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RODRIGUE
DE YILLANDRANDO
22614. — PARIS, TYPOGRAPHIE A. LAHURE
Rue de Fleuras, 9
RODRIGUE
DE VILLAND1UNDO
L'UN DES COMBATTANTS
POUR L'INDÉPENDANCE FRANÇAISE
AL' QUINZIÈME SIÈI M
J. QUICHERAT
DIRECTEUR b E L ' L C o I. 1: DES CHAEII -
PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET G"
"9, BOULEVARD SAINT-GERMAIN s 79
1879
Droit» do propriel» etd' traduction rtaexvt»
(( FEB 31955 ))
%,
SlTY CFT^0^
9 5' 8' 2 41
PRÉFACE
Ce livre est le remaniement de plusieurs arti-
cles que je publiai, il y a plus de trente ans,
dans la Bibliothèque de l'École des Chartes. Je lis
connaissance avec le personnage qui en est le sujet
pendant que je recueillais les matériaux de mon
édition des procès de Jeanne d'Arc. Sans avoir été
l'un des compagnons d'armes de la Pucelle, Ro-
drigue de Yillandrando faisait parler de lui dans
le temps qu'elle parut. Je le trouvai tant de ibis
mentionné avant et après les événements de 1429,
que je me persuadai qu'un homme dont le nom
revenait si souvent avait rempli un rôle impor-
tant. Je profitai de la correspondance et des dé-
placements auxquels m'obligeait la préparation de
mon grand travail pour me renseigner, par la
même occasion, sur ce Rodrigue. En peu de temps
j'eus réuni assez de matériaux pour voir se for-
n PRÉFACE.
mer un ensemble qui me parut succpliblc d'être
mis en œuvre.
Je croyais alors avoir épuisé la matière. Lors-
que ma notice eut vu le jour, je m'aperçus com-
bien j'étais loin de compte. Comme il arrive à
ceux qui ne sont pas rompus aux pratiques de l'é-
rudition, j'avais négligé des sources de première
importance. D'autres, auxquelles je m'étais adressé,
avaient été de ma part l'objet d'un mauvais em-
ploi. Et puis le sujet s'étendait bien au delà des
limites où s'étaient renfermées mes recherches.
Cet étranger a laissé des traces dans une infinité
de lieux où je ne soupçonnais pas qu'il lut allé.
J'en acquis la preuve par le nombre de textes
nouveaux qui me furent signalés depuis. Je tins
registre de tout ce qui se présentait, et c'est à l'aide
de ce supplément d'informations que je reviens
sur un récit qui est devenu inexact dans un trop
grand nombre de ses parties.
Je confesse sans regret et sans honte l'insuffi-
sance de mon premier travail, d'abord parce que,
lorsqu'il parut, il était tout ce que j'avais pu faire
de mieux ; ensuite parce que, tel qu'il fut, il ré-
pandit la connaissance d'un nom à peu près
ignoré, et que c'est grâce à ce que l'attention avait
été éveillée sur lui qu'eurent lieu les découvertes
dont je profite aujourd'hui.
PRÉFACE
A la façon donl on comprend actuellement les
recherches historiques, il fout renoncer à la pré-
tention de les faire complètes, surtout si le sujet
que l'on traite appartient aux siècles avancés du
moyen âge. La difficulté lient à la dispersion des
documents non moins qu'à leur abondance. Aussi
serait-on mal fondé à donner comme définitive
une composition, si laborieusement préparée
qu'elle ait été, dont les matériaux appartiennent
à l'immense répertoire de cette époque. L'ambi-
tion en pareille matière doit être de se borner à
proposer des essais, que les chercheurs futurs au-
ront à corriger ou à augmenter au hasard des
pièces qui leur tomberont sous la main.
Quoique doublé de volume et presque entière-
ment refait dans les parties conservées de la pre-
mière édition, le présent ouvrage ne vise donc pas
à être autre chose qu'un essai. Nul doute que
d'autres documents ne s'ajoutent encore à ceux
qui ont permis de l'amener au point où il est.
Tous nos dépôts d'archives ne sont pas encore in-
ventoriés; plus d'une chronique manuscrite du
quinzième siècle reste à publier, et il me semble
difficile (pie l'Espagne ne fournisse rien de plus
que ce que j'ai pu en obtenir. Quelles que soient
cependant les découvertes à venir, je crois pou-
voir affirmer d'avance qu'elles ne changeront ni
■v PRÉFACE.
la physionomie du personnage ni le caractère de
ses actions.
L'intérêt de sa vie esl de montrer jusqu'à quel
point les institutions militaires furent confuses dans
la France du moyen âge, cl combien de maux l'on
eut à souffrir avant qu'il sortît de là un commen-
cement de régularité. Non seulement Rodrigue de
Villandrando vit ce changement s'accomplir au
cours de sa carrière, mais on peut dire qu'il fut
l'un do ceux qui contribuèrent le plus à ramener.
En abusant audelà de toute mesure d'une forcedés-
ordonnée qui détruisait le pays pour arriver à le
défendre, il fil naître l'idée de fonder sur une
armée permanente la sécurité du dedans et du
dehors : il fut comme ces fléaux qui, par leurs ra-
vages, ont suscité la découverte des principes de
la salubrité. Sinistre recommandation, il faut en
convenir, si elle était la seule qui s'attachât au
nom de ce capitaine: mais l'équité veut que Ton
ait égard à ce que, étranger comme i! était, il s'at-
tacha avec une fidélité inébranlable à la cause de
la France, quand la cause de la France était déses-
pérée. En tenant compte de sa constance, et de la
part considérable qu'il eut dans maints combats
glorieux et décisifs, et surtout de ce que, par des
démonstrations incessantes, il déconcerta pendant
de longues années les plans d'attaque de l'ennemi,
i' ri: iv Cl
le bien mis en balance a ec le mal, on esl amené
à conclure qu'il ne lit ni pis ni moins que beau-
coup d'autres hommes à qui une place honorable
a été assignée dans l'histoire de son temps.
Que si tics moralistes sévères Irouvenl sans
compensation ni excuse la plupart des choses qu'il
a faites, je persisterai à croire qu'elles méritaient
d'être mises en récit, ne fût-ce que pour témoigner
de l'un de ces accès d'étonnante anarchie que,
sous le couvert d'un ordre réputé impertubable,
chacun des siècles passés a vus se renouveler en
Fiance, et dont la gravité échappe aux yeux de
trop de personnes à cause de l'illusion produite
par la continuité des règnes. C'est pourquoi j'ai
transformé en un livre à l'adresse du public un
mémoire qui ne fut composé d'abord que pour le
monde restreint des érudits et des curieux.
VIE
DE
RODRIGUE DE VILLANDRANDO
Si l'homme qui porta lé nom magnifique inscrit
dsuis ce titre revenait d'entre les morts, il ne pourrail
pas dire <le lui les paroles que Brantôme a mises dans
la bouche d'un de ses compatriotes : « A quoi bon dis-
courir de ma valeur et de mes hauts faits, quand l'uni-
vers entier enesl instruit1? » Il s'en faut que l'univers
connaisse les hauts faits de Rodrigue de Villandrando, cl
que sa valeur soit un sujet d'entretien parmi les
hommes. En Espagne, où ses services lui valurent de son
vivant des honneurs extraordinaires dont sa postérité
jouit encore, le peuple ne parle de lui que comme d'un
adolescent à qui une mort prématurée n'aurait pas
laissé le temps de s'illustrer par les armes2. La France,
qui fut le théâtre principal de ses exploits, a montré
encore moins de mémoire. Jusqu'au moment où elle
oublia tout à fait le nom de cet étranger, la seule idée
1 No hoj necesidad tle contarmi valore virtudes que (odo cl mundu
las salie. Rodomontades espagnoles.
J Voy. la légende rapportée ci-après, Pièces justificative*, u lxxx,
1
2 VIE DE RODRIGUE
qu'elle y ait attaché fut d'avoir appartenu à un malfai-
teur. Voici en effet dans quels termes nous est parvenu
le dernier écho de la renommée de Rodrigue, recueilli
il y a deux cents ans par l'annaliste du Limousin :
« Cet homme esloit si médian l et cruel, que son nom
est tourné en proverbe dans la Gascogne, el pour signi-
fier un homme brutal et cruel, on l'appelle méchant
Rodrigue l. »
L'érudition ne s'est pas plus mise en peine du per-
sonnage historique que du personnage légendaire. Dans
toute notre littérature savante on ne trouve rien qui le
concerne particulièrement, si ce n'est un article de dix
lignes que lui a consacré Moréri8, et un autre, d'égale
dimension, inséré dans Y Histoire généalogique de la
maison de France". Ceux de nos historiens qui l'ont
mentionné n'ont pas fait autre chose que de prendre
dans les chroniques françaises du quinzième siècle son
nom, qui n'y apparaît guère autrement qu'associé à
d'autres noms de capitaines, et presque toujours sous la
forme altérée de YiUandras*. Nul n'a eu la curiosité
de recourir aux sources espagnoles, pour voir si elles ne
1 Bonaventnre de Saint-Amable, Histoire de saint Martial, apôtre des
Gaules et notamment de i Aquitaine et du Limousin, t. 111, p. 701.
s Dietionnaire historique, t. X, p. (119.
s Tome Ier, p. 304.
* L'altération c'est pas si profonde que semblerait l'indiquer l'ortho-
graphe. C'est à tort qu'on ferait sentir la finale de Yillandras, comme
celle de Ménélas ou Ayésilas. As final se prononçait, dans les noms pro-
pres, comme dans les noms communs ou adjectifs bas, las, chasselas :
Carpentrâ et non Carpentrasse, Mornâ el non pas Montasse, Villandrû
et non pas Yillandrasse. Villandrû n'était pas très éloigné de la pronon-
ciation Villandrando avec la pénultième fortement accentuée, l 'ailleurs
on a écrit aussi en français Villandrant.
DE VILLANDRANDO.
fourniraienl pas quelque renseignement de plus sur cet
Espagnol; de sorte qu'une uoticc consacrée à sa mé-
moire par Hernando del Pulgar1 esl demeurée jusqu'ici
comme non avenue pour nous autres Français, quelle
intéressait le plus.
Mais Hernando del Pulgar n'esl pas j » 1 1 1 - connu
chez nous que Rodrigue de Villandrando. C'esl le Plu-
tarque espagnol «lu quinzième siècle, et il doil â la
France l'idée du livre qui a établi si réputation. Lui-
même en a fait l'aven. Dans un voyage accompli pour
s'acquitter d'une mission diplomatique*, il eul com-
munication d'un recueil des hommes illustres du règne
de Charles Vil, composé par un certain Georges de la
Vcin;!ile (jui avail été secrétaire de ce roiJ. La vue de
cet ouvrage, qui ne nous esl point parvenu, éveilla en
lui le désir d'eu l'aire un pareil pour son pays.
Je serais tenté de croire qu'il emprunta quelque
chose de plus à Georges de J;i Vernade. Rodrigue ne
pouvail pas manquer (ravoir sa place dans le livre qui
frappa si vivement l'attention de son compatriote. Le
secrétaire de Charles VII serait alors l'auteur où Her-
nando del Pulgar a puisé ses renseignements pour la
1 Claros Yurones de Caslilla. Voy. ci-après, Pièces justificati-
ves, n° i.
- « Essoniismo vi on Francia cl conipendio que hizo un maestro Jorge
(!•' l.i Yernada, scerctario del rey Carlos, en que copild los hechos no-
tables de algunos cavalleros y perlado: <! i aquel reno,que fueron en su
tiempo. » Claros Yarones, I'rologo.
' Envoyé à Louis XI j>ar la reine Isabelle la Catholique dont il était
secrétaire. Nous avons sa lettre de créance, qu'il présenta le 18 mars
1 175 (Ms. lat. 6024, fol. 188, h la Bibliolh. nal.)i et la mention d'un
cadeau d'argenterie (deux flacons et don/'1 hanaps) que le roi de France
lui lit à celle occasion. Ms. français 200^5, f. 632.
4 VIE DE RODRIGUE
partie de la vie du capitaine espagnol qui se passa en
France.
Villandrando ou, conformément à la signature de
Rodrigue lui-même, Yilla-Andrando, csl un village de
la Vieille Castillc entre Burgosel Valladolid. La l'a ni il le
<jui porla ce nom ne IM pas d'abord très-grande figure,
malgré l'illustre origine qui lui a été assignée par Joscl
Pellizer. Suivanl ce aénéaloiriste, elle serait descendue
des comtes souverains de Biscaye. Le même auteur
ajoute qu'elle fui partagée, depuis le treizième siècle,
en deux branches, dont l'une se perpétua à Valladolid,
tandis que l'autre émigra en France. La branche fran-
çaise aurait fondé la seigneurie de Villandraut en
Guienne, qui ne larda pas d'être portée dans la maison
de Goth j>ai' une femme, et cette femme serait la mère
du pape Clément \ '.
Il est notoire que Clément Y, de son nom de gentil-
homme Bertrand de Goth, naquit à Villandraut; mais
tout le reste du récit de Pellizer est un tissu d'hxpo-
thèses et de rapprochements forcés, qui a pour unique
fondement l'identité apparente des deux noms Villan-
drando et Villandraut. Or \ illandraut n'est que la pro-
nonciation altérée d'un nom qui s'est dit d'abord en
latin vinca Andraldi et qui, au quatorzième siècle,
s'écrivait encore dans --a forme romane I inhandraut l.
1 h. .In m l Pellizer, Informe del origen, antiguedad, calidad y mo-
de la exeelentissima casa '/< Sarmiento de Yillamayor. Madrid,
1665, fol. !)5.
- Charte '!'■ 1515 dans la Bibliothèque de VEcolcdes chartes, 1 Y0 sé-
rie, i. I\, ]>. M ; Bladé, Notice sur la vicomte de Bezcaume, lacomtéde
Benauges, 1rs vicomtes de Breuilhois ri d'Auvillars cl les pays de Vil-
landraut r! de Cayran, y. 75. Bordeaux, 1878.
DE VILLANDRANDO.
Ce qu'on rapporte des Villandrando de Valladolid
offre plus de certitude. De père en Gis ils exercèrenl
dans cette ville «les fonctions administratives. Lorsque
les Français entrèrent en Espagne sous le commande-
mt'iii de Du Guesclin, don Garcia Gutierrez de Villan-
drando, alorschef de la famille, se joignit à eux comme
partisan du prince Henri de Transtamarre. 1! se lia avec
le chevalier Pierre Le Besgue de Villaines, le même
qui, au dire de Froissart, arrêta de ses mains le roi
don Pèdre, lorsque celui-ci cherchait à s'évader du
château de Montiel1.
Telle amitié formée sous le drapeaux amena le ma-
riage de Garcia Gutierrez avec la sœur de Pierre Le
Besgue : union brillante lorsqu'elle l'ut conclue, parce
que le gentilhomme français venail d'obtenir, pour
prix de ses services, le rïhg degrand de Castilleavec le
comté de Ribadeo en Galice*.
Garcia Gutierrez donna le jour à Ruy Garcia de Vil-
landrando, qui fui regidor de Valladolid, et à don
Pedro, seigneur de Bambiella, qui mourut en 1 100,
jeune et veuf déjà depuis plusieurs années, laissant la
dot de l'eu Àldonça de Corral5, sa femme, fortement
endommagée, et trois fils au moins dont l'aîné, Ro-
drigue, esl celui que concerne cette notice.
Lors du décès de don Pedro, Rodrigue pouvait
avoir d'âge treize ou quatorze ans. Ses frères et lui
' Froissart, 1. I, 2" partie, ch. ccl.
* Josef Pellizer, Informe ciel origen, etc., fol. 94, r°.
r> Elle est appelée [nez par le P. Anselme, ainsi que dans le Diction-
naire de Moréri. Le témoignage de Josef Pellizer présente plus de certi-
tude.
G VIE DE RODRIGUE
restèrent sons In tutelle de leur oncle, Ruy Garcia,
et de leur grand'mère, Térésa de Yillaines. Il paraîl
bien que quelque chose leur avait été assigné, sur
le revenu du comté de Ribadco, par Pierre Le Besgue,
qui vivait toujours; mais ce seigneur, accablédc vieil-
lesse, négociait alors la vente d'un bénéfice sur lequel
il avait trop à perdre à cause de l'éloignement1. Il se
défit de son comté alin d'acheter, du prix qu'il en tira,
la riche et libre seigneurie normande que l'usage était
déjà d'appeler le « royaume d'Yvelot2. >< Sa sœur,
désespérée, lii tout ce qu'elle put pour retenir ce que
cette aliénation Taisait perdre à ses petits-enfants. Un
procès dans lequel elle s'engagea ne lui réu^sil pas;
elle mourut, et les pauvres orphelins n'eurent plus
d'appui .[n'en leur oncle le régidor, lequel n'était pas
en situation de faire beaucoup pour eux;, ayant une
fille à marier, el préparant les choses de loin pour que
le gouvernement de Yalladolid lui servit de dot un joui'
à venir \
Voilà bien de la généalogie, mais qui n'est pas sans
avoir -mi opportunité. Nul doute que les traditions de
famille n'aient été pour beaucoup dans la destinée
de Rodrigue de Villandrando. [ssu par sa grand'mère
d'une famille des environs de Paris (Yillaines est près
de Pontoisc, ei la résidence habituelle de Pierre Le
| José Maria de Eguren, Nolicia hisiôrica del origen y funàacion del
conduite de Rivadeo, dans la Rcvisla curopea, I. Ml (1876), p. 215.
--• Contrat passé an Chàlclel de Paris , le 2 mai 1401. Notice sur
les rois d'Yvelot dans V Annuaire de la noblesse pour 1871-1872,
p. 287.
"■ PelliziT, Informe del origen, etc., fol. 94, \°.
DE VII I vNDRANDO. 7
Besgue fui Villiers sous Néaufle-le-Châtel | ', bercé avec
le récil des exploits de son grand-oncle ci induit de
honni; heure à espérer que la fortune ne lui serait pas
moins propice en France qu'elle ne l'avait été à Pierre
Le Besgue en Espagne, lorsqu'il futd'âge à voler de ses
propres ailes, il se dirigea résolûmenl do ce côté-ci des
Pyrénées
11 arriva lorsque s'annonça il la division fomentée
par la rivalité dos doux maisons d'Orléans et de Bour-
gogne, à laveilled'une guerre civile où il allait d'abord
trouver de l'emploi.
S'il est le même qu'un certain Rodigo, que l'on trouve
inscrit sur les rôles d'un corps d'armée répandu dans
le Rouergue en 1412 et 1413*, il faut admettre
qu'il fit ses premières armes sons le fameux Ber-
nard d'Armagnac, lequel avait formé lui-même ce
corps d'armée pour s'en servir contre les commissaires
du roi en Languedoc5. Il y a lieu toutefois d'hésiter
sur l'identification, attendu que d'autres Espagnols du
nom de Rodrigue servirent la France en ce temps-là
(on en aura la preuve; parla suite de ce récit), attendu
aussi que notre Rodrigue ne figure jamais sans son
nom de famille dans les documents administratifs qui
le concernent.
Un témoignage plus positif que le précédent, et qui
pourrait à la rigueur se concilier avec lui, nous repré-
1 Lettre de rémission communiquée par M. Siméon Luce, JJ 139,
n° 104, aux Archives nationales.
' Archives de l'Avcyron, C. 1345, f. 122, y", et C. 1369, f. 3, v».
Communication de M. Paul Durricu.
5 Vaissete, Histoire générale de Languedoc, t. III, p. 430.
8 VIE DE RODRIGUE
sente Rodrigue de Yillandrando introduit de bonne heurç
auprès d'un capitaine redouté, qui était en même temps
l'un des puissants seigneurs du pays d'origine des Vil-
laines. C'est ceYilliers de l'Isle-Àdam1, de sinistre mé-
moire, à qui il (Hait réservé de conduire l'entreprise
nocturne par laquelle Paris fut définitivement livré
aux Bourguignons. Mais, lorsque notre jeune castillan
s'attacha àlui,on était encore éloigné de ce dénouement
funeste. L'Isle-Adam, comme tant d'autres gentilshom-
mes, n'eut point d'abord d'opinion arrêtée. Il prit les
armes dans l'intention de servir le roi, et changea vo-
lontiers de parti, suivant que les chefs de l'un ou
de l'autre parvenaient à confisquer la personne de
Charles VI. Mais, à la troisième ou quatrième évolution
qu'il voulut faire, il fut repoussé par le comte d'Ar-
magnac2. Alors il devint l'implacable bourguignon
que nous ont fait connaître les chroniques.
Par les termes dont s'est servi Hernando de! Pulgar
pour retracer les débuts de Rodrigue, le représentant
comme un ouvrier qu'un patient apprentissage aurait
conduit au plein exercice de sa profession5, il faut en-
tendre que le jeune castillan servit d'abord en qualité
de page sous le capitaine, quel qu'il fut, qui l'avait pre-
mièrement accueilli, et que ce n'est qu'après avoir passé
1 Chronique récemment publiée par M. Kervyn de Lettenhove, sous
le titre de Livre des trahisons de la France contre la noble maison de
Bourgogne, volume de la grande collection des documents inédits bel-
ges, intitulé Chroniques relatives à V histoire de la Belgique sous la
domination des ducs de Bourgogne, p. llliJ.
- Jean Jouvenel des Ursins, Chronique, ad ann. 1417.
5 a Moço y despues hombre mancebo, etc. » Yoy. Pièces justifica-
lifes, n" i.
DE VII I INDR Wloi. 0
par les divers degrés de la domesticité militaire qu'il
prit rang comme homme-d'armes dans une compagnie.
Personne n'ignore que les compagnies furent les
corps de troupes donl se composaient alors les armées;
mais, la composition de ces corps eux-mêmes étant moins
généralement connue, quelques explications sur ce point
sonl nécessaires pour l'intelligence de ce qui suivra.
11 n'y avail rien de réglé, même approximativement,
qiiiini à l'effectif îles compagnies. Cette expression a
désigné indistinctement ce qui sérail pour nous une
brigade , un régiment, un escadron, voiremêmeune
compagnie dans ta rigueur du terme. Mais, quel qu'ail
été le nombre des hommes, pour toutes les compagnies
l'organisation fut la même. Elles étaient forméesde com-
battants à cheval, auxquels s'ajoutaient d'ordinaire un
tiers ou un quart Je fantassins. Ceux-ci maniaient l'arc
ou L'arbalète, L'arbalète de préférence à l'arc dans les
compagnies françaises. Les cavaliers étaient de deux
sortes : les uns appelés nommes-d'armes, paire qu'ils
étaient armés de pied eu cap; les autres, moins bien
montés et plus lénèivinenl équipés, étaient tenus pour
les servants ou satellites des premiers. Chaque homme-
d'armes en menait deux, trois, quatre à sa suite, selon
ses facultés. Maîtres et servants, groupés ensemble, con-
stituaient autant d'unités désignées sous le nom de
lances, parce que la lance, une longue lance de qua-
torze pieds, était l'instrument distinctif de l'homme-
d'armes. Celui-ci représentait le chevalier des anciens
temps, et même, dans plus d'un esprit, persistait l'opi-
nion qu'on ne pouvait pas être un homme-d'armes ae-
lu VIE DE RODRIGUE
compli, à moins qu'on ne lui chevalier. Mais, en dépit
du préjugé, le plus grand nombre des lances étaient
tenues dans les compagnies par des écuyers ou soi-
disan! lois, el il n'élail pas rare de voir de ces écuyers
commander à des hommes-d'armes chevaliers.
Les compagnies n'étaient pas permanentes. Elles
élaienl formées pour le besoin du moment, celles-ci
avec de la noblesse, d'après le principe que l;i noblesse
devait le service militaire en cas d'agression de la
puissance donl elle relevait; celles-là, en plus grand
nombre, avec des mercenaires de toutes les provinces
du royaume, et même de tous les pays étrangers.
En temps de guerre, surtout lorsque la guerre se
prolongeait, beaucoup de ces corps de mercenaires
n'attendaient point qu'on les format. Ils se formaient
d'eux-mêmes el se soumettaient à des chefs de leur
choix, ou ({in s'étaient imposés à eux par leur énergie.
Les engagements contractés ne mettaient pas le sort de
tous les hommes à la merci d'un seul. On le voit par
les attributions administratives des capitaines dans les
armées royales. Quoiqu'ils se fussent loués eux et leur
compagnie, ils ne disposaient point de la solde du corps
entier. Ilsélaienl payés seulement pour eux, leur porte-
étendard, leur trompette el une petite escouade placée
SOUS leur coin ma udenien I direct. Les sommes allouées
aux autres étaient touchées par des officiers subalternes
ou chefs de chambre, qui avaient à leur charge les hom-
mes-d'armes de leur chambrée; el chaque homme-
d'ar s5 à son tour, avait à la sienne son escorte de
suivants.
DE VIII INDU \MiO. i|
L'effectif des chambrées ne fui pas moins variable
que celui du corps entier. Telle se composai! de cinq
à dix hommes, telle de douze à quinze, telle de vingt.
Les gens de pied étaienl administrés à part, d'une
façon analogue. Lorsqu'ils étaienl en uombre suffisant,
ils avaient à leur tête un capitaine subordonné au ca-
pitaine de la compagnie. Leurs officiers subalternes
s'appelaient conuétables1.
La compagnie de l'Isle-Àdam fui , dès les pre-
mières prises d'armes, employée dans l'Orléanais et en
Picardie; puis elle alla au secours d'Harfleur assiégé
par les Anglais. Rendue maîtresse de Paris sans coup
férir, pendant la nuit du 29 mai 1418, mais bientôt
après surprise à son tour par un corps d'armée arma-
gnac, elle eut à soutenir dans les rues une bataille
sanglante dont l'avantage lui resta. Elle fut cantonnée
ensuite à Pontoise et lieux circonvoisins, d'où elle se
livra pendant un an à une guerre d'extermination.
Enfin, ayanl perdu Pontoise, elle suivit à la réduction
de la France centrale son capitaine, que les événements
avaient élevé à la dignité de maréchal du royaume.
C'est. dans ces campagnes que Villandrando établit
sa réputation de hardi combattant par son étude à bien
faire et à rechercher les actions d'éclat. Jl était toujours
le premier à se proposer pour les postes dangereux et
les commissions difficiles. Plus d'une fois, lorsqu'on
était en présence dans l'attente de la bataille et qu'un
champion du parti ennemi venait devant les rangs
1 Tous ces détails sont extraits tic la volumineuse collection dea Titrea
scellés, aux manuscrits de la Bibliothèque nationale.
12 VIE DE RODRIGUE
appeler qui osât se mesurer avec lui, on vil le castillan
accepter le déli, vaincre son adversaire et en rap-
porter les dépouilles à son capitaine, qui l'honorait
publiquement de ses éloges et de ses caresses.
Mais, si ces actes de valeur trouvaient leur récom-
pense dans l'approbation des vrais soldats, pour
d'autres ils furent un sujet d'envie. Les chefs subal-
ternes craignirent d'être supplantés, à la longue, par
ce jeune homme dont les exploits effaçaient les leurs.
Ils cabalèrent contre lui, répandirent sur son compte
des bruits que paraissait justifier son origine étran-
gère1, et obtinrent enfin son exclusion de la compagnie :
cela, lorsqu'il venait de s'acquitter, peut-être avec peu
de succès, de la garde d'une petite forteresse du Câli-
nais, où l'Isle-Adam l'avait posté2.
Selon toute apparence, cette disgrâce se place à la
fin de 1419 ou au commencement de 1420, dans un
moment où la défection entama les troupes du parti
bourguignon, à propos de la question, qui se posait
déjà, d'exclure de la succession à la couronne le dau-
phin, qui fut depuis Charles VII. La chose fut trouvée
si excessive, mêmeparmi les exécuteurs des vengeances
bourguignonnes, que plusieurs d'entre eux désertèrent
plutôt que d'avoir à y souscrire. Le gouvernement qui
se couvrait du nom de Charles VI fut on ne peut plus
alarmé. 11 menaça de sévir avec la dernière rigueur
contre les transfuges. Tous les Castillans devinrent sus-
pects, parce que leur roi s'était déclaré pour le dauphin,
1 [fernando de! Pulgar.
- Livre des trahisons de la France.
DE VILLANDRÀNDO. ir,
et qu'on savait qu'il avait l'ait voler par se- corlès l'ar-
mement d'une ûotte destinée à soutenir la cause du
prince déshérité *. La preuve que 1rs craintes des Bour-
guignons à l'égard uYs Espagnols n'étaient pas sans
fondement est dans ce fait, consigné par le religieux
de Saint-Denis, que plusieurs arbalétriers de cette
nation furent suppliciés à Saint-Denis même, pour avoir
abandonné leur compagnie dans l'intention de passer
aux Armagnacs2.
La Qdélité de Rodrigue aurait-elle été ébranlée?Un
trait de lui, que nous raconterons tout à l'heure, rend
inadmissible un pareil soupçon. Mais il est possible
que, clans sa franchise, il ait désapprouvé tout haut le
parti vers lequel il voyait ses amis incliner. Il n'en fal-
lut pas davantage aux jaloux pour le représenter
comme un traître.
Rendu à sa liberté par une injustice, il se tourna
vers le parti pour lequel s'était prononcée la politique
de son pays. Mais ce parti, il résolut de le servir à sa
façon et à son heure, après qu'il se serait créé à lui-
même une situation qui le mît désormais au-dessus des
intrigues. et à couvert des avanies. Il avait assez bonne
opinion de lui pour se considérer comme le champion
de la Castille, député pour le salut de la France. Il tint
à ne se présenter que lorsqu'il aurait une suite avec
laquelle il aurait fait ses preuves et qui lui permettrait
de poser ses conditions. Bref, il songea, de soldat per-
1 Fernan ferez Je Guzmao, Cronica del rey d. Juan cl II. p. 1 ô7
et 174.
- Livre XL, cli. xn (l. VI, p. 370).
14 VIE DE RODRIGUE
sécuté qu'il était, à devenir par sa seule industrie un
officier compté pour quelque chose : résolution qui
doit paraître singulière de la part d'un compagnon tel
que lui ; car, étranger dans un pays, sans terre, sans
amis, sans argent, avec des antécédents suspects, com-
ment espérer de s'imposer aux autres? Mais il se sentait
né pour le commandement, et les circonstances favori-
saient ses vues ambitieuses.
Les compagnies d'aventuriers étaient si supérieures
aux corps de la noblesse fournis par l'appel aux armes,
la force militaire du royaume résidait en elles d'une
manière si évidente, qu'elles eurent l'insolence de ceux
qui se sentent nécessaires. Si, à la fin d'une campagne,
on ne voulait plus de leurs services, elles continuaient
à guerroyer pour leur compte ; elles se maintenaient
en dépit de toutes les défenses. Leur puissance était
celle d'une association qui ne compte dans son sein
que des bras armés.
La question capitale pour des troupes étant de sub-
sister, malheur à la contrée où ces corps indépendants
avaient pris domicile! Bien que leur intention lui de
vivre sur l'ennemi, ils n'étaient que trop souvent reje-
tés dans le pays ami, qu'ils traitaient sans aucune dif-
férence. Leurs jours étaient comptés par les dévasta-
tions. Vider les granges et les établcs des villages,
piller les châteaux, arrêter les passants (jour en tirer
des rançons, était leur ressource accoutumée. Ils
s'attaquaient aux villes quand ils étaient assez nom-
breux pour les investir. Des communes populeuses cl
protégées par de bonnes murailles, mais qui se dé-
DE V1LLANDRAB DO. i:,
ûaienl de la solidité de leurs milices, entrèrent maintes
fois en composition, lorsqu'elles se virenl bloquées sans
espoir d'être secourues. Elles achetaient leur libération
à prix d'argent, el telle fut la fréquence de ces traités,
qu'on les désigna par un terme particulier, celui de
pactis ou patis, sur quoi l'on forgea le verbe appatis-
svr el le substantif appatissement.
Les choses avaient été mises sur ce pied par les
hommes des compagnies du quatorzième siècle, ceux
dont Froissait a raconté les prouesses. Rien n'est saisis-
sanl connue les regrets de ces forbans, condamnés au
repos par la vigueur du gouvernemenl de Charles V,
lorsqu'ils racontaient au curieux chroniqueur l'heu-
reux temps où ils avaient fait toutes leurs veinules
dans ce plantureux pays de France, « le paradis des
gens-d'armes », comme ils l'appelaient1. Eux, la France
d'alors ne sut pas les appeler autrement que les compa-
gnons, et ce terme jusqu'alors inoffensif ne fut plus
prononcé sans terreur. 11 était dans la bouche de tous
les vieillards, pendant les années paisibles du règne de
Charles VI. 11 rappelait des maux que l'on ne croyait
pas qu'il. fut possible de voir arriver deux fois en un
siècle. Et voilà que, par le concours de la guerre civile
et de la guerre étrangère, de nouveaux corps d'aventu-
riers sortirent par centaines comme de dessous terre,
et que la tradition des ci-devant compagnons se re-
trouva vivante parmi eux. On les jugea pires que leurs
1 Froissart, 1. IV, ch. \e. Cf. De Fréville, Des grandes compagnies
au quatorzième siècle, Bibliothèque de L'École des charl l1 série,
(. III, 2'.^, et V, 233; S. Luce Histoire de Bertrand Dugucsclin i t<
li. VIE DE FtODIlIGl'n
devanciers. Ils furent flétris d'un nom sinistre, em-
prunté à des souvenirs plus anciens. On les appela les
routiers1.
C'esl sur des routiers que Rodrigue de Villandrando
se proposa d'établir son commandement, mais un com-
mandement qu'il ne devrait pas à la faveur d'une mul-
titude inconstante. Sa visée fui de se créer une compa-
gnie où il n'entrerait que des sujets de son choix,
astreints à l'obéissance par des serments terribles, et
sur lesquels il exercerait un pouvoir absolu. Sûr d'ar-
river à ses fins, il se mit à l'œuvre en homme que n'é-
taient pas capables de décourager des débuts ingrats.
I.e^ premiers routiers qu'enfanta la guerre civile
avaient fait leur apparition sous la conduite de plu-
sieurs chefs étrangers, donl l'un fui Espagnol et s'ap-
pela aussi Rodrigue2. Le sort de celle bande, fut d'être
1 II bres de armas de aquella gente perdida y desmandada que an-
dava rob mdo v rescatando la licrra, que llamavan los t'i anceses micros. »
Çurita, Anales (U la corona de Aragon, I. XIII, c. i.i.
- « Quaîdani nefanda concio octingentorum prœdonum sub Polifcr,
Radingo, Philippoquc de Spina, etc. > Chronique du religieux de Saint-
I. IV, ch. xxxn (t. IV, p. i02 cl 106). Dans la Lraduction fran-
çais Radin go a été rendu par Radingen, rattaché comme nom de
famille à celui de Polifer; mais plus loin la différence des deux per-
des est indiquée : « Cum Polifer el Radingo, septem quoque aliis
capitaneis fere triginla alii, ut merucrant, vitam suspendio adjudicati
sunt linire. » La Chroniqucdc Jonn nel des Ursins dissipe tous les doutes,
s'il en | >ou\ .1 i l rester. On y lil à l'an lil! : » \ avoit deux capitaines
principaulx, lesquelz avoienl larrons et meurtriers en leur compagnie en
ranl nombre. L'un estoil nommé Polifer el l'autre Rodrigo.» Ra-
dingo csl donc à corriger par Rodrigo dans le texte latin. Le même nom
se trouve dans les textes français du quinzième siècle sous les formes
Radigues, Rodigues, Rodiguo. Quanl .m Rodrigue supplicié en 1411, ce
celui donl il j ;i une quittance de 1 i lu au Cabinet dos litres de
la Bibliothèque nationale. Le nom est Rodigo ■■ Sai ro. Il s'intitula
c conduiseur d'arbaleslriers » au service du duc d'Orléans.
DE VILLANDRANDO. 17
enveloppée par plus loris qu'elle et d'essuyer lu traite-
ment qu'où infligeait aux malfaiteurs. Tout son état-
uuijor, Rodrigue ou tète, lui amené de trente liouos à
Paris, afin d'y être pendu haut et court au gibet de
Moutfaucou. Le souvenir de cet événement, présent
encore à toutes les mémoires, ne mettait pas en recom-
mandation le nom de Rodrigue. Loin toutefois de recu-
ler devant une sinistre renommée, noire castillan s'en
lit plutôt un titre à l'effroi qu'il était dans ses desseins
d'inspirer. C'est sous son prénom tout seul qu'il inau-
gura sa vie d'aventure.
Errant sur les grands chemins, il rencontra un
premier vagabond brave comme lui, pauvre com-
me lui, également incapable de perdre, également
désireux de gagner, qui ne demanda pas mieux que de
suivre sa fortune. Un antre se joignit bientôt à eux.
Les \ o i 1 à tous les trois, associés d'industrie et d'-au-
daee. Dans les lieux solitaires, à des heures choisies,
il» épient de loin les pelotons en marche, ou bien ils
font la ronde autour des campements ennemis. Sur
les traînards, sur les imprudents qui s'écartent, ils
accourent la lance en arrêt. Vainqueurs, ils emportent
la dépouille ; vaincus, ils s'enfuient par les chemins
creux ou à travers les forets, dans des retraites connues
d'eux seuls. Réduits d'autres jours à de moins nobles
exploits, ils détroussent les marchands en voyage,
surprennent les chaumières isolées, mettent à rançon
!'■ paysan1;
Cette manière de guerroyer portail déjà le nom que
1 fernando del Pulsrar.
18 Vil. DE R0MUG1 i:
nous lui donnerions aujourd'hui : elle s'appelait du
brigandage. La forme du mol, nu quinzième siècle, fut
brigandise.
Les brigands pullulèrent en ces lemp> désolés. 11 y
en eut autant que de pervers et de désespérés impro-
pres ou rebelles à la profession des armes, niais résolus
à gagner leur vie If couteau à la main '. Ils furent des
routiers solitaires, qui achevèrenl l'œuvre de destruc-
lion générale en porlanl la main sur tout ce qu'il
arrivai! aux compagnies d épargner.
Rodrigue, qui avait trouvé parmi ces bandits deus.
compagnons susceptibles de se plier à la régularité mi-
litaire, IU encore un certain nombre d'autres recrues
de même aloi, si bien qu'en peu de temps il se vit, à la
tète d' une escouade, et qu'il put se donner pour ce qu'il
voulait être, c'est-à-dire pour un chef de guerre. Le
théâtre de ses exploits parait avoir été la frontière de
l'Auxerrois, du côté du Câlinais. Là il se porta à une
action qui montre la générosité de son caractère.
Comme il avait des espions autant qu'il en pouvait
entretenir et qu'il était informé de tout ce qui se faisait
autour de lui, il eut connaissance d'une expédition que
les Français préparaient contre le maréchal de Lisle-
Adam, alors occupé à faire le siège de Villeneuve-le-
lioi
Ce siège lui bien l'entreprise la plus téméraire qu'on
1 a |'i tIi-i eos qui pi i Francoruui parlibus se inilitare dicebant —
. il iln ine iiumei i ilespcr.tti alquc perditi 11 rniines... i|iii vulgo bri-
Th Ii.ii:i. Histoire du règne de Charles VIL
1. II. Cil. M.
1»L V1LLANDR LMm. lu
puisse imaginer, <ui était au cœur de l'hiver (fé-
vrier 1421), el il était notoire qu'à une journée de
marche autour de Villeneuve on n'aurait pas trouvé de
quoi nourrir seulement un cheval, « à moins de lui
faire paître la neige », ajoute le chroniqueur. Lislc-
Adam osa venir néanmoins, et, prenant position sur les
hauteurs avec une poignée d'hommes-d'armes démontés
et une grosse bombarde, il incommoda tellement la
ville qu'il n'y. eut bientôt qu'un vœu parmi les bour-
geois, celui de voir le capitaine de la place capituler.
Il fallait se hâter. Le vicomte de Narbonne, comman-
dant pour le dauphin dans la contrée, forma pour la
délivrance de Villeneuve un corps d'armée qui allait se
mettre en roule, lorsque Rodrigue en eut la nouvelle .
Le coup ne pouvait pas manquer de réussir; Lisle-
Adam avec sa petite troupe allait être enveloppé, et !<•
sort qui le^ attendait tous était d'être passés par les
armes; car, pour le moment, la fureur était montée à
ce point, dans les deux partis, qu'on ne Taisait plus de
prisonniers. Les capitaines et les grands seigneurs
étaient mis à mort aussi bien que les soldats2. Dieu
sait si les français >e seraient épargné la joie d'im-
moler le cruel et impassible témoin des massacres
commis par les boucliers de Paris en 1418 !
Les horreurs de Paris, auxquelles il est de toute pro-
babilité qu'assista Rodrigue, n'étaient pas de nature à
lui avoir laissé des remords. Elles durent être à ses
1 Livre des trahisons de la France.
* « Se ce n'uist fait, il estoit mort; car à cesl heure, connue dit est)
lie failioit parler de raenclion. » Ibid.
20 VIE DE RODRIGUE
yeux uji acte d'hostilité coinine un autre, et un acte
eonimis contre des gens qui étaient alors ses ennemis.
La voix qui s'éleva en lui, en apprenant la détresse de
Lisle-Adam, fut celle de la reconnaissance, ubliant
l'injure qui lui avait été l'aile, il ne se ressouvint que
des bienfaits de ce seigneur ; et comme aucun serinent
ne l'attachait encore au parti français, il crut qu'il
était de son honneur d'empêcher qu'un homme de
guerre éininent, son ancien maître, périt sans gloire
dans un vulgaire égorgeaient. En conséquence, il dé-
pêcha un exprès au maréchal pour l'instruire de ce qui
se préparait.
Lisle-Adam ne se le fit pas dire deux fois. Il or-
donna à ses hommes de ramasser leur bagage et, la
nuit venue, il se retira à Sens où le reste de sa compa-
gnie tenait garnison. Le vicomte de Narbonne, arrivé
le lendemain, ne trouva à la place de l'ennemi qu'un
monceau de cendres qui fumaient. Les Bourguignons
en s'en allant avaient eu soin de mettre le feu à leurs
baraquements, afin qu'on ne fit pas butin de ce qu'ils
n'avaient pas pu emporter1.
Il faut que cette aventure ait eu beaucoup de reten-
tissement, puisque c'est d'un chroniqueur flamand que
nous en tenons le récit. Elle donna l'éveil aux capi-
taines français sur le danger qu'il y avait à laisser hors
des cadres un partisan entendu et résolu comme cet
aventurier espagnol. Le dauphin reçut le conseil de
le prendre à sa solde. L'été suivant, Rodrigue fut incor-
poré dans la compagnie du maréchal de Séverac avec
1 Livre des trahison* de lu France.
DE VILLANDRANDO. l
sa l>;iii<K', qui formait une chambrée de vingt écuyers
hommes-d'armes, c'est-à-dire une cinquantaine au
moins de combattants \ Il eut la gloire île Paire flotter
un pennon à ses armes à la suite du grand étendard de
France, qui marchait déployé devant le maréchal*.
I.a compagnie de Séverac lut attachée à une armée
qui envahit le Maçonnais en 1 i22, au moment où
Charles VII prenait le titre do roi. On voulait chasser
les Bourguignons du pays; car le Maçonnais no faisait
pas partie du duché do Bourgogne : il relevait direc-
tement de la couronne. Il fut non pas reconquis, mais
ravagé d'un bout à l'autre; la plupart de ses villes
Curent mises à feu et à sang. De Tournus il ne resta
debout que l'abbaye et les églises5.
(lotte campagne eut pour Rodrigue l'avantage de le
rapprocher de deux personnes qui lui furent utiles par
la suite : îmbert de Groslée, bailli nominal deMâcon,
mais sénéchal effectif de Lyon, et le puîné d'Arma-
gnac, comte de Pardiac. Ce dernier est le même qu'on
appelait, familièrement « le cadet Bernard », à cause
1 Ifs. fr..n° 20588 delà Bibl. nat. , fol. 79 : « Rodrigue deVilloden-
dro (sic), escuier, reçoit do \Ia:é Héron, trésorier de Mgr le régent le
royaulme, daulphin de Viennois, 32 livres tournois sur ses gages et de
dis neuf aultres escuiers de sa chambre et compaignie à l'enconlrc
des Anglois, en la compaignie de Messire AJmaury de Severac, mareschal
de France, et soubs le gouvernement de Mgr le Régent, tin nier aousl
1421. »
* Ses armes, consistant en un fascé de 8 pièces, écartelé d'un crois-
sant baissé, Ggurenl sur le, sceau de plusieurs ai tes qui nous restent
de lui. Elles décorent le titre du présent ouvrage. Selon Paillot, les
croissants étaient échiquelés d'or et de sable en ebamp d'areent, et les
fasees étaient d'azur en champ d'or.
"• .luéuin, Histoire de Toumvs, p. 2H.
■2-2 VIE DE RODRIGUE
qu'il avait le prénom de Bernard, porté par son dé-
funt père, le connétable d'Armagnac. Par son en-
tremise, Rodrigue lui introduit dans la maison de
Bourbon; car Bernard d'Armagnac, en ce temps-là, fut
fiancé avec une princesse de cette famille, el enconsidé-
ration de cette illustre alliance, le nouveau roi le dé-
cora du litre de lieutenant-général en Charolais, Ma-
çonnais el pays environnants '.
[In litre comme celui-];! élail une provocation à
l'adresse du duc de Bourgogne, héritier légitime du
Charolais el seigneur en espérance du Maçonnais, donl il
comptait obtenir la cession du gouvernemenl anglo-
français. Le prince n'étanl d'humeur à se dessaisir ni
de son droit, ni de ses prétentions, se prépara à fous
les sacrifices pour retenir, ainsi qu il les retint en effet,
les pays menacés; el comme ses adversaires ne se lassè-
rent pas non plus de les attaquer, i! s'établit là une
lutte sans fin, donl le théâtre s'élargil à maintes re-
prises, de sorte que le Beaujolais, le forez, le Velay
même, furent de la partie chacun à son tour, et par
moments tous ensemble. On verra Rodrigue jouer son
rôle dans celle guerre, dont les péripéties ne durèrent
pas moins de douze ans. Il ne tarda pas à y paraître avec
le titre cl la fonction de capitaine, axant déjà sous son
commandemenl une compagnie entière el se disant au
son ici' du comte de Pardiac.
Lorsque le roi n'avait pas de quoi solder les compa-
gnies, ies princes el grands seigneurs les retenaient à
Histoire aénealotjiniic de la maison de France, t. III. P. 127.
DE VII.I. VRDRAKDO. 23
leur compte, et ne leur faisaient pas voir davantage la
couleur de leur argent ; mais ils les laissaient se pour-
voir comme elles l'entendaient, et souffraient tout de
leur part, pourvu que de temps en temps on pût dire
qu'elles s'étaient rencontrées avec l'ennemi.
Cependant la situation du royaume ne faisait qu'em-
pirer. Réduit déjà à moins du tiers de la France ac-
tuelle, il allait se diminuant tous les jouis de quelque
nouveau lambeau, soit par le progrès des armées
ennemies, soit par la défection des villes, qui répu-
diaient un gouvernement si manifestement incapable
de les protéger. Le monarque de vingt ans, qui avait à
se débattre au milieu de ce naufrage, ne sacliant où
donner de la tète, cédait à toutes les suggestions. Il
se laissa persuader que le mal venait de ce qu'il y avait
trop de Français sous les armes ; qu'à part la noblesse,
édevée dans le sentiment de l'honneur militaire, ses
sujets n'étaient bons qu'au pillage; que, s'il voulait re-
conquérir ses Etats, il fallait qu'il se servît de troupes
étrangères. Alors il envoya demander des Ecossais au
roi d'Ecosse, des Lombards au duc de Milan1, et il
décréta le licenciement de toutes les compagnies qui
couraient les champs, à l'exception de quatre cents
lances (environ deux mille hommes), qui seraient con-
servées pour désarmer les autres2.
Rodrigue de Villandrando, en sa qualité d'étranger
et sans doute aussi par le crédit du comte de Pardiac,
1 Chronique du héraut Berry, dans Godefroy, Histoire de Charles VII,
p. 570 ; Vullet de Viriville, Histoire de Charles Vil, p. 391 et siiiv.
- Pièces justificatives, n° n.
21 Vil !»!. RODRIGUE
lut du nombre des capitaines maintenus. Presque aus-
sitôt on le mit dans une petite armée formée sous le
commandement de Louis de Culant, amiral de France,
pour agir, non pas contre les routiers, mais contre les
Anglais et Bourguignons vainqueurs à Cravant \
Après leur succès, ceux-ci s'étaient concentrés dans
le Nivernais. Par une enclave de cette province, située
en face du bec d'Allier sur la rive gauche de la Loire,
ils tenaient en échec Bourges, considérée à ce moment
comme la capitale de la France. C'est pour les chasser
de là que l'amiral arriva en toute hâte.
Sous un pareil chef, Villandrando ne put que re-
doubler d'ardeur. Louis de Culant avait combattu pour
la Caslille contre les Maures. Il fut a ce fameux siège
d'Antequera, qui aujourd'hui encore est l'un des plus
glorieux souvenirs militaires de l'Espagne2. Le capitaine
castillan était engagé d'honneur à faire aussi bien pour
la France que son général avait fait naguère pour son
propre pays.
Les Anglo-Bourguignons furent rejetés de l'autre
côté du fleuve par la prise de Cuffy et de la Guerche,
qui étaient les places d'armes d'où ils s'avançaient
jusqu'au creur du Berry5.
Celte opération eut lieu peu de temps avant la ba-
taille de Verneuil, où il n'est pas dit expressément que
Bodrigue ait assisté, mais où Ton sait que donnèrent
1 Chronique de Raoulet, publiée pur Vallet de Vir-ï ville à la suite
de Jean Cliaitier, t. III, \>. 183.
* Cabaret d'Oronville. Vie du duc Louis III de Bourbon, éd. Cln-
z.iud, p. 206.
" Chronique de Huoiilel, I. c; Chronique du héraut Berii, p. 571.
DE VILLANDRANDO. 25
les troupes qui avaient l'ail la campagne du Nivernais.
Il est même spécifié que les Espagnols y fureril réunis
m un seul corps, sous le commandemenl du \ icomte de
Narbonne l.
Ce capitaine est celui auquel on impute la perte de
la journée. I.e gros de l'armée française, composé de
gendarmerie mise à pied selon la lactique dès-Anglais-,
ne formait qu'une masse profonde. I.e, vicomte île
Narbonne, placé à la tête de la colonne, aurait l'ail
prendre de trop loin le pas accéléré, de sorte que sa
division, harassée par la distance qu'elle eut à fran-
chir, se trouva *ans force pour entamer les lignes
ennemies .
La vérité est que cette division, renversée au pre-
mier choc, couvrit le terrain de morts, parmi lesquels
son général et quantité d'hommes de marque; mais
les Ecossais, qui venaient derrière, tinrent ferme el m
longtemps, qu'on ne se souvenait pas d'avoir jamais
vu pareille résistance. Ilsauraieni eu le dessus, --ans une
faute du duc d'Alenron C'esl sur ce prince que doit
retomber la responsabilité de la défaite. En élevant
une sotte .question de préséance au milieu de l'engage-
ment, il lit manquer un mouvement de la cavalerie
d'où dépendait la victoire3.
La conséquence de la bataille de Verneuil fut l'a-
journement des projets de réforme militaire. Les
Ecossais turent exterminés, les Lombards, occupés à
1 « Le \is''on!e de Nerbonne et sa bataille, en laquelle estoient touz
les Espaignols. » Raoulet, p. 186.
- Chronique de la Pucelle,èd. Vallet de Viriville, p. 2â5.
"• Vallel de Viriville, Histoire fie Charles VII. t. I. \>. H6
20 VIE DE RODRKiUE
piller le bagage des Anglais, ne furenl d'aucun se-
cours; el, bien que cetlc leçon n'eûl pas dissipé l'il-
lusion où l'on étail à l'égard des troupes étrangères1,
les pertes qu'on ;i\;iil faites obligèrenl de remettre à
iiîi ■ autre saison le désarmement des compagnies fran-
ches. Les routiers reprirenl de plus belle le cours de
leur-, exploits.
Le silence qui a commencé sur les actions de notre
capitaine se prolonge pendanl trois ans. Il nous est
permis d'affirmer que ce long espace de temps ne se p;issa
pas pour lui dans l'inaction; car aucun des hommes
(|!ii eiirenl alors la lance nu poing ne trouva un seul
jour pour se reposer. Occupé dans des lieux dont l'his-
loire ne nous esl pas parvenue, se signalant de son
mieux contre les Bourguignons el les Anglais, appa-
lissanl les villes ennemies, et, lorsque la faim le pres-
sait, le-~ villes de son propre parti, il traversa, suis trop
indisposer contre lui ses protecteurs, la période fortunée
pendanl laquelle Uernando de! Pulgar dit que le cœur
lui croissail en raison de ses prouesses, el ses prouesses
en raison de ses recrues, el ses recrues en raison des
profits qu'il procurai! aux gens-d'armes2. Ces! alors
[îoethius témoigne que d'aulres Écossais furenl envoyés à
Charles \ll pour remplacer le contingent qui avait été anéanti à la ba-
taille tl lit, Ihslovia Scotorum. I. XVI. Dans le Ms. latin tin-_>tde
instructions d'une ambassade envoyée
arles \ Il au roi de I astille, en mars I 125-6. On y lit cet article :
, |.,. requerront (le i oi de Caslille) que ceste saison il lui vueille aidier de
deux nulle hommes d'armes bien montez et arme/, el en icelui nombre
.1 mu s ail deux ou trois cens hommes à la genete, se il samble
audit ro\ expédient que ainsi se lace. » Ko!. 18.
i resciendode clia en dia el coraçon con las hazanas, y las hazanas
con la -rut", \ la gente cou el interes e. » Voy. Pièces justificatives, n° 1.
DE VII LAN M! \NM>
en effel qu'il donna tanl d'accroissemenl à l'effectif de
sa compagnie el que, sa renommée âppelanl sous sa
bannière autant d'hommes qu'il en voulait, il lui fui
possiblede maintenir cette compagnie sur le pied d'un
corps d'armée imposant, malgré les pertes qu'il a vail
à réparer sans cesse.
Il ne faudrait pas attribuer le succès de Rodrigue
seulement à son audace el à son bonheur. Au dire de
son biographe il possédai! au suprême degré lesqualités
el les talents .nécessaires pour le métier qu'il avail
choisi : juste, d'une sévérité inflexible, fidèle observa-
teur de sa parole, par-dessus tout cela, général vigi-
lant el bon tacticien. Il ne souffrail dans son camp ni
querelle, ni violence, ni pillerie. Si quelque excès de
ce genre lui était dénoncé, il faisait venir le coupable
ci le tuait de sa propre main. Impossible avec lui que le
partage du butin amenât des discordes, paire que rien
n'appartenait à personne, qu'il n'eût entendu les rap-
ports de ses lieutenants. Jusque-là tontes les prises 'le
la journée étaient tenues en réserve, pour être ensuite
distribuées à chacun selon son mérite. Avait-il donné
sauf-conduit à quelqu'un ou passé contrat avec une
ville, malheur à celui des siens qui l'enfreignait; car,
à moins de fuir, le coupable était pendu ^aus rémis-
sion.
Mais ce capitaine, qui comptait pour si peu la vie
d'un homme lorsqu'il s'agissait de maintenir la disci-
pline, en revanche, il était tout soin, tout élude pour
le bien-être de sa compagnie. Il voyait sans cesse l'étal
des vivres, du fourrage, de l'équipement, et, s'il y
5S VIF. DE RODRIGUE
manquait quelque chose, il ne dormait pas qu'il n'y
eût été pourvu.
Avant un engagement, toutes les mesures avaient
été prises pour qu'il rapportât le plus et coûtât le
moins possible. Nul ne savait mieux dresser une em-
bûche, ni asseoir un camp, ni trouver le point faible
pour attaquer, le côté fort pour se défendre. Attentif,
calculateur, impassible jusqu'au signal du combat.
L'affaire engagée, il se jetait au milieu de l'ennemi
avec une fureur aveugle, si plein d'assurance en son
impétuosité, qu'il avait coutume de dire : « Il n'est
résistance qui vaille contre la tête d'un Espagnol en
colère. »
.l'emprunte tous ces traits à Hernando del Pulgar.
Leur assemblage sent un peu le panégyque, et il y a
grande apparence que, sous la plume d'un Français,
l'éloge eût été plus mesuré; mais personne, assuré-
ment, en France ni ailleurs, n'aurait contesté les droits
du routier espagnol au renom d'un vaillant et savant
capitaine.
Le héraut d'armes Berry, que sa profession tint
attaché aux armées pendant toute la première moitié
du quinzième siècle, affirme, dans sa chronique, que
les Français avaient oublié le métier de la guerre pen-
dant les années pacifiques du règne de Charles VI, et
qu'ils ne le rapprirent qu'au milieu des alertes où ils
furent tenus si longtemps par les Anglais l. Quelques
1 « Or doibt l'on sçavoir que le mestier des armes se doibl appren-
dre; car quant les Anglois vindrent et entrèrent en France, les François
ne senvoient presque riens de la guerre; mais par longuement apprendre.
I) L V I L 1. A > 0 « A M) 1 1 .
hommes, guidés par leurs dispositions naturelles, res-
taurèrent les principes cl furent les instituteurs de
leur génération. Rodrigue de Villandrando a sa place
marquée parmi eux.
Un autre eùlé par où il eut l'avantage sur la plu-
part des hommes de guerre de son temps fut l'instruc-
tion. Le sort ne lavait pas l'ail naître en vain dans
une ville d'université. Lui et ses frères furent mis aux
écoles de Valladolid. L'un de ses puînés, appelé Pierre
de Corral, du nom de leur mère, composa un livre
d'histoire1; lui-même sut écrire en espagnol et en
français. Sa signature nous a été conservée au bas de
plusieurs actes; elle est élégante et dénote une main
assurée. Sur une lettre que possèdent les Archives com-
munales de Lyon, elle est accompagnée de quelques mots
dont l'écriture est meilleure que celle du scribe qui a
tracé le reste*. Rodrigue, homme de loisir , aurait pu
tenir sa correspondance et administrer ses affaires sans
le secoursdepersonne; mais Rodrigue, capitaine, etplus
tard giand seigneur, fui obligé d'entretenir à son ser-
vicedes secrétaires, un trésorier, un maître descomple^,
enfin tout le personnel d'une maison bien ordonnée.
ils sont de\enuz maistres à leurs dépens, et à la lin ont dclt'aict les Au-
•ilois. » Dans Godefïoy, Histoire de Charles VI, p. 137.
1 C'est Çurita qui nous apprend que Pierre de Corral était frère de
Rodrigue : « un hermano suyo que se llamava l'edro de Corral. » Anales
de la coronade Aragon, 1. XIII, c. lxx.i. Fernan Perez de Cuzman parle
d'ailleurs avec peu de considération de cet écrivain : « Conio en cslos
nuestros lieinpos hizo un liviano y presuucioso nombre, llamado Pedro
de Corral, en una ijue llamo Coronica Scrracina, que mas propriamenlc
se puede llainar trufa o mentira paladina. » Generaciones, semblanzas e
obras de L). Enriqueffly U. Juan el II, etc., cap. I.
'- Pièces justificatives, n° .wxin, el le fac-similé ci-contre.
ou > IE DE RODRIGUE
Il est temps de reprendre le iil des événements.
On était au déclin de l'année 1427. Toute la région
de l'ouest, depuis les possessions anglaises de la
Gùienne jusqu'à la Loire, était plongée dans le dés-
ordre précurseur d'une guerre civile; car le sort de
celle malheureuse France, si amoindrie, si cruellement
maltraitée par l'ennemi sur tout son pourtour, était de
voir à tout moment ses défenseurs armés les uns contre
les autres.
Présentement, un parti à la tête duquel figuraient le
connétable de France, les princes de Bourbon et le
comte dePardiac, [toussait à outrance le seigneur de La
Trémoille, ministre en laveur, qui prétendait gouverner
sans rendre compte à personne, et qui s'était prémuni
contre les attaques de ses adversaires en remplissant
de routiers à sa dévotion la plupart des forteresses du
Poitou. Les mécontents ne s'étaient pas fait plus Je
scrupule de retirer les compagnies de devant l'ennemi
pour se préparer à la lutte. On s'observait des deux
côtés, et, le cas échéant, on escarmouchait. Là est l'ex-
plication d'une aventure qui nous remet sur la trace de
Villandrando, en nous le montrant campé autour de
Ruffec, sur la route de Poitiers à Angoulême.
Deux hommes-d'armes espagnols de sa compagnie
rencontrèrent, en battant l'estrade, un gentilhomme et
son page qui leur semblèrent suspects. Il se trouva
que c'était un Du Plessis, qui était capitaine pour le
roi du château d'Angle en Poitou. 11 allait, disait-il,
visiter une de ses terres en Angoumois. Les autres ju-
gèrent probablement qu'il allait en commission pour
DE VILLANDIUNÛO. I
M. de laTrémoille : ils le déclarèrenl de bonne prise
et le mirent à rançon. La somme étail forte. Le prison-
nier en paya une partie el demanda à être relâché pour
aller recueillir le resle; mais, lorsqu'il lui libre, il
noria plainte au roi, le suppliant d'interposer son au-
torité pour lui faire rendre ee qu'il avait déjà soldé.
Charles Ml en effei décerna un ordre de restitution,
dont un poursuivant d'armes porta la signification à
Rodrigue de Villandrando '.
Cependant les choses allaient au plus mal à l'autre
extrémité de la provinee anglo-gasconne, Non seule-
ment la Dordogne, mais le Lot, avaient été franchis.
Le Quercj dans toute son étendue et la partie se]
trionale du Toulousain étaient ravagés par les partisans
à croix rouge. Un de leurs capitaines, nommé André
de Ribes, s'était emparé de Laulrec. Delà ilappatissail
Lombez, menaçait Castres, poussait des reconnaissances
jusque dans le Iïouergue et le Gévaudan. Renvoyé
de Lautrec à prix d'argent, il n'avait pas quitté le
pays2.
Des choses étranges se passaient à son égard. Les
châteaux du comte d'Armagnac lui étaient ouverts
pour mettre en sûreté le fruit de ses déprédations.
Plusieurs places fortes du domaine de la maison d'Ar-
magnac, dont il s'était rendu maître dans l'Agenais
et dans le Quercy, lui avaient été cédées en légitime
propriété, et il en montrait les contrats; enfin il se fai-
sait appeler « bâtard d'Armagnac », avec l'assentiment
1 Ci-après, Pièces justificatives, n° m.
Vaisscle Histoire générale de Languedoc, t. IV, [t. 169.
7rl VIE DE RODRIGUE
du chef de la famille, bien que, d'après ce qu'on
savait de bon origine, rien ne justifiât cette qualité1.
Comment expliquer que le grand seigneur dont le
nom servait encore à rallier le parti français lit de ce
nom la sauvegarde de tous les attentats commis con-
tre la France?
(Test que le comte d'Armagnac touchait sa part
des contributions de guerre levées par André de Ribes,
et qu'en même temps, par les courses de ce partisan,
il se donnait le plaisir de causer des insomnies au comte
de Foix, son rival, qui venait d'être, de préférence à
lui, gratifié du gouvernement du Languedoc. Sa per-
versité ne s'arrêta pas en si beau chemin. Afin d'extor-
quer la riche succession du maréchal de Séverac, qu'il
savait dévolue à son frère Bernard, il séquestra ce vieux
capitaine dans l'un de ses châteaux, et, après l'avoir
contraint de changer ses dispositions en sa faveur, il le
lit étrangler2. Parce crime, qu'il mit impudemment
1 Abolition accordée en I il'.t au comte d'Armagnac, dans le registre
JJ, 160, pièce 127 du Trésor des chartes, aux Archives nationales. Les
griefs articulés dans cette pièce sont déjà énoncés dans un mémoire en
béarnais, rédigé du vivant d'André de Ribes, qui existe aux Archives des
Basses-Pyrénées, E, 246 : « Kl (le comte d'Armagnac) a receubut dever
si un capitani dels Angles nomnat Andrieu deRibas, toquai, jassia quesia
homme mconegut, e non sap bom propriainent dont el es hyssit ni qui
es, lo dich conte l'a voient retenir per bastart de Postal d'Armanaeh, non
sip bom per quai litol, c ayssi lo far tôt de son hostal. Item al dich An-
drieu, angles e de la bobediensa dels Angles, le conte a balbas et donatz
en pur don los cartels, locs e senhonas de Torno, de Fumel en Agenes,
de Goido en Querci item lo toc de Corbarrieu,... item del caste! de
Combefa, item de Rieupeyros, etc.» L'abolition ajoute qu'André de Ribes
s'était emparé do Cbâteauneuf de Randon.
Le 1'. Anselme, dans son Histoire généalogique de la maison de
France, t. M, p. 69, accuse ;i toit do ce crime le comte de l'ardiac. Le
comte d'Armagnac en esl déclaré l'auteur dans un acte authentique de
DE Mi.I. \NM'. AMh>.
sur le compte de son frère, il déchaîna sur le Langue-
doc les compagnies que le maréchal de Séverac, l'un
des grands condottieri de son temps, avait entretenues
à sa solde.
Pendant qu'il s'employait à défendre contre elles la
sénéchaussée de Nîmes l, Jacques de Bourbon, beau-père
du cadet d'Armagnac, jugea le moment propice pour
délivrer de la présence d'André de Ribes ses propriétés
de l'Albigeois; car Jacques de Bourbon était comte
de Castres en oaême temps que de la .Marche. Il se lit
prêter par son gendre l'assistance de Rodrigue de Vil—
landrando, et lança ce capitaine à la poursuite du
rentier anglais. Celui-ci l'ut atteint en rase campagne,
battu et pris : capture glorieuse qui fournil au vain-
queur l'occasion de montrer une fois de plus sa loyauté;
car, malgré le- instances et les offres magnifiques du
comte d'Armagnac, qui réclamait son cher bâtard afin
de le punir, disait-il, Rodrigue le livra au comte de
la Marche, par les soins de qui il fut sur-le-champ mis
à mort3.
Ce comte de la Marche, soit dit en passant, étaii le
mari, mais mari fugitif, delà reine Jeanne de \aples :
aussi lui donnait-on le titre de roi. Par un destin étrange,
il goûta de la captivité sous toutes ses formes : d'abord
prisonnier des Turcs à la bataille de Nicopolis, puis
des Vrmaunacs au commencement delà guerre civile.
1445, rapporté par Mathieu d'Escouchy, eh. m de sa Chronique, d
un original où le nom du maréchal Séverac ;i\:iii été laissé en blanc (édit,
de Beaucourt, i. I. p. 63) .
1 Hénard, Histoire de Mines, t. III, \>. 1 15.
- Yaissete, Histoire générale de Languedoc, t. IV, )>. 173.
3i VIE DE RODRIGUE
nuis de sa femme, des mains de qui il s'évada, En
dernier lien, il se confina dans un couvent de Be-
sançon, où il finit ses jours.
Son cerveau n'était sain qu'à moitié, à en juger par
les actes qui nous restent de lui. On en cite un, entre
autres, qui est une donation au monastère de Saint-
Antoine en Viennois, pour qu'il y eût dans cette maison
une cloche du poids de huit mille livres qui sonnerait
tous les jours, pendant sa vie, autant de coups qu'il
aurait d'années l.
11 faut que dans le trésor de ce singulier monarque
il n'y ait pas eu de quoi payer la campagne qui venait
d'être faite à son profil, car presque aussitôt après Ro-
drigue affilia à sa compagnie deux des bandes ci-devant
de Sévcrac qui s'étaient mises à vivre sur le Langue-
doc, et ce fut pour prendre la conduite de leurs opé-
rations.
Jamais guerre de pillage ne fut menée avec un tel
ensemble. Le nom du castillan, devenant inséparable
de celui des deux chefs avec lesquels il avait fait so-
ciété, résonna comme un glas incessant aux oreilles
des populations : Rodrigue, Valette, Andrelin! lis
avaient établi leur quartier général entre le mont Lo-
zère el la chaîne du Vivarais. De là ils dirigèrent leurs
courses I an lot au nord, à des distances considérables,
tantôt dans la sénéchaussée de Nîmes ou dans celle de
Carcassonnc8. La rapidité de leurs manœuvres est quel-
1 Vaissetc, Histoire de Languedoc, t. IV, p. 191.
- Menant, Histoire de Nîmes, t. III, p. 148, et les Pièces justifica-
tives ilu même ouvrige, p. 223-227.
DE \ 11.1 àH DU AN DO.
que chose de surprenant. A la fin de septembre I 128,
le comte de Foix recevait à l'autre extrémité du Lan-
guedoc la nouvelle de leurs ravages autour du l'u\ :
un mois après, dous voyons l'Hôtel-de-Yille de Lyon
délibérant sur le moyen de les éloigner de la marche
beauiolaise envahie par eux, el en novembre, ils oc-
cupaient les routes entre Avignon ci Nîmes1.
Les registres consulaires de Lyon nous apprennent
quelle fut l'attitude de la ville en leur présence*.
Lorsque l'on commença à entrer en arrangement
avec eux, ilsétaienl postés sous les murs d'Anse, s'é-
tendanl en amont dans toute la vallée de l'Azergue. Au
rapport d'un gentilhomme « ju i s"élait fait leur inter-
médiaire officieux, ils étaient prêts à se retirer, pourvu
qu'on leur payât la modique somme de quatre cents
écus d'or. Le Corps de ville en délibéra le 16 octobre.
L'archevêque el le clergé étaient prêts à contribuer
pour une bonne partie des quatre cents écus, et la
majorité tenail le marché pour avantageux, lorsque la
conclusion fut entravée par trois ou quatre des con-
seillers, qui représentèrent qu'on allait entrer dans une
voie déplorable; que jamais leur cité n'avait souscrit à
de semblables accords et que, si l'on commençait une
fois, la servitude n'aurait plus de lin; les routiers con-
gédiés de la sorte ne larderaient pas à revenir, OU d'au-
tres à leur place. On se sépara sans avoir rien résolu.
Les compagnies, ne recevant pas de réponse, appa-
Lissèrent les villages cuire Cha/.ey et Bibost. Aprèsplua
1 Mon. ii '1. llisloire de Nîmes, t. III, p. 1 !•'•
- CUaprès, Pièces justificatives, n° rv.
36 VIE DE RODRIGUE
d'une semaine écoulée, on leur envoya dire que le>
quatre cents écus étaienl prêts, cl que leurs capitaines
les recevraient aussitôt qu'ils se seraient engages à
battre en retraite.
A cela les capitaines répondirent que ce n'était plus
quatre cents écus qu'il leur fallait, mais huit cents, et
que, jusqu'à parfait payement de la somme, ils conti-
nueraient à faire contribuer le pays, n'entendant pas
d'ailleurs que l'argent qu'ils avaient déjà levé comptât
dans les huit cents écus.
Ces paroles rapportées à PHôtel-de-Ville de Lyon mi-
rent les conseillers en grande indignation. Il n'y eut
qu'une voix pour dire qu'il valait mieux recourir au
parti de la résistance; qu'avec huit cents écus d'or on
se procurerait une compagnie de cent hommes-d'armes,
laquelle, secondée par les milices du pays, suffirait
bien pour donner la chasse à un ramas de bandits. La
seule difficulté était de se procurer vite de l'argent :
on v parviendrait par des emprunts.
Cependant le lendemain il fallut reconnaître que
les prêts ne se feraient pas avec autant de promptitude
qu'on se l'était figuré. On parla alors de mettre en
campagne la noblesse du pays, en attendant qu'on eût
de quoi solder des hommes-d'armes; mais le capitaine
qui avait accepté de conduire des hommes-d'armes con-
tre les routiers refusa d'y conduire des gentilshommes
sans expérience de la guerre. Ce capitaine était le sé-
néchal de Lyon, Imbert de Groslée, que nous avons
vu servir sous le même commandement que Rodrigue
en 1422.
DE Mil Wl'i: \N DO.
I.a ville ûnil par convenir que ce qu'elle avait de
mieux à faire étail de fournir de l'argenl au sénéchal
el île le laisser conduire les choses au plus grand avan-
tage d'elle-même et du pays. On arrive toujours à s'en
tendre entre compagnons d'armes. L'accommodement
cul lieu, el Rodrigue se retira sans laisser de lui une
trop mauvaise impression. On le voit, à quelques an-
nées de là, placer des fonds chez un habitant de Lyon
el correspondre avec l'Hôtel-de-\ ille, pour le soin de ses
affaires, dans, les termes d'une bienveillance affec-
Lueuse '. Mieux que cela : nous avons le compte acquitté
d'une livraison déconfitures el de torches de cire, que
la ville lui fit faire en présent '.
il ne se comporta pas dans le Languedoc, après qu'il
y fut retourné, de façon à nouer des relations aussi
agréables avec les consulats «les villes. A Nîmes, à
Uzès, à .Mais, il étail en horreur. Ces communes . au-
raient volontiers payé sa tête au poids de l'or à celui
qui la leur eûl apportée.
Nous arrivons à la mémorable année 1 ï_'.>, <jui fui
marquée par l'apparition de Jeanne la Pucelle. La fiè-
vre d'enthousiasme qui se répandit partoul fil partir
pour les armées de la Loire tous les méridionaux qui
se sentaienl le goûl des aventures. Les compagnies ne
demandaient qu'à en faire autant. Sans doute celle de
Rodrigue el les autres de son alliance se disposaienl à
suivre le comte de Pardiac; mais ceseigneur, lorsqu'il
s'était déjà avancé jusqu'à Beaugency, recul l'ordrede
1 Pièces justificatives, a xxxm.
- Pièces justificatives, n xxvm.
SS VIE DE RODRIGUE
rétrograder1. Sa place, lui fut-il dit, était à la fron-
tière, du côté de Bordeaux". Mécontent et réduit d'ail-
leurs à de très faibles ressources, il abandonna à elles-
mêmes les compagnies de routiers. Celles-ci alors
se retournèrent du côté du Languedoc.
Le comte de Foix avait établi si bonne garde dans
la province, qu'il n'était pas facile d'y pénétrer; mais
la même politique, qui avait confiné le comte de Par-
diac en Guienne, fut employée à faire sortir le comte de
Foix du Languedoc. 11 fut déclaré nécessaire que ce
prince vînt avec ses meilleures troupes renforcer l'ar-
mée du roi, et, comme il ne s'y montrait pas disposé,
on acheta par des faveurs son obéissance.
Son départ fut marqué par un incident qui prouva
combien il avait eu raison de vouloir rester. Valette
osa lui tendre une embûche au passage des Cévennes.
Le comte en reçut l'avis lorsqu'il venait de se mettre
en route, quittant à peine Montpellier3. Aussitôt il fit
doubler le pas à son escorte, et toujours au trot, jus-
qu'à faire dix-sept lieues en une seule nuit (on était en
décembre), il se trouva le lendemain malin en pré-
sence dos routiers qu'il investit dans leur camp. Un
vigoureux assaut contre lequel ils ne purent pas tenir
mit le plus grand nombre d'entre eux en son pouvoir.
Valette était parmi les prisonniers. Aussi déconcerté
qu'un loup pris au piège, il confessa toute la conduite
1 Guillaume Cruel, Chronique du connétable de Richemond, ad ami.
1429.
•' Monstrelet, I. Il, ch. i.xm (édit. Douët d'Arcq, i. IV. p. .">r><;).
71 Vaissoiu. Histoire de Languedoc, i. IV, p. 175.
DE mm wnu \mmi
de v;i damnable entreprise. Son procès fui promple-
ment expédié, sans écritures ni plaidoiries. Le surlen-
demain on le pendit à Nîmes1.
Il arriva ce à quoi l'on devait s'attendre. Lorsque
les compagnies furent asMireesdel'rloiLinemeiit du comte
de Foix, elles se mirent de concert au ravage «le la pro-
vince,d'autant plus impitoyables qu'elles avaientà venger
la défaite infligée à l'une d'elles. Rodrigue se réserva le
Gévaudan et le Velay, tandis qu'un second Valette,
Guilhem Valette*, prit le commandement des gens-
d'armes de son frère défunt, et les conduisit pins avant
dans la plaine qu'ils n'étaient allés jusque-là. D'une
place forte nommée Cabrières, dont il se rendit maître
auprès de Pézenas, il lit rage autour de Pézenas d'abord,
puis jusque sons les murs de Montpellier '. C'était une
contrée vierge de pillage, où il faisait si bon vivre, que
deux autres capitaines de la même alliance Oudinet
de la Rivière et Archambault, vinrent se joindre à Va-
leur el y trouvèrent leur profil'.
Cependant les habitants de Nîmes, menacés par des
détachements du corps de Rodrigue, qu'on voyait à tout
1 Chronique béarnaise de Miguel del Verras, dans le Panthéon litté-
raire, volume intitulé : Chroniques el mémoires sur l'histoire de France
an quatorzième siècle, p. .V.i4.
- Le Valette supplicié par l'ordre du comte de Foix avait pour pré-
nom Jean, au témoignage des actes conservés dans les Archives de
Rimes, dont Ëénarda fail usage, Histoire dé Nîmes, t. 111, p. 152. Le
volume C1X des Titres scellés de Clérambauli, à la Bibliothèque natio-
nale, contient plusieurs quittances des deux Valette servant comme
écuvers chargés de commandements: l'un capitaine d'arbalétriers, l'autre
chef de chambre dans la compagnie du vicomte de Narbonne. Guilhem
y est toujours appelé Guillonnet, et l'autre, Forton.
'• Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV, p. i"i'>.
1 Ménard, Histoire de Nîmes, t. III. p. 152.
',) VIE DE RODRIGUE
moment descendre sur Alais et sur Andûze, députaient
au comte de Foix ambassade sur ambassade pour le
presser de revenir. Le comte, qui au lieu d'ennemis à
combattre n'avait trouvé en France que des intrigues
à démêler, n'entendait pas perdre pour cela le fruit de
sa campagne. Il ne bougea pas qu'il n'eut obtenu ce
qu'il était allé chercher. Enfin il annonça son retour
pour le temps de Pâques 1450, et les routiers, qui
furent des premiers à en avoir la nouvelle, reprirent
le chemin de la montagne pour gagner le Vivarais, où le
castillan leur avait donné rendez-vous.
Là se présenta pour eux une affaire comme ils n'en
faisaient pas souvent, une affaire où il y eut à gagner
à la fois du butin et de la gloire l.
À la faveur des manœuvres qui avaient brusquement
arrêté les succès de Jeanne d'Arc, manœuvres dont
tous les familiers de la cour de Bourgogne avaient le
secret, le prince d'Orange, grand ami dePhilippeleBon
et encore plus de son profit, forma le dessein de s'em-
parer du Dauphiné par un coup de main. Par l'acqui-
sition de cette province, qui était comme le trait d'union
entre sa principauté et d'immenses domaines qu'il
possédait dans toute la longueur du mont Jura, il fût
1 Deux relations composées avec beaucoup de soin, l'une par feu
Vallet de Viriville (Histoire de Charles VII, t. Il, p. 257), l'autre par M. le
marquis Costa de Beauregard (Souvenirs d'Amédée Mil, premier duc île
Savoie, Chambéry, 18ô!t), et la publication intégrale, par l'abbé Cheva-
lier, de l'enquête sur l'agression d'Anthon, Processus super insulta
querre Anlhonis [Bulletin de la Soeiélc de slalistiipœ de l'Isère, 3° sé-
rie, t. VI, 1874), m'ont permis de rétablir dan- tous ses détails cet épi-
sode de la vie de Rodrigue, qui laissait trop à désirer dans ma première
rédaction.
DE Vil I Wbi; \M>(». ',1
devenu l'un des potentats de l'occident. Malgré son
hostilité déclarée contre la couronne «le France, on
avait eu l'indulgence, pour ne pas dire la faiblesse, de
lui laisser prendre possession de plusieurs châteaux du
Dauphiné, donl il se prétendait héritier. Il en profita
pour mettre secrètemenl des garnisons partout et pour
induire ses amis à le servir quand l'heure serait venue.
En même temps, il attira le «lue de Savoie dans son
entreprise et, moyennanl l'offre du Graisivaudan qu'il
lui laissai! à prendre sur sa future conquête, il obtint
de lui la permission de faire dans ses Etals une levée
de trois cents lances.
Le complol ne fui pas tenu si secret que le sire de
Gaucourt, gouverneur du Dauphiné, n'eu apprit au
moins le principal. 11 informa le roi de ce qui se pré-
parait, lui représentant combien la situation était pé-
rilleuse; car la chevalerie dauphinoise avait été exter-
minée à la bataille de Yerneuil, el tout ce que lui. gou-
verneur, pouvait faire, était de réunir au restant de la
noblesse du pays deux compagnies de Lombards dont
[mbert de Groslée disposait comme sénéchal de Lyon.
La réponse de Charles VJl fut qu'il n'avait pas de
troupes disponibles pour la défense d'un point si éloi-
gné, el que le gouverneur n'avait qu'à faire de son
mieux pour le salut du pays l.
Dans celte extrémité Gaucourt, qui était un homme
de résolution, eut bientôt fait de prendre son parti. 11
contracta un emprunt sur l'impôt à voler par les Etals
1 Fragment du Registre delphinal de Thomassin, publié par Berrial
Saint-Prix, dans sa Jeanne d'Arc, p. 321.
42 VIE DE ROnRICUE
de la province, qui étaient à la veille de se réunir,
puis, muni d'une bonne somme d'argent, il s'éloigna
en compagnie du sénéchal de Lyon. Ils n'avaient dit à
personne où ils se proposaient d'aller, et, pour ne pas
attirer les regards, ils avaient poussé la précaution jus-
qu'à se dépouiller de leurs armes1. Mis comme des
gens qui partaient en promenade, ils prirent sans être
remarqués le chemin d'Annonay.
Rodrigue de Yillandrando et plusieurs de ses subor-
donnés, Valette entre autres, tenaient pour le moment
leurs quartiers autour de cette ville. Il s'agissait de les
enrôler pour la défense du Dauphiné. Les offres du
gouverneur furent trouvées acceptables, puisque les
bandes ne lardèrent pas à s'ébranler pour descendre
dans la vallée du Rhône. Elles traversèrent le pont de
Vienne dans la nuit du 26 mai 1450 et furent menées
tout d'une traite devant Auberive, possession du prince
d'Orange à deux lieues de là. La garnison logée dans
cette place avait déjà commencé les hostilités ; on ne
s'aventurait plus aux alentours sans risquer d'être
capturé et mis à rançon. Plus de trente personnes no-
tables du pays, victimes de ce genre de violence, atten-
daient dans les prisons du château que leurs familles
eussent réuni de quoi les racheter.
L'attaque fut d'une vigueur extrême. En quelques
heures les routiers emportèrent le bourg, puis la pre-
mière cour du château, puis la seconde; mais le don-
jon, tenu par une centaine d'hommes qui s'y étaient
" « Secrète et sine armis ». Procetsat suprr insulta.
DE Ml | ANDl; IN DO 43
retranchés, résista pendant deux juins. Pour amener
. g gens à se rendre, il fallut commencer la démolition
de la tour à coups de canon.
Quand on sut dans le pays la prise du château, il vint
des ouvriers en foule pour travailler à la démolition «le
ce dangereux repaire. Il n'en serait pas resté une seule
pierre debout, sans un ordre du gouverneur <jui enjoi-
gnit d'épargner quelques pans de murs, afin de perpé-
tuer le souvenir de la félonie du prince.
Cependant les Etats réunisà La Côte Saint-André dé-
crétaient toutes les mesures de salut public dictées par
la circonstance. Ce qu'on avait pu rassembler de
troupes, joint aux compagnies de Rodrigue et de Va-
lette, fut dirigé du .côté où l'on s'attendait à voir pa-
raître l'ennemi. L'armée enleva, chemin faisant, les
châteaux d'Âzieuet de Puzignan, où il y avait garnison
d'orangistes. Elle s'arrêta devant le Colombier, qui ne
voulut pas se rendre sans avoir eu l'honneur de subir
un siège. C'est alors seulement que le prince d'Orange,
qui s'était avancé par la Bresse, se trouva en mesure
d'entrer en Dauphiné. Il passa le Rhône au bacd'An-
ihon dans la journée du 9 juin 1430.
Anthon est situé sur la rive gauche du Rhône en face
du confluent de l'Ain. La berge dauphinoise, peu ('levée
en eet endroit, forme le premier gradin d'un massif
montueux et boisé qui s'étend en longueur du nord au
midi. Du côté de l'ouest, e'est la plate plaine jusqu'à
Lyon, sauf une arête étroite qui se détache du massif
et qui finit bientôt en un promontoire couronné par
le château do Puzignan. A une lieue derrière cette
44 VIE DE RODRIGUE
arête, sur le versant du massif, on voit le Colombier.
Reçu en grande révérence dans le château d'Anthon,
le prince d'Orange, dès le lendemain de son arrivée,
y tint cour pJénière comme dauphin de Viennois, et à
ce titre, il partagea entre ses fidèles les offices de la
province. A ceux qui n'eurent rien dans cette distribu-
lion il promit monts et merveilles. Il parla de la pré-
sence des Français devant le Colombier comme du pré-
lude d'un triomphe certain pour ses armes. L'extermi-
nation du ramas d'aventuriers que lui opposait le sire
de Gaucourt serait d'autant pins facile, qu'ils auraient
à se défendre du côté de la place qu'ils assiégeaient.
L'important était de se bâter. Dès le lendemain malin,
quoique le lendemain fût un dimanche et la fête de la
Trinité, on marcherait à la délivrance du Colombier.
En guerre on a beau proposer; le plus souvent c'est
la fortune qui dispose. Il arriva que la garnison du Co-
lombier se rendit dans la nuit du samedi à ce même
dimanche, qui était le il juin, de sorte que les Fran-
çais, libres sur leurs derrières, purent se préparer à re-
cevoir avec toutes leurs forces l'armée qui venait les
attaquer.
Pendant qu'on réglait l'ordre de bataille, Rodrigue
demanda que la conduite de l'avant-garde lui fût con-
fiée. Il savait que ce commandement appartenait de
droit au maréchal de Dauphiné ; mais il espérait
qu'on voudrait bien pour cette fois déroger à l'usage,
en considération de sa qualité d'étranger et de la com-
position des troupes qu'il avait amenées avec lui. C'é-
taient des hommes de tous pays, qu'il importait de ne
DE VILLÀNBRÀHDO.
pas laisser un seul instant dans l'inaction. En les en-
gageant toul d'abord, on n'aurait pas à craindre leurs
écarts, et, si le malheur voulait qu'ils eussent le des-
sous, les Lombards el la chevalerie dauphinoise, qui
formaienl le reste de l'armée, pourraient, en se retiranl
à temps, conserver au pays le noyau d'une forée né-
cessaire à son salnl '.
Le maréchal de Dauphiné était [mberl de Groslée,
qui se trouvail joindre cette dignité au commandement
du Lyonnais. Il essaya vainement de défendre sa pré-
rogative : le sire de Gaucourt décida, en vertu de son
autorité de général en chef, <|ifil serait tait selon le
désir du capitaine espagnol. Rodrigue prit doue les
devants et se mil en embuscade sur la lisière d'un
Imis qui, aujourd'hui encore, couvre presque loul
le massif depuis Anthon jusqu'à une plaine creuse
d'une lieue de large, en avant du Colombier.
L'ordre était que l'avant-garde s'appuierait sur les
compagnies de Valette el d'un autre routier ', compo-
sant la di\ ision de droite. Les Lombards, sous les ordres
dos deux capitaines piémontais Georges Boys el Borno
de Caqueran, devaient se tenir à gauche et surveiller
1 Processus super insultu, et Thomassin, Registre delphinal.
Vocatum Vallete et Petrum Churro, capitancos ructarum ». Pro-
cessus super insultu. Ce nom de Churro, qui a l'air espagnol, figure
sous la Forme française Churrc au contrat de mariage de Rodrigue
(ci-après, pièce xwl ; c'est assurément le même qui a été lu Charre par
H. Marcel Canat, dans une lettre du capitaine de Charolles, écrite au com-
mencementde 1431, pour annoncer aux gens du conseil deBourç
à Dijon, que ce Chaire, en compagnie du bailli de Hâcon, de l!" Irigue el
de Valette, se préparait à envahir la Bourgogne. Documents inédits pour
servir à Uiistoire de Bourgogne, p. 515.
1(5 \ ! I. hi; ttODIUG
le charroi ([in s'acheminait du côté d'Aiithon, escorté
d'un forl délachemonl d'infanterie. Le sire de Gaucourt
cl linbert de Groslée prirent le commandement de la
division du centre, où avail été mise la noblesse du
pays, (le corps se mil le dernier en marche pour occu-
per le indien de la plaine.
L'armée ennemie, de son côté, s avançait par le bois,
croyant surprendre les Français. Le prince, détrompé
par ses éclaireurs, dissimula son étonnement, et, afin
de donner le change, envoya demander la bataille au
gouverneur de Dauphiné.
Il allait, lui el les siens, déboucher dans la plaine,
lorsque des (rails volant de droite el de gauche i aver-
tirent que les fourrés entre lesquels on marchait
n'élaienl plus ceux d'une foret déserte. Le trouble
commença à se mettre dans les rangs par le l'ail des
chevaux qui se cabraient quand ils étaient touchés.
Kodrigue se présenta alors avec ses hommes-d'armes,
la lance en arrêt. Le voilà poussant cette cavalerie qui
se trouvait massée dansun chemin montant, mire deux
rangées d arbres qui valaient autant que dv< murailles.
La position n'était pas lenablc. Les orangistes rétrogra-
dèrent pèle-mèle pour aller chercher d'autres issues,
el c'est à la débandade qu'ils arrivèrent sur le champ
île bataille, occupé déjà par l'ennemi '.
1 .I me < ontoi un: ii i ;iu\ indii i
l'étude du I' 1 1 .un. I '• li ■ 'in i lu oniijueui
liourgu ' ni pr mi mijj |i rrcnl bonnement du
lout nisscmlilt i ne mettre en pleine nidoiinanee de bataille, pour ce que
icculx François les envayrenl suubdainement el vigucurcusunicnt. » La
chronique du ins. Cramais, n "J •"> u ! n de la lîibliolhèquc nationale
hi: \ III. \ N lut AN DO.
Les Français, vu leur petil nombre, faisaient si peu
d'effet dans cette vaste plaine, que le prince, ne pouvanl
pas croire que l'aitaque viendrait de leur côté, ne mil
aucune diligence à réparer le désordre des siens. Il
laissa ce soin à ses chefs de corps, et s'arrêta à conférer
la chevalerie à de jeunes seigneurs qui la demandaient.
Cependant, les petits groupes qui composaient l'ar-
mée delphinale s'étant ébranlés arrivèrent en un clin
d'œil, tant leurcourse Put impétueuse, devanl les lignes
non pas encore tout à fait formées de leurs adversaires.
Pour que ceux-ci parvinssent à achever leurs disposi-
tions, il ne fallut rien moins que la résolution héroïque
d'un peloton de jeunes gens de la noblesse bourgui-
gnonne, qui mirent pied à terri' en jurant de mourir
plutôt que de reculer d'une semelle. Ces braves furent
fidèles à leur serment ; mais le temps qu'on mil à les
abattre ne suffit point aux autres pour réparer le dé-
faut de leurs premiers mouvements. Ils furent rompus
dès que les trois divisions françaises eurent opéré leur
jonction.
\ peine y avait-il une heure que l'action étail com-
mencée, et Ton assistait à une chasse plutôt qu'à un
combat. Des cavaliers laissaient là cheval el armures.
Les fantassins en faisaient autant de leurs arbalètes,
199, \ |, dil plus brièvement : « Le prince d'Orenge... lu rencontré d un
cappilaine nommé Rodighe, lequel en undeslrcrj le attendy et corabatj.«
La relation officielle, contenue dans li' Processus snper insultu,
prime les circonstances préliminaires ci représente l'action comme une
joute engagée en rase campagne entre deux partis parfaitement mail i
de leur terrain: ce qui efface complètemenl le rôle de Rodrigue
(ju'il a été annoncé d'une manière si solennelle par le débat sur le corn*
mandement de l'avanl-irarde.
48 VIE DK RODRIGUE
do leurs épées, des maillets de plomb dont on les avail
pourvus, pour briser les bassinets et les cuirasses sur le
corps des Français \ Ce n'étaient que gens éperdus cou-
rant dans tous les sens, ceux-ci pour gagner le Rhône,
ceux-là pour se cacher dans les blés ou dans les bois.
De très vaillants hommes, qui n'avaient jamais
reculé devant l'ennemi , perdirent la tête et tournèrent
bride comme les autres : ainsi le comte de Fribourg,
qui était venu avec une compagnie de Suisses; ainsi le
seigneur de Montagu-ÎSeufchàtel, chevalier de Tordre
tout nouvellement créé de la Toison-d'Or, que les
Anglais avaient élevé à la dignité de grand-bouteiller
de France. Pour avoir cherché son salut dans la fuite,
il fut dégradé de l'ordre2, et alla mourir de chagrin en
Terre-Sainte. Le prince d'Orange lui-même, atteint de
plusieurs blessures et menacé de toutes parts, s'en
remit à la vitesse de sa monture. Il arriva inondé de
sang au château d'Anthon5. La garnison lui ayant
déclaré qu'elle était décidée à se rendre, quoiqu'il y eût
dans la place des munitions et des vivres pour y tenir
deux ans, désespéré, il se déroba à la tombée du jour
avec la résolution de traverser le Rhône. Le même che-
val, qui lui avait sauvé la vie le matin, la lui sauva
1 « Gros?os malleos plumbeos déférentes, de quibus adduci dictus d.
Ludovicus de partibus suis Burgundie septem mulos oneratos fecerat. »
Processus super insulta, c. xxxi.
- « Attendu qu'il s'estoit trouvé en journée de bataille où cottes d'ar-
mes et bannières avoienl esté desployées, et avoit procédé si avant jus-
ques ù combattre s;ms estre victorieux, mort ni prins, etc. » Chronique
de Jean Lefèvre de Saint-Remy, ch. ci.xx.
r> « Arncsiis suis ac dextrario, ex sanguine et vulneribus sibi illalis
rutilante, in colorcm rubeuin transniulatis, sic quod vix cognosci prêter
per suum deslrarium polerat. » Processus super insultu, c. xxx.
DE vin \Nm; \> DO. 19
encore dans celle traversée périlleuse. Il aborda sans
nouvel accident à la rive bressane. On dil que, lorsqu il
mit pied à terre, prenant dans ses mains la tôle «lu
noble animal, il le baisait en pleurant et l'appelait son
libérateur1.
Quelle terrible disgrâce pour un homme puissant, qui
avait si pompeusement annoncé sa victoire! Sa gloire
était tournée en honte, et sou assurance de la veille
n'allait plus être aux yeux de tous qu'une ridicule for-
fanterie. Quatre mille hommes de belles troupes qu'il
avait venaient de fondre devant une armée (si cela
peut s'appeler une armée) plus faible d'un tiers pour
le moins '. Cinq cents «les siens avaient mordu la pous-
1 Aymari Rivallii de Allobrogibus, libri IX, p. M i. Le I éraut Berri
affirme, contrairement à celte assertion, que le prince repassa le Rhône
par 1l> bac d'Anthou. Au témoignage de Jean Chartier, conforme à celui
d'Aimar du Rivail, il faut ajouter celui d'un contemporain qui a annoté
une petite chronique dont le ms. est à la Bibliothèque Sainte-Geneviève
(n° 115"), loi. 28) : « Messire Yrobert de Groslée, lors baillj de Lyon,
Jehan Vallecte, Rodigucs et plusieurs autres lui furent si fiers el m aspre-
un'iit t'assaillirent, qu'il lui convint passer la rivière de Rnsne sur ung
coursier, àl'endroict île Montlu>l en tinsse. »
- Une estimation précise est impossible, parce que les nombres four-
nis par 1rs textes ne s'appliquent qu'aux lances, et que l'effectif «les lances
a été variable. Le compte des orangistes est donné en ces tenues dans le
Processus super instilla : «In exercitu d. Ludovici erant septingenti vel
circa, tam milites quara scutiferi, associati suis grossis famulis bene ar-
matis, ultra balislarios, sagittarios et alios pedites, grossos malleos plum-
beos déférentes,... sic quod in dicto exercilu erant et extimabantur esse
mille el septingenti pugnatores el ultra electi.» Comme par combattants
d'élite il faut entendre seulemenl 1rs hommes d'armes el leurs coustilliers,
il n'j a pas d'exagération à porter à un peu plus de deux nulle le nombre
des servants, piétons et gens de trait de toute sorte. Quanl à l'armée
française, je l'évalue à un peu moins de trois mille hommes, en prenant
pour base le témoignage du héraut Hein : » Rodigues «le Villandrasavoit
trois cens lances et les gens de traict avec lu\ eslans, et ceulx du Daul-
phiné estoientdeui cens lances du pays. » Les Lombards sont à comptei
en su-.
î
50 VIE DE RODRIGUE
sière, deux cents s'étaient noyés dans le Rhône, on ne
pouvait pas dire le nombre des prisonniers, et lui,
désobéi, méconnu, abandonne, il fuyait tout seul, lais-
sant aux mains de l'ennemi ses châteaux, son matériel
de guerre et toutes ses enseignes. Son grand étendard
de soie rouge et noire, où il avait fait appliquer un
soleil d'or dardant ses rayons jusqu'au bout de l'étoffe,
fut porté à Grenoble pour être suspendu dans la cha-
pelle dos dauphins. Sa bannière, aux armes de Chalon,
de Genève et d'Orange, échut en partage à Rodrigue,
qui l'envoya comme offrande à l'église de Yalladolid
où reposaient ses ancêtres1.
Si la journée fut belle pour quelqu'un, c'est pour le
capitaine espagnol. Sa contenance sur le champ de
bataille fut colle d'un lion. Il promenai! devant lui
l'épouvante et la mort, et les groupes sur lesquels il
se jetait semblaient perdre la force de se défendre. Sa
perte fut d'un seul homme tué2, tandis que le yain lui
arriva sous toutes les formes. « Homme plein de mali-
cieux engin, dit la Chronique Martinienne, il exploita
merveilleusement en la défense, sans y oublier son
profit". » Hernando del Pulgar nous apprend en quoi
le savoir-faire de son a\ise compatriote se montra ce
jour-là d'une manière si notable. Lorsque la bataille
fut tinie. il s'entendit avec un de ses prisonniers el se
lit dire par lui, moyennant qu'il lui promit sa liberté
sans rançon, les noms et qualités des autres captures
1 II iassin, Ri gistre delphinal.
- Processus super insullu.
:' Édition Yerard, fol. 270, \ .
DE Vll.l àNDRÀNDO. .M
que ses gens avaient Faites. De celle façon, tous ceux
qui lui furent désignés comme de grands seigneurs,
il les acheta au comptant bien au-dessous du prix
qu'ils valaient, pour les taxer au décuple une fois qu'il
les eut fii s mi pouvoir1.
Entre ceux dont il fut trafiqué delà sorte, nous con-
naissons François de la Pal ud et Guillaume de Vienne,
nu, pour les appeler par leurs noms vulgaires, Varara-
Imii et le sire de Bussy.
Varambon, chevalier bressan, passait pour le meil-
leur capitaine de la Savoie. La journée d'Anthon lui fut
particulièrement funeste. Oulrequ'il l'ut ruiné, sa mère
ayant été obligée d'ajouter huit mille florins de bon or
à tout le sien qu'il avait donné pour se tirer des mains
de l'espagnol, il eut le visage ravage par une si
effroyable taillade, qu'il dut porter depuis lors un nez
d'argent*.
Quant à Bussy, il sut ce qu'il en coûtait d'être
l'héritier du nom le plus illustre de la Bourgogne. Sa
délivrance fut mise à un prix si élevé que, pour par-
faire la somme, il fallut quêter partout. La famille
étail «'-puisée par ce genre de dépense : une rançon du
père, quelques années auparavant, avait coûté soixante
mille écus3. Le duc et la duchesse de Bourgogne con-
sentirent à tendre l'escarcelle en faveur du prisonnier.
La preuve des démarches accomplies par eux auprès
du gouvernement anglais existe dans une lettre ré-
1 Pièces justificatives, n° i.
- Monstrelet, 1. II, c. xcv; Guichenon, Histoire de Dresse, lit partie,
p. 293.
"■ Histoire généalogique de la maison de France, l. MI, p, 800.
VIE ht RODRIGUE
comment découverte de la duchesse au cardinal de
Winchester1.
Après la bataille, les capitaines se séparèrent pour
aller, chacun de son côté, réduire les places où l'en-
nemi avait compté trouver ses points d'appui. Rodri-
gue prit sa direction du coté de Lyon, comme s'il se
proposait de porter la guerre en Dresse*. 11 laissait
dire dans son camp qu'il avait mission de punir le duc
de Savoie de sa connivence avec le prince d'Orange,
et tous les rapports des espions bressans représen-
taient l'irruption des routiers comme imminente. Mais
le capitaine n'avait en vue que de déjouer un dessein
qu'on attribuait au même duc de Savoie sur Belleville
en Beaujolais, propriété de la maison de Bourbon que
le duc de Bourgogne, qui en avait l'hommage, aurait
vue volontiers passer en d'autres mains. La démonstra-
tion fut. complétée par l'occupation de Belleville, où
Valette alla se loger avec sa compagnie.
Lorsqu'il n'y eut plus d'inquiétude à avoir d'aucun
coté, les capitaines se réunirent de nouveau pour
fondre sur la principauté d'Orange, retournant contre
le prince le fléau de l'invasion qu'il avait voulu faire
tomber sur les pays du roi. Aussi bien lui avait-on en-
tendu dire plus d'une fois qu'il regarderait Orange
comme perdue, si on lui enlevait Anthon; et le sire de
Gaucourt n'eut rien de plus pressé que de lui prouver
qu'il avait prophétisé juste3. L'armée, grossie du mar-
' Pièces justificatives, n° v.
2 Garnier, Inventaire sommairei etc., I. III, p. 84.
3 Processus super insultu, ch. \\\\.
DE Y M. F. \NI»r. \M>".
qui*-; de Saluées, du vicomte de Tallard, du seigneur de
Grignan , el de maints autres voisins qui avaient de
vieilles dettes à se Paire payer, arriva sans obstacle au
bourg de Saint-Florent sous Orange '.
Cette position fut enlevée dès le premier jour par
escalade, cl le siège posé sur six points à la fois au-
tour de la ville.
La ruine colossale du théâtre romain, qui émerveille
hms ceux qui la voient pour ta première fois, formâil
alors le noyau"' d'une citadelle imposante. Flanquée de
tours sur I < n 1 1 son circuit, elle gagnait par des ouvrages
avancés le sommet du mont contre lequel elle s'appuie.
On l'appelait Gloriette, et Gloriette possédail tous les
genres de défense dont un château féodal lût sus-
ceptible au moyen âge. A sa Force réelle s'ajoutait le
prestige des souvenirs, ou plutôt des récils fabuleux
vulgarisés par les romans. C'est là qu'on plaçai! le
séjour deGuibour l'enchanteresse, uneespèeè d'Armide
convertie à la foi chrétienne, qui avait aidé Guillaume
au Court-Nez à s'emparer furtivement d'Orange, pour
eu partager la possession avec lui. Pendant une absence
du héros, Guibour, avec les dames de la ville, avait
tenu en écbec devant les murs les armées de trente
rois Sarrasins.
Sans s'inquiéter de ce que disait la chanson :
Ello ne doute de France toi l'empire,
Ne la prandrez à nul jor de vo vie -,
1 Joseph de la Pise, Tableau de l'histoire '/es princes et de laprinci-
pauté d'Orange, p. (22.
-' Juokblœt, Guillaume d' Orange, chanson tic geste, i. I. \. I76i.
r,{ VIE DE RODRIGUE
les vainqueurs d'Anthon investirent à la fois le châ-
teau et la ville.
Pour défendre l'un et l'autre il n'y avait ni magi-
cienne, ni paladins. Lorsque les habitants d'Orange
virent l'ennemi de tous les côtés, ils se prirent à réflé-
chir que leur seigneur était bien loin, que les passages
lui étaient fermés pour venir jusqu'à eux, enfin qu'il
valait mieux crier vive le roi ! que subir l'assaut de ces
Français, qui gâteraient la ville, s'ils la prenaient de
force, tandis que, reçus sans résistance, ils ne séjour-
neraient guère, et par leur retraite laisseraient à la
population la liberté de se retourner comme elle vou-
drait. En conséquence, il y eut soumission et de la ville
et du château (5 juillet 1450).
Les vainqueurs firent leur entrée aux acclamations
de la foule, ne trouvant sur leur trajet que des visa-
ges avenants. Lorsqu'on fut arrivé à la grande salle du
château, Gaucourt entouré des capitaines, comme un
Charlemagne au milieu de ses pairs, se donna le plai-
sir d'instituer de nouveaux fonctionnaires et de rece-
voir les serments au nom de roi. Jonquières, Gigondas,
Courthezon, et toute la principauté jusqu'au territoire
du pape, se soumirent à l'exemple de la capitale.
Cette conquête fut un résultat brillant, mais peu du-
rable, de la défaite du prince d'Orange. Aussi n'en
parla-t-on guère en France; mais au contraire, la ba-
taille d'Anthon, qui avait sauvé la couronne delphinale,
fut l'objet de tous les discours, et pour plusieurs une
consolation de la perle de Jeanne d'i^rc; car il est à
noter que la Pucelle fut prise devant Compiègne le
DE VII I. \M)U ANDO. 5:,
jour même que les routiers s'éloignèrent d'Ânnonay
pour prendre le chemin du Dauphinéi On sut partout la
part considérable que Rodrigue de Villandrando avait
eue dans la victoire; quelques-uns allèrent môme
jusqu'à lui en attribuer tout l'honneur l. Sou nom,
depuis eelte journée, fut familier à tous les Fran-
çais.
Par une distinction rare pour l'époque, il reçut le
témoignage publie de la reconnaissance delà province.
Un vote des États du Dauphiné lui adjugea la pro-
priété du château et de la châlellenie de Puzignan, con-
fisqués pour forfaiture sur Alice de Varax 2. C'est cette
dame en effet qui avait ouvert le château aux oran-
gistes sur qui Rodrigue eut à le reconquérir3.
On ne peut pas douter que Charles VII n'ait ac-
cueilli avec une satisfaction extrême la nouvelle de la
victoire remportée par ses armes. Une autre personne
qui ne dut pas moins s'en réjouir fut le seigneur de la
Trémoille.
Investi d'un pouvoir de plus en plus absolu sur la
direction de toutes les affaires, ce favori portait lour-
dement la responsabilité d'une suite de revers essuyés
depuis qu'il avait mis Jeanne d'Arc à l'écart, de sorte
que la défaite du prince d'Orange, quoiqu'il n'y eût
1 Ms. 2">018 de la Bibliothèque nationale cité ci-dessus, p. 40. La chro-
nique de Metz, publiée par Don Calmet, dit également : « En celle année
fu vaincus le princeps d'Orange par Rodigo, ung capitaine de France. »
Histoire de Lorraine, t. Il, pr. col. 207.
1 « La plassa et terra de Pusignac en el Dalfiné, que le fu ballea et
dounaa per les trois L^latz du DalGnea et confirniea per le roy et le daul-
phin. » Ci-après, pièce 11° lxxxiv.
3 Ci-après, Pièces justificatives, n° vi.
56 VIE DE RODRIGUE
contribué en rien, lui servit à justifier sa politique. 11
sut même y puiser l'audace et la force de se débarras-
ser, par un coup d'État, de plusieurs familiers du roi qui
lui portaient ombrage1. Un service de cette importance
rendu au monarque et à son ministre semblait appeler
une récompense peu commune. Cependant on ne voit
pas que Rodrigue de Villandrando, après la victoire
d'Àntbon, ait reçu autre chose que le titre d'écuyer de
récurie du roi.
L'usage était d'accorder cette dignité aux débutants
dans la carrière militaire, que le gouvernement avait
l'intention de s'attacher. Elle était de très-petit rapport.
Elle avait pour plus clair avantage de donner entrée
à la cour. Or la cour n'était pas un lieu que notre ca-
pitaine eût l'envie de fréquenter. Il n'entendait pas
briguer par des courbettes ou par des intrigues les fa-
veurs que ses prouesses ne lui rapporteraient pas d'em-
blée. Il était de l'école du vieux compagnon que Jean
de Beuil a mis en scène dans son roman du JouvenceL
A un adolescent qui lui demande s'il ne ferait pas bien
de commencer sa carrière par un voyage en cour, le
vétéran répond : « Ha! voulez-vous jà aller faire la
besle ! Ha! beau sire, puisque vous avez voulenté d'estre
homme de guerre, ne vous vault-il pas mieux d'estre
monté et armé à voslre adventure pour la guerre, que
d'aller à la court prier le roy ne faire l'ennuyeux après
les seigneurs, despendant vostre argent et perdant temps,
comme font plusieurs qui ne sçauroient vivre, qui ne
1 Arrestation el mis i jugement d'Antoine de Vivnnnc, André de
Bonumont et Louis d'Amboise, au mois d'août ! 150.
DE VILLAS D R VNDO. ■■"
leur donneroil1. » En effet des homnîes habitués
comme ceux-là à rechercher le péril en plein air n'é-
laienl pas propres à faire faction dans les antichambres,
el ils savaient trop bien prendre pour s'abaisser au
rôle «If quémandeurs.
Un point reste obscur. Rodrigue, si peu rémunéré de
ses services, si fermement résolu à ne jamais échanger
le séjour de son camp contre celui de la cour, Rodrigue
no laissa pas cependanl que de mettre sa personne el
son épée au service de M. de La Trémoille. Il se lia
avec ce seigneur comme s'il lui eûl été redevable de
beaucoup, el même au risque de compromettre l'ami-
tié que lui avail témoignée jusqUe-là le comte de Par-
diac. Quel peut avoir été le motif de cet attachement?
je l'ignore, mais j'en vois très-bien la conséquence, qui
fut l'impunité assurée aux routiers pour tous les désor-
dres auxquels ils se livrèrent tant que M. de la Tré-
moille resta au pouvoir.
Rodrigue, en vertu <lu titre donl il venait d'être dé-
coré, fut incorporé de nouveau dans l'armée royale. On
le chargea, conjointement avec Imberl de Groslée, de la
défense delà frontière bourbonnaise. Depuis le mois de
septembre 1 iô<», ils ne cessèrent de courir en avant de
leurs lignes, faisant tout le mal possible aux Rourgui-
gnons du Charolais et du Maçonnais. Leurs ravages
s'exercèrent principalement sur les terres de l'abbaye
de Cluny, qui lurent soumises au régime de l'occupa-
tion armée par la prise de Mazille, Pierre-Clos, Bois
1 Analyse du louvencel, par M. P. Paris, Les manuscrits françois <!•■
lu Bibliothèque du toi, t. III, p. 136.
58 VIE DE RODRIGUE
Sainie-Mariecl Sancenay. Le pays était gagné, si les ca-
pitaines avaienl pu s'emparer de Cluny et de Paray-le-
Monial; mais ils tentèrent sans succès le siège tic ces
dcll\ villes1.
Bienlôl ils furent forcés de se tenir strictement sur
la défensive, par l'arrivée d'un puissant renfort envoyé
de Dijon sous la conduite du vicomte d'Avallon et
ilu prince d'Orange, le vaincu d'Anthon, à qui le dur
Philippe voulut procurer l'occasion <lr racheter si dé-
faite2. Pour seconder ce- deux grands seigneurs, un troi-
sième capitaine, supérieur par le talent, fui appelé de
la Charité-sur-Loire, qu'il tenait contre les Français de-
puis le commencement de la guerre. Il est célèbre dans
les chroniques sous le nom tic Perrinet Grasset. Son
véritable nom fut Gressart. 11 était maçon de son état3;
h - événements le rendirent homme de guerre. En 1 iôl
il portail le litre d'écuyer et dr panetier de la maison
de Bourgogne. 11 lit de Montcenis m>u centre d'opéra-
tions poiir la défense de Charolais*.
Rodrigue, retranché Ai' l'autre côté de la Loire, sut
protéger à distance les places dont on s'était emparé,
; Mar i i Canat, Documents inédits, etc., pp. 200, r>ni. ."lis; Garnier,
Inventaire soi les archives tic lu Côte-d'Or, t. II. p. 5.
- Quatrième compte de Mahieu Regnault, parmi les comptes de la
maison de Bourgogne, aiiN archives de la Côte-d'Or, loi. 114, verso; Mar-
cel Canal, Documents inédits, ''le, pp. 504,509, 512.
3 Chronique '1rs Cordeliers, nis. IV. n. 25018 ;* l;i Biblioth. nation.,
lui. iiii. \ . ad ami. I i--" : • En ce temps fu prinsc La Charité sur Loire
par subtivutû et sans deffense par ung nommé Perrinel Crasset, machon
et capitaine de gens d'armes de la partie des Bourguignons. »
1 Cinquième compte de Mahieu Regnault, fol. 99, aux Archives de la
Côte-d'Or. Le litre de panetier du duc de Bourgogne lui était déjà attri-
bué en 1 128. Cf. Lecoj de la Marche, Titres delà maisonducale deBour-
bon, t. II. p. 258.
DE VII.I. \M»ll \NHO. ;,9
il par de fausses démonstrations tenir les Bourguignons
en échec pendant plus de six mois. L'un de ses strata-
gèmes fut de faire croire à une jonction concertée entre
lui et Barbasan, <|ui guerroyait alors en Champagne
pour le duc de Bar, allié du roi de France. L'ennemi
lut longtemps paralyse par la surveillance à laquelle
cette feinte l'obligea '. A la fin, un hardi coup de main
exécuté au profil «lu parti bourguignon ayanl contrainl
notre capitaine à diviser aussi ses forces, l'avantage
conservé jusque-là fut perdu.
On n'a pas oublié ce Varambon, qui paya si cher
l'échauffourée du prince d'Orange. Dès qu'il fut rendu
à la liberté, il ne songea qu'à réparer son désastre par
la première belle prise qui se présenterait à faire.
Nous avons dit qu'il avait été ruiné par l'acquittement
de sa rançon. Il l'était au point qu'on manquait de tout
dans son château de Varambon, et que sa lîlle, qui vi-
vait à l'abandon dans cette résidence, n'avait pas de
quoi s'habiller pour sortir".
Le duc Philippe lui ayant confié d'abord la défense
de Màcon, il se comporta dans cette ville en vrai chef
1 « A Martin Lourdain, le vnj* jour dud. mois de décembre, la somme
de six frans pour aller, lui vingtiesrae de hommes d'armes, sur les mar-
ches de la rivière de Loire, <>ù l'en disoit estre Kodigueet autres ennemis
;'i grant compaignie pour venir devers le dit Barbasan. » Des commissions
semblables furent données depuis le 19 novembre 1450, sans que Ro-
drigue soit spécifié parmi les ennemis qui les motivaient, mais avec l'in-
dication que Darbasan assiégeait alors le château de Lhappcs. Quatrième
compte de Mahieu Regnault, fol 140 et I 13, v°.
- « Dépense du bailli de Bresse, qui était allé en armes avec quelques
chevaliers à Varambon pour y prendre la iille de Varambon et la conduire
i sa grand-mère, Avnarde delà Baume. Celte commission ne pul être exé-
cutée, parce que la jeune fille fut trouvée dépourvue de vétemens et pres-
que nue. » Garnier, Inventaire sommaire, etc., t. III, p. 85.
60 VIF- Ï>F. HO H RICHE
de routiers. On l'en relira sur la plainte des habitants1.
C'est alors qu'il prépara, on dit avec l'approbation du
gouvernement anglais, le coup <[iii devait lui rendre, à
son calcul, l'équivalent de ce qu'il avait perdu.
Ayant ses propriétés en Bresse, il connaissait l'état
du pays des Dombes, dépendance de la couronne ducale
de Bourbon, mais dépendance défavorablement placée
à cause de son isolement sur la rive gauche delà Saône.
Sans tenir compte de la paix qui s'était rétablie entre
le duc de Bourbon et le duc de Savoie, lui, vassal
de la Savoie, mais plus bourguignon que bressan,
il trouva légitime de porter la guerre dans les
Dombes. En conséquence, il réunit une armée de
pillards qu'il amena sous les murs de Trévoux dans
la nuit du 18 mars 1451. La ville, où l'on ne s'atten-
dait à rien de pareil, fut prise par escalade. Le vain-
queur, après l'avoir livrée au pillage, s'y établit forte-
ment, bien qu'il n'eût pas pu s'emparer du château2.
Le prince Charles de Bourbon n'eut pas assez de sa no-
blesse pour le chasser de là. Il lui fallut l'assistance
d'une partie des routiers3. Il en résulta que, pendant
qu'on recouvrait Trévoux, on fut obligé d'évacuer les
places conquises du Maçonnais et du Cbarolais. Dans
toute cette région il ne serait pas resté aux Français un
seul pouce de terrain, si quelques-uns, au cours de la
retraite, n'eussent trouvé l'occasion de se saisir deMar-
1 Marcel Canat, l)<i<-nments inédits, aie, p. 202-204.
J Anlntt. Mémoires 'pour servir a l'histoire de Dombes, t. III, p. 535;
Costa de Beauregard, Souvenirs du règne d'Amédée 17//, p. 71», et les
nièces justificatives du même ouvrage» p. 228 et 253.
"■ Gantier, Inventaire sommaire, etc., I. III, p. 85,
DE V1LLANDRAND0. (il
eigny el d\ mettre une garnison que tous les efforts
des Bourguignons ne parvinrenl poinl à déloger.
A la suite de ces revers il fui question d'un retour
offensif. L'armée bourbonnaise étail à Charlieu au mois
d'avril 1 iôl avec les bandes de Rodrigue el de Valette
au grand complet, avec sis chariots d'artillerie1. <ut
s'attendait à la voir entrer en campagne, el déjà Fer-
tnoso , poursuivanl d'armes <lu castillan, était allé
porter le défi de son maître au prince d'Orange cl à
Varambon*, lorsque le Forez fut bouleversé par une
explosion de communisme.
Avoir à payer contribution sur contribution, el pour
si peu de résultat, lorsque tant de privilégiés échap-
paient aux charges donl le pauvre monde étail écrasé,
avait exaspéré les populations d'entre la Loire et le
Rhône. Une fermentation dangereuse s'était manifestée
Av> le temps de la mort du l'eu roi. A plusieurs reprises,
pendant les dix dernières aimées, la force publique dul
être employée, autour de Lyon, à disperser des rassem-
blements excités par des prédicateurs de robe courte, qui
remontraient que la malédiction prononcée contre Adam
avait atteint tous les hommes, sans exception de nobles
ni de clercs; que chacun était tenu de gagner son pain
à la sueur de son front; qu'il ne fallait plus de seigneurs,
et qu'un seul prêtre suffirait pour le service de chaque
paroisse3.
1 Marcel Canat, Documents inédits, etc., pp. 308, 516 : Garnier, In-
ventaire sommaire, t. Il, p. 5.
- Marcel Canat, Documents inédits, etc., p. 315.
3 Pierre de Suint-Julien de Baleurre, De l'origine des Bourgongnons,
p. i7r. ; Lettre d'Imberl de Groslée au conseil de ville de Lyon (8 juin
l 'rJ-Ji, aux Archives communales de Lvon, AA. 82.
62 VIE DE RODRIGUE
Ces doctrines, propagées dans les montagnes du Forez
et du Velay, aboutirent à un éclat d'une violence ex-
trême. L'historien De la Mure a mentionné cette pertur-
bation sans en dire autre chose, sinon qu'elle fut l'ou-
vrage « de bandits qui étaient de la secte dont il est
parlé au troisième tome des Conciles, lesquels, soutenant
qu'il ne devait point y avoir d'inégalité de condition
parmi les hommes, s'attaquaient aux gens d'église et
aux nobles, assaillaient les chastcaux et maisons fortes,
et y faisaient des hostilités épouvantables1. »
Le môme écrivain ajoute que ces insurgés furent
taillés en pièces par la nohlesse forésienne. On peut
hardiment donner pour auxiliaires aux nobles de Forez
ceux du Bourbonnais et les routiers de Rodrigue, c'est-
à dire toute l'armée réunie à Charlieu, laquelle fut em-
pêchée par cet incident de servir à l'objet en vue du-
quel elle avait été formée. Outre la levée d'un impôt
extraordinaire dont le capitaine espagnol eut sa part2,
un autre indice que les routiers contribuèrent à la re-
pression est dans ce fait que, vers ce temps-là, ils se
transportèrent, en remontant la Loire, jusqu'à la
limite du Forez et du Yelav.
1 Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez-, 1. III, c. xvi
(t. II, p. 147).
- « Notice des sommes payées à Georges Boix, à Rodrigo, au comte
de Clermont, à Guichard de Marzé seigneur de Grcysieu, et autres, sur
les impôts levés en Forez au mois de septembre I 131 et au mois de juin
1452. » Lecoy de la Marche, Titres de la maison ducale de Bourbon,
t. II, p. 249. La pièce est au registre P 1102- des Archives nationales,
cote 1328, et l'article qui concerne Rodrigue est ainsi conçu : « Hem de
l'impost, et le douhlet, et commissions par nous l'aides de la somme de
vij" treize escus pour Rodigo, ou moys de novembre l'an dessusdil
mil ccccxxxj. »
DE VILLANDRANDO. 63
Sur mie sinuosité du fleuve qui séparait autrefois
les deux provinces, comme elle sépare encore aujour-
d'hui les deux départements de Loire et Haute-Loire,
se présente en amphithéâtre le pittoresque village
d'Auree. L'église est des plus anciennes de la contrée.
On y voyait autrefois, plantée dans l'un des battants
de la porte, une bosselle en cuivre doré, au sujet de
laquelle se débitait un conte qui doit trouver sa place
ici, car Rodrigue en est le héros.
Ce seigneur espagnol, disait-on, étant venu à Aurec,
entra dans l'église sans daigner mettre pied à terre.
I! ne descendit de cheval que lorsqu'il fut au sanctuaire,
et là, pour mettre le comble à son insolence sacrilège,
il attacha sa moulure après nue statue de saint Pierre,
qui décorait l'autel. Le châtiment ne se Gt pas attendre.
Le cheval entra en fureur et commença à faire de tels
sauls, (pic son maître remonta dessus pour en venir à
bout. Mais il n'y eut bride ni frein qui tinssent. L'ani-
mal s'élança de pleine course jusque dans la Loire, où
il noya son cavalier. Le corps de Rodrigue fut repêché
à Cornillon en Forez. Quant au cheval, il sortit du
fleuve sain et sauf, et la bossetle de son mors fut con-
sacrée dans l'église d'Aurcc en mémoire du jugcnuml
de Dieu, dont il avait été l'exécuteur1,
L'histoire n'a rien à démêler dans cette légende, si ce
n'est l'expression d'un sentiment populaire qui n'est
pas en faveur de la piété de notre capitaine. Sa des-
tinée n'était pas de périr noyé, ni de payer si chère-
1 De la Mme, Histoire des ducs de Bourbon, I. II, pi 1 17,
Gi VIE DE RODRIGUE
nient une irrévérence, lui à qui il fut permis de com-
mettre impunément, peodant une trentaine d'années
qu'il séjourna dans notre pays, (ous les excès imagi-
nables.
Des actes nous ont conservé la mémoire d'une dé-
vastation commise auprès de Montbrison, qui semble
bien se rapporter encore au soulèvement du Forez.
Une montagne isolée, appelée à cause de sa configu-
ration Saint-Romain le Puy, se présentait avec un triple
étage de fortifications : au sommet un redoutable cbà-
leau protégeant un prieuré de bénédictins, au milieu
une enveloppe de murailles élevées pour la défense du
bourg, tandis qu'au bas une autre muraille circonscri-
vait une première enceinte ou basse-cour, qui était en
temps de guerre le refuge des liabitanls de la cam-
pagne.
Dans un moment où cette basse-cour était pleine de
fugitifs, les gens-d'armes deRodrigue fondirent dessus.
Ils dispersèrent les hommes, firent proie des provisions et
du bétail, et laissèrent les lieux dans un état de déla-
brement que d'autres compagnies, venues après eux,
changèrent en destruction complète. Larelalionn'ajoule
rien de plus, sinon que la population rurale, qui com-
mençait à reparaître en 1433, demanda pour sa sécu-
rité le rétablissement du refuge de Saint-Romain1.
C'est au cours de ces obscures opérations, le
7 mars 1431, que notre capitaine reçut enfin la con-
cession en règle de la seigneurie de l'uzignan 2. I/acle
1 Pièces justificatives, w" xxx.
- Pièces justificatives, n°vi.
DE vil. I. \Mu; \Miu.
royal qui consacra -es droits sur cette propriété ne dit
rien du don qui lui en avail été l'ait, ou du moins qui
avait été proposé pour lui, par les Elals du Dauphiné.
La chose esl présentée connue une laveur venant de
l'initiative du prince. Les us monarchiques voulaient
qu'il en lui ainsi. Peut-être même auraient-ils exigé que
la motion des députés dauphinois fût regardée comme
non avenue; mais en temps de calamité on passe par-
dessus les principes. 11 esl permis de croire que Ro-
drigue de Villandrando, très-irrégulièrement rem-
boursé de ses frais de guerre, criait lamine, et qu'alin
de lui faire prendre patience on lui lâcha d'abord ce
morceau qu'il avail le droit de réclamer comme sien.
Bientôt, sur sa menace de mettre le Languedoc au pil-
lage (menace à Laquelle il donna un commencement
d'exécution par l'invasion du Rouergue1), on lui procura
un supplément de quatre mille écus qui lui furent alloués
par la province2. Enfin on prit le parti de l'envoyer
contre les Anglais de laGuienne, afin de leur reprendre
les châteaux de Sainl-Exnperi et de Charlus, d'où ils
désolaient le Limousin5. La suite des événements donne
à penser qu'à cette mission en fut ajoutée une autre,
qui consistait à faire payer cher son passage à des
seigneurs dont avait à se plaindre le ministre omni-
potent. Il faut savoir que M. de la Trémoille revendi-
quait en ce temps-là la succession du comté d'Auvergne,
1 Pièces justificatives, n° vin.
- Jolibois, Inventaire sommaire des archives communales d'Mbi,
I \-l. .1 l.i date du "Jii août 1 131.
3 Inventaire manuscrit des Archives communales dlssel rédigé en
I7i'.'. Communication de M. l'aul lluol.
\ II. DE RODRIGUE
qu'il prétendait lui «'lie échue du chef (le. sa défuule
femme, Jeanne de Boulogne.
Bodrieue |,,ii |,. chemin de la Basse-Auvergne au
lemps «li- l.i recolle, qui élail la bonne saison pour les
rouliers. Il menait avec lui ses associés Andrelin et
Chapelle, ayant renvoyé Valette dans les ('('venues. Aux
environs de Monlpensier, il fait exécuter une battue
(rcnérale, el tous les "eus de la campagne qu'on lui
arrête, il les emmène en captivité. Alors la province
s'émeut. Jean de Langeac, sénéchal d'Auvergne, lui
envoie des propositions d'accommodement, puis vient
le trouver lui-même avec un banquier de Clermont
pour fixer à l'amiable le chiffre du palis. Les villes
joignenl leurs soumissions aux politesses du sénéchal.
Elles envoient des présents pour se recommander, gé-
néreuses à tout prix, même jusqu'à commettre des
violences afin de se procurer plus vite lesobjets qu'elles
destinenl au terrible capitaine. On trouve que les con-
suls d'Amberl lui offrirent un cheval qu'ils avaient
pris de force au bailli d'Alègre1.
I.n vertu d'une délibération prise par les Etats d'Au-
vergne en I i-><», la province, de concerl avec celles de
Bourbonnais, Beaujolais el Forez, avait créé pour la
défense commune un comité de cinq personnes, qui de-
vaient a\oir le maniement d'un fonds spécial destiné à
entretenir un contingent fixe d'hommes-d'armes el de
fantassins. < In élail convenu que l'argent sérail conservé
îles les pr cautions d'us ige en ce temps-là,
c'est-à-dire mis dans un coffre fermé de cinq serrures
' l'h < [ s \unlif\aitu <•. ii \.
DE \ Il I V M» Il A Mm ».
(autant qu'il y avait do commissaires), ot que chacun
de ceux-ci en garderait une clé \ Si ce coffre fût bâti, il
ne recul pas l'emploi auquel ou l'avait destiné, puisque
nous voyons, au boni d'un an, la province surprise n'a-
voir pas un soldai à opposer à ses envahisseurs.
De l'Auvergne Rodrigue passa en Limousin, ayant
licence d'aller compléter sa moisson sur les terres de
la maison de Ventadour, dont était la comtesse titulaire
d'Auvergne, celle avec qui La Trémoille se trouvait en
compétition. La ville d'Ussel, capitale du comté de
Ventadour, éloigna la menace d'un siège en payant
une contribution qu'elle ne put parfaire qu'à force
d'emprunts. .Nous avons les pièces d'un règlement de
compte daté de 1 i"> i. Elles constatent que le comte de
Ventadour avait prèle sa vaisselle d'argent pour aider
ses sujets à se racheter. La malheureuse ville ne s'é-
tait pas encore libérée en 1 iôO \
Les bandes, poursuivant la campagne qui leur avait
été tracée, réussirent-elles à délivrer le Limousin de la
présence des anglais? On serait tenté de le croire quand
on voit leurchef, à peu de temps de là, gratifié d'une se-
conde seigneurie. Le3avril 1432, Rodrigue reçut, à titre
de propriété transmissible seulement à sa descendance
masculine, le château et la chàtellenie de Talmonl-sur-
Gironde". C'était là un domaine d'une véritable impor-
tance par son étendue et par la station maritime qui
en dépendait, une récompense à la hauteur d'une
1 De la Mure, Histoire des ducs de Bourbon, pr. t. III, p. 196.
- Paul Buot, Les archives municipales de la ville d'Ussel (In- i*,
l'ssel, 1856).
3 Pièces justificatives, n° mi.
VIE liE HUDU1GUE
action d'éclat, routefois les considérants de l'acte de
donation o'allèguent point de succès récent obtenu sur
l'ennemi. La seule raison qui soit mise dans la bouche
du roi, c'est qu'il entendait que Rodrigue « fût désor-
mais son homme, et plus astreint à le servir » : lan-
gage étrange, et plus digne d'un chef de parti que d'un
souverain. Il fait penser aux factions qu'une détestable
politique avait déchaînées de nouveau sur le royaume,
après le beau mouvement de concorde qui fut l'œuvre
de Jeanne d'Arc.
Lorsque, par suite des conquêtes nouvellement effec-
tuées, on avait à se défendre sur une plus grande éten-
due de frontières, quatre guerres civiles étaient en-
gagées ou menaçaient à l'intérieur : guerre pour la
possession du pouvoir entre La Trémoille et les princes
de la maison d'Anjou; guerre pour des intérêts de
famille entre le duc d'Alençon et le duc de Bretagne ;
guerre de voisins qui ne se pouvaient pas souffrir entre
le comte de Foix et le comte d'Armagnac; guerre entre
les prélats et la noblesse des diocèses de Mende et du
Puy. La cure île cette dernière est inconnue ; mais on
sait que des voies de fait avaient eu lieu dès le com-
mencement de 1 iôw2, et que les deux partis ne négli-
geaient rien pour se mettre aussi promptement que
possible sur le pied de guerre1.
Nous ignorons trop de choses pour voir clair dans ce
Irouble universel. Tout ce qu'il est possible de discer-
ner au sujet «le Kodriguc, c'est le voyage d'un de ses
écuyers, député par lui comme ambassadeur auprès du
! Vai «clc, Histoire <l<- Languedoc, I. IV, p. jsu.
DE VIII VNDRANDO.
(inc de Bretagne1*, c'est la présence de son associé Cha-
pelle dans une armée qui combattait en Poitou sous la
bannière de Bretagne, tandisqu'au contraire le bâtard
de Bourbon, l'un de ses meilleurs amis, défendait le
ducd'Alençon dans Pouancé"; c'est enfin une marche
exécutée par Rodrigue en personne sur le Gévaudan.
Il nVui pas le temps de se faire sentir à cette pro-
vince. Outre que le conflit sur lequel il avait compté
lut évité par l'effet d'une habile négociation, un ordre
du roi l'appela dans le nord pour prendre part à une
entreprise de première importance. Mais, avant de ra-
conter cette nouvelle expédition, il faut parler d'une
distinction que l'heureux aventurier venait de recevoir
«le son pays, et qui lui assigna un rang à part entre
tous les capitaines de routiers.
On a vu que la sœur de Pierre deVillaines, grand-
mère de Rodrigue de Vil landrando, avait plaidé sanssuc-
cès pour établir le droit de sa descendance à une por-
tion du comté deRibadeo3. I. a terre, dans son intégrité,
et le titre, furent confirmés par le roi de Castille
Henri III à l'acquéreur, qui était don Ituy Lopez d'A-
valos*, l'un de ses chambellans dont il ne tarda pas à
faire nui connétable. Ruy Lopez fit mauvaise lin.
' «< A un escuier de RoJigo (le Villandras, nommé Le Bègue, venu vers
le due en ambassade à Monronlour de par son maislre.» Ordonnancement
du 17 juillet 1 132, extrait des Comptes de Bretagne, mss. français de la
l'.ibl. nat., n'11542, M. -J.-,.
- Guillaume Gruel, La vie du connétable de Richemond, dans Gode-
froy, p. 7.*>8; Lobineau, Histoire de Bretagne, t. I, p. 590.
3 Ci-dessus, p. G.
• Esteban de Garibay, dans la Revista europèa de 1876, t. Ml.
p. 214.
VII DE R0DRIG1 I
t,iuiii. • r'e>l assez l'usage des grands favoris. En I i23
|,' roi Juan II If chassa de sa cour, dépouillé de toutes
lignilés el seigneuries, de sorte que sa chute re-
ni i l à Mot I»-. espérances conçues jadis par les colla lé-
d,- Pierre de Villaines. Or Rodrigue, <|iii était l'un
drs hériliers de ces prétentions, ne larda pas à s'illus-
trer en l'ranee, el le bruit de ses exploits passant en
Kspagne plaida pour lui beaucoup mieux que les droits
problématiques invoqués par sa famille. Toutefois il ne
parvint à obtenir l'objet de sa poursuite qu'en forçant
l,i main au roi don Juan.
(!e monarque ayant songé un moment, d'après les
conseils de son nouveau connétable, Alvaro de Luna, à
entraver les projets du roi d'Aragon sur le royaume de
Naples, conçut pour cela un plan d'invasion auquel
liodrigue de \ illandrando aurait coopéré en attaquant le
Ibmssillon avec ses compagnies. Pour celte entreprise
on comptail aussi sur le comte d'Armagnac, parce qu'il
Unail par les liens du sang à la maison de Castille, el
encore plus à raison de son inimitié bien connue contre
le comte de Koix, qui, lui, se trouvait dans les relations
les plus intimes avec le roi d'Aragon. Mais le roi d'Ara-
gon, qui était alors cel illustre Alfonse qu'on a sur-
nommé le Magnanime, eut connaissance de l'agression
projetée contre ses Étals, et le secret ne lui en fut pas
plus tôt découvert qu'il envoya des ambassadeurs en
I rance, les uns pour tacher de réconcilier par un ma-
ies maisons d'Armagnac el de Foix, les autres
•'" sa laveur sur l'esprit de liodrigue. La
'•marrlie réussit complètement auprès de ce dernier,
DE VILLANDRANDO. 71
qui alla jusqu'à promettre au roi Alfonse de le ser-
vir envers et contre tous, sauf cependanl le roi de Cas-
t i Ho. C'est le cadet de Villandrando, Pierre deGorral,
(jiii porta cet engagement de la part de son livre1.
Lorsqu'on fui informé de cela à la cour de Gastille,
Alvaro de Lima ne se donna plus de repos qu'il n'eût
rompu entre les mains du roi d'Aragon les alliances
que ce prince croyait tenir de ce côté-ci des Pyrénées.
La concession du comté de Cangas de Tineo au comte
d'Armagnac, et celle du comté de Ribadeo à Rodrigue
de Villandrando, consommèrent ce coup de politique*.
Ces événements se passaient en I &31. 11 faut qu'il y
ait eu poiir notre capitaine de longues formalités à
remplir, peut-être l'obligation d'un voyage en Castille
et dans les As lu ri es, où est situé Ribadeo, qui l'empê-
chèrent d'entrer immédiatement en possession de la
dignité qui lui était échue. C'est seulement à partir du
mois de juillet 1 iôw2 qu'il s'intitula, dans les actes,
comte de Ribadeo, et quelquefois de Ribedieu, quiesl la
forme francisée du nom espagnol ".
Rodrigue. venait donc de lever bannière de comte,
lorsqu'il reçut cette commission qui l'éloigna du (leva u-
dan. Charles Ml lui enjoignait de se rendre à Orléans
pour effectuer dans cette ville sa jonction avec le bâ-
1 Çurita, Anales <lc la corona de Aragon, 1. Mil, c. i.xxi.
2 Cent on epistolario del bachiller Fernan Gomez de Cibdareal ,
p. 65; Alvar Garcia de Santa-Maria, dans les annotations (te M. Jimenez
de la Espada aux Andanças e viages de Pero Tafur, p. 545. Le témoi-
gnage de ces deux auteurs, confirmé par les actes, annule celui de Fernan
Perez de Guzman et de llernando del Pulgar, qui ont placé ta concession
du comté de Ribadeo à l'an 1 139.
r> Ci-après, Pièces justificatives, n0' xm. wxiv. etc.
VIE DE RODRIf.l'E
lard d'Orléans, 1«' sire deGaucourt, le maréchal de Rais
<>t l'aîné Xaintrailles 4. Il s'agissait d'aller affronter,
dans son camp défendu par dix mille hommes, le due
deBedford, c'est-à-dire la science militaire personnifiée,
l'homme dont le talent seul prolongeait, la durée de la
domination anglaise sur le continent.
i e grand capitaine faisait alors assiéger, lui présent,
l,i ville de Lagny, où une garnison française s'était
maintenue depuis le temps de la Pucelle. Les assiégés,
travaillés depuis six mois et manquant de vivres, al-
laient se rendre. Il fallait à tout prix leur faire parve-
nir les moyens de prolonger leur résistance, si l'on ne
voulait pas voir se relever Paris, le Paris anglo-
bourguignon, que l'occupation de Lagny tenait en dé-
tresse.
Rodrigue ne vint pas au rendez-vous qui lui avait
été assigné sans laisser çà et là des traces de son pas-
sage. Un contemporain prétend qu'il menait cinq mille
combattants à sa suite2. Un de ses détachements, tra-
versant Ponllevoy, mit à rançon l'abbé du lieu après
l'avoir dévalisé 3. C'étaient là peccadilles de routiers,
sur lesquelles on ferma les yeux en considération de
l'excellente avant-garde que ces hommes allaient four-
nir à l'expédition.
1 Monstrelet, I. II, cb. r.xxi (t. V de l'édition Douët d'Arcq).
* * Le bastart d'Orléans en la compaignie de pluiseurs capitaines....
ava -i\ mille combattons, et Rodigue de Villendras qui avoit aussi bien
'' ib« lui en su compaignie cinq mille combattans. » Chronique des
Payi Bat, de France, et ingleterre et de Tournai/, dans le Recueil des
chroniques de Flandre, publié par M. de Smet, t. III, p. 418.
1 i-après, Pièce» justificative», n0xi\.
DE YILLAHDRANDO. 73
l.,i Seine passée à Melun, les capitaines s'avancèrenl
vers I.;iliii\ .
Lorsqu'on marche dans celte direction, on arrive
toul |»rès de Lagnj sans l'apercevoir, parce qu'on a de-
vant soi un coteau au revers duquel la ville est adossée.
Mais ce coteau ne se prolonge qu'à un quart de lieue
sur la gauche, de sorte qu'il laisse ouverte la prairie de
la Marne, et c'est par là qu'on tourne pour gagner la
\ille. après avoir traversé un ruisseau qui va du coteau
à la rivière. Si le camp des Anglais eut été établi sur ce
point, le ravitaillement de Lagnv était impossible;
mais le duc de Bedford, s'attendant à être attaqué- par
la Champagne plutôt que par la Brie, s'était posté en
amont dans la direction opposée. Ce fut une première
erreur de calcul, qui fut suivie d'une seconde en ce que
le duc jugea qu'il aurait à soutenir une bataille, et qu'il
prit Loutes ses dispositions en conséquence.
Le plan des Français était d'éviter la bataille, tout
en feignant de la vouloir livrer. Avant passé la nuil
dans le village de Gouverne, à la source du ruisseau
dont on a parlé tout à l'heure (on l'appelle à cause de
cela le Ru de Gouverne), ils se partagèrent dès le lever
du soleil en trois corps, dont deux devaient menacer le
camp anglais, tandis que le troisième, composé des
routiers sous le commandement de Hodrigue, se lance-
rait dans la prairie de la Marne pour introduire dans
la place, par une porte qui était là, un convoi de vivres
et de munitions.
A peine ce mouvement eut-il été aperçu du duc de
Bedford, qu'il forma aussi son armée en trois corps
\ M. DE KODIUGUE
donl chacun s'avança à la défense des points menacés.
L'avantage du nombre n'était pas du côté des Anglais, à
cause des bommes laissés pour la garde du camp et des
lignes du siège: aussi le duc avait-il résolu de n'en
venir à une action générale qu'autant qu'elle serait
engagée par l'ennemi. 11 commandait une partie de la
chevalerie qui allait faire face à ce que nous pouvons
appeler les réguliers français; le capitaine détaché sur
la droite, afin de barrer le passage au castillan, fut l'an-
cien instituteur de celui-ci, le maréchal anglo-bour
guignon Villiers de l'Isle-Àdam l.
Est-ce une combinaison fortuite, est-ce une provo-
cation comme on s'en faisait alors à la veille des
batailles, qui mit ainsi en présence le maître et le dis-
ciple? Les chroniqueurs n'en disent rien, mais ce
qu'ils laissent voir très clairement, c'est que l'action
décisive de la journée se passa entre ces deux capi-
taines, tandis que sur les autres points il n'y eut que
des feintes ou des escarmouches.
L'engagement commença sur le Ru de Gouverne. Là
le combat fut une mêlée opiniâtre. Longtemps on vit
1rs deux partis gagner, perdre, ressaisir la rive oppo-
sée, el cela, tous les deux à la fois, ondoyant l'un sur
l'autre, reculant ici, avançant là. Enfin l'effort des
routiers l'emporta; les Anglais, culbutés et dispersés,
leur abandonnèrent la possession de la prairie, où
Rodrigue refil bien vite son corps de bataille pour cou-
rir aux lignes des assiégeants et les traverser; car cette
partie de la besogne restait à faire.
1 Konilrelot.l. Il, oh. r.xxi (t. V, p. 3i).
DE VILLANDRANDO. 75
Pendanl le combal qui venait d'avoir lieu, les
Anglais postés devant la ville avaient pris l'offensive
contre les assiégés, el s'étaient emparés d'une forte
redoute établie devant la porte par où devaient entrer
les Français. L'étendard d'Angleterre, arboré sur ce
point1, porta il au loin l'annonce d'un succès qui
aurait été <1«' grande conséquence, si la division du
comte deRibadeo eût été repoussée. Au contraire, par
suite de la tournure qu'avaient prise les choses, les
vainqueurs de la redoute furent écrasés entre les gens
de Lagny, qui tirent irruption par derrière, tandis que
les routier- pressaient en face*. La position perdue lut
reconquise par les Français, le terrain nettoyé et rendu
libre pour la marche du convoi.
Mais le transport ne se fil pas si rapidement que le
duc de Bedford n'eût le temps d'accourir avec une
partie des hommes ralliés de l'Isle-Adam et d'autres
pelotons retirés de la garde des retranchements. Il
parut lorsque les charrettes, accumulées à la tète du
pont-levis, prenaient le passage l'une après l'autre, dif-
ficilement,, lentement.
Faire volte-face, conduire la moitié de son monde
à l'ennemi, jeter l'autre moitié dans un ouvrage de
terre que venaient d'abandonner les assiégeants, tels
furent les mouvements que Rodrigue conçut et exécuta
avec une merveilleuse promptitude. Alors commença
un troisième engagement, plus meurtrier que les deux
autres et plus pénible à cause de l'intensité de la clia-
1 Journal île Paris, nd ann. I 1.V2.
- Jean Chartier, t. 1, p. 14,'».
;,. \ IK DE RODRIGUE
leur1; car on était au milieu de la journée, et d'une
journée d'août. La plupart des hommes-d'armes ayant
mis pied à terre, on s'était abordé sur un espace très
étroit, à travers les ouvrages du siège, et de part et
d'autre on se tenait main à main, la pointe de l'épée
sur la gorge. Heureusement pour les Français, ils
eurent ce retranchement occupe par eux, qui leur servit
pour reprendre haleine. Leurs chefs les y envoyèrent
dix par dix, vingt par vingt, faire chacun à leur tour
une pause de quelques instants, si bien que les pre-
miers rangs ne cessèrent pas d'être tenus par des
hommes rafraîchis et dispos2. Les Anglais, qui n'eurent
pas la môme ressource, s'épuisèrent sans gagner un
pouce de terrain. Plusieurs tombèrent morts comme
d'apoplexie, étouffés sous leur armure par la presse et
par lechaud. Enfin le duc de Bedford, qui était sanguin
et replet, se sentant lui-même très incommodé, donna
le signal de la retraite3. On vit bientôt toutes les divi-
sions anglaises à la fois se ramasser et reculer avec la
plus fière contenance dans la direction de leur camp.
On ne commit pas l'imprudence de les attaquer.
Lorsque toutes les voitures du convoi furent entrées
dans la ville, Rodrigue rejoignit le reste de l'armée, et
l'on alla coucher au village de Gouverne. On s'était
battu depuis huit heures du malin jusqu'à quatre
heures (lu soirv.
relie lin l'action du ravitaillement de Lagny, action
1 Monslrelet, ch. cxxi (t. \ p. 34).
le m Charlier, t. I, p. 1 i.">.
i efèvre de Saint- Kemy, ch. clx.mii.
• Chronique des Pays-Bas, etc., publiée par M. deSmet, 1. c.
DE V1I.I A Mil; A Mu). 77
dont le résultat valut le gain d'une bataille. Mlle eul
lieu le 10 août 1 i-~*2, qui était un dimanche, jour déci-
dément propice aux entreprises de noire capitaine.
Je ne sais si cela lini à sa présence et à ses conseils,
mais les Français montrèrent <lans toute cette campagne
un esprit de conduite, voire même un talent de straté-
gie, dont ils u'étaient pas coutumiers.
La ville ravitaillée comme on vient de le voir, ils
avisèrent d'en l'aire lever le siège, non poinl en atta-
quant les Anglais dans leur camp qui était [tins grand
que Lagny même1, ni en tentant le sort d'une bataille
que le due de Bedford leur envoya offrir à plusieurs
reprises, mais seulement par une démonstration habi-
lement exécutée. Pour cela ils allèrent chercher un
passage sur la Marne, aux environs de la Ferté, et
remontèrent quelque temps la rive droite, comme s'ils
avaient dessein de s'enfoncer dans la Champagne ;'puis,
par un brusque changement de direction, ils se rabat-
tirent sur la France qu'ils coururent jusqu'à Mitry*.
Dans la crainte qu'eut Bedford de voir Paris attaqué, il
y emmena précipitamment toutes ses troupes, laissant
devant Lagny camp, artillerie et provisions3. On pense
' « k l'autre bout, en l'abbaye, il avoil fait taire ung parc fossoyé
tout autour, plus granl que tmite [adicte ville de Lagny. » Jean Char—
lier.
- Monstrelet, I. c. C'est à tort que les mss. et les éditions portent Vitry
en France. Il n'y a -jamais eu de Vitry ainsi surnommé; la correction
Milry est indiquée pur toutes les circonstances du récit.
"• « Furent m prèsprins, qu'ils lai-sièrent leurs canons et leurs viandes
toutes prestes à mangier, et si grant foison de queues de vin, dont on
avoit si grant disette à l'aris, et de pain par cas pareil, dont le blé à Pari
enchery telement, car le sextier monta le sabmedj ensievanl de seizi oh
parisis. » Journal 'le Paris, ad ann. 1 152.
VII. DE KUDRIG1 I.
hi.il • | tic* les assiégés ne laissèrent pas à toutes ces
■ hnses abandonnées par l'ennemi le temps de se gâter
à l'air. Mille liras se mirenl à l'œuvre pour transporter
le matériel dans l,i ville el [>our détruire les travaux
d'iineslissemenl. La perle fut de plus de cent cinquante
mille saluis, au dire di s F'arisiens quecel échec exaspéra
eonire le gouvernement anglais1. Rodrigue el les autres
capitaines voulurent avoir leur part d'un si riche butin.
Ils se la firent donner quelques semaines après, étant
revenus pour mettre à Lagny un renfort de garnison.
Si la campagne était finie pour le roi, elle ne l'était
T'|v pour M. de la Trémoille, qui n'estimait les vic-
'"ii'es qu'autant qu'il \ trouvait son profit. Par ses
conseils ou au moins avec son autorisation, le comte
de Kibadeo, à son retour de Lagny, se jeta en belli-
gérant sur la province d'Anjou. Yolande d'Aragon ,
belle-mère du roi, el Charles d'Anjou, son fils puîné,
gouvernaient alors ce pays en l'absence de Louis d'An-
J""- appelé en Italie comme héritier présomptif de la
couronne de Naples. Le castillan réclamait de la prin-
;' <•' de son fils on ne sait quelle créance, dont il
• disait-il, pour se payer sur les sujets du duché,
si v'^ 'léliileurs ne le satisfaisaient pas dans le plus
délai .
1 ,|r l;l Ti-émoille, dans cette affaire, était de
ans affermoient que bien avoit
"ll niujuanlo mil salus d'or, dont la pièce valoit vingt
mal </<> Paris.
Jouvencel, § 11. Ms. de
. ir)l. Camille Favre, de
«tenues par les élèves de l'École des
$70-187*2.
DE VIII Lfl DR \Mm). 70
susciter à Charles d'Anjou des embarras qui l'obli-
geassent de s'éloigner de la cour, parce qu'il voyait ce
prince s'insinuer dan- la confiance de Charles Vil d'une
manière alarmante pour son propre crédit. Mais, mal-
gré tout ce qu'on lit pour l'épouvanter el en <lt;|>ii des
lettres provocantes du comte de Ribadeo, Charles d'An-
jou ne quitta pas la place. Il comptait assez de liras
à son service pour être sûr que ce qu'il y avait à l'aire
se ferait sans lui. Son espoir reposait principalement
sur Jean de Beuil, ami dévoué de sa maison el de sa
personne, qu'il avait appelé à son aide à la première
annonce du danger.
La noblesse du pays fut convoquée. Dès qu'on eut
dequoi former une compagnie, Jean de Beuil demanda
l'honneur de la conduire à une entreprise contre Ro-
driguéde Villandrando, qui s'était établi dans un camp
très-fort, en avant des Ponts-de-Cé.
Jean de Beuil était un jeune homme de grande es-
pérance, qui ne respirait que la guerre, et qui en sa-
vail plus long sur ce point que bien des vieus capitai-
nes : aussi s'était-il formé à l'école de La Hire. On eut
confiance en lui, et on le laissa se mettre en campagne
avec cent lances, contre le castillan qui en avait six
cents1.
Parti de la Touraine, il sut dissimule] sa marche
jusqu'à Angers, et lorsqu'il fut dans celte ville, il dé-
puta son poursuivant d'armes au camp des Ponts-de-Cé
pour intimer à Rodrigue l'ordre de se retirer dan- !■
1 Guillaume fringant, Commentaire sur leJouvéncel.
\ I I. M. UUDI! it.l 1.
vin^l-quatre heures, lui olTranl sauf-conduil pour exé-
cuter s;i relraile à l'abri de loute agression1.
i Miniiir ce lui là une pure bravade, de l'inutilité de
Inquelle il ne pul pas douter, il semblera qu'il aurait
mieux l'ail de s'en abstenir et de tenter la surprise du
camp, sans donner ainsi l'éveil à son adversaire. Mais
ru -iicnv il \ a va il de ces formalités chevaleresques
auxquelles n'auraient manqué pour rien au monde les
moins scrupuleux à violer toutes les lois divines et hu-
s, une l'ois que les hostilités élaienl déclarées.
Ii sommation de Jean de Beuil lit sourire le comte
de Ilibadeo. Il répondit qu'il soumettrait l'affaire à son
I pour en délibérer dans la quinzaine. Gela dit,
il lit sonner le boute-selle, s'attendant bien à ce que
l'ennemi ne tarderait pas à paraître.
Effectivement, Jean de Beuil suivit de près son émis-
saire. Gomme il avail appris que les compagnies de
lîodrigue laissaienl à désirer sous le rapport des gens
île Irait, il s'étail pourvu de trois cents arbalétriers
d'élite. Lorsqu'il fui devant le camp, il vit des cavaliers
on niasse, remplissanl une large rue dont une forte
barricade de charrelles défendait l'accès. Il lit mettre
1 terre à une partie de ses hommes-d'armes, don-
nanl aux autres, tjni restèrcnl à cheval, l'ordre de tour-
! autour du camp, comme s'ils cherchaient à exé-
'•"«■ sec le attaque. Prenant lui-même le com-
nenl de ses cavaliers démontés et de ses arbalé-
rici-N, il h:> conduisil délibérément à la barricade.
1 ... i iij.icx Viixn JHstificalivt s,
DE \ Il I \.\ DRABDO. SI
La situation des hommes-d'armes de Rodrigue fut la
même que celle de la cavalerie du prince d'Orange
dans le bois d'An thon. Agglomérés en masse profonde,
les coudes serrés et la lance sur la cuisse, ils furent mis
en désarroi par leurs chevaux qui ruèrent sous l'at-
teinte des traits. Avant que le capitaine eût avisé à un
autre mouvement, la barricade fui franchie et les pre-
miers rangs, qui seuls avaient la possibilité de combat-
tre, furent enfoncés par l'impétuosité des assaillants.
Plusieurs des combattants d'élite qui tenaient la tête
des routiers, entre autres un Villandrando, frère de Ro-
drigue1, tombèrent percés de coups, et. pendant celle
mêlée les gens de trait eurent le temps de se jeter sur
le bagage et d'y l'aire du butin. Comme cela ne pouvait
pas être de longue durée, le jeune capitaine donna à
temps le signal de la retraite, et sa troupe, joyeuse et
Hère du coup qu'elle avait l'ait, s'éloigna plus vite que
le pas, comme elle était venue.
Celte action lit du bruit en son temps, et la « dé-
trousse des Ponts-de-Cé » fut l'une des prouesses qui
défrayèrent les conversations des bivouacs*. Jean de
Beuil en a fait entrer le récit dans son roman militaire
1 Ignoré de Pellizer, ce frère de Rodrigue ne nous est connu que
par le témoignage de Guillaume Tringant.
- De ce qu'elle est rapportée incidemment à Tau 1458 par Jean Char-
rier, Bourdigné l'a mise ï cette n ème date dans ses Chroniques d'Anjou
(t. II. p. 187 de la nouvelle édition), erreur que ce compilateur :i aug-
mentée d'une autre bien plus grave en ajoulant que : « le vaillant capi-
taine deslroussé par Jean de liueil lenoit le parti des Anglois. » LYxlr.nl
des Comptes de la ville de Tours rapporté ci-après, Pièces jtutificali'
ves, n" x\n, établit d'une manière irréfragable la date de l'affaire des
Ponls-de-Cé.
G
VIE DE RODRIGUE
du Jouvcncel', moins pour se targuer d'un coup de
main qui lui faisait honneur que pour montrer le peu
de valeur de la force à cheval, lorsqu'elle n'est pas en
position de manœuvrer au large.
Il y a lieu de s'étonner qu'un militaire d'autant de
ressource que l'était Rodrigue n'ait pas répondu sur-le-
champ à la manœuvre de son adversaire par une ma-
nœuvre semblable. Faire descendre de cheval des hom-
mes-d'armes n'était pas une chose si extraordinaire.
Lui-même l'avait fait à Lagny avec promptitude etsuccès.
C'était une habitude des Anglais. Dans les batailles, les
plus vaillants de leur chevalerie, mettant pied à terre,
venaient se ranger parmi les archers pour leur donner
courage2. Il est vrai que le comte de Ribadeo n'avait
pas pour le moment ses archers sous la main ; probable-
ment aussi qu'ayant affaire à de la jeunesse française,
il ne s'était point attendu à autre chose qu'à une bravade
sans conséquence. Enfin il faut tenir compte de ce que
l'alerte fut de très-courte durée.
Quoi qu'il en soit, il se trouva singulièrement blessé
dans son amour-propre de cette leçon donnée à sa pré-
voyance. Il cria plus fort qu'un innocent, défia Charles
il' \njou, et finalement prit sa revanche en faisant tout
le mal qu'il put, dans une course qu'il exécuta depuis
les l'onts-de-Cé jusqu'à l'extrémité méridionale de la
1 Rapporté textuellement ci-après, Pièces justificatives, n° xv.
* u Entre les Bourguignons, lorscYsloicnt les plus honnorez que ceulz
qui descendoienl avec les archiers, et tous jours s'y en mettoit grant quan-
tité de gens de bien, affin que le peuple en fust plus ;isscuré et combat-
if mieulx; et tenoient cela des Anglois. n Mémoires de Philippe de
Comminet, 1. I, c. m.
M VII I A Mil; AN lui.
Touraine. C'est là qu'étaieni les plus belles propriétés
de Jean de Beuil. Si celui-ci se trouva en force pour
Taire bonne contenance jusqu'à la fin, le nombre de ses
adversaires lui interdit de s'opposer au ravage de ses
terres ; car les routiers ne furent pas les seuls qu'il eût
devant lui.
Des personnes « estant en auctorité autour du roy, »
selon l'expression d'un contemporain bien informé1,
c'est-à-dire le seigneur de la Trémoille et ceux de sa
l'action, très-mécontents de l'affaire des Ponts-de-Cé,
détachèrent une compagnie de la retenue du roi aux
trousses de Jean de Beuil, qui était allé s'enfermer dans
Mirabeau, sur la frontière du Poitou. Son butin des
Ponts-de-Cé, qu'il n'avait point fait entrer dans la ville,
lui fut enlevé. Il le regagna en se mettant à son tour
à la poursuite de ses déprédateurs; mais ce fut au mo-
ment où ceux-ci opéraient par leur avant-garde leur
jonction avec les troupes de Rodrigue, campées autour de
La Haye. Il fallut rebrousser chemin et s'enfuir à toute
bride.
Alors Rodrigue, à la tète d'une véritable année,
exerça ses représailles tout à son aise, en regagnant à
petites journées la val 1er de la Loire. Comme si ce n'é-
tait pas assez du dégât qu'il commit sur son chemin,
toutes les villes situées à quelque distance, il les assi-
gna en réparation de son dommage, leur faisant savoir
par des exprès qu'elles eussent à lui fournir au plus
vite tel ou tel des objets qu'il avait perdus en Anjou.
La cité de Tours, taxée pour sa part au don d'un cheval,
1 Guillaume fringant, Commenlaire sur le Jouvenccl, 1. c.
\ II; M. IlOfoiUGUE
,.,1 appela ,ni lui, ijui écrivil à Rodrigue de se désister
;, -i demande. Mois, au nom <lu maître dont l'inter-
vention le privait (l'un cadeau de quelques ('eus, ce do-
cilr serviteur se fil livrer passage par la même cité de
l'ours , non pas | r vider le pays plus vite, comme on
aurail pu le croire, mais pour aller s'établir à l'autre
hoiil du pont, sur l,i rive droite de la Loire. Là, maître
de toute? les voie- de communication, il leva tribut
pendanl plusieurs semaines sur les passants et sur les
convois '.
On ne voit pas qu'en faisant tout cela Rodrigue ait
compromis sa laveur : on voit au contraire qu'il avança
• H dignité, car pendant l'hiver qui suivit sa campagne
de Touraineil porta le litre de conseiller el chambellan
du roi . Celai! l'office de cour supérieur à celui d'é-
cuver d'écurie. Qu'il l'ait reçu comme dédommage-
menl de ses perles aux Ponts-de-Cé ou bien à raison de
ses prouesses en Languedoc, où il se rendit en quittanl
la Loue, ses litres pour l'obtenir furent, dans un cas
comme dans l'autre, absolument demêmealoi.
Le comte de Foix était toujours investi delà lieute-
nanec générale du Languedoc, toujours aussi au plus
mal avec le comte d'Armagnac, sans être mieux pour
,:,'i;i nvec le sire de la Trémoille. Cet intraitable méri-
ridional Iranehail du souverain dans son gouvernement.
\y.mi converti l'évèché de Béziers en citadelle, il as-
semblait li les Étals de la province au milieu de ses
.'■ii-il armes, sous une batterie de canons dont il avait
' '' ' ' I S, M XXII.
h X' [Il
DE Vll.l Win; \\D0.
garni la plate-forme de la cathédrale. Il faisait voter les
impôts, prenait sa pari el laissai! le reste à la disposi-
tion des commissaires du roi1. Lâcher les routierscon-
ii'c un pareil lyran n'eût été* que demi-mal, si lui seul el
les siens avaient du en pâlir; mais le plus Port dessouf-
frances allait retomber sur les malheureuses popula-
tions confiées à sa garde, et c'est pourquoi, avec la
grande apparence qu'il \ a que l'agressi le Rodrigue
fut tolérée en haut lieu, on est forcé de conclure que la
politique de ce temps-là fut une politique abominable.
Un appel aux armes de la noblesse et des communes
du Bas-Languedoc, au mois de décembre 1 '»•"-", nous in-
struit de l'approche des bandes. Celles-ci se cantonnèrent
dans leur-- retranchements accoutumés des Cévennes.
L'hiver, qui fut un des plus rigoureux du siècle, les em-
pêcha de faire d'abord trop parler d'elles; mais dèsque
les neiges eurent commencé à fondre, elles firenl irrup-
tion de toutes le^ vallées à la fois, par Saint-Ambroix,
par Alais, par Andu/.e, par Ganges el le Caylar3. La
compagnie qui était sous le commandement direct de
Rodrigue prit la droite et pénétra jusqu'en Albigeois.
Le château de la Garde-de-Viaur, près de Montirat, de-
vint le quartier général du capitaine.
I. "alarme fut chaude à Albi. Le consulat fit travailler
lumultuairement aux fortifications et décréta toutes les
mesures que comportait l'état desiège*. A l'autre extré-
' Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV, pp. i7i. 177.
3 Ménard, Histoire de Nîmes, t. III, p. 236 des preuves.
" Ibiii., p. 2.">7 et 238.
'• Jolibois, Inventaire sommaire des (initiées communales d'AU'i,
p. '*•">.
VU. M RODRIGUE
nui,'. ,1,. la ligne (l'invasion, Nîmes n'éprouvait pas de
moindres inquiétudes. On mil en étal les engins de la
commune; des hommes placés en observation sur la
Tour-Magne el dans le clocher de la cathédrale eurenl
naler d'heure en heure l'état de la plaine, pendant
que des courriers allnienl dans toutes les directions, ou
chercher des nouvelles des gens-d'armes de Rodrigue,
ou annoncer dans les villages la visite prochaine de ces
hôtes redoutables1.
Cependant le comte de Foix, àqui était confié le salut
delà province, n'apparaissait pas. Pourquoi n'amenait-
il pas les troupes qu'il avait sous son commandement?
où était-il? que faisait il? On le saura dans un instant.
Il suffit de constater ici qu'éloigné des lieux où son
devoir l'appelait, il donnaii ses soins ;vi une correspon-
dance secrète dont Rodrigue et ses routiers n'étaient
que l'objet secondaire \
Les villes, lasses de ces alertes continuelles, parlèrent
de composer. Il fut question décela aux États delà pro-
vince tenus ;i Béziers au mois de mars 1455; mais l'as-
semblée n'osa pas prendre des arrangements qui auraient
pu indisposer le comte de Foix absent. En consé-
quence, elle vota purement el simplement une somme
de cent vingt nulle moulons d'or, sur laquelle elle
lit i prendre aux officiers du roi ce qu'il faudrait
pour rétablir la sécurité dans le pays3.
i s, n xxi ; Ménard, Histoire de Nîmes,
I. III. p. IliO el suiv.
/' . justificatives, n \\.
le, t. IV. p. i-SO, 'lit : « [.es États indiqués ;i Béziers pour le
: ; i.àci qu'il parait. Noire pièce justificative, n'xxni,
DE VILLANDRANDO. 87
Dans les actes d'où sont tirés les faits qu'on vient de
lire, le nom de Rodrigue revient à tout propos. On
dirait que les mesures de salut public ont été motivées
par lui tout seul, et qu'elles sont prises uniquement
contre sa personne. Les populations effarées ne voient
que lui : il est à la fois dans la direction des quatre
points cardinaux, et à la tète de toutes les bandes, et
derrière les flammes de tous les incendies signalés à
l'horizon. Il est vrai que la rapidité habituelle de ses
mouvements avait accrédité l'opinion que ni le temps
ni la distance ne comptaient pour lui. C'est au point
que, depuis qu'il posséda le comté de Ribadeo, par ses
apparitions fréquentes en Galice même au plus fort des
opérations qu'il dirigeait en France, il devint pour les
Basques un personnage proverbial. En Navarre elenBis-
caye on disait de ces gens qui sont toujours par voie et
par chemin et qu'on ne sait où saisir : « Il est comme
Rodrigue de Yillandrando, ici aujourd'hui, demain là1.»
Cette fois cependant ce ne ne fut pas le cas. Rodrigue
avait des lieutenants pours'en servir, et sa grandeur lui
imposait alors d'autres soins que celui de diriger des
razzias.
prouve qu'ils eurent lieu au contraire, et qu'ils votèrent l'impôt de la ma-
nière accoutumée. La tenue de l'assemblée et la question qu'on y traita
ressortenl d'ailleurs assez clairement du voyage d'un courrier député à
Béziers par les consuls de Nîmes, au commencement de mars, « per sa-
ver novclas de las gens d'annas deKodiguo ctde nions, de Fnix ». Uodrigue,
ainsi que le comte de Foix, étant alors très éloignés de Béziers, ce qu'on
pouvait apprendre sur leur compte, dans cette ville, n'était que les déci-
sions prises à leur égard, ou les nouvelles que les États recevaient d'eux.
1 « Rodrigo de Villandran egun emen eta biar an ». Esteban Garibay,
auteur contemporain de Philippe II, nous a conservé ce dicton, encore usité
de son temps. José Maria de Eguren, Reviêta europea du 9 août 1876.
\ II: DE P.ODRÏf.l'E
I ;i chose iloul il paraîl s'être surtoul occupé en ce
lemps-là fui d'augmenter le nombre de ses alliances
resserrer davantage celles qu'il avail contractées
déjà .
On le voit, sous l'obligation des sermenls les plus
solennels, s'attacher d'amitié (et de ce genre d'amitié
fini entraînait l'assistance des armes) avec le vicomte de
furenne, alors le plus puissanl seigneur du Limousin1.
I.f cardinal espagnol don Alfonse Carillo ayant été
porté au gouvernement d'Avignon, il entretient une
l'orrespondance active avec ce prélat, qui s'était rendu
-un obligé en lui empruntant de l'argent2. 11 est en
échange de lettres el de messages avec la cour de
Castille, avec le sire de la Trémoille, avec la plupart
des harons de la France méridionale, et surtout avec la
famille de Bourbon, où il poursuit une affaire de pre-
mière importance pour lui, el qui est sur le poinl
d'aboutir : celle de son établissement.
L'origine des relations de Rodrigue avec les princes
de Bourbon a été indiquée précédemment. La connais-
sance commencée en 1 \'2'2 élail devenue une liaison
intime, grâce à des circonstances qu'il faut savoir.
Le duc Jean I , chef de la famille, l'ut fait prisonnier
à la bataille d'Azincourt, el taxé pour sa rançon à une
nie (1 argent si consi lérable que, depuis dix-huit ans
qn on cherchait à la compléter, on n'y était pas encore
parvenu; el l'on n'j parvint jamais. Huit jeunes en-
fants, tanl légitimes que naturels, que cette captivité
' lii-après Pièces justificatives, n \iv.
■ insiiléralilt! de 2000 ducals. Pièces justificatives, n° mil
DE VIII W DR INDO. 89
avait rendus orphelins, s'élevèrent comme ils purenl
sous le gouvernement des femmes. Charles, l'aîné, qui
portail le titre il»' comte de Clermont, dut, à sa sortie de
tu ici le, prendre en main l'administra lion du duché, Dieu
s'ait au milieu de quels embarras. Ou était au plus fort
de la guerre civile compliquée île la guerre étrangère.
Dans les moments de répit où le Bourbonnais n'avait
pas besoin d'être défendu contre 1rs Bourguignons ou
contre les Savoisiens, il fallait se rendre aux armées
du roi, et de toute façon les frais de la guerre retom-
baient sur une malheureuse petite province qui, en
temps de paix, rendait à peine de quoi faire subsister
ses seigneurs.
Le prince qui se trouvait en face de ces difficultés
jugea bonne à cultiver l'amitié d'un condottiere comme
Rodrigue. 11 comptait par là disposer à son gré d'une
force militaire respectable, pour le payement de laquelle
il aurait l'avantage d'obtenir des facilités. Le castillan,
reçu dans les châteaux du duc, y fut l'objet d'attentions
d'autant plus marquées, qu'il répondit pleinement à ci'
qu'on avait attendu de lui. l'eu à peu il se familiarisa
et prit de l'ascendant dans la maison. Il trouva dans
l'un des bâtards, qui s'appelait Gui, un homme oé
pour la guerre : il lui donna un commandement dans
ses compagnies. Un autre, qu'on avait fait chanoine à
Beaujeu , ayant abjuré la profession ecclésiastique, il
le prit également à son école, ne prévoyant pas où ses
leçons le conduiraient. C'est cet Alexandre de Bourbon
dont la mémoire a été perpétuée jusqu'ici à Bar-sur-
Aube par un monument érigé sur le milieu du pont.
,„, VIE DE RODRIGUE
.', l'endroil d'où il fut précipité dans la rivière et noyé
par ordre de Charles VII.
La famille comptait en outre deux bâtardes. La beauté
ou le blason de Tune d'elles, qui s'appelait Marguerite,
firent songer à Rodrigue qu'il n'avait pas à chercher
mieux que cette personne pour faire une comtesse de
Ribadeo. Il fit part de sa prétention, qui ne fut pas
repoussée. L'unique difficulté fut de trouver ce que Ton
détacherait du domaine ducal pour constituer une dot
à la jeune fille. Soit qu'on ait jugé à propos de se passer
du consentement du père, qu'il aurait fallu envoyer
chercher à Londres, soit que le duc consulté eût fait
savoir qu'il se remettait de tout à son fils aîné, le comte
de Clermont fut seul en nom dans toute la conduite de
cette affaire.
Le 24 mai 1455, il présenta à l'enregistrement de
la chancellerie de Cusset les conventions arrêtées en-
tre Rodrigue de Villandrando et lui pour l'établisse-
ment de sa sœur naturelle1. La dot se composait de la
seigneurie d'Ussel en Bourbonnais, avec un revenu
garanti de mille livres, plus une somme une fois payée
de deux mille écus pour le trousseau. Yu le mauvais
étal du château d'Ussel, celui de Châteldon fut pro-
visoirement assigné comme demeure aux conjoints. De
son côté, le futur versa une somme de huit mille
ccus d'or pour constituer le douaire de sa femme, et
il prit sur lui l'engagement « d'enjouailler ladite de-
moiselle bien et deuinent, selon son estât, » c'est-à-
1 Ci-après, Pièces justificatives, n" x\\.
DE Mil \M'i: \Mm». 91
dire de lui acheter les parures el bijoux séanl à prin-
cesse du sang royal el femme de comte.
La cession d'Ussel, bien qu'l ssel eût le rang de ville
fermée, étail loin de constituer une fortune, (luire l;i
demeure seigneuriale reconnue inhabitable, le revenu
de la terre étail si loin du compte que l'on avait fait,
qu'une relouche du contrai en date du '2 août I îôii
prouve que, duranl les trois premières années de son
mariage, Rodrigue ne put réaliser que trois cents livres
sur les mille qui avaient été stipulées1. Mais, si' trou-
vant déjà posséder une vingtaine de seigneuries en
Bourbonnais', et gagnant assez pour enrichir sa femme,
il mit au-dessus de l'avantage pécuniaire l'honneur de
s'allier à la maison de France.
Son intention parait avoir élé d'abord de célébrer ses
noces par une danse générale de ses bandes sur les
terres du due de Bourgogne.
11 avait à cœur de délivrer le Bourbonnais du voisi-
nage d'un aventurier qui faisait mine de prendre dans
le parti ennemi une situation analogue à celle que lui,
Rodrigue, occupait dans le parti français. C'était aussi
un espagnol, mais non pas un castillan. Les noires
l'appelaient François l'Aragonais, ou, de son nom de
famille plus ou moins fidèlement rendu, François Su-
rienne. Les dispositions antifrançaises de la puissance
sous laquelle il était né expliquent son hostilité contre
tout ce qui tenait à la cause de Charles VII. Il porta
pendant tout le temps des guerres la croix rouge, soit
1 Pièces justificatives, n'xn.
- [fernando del Pulgar, ci-après, p. 209.
VIE DE RODRIGUE
des Anglais, soil des Bourguignons. Son dévouement
aux Anglais lui valul la chevalerie de la Jarretière,
conférée si rarement aux étrangers.
Ce capitaine occupait Marcigny qu'il avait eu l'adresse
de reprendre sur les Français. Ceux-ci s'étant dédom-
magés de cette perte par la prise du château deSolutré
près de Màcon, on se poursuivit d'un côté et de l'autre
avec un acharnement si préjudiciable au pays, que les
habitants s'offrirent à contribuer pour une trêve,
dont la première condition était l'évacuation des deux
places. Mais lequel des deux partis voudrait s'exécuter
le premier? Surienne insista pour être payé d'abord.
On lui compta son argent, et Marcigny ne fut pas
rendu1.
Le comte de Hibadeo trouva les choses en ce point
et jugea qu'au lieu d'attendre de l'Aragonais une chose
qu'on n'obtiendrait jamais de lui, au lieu aussi de con-
tinuer indéfiniment la guerre d'escarmouches, il valait
mieux tenter un grand coup. Ses compagnies, cantonnées
dans le Lyonnais et le Beaujolais, étaient prêtes à se
mettre en mouvement. On le savait à Mâcon et à Dijon,
où l'inquiétude fut à son comble. Des convocations écrites
furent envoyées dans toutes les directions à la noblesse
bourguignonne, pour qu'elle se hâtât de venir à la dé-
fense des pays menacés2. Puis tout d'un coup le danger
1 Marcel Canat, Documents inédits pour servir à V histoire de Bour-
gogne, pp. '217, 220, 225, 225, 229, 254, .")29.
J i Jacol Boisot, Guillaume Boisot, Simonnet Martin et Jehan de Mons-
terendel, notaires publiques, demorans à Dijon... ont escript en leur pa-
pier detu cens vingt lettres closes contenans chacune plus d'une fueille
de papier, adrecées par M-r le gouverneur de Bourgongne à plusieurs
DE VILLANDRANDO. :•:,
se détourna; la Bourgogne eu( à se porter contre une
autre armée française qui s'avançait par la Bhampagne .
Quant aux routiers de Rodrigue, ils avaient disparu.
Ils daient partis pour une expédition qui fut le résultat
il. s intelligences <le leur capitaine avec le cardinal
Carillo.
\\ant d'aller plus loin, je placerai ici une anecdote
qui -i' trouve consignée sur l'un <!<•- registres capitu-
laires de la cathédrale de Lyon.
Au moment où l'on se livrait à tant de commentaires
sur les évolutions probables du comte de Ribadeo, les
mêmes (erreurs dont tout le monde étail ;i^siéué en
Bourgogne troublaient le sommeil de la duchesse de
llourbon, l'épouse altliyée du duc prisonnier dont nous
parlions il n'y a qu'un instant. Cette princesse, alors
en résidence à Lyon, était logée dans le cloître de la
cathédrale. Entendant dire autour d'elle que les gens-
d'armes de Rodrigue étaient convoqués pour porter la
guerre en Savoie et qu'ils allaient venir camper près
de Lyon, à tort ou à raison elle se figura qu'il y aurait du
danger pour elle dans ce voisinage, et elle fit présenter
requête au chapitre pour que les portes du cloître fus-
sent fermées pendant la nuit. Les chanoines s'empres-
sèrent de taire droit à cette demande : ce qui ne fut de
nobles des pais de Bourgongne, louchant qu'ilz soient à l'Abergement-
le-Duc preï de Seurre, le xve jour de mav Mccccxxxiij, pour aler au de-
vant de Rodrigue et autres cappitaines des ennemis, que Fou dit estre à
grant puissance sur les frontières de Charrolois et Hasconnois, en en-
tencion d'entrer es pays de lîourgongne, s'ils peuent. » Septiàne comi>lc
de Mahieu Reijnault. fui. 103 v°, aux Archives de la Côle-d'Or.
1 Lefèvre de Sainl-Remv. c. cxxxvi.
VIE DE RODRIGUE
leur pari que l'accomplissement d'un article inobservé
de leurs statuts1.
Ainsi donc, dans la maison de Bourbon, Rodrigue
n'était point vu du même œil par la mère que par les
enfants, et son mariage n'eut certainement pas l'appro-
bation de la duchesse. Il faut que celle-ci ait ignoré
jusqu'au dernier moment une union dont on lui avait
fait mystère, ou qu'en étant instruite elle ait mieux
aimé s'éloigner de sa maison que d'y donner son con-
sentement. On conviendra que cette dernière supposi-
tion expliquerait mieux la crainte que lui inspirait l'ap-
proche des routiers à la veille du mariage de leur chef.
Revenons à présent à l'affaire négociée avec le car-
dinal espagnol.
Le comlat Yenaissin était en pleine révolte contre
la cour de Rome. Le pape Eugène IV ayant nommé au
gouvernement de ce pays un vénitien de ses neveux,
dont les habitants ne voulaient pas, ceux-ci portèrent
plainte au concile de Baie; car cette célèbre assemblée
siégeait déjà depuis deux ans, et son hostilité contre le
Vatican s'était manifestée plus d'une fois. Le concile
déclara le choix du pape inacceptable, et nomma de
sa propre autorité le cardinal Carillo2.
Une enquête sur la vie et les mœurs du candidat
romain avait donné de tels résultats, qu'Eugène IV
n osa pas le maintenir; mais il ne voulut pas non plus
reconnaître L'élu du concile. Il nomma à la légation
d'Avignon I»- cardinal de Foix, frère du comte de Foix.
1 Ci-après, Pièces justificatives, d wn.
* Fantoni. Ittoria délia città (TAvignione, p. 51 i etsuiv.
DE \ NI \ MM; AN DO. 95
Cependant Garillo, sans attendre l'approbation de
Rome, avait pris possession du Comtat, el parce que sa
présence à Bâle était indispensable, il avait mis à sa
place dans son gouvernement l'archevêque d'Auch,
créature du comte d'Armagnac; de sorte que la con-
testation s'était envenimée de l'animosilé des deux
maisons rivales, Armagnac et Foix.
Le cardinal de I oix, éconduit lorsqu'il se présenta
avec ses bulles, ne recula pas devant l'emploi de ce
qu'on appelait alors « le bras séculier. » 11 invita ses
deux frères, le comte de Foix et le comte de Com-
munes, à le venir mettre en possession de son gouver-
nement avec la suite qu'ils jugeraient nécessaire pour
une pareille entreprise.
On devine maintenant la cause de l'inaction du comle
de Foix en face des désordres dont le Languedoc fut le
théâtre pendant l'hiver de 1433. Retiré dans son châ-
teau de Mazères, en plein comté de Foix1, il faisait ses
préparatifs pour la conquête du comtat Venaissin, et
n'avait garde de dépenser à l'avance ses hommes et
ses ressources. Aux supplications qui lui étaient adres-
sées de toutes parts il répondait par la promesse d'une
action énergique aussitôt que le subside annuel aurait
élé octroyé par la province. Les Étals s'élant réunis au
mois de mars, ainsi qu'il a élé dit précédemment, les
fonds votés par eux ne furent pas disponibles avant le
mois de mai 2, de sorte que les routiers auraient con-
tinué leurs méfaits pendant tout ce temps-là, sans leur
1 Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV, [>. JNI.
* Ci-après, Pièces justificatives, nJ xxin.
VIL DE 11 il DR IGUE
concentration inopinée sur la Loire, qui fut prise pour
la menace d'une invasion en Bourgogne.
Grâce à cette retraite les méridionaux respirèrent;
mais l<" répit fut de peu de durée. L'entrée en campa-
gne des troupes levées pour le pape fuL le signal de
nouvelles incursions.
Avignon était le point de mire dueomtedeFoix; mais
s'emparer d'Avignon n'était pas une petite affaire. Le roi
Louis VIII l'éprouva anciennement, lui qui y consuma
ses efforts et sa puissance pendant trois mois; et
cependant les fortifications du treizième siècle, qu'a-
vaienl-elles été auprès de celles qui se dressaient devant
le comte de Foix? 11 n'y avait pas de surprise à tenter
avec ce colossal château, avec cette enceinte de mu-
railles si bien crénelées, si bien gardées par une popu-
lation qui avait juré de ne pas recevoir d'autre gouver-
neur que celui qu'elle tenait du concile.
Tout cela considéré, le comte jugea prudent de
s'assurer d'abord du Comlat. Il fit irruption par le pont
Saint-Esprit, mit garnison dans toutes les villes qu'il
put se faire ouvrir, et n'établit qu'en dernier lieu ses
lignes d'investissement autour d'Avignon l.
Alors le cardinal Carillo, qui travaillait depuis long-
temps à se faire un ami du routier, son compatriote,
jugea le moment venu de lui découvrir les vues qu'il
avail sur lui. Il lui représenta l'intérêt delà chrétienté
loul entière engagé dans celte question du gouverne-
ment il Avignon. La reconnaissance des pères du con-
' Miguel de! Verms, Chroniques béarnaises, éd. Buchon, p. 595.
1)L Mil. \.\1U1 \M)0. *.)7
cile et île tous les vrais ûdèles, disait-il, serait acquise
à celui qui prcndrail la défense du droit contre les vio-
lences d'une famille criminelle. Finalement il l'exhorta à
se proposer pour ce rôle glorieux.
Rodrigue ayant écrit à l'assemblée de Bàle conformé-
ment au conseil du prélat, la délibération suivit de
près sa lettre. Par un décret rendu dans le temps où il
célébrait son mariage en Bourbonnais, le concile, au
nom de l'Église universelle, arma le bras du comte de
Ribadeo, afin que, par lui, la cité pontificale fût pré-
servée île l'outrage qui la menaçait1.
Par quel côté Rodrigue pénétra-t-il dans leComlat.'
Quelles opérations poursuivit-il pour l'accomplissement
de sa mission? Voilà ce que je n'ai trouvé dit nulle part.
On voit bien qu'une partie des routiers prirent position
dans la sénéchaussée de Nîmes2, afin d'inquiéter le comte
de Foix qui avait établi son quartier général à Ville-
neuve, au bout du pont d'Avignon. Au sujet des com-
pagnies qui traversèrent le Rhône, nous ne possédons
qu'un témoignage indirect : une plainte d'Eugène IV
contre le concile qu'il accuse d'avoir déchaîné sur les
terres de l'Église le meurtre, le pillage et l'incendie \
Le comte de Foix, pendant qu'il se tenait à Ville-
neuve, fit une chose excessive. Trouvant insuffisants les
impôts votés à Béziers au mois de mars précédent, il
convoqua de nouveau les États du Languedoc, et les
1 Ci-après, Pièces justificatives, n° xxv.
: Ménard, Histoire de Nîmes, t. III, p. 1G0.
3 « Unde tôt jinerrurum strages, tôt rapiruc, tôt homicidia. tôt m-
1 1 suborta sunl. » Dans Raynaldi, Annales ecclesiastici , t. IX. p. 134.
98 VIE DE RODRIGUE
obligea de lui venir octroyer d'acclamation, dans son
camp, le surcroît d'une contribution de guerre énorme:
70 000 moutons d'or qui s'ajoutaient à 120 000
déjà payés. Le seul motif allégué pour justifier
cette extorsion fut la nécessité de résistera Rodrigue1.
Or n'était-il pas clair à tous les yeux que l'ennemi
auquel on faisait la guerre n'était pas Rodrigue, et
que la résistance aux routiers n'eût pas exigé qu'on
s'engageât dans les frais d'un siège dispendieux? Mais
ces anciennes assemblées d'Etats, assemblées payantes
plutôt que délibérantes, n'étaient pas plus maîtresses
de se soustraire aux fictions gouvernementales que de
refuser les contributions qu'on les mettait en de-
meure de voter.
Dès que le comte eut de l'argent, il poussa son siège
avec une vigueur extrême. A défaut de ces gros canons,
dont des armées mieux pourvues que la sienne faisaient
usage pour pratiquer la brèche, il employa contre
Avignon les ressources de l'ancienne artillerie. Il fit
construire de ces grandes catapultes, appelées trébu-
chets, au moyen desquelles des quartiers de roche
pouvaient être lancés à des distances considérables.
Une grêle de ces projectiles tombant sur la ville pro-
duisit l'effet d'un bombardement3. Des maisons furent
effondrées, des personnes écrasées, et les Avignonnais
1 Ci-après, Pièces justificatives, n° xxvn.
* « Grans engens ;i!> los quais abatia ei derocava los hostals de la dita
ciulat d'Avinho. » Miguel del Verrais, p. 595. On a, pour cette innée même
! i.".". les comptes de construction de plusieurs de ces machines exe*
culées pour le duc de Savoie, à Bourg-en-Bresse. Mémoires de l'Acadé-
mie royale de Savoie, deuxième série, t. 1, p. c203 (1851).
DE VILLANDRANDO. 99
commencèrent à trouver leur sort bien rigoureux. Une
sédition relata sur ces entrefaites. Un parti, qui voulait
le rétablissement de l'obéissance au Saint-Siège, saisit
l'heure propice. Les armes de Carillo furent abattues,
et l'archevêque d'Auch, jeté hors du palais des papes,
sortit de la ville par une poterne, tandis que le cardi-
nal de Foix y faisait son entrée triomphale sous L'éten-
dard de ses deux frères.
Rodrigue n'eut qu'à s'éloigner du Comtat avee le
butin qu'il avait fait. 11 repassa le Rhône, nous ne sa-
vons sur quel point, pour rallier les corps qu'il avait
laissés sur la rive droite du fleuve. La saison n'était
pas avancée. Il employa le reste des beaux jours à une
exécution en grand sur les Languedociens, et principa-
lement sur ceux du Rouergue.
Pourquoi cette préférence donnée au Rouergue? 'Le
comte d'Armagnac, comme comte de Rodez, exerçait
sur cette partie de la province une sorte de protectorat
qui, à ce qu'il semble, aurait dû la préserver de la
visite de Rodrigue; car Rodrigue n'avait pas rompu
avec le chef delà maison d'Armagnac. Loin de là; dans
son récent traité avec le vicomte de Turenne, tout en
s'obligeant à servir ce seigneur envers et contre tous,
il avait fait exception pour le comte d'Armagnac aussi
bien que pour M. de la Trémoille1. Rien plus, il venait
de servir l'intérêt et la passion du comte d'Armagnac
par sa guerre contre le cardinal de Foix. Et voilà qu'au
retour de cette guerre il livre au ravage un pays
1 Ci-après, Pièces justificatives, n flx.
\ I I DE IlODRIGUE
rouvert des i>ropriétés de ce môme seigneur, et qu'il
expose ses sujets ;'i dos violences donl on n'a pas l'idée.
Vouloir donner l'explication de ces faits contradic-
toires serait Iron s'aventurer. Contentons-nous de rap-
porter un acte horrible, au sujet duquel le comte d'Ar-
magnac lii faire pai' sa justice une information qu'il
destinait, selon toute apparence, à devenir {tins lard le
fondement d'une poursuite criminelle1. Ce sera un
Irait de plus au tableau des mœurs de va temps-là.
Une famille de chevalerie du nom d'Apchier, qui
lui des premières en Gévaudan, se composait alors du
père, de deux lils légitimes et d'un bâtard. Tous les
ipiatre s'étaient attachés à la cause de Charles Ml et
servirent avec valeur, tantôt dans les compagnies ré-
gulières, tantôt à la tète d'une bande qu'ils firent et
délirent leur à tour, suivant que leur convenance ou
la nécessité les y portail. Ils étaient de toutes les
parties où il \ avait Ac> coups à donner, et aussi de
celles au boni desquelles on était sur de trouver sou
proiil. Aucune entreprise de routiers conduite dans
leur voisinage ne les trouva indifférents. Ils s'y ren-
dirent toutes les fois, sans qu'on eût eu besoin de les
un iler.
Or, tandis que les bandes de Rodrigue amenées en
lb rgue dévastaient les villages entre Milhau e.t En-
traînes, le bâtard d'Apchier accourut à la tête d'une
vingtaine d'individus armés. Le hasard ou des rensei-
gnements qu'il avait pris le conduisirent au village de
1 /'
DF. Vil LAN DR \Nlm. loi
Fernugnac, qui élail une seigneurie appartenanl au
comte d'Armagnac.
Informé que les habitants avaient caché en un même
lieu leurs plus précieux effets, il se saisil de La | er-
sonne île l'un d'eux, afin de se faire dire par lui l'en-
droil île la cachette. Cet homme refusant «le parler, il
le mit à la torture. I.e supplice consista à l'exposer
tout garrotté «levant un l'eu violent et à le mettre ;iu\
abois en l'approchant peu à peu de la flamme. Le
secret qu'on voulait avoir ne «util de la bouche de ce
malheureux que lorsque son corps n'était déjà plus
qu'une plaie et son cas désespéré. Il expira le len-
demain dans d'horribles souffrances. 1-e bâtard cepen-
dant avait mis la main sur le trésor du village. Il le
(axa au prix de cinquante écus d'or, et ne s'éloigna
pas que celte somme ne lui eùl été comptée par les
habitants.
Les états de service des quatre Apchier contenaient
un certain nombre de prouesses de celte sorte, qui
lurent cause qu'ils jugèrent prudent, après que l'ordre
eut été rétabli dans le royaume, de se faire délivrer
par Charles Vil un acte d'abolition de tout ce qui
aurait pu donner lieu à poursuite, dans leur passé1.
1 Rémission octroyée à Montauban, au mois dejanvier I i i :. et renou-
velée à Tours en avril 1 Vis, à la « supplication de uos amez et féaulz
Bérault d'Apcbier, chevalier, Jehan et François d'Apchier, fières, enfans
légitimes dudit Bérault, et Gonnel d'Apchier, son lil/ illégitime, etc.
...lescraelz 1 1 aussi autres qui ont esté c: s.' sonl nus souhz eulz, ...ont fait,
commis el perpétrez plusieurs grans m. ml/, déliz, maléfices, pilleries,
roueries, raenconnemens <\r places, villes, églises et lorteresses en divers
lieui de nostre royaulme, où ils ont tenu les champs, dès longtemps a, et
semblablement ont les aucuns de leurs compaignies et estant soubz eulz,
\ IE l»E RODIUf.l i
Quand les militaires il»' la classe élevée avaient de
lois [léchés -m la conscience, on se demande de quoi
leurs inférieurs ne furenl pas capables.
Il |;,||| faire la pari du (emps ainsi que de l'éduca-
li011 cl ce sérail n'en pas tenir compte que de traiter
,)e scélérats tous «•eux qui composèrent alors le gros
des armées. Mais il esl permis d'affirmer que, parmi
ces hommes, il v en eul bien peu qui n'aient été cou-
tumiers de ce que non- appelons des scélératesses,
[mbus de l'idée que les arme- étaienl données au soldai
pour faire à l'ennemi tout le mal imaginable, ilscon-
Iractaienl dan- la pratique des hostilités d'affreuses
habitudes, el trop souvent on les voyait se comporter,
sans nécessité ni raison, comme s'ils eussent été dans
le cas de légitime défense. De là les cruautés inutiles,
les amusements féroces, comme de faire paître aux
chevaux le blé en herbe, de jeter le grain et le vin
dans les rivières, de démolir les maisons, de mettre les
prisonniers à toute sorte de supplices, de faire périr
dans les mauvais traitements les femmes, et de pré-
férence les femmes enceintes, enfin de torturer et de
massacrer pour le plaisir de voir répandre des larmes
el couler le sang1. Mais rien ne réjouissait ces âmes
f nivages à l'égal de l'incendie, dont les lueurs sinistres,
el les cris qu'il provoque, el la terreur qu'il porte au
loin, leur semblaient l'indispensable accompagnement
n\ en éplise? ni villages, prins el ravv femmes, marchans, la-
irs el antres de divers eslaz, ele.. Registres du Trésor des
chartes, JJ 170, n M, cl 179, n I 12.
1 Yoii les prohibitions de l'ordonnance rovalc du 2 novembre 1439.
Ordonnances tirs rois de France, t. XIII, p. 7,<u\.
DE Y II. LA NU II AS DO. 103
de leur œuvre de destruction. Il y a là-dessus un mot
bien cruel, quoique plaisant, ou pluiùt paire qu'il est
plaisant, du roi Henri V de Lancastre, homme pieux,
s'il en fut, peu rieur d'habitude, mais soldai à la ma
nitie du quinzième siècle. A ses sujets de France, qui
se lamentaient à ses pieds des incendies allumés de
tous côtés par ses partisans, il répondit : « Bon, bon !
guerre sans feux ne vaut rien, non plus qu'andouilles
sans moutarde l. »
Revenons aux Bourguignons, que nous avons laissés
aux prises avec les Français du côté de la Champagne.
Une armée que leur duc amena de ses Etals du nord
rétablit, non sans peine, l'intégrité de cette frontière,
et donna ensuite la chasse aux partisans qui infestaient
les abords de l'Auxois et du Nivernais. Il faut que le
comte de Clermont ait eu des craintes pour ses terres,
car Rodrigue, appelé du midi en toute hâte, vint
exécuter en plein hiver sa diversion accoutumée. Il
envahit encore une fois le Maçonnais, et se trouva le
jour des Rois, 6 janvier 1454, au pied du mont Saint-
Vincent, avec quatorze cents hommes que comman-
daient, sous ses ordres, son lieutenant Salazar et le
capitaine Chapelle2.
Sur le pilon le plus élevé du mont Saint-Vincent est
la ville du même nom qui, difficilement accessible à
cause de sa position, était de plus à cette époque proté-
1 Jean Jouvenel des Ursins, Histoire de Charles VI, aun. 1420 (p. 565
de l'édition du Panthéon littéraire).
i Lefevre de Saint-Remy, ch. clxxix; Garnier, Inventaire sommaire,
etc., t. II, Comptes de Chalon, B 5670, \d.;du Charolais, li."9."l .
104 VIF. DE P.O DR ICI! F.
sèe par un fort château. Ville et château furent empor-
tés par une audacieuse escalade, et les routiers prirent
possession d'une place sans pareille pour le genre d'o-
pérations qu'ils venaient faire dans le pays.
La nouvelle de cet événement portée au duc de
Bourgogne le mit dans une inquiétude extrême. Le soir
même il fit partir de Dijon le bâtard de Saint-Pol avec
cinq cents hommes-d'armes artésiens, ignorant quelle
était la force de l'ennemi ; mais l'expédition n'osa pas
avancer lorsqu'elle eut appris, par les maraudeurs arrê-
tés sur les champs, que Rodrigue tenait le Mont Saint-
Vincent avec une force égale. Alors le duc convoqua
en toute hâte le ban de la Bourgogne et de la Franche-
Comté pour seconder les Artésiens, qui s'étaient arrêtés
à Buxy en attendant du rentort.
La brillante chevalerie qui répondit à cet appel s'en-
tendait mieux à la parade qu'au métier de la guerre.
Au lieu de conduire à couvert son plan d'attaque, elle
vint tournoyer au pied de la montagne afin de recon-
naître les lieux. Rodrigue compta ses adversaires et se
tint pour averti. Sur-le-champ il ordonna de fermer les
portes de la ville et envoya ses hommes dans les mai-
sons faire main basse sur les objets qui se pouvaient
emporter.
On fit des ballots de tout ce qui en valait la peine,
et le soir, pendant que les Bourguignons concer-
taient autour des feux leurs manœuvres du lendemain,
nos gens délogèrent sans lumière et sans bruit,. «'éloi-
gnant avec leur butin par les chemins des bois. On en
était encore, dans le camp bourguignon, à la surprise
DE \ II I \N DR \\|m. |Ofî
de ce brusque départ, que déjà ils étaienl parvenus à
refuge dans !*■ Bourbonnais*.
Il semble qu'à la suite de [cette retraite Rodrigue
suit allé chercher le reste de -es bandes, toujours can-
tonnées d;ins le Gévaudan d'où elles continuaient de
menacer le Rouergue el toul le Bas-Languedoc. L'a-
larme était entretenue à Nîmes par des lettres du con-
sulat de Milhair. On s'attendait partoul dans In séné-
chaussée à une nouvelle irruption du terrible capi-
taine"; mais loin de songer à porter ses pas de ce côté,
quand il se mit en route, ce fut pour retourner à la
frontière bourguignonne. On sut à Dijon, dès les pre-
miers jours de mars, qu'il stationnait à proximité de
Charlieu avec des forces considérables
La reprise des hostilités fut différée à cause d'une
grande assemblée qui allait se réunir à Vienne3, et d'où
Ton s'attendait à voir sortir du changement quant
4 Lefèvrc de Saint-Remv, ch. clx\i\.
- Ci-après, Pièces justificatives, a°xxxu; Ménard, Histoire de Nîmes,
t. III, p. 183.
3 « Pardevant le viguier de Nismes, François Aurillac a reçu, le 4 avril
1 1" \. st.), du trésorier de Nismes 22 moutons d'or taxés par mande-
ment du seneschal de Nismes et de Beaucaire, du 21 mars précédent, pour
avoir été de Nismes à Masères château du comte deFoix) porte)- audit se-
neschal certaines lettres des gens du Conseil du roy, estans audit lieu de
Nismes, et deplusieurs barons, nobles, scindiez et consulz, manans el lia-
bilans de la ville du Puy et des pa\s de Velay et de Gévaudan, faisans
mencion de Rodigo et plusieurs autres gens d'armes et de traict. lesquels
se elforcent d'entrer eu présent paï^ de Languedoc, el dès jà sont près
des inettrs el lins de ladilte seneschauciée. » Note qui m'a été communi-
quée, et dont j'ai perdu la provenance.
• Marcel Canat, Documents inédits, etc., p. ."10; Garnier , Intentant'
sommaire, etc., t. Il, Comptes du Charolais, l> 3931.
5 Chronique du héraut Berry, dans Godefrov . Histoire de Char-
les VII. p. 587.
106 VIE DE RODRIGUE
à la situation du royaume. Pour la premièrefois depuis
son -acre, Charles VII s'était décidé à tenir cour
plénière. Il en trouvait l'occasion dans sa réconciliation
récente avec son connétable Artus de Richemond, et
dans les adieux qu'il lui convenait de faire à la reine
présomptive de Napleset de Sicile, femme de son beau-
livre Louis d'Anjou, que la princesse allait rejoindre
en Italie. Le roi, ayant choisi la métropole du Dauphiné
pour y réunir les députés de ses pays d'étals du midi1,
avait invité à venir le trouver au même lieu les princes
français et les ambassadeurs des puissances amies,
notamment ceux du concile de Bâle; car les pères du
concile poursuivaient la pacification du royaume avec
autant et plus d'ardeur que la réforme de l'Eglise, et ils
avaient des agents diplomatiques partout où ils pensaient
que cette question si grave pût être utilement abordée.
Rodrigue assista à la réunion de Vienne en compagnie
des Bourbons qui y étaient venus tous ensemble. Le duc
prisonnier étant mort depuis peu, son titre venait de
passer au comte de Clermont, son fils aîné : son titre
et sa dignité, car à la couronne ducale deBourbon était
attaché l'office de grand-chambrier de France. Le nou-
veauduc exerça en grande pompe les devoirs de celte
fonction, le roi séant à table2.
1 u Fist et tint le roy de France ung conseil, à Lyon sur le Rosne,
des trois estas du pays, c'est assavoir du Languedoc, du Daulphiné et du
Limosin.i Chronique des Pays-Bas, de France, etc., dans la Collection
des I (ironiques inédites de Flandre, publiée par M. de Smet, t. III,
p. i 18. L'auteur a comme Lyon à la place de Vienne, trompé sans doute
p;ir les lettres d'une première convocation, où Lyon avait été désigné
comme lieu de rassemblée.
1 Berri, I. <•.
DE Y III INDRANDO. I»i7
Quant au beau-frère le routier, on ne sait pas quel
rang lui fut assigné dans les cérémonies; mais des actes
témoignent que la figure qu'il lit là fut celle d'un riche
seigneur, à la bourse duquel plusieurs grands person-
nages, le duc tout le premier, furent trop heureux de
recourir. La terre de Mont-Gilbert en Bourhonnais lui
lui engagée par ce prince comme garantie d'une somme
de six mille écus d'or dont il lui avança une partie à
Vienne même, et il prêta sans gage mille autres écus
d'or ;ni vicomte de Comborn en Limousin1.
Le résultat des conférences où l'on s'entretint de la
paix ayant étéqu'il fallait plus que jamais se préparer à
la guerre, les Etats votèrent de quoi y subvenir et dési-
gnèrent les capitaines qui en dirigeraient les opérations.
Rodrigue fut du nombre de ces élus 2. A vrai dire, la
commission qu'il reçut ne fut pas autre chose que la
régularisation du commandement dont il avait été in-
vesti déjà par le duc de Bourbon sur la frontière bour-
bonnaise : aussi n'eut-il qu'à retourner au milieu de
ses troupes.
11 les distribua à l'intérieur et autour de Charlieu,
ville à lui, dont il fit une forteresse imprenable. Les murs
étaient tout délabrés; il les remit à neuf. Il disposa
dessus un système de machines volantes, au jeu des-
quelles devait s'ajouter celui d'une grosse bombarde
qu'il fit fondre exprès3. Quand il se fut bien for-
4 Ci-après, Pièces justificatives, n°* xxxiv et xxxv.
- « Ouquel conseil ilz ordonnèrent le duc de Bourbon, Rodrigue, For-
tespiie et pluiseurs aultres pour faire la guerre et tenir frontière. Chro-
nique des Pays-Bas, de France, etc., 1. c.
5 Ci-après. Pièces justificatives, n° xi.n.
vie de r.onr.ir.rE
i,!j,'., j| |;,nça ses hommes par petites escouades sur
le Maçonnais cl sur le Charolais, qui furent ravagés
simultanément .
|,:i ville de Màcon, craignant pour sa sûreté, jugea
nécessaire, elle aussi, d'ajouter à la force de ses rem-
parts1, [/année d'avant, elle avait exhaussé sa muraille
au-dessus des créneaux moyennant une construction en
pierres sèches dans laquelle on avait plante, à des inter-
valles rapprochés, des douves de tonneau taillées en
pointe par le bout2. On faisait de ces ouvrages pour se
prémunir contre l'escalade dans un cas pressant ; mais,
à moins d'être réparés sans cesse, ils tombaient bientôl
en ruines. C'esl pourquoi les habitants de Mâcon trou-
vèrent que le plus sûr pour eux était de s'imposer la
dépense d'une construction durable, lis y pourvurent
par le moyen d'une collecte hebdomadaire.
Rodrigue, malgré les récils que l'on faisait de ses
forces, n'était point en étal de s'attaquer à une grosse
ville qui se montrait déterminée à se défendre. Il ne
lit aucune tentative sérieuse sur Màcon. C'est sur les
bourgs et sur les (bateaux que, cette fois comme les
autres, il dirigea ses détachements. Les captures fu-
rent nombreuses et fructueuses. Le grand succès de la
Marcel Canal, /' inédits, elc, p. 225.
' I'' m olivier à emblée d'escliielles [le bailli] avoit advisé qu'il
occuper (sic) les murs aulour de la ville, c'est assavoir
ix. excepté un pertuis à mectre la leste dehors, et par
mei lie dm sseaux ciunsiécs par devant, à un leur l'une
île l'autre, cl charnier pardessus de pierres., un pied d'aul : et par
i'es «I icelles, meclre d'autres en tonne, d'un ratel. Et se
ilivi: era par cinquantaines et dizaines, comme sera advisé. » Marcel Ca-
n.it. ibiil.. p. ai y.
DE Ml.l. LNDRANDO. U)9
campagne lut la prise du château de Chaumont-la-
Guiche '.
Cependant le duc de Bourgogne, qui était allé faire
des levées en Flandre, arrivait avec le dessein d'acca-
bler le duc de Bourbon en l'attaquant à la fois dans le
Beaujolais et dans les Dombes. La perte de Ghaumont
lui lut irautant plus sensible qu'il était exaspéré con-
tre les routiers et qu'il avait juré d'en finir avec eux.
Il donna à ses troupes des ordres impitoyables. Elles
devaient procéder par le fer et par le feu, sans se laisser
fléchir par aucune considération de pitié ni d'intérêt.
Pour prêcher d'exemple, il lit noyer d'abord dans la
Sa me ou accrocher aux arbres plusieurs centaines de
prisonniers, en expiation d'outrages qu'avaient essuyés
des ambassadeurs venant devers lui2. Au siège de Chau-
mont, dont il voulut suivre lesopérations de ses yeux, deux
cents combattants qui tenaient cette place s'élant rendus
àdiscrétion furent tous pendus. Monstrelet rapporte que
dans le nombre il y eut un neveu de Rodrigue5.
Les routiers, poussés avec cette fureur, n'eurent pas
à chercher un refuge dans l'appui des populations.
Leurs dérèglements les avaient rendus odieux à tous
les hnbitants de la contrée, français aussi bien que
bourguignons. Le vœu des campagnes était de les voir
exterminés, et loin de leur prêter assistance, les
'LefèvredeSaint-Remy, cli. clxxxu; Monstrelet, 1. II, c. clxh ; Gamin ,
Inventaire sommaire, etc., pp. (i, 40.
* Jeun Joufiïoy, De Philippo duce Burgundiœ Oratio, dans les Chro-
niques belges latines publiée> par M. hervyn de Lettenhove, p. 140.
5 Monstrelet. 1. II, ch. clvi (t. V. p. 90 de la nouvelle édition).
I io VIE DE KODRIGUE
paysans do Ions les partis étaicnl prêts à tomber sur
rllx s'ils croyaient pouvoir le faire sans se compromet-
Ire, l'ne lettre de rémission, accordée par (.ha ri es \ Il en
I i ,s. contient le récit d'une de cesvengeances secrètes
dont furent victimes deux hommes enrôlés sous Rodri-
gue de Villandrando1. Le fait se rapportée l'an J loi:
il eut précisément pour théâtre le Beaujolais, à la dé-
fense duquel s'employaient alors les compagnies.
Celle à laquelle appartenaient ces routiers, s'étant
répandue autour de Villefranche, y commit tant de
dégâts, que les habitants d'un village de la contrée,
appelé Saint-Just-d'Àvray, abandonnèrent la plupart
leurs maisons pour se barricader dans l'église du lieu,
d'où ils n'osèrent plus sortir.
I ii laboureur qui demeurait dans un endroit écarté
de la paroisse fut du nombre de ceux qui ne s'ef-
frayèrent pas cl voulut rester chez lui. quoi qu'il dut
advenir. Deux hommes-d'armes frappèrent un soiràsa
. Pai aventure c'étaient des Liens paisibles qui
demandèrent, moyennant rétribution, à souper pour
eux «'I du foin pour leurs chevaux, contents d'ailleurs
de boire de 1 eau et de coucher sur la paille, si on n a-
vail ni vinni lit à leur offrir. Ces procédés honnêtes qui,
;'i cause de leur rareté seule, eussent commandé des
ds, ne tirent qu'affriander la vindicte du paysan- H
se mil à considérer « les afflictions, rançons, pillenes
et batures, et autres maux énormes et innumérables
dommages » que le punie peuple de son pays avait
' es, n x\xw.
DE VILLANORANDO 111
supportés cl supportait encore, tellement qu'il en vint
à conclure que ce serait justice rigoureuse de tuer ers
gens-d'armes et de les voler, comme eux ou leurs pa-
reils en avaient tué et volé tant d'autres. Il sortit doue
quand il fut assuré que ses hôtes étaient endormis, et
s'en alla quérir aux environs plusieurs de ses amis,
tant pour arrêter en leur compagnie l'exécution de son
dessein que pour l'accomplir avec leur assistance. A
cinq qu'ils étaient, ils entrèrent furtivement dans Fé-
tableoù dormaient les routiers, enlevèrent leurs armes,
les garrottèrent, et les emmenèrent bien loin avec leurs
chevaux. Arrivés dans un bois sur le coup de minuit,
ils firent halte, puis ordonnèrent à leurs prisonniers de
se confesser l'un à l'autre. C'était leur dire le sort qui
les attendait. Les autres, loin de s'y résigner, com-
mencèrent à remuer les bras, comme s'ils pensaient
se dégager de leurs liens; mais aux premiers mou-
vements qu'ils firent, on les tua avec leurs propres
épées qu'on avait eu soin d'apporter à cet effet. Leurs
assassins, après les avoir dépouillés jusqu'à la chemise,
délibérèrent que deux d'entre eux iraient déguises
vendre les chevaux, non pas à Villefranche, non pas à
Beaujeu, non pas même à Lycn, où on aurait pu les
reconnaître, mais à Vienne en Dauphiné. Ainsi fut-il
fait, et les neuf écus provenant de la vente furent par-
tagés entre eux cinq ; et personne ne sut rien de l'aven-
ture jusqu'après la destruction totale des routiers, que
le laboureur de Saint-Just alla se dénoncer et deman-
der grâce au roi, dans la crainte d'être inquiété un
jour ou l'autre par la justice du duc de Bourbon.
H-j VIL DE RODRIGUE
A la guerre il en est de même qu'au jeu. A une
bonne veine succède une mauvaise. Rodrigue cessa de
gagner, depuis qu'il eut affaire à la nouvelle armée
qu'avait amenée le duc de Bourgogne. La situation où
il s'élail déjà trouvé en 1431 se renouvela de point en
point. 11 avait à répondre à l'ennemi à la fois dans le
Charolais, dans le Maçonnais et dans les Dombes1. Ses
compagnies forcément disséminées ne purent porter
aucun coup décisif. Elles n'empêchèrent ni la concen-
tration des forces bourguignonnes à Mâcon, ni l'inva-
sion du Beaujolais, ni la prise de la forte place de Belle-
ville2. L'hiver approchant, les vivres leur manquèrent
^ur le terrain de leurs opérations. Leur chef fut obligé
de les conduire à la pâture dans le pays de Velay3.
Vers le temps de la prise de Belleville, le roi de Cas-
tille députa au duc de Bourgogne l'un de ses hérauts
d'armes. A quelle fin ? Ce n'est que pour traiter une af-
faire de rançon ou pour apporter quelque réclamation
concernant un fait de guerre qu'un émissaire de cette
classe avait pu être choisi. On sait que les hérauts d'ar-
mes étaient désignés par un sobriquet, qui fut d'ordi-
naire un nom de fief ou de seigneurie. Celui-ci s'appelait
1 Lefèvre de Saint-Remy, ch. clxxxh; Giirnier, Inventaire som-
maire, etc., t. III, p 85. Deux passages inintelligibles de Monstrelet se
rapportent à cette guerre des Dombes. Le premier dans le chapitre clvi
(livre M), quand l'auteur mentionne, à la suite de la prise de Gbaumont-
la-Guiche, celle de Benain: il faut lire Baneins près de Trévoux; le se-
cond à la lin du chapitre clxii où on lit : « ledit duc de Bourgongne en-
roia une autre armée de ses pays, gens de doine, en tirant vers Lion sur
leRosne lies! vraisemblable que le nom de Donibe se cache sous celte
absurde leçon.
•' Lefèvre de Saint-Remy, I. c.
Vaissete, Histoire de Languedoc, t. I\. p. 183
Il 1. \ I 11 \MH; AMKI. 113
Villandrando. Soit que ce nom le désignât à la vindicte
bourguignonne, soit que, sa commission ayant été de
sser d'abord par le camp de Rodrigue, cette démar-
che eût fait naître des soupçons, arrivé à Clialon où
>e lenail alors le duc, il fut déclaré prisonnier. Toute-
fois on le relâcha au bout de quelque temps; on le
dédommagea même de la dépense qu'il avait été obligé
de taire durant sa captivité1.
L'aventure est d'un mince intérêt, mais elle devait
trouver sa place dans ce récit, comme preuve de la célé-
brité dont notre capitaine jouissait dès lors dans son
pays natal; car c'est assurément en considération île
sa personne que le nom de Villandrando lui attaché à
l'un des offices de la maison militaire du roi deCastille.
On était en décembre. Le duc de Bourbon, enfermé
dans Villefranche et serré de près par une armée de
Picards, semblail perdu, lorsque le bruit se répandit
tout à coup qu'il était en pourparlers pour faire sa paix
avec le duc de Bourgogne2. Ce dénouement en effet ne
se lit pas longtemps attendre. 11 eut pour coum':-
quence, non seulement la cessation des hostilité- Mu-
le-deux rives delà Saône, mais encore la réconciliation
des Français et des Bourguignons, qui fut scellée, plu-
sieurs mois après, par le traité d'Arras.
Pendant que les négociations préliminaires de ce rap-
prochement si désiré suivaient leur cours, Rodrigue
de Villandrando fit à la province de Limousin une
visite qui n'était pas celle d'un apôtre de la paix, Un
1 Marcel Canal. Documents inédits, etc., p. 353i
J Lefèvrede Saint-Remy, ch. clxxxii.
||4 VIE DE IlODHIGUE
le voit par le vote d'un subside que les Etals du Bas-
Limousin accordèrent au mois d'août 1455 pour payer
les frais de la résistance opposée au routier. Le vicomte
de Ventadour fut l'un des combattants porté sur l'état
de répartition. Les deux places principales de son do-
maine, Ussel et Meymac, avaient été assiégées pendant
deux mois1. Il tint bon dans Ussel, et Meymac sut éga-
lement se préserver ; mais la contrée ne laissa pas que
de beaucoup souffrir.
Pourquoi cette course en Limousin? Aucun docu-
ment n'en donne l'explication ; mais les pièces abon-
dent pour établir que les deux parties haute et basse du
pays étaient dans le plus grand trouble. Les Anglais,
maîtres depuis des années de Domme et de Mareuil,
deux places formidables du Périgord, s'étaient avancés
de là dans le Limousin, où ils détenaient plusieurs châ-
teaux. La province n'était pas en situation de leur
résister, ayant pour gouverneur un prince du sang tou-
jours absent, Charles d'Anjou, qui avait mis un lieute-
nant à sa place, et celui-ci ne parvenant point à réunir
dans un effort commun les grands seigneurs de la con-
trée, qui ne songeaient chacun qu'à la défense particu-
lière de ses terres. C'est pourquoi on manda de l'ouest
les contingents qui s'y trouvaient à la disposition du
seigneur de Pons et du sénéchal de Poitou 2. Or ces
auxiliaires, soldats et capitaines, étaient des routiers
1 Ci-après, Pièces justificatives, n" xxxvn.
Répartition d'une aide de 5000 livres et d'un suppléaient de iSOO,
accordés par les États du ll.nii-l.iiiimi.sin en septembre 1455 (Bibl. mil..
Manuscrits liançais, n 23902, à la date).
DE VILLANDRANDO. tlS
de la veille, imparfaitement convertis au service des
troupes régulières. Le sénéchal de Poitou, Jean de la
Hoche, étaii surtoul noté pour ses exploits de condot-
tiere, Il avait été naguère aux gages du sire de la
Trémoille, et rien ne prouve qu'il ne continuait pas à
travailler pour ce maître, quoique celui-ci fût tombé
en disgrâce. Ses troupes en effet ne délivrèrent le Li-
mousin que pour se substituer aux Anglais, comme si
elles avaient eu mission de discréditer par leurs excès le
gouvernement de ce Charles d'Anjou, qui était, comme
on l'a vu, l'ennemi personnel du ministre déchu. Dans
cette supposition, Rodrigue de Villandrando aurait joué,
à l'extrémité opposée du Limousin, le même rôle que
le sénéchal de Poitou1. Il y a quelque chose de plus
certain : c'est qu'un aventurier des montagnes du
Vclay, nommé Jean Delaporle, après avoir servi s,ous
Rodrigue, obtint un commandement sous Jean de la
Pioche; que cet homme prit le château de Saint-Exu-
péry, qui était l'une des places occupées par les Anglais,
et que, lorsqu'il y fut, il s'y établit si solidement que le
vicomte de Turenne, propriétaire de ce château, ne put
l'en faire sortir qu'au prix d'une grosse allocation votée
encore par les États \ C'est ainsi qu'amis et ennemis
1 Son hostilité contre lousles défenseurs officiels du pays est incontes-
table. Dans l'étal de répartition cité précédemment on lit cet article : « Au
capitaine de Peyrat, pour lui aider à paier sa rançon aux gens de Rodri-
gues qui L'ont tenu longtemps prisonnier, a esté ordonné x 1. 1.»
9 Quittance de Pierre de Beaufort, vicomte de Turenne, du i nov.
i ;."',, pour la somme de 3000 livres à lui allouée par les États du Bas-
Limousin, assi mblés à Oserche au mois d'août précédent, « pour avoir et
recouvrer en nostre main (c'est lui qui parle) le cliastcau de Saint-Uxu-
peri estant audit pais détenu par Jehan de la Porte, pour aucun debtez
M,-. V 1 1 : I)i: RODRIGUE
dallaient monnaie à l'cnvi les uns des autres, el que
!<> malheureuses populations étaient réduites à financer
|niij(Uii> et s. uts lin.
La tradition méridionale sur Rodrigue, que j'ai rap-
portée ni niiniiieiicanl, arrive dans les annales limou-
sines du P. Punaventure de Saint-Amable à propos
d'une démonstration hostile contre Limoges1, et la date
de ce l'ait, selon le même auteur, serait l'an 1456. Il
oie M'inlile plulôl devoir être rattaché à la campagne
dont on vient de voir que furent affligés les vicomtes de
Yeutadour et de Turenne. La source où avait puisé le
P. Saint-Amable était certainement l'un des registres de
l'Uotel-de-ville de Limoges. La destruction de ces re-
gistres, pour le quinzième siècle, rend aujourd'hui le
contrôle impossible ; mais on peut supposer que la date
de l'événement aura été confondue avec celle du paye-
ment de la dépense à laquelle il avait donné lieu : c'est
un genre d'erreur auquel on est exposé lorsqu'on fait
usage des anciens livres de comptes. Aussi bien Tan-
née 1 156 est une année de la vie de Rodrigue tellement
remplie, qu'il ne serait pas aisé d'y trouver le moment
'l'une pointe sur Limoges.
I.e P. Saint-Amable donne pour motif à l'invasion
de son pays le dessein formé par le capitaine espagnol
i l>;i"v le lait dudit pais. » Ms. français 22420, p. 52, Bibl. nal. Il est
à noler que dans une rémission que Jean Delaporte se fit donner par le
loi, en 1 iiT. il nïst dit mut ni de ses exploits en Limousin, ni de son
• •ii)im;md< meut sous le sénéchal de Poitou. Voy. ci-après, Pièces justi-
fh iilurs, n xxwia.
1 Histoire de tanil Mnrtnil, apôtre des Gaules et notamment de l'A-
Huitaine cl du Limousin, l. III, p. 7dl.
DE VII 1 INDU \Mm1. 117
d'aller guerroyer les Anglais eti tiuienne. Cela catire-
pail très-bien avec la situation de I 15a, |>aree qu'après
la délivrance du Limousin nu cul à le^defëmire éncôr'c
contre l'ennemi qui gardait toutes ses po'sîtfohs
limitrophes1. Mais comme la suite du récit du I*. Sainl-
Amalde prouve que ['expédition dlé! uuf&hmVqftMt â e'ù'e
en vue est celle dni il il sera fyucèstiohci-â)jire,s/ à l'an I 1~s.
il vaut mieux conclure que son récit ksi fondé sur un
anachronisme manifeste.
Tenons-nous-en donc à cette très-grande probabilité
qu'après le ravage du \iiomlé de Ventadour, le Haut-
Limousin eut son tour de donner asile à des hôtes mal-
faisants, de voir rançonner ses habitants, et le pillaue
de sas campagnes s'accomplir jusque sous les murs des
i n
plus grosses villes.
i • i - < i
Limoges cependant ne se résigna pas a contempler
dans la sécurité qu'elle devait à ses fortifications le
ravage de sa banlieue. Lorsqu'elle fut informée de [ap-
proche du capitaine, tdle lui envoya dire qu'il eùl a
[.rendre le large. Celui-ci, blessé d'une semblable
injonction, ordonna au contraire de faire tout le mal
possible aux abords de la ville; après quoi il affecta
de passer avec ses équipages sous les yeux des Rabi-
tants.
Très imprudemment il s'enjrajjva, lui ou l'un de sé(s
lieutenants, entre la Vienne et les coteaux, quand tous
1 Au nu i< de décembre I 136, le Limousin contribuai! encore
evacuatione el deliberationc mentis vome, in manibus inimicorum dnli-
quorum existeniis. Bibl., nat., Ifs., IV., • 224£tij pièces IG et il. Cl.
Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV. p. 183. La place de Domine ne
fut reconquise qu'à la fin >\c l'année1 1 i~s. Ms. mandais, n ûvVtl.
lis VIE DE RODRIGUE
les chemins el passages en avant du faubourg avaient
été barricadés. Partout se présentèrent des enchevêtre-
ments de grosses voilures chargées de blocs de pierre.
Les routiers, n'étanl pas assez de bras pour débarrasser
la voie, reconnurent bientôt qu'il fallait revenir sur
leurs pas ou prendre leur chemin par la traverse, au
milieu des vignes dont la cote est couverte autour de
Limoges. Ils s'arrêtèrent à ce dernier parti qui était
le pire. Leurs charrettes s'empêtrèrent dans les vignes
sans pouvoir avancer, et les hommes, occupés autour
des roues el des chevaux, ne présentèrent plus bientôt
que des groupes en désordre. Alors les paysans, qui
s'étaient réfugiés dans Limoges, sortirent accom-
pagnés de la milice communale. Us eurent bientôt
enveloppé les hommes et les voitures. Leur nombre
les rendit maîtres de tout sans coup férir, et ils n'eu-
rent qu'à faire sauter les toiles des charrettes pour
reprendre chacun, soit ses propres effets, soit l'équi-
valent de ce qu'il avait perdu. Les routiers interdits,
non seulement se laissèrent enlever leur butin, mais
consentirent encore à lâcher les prisonniers qu'ils em-
menaient avec eux.
Ce récit d'un auteur qui ne brille paspar l'exactitude
n'est pas sans laisser du doute dans l'esprit. On se de-
mande si toutes les circonstances qui étaient consignées
au manuscrit ont élé exactement interprétées. L'impru-
dence du chemin pris à travers les vignes paraît surtout
injustifiable. Laissons-en la responsabilité au P.. Saint-
\i'i;il)lc. Il ajoute une chose que l'on croira plus
aisément. C'est que les routiers, au sortir de ces four-
DE \ Il 1 àNDR LND0. ll'i
chcs caudines, firent payer cher au reste du pays l'avan-
tage que la capitale avait obtenu sur eux.
Les registres de toutes les villes, heureusement pour
nous, n'ont pas éprouvé le sort de ceux de Limoges.
Tours a conservé les siens pour cette époque. L'un
d'eux nous apprend qu'au milieu «lu mois de septem-
bre 1455, Rodrigue vint de nouveau se poster autour
de la ville avec ses bandes. Il avait en sa compagnie
Gui de Bourbon, l'un des bâtards ses beaux-frères. Le
commandant militaire de la Touraine était absent; les
bourgeois consternés députèrent au roi un moine
jacobin pour implorer son intervention '. Charles Vil se
tenait alors à Bourges, attendant la conclusion du traité
de paix que ses ambassadeurs étaient allés consommer
à A iras. Il envoya aux routiers un ordre de déguerpir
qui fut obéi sans trop de difficulté. Les compagnies
plièrent bagage après un séjour d'une semaine, regret-
tant sans doute de n'avoir pas exploité plus longtemps
cette grasse vallée de la Loire, et, on peut croire aussi,
fort préoccupées du grand événement qui faisait en ce
moment le sujet de toutes les conversations.
Autant le rapprochement des deux partis qui divi-
saient le royaume réjouit les populations, autant il jeta
d'inquiétude parmi les soldats d'aventure, qui virent
au bout le chômage, et peut-être pis encore. Ils com-
prirent parfaitement que, bien que la guerre dût se
continuer avec les Anglais, elle n'occuperait plus un
aussi grand nombre d'hommes, et que le gouvernement
1 Ci-après, Pièces justificatives, n° xyxix.
Vil! M RODRIGUE
,1,. Charles VII, se Irouvnnl plus à l'aise, pourrail bien
revenir à son ancien projet de se débarrasser d'eux.
« ( lu'allons nous devenir? » fui le propos journellement
échangé -"M- la lente, el un sujet de sombres réflexions
nour les capitaines.
J'ai omis «le dire que Rodrigue, avant d'envahir le
Limousin, s'étail porté sur le Gévaudan. Il s'y rencon-
tra avec Vntoine de Chabannes, Gui de Blanchefort,
Caulier de Bruzae el le bâtard d'Àstarac, capitaines
jusqu'alors occupés à combattre entre la Marne et la
Somme, qu'on avait détachés de l'armée du nord pour
les envoyer au secours du duc de Bourbon '. Ils arri-
vèrent en Beaujolais pour être témoins de la cessation
des hostilités. Obligés de s'en retourner avec des frais
de route insuffisants, ils recoururent à la ressource
des palis. Ils en possédaient la pratique tout aussi bien
que Rodrigue. Leurs compagnies d'à il leurs, pour l'esprit
el pour la conduite, ne différaient en rien des routiers.
On devine par quel genre d'exploits fut signalé leur trajet
depuis I;; vallée de la Saône jusqu'aux abords du mont
Lozèi e. Le rendez-vous fut au complet par l'arrivée d'au-
tres bandes qui venaient, le sire de Lestrac cl le bâtard de
Noailles J leur lèle, de ravager la frontière bordelaise2.
l". Histoire de Languedoc, t. IV, p. I8fi. Le sa va ni bénédic-
l'ail .1 I i."ii. Son erreur vient Ai- ce qu'il .1
irsinn en Gévaudan, celle d'une ordonnance
assurer le pavom< ni des emprunts au moyen
If pays, l'our s'en convaincre, on n'a qu'à recourir
nti nue dans le tome 1 \\xi\ (fol. IN." |
"''/'"'. ms. de la Bibl. nat.
* Ijuitl; née de () re du sénéchal de Beaucaire, en oyé de
Niines en Gévaud m cl Vel.iy. dans les derniers jours d'avril I i ô 5 , auprès
de ■> 1res, Bibl. nat., dossier Villar.
DE VILLANDRANDO, |.>|
A la nouvelle du dangereux rassemblemenl qui se
formai! dans le pays, les Étals particuliers du Gévau-
dan avisèrenl au moyen le plus prorapl d'acheter la
retraite de Rodrigue el des autres capitaines. Ceux-ci
ne se firenl pas prier, l'argent ne s'étani point fait at-
tendre. Ils décampèrent aussitôt ; mais si peu de temps
qu'ils passèrent ensemble, ils en eurenl assez pour
s'entretenir de la situation, pour se donner entre eux
l'assurance que la paix qu'on était en voie de conclure
ne leur ferait pas quitter un métier ;mssi fructueux
que le leur, enfin pour jeter dès lors les bases d'un ac-
cord qui leur permettrait de se perpétuer en dépit de
toutes les puissances. La suit»! des événements donne à
penser que les choses furent réglées de la sorte dans
les conférences qu'eurent entre eux ces capitaines.
Aussitôt après la publication du traité d'Arras, les
bandes de deçà la Loire constituèrent, au vu et au su
de tout le monde, une société fortement unie, qui
• ■ut pour chefs principaux les personnages qui vien-
nent d'être nommés, el dont les suppôts de toute arme
et de tout grade lurent baptisés dans le peuple du
nom à'écorcheurs1. Ecorcheurs voulait dire des bandits
qui dépouillaient jusqu'à la chemise ceux auxquels
ils s'attaquaieni '. La pratique n'était pas nouvelle; le
nom fut nouveau, parce qu'il prit naissance dans une
contrée qui, préservée jusqu'alors du fléau de la guerre,
soullrait pour la première fois de ces excès. Ils'étendit,
1 Un litre important ;i été publié récemment sur ce sujet par M. Tuc-
tcy: Les Ecorcheurs sous Charles VII, 2 vol. in-8\ Montbéliard, 1*7 i.
- Jean Chartier, . t. I. p. 216; Konstrelet, I. II, ch. ccxxh ; Thomas
Basin, i. I. p. 125.
VIE DE RODRIGUE
,.,, nom. ol devint d'un usage universel. Â la vérité ce
„Ysl (|i1(. dans la rrance du nord' qu'on l'appliqua
aux hommes du ser ni de Rodrigue. Pour désigner
ceux-ci, les méridionaux trouvaient assez expressive
l'appellation que leur langue avail fournie d'ancien-
neté; car ils avaient dil Loul ce qu'ils pouvaienl
un miner de pis, quand ils les appelaient routiers. Dans
I,.. provinces du centre on les distingua par le nom de
Rod i finis, qui équivaut à ce que sérail celui de Ro-
flrigais dans la langue actuelle.
|r fait d'une solidarité qui lia ensemble les Écor-
clieurs cl les Rodrigais ne saurait êtrerévoquéen doute2.
Si ce ne fut pas une alliance offensive et défensive
dans toute la rigueur du terme, ce fut au moins une
entente propre à favoriser, quand il ie faudrait, une
action commune. On tint cela pour certain à la cour de
rrance aussi bien qu'à celle de Bourgogne. Des actes
sortis des chancelleries des deux États niellent Ro-
drigue sur la même ligne que les capitaines d'Ecor-
cheurs, et attestent sa participation à plus d'une de
leurs entreprises s. Peut-être y eut-il davantage quant
;i la situation du castillan. Il ne serait pas éton-
nant que la supériorité de ses forces el sa notoriété
plus grande lui eussent valu, au moins dans le pre-
mier n enl, une sorte de suprématie qu'exprimerait
nmoienl Esrorchcnrs el les conduisoienl pour capitaines
Court, fier l Joachin Rohaut. » Livre des
i i si, dans le recueil des chroniques relatives
i par M. kervvn de Lettenhove.
' i •■ lui .1 •! nu en évidence par M Tuetey, Les Êcorcheurs sous
VU, t. I, p. 10.
justificatives, n0' ix et lxi,
VIII WIU! \MlO. 123
l'épithète d'empereur des pillards de. France, ;i lui dé-
cernée par un lettré du quinzième siècle .
Les Ecorcheurs, à leurs débuts, ne furenl pas plus
de trois à quatre mille, tandis que les Innés :1e Ro-
drigue, évaluées alors à dix mille chevaux . représen-
tent un effectif d'environ quinze mille hommes. La
réunion des uns el des autres aurait produit une armée
telle qu'aucun souverain d'Europe n'était capable d'en
mettre sur pied pour le moment. A quoi n'aurait pas
pu prétendre notre aventurier, s'il avait porté en lui le
génie d'un conquérant? Mus s(>s \j<('.,»s ne dépassaient
pas l'horizon nu dedans duquel s'agitent les hommes
créés pour les rôles secondaires. Il n'eut jamais de plus
haute ambition que d'être réputé le premier parmi
les condottieri, et le serviteur le plus opiniâtre des
causes bonnes ou mauvaises auxquelles il s'était
attaché.
Son dévouement à la personne de M. de la Tré-
moille parait l'avoir amené à Sully-sur-Loire vers le
temps d,- Pâques 1436. A Sully enel'fct, dans l'un des
forts et riches châteaux de la France centrale, ce sei-
gneur méditait alors sursa déchéance, accomplie depuis
tantôt trois ans. Une révolution de palais, habilement
menée pendant que le comte de Ribadeo était occupé
dans le comtat Venaissin, en 1433, avait eu pour ré-
1 Ci-après, p. 193.
- C'est le chiffre donné par les auteurs espagnols ; ci-après, Heroando
.tel Pulgar, p. "J<in, et Garcia de Rezende, p. 183. Jean Chartierdit : « huit
mille hommes » dans Godefroy, p. !•(!. Le héraut Berri (p. 594) con-t;it<\
en termes plus généraux, « qu'il avoit la plus grande compagnie de tous
les capitaines de France, n
vir m: Ronp.ir.rE
s„llni l.i séquestration, puis la disgrâce du favori. Il
recouvra -.1 liU-ii<: moyennanl de grands serments qu'il
n'aspirerail plus au pouvoir, moyennanl aussi une
.«rosse rançon que lui lit payer Jean de Beuil, son ne-
veu, nui avail fourni la prison pour l'incarcérer. Mais
v,- rési^ne-l-on au sacrifice de ••<• qui vous a été arra-
clié par la violence? L'ambitieux La Trémoille usa le
reste de ses jours en intrigues pour ressaisir l'autorité
qu'il avait perdue. La visite de Rodrigue, que peut-être
il avail sollicitée, lui lit faire une démarche lortueuse
dont la mémoire est consignée sur l'un des registres
,1,' l'Hotel-de-ville d'Orléans1. Il envoya prévenir le pre-
mier personnage de la ville de la présence 0 des Rodi-
gois » sur ses terres, comme quelqu'un qui cherche à
se préparer d'avance un témoin à décharge pour un cas
embarrassait! qui lui arrive, et dont il veut être en étal
de décliner plus tard la responsabilité.
Ce fail coïncide avec le rétablissement de Paris sous
la domination française, et il se trouve précisément
que le bâtard de Bourbon, dès lors l'inséparable de Ro-
drigue, lui de l'armée qui, par son approche, détermina
la révolution de Paris8. Pourtant le connétable de Riche-
mond, qui dirigea celte heureuse entreprise, avail nii<
i> I ;."', I l'A) à la Bibliothèque d'Orléans : « A Regnault
I.Miii. . iini M;uv 1 -_>:. ;ivi il I i.'tii. pour despenee faicte
lire Mions. le prévosl d'Orliens et maistre Si-
lirfi du rc\ nnstiv sire, rpii assemblèrent chex ledit
iiicuns des procureurs certaines lectres que
1 elier d'Orliens, pour les Ro-
! 1
le bien huiel \ int lances autour de son
■ m m _ 1 de la Su t le h istarl de Bourbon. » Guillaume
Ciruel, .'A moires ri' \rln.s rie Hicheinond. dans Go lefroi, p. 7fifi.
ni. ULLANDRÀNDO. !-■>
nue atlentioo particulière à eu écarter les troupes
mal famées. Il esl à croire que, s'il accepta le concours
du bâtard, ce fut sur des recommandations venues de
haut, i'i en lui faisanl ses conditions quant au nombre
d'hommes qu'il amènerai! avec lui, el quant à l'emploi
qu'il en ferait. L'histoire mentionne effectivement des
routiers occupés à Saint-Denis, pendant que la capitale
effectuait sa soumission1. \. la nouvelle de l'entrée des
troupes royales, ils accoururenl pour être de la fêle;
mais les portes furent fermées devant eux.
A quelque temps de là, Rodrigue alla se reposer dans
si - terres du Bourbonnais ; du moins nous le trouvons
a Saint-Pierre-le-Moulier, puis à Moulins, au commen-
cement du mois d'août 1436, occupé du règlement de
diverses affaires d'intérêt.
L'heure était venin; pour lui d'évacuer enfin la place
deCharlieu, qu'il avait maintenue jusque-là surle pied
de guerre. Il s'en dessaisi! moyennant Gnance entre les
mains du duc de Bourbon*.
Ensuite il se fi! assigner sur les meilleures recettes
du Bourbonnais la rente, jusque-là si mal servie, qui
avait été constituée en dot à sa femme ; puis, comme
le château de Châteldon, leur résidence provisoire,
était redemandé par les possesseurs légitimes, nouvel-
lement revenus de l'émigration, il eut à se faire pour-
voir d'une autre demeure. Le cas avait été prévu au
contrat. 11 devait avoir, et eut en effet, mais sans pou-
1 « Cestoit la plus part des rouctiers et des gens lors à entretenir. »
Guillaume Gruel, 1. c., p. 768.
- Ci-après, rièces juslificalires, a" .\lii.
P2C VIE DE RODRIGUE
voir entrer aussitôt en jouissance, le château de Roche-
fort en Bourbonnais1, celui dont la masse imposante
se dresse encore au-dessus du cours de la Sioule.
Rodrigue, au milieu de ces soins, reçut des ouvertures
pour une entreprise dont la maison de Bourbon tout en-
tière désirait le succès. Il s'agissait d'aller conquérir le
siège épiscopal d'Albi, disputé entre deux compétiteurs
dont l'un se trouvait être le grand oncle de la famille.
Cette grave affaire demande à être exposée en quelques
mots depuis son origine.
En 1434, lorsque le chapitre d'Albi venait de déci-
der, conformément à un récent décret du concile de
Bàle, qu'il procéderait par voie d'élection au rempla-
cement de son évêque défunt, l'évèque de Chartres,
Robert Dauphin, de la lignée des Dauphins d'Auvergne,
qui avait jeté ses vues sur l'évêché d'Albi, se fit donner
des lettres de recommandation du roi et des princes du
sang, afin d'être nommé directement par le pape,
comme c'était l'usage auparavant. Sa nomination, que
la cour de Rome s'empressa de lui accorder, n'empêcha
pas les chanoines d'Albi de persévérer dans leurs des-
seins. Ils élurent l'un d'entre eux, appelé Bernard de
Casilhac, lequel alla se faire reconnaître et consacrer
à Bâle ; de sorte qu'il y eut en présence deux conton-
dants revendiquant chacun pour lui le droit divin,
et disposés à le faire triompher par la force terrestre.
Ce triomphe, Robert Dauphin, après l'avoir obtenu,
le compromit par son imprudence. 11 crut son autorité
1 Ci-après, l'ièces justificatives, n xli.
DE VILI.VMtUA.MiU. 121
établie à tout jamais, parce qu'il en avait joui paiblesi-
nii'iii pendant une année. Au bout de ce terme, ayant
un voyage à faire en Auvergne, dans sa famille, il
s'éloigna d'Albi, à l'indicible joie de son adversaire
qui revint au nom du concile et »[ui, escorté d nue
armée, pourvu de bombardes et de canons, occupa
militairement la cathédrale d'Albi, mit le siège devant
le château épiscopal et lit trembler la ville. C'est alors
que Robert Dauphin, n'obtenant du roi qu'il avait
imploré que des ordres de secours et pas même une
escouade pour les exécuter, se ressouvint que Rodrigue
de Yillandrando était quelque peu son neveu. Il lui fit
offrir de sa part six mille écus, deux places fortes en
nantissement et les profils de la guerre, s'il voulait le
remettre en possession de son évêché1.
Le cas était délicat parce que le prélat, tout en se
servant des routiers, tenait fort à ce qu'il ne parût pas
qu'il les avait appelés, et qu'il fallait que l'affaire fût
au compte du duc de Bourbon. D'autre part, l'aîné et
le cadet d'Armagnac étaient intervenus, chacun de son
coté, comme protecteurs de la ville \ Il y avait à conci-
lier les nécessités d'une action énergique avec le res-
pect des garanties déjà stipulées. Ce n'est qu'après
mure réflexion, et quand il eut pris toutes ses sûretés,
que le comte de Ribadeo accepta.
11 s'approcha d'Albi à grande puissance, ayant réuni
1 Plaidoiries de Lmllier pour Casilhac, prononcées au Parlement de
Paris, !'• in juillet 1438 et le 1er septembre 1459. Registre crimineU
ii 23, aux Archives nationales.
* Jolibois, Inventaire sommaire des archives communales d'AH'i-
VIE hL U0DR1U1 I-
une armée de li h i l mille chevaux, dont le bâtard de
liourbon partageait le cominandemenl avec lui1.
Aliu de dégager les abords de la ville, les Casilhac
avaient démoli les maisons isolées autour tics remparts.
Il compléta leur ouvrage en livrant aux flammes un
hôpital qu'ils avaient laissé debout, ainsi qu'une partie
du faubourg \ attenant. C'était leur faire entendre qu'il
ne leur procurerait pas, ainsi qu'il- s'\ étaient attendus,
le plaisir de brûler leur poudre contre lui \
li n'eut garde en elle! des attaquer ;'i la ville ni à la
édrale, parce que le château épiscopal n'était plus
,i,i pouvoir des partisans de Robert Dauphin. Le comte
d'Armagnac venait de le faire neutraliser et de le
mettre en main-tierce5, à la poursuite des habitants
trop incommodés par les éclaboussures qu'ils recevaient
du siège commencé contre celte place. Or un coup de
main comme il en fallait aux routiers n'aurait pu
s'exécuter que moyennant des intelligences avec le châ-
teau.
Cette forteresse est mentionnée dans les actes du
Lumps sous le nom de Berbie1. Elle occupait, conjointe-
ment avec la cathédrale, tout le dessus d'un promon-
1 Le I min le plus court. On lil dans l'état de ré-
I fin li' la même année I i.~>ii. par les États
.!. ■ i;i |: sse-Auver^ne. que!2'i marcs d'argent avaient été payés au bâtard
.in! il passa par le pays, afûn que luy ne ses gens n'y
i- 20005, cote 5055.
- plaidoirie de Luilliei du 1 : septembre I L59, 1. c.
• Jolibois, Inventaire sommaire, etc.-, Plaidoirie de Luillier, du
tembre 1 1">9.
• Il ' Ail n une place du nom de Vcrbic, située devant une
n;ii ii bâtimeiil di l'am I iteau.
M. \ III. \M'l; \MH». 129
1,,'iic qui lermine la ville au couchant, entre le cours
du Tarn el un ravin profond. L'eu lise, par sa position
dans l'enceinte fortifiée el paF sa structure massive,
était à proprement parler une doublure du château.
C*esl ce qui explique connut' quoi les Gasilhac l'occu-
peront militairement et s'en servirent pour battre en
brèche la Berbie, jusqu'à ce que celle-ci eût été mise en
situation de ne les plus inquiéter.
Rodrigue de Villandrando donc tint Albi bloquée
plutôt qu'assiégée et lui donna, hors de la portée de l'ar-
tillerie, le spectacle de ses évolutions. S'étant emparé
(l'abord du château de Lescure1, au moyen duquel il
eut le libre pa*ssagc du Tarn, il répandit sur les deux
rives du fleuve sa nombreuse cavalerie, exercée de si
longue main à réduire en déserts les contrées fertiles
el populeuses. Bientôt ceux d'Albi ne purent voir sans
soupirer le réseau des incendies s'étendre à l'horizon,
atteindre de proche en proche leurs vergers et leurs
vignes, et les champs livrés au ravage, les riches récol-
tes de pastel coupées comme litière ou foulées aux pieds
des chevaux. 11 n'est puissance qui tienne contre des
angoisses de cette sorte, lorsqu'elles se renouvellent tous
les jours. Le prétendant et les gens-d'armes qui soute-
naient sa cause perdirent leur autorité sur la population,
qui finit par leur dire qu'il fallait capituler ; et ils
capitulèrent, à la condition de sortir de la ville avec
armes et bagages.
Rodrigue de Villandrando fit dans Albi une entrée
Vaissele, Histoire de Laïujueiluc. I. IV, p. t89
130 VIE DE RODHIGl'E
conforme à l'objet de sa mission. Tout armé, tout épe-
ronné et salade en tète, il descendit à la porte de la
eathédrale, franchil le seuil, alla droit au chœur, et en
I'.kv de l'assistance effarée, qui se demandait s'il allait
violer le tabernacle, étant monté dans la chaire épisco-
pale et s'y asseyant, il prit possession des lieux au nom
«le Monseigneur Robert Dauphin. Les consuls, qui cru-
rent voir dans cette cérémonie la menace d'une réac-
tion, se hâtèrent de mettre leur ville sous la sauve-
garde du roi en arborant les fleurs de lis; mais Rodri-
gue, pour qu'il n'y eût pas d'équivoque, fîtôter lepennon
de France et mettre à la place celui des dauphins d'Au-
vergne1.
Après cela il laissa garnison à Àlbi et s'en alla mettre
lesiège devant les places que tenaient encore, aux envi-
rons, plusieurs seigneurs du parti de Casilhac. Flotard
de Bar, chevalier, sommé de rendre la forteresse de
Montirat, ayant dédaigné les menaces du capitaine, eut
sa terre mise à feu et à sang, cl perdit son château de
Bar, qui devint un repaire de plus pour les routiers*.
Puis ceux-ci ne tardèrent pas à trouver l'Albigeois in-
suffisant pour leur consommation, et ils se jetèrent à
droite età gauche sur les sénéchaussées environnantes.
Rodrigue en personne conduisit une expédition sur les
bords de l'Aude, prit Villegailhène, Conques, Yille-
mouslanson, et poussa jusqu'à un quart de lieue de
Carcassonne, où peu s'en fallutqu'il n'entrât. La corn*
raune s'étanl armée précipitamment lui tît rebrousser
1 Plaidoirie de Luiltiçr, du 10 juillet 1438.
* Plaidoirie do Luillier du I septembre I '< ."'.'.
Dl VIII INDR \Mhi. 1",]
chemin, mais sans que, celte fois, i! tâchai ses prison-
niers ni perdîl une seule tête du bétail que sa compa-
gnie chassai) devant elle1.
Les Lrois sénéchaussées de Beaucaire, Carcassonne et
Toulouse, atterrées de ces ravages, réunirenl leurs États
à Béziers au mois de novembre". Le duc de Bourbon,
<|iii venait d'acheter de son beau-frère L'engagement de
ne point envahir l'Auvergne", envoya des ambassadeurs
à l'assemblée de Béziers pour se justifier d'avoir pro-
curé ces hôtes funestes au Languedoc. Son excuse était
dans la détresse de Robert Dauphin, son oncle4. La
déclaration d'un si grand seigneur fut acceptée sans
contesté. On écouta ensuite avec effroi les rapports
envoyés de divers points, qui tous attribuaient à Ro-
drigue L'intention formelle de chevaucher le Languedoc
« en long et en travers, jusqu'à totale destruction5: »
Le résultat «les délibérations fut qu'on lui députerait
PonsGuilhem, seigneur de Glermont-Lodève, en com-
pagnie d'un chambellan du duc de Bourbon, là pré-
sent; que ces envoyés tâcheraient de le disposer à un
1 Bouges, Histoire civile et ecclésiastique de la ville de Carcassonne,
p. 274.
1 Vaissete, Histoire de Languedoc. I. IV, p. 186.
"• 11 est spécifié dans l'étal de répartition de l';iido votée par les Étals
il- la Basse-Auvergne, assemblés à Clermonl en décembre 1436, qu'une
somme de quatre mille livres fut allouée au duc « pourluiaydierà paieret
contenter Rodigo de Villandrando, cappitaine de gêna d'armes et de trait,
'■t sa compaigi ie, estans en Ubigois, affin que à leur retour ilz ne passent
par ledit pais. Bibl. nat. Vis. [r. 26062, cote 5055.
■ Plaidoirie d< Rapioul pour Robert Dauphin, du 27 avril I i."'.».
5 Ci-après, Pièces justificatives, a \i\. Les mêmes termes sont répétés
dans un grand nombre de quittances de la Collection des titres scellés et
du Cabinel des titres delà Bibliothèque nationale, dont le volume cix de
li Collection de Languedoc conli-'iil des copies, fol. 168 .'i 17-.'
\ n ni. ii o i» ni G i i:
., , miiiiMt Iciiiriii en lui offranl cinq cents vieux écus
,l'or ,,01U. lui, ci deux cents autres écus pour son beau-
ln\!V (.| lieutenant le bâtard de Bourbon ; enfin que le
sénéchal de Beaucaire et Jean de Carmaing se tiendraient
prêts avec les miliees du pays, dans le cas où les pro-
posai ions pacifiques seraient repoussées1.
Rodrigue pril l'argent volé par les Etals et consentit
,'i évacuer immédialenicnl l'Albigeois, niais en laissant
«>arnison dan- 1»'- châteaux que lui avait livrés Robert
Dauphin, eten opérant sa retraite par un chemin qui
n'était pas celui d'un homme décidé à quitter de sitôt
le Languedoc. On dirait qu'il lui revint mémoire d'an-
ciennes créances qu'il avait -ni le roi, et que son inten-
tion lui, avant daller plus h un, de s'adjuger des garan-
ties par la saisie d'un gage. C'est sur le château de
Cabrières, qui faisait partie du douaire de la reine, qu'il
porta ses \ ues
Pour des batteurs d'estrade rien n'étail au-dessus de
cette forteresse; car elle commandait les chemins suivis
pour se rendre du centre de la France aux foires de
lY-zenas et de Monlagnac, c'est-à-dire au seul (\c> grands
marchés du royaume qui continuai d'être fréquenté
pendant ces années de désolation. L'un des beaux exploits
de Valette fut d'avoir enlevé par surprise le château de
Cabrières en 1 i-503 : mais la surveillance avait redou-
; Yaissele, Histoire de Languedoc, t. I\, p. is'>.
es justifii atii es, n \i.\ii.
■ Viiisselc, t- IV, p. 170. I ne ordonnance rie paiement sur le trésor
royal, en date du 18 septembre 1 i.ti. représente le château: de Cabrières
co n' une « trè> notable place; niesniement qu il est fort envié d'au-
i un -, de leur vouleuté desraisoiinahle lendans à l'avoir en leurs mains par
Dl flLLANDRANDO • 133
blé à la suite lit; cel événement. Sepl sergents, installés
là comme des colons militaires, gardaienl chacun une
partie de l'enceinte -nus le commandement d'un vail-
lant capitaine, appelé Jean de Loupiac, el avec le con-
cours d'une garnison qui no montai! pas à moins de
quatre cents hommes, tous combattants d'élite1.
Rodrigue renia pendanl deux mois el demi autour de
la place, .-ans parvenir à tromper la vigilance d'aucun
doses défenseurs. Il ne réussit qu'à répandre la (erreur
dans les environs el jusque dans Béziers. Celte ville,
persuadée que c'était à elle qu'il en voulait, se mit sous
la tutelle d'une sorte de dictateur qu'elle chargea de
diriger les opérations de son comité de défense*. L'ap-
proche du roi qui s'avança jusqu'à Clermont, et celle
de l'armée provinciale amenée par le sénéchal de Beau-
caire, mirent lin à toutes les menaces.
L.s compagnies évincées du Bas-Languedoc se re-
trouveront toul à l'heure dans le Berri. Avant de les y
suivre, il est bon d'indiquer ce que lit une autre bande
de Rodrigais, attachée à l'escorte qui ramena Robert
Dauphin dans son diocèse.
Plusieurs mois s'écoulèrent entre la soumission
d' Ubi et le retour de l'évêque restauré, pane que, Ber-
nard de Casilhac s'étant enfermé dans le château de
emblée ou autrement; et s'en sont vantez , ainsi que nous en sommes
informez; el s'ils l'avoient, gratis inconveniens et dommaiges en pour-
roient avenir. » Cabinet des titres de la Bibliothèque nationale, dossiei
Loupiac.
1 Quittance de Maurigon de Loupiac, frère et lieutenant de Jean de
Loupiac, chargé delà procuration des sept sergents du château doCabnères
pour toucher leurs gages échus (27 avril liSi). Cabine! des titres. 1. c.
- Ci-après, Pièces jiutificatives, n xlvi.
IV, VIE DE RODRIGUE
Cordes avec une forle garnison, lloberl Dauphin ne
voulut se montrer que lorsqu'il sérail en mesure de
chasser de là son compétiteur. Ses amis embauchèrent
;'i son service bon nombre d'aventuriers parmi lesquels
un corps d'Ecossais, cl ce détachemenl des compagnies
du castillan, donl on vient déparier, loul cela, joinl à
quelques escouades de la retenue du roi, forma une pe-
tite armée donl les sénéchaux du Languedoc prirenl le
commandement.
Vu l'intervention des autorités de la province, on
aurail pu croire que les choses se passeraient avec une
certaine décence : mais, loin que la présence de ceshauts
personnages imposât aux routiers la moindre retenue,
c'est au contraire le dérèglement des routiers qui ga-
gna les officiers du roi cl leur suite.
11 fallut assiéger el prendre de vive force le château
de Cordes. Les compagnons, comme les appelle le nar-
rateur de qui nous tenons ces détails, les compagnons
s'y précipitèrent avec la certitude que la rançon de Ca-
silhacallail leur rapportera chacun cent moutons d'or
pour le moins. Quelle ne fut pas leur déconvenue! Ca-
silhac s'était évadé. Quand ils en furent certains, ils
passèrent sur le mobilier du château leur rage de se
voir ainsi frustrés ; puis, étant descendus dans la ville,
ils accompagnèrent dans les rues, avec mille dérisions
el blasphèmes, le sénéchal de Toulouse, qui s'était ridi-
culement accoutré des babils d'église du fugitif, sa
tôle coiffée d'un grand chapeau en guise de mitre.
Robert Dauphin, honteux de leurs comportements,
lit sans eux son entrée dans Àlbi; mais des inquiétudes
DE Mil \M«l; \M"i 155
qu'il eut bientôt l'obligèreni de les appeler à son aide
Introduits de nuil dans la ville, ils prirent domicile
chez les bourgeois en forçant les portes el en faisant,
la plupart* sauter les maris par les fenêtres. Ils exigè-
rent ensuite la levée d'utle forte contribution pour
leur être distribuée : nonobstant quoi ils rançonné-
renl chacun leur bote au moment de leur départ1.
Voilà quel fui le cérémonial à l'usage des acolytes
du comte Rodrigue pour introniser, au milieu de ses
ouailles, un pasteur en Jésus-Cbrist. Ceux de la même
église qui gratifièrent le Bcrri de leur visite étaient des*
tinés par leur clef, ainsi qu'on va le voir, à des œuvres
tout aussi peu orthodoxes, quoique de l'ordre pure-
ment temporel.
L'intention de Rodrigue en entrant dans le Berri
était de traverser cette province et de traverser aussi
la Touraine pour se rendre quelque part où il se disait
pressé d'arriver. On ('lait dans les premiers jours de
l'année 1 iôT qui, suivant l'usage de ce temps-là, avait
commencé à Pâques, et Pâques en 1457 fut le 51 mars.
Qi inique le but du voyage demeurât le secret du capi-
taine, cependant tout le monde dans son camp savait
l'itinéraire, de sorte que, divulgué au dehors et répété
de bouche en bouche, on le sut à Tours lorsque la com-
pagnie n'était encore qu'à La Châtre. Désespérés de cette
nouvelle qui venait au moment le plus fàcbeux, le roi
ni le daupbin n'étant dans le pays, les habitants de
Tours supplièrent la reine et la dauphine d'intercéder
1 Plaidoirie de Luillier, du 1 i juillet 1438. Voy. ci-dessus, p. 127,
note 1.
156 VIE DE RODRIGUE
pour eux auprès du redoutable visiteur qu'ils ne con-
naissaient que trop, ayant eu deux fois déjà affaire à
lui. Les daines écrivirent en effet. Leur lettre, portée à
La Châtre, fui reçue du comte Rodrigue avec une cour-
toisie toute chevaleresque. 11 déclara au messager que,
malgré l'importance de son dessein, il renonçait à pas-
ser par la Touraine pour l'honneur et révérence qu'il
devait à de si grandes dames; que, d'ailleurs, il était
bien aise de donner cette marque de déférence au dau-
phin, dont il se dit être le serviteur et l'obligé. A l'appui
de ces paroles, il écrivit une aimable lettre en réponse
à celle qu'il avait reçue l.
A quinze jours de là, il y eut à Tours une nouvelle
alerte. On apprit que les routiers, au lieu de s'éloi-
gner suivant la promesse de leur capitaine, étaient ve-
nus camper à Chàtillon-sur-Indre, à huit lieues de Lo-
ches. La reine et sa belle-tille écrivirent encore, et leur
lettre remise cette fois, non plus à Rodrigue de Villan-
drando qui était absent, mais au bâtard de Bourbon,
son remplaçant, amena la retraite déiinitive delacom-
pagnie. Après trois jours d'hésitation et d'attente, elle
rebroussa chemin tout d'une traite jusqu'au bourg de
Déols, à coté de Chàteauroux ; puis delà elle se mit en
marche vers le Bourbonnais2.
Son passage fut signalé, comme à l'ordinaire, par
de- pilleries, par des rançonnements, par des incen-
dies. Même, il y eut quelque chose de plus. L'œuvre de
malfaisance fut couronnée par un meurtre qui eut plus
1 Ci-après, Pièces justificatives, n xlyiii,
■: Ibid.
DE Vil LANDR LNDO 137
de retentissement à lui seul que le massacre de cenl
personnes. Dans un combat ou dans une embuscade,
Giraud de Goulas, bailli de Berri lui tué, tué de la
main d'un homme-d'armes espagnol renommé dans la
compagnie, et que, parce qu'il avait le même prénom
crue son chef, on appelait \e petit Rodrigue1.
Mais la circonstance tout à fait aggravante de cette
dévastation l'ut d'avoir été osée au cœur même du
royaume, dix-huil mois après une pacification d'où l'on
avait été en droit d'attendre le rétablissement de la
sécurité, pour le moins autour des résidences royales.
Une preuve si frappante que les maux dont on avait
souffert pendant tant d'années n'étaient pas encore
parvenus à leur terme souleva l'opinion. Même dans le
monde officiel, on ne se contraignit plus pour dire la
lassitude qu'on éprouvait.
Cette disposition des esprits fui ^i marquée, qu'il en
a passé quelque chose jusque dans la chronique de
Jean Chartier. Cel auteur, qu'on peut appeler le pané-
gyriste quand même de Charles VII, retraçant la si-
tuation du royaume en ce temps-là, se laisse aller à dire
que, plus un homme de guerre était en force pour dé-
valiser les pauvres gens, mieux il était posé pour obtenir
du roi tout ce qu'il voulait \
Mais c'est surtout sur nos paysans de la France cen-
trale «pie ce retour du désordre lit impression. Il les
• Ci-après, Pièces justificatives, n° i.i.
- « Qui povoit avoir plus de gens sur les champs et |»!us povoit
pillier et rober les povres gens estoit le plus craint et le plus doubté, el
qui plus lost east obtenu quelque chose du roy de France que nul autre. »
K.lii. Vallef de Viriville, t. ï, p. Ml.
[3g V 1 1: DE RODRIGUE
plongea dans un sombre désespoir. Ils se persuadèrent
qu'on les abandonnait, de parti pris, aux ravageurs, et
qu'il fallait attribuer à une odieuse préméditation l'in-
différence des autres classes à leur égard et l'inaction du
gouvernement, lorsque pourtant ils payaient ce gou-
vernement si cher pour être protégés par lui. De là
un ton d'aigreur, un accent d'hostilité qui se mêla aux
plaintes proférées dans les villages; et il fut possible de
surprendre çà et là des menaces peu différentes de
celles par lesquelles la Jacquerie avait été annoncée au-
trefois.
On peut saisir quelque chose de cela dans une com-
plainte du temps, dont un couplet a ici sa place mar-
quée parce qu'il y est question de Rodrigue, ou plutôt
de ses hommes1 :
Hélas, sans plus vous dire, hélas,
Comment peuvent penser créatures
Qui bien advisent noz figures
Et ont sens et entendement,
Et nous voyent nudz par les rues,
Aux gelées et aux froidures,
Nostre poure vie quérant ?
Car nous n'avons plus rien vaillant,
Comme aucuns veullenl langaiger.
Hz s'en sont très mal informez';
Car s'ilz pensoient bien en Rodigues
1 Celle pièce, qui a pour titre : La complaincte ou les hélas du poure
commun et il s /mures laboureurs de France, a été fourrée par inlerpo-
I. il Io ii dans le chapitre cclxxiv du liv. [•*, de Monstrelet, comme si elle
avait trait au règne de Charles VI. M. Douët d'Arcq, dans son édition, l'a
mise à la place qui lui convient, en la rejetant en appendice à là fin du
Becond lifre. Il esl évident qu'elle n'est pas de .Monstrelet. C'est l'œuvre
d'un Français, buji i de Gharles VII; un couplet établit qu'on était alors
à la quinzième année du règne, c'est-a-dire en 1437.
Dl VILLAKDRANDO. [39
Et EsCOÇois, et li'lli - COmplisi
El es \ vers qui sont passez,
El aultres voyes forl oblicques
Iiiuit teus estatz nous son! relicques,
1 omme chascuo nous a plusmé :
11/ seroyent bien hérétic [nos,
Se ilz peusoyent en leur- oices
Que il nous fusl riens demouié.
I es protestations d'un prosaïque, mais violent déses-
poir, sont adresséesaux prélats, aux seigneurs, aux gens-
d'armes, aux bourgeois, aux marchands, aux avocats,
à tous ceux, en un mot, que leur condition préservait
des angoisses de la misère. La fin est une menace :
« Faites attention à cette complainte Si vous regardez
« bien ce qu'il y ,1 au fond, nous est avis que vous verrez
« de vos yeux que le feu u'esl pas loin de vos demeu-
» ces1 . »
Nous avons laissé le comte de Uibadeo annonçant la
résolution de traverser la Tou raine. 11 esl temps de
dire ce qu'il pensait faire en prenant ce chemin.
Plusieurs princes du sang, mécontents de ce que
i ute l'autorité appartenait à Charles d'Anjou depuis la
chute de la Trémoille, s'étaient donné le mot pour
tenir un conciliabule à Angers, au mois de mai 1 137.
Le duc de lSourbon conduisait cette intrigue, secrète-
ment élaborée sous le couvert du mariage de sa fille
1 Voici le texte :
Vous |ilai^e penser aucun poj
En ccsir complaini te amère;
tt si v < m- bien y nd\ isi l,
Nous cuidons que appercevi /
Et que vous voirrez par vos yculx
Le feu Lien près de vos lio?leulz.
HO VIE DE RODRIGUE
avec le fils de René d'Anjou. Rodrigue arrivant comme
par hasard en vue de la ville où s'agitaient les complo-
teurs, il eût pu se faire que l'insurrection qui eut lieu
trois ans plus tard éclatai dès ce moment; et cela est
si vrai, que les forces du castillan n'étaient pas les
seules qu'on si1 fût ménagées. Jacques de Chabannes,
le frère du capitaine des Écorcheurs, avait reçu l'ordre
du duc de Bourbon, son seigneur, de faire alliance avec
le comte de Ribadeo pour joindre au besoin les gens
d'armes qu'il entretenait à ceux que l'autre amenait du
midi1.
Faut-il croire que l'entreprise fut rompue par le
billet de la reine, qui arrêta le flot des routiers à deux
journées de Tours? Non, car il eût été facile de leur
faire gagner l'Anjou sans passer par la Touraine ; mais
il est probable que Rodrigue, qui était certainement à
Angers- lorsque le messager de la reine se présenta au
camp de Ghâlillon, fit savoir dans le même temps au
bâtard de Bourbon que le secret de la coalition avait
transpiré, et qu'il était nécessaire de prendre le large.
En effet, le roi revenait alors de Montpellier, parlant
en termes irrités devant qui voulait l'entendre, tant du
duc de Bourbon que de son beau-frère le routier: et
son courroux ne se traduisait pas seulement en paroles,
car lui, d'ordinaire si irrésolu, si ennemi des actes
significatifs, on l'avait vu ramasser par le Languedoc et
1 Ci-après, Pièces justificatives, n" \n\.
* Le héraut Béni, <[ui se tait sur l'intrigue des princes du snng, dit
seulement que Rodrigue, en apprenant l'approche du roi, « partit hasti-
veinent des (nus de Touraine et iï Anjou, où il estoit aie pour piller le
peuple. » Dans Godefroy, p. ">9.'».
ni. \ ni wm; \mmi. in
embrigader à son service tous les aventuriers qu'il ;i\;iii
trouvés sans occupation ou sans maître, informanl sur
-un passage, recueillanl dans chaque localité les innom-
brables plaintes portées contre Rodrigue el ses gens,
comme s*il fût pris plaisir à se former au sujet de cet
homme un trésor infini d'indignation el décolère. Ile
Saint-Flour, il lui en un clin d'oeil à Clermont, de
Clermont à àigueperse, puis à Montmaraull où il
campa lorsque les routiers, attardés par leur chef qu'ils
avaient attendu, ne faisaient que poser le pied en Bour-
bonnais. Us étaient alors à Saint-Àmand1.
Charles VII cependant n'avait pas encore fait con-
naître le fond de sa pensée. Voulail-il seulement sur-
v ciller la marche de Rodrigue, voulait-il l'empêcher de
prendre domicile sur les terres du duc de Bourbon ?
Pendant que les deux partis, arrêtes à seize lieues l'un
de L'autre, attendaient réciproquement de leurs' nou-
velles, un détachement de routiers, envoyé en reconnais-
sance, rencontra aux portes d'Hérisson les fourriers et
autres domestiques du roi qui venaient préparer son
logis. Sans respect pour la livrée, ces maraudeurs bat-
tirent les hommes et tirent proie du bagage. Le roi,
pour le coup, éclata ; il donna l'ordre d'une répression
aussi prompte qu'énergique, et sur- le-champ son armée
s'ébranla : grosse année de quatre mille hommes de
trait et de plus de cinq cents chevaliers2. Voilà Rodri-
gue de Villandrando placé dans l'alternative de tirer
l'épée contre sou souverain d'adoption ou de fuir.
1 Chronique de Berrii
- i [ironique île Bërri.
I ;j V1K DE RODRIGUE
Il fuit, mais -mis tourner le dos. Plus au fait du
pays que h s i apitaincs du roi, il passa au milieu d'eux,
alla chercher le passage de l'Allier à Varcnne, celui de
la Loire à Roanne, celui de la Saône en face de Tré-
voux1. Là exislail un bas-fond qu'il connaissail pour
s'en rire servi maintes fois dans le temps des guerres
avec la Bourgogne; là était, pour les gens en danger,
['une des issues du royaume de France sur les terres
de l'Empire, et sur une portion de ces terres qui ap-
partenait au duc de Bourbon. Il y précipita ses esca-
drons, et réussit à mettre loul son monde en sûreté,
longtemps avant que les troupes royales parussent sur
l'autre bord de la rivière.
il n\ cul pas de soumission que ne fissent les
princes compromis dans l'intrigue d'Angers, quand ils
virent la façon dont Charles VII procédait à l'égard de
leur complice. Charles de Bourbon, à qui la peur lit
épuiser toutes les formes de l'humilité, s empressa d'al-
ténucr pur un désaveu les griefs que la conduite de
son beau-frère faisait peser sur lui. Mais le roi voulut
davantage. 11 exigea la rupture immédiate de toute
alliance contractée entre Rodrigue et les sujets du duc,
avec le serment de n'eu plus jamais souffrir de sembla-
bles. Jacques '!<• Chabannes et le bâtard de Bourbon,
rappelés par son ordre, vinrent avec leurs gens-d'armes
prendre place dans une armée rassemblée sous ses yeux
pour la conquête du Câlinais; cl après qu'il les eut
vus s'éloigner, il déclara par un édil Rodrigue de
1 i i-aj justificatives, n xj ix
DE Mil. IMHl LNDO. 141
Villandrando banni de son royaume*, défendanl à loute
personne, et nommémenl aux princes du sang, de lui
accorder aide, proteetioi ni confort, donnanl en outre
autorisation à quiconque de courir 9usà ses routiers,
s'ils reparaissaient sur le territoire, el de les tuer comme
bêles nuisibles2. Il partit ensuite pour aller comman-
der le siège deMontereau, par un usage spontané de sa
puissance qu'on ne lui avait point vu Paire jusqu'alors:
comme s'il eût trouvé du courage contre l'étranger,
dans le sentiment de ce qu'il venait d'oser contre les
ennemis de l'ordre.
La saison fut mauvaise pour les Rodrigaisà In suite
de l'édit rendu contre eux. Plusieurs de leurs bandes,
qui refluèrent sur l'Auvergne, furent contraintes de
s'en éloigner bientôt, parce qu'il se forma contre elles
une alliance offensive et défensive de la province avec
le Velay et le Gévaudan. Les populations, pour s'affran-
chir, étaient déterminées à faire flèche de tout bois. Des
fonds alloués par les Etats provinciaux pour améliorer
la navigation de l'Allier servirent à payer une partie
de la dépense occasionnée par celte confédération \
Qu'on juge des périls de la retraite exécutée au milieu
d'un pareil soulèvement ! Les vengeances privées, qui
n'avaient pas besoin d'encouragement pour s'exercer,
1 D. Plancher, Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 232, prétend que
Villandrando, Chabannes et le bâtard de Bourbon, furent bannis par ar-
rêt ilu Parlement il'1 Paris. C'est probablement une fausse interprétation
du témoignage de Berfi, qui se borne à dire : « Et fist le rov bannir ledil
Rodiiiues bors de son rojaulme. »
3 Ci-après, Pièces justificatives, n° lu etj.iv.
n Ci-après, Pièces justificatives, n i..
1 41 VIE DE RODRIGUE
se multiplièrent en raison de l'impunité qui leur était
garantie, et les traînards, les hommes d'ordonnance,
les maraudeurs, tous ceux qui s'écartaient pour une
cause ou pour une autre, durent s'attendre à périr
misérablement.
Les plus exposés lurent ceux des détachements que
le grand chef avait laissés derrière lui pour garder un
certain nombre de positions aux abords de la Guienne
et du Languedoc. Une véritable chasse fut organisée
contre eux entre les gentilshommes et les paysans, au-
tant qu'on put, on les noya par crainte des représailles
que la découverte de leur- cadavres aurait, pu attirer sur
les localités. La Dordogne, le Lot et leurs affluents lu-
rent le tombeau d'un grand nombre de ces victimes
isolées1; d'autres lurent accrochés aux gibets des com-
munes ou des justices seigneuriales2. Le Petit Rodrigue
périt assassiné près de Lecloure, sous la sauvegarde du
comte d'Armagnac dont un héraut l'accompagnait. Le
frère du bailli de Berri, qu'il avait tué, lui donna de
l'épée dans le dos et n'en eut pas d'autre souci \
Qui ne se serait attendu à voir le brigandage en
baisse après une si rude correction? C'est pourtant le
contraire qui eut lieu. La saison qui suivit fut signalée
par une recrudescence de ce fléau. Les Écorcheurs se
multiplièrent, et des hommes illustrés par les plus
1 Ci-nprôs, Pièces justificatives, a lu et nv.
- Exécution de huit hommes de guerre delà compagnie de Rodrigue,
condamnés par le bailli de Mâcon à être pendus comme infracteurs de
la paix, à la fin de 1437. Garnier, Inventaire sommaire, etc., t. Il,
p. 2H.
3 Ci-apri . Pi cet justifù atives, u u.
DE vi il vmh; wimi. 145
glorieux exploits, un Poton de Xainlrailles, un Bern ird
d'Armagnac, un Louis de fieuil l, n'eurenl pas scrupule
de se mettre à la tête de ces bandits, en concurrence
avec les capitaines sans av< u. Louis de Beuil pril même
le commandement général de tons le- Ecorcheurs .
D'autres bandes, d'obédiences diverses, se trouvèrenl
formées à poinl nommé pour occuper les cantonne-
ments du midi délaissés par les Rodrigais, el 1rs Rodri-
gais eux-mêmes, rentrés sur le terril >ire rrançais,
donnèrent aussi toi la preuve que rien n'étail changé
pour eux que le lieu de leurs déprédations.
A la lin de I i~>7, ils partageaient fraternellement
avec les Ecorcheurs la (routière champenoise de la
Bourgogne. Nous les trouvons campés dans la vallée des
Riceys3. Le bâtard de Bourbon, en dépit de ses ser-
ments, est venu se remettre avec eux, et leur nombre
doit s'augmenter bientôt d'un nouveau contingenl qu'a-
mène le comte de Pardiac. Ils ont concerté à eux trois,
Pardiac, Rodrigue et le bâtard de Bourbon, nue irrup-
1 Journal de. Parts, ad ann. 1438.
- Tuetey , Les Ecorcheurs toits Charles 17/. 1. 1, p.24, Dote. Le douzième
compte de Mahieu Begnault, aux Archives de la Côte-d'Or (fol. 88 v°),
contient la mention plus détaillée du fait rapporté par H. Tuetey, à propos
d'un voyage accompli par le seigneur Guillaume de Saulx e pour aler
querre Lo\s de Bieuf [sic), capitaine général de tous les Escorchcurs, et le
faire venir à Dijon devers Mgr de Saint-Georges, s m parent, pour trou-
ver manière et appoinctement, qui eust peu, avec ledit Loys par le moien
dud. Mgr de Saint-Georges, de faire deslogier les liz Escorcheurs des lieux
de 1/ et de Gemeaulx, et leur feire prandre aultre chemin que par le pais
de Hourgongne -, combien que, quelque diligence et remonslrance que l'en
ait faicte audit Lo\s de Bieuf, le bastard de Bourbon et aultres cnpitaim
il/ ne se vouldrent désister de leur malvaise voulenté.
5 Tuetey, p. 13, note; Garnier, Inventaire sommaire des archiv s
départementales de la Côte-aVOr, t. II. p. 8 (comptes de Chaloi
IÛ
140 VIE DE RODRIGUE
lion en Bourgogne, donl ilsfonl grand bruit plusieurs
semaines à l'avance. En effet, des détachements d'avant-
garde traversent le Cliàtillonnais et von! prendre posi-
tion autour 'l<i Dijon, à Gémeaux, à Is-sur-Thil, à
Talmav, à Poulailler1, tandis que le gros de la compa-
gnie gagne loul d'une traite le Maçonnais.
C'est au Maçonnais effectivement que Rodrigue en
voulait pour le moment. Il n'y avait qu'une voix là-
dessus. Ses propos revenaienl les mêmes de tous les
côtés. Il fera il à ce pays, disnit-il, plus de maux qu'on
n'en y avait jamais éprouvé2. D'autre pari, l'intention
prêtée au comte de Pardiac était de conquérir le Cha-
rolais, ancienne propriété de la maison d'Armagnac*.
Les voies de fait commencèrent parla « détrousse » du
bailli de Màcon, lorsque ce magistral passail par la
ville de Bois Sainte-Marie pour aller tenir ses assises,
accompagné d'une suite considérable de clercs, de ser-
gents ci d'archers*.
Envahir la Bourgogne à main armée, lorsque la
Bourgogne avait repris ses attaches à la couronne, c'é-
tait offenser Charles \ll plus gravement peut-être que
si l'on se fûl attaqué à ses propres sujets. 11 est inexpli-
cable que li' comte de Pardiac, alors l'homme de con-
fiance et l'ami du roi, soil entré dans une semblable
1 Marcel \ervir à V histoire de Bour-
gogne (décembre I '■.'<' ■ 1 i~>8), p. 277 et 270; Tuelcy, Les
i s 17/. l. I. |>. 21; Douzième compte de Maltieu
Regnault, aux \rt?liives de la Côle-d'Or, fol. 8<S, verso.
- Marcel tianat. Documents inédits, \> 27i, 273, LJT7.
"• Garniei , In, nmaii e, l. II, p. 211 | Il .".us.""!).
« Ibid. il: 51
DE Vil I W!M; \Mm) [41
entreprise. Les choses toutefois ne furent pas poussées
plus loin de sa part, non plus <pi<i de celle du comte de
Ribadeo. Grâce aux démarches de beaucoup de grands
personnages, qui voulaient voir finir la disgrâce du cas-
tillan, celui-ci, après avoir hissé rendre par le duc de
Bourbon les chevaux dérobés au bailli de Mâcon1, prit
subitement avec ses hommes le chemin de la Guienne.
Celle détermination semble avoir été motivée par la
perspective d'une grande opération militaire à laquelle
devait s'associer le gouvernement de laCastille. La chose
n'était encore qu'à l'étal de négociation; mais on pou-
vait déjà regarder comme certain le concours d'une
flotte espagnole, qui inquiéterait par mer les possessions
anglaises du midi, tandis que les Français les attaque-
raient par terre. En attendant que tout fût prêt, Ro-
drigue, autorisé à lever contribution sur sonpassage*,
irait harceler l'ennemi, cl lâcherait par d'heureux
coups de main de mériter sa réhabilitation publique.
C'est pourquoi son but avoué, en s'éloignanl de la Bour-
gogne, fut d'aller se mêler à la guerre de partis qui
s'était ranimée entre la Dordogne et le Lot, aux confins
des pays d'Agenais, lVrigord etQuerci.
Cette contrée était l'image de la désolation. Les capi-
taines cà croix hlanchc et les capitaines à croix rouge
n'avaient par cessé de s'y poursuivre depuis la rupture
du traité de Brétigny, de sorte qu'elle en était à sa
soixante-dixième année de trihulalion. Qu'on se figure
des lieux foulés de la sorte [tendant près de trois quarts
1 Garnicr, Inventaire sommaire, t. II. p. 2i 1 (I! 5083).
i Vov. pour le palis du Gêvauclati. Pièces justificatives, a un.
I ,. \ Il DE RODRIGUE
tle siècle. In peu loin dos grandes villes, surtout dans
la partie quercinoise , il n'existait plus ni culture, ni
chemins, ni délimitations de propriété, rien de ce qui
annonce un pays habité. Mes villages entiers avaient
disparu; Gramat, ville autrefois florissante, était ré-
duite à sept habitants; toutes les maisons y formaient
des tas de décombres, qu'on avait fouillés et comme
passés au tamis pour en extraire le bois. On n'y eût pas
trouvé un bâton, de quoi lier une botte de foin1. Çà et
là seulement émergeaient, comme autant d'oasis, quel-
ques points plus favorisés, qui étaient des positions
stratégiques importantes, et à cause de cela incessam-
ment disputés.
Les Anglais occupant le lieu de Camboulit près li-
geac, Rodrigue partagea en deux sa petite armée. Il en
établit une partie sur la frontière du Limousin, tandis
que l'autre prit ses quartiers sur la rive gauche du Lot,
à La Capelle-Balaguier et lieux circouvoisins. Cette
seconde division était sous le commandement de deux
chefs espagnols, qui acquirent par la suite une certaine
célébrité dans le pays. Ils s'appelaient Sancho deTovar
et Alonzo de Zamora, autant toutefois qu'il est possible
tle restituer leurs noms travestis dans les documents
jrançais8. Ils sont les héros, et les héros peu glorieux,
1 Empiète sur l'étal < i n pays en I i40, faile à la poursuite de l'abbesse
de L'hôpital d'Issendolus. Us. de l'abbé de Fouilhac, appartenant à M. le
chevalier de Folmont, <!<• Cabors.
2 Xanchon de Thouars et Alençon de Somorre, dans la Pièce justi-
ficative, n i \i : Sanchon de Tours et Sumorte, dans les Chroniques ma-
nuscrites du Querci, recueillies par l'abbé de Fouilhac, d'après les comptes
de l'Hôtel de ville de Cahors. Ce S.mche de Tovar a tout l'air d'être le
même qui devint guarda mayor de Soria pour le roi de Castille Juan H.
DE VILLANDIUNDO. 149
.l'une aventure qui se place au début de la campagne.
A une journée de marche de leur cantonnement, au
delà du r.ot . se, trouvai en I les terres de Mathurin de
Cardaillac, seigneur de Montbrun, qui disposait de
quelques hommes-d'armes à la solde du roi, et à ce litre
était considéré comme gardien delà frontière du Querci.
Les Rodrigais et lui n'avaient pas lieu de se chérir. Ils
avaient l'ait connaissance à Albi, le seigneur de Mont-
bruns'étanl prêté à défendre la neutralité de la Berbie,
les Rodrigais L'ayanl i basse de celte forteresse. D'autres
griefs sans doute s'ajoutèrent à celui-là, si bien qu'une
bande c luite par Alonzo de Zamora se jeta un jour
sur la terre de Cardaillac, mit le feu à un village qui
en dépendait, et ne se relira qu'après avoir lait beau-
coup de butin et des prisonniers. Là-dessus grande co-
lère du seigneur de Montbrun, qui vint à La Capelle se
plaindre et demander restitution des objets volés. Il
s'adressa àSancho de Tovar, qui était le supérieur d'Â-
lon/.o de Zamora et liaient de Rodrigue de Villandrando.
Mais ce capitaine, daignant à peine récouler, lui déclara
que les prises de guerre ne se rendaient que pour de
l'argent.
Mieux eût valu restituer cependant que subir ia
el qu'on voit figurer dans la Chronique d'Alvaro de Lima (éd. Sancha.
p. 594), comme seigneur de Car.icena et de Cenizo, parmi les gentils-
hommes de la frontière aragonaise les plus dévoués au connétable. Pour
Zamora, il pourrait bien être resté au service de la France et avoii -
un commandement dans les compagnies régulières qui remplacèrent les
routiers. On lit, dans une Lettre écrite par Louis XI. lors de la première
conquit'' du Roussillon : « J'envoie Salezarl et Chamarre par do là. »
(Bibl. nat. Ms. français '211465, fol. 18^. Ce nom de Chamarre a assez
la physionomie espagnole, et rien ne répugne à ce qu'il soit une corruption
de Zamora.
VIF. DE R0DIUG1 I
mésaventure dont lui suivi son refus; car les mêmes
maraudeurs, quelles à leur tour, donnèrent à quelque
lemps 'le là dans une embuscade où ils perdirent, avec
chevaux cl bagages, les uns la vie les autres la liberté.
Le seigneur Alon/.o, pris dans celte rencontre, se vil
mener pieds cl poings liés au château de Cardaillac,
d'où il s'évada plus tard, trop heureux d'en être quitte
pour sou équipement qu'il n'alla jamais redemander
au gentilhomme quercinois1.
l! fallait des exploits plus méi itoires que ceux-là pour
valoir aux Piodrigais le pardon qu'ils étaient venus cher-
cher en Guienne. Leur général y pourvu! par une suite
d'opérations heureuses, dont la première tut de pren-
dre position autour de Lavercantière pour tomber de là
sur l'urne! \
Cette ville, située sur la rive droite du Lot avec une
grosse tour qui lui faisait face de l'autre côté delà ri-
vière, était alors une place très forte, la première à
l'entrée de l'Agenais quand on venait du Quercy. 1 n
partisan redoutable, qui s»; taisait appeler le Baron,
l'occupait depuis des années avec la connivence du comte
d' armagnac ; car le double jeu auquel le comte d'Ar-
magnac avait fait servir autrefois André de lîibes, il le
continuait avec ce capitaine7'. Rodrigue passa outre cette
1 Ci après, Pièces justificatives, n i.vi.
! Ile 1 i, crites du Quercy; Labrunie, Notes
mumiM;rili!S mit l'Agenais; Miuucl del Verms, Chroniques béarnaises.
p. ">'■''■ justifi atues, n° i.v.
ion du ite d'Armagnac, détenu prisonnier au château de
1 en 1145. Du Frcsne de Beaucourt, Chronique de Mathieu
ichy, l. III, p. I i I .
DE VII I. WIHiANDO. VA
fois comme la première. Il profita d'une faute de sur-
veillance pour enlever Fume] et, lorsqu'il en fui maître,
il ne laissa plus de repos aux capitaines du parti an-
glais. 11 les poursuivit à outrance sur les champs ou
les assiégea dans les châteaux. Par la prise d'Eymet et
d'Issigeac il eut un pied dans le Périgord ; celle de
Tonneins lui ayant livré l'un des passages de la Garonne,
il rempli! de terreur les trois diocèses de Périgueux,
d'Agen et de Bazas1.
Cette énergique attitude favorisa singulièrement l'exé-
cution du plan de campagne qui s'élaborait depuis plu-
sieurs mois. L'espoir d'une délivrance prochaine avait
relevé les courages d'un côté de la frontière, tandis que
de l'autre n'apparaissaient que des signes de lassitude et
de découragement. Les Etats de Languedoc votèrent avec
allégresse les subsides qui leur furent demandés pour
porter la guerre au cœur de la Gascogne et de la Guienne*.
Rodrigue, rentré en grâce, avec promesse d'être bien-
tôt rétabli dans la dignité de conseiller et chambellan5,
reçut la mission de conquérir le Bordelais et tout le
pays pour y arriver, tandis que Polon de Xaintrailles, à
la tête d'un autre corps d'armée recruté parmi les Eco r-
cheurs, traversait la France à marches forcées pour
prendre à revers le pays de Gascogne. Le sire d'Albret
fut investi des pouvoirs de lieutenant-général4, non
1 De Fouilhac, Labrunie, 11. ce.
- Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV, p. 489.
3 11 se l'attribuait an mois de novembre 1458, mais ne le portait pas
encore en juillet. Ci-après, Pièces justificatives, n°" lix eti.xni.
* Us. Doat 217, fol. 4s, ii la Bibliothèque nationale. Les lettres d'insti-
tution sont du 15 mai 1 138.
i.v \ ir i»i p.nDRir.ui
nas pour diriger le? opérations de deux capitaines qui
élaienl des ma îlres dans l'art de la guerre, mais parce
iiuc sa haute noblesse lui donnait pins de titres à repré-
senter la personne du roi dans les traités à conclure, et
dans toutes les mesures à prendre pour l'administration
du pays conquis.
i ,i campagne commença au mois de mai I i-58 sous
les plus heureux auspices. Rodrigue, sans se dessaisir
de I umel, où il laissa garnison, réduisil Loul en son
pouvoir jusqu'à la Garonne qu'il traversa victorieuse-
ment. Aussitôt le Bordelais lut parcouru dans toute sa
longueur, le Médoc mis hors d'état de se défendre par
la prise de Blanqueforl et de Caslelnau, ravagé jusqu à
la pointe que forme l'embouchure de la Gironde1.
On dirait qu'il n'y eul de résistance nulle pari. I n
des meilleurs généraux de l'Angleterre, qui tint la cam-
pagne, ne trouva jamais l'occasion propice pour se me-
surer avec les Bcdrigais. < >n bien il les harcelait de loin,
ou bien, s'il s'avançait pour les attaquer, aussitôt qu il
avait vu leur contenance, il jugeail à propos de battre
en retraite.
Ilernando de! Pulgar a fait de l'une de ces approches
un récil que l'on croirait emprunté à un romande che-
1 Monstrelct, I. II. ch. ccxxxvn; et dans l'enquête pour la eanonisa-
I' yrc Bei and, archevêque de Bordeaux : «Fuit magna caristia
r-l devaslalio m r Iwrdeg I mm per gentes armorum, et
specialiler per miemdam c.ipitnneum vocatum Rodericum de Vinhan-
cum inaj ci exercitu; qui applicuit ad partes' burdega-
r|uas crndeliler devastavit, el specialiter terram de Ësparra el pa-
Iriam de Medulco, sic el laliter quod gentes peribanl lame. » Archives
■ la Gironde, t. i II . p. '. i • .
Dl VILLANDRANDO ISS
valorie. Nous le traduisons en lui conservant, autan I
que possible, la couleur qu'il a dans l'original.
t Rodrigue étant dans la province de Guienne, il lui
advint <le se trouver un jour sur le point de combattre
avec un grand capitaine d'Angleterre, qui s'appelail
Talbot. Le capitaine anglais, qui savait par ouï dire les
prouesses de ce chevalier, eut envie de connaître aussi
sa personne, pour savoir ce que semblail un homme
qui, <le si petit état, s'étail élevé si haut en fortune. Ils
convinrent donc tous deux, par leurs poursuivants, qu'ils
s'avanceraient en vue de leurs osts retranchés en bon
ordre de bataille, et qu'ils se parleraient seul a seul
sur le bord d'une rivière appelée Leyre. Et quand ils
furent en présence, le capitaine Talbot dit : « Je dési-
« rais voir ta personne, et puisqu'à présent nous avons
« fait connaissance, qu'il te plaise pendant que nous nous
« trouvons ensemble de manger avec moi quelques dou-
« chées de pain et de boire un Irait de vin par-dessus ;
« et après sera la bataille au plaisir de Dieu et à l'aide
« de Monsieur saint Georges. » Mais le capitaine Rodri-
gue lui répondit : « Si c'est là tout ce que lu as à me
« demander, ma volonté est de n'en rien faire; car, si
" nous devons en venir aux mains, je n'aurais plus la
r fureur qu'il convient avoir en bataille, ni mon épée
« ne frapperait assez fort sur les liens, s'il me souve-
« nait d'avoir partagé le pain avec loi. » Et en disant
ces mots, il tourna bride et alla se remettre avec sa
compagnie. Et le capitaine Talbot, quoiqu'il fût un
chevalier accompli, conçut telle opinion de ces paroles
que, à cause d'elles, comme aussi parce que sa position
i;,i VIE DE R0DRIG1 I
en ce lieu n'était pas la meilleure, il résolut de ne pas
combattre; el si était-il venu là à plus grande puissance
que le dil Rodrigue. ' »
Offrir de boire à l'ennemi, sur le poinl de combat-
Ire, était une coutume anglaise qui fut observée par le
i\\[,- de Bedford avant la bataille de Verneuil. Son invi-
tation fut apportée par un héraut d'armes au comte de
Douglas, général en chef de l'armée française*. Le
colloque rapporté par Hcrnando del Pulgar est donc
dans la vérité historique; mais ce biographe a l'ail,
ci i eur sur le nom du capitaine anglais qui commandait
en Guienne. Ce fut le comte de Hunlingdon, el non
pas Talbol ; car on sait que Talbot s'employa pendant
toute celte année 1 i58 à recouvrer pour sou gouverne-
ment les frontières de la Haute-Normandie, envahies
parle- français3. Quant au lieu où doit être placée
l'entrevue des deux capitaines, il faut le chercher sur
la petite rivière qui va se jeter dans le bassin d'Àrca-
chon après avoir traversé les Landes bordelaises. C'est
là le cours d'eau qui porte le nom de Leyre.
Cependant la Gascogne, menacée sur toute l'étendue
de ses côtes par la flotte espagnole el occupée à défendre
ses ports grands el petits \ subit avec encore moins de
résistance que la Guienne l'assaut des routiers. Polon
sjusli/icatii es, n i.
- i liiu!iii|ii dans Godcfroy, p. 57 1 .
• Monslrelet, I. Il, » li. ccxxviu.
'• |i fensc par le gouvernement anglais aux habitants de Biarritz, de
Cap-Breton ci do S.iinl Jean de Luz, di iclure aucune Uève avec les
Espagnols, sans l'autorisation du rncur de Bayonne (11 juillet
1 158). Uyuier, Pacla, fœdera, etc., t. \, p. oï.
DK VII I W l>K \NDO. 155
de Xaintrailles el le sire d'Albrel entrèrent parla fron-
tière du Béarn, en faisant le dégâl devanl eux el en
prenant loul ce qu'ils rencontrèrent de lionnes forte-
pess - à proximité des grandes villes. Ils traversèrent
ainsi le paysdans toute sa longueur, pressés d'atteindre
le Bordelais; car ils y avaient pris rendez-vous avec
le comle de Ribadeo, afin de tenter ensemble le coup
décisif de la campagne, qui était la prise de Bor-
deaux.
Lorsqu'ils eurenl fait leur jonction, ils s'emparèrent
sans beaucoup de peine de la paroisse de Saint-Seurin
qui, dans ce temps-là, était un faubourg à la dislance
de cinq cents mètres de la ville. M.iis ce succès, en met-
tant l'ennemi sur le qui-vive, rendit impossible l'esca-
lade ou toute autre surprise; et cependant il n'y a
qu'une surprise qui aurait pu mettre Bordeaux en leur
pouvoir. Leur armée n'avait ni canons ni le matériel .
nécessaire pour faire un siège dans les règles; et d'autre
part, le blocus qui avait procuré la réduction d'Âlbi
perdait son efficacité avec la Garonne, qui était là pour
amener aux assiégés tout ce dont ils auraient besoin,
sans que les assiégeants pussent songer à y mettre
obstacle.
Il serait invraisemblable que des hommes de guerre
aussi expérimentés que Xaintrailles et Rodrigue eussent
concerté de si loin l'attaque de Bordeaux, s'ils ne
s'étaient pas crus assurés d'avoir, le moment venu, tout
ce qu'il faudrait pour mener à fin cette grande entre-
prise. Sans doute on leur avait promis de leur envoyer
des munitions et de l'artillerie, qui n'arrivèrent point;
i;(; YIE DE RODRIGUE
de sorte qu'ils n'eurent pas mieux à faire qu'à conver-
tir le faubourg Saint-Seurin en un camp approprié au
genre de manœuvres dans lequel excellaient leurs
troupes. Des détachements allaient dans toules les di-
rections achever le ravage des lieux où il restait quelque
chose à prendre.
Telle de ces courses eut l'importance d'une expédi-
tion. On en connaît une qui fut poussée jusqu'à l'Adour
par le comte de Ribadeo lui-même. Un acte du roi
d'Angleterre, daté du 11 juillet 1438, reconnaît les
charges supportées par les habitants de Bayonne, afin
de résister « à l'ennemi nommé Rodriguo », et ce sacri-
fice est représenté comme d'autant plus méritoire, que
dans le même temps la ville faisait assiéger les forte-
resses d'Arien et de Gamarthe, et qu'elle entretenait six
cents hommes-d'armes sur ses vaisseaux, pour tenir tête
à l'escadre espagnole'.
Te doit être dans cette campagne que Rodrigue cap-
tura l'un des barons allemands du Rhin, de la famille
de Heinsberg, qui tenait alors le redoutable château
d'Ehrenbreitstein en face de Coblentz. Ce seigneur fai-
sait ses dévotions à Compostelle pendant qu'on se battait
sur la frontière franco-espagnole. On l'arrêta comme
sujet d'une puissance alliée de l'Angleterre. Conduit
à Burgos, il y tint prison jusqu'à ce qu'il eut trouvé le
moyen de se faire échanger contre des marchands cas-
tillans arrêtés en Allemagne. Sa mauvaise fortune vou-
lut que la route par laquelle il entra en France, à son
' Ci-après, î'iices justificatives, n° i\.
HL VII.I.AM'I; \Mhi 157
retour, lui occupée parles Rodrigais, qui lui mirent la
main dessus. Nouvelle prison, nouvelle rançon ; mais
celle fois il eul affaire à un maître qui n'acceptail pas
les payements en nature. Il n'obtint sa liberté que pour
une grosse somme de florins du Rhin, en bonnes pièces
bien sonnantes et bien trébuchantes '.
La fortification de Bordeaux, du côté des champs,
était percée de huit portes, précédées chacune d'une
barbacane cuire deux ponts-levis. Trois de ces portes
débouchaient dans la direction de Saint-Seurin *. Du
haut des tours dont elles étaient flanquées, les anglais
plongeaient sur les quartiers de l'ennemi, qui, Je son
côté, usait «le tous les artifices pour se rendre impéné-
trable dans ses retranchements. De part et d'autre on
se montrait également attentif àse garder, niais, tandis
que les uns multipliaient les sorties, les autres affi-
chaient la résolution de se tenir enfermés.
L'étude constante des capitaines assiégeants fut d'in-
venter des stratagèmes el de commander des manœuvres
feintes, en vue d'attirer les Anglais dans la cam-
pagne. Ils y réussirent une fois, avec un succès dont
ils purent se réjouir comme d'une victoire en bataille
rangée.
ayant avisé combien les vignes qui entouraient la
ville étaient liantes et commodes pour se cacher, ils y
envoyèrent pendant la nuit un fort parti de leurs gens.
Le lendemain malin, le reste des bandes sortit de S;iiul-
Seurinet feignit de battre en retraite dans la direction
1 M. limeriez delà Espada, An lanças é viajes de Pero Tnfur, p. 239.
i Léo Drouyn, Bordeaux ras I tDO, description topo-graphique.
I:,s VIE DE RODRIGUE
de l'embuscade. Alors les Anglais de se précipiter hors
de Bordeaux par toutes les portes el de disputer de vi-
tesse entre eux à qui enfonccrail le premier l'arricrc-
garde ennemie. Mais, au lieu de chasser, ils furent
chassés eux-mêmes; car à un signal convenu les traits
commencèrenl à pleuvoir sur eux- en même temps que
les censés fuyards, recevant dans leurs rangs ceux
de l'embuscade, firent volte-face e( repoussèrent les
Anglais jusque dans leurs redoutes. Ceux-ci rentrèrent
huit cents de moins qu'ils n'étaient sortis1.
Les semaines s'écoulèrent sans que l'armée qui s'em-
ployail si bien pour le roi lût mieux payée par lui
qu'elle n'avail été outillée pour les opérations du siège.
L'année courante et celle d'avanl ayant été 1res mau-
vaises, la disette, quand vinl le milieu de l'été, fut
universelle. Bordeaux en souffrit beaucoup : on y con-
sommait plus (le millet que de blé2. Les Français eux-
mêmes, malgré l'étendue de pays qu'ils avaient à leur
disposition pour se refaire, virent le moment où ils ne
renouvelleraient plus leurs approvisionnements. Pour
comble d'embarras, un nouveau ban de routiers amené
sur le Bordelais vinl augmenter le nombre des bou-
ches.
Rodrigue, en quittant la Bourgogne, s'était séparédu
bâtard de Bourbon. Celui-ci, toujours en bulle à Pindi-
1 Monstrclct, l. II, cli. ccxxxvm ; Chronique Martinienne, 2" vol.,
fol. 285.
- (( I mil 1res rnrrus seu c: nilii, dando pro qualibel cadriga
scu curru xxxvi francos mon alcnsis, ad distribuendum paupe-
rihiis. n Enquête pour la ca l'arc licvêque Peyre Berland,
Archives historiques de lu Gironde, l. III. p. 140.
DE VII I.AM'l; LHDO. 159
gnation «le Charles VIL se transporta en Languedoc.
Plusieurs petites bandes insoumises, par-dessus les-
quelles avait passé, sans les atteindre, la proscription
naguère édictée contre les Rodrigais, erraient dans la
province. Leurs capitaines firent alliance avec le bâtard
de Bourbon, et tous ensemble s'étant établis dans le
bourg de Sainte-Gavelle, voisin de Toulouse, trouvèrent
moyen de vivre pendant plusieurs mois aux dépens de
cette capitale1, k la lin ils vendirent leur retraite,
moyennant un palis avantageux*. L'une des conditions
du traité était qu'ils iraient rejoindre l'armée de
Guienne. Par ordre du roi, Poton de Xaintrailles vint
exprès à Toulouse peur les emmener et veiller à ce
qu'ils suivissent leur chemin sans s'écarter \
Dans un mémoire adressé par la noblesse de Guienne
au gouvernement anglais, on porte à I i 000 chevaux-
la force qui se trouva réunie, après leur jonction, sous
l'étendard du roi de France4. Tant de cavalerie com-
1 Miguel del Verms, Chronique* béarnaises, p. 596.
4 Vaissete, Histoire ,!<■ Languedoc, t IV. p. Ï89.
' Quittance donnée par Poton de Xaintrailles, le 8 août 1458, à Tou-
louse, de la sotnme de -'non écus d'or à lui « donnée, promise et accor-
dée par les gens des trois Estaz de la seneschaucié, pour aider à vivre,
conduire et soutenir, et faire plus toust et hastivement passer de toute
ladicte seneschaucié certaine grant compaignie de gens d'armes et de
traict dont le roy nostre sire m'avoit donné la charge soubz son esten-
dart, pour faire guerre en Guienne. » Vallct de Viriville, Histoire de
Charles 17/, t. 1. p. 404. On voit par une autre quittance du même jour
que la sénéchaussée de Toulouse fournit en outre une provision de blé
et de vin p iut le voyage. Tardif, Monuments historique* , p. 156 , vo-
lume de l'Inventaire imprimé des Archives nationales.
* « Lodit de La Brit, dus hans a passais, ab grant companhe de rolers,
de qui a cou le de xiiij inili rosins, ab l'estandard deu rey tïi anses, es vien-
cut en Bordâtes et en las Lanes. » Collection Bréquigny, vol. lxxmi, aux
mss. de la Bibliothèque nationale.
[60 VIE DE RODRIGUE
posait une armée qu'un territoire épuisé n'était point
en état de nourrir bien longtemps. En effet la néces-
sité de se séparer pour aller chercher leur vie ailleurs
s'imposa bientôt aux capitaines, qui en prirent bra-
vement leur parti. Le sire d'Albrel, en vertu de ses
pouvoirs et avec le concours des garnisons qui furent
laissées dans les places qu'elles occupaient, se chargea
de garder ce qu'on avait fait de conquêtes. Rodrigue,
Poton de Xaintrailles, le bâtard de Bourbon et les au-
tres, se mirent en devoir de vider le pays.
Ils s'éloignèrent, ne pouvant pas douter du résultat
qu'aurait leur retraite. 11 était trop évident qu'avec
Bordeaux pour point d'appui les Anglais reprendraient
le dessus dès qu'ils pourraient envoyer de nouvelles
troupes en Guienne. C'est ce qui arriva effectivement
l'année suivante. De toutes les places conquises, on ne
conserva que Tartas, au bord des landes de Gascogne.
Que de morts d'hommes, de violences commises et de
souffrances infligées, pour peu de profit ! Quel argu-
ment de plus pour les mécontents, qui imputaient au
gouvernement le dessein d'éterniser la guerre, afin de
procurer de l'occupation aux gens-d'armes!
Sur quelle contrée allait fondre la horde impitoya-
ble qui avait saccagé le riche Bordelais? Longtemps on
s'en préoccupa en France et hors de France, même
après que le danger n'existait plus.
La ville de Bàlc, épouvantée par une courte appari-
tion îles Ecorcheurs du nord en Alsace, se persuada
que, s'ils s'étaient retirés sans s'attaquer à elle, c'était
afin d'aller se rallier avec leurs contingents du midi,
DE VILLÀNDR LMm. 101
el qu'ils reviendraient en nombre se saisir <l«_'s pas-
sages du mont Jura, L'objet de leur convoitise ne pou-
vant être qui1 le pillage de la cité opulente OÙ la pré-
sence du concile faisait pour le moment affluer tous [es
biens. Or c'est plus de neuf mois après] que les com-
pagnies avaient quitte la Guienne qu'on se livrait à ers
appréhensions sur les bords «lu Rhin. 11 n'est pas moins
étrange que les magistrats de Besancon, interrogés par
les Bàlois sur l'imminence du danger, aient rassuré
leurs voisins en leur affirmant que Rodrigue et \ain-
trailles étaient encore devant Bordeaux1.
Ces craintes avaient pris naissance à la cour de
Bourgogne. Dès le temps de l'évacuation du Bordelais,
le duc Philippe crut à une conjuration de tous les rou-
tiers contre ses Étals, si bien que, dans une correspon-
dance active qu'il entretint a ce sujet avec le gouverne-
ment de Charles VII, il sollicita l'appui de l'autorité
royale. Sur ses instances, le roi enjoignit publiquement
à Poton de Xaintrailles, Rodrigue, Je bâtard de Bour-
bon et consorts, de respecter les possessions d'un prince
qui était à la fois son allié, son vassal el son proche
parent".
Quels qu'aient été les projets antérieurs de ces capi-
taines, il est certain qu'en quittant la Guienne ils ne se
dirigèrent point du côte de la Bourgogne. Tout au con-
traire ; au lieu d'aller chercher l'un des passages de la
Caronne, ils s'écoulèrent par le pays de Marsan pour
gagner Condom et lieux circonvoisins où ils s'arrè-
1 Ci-après, Pièces justificatives, n i.xw.
* Ci-après, Pièces justificatircs, n l\.
Il
102 VIE DE RODRIGUE
tèrent plusieurs jours1. Était-ce en vertu des ordres
du roi qu'ils prenaient ce chemin? Non, car le roi,
aussi peu soucieux de les avoir sur ses terres que de les
voir sur celles de son parent, avait décrété la levée d'un
subside à répartir entre eux pour les empêcher de ren-
trer en Languedoc2. Ils y rentrèrent cependant, parce
qu'il se présenta de ce côté quelque chose qui leur pro-
mettait mieux que tout ce que le roi pouvait leur offrir.
Au résultat très-douteux de l'opération fiscale qu'on al-
lait pratiquer, après tant d'autres, sur une population
épuisée, ils préférèrent les chances de la guerre dans
des contrées préservées jusqu'alors de la dévastation,
et leur honne fortune voulut que cette perspective s'ou-
vrît à leurs yeux de deux côtés à la fois.
D'ahord, le comte d'Armagnac et les princes deFoix
étaient aux prises dans le comté de Comminges. Les
habitants de ce petit pays s'étant mis en révolution
pour obtenir la délivrance de leur comtesse, séquestrée
depuis vingt ans par Mathieu de Foix, son mari, le
comte d'Armagnac se porta défenseur de l'opprimée,
appela en conséquence les compagnies lorsqu'elles ter-
minaient leur affaire de Guienne, et fit si bien que les
Etats du Comminges reçurent avec acclamation ces dan-
1 Miguel del Vernis, Chroniques béarnaises, p. 596. Le passage à
Condom est attesté par une note manuscrite du livre des coutumes de la
Ville, conçue en ces termes : a Anno Domini miilesimo quadringentesimo
Irircsimo octavo, vengo en aquest pafais R;idigo ab gran re de gens
d*armas sus la palus, en la companhia deu noble Poton de Santa-Rallia,
loqual menaba la ensenha, so es à dise, Festandart deu rey nostre sen-
lior, en que eslan ix joins esta biela deforas; e l'estandart de'morec aus
Predicados, aus despens de la biela, » Communication de M. Parfouru,
archiviste du département du tiers.
* l'icecs justificatives, n" ixm.
DE \ l! LANDR INDO 163
gereux auxiliaires. Rodrigue el Poton de Xaintrailles
entrèrent par Montrejeau où Le bâtard de Bourbon les
avait devancés. Pendant que Kaintrailles s'établit à Sa-
matan, \ illandrandoalla prendre position à SaintrJub'a.
Ils curont bientôt chassé les Béarnais de partout, ex-
cepté de Muret, de Saint-Lezier et de la montagne de
Castillon, trois places extrêmement fortes, dont ils ne
s'étaient point engagés à entreprendre le siège1. Ayant
mis de leurs gens dans plusieurs châteaux, qu'ils en-
tendaient garder comme gages, ils laissèrent le eomle
d'Armagnac s'arranger du reste, et eontinuèrent leur
route le long des Pyrénées; ear la seconde partie de
leur programme les appelait en Roussi lion.
D'après des bruits rapportés par l'annaliste Çurita,
l'instigateur de celte course lointaine aurait été René
d'Anjou, lequel, poursuivi en Italie par les armes du
roi Alfonse d'Aragon, se voyait menacé dans la posses-
sion du trône de Naples. René aurait cherché à éloi-
gner son rival en lui suscitant des embarras en Espagne2.
Mais René, ou ceux qui travaillaient pour lui en France,
auraient-ils pu espérer qu'une simple irruption de
routiers détournât Alfonse le Magnanime de sa con-
quête ? Lorsque l'on informa ce prince de la rumeur
publique, il fit la réponse à laquelle on devait s'at-
tendre, à savoir qu'il ne quitterait point l'Italie pour si
peu.
L'intérêt de la maison d'Anjou mis en avant me
fait plutôt l'effet d'un faux bruit, à la faveur duquel
1 Miguel del Verms, Chroniques béarnaises, p. 596.
i Çurita, Anales de la Corona de Aragon, 1. XIV, c. Ll.
104 VIE DE RODRIGUE
voulait se dérober le véritable ordonnateur île l'eut re-
prise, et celui-ci serait, selon moi, le connétable de
Caslille, cet Alvaro de Luna que nous avons déjà vu
nia. binant, dès 1451, quelque chose de pareil à ce
dont il s'agit présentement.
Ministre tout-puissant de Juan II, ou plutôt roi sous
le nom de ce monarque, Alvaro de Luna poursuivait
depuis quinze ans, au milieu des périls et au mépris
des factions, une politique invariable dont le but était
de soustraire la Castille à l'insolence des grands et aux
prises de la maison d'Aragon. Il croyait avoir réduit
pour toujours les partis à l'impuissance et commençait
à jouir de son triomphe, lorsqu'une ligue, dont l'agent
le plus actif était l'infant d'Aragon, frère du roi Al-
fonse, se déclara contre lui. Pressé parle danger de
cette coalition, il appela ses amis à son aide. Le comte
Rodrigue, qui était du nombre, lui envoya pour sa
part un secours de trente-six lances sous le commande-
ment de son fils1.
Ce fils, que les généalogistes n'ont point connu, était
un bâtard assurément. Quant au secours de trente-six
lances (une centaine d'hommes), tout chétif qu'il paraît
être, il eût été difficile à Villandrando de le faire plus
grand ; car dans ce débat qui mettait en présence deux
factions rivales il n'avait le droit de s'immiscer qu'à
titre de grand de Castille avec l'appui de sa maison mili-
1 « Tambien al llamainienlo qu'el Condestable a fecho de.los que lle-
van su acostamiento, son venidos bien guarnidos e diligentes a punto el
l'i.io del conde <lr Ribadeo con xxxvj lanzas, el mariscal Gomez Carillo con
nw lanzas, etc. » Centon e/nstolario del bachiller de Cibdareal, p. 79.
DE \ III. WM; \Mmi. [05
laire. Mais, -'il ne lui étail pas permis d'agir dans son
pays comme général d'une armée étrangère, du moins
pouvait-il hors de la Castille servir Alvaro de Luna par
tous les moyens indirects. Rien en ce genre n'étail
mieui trouvé que d'attaquer le Roussillon, province
soumise au roid'Aragon, qui était à la fois un allié des
Anglais, l'ennemi déclaré d'un prince français el un
voisin très-malveillant de la France. On avait présumé
avec raison que cette agression inattendue ramènerai I
chez lui, par la menace d'un incendie clans sa propre
maison, non pas le roi, maïs l'infant, frère du roi,
qui (lassait sa vie à souffler le feu en Castille. C'esl
effectivement ce qui arriva, ainsi qu'on va le voir dans
un instant.
Homme en s'éloignant «lu pays de Gomminges Rodri-
gue el ses deux associés entrèrent sur les terres du roi,
el que le roi était resté leur débiteur à raison de la
campagne de Guienne, ils trouvèrenl légitime, en pas-
sant, de se payr de leurs arrérages sur les populations.
Le comte de Ribadeo prit sur lui, pour son compte, de
rançonner la sénéchaussée de Carcassonne.
Il s'empara d'Alzonne avec mille chevaux. Cette ville,
située à trois lieues de Carcassonne, fut sa place d'ar-
mes et le centre de ses opérations pendant dix-sept jours.
Il y fut assiégé par les milices de Carcassonne et des au-
tres communes du pays, qui s'étaient armées en voyant
les dégâts de l'an 1456 se renouveler. D'abord il mé-
prisa l'effort de ces vilains; mais leur nombre aug-
mentant sans cesse, et la difficulté de sauver le butin,
quand il faudrait rompre leurs lignes, devenant mani-
166 VIE DE RODRIGUE
feste, il se décida à vider les lieux pendant la nuit, afin
d'aller chercher une position plus sûre1.
Le roi, informé de cela, envoya à ses agents les in-
structions les plus pressantes pour obtenir que la pro-
vince se résignât à un nouveau sacrifice d'argent, payer
étant le moyen le plus prompt de mettre à la raison
des créanciers implacables. Une aide supplémentaire
fut octroyée en effet, à Carcassonne même, on ne voit
pas trop par quelle formalité2, mais certainement sous
la menace du comte Rodrigue, qui ne continua sa route
que lorsqu'il eut été satisfait. D'ailleurs son éloigne-
ment ne fut pas la délivrance complète du pays, parce
que Salazar, avec un autre capitaine qu'on appelait le
bâtard de Béarn, prit domicile pour plusieurs mois dans
les montagnes du Lauraguais, et que, de là, tous les
deux se firent sentir, tantôt à Carcassonne, tantôt à
Limoux \
Le corps principal des routiers, toujours commandé
1 Bouges, Histoire ecclésiastique et civile de la ville et diocèse de
Carcassonne, p. 275. Cet auteur, et Dom Vaissete d'après lui (t. IV.
p. 489), mettent l'invasion du Carcassais au mois de mai 1458; mais cette
date est erronée, car Rodrigue passa certainement le mois de mai en
Guienne. D'ailleurs Bouges donne lui-même la preuve de sa méprise en
disant que Rodrigue s'éloigna de Carcassonne pour entrer dans le Com-
minges : or le Comminges ne fut envahi qu'au retour de l'expédition du
lîordelais.
- Dom Vaissete (t. IV, p. 490) suppose que les États, qui avaient déjà
voté l'aide annuelle à Béziers au mois d'avril, se réunirent de nouveau en
novembre à Carcassonne; mais il ne parait pas avoir eu pour établir ce
fail d'autres documents que ceux rapportés ci-après, Pièces justificatives,
n°' lxiii et i.xiv, où il n'est pas dit mot d'une assemblée d'États. L'octroi
semble avoir été fait par quelques députés des États réunis uux membres
d'une Cour des aides qui fonctionnait depuis deux ans en Languedoc.
r> Bouges, 1. c; Jolibois, Inventaire sommaire des archives commu-
nales d'Albi, p. 46.
DE MM. INDRÀNDO. 161
par Rodrigue, par Kaintrailles el par le bâtard «le
Bourbon, opéra enfin son entrée dans le Roussillon à la
fin du mois de novembre I 158. Ils arrivèrenl au galop
jusqu'à quatre milles de Perpignan. Là, ayant tenté sans
succès l'escalade d'une petite place dont ils avaient mal
calculé la force, ils furenl contraints de se replier sur
Salces, qui i inl égalemenl contre leur impétuosité. Après
qu'ils eurent manqué ces deux entreprises, il leur de-
vint si difficile de s'assurer d'aucune ville fermée ou
forteresse, qu'ils j renoncèrent. Ils prirent leurs quar-
tiers d'IuM'r à proximité des frontières du pays, dans
l'intention, fut-il dit, de recommencer leur attaque et
même d'entamer la Catalogne, dès que le printemps
serait venu l.
On aurait peine à se figurer l'effet produit dans les
pays de la domination aragonaise par cette incursion,
dont les compagnies cependant n'eurent pas tant à se
louer. La France tout entière se sérail avancée contre
les Pyrénées, que L'émotion n'eût pas été plus grande.
La reine lit appel de Barcelone, où elle se tenait, à tous
les Catalans en état de porter les armes, tandis que le
roi de Navarre, frère du roi d'Aragon, fut sollicité de
venir en toute hâte à Saragosse pour y convoquer les
cortès, et prendre en attendant les mesures jugées néces-
saires au salut du royaume. Les cortès se réunirent
effectivement au mois de février suivant (1459) ; mais
délibérations et armements devinrent bientôt superflus,
parce que l'ennemi délogea sans avoir rien tenté de ce
1 (jurila, Anales, etc., 1. XIII, c. u.
|i, s VIE DE RODRIGUE
qu'on lui attribuait. La campagne était médiocre, si on
ne l'avait entreprise que pour le butin; mais, si on
avail voulu faire une diversion utile au connétable de
Castiile, on avail réussi. L'infant don Henri, rappelé
par un ordre que le roi Alfonse lui envoya de Gaètc,
dul quitter la Castiile pour se rendre à la défense de
l 'Aragon '.
Dans le même temps et pour la même raison, la
Bourgogne put se remettre de ses alarmes.
Il faut se rappeler ce qui a été dit plus haut. Dans
les conseils du due Philippe, aussi bien que dans le
peuple, on était convaincu que l'hiver ramènerait la
visite de Rodrigue et des capitaines d'Ecorcheurs em-
ployés devant Bordeaux. La chose étail confirmée par
des informations qu'on avait lieu de croire certaines ;
le due de Savoie, le comte de Ne vers, d'autres person-
nages éminents avaient écrit en ce sens, soit au prince.
soil à ses ministres. En conséquence les Etats du pays,
réunis à Dijon dans le mois de novembre 1458, vo-
tèrent un subside pour la formation immédiate d'un
corps de quatre cents hommes-d'armes, destiné à re-
pousser les agresseurs lorsqu'ils si1 présenteraient8. La
panique passa jusqu'en Franche-Comté. A Besançon, où
l'on montra plus de sang-froid par la suite, tout le
monde se mit sous les armes, à ce point qu'une partie
du clergé se lit inscrire pour défendre la ville contre
les Ëcorcheurs3. Mais les donneurs de sinistres nou-
1 Çurita, 1. XIII, c. mi.
1 Ci-après, Pièces justificatives, n i.xi.
Ilodie fuerunl dcnulnti Basan el TollelnA scribendum dominos el
DE MM. \M'i; \Mmi. iog
velles, c( le gouvernemenl bourguignon, et le peuple,
s'étaient trompés. Le fléau qu'on s'attendait à voir
tondre sur la vallée de la Saône ue se détourna pas
de In ligne des P\ renées.
En fait de souffrances causées par les gens-d'arnies,
le Haut-Languedoc n'avait rien vu encore qui fût com-
parable à ce qu'il endura au commencement de I $39,
après que les corps expéditionnaires du Roussillon eu-
rent renoncé à poursuivre plus loin leur entreprise;
car le Haut-Languedoc fui la contrée sur laquelle toutes
les bandes s'abattirent à la fois. Le roi étant attendu à
Montpellier, d'où il devait se rendre au Pny pour tenir
les Etals de la province, il n'aurait pas été prudent
d'aller s'établir dans la sénéchaussée de Nîmes; et d'au-
tre part Rodrigue, en vertu d'un traité récemment mé-
nagé par le comte d'Armagnac entre lui et le consolai
de louiez, venait de s'interdire à tout jamais l'entrée du
Rouergue '. Telle estla cause du concertavec lequel fut
entrepris le rançonnement des hautes terres du Langue-
doc.
Le soin des capitaines fui de se poster aussi près que
possible des grnndes villes.
Le comte Rodrigue, pour sa part, jeta son dévolu sur
Toulouse. Maître de Villemur sur le Tarn, deBouzelle
capellanos ecclesie, et alios familiares, qui petierunt arma porlare cl se
deffendere contra excoriatores, si opus sit(lG mars 1 iô 8/K). — Bodie
nieront deputati capitanei pro gentilnis capituli, ad deflensionem ville
contra excoriatores, Orlanl et Gazel » (18 mars). Extraits du registre LJ
des délibérations du chapitre métropolitain de Besançon, communiqués
par M. A. Castao.
1 Ci-après, Pièces justificatives, n" ixv.
170 VIF DE RODRIGUE
sur la Garonne, et de plusieurs autres postes comman-
dant les grandes voies de communication, il étreignit
cette capitale au point que, pendant plusieurs semaines,
elle ne reçut rien, ni vivres, ni marchandises, sur quoi
les routiers n'eussent prélevé l'impôt1. Et cela eut lieu
lorsque la disette durait encore, et sans préjudice des
chevauchées qui foulaient la campagne, ni des feux qui
la dévoraient, ni des ravages exercés autour d'Àlbi et
de Carcassonne par les autres compagnies, ni des hor-
reurs dont le Comminges n'avait pas cessé d'être le
théâtre, ni enfin des pointes que faisaient continuelle-
ment sur le Languedoc les défenseurs des places fron-
tières de la Guienne.
Le roi fut d'autant plus désespéré de cette universelle
dévastation, qu'il avait cru la prévenir en se transpor-
tant lui-même en Languedoc pendant l'hiver, et qu'afin
d'encourager les capitaines, Rodrigue avant tous les
autres, à vivre sans opprimer le peuple, il venait de
leur faire voter de l'argent par les États particuliers de
toutes les provinces du midi 2. Ne sachant plus à quel
parti recourir, il envoya à Toulouse les meilleures têtes
de son conseil, avec charge de tout faire en vue d'une
prompte pacification.
Ces commissaires commencèrent par ménager entre
les capitouls et les chefs de routiers un accord qui ren-
dit à Toulouse la liberté de ses communications. La
retraite de Rodrigue était achetée deux mille écus d'or
1 Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV, p. 492; Pièces justifica-
tives, ci-après, n° i.xyi.
■ Ci-après, Pièces justificatives, n iayiii et lxxiii.
HE VILLANDRANDO. 171
et celle du bâtard de Bourbon mille ('eus, outre les ca-
deaux offerts aux officiers de ces deux seigneurs, et les
faux frais1. Mais ce traité ne rétablissait la sécurité
publique qu'autant que la pacification s'étendrait au
Comminges, car il y avait là, les choses restant en l'état
où elles étaient, un champ de manœuvres tout prêt pour
les compagnies, qui n'auraient pas manqué de s'y
transporter en masse, au grand péril de la sénéchaus-
sée de Toulouse. C'est pourquoi les commissaires du roi
employèrent une partie de leurs efforts à faire cesser la
guerre qui désolail ce pays.
Ils y parvinrent en induisant les États du Comminges
à déférer à l'arbitrage de Charles VII le différend si
compliqué d'où cette guerre était sortie2. Les hosti-
lités une fuis suspendues, il fut possible d'amener le
comte de liihadeo à s'entendre avec le comte de Com-
minges pour l'abandon des places dont les Rodrigais
s'étaient rendus maîtres l'année d'avant. Ce fut,
comme toujours, une affaire d'argent. On convint que
les fonds seraient fournis par le comte de Foix, neveu
du comte de Comminges5. Comme la somme était forte,
il n'en fut payé comptant qu'une partie, le reste devant
être acquitté à diverses échéances.
L'oncle et le neveu ne s'en tinrent pas là. Leur mai-
son avait contre le castillan de vieux griefs dont ils
voulurent que la trace fût à jamais effacée, et à celte fin
1 Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV, p. ifl'2 ; ci-après, Pièces
justificatives, n" lxvii, lxx, lxxi, lxxii.
- Vaissete, Histoire de Languedoc, t. IV, p. 493.
5 Miguel dcl Venus, Chroniques béarnaises, p. 596.
172 VIE HE RODRIGUE
ils conclurent avec lui un pacte par lequel ils se pro-
mirenl assistance mutuelle. Rodrigue se fit leur allié
et leur serviteur moyennant une pension qu'il recevrait
d'eux, et tous les trois validèrent par les serments les
plus solennels les engagements qu'ils prenaient vis-à-vis
l'un de l'autre1.
Restait la question de savoir ce que l'on ferait des
gens-d'armes aussi bien que des capitaines mis en dis-
ponibilité par ces arrangements. Cette partie de la tâche
revint au dauphin que le roi envoya sur les lieux,
investi des pouvoirs de lieutenant-général et entouré
d'une escorte de sages conseillers.
Le dauphin, qui fut plus lard Louis XI, n'avait en-
core que seize ans, mais il valait déjà mieux que bien
des hommes mûrs pour décevoir les gens par des pa-
roles artificieuses, pour dorer aux yeux des plus fins les
marchés désavantageux, pour diviser les plus unis de
manière à ne pas les laisser deux ensemble. Son habi-
leté précoce, étonnamment secondée par l'imprévu des
événements, le rendit maître en un clin d'œil de la
situation.
Au moment de son arrivée à Toulouse, Rodrigue
avait dans son camp l'archidiacre deCuença, qui venait
de par le roi don Juan pour l'emmener en Castille avec
tout ce qu'il pourrait réunir de combattants; et cette
injonction, rendue dans les termes les plus pressants,
ne comportait ni excuse ni délai, attendu que l'op-
position des grands avait dégénéré en guerre civile, et
1 Ci-après, Pièces justificatives, x\ ixix.
DE \ ILLANDR \ NDO. 173
que dix mille hommes demandaient, la lance au poing,
la perte d'Alvaro de Luna1. Aussi le comte de Ribadeo
se mit-il immédiatement à faire ses préparatifs de
départ.
Par là se trouva levé le principal obstacle. Ou allait
être délivré, au moins pour un lemps, de la plus redou-
table des bandes et du capitaine dont l'exemple était
pour tous les autres un encouragement pernicieux. Le
dauphin, en homme qui sait tirer parti des circon-
stances, profila du désarroi où la retraite de Rodrigue
mettait ce monde de routiers pour agir sur les chefs
des compagnies, faire renoncer les uns à leur comman-
dement en les attachant à sa pjrsonne, enchaîner les
autres au service du roi en les soumettant à une régu-
larité qu'ils n'avaient jamais connue. Ainsi il lit
Polon de Xaintrailles son premier écuyer de corps, cl
capitaines d'ordonnance le bâtard de Béarn et le
bâtard d'Armagnac, deux des aventuriers qui étaient
entrés en Guienne avec le bâtard de Bourbon. Quant à
ce bâtard lui-môme, il semble qu'il ait jugé à propos
de disparaître pour quelque temps en faisant courir le
bruit de sa mort ; car sa compagnie, éconduite à prix
d'argent, fut désignée, dans la répartition des fonds
qu'elle recul, comme « compagnie du feu bâtard de
Bourbon". » Il est prouvé cependant que Gui de Bour-
bon ne mourut qu'en I i il 3.
1 Fernan Perez de Gazman, Cronica del rey d. Juan el II, p. 596.
- Vaisseie, Histoire de Languedoc, i. IV, p. 192 «lu texte, et 454 des
prouves.
5 Histoire généalogique de la maison de France, l. I, p. 304; ci-
après, Pièces justificatives, n xiv.
174 VIE DE RODRIGUE
Le dernier acte qui témoigne de la présence de Ro-
drigue de Villandrando sur le sol français est une quit-
tance qu'il donna «à Toulouse, le 9 juin 1459, pour
une allocation que les Etats d'Auvergne lui avaient
précédemment accordée1. Son départ suivit de peu.
La semaine d'après, il descendait à la tête de trois
mille combattants2 le revers espagnol des Pyrénées.
En ce moment le roi don Juan traitait avec les révol-
tés pour un armistice de quarante jours, pendant lequel
on tacherait de s'accorder à Tordesillas, village situé à
six lieues de Valladolid. On savait en Gastille que des
troupes avaient été mandées de France ; on fit pro-
mettre au roi qu'aussitôt qu'il serait informé de leur
approche il leur enverrait l'ordre de s'arrêter. Mais, ou
les routiers allèrent plus vite que les courriers du roi, ou
bien (ce qui est plus supposable) le roi feignit l'igno-
rance jusqu'au dernier moment, caria venue de Rodri-
gue ne s'ébruita que par la rumeur publique, lorsque
ce capitaine approchait de Roa, ayant déjà fait soixante-
dix lieues sur le territoire espagnol".
Roa est sur le Duero, à une journée de marche de
Valladolid, qui servait pour le moment de quartier géné-
ral aux insurgés, tandis que le roi se tenait à Médina
del Campo, à peu près à distance égale, de l'autre côté
du fleuve. A la nouvelle du danger que courait Roa, les
1 Gi-ni>i es, l'icces justificatives, n° lxxiii.
a C'est le chiffre donné par Fernan Ferez Guzman (p. 596) et par Çu-
rita (1. XIV, c. lviii). Mariana dit : a A la sazon habia llegado Rodrigo de
Villandrando de Francia con quatro mil caballos. » (L. XXI, c. xiv.)
" Seguro de Tordesillas del Conde de Haro, cap. XXIV. Imprimé à la
suite de la chronique d'Alvaro de Luna, édition Sancha.
DE VILLAKDRANDO. 173
grands do Cas tille envoyèrent pour la défendre quinze
cents hommes de cavalerie sous le commandement de
don Pedro de Zuniga, comte de Ledesma; mais, avant
que ce seigneur arrivât, il n'y eut plus rien à défendre,
attendu que la ville ouvrit ses portes au comte de Ri-
badeo, sur la présentation des lettres royales dont l'ar-
chidiacre de Cuença était porteur. Ledesma, s'arrêtant
assez loin de la ville, détacha de sa troupe un corp- île
génétaires (c'était une cavalerie légère empruntée aux
Maures) pour aller escarmoucher sous les murs. Salazar,
chargé de répondre à ces premiers venus, essaya sur
eux l'avantage des troupes organisées à la française.
Après les avoir tenus longtemps, par ses archers, hors
de portée pour la manœuvre de leurs javelines, il les
rompit avec ses gens-d'armes.
Le résultat de cet engagement fut que les Espagnols
se retirèrent à une lieue plus loin en arrière, attendant
du renfort qui ne tarda pas à leur venir de Valladolid
sur le bruit que le roi voulait venir chercher à Roa son
sujet et auxiliaire, Rodrigue de Villandrando.
En effet .le roi s'avança dans cette intention jusqu'à
Olmedo; mais là, cédant aux remontrances du comte
de Haro, qui lui rappela la promesse donnée par lui,
il voulut bien retourner à Médina, après avoir donné
son scellé comme quoi le comte de Ribadeo restera il
confiné dans Roa jusqu'à nouvel ordre. Ledesma de son
côté consenti! à rentrer dans Valladolid '.
L'acte si fameux dans l'histoire d'Espagne sous le
1 Fernan Perez de Guzman ; Seguro de Tordesillas.
I7G \ II'- DE RODRIGUE
nom de Svt/uro tir Tordesillas, c'est-à-dire les sûretés
données pour la tenue d'un congrès où la paix devail se
conclure, cel acte porte une clause spéciale en faveur
de Rodrigue de Villandrando. Il y est dil qu'il pourra
venir faire la révérence au roi à ïordesillas, avec un
équipage de trente bètes de somme; que d'ailleurs il
aura délai de cinquante jours pour aller, venir, sé-
journer et sortir du royaume avec ses gens, ou ses
gens sans lui. Mais, sauf le cas de sa visite au roi ou
celui de sa retraite hors de l'Espagne, le traité de
Tordesillas le confinait encore à Roa1: ce à quoi il ne
se conforma pas trop scrupuleusement, car on ne larda
pas d'apprendre qu'il était sans cesse en course de
l'autre côté du Duero; qu'il envoyait en cachette de
petits détachements de sa compagnie à Médina; enfin
qu'il s'efforçait de préparer les choses pour le roi
comme s>'il savait que le congrès dût bientôt se dis-
soudre.
Effectivement on vit bientôt arriver à Médina, et
Juan 11, qui niait que les conférences de Tordesillas
pussent aboutir à rien, et son cher connétable, qui
ne voulait pins se tenir à l'écart, comme on l'avait
induit à faire jusque-là. Cette rupture subite amena
de nouvelles hostilités, lesquelles à leur tour lurent
suivies d'un autre congrès qui se tint à Castronuno,
trois lieues plus loin de Valladolid que Tordesillas. Là
le talent d'Àlvaro de Lima, qui vint lui-même plaider
sa cause, échoua contre la haine de ses ennemis. 11 fut
1 Ci— api'ès: Pièces justificatives, n lxxit.
DE Mil- V MM! \MiH. 177
forcé cie consentir à son exil temporaire, au sacrifice
de la grande maîtrise de Saint-Jacques, enfin à la
réintégration des princes aragonais dans l'autorité
excessive d'où il iesavail fail déchoir dix ans aupara-
vant1. Le roi adouci) celte disgrâce en publiant, sous
forme de sauve-garde, une apologie de son favori,
qu'il adressa à tous les grands de son royaume, <•!
nommément au comte de Ribadeo*.
Ainsi unit sans bataille, siège ni sac de ville, l;i
sédition quianiena, en I 159, 1rs routiers de France en
Espagne. La présence de troupes aguerries, tombées
du ciel en quelque sorte au cœur de la Caslille, «tonna
à réfléchir aux révoltés et leur lii beaucoup rabattre
de leurs projets contre Alvaro de Lima, (le résultat,
joint à ce (|iie le fait avait d'extraordinaire en lui-
même, est cause que la venue du comte île Ribadco a
toujours été considérée comme l'un îles plus notables
événements du règne de Jùan 11. La matière en a
même paru assez importante pour devenir, au seizième
siècle, l'objet d'un ouvrage spécial. Il faut dire que ce
fut de la part d'un intéressé. Don Rodrigo Gomez de
Sarmiento, deuxième arrière-petit- fils de notre Ro-
drigue, est l'auteur de cet écrit, que je n'ai pu me
procurer, à mon grand regret. Josef Pellizer en avait
vu le manuscrit, qui probablement existe encore dans
quelque bibliothèque de l'Espagne*.
Un article du traité de Castronuno prescrivait la disso-
1 Seguro de Tordesillas, capp. iaix. rwvn, lxxh el i.wxii.
- Coronica del Condestabie Alvarode Luna (appendices), p. 113.
"• Joscf Pellizer, Informe del origen, etc., fol. 51. Cel ouvr.ige ;< pour
12
17S VIE DE RODRIGUE
lulion immédiate des corps de (roupes rassemblés par
l'un et l'autre parti. Par là lecomtede Ribadeose trouva
de nouveau dans l'alternative, qui lui avait été faite à
Tordesillas, ou d'emmener avec lui sa compagnie en
France, ou de l'y renvoyer promptement, s'il préférait
rester en Castille. 11 choisit ce dernier parti, sans doute
parce qu'il en fut prié par le connétable ou par le roi lui-
même, en prévision d'un revirement que l'on pensait
ne devoir pas tarder beaucoup à se produire. Quant à
renoncer à la situation importante qu'il avait prise en
France, il n'y songea pas pour le moment. Son inten-
tion manifeste était alors de retourner sur le champ
habituel de ses exploits aussitôt que le permettraient
les circonstances. Provisoirement, il ne songea qu'à
remettre entre les mains d'un dépositaire fidèle le com-
mandement de tout ce qu'il y avait d'hommes soumis
à son serment des deux côtés des Pyrénées. Il eut assez
de confiance en son lieutenant Salazar pour le charger
de ce mandat. Après avoir fait jurer à ses braves qu'ils
obéiraient à ce capitaine comme à lui-même, il les
congédia en les exhortant à soutenir, comme ils le
devaient, le prestige de son nom et l'honneur de sa
bannière.
C'est ici le lieu de parler d'une singulière faveur
qu'il se fit accorder par le roi de Castille, et qui nous
introduit par un coin dans le secret de ses affaires.
11 n'était pas de ceux qui amassent uniquement
titre : « Et socorro del conde de Ribadeo don Rodrigo de Villandrando al
rey don Juan et secundo, con todos lôs privilegios, cedutas y cartas realcs
pc 'lonci icnl s n aquc-liu accion. »
DE Yll.I.ANUKAMio. 179
pour le plaisir de thésauriser. Au talent d'acquérir il
joignait celui de faire valoir, et dans ses rapports avec
les gros marchands de tous les pays, il avait appris
qu'il n'y a placement comparable à celui de l'argent
que l'on met dans le commerce maritime. Justement
il se trouvait être possesseur d'un navire. L'avait-il
conquis pendant la guerre du Bordelais, ou l'avait-il
reçu comme dépendance de son comté de Ribadeo, dont
le chef-lieu est port de mer, ou enfin se l'était-il tout
bonnement procuré pour se livrer à la spéculation?
Les actes n'en disent rien; mais ce qu'ils permettent
de comprendre, c'est que, se trouvant de loisir, il
songea à tirer parti de son vaisseau.
La Caslille alors n'avait guère de débouchés ailleurs
qu'en France et en Angleterre. Le marché de la France
languissait et ne devait pas reprendre de si tôt .son
activité; celui de l'Angleterre était fermé par suite de
l'hostilité des deux Etats. Cependant les Anglais
avaient grand besoin des fers de la Biscaye, et les sujets
de la couronne de Gastille souffraient de la disette des
draps anglais. Quels bénéfices pour l'Espagnol qui
serait autorisé, par exception, à faire l'échange entre
les deux pays! Celle faveur extraordinaire, Rodrigue
osa la solliciter pour lui, grâce à une mésaventure
qu'il avait éprouvée pendant son trajet de France en
Espagne.
Attaqué au passage des Pyrénées par un parti d'An-
glais, il s'était vu enlever, sans espoir de les délivrer,
plusieurs personnages importants de sa suite, entre
autres un Pedro Carillo et un Fernando de Tovar, qui
180 VIE M. RODB Mi l i
était son propre neveu. 1! nous semble que la rançon
de ces prisonniers aurait dû être payée par Je roi de
Caslille, puisque la capture avait été faite dans une
marche exécutée pour le service du roi deCastille; elle
fut mise cependant à la charge de Rodrigue. 11 allégua
Ténormitédu sacrifice pour réclamer le privilège dont
il vient d'être question. La concession lui fut octroyée
pour quatre voyages que son navire aurait la faculté
d'accomplir dans le délai de trente mois1.
11 eut tout le loisir de surveiller les préparatifs de son
entreprise. Les choses ne vont pas si vite en Espagne
qu'en France. Plus d'un an s'écoula avant qu'on osât
parler du rappel d'Àlvaro de Lima. A la fin, les amis
du connétable perdirent patience. Ils conseillèrent de
le faire redemander par les Cortès, croyant que par là
on éviterait l'orage ; mais les haines n'étaient pas en-
core assoupies. Les grands reprirent les armes; l'infant
d'Aragon ouvrit la campagne par une marche précipitée
sur Tolède.
A la nouvelle de ce mouvement, le roi qui était
à Arevalo fit mettre à cheval tout ce qu'il avait de
monde autour de lui, et prit lui-même avec cette
escorte le chemin de Tolède. Il espérait gagner de vi-
tesse don Henri et arriver assez tôt pour disposer la
défense de la ville ; mais il avait compté sans la trahison
du gouverneur Lopez d'Àyala, qui, après avoir accueilli
le prince aragonais de son autorité privée, lui permit
encore de sortir avec sa cavalerie pour faire haie au-
1 Ci-après, Pièces justificatives, n i.wvi.
M. Ml I \M»I; A.NDO. LSI
devant de la porle, lorsque le roi se présenta. Juan 11
avait avec lui une trentaine de chevaliers, dont Rodrigue
de Villandrando. L'infant le voyant si petitement accom-
pagné, lui envoya dire assez insolemment que, s'il vou-
lait entrer dans la ville, elle était à sa disposition.
A (jnoi il lui lut répondu par un ordre de s'éloigner
sur-le-champ ; mais il répliqua que le bien du royaume
exigeait qu'il restât à la place ou il était : que d'ailleurs
pour témoigner de son respect envers I»' roi, son souve-
rain seigneur, il irait lui baiser la main s'il en rece-
vait la permission. Comme là-dessus il fit avancer ses
gens de quelques pas, ceux qui accompagnaient le roi
mirent l'épéeà la main, se croyant déjà attaqués et lais-
sant voir la plus grande inquiétude à cause de leur
petit nombre1.
Ils étaient dans le faubourg par où on arrive à Tolède
en venant de Madrid, près d'un hôpital dédié à sainl
Lazare. L'effroi général inspira au comte de Ribadeo
une soudain»' résolution. Comme cet hôpital était un
édifice bien bâti et solide, il y lit on lier le roi et sa
suite; puis; avec l'aide des gens de la maison qu'il mit
tous à l'œuvre, il en barricada les avenues, il éleva des
palissades autour de l'église, bref, il mit les lieux en si
bon état de défense, qu'on put y attendre en toute sécu-
rité l'arrivée (rime escorte plus respectable. Cela se
passa le jour des Ilois, 6 janvier 1441 2.
Les Castillans furent émerveillés de cette savante et
prompte opération, le roi surtout qui, joignant la recon-
1 Fernan ferez dc.Guzman, Cronica del reij Don Juan, p. 416.
- [fernando (tel Pulgar, ci-après, Pièces justificatives, n° i.
1S2 VIE DE RODRIGUE
naissance à l'admiration, déclara devant tout le monde
que, quelque grâce que le comte de Ribadeo lui deman-
dât en retour d'un si grand service, elle lui serait
immédiatement accordée. Alors, au rapport des chroni-
queurs, Rodrigue mit un genou en terre et dit que,
puisqu'il plaisait au roi d'agréer ce qu'il venait de faire
pour son service, il le suppliait d'en perpétuer la mé-
moire dans sa maison en lui accordant à lui et aux
comtes de Ribadeo, ses successeurs, la faveur de s'as-
seoir tous les ans à pareil jour à la table du roi et
d'avoir, à titre aussi de gratification annuelle, le vête-
ment porté ce jour-là par Sa Majesté.
L'octroi d'un privilège qui coûtait si peu de chose
à la couronne ne se fil pas attendre. Rodrigue en fut
investi trois jours après1 par un acte qui a répondu plei-
nement à ses vœux, car il est encore aujourd'hui en vi-
gueur. Les ducs de Hijar, branche des Sarrniento issue
de Rodrigue par les femmes, jouissent à titre héré-
ditaire de la faveur sollicitée par leur ancêtre2.
Manger côte à côte avec le roi, porter des habits qui
avaient touché le corps du roi, était le plus grand hon-
neur qu'on pût imaginer dans un pays comme l'Espagne,
où, déjà au quinzième siècle, la rigueur du cérémonial
interdisait au souverain toute communauté dévie avec
1 Ci-après, Pièces justificatives, n° lxxviii.
i II y eut interruption au commencement de ce siècle-ci. La reine
Isabelle a rétabli le privilège en 18-41. Josef Pellizer a publié le procès-
verbal du repas dont Philippe IV (it les honneurs à Rodrigue Sarrniento,
le jour des Rois 1626, cent quatre-vingt-cinquième anniversaire delà
rescousse de Tolède (Informe del origen, etc., fol. 50). M. de Eguren a
recueilli de curieuses anecdotes sur celte cérémonie, dans l'article de la
Revista europea de 1876 cité précédemment, p. (i.
DE VIII \MU; \\|ni. 183
ses sujets. Aussi l'extraordinaire de la récompense con-
tribua-t-il à amplifier considérablement dans l'opinion
publique le mérite de l'action qui l'avait motivée; tel-
lement que les Espagnols regardèrent la défense de
l'hôpital Saint-Lazare comme le plus sublime exploit <lr
Villandrando. C'est avec ce sentiment qu'en parle le
poète portugais Garcia de Hezende :
« Nous avons vu aussi la grande action du comte
de Ribadeo, pour laquelle le roi lui accorda de manger
à table avec lui, et lui fit don de son vêlement. Celui-
là fil si bien en France, simple homme-d'armes qu'il
était, qu'il en vint à commander dix mille lances, et
qu'il obtint en Castille ce que l'on a le droit d'obtenir
quand on se comporte ainsi1. »
L'imagination populaire, par la suite du temps, ne
se contenta plus de ce prosaïque récit d'un roi qui
avait trouvé son salut dans une maladreric convertie en
redoute On eut besoin d'expliquer d'une manière plus
dramatique la double circonstance du repas et de l'ha-
billement royal concédés à un sujet à litre de redevance
annuelle, et l'on forgea le conte d'un complot formé
contre les jours de Juan II, qui devait recevoir son
exécution dans un festin. Un page du roi, nommé Vil-
landrando, ayant surpris au dernier moment le secret
des conjurés, fit le sacrifice de sa vie pour sauver son
maître. Il se présenta lorsqu'on était à table et dit au
roi qu'il était chargé pour lui d'une commission qui ne
pouvait pas souffrir de remise. Il l'attira par cet artifice
1 Ci-après, Pièces Justificatives, n° i.xxix.
\ I 1 M. KUURKH K
dans une nièce voisine où il lui appril quel danger le
menaçait, ni le supplia fie consentir à changer de vêle-
ment avec lui. De celte façon, il lui possible au mo-
narque de s'évader, cl le page périt assassiné, victime
de son dévouement. La récompense qu'il n'avait pas pu
recevoir fui dévolue à sa famille sous une forme propre
à rappeler sa belle ac! ion ' .
Telle est la légende qui a cours encore aujourd'hui
parmi les Espagnols qui ne lisent pas l'histoire, et ils
sont nombreux .
Rodrigue de Villandrando figura encore, mais cette
fois sans pouvoir déjouer les efforts de la rébellion,
dans la journée du 28 juin 1441 où les mécontents,
furtivement introduits dans Médina del Campo, en
vinrent à leur- fins de confisquer la personne du roi.
Celui-ci ne voulut pas que l'on essayai une résistance
inutile; il se livra avec sa suite, rassemblée par son
ordre sous sa bannière qu'il avait l'ail planter, en signe
de détresse, au milieu de In grande place de Médina.
Dans le traité honteux auquel il souscrivit alors comme
pour mettre le sceau à son humiliation, lorsqu'il sacrifiai!
à la vindicte des grands ses serviteurs el les droits de
ses serviteurs, il réserva cependant ceux du comte Ro-
drigue par une clause spéciale, que les confédérés
acceptèrent grâce à ce qu'un des leurs en partagea le
bénéfice. Toute concession de terre faite depuis trois
ans élanl déclarée nulle, on convint que la révocation
n'atteindrait ni Rodrigue de Villandandro, ni Diego
1 Ci-nprès Pièces justificatives, n lxxx.
DE VILLANDRAN'DO. 185
Fernando de Quinones, parce que tout ce qu'ils avaient
reçu de la munificence royale dans les derniers temps
sérail considéré comme une compensation de leurs
droits sur le comté de Cang - de Tineo, donné depuis
plusieurs années au comte d'Armagnac, ainsi qu'on l'a
vu en son lieu l.
Se faire accorder tant de laveurs en Espagne ne té-
moignait pas d'un bien grand empressement à retour-
ner en France, Effectivement les dispositions du comte
de Ribadeo à l'égard de sesanciens compagnons d'armes
n'étaient plus relies du premier moment. Au lieu de
se préparer à les aller rejoindre, il resserrait de plus
en plus se> attaches à la cour deCastille, suit qu'il se fûl
pris d'amour pour son pays natal, soit plutôt que la
profession de capitaine de compagnie eût baissé dans
son estime, par suite d'un nouveau règlement militaire
que Charles VII avait mis à l'essai, el dont il poursuivait
l'application avec une grande vigueur.
Il esl de notre sujel de nous arrêter à celte mesure,
provoquée par le vœu des derniers Etals-généraux que
Charles VII ait réunis, et promulguée avec le li Ire so-
lennel de pragmatique sanction, ou de constitution,
comme on dirait aujourd'hui. Elle parut le 2 novem-
bre 1439, six mois après le départ de Rodrigue pour
l'Espagne. Klle portait qu'à l'avenir, il n'\ aurai! plus
de capitaines «pie ceux qui seraient institués par lettres
royales; plus d'hommes-d'armes que les sujets dont la
vie et les mœurs auraient été trouvées dignes d'appro-
1 Fernand Perez de Guzman, pp, 156, U2 el W5 ; ci-dessus, p. 71
isr, VIE DE RODRIGUE
liation après un examen sérieux ; plus de campement
en lieux vagues, ni de séjour ailleurs que dans des
villes ou bourgades frontières, qui seraient désignées
par le roi ; plus de courses, ni d'incendies, ni de pil-
lage sous peine de mort1.
Ce sont les mêmes dispositions que celles qui avaient
été ('dictées sans aucun succès en 1422 ; on y avait seu-
lement ajouté le régime de la garnison2 : chose très
importante, plus importante assurément que tout le
reste; car le moyen d'exercer un conlrôle efficace sur
les compagnies était trouvé, du moment qu'on allait les
tenir à demeure dans des lieux fermés et sous les yeux
de beaucoup de témoins. La difficulté était de forcer à
résidence des hommes qui avaient l'habitude de vaga-
bonder.
On était occupé, au milieu de toutes sortes d'en-
traves, à mettre celte nouveauté en pratique, lorsque
les Rodrigais renvoyés de la Castille par le traité de
Castro-Nuno opérèrent leur rentrée en France. Sala-
zar, sans tenir compte de l'ordonnance, les promena
par le Haut-Languedoc, et rencontrant sur son chemin
le bâtard de Béarn, qui refusait de se soumettre à un
pareil régime, il renouvela son alliance avec lui3.
Quand ils eurent réuni leurs bandes, ils recommen-
cèrent le pillage du Lauraguais, de ce plantureux Lau-
raguais où a pris naissance la légende du pays de Co-
1 Recueil des ordonnances des rois de France, t. XIII, p. 506.
2 Ce point a été mis en relief par M. Vallet de Viriville, Histoire de
Charles VU, t. I, p. 402.
r- Vaissete, Histoire de Languedoc t. IV, p. 493.
DE Vil I INDRANDO. 181
cagne. Telle était en effel la richesse de la contrée,
qu'on ne s'y ressentait déjà plus de leurs dépréciations
de l'année précédente.
Le roi, extrêmement irrité à la nouvelle de ces dé-
sordres, vint exprès en Languedoc pour en hâter la ré-
pression. Les sénéchaux de la province reçurent l'in-
jonction de se mettre à la têle de toutes les forces
disponibles1, tandis que les États, convoqués à Nar-
bonne, feraient les fonds nécessaires pour solder la
dépense. Mais au plus fort de ces préparatifs, éclata la
sédition connue dans l'histoire sous le nom de Praguerie.
Les princes français, à l'exemple des grands de la
Castille, avaient comploté entre eux de réduire le roi à
se défaire de deux ou trois personnes de son entourage
qui les offusquaient. Ils profitèrent du mécontentement
général que causait dans l'armée la contrainte de la
garnison, pour attirer à leur parti la plupart des capi-
taines. Disposant ainsi d'un bon nombre des compa-
gnies réformées, ils ne doutaient pas de l'appui des
compagnies réfractaires, d'autant que le duc de Bour-
bon était à la tète du mouvement, et que les Rodrigais
avaient toujours été considérés comme une milice au
service du duc de Bourbon. Mais on avait compté sans
la diligence du roi.
Au lieu de se laisser prévenir, comme avait fait le
malheureux roi de Castille, Charles Vil gagna de vi-
1 « Avons esté et sommes deuement informez que ledit bastart do
Béarn, accompagné d'ung appelé Salazar, et plusieurs autres routiers, en
grant nombre de gens d'armes et de traict, sont puiz n'a guières entrez
en nostre pays de Languedoc, etc. » (5 janvier 1439 v. st.),Vaissete, t. IV,
preuves, col. 454.
VIE DL RODRIGUE
lesse ses ennemis; il arriva le premier partout où il y
avail à prendre barre sur eux. Salazar était déjà gagné,
avant d'avoir reçu les propositions des rebelles1. L'ar-
gent qu'on s'était proposé de demander aux Etats du
Languedoc pour lui donner la chasse, fut voté pour lui
Paire une gratification considérable, qui le rendit l'un
des plus fermes soutiens de la couronne.
Le premier gage qu'il donna de sa fidélité fut de
laisser, peut-êire même de faire arrêter dans ses rangs
l'un des écuyers du dauphin qui s'y était introduit,
sans doute afin de cabaler, quoiqu'il se donnât pour un
paisible pèlerin qui revenait de Saint-Jacques de Com-
postelle2. Ni suggestions secrètes ni promesses ne furent
capables de détourner le capitaine de son engagement ;
il opéra sa jonction au jour convenu.
L'étendard de Rodrigue de Yillandrando flottant a côté
de celui du roi produisit sur les révoltés un effet dé-
sastreux. Ce spectacle inattendu ne fut pas la moindre
cause du découragement qui s'empara des troupes
qu'on avait débauebées au nom de l'indépendance et de
la dignité du soldat3.
La déroute de la Praguerie valut à Salazar la dignité
d'écuyer du roi de France, qu'il joignit à celle d'écuyer
du roi de Caslille; car il avait rapporté de l'expédition
d'Espagne ce titre honorifique*. Mais quelle fut sa si-
tuation dans l'armée française après l'apaisement des
troubles? que devint le commandement général, si peu
1 Vaissete, t. IV. p. 491.
- Ci-après, Pièces justificatives, n° i.xxvn.
:> Chronique du héraut Berri, dans Godefroy, p. iO'J.
* Ci-après, Pièces justificatives, n lxxxii.
DE Ml I kNDRANDO. 189
compatible avec la aouvelle ordonnance, qu'il exerçait
naguère sur tous les capitaines du serment de Rodri-
gue1?
Les documents sonl en trop petit nombre pour four-
nir une réponse précise à ces questions. Dans un acte
de I I <"-\ Salazar se donne pour un chef de compngnie
ayanl puissance sur d'autres hommes que ceux dont
son corps était composé*. D'autre part nous trouvons
en 1 140 et 1441, Mimi/ii de Zamora et Sancho de To-
var occupant â tour de rôle, en qualité de lieutenants
de Rodrigue, la ville de Fumel en Agenais, et rien n'in-
dique que, pour agir, ils aient eu besoin de prendre
les ordres de Salazar3.
Le rôle de Sancho de Tovar eut de l'importance. Les
Anglais ayant profité de la Praguerie pour se saisir
encore une fois d'une partie des forteresses du Quercy,
il les en chassa. A l'occasion de cette campagne, la pro-
vince s'imposa une contribution dont le produit fui
partagé entre le comte de Ribadeo et son lieutenant.
Celui-ci ne se trouva pas suffisamment dédommagé de
ses frais ^^ guerre par la portion qui lui revint; il lit
1 « Sallezar qui avoil entièrement le gouvernement des gens d'ar-
mes qui estaient pour Etadigues, ou païs de Guicnne. - Chronique du
Béni.
- Pièces justificatives, n" i.xwn.
3 « L'an 1440, Cahors payoit contribution en bled au capitaine de Fu-
mel, apelé Sumorte. .. L'an 1441, les Élatz du Quercy, assemblés à
Caylus,... demandent qu'on chasse les Anglois de Clermont (Soubiran).
Sanchon de Tours, li ntenanl du comte de Rieux, appelé dans les comptes
Ribadious, y alla au mois de septembre, fil quelque composition qui ne
l'ut pas gardée, s'en alla en Rouergue, volant partout; et les consuls de
Cahors le font suivre, pour le prier de leur rendre ce qu'il n'avoil pa pris
sur l'ennemi. » De Foùîlhac, Soles manuscrites sur le Qucrci,
,,,0 VIE DE RODRIGUE
une razzia sur le Rouergue, absolument comme si l'or-
donnnnce de I ioO n'avail pas existé1.
Concluons de loul cela qu'il est plus facile de cou-
cher les réformes sur le papier que d'en obtenir l'ac-
complissement; que la régularisation de l'armée fut re-
tardée encore une fois, parce que le roi dut fermer les
veux sur plus d'un écart de ces routiers ipii venaient
de lui rendre un h grand service; enfin qu'une partie
des compagnies franches prolongeant leur existence, le
comte de Ribadeo trouva bon de partager le gain de
celles qui continuaient à se décorer de son nom.
Il ne <e (il pas illusion sur la durée de ce quart
d'heure de grâce. Mrs l'année 1 \ il , toutes ses mesures
lurent prises pour la liquidation de ses affaires eu
France. In écuyer de sa maison reçut de lui procura-
lion en bonne forme, pour recouvrer les créances ou dé-
pôts qu'il avait en plusieurs lieux du royaume. L'opé-
ralion fui longue et laborieuse. Elle exigea plus d'une
fois, <lu mandataire qui en avait la charge, qu'il se don-
nai des substituts pour négocier des affaires qui se
poursuivaient simultanément à de grandes distances2.
Au nombre des créances étaient les sommes qui res-
laienl dues à Rodrigue en vertu du traité conclu pour
l'évacuation du Comminges. Il n'en avait pas touché
une obole depuis son retour en Espagne. Aux premières
demandes les comtes de IHi\ ri de Comminges oppo-
1 « (in i.:K une laxe mit le pays pour le paiement de ce qu'on devoit
donner au comte de Ribadious et ;i Sanction de Toars, son lieutenant,
pour les frais el la peine qu'ils avuient prise ;i chasser les Anglois des
loris de Quercy qu'ils avoienl assiégés. De Fouilhac, I. c.
-' Ci-après, Pièces justificatives, a \.\\\\.
DE VILLÀNDRÀNDO. 191
sèrent des délais, qui se changèrent en relus, lorsqu'ils
furent certains de n'avoir plus la visite du terrible
capitaine.
Mais le moyeu de se soustraire à une obligation qui
avait été contractée sous les serments les plus solennels?
Les princes de Foix avisèrenl que celui qui a sur terre
le pouvoir de lier el de délier ne se refuserait pas aies
tirer de là. Le cardinal de Foix, frère de l'un et oncle
de l'autre, vivait toujours, et n'avait pas oublié, on
peut le croire, la guerredu (lomtat soutenue contre lui
par le Castillan. Le comte deComminges et le comte de
Foix se servirent de lui pour l'aire parvenir et agréer à
la chancellerie romaine une supplique par laquelle ils
demandaient à être relevés d'un serment, non valable,
disaient-ils, attendu qu'il leur avait été extorqué sous
la pression des Écorcheurs. Pour montrer jusqu'à quel
point leur prétention leur semblait légitime, ils se'dé-
claraient déterminés, non seulement à ne pas solder le
reliquat des sommes stipulées, mais encore à pour-
suivre par toutes les voies légales la restitution de ce
qu'ils avaient déjà payé.
La libération qu'ils sollicitaient leur fut accordée par
une bulle du pape Eugène IV (15 septembre 1445), dont
l'exécution fut renvoyée à Pévêque de Hieux, délégué
apostolique en cette partie1.
Une telle façon de payer ses dettes, tout à fait au goût
dts débiteurs, fut certainement trouvée moins plaisante
par le créancier. Il n'est pas douteux que le comte de
1 Ci-après, Pièces justificatives, n Lxxxm
m VIE DK HOblUG! F.
Ribadeone se soit agité pour faire réformer la décision
dont il était vie-lime. Ses démarches restèrent sans effet
de son vivant. Après sa mort, l'archevêque de Tolède
les reprit, auprès des puissances temporelles, pour le
compte de Pierre de Villandrando, fils de Rodrigue. Le
prélat écrivit à Louis XI, afin de l'intéresser en laveur
de l'orphelin injustement frustré1. C'était en 1462,
dans un moment où Louis XI était au mieux avec le
saint-père et avec le comte de Foix, de sorte que les
réclamations apportées au nom du fils eurent le même
sort que celles du père.
Si l'on me demandait de préciser l'époque où Ro-
drigue cessa d'exercer tout commandement en France,
je désignerais Tannée 1442, parce que depuis lors son
nom n'apparaît plus dans les documenls où il est ques-
tion de ses routiers. Le nom deSalazar a définitivement
remplacé le sien.
Jean de Salazar est un castillan qui appartient à
l'histoire de France encore plus que Rodrigue de Villan-
drando; car sa vie entière se passa au service de notre
pays et il y fit race. Il est le père de ce Tristan de Sa-
lazar, archevêque de Sens, qui fit construire l'un des
deux seuls hôtels à la façon du moyen âge existant en-
core à Paris, et qui fut aussi le dernier de nos prélats
qu'on ail vu se montrer armé de toutes pièces sur un
champ de bataille2.
Pour ses débuts, il se distingua à la bataille d'Anthon,
1 Ci-après, Pièces justificatives, n iww.
■- Au combat devant Gênes en 1507. Voy. Jean d'Auton, Chroniques,
i. lit, y. 338.
hl. V1L1 \M'l; WImi. [03
t n combalianl comme page aux côtés de Rodrigue1. Son
avancemenl fui rapide. Dans les commandements qui lui
furent confiés, il se comj orta de façon à devenir en peu
de temps l'homme de confiance de son maître.
lu détracteur de sa famille a prétendu qu'il y cul
chez lui plus de savoir-faire que de vaillance, et que le
principal instrument de s* gloire lui une insigne hâble-
rie. « Quand il \iui d'Espaigne en France, dit cet au-
teur, il estoil autant i_;n u\ île biens qu'est un singe de
queue. Toutes fois il lii h bien, contre droit et sansnul
mérite, qu'il s'euiiehii tant par mariage que parpille-
rie. Il lui page de tlodrigues, qui fut empereur des pil-
lards de France; toutes fois Sa llezart en ce mestier le
passa. Quand quelque deslrousse se faisoit en France
de son temps, il donnoit de l'argent pour dire es villes
et partout que c'estoit luy. Il disoit prou el n'en faisoit
guères*. »
Il esl hors île toute vraisemblance que Rodrigue de
Yillandrando aurait choisi pour son successeur l'origi-
nal île ce portrait. Les talents militaires et la valeur <le
Salazar nous sont u ;um ïi t i s nu contraire par le cas que
Louis M lit de lui. Ce roi. si difficile ;'i contenter, l'estima
et l'employa lanl qu'il vécul comme l'un de ses meil-
leurs généraux. Aussi bien avait-il été surnommé dans
l'armée française « le grand chevalier3».
En I i i'2, il n'avait pas encore d'autre ambition (pie
de continuer le rôle <lr Rodrigue. Il venait d'épouser
1 Lefèvre de Saînt-Remy, ch. u.w.
- Paulin Paris, analyse de la Marguerite historiale, dans Les manu-
scrits françois 'le la Bibliothèque 'lu roi, t. Ml. p. 525.
5 liiMiil. Histoire du Berri, i. III. p. !•".
lui \ 11. DE RODRIGUE
une bâtarde de Lu Trémoille1, et du même coup plu-
sieurs seigneuries en Champagne2, qui lui donnaient
parmi la noblesse française une situation analogue à
celle de son maître. Quoiqu'il fût de la retenue du roi
et de plus bénéficié, sur le domaine royal, de la chà-
tellenie d hsoudun3, il se mit à eorrespondre avec les
puissances, comme aurait fait un condottiere indépen-
dant. 11 alla jusqu'à traiter avec le duc de Bourgogne
en s'obligeant à servir ce prince envers et contre tous,
sans faire d'exception pour le roi de France quand il
eut soin d'un faire une pour le roi de Castille5. 11 fit
plus. Il se déclara pour le comte d'Armagnac lorsque ce
seigneur, enhardi par l'impunité de ses crimes, conçut
la folle pensée de s'affranchir de ses devoirs envers la
couronne5.
C'était aller trop loin, si loin, que les Rodrigais eux-
mêmes hésitèrent devant l'énormilé du cas. Salazar,
assiégé dans Rodez avec des hommes qu'il vit mollir,
fut obligé de souscrire à une capitulation dont le pre-
1 Elle s'appelait Marguerite et était née d'une demoiselle' de Château-
Guillaume en Berri. Le contrat est du 51 octobre 1441, et les grands ser-
vices rendus par Salazar au seigneur de La Trémoille y sont allégués
Cabinet des Titres de la Bibliothèque nationale, dossier Salazar.
- Saint-Jus! en l'Angle, Marcilly-sur-Seine, Jfontainc-Bethon, Potau^i.--
el Waugonières.
3 Raynal, Histoire du llerri. 1. c.
•'' Ci-après, Pièces Justificatives, n lxxii.
s Chronique du héraut Berry, dans Godefroy, p. 124.11 existe dans
le dossier Armagnac du Cabinet des Titres, à la Bibliothèque nationale,
la déposition d'un chanoine de Lectoure révélant que le comte d'Arma-
gnac avait acheté la complicité de Salazar en lui donnant la seigneurie de
Chaudesaigues, qui taisait partie de la succession Séverac, et qui n'avait
été attribuée audit comte qu'à la condition de servir d'apanage aux aines
d'Armagnac, ou sinon de retourner au roi.
DE VIN L3DRAND0. 193
niier article était qu'il résilierait son commande-
ment1. Le dauphin, qui l'avait réduit à cette extré-
mité, mil à sa place un autre Espagnol, aimé de
Charles \'|| el recommandé par vingt ans d'un service
assidu auprès île |,i personne du roi. Les chroniqueurs
français donnent à ce capitaine le nom de Martin
Garcie*. Fernan Perez de Guzman, dans ton histoire
de Juan II, l'appelle .Martin Enriquez, el nous apprend
qu'il était fils du comte do Guijon". C'est lui qui opéra
l'arrestation du comte d'Armagnac à l'Ile-en-Jourdain,
ou l'armée royale se rendit en quittant Rodez.
I iir partie des compagnies qui avaient obéi à Ro-
drigue tenaient toujours la frontière contre les Anglo-
gascons. Elles se mirent en routé pour venir au secours
de Salazar, lorsqu'elles apprirent qu'il était, en danger.
Le dauphin alla à leur rencontre et, au nom de' la
fidélité qu'elles devaient au roi, les conduisit à l'assaut
des places de Séverac et de Capdenac, où la rébellion
suscitée par le comte d'Armagnac acheva d'être
étouffée '.
Aussitôt après, les mêmes compagnies furent versées
dans la grande armée des Ecorcheurs, par qui le roi
lit envahir l'Alsace. Les Rodrigais, remis pour cette cam-
pagne sous le commandement de Salazar s, eurent le
1 Berri, p. i_ 5.
- Berri, ibid. Jean Chartier, t. II. pp. 2ti.'>. 31 %, 318 : Compte do l'ar-
genterie de Charles Vil, dans le supplément aux preuves du Mathieu d'Es-
co'ieliy de M. de Deaucourt.
3 Cronica del rey <l<m Juan ri IL part. II, c. i.vm.
* Berry, p. 125.
■ Une relation latine qui lait partie dn< pièces justificatives des Écor~
ckeurs de M. Tuetej (t. II, n. 517) établit que Saluzar était secondé dan<
IOC Vil. DE RODRIGUE
double honneur de fournir l'escorte du général en chcl '
et d'être placés à l'avaul-garde de l'armée8. Ils ga-
gnèrent à cela d'être horriblement maltraités à la
bataille de Saint-Jacques, ayant été les premiers qui
éprouvèrent la vigueur du poignet des Suisses. Presque
toutes les pertes de la journée furent à leur compte, et,
qui pis est, ils avaient reculé. Ce fut leur dernier ex-
ploit.
Pendant l'éloignement des bandes, ou avait trouvé
enfin, dans les conseils de la couronne, le moyen de se
débarrasser d'elles une fois pour toutes3. Le système
adopté était celui d'une armée permanente, maintenue
à un effectif constant, payée de mois en mois, et dissé-
minée par petites escouades dans les villes et bourgs.
Les routiers, à leur rentrée en France, trouvèrent des
capitaines déjà institués qui les attendaient, avec l'appui
d'une force respectable, pour désigner ceux d'entre eux
ijui seraient admis dans la nouvelle armée. Un homme
d'une énergie extraordinaire, dont tout le monde a en-
tendu prononcer le nom, Tristan PHermite, avait pré-
un commandement par deux capitaines appelés Conques et Guntsales.
Le premier de ces noms répond à l'espagnol Concha, et le second, a
Qonzales. I a Gonzalès Dars, possesseur de la seigneurie de Larpenlis,
eut pour héritier naturel, en 1177. Jean de s,iliz;ir lui-même. Cabinet
des Titres de la Bibliothèque nationale, dossier Salazar.
1 " Les Esjiaignoz qui sont gardes du corps de Mgr le chiulphin, dont
est capitaine un nommé i. hausse de Sav.ic (!) ou nombre de environ
bevaulx. Du Fresne dé Beaucourt, Pièces justificatives aux Mé-
moires <le Mathieu d'Escouchy, t. 111. p. 93.
- [uetey. Les Écorcheurs sous Charles 17/, t. 1, p. 167.'
I.t lot ainsi trouvée i< ceste heure l'ordonnance de vivre aux gens
d'armes de France. » Guillaume Gruel, Mémoires du connétable de Ri-
vhemond, p. 782.
Hl. \ Il I WM; \ sno. 197
paré le travail cl pourvu à tous les moyens d'exécution.
Le triage se fil sans éprouver de résistance. Les hommes
qu'on élimina furent désarmés, groupés par nations
et confiés à des commissaires qui 1rs conduisirent,
bous bonne escorte, jusqu'aux frontières de leurs pays
respectifs '.
La compagnie où furenl incorporés ceux des Rodri-
gais que l'on conserva fui appelée, à cause de sa com-
position, la compagnie des Espagnols*. Le roi en donna
le commandement à ce Martin Enriquezjiont il a été
parlé ci-dessus. Quanl à Salazar, il fut congédié «le
nouveau, et pour longtemps, car sa disgrâce dura jus-
qu'à la mort de Charles VII.
Ainsi fut consommée, cinq ans cl demi après l'éloi-
gnement de Rodrigue, une révolution qu'il avail pré-
vue, et dans laquelle il n'eut garde de revenir se com-
promettre. 11 comprit qu'il ne fallait pas essayer de
prolonger un état de choses dont le gouvernement de la
France avait juré l'anéantissement. En pliant sa ban-
nière à temps, il s'épargna la mortification de la voir
poursuivie.et abattue par l'autorité des lois.
La sagesse dont il lit preuve eu celle circonstance
apparaît dans tout ce qu'on peut discerner de la con-
duile qu'il tinl en Castille.
Il eut le bon esprit, dans une cour qui était la patrie
de- cabale-, de ne s'afficher ni comme meneur, ni
comme créature, et, lorsque sa science était la guerre,
de ne pas faire l'homme entendu aux intrigues. La ru-
1 Mathieu (TEscouehy, édition il<' Beaucourt, t. I. pp. 50, 51 el suiv.
•' Jean Char lier, t. II. p. 265.
198 VIE DE RODRIGUE
desse de son abord, sa mine flère jusqu'à la dureté1,
lui assuraient le respect, en même temps que sa
loyauté bien connue le niellait hors des atteintes de la
médisance. Il était ouvertement le partisan d'Alvaro de
Luna, jusqu'à souffrir d'être compté au nombre de ses
pensionnaires2. Au contraire, le prince des Asturies,
dont il fut maréchal % ne trouva jamais d'assistance en
lui dans ses continuelles révoltes contre le roi, son père.
Quant à ce roi, digne de commisération à cause de sa
faiblesse et de ses infortunes, on peut dire que ce fut
sur lui que le comte de Ribadeo concentra tout ce qu'il
avait de soumission et d'attachement. La seule gloire
qu'il connut et rechercha dans sa nouvelle vie fut
celle de se rendre utile à ce prince malheureux; et la
charge de conseiller, qu'il remplit auprès de sa per-
sonne, ne lui servit pas à satisfaire d'autre ambition 4.
Il acheva sa carrière militaire au milieu des mouve-
ments qui ramenèrent au pouvoir Alvaro de Luna.
En 1 444, il eut la charge de s'assurer de Guellar pen-
dant que Juan II allait mettre le siège devant Penafiel ;
en 1445, il commanda une partie de la maison du roi
1 « La catudura feroz. » Ilernando del Pulgar.
- « Coudes e perlados e nobles varones e muchos senhores de villas cer-
cadas vi\ ian en la su casa (del condestable) e avian continua soldada d'el.
Los condes cran, el conde de Medina-Celi, don Luis de la Cerda, el conde
de Alva. don Fernando Alvarez de Toledo, etc.... don Rodrigo de Villan-
drando conde de Ribadeo e don Pedro de Villandrando, su 6]o, que des-
pues lue conde d'esté condado. etc. » Coronica del condestable D. Alvaro,
Epilogo, p. 389.
3 Fernan Perez de Guzman, Cronica del rey don Juan H, p. 406.
4 Son nom est inscrit parmi ceux des grands qui assistèrentaux cortès
de Valladolid, en 1442, e! d'Olmedo, en 1 i4o. Cartes de los aniiguos
reinos de Léon y de Castilla, recueil publié par l'Académie royale d'his-
toire, i. III, p. 593 el '>'■<!. In-i . Madrid, 1866,
DE VII l INDRA Miu. 19g
•1 la bataille d'Olmedo, gagnée par le connétable;
en 1446, il fut d'un grand secours au siège d'Atiença,
un des plus difficiles qui aienl eu lieu dans ce temps
là, à cause de l'inexpugnable position de la ville1.
Depuis lors son nom ne paraît plus dans l'histoire;
mais celui de sa femme esl mêlé à un évènemenl trop
grave pour qu'il n'en soit point parlé ici.
.Marguerite de Bourbon n'avail pas longtemps vécu
en Espagne où elle étail allée s'établir avec son mari.
Celui-ci, resté veuf .ivre des curants en qui son nom
allait s'éteindre, se remaria dans la maison de Zuniga
avec doua Béatriz, fille du seigneur de Monterey*. Celle
dame fut en mande autorité auprès de la reine Isabelle,
femme de Juan 11. Or il faut savoir que la reine Isa-
belle étail Portugaise, et qu'elle ne cessa jamais de
l'être de caractère comme d'affection; de telle sorte
qu'ayant ('prouvé souvent de grandes impatiences
à l'égard du connétable, elle linit par l'avoir tout à fait
en aversion lorsqu'elle sut qu'il donnait des conseils
au roi, son mari, contre l'extension des établissements
portugais sur la cote d'Afrique5. Cela se passait dans le
temps où Alvaro de Luna avait façonné à son joug tous
les cabaleurs du temps passé, hormis un seul, qui
était Pedro de Zuniga, comte de Ledesma, devenu ré-
cemment comte de Plasencia. La comtesse de Ribadeo
étant la nièce de ce seigneur, il ne tarda pas de se faire
que, par sou entremise, la reine et lui ne connussent
1 Fernan Ferez île Guzman, pp. 486, 492, 507.
- Josef Pelizer, 1. c.
3 Histoire du connétable de Lune, p. 308. Paris, 1720, in-li.
\ IE DE Uni) Ri r,i |.
leurs ressentiments respectifs. Une ligue s'ensuivit, el
bientôt la tranchée lui ouverte contre le connétable,
bien secrètement, bien profondément, mais avec la cer-
titude de rencontrer el de s'adjoindre, à mesure qu'on
avancerait, assez d'autres ouvriers souterrains.
Comme ces choses se tramaient, la cour, qui était
à Valladolid, recul l'ordre de se rendre à Burgos,
à cause de quelque soupçon que conçut Alvaro de Luna.
La reine comprit alors qu'il fallait brusquer le dénoû-
ment. Elle obtint, ou peut-être contrefit une lettre
à l'adresse du comte de Plasencia, dans laquelle le roi,
se plaignant de la tyrannie de son connétable, assurait
de sa reconnaissance le sujet fidèle qui l'en délivrerait.
Cette lettre, avec des instructions en conséquence, fut
confiée à la comtesse de Ribadeo,qui s'échappa dans le
plus grand mystère lorsqu'on allait quitter Valladolid.
Elle arriva au château de Béjar, résidence de son
oncle, dans la nuit du 12 avril 1 Ahô. Là elle expliqua
bien longuement sa commission; puis, quand elle eut
achevé (il était deux heures du matin), le comte, qui
était vieux el infirme, lit venir son iils aîné Alvaro de
Zuniga, lui montra la lettre du roi, lui dit ce qu'il
y avait à faire, el ajouta, avec le Ion d'un homme qui
se dispose à sauver l'Étal, lorsqu'on effet il ne s'agissait
pour lui que de mettre le baume sur les plaies de son
orgueil : « Mon fils, si j'étais libre de mes mains, je ne
« céderais à personne la gloire ni le danger de cette
« entreprise. M;iis, puisque Dieu le Tout-Puissant a
« éteint la force de mon corps, je ne puis mieux mon-
« trer l'affection que j'ai au service du roi, mon sou-
DE Vil l \M>I; \\i>". !01
a verain seigneur, qu'en exposant la vie de mon pre-
0 mier-né pour que son bon plaisir soil accompli. \ll<v
u donc ; faites de votre mieux, comme il convient à un
« loyal chevalier, el que l'étoile qui guida les Trois rois
« vous conduise '. »
Le reste appartienl à l'histoire d'Espagne. Alvaro de
Luna se perdit par excès de confiance. Redoutable jus-
qu'à la fin, mais arrêté dans un guel-apens; mis au
secret à l'égard du roi, qu'on lit dès lors agir comme
on voulut; livré à un tribunal exceptionnel, qui ne
prit pas seulement la peine d'écrire son procès; atteint,
mais non convaincu d'avoir empoisonné une infinité de
personnes dont la mort violente ne reposait que sur des
bruits semés jadis dans la fureur des guerres civiles;
d'avoir tenu le diable dans une fiole, pour gouverner la
Castille par -es cou-cil-; d'avoir parlé maintes fois
à son souverain le chapeau sur la tête : d'avoir fait por-
ter au roi, avec serment de ne jamais l'ouvrir, une
bague -uns le chaton de laquelle Sa .Majesté était peinte
dans une posture ridicule à la queue d'une bourrique2 ;
condamné sans rémission sur de tels griefs, lui qui
avait préparé l'œuvre d'Isabelle la Catholique, il se pré-
senta à la mort le dédain sur les lèvn- el la constance
dans le cœur (22 juin 1455).
1 Feman Perez de Guzraan, p. 557 el suiv.
2 i K le moslro dentro del anillo al mismo i*ej pintado, é una aca, 6
el di ho rej la estaba besando en parte cuyo nombre no se permite alla
decencia de esta bistoria. ^harca, Anales de Aragon, part. II, cap 8.
: a imln[ii>; & - grii fs d'après une enquête qui lut faite quarante ans
;i|nès la morl du connétable, pour recorder son | «s h l'écrire, puis-
qu'on ne l'avait pas fait au momenl du jugement. Voy. les appen
l.i chronique d'Alvaro de Luna, édition Sancha, p. 17").
202 VIE DE ROI» UI GUE
Que taisait cependant Rodrigue de Villandrando?
Ignora-t-il le coup qui passa par sa maison pour aller
frapper d'une manière si indigne son bienfaiteur et
son ami"? ou bien, admis dans la confidence de sa
femme, la laissa-t-il faire par déférence pour la reine?
ou bien encore, fatigué lui aussi de l'omnipotence du
connétable, trempa-t-il dans le complot?
Il est plutôt dans la donnée de son caractère de sup-
poser qu'au moment de la catastrophe il ne s'occupait
plus des choses de ce monde, et que déjà avait com-
mencé pour lui cette longue pénitence dans laquelle
Hernando del Pulgar affirme qu'il termina ses jours.
En effet, au dire de cet auteur, lorsque le comte de
Ribadeo, arrivé à un certain âge, se vit atteint de ces
infirmités que l'art des hommes ne peut pas guérir, il
fit un retour sur lui-même et pour la première fois de
sa vie connut la crainte : tant la peine qu'il s'était don-
née à poursuivre la gloire du monde l'avait détaché des
œuvres par lesquelles on gagne la félicité du ciel ! C'est
pourquoi il voulut mettre le temps à profit en accumu-
lant sur le peu qui lui restait à vivre toutes les rigueurs
possibles, toutes les œuvres capables de lui faire trouver
grâce devant Dieu. Il s'achemina ainsi par la prière, par
le jeûne et par la contrition, à l'éternité dans laquelle
il entra à l'âge de soixante-dix ans l.
D'après l'époque de sa naissance, supputée en combi-
nant sa grande jeunesse au début de nos guerres ci-
viles (14(111) et la mort de sa mère arrivée en 1590, il
1 Ci-après, Pièces justificatives, n" i.
D] \ Il I INDU \MMi. 203
mourut lui-même au commencement <lu règne de
Henri IV de Caslille, en I 157 ou 1 158.
Conformément à sa volonté dernière, il fui inhumé
à Valladolid, dans l'église du monastère de la Merci
qu'il avait l'ait reconstruire à ses Irais. Il ne reste plus
rien de cet édifice <|iii fut démoli pour l'aire place à une
rue, il n'y a pas un bien mand nombre d'années. On se
rappelle à Valladolid que la sépulture du redoutable
capitaine était annoncée par une simple pierre avec
son nom gravé dessus.
Des personnes instruites du pays ajoutent que le tes-
tament en vertu duquel existait cette sépulture avait
été dicté le 15 mars 1 î 65. Si spécieux (pie soit un sou-
venir qu'on énonce avec celte précision, je n'hésite pas
à le déclarer erroné. Rodrigue avait certainement cessé
de vivre et depuis longtemps en 1465. La preuve en est
non-seulement dans le synchronisme établi ci-dessus,
mais encore dans la lettre de réclamation adressée à
Louis X] par l'archevêque de Tolède, laquelle l'ut écrite
le 12 septembre I 162, Rodrigue étant déjà décédé1.
Deux lils lui survécurent, Charles et Pierre de Villan-
drando. Charles, dont l'existence a été ignorée de tous
-énéalogistes, était né de Marguerite de Bourbon. Il
faut qu'il ait été contrefait ou idiot, car son père le
laissa en France et le déshérita, ou à peu près, ne lui
ayant assigné dans sa succession que la terre de Puzi-
gnan et ses créances du Bourbonnais2. Ce Charles passa
sa vie dans la maison de Bourbon, où il était traité de
1 Ci-dessus, p. 192, el Pièces justificatives, n i\xw.
- Ci-après, Pièces justificatives, n iwxiv.
\ h de rokrh; i r
cousin, mais gouverné comme un enfant. En IÏT'i.
;"i i»-«î peut-être de quarante ans, il élail confié aux soins
Je i'uii des sim'\ ileurs de la duchesse '.
Pierre u\> Villaiulrando, issu du second mariage de
liodrigue, lui l'héritier des biens, litres et honneurs
« 1 1 1 , - son père avail possédés en Espagne. Il lui comte
de Iiibadeo pendant plus d'un demi-siècle. A défaut
de postérité, sa succession passa à son neveu don Diego
fiomez de Sarmienlo, fils de Marina de Villandrando,
s;i sœur du même lit que lui '. Pour être plus sûr que
le privilège du jour des Rois ne périrai! point à sa
mort, il le fil passer de son vivant sur la tète de ce
neveu. In acte royal qui non- a été conservé autorisa
cette substitution en I o 1 "!'.
Mais ce sont là « choses d'Espagne », comme on dit de
l'autre côté des Pyrénées. Pour nous autres Erançais,
I intérêt du sujet cesse au moment »»ù le souvenir de
lîndrigue s'effa<;a dans I armée française, et cet oubli
remonte à la mort de Jean de Salazar.
Louis \l , à son avènement . avail destitué le capitaine
Martin Henriquez de son commandement pour le don-
ner à Salazar1. Ce commandement, on ne l'a pas oublié,
était celui de la compagnie régulière où entra en I i io
* Charles de Villandrando, cousin de Mjjr le duc, mis sous le c;ou
veriii'inenl de Jehan Cheval, fourrier de Madame la duchesse, au lieu de
feu Pierre M. une. Il avril liTî. Notice d'un registre aujourd'hui dé-
truit de la chambre des comptes de Bourbonnais, dans le nis. fra
olhèijue nationale.
i h l,i/ t. ; ele . : le P. Anselme, Histoii\
nrnéalotjique (i- lu maison il Fraii < . 1. 50 i.
■ i .i ■■, r justificatives, n i xxxvi.
• Vllitcalion de I .n livres tournois ordonnée par Louis M. en I i'il :
mi. \ m i. \ \ iihammi. 205
l'élile conservée des Rodrigais. Salazareul soin d'entre-
tenir dans ce corps la tradition de son origine, en \
réservant nu certain nombre de places à ceux des gen-
tilshommes castillans qui seraient désireux d'apprendre
la guerre comme on la faisait en France. Sur les étals
de deux inspections passées par des détachements de la
compagnie, dans L'Orléanais en I i"n cl près d'Amiens
m I i75, Ggurenl des n s appartenanl aux premières
maisons de la Caslille : Àloncillo Barrera, Fernan de
Solomayor, Rodrigue de Fonseca '. Ces jeunes gens
issus de la grandesse trouvaient de l'honneur à venir
chez nous endosser le hoqueton violet, qui était la livrée
du capitaine leur compatriote*, et à porter l'insigne
français de la croix blanche sous lequel un antre com-
patriote, le fameux Rodrigue, avait accompli tant de
prouesses. Cela finit après la réunion de l'Aragon el de
la Castille, qui lit succéder l' hostilité aux relations m'
longtemps amicales de l'Espagne et de la France. La
compagnie n'étant plus composée que de Français, et
d'ailleurs l'esprit du temps portant la jeunesse militaire
l'ouï considération de ce que nous avons osté et dérais nostre .mit' '•!
Féal chevalier don Martin Henricquez de Castella de la charge cl retenue
de xl lances fournies que nostre feu seigneur et père lui avoit baillé. •
Ms. Gaigniers, .">".'>, fol. 78, à la Bibliothèque nationale.
1 Cabinet des Titres de la Bibliothèque nationale, dossii r Salazar.
- a Tous lesquelz hommes d'armes estoienl \e>ius et habillés de bo-
quetousde camelot violet a grans croii blanches, et avoient belles chais-
aes dur autour du col, et en leurs testes cramignolles de velours noir à
:in"^ lmu[ij es de lil d'or de (Tiippre dessus ; et tous leurs cbevauh es-
toient couvers de grosses campanes d'argent. El au regarl de Sallezart,
pour différence de ses geu*, il e>toit monté sur un beau coursier à une
moult belle houssure, toute couverte de tranchoirs d'argent, dessus cha-
cun desquels v avoit une grosse cainpane d'argent doré, i Chronique
scandaleuse, à l'an 14ii.">.
206 VIE DE RODRIGUE DE VILLANDRANDO.
à s'instruire dans les traductions de Quinte-Curcc et
de Tile-Livc plutôt que par les récits des vieux soldats,
Salazar fut impuissant à prolonger la durée d'une célé-
brité devenue contestable. Il emporta avec lui dans la
tombe1 la mémoire des actions qui pouvaient recom-
mander à la postérité le nom de son maître ; et voilà
comment il se fait que le dernier mot de la France du
quinzième siècle sur le grand condottiere a été ce ju-
gement dédaigneux que nous trouvons dans une épître
de Robert Gaguin 2 :
« Les Espagnols font grand bruit des exploits, ou
plutôt des déprédations heureuses , de leur Rodrigue
de Ribadeo, ce partisan que la précédente génération a
vu promener le ravage dans presque toute l'Aquitaine :
mais n'est-il pas évident que de tels exemples sont
pour valoir à ceux qui les donnent le déshonneur plu-
tôt qu'un glorieux renom? »
1 11 mourut à la fin de 1479, d'après son épilaphe qu'on lisait autre-
fois dans l'église du prieuré de Macheret, en Champagne : « Cy gist
Jehan de Salazard, natif du pays d'Espaigne, en soi: vivant chevalier,
conseiller et chambellan du roy nostre sire, et capiteyne de cent lances
de son ordonnance, et seigneur de Montaignes, Saint Just, Marcilly,
Las, Lauzac, et d'Issoldum, qui trespassu ;i Troyes, le douziestne jour de
novembre l'an de grâce mcccclxxix. Dieu par sa grâce de ses péchés pardon
lui face. Amen. » Cabinet des Titres de la Bibliothèque nationale, dos-
sier Salazar.
- Épître adressée de Burgos au docteur François Ferrebout, The-
suions anecdotorum, t. I, col. 1838.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
i
Vi* de Rodrigue de Vi landrftndo, par Hernando de! Pulgar, titre Vlljde l'ou-
vrage intitulé : Los claros varones de Castilla, dirigido a lu muy alta
reyna doha Isabel, reyna de Castilla, Mcala de Benares, 1524. Une i -
Telle édition a été donnée en 1775, à la suite du Centon epistolario del
bachiller Fcrnan Gomesde Cibdareal, Uadrid, in- i .
Itou Rodrigo de Yillandrando, coude de Ribadeo, filé lijo de un
cscudero Bjodalgo natural de la villa de Valladolid, hombre de
bueo corpo, bien compuesto en sus miembros é de muy recia
i 1 1 ' rza. Las faciones del rostro ténia fermosas é la catadura féroce.
Seyendo de poeos dias, su grau corazonésu buenà constelacion
le llevaron mozo é pobre é solo al reyno de Francia, en el tiempo
que en aquellas partes a\ia grandes guerrasé divisiones é compaâias
• I gente de armas. É como en aquellos tiempos de guerras
eoncurian eu aquel reyno hombres estrangeros de todas partes,
este caballero .por ser dispuesto para los trabajos de la guerra fallo
luego capitan que le rescibio* en su compailia, en la quai aprobo*
lanbien, seyendo mozo, é despues en las cosas que hombre man-
cebo deve facer, que gand por las armas estimacion de hombre
valiente y esfbrzado ; é su capitan le reputava por nombre singular
entre todos los otros de su capitanla. Acaesciô algunas veces que
estando las batallas en el campo, quando algun hombre de armas
de la parte contraria, confiando en sus fuerzas, queria lacer armas
é demandaba batalla uno por uno, este caballero se esmeraba entre
todos los otros de su parte, é présentes las batallas de la un
parte é de la otra, salia a pelear cou el contrario, é le vencia , é
derribaba étraia sus. armas é despojo à su capitan; é esta vitoria
que algunas veces ovô, le dio onra. Laquai, asi como le pusa eu
\ II. Di: l'.UDKIGl I.
slimacioii tic algunos, asi le Iraxé en odio j embidiu de
,i ; ,,,. Laquai ( iv m- m I m lo que, por ser estrangero, fué constrenido
(|- se anarlar de su capitan, é coino rjuier que le fué grave de so-
h h , pei'o eouid vceinos mue-bas veces que I"- infortunios de pré-
sente son r iusa de la prosperidad futura, segiui ipie los casos de la
provideneia las suele l'odear, este caballero veyendose solo de pa-
rient es, di lïavorescido île compaùeros, sin an iuio de capitan, pobre
de il i) ro c siu amii>i>s é en Lierra ageua, uo tovn olro refugio siuo a
..h luifii m -mi ■'■ grand esfui i/o; é eon olro é otros dos que se lleg i-
ron aél, se avauturalia cou bucua deslrcza é gr ud osadia â facer
saîtos eu la tierra de lo> conlrarios m lugares peligrosos, c facia
h - »ui rra, c louiaba alguua presc eon que se podia sustencr.
I - i . i ii/i'i inucbas veces é eon laula Siiijaci lad é esfuerzo que
sienipre salia en salvo; é coino la lama de su valen.1 ia é de las
prêtas que loniaba se divulgô por la tierra, aHegaronsc â id algunos
- •. i' cresi'iendo de dia en dia cl corazon eon las hazaïïas, v
las hazaùas eon li gente, via gente eon el interese, allegaronseii
él niutbas mas geutes, la-la (jiie alcanzô â ser capitan inia vez de
nnll hombres, v despues de grado aeresenln en grado su capitania
l'araser capitan dédiez mil bonibrcs; é su poder lue de los majores
que ténia ningun mes del rej de i rancia â qnien
sirvia, é eon aquel su prand poder, v bô, quemô, destruyô, der-
rild, dcspoblô villas é lugaies é pueblos de Horgofia édeFrancia,
,11 tiempo (|iie aquel honorable reyno padescia guerras erueles que
duraron por espaeio de eiiKjuenla anos.
Andava 1^ mas del liempo en el i ampo é ponia grand diligencia
m la guarda de \<>- reaies para que su gente no rescibiese dano.
Kia boinbre ayrado en los lugares que convenia serlo, é moslraba
i ,n _ i .m l'eiocidad eon la ira, que todos le avian miedo.
Teuia dos singulares eondieiones : la una que facia guardar la
i entre 1 1 g nie que ténia é no eonsentia fuerza, ni robo, ni
imi ii < si alguno lo coinctia, el por sus manos lo pûnia.
I mu esto todas las pentes de su lui sle, aunque eran mm ' as é
rsas iiacioncs é lenian nl'li io de robar, le temian j estaban
en paz é n<> osaban cometci fuerza ni crinicn uno contra otro.
1 assimisini ! las piezas vgualmente segun que cada
uno 1" debia aver; é de lai maneia dividia lo robado pur juslieia,
que facia durai los robadoresen coneordia. Kra assimismo hombre
de vrillai I. é cl segui'o qui dava â qualquier villa, lugaro provincia,
0 qualquiei paelo que puni; :llo guai dabalo estrcebamente ;
DE Mil \M>li \Mhi. 2flJ
i si alguno robaba o facia dafio al que el segural a, facia le buscai
-ijiul diligencia é executar en el justicia; é con estacondi-
iinii que en el veian, muchos pueblos, é provincias, é otraa
|ti >nii,i< Hii.iil.iit-., v,. ii.iImm de su palabra é la compraban cou
grandes precios a lin de ser seguros de mis gentes. Econ esto ténia
sus reaies bien bastecidos de viandas é armas ê de todas las cosas
neccssarias, porque mandava pagar 3 guardar i losquevenian a
ellos con provision ; é su mandado era muj temido 5 complido.
Ovd muchas batdllas con Ingleses y Borgonones, en las quales
hios le liltiô por muchos casos de si r perdido é le ayudo por
mucbas maneras i ser vencedor : espei ialmente venciô" una batalla
que ovd* con el principe de Oreyna, donde concurriô mucha gente
de ambas partes. Esta batalla lue muy ferida y sangrienta: en la
quai los que le vieron pelear le compararon â leon bravo en el
estrago que facia en los contrarios, é el ayuda é esfuerzo que
daba a K>s suyos. É acabado de aver el vencimiento, tuvô esta
astucia. Fabld con uno de los prisioneros que ténia é prometidle
libertad si le descubriesse el valor de los prisioneros que las otras
sus gentes avian tomadoen la batalla. E como se informa sécréta-
meute de loquecada unopodia valer, comprô los todos dando por
cada uno mucho menor precio de loque valian; é como fueron
puestos en su podcr, rescatôlos â Indus por muchos majores pre-
cios de lo que le costaron, é con esta astucia ovd grau tesoro.
Lafortuna le pusô en tan gran reputacion, que alcanzô casar
con la hija del duque de Borbon, 411e era de la sangre real de
Francia; é fuesenor de veinte 5 siete villas en la tierra de Borbo-
nes, délias compradas y délias ganadas. É en veynle anos que
siguiô aquella guerra, fizd olras notables fazanas, entre las quales
acaescid que un dia, estando â punto de batalla con un gran capi-
tan de Inglatierra que se llamaba Talabot, en la provincia de
Guiana, el capilan ingles, que por oydas conoscia las condiciones
d'esté caballero, desseava assimismo conoscer su persona por ver
que cuerpo é que faciones leuia hombre que de tan pequefia
manera avia subido â tan gran estado; é como per medio de sus
farautes acordassen de se fablar, dexadas el uno é el otro sus
lniestes en buena guarda, eslos dos capitanes solos se juntaron é
vieron en la ribera de un rio llamado Lera. É eleapitan Talabot le
dixi'i : « Desseava ver tu persona. Pues tengo conoscida tu condi-
ciou, ruego te, » dixd el, « pues los fados nos truxeron juntos â este
lugar, que comamos sendos bocados de pan, y bebamos seudo>
14
-10 \ il DE RODRIGUE
veces de vino ; é despues sera la ventura de la batalla como â Dios
pluguiere é senor saut Jorge ayudare. » Este capitan Rodrigo le
rcspondiô : u Si otra coza no te plaze, esta por cierta no la quiero
facer; por que si la fortuna dispusiere que hayaraos de pelear,
perderia gran parte de la yra que eu la fazienda debo tener, é
meuos feriria mi fierro en los tuyos, membrando me aver comidq
pan contigo. » É diciendo estas palabras, bolvio la riendaâ su
caballo, é tornô [tara sus batallas; éel capitan Talabot. aunque era
eaballero esforzado, concibiô de aquellas palabras tal concepto que,
assi por ellas como por la disposiciou del lugar do estaba, acordô
de no pelear aunque teuia mâyor numéro de gente que el.
Affirmose aver diclio este capitan en su leuguage : « JNon es de
pelear cou cabeza espanola en tiempo de su yra. »
Despues de niucbos tiempos de guerras é deslruiciones avidas eu
aquella tierra, ovô Diospiedad de los moradores d'ella, y diô talcs
victorias al rey Carlos de Françia, que lanzô de todo su reyno al
rey Eduarte de Inglaterra, su enemigo, é todu su gente ; é i'ueron
eessando las crudas guerras que en aquel reyno avia. É en aquel
ticni|)o acaescio aver en Castilla grandes debates é dissensiones ;
para las quales el rey don Juan embiô â mandar â este eaballero,
su natural, que viniesse en Castilla â le servir cou la mas gente
que pudiesse. El quai vino a su llamado cou quatro mil bombres
â caballo; é el rey le rescibiô muy bien é le bizô mercedes de
la villa de llibadeo, y diole titulo de conde délia, é lîzôle otras
mercedes.
Mucrta la primera muger francesa, caso en Castilla con muger
noble de liuaje de Stufiiga, é el rey le pusô en su consejo é facia
d'ei gran confianza, especialmente de aquellas cosas que concernian
â la guerra que por entonces avia en sus reynos. Acaescio que
como el rey en tiempo de aquellas dissensiones fuesse â la cibdad
de Toledo, é los de aquella cibdad se rebellasscn contra el é le
cerrassenlas puertas, puesto el rey enalgun recelo de la gente de
armas que â la hora estaba apoderada de aquella ciudad, este
conde de Ribadeo fizo improviso eu la yglesia de Saut Lazaro, que
es bien cerca de la cibdad, un palenque con tan gran deffensa,
que la persoua del rey con la poca gente que por entonces con el
rey estaba, podiaser segura é sin dafio, fasla que los otros sus
capitanes é gentes de armas que venian en la zaguera ovierou
tiempo de He^ar. E por memoria perpétua d'esté servicio que
li/i) i.'n el dia senalado de la Epiphania, <•! rey lizi'» merced â ri (>
DE \ II. I. INDR \Mmi. :li
i sus descendientes de la ropa que ■ ■! é los reyes de Castilla, sus
guccessores, vistiessen aquel dia, éque c iesse con elâsu mesa.
!>■■ laquai merced goza oy su successor.
É al fin veiendo se ya viejo é eufermo tii- dolencia ta] que do podia
escapar, liios que ni dexa ;il hombre sin punicion, ni le niega su
misericordia, lediô* tiempo en que se corrigiesse arrepintiendose.
E por cierto cosa fué maravillosa é exempta digno de memoria ;i
los modales la gran contricion que ovo éei arrepentimiento de sus
peccados, é el derramar de las lagrimas que fizô continu: snte
muchos dias antes que muriesse, llamando ;'i Dios y pidiendole
cou todo corazon que le perdonasse é aviesse merced de >u anima.
E cou esta contiii ion, fenesciô* sus dias en cdad de selenta aùos.
K por esta fin que con tal contricion ovô, se pone aqui en el nu-
méro de los claros varones.
Il
Mandement de Charles VII pour l'exécution d'une ordonnance cassant les com-
pagnie- de gens d'armes et de Irait, d'après une copie de la collection Doat,
t. IX, p . 279, aux Manuscrits de la Bibliothèque nationale. Cette pièce a été
par H. Vaissete, t. IV, p. 162, de l'Histoire de Languedoc, .l'ep ai
rapporté un extrait dans mes Aperçus nouveaux sin- Joui/h- d'Are, p. If).
(30 janvier 1 i'2 ^.)
|)e par le roj .
Nostreamé eL féal, pour les gratis et griefs complaintes que
avons eues, à ce présent conseil de Selles et autrement, des oppres-
sions et dommaiges et aultres maulx innumérables que font les
gens d'armes et de traict qui sont sur les champs et vivent sur le
peuple à nous obéissant, parquoy il est tant vexé et si travaillié
que plus n'en puel bonnement souffrir, et à ceste cause est fort
indigné el ne puel plus riens puer des revenues qu'il doit, ne les
aides dont nous le chargeons pour le fait de la guerre et autre-
ment, et moins le pourrait faire ou temps advenir, se il n'estoit
suporté et deschargié des dictes gens d'armes et de traict, tout en
nostre très grant préjudice et dommage inestimable : Nous, par
l'advis dudit conseil, avons commis et ordonné nosaméset féaulx
le marescbal de la Fayete, le maislre des arbalestriers et L'admi-
ra] à quatre cens hommes d'armes, c'est assavoir ledit marescbal
212 VIE DE UODKIGUE
à deux cens hommes d'armes, ledit maistre des arbalestriers à
cent, et ledit admirai à cent, pour chasser et faire vuider tous
autres gens d'armes et de traict vivans sur nostre peuple. Et tous
autres capitaines de gens d'armes et de traict quelxconques avons
cassés, exceptés les Escossois, et les Lombars qui sontsoubs le lïorne
Caqueren ; en vous mandant que lesdits gens d'armes vous ne ac-
cueillies, recevez, ne retenez aucuns, ne leur donnés soustenemeut
ne eonfoi t à plus séjourner ; mais que chacun retourne à son hos-
tel ; et d'icculx ne voulons plus estre servis ; et à la saison nouvelle
l'on eu trouvera des autres. Donné à Selles, le trentiesme jour de
janvier. Signé Charles et Mallière.
III
Notice d'un mandement île Charles VII ayant pour olijet tic taire rendre l'ar-
gent d'une rançon extorquée par deux hommes de la compagnie de Rodrigue
de Villandrando. — Du Cliesne, Histoire généalogique de la maison du
Plessis de Richelieu, preuves, p. 140 (Extrait des titres de la maison du
Plessis).
(0 octobre 1427.)
Lettres du roy Charles par lesquelles, comme Jean du Plessis,
qui avoit esté toujours vray et loyal obéissant de S. M., sans tenir
autre party que le sien ne soy entremettre de fait de guerre, si
non de sadite Majesté, de par elle et au service de capitaines de
son party, estant accompaigné d'un jeune filz de l'âge de qua-
torze ans, nommé Gilet Glérambaut, qu'il nienoit avec luy comme
son page, se fust party du lieu d'Angle, dont il estoit capitaine,
pour soy en venir en un sien hostel qu'il a en la chastellenie de
Roffec, ou pays d'Angoumois, et eust trouvé audit lieu de lioffec
la compaignic de Kodigo de Villandras, de laquelle estoient Jean
Perrade et Alfonsc Rodigo, qui l'avoient prins prisonnier et mis
à grosse rançon, dont il avoit payé partie : S. M. mande au pre-
mier hérault ou poursuivant d'armes sur ce requis, qu'il le lui
fasse restituer. A Lezignen, le 0° jour d'octobre mccccxxvii.
l»K Vlll \\|i|;\Mhi. 213
IV
Délibérations du Conseil de la ville de Lyon au sujet de Kodrigue de Villan-
drando, campé près d'Anse. — Extraits du registre BB .. 'les archives com-
i aies de Lyon, c muniqués pai M. G chiviste du département
du Rhône.
(16-25 oc i brc I I
Le samedi, \\i" jour d'octobre un' sxvm, à Saint- Jaqueme1,
présens*, etc. Il/, ont conclus que la ville s'aide à gecter du
nais de Lionnois le grant nombre de gens d'ar s que meinenl
Vallete, I»oclig«» et"... capitaines soy disans estre an conte de Per-
diacb, lesqueulx vuideronl parmi mi' escus miels corans à pré-
sent que leur douera mous, le Bailli, combien qu'ilz se lèveront
susmons. de Lion, mess, d is églises, sus la ville et sus le plat
pais par manière de collecte (à quoy se sont offers lesdi/ i is.
de Lion et gens d'église et aucuns du plat pais, c'est assavoir
Bonichon et Fosses), considérez les grans dommaiges qu'ilz pue-
vent faire, mesmement maintenant que tous vivres sont à plus
liabandon que en temps de l'an, et qu'il est impossible de leur
résister, actendu le grand nombre qu'ilz sont, et pour plusieurs
autres considérations faisans à ceste matière : excepté Pierre de
Nièvre, Loys des Sollières, Jol'freyMalanest, Jehan Jehennot ctNisier
Greysieu, qui ont e«té d'oppinion de non riens leur donner pour
les conséquences qui s'en puevent ensuir, c'est assavoir que par
aventure faudra desliormays souventes fois taire pareillement,
et aussi considéré que oneque mes dont il soit mémoire ne fut
fait ; ains qu'il fallut recourerà gens d'armes (fol. 68 v°).
— Le lundi, \w jour d'octobre mil un' xxviii, à Hoanne \
présent nions, le Bailli, etc..
11/ ont conclus <pie, puisque ainsi est que Vallete, Radigo de
Valcndra et leurs compaignons, gens d'armes estans sus ce pays
de Lyonnois et faisant inaulx innumerables et inbumains, ne se
sont voulus départir dudit pays parmi iuic escus d'or cornu- '>
1 Alors maison commune île la Ville.
* Suivent les noms «le beaucoup de Conseillers.
3 L'n troisième nom laissé en blanc.
* Ni.m de la maison de Lyon OÙ se rendait In justice.
■ji; VIE DE R0DRIG1 E
nresent, que la ville cl pays de Lionnois leur donnoit par moyen
[e traietié de sire liillel Bichart, seigneur de Saint-Priet, mes en
demandoienl mil escus d'or ou vmc pour le moins, parmi ce que
les pats dcsjà par eulx fais audit pays depuis Jareys jusques à
p,essena\ cl lïibousl leur demourast avec lesdits vmc escus, et
que jusques ilz feussent payés dosdits vin' escus il procédassent
lousjours à apatisser le demourant dudil pays de Lionnois: que
lesdits vin' escus soient baillez audit nions, le Bailli pour servir
c ou mxx hommes d'armes pour x\ jours, pour les gecter de fait
du païs à l'aide des communes.
Dequoy faire a prins la charge ledit mons. le bailli parmi ce que
l'on lui baille promptement les [inc escus et des autres ne res-
pondeur souffisant à paierau bot desdiz xv jours ; et il a assuré
lesdits conseillers et autres dessus nommez d'en faire païer à ceulx
du plat pais leur part, desdiz iiiic escus.
Et oultre ont esté d'acors lesdits conseillers et autres dessus
nommés que demain, qu'ilz seront à Boanne en plus grand nom-
bre, ilz asseureront ceulx qui vouldront promptement prester les-
dits niic escus, et ledit mous, le bailli des autres nu escus : les-
queuls vnr escus «e lèveront tout par emprunpt comme sur les
deniers communs de ladite ville; et pluseurs du plat païs, tant du
\Iontour ! que d'aillieurs, ont accordé d'en paier leurs portions
(fol. 69 v°).
— Le mardi, xxvie d'octobre mr wvni, à Saint-Albain2, etc.
Hz ont conclus que, nonobstant l'appointemenl d'ier, que nions.
le Bailli aille faire vuider les gens d'armes avec les gentilz hommes
et les communes du pays, et que l'on lui donne cent escus pour
sa peine : lequel mous, le Bailli l'a refusé; et pour ce il/ ont
appointié que l'on j envoyera cent compaignons de la ville de
Lion, qui yronl vers Cbasey3 à l'encontre desdits gens d'armes,
avec les communes du plat pays, qui desja ; sont; et donnera
l'on à chacun desdits cent compaignons \\\ s. t. pour une
sepmaine > \bid.).
— Le vendredi, wiv jour d'octobre à Saint-Albain.
Présent mons. le Bailli et des segneurs tant de Chapitre que
1 Le Mo iton Je I imonesl cl de Neuville.
— Chapelle près de la maison de Roanne.
: i liazej d'A litre b] r>n et hise.
DE Mil W'hl; \M"i. 815
,1 • lutn 'r_li-- .plusieurs tant conseillers comme maistres d< -
mestiers et autres notabli i granl nombre, ont conclus
quemieulx vaulx despendre l'argent à gecter les gens d'armes
hors iln pays à force d'autres gens d'armes et de communes, que
leur donner ung denier p ir i omposition ne accors, pour les consé-
quences. El ceu \ 'I is églises, excepté messire Chabert, ont con -
clns (jue mieulx les i n vauldroil envoyer pour un peud'argenl que
leur courir sus, attendu que, avant que l'on ait gens d'armes
prests, Hz auront fait mains maulx, et aussi pour obviera la tuerie
qui y porroit estre, <|iii leur courra sus.
Sur quoy lesditz conseillerset autres de leur dicte opinion ont
demandé instrument à Denis Becej à ce présent, en so] ouffrans
paier la cotte <•{ portion de.la ville des gaigesdes gens d'armes et
des communes, ou y envoyer de ceulx de la ville, à la valeur de
leur dicte cotte. Les [ueuh gens d'église, ce ouy, ont esté de l'acors
de la ville après avoir parlé premièrement chacun à son chapitre,
pourveu que chacun eu paye sa coite raisonnablement.
— Le dimenche, dernier jour d'octobre ira€ xxvm, ù Saint-
Jaqueme, api es disner, etc..
La pins grant et saine partie des assemblé ont conclus que
mons. le Bailli face vuider les gens d'armes estansen ce païsâ la plus
gracieuse somme qu'il pourra, et la ville lui baillera un" escus
pour eu faire en ceste matière son bon plesir; et que ce l'on
signiflie au roy le plus lui I que faire se p turra, à lin de descliarge
de la ville des aides du roy; el aussi que les gens d'église et
nobles du pays contribuent à ce qui sera donné ausditz gens
d'armes, attendu «ju'ilz ont le plus des domaiges à causede leurs
terres, forteresses , t > u ! > l: i • '■ - . I.l desditz nu" escus ont ;passé le
mandat sus Jehan Gontier (fol. li'.J \°).
Lettre de la duchesse de Bourgogne au cardinal de Winchester, en f.iveur du
sire de Bussy, prisonnier de Rodrigue de Villandrando. — Communiqué par
M. Paul }!> s le manuscrit li. 6, 17. loi. 00, de la Bibliothèque de
l'Université de Cambridge.
1 1") septembre 1 150.
Très révérend père en Dieu, mou très chier et très amé oncle,
très cordialement el humblement je me recomaunde tousjours a
216 VIE DE RODRIGUE
vous. Et vous plaise savoir que mon très redoublé seigneur et je
semblablement escripvons présentement à monseigneur le roy en
laveur de mon très cliier et a nié messire Guillaume de Vianne,
seigneur de Bussy, qui est, comme vous tieng bien sçavoir, de
pièça prisonnier d'un capitaine du parti contraire, nommé
Rodigue, lequel si l'a mis à très grosse finance et excessive
raençon, laquelle, si lui convenoit paier, il seroit comme du tout
destitué, destruit et désert. Et sur ce. mondit seigneur et moy
louchons el ouvrons à mondit seigneur le roy certain convenable
et raisonable moyen, dontporrez estre adeertenne, par lequel ledit
seigneur de bussy pourroit avoir bonne expedicion, ainsi que je
désire, ou fait de sa dicte raençon. Si vous pry, mon très chicr
et très amé oncle, très affectueusement et de cuer, que au fait
dessusdit il vous plaise tenir la main devers mondit seigneur le
roy eu temps convenable, et tant y faire, corne j'ai en vous ma
parfaicte fiance, que icellui puisse en temps convenable sortir
plain effet- 1. Et vous me ferés ung très grant et singulier plaisir,
et dont me reputeray à vous estre grandement tenue. Et se chose
vous plaise, signiffiez le moy pour l'acomplir très voulentiers et
de bon cuer. Très révérend père en Dieu, mon très cbier et très
amé oncle, le benoit filz de Dieu vous ait en sa saincte garde et
doint bonne vie et longue. Escript à Anvers, le xme jour de sep-
tembre.
Yostre niepee la duchesse de Bourgoingne et de Braubant.
Sur l'adresse: Très révérend père en dieu, le cardinal d'Angle-
terre, mon très cbier et très amé oncle.
Acte de donation de la seigneurie de Puzignan en Dauphiné, à Rodrigue de
Villandrando. — Original en parchemin des Archives nationales, reg. I' 1363,
cote 1245.
(7 mars 1430/1.)
Charles, par la grâce de Dieu roy de France, à tous présens et
à venir salut. Comme nous aions entendu que Alaiz de Vcyras,
femme de Guillaume de la Balme, chevalier, lequel a sous tenu
et favorisé nostre adversaire de Bourgongue, ait, en soy demons-
trant rebolle et desobéissant envers nous et favorisant nostre dit
adversaire de Bourgongne el ceulx de son parti, mis et bouté
DE VIII Whl; \Mm». 217
mi chaste) de Puseigné1 en nostre Daulphiné, Loys de Chalon,
ier, soydisanl prince d'Orange, pour faire el porter guerre
à noslredit Daulphiné ; et pour ce, et aussi que ladite Alayz est de-
mouranl en l'obéissan <• de qoz ennemis, soil ledit chastel de Pu-
- _ . avecques to i ipparlenances et toutes les autres
-, rentes et revenues, que ladite ÂJaiz a eu et peut avoir
tant en uostre royaume que en nostredil Daulphiné, envers nous
forfaites el confisquées, el dont à ceste cause en povons faire el
disposer à nostre plaisir el voulcnté : savoir faisons que, pour con-
sidéracion des grans, bons el agréabli - el profitables services que
nostre bien aîné escuier d'escuiie, Rodrigue da Villandrando,
nous a l'ai/, dès longtemps a, ou fail de noz guerres el autrement
en plusieurs manières, et mesmemenl depuis ung an en <.à es
marches de nostredit Daulphiné, à rencontre dudit Loys de Chalon
à nous rebelle et di sobéissaut, comme dit esl : pour considéracion
aussi de ce que nostredit escuier et ses gens ont gangné el prins
ill ledit chaste! sur les gens dudit Loys de Chalon : nous, à
nostre dit escuier. en recongnoissance desdiz services et pour
aucunement le recompenser des grans Irai/ et despens que, à
l'occasion de nostre dit service lui a convenu, convient et c n-
viendra faire el soustenir; actendu mesmemenl que, comme dit
est, lui et sesdictes gens ont prins ledit chaste] d'assault sur le-
dit de Chalon: avons donné, cédé, transporté el délaissé, donnons,
cédons, transportons et délaissons de grâce espéciale par ces pré-
sentes ledit chaste! el terre de Puseigné, avecques toutes les rentes
el revenues audit chastel appartenant, et généralement toutes les
autres terres, cens, rentes et revenues que ladicte Alaiza et peut
avoir en nostredit Daulphiné, pour, toutes les choses dessus dit tes
et chacune d'icelles avoir, tenir, joïr et user par ledit Rodrigue
de Villandrando, ses hoirs et aians cause, ou temps à venir, et
en faire et disposer à leur plaisir et voulenté, comme de leur
propre chose à tous joui-, jusques à la valeur et estimacion de
trois cens livres tournois de rente, par chacun an et au dessoubz.
Si donnons en mandement, etc Donné à Saumur, le vije jour
de mars, l'an de grâce mil cerc et trente, et de nostre règne le
neufiesme. Ainsi signé : Par le Roy Dauphin, Vous, le seigneur
1 Le nom de ce lieu 'lins la bouche des habitants du pays est Pusigneu : il
se disait en latin Pusiniacum, auquel Pusigné répond aussi bien que Pusigneu;
mais il est difficile d'expliquer l'altération qui a déterminé la l'orme Puzignan,
consacrée depuis longtemps par les actes administratifs.
-ils VIE DE RODRIGUE
de la Trémoille, Christofle de Harecourt, les sires de Trêves el de
Mortemar, et antres présens1.
VII
Condamnation à l'amende, aux assises de la châtellenio de la Tour en Jarret
I orez , d'un homme coupable d'avoir dilapidé une garde-robe reprise sur les
routiers de Rodrigue, qui avait été mise en séquestre entre ses mains. —
Registre C. 1190, fol. 9, des Archives de la Loire. Communication de
SI. Chaverondier, archiviste du département.
(20 février I43f)
Petrus Escofferii, de Sancto-Christoforo, gratis coinposuit ad
quinque solidos turon. pro co quia, sine licencia alicnjus super hoc
potestatem habenlis, quanclam vestem sibi sub manu domini nos-
tri ducis per Johannem Tliolio, servientem Forensem, traditam in
custodia, que fueral cujusdam mercatoris quem gentes armorum
de Rodigo depredaverant, de eadem tradidit Pctro Gogiardi sine
licencia; quos solvcre promictit per juramentum suum et sub
obligacione omnium bonorum suoruni. Cavit per Johannem Tillez.
Datum die martis xv. mensis febroarii, anno predieto [miiiic xxx].
VIII
Extrait du livre des délibérations des consuls du Bourg de Rodez. — Registre
BB 5, fol. 1 10, des Archives communales de Rodez. Communication de
M. Paul Durrieu.
(25 juillet 1431.)
l'on ordenat que, attendut que mossenhor lo comte de Pardiac
era vengut en esta vila per far gitar del pays lo capitani Rodigo
4 Deux autres pièces qui sont le complément de celle-ci se trouvent dans
les Registres de la même série, I' ÎS.M)* cote 770, et P 1363* cote 12io. La
première, en date du 15 septembre 1431, est la sentence de confiscation sur Alice
de \ irax, prononcée par Raoul de Gaucourl d'après l'avis conforme du Conseil
delphinal : « Quia nobis constat et apparet dictam dominmu Alesiam infra cas-
trum Pusigniaci, quod de feudo delphinali existit, plures Bnrgundos et alios
risione castri Anlhonis adversarios et inimicos serenissimi principis, etc.,
intrare permisisse. » L'autre pièce est l'expédition des lettres royales par le
même Raoul de Gaucourt, expédition délivrée à Lyon le 12 novembre 1431,
à la poursuite d'un fondé de pouvoirs de Rodrigue: a Receptis per nos litteris
exhibilisque per Johannem de Mondono, civem Lugduncnsem, procuratorem
legitimum et nomme procuralorio viri oôbilis Rodrigui de Villandrando, scutif-
feri scuttifferie prefali domini nostri régis delfini. » C'est l'acte de mise eu
possession.
DE Vil I INDRANDO. U9
.un sas gens, loqual donava granl dampuage à loi lo pays, fon
de cocelh que à comu despens dil bore et de la cieutal lin ses
trames cl présentai ij pipas de bon vi, el \\ sestiers civada, el
\ij torchas, el viij libras coffimens, en supplican que llii plassa
aver per recomandada la vila el loi I" pays.
I\
Ordunnani emenl d ind< mnilé à de la levée d'une aide accordée pai li
h, il il mis des diocèses de Hâcon, Chai ■! Aulun, pour re vrei les places
m, pées pai Rodi » Villandrando et autres capitaines du parti français.
— Original de la Chambre des comptes de Dijon, aux Archive
. laj lie 159, liasse I. cote 5151.
l'i novi mbi e 1451.
Philippe, par la grâce de Dieu duc de Bourgoingne ri de Lothier,
de Brabant el de Lembourg, comte de Flandres, etc., â nostre
ami' ri féal secrétaire maistre Guillaume Bourrelier, receveur gé-
néral d'ung aide de si\ mil frans à noz octroiez par les gens
d'église, manans et liabitans es villes el terres roiaulx estans es
diocèses de Mascon, Chalon et Ostun, salut et dileclion. Gomme
pour nous aidier à restituer d'une partie des frais que nous avons
sostenus <'ii une armée de par nous mise sus en un/ pais de Bour-
goigne, soubz la conduite de nostre cosiu le prince d'Orenges en
absence de nostre mareschal de Bourgoingne, environ Pasques
charnelz darrain passé, à la liés grand requeste tanl de révérend
père en dieu l'abbé de Glugny i omme d'aucuns autres prelas, gens
d'église, bourgeois, manans et habitans des villes eslans en
royaulté es termes el mectes des diocèses et eslections de Mascon,
Chalon et d'Ostun, pour la vuidange des places et forteresses île
M,izilles,Chastel-soulis-Clugny,Senceney, Saint-Christofle et Pierre-
clox, lors détenues et occuppées par le bailli de Lion, Rodigue
el autres ennemis de inonsr le Roy, au bien de son povre peuple
desdiz lieux et au cessement des inaulx qu'ils en soslenoient,
qous ayenl esté par manière d'ayde promis, accordé- et octroyez
la somme de sh mil frans, venans eus franchement eu uoz mains
avec les liais nécessaires à la poursuite dudit octroy et du relie-
vement des deniers dicellui, tant eu voyaiges, L'aiges d'esleuz et
receveurs e1 < scriptures que autrement, ou l'ait dessusdil el es
dépendences; et il soil ainsinque nostre amé receveur de Mascon,
220 VIE DE RODI'.ICUE
Anthoine Ailloud, ait par nostre ordonnance et de par nous esté
mandé venir, et soit venus dès son hostel de Mascon à Saint-Gen-
goul devers le bailli dudit lieu et autres officiers royaulx pour le
fait dudit ayde, auquel voyaige il a vacqué six jours entiers et
continuels; ait aussi esté et soit ordonné et institué receveur
particulier dudit ayde ou diocèse de Mascon, sens ce qu'il ait eu
encoires à ceste couleur aucuns gaiges de nous ne autrement à
cause que dit est : Pour ce est il que nous, ces choses considé-
rées, vous mandons que des deniers ordonnés, assis et imposés
pour lesdis frais, en oultre lesdits vi'1' frans et sens diminucion
d'iceulx, pour ce que franchement et sans déchéance ils doivent
venir en noz mains, vous paiez, bailliez et délivrez audit Anthoine
Ailloud la somme de six vins six frans ; la quelle somme, en oultre
les gaiges ordinaires qu'il prant de nous à cause de sondit office
de receveur de Mascon, nous lui avons ordonné et tauxé, ordon-
nons et tauxons par ces présentes : c'est assavoir six frans pour
sesdiz voiaiges, qui est ung franc par jour, et six vins frans
pour ses gaiges de ladite recepte dudit ayde oudit diocèse de Mas-
con, parmy ce que, au regard desdis vixx frans, il sera tenu de
cuillir et fere venir eus les deniers de sadite recepte à ses frais,
pourter ou fere pourter à Dijon lesdits deniers, et fere tous autres
frais touchant sa charge et les dépendances, sens ce qu'il en puisse
aucune autre chose demander. Et par rapportant ces présentes
avec assercion dudit Anthoine d'avoir vacqué oudit voiaige lesdits
vi jours, ladite somme de vixxvi fr. sera alouéeen la despence de
voz comptes, sur ce que dit est, par nos amez et féaulx les gens
de noz comptes à Dijon, ausquelx nous mandons que ainsin le
lacent sens contredit ou difficulté, non ohstant que de la déclara-
ciondesdiz jours autrement n'appere, et quelxconques mandemens
ou deffenees contraires. Donné en nostre ville de Dijon, le xve jour
de novembre, l'an de grâce mil cccc trente et ung.
Par Monseigneur le Duc à la relacion du Conseil, ouquel estoient
les liens des comptes à Dijon.
Signé T. Bouesseau. Scellé du petit sceau.
IH. \ ILLANDUANDO. 221
Extraits de l'ordonnance dressée poui la répartition des deniers volés par \c<
Etals des pays de Haute el de Basse-Auvergne, réunis à Honlfcrrand en jau-
riei 1 * -— j 1 '.'. — Original en parchemin dans le ms. français 25914 de la
liilil. nulionale.
(Événements de décembre I !" I
Item seront lenuz (les receveurs) de paier la somme de nr li-
vres tournois qui ont esté ordonnez à mons. le seneschal d'Au-
vergne, pour et eu recompensacion des Irai/ et despenses qu'il
luv a convenu faire en deux voiages qu'il a esté, par l'ordonnance
de Messeigneurs, par devers Rôdigode Villandrado, capitaine de
certaines gens d'armes el detraict, pour traictier avec luv que
luv noies siens ne passassent parmj ledit pays, et n'y feissent
dommaige; esquelz voiaiges mondit seigneur le seneschal a vai -
tjiié par l'espace de trois nioi> ou environ.
A Loys du Lac et Guillaume du Loir, escuiers, pour avoir esté,
par l'ordonnance de Messeigneurs dudil pays devers Andrelin et
Cappelle, cappitaines de gens d'armes el de traict, affin qu'ilz
ne pasçassenl ne dommaigassent ledit pays : à chacun c solz tour-
nois.
A l'oncet de la Roche, escuier, pour et en recompensacion
d'ung sien cheval que les gensdu dessusdit Rodigo luv ostèrent,
en alaril devers mondit seigneur le seneschal d'Auvergne, pour
aucunes choses touchans le service dudit |k» ys : \w 1. t.
A aucuns des hommes des parroisses et villaiges de Saint-Bon-
net, Monlpensier, Kilïiat , Denonne, Saint-Martin dis \ loches,
Cuin, Olhat et Saint-Clément, ou conté de Montpensier; lesquelz
habitans ont esté naguères prias et emprisonnez par les yens du
dessusdii Rodigo, à laquelle cause ilz ont lieu de granz peines et
dommaiges: pour eux aidier desdiz dommaiges, pertes et maulx,
e 1. tournois.
A Anthoine Saillans, escuier, hailly d'Alègre, pour ung cheval
qui fut prins de luv à Ambert et donné audit Rodigo, luy et les
siens estans oudit lieu d' Ambert logiés, affin qu'il oust ledit païs
pour recommandé, et qu'il n'eust cause d'y l'aire dommaige : Ix I.
tournois.
A Girault Crespat, marchant de Clermont, en recompensacion
\ n; de rionr.ii.i i.
de certains voiages qu'il a faiz par l'ordonnance de Messeigneurs
dndit pais, en la compaignie de mondit seigneur le scnescbal et
autremenl . par devers le dessusdit Rodigo,affin de trouver appoinc-
tement avec lny, pour qu'ilz vuidiïsent du pays, etc, : six vins l.t.
Xï
Quittances des années 1434 et lir>0 pour remboursements des emprunts con-
tractéspar la ville d'Ussel ru Limousin à L'occasion de l'appatissemenl exigé
par Rodrigue do Villandrando. — Pièces communiquées p. ir M. Paul Huot,
d'après les originaux des Archives communales d'Ussel.
Événements de décembre 1 i'\ .
i. In mei, notarii publici, presentia et testium infra scripto-
rum personaliter constitutus Steplianus Charlat, rnercator ville
Lsselli [recognovil] quod, cum Johannes de Fraxin» -, .laeobus Des-
tanha, Jacobus Marletz et Johannes Rolondi, tcneivmtur et essenl
[obligati1 pro consnlibns dicte ville ad solvendum diclo Stepbano
Charlat quaterviginti scuta auri veteris pro ipso fradendo feni-
dam] capitaneo gentium armoruni, Rotrico de Villa \ndrado, cum
quo quandara compositionem fecerat dicta villa ad finem ne dic-
tam villam assalliret nec destrueret , prout de dicta obligaUone
latius constat per quoddam instruraentum publkum receptum
per magistrum Guillelmum Esparverium, notanum publicum,
sub data diei ultime mensis decembris aimi Domini millesimi
quadringentesimi tricesimi primi : bine fuit et est quod dictus
Steplianus Charlat confessus fuit babuisse et récépissé, tam per
manum sapientium virorum Franeisci de Pradinaco, notarii pu-
blici, et Jobannis Codoniez, Johannis Paulhiaci, Jobannis de Mi-
chai, consulum anni presentis dicte ville, quam predecessorum
consulum ejusdem ville, videlicet quaterviginti scuta, tam pro
talhia per ipsam débita pro parte sua dicte corapositionis de Ro-
trico, quam in auro sibi tradilo, ut asseruit. De qua summa qua-
ter viginti scutorum quictavit diclos consules, etc., etc. Actumin
villa Usselli, die xmia mensis augusti, anno Domini m°cccc xxxiiii0.
2. In mei, notarii publici, testiumque infrascriptorum presentia
existens et personaliter constituta Margarita, uxor quondam Pétri
de Las Portas, ville Usselli, que, cum dictus quondam Petrus
mutuasset consulibus cl babilantibus dicte ville Usselli quinqua-
hl VILLANDRAK DO.
ginta scuta ami veteris prosolvendo .1 Rodig le Villaindraldo,
capitaneo gentium armorum, cerlam <• posilionem ami ci ar-
gent] quam ipsi consules et babil mtes feceranl cum ipso Elodiguo
ad linem ne agrederetur dictam villam : hodie dicta Margarila
confessa luit babuisse et sibi d duxisse et dedui tam fuisse de lui-
qui' poterat debere de suqueto vini pei ipsam venditi, quindecim
Ecuta a 11 ri veteris seu realia, et de talliis suis et dicti sui quon-
dam mari t i et Pétri de Iquis, sui quondam uepotis, et per ma-
nuin Johannis Grelet, usquc ad summara triginta el sex scuto
runi, inclusis dictis quindecim sculis auri, ex compulo facto per
ipsam hfargaritam cum sapientibus \iii< magistro Francisco de
Pradinaco, nolario publico, Joli amie Codonhies, Johanne de Mî-
chal et Johanne PouUhat, consulibus anni presentis dicte ville. De
qua summa triginta et ses scutorum auri et septem solidorum dicta
Margarita dictos consules et habitantes dicte ville et quoscunquc
alios, qui pro dicta summa quinquaginta scutorum auri sunt obli-
gati dictis consulibus, pro se et pro Iota communitate et babitanti-
bus dicte ville el pro omnibus illis quorum interest aul intererat,
quictavit et absolvit, et de premissis concessil ûeri presens me-
moriale. Actnm in dicta villa Usselli, in operatorio mei, notarii
infrascripti, presentibus Johanne Lafoz, Johanne Imgerd et'me,
Guillelmo Esparverio, notario infrascripto, die in.1 mensis julii,
anno Domini mccccxxxiiii.
3. Nous, Charles, conte de Venthadour, savoir faisons à tous
ceulx qui ces présentes verront et oironi que. comme les consoulzel
habitans de nostré ville d'U el qous fussenl tenus en la somme de
cent escus d'or, par nous à euh baillés 1 1 prestes à fere 1< ur paie-
ment pour la ransson de Iiodiguo de Vilandrado, et en Imict
goubeaux dargent, et d'autre pari en vingt et cinq escus, et en
oultre en ung beringuier et en une aiguière d'argenl poisant neuf
marcs deux onsses et demi", el ausi en sexainte escus d'or ou
royaulx, lesqueulx nous estoienl donnés sur la taille faicle el 00
troiée sur les habitans de ladicte ville et sur pluseurs parroisses,
faicte pour paier ladicte ransson dudict Rodiguo, el aussi en li
somme de cinq escus d'or pour l'œuvre de ladicte ville d'Ucel :
Non-, au jour d'uy, date de ces présentes, confessons el recoignois-
sons avoyr lieu et receu des consoulz et habitans de ladicte ville
les sommes et parties cy dessus déclarées, et nous en tenons poui
bien contemps et payés desdictes sommes. Desquelles sommes el
::\ VIE DE RODRIGUE
chacune d'ycelles quictons pour nous et pour les hoirs nostres
lesdicts consuls et habitans de ladicle ville d'L'cel en convenance
de non plus demander d'ores en avant èsdicts habitans, à cause
desdictes sommes enclus en ceste quictance, toutes autres sédulcs
et quiet;mccs lesquelles iio;:s pourrions avoir doné et octroyé des
dictes sommes èsdicts habitans ou de aulcune d'ycelles; et voulons
H consentons par ces présentes que toutes recognoissances et obliga-
toires sur ce à nous octroyées par le: dicts habitans soyent de nulle
valeur, et les anullons et cancellons. Mandons et commandons à
maistre Fransset del Pradinatz de ladietc ville, nostre notaire,
qu'il ayt à canceller les lectres obligatoires que sur ce pour nous
a receues. Et en tesmoing de ces chouscs et pour pins de fermeté,
nous avons seellé ces présentes de nostre propre seel et signé de
nostre propre main. Donné à Venthedor, le xxie jour du moys de
ma\ mi.cccxxxiiu. Signé : Yanthadours1.
XII
Lettres royales du don fait à Rodrigue de Villandrando de la terre et seigneurie
de Talmont sur Gironde. — Original en parchemin des Archives nationales,
P 1375, cote 2478.
(5 avril 145 {.)
Charles, par la grâce de Dieu roy de France, savoir faisons à
tous présens et à venir que nous, considerans les grans et no-
tables services que nostre amé et, féalescuier d'escuverie Rodigo de
Villedrando nousafaiz ou temps passé, tant ou fait de noz guerres
comme en plusieurs diverses manières, fait chacun jour et espérons
que ancor face ou temps avenir; considerans oultre les grans
fraiz et despences que à l'occasion d'icelles lui a convenu su-
1 M. Paul Iluot a publié textuellement cette dernière pièce dans sa notice
sur les Archives municipales d'Ussel (Ussel, 1856). Il a ajouté, d'après un
inventaire de 1749, la notice d'un autre arle sur le même sujet, qui ne se
retrouve plus dans les archives de la ville : « Expédition de certaines lettres
patentes à innytié déchirées ou effacées cl en dalte de 1439, par lesquelles le roy
Charles Vil accorde aux consuls et habitans de la ville d'Ussel de pouvoir lever
ii rtains droit» qui paroissenl considérables, sur les marchandises et denrées.
11 y a d'autres concessions bien intéressantes; niais il est impossihle de les
détailler parce qu'il y manque la plupart îles mois. Suivant les apparences, elles
avoient été faites à l'occasion de la ransson qui fut payée à Rodigon de Villendras,
comte de Villedieu. Ci - lettres furent enregistrées dans les greffe* du sénéchal
de Périeueux. >•
DE \ 1 1 i \ MM; vmm). 22S
porter el à ce que doresnavant il soil nostre homme et plus
astrainl à non- servir, el que plus honnorablemenl II le puisse
1 1 iv el sous enir - m eslal : pour c s causes el autres à ce m uis
mouvans, nous, par délib Taci in de aostre gra il Conseil, au lil Ro-
ivons donné, cédé;, Iransporlé el délaissé, donnons, cédons,
transportons el il laissons à tous jours, de grâce espesial, plaine
pu i -Mince et auctorilé royal, par ces présentes, pour lui et ses hoirs
malles descendans de -.1 c lair par vraj m iri ige, la ville, cliastel,
terre el chastellenie de Talmont sur Gironde, ainsi qu'il se com-
porte, en nostre pays de Xantonge, aveu toute justice haulte,
moyenne el bisse, el les rentes et revenus apparleuans à ladicte
ville, cliastel el chastellenie el tous telz droiz et profiz que nous
avons et pouons av.iir en l.idicte terre el es despeudances et cir-
constances d'icelle, saufel réservez à nous et noz successeurs les
souveraineté el ressort devanl nostre seneschal deXantonge, pour
li - avoir, tenir, exploiter el en j ■ >îr el user dore navaut par ledit
Rodigo-el ses hoirs malles à lousjours, parmyce que ledit Rodigo
et sesiliz hoirs seront el demourront à lousjours, à cause <ie ladite
terre, imz hommes liges, el icelle terre tendront de nous el de noz
successeurs à foj et hommage. Si donnons en mandement par
ces présentes à noz amez et féaulx, gens de nostreParlenientetde
un/ Comptes el trésoriers, età nostre amé et féal maistre Régnier
de Bouliguy, général conseiller sur le fait et gouvernement de
toutes no/ finances, ;i nostre senesi bal de Xantonge et à tous noz
autres justiciers, officiers el subgez présens et avenir, ou à leurs
lieuxtenans el à chacun d'eulx, si comme à lui apparlendra, que <le
nosl re preseul don, 0 il ro] , c tssion el transport lacent . seuffrenl et
I lisent ledit llodigo et ses hoirs malles joïr et user plainement
et paisiblement par la manière que dit est, sans lui faire ou don-
ner, ou soûl frir es tre fait ou donné, aucun arrest, destourbier ou
empeschement en quelque manière que ce soit; car ainsi 1 -
plaist il estre fait, et sur ce imposons silence à nostre pro-
cureur et à tous autres qui contre la teneur de- ces piesentes voul-
droyent faire ou donner aucun destourbier ou empeschement, non
olistant quelconques droiz et conslitucions par nous ou noz pré-
décesseurs faicles de non distribuer, transporter ou aliéner au-
cune chose de nostre domaine, et quelconques 0 donnances, man-
demens ou deffences à ce contraires. Et afin que ce soit ferme
chose et i stable, nous avons fait [mettre] nostre seel à ces pré-
sentes. Donné à Selles en Berry, le tiers jour d'avril, l'an de
15
226 VIE DE RODRIGUE
grâce mil cccc trente et ung avant Pasques, et de nostre règne le
dixiesin<\
Sur le repli : Par le Roy en son grant Conseil ouquel Vous, le
conte de Vendosme, l'évesque de Seez, les sires de le Bret et de
la Tremoille, Christofle de Ilarecourt, le Maistredes arbalestriers,
les siies de Gaucourt et de Trêves, niaistre Régnier de Boullegny
et Jehan Rabateau, et plusieurs autres estoient. Signé, Charrier.
Lecta Pictavis in caméra Parlamenti, duodecima die aprilis,
anno Domini quadringentesimo tricesimo primo. Signé, Blois.
XIII
Acte d'un emprunt de 2000 ducats d'or, contracté par le cardinal Carillo sur
Rodrigue de Villandrando, comte de Ribadeo. — Vidimus sur parchemin de la
chancellerie de Thiers, aux Archives nationales, P 13751. cote 2468.
(22 juillet 1432.)
Univcrsis présentes litteras inspecturis et audituris Durandus
de Barra, clericus tennis sigillum curie canccllarie Tiherni, in
terra ejusdem loci Tiherni etdoininio constitutum, salu'ern in Do-
mino. Noveritis quod nos vidimus, legimus, tenuimus seu legi
fecimus quasdam patentes litteras, sub manu Johanuis Bessonis,
clerici Viennensis diocesis, publici apostolica etimperiali ac civi-
tatis Avinionis auctoritatibus notarii, confectas, non vicia tas, non
dévolu las, non cancellatas, nec in aliqua sui parte corruptas, sed
oinni prorsus vicio et suspicione carentes, quarum ténor sequi-
tur et est talis :
« lu nomine Domini, amen. Anno a nativitate ejusdem mille-
simo quadringentesimo tricesimo secundo, indicione décima
cum eodem anno sumpta, et die vicesima secunda mensis jullii,
pontifficatus sanclis^inii in Christo patris et domini nostri do-
mini Eagenii, divina providentia pape quarti, anno secundo; in
presencia mei, notarii pulilici, et testium subscriptorum , ad bec
specialitcr vocatoruni et rogalorum, reverendi patres domini Al-
fonsus Carrilho, protbonotarius cedis appostolice, et Johannes
Carrilho, arcbidiacouus Conchensis, ambo insimul et uterque
ipso ru ra in solidum per se et suos heredes et impostèrum suc-
cessores quoscunque, bona iide et sine dolo ac fraude aliqua
etabsque omni excepeione et condicione juris dicti et facti tacila
vcl expressa, non coliacti, non dece[»ti, non vi, non metu, nulla
DE \ 1 1 I \N DR \ NDO. 227
caliditate seu raachinacione circumventi, sed gratis, scieuter cl
sponte, Domine ac mandato reverendissimi in Christo patris el
domini Alfoncii, cardinalis Sancti Eustacii, lit dixerunt, confessi
fuerunt in veritate, et ex eorum ccrta sciencia gratis il publiée
overunt nobili el potenti viro Roderico de Vilandrando, com-
niitti de Rippaldo, licel absenti, me notario publico infrascripto,
ut persona publica, ibidem présente, stipulante cl récipient e,
Domine el vice dicti nobilis Roderici, licel abhinc absentis, el per
me i idem suisque b n dibusel imposterum successoribusquibus-
cunque, se eidem nobili Roderico debere el ab eodem babuisse
e re< episse per manus honorabilis viri Johannis de Jevasio, camp-
soris, habitatoris Avinionis, seu Johannis Sextoris, eciara camp-
soris, ejus aepotis el facloris, videlicet duo milia ducatos auri
boni el legitimi ponderis, valoris cujuslibet viginti grossorum
monde pape et regine Usualium in Aviuione, racione et ex causa
veri, puri et amicabilis mutui, gracie el amoris, sic et tabler
quod dé dictis duobus milibus ducatis auri fuerunt ipsi domini
debitores contenti omnino, et dictura credditorem interposita
stipulacione, ut supra, ac omnia bona sua et suorum predictorum
mobilia et immobilia, presentia et futura, quictaverunt, libe-
raverunt penitus perpetuo et absolvcrunt; paclumque ipsum
solempne et validum fecerunt ipsi debitores et uterque
ipsorum in solidum de non petendo aliquid ulterius ab eoduu
credditore, interposita stipulacione, ut supra, aul suis predictis,
née in bonis suis. aut suorum predictorum, occasione dictorum
dnorum mil ducatorum auri in solidum vel in parte. Excep-
cionî vero dictorum duorum milium ducatorum auri, ex causa
premissa, per eosdem debitores nonhabitorum et non receptorum,
sibique per dictum credditorem, seu dictos Jobannem de Jevasio
et Johannem Sextoris, ejus nomine, non traditorum, non nume-
ratorum ac deliberatorum, ac spei future tradicionis, mutuacionis,
deliberacionis eorumdem, etexcepeioni non numerate pecunie ac
errori calculi, et cuilibet alii excepeioni, ex pacto et ex eorum
certa sciencia, renunciaverunl dicti debitores et nterque ipsorum
in solidum penitus in premissis.
i Quos quidem duo n ilia ducatos, valoris et monde predic-
torum, convenerunt et promiserunt dicti domini Alfonsus Car-
rillo et Johannes Carrilho, debitores, et uterque ipsorum in
solidum, per >>c et'suos, ut supra, dicto nobili Roderico de
Vilandrando credditori, interposita stipulacione, ut supra, aut
228 VIE DE RODRIGI i
eius cerlo procuratori vel nuncio speciali, aut cui sou quibus
jura sua cessent in hac parte, (lare, trulere, solvere et in-
tègre satisfacere in pace et sine litigio et absque aliqua questione,
Avinionis a.it alibi, ubicunque locorum et terrarnm requisiti
fuerint seu conventi, seu alter ipsorum requisitus fuerit seu con-
ventus, vidëlicet a prima die mensis augusti proxime fulura in
sex menses tune proxime futuros, et hoc in ducatis auri aut iu
grossis pape et regine antedictis, juxta eleccionem dictorum debi-
lorum, et non in aliis bonis eorum seu alterius ipsorum extimalis
vel extimandis, non dando nec conferendo bona eorum seu al-
terius ipsorum aliqua in solutum; et non allegare seu opponere
super contentis in Imjusmodi instrumente aut aliquo seu aliqui-
bus eorum, solucionem universalem vel particularem dictorum
duorum milinm ducatorum auri, quictacionem seu delibera-
cionem, aut pactum de non pelendo super lioc (ore factam, nisi
per hoc instrumentum eisdem debitoribus légitime restitutum,
scissum et anullatum, aut peraliud instrumentum siifficiens finis,
quictacionis aut pacti de non petendo, manu boue famé et noti
tabcllionis confectum; neque nullitatem instrumenti aut aliam
quameunque jmis vel facti excepeionem, neque super hoc dilla-
cionem seu remissionem extra locum ubi dictum debitum peti-
lum fuerit, pro aliquibus probacionibus faciendis, nec aliqua alia
petere in aliquo seu aliquibus coutenlorum in hujusmodi instru-
mente contraria aut per que contra pivmissa aut infrascripta, vel
eorum aliqua, venire possint, aut in aliquo se juvare, dicere, op-
ponere, vel allegare.
« Et nichilominus convenerunt et promiserunt dicli debitores
et uterque ipsorum in solidum per se et suos, ut supra, eidem
credditori aut suis prediclis, interposita stipulacione ut su-
pra, redderc, restituera et intègre referre omnia et singula
dampna, gravamina, interesse et expemas, que, quod et quas,
propterdt ■ffectum conlentorum in hujusmodi inslrumento, vel alicu-
jus eorum, dictum credditorem vel suos predictos facere, pati vel
sustinere contigent, injudicio seu extra jiidicium, eundo vel re-
deundo, nuncium vel nuncios mictendo, licteras impetrando, salaria
procuratonbus vel advocatis dando, aut alias quovismodo; et de
quanlitatibus dictorum dampnorum, gravaminum, interesse et ex-
pensaium, eidem credditori et suis predictis credere suo verbo
simplici et suorum, sine sacramento et testibus, ac quolibet alio
|)robacionis génère super hiis non exacto: quod verbum simplex,
DE \ Il 1 AN DR WImi. 2îfl
casu predicto, pro vera et légitima probacione baberi voluerunl
paritei et tiabebunt, ac equidera obseï vare pariter et observabunt.
n Pro quibus quidem omnibus et singulis supra et infrascriplis sic
tenendi», actendendis, com|»lendis Grmiler et inviolabiliter ob-
scrvandis supposuerunt, summiserunt, obligaverunt et yppotheca-
veruiit dicti domini Alfonsus Garrillho et Johannes Garrilho se
et ulrumque ipsorum in solidum, ac omnia bona, res et jura
eorum et utriusque ipsorum in solidum ac suorum predictorum,
mobiliaet immobilia, presentia et futura, juridictioni, vigori. coiu-
pulcioni, cohercioni (sic) et mero examini curiarum Gamere dicti
domini nostri papeejusque camerarii, auditorisipsius, vicegerentis
vel locumtenentis el commissai'ii ejusdem, ac curiarum spiri-
lualis et temporalis civitatis Âviniouis et domini marescalli dicti do-
mini nostri pape ac rom me curie, curiarumqueparvi sigilli Montis-
pessuli domini Francorum régis, Cabeoli domini Dalphini, camere
régie racionum civitatis \quensis el convencionum regiarum Ne-
mosi, nonobstantequodde il lins foro non existant, earumque vica-
riorum,officialium,judicum,custodumet locatenentiumeorundem ;
et per pactum expressum cujuslibel alterius curie ecclesiastice
el secularis, in qua seu quibus presens publicum instrumentum
ostendi conlingeril seu produci, sic qund, una curia per dictum
credditorem aut suos predictos electa et judicio ap er to in illa, ad
aliam vel alias nichilominus, anie litem contesta' am et posl.
ire m redire possit, et habere recur-um nullum suum neque
suis propter i lectionem hujusmodi, prejudicium generando, juri-
dicionem dictarum curiarum et cujuslibet ipsarum in se cl in hoc
casu prorogando, ita quod vigore presenlis publici instrument
et per solam ostencionem ejusdem [»o>sint et valeant dicti debi-
tores et uterque ipsorum iu solidum et sui predicti per dictas
curias et quamlibet eorum, quam seu quas dictus credditor el sui
prelieligerint, cogi, compelli et coherci, moneri, excommunicai'i,
agravari, reagravari et ad brachium seeulare poni, citai i, pigno-
rari, bonaque capta vendi, distrahi et plus offerentibus alienari,
et al as convenir! et in judicium trahi, secundum vires, rigores,
slilos et piivilrgia curiarum p edictarum et cujuslibet ipsarum,
usque ad integram satisiactionem et ob>ervanliam omnium el sin
gulorum in presenti instrumente contentorum.
m El ibidem incontinenti, absquealiquo intervallo, pro habun-
danciori et tuciori cautella, suflïagio seu firmitate ipsius nobilis
Roderici de Villandrando el suorum predictorum, prenominati
VIT Hi: RODRIGUE
dominus Aliotisus Carrilho cl Joli, unies Carrilbo, debitores, et utcr-
,|nr ipsorum m soliduin, i x eoi uni cerla scieneia et non pci erro-
iviii i mslil iieriml el solemniter ordinaveruul suos ve-
liinos 1 1 indubilalos, ac irrévocables procuraiores,
ciales el générales, iin quod spé-
ciale < lali non deroguct nec e contra, videliccl vcnera-
hi les vires, dominos el magistros llugoncm Vinccncii, Petrum
i,,iiIIi,h <\\, IMiilippnm de Costeria, [ici nciatos in legibus, el Bau-
n lîolieiii, jurisperitum, procura tores lu Àvinione neenon
ra tores fiscales, clavarios cl notarios curiarum predictarum
cl cnjiislibel ipsarum, (jni nunc sunt vel pro tempore fuerint, et
;ilios proenratores per ennulcm procuraloretn nominandos, quo-
rum nomina et cognoniina bic baberi voluerunl pro sufficienter
expressis. prcseiilemque procuratorum conshtucioncni perinde
-i I lie uominali forent, absentes tamquam présentes el
tjuemlibet ipsorum in soliduin, ita quod occuppanteseondictis po-
liorcs non existant, sed quod per unum ipsorum ineeptum fueril,
per alium seu aiios eorumdem mediari valcat et liuiri et ad effee-
t u ii i perduci, sciliccl ad comparendum el se, procuratorio nomine
diclorum debiloruni, constituendum cl utriusque ipsorum in so-
IkIuii1 - ri utroque ipsorum in soliduin representandum
el extra, occasione contenlorum m luijiismodi instru-
ineulo, ' c! alicujns eorum onmi die cl temjiore, feriatis et non
l'erialis, ante tamen lerminum faciende solueionis dicti debiti
dictoruni duorum miliuin ducatoriun auri, in ipso termino, infra
cl posl, lociens quoeiens cl ipiaudo dicto credditori aut suis pre-
diclis, scu diclis proeuratoribus .ml ipsorum alteri placuerit, co-
i.iin dictis doininis curiarum eamere dicti domini nostri pape..
rario, auditoïc ipsius, vicegerente vel locumtenente et com-
missario lam presentibus quam futuris, ac coram quoeunque et.
qtiibuscunquc ipsorum ac generaliter coram quibuscunque aliis
ilominis, judicibus, vicariis, cuslodibus cl officialibus ac locate-
iiciuibus corinndcin curiarum ; un cl cujuslibet ipsarum,
predictnruni dominorum el cujusvis ipsorum, el coram eis et
quolibet ac quovis ipsorum m solidum, dictos debitores consli-
;el iitruinipic ipsorum m solidum eidem credditori et suis
predictis debere i I légitime loin li solvcre dictos duo uiilia duca-
ui ri ;n] solucioiiem bujusniodi teneri et esse efticaci ter
oMigalos, modo el forma ac ex causis premissis, ac dampna, gra-
vamina, intéresse el expensas per eundem credditorem aut suos
DE VILI \ S DB \.Mmi. 231
prcdictos propterea faciendas el sustinenda, ac corum el earuoi
quantitates ac ornnia el singula in presenli instrumente contenta,
scmel el pluries, injudicio el exlra judicium, in solidum vel in
parte, confitendum el ccudum, adconcensum et utilita-
t .-m dicti credditoris et suorum predictorom, el perinde peten-
diiiii, audiendum el recipiendum omne preci ptum, oionicionera,
sentenciam, condempnacionem, censuram el mandalum, quod el
quam prenominati domini caracrarius, auditor, ipsius vicegerentes
vel locumtenent» s et commissarii ac alii domini judiccs, vicarii, of-
flciales, custodes el ofGciarii ac eorum locatenentes el quivis ip-
sorum, proul reqtiisiti fuerinl ac facere el l'erré volueril seu volue-
rint contra eosdeni debitores, constituentes, el utrumque ipsorum
in solidum, suosque heredes el suça ssores ac eorum bona pro dicto
debito solvendo, dampnis |ue, gravaminibus, interesse el cxpensis
restituendis, et ad acquiescendum sponte predictis, el ad summit-
tendum el resummittendum se, de procuratorio nomine jam dicto
cl per se dictos debitores, constituentes, et utrumqui ipsorum in so-
lidum suosque heredes el successorcs ac eorum bona superius
obligata et yppothecata pro predictis solvendis, tenendis, actenden-
dis, complendis, firmiteret inviolabiliter observandis, juridictioni,
rigori, compulcioni, cohercioni ac mero examini curiaruna pre-
dictarum et cujuslibel ipsarurn, predictorum dominoiumel cujus-
vis connu; et ad volendum et conscenciendum expresse quod a
tempore dictarum monicioni», precepti, seatencie, condempna-
cionis, censure et mandati et alias, quolibel tempore, ipsi domini
camerarius auditor, ipsius vicegerens vel locumtenens el commis-
sarius ac alii domini judices, vicarii, offi iales el eorum locatem n-
tes, excommùnicationis sententiam seu sentencias semel et pluries
promulgent et ferant, ueenon tam ipsi quam alii quicunque domini
judices, custodes et officiariiac quivis eorum quoscunque alios pro-
cessus reaies et personalesfaciant et gérant contra eosdem debitores,
constituentes et utrumque ipsorum in solidum, suosque heredes
el successores, ac eorum bona predicta, quoeiens, quando, quo-
modo, qualiter et ubi voluerint et fueril opporlunum, si dicto
credditori nul suis predictis non fuerit de dicto debito dampms-
que, gravaminibus, intéresse et expensis, juxta bujus instrument!
publici seriem seu tenorem, plenarie seu intègre satislaclum; et
demum ac generaliter ad omnia el singula alia (aciendum, dicen-
dum, procurandum èl i xercendum, volendum et confeen< iendum,
que in premissis et circa ea fuerint necessaria, seu quomodolibet
\ I I DE [iODRKiU]
oiiportiiua, cciamsi mandatum exiganl mugis spéciale : danfes el
Loiiccdi-iitcs dicti dcbitores, ennstitucntes el uterque ipsorum
m so|j |m)i dic!i> proeiiraloribus suis cl euilibet ipsorum in soli-
,|mUi m pronii>5.i> el quolibel preinissoruin, plénum, liberum cl
lui, spéciale iiuaiii générale mandatum min plena, libéra ac ge
ncral aduiiui>trai,i(inc. El relevantes dicli debitorcs, constilueu-
|, .v ,i uterque ipsorum in solidum, diclos procura tores suos el
iju. nilibel ipsorum in solid m ab ni mu onere salisdandi, convene-
iiinl ac promiseruut dicti dcbitores, conslitucntes, cl uterque ip-
sorum m solidum micbi, notario |iublico inlrnscripto, ni persone
publiée, ibidem iresenù, slipnlanli el recipieuti, nomme el vice
omuiuni el singulorum ipiorum intcresl el intéresse poteril
qnomodolibel in l'uiiirum, se rai ni, giatum el firnium perpetuo
babiluros lolum id el miidqud dicli procuialores suiaut ipsorum
aliijuis lecerinl de predicl.is in preniissis el quolibel premissorum,
jutlicioque salislaccre et juduatum solvere cuni suis clausulis
univei'sis, sub expressa yppolbeca et obligaeione predictis. Pro-
iniM'iuiiî pir ipsi debitorcs, constitucnles, et ulenpic ipsorum
m solidum micbi, notario publico inl'rascriplo, slipulanti el reci-
pieuti ul supra, diclos procuratores suos aul ipsorum aliquem
mi 1 1< > casu seu lempore revocarc nec revocari lacère: et si eo
ipsorum uli<|uem revocari contingent, revocaeioneni bujusmodi
voluerunt abquabter non leneri, sed pro coufirmacione liaberi.,
.',i ipstruin ulo el contenlis in eo in suo robore duraturis.
Que pivniis>a omnia et sing ila vera es~e eaque cum effeclu sic
tenci'e, actenderc, complere, linniter el inviolabilitHr observarc,
conlraque seu coutiarium ni aliquo nunquam lacère, dicere, op-
m I \euirc de pire nec de l'aclo per se nec per aliam inter
[losilam pei sonam, aliqua rai mue vi I causa, boua lide coiivenerunt
cl ]i oiniseruiil dicti il bitoreset uterque ipsorum m solidum per
•im\ ni supra eidem c edditori, interposita stipulacioue nt
i i ii i euvangclia, nianibus eoriiui propriis corpo-
dis scripturis, juraverunt. Quod juramentum ex-
leudi voliieruul ad oinnes et > 1 1 1 _j 1 1 1 1 - clausulas ac omnia el siu-
gula cap[)ilula m bujusmodi publico instrumento desciiptas el
descripla, .h- pu in le iiilellui ri liaberi ai' >i in qualibet di tariini
claii>ul.irum ilorum juramentum bujnsmodi expressum el
specialiler [uvstituiu alquc lact.iiui seu repetitum ; sub quorum
bonu lidui, proinissionis ac presliti juramenti virtute et vi renuncia-
vei nul de h debitorcs '■) uterque ipsorum in solidum expresse per
DE \ ll.l kNDRANDO.
pacturo, in premissis omnibus el singulis, juris el facti ignorant ie
epcioui doli mali, mêlas < t m fa< Lum, actioni et < ondiciooi
1 1 1 1 bile el sine < ausa, el ob injùstam vel turpem causam, el cui-
libet alii excepcioni, peticioni ac oblacioui luVlli et simplicis pe-
licioni>, atque transci ipto hujus inslrumenti publ ci seu ejus not «*
per modum actorum aut alias quomodocunque ; el vi^iuti. quinde-
cîm, d cem et quiuque dierum dilacionibus, et judiciis messium
el vindemiarum ac aliis quibuscunque, et quinquennali, terapo-
rali et perpétue dilacionibus ; et juribus dicentibus ul>i cepti si
judHum ibidem finirid< bere, conventumque coram nonsuo judice
forum declinare, -t ante litem contestatara penitere et in
contraclibus de Iqco ad locum remissionem fit ii i on debere, con-
fessionemque lactam extra judicium non ?alere; el nove constitu-
cioni de duobus vel pludbus reis deb odi beneflficio ci juri ceden-
darum e1 dividendarum aclionum; et epistole divi Adriani; el
conslitucioui Gregoi iane, qua caveri dicitur ne debitum aliquod
per procuratorem valeal conûteri, seu confessio per eum facta non
valeat nec teneat, nisi prius debitor, si in Avinionis aul romana
curia pri'sens existât, ad hoc fieri videndum fueril legitime*eita-
tus; impetracionique el contradiuioni littéral uni apostolicarum,
imperialium et regalium, ac uliarum quarumcunque, in se graciam
seu justifiant conlinencium : ac omni legum el canoiium auxilio.
subsidio el favori, ac juri donnm revocandi, el impelracioni re-
laxacionis, et dispensauioni juramenlorum prestitoruni el | res-
tandorum, ac nullitali processuum et sententiarum ; etbenefficio
appellaciouis, reclamassionis, recursus, opposicionis et coutra-
dicionis cujuslibet; el demum omni alii juri canonico et civili,
divino el liumano, novo et veteri, usui, mori el consuetudini, ac
statu tis omnibusqne previlegiis, lilteris, yratiis, rescriplis, liberta-
tibus el franquesiis papalibus, impei ialibus el regiis, impelratis el
impetrandis ac conccssis et concedendis, quibus média ntibus
contra premissa vel premissoimm aliqua venire postant, aut in
aliquo se juvare, deffendere seu luheii; el specialiler juri dicenti
generalem renunciacioneni non valere, nisi precesseril specialis.
(Juin ymo voluerunt el expresse concesserunt ipsi debitores el
ulei ij 1e ipsorum in solidum, quod hec prescns fjeueralis renunc.ia-
cio perinde valeat el teneat, adeoque sit efiicax et valida, ac si
omnes et singule reuunciaciones tam juris quam facti, de quibus
expressara hic oporteret facere mencionem , essent ibidem inserle
singulariter et descripte.
VIE DE RODRIGUE
« De quibus omnibus et singulis supradictis ilicli dcbitores et
uterque ipsoru m in solidura pecierunt ac iîcri voluerunt et con-
cesserunl eidem credditori, iaterposita stipulacione ut supra,
11 ii mu el plura, publicum et publies instrumentant fieri et in-
strumenta, per me, notarium publicum infrascriplum, quod et
que possint el valeant dictari, corrigi, rclfici, meliorariet cmen-
dari, semel et pluries, producla in judicio \el non producta,ad
dictamen, consilium, correctionem et intellectum cujuslibet sa-
pientis, facti tamen principalis substantia in aliquo non mutata.
« Acta fuerunt bec Avinione, in palacio apostolico, in caméra
ipsius doniini prothonotarii. Testes présentes interfuerunt dis-
creli viri : Stephanus Achardi de Gratinopoli, campsor, habitans
Aviuionis; nobilis Petrus Fernandi, eniptor dicti domini cardi-
nalis Sancti-Eustachii, et Nicholaus Te^e, campsor loci de Roma-
nis, Viennensis diocesis, habitantes Aviuionis.
« Sic signatum in margine, J. Bessonis.
In quorum quidem visionis et lecture dictarum litterarum fi-
dem, tobur et testimonium premissorum, luis presentibus litteris
dictum sigillum quod tenemus, duximus apjionendum. A«tum
et datum die vicesima tercia ménsis augusti, anno Doniini
M"1" CCCO0 trieesimo quinto.
Facta est collectio cum originali. Signé?. GuaritoiMs.
XIV
Rémission accordée en 1446 à un homme d'armes de la compagnie de Rodrigue
• le Villandrando compromis dans la détrousse de l'abbé de Pontlevoy, lors de
la marche des routiers sur Lagni. — Registre JJ 176 du Trésor des chartes,
pièce 435, aux Archives nationales.
(Événement du mois de juillet 1452.)
Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, savoir faisons
à tous présens el advenir nous avoir receue l'umble supplica-
tion de Martin, bastard de Misery, escuier. natif du pais de
Berry, contenant que, dès quinze ou seize ans a ou environ,
ledil suppliant nous a continuellement servy ou l'ait de noz
guerres soubz et en la compaignie de Rodigo de Villandras,
lors capitaine de gens d'armes en nostre royaume, jusques à ce
qu'il s'en ala en Espaigne, el depuis en la compaignie de feu
Guy, en son vivant bastard de Bourbon, et jusques à son très-
M VILLANDRANDO. 255
pas, en la compaignie desquels ledit suppliant s'est emploie
en aostre service et i souventcs ici/ mi> sa personne en dangier
et péril de mort, en exposant son corps en nostre dit service à
l'encontre des taglois noz anciens annemis, et pour le fait de la
chose publique de nostredit royaume, et s'< si trouvé en plusieurs
courses, rançons, et autres! nés besongnes el entreprises qui
oui esté faicfes sur nosditz ennemis, et aussi en plusieurs sièges
qui ont esté tenuz de par nous devant plusieurs places occupées
par nosditz ennemis, mesmement es sièges d'Avrenches el de
Kfeaulx, que détenoienl nosditz ennemis, et aussi ^ lever les
sièges qu lesditz v glois tindrent devant nostre ville el
place de Leigny ;• pendans lesquelz sièges, icellui suppliant fut
el demoura avecques autres, pour le rafraîchissement de ceulx
qui estoient de par nous en ladicte place, el durant ledit siège,
\ nul ma plusieurs mésièses jusques à ce que ledit siège lui levé,
et s'est trouvé en plusieurs autres voiages <•! armées qui >em-
blablenîent oui esté faictes de par nous ; durant lequel temps il
est plusieurs foiz aie et venu par les païs ci tenu les champs
en la compaignie des dessus ditz, et sur noz ^eu- et subgiez,
tant gens d'église, nobles, marchans, laboureurs que autres,
prins, pillé, robe e1 raençonné, ci avecques ce a Iai1 el commis,
et esté présent el consentant «le faire et commectre plusieurs
autres pilleries, roberies, destrousses, excez et déliz que faisoient
lors nosditz gens de guerre tenans les champs; cl soit ainsi que
après le décès dudit feu bastard de Bourbon, qui lut l'an mil
iiiicxli, ledit suppliant se soil retraict et marié eu la ville de
Gannal eu païs de Bourbonnois, où il s'est depuis tenu ci
tientencores, vivant du sien au mieulx qu'il puet, sans mal faire
à uiillv; mais ee non obstant, pour ec que un Mit qu'il est
marié et retraict audit lieu et qu'il vit bien cl honnestemenl
de .•<• peu qu'il a, aucuns l'ont l'ail adjourner pour occasion
desdictes eh ises avenues durant le temps dessus dit. ci mesme-
ment l'abbé de Pontlevay, prétendant contre vérité que, du temps
que ledit de Villandras aloit lever ledit siège de Laigny, il lut
destrousï.é' et rançoné par le- gens dudit Roudigues en passant
leur chemin, et que ledit suppliant estoit en la compaignie de
ceul\ qui ainsi le destroussèrent et raençon lièrent : de laquelle
chose il n'e-i ,', présent recors, pour ce qu'il puet avoir seze ans
ou environ; et doub'të que, aux causes deïsus dictes, ledit abbé et
autres vueillent contre lui rigoureusement procé ter par justice ou
236 VIE DE RODRIGUE
autrement, et qu'il ne se ose mil I onnement jamais tenir seure-
mciit au nais, se uoz grâce et miséricorde ne lui estoient sur ce im-
parties; humblement requérant, que, actetidu les services par lui
a nous iaiz, où il a emploie corps et clievance et le temps de sa jou-
nesse; aussi que, le temps passé, toutes gens de guerre tenansles
champs faisoient les maulx dessus ditz, et n'eust peu ledit sup-
pliant vivre ne soy entretenir sur les champs, veu queluy ne au-
tres n'cstoient point souldoiez ; et (jue depuis qu'il s'est ainsi re-
traict et marié, comme dit est, il n'a lait aucun mal; aussi que
nous avons donné abolucion générale à tous nos ditz gens de
guerre des maulx et choses par eulx faietes et commises par avant
noz ordonnances par nous faietes sur le fait et entretenement de
noz gens de guerre : il nous plaise lui pardonner et abolir les cho-
ses dessus dites, et sur ce lui impartir nostre grâce. Pourquoy
nous, ces choses cousidéiées et mcsmement lesditz services par
lui Iaiz, voulant aucunement iceulx recognoistre envers ledit
suppliant et, en faveur d'iceulx, miséricorde estre en ceste
partie préférée à rigueur de justice, audit Martin bastard
deMisery, suppliant, avons, pour ces raisons et autres à ce nous
mouvans, quicté, remis, pardonné et aboly, et par la teneur de ces
présentes de grâce espécial, p'aine puissance et auctoiité royal,
quictons, remecions, pardonnons et abolissons tous les faiz et cas
devant diz, avecques toutes les pilleries roberies, destrousses,
courses, larreeins, excès, crimes, maléfices et déliz, qu'il a faiz,
conseutiz ou esté présent à faire soubz umbre et à l'occasion de
la guerre, de tout le temps passé jusques à présent, en quelque
manière qu'ilz aient esté par lui Iaiz et commis, et tout ainsi
que s'ilz estoient chaseun particulièrement spécifiez et déclarez en
ces dictes présentes, avecques toute peine, offense, amende cor-
porelle, criminelle et civille, en quoy il pourroit pour occasion
de ce que dit est estre encouru envers nous et justice; et voulons
lesdites choses et chascune d'icclles estre dictes, censées et rep-
putées comme non dictes, faietes ou avenues; et l'avons remis el
restitué, remectons et lestituons à ses bonne famé et renommée,
au pai- el à -s biens non confisquez, en nu étant au néant par
ces dictes présentes tous procès, adjournemens, appeaiik, ban et
autres exploiz, s'aucuns i n sont pour ce ensuiz et cnconuuanciez.
sans ce que aucune chose lui en soit ou puist e?tre imputée ou
demandée ores ne ou temps advenir, à requeste de partie ne autre-
ment, pour quelque cause ne en quelque manière que ce soit,
D) VILLANDRANDO. 237
té Beulemenl meurtre d'aguel appensé, ravissement et
violence de femmes, boutemens de feuz el sacrelège. El quanl à
, i . imposons scilence perpétu I à uostre procureur el à tous au-
Sj donnons en maudemenl par ces mesmes pre'senles au
bailli de Saint-Pierre le Moustier, etc., etc. Donné à Rasilly-lez-
Chinon, ou mois de juillet l'an de grâce mil ceci xlvi, el de nostre
lex\iiije. Ainsi signées : Par le Roy, le conte deFoix, Vous,
les sires de la Varenne el de Précigny, el autres présens, Im i k
LoÈnE. Visa. Contenter. J. I>i I '> v > .
W
Récil déguisé de la détrousse des Ponts-de-Cé dans le Roman du Jouvi
— Hss. i. \c la Bibliothèque nationale a° 192, fol. iOJ. el 24381, f. loô.
ptembre 1432.)
Le Jeuvencel s'en part, et print congié du r<>\ Amydas, son
père, et de toute la compaignie, avecques ung oombre de gens
pour chevauchier devant, ainsi que requis avoit, p;ir une manière
d'avant garde, el le roy Amydas après; et tant chemina par ses
petiz, qu'il arriva à uue ville tenant leur party, assez près de là
où estoil ce cappitaine.
Et ainsi qu'il fut arrivé à la ville, ne voullul point se donner de
séjour, affiu que ce cappitaine ne peust estre advisé de sa puis-
sance. Il arriva de nuit à la ville : par quoy les ennemiz ne peu
rent avoir congnoissance du nombre qu'il pouoit avoir.
Et au matin, dès ce que le jour apparut, il ouy( messe et saillit
aux champs. Et pour ce que lecappitaine estoil estrangier, il en-
ung poursuivant le sommer et requérir de vuyder le
pays du roy Amydas, el qu'il luy feroit Tailler passaige pour
s'en aller en son pays. El il respondif qu'il n' estoil pas venu pour
cela taire, et que dedans xv jours il assembleroit son conseil el
qu'il en parlerait. Et fut sa response, qui estoit par une manière
t\r mocquerie.
Le Jeuvencel, qui marchoil tousjours aprezle poursuivanl sur
les champs, oyl la response dudit poursuivant telle comme avez
ouve ; sur quoy le Jeuvencel conclud et délibéra de le aller coin-
battre. VA ainsi qu'il arriva au logeisdu cappitaine, il le vit avec-
ques se- gens d'armes en une rue du l'^eis. et touz ses gens
VIE M. IIODUIGUE
armez ;i cheval, la lune sur la cuisse, el devant culx une granl
barrière liicn espesse. l'aide de charrettes liées les unes avecques
los aul res.
Il \r j, uvciii el se tourna el disl à ses gens : Seigneurs, vécz
vous bien ci là'.' li me semble que nous n'avons garde
d'eulx, car ci sic barrière esl entre euh cl nous. Or sus, tosl à
■ lied ! n Le Jeuvencel n'avoil pas si granl noml rc de gens que ce
cappilaine avoil, mais il avoit meilleur traict, et pour ce voulul
bien eslre à pic. Il mareba lui cl tous ses gens dz'oil à celle bar-
rière; M en marchant il disait tousjours : « 11/ sont nostres;
il/ ne voleront pas pardessus la barrière pour venir à nous. »
Ainsi mareba le Jeuvencclà pied lui el tous ses gens, fors ung
petit tropele.l de _i-u- à cheval qu'il niist à part, [>our leur donner
par darrière aucune alla ire, ou par ensté. Kt quant il fut à celle bar-
rière, il la gaingna ( I vint ebargier de traict et de poux de lance
parim ces gens qui esloienl en celle rue. L'ng estant achevai
avoil d une lleiscbe par la teste, el son cheval une par le liane, et
m, ni. ri l'aisoil perdre la lance à s n maistre. Les hommes d'ar-
mes à cheval ne pouuienl donner dedans tes archiers pour ce
qu'il/ m pouoient passer oullrc les barrières ; el se gens de che-
val donnent dedans gens de pie, el il/ n'ont point d'issue, il/ font
leur domina
Kl pour ce esl ce loi te chose que ^ens de cheval se puissent bien
aider en rue ne en chemin estroit, el doibvenl quérir le large à
leur i ii. J'av ouy dire que à Jaunes, à la desconfiture que
li>| \Lr de Calabre sur messire l'errin, les gens de pied servirent
bien, pour les i Lies cslroii tes qui y estoienl '.
l-.i pour vous dire la conclusion deceste besoigne, le Jeuvencel
[dit ce cappitaine aceompaigné de si\ cens lames, et le
Jeuvencel n'en avoil qneci ni cl huit et trois cens archiers. Lades-
con lit ure de ce cappilaine lut en partie pour la barrière qu il avoil.
l'aide devant luj : car gens de cheval ne doivent mettre ne bar-
ue fossez, ne nulle fortification devant euh, pour ce que la
: des chevaulx rompt les gens, el se font faire plan' ; et pour
ce ne doivent quérir que le lai i
les l i - 1 1 1 . ; il-. -"Hs le i
... i lit du 14 a
i |, i! i -;mi-.
DE ULLANDRANDO.
XVI
s, relatifs ù Rodrigue de Villaadrando, du Commentaire composé sui
le Jourencel pir Guillaume ["ring mt, secrétaire de Jean de Beuil. — M>. (Y.
de la bibliothèque de l'Arsenal, n« 5059, signalé par M. Camille Favre.
Il y eul un- granl cappitaine aommé Rodigues, conte de Rybe-
gicux, d'Espaigne, qui vint loger mu Pont-de-Sel à ton! ^i\ cens
hommes d'armes el leur séquelle; lequel courul devant Angiers
et recouvril toul le pays. I.t demandoil à h royne Yolanl el mon-
seigneur Charles d'Anjou, son lil/, granl somme di deniers;
h'si|in'lz dame et seigneur man lèrenl quérir le sire de Bueil (ce
qu'il/ faisoienl ;i toutes I - a ssitez el affaires] qu'il vinl do-
rera >'ulx. Ce qu'il fist; el combatil ledict conte de Rybegieux,
qui esl le cappitaine estrangier que vous troverez escripi ou Jou-
vencel. I.'i n'avoil que cenl huil lances el troys cens archiers.
Et munit en la besongne le frère dudict conte de Ribegieux.
Or retournons ;i parler de Rodigues. Aucuns ne furent pas
contenl de la destrousse dudict Rodigues conte de Ribedyeux, estant
eu auctorité autour du Roy, et envoyèrent Ponce! de Rivière, el
Lyonnet, capitaines de gens d'armes, courre à Myrebeau poureeque
leJouvencel lf tenoit, el là prindrenl buefz, vaches, mulles et tout
ce qu'ilz purenl mi revanche de la destrousse de Rodigues. 11/
estoient grant compaignie et ti"i-> foys plus que n'estoil le Jou-
vence! qui estoit dans la ville de Myrebeau. El pour ce faillut
qu'il leur laissas! faire ce jour à leur plaisii : mais .m lendemain,
lui .m point du jour à leur lever et récouyt toute leur proye à
Uncières près la Haye en Thoraine, et emporta leurs enseignes et
estandartz de ceuh qui les y avoient.
XVII
Extraits du registre des comptes de la ville de Tours, n" 25, et du registre
des délibérations du corp* municipal de la môme ville pour l'année 1 132, -
cernant les démarches de Rodrigue de Villandrando après la détrousse des
Ponts-de-Cé. — Archives communales île Tours.
(Octobre 1452.)
1° A Michelet le Marié, chevaucheur d'escuerie du roy nostre
sire, paie par mandement desditz esleuz donné le xve jour d'oc-
iil VI I. DE RODIUGUE
lolirc, l'an mil un' xxxn, ey rendu avec quictanec -tir ce, la
somme de vi livres to irnois pour sa peine, salaire el despens de
luv el de son ■ In1 val, de vj jouis qu'il a vacqué à aller, venir el sé-
j urnei' de la ville d'Amboise pisques à la Haye en Touraine où le
i-o\ ii istre dit seigneur l'a envoyé, à la requeste des li'hs de ladicte
ville, divins Rodigo de Villeudrado, conte de Ribedieu en Es-
|.ii_iiil ca [litanie de très granl coni|>aignie de gens d'armes,
poiler lettres closes de par le roy uoslre dit seigneur, par les-
quelles il luv reseripvoit qu'il ne demandas! aucune chose aux
gens de I. ulule ville de Tours d'ung courcier qu'il leur avuil de-
mandé on lait demander à douer pour lui aider à remonter, pour
se remettre sus de la destrousse qu'il disoil lui avoir esté laicte
ou pais d'Anjou.
A honnoraile homme maistro Jehan Farincau, paie par ma n-
demenl desdiz esleuz, donné le derrenier jour d'octobre, etc., la
soin d'1 m livres I. peur troys journées do lui ueuxiesme à
cheval, qu'il a vacqué en ce présent moys à aller, venir el sé-
journer decesie villtà Amboi>e,où il a esté envoyé jiar delilieracion
cl ordonnance des gens d'égli e, bourgoys el lialiilans de ladicte
ville devers le roy, noslre sire, pour lui supplier el requérir qu'il
lui pleusl d'escripre el mandera Rodigo de Villeudrado, etc.,
qu'il laissas! en [uiix lesdiclz gei s d'égl se, bourgoys el ba-
bitans, d'ung courcier qu'il leur demandoit pour lui aidera re-
monter, p >ur ce que, ou pais d'Anjou, il disoit avoir e:>té des-
troussé.
A honnorables hommes maistre Mai lin Berruier, chanoynedes
deux églises de Tours, et Jehan Farineau, bourgoys il icelle ville,
la somme de xvi I. tournois pour leurs voyages d'estre allez à
Amboise par l'ordonnance des gens d'église, etc., devers le roy.
uostre sire, qui estoit audit lieu d'Amboise, pour lui remonstrer
les grans et innuiuérables maulx et dommages que font cliascun
jour I - gens d'armes el de trait estans de la compagnie de Ro-
digo de Villendiado, leur cappitaine, qui sont loge- environ la-
dicte ville di Joui-, oultre la rivière de Loyre, el prennent gens
à très grosse rançon, gastenl les blez, desioreul les vignes estans
presles à vandangier, el autres maulx innuiuérables; et aussi
lui requérir el supplier que les monstres des gens d'armes ne
fassent point près de ladicte ville, ne que leur passage ne fusl
point par e elle ; li squelx ont lant fail que le roy, noslre dit seigneur,
promisl tant qu'il envnyroit le seigneur de la Borde devers ledit
DE VIL! W M; \ NDO. - ,1
Rodigo poui le faire deslogicr, el qu'il a'i auroit nulles monstres
de près la dicte ville. El aveeques ce ont obtenu lettres du roy,
aostre dil se gn :ur, par lesquelles il est mandé aux gens de ladicle
ville qu'il ne laisscnl entier nulles gens d'armes plus fors «jue
eulx en ladicte ville de Tours, excepté Ledit seigneur et mon-
ur le Daulphiu. El oudit voyage on( esté lesdiz niaisli e<
Martin Berruier et Jehan Farineau chascun un jours, et leur a
esté tauxé à chacun d'eulx xi s. par jour, qui valent la somme
de wi I. t. à eulx paiée par mandement donné le derrier jour
d'octobre, l'an mil cccc xxxii.
2. — Le x\j" .jour du dit mois (de novembre), assemblez les
esleuz de par el eu présence de monseigneur le Bailli (le sire de
Cussé).
Ledit nions, le Bailli a dit qu'il a bien .*ceu les oultraiges et
oppressions que plusieurs cappitaines, comme Rodigues et autres
plusieurs, qui oui esté logez environ ceste ville, depuis que de
derrenier se partit de eeste \ille de Tours, ont l'ail z à la dille
ville et au pays, el desquelles choses il est très déplaisant, et vou-
len tiers y eust donne toute la meilleure provision qu'il etist pu ;
mais oljstaut l'occupation du mariage de mademoiselle, Glle île
madame sa femme, avec Loys de Bueil, mesme aussi que mons.
Charles d'Anjou l'a retenu pour le fail du débat de Rodigues, d
n'y a peu aller el n'a peu avoir eon^é dudit mons. Charles.
En tout ce qui touche à cest article, il a esté remercié par les
gens d'église >i de la ville de la lionne amour et affection qu'il
dit a voir à la ville et au pays.
WUI
Obligation par le chanceliei de la Marche de rembourser Rodrigue de Villan-
drando d'une somme de deux cents écus d'or prêtée aux seigneurs de Saint-
Sébaslien père et fils. — Copie autlientique des Archives nationales, P 1378',
cote Û10 ".
(2 janvier 1 i"> -,.
Nos Warcialis Bryal, in leuibus licenciatus, custos sigilli auo-
tentici domini nostri Francie régis in baylivia Lemoviei consli-
tnti, notum lacimus universis quod coram lideli commissario
nostro dictique sigilli jurato subscripto, ad hoc deppntato, per-
Iti
VU: DE i; oDiii 1,1 !
jonaliter con»titutu nobili vir Johannes Bartonii de Garatto,
cancellariui comitatu Marcliie, gratis el scienteret ex sua certa
ciencia et p nlanea voluntate recognovit et publiée confus-
sus fuit se debcre bene et légitime et olven leneri nobili et
potenti viro Rodigono de Vittandran, domicello, comiti de /■''-
bedieu, consilario et canibelhino domini nostiï régis, licet absenli,
sed nobili viro Johanne d'Albin, domicello, ejus procuralore, ut
ibidem a îoruit, et nomine procuratorio ipsius et pro i j >^r> ac-
ceptante el -"Il mniter stipulante, videlicet ducenta scuta auri de
sexiiginta qu tuoradmarchum, nomine el causa nobilium virorum
Perrelli de Sancto Sebastiano, domicelli, et domini Jacobi de
Sanclo-Sebastiano, milili , ejus filii, qui supradicta summa tene-
bantur el eranl qbligati pro dicto domino comité de Ribedieu,
prou t dicte parle», quibus supra nominibus, ibidem dixerunt;
que quidem ducenla scuta auri prediclus Johannes Barlhonis
solve e el tradere promisil predicto domino comili aul Johanni de
Jonnas, mercatori ville Avinionis, nomine i|» m^ et pro ipso,
comlutla el apportala adbospicium sive domum habitacionis pre-
dicti Joliannis de Jonnas in predicta villa Avinionis, infra festum
Omnium Sanclorum proxi num ruturum, sibique emendare, sol-
vere et reffundere ac eciam ressarcire omnia dampna, intéresse
et expensa . que el quas dictus creditor faceret et suslinerel ob
culpam, moram seu del'fectum solucionis predicte et aliorum pre-
imi miiiii complementi, ad simplex juramenlum ipsius créditons
absque alia probacione quacunque, non obstante jure dicente ali«
quemjudicem, tesl m vel arbitrum jure seu causa su;i esse non
l>os-''. Cni juri dictus debitor | renunciavit el omni exepeioni doli
mali, fori, loci, in factum accioni, condicioni indebitis et sine
causa, omni usui, consuetudini el Jtatuto, et juri per quod de-
cepti el lezis aul aliis quomodolibet subvenitur, neenonel omni-
bus aliii el ingulis excepeionibus, accioiûbus, obligacionibus
el deflènsis juris et facli, que contra tenorem pre en ium lille-
rarum po sent obici sive dici, el per. quas contenta in presen
hli'i litteris in loto vel in parte impediri possent quomodolibel
vel infringi, el legi dicenij gencralem rei i;iacionsm non ra-
lere nisi exprimitur in contracta. Promiltens dictus debitor se
contra contenta in preseatibus litteris vel eorura aliquod aliquid
non proponere, ullegare, lacère, il cere quomodolibet, nec venin'
perse nec per alium, clam, palam, tacite nec expresse, nec dare
alicui .'M' ii obci sm sive causani in contrarium veniendi; ab
Dt Mil. \.\hl; \Mmi.
ipso debitore super Imc prcstito ad sancta Dei euvangelia, libro
i corporaliter, juramento. El pro premissia tenendis, obser
vandis el complendis,ob igavil dit lus Johannes Barlhonis predicto
domino comiti, pro ipso stipulant] quo supra, se ac hère
sua essores suos, el nia singulaquc bona sua mobilia et Immo-
bilia, presencia et futura quecunque : el ad obseï vanciam omnium
el singulorum premissorum voluil dictus .1 ihannes Barlhonis,
debilor, se ac lieredes el succcssores '-uns cogi et compelli
per nos el successores noslros, et per custodem seu judicem
parvi sigilli Monlispesullani et per alias gentes, servientes el
allocatos dicti domini nostri Francie régis, per sazinam, capcio-
nom, vendicionem et distracionem rerum et bonorum suorum
quorumcunque et per quodlibet ipsorum insolidum, intotum et
divisim, semé! et pluries, tociens quociens opus erit. Ad quorum
premissorum observanciam fuit dictus Johannes Çarthonis, dé-
biter presens, volens, consenciens, predicto Johanne d'Albin, no-
mine et procuracione quo supra, instante, petente et que- supra
nine solemniter stipulante, judicio curie dicti sigilli regii con-
dempnatus per Guilhelmum île Quadrumo, clericum, fidelem com-
missarium nostrum dictique sigilli juratum, suscriptum; coram
quo premissa acta et pereum, loco nosiii, recepta fuerunt, ut no-
bis fideliter retulit; cui super mis légitime commisimus vices
nostras, et cujus relacioni nos Inlein plenariam adhibemuset pre-
missa lauilamus et approbamus, perinde ac si acta essent in ju-
dicio presencialiter coram nobis. Sigillum predictum auctenticum
regium in dicta Lemovicensi baylivia constitutum, in premis-
sorum lidem et testimonium lilleiis piesentibus duximus apponen-
dum. Ûatum et actum, presentibus venerabilibus et religiosis
\iris. l'iahe Phjlippo Bilhonis, priore de Grangia, et dilecto in
Cliristo domino Petto Simonis de Sancto-Sinphoriano, presbitero,
Lcmovicensis diocesis, testibus ad premissa vocalis, die n" men-
risjanuarii, anno Domini mil" cccc° tricesimo secundo.
vil ni. i;<>l)i;l<;i t
XIX
(drttriic de Villandrando au vicomte de Turenne d'êirc
ami cl i-1 le servii envers ''l contre tous, cinq personnes réservées.
— Original en parchemin des Vrchives nationales, K 05, n 2'2, scellé d'un
en cire i ouge.
1 17 janviei 1 i" -,.
,le Kodiguo de Villadrando, conte tle tlibedieux cl cappitaine
île gens d'armes el de Lraict pour le roy, nostre sire, aj juré aux
saincts Dieu evangeles, el si aj promis et promeet, sur la foy et
scrmenl de mon corps el sur mou lionneur et la diffamacion de
mes armes, que je sera} dorénavant bon, vray, loyal amy, allie
el bien vueillanl de Mgr. lecontede Beaufort, viconte de Turenne
el de Valerneet seigneur de Lymueille ; et ly seeourray et ayderaj
envers touz et contre louz, excepté le Roy, Messeigneurs les contes
di i lermont, d'Armeignac et Mgr. de la Tremoille el Mgr. de
Saincte-Sevère marescbal de Frauce; el avecques ce, son bien
el lionneur l\ gardera}-, son mal et domina ge el déshonneur l\
enverra}' et ly fera} assavoir à mon pouoir. I.l toutes les choses
dessusdietes promecl el jure, comme dessus, tenir et acomplir
sans fraud, baras et mal engin, de poinel en poinct, non obstaus
quelconques promesses et alyences faictes !<• temps passé. En
les ing de ce, j'a\ signé ces présentes de mon seing manuel el
l'ail sceelei du sccl de mes armes, ce xvije jour de janvier, l'an
uni cccc trente et deux .
SigiiC IlODlUGO DE \ II. LA \MU; V.Mm.
w
n un ni''--, i..' sccrcl du eonile de l'oix au courte de l'ardiai
lors d'une menace d'agression des compagnies de Rodrigue de Villandrando
contre le Languedoi - Original en paiclic nin du Cabinet des titres de la
Uibl. nat., dossier Fois, n 7." Communication de M. Flourac.
2'J l'é\ i ier 1 i" :'.
Guillaume, évcs(|ue el duc île Laon, per de France, président
de la Chambre des comptes du roy, nostre sire, el gênerai cou-
DE vu l INDHANDO. 245
seillier ordonné par le «lit seigneur sur le fail et gouvernement de
toutes ses finances ou paya de Languedoc, à Jehan il Estampes,
trésorier de la seneschaucée de Beaucaire et de Nyraes ou à son
lieutenant, salut. Comme pour résister à la venue, force, maie
raulenté el entencion de Rodigo el de plusieurs routiers, pillars
ef autres gens de c paignie, ses aliez el complices, lesquelz se
efîorcenl e1 vaillent d'entreroudil pays de Languedoc, pour ledil
pays rober, piller el destruire à leur pouoir, Jehan de Masdisili,
escuier, soil aie partant de Masières par l'ordonnance el gouver-
nement de mons. le conte de Foix, lieutenant gênerai du roj
nestredil seigneur es pays de Languedoc el duchié de Guyenne, ou
pays de Carladès, devers mons. le conte de Perdryac, lui porter
certainnes lettres closes de ndil seigneur le conte el lieutenant,
faisans mencionde ce que dil est, el contenant plusieurs autres
choses secrètes touchans grandement le bien, honneur et eonser-
vacion dudil pays de Languedoc et des subgetz du roy nestredil
seigneur estans en icellui ; pour lequel voyage, frais, missions et
despens but ce l'ai/, cuz et soustenuz par ledit Jehan, lui avons
lauxé et ordonné, tauxons et ordonnons parce- présentes, eu regart
à la chierté des vivres, la somme de soixante moutons : si vous
mandons que ladite somm i de i.\ moutons d'or vous, des den ers
de voslre recepte ordinaire ou extraodinaire, paiez, baillez el dé-
livrez audit Jehan de Masdisili, pour la cause dessus dicte. Et par
rapportant ces présentes avec quittance souffisanl dudit Jehan,
ladite somme de i\ moutons sera allouée en voz comptes el ra-
batue de vostre recepte partout où il appartendra, sans contredit.
Donné soubz noz seing el signel manuel cy mis. en lesmoing de
ce. le xxiie jour de lévrier l'an mil cccc trente-deux.
Signé Favi rot.
XXI
Quittances de divers payements ordonnés par le consulat de .Ni - | ' liais
de garde et de voyages à l'occasion de Rodrigue de Villandrando et de bi -
compagnies. — Pièces imprimées par Ménard, Histoire de Sinus, t. III,
p. 239-241, dont les originaux en papier existent encore aux Archives com-
munales de Nîmes.
(Mars-mai 1433.)
1. Sapion totz que yen Peire Raynaut, laborador de Nemse,
confesse aver agut, etc., ner as mans de Amielli, etc., per mou
VIE DF RODRIGUE
liebalb de quatre joins, losc.dz ay vacquatz per anar à Besers,
por saver novelasde las gens d'armasde Rodiguo et de mossenhor
deFoix; à ij joins ung mouton, mounta dos moutons. Dtscals ij
moulons soy content. Lo xe jorn de mars, l'an m cccc xxxn.
Subscripla et signata de voluntate dicti Pétri Raynaudi per
me, J. Pasqdeti.
2. Sapion totz que yeu, Troffeme Olmieyras, confesse, etc.,
per las maus del dit Farjas por mon trebalh de vj jorns, loscals
yeu ay vaquatz anant à Mirueix, stant et retornant, per saber novelas
de los gens d'urmas de Rodiguo, al for de ij jorns ung mouton,
monta très moulons. Descals très moutons me tenc per content. Lo
we jorn de mars, lan mil cccc xxxn.
Ua est, Trofeme Holmyeyius.
~>. Sapion totz que yeu, Johan Guarret, bachelier en leys,
confesse aver, etc., per mon trebalh de estreanatde par los diclis
senhos cossols à Belcaire, pueys à Forques, per parlar am mos-
senhor de Laon et saber s'el era contant que lo présent pais doues
argent à Rodiguo per non descendre en lo présent pais ; anclusas
las despensas et loquies del vailet et dels rossins, en tôt per près
fach am me per dos joins, très moutons hucch gros et un cari
bons. Dels cals iij moutons viij gros j cart bons me tenc per
content. Lo premier jorn de abril, l'an m cccc xxxm.
Constat de recognitione predicta. B. Verni.
4. Sapion totz que yeu, Jaunies Saurel, lavorador de Nemse,
confesse, etc., per mon trebalh de xxxij jorns, loscals ay vaquatz à
estar à Torremanha per descobrir los traspassans per lo terrador
de Nemse, per dobte de los gens d'armas de Rodiguo ; à dos gros
bons per ca^cun jorn, monta cinq florins et quatres grosses bons,
cnclusas totas paguas et politias. Descals cinq florins et quatre
grosses me tenc per content. Lo xxiiij0 jorn de abril, l'an m ceci:
\W1II.
lia est, Texerii.
5. Sapion totz que yeu, Guillem de Vagarns, habitant de Nemse,
confesse aver agut, etc., per portar lettras als cossols de Mont-
pellier par saber coras se tengra lo cosselh de Besers, et aussi
pei lo tractai de donar argent à Rodiguo par non descendre en
M VILLANDRANDO. 17
aquest pais, en \i\ doblas un mouton. De] cal mouton me tenti
per content. Lo xje jorn ilo may, l'an h ceci xxxjii.
lia est, Texerii.
XXII
Délibération du chapitre de Lyon, provoquée par la duchesse de Itourhon, alin
de faire renner 'I" nuit les portes du i loîlre de la caihédrale par crainte des
gens-d'arnifs (li- [;■■ i i-uc. - Reg strc capilulaire XIV, fol. 75, aux Archives
du département du Rhône. Communication de M. Guigue.
13 • I i
Anno domini millesimo cccc°xxx° tercio, et die martis xin.
mensis nprilis post pascha. Cum illustras domina ducissa Borbon-
oensis, pro ounc residenciam Faciens perso nalem infra clauslrum
Lugdunense domum |ue dictam de Bellijoco, organo venerabilis
magistri Oddoardi Clepperii, presidenlis Borbonnensis, supplica-
tionem feceril eisdem Dominis quatenus, attcnlo tempore guerra-
ruin propter hoc, o dolor! urgente, el maxime cum fueril
informata illustrera principem dominum Karolum de Borbonio,
ipsius domine filitun, comitem Claromontensem, mandasse Ro-
digum de Villandras, capitaneum, cura tota sua comitiva, el
multos alios capitaneos pro faciendo guerram in patria Sabaudie
vicina civitati Lugdunensi, ita quod plures gentes armorum cir-
cumeirca eandem civitatem, nisi Deus advertat, poterunl evenire,
de nocte claudi et Grmari faciant portas claustri predicti, et
idem Domini, contemj lacione ejusdem domine, lioc (ieri annue-
runt : lilnc est quod egregius dominus P. de Lornay, camerarius
ecclesie Lugdunensis, ad quera presentalio potterii dictarum
portarum ex statu lis dicte ecclesie perlinet, in capitulo presentavil
dominum Johannem de Balma, presbiterum, ipsius camerarii
commensal. m, ad exercendum officium dicte porterie. Qui
quidem Domini dictura dominum Johannem lanquam sufDcientem
ad hoc admii-tendo, eumdera dominum Johannem constitueront
porterium dicti claustri, qumdiu bene feceril el placueril eorum
voluntati, ad stipendia consueta, | ro el m diante i o quod promisit
dictiim officium Gdeliter per -u diligenter exercere easque portas
lions consuetis claudere el tirmare, vïdelicel grossas portas <l
horam seralis Sancli-Johannis, et hoc sine guichelis, et guichetos
ad grossum serale Sancti-Nicecii ; et de mane apperire guichetos ad
VI r DE RODRIGI I
primum cimbalum, videlicel oschillam, el ail gueytiam grossas
porlas; el alias prestilit juramcnluni, etc. Pre>entibus domino
Rartholomoo Bercherii, Cousinelo Hure, Bodello et Petro, filio
Franeisci I uppi, etc.
XXI II
Allocation su e par les Etats de Languedoc, à Reziers, au mois de
in.irs li"". indiquant le prélèvement fuil pour défendre le pays contre
ue de Villandrando. — Original en parchemin, aux Archives nationales,
K G"., n. 20.
lli mai 1 i">.)
Cuillanme, évesqueetdue de Laou, per de France, président de
|,i Chambre des comptes du ro\ nostre sire, el général conseillicr
par lui ordonné >ur le f.iii el gouvernement de Lotîtes ses finances
en ses pavs de Languedoc el duebié de Guyenne, à PonsdeQnercy,
receveur particulier à Lautrecb el d'aucunes autres \illes el lieux
mi diocèse de Castres de l'ayde de \iNX mil moutons d'or ollroyés
an roy nostrcdil seigneur, à l'assemblée dernièrement l'aide à
Besiers, par les gens des trois estalz dudil pays de Languedoc
pour l'entreteiicmeiil de la guerre et autres ses affaires, salut.
Comme par nostre ordonnance el mandement vous soyez venu
par devers nous en la \ille de Saint-Esperit, a|)portcr l'estal au
vray de voslre reeepte, et aus»i la somme de trois cent moutons
d'or, pour icelle employer el convertir ou payement des gens
d'armes el de Iraicl mandez i t inissus par nions le ci mie de Foix,
lieutenant du vo\ nostrcdil seigneur èsdietz pays et duchié, poui
la garde el deffense dudil puys de Languedoc à ['encontre de
Rodigo el autres capitaines routiers, qui en icelluy pays esl
entrez; onquel vovage faisant, tant en venant, demouranl el
séjournant en actendanl voslre expedicion, comme en retournant,
avez vacqué cl pourrez vacquer |iar l'espace de quinze jours
entiers : Nous, eu regard à l.i cherté de vivres qui de présent esl
oudicl pays, pour iceulx quinze jours ensemble, \ous avons
ordonné el l uixé, ordonnons el tanxons par ces présentes la
île vingt moutons d'or ; laquelle voulons que ;iy / preniez
el retenez par voslre m, un des deniers de vostre dicte reeepte.
Kl par rapportant ces dictes présentes seulement, consentons icelle
somme de xx moutons d'or estre allouée en voz comptes el
m. YILLANDIUNDO. 24U
rabalne de vostre dicle recepte, partout <>ù il apartendra, sans
contredit. Donné soubz nostre signet, audil lieu Saint- Esperit, le
\- jour de may, l'an mil ceci trente et tmis. Signé G. Faverot.
XXIV
Contrat de mariage de Rodrigue de Villandrando, comte de RJbadeo, el de
Uargu rit'-, bâtarde Je Bourbon, — Original en parchemin, aux Archives
nationales, P 1364, cote 1588.
24 mai 1 135.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Pierre de la
i hiese, conseiller du roy nostre sire el tenaùl fc seel royal de la
court de la chancellerie des exempeions d'Auvergne establi à Cuci
en Auvergne, salut. Savoir faisons que pardevant noz amez et
féauh jurés notaires de ladite courl et chancellerie, Philippe Mar-
ias el Jehan Trichon, usans de nos auctorité el povoir, establis
personnelmenl aull el exellent prince et seigneur, monseigneur
Charles de Bourbon, conte de Clermont, aisné fils de très aull el
exellenl prince, monseigneur le duc de Bourbonnois el d'Auver-
gne el aianl le gouvernemenl de ses païs, terres el seignoriés, et
très noble damoiselle Marguerite, suer naturelle de mondil sei-
gneur le conte, pour eulx el les leurs d'une pari ; el noble el
puissant homme Rodrigo de Villeandrando, seigneur de Ribedicu,
pour lui el les siens d'autre part : lesdictes parties deçà el delà
ont cogneu et confessé, de leurs bons grés el certeines sciences,
que, puis naguères il onl traiclié eutr'eulx mariage, en entencion
de le faire et nunplir smiliz le plaisir de Dieu, desdiz Rodrigo,
seigneur de Ribedieu, et damoiselle Murguerite. Auquel traictié
ont estéfàictes et accordées les convenances et choses contenues,
déclarées el escriptes en mie cédule de papier, baillé en la main
desdiz notaires, el leue aultemenl et entendiblemenl devant mes*
diz seigneurs el damoiselle, establiz, et en la présence des tes-
moins ci dessoubz noi ez. lie laquelle cédule ou feuil de papier,
de mot à mot, la teneur est tele :
« Monseigneur le conte de Clermont donne en dot el mariageà
damoiselle Marguerite, sa suer naturelle, le lieu et place de Us-
sel en Bourbonnois el mil livres île prinseet value chascun an, et
par elle, à Rodrigo de Villeandrando. seigneur de Ribedio, son
Y! F. DE UOIUUGl'E
espoux à venir; lesquelz lieu et mil livres seront et demoiront en
ûé et ressorl de mondit seigneur. Et, pour ce que de présent ledit
lieu de Ussel n'est mie bien b;isti, mondit seigneur le conte de
Clermonl bauldra èsdiz Rodrigo et damoiselle Marguerite, pour
leur demorance et habitation, le chastel et forteresse de Cbaste-
ledon, ensemble de la rente et revenue ce que restera pour venir
èsdictes mil livres de prinse, rabatu ce que la terre d'Ussel vaul-
dra. Ou cas (jue ledit lieu de Chasteledon seroit mis hors des
mains desdiz Rodrigo et damoiselle Marguerite, en le baillant à
ceulx qui s'en dient seigneurs ou autrement, mondit seigneurie
conte sera tenu de bailler èsdiz Rodrigo et damoiselle une autre
demorance, boue place et aussi forte comme est le dit Chastele-
don, ensemble autant de terre que lui ara esté baillé sur la terre
dudit Chasteledon, pour acompïir lesdictes mil livres de prinse,
ainsi que dessus est dit. Avec ce a voulu et veult mondit seigneur
le conte de Clermont que, après ce que le chastel de Rochefort en
Bourbonnois, ensemble la terre que de présent la dame de Revel
tient à cause de doaire et usufruit, par sa mort lesdiz chastel et
terre seront revenuz à la main mondit seigneur ou des siens, si
lesdiz Rodrigo et damoiselle Marguerite veulent avoir lesdiz chas-
te! cl terre de Rochefort. il les pourront avoir et le aront en rabat
et acquict de ce que pourront valoir, touchant les mil livres de
prinse dont dessus est parlé, pourveu que lois il se départiront du
chastel et terre de Ussel ; et, eu ce cas, mondit seigneur le conte
sera tenuz de rendre audit Rodrigo ce qu'il ara frayé et despendu
au bastiment de la place dudit Ussel, qu'on lui baille à pré-
sent.
« Mondit seigneur le conte donne, avec ce, deux mille escuz
pour meuble à ladicte damoiselle Marguerite et par elle audit
Rodrigo, dont les cinq cens seront paiez le jour des uopees et les
autres cinq cens l'an révolu, et en suivant, chascun an, cinq cens
jusque» le payement desdiz deux mille escuz sera achevé. S'il ad-
vient que ladicte damoiselle Marguerite trespasse sans hoir ou
hoirs masles et fille ou filles, ou lesdiz iilz et filles trespassent
sanz descendais d'eulx, ladicte place et terre d'Ussel, à elle don-
née, reviendront à mondit seigneur le conte et es siens. Si ladicte
damoiselle trespasse sanz hoir ou hoirs masles, ou lesdiz masles
tresp issent sanz masle ou masles descendens d'eulx, et qu'il y ait
tille ou filles, en ce cas la place et terre d Ussel et autres terres
baillées pour lesdictes mil livres de prinse reviendront à mondit
M MU \MH; \NlHi. 251
- Lueur le conte, el icellui monseigneur Le conte ou l<s siens se-
ront tenuz de bailler el rendre, s'il y a une Bile, deux mille* - uz,
,i > il \ en i deux ou plus, Irois mille escuz. Et, i n tous cas que
ladicte place d'issi I el mil livres de prinse reviendront à mondit
seigneur le conte ou les siens, \ vanl ledit Rodrigo, icellui liodrigo
ara l'abitacion de ladii te place d Ussel el le usufruit desdictes mil
livres de prinse, par le cours d ulemenl el lui estant au
e de mondil seigneur le conte.
Hondil seigneur le conte fera vestir ladicte damoiselle bien
el convenablement; et ledit Rodrigo sera tenuz de la enjouailler
t ,1 iuemenl, selon son estât.
« Ledit Rodrigo mettra en depost jusques à la somme de buit
mille escuz d'or, pour acheter une place et cinq cens livres de
prinse ou cas que tant cousteront; desquelz place et cinq cens
livres de prinse ladic e Qlle sera douée.
« Tout le surplus dont n'est faicte mencion en ces présentes,
tint au regartde meubles el couquestz comme autrement, es! et
demeure es us et coustumes du pais du Bourbonnois. Lesquelles
convenances et choses ci dessus escriptes et incorporel s, lesdicti s
partie», pour contemplacion et en faveur dudit mariage pourparlé
■ t accordé, ont passé, voulu et accordé, etc. »
\ ces choses estoient presenz avec, lesdiz jurez notaires, nobles
et puissans seigneurs el sages, messeigneurs Béraud Daulpbin,
seigneur de Combronde; Guy, seigneur de Sainct-Priet ; Jehan de
Chauvigny, seigneur de liiot ; Jehan de Langhac, seigneur de
Brassai ; Pierre de Tboulon, seigneur de Genat, chevaliers; Pierre
Churre, Estienne, seigneur de la Large dit Fargete, escuiers;
maistres Pierre de Carmonne, Jehan La Bise, licenciez en lois;
Laurent Audrant, Estienne de Bar; Guillaume Cadier; Margue-
rite de Beaumont, damoiselle; messire Jaque Dubois, aussi che-
valier, etLoys de '1 boulon, escuier, et autres tesmoins requis et ap-
peliez, si connue iceulx jurés notaires nous ont rapporté par cest
escript. En tesmoin delaqu Le cbose nous, au rapport desditz
juiés notaires, ausquelz adjoustons pleinere foy et croions, publi-
quement le seel loyal dessus dit, que nous tenons, avons mis et
apposé à ces présentes lettres. Donné le vingt quatrième jour du
mois de may, l'an mil quatre cens trente troi-.
\ | r hl' ROPRIfillE
de Yillandrando du décret du concile de Bàle qui le
i,. , | , ' t , ■ , i ■ ) i . le comlal Venaissin contre le cardinal et les princes
,|,. p0ix. _ Imprimé dans le Spicilèpce de l>. Luc d'Achery, t. III, p. 762.
uni, qui a l'ail partie des Archives delà maison de Bourbon, est porlé
invcnliiire des archives nationales avec In marque I' I ."75», rote 5460;
retrouve plus.
•_»<i mai I i.".|
Saerosancta generalis synodus Basiliensis in Spiritu sancto legi-
lime congregata, universalem Eeclesiam reprsesentans, dilecto Ec-
clcsiœ lilio Roderico de Yillandrando, comiti de Ribadeo, salutem
,-t nmnipotentis Dei benedielionem. Alias nobis de sincera affec-
tionetua plene scripsisti, te atipie tua oflerendo Unie sacro Conci-
lio; quod nos gtalissimum habentîs et ex bona intentione tua
erjza ipsum sacrum Coucilium plurimum gaudentes, ad le rescrip-
simus, lu. un bonani dévotion m in Domino cnmmendantes : quod
mine eliain lacimus. parati semper ad qua;cumi|ue libi et statui
Ino bene pi icila. El i|uia dolenteriiilelleximus ven< rabilem Petrum,
episcopum Allianeusem, cardinalcm de Fuxo, et épis germauos
eu m inagno exercitu in prœjudicium Coucilii bostiliter invasisse
civitatem Avinionensem i 1 comitatum Yenexiuum, timemusque ne
liujusuiodi invasio pai tes illas in perieulum el discrimen maximum
provoci i Ec< lesiamipie si and dizet, te, in eujus exercitu spem ma-
\iiiiamposuimus,cum quanta instantia possumus bortamuret roga-
mus ut t.ivoribusel auxiliis luis velis illi civitati et comitatui succur-
I partes illas, n ■ in detrimentum Ecclesiœ pareant, a talibus
invasoribus custodire. omniaque remeilia salutaria et opportuna
jus proleclioneni adbibere, quœ ;i te per dilectum Ecclesiae
liliiiin Alfonsum, cardinalem Sancti-Eustachii, au! persuosquos in
nomine suodimisit, requirenlur; quibus omnibus ilasubvenias, ita
diis, consiliis el favoribus assistas opportnnis, quemadmo*
dum m li speramus. Quod ul facias te eliam alque etiam rogamus;
ex hoc ciiiiii I». mu el univi rsalem Eccl siam quam reprsesenta-
inii- i h valde obligatos reddes, et nos in tuis negotiis paralissimos
si mper li ibebis.
Dalum Basilea;, vu. kal, junii, millesimo quadringentesimo
mo Lerlio.
M. Vit |.\Mdi A.Min,
XXVI
Allocali [iii l'ait connaître le chiffre de l'impôt roté par le Tiers-état du
Languedoc à l'assemblée tenue en juin 1433, à Villeneuve en face Avignon,
pour aider Boi-disant à chasser Rodrigue de Vîllandrando de la province.
— Original sur parchemin des Archives nationales, K t>5, n. '!<>.
I I juillet 1433.)
Les commissaires ordonne! ou diocèse de Nymes el archevesqué
d'Arle dedans le royaume, à asseoir, imposer et mectre sur les
manans et habitans des lieux el villes desdictz diocèse el arche-
vesqué la somme de iiij'" vijL xiij moutons d'orviij s. iiij don. t.,
avec les fraiz, missions et desptns pour ce nécessaires, pour leur
quote et porcion de Ixx1" moutons d'or octroiez à hault et puissant
prince, mons. le conte d>' Foix et de Bigorre, lieutenant du roj
nostre sire es païs de Languedoc el ducliié de Guyenne, par les
gens de Testât commun dudit pays, à l'assemblée faicte et tenue
à Villeneufve lez Avignon, ou moys de juing derrenieremenl
passé m. cccc. xxxn, et ce pour les fraiz, missions et despens
euz et soustenuz par ledit nions, le conte et lieutenant en'soul-
dées de gens d'armes et de Irait par lui assemblez pour résister
à la venue et maie volunté d'un nommé Rodigo et autres routiers,
qui s'estojent vantez el s'esforçoyent venir et descendre oudit
pays pour grever et piller les habitans d'icelui : à Jehan de larges,
receveur particulier dudit aide èsdiclz diocèse et archevesqué, ou
à son lieutenant, salut. Comme par ad vis, vouloir et consentement
des consuls, sindiez et procureurs de notables lieux et villes des
dietz diocèse et archevesqué, en tel cas acoustumez estre convo-
quez, nous ayons adjoinct et appelé avec nous, comme acoustumé
a esté le lemps passé, Hervé Rousseau, conlrerolleur de la dicte
îecepte ordinaire de la seneschaucée de Beaucaire, pour estre pré-
sent à faire ladicte asslele, avoir advis et délibération avec lui à
donner leur cotte et porcion dudit aide aux habitans d'un chacun
lieu desdictz diocèse et archevesqué, comme mandé nous estuit
par la teneur de nostre commission; auquel conlrerolleur, du vou-
loir et consentement que dessus, avons tauxé et tauxons par ces
présentes la somme de vint et cinq moutons d'or, pour ses peine,
travail et esportules deserviz ou temps qu'il a vacqué, tant en ce
Vit! Di; RODRIGUE
que dit est, comme à ordonner certaines diminucions que faictes
oui esté aux habitans dudit diocèse et acroissemens faiz aux liabi-
tans d'autres lieux d'icellui diocèse, selon que le cas et faculté*
desdiz habitans les requéraient : si vous maniions que lalicte
Minime de x\v moutons d'or, vous, des deniers de voslre recepte
mis et imposez ausdietz habitans pour payer et contenter les fraiz,
missions et despens nécessaires pour ledict aide mectre sus, pai^z,
baillez et délivrez audit contrerolleur ; et, par rapportant ces pré-
sentes et quictance souffisant sur ce, ladicte somme de xxv mou-
tons sera allouée en voz comptes et rabattue de vostre recepte par
ceulx à qui il apparteudra, sans contredit ou difficulté aucune.
Donné à Nymes, le \iiije jour de juillet, l'an mil cccc trente trois.
Signé J. Le Roux. Constat de taxacione predicta. Luselli s.
XXVII
Quittances taisant connaître divers usages faits par le comte de Foix de l'aide
votée aux états de Villeneuve pour l'expulsion de Rodrigue dé Villandran-
do. — Originaux en parchemin des Archives nationales, K 63, n. 26.
(Juillet 1435-février 1454)
■ lo Pasquoau, senhor de la Fargue, thesaurer de mossenbor lo
comte de Foix et de Begorre, loctenaut gênerai deu roy noslre sen-
hor en sous pays de Lengadoc et dugat de Guiayne, et per luy co-
rnes à la recepte générale de l'ayde de lxxm molons d'aur, à lu\
donatz el autrogatz per las gens deus iij. stalz deudit pays de
Lengadoc à l'asemplade feyte à Vilenabe près Avinhon, en lo mees
de juinli darreramentz passât, per aydar, sostenir et paguar la
grave despensse que far luy a convengut à cause de las ^ens d'ar-
mes et de treyt, que no a gayres a metutz sus et assemblatz per
la garde et deiiense deudit pays de Lengadoc et resistir à Rodigo
de Yillandrando et autres rothiers, qui en gran nombre cren vien-
gutz et descendutz en lodit pays, per aquet pilhar, raubaretrans-
sonar : cofessi aver agut et recebut de Joban de Fargucs, recebe-
dor particular en la diocèse de Nemse, sus so que cd pot et poyra
dever à cause de sa dite recepte, la some de cent motons d'aur
per Anthonnete Saichete de Wonpeslier, demorante à Belcayre,
comayre de mon dit senhoi de Foix. que mondit senhor lo comte
et loctenan luj a bordenal esser balhatz de grâce speciau. aixi
DE VII I \ MH! \NDO.
cuni plus larguementz apar par lectres patentes deudil don. I>e
laquoan some de cenl motons d'aur io me thiens per ben content
,-i paguat, et en quili lodil recebedor particular et totz auti
qui quictance en pol apartenir. El en testimoni d'esso, ey metut
à las presens mon signel manual el metul ma preinsse. A Mout-
peslier, lo darrer jorn de juin, l'an mil cccc trente et très. Signé
P. De la Fargi i .
[oPasquoau, senhor de la largue, etc.. cofessi aver agut el
recebut de Johan de 1 argues, etc... la some de cinq cens motons
d'aur per mossenbor Johan Lovet, presidenl de Provence, que
mon dit senhor lo comte el loctenant luy a douât per lus agrada-
bles services qui lo a feyt, el espccialmeul per so que I" ave a :om-
panhatenla conquesteet réduction en la obédience de nostre sanl
peyre lo Pape de la vilç et ciutal d Avinhouet deu comtat de Ve-
nayssin, par luy feytf aqueste présent anade etsason, et per au-
tres causes contengudis eu sas lietras patentes deudit don. De la-
quai some de cinq cens mutons io me tliiene per ben pagat et
content, et en qui ti lodit recebedor particular et lot/ autres à
qui quittance en pot appartenir, etc.. A Montpesler, lo darrer
jorn deiuilh, mil cccc trente et très. Signé P. De la. Fargue.
lo Pasquoau, senhor de la Fargue, etc.. cofessi aver agut et
recelait de Pons de Curssii, recebedor particular deudit ayde el
autrey en la diocèse de Castres, s isso que eg pot et poyra dever
à cause de sa dicte receple, la some de cent delz motons d'aur
seilze s >lz tornez, per Fortaner de Serres, senesealc de Ncbosaa.
que mondit seuhor lo comte et loctenau ly a donat de grâce spé-
cial», per so (pie ère en sacompanhie per res isliraus susditz ro-
thieis. De laquai some, etc.. A Pau, le iijc jorns de fevrer, l'an
mil cccc trente étires. Signé P. De la Fargue.
XXVIII
Quittance d'un épicier de Lyon pour une fourniture faite à Rodrigue de Villau-
drando aux frais de la ville. — Original en pipier des Archives communales
de Lyon, CC. 296, n°48. Communie ition de M. Guigue.
(1" septembre 1433.]
Je Nicolas Ferchaut, espieicr de Lyon, confesse avoir en el
reccu de par la main de Hugony Bonet, à cause de i\ livres de
250 \ IK I>E KODRIGUE
confiture à iiij gros la livre, et pour xij torches novës cl deux
ârses, pesant xxxij livres, à vij blancs la livre des torches noves
et ij gros les aisées, que monte vij frans ij gros xij deniers obole,
«pie prisent les conseillers de la ville de Lion pour donner à Ro-
drigo. De laquelle somme dessus dite je me tiens pour contant
et en quicte la dite ville et le dit llugony Bonet, tesmoing mon
sain" manuel si mis, le premier jour de septembre l'an mil 1111e
et xxxiii. Signé N. Ferchaut.
XXIX
Protocole de l'enquête ordonnée par la justice du comte d'Armagnac au sujet
des cruautés commises à Fernugnac par le bâtard d'Apchier pendant l'ir-
ruption 'les compagnies de Rodrigue en Rouergue. — Copie de la Collec-
tion Doat à la Bibliothèque nationale, t. 215, fol. 112.
(14 septembre 1435.)
Aumi Domini millesimo quadringentesimo tricesimo tertio et
die décima quarla mensis septembris, îllustrissimo principe et
domino nostro Johanne, dei gralia comité Armaniaci, Fesensiaci,
Insulse-Jordani et Ruthenensi, dominante, apud Interaquas, Bulhe-
nensis diocesis, et in curia ordinaria dicti loci per me, Bernardum
Roqnete, notarium ordinarium dicti loci, de mandato honoiabilis
et circunspecti viri domini Berengarii Salas, licenciati in legi-
bus, procuratoris pbiscalis dicti domini nostri comilis, fuit facta
sequens iuformatio contra quemdam hominem vulgariter vocatum
lo bastard Dapchier et quosdam alios complices suos, super eo
quia, anno presenti, dum gentes de Rodigo discurrebant per pa-
triam lîuthcnii, dictus bastardus et alii sut complices, quasi in
numéro viginti quinque, vencrunt in manso de Fernunbaco, jtiris-
dictionis de Interaquis, et quemdam pagesium dicti domini
noslii comitis, qui vocabatur Jobannes de Fernunbaco- Inferiore,
de facto ceperunt ad hoc ut bon.i sua et aliojrum pagesiorum
dicti mansi de Fernunbaco eis revelaret; et dictum pagesium a-
criter Iractando nmltuni énorme verberavenint et percusserimt,
ponendo ipsum prope ignem et ipsum comburendo1, et alias ipsum
acriter in eorpore damnificando, taliter quod occasione premis-
1 L'un des témoins entendus ajoute ce trait : « Itictus Johannes crut in me-
dietate persone sue propter ignem combustus et tolaliter devastalus. »
DE VILLAN DR \ N DO. 257
-'1111111 dictus pagesius ab hoc seculo migr&vit. Et non contenti
de premissis, sed raala malis accumulando, bona pagesiorum dicti
raansi in et de quodam clusello sive crota in dicto manso exîs-
tenle ceperunl de facto pro ipsa bona ci- appropriando, et de-
îiiinii dicta bona furari ' fecerunl dictis pagesiis ad summam quin-
quaginta scutorum .nui; quam summam quinquaginta scutorum
auri dictus haslardus a dictis pagesiis per manu s Ludovici de
I lui" babuit et sibi apropriavit, multum super bis delinquendo
et plura alia enormia çrimina perpelrando, etc.
(Suivent les dépositions)
Teste- superius descripti fuerunt examinati per modum se< rell
informationis el diligenler iuterrogati per me Bernardum ïioquetc
notarium ordinaiium loci de Interaquis pro illustnssimo prin-
cipe et domino comité Ârmaniaci, de mandato et precepto mihi
Facto per honorabilem et circunspectum virum dominum Beren-
g.irium Salas, licenciatum in legibus, procurai orem pbiscalem
dicti domini nostri comitis. lu quorum testimonium ego. dictus
notarius ordinarius, hic me subscripsi et signeto meo manuali
signavi in lidem premissorum.
Signé, Roqi i.te, notarius ordinarius.
XXX
acquiescement du prieur <lo Saint-Romain le Puy à une requête des habitants
du lieu, à lui transmise par le bailli de Forez, tendant à obtenir l'acensement
des terrains vagues de l'enceinte du bas fort d i Saint-Romain, dévasté depuis
un certain temps par les gi ns-d'annes de Rodrigue. — Original en parche-
min, archives du département de la Loire, série II, fonda du prieuré de
Saint-Romain. Communication de M. Chaverondier.
1 1 1 novembre 1 1"". |
Noverint nniversi qund. cum nuper et retroactis temporibus
pluries el per diversorum temporum intervalla, per génies armr-
iiiin il" societate de Bodigo et aliorum capilaneorum in regno
Francie pro tune discurrencium et existencium bassa curtis
1 Mot forgé sur le vulgaire fuer, fia-, qui voulait «lire taux, estimation.
Dans la déposition de l'un des témoins on lit : « Ludovicus de Ulmo nominc pa-
gesiorum dicti rnansi tradidit dicto bastardo pro certa furanlia quam fecerant
runi eodem ad causam honoruni suorum, videlicct summam quinquaginta scuto-
rum auri. s
17
VII. DE RODRIGUE
Sancli-Romani in l'oilio, in comilatu Forensi existons, fuerit per
viin et violcnciam rapla, el omnia bona mobilia, animalia et alia
quecunquc, que fueraul in ilicla bassa curte retracta et reposita
per bonùnos babilanlcs m dieto loco Sancti-Romani, per dictas
gentes arniorum depredala el secum deportata, propler quas de-
predaeiones pro presenti dicta bassa curlis fuit et esl quasi iim-
tilis el vacans, nullique bomines dicti loci non audent propre-
senti m dicta bassa curte se nec bona sua retrahere: propter
quod nonnulli bominum dicti loci el mandamenti Sancti-Romani
querelosi venerunl ad dominum baillivum Forensem eidem expo-
nendo et dicendo quod ipsi, omni tempore anni, faciunt excubias
el gavtium in Ira fortalicium dicti loci Sancti-Romani ac eciam
reparaciones in codem lîeri neccessarias, et nullas babent infra
clausuram dicti forlalicii domos nec alias babitaciones in qui-
bus possint se nec bona sua retrahere; eidem domino baillivo
requirendo el supplicando quatbinus dictum locum et fortali-
cium Sancti-Romani visitarel el cisdem bominibus super hoc de
remedio opportuno providerel : contingit itaque quod anno do-
uiini millesimo rxc< "" tricesimo tercio, die undecima novem-
bris, nobili el polcnti viro domino Amedeo Viridis, milite, do-
mino Cbanelbelbiarum el Velcbie, baillivo Forensi, transeunte per
dictum locum Sancti-Romani, et secum existentibus viris discretis
magistro Stepbano de Grangia, conscilliario et advocato domini
nostri ducis, Jacobo de Vinoliis, notario regio, cancellario Fo-
Guillelmo Brunaudi, procuratore Forensi, et repertis in
dicto loco nobili Vntbonio de Pruneria, domicello, castellano dicti
loci, et l'etro Bossencbonis, preposito dicti loci, quamplures bomi-
nes dicti loci cl mandamenti venerunt ad dictum dominum bail-
livum Forensem eidem exponendo omnia supra declarata, et ab
eodem petendo quathinus precipere et requirere vellet domino
priori Sancti-Romani, qui nunc est, quatbinus eisdem homini-
bus vellcl benevisarc de plaleis et pedis existentibus et situatis
infra dictum fortalicium Sancti-Romani. Qui quidem dominus
baillivus, audita reipiesta diclorum bominum (pie juii congruit,
viiMiiii religiosum fralrern Joharincm del Solleihant, priorem
modernum dicti prioratus, ibidem reperlum requisivit , quathinus
de dictis plateis el pedis vacanlibus, infra dictum fortalicium
situatis et existentibus, dictis bominibus tradideret (sic) et bene-
visaret juslo cl compétent! servicio pro ipsos et bona sua retra-
hendo. Qui quidem dominus prior, audita peticione dictorura
Dl v II I wni; WhO.
hominum el requesta per nos, bailliTum predictum supei ho<
T»' utilitatera prioratus el rei publiée con servit, benigno
womotu hoc fieri consensit, el de premissis a me, ootario sub-
Bcripto, petiitcartam;quam eidem super hoc dictus dominus
ssitflendam per Johannem Fournerii, notarium et Forensis
curie juratum, presentibus el ad hoc vocatis dictis advocato, can-
oellario, procuratore, castellano, preposito et pluribus hombibus
dicti mandamenti ad hoc vocatis et rogatis.
Ita est. Fornerii.
Protocole des lettres décernées par le même mieur de SainURomain en
non de 1'acqu.escement qui précède, où son) énumérés les excès commis par
lM - 3- — Mêm • provenance que la pièce ci-d<
5 janvier I 13
Nos Johannes de Sollelhant, prior prioratus conventualis Sancti-
lioiiK.iii [in Podio , comitatus Forensis et Lugdunensis dioeesis,
notum facimus universis [présentes litteras inspecturis quod!
eura olyn per p - ires aostros priores Sancti-Romani fuerit
constructa et edifficata quedam clausura seu bassa curtis in cir-
cuitu] et rotonditate dicti poefîi seu montis Sancti-Romani, que
mine diruta existit ; infra quam clausuram et bassam curteni
nonnulli bomines et tenementarii dicti nostri prioratus plures
eonstruxerant et edifficayerant "do mos in quibus se et sua bona
retraxerunt tempore discursu nm genciura armorum, fueritque
ita quod nnper, discurrentibus armorum gentibus de societate 1 1
comitiva de Rodrigo, in magna poteneia ad dictum locum Sancti-
Romani logiatum aceesserunt ipsamque bassam curtem cum
în.'uuaviolencia ceperunt, et infra intraverunt omniaque bona
mobilia, animalia bovina, lanuta et alia quecunque reposita et
retracta per bomines predictos, infra domos suas in dicta bassa
curte existencia, ceperunt, contrectati fuerunt et secum deporta-
verunt, pluresque bomines verberaverunt, maie tractaverunt,
morti per violentiam tradiderunt: propter quod plures bomines
dicti noslri prioratus a dicto nostro prioratu se absent iverunt et
alibi moratum aceesserunt, adeo quod, causa depredacionum dic-
tarum gentium armorum in dicto loco factarum, dictus noster
prioratus luit eiïeeliis [désertas el quasi vacuus : imde nos, pre-
260 VIE LU. HODR1GUE
fatus prior, volentes nostros homines et tenementarios pro posse
nostro ab hujustnodi periculiset dampnis [eriperc] etsuisperkulis
obviari, dictum prioratum Sancli-Komani pcr officiarios et génies
domini oostri ducis Ilinbonensis et comitis Forensis visitari feci-
iniis. pro sciéndo utrum infra dictum nostrum fortalicuum et prio-
ralum Sancti-Bomani possent editficari et construi lacère domos
et liabilaciones in quibus dicti nostri homines se et sua bona
retrahere possent. Et iacta diligent! perquisicione et visitacione
« uni diclis officiariis et aliis personis notabilibus ad boeexpertis,
luit deliberatum et advisatum quod dictum fortalicium et cas-
l iiuii Sancti-Romani erat et est satis lai uni et utile pro retra-
bendodictos nostros hommes et tenenientarios lempore discur-
suuin gencium armorum, et potissime in quibusdam mûris et
pelis antiquis in quibus antiquitns fuerant alie domus eons-
tructe, etc., etc.
XXXI l
Quittance de la somme payée par le consulat de Nîmes pour la copie à plu-
sieurs exemplaires des lettres d'avis envoyées de Milhnu au sujet des gens-
d armes de Rodrigue. — Imprimé dansMeaard, Histoire de Ximrs, t. III, preu-
ves, p. 242.
(25 févier 145 |.j
Sapion totz que yeu, Antboni Cabanis de Nemse, conlesse aver
agut el reaiment receuput dels honorables senhos, sen Peire
Ponchut, sen Guillem Farjas, maistre Jlaguinarl et sen Ray-
mond Molazan, cossols de la ciutat et del castel de las Arenas de
Nemse, per las mans de Amielh Bernart, alias de Lunel, lur
clavari, per mon Irebalh de aver fach iiij co|)ias de las letras
tramessas per los cossols de Milhau en Rouergue del fach de la
gens d'armas de Bodiguo et autres eapitanis, per las tramettre à
Aies, Uzez et autres luocs, dos gros et un cart. Des cals dos gros
et i cart me tenc per content. A xxv de febrié, l'an m. cccc. xxxiij .
Plus ayagut dels dichs senhos cossols per las dichas mans, perla
copia de las letras obtengudas per Perrin de la Rameya sobre lo
fach del lalh de la cort de mossenhor lo senescal, xvj déniés
tomes, l'an de-sus dich et loije jorn de marz. DbCabamtio.
DE \ Il i \ SDRANDO.
\WIII
Lettre >le Rodrigue de Villandrando au Conseil de rille de I v
recouvrement de divers - ou dépôts que lui et les -
■lai)-» la ville. — Original en papier des trcuives communal
eoté AA 825, dont le lacsimile en phol compagne l<
vrage. Communication dé M I
(15 mars 1 13 i !
Très chiers seigneurs et gt ans amis, je me recommande à ^
Kl vueillés savoir- que Jehan de Salles m'a dit que vous lui
dit qu'il me deist <|ue je anvoiasse à Lion, que me fériés ii.
reson tant à moy corne à mes gens de ceuljt qui me sont tenus 1 1
à eulx. S\ vous prie que ancy le faciès, el de H u tasse de Pon-
pierre qui a le mien en guarde, corne vous savés, el n'en puis
liens avoir ; quar an bonne foy, il me desplerbil de fere despies; r
à borne de lui, quarj'aime bien la ville et savés bien que je vous
i\ tousgours fet plesir en tout ce que ne avés requis tousgi
■ i savés que je vous puis bien servir. Sy vous prie que fassiés an
manière que je eonnoisse qu'il suit ancy come le dil Jehan Ile
Salles m'a raporté de par vous. El sy chose vous plest que fere
puisse, fêtes le moy savoir pour le acomplir de bon cuer, priant
Dostre seigneur qu'il vous aie -u la guarde. Esoi il à Chastelledou,
le xiij- jour de mars.
De la muni de Rodrigue :
Le tout vostre Rodrigo de Villaandrando.
Sur l'adresse : A mes 1res chiers seigneursel grans amis les
ctuiseilliers, manans et abitans de la ville de Lion.
\\\IV
I ... geinenl de la terre de Moutgilbert à Rodrigue de Villandrando
l'acquittement .l'une somme de six mille écus d'or qu'il avait pi
deBouibon. — Original sur parchemin des trehives nationales P
cote 139.
là avril 1 i" i
Rodrigo de Villandrando, conte de Ribedieux, i tous ceulx
qui ces présentes lectres verront, salut. C te mon très doublé
VIE HE RODRIGUE
seianeur, monseignour le duc de Bourbonnois et d'Auvergne, me
ail l, aillé en engaigiere el ypothèque les chaste), chastelleniej
(,,,]■,. el niandeiiicnl de Montgîlhcrt, séantou p aïs de Bourbon-
nois ensemble les cens, rentes cl revenues, pour la somme de six
mille escus que je lui ay prestez, comme ces choses sont conte-
plus applain es lectres de mondit seigneur le duc, des-
quelles la teneur s'ensuit :
- Charles, duc de Bourbonnois el d'Auvergne, conte de Gler-
monl el de Fourez, cl seigneur de Beaujeu, per el chamberier de
l-'rance, à tous ceulx qui ces présentes lectres verront, salut.
Comme nostre très ehier et féal ami, Rodrigo de Villandrando,
conte de Ribedieux, nous ait preste les parties et sommes d'or
(mi s'ensuient, c'est assavoir, comptant, pour le fait de nostre
dcsiiense, la somme de quinze cens escus d'or, et aussi ait baillé
par nostre commandement à nostre amé Henriet Gencien, lors
prisonnier, une lettre obligatoire el seellé qui lui a torné à
prouffit en acquit de sa rençon, la somme de sept cous escus d'or,
que lui devons paicr, et. oultre ce nous ait présentement baillé et
preste comptant la somme de trois mille huit cens escuz d'or:
lesquelles parties fonl en tout la somme de six mille escus d'or
de bon pois : nous, voulans ledit Rodrigo estre asseuré dudil
près) et Minime de six mille escus d'or, à icelui Rodrigo avons
baillé et baillons par ces présentes, pour le dit presl et somme, en
engagière cl ypothèque, les chaslcl, cbaslellenie, terre et, man-
demenl de Monlgilbert, séant ou pais de Bourbonnois, ensemble
les cens, rentes, dismes, porcions et autres droiz et devoirs d'icelle
, bastellenie cl terre tenir eL en prendre les prouffiz et émolumens,
jusques il sera parpayé de ladite somme de si\ mille escuz. pour-
veuque, chacun an, en acquit d'icelle somme de six mille escus, il
prandra les revenues, cens, renies ci , mires devoirs d'icelle terre
de Montgilberl pour la somme de cent cinquante escus d'or, et
le surplus de la value de ladicte terre ledit Rodrigo prandra pour
la garde de hulule place el forteresse, gaig< - d'officiers, tenir les
édif lices de la forteresse, granges, molins eL antres demaines en
el \ faire les reparacions nécessaires. Vvecques ce, toutes les
loi/ (pie nous vouldrons rendre el paier audit Rodrigo ladicte
somme de six mille escus d'or, ou ce qui en restera, desduil ce
qu'il aura levé des r venues en l'acquit de la dicte somme et ou
pris dessus louchié, ledit Rodrigo sera tenu de nous ou aux nos-
In's délivre franchement et quiclement lesdiz chastel, chastelle-
DE VIII \> DR \.n|mi.
nie, tenv cl mandement de Montgilbert. En oultre, durant le
temps que ledit Rodrigo tiendra lesdiz cliastel, cbastellenie et
terre, recevra des subgiez et autres qui puet toucher, les droit
anciens, ordinaires et acoustumez, sans prandre ne exiger •in-
cline novele desdiz subgiez, et paiera ledit Rodrigo Ces, aumos-
œs, vicairies et autres charges acoustumées d'estre paiées en et
sur ladicte terre, durant le temps de sa tenue. I.t s'il advenoit
que nous voulsissions rendre lesdia chas tel, cbastellenie et terre
de Montgilbert es desceiulens et ceuh du lignaige du feu seigneur
de Listenoiz, ou à autres y prétendens droit, nous le pourions
recouvrei' dudil Rodrigo, et sera tenu de les nous bailler, moyen-
nant ce que nous baillerons une autre plue à icellui Rodrigo ri
autant de terre comme vault celle dudit Montgilbert, laquelle le-
dit Rodrigo tiendra par la forme et manière et soubz les conve-
nances, condicions et pactez que de présent lui baillons ledit
Montgilbert, ou lui baillerons ladicte somme d'or pour laquelle
il la tient en gaige, ou ce qui en restera. Kl les choses dessus
dictes, tant au regart dudit Rodrigo comme de ses hoirs et BUC-
cesseurs et qui de lui auront cause, promectons en bonne l<>\ et
en parolle de prince, obligons à ce nous, noz hoirs et biens pre
sens et avenir. En tesmoing de ce nous [avons] fait mectre nostre
seel à ces présentes. Donné à Vienne, le w0 jour du mois d'avril
après Pasques, l'an de grâce mil quatre cens trente et quatre, t
Je Rodrigo, dessus nommé, promet par la foj et seremenl de
mon corps et soubz l'obligacion de tous mes biens, presens et
avenir, prandre et tenir ladicte place et terre île Montgilbert en
engaigière. prandre et lever en acquit de ma dicte debte, chacun
an, les fruiz d'icelle terre pour la somme de cenl et cinquante
escus d'or, rendre et rebailler ladicte place et terre franchement
et quictement, moy parpaié de ladicte somme de -i\ mille escus ;
et au surplus feray et acompliray les choses contenues es lectres
de mondit seigneur dessus transcriptes, en tant que me touehentet
puent toucher, et regardent mon fait; et tout, sens fraude, baral
et malengin. En tesmoing desquelles choses. j',i\ mis mon seing
manuel et aussi mon seel à ces présentes, lionne à Vienne, le
xvj" jour d'avril, l'an mil quatre cens trente et quatre, après Pas-
ques.
Signé, Rodrigo de Villaandranlu.
264 VIT. DE RODRIGUE
XXXV
Reconnaissance d'un prêt de mille écus d'or fait par Rodrigue de Villandrando
i Jean de Comborn, seigneur de Treignac. — Original en parchemin dos
Archives nationales, P 15722, cote 2124.
(20 avril 1434.)
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut en nostre
Seigneur. Sachant tuit que l'an de nostre Seigneur mil quatre
cens trente et quatre et le vintiesme jour d'avril, vien en personne
en la présence de moy, Pierre de Rovereaz, notaire et tabellion
publique usant des auctorités impériale, royalle et dalpbiuale, et
des tesmoings ey après nommez, personnalment establi pour les
choses qui s'ensuient, noble et puissant seigneur, Jehan viconte
de Conbourt, seigneur de Treignat au pais de Limosin, lequel de
son bon gré, bonne volonté et certaine science, si corne il clisoit.
confesse devoir et loyalment dépaver estre tenu pour soy et pour
les siens au temps avenir, héritiers et successeurs quelconques,
à noble et puissant seigneur Rodigue de Villandrando, conte de
Ribadieux, cappiiaine pour le Roy nostre sire de certain nombre
de gens d'armes et de trait, à ce présent, recevant et sollempnc-
menl stipullant pour soy et pour les siens au temps avenir, héri-
tiers et successeurs quelconques, moy, notaire publique dessus dit,
tant corne publique personne, présent et sollempnement stipul-
lant pour et au nom dudit Rodigue, conte dessus dit, et des siens
et de tous ceulx qu'ilz pourrait appartenir de présent ou au temps
av.nir, quelque manière que ce soit, s'est assavoir la somme de
mille escus d'or bons, vieulx et du pois de Ixiiij au marc, et ce à
cause de bon, vray et licite prest, par ledit seigneur de Treignat,
corne il dit et affermet, eu et loyaulment receu dudit Rodigue,
conte dessusdit, en son bon besoien, prouffil et utilité, sans fraude,
decepeion et barat quelconques. Laquelle somme de mille escus
d'or dessusdit a promist et promet par ces présentes ledit seigneur
de Treignac, par sa foy et se renient de son corps, pour soy et pour
les siensau teins avenir, héritiers et successeurs quelconques, sur
sains de Dieu euvangilles corporelinent preste et soubz expresse
obligacion et ypotheque de tous ses biens meubles et inmeubles,
presens et avenir quelconques, de baillier, paier et rendre audit
DE VILLAN DB \N DO.
Rodigue ou es siens el certain commandement, J » larmonl en
Auvergnie, en l'ostel appelle de Jehan de Noyer, boui gois el n ai -
chant (Imlit lieu, es termes et solucions qui 9'ensuienl s'esl
assavoir, cinq cens escus d'or à la feste de la Nativité nostn S
gneur prouchenement devoir avenir, et li s autres cinq cens escus
d'or à la Peste de Penlecostes prouchaine ensuiant ; toutes excep-
cions et deffenses tant de droit comme de fait cessaus, avecques
tous fraiz, missions, domaiges, interest el despens, lesquelx,
occasion el eau»' des choses dessus dictes, auroienl estez faiz,
encurrus ou substcnus par ledit Rodigue ou les siens, quelque
manière que ce soit. Pour lesquels choses dessus dictes mieux
devoir attendre el acomplir par ledit seigneur de Treignat el les
siens, icellui seigneur de Treignat, de son bon gré et bonne vo-
lonté, tous ses biens meubles et inmeubles quelconques .1 obli-
ger et submist, et par ces présentes oblige! el submel es juridi-
cions, compulsions ci distroit de les cours du pelil seel royal de
Montpellier, de monseigneur le bailli de Mascon, seneschal de
Lion, duviguier de Sainte-Golumbe lèz Vienne, el de toutes aul très
cours royaulx, dalphinaulx et séculaires, en quelque lieu ou lieux
qu'elles soient ordonnées et eslablées, el de chacune d'icelles pour
le tout; cl ce par prinse, vente, aliénacion, explectacion et dis-
traction de Ions ses biens quelconques, et autrement parla plus
forl manière que fore se poura, et tellement que l'execucion qui
sera comencée eu l'une d'icelles cours ne puisset impescher ne
tourbe l'autre court. En renunczantsur.ee ledil seigneur de Trei-
guac, de sa certaine science, pour soj el pour les siens, '■< toutes
exceptions et deffenses tant de droil come de fait, et à tout droit
escript et non escript, et à toutes coustumes par le moyant des-
quelles ou aucune d'icelles ledit seigneur de Treignat, debteur, ou
les Mens, se vouroient et pourroient aider el deifendre à venir à
l'encontre des choses dessus diti s ou aucune d'icelles; à droit <pii
dit la confession faietc hors de jugement et oon par devanl jod
juge compeclant non estre vallable, et à toutes autres renuncia-
cious, excepeions et raisons pour lesquelles ou aucune d icelles
le. tit seigneur de Treignac se pourroit aider à venir à l'encontre
des choses dessus dites, el specialment à droit disant la générale
renunciation non vallable, >e la principal ne vait devant.
quelles choses dessus dictes ledit Rodigue a demandé et requis à
luy estre faicte lectre ou publique instrument par moy, tabelhou
royal dessus nommé, à ce presant el astant. Fait et donne .1
VIE DE RODRIGUE
Vienne, sur les estres de lu maison forte appelle de les Chaveulx
,1,. Vienne, presons nobles homes, messire Jaques Du Boys, che-
liois, inaislre Jehan le phisicien, demourans avec
,, ,1e Bourbon; Jehan Bennoit de Tallart, escuiers, el
1,1, m [»,, tier de Treifort, clerc, habitans de Vienne, tesmoings à
el|(Z el n«|uis. VA pour plus grant fu mité des choses dessus
. nous. Jehan de Saint-Ean, lieutenant de noble home Pierre
: ocuier. viguier de Sainte-Columbelez Vienne pour le Ro)
•i |,i relation dudit tabellion royal à nous faicte des
choses dessus dictes, à la requeste desdictes parties, le seel royal
île ladicte court de Sainte-Columbe avons mis el apposé à ces pré-
sentes lectres.
Ainsi [tassées par devant moy, tal ellion publique royal, dessus
c 1 i t en pn - tesmoings dessus nommez, sons le seel royal
[icte court de Sainte-Columbe, tesmoing mon seing manuel
mis à ces présentes. Signé: V. deRoverea.
XXXY1
Vil en ! U», pn n e meurtre de deux homme?
h compagnie de Rodri: n lo, à Saint-Jnst d'Avray
ni ficinijolais — Archives nationales, Reg. .1J 179, pièce 70. ;
Événements de I 17>4.
Charles, etc. Savoir faisons, etc., nous avoir receu l'umble sup-
on de Anthoinede Saint-Pol, laboureur de terres, parroissien
t-.lust d'Avraj ou mandement d'Amplepuys, Jehan Baron,
Martin Dumonl , Berlhelemi Chavel et Perrenin Fournyer, tons
parroissiens du dit lieu de Saint-Just d'Avray et habitans ou man-
dement d" Chamelet, ou pays de Beaujouloys, contenant que,
quarlorze ans a ou environ, ou temps que Rodiguo de Villendrade,
capitaine de gens d'aï nu s , el ses gens demouroient en la ville de
Charlieu, deux hommes de guei re de la compaignie dudit Rodiguo
nièrent en l'ostel dudit Anthoine, et lui dirent qu'il les logeast en
sondil hostel, et qu'ils le payeroient de ce que il leur bailleroit;
lequel Anthoine les logea en sondil hostel, et leur bailla foin,
avoine, pain, char et autres i hos - à euh nécessaires, excepté vin,
pour ce que il n'en avoil point. Et quant lesdites gens de guerre
eurent souppé et pensé de leurs chevaulx, ilz se misdrent à dormir
Dl VILLANDRANI
en la litièn le leursdiz chevaulx ; et, euh dormam
ledit Anthoine voyanl lesditz g< ns d endormiz el consi-
dérant les affliccion
in.iulx énormes el tu s et dommaiges, que I s gens dudil
10 el des autres capitaines suivaiis les roi ni es
pays de Beaujouloys el aux habitans d'icellui, yssil hors de dit
bostel, 1 1 s'en al i liastiveraent, sans le s< eu de sa li hum.' ne autre
de son bostel, •' - hostelz el domiciles desdiz Jehan I Martin
Dumont, èsquelz il trouva les dessusdiz; et d'ilec, s'en ala en l'esglisi
forte dudil Saint-Jusl d'Avray, où il trouva Barthélémy < bave! el
Ledit Perrin Fournyer, paroissiens dudil Saint-Jusl ; à un. chas( un
desquelz particulièrement ledit Anthoine il-' Saint-Pol disl que en
son bostel estoient logiez deux hom - de guerre, lesquelz
estoient bien montez, et avoient de l'or el de l'argent, el que
pour ce il les convenoit destrousser et avoir ce qu'ilz avoient ; et
que, pour ce faire et adviser entre euh la forme el manière, leur
disl qu'ilz venissent vers la chapelle Saiîit-Laurens, près à ung
traict d'arbaleste de ladi ;te '-lise forte. Lesquelz, ensemble ledit
Anthoine, incontinent après se assemblèrent auprès delachapelle,
et auprès d'un pillier estant au sud i\r l^ti' une Gerry, et ilecques
les dessusdiz Anthoine de Saint-Pol, Jehan Baron, Martin Dumont,
Berthelemi Cbavel et Perrin Fournyer, supplians, parlans des
dessusdiz hommes de guerre et doubtans que, s'ilz les deslrous-
soienl seulement, que la chose ne feust sceue, disdrent entre euh
qui les convenoil tuer ou les laisseï .1 er sans leur faire mal ; et à
la fin délibérèrent de les prendre, tuer el destrousser. El de fail
les dessusdiz, embastonnez chascun d'un espicu, excepté ledit
Martin rpii portoit une serpe à son col, s'en alèrent auprès de
l'ostel dudit Anthoine, et, eulx estans près dudil bostel, Ledit
Anthoine entra dedans sondit bostel et au celier ou cstable où
estoient dormans lesditz gens de guerre et leurs chevaulx. Ledit
Anthoine ouvry la porte du celier ou estable où estoient lesdilz
gens de guerre, telemenl que les autre- ses complices et supplians
entrèrent <>u<, el prindrenl lesditz gens de guerre et les lièrent,
et iceuh menèrent, ensemble leursditz chevaulx, jusque* au mi-
lieu du bois appelle du Sappej : et euh estant illec, environ
mynuyt, lesdiz Anthoine de Saint-Pol, Berthi lemy Chauvel et Pei
renin Fournier, tenans le plus vieil desdiz hom - d'ara
ledit Jehan Baron le plus jeune, ledit Perrenin Fouruier <hst
ausditz cens de guerre qu'ilz se confessassent l'un à l'autre. La-
2fi8 VIE DE RODRIGUE
quelle chose il/, ne vouldrent faire, mais défait s'efforça ledit vieil
lionime d'eschapper desdiz Antlioine et ses compaignons. Et
ce rayant ledit Aiithoine et doubtant que s'ilz leur escliappoient,
qu'ilz ne feusseiil perduz et destruiz par ledit Rodiguo et autres
gens de guerre, ledit Aullioine de Saiut-1'ol mist parmy la gorge
audit plus vieil desdietz gens de guerre l'espée dudit liomme de
guerre, laquelle ledit Ânthoine lui avoit ostée en le prenant et
lyanl en sondit hostel, et semblableinent ledit Jeban Baron tua
ledil autre jeune homme de guerre du coustel propre d'icellui
liomme de guerre, lequel il lui avoit semblablement osté de son
couslé ; et ce pendant ledit Martin Dumont tenoit lesditz chevaul.v
desdietz gens de guerre à un traict d'arbaleste ou environ hors
ledit bois. Et illec les dessusdiz laissèrent lesdietz gens de guerre
mors, vestuz seulement de leurs chemises, ohaulses et soliers,
pour ce que, avant qu'ilz les tuassent, leur avoient osté robbes,
chapperons , chappeaulx et autres habillemens qu'ilz pouoient
avoir, combien que lesdiz supplians ne leur ostèrent ne trouvèrent
unu seul denier. Après lesquelles choses, lesdiz supplians s'en
alèrent en ce point chascun d'eulx en leur bostel et ailleurs, où
bon leur sembla; et ledil Martin emmena lesdiz clievaulx au boys
appelle le I raviner, où il les tint jusques le landemain au soir,
qu'il les mena en l'ostel appelle de les Salles; et illecques garda
lesdiz chevaul.v deux ou trois jours, et jusques à ce que tous lesdiz
supplians, une nuyt, se assemb'èrent oudit hostel de les Salles ,
et illec délibérèrent tous ensemble que lesdiz Perrenin Fournyer
et .Mutin Dumont yroient vendre lesdiz chevaulx au lieu de Vienne.
Lesquelz Perrenin et Martin alèrent à Vienne vendre lesdiz che-
vaulx, ledit Perrenin vestu ds la robbe dudit jeune liomme de
guerre , et ledit Martin vestu de la robbe d'un nommé André
Peupet, ygnoscent toutes voyes dudit cas. Auquel lieu de Vienne
les dessusdiz vendirent lesdiz chevaulx le pris et valeur de neuf
bons escuz; et ce fait s'en retournèrent tous ensemble audit hostel
de les Salles, et illecques, environ l'heure de nonne, firent par-
tage et division entre eulx des biens et destrousse qu'ilz avoient
desdietz gens de guérie, telement que lesdietz Martin et Perrenin
Fournyer baillèrent le pris desditz chevaulx, et avec ce ung chas-
cun d'eulx ce qu'il avoit eu de ladicte destrousse. Et ilec les biens
d'ieelle destrousse eslans en ung tas furent par les dessusdiz avalez
et départiz, ensemble ledit pris desdiz chevaulx, et telement que à
leur pouoir ilz départirent entre eulx, par égale porcion et le plus
M VIII \Mi|; \ SDO.
justement qu'ilz peurent, ladicte destrousse. Lequel i ta ainsi
lut et avi nu est d( tnouré sans venir à notice de justi< e, jusq
u'aguèresque lesd / supplians, doublant qu'il ne viengne 3 la im-
lioe et congnoissance tic aoz officiers et ceulx de nostretrès chier
cl 1res amé cousin le duc de Bourbonnoys, et craignanl rigueur
de justice, se sont, à l'occasion dudit cas, absentez du pays, et
u'oseroieul jamais j retournci • grâce el miséricorde
ne leur estoient sur ce imparties; humblement rr.iuiM.ui> que,
aclendu ce que dit est et que lesdiz supplians, pour les -
.1 énormes pilleries, roberies, raençonnemens, boutemens de feux
et autres maulx,dommaiges, inconvéniens, innumerables i ruaultez
et tyrannies que fai soient au poure peuple souffrir lesdietz
gens de guerre qui esloienl oudit pays de Beaujouloys, el mes-
mement que. au temps dudit cas advenu, tous les manans el
babitans dudit lieu de Saint-Just, ou la plupart d'iceulx, estoient
retraiz en la dicte église foite pour double desdicU gens de
u uerre, à l'occasion desquel/ lesdiz babitans souffroient plusieurs
grans nécessitez, pouretez et indigences, tanl en leurs personnes
que en leurs biens, et n'osoient partir de ladicte église forte pour
doubtë de leurs personnes; à l'occasion desquelles choses lesdiz
supplians estoient comme forsem / et hors de sens, et commi
désespérez, et cuidoient recouvrer leurs pertes sur lesdietz gens
de guerre; et que en autres choses ils sont gens de bonne fami .
renommée et honneste conversation, etc Pourquoy nous, etc...
avons remis et pardonné, etc.. Donné à Tours, le dixiesme jour
du mois de lévrier, l'an de grâce milce.ee m.vii, et de nostre règn<
le XXVIe.
Ainsi signé: Par le Roy, à larelarion du Conseil, Rolant. I isa
Contenter, P. Le Picari .
KXXVII
Q iHlances de solde payée, sur une aide votée par les États du Bas-1 imousin, ■
divers seigneurs <|ûi avaient iéfendu Ussel el tfeymac
Villandrando. — Originaux en parchemin, ms. français, n. 22420 de li
Bibliothèque nationale, pièces 54, fô, 16 et ii Communi( tlion de M. I"
I • -ne de Beaucourt.
(Événements de juin, juillet, août I 135
I. NousCharles, conte de Vantadour, certefions parces présentes
avoir esté bien et léaument paies et comptant de h han Bi aupeil,
VIE DE RODRIGUE
ur général pour le roy nostre sire ou bas païs de Limosin,
de l'ayde octroyé en la ville d'Ussarches ou moys d'aoust darre-
nier passé, de la some de Iroys cens quatre vingt dix livres tour-
nois; quelle somme nous avoit esté donnée et acordée h ladite
journée, par les gens des troys Eslaz dudit bas païs, prandre et
avoii sus les deniers de la recepte dudit receveur, pour avoir cslé
et demouré es villes de Ussell et de .Memac en garnison l'espace
de deux moys, à l'encontre de Rodrigon et du bastart de Bour-
bon, qui estoient entiez oudit païs pour y fere et porter plusieurs
maulx et demages, ensin que plus à plain est contenus eu rolle
des fraiz dudit aide. De laquelle somme de troys cens quatrevings
dix 1. t., comme dit est, nous nous tenons pour comptans et bien
paiez dudit receveur, et l'en quictons et touz autres à qui de-
mende en pouroit estre faicte. Donné à Yantadour, soubz nostre
seaux et saign manuelz, le xe jour du moys de juing l'an mil imc
XXXVI .
Signé, Yantadour.
2. — Sachant touz quege, Johan de Lobertes, seigneur de Las-
coulz, certefie par ces présentes avoir esté bien comptante et paie
de Jehan Beaupeil, receveur général pour le roy nostre sire ou bas
païs de Limosin, de l'aide octroie en la ville deUssarcbesoumois
d'aoust darrenier passé par les gens des troys Estaz de dit païs,
de la somme de xx 1. t. à moy donnez et acordés par les gens des-
diz troys Estaz pour avoer esté en garnison es villes de Ussel et
de Memac, à l'encontre de Rodrigon et d'autres qui estoint entrés
oudit pais, enxin que plus <à plain est contenu ou rolle desdiz
fraiz. Sv en suys comptant dudit receveur, et l'en quicte et touz
autres. En tesmoing de ce, j'ay signé ces présentes de ma main
et scellés de mon seeu, le vie jour de may l'an mil imc et xxxvi.
Signé, J. De Lopbektes.
ô, — Sapchan tutz que je, Nicolas de Malmon, seigneur de
Malmon, confesse avoir esté bien ri loyaumeut paie de Jehan
Beaupeil, receveur général pour le roy nostre seigneur an bas païs
de Lemosin, de l'aide octroiée et mis sus par les gens des troys
Estas dudit pays eu La ville de I serche eu moys d'aoust darrenier
passé, de la somme de quarante livres lornois à moy donné et ac-
ebrdé par lesdictes gens des troys Kstas, pour avoir esté en la gar-
nison des villes d'Ucel et de Meymac à l'encontre de Rodigro («te)
DE Ml 1 A > I » 1 ; \\ DO.
et de autres, qui estoient entrés audit pays pour] fere et pourtei
pluseurs maulx et domaiges, ainssi que plus à plein est contenu
ou roi le desdiz !': .ii/. De laquelle somme je metians poui contens
dutiit receveur, et veulh que madicte quictanceet acquit !i vai he
descharghe partout ont il appartiendra. I> lé soubz mon ••
saing manuel, le w jour de février, l'an mil quatre cens trente
et cinq.
Signe, Mai mo.n.
4.— Sachent touzquege, Loysd'Escourralle, < lie\ ilier, seigneur
d'Escouralle, confesse avoir esté bien el léaument paiéde Jehan
Beaupeill, receveur général pour le roj nostre sire, ou Bas-1
mosin, de l'ayde octroyé et mis su- par les gens des troys I
duditpaysen la ville de Usarches ou moys d'aust darrenier |
de la somme de quarante 1. t. à moy donné et acordé par les gens
des trois [Estaz] dudil païs, pour avoir esté es garnisons de I ss I
et Memac à l'encontrede Rodrigou et d'autres, qui estoienl entrés
oudit pays pour y fere el porter pluseurs maulx et dom
enxin que plus à plain est contenu ou rolle desdiz fraiz. !•'• la-
quelle some je mettiens pour comptant dudil receveur, et vu. il
quemaditte quittance luy vaille aquit et descharge partout ont il
apertendra. Donné soubz mon seau et signé de ma m un, I" wiu"
jour de février, l'an mil quatre cens et trente et cinq.
Signé, Loys d'Escorralle.
XXXVÏ1I
Rémission accordée en 14i7 à Jean Delaporte, complice dee ravages
par Rodrigue de Villandrando dans le Das-Liinousin. — Registre IJ 179,
pièce 15, aux Archives nationales.
(Événements du mois d'août 1455.)
Charles, etc., savoir faisons, etc, nous avoir receu l'umble
supplicaciou de Jehan de la Porte, autrement dit de Velay,
de quarante cinq à cinquante ans ou environ, contenant que il nous
a servi le temps passé en uoz guerres, nous estans daulphin de
Viennois et avant que pervenissions à la couronne, et aussi après,
en la compaignie de plusieurs capitaines, et mesmemenl en l«
compaiguie de feuz le viconle de Narbonne et de Amaor] à<
VIE DE RODRIGUE
Sévei ic, lors mareschal de France, en nostre païs de Normendie,
à la bataille de Cornan (sic) oudit païs, où il fut en la compaignie
des dessusdiz, et en plusieurs autres batailles, rencontres, prinses
el assaulx de places et chasteaulx et forteresses qui estoient oc-
cuppées par noz anciens ennemis les Anglois; et entre autres
places ledit suppliant print d'eschielle la place d'Ivry-le-Chasteau,
oudit pays de Normandie, laquelle tenoient nos diz ennemis;
lequel suppliant, du temps que les Bourgongnons estoient à nous
désobéissans et tenoient le party de nos diz adversaires, fu à lever
les sièges de Lestang et de Montlardier, et aux sièges de Besicrs
et de Ilylevet, et fut à la prinse de plusieurs chasteaulx et places
que tenoient et occupoient lors les diz Bourgongnons en nostre
pays de Languedoc; et depuis nous a servy ou voyage de Tartas,
et fut à la bataille ordonnée par nous en Guienne, oudit voyage
deTartaz, et au siègedeServerete.etfut à la prinse d'une place que
ung nommé Salnove, qui estoit Bourgongnon, tenoit. Et pour soy
tenir en nostre service et nous servir ou fait de nos dictes guerres,
ledit suppliant a esté prisonnier vin ou ix foiz, tant de noz diz enne-
mis les Anglois que des diz Bourgongnons; à l'occasion desquelles
prisons et pour soy délivrer d'icelles, lui a convenu païer plu-
sieurs grans sommes de deniers à lui importables, de quoy il a eu
et enduré plusieurs nécessitez et indigences, et lui a convenu
engaigier la plus part de sa chevance, dont il est moult apovry.
Pendant lequel temps que ledit suppliant s'est employé en nostre
service, il a aucune foiz tenu les champs et vescu sur iceulx, et
pour vivre et avoir de quoy soy entretenir, il a fait et a esté à
plusieurs courses, pilleries et prinses de places, lesquelles estoient
en nostre obéissance à noz subgiez, et mesmement au siège de
Montelerie et de Argenes ou pays deGevaudan, en la seneschaucée
de Beaucaire, et print la place de Rochefort oudit pays de Velay
par eschielle; et a ledit suppliant fait et donné à noz subgiez
plusieurs dommaiges et pilleries, prins bestial gros et menu,
m i Uni vendu, mengié butins et partie raençonné. Et a esté en
garnison à Rochefort, à Pézenas, à Gabrières en nostre pays de
Languedoc, et a terni les champs avecques plusieurs rouptiers et
capitaines de gens d'armes, comme dudil viconte de Narbonne,
\ lii.nuA de Séverac, Jehan Boulet, Boudigo de Yilleandras, le
sire de Lestrac, Giraud de la Paillère, Jehan Valecte et plusieurs
autres; èsquelles garnisons et compaignies il a fait et commis
el esté à plusieurs (ourses, pilleries et roberies et a couru et
DE HLLAHDRAHDO.
espié 'li rains, foires 1 1 marchiez, d( stroussé el d<
d'église, marchans el autres, el toul - manières de .. qu'il
pouoit rencontrer, et iceulx raençonnez; et aucunes t
à prises d'aucunes placi - estans en nostr ■ obéissance où il j avoil
meurdre commis el perpétré, mais oncques ne le fisl n nsenli
faire; et plusieurs autres crimes et délias ce pendant el duranl
ledit temps, et depuis a continué et s'est tenu en nostre dil Bervice.
A l'occasion desquelz cas ledit suppliant double que on voulsistou
temps avenir procéder contre lui par rigueur de justice, se nostre
grâce et, miséricorde ne lui estoient sur ce imparties, humblement
requérant que, actendu ce que dil est, el li - gi ins el continuels
services qu'il nous a l'ai/ ei - dictes guerres 1 1 affaires, 1 1 aussi
les grans raençons qu'il lui a convenu paier pour soj délivrer des
prisons où il csloit. etc., et qu'il n'avoit gaiges ne bienfait de
nous dont il se peust entretenir en nostre dit service, el qu'il ne
tint oncques autre party que le nostre, ne a esté en compaignie
ou service d'autre qui tenist party contraire à nous, il nous plaise
sur celui impartir icelles. Pourquoy nous, actendu cequedit est,
eic. audit suppliant, etc., avons quiet/' remis pardonné el aboly,
et de nostre grâce espécial, plaine puissance et auctorité royal
remectons. quittons, pardonnons et abolissons par ces présentes
les l'ai/ et cas dessusdiz avec tous autres quelconques par lui
commis et perpétrez durant lesdictes guern s, à l'occasion d'i
et depuis ledit temps, lesquelz nous voulons i< \ estre tenu pour
exprime/ sans ce qu'il soit tenu d'en faire autre déclaration, avec
toute peine, amende et offense corporelle, criminelle et civile,
en quoy il pourroit, à l'occasion des cas dessusdiz ou d'aucun
d'eulx, estre encouru envers nous et justice, sauf el réservé toutes
voyes meurdre d'aguet apensé, avoir bouté feu, violé églises el
forcé femmes, el aussi pourveu qu'il n'ait tenu party contraire il
nous ne esté en compaignie ne service autre qui l'ail tenu, ct<
Donné à Bourges, au mois d'aoust. l'an de grâce mil marante
et sept, et de nostre règne le xxve. Ainsi signé : Par le Roj en son
Conseil, Rolant. Visa. Contenter, h. De La Garde.
18
VIE I> H RODRIGUE
XXXIX
des délibérations du corps de ville de Tours pour les années
I r,.'i I i"t'i. et du registre des comptes, u. 20 de la même ville, concernant
1, m'jhiii il Un li ig le \ ill indrando devant T s.
[Septembre I i~V
! Le Min" jour dudit mois de septembre ensuivant, oudit an
(m ccccxxxv), Jehan Godeau, lieulenanl présent, se sonl assemblez les
esleuz ut commis de lad ici e ville, maislre Girault Bairre et Geffroy
Gobin pour l'église de Tours, maistre Guillaume de Neufville pour
MM' de monseigneur saint Martin, etc., pour délibérer quelle pro-
vision (m pourra trouver pour résister et donner provision aux
maulx el oultrages que font de présent les gens d'armes et de trait
estans logez près el environ cote ville.
Sur quoy onl délibéré qu'il est de nécessité de envoyer par
devers le roy, pour lui remonstrer lesdiz maulx et inconvcnkns,
afin que le roy y donne provision, ou autrement tout est perdu;
et que on y envoyé un mandement biief.
On y a esleu pouryaler frère Jehan Bereau, Jacobin du couvent
de Tours. El le lendemain ycclui Bereau se partit pour aler à
Bourges, et lui furent baillées lettres closes adreçans au roy,
unes autres à Messeigneurs de son grant Conseil el unes autres à
maislre Jehan Picart, avec mémoires et instructions des choses
qu'il avoil à p lursuir, etc.
2. — Le wiiir jour dudit moys ensuivant, au tablier de la
dicte ville, Jehan Godeau, lieulenanl présent, se sont assemblez
leuz de ladicte ville et le connus pour les gens d'église d'icclle
ville, etc., pour < ntendre le rapport dudit frère Jehan Bereau qui
celui juin- estoit arivé de son voyage de Bourges, lequel il list;
c'est assavoir qu'il avoil présentées sesdictes lettres closes tant au
roy que autre- à qui elles se adreçoient, et leur avoil dit la
créance qui lui avoit esté chargée et baillée par mémoire, tant
desdict ucs il des maulx qu'ils faisoïent, que
du rabès de la taille. El dit que le roy a esté nés mal content et
dcsplaisant de ce que lesdietz gens d'armes esLoient venuz loger
près de ceste ville; el incontinent que le roy avoit receu lesdictes
DE Y I II. \ NUI; kSDO.
lettres closes, ilavoit ordonné iiiconlinenl faire lettres 1 1
çans au baslarl de Bourbon et autres, pour les Faire in ntinenl
desloge/, etc.
7>. — (Du chapitre Voyages) : A frère Jehan B< r< iu, religieui
du couvent des jacobins de Tors, la somme de six livres tournois
à lui tauxcc et ordonnée par lesditz esleuz, près ns plusieurs des
babitans tic la ville, pour un voi ge par luyfail devers le i
Courges, porter lettres de la ville ad ce qu'il pleust au roj mander
à Rodigue, qui estoil logé partout ycj environ, que sedcslogc si ;
et qu'il pleusl au roy faire rabais à ceste éleccion de la taille qui
à présent se y licve, et donner ses lettres que toutes manières de
gens y contribuent, fors seulement ceuh que le r<>\ en a exemptez
par ses lettres par lesquelles ladietc taille a este mise su-. En quoy
ledit frère Jehan Beréau a besoigné, au reg.irt desditz Rodig
que le roy leur a mandé par se- lettres se deslogier incontinant.
Quant audit rabays, il ne y a peu riens faire, mais à impel
aporlé mandement que toutes manières de gens contribuent ï la
dicte taille. Ouquel voiage il a esté et vacqué dix journées entière
Pour cecv, paie par mandement desdiz csleu/ donné le xxiie jour
de septembre l'an mil cccc xxxv, cy rendu, vj 1.
4. (Du chapitre Despence commune : A Estienne Bernarl la
somme de vint sol/ tournois, pour avoir faict l'eschauguete sur la
tour feu Hugon par le temps de huyt jours que les FAodigo
toient logez en la Varenne, à ce que les portiers el autres gens
de la ville ne fèussent pareulx seurprins. Pour ce, par mandement
desdiz esleuz et quictance donnée le ixe jour d'octobre l'an mil
unc xxxv, cy rendu, xx s.
XL
Acquisition pour ttoilriguc de Villandrando et en son nom d'une propriété
sise au Puy-la-Forge entre Chantelle et Charroux. — Original en ppici dei
Archives nationale?, P 13751, cote "iiMi.
(15 décembre I 13
A tous ceulx qui orront et verront ces présentes li ltres,Colas Dems,
conseillier monseigneur le duc de Bourbonnoys el d Uvergne e
sarde du seel de la chancellerie de sondil ducliié de B
VIE HE RODRIGDE
salut. Savoir faisons que par devant noslrc amc et féal Jehan Sei-
gnoret, clerc juré, notaire de la court de ladicle chancellerie et
h nostn , auquel quant à ce nous avons commis nostre povoir du
tout en tout, personnelmcnt establie Huguele, fille Jehan Tau-
vinon, femi le Perrin Brysson, ladicte Huguete, de l'auctorité,
vouloir cl consentement de son dit mari, parrochien de Tassât,
laquelle de son bon gré, pure et franche voulunlé, sans nulle
contraincte, a cogneu et confessé avoir vendu, cédé, quicté, dc-
ct dès maintenant à perpétuité transporté à noble et puis-
sant seigneur monseigneur le conte de liibedieu, seigneur d'Usscl,
aceptant par frère Lyonnartde Mous, prieur d'Usse!, à ce présent,
stippullant et aceptant pour ledit monseigneur le conte, pour le
pris et somme de quinze réaulz d'or de bon or et de bon poix,
desqueuh icelle Huguete, à l'auctorité de sondit mari, s'est
tenue par contente et bien payée, et en a quicté et quiète par ces
présentes ledit monseigneur le conte de Ribedieu, à ce aceptant
ledit frère Lyonnait de Mons, pour lui et les siens : c'est assavoir
une maison , seu, peason, ort et apparlenances d'icclle, assise
ou terroux du Puy le Forge, tenant au chemin commun par le-
quel l'en vait do Chantelle à Charroulx devers nuyt, d'une part,
à ung chemin commun devers bise, d'autre part, au pré de
mondit seigneur de IUbedieu qu'il a acquis de Seguin, devers
orient, d'autre part, et à la terre de mondit seigneur le conte de
Ribedieu devers midi, d'autre part; et tout le droit, action, pro-
prielté et possession que ladite Huguete, à l'auctoiité que dessus,
a\oit et povoit avoir es choses par elles vendues et confinées
comme dessus est confiné, et desquelles, à l'auctorité de sondit
mari, s'est desmise, devestue et dessaisie, et en a vestu, saisi et
mi- en bonne possession et saisine ledit monseigneur le conîc et
les siens à perpétuité par le bail, concession et oclrov de ces pré-
sentes. Et a promis icelle venderesse, à l'auctorité, vouloir et
nlement de son dit mari, par le foy et serement de son corps
el soubz ypothecque et obligacion de tousses biens, meublez et
inmeublcz, preseus el avenir. les choses dessus dites par elles
vendues, à l'auctorité que dessus, deflendre et garentir audit
achapleur ou es sien- les choses dessusdiles envers tous et contre
tous, en jugement et dehors, parmy ce que par mondit seigneur
le unité ou son certain procureur pour lui poieront les cens
acoustumés, en descharghant ladicte venderesse d'ores en avant.
Et quant à ce tenir ferme et agréable d'ores en avant ladicte ven-
Dl VILLANDR Wlm.
deresse, à l'auclorité que dessus, .1 voulu elle el les Biens eslre
contraincte et pellie si par la «lit-: court, par la prise, vente el
eiplectacion de tous sesdiz biens, en renunccnl en ce fait à
toutes actions, exceptions, fraud -, barasen ce fail conlraii
mesmement à droit disant général renuncialion non v loir, se
l*e>pecial ne précède. En tesmoing desquel es cl oses dessusdites,
nous, à la rélacion dudit juré, le seel de ladite < banc» llerie avons
mis et apposé à ces présentes lettres, sauf et réservé le droit de
mondil seigneur le duc el l'autlruy. Donné, tesmoingz 1 ce pn -
sens, Guillaume du Ginestz de Malicorn el Jehannin Lemen
don nie rs, demorans en Charroulx, le quinzeyesme jour de dé-
cembre, l'an mil-quatre cens Ireute et cinq.
XLl
Convention passée entre le duede Bourbon el Rodrigue de Villaodrando
L'assiette définitive des mille livres de revenu stipulées dans •
mariage dudit Rodrigue et de Marguerite <l*' Bourbon. — Original en parche-
min aux Archives nationales, I' 1364, cote 131
(2 août I I"
A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jehan Babute,
conseiller et secrétaire du roy, nostresire, et garde du seel d'icellui
seigneur eu laprevosté de Saint-Pierre le Moustier, savoii faisons
que, pardevant Pierre Douet, clerc juré du roy, noslre sire, etc.,
très liault et puissanl seigneur, mgr. Charles duc de Bourbon-
nois et d'Auvergne d'une part, et noble homme Rodrigu de Vil-
lendrando, conte de ttibedieu, à son nom et prenant en main pour
daiuoiselle Marguerite de Bourbon, seur naturelle de mondit sei-
gneur le duc, d'autre, les dictes parties ont congneu el c infessé
que, comme au traictié du mariage des dis conte de Ribedieu el
Marguerite, mondil seigneur le duc cusl donné en dol el mariage
àladicte Marguerite, et par die audit conte, lors son espoui
uir. à leurs hoirs masles descendens de leur dit mariage, mil livres
de rente en value avecques une forteresse, el fait certaines autres
promesses et convenances, bien à plain déchirées es I tires dudit
traictié, desquelles la ti mur s'ensuit : i A ions ceux qui ces pré-
sentes lettres verront, etc., etc. ' »; mondit seigneui le du<
C'est la répétition de l'acte imprimé ci-dessus, |
278 ME DE RODRIGUE
ferme et agréable les choses par luy promises, declairées es dictes
lectres, pour plusieurs causes qui ad ce l'ont meuct meuvent, les
promesses par luy autres fois faictes et contenues èsdites lectres
a approuvées, ra'ilïiées, confermées, et encore appreuve, ratiffie
et conferme; et pareillement ledit mgr. de Ribedieu a le contenu
es dictes lettres, aux noms dessusdietz, agréées, approuvées, con-
fi i m es, et encor derechief agrée, appreuve et conferme. Et pour
ce que, par lesdietes lettres, mondit seigneur le duc avoit promis
audit Rodrigue de lui laire asseoir mil livres de revenu en value,
desquelles ne lui avoit encore fait asseoir que trois cens livres de
rente de revenue en value, peu plus ou moins, si que lui en reste
à asseoir sept cens livres ou environ, et avecques ce, car mondit
seigneur le duc avoit volunté de mectre hors des mains dudit
Rodrigue le chastel et terre de Chastelledon et les remeclre es
moins des seigneurs à qui ilz appartiennent de droit héritage :
mondit seigneur, en recompensacion de ce, pour asseurance per-
pétuel pour ledit Rodrigue et ladicte Marguerite, sa femme, et de
leurs diz hoirs, d'icelles mil livres de rente avecques ladicte for-
teresse, mondit seigneur le duc a baillé, cédé et transporté, etc.,
les forteresses et chastellenies de Rocheffortet d'Escolle, ensemble
la moitié de la terre de Geuzac et toutes les appartenances, etc.,
lesquelles choses de présent la dame de Ravel tient à douhaire et
usuffruit, dont dès maintenant mondit seigneurie duc transporte
èsdilz mariez la propriété d'iceulx chasteaux et terres, et aussi
l'usuffruit d'icelles et de leurs dictes appartenances, pour en jouir
incontinent api es la mort de ladicte dame de Ravel, etc. Et
oultre plus, pour ce que ladicte dame de Ravel tient à douhaire et
à sa vie lesdilz chasteaul et terre de Rochcffort, Escolle et moitié
de Geuzac, mondit seigneurie duc récompensera hien et délimitent
lesditz mariez, durant ledit viage et usuffruit, de la somme que
encor leur reste à assigner; et pour ce baille et délivre à iceulx
mariez la somme de sept cens livres tournois de annuelle revenue :
c'est assavoir, sur la recepte de Chantelle, deux cens trente et
trois livres six sols huit deniers tournois; sur la recepte de Murac,
autres deux cens trente trois livres six solzhuit deniers tournois ;
et .Mir la recepte d'Eriçon, autres deux cens trente trois livres six
solz huit deniers, etc. Et ont promis et promeclent les dessus
dietz seigneurs et chacun d'eulx, en tant que à chacun d'eulx ton»
die et appartient, c'est assavoir monseigneur le conte de Ribedieu
prenant en main que dessus, par leur foy pour ce donnée corpo-
DE VILLANDRANDO
rellemeni en la main dudil juré el sur l'ipotbèque et obligacion
de tous leurs biens, etc., que contre les cbos - dessusdicl
aucunes d'icelles jamais il/ ne viendront, etc. En lesmoingde
ce, nous, garde dessusdict, etc., avons mis el apposé leseelde
ladicte prevosté à ces présentes lectres. Donné, tesmoingsad ce
prescns, requis et appeliez par icellui juré notaire, mi sst igneurs
Jacques de Velly, Robinet d'Estampes, chevaliers; Guidol \'>
escuyer, et messire Pierre de Thoulon, chevalier, seigneur de
Genac; le jeudi, deuxiesme jour du mois d'aoust, l'an de .
mil quatre cens trente six. Signé D
XLII
Ordonnancement par le duc de Bourbon an profit de Rodrigue de Villandrando
de la comme de mille livres qu il lui devail tant pour l'evacutionde Cbarlicu,
que. pour les réparations faites à cette place ainsi qu'au château de Chilcldon.
— Original en parchemin, aux archives nationales, P 1375 cote -ITT.
(5 août 1450.)
Charles, duc de Bourbonnois et d'Auvergne, conte de Clermont
et de Fourez et seigneur de Beaujeu , p r el chamberier de
France, à nostre amé et féal conseiller et gouverneur général de
noz finances, Loys de Segrie, salut. Nous sommes tenu à nostre
trèschieret féal ami Rodrigo de Villandrando, contede Ribedieux,
en la somme de sept cens livres tournois que promis et accordé
lui avons, tant pour le fait et délivrance de Gharlieu el les repa-
racions qu'il'y a l'aides, comme pour une bombarde et certains
engins volans qu'il a fait faire pour la garde de la place dudit
Cliarlien, lesquelles bombarde et engins volans seront el demou-
reront à nous pour en faire nostre plaisir, combien que ladicte
bombarde ne soit pas encore parpaiée devers le mestre qui l'a
faicte, mais nous la ferons parpaier; et en oultre deux cens
royaulx ou escus d'or que le prieur dudil lieu de Cbarheu a
paie ou doit paier audit Rodrigo par nostre ordonnance, pour h
délivrance et reparacion dudit Cbarlieu. El d'autre part lui Bom
mes tenu en la somme de trois cens livres toui nois, pour c
la délivrance de la place de Chastelledon et di s réparations qu il
y a faictes, en oultre trois cens saluz que les seigneui el dame
dudit lieu de ChasteUedon lui ont pâté ou doivent paier pou.
j80 VIE DE UOUIUUUE
ceste cause. Lesquelles deux parties par nous deuez audit Rodigo
t'ont, en somme toute, la somme de mille livres tournois, laquelle
lui voulons eslre payée le [dus lost que faire se pourra. Si voulons
et vous mandons que par cellui ou ceulx de noz trésoriers et
i, ceveurs de noz finances ordinaiies ou extraordinaires que vous
adviserez pour le mieulx, vous faictes payer et délivrer audit
Rodrigo ladicle somme de mille livres tournois, laquelle sera
allouée es comptes et rabalue de la recepte de cellui ou de ceulx
desdits receveurs qui payé l'aura per noz amez et féaulx gens de
noz comptes, ausquielx nous mandons que ainsi le lacent par
rapportant ces présentes et quiclance soufiisant dudit Rodiigo.
Donné en nostre ville de Molins, soubz nostre seel, le iijcjour
d'aoust, Tan de grâce mil iiijc trente et six.
Par monseigneur le duc, Debar.
XLIII
Répartition d'indemnités aux magistrats dos communes du Bas-Languedoc pour
leur participation aux travaux des États tenus à Béziers pour voter l'aide
dont les fonds devaient servir à débarrasser la province de la présence de
Rodrigue de Villandrando. — Original en parchemin de lu Bibl. nationale,
Ms. IV. 26062, n. 5034.
(Événements de novembre 1436.)
Les commissaires ordonnez de p ir le roy nostre sire ou diocèse
de Nysmes à imposer, asseoir et mectre sus les liabitans d'icelui
et des lieux de l'arceveschié d'Arles estans ou royaume la somme
de ix': lvj 1. v s. v d. tour, pour leur cotte et porcion de l'aide ou
subside octroiez par les gens du commun estât du pays de Lan-
guedoc, à l'asemblée des gens des trois Eslaz dudit pais faicle et
tenue à BezierSjOu mois de novembre derrenicrement passé, pour
résister à la venue d'un nommé Rodigo et autres routiers, les-
quelx, contre le vouloir du roy, n'a gaires se sont essayez entrer
oudit pais pour grever, rober et piller les subgicz et habitans du-
dit pais; aussi les sommes neccessaires pour paier et contenter
les frais, missions et despens faiz et soustenuz par les communes
dudit diocèse, tant en ambassades à l'occasion dessus dicte faic-
tes, salaires de nosdiz commissaires, receveur, notaire et autres
adjoinetz avec nous à faire ladicle assiete, comme en plusieurs
DE \ Il LANDRANDO. - I
voyages, messageries el autres affaires touebans ledil aide :à
honnorable homme et saige, Jehan d'Estampes, trésorier tic Nysmes
cl ivi eveur particulier dudil aide oudil diocèse, salut. Comme par
l'advis el meure délibération eue sur ce avec maistres Anlhoine
Voluntat el Jehan Guairet, licencié en lois, el Hugues Chabault,
bourgois dudil lieu de Nysraes, esleuz el nommez de la pari des
dictes communes pourestre présens à faire ladicte assiete, veues
premièrement par nous et diligemment examinez el calculez,
présens les dessusnommez , les parties des despences à nous
exhibées, et par lesdits commissaires à l'occasion dessus dieti
ti -. lesquelles pour cause de briefté, attendu leur prolixité, avons
c\ obmis insérer, mais ont demourez par devers nous; poui la
cause dessus dite nous avons tauxé el par ces présentes tauxons
aux consuls, sindics et conseillers procureurs desdites villes dudil
diocèse accoustumez sur ce estre appelez, cj après di ssoubs
nommez, la somme de quatre cens quatre vins livres \iij s. v
(I. t. par la manière qui s'ensuit : c'esl assavoir aux consuls • 1 « -
Nysmes, ijcvij 1. xiiij s. v d. t.; aux consuls d'Alès, Ixxvj I. m
s.t.; aux conseilliers de S mïèrcs, \l I. \ s.t.; aux sindics de
Beaucaire, iiij 1. x s. t.; aux procureurs d'Anduse, Ij 1. x s. t.;
aux sindics de Salves, xxxvij I. ij s. vj d. t.; aux consuls du Vi-
gan, xxxv I. ij s. vj d. t.; aux sindics de Marsilhargues, \iiij I.
xv s. t.; aux sindics d'Amargues, xij 1. vs. I. Lesquelles sommes
particulières, montanspour tout à ladite somme de iiij1 iiij" l. viij
s. v d. t., vous mandons des deniers de vostre dicte recepte ordon-
née et imposée pour contenter, paier et satisfaire lesditz fraiz,
missions et despens, paiez, baillez el délivrez aux dessusnommez
consuls, sindics, conseillers el procureurs, parla manière dessus
contenue. Et en rapportant ces présentes et recongnoissance suf-
fisant des dessus nommez, comme à chacun peut toucher, ladii te
somme de iiij' iiij" 1. viij s. s d. t. sera allouée en voz comptes
et i alial ne de vostre recepte imposée pour les diz frais et despens
contenter par ceulx à qui il appartendra, sans contredit ou difficulté
aucune. Donné à >Tysnics,.lc premier jour de décembre, l'an mil
quatre cens trente et >i\. ffuneaulre main : A< i J. M. et I
Ainsi tauxé par lesdiz commissaires, Roi ssi vi .
\ l! DE ItODRIGUE
\I.1\-\L\
n p irticuiii-rc faite sui les fonds votés par la même
0 il en | irehemin de la Bibliothèque nalio*
finales, vol. 500. I. 50.
nents do novembre I 130,
|.;,, i,, lin'-, n e de mo\ . Guillaume l'averot, notaire el secrétaire
,],, i,lV nostre sire, lui présent en sa personne messire Jehan de
in_, chevalier, seigneur de Nouilles, lequel congneu et con-
fessa avoii eu el reccu de maître Bernard Durban, receveur
rrénrral de l'octroj faicl par aucuns gens «les troys Estas des
troysseneschaucées de Tholose, Carcassonne el Beaucaire, à l'as-
semblée faicte à Besiers, ou moys de novembre derrenièrement
|,,i se, montant à la somme de n?uf mille sept cous cinquante
livres tournois, pour obvier, donner provision el résister à certain
oiant nombre de gens d'armes et de traict, dont estoil chief et
capitaine Bodrigo de Villandrat, lesquelz estoient venus devant la
ville d'Alby et ou pays d'Albigoys en entencion et propoz, ainsi
que on en estoit informé, de venir, passer el chevaucher le long el
- du pavs de Languedoc, qui eust esté la destruction el
dudit pays de I angued ic, el dont innumérabh s maulx,dommaigi -
et autres inconvéniens irréparables s'en feussent ensuiz : c'esl
assavoir la somme de deux cens vingt et cinq livres tournois peur
]a valeur d< trovs cens motons d'or à luy ordonné par révérend
père en Dieu mgr. l'évesq ■! duc de Laon, per de France,
presidenl de la chambre des comptes du roy nostre dit seigneur
et général conseiller par luy ordonné sur le fait et gouvernement
de toutes ses finances ou dit pays de Languedoc ; j ourle recompenser,
. r el satisfaire des paines, Iravaulz et despens par luyfaiz,
tant peur venir à la dicte assemblée comme autrement, pour la
dessusdii Le. De la [uelle somme de ij' \\v I t. il se tint
I • content el bien payé, cl ledil receveur el tous autres à qui
quictanec en doyl el pucl apparie ir. en quicta et quicte par ces
présentes. Tcsmoing mon seing manuel cy mis, le sixiesme jour
d'avi il, l'an mil cci i trente el sept1.
Siffiié, li. 1 AVEROT.
di nu n c : ' innées dans le courant du
lit. \ III. \MiliAMin.
Délibérations à l'hôtel de ville de Béziers pour mettre
contre Rodrigue et ses routiers. — Imp • Uni/, tut à
archéologique de Béziei lv~~ . p. 3il, d
archives de 1 1 ville.
!T 22 l • 1430
Anno nativitatis Christi millesimo quadringentesimo trie
sexto, illustrissimo principe domino Carolo, dei graiia régi Fran-
corum, régnante, die lune intitnlata xvij rnensis deceinbris, 1
rabiles viri magister Johannes de Zoro, notarius regius, Ja "luis
Laurentii macellator.Johannes Romani laboratorel Jobanm s Rodi rii
pellissarius, consnles ville Biterris, présentes, pro se et iiobili
viio Johanne Fabri, burgensi, eorum socio coconsule absente,
tenuerunt eorum consilium, voce Lubs précédente, ul morts est,
proclamatum, coram honorabilibus viris domino Bernardo \
locuni tencute domiui vicarii regii et cl. Petro Simonis in li .
licenliato, vicario temporali d. Biterrensis episcopi, et cura <!"-
minis consiliariis infra scriptis : super co quod lama publies
convolât quod Rodigo, retenus, descendit in presenti patria cum
maximo exercitu genlium armatorum, roteriorum.
Et primo magne circumspectionis vir dominus Ramundus Ru-
bey, doctorin legibus, di.vit quod villa presens se babel ;
cuslodire quant aliqua alia villa linguo occitane, et minus custo-
ditur; et ideo debemus facere bonam diligentiam in custodiendo
villam et nos, et opporthet necessario quod in liii- Qal bona dili-
mois de décembre 1456, par Guillaume de Clermont, seigneui de Ne ouzan .
OJart de Bar, seigneur do Campendu; Philippe de Levis, scigncui di
poil : Jean Berlran Idc Mont mit, scigncui de Hauterivc; L
gneur d'Épinac, conseiller et chambellan du duc de Bourbon; Raymond de
Yillar, sénéchal de Bcaucaire. L'allocation de Louis Maréchal esl tn
i pour sa peine d'eslre venu à l'assemblée dudil Beziers | • |
laines choses concernant le bien et util i t ô du pays, comme pour eatn allé du
mandemenl des Estaz avec au rs du pays vers ledit R
traicter avec lui i : el l'allocation du sénéi h il di I
nombre de gens d'armes assemblez el m
et autres de sa compaignic, s'ilz (eussent descendus au bas payé I
guedoc. o Manuscrits de la Biblioth. ml. I ■ de Langu
fol. 16*, 170, 171, 172; Clair ambault, vol. 172 cl 181.
VIE DE RODRIGUE
gentia. Dïxilque quod habeantur quinquaginta aut sexagiuta boni
bomines ville et deputentur, qui habeant videre qualiter meliori
modo nos possumus custodire nocte et die, et quod deputentur
boni homincs loco illorum qui non fuciunt eorum diligenliam in
custodiendo portalia, ut dicta porlalia bene cusloJiantur et villa;
et quod incontineuti post prandium vocentur et veniantin presenli
domo eommuni duo pro seala, qui habeant tractare de dicta cus-
todia cum dominis consulibus ; et etiam quod deputetur unus
bonus capitaneus, qui timeaturper gentes, pro faciendis exitibus
juxta mandata domiui senescalli et domini vicarii curie régie; et
eligatur unus capitaneus et satisfiat sibide ejus labore; et quod
domini consules faciant taliter cum domino Biterrensi episcopo et
dd. de capitulo quod eclesia sancti Nazarii bene custodiatur, et
quod bona hora pulsetur pro simbalo Ave Maria, et etiam tuba
domus communis, ad fines ut portalia de vespere bona hora clau-
dantur, et sit dies clara demane quando aperientur; et etiam dd.
consules fieri faciant badum supra ecclesia sancti Nazaiii; et
illi duo pro scala cum dd. consulibus avisent que eiunt tîendacirca
custodiam presenlis ville; et quod portalia occupata del Gua, So-
roruni minoretarum ctdel Gua, claudantur et non aperiantur uisi
de permissione dicti capitaney.
Dixit de Aymerico Barbali, ibidem presenti, roguans ipsum
quod reeîpiat penam capitaney, et quod satisfiat sibi débite, et
quod de restis levariorum satisfiat sibi, et quod ad levariorum
dictas restas deputentur duo boni Domines.
Dominus Stephanus Vasserie dixit quod nos custodiamus bene,
sicut d. doctor dixit, et quod detur bona provisio in custodiendo,
el quod d. Aymericus Barbati, presens, recipiat bonus hujuscapi-
taneatus, et quod dd. consules cum duobus deputatis pro qua-
libel scala faciant eorum dilligentiam ad dandum remedium super
custodia presentis ville; et quod quolibet vespere visitentur hosta-
larie, ad finem ut sciatur qui erunt iili cubantes in eisdem. I>>t
opinionis d. doctoris.
Aymericus Barbati dixit ut dominus doctor. — Johannes
Duchesne idem. — Johannes de Foliocorde id. — Pelrus An-
dree id.
Petrus Podii dixit idem, et quod molendina custodiantur; et
quod dd. de capitulo babeant custodire molendina sancti Pétri.
Johannes Guillelmi dixit ut d. doctor. — Petrus Navassii id.
— liei nardus Lagiereli id. — Bernadus Lauri id. — Petrus Gua-
DE Mil \Nhli \M
riguii id. — M, il:. Bertrandus Campanhani id. M :
Pinncti id., cl quod exi anl .1 villa presenti i ig kl undi.
M ■_. Jai obus Gonslantini dixil ut d. il" tor. — Mag. Joh mncs
V-.uiii id. — Arnulphus de rcmplo id. — Bernardus Raynaudi
id. — Benediclus\ ite id., et quod servienles vigilent quali
11- |ue ad mediam noctera el 1 liam de m me dividendo iul r se.
Mag. Petrus Boyani idem ut d. doclor. — Peti u» Gironc id. —
Anlhonius Gualiferii id. — Hugo de Planis id. — Pon
id. — Anlhonius Boqui id. — GuilUlmus Bruni id. -Job. Re-
guanhati id. — Ramundus Magistri id. — Bernardus Martini id.
— Jacobus Berliiihani id. —Gabriel Cornuoyolis id. — Ramundus
Laurencbie id. — Guillelmus Bruni id. — Barlbolomeus Assasii
id. — Johannes Regisii id. — Johauifes Assies id. — Ramundus
1 1 fol tncbi id. — Jobannes Aysselini id. — Ramundus Arqucri
id. — Jacobus Audrandi id. — Bernardus Roque id. — Guillel-
mus Barroti id. — Pondus Sabbaleiii id. — Pelrus Peyrosii id.
— Gabriel Angeli id. — Jobannes Stepbani id. — Nicbolaus Ser-
vientis id. — IV trus Moulas id. -- Bernardus Portalis id. —
Jobannes Ueyrardi id. — Jobannes PalbarJi id.
Quo quidem précédente consilio tento, dicti dd. consules sup-
plicarunl dictis dd. locum Lenenli dicti d. vicarii regii et,
rio temporali dicti d. Biterrensis episcopi, ibidem more majorum
pro tribunali sedenlibus, ipsosque instanler requisiverunt ut
dignenlur recipere juramentum a dicto Aymerico Barbali, in ca-
pilaneum pro custodia presemis ville noviter cleclo, in t.ililni-
prestari consuetum.
Et ibidem d. Aymericus Barbati, in capiianeum pro custodia
presentis ville noviter electus, de mandalo diclorum dominorum
locum teuonlis et vicarii temporalis dicti d. Biterrensis episcopi
promisit et juravit super sacrosanclis Dei evangeliis coram ipso
lositis, ciim arababus manibus sponte tactis, sese bone el Gde-
liter babiturum in custodia presentis ville et aliter, proul lacius
in inslrumento per me, notarium et scriptorem presentis do-
mus communis, in notam receplo, anno et die prediclis, conti-
netur.
Dltimate supradictus d. doctor requisivil dictos dd. consules
quod lacianl lie ri bonas excubias in festivitatibus de proximo
venientibus, quia periculum est «I'.' ipsis roteriis, quia
invidiatur; et etiam requisit il. Aymericum Barbati, ca| um,
ut lieri fac ret bonam diligentiam in custodia presentis ville.
VI E DE ItODRIGl l
Die x\ij. ejusdem mcnsis decembris, etc., ultimatc tento con-
sil io, supradidus dominus Damundus Rubey, doctor, requisivit
ibidem supradietiim Aymericum Barbati, capitaneum, et dictos
(lil. consoles, ibidem présentes, qund l'.i i ; m I custodire villam
[«.•m [ïi ton is in l< stivilalibus nativitatis Domini de proxim i
ililms, propler ipsos roleiios qui dcsecndcnml in presen-
libus p.ulil i forte, quia invident villam presentt m, pos-
scnl ! equitare in una noetc sv aul xvj leucas, sub
spe ipsam \ i ll.nii babendi.
Il ibidem etiam dicti domini quatuor consules requisiverunl
diclum capitaneum, presentem, ul faciat pervigili cura custodiam
bonam nocte atque die, in presencia omnium dd. consiliariorum.
XI. VII
!,L':'iii ni pnr Charles VII d'un somme de trois cenls livres au profil de
Jeun de Loupiar, capitaine de C du ières, pour sa d«»pi nse en délendanl
pince contre Hodrigue de Yillandiando. — Original du Caliinel des titres,
dossiei I ïi de XI. de Deaui ourt.
i janviei 14."
-, [ni i.i grâce de dieu roy de France, à nostre amé et
féal conseiller et président de noz comptes l'évesque de Lion,
général conseiller sur le fail et gouvernement de noz finances es
pais de Languedoc et duchic de Guyenne, salut et dilection. Nous
is el vous mandons que par nostre amé et féal conseiller,
maislre Macé Héron, trésorier général dudit pais, vous, des dé-
ni1 rs de sa recepte, faites paier, bailler et délivrer à noslre amé » i
féal conseiller el chambellan Jehan de I. opine, cappitaine de I t-
brières en noslre dit pais de Languedoc, la Minime de trois cens
livres lourii lis, laquelle somme lui avons donnée et donnons par
ces présentes, tant pour cause d s bons el agréables services qu'il
nous .i I h/ le li mps passé ou fait de noz guerres, fait chacun jour
el espérons que encore face le temps à venir, comme pour le re-
compenser des fraiz, missions el despens que lui a convenu faire
à l'eiilrelencmenl de huit vint hommes d'armes el xv hommes d
trait qu'il a tenu/ à ses despens, par l'espace de deux mois et demi,
pour la garde de nostre dil chaste! de Cabricres, à l'encontrede
s roclii rs qui nagaires estoienl es marches de par
DE \ I I I IRDfl \Mm».
île là, qui de jour en jour s'e rorçoienl secrètement de prendre la-
dicte place. Et par rapportant ces présentes avecques qu
dudit Lopiac, nous voulons ladite somme de iij livres tournois
estre allouée es comptes et rabatue de la recepte dudit ti
nérai par no/ araez et féauh gens de noi comptes, sans contredit
ou difficulté; non obstant quelconques dons par nous à lui au-
tresfoiz faiz non exprimez en ces présentes, et autres ordonnances,
mandemens, restrinclions ou deffenses à ce contraires. Donné à
Vienne, le xxe jour de janvier, l'an degrâcemil cccc tn aie et
de nastre règne le quinziesme, soubz n istre seel 01 donn ' i n l'ab-
sence ilu grant.
Par le Roy, le<- pires de Bueil et de Cbaumont, présens.
XLVIII
Extrait? il n iolt ist r^ île? délibérations du corps de ville de Tours poui les
1436-1437, et du registre des comptes a. 26 de la même ville, concernant
l'intervention de la reine et île la dauphinc pour cmpêi liei
Yillandrando d'amener de nouveau ?es compagnies en Tom
(Avril 1457.
1. Le xe jour d'avril après Pasques, l'an mil un wwii. ou
cliappitre de l'abbaye de Saint-Jullien, mons. de Tucé, bailli île
Touraine, se sont assemblez nions, le juge et le lieutenant, :
rend père en [lieu mons. l'abbé de Saint-Jullien, le sire de Maillé,
etc., etc., pourdeliben r sur ce que par mondit seigneur de Maillé
a esté dit à làdicte assemblée que, en parlant comme am] de la-
dicte ville, considérant le plaisir que la royne et madame la dau-
pbine ont nagueres l'ait à cestc ville et au pais d'environ de res-
ciipre lettres closes à Rodigues, cappitaine «le -eus d'armes, de
présent logé à La Chaslre en Berrj àtrès granteompaignied -
d'armes et de trait, qni, comme l'en disoil communément, vou-
loient tirer en ce pais pour y logez, tirassent autre par pai
et ne venissent logez en ce pais; lequel Rodigues a fa i response
par lettres closes qu'il a escriptes à la royne et à madame la dau-
pliine, et lesquelles lettres ledit nions, de Maillé dit avoir i
que pour l'onneur de la royne et de ma dicte dame la daupbine,
et aussi pour l'onnetirde nions, le dauphin, auquel il se tient fort
obligé, il ne ceulx de sa compaignie ne vendroienl point logea i a
>s VIE DE RODRIGUE
lc païs : il conscilloit que à la royne fust fait aucun don et pré-
sent de vivres pour festoyer le roy de Seeille, son frère, et autres
seigneurs qui brief dévoient venir en ceste ville1.
'2. A Plnlipol Higol, chevaucheur de l'escuirie du roy nostre
sire, la - mime de \ I. !. pour ung voiage par lui fait à cheval de
c stc ville à La Cliastre en Berry, durant le mois d'avril derre-
iiicr passé, porter lettres closes de la royne et de madame la daul-
pbine en faveur des habitans de ceste ville et du pais d'environ ;
lesi|uelles rescripvoient à Rodigues, cappitaine de gens d'armes
el de traict, logé à grant rompaignie de gens audit lieu de La
Cliastre, et lequel, comme il estoit tout notoire en ceste ville,
vouloil venir loger en ce pais; par lesquelles lettres la royne et
madame la daulphine recommandoient fort ce pais audit Rodi-
gues, en lui priant qu'il n'\ venisl point loger lui ne ses gens. Kt
lequel chevaucheur, après son retour, a dit qu'il a esté audit lieu
de La Cliastre où il a trouvé de quatre à cinq mile de gens dudit
Rodigues logez euh et leurs chevaulx; et quant il arriva audit
lieu, ledit Rodigues n'y estoit pas , et il lui fut dit par son lieu-
tenant qu'il n'atendoit [que] l'eure que icelui Rodigues devoit ve-
nir à la compaignie. El pour ce, ledit chevaucheur atendit et lut.
h «ii- joui - après, avant, que ledit Rodigues arrivas! ; et si tost qu'il
l'eut arrivé, ledit chevaucheur lui présenta lesdictes lettres; ei
après ce qu'il les eust leues, dist de Louche qu'il obéiroit
ausdittes lettres et que pour l'onueur et révérence de la royne
et «le madame la daulphine. et au^i en faveur de' nions, le daul-
phin, duquel il disoit estre serviteur et obligé à lui, il ne vendroit
point loger ou pais de Touraine, combien qu'il eust emprins de
I ar ledit p. us poui aler au voiage qu'il avoit entencion de
taire; cl non ohstant, a rescripl à la royne et à madame la daul-
phine responce par lettres closes qu'il a escriptes du contenu en
ce iju elles lui avoicut escript ; laquelle responce, ainsi quemons.
de Maillé, qui dit avoir veucs lesdiltes lettres, nous a dit, conte-
enlre autres choses que icellui Rodigues ne vendra point
n ce pais. Ou quel voiage faisant ledit chevaucheur a vaqué
dix jours entiers; et avant son parlement mess, les esleuz ap-
pointèrent o lui, pour l'aire le dit voyage à ses perilz et' fortunes,
1 Suit une longue délibération qui csl remise au lendemain et dont la con-
clusion lui qu'on oeti uyerail à la n ine, pour la réception qui se préparait, douze
veaux de lait, vingt cinq moulons, deux cents poulets et vingt cin<| chapons
DE VI I I WM; W i
8 a s- par jour, qui esl pour les dictes dix j m- s la somme de
\ livres à lui paiée par mandement desdiz esleuz el quitl
sur ce donnée le iiij' jour de may, l'an mil cccc «xvij.
Audit Philipol Bigot, chevaucheur de l'cscuiriedu roi n
sire, la somme de cent solz tournois pour ung voyage pai lui na-
paires l'ait duranl ce présent mois, pourestre aie de «-, ste ville de
Tors à Chastillon sur Aindre porl closes qui la royne,
nostre souveraine dame, et madame la daulphine, rescripvoienl \
Rodigues et au bastart de Bourbon, lesquels s'estoienl aprouchez
du lieu de La Châtre eu Berry,où ilzestoienl logez, el estoient ve-
nu z logez à grant compaignie de gens d'armes el 'I- Irail audit
lieu de Chastillon sur Aindre; et, comme il este-il toul nolo re en
ceste ville, au jour que le chevaucheur se partit pour faire ledit
voyage, lesdiz Rodigues et bastart de Bourbon et leurs dictesg us
vouloient venir logez près de ceste dicte ville, non obstanl la | n>-
messe par avant faiclc à la royneet à madame la daulphine, i ulx
estans logez au dit lieu de La Châtre, de non venir logez en ce
I aïs; et lesquelles lettres closes la royne et madame la daulphine
en faveur de ceste dicte ville et du païs d'environ escri voient
audit Rodigues et au bastart de Bourbon que, en tenanl la pro-
messe que ledit Rodigues leur avoit nagaires faicle par ces let-
tres closes, qu'il leur avoit escriptes de non venir logez en ce
païs, qu'ilz n'y voulsissent aucunement logez, en leur recomman-
dant fort ledit païs. Et lequel chevaucheur, pour faire ledil vo-
yage se parti de ceste dicte ville le x\ ■ jour de ce presenl mois, et
arriva le xxe jour de ce dit présent mois, qui sont cinq jouis en-
tiers. Et après son dit retour, a rapporté qu'il a esté audit lieu
de Chastillon sur Aindre où a trouvé logé ledit bastarl de Bour-
bon, le lieutenant dudit Rodigues et très grant compaignie de
gens d'armes et de trait, et n'y estoit pas en personne ledil Rodi-
gues, et n'y avoit que son dit lieutenant. Auquel bastard de Bour-
bon et lieutenant de Rodigues ledit chevaucheur avoit présenté
lesdictes lettres closes, et avant qu'il ait peu avoir responce,
journé audit lieu de Chastillon en attendant ledil Rodigues, qui
chacun jour devoit venir, comme on disoit, par ung jour, el n y
est point venu ledit Rodigues. Laquelle responce ledit bastai i de
Bourbon et lieutenant de Rodigues oui faicte de bouche audit
chevaucheur que, pour l'onneur et révérence de la royne et
de madame la daulphine, etaussi en entretenant la promesse dudit
Rodigues, ilz ne se approucheroient point plus près de ceste ville
< ,. \ 1 1; iii; uoiiiUGi'E
r « 1 1 il/ csloicnt, ainsois se esloigneroient, cl brief; cl de ce ont
1 1 j . t [étires closes à la roync contenans ce que le dit chevau-
cheur .1 rapporté de bouche, ainsi qu'il a esté dit à messieurs les
cslenz par mous, de Maille, qui dit avoir veues lesdictes lettres.
i;i ,],■ présent se sont esloignez lesdiz gens d'armes et s'en sont
;,],■/ logez .m bonre de Déoulx. Pour chacun desquelz jours lesdiz
i slcuz oui composé audit chevaucheur, qui a fait ledit voyage à
ses périlz et fortunes, pour chacun jour, à la somme de xx s. t.
qui est, pour lesdictes cinq journées, ladietc somme de c s. t. à lui
paiéc par mandement «lesdiz esleuz et quictance sur ce donnez, le
\w jour de may, l'an mil ccccxxxvij.
\LI\
Chapitre de la chronique inédite de Perceval de Cagny, intitulé Comment /<■
rai/ chassa Hodiyurs. — JIs. a" 18 de Duehesne fol. 10T à la Bibliothèque
nationale. Copie moderne, très fautive, seul texte connu de ce document.
En icelni an Mf.cci xxxvn, le viije jour du mois [de ma} l, leroy
et mons. le daulphin, acompaigniez de messire Charles d'Anjou,
du comte de Perdriac cl de plusieurs autres chevaliers et escuyers
et autres gens de guerre, au retour de son voyage de Languedoc
où il avoit séjourné tout river, pour les graves complaintes qui
|;i lui estoienl venues d'ung capitaine de gens d'armes nommé
Bodigues, du pais d'Espaigne, lequel avoit de nouvel espousc la
seur bastarde de mons. de Bourbon, lequel de Bourbon n'estoit
pas alors fort en grâce devers le roy peur aucunes aliances, de
quoj le ro\ se doubtoit, estre faites entre le roy de Cecilleet le due
de Bourbon : après le mariage du filz dndil roy de Cécile et de la
fille dudil de Bourbon :. il/ se assemblèrent à Angers, et là,
à une journée mandèrent le duc d'Alençon. El leur conseil passé,
tous les trois seigneurs ensemble alèrent en Bretaigne devers le
due : de quo\ le roj fui liés uni content. El quant ilz furent re-
tournez de Brelaigne, le due d'Alençon retourna en sa ville de
Chastcaugontier, et lesdiz de Cecilleet de Bourbon cuidèrent aler
1 Keslilu [un la l'indu récit, où cette date e.-l répétée.
ivril 1 i?û.
DE VILI INDRA SDO.
devers le roy en la ville de Bourges' où il esloil de rcloui di
sondit voyage, qui leur feisl sçavoir qu'il ue les vouloil point
veoir. Et fut plus de deui mois avant qu'il vousisl veoii I
de Cecille; lequel misl toutes les paines qu'il poeult, quand il
se trouva devers le roy, de y faire venir ledit de Bourbon; mes
ce fut pour néant, quar le roy ne le vouloil veoir ne ouyr parler
de lui, pour le despit qu'il avoit des grans pi lintes el pilleries que
ledit Rodigues, acompaignié de deux mille combatans telz quelz,
fesoient au païs du roy par le port dudit de Bourbon. El ou con-
contempt de ce, le roy acompaignié des si igneurs, comme di ssus
est dit, et avecques eux plus de \ cens escuiers cl chevali
un mille hommes de traict, print son chemin à pass i par le
païs de Bourbonnois, auquel furent faiz moull de dommaig
pilleries; puis passa oullre et s'en ala droict à Saint-Fleur1, cui-
danl trouver ledit Rodigues pour destrousser lu\ et sa compai-
gnie 3. Et quant il sceut la venue du roy, il s'eslongna le plus
qu'il poeult. Le roy moult indigné le poursuit et, ledii l viij" jour
de may, arriva eu la ville de Sainct-Poursainl \ el d'illecques
chassa ledit Rodigues jusques à la ville de Rouenne sus la 1 h ière
de Rosne8: auquel lieu ledit Rodigues passa la dicte rivii
entra en l'Empire ; et le roy retourna à Bourges.
1 Ce séjour à Bourges se place après la chasse donnée à Rodrigue.
2 L'itinéraire dû roi est interverti. Il n'entra en Bourbonnais qu'après avoir
quitté l'Auvergne.
3 L'auteur, interprétant mal ses souvenirs, croyait que les compagnies di
Rodrigue occupaient déjà le Bourbonnais lorsque le roi entra dans cette pro-
vince; mais le récit plus exact de lierri, récit confirmé pai les pi&
précèdent, établit que Rodrigue atteignit le Bourbonnais venant d'Angers en
même temps que le roi y entra venant d'Auvergne.
4 La date du 8 mai pour l'arrivée à St-Pourçain est une erreur mai
M. Yallct de Viriville a cou-talé que le 8 mai le roi n'était encore qu'à Hilhau
en Rouergue. Histoire de Charles VII, t. II, p. 07'J, noie 2.
:i Erreur géographique d'un soldat qui n'avait combattu que dan- les pro-
vinces du nord et de l'ouest.
292 VIE DE ROIiIUGUE
Attestation donnée par plusieurs grands seigneurs commis à la défense de la
Bas e-Àuvergne, de ce qu'une partie de l'aide payée pour l'amélioration delà
mutation de l'Allier avait été dépensée en frais pour conclure une alliance
défensive des trois pays de Basse-Auvergue,Velay et Gcraudan contre les com-
pagnies de Rodrigue. — Original en parchemin dans le ms. français de la
Bibl. nationale, n. 20392. Communication de M. Antoine Thomas.
(Événements de la fin de 1437.)
Nous, Loys de Bourbon, conte de Montpensier, daulphin d'Au-
vergne, Bertrant, conte de Boulongne et d'Auvergne et seigneur
de la Tour, Jacques seigneur de Chastillon et de Revel, et Loys
de Deaufort, viconte de la Mote et seigneur de Canillac, certiffient
à tous qu'il appartient que Pierre Mandonier, commis ou bas pays
d'Auvergne à recevoir la porcion de l'aide de ij mil frans, ordonne
par le roy nostre sire estre mis sus en ses païs de Languedoil ou
mois de juing mil ccccxxxvij, pareillement que fait avoit esté l'an-
née derrain passée, à paier par nostre ordonnance et commande-
ment, tant à certains chevaliers, escuiers que autres d'icellui pays,
la somme de six cens livres tournois; laquelle somme avoit esté
imposée oudit bas pays, oultre et pardessus le principal dudit
aide, pour la convertir et emploier à faire que la rivière d'Alier
peust porter navire, ou es autres affaires dudit pays plus urgens
et neccessaires ; et pour ce que la vuidange des gens de guerre de
la compaignie de Rodrigo de Villedrando, cappitaine de gens
d'ainies et de traict, et de plusieurs autres cappitaines, estans
présentement logiez et vivans enicellui pays, à la grant charge et
foule du poure peuple, lcsquelz y faisoient plusieurs et innumé-
rablcs maulx, pour remédier ausquelz convenoit faire certaines
aliances avecques plusieurs seigneurs des pays de Velay et de Gi-
vaudan : ce que bonnement faire ne se povoit sans grant des-
pence, poureequ'il convenoit envoier devers eulx plusieurs cheva-
liers, escuiers et autres gens notables dudit bas pays, lesquelz
il convenoit aucunement salarier et deffraier de la despense que
sur ce faire leur convendroit; et sur ce eusmes conseil avecques
lesditz ^ens des trois Estatz, lesquelz conclurent ensemble que le
meilleur ci le plus expédient seroit de soy aider desdictes vjc liv.
lourii. cl icelles luire départir et distribuer à ceulx qui yroient
DE VILLANDRANDO.
àsdii pays de Velay et Givaudan devers lesdi ta pour
faire et conclure ladicte aliance; laquelle chi
tellement .iue.au moien d'icelle, lesdita gen9 de guerre furent
contrains euli départir dudil pays. Et pour ce voulons cl nous
consentons tpie ladicte somme de vj1 I. t.. ainsi bailli
distribuée par ledit Mandonier par nostre dicte ordonnanct
dix chevaliers, escuiers et autres qui ont vacqué, voyagé et tra-
vaillé audict fait de la dicte aliance, soit allouée es comptes
dudit commis et rabatuede sa dicte recepte par tout où il appar-
tenant et niestier sera, en rapportant cestes noz lettres sur ce
tant seulement, non obstant que ledit commis ne face aucune-
ment apparoir tlo la distribucion de la dicte somme de six <■ us
livres tournois par quictances de ceulx qui l'ont receue par la
main dudit commis, certifficacions ne autres enseignemens : car
nous mesmes avons veu la déclaracion de la distribucion <pii par
lui en a esté l'aiete. Donné en tesmoing de ce, soubz nos seaulx cj
placquez et seings mannelz, le xxe jour de février, l'an nul cccc
trente sept.
Siijné. Lots de Bourbon.
Bebtrawt.
Ll
Rémission accordée par Louis XI pour le meurtre du Petit Rodrigue. — Ai
nationales, Trv^or des chartes, Reg. JJ 198, pièce 7.
(Événements de I i" |
Loys, par la grâce de Dieu roy de France, savoir faisons à tous
presens et advenir nous avoir receue l'umble supplicacion de l!i-
chart Deymes, de la ville de Lestore, aagé de cinquante ans ou
environ, chargé de femme et de plusieurs enfans, tant (il/ que
filles a marier, contenant que, dix huit ans a1 ou environ, ung
1 Fausse approximation, car, l'acte étant <le 1461, elle met la d
nement i 1445, époque où Rodrigue n'était plus capitaine de compagnie en
France: d'ailleurs il résulte des t';is:e> du Bcrri dressés pai la Thaumi
Histoire du Berri, t. I, p. -i", que Girault de Goulas, seigneur di •
de Cumont, bailli de Berri en 1435 et 1 iôC, tut remplacé dans celle cbai .
Poton de Xaintrailles le 19 août 1457. La Thaumassière, il est vrai, ne dit pas
que cette substitution ait eu pour cause le décès île Goulas, maia Mon
(1. ii, c. ccxv) dit positivement que le biiilli de Berri mourut en I i~<~
lemenl il attribue sa mort à une chute île cheval.
\ Il DK ROI) RIGUE
i,' lopct.il lUxlinn, |)our lors de la charge el compaignéc de
Bodigo de Yillendras. cappitaine de gens de guerre, passoit par
la ville de I.ostore s'en alanl lcgranl chemina Tholose, avecques
un_ Ir'r.nili de noslrc cher cl féal cousin le conte d'Armaignac
cl certains autres gens de guerre, jusques au nombre de sepl ou
huil de l.i compaignéc dudil de Villandran. El ce venu à la con-
emoissanec de.lehan de Goulart, chevalier, frère de feu Girault de
Goularl, aussi i'ii son vivant chevalier el bailly de Berry, et sa-
Goularl i|iie ledit Rodigo, peu de temps par avant,
avoil meurlry el lue ledit Girault, bailly de Berry , son frère, el de
ce dès couroucé el desplaisanl : incontinant ledit Jehan de Goularl
requisl ledit suppliant qu'il le accompaignasl pour aler en aucune
ses affaires, sans lui déclerer où ne pourquoy ; lequel supplianl fui
île ce contanl pour faire plaisir audil Goulart. I"l adont ledit Goularl
nx arbalcstriers à pied, et ledit suppliant en leur compaignie,
suivirent ledit petit Bodigo jusques auprès de Castel Manarbieu,
distant dudil lieu de Lestore demie lieue ou environ, où ilz trou.
vèreiii ledil petil Bodigo qui s'en aloit son chemin. El eulx ar-
, de prime face ledit Goularl couru sus audit petit Bodigo el
le frappa et navra tellement qui il mourut incontinant sur la
placi . dont ledit suppliant fut moult dolent el esbaj : et ne frappa
nullement ledil Bodigo ne ne bailla aucun aide pour ce faire au-
dit Goulart, mais lui dist que s'il eusl sceu sa voulenté, il ne
l'eiisl point accompaigné pour quelque chose du monde, etc., etc.
Pour ce est-il que nous, ces choses considérées, etc. Donné à
Tours, ou moys d'octobre l'an tic grâce mil cccc soixante et ung
cl de nostre règne le premier. Ainsi signé, Par le roy à la relacion
du conseil, l\ Georce. I isa. Contentor. Chaligault.
I !
pour nombre de méfaits de guerre, dont le meurtre d'un
di \\ ulrigue de Villandrando pendant In
routiers. — Vivliivc? nationales, registre du Trésor des
H 170, picci 10.
I i •") 7 .
Charles, etc., savoir l lisons etc., nous avoir reccu l'umble sup-
dicaeion de .leh m de Corail, contenanl que par aucun temps de-
DE VILLANDRANDO. SOS
son jeune aage il a suivj les armes Lousjours tenant nostre
part] sans aucune variation, et nous servi ou lut de noz _U'-nr>
au mieulx et plus loyaument qu'il a peu, ri après s'est reirait et
■i délaissié l'exercice des armes ; et sans ce qu'il feust plus homme
de guerre, advint, il a bien xvm ans ou environ, que aucunes gens
de guerre estoient logiez an lien de Rocheforl ou pais d'Âuvi
où il est demourant, et où M/ faisoient plusieurs mauh et dom-
maiges, pilleries, roberies et larrecins, comme de prendn
liail. raençonner personnes, et autres innumérables maulx, entre
lesquelz aucuns d'euh prindrent iing cheval qui appartenoit au-
dit suppliant, lequel il/ prindrent aux piez et icellui emmenèrent.
Pour occasion desquelz grans maulx et dommaiges que resoient
iceulx gens 'I" guerre, aucuns du païs, jusques au nombre de
douze ou environ entre lesquelz estoit ledit suppliant, et euh
desplaisans et indignez d'eulx venir ainsi pillez ri robez par
iceulx gens d'armes, se misdrent sus et s'en alèrent aval les
champs en entencion d'en trouver aucuns pour les destrousser,
et telement qu'ilz en trouvèrent deux montez sur des jumens,
lesquelz il/ prindrent, et aval les champs les menèrent bien [nés
d'une lieue, et jusques à certain estang qui est de la seigneurie
de Beausou, où ils les gectèrent et ouquel ilz fuient noyez, et
butinèrent lesdictes deux jumens sur quo\ il/ estoient niontez,
ci eu eut chascun sa porcion. Et depuis, il puet bien avoir unze
.m- mi environ que, pour pourveoir aux grau- maulx, pill
roberies, larrecins, dcslroii— eiueiis, prises d'oinnies, ravisse-
mens de femmes et autres dommaiges, deliz et maléfices innu-
mérables que faisoient audit païs d'Auvergne et à l'enviroo d'i-
cellui sur noz subgiez plusieurs gens de guerre qui estoient tant
souhz ung nommé Nicolas Boys, lors soy disant cappitaine de
gens d'armes et de traict, qued'autres cappitaines, lesdiz gens de
guerre furent par noz autres lectres patentes babandonnez, cl par
icelles estoit mandé les ruer jus et destrousser; après lequel ba-
bandonnement qui vint à la congnoissance dudit suppliant ri au-
cuns dudit pays, ung nommé Kstienne Lardit, homme d'armes de
la compaignie Rodigo de Villandandro (sic), qui s'en aloit, dnsi
que l'en disoit, ou pays de Limosin, fut trouvé par icellui sup-
pliant et autres au lieu d'Angler; et euk confians dudit baban-
donnement par nous ainsi lait desdiclz gens de guerre et par
ce non cuidans eu riens mesprendre envers nous ne justice, di -
troussèrent ledit Lardit, -mi variet ci -nu paige, et leurostèrenl
', l I. hi: RODRIGUE
!z avoii'iil. '■! icellui Lard il misdrenl avecques ce en
chemise; pour laquelle cause il usa à l'enconlre d'eulx de plu-
rrpandes i ' ! ar espccial de les tuer ou brusler le
villaii;.' où ladiledeslrousse fut faicte : doubtaus lesquelles choses,
n,lx moull : L'I desplaisans desdictes paroles cl menaces,
lialiinil ledit Lardil Lellenient que, environ ung mois après, par
ivciiicmcnl ( t par faulte d'estre bien pensé, il ala
;nassfiu( ut. Pour occasion tanl d'iceulx deux cas « | ne
aussi de ce que. pendant le temps qu'il a esté en la guerre, il a
plusieurs 'M diverses lieux, compagnies et routesdegens
d'armes où divers maléfices, pilleries, roberies, larrecins, des-
l rousses et raençonnemens de personnes, bestial et biens ont esté
lai/ sur nos suiviez de diver* estas, en plusieurs pars et contrées
de noslre ro\aume, dont il ne poiroit bonnement faire decla-
racion ne restitueion, et desquelz il a esté coulpable, consentant
el ! ivoi isant, et en a eu sa part, butin et porcion, [a J vescu sur 1rs
champs comme gens de guerre ont acoustumé de faire, autre-
ment il ne se feust peu entretenir monté et habillé en icellui nostre
si rvice, actendu les petiz gaiges et soldes qu'il a eu de nous : il
doubte que ou temps à venir il ne feusl à ces causes sur ce tra-
vaillé el molesté par -eus de justice, etc. Pour ce est-il que
nous, etc., quictons, pardonons el abolissons, etc., lesfaiz el cas
par lui commis et perpétrez pendant le temps qu'il a exercé le
fait delà guerre, jaçoil que autre declaracion n'eu soit faicte en
cesdictes présentes, réservé toutes voyes tout autre meurdre, si
non les deux cy dessus exprimez et declairez, ravissement île
femmes el dépucelles, sacrilège et bouttement de feuz, que ne
voulons estre comprins en ces présentes, etc. Si donnons en man-
enles au bailly de Montferrand et à tous noz
autres justiciers, etc. Donné à Mehun sur livre, ou mois d'avril
<] ua ranic six avant Pasques,etde nostre règne
le \\\ . Ain*i si <j né. Par le roy. Vous cl autres présens. 'J. de
i,i . Visa. (, mteulor. .1 \. de i \ ti uu>e '.
uni iiu mois d' bre. 1 i »0, par conséquent antérieure à
urlre d'Élienne Lardit. Le texte esl
;iu l'u . lie .1.1 11 m I iil, habitant du lieu de
1 ' jointcincnl avec six autres individus,
: cl deux de la paroisse de Sainl-
mourul 1 1 vii time. On articule
pi h de chu Uns nommé Estienne
DE VII I \\|i|; \Miii.
Quittances faisant mention de la contribution fournie par les États du G
dan à Rodrigue Je Villandrando, lorsqu'il partait pour son expédition de
Guienne. — Cabinet des litres de lu Bibliothèque nationale, \ il I
9046, et Us. ii . 12.
iet 1 138.
1. Saichent tuit que je, Denis Boniod, secrétaire el trésoriei
de monseigneur de Blende, confesse avoir eu el receu de Jehan
Chaste, commis à recevoir ou diocèse de Mende la somme de y™
muions d'or donnez a Rodiguo, conte de Ribadieu, puni le paty
de'Givaudain, la somme de quinze motons à moy tauxée pour avoir
esté à Ruynes devers ledit conte. De laquelle somme de w motons
je su] contant et en quicte ledit Jehan Chaste et tous autres à qui
quictance en peut appartenir, lionne soubz mon seing manuel,
le dixiesme jour de lévrier l'an mil iiijc trente et sept.
Signé, D. Bonniot, avec paraphe.
*_'. Sapchon lut que Lieu, Bertrant Teysier, cossol de.Salgue,
confesse aver agut et recebut de Johan Chaste, recebedorde dyo-
sese de Mende de la somma de dosmilia motos donaslz à Rodigo,
conte de Ribadieu, la somma de très motos d'aur por aver estai
à Marehol à la sieta de la équoetacion de la dita tallia. Delà quala
somma de iij motos je me lenc per conlenet payât, et ne quite lo
dit recebedo. En. testimohi d'ayso hieu ey senhat aquesta quitansa
de mou senhet manual, lo prumier jorn de may, l'an in.cc.ee. xwviij.
Signé, Bertràk Téysier.
Lanlit, houinie d'armes de la compagnie de Rodigo de Villandandro, qui s'en
aloit, comme on disoit, un pays de Limosin en pass.mt par ledit paysd'Aui
priut et emporta d'un villaige estant en la chastellénie de Rocbefort une
arbaleste, une lance, certains fromaiges et autres biens apparlenans à un^
nommé Perrotin Loyrarl d. Il y a quelque apparence aussi que la date du
méfait lut déguisée par les coupables, et que ledit de proscription contre les
Rodrigais était levé lorsqu'ils aUaquèrent Etienne Lanlit.
VIE DE RODRIGUE
LTV
Rémission accordée à un habitant de Cahus en Querci, complice de trois
noya les perpétrées sur des hommes de la compagnie de Rodrigue de Villan-
drando. — Registre JJ 177, pièce 225, aux Archives nationales.
(Avril 1458.)
Charles, etc., savoir faisons, etc., nous avoir receue l'umble
supplication de Giraud du Puy, poure homme chargié de femme
il enfans, habitant du .Mas ou villaige du Puy en la parroisse de
Cahus, ou diocèse de Caours, contenant que, ou mois d'avril ou de
ina\ mil iur wwiii ou environ, les gens de Rodrigo de Villan-
drando, lors capitaine de gens d'armes et de trait eslans logiez
en nostre païs de Lymosin, un compaignon de guerre de la com-
paignie diulit Rodrigo venant du lieu où estoit logiée sadicte
compaignie, passa par ladicte parroisse de Cahus et par la Cère à
gué, et vint logier ou mas de Tilly pour repestre son cheval; et
lui estant illec, les tenanciers diulit Mas alèrent au lieu de Rorie,
dont ilz tenoient icellui, et dirent à Roncet Garnier, escuier,
seigneur dudit lieu de Borrie, que ung des gens de la compaignie
dudit Rodrigo estoit audit Mas et avoit prins un grant pain qu'il
avoit donné à son cheval; et jour ce que ledit Rodrigo eteeulx
de sadicte compaignie avoient esté par nous et par noz lettres
patentes publiées audit païs de Lymosin, lors hahandonnez et
leurs biens donnez àcculx qui les destrousseroient, ledit suppliant
monta incontinant sur son cheval et ala veoir s'il trouverait ledit
compaignon de guerre, lequel il ne trouva point, et ainsi s'en
retourna à son hostel ; et tantost après, considérant ledit Garnier
que ung mois par avant, que [auc] uns de la compaignie d'icellui
Rodrigo avoient pillé la maison de la mère de sa femme et
l'avoient endommagié delà somme de mil livres, ledit Garnier
remonta à cheval pour suivir ledit compaignon de guerre, et en
j alant, trouva en son chemin ledit suppliant Jehan de Tassalies,
Jehan de Talamont et Gérard de Ti il, qui tous estoient gens du
païs, lesquelz le suivoient et lui disdrent que icellui compaignon
de guerre s'eufuioyH devanl eulx, et qu'ilzne leporoient aconsuir
ne prendre; et lors ledit Garnier leur dist qu'il le suivroit telement
qu'il l'auroil s'il p luoit, el telement se y exploicta qu'il le print,
Dl \ Il I \M»!i \Mm».
lui osta - lieval el son i spc* -, et le mist à pié sans antre i bose
lui faire, el le bailla et laissa audit snpplianl el autn - d
nommez; lesquelz tantosl après doubtans, s'ilz le laissoien! aler,
que après lui d'autres de laditte comp ûgnie leur venissenl bouter
lu feu en lciii dil Mi-. «m autrement grandement les endommaigier,
conclurent entre euh qu'il/ le feroienl morir, et ce jour mesmes
sur la mut remmenèrent avec culzjusquesà ladicte rivière de
Cère, el en icelle le gectèrent et noyèrent. Après laquelle chose
ainsi l'aide, nng jour ou deux, lut dit et publié par Ladicte
parroisse de Cahus que deux autres de ladicte compaignie dévoient
venir le landemain; lesquelz de fait y vindrenl et passèrent près
du Mas de Serval, et pour ce, se misdrenl en aguet, afin de iceuh
prendre, se l'aire le pouoienl ; et advint qu'ilz les prindrent près
du Mas du Teilly el les amenèrent avec eulx au lieu de Chastel,
[très de ladicte rivière, et estoit avec eulx ung nommé Guillon de
Serval; et ainsi qu'il s'approucha de lanuyt, lesnoyèrenl en ladicte
rivière, doubtans que s'ilz les laissoient aler, ilz pourraient par
eulx estre destruiz et desers, mesmement considérant la mort de
l'autre compaignon de guerre, par eulx ainsi perpétrée. A l occasion
desquels cas ledit suppliant doubte, combien que depuis aucune
chose ne lui en ait esté demandée, rigueur de justice pour le temps
awuir, et que à eeste cause on lui voulsist mectre, ordonner,
empeschier en corps ou eu biens, se nostre grâce ne lui estoit sur
ce impartie, si comme il dit, humblemenl requérant que, actendu
ledit hahandonnement d'icellui Rodrigo et des gens, et que i a
tous autres cas ledit suppliant a tousjours esté homme de bonne
vie. renommée et honneste conversacion, sans oneques mais avoir
esté actaint ou convaincu d'aucun autre villain cas, blasme ou
reprouche, il nous plaise lui impartir icelle nostregrace: Pourquoy,
nous, ces choses considérées, voulans miséricorde préférer a ri-
gueur de justice, et mesmement en laveur des femme et enfans
dudit suppliant, à icellui ou cas dessus dit avons quicté, n D
pardonné, quictons, remectons et pardonnons de grâce espécial,
plaine puissance et auctorité royal, par ces présentes, les Eaiz el
cas dessus diz, avecques toute peine, offensée! amende corporelle,
criminelle et civile en quoy, pour occasion d'iceulx, il Beroit ou
pourroit estre encouru envers nous et justice, el de nostre pins
ample grâce l'avons restitué et restituons à sa bonne lame et
renomée, au païs et à ses biens non confisquez, satisfaction uucle
à partie civilement tant seulement, se faicte n'est; el sui ce
500 VIE DE RODRIGUE
imposons silence perpétuel à nostre procureur. Si donnons en
mandemenl par ces niesmes présentes au bailli des Montaignes
d'Auvergne, au seneschal de Lymosin, etc. Donné à Gbinon, ou
mois de may, l'an de grâce mil ccccxlvi et de nostre règne le xxime.
Ainsi signé : Par le roy, à la relaciou du conseil, Rippe. Visa.
Contentor. J. m Ban.
LY
Rémission à Brunel de Rampoux pour les méfaits de guerre par lui commis
pendant l'occupation du Querey par Rodrigue de Villandrando. — Archives
nationales, minute annexée au Registre JJ, pièce 01 i.
(Événements de 1458.)
Charles, etc. Savoir faisons à tous présens et avenir nous avoir
receu l'umble supplication de Brunet de Rampos, escuier de la
seneschaucie de Quercin, contenant que il est noble extrait de
noble lignée et a acoustumé, et ses prédécesseurs, nous servir et
les nostres ou fait de noz guerres contre noz anciens ennemis et
adversaires les Angloys, en la frontière desquelz est demourant au
dit pays de Quercin. Et quant Rodigues de Villandras entra dedans
le pays de Quercin avec grosse conpaignie de gens d'armes et de
trait [et] ala environ la place de la Vercantière, où ledit Brunet dc-
mouroit, pour faire guerre à nozdiz ennemis les Anglois, duquel
pais de Quercin il print plusieurs places sur nozdiz ennemis, ledit
suppliant qui nous desiroit servir en nos dittes guerres se mist et
bouta en la compagnie dudit Rodigues, [et ensemble] firent bonne
guerre auxdiz Anglois. Pendant lequel temps qu'il estoit en la
compaignie dudit Rodigues, il [et aultres avec lui] pour soy en-
tretenir firent plusieurs courses et prinses de bestial gros et menu
audit pais de Quercin, et les firent raençonner tant en vivres que
en or et argent, tant que ledit Rodigues demoura audit pais de
Quercin. Pour occasion de laquelle chose et des dommaiges et
excès que ledit de Rampos fist et commist, ainsi que dit est, puis
la venue dudit Rodigues audit pais, et qu'il donna à pluseurs gens
dudit pais, il double que ou temps à venir nostre procureur ou
aultres [ne veuillent] lui en donner aucune charge, etc. Nous
actendu ce que dit est. etc., remectons, quictons, abolissons, etc.
Si donnons en mandement par ces présentes au seneschal de
Quercin, , de Roùergue et à t<>ns noz autres justiciers, etc. Donné
D] vil i wni; LNDO. '"I
à Poictiers, ou mois de (sic), l'an de grâce mil cccc quarante
troys et de nostre règne le \\j .
LM
Rémission à Hathurin 'le Cardaillac, poarladél sse d'Alonzo de Zamora et
d'un autre ap|u'l«'- Alonzo tic lîi'nav.'iit, -m^-lieutenanta de Rodrigue de
Villandrando. — archives nationales. Registre JJ 178, pièce 232.
Événements de I
Charles, etc. Savoir faisons nous avoir receu l'umble supplica-
tion denoslrcamé et féal chevalier Mathelin, seigneur de Cardail
liac et de Monlbrun, nostre chambellan, contenant que : comme
ledit suppliant ait toujours esté bon et loyal vassal et subgiet en-
vers nous et nostre seigneurie, sans oneques avoir tenu autre parti
que le nostre. et à ceste cause a eu et soustenu en ses terri - et
seigneuries estans en nostre pays de Quercj plusieurs grans pertes
et dommaiges ; et aussi nous ait par moult longtemps bien et
loyaument servy ou fait de noz guerres, à l'enconlre de noz enne-
mis, desquelz il a esté prins prisonnier et mis à granl el excessive
finance, pour laquelle il estencores endebté envers plusieurs per-
sonnes qui de jour en jour le pressent de les paier et contenter;
et lui estant ainsi en la guerre, a tenu les champs, et pour mon-
ter, habiller et tenir en estât lui el ses gens, et pour nous plus
honnorablement servir oudit fait de la guerre, il ait esté en plu-
sieurs courses, destrousses et raençonnemens, tant de gens et logeis,
que autrement; et il soit ainsi que viij ou x ans a ou environ, que
ung appelé Alençondc Sommorre, soy disant lieutenant de Xan-
chon de Thouars, Aleuçon de Bennavent et plusieurs autres
gens de la compaignie de Rodrigues de Vîllendendras, alèrent
couiir au lieu de Golc appartenant audit suppliant, et en icellui
lieu prindrent à prisonniers tous les poures hommes de la terre,
emmenèrent tout le bestial groz et menuzqu'ilz peurenl trouver,
et aussi emportèrent tous les paesles el mesnaige el utencilles
d'ostelqu'ilz trouvèrent; toutes lesquelles choses Hz raeuçonnèfent
à leur plaisir et voulenté; et, non contens de ce, boutèrenl le feu
oudit villaige ou lieu de Gole, et brûlèrent plusieurs des maisons
d'icellui lieu; et ces choses ainsi laictes, ledit suppliant, acom-
paigné du sire de lieduer et d'autres, se transporta par devers l< -
\ il. [)], UOURIG I !.
,, lion il I lioiiai - cl Alcm m de Sommorre, qui estoient lors
I , ,_ ,, / à La Chappellc. Bellaguier, cl leur requisl qu'ilz lui voulsis-
,,.Ml |V|. ,||v les liomm 'S, loulcs les bestes el tous les biens qu'ilz
a voient juins, emmenez el emportez cludil lieu de Gole; de laquelle
,!/ n vtiiililicnl riens faire, si non qu'ilz paiassenl autant
,,ii plus que valloil 1 1 dcïtroussc qu'ilz avoienl l'aide; et à granl
.t . iter I dil Xanclion de Thouars ne ledit Alen-
Sommorre; el quant ledil suppliant vit qu'il n'avoit riens
lire, pour soj cuidier desdommaigier sur les gens dudit
\anehon de Thouars et dudit Alcnçon de Sommorre, commanda et
ordonna à aucunes gens de guei re qu'il avoil et lenoit soubz lui en
imslic service pour la garde dudit pays de Quercy, qui csloitlors
en la frontière de noz ancii us ennemis les Ànglois, qu'ilz courus-
is aux gens dudit Xanclion de Thouars et de Sommorre; et
certain jour dont ilz ne sonl recors, trouvèrent à leur avan-
. Alençon de Sommorre el Alençon de Bennavent avec
quelz ilz destroussèrent de chevaulx, harnoiz et
biens qu'ilz avoient; et emmenèrent les gens dudit sup-
plianl prisonniers en son chasteau de Cardailhac lesditz Alençon
de Sommorre et Alençon de Bennavent, où il/ furent par aucun
temps, ci après s'eschappèrenl desdictes [irisons, el demoura la
aux gens dudit suppliant, el n'en cul icellui suppliant
que un. cheval qui bien povoit valoir cent escuz ou environ: et
i f.itou fait faire plusieurs autres crimes, déliz et maleûces,
lesqin mroit declairer ne spécifier, ainsi que ont acous-
lumé ! lerre : pour le fail et occasion desquelz cas.
ledit suppliant, qui dès pieça s'est retrait en son hostel et a vou-
lonté d ; vivre doresnavant, double que ou temps à
venir on I ii vueille aucune chose demander, etc. Pourquoy nous,
ces choses considère udit suppliant en laveur de sesdiz
services, etc., a\ pardonné, etc. Donné à Bour-
iu mois île septembre l'an de grâce mil cccc xlvij, et de
ne le w\\ Ainsi siync : l'ar le roy en son conseil,
I I unlentor. V. I.i. I'icaut.
in. Ml I VN DR AN DO. 505
AI
Convci • fillandrando eu une rente perpétuelle
de ili\ i" i h à prendi en Bourbonnais mu un fonds
appartenant à Raymond de Montdragon du chel de sa femme M
v uvibe. — 1363*, cote 1
15 mai ! I
\ ti us ceulx qui ces présentes lei très i i ronl et orront, Estienne
Grort, secrétaire île monseigneur le ilue de Bourbonnois et d'Au-
vergne, el garde du seel aui contrauh tic son duchié de Bour-
bonnois, salut en nostre seigneur. Savoir raisons que par devant
Ghatard Verne, clerc juré, notaire de la courl de ladicte chancel-
et le nostre, auquel quent ad ce nous av. m- commis nostre
pouvoir, personnelment estably noble homme messire Reymond
d< Il iche-Dragon chevalier, seigneur d'Anchier, pour lui prenant
en main et soy faisant tort, soubz l'obligacion de tous ses biens
meubles et heritaiges quieulxconques, pour dame Margarite de
Neufville, sa femme, absente, d'avoir à ferme et agréable le con-
tenu de ces présentes lectres, de son bon gré e1 libère «olenté, a
vendu, cédé, quicté, délaissé et du tout à tousjours mais trans-
pourtc, vend, cède, quicte et délaisse el du tout en tout transporte
pour lui et les siens, perpétuellement, à noble et puissant sei-
gneur Rodrigo de Villandandro ite de Bibedieu en Espai-
gne, ad ce présent, recevant, stipulant et acce| tant c^ste présente
vente pour Jui et ceulx qui de lui auront cause perpétuellement,
pour le pris et somme de deux <cn> escus d'or de soixante quatre
au marc, et les soixante et quatre faisant le marc, en laquelle somme
de deux cens escus d'or icellui messire Reymond de Roche-Dragon,
chevalier, estoit tenu audit conte de Ribedieu pour la reste de six
cens escus d'or de soixante et quatre au marc, à cause de noble
homme Jehan de Passât, seigneur de Vieillevigne, et par la vente
de quarante livres de rente, en <pio\ ledit de Passât estoit tenu
envers icellui Rodrigo de Villandandro. et aussi des despens, frais
et missions d'un procès mehu en la court de la senneschaucie à
Molins, à cause de l'assiete et paiement d'icelles; sur quo] entre
lesdiz achapteur et vendeur ont esté d'accort et en a fait transport
ledit achapteur audit vendeur, si comme il z disoient, pour acquit
el paiement des quieulx deux cens escus d'or, sur quo\ s est tenu
\ 11. DE RODRIGUE
i, ,i ledit achapteur eu a quicté ledil messire Reymond,
vendeur, pi m, ml ru m, nu comme dessus, a vendu et vend, comme
(|,i est, audit coule de Kibedicu, c'csl assavoir dix tonneaulx de
vin de rente aiunn Ile el perpétuelle ; lesquieulx dix tonneaulx de
vin de rente ieellui vendeur a constitué el assignés audit achapteur
pranre, lever recevoir el percevoir, chascun an, par ledit
achapleur el les siens, au temps de venanges, sur et de la che-
i|ue la dicte dame Margarite de Neuville, sa femme, a en
l.i parroissc de Cliareilli, tant de vin, blés, fruis que autre/, droit/
e| reddevances, que ladicle sa femme a et puel avoir en hulule
parroissc de Cliareilli et es lieux circumvoisins, par condicion et
convenance expresse que, si de ladicle chevaine lesdis dix ton-
neauh de vin ne se trouvent ou ne se puissent fornir ne acomplir
eh.i cun an deladictc chevance, audit cas, ledit messire Reymond,
ii. ,i promis de fornir enlièremenl à ieellui achapteur lesdis
dix tonneaulx de vin; et pour fornir et acomplir lesdis dix ton-
neaulx devin de rente, chascun an, ledit vendeur a obligé et oblige
envers ieellui achapteur et les siens tous ses biens meubles
et heritaiges presens el advenir quieulxconques. Et desdis dix
tonneaulx de vin de rente annuelle et perpétuelle, ledit vendeur
s'est desmis, devestus et dessaisi, el ledit conte de Ribedieu,
achapteur, pour lui et les sien- qui de lui auront cause perpétuel-
lement, en a revestu, saisis! et remist, par l'octroy de ces pré-
sentes et h dit achapleur par lui et les siens en a l'ail vraj seigneur,
comme de sa propre chose. Et a promis ledit vendeur par sou
screment, la main touchant le livre, pour lui et prenant en main,
comme dessus] et soubz l'obligacion de tous ses biens quieulx-
conques de fere louer et ratiflier cesle présente vente et tout
le contenu en ces présentes à ladicte dame Margarite.... sa femme
absente, à la requeste dudit achapteur ou des siens, et de tenir,
actendre i i acomplir les choses dessus dictes et autre/ ensuyvant,
soubz la obligacion et ypothèque de tous ses universaulx et
singuliers biens, meubles el heritaiges, presens et advenir
quieulxconques, el qu'il n'a l'ait ne fera, dira ne pou rchessera fere
ne souffrir chose pour quoj ceste présente vente et tout le contenu
en ces présentes n'ayenl el obtiennent plaine et perpétuelle fer-
meté .:i tousjours maix. El avec ce a promis et promet ledit vendeur
de deffeudre el garentir au dicl achapteur lesdiz dix tonneaulx de
vin de renie p. i petuelle, à si s propn - couslz et despens, et lesluy
fornir cl acomplir audit heu de Cliareilli, chascun au, audit temps
DE VILLANDRANDO, SOS
de renanges, de tous perturbateurs el empescheurs quieulxconques,
et envers et contre toutes et quieulxconques personnes, en
ment et de hors; et randre et restituer audit achapteur et es siens
qui île lui auront cause tous les domaiges, missions, costamens,
interest et despens que ledit achapteur ou lr^ siens pourront
fere ou soustenir pour occasion des choses dessus dictes non acten-
dues. Et a renuncé ledit vendeur, en cestui fait, par sadicte foy
et sereinent, à l'excepcion de ladicte vendicion non avoir esté
l'aiite ne octroyée comme dessus est dit, à l'excepeion dudit pris
non avoir eu ne receu en espérance de future habicion, à l'exr
cepeion de dol, fraude ctbarat, à la excepeion pour quoj le deceu
puet venir contre le décevant, et généralement à toutes les au lie/
actions, excepeions, decepeions, allégacions et défiances, tant de
fait comme de droit , que ledit vendeur pourrait dire contre le
contenu en ces lettres, et qui à icellui vendeur pourrait prouf-
fiter et audit achapteur nuyre ; et au droit disant renunciacion
générale non valoir, se l'especiale ne précède. Et a volu ledit
vendeur pour lui et prenant en main , comme dessus, soy et les
siens qui de lui auront cause, pouvoir et devoir estre contraint et
compellé par nous ou par cellui qui sera au temps advenir en lieu
de nous, par la prinse, vente et exploitacion de tous ses univer-
saulx et singuliers biens, meubles et inmeubles ou heritaiges,
presens et advenir quieulxconques, à tenir, attendre et acomplir les
choses dessus dictes et chascune d'icelles, quelconques privilèges
non obstant. En tesmoigu de ce, nous, à la relacion dudit notaire
qui nous a rapporté les choses dessusdictes estre vrayes, auquel
nous adjoustons plaine foy, avons mis à ces présentes ledit seel.
Fait et donné, tesmoins à ce presens et appelles, messire Hugues
Burgaud preslre, Jehan Lepelin, Mathieu de Courtilz et plusieurs
autrez, le xiije jour de may, l'an mil quatre cens trente et huit.
Signé, CiiATAits Verhb.
LYIII
Quittance donnée pnr Rodrigue de ViUandrando d'une somme à lui payûc pour
l'entretien de ses troupes. — Original sur parchemin, Ks. français de la
Bibl. nat. n° '2G00Î, cote 0515. Communication de M. de Beaucourt.
(10 juillet 1438.)
Saichant tuit que je, Rodrigo de Villandro, escuier, cappitaine
de gens d'armes et de trait, confesse avoir eu et receu de mais-
20
50fl VIE DE RODRIGUE
trc Estienne de Bonney, receveur gênerai de l'aide de cm francs
donné et octroyé au roy noslre sire en sa ville de Bcsicrs, pour
l'entretenement de ses guerres et autres des affaires, par les gens
des troys Estaz du pays de Languedoc illec assemblez ou inoys
d'avril derrenier passé, la somme de mille livres tournois pour
ma porcion de vim 1. t. que le roy nostre dit. seigneur, par ses
lecires sur ce faictes et données le xe jour de juing, aussi derre-
nier passé, avoit et a ordonné estre baillée et délivrée à l'olon
de S.i i ut railles et à moy, pour despartir et distribuer entre moy et
plusieurs autres cappitaines, gens d'armes et de trait et leurs
gens, que ledit seigneur nous a ordonné mener soubz la conduicte
dudit l'oton ou pays de Guienne pour illec faire guerre aux An-
glois, si comme par lecdictes lectres peut plus à plain apparoir.
Delaquelle somme de ji 1. t. je me tiens pour content et bien
payé, et en ay quicté et quicte ledit receveur général et tous au-
tres. En tesmoing de ce, j'ai seellées ces présentes de mon seel et
signées de ma main, le xme jour de juillet l'an mil cccc trente et
huit.
Signé, Rodrigo de Yill.v Andrando.
LIX
Accise octroyée par le gouvernement anglais à la ville de Bayonne pour rentrer
dans ses frais de guerre, particulièrement à raison de la résistance qu'elle
avait opposée à Rodrigue. — Imprime dans Rymer, édil. 1741, t. V, p. 55.
[11 juillet 1458.)
Rex omnibus ad quos, etc., salutem. Sciatis quod nos, consi-
dérantes gravia et importabilia oncra que civitas noslra Baione,
causa guerrarum et obsidionis de Guamarde et Darrien jam tarde
conquestis , ac eliam pro rcsistentia cujusdam inimici nostri
vocati RodigilQ, ac aliorum onerum innuinerabilium suslinuit et
supportavil, nec non summas argenti in quibus pluribus merca-
toiibus ca occasionc indebilala sit et obligata : que quidem onera
il'' ùic iu diem, (am per mare quam per terram, necessaria haliet
sustinere, eo quod presenlialiter sexcenti bomines arinali et ul-
tra de civilale predicta contra Hispanuicos ad expensas civitatis
prediete per mare existunt, prout per quandam supplicationem
nobis per regentem, consilium et communilatem dicte civitatis
DE vu l \ Mil; INDO. U 7
I resentatam inlelleximus : de gracia nostra specîali ac pro &u| por-
tatione onerum predictorum ac salva gardia ejusdem civitatis,
dedimus et concessimus regcnti, consilio el communitati ibidem
H ni mine sont, ac per fôrmnm el modum quibus progénitures
aostri eis, lempore preterito, bucusque dederunt el concesserunt,
cum omnibus proficuis, émolument is et gaudentiis ejusdem, du-
rante beneplacito nostro, ad finem quod iidem nunc r
consilium et communitas illis, de quibus hujusmodi snmmas
ceperunt et (|nilnis in futurum pro sustenlatione guerrarum el
onerum predictorum erunt obligati, solvere possint, aliqua pro-
seentione peraliquos subditos nostros Anglie, proassisa illa adnul-
I m l.i. perantea facta nonobstante.
In cujus, etc. Teste rege, apud Weslmonasteriura, undecimo
die julii.
Per brève de privato sigillo.
IA
Injonciion par Charles VII aux capitaines des Écorcheura à bod service, y
compi i- Rodrigue de Villandrando, de s'abstenir de lotite violence contre les
terres el les sujets du duc de Bourgogne. — Imprimé par M. HaYcel Canat,
h icuments inédits pour servir à l'histoire de Bourgogne, et p ir H. 1 1
Les Ecorcheura sous Charles VII, d'après l'original des archives dépar-
tementales de li Côte-d'Or.
(15 septembre 1 158
Charles, par la grâce de Dieu roy de France, à noz amez et
féaulx Polon, seigneur de Santeraîlles, Gauthier de Brusac, le
bastard de Bourbon, le bastard de Harecourt, le bastard de Vertus,
Rodigue de Villandrando. Anthoinc de Chabanncs, F loquet, Blan-
chefort, le bastard de Culant, le bastard de Sorbier, Florimont,
et à tous autres chevaliers, eseniers, capitaines de gens d'armes
et de trait et autres gens de guerre estans et qui ou temps adve-
nir seront en noslre service, ausquels ces présentes seron) iikhi--
trées, et à leurs lieuxtenans, salut et dilection. Nosln très chiet
et très ami frère et cousin le duc de Bourgoingne nous a humbl -
ment expose que, depuis ung an en çà, vous ou pluseurs d'entre
vous vous estes transportez en la duchié de Bourgoingne et autres
ses pais, (erres et seignories, où avez fait on pai vos gens souffert
faire maul.tet dommaiges irréparables, tant en prinse, mulilaci m
VIE DE RODRIGUE
de pluseurs des hommes du dil duchié et autres païs d'environ,
cflbrci-inens de femmes, boutemens de feuz, prinses d'abbayes,
prinscs aussi de bestial gros et menu, rançormemens de grant
partie des diz païs à grans soi es de deniers, et autrement en
pluseurs manières, et ce oultre et par dessus noslre deffense eL
î) l,i rTrani]e foule d'icellui nostre frère et cousin; lequel par force
ci puissance y eusl bien contresté, s'il n'eust doubté en ce nous
despldirc el courroucicr, ce raie faire ne vouldroit. Et pour ce
n ius a supplié et requis que, pour evitter les inconveniens que
ensuir se pourroienl par vengence d'une partie et d'autre, s'au-
cunc cnlrefaictc se survenoit par voye de guerre, nostre plaisir
soit de en ce pourveoir de remède convenable. Pourquoy nous,
ces choses considérées, désirant, comme faire (levons, les païs,
terres et seignories de noslre dit fi ère et cousin estre préservées
cl cardées de telles et autres oppressions, vous mandons etestroit-
i. menl enjoiugnons el del fendons par ces présentes, el à ebascun
de vous endroit soy, que èsdiz pays, duchié, terres et seignories
appartenant à nostre dil frère et cousin, ne aussi en autres ses
pays quelconques, vous ne ferez ne souffrerez par vos dictes ^cn>
doresenavant telz ue semblables loigers . séjourneinens, maulx et
oultraiges que dessus est dil : mais s'il advenoil qu'il vous feust
besoing el néecessité, vostre chemin fassant, de passer, de traver-
ser ne aucunement loigier par aucun des destroiz de ses diz païs
et que le passaige des diz païs ne peu»iez esehever, en ce cas
vous mandons, commandons et enjoiugnons tiès expressément
que, avant l'entrée en iceulx païs. laciez vostre veine signiffier
gouverneurs et principaux officiers d'iceulx païs pour nostre
dit frère el nni.Mii pour prendre et avoir d'eulx conduite telle el
par telz lieux que bon el expédient leur semblera. Et voulons,
ommandons et enjoingnons, comme dessus, que vous y gou-
verniez doulcemenl cl courtoisement, sans y séjourner ne faire
aucunes pillerics, deslrousses, rançonnements ne autres griefves
oppressions, et gardés, commenl que ce soit, que, pour choses
qui adviengnent, ne faciez riens eu contraire, sur tant que doub-
tcz mesjirendrc el offenser envers nous ; car si autrement le fai-
siez, rnesmcincnl après ce que ces présentes ou le vidimus d'i-
celles vous auront esté exhibées el présentées duement, nous, en ce
cas, avons donné el par ces dictes présentes donnons congic et
licence à nosln dit frère el cousin et. à ses gens, serviteurs, offi-
ciers et subgiez desdiz pais et autres, et à chascun par soy, d'eulx
DE VIII INDRANDO.
assembler pour résister par force el puissance d'armes el autre-
ment, comme ilz pourront, à voz entreprinses et trouver manière
de vous gccter hors desdiz pais, sans pour ce encourir en nostrc
indignation ne autre dangier, quelconque chose que en ce faisant
ensuir doye. Et d'abondant voulons et par ces mesmes présentes
mandons el expressément commandons à ooz bailliz de Verman-
dois et d'Amiens, à nostre seneschal de Pontliieu, à noz bailli/, de
Sens et de Bfascon, de Troyes et de Victrj 1 1 de Ghaulmont, el à
tous autres noz justiciers et à leurs lieux tenans et à chascun
d'eulx sur ce requis, que oudit cas donnent à nostre dit frère el
cousin et à ses officiers, serviteurs et subgez dessus diz, [tour la
deffense, garde et seureté des diz pais, toute faveur, confort,
ayde et retrait et passaige, en adhérant avec eulx à L'encontre
de vous et de tous autres nos serviteurs, souldoiez et subgez qui
à iceulx païs vouldroient faire guerre oe telz excès el dommaiges
que dessus est dit ; et se. en ce faisant, s'ensuivoit mutilacion
sur aucuns des diz malfaicteurs, nous dès maintenant pour lors
pardonnons et remettons le dit cas à tous ceulx qui fait l'au-
roient, sans ce que jamais leur en doye eslre riens demande ;
et sur ce imposons scillance à nostre procureur el à tous autres.
El pour ce que nostre dit frère et cousin ou ses diz gens el offi-
ciers pourront avoir à faire de ces présentes en pluseurs et di-
vers lieux, voulons que audit vidimus d'icelle, fait soubz seel
royal ou autre autentique, plaine foy soit adjouslée commi
présenl original. Donné à Saint-Aignien en Berry, le xv«jour de
septembre, l'an de grâce mil quatre cens trente et huit, et de nostre
règne le xvr8, soubz nostre seel ordonné en l'absence du grant.
Ainsi signé: Par le roy en son conseil. Bcdes.
LXI
Institution des élus chargés de répartir et lever une aide accordée par I
de Bourgogne pour solder un corps de troupes destiné à résister S R <-
drigue et autres capitaines des Écorcheurs.- Mélanges 'le la Charnbi
comptes de Bourgogne, t. II. p. 466, n° 2S20 aux Archives de la Cote-d'Or.
(10 novembre 1438.]
Jehan, conte de Fribourg et de Neufchastel, gourverneur et
cappitaiue des pays de Bourgoingnc pour mon très redoublé sei-
510 VIL DE RODRIGUE
gneur, monseigneur le duc et conte desdiz pays, à tous ceulx qui
ces présentes lettres verront, salut. Pour ce que monseigneur le
duc de Si voie, monseigneur le conte de Ncvers et autres grans sei-
gneurs bien vueiilans démon très redoubté seigneur, monseigneur
le duc de Bourgoingne, nous ont escript et fait savoir par leurs
lettres closes que Rodigue et autres cappitaines de gens d'armes
nommés Escorcheurs, estans présentement sur les marches de
Bordcauh au nombre de xnii'" chevaulx, s'estoient disposés de
venir segourner et vivre ce présent yver es pays de Bourgoingne,
qui seroient la totale destruction et perdictîon desdiz pays: nous,
par l'advis des gens du conseil et des comptes de mondit seigneur.
avons escript aux seigneurs de Bourgoingne eulx traire en cesle
\ille le xe jour de ce présent mois, auquel jour nous avons escript
et fait savoir aux gens des trois Estas desdiz pays semblaLlement
y estre pour avoir advis avec eulx sur la résistance que se pouvoit
et devoit faire à l'encontredudit Bodigue et ses complices, ou cas
qu'ils viendrolent èsdiz pays. Lesquels desdiz trois Estas pour la
cause que dessus assemblés pardevant nous, lesdizgensdu conseil
et des comptes, ledit xc jour dudit présent moys et autres jours
ensuivant, après plusieurs remonstrances sur ce à eulx faites et
osteneions des lettres closes de mondit seigneur à nous et aux
diz du conseil escriptes, lesquelles leur ont esté exhibées et leues,
par lesquelles mondit seigneur mande expressément que son
plaisir est de résister à toute puissance à l'encontre desdiz cappi-
taines, sens prendre avec eulx aucun traictié, ont esté tous d'avis,
oppinion et d'un commun accort et consentement que l'en devoit
en ce faire et accomplir le bon vouloir et plaisir de mondit
seigneur, et que pour pourveoir à leur venue et qu'ils ne puissent
de prime face entrer èsdiz pays, estoit de neccessité de mectre sus
cccc hommes d'armes bien esleues, qui feussent tous prestz pour
faire ladicte résistance toutes fois que meslier seroit, en attendant
plus grant secours pour y résister à toute puissance; et lesquelz,
affin qu'ilz n'aient cause de faire aucune rançons, pilleries et
roberies, seroient soubdoiez pour ung moys entier au pris, pour
chascun homme d'armes, de quinze frans, moulant le paiement à
la somme de six mille frans, et pour les fraiz extraordinaires, tant
pour envoier savoir le convine desdiz cappitaines, comme pour voiai-
ges et autres missions qu'il conviendra faire à cause que dessuz,
>ix cens frans : pour tout la somme de six mille six cens frans.
Laquelle somme lesdiz des trois Estas ont libéralement ottroiée
DE VILLANDRANDO. r.n
et accordée eslre levée sur euh par manière d'aide en 1 1 manière
accoustumée , et dont lescliz gens d'église dudit duchié < >n i
accordé de paîer la somme de six cens frans, le tout revenans eus
franchement, pour convertir en ce que dil est, et non ailleurs ; d<
laquelle somme de six mille six cens frans en compecte et appartient
ù la duchié de Bourgoingne trois mille deux cens frans, sens \
comprendre lesdiz de l'église. Pour laquelle somme getter et
imposer les gens desdiz trois Estas dudit duchié nous ont requis
que voulsissions ordonner et commettre esleuz, c'est assavoir
pour lesdiz gens d'église, le doien de la chappelle il*' Dijon, pour
les nobles rue-sire Jacques de Villers, pour les bonnes villes le
mayeur de Dijon avec maistre Guillaume Courtot, conseillier et
maistre des comptes de mondil seigneur el par lui pieça ordonné
esleu audit duchié, et de leur donner puissance de getter, imj oser,
asseoir et faire lever audit duchié ladite somme de trois mille
deux cens frans sur tous les hahitans contribuables audit dui hié,
sens y comprendre lesdiz gens d'église serrans à Dieu, lesdiz
seigneurs et nobles vivans noblement, suivans el frequantans l'-
armes. Lcs<[u<!s esleuz, à la requesle que dessus, nous avons
faire ordonnez, commis et instituez, ordonnons, commettons et
instituons par ces présentes nu\ gaiges chascun de vins frans que
pour ce faire leur avons ordonne/ et tauxez, ordonnons et tauxons
par ces mesmes présentes. Et auxdiz esleuz, aux quatre, trois ou
aux deux d'eulx, dont ledit maistre Guillaume soil adez l'un,
nous avons donné et donnons par ces présentes pliiu povoir,
auctorité et mandement espécial de faire ladite assiette el impost
dudit aide au regard dudit duchié bien et deuement, et en telle
manière que ladite somme de trois mille deux cens frans reviengne
franchement es mains du receveur à ce ordonné et commis, et de
la taire lever incontinent ou as-ez tost après ladite assiette faicte,
ainsi qu'ilz verront que mestier sera, et aussi de comm<
ordonner et instituer les receveurs particuliers el tous autres
ofliciers neccessaires, souffisans et ydoines à ce et telz que bon
leur semblera, et leur ordonner et tauxer gaiges el - laires
raisonnables, et de faire toutes autres choses à ce appartenanl el
que bons et loiuulx esleuez puent et doivent faire et dont lr-.li/
trois esleuez nommez par les diz trois Estas ont aujourd'hui fait
en noz mains le serement à ce appartenant. Et quant audil maistre
Guillaume, il en a pièça fait le serement es main- des commis
de par mondit seigneur à le recevoir de lui ainsi. Donnons en
-1-2 VIE DE RODRIGUE
mandement à tous les justiciers, officiers et subgès de mondit
seigneur que auxdiz esleuez, aux quatre, trois ou aux deux d'eulx,
comme dit est, en ceste partie obéissent et entendent diligemment
et leur prestenl et baillent conseil, confort et aide et aux officiers
par culx commis et dépotez en ce fait, se mestier est et requis
en sont. Mandons en oultre de par mondit seigneur aux gens
desdiz comptes que les gaiges desdiz esleuz et aussi les gaiges et
salaires des au lies officiers et commis en ceste partie, et autres
fraiz l'aiz pour le fait dudit aide, qui par les mandemens et
ordonnances desdiz esleuz auront esté paiez par les receveurs
général ou particuliers dudit aide, ilz allouent es comptes d'iceulz
receveurs qui paiez les auront, sens contredit, en rapportant les
lettres et enseignemens à ce appartenant. En tesmoing de ce, nous
avons fait mettre à ces présentes le seel de la Chambre du conseil
de mondit seigneur en absence du nostre. Donné à Dijon, ledit
dixiesme jour de novembre, l'an mil quatre cens trente huit.
Par monseigneur le Gouverneur, à la relation des gens du
conseil et des comptes. Sic/né, Gros.
LXIl
Quittance de Rodrigue de Villandrando pour 200 livres à lui votées par les
États de la Rasse-Auvergne en juillet 1438. — Original en parchemin du Ca-
binet des titres de la Bibliothèque nationale, dossier Villandrando.
(14 novembre 1458.)
Saichent tuit que nous, Rodigo de Villeandrando, conte de
lîibadeo, seigneur d'Ussel, conseillier et chambellan du roy nostre
sire, confessons avoir eu et receu de Pierre Mandonier, receveur
ou bas pais d'Auvergne de la porcion de l'aide de xxiijm francs
octroyez au roy nostredit seigneur, à Yssoyre, en juillet derreniè-
rement passe, et de certaines sommes mises par mandement du
in\ nostredil seigneur, montans à xxxm fr. pour le fait dudit pais
et pour païer certaines raençons qu'il a convenu faire à certains
capitaines de gens d'armes, affin qu'ils vuidassent hors dudit
païs: la somme do deux cens livres tournois, laquelle les gens
d'église et nobles dudit bas païs ont ordonné à nous estre paiée,
baillée et délivrée par ledit receveur des deniers de sa recepte, par
euh \n\< sus oultre l'octroy principal, pour les causes et ainsi
DE VI! I LNDRARDO. SIS
qu'il est plus à plain contenu et déclaré èa instructions et ordon-
nances par eulx faicles sur le faitdudit aide et somme1. !>-■ laquelle
somme de ijl 1. t. nous tenons pour bien content et paie, et en
quictons leilit receveur et tous autres à qui quii tance en appar-
tient. En tesmoing île ce, nous avons ces présentes si_m-. / <\r
nostre seing manuel et scellées de aostre seel. Faites et données
le xiije jour de novembre, l'an nul axe trente huit.
Signé, Rodrigo de Villa A.ndra.ndo.
lxhi
Mandement pour la levée d'une contribution imposée à la sénéchaussée de
Toulouse afin d'empêcher Rodrigue et les autres chefs de l'armée de Guienne
de venir prendre leurs quartiers d'hiver en Languedoc. — Copie authenti-
que jointe au rôle original île la contribution. Ms. français, n" 23901 de
la Bibliothèque nationale.
(15 novembre 1438.)
Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, aux esleuz sur le
fait des aides ordonnez pour le lait de la guerre eu la ville et
diocèse de Toulouse. Comme nagaircs, par l'advis et delibéracion
des seigneurs de nostre sang et autres de nostre grant Conseil,
ayons envoyé en noz ducliié de Guienne et pays de Gascoigne noz
chiers et bien aimez cousin le sire de Le Bret, Rodigo de Villan-
drau, conte de Ribedieu, et Poton, seigneur de Santnôlle, premier
escuyer de nostre corps et maistre de nostre escuierie, avec cer-
tains autres noz cappitaines cl nombre de gens d'armes et de trait
pour illec faire guerre à noz anciens ennemis les Angloys ; et de-
puis pour supporter nostre pays de Languedoc et al'lin qu'il/ n'y
entrent ny s'y viengnent yverner, comme déjà aucuns d'eulz avoient
commencé et y esloient entrez, qui seroit la destruction dudit
pays et de nozsubgiez et habitans d'icclluy, leur avons mandé très
expressément qu'ilz se demeurent en nostre dit ducliié et pays de
là Garonne, toute ceste morte sayson; et pour ce soit nécessaire
certaine somme d'argent pour leur aider à vivre es diz ducliié et
pays, laquelle avons mandée estre mise, imposée et levée sur noz
1 L'état de répartition, qui est dans le ms. français 23902, ne porte qui ces
mots : « A Rodrigo de Yillandrando, conte de Ribadeou, pour services fail BU
pays, deux cens livi
VIE DE RODRIGUE
dû Bubgiez et b ibiUns île nostre dit pays de Languedoc, oullre et
ssua certaine somme que leur avons appoinctée sur noz pays
raedoil, sans laquelle somme avoir prestement n'est possible
j noïdiz cousin, Rodigo et Poton demourer et se entretenir èsdiz
pays pour la trèsgrant cherté de vivres qui test et autres néces-
site* qu'il/ ont, ainsi qu'ilz ont fait remonstrer à nostre amé et
féal conseiller Pévesquede Laon et autres noz conseilliers et offi-
ciers estans audit pays, pour ce assemblez au bourg de Carcas-
Bonne avec aucuns des cappitoulz, consulz et habitans des princi-
pales villes de nostre dit pays; de laquelle, aussi de certaine
somme accordée au bastard de Bourbon pour saillir hors dudit
pays, avec aucuns fraiz et despences nécessaires, la ville et dio-
le I houlouse et lieux et habitans d'iceulx ayent esté imposez
et assiz à la somme de deux mille quatre cens trente et sept livres
tournoys tant seulement, considéré les domaiges et perles qu'ilz
ont Bouffera et portez ceste année présente; laquelle somme fault
imposer, cueillir et lever prestement pour délivrer ausdiz cappi-
taines, gens d'armes et de trait pour vuyder incontinent la senes-
chaucée dudit Thoulouse, et payer aussi audit bastard, ainsi que
promis et accordé luy a esté : Nous vous mandons et commandons
en commettant, se mestier est, que, appelez ceulx qui seront à
appeler, vous icelle somme imposez, divisez et asséez en et sur la
dicte ville, lieux et habitans d'iceulx diocèse, quelx qu'ils soient,
aiant acoustumé de contribuer ou non contribuer aux aides à nous
octroyez en ladicte seneschaucée, bien et justement au mieulx que
pourrez, le fort portant le foible; et l'assiette par vous faicte baillez
et délivrez au receveur particulier ordonné audit diocèse, pour
icelle somme faire venir eus franchement et entièrement, en con-
traignant à ce tous ceulx qui feront à contraindre, ainsi et par la
forme et manière ainsi qu'il est acoustumé de faire pour noz pro-
pres debtes. De ce faire vous donnons pouoir, mandons et com-
mandons à tou> noz justiciers, officiers et subgiez que à vous, en
ce faisant, obbéissent et entendent diligemment, donnent conseil,
confort, aide et prisons, se meslier est. Donné à Carcassonne, le
w de novembre, l'an de grâce mil cccc trente et huit et de nostre
• !<■ wi",
Par le Roy à la relacion di s généraulx conseilliers sur le fait des
aid' le 1 qg .'.doc. L\>
HK MLI àNDRÀHDO 515
I.XIV
Quittance d'un payement (ail <m le subside \"! tonne pour l'entre-
tien de l'armée de Guienne commandée | de Villandrando :
de Xainlrailles et le bâtard de Bourbon. — Original en parchemin du C
des litron de la Bibliothèque nationale, dossier Sai •
[Événements de novembre I
Nos Bernât I» mion del Sarrau, Bernât Vinhas et Esteve di
garet, elegitz per lo roy, noslre senhor, -u< lo lait de las aydas
en la ville et dioceza de Tholosa, re onoyssi m aber agul et resseubut
de Johau La Crœlz; recebedor particular en la dita diocesa de
Tludosa de cerlana soma autregada e meza sus darreyrament eu
la vila de Careasona, eu lo mes dr novembre darreyramenl passât,
par mandament del dit senhor, per entn tenir l'armada per lo dit
senhor trameza en son pays de Guiayna, que a faita monsenhorde
Riliedieu, l'oton senhor de Santaralha et mossenhor lo bastartde
Borbon, et de autra soma autragarda al dit mossenhor le bastart
de Borbon per salhir fora del pays e passar de là la ribieyra de
Garona : la soma de lx libras à nos deguda per nostra :
trt'balli de mètre, assetiar, partir edevezir la quota part e porcio
tocant la présent dioceza, et aysso per vertut de certana commissio
del rey nostre dit senhor à nos trametuda e adressada en aquesta
partida. Ile la quai soma de lx libras, so es assaber xx libras t.
per cascuu de nos, e per las causa- desus dilas. e ayssi a -n
cas semblant es acostumat. liem contens e ne ijuitam lo dit Johan
La Croetz e tôt autre à qui poyria tocar ni la presen quitansa deu
apartenir. Dadas à Tholosa, sot/ nostres propris sigels e senhetz
manuals, lo xixe jornde may, Tan mil cccc x\\i\.
Signé avec paraphe, B. Yikhas.
I.XV
Arrêt'- de compte au consolai du Bourg de Rodez pour le payement d'une
contribution convenue, pour la délivrance définitive du pays, entre le comte
d'Armagnac et Rodrigue de Villandrando. — Registre BB' (fol. ITT
chives communales de Rodez Communication de M. Paul Durrieu.
(19 décembre 1 13*
Fou explirat, erim per la comesson maestro 11. d'Astug i, piocu-
ror gênerai et secretari de mossenhor lo comte, trames per mes-
Ml DE R0DRIG1 I.
,ltit, , ,, especial pcr denunciar l'acordi fach per mos-
|(, comte -un Bodigo cl autres rotiers, pcr la quai causa lo
,j ,| |or pcr d'ayssi à tolz tans ; pcr loqual acordi
stal promes aldit I\odigo ni"1 motos, pagadors lameytat
;, nai| mien vencn, el l'autra meytatà pascas enseguen:
, -t;it autrial m esquts, valens m vii« i. motos,
1 xv jorn d'aqucsl mes : que moula à la part del Bore
iwi csouls \in gros. I.i quai soma lo dit maestro II. d'Astuga
i |. r jiortar als dis capitanis.
A Y
,li,.c(*'si< 'le Lavaur cl de la jugerie de Villclongue
- ni (|uole-j);irl de la contribution consentie par la sené-
nour m' débarrasser de Rodrigue 'I'' Villandrando el
l; nrhnii. — Copie de la t:>>/lerii<<u de Languedoc (t. LXXXIX,
■; | . Bibliotb. nat.
Événements 'In commencement de l'an 1 1"'.'
Charles, etc. au premier nostre huissier ou sergent d'armes,
huissier de nostre Parlement <>u autre nostre sergent qui sur ce
requis, salut. De la partie de nostre bien amé Jehan de la
■ sté expose que, comme au retour de l'armée que
- en l'année précédant aller et entrer à nostre pays de
Guienne occupé par les Angloys nos anciens ennemis et adver-
. i, h.', de Villandrando et le bastard de Bourbon, capi-
n mes et de lr.nl d'icelle armée, se feussent venus
environ nostre ville de Thoulouse, eulx el leurs gens en
desditz gens d'armes et de trait, et eussent prins par
les villes el places de Saichcs, Braqueville et Bo-
i i sur ia rivière de la Garonne; èsquelz lieux se rc-
■ ient tous les pavs d'environ icellc nostre ville
e, prcnoienl el rançonnoicnl hommes el femmes et
-oient iii.uiK innunicrahlcs cl tellement, que aucuns vivres ne
envoient aller ne venir en nostre dicte ville
1 pays; pour laquelle cause et donner à ce provi-
1 assamblez les v.eiis de nostre conseil et capitols
i e||e nostre ville de Thoulouse et granl partie des gens des trois
lausséc et \ille de Thoulouse el pays d'environ,
li"-- louchoil et, usloil préjudiciable; lesquels, pour
DE VILLARDRA3D0. 511
éviter la destruction dudil pays cl Paire cesser les dictes | » î 1 1 « ■ i i « - - ,
eussent fait certain appoinctement avec lesditz Rodigo el bastart,
par lequel il/ promirent et baillièrent leur scellé q leilz . en leur
baillant la somme <le trois mille escus de reste . savoir andil Ro-
digo deux mil et audit bastart mil, delivreroienl lesdictes villes el
places, ctn'cntivroient ne lu- rruïcni i'ii\inm hvIIc uostre ville ne en
ladicte seneschaussée deçà la rivière de Garonne dedans i
temps: pour fournir auquel appoinctement eust esté advisé el
ordonné par lesditz gens de uostre conseil, capitols et gens des
trois Es taz, mettre sus et imposer eu ladicte seneschaussée et pays
à qui la chose touchoit la somme de cinq mille livres tournois,
et pour advancer la vuidange desdictes gens d'armes, eussent tant
fait envers ledit exposant qu'il acharna et près ta ladicte somme
de trois mil csetiz pour bailler auxilitz capitaines; el depuis eus-
sent commis icelui exposant à recevoir ieelle somme de cinq mil
livres tournois et ordonne qu'il recouvrerait le susdit prest des-
diz trois mille esens par sa main des deniers de sa recepte; à
cause de laquelle somme de cinq mil livres t. les habitans du dio-
cèse de Lavaur et jugerie de Villelougue furent assiz et imposez
pour leur quote et portion dudit ayde à là somme de douze cens
seize I. t.; lesquels habitans se feussent trait par devers uostre
très chier et très amé Bis le daulphin de Viennois, luj estant der-
nièrement en noslre pays de Languedoc, et par imporlunité de
requestes ou autrement eussent obtenues ses lettres par li squelles
eust esté mandé audit exposant que, jusques à la Teste de Noël der-
nier passé, ne les contraingnist à payer leur dit impost ; lequel
suppliant, en obtempérant au mandement de noslre dit fil/, les
ait tenu en surcéance de leur demander iceluy impost jusques à la
feste de .Noël; et combien que ledit suppliant ait par plusieurs fois
sommé et requis ceulxdc ladicte seneschaussée et pays dessusdit
qui "lit esté imposez audit ayde, de luy payer leur taux et impost
d'iceluy, néanmoins ilz en ont esté et encorcs sont reffusans ou
au moins delayans et en demeure, et double que pareillement
soient ceulx dudit diocèse de Lavaur et de la jugerie de Villelongue,
nonobstant ledit terme à eux donné, lequel est passé, comme dit
est, qui a esté et seroil grant dommaige et préjudice dudit •
sant, se par nous n'esloit sur ce à luy pourveu de remède conve-
nable, requérant humblement iceluy : pourquoy nous, ces choses
considérées, voulans ledit suppliant, qui a libéralement preste le
sien pour la conservation de nosdiz pays, et les autre? frais que
-|S VIE I>E RODRIGUE
à ceste causa lui a convenu faire, estre payé et satisf'aiz comme
raison est, te mandons et commettons par ces présentes que tu te
transportes par devers lesdilz habitans du diocèse de Lavaur et
iugerie de Villelongne et de ladicte senescliaucée de Thoulouse et
autres lieux qui t'apperront avoir esté assiz et imposez audit ayde
de cinq mil 1. t., etc. Honné à Saumur, le vie de février, l'an de
grâce mil i ci i \k\ix et de nostre règne le xvm% soubs nostre seel
ordonné en l'absence du grand.
LXYII
Quittance de l'intendant île la maison de Rodrigue de Villandrando pour un
don d'argent à lui fait par les capitouls de Toulouse. — Original en par-
, h, min du )ls. IV. 20578 à la Bibliothèque nationale.
(17 mars 143 g]
Sachan tous que ses preses verant que yo, misser Pyeres de
Vivar, chyvaller, maestre de mossenor le comte de Rybadeo, con-
te se avoer recebido de vous, Juan de la Crois, la summa de l escus
en oro, lesqueles yl m'adado per les senors de la villa de Tolosc.
lia les quales l escudos io me ten per content et vous doue esta
quytansa escryta de ma man et synena de mon synet manuel, le
wij' dias de marso, l'an de mil ccccxxxviij ; et quyte la dita villa
de Tolosa et les abitans de todo lo que me poay onc escair d'os.
De par le maestre d'ostall de monssinor le comte de Rybadeo.
Signé, Pedro hk Vivar.
LXVIU
Quittance d'une indemnité payée pour assistance à une assemblée des Etats
iévnudan tenue à Uende, où lut votée une contribution à Rodrigue de Vil-
landrando. — Original du JIs. Clairambault 181, cote, 6505 à la Bibl. uni.
(9 avril 1439.)
Par devant moy, Martin Drosses, notaire, fut présent en per-
sonne le noble Roberl de Montesquieu, seigneur de Parade, lequel
gneul el confessa avoir lieu et receude Jehan Chaste, receveur
ou diocèse de Munie de la somme de ij"1 moutons d'or pour paty
HE Mil ISRANDO. -.10
l'ait à Bodigo de Yillandran, cappitaine de- gens d'armes et de
Irait, par les gens des trois • stas de Jeuvaudain, la somme de dix
moutons d'or à lui tauxée pour avoir esté à l'assemblée 1 1 assisté
à Rfende, pour la terre du seigneur du Tornel. De laquelle somme
de x moutons d'or ledit Robert de Montesquieu s'est tenu et tient
pour bien contint et paie, en en quieia et quicte ledil receveur
el tous autres à qui quictance en puet appartenir. Et en tesmoing
de ce et à larequeste dudit de Montesquieu, j 'a) signé eeste quic-
tance le ixe jour d'avrill, l'an mil iiij* quarante ' et neuf.
Signé, Brosses.
LXIX
Engagement personnel de Rodrigue de Villandrando dois le traité d'alliance
conclu par lui avec le comte de Fois et le comte de Comminges. — Original
en parchemin, scellé, aux àrchivi s du départemenl des Basses-Pyrénées, coté
. ' . — • Communication de M. Paul Raymond.
1. \ ..o.,,
(9 avril 1439
Sapin tot.z qui las presens veiran que io, Rodrigo de Yilan-
drando, comte de Ribadeu en lo règne de Castele, de mon bon
grat e certane sciencie me suj feyl et per ténor de las presens me
faz aliat et servidor de vos, haut et puixantz senhors en Gas-
ton, comte de I oixs et de Begorrc, et de vos, moss. Malhiu de
Poixs, comte de Comenge. Et vos cy promelut et jurai, prometi
et juri ans sautz avangelis de Diu, corporammentz toquatz de ma
man, et SUS ma boue le et sus ma bouor, que a tote ma vile io
vos seié boii, leyau et lideu aliat et servidor; et vos soccoreré et
aiudaré de ma persone et de tote ma poixanec et ab totz
aquetz qui per mi voleran far, en quai part (pie io sic à mi
possible, envers totz et contre totes persones que pusquen vivre
etmorir, totes et et tantes betz cum besonh ac aurai/, et per vos
et cascun de vos ne seré requerit, cessant toi frau, barat m mal
enginb. Et si sabi que degun odeguns vos procurassen o volossi n
far mal ni deshonor en persone, subgetz, b es >'t causes, ac em-
pediré à mon poderet vos en abisaré au [dus tost que poyré per
1 Faute d'inadvertance; il faudrait trente au lien de quarante La coi
est indiquée par l'impossibilité absolue d'admettre qu'il y ait eu encore des
patis en 1449, et que Rodrigue se soit trouvé quelque part en France celle
année-là.
VIE DE ROniUfiT'E
, ,i ni, «copiai/ los reys de France et de Caslele,
lu duc de Horbon et don Albaro de Lune, conestable de
i ;i>tcle. Laqunl cause ey feyte, promesse et jurade per tôt lu
do ma vite, cum diii es, tant de mon bon grat cum per
, tz prometut et jurât de sostenir, deffener et
nnparar, ai\i que semblant/ senhors que vos edz son tengutz
,-. il ffener et emparar à semblant aliat et servidorque
per ccrlane pention annual que vos me avetz autreyat
. i i que appar en las lelres per vos sus so à mi balhades.
Km lestimoni d'asso, ey signal las presens de ma man et sagerat
:i saget. Fcyf a Sant-Julian, dentz lo castet, lo tx. juin
dnpril, l'an mil quatre centz trenta et nau.
i \ ni. \ Andhando.
LXX
par la ville de Toulouse au secrétaire de Rodrigue
pour la confection de l'acte de sécurité délivré à la dite
ville. — Original du Cabinet do titres de la Bibl. nat., dossier Gamaches.
(21 avril 1439.)
•le Jacques de Gamaches, secrétaire de mous, le coule de Riba-
deo, confesse avoir eu et receu des cappitolz et habitons de la
ville cl cité de Thoulouze la somme de douze escuz d'or de Tou-
louzc, par la main de Jehan de la Croix, marchant, demourant en
le ville de Thoulouze, en quoy lesdiz cappitolz et habitans
lient lenuz pour ma payne et sallaire d'avoir fait, escript et
;llé de la ville et seneschaucie dudit Thoulouze, pour
nir en la seurté de mondit maistre, et pour faire vuidier
hors s gens des lieux et villes de ladicte seneschaucie et de non
r. De laquelle somme de xi j escuz dessus dicte je me tieng
pour bien coulent, et en quicle lesdiz cappitolz, habitans et tous
autres qu'il appartiendra. Tesmoing mon seing manuel ey mis,
ir d'avril l'an mil iiij' xxxix.
Gamaches.
DE VILLANDRANDQ. "jl
LXX1
Quittance de Rodrigue de Villandrando pour dem mille écus d'oi .1 lui payés
conformément an patis passé entre lui «t lescapitouls de Toulouse. — Oi
en parchemin, scellé en cire rouge, du Cabinet des titres de la Bibliothèque
nationale, dossier Villandrando.
(21 avril I ,
Nous, Rodrigo de Villandrando, conte de Ribadeo el seigneur
d Dssel, confessons avoir eu et receu des cappjtolz el habitans \<-
la ville et cite de Thoulouze, la somme de deux mil escus d'or
de Tlioulonze par la main de Jehan de la Croix, marchanl de-
mourant en la dicte ville; en quoj les diz cappilolz et habitans
nous estoienl tenus pour certaine composicion faicte pour nous
faire deslogier des villes et lieux de la seneschaucie dudit lieu de
Thoulouze, et autrement. I»e laquelle somme de deux mil escus
d'or de Thoulnii/e nous nous tenons pour bien contens et en quic-
tons les diz cappitolz el habitans du dit lieu de Thoulouze el tous
autres qu'il appartiendra. En tesmoing de ce, nous avons signéqs
ces présentes de nostre main et à icelles fait mettre le piopre seel
de nos armes, le me jour d'avril, l'an de grâce mil quatre cens
liante et neuf.
Signe : Uoduigo de Villv Andrando.
LXXU
Allocation faite par les capitouls de Toulouse au viguiei de leur ville, sur
l'impôt établi pour l'accomplissement des accords passés entre Rodrigue de
Villandrando et les gens du conseil du roi. — Original en papier scellé de
huit cachets de cire rouge, Ms. f'r. n° 20578 de la Bibliothèque nationali .
(G mai 143
Lo Capitol de l'an imc xxxviti.
Cum à occasio et cause dels grans dampnages que las
d'armas et de trayt an donatz à la viguaria et présent ciutal de
Tholosa, la présent vila, per gran nécessitât et garda d'aquela
lo noble Johan de Varanha, escudier et viguier de Tholosa aia
21
VIE DE RiHlIUGUE
mesa très gran diligencia, pena el treballi à la garda de la pré-
sent ciulat, tanl de nueil comma île jour, per laquai causaacon-
,i qU'e] aia teBfgu las gens per servir luy et la vila à causa de
ladita garda, el diversas despens, danges et dampnages, eaiasuf-
ferlatz el despendul de sus bes grandament; et per récompensai-
losdiz sos trabalhsc la despensa que a faita per las causas dessus
ditas, sia esta! appunctat per la major partida de las gens dcl cos-
-, H, ,], 1 iv\ nostre sobira senlior estans en la présent ciutat, et
pei nos, que al dit viguier sia pagada et delivrada la soma de dos
cens livras de tornes de la soma empausada en la présent senes-
calcia et diocèse de Tholosa, per cerla acort et tractât fait entre
las gens deldit cosselh del rey nostre sobira senhor et lo conte de
Rivadieu, autrement apelat Modigo, et mossenboi- lo bastart de
Borbo, en certa tonna el maniera contengudas en certz articles
acordalz et sagelatz per losdiz Rodigue et bastart de Bourbo; et à
recebre la dita soma sia estât députât recebedor Joban Lacrotz,
merchant et ciutada nostre, loqual récuses à payai- e delivrar la-
dita soma aldil viguier, sino que agues exprès mandament : per so,
aguda consideracio à la gran lealtat et bona diligencia e los grans
trebalhs et despensa que a mesas et suffertatz per la garda de la vila
et vignaria, volen et consenten, e no re mens mandam tant quant
à nos et se apperte aldit Joban Lacrotz, recebedor, que pague et
délivre dels deniers de ladite recepta aldit viguier, la soma de
dos cens livras tornes, per las causas et rasos dessus ditas; car
raportant lo présent mandament, am recognoissance sufficient
deldit viguier, ladita soma vos sera debatuda de la dita recepta et
allogada en vos contes per tôt la hom apper tendra. Serin t à
Tholosa, à vj. de may, l'an mil imc xxxix.
LXXIII
une somme votée pour Rodrigue de Villandrando par les États
-I Auvergne en présence du roi. — Original sur parchemin du Cabinet des ti-
tres de la Bibliothèque nationale, dossier Villandrando.
(12 juin 1459.
lient luit que nous, Rodrigo de Villa Andrando, conte de
Ribadeou, capitainede gens d'armes et de trait pour le roy nostre
avoir eu et receu de Pierre Mandonier, receveur
DE VILLAS DR \ Mm.
ou bas païs d'Auvergne de la porcion d'un ayde de wwr- fr. o<
troié au roj aostre dil seigneur par les gens des Lrois Estas du dil
bas el tlu liault \y,ii- d'Auvergne, assemblez i a sa présem e en la
ville de Hioni ou mois de mais derrenier passé, la somme de
dois cens livres tournois ; la quelle les gens d'église et nobles
d'icelluibas païs nous uni donnée el ic Ile ordonnée à nous estr<
paiée, baillée el délivrée par le dit receveur, des deniei s de sa re-
cepte mis sus, oultre le principal, pour les causes el ainsi qu'il
est contenu et déclairé es instructions et ordonnances faites sur
le fait du dit ayde. De la quelle somme de m1 livres tournois
nous tenons pour bien content et paie et en quictons le dil païs,
le dit receveur el lous autres à qui quictance en appartient. I\ ;-
moing no/ seel et seing manuel mis à ccr-te présente quictance,
le \np jour du mois de juing, l'an mil ecec trente neuf.
Signé: Rodrigo de Villa Àhdrahdo.
1AXIY
Commission du roi de instille pour taire retourner le comte I
à Valladolid, le comte de Ribadeo devant recevoir l'ordre de s'arrêter à Roa.
Art. r»:> du Segtiro de Tordesillas, imprimé à la suite de la vie d'Ah
Lima, édition Sancha.
(21 juin I
Don Juan, por la gracia de Dios iv\ dr Castilla, de Léon, de
Toledo, de Galicia, de Sevilla, de Cordoba, de Murcia, de Jaén,
de! Algarbe é de Algecira, é senor de Vizcaya é de Molina, por la
présente dû 'podu complido â vos, don Pedro Fernandez de Va-
lasco, coude de Haro, mi camarero mayor é del mi consejo,
para que de mi patte é por mi é en mi nombre podades segu-
rar é fascer pleyto é homenage que, tornandose ;i la villa de
Valladolid el coude don Pedro de Astuîiiga ton su gentè de! lugar
donde agora esta, entanto que se vé é platica en 1ns negocios que
al présente ocurren, en que vos pur mi mandado fablades con el
infante don Enrique é con los otros que estâo en Valladolid, yo
enviaré mandar â don Rodrigo de Villandrando, conde de Riba-
deo, mi vassallo, que esté en la villa de Roa, donde
con su gente, é se non raueva nin parla délia sin mi especial
mandado. é que faré pur mancra que lo él faga é compla a>i.
Otrosi que deldiaque por vos me fuere notificado 6 enviado noti"
VI I II] KODIUGI'E
non se concuerdan, por très dias
|,li<[,)> primeros siguiontes cl diclio conde de Ribadeo estarâ
n genlc '' »on partira de alli fasta ser passa-
| ,S; por que en lanloel diebo conde don Pedro
le 1 i du lia villa de Valladolid, é se tor-
il lugar donde agora esta. É para que sobre
ii 1 11 ï é en mi nombre fascer é otorgar qualquier
yo desde aqui la fagoé olorgo gund é por la
i, , .,.:,, que |o vos (iscicredes é otorgaredes. \. prometo
I,: ical de In i:uardar é complir, c mandar guardar et com-
nlii- v,._uim1 ,' por la forma é manera (jue lo \os scimrades de mi
narte. De lo quai mandé dar esta mi carta, (îrmada de mi nom-
ellada ion mi sello. Dada en Olmedo, â veiute é siete dias
,|,. juii ilel nascimienlo de nuestro sefior Jesu Christo de
nul é (|iiatrocientos é treinta é nueve aiïos.
1,1 v.
Vo : I doctor Ferrando Dit/, de Toledo, oydor é refrendario del
-ii sccrelario, la fisce escribir por su mandado. Registrada.
IAXY
I! on au gouvernement de la ville de liale sur les
. nt- des Écorcheurs el de Rodrigue. — Original en
\ ics de la ville do Dàle, Registre des missions 1430-1445".
I
30 juin 1439.)
Il p ctabilesque etmagnifici viii amicique singularis-
iiiui iieoiiiinendacione piotbomissa, noveritis noshodie ves-
l'atissimas récépissé liltcras in effectu continentes quod,
lama ; lacione insinuante, perceperatis quod lurba et
i uni adlmc in partibus Burgundie se conli-
ini ili l partes circum adjacentes transferendi, et, ut
omnibus gravissima dampna inferendi. Super quibus
don in K ion - quod imper, lama publica refe-
po i i ml ad parles istas Burgundie,
is [icrsonaliler se transferre; et quia illustris-
- l'iim t el dominus, dominus dux Burgundie, de pre-
iiilorniatus , propusueral ad easdem partes Burgundie
DE vni \m,|; \ \|hi.
venir.' ad obviandum miliciis eorumdem Excoriatorum et hoc \i
armata contra eosdem pugnandum; que premissa, ul ferlur, ail
aures eorum Excoriatorum pervenerunt, propter quod distulerunt
hue, videlicel ad partes istas Burgundie, se transferre proposi-
tumque eorum raalum mutaverunt. El si in futurum, quod absit,
de eisdem Excoriatoribus alia nobis occurrant contraria nova,
s i 1 1 < ■ inoia voliis reseribere curabiintis, vr-lras artriirius rogando
dominaciones quatinus, -i que voliis de predictis et alias inimicis
ac emulis uostris ac alias de contingeutibus constiterint, simili
modo nobis intimare curetis, prout in eisdem vestris domina-
cionibus ad plénum conlidimus.
De novis dictorura Excoriatorum occurentibus, audîvimus quod
Rodigue et quidam vocatus Poton, capitanei dictorura Excoriato-
rum, sunt in acie ante castrum et villam de Hun/cul en Guyenne
in magno numéro, etalii Excoriatores sunt in acie ante villam et
castellum Meldense. Ouid autem e^erint, neseimus.
Alia pro presenti non occurrunt eminentibus vestris domina-
cionibus rescribeuda, nisi quod Altissimus easdem vestras domi-
naciones conservare dignetur féliciter et longeve, proul optamus.
Scriptum Bisuncii, in domo communi et consistoriali, die ixx1
mensis junii, anuo \\\i\.
Ileetores et gubernatores civitatis Bisuntinensis, vestri.
Sur l'adresse : Honorabilibus, spectabilibus et magnifias viris,
dominis Arnoldo de Ralperg, militi, magistro civium, et consu-
lalui gubernatoribusque civitatis Basiliensis, amicis nostris singu-
larissinùs.
LXXV1
Autorisation accordée par le roi de Castille à Rodrigue de Villandrando,
d'employer un navire, dont il avait la propriété, à faire le commerce avec
l'Angleterre, c me dédommagement <lu la rançon de plusieurs prisonniers
que les anglais avaient faits sur lui pendant son trajet en Espagne. — Publié
par M. Jimenez de la Espada parmi ses éclaircissements aux toj igi
Pero Tafur (Madrid, 1874), p. 547, d'après un formulaire manuscrit di
des rois Juan II et Enriqne IV, conservé à la Bibliothèque du Coi
(1439.)
Don John, etc., â los duques, coudes, ricos ornes, maestros de
las ordencs, priores, comendadores é subconimdadores, é al uii
almirante mavor de la mar, é â vuestros lugares tenientes, é a lus
VII. DE RODRIGUE
mpitanes 6 d otros qualesquier que andades por las mis inares, é
■•, Lodos los concejos é alcades é alguaciles, regidores, cavalleros é
escuderos è* ornes buenos de todas las cibdades é villas é Iugares
,|(. los mis reynos é scfiorios, é a todos qualesquier mis siidictos
,-, rraturales de qualquier estado é condicion, preheminencia o di-
gnidad que seau, é â qualquier o qualesquier de vos â quien esta
mi caria fuere moslrada o el translado délia signado de escribano
publico, salud é gracia. Sepades que don Rodrigo de Yillan-
drando, coude de Ribadeo, mi vasallo é de mi cousejo, me fizo re-
lation en como el, veniendo en mi servicio por mi mandado, los
Yngleses le prendieron é tienen presos â Fernando de Tovar, su
sobrino, é Pero Carrillo, é â otros mis subdictos é naturales de su
compania que cou el venian, los ([uales non se podian rescatar
sin grandes contias de maravedises é otras cosas que por ellos le
demandan. É pidiéme por merced que, para los rescatar, le dierc
licencia para una su nao, llamada la nao de Santiago, que es Fulano
patron délia, pudiese entrai* é salir con sus niercadurias al reyno
é seùorios de Ynglaterra, salva é seguramenle por los viajes que
a mi merced pluguiese. E yo tovelo por bien, é es mi merced é
mando que por quatrô viajes la dicha nao pueda andar é anda
salva é seguramente por qualesquier mis mares, é entrar é salir
al dicho reyno é senorio de Ynglaterra con sus niercadurias. E es
mi merced é mando que, por lo asi fazer, non caya nin incurra en
pena nin en penas algunas ceviles nin criminales, ca yo por esta
mi caria les do licencia é facultad é poderio para ello, durante los
diclios quatro viajes, como dicho es. Porque vos mando â todos é
â cada uno de vos que dexedes é consentades al dicho Fulano,
mai -Ire de la dicha nao, é â los mercaderes é otras pcrsonas que
i on ri en ella fueren andar en la dicha nao del dicho conde, é 11e-
var é sacar fierros é otras qualesquier niercadurias para el dicho
reyno é seùoiio de Ynglaterra, tanto que no seau cavallos nin ar-
mas nin las otras eos;is por mi vedadas de sacar â los reynos co-
marcanos con quien yo lie paz ; é otrosi que les dexedes traer libre
é desembargadamente paùos é otras qualesquier niercadurias del
dich i reyno é seùorios, é las vender é destrihuyr en ellos é en otra
qn desquier parte doml<> quisieren é por bien tovieren, non les
dem m lando mu levando por ellas mas nin allende de los derechos
por mi ordenados cerca de las niercadurias que se traen de los
reynos é tierras con quien yo he paz, durante los dichos via-
jes, los quales se fagan del dia de la data d'esta mi carta fasta
DE VILLANDRANDO. 521
Ireiuta meses complidos prôximos siguientes. É non fagades oin
consiutades fazer al dicho maeslre de la dicha nao nin .1 los mer-
caderes é otra compafiia de quai [uier nacion, estado o condicion
que en la dicha nao venga é fueien, mal niu dapfioniu otro des >-
guisado alguno en sus personas niu en sus bienes, sin razon é Bin
derecho, como non devades non faciendo nin dafiando nin bus-
cando mal nin dapfio nin desonor mio, ni de los dûs subditos é
naturales, nin de mis amigos é aliados, nin de aquellos con qui< n
yo lie paz; ca yo por la présente tomo >'• rescibo la dicha nao
maestre é mercaderes é otros qualesquier personas que en ell i
fueren é venieren, é i sus bienes é mercadurias è cosas, en mi
guarda é amparo, éso mi seguro é del'endimiento real, durante los
diclios quatro viajes é el dicho tionj)o en que se lian de fazer.
E niundo â vin. las dichas juslicias, é i cada uno de vos que, si al-
guno o algunos de vos quisiere quehrantar este mi seguro, que
pasedes é procedades conlra el los é contra cada uno d'ellos é con
ira sus bienes â las mayores penas ceviles é criminales que fallardes
por fuero é por derecho, asi como conlra aquel ô aquellos que que-
brantan seguro puesto por su reyésenor natural. Otrosi vosmando
que los non embarguedes, nin detengades, nin consintades embar-
gar nin detener â los sobredichos nin algunos de ellos, nin â sus
bienes é mercadurias, por razon demarcas nin represarias que qua-
les [uier pei sonas ayan tenido é tengan, nin \><n- razon dfi la guerra
quel rey de Francia, mi muy caroémuy amado hermano, amigoé
aliado, é yo por cabsa d'd. avemos con los ïngleses, nin pur qual-
quier defendimiento o defendimientos, vedamiento o vedamientos
que por mi son o seau fechos durante los diclios viajes é tiempo,
o carta o cartas que sobrello aya dado o diere en qualquier ma-
nera : ca mi merced é vidunlad es que el dicho coude pueda enhiar
la dicha nao con qualesquier marcadurias de mis reynos al dicho
reyno é senorios de Ynglaterra, durante los viajes é tiempos, que
non saquen d'ellos los dichos cavallos é armas é otras cosas por
mi vedadas, como susodicho es; otrosi que puedan traer é traygan
â mis reynos qualesquier mercadurias del dicho reyno de Yngla-
terra libremente, syn embargo nin contradicion alguna, como
dicho es. pagando los mis derechos acostumbrados en la mafia que
dicha es. E los unos en los otros, etc. '.
1 Les formules finales et la date manquent, comme c'est l'usage dans tous
les recueils du même genre composés au moyen âge; mais l'année 1459 est in-
diquée par l'olijet même de la pièi
VU DE RODRIfil E
i wvil
i,i nionl -;n l'anvstalioM de Guillaume de Meny-Peny,
nies de Rodrigue de Villandrando.
es-Pyréix'es. E 319, t. 129. Coi unication
I4i0.
Imih'_!. sic ;i totz ijiic, en presenti deu mot nanti
ml senlior en Gaston, per la gracie de Diu comte
,. \ (•ointe do licarn el comte de Uegorre, lo noble moss.
m de Gramont, senlior d'Ans et d'Olhavie, cavaler, qui, sc-
dii l'o, ère aqui vengul an mandanient deudil senlior comte,
m l" domandat et requerit que dixos vertat, qui eren
_- 1 1 ii i aven prees Guilheumes Menhi-Penhi, escuder d'escu-
den 1res e collent prince moss. lo dauphin de Viane, lo-
. mènent de Saut Jacme de Galicie per s'en retornar en
■ . per phi; segnrement passar son camin, se meto en la
coinpanhie de Johan de Salasai et autres cappitaines de la com-
le Rodrigo de \ilandrando, fon pies per augunes
iprès balhal audit moss. Gracian per presoner, loquoau
lo [irenco el recebo : dixo el perporta, en la presenti
dendil - ulior, que lodit Guilheumes Menhi-Penhi lo fo balhat per
du- honiis, la un aperat Johanicot, qui es de la terra de Sole el
liobedience dons Anglees, et l'aute aperat Petrisantz, qui,
ni \ tz connine se dise, ère deu reyaume d'Aragon, los
ml el prunier que lodil Menhi-Penhi no fo ni vengo
deudil moss. Gracian, aveu tengut lodit Guilheumes
per aiigmis jorns, et egs lo balhan à luy. Et
li1 moss. Gracian ac reporta et testiffica per dabant lodil
deudil rapport et Icstifficatiou lodit Guilheumes
ii l'i'iihi, qui ère aqui présent, requeri mi, notari dejuus no-
o cai te el instrument public.
lo castcj d'Ortès en Bearn, lo vin jorns deu
m iy, l'an mil cccc el quarante. Testimonis son d'esso : lo
G lilliein Aramon de Beglauc, bachaler en
Hier; lîerual d'Aliidos, cramper deu dit senhov
DE VILLANDRANDO.
IAWIII
Privilège iln dîner annuel avec le roi octroyé à Rodrigue de Villandrando par
.lu ni II ili> Castille. — Imprimé dans les Idia iones à los claros varonea ne
Pulgetr p. '!■!><) d'après la transcription insérée dans un acte confirmalif
de la reine Jeanne, dont le registre existe aux Archives de Simani
(9 i mvîer 1 i il .
En el nombre de Dios padre, etc. Acatando «' parando orientes
â los muchos é buenos é leales é sefialados servicios que vos, don
Rodrigo de Villandrando, eoiule de Rivadeo, mi vasallo et de mi
consejo, me avedes fecho é lus peligros â que vos (insistes permi
>i m. in é de la corona real de mis reynos, veniendo seguo que
venistes dé fuera de ellos por mi mandado con muchas génies de
armas, de i caballoé archeros, sobre los lebantamientos fechoseu
mis reynos, é dexastes vuestras tierras é castillos é hacienda, po-
niéndolo todo en aventura por mi servicio; é especialmeute el ser-
vicio seîialado que me fecisteis el dia de la Epifania que pasô,
quando, estando para entrâr en Toledo, mi rJersoua ovô gran peli-
gro, é vos con vuestro esfuerzo é animosidad la fecisteis segura de
las muchas gentes de armas que sali, ion en pos del Infante de la
cibdad para facerme deservicio; é per memoria de tan leal é ani-
moso fecho é sefialado servicio, vus me pedistes por priviliejo é
preeminencia especial que vos é lus otros condes, vuestros succe-
sores, que despues vinieren hayan é lleven é les sean dada- L>
ropas é vestiduras enteramente que nos é los reyes nuestros suc-
cesores en Çastilla é en Léon, que despues de im- vinieren, vîs-
tiéremos en el sobredicho dia de la Epifmia de cada un afio para
siempre jamas; é ansimismo (pie vos honremos asentandovos â
nuestra mesa â corner con nos é con Ins otros reyes que despues
de nos fueren en el dicho dia de la Epifania de cada un afio, por
siempre jamas, â vos é â los que vos succediereh en vuestro con-
dado de Itivadeo : É yo, queriendo que haya memoria de tan gran
fecho é leal é senalado servicio, é animosidad con que defendisteis
mi persona é acudisteis al bien publico île uns reynos, é que se
dé exemplo â los otros mis vasallos, lo tove por bien; é por la pré-
sente, etc. Fecho en Torrijos, nueve dias de enero, ano del nasci-
miento de nuestro Salvador Jesu Christo de mil é quatrocientos é
quarenta é un anos.
530 VIE DE RODRIGUE
Yû EL RI Y.
Yo Diego Romero le lice escrebir pcr mandado de nuestro sefior
el Rey.
LXXIX
i i; ,li igue de Villandrando par Garcia de Resende. — Extrait, eommu-
niqué par M. Ferdinand Denis, d'un poème imprimé à la suite delà cliro-
nique portugaise Chronica dos valerosose insignes feitos delreyD. Joàoll
de gloriosa memoria (1622).
E vimos a grande empresa
De conde de Ribadeo,
Polla quai el re lhe deu
Corner corn elle a mesa,
Tamben o vestido seu.
Este valeo tanto em França,
Sendo bomem de bu ma lança,
Que dez mil lanças niaudou,
E em Castella alcançou
Ho que quem tal faz alcança.
LXXX
I égende populaire sur l'origine du privilège des comtes de Ribadeo, rapportée
dans le journal espagnol El Estado, année 1859. —Communication de
M. Bessot de Lamothe, archiviste du département du Gard.
Hé aqui la razon dcl suceso tradicional que verosi mil mente ba
sido il origen del privilegio de los condes de Rivadeo.
I el casoque un jôven de la familia de Yillaudrando, paje â la
sazon del rey D. Juan II, oyd por casualidad unas palabras que le
desi ubrieron el terrible proyeeto tramado contra la vida de su
sefior, que al efeclo habia sido convidado â un banqueté por uno
de sus prôceres, bombre turbulento, ambicioso y feroz, que para
i de sus fines ténia dispuesto nada menos que darlc muette,
en union de otros conjnrados, sus parciales y complices. Y aun â
costa de su propia vida se resolviô â salvar la de su sefior y su rey.
Se dirigid pues cou presteza al salon del festin cuando se balla-
ban en meilio de la comida; y presentândose al soberano lemani-
DE VILLANDRANDO 531
i.-i('i que ténia que liablarle eu «1 acto de un asuuto de la mayoi
importancia, suplicandole que para ello pas ise a" la i iua ira vecina,
por ser uua cosa en estremo i
àccediô cl rey al punto, pues ténia gran conGauza en su paie,
v lus conjurados se miraran unos â otros, temerosos de haber sido
descubiertos ; mas luego reOexionaron que este incidente podia
ser casual, \ como, por otra parte, la estancia m que habian en-
trado el monarca y cl paje uo ténia mas salida que cl comedor
donde su ballaban, îesolviéronse a consumar en 'lia el regicidio
proyeetado. Al inlento colocaron varios bombres de armas â lu
largo de uni galeria poco alumbrada que conducia â la dicha
câmara, y les dieron ôrden de no permitir el paso masque .il
paje, y de ninguna manera al rey, al que debian île dar la muerle
-i intentaba forzarlo. Villandrando, eulretantoj rogaba â su amo
(jue eanibiasecon élcl traje y se pusiese eu salvo iumediatamente;
en lo que consinliâ el rey, creyendo, tari vez, que no corria riesgo
su leal cervidor. Y disfrazado con los sencillos vestidos del paje,
pudo* escapar del recinto de aquel funesto palacio, \ al punto
dispusô que fueran sus gentes â prender â los criminales y J li-
bertarâ su Gel servidor; pcrolos primeras habian escapado, teme-
rosos del peligro, \ el segundo estaba muerto a puflaladas, siu
duda por los mismos conjurados (pie tomaron e»ta venganza
cobarde y horrible.
Kl rey entoilées, furioso por el atentado contra su persoua \ la
muerte de su generoso libertador, hizo publicar grandes m
des y récompensas al que entreguM' muerto ô vivo al magnate
traidor, \ dispusô, para perpétua memoria, la gracia del privilegio
citado en fàvor del conde de Rivadeo y mis nobles sueesores.
LXXX1
Procuration di: Rodrigue de Villandrando à un familier de ^i maison envoyé"
par lui en France, avec charge de recouvrer toutes les créance qu'il avait
dans ce pays. — Transcription contenue 'lui- une subdélégation instituée
sous le sceau de la prévôté de Paluel. Lrch. nat., I1 1475* , cote :!i7<'>.
(11 mai 1441-0 juin 1442.)
A tous ceulxqui ces présentes lectres verront, Jehan Lucat,
i-hanoipie de Clermont, secrétaire *lf monseigneur le duc de Bour-
\ in m: noiMiit.r i
unis cl d'Auvergne, et tenant le seel dudit monseigneur le dur
/ cl en [uvergne establg, salut. Savoir faisons
r onnelment estably Jehan de Coque,
, !,! cl par le tout et au nom de procureur de
■ monseigneur Hodrigue de Vïllandra, conpte de
près de lui de faire et passer les
Uiin contentiez et. déclarées es lectres de procura-
,,,.'- par ledit monseigneur le rouit' audit,
i ;; . s, ii procureur, et aussi agent plein pouvoir de
constituer, ordonne)' et establir ung ou plusieurs procu-
ijiii ont ou agent autel et semblable pouvoir ranime ledit
. comme appert plus applain par 1rs lectres de
(iun dudit monseigneur le conte, desquelles la teneur
il et est telle :
I miiue Doinini amen. Universis el singulis presens publi-
.11111 iiistninienltim visuris et audituris pateat evidenter quod,
i nalivitate cjusdem Domini millesimo quadringentesimo
quadragesimo primo, indieione quai ta, die vero décima mensis
iiKiii, pontilicatus sanctissimi in Clnisto patris el domini nostri,
I -. divina providencia pape quarti, anno undecimo,
magnifions el nobilis vir dominus Rodericus de Villandrando,
« de liibadeo, illuslri-siniiet serenissimi principis el domini,
doinini .loliamiis, Castclle el Legionis régis consiliarius, in mei,
! publici, et Lestium infrasefiptorum ad hoc vocatorum spé-
cialité!' el rogatoruni, presencia personnaliter constilutus, defidu-
i m cl industria ac exporta diligencia lionorabilis et discreti viri
.loliamiis de Clora, i psi us comilis familiaris, ul asseruit, plurimum
conlidt-ns, ex eeita sua scientia, pura et sponlanea voluntate, om-
nil m- melioiibus modo, via, jure, causis et forma, quibus tucius
ai m- potuit el debuil, l'ecil, constituit, creavitet solempni-
dinavil suum verum, rertum, legitimum el indubitatum
procuralorem, lartoreni el nogociorum suorum infrascriptorum
gesloiciii ac nmiriuni specialem et gencralem, ita tamen quod
ralilali non derogcl nec e contra, vidtlicet prefa-
liim •lobanui'in de lloca, presentem el omis procuracionis liujus-
[lontr suscipientem, solum et in solidum, ad recu-
Imii, i xigcndmn, levandum, petendum et percipieridum,
i|»>in^ ilomiiii coiistiîiientis noinine el pro eo, a quibuscunque per-
■ouis cujmcunquc dignilalis, status, gradus, ordinis, condicionis
ie existaul ri quoeunque nomine appellentur,
DE VI 1.1 AN DR vmm). 333
in civilate Avinionensi aut alias ubicunque locorum liabiUmtibus
et constit nti>, vel ab ea^em civitate, quascunque pecuniarum
quanti tûtes, aurum, argentum el alia quevis bona sua in quibus-
cunque et apud quascunque personas consistentia, prefato do-
mino comiti débita autad ipsum quomodolibel pertinencia qua-
cunque racione vel causa ; seque, nomine procuralorio quo supra,
pecuniarum quantitates predi :tas, aurum, argentum el alia b h i
sua, ut premictitur, sic ab co Johanne, procuratorc dicti domini
comitis, jam habita et recuperata in civitate Avinionensi predicta
aut in quibuscunque aliis partibus, apud quascunque personas
et in quibuscunque civitatibus el locis aliis, quibus Johannes, pro-
curator prefatus, voluerit et ei bene vissum fuerit, transfundal 1 1
transfundere possit, et alia facial que circa premissa neces
fuerinl et oportuna, et que ipsemet constitutor, si personnaliter
inleresset, faceret seu facere posset; de receptis quoque el solutis
quitandumet liberandum el absolvendum, ac quitaci im, abso-
lucionem et deliberacionem plenariam, et omnia alia el singula
in premissis et circa ea necessaria faciendum, el si necesse fuerit,
pro premissis omnibus et singulis coram quibuscunque judicibus
et in quacunque curia tam ecclesiastica quam mundana vel secu-
lari, nomine dicti domini constituentis, coraparandum el agen-
dum, ipsumque dominum constituentem et ejus jura (leffenden-
dum, libellum seu libellos el quascunque peticiones tam simpli-
ces quam summarias dandum et recipiendum, darique cl recipi
videndum et audieudum,excipiendum, replicandum, triplicandum
et, si opus fuerit, cum solempnitate, juris quadruplicandum, li-
tem seu lites contestandum el contest irî videndum, de calnmpnia
videndaet veritate dicenda cum omnibus et singulis capitulis in
et sub calumpnie juramento conlentis, et quodlibel alterius gene-
ris licitumjuramentumin animam dicti domini constituentis pres-
tandum et ex adverso preslari videndum, posicionibus cl articulis,
libello et interrogacionibus partis adverse respondendum, suisque
responderi cciam mediojurami ato petendum, contra posit iones et
articulos dicendum, et excipiendum testes, litteras, instrumenta,
scripturas, jura et mummenta et quecunque alia probacionum
gênera in modum probacionis producendum el produci videndum,
contra productos etproducta partis adverse dicendum el excipien-
dum, crimina et deffectus opponendum, allegandum el proban-
dum, judices, notarios et loca compectentes cl compectencia eli-
eendum, et eos ac ea conveniendum et revocandum, susj
\ n; bE RODHIGtlE
el suspecta recusandum, racionem suspicionis allegandum el pro-
liandum in causa scu causis concludcndum et renunciandum,
concludique §t renunciari atque sentenciam seu sentencias, tam
interlocutorias quaro diffinitivas, et quascunque alias peticioncs
pronunciari et ferri pelendum el audiendum, et in favorem sui
latam scu latas exequendum, ab adverso vero lata scu latis et a
quoeunque alto gravamine illa'o vel inferendo provocandum et
appellanduni ; apostolos semel et pluries pctendnm et recipiendum,
provocacionis et appellacionisac nrllitalis causam et causas intro-
duceudum, prosequendum et ad finem debitum deducendum ;
expensas, dampna et intéresse taxari petendnm et super ipsis ju-
randum, absolucionis simpliciter vel ad cautelam, nec nonreslitu-
cionis in inlegruni principaliter vel incidentaliter, et quecunque
aliajuris bénéficia impetrandum el obtinendum, causam et causas
hujusmodi ad quaniciinque curiam devolvcndum el devolvi facien-
dum ; unum quoque vel plures procuralorcm seu procuratorcs
loco sui substituendum, et substitutum seu substitutos hujusmodi
rcvocanduui et omis bujusmodi procuratorium in se reassumen-
dum, tociens quoeiens sibi videbitur expedirc; et generaliler
omnia alia et siugula faciendum, gerendum, dicendum et procu-
randum, que in premissis et circa premissa necessaria fuerint scu
eciam quoinodoliliet oporluna, et que ipsemet dominus constituent
(aceret et facere posset, si premissis presens et pcrsonnaliter in-
teresset, eciam si talia forent, que mandatum exigèrent magis
spéciale quam presentibus est expressum. Promissit insuper idem
dominus constituensmichi, notario publico infrascripto, tamquam
publiée et auctentice personne, vice et nomine omnium et singu-
lui uni quorom interest vel interesse poterit quomodolibet in fu-
turum, légitime stipulantium et recipientium, se ratum,gratum,
stabile atque firmum perpetuo babiturum totum id et quicquid
per dictum suum procuratorem, ac substitutum vel substitutos ab
codem, in premissis et circa ea actum, dictum, factum gestumve
! ii' lit. si h < ciam pro quomodolibrt procurato, relevans etrelevare
volens eundem procuratorem suum ac substitutum seu subslitutos
hujusmodi ab omni onere, judicio sisti et judicatum suivi cum
clausulis suis necessariis etoportunis, sub omnibonorum suorum
presenciura e( futurorum, mobilium et imniobilium, ypotfceca et
oblîgacione. Super quibus omnibus et singulis premissis prefatus
dominus consliluenf peciil >\\>] a ne, notario publico infi ascripto,
unum vel pliua. publicum vel publica, fieri instrumentum sive
DE Ml I Whl; VNIhi.
instrumenta. Acta Cueruul hec AJbule, in dorao bubitacionis prefati
domini comitis constituentis, sub anno, indibione, die, mense et
ponlifBcatu prescriptis, presentibus ibidem bonorabilibus
cretis viris Petro Garsic, àbule predicte, el Johanne de Saincte-
Juste, in decrelis bâchai ario, et Justo Mercatore de Florent ia, tes-
libns ad premissa vocatis pariterque rogatis.
El eranl dicte licteresi ;signateinmargine: Elcondede Ribadeo,
Rodigo de Villa Andra; et in margine ipsarum eranl scripta bec
rerba : « Va ego Jobannes Parpa, Compostellanus, publicus apos-
tolica auctoritate notarius, quia dieli procuratoris constitucioni,
ratihabicioni ac potestatis dicioni, omnibusque aliis el singulis,
dum :-ic, ut premittitur, ûerenl el agi rentur, ana cum preno-
minatis testibus presens fui, eaque sic fieri vidi et audivi: idcirco
boc presens publicum instrumentant, manu mea propria con
scriptum, exinde confeci et in banc publicam formam reddegi
signoque et nomine meis soliiis et consuetis scripssi, subscripssi
et signavi, rogatuset requisitus, in omnium el singulorum fidem
et teslimonium premissorum. Est scriptum super rasum in ul-
tima Imea descendendo, ubi dicitur justo, non noceat, quia non
vicio, scd error scribentis. Est scriptum inter lineas, in unde-
cima linea descendendo. ubi dicitur vel ab eadem civitate, qoh
noceat, quia non vicio, sed error scribentis. Jobannes Parpa, no-
tarius apposfolicus. ■>->
Lequel Jehan de Coque, procureur dessus nomme et au nom
et comme procureur dessus dit ayons pouvoir, comme plus ap~
plain est dessus contenu par lesdites le> très de procuration ou
instrument, a fait, constitué, ordonné et estably, et par la te-
neur de ces présentes, fait, constitue, ordonne et estàblist son
substitut et procureur de. substitut dudit monseigneur le conte de
Ribedieu, pour et en lieu d'icelui Jehan de Coque, Moncille de
Viedo, escuer, ad ce présent el acceptant, el lui a donne et donne
autel et semblable pouvoir comme il a dudit monseigneur le conte,
et que ledit monseigneur lui a donne et commis par les dotes
lectres de procuracion ou instrument dessus Iranscriptes : et a
promis ledit de Coque, sur V obligation de tous les biens dudii
monseigneur le conte, d'avoir et tenir ferme, agréable et estable
tout ce qui par ledit substitut es choses dessus dictes sera fait,
dit et procure, et le relever de toutes charries, et payer leju,je. si
mestier est.
Ln tesmoing desquelles choses dessus dictes nous avons mis
\ m; DE ROIlfl M.i i.
es le set'l, royal jadiz, de ladiete prevosté de
_ cn ïabxcm drnlit seel ditdit monseigneur le duc. Fait et
{<j cSalido! de Besançon, Jehan Capellin, Jehan
, lusiein-s autres, le sixycme jour de jning, l'an mil
ante et deux.
rirs interlignes contenant de. Donné comme
Si"iié «il deux endroits, à la marge inférieure, G. Bolchet.
1AXXI1
. , , ntraelée par Jean de Salazar envers le duc de Bour-
.— l'ulilié pai M. Tuetey, f.rs Écorvhcurs sous Charles VII, t. t, p. 54,
Tinal des archives de la Côte-d'Or, fonds de la Chambre des
■ de Dijon, il 117 ÎO.
(22 juin 1 142.)
Sachent tait que je, Jehan de Salasait, escuier d'escuierie des
rovs de France et de Castille, promet par la foy et serement de
n mu corps et sur mon honneur que es pa'is de mon très redoubté
si igneur monseigneur le duc de Bourgoigne, ne de ces serviteurs,
amis, aliez et hienveillans, je ne feray ne souffreray l'aire dom-
[io desplaisir en quelque manière que ce soit, par moy ne
par autre dont je auray puissance; mes les garderay et preserve-
layde lout mon pouvoir loyaulment, comme bon et loïal serviteur
doit, <ar à tous jours me tieng et repute estre tel envers lui. Et
en oultre je promet à i î dit 1res redoubté seigneur par la loy et
icnl de mon corps et mis mon honneur, comme dessus, que
quantje saurav ledommaige ou deshonneurde lui, de cesdiz parans,
amis, aliez et hienveillans, je luy fera} incontinent savoir et de
tout mon pouvoir et puissance \ pourvoyeray, au bien, honneur
et proufhl de ycellui monseigneur, de cesdiz parans, amis, aliez
et hienveillans; et quant le plasir et vouloir de mon dit très re-
doublé seigneur sera el c'on j me vou'dra mender pour avoir le
service de moy et de tous ceulx tpie je pourr.iy iiner et dont je
puissance, je promel parle serement que dessus de le servir
loiaulment avec toutte ma compuignie et puissance envers tous
mire tous, soit en ce réanime et dehors, et toutcellon le bon
[>laisir el vouloir d'yeellui monseigneur, réservé mon souverain
DE V1LLANDRAND0. -,-,7
seigneur le roj de Castille. En tes ing de ce, j'é signé et seellé
ces | résentes de mon saing manuel el seellées de mon si i l, le wir
jour de juing l'an mil îiijc xlij.
Signé : .). Salàzar.
LXXXII1
Bulle du papeEugène IV. libérant les princes de Foix de leurs engagement!
Rodrigue de Villandraqdo, avec l'acle de publication par l'évéque de Rieuz.
— \ichive> des Basses-Pyrénées, I. 139. Communiqué par M. Paul Raymond.
(15 septembre 1443, *24 mars 1444.
Universis et singulîs reverendissimis in Qhristo patvibus et
dominis, dominis miseratione divina sacrosante romane cardi-
nalîbus ecclesié, patriarchis, pYimatibus, arckiepiscopis et rêve-
rendis episcopis, neenon chistianissiinis dominis imperatoribus
m- Mustrissimis dominis regibus, prèsertim Francorum, Legio-
nis et Castelle, Aragonilm, et ceteris christianitatis regibus,
principibus, ducibus, marchionibus, comitibus, vicecomitibus,
baronibus, judicibus, ordinariis, delegatis', subdelegatis, cete-
risque justiciariis, poteslariis et officiariis, spiritualibus et
temporaiibus, et eorwm locâienentibus, ac Christ i fidelibus, quf-
bus présentes litere pervenerinfr Hugo, Dei gratia Rivensis épis-,
copus,judexetcommissarius ad infrascripta per sanctissimum
in Christo patrem et dominum nostrum, dominum Ettgenium,
(Urina providente clemencia papam quartum, una cuntquïbus-
ilmn aliis nostris in hac parte côllegis, cum illa clausula e qùa-
thinus vos vel duo aut unus veslwim ». auctoritate apostolica
specialiter delegatus seu deputatu», salutem m Domino sempi-
ternam, et obsequialem in omnibus voluntatem. Ad universita-
tis vestre noticiam deducimus per présentes uns- literm dicti
domini nostri pape, sua vera huila plumbea cum cordula ca-
napis moresolito curie Romane pullatas, intégras <■/ sànas ne-
que viciâtas vel cancellatas an- in aliqua sut parte suspectas,
sed omni prorsus vicio et suspicione carentes, nobis per ma-
gistrum Vitalem Sancii, procuratorém illustrium cl magnifico-
iiim principum dominorum Gastonis i'u ri ci Mathei Convena-
nnit ciitnilnni, presentatas accepisse, que suai taies:
Eugcniûs, episoopus, semis servorurfl Dei, venerabilibns fralri-
bus Gonscranensi et Sancti-Papuli ac Rncnsi episco] i-, salutem i I
99
VIE DE RODRIGUE
apostoUeam benedictionem. Humilibus supplicura votis libenler
annuimus eaqi'e favoribus prosscquimur opportunis. Sanc pro
parte dilectorum Qlionim, nobilium virorura Gastonis Fuxi ac
Malhei Convenarum comitum, nobis nuper èxbibîta peticio conli-
in II il quod olim, videlicet de anno Domini millesimo quadrin-
treutesirao tricesimo nono, cum dilectus filins Rodericus de Vil—
landrando de Ispania, assertus cornes de Ribadio, et nonnulli alii
gentium annorum eapitanei, maxima armigerorum Excorialorum
nuncnpatoruin multitudine associali, comitatura Convenarum in-
gressi fuissent ac plura et diversa castra, fortilicia, plateas et
loca ejusdem comîtatus, propria potencia dumtaxat sufiilti, par-
tj m vi et violentia ac partira fraude ac partira timoré occupassent,
et tune occupata detinerent ac plurima in ilîis et dicto comitatu
darapna et detrimenta fecissent et tune facerent : idem tune Ma-
theus cornes, ad fmem quod Rodericus et alii eapitanei predicti,
proul vellc faccre lune minabantur, castra, fortilicia, plateas et
loca occupata prefata in manibus antiquorum inimicorum domus
de Fuxo non assignarent neque traderent, et ne prima illa ulte-
riora detrimenta paterentur, sed ut occupata predicta vel plura
eorumdem de manibus ipsorum delentorum liberarentur, eidem
Roderico nonnullas peccuniarum summas tune expressas, incerlis
etiam tune expressis lociset terminis, per se vel alium persulvere,
tradere etassignare, tam ipsequam etiam dictus Gasto, quoad per-
solucio, tradicio et assignatio peccuniarum in locis et terminis
hujusmodi intègre fièrent, ut preferlur, diversis temporibus ac
vicibus, promiserunt et spéciales promissiones fecerunt,seet bona
sua omnia et singula propler ea obligantes; nec non eciam îp-I
comités et eorum quilibet, super eo quod omnia et singula per
ipsos promise hujusmodi, juxta contenta in illis, plenaiie serva-
rent et adimplerent, seu servari et adimpleri facerent, plura et
diversa corporalia presliterunl juramenta, proutin diversis publi-
cis instrumentis desuper confeclis plenius dicitur contineri, Cum
autem, sicut eadem peticio subjungebat, prefatus Matheus, qui
certam ratione premissorum dicto Roderico peccunie summam
jam persolvit, cousiderans violencias, rapinas et dampna per Ro-
dericum el ili"- Excoriatores prefatos, ut prefertur, illata, non
Bolum ali ulteriori satisfactione promissorum predïctorum se
relrahere velit, prout etiam hactenus retraxit, sed persolutam
summam predicl im ac dampna, rapinas cl spolia a Roderico pre-
dicto ac suis gentibus in comitatu prefalo contra Deuin etjusticiam
DE M I I VNDR \Mm>.
ac omnem humanitatem violenter et IraudulenteT fin 1 1 et ioÉpem i,
rcpetere, eumque ad iïlorum salisfactionem compelli facen intcn-
ilat; quare pro parte Gastonis et Hathei, oomitnm predictorum,
nobis fuit humiliter supplicatum ut eis juramenta hujusmodi re-
laxare et aliis super premissis ipsorum statui opportune providere
de benignitate apostolica dignaremur : Nos igitur ad quorum noti-
ciam ex plurimorum fide dignorum informacionibus de phirimis
violenciis, rapinis, incendiis et dampnis per Rodericum ac alios
capitaneos et armigeros supradictos in regno Francie factiset per-
petratb, jam pluribus annis elabsis, devenisse dignoscitur, statui
comitum exponentium predictorum super premissis consul
providere volontés ac omnium et singnlorum premissorum et
juramentorum predictorum qualitates, quantitates, modo et for-
mas necnou instrumenlorum predictorum tenores presentibus
pro expressis habentés, hujusmodi supplicationibus inclinati,
fraternitati vestre per apostolica scribta mandanflu qualhinus
vos, vél duo aut unus vestrum, absque eo quod super hoc llodc-
ricus predictus et alii forsan évocandi aliqualibét evocentur,
omnia et singula juramenta per Gastonem et Bfalheum comités in
premissis prestità ac facta hujusmodi peoitus et omnino cis rela-
xare, ipsos et eorum quemlibet ad illorum vel alicujus çorum de
cetero ullo unquam tempore non teneri oeque obligatos es?e
decernere et declarare, necnou ad habundantiorem cautelara pre-
l'atos Gastonem etMatheum, comités, et eorum singulos super eo
quod summe in terminis et locis persolute ac alia promissa in
instruments contenta bujusmodi observata neque fuerunt neque
existant, a reatibus perjuriorum quorumlibet, si que premisso-
rum occasione forsan incurrerunt, absolvere et in pristinum sta-
tum in quo tempore promissionum hujusmodi existebant, nec-
non ab eis et eorum singulis omnem inhabilitatis et infamie
maculam sive notam, per ipsos occasione premissa forsan con-
tractam, penitus abolere auctoritate nostra studeatiset procurelis,
non obstantibus premissis ac conslitucionibus et ordinacionibiu
apostolicis ceterisque conlrariis qufljuscumque. Datum Senis,
anno [ncarnationis dominice millesimo quadringentesimo qua-
tragesimo tercio, id[ib]us septembris, pontificatus nostrianno ter-
cio decimo. P. de Gastonibus.
Posf quorum quidem literarum apostolicarum preinsertarum
presentacionem et receptionem, fuimiis per dictum magistrum
Vitalem Sancii, prôcuratorem nomine procuratorio dictorutA
VIE Dl ItODIUGI I.
mi coinitinii, cum instancia débita vequisiti quod ad
m eavnmdem procéder? cuvavemus, juxta traditam
ili, (uni dominum nostvum papam nobis for-
\ Hugo, lit venais ejiiscopus, judex et executor
is mandalum a postal icum supradictum nobis
ftinn re rcrenter exequi, punit tenemuv, con-
Dtrr continencia litevavnm ipsavum super ni-
rridenti aatovietale fundatarum, quod iiiilhiin reperimus
• iriim obsffnis eistleni, per quod illarum exeeneio deberet
)•<•! eliiini retardari : idrivco, auetovitate apostoliea
in h, n- pavte comissa, pront meliusde jure valu inuis, juxta
:i dictarum nostre faeultatis litevavum, omnia et singula
ncnla per dictas dominos Gasfoneni cl Matheum comités
misais fm In soi pvestita, penitus cl omnino eis relaxa-
,n us: ipsns ri eorum quendibet ad illorum observacionem vel
nliriljus cm uni de cetera ullo umpia m leinpnrc mm leneri neijue
nliliijnlas este decrevinius ac eciam declavamus, sicuti série pve-
senliinn rclu.rumus , decei'niinus cl declavamus, née non ail
iiberiovon cl Imbumlii nciarcm cautelam, prefatos dominos Gas-
• et Matheum, comités, cl eorum utvumque, super eo quoi!
summe in terminis cl locis persolule m- alia promissa in in-
icntis contenta hujusmodi obsevvata neque fuevunt ne-
ristunt, n veatibus pevjuriovum quorumlibet, si que pre-
irion occasione fovsan incuvvevunt, dicta magistvo \ itale,
iratore suo, peu ipsis ni humilitev fievi petente, absolvimus
et in prislinum statnm, m quo tempove dicta vumpvomissionum
. leduximus, in et cum Iliis scribtis absolvimus et
redneimus, née mm nh as ne eorum singulis omnem
inhtihilitntis ci infamie maculam sire nolam, per ipsns occa-
premissa fovsan ami raclant, peu/lus ahnlerinttis ne eciam
■amas, cl lenore presentiitm abolemus cl abstergimus om-
nium cl s/m/ulmum pretnissai uni cl jiirtiiitciilarum predictOVUni
îles, quant itates ci alias circumstaiicias, modos cl for-
um nisi rtiiiieuiiii uni predictorum continencias cl te-
rnlibm pro sttf fie 'tenter expressis habentes, proutdic-
in <tcr papa suis habuil cl haberi volait in literis
mm obslanliblis omnibus illis que raluit idem
non obslurc. Qitocirca pvecipimus, auetovitate
. ni prrferliir, in hue pavte comissa, qua fun-
!amu< utiirrrsii ci singulis quorum intevest, in-
DE VILLANDRANDO. -;i
tereril vel interesse poterit in futurum, cujuscumque gratins,
staliix, ordinis, preheminencie vel dignitatis existant, <t quo-
cumque nomine nuncupentur, in virtute sancte obedientie et sub
excomunicacionis pena, qnam in non parentes trina et canonica
monicione premissa ferimtts in hits scribtis, quathinus dictos
dominos Gastonéni et Matheum, comités, et eonim utrumque,
dictis nostris, seu verius apostolicis, relaxacione, décréta, de-
claracione, absolucione, reductione generalibus et abolicione,
judicialiter et alias uti sinant pariter et gaudere sine resper
sione, denigracione, turba, susurro pariter et impedimenta
quibuscumque. Per hune milan nostrum processum mis/ris non
intendimusin aliquoprejudicare collegis quominus ipsi veleoi uni
alter valeqnt in hujus modi negocio procedere, servato nostro
presenti processu, nil in prejudicium dictorwm dominoi mu comi-
tum inmutando; prefatas aut em literas apostolicaset hune nos-
tnnn processum volumus pênes ipsos dominos comités, vel eorum
procuratores, remanere et non per aliquem vel aliquos, prêter
ipsorum vel suorum procuratorum voluntatem, quomodolibet de-
tineri. Contrarium vero facientes, predicta canonica monicione
premissa, prefatis nostris sententiis,pr oui in scribtis late sunt,
eo ipso volumus subjacere, absolucionem omnium et singulo-
rum, i/iii dictas nostras sentencias vel earum aliquam"incurre-
iini quoquomodo, nobis vel superiori nostro dumtaxat reser-
vantes. In quorum omnium et singulorum fidem et testimonium
et certitudinem pleniorem, présentes literas seu publicum ins
trumenium vel instrumenta publica, tôt </t«,t habere voluerint,
hujusmodi nostrum processum continentes, continens et conti-
nencia, per notarium publicum infrascriptum fieri concessimus
et sigilli nostri jussintus appensione munir i. Dalum et actum in
civitate Rivensi, provincie Tholosane, et in episcopali domo
nostra, die vicesima quarto mensis mardi, sub anno a nativi
tate Domini millesimo quadringentesimo qualragesimo quarto,
indictione septima, pontificatus <li<ii domini nostre pape anno
\iiii"; presentibus ibidem providis viris, magistro Stephano Tor-
nerii, jurisperito curie Rîvensis, nobili Johanne Rigaldi, d<>-
micello Tutellensis, honorabili scutifero Petro de Abbacia,
castellano Bastite-Seronis Conseranensis, magistro Jacobo de
Bauro, notario Lemovicensis diocesum, testibus ad premissa
vocatis specialiter et rogatïs. Johahnes Textoris.
Et me Johanne Textoris, presbitero Convenarum diocesis,
VIF. DE RODRIGUE
bacallario in legibus, i>uhlico auctoritate apostolica notario, qui
premUsarum literarum apostolicarum présentation^ réception*,
requisitioni, procurationum productioni, relaxation!, décréta
ae declarationi, absolutioni, reduccioni, abolitioni, abstercioni,
précepte atque monkioni et omnibus aliis et singulis, dam sic
ut supra scripta sunt agerentur, dicerentur et fièrent per pre-
memoratum dominum episcopum, excecutorem prefatum, etper
dictum procuratorem comitalem, ad liée plénum potestatem ha-
bentem, requirerentur, çoncederentur et acceptarenturyvna mm
prenominatis testibus présent fui, eaque sic fieri vi<li et audivi,
et in notant recepi, ex qaa instrumentum hoc et instrumenta,
tôt quoi erunt necessaria, retinui et abstraxi et per alium mielii
fidelem, me aliis occupato negociis, scribifeci et in hanc publi-
cam formant redegi, hicque me manu mea propria subscri-
bens una cum appensione sigilli autentici prefali domini epis-
copi, cujus mandalo prefalas literas apostolicas transcribi feei
et signum meum apposai consaetum, in fidem veritatis et testimo-
ii i uni omnium et singulorumpremissorum, requisitus et rogatus.
LXXX1Y
Note du le.js fait par Rodrigue de. Villandrando à son fils Charles des biens et
créances qu'il avait en France. — Original en papier dans le ms. latin 0024,
loi. 137, de la Bibliothèque nationale. Communication de M. Morel-Fatio.
(Avant 1460.)
Asi s'ensuiuet les deutes que mossor le conte de Ribadeo, à que
Dieu fassa mercy, laisset et mandet que fussen resceuas et balleas
à son fils Charles en le royaume de France.
Premierament, tous achatz que le dit conte aia fet en le dit
royaume de France, esi comme maysos, granges et toutes autres
choses que se trouvaran estre sceuas, por maniera d'achat ou de
dounacion ou en autre qualque maniera.
Item, la plassa et terra de Pusinac en el Dalfinê, que le fu ballea
et dounea per les trois estatz du Dalliné, et confirmea per le roy
el le daulphin, esi que apar per letras et escripturas passeas per
inseil du DelGné et de Grenoble '.
1 Voyea ci-dessus, p. 210, et 218 note.
DE VII | IN DR AN HO.
Item, plus \i'" escus d'or que le dil a nte preste! J moss0' l< duc
de Borbon sur la place de Mongilibert, la quella plasse 1 1 terra el
seigneurie dévoya tenir le dil conte avec toutes sas revenues pi-
ques à tant qu'el fusse payé de la dicte somme de m"1 coronas,
agi que apar per instrument public < ju">-t de per deçà.
Itnn, le dit mossor de Borbon est tenu de ballej 1 1 payi i au dd
conte xxx"1 fr. tant pour ce que le fu promis en mariage avi c mado-
misela sa lame, mère du dit Charles, de quoe le dil conte u'a rien
resceu et lia esté tous jours détenu et levé jusques au jour d'uy,
comme d'autres deutes. asi de chevaus que pris le dil moss de
Borbon de li. comme d'autres choses et assignation^ que ae li lu-
rent payeas.
Item, vmc frans que li son deus per un de ses secretaris, que se
dit Martin la Sale, et mes xr. maies d'aryen que restaient en lo dit
.Martin quan le dit moss01' le conte partit pour aler en Bourdalès;
et après jamès n'a volu venir à conte pour letras mu pourmen-
sages que le dit conte li envoyi 1 . ne rousit venir dever li.
Item, plus mille escu2 \nul\ que Eustasse de Pompierre li
dévoya et doit encora, corne appert per public instrument I»' quel
restet à Mongilivert.
Item, certaine somme d'argen quel sefior de Ris devoit au dit
conte, que li ballet en garde.
Item, du chancelier de la Marche qtfe le doit certaine somme
d'argen que resceu pour le dit conte.
Item xxx mars d'argen de driva deTouars.
IA\W
Lettre (!'• l'Archevêque de Tolède, don Alonzo Carillo, â louis XI pour lui re-
commander la créance de feu Rodrigue de Villandrando sui la maispu deFqix.
— Original, dans le Ms. lat. G024, f. 139, delà Bibliothèque nationale. Comr
mimique par M. Morel-l'atio.
(23 septembre 1462.)
Christiauissime princeps ac potentissime ie\ et domine, îela-
lum est michi quod dominus cornes de Fuxo pbligatus extitit
quondam Roderico de Villandrando, comiti de Rihadeo, in cerfa
ipiantitate auri ex valida obligacione, in cujus habenda solucione
successit ejus fïlius, consanguineus meus, dominus PetrusdeYil-
VIE DE RODRIGUE
[andrando, cornes de Ribadeo. Oui, cum sil persona miclii affecte,
e, ,, qUa ,A animo vices inlcrpono, confisus circa illustrissimaro
regiam celsitudinem vestram quod sua benignilate prodefit in ea
ftapud eumdçm comitem de l'uxo, volui licteras meas ad eandem
exarare, sopplicans ut mea intercessjone dignetnr rem liane pro-
piciam habere, taliter quod èiderri comiii deFuxo placeat sumaro
ami su- deb tam hnic creditori absque dilacione exsnlvere libenter.
Quod ad graciam suscipiam singnlarem ab eadem illuslrissima re-
gia celsitudine, quam Altissimus rex regum ad felix regnoram et
dominiorum suorum regimen gloriosum conservare dignelur tem-
pora per longeva, cui me plurimum recomendo. De Soria, xxma
septembres, lxh°.
Vestre celsitudinis humilis servitor, Achiepiscopus Toletaxus.
Audos: Çhristianissimo principi ac potentissimo domino, domino
Ludovico, reei Francornm.
LXXXV1
I ransport par Pierre de Villandrando, fils de Rodrigue, à son neveu D. Diego
Goniez Sarmiento, comte de Salinas, du privilège accordé à Rodrigue de
Villandrando en 1441. — Imprimé par Josef Pellizer, Informe de/ origen,
antiguedad, calidad i sucession de la excelentissima casa de Sarmiento
tir Villamayor, Madrid 1663, f. "29.
(5 janvier 1512.)
Doua Juana, por la gracia de Dios reyua de Castilla, de Léon, de
Granada, deToledo, deGalicia, de Sevilla, de Cordova, deMurcia, de
Jaen.de los Àlgarves, de Algecira,de Gibraltar, de las islas de Ca-
naria é de las Indias islas é tierra ferma del mar oceano, princesa
de Aragon é de las dos Sicilias é de Jérusalem, archiduquesa de
Auslria,duquesa de Borgogna et de Brabaut, condesa de Flandres
c Tirol, etc., seiïora de Vizcaya é de Molina, etc.
Por quanto por parte de vos, don Pedro de Villandrando, conde
•le Ribadeo, me lue suplicado que acatando é remunerando los ser-
vicios que vos o vuéstros antepassados aveis fecboâla corona real
d'estos reynos, biziessemercedâdon Diego Goniez Sarmiento conde
de Salinas, vuêstro sobrino i sucessor de vueslra casa, de la iner-
■ -I é preeminancia que el conde, vùestro padre, gario el dia de los
Reyes, de que el é despues vos, como sucessor, aveis gozado; para
queel dicho conde de Salinas. vuestro sobrino, lo yoze é tenga de
M flLI \ Mu; \ \ Ihi
aquî adelante, porque, segun vuéstra disposicion, no estais para
recibillo é ge lo traspassais é renunciais, como parece per una
vucslra testacion é renunciacîon, Grmada de vuestro nombre • si-
gnada de escrivano publico, que ante algunos del uuestro consejo
fue presentada;é yo acatando los muchos é buonos é leales servi-
cios que aveia fecho el fazedes de, i ad i di i é aviendo consideracion
;il servicio queel coude, vue9tro padre, fizo al tiempo que le fizo 1 1
dicha merced é porque la memoiià d'el no se pierda, tuvelo poi
bien. É porque al présente no estan aqui los tituloa é otras escri-
tu i-as de la dicha merced para se poder bazer en forma la pro\ ision
d'ella, por la présente, durante los dias <!'■ vos, el dicho coude de
Ribadeo, <; entre tanto que se traen I"- dicbos tilulos é escrituras,
es mi merced é voluntad que el dicho conde de Salinas, vuestro
sobrino, aya é goze de la dicha preeminencia é merced en vuestro
lugar, segun é como per la forma é manera que vos, el dicho
coude é vuestro padre, la aveis gozado é posseido. E para que,
durante el dicho tiempo, goze de la dicha merced, mande darla
présente, Grmada del rey mi sèfioré padre, ésellada cou mi sello.
Dada en Burgos, â cinco dias del mes de enero, de mil équhùen-
tos é doze anos.
Yo h. r.iv.
Yo Lope Conchillos, secretario de la reyna nuestra segnora, la
fize escrivir por mandado ilel rey su padre.
Acordada. Licenciatus Zapata; doclor Carvajal.
vis.
TABLE CHRONOLOGIQUE
DES PIÈCES ET EXTRAITS RAPPORTÉS TEXTUELLEMEN'
DANS CET OUVRAGE
1 181, ."1 août. — Notice d'une quittance de Rodrigue de Villan-
drando pour sa solde et celle de dix-neuf écuyers de sa
chambre au service du dauphin (note) 21
1 124, ."0 janvier. — Mandement de Charles VII pour l'exécution
d'une ordonnance cassant les compagnies de gens-d'armes
et de trait 211
l 126, mars. — Extrait des instructions d'une ambassade de Char-
les VII au roi de Castille pour lui demander du secours
(note) ( . . 26
— 18 septembre. — Extrait d'un mandat royal expûsanj la si-
tuation du château de Qabrjères en Languedoc (pote) . . 132
I 127, 6 octobre. — Notice d'un mandement de Charles VII ayant
pour objet de faire rendre l'argent d'une rançon extorquée
par deux espagnols de la compagnie de Rodrigue de Villan-
drando 212
— Extrait d'un mémoire en béarnais sur les relations du
comte d'Armagnac avec André de Ribes (note) 52
1 i28, octobre. — Délibérations du Conseil de la ville de Lyon au
sujet de Rodrigue de Villandrando, campé près d'Aftye. '1\">
1 l">0, 11 juin. — Extraits de chroniques inédites sur la bataille.
d'Anthon (notes) 46, 19
— 13 septembre. — Lettre de la duchesse de Bourgogne au
cardinal de Winchester en faveur du sire de Bujay, pri-
sonnier de Rodrigue de Villandrando 215
— 8 décembre. — Extrait des comptes de la maison de Bour-
gogne constatant la présence de Rodrigue de Villandrando
sur la Loire (note) 59
I \l:l E CHRONOLOGIQUE.
! 151, 20 février. — Condamnation à l'amende, aux assises de la
chatellenie de la Tour en Jarret, d'un lionime coupable d'a-
voir dilapidé une garde-robe reprise sur les routiers de
Ko Irigue, qui avait été iui.-c en séquestre entre ses mains. 218
7 mars. — Acte de donation de la seigneurie de Puzignan
en Dauphiné à Rodrigue de Villandrando ii 1 < î
— kJ,'» juillet. — Présent du consulat du Bourg de Rodez au
comte de Pardiac venu dans la ville pour chasser du pays
Rodrigue de Villandrando 218
15 septembre. — Extrait de la sentence de confiscation des
château et terre de Puzignan (note) 2 IN
- 12 uovembre. — Extrait de l'acte d'envoi en possession de
l,i seigneurie de Puzignan au profit de Rodrigue de Villan-
drando (noie) 218
— 15 novembre. — Ordonnance d'indemnité à l'occasion de
la levée d'une aide accordée par les habitants des diocèses
de Màcon, Chalon et Autun, pour recouvrer les places oc-
cupées par Rodrigue de Villandrando et autres capitaines
du parti français 219
— novembre. — Allocation à Rodrigue de Villandrando sur un
impôt levé en Forez (note) 02
1 i.~2. janvier. — Articles concernant Rodrigue de Villandrando,
extraits de l'état de répartition des deniers votés par les
Etats d'Auvergne, réunis à Montferrànd 221
— .") avril. — Lettres royales du don fait à Rodrigue de Villan-
drando de la terre et seigneurie de Talmont-sur-Gironde . 224
17 juillet. — Extrait des comptes de Bretagne relatif à un
ambassadeur envoyé au duc par Rodrigue de Villandrando
(note) tilt
22 juillet. — Acte d'un emprunt de 2000 ducats d'or con-
tracté par le cardinal Carillo sur Rodrigue de Villandrando,
comte de Ribadeo 22<i
septembre. — Récit déguisé de la détrousse des Ponts-de-
I é dans le roman du Jouvencel . 2">7
geptembre. — Extraits, relatifs à Rodrigue de Villandrando,
du commentaire composé sur le Jouvencel par Guillaume
Tringant, secrétaire de Jean de Beuil ■ . 250
octobre. — Extraits des registres de l'hôtel de ville de Tours
concernant les démarches de Rodrigue de Villandrando
■près la détrousse d«'s Ponts-de-Cé 2.">y
I \i;l i; CUR0N0L0GIQ1 !
1 153, - janvier. — Obligation par le chancelier de la Marche de
rembourser Rodrigue de Villandrando d'une - de
deux cents écus d'oi prêtée aux seigneurs de Saint-Séba
lien, père et lils . .il
17 janvier. — Promesse donnée par Rodrigue de Villan-
drando au vicomte de Turenne d'être son ami el de le sei
vir envers et contre tous, cinq pers les réservées . , . 241
— kJ-J février. — Allocation pour un message secrel du comte
de Fois au comte de Pardiac, sous le coup il une menace
des compagnies de Rodrigue de Villandrando contre le
Languedoc • - » «
-- 10-15 mars. — Quittances de messagers envoyés par le
consulat de Nîmes aux nouvelles de Rodrigue de Villan-
drando à Béziers et à Meyrueis 246
_ 4 avril. — Quittance pour une commission ace plie de la
part du consulal de Nîmes auprès de l'évêque de Laon,
gouverneur des finances en Languedoc 246
— i avril. — Message au sujet de Rodrigue de Villandrando
accompli de Nîmes à Wazèr< s de la part des officiers du roi
ri de plusieurs notables du Velaj el du Gévaudan (note). 105
— l."i avril. — Délibération du chapitre de Lyon provoquée par
la duchesse de Bourbon, afin de faire fermer de nuil les
portes du cloître de la cathédrale, par crainte des >ns-
d'armes de Rodrigue 241
-- 23 avril. — Quittance du guetteur posté sur la Tour-magne
de Nîmes pour signaler les gens-d'armes de Rodrigue . . 246
_ mai. — article de la dépense occasionnée par les convo-
cations écrites pour armer la noblesse bourguignonne contre
Rodrigue (note)
10 mai. — Quittance d'un messager envoyé par les consuls
de Nîmes à ceux de Montpellier pour s'entendre sur le l'ait
de Rodrigue . ,
— 10 mai. — Allocation prouvanl que la réunion des Étala de
Languedoc tut lieu à Béziers au mois de mai 1 133, et '|uc
. cette assemblée vota des fonds pour défendre le pays contre
Rodrigue de Villandrando
— 24 mai. — Contrat de mariage de Rodrigue de Villandrandoj
comte de Ribadeo, et de Marguerite, bâtarde de Bourbon.. 249
— 26 mai. — Notification à Rodrigue de Villandrando du dé-
cret du concile de Bàle qui le chargeait de défendre le
comiat Venaissin contre le cardinal el les princes de Foix. 252
!'-J
2 AS
556 l.UI.K CHRONOLOGIQUE.
1 ;."". I 1 juillet. — Allocation faisant connaître lo chiffre de Pim-
pôl vril ê par le Tiers-État du Languedoc à l'assemblée
tenue en juin à Villeneuve en face d'Avignon, pour aider
Boi-disanl a chasser Rodrigue de Villandrando de la province. 255
51 juillet. — Deux décharges du trésorier du comte de Foix
pour dons faits par ledit comte à une dame de Beaucaire et
au président de Provence sur Paide votée par les États du
Languedoc pour chasser de la province Rodrigue de Villan-
drando 254
1 " septembre. — Quittance d'un épicier de Lyon pour une
fourniture faite à Rodrigue de Villandrando aux frais de la
ville 255
— 14 septembre, — Protocole de l'enquête ordonnée par la jus-
tice du comte d'Armagnac au sujet des cruautés commises
à Fernognac par le bâtard d'Apchier, pendant l'irruption des
compagnies de Rodrigue en Rouergue 'Joli
— 11 novembre. — Acquiescement du prieur de Saint-Romain
le l'uy à une requête des habitants du lieu à lui transmise
par le bailli de Forez, tendant à obtenir l'acensement des
terrains vagues de l'enceinte du bas -fort de Saint-Romain,
dévasté depuis un certain temps par les gens d'armes de
Rodrigue 257
1 134, 5 janvier. — Protocole des lettres décernées par le même
prieur de Saint-Romain en exécution de l'acquiescement qui
précède, où sont énumérés les excès commis par les gens-
d'armes 259
— 5 février. — Décharge du trésorier du comte de Foix pour
une somme par lui prise pour le sénéchal de Nébousan sur
Paide votée à Villeneuve pour chasser Rodrigue du Lan-
guedoc . . 255
— 25 février. — Quittance de la somme payée par le consulat
de .Niiiies pour la copie à plusieurs exemplaires des lettres
d'avis envoyées de Milhau au sujet des gens-d'armes de Ro-
drigue 260
— lo mars. — Lettre de Rodrigue de, Villandrando au Conseil
de la ville de Lyon pour hâter le recouvrement de diverses
( réances ou dépots que lui et les siens avaient dans la ville. 201
— 15 avril. — Engagement de la terre de Montgilbert à Rodri-.
de Villandrando jusqu'à l'acquittement d'une somme
de sis nulle ('eus d'or qu'il avait prêtée au duc de Bourbon. 201
20 avril. — lieconnaissance d'un prêt de mille écus d'or l'ait
par Rodrigue de Villandrando au vicomte de Comborn. . 264
ÏABLE CHRÔN0L0GIQ1 l.. -,M
I i." i, 2! mai. — Quittance du comte de Ventadour, rentrant dans
les déboursés qu'H avait faits en 1431 pour aider la viHe
■ I I ^M■1 à se racheter de Rodrigue
— 19 juillet. — Quittance de Marguerite, veuve Lasporlas, ren-
trant dans les fonds d'un prêt t'ait par sou défunt mari pour
le patis d'1 Bsel 223
— Il août. — Quittance d'Etienne Charlat, marchand dTJssel,
remboursé d'une somme avancée par lui pour le radial de
la ville 222
1155. 14-22 septembre. — Extraits des registres de l'hôtel de
ville de Tours concernant le séjour de Rodrigue de Yillan-
drando devant cette ville 274
— septembre. — Rançon du capitaine de Peyrat, prisonnier
de Rodrigue, allouée sur l'aide votée par les Etats du Haut-
Limousin (note) 115
— i novembre. — Quittance du vicomte de Turenne de la
somme à lui allouée par les Etats du Bas-Limousin pour le
rachat de son cbâteau de Saint-Exupéry note) 115
15 décembre. — acquisition pour Rodrigue de Villandrando
et en son nom d'une propriété sise au Puy-la-Forge, entre
Chantelle et Charroux 27.'>
1 136, 20 et 23 février. — Quittances de Nicolas de tfalmon et de
Louis d'EscoraiUes, rétribui s par les Etats ou Bas-Limou-
sin pour avoir défendu Ussel et Meymac contre Rodi
de Villandrando 271
— 25 avril. — avis envoyéà Orléans par le sire dé la Trémoille
de la présence des Rodrigais à Sully (note) 124
— Mai et juin. — Quittances de Jean de Lobertes et du comte
de Ventadour, rétribués pour la défense d'Ussel et de
Meymac 269, 270
— 2 août. — Convention entre le duc de Bourbon t Rodrigue
de Villandrando pour l'assiette définitive des mille livres
de revenu stipulées dans le contrat 3e mariage dudit Ro-
drigue et de Marguerite de Bourbon 277
— 5 août. — Ordonnancement parle duc de Bourbon au profil
de Rodrigue de Villandrando de la somme de mille livres
qu'A lui devait, tant pour l'évacution de Charlieu, que pour
les réparations fartes à cette place ainsi qu'au château de
Châteldon 279
— 22 novembre. — Extrait d'une quittance de Louis Maréchal,
I \|;| 1 i il RONOLOGIQl E.
i du duc de Roui bon, rétribué sur les finances
pour avoir servi d'intermédiaire entre les
•i | '.,'■/ i, rs. i 1 Rodi igue de Villandrando i note).
i; partition d'indemnités aux magistrats
iimunes du lias-Languedoc pour leur participation
;il)\ ii les I lai; li nu- ii R ziers | r voter l'aide donl
|, s |,m,j ervir ;i débarrasser la province de la
le lloili igu de \ illandrando
i onli iluition votée par les États de la Bass :-
c en faveur de Rodrigue de Villandrando par l'en-
tremise du duc de li nirbon note)
28Ô
280
;n i . . Extrait d'une quittance de Raymond de
Villar. sénéchal de Beaucaire, rétribué sur les fonds votés
i |; z'wrs, pour avoir mis sa sénéchaussée en étal de dé-
; l' Irigue de Villandrando (note) 2SÔ
\'-->-l décembre. Délibérations à l'Hôtel de ville de Bé-
.iii mettre la \ ille en étal de défense contre Rodrigi u
i'| ses routiers 283
ier. — Ordonnancement par Charles VU d'une somme
- cents livres au profit de Jean de Loupiac, capitaine
i i,-. pour sa dépense en défendant cette place contre
Rodrigue de Villandi and i 280
li avril. - Quittance d'une allocation faite à Jean de Cara-
seigneur de Noailles, sur les fonds votés à l'assem-
Béziers, en novembre I iôO 282
Kxlraits des i egistres de l'Hôtel de ville de Tours
eoucernanl l'inlervenlioii le la i eine et de la dauphine pour
ne de \ illandrando d'amener de nouveau
m'> compagnies en lien, .'me 287
ipiti r de li rime,, i de l'ei ceval de Ca-
^uv intitulé Comment le roj chassa Rodrigue » . . . . 290
I \lrait- de lu complainte du Pauvre commun de France. . l-|,s
2<i lévrier. — l'on Is volés par les États de la Basse-Auver-
ini l'amélioration de la navigaiion de l'Allier, em-
ayei les frais d'une alliance avec le Velaj et le
Rodrigue de \ illan handi 292
i.i liltanc ■ de Denis Boniod, seci i I lire de l é-
'I il Ir. rétribué pour une c immission auprès de
Villandrando de la pari des États du Gévaudam 299
Quittance de Bertrand Teissii r. consul de Salgue,
à la répartition de la taille im-
Ijévaudan au pi ofil de Rodrigue -'■' '
IABLE CHRONOLOGIQUE. 353
1 138, 13 mai. — Conversion d'une créance de Rodrigue de Villan-
drando en une rente perpétuelle de dix tonneaux de vin
;i prendre à Careil, en Bourbonnais, sur un fonds appar-
tenant à Raymond de Hontdragon du chef de sa femme,
Marguerite de .Neuville 505
— 10 juillet. — Quittance donnée par Rodrigue de Villan-
drando d'une somme à lui allouée par le roi de France pour
l'entretien de ses troupes. 305
— 1 1 juillet. — Accise octroyée par le gouvernement anglais à
la ville de Rayonne comme dédommagement de ses frais
de guerre, particulièrement à cause de la résistance qu'elle
avait opposée à Rodrigue 306
— 15 septembre. — Injonction par Charles VII aux capitaines
des Kcorcheurs à son service, y compris Rodrigue de Villan-
drando, de s'abstenir de toute violence contre les terres et
les sujets du duc de Bourgogne 507
— Octobre. — Consignation du passage de Rodrigue de Villan-
drando et de l'oton de Xaintrailles à Condoin (note) . . 102
— 10 novembre. — Institution des élus chargés de répartir et
lever une aille accordée par les États de Bourgogne pour
solder un corps de troupes destiné à résister à Rodrigue
et autres capitaines des Écorcbeurs 509
— 15 novembre. — Quittance de Rodrigue de Villandrando
pour deux cents livres à lui votées par les États de la Rasse-
Auvergne 512
— 15 novembre. — Mandement pour la levée d'une contribu-
tion imposée à la sénéchaussée de Toulouse, afin d'empê-
cher Rodrigue et les autres chefs de l'armée de Guicnne de
venir prendre leurs quartiers d'hiver en Languedoc . . . 515
— 19 décembre. — Arrêté de compte au consulat du Bourg de
Rodez pour le payement d'une contribution convenue entre
le comte d'Armagnac et Rodrigue de Villandrando pour la
délivrance définitive du pays 515
1 139, 16-18 mars. — Extraits d'un registre capitulaire de Resan-
çon au sujet des Écorcbeurs (note) 1GD
— 17 mars. — Quittance de Picire de Bivar, grand-maître de
la maison de Rodrigue de Villandrando, pour un don d'ar-
gent à lui fait par les capitouls de Toulouse 518
— {) avril. — Quittance de Robert de Montesquieu, pour indem-
nité d'assistance à une assemblée des Etats du Gévaudan,
où avait été votée une contribution à Rodrigue de Villan-
drando 518
25
TABLE CHRONOLOGIQUE.
I ;-,.| g avril, _ Engagement personnel de Rodrigue de Yillan-
drando dans le traité d'alliance conclu par lui avec le comte
de l'oix et le comte de Goraminges 519
21 avril. — Quittance du salaire payé à Jacques de Gaina-
ches, secrétaire de Rodrigue de Villandrando, pour l'expédi-
tion de l'acte de sécurité délivré b la ville de Toulouse. . . 520
21 avril. — Quittance de deux mille écus d'or payés à Ro-
drigue de Villandrando, conformément au traité conclu
entre lui et les capilouls de Toulouse 521
_ (j I1K1;. — Allocation au viguier de Toulouse, sur l'impôt
établi en vertu des accords passés entre Rodrigue de Vil-
lamlrando, les capilouls et les gens du Conseil du roi. . . 521
'lij niai. — Quittance des élus sur le fait des aides à Tou-
louse pour leur salaire à raisin de la répartition par eux
faite, l'année d'avant, du subside à payer pour l'entretien
de l'armée commandée par Rodrigue de Villandrando, Po-
ton de Xaintrailles et le bâtard de Bourbon 515
12 juin. — Quittance de Rodrigue de Villandrando pour une
somme à lui votée par les Étals d'Auvergne, en présence
du roi 522
— 27 juin. — Commission du roi de Castille pour faire re-
tourner le comte de Ledesma à Valladolid, le comte de
Ribadeo devant recevoir l'ordre de s'arrêter à Roa. . . . 525
— 50 juin. — Lettre de la ville de Besançon au gouvernement
de la ville de Bàle sur les intentions prêtées aux Écorchcurs
et à Rodrigue 52 i
— Autorisation accordée par le roi de Castille à Rodrigue de
Villandrando d'employer un navire, dont il avait la pro-
priété, ii faire le commerce avec l'Angleterre, comme dé-
dommagement de la rançon de plusieurs prisonniers que les
Anglais avaient faits sur lui pendant son trajet en Es-
P^ne. . • . ,
I4i0, (i février. — Sommation aux habitants du diocèse de La-
vaur cl de la jugerie de Villelongue d'avoir à payer leur
quote-part de la contribution consentie par la sénéchaussée
de Toulouse pour se débarrasser de Rodrigue de Villan-
drando en 1 139 ' • 510
— 8 mai. — Déposition de Gralien de Gramont sur l'arres-
tation de Guillaume de Mcny-Peny, écuyer du Dauphin,
réfugié dans les compagnies de Rodrigue de Villandrando. 528
525
TABLE CHRONOLOGIQUE.
1 î in. Extrait d'une requête de la noblesse de Guienne au gouver-
nement anglais au sujet de l'invasion du Bordelais par les
routiers en I 158 (note) 159
— Extr.iit- des notes manuscrites de l'abbé de Fouilbac, con-
cernant Sanche de Tovar el un autre espagnol, lieutenants
de Rodrigue de Villandrando en Querci, pendant les années
1440 el 1441 (notes) 189, 190
1411, !» janvier. Privilège du diner annuel avec le roi octroyé
à Rodrigue de Villandrando par Juan II de Castille. . . . 529
— Éloge de Rodrigue de Villandrando par Garcia de Resende. 550
— Légende populaire sur l'origine du privilège des comtes de
Ribadeo: • 550
11 mai. — Procuration de Rodrigue de Villandrando à Juan
dé Coca, familier de sa maison, envoyé par lui en Fiance
avec ebarge de recouvrer les créances qu'il avait dans
ce pays °°2
1 ['ri. 6 juin. — Snbdélégation, sous le sceau de la prévôté de
Paluel en Auvergne, par laquelle Juan de Coca investit de
ses pouvoirs Aloncillo de Viedo, écuyer ooo
— 22 juin. — Obligation de service coutractée par Jean de
Salazar envers le duc de Bourgogne , • • • 5ôG
1445, Janvier. — Rémission des méfaits commis pendant les
guerres par les seigneurs d'Apcbier, père et fils (note). . 101
— 13 septembre. — Bulle du pape Eugène IV libérant les
princes de Foix de leurs engagements envers Bodriguc de
Villandrando 5o7
— Rémission à Brunet de Bampoux pour les méfaits de guerre
par lui commis pendant l'occupation du Querci par Bodriguc
de Villandrando 500
1 144, 24 murs. — Acte de publication par l'évêque de Bieux de la
bulle d'Eugène IV 537
1446, Mai. — Rémission à un habitant de Cahus en Quercy, com-
plice de trois noyades perpétrées, au commencement de
l'année 1458, sur des hommes de la compagnie'de Bodriguc
de Villandrando 208
— Juillet. — Rémission pour le bâtard de Misery, homme-
d'armes de la compagnie de Rodrigue de Villandrando, com-
promis dans la détrousse de l'abbé de Pontlcvoy, lors de la
marche des routiers sur Lagni en 1452 234
TAULE CHRONOLOGIQUE.
I ; ;,:_ Octobre. — Extrait d'une rémission accordée à sept habitants
de la chapellerie de Rochefoi t en Auvergne pour le nieur-
tre commis en 1 138, d'Etienne Lardit, homme-d'armes
de la compagnie de Rodrigue de Villandrando (note). . . 290
I 1 17. Avril. — Rémission à Jean de Corail pour de nombreux mé-
faits de guerre, dont le meurtre d'Etienne Lardit .... 294
— Août. — Rémission accordée à Jean Delaporte, complice des
ravages exercés par Rodrigue de Villandrando dans le Bas-
Limousin, en 1455 271
— Septembre. — Rémission à Malhurin de Cardaillac pour la
détrousse d'Alonzo de Zamora et d'un autre espagnol appelé
Alonzo de Benavent, sous-lieutenants de Rodrigue en 1458 . 301
1448, 10 février.— Rémission pour le meurtre de deux hommes-
d'armes de la compagnie de Rodrigue de Villandrando,
commis en 1 454 à Saint-Just d'Avray en Beaujolais. . . . 266
1 100 (avant). — Note du legs fait par Rodrigue de Villandrando à
son fils Charles des biens et créances qu'il avait en France. 342
1401, Octobre. — Rémission accordée par Louis XI pour le meur-
tre du polit Rodrigue, commis en 1457 293
— Extrait des comptes de Louis XI relatif à la destitution du
capitaine Martin Enriquez (note) 20 1
1 iH-2, 23 septembre. — Lettre de l'archevêque de Tolède, don
Alonzo Carillo, à Louis XI, pour lui recommander la créance
de feu Rodrigue de Villandrando sur la maison de Foix. . 543
I 17 i. — Extrait des comptes de la maison de Bourbon, relatif à
Charles de Villandrando (note) 204
1 175, Mars. — Extraits concernant l'ambassade de Hcrnando del
Pulgar auprès de Louis XI (note) 3
— Vie de Rodrigue de Villandrando, extraite des Claros va-
roncs 207
1 179, 12 novembre. — Épilaphe de Jean de Salazar (note) . . . 206
1512, ."> janvier. — Transport par Pierre de Villandrando, fils de
Rodrigue, à son neveu D. Diego Gomcz de Sarmiento, comte
dînas, du privilège accordé à Rodrigue de Villandrando
en 11 il 34 i
FIN DE LA TABLE CHRONOLOGIQUE.
Typographie A. Lahure, 9, rue de Fleurus, à Taris.
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