ci  mie  de  Foix, 
lieutenant  du  vo\  nostrcdil  seigneur  èsdietz  pays  et  duchié,  poui 
la  garde  el  deffense  dudil  puys  de  Languedoc  à  ['encontre  de 
Rodigo  el  autres  capitaines  routiers,  qui  en  icelluy  pays  esl 
entrez;  onquel  vovage  faisant,  tant  en  venant,  demouranl  el 
séjournant  en  actendanl  voslre  expedicion,  comme  en  retournant, 
avez  vacqué  cl  pourrez  vacquer  |iar  l'espace  de  quinze  jours 
entiers  :  Nous,  eu  regard  à  l.i  cherté  de  vivres  qui  de  présent  esl 
oudicl  pays,  pour  iceulx  quinze  jours  ensemble,  \ous  avons 
ordonné  el  l  uixé,  ordonnons  el  tanxons  par  ces  présentes  la 
île  vingt  moutons  d'or  ;  laquelle  voulons  que  ;iy  /  preniez 
el  retenez  par  voslre  m, un  des  deniers  de  vostre  dicte  reeepte. 
Kl  par  rapportant  ces  dictes  présentes  seulement,  consentons  icelle 
somme   de    xx    moutons  d'or  estre  allouée  en    voz  comptes  el 


m.  YILLANDIUNDO.  24U 

rabalne  de  vostre  dicle  recepte,  partout  <>ù  il  apartendra,  sans 
contredit.  Donné  soubz  nostre  signet,  audil  lieu  Saint- Esperit,  le 
\-  jour  de  may,  l'an  mil  ceci  trente  et  tmis.  Signé  G.  Faverot. 


XXIV 

Contrat  de  mariage  de  Rodrigue  de  Villandrando,  comte  de  RJbadeo,  el  de 
Uargu  rit'-,  bâtarde  Je  Bourbon,  —  Original  en  parchemin,  aux  Archives 
nationales,  P  1364,  cote  1588. 

24  mai  1 135. 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Pierre  de  la 
i  hiese,  conseiller  du  roy  nostre  sire  el  tenaùl  fc  seel  royal  de  la 
court  de  la  chancellerie  des  exempeions  d'Auvergne  establi  à  Cuci 
en  Auvergne,  salut.  Savoir  faisons  que  pardevant  noz  amez  et 
féauh  jurés  notaires  de  ladite  courl  et  chancellerie,  Philippe  Mar- 
ias el  Jehan  Trichon,  usans  de  nos  auctorité  el  povoir,  establis 
personnelmenl  aull  el  exellent  prince  et  seigneur,  monseigneur 
Charles  de  Bourbon,  conte  de  Clermont,  aisné  fils  de  très  aull  el 
exellenl  prince,  monseigneur  le  duc  de  Bourbonnois  el  d'Auver- 
gne el  aianl  le  gouvernemenl  de  ses  païs,  terres  el  seignoriés,  et 
très  noble  damoiselle  Marguerite,  suer  naturelle  de  mondil  sei- 
gneur le  conte,  pour  eulx  el  les  leurs  d'une  pari  ;  el  noble  el 
puissant  homme  Rodrigo  de  Villeandrando,  seigneur  de  Ribedicu, 
pour  lui  el  les  siens  d'autre  part  :  lesdictes  parties  deçà  el  delà 
ont  cogneu  et  confessé,  de  leurs  bons  grés  el  certeines  sciences, 
que,  puis  naguères  il  onl  traiclié  eutr'eulx  mariage,  en  entencion 
de  le  faire  et  nunplir  smiliz  le  plaisir  de  Dieu,  desdiz  Rodrigo, 
seigneur  de  Ribedieu,  et  damoiselle  Murguerite.  Auquel  traictié 
ont  estéfàictes  et  accordées  les  convenances  et  choses  contenues, 
déclarées  el  escriptes  en  mie  cédule  de  papier,  baillé  en  la  main 
desdiz  notaires,  el  leue  aultemenl  et  entendiblemenl  devant  mes* 
diz  seigneurs  el  damoiselle,  establiz,  et  en  la  présence  des  tes- 

moins  ci  dessoubz  noi ez.  lie  laquelle  cédule  ou  feuil  de  papier, 

de  mot  à  mot,  la  teneur  est  tele  : 

«  Monseigneur  le  conte  de  Clermont  donne  en  dot  el  mariageà 
damoiselle  Marguerite,  sa  suer  naturelle,  le  lieu  et  place  de  Us- 
sel  en  Bourbonnois  el  mil  livres  île  prinseet  value  chascun  an,  et 
par  elle,  à  Rodrigo  de  Villeandrando.  seigneur  de  Ribedio,  son 


Y!  F.   DE  UOIUUGl'E 

espoux  à  venir;  lesquelz  lieu  et  mil  livres  seront  et  demoiront  en 
ûé  et  ressorl  de  mondit  seigneur.  Et,  pour  ce  que  de  présent  ledit 
lieu  de  Ussel  n'est  mie  bien  b;isti,  mondit  seigneur  le  conte  de 
Clermonl  bauldra  èsdiz  Rodrigo  et  damoiselle  Marguerite,  pour 
leur  demorance  et  habitation,  le  chastel  et  forteresse  de  Cbaste- 
ledon,  ensemble  de  la  rente  et  revenue  ce  que  restera  pour  venir 
èsdictes  mil  livres  de  prinse,  rabatu  ce  que  la  terre  d'Ussel  vaul- 
dra.  Ou  cas  (jue  ledit  lieu  de  Chasteledon  seroit  mis  hors  des 
mains  desdiz  Rodrigo  et  damoiselle  Marguerite,  en  le  baillant  à 
ceulx  qui  s'en  dient  seigneurs  ou  autrement,  mondit  seigneurie 
conte  sera  tenu  de  bailler  èsdiz  Rodrigo  et  damoiselle  une  autre 
demorance,  boue  place  et  aussi  forte  comme  est  le  dit  Chastele- 
don, ensemble  autant  de  terre  que  lui  ara  esté  baillé  sur  la  terre 
dudit  Chasteledon,  pour  acompïir  lesdictes  mil  livres  de  prinse, 
ainsi  que  dessus  est  dit.  Avec  ce  a  voulu  et  veult mondit  seigneur 
le  conte  de  Clermont  que,  après  ce  que  le  chastel  de  Rochefort  en 
Bourbonnois,  ensemble  la  terre  que  de  présent  la  dame  de  Revel 
tient  à  cause  de  doaire  et  usufruit,  par  sa  mort  lesdiz  chastel  et 
terre  seront  revenuz  à  la  main  mondit  seigneur  ou  des  siens,  si 
lesdiz  Rodrigo  et  damoiselle  Marguerite  veulent  avoir  lesdiz  chas- 
te! cl  terre  de  Rochefort.  il  les  pourront  avoir  et  le  aront  en  rabat 
et  acquict  de  ce  que  pourront  valoir,  touchant  les  mil  livres  de 
prinse  dont  dessus  est  parlé,  pourveu  que  lois  il  se  départiront  du 
chastel  et  terre  de  Ussel  ;  et,  eu  ce  cas,  mondit  seigneur  le  conte 
sera  tenuz  de  rendre  audit  Rodrigo  ce  qu'il  ara  frayé  et  despendu 
au  bastiment  de  la  place  dudit  Ussel,  qu'on  lui  baille  à  pré- 
sent. 

«  Mondit  seigneur  le  conte  donne,  avec  ce,  deux  mille  escuz 
pour  meuble  à  ladicte  damoiselle  Marguerite  et  par  elle  audit 
Rodrigo,  dont  les  cinq  cens  seront  paiez  le  jour  des  uopees  et  les 
autres  cinq  cens  l'an  révolu,  et  en  suivant,  chascun  an,  cinq  cens 
jusque»  le  payement  desdiz  deux  mille  escuz  sera  achevé.  S'il  ad- 
vient que  ladicte  damoiselle  Marguerite  trespasse  sans  hoir  ou 
hoirs  masles  et  fille  ou  filles,  ou  lesdiz  iilz  et  filles  trespassent 
sanz  descendais  d'eulx,  ladicte  place  et  terre  d'Ussel,  à  elle  don- 
née, reviendront  à  mondit  seigneur  le  conte  et  es  siens.  Si  ladicte 
damoiselle  trespasse  sanz  hoir  ou  hoirs  masles,  ou  lesdiz  masles 
tresp  issent  sanz  masle  ou  masles  descendens  d'eulx,  et  qu'il  y  ait 
tille  ou  filles,  en  ce  cas  la  place  et  terre  d  Ussel  et  autres  terres 
baillées  pour  lesdictes  mil  livres  de  prinse  reviendront  à  mondit 


M     MU  \MH;  \NlHi.  251 

-  Lueur  le  conte,  el  icellui  monseigneur  Le  conte  ou  l<s  siens  se- 
ront tenuz  de  bailler  el  rendre,  s'il  y  a  une  Bile,  deux  mille*  -  uz, 
,i  >  il  \  en  i  deux  ou  plus,  Irois  mille  escuz.  Et,  i  n  tous  cas  que 
ladicte  place  d'issi  I  el  mil  livres  de  prinse  reviendront  à  mondit 
seigneur  le  conte  ou  les  siens,  \  vanl  ledit  Rodrigo,  icellui  liodrigo 
ara  l'abitacion  de  ladii  te  place  d  Ussel  el  le  usufruit  desdictes  mil 
livres  de  prinse,  par  le  cours  d  ulemenl  el  lui  estant  au 

e  de  mondil  seigneur  le  conte. 

Hondil  seigneur  le  conte  fera  vestir  ladicte  damoiselle  bien 
el  convenablement;  et  ledit  Rodrigo  sera  tenuz  de  la  enjouailler 
t  ,1  iuemenl,  selon  son  estât. 

«  Ledit  Rodrigo  mettra  en  depost  jusques  à  la  somme  de  buit 
mille  escuz  d'or,  pour  acheter  une  place  et  cinq  cens  livres  de 
prinse  ou  cas  que  tant  cousteront;  desquelz  place  et  cinq  cens 
livres  de  prinse  ladic  e  Qlle  sera  douée. 

«  Tout  le  surplus  dont  n'est  faicte  mencion  en  ces  présentes, 
tint  au  regartde  meubles  el  couquestz  comme  autrement,  es!  et 
demeure  es  us  et  coustumes  du  pais  du  Bourbonnois.  Lesquelles 
convenances  et  choses  ci  dessus  escriptes  et  incorporel  s,  lesdicti  s 
partie»,  pour contemplacion  et  en  faveur  dudit mariage  pourparlé 
■  t  accordé,  ont  passé,  voulu  et  accordé,  etc.  » 

\  ces  choses  estoient  presenz  avec,  lesdiz  jurez  notaires,  nobles 
et  puissans  seigneurs  el  sages,  messeigneurs  Béraud  Daulpbin, 
seigneur  de  Combronde;  Guy,  seigneur  de  Sainct-Priet  ;  Jehan  de 
Chauvigny,  seigneur  de  liiot  ;  Jehan  de  Langhac,  seigneur  de 
Brassai  ;  Pierre  de  Tboulon,  seigneur  de  Genat,  chevaliers;  Pierre 
Churre,  Estienne,  seigneur  de  la  Large  dit  Fargete,  escuiers; 
maistres  Pierre  de  Carmonne,  Jehan  La  Bise,  licenciez  en  lois; 
Laurent  Audrant,  Estienne  de  Bar;  Guillaume  Cadier;  Margue- 
rite de  Beaumont,  damoiselle;  messire  Jaque  Dubois,  aussi  che- 
valier, etLoys  de  '1  boulon,  escuier,  et  autres  tesmoins  requis  et  ap- 
peliez, si  connue  iceulx  jurés  notaires  nous  ont  rapporté  par  cest 
escript.  En  tesmoin  delaqu  Le  cbose  nous,  au  rapport  desditz 
juiés  notaires,  ausquelz  adjoustons  pleinere  foy  et  croions,  publi- 
quement le  seel  loyal  dessus  dit,  que  nous  tenons,  avons  mis  et 
apposé  à  ces  présentes  lettres.  Donné  le  vingt  quatrième  jour  du 
mois  de  may,  l'an  mil  quatre  cens  trente  troi-. 


\  |  r    hl'   ROPRIfillE 


de  Yillandrando  du  décret  du  concile  de  Bàle  qui   le 

i,.  , | , ' t , ■ , i ■  ) i .    le  comlal  Venaissin  contre  le  cardinal  et  les  princes 

,|,.  p0ix.  _  Imprimé  dans  le  Spicilèpce  de  l>.  Luc  d'Achery,  t.  III,  p.  762. 

uni,  qui  a  l'ail  partie  des  Archives  delà  maison  de  Bourbon,  est  porlé 

invcnliiire  des    archives  nationales  avec  In  marque  I'  I ."75»,  rote  5460; 

retrouve  plus. 

•_»<i  mai   I  i.".| 


Saerosancta  generalis  synodus  Basiliensis  in  Spiritu  sancto  legi- 
lime  congregata,  universalem  Eeclesiam  reprsesentans,  dilecto  Ec- 
clcsiœ  lilio  Roderico  de  Yillandrando,  comiti  de  Ribadeo,  salutem 
,-t  nmnipotentis  Dei  benedielionem.  Alias  nobis  de  sincera  affec- 
tionetua  plene  scripsisti,  te  atipie  tua  oflerendo  Unie  sacro  Conci- 
lio;  quod  nos  gtalissimum   habentîs   et  ex   bona   intentione  tua 
erjza  ipsum  sacrum  Coucilium  plurimum  gaudentes,  ad  le  rescrip- 
simus,  lu. un  bonani  dévotion  m  in  Domino  cnmmendantes  :  quod 
mine  eliain  lacimus.  parati  semper  ad  qua;cumi|ue  libi  et  statui 
Ino  bene  pi  icila.  El  i|uia  dolenteriiilelleximus  ven<  rabilem  Petrum, 
episcopum  Allianeusem,   cardinalcm  de  Fuxo,  et  épis  germauos 
eu  m  inagno  exercitu    in  prœjudicium  Coucilii  bostiliter  invasisse 
civitatem  Avinionensem  i 1  comitatum  Yenexiuum,  timemusque  ne 
liujusuiodi  invasio  pai  tes  illas  in  perieulum  el  discrimen  maximum 
provoci  i  Ec<  lesiamipie  si  and  dizet,  te,  in  eujus  exercitu  spem  ma- 
\iiiiamposuimus,cum  quanta  instantia  possumus  bortamuret  roga- 
mus  ut  t.ivoribusel  auxiliis  luis  velis  illi  civitati  et  comitatui  succur- 
I  partes  illas,  n  ■  in  detrimentum  Ecclesiœ  pareant,  a  talibus 
invasoribus  custodire.  omniaque  remeilia  salutaria  et  opportuna 
jus  proleclioneni  adbibere,  quœ  ;i  te  per  dilectum  Ecclesiae 
liliiiin  Alfonsum,  cardinalem  Sancti-Eustachii,  au!  persuosquos  in 
nomine  suodimisit,  requirenlur;  quibus omnibus  ilasubvenias,  ita 
diis,  consiliis  el   favoribus  assistas  opportnnis,  quemadmo* 
dum  m  li  speramus.  Quod  ul  facias  te  eliam  alque  etiam  rogamus; 
ex  hoc   ciiiiii  I».  mu  el  univi  rsalem  Eccl  siam  quam  reprsesenta- 
inii-  i  h  valde  obligatos  reddes,  et  nos  in  tuis  negotiis  paralissimos 
si  mper  li  ibebis. 

Dalum   Basilea;,  vu.  kal,  junii,  millesimo    quadringentesimo 
mo  Lerlio. 


M.    Vit  |.\Mdi  A.Min, 


XXVI 

Allocali [iii  l'ait  connaître  le  chiffre  de  l'impôt  roté  par  le  Tiers-état  du 

Languedoc  à  l'assemblée  tenue  en  juin  1433,  à  Villeneuve  en  face  Avignon, 
pour  aider  Boi-disant  à  chasser  Rodrigue  de  Vîllandrando  de  la  province. 
—  Original  sur  parchemin  des  Archives  nationales,  K  t>5,  n.  '!<>. 

I  I  juillet  1433.) 


Les  commissaires  ordonne!  ou  diocèse  de  Nymes  el  archevesqué 
d'Arle  dedans  le  royaume,  à  asseoir,  imposer  et  mectre  sur  les 
manans  et  habitans  des  lieux  el  villes  desdictz  diocèse  el  arche- 
vesqué la  somme  de  iiij'"  vijL  xiij  moutons  d'orviij  s.  iiij  don.  t., 
avec  les  fraiz,  missions  et  desptns  pour  ce  nécessaires,  pour  leur 
quote  et  porcion  de  Ixx1"  moutons  d'or  octroiez  à  hault  et  puissant 
prince,  mons.  le  conte  d>'  Foix  et  de  Bigorre,  lieutenant  du  roj 
nostre  sire  es  païs  de  Languedoc  el  ducliié  de  Guyenne,  par  les 
gens  de  Testât  commun  dudit  pays,  à  l'assemblée  faicte  et  tenue 
à  Villeneufve  lez  Avignon,  ou  moys  de  juing  derrenieremenl 
passé  m.  cccc.  xxxn,  et  ce  pour  les  fraiz,  missions  et  despens 
euz  et  soustenuz  par  ledit  nions,  le  conte  et  lieutenant  en'soul- 
dées  de  gens  d'armes  et  de  Irait  par  lui  assemblez  pour  résister 
à  la  venue  et  maie  volunté  d'un  nommé  Rodigo  et  autres  routiers, 
qui  s'estojent  vantez  el  s'esforçoyent  venir  et  descendre  oudit 
pays  pour  grever  et  piller  les  habitans  d'icelui  :  à  Jehan  de  larges, 
receveur  particulier  dudit  aide  èsdiclz  diocèse  et  archevesqué,  ou 
à  son  lieutenant,  salut.  Comme  par  ad  vis,  vouloir  et  consentement 
des  consuls,  sindiez  et  procureurs  de  notables  lieux  et  villes  des 
dietz  diocèse  et  archevesqué,  en  tel  cas  acoustumez  estre  convo- 
quez, nous  ayons  adjoinct  et  appelé  avec  nous,  comme  acoustumé 
a  esté  le  lemps  passé,  Hervé  Rousseau,  conlrerolleur  de  la  dicte 
îecepte  ordinaire  de  la  seneschaucée  de  Beaucaire,  pour  estre  pré- 
sent à  faire  ladicte  asslele,  avoir  advis  et  délibération  avec  lui  à 
donner  leur  cotte  et  porcion  dudit  aide  aux  habitans  d'un  chacun 
lieu  desdictz  diocèse  et  archevesqué,  comme  mandé  nous  estuit 
par  la  teneur  de  nostre  commission;  auquel  conlrerolleur,  du  vou- 
loir et  consentement  que  dessus,  avons  tauxé  et  tauxons  par  ces 
présentes  la  somme  de  vint  et  cinq  moutons  d'or,  pour  ses  peine, 
travail  et  esportules  deserviz  ou  temps  qu'il  a  vacqué,  tant  en  ce 


Vit!   Di;   RODRIGUE 

que  dit  est,  comme  à  ordonner  certaines  diminucions  que  faictes 
oui  esté  aux  habitans  dudit  diocèse  et  acroissemens  faiz  aux  liabi- 
tans  d'autres  lieux  d'icellui  diocèse,  selon  que  le  cas  et  faculté* 
desdiz  habitans  les  requéraient  :  si  vous  maniions  que  lalicte 
Minime  de  x\v  moutons  d'or,  vous,  des  deniers  de  voslre  recepte 
mis  et  imposez  ausdietz  habitans  pour  payer  et  contenter  les  fraiz, 
missions  et  despens  nécessaires  pour  ledict  aide  mectre  sus,  pai^z, 
baillez  et  délivrez  audit  contrerolleur ;  et,  par  rapportant  ces  pré- 
sentes et  quictance  souffisant  sur  ce,  ladicte  somme  de  xxv  mou- 
tons sera  allouée  en  voz  comptes  et  rabattue  de  vostre  recepte  par 
ceulx  à  qui  il  apparteudra,  sans  contredit  ou  difficulté  aucune. 
Donné  à  Nymes,  le  \iiije  jour  de  juillet,  l'an  mil  cccc  trente  trois. 
Signé  J.  Le  Roux.  Constat  de  taxacione  predicta.  Luselli  s. 


XXVII 

Quittances  taisant  connaître  divers  usages  faits  par  le  comte  de  Foix  de  l'aide 
votée  aux  états  de  Villeneuve  pour  l'expulsion  de  Rodrigue  dé  Villandran- 
do.  —  Originaux  en  parchemin  des  Archives  nationales,  K  63,  n.  26. 

(Juillet  1435-février  1454) 


■  lo  Pasquoau,  senhor  de  la  Fargue,  thesaurer  de  mossenbor  lo 
comte  de  Foix  et  de  Begorre,  loctenaut  gênerai  deu  roy  noslre  sen- 
hor en  sous  pays  de  Lengadoc  et  dugat  de  Guiayne,  et  per  luy  co- 
rnes à  la  recepte  générale  de  l'ayde  de  lxxm  molons  d'aur,  à  lu\ 
donatz  el  autrogatz  per  las  gens  deus  iij.  stalz  deudit  pays  de 
Lengadoc  à  l'asemplade  feyte  à  Vilenabe  près  Avinhon,  en  lo  mees 
de  juinli  darreramentz  passât,  per  aydar,  sostenir  et  paguar  la 
grave  despensse  que  far  luy  a  convengut  à  cause  de  las  ^ens  d'ar- 
mes et  de  treyt,  que  no  a  gayres  a  metutz  sus  et  assemblatz  per 
la  garde  et  deiiense  deudit  pays  de  Lengadoc  et  resistir  à  Rodigo 
de  Yillandrando  et  autres  rothiers,  qui  en  gran  nombre  cren  vien- 
gutz  et  descendutz  en  lodit  pays,  per  aquet  pilhar,  raubaretrans- 
sonar  :  cofessi  aver  agut  et  recebut  de  Joban  de  Fargucs,  recebe- 
dor  particular  en  la  diocèse  de  Nemse,  sus  so  que  cd  pot  et  poyra 
dever  à  cause  de  sa  dite  recepte,  la  some  de  cent  motons  d'aur 
per  Anthonnete  Saichete  de  Wonpeslier,  demorante  à  Belcayre, 
comayre  de  mon  dit  senhoi  de  Foix.  que  mondit  senhor  lo  comte 
et  loctenan  luj   a  bordenal  esser  balhatz  de  grâce  speciau.  aixi 


DE   VII  I  \  MH!  \NDO. 

cuni  plus  larguementz  apar  par  lectres  patentes  deudil  don.  I>e 
laquoan  some  de  cenl  motons  d'aur  io  me  thiens  per  ben  content 
,-i  paguat,  et  en  quili  lodil  recebedor  particular  et  totz  auti 
qui  quictance  en  pol  apartenir.  El  en  testimoni  d'esso,  ey  metut 
à  las  presens  mon  signel  manual  el  metul  ma  preinsse.  A  Mout- 
peslier,  lo  darrer  jorn  de  juin,  l'an  mil  cccc  trente  et  très.  Signé 
P.  De  la  Fargi  i  . 

[oPasquoau,  senhor  de  la  largue,  etc..  cofessi  aver  agut  el 
recebut  de  Johan  de  1  argues,  etc...  la  some  de  cinq  cens  motons 
d'aur  per  mossenbor  Johan  Lovet,  presidenl  de  Provence,  que 
mon  dit  senhor  lo  comte  el  loctenant  luy  a  douât  per  lus  agrada- 
bles  services  qui  lo  a  feyt,  el  espccialmeul  per  so  que  I"  ave  a  :om- 
panhatenla  conquesteet  réduction  en  la  obédience  de  nostre  sanl 
peyre  lo  Pape  de  la  vilç  et  ciutal  d  Avinhouet  deu  comtat  de  Ve- 
nayssin,  par  luy  feytf  aqueste  présent  anade  etsason,  et  per  au- 
tres causes  contengudis  eu  sas  lietras  patentes  deudit  don.  De  la- 
quai some  de  cinq  cens  mutons  io  me  tliiene  per  ben  pagat  et 
content,  et  en  qui  ti  lodit  recebedor  particular  et  lot/  autres  à 
qui  quittance  en  pot  appartenir,  etc..  A  Montpesler,  lo  darrer 
jorn  deiuilh,  mil  cccc  trente  et  très.  Signé  P.  De  la.  Fargue. 

lo  Pasquoau,  senhor  de  la  Fargue,  etc..  cofessi  aver  agut  et 
recelait  de  Pons  de  Curssii,  recebedor  particular  deudit  ayde  el 
autrey  en  la  diocèse  de  Castres,  s  isso  que  eg  pot  et  poyra  dever 
à  cause  de  sa  dicte  receple,  la  some  de  cent  delz  motons  d'aur 
seilze  s  >lz  tornez,  per  Fortaner  de  Serres,  senesealc  de  Ncbosaa. 
que  mondit  seuhor  lo  comte  et  loctenau  ly  a  donat  de  grâce  spé- 
cial», per  so  (pie  ère  en  sacompanhie  per  res  isliraus  susditz  ro- 
thieis.  De  laquai  some,  etc..  A  Pau,  le  iijc  jorns  de  fevrer,  l'an 
mil  cccc  trente  étires.  Signé  P.  De  la  Fargue. 

XXVIII 

Quittance  d'un  épicier  de  Lyon  pour  une  fourniture  faite  à  Rodrigue  de  Villau- 
drando  aux  frais  de  la  ville.  —  Original  en  pipier  des  Archives  communales 
de  Lyon,  CC.  296,  n°48.  Communie ition  de  M.  Guigue. 
(1"  septembre  1433.] 

Je  Nicolas  Ferchaut,  espieicr  de  Lyon,  confesse  avoir  en  el 
reccu  de  par  la  main  de  Hugony  Bonet,  à  cause  de  i\  livres  de 


250  \  IK  I>E  KODRIGUE 

confiture  à  iiij  gros  la  livre,  et  pour  xij  torches  novës  cl  deux 
ârses,  pesant  xxxij  livres,  à  vij  blancs  la  livre  des  torches  noves 
et  ij  gros  les  aisées,  que  monte  vij  frans  ij  gros  xij  deniers  obole, 
«pie  prisent  les  conseillers  de  la  ville  de  Lion  pour  donner  à  Ro- 
drigo. De  laquelle  somme  dessus  dite  je  me  tiens  pour  contant 
et  en  quicte  la  dite  ville  et  le  dit  llugony  Bonet,  tesmoing  mon 
sain"  manuel  si  mis,  le  premier  jour  de  septembre  l'an  mil  1111e 
et  xxxiii.  Signé  N.  Ferchaut. 


XXIX 


Protocole  de  l'enquête  ordonnée  par  la  justice  du  comte  d'Armagnac  au  sujet 
des  cruautés  commises  à  Fernugnac  par  le  bâtard  d'Apchier  pendant  l'ir- 
ruption 'les  compagnies  de  Rodrigue  en  Rouergue.  —  Copie  de  la  Collec- 
tion Doat  à  la  Bibliothèque  nationale,  t.  215,  fol.  112. 

(14  septembre  1435.) 


Aumi  Domini  millesimo  quadringentesimo  tricesimo  tertio  et 
die  décima  quarla  mensis  septembris,  îllustrissimo  principe  et 
domino  nostro  Johanne,  dei  gralia  comité  Armaniaci,  Fesensiaci, 
Insulse-Jordani  et  Ruthenensi,  dominante,  apud  Interaquas,  Bulhe- 
nensis  diocesis,  et  in  curia  ordinaria  dicti  loci  per  me,  Bernardum 
Roqnete,  notarium  ordinarium  dicti  loci,  de  mandato  honoiabilis 
et  circunspecti  viri  domini  Berengarii  Salas,  licenciati  in  legi- 
bus,  procuratoris  pbiscalis  dicti  domini  nostri  comilis,  fuit  facta 
sequens  iuformatio  contra  quemdam  hominem  vulgariter  vocatum 
lo  bastard  Dapchier  et  quosdam  alios  complices  suos,  super  eo 
quia,  anno  presenti,  dum  gentes  de  Rodigo  discurrebant  per  pa- 
triam  lîuthcnii,  dictus  bastardus  et  alii  sut  complices,  quasi  in 
numéro  viginti  quinque,  vencrunt  in  manso  de  Fernunbaco,  jtiris- 
dictionis  de  Interaquis,  et  quemdam  pagesium  dicti  domini 
noslii  comitis,  qui  vocabatur  Jobannes  de  Fernunbaco- Inferiore, 
de  facto  ceperunt  ad  hoc  ut  bon.i  sua  et  aliojrum  pagesiorum 
dicti  mansi  de  Fernunbaco  eis  revelaret;  et  dictum  pagesium  a- 
criter  Iractando  nmltuni  énorme  verberavenint  et  percusserimt, 
ponendo  ipsum  prope  ignem  et  ipsum  comburendo1,  et  alias  ipsum 
acriter  in  eorpore  damnificando,  taliter  quod  occasione  premis- 

1  L'un  des  témoins  entendus  ajoute  ce  trait  :  «  Itictus  Johannes  crut  in  me- 
dietate  persone  sue  propter  ignem  combustus  et  tolaliter  devastalus.  » 


DE    VILLAN  DR  \  N  DO.  257 

-'1111111  dictus  pagesius  ab  hoc  seculo  migr&vit.  Et  non  contenti 
de  premissis,  sed  raala  malis  accumulando,  bona  pagesiorum  dicti 
raansi  in  et  de  quodam  clusello  sive  crota  in  dicto  manso  exîs- 
tenle  ceperunl  de  facto  pro  ipsa  bona  ci-  appropriando,  et  de- 
îiiinii  dicta  bona  furari  '  fecerunl  dictis  pagesiis  ad  summam  quin- 
quaginta  scutorum  .nui;  quam  summam  quinquaginta  scutorum 
auri  dictus  haslardus  a  dictis  pagesiis  per  manu  s  Ludovici  de 
I  lui"  babuit  et  sibi  apropriavit,  multum  super  bis  delinquendo 
et  plura  alia  enormia  çrimina  perpelrando,  etc. 
(Suivent  les  dépositions) 

Teste-  superius  descripti  fuerunt  examinati  per  modum  se<  rell 
informationis  el  diligenler  iuterrogati  per  me  Bernardum  ïioquetc 
notarium  ordinaiium  loci  de  Interaquis  pro  illustnssimo  prin- 
cipe et  domino  comité  Ârmaniaci,  de  mandato  et  precepto  mihi 
Facto  per  honorabilem  et  circunspectum  virum  dominum  Beren- 
g.irium  Salas,  licenciatum  in  legibus,  procurai orem  pbiscalem 
dicti  domini  nostri  comitis.  lu  quorum  testimonium  ego.  dictus 
notarius  ordinarius,  hic  me  subscripsi  et  signeto  meo  manuali 
signavi  in  lidem  premissorum. 

Signé,  Roqi  i.te,  notarius  ordinarius. 


XXX 

acquiescement  du  prieur  <lo  Saint-Romain  le  Puy  à  une  requête  des  habitants 
du  lieu,  à  lui  transmise  par  le  bailli  de  Forez,  tendant  à  obtenir  l'acensement 
des  terrains  vagues  de  l'enceinte  du  bas  fort  d  i  Saint-Romain,  dévasté  depuis 
un  certain  temps  par  les  gi  ns-d'annes  de  Rodrigue.  — Original  en  parche- 
min, archives  du  département  de  la  Loire,  série  II,  fonda  du  prieuré  de 
Saint-Romain.  Communication  de  M.  Chaverondier. 

1 1 1  novembre  1 1"".  | 

Noverint  nniversi  qund.  cum  nuper  et  retroactis  temporibus 
pluries  el  per  diversorum  temporum  intervalla,  per  génies  armr- 
iiiin  il"  societate  de  Bodigo  et  aliorum  capilaneorum  in  regno 
Francie   pro   tune   discurrencium   et  existencium  bassa  curtis 

1  Mot  forgé  sur  le  vulgaire  fuer,  fia-,  qui  voulait  «lire  taux,  estimation. 
Dans  la  déposition  de  l'un  des  témoins  on  lit  :  «  Ludovicus  de  Ulmo  nominc  pa- 
gesiorum dicti  rnansi  tradidit  dicto  bastardo  pro  certa  furanlia  quam  fecerant 
runi  eodem  ad  causam  honoruni  suorum,  videlicct  summam  quinquaginta  scuto- 
rum auri.  s 

17 


VII.   DE   RODRIGUE 

Sancli-Romani  in  l'oilio,  in  comilatu  Forensi  existons,  fuerit  per 
viin  et  violcnciam  rapla,  el  omnia  bona  mobilia,  animalia  et  alia 
quecunquc,  que  fueraul  in  ilicla  bassa  curte  retracta  et  reposita 
per   bonùnos    babilanlcs    m  dieto  loco  Sancti-Romani,  per  dictas 
gentes  arniorum  depredala  el  secum  deportata,  propler  quas  de- 
predaeiones  pro  presenti  dicta  bassa  curlis  fuit  et  esl  quasi  iim- 
tilis  el  vacans,  nullique  bomines  dicti  loci  non  audent  propre- 
senti  m  dicta  bassa  curte  se  nec   bona    sua  retrahere:  propter 
quod  nonnulli  bominum  dicti  loci  el  mandamenti  Sancti-Romani 
querelosi  venerunl  ad  dominum  baillivum  Forensem  eidem  expo- 
nendo  et  dicendo  quod  ipsi,  omni  tempore  anni,  faciunt  excubias 
el   gavtium  in  Ira    fortalicium  dicti  loci  Sancti-Romani  ac  eciam 
reparaciones  in  codem   lîeri  neccessarias,  et  nullas  babent  infra 
clausuram  dicti  forlalicii  domos  nec  alias   babitaciones  in  qui- 
bus  possint  se  nec   bona  sua  retrahere;  eidem  domino   baillivo 
requirendo  el   supplicando   quatbinus  dictum  locum  et  fortali- 
cium Sancti-Romani  visitarel   el  cisdem  bominibus  super  hoc  de 
remedio  opportuno   providerel  :  contingit  itaque  quod  anno  do- 
uiini    millesimo  rxc<  ""  tricesimo  tercio,  die   undecima  novem- 
bris,   nobili  el   polcnti  viro  domino  Amedeo  Viridis,  milite,  do- 
mino Cbanelbelbiarum  el  Velcbie,  baillivo  Forensi, transeunte  per 
dictum  locum  Sancti-Romani, et  secum  existentibus  viris  discretis 
magistro  Stepbano  de  Grangia,  conscilliario  et  advocato  domini 
nostri  ducis,  Jacobo  de  Vinoliis,   notario  regio,  cancellario  Fo- 
Guillelmo  Brunaudi,  procuratore  Forensi,   et  repertis  in 
dicto  loco  nobili  Vntbonio  de  Pruneria,  domicello,  castellano  dicti 
loci,  et  l'etro  Bossencbonis,  preposito  dicti  loci,  quamplures  bomi- 
nes dicti  loci  cl  mandamenti  venerunt  ad  dictum  dominum  bail- 
livum Forensem  eidem  exponendo  omnia  supra  declarata,  et  ab 
eodem  petendo  quathinus  precipere  et  requirere  vellet  domino 
priori  Sancti-Romani,  qui  nunc  est,  quatbinus  eisdem  homini- 
bus  vellcl   benevisarc  de  plaleis  et  pedis  existentibus  et  situatis 
infra  dictum  fortalicium   Sancti-Romani.  Qui    quidem   dominus 
baillivus,  audita  reipiesta  diclorum  bominum  (pie  juii  congruit, 
viiMiiii    religiosum    fralrern   Joharincm   del  Solleihant,    priorem 
modernum  dicti  prioratus,  ibidem  reperlum  requisivit , quathinus 
de  dictis   plateis  el  pedis    vacanlibus,  infra   dictum  fortalicium 
situatis  et  existentibus,  dictis  bominibus  tradideret  (sic)  et  bene- 
visaret  juslo  cl  compétent!  servicio  pro  ipsos  et  bona  sua  retra- 
hendo.  Qui  quidem  dominus  prior,   audita  peticione  dictorura 


Dl    v  II  I  wni;  WhO. 
hominum  el  requesta  per  nos,  bailliTum  predictum  supei    ho< 
T»'  utilitatera  prioratus  el  rei  publiée  con servit,  benigno 
womotu  hoc  fieri  consensit,  el  de  premissis  a  me,  ootario  sub- 
Bcripto,  petiitcartam;quam  eidem  super  hoc   dictus  dominus 
ssitflendam  per  Johannem  Fournerii,  notarium  et  Forensis 
curie  juratum,  presentibus  el  ad  hoc  vocatis  dictis  advocato,  can- 
oellario,  procuratore,  castellano,  preposito  et  pluribus  hombibus 
dicti  mandamenti  ad  hoc  vocatis  et  rogatis. 
Ita  est.  Fornerii. 


Protocole  des  lettres  décernées  par  le  même  mieur  de  SainURomain  en 
non  de  1'acqu.escement  qui  précède,  où  son)  énumérés  les  excès  commis  par 
lM  -  3-  —  Mêm  •  provenance  que  la  pièce  ci-d< 

5  janvier  I  13 


Nos  Johannes  de  Sollelhant,  prior  prioratus  conventualis  Sancti- 
lioiiK.iii  [in  Podio  ,  comitatus  Forensis  et  Lugdunensis  dioeesis, 
notum  facimus  universis  [présentes  litteras  inspecturis  quod! 
eura  olyn  per  p  -  ires  aostros  priores  Sancti-Romani  fuerit 

constructa  et  edifficata  quedam  clausura  seu  bassa  curtis  in    cir- 
cuitu]  et  rotonditate  dicti  poefîi  seu  montis  Sancti-Romani,  que 
mine   diruta    existit  ;  infra  quam  clausuram  et  bassam  curteni 
nonnulli  bomines  et  tenementarii  dicti   nostri  prioratus  plures 
eonstruxerant  et  edifficayerant  "do  mos  in  quibus  se  et  sua  bona 
retraxerunt   tempore  discursu  nm    genciura  armorum,  fueritque 
ita  quod  nnper,  discurrentibus  armorum  gentibus  de  societate  1 1 
comitiva  de  Rodrigo,  in  magna  poteneia  ad  dictum  locum  Sancti- 
Romani   logiatum    aceesserunt  ipsamque  bassam    curtem   cum 
în.'uuaviolencia  ceperunt,  et  infra   intraverunt  omniaque  bona 
mobilia,  animalia  bovina,  lanuta  et  alia  quecunque  reposita  et 
retracta  per  bomines  predictos,  infra  domos   suas  in  dicta  bassa 
curte  existencia,  ceperunt,  contrectati  fuerunt  et  secum  deporta- 
verunt,  pluresque  bomines  verberaverunt,    maie   tractaverunt, 
morti  per  violentiam  tradiderunt:  propter  quod  plures  bomines 
dicti  noslri  prioratus  a  dicto  nostro  prioratu  se  absent  iverunt  et 
alibi  moratum  aceesserunt,  adeo  quod,  causa  depredacionum  dic- 
tarum  gentium  armorum  in  dicto  loco  factarum,  dictus  noster 
prioratus  luit  eiïeeliis  [désertas    el  quasi  vacuus  :  imde  nos,  pre- 


260  VIE   LU.   HODR1GUE 

fatus  prior,  volentes  nostros  homines  et  tenementarios  pro  posse 
nostro  ab  hujustnodi  periculiset  dampnis  [eriperc]  etsuisperkulis 
obviari,  dictum  prioratum  Sancli-Komani  pcr  officiarios  et  génies 
domini  oostri  ducis  Ilinbonensis  et  comitis  Forensis  visitari  feci- 
iniis.  pro  sciéndo  utrum  infra  dictum  nostrum  fortalicuum  et  prio- 
ralum  Sancti-Bomani  possent  editficari  et  construi  lacère  domos 
et  liabilaciones  in  quibus  dicti  nostri  homines  se  et  sua  bona 
retrahere  possent.  Et  iacta  diligent!  perquisicione  et  visitacione 
«  uni  diclis  officiariis  et  aliis  personis  notabilibus  ad  boeexpertis, 
luit  deliberatum  et  advisatum  quod  dictum  fortalicium  et  cas- 
l  iiuii  Sancti-Romani  erat  et  est  satis  lai  uni  et  utile  pro  retra- 
bendodictos  nostros  hommes  et  tenenientarios  lempore  discur- 
suuin  gencium  armorum,  et  potissime  in  quibusdam  mûris  et 
pelis  antiquis  in  quibus  antiquitns  fuerant  alie  domus  eons- 
tructe,  etc.,  etc. 

XXXI  l 

Quittance  de  la  somme  payée  par  le  consulat  de  Nîmes  pour  la  copie  à  plu- 
sieurs exemplaires  des  lettres  d'avis  envoyées  de  Milhnu  au  sujet  des  gens- 
d  armes  de  Rodrigue. —  Imprimé  dansMeaard,  Histoire  de  Ximrs,  t.  III,  preu- 
ves, p.  242. 

(25  févier  145  |.j 

Sapion  totz  que  yeu,  Antboni  Cabanis  de  Nemse,  conlesse  aver 
agut  el  reaiment  receuput  dels  honorables  senhos,  sen  Peire 
Ponchut,  sen  Guillem  Farjas,  maistre  Jlaguinarl  et  sen  Ray- 
mond Molazan,  cossols  de  la  ciutat  et  del  castel  de  las  Arenas  de 
Nemse,  per  las  mans  de  Amielh  Bernart,  alias  de  Lunel,  lur 
clavari,  per  mon  Irebalh  de  aver  fach  iiij  co|)ias  de  las  letras 
tramessas  per  los  cossols  de  Milhau  en  Rouergue  del  fach  de  la 
gens  d'armas  de  Bodiguo  et  autres  eapitanis,  per  las  tramettre  à 
Aies,  Uzez  et  autres  luocs,  dos  gros  et  un  cart.  Des  cals  dos  gros 
et  i  cart  me  tenc  per  content.  A  xxv  de  febrié,  l'an  m.  cccc.  xxxiij . 
Plus  ayagut  dels  dichs  senhos  cossols  per  las  dichas  mans,  perla 
copia  de  las  letras  obtengudas  per  Perrin  de  la  Rameya  sobre  lo 
fach  del  lalh  de  la  cort  de  mossenhor  lo  senescal,  xvj  déniés 
tomes,  l'an  de-sus  dich  et  loije  jorn  de  marz.  DbCabamtio. 


DE   \  Il  i  \  SDRANDO. 


\WIII 


Lettre  >le  Rodrigue  de  Villandrando  au  Conseil  de  rille  de  I  v 

recouvrement  de  divers  -  ou  dépôts  que  lui  et  les  - 

■lai)-»  la  ville. —   Original   en   papier  des    trcuives  communal 
eoté  AA  825,  dont  le  lacsimile  en  phol  compagne  l< 

vrage.  Communication  dé  M    I 

(15  mars  1  13  i  ! 


Très  chiers  seigneurs  et  gt  ans  amis,  je  me  recommande  à  ^ 
Kl  vueillés  savoir- que  Jehan  de  Salles  m'a  dit  que  vous  lui 
dit  qu'il   me  deist  <|ue  je  anvoiasse  à  Lion,  que  me  fériés  ii. 
reson  tant  à  moy  corne  à  mes  gens  de  ceuljt  qui  me  sont  tenus  1 1 
à  eulx.  S\  vous   prie  que  ancy  le  faciès,  el  de  H u tasse  de  Pon- 
pierre  qui  a  le  mien  en  guarde,  corne  vous  savés,  el  n'en  puis 
liens  avoir  ;  quar  an  bonne  foy,  il  me  desplerbil  de  fere  despies; r 
à  borne  de  lui,  quarj'aime  bien  la  ville  et  savés  bien  que  je  vous 
i\   tousgours  fet  plesir  en  tout  ce  que  ne  avés  requis  tousgi 
■  i  savés  que  je  vous  puis  bien  servir.  Sy  vous  prie  que  fassiés  an 
manière  que  je  eonnoisse  qu'il  suit  ancy  come  le  dil  Jehan  Ile 
Salles  m'a  raporté  de  par  vous.   El  sy  chose  vous  plest  que  fere 
puisse,  fêtes  le  moy  savoir  pour  le  acomplir  de  bon  cuer,  priant 
Dostre  seigneur  qu'il  vous  aie  -u  la  guarde.  Esoi  il  à  Chastelledou, 
le  xiij-  jour  de  mars. 

De  la  muni  de  Rodrigue  : 

Le  tout  vostre  Rodrigo  de  Villaandrando. 

Sur  l'adresse  :  A  mes  1res  chiers  seigneursel  grans  amis  les 
ctuiseilliers,  manans  et  abitans  de  la  ville  de  Lion. 


\\\IV 

I  ...  geinenl  de  la    terre  de  Moutgilbert  à  Rodrigue  de  Villandrando 
l'acquittement  .l'une  somme  de  six  mille  écus  d'or  qu'il  avait  pi 
deBouibon.  —  Original  sur  parchemin  des   trehives  nationales    P 
cote  139. 

là  avril  1  i"  i 

Rodrigo  de  Villandrando,    conte  de  Ribedieux,  i  tous  ceulx 
qui  ces  présentes  lectres  verront,  salut.  C te  mon  très  doublé 


VIE   HE    RODRIGUE 

seianeur,  monseignour  le  duc  de  Bourbonnois  et  d'Auvergne,  me 
ail  l, aillé  en  engaigiere  el  ypothèque  les  chaste),  chastelleniej 
(,,,]■,.  el  niandeiiicnl  de  Montgîlhcrt,  séantou  p aïs  de  Bourbon- 
nois ensemble  les  cens,  rentes  cl  revenues,  pour  la  somme  de  six 
mille  escus  que  je  lui  ay  prestez,  comme  ces  choses  sont  conte- 
plus  applain  es  lectres  de  mondit  seigneur  le  duc,  des- 
quelles la  teneur  s'ensuit  : 

-   Charles,  duc  de  Bourbonnois  el   d'Auvergne,  conte  de  Gler- 
monl  el  de  Fourez,  cl  seigneur  de  Beaujeu,  per  el  chamberier  de 
l-'rance,    à   tous  ceulx   qui    ces  présentes  lectres  verront,  salut. 
Comme  nostre  très  ehier  et   féal  ami,  Rodrigo  de  Villandrando, 
conte  de  Ribedieux,   nous  ait  preste  les   parties  et  sommes  d'or 
(mi   s'ensuient,  c'est  assavoir,  comptant,  pour  le  fait  de  nostre 
dcsiiense,  la  somme  de  quinze  cens  escus  d'or,  et  aussi  ait  baillé 
par  nostre  commandement  à  nostre  amé   Henriet  Gencien,  lors 
prisonnier,    une  lettre  obligatoire  el   seellé    qui   lui   a   torné  à 
prouffit  en  acquit  de  sa  rençon,  la  somme  de  sept  cous  escus  d'or, 
que  lui  devons  paicr,  et.  oultre  ce  nous  ait  présentement  baillé  et 
preste  comptant  la  somme  de  trois  mille  huit  cens  escuz  d'or: 
lesquelles  parties  fonl  en  tout  la  somme  de  six  mille  escus  d'or 
de  bon  pois  :  nous,  voulans  ledit  Rodrigo   estre    asseuré  dudil 
près)   et  Minime  de  six  mille  escus  d'or,  à  icelui  Rodrigo  avons 
baillé  et  baillons  par  ces  présentes,  pour  le  dit  presl  et  somme,  en 
engagière  cl   ypothèque,  les  chaslcl,    cbaslellenie,  terre  et,  man- 
demenl  de  Monlgilbert,  séant   ou  pais  de  Bourbonnois,  ensemble 
les  cens,  rentes,  dismes,  porcions  et  autres  droiz  et  devoirs  d'icelle 
,  bastellenie  cl  terre  tenir  eL  en  prendre  les  prouffiz  et  émolumens, 
jusques  il  sera  parpayé  de  ladite  somme  de  si\  mille  escuz.  pour- 
veuque,  chacun  an,  en  acquit  d'icelle  somme  de  six  mille  escus,  il 
prandra  les  revenues,  cens,  renies  ci  , mires  devoirs  d'icelle  terre 
de  Montgilberl   pour  la  somme  de  cent  cinquante  escus  d'or,  et 
le  surplus  de  la  value  de  ladicte  terre  ledit  Rodrigo  prandra  pour 
la  garde  de  hulule  place  el  forteresse,  gaig<  -  d'officiers,  tenir  les 
édif  lices  de  la  forteresse,  granges,  molins  eL  antres  demaines  en 
el  \  faire  les  reparacions  nécessaires.  Vvecques  ce,  toutes  les 
loi/  (pie   nous    vouldrons  rendre  el   paier  audit  Rodrigo  ladicte 
somme  de  six  mille  escus  d'or,  ou  ce  qui  en  restera,  desduil  ce 
qu'il  aura  levé  des  r  venues  en  l'acquit  de   la  dicte  somme  et  ou 
pris  dessus  louchié,  ledit  Rodrigo  sera  tenu  de  nous  ou  aux  nos- 
In's  délivre    franchement   et  quiclement  lesdiz  chastel,  chastelle- 


DE  VIII  \>  DR  \.n|mi. 

nie,  tenv  cl  mandement  de   Montgilbert.  En  oultre,  durant    le 
temps  que   ledit  Rodrigo  tiendra  lesdiz  cliastel,   cbastellenie  et 
terre,  recevra  des  subgiez  et  autres  qui  puet  toucher,  les  droit 
anciens,   ordinaires  et  acoustumez,  sans  prandre  ne  exiger  •in- 
cline novele  desdiz  subgiez,  et  paiera  ledit  Rodrigo  Ces,  aumos- 
œs,  vicairies  et  autres  charges  acoustumées  d'estre  paiées  en  et 
sur  ladicte  terre,  durant  le  temps  de  sa  tenue.  I.t  s'il  advenoit 
que  nous  voulsissions  rendre  lesdia  chas  tel,  cbastellenie  et  terre 
de  Montgilbert  es  desceiulens  et  ceuh  du  lignaige  du  feu  seigneur 
de   Listenoiz,  ou  à  autres  y  prétendens  droit,  nous  le  pourions 
recouvrei' dudil  Rodrigo,  et  sera  tenu  de  les  nous  bailler,  moyen- 
nant ce  que  nous  baillerons  une  autre  plue  à  icellui  Rodrigo  ri 
autant  de  terre  comme  vault  celle  dudit  Montgilbert,  laquelle  le- 
dit Rodrigo  tiendra  par  la  forme  et  manière  et  soubz  les  conve- 
nances, condicions  et   pactez  que  de   présent  lui  baillons  ledit 
Montgilbert,  ou  lui  baillerons  ladicte  somme  d'or  pour  laquelle 
il  la  tient  en  gaige,  ou  ce  qui  en  restera.  Kl   les   choses  dessus 
dictes,  tant  au  regart  dudit  Rodrigo  comme  de  ses  hoirs  et  BUC- 
cesseurs  et  qui  de  lui  auront  cause,  promectons  en  bonne  l<>\  et 
en  parolle  de  prince,  obligons  à  ce  nous,  noz  hoirs  et  biens  pre 
sens  et  avenir.  En  tesmoing  de  ce  nous  [avons]  fait  mectre  nostre 
seel  à  ces  présentes.  Donné  à  Vienne,  le  w0  jour  du  mois  d'avril 
après  Pasques,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  trente  et  quatre,  t 
Je  Rodrigo,  dessus  nommé,  promet  par  la  foj  et  seremenl  de 
mon  corps  et  soubz  l'obligacion  de  tous   mes  biens,  presens  et 
avenir,  prandre  et  tenir  ladicte  place  et  terre  île  Montgilbert  en 
engaigière.  prandre  et  lever  en  acquit  de  ma  dicte  debte,  chacun 
an,  les  fruiz  d'icelle  terre  pour  la  somme  de  cenl  et  cinquante 
escus  d'or,  rendre  et  rebailler  ladicte  place  et  terre  franchement 
et  quictement,  moy  parpaié  de  ladicte  somme  de  -i\  mille  escus  ; 
et  au  surplus  feray  et  acompliray  les  choses  contenues  es  lectres 
de  mondit  seigneur  dessus  transcriptes,  en  tant  que  me  touehentet 
puent  toucher,  et  regardent  mon  fait;  et  tout,  sens  fraude,  baral 
et  malengin.  En  tesmoing  desquelles  choses.  j',i\   mis  mon  seing 
manuel  et  aussi  mon  seel  à  ces  présentes,    lionne  à  Vienne,  le 
xvj"  jour  d'avril,  l'an  mil  quatre  cens  trente  et  quatre,  après  Pas- 
ques. 

Signé,  Rodrigo  de  Villaandranlu. 


264  VIT.  DE   RODRIGUE 


XXXV 


Reconnaissance  d'un  prêt  de  mille  écus  d'or  fait  par  Rodrigue  de  Villandrando 
i  Jean  de  Comborn,  seigneur  de  Treignac.  —  Original  en  parchemin  dos 
Archives  nationales,  P  15722,  cote  2124. 

(20  avril  1434.) 


A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront,  salut  en  nostre 
Seigneur.  Sachant  tuit  que  l'an  de  nostre  Seigneur  mil  quatre 
cens  trente  et  quatre  et  le  vintiesme  jour  d'avril,  vien  en  personne 
en  la  présence  de  moy,  Pierre  de  Rovereaz,  notaire  et  tabellion 
publique  usant  des  auctorités  impériale,  royalle  et  dalpbiuale,  et 
des  tesmoings  ey  après  nommez,  personnalment  establi  pour  les 
choses  qui  s'ensuient,  noble  et  puissant  seigneur,  Jehan  viconte 
de  Conbourt,  seigneur  de  Treignat  au  pais  de  Limosin,  lequel  de 
son  bon  gré,  bonne  volonté  et  certaine  science,  si  corne  il  clisoit. 
confesse  devoir  et  loyalment  dépaver  estre  tenu  pour  soy  et  pour 
les  siens  au  temps  avenir,  héritiers  et  successeurs  quelconques, 
à  noble  et  puissant  seigneur  Rodigue  de  Villandrando,  conte  de 
Ribadieux,  cappiiaine  pour  le  Roy  nostre  sire  de  certain  nombre 
de  gens  d'armes  et  de  trait,  à  ce  présent,  recevant  et  sollempnc- 
menl  stipullant  pour  soy  et  pour  les  siens  au  temps  avenir,  héri- 
tiers et  successeurs  quelconques,  moy,  notaire  publique  dessus  dit, 
tant  corne  publique  personne,  présent  et  sollempnement  stipul- 
lant pour  et  au  nom  dudit  Rodigue,  conte  dessus  dit,  et  des  siens 
et  de  tous  ceulx  qu'ilz  pourrait  appartenir  de  présent  ou  au  temps 
av.nir,  quelque  manière  que  ce  soit,  s'est  assavoir  la  somme  de 
mille  escus  d'or  bons,  vieulx  et  du  pois  de  Ixiiij  au  marc,  et  ce  à 
cause  de  bon,  vray  et  licite  prest,  par  ledit  seigneur  de  Treignat, 
corne  il  dit  et  affermet,  eu  et  loyaulment  receu  dudit  Rodigue, 
conte  dessusdit,  en  son  bon  besoien,  prouffil  et  utilité,  sans  fraude, 
decepeion  et  barat  quelconques.  Laquelle  somme  de  mille  escus 
d'or  dessusdit  a  promist  et  promet  par  ces  présentes  ledit  seigneur 
de  Treignac,  par  sa  foy  et  se  renient  de  son  corps,  pour  soy  et  pour 
les  siensau  teins  avenir,  héritiers  et  successeurs  quelconques,  sur 
sains  de  Dieu  euvangilles  corporelinent  preste  et  soubz  expresse 
obligacion  et  ypotheque  de  tous  ses  biens  meubles  et  inmeubles, 
presens  et  avenir  quelconques,  de  baillier,  paier  et  rendre  audit 


DE   VILLAN  DB  \N  DO. 

Rodigue  ou  es  siens  el  certain  commandement,  J  »  larmonl  en 
Auvergnie,  en  l'ostel  appelle  de  Jehan  de  Noyer,  boui  gois  el  n  ai  - 
chant  (Imlit  lieu,  es  termes  et  solucions  qui  9'ensuienl  s'esl 
assavoir,  cinq  cens  escus  d'or  à  la  feste  de  la  Nativité  nostn  S 
gneur  prouchenement  devoir  avenir,  et  li  s  autres  cinq  cens  escus 
d'or  à  la  Peste  de  Penlecostes  prouchaine  ensuiant  ;  toutes  excep- 
cions  et  deffenses  tant  de  droit  comme  de  fait  cessaus,  avecques 
tous  fraiz,  missions,  domaiges,  interest  el  despens,  lesquelx, 
occasion  el  eau»'  des  choses  dessus  dictes,  auroienl  estez  faiz, 
encurrus  ou  substcnus  par  ledit  Rodigue  ou  les  siens,  quelque 
manière  que  ce  soit.  Pour  lesquels  choses  dessus  dictes  mieux 
devoir  attendre  el  acomplir  par  ledit  seigneur  de  Treignat  el  les 
siens,  icellui  seigneur  de  Treignat,  de  son  bon  gré  et  bonne  vo- 
lonté, tous  ses  biens  meubles  et  inmeubles  quelconques  .1  obli- 
ger et  submist,  et  par  ces  présentes  oblige!  el  submel  es  juridi- 
cions,  compulsions  ci  distroit  de  les  cours  du  pelil  seel  royal  de 
Montpellier,  de  monseigneur  le  bailli  de  Mascon,  seneschal  de 
Lion,  duviguier  de  Sainte-Golumbe  lèz  Vienne,  el  de  toutes  aul très 
cours  royaulx,  dalphinaulx  et  séculaires,  en  quelque  lieu  ou  lieux 
qu'elles  soient  ordonnées  et  eslablées,  el  de  chacune  d'icelles  pour 
le  tout;  cl  ce  par  prinse,  vente,  aliénacion,  explectacion  et  dis- 
traction de  Ions  ses  biens  quelconques,  et  autrement  parla  plus 
forl  manière  que  fore  se  poura,  et  tellement  que  l'execucion  qui 
sera  comencée  eu  l'une  d'icelles  cours  ne  puisset  impescher  ne 
tourbe  l'autre  court.  En  renunczantsur.ee  ledil  seigneur  de  Trei- 
guac,  de  sa  certaine  science,  pour  soj  el  pour  les  siens,  '■<  toutes 
exceptions  et  deffenses  tant  de  droil  come  de  fait,  et  à  tout  droit 
escript  et  non  escript,  et  à  toutes  coustumes  par  le  moyant  des- 
quelles ou  aucune  d'icelles  ledit  seigneur  de  Treignat,  debteur,  ou 
les  Mens,  se  vouroient  et  pourroient  aider  el  deifendre  à  venir  à 
l'encontre  des  choses  dessus  diti  s  ou  aucune  d'icelles;  à  droit  <pii 
dit  la  confession  faietc  hors  de  jugement  et  oon  par  devanl  jod 
juge  compeclant  non  estre  vallable,  et  à  toutes  autres  renuncia- 
cious,  excepeions  et  raisons  pour  lesquelles  ou  aucune  d  icelles 
le. tit  seigneur  de  Treignac  se  pourroit  aider  à  venir  à  l'encontre 
des  choses  dessus  dites,  el  specialment  à  droit  disant  la  générale 
renunciation  non  vallable,  >e  la  principal  ne  vait  devant. 
quelles  choses  dessus  dictes  ledit  Rodigue  a  demandé  et  requis  à 
luy  estre  faicte  lectre  ou  publique  instrument  par  moy,  tabelhou 
royal  dessus   nommé,  à  ce  presant  el  astant.   Fait  et  donne  .1 


VIE   DE   RODRIGUE 

Vienne,  sur  les  estres  de  lu  maison  forte  appelle  de  les  Chaveulx 
,1,.  Vienne,  presons  nobles  homes,  messire  Jaques   Du  Boys,  che- 
liois,  inaislre  Jehan  le  phisicien,  demourans  avec 
,,   ,1e  Bourbon;  Jehan  Bennoit  de Tallart,  escuiers,  el 
1,1,  m  [»,, tier  de  Treifort,  clerc,  habitans  de  Vienne,  tesmoings  à 
el|(Z  el  n«|uis.  VA  pour  plus  grant  fu  mité  des  choses  dessus 
.  nous.  Jehan  de  Saint-Ean,  lieutenant  de  noble  home  Pierre 
:    ocuier.  viguier  de  Sainte-Columbelez  Vienne  pour  le  Ro) 
•i  |,i   relation  dudit  tabellion  royal  à  nous  faicte  des 
choses  dessus  dictes,  à  la  requeste  desdictes  parties,  le  seel  royal 
île  ladicte  court  de  Sainte-Columbe  avons  mis  el  apposé  à  ces  pré- 
sentes lectres. 

Ainsi  [tassées  par  devant  moy,  tal  ellion  publique  royal,  dessus 
c  1  i t    en  pn  -  tesmoings  dessus  nommez,  sons  le  seel  royal 

[icte  court  de  Sainte-Columbe,  tesmoing  mon  seing  manuel 
mis  à  ces  présentes.  Signé:  V.  deRoverea. 


XXXY1 

Vil  en  !  U»,  pn  n    e  meurtre  de  deux  homme? 
h  compagnie  de  Rodri:  n  lo,  à  Saint-Jnst  d'Avray 

ni  ficinijolais    —  Archives  nationales,   Reg.  .1J  179,  pièce  70.       ; 

Événements  de  I  17>4. 

Charles,  etc.  Savoir  faisons,  etc.,  nous  avoir  receu  l'umble  sup- 
on  de  Anthoinede  Saint-Pol,  laboureur  de  terres,  parroissien 
t-.lust  d'Avraj  ou  mandement  d'Amplepuys,  Jehan  Baron, 
Martin   Dumonl  ,    Berlhelemi  Chavel  et  Perrenin  Fournyer,  tons 
parroissiens  du  dit  lieu  de  Saint-Just  d'Avray  et  habitans  ou  man- 
dement  d"  Chamelet,    ou   pays  de   Beaujouloys,  contenant   que, 
quarlorze  ans  a  ou  environ,  ou  temps  que  Rodiguo  de  Villendrade, 
capitaine  de  gens  d'aï  nu  s ,  el  ses  gens  demouroient  en  la  ville  de 
Charlieu,  deux  hommes  de  guei  re  de  la  compaignie  dudit  Rodiguo 
nièrent  en  l'ostel  dudit  Anthoine,  et  lui  dirent  qu'il  les  logeast  en 
sondil  hostel,  et  qu'ils  le  payeroient  de  ce  que  il  leur  bailleroit; 
lequel  Anthoine  les  logea  en  sondil  hostel,  et  leur  bailla  foin, 
avoine,  pain,  char  et  autres  i  hos  -  à  euh  nécessaires,  excepté  vin, 
pour  ce  que  il  n'en  avoil  point.  Et  quant  lesdites  gens  de  guerre 
eurent  souppé  et  pensé  de  leurs  chevaulx,  ilz  se  misdrent  à  dormir 


Dl    VILLANDRANI 

en  la  litièn  le  leursdiz  chevaulx  ;  et,  euh  dormam 

ledit  Anthoine  voyanl  lesditz  g<  ns  d  endormiz  el  consi- 

dérant les  affliccion 

in.iulx  énormes  el  tu  s  et  dommaiges,  que  I  s  gens  dudil 

10  el   des  autres  capitaines  suivaiis  les  roi  ni  es 

pays  de  Beaujouloys  el  aux  habitans  d'icellui,  yssil  hors  de  dit 

bostel,  1 1  s'en  al  i  liastiveraent,  sans  le  s<  eu  de  sa  li  hum.'  ne  autre 
de  son  bostel,  •' -  hostelz  el  domiciles  desdiz  Jehan  I  Martin 

Dumont, èsquelz  il  trouva  les  dessusdiz;  et  d'ilec,  s'en ala en  l'esglisi 
forte  dudil  Saint-Jusl  d'Avray,  où  il  trouva  Barthélémy  <  bave!  el 
Ledit  Perrin  Fournyer,  paroissiens  dudil  Saint-Jusl  ;  à  un.  chas(  un 
desquelz  particulièrement  ledit  Anthoine  il-'  Saint-Pol  disl  que  en 

son    bostel  estoient    logiez   deux   hom -   de   guerre,   lesquelz 

estoient  bien  montez,  et  avoient  de  l'or  el  de  l'argent,  el  que 
pour  ce  il  les  convenoit  destrousser  et  avoir  ce  qu'ilz  avoient  ;  et 
que,  pour  ce  faire  et  adviser  entre  euh  la  forme  el  manière,  leur 
disl  qu'ilz  venissent  vers  la  chapelle  Saiîit-Laurens,  près  à  ung 
traict  d'arbaleste  de  ladi  ;te  '-lise  forte.  Lesquelz,  ensemble  ledit 
Anthoine,  incontinent  après  se  assemblèrent  auprès  delachapelle, 
et  auprès  d'un  pillier  estant  au  sud  i\r  l^ti'  une  Gerry,  et  ilecques 
les  dessusdiz  Anthoine  de  Saint-Pol,  Jehan  Baron,  Martin  Dumont, 
Berthelemi   Cbavel  et   Perrin  Fournyer,  supplians,   parlans  des 
dessusdiz  hommes  de  guerre  et  doubtans  que,  s'ilz  les  deslrous- 
soienl  seulement,  que  la  chose  ne  feust  sceue,  disdrent  entre  euh 
qui  les  convenoil  tuer  ou  les  laisseï  .1  er  sans  leur  faire  mal  ;  et  à 
la  fin  délibérèrent  de  les  prendre,  tuer  el  destrousser.  El  de  fail 
les  dessusdiz,  embastonnez  chascun  d'un  espicu,  excepté  ledit 
Martin  rpii  portoit  une  serpe  à  son  col,  s'en  alèrent  auprès  de 
l'ostel  dudit  Anthoine,  et,  eulx  estans  près  dudil  bostel,  Ledit 
Anthoine  entra  dedans  sondit  bostel  et  au  celier  ou  cstable  où 
estoient  dormans  lesditz  gens  de  guerre  et  leurs  chevaulx.  Ledit 
Anthoine  ouvry  la  porte  du  celier  ou  estable  où  estoient  lesdilz 
gens  de  guerre,  telemenl  que  les  autre-  ses  complices  et  supplians 
entrèrent  <>u<,  el  prindrenl  lesditz  gens  de  guerre  et  les  lièrent, 
et  iceuh  menèrent,  ensemble  leursditz  chevaulx,  jusque*  au  mi- 
lieu du  bois  appelle  du  Sappej  :  et  euh  estant  illec,  environ 
mynuyt,  lesdiz  Anthoine  de  Saint-Pol,  Berthi  lemy  Chauvel  et  Pei 

renin  Fournier,  tenans  le  plus  vieil  desdiz  hom -  d'ara 

ledit  Jehan  Baron  le  plus  jeune,  ledit   Perrenin  Fouruier  <hst 
ausditz  cens  de  guerre  qu'ilz  se  confessassent  l'un  à  l'autre.  La- 


2fi8  VIE    DE  RODRIGUE 

quelle  chose  il/,  ne  vouldrent  faire,  mais  défait  s'efforça  ledit  vieil 
lionime  d'eschapper  desdiz  Antlioine  et  ses  compaignons.  Et 
ce  rayant  ledit  Aiithoine  et  doubtant  que  s'ilz  leur  escliappoient, 
qu'ilz  ne  feusseiil  perduz  et  destruiz  par  ledit  Rodiguo  et  autres 
gens  de  guerre,  ledit  Aullioine  de  Saiut-1'ol  mist  parmy  la  gorge 
audit  plus  vieil  desdietz  gens  de  guerre  l'espée  dudit  liomme  de 
guerre,  laquelle  ledit  Ânthoine  lui  avoit  ostée  en  le  prenant  et 
lyanl  en  sondit  hostel,  et  semblableinent  ledit  Jeban  Baron  tua 
ledil  autre  jeune  homme  de  guerre  du  coustel  propre  d'icellui 
liomme  de  guerre,  lequel  il  lui  avoit  semblablement  osté  de  son 
couslé  ;  et  ce  pendant  ledit  Martin  Dumont  tenoit  lesditz  chevaul.v 
desdietz  gens  de  guerre  à  un  traict  d'arbaleste  ou  environ  hors 
ledit  bois.  Et  illec  les  dessusdiz  laissèrent  lesdietz  gens  de  guerre 
mors,  vestuz  seulement  de  leurs  chemises,  ohaulses  et  soliers, 
pour  ce  que,  avant  qu'ilz  les  tuassent,  leur  avoient  osté  robbes, 
chapperons ,  chappeaulx  et  autres  habillemens  qu'ilz  pouoient 
avoir,  combien  que  lesdiz  supplians  ne  leur  ostèrent  ne  trouvèrent 
unu  seul  denier.  Après  lesquelles  choses,  lesdiz  supplians  s'en 
alèrent  en  ce  point  chascun  d'eulx  en  leur  bostel  et  ailleurs,  où 
bon  leur  sembla;  et  ledil  Martin  emmena  lesdiz  clievaulx  au  boys 
appelle  le  I  raviner,  où  il  les  tint  jusques  le  landemain  au  soir, 
qu'il  les  mena  en  l'ostel  appelle  de  les  Salles;  et  illecques  garda 
lesdiz  chevaul.v  deux  ou  trois  jours,  et  jusques  à  ce  que  tous  lesdiz 
supplians,  une  nuyt,  se  assemb'èrent  oudit  hostel  de  les  Salles  , 
et  illec  délibérèrent  tous  ensemble  que  lesdiz  Perrenin  Fournyer 
et  .Mutin  Dumont  yroient  vendre  lesdiz  chevaulx  au  lieu  de  Vienne. 
Lesquelz  Perrenin  et  Martin  alèrent  à  Vienne  vendre  lesdiz  che- 
vaulx, ledit  Perrenin  vestu  ds  la  robbe  dudit  jeune  liomme  de 
guerre  ,  et  ledit  Martin  vestu  de  la  robbe  d'un  nommé  André 
Peupet,  ygnoscent  toutes  voyes  dudit  cas.  Auquel  lieu  de  Vienne 
les  dessusdiz  vendirent  lesdiz  chevaulx  le  pris  et  valeur  de  neuf 
bons  escuz;  et  ce  fait  s'en  retournèrent  tous  ensemble  audit  hostel 
de  les  Salles,  et  illecques,  environ  l'heure  de  nonne,  firent  par- 
tage et  division  entre  eulx  des  biens  et  destrousse  qu'ilz  avoient 
desdietz  gens  de  guérie,  telement  que  lesdietz  Martin  et  Perrenin 
Fournyer  baillèrent  le  pris  desditz  chevaulx,  et  avec  ce  ung  chas- 
cun d'eulx  ce  qu'il  avoit  eu  de  ladicte  destrousse.  Et  ilec  les  biens 
d'ieelle  destrousse  eslans  en  ung  tas  furent  par  les  dessusdiz  avalez 
et  départiz,  ensemble  ledit  pris  desdiz  chevaulx,  et  telement  que  à 
leur  pouoir  ilz  départirent  entre  eulx,  par  égale  porcion  et  le  plus 


M     VIII  \Mi|;  \  SDO. 

justement  qu'ilz  peurent,  ladicte  destrousse.  Lequel  i  ta  ainsi 
lut  et  avi  nu  est  d(  tnouré  sans  venir  à  notice  de  justi<  e,  jusq 
u'aguèresque  lesd  /  supplians,  doublant  qu'il  ne  viengne  3  la  im- 
lioe  et  congnoissance  tic  aoz  officiers  et  ceulx  de  nostretrès  chier 
cl  1res  amé  cousin  le  duc  de  Bourbonnoys,  et  craignanl  rigueur 
de  justice,  se  sont,  à  l'occasion  dudit  cas,  absentez  du  pays,  et 
u'oseroieul  jamais  j  retournci   •  grâce     el    miséricorde 

ne  leur  estoient  sur  ce  imparties;  humblement  rr.iuiM.ui>  que, 
aclendu  ce  que  dit  est  et  que  lesdiz  supplians,  pour  les  - 
.1  énormes  pilleries,  roberies,  raençonnemens,  boutemens  de  feux 
et  autres  maulx,dommaiges,  inconvéniens,  innumerables  i  ruaultez 
et  tyrannies  que  fai soient  au  poure  peuple  souffrir  lesdietz 
gens  de  guerre  qui  esloienl  oudit  pays  de  Beaujouloys,  el  mes- 
mement  que.  au  temps  dudit  cas  advenu,  tous  les  manans  el 
babitans  dudit  lieu  de  Saint-Just,  ou  la  plupart  d'iceulx,  estoient 
retraiz  en  la  dicte  église  foite  pour  double  desdicU  gens  de 
u uerre,  à  l'occasion  desquel/  lesdiz  babitans  souffroient  plusieurs 
grans  nécessitez,  pouretez  et  indigences,  tanl  en  leurs  personnes 
que  en  leurs  biens,  et  n'osoient  partir  de  ladicte  église  forte  pour 
doubtë  de  leurs  personnes;  à  l'occasion  desquelles  choses  lesdiz 
supplians  estoient  comme  forsem  /  et  hors  de  sens,  et  commi 
désespérez,  et  cuidoient  recouvrer  leurs  pertes  sur  lesdietz  gens 
de  guerre;  et  que  en  autres  choses  ils  sont  gens  de  bonne  fami  . 

renommée  et  honneste conversation, etc Pourquoy  nous,  etc... 

avons  remis  et  pardonné,  etc..  Donné  à  Tours,  le  dixiesme  jour 
du  mois  de  lévrier,  l'an  de  grâce  milce.ee  m.vii,  et  de  nostre  règn< 

le  XXVIe. 

Ainsi  signé:  Par  le  Roy,  à  larelarion  du  Conseil,  Rolant.  I  isa 
Contenter,  P.  Le  Picari  . 

KXXVII 

Q  iHlances de  solde  payée,  sur  une  aide  votée  par  les  États  du  Bas-1  imousin,  ■ 
divers  seigneurs  <|ûi  avaient  iéfendu   Ussel  el  tfeymac 
Villandrando.  —  Originaux  en  parchemin,  ms.  français,  n.   22420  de   li 
Bibliothèque  nationale,  pièces  54,  fô,  16  et   ii    Communi(  tlion  de  M.  I" 

I  •   -ne  de  Beaucourt. 

(Événements  de  juin,  juillet,  août  I  135 

I.  NousCharles,  conte  de  Vantadour,  certefions  parces  présentes 
avoir  esté  bien  et  léaument  paies  et  comptant  de  h  han  Bi  aupeil, 


VIE  DE   RODRIGUE 

ur  général  pour  le  roy  nostre  sire  ou  bas  païs  de  Limosin, 
de  l'ayde  octroyé  en  la  ville  d'Ussarches  ou  moys  d'aoust  darre- 
nier  passé,  de  la  some  de  Iroys  cens  quatre  vingt  dix  livres  tour- 
nois; quelle  somme  nous  avoit  esté  donnée  et  acordée  h  ladite 
journée,  par  les  gens  des  troys  Eslaz  dudit  bas  païs,  prandre  et 
avoii  sus  les  deniers  de  la  recepte  dudit  receveur,  pour  avoir  cslé 
et  demouré  es  villes  de  Ussell  et  de  .Memac  en  garnison  l'espace 
de  deux  moys,  à  l'encontre  de  Rodrigon  et  du  bastart  de  Bour- 
bon, qui  estoient  entiez  oudit  païs  pour  y  fere  et  porter  plusieurs 
maulx  et  demages,  ensin  que  plus  à  plain  est  contenus  eu  rolle 
des  fraiz  dudit  aide.  De  laquelle  somme  de  troys  cens  quatrevings 
dix  1.  t.,  comme  dit  est,  nous  nous  tenons  pour  comptans  et  bien 
paiez  dudit  receveur,  et  l'en  quictons  et  touz  autres  à  qui  de- 
mende  en  pouroit  estre  faicte.  Donné  à  Yantadour,  soubz  nostre 
seaux  et  saign  manuelz,  le  xe  jour  du  moys  de  juing  l'an  mil  imc 

XXXVI . 

Signé,  Yantadour. 

2.  —  Sachant  touz  quege,  Johan  de  Lobertes,  seigneur  de  Las- 
coulz,  certefie  par  ces  présentes  avoir  esté  bien  comptante  et  paie 
de  Jehan  Beaupeil,  receveur  général  pour  le  roy  nostre  sire  ou  bas 
païs  de  Limosin,  de  l'aide  octroie  en  la  ville  deUssarcbesoumois 
d'aoust  darrenier  passé  par  les  gens  des  troys  Estaz  de  dit  païs, 
de  la  somme  de  xx  1.  t.  à  moy  donnez  et  acordés  par  les  gens  des- 
diz  troys  Estaz  pour  avoer  esté  en  garnison  es  villes  de  Ussel  et 
de  Memac,  à  l'encontre  de  Rodrigon  et  d'autres  qui  estoint  entrés 
oudit  pais,  enxin  que  plus  <à  plain  est  contenu  ou  rolle  desdiz 
fraiz.  Sv  en  suys  comptant  dudit  receveur,  et  l'en  quicte  et  touz 
autres.  En  tesmoing  de  ce,  j'ay  signé  ces  présentes  de  ma  main 
et  scellés  de  mon  seeu,  le  vie  jour  de  may  l'an  mil  imc  et  xxxvi. 
Signé,  J.  De  Lopbektes. 

ô,  —  Sapchan  tutz  que  je,  Nicolas  de  Malmon,  seigneur  de 
Malmon,  confesse  avoir  esté  bien  ri  loyaumeut  paie  de  Jehan 
Beaupeil,  receveur  général  pour  le  roy  nostre  seigneur  an  bas  païs 
de  Lemosin,  de  l'aide  octroiée  et  mis  sus  par  les  gens  des  troys 
Estas  dudit  pays  eu  La  ville  de  I  serche  eu  moys  d'aoust  darrenier 
passé,  de  la  somme  de  quarante  livres  lornois  à  moy  donné  et  ac- 
ebrdé  par  lesdictes  gens  des  troys  Kstas,  pour  avoir  esté  en  la  gar- 
nison des  villes  d'Ucel  et  de  Meymac  à  l'encontre  de  Rodigro  («te) 


DE   Ml  1  A  >  I  »  1  ;  \\  DO. 

et  de  autres,  qui  estoient  entrés  audit  pays  pour]  fere  et  pourtei 
pluseurs  maulx  et  domaiges,  ainssi  que  plus  à  plein  est  contenu 
ou  roi  le  desdiz  !':  .ii/.  De  laquelle  somme  je  metians  poui  contens 
dutiit  receveur,  et  veulh  que  madicte  quictanceet  acquit  !i  vai  he 

descharghe  partout  ont  il  appartiendra.  I> lé  soubz  mon  •• 

saing  manuel,  le  w  jour  de  février,  l'an  mil  quatre  cens  trente 
et  cinq. 

Signe,  Mai  mo.n. 

4.— Sachent  touzquege,  Loysd'Escourralle,  <  lie\  ilier,  seigneur 
d'Escouralle,  confesse  avoir  esté  bien  el  léaument  paiéde Jehan 
Beaupeill,  receveur  général  pour  le  roj  nostre  sire,  ou  Bas-1 
mosin,  de  l'ayde  octroyé  et  mis  su-  par  les  gens  des  troys  I 
duditpaysen  la  ville  de  Usarches  ou  moys  d'aust  darrenier  | 
de  la  somme  de  quarante  1.  t.  à  moy  donné  et  acordé  par  les  gens 
des  trois  [Estaz]  dudil  païs,  pour  avoir  esté  es  garnisons  de  I  ss  I 
et  Memac  à  l'encontrede  Rodrigou  et  d'autres,  qui  estoienl  entrés 
oudit  pays  pour  y   fere  el  porter  pluseurs  maulx  et  dom 
enxin  que  plus  à  plain  est  contenu  ou  rolle  desdiz  fraiz.  !•'•  la- 
quelle some  je  mettiens  pour  comptant  dudil  receveur,  et  vu.  il 
quemaditte  quittance  luy  vaille  aquit  et  descharge  partout  ont  il 
apertendra.  Donné  soubz  mon  seau  et  signé  de  ma  m  un,  I"  wiu" 
jour  de  février,  l'an  mil  quatre  cens  et  trente  et  cinq. 

Signé,  Loys  d'Escorralle. 


XXXVÏ1I 

Rémission  accordée  en  14i7  à  Jean  Delaporte,  complice  dee  ravages 

par   Rodrigue  de  Villandrando  dans  le  Das-Liinousin.  —  Registre   IJ  179, 
pièce  15,  aux  Archives  nationales. 

(Événements  du  mois  d'août  1455.) 

Charles,  etc.,  savoir  faisons,  etc,  nous  avoir  receu  l'umble 
supplicaciou  de  Jehan  de  la  Porte,  autrement  dit  de  Velay, 
de  quarante  cinq  à  cinquante  ans  ou  environ,  contenant  que  il  nous 
a  servi  le  temps  passé  en  uoz  guerres,  nous  estans  daulphin  de 
Viennois  et  avant  que  pervenissions  à  la  couronne,  et  aussi  après, 
en  la  compaignie  de  plusieurs  capitaines,  et  mesmemenl  en  l« 
compaiguie  de   feuz  le  viconle  de  Narbonne  et  de  Amaor]  à< 


VIE  DE   RODRIGUE 

Sévei  ic,  lors  mareschal  de  France,  en  nostre  païs  de  Normendie, 
à  la  bataille  de  Cornan  (sic)  oudit  païs,  où  il  fut  en  la  compaignie 
des  dessusdiz,  et  en  plusieurs  autres  batailles,  rencontres,  prinses 
el  assaulx  de  places  et  chasteaulx  et  forteresses  qui  estoient  oc- 
cuppées    par  noz  anciens  ennemis  les  Anglois;  et  entre  autres 
places  ledit  suppliant  print  d'eschielle  la  place  d'Ivry-le-Chasteau, 
oudit  pays  de  Normandie,    laquelle  tenoient  nos  diz   ennemis; 
lequel  suppliant,  du  temps  que  les  Bourgongnons  estoient  à  nous 
désobéissans  et  tenoient  le  party  de  nos  diz  adversaires,  fu  à  lever 
les  sièges  de  Lestang  et  de  Montlardier,  et  aux  sièges  de  Besicrs 
et  de  Ilylevet,  et  fut  à  la  prinse  de  plusieurs  chasteaulx  et  places 
que  tenoient  et  occupoient  lors  les  diz  Bourgongnons  en  nostre 
pays  de  Languedoc;  et  depuis  nous  a  servy  ou  voyage  de  Tartas, 
et  fut  à  la  bataille  ordonnée  par  nous  en  Guienne,  oudit  voyage 
deTartaz,  et  au  siègedeServerete.etfut  à  la  prinse  d'une  place  que 
ung  nommé  Salnove,  qui  estoit  Bourgongnon,  tenoit.  Et  pour  soy 
tenir  en  nostre  service  et  nous  servir  ou  fait  de  nos  dictes  guerres, 
ledit  suppliant  a  esté  prisonnier  vin  ou  ix  foiz,  tant  de  noz  diz  enne- 
mis les  Anglois  que  des  diz  Bourgongnons;  à  l'occasion  desquelles 
prisons  et  pour  soy  délivrer  d'icelles,  lui  a  convenu  païer  plu- 
sieurs grans  sommes  de  deniers  à  lui  importables,  de  quoy  il  a  eu 
et  enduré   plusieurs  nécessitez  et  indigences,  et  lui  a  convenu 
engaigier  la  plus  part  de  sa  chevance,  dont  il  est  moult  apovry. 
Pendant  lequel  temps  que  ledit  suppliant  s'est  employé  en  nostre 
service,  il  a  aucune  foiz  tenu  les  champs  et  vescu  sur  iceulx,  et 
pour  vivre  et  avoir  de  quoy  soy  entretenir,  il  a  fait  et  a  esté  à 
plusieurs  courses,  pilleries  et  prinses  de  places,  lesquelles  estoient 
en  nostre  obéissance  à  noz  subgiez,  et  mesmement  au  siège  de 
Montelerie  et  de  Argenes  ou  pays  deGevaudan,  en  la  seneschaucée 
de  Beaucaire,  et  print  la  place  de  Rochefort  oudit  pays  de  Velay 
par  eschielle;   et  a  ledit   suppliant  fait  et  donné  à  noz  subgiez 
plusieurs   dommaiges  et  pilleries,  prins  bestial  gros  et  menu, 
m  i  Uni  vendu,  mengié  butins  et  partie  raençonné.  Et  a  esté  en 
garnison  à  Rochefort,  à  Pézenas,  à  Gabrières  en  nostre  pays  de 
Languedoc,  et  a  terni  les  champs  avecques  plusieurs  rouptiers  et 
capitaines  de  gens  d'armes,  comme  dudil  viconte  de  Narbonne, 
\  lii.nuA    de  Séverac,  Jehan  Boulet,  Boudigo  de  Yilleandras,  le 
sire  de  Lestrac,  Giraud  de  la  Paillère,  Jehan  Valecte  et  plusieurs 
autres;   èsquelles  garnisons  et  compaignies  il  a  fait  et  commis 
el  esté  à  plusieurs  (ourses,  pilleries  et  roberies  et  a  couru  et 


DE   HLLAHDRAHDO. 

espié  'li  rains,  foires  1 1  marchiez,   d(  stroussé  el  d< 

d'église,  marchans  el  autres,  el  toul  -  manières  de  ..       qu'il 

pouoit  rencontrer,  et  iceulx  raençonnez;  et  aucunes  t 

à  prises  d'aucunes  placi  -  estans  en  nostr  ■  obéissance  où  il  j  avoil 

meurdre  commis  el  perpétré,  mais  oncques  ne  le  fisl  n nsenli 

faire;  et  plusieurs  autres  crimes  et  délias  ce  pendant  el  duranl 
ledit  temps,  et  depuis  a  continué  et  s'est  tenu  en  nostre  dil  Bervice. 
A  l'occasion  desquelz  cas  ledit  suppliant  double  que  on  voulsistou 
temps  avenir  procéder  contre  lui  par  rigueur  de  justice,  se  nostre 
grâce  et,  miséricorde  ne  lui  estoient  sur  ce  imparties,  humblement 
requérant  que,  actendu  ce  que  dil  est,  el  li  -  gi  ins  el  continuels 

services  qu'il  nous  a  l'ai/  ei -  dictes  guerres  1 1  affaires,  1 1  aussi 

les  grans  raençons  qu'il  lui  a  convenu  paier  pour  soj  délivrer  des 
prisons  où  il  csloit.  etc.,  et  qu'il  n'avoit  gaiges  ne  bienfait  de 
nous  dont  il  se  peust  entretenir  en  nostre  dit  service,  el  qu'il  ne 
tint  oncques  autre  party  que  le  nostre,  ne  a  esté  en  compaignie 
ou  service  d'autre  qui  tenist  party  contraire  à  nous,  il  nous  plaise 
sur  celui  impartir icelles.  Pourquoy  nous,  actendu  cequedit  est, 
eic.  audit  suppliant,  etc.,  avons  quiet/'  remis  pardonné  el  aboly, 
et  de  nostre  grâce  espécial,  plaine  puissance  et  auctorité  royal 
remectons.  quittons,  pardonnons  et  abolissons  par  ces  présentes 
les  l'ai/  et  cas  dessusdiz  avec  tous  autres  quelconques  par  lui 
commis  et  perpétrez  durant  lesdictes  guern  s,  à  l'occasion  d'i 
et  depuis  ledit  temps,  lesquelz  nous  voulons  i<  \  estre  tenu  pour 
exprime/  sans  ce  qu'il  soit  tenu  d'en  faire  autre  déclaration,  avec 
toute  peine,  amende  et  offense  corporelle,  criminelle  et  civile, 
en  quoy  il  pourroit,  à  l'occasion  des  cas  dessusdiz  ou  d'aucun 
d'eulx,  estre  encouru  envers  nous  et  justice,  sauf  el  réservé  toutes 
voyes  meurdre  d'aguet  apensé,  avoir  bouté  feu,  violé  églises  el 
forcé  femmes,  el  aussi  pourveu  qu'il  n'ait  tenu  party  contraire  il 
nous  ne  esté  en  compaignie  ne  service  autre  qui  l'ail  tenu,  ct< 

Donné  à  Bourges,  au  mois  d'aoust.  l'an  de  grâce  mil marante 

et  sept,  et  de  nostre  règne  le  xxve.  Ainsi  signé  :  Par  le  Roj  en  son 
Conseil,  Rolant.  Visa.  Contenter,  h.  De  La  Garde. 


18 


VIE    I> H    RODRIGUE 


XXXIX 


des  délibérations  du  corps  de  ville  de  Tours  pour  les  années 
I  r,.'i    I  i"t'i.  et  du  registre  des  comptes,  u.  20  de  la  même  ville,  concernant 

1,  m'jhiii  il    Un  li  ig le  \  ill  indrando  devant  T s. 

[Septembre  I  i~V 

!  Le  Min"  jour  dudit  mois  de  septembre  ensuivant,  oudit  an 
(m  ccccxxxv),  Jehan  Godeau,  lieulenanl  présent, se sonl  assemblez  les 
esleuz  ut  commis  de  lad  ici  e  ville,  maislre  Girault  Bairre  et  Geffroy 
Gobin  pour  l'église  de  Tours,  maistre  Guillaume  de  Neufville  pour 
MM'  de  monseigneur  saint  Martin,  etc.,  pour  délibérer  quelle  pro- 
vision (m  pourra  trouver  pour  résister  et  donner  provision  aux 
maulx  el  oultrages  que  font  de  présent  les  gens  d'armes  et  de  trait 
estans  logez  près  el  environ  cote  ville. 

Sur  quoy  onl  délibéré  qu'il  est  de  nécessité  de  envoyer  par 
devers  le  roy,  pour  lui  remonstrer  lesdiz  maulx  et  inconvcnkns, 
afin  que  le  roy  y  donne  provision,  ou  autrement  tout  est  perdu; 
et  que  on  y  envoyé  un  mandement  biief. 

On  y  a  esleu  pouryaler  frère  Jehan  Bereau,  Jacobin  du  couvent 
de  Tours.  El  le  lendemain  ycclui  Bereau  se  partit  pour  aler  à 
Bourges,  et  lui  furent  baillées  lettres  closes  adreçans  au  roy, 
unes  autres  à  Messeigneurs  de  son  grant  Conseil  el  unes  autres  à 
maislre  Jehan  Picart,  avec  mémoires  et  instructions  des  choses 
qu'il  avoil  à  p  lursuir,  etc. 

2.  —  Le  wiiir  jour  dudit  moys  ensuivant,  au  tablier  de  la 
dicte  ville,  Jehan  Godeau,  lieulenanl  présent,  se  sont  assemblez 
leuz  de  ladicte  ville  et  le  connus  pour  les  gens  d'église  d'icclle 
ville,  etc.,  pour  <  ntendre  le  rapport  dudit  frère  Jehan  Bereau  qui 
celui  juin-  estoit  arivé  de  son  voyage  de  Bourges,  lequel  il  list; 
c'est  assavoir  qu'il  avoil  présentées  sesdictes  lettres  closes  tant  au 
roy  que  autre-  à  qui  elles  se  adreçoient,  et  leur  avoil  dit  la 
créance  qui  lui  avoit  esté  chargée  et  baillée  par  mémoire,  tant 
desdict  ucs   il    des  maulx  qu'ils  faisoïent,   que 

du  rabès  de  la  taille.  El  dit  que  le  roy  a  esté  nés  mal  content  et 
dcsplaisant  de  ce  que  lesdietz  gens  d'armes  esLoient  venuz  loger 
près  de  ceste  ville;  el  incontinent  que  le  roy  avoit  receu  lesdictes 


DE   Y  I  II.  \  NUI;  kSDO. 

lettres  closes,  ilavoit  ordonné  iiiconlinenl  faire  lettres  1 1 

çans  au  baslarl  de  Bourbon  et  autres,  pour  les  Faire  in    ntinenl 

desloge/,  etc. 

7>.  —  (Du  chapitre  Voyages)  :  A  frère  Jehan  B<  r<  iu,  religieui 
du  couvent  des  jacobins  de  Tors,  la  somme  de  six  livres  tournois 
à  lui  tauxcc  et  ordonnée  par  lesditz  esleuz,  près  ns  plusieurs  des 
babitans  tic  la  ville,  pour  un  voi  ge  par  luyfail  devers  le  i 
Courges,  porter  lettres  de  la  ville  ad  ce  qu'il  pleust  au  roj  mander 
à  Rodigue,  qui  estoil  logé  partout  ycj  environ,  que  sedcslogc  si  ; 
et  qu'il  pleusl  au  roy  faire  rabais  à  ceste  éleccion  de  la  taille  qui 
à  présent  se  y  licve,  et  donner  ses  lettres  que  toutes  manières  de 
gens  y  contribuent,  fors  seulement ceuh  que  le  r<>\  en  a  exemptez 
par  ses  lettres  par  lesquelles  ladietc  taille  a  este  mise  su-.  En  quoy 
ledit  frère  Jehan  Beréau  a  besoigné,  au  reg.irt  desditz  Rodig 
que  le  roy  leur  a  mandé  par  se-  lettres  se  deslogier  incontinant. 
Quant  audit  rabays,  il  ne  y  a  peu  riens  faire,  mais  à   impel 
aporlé  mandement  que  toutes  manières  de  gens  contribuent  ï  la 
dicte  taille.  Ouquel  voiage  il  a  esté  et  vacqué  dix  journées  entière 
Pour  cecv,  paie  par  mandement desdiz  csleu/  donné  le  xxiie  jour 
de  septembre  l'an  mil  cccc  xxxv,  cy  rendu,  vj  1. 

4.  (Du  chapitre  Despence  commune  :  A  Estienne  Bernarl  la 
somme  de  vint  sol/  tournois,  pour  avoir  faict  l'eschauguete  sur  la 
tour  feu  Hugon  par  le  temps  de  huyt  jours  que  les  FAodigo 
toient  logez  en  la  Varenne,  à  ce  que  les  portiers  el  autres  gens 
de  la  ville  ne  fèussent  pareulx  seurprins.  Pour  ce,  par  mandement 
desdiz  esleuz  et  quictance  donnée  le  ixe  jour  d'octobre  l'an  mil 
unc  xxxv,  cy  rendu,  xx  s. 

XL 

Acquisition  pour  ttoilriguc  de  Villandrando  et  en  son  nom  d'une  propriété 
sise  au  Puy-la-Forge  entre  Chantelle  et  Charroux.  —  Original  en  ppici  dei 
Archives  nationale?,  P  13751,  cote  "iiMi. 

(15  décembre  I  13 

A  tous  ceulx  qui  orront  et  verront  ces  présentes  li  ltres,Colas  Dems, 
conseillier  monseigneur  le  duc  de  Bourbonnoys  el  d  Uvergne  e 

sarde  du  seel  de  la  chancellerie  de  sondil  ducliié  de  B 


VIE   HE  RODRIGDE 

salut.  Savoir  faisons  que  par  devant  noslrc  amc  et  féal  Jehan  Sei- 
gnoret,  clerc  juré,  notaire  de  la  court  de  ladicle  chancellerie  et 
h  nostn  ,  auquel  quant  à  ce  nous  avons  commis  nostre  povoir  du 
tout  en  tout,  personnelmcnt  establie  Huguele,  fille  Jehan  Tau- 

vinon,  femi le  Perrin  Brysson,  ladicte  Huguete,  de  l'auctorité, 

vouloir  cl  consentement  de  son  dit  mari,  parrochien  de  Tassât, 
laquelle  de  son  bon  gré,  pure  et  franche  voulunlé,  sans  nulle 
contraincte,  a  cogneu  et  confessé  avoir  vendu,  cédé,  quicté,  dc- 

ct  dès  maintenant  à  perpétuité  transporté  à  noble  et  puis- 
sant seigneur  monseigneur  le  conte  de  liibedieu,  seigneur  d'Usscl, 
aceptant  par  frère  Lyonnartde  Mous,  prieur  d'Usse!,  à  ce  présent, 
stippullant  et  aceptant  pour  ledit  monseigneur  le  conte,  pour  le 
pris  et  somme  de  quinze  réaulz  d'or  de  bon  or  et  de  bon  poix, 
desqueuh  icelle  Huguete,  à  l'auctorité  de  sondit  mari,  s'est 
tenue  par  contente  et  bien  payée,  et  en  a  quicté  et  quiète  par  ces 
présentes  ledit  monseigneur  le  conte  de  Ribedieu,  à  ce  aceptant 
ledit  frère  Lyonnait  de  Mons,  pour  lui  et  les  siens  :  c'est  assavoir 
une  maison  ,  seu,  peason,  ort  et  apparlenances  d'icclle,  assise 
ou  terroux  du  Puy  le  Forge,  tenant  au  chemin  commun  par  le- 
quel l'en  vait  do  Chantelle  à  Charroulx  devers  nuyt,  d'une  part, 
à  ung  chemin  commun  devers  bise,  d'autre  part,  au  pré  de 
mondit  seigneur  de  IUbedieu  qu'il  a  acquis  de  Seguin,  devers 
orient,  d'autre  part,  et  à  la  terre  de  mondit  seigneur  le  conte  de 
Ribedieu  devers  midi,  d'autre  part;  et  tout  le  droit,  action,  pro- 
prielté  et  possession  que  ladite  Huguete,  à  l'auctoiité  que  dessus, 
a\oit  et  povoit  avoir  es  choses  par  elles  vendues  et  confinées 
comme  dessus  est  confiné,  et  desquelles,  à  l'auctorité  de  sondit 
mari,  s'est  desmise,  devestue  et  dessaisie,  et  en  a  vestu,  saisi  et 
mi-  en  bonne  possession  et  saisine  ledit  monseigneur  le  conîc  et 
les  siens  à  perpétuité  par  le  bail,  concession  et  oclrov  de  ces  pré- 
sentes. Et  a  promis  icelle  venderesse,  à  l'auctorité,  vouloir  et 

nlement  de  son  dit  mari,  par  le  foy  et  serement  de  son  corps 
el  soubz  ypothecque  et  obligacion  de  tousses  biens,  meublez  et 
inmeublcz,  preseus  el  avenir.  les  choses  dessus  dites  par  elles 
vendues,  à  l'auctorité  que  dessus,  deflendre  et  garentir  audit 
achapleur  ou  es  sien-  les  choses  dessusdiles  envers  tous  et  contre 
tous,  en  jugement  et  dehors,  parmy  ce  que  par  mondit  seigneur 
le  unité  ou  son  certain  procureur  pour  lui  poieront  les  cens 
acoustumés,  en  descharghant  ladicte  venderesse  d'ores  en  avant. 
Et  quant  à  ce  tenir  ferme  et  agréable  d'ores  en  avant  ladicte  ven- 


Dl    VILLANDR  Wlm. 

deresse,  à  l'auclorité  que  dessus,  .1  voulu  elle  el  les  Biens  eslre 
contraincte  et  pellie  si  par  la  «lit-:  court,  par  la  prise,  vente  el 
eiplectacion  de  tous  sesdiz  biens,  en  renunccnl  en  ce  fait  à 
toutes  actions,  exceptions,  fraud  -,  barasen  ce  fail  conlraii 
mesmement  à  droit  disant  général  renuncialion  non  v  loir,  se 
l*e>pecial  ne  précède.  En  tesmoing  desquel  es  cl  oses  dessusdites, 
nous,  à  la  rélacion  dudit  juré,  le  seel  de  ladite  <  banc»  llerie  avons 
mis  et  apposé  à  ces  présentes  lettres,  sauf  et  réservé  le  droit  de 
mondil  seigneur  le  duc  el  l'autlruy.  Donné,  tesmoingz  1  ce  pn  - 
sens,  Guillaume  du  Ginestz  de  Malicorn  el  Jehannin  Lemen 
don  nie  rs,  demorans  en  Charroulx,  le  quinzeyesme  jour  de  dé- 
cembre, l'an  mil-quatre  cens  Ireute  et  cinq. 


XLl 


Convention  passée  entre  le  duede  Bourbon  el  Rodrigue  de  Villaodrando 
L'assiette  définitive  des  mille  livres  de  revenu  stipulées  dans    • 
mariage  dudit  Rodrigue  et  de  Marguerite  <l*'  Bourbon. — Original  en  parche- 
min aux  Archives  nationales,  I'  1364,  cote   131 

(2 août  I  I" 

A  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Jehan  Babute, 
conseiller  et  secrétaire  du  roy,  nostresire,  et  garde  du  seel  d'icellui 
seigneur  eu  laprevosté  de  Saint-Pierre  le  Moustier,  savoii  faisons 
que,  pardevant  Pierre  Douet,  clerc  juré  du  roy,  noslre  sire,  etc., 
très  liault  et  puissanl  seigneur,  mgr.  Charles  duc  de  Bourbon- 
nois  et  d'Auvergne  d'une  part,  et  noble  homme  Rodrigu  de  Vil- 
lendrando,  conte  de  ttibedieu,  à  son  nom  et  prenant  en  main  pour 
daiuoiselle  Marguerite  de  Bourbon,  seur  naturelle  de  mondit  sei- 
gneur le  duc,  d'autre,  les  dictes  parties  ont  congneu  el  c  infessé 
que,  comme  au  traictié  du  mariage  des  dis  conte  de  Ribedieu  el 
Marguerite,  mondil  seigneur  le  duc  cusl  donné  en  dol  el  mariage 
àladicte  Marguerite,  et  par  die  audit  conte,  lors  son  espoui 
uir.  à  leurs  hoirs  masles  descendens  de  leur  dit  mariage,  mil  livres 
de  rente  en  value  avecques  une  forteresse,  el  fait  certaines  autres 
promesses  et  convenances,  bien  à  plain  déchirées  es  I  tires  dudit 
traictié,  desquelles  la  ti  mur  s'ensuit  :  i  A  ions  ceux  qui  ces  pré- 
sentes lettres  verront,  etc.,  etc.  '  »;  mondit  seigneui  le  du< 


C'est  la  répétition  de  l'acte  imprimé  ci-dessus,  | 


278  ME  DE   RODRIGUE 

ferme  et  agréable  les  choses  par  luy  promises,  declairées  es  dictes 
lectres,  pour  plusieurs  causes  qui  ad  ce  l'ont  meuct  meuvent,  les 
promesses  par  luy  autres  fois  faictes  et  contenues  èsdites  lectres 
a  approuvées,  ra'ilïiées,  confermées,  et  encore  appreuve,  ratiffie 
et  conferme;  et  pareillement  ledit  mgr.  de  Ribedieu  a  le  contenu 
es  dictes  lettres,  aux  noms  dessusdietz,  agréées,  approuvées,  con- 
fi  i m  es,  et  encor  derechief  agrée,  appreuve  et  conferme.  Et  pour 
ce  que,  par  lesdietes  lettres,  mondit  seigneur  le  duc  avoit  promis 
audit  Rodrigue  de  lui  laire  asseoir  mil  livres  de  revenu  en  value, 
desquelles  ne  lui  avoit  encore  fait  asseoir  que  trois  cens  livres  de 
rente  de  revenue  en  value,  peu  plus  ou  moins,  si  que  lui  en  reste 
à  asseoir  sept  cens  livres  ou  environ,  et  avecques  ce,  car  mondit 
seigneur  le  duc  avoit  volunté  de  mectre  hors  des  mains  dudit 
Rodrigue  le  chastel  et  terre  de  Chastelledon  et  les  remeclre  es 
moins  des  seigneurs  à  qui  ilz  appartiennent  de  droit  héritage  : 
mondit  seigneur,  en  recompensacion  de  ce,  pour  asseurance  per- 
pétuel pour  ledit  Rodrigue  et  ladicte  Marguerite,  sa  femme,  et  de 
leurs  diz  hoirs,  d'icelles  mil  livres  de  rente  avecques  ladicte  for- 
teresse, mondit  seigneur  le  duc  a  baillé,  cédé  et  transporté,  etc., 
les  forteresses  et  chastellenies  de  Rocheffortet  d'Escolle,  ensemble 
la  moitié  de  la  terre  de  Geuzac  et  toutes  les  appartenances,  etc., 
lesquelles  choses  de  présent  la  dame  de  Ravel  tient  à  douhaire  et 
usuffruit,  dont  dès  maintenant  mondit  seigneurie  duc  transporte 
èsdilz  mariez  la  propriété  d'iceulx  chasteaux  et  terres,  et  aussi 
l'usuffruit  d'icelles  et  de  leurs  dictes  appartenances,  pour  en  jouir 
incontinent  api  es  la  mort  de  ladicte  dame  de  Ravel,  etc.  Et 
oultre  plus,  pour  ce  que  ladicte  dame  de  Ravel  tient  à  douhaire  et 
à  sa  vie  lesdilz  chasteaul  et  terre  de  Rochcffort,  Escolle  et  moitié 
de  Geuzac,  mondit  seigneurie  duc  récompensera  hien  et  délimitent 
lesditz  mariez,  durant  ledit  viage  et  usuffruit,  de  la  somme  que 
encor  leur  reste  à  assigner;  et  pour  ce  baille  et  délivre  à  iceulx 
mariez  la  somme  de  sept  cens  livres  tournois  de  annuelle  revenue  : 
c'est  assavoir,  sur  la  recepte  de  Chantelle,  deux  cens  trente  et 
trois  livres  six  sols  huit  deniers  tournois;  sur  la  recepte  de  Murac, 
autres  deux  cens  trente  trois  livres  six  solzhuit  deniers  tournois  ; 
et  .Mir  la  recepte d'Eriçon,  autres  deux  cens  trente  trois  livres  six 
solz  huit  deniers,  etc.  Et  ont  promis  et  promeclent  les  dessus 
dietz  seigneurs  et  chacun  d'eulx,  en  tant  que  à  chacun  d'eulx  ton» 
die  et  appartient,  c'est  assavoir  monseigneur  le  conte  de  Ribedieu 
prenant  en  main  que  dessus,  par  leur  foy  pour  ce  donnée  corpo- 


DE    VILLANDRANDO 

rellemeni  en  la  main  dudil  juré  el  sur  l'ipotbèque  et  obligacion 
de  tous  leurs  biens,   etc.,  que  contre  les  cbos  -  dessusdicl 
aucunes  d'icelles  jamais  il/   ne   viendront,  etc.   En  lesmoingde 
ce,  nous,  garde  dessusdict,  etc.,  avons  mis  el  apposé  leseelde 
ladicte  prevosté  à  ces  présentes lectres.  Donné,  tesmoingsad  ce 
prescns,  requis  et  appeliez  par  icellui  juré  notaire,  mi  sst  igneurs 
Jacques  de  Velly,  Robinet  d'Estampes,  chevaliers;  Guidol  \'> 
escuyer,  et  messire  Pierre  de  Thoulon,  chevalier,  seigneur  de 
Genac;  le  jeudi,  deuxiesme  jour  du  mois  d'aoust,  l'an  de  . 
mil  quatre  cens  trente  six.  Signé  D 


XLII 

Ordonnancement  par  le  duc  de  Bourbon  an  profit  de  Rodrigue  de  Villandrando 
de  la  comme  de  mille  livres  qu  il  lui  devail  tant  pour  l'evacutionde  Cbarlicu, 
que.  pour  les  réparations  faites  à  cette  place  ainsi  qu'au  château  de  Chilcldon. 
—  Original  en  parchemin,  aux  archives  nationales,  P  1375   cote  -ITT. 

(5  août  1450.) 

Charles,  duc  de  Bourbonnois  et  d'Auvergne,  conte  de  Clermont 

et  de  Fourez  et  seigneur  de  Beaujeu  ,  p  r  el  chamberier  de 
France,  à  nostre  amé  et  féal  conseiller  et  gouverneur  général  de 
noz  finances,  Loys  de  Segrie,  salut.  Nous  sommes  tenu  à  nostre 
trèschieret  féal  ami  Rodrigo  de  Villandrando,  contede  Ribedieux, 
en  la  somme  de  sept  cens  livres  tournois  que  promis  et  accordé 
lui  avons,  tant  pour  le  fait  et  délivrance  de  Gharlieu  el  les  repa- 
racions  qu'il'y  a  l'aides,  comme  pour  une  bombarde  et  certains 
engins  volans  qu'il  a  fait  faire  pour  la  garde  de  la  place  dudit 
Cliarlien,  lesquelles  bombarde  et  engins  volans  seront  el  demou- 
reront  à  nous  pour  en  faire  nostre  plaisir,  combien  que  ladicte 
bombarde  ne  soit  pas  encore  parpaiée  devers  le  mestre  qui  l'a 
faicte,  mais  nous  la  ferons  parpaier;  et  en  oultre  deux  cens 
royaulx  ou  escus  d'or  que  le  prieur  dudil  lieu  de  Cbarheu  a 
paie  ou  doit  paier  audit  Rodrigo  par  nostre  ordonnance,  pour  h 
délivrance  et  reparacion  dudit  Cbarlieu.  El  d'autre  part  lui  Bom 
mes  tenu  en  la  somme  de  trois  cens  livres  toui  nois,  pour  c 
la  délivrance  de  la  place  de  Chastelledon  et  di  s  réparations  qu  il 
y  a  faictes,  en  oultre  trois  cens  saluz  que  les  seigneui  el  dame 
dudit  lieu  de  ChasteUedon  lui  ont  pâté  ou  doivent  paier  pou. 


j80  VIE  DE  UOUIUUUE 

ceste  cause.  Lesquelles  deux  parties  par  nous  deuez  audit  Rodigo 
t'ont,  en  somme  toute,  la  somme  de  mille  livres  tournois,  laquelle 
lui  voulons  eslre  payée  le  [dus  lost  que  faire  se  pourra.  Si  voulons 
et  vous  mandons  que  par  cellui  ou  ceulx  de  noz  trésoriers  et 
i,  ceveurs  de  noz  finances  ordinaiies  ou  extraordinaires  que  vous 
adviserez  pour  le  mieulx,  vous  faictes  payer  et  délivrer  audit 
Rodrigo  ladicle  somme  de  mille  livres  tournois,  laquelle  sera 
allouée  es  comptes  et  rabalue  de  la  recepte  de  cellui  ou  de  ceulx 
desdits  receveurs  qui  payé  l'aura  per  noz  amez  et  féaulx  gens  de 
noz  comptes,  ausquielx  nous  mandons  que  ainsi  le  lacent  par 
rapportant  ces  présentes  et  quiclance  soufiisant  dudit  Rodiigo. 
Donné  en  nostre  ville  de  Molins,  soubz  nostre  seel,  le  iijcjour 
d'aoust,  Tan  de  grâce  mil  iiijc  trente  et  six. 
Par  monseigneur  le  duc,  Debar. 


XLIII 

Répartition  d'indemnités  aux  magistrats  dos  communes  du  Bas-Languedoc  pour 
leur  participation  aux  travaux  des  États  tenus  à  Béziers  pour  voter  l'aide 
dont  les  fonds  devaient  servir  à  débarrasser  la  province  de  la  présence  de 
Rodrigue  de  Villandrando.  —  Original  en  parchemin  de  lu  Bibl.  nationale, 
Ms.  IV.  26062,  n.  5034. 

(Événements  de  novembre  1436.) 


Les  commissaires  ordonnez  de  p  ir  le  roy  nostre  sire  ou  diocèse 
de  Nysmes  à  imposer,  asseoir  et  mectre  sus  les  liabitans  d'icelui 
et  des  lieux  de  l'arceveschié  d'Arles  estans  ou  royaume  la  somme 
de  ix':  lvj  1.  v  s.  v  d.  tour,  pour  leur  cotte  et  porcion  de  l'aide  ou 
subside  octroiez  par  les  gens  du  commun  estât  du  pays  de  Lan- 
guedoc, à  l'asemblée  des  gens  des  trois  Eslaz  dudit  pais  faicle  et 
tenue  à  BezierSjOu  mois  de  novembre  derrenicrement  passé,  pour 
résister  à  la  venue  d'un  nommé  Rodigo  et  autres  routiers,  les- 
quelx,  contre  le  vouloir  du  roy,  n'a  gaires  se  sont  essayez  entrer 
oudit  pais  pour  grever,  rober  et  piller  les  subgicz  et  habitans  du- 
dit pais;  aussi  les  sommes  neccessaires  pour  paier  et  contenter 
les  frais,  missions  et  despens  faiz  et  soustenuz  par  les  communes 
dudit  diocèse,  tant  en  ambassades  à  l'occasion  dessus  dicte  faic- 
tes, salaires  de  nosdiz  commissaires,  receveur,  notaire  et  autres 
adjoinetz  avec  nous  à  faire  ladicle  assiete,  comme  en  plusieurs 


DE   \  Il  LANDRANDO.  -  I 

voyages,  messageries  el  autres  affaires  touebans  ledil  aide  :à 
honnorable  homme  et  saige,  Jehan  d'Estampes,  trésorier  tic  Nysmes 
cl  ivi  eveur  particulier  dudil  aide  oudil  diocèse,  salut.  Comme  par 
l'advis  el  meure  délibération  eue  sur  ce  avec  maistres  Anlhoine 
Voluntat  el  Jehan  Guairet,  licencié  en  lois,  el  Hugues  Chabault, 
bourgois  dudil  lieu  de  Nysraes,  esleuz  el  nommez  de  la  pari  des 
dictes  communes  pourestre  présens  à  faire  ladicte  assiete,  veues 
premièrement  par  nous  et  diligemment  examinez  el  calculez, 
présens  les  dessusnommez ,  les  parties  des  despences  à  nous 
exhibées,  et  par  lesdits  commissaires  à  l'occasion  dessus  dieti 
ti  -.  lesquelles  pour  cause  de  briefté,  attendu  leur  prolixité,  avons 
c\  obmis  insérer,  mais  ont  demourez  par  devers  nous;  poui  la 
cause  dessus  dite  nous  avons  tauxé  el  par  ces  présentes  tauxons 
aux  consuls,  sindics  et  conseillers  procureurs  desdites  villes  dudil 
diocèse  accoustumez  sur  ce  estre  appelez,  cj  après  di  ssoubs 
nommez,  la  somme  de  quatre  cens  quatre  vins  livres  \iij  s.  v 
(I.  t.  par  la  manière  qui  s'ensuit  :  c'esl  assavoir  aux  consuls  •  1  «  - 
Nysmes,  ijcvij  1.  xiiij  s.  v  d.  t.;  aux  consuls  d'Alès,  Ixxvj  I.  m 

s.t.;  aux  conseilliers  de  S mïèrcs,  \l  I.  \  s.t.;  aux  sindics  de 

Beaucaire,  iiij  1.  x  s.  t.;  aux  procureurs  d'Anduse,  Ij  1.  x  s.  t.; 
aux  sindics  de  Salves,  xxxvij  I.  ij  s.  vj  d.  t.;  aux  consuls  du  Vi- 
gan,  xxxv  I.  ij  s.  vj  d.  t.;  aux  sindics  de  Marsilhargues,  \iiij  I. 
xv  s.  t.;  aux  sindics  d'Amargues,  xij  1.  vs.  I.  Lesquelles  sommes 
particulières,  montanspour  tout  à  ladite  somme  de  iiij1  iiij"  l.  viij 
s.  v  d.  t.,  vous  mandons  des  deniers  de  vostre  dicte  recepte  ordon- 
née et  imposée  pour  contenter,  paier  et  satisfaire  lesditz  fraiz, 
missions  et  despens,  paiez,  baillez  el  délivrez  aux  dessusnommez 
consuls,  sindics,  conseillers  el  procureurs,  parla  manière  dessus 
contenue.  Et  en  rapportant  ces  présentes  et  recongnoissance  suf- 
fisant des  dessus  nommez,  comme  à  chacun  peut  toucher,  ladii  te 
somme  de  iiij'  iiij"  1.  viij  s.  s  d.  t.  sera  allouée  en  voz  comptes 
et  i  alial ne  de  vostre  recepte  imposée  pour  les  diz  frais  et  despens 
contenter  par  ceulx  à  qui  il  appartendra,  sans  contredit  ou  difficulté 
aucune.  Donné  à  >Tysnics,.lc  premier  jour  de  décembre,  l'an  mil 
quatre  cens  trente  et  >i\.  ffuneaulre  main  :  A<  i  J.  M.  et  I 
Ainsi  tauxé  par  lesdiz  commissaires,  Roi  ssi  vi  . 


\  l!     DE    ItODRIGUE 


\I.1\-\L\ 

n   p  irticuiii-rc  faite  sui    les  fonds  votés  par  la  même 
0         il  en  |  irehemin  de  la  Bibliothèque  nalio* 
finales,  vol.  500.  I.  50. 

nents  do  novembre  I  130, 

|.;,,  i,,  lin'-,  n  e  de  mo\ .  Guillaume  l'averot,  notaire  el  secrétaire 
,],,  i,lV  nostre  sire,  lui  présent  en  sa  personne  messire  Jehan  de 
in_,  chevalier,  seigneur  de  Nouilles,  lequel  congneu  et  con- 
fessa avoii  eu  el  reccu  de  maître  Bernard  Durban,  receveur 
rrénrral  de  l'octroj  faicl  par  aucuns  gens  «les  troys  Estas  des 
troysseneschaucées  de  Tholose,  Carcassonne  el  Beaucaire,  à  l'as- 
semblée faicte  à  Besiers,  ou  moys  de  novembre  derrenièrement 
|,,i  se,  montant  à  la  somme  de  n?uf  mille  sept  cous  cinquante 
livres  tournois,  pour  obvier,  donner  provision  el  résister  à  certain 
oiant  nombre  de  gens  d'armes  et  de  traict,  dont  estoil  chief  et 
capitaine  Bodrigo  de  Villandrat,  lesquelz  estoient  venus  devant  la 
ville  d'Alby  et  ou  pays  d'Albigoys  en  entencion  et  propoz,  ainsi 
que  on  en  estoit  informé,  de  venir,  passer  el  chevaucher  le  long  el 

-  du  pavs  de  Languedoc,  qui  eust  esté  la  destruction  el 
dudit  pays  de  I  angued  ic,  el  dont  innumérabh  s  maulx,dommaigi  - 
et   autres  inconvéniens   irréparables  s'en  feussent  ensuiz   :  c'esl 
assavoir  la  somme  de  deux  cens  vingt  et  cinq  livres  tournois  peur 
]a  valeur  d<    trovs  cens  motons  d'or  à  luy  ordonné  par  révérend 

père  en   Dieu    mgr.    l'évesq ■!  duc  de  Laon,  per  de  France, 

presidenl  de  la  chambre  des  comptes  du  roy  nostre  dit  seigneur 
et  général  conseiller  par  luy  ordonné  sur  le  fait  et  gouvernement 
de  toutes  ses  finances  ou  dit  pays  de  Languedoc  ;  j  ourle  recompenser, 
.  r  el  satisfaire  des  paines,  Iravaulz  et  despens  par  luyfaiz, 
tant  peur  venir  à  la  dicte  assemblée  comme  autrement,  pour  la 
dessusdii  Le.    De  la  [uelle  somme  de  ij'  \\v  I    t.  il  se  tint 

I •  content  el  bien  payé,  cl  ledil   receveur  el  tous  autres  à  qui 

quictanec  en  doyl  el  pucl  apparie  ir.  en  quicta  et  quicte  par  ces 
présentes.   Tcsmoing  mon  seing  manuel  cy  mis,  le  sixiesme  jour 
d'avi  il,  l'an  mil  cci  i    trente  el  sept1. 
Siffiié,  li.  1  AVEROT. 

di    nu  n  c  :  '  innées  dans  le  courant  du 


lit.    \  III.  \MiliAMin. 


Délibérations  à  l'hôtel  de  ville  de  Béziers  pour  mettre 
contre  Rodrigue  et  ses  routiers.  —  Imp  •    Uni/, tut  à 

archéologique  de  Béziei       lv~~  .  p.  3il,  d 
archives  de  1 1  ville. 

!T  22  l  •   1430 

Anno  nativitatis  Christi  millesimo  quadringentesimo  trie 
sexto,  illustrissimo  principe  domino  Carolo,  dei  graiia  régi  Fran- 
corum,  régnante,  die  lune intitnlata  xvij  rnensis deceinbris,  1 
rabiles  viri  magister  Johannes  de  Zoro,  notarius  regius,  Ja  "luis 
Laurentii  macellator.Johannes  Romani  laboratorel  Jobanm  s  Rodi  rii 
pellissarius,  consnles  ville  Biterris,  présentes,  pro  se  et  iiobili 
viio  Johanne  Fabri,   burgensi,  eorum  socio  coconsule  absente, 
tenuerunt  eorum  consilium,  voce  Lubs  précédente,  ul  morts  est, 
proclamatum,  coram  honorabilibus  viris  domino  Bernardo  \ 
locuni  tencute  domiui  vicarii  regii  et  cl.  Petro  Simonis  in  li  . 
licenliato,  vicario  temporali  d.   Biterrensis  episcopi,  et  cura  <!"- 
minis  consiliariis   infra  scriptis  :  super  co  quod  lama  publies 
convolât  quod  Rodigo,  retenus,  descendit  in  presenti  patria  cum 
maximo  exercitu  genlium  armatorum,  roteriorum. 

Et  primo  magne  circumspectionis  vir  dominus  Ramundus  Ru- 
bey,  doctorin  legibus,  di.vit  quod  villa  presens  se  babel   ; 
cuslodire  quant  aliqua  alia  villa  linguo  occitane,  et  minus  custo- 
ditur;  et  ideo  debemus  facere  bonam  diligentiam  in  custodiendo 

villam  et  nos,  et  opporthet  necessario  quod  in  liii-  Qal  bona  dili- 

mois  de  décembre  1456,  par  Guillaume  de  Clermont,  seigneui  de  Ne  ouzan  . 
OJart  de  Bar,  seigneur  do  Campendu;  Philippe  de  Levis,  scigncui  di 
poil  :  Jean  Berlran  Idc  Mont  mit,  scigncui  de  Hauterivc;  L 
gneur  d'Épinac,  conseiller  et  chambellan  du   duc  de   Bourbon;  Raymond  de 
Yillar,  sénéchal  de   Bcaucaire.   L'allocation    de  Louis    Maréchal  esl   tn 

i  pour  sa   peine  d'eslre  venu  à  l'assemblée  dudil  Beziers  | •    | 

laines  choses  concernant  le  bien  et  util  i t ô  du  pays,  comme  pour  eatn  allé  du 

mandemenl  des  Estaz  avec  au  rs  du  pays  vers  ledit  R 

traicter  avec  lui  i  :  el  l'allocation  du  sénéi  h  il  di   I 

nombre  de  gens  d'armes  assemblez   el    m 

et  autres  de  sa  compaignic,  s'ilz   (eussent   descendus  au  bas  payé         I 

guedoc.  o  Manuscrits  de  la  Biblioth.  ml.  I    ■  de  Langu 

fol.  16*,  170,  171,  172;  Clair ambault,  vol.  172  cl  181. 


VIE   DE  RODRIGUE 

gentia.  Dïxilque  quod  habeantur  quinquaginta  aut  sexagiuta  boni 
bomines  ville  et  deputentur,  qui  habeant  videre  qualiter  meliori 
modo  nos  possumus  custodire  nocte  et  die,  et  quod  deputentur 
boni  homincs  loco  illorum  qui  non  fuciunt  eorum  diligenliam  in 
custodiendo  portalia,  ut  dicta  porlalia  bene  cusloJiantur  et  villa; 
et  quod  incontineuti  post  prandium  vocentur  et  veniantin  presenli 
domo  eommuni  duo  pro  seala,  qui  habeant  tractare  de  dicta  cus- 
todia  cum  dominis  consulibus  ;  et  etiam  quod  deputetur  unus 
bonus  capitaneus,  qui  timeaturper  gentes,  pro  faciendis  exitibus 
juxta  mandata  domiui  senescalli  et  domini  vicarii  curie  régie;  et 
eligatur  unus  capitaneus  et  satisfiat  sibide  ejus  labore;  et  quod 
domini  consules  faciant  taliter  cum  domino  Biterrensi  episcopo  et 
dd.  de  capitulo  quod  eclesia  sancti  Nazarii  bene   custodiatur,  et 
quod  bona  hora  pulsetur  pro  simbalo  Ave  Maria,  et  etiam  tuba 
domus  communis,  ad  fines  ut  portalia  de  vespere  bona  hora  clau- 
dantur,  et  sit  dies  clara  demane  quando  aperientur;  et  etiam  dd. 
consules  fieri  faciant  badum  supra    ecclesia  sancti  Nazaiii;  et 
illi  duo  pro  scala  cum  dd.  consulibus  avisent  que  eiunt  tîendacirca 
custodiam  presenlis  ville;  et  quod  portalia  occupata  del  Gua,  So- 
roruni  minoretarum  ctdel  Gua,  claudantur  et  non  aperiantur  uisi 
de  permissione  dicti  capitaney. 

Dixit  de  Aymerico  Barbali,  ibidem  presenti,  roguans  ipsum 
quod  reeîpiat  penam  capitaney,  et  quod  satisfiat  sibi  débite,  et 
quod  de  restis  levariorum  satisfiat  sibi,  et  quod  ad  levariorum 
dictas  restas  deputentur  duo  boni  Domines. 

Dominus  Stephanus  Vasserie  dixit  quod  nos  custodiamus  bene, 
sicut  d.  doctor  dixit,  et  quod  detur  bona  provisio  in  custodiendo, 
el  quod  d.  Aymericus  Barbati,  presens,  recipiat  bonus  hujuscapi- 
taneatus,  et  quod  dd.  consules  cum  duobus  deputatis  pro  qua- 
libel  scala  faciant  eorum  dilligentiam  ad  dandum  remedium  super 
custodia  presentis  ville;  et  quod  quolibet  vespere  visitentur  hosta- 
larie,  ad  finem  ut  sciatur  qui  erunt  iili  cubantes  in  eisdem.  I>>t 
opinionis  d.  doctoris. 

Aymericus  Barbati  dixit  ut  dominus  doctor.  —  Johannes 
Duchesne  idem.  —  Johannes  de  Foliocorde  id.  —  Pelrus  An- 
dree  id. 

Petrus  Podii  dixit  idem,  et  quod  molendina  custodiantur;  et 
quod  dd.  de  capitulo babeant  custodire  molendina  sancti  Pétri. 

Johannes  Guillelmi  dixit  ut  d.  doctor.  —  Petrus  Navassii  id. 
—  liei nardus  Lagiereli  id.  —  Bernadus  Lauri  id.  —  Petrus  Gua- 


DE   Mil  \Nhli  \M 

riguii  id.  —  M, il:.  Bertrandus  Campanhani  id.         M       : 
Pinncti  id.,  cl  quod  exi  anl  .1  villa  presenti  i  ig  kl  undi. 

M  ■_.  Jai  obus  Gonslantini  dixil  ut  d.  il"  tor.  —  Mag.  Joh  mncs 
V-.uiii  id. — Arnulphus  de  rcmplo  id.  —  Bernardus  Raynaudi 
id. — Benediclus\  ite  id.,  et  quod  servienles  vigilent quali 
11-  |ue  ad  mediam  noctera  el  1  liam  de  m  me  dividendo  iul  r  se. 

Mag.  Petrus  Boyani  idem  ut  d.  doclor.  —  Peti  u»  Gironc  id.  — 
Anlhonius  Gualiferii  id.  —  Hugo  de  Planis  id.  —  Pon 
id.  —  Anlhonius  Boqui  id.  —  GuilUlmus  Bruni  id.     -Job.  Re- 
guanhati  id.  —  Ramundus  Magistri  id.  —  Bernardus  Martini  id. 

—  Jacobus  Berliiihani  id.  —Gabriel  Cornuoyolis  id.  —  Ramundus 
Laurencbie  id.  —  Guillelmus  Bruni  id.  —  Barlbolomeus  Assasii 
id.  —  Johannes  Regisii  id.  —  Johauifes  Assies  id.  —  Ramundus 
1  1  fol  tncbi  id.  —  Jobannes  Aysselini  id.  —  Ramundus  Arqucri 
id.  — Jacobus  Audrandi  id.  —  Bernardus  Roque  id.  — Guillel- 
mus  Barroti  id.  —  Pondus  Sabbaleiii  id.  —  Pelrus  Peyrosii  id. 

—  Gabriel  Angeli  id.  —  Jobannes  Stepbani  id.  —  Nicbolaus  Ser- 
vientis  id.  —  IV  trus  Moulas  id.  --  Bernardus  Portalis  id.  — 
Jobannes  Ueyrardi  id.  —  Jobannes  PalbarJi  id. 

Quo  quidem  précédente  consilio  tento,  dicti  dd.  consules  sup- 
plicarunl  dictis  dd.  locum  Lenenli  dicti  d.  vicarii  regii  et, 
rio  temporali  dicti  d.  Biterrensis  episcopi,  ibidem  more  majorum 
pro  tribunali  sedenlibus,  ipsosque  instanler  requisiverunt  ut 
dignenlur  recipere  juramentum  a  dicto  Aymerico  Barbali,  in  ca- 
pilaneum  pro  custodia  presemis  ville  noviter  cleclo,  in  t.ililni- 
prestari  consuetum. 

Et  ibidem  d.  Aymericus  Barbati,  in  capiianeum  pro  custodia 
presentis  ville  noviter  electus,  de  mandalo  diclorum  dominorum 
locum  teuonlis  et  vicarii  temporalis  dicti  d.  Biterrensis  episcopi 
promisit  et  juravit  super  sacrosanclis  Dei  evangeliis  coram  ipso 
lositis,  ciim  arababus  manibus  sponte  tactis,  sese  bone  el  Gde- 
liter  babiturum  in  custodia  presentis  ville  et  aliter,  proul  lacius 
in  inslrumento  per  me,  notarium  et  scriptorem  presentis  do- 
mus  communis,  in  notam  receplo,  anno  et  die  prediclis,  conti- 
netur. 

Dltimate  supradictus  d.  doctor  requisivil  dictos  dd.  consules 
quod  lacianl  lie  ri  bonas  excubias  in  festivitatibus  de  proximo 
venientibus,  quia  periculum  est  «I'.'  ipsis  roteriis,  quia 

invidiatur;  et  etiam  requisit  il.  Aymericum  Barbati,  ca| um, 

ut  lieri  fac  ret  bonam  diligentiam  in  custodia  presentis  ville. 


VI  E    DE    ItODRIGl  l 

Die  x\ij.  ejusdem  mcnsis  decembris,  etc.,  ultimatc  tento  con- 
sil io,  supradidus  dominus  Damundus  Rubey,  doctor,  requisivit 
ibidem  supradietiim  Aymericum  Barbati,  capitaneum,  et  dictos 
(lil.  consoles,  ibidem  présentes,  qund  l'.i  i  ;  m  I  custodire  villam 
[«.•m  [ïi ton  is  in  l<  stivilalibus  nativitatis  Domini  de  proxim  i 
ililms,  propler  ipsos  roleiios  qui  dcsecndcnml  in  presen- 
libus  p.ulil  i  forte,   quia  invident  villam  presentt m,   pos- 

scnl   !  equitare  in  una  noetc  sv  aul  xvj  leucas,  sub 

spe  ipsam  \  i ll.nii  babendi. 

Il  ibidem  etiam  dicti  domini  quatuor  consules  requisiverunl 
diclum  capitaneum,  presentem,  ul  faciat  pervigili  cura  custodiam 
bonam  nocte  atque  die,  in  presencia  omnium  dd.  consiliariorum. 


XI. VII 

!,L':'iii ni  pnr  Charles  VII  d'un    somme  de  trois  cenls  livres  au  profil  de 
Jeun  de  Loupiar,  capitaine  de  C  du  ières,  pour  sa  d«»pi  nse  en  délendanl 
pince  contre    Hodrigue  de   Yillandiando.  —  Original  du  Caliinel   des  titres, 
dossiei  I  ïi  de  XI.  de  Deaui  ourt. 

i  janviei   14." 

-,  [ni  i.i  grâce  de  dieu  roy  de  France,  à  nostre  amé  et 
féal  conseiller  et  président  de  noz  comptes  l'évesque  de  Lion, 
général  conseiller  sur  le  fail  et  gouvernement  de  noz  finances  es 
pais  de  Languedoc  et  duchic  de  Guyenne,  salut  et  dilection.  Nous 
is  el  vous  mandons  que  par  nostre  amé  et  féal  conseiller, 
maislre  Macé  Héron,  trésorier  général  dudit  pais,  vous,  des  dé- 
ni1 rs  de  sa  recepte,  faites  paier,  bailler  et  délivrer  à  noslre  amé  »  i 
féal  conseiller  el  chambellan  Jehan  de  I. opine,  cappitaine  de  I  t- 
brières  en  noslre  dit  pais  de  Languedoc,  la  Minime  de  trois  cens 
livres  lourii  lis,  laquelle  somme  lui  avons  donnée  et  donnons  par 
ces  présentes,  tant  pour  cause  d  s  bons  el  agréables  services  qu'il 
nous  .i  I  h/  le  li  mps  passé  ou  fait  de  noz  guerres,  fait  chacun  jour 
el  espérons  que  encore  face  le  temps  à  venir,  comme  pour  le  re- 
compenser  des  fraiz,  missions  el  despens  que  lui  a  convenu  faire 
à  l'eiilrelencmenl  de  huit  vint  hommes  d'armes  el  xv  hommes  d 
trait  qu'il  a  tenu/  à  ses  despens,  par  l'espace  de  deux  mois  et  demi, 
pour  la  garde  de  nostre  dil  chaste!  de  Cabricres,  à  l'encontrede 
s  roclii  rs  qui  nagaires  estoienl  es  marches  de  par 


DE    \  I  I  I  IRDfl  \Mm». 

île  là,  qui  de  jour  en  jour  s'e  rorçoienl  secrètement  de  prendre  la- 
dicte  place.  Et   par  rapportant  ces  présentes  avecques  qu 
dudit  Lopiac,  nous  voulons  ladite  somme  de  iij    livres  tournois 
estre  allouée  es  comptes  et  rabatue  de  la  recepte  dudit  ti 
nérai  par  no/  araez  et  féauh  gens  de  noi  comptes,  sans  contredit 
ou  difficulté;  non  obstant  quelconques  dons  par  nous  à  lui  au- 
tresfoiz  faiz  non  exprimez  en  ces  présentes,  et  autres  ordonnances, 
mandemens,  restrinclions  ou  deffenses  à  ce  contraires.  Donné  à 
Vienne,  le  xxe  jour  de  janvier,  l'an  degrâcemil  cccc  tn  aie  et 
de  nastre  règne  le  quinziesme,  soubz  n  istre  seel  01  donn  '  i  n  l'ab- 
sence ilu  grant. 

Par  le  Roy,  le<-  pires  de  Bueil  et  de  Cbaumont,  présens. 

XLVIII 


Extrait?  il  n  iolt  ist  r^  île?  délibérations  du  corps  de  ville  de  Tours  poui  les 
1436-1437,   et   du  registre  des  comptes  a.  26  de  la  même  ville,  concernant 
l'intervention  de  la  reine  et  île  la  dauphinc  pour  cmpêi  liei 
Yillandrando  d'amener  de  nouveau  ?es  compagnies  en  Tom 

(Avril  1457. 


1.   Le  xe  jour  d'avril  après  Pasques,  l'an  mil  un   wwii.  ou 
cliappitre  de  l'abbaye  de  Saint-Jullien,  mons.  de  Tucé,  bailli  île 
Touraine,  se  sont  assemblez  nions,  le  juge  et  le  lieutenant,  : 
rend  père  en  [lieu  mons.  l'abbé  de  Saint-Jullien,  le  sire  de  Maillé, 
etc.,  etc.,  pourdeliben  r  sur  ce  que  par  mondit  seigneur  de  Maillé 
a  esté  dit  à  làdicte assemblée  que,  en  parlant  comme  am]  de  la- 
dicte  ville,  considérant  le  plaisir  que  la  royne  et  madame  la  dau- 
pbine  ont  nagueres  l'ait  à  cestc  ville  et  au  pais  d'environ  de  res- 
ciipre  lettres  closes  à  Rodigues,  cappitaine  «le  -eus  d'armes,  de 
présent  logé  à  La  Chaslre  en  Berrj  àtrès  granteompaignied    - 
d'armes  et  de  trait,  qni,  comme  l'en  disoil  communément,  vou- 
loient  tirer  en  ce  pais  pour  y  logez,  tirassent  autre  par  pai 
et  ne  venissent  logez  en  ce  pais;  lequel  Rodigues  a  fa  i  response 
par  lettres  closes  qu'il  a  escriptes  à  la  royne  et  à  madame  la  dau- 
pliine,  et  lesquelles  lettres  ledit  nions,  de  Maillé  dit  avoir  i 
que  pour  l'onneur  de  la  royne  et  de  ma  dicte  dame  la  daupbine, 
et  aussi  pour  l'onnetirde  nions,  le  dauphin,  auquel  il  se  tient  fort 
obligé,  il  ne  ceulx  de  sa  compaignie  ne  vendroienl  point  logea  i  a 


>s  VIE  DE   RODRIGUE 

lc  païs  :  il  conscilloit  que  à  la  royne  fust  fait  aucun  don  et  pré- 
sent de  vivres  pour  festoyer  le  roy  de  Seeille,  son  frère,  et  autres 
seigneurs  qui  brief  dévoient  venir  en  ceste  ville1. 

'2.  A  Plnlipol  Higol,  chevaucheur  de  l'escuirie  du  roy  nostre 
sire,  la  -  mime  de  \  I.  !.  pour  ung  voiage  par  lui  fait  à  cheval  de 
c  stc  ville  à  La  Cliastre  en  Berry,  durant  le  mois  d'avril  derre- 
iiicr  passé,  porter  lettres  closes  de  la  royne  et  de  madame  la  daul- 
pbine  en  faveur  des  habitans  de  ceste  ville  et  du  pais  d'environ  ; 
lesi|uelles  rescripvoient  à  Rodigues,  cappitaine  de  gens  d'armes 
el  de  traict,  logé  à  grant  rompaignie  de  gens  audit  lieu  de  La 
Cliastre,  et  lequel,  comme  il  estoit  tout  notoire  en  ceste  ville, 
vouloil  venir  loger  en  ce  pais;  par  lesquelles  lettres  la  royne  et 
madame  la  daulphine  recommandoient  fort  ce  pais  audit  Rodi- 
gues, en  lui  priant  qu'il  n'\  venisl  point  loger  lui  ne  ses  gens.  Kt 
lequel  chevaucheur,  après  son  retour,  a  dit  qu'il  a  esté  audit  lieu 
de  La  Cliastre  où  il  a  trouvé  de  quatre  à  cinq  mile  de  gens  dudit 
Rodigues  logez  euh  et  leurs  chevaulx;  et  quant  il  arriva  audit 
lieu,  ledit  Rodigues  n'y  estoit  pas  ,  et  il  lui  fut  dit  par  son  lieu- 
tenant qu'il  n'atendoit  [que]  l'eure  que  icelui  Rodigues  devoit  ve- 
nir à  la  compaignie.  El  pour  ce,  ledit  chevaucheur  atendit  et  lut. 
h  «ii-  joui  -  après,  avant,  que  ledit  Rodigues  arrivas!  ;  et  si  tost  qu'il 
l'eut  arrivé,  ledit  chevaucheur  lui  présenta  lesdictes  lettres;  ei 
après  ce  qu'il  les  eust  leues,  dist  de  Louche  qu'il  obéiroit 
ausdittes  lettres  et  que  pour  l'onueur  et  révérence  de  la  royne 
et  «le  madame  la  daulphine.  et  au^i  en  faveur  de'  nions,  le  daul- 
phin,  duquel  il  disoit  estre  serviteur  et  obligé  à  lui,  il  ne  vendroit 
point  loger  ou  pais  de  Touraine,  combien  qu'il  eust  emprins  de 
I  ar  ledit  p. us  poui  aler  au  voiage  qu'il  avoit  entencion  de 
taire;  cl  non  ohstant,  a  rescripl  à  la  royne  et  à  madame  la  daul- 
phine responce  par  lettres  closes  qu'il  a  escriptes  du  contenu  en 
ce  iju  elles  lui  avoicut  escript  ;  laquelle  responce,  ainsi  quemons. 
de  Maillé,  qui  dit  avoir  veucs  lesdiltes  lettres,  nous  a  dit,  conte- 
enlre  autres  choses  que  icellui  Rodigues  ne  vendra  point 
n  ce  pais.  Ou  quel  voiage  faisant  ledit  chevaucheur  a  vaqué 
dix  jours  entiers;  et  avant  son  parlement  mess,  les  esleuz  ap- 
pointèrent o  lui,  pour  l'aire  le  dit  voyage  à  ses  perilz  et' fortunes, 

1  Suit  une  longue  délibération  qui  csl  remise  au  lendemain  et  dont  la  con- 
clusion lui  qu'on  oeti  uyerail  à  la  n  ine,  pour  la  réception  qui  se  préparait, douze 
veaux  de  lait,  vingt  cinq  moulons,  deux  cents  poulets  et  vingt  cin<|  chapons 


DE    VI  I  I   WM;  W  i 

8  a  s-  par  jour,  qui  esl  pour  les  dictes  dix  j m-  s  la  somme  de 

\  livres  à  lui  paiée  par  mandement  desdiz  esleuz  el    quitl 
sur  ce  donnée  le  iiij'  jour  de  may,  l'an  mil  cccc  «xvij. 

Audit  Philipol  Bigot,  chevaucheur  de  l'cscuiriedu  roi  n 
sire,  la  somme  de  cent  solz  tournois  pour  ung  voyage  pai  lui  na- 
paires  l'ait  duranl  ce  présent  mois,  pourestre  aie  de  «-,  ste  ville  de 
Tors  à  Chastillon  sur  Aindre  porl  closes  qui  la  royne, 

nostre  souveraine  dame,  et  madame  la  daulphine,  rescripvoienl  \ 
Rodigues  et  au  bastart  de  Bourbon,  lesquels  s'estoienl  aprouchez 
du  lieu  de  La  Châtre  eu  Berry,où  ilzestoienl  logez,  el  estoient  ve- 
nu z  logez  à  grant  compaignie  de  gens  d'armes  el  'I-  Irail  audit 
lieu  de  Chastillon  sur  Aindre;  et,  comme  il  este-il  toul  nolo  re  en 
ceste  ville,  au  jour  que  le  chevaucheur  se  partit  pour  faire  ledit 
voyage,  lesdiz  Rodigues  et  bastart  de  Bourbon  et  leurs dictesg  us 
vouloient  venir  logez  près  de  ceste  dicte  ville,  non  obstanl  la  |  n>- 
messe  par  avant  faiclc  à  la  royneet  à  madame  la  daulphine,  i  ulx 
estans  logez  au  dit  lieu  de  La  Châtre,  de  non  venir  logez  en  ce 
I  aïs;  et  lesquelles  lettres  closes  la  royne  et  madame  la  daulphine 
en  faveur  de  ceste  dicte  ville  et  du  païs  d'environ  escri voient 
audit  Rodigues  et  au  bastart  de  Bourbon  que,  en  tenanl  la  pro- 
messe que  ledit  Rodigues  leur  avoit  nagaires  faicle  par  ces  let- 
tres closes,  qu'il  leur  avoit  escriptes  de  non  venir  logez  en  ce 
païs,  qu'ilz  n'y  voulsissent  aucunement  logez,  en  leur  recomman- 
dant fort  ledit  païs.  Et  lequel  chevaucheur,  pour  faire  ledil  vo- 
yage se  parti  de  ceste  dicte  ville  le  x\  ■  jour  de  ce  presenl  mois,  et 
arriva  le  xxe jour  de  ce  dit  présent  mois,  qui  sont  cinq  jouis  en- 
tiers. Et  après  son  dit  retour,  a  rapporté  qu'il  a  esté  audit  lieu 
de  Chastillon  sur  Aindre  où  a  trouvé  logé  ledit  bastarl  de  Bour- 
bon, le  lieutenant  dudit  Rodigues  et  très  grant  compaignie  de 
gens  d'armes  et  de  trait,  et  n'y  estoit  pas  en  personne  ledil  Rodi- 
gues, et  n'y  avoit  que  son  dit  lieutenant.  Auquel  bastard  de  Bour- 
bon et  lieutenant  de  Rodigues  ledit  chevaucheur  avoit  présenté 
lesdictes  lettres  closes,  et  avant  qu'il  ait  peu  avoir  responce, 
journé  audit  lieu  de  Chastillon  en  attendant  ledil  Rodigues,  qui 
chacun  jour  devoit  venir,  comme  on  disoit,  par  ung  jour,  el  n  y 
est  point  venu  ledit  Rodigues.  Laquelle  responce  ledit  bastai  i  de 
Bourbon  et  lieutenant  de  Rodigues  oui  faicte  de  bouche  audit 
chevaucheur  que,  pour  l'onneur  et  révérence  de  la  royne  et 
de  madame  la  daulphine,  etaussi  en  entretenant  la  promesse  dudit 
Rodigues,  ilz  ne  se  approucheroient  point  plus  près  de  ceste  ville 


<  ,.  \  1 1;  iii;  uoiiiUGi'E 

r « 1 1  il/  csloicnt,  ainsois  se  esloigneroient,  cl  brief;  cl  de  ce  ont 
1 1 j . t  [étires  closes  à  la  roync  contenans  ce  que  le  dit  chevau- 
cheur  .1  rapporté  de  bouche,  ainsi  qu'il  a  esté  dit  à  messieurs  les 
cslenz  par  mous,  de  Maille,  qui  dit  avoir  veues  lesdictes  lettres. 
i;i  ,],■  présent  se  sont  esloignez  lesdiz  gens  d'armes  et  s'en  sont 
;,],■/  logez  .m  bonre  de  Déoulx.  Pour  chacun  desquelz  jours  lesdiz 
i  slcuz  oui  composé  audit  chevaucheur,  qui  a  fait  ledit  voyage  à 
ses  périlz  et  fortunes,  pour  chacun  jour,  à  la  somme  de  xx  s.  t. 
qui  est,  pour  lesdictes  cinq  journées,  ladietc  somme  de  c  s.  t.  à  lui 
paiéc  par  mandement  «lesdiz  esleuz  et  quictance  sur  ce  donnez,  le 
\w   jour  de  may,  l'an  mil  ccccxxxvij. 


\LI\ 


Chapitre  de  la  chronique  inédite  de  Perceval  de  Cagny,  intitulé  Comment  /<■ 
rai/ chassa  Hodiyurs.  —  JIs.  a"  18  de  Duehesne  fol.  10T  à  la  Bibliothèque 
nationale.  Copie  moderne,  très  fautive,  seul  texte  connu  de  ce  document. 


En  icelni  an  Mf.cci  xxxvn,  le  viije  jour  du  mois  [de  ma}  l,  leroy 
et  mons.  le  daulphin,  acompaigniez  de  messire  Charles  d'Anjou, 
du  comte  de  Perdriac  cl  de  plusieurs  autres  chevaliers  et  escuyers 
et  autres  gens  de  guerre,  au  retour  de  son  voyage  de  Languedoc 
où  il  avoit  séjourné  tout  river,  pour  les  graves  complaintes  qui 
|;i  lui  estoienl  venues  d'ung  capitaine  de  gens  d'armes  nommé 
Bodigues,  du  pais  d'Espaigne,  lequel  avoit  de  nouvel  espousc  la 
seur  bastarde  de  mons.  de  Bourbon,  lequel  de  Bourbon  n'estoit 
pas  alors  fort  en  grâce  devers  le  roy  peur  aucunes  aliances,  de 
quoj  le  ro\  se  doubtoit,  estre  faites  entre  le  roy  de  Cecilleet  le  due 
de  Bourbon  :  après  le  mariage  du  filz  dndil  roy  de  Cécile  et  de  la 
fille  dudil  de  Bourbon  :.  il/  se  assemblèrent  à  Angers,  et  là, 
à  une  journée  mandèrent  le  duc  d'Alençon.  El  leur  conseil  passé, 
tous  les  trois  seigneurs  ensemble  alèrent  en  Bretaigne  devers  le 
due  :  de  quo\  le  roj  fui  liés  uni  content.  El  quant  ilz  furent  re- 
tournez de  Brelaigne,  le  due  d'Alençon  retourna  en  sa  ville  de 
Chastcaugontier,  et  lesdiz  de  Cecilleet  de  Bourbon  cuidèrent  aler 


1  Keslilu [un   la  l'indu  récit,  où  cette  date  e.-l  répétée. 

ivril  1  i?û. 


DE   VILI  INDRA  SDO. 

devers  le  roy  en  la  ville  de  Bourges'  où  il  esloil  de  rcloui  di 
sondit  voyage,  qui   leur  feisl   sçavoir  qu'il  ue  les  vouloil    point 
veoir.  Et  fut  plus  de  deui  mois  avant  qu'il  vousisl  veoii  I 
de  Cecille;  lequel  misl   toutes  les  paines  qu'il  poeult,  quand  il 
se  trouva  devers  le  roy,  de  y  faire  venir  ledit  de  Bourbon;  mes 
ce  fut  pour  néant,  quar  le  roy  ne  le  vouloil  veoir  ne  ouyr  parler 
de  lui,  pour  le  despit  qu'il  avoit  des  grans  pi  lintes  el  pilleries  que 
ledit  Rodigues,  acompaignié  de  deux  mille  combatans  telz  quelz, 
fesoient  au  païs  du  roy  par  le  port  dudit  de  Bourbon.  El  ou  con- 
contempt  de  ce,  le  roy  acompaignié  des  si  igneurs,  comme  di  ssus 
est  dit,  et  avecques  eux  plus  de  \  cens  escuiers  cl  chevali 
un  mille  hommes  de  traict,  print  son  chemin  à  pass  i    par  le 
païs  de  Bourbonnois,  auquel  furent  faiz  moull  de  dommaig 
pilleries;  puis  passa  oullre  et  s'en  ala  droict  à  Saint-Fleur1,  cui- 
danl  trouver  ledit  Rodigues  pour  destrousser  lu\  et  sa  compai- 
gnie  3.  Et  quant  il  sceut  la  venue  du  roy,  il  s'eslongna  le  plus 
qu'il  poeult.  Le  roy  moult  indigné  le  poursuit  et,  ledii  l  viij"  jour 
de  may,  arriva  eu  la  ville  de  Sainct-Poursainl  \  el  d'illecques 
chassa  ledit  Rodigues  jusques  à  la  ville  de  Rouenne  sus  la  1 h  ière 
de  Rosne8:  auquel  lieu  ledit  Rodigues  passa  la  dicte  rivii 
entra  en  l'Empire  ;  et  le  roy  retourna  à  Bourges. 


1  Ce  séjour  à  Bourges  se  place  après  la  chasse  donnée  à  Rodrigue. 

2  L'itinéraire  dû  roi  est  interverti.  Il  n'entra  en  Bourbonnais  qu'après  avoir 
quitté  l'Auvergne. 

3  L'auteur,  interprétant  mal  ses  souvenirs,  croyait  que  les  compagnies  di 
Rodrigue  occupaient  déjà  le  Bourbonnais  lorsque  le  roi  entra  dans  cette  pro- 
vince; mais  le  récit  plus  exact  de  lierri,  récit  confirmé  pai    les  pi& 
précèdent,  établit  que  Rodrigue  atteignit  le  Bourbonnais  venant  d'Angers  en 
même  temps  que  le  roi  y  entra  venant  d'Auvergne. 

4  La  date  du  8  mai  pour  l'arrivée  à  St-Pourçain  est  une  erreur  mai 

M.  Yallct  de  Viriville  a  cou-talé  que  le  8  mai  le  roi  n'était  encore  qu'à  Hilhau 
en  Rouergue.  Histoire  de  Charles  VII,  t.  II,  p.  07'J,  noie  2. 

:i  Erreur  géographique  d'un  soldat  qui  n'avait  combattu  que  dan-  les  pro- 
vinces du  nord  et  de  l'ouest. 


292  VIE   DE  ROIiIUGUE 


Attestation  donnée  par  plusieurs  grands  seigneurs  commis  à  la  défense  de  la 
Bas  e-Àuvergne,  de  ce  qu'une  partie  de  l'aide  payée  pour  l'amélioration  delà 
mutation  de  l'Allier  avait  été  dépensée  en  frais  pour  conclure  une  alliance 
défensive  des  trois  pays  de  Basse-Auvergue,Velay  et  Gcraudan  contre  les  com- 
pagnies de  Rodrigue.  —  Original  en  parchemin  dans  le  ms.  français  de  la 
Bibl.  nationale,  n.  20392.  Communication  de  M.  Antoine  Thomas. 

(Événements  de  la  fin  de  1437.) 

Nous,  Loys  de  Bourbon,  conte  de  Montpensier,  daulphin  d'Au- 
vergne, Bertrant,  conte  de  Boulongne  et  d'Auvergne  et  seigneur 
de  la  Tour,  Jacques  seigneur  de  Chastillon  et  de  Revel,  et  Loys 
de  Deaufort,  viconte  de  la  Mote  et  seigneur  de  Canillac,  certiffient 
à  tous  qu'il  appartient  que  Pierre  Mandonier,  commis  ou  bas  pays 
d'Auvergne  à  recevoir  la  porcion  de  l'aide  de  ij  mil  frans,  ordonne 
par  le  roy  nostre  sire  estre  mis  sus  en  ses  païs  de  Languedoil  ou 
mois  de  juing mil ccccxxxvij,  pareillement  que  fait  avoit  esté  l'an- 
née derrain  passée,  à  paier  par  nostre  ordonnance  et  commande- 
ment, tant  à  certains  chevaliers,  escuiers  que  autres  d'icellui  pays, 
la  somme  de  six  cens  livres  tournois;  laquelle  somme  avoit  esté 
imposée  oudit  bas  pays,  oultre  et  pardessus  le  principal  dudit 
aide,  pour  la  convertir  et  emploier  à  faire  que  la  rivière  d'Alier 
peust  porter  navire,  ou  es  autres  affaires  dudit  pays  plus  urgens 
et  neccessaires  ;  et  pour  ce  que  la  vuidange  des  gens  de  guerre  de 
la  compaignie  de  Rodrigo  de  Villedrando,  cappitaine  de  gens 
d'ainies  et  de  traict,  et  de  plusieurs  autres  cappitaines,  estans 
présentement  logiez  et  vivans  enicellui  pays,  à  la  grant  charge  et 
foule  du  poure  peuple,  lcsquelz  y  faisoient  plusieurs  et  innumé- 
rablcs  maulx,  pour  remédier  ausquelz  convenoit  faire  certaines 
aliances  avecques  plusieurs  seigneurs  des  pays  de  Velay  et  de  Gi- 
vaudan  :  ce  que  bonnement  faire  ne  se  povoit  sans  grant  des- 
pence,  poureequ'il  convenoit  envoier  devers  eulx  plusieurs  cheva- 
liers, escuiers  et  autres  gens  notables  dudit  bas  pays,  lesquelz 
il  convenoit  aucunement  salarier  et  deffraier  de  la  despense  que 
sur  ce  faire  leur  convendroit;  et  sur  ce  eusmes  conseil  avecques 
lesditz  ^ens  des  trois  Estatz,  lesquelz  conclurent  ensemble  que  le 
meilleur  ci  le  plus  expédient  seroit  de  soy  aider  desdictes  vjc  liv. 
lourii.  cl  icelles  luire  départir  et  distribuer  à  ceulx  qui  yroient 


DE   VILLANDRANDO. 

àsdii  pays  de  Velay  et  Givaudan  devers  lesdi ta  pour 

faire  et  conclure  ladicte  aliance;  laquelle  chi 
tellement  .iue.au  moien  d'icelle,  lesdita  gen9  de  guerre  furent 
contrains  euli  départir  dudil  pays.  Et  pour  ce  voulons  cl  nous 
consentons  tpie  ladicte  somme  de  vj1  I.  t..  ainsi  bailli 
distribuée  par  ledit  Mandonier  par  nostre  dicte  ordonnanct 
dix  chevaliers,  escuiers  et  autres  qui  ont  vacqué,  voyagé  et  tra- 
vaillé  audict  fait  de  la  dicte  aliance,  soit  allouée  es  comptes 
dudit  commis  et  rabatuede  sa  dicte  recepte  par  tout  où  il  appar- 
tenant et  niestier  sera,  en  rapportant  cestes  noz  lettres  sur  ce 
tant  seulement,  non  obstant  que  ledit  commis  ne  face  aucune- 
ment apparoir  tlo  la  distribucion  de  la  dicte  somme  de  six  <■  us 
livres  tournois  par  quictances  de  ceulx  qui  l'ont  receue  par  la 
main  dudit  commis,  certifficacions  ne  autres  enseignemens  :  car 
nous  mesmes  avons  veu  la  déclaracion  de  la  distribucion  <pii  par 
lui  en  a  esté  l'aiete.  Donné  en  tesmoing  de  ce,  soubz  nos  seaulx  cj 
placquez  et  seings  mannelz,  le  xxe  jour  de  février,  l'an  nul  cccc 
trente  sept. 

Siijné.  Lots  de  Bourbon. 
Bebtrawt. 

Ll 


Rémission  accordée  par  Louis  XI  pour  le  meurtre  du  Petit  Rodrigue. — Ai 
nationales,  Trv^or  des  chartes,  Reg.  JJ  198,  pièce  7. 

(Événements  de  I  i"  | 

Loys,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  savoir  faisons  à  tous 
presens  et  advenir  nous  avoir  receue  l'umble  supplicacion  de  l!i- 
chart  Deymes,  de  la  ville  de  Lestore,  aagé  de  cinquante  ans  ou 
environ,  chargé  de  femme  et  de  plusieurs  enfans,  tant  (il/  que 
filles  a  marier,  contenant  que,  dix  huit  ans  a1  ou  environ,  ung 

1  Fausse  approximation,  car,  l'acte  étant  <le  1461,  elle  met  la  d 
nement  i  1445,  époque  où  Rodrigue  n'était  plus  capitaine  de  compagnie  en 
France:  d'ailleurs  il  résulte  des  t';is:e>  du  Bcrri  dressés  pai   la  Thaumi 
Histoire  du  Berri,  t.  I,  p.  -i",  que  Girault  de  Goulas,  seigneur  di   • 
de  Cumont,  bailli  de  Berri  en  1435  et  1  iôC,  tut  remplacé  dans  celle  cbai . 
Poton  de  Xaintrailles  le  19  août  1457.  La  Thaumassière,  il  est  vrai,  ne  dit  pas 
que  cette  substitution  ait  eu  pour  cause  le  décès  île  Goulas,  maia  Mon 
(1.  ii,  c.  ccxv)  dit  positivement  que  le  biiilli  de  Berri  mourut  en  I  i~<~ 
lemenl  il  attribue  sa  mort  à  une  chute  île  cheval. 


\  Il     DK   ROI)  RIGUE 

i,'  lopct.il  lUxlinn,  |)our  lors  de  la  charge  el  compaignéc  de 

Bodigo  de  Yillendras.  cappitaine  de  gens  de  guerre,  passoit  par 

la  ville  de  I.ostore  s'en  alanl   lcgranl  chemina  Tholose,  avecques 

un_  Ir'r.nili  de  noslrc  cher  cl  féal  cousin   le  conte  d'Armaignac 

cl  certains  autres  gens  de  guerre,  jusques  au  nombre  de  sepl  ou 

huil  de  l.i  compaignéc  dudil  de  Villandran.  El  ce  venu  à  la  con- 

emoissanec  de.lehan  de  Goulart,  chevalier,  frère  de  feu  Girault  de 

Goularl,  aussi  i'ii  son  vivant   chevalier  el  bailly  de  Berry,  et  sa- 

Goularl   i|iie  ledit  Rodigo,  peu   de  temps  par  avant, 

avoil  meurlry  el  lue  ledit  Girault,  bailly  de  Berry ,  son  frère,  el  de 

ce  dès  couroucé  el  desplaisanl  :  incontinant  ledit  Jehan  de  Goularl 

requisl  ledit  suppliant  qu'il  le  accompaignasl  pour  aler  en  aucune 

ses  affaires,  sans  lui  déclerer  où  ne  pourquoy  ;  lequel  supplianl  fui 

île  ce  contanl  pour  faire  plaisir  audil  Goulart.  I"l  adont  ledit  Goularl 

nx  arbalcstriers  à  pied,  et  ledit  suppliant  en  leur  compaignie, 
suivirent  ledit  petit  Bodigo  jusques  auprès  de  Castel  Manarbieu, 
distant  dudil  lieu  de  Lestore  demie  lieue  ou  environ,  où  ilz  trou. 
vèreiii  ledil  petil  Bodigo  qui  s'en  aloit   son  chemin.   El  eulx  ar- 

,  de  prime  face  ledit  Goularl  couru  sus  audit  petit  Bodigo  el 
le  frappa  et  navra  tellement  qui  il  mourut  incontinant  sur  la 
placi  .  dont  ledit  suppliant  fut  moult  dolent  el  esbaj  :  et  ne  frappa 
nullement  ledil  Bodigo  ne  ne  bailla  aucun  aide  pour  ce  faire  au- 
dit Goulart,  mais  lui  dist  que  s'il  eusl  sceu  sa  voulenté,  il  ne 
l'eiisl  point  accompaigné  pour  quelque  chose  du  monde,  etc.,  etc. 
Pour  ce  est-il  que  nous,  ces  choses  considérées,  etc.  Donné  à 
Tours,  ou  moys  d'octobre  l'an  tic  grâce  mil  cccc  soixante  et  ung 
cl  de  nostre  règne  le  premier.  Ainsi  signé,  Par  le  roy  à  la  relacion 
du  conseil,  l\  Georce.  I  isa.  Contentor.  Chaligault. 


I  ! 


pour  nombre  de  méfaits  de  guerre,  dont  le  meurtre  d'un 
di    \\  ulrigue  de  Villandrando  pendant  In 
routiers. —  Vivliivc?  nationales,  registre  du  Trésor  des 
H   170,   picci    10. 

I  i  •")  7 . 


Charles,  etc.,  savoir  l  lisons  etc.,  nous  avoir  reccu  l'umble  sup- 
dicaeion  de  .leh  m  de  Corail,  contenanl  que  par  aucun  temps  de- 


DE   VILLANDRANDO.  SOS 

son  jeune  aage  il  a  suivj  les  armes  Lousjours  tenant  nostre 
part]  sans  aucune  variation,  et  nous  servi  ou  lut  de  noz  _U'-nr> 
au  mieulx  et  plus  loyaument  qu'il  a  peu,  ri  après  s'est  reirait  et 
■i  délaissié  l'exercice  des  armes  ;  et  sans  ce  qu'il  feust  plus  homme 
de  guerre,  advint,  il  a  bien  xvm  ans  ou  environ,  que  aucunes  gens 
de  guerre  estoient  logiez  an  lien  de  Rocheforl  ou  pais  d'Âuvi 
où  il  est  demourant,  et  où  M/  faisoient  plusieurs  mauh  et  dom- 
maiges,  pilleries,  roberies  et  larrecins,  comme  de  prendn 
liail.  raençonner  personnes,  et  autres  innumérables  maulx,  entre 
lesquelz  aucuns  d'euh  prindrent  iing  cheval  qui  appartenoit  au- 
dit suppliant,  lequel  il/  prindrent  aux  piez  et  icellui  emmenèrent. 
Pour  occasion  desquelz  grans  maulx  et  dommaiges  que  resoient 
iceulx  gens  'I"  guerre,  aucuns  du  païs,  jusques  au  nombre  de 
douze  ou  environ  entre  lesquelz  estoit  ledit  suppliant,  et  euh 
desplaisans  et  indignez  d'eulx  venir  ainsi  pillez  ri  robez  par 
iceulx  gens  d'armes,  se  misdrent  sus  et  s'en  alèrent  aval  les 
champs  en  entencion  d'en  trouver  aucuns  pour  les  destrousser, 
et  telement  qu'ilz  en  trouvèrent  deux  montez  sur  des  jumens, 
lesquelz  il/  prindrent,  et  aval  les  champs  les  menèrent  bien  [nés 
d'une  lieue,  et  jusques  à  certain  estang  qui  est  de  la  seigneurie 
de  Beausou,  où  ils  les  gectèrent  et  ouquel  ilz  fuient  noyez,  et 
butinèrent  lesdictes  deux  jumens  sur  quo\  il/  estoient  niontez, 
ci  eu  eut  chascun  sa  porcion.  Et  depuis,  il  puet  bien  avoir  unze 
.m-  mi  environ  que,  pour  pourveoir  aux  grau-  maulx,  pill 
roberies,  larrecins,  dcslroii— eiueiis,  prises  d'oinnies,  ravisse- 
mens  de  femmes  et  autres  dommaiges,  deliz  et  maléfices  innu- 
mérables que  faisoient  audit  païs  d'Auvergne  et  à  l'enviroo  d'i- 
cellui  sur  noz  subgiez  plusieurs  gens  de  guerre  qui  estoient  tant 
souhz  ung  nommé  Nicolas  Boys,  lors  soy  disant  cappitaine  de 
gens  d'armes  et  de  traict,  qued'autres  cappitaines, lesdiz  gens  de 
guerre  furent  par  noz  autres  lectres  patentes  babandonnez,  cl  par 
icelles  estoit  mandé  les  ruer  jus  et  destrousser;  après  lequel  ba- 
bandonnement  qui  vint  à  la  congnoissance  dudit  suppliant  ri  au- 
cuns dudit  pays,  ung  nommé  Kstienne  Lardit,  homme  d'armes  de 
la  compaignie  Rodigo  de  Villandandro  (sic),  qui  s'en  aloit,  dnsi 
que  l'en  disoit,  ou  pays  de  Limosin,  fut  trouvé  par  icellui  sup- 
pliant et  autres  au  lieu  d'Angler;  et  euk  confians  dudit  baban- 
donnement  par  nous  ainsi  lait  desdiclz  gens  de  guerre  et  par 
ce  non  cuidans  eu  riens  mesprendre  envers  nous  ne  justice,  di  - 
troussèrent  ledit  Lardit,  -mi  variet  ci  -nu  paige,  et  leurostèrenl 


',  l  I.    hi:   RODRIGUE 

!z  avoii'iil.  '■!  icellui  Lard  il  misdrenl  avecques  ce  en 
chemise;  pour  laquelle  cause  il  usa  à  l'enconlre  d'eulx   de  plu- 
rrpandes  i  '   !  ar  espccial  de  les  tuer  ou  brusler  le 

villaii;.'  où  ladiledeslrousse  fut  faicte  :  doubtaus lesquelles  choses, 
n,lx  moull  :  L'I  desplaisans  desdictes  paroles  cl  menaces, 

lialiinil  ledit  Lardil   Lellenient  que,  environ  ung  mois  après,  par 
ivciiicmcnl  (  t  par  faulte  d'estre  bien  pensé,  il  ala 
;nassfiu(  ut.  Pour  occasion  tanl  d'iceulx  deux  cas  « | ne 
aussi  de  ce  que.  pendant  le  temps  qu'il  a  esté  en  la  guerre,  il  a 
plusieurs  'M  diverses  lieux,  compagnies  et  routesdegens 
d'armes  où  divers  maléfices,   pilleries,  roberies,  larrecins,  des- 
l rousses  et  raençonnemens  de  personnes,  bestial  et  biens  ont  esté 
lai/  sur  nos  suiviez  de  diver*  estas,  en  plusieurs  pars  et  contrées 
de    noslre    ro\aume,  dont    il   ne  poiroit   bonnement  faire  decla- 
racion  ne  restitueion,  et  desquelz  il  a  esté  coulpable,  consentant 
el  !  ivoi  isant,  et  en  a  eu  sa  part,  butin  et  porcion,  [a  J  vescu  sur  1rs 
champs  comme  gens  de  guerre  ont  acoustumé  de  faire,  autre- 
ment il  ne  se  feust  peu  entretenir  monté  et  habillé  en  icellui  nostre 
si  rvice,  actendu  les  petiz  gaiges  et  soldes  qu'il  a  eu  de  nous  :  il 
doubte  que  ou  temps  à  venir  il  ne  feusl   à  ces  causes  sur  ce  tra- 
vaillé el    molesté   par  -eus   de  justice,  etc.  Pour   ce   est-il  que 
nous,  etc.,  quictons,  pardonons  el  abolissons,  etc.,  lesfaiz  el  cas 
par  lui  commis  et  perpétrez  pendant  le  temps  qu'il   a  exercé  le 
fait  delà  guerre,  jaçoil   que  autre  declaracion  n'eu  soit  faicte  en 
cesdictes    présentes,  réservé   toutes  voyes   tout  autre  meurdre,  si 
non  les  deux    cy  dessus    exprimez  et   declairez,   ravissement  île 
femmes  el  dépucelles,  sacrilège  et  bouttement  de  feuz,  que  ne 
voulons  estre  comprins  en  ces  présentes,  etc.  Si  donnons  en  man- 
enles  au  bailly  de  Montferrand  et  à  tous  noz 
autres  justiciers,  etc.  Donné   à   Mehun  sur  livre,  ou  mois  d'avril 
<] ua ranic  six  avant  Pasques,etde  nostre  règne 
le  \\\  .  Ain*i  si <j né.  Par  le  roy.    Vous  cl  autres  présens. 'J.  de 
i,i  .   Visa.  (,  mteulor.  .1  \.  de  i  \  ti uu>e  '. 

uni  iiu  mois  d' bre.  1  i  »0,  par  conséquent  antérieure  à 

urlre  d'Élienne  Lardit.  Le  texte  esl 
;iu    l'u  .    lie    .1.1    11  m  I         iil,   habitant  du  lieu  de 

1  '      jointcincnl  avec  six  autres  individus, 

:  cl  deux  de  la  paroisse  de  Sainl- 

mourul  1 1  vii  time.  On  articule 

pi  h   de  chu  Uns  nommé  Estienne 


DE    VII  I  \\|i|;  \Miii. 


Quittances  faisant  mention  de  la  contribution  fournie  par  les  États  du  G 
dan  à  Rodrigue  Je  Villandrando,  lorsqu'il   partait  pour  son  expédition  de 
Guienne.  —  Cabinet  des  litres  de  lu  Bibliothèque  nationale,  \       il  I 
9046,  et  Us.  ii    .  12. 

iet  1 138. 

1.  Saichent  tuit  que  je,  Denis  Boniod,  secrétaire  el  trésoriei 
de  monseigneur  de  Blende,  confesse  avoir  eu  el  receu  de  Jehan 
Chaste,  commis  à  recevoir  ou  diocèse  de  Mende  la  somme  de  y™ 
muions  d'or  donnez  a  Rodiguo,  conte  de  Ribadieu,  puni  le  paty 
de'Givaudain,  la  somme  de  quinze  motons  à  moy  tauxée  pour  avoir 
esté  à  Ruynes  devers  ledit  conte.  De  laquelle  somme  de  w  motons 
je  su]  contant  et  en  quicte  ledit  Jehan  Chaste  et  tous  autres  à  qui 
quictance  en  peut  appartenir,  lionne  soubz  mon  seing  manuel, 
le  dixiesme  jour  de  lévrier  l'an  mil  iiijc  trente  et  sept. 

Signé,  D.  Bonniot,  avec  paraphe. 

*_'.  Sapchon  lut  que  Lieu,  Bertrant  Teysier,  cossol  de.Salgue, 
confesse  aver  agut  et  recebut  de  Johan  Chaste,  recebedorde  dyo- 
sese  de  Mende  de  la  somma  de  dosmilia  motos  donaslz  à  Rodigo, 
conte  de  Ribadieu,  la  somma  de  très  motos  d'aur  por  aver  estai 
à  Marehol  à  la  sieta  de  la  équoetacion  de  la  dita  tallia.  Delà  quala 
somma  de  iij  motos  je  me  lenc  per  conlenet  payât,  et  ne  quite  lo 
dit  recebedo.  En.  testimohi  d'ayso  hieu  ey  senhat  aquesta  quitansa 
de  mou  senhet  manual, lo  prumier jorn  de  may,  l'an  in.cc.ee.  xwviij. 

Signé,  Bertràk  Téysier. 

Lanlit,  houinie  d'armes  de  la  compagnie  de  Rodigo  de  Villandandro,  qui  s'en 
aloit,  comme  on  disoit,  un  pays  de  Limosin  en  pass.mt  par  ledit  paysd'Aui 
priut  et  emporta  d'un  villaige  estant  en  la  chastellénie  de  Rocbefort  une 
arbaleste,  une  lance,  certains  fromaiges  et  autres  biens  apparlenans  à  un^ 
nommé  Perrotin  Loyrarl  d.  Il  y  a  quelque  apparence  aussi  que  la  date  du 
méfait  lut  déguisée  par  les  coupables,  et  que  ledit  de  proscription  contre  les 
Rodrigais  était  levé  lorsqu'ils  aUaquèrent  Etienne  Lanlit. 


VIE   DE   RODRIGUE 


LTV 


Rémission  accordée  à  un  habitant  de  Cahus  en  Querci,  complice  de  trois 
noya  les  perpétrées  sur  des  hommes  de  la  compagnie  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando.  —  Registre  JJ  177,  pièce  225,  aux   Archives  nationales. 

(Avril  1458.) 


Charles,  etc.,  savoir  faisons,  etc.,  nous  avoir  receue  l'umble 
supplication  de  Giraud  du  Puy,  poure  homme  chargié  de  femme 
il  enfans,  habitant  du  .Mas  ou  villaige  du  Puy  en  la  parroisse  de 
Cahus, ou  diocèse  de  Caours,  contenant  que,  ou  mois  d'avril  ou  de 
ina\  mil  iur  wwiii  ou  environ,  les  gens  de  Rodrigo  de  Villan- 
drando,  lors  capitaine  de  gens  d'armes  et  de  trait  eslans  logiez 
en  nostre  païs  de  Lymosin,  un  compaignon  de  guerre  de  la  com- 
paignie  diulit  Rodrigo  venant  du  lieu  où  estoit  logiée  sadicte 
compaignie,  passa  par  ladicte  parroisse  de  Cahus  et  par  la  Cère  à 
gué,  et  vint  logier  ou  mas  de  Tilly  pour  repestre  son  cheval;  et 
lui  estant  illec,  les  tenanciers  diulit  Mas  alèrent  au  lieu  de  Rorie, 
dont  ilz  tenoient  icellui,  et  dirent  à  Roncet  Garnier,  escuier, 
seigneur  dudit  lieu  de  Borrie,  que  ung  des  gens  de  la  compaignie 
dudit  Rodrigo  estoit  audit  Mas  et  avoit  prins  un  grant  pain  qu'il 
avoit  donné  à  son  cheval;  et  jour  ce  que  ledit  Rodrigo  eteeulx 
de  sadicte  compaignie  avoient  esté  par  nous  et  par  noz  lettres 
patentes  publiées  audit  païs  de  Lymosin,  lors  hahandonnez  et 
leurs  biens  donnez  àcculx  qui  les  destrousseroient,  ledit  suppliant 
monta  incontinant  sur  son  cheval  et  ala  veoir  s'il  trouverait  ledit 
compaignon  de  guerre,  lequel  il  ne  trouva  point,  et  ainsi  s'en 
retourna  à  son  hostel  ;  et  tantost  après,  considérant  ledit  Garnier 
que  ung  mois  par  avant,  que  [auc]  uns  de  la  compaignie  d'icellui 
Rodrigo  avoient  pillé  la  maison  de  la  mère  de  sa  femme  et 
l'avoient  endommagié  delà  somme  de  mil  livres,  ledit  Garnier 
remonta  à  cheval  pour  suivir  ledit  compaignon  de  guerre,  et  en 
j  alant,  trouva  en  son  chemin  ledit  suppliant  Jehan  de  Tassalies, 
Jehan  de  Talamont  et  Gérard  de  Ti  il,  qui  tous  estoient  gens  du 
païs,  lesquelz  le  suivoient  et  lui  disdrent  que  icellui  compaignon 
de  guerre  s'eufuioyH  devanl  eulx,  et  qu'ilzne  leporoient  aconsuir 
ne  prendre;  et  lors  ledit  Garnier  leur  dist  qu'il  le  suivroit  telement 
qu'il  l'auroil  s'il  p  luoit,  el  telement  se  y  exploicta  qu'il  le  print, 


Dl     \  Il  I   \M»!i  \Mm». 

lui  osta  - lieval  el  son  i  spc*  -,  et  le  mist  à  pié  sans  antre  i  bose 

lui  faire,  el  le  bailla  et  laissa  audit  snpplianl  el  autn  -   d 
nommez;  lesquelz  tantosl  après  doubtans,  s'ilz  le  laissoien!  aler, 
que  après  lui  d'autres  de  laditte  comp  ûgnie  leur  venissenl  bouter 
lu  feu  en  lciii  dil  Mi-. «m  autrement  grandement  les  endommaigier, 
conclurent  entre  euh  qu'il/  le  feroienl  morir,  et  ce  jour  mesmes 
sur  la  mut  remmenèrent  avec  culzjusquesà  ladicte  rivière  de 
Cère,  el  en  icelle  le  gectèrent  et  noyèrent.  Après  laquelle  chose 
ainsi  l'aide,  nng  jour  ou   deux,   lut  dit  et  publié   par  Ladicte 
parroisse  de  Cahus  que  deux  autres  de  ladicte  compaignie  dévoient 
venir  le  landemain;  lesquelz  de  fait  y  vindrenl  et  passèrent  près 
du  Mas  de  Serval,  et  pour  ce,  se  misdrenl  en  aguet,  afin  de  iceuh 
prendre,  se  l'aire  le  pouoienl  ;  et  advint  qu'ilz  les  prindrent  près 
du  Mas  du  Teilly  el  les  amenèrent  avec  eulx  au  lieu  de  Chastel, 
[très  de  ladicte  rivière,  et  estoit  avec  eulx  ung  nommé  Guillon  de 
Serval;  et  ainsi  qu'il  s'approucha  de  lanuyt,  lesnoyèrenl  en  ladicte 
rivière,  doubtans  que  s'ilz  les  laissoient  aler,  ilz  pourraient  par 
eulx  estre  destruiz  et  desers,  mesmement  considérant  la  mort  de 
l'autre  compaignon  de  guerre,  par  eulx  ainsi  perpétrée.  A  l  occasion 
desquels  cas  ledit  suppliant  doubte,  combien  que  depuis  aucune 
chose  ne  lui  en  ait  esté  demandée,  rigueur  de  justice  pour  le  temps 
awuir,  et  que  à  eeste  cause  on  lui  voulsist  mectre,  ordonner, 
empeschier  en  corps  ou  eu  biens,  se  nostre  grâce  ne  lui  estoit  sur 
ce  impartie,  si  comme  il  dit,  humblemenl  requérant  que,  actendu 
ledit  hahandonnement  d'icellui  Rodrigo  et  des  gens,  et  que  i  a 
tous  autres  cas  ledit  suppliant  a  tousjours  esté  homme  de  bonne 
vie.  renommée  et  honneste  conversacion,  sans  oneques  mais  avoir 
esté  actaint  ou  convaincu  d'aucun  autre  villain  cas,  blasme  ou 
reprouche,  il  nous  plaise  lui  impartir  icelle  nostregrace:  Pourquoy, 
nous,  ces  choses  considérées,  voulans  miséricorde  préférer  a  ri- 
gueur de  justice,  et  mesmement  en  laveur  des  femme  et  enfans 
dudit  suppliant,  à  icellui  ou  cas  dessus  dit  avons  quicté,  n  D 
pardonné,  quictons,  remectons  et  pardonnons  de  grâce  espécial, 
plaine  puissance  et  auctorité  royal,  par  ces  présentes,  les  Eaiz  el 
cas  dessus  diz,  avecques toute  peine,  offensée!  amende  corporelle, 
criminelle  et  civile  en  quoy,  pour  occasion  d'iceulx,  il  Beroit  ou 
pourroit  estre  encouru  envers  nous  et  justice,  el  de  nostre  pins 
ample  grâce  l'avons  restitué  et  restituons  à  sa  bonne  lame  et 
renomée,  au  païs  et  à  ses  biens  non  confisquez,  satisfaction  uucle 
à  partie  civilement  tant  seulement,  se   faicte  n'est;  el   sui    ce 


500  VIE   DE  RODRIGUE 

imposons  silence  perpétuel  à  nostre  procureur.  Si  donnons  en 
mandemenl  par  ces  niesmes  présentes  au  bailli  des  Montaignes 
d'Auvergne,  au  seneschal  de  Lymosin,  etc.  Donné  à  Gbinon,  ou 
mois  de  may,  l'an  de  grâce  mil  ccccxlvi  et  de  nostre  règne  le  xxime. 
Ainsi  signé  :  Par  le  roy,  à  la  relaciou  du  conseil,  Rippe.  Visa. 
Contentor.  J.  m   Ban. 


LY 


Rémission  à  Brunel  de  Rampoux  pour  les  méfaits  de  guerre  par  lui  commis 

pendant   l'occupation  du  Querey  par  Rodrigue  de  Villandrando.  —  Archives 
nationales,  minute  annexée  au  Registre  JJ,  pièce  01  i. 

(Événements  de  1458.) 


Charles,  etc.  Savoir  faisons  à  tous  présens  et  avenir  nous  avoir 
receu  l'umble  supplication  de  Brunet  de  Rampos,  escuier  de  la 
seneschaucie  de  Quercin,  contenant  que  il  est  noble  extrait  de 
noble  lignée  et  a  acoustumé,  et  ses  prédécesseurs,  nous  servir  et 
les  nostres  ou  fait  de  noz  guerres  contre  noz  anciens  ennemis  et 
adversaires  les  Angloys,  en  la  frontière  desquelz  est  demourant  au 
dit  pays  de  Quercin.  Et  quant  Rodigues  de  Villandras  entra  dedans 
le  pays  de  Quercin  avec  grosse  conpaignie  de  gens  d'armes  et  de 
trait  [et]  ala  environ  la  place  de  la  Vercantière,  où  ledit  Brunet  dc- 
mouroit,  pour  faire  guerre  à  nozdiz  ennemis  les  Anglois,  duquel 
pais  de  Quercin  il  print  plusieurs  places  sur  nozdiz  ennemis,  ledit 
suppliant  qui  nous  desiroit  servir  en  nos  dittes  guerres  se  mist  et 
bouta  en  la  compagnie  dudit  Rodigues,  [et  ensemble]  firent  bonne 
guerre  auxdiz  Anglois.  Pendant  lequel  temps  qu'il  estoit  en  la 
compaignie  dudit  Rodigues,  il  [et  aultres  avec  lui]  pour  soy  en- 
tretenir firent  plusieurs  courses  et  prinses  de  bestial  gros  et  menu 
audit  pais  de  Quercin,  et  les  firent  raençonner  tant  en  vivres  que 
en  or  et  argent,  tant  que  ledit  Rodigues  demoura  audit  pais  de 
Quercin.  Pour  occasion  de  laquelle  chose  et  des  dommaiges  et 
excès  que  ledit  de  Rampos  fist  et  commist,  ainsi  que  dit  est,  puis 
la  venue  dudit  Rodigues  audit  pais,  et  qu'il  donna  à  pluseurs  gens 
dudit  pais,  il  double  que  ou  temps  à  venir  nostre  procureur  ou 
aultres  [ne  veuillent]  lui  en  donner  aucune  charge,  etc.  Nous 
actendu  ce  que  dit  est.  etc.,  remectons,  quictons,  abolissons,  etc. 
Si  donnons  en  mandement  par  ces  présentes  au  seneschal  de 
Quercin, ,  de  Roùergue  et  à  t<>ns  noz  autres  justiciers,  etc.  Donné 


D]    vil  i  wni;  LNDO.  '"I 

à  Poictiers,  ou  mois  de  (sic),  l'an  de  grâce  mil  cccc  quarante 

troys  et  de  nostre  règne  le  \\j  . 


LM 


Rémission  à  Hathurin  'le  Cardaillac,  poarladél sse  d'Alonzo  de  Zamora  et 

d'un  autre  ap|u'l«'-   Alonzo  tic   lîi'nav.'iit,  -m^-lieutenanta  de  Rodrigue  de 
Villandrando.  —  archives  nationales.  Registre  JJ  178,  pièce  232. 

Événements  de  I 

Charles,  etc.  Savoir  faisons  nous  avoir  receu l'umble  supplica- 
tion denoslrcamé  et  féal  chevalier  Mathelin,  seigneur  de  Cardail 
liac  et  de  Monlbrun,  nostre  chambellan,  contenant  que  :  comme 
ledit  suppliant  ait  toujours  esté  bon  et  loyal  vassal  et  subgiet  en- 
vers nous  et  nostre  seigneurie,  sans  oneques  avoir  tenu  autre  parti 
que  le  nostre.  et  à  ceste  cause  a  eu  et  soustenu  en  ses  terri  -  et 
seigneuries  estans  en  nostre  pays  de  Quercj  plusieurs  grans  pertes 
et  dommaiges ;  et  aussi  nous  ait  par  moult  longtemps  bien  et 
loyaument  servy  ou  fait  de  noz  guerres,  à  l'enconlre  de  noz  enne- 
mis, desquelz  il  a  esté  prins  prisonnier  et  mis  à  granl  el  excessive 
finance,  pour  laquelle  il  estencores  endebté  envers  plusieurs  per- 
sonnes qui  de  jour  en  jour  le  pressent  de  les  paier  et  contenter; 
et  lui  estant  ainsi  en  la  guerre,  a  tenu  les  champs,  et  pour  mon- 
ter, habiller  et  tenir  en  estât  lui  el  ses  gens,  et  pour  nous  plus 
honnorablement  servir  oudit  fait  de  la  guerre,  il  ait  esté  en  plu- 
sieurs courses,  destrousses  et  raençonnemens,  tant  de  gens  et  logeis, 
que  autrement;  et  il  soit  ainsi  que  viij  ou  x  ans  a  ou  environ,  que 
ung  appelé  Alençondc  Sommorre,  soy  disant  lieutenant  de  Xan- 
chon  de  Thouars,  Aleuçon  de  Bennavent  et  plusieurs  autres 
gens  de  la  compaignie  de  Rodrigues  de  Vîllendendras,  alèrent 
couiir  au  lieu  de  Golc  appartenant  audit  suppliant,  et  en  icellui 
lieu  prindrent  à  prisonniers  tous  les  poures  hommes  de  la  terre, 
emmenèrent  tout  le  bestial  groz  et  menuzqu'ilz  peurenl  trouver, 
et  aussi  emportèrent  tous  les  paesles  el  mesnaige  el  utencilles 
d'ostelqu'ilz trouvèrent;  toutes  lesquelles  choses  Hz raeuçonnèfent 
à  leur  plaisir  et  voulenté;  et,  non  contens  de  ce,  boutèrenl  le  feu 
oudit  villaige  ou  lieu  de  Gole,  et  brûlèrent  plusieurs  des  maisons 
d'icellui  lieu;  et  ces  choses  ainsi  laictes,  ledit  suppliant,  acom- 
paigné  du  sire  de  lieduer  et  d'autres,  se  transporta  par  devers  l<   - 


\  il.   [)],    UOURIG  I  !. 

,,  lion  il  I  lioiiai  -  cl  Alcm  m  de  Sommorre,  qui  estoient  lors 
I , ,_ ,,  /  à  La  Chappellc.  Bellaguier,  cl  leur  requisl  qu'ilz  lui  voulsis- 
,,.Ml  |V|. ,||v  les  liomm  'S,  loulcs  les  bestes  el  tous  les  biens  qu'ilz 
a voient  juins,  emmenez  el  emportez  cludil  lieu  de  Gole;  de  laquelle 
,!/  n  vtiiililicnl  riens  faire,  si  non  qu'ilz  paiassenl  autant 
,,ii  plus  que  valloil  1 1  dcïtroussc  qu'ilz  avoienl  l'aide;  et  à  granl 
.t  .  iter  I  dil  Xanclion  de  Thouars  ne  ledit  Alen- 

Sommorre;  el  quant  ledil  suppliant  vit  qu'il  n'avoit  riens 
lire,   pour  soj    cuidier  desdommaigier  sur   les   gens  dudit 
\anehon  de  Thouars  et  dudit  Alcnçon  de  Sommorre,  commanda  et 
ordonna  à  aucunes  gens  de  guei  re  qu'il  avoil  et  lenoit  soubz  lui  en 
imslic  service  pour  la  garde  dudit  pays  de  Quercy,  qui  csloitlors 
en  la  frontière  de  noz  ancii  us  ennemis  les  Ànglois,  qu'ilz  courus- 
is  aux  gens  dudit  Xanclion  de  Thouars  et  de  Sommorre;  et 
certain  jour  dont  ilz  ne  sonl  recors,  trouvèrent  à  leur  avan- 
.    Alençon  de  Sommorre  el  Alençon  de  Bennavent  avec 
quelz  ilz  destroussèrent  de  chevaulx,  harnoiz  et 
biens  qu'ilz  avoient;  et  emmenèrent  les  gens  dudit  sup- 
plianl    prisonniers  en  son  chasteau  de  Cardailhac  lesditz  Alençon 
de  Sommorre  et  Alençon  de  Bennavent,  où  il/  furent  par  aucun 
temps,  ci  après  s'eschappèrenl  desdictes  [irisons,  el  demoura  la 
aux  gens  dudit  suppliant,  el  n'en  cul  icellui  suppliant 
que  un.  cheval  qui   bien  povoit  valoir  cent  escuz  ou  environ:  et 
i  f.itou  fait  faire  plusieurs  autres  crimes,  déliz  et  maleûces, 
lesqin  mroit  declairer  ne  spécifier,  ainsi  que  ont  acous- 

lumé  !  lerre  :  pour  le  fail  et  occasion  desquelz  cas. 

ledit  suppliant,  qui  dès  pieça  s'est  retrait  en  son  hostel  et  a  vou- 
lonté  d  ;  vivre  doresnavant,  double  que  ou  temps  à 

venir  on  I  ii  vueille  aucune  chose  demander,  etc.  Pourquoy  nous, 
ces  choses  considère  udit  suppliant  en  laveur  de  sesdiz 

services,  etc.,  a\  pardonné,  etc.  Donné  à  Bour- 

iu  mois   île    septembre   l'an   de    grâce  mil  cccc  xlvij,  et  de 
ne   le  w\\  Ainsi  siync  :  l'ar   le  roy   en  son  conseil, 
I         I  unlentor.  V.  I.i.  I'icaut. 


in.   Ml  I  VN  DR  AN  DO.  505 


AI 


Convci  •  fillandrando  eu  une  rente  perpétuelle 

de  ili\   i"  i  h  à  prendi  en   Bourbonnais  mu  un  fonds 

appartenant  à  Raymond  de  Montdragon  du  chel  de  sa  femme  M 
v  uvibe.  —  1363*,  cote  1 

15  mai  !  I 


\  ti  us  ceulx  qui  ces  présentes  lei  très  i  i  ronl  et  orront,  Estienne 
Grort,  secrétaire  île  monseigneur  le  ilue  de  Bourbonnois  et  d'Au- 
vergne, el  garde  du  seel  aui  contrauh  tic  son  duchié  de  Bour- 
bonnois, salut  en  nostre  seigneur.  Savoir  raisons  que  par  devant 
Ghatard  Verne,  clerc  juré,  notaire  de  la  courl  de  ladicte  chancel- 
et  le  nostre,  auquel  quent  ad  ce  nous  av. m-  commis  nostre 
pouvoir,  personnelment  estably  noble  homme  messire  Reymond 
d<  Il  iche-Dragon  chevalier,  seigneur  d'Anchier,  pour  lui  prenant 
en  main  et  soy  faisant  tort,  soubz  l'obligacion  de  tous  ses  biens 
meubles  et  heritaiges  quieulxconques,  pour  dame  Margarite  de 
Neufville,  sa  femme,  absente,  d'avoir  à  ferme  et  agréable  le  con- 
tenu de  ces  présentes  lectres,  de  son  bon  gré  e1  libère  «olenté,  a 
vendu,  cédé,  quicté,  délaissé  et  du  tout  à  tousjours  mais  trans- 
pourtc,  vend,  cède,  quicte  et  délaisse  el  du  tout  en  tout  transporte 
pour  lui  et  les  siens,  perpétuellement,  à  noble  et  puissant  sei- 
gneur Rodrigo  de  Villandandro  ite  de  Bibedieu  en  Espai- 
gne,  ad  ce  présent,  recevant,  stipulant  et  acce|  tant  c^ste  présente 
vente  pour  Jui  et  ceulx  qui  de  lui  auront  cause  perpétuellement, 
pour  le  pris  et  somme  de  deux  <cn>  escus  d'or  de  soixante  quatre 
au  marc,  et  les  soixante  et  quatre  faisant  le  marc,  en  laquelle  somme 
de  deux  cens  escus  d'or  icellui  messire  Reymond  de  Roche-Dragon, 
chevalier,  estoit  tenu  audit  conte  de  Ribedieu  pour  la  reste  de  six 
cens  escus  d'or  de  soixante  et  quatre  au  marc,  à  cause  de  noble 
homme  Jehan  de  Passât,  seigneur  de  Vieillevigne,  et  par  la  vente 
de  quarante  livres  de  rente,  en  <pio\  ledit  de  Passât  estoit  tenu 
envers  icellui  Rodrigo  de  Villandandro.  et  aussi  des  despens,  frais 
et  missions  d'un  procès  mehu  en  la  court  de  la  senneschaucie  à 
Molins,  à  cause  de  l'assiete  et  paiement  d'icelles;  sur  quo]  entre 
lesdiz  achapteur  et  vendeur  ont  esté  d'accort  et  en  a  fait  transport 
ledit  achapteur  audit  vendeur,  si  comme  il z  disoient,  pour  acquit 
el  paiement  des  quieulx  deux  cens  escus  d'or,  sur  quo\  s  est  tenu 


\  11.   DE   RODRIGUE 

i,  ,i  ledit  achapteur  eu  a  quicté  ledil  messire  Reymond, 
vendeur,  pi  m, ml  ru  m, nu  comme  dessus,  a  vendu  et  vend,  comme 
(|,i  est,  audit  coule  de  Kibedicu,  c'csl  assavoir  dix  tonneaulx  de 
vin  de  rente  aiunn  Ile  el  perpétuelle  ;  lesquieulx  dix  tonneaulx  de 
vin  de  rente  ieellui  vendeur  a  constitué  el  assignés  audit  achapteur 
pranre,  lever  recevoir  el  percevoir,  chascun  an,  par  ledit 
achapleur  el   les  siens,  au  temps  de  venanges,  sur  et  de  la  che- 

i|ue  la  dicte  dame  Margarite  de  Neuville,  sa  femme,  a  en 
l.i  parroissc  de  Cliareilli,  tant  de  vin,  blés,  fruis  que  autre/,  droit/ 
e|  reddevances,  que  ladicle  sa  femme  a  et  puel  avoir  en  hulule 
parroissc  de  Cliareilli  et  es  lieux  circumvoisins,  par  condicion  et 
convenance  expresse  que,  si  de  ladicle  chevaine  lesdis  dix  ton- 
neauh de  vin  ne  se  trouvent  ou  ne  se  puissent  fornir  ne  acomplir 
eh.i  cun  an  deladictc  chevance,  audit  cas,  ledit  messire  Reymond, 

ii.  ,i  promis  de  fornir enlièremenl  à  ieellui  achapteur  lesdis 
dix  tonneaulx  de  vin;  et  pour  fornir  et  acomplir  lesdis  dix  ton- 
neaulx devin  de  rente,  chascun  an,  ledit  vendeur  a  obligé  et  oblige 
envers  ieellui  achapteur  et  les  siens  tous  ses  biens  meubles 
et  heritaiges  presens  el  advenir  quieulxconques.  Et  desdis  dix 
tonneaulx  de  vin  de  rente  annuelle  et  perpétuelle,  ledit  vendeur 
s'est  desmis,  devestus  et  dessaisi,  el  ledit  conte  de  Ribedieu, 
achapteur,  pour  lui  et  les  sien-  qui  de  lui  auront  cause  perpétuel- 
lement, en  a  revestu,  saisis!  et  remist,  par  l'octroy  de  ces  pré- 
sentes et  h  dit  achapleur  par  lui  et  les  siens  en  a  l'ail  vraj  seigneur, 
comme  de  sa  propre  chose.  Et  a  promis  ledit  vendeur  par  sou 
screment,  la  main  touchant  le  livre,  pour  lui  et  prenant  en  main, 
comme  dessus]  et  soubz  l'obligacion  de  tous  ses  biens  quieulx- 
conques de  fere  louer  et  ratiflier  cesle  présente  vente  et  tout 
le  contenu  en  ces  présentes  à  ladicte  dame  Margarite....  sa  femme 
absente,  à  la  requeste  dudit  achapteur  ou  des  siens,  et  de  tenir, 
actendre  i  i  acomplir  les  choses  dessus  dictes  et  autre/  ensuyvant, 
soubz  la  obligacion  et  ypothèque  de  tous  ses  universaulx  et 
singuliers  biens,  meubles  el  heritaiges,  presens  et  advenir 
quieulxconques,  el  qu'il  n'a  l'ait  ne  fera,  dira  ne  pou rchessera  fere 
ne  souffrir  chose  pour  quoj  ceste  présente  vente  et  tout  le  contenu 
en  ces  présentes  n'ayenl  el  obtiennent  plaine  et  perpétuelle  fer- 
meté .:i  tousjours  maix.  El  avec  ce  a  promis  et  promet  ledit  vendeur 
de  deffeudre  el  garentir  au  dicl  achapteur  lesdiz  dix  tonneaulx  de 
vin  de  renie  p.  i  petuelle,  à  si  s  propn  -  couslz  et  despens,  et  lesluy 
fornir  cl  acomplir  audit  heu  de  Cliareilli,  chascun  au,  audit  temps 


DE  VILLANDRANDO,  SOS 

de  renanges,  de  tous  perturbateurs  el  empescheurs  quieulxconques, 
et  envers  et  contre  toutes  et  quieulxconques  personnes,  en 
ment  et  de  hors;  et  randre  et  restituer  audit  achapteur  et  es  siens 
qui  île  lui  auront  cause  tous  les  domaiges,  missions,  costamens, 
interest  et  despens  que  ledit  achapteur  ou  lr^  siens  pourront 
fere  ou  soustenir  pour  occasion  des  choses  dessus  dictes  non  acten- 
dues.  Et  a  renuncé  ledit  vendeur,  en  cestui  fait,  par  sadicte  foy 
et  sereinent,  à  l'excepcion  de  ladicte  vendicion  non  avoir  esté 
l'aiite  ne  octroyée  comme  dessus  est  dit,  à  l'excepeion  dudit  pris 
non  avoir  eu  ne  receu  en  espérance  de  future  habicion,  à  l'exr 
cepeion  de  dol,  fraude  ctbarat,  à  la  excepeion  pour  quoj  le  deceu 
puet  venir  contre  le  décevant,  et  généralement  à  toutes  les  au  lie/ 
actions,  excepeions,  decepeions,  allégacions  et  défiances,  tant  de 
fait  comme  de  droit ,  que  ledit  vendeur  pourrait  dire  contre  le 
contenu  en  ces  lettres,  et  qui  à  icellui  vendeur  pourrait  prouf- 
fiter  et  audit  achapteur  nuyre  ;  et  au  droit  disant  renunciacion 
générale  non  valoir,  se  l'especiale  ne  précède.  Et  a  volu  ledit 
vendeur  pour  lui  et  prenant  en  main ,  comme  dessus,  soy  et  les 
siens  qui  de  lui  auront  cause,  pouvoir  et  devoir  estre  contraint  et 
compellé  par  nous  ou  par  cellui  qui  sera  au  temps  advenir  en  lieu 
de  nous,  par  la  prinse,  vente  et  exploitacion  de  tous  ses  univer- 
saulx  et  singuliers  biens,  meubles  et  inmeubles  ou  heritaiges, 
presens  et  advenir  quieulxconques,  à  tenir,  attendre  et  acomplir  les 
choses  dessus  dictes  et  chascune  d'icelles,  quelconques  privilèges 
non  obstant.  En  tesmoigu  de  ce,  nous,  à  la  relacion  dudit  notaire 
qui  nous  a  rapporté  les  choses  dessusdictes  estre  vrayes,  auquel 
nous  adjoustons  plaine  foy,  avons  mis  à  ces  présentes  ledit  seel. 
Fait  et  donné,  tesmoins  à  ce  presens  et  appelles,  messire  Hugues 
Burgaud  preslre,  Jehan  Lepelin,  Mathieu  de  Courtilz  et  plusieurs 
autrez,  le  xiije  jour  de  may,  l'an  mil  quatre  cens  trente  et  huit. 
Signé,  CiiATAits  Verhb. 

LYIII 

Quittance  donnée  pnr  Rodrigue  de  ViUandrando  d'une  somme  à  lui  payûc  pour 
l'entretien  de  ses  troupes.  —  Original  sur  parchemin,  Ks.  français  de  la 
Bibl.  nat.  n°  '2G00Î,  cote  0515.  Communication  de  M.  de  Beaucourt. 

(10  juillet  1438.) 

Saichant  tuit  que  je,  Rodrigo  de  Villandro,  escuier,  cappitaine 
de  gens  d'armes  et  de  trait,  confesse  avoir  eu  et  receu  de  mais- 

20 


50fl  VIE  DE  RODRIGUE 

trc  Estienne  de  Bonney,  receveur  gênerai  de  l'aide  de  cm  francs 
donné  et  octroyé  au  roy  noslre  sire  en  sa  ville  de  Bcsicrs,  pour 
l'entretenement  de  ses  guerres  et  autres  des  affaires,  par  les  gens 
des  troys  Estaz  du  pays  de  Languedoc  illec  assemblez  ou  inoys 
d'avril  derrenier  passé,  la  somme  de  mille  livres  tournois  pour 
ma  porcion  de  vim  1.  t.  que  le  roy  nostre  dit.  seigneur,  par  ses 
lecires  sur  ce  faictes  et  données  le  xe  jour  de  juing,  aussi  derre- 
nier passé,  avoit  et  a  ordonné  estre  baillée  et  délivrée  à  l'olon 
de  S.i  i  ut  railles  et  à  moy,  pour  despartir  et  distribuer  entre  moy  et 
plusieurs  autres  cappitaines,  gens  d'armes  et  de  trait  et  leurs 
gens,  que  ledit  seigneur  nous  a  ordonné  mener  soubz  la  conduicte 
dudit  l'oton  ou  pays  de  Guienne  pour  illec  faire  guerre  aux  An- 
glois,  si  comme  par  lecdictes  lectres  peut  plus  à  plain  apparoir. 
Delaquelle  somme  de  ji  1.  t.  je  me  tiens  pour  content  et  bien 
payé,  et  en  ay  quicté  et  quicte  ledit  receveur  général  et  tous  au- 
tres. En  tesmoing  de  ce,  j'ai  seellées  ces  présentes  de  mon  seel  et 
signées  de  ma  main,  le  xme  jour  de  juillet  l'an  mil  cccc  trente  et 
huit. 

Signé,  Rodrigo  de  Yill.v  Andrando. 


LIX 


Accise  octroyée  par  le  gouvernement  anglais  à  la  ville  de  Bayonne  pour  rentrer 
dans  ses  frais  de  guerre,  particulièrement  à  raison  de  la  résistance  qu'elle 
avait  opposée  à  Rodrigue. —  Imprime  dans  Rymer,  édil.  1741,  t.  V,  p.  55. 

[11  juillet  1458.) 


Rex  omnibus  ad  quos,  etc.,  salutem.  Sciatis  quod  nos,  consi- 
dérantes gravia  et  importabilia  oncra  que  civitas  noslra  Baione, 
causa  guerrarum  et  obsidionis  de  Guamarde  et  Darrien  jam  tarde 
conquestis ,  ac  eliam  pro  rcsistentia  cujusdam  inimici  nostri 
vocati  RodigilQ,  ac  aliorum  onerum  innuinerabilium  suslinuit  et 
supportavil,  nec  non  summas  argenti  in  quibus  pluribus  merca- 
toiibus  ca  occasionc  indebilala  sit  et  obligata  :  que  quidem  onera 
il''  ùic  iu  diem,  (am  per  mare  quam  per  terram,  necessaria  haliet 
sustinere,  eo  quod  presenlialiter  sexcenti  bomines  arinali  et  ul- 
tra de  civilale  predicta  contra  Hispanuicos  ad  expensas  civitatis 
prediete  per  mare  existunt,  prout  per  quandam  supplicationem 
nobis  per  regentem,  consilium  et  communilatem  dicte  civitatis 


DE   vu  l  \  Mil;  INDO.  U  7 

I  resentatam  inlelleximus  :  de  gracia  nostra  specîali  ac  pro  &u|  por- 
tatione  onerum  predictorum  ac  salva  gardia  ejusdem  civitatis, 
dedimus  et  concessimus  regcnti,  consilio  el  communitati  ibidem 
H ni  mine  sont,  ac  per  fôrmnm  el  modum  quibus  progénitures 
aostri  eis,  lempore  preterito,  bucusque  dederunt  el  concesserunt, 
cum  omnibus  proficuis,  émolument is  et  gaudentiis  ejusdem,  du- 
rante  beneplacito  nostro,  ad  finem  quod  iidem  nunc  r 
consilium  et  communitas  illis,  de  quibus  hujusmodi  snmmas 
ceperunt  et  (|nilnis  in  futurum  pro  sustenlatione  guerrarum  el 
onerum  predictorum  erunt  obligati,  solvere  possint,  aliqua  pro- 
seentione  peraliquos  subditos  nostros  Anglie,  proassisa  illa  adnul- 
I m  l.i.  perantea  facta  nonobstante. 

In  cujus,  etc.  Teste  rege,  apud  Weslmonasteriura,   undecimo 
die  julii. 

Per  brève  de  privato  sigillo. 


IA 


Injonciion  par  Charles  VII  aux  capitaines  des  Écorcheura  à  bod  service,  y 
compi  i-  Rodrigue  de  Villandrando,  de  s'abstenir  de  lotite  violence  contre  les 
terres  el  les  sujets  du  duc  de  Bourgogne.  —  Imprimé  par  M.  HaYcel  Canat, 
h  icuments  inédits  pour  servir  à  l'histoire  de  Bourgogne,  et  p  ir  H.  1 1 
Les  Ecorcheura  sous  Charles  VII,  d'après  l'original  des  archives  dépar- 
tementales de  li  Côte-d'Or. 

(15  septembre  1 158 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  à  noz  amez  et 
féaulx  Polon,  seigneur  de  Santeraîlles,  Gauthier  de  Brusac,  le 
bastard  de  Bourbon,  le  bastard  de  Harecourt,  le  bastard  de  Vertus, 
Rodigue  de  Villandrando.  Anthoinc  de  Chabanncs,  F  loquet,  Blan- 
chefort,  le  bastard  de  Culant,  le  bastard  de  Sorbier,  Florimont, 
et  à  tous  autres  chevaliers,  eseniers,  capitaines  de  gens  d'armes 
et  de  trait  et  autres  gens  de  guerre  estans  et  qui  ou  temps  adve- 
nir seront  en  noslre  service,  ausquels  ces  présentes  seron)  iikhi-- 
trées,  et  à  leurs  lieuxtenans,  salut  et  dilection.  Nosln  très  chiet 
et  très  ami  frère  et  cousin  le  duc  de  Bourgoingne  nous  a  humbl  - 
ment  expose  que,  depuis  ung  an  en  çà,  vous  ou  pluseurs  d'entre 
vous  vous  estes  transportez  en  la  duchié  de  Bourgoingne  et  autres 
ses  pais,  (erres  et  seignories,  où  avez  fait  on  pai  vos  gens  souffert 
faire  maul.tet  dommaiges irréparables,  tant  en  prinse,  mulilaci  m 


VIE   DE   RODRIGUE 

de  pluseurs  des  hommes  du  dil  duchié  et  autres  païs  d'environ, 
cflbrci-inens  de  femmes,  boutemens  de  feuz,  prinses  d'abbayes, 
prinscs  aussi  de  bestial  gros    et   menu,  rançormemens  de  grant 

partie  des  diz  païs  à  grans  soi es  de  deniers,  et  autrement  en 

pluseurs  manières,  et  ce  oultre  et  par  dessus  noslre  deffense  eL 
î)  l,i  rTrani]e  foule  d'icellui  nostre  frère  et  cousin;  lequel  par  force 
ci  puissance  y  eusl  bien  contresté,  s'il  n'eust  doubté  en  ce  nous 
despldirc  el  courroucicr,  ce  raie  faire  ne  vouldroit.  Et  pour  ce 
n  ius  a  supplié  et  requis  que,  pour  evitter  les  inconveniens  que 
ensuir  se  pourroienl  par  vengence  d'une  partie  et  d'autre,  s'au- 
cunc  cnlrefaictc  se  survenoit  par  voye  de  guerre,  nostre  plaisir 
soit  de  en  ce  pourveoir  de  remède  convenable.  Pourquoy  nous, 
ces  choses  considérées,  désirant,  comme  faire  (levons,  les  païs, 
terres  et  seignories  de  noslre  dit  fi  ère  et  cousin  estre  préservées 
cl  cardées  de  telles  et  autres  oppressions,  vous  mandons  etestroit- 
i.  menl  enjoiugnons  el  del fendons  par  ces  présentes,  el  à  ebascun 
de  vous  endroit  soy,  que  èsdiz  pays,  duchié,  terres  et  seignories 
appartenant  à  nostre  dil  frère  et  cousin,  ne  aussi  en  autres  ses 
pays  quelconques,  vous  ne  ferez  ne  souffrerez  par  vos  dictes  ^cn> 
doresenavant  telz  ue  semblables  loigers  .  séjourneinens,  maulx  et 
oultraiges  que  dessus  est  dil  :  mais  s'il  advenoil  qu'il  vous  feust 
besoing  el  néecessité,  vostre  chemin  fassant,  de  passer,  de  traver- 
ser ne  aucunement  loigier  par  aucun  des  destroiz  de  ses  diz  païs 
et  que  le  passaige  des  diz  païs  ne  peu»iez  esehever,  en  ce  cas 
vous  mandons,  commandons  et  enjoiugnons  tiès  expressément 
que,  avant  l'entrée  en  iceulx  païs.  laciez  vostre  veine  signiffier 
gouverneurs  et  principaux  officiers  d'iceulx  païs  pour  nostre 
dit  frère  el  nni.Mii  pour  prendre  et  avoir  d'eulx  conduite  telle  el 
par  telz  lieux  que  bon  el  expédient  leur  semblera.  Et  voulons, 
ommandons  et  enjoingnons,  comme  dessus,  que  vous  y  gou- 
verniez doulcemenl  cl  courtoisement,  sans  y  séjourner  ne  faire 
aucunes  pillerics,  deslrousses,  rançonnements  ne  autres  griefves 
oppressions,  et  gardés,  commenl  que  ce  soit,  que,  pour  choses 
qui  adviengnent,  ne  faciez  riens  eu  contraire,  sur  tant  que  doub- 
tcz  mesjirendrc  el  offenser  envers  nous  ;  car  si  autrement  le  fai- 
siez, rnesmcincnl  après  ce  que  ces  présentes  ou  le  vidimus  d'i- 
celles  vous  auront  esté  exhibées  el  présentées  duement,  nous,  en  ce 
cas,  avons  donné  el  par  ces  dictes  présentes  donnons  congic  et 
licence  à  nosln  dit  frère  el  cousin  et.  à  ses  gens,  serviteurs,  offi- 
ciers  et  subgiez  desdiz  pais  et  autres,  et  à  chascun  par  soy,  d'eulx 


DE  VIII  INDRANDO. 

assembler  pour  résister  par  force  el  puissance  d'armes  el  autre- 
ment, comme  ilz  pourront,  à  voz  entreprinses  et  trouver  manière 
de  vous  gccter  hors  desdiz  pais,  sans  pour  ce  encourir  en  nostrc 
indignation  ne  autre  dangier,  quelconque  chose  que  en  ce  faisant 
ensuir  doye.  Et  d'abondant  voulons  et  par  ces  mesmes  présentes 
mandons  el  expressément  commandons  à  ooz  bailliz  de  Verman- 
dois  et  d'Amiens,  à  nostre  seneschal  de  Pontliieu,  à  noz  bailli/,  de 
Sens  et  de  Bfascon,  de  Troyes  et  de  Victrj  1 1  de  Ghaulmont,  el  à 
tous  autres  noz  justiciers  et  à  leurs  lieux tenans  et  à  chascun 
d'eulx  sur  ce  requis,  que  oudit  cas  donnent  à  nostre  dit  frère  el 
cousin  et  à  ses  officiers,  serviteurs  et  subgez  dessus  diz,  [tour  la 
deffense,  garde  et  seureté  des  diz  pais,  toute  faveur,  confort, 
ayde  et  retrait  et  passaige,  en  adhérant  avec  eulx  à  L'encontre 
de  vous  et  de  tous  autres  nos  serviteurs,  souldoiez  et  subgez  qui 
à  iceulx  païs  vouldroient  faire  guerre  oe  telz  excès  el  dommaiges 
que  dessus  est  dit  ;  et  se.  en  ce  faisant,  s'ensuivoit  mutilacion 
sur  aucuns  des  diz  malfaicteurs,  nous  dès  maintenant  pour  lors 
pardonnons  et  remettons  le  dit  cas  à  tous  ceulx  qui  fait  l'au- 
roient,  sans  ce  que  jamais  leur  en  doye  eslre  riens  demande  ; 
et  sur  ce  imposons  scillance  à  nostre  procureur  el  à  tous  autres. 
El  pour  ce  que  nostre  dit  frère  et  cousin  ou  ses  diz  gens  el  offi- 
ciers pourront  avoir  à  faire  de  ces  présentes  en  pluseurs  et  di- 
vers lieux,  voulons  que  audit  vidimus  d'icelle,  fait  soubz  seel 
royal  ou  autre  autentique,  plaine  foy  soit  adjouslée  commi 
présenl  original.  Donné  à  Saint-Aignien  en  Berry,  le  xv«jour  de 
septembre,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  trente  et  huit,  et  de  nostre 
règne  le  xvr8,  soubz  nostre  seel  ordonné  en  l'absence  du  grant. 
Ainsi  signé:  Par  le  roy  en  son  conseil.  Bcdes. 


LXI 

Institution  des  élus  chargés  de  répartir  et  lever  une  aide  accordée  par  I 

de  Bourgogne  pour  solder  un  corps  de   troupes  destiné  à  résister  S    R  <- 
drigue  et  autres  capitaines  des  Écorcheurs.-   Mélanges  'le  la  Charnbi 
comptes  de  Bourgogne,  t.  II.  p.  466,  n°  2S20  aux  Archives  de  la  Cote-d'Or. 

(10  novembre  1438.] 

Jehan,  conte  de  Fribourg  et  de  Neufchastel,  gourverneur  et 
cappitaiue  des  pays  de  Bourgoingnc  pour  mon  très  redoublé  sei- 


510  VIL  DE   RODRIGUE 

gneur,  monseigneur  le  duc  et  conte  desdiz  pays,  à  tous  ceulx  qui 
ces  présentes  lettres  verront,  salut.  Pour  ce  que  monseigneur  le 
duc  de  Si  voie,  monseigneur  le  conte  de  Ncvers  et  autres  grans  sei- 
gneurs bien  vueiilans  démon  très  redoubté seigneur, monseigneur 
le  duc  de  Bourgoingne,  nous  ont  escript  et  fait  savoir  par  leurs 
lettres  closes  que  Rodigue  et  autres  cappitaines  de  gens  d'armes 
nommés  Escorcheurs,  estans  présentement  sur  les  marches  de 
Bordcauh  au  nombre  de  xnii'"  chevaulx,  s'estoient  disposés  de 
venir  segourner  et  vivre  ce  présent  yver  es  pays  de  Bourgoingne, 
qui  seroient  la  totale  destruction  et  perdictîon  desdiz  pays:  nous, 
par  l'advis  des  gens  du  conseil  et  des  comptes  de  mondit  seigneur. 
avons  escript  aux  seigneurs  de  Bourgoingne  eulx  traire  en  cesle 
\ille  le  xe  jour  de  ce  présent  mois,  auquel  jour  nous  avons  escript 
et  fait  savoir  aux  gens  des  trois  Estas  desdiz  pays  semblaLlement 
y  estre  pour  avoir  advis  avec  eulx  sur  la  résistance  que  se  pouvoit 
et  devoit  faire  à  l'encontredudit  Bodigue  et  ses  complices,  ou  cas 
qu'ils  viendrolent  èsdiz  pays.  Lesquels  desdiz  trois  Estas  pour  la 
cause  que  dessus  assemblés  pardevant  nous,  lesdizgensdu  conseil 
et  des  comptes,  ledit  xc  jour  dudit  présent  moys  et  autres  jours 
ensuivant,  après  plusieurs  remonstrances  sur  ce  à  eulx  faites  et 
osteneions  des  lettres  closes  de  mondit  seigneur  à  nous  et  aux 
diz  du  conseil  escriptes,  lesquelles  leur  ont  esté  exhibées  et  leues, 
par  lesquelles  mondit   seigneur  mande   expressément  que   son 
plaisir  est  de  résister  à  toute  puissance  à  l'encontre  desdiz  cappi- 
taines, sens  prendre  avec  eulx  aucun  traictié,  ont  esté  tous  d'avis, 
oppinion  et  d'un  commun  accort  et  consentement  que  l'en  devoit 
en  ce  faire  et  accomplir   le   bon   vouloir  et  plaisir  de  mondit 
seigneur,  et  que  pour  pourveoir  à  leur  venue  et  qu'ils  ne  puissent 
de  prime  face  entrer  èsdiz  pays,  estoit  de  neccessité  de  mectre  sus 
cccc  hommes  d'armes  bien  esleues,  qui  feussent  tous  prestz  pour 
faire  ladicte  résistance  toutes  fois  que  meslier  seroit,  en  attendant 
plus  grant  secours  pour  y  résister  à  toute  puissance;  et  lesquelz, 
affin  qu'ilz  n'aient  cause  de  faire  aucune  rançons,  pilleries  et 
roberies,  seroient  soubdoiez  pour  ung  moys  entier  au  pris,  pour 
chascun  homme  d'armes,  de  quinze  frans,  moulant  le  paiement  à 
la  somme  de  six  mille  frans,  et  pour  les  fraiz  extraordinaires,  tant 
pour  envoier  savoir  le  convine  desdiz  cappitaines, comme  pour  voiai- 
ges  et  autres  missions  qu'il  conviendra  faire  à  cause  que  dessuz, 
>ix  cens  frans  :  pour  tout  la  somme  de  six  mille  six  cens  frans. 
Laquelle  somme   lesdiz  des  trois  Estas  ont  libéralement  ottroiée 


DE  VILLANDRANDO.  r.n 

et  accordée  eslre  levée  sur  euh  par  manière  d'aide  en  1 1  manière 
accoustumée ,  et  dont  lescliz  gens  d'église  dudit  duchié  < >n i 
accordé  de  paîer  la  somme  de  six  cens  frans,  le  tout  revenans  eus 
franchement,  pour  convertir  en  ce  que  dil  est,  et  non  ailleurs  ;  d< 
laquelle  somme  de  six  mille  six  cens  frans  en  compecte  et  appartient 
ù  la  duchié  de  Bourgoingne  trois  mille  deux  cens  frans,  sens  \ 
comprendre  lesdiz  de  l'église.  Pour  laquelle  somme  getter  et 
imposer  les  gens  desdiz  trois  Estas  dudit  duchié  nous  ont  requis 
que  voulsissions  ordonner  et  commettre  esleuz,  c'est  assavoir 
pour  lesdiz  gens  d'église,  le  doien  de  la  chappelle  il*'  Dijon,  pour 
les  nobles  rue-sire  Jacques  de  Villers,  pour  les  bonnes  villes  le 
mayeur  de  Dijon  avec  maistre  Guillaume  Courtot,  conseillier  et 
maistre  des  comptes  de  mondil  seigneur  el  par  lui  pieça  ordonné 
esleu  audit  duchié,  et  de  leur  donner  puissance  de  getter,  imj  oser, 
asseoir  et  faire  lever  audit  duchié  ladite  somme  de  trois  mille 
deux  cens  frans  sur  tous  les  hahitans  contribuables  audit  dui  hié, 
sens  y  comprendre  lesdiz  gens  d'église  serrans  à  Dieu,  lesdiz 
seigneurs  et  nobles  vivans  noblement,  suivans  el  frequantans  l'- 
armes. Lcs<[u<!s  esleuz,  à  la  requesle  que  dessus,  nous  avons 
faire  ordonnez,  commis  et  instituez,  ordonnons,  commettons  et 
instituons  par  ces  présentes  nu\  gaiges  chascun  de  vins  frans  que 
pour  ce  faire  leur  avons  ordonne/  et  tauxez,  ordonnons  et  tauxons 
par  ces  mesmes  présentes.  Et  auxdiz  esleuz,  aux  quatre,  trois  ou 
aux  deux  d'eulx,  dont  ledit  maistre  Guillaume  soil  adez  l'un, 
nous  avons  donné  et  donnons  par  ces  présentes  pliiu  povoir, 
auctorité  et  mandement  espécial  de  faire  ladite  assiette  el  impost 
dudit  aide  au  regard  dudit  duchié  bien  et  deuement,  et  en  telle 
manière  que  ladite  somme  de  trois  mille  deux  cens  frans  reviengne 
franchement  es  mains  du  receveur  à  ce  ordonné  et  commis,  et  de 
la  taire  lever  incontinent  ou  as-ez  tost  après  ladite  assiette  faicte, 
ainsi  qu'ilz  verront  que  mestier  sera,  et  aussi  de  comm< 
ordonner  et  instituer  les  receveurs  particuliers  el  tous  autres 
ofliciers  neccessaires,  souffisans  et  ydoines  à  ce  et  telz  que  bon 
leur  semblera,  et  leur  ordonner  et  tauxer  gaiges  el  -  laires 
raisonnables,  et  de  faire  toutes  autres  choses  à  ce  appartenanl  el 
que  bons  et  loiuulx  esleuez  puent  et  doivent  faire  et  dont  lr-.li/ 
trois  esleuez  nommez  par  les  diz  trois  Estas  ont  aujourd'hui  fait 
en  noz  mains  le  serement  à  ce  appartenant.  Et  quant  audil  maistre 
Guillaume,  il  en  a  pièça  fait  le  serement  es  main-  des  commis 
de  par  mondit  seigneur  à  le  recevoir  de  lui  ainsi.   Donnons  en 


-1-2  VIE  DE   RODRIGUE 

mandement  à  tous  les  justiciers,  officiers  et  subgès  de  mondit 
seigneur  que  auxdiz  esleuez,  aux  quatre,  trois  ou  aux  deux  d'eulx, 
comme  dit  est,  en  ceste  partie  obéissent  et  entendent  diligemment 
et  leur  prestenl  et  baillent  conseil,  confort  et  aide  et  aux  officiers 
par  culx  commis  et  dépotez  en  ce  fait,  se  mestier  est  et  requis 
en  sont.  Mandons  en  oultre  de  par  mondit  seigneur  aux  gens 
desdiz  comptes  que  les  gaiges  desdiz  esleuz  et  aussi  les  gaiges  et 
salaires  des  au  lies  officiers  et  commis  en  ceste  partie,  et  autres 
fraiz  l'aiz  pour  le  fait  dudit  aide,  qui  par  les  mandemens  et 
ordonnances  desdiz  esleuz  auront  esté  paiez  par  les  receveurs 
général  ou  particuliers  dudit  aide,  ilz  allouent  es  comptes  d'iceulz 
receveurs  qui  paiez  les  auront,  sens  contredit,  en  rapportant  les 
lettres  et  enseignemens  à  ce  appartenant.  En  tesmoing  de  ce,  nous 
avons  fait  mettre  à  ces  présentes  le  seel  de  la  Chambre  du  conseil 
de  mondit  seigneur  en  absence  du  nostre.  Donné  à  Dijon,  ledit 
dixiesme  jour  de  novembre,  l'an  mil  quatre  cens  trente  huit. 

Par  monseigneur  le  Gouverneur,  à  la  relation  des  gens  du 
conseil  et  des  comptes.  Sic/né,  Gros. 


LXIl 

Quittance  de  Rodrigue  de  Villandrando  pour  200  livres  à  lui  votées  par  les 
États  de  la  Rasse-Auvergne  en  juillet  1438.  —  Original  en  parchemin  du  Ca- 
binet des  titres  de  la  Bibliothèque  nationale,  dossier  Villandrando. 

(14  novembre  1458.) 

Saichent  tuit  que  nous,  Rodigo  de  Villeandrando,  conte  de 
lîibadeo,  seigneur  d'Ussel,  conseillier  et  chambellan  du  roy  nostre 
sire,  confessons  avoir  eu  et  receu  de  Pierre  Mandonier,  receveur 
ou  bas  pais  d'Auvergne  de  la  porcion  de  l'aide  de  xxiijm  francs 
octroyez  au  roy  nostredit  seigneur,  à  Yssoyre,  en  juillet  derreniè- 
rement  passe,  et  de  certaines  sommes  mises  par  mandement  du 
in\  nostredil  seigneur,  montans  à  xxxm  fr.  pour  le  fait  dudit  pais 
et  pour  païer  certaines  raençons  qu'il  a  convenu  faire  à  certains 
capitaines  de  gens  d'armes,  affin  qu'ils  vuidassent  hors  dudit 
païs:  la  somme  do  deux  cens  livres  tournois,  laquelle  les  gens 
d'église  et  nobles  dudit  bas  païs  ont  ordonné  à  nous  estre  paiée, 
baillée  et  délivrée  par  ledit  receveur  des  deniers  de  sa  recepte,  par 
euh  \n\<  sus  oultre  l'octroy  principal,  pour  les  causes  et  ainsi 


DE  VI!  I  LNDRARDO.  SIS 

qu'il  est  plus  à  plain  contenu  et  déclaré  èa  instructions  et  ordon- 
nances par  eulx  faicles  sur  le  faitdudit  aide  et  somme1.  !>-■  laquelle 
somme  de  ijl  1.  t.  nous  tenons  pour  bien  content  et  paie,  et  en 
quictons  leilit  receveur  et  tous  autres  à  qui  quii  tance  en  appar- 
tient. En  tesmoing  île  ce,  nous  avons  ces  présentes  si_m-.  /  <\r 
nostre  seing  manuel  et  scellées  de  aostre  seel.  Faites  et  données 
le  xiije  jour  de  novembre,  l'an  nul  axe  trente  huit. 
Signé,  Rodrigo  de  Villa  A.ndra.ndo. 


lxhi 

Mandement  pour  la  levée  d'une  contribution  imposée  à  la  sénéchaussée  de 
Toulouse  afin  d'empêcher  Rodrigue  et  les  autres  chefs  de  l'armée  de  Guienne 
de  venir  prendre  leurs  quartiers  d'hiver  en  Languedoc.  —  Copie  authenti- 
que jointe  au  rôle  original  île  la  contribution.  Ms.  français,  n"  23901  de 
la  Bibliothèque  nationale. 

(15  novembre  1438.) 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France,  aux  esleuz  sur  le 
fait  des  aides  ordonnez  pour  le  lait  de  la  guerre  eu  la  ville  et 
diocèse  de  Toulouse.  Comme  nagaircs,  par  l'advis  et  delibéracion 
des  seigneurs  de  nostre  sang  et  autres  de  nostre  grant  Conseil, 
ayons  envoyé  en  noz  ducliié  de  Guienne  et  pays  de  Gascoigne  noz 
chiers  et  bien  aimez  cousin  le  sire  de  Le  Bret,  Rodigo  de  Villan- 
drau,  conte  de  Ribedieu,  et  Poton,  seigneur  de  Santnôlle,  premier 
escuyer  de  nostre  corps  et  maistre  de  nostre  escuierie,  avec  cer- 
tains autres  noz  cappitaines  cl  nombre  de  gens  d'armes  et  de  trait 
pour  illec  faire  guerre  à  noz  anciens  ennemis  les  Angloys  ;  et  de- 
puis pour  supporter  nostre  pays  de  Languedoc  et  al'lin  qu'il/  n'y 
entrent  ny  s'y  viengnent  yverner,  comme  déjà  aucuns  d'eulz  avoient 
commencé  et  y  esloient  entrez,  qui  seroit  la  destruction  dudit 
pays  et  de  nozsubgiez  et  habitans  d'icclluy,  leur  avons  mandé  très 
expressément  qu'ilz  se  demeurent  en  nostre  dit  ducliié  et  pays  de 
là  Garonne,  toute  ceste  morte  sayson;  et  pour  ce  soit  nécessaire 
certaine  somme  d'argent  pour  leur  aider  à  vivre  es  diz  ducliié  et 
pays,  laquelle  avons  mandée  estre  mise,  imposée  et  levée  sur  noz 

1  L'état  de  répartition,  qui  est  dans  le  ms.  français  23902,  ne  porte  qui  ces 
mots  :  «  A  Rodrigo  de  Yillandrando,  conte  de  Ribadeou,  pour  services fail  BU 
pays,  deux  cens  livi 


VIE  DE  RODRIGUE 

dû  Bubgiez  et  b  ibiUns  île  nostre  dit  pays  de  Languedoc,  oullre  et 
ssua  certaine  somme  que  leur  avons  appoinctée  sur  noz  pays 
raedoil,  sans  laquelle  somme  avoir  prestement  n'est  possible 
j  noïdiz  cousin,  Rodigo  et  Poton  demourer  et  se  entretenir  èsdiz 
pays  pour  la  trèsgrant  cherté  de  vivres  qui  test  et  autres  néces- 
site* qu'il/  ont,  ainsi  qu'ilz  ont  fait  remonstrer  à  nostre  amé  et 
féal  conseiller  Pévesquede  Laon  et  autres  noz  conseilliers  et  offi- 
ciers estans  audit  pays,  pour  ce  assemblez  au  bourg  de  Carcas- 
Bonne  avec  aucuns  des  cappitoulz,  consulz  et  habitans  des  princi- 
pales  villes  de  nostre  dit  pays;  de  laquelle,   aussi  de  certaine 
somme  accordée  au  bastard  de  Bourbon  pour  saillir  hors  dudit 
pays,  avec  aucuns  fraiz  et  despences  nécessaires,  la  ville  et  dio- 
le  I  houlouse  et  lieux  et  habitans  d'iceulx  ayent  esté  imposez 
et  assiz  à  la  somme  de  deux  mille  quatre  cens  trente  et  sept  livres 
tournoys  tant  seulement,  considéré  les  domaiges  et  perles  qu'ilz 
ont  Bouffera  et  portez  ceste  année  présente;  laquelle  somme  fault 
imposer,  cueillir  et  lever  prestement  pour  délivrer  ausdiz  cappi- 
taines,  gens  d'armes  et  de  trait  pour  vuyder  incontinent  la  senes- 
chaucée  dudit  Thoulouse,  et  payer  aussi  audit  bastard,  ainsi  que 
promis  et  accordé  luy  a  esté  :  Nous  vous  mandons  et  commandons 
en  commettant,  se  mestier  est,  que,  appelez  ceulx  qui  seront  à 
appeler,  vous  icelle  somme  imposez,  divisez  et  asséez  en  et  sur  la 
dicte  ville,  lieux  et  habitans  d'iceulx  diocèse,  quelx  qu'ils  soient, 
aiant  acoustumé  de  contribuer  ou  non  contribuer  aux  aides  à  nous 
octroyez  en  ladicte  seneschaucée,  bien  et  justement  au  mieulx  que 
pourrez,  le  fort  portant  le  foible;  et  l'assiette  par  vous  faicte  baillez 
et  délivrez  au  receveur  particulier  ordonné  audit  diocèse,  pour 
icelle  somme  faire  venir  eus  franchement  et  entièrement,  en  con- 
traignant à  ce  tous  ceulx  qui  feront  à  contraindre,  ainsi  et  par  la 
forme  et  manière  ainsi  qu'il  est  acoustumé  de  faire  pour  noz  pro- 
pres  debtes.  De  ce  faire  vous  donnons  pouoir,  mandons  et  com- 
mandons  à  tou>  noz  justiciers,  officiers  et  subgiez  que  à  vous,  en 
ce  faisant,  obbéissent  et  entendent  diligemment,  donnent  conseil, 
confort,  aide  et  prisons,  se  meslier  est.  Donné  à  Carcassonne,  le 
w  de  novembre,  l'an  de  grâce  mil  cccc  trente  et  huit  et  de  nostre 
•  !<■  wi", 
Par  le  Roy  à  la  relacion  di  s  généraulx  conseilliers  sur  le  fait  des 
aid'  le  1    qg  .'.doc.  L\> 


HK    MLI  àNDRÀHDO  515 


I.XIV 

Quittance  d'un  payement  (ail  <m  le  subside  \"!  tonne  pour  l'entre- 

tien de  l'armée  de  Guienne  commandée  |  de  Villandrando  : 

de  Xainlrailles  et  le  bâtard  de  Bourbon. —  Original  en  parchemin  du  C 
des  litron  de  la  Bibliothèque  nationale,  dossier  Sai  • 

[Événements  de  novembre  I 

Nos  Bernât  I»  mion  del  Sarrau,  Bernât  Vinhas  et  Esteve  di 
garet,  elegitz  per  lo  roy,  noslre  senhor,  -u<  lo  lait  de  las  aydas 
en  la  ville  et  dioceza  de  Tholosa,  re  onoyssi  m  aber  agul  et  resseubut 
de  Johau  La  Crœlz;  recebedor  particular  en  la  dita  diocesa  de 
Tludosa  de  cerlana  soma  autregada  e  meza  sus  darreyrament  eu 
la  vila  de  Careasona,  eu  lo  mes  dr  novembre  darreyramenl  passât, 
par  mandament  del  dit  senhor,  per  entn  tenir  l'armada  per  lo  dit 
senhor  trameza  en  son  pays  de  Guiayna,  que  a  faita  monsenhorde 
Riliedieu,  l'oton  senhor  de  Santaralha  et  mossenhor  lo  bastartde 
Borbon,  et  de  autra  soma  autragarda  al  dit  mossenhor  le  bastart 
de  Borbon  per  salhir  fora  del  pays  e  passar  de  là  la  ribieyra  de 
Garona  :  la  soma  de  lx  libras  à  nos  deguda  per  nostra  : 
trt'balli  de  mètre,  assetiar,  partir  edevezir  la  quota  part  e  porcio 
tocant  la  présent  dioceza,  et aysso  per  vertut  de  certana commissio 
del  rey  nostre  dit  senhor  à  nos  trametuda  e  adressada  en  aquesta 
partida.  Ile  la  quai  soma  de  lx  libras,  so  es  assaber  xx  libras  t. 

per  cascuu  de  nos,  e  per  las  causa-  desus  dilas.  e  ayssi  a -n 

cas  semblant  es  acostumat.  liem  contens  e  ne  ijuitam  lo  dit  Johan 
La  Croetz  e  tôt  autre  à  qui  poyria  tocar  ni  la  presen  quitansa  deu 
apartenir.  Dadas  à  Tholosa,  sot/  nostres  propris  sigels  e  senhetz 
manuals,  lo  xixe  jornde  may,  Tan  mil  cccc  x\\i\. 
Signé  avec  paraphe,  B.  Yikhas. 

I.XV 

Arrêt'-  de  compte   au  consolai  du   Bourg  de  Rodez  pour  le  payement  d'une 
contribution  convenue,  pour  la  délivrance  définitive  du  pays,  entre  le  comte 
d'Armagnac  et  Rodrigue  de  Villandrando.  —  Registre  BB'  (fol.  ITT 
chives  communales  de  Rodez    Communication  de  M.  Paul  Durrieu. 

(19  décembre  1  13* 

Fou  explirat,  erim  per  la  comesson  maestro  11.  d'Astug  i,  piocu- 
ror  gênerai  et  secretari  de  mossenhor  lo  comte,  trames  per  mes- 


Ml     DE    R0DRIG1  I. 

,ltit,  , ,,  especial  pcr  denunciar  l'acordi  fach  per  mos- 

|(,  comte  -un  Bodigo  cl  autres  rotiers,  pcr  la  quai  causa  lo 

,j  ,|    |or  pcr  d'ayssi  à  tolz  tans  ;  pcr  loqual  acordi 

stal  promes  aldit  I\odigo  ni"1  motos,  pagadors  lameytat 

;,  nai|  mien  vencn,  el  l'autra  meytatà  pascas  enseguen: 

,  -t;it  autrial  m  esquts,  valens  m  vii«  i.  motos, 

1  xv  jorn  d'aqucsl  mes  :  que  moula  à  la  part  del  Bore 

iwi  csouls  \in  gros.  I.i  quai   soma   lo   dit  maestro  II.  d'Astuga 

i  |.  r  jiortar  als  dis  capitanis. 


A  Y 


,li,.c(*'si<  'le  Lavaur  cl  de  la  jugerie  de  Villclongue 

-  ni   (|uole-j);irl    de    la  contribution  consentie  par  la    sené- 

nour  m'  débarrasser  de  Rodrigue  'I''  Villandrando  el 

l;  nrhnii.  —  Copie  de  la  t:>>/lerii<<u  de  Languedoc  (t.  LXXXIX, 

■;        |    .    Bibliotb.  nat. 

Événements  'In  commencement  de  l'an  1  1"'.' 


Charles,  etc.  au  premier  nostre  huissier  ou  sergent  d'armes, 

huissier  de  nostre  Parlement  <>u  autre  nostre   sergent  qui  sur  ce 

requis,  salut.  De  la  partie  de   nostre  bien  amé  Jehan  de  la 

■  sté  expose  que,  comme  au  retour  de  l'armée  que 

-   en   l'année   précédant  aller  et  entrer  à  nostre  pays  de 

Guienne  occupé  par  les  Angloys  nos  anciens  ennemis  et  adver- 

.  i,    h.',  de  Villandrando  et  le  bastard  de  Bourbon,  capi- 

n  mes  et  de  lr.nl  d'icelle  armée,  se  feussent  venus 

environ  nostre   ville  de  Thoulouse,  eulx  el  leurs  gens  en 

desditz  gens  d'armes  et  de  trait,  et  eussent  prins  par 

les  villes  el  places  de  Saichcs,  Braqueville  et  Bo- 

i  i     sur  ia  rivière  de  la  Garonne;  èsquelz  lieux  se  rc- 

■    ient  tous  les  pavs  d'environ  icellc  nostre  ville 

e,  prcnoienl   el   rançonnoicnl   hommes  el  femmes  et 

-oient  iii.uiK  innunicrahlcs  cl  tellement,  que  aucuns  vivres  ne 

envoient  aller  ne  venir  en  nostre  dicte  ville 

1  pays;  pour  laquelle  cause  et  donner  à  ce  provi- 

1  assamblez  les  v.eiis  de  nostre  conseil  et  capitols 

i  e||e  nostre  ville  de  Thoulouse  et  granl  partie  des  gens  des  trois 

lausséc  et  \ille  de  Thoulouse  el  pays  d'environ, 

li"--   louchoil  et,  usloil  préjudiciable;    lesquels,  pour 


DE  VILLARDRA3D0.  511 

éviter  la  destruction  dudil  pays  cl  Paire  cesser  les  dictes  |  »  î  1 1  «  ■  i  i  «  -  - , 
eussent  fait  certain  appoinctement  avec  lesditz  Rodigo  el  bastart, 
par  lequel  il/  promirent  et  baillièrent  leur  scellé  q  leilz  .  en  leur 
baillant  la  somme  <le  trois  mille  escus  de  reste  .  savoir  andil  Ro- 
digo deux  mil  et  audit  bastart  mil,  delivreroienl  lesdictes  villes  el 
places,  ctn'cntivroient  ne  lu- rruïcni  i'ii\inm  hvIIc  uostre  ville  ne  en 
ladicte  seneschaussée  deçà  la  rivière  de  Garonne  dedans  i 
temps:  pour  fournir  auquel  appoinctement  eust  esté  advisé  el 
ordonné  par  lesditz  gens  de  uostre  conseil,  capitols  et  gens  des 
trois  Es taz,  mettre  sus  et  imposer  eu  ladicte  seneschaussée  et  pays 
à  qui  la  chose  touchoit  la  somme  de  cinq  mille  livres  tournois, 
et  pour  advancer  la  vuidange  desdictes  gens  d'armes,  eussent  tant 
fait  envers  ledit  exposant  qu'il  acharna  et  près  ta  ladicte  somme 
de  trois  mil  csetiz  pour  bailler  auxilitz  capitaines;  el  depuis  eus- 
sent commis icelui  exposant  à  recevoir  ieelle  somme  de  cinq  mil 
livres  tournois  et  ordonne  qu'il  recouvrerait  le  susdit  prest  des- 
diz  trois  mille  esens  par  sa  main  des  deniers  de  sa  recepte;  à 
cause  de  laquelle  somme  de  cinq  mil  livres  t.  les  habitans  du  dio- 
cèse de  Lavaur  et  jugerie  de  Villelougue  furent  assiz  et  imposez 
pour  leur  quote  et  portion  dudit  ayde  à  là  somme  de  douze  cens 
seize  I.  t.;  lesquels  habitans  se  feussent  trait  par  devers  uostre 
très  chier  et  très  amé  Bis  le  daulphin  de  Viennois,  luj  estant  der- 
nièrement en  noslre  pays  de  Languedoc,  et  par  imporlunité  de 
requestes  ou  autrement  eussent  obtenues  ses  lettres  par  li  squelles 
eust  esté  mandé  audit  exposant  que,  jusques  à  la  Teste  de  Noël  der- 
nier passé,  ne  les  contraingnist  à  payer  leur  dit  impost  ;   lequel 
suppliant,  en  obtempérant  au  mandement  de  noslre  dit  fil/,  les 
ait  tenu  en  surcéance  de  leur  demander  iceluy  impost  jusques  à  la 
feste  de  .Noël;  et  combien  que  ledit  suppliant  ait  par  plusieurs  fois 
sommé  et  requis  ceulxdc  ladicte  seneschaussée  et  pays  dessusdit 
qui  "lit  esté  imposez  audit  ayde,  de  luy  payer  leur  taux  et  impost 
d'iceluy,  néanmoins  ilz  en  ont  esté  et  encorcs  sont  reffusans  ou 
au  moins  delayans  et  en  demeure,  et  double  que  pareillement 
soient  ceulx  dudit  diocèse  de  Lavaur  et  de  la  jugerie  de  Villelongue, 
nonobstant  ledit  terme  à  eux  donné,  lequel  est  passé,  comme  dit 
est,  qui  a  esté  et  seroil  grant  dommaige  et  préjudice  dudit  • 
sant,  se  par  nous  n'esloit  sur  ce  à  luy  pourveu  de  remède  conve- 
nable, requérant  humblement  iceluy  :  pourquoy  nous,  ces  choses 
considérées,  voulans  ledit  suppliant,  qui  a  libéralement  preste  le 
sien  pour  la  conservation  de  nosdiz  pays,  et  les  autre?  frais  que 


-|S  VIE   I>E  RODRIGUE 

à  ceste  causa  lui  a  convenu  faire,  estre  payé  et  satisf'aiz  comme 
raison  est,  te  mandons  et  commettons  par  ces  présentes  que  tu  te 
transportes  par  devers  lesdilz  habitans  du  diocèse  de  Lavaur  et 
iugerie  de  Villelongne  et  de  ladicte  senescliaucée  de  Thoulouse  et 
autres  lieux  qui  t'apperront  avoir  esté  assiz  et  imposez  audit  ayde 
de  cinq  mil  1.  t.,  etc.  Honné  à  Saumur,  le  vie  de  février,  l'an  de 
grâce  mil  i  ci  i  \k\ix  et  de  nostre  règne  le  xvm%  soubs  nostre  seel 
ordonné  en  l'absence  du  grand. 


LXYII 

Quittance  de  l'intendant  île  la  maison  de  Rodrigue  de  Villandrando  pour  un 
don  d'argent  à  lui  fait  par  les  capitouls  de  Toulouse.  —  Original  en  par- 
,  h,  min  du  )ls.  IV.  20578  à  la  Bibliothèque  nationale. 

(17  mars   143  g] 

Sachan  tous  que  ses  preses  verant  que  yo,  misser  Pyeres  de 
Vivar,  chyvaller,  maestre  de  mossenor  le  comte  de  Rybadeo,  con- 
te se  avoer  recebido  de  vous,  Juan  de  la  Crois,  la  summa  de  l  escus 
en  oro,  lesqueles  yl  m'adado  per  les  senors  de  la  villa  de  Tolosc. 
lia  les  quales  l  escudos  io  me  ten  per  content  et  vous  doue  esta 
quytansa  escryta  de  ma  man  et  synena  de  mon  synet  manuel,  le 
wij'  dias  de  marso,  l'an  de  mil  ccccxxxviij  ;  et  quyte  la  dita  villa 
de  Tolosa  et  les  abitans  de  todo  lo  que  me  poay  onc  escair  d'os. 

De  par  le  maestre  d'ostall  de  monssinor  le  comte  de  Rybadeo. 
Signé,  Pedro  hk  Vivar. 


LXVIU 

Quittance  d'une  indemnité  payée  pour  assistance  à  une  assemblée  des   Etats 
iévnudan  tenue  à  Uende,  où  lut  votée  une  contribution  à  Rodrigue  de  Vil- 
landrando. —  Original  du  JIs.  Clairambault  181,  cote,  6505  à  la  Bibl.  uni. 

(9  avril  1439.) 

Par  devant  moy,  Martin  Drosses,  notaire,  fut  présent  en  per- 
sonne le  noble  Roberl  de  Montesquieu,  seigneur  de  Parade,  lequel 

gneul  el  confessa  avoir  lieu  et  receude  Jehan  Chaste,  receveur 

ou  diocèse  de  Munie  de  la  somme  de  ij"1  moutons  d'or  pour  paty 


HE     Mil  ISRANDO.  -.10 

l'ait  à  Bodigo  de  Yillandran,  cappitaine  de-  gens  d'armes  et  de 
Irait,  par  les  gens  des  trois  •  stas  de  Jeuvaudain,  la  somme  de  dix 
moutons  d'or  à  lui  tauxée  pour  avoir  esté  à  l'assemblée  1 1  assisté 
à  Rfende,  pour  la  terre  du  seigneur  du  Tornel.  De  laquelle  somme 
de  x  moutons  d'or  ledit  Robert  de  Montesquieu  s'est  tenu  et  tient 
pour  bien  contint  et  paie,  en  en  quieia  et  quicte  ledil  receveur 
el  tous  autres  à  qui  quictance  en  puet  appartenir.  Et  en  tesmoing 
de  ce  et  à  larequeste  dudit  de  Montesquieu,  j 'a)  signé  eeste  quic- 
tance le  ixe  jour  d'avrill,  l'an  mil  iiij*  quarante  '  et  neuf. 
Signé,  Brosses. 

LXIX 


Engagement  personnel  de  Rodrigue  de  Villandrando  dois  le  traité  d'alliance 
conclu  par  lui  avec  le  comte  de  Fois  et  le  comte  de  Comminges.  —  Original 
en  parchemin, scellé,  aux  àrchivi  s  du  départemenl  des  Basses-Pyrénées, coté 

.    '  .  —  •  Communication  de  M.  Paul  Raymond. 

1.  \  ..o.,, 

(9  avril   1439 


Sapin  tot.z  qui  las  presens  veiran  que  io,  Rodrigo  de  Yilan- 
drando,  comte  de  Ribadeu  en  lo  règne  de  Castele,  de  mon  bon 
grat  e  certane  sciencie  me  suj  feyl  et  per  ténor  de  las  presens  me 
faz  aliat  et  servidor  de  vos,  haut  et  puixantz  senhors  en  Gas- 
ton, comte  de  I  oixs  et  de  Begorrc,  et  de  vos,  moss.  Malhiu  de 
Poixs,  comte  de  Comenge.  Et  vos  cy  promelut  et  jurai,  prometi 
et  juri  ans  sautz  avangelis  de  Diu,  corporammentz  toquatz  de  ma 
man,  et  SUS  ma  boue  le  et  sus  ma  bouor,  que  a  tote  ma  vile  io 
vos  seié  boii,  leyau  et  lideu  aliat  et  servidor;  et  vos  soccoreré  et 
aiudaré  de  ma  persone  et  de  tote  ma  poixanec  et  ab  totz 
aquetz  qui  per  mi  voleran  far,  en  quai  part  (pie  io  sic  à  mi 
possible,  envers  totz  et  contre  totes  persones  que  pusquen  vivre 
etmorir,  totes  et  et  tantes  betz  cum  besonh  ac  aurai/,  et  per  vos 
et  cascun  de  vos  ne  seré  requerit,  cessant  toi  frau,  barat  m  mal 
enginb.  Et  si  sabi  que  degun  odeguns  vos  procurassen  o  volossi  n 
far  mal  ni  deshonor  en  persone,  subgetz,  b  es  >'t  causes,  ac  em- 
pediré  à  mon  poderet  vos  en  abisaré  au  [dus  tost  que  poyré  per 

1  Faute  d'inadvertance;  il  faudrait  trente  au  lien  de  quarante   La  coi 
est  indiquée  par  l'impossibilité  absolue  d'admettre   qu'il  y   ait  eu  encore  des 
patis  en  1449,  et  que  Rodrigue  se  soit  trouvé  quelque  part  en  France    celle 
année-là. 


VIE   DE   ROniUfiT'E 

,   ,i   ni,  «copiai/   los    reys  de  France  et  de  Caslele, 

lu   duc  de  Horbon   et  don    Albaro  de  Lune,  conestable  de 

i  ;i>tcle.  Laqunl  cause  ey   feyte,  promesse  et  jurade   per  tôt  lu 

do  ma  vite,  cum  diii   es,  tant  de  mon  bon  grat   cum  per 

,  tz  prometut  et  jurât  de  sostenir,  deffener  et 

nnparar,  ai\i  que  semblant/ senhors  que  vos  edz  son  tengutz 

,-.  il  ffener  et  emparar  à  semblant  aliat  et  servidorque 

per  ccrlane  pention  annual  que  vos  me  avetz  autreyat 

.    i  i  que  appar  en  las  lelres  per  vos  sus  so  à  mi  balhades. 

Km  lestimoni  d'asso,  ey  signal  las  presens  de  ma  man  et  sagerat 

:i  saget.  Fcyf   a  Sant-Julian,  dentz  lo  castet,  lo  tx.  juin 

dnpril,  l'an  mil  quatre  centz  trenta  et  nau. 

i  \ ni. \  Andhando. 


LXX 


par  la  ville  de  Toulouse  au  secrétaire  de  Rodrigue 

pour  la   confection  de  l'acte  de  sécurité  délivré  à  la  dite 

ville.  —  Original  du  Cabinet  do  titres  de  la  Bibl.  nat.,  dossier  Gamaches. 

(21  avril  1439.) 


•le  Jacques  de  Gamaches,  secrétaire  de  mous,  le  coule  de  Riba- 

deo,  confesse  avoir  eu  et  receu  des  cappitolz   et  habitons  de  la 

ville  cl  cité  de  Thoulouze  la  somme  de  douze  escuz  d'or  de  Tou- 

louzc,  par  la  main  de  Jehan  de  la  Croix,  marchant,  demourant  en 

le  ville  de  Thoulouze,  en  quoy  lesdiz  cappitolz  et  habitans 

lient  lenuz  pour  ma  payne  et  sallaire  d'avoir  fait,  escript  et 

;llé  de  la  ville  et  seneschaucie  dudit  Thoulouze,  pour 

nir  en  la  seurté  de  mondit  maistre,  et  pour  faire  vuidier 

hors     s  gens  des  lieux  et  villes  de  ladicte  seneschaucie  et  de  non 

r.  De  laquelle  somme  de  xi j  escuz  dessus  dicte  je  me  tieng 

pour  bien  coulent,  et  en  quicle  lesdiz  cappitolz,  habitans  et  tous 

autres  qu'il   appartiendra.  Tesmoing  mon  seing  manuel  ey  mis, 

ir  d'avril  l'an  mil  iiij'  xxxix. 

Gamaches. 


DE   VILLANDRANDQ.  "jl 


LXX1 


Quittance  de  Rodrigue  de  Villandrando  pour  dem  mille  écus  d'oi  .1  lui  payés 
conformément  an  patis  passé  entre  lui  «t  lescapitouls  de  Toulouse. —  Oi 
en  parchemin,  scellé  en  cire  rouge,  du  Cabinet  des  titres  de  la  Bibliothèque 
nationale,  dossier  Villandrando. 

(21   avril  I  , 


Nous,  Rodrigo  de  Villandrando,  conte  de  Ribadeo  el  seigneur 
d  Dssel,  confessons  avoir  eu  et  receu  des  cappjtolz  el  habitans  \<- 
la  ville  et  cite  de  Thoulouze,  la  somme  de  deux  mil  escus  d'or 
de  Tlioulonze  par  la  main  de  Jehan  de  la  Croix,  marchanl  de- 
mourant  en  la  dicte  ville;  en  quoj  les  diz  cappilolz  et  habitans 
nous  estoienl  tenus  pour  certaine  composicion  faicte  pour  nous 
faire  deslogier  des  villes  et  lieux  de  la  seneschaucie  dudit  lieu  de 
Thoulouze,  et  autrement.  I»e  laquelle  somme  de  deux  mil  escus 
d'or  de  Thoulnii/e  nous  nous  tenons  pour  bien  contens  et  en  quic- 
tons  les  diz  cappitolz  el  habitans  du  dit  lieu  de  Thoulouze  el  tous 
autres  qu'il  appartiendra.  En  tesmoing  de  ce,  nous  avons  signéqs 
ces  présentes  de  nostre  main  et  à  icelles  fait  mettre  le  piopre  seel 
de  nos  armes,  le  me  jour  d'avril,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens 
liante  et  neuf. 

Signe  :  Uoduigo  de  Villv  Andrando. 


LXXU 

Allocation  faite  par  les  capitouls  de  Toulouse  au  viguiei  de  leur  ville,  sur 
l'impôt  établi  pour  l'accomplissement  des  accords  passés  entre  Rodrigue  de 
Villandrando  et  les  gens  du  conseil  du  roi.  —  Original  en  papier  scellé  de 
huit  cachets  de  cire  rouge,  Ms.  f'r.  n°  20578  de  la  Bibliothèque  nationali  . 

(G  mai  143 

Lo  Capitol  de  l'an  imc  xxxviti. 

Cum  à  occasio  et  cause  dels   grans  dampnages  que  las 
d'armas  et  de  trayt  an  donatz  à  la  viguaria  et  présent  ciutal  de 
Tholosa,    la   présent  vila,  per  gran  nécessitât  et  garda  d'aquela 
lo  noble  Johan  de  Varanha,  escudier  et  viguier  de  Tholosa    aia 

21 


VIE  DE  RiHlIUGUE 

mesa  très  gran  diligencia,  pena  el  treballi  à  la  garda  de  la  pré- 
sent ciulat,  tanl  de  nueil  comma  île  jour,  per  laquai  causaacon- 
,i  qU'e]  aia  teBfgu  las  gens  per  servir  luy  et  la  vila  à  causa  de 
ladita  garda,  el  diversas  despens,  danges  et  dampnages,  eaiasuf- 
ferlatz  el  despendul  de  sus  bes  grandament;  et  per  récompensai- 
losdiz  sos  trabalhsc  la  despensa  que  a  faita  per  las  causas  dessus 
ditas,  sia  esta!  appunctat  per  la  major  partida  de  las  gens  dcl  cos- 
-,  H,  ,],  1  iv\  nostre  sobira  senlior  estans  en  la  présent  ciutat,  et 
pei  nos,  que  al  dit  viguier  sia  pagada  et  delivrada  la  soma  de  dos 
cens  livras  de  tornes  de  la  soma  empausada  en  la  présent  senes- 
calcia  et  diocèse  de  Tholosa,  per  cerla  acort  et  tractât  fait  entre 
las  gens  deldit  cosselh  del  rey  nostre  sobira  senhor  et  lo  conte  de 
Rivadieu,  autrement  apelat  Modigo,  et  mossenboi-  lo  bastart  de 
Borbo,  en  certa  tonna  el  maniera  contengudas  en  certz  articles 
acordalz  et  sagelatz  per  losdiz  Rodigue  et  bastart  de  Bourbo;  et  à 
recebre  la  dita  soma  sia  estât  députât  recebedor  Joban  Lacrotz, 
merchant  et  ciutada  nostre,  loqual  récuses  à  payai-  e  delivrar  la- 
dita soma  aldil  viguier,  sino  que  agues  exprès  mandament  :  per  so, 
aguda  consideracio  à  la  gran  lealtat  et  bona  diligencia  e  los  grans 
trebalhs  et  despensa  que  a  mesas  et  suffertatz  per  la  garda  de  la  vila 
et  vignaria,  volen  et  consenten,  e  no  re  mens  mandam  tant  quant 
à  nos  et  se  apperte  aldit  Joban  Lacrotz,  recebedor,  que  pague  et 
délivre  dels  deniers  de  ladite  recepta  aldit  viguier,  la  soma  de 
dos  cens  livras  tornes,  per  las  causas  et  rasos  dessus  ditas;  car 
raportant  lo  présent  mandament,  am  recognoissance  sufficient 
deldit  viguier,  ladita  soma  vos  sera  debatuda  de  la  dita  recepta  et 
allogada  en  vos  contes  per  tôt  la  hom  apper tendra.  Serin t  à 
Tholosa,  à  vj.  de  may,  l'an  mil  imc  xxxix. 


LXXIII 

une  somme  votée  pour  Rodrigue  de  Villandrando  par  les  États 
-I  Auvergne  en  présence  du  roi.  —  Original  sur  parchemin  du  Cabinet  des  ti- 
tres de  la  Bibliothèque  nationale,  dossier  Villandrando. 

(12  juin  1459. 

lient  luit  que  nous,  Rodrigo  de  Villa  Andrando,  conte  de 

Ribadeou,  capitainede  gens  d'armes  et  de  trait  pour  le  roy  nostre 

avoir  eu  et  receu  de  Pierre  Mandonier,  receveur 


DE   VILLAS  DR  \  Mm. 

ou  bas  païs  d'Auvergne  de  la  porcion  d'un  ayde  de  wwr-  fr.  o< 
troié  au  roj  aostre  dil  seigneur  par  les  gens  des  Lrois  Estas  du  dil 
bas  el  tlu  liault  \y,ii-  d'Auvergne,  assemblez  i  a  sa  présem  e  en  la 
ville  de  Hioni  ou  mois  de  mais  derrenier  passé,  la  somme  de 
dois  cens  livres  tournois  ;  la  quelle  les  gens  d'église  et  nobles 
d'icelluibas  païs  nous  uni  donnée  el  ic  Ile  ordonnée  à  nous  estr< 
paiée,  baillée  el  délivrée  par  le  dit  receveur,  des  deniei  s  de  sa  re- 
cepte  mis  sus,  oultre  le  principal,  pour  les  causes  el  ainsi  qu'il 
est  contenu  et  déclairé  es  instructions  et  ordonnances  faites  sur 
le  fait  du  dit  ayde.  De  la  quelle  somme  de  m1  livres  tournois 
nous  tenons  pour  bien  content  et  paie  et  en  quictons  le  dil  païs, 
le  dit  receveur  el  lous  autres  à  qui  quictance  en  appartient.  I\  ;- 
moing  no/  seel  et  seing  manuel  mis  à  ccr-te  présente  quictance, 
le  \np  jour  du  mois  de  juing,  l'an  mil  ecec  trente  neuf. 
Signé:  Rodrigo  de  Villa  Àhdrahdo. 


1AXIY 

Commission  du  roi  de  instille  pour  taire  retourner  le  comte        I 
à  Valladolid,  le  comte  de  Ribadeo  devant  recevoir  l'ordre  de  s'arrêter  à  Roa. 
Art.  r»:>  du  Segtiro  de  Tordesillas,  imprimé  à  la  suite  de  la  vie  d'Ah 

Lima,  édition  Sancha. 

(21  juin   I 

Don  Juan,  por  la  gracia  de  Dios  iv\  dr  Castilla,  de  Léon,  de 
Toledo,  de  Galicia,  de  Sevilla,  de  Cordoba,  de  Murcia,  de  Jaén, 
de!  Algarbe  é  de  Algecira,  é  senor  de  Vizcaya  é  de  Molina,  por  la 
présente  dû  'podu  complido  â  vos,  don  Pedro  Fernandez  de  Va- 
lasco,  coude  de  Haro,  mi  camarero  mayor  é  del  mi  consejo, 
para  que  de  mi  patte  é  por  mi  é  en  mi  nombre  podades  segu- 
rar  é  fascer  pleyto  é  homenage  que,  tornandose  ;i  la  villa  de 
Valladolid  el  coude  don  Pedro  de  Astuîiiga  ton  su  gentè  de!  lugar 
donde  agora  esta,  entanto  que  se  vé  é  platica  en  1ns  negocios  que 
al  présente  ocurren,  en  que  vos  pur  mi  mandado  fablades  con  el 
infante  don  Enrique  é  con  los  otros  que  estâo  en  Valladolid,  yo 
enviaré  mandar  â  don  Rodrigo  de  Villandrando,  conde  de  Riba- 
deo, mi  vassallo,  que  esté  en  la  villa  de  Roa,  donde 
con  su  gente,  é  se  non  raueva  nin  parla  délia  sin  mi  especial 
mandado.  é  que  faré  pur  mancra  que  lo  él  faga  é  compla  a>i. 
Otrosi  que  deldiaque  por  vos  me  fuere  notificado  6  enviado  noti" 


VI  I     II]     KODIUGI'E 

non  se  concuerdan,  por  très  dias 
|,li<[,)>  primeros  siguiontes  cl  diclio  conde  de   Ribadeo  estarâ 
n  genlc  ''  »on  partira  de  alli  fasta  ser  passa- 
|  ,S;  por  que  en  lanloel  diebo  conde  don  Pedro 
le  1 i  du  lia  villa  de  Valladolid,  é  se  tor- 
il  lugar  donde  agora  esta.  É  para  que  sobre 
ii    1 11  ï  é  en  mi  nombre  fascer  é  otorgar  qualquier 
yo  desde  aqui  la  fagoé  olorgo     gund  é  por  la 
i,  , .,.:,,  que  |o  vos  (iscicredes  é  otorgaredes.  \.  prometo 
I,:  ical  de  In  i:uardar  é  complir,  c  mandar  guardar  et  com- 
nlii-  v,._uim1  ,'  por  la  forma  é  manera  (jue  lo  \os  scimrades  de  mi 
narte.  De  lo  quai  mandé  dar  esta  mi  carta,  (îrmada  de  mi  nom- 
ellada  ion  mi  sello.  Dada  en  Olmedo,  â  veiute  é  siete  dias 
,|,.  juii  ilel  nascimienlo  de  nuestro  sefior  Jesu  Christo  de 

nul  é  (|iiatrocientos  é  treinta  é   nueve  aiïos. 

1,1  v. 

Vo  :  I  doctor  Ferrando  Dit/,  de  Toledo,  oydor  é  refrendario  del 
-ii  sccrelario,  la  fisce  escribir  por  su  mandado.  Registrada. 


IAXY 

I!         on  au  gouvernement  de  la  ville  de  liale  sur  les 

.  nt-    des    Écorcheurs   el  de   Rodrigue.  —  Original  en 

\        ics  de  la  ville  do  Dàle,  Registre  des  missions    1430-1445". 

I 

30  juin  1439.) 


Il  p  ctabilesque  etmagnifici  viii  amicique  singularis- 

iiiui  iieoiiiinendacione  piotbomissa,  noveritis  noshodie  ves- 

l'atissimas    récépissé    liltcras   in    effectu  continentes  quod, 

lama  ;   lacione  insinuante,    perceperatis  quod  lurba  et 

i  uni  adlmc  in  partibus  Burgundie  se  conli- 

ini  ili  l  partes  circum  adjacentes  transferendi,  et,  ut 

omnibus  gravissima  dampna  inferendi.  Super  quibus 

don  in  K  ion  -  quod   imper,  lama  publica  refe- 

po   i  i  ml  ad  parles  istas  Burgundie, 

is  [icrsonaliler  se  transferre;  et  quia  illustris- 

-  l'iim   t      el   dominus,  dominus  dux   Burgundie,   de  pre- 

iiilorniatus  ,    propusueral   ad    easdem   partes   Burgundie 


DE   vni  \m,|;  \  \|hi. 

venir.'  ad  obviandum  miliciis  eorumdem  Excoriatorum  et  hoc  \i 
armata  contra  eosdem  pugnandum;  que  premissa,  ul  ferlur,  ail 
aures  eorum  Excoriatorum  pervenerunt,  propter  quod  distulerunt 
hue,  videlicel  ad  partes  istas  Burgundie,  se  transferre  proposi- 
tumque  eorum  raalum  mutaverunt.  El  si  in  futurum,  quod  absit, 
de  eisdem  Excoriatoribus  alia  nobis  occurrant  contraria  nova, 
s i 1 1 < ■  inoia  voliis  reseribere  curabiintis,  vr-lras  artriirius  rogando 
dominaciones  quatinus,  -i  que  voliis  de  predictis  et  alias  inimicis 
ac  emulis  uostris  ac  alias  de  contingeutibus  constiterint,  simili 
modo  nobis  intimare  curetis,  prout  in  eisdem  vestris  domina- 
cionibus  ad  plénum  conlidimus. 

De  novis  dictorura  Excoriatorum  occurentibus,  audîvimus  quod 
Rodigue  et  quidam  vocatus  Poton,  capitanei  dictorura  Excoriato- 
rum, sunt  in  acie  ante  castrum  et  villam  de  Hun/cul  en  Guyenne 
in  magno  numéro,  etalii  Excoriatores  sunt  in  acie  ante  villam  et 
castellum  Meldense.  Ouid  autem  e^erint,  neseimus. 

Alia  pro  presenti  non  occurrunt  eminentibus  vestris  domina- 
cionibus  rescribeuda,  nisi  quod  Altissimus  easdem  vestras  domi- 
naciones conservare  dignetur  féliciter  et  longeve,  proul  optamus. 

Scriptum  Bisuncii,  in  domo  communi  et  consistoriali,  die  ixx1 
mensis  junii,  anuo  \\\i\. 

Ileetores  et  gubernatores  civitatis  Bisuntinensis,  vestri. 

Sur  l'adresse  :  Honorabilibus,  spectabilibus  et  magnifias  viris, 
dominis  Arnoldo  de  Ralperg,  militi,  magistro  civium,  et  consu- 
lalui  gubernatoribusque  civitatis  Basiliensis,  amicis  nostris  singu- 
larissinùs. 

LXXV1 

Autorisation  accordée  par   le    roi   de  Castille  à  Rodrigue  de  Villandrando, 
d'employer  un  navire,  dont  il  avait  la  propriété,  à  faire  le  commerce  avec 

l'Angleterre,  c me  dédommagement  <lu  la  rançon  de  plusieurs  prisonniers 

que  les  anglais  avaient  faits  sur  lui  pendant  son  trajet  en  Espagne.  — Publié 
par  M.   Jimenez  de   la  Espada  parmi  ses  éclaircissements  aux  toj  igi 
Pero  Tafur  (Madrid,  1874),  p.  547,  d'après  un  formulaire  manuscrit  di 
des  rois  Juan  II  et  Enriqne  IV,  conservé  à  la  Bibliothèque  du  Coi 

(1439.) 

Don  John,  etc.,  â  los  duques,  coudes,  ricos  ornes,  maestros  de 
las  ordencs,  priores,  comendadores  é  subconimdadores,  é  al  uii 
almirante  mavor  de  la  mar,  é  â  vuestros  lugares  tenientes,  é  a  lus 


VII.    DE    RODRIGUE 

mpitanes  6  d  otros  qualesquier  que  andades  por  las  mis  inares,  é 
■•,  Lodos  los  concejos  é  alcades  é  alguaciles,  regidores,  cavalleros  é 
escuderos  è*  ornes  buenos  de  todas  las  cibdades  é  villas  é  Iugares 
,|(.  los  mis  reynos  é  scfiorios,  é  a  todos  qualesquier  mis  siidictos 
,-,  rraturales  de  qualquier  estado  é  condicion,  preheminencia  o  di- 
gnidad  que  seau,  é  â  qualquier  o  qualesquier  de  vos  â  quien  esta 
mi  caria  fuere  moslrada  o  el  translado  délia  signado  de  escribano 
publico,  salud  é  gracia.  Sepades  que  don  Rodrigo  de  Yillan- 
drando,  coude  de  Ribadeo,  mi  vasallo  é  de  mi  cousejo,  me  fizo  re- 
lation en  como  el,  veniendo  en  mi  servicio  por  mi  mandado,  los 
Yngleses  le  prendieron  é  tienen  presos  â  Fernando  de  Tovar,  su 
sobrino,  é  Pero  Carrillo,  é  â  otros  mis  subdictos  é  naturales  de  su 
compania  que  cou  el  venian,  los  ([uales  non  se  podian  rescatar 
sin  grandes  contias  de  maravedises  é  otras  cosas  que  por  ellos  le 
demandan.  É  pidiéme  por  merced  que,  para  los  rescatar,  le  dierc 
licencia  para  una  su  nao,  llamada  la  nao  de  Santiago,  que  es  Fulano 
patron  délia,  pudiese  entrai*  é  salir  con  sus  niercadurias  al  reyno 
é  seùorios  de  Ynglaterra,  salva  é  seguramenle  por  los  viajes  que 
a  mi  merced  pluguiese.  E  yo  tovelo  por  bien,  é  es  mi  merced  é 
mando  que  por  quatrô  viajes  la  dicha  nao  pueda  andar  é  anda 
salva  é  seguramente  por  qualesquier  mis  mares,  é  entrar  é  salir 
al  dicho  reyno  é  senorio  de  Ynglaterra  con  sus  niercadurias.  E  es 
mi  merced  é  mando  que,  por  lo  asi  fazer,  non  caya  nin  incurra  en 
pena  nin  en  penas  algunas  ceviles  nin  criminales,  ca  yo  por  esta 
mi  caria  les  do  licencia  é  facultad  é  poderio  para  ello,  durante  los 
diclios  quatro  viajes,  como  dicho  es.  Porque  vos  mando  â  todos  é 
â  cada  uno  de  vos  que  dexedes  é  consentades  al  dicho  Fulano, 
mai  -Ire  de  la  dicha  nao,  é  â  los  mercaderes  é  otras  pcrsonas  que 
i  on  ri  en  ella  fueren  andar  en  la  dicha  nao  del  dicho  conde,  é  11e- 
var  é  sacar  fierros  é  otras  qualesquier  niercadurias  para  el  dicho 
reyno  é  seùoiio  de  Ynglaterra,  tanto  que  no  seau  cavallos  nin  ar- 
mas  nin  las  otras  eos;is  por  mi  vedadas  de  sacar  â  los  reynos  co- 
marcanos  con  quien  yo  lie  paz  ;  é  otrosi  que  les  dexedes  traer  libre 
é  desembargadamente  paùos  é  otras  qualesquier  niercadurias  del 
dich  i  reyno  é  seùorios,  é  las  vender  é  destrihuyr  en  ellos  é  en  otra 
qn  desquier  parte  doml<>  quisieren  é  por  bien  tovieren,  non  les 
dem  m  lando  mu  levando  por  ellas  mas  nin  allende  de  los  derechos 
por  mi  ordenados  cerca  de  las  niercadurias  que  se  traen  de  los 
reynos  é  tierras  con  quien  yo  he  paz,  durante  los  dichos  via- 
jes,  los  quales  se  fagan  del  dia  de  la  data  d'esta  mi  carta  fasta 


DE  VILLANDRANDO.  521 

Ireiuta  meses  complidos  prôximos  siguientes.  É  non  fagades  oin 
consiutades  fazer  al  dicho  maeslre  de  la  dicha  nao  nin  .1  los  mer- 
caderes  é  otra  compafiia  de  quai  [uier  nacion,  estado  o  condicion 
que  en  la  dicha  nao  venga  é  fueien,  mal  niu  dapfioniu  otro  des  >- 
guisado  alguno  en  sus  personas  niu  en  sus  bienes,  sin  razon  é  Bin 
derecho,  como  non  devades  non  faciendo  nin  dafiando  nin  bus- 
cando  mal  nin  dapfio  nin  desonor  mio,  ni  de  los  dûs  subditos  é 
naturales,  nin  de  mis  amigos  é  aliados,  nin  de  aquellos  con  qui<  n 
yo  lie  paz;  ca  yo  por  la  présente  tomo  >'•  rescibo  la  dicha  nao 
maestre  é  mercaderes  é  otros  qualesquier  personas  que  en  ell  i 
fueren  é  venieren,  é  i  sus  bienes  é  mercadurias  è  cosas,  en  mi 
guarda  é  amparo,  éso  mi  seguro  é  del'endimiento  real,  durante  los 
diclios  quatro  viajes  é  el  dicho  tionj)o  en  que  se  lian  de  fazer. 
E  niundo  â  vin.  las  dichas  juslicias,  é  i  cada  uno  de  vos  que,  si  al- 
guno  o  algunos  de  vos  quisiere  quehrantar  este  mi  seguro,  que 
pasedes  é  procedades  conlra  el  los  é  contra  cada  uno  d'ellos  é  con 
ira  sus  bienes  â  las  mayores  penas  ceviles  é  criminales  que  fallardes 
por  fuero  é  por  derecho,  asi  como  conlra  aquel  ô  aquellos  que  que- 
brantan  seguro  puesto  por  su  reyésenor  natural.  Otrosi  vosmando 
que  los  non  embarguedes,  nin  detengades,  nin  consintades  embar- 
gar  nin  detener  â  los  sobredichos  nin  algunos  de  ellos,  nin  â  sus 
bienes  é  mercadurias,  por  razon  demarcas  nin  represarias  que  qua- 
les  [uier  pei  sonas  ayan  tenido  é  tengan,  nin  \><n-  razon  dfi  la  guerra 
quel rey  de Francia,  mi  muy  caroémuy  amado  hermano,  amigoé 
aliado,  é  yo  por  cabsa  d'd.  avemos  con  los  ïngleses,  nin  pur  qual- 
quier  defendimiento  o  defendimientos,  vedamiento  o  vedamientos 
que  por  mi  son  o  seau  fechos  durante  los  diclios  viajes  é  tiempo, 
o  carta  o  cartas  que  sobrello  aya  dado  o  diere  en  qualquier  ma- 
nera  :  ca  mi  merced  é  vidunlad  es  que  el  dicho  coude  pueda  enhiar 
la  dicha  nao  con  qualesquier  marcadurias  de  mis  reynos  al  dicho 
reyno  é  senorios  de  Ynglaterra,  durante  los  viajes  é  tiempos,  que 
non  saquen  d'ellos  los  dichos  cavallos  é  armas  é  otras  cosas  por 
mi  vedadas,  como  susodicho  es;  otrosi  que  puedan  traer  é  traygan 
â  mis  reynos  qualesquier  mercadurias  del  dicho  reyno  de  Yngla- 
terra libremente,  syn  embargo  nin  contradicion  alguna,  como 
dicho  es.  pagando  los  mis  derechos  acostumbrados  en  la  mafia  que 
dicha  es.  E  los  unos  en  los  otros,  etc.  '. 

1  Les  formules  finales  et  la  date  manquent,  comme  c'est  l'usage  dans  tous 
les  recueils  du  même  genre  composés  au  moyen  âge;  mais  l'année  1459  est  in- 
diquée par  l'olijet  même  de  la  pièi 


VU     DE    RODRIfil  E 


i  wvil 


i,i   nionl  -;n  l'anvstalioM  de  Guillaume  de  Meny-Peny, 

nies  de  Rodrigue  de  Villandrando. 

es-Pyréix'es.  E  319,  t.   129.  Coi unication 

I4i0. 


Imih'_!.  sic  ;i   totz  ijiic,  en  presenti  deu    mot    nanti 

ml  senlior  en  Gaston,  per  la  gracie  de  Diu  comte 
,.   \    (•ointe  do  licarn  el  comte  de  Uegorre,  lo  noble  moss. 
m  de  Gramont,  senlior  d'Ans  et  d'Olhavie,  cavaler,  qui,  sc- 
dii  l'o,  ère  aqui  vengul  an  mandanient  deudil  senlior  comte, 
m    l"    domandat   et  requerit   que    dixos  vertat,   qui  eren 
_-  1 1 ii i  aven  prees  Guilheumes    Menhi-Penhi,  escuder  d'escu- 
den  1res  e  collent  prince  moss.    lo  dauphin  de  Viane,  lo- 
.    mènent  de  Saut  Jacme  de  Galicie   per  s'en   retornar  en 
■  .  per  phi;   segnrement  passar  son  camin,   se  meto  en  la 
coinpanhie  de  Johan  de  Salasai    et  autres  cappitaines  de  la  com- 
le  Rodrigo  de  \ilandrando,  fon  pies  per  augunes 
iprès  balhal  audit  moss.  Gracian  per  presoner,  loquoau 
lo  [irenco  el  recebo  :  dixo  el    perporta,  en  la  presenti 
dendil  -  ulior,  que  lodit  Guilheumes  Menhi-Penhi  lo  fo  balhat  per 
du-  honiis,  la  un  aperat  Johanicot,  qui  es  de  la  terra  de  Sole  el 
liobedience  dons  Anglees,  et  l'aute   aperat   Petrisantz,  qui, 
ni  \   tz   connine    se  dise,    ère   deu   reyaume   d'Aragon,  los 
ml  el  prunier  que  lodil  Menhi-Penhi  no  fo  ni  vengo 
deudil  moss.  Gracian,   aveu  tengut  lodit  Guilheumes 
per   aiigmis  jorns,  et  egs  lo  balhan  à   luy.  Et 
li1   moss.  Gracian  ac  reporta  et  testiffica  per  dabant  lodil 
deudil  rapport  et  Icstifficatiou  lodit  Guilheumes 
ii  l'i'iihi,  qui  ère  aqui  présent,  requeri  mi,  notari  dejuus  no- 
o  cai  te  el  instrument  public. 
lo  castcj    d'Ortès  en  Bearn,  lo  vin  jorns  deu 
m  iy,  l'an  mil  cccc  el  quarante.  Testimonis  son  d'esso  :  lo 
G  lilliein  Aramon  de  Beglauc,  bachaler  en 
Hier;    lîerual    d'Aliidos,   cramper    deu  dit  senhov 


DE  VILLANDRANDO. 


IAWIII 

Privilège  iln  dîner  annuel  avec  le  roi  octroyé  à  Rodrigue  de  Villandrando  par 
.lu  ni  II  ili>  Castille. —  Imprimé  dans  les  Idia  iones  à  los  claros  varonea  ne 
Pulgetr   p.   '!■!><)  d'après  la  transcription  insérée  dans  un  acte  confirmalif 

de  la  reine  Jeanne,  dont  le  registre  existe  aux  Archives  de  Simani 

(9  i  mvîer  1  i  il . 

En  el  nombre  de  Dios  padre,  etc.  Acatando  «'  parando  orientes 
â  los  muchos  é  buenos  é  leales  é  sefialados  servicios  que  vos,  don 
Rodrigo  de  Villandrando,  eoiule  de  Rivadeo,  mi  vasallo  et  de  mi 
consejo,  me  avedes  fecho  é  lus  peligros  â  que  vos  (insistes  permi 
>i m.  in  é  de  la  corona  real  de  mis  reynos,  veniendo  seguo  que 
venistes  dé  fuera  de  ellos  por  mi  mandado  con  muchas  génies  de 
armas,  de  i  caballoé  archeros,  sobre  los  lebantamientos  fechoseu 
mis  reynos,  é  dexastes  vuestras  tierras  é  castillos  é  hacienda,  po- 
niéndolo  todo  en  aventura  por  mi  servicio;  é  especialmeute  el  ser- 
vicio  seîialado  que  me  fecisteis  el  dia  de  la  Epifania  que  pasô, 
quando,  estando  para  entrâr  en  Toledo,  mi  rJersoua  ovô  gran  peli- 
gro,  é  vos  con  vuestro  esfuerzo  é  animosidad  la  fecisteis  segura  de 
las  muchas  gentes  de  armas  que  sali,  ion  en  pos  del  Infante  de  la 
cibdad  para  facerme  deservicio;  é  per  memoria  de  tan  leal  é  ani- 
moso  fecho  é  sefialado  servicio,  vus  me  pedistes  por  priviliejo  é 
preeminencia  especial  que  vos  é  lus  otros  condes,  vuestros  succe- 
sores,  que  despues  vinieren  hayan  é  lleven  é  les  sean  dada-  L> 
ropas  é  vestiduras  enteramente  que  nos  é  los  reyes  nuestros  suc- 
cesores  en  Çastilla  é  en  Léon,  que  despues  de  im-  vinieren,  vîs- 
tiéremos  en  el  sobredicho  dia  de  la  Epifmia  de  cada  un  afio  para 
siempre  jamas;  é  ansimismo  (pie  vos  honremos  asentandovos  â 
nuestra  mesa  â  corner  con  nos  é  con  Ins  otros  reyes  que  despues 
de  nos  fueren  en  el  dicho  dia  de  la  Epifania  de  cada  un  afio,  por 
siempre  jamas,  â  vos  é  â  los  que  vos  succediereh  en  vuestro  con- 
dado  de  Itivadeo  :  É  yo,  queriendo  que  haya  memoria  de  tan  gran 
fecho  é  leal  é  senalado  servicio,  é  animosidad  con  que defendisteis 
mi  persona  é  acudisteis  al  bien  publico  île  uns  reynos,  é  que  se 
dé  exemplo  â  los  otros  mis  vasallos,  lo  tove  por  bien;  é  por  la  pré- 
sente, etc.  Fecho  en  Torrijos,  nueve  dias  de  enero,  ano  del  nasci- 
miento  de  nuestro  Salvador  Jesu  Christo  de  mil  é  quatrocientos  é 
quarenta  é  un  anos. 


530  VIE  DE   RODRIGUE 

Yû  EL   RI  Y. 

Yo  Diego  Romero  le  lice  escrebir  pcr  mandado  de  nuestro  sefior 
el  Rey. 

LXXIX 

i  i;  ,li  igue  de  Villandrando  par  Garcia  de  Resende.  —  Extrait,  eommu- 
niqué  par  M.  Ferdinand  Denis,  d'un  poème  imprimé  à  la  suite  delà  cliro- 
nique  portugaise  Chronica  dos  valerosose  insignes  feitos  delreyD.  Joàoll 
de  gloriosa  memoria  (1622). 

E  vimos  a  grande  empresa 
De  conde  de  Ribadeo, 
Polla  quai  el  re  lhe  deu 
Corner  corn  elle  a  mesa, 
Tamben  o  vestido  seu. 
Este  valeo  tanto  em  França, 
Sendo  bomem  de  bu  ma  lança, 
Que  dez  mil  lanças  niaudou, 
E  em  Castella  alcançou 
Ho  que  quem  tal  faz  alcança. 


LXXX 

I  égende  populaire  sur  l'origine  du  privilège  des  comtes  de  Ribadeo,  rapportée 
dans  le  journal  espagnol  El  Estado,  année  1859.  —Communication  de 
M.  Bessot  de  Lamothe,  archiviste  du  département  du  Gard. 

Hé  aqui  la  razon  dcl  suceso  tradicional  que  verosi  mil  mente  ba 
sido  il  origen  del  privilegio  de  los  condes  de  Rivadeo. 

I  el  casoque  un  jôven  de  la  familia  de  Yillaudrando,  paje  â  la 
sazon  del  rey  D.  Juan  II,  oyd  por  casualidad  unas  palabras  que  le 
desi  ubrieron  el  terrible  proyeeto  tramado  contra  la  vida  de  su 
sefior,  que  al  efeclo  habia  sido  convidado  â  un  banqueté  por  uno 
de  sus  prôceres,  bombre  turbulento,  ambicioso  y  feroz,  que  para 
i  de  sus  fines  ténia  dispuesto  nada  menos  que  darlc  muette, 
en  union  de  otros  conjnrados,  sus  parciales  y  complices.  Y  aun  â 
costa  de  su  propia  vida  se  resolviô  â  salvar  la  de  su  sefior  y  su  rey. 
Se  dirigid  pues  cou  presteza  al  salon  del  festin  cuando  se  balla- 
ban  en  meilio  de  la  comida;  y  presentândose  al  soberano  lemani- 


DE  VILLANDRANDO  531 

i.-i('i  que  ténia  que  liablarle  eu  «1  acto  de  un  asuuto  de  la  mayoi 
importancia,  suplicandole  que  para  ello  pas  ise  a"  la  i  iua  ira  vecina, 
por  ser  uua  cosa  en  estremo  i 

àccediô  cl  rey  al  punto,  pues  ténia  gran  conGauza  en  su  paie, 
v  lus  conjurados  se  miraran  unos  â  otros,  temerosos  de  haber  sido 
descubiertos  ;  mas  luego  reOexionaron  que  este  incidente  podia 
ser  casual,  \  como,  por  otra  parte,  la  estancia  m  que  habian  en- 
trado  el  monarca  y  cl  paje  uo  ténia  mas  salida  que  cl  comedor 
donde  su  ballaban,  îesolviéronse  a  consumar  en  'lia  el  regicidio 
proyeetado.  Al  inlento  colocaron  varios  bombres  de  armas  â  lu 
largo  de  uni  galeria  poco  alumbrada  que  conducia  â  la  dicha 
câmara,  y  les  dieron  ôrden  de  no  permitir  el  paso  masque  .il 
paje,  y  de  ninguna  manera  al  rey,  al  que  debian  île  dar  la  muerle 
-i  intentaba  forzarlo.  Villandrando,  eulretantoj  rogaba  â  su  amo 
(jue  eanibiasecon  élcl  traje  y  se  pusiese  eu  salvo  iumediatamente; 
en  lo  que  consinliâ  el  rey,  creyendo,  tari  vez,  que  no  corria  riesgo 
su  leal  cervidor.  Y  disfrazado  con  los  sencillos  vestidos  del  paje, 
pudo*  escapar  del  recinto  de  aquel  funesto  palacio,  \  al  punto 
dispusô  que  fueran  sus  gentes  â  prender  â  los  criminales  y  J  li- 
bertarâ  su  Gel  servidor;  pcrolos  primeras  habian  escapado,  teme- 
rosos del  peligro,  \  el  segundo  estaba  muerto  a  puflaladas,  siu 
duda  por  los  mismos  conjurados  (pie  tomaron  e»ta  venganza 
cobarde  y  horrible. 

Kl  rey  entoilées,  furioso  por  el  atentado  contra  su  persoua  \  la 
muerte  de  su  generoso  libertador,  hizo  publicar  grandes   m 
des  y  récompensas  al  que  entreguM'  muerto  ô  vivo  al   magnate 
traidor,  \  dispusô,  para  perpétua  memoria,  la  gracia  del  privilegio 
citado  en  fàvor  del  conde  de  Rivadeo  y  mis  nobles  sueesores. 


LXXX1 


Procuration  di:  Rodrigue  de  Villandrando  à  un  familier  de  ^i  maison  envoyé" 
par  lui  en  France,  avec  charge  de  recouvrer  toutes  les  créance  qu'il  avait 
dans  ce  pays.  —  Transcription  contenue  'lui-  une  subdélégation  instituée 
sous  le  sceau  de  la  prévôté  de  Paluel.    Lrch.    nat.,  I1   1475* ,  cote  :!i7<'>. 

(11  mai  1441-0  juin  1442.) 

A  tous  ceulxqui  ces  présentes  lectres  verront,  Jehan  Lucat, 
i-hanoipie  de  Clermont,  secrétaire  *lf  monseigneur  le  duc  de  Bour- 


\  in  m:  noiMiit.r  i 

unis  cl  d'Auvergne,  et  tenant  le  seel  dudit  monseigneur  le  dur 

/       cl  en  [uvergne  establg,  salut.  Savoir  faisons 

r  onnelment  estably  Jehan  de  Coque, 

,  !,!  cl  par  le  tout  et  au  nom  de  procureur  de 

■  monseigneur  Hodrigue  de  Vïllandra,  conpte  de 

près  de  lui  de  faire  et  passer  les 

Uiin  contentiez  et.  déclarées  es  lectres  de  procura- 

,,,.'-   par  ledit  monseigneur  le  rouit'  audit, 

i     ;;    .  s,  ii  procureur,  et  aussi  agent  plein  pouvoir  de 

constituer,  ordonne)'  et  establir  ung  ou  plusieurs  procu- 

ijiii  ont  ou  agent  autel  et  semblable  pouvoir  ranime  ledit 

.  comme  appert  plus  applain  par  1rs  lectres  de 

(iun   dudit  monseigneur  le   conte,  desquelles  la  teneur 

il  et  est  telle  : 

I miiue  Doinini  amen.  Universis  el  singulis  presens   publi- 

.11111   iiistninienltim   visuris  et  audituris   pateat  evidenter  quod, 
i   nalivitate  cjusdem    Domini   millesimo   quadringentesimo 
quadragesimo  primo,   indieione  quai  ta,  die  vero  décima  mensis 
iiKiii,  pontilicatus  sanctissimi  in  Clnisto  patris  el  domini  nostri, 
I  -.  divina  providencia  pape  quarti,  anno  undecimo, 

magnifions   el    nobilis  vir  dominus  Rodericus  de   Villandrando, 
«  de  liibadeo,  illuslri-siniiet  serenissimi  principis  el  domini, 
doinini  .loliamiis,  Castclle  el  Legionis  régis  consiliarius,  in  mei, 
!  publici,  et  Lestium  infrasefiptorum  ad  hoc  vocatorum  spé- 
cialité!' el  rogatoruni,  presencia  personnaliter  constilutus,  defidu- 
i  m  cl  industria  ac   exporta  diligencia  lionorabilis  et  discreti  viri 
.loliamiis  de  Clora,  i  psi  us  comilis  familiaris,  ul  asseruit,  plurimum 
conlidt-ns,  ex  eeita  sua  scientia,  pura  et  sponlanea  voluntate,  om- 
nil  m-  melioiibus  modo,  via,  jure,  causis  et  forma,  quibus  tucius 
ai  m-  potuit  el  debuil,  l'ecil,  constituit,  creavitet  solempni- 
dinavil    suum   verum,   rertum,  legitimum  el    indubitatum 
procuralorem,   lartoreni   el    nogociorum  suorum  infrascriptorum 
gesloiciii  ac  nmiriuni  specialem  et  gencralem,   ita  tamen  quod 
ralilali  non  derogcl  nec  e  contra,  vidtlicet  prefa- 
liim  •lobanui'in  de  lloca,  presentem  el  omis  procuracionis  liujus- 
[lontr  suscipientem,  solum  et  in  solidum,  ad  recu- 
Imii,   i  xigcndmn,  levandum,    petendum  et    percipieridum, 
i|»>in^  ilomiiii  coiistiîiientis  noinine  el  pro  eo,  a  quibuscunque  per- 
■ouis  cujmcunquc  dignilalis,  status,  gradus,  ordinis,  condicionis 
ie  existaul    ri   quoeunque    nomine   appellentur, 


DE   VI  1.1  AN  DR  vmm).  333 

in  civilate  Avinionensi  aut  alias  ubicunque  locorum  liabiUmtibus 
et  constit nti>,  vel  ab  ea^em  civitate,  quascunque  pecuniarum 
quanti  tûtes,  aurum,  argentum  el  alia  quevis  bona  sua  in  quibus- 
cunque  et  apud  quascunque  personas  consistentia,  prefato  do- 
mino comiti  débita  autad  ipsum  quomodolibel  pertinencia  qua- 
cunque  racione  vel  causa  ;  seque,  nomine  procuralorio  quo  supra, 
pecuniarum  quantitates  predi  :tas,  aurum,  argentum  el  alia  b  h  i 
sua,  ut  premictitur,  sic  ab  co  Johanne,  procuratorc  dicti  domini 
comitis,  jam  habita  et  recuperata  in  civitate  Avinionensi  predicta 
aut  in  quibuscunque  aliis  partibus,  apud  quascunque  personas 
et  in  quibuscunque  civitatibus  el  locis  aliis,  quibus  Johannes,  pro- 
curator  prefatus,  voluerit  et  ei  bene  vissum  fuerit,  transfundal  1 1 
transfundere  possit,  et  alia  facial  que  circa  premissa  neces 
fuerinl  et  oportuna,  et  que  ipsemet  constitutor,  si  personnaliter 
inleresset,  faceret  seu  facere  posset;  de  receptis  quoque  el  solutis 

quitandumet  liberandum  el  absolvendum,  ac  quitaci im,  abso- 

lucionem  et  deliberacionem  plenariam,  et  omnia  alia  el  singula 
in  premissis  et  circa  ea  necessaria  faciendum,  el  si  necesse  fuerit, 
pro  premissis  omnibus  et  singulis  coram  quibuscunque  judicibus 
et  in  quacunque  curia  tam  ecclesiastica  quam  mundana  vel  secu- 
lari,  nomine  dicti  domini  constituentis,  coraparandum  el  agen- 
dum,  ipsumque  dominum  constituentem  et  ejus  jura  (leffenden- 
dum,  libellum  seu  libellos  el  quascunque  peticiones  tam  simpli- 
ces  quam  summarias  dandum  et  recipiendum,  darique  cl  recipi 
videndum  et  audieudum,excipiendum,  replicandum,  triplicandum 
et,  si  opus  fuerit,  cum  solempnitate, juris  quadruplicandum,  li- 
tem  seu  lites  contestandum  el  contest  irî  videndum,  de  calnmpnia 
videndaet  veritate  dicenda  cum  omnibus  et  singulis  capitulis  in 
et  sub  calumpnie  juramento  conlentis,  et  quodlibel  alterius  gene- 
ris  licitumjuramentumin  animam  dicti  domini  constituentis  pres- 
tandum  et  ex  adverso  preslari  videndum,  posicionibus  cl  articulis, 
libello  et  interrogacionibus  partis  adverse  respondendum,  suisque 
responderi  cciam  mediojurami  ato  petendum,  contra  posit  iones  et 
articulos  dicendum,  et  excipiendum  testes,  litteras,  instrumenta, 
scripturas,  jura  et  mummenta  et  quecunque  alia  probacionum 
gênera  in  modum  probacionis  producendum  el  produci  videndum, 
contra  productos  etproducta  partis  adverse  dicendum  el  excipien- 
dum, crimina  et  deffectus  opponendum,  allegandum  el  proban- 
dum,  judices,  notarios  et  loca  compectentes  cl  compectencia  eli- 
eendum,  et  eos  ac  ea  conveniendum  et  revocandum,  susj 


\  n;  bE  RODHIGtlE 

el  suspecta  recusandum,  racionem  suspicionis  allegandum  el  pro- 
liandum  in  causa  scu  causis  concludcndum  et  renunciandum, 
concludique  §t  renunciari  atque  sentenciam  seu  sentencias,  tam 
interlocutorias  quaro  diffinitivas,  et  quascunque  alias  peticioncs 
pronunciari  et  ferri  pelendum  el  audiendum,  et  in  favorem  sui 
latam  scu  latas  exequendum,  ab  adverso  vero  lata  scu  latis  et  a 
quoeunque  alto  gravamine  illa'o  vel  inferendo  provocandum  et 
appellanduni  ;  apostolos  semel  et  pluries  pctendnm  et  recipiendum, 
provocacionis  et  appellacionisac  nrllitalis  causam  et  causas  intro- 
duceudum,  prosequendum  et  ad  finem  debitum  deducendum  ; 
expensas,  dampna  et  intéresse  taxari  petendnm  et  super  ipsis  ju- 
randum,  absolucionis  simpliciter  vel  ad  cautelam,  nec  nonreslitu- 
cionis  in  inlegruni  principaliter  vel  incidentaliter,  et  quecunque 
aliajuris  bénéficia  impetrandum  el  obtinendum,  causam  et  causas 
hujusmodi  ad  quaniciinque  curiam  devolvcndum  el  devolvi  facien- 
dum  ;  unum  quoque  vel  plures  procuralorcm  seu  procuratorcs 
loco  sui  substituendum,  et  substitutum  seu  substitutos  hujusmodi 
rcvocanduui  et  omis  bujusmodi  procuratorium  in  se  reassumen- 
dum,  tociens  quoeiens  sibi  videbitur  expedirc;  et  generaliler 
omnia  alia  et  siugula  faciendum,  gerendum,  dicendum  et  procu- 
randum,  que  in  premissis  et  circa  premissa  necessaria  fuerint  scu 
eciam  quoinodoliliet  oporluna,  et  que  ipsemet  dominus  constituent 
(aceret  et  facere  posset,  si  premissis  presens  et  pcrsonnaliter  in- 
teresset,  eciam  si  talia  forent,  que  mandatum  exigèrent  magis 
spéciale  quam  presentibus  est  expressum.  Promissit  insuper  idem 
dominus  constituensmichi,  notario  publico  infrascripto,  tamquam 
publiée  et  auctentice  personne,  vice  et  nomine  omnium  et  singu- 
lui uni  quorom  interest  vel  interesse  poterit  quomodolibet  in  fu- 
turum,  légitime  stipulantium  et  recipientium,  se  ratum,gratum, 
stabile  atque  firmum  perpetuo  babiturum  totum  id  et  quicquid 
per  dictum  suum  procuratorem,  ac  substitutum  vel  substitutos  ab 
codem,  in  premissis  et  circa  ea  actum,  dictum,  factum  gestumve 
! ii'  lit.  si  h  <  ciam  pro  quomodolibrt  procurato,  relevans  etrelevare 
volens  eundem  procuratorem  suum  ac  substitutum  seu  subslitutos 
hujusmodi  ab  omni  onere,  judicio  sisti  et  judicatum  suivi  cum 
clausulis suis  necessariis  etoportunis,  sub  omnibonorum  suorum 
presenciura  e(  futurorum,  mobilium  et  imniobilium,  ypotfceca  et 
oblîgacione.  Super  quibus  omnibus  et  singulis  premissis  prefatus 
dominus  consliluenf  peciil  >\\>]  a  ne,  notario  publico  infi  ascripto, 
unum  vel  pliua.  publicum  vel  publica,  fieri  instrumentum  sive 


DE    Ml  I  Whl;  VNIhi. 

instrumenta.  Acta  Cueruul  hec  AJbule,  in  dorao  bubitacionis  prefati 
domini  comitis  constituentis,  sub  anno,  indibione,  die,  mense  et 
ponlifBcatu  prescriptis,  presentibus  ibidem  bonorabilibus 
cretis  viris  Petro  Garsic,  àbule  predicte,  el  Johanne  de  Saincte- 
Juste,  in  decrelis  bâchai ario,  et  Justo  Mercatore  de  Florent  ia,  tes- 
libns  ad  premissa  vocatis  pariterque  rogatis. 

El  eranl  dicte  licteresi  ;signateinmargine:  Elcondede  Ribadeo, 
Rodigo  de  Villa  Andra;  et  in  margine  ipsarum  eranl  scripta  bec 
rerba  :  «  Va  ego  Jobannes  Parpa,  Compostellanus,  publicus  apos- 
tolica  auctoritate  notarius,  quia  dieli  procuratoris  constitucioni, 
ratihabicioni  ac  potestatis  dicioni,  omnibusque  aliis  el  singulis, 
dum  :-ic,  ut  premittitur,  ûerenl  el  agi  rentur,  ana  cum  preno- 
minatis  testibus  presens  fui,  eaque  sic  fieri  vidi  et  audivi:  idcirco 
boc  presens  publicum  instrumentant,  manu  mea  propria  con 
scriptum,  exinde  confeci  et  in  banc  publicam  formam  reddegi 
signoque  et  nomine  meis  soliiis  et  consuetis  scripssi,  subscripssi 
et  signavi,  rogatuset  requisitus,  in  omnium  el  singulorum  fidem 
et  teslimonium  premissorum.  Est  scriptum  super  rasum  in  ul- 
tima  Imea  descendendo,  ubi  dicitur  justo,  non  noceat,  quia  non 
vicio,  scd  error  scribentis.  Est  scriptum  inter  lineas,  in  unde- 
cima  linea  descendendo.  ubi  dicitur  vel  ab  eadem  civitate,  qoh 
noceat,  quia  non  vicio,  sed  error  scribentis.  Jobannes  Parpa,  no- 
tarius apposfolicus.  ■>-> 

Lequel  Jehan  de  Coque,  procureur  dessus  nomme  et  au  nom 
et  comme  procureur  dessus  dit  ayons  pouvoir,  comme  plus  ap~ 
plain  est  dessus  contenu  par  lesdites  le>  très  de  procuration  ou 
instrument,  a  fait,  constitué,  ordonné  et  estably,  et  par  la  te- 
neur de  ces  présentes,  fait,  constitue,  ordonne  et  estàblist  son 
substitut  et  procureur  de.  substitut  dudit  monseigneur  le  conte  de 
Ribedieu,  pour  et  en  lieu  d'icelui  Jehan  de  Coque,  Moncille  de 
Viedo,  escuer,  ad  ce  présent  el  acceptant,  el  lui  a  donne  et  donne 
autel  et  semblable  pouvoir  comme  il  a  dudit  monseigneur  le  conte, 
et  que  ledit  monseigneur  lui  a  donne  et  commis  par  les  dotes 
lectres  de  procuracion  ou  instrument  dessus  Iranscriptes  :  et  a 
promis  ledit  de  Coque,  sur  V obligation  de  tous  les  biens  dudii 
monseigneur  le  conte,  d'avoir  et  tenir  ferme,  agréable  et  estable 
tout  ce  qui  par  ledit  substitut  es  choses  dessus  dictes  sera  fait, 
dit  et  procure,  et  le  relever  de  toutes  charries,  et  payer  leju,je.  si 
mestier  est. 

Ln  tesmoing  desquelles  choses  dessus  dictes  nous  avons  mis 


\  m;   DE   ROIlfl  M.i  i. 

es  le  set'l,  royal  jadiz,  de  ladiete  prevosté de 

_  cn  ïabxcm    drnlit  seel  ditdit  monseigneur  le  duc.  Fait  et 

{<j    cSalido!  de  Besançon,  Jehan  Capellin,  Jehan 

,  lusiein-s  autres,  le  sixycme  jour  de  jning,  l'an  mil 

ante  et  deux. 

rirs    interlignes    contenant    de.     Donné    comme 

Si"iié  «il  deux  endroits,  à  la  marge  inférieure,  G.  Bolchet. 


1AXXI1 

.  ,   ,  ntraelée  par  Jean  de  Salazar  envers  le  duc  de  Bour- 

.—  l'ulilié  pai  M.  Tuetey,  f.rs  Écorvhcurs  sous  Charles  VII,  t.  t,  p.  54, 
Tinal  des    archives  de   la   Côte-d'Or,  fonds  de  la  Chambre  des 
■  de  Dijon,  il  117  ÎO. 

(22  juin  1 142.) 

Sachent  tait  que  je,  Jehan  de  Salasait,  escuier  d'escuierie  des 
rovs  de  France  et  de  Castille,  promet  par  la  foy  et  serement  de 
n  mu  corps  et  sur  mon  honneur  que  es  pa'is  de  mon  très  redoubté 
si  igneur  monseigneur  le  duc  de  Bourgoigne,  ne  de  ces  serviteurs, 
amis,  aliez  et  hienveillans,  je  ne  feray  ne  souffreray  l'aire  dom- 
[io  desplaisir  en  quelque  manière  que  ce  soit,  par  moy  ne 
par  autre  dont  je  auray  puissance;  mes  les  garderay  et  preserve- 
layde  lout  mon  pouvoir  loyaulment,  comme  bon  et  loïal  serviteur 
doit,  <ar  à  tous  jours  me  tieng  et  repute  estre  tel  envers  lui.  Et 

en  oultre  je  promet  à  i î  dit  1res  redoubté  seigneur  par  la  loy  et 

icnl  de  mon  corps  et  mis  mon  honneur,  comme  dessus,  que 
quantje  saurav  ledommaige  ou  deshonneurde  lui,  de  cesdiz  parans, 
amis,  aliez  et  hienveillans,  je  luy  fera}  incontinent  savoir  et  de 
tout  mon  pouvoir  et  puissance  \  pourvoyeray,  au  bien,  honneur 
et  proufhl  de  ycellui  monseigneur,  de  cesdiz  parans,  amis,  aliez 
et  hienveillans;  et  quant  le  plasir  et  vouloir  de  mon  dit  très  re- 
doublé seigneur  sera  el  c'on  j  me  vou'dra  mender  pour  avoir  le 
service  de  moy  et  de  tous  ceulx  tpie  je  pourr.iy  iiner  et  dont  je 
puissance,  je  promel  parle  serement  que  dessus  de  le  servir 
loiaulment  avec  toutte  ma  compuignie  et  puissance  envers  tous 
mire  tous,  soit  en  ce  réanime  et  dehors,  et  toutcellon  le  bon 
[>laisir   el  vouloir  d'yeellui  monseigneur,  réservé  mon  souverain 


DE  V1LLANDRAND0.  -,-,7 

seigneur  le  roj  de  Castille.  En  tes ing  de  ce,  j'é  signé  et  seellé 

ces  |  résentes  de  mon  saing  manuel  el  seellées  de  mon  si  i  l,  le  wir 
jour  de  juing  l'an  mil  îiijc  xlij. 
Signé  :  .).  Salàzar. 

LXXXII1 


Bulle  du  papeEugène  IV.  libérant  les  princes  de  Foix  de  leurs  engagement! 
Rodrigue  de  Villandraqdo,  avec  l'acle  de  publication  par  l'évéque  de  Rieuz. 
—  \ichive>  des  Basses-Pyrénées,  I.  139.  Communiqué  par  M.  Paul  Raymond. 

(15  septembre  1443,  *24  mars  1444. 


Universis  et  singulîs  reverendissimis  in  Qhristo  patvibus  et 
dominis,  dominis  miseratione  divina  sacrosante  romane  cardi- 
nalîbus  ecclesié,  patriarchis,  pYimatibus,  arckiepiscopis  et  rêve- 
rendis  episcopis,  neenon  chistianissiinis  dominis  imperatoribus 
m-  Mustrissimis  dominis  regibus, prèsertim  Francorum,  Legio- 
nis  et  Castelle,  Aragonilm,  et  ceteris  christianitatis  regibus, 
principibus,  ducibus,  marchionibus,  comitibus,  vicecomitibus, 
baronibus,  judicibus,  ordinariis,  delegatis',  subdelegatis,  cete- 
risque  justiciariis,  poteslariis  et  officiariis,  spiritualibus  et 
temporaiibus,  et  eorwm  locâienentibus,  ac  Christ i  fidelibus,  quf- 
bus  présentes  litere  pervenerinfr  Hugo,  Dei  gratia  Rivensis  épis-, 
copus,judexetcommissarius  ad  infrascripta  per  sanctissimum 
in  Christo  patrem  et  dominum  nostrum,  dominum  Ettgenium, 
(Urina  providente  clemencia  papam quartum,  una  cuntquïbus- 
ilmn  aliis  nostris  in  hac  parte  côllegis,  cum  illa  clausula  e  qùa- 
thinus  vos  vel  duo  aut  unus  veslwim  ».  auctoritate  apostolica 
specialiter  delegatus  seu  deputatu»,  salutem  m  Domino  sempi- 
ternam,  et  obsequialem  in  omnibus  voluntatem.  Ad  universita- 
tis  vestre  noticiam  deducimus  per  présentes  uns-  literm  dicti 
domini  nostri  pape,  sua  vera  huila  plumbea  cum  cordula  ca- 
napis  moresolito  curie  Romane  pullatas,  intégras  <■/  sànas  ne- 
que  viciâtas  vel  cancellatas  an-  in  aliqua  sut  parte  suspectas, 
sed  omni  prorsus  vicio  et  suspicione  carentes,  nobis  per  ma- 
gistrum  Vitalem  Sancii,  procuratorém  illustrium  cl  magnifico- 
iiim  principum  dominorum  Gastonis  i'u  ri  ci  Mathei  Convena- 
nnit  ciitnilnni,  presentatas  accepisse,  que  suai  taies: 

Eugcniûs,  episoopus,  semis  servorurfl  Dei,  venerabilibns  fralri- 
bus  Gonscranensi  et  Sancti-Papuli  ac  Rncnsi  episco]  i-,  salutem  i  I 

99 


VIE  DE   RODRIGUE 

apostoUeam  benedictionem.  Humilibus  supplicura  votis  libenler 
annuimus  eaqi'e  favoribus  prosscquimur  opportunis.  Sanc  pro 
parte  dilectorum  Qlionim,  nobilium  virorura  Gastonis  Fuxi  ac 
Malhei  Convenarum  comitum,  nobis  nuper  èxbibîta  peticio  conli- 
in  II il  quod  olim,  videlicet  de  anno  Domini  millesimo  quadrin- 
treutesirao  tricesimo  nono,  cum  dilectus  filins  Rodericus  de  Vil— 
landrando  de  Ispania,  assertus  cornes  de  Ribadio,  et  nonnulli  alii 
gentium  annorum  eapitanei,  maxima  armigerorum  Excorialorum 
nuncnpatoruin  multitudine  associali,  comitatura  Convenarum  in- 
gressi  fuissent  ac  plura  et  diversa  castra,  fortilicia,  plateas  et 
loca  ejusdem  comîtatus,  propria  potencia  dumtaxat  sufiilti,  par- 
tj m  vi  et  violentia  ac  partira  fraude  ac  partira  timoré  occupassent, 
et  tune  occupata  detinerent  ac  plurima  in  ilîis  et  dicto  comitatu 
darapna  et  detrimenta  fecissent  et  tune  facerent  :  idem  tune  Ma- 
theus  cornes,  ad  fmem  quod  Rodericus  et  alii  eapitanei  predicti, 
proul  vellc  faccre  lune  minabantur,  castra,  fortilicia,  plateas  et 
loca  occupata  prefata  in  manibus  antiquorum  inimicorum  domus 
de  Fuxo  non  assignarent  neque  traderent,  et  ne  prima  illa  ulte- 
riora  detrimenta  paterentur,  sed  ut  occupata  predicta  vel  plura 
eorumdem  de  manibus  ipsorum  delentorum  liberarentur,  eidem 
Roderico  nonnullas  peccuniarum  summas  tune  expressas,  incerlis 
etiam  tune  expressis  lociset  terminis,  per  se  vel  alium  persulvere, 
tradere  etassignare,  tam  ipsequam  etiam  dictus  Gasto,  quoad  per- 
solucio,  tradicio  et  assignatio  peccuniarum  in  locis  et  terminis 
hujusmodi  intègre  fièrent,  ut  preferlur,  diversis  temporibus  ac 
vicibus,  promiserunt  et  spéciales  promissiones  fecerunt,seet  bona 
sua  omnia  et  singula  propler  ea  obligantes;  nec  non  eciam  îp-I 
comités  et  eorum  quilibet,  super  eo  quod  omnia  et  singula  per 
ipsos  promise  hujusmodi,  juxta  contenta  in  illis,  plenaiie  serva- 
rent  et  adimplerent,  seu  servari  et  adimpleri  facerent,  plura  et 
diversa  corporalia  presliterunl  juramenta,  proutin  diversis  publi- 
cis  instrumentis  desuper  confeclis  plenius  dicitur  contineri,  Cum 
autem,  sicut  eadem  peticio  subjungebat,  prefatus  Matheus,  qui 
certam  ratione  premissorum  dicto  Roderico  peccunie  summam 
jam  persolvit,  cousiderans  violencias,  rapinas  et  dampna  per  Ro- 
dericum  el  ili"-  Excoriatores  prefatos,  ut  prefertur,  illata,  non 
Bolum  ali  ulteriori  satisfactione  promissorum  predïctorum  se 
relrahere  velit,  prout  etiam  hactenus  retraxit,  sed  persolutam 
summam  predicl  im  ac  dampna,  rapinas  cl  spolia  a  Roderico  pre- 
dicto  ac  suis  gentibus in  comitatu  prefalo  contra  Deuin  etjusticiam 


DE   M  I  I   VNDR  \Mm>. 

ac  omnem  humanitatem  violenter  et  IraudulenteT  fin  1 1  et  ioÉpem  i, 
rcpetere,  eumque  ad  iïlorum  salisfactionem  compelli  facen  intcn- 
ilat;  quare  pro  parte  Gastonis  et  Hathei,  oomitnm  predictorum, 
nobis  fuit  humiliter  supplicatum  ut  eis  juramenta  hujusmodi  re- 
laxare  et  aliis  super  premissis  ipsorum  statui  opportune  providere 
de  benignitate  apostolica  dignaremur  :  Nos  igitur  ad  quorum  noti- 
ciam  ex  plurimorum  fide  dignorum  informacionibus  de  phirimis 
violenciis,  rapinis,  incendiis  et  dampnis  per  Rodericum  ac  alios 
capitaneos  et  armigeros  supradictos  in  regno  Francie  factiset  per- 
petratb,  jam  pluribus  annis  elabsis,  devenisse  dignoscitur,  statui 
comitum  exponentium  predictorum  super  premissis  consul 
providere  volontés  ac  omnium  et  singnlorum  premissorum  et 
juramentorum  predictorum  qualitates,  quantitates,  modo  et  for- 
mas necnou  instrumenlorum  predictorum  tenores  presentibus 
pro  expressis  habentés,  hujusmodi  supplicationibus  inclinati, 
fraternitati  vestre  per  apostolica  scribta  mandanflu  qualhinus 
vos,  vél  duo  aut  unus  vestrum,  absque  eo  quod  super  hoc  llodc- 
ricus  predictus  et  alii  forsan  évocandi  aliqualibét  evocentur, 
omnia  et  singula  juramenta  per  Gastonem  et  Bfalheum  comités  in 
premissis  prestità  ac  facta  hujusmodi  peoitus  et  omnino  cis  rela- 
xare,  ipsos  et  eorum  quemlibet  ad  illorum  vel  alicujus  çorum  de 
cetero  ullo  unquam  tempore  non  teneri  oeque  obligatos  es?e 
decernere  et  declarare,  necnou  ad  habundantiorem  cautelara  pre- 
l'atos  Gastonem  etMatheum,  comités,  et  eorum  singulos  super  eo 
quod  summe  in  terminis  et  locis  persolute  ac  alia  promissa  in 
instruments  contenta  bujusmodi  observata  neque  fuerunt  neque 
existant,  a  reatibus  perjuriorum  quorumlibet,  si  que  premisso- 
rum occasione  forsan  incurrerunt,  absolvere  et  in  pristinum  sta- 
tum  in  quo  tempore  promissionum  hujusmodi  existebant,  nec- 
non  ab  eis  et  eorum  singulis  omnem  inhabilitatis  et  infamie 
maculam  sive  notam,  per  ipsos  occasione  premissa  forsan  con- 
tractam,  penitus  abolere  auctoritate  nostra  studeatiset  procurelis, 
non  obstantibus  premissis  ac  conslitucionibus  et  ordinacionibiu 
apostolicis  ceterisque  conlrariis  qufljuscumque.  Datum  Senis, 
anno  [ncarnationis  dominice  millesimo  quadringentesimo  qua- 
tragesimo  tercio,  id[ib]us  septembris,  pontificatus  nostrianno  ter- 
cio  decimo.  P.  de  Gastonibus. 

Posf  quorum  quidem  literarum  apostolicarum  preinsertarum 
presentacionem  et  receptionem,  fuimiis  per  dictum  magistrum 
Vitalem  Sancii,  prôcuratorem  nomine  procuratorio  dictorutA 


VIE    Dl     ItODIUGI  I. 

mi  coinitinii,  cum  instancia   débita   vequisiti  quod  ad 

m   eavnmdem   procéder?  cuvavemus,  juxta  traditam 

ili,  (uni  dominum  nostvum  papam  nobis  for- 

\  Hugo,    lit  venais  ejiiscopus,  judex  et  executor 

is    mandalum    a postal icum    supradictum    nobis 

ftinn   re rcrenter  exequi,  punit  tenemuv,  con- 

Dtrr   continencia    litevavnm   ipsavum  super  ni- 

rridenti  aatovietale  fundatarum,  quod  iiiilhiin  reperimus 

•  iriim  obsffnis  eistleni,  per  quod  illarum  exeeneio  deberet 

)•<•!  eliiini  retardari  :  idrivco,  auetovitate  apostoliea 
in  h, n-  pavte  comissa,  pront  meliusde  jure  valu inuis,  juxta 
:i  dictarum  nostre  faeultatis  litevavum,  omnia  et  singula 
ncnla  per  dictas  dominos  Gasfoneni  cl  Matheum  comités 
misais  fm  In  soi  pvestita,  penitus  cl  omnino  eis  relaxa- 
,n us:  ipsns  ri   eorum  quendibet  ad  illorum  observacionem  vel 

nliriljus  cm  uni   de  cetera  ullo  umpia m  leinpnrc   mm   leneri  neijue 

nliliijnlas  este  decrevinius  ac  eciam  declavamus,  sicuti  série  pve- 
senliinn  rclu.rumus ,  decei'niinus  cl  declavamus,  née  non  ail 
iiberiovon  cl  Imbumlii nciarcm  cautelam, prefatos  dominos  Gas- 

•  et  Matheum,  comités,  cl  eorum  utvumque,  super  eo  quoi! 
summe   in  terminis  cl  locis  persolule  m-  alia  promissa   in   in- 

icntis   contenta    hujusmodi   obsevvata  neque  fuevunt   ne- 
ristunt,  n  veatibus  pevjuriovum  quorumlibet,  si  que  pre- 
irion  occasione  fovsan  incuvvevunt,  dicta  magistvo  \  itale, 
iratore  suo,  peu  ipsis  ni  humilitev  fievi  petente,  absolvimus 
et  in  prislinum  statnm,  m  quo  tempove  dicta vumpvomissionum 
.    leduximus,   in   et  cum  Iliis  scribtis  absolvimus  et 
redneimus,   née  mm  nh  as  ne   eorum   singulis  omnem 
inhtihilitntis  ci  infamie  maculam  sire  nolam,  per  ipsns  occa- 
premissa  fovsan  ami  raclant,  peu/lus  ahnlerinttis  ne  eciam 
■amas,  cl  lenore  presentiitm  abolemus  cl  abstergimus  om- 
nium cl  s/m/ulmum  pretnissai  uni  cl  jiirtiiitciilarum  predictOVUni 

îles,  quant itates  ci  alias  circumstaiicias,  modos  cl  for- 
um  nisi rtiiiieuiiii  uni  predictorum  continencias  cl  te- 
rnlibm  pro  sttf fie 'tenter  expressis  habentes,  proutdic- 
in  <tcr  papa  suis  habuil  cl  haberi  volait  in  literis 
mm    obslanliblis    omnibus  illis  que   raluit   idem 
non   obslurc.  Qitocirca  pvecipimus,   auetovitate 
.  ni  prrferliir,  in  hue  pavte  comissa,  qua  fun- 
!amu<  utiirrrsii  ci  singulis  quorum  intevest,  in- 


DE   VILLANDRANDO.  -;i 

tereril  vel  interesse  poterit  in  futurum,  cujuscumque  gratins, 
staliix,  ordinis,  preheminencie  vel  dignitatis  existant,  <t  quo- 
cumque  nomine  nuncupentur,  in  virtute  sancte  obedientie  et  sub 
excomunicacionis  pena,  qnam  in  non  parentes  trina  et  canonica 
monicione  premissa   ferimtts  in  hits  scribtis,  quathinus  dictos 
dominos  Gastonéni  et  Matheum,  comités,  et  eonim  utrumque, 
dictis  nostris,  seu  verius  apostolicis,  relaxacione,  décréta,  de- 
claracione,  absolucione,   reductione  generalibus  et  abolicione, 
judicialiter  et  alias  uti  sinant  pariter  et  gaudere  sine  resper 
sione,  denigracione,   turba,   susurro   pariter  et   impedimenta 
quibuscumque.  Per  hune  milan  nostrum  processum  mis/ris  non 
intendimusin  aliquoprejudicare  collegis  quominus  ipsi  veleoi  uni 
alter  valeqnt  in  hujus  modi  negocio  procedere,  servato  nostro 
presenti  processu,  nil  in  prejudicium  dictorwm  dominoi  mu  comi- 
tum  inmutando;  prefatas  aut  em  literas  apostolicaset  hune  nos- 
tnnn  processum  volumus  pênes  ipsos  dominos  comités,  vel  eorum 
procuratores,  remanere  et  non  per  aliquem  vel  aliquos,  prêter 
ipsorum  vel  suorum  procuratorum  voluntatem,  quomodolibet  de- 
tineri.  Contrarium  vero  facientes,  predicta  canonica  monicione 
premissa,  prefatis  nostris  sententiis,pr oui  in  scribtis  late  sunt, 
eo  ipso  volumus  subjacere,  absolucionem   omnium  et  singulo- 
rum,  i/iii  dictas  nostras  sentencias  vel  earum  aliquam"incurre- 
iini  quoquomodo,  nobis    vel  superiori  nostro  dumtaxat   reser- 
vantes. In  quorum  omnium  et  singulorum  fidem  et  testimonium 
et  certitudinem  pleniorem,  présentes  literas  seu  publicum  ins 
trumenium  vel  instrumenta  publica,  tôt  </t«,t  habere  voluerint, 
hujusmodi  nostrum  processum  continentes,  continens  et  conti- 
nencia,  per  notarium  publicum  infrascriptum  fieri  concessimus 
et  sigilli  nostri  jussintus  appensione  munir i.  Dalum  et  actum  in 
civitate  Rivensi,   provincie    Tholosane,  et  in  episcopali  domo 
nostra,  die  vicesima  quarto  mensis  mardi,  sub  anno  a  nativi 
tate  Domini  millesimo  quadringentesimo  qualragesimo  quarto, 
indictione  septima,  pontificatus  <li<ii  domini nostre  pape  anno 
\iiii";  presentibus  ibidem  providis  viris,  magistro Stephano  Tor- 
nerii,  jurisperito   curie  Rîvensis,  nobili  Johanne   Rigaldi,  d<>- 
micello    Tutellensis,  honorabili    scutifero   Petro  de    Abbacia, 
castellano  Bastite-Seronis  Conseranensis,  magistro  Jacobo  de 
Bauro,  notario  Lemovicensis  diocesum,  testibus  ad  premissa 
vocatis  specialiter  et  rogatïs.  Johahnes  Textoris. 

Et  me  Johanne   Textoris,  presbitero  Convenarum   diocesis, 


VIF.  DE   RODRIGUE 

bacallario  in  legibus,  i>uhlico  auctoritate  apostolica  notario,  qui 
premUsarum  literarum  apostolicarum  présentation^  réception*, 
requisitioni,  procurationum  productioni,  relaxation!,  décréta 
ae  declarationi,  absolutioni,  reduccioni,  abolitioni,  abstercioni, 
précepte  atque  monkioni  et  omnibus  aliis  et  singulis,  dam  sic 
ut  supra  scripta  sunt  agerentur,  dicerentur  et  fièrent  per  pre- 
memoratum  dominum  episcopum,  excecutorem  prefatum,  etper 
dictum  procuratorem  comitalem,  ad  liée  plénum  potestatem  ha- 
bentem,  requirerentur,  çoncederentur  et  acceptarenturyvna  mm 
prenominatis  testibus  présent  fui,  eaque  sic  fieri  vi<li  et  audivi, 
et  in  notant  recepi,  ex  qaa  instrumentum  hoc  et  instrumenta, 
tôt  quoi  erunt  necessaria,  retinui  et  abstraxi  et  per  alium  mielii 
fidelem,  me  aliis  occupato  negociis,  scribifeci  et  in  hanc  publi- 
cam  formant  redegi,  hicque  me  manu  mea  propria  subscri- 
bens  una  cum  appensione  sigilli  autentici  prefali  domini  epis- 
copi,  cujus  mandalo  prefalas  literas  apostolicas  transcribi  feei 
et  signum  meum  apposai  consaetum,  in  fidem  veritatis  et  testimo- 
ii i uni  omnium  et  singulorumpremissorum,  requisitus  et  rogatus. 


LXXX1Y 

Note  du  le.js  fait  par  Rodrigue  de.  Villandrando  à  son  fils  Charles  des  biens  et 
créances  qu'il  avait  en  France.  —  Original  en  papier  dans  le  ms.  latin  0024, 
loi.  137,  de  la  Bibliothèque  nationale.  Communication  de  M.  Morel-Fatio. 

(Avant  1460.) 

Asi  s'ensuiuet  les  deutes  que  mossor  le  conte  de  Ribadeo,  à  que 
Dieu  fassa  mercy,  laisset  et  mandet  que  fussen  resceuas  et  balleas 
à  son  fils  Charles  en  le  royaume  de  France. 

Premierament,  tous  achatz  que  le  dit  conte  aia  fet  en  le  dit 
royaume  de  France,  esi  comme  maysos,  granges  et  toutes  autres 
choses  que  se  trouvaran  estre  sceuas,  por  maniera  d'achat  ou  de 
dounacion  ou  en  autre  qualque  maniera. 

Item,  la  plassa  et  terra  de  Pusinac  en  el  Dalfinê,  que  le  fu  ballea 
et  dounea  per  les  trois  estatz  du  Dalliné,  et  confirmea  per  le  roy 
el  le  daulphin,  esi  que  apar  per  letras  et  escripturas  passeas  per 
inseil  du  DelGné  et  de  Grenoble  '. 


1  Voyea  ci-dessus,  p.  210,  et  218  note. 


DE    VII  |  IN  DR  AN  HO. 

Item,  plus  \i'"  escus  d'or  que  le  dil  a  nte  preste!  J  moss0'  l<  duc 
de  Borbon  sur  la  place  de  Mongilibert,  la  quella  plasse  1 1  terra  el 
seigneurie  dévoya  tenir  le  dil  conte  avec  toutes  sas  revenues  pi- 
ques à  tant  qu'el  fusse  payé  de  la  dicte  somme  de  m"1  coronas, 
agi  que  apar  per  instrument  public  < ju">-t  de  per  deçà. 

Itnn,  le  dit  mossor  de  Borbon  est  tenu  de  ballej  1 1  payi  i  au  dd 
conte  xxx"1  fr.  tant  pour  ce  que  le  fu  promis  en  mariage  avi  c  mado- 
misela  sa  lame,  mère  du  dit  Charles,  de  quoe  le  dil  conte  u'a  rien 
resceu  et  lia  esté  tous  jours  détenu  et  levé  jusques  au  jour  d'uy, 
comme  d'autres  deutes.  asi  de  chevaus  que  pris  le  dil  moss  de 
Borbon  de  li.  comme  d'autres  choses  et  assignation^  que  ae  li  lu- 
rent payeas. 

Item,  vmc  frans  que  li  son  deus  per  un  de  ses  secretaris,  que  se 
dit  Martin  la  Sale,  et  mes  xr.  maies  d'aryen  que  restaient  en  lo  dit 
.Martin  quan  le  dit  moss01'  le  conte  partit  pour  aler  en  Bourdalès; 
et  après  jamès  n'a  volu  venir  à  conte  pour  letras  mu  pourmen- 
sages  que  le  dit  conte  li  envoyi  1 .  ne  rousit  venir  dever  li. 

Item,  plus  mille  escu2  \nul\  que  Eustasse  de  Pompierre  li 
dévoya  et  doit  encora,  corne  appert  per  public  instrument  I»'  quel 
restet  à  Mongilivert. 

Item,  certaine  somme  d'argen  quel  sefior  de  Ris  devoit  au  dit 
conte,  que  li  ballet  en  garde. 

Item,  du  chancelier  de  la  Marche  qtfe  le  doit  certaine  somme 
d'argen  que  resceu  pour  le  dit  conte. 

Item  xxx  mars  d'argen  de  driva  deTouars. 


IA\W 

Lettre  (!'•  l'Archevêque  de  Tolède,  don  Alonzo  Carillo,  â  louis  XI  pour  lui  re- 
commander la  créance  de  feu  Rodrigue  de  Villandrando  sui  la  maispu  deFqix. 
—  Original,  dans  le  Ms.  lat.  G024,  f.  139,  delà  Bibliothèque  nationale.  Comr 
mimique  par  M.  Morel-l'atio. 

(23  septembre  1462.) 

Christiauissime  princeps  ac  potentissime  ie\  et  domine,  îela- 
lum  est  michi  quod  dominus  cornes  de  Fuxo  pbligatus  extitit 
quondam  Roderico  de  Villandrando,  comiti  de  Rihadeo,  in  cerfa 
ipiantitate  auri  ex  valida  obligacione,  in  cujus  habenda  solucione 
successit ejus  fïlius,  consanguineus  meus,  dominus  PetrusdeYil- 


VIE  DE  RODRIGUE 

[andrando,  cornes  de  Ribadeo.  Oui,  cum  sil  persona  miclii  affecte, 
e,  ,,  qUa  ,A  animo  vices  inlcrpono,  confisus  circa  illustrissimaro 
regiam  celsitudinem  vestram  quod  sua  benignilate  prodefit  in  ea 
ftapud  eumdçm  comitem  de  l'uxo,  volui  licteras  meas  ad  eandem 
exarare,  sopplicans  ut  mea  intercessjone  dignetnr  rem  liane  pro- 
piciam  habere,  taliter  quod  èiderri  comiii  deFuxo  placeat  sumaro 
ami  su-  deb  tam  hnic  creditori  absque dilacione  exsnlvere  libenter. 
Quod  ad  graciam  suscipiam  singnlarem  ab  eadem  illuslrissima  re- 
gia  celsitudine,  quam  Altissimus  rex  regum  ad  felix  regnoram  et 
dominiorum  suorum  regimen  gloriosum  conservare  dignelur  tem- 
pora  per  longeva,  cui  me  plurimum  recomendo.  De  Soria,  xxma 
septembres,  lxh°. 

Vestre  celsitudinis  humilis  servitor,  Achiepiscopus  Toletaxus. 

Audos:  Çhristianissimo  principi  ac  potentissimo domino,  domino 
Ludovico,  reei  Francornm. 


LXXXV1 

I  ransport  par  Pierre  de  Villandrando,  fils  de  Rodrigue,  à  son  neveu  D.  Diego 
Goniez  Sarmiento,  comte  de  Salinas,  du  privilège  accordé  à  Rodrigue  de 
Villandrando  en  1441.  —  Imprimé  par  Josef  Pellizer,  Informe  de/  origen, 
antiguedad,  calidad  i  sucession  de  la  excelentissima  casa  de  Sarmiento 
tir  Villamayor,  Madrid  1663,  f.  "29. 

(5  janvier  1512.) 


Doua  Juana,  por  la  gracia  de  Dios  reyua  de  Castilla,  de  Léon,  de 
Granada,  deToledo,  deGalicia,  de Sevilla,  de  Cordova,  deMurcia,  de 
Jaen.de  los  Àlgarves,  de  Algecira,de  Gibraltar,  de  las  islas  de  Ca- 
naria  é  de  las  Indias  islas  é  tierra  ferma  del  mar  oceano,  princesa 
de  Aragon  é  de  las  dos  Sicilias  é  de  Jérusalem,  archiduquesa  de 
Auslria,duquesa  de  Borgogna  et  de  Brabaut,  condesa  de  Flandres 
c  Tirol,  etc.,  seiïora  de  Vizcaya  é  de  Molina,  etc. 

Por  quanto  por  parte  de  vos,  don  Pedro  de  Villandrando,  conde 
•le  Ribadeo,  me  lue  suplicado  que  acatando  é  remunerando  los  ser- 
vicios  que  vos  o  vuéstros  antepassados  aveis  fecboâla  corona  real 
d'estos  reynos,  biziessemercedâdon  Diego  Goniez  Sarmiento  conde 
de  Salinas,  vuêstro  sobrino  i  sucessor  de  vueslra  casa,  de  la  iner- 
■  -I  é  preeminancia  que el conde,  vùestro  padre,  gario  el  dia  de  los 
Reyes,  de  que  el  é  despues  vos,  como  sucessor,  aveis  gozado;  para 
queel  dicho  conde  de  Salinas.  vuestro  sobrino,  lo  yoze  é  tenga  de 


M    flLI  \  Mu;  \  \  Ihi 

aquî  adelante,  porque,  segun  vuéstra  disposicion,  no  estais  para 
recibillo  é  ge  lo  traspassais  é  renunciais,  como  parece  per  una 
vucslra  testacion  é  renunciacîon,  Grmada  de  vuestro  nombre  •  si- 
gnada  de  escrivano  publico,  que  ante  algunos  del  uuestro  consejo 
fue  presentada;é  yo  acatando  los  muchos  é  buonos  é  leales  servi- 
cios  que  aveia  fecho  el  fazedes  de,  i  ad  i  di  i  é  aviendo  consideracion 
;il  servicio  queel  coude,  vue9tro  padre,  fizo  al  tiempo  que  le  fizo  1 1 
dicha  merced  é  porque  la  memoiià  d'el  no  se  pierda,  tuvelo  poi 
bien.  É  porque  al  présente  no  estan  aqui  los  tituloa  é  otras  escri- 
tu i-as  de  la  dicha  merced  para  se  poder  bazer  en  forma  la  pro\  ision 
d'ella,  por  la  présente,  durante  los  dias  <!'■  vos,  el  dicho  coude  de 
Ribadeo,  <;  entre  tanto  que  se  traen  I"-  dicbos  tilulos  é  escrituras, 
es  mi  merced  é  voluntad  que  el  dicho  conde  de  Salinas,  vuestro 
sobrino,  aya  é  goze  de  la  dicha  preeminencia  é  merced  en  vuestro 
lugar,  segun  é  como  per  la  forma  é  manera  que  vos,  el  dicho 
coude  é  vuestro  padre,  la  aveis  gozado  é  posseido.  E  para  que, 
durante  el  dicho  tiempo,  goze  de  la  dicha  merced,  mande  darla 
présente,  Grmada  del  rey  mi  sèfioré  padre,  ésellada  cou  mi  sello. 
Dada  en  Burgos,  â  cinco  dias  del  mes  de  enero,  de  mil  équhùen- 
tos  é  doze  anos. 

Yo  h.  r.iv. 

Yo  Lope  Conchillos,  secretario  de  la  reyna  nuestra  segnora,  la 
fize  escrivir  por  mandado  ilel  rey  su  padre. 
Acordada.  Licenciatus  Zapata;  doclor  Carvajal. 


vis. 


TABLE  CHRONOLOGIQUE 

DES  PIÈCES  ET  EXTRAITS  RAPPORTÉS  TEXTUELLEMEN' 
DANS  CET  OUVRAGE 


1  181,  ."1  août.  —  Notice  d'une  quittance  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando  pour  sa  solde  et  celle  de  dix-neuf  écuyers  de  sa 
chambre  au  service  du  dauphin  (note) 21 

1 124,  ."0  janvier.  —  Mandement  de  Charles  VII  pour  l'exécution 
d'une  ordonnance  cassant  les  compagnies  de  gens-d'armes 
et  de  trait 211 

l 126,  mars.  —  Extrait  des  instructions  d'une  ambassade  de  Char- 
les VII  au  roi  de  Castille  pour  lui  demander  du  secours 
(note) (  .    .        26 

—  18  septembre.  —  Extrait  d'un  mandat  royal  expûsanj  la  si- 
tuation du  château  de  Qabrjères  en  Languedoc  (pote)  .   .     132 

I  127,  6  octobre.  —  Notice  d'un  mandement  de  Charles  VII  ayant 
pour  objet  de  faire  rendre  l'argent  d'une  rançon  extorquée 
par  deux  espagnols  de  la  compagnie  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando   212 

—  Extrait    d'un  mémoire    en    béarnais  sur  les  relations   du 

comte  d'Armagnac  avec  André  de  Ribes  (note) 52 

1  i28,  octobre.  —  Délibérations  du  Conseil  de  la  ville  de  Lyon  au 

sujet  de  Rodrigue  de  Villandrando,   campé  près    d'Aftye.     '1\"> 

1  l">0,  11  juin.  —  Extraits  de  chroniques  inédites  sur  la  bataille. 

d'Anthon  (notes) 46,  19 

—  13  septembre.  —  Lettre  de  la  duchesse  de  Bourgogne  au 
cardinal  de  Winchester  en  faveur  du  sire  de  Bujay,  pri- 
sonnier de  Rodrigue  de  Villandrando 215 

—  8  décembre.  —  Extrait  des  comptes  de  la  maison  de  Bour- 

gogne constatant  la  présence  de  Rodrigue  de  Villandrando 

sur  la  Loire  (note) 59 


I  \l:l  E   CHRONOLOGIQUE. 

!  151,  20  février.  —  Condamnation  à  l'amende,  aux  assises  de  la 
chatellenie  de  la  Tour  en  Jarret,  d'un  lionime  coupable  d'a- 
voir  dilapidé  une  garde-robe  reprise  sur  les  routiers  de 
Ko  Irigue,  qui  avait  été  iui.-c  en  séquestre  entre  ses  mains.     218 

7  mars.  —  Acte  de  donation  de  la  seigneurie  de  Puzignan 

en  Dauphiné  à  Rodrigue  de  Villandrando ii  1  <  î 

—  kJ,'»  juillet.  —  Présent  du  consulat  du   Bourg  de  Rodez  au 

comte  de  Pardiac  venu  dans  la  ville  pour  chasser  du  pays 
Rodrigue  de  Villandrando 218 

15  septembre.  —  Extrait  de  la  sentence  de  confiscation  des 
château  et  terre  de  Puzignan  (note) 2 IN 

-  12  uovembre.  —  Extrait  de  l'acte  d'envoi  en  possession  de 
l,i  seigneurie  de  Puzignan  au  profit  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando (noie) 218 

—  15  novembre.  —  Ordonnance  d'indemnité  à  l'occasion  de 

la  levée  d'une  aide  accordée  par  les  habitants  des  diocèses 
de  Màcon,  Chalon  et  Autun,  pour  recouvrer  les  places  oc- 
cupées  par  Rodrigue  de  Villandrando  et  autres  capitaines 
du  parti  français 219 

—  novembre.  —  Allocation  à  Rodrigue  de  Villandrando  sur  un 

impôt  levé  en  Forez  (note) 02 

1  i.~2.  janvier.  —  Articles  concernant  Rodrigue  de  Villandrando, 
extraits  de  l'état  de  répartition  des  deniers  votés  par  les 
Etats  d'Auvergne,  réunis  à  Montferrànd 221 

—  .")  avril.  —  Lettres  royales  du  don  fait  à  Rodrigue  de  Villan- 
drando de  la  terre  et  seigneurie  de  Talmont-sur-Gironde .     224 

17  juillet.  —  Extrait  des  comptes  de  Bretagne  relatif  à  un 
ambassadeur  envoyé  au  duc  par  Rodrigue  de  Villandrando 
(note) tilt 

22  juillet.  —  Acte  d'un  emprunt  de  2000  ducats  d'or  con- 
tracté par  le  cardinal  Carillo  sur  Rodrigue  de  Villandrando, 
comte  de  Ribadeo 22<i 

septembre.  —  Récit  déguisé  de  la  détrousse  des  Ponts-de- 
I  é  dans  le  roman  du  Jouvencel .     2">7 

geptembre.  —  Extraits,  relatifs  à  Rodrigue  de  Villandrando, 
du  commentaire  composé  sur  le  Jouvencel  par  Guillaume 
Tringant,  secrétaire  de  Jean  de  Beuil ■  .     250 

octobre.  —  Extraits  des  registres  de  l'hôtel  de  ville  de  Tours 
concernant  les  démarches  de  Rodrigue  de  Villandrando 
■près  la  détrousse  d«'s  Ponts-de-Cé 2.">y 


I  \i;l  i;  CUR0N0L0GIQ1  ! 

1 153,  -  janvier.  —  Obligation  par  le  chancelier  de  la  Marche  de 

rembourser  Rodrigue  de  Villandrando  d'une  - de 

deux  cents  écus  d'oi  prêtée  aux  seigneurs  de  Saint-Séba 

lien,  père  et  lils .         .il 

17  janvier. —  Promesse  donnée  par  Rodrigue  de  Villan- 
drando au  vicomte  de  Turenne  d'être  son  ami  el  de  le  sei 
vir  envers  et  contre  tous,  cinq  pers les  réservées  .    ,    .     241 

—  kJ-J  février.  —  Allocation  pour  un  message  secrel  du  comte 

de  Fois  au  comte  de  Pardiac,  sous  le  coup  il  une  menace 
des  compagnies  de  Rodrigue  de  Villandrando  contre  le 
Languedoc •     -  »  « 

--  10-15  mars.  —  Quittances  de  messagers  envoyés  par  le 
consulat  de  Nîmes  aux  nouvelles  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando à  Béziers  et  à  Meyrueis 246 

_    4  avril.  —  Quittance  pour  une  commission  ace plie  de  la 

part  du  consulal  de  Nîmes  auprès  de  l'évêque  de  Laon, 
gouverneur  des  finances  en  Languedoc 246 

—  i  avril.  —  Message  au  sujet  de  Rodrigue  de  Villandrando 
accompli  de  Nîmes  à  Wazèr<  s  de  la  part  des  officiers  du  roi 

ri  de  plusieurs  notables   du  Velaj  el  du  Gévaudan  (note).     105 

—  l."i  avril.  —  Délibération  du  chapitre  de  Lyon  provoquée  par 
la  duchesse  de  Bourbon,  afin  de  faire  fermer  de  nuil  les 
portes  du  cloître  de  la  cathédrale,  par  crainte  des  >ns- 
d'armes  de  Rodrigue 241 

--    23  avril.  —  Quittance  du  guetteur  posté  sur  la  Tour-magne 

de  Nîmes  pour  signaler  les  gens-d'armes  de  Rodrigue  .    .     246 

_  mai.  —  article  de  la  dépense  occasionnée  par  les  convo- 
cations écrites  pour  armer  la  noblesse  bourguignonne  contre 
Rodrigue  (note) 

10  mai.  —  Quittance  d'un  messager  envoyé  par  les  consuls 

de  Nîmes  à  ceux  de  Montpellier  pour  s'entendre  sur  le  l'ait 
de  Rodrigue  .    , 

—  10  mai.  —  Allocation  prouvanl  que  la  réunion  des  Étala  de 
Languedoc  tut  lieu  à  Béziers  au  mois  de  mai  1  133,  et  '|uc 

.   cette  assemblée  vota  des  fonds  pour  défendre  le  pays  contre 
Rodrigue  de  Villandrando 

—  24  mai.  —  Contrat  de  mariage  de  Rodrigue  de  Villandrandoj 
comte  de  Ribadeo,  et  de  Marguerite,  bâtarde  de  Bourbon..     249 

—  26  mai.  —  Notification  à  Rodrigue  de  Villandrando  du  dé- 
cret du  concile  de  Bàle  qui  le  chargeait  de  défendre  le 
comiat  Venaissin  contre  le  cardinal  el  les  princes  de  Foix.     252 


!'-J 


2  AS 


556  l.UI.K  CHRONOLOGIQUE. 

1  ;."".  I  1  juillet.  —  Allocation  faisant  connaître  lo  chiffre  de  Pim- 
pôl  vril  ê  par  le  Tiers-État  du  Languedoc  à  l'assemblée 
tenue  en  juin  à  Villeneuve  en  face  d'Avignon,  pour  aider 
Boi-disanl  a  chasser  Rodrigue  de  Villandrando  de  la  province.     255 

51  juillet.  —  Deux  décharges  du  trésorier  du  comte  de  Foix 
pour  dons  faits  par  ledit  comte  à  une  dame  de  Beaucaire  et 
au  président  de  Provence  sur  Paide  votée  par  les  États  du 
Languedoc  pour  chasser  de  la  province  Rodrigue  de  Villan- 
drando   254 

1  "  septembre.  —  Quittance  d'un  épicier  de  Lyon  pour  une 
fourniture  faite  à  Rodrigue  de  Villandrando  aux  frais  de  la 
ville 255 

—  14  septembre, —  Protocole  de  l'enquête  ordonnée  par  la  jus- 
tice du  comte  d'Armagnac  au  sujet  des  cruautés  commises 
à  Fernognac  par  le  bâtard  d'Apchier,  pendant  l'irruption  des 
compagnies  de  Rodrigue  en  Rouergue 'Joli 

—  11  novembre.  —  Acquiescement  du  prieur  de  Saint-Romain 
le  l'uy  à  une  requête  des  habitants  du  lieu  à  lui  transmise 
par  le  bailli  de  Forez,  tendant  à  obtenir  l'acensement  des 
terrains  vagues  de  l'enceinte  du  bas -fort  de  Saint-Romain, 
dévasté  depuis  un  certain  temps  par  les  gens  d'armes  de 
Rodrigue 257 

1  134,  5  janvier.  —  Protocole  des  lettres  décernées  par  le  même 
prieur  de  Saint-Romain  en  exécution  de  l'acquiescement  qui 
précède,  où  sont  énumérés  les  excès  commis  par  les  gens- 
d'armes  259 

—  5  février.  —  Décharge  du  trésorier  du  comte  de  Foix  pour 
une  somme  par  lui  prise  pour  le  sénéchal  de  Nébousan  sur 
Paide  votée  à  Villeneuve  pour  chasser  Rodrigue  du  Lan- 
guedoc      .    .     255 

—  25  février.  —  Quittance  de  la  somme  payée  par  le  consulat 

de  .Niiiies  pour  la  copie  à  plusieurs  exemplaires  des  lettres 
d'avis  envoyées  de  Milhau  au  sujet  des  gens-d'armes  de  Ro- 
drigue   260 

—  lo  mars.  —  Lettre  de  Rodrigue  de,  Villandrando  au  Conseil 
de  la  ville  de  Lyon  pour  hâter  le  recouvrement  de  diverses 

(  réances  ou  dépots  que  lui  et  les  siens  avaient  dans  la  ville.     201 

—  15  avril.  —  Engagement  de  la  terre  de  Montgilbert  à  Rodri-. 

de  Villandrando  jusqu'à   l'acquittement  d'une  somme 
de  sis  nulle  ('eus  d'or  qu'il  avait  prêtée  au  duc  de  Bourbon.     201 

20 avril.  —  lieconnaissance  d'un  prêt  de  mille  écus  d'or  l'ait 
par  Rodrigue  de  Villandrando  au  vicomte  de  Comborn.    .     264 


ÏABLE  CHRÔN0L0GIQ1  l..  -,M 

I  i."  i,  2!  mai.  —  Quittance  du  comte  de  Ventadour,  rentrant  dans 
les  déboursés  qu'H  avait  faits  en  1431  pour  aider  la  viHe 
■  I  I  ^M■1  à  se  racheter  de  Rodrigue 

—  19  juillet.  —  Quittance  de  Marguerite,  veuve  Lasporlas,  ren- 
trant dans  les  fonds  d'un  prêt  t'ait  par  sou  défunt  mari  pour 

le  patis  d'1  Bsel 223 

—  Il  août.  —  Quittance  d'Etienne  Charlat,  marchand  dTJssel, 

remboursé  d'une  somme  avancée  par  lui  pour  le  radial  de 

la  ville 222 

1155.  14-22  septembre.  —  Extraits  des  registres  de  l'hôtel  de 

ville  de  Tours  concernant  le  séjour  de  Rodrigue  de  Yillan- 
drando  devant  cette  ville 274 

—  septembre.  —  Rançon  du  capitaine  de  Peyrat,  prisonnier 
de  Rodrigue,  allouée  sur  l'aide  votée  par  les  Etats  du  Haut- 
Limousin  (note) 115 

—  i  novembre.  —  Quittance  du  vicomte  de  Turenne  de  la 
somme  à  lui  allouée  par  les  Etats  du  Bas-Limousin  pour  le 
rachat  de  son  cbâteau  de  Saint-Exupéry   note) 115 

15  décembre.  —  acquisition  pour  Rodrigue  de  Villandrando 
et  en  son  nom  d'une  propriété  sise  au  Puy-la-Forge,  entre 
Chantelle  et  Charroux 27.'> 

1 136,  20  et  23  février.  — Quittances  de  Nicolas  de  tfalmon  et  de 
Louis  d'EscoraiUes,  rétribui  s  par  les  Etats  ou  Bas-Limou- 
sin pour  avoir  défendu  Ussel  et  Meymac  contre  Rodi 
de  Villandrando 271 

—  25  avril.  —  avis  envoyéà  Orléans  par  le  sire  dé  la  Trémoille 

de  la  présence  des  Rodrigais  à  Sully  (note) 124 

—  Mai  et  juin.  —  Quittances  de  Jean  de  Lobertes  et  du  comte 
de  Ventadour,  rétribués  pour  la  défense  d'Ussel  et  de 
Meymac 269,    270 

—  2  août.  —  Convention  entre  le  duc  de  Bourbon  t  Rodrigue 
de  Villandrando  pour  l'assiette  définitive  des  mille  livres 
de  revenu  stipulées  dans  le  contrat  3e  mariage  dudit  Ro- 
drigue et  de  Marguerite  de  Bourbon 277 

—  5  août.  —  Ordonnancement  parle  duc  de  Bourbon  au  profil 

de  Rodrigue  de  Villandrando  de  la  somme  de  mille  livres 
qu'A  lui  devait,  tant  pour  l'évacution  de  Charlieu,  que  pour 
les  réparations  fartes  à  cette  place  ainsi  qu'au  château  de 
Châteldon 279 

—  22  novembre.  —  Extrait  d'une  quittance  de  Louis  Maréchal, 


I  \|;|  1     i  il  RONOLOGIQl  E. 

i  du  duc  de  Roui  bon,  rétribué  sur  les  finances 

pour   avoir   servi  d'intermédiaire  entre  les 

•i  | '.,'■/ i,  rs.  i 1  Rodi  igue  de  Villandrando  i  note). 

i;  partition  d'indemnités   aux   magistrats 
iimunes  du  lias-Languedoc   pour  leur  participation 

;il)\  ii  les  I  lai;  li  nu-  ii  R  ziers  | r  voter  l'aide  donl 

|,  s  |,m,j                     ervir  ;i  débarrasser   la    province   de  la 
le  lloili  igu    de  \  illandrando 

i  onli  iluition  votée  par  les  États  de  la  Bass  :- 
c  en  faveur  de  Rodrigue  de  Villandrando  par  l'en- 
tremise du  duc  de  li  nirbon     note) 


28Ô 


280 


;n  i .  .  Extrait  d'une  quittance  de  Raymond  de 
Villar.  sénéchal  de  Beaucaire,  rétribué  sur  les  fonds  votés 
i  |;  z'wrs,  pour  avoir  mis  sa   sénéchaussée  en  étal  de   dé- 

;     l'    Irigue  de  Villandrando  (note) 2SÔ 

\'-->-l  décembre.        Délibérations  à  l'Hôtel  de  ville  de  Bé- 
.iii  mettre  la  \  ille  en  étal  de  défense  contre  Rodrigi  u 
i'|  ses  routiers 283 

ier.  —  Ordonnancement  par  Charles  VU  d'une  somme 

-  cents  livres  au  profit  de  Jean  de  Loupiac,  capitaine 

i  i,-.  pour  sa  dépense  en  défendant  cette  place  contre 

Rodrigue  de  Villandi  and  i 280 

li  avril.  -  Quittance  d'une  allocation  faite  à  Jean  de  Cara- 
seigneur  de  Noailles,  sur  les  fonds  votés  à  l'assem- 
Béziers,  en  novembre  I  iôO 282 

Kxlraits  des  i  egistres  de  l'Hôtel  de  ville  de  Tours 
eoucernanl  l'inlervenlioii  le  la  i  eine  et  de  la  dauphine  pour 
ne  de  \  illandrando  d'amener  de  nouveau 
m'>  compagnies  en  lien, .'me 287 

ipiti  r  de  li  rime,,  i     de  l'ei  ceval  de  Ca- 

^uv  intitulé        Comment  le  roj  chassa  Rodrigue  » .    .    .    .     290 

I  \lrait-  de  lu  complainte  du  Pauvre  commun  de  France.    .      l-|,s 

2<i  lévrier.  —  l'on  Is  volés  par  les  États  de  la  Basse-Auver- 

ini   l'amélioration  de  la  navigaiion  de  l'Allier,  em- 

ayei    les  frais  d'une  alliance  avec   le   Velaj  et   le 

Rodrigue  de   \  illan  handi 292 

i.i  liltanc  ■  de   Denis  Boniod,  seci  i  I  lire  de  l  é- 
'I  il Ir.  rétribué  pour  une  c  immission  auprès  de 
Villandrando  de  la  pari  des  États  du  Gévaudam     299 

Quittance  de  Bertrand  Teissii  r.  consul  de  Salgue, 
à  la  répartition  de  la  taille  im- 
Ijévaudan  au  pi  ofil  de  Rodrigue -'■'  ' 


IABLE  CHRONOLOGIQUE.  353 

1 138,  13  mai.  —  Conversion  d'une  créance  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando  en  une  rente  perpétuelle  de  dix  tonneaux  de  vin 
;i  prendre  à  Careil,  en  Bourbonnais,  sur  un  fonds  appar- 
tenant à  Raymond  de  Hontdragon  du  chef  de  sa  femme, 
Marguerite  de  .Neuville 505 

—  10  juillet.  —  Quittance  donnée  par  Rodrigue  de  Villan- 
drando  d'une  somme  à  lui  allouée  par  le  roi  de  France  pour 
l'entretien  de  ses  troupes. 305 

—  1 1  juillet.  —  Accise  octroyée  par  le  gouvernement  anglais  à 
la  ville  de  Rayonne  comme  dédommagement  de  ses  frais 
de  guerre,  particulièrement  à  cause  de  la  résistance  qu'elle 
avait  opposée  à  Rodrigue 306 

—  15  septembre.  —  Injonction  par  Charles  VII  aux  capitaines 
des  Kcorcheurs  à  son  service,  y  compris  Rodrigue  de  Villan- 
drando,  de  s'abstenir  de  toute  violence  contre  les  terres  et 

les  sujets  du  duc  de  Bourgogne 507 

—  Octobre.  —  Consignation  du  passage  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando  et  de  l'oton  de  Xaintrailles  à  Condoin  (note)  .    .     102 

—  10  novembre.  —  Institution  des  élus  chargés  de  répartir  et 
lever  une  aille  accordée  par  les  États  de  Bourgogne  pour 
solder  un   corps  de  troupes  destiné  à  résister  à  Rodrigue 

et  autres  capitaines  des  Écorcbeurs 509 

—  15  novembre.  —  Quittance  de  Rodrigue  de  Villandrando 
pour  deux  cents  livres  à  lui  votées  par  les  États  de  la  Rasse- 
Auvergne 512 

—  15  novembre.  —  Mandement  pour  la  levée  d'une  contribu- 
tion imposée  à  la  sénéchaussée  de  Toulouse,  afin  d'empê- 
cher Rodrigue  et  les  autres  chefs  de  l'armée  de  Guicnne  de 
venir  prendre  leurs  quartiers  d'hiver  en  Languedoc  .    .    .     515 

—  19  décembre.  —  Arrêté  de  compte  au  consulat  du  Bourg  de 

Rodez  pour  le  payement  d'une  contribution  convenue  entre 
le  comte  d'Armagnac  et  Rodrigue  de  Villandrando  pour  la 
délivrance  définitive  du  pays 515 

1 139,  16-18  mars.  —  Extraits  d'un  registre  capitulaire  de  Resan- 

çon  au  sujet  des  Écorcbeurs  (note) 1GD 

—  17  mars.  —  Quittance  de  Picire  de  Bivar,  grand-maître  de 
la  maison  de  Rodrigue  de  Villandrando,  pour  un  don  d'ar- 
gent à  lui  fait  par  les  capitouls  de  Toulouse 518 

—  {)  avril.  —  Quittance  de  Robert  de  Montesquieu,  pour  indem- 

nité d'assistance  à  une  assemblée  des  Etats  du  Gévaudan, 
où  avait  été  votée  une  contribution  à  Rodrigue  de  Villan- 
drando    518 

25 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 
I  ;-,.|    g  avril,  _  Engagement  personnel  de  Rodrigue  de  Yillan- 
drando  dans  le  traité  d'alliance  conclu  par  lui  avec  le  comte 
de  l'oix  et  le  comte  de  Goraminges 519 

21  avril.  —  Quittance  du  salaire  payé  à  Jacques  de  Gaina- 

ches,  secrétaire  de  Rodrigue  de  Villandrando,  pour  l'expédi- 
tion de  l'acte  de  sécurité  délivré  b  la  ville  de  Toulouse.   .   .     520 

21  avril.  —  Quittance  de  deux  mille  écus  d'or  payés  à  Ro- 
drigue de  Villandrando,  conformément  au  traité  conclu 
entre  lui  et  les  capilouls  de  Toulouse 521 

_  (j  I1K1;.  —  Allocation  au  viguier  de  Toulouse,  sur  l'impôt 
établi  en  vertu  des  accords  passés  entre  Rodrigue  de  Vil- 
lamlrando,  les  capilouls  et  les  gens  du  Conseil  du  roi.    .    .      521 

'lij  niai.  —  Quittance  des  élus  sur  le  fait  des  aides  à  Tou- 
louse pour  leur  salaire  à  raisin  de  la  répartition  par  eux 
faite,  l'année  d'avant,  du  subside  à  payer  pour  l'entretien 
de  l'armée  commandée  par  Rodrigue  de  Villandrando,  Po- 
ton  de  Xaintrailles  et  le  bâtard  de  Bourbon 515 

12  juin.  —  Quittance  de  Rodrigue  de  Villandrando  pour  une 

somme  à  lui  votée  par  les  Étals  d'Auvergne,  en  présence 

du  roi 522 

—  27  juin.  —  Commission  du  roi  de  Castille  pour  faire  re- 
tourner le  comte  de  Ledesma  à  Valladolid,  le  comte  de 
Ribadeo  devant  recevoir  l'ordre  de  s'arrêter  à  Roa.    .    .    .     525 

—  50  juin.  —  Lettre  de  la  ville  de  Besançon  au  gouvernement 

de  la  ville  de  Bàle  sur  les  intentions  prêtées  aux  Écorchcurs 

et  à  Rodrigue 52  i 

—  Autorisation  accordée  par  le  roi  de  Castille  à  Rodrigue  de 

Villandrando  d'employer  un  navire,  dont  il  avait  la  pro- 
priété, ii  faire  le  commerce  avec  l'Angleterre,  comme  dé- 
dommagement de  la  rançon  de  plusieurs  prisonniers  que  les 
Anglais  avaient  faits  sur  lui  pendant  son  trajet  en  Es- 
P^ne.   .    •    .    , 

I4i0,  (i  février.  —  Sommation  aux  habitants  du  diocèse  de  La- 
vaur  cl  de  la  jugerie  de  Villelongue  d'avoir  à  payer  leur 
quote-part  de  la  contribution  consentie  par  la  sénéchaussée 
de  Toulouse  pour  se  débarrasser  de  Rodrigue  de  Villan- 
drando en  1 139 '  •     510 

—  8  mai.  —  Déposition  de  Gralien   de  Gramont  sur  l'arres- 

tation de  Guillaume  de  Mcny-Peny,  écuyer  du  Dauphin, 
réfugié  dans  les  compagnies  de  Rodrigue  de  Villandrando.     528 


525 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 

1  î  in.  Extrait  d'une  requête  de  la  noblesse  de  Guienne  au  gouver- 
nement anglais  au  sujet  de  l'invasion  du  Bordelais  par  les 
routiers  en  I  158  (note) 159 

—  Extr.iit-  des  notes  manuscrites  de  l'abbé  de  Fouilbac,  con- 

cernant Sanche  de  Tovar  el  un  autre  espagnol,  lieutenants 
de  Rodrigue  de  Villandrando  en  Querci,  pendant  les  années 
1440 el  1441  (notes) 189,     190 

1411,  !»  janvier.       Privilège  du  diner  annuel  avec  le  roi  octroyé 

à  Rodrigue  de  Villandrando  par  Juan  II  de  Castille.   .   .   .     529 

—  Éloge  de  Rodrigue  de  Villandrando  par  Garcia  de  Resende.     550 

—  Légende  populaire  sur  l'origine  du  privilège  des  comtes  de 
Ribadeo: •     550 

11  mai.  —  Procuration  de  Rodrigue  de  Villandrando  à  Juan 

dé  Coca,  familier  de  sa  maison,  envoyé  par  lui  en  Fiance 
avec  ebarge  de  recouvrer  les  créances  qu'il  avait  dans 
ce  pays °°2 

1  ['ri.  6  juin.  —  Snbdélégation,  sous  le  sceau  de  la  prévôté  de 
Paluel  en  Auvergne,  par  laquelle  Juan  de  Coca  investit  de 
ses  pouvoirs  Aloncillo  de  Viedo,  écuyer ooo 

—  22  juin.  —  Obligation  de  service  coutractée  par  Jean  de 

Salazar  envers  le  duc  de  Bourgogne ,  •    •    •     5ôG 

1445,  Janvier.  —   Rémission  des    méfaits  commis  pendant  les 

guerres  par  les  seigneurs  d'Apcbier,  père  et  fils  (note).    .      101 

—  13  septembre.  —  Bulle  du  pape  Eugène  IV  libérant  les 
princes  de  Foix  de  leurs  engagements  envers  Bodriguc  de 
Villandrando 5o7 

—  Rémission  à  Brunet  de  Bampoux  pour  les  méfaits  de  guerre 

par  lui  commis  pendant  l'occupation  du  Querci  par  Bodriguc 

de  Villandrando 500 

1 144,  24  murs.  —  Acte  de  publication  par  l'évêque  de  Bieux  de  la 

bulle  d'Eugène  IV 537 

1446,  Mai.  —  Rémission  à  un  habitant  de  Cahus  en  Quercy,  com- 
plice de  trois  noyades  perpétrées,  au  commencement  de 
l'année  1458,  sur  des  hommes  de  la  compagnie'de  Bodriguc 
de  Villandrando 208 

—  Juillet.  —  Rémission  pour  le  bâtard  de  Misery,  homme- 
d'armes  de  la  compagnie  de  Rodrigue  de  Villandrando,  com- 
promis dans  la  détrousse  de  l'abbé  de  Pontlcvoy,  lors  de  la 
marche  des  routiers  sur  Lagni  en  1452 234 


TAULE  CHRONOLOGIQUE. 

I  ;  ;,:_  Octobre.  —  Extrait  d'une  rémission  accordée  à  sept  habitants 
de  la  chapellerie  de  Rochefoi  t  en  Auvergne  pour  le  nieur- 
tre  commis  en  1  138,  d'Etienne  Lardit,  homme-d'armes 
de  la  compagnie  de  Rodrigue  de  Villandrando  (note).    .    .     290 

I  1 17.  Avril.  —  Rémission  à  Jean  de  Corail  pour  de  nombreux  mé- 
faits de  guerre,  dont  le  meurtre  d'Etienne  Lardit  ....     294 

—  Août.  —  Rémission  accordée  à  Jean  Delaporte,  complice  des 

ravages  exercés  par  Rodrigue  de  Villandrando  dans  le  Bas- 
Limousin,  en  1455 271 

—  Septembre.  —  Rémission  à  Malhurin  de  Cardaillac  pour  la 
détrousse  d'Alonzo  de  Zamora  et  d'un  autre  espagnol  appelé 
Alonzo  de  Benavent,  sous-lieutenants  de  Rodrigue  en  1458 .     301 

1448,  10  février.—  Rémission  pour  le  meurtre  de  deux  hommes- 
d'armes  de  la  compagnie  de  Rodrigue  de  Villandrando, 
commis  en  1 454  à  Saint-Just  d'Avray  en  Beaujolais.    .    .    .     266 

1 100  (avant).  —  Note  du  legs  fait  par  Rodrigue  de  Villandrando  à 

son  fils  Charles  des  biens  et  créances  qu'il  avait  en  France.     342 

1401,  Octobre.  —  Rémission  accordée  par  Louis  XI  pour  le  meur- 
tre du  polit  Rodrigue,  commis  en  1457 293 

—  Extrait  des  comptes  de  Louis  XI  relatif  à  la  destitution  du 

capitaine  Martin  Enriquez  (note) 20 1 

1  iH-2,  23  septembre.  —  Lettre  de  l'archevêque  de  Tolède,  don 
Alonzo  Carillo,  à  Louis  XI,  pour  lui  recommander  la  créance 
de  feu  Rodrigue  de  Villandrando  sur  la  maison  de  Foix.    .     543 

I  17  i.  —  Extrait  des  comptes  de  la  maison  de  Bourbon,  relatif  à 

Charles  de  Villandrando  (note) 204 

1  175,  Mars.  —  Extraits  concernant  l'ambassade  de  Hcrnando  del 

Pulgar  auprès  de  Louis  XI  (note) 3 

—  Vie  de  Rodrigue  de  Villandrando,  extraite  des  Claros  va- 
roncs 207 

1 179,  12  novembre.  — Épilaphe  de  Jean  de  Salazar  (note)  .    .    .     206 

1512,  .">  janvier.  —  Transport  par  Pierre  de  Villandrando,  fils  de 
Rodrigue,  à  son  neveu  D.  Diego  Gomcz  de  Sarmiento,  comte 
dînas,  du  privilège  accordé  à  Rodrigue  de  Villandrando 
en  11  il 34  i 


FIN    DE    LA    TABLE   CHRONOLOGIQUE. 


Typographie  A.  Lahure,  9,  rue  de  Fleurus,  à  Taris. 


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