Full text of "Romania"
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ROMANIA
ÇOMANIA
RECUEIL TRIMESTRIEL
CONSACRÉ A l'étude
DES LANGUES ET DES LITTÉRATURES ROMANES
PUBLIÉ PAR
Paul MEYER n Gaston PARIS
Pur rencnbrer des ancessun
Les <tiz et les faiz et les murs.
WACt.
2* ANNËE — i88j
PARIS
F. VIEWEG, LIBRAIRE-EDITEUR
67, RUE DE RICHELIEU
UBR/\Ry OF THF
LELAND STAMFORO uh. Ui^IVERSITY,
CL. Lf.(a5'qi
NOV 5 \%o
'■»lr^.
LE ROMAN
DE LA GESTE DE MONGLANE.
J'ai montrtdans ufl article de VH»iûirf/iH^raJrf(iif U France (t. XXVIII,
p. 13^) que le podme de Calien, sans doute do commencement du
XIV" «ècle ou de la fin du xjir, nous était arrivé dans une double réac-
tion en prose, dont chacune Hi son tour est repriîscntée par des lexies
indépendants. L'une de ces rédactions, ({uî ne comprend que Caiien, est
conservée dans le ms. de la B. N. fr. [470 d'une part, et de l'autre dans
les éditions imprimées du Galtcn. L'autre est insérée dans une compibtion
dont nous avons également une forme manuscrite et une forme impri-
mée, I^ forme manuscrite est celle du ms. de l'Arsenal mt, la forme
imprimée celle des diverses éditions de Cumn de Montgiave. Laissant de
c&lé pour le moment la question spéciale de Catien, je vais d'abord reve-
nir sur te rapport de ces deui dernières formes entre elles, puis indiquer
leur source commune.
M. Léon Gautier, qui a le mérite d'avoir le premier signalé à Patten-
Iton le ms. de l'Arsenal et de l'avoir rapproché du Cuerin de Moniglave
imprimé, n'a pas présenté exaciement le rapport de ces deux textes^
quSiQd il a donné le premier conune le type, le modèle du second. J'en
ai fait la remarque dans l'article cité : « Le texte manuscrit est beau-
coup plus profondément remanié que l'imprimé Le compilateur
a considérablement abrégé, surtout dans la partie qui raconte la bataille
de Roncevaux 1) s'en faut donc que le manuscrit de l'Arsenal nous
offre, comme le dît l'auteur des f.popées françaises, le « type » des
rédactions imprimées i il s'en faut plus encore que ces rédaaions dérivent
du manuscrit de l'Arsenal. » M. Gautier, dans la nouvelle édition de
son t. m (devenu t. IVi, n'a pas cru devoir tenir compte de ces obser-
vations, pourtant appuyées de preuves. II persiste A présenter comme il
l'avait fait le rapport des deux rédactions. H. 28, apf^ avoir parlé des
AlOMiJ, XII >
2 G. PARIS
éditions de Guerin de Monîglave >, il ajoute : « On peut regarder la pre-
mière partie du ms. j } s i de l'Arsenal comnie le type de ces versions
imprimées. Nous aurons lieu^ plus d'une fois, de mettre ce fait en
lumière. » P. 127 : « Suivant nous, ces versions imprimées ont été
rédigées sur le texte du manuscrit de l'Arsenal, n P. 17; : « Quant au
texte en prose de Girart de Vienne qui se trouve dans tous les Caerin de
MontglavCf il est... calqué... sur ta version du manuscrit de l'Arsenal ;
c'est ce que mettent suffisamment en lumière les citations que nous ^-
sons plus loin et auxquelles nous renvoyons nos lecteurs. » P. 192 :
« Ce précieux manuscrit [de l'Arsenal] nous offre la plus ancienne
verdon en prose de notre Roman. Il peut être considéré comme le type
de tous les incunables qui ont pour titre : Gaerin de Montglave. » P. 20} :
K Le manuscrit de l'Arsenal peut être considéré comme le type de
tous les incunables qui ont pour titre Gaerin de Montglave. > A cette
assertion si souvent répétée sont données comme preuves (p. 179-
1 80) les citations de deux passages correspondants de Girart de Vienne
d'après le ms. de l'Arsenal et le Guerin de Montgkve imprimé. Or il suffit
de jeter les yeux sur ces deux passages pour voir que la thèse de
M. Gautier est insoutenable, que la version imprimée, beaucoup plus
longue et visiblement plus fidèle que la version manuscrite, ne saurait
en dériver, et que le rapport des deux textes est bien celui que j'ai
indiqué, c'est-à-dire qu'ils ont une source commune', dont la version
imprimée est en général beaucoup plus voiûne que la version manus-
crite, œuvre d'un rédacteur qui s'est donné avec son original les plus
grandes et les moins heureuses libertés.
Cet original commun, on peut le restituer jusqu'à un certain point par
la comparaison des deux rédactions qui nous en restent. A en croire
M. Gautier, p. 27, le manuscrit de l'Arsenal contiendrait : 1" Garin de
Moatg^ne (en abrégé) ; — 2° Hernaut de Beauknde; — j° Renier de
Gennes; — 4" Girart de Viane; — j" le Voyage à Jérusalem; — è'Galien;
— 7° Aimeri de Narboiuie ; — 8<» la Reine Sibille. Ces deux derniers
romans ne sont pas dans le Gaerin de Monigtave imprimé, et n'étaient pas
i. Il s'exprime â ce sujet, M et ailleurs, avec peu de clarté. ■ Le seul roman
m prose de la geste de Guillaume qui ait reçu au XVI* siècle les honneurs de
l'impression, dit-il, est Garin de Mongianc. » Et après avoir cité les éditions de
Caerin de Monîglave^ it ajoute : ( Le Gaerin de Monglave nous offre un titre
faux. Il se rapporte en réalité aux romans i'Hernaat de Beauiande^ de Renier
de Gennes et de Girart de Vienne, accompagnés de Galien et d'un résumé de la
chronique de Turpin. 1 Donc ce sont ces romans qui ont reçu les honneurs de
l'impression, et non Garin dt Moaglane.
2. J'ai dit (p. 21;) que cette source commune était déji une rédaction en
prose. Je ne me rappelle plus quelles raisons j'ai eues pour penser ainsi ; nuis
cet intermédiaire me semble auiourd'huî très peu probable.
LE ROMAN oe u Gesie de Montant " {
non ptus, comme nous allons le voir, dans l'original : laissons-les donc
de cAté. Le Cutr'm de Mont^lave imprimé conlienl, d'jipr^s M. Gautier
(p. 1 371 ' '" Htrnaut de Beauhndt; — 2" Renitr dt Géants; — î' Cirart
dà Viane; — 4" Vayagt à Jérusalem fir«^ abrégé] ; — (* Chroai^vt du
faux Tarpin ; — 6° Gaiien ; — 7" fin de U Chronique dt Turpin. Ainsi ce
texie, qui proviendrai» du ms. de l'Arsenal, n'en différerait pas moins de
celui-ci, d'abord en ce qu'il serait privé au début du Gmn dt Monglant
abrégé, ensuite en ce qu'il intercalerait avant et après Calien deux mor-
ceaux empruntés à la Clironiifuc de Tarpin. La première différence est
illusoire; M. Gautier lui-même, donnant (p. 127) une nouvelle table des
éléments du ms. de l'Arsenal, n'y fait plus (ci avec raison) figurer le
« Garin de MontgUne en abrégé «, et la dresse ainsi : 1" Htmaut de
Btaulandi ; — 2" Renitr de Gtnnts ; ■— î' Cirart dt Viant ; — 4° Galita;
t'— ' j* Atmeri dt Narbonne; — 6* la Reine SibiUe.] On a six numéros au
lieu de huit, parce que l'auteur a cette fois, et à bon droit, compté
comme un seul le Voyage à Jirusaitn et Culien ; seulement il aurait dû
en faire auunt en donnant h table du Gwria de Momglave imprimé. Ce$
deux textes coïncident donc pour les quatre romans de Hernaai de lieaa-
laade, Renier de Genrus^ Giran de Vienne et Calien; mais, d'après
M. Gautier, l'imprimé aurait en outre, avant et après Calien, inséré deux
morceaux de U ChTcniqiu àe Tarptn'. C'est là une erreur manifeste ;
les passages en question font partie imégranle du CalUa, comme
l'indique suffisamment la comparaison avec les deux rédactions isolées
de ce roman, et ces passages, consacrés i l'expédition d'Kspagne, ne
proviennent nullement du faux Turpin», mais représentent, comme
je l'ai indiqué ailleurs (Hom. XI, 484), une version particulière de
l'histoire de Roncevaux. Donc, en résumé, le ms. de l'Arsenal et le
Cornu de Montglate imprimé contiennent également les quatre romans
suivants : 1" Hemaud de Beaaiande et Uilon de PouitUi\ — i° Renier Je
Gennes; — ?<> Girard de Vienne ; — 4" Calien.
Telle serait du moins la composition des deux rédactions en prose, et
conséquemoent de leur source commune, si l'on croyait devoir mainte-
nir b division introduite par M. Léon Gautier; mais je ne sais si elle ce
demande pas i être quelque peu modifiée. Le récit des aventures de
1. Au t. III, p. ^37. M. Gautier dit plus vaguement, nuis non plus exacte-
nent : < A h lin ijki Ouftm dt Mw^îaat încunabirs «t un autre rêcil abrégé
de la défaite de Roncevaux, r^dl emprunlé k da snorcrs tiline». 1
2. Ailleurs |t, tll, p. J7)|, partaot du récit de Roncrvaux dans Calien^
M. Gautier dit ; t Ce récit est emprunté au faux Turpin ci aux Remanienents,
aux RQiunaej, plutôt qu'i la Chanson de Roland. »
). Cette partie de U compilation est en effet coniacrée aux aventures des
deux frères, et non pas sculetneol d'Hernaud ; voy. les rubriques dans Gautier,
1. IV, p. 20J: J17.
4 G. PARIS
Hemaud et Milon d'une part, de Renier de l'autre, n'autorise pas sans
doute  jdmenre l'existence antérieure de deux poèmes isolés dont elles
auraient fait le sujet. Il est impossible en effet de séparer ce double
récit de celui des aventures de Girard. Hcmaud, Milon, Renier, Girard
sont les quatre fils du vieux Garin de Mongbne; le poème de Girard
de Vienne, de Bertrand de Bar-sur-Aube, raconte cumtncniils quittèrent
le château de leur père pour aller chercher fortune, et, ne parlant que
très brièvement des trois autres frères, dont il rapporte cependant l'éta-
blissement à Bcaulande, en Rouille et à Gennes, s'attache à suivre la
destinée de Girard. Le poème de Bertrand parait avoir éié renouvelé,
vers ta fin du xiii* siècle, par un rimeur qui a trouvé un moyen tout
naturel de l'allonger, suivant le go&t de son temps, en racontant plus au
long comment les trois frères de Girard étaient arrivés â la possession
de leurs cités : mais leurs aventures ont toujours pour point de départ
la scène du début, qui se passe au chÂteau de Mongbne, et les trois
récits secondaires sont ainsi rivés de telle façon au récit principal qu'ils
n'ont guère pu exister séparément ■. La compilation conservée, sous
une double forme, dans le ms. de l'Arsenal et dans le Gaerin de Moai-
glavt imprimé se réduii donc en dernière analyse à deux éléments : un
Girard de Vienne renouvelé et amplifié * et un Galien.
Ces deux éléments ont été assez naturellement rapprochés. Les quatre
fils de Garin de Monglane sont les héros des premiers récits. Dans la
guerre de Girard contre Charlemagne apparaît Olivier, le fils de Renier,
et sa sœur Aude, qui deviennent l'un le compagnon, l'autre la fiancée
de Rolland ; dans Galien, qui fait suite, nait et grandit le fils d'Olivier,
qui plus tard retrouve expirant, à Ronccvaux, son père Olivier, Rolland
et Turpin, les assiste à leurs derniers moments et les venge sur les
païens ; le tout Tmii par le supplice du traître Ganelon, auteur du désastre
de Roncevaux. Tous les é{nsodes de la compilation étant rattachés aux
aventures des fils, pelits-Als et arrière-petits-fils de Garin de Monglane,
Je nom de Cette dt Montant me parait lui convenir. L'auteur de la rédac-
tion contenue dans le ms. de rArsenal l'a continuée ) en joignant à ces
romans celui à'Aimtri de Narbonnet fils d'Hertuud. et celui de SibiU, qui
a pour dénouement le mariage de Blandiefleur, fille d'Aimeri de Nar-
bonne, avec Louis, fils de Charlemagne. Ainsi se termine la première
I. M. Gautier, qui a analysé Htmàud dt Btgulandt {ti Milon dt Pmlte\ et
RmtT dt Ctnnd comme deux poèmes distincts, a éprouvé de i'einban'as i leur
donner un dïbut.
a. Ce 6'irjrJ diffère d'aillevri cotitidcraMcioent de celai de Bertrand ; il y
aurait lieu de les comparer ci de signakr In divergences.
j. &n outre cet auteur est seul i donner la seconde partie de Càlitn, qui
manque dans k Cutrin JiMont^latt inprÎBié.
LE ROMAN DE LA Cette de Moaglane 5
pvlje de la Geste de Mongtane, qui se passe sous Charles ; la seconde
partie, dont Cuillaume d'Orange, Hls d'Aimeri, est le héros principAt,
est plus vaste encore, et les événements qui y sont racontés sont placés,
au moins dans la plupart des réductions, sous Le règne de Louis. Elle
forcne le sujet de la grande compilation italienne des Natboncû.
Revenons à notre Gtste de Monghne. composée des deux éléments
indiqués ci-dessus. Dans l'article cité de VHtsioiit littéraire, je disais,
après avoir parlé d'un manuscrit qui figura en i86t, sous le n° jj, àla
vente Savile J Londres : « Il est visible qu'il faut reconnaître U le
modèle de ta compilation que nous ont conservée le manuscrit de l'Arse*
nal et le Guerin de Montglave imprimé. Espérons que le ms. Savile,
dont nous ne connaissons p.is le possesseur actuel, sortira quelque jour
de la retraite où il a été replongé après sa courte apparition publique. »
Le ms. Sanle est retrouvé ; P. Meyer, qui l'avait déjà décrit sommaj-
remeni en 1861, l'a revu à Cheltcnham dans la bibliothèque laissée par
Sir Thomas Phîllîpps, et ce qu'il m'en a communiqué, bien que très
court, suffit i prouver que je ne m'étais pas trompé cl que ce ms. con-
tient U même compilation que le ms. de l'Arsenal et le Cturin de Mont-
^ve imprimé, mais en vers, c'est-à-dire dans sa forme première.
Le ros. Savile î( porte à Chcltenham le n* 26091 ; c'est un petit
manuscrit (hauteur 0,28^ ', largeur 0,172) du xv* siècle; l'êcrtiurc c^
csï française. Les deux premiers feuillets sont enlevés; le 7* cahier [ce
sont des cahiers de 8 feuillesl manque. Le ms. se compose de 1 }} feuil-
lets ; la page, qui n'est pas divisée en colonnes, compte 47 vers, ce qui
nous donne 13,690 vers' : si nous y joignons les 4 pages qui manquent
en tète et les 16 pages du 7* cahier, nous ajouterons à ce chiffre 940 vers,
ce qui porterait le total de ceux du poème complet k i ;,6jo ; mais nous
verrons tout & l'heure qu'il y a sans doute une lacune à la lin>. Voici les
prenûers vers conservés dans le manuscrit de Chcltenham :
En Si chambre [en] ila dont pluj tost ijue le pas,
Et b prinl a plourer, qu'elle eust le cuer si las
Qu'elle oe'dcist mot pour la cité d'Arras.
« Ha<a| ! * dist elle, « Guenn, desver tu me feras,
Quant de mes quatre filz ainsi m'«longncras I »
Mail une chatnbcnere qui cust nom Fauconnas
Lui a dît : ( Douice âame, ne vous courrouciez pas :
1. Dans sa première note |Bi*/. P'.c. Cit. i, 11, J79), priic forcêmenl 1res i
la hlte, P. Meycr, par unf méprise quelconqoe, avait évalué le nombre de vers
i )8,)oo. L« cniffK réel rassure un peu.
1. On a réuni sous U mfme reliure un tout autre mintiscrit, contenant on
fragment des Chtoniqaes de Saint-Denu, qui va du t. V, p. iij, au t. VI,
p. 47 1 , de l'édition P. Paris.
6 G. PARIS
Le duc fait moult tresbien, foy que doy saint Lyas,
Qui vos quatre beaulx filz met aiusi en haras.
Ma dame, advisez vous : et que vault ung beau chats,
Pour ce[l] di(t), qui ne prent les souris et les raz ? ■
Si comme Mabilecte plouroit moult tendrement,
Atant es les enfîans qui moult furent dolent.
Quant leur mère les vit, si leur dist doucement :
( Enffans, pour Dieu merci le père omnipotent,
De cy ne vous partez ainsi ne autrement ;
Lessiez au duc Guerin passer son mautalent. >
Voici le passage correspondant à ces vers dans le Gaerin de Montglave
imprimé (éd. de Nicolas Chrestien, sans date, faeil, II, comparée à
celle d'Alain Lotrian, s. d., f. II). On verra avec quelle fidélité le pro-
sateur a suivi son modèle : il ne manque en réalité dans la prose que
les hémistiches de pur remplissage que les poètes du xiv" siècle pro-
diguent, pour la rime, de la façon la plus insipide, en sorte que la
forme prosaïque est, à vrai dire, meilleure que la forme poétique ori-
ginale.
Et quant Mabilete ouyt ainsy parler son seigneur, elles'en alla en sa chambre
et se prini a plourer si tendrement qu'elle estoit toute couverte de larmes, et
avoit le cueur si serré qu'elle ne pouoit dire un tout seul mot ; et quant elle
peut parler elle dis! : i Ha I Guenn, tu me feras mourir; car aujourdhuy tu
me tollis toute ma joye et mon soûlas quant tu m'eslongnes de mes quatre
enfans. > Mais une de ses damoyselles luy dit : ■ Ma doulce dame, ne vous
desconfortez pas, car par ta foy que )e vous doy monsieur fait bien. Ma dame,
advisez vous : el que vault un chat en une maison qui ne fait que menger et ne
prent ne ratz ne souris i II ne vault rien et n'est que encombrement de maison ;
par quoy, ma dame, il me semble que vous devez plus regarder a l'honneur et
proffit de voz enfans que tout ainsi a vostre plaisance. >
Comment la ftmmt de Guerin estant dolente du département de ses enfans pria
aasditz enfans qa'ih ne bougeassent et bien ferait leur pais devers leur père.
Ainsi que Mabilete plouroit si tendrement, les enfanz sont entrez moult
dolens en la chambre de leur mère. Et quand elle les vit elle leur dist moult
doucement : « Mes enfans, je vous prie que vous ne partez point d'ici ; et lais-
sez passer le malulent de votre père, t
Si maintenant nous cherchons ce passage dans le ms. de l'Arsenal,
nous l'y chercherons en vain. Tout le début du roman est violemment
abrégé ; la querelle du vieux Garin avec ses fils, la douleur de leur mère
à l'annonce de leur départ sont à peine indiquées. Voici tout ce qui res-
semble en quelque façon à la scène dont on vient de lire un fragment
(Ars. HSi,f*4r^) =
LE ROMAK DE LA GiSU de Monglaat
Si devu savoir que i Ij depjulie y euU ploryé mainte lirmcs et maint rtgret
y fu piieuitmeni réclamez de la partie de ia noble dame en espectal, qgi maler-
ndlement rcgardoit ses enfans, lesqudii avoient les ceurs si endurcis que il n'y
aroil cellui qui de son cuer eust rendue une Urtne de pleur.
On voit que la rédaction imprimée provient directement du poème, «
ne s;iur.iii avoir son « type » oo son a modèle n dans la rédaction
manuscrite.
Void maintenant les derniers vers du ms. de Cheltenham (f* ■ 3 J v") :
Quant Thierry ti a veti que Ganelcn se rent,
S'espée lui tollJi tost et apperlement ;
Ne loi laîtse couMel ne armes ensement,
El lui lya les piedz a son commaadcmeal,
Et les mains lui lya ausi bien Icrmement,
Et ainsi l'amena a Laoo droictemeut.
Et le rendi au roy enmy son parlement ;
Et quant le roy le vit si a dit haulument :
■ Tbierry 0, ce dist le roy, « servi m'as loyaumenl.
Or tosi, 1 ce diït le roy, * bides moy jugement
De la mort Ganelon que voyez cteremenl. 1
Adonc rnos]lre barons lost et legiercnicnt
Parlèrent l'nn a l'autre clcremcnl en oyani :
Li ung veult qu'il soit ars sanz faire largement,
Li autre vealt c'on pende lost et legierement,
Et si ont dit a Cannes : « Mourir te fault vraîeneni. ■
Quant Ganelon l'ony, mercy leur jva) priant
C'on (n». Non) lui hastafst) sa raori sanz nul ddaiement.
Ganelon (u jugé de mourir laidement ;
Car a quatre cbevaulx (u atachez vraienent
Et en quatre chartiers le mist on a présent
Par le trait des chevauU c'on chaca vistenent ;
En quatre citez lu pendus villainemenl.
Mais courouciez en furent ses amis et parent,
Et (orerent Jh«us a qui le monde apent
Qa(e)' eocor (en) feront le roy couroucié et dolent.
Le roy vinl a Paris après ce jugement ;
Les barons s'en feront devers leur lenenent :
Cbarlrs donna congi^ a trcttoulc sa gent ;
En long temps ne fist puis aucun hosteiement [ms. hastinement).
Seigneurs, ouy avei bien et ver(i]tableinent
Les (au de RainchevauU et le commencement,
La venue Roulant e d'Olivier le genl.
Temps est que je deline ce livre a prêtent :
Tous ceutx qui l'ont ouy gart Oîeu {ms. huî) d'encombrement
El les TBeille sauver lassus ou lirmament !
Q G. PARIS
Si fault de Rainchevaulx tout le definement.
Paradis nous doinst Dieux qui fist le firmament 1 Amen.
Cette fin, comparée au Ciurin de Monglavt imprimé, soulève plusieurs
questions difficiles. Le Guerin de Monîglave, pour l'histoire de la guerre
d'Espagne, ne s'en est pas tenu au récit de Catien; il y a mêlé, et en
^ande partie substitué, non pas la chronique de Turpin, qu'il n'a nulle-
ment connue, mais le récit des renouvellements du Rolland. Le poème
de la Geste de Monglane en faisait-il autant ? abandonnait-il le Catien (que
nous connaissons par tes deux rédactions en prose mentionnées au début
de cet article] pour se rattacher à Roncevaux? Je ne puis le décider en
l'absence du ms. de Cheltenham, car le ms. de l'Arsenal ne peut ici,
autant qu'il me semble après un examen rapide^ nous servir à rien. Il ne
raconte pas la trahison de Caneton, renvoyant au « livre sur ce composé
au long (f* 205 v°], » et il ne dit même absolument rien du supplice du
traître , dont il mentionne seulement l'arrestation (f* 3 1 s V) ' . Quoi
qu'il en soit, à la fin du récit, le Cuerin de Montglave imprimé paraît
suivre tout aussi fidèlement qu'au début le poème conservé à Chelten-
ham, sauf une circonstance importante, qui va être signalée. Voici cette
lin dans l'édition de Nicolas Chrestien {/mil. xcin v» dans les deux
éditions consultées) :
Quand Thierry vit que Cannes se rendoit, il luy osia son espee et ne luy
laissa cousteau ne armeure et luy lia les piedz et les mains et le mena a Laon.
Et quand le roy le vit, il dist : < Thierry, tu m'as jervy loyaulment. Or lost,
seigneun, » dist le roy, ■ jugez le moy ; vous voyez bien comment il en va. >
Ce morceau répond parfaitement aux premiers vers de la 6n du
poème ^ mais au lieu des vers (à partir du douzième) qui rapportent la
délibération des barons et la prière de Caneton pour qu'on hÂte son sup-
plice, nous trouvons dans la prose une protestation de Ganelon contre
l'accusation de trahison, puis le combat de Pinabel contre Tiem. Ce
I . Voici tout ce qui concerne la fin de l'histoire d'Espagne dans le ms. de
l'Arsenal. Je cite ce passage assez intéressant i plusieurs égards, et qui montre
avec quelle liberté ce compilateur traitait son texte et jusqu'à quel point il
l'abrégeait : 1 II trouva Galien et Galien lui, qui le hasta de poursievir les
Eiyens qui tous ou la plus grant part furent occis en cellui jour par l'ayde de
leu QUI ses miracles y monstra en telle manière que le soulail qui estoit comme
fort aoaissiés fist tenir trois heures en estât. Et adonc s'en retourna l'ost de
France, et ta ploura chascun son parent et son amy comme l'istoire le recorde
ou livre sur ce fait et composé. Cnarlemaine conquist Saragoce depuis et des-
confist Baiigant le roy d'Auffrique et son nepveu Lansallie et Mauprin de Tur-
3uie ; cellui fut prins en bataille par Catien et sauvé de mort moiennant ce qu'il
evint chrestien et délivra Montsusain et Guinande la belle au damoisel Galien
qui depuis l'espousa, comme l'istoire pourra par aventure cy après racompter
en panant des fais de Galien le noble damoisel. Mais a présent se taist l'istoire
de lui et parle de Aymery de Beaulande [f* zaa v*). >
LE ROUKH DE u» Cette de Mùngkne 9
n'e$t qa'ipfH ce combat, où Pinabel est vaincu, que Hmprini^ rejoint
le potaK \ mais il ne coniiem ni la délibération des barons sur le genre
du supplice, ni b demande de Ganelon d'éire mis à mort sans délai.
Faut-il regarder le ms. de CheUenham et le Cuern de Montiituve comme
tronqués l'un et l'autre, bien qtie dilléremment ? It est difficile de le
décider ; ie ferai cependant remarquer que le combat de Tierri ei de
Pinabel se retrouve dans le Cilien isolé, et que la délibération des barons
fait aussi partie des renouvellements de Roncevaux. — Le dcmter chapitre
du Cuerin de Montgtan nous montre une fois de plus l'étroite fidélité de
ente rédaction au récit et même à la Iciuc du poème qu'elle suit.
CboukoI Cênna /at tsuiU a ^lUHii ihiraulx a fat mnu dtmmM a etâi.
GinDes fut |ug^ i noanr de vilaine mort, car il fut attelli » quatre chevanlx,
et an trait dn chevauljc qui furent ctiascez fut incomincnt detnembré en quatre
quartiers, et fut pgrlé «n quatre citez, un quartier en chacune cité, et y furent
peadus ; mats ses amys jurereol que eooores fereirot Hz en France grant guerre
ri eonuy *, Puîi s'en >inl le roy a Paris et donna congé a ses barorit d'aller
[cbaKUB chet luy, si fut long umps saus avoir guerre en France. Or, seigneurs,
' Wis a»tt ouy les faits de Ronccvaulï et le commencemeni de la venue de Roland
et Olincr et la mort d'eulx. Si est temps qu« je fine. Si prie 3 Dieu que ceuU
^■j ont lea et ouy et qui lyront et orront qu'il les vueille mettre en sa gloire
. de paradis. Amtn,
^ maintenam nous comparons à cette double version le récit de la
[fio de Ganelon dans les deux rédactions en prose du CalUn isolé, nous
' vua trouvons en présence d'un troisième texte. Tandis que dans
Caerùi Je Montglave <^ea Tierri lui-même, qualifié de simple écuycr,
et non nommé iusque-b, qui trouve Caneton, chassé par la faim du
bois oii il s'était câcbé, le prend, le lie et l'amène à Charlemagne,
dans Galien c'est un chevalier appelé dans le ms. 1 470 Guichard (ou
Girard) de Digeon, dans l'imprimé Gautier de Dijon, qui surprend Gane-
lon au moment où, sous l'apparence d'un bûcheron, il va se cacher chez
oa villageois, et le présente au duc d'Anjou Tierri, qui le conduit à
Charlemagne. Voici le passage dans les deux rédactions en prose de
Giliia , Ml verra qu'elles se suivent de fort près, bien qu'étant sans
. doute indépendantes l'une de l'autre, et il serait facile en les rapprochant
I de nsiituer la rime des laisses du poème sur lequel elles sont faites
> a même, en miaini endroit, des vers tout entiers.
Lon traiit son espee et en cuida
frapper Ganses ; mais iJ se ravisa de
Lws s'en fient 1 luy l'espce traicte:
■ Or ça, dist le cbcvalîer, foy que je
t. L'imprimé ajoute ici : • Mais nonobstant cm choses (ut Pinabcl pernJu. 1
la a anu l'air d'une intercalalion maladroite et porterait i douter que le
Cela
posage relatif i Pinabd ait appartenu au poème.
10
G. PARIS
Charlemaigoe qui le vouloit faire mou-
rir, si ne lui meffist ; mais l'amena au
duc d'Anjou. Et quant le duc le vit si
en loua nostre seigneur, si (e fist
prendre et bien fort lyer et puis se
misdrent a chemin et s'en retournèrent
ven Laon.
Or est prins le traistre a son ma-
leur, si Taroenent le plus hastivement
qu'ilz peuent a Laon, si trouvèrent
l'empereur en son palays et lui pré-
sentèrent Cannes, dont il fut moult
joieux et n'en eust pas voulu tenir
tout l'or d'orient. Lors mande incon-
tinant tous ses barons pour le juger,
si vinrent maintenant a son mande-
ment. Et quant Charles les vit, si dist
tout haultemeot : « Seigneurs, je vous
prie que vous me jugez Cannes, car je
ne vous demande autre chose. > Lors
les barons jugent incontinant Cannes
[a] mourir. Et quant Cannes se vit
juger, si se prent moult tort a sous-
pirer et dist au roy : i Sire empereur,
vous m'accusez a tort... »
doy a saint Simon, tresmal estes ar-
rivé. Maintenant vous trenchasse la
teste se ne feust Charlemaigne qui
veult encore vous veoir, qui mourir
vous fera a sa voulenti. > Adonc le
print et le lia et le mena au duc d'An-
jou, lequel quant il le vit loua Dieu et
la vierge Marie. Incontinent le duc le
fist enferrer, et puis le mena erram-
ment a Laon, ou le roy Charlemaigne
estoitV
Quant le traystrc fiit pris le duc
d'Anjou l'amena estroictement a Laon
et le présenta au roy en son maistre
palais. C^ant le roy le vit, n'en eust
pas voulu tenir tout le trésor do
monde. Tantost manda ses barons
pour en foire le jugement. Quant ilz
sceurent ce, ilz vindrent de grant
couraige, et quant ilz furent venus le
roy leur dist : * Barons, autre chose
ne vous demande fors que incontinent
me jugez Cannes, i Et les barons res-
pondirent que voulentiers. Lors le
jugèrent a mourir a torment. Et quant
Cannes l'entendit, du cueur va sou-
pirer et dist au roy : • Sire empereur,
vrayement vous me faictes tort... »
Comme dans le Guerin de Montgkve, s'intercale ici, dans le Co/ien,
rtustoire du combat judiciaire de Tierri contre Pinabel ; ce n'est qu'après
la défaite de celui-d que la sentence de Canelon est exécutée. Void la
fin des deux rédactions de Galien :
Lors fist venir Cannes qui estoît en
cbartre et fut jugiè a estre tiré a
quatre chevaulx. Si fut mené Canoës
as prez sainct Martin et fut despoillé
tout aud en sa chemise, et fut atellé a
quatre gros chevaux et a chascun che-
val avoict ung varlet pour le chasser,
si font tellement tirer les chevaux
qu'ilz desmembrerent Cannes et en
firent .V. pièces, chascun cheval en
Adonc manda Cannes quérir, qui
estoit en la chartre, lequel fut amenées
prés de Saint Martin hon la ville de
Laon, et ta escria Chartes devant
toute sa lignée qu'on lui amenast
quatre chevaux, et que la serait des-
membré tout par quartiers. Alors fut
amené le traitre devant la baronnie et
fut despoillé sur l'herbe tout nud en
sa chemise, et la fut getté sur le champ
I . Ici se termine dans l'imprimé le chap. LXXIX ; le chap. LXXX et der-
nier est précédé de ce titre : Comment Pinabtl ntpta Je Ganelon dtmtaida U
bataiUt pmr ton omit tt comment il fat vâinca tt Gantlon liri a quatre chnaulx.
LE ROMAN DE LA CtsU de Nongïttne
eut braz ou janbe, et le corps denoura
tout nud «nny le champ; puti lui
coDpi Ten le coul et au bout d'une
lance fut mis le chief et nont^ an plus
haalt de U tour de Laon.el en quatre
autret citez fut pendu le demourant
des autres membres, et le corps fut
art tout încontinant ; el Pinabe! fut
pendu. Et ainsi fut cxerchitè letraiilre
Gann«s, dont s«s amis et parens furent
moult courroussR. et dient l'un a
l'antre que s'ilz vivoient long temps
qn'ib feroient Charlemaîgne marry et
dolUnt de ce que ainsi avoît fait mou-
rir honteusemefit leur parent. Le roy
Ctiarletnaîgnc manda le duc d'Anjou
« luf donna la lerre de Cannes tout
quictement. Icy fine le romani et l'ys-
toire du noble preux et vaillant Galien
le restorè' ; si prie a Difu que ceoir
qai l'orronl puissent avoir apH'S leur
dcffinemeni le roùunie de puradis-
tl
pour estre tiré a <)&atre chevaux.
Atant vint le bourreau qui amena
quattre fors destriers, lesqueU il atella
a quatre cordes, puis a chascun tnem-
bre fut attcdë un cheval, deux aux
.ij. bras et deux aux deux piedz, et
chascun ung varlel monté dessus pour
les chasser. Quant Cannes fut attaché,
le bourreau et ses trois varlctz chas-
sèrent les chevaulx par tel elTorcemetit
qu'ilz le démembrèrent et en fitcnt
cinq pièces, chascun destrier emporta
ou bras ou jambe, et le corps demoura
emmjf le pr* ; puis le roy luy fist
trencher la teste et au bout d'une
lance fut 6chce baultement au plus
hault de la tour de Laon. Aux quatre
meilleur» cyiet que le roy eujt lut
pendu le demourant, et puis fist ardre
et brullcr le corps et geiter la cendre
au vent. Son nepveu Pinabel fut lay-
demenl pendu a quatre fourches au
lieu ou fut Uicle ta bataille, Ainsi
mourut Cannes et Pinabel, dont ses
pareits et imis en furent moult cour-
roucez el jurent Dieu que une fois
que viendra feront pendre Charle-
maigne, En après quant le champ fut
liné le roy manda Tierry duc d'Anjou
et luy donna franchenefit et qutlie-
ment toutes les terres et seigneuries
que Cannes tenott. El tous ses parens
et amys s'en allèrent en leurs pays
tous ma! contens du roy Charte-
tnaigne. Icy fineray l'htstoire du noble
romntantdeCalien rcthori*.,. A l'hon-
neur du miséricordieux Jésus qui vit
el regnclassus en gloire avccqucs tous
ses benoistz anges, en luy rendant
grjces et touenges comme a nosire
souverain seigneur, et consequcoiment
a toute la court celesttdle du royiume
de paradis, Arnsn.
I, J'ai exphquê dans l'article de VHhloi't littimirt cité plus haut (t*. iî6f le
sens de cette épKhète, mal jl propos appliquée à noue Calien, dont elle désigne
Iteitimeneiit le Als. On sait que dans l'imprimé un rédacteur, qui ne savait
plus ce que rctlori voulait dire, a prétendu que son héros était ainsi nommé
12 G. PARIS
Ce récit, comme ii est focite de le voir, n'est pas absolument sem-
blable à celui du Guerin de Montgiave et du ms. de Cheltenham ; j'ai déjà
fiait remarquer la différence du rôle joué par Tierri dans les deux rédac-
tions ; d'autres différences seraient aisées à signaler. Il semble résulter
de là que le compilateur de la Geste de Monglane ne s'est pas borné,
comme on pouvait le croire, à insérer dans son oeuvre le Galien en vers
qui a été dirimi dans le ms. B. N. fr. 1470 et dans le Galien imprimé ;
qu'il a au contraire modifié assez librement son texte, ou peut-être qu'il
suivait, non ce poème de Galien mis deux fois en prose au xv< siècle,
mais une rédaction de GalUn différente et peut-être plus ancienne. La
question pourra se résoudre par ta comparaison du poème de Chelten-
ham avec les deux textes du Galien ; mais en ce qui concerne l'épisode
du supplice de Ganelon, elle présente une complication particulière. Il
n'est pas certain en effet que cet épisode, qui termine aujourd'hui le
Catien, en ait ^it originairement partie. Il semble que l'auteur du poème
avait oublié de raconter le supplice de Ganelon^ et que cette lacune a
été comblée postérieurement. Ce récit se trouve en effet, tant dans le
ms. fr. [470 que dans l'imprimé, après la vraie fin du roman. Cette fin
est ainsi conçue dans le manuscrit [f* 227 r^) :
Si defGna Galien Guimaulde sa femme [/. Gnimaulde la femme Galien] pre-
mièrement que Galien, et après deffina Galien ; lesquelz furent plains et regrec-
tez des grans et des petiz. Si prierons Dieu pour euU que pour sa bénigne
grâce leur vueille pardonner leurs faultes et leurs pecchez et leur vueille donner
lieu en paradis ou ilz puissent régner pardurablement.
Après cette fin sont ajoutés ces quelques mots pour préparer l'épisode
de Ganelon, qui commence après :
Si ne parlerons plus d'enix, mais parlerons de Charlemaigne, lequel mourut
depuis.
Le texte imprimé n'est pas pareil, mais il est semblable. Le GaUen
proprement dit s'y termine ainsi (éd. sans date de la veuve Jehan Trep-
perel et de Jehan Jehannot, ch. lxxviii) :
Si bien servit notre seigneur qu'en la fin acquist son amour et sa grâce.
parce qu'il restaura la chevalerie. Cette explication erronée paraîtrait admissible
si ratûuri avait jamais eu le sens de « qui restaure >, comme l'a pensé tout
récemment M. A. Scheter. A propos de ce vers du Rteret GuiUaumt de Jehan
de la Mote qu'il vient de publier : C'ato'U... Salomon li irais rutoris (v. 1442),
le savant Miteur remarque : f Rtstori, participe passif 1 sens actif, restaura-
teur *. Mais le poète a voulu dire : « C était eiactement un nouveau Salomon,
on Salomon reaivitus >, et il a pris resiori dans le sens qu'il a toujours.
M. Tobler a donc bien fait de ne pas comprendre rulori dans la liste de parti-
cipes passés i sens actif qu'il a dressée dans la ZâUckri/t.
LK ROUAN OE t-A Ctstt Je MûngîoM ly
taqiielle nous vneille donner Je père et l« lùlz et le benoist uiact esperit. Si ne
trouve point îcy l'an de son deffinement ; par quoy je n'y en metz rient pour
cause.
L'épisode qui remplit les deux ctiapitres suivants est introduit par
ces mots :
[Si] voui diny de Chirlemaigne commeai il fist mourir le traislre Ganelon
qù trahit les pers de France a Ronccvaulx.
Comme il résulte avec vraiseisbUnce de La comparaison des deux
textes en prose du Gaïitn qu'ils n'ont pas été faits indépendamment l'un
de l'autre sur le texte en vers, mais qu'ils dérivent d'une mise en prose
plus ancienne \ il est aisé de supposer que c'est l'auteur de cette pre-
mière mise en prose (perdue) qut a ajouté, après la fin du roman pro-
prement dit, l'histoire du chitiment de Ganelon, oubliée par l'auteur de
ce roman, mais certainement réclamée par le sentiment du lecteur.
Mais cène hisioire manquait naturellement dans le manuscrit de Calitn
qui a servi au compilateur de la Cesîe de Monglant, et celui-ci aura
de son côté ajouté l'épisode du châtiment de Ganelon. Cependant
il faut remarquer que le récit du Galien et celui du Gatrin de Montglaye,
bien que différents, comme on l'a vu, par certains détails, ont entre
eux une étroite affinité et se ressemblent beaucoup plus qu'ils ne res-
semblent à aucune des autres versions de cet épisode, en sorte qu'ils
doivent avoir une source commune. Il y a encore à résoudre là bien des
questions, dont il me suffit d'avoir posé quelques-unes ; elles peuvent
paraître dépourvues d'imérêi ; mais elles en prennent un réel quand on
considère que ces dernières dérivations de notre épopée, si on en remonte
attentivement et patiemment le courant, nous ramènent parfois à des
sources particulières et fon reculées, dont la connaissance ne peut être
indifférente à qui veut apprécier la richesse de notre vidlle poésie natio-
nale, en explorer les origjnes et en comprendre la formation.
Gaston Paris.
I. Vo/. Hitt. tut. XXVIII, aa;.
DIT SUR LES VILAINS
PAR MATAZONE DE CALiGNANO.
Ce petit poème, auquel s'applique assez bien la dénomination française
de « dit », est copié sur le dernier feuillet du nis. C 218 inf. de l'Ambroi-
sienne, à Milan, qui contient la version latine du Pseudo-Callisthènes
connue sous le nom d'Historia de Prdliis. Comme il n'est point indiqué dans
le catalogue manuscrit (et destiné à rester i jamais manuscrit) de cette
précieuse bibliothèque, il n'a pas, du moins à ma connaissance, attiré
jusqu'ici l'attention des philologues. L'ayant rencontré par hasard, il y a
deux ans, au cours de mes recherches sur la légende d'Alexandre le
Grand, il m'a paru mériter d'être tiré de l'oubli. Il est en effet intéres-
sant à plusieurs égards. D'abord il fournit un nom nouveau à l'histoire
littéraire de l'Italie septentrionale. Matazonb — c'est ainsi que l'auteur
se nomme à deux reprises — ne Bgure, autant qu'il m'a été possible de
le vérifier, dans aucune des histoires littéraires de l'Italie. Puis, ce versi-
ficateur jusqu'ici inconnu, et qui n'a jamais dû jouir d'une grande renom-
mée, ne s'est pas contenté de nous dire son nom : il a eu l'attention de
nous faire connaître son lieu de naissance : « Ecoutez «, dit-il (w. 5-7),
« cette raison que fit Hatazone^ natif de Calignano'. » Calignano est un
village de la province de Pavie et du mandement de Belgiojoso>. Il ne
nous resterait rien à désirer s'il avait poussé la prévoyance jusqu'à dater
son œuvre. Il ne l'a pas fait malheureusement, et nous sommes réduits,
quant à la date, aux conjectures qui peuvent se fonder tant sur l'époque
de la copie que sur les caractères de la langue. La copie parah être
1. Il y a dsRs le ms. Callgaita, mais il ne se trouve pas de lien ainsi
oommé en Italie.
2. A une dizaine de kilomètres i l'est de Pavie. — '' T > '^^ CalignagOy
fraction de la commune de Marcigaano, an nord-ooest de Pavie.
DIT SUR LB$ VILAINS IJ
d'tme nuin de U seconde moitié du xtv siècle, et je ne crois pas que
les cxraatm linguistiques permettent de reporter à un temps beaucoup
pitts ancien la composition du poème. Quoi qu'il en soîi, les documents
des dialectes de la Hauie-Ilalief et particulièrement de l.i région de
Pavie, sont rares pour cette époque, et les vers de Maïa^one, si
médiocres qu'ils soient, ne manqueront pas dlméresser les philologues.
Le fonds aussi a de la valeur. Les poésies de Bonvesin da Riva, de
Pietro da Barsegapé, de Ciacomino de Vérone, sont des textes de
bngue d'une grande valeur, mais en général ' les sujets traités par ces
auteurs sont des lieux-communs de la littérature du moyen àf^c. Au
contraire, te sujet traité par Matazone offre, du moins pour l'Italie, une
certaine nouveauté, et n'est pas dépourvu de quelque intérêt historique.
Maiaxone étah probablement un de ces jongleurs qui s'attachaient ou
cherchaient à s'attacher à la cour des seigneurs dans l'espoir d'y trouver
me vie plus fadle et plus assurée que celle de ces chanteurs des rues
ilont l'Italie du nord était encombrée, à ce point qu'à Bologne, en
1 28K, U municipalité devait prendre des mesures pour en débarrasser les
I places publii^uçs. Sa pièce n'est qu'une grossière flatterie i l'adresse des
I «gneun, auxquels U se plaît à attribuer une origine totalement différente
[de cdle des vilains. La nouveauté de la conception réside prédsémem dans
'Torigine bizarre qu'il attribue â deux des trois grandes classes en lesquelles
au moyen âge ou divisait l*humanilé^. J'ai lu beaucoup d'invectives contre
les vilains, mais je n'aî pas souvenir d'avoir rencontré nulle pari une
recette analogue à celle que notre auteur raconte aux vers 8) et suivants.
Le poème se termine par ce qu'on pourrait appeler « le calendrier du
vilain ». C'est le ubleau des corvées auxquelles, mois par mois, le
aeur av^i droit de soumettre son serf. Encore que la description
[des divers dr<Mts du seigneur soit visiblement empreinte d'exagération,
le partie du poème de Matazone est un document à consulter pour
Phtstoire des paysans dans le nord de l'Iulie >. Comme la pièce est d'ail-
I. A part deux ou trois petits poèmes de Bonvesin.
3. Sot cette division, voy Ronania^ IV, )()l.
I. A ce propos il n'est ôi% inalUe de mentionner qu'en Italie, surtout dans
i^Je nord, lei nurcblnds de liorci popolaîret qai (talent leur marchJndiK le long
'es nars ou sons les portes ont encore dans lear fonds un placard (prit :
Cesl.) intitulé Alfiifto dit litlano, qui contient en viogt-trois couplets de
"'^ ftn toute une série ij'iniures à l'adresse de rinlortuné vilain. La uisposï-
alpIubHique d« couplets, les idées exprimées dans la p)é« sont dri
prcoTCS certaines d'aflciennelé, bien que le pUcard lut-mème, ou du moins
rcieaptairc aoe j'en possède, suit tout récent. U a élé imprimé i Codogno,
-^-- de Milan. En voîd lé texte.
prormcei
A. trattar col villan pien di nuilizia,
Ketlorica ito val, nemmcn Giustizta.
l6 P. MEYER
leurs d'une intelligence peu hà\c, tant à cause de l'évidente corruption
du texte qu'en raison de la difficulté du dialecte ■ , je crois utile d'en
Bontà non régna in lui, ne cortesia,
Ha sol malizia, inganni e villania.
Cattivo, farbo senza legge e fede.
E stolto t ben chi a sue parole crede.
Da Cacco derivô questa nazione,
Atta solo a rubare al ruo (sic) padrone.
A proverbio comun e molto antico
Che un villan non fu mai un buon amico.
Fategli pur del ben quanto voleté,
Cne ingrato sempre voi lo troverete.
Ooffo si ; ma come i'Orso k destro,
Che per giuocar dî man egli è maestro.
Haver di lui pietade è un gran errore,
Pietâ giammai si deve a un traditore.
In verità non vi fu mai Villano
Che non avesse la rapjna in mano.
La roba del VilUn convien che vada,
Perché se ne vien per la mala strada.
Mille promesse al dl, loi ti fari,
Ha poi niente mai ti attenderi.
Non ti fidar perciô di sue parole
Che risponder d'ognor latti ci vuole.
Oh che empiéta I aver da far con gente,
Che altra ragion che del baston non sente.
Povero, tristo, pien d'acerbe voglie,
Per un quattrino venderia la moglie.
Quando a bisogno di un poco di grano,
Va del Padrone col capello in mano.
Riparato che ha poi il suo bisogno,
Lo sperarne mercè affè ch'è un sogno.
Si lasci perô star questa canaglia,
Che non ebbe giammai cosa che vaglïa.
Tutti i Villan sono rozzi e mal creati,
E devono aspramente essere trattatt.
TTneilo ognor quando tu vuoi che punga,
Pungao ognor quando tu vuoi che t'unga.
Xoronte gran filosoto già disse,
Che i Villan solamente aman le risse.
Zojoto che le virtù vollo infamare,
Fu aual Villan dal Re fatto impiccare.
Cosl anarebbe fatto a taie razza
Che l'uomo, il monde e la ragion strapazxa.
Non dico del buon Villan, ma di quel rio
Che l'uom offende, la natura e Dio.
Le dernier couplet, qui semble faire amende pour le reste, est imprima en
Ïltts g!ros caractère sur toute la largeur du placard, les couplets précédents
tant a deux colonnes. — Les idées exprimées dans cette pièce sont du moyen
ige : la rédaction semble être de la renaissance. Ce n'est pas avant cette époque
qu'un rimeur populaire aurait imaginé de faire descendre les vilains de Cacus
(quatrième couplet) ou de citer Xoronte « grand philosophe ■ qui représente, je
suppose, Xénophon.
I . Il ne s'agit, biçi entendu, que d'une difficulté relative : il est bien probable
qne plusieurs des passages qui m'embarrassent paraîtront très clairs aux philo-
DIT SUR LES VILAINS I7
donnn ici une sorte de traduction approxinuiive dans laquelle je ne
craindrai pas de signaler les passages que je n'entends pas.
A fOK, seigneurs ei chevalien, j'adresse volomien ce conte, ainsi qu'à toute
bonne gcirt communément. Ecoutez celte raison ' que fil Matazonk, natif de
Calîgnano. Il naquit d'un vilain^, mais ce ne foi pas de son gré, car il ne
voulut [ijmais] avoir compagnie avec les vibîns, mais au contraire [il voulut
avoir compagnie] avec les courtois de qui il apprît courtoisie, par bonne éduca*
lion*. Mais ce fut contre nature: connaissance le veut, nature s'en afflige
(tS). Mais je ne me uis pas ; j'ai i. dire quelle est la coutume du vilain, telle
que je la connais 1?) Saîi-tu ce que fait le vilain envers son bon sctgrieur?
rdui-ci ne saurait lui donner tant qu'il |Ie vilain! ne lut enlève autant. Puis il s'en
va se lamentant et disant i son seigneur 4i8| : ■ Monseigneur, tu me fais tort, (-1
• cela je le supporte. Ton pire et ton aïeul n'ont point été si durs pour moi.
< Lui du moins ne me faisait point de mal ; Dieu ait ton Ame ! Et loi qui m'en
< fais, ta en as grand pfchi. J'ai bonne espérance de sortir de ton fief: je me
• procurerai un seigneur qui me traitera plus honorablement* (40).*
Une vilaine était a»ise i terre, qui peignait de l'étonpe ou de la laine. Le sei-
gneur passait par U, et elle, laissant son ouvrage, lève les mains au ctcl, disant
à hante vois : • MoRseignrur, precidt vengeance de celui qui va li*. ■ Mais i
Dieu ne le plaise qu'aucun gentilhomme ait " ni mauvaise renommée, s'il
n'était frnppé de la lance en eslour ou en bataille. De oelle-li ne m'en chaille?
Mais le seigneur se met i ordonner et i parler avec fureur : < Prenez ce vilain ;
■ liez-lui les mains (60) ; mettez-le en prison, car il ne connaît ni lot ni bon
• Dsage, ce vilain Kargneux ; et faites qu'il te rende' pour faire un passage, de
« sorte que quiconque voudra suivre la route lui passe sur le corps ; car la loi
« impériale déclare <jue le vilain et le ficf doivent 6tre entièrement i moi comme
« à tout bon seigneur qui se lient honorablement (74). » Mais le vilain se
logves qui sont plus versés que moi dans la connaissance des dialectes de la
Haitte-Iialie.
1. Dans le sens de l'ancien fran^aî^ et du provençal : récit, exposé.
2. Le texte ajoute : t El d'un viUm Eut ne 1. Dorénavant je ne noterai point
ces panicolarités qui n'ont aucune importance.
}. yuiiitara, comme en a. fr. o nourreturc * et en ancien anglais nurlun.
L'opposition entre nMurc et aouncluic est au moyen Sge l'objet de fréquentes
allusions. Ainsi, A la fin du roman d'Alexandre (éd. Michelani, p. J49J :
Fols est qui d'esprivier cui de faire laucon.
Ne de ronci deïlner, ne de levrîcr gaignon.
Nature et ooreture mainent moût grant tençon,
Mais au lotg va nature, ce conte la li(on.
Cf. aussi les textes cité» par Kemble. Saiomoa enJ SoWrn, p. î8, note.
4. On s'attendrait k une réponse au seigneur. V a-1-il une lacune }
(. Ce qui suit me paraît se lier mal i ce qui précède, ïoit que je ne com-
prenne pss, soit qu'il y ait quelque trouble dans le texte. L^ sens est peut-être
qu'il ne convient pas i un gentilhomme de prendre vengeance des torts qu'un
vilain peut avoir envers une vilaine.
Ë. Je n'entends pas du tout te v. ja.
7. Si OB pouvait traduire « s'élenoe » [1 terre] le sens du reste de la phrase
serail plus assuré.
RomaiiJa, XII 2
|8 p. MBYER
regimbe: ilett mds vergogne. Car il aurait honte s'il se ponrpensait, s'il mîtes
mémoire l'histoire de sa oativité' (8i). Je Yeux qu'il m'écoute. Li-bas, dant
une maison, était un âne. Il fit entendre par derrière un bruit aussi reten-
tissant que le tonnerre. De ce mauvais vent naquit le vilain puant. Lorsqu'il
eut été oint de , baigné de ', le vent et la tempête vinrent i grand fra-
cas ; la pluie et l'eau suivirent aussitât (94). Ce fut annoncement de la tù qu'O
devait mener. Il est établi qu'il doit avoir pour nourriture du pain de méteS
avec du seigle cru, des haricots, de l'ail, des fives bouillies, de la pltje *
froide et de la rave crue (101). D'une grosse étoffe^ écrue, parce qu'il naqoh nu,
il doit avoir braies et chemise faites d'une étrange guise. Il doit se ceindre d'uM
corde^ j par derrière, un la bêche et la pelle pour rompre la terre, la
fourche sur l'épaule pour nettoyer l'étable (11 a). Mais le vilain de mauvaise fw
ne croit pas ces paroles. Je veux qu'il sache qu'elles sont pure vériti. En eâet
on ne voit jamais un Ine aller seul par la voie sans qu'il y ait après lui un
vilain ou deux. Et le vilain le réconforte, lui parie, — car ils sont parents et
issus d'une même gent, — [lui disant] : < Va, mon frère, tu es tout mon bien,
( va tout droit par la route et prends le chemin ferré 1 (i38).
Tandis que Mataxonb contait cette raison en présence de chevaliers qnî
l'entendaient avec plaisir, là était un vilain orgueilleux et grondeur qui se mît
i parler avec éclat en présence de son seigneur (t]6) : t Et vous, chevaliers
fl si bien vêtus, d'ob êtes-vous nés t Je voudrais savoir de quel droit vons
d avez tous les honneurs que vous souhaitez (?), et soûlas et déport i droit oui
c tort. > Et le chevalier répondit : ( Je t'en dirai volontiers ce que j'en sab,
c et ce que j'en ai vu 1 1 48) . L'autre jour, à ta fraîche rosée, au mois de mai, alors
( que le temps est gai, je me levai par un matin, j'entrai en un jardin (t 54). Je
« regardai par le jardin : sous un vert pin il y avait une fontenelle ; l'embouchure
c en était d'or fin". Je m'assis Iâ,et y demeurai quelque temps, regardant par le
< verger (161). Sous un vert pommier il y avait deux fleurs de diverse couleur,
• l'une blanche, l'autre vermeille ; c'était la rose et le lis. Alors, la rose et le lis
< se rapprochèrent, je ne sais comment ; ils eurent un entretien secret, et, lors-
f qu'ils se séparèrent, je vis sortir d'eux un chevalier orné de magnifiques
« atours (174). Il était revêtu d'une soie fraîche et colorée, il tenait «1 main
■ une robe, qu'il se laça sur le dos. II avait i la main une banderolle (?), snr
1. Je traduis selon la correction proposée ii la note sur les vers 77-81.
2. Je vois bien de quelles matières il est ici question, mais je n en suis pas
moins embarrassé par guay et cattlagi.
j. Voir la note du v. 102.
4. Je suppose que canenazo (v. 104) est identique au toscan cagiuzzo, qui est
employé par Franco Sacchetti (nouv. xcii, le passage est dans la Cnisca) pour
désigner une certaine couleur d'étolTe, probablement une couleur sombre : cf.
les mi cûgttdzzi de Dante, M. xxxii, 70.
5. Soeajont (v. 107I corde ou peut-être courroie, voy. Diez, Et. WSrt. I,
sùga. C est peut-être l'ancien français saion (pour sotons] :
De saions et de cordes lor lièrent les bras.
[Aye d'Avignon, v, 3246.)
6. Voilà une description dont l'équivalent te trouve en bien des poèmes du
moyen Age.
f
»
orr SUR LES vilains 19
I II dos un nanteaa, tonrri de vair tris briltanl et éclatanL 11 était ceint d'nne
« MBture i)ui itaîl de ... *. Il ^ii éiroiEcment chaussa de brunette fcarlile,
tAavait ur ta tfte une couronne de (ifur d« ... (1861. Sous lui il s un des-
« U\tr, snr le poing un ipervier ; il conduit des chiens braques et un l^ter
• a latnc. Alort naquirent srpt pucelln de bonite mine : Joie el Allégresse,
I Praocsse et largesse, Beauté et Hanlie&sc^ vinrent le servir \i$&]. Elle' &e
< teJit dennl lui jOyeuse el chantant, et s'ètant agenouillée el l'ayant salué ;
I Soii k bien venu, sots reçu i grande joie. Tu es on chevalier: nous savons
tctqo'il te bat. Un vilain est né : nous voulons qu'il le soit donné; tu seras
ipilni bien servi et plus encore redouté liro). Il mènera les bœufs; lu auras
( dt lu fe que tn voudras. Pour chaque mois de l'année tu lui imposeras on
■ tu. Au mois de Noël, prends-lui le bon porc; laisse-lui les (218I el
• htnt4ti les saucisses, mais ne les lui laisse pas toutes, car elles sont bonnes
( iftlir parce qu'elles cuisent vite. Quant aux bons jambons gm, garde-toi
• delà lut laisser {22^). Au mois de janvier, tais-le in.ircher, si besoin l'est,
I ^tlod bien raine il ferait le récalcitrant (218), Au mois de février, comme
• cotcanuTal, prends-lui chaque jour un chapon : c'est bien raison (Jja).
(^BÙdenars, fais-le aller sans chaussures, et lais-loi tailler la vigne,
■ fougue toeo aies la vendange |3jâ}. Au mois d'avril, il te faut prendre
« biécsse. Que chaque matin il t'apporte la jonchée * (j^o)- Rn mai, prends
■ dupcjovr par l'herbage i ce vilain sauvage un mouton tondu depuis peu ; ne te
• mdc point de la laine tant qu'elle n'est pas teinte en écarl3te(i4!St. En juin,
( ■ letps des centes >, prends chaque semaine i ce mercenaire Ique niale honte
< fccsoïfe !i une journée de corvée. Puis fais chercher dans la ferme si lu as du
■ ktTÎuigre. Alors, si tu lui en donnes, tu seras quitte (1(4). En juillet et
enioAt, jusqu'i ce qu'il soît reposé |?], fais-le coucher i la belle étoile, û
*pW)leque cela puisse lui paraître |i(S). Au mois de septembre, pour lut
< tendre les membres, fais-lui Uire la vendange, et puis travailler au pres-
' Mv, et laisse-lui le nirc pour qu'il en fasse de la piquette: mais fais-lui bim
> baltr {le raisin), pour qu'il ne se puisse enivrer " ( j66). Au mois d'octobre,
edepnir qu'il se remette, fais-lui piocher la vigne et arracher les raves ;
■fûie-lui b racine avec de la pAi^ (h 1271). Au mois de novembre, pour
< fK se puisse te nuire le froid qu'il doit faire, ne le tiissc pas reposer,
• ts»oie-le as bois, et fais qu'il fasse de fréquents voyages, le portant (le
• Uûl sur l'épaule. Ainsi le veut raison. Et quand il vient au feu, fais-le
• partir. C'est en le faisant ainsi travailler \i) qu'on corrige le miuvais vilain. »
I. Il ]r a ici (r. 184) uo mot que je n'ai pu lire qu'en partie. Voir i.i note du
Inte.
1. Ces personnages allégoriques sont au nombre de stx ; louledoîs l'auteur a
aoKOcé sept puccflev. Il y 3 pcut-éirc une lacune apiis le v. 198.
|. Laq^nelle des pucclle^î'
4. La )onchic dont on garnissait le pavement des salles.
i. Ou t dans la cerisaie ■ }
. Arec b piquette qu'il tirera du marc
20
P. MBYER
Nativitas rasticorum et qualiter debent tractari.
A voy, segnor e cavaler,
Si lo conto volonter,
E a tuta bona zente
Tuta comunamente.
Inienditi questa raxone
La quai fe Matazone,
E fo da Caligano,
E naque d'un vilano
E d'un vilano fo nato,
Ma no per lo so grato,
Pero che in vilania
No vose aver conpagnia,
Se no da gli cortexi
Da chi borna împrexi
Per bona nutrilura ;
Ma fo contra natura :
Cognosenza lo vole,
Natura si s'en dole.
Pero no taxo miga,
Anz e mester che diga
Costume di vilan
Che me va per le man.
Se tu che fa lo vilan
Al so signor chi e plan P
El no gie daria mai tanto
Ch'el no toge aliretanto ;
Po s'en va lamentando
E al so segnor digando :
« Meser, tu me fe torto,
tt Et eio me lo conporto.
« To padre ni to avo
« No m'era chosi pravo,
« Ne mal luy me faxia ;
[2
t6
20
28
P
« Benedeto da Deîo sia 1
K E tu chi me lo faj
if Cran pecato n'ay. }6
« E 0 ben spera[n]za in Ddo
« Che insiro del to feo :
« Si achataro un segnore
« Chi me fara piu honore. » 40
Zo sedeva una vîlana
Chi petenava stopa 0 lana,
El segnor per li pasava.
Et ela l'ovra lasava ; 44
AI cel leva le mane,
Con bocha dîxe plane :
« Meser, vendeta fay
« De colu che va lay. » 48
Ma uncha De no faza
Che tal cosa ie plaza,
Che nesun zentil homo
Habia ni si ni como, 52
Ni mala nominanza
S'el no fose féru di lanza
In stormo on in batalia.
De quela no m'en calia ! 56
Ma lo segnor comandava
E con furor parlava :
« Piate quelo vilano,
u Ugalege le mano, 60
« Metitel in presone !
« Ch'el no ci sa rasone (col. 2)
« Ni leze ni bon uso,
« Quelo vila ranpognoso ; 64
« E fati ch'elo se renda
« Per far una tresenda,
64 La rime n'est pas exacte, mais le texte original portait sans doute ranpo'
gnaso-, forme qui a de fréquents analogues chez Bonvesin.
66 Tresenda, je suis loin d'être assuré du sens de ce mot qui est la clé de
toute la phrase. Je l'ai interprété d'après Du Cange : ( thansenda, via... sed
proprte via strictior, passage ». Mais ce sens est bien incertain, et il est difficile
de ne pas songer à iregeaaa, mot dont l'oricine est inconnue (trccenta proposé
par Diez n'est aucunement probable), qui, dans tous les exemples cités par la
^
n
WT
« Che su pcr su li vada
• Cbi vol pasar U $irada ;
I Che quesio vol la teze
t Dcl imperador dire,
• die lo \-ilan e lo feo
• bt taee iuio roeo
i E d'ogm bon segnore
< Chi w mântcn a honore, n
Ml lo viUn pur se rampogna
Pcrcil'el no se vergogne,
Ok {"d M vergognase
Ebenie perpensase,
E nae rn roemorû
Ccmo fa l'jtiom
Deioinateviin,
Vc^o cbe mi inienda.
Laiu», in uno hosiero,
Si en un somero :
De dre B fe un sono
Si gDEtde como un tono.
Dct^tidnalvaxio venio
Noce cl vîlan puzolenlo.
Uoioch'el fo de guay,
Bigiudo de cxiela^,
U 'ento e la corin a
Li zonze a gran ruina,
U fijau e l'aguamento
I
SUR LES VlUmS 31
La zonse de prcsenio :
68 Zo fo per provedere
Quen vîia e! dcvcva avère. 56
Ora e stabiliio
Che deza aver per victo
73 Lo pan de la misiura
Con la 7.igola cruda, 100
Faxoy, ayo e alésa fava,
Pamza frcda e CTuda rava.
76 D'un canenazo crudo,
Pcro che naquc nudo, ro4
Abia braga c camixa
Fata a la strania guixa,
80 Cento d'un sogayonç,
De dre un ranchayone, 108
Lo badale e la vanga
Pcr che la lera franga,
84 La folcha sula spala
Per remondar la siala. 1 \2
El nlan mala fede
Queste parole no crede,
88 Ma e voyo cbe sapia
Ch'ele son lute verita , 116
Che nesun asino che sia
May no va solo per la via,
92 Che un vilan on doy
No ge vada da poy ; 1 20
Onu, paraît ugnificr une troupe d'etprib ou de fantânes , une sorte de t mesnk
Htlteqiia >, et qui loutefots parait aroir éié employa dans le sens plus vague
étmat élran|;e (vof. par es. F. Sacchetti, dov. et, éd. Ci^gli, I, i^d).
^70 Les rimes sont en disiccord ; c'est probablemrnl <iue qui est iautif.
77-tfi La phrue semble iBadievée \ p.-4. y a-l-il lieu de corriger Ckt tl u
». ji bai...
81-j Njttnta et tntatda ne notent pat et le seos se suit mal, ce qui permet
éeso'ppoier une lacutie. If ejt cependanl singulier que la même irrégularité te
rtpraêotc toutes les fuis qu'il v a i la nme un mol en lâ (!at. -tatera) ; ainsi
^, cf. 167, QuM a le sens de fiu/. On a d'autres exemples de celte lorme qu'on
dérive dn lai. ^tum et qu'on rattache d'autre pari au ptov. fum^, ^uiaha ; voy.
E. Moiud, dans la Rnttu di Ftloltgii romanzâ. II, 54.
loi J'ai lu pam:ii cl de mtee an v. aja. Mais cette lecture, quoique con-
lente au ms.. ne donne pis de sens. le pense qu'il faut supprimer troJa et lire
^aijii, le toscan penucu, vorle de bouillie. On lit dans le Closuno Monftrrino
de M. G. Ferraro iFerrara, 18811 : • Pjnista. lorta d'olio e farina de ceci,
fannata ■. Au v. 371, tlest vrai, ce mot nme avec rama, et qui semble exclure
ftmiâ ; mais rcnza oe doane pas de sens, et de plus le vers ob il se irtMire est
Hop court. P.*^ Uut-il lire à cet endroit r<i^i:j ou rdi.-d jracine).
23
P. MEYER
E valo confbrtando
E sego rasonando,
Pero che son parenti (col. j)
E nati d'una zente : 1 24
u Anna, lo fratelo mio,
a Che tu sie lo ben meo.
« Va drito per la strada,
K E piei la ferata. » 128
Alora Matazone
Contava sta raxone
Devant! a cavaleri
Che l'imende volunteri, 1 }2
U era un vilano
Orgolioxo e grifano ;
Denanzi al so segnore
Favela con ramore : 1 jô
« E voy, de que nassi^e,
(c Cavaler, con tal veste ?
« E voreve savere
« Per que dovîte avère 140
« Cotanta dignita
« Como un domanda,
« Solazo e diporto
u A drito e a torto. » 144
El cavaler respondeva :
« Dirotelo voluntera
K Zo che io ne sayo
« E che veduio n'ayo. 14S
<t L'altrer, una fiada,
« A la frescha roxada,
« Zo e del mese de mayo,
« Quando el tempo e gayo, 1 52
a Una matin me levay,
« In un zardin întray.
« Guarda per lo zardin:
K Soto un verde pin 1 0
« Li era una fontanela,
« D'or fin e la caneta.
« Li sopra m'asetay ;
a Alquanto me demoray, 160
« Guarda per io verzero :
« Soto un verde pomero
« Li era doue fiore
« De diverso colore, 164
« L'unablanchael'altrovenneglio;
« Zo e la roxa e lo zilio.
a No so per quen raxon
« La rosa con et zilion 1 68
« Alora s'aprosimo,
« Emsema se conseyo,
« E a lo departire
« Si ne vite insire 1 72
« Un cavaler adomo
« D'un motto bel contomo.
t( Vestito era de seta
« Frescha e colorita ; 1 76
« In man una guamaza,
« In doso se la laza ;
a [n man un penelo,
« In doso un mantelo, 1 80
« Fodrato era de vayri
u Molto lucenti e clan ;
u Zento d'una zentura
V Che era de g... cura, 184
« Calcato molto streto
« D'un scarlatin bruneto;
« In capo una galanda
« De flor de verde landa ; 1 88
« Soto a un destrer,
a In pugno un sparaver,
V E brachi in cadena
■ E livrer démena. 193
(c Alora si fo nate
« Sete polzele ordenate :
« Zoya e Alegreza,
« Prodez' e Largeza 1 96
« Beleza e Ardire
a Si lo ven per servire ;
« Estavage devant!
u Con zoya e con canti, 200
<c Ë si s'inùnogio
a E poy lo saluto :
184 Bien que j'aie lu cura, i la 6r du vers, il me semble qu'on ne peut
supposer autre chose que grana piua, kermès, couleur rouge.
^^^^^^^ DrT
SUft LES VILAINS
a^^^B
^^B • Tu sy k) ben venuto
« Te stia mente ardire :
^H
^^M * E con gran zoya recevuto.
204
a Onna matinata
^H
^^M u Tu e un cavaler
« T'aduga la zonchata.
H
^^M « Sapiemo ch« t'a mester.
« Kn ma[r]zo, per l'erbalicho.
^^H
^^m « Un vilan e nato^
« A quel vilan selvaticho
^H
^^M M Volemo ch'el te sia dato ;
208
f[ Onna di un castrato
^H
^^M 0 Tu ne saray ben serviio
« Toge, poch'etosorato;
H
^^M ■ E auy plu lemuio.
u Non curar de soa lana, (col. 2) ^^
^^M u El menara li boy ;
<i Poy che no e tenta in grana
^^1
^^M « N'avra zo que tu voy :
212
« Lo zugno, el ceresaro,
^H
^^M a D'nnna inese de l'ano
M To^ a lo mercenaro
348 ^H
^^1 a Tu ge ponere lo bano.
« D'onna seiemann una opra,
^H
^^B « Del mese Oe Natale
« Che mala onia lo copra I
^H
^^P a Toge to bon mazale,
116
a Po fa «rchare in corte
^H
^^H o Las^e li sanguanati
V Se lu gc aceto forte,
a52 ■
^^^ « Che li aii (J) docati,
« Alora, s'tu g'en day,
^H
^^B a E lasege te sazise,
V Nulo pecaio n'ay.
^H
^^M < Ma no ge le lasa tute,
2iO
« Lo Iulio e l'avosio,
^H
^^H « Ch'ele son bone arosto.
« Fin che aura reposio.
2}6 ■
^^H u Per ch'ele se tosan losto.
1 Falo zazere al ayero,
^^H « U bon persuti grasi
« Ben che inoya ge para.
^H
^^H « Guarda che no ge lasi.
214
« Del mese de setcnbre,
^^1
^^1 « Del mese de zenaro
« Per ftirlo ben destendre,
360 ^H
^^H « Falo caminare,
« Falo vendemiarc,
^H
^^H « Se lu n'ay besogna.
(c E po et un torculare;
^H
^^M < A. ben ch'el se rampogna.
228
« E lasage le scraze
^1
^^M « Dd mese de febraio^
a Per che poscha ne faz« ;
364 ■
^^H « Po cfa'e da carnevaio,
a Ma fale ben calcare
^^H « Onna dl un capon
« Ch'el no se posa ebriare.
^H
^^M « Toge, ch'el e raxon.
iji
a Del mese d'oiovre.
^H
^^H « Del mese de marzo
u Per ch'el no se recovre,
^M
^^H « Falo anddr descalzo
■ Fa che la vigna cave
^H
^^H a E fato podar la v[i]gna,
« E ch'el strepa le rave ;
^H
^^H « Tu n'azi la vendemia.
2î6
u Lasege ta ranu,
^H
^^H « Del mese d'avrile
<f Da ver, con la pamza.
272 ^1
^^H 209-10 II fiai supposer que
dans
le texte original les deux participes qui ^^|
^^H terntitent c« vers eurent en iir^
1. Cela
est conforme à l'usaBC des dialectes du ^^M
^^H nord de l'Italte, voy. Mu»jfia,
MonattuiiH anutki, dans les coniptet-rendi
js de ^^H
^^H l'Académie de Vienne, XLVI, >
16.—
219-10 Encore deux vers qui ne riment ^^1
^^H pas. — 119 Larime dftnande fe^aro. -
— 2(1 Je pense que » est pour le toscan ^H
^^H CI bat. — ]^7<S 11 faudriiti u
rime quelque choie comme atia-puna. — 162 Je ^^H
^^H ne vois pas de uns i aa ; corr. ni ,* au v. 3 ] j le ms. porte agna oEk Jl faut >
'Rt'- ^M
^^H — lâj Je n'entends pat ferait
. 11 faudrait un mot ti^nifianl t marc, ris
idu • ^H
^^H p.-é, itraxe? cf. l'it. stradan.
— J71
-I Voir la note du v. 102.
1
34 f- MEÏER
Q Del roese de novenbre,
« Pcr ch'el no te posa ofender
0 El fredo che de fare,
(1 Nol Usa reposare : 276
a Mandelo pcr [la] legna,
a E fa chc speso vegna
« E ch'el le porta in spala.
" Per che la raxûn no fala ; 380
« E quando el ven al focho
« Falo niudar [loj tocho.
u E con questa aga
« El mal vilan se castiga. » 284
Deo gratias, amen.
Quelques mots maintenant sur ta langue el sur la versification du
poème de Matazonc. Le terrain sur lequel je m'aventure pour la pre-
mière fois ne [n'étant pas très familier, je me bornerai à un petit nombre
d'observations. Si on compare notre texte aux potmes milanais de Bon-
vesin da Riva, dont M. Mussafia a dirent la langue avec sa précision et
$a critique accoutumées dans un mémoire spécial ', ou encore aux poé-
sies véronaises que le mi^me savant a publiées sous le litre de Mona~
menti anticlii di dialttii italiani ^, on ne manquera pas de constater de
part et d'autre de réelles analogies. Ainsi dans tout le nord de l'Italie, et
même jusqu'à Bologne, Le gérondif csl cm ando on and pour toutes les
conjugaisons), et ici nous avons au v.28 digandopour le lat. dicendo.
Dans le nord de l'Italie encore la désinence uro, u, se substitue souvent
i la désinence étymologique ito* ; et nous avons vu qu'au v. 209 la
rime oblige à lire servuto, là où le ms. porte servtto. On pourrait sigrtaler
encore d'autres points de ressemblances, et il n'est guère douteux que
le nombre en serait plus considérable si le texte nous était parvenu sous
la forme même que lui a donnée MJl^zone. Mais tout en faisant la part
des altérations de la copie, altérations dont il est possible de se rendre
compte jusqu'à un certain point par l'examen des rimes et de la mesure
des vers, il n'en reste pas moins évident que la langue de Maïazone
diffère assez sensiblement de celle des poètes milanais, véronais ou
vénitiens. Chez ceux-ci par exemple, la chute du 1 entre deux voyelles
est fréquente : teao, gtao, pour beaio, grata. En d'autres cas ce / est
affaibli en dh. Or Maïazone conserve le ( comme en toscan \ndto, graio,
ptcato^ etc.]. Si le copiste avait rétabli le t, il ne l'eCtt sans doute pas
fait d'une fa^on constante. Je ne trouve pas dans notre poème la muta-
tion d7 en r qui est si fréquente chez Bonvesin i. Malaxone ne parait
j8o SappHmer ta pour la mesure. — a8) aga ne donne ni sens ni rime ;
corr. fêJigaf
1 . Comptes-rendus de l'AcadéiDie de Vienne, ann^ t868.
2. Ibid:, 1864.
) . Mussafia. Monaminti, p. 1 26.
4. Ibid.
t ,
induire!
[. Il T a bien, vv. aa^-jo, la rimtgtnaro (ms. gataie)-cdmnah,à'ob on pourrait
uirela forme atmaaro, nais lepottnc se conteaie parftHs de simples assonaoccs.
p
DIT SUR LES VILAINS }$
pttoon plus fure usage de la contraction dro, dra pour de h, de la. En
IMK, la langue de MaUzoae. i]ue je laisse à de plus compétents le
HO d'étudier en détail, me paraît moins s'éloigner du toscan que le
.inhuis.
Pusonsmaimenam à l'examen de la versification, qui nous fournira
^H^DCi nations de plus sur la tangue. Si nombreux que soient les vers
■ripdifrs, on peut, je crois, tenir pour certain que le poème a été
toaipDtien vers de six syllabes comptées à la française, c'est -Â-dire en
B^S^gnot la voyelle atone qui peut se trouver après la dernière syllabe
Knique du vers. Examinons en délai) les loo premiers vers. Tout
d'ilwd nous trouvons 70 vers qui sont réellement de six pieds ; ce sont
Ioms4. 6-8. 10, II, lî, i4-:i, 14. 26-7, 29-îî. ÎS. 38, 45-îî,
if-6, 18, 60-î, 66-70, 72-3, 76-9, 81-7, 89, 91-ï, 97-100. — Puis
u len trop longs qui deviennent réguliers aussitôt qu'on supprime
ORùtts finales atones qui ordinairement ne subsistent pas dans les
i^taa du nord de Hialie. Ce sont les vers 2, 9, ;4, 40, {7, $9,
^' 7' » 74f 90- " est permis de lire |je mets entre () les lettres sup-
pr»io) V. 2 S\l{p) co/ifo volonur ; y. t) E d'un ritaii{o] ' ; v. 2j fat'o);
r. î4 BuuAaio) ; v. 40 Chim\e} ; v. $7 Ma lio\ ; w. <,<) el 64 cfut{(p) ;
V. 6[ th'ehi(e)\ v. 71 l'un des deux articles peut s'apostropher; v. 74
Oà^, ; T. 90 Bagnad[0], ou plutôt Rj^nai. Entre ces élisions il en est
qd sont lé^imes même en toscan {rilan, mal, etc.) ; quant aux autres,
dks sont régulières dans les dialectes de la Haute-Italie. C'est par
mte simple opération que M. Mussafia a remis sur leurs pieds un
grand nombre des vers du Dit des mois, de Oonvesin *. Nous trouvons
encore, dans les cent premiers vers de Maïazone, seize vers trop longs
oonme les précédents, mais qui ne se laissent pas rétablir par le même
procédé. Ce sont les ven 1, j, j, 12» 15,28, î7i Î9. 4»-4. Hj 88,
96, auxquels on peut appliquer des remèdes variables. Ainsi it est
probable qu'aui vers j, 18, j7, la conjonction e s'éUde ; de même au
V. 44, bien qu'il y ait ei. Au v. 43 on peut supprimer slopa 0; au v. 88
il but probablement corriger puzolenlo en puzliuto ou pazUnl. Enfin il
y a deux vers trop courts ijô et 8o| qu'il est tris facile d'allonger.
Les rimes sont en général Ton exactes. On peut cependant considérer
comme de simples assonances mUtara-cruda 99-tOD, respondeva-volun-
Uf* t^^-6, fehrarù- [ms. febraio)- camcvdo 229-30, avrik-ardire l'^-j-Z.
Il n'est pas impossible du reste que dans tel ou tel de ces cas le texte
soit corrompu. Certaines rimes, telles que vilano, au singulier, et maao
H
I. Ou vi/it(nDl: il jr a, an t. 64, ni* devant une consonne, au v. 71 vitan
demi ne voyelle.
I. R«nunù, II, ii)'4.
26 P- MKYER
au pluriel, 59-éo, agmmenUt-pTuento 91-4, zauro-cam'uurt 225-6, amt
évidemment en contradiction avec la grammaire» mais à on supprime
les finales atones, comme on a vu qu'il y avait lieu de le taire en maint
cas dans le corps du vers, la rime et la grammaire seront paiement
satisfaites. Aux vers 12 {-6 le même mot forme la rime. Est-ce une
faute i n'est-ce pas plutât une négligence de l'auteur i
Des observations qui précèdent il résulte assez clairement, ce me
semble, que la versification de notre petit poème est beaucoup moins
incorreae en réalité qu'en apparence. Il est visible que le copiste était
enclin à employer, même au détriment de la mesure ou de la rime, les
formes de la langue linéraire.
A la suite de la pièce de Matazone, le ms. de Milan contient une copie
du Testamentum asini, qui diffère sensiblement, surtout vers la fin, de
celle que Lambecius a publiée d'après un ms. de Vienne dans ses
Commentarii de BMotheca Vindobonensi (1669, il, 984) comme aussi de
celle que Feifalik a éditée dans les Comptes-rendus de l'Académie de
Vienne, classe de philosophie et d'histoire, XXXVI (1S61), pp. i72-j>.
Cette circonstance me décide à bire imprimer ici le texte de Milan * :
Ttitamcatum domm asini.
I Rusticus, dum asinum
Suum vidit morituniin,
Flevit ejus obitum.
Oe I Oe ! morieris, asïne!
Il « Si te scirissem, astne,
< Moriturum frigore, }0e..,
c Te induissem siadone. 1
m Exclamavit rusticha
Voce salis querula,
Obstante viciii[i]a.
Oe..,
1 . La rédaction pabliée par Feifalik est très écourtée. Elle ne contient pas le
testament de l'Ane, mais seulement la plainte du vilain qui est plus développée
que dans les deux autres textes. Elle se termine par un couplet dont l'applica-
tion est toute spécule :
O vos, cuncti Barari,
Sumite caudam asini j
Cum ea suspendemini.
Le reb^in est dans Lambecius : loi h! dans Feifalik : Ofe ! Oft ! Oft ! moriais
{morierit ^ asellt, vellim pro te mori.
2. Je corrige quelques fautes d'orthographe ; coupl. V, il y a posis; coupl. VI,
Mos ; coupl. X, Peian, solatoribat (pour stllatoribiu)^ Osa ; coupl. XJ, vixera^
vullorièiu ; coupl. XII, l'tgatis; coupl. Xlli, ve/ct.
28 p. MEYER
Cette facétie a, dans les littératures du moyen Âge, plusieurs analogues
qu'il serait curieux d'étudier, afin de déterminer ce qui est imité plus ou
moins directement de la pièce latine, et ce qui est simplement inspiré
par la même idée. Car l'idée même d'un animal qui fait son testament
n'est pas tellement originale qu'elle n'ait pu se présenter à l'esprit de
plus d'un parmi nos anciens auteurs, et la donnée étant admise, certains
traits comiques, certaines parodies devaient en sortir presque forcément.
Ce n'est point ici le lieu d'entamer une nouvelle dissertation ; je me
bornerai à signaler, à titre de rapprochement, le Testament de la mule
Barbeau, du poète Henri Baude ■ , qui nous montre la même facétie
encore en vogue à la fin du xv* siècle.
Paul Meyer,
I. J. Quicherat, Bibliotk. de i'EcoU dts chwrltSj a» série, V, 99.
ESSAI DE PHONÉTIQUE
ET DE
PHONOLOGIE DE LA LANGUE PORTUGAISE
D'APRÈS LE DIALECTE ACTUEL DE LISBONNE.
TABLEAU DES VOYELLES.
Voyelles orales.
Voyelles nasales.
à
—
i q à
— S —
i — 6
? — 5
i f a
f — a
10 il)
— —
L'accent drconflexe * sert à désigner en portugais les voyelles fer-
mées, c'est-à-dire pour i, 6 les sons des lettres françaises é, à. L'accent
aigu ' marque les voyelles ouvertes ; je le remplace toutefois par le
grave \ l'aigu m'étant nécessaire pour indiquer la voyelle tonique du
mot, ce qui d'ailleurs se trouve d'accord avec l'orthographe ponugaise,
où le signe ' fait double emploi. Le - tU exprime la nasalité, et, dans
l'orthographe actuelle, il n'est employé que sur les lettres â, Ô, lors-
qu'elles font partie de diphtongues nasales. Son emploi sur toutes les
voyelles est ici parfaitement arbitraire ; il en est de même des différents
signes diacritiques dont j'affecte les consonnes, ainsi que du petit cercle
souscrit dont je fais usage pour désigner les voyelles neutres ^ et f ou j.
Les noutions suivantes sont également conventionnelles : q p repré-
sentant un u (pu français) très bref et presque étouffé, tantôt écrit par u.
JO R. GONÇALVES VIANNA
lantôt par o, dans l'orthographe usuelle ; j ; désignant l'atténuation en î
brévlssime de e ou i; & 6 pour la semi-voyelte labiale, f « pour la semî-
voyelle palatale, lorsque ces lettres atones se trouvent devant une autre
voyelle, ou font partie d'une diphtongue comme subjonctives réduites.
L'orthographe portugaise ne connaît point ces signes, que j'emploie ici
seulement pour me faire mieux comprendre. Pour plus de clarté, je
vais mettre sous les yeux du leaeur deux tableaux, l'un des voyelles
portugaises et l'autre des voyelles françaises, au moyen d'exemples.
Voyelles françaises. Voyelles portugaises.
— Sd
çà
si da sa
ces — « setd sotte —
thé — — ceux sceau si sou
si — chapelain tu tout si — se — ta
diea zouave cear soar
TABLEAUX COMPARÉS DE5 VOYELLES DU CASTILLAN, DE L'ITALIEN, DU
CATALAN ET DU PORTUGAIS.
Castillan. Italien. Catalan. Portugais.
— là ha Si
— — —
i
— /h)
vosti — /o
si
da
s6
fe — yo
—.
— —
— mateix
—
—
—
• — ~ —
se
— voto
net — bot
si
—
sou
si — tù si — m 51* — tu si se tu
On peut considérer comme presque identiques les voyelles franç^ùses
et portugaises de la même ligne dans les deux premiers tableaux ; seule-
ment la différence de quantité prosodique n'est pas appréciable en por-
tugais, exception faite de la longueur des voyelles provenant d'une
crase, et de leur brièveté dans les syllabes atones.
Dans la prononciation de Lisbonne, ainsi que dans celle de tout le
sud du royaume, les voyelles nasales sont fermées : ainsi il n'y a point
ESSAt DE PHONÉTIQUE PORTUGAISE Jl"
de vo3rell« nasales qui répondent aux voyelles orales i, à, e. ei la voyelle
nasale correspondante à \'à de 5^ ne se trouve que dans la crase : brève
par exemple dans la phrase vt-a ariiiar = je l'ai vue marcher, prononcée
fi âdiir; longue dans vta-a ttnÂtir ^= je l'avais vue marcher, prononcée
W âdJâr,
La nasnlîté de ces voyelles à I>isl>onne, ainsi que dans tout le sud du
royaume, est de premier degré, c'est-â-dire qu'elle n'est pas accompa-
gnée de gunuralisation, comme dans les voyelles nasales françaises '.
RBMARqUBS SUR LA PRONONCIATION DES VÛYBLISS.
Quoique ta simple inspection des tableaux que j'ai dressa eût peut-
être suffi à une appréciation assez correcte de ces sons, je dirai cepen-
dant quelques roots sur la prononciation de mes voyelles portugaises.
à est plus ouvert que l'd castillan et il n'est pas légèrement palatalisé
comme Va français, lequel, comparé à Va italien, tient un peu du son
d'un e très ouvert. L'^ portugais devant / est un peu labialisé, c'est-ft*
dire il tient de Vo ouvert, presque autant que Vo bref anglais de body.
ç est une voyelle neutre bien plus ouverte que IV du français me, te,
le; moins ouverte cependant que Vu bref anglais de hud : il est tout à
kàl semblable â Va atone de l'anglais ahoui, he gave me a baok.
^ est un e aussi ouvert que l'<e danois, è aptm de l'italien dans pitde,
gelo, c'est-à-dire plus ouvert que IV français, j allemand ; un peu moins
cependant que l'd bref anglais de bad, lequel ne se retrouve que dans
quelques dialectes ponugais', dans l'Algarve ou Beira-baixa, par
exemple.
l est IV fermé français, sans aucune distinction de quantîti*. cepen-
dant; il se trouve plus pris de î que l'f unique des Castillans K Dans le
système de Bell, adopté par M. Sweet dans ses deux remarquables
ouvrages» A Ktstor)' of Eni^lish sounds » et « Handbookof phonetics »,
'e fermé est appelé mid-ffonUnaTTOw-vmtl : Ve castillan est donc la
(oiv-fronl-namw-vowel, selon la terminologie du mime auteur. L'a alle-
mand de Vâter se rapproche beaucoup de Vt castillan, ou plutât ces
V. E. Sievers, C'BnÀzùge dtr LaatphysiologH. Leipzrg, 1876, S. 47 et 48,
et loh. Storn, Engtiik Fit(}logi. Kristiania, 1879, p. 34 et 2}.
2. J'ippdlc I dijtecle • toute diAèrence de prononciation 00 autre, par
rapport a une smic langue.
}. Assurimem M. Sturm n'est pas dans le vrai tnrsau'il écrit iRtm^remt sar
U toathiiat des itrnuiiti dt Straitoarg, Romjfiia, vol. lll^ ailU, qai, s il veut
désigner par l'aigu ' le son de \'i fermé français. Il n'y a que les Aragonais qui
prottoDccnt Vt caslillau comme un i fermé, ou i peu pris.
P R. CONÇALVBS VIAKNA
deux voyelles sont tout â fait identiques en ce qui concerne leur
timbre. H
f est un r muet, coïïimc on l'appelle généralement, bien plus étouffé,
bien plus fermé, cependant, que l'e franç-'iis de me, le. Que l'on essaye
de prononcer le mot rejeter sans trop appuyer sur la seconde syllabe,
mais sans dénaturer non plus le son du ;, c'est-à-dire sans le remplacer
par ch : on pourra par Ve de cette syllabe -je- se faire une idée du son
de r^ muet en portugais, lorsqu'il se trouve en conjonction avec des
consonnes sonores. Entre deux consonnes sourdes différentes, cet eai ^
le plus souvent nul. Que l'on ne dise point qu'il l'est également ailleurs ; H
aucun Portugais ne confondra jamais ces deux mois trJt et iprds, et la
seule différence entre eux, du moins dans la prononciation de la presque
totalité des Portugais du continent, est précisément le son de cet c muet
entre le r et le /* du second mot ' ; et cependant te son de cet e est bien
différent de celui de IV français de me le, etc. La pJace que nous lui
avons assignée dans la pyramide des voyelles nous parait être [urfaite- fl
ment exacte. Dans le mot anglais said la syllabe est close par la con-
sonne sonore ii, tandis que dans les mots ponugais séde, siÂe il y a deux
syllabes distinctes sè-df, tt-df. Le son de cette voyelle est celui qui
[. On ne siuraît nier que cet e »l louvcnt nul, surtout devant r, et quelque-
fois aorès : ainsi le mot merfcir se prononce le plus souvent m/re^r, maïs dans
pfrftir, on prononce les dcu» et. Je prononce le subîtanlif commun ptr/irii i=
I poirier » comme pfrJtr^^ et le nom propre Pcreira comme prdtra.
Du latin /i'*M;.irii/ni, on a (ait itrernro, qu'on a dt prononcer /ftfTiint ; on a
iniroduil / entre le v ec te r, parce que Ee groupe vr itait très rare en portugais;
aujourd'hui on continue d'écrire /(v^mYo, mais on ptonor\ct ffvrJri]. Cei ( ne
reprbente plus la prononciation et it est conire l'étymoloeie ; il est lontefois le
licne muet d'une ancienne itaritbhnkti. îi en ni de même du mol ffvfrj. de
fioTam, prononcé Hvr^. En général, le { devant r et uni- autre voyelle est seule-
ment prononcé dans les futurs et les conditionnels d«s verl^ei de l<i seconde
con}Uffiison (en -ti\ ; par exemple : //rw, vctmj, «n^, ifJpni, efJiria. pfrttf-
rti, mfttcfria ^:= aifieçrui), p^ftiçra de p^tclt (p'ron. percera, f.'dtc/t\. Cette
voyelle se prononce également lorsqu'elle est pr^cedfe de i ou ;. Avec les pala-
tales X, /', itA, Ik clic se prononce i, excepta lorsau'elle est suivie tle r, l ; donc
gfràl, et non pjs /irn/. Autrefois on prononçait l'io! ; if^l est populaire.
Il faut ajouter que l'existence de ce îcùâ rend possiole îa prononciation de
certains groupes de consonnes, que l'on évile dans d'autres diilectei. Ainsi le
mot absensi te prononce ôtpfrvdr, c'est-à-dire qu'il a quatre syllabes, tout à ^it
comme oiçiirt/r, tandis que l'on dît en français opttrrcr, en anf^Uis ot:cr¥r, et
en italien 'otitrvare. Toutes les fois que deux consonnes appartenant A des genres
ditlérents (sourde et sonore, ou sonore et sourde) se trouvent en contact, l'in-
sertion, la svarabhjkti de cet r, permet 9ux Portugais de ne pat en altérer le
ton et d'éviter des assimilatiuns qui, autrement, seraient la conséquence de ces
rencontres. On sait que le même phéoomène a lieu dans les laneun sémitiques,
ob l'on trouve souvent des groupes (ormes par des consonnes di; genres Qidé-
rents, surtout par une sourde précédée aune sonore : un ifûâ intercalaire
sépare ces consonnes incompatibles.
I
Atuds de phonologie portugaise jj
accompagne les fricatives douces, lorsqu'on s'efforce de les prononcer
sans une autre voyelle ; ce son les précède lorsqu'elles sont initbles:
c'est li un hh sur lequel M. Lepsius avait in^isié dans son Standard
Alphabet, et que M. Brucic parait avoir méconnu '.
i a le son de l'i italien ou français, sans aucune distinction de quan-
tité, lorsqu'il csi accentué. Atone, devant une continue palawlc, il se
prononce ridait, c'est-Â-dirc plus bref et plus éiou^é : nous marquons
cet t avec le signe ^ (i). L'i atone devant ou après une voyelle, comme
subjonctive de diphtongue, est encore plus bref; nous le désignons par
î ,• il est parfaitement analogue à l'^ de l'anglais hoy, pby, my (toî, pW.
mal). Dans ces trois cas l'i atone se confond avec IV atone en un son
unique, qui est celui d'un i chuctioté (whisptrtd). Entre deux voyelles
on peut considérer l'î comme l'équivalent de la semi-voyellc palatale ;
mats il a bien moins le caractère d'une consonne que le y fran^is ou
castillan : ainsi le mot mayor est bien différent du portugais maior; il
n'y a de commun entre eux que les consonnes Initiale et finale. Le moi
ponugais a deux syllabes, m^ï-àr, dont la dernière est ta ionique. La
division phonétique du mot castillan au contraire est ma-\ér.
à est l'o italien de « vuoio, a « loda, <> > avrô, » sans aucune
distinction de quamilé. lorsqu'il est tonique ; cette voyelle est donc
plus ouverte que \'o français de vote. robe. Dans le sud de la France
on entend souvent cette voyelle dans des mots où l'on prononce géné-
ralement 0 fermé ailleurs, par ex, dans chose, autre, chaude, etc.
ô. Ce son est peut-èire un peu moins ouvert que i^ français de trône,
apôtre, beau, beaucoup plus fermé cependant que l'o castillan de no, jo,
todo, etc., lequel se rapproche de aw anglais, bien plus fermé lui-même
que l'o bref de body, whaf. La voyelle portugaise ô, lorsqu'elle est
ionique, est plutôt longue que brève, et on y peut constater une pro-
I Ou moms ce son ne fait point partie de ion tableau des voyelles iCruaJ-
tàge 4tr Physioiogu u. Sjitcmattk d. Sp^dchluatt, Wien, 1876, S. l4-))t.
Vojr. cependant S. isj.
I. On a depoii longlempt conslatè l'existence d'une dasse spéciale de voyelles
entre J et i-i en anctais ; elles se Irouvtnl dans tes trou mois i><ià, bitd, bedy.
Cette dernière voyelle, entre â et à, doit peut^trc son origine i l'infliience
progressive de n-. Ce son se serait étendu dans l;i suite it tous les oi- brefs qui
5e Sûnt p« devenu! o [buJi. Les Américains ont un 0 ouvert différent de l'o de
tfti», c'esi-i-dire atcm ouvert. Cet 0 se trouve ordînairemeDi dans des mois
ob la prononcialion anglaise a des 00 longs {d& ou ë&^ ou des uu brefs (de tud),
cammF dam hofu, nont. Un Américain me dit, il y a bien longtemps, que les
mots lun et ion n'avaient pas li nij^me prononciation : il proitonçaît ton comme
le français ionm. Sur ce su|Ct, on peut coniultcr Marsh, StuAent'i Er.eltih tan-
gua g( ; WhiinGf, in Orifniii aiù /ir^bùiic Stiulia, md. Séries, « The Ele-
neots of English pronunciation ■, oli ce son est représenté par 6, et Siorm,
Romaiiie,XII
}4 ^ GOHÇALVES VfANNA
traction labiale plus prononcée qu'en français. Dans le dialecte de Lis-
bonne, ainsi que dans loui le sud du royaume, on ne fait aucune distinc-
tion entre à et ou \h diphtongue ôà des dialectes du nord).
9t t- Cette voyelle a le son de ou français réduit, c'est-à-dire très
bref et comme étouffé. Elle se trouve en ponugais à la fin des syllabes
atones. Lorsque, précédé d'une consonne, ce son termine un mot, on
l'écrit par o, et il est en général le signe grammatical du genre masculin,
comme IV est le signe du féminin ; les articles a, ^, k le, la » ont res-
pectivement celle prononciation. Tout o ou u atone se prononce géné-
ralement If. Comme exercice, nous présentons quatre mots distincts,
qu'une oreille étrangère confondra aisément, mais que tout Portugais
reconnaîtra comme parfaitement dilTérents et suffisamment caraaérisés
dans la prononciation : mora ^ il demeure, màrç, je demeure, mûre,
qu'il demeure, màr (contraction de m<i\àr), majeur. L'atonie et l'obs-
curcissement de la voyelle finale réduite rend ces mots identiques pour
une oreille peu exercée.
Lorsque o, a atones se trouvent devant une voyelle, ou font partie
d'une diphtongue comme subjonctives, ils sont encore plus brefs et plus
imperceptibles : nous les désignons par ù, ô. Dans ce cas il* répondent
au w anglais des motsin'd^, no»inaû)^kRow^B6à), à peu prés l'ou fran-
çais de zouavi.
u accentué a le son de l'a italien, ou français, sans aucune distinction
de quantité.
Toute voyelle orale suivie dans la même syllabe de / (gutturo-lingual)
devient gutturalisée. Ces voyelles sont, sous ce rapport, identiques aux
voyelles polonaises en conjonction avec L La consonne / dans ce cas
s'atténue, elle est à peine perceptible, de sorte que, entre les mots alio
et auto, par exemple, la différence de prononciation est presque insai-
sissable. C'est là ce qui explique que des mots latins tels que saltum»
altarium sont devenus souio, ouieiro, tout à fait comme s'ils étaient
I
I
I
op. cit. p. j], 41, iS], i99, ji}, oll Ellis est cité; M. Storm repritente
celle vovelle pîir â et l'identifir avec le 0 du fran^jif hommt, ce qui le net
d'accord avec mon Américain ; le mot ton n'est cependant pas cité.
L.'a de ^i se retrouve dialeclalement ea portugais, dam rAlf;arve, ob, dans
des localités oui sont encore 1 difrininer, le pluriel du mot pi est p.rt (a ss a
anglais de boa,. V. Jo3o de Oeus, Oiccionano prosotfito da Imgaa partagatui,
passim.
ÛB trouve dialectalement d'autres vojrellei en portugais - i Madère, par ex.,
\'i des syllabes ouvertes accenméei a le tan de l'j polonais, et l'u et \'t de ces
syllabe* se rapprochent respectivement tte l'u suédois et de \'à roumain, ( de
Diex Dans le cnnltnent mèiae. l'i devant I cutturalis^ est prononcé bien sou-
vent cansic le 7 polonais, U des Russes (1 j de Lcpsius, i| de Uia), par ex.
dans barrit, Jami, que fc prononce avec un i ouvert.
I
ÉTUDE DE PHOnOLOClH PORTUGAISE JJ
sa utum, autarium. Il semble qu'une telle prononciation de I a eibié
en français A une cenaine époque, ce que prouveraient les pluriels en
aux {àùs) des mots en a!, et des formes telles que heau \biû] de bel, foa
ijàù) de/o/. Le changement de / en ù est d'ailleurs fréquent dans plu-
sieurs langues de la même famille comparées entre elles, par exemple le
hollandais good à cdté de l'allemand .^oU. Il en est de / final en portu-
gais comme de r en anglais : la voyelle qui précède ces consonnes en
est modifiée en un certain sens, à cette difTérence près que les voyelles
portugaises devant / ne sont que gutturalisées; leur timbre ne change
que très peu '. Pour en connaître la difiérence il serait bon de faire pro-
noncer devant soi par un Portugais les mots suivants : ato, alto, auto,
siua, cilla; cipa, fUpa; mirro^ bilro; sala, sàUa;sottto, tôlto; muta,
maUa ; mal, mtl, harril, sol, s\^.
i (an, amp, amb) est la vovelle ij nasalisée. De toutes les nasales
françaises, celle qiti lui ressemble te plus c'est an. On écrit ce son de
plusieurs manières.
i {a, emp, emb\ est un i fermé nasalisé ; il n'est donc pas identique à
ia français.
j' [ia, im, imp, imb^ en, emp, etob] est uni nasalisé, voyelle qui n'existe
pas en français.
Ô [on, om, omp, omb) est un ô fermé nasalisé, différent de on français.
S (ua. om, uaip, lunbj est u (ou français! nasalisé, lequel n'existe pas
en français.
Je répète que la nasalîté en portugais est bien différente de la nasali-
sation des voyelles françaises : d'abord parce qu'elle n'est point accom-
pagnée de gutturalbation, et puis parce que le limbre de la voyelle ne
change pas. Kn effet, il n'y a point en français de voyelles orales dont
le timbre soit parfaitement égal à celui de ces voyelles nasales . an, in,
on ; à peine si l'on reconnaM la voyelle œ \(u] dans la nasale un, tandis
qu'en portugais les nasales à, t, T, ô, û ne diffèrent que par leur nasa-
lité de» voyelles orales i, /, i, 6 a'.
1. M. ]. Storm {op. cit. i3 et 44) trouve en anglais un I gutturalisé, (|ui
serait parfaitement identique d / Dorlugais apr^ me voyelle. Il me semble que
ce / ne se trouve en anglais que lorsqu il fortne une s>1labe iitiièpendante, pré-
cédé de e, comme d^nt itcbU, lampie, principU. Ailleurs l'rnteDdi I cingival et
rien de plut ; du moins son influence sur la voyeile précédente est nulle, ce qui
ne perinet pas de lui attribuer une puinancc modincativc sembbblc i celle de
-r. M. Storm donne à ce i le nom de haly^uuutali, îom-giitturil, et le retrouve
ea allemand aussi bien que dans les langues slavonnes.
1. M- Jules Cornu, le savant et aimable pfoftsseur de philologie romane
i l'université de Prjgue, que j'ai eu l'avantage de connaître personnellement
ï Lisbonne en iSSt, et qui, â une connaissance approfondie de la langue
î6
R. CONÇALVeS VUHHA
DIPHTONGUES.
Subjonctive l.
Nasales.
Sï lavec un ^ nasaltséj
et
al
portuRiise, éclairée par ane méthode rigoureuse et sûre, joint une eiccllenle
prononciation, une ddicat»te d'ofcille qui le m«l en état d'apprécier et de
reproduire lei moindres nuanses de k phonétique portugaise, i coup sûr l'une
de» plJ^ diliiciîcs i m^ftriscr, ce phonMicicn habile a néanmoins une tendance i
gutturaliier les nasales portugjtses, loul i (ait comme Ait]!, le nord du pays.
M. Cornu ne confond point lei nasales portugaises avec les nasales l.'inçaises,
il sait très bien les prononcer; et cependant la force de l'habitude le porte
({uelquefois i reproduire let nasales française», surtout un, lorsqu'il parle le
portugais.
J'ai remarqué que les Portugait acquièrent aisément la prononciation de U
nasale française en, les femmes surtout. J'ai enseigné le (rancart à deax enfants,
frérc et soeur : la petite proauncc très bien la syllabe ai, son frère ne !e fait
jamais ; tout les deux confondent ordinairemenl nn, jn et in en un seul son,
C|ui est pour Prédénc le 3 portueiis, et pour sa sœur en français. Les Portu-
gais n'imitent qu'à grand'peine la tjrllabe in, qu'ils remplacent par fn ou pjr
fin. Moi-m&ine j'ai quelque difËculté h reproduire un, itue je remplace, Igrsque
je n'y fais pas attEntion, par à portugais ; lorsque la voyelle un n'est pat finale,
par en. dans humbh, la oifficutté disparaît pour moi.
J'ai consulté sur les nasales polonaises M. Adolphe PawinskL, professeur
d'histoire i l'université de Varsovie, l'un des membres du congrès anthropolo-
gique réuni i Lisbonne en 1881. Je l'ai prié à plusieurs rqiriscs de les
prononcer devant moi. Pour mon oreille, fi sonne toujours cuRimc un 0 ouvert
natalité sans gulturaltsation, et par conséquent il n est pas le dn français ; f
me fil l'impression tantiït de J, unlAl de ^, nasalisés.
Dans le dialecte du Minho il y a les voyelles nasales suivantes : à (i) c, /
[l^!)i {j] 1,^,6 {1,6) û; e. [es diphtongues S& \ài.\, âl{àh, iî[it\, ht [6t).
Eeut-éire aussi r'iï \l&). Les Portugais, lorsqu'ils prononcent le tatin, donnent à
terminaison -m la valeur de cette dernière diphtongue n;.sile, par ei. dans
la terminaison 'tm la valeur de cette dernière diphtongue n^isile, p,
rem, fidem, (ju'ib prononcent riù,jiJiù, avec un ; Icrroé; et ils prêtent au
groupe eu m, par ex. dan» deum, la valeur de tù. avec un e ouvert. Cette
répugnance i prononcer dci voyelles nasales dans des syllabes découTtrtes les
porlt i prunoncer la terminaison latine am comme •io [Hlii, par exemple nom,
miujm, prononcés nia, mù:iù. Il parait que cette répugnance â prononcer des
nasales simples i la Iïb des mots était autrefois plus grande, car aujourd'hui
tes nasales à. 1 , 6, û sont assez communes comme finales, par ex. dans lan,
sim, somy atu"! ; ces nasales ont dû ^tre prononcées pdis comme des diph-
tongues : 3f, 1!, 6à, fià. [V. Duarte Nunes de LeSo, Orthogrjphu da lingim
poHttgjuu.) La prononciation l&i est encore asseï commune it Lisbonne, et la
plupart des féminins en -63, formés des masculins en -So, avaient autrefds sans
doute un 0 oasat. Aujourd'hui, les noms eu -Jo ont leur féminin tantôt en ^ôa^
tantdl en -diM, tantAt en â, comme Uâo^ Icéa^ tJlaitâo^ vilenfoaa, attanio^
I
âTUDB DE PHONOLOGIE PORTUOAISS
n
Subfoncttve ù.
M — —
M - -
â& [avec un ^ nasalisé)
Des diphtongues nasales â\f Ô\, ââ s^écrivent êe tm ta ..., Se, Ôa
am; h diphtongue orale ^tï s'iîcrii ordinairement eî, sunout lorsqu'elle
est la tonique du mm. Je ferai suivre ce tableau d'un autre, oâ, par des
exemples, on pourra connaître l'orthographe commune de toutes ces
diphtongues ; j'y ajouterai quelques remarques sur leur prononciation.
EXEMPLES DES DIPHTONGUES.
Subjonctive î.
Orales. Prépositives.
nais, pats à
rétf ms rots, heroko i ^ è
— — soif — — i
~~ — sua.fitûdo — — —
Nasales. Prépositives.
— mâe, bem, htns — à (neuirej
— — p5ts — — S [fermé)
— — mai(io) ce seul mot — — Ù
Subjonctive &.
Oain. Prépositives.
uau, MtCM à
au, Tto — ^
ua
rm
alhman, qoe l'on écrit aussi <ilimi âlimSa. Un So, devenu 6à, chance \'à en
b (d| lorsque cette voyelle perd l'accent - du substantjl coraiio on fonne le
verbe [y prtt. jnd.) ducoroiùa [iiikntqs6^\ aont l'infinilif eM discoroioar {diskii'
r^Ùâf (jue l'on protronce au&si diHarsùar).
Les D.iutcs d( < Entre Douro e Minho ■ lonl presque partout gullDralisées
cooime en Irançais.
|8 «• GOMÇAIVES VIAKKA
Nasales. Préposiiivei.
— mSô, lam —
Les diphtongues àï, àù se prononcent comme en allemand ai, aa • la
diphtongue fù, à peu près comme \'o» dial«cta! anglais de cow (kecw*),
ou ta de l'italien neiiiro. Euro; seulement en italien l'u n'est pas réduit •
il ne diffère que très peu de l'anglais oy, oi ; 61, ut, éà répondent à ooi^
on, ttu du hollandais. La diphtongue ïû est formée par la voyelle i
ouvert 'à peu près i de l'anglais bid] et u réduit.
Nos diphtongues nasales ne se retrouvent peui-iire que dans les
langues aryennes de l'Inde '. Quoique la diphtongue âo [dû] soit consi-
dérée comme très difficile à imiter, comme un vrai thibboUth enfin, j'ai
remarqué qu'en général presque tous les étrangers ont plus de peine
encore à reproduire U diphtongue âe \ât). Il faut ne pas oublier que pour M
' I . V. Beames, A Comfnralin Grammar of ifu MaJcrn Arjjn iaagiugtt qf
InJu, V. Il, p. l^^, et Ste«iiîO(i, Tht Prmtiplti oj Muialhu Grammar, p. g,
et aussi Grammutua Ja /ia ;iij Coniani composta pela PaJrt Tkomaz EtUv3o
Nova Goa, 18(7, p. 168; C. de Vaiconcdlos ^breu, Pnncipios Eltmenlam
Jj lingita S^ictknla, Lîsboa, 1879, p. 9. Le lavanl professeur de sanskrit à
rScole supérieure des ietires (Cano tuptrior it Uttras) de Lisbonne, que mus
venons de citer, enseigne la prononciation i6 pour t'<i surmonté de l'ancw*
souara nécessaire, c'est-à-dire devant ddc consonne frica:ive, comme dans
kàta, prononciation (}ui lui a été Iranimise par Mart. Haug, el qui, d'après cet
illostre orienuli&te qui habita longtemps l'Inde, y serait U plus commune
J'ai Clément remirqué U prononciation •til pour 3w chex des Kabiiants
de Goa qui coniuissenl le marâtht. Le protesseur V'asconcellos Abreu m'a
auui communiqué ta prononciation hâà pour l'alleinand hiibrn, dans le Wur-
temberg.
M. Adolphe Pawinski, qui a appris i Lisbonne la prononciation de t'iTo por-
tugais, le représente dans son ouvrage récent Pcflugalia par no, combinaiMiB
de lettres qut en imite le son aussi fidéIcmeRl que l'orthograplie polonaise le
permet.
Les Anffiiis peuvent s'en faire une idée par le groupe oang, et Stevenson
|op. cil.) le représente par anw, qui répond Ji peu prb i 3». La diphtongue
if, tm pourrait Hre représentée par Jj, et dt par Sy, en supposant le y aSeclé
du virSma,
L'onhographe ai/t pour des mots tels que mtin, tain, sj'uit, indique en fran-
çais une ancienne diphtongue oasale analogue i l'Sr portugais. Peut-être l'j
était-il =: •), comme dans le nord du Portugal. Son îdenliFicalir^n avec m a dû
être postérieure. Le groupe atit a peut-être encore, dans quelques dialectes
(rançais la valeur d'une diphtnague ; je ne saurais dire cependjnl sous quelles
conditions ni dans quels dialectes. J'ai vu, il n'y a jMs longtemps, dans un
journal, la pronoocuttoo de certains mots tels que fia, moins, indiquée /4iit,
aunins, attribuée i un personaage de roman.
ÉTUDE DE PHONOLOCIS PORTUGAISE 39
toutes ces diphtongues la nasalisation embrasse les deux éléments, ta
subjonctive aussi bien que la prépositive, et que toutefois celle-ci doit
être, autant que possible, réduite, atténuée. La vraie transcription de
ces sons devrait donc Être ^lî, <ià, ôl, en surmontani chaque paire de
voyelles d'un signe de nasalilé qui les embrasserait toutes les deux.
Dans te sud du ro/dume (Alemtejo et Algarve), aussi bien que dans le
Brésil, em est diUérent de àe, y étant prononcé êi, ce qui est cenaine-
inent sa valeur primitive, exprimée par l'ancienne orthographe et. A Lis-
bonne, ainsi qu'à Coimbre, cette diphtongue il a tout à fait disparu.
SYLLABES.
Par le tableau ci-contre, on pourra se faire une idée de la constitu-
tion, soit de la syllabe, soit du mot en portugais. Nous ajouterons que
la syllabe doit être formée par :
a) Une voyelle orale ou nasale : à, i, à, ô, etc.
>) Une diphtongue orale ou nasale : à\. Ai, etc., 53, ii, etc.
c) Une voyelle orale suivie de -l gulturalîjé : ai, rf, etc. ; «m de -r
umple : ar, (r, etc.
d) Une voyelle orale ou nasale suivie de ta palatale réduite twxTde : al
rf, bquclle devient icrnort devant une consonne sonore.
e) Une diphtongue orale ou nasale, suivie de la palatale réduite i
sourde, ou sonore devant une consonne sonore.
/) Une explosive quelconque suivie de l'une des formations précé-
dentes ; gj, ^à, gai, gar, ^ai, gài, gâl, gàU, giîl.
^) Une explosive quelconque, DU la fricative/ (rarement f) suivie de
r simple et des formations a] b) c] d\ e): gra, pra, fra, crdi, drai,
frau^ etc.
hy Une explosive quelconque, ou la fricative /^ suivie de / lingual (non
giitturalisé) et des formations a) b) e) d)i\ : cia, pla,fia, dai ; jamais
dl, vl, cependant.
i) Une nasale quelconque, une ancipite |/ gutiuralisé excepté, lequel
ne peut jamais être initiall, ou une fricative (la fricative réduite i fait
exception) et les forinaiions a) t) c] d\ t) : ma, sal, fa, m, ra, tai^ etc.
/) Une explosive ou une fricative [la réduite î exceptée) suivie de ! ou
de D et des formations a) b) c) d, tj : pU, pâa, t'ui, iHa, s'ia, qua
(k&û) etc.
La syllabe constituée par une explosive ou la fricative / suivie de i
liquide et d'une voyelle quelconque, c'est-à-dire des groupes tels que
pl, tl, fi. cl, etc., n'esi pas foncièrement portugaise, pas plus qu'elle
n'est italienne. En eiïet, dans le passage des mots latins aux mois portu-
gais, ta liquide l s'est changée en r après une explosive douce, et est
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42 R. GONÇALVES VlANNA
devenue, précédée d'une sourde, la consonne composée ch (tl\, qui se
maintient dans les dialectes du nord, et s'est simplifiée en î, par ta chute
de la prépositive t, dans tout le pays au sud du Mondego, et même
dans presque tout le littoral au nord du Mondego, jusqu'à Vianna : les
groupes latins tels que gl, hl sont devenus gr, br ; tandis que pi, cl, fi se
sont changés en ck {tl, i]. Ce changement de i en r après une consonne
sonore est vraiment l^un des caractères du portugais. Il y a aussi des
exemples de ce changement après une consonne sourde, mais ils sont
bien plus rares ; craro^ cravo de clarum, clauum, prea de plenam i
c6té de cheia, pranto de plantum à côté de chanto qui s'est perdu, et
praniar (plantare) qui a vieilli, prazcT de ptacere, etc. Ch me semble
être en tout cas le traitement le plus ancien de ces groupes , tandis que
pi, cl, fi, etc., sont tout à fait littéraires. Cependant, quelques-uns de
ces mots, de formation savante et artificielle, sont devenus populaires
et ont banni les formes anciennes : craro en est un exemple, il a été
partout remplacé par claro ; fràl a de même disparu devant /tfr.
CONSTITUTION DES MOTS.
Des syllabes, soumises aux conditions que nous venons de citer, sont
formés les mots selon tes règles suivantes, que nous pouvons constater.
Lettres initiales :
a) Toutes les voyelles orales des deux c6tés de la pyramide, à, i, i,
i, à, dy u, lorequ'elies sont accentuées.
b) Toutes les voyelles nasales accentuées, S, ê, t, ô, Ù.
c) Les voyelles atones a, /, j, d, q, rarement à.
d) Les voyelles nasales à, f, ô, û, lorsqu'elles sont atones.
e) Toutes les diphtongues orales, à l'exception de è\.
/) Toutes les consonnes (r simple, nh, Ih, l gutturalisé, et les pala-
tales réduites exceptées) suivies de voyelle ou de diphtongue accentuées.
g) Les consonnes précédentes suivies de voyelle ou de diphtongue
orale atone, ou de voyelle orale ou nasale atone.
Les consonnes Ih nh sont très rares comme initiales de mots. Lk n'oc-
cupe cette place qu'au datif du pronom personnel de la }« personne
lh{ Ihei (prononcé tç dans les environs de Lisbonne et à Tnis-os-Montes)
ou dans des mots empruntés à l'espagnol, comme Ihano [tlano] à cêté
de châo; nh ne figure comme initiale que dans des mots appartenant au
dialecte brésilien; le seul mot portugais est, peut-être, l'ancien n/tn/efe de
neophyto.
La consonne d fricatif ne commence jamais un mot après un repos.
tlVVt DK PHONOLOGIE PORTUGAISE 4;
Lettres finales :
Seulement les consonnes suivantes :
a) l^ réduite palatale i sourd, qui devient sonore devant la consonne
sonore initiale du mot suivant, et prend te son de z lingual devant une
voyelle, comme en français.
b) L gutturalJsé, qui devient lingual devant la voyelle du mot suivant.
c) R simple.
i\ N dans quelques mots latins ou grecs adoptés sans accommodement
orthographique.
Les voyelles suivantes accentuées :
<) Orales à, è^ (rarement) i, i, à, (rarement) ô, et u.
Nasales :
/) â, i, ô, a.
Les diphtongues suivantes accentuées :
g] Orales : aî,^î, {rarememi H, ai, (rarement) àt, al au iû M, iù
{seulement à la i' personne du singulier du prétérit parfait de l'indicatif,
ex. vîù).
b) Nasales : âl, âù, {rarement] ôl.
î| Les voyelles atones j, (, q, et rarement j.
j) La diphtongue orale ^il, suivie de i palatal réduit.
k) Les diphtongues nasales âl et iû.
Lorsque le mot lînit par i (gutturalisé^ ou r (simple), ces consonnes ne
peuvent éirc précédées que des voyelles claires â, i, i, i, à, ô, u, si
celte dernière syllabe est accentuée, ou de à, i, ), à si elle est atone.
Jamais une voyelle neutre if, f, ou réduite i, q, une voyelle nasale ou
une diphtongue ne peuvent se trouver à la fin d'un mot, suivies de
/ ou r.
En résumé nous pouvons dire qu'un mot ponant l'accent sur la
dernière syllabe ne peut se terminer que : 1 " par une voyelle orale claire
suivie ou non de (, r ou i palatal ; 2' par une des voyelles nasales â, i,
â, û ou les diphtongues, suites ou non de s palatal ; que lorsqu'un mot
n'a pas i'ac«nt sur U dernière syllabe, il ne peut se terminer que :
I" par une voyelle neutre ou réduite, les diphtongues aî, âl ou iû, sui-
vies ou non de s palatal ; 2= par / ou r précédés de à, è, à, rarement i.
Nous ajouterons encore que dans le corps d'un mot jamais une voyelle
neutre ou réduite ne peut se trouver devant l gulluralisé; jamais une
diphtongue nasale ne peut commencer un mot ou former la syllabe
m^iale d'un mot primitif.
Toute syllabe atone finale de mot latin ou grec terminé par n exige <!,
i, i ou ô comme voyelle, jamais à, i, j, 0 ou y.
A la fin d'un mot latin c ou 0 atones se prononcent è, à, lorsque ces
44 "■ CONÇALVES VlftNNA
mots n'ont pas subi d'accommodation orthograpbiqae, par «x. rétro,
ipso facto, laaximt, pron. rétrà, Ipsàfdklà, ntdksîmi.
On trouvera souvent des mois portugais qui dérogent i quelques-unes
des règles que nous venons de constater. De tels mots, formés contre
les analogies de la langue populaire, se rencontrent surtout dans les livres
modernes : ce sont des mois savants empruntés au latin, au grec, des
noms bibliques, des vocables étrangers, qui ont été introduits après que
la langue eut été formée. Il faut, cependant, se rappeler que le plus
souvent ces anomalies ne sont tien moins que réelles. C'est l'orthographe
qui déguise la prononciation ; elle perpétue le souvenir d'un son disparu
ou transformé, en conservant le symbole qui le représentait- Il en est
ainsi de presque toutes les langues néo-latines, l'italien et l'espagnol
«ccptés, lesquels ont une orthographe plus conforme à U pronon-
ciation, et parmi les langues germaniques l'anglais en est un exemple
frappant. Nous ne citerons que peu de mots. Da latin actum l'ancien
portugais avait formé auto : U gutturale c s'était vocaiisée en ù après
une voyelle gutturale'. Le portugais moderne a repris le mot sous
la forme apparente de acio, réelle de dtij, le c étant tout à fait nul
dans ce mot, ainsi que presque partout devant f et ç. Autre exemple :
le btin di rectum a donné direho; le c s'est vocalisé en î après une
voyelle palatale. Le portugais artificiel a pris le latin directorem,
directionem, sous les formes apparentes de director^ direcçào, réelles
de dirètôr dircçàù ; le c est tombé, et par compensation, la distinction de
quantité n'étant pas reconnue comme un élément de la langue, la voyelle
e a gardé le son ouvert, elle n'est pas devenue neutre ; autrement cet e
se serait changé en f. Autre exemple : on écrit le plus souvent edaie^
«£iiUi/,de aetatem, aequalem, et toujours tlogio^ maison prononce
idJid^, ighdl, Uqjiq, car IV atone initial est toujours prononcé i, lors
mime qu'il est nasal (l'I .
Nous ferons encore remarquer qu'une voyelle atone qui n'est pas
neutre, c'est-à-dire un t, un j, un o qui gardent la prononciation de à,
i {f), û [à] dans une syllabe ouverte, indiquent dans la plupart des cas
la disparition d'une consonne, d'une voyelle, ou d'une syllabe entière.
Ainsi le mot pàiéiro ipidàîrii) est une contraction de paadiîro (castillan
panadaa) ; cavtira [kàvA'ir}] une contraction de uaveira (castillan calivera
decalvaria, avec un a îmercalaire) ; cr«/or(Arirf3r)estune contraction
decruiior.decreditorem) aqtttcer \çkhtr) est pour a^UK^rcalescere.
I . Il me semble que le mol ft'tto ne vient pas immédiate mcoi de fmum. maïs
bien de 'ftctam ; li royelle a se serait donc palatalisie avant la vocali&atioD du
c m î. On trouve ftcto pour fiite dins VUt do tffantt Josâphat, CaJ. 166 de la
bibliothèque du monastère d'Alcobaca, dépoté i la Torrt do Tomba (Archives
nationales), p. t.
ÉTUDE DE THONOLOGIB PORTUGAISE 4J
Le verbe assez moderne opiar se prononce àptdr ; le verbe plus ancien
adopiiir se prononce igdôUr et non pas çdoptâr ou ^d^tâ^. Le />, de même
que le c, est générdlement nul devant f ; il rend ouvertes, cependant» les
voyejles a, e, o, qui le précèdent, et qui sans celte consonne seraient
devenues j, f, y, en perdant l'accent.
REUAtiqUES SUR LA PRONONCIATION DES CONSONNES.
Pour ne pas iniroduîrc dans cet essai des innovations de nomencla-
ture qui y seraient déplacées, parce qu'elles me forceraient à une discus-
sion que je ne pourrais aborder sans trop m'éloigner de mon but, j'ai
adopté la terminologie généralement connue, remplaçant seulement la
dénomination de àentaUs par celle de tiriiiiiaUs. J'appelle linguales toutes
les consonnes qui sont produites par un contact ou un rapprochement
formé par le bout de la langue ei un autre organe. Je me suis écarté de
l'usage commun sculemcni sur ce point : en effet, appeler r une dentale
est un contresens manifeste, un r dental étant impossible.
Les quatre groupes dans lesquels j'ai distribué toutes les consonnes
portugaises comprennent douze articulations ditférentes, produites par
des organes distinas, ou par des parties diverses du même organe. J'ai
divisé ces douze articulations en irci/e lignes, parce que je sépare des
arlkulaiions palatales les consonnes fricatives réduites, sourde et sonore,
qui jouent un rAle tout particulier, et qui sont soumises  des lois spé-
ciales, dans le dialecte portugais dont j'entreprends de faire connaître la
phonologie.
La première ligne de noire tableau des consonnes contient les deux
explosives gutturales, douce e1 dure (sonore et sourde}, françaises [g* et
i:' de E. Brùckei ^ et c devant a o ou, r ou /. Elles ne peuvent se trou-
ver que devant les voyelles gutturales à, è, rf, u, et leurs subordonnées
neutres ^ , f, ou une consonne. Devant ç on les écrit par ^u, qu, comme
en français.
Devant les voyelles palatales è, i, i, (, elles se changent en gu, ^u de
la seconde ligne, qui se prononcent un peu plus avant, contre le palais :
ce sont g' et h> de Brùcke '.
J. Gtmdiàgi itr Phitiohiite a. SysUmJlik d. SprachiaaU, p. 60-Gi. Pcut-
ftre iuit-c« la le son um teitres latines c, g devant des voyelles palatales. Ab
siècle dernier, de Wailly avait dtjâ fait observer que f, g n'avaient pai la mtme
prononaation que qu, ^u, tju'il diuii avoir un son moins fort. < Principes géai-
raitx « piMiculitts de U Unguc française, ■ Par;s, 1786, p. jS; et î9î.
Coflime 00 uit, dans un grand nombre d'idiomes les guliurales k ei ^ se pala-
Ulisetit en if, ^1, r), <ii, etc. devant des voyelles pabiaies, et en français, pro-
vençal, portugais et castillan elles ont avancé jusqu'i j C»), i, i.
46 n. CONÇALVES MANNA
M n'y a point en portugais de fricatives gutturales, pas plus que la
nasale ng des langues germaniques.
La nasale de la ;' ligne, nli, ut la palatale représentée en castillan
par lî cl en fran^^iis par gn. Elle ne p€ut se trouver que comme médîale
dans un mot portugais. C'est iâ un son simple, et non pas une diph-
tongue rii, comme U plupart des phonéticiens allemands ou anglais le
soutiennent.
Les palatales de la 4" ligne sont un peu dïlTérenies des palatales fran-
çaises correspondantes.
D'abord, l'ancipite Ui a depuis longtemps disparu du langage com-
mun en français ; clic y a été remplacée par un I consonne moins
fricaiif que le / allemand.
Le Ih portugais est tout à fait semblable au // castillan et catalan, et il
n'est pas redoublé comme le gli toscan 1= llh ou !lh!). Il est à peu prés
identique au / polonais en conjonction avec des voyelles palatales, i! russe,
à cette ditTérence prés que la palatale slave est produite par une plus
large surface de comact entre la langue et la partie antérieure du palais,
ce qui a pour conséquence une plus large tissure bbiale, et un rétrécis-
sement latéral plus fon des deux côtés de la langue contre les parois de
la bouche par où le souffle s'échappe, de sorte que les lèvres se trouvent
écartées l'une de l'autre dans toute leur longueur. C'est là du moins la
différence de formation qui résulte de mon observation personnelle.
Les fricatives ; et x (ch) sont tout à fait identiques aux fricatives
anglaises de sluU, viiion. Les palatales françaises ) et ch sont pronon-
cées un peu plus en avant contre les gencives, et l'organe aaif est
posiiivemeni le bout de la langue ; en outre, pour prononcer le ch et te
/en français, on arrondit les lèvres presqu'autant que pour le uh alle-
mand. Les palatales portugaises ;, x sont tout à fait indépendantes de
cette lablalisation ■, et l'organe actif est un point de la surface supérieure
de U langue, plus ou moins rapproché de son extrémité, selon que la
voyelle précédente ou suivante est palatale ou gutturale. Le ch français,
et sunout le sck allemand, sont pour nous des sons étrangers.
Les réduites s sourde et sonore ne sont que x et / atténués. Presque
tous les étrangers ont une grande difficulté k les prononcer, surtout à la
I
I
I
I. Voy. Storm, op. eit., p. 37. J'aurais quelque ehosei ajouter} ce aae
M. Slorrn dit â propos d'un r sup'-tdentil: des basoues : « doïl être le s an
Cattillain et des Portugais du nord, le i de Trit oi-Montes, diffèrent de r ^ 5
airéolaire djns ce dialçcie : pj^o s'y prononce p<^iu, lundis que dans pisio, le
groupe if a une prononciation différente, qui restemble, si elle n'eu pas iden-
tique, 1 ( du cjiuriin pjso . peut-être le son portugiit lient-il un peu plus du
son du (k français que te s cajtillaa, l'oavcrlare par où le souffle s'échappe
étaat plutôt circulaire.
1
ÉTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE 47
fin d'un mol. Il faut remarquer que s palatal réduit se prononce tûard
lorsque, à la 6n d'un mot, il est suivi d'un repos quel qu^il soit; qu'il se
prononce égalemcni sourd devant une consonne sourde; qu'il devient
sonore devant louie consonne sonore, Ji quelque classe qu'elle appar-
tienne, c'est-A-dire devant les fricatives et les explosives douces, ainsi
que lorsqu'il est suivi d'une nasale ou de /.
A ta ttn d'un mot, devant La voyelle initiale du mot suivant, i palatal
devient lingual = z, tout à fait comme en français, formant l'initiale
d'une syllabe avec la voyelle du mot suivant, parce que les palatales
réduites ne peuvent pas se trouver devant des voyelles ; ainsi os arcot
se prononce q zdrkqi.
Devant r, x et / le i réduit est nul, ou bien r, x, ; sont redoublés.
Pour apprendre à reproduire les fricatives palatales réduites du dia-
leae commun, il ne faut pas consulter les tiabitanis du Minho ou de
Tris-os- Montes, qui les prononcent d'une manière différente. Dans ces
dialectes elles sont analogues au s castillan, lequel est formé dans un
canal qui est le résultat du rapprochement de la surface inférieure de la
langue et des gencives des dents supérieures. Cette prononciation est
déugnée par l'épithète xabancas, chez les habitants de Lisbonne, pour
lesquels le mot santo, par tx., prononcé par un habitant du nord, sonne
comme X(îli|.
Vi de /«û, jEdr, n'est que l'î atone, réduit parce qu'il se trouve
devant une autre voyelle. Il est analogue à ['/ de Dim, mien, et lient
plus de la voyelle que de la consonne, tandis que y de l'anglais yo\xng et
du castillan yanqat se trouve plus prés de la consonne ; pour produire ce
dernier son, le rapprochement des organes facteurs est bien plus grand
que pour l'i portugais. Le Portugais croira toujours que faia est un mot
de deux syllabes, qui doit se diviser fai-a ; Vi forme une diphtongue
arec le premier a, la syllabe suivante est formée par le second a; le
portugais faia contient donc une diphtonti:ue décroissante < suivie d'une
voyelle: le mot espagnol haya a pour éléments une voyelle suivie d'une
diphtongue croissante, quand même on n'y regarderait pas le y comme
une vraie consonne.
Les consonnes de la 6* ligne sont prononcées plus en arrière contre le
palais. Elles se trouvent seulement en conjoncrion avec les voyelles pala-
tales, if i, I, j. Elles ne sont pas tout à fait identiques i. i ei z polonais,
car l'aplatissement de la langue n'y est pas aussi considérable, l'étendue
). V. Romania, 111, }3}. J'accepte la dfsignatian proposée à Kl endroit
E*l. L. Havet ponr distinguer Ici dcui; sortes de diphtongues a!, ta, que
u proposait d'écrire di, b, en alfectant la voyelle atone de la marque de
40 «■ conçalves yiAitVK
de b fisiure étant â came de ceb moindre que pour les palatales slares.
La fricative sonore de cette ligne est le plus sojvem représenufe par g
niivi de l'une des voyelles e, i.
Les fricatives réduites s sourd et sonore deviennent plus palatallséu
loriqu'ellei se trouvent en conjonction avec des voyelles paUtales.
L'ancipitc centrale vibrante rr [r] est le r initial oo rr double
langue.% néo-btines. le français excepté. Elle est prononcée un peu plus
en arrière que r simple, et est généralement linguale. On trouvera indi-
viductlemeni des r vibrantes uvulaires, même parmi des gens qui pro-
noncent r simple comme une linguale. En général, les Français et les
Allemands, ceux-là même qui ne gfaatytnt point, ont l'habitude de gut-
lur^liser le rr lingual, ce qui n'a jamais lieu chez les Portugais, les
lispn^nols ou tel Italiens. En italien, r simple après une consonne est
souvent prononcé double ; en espagnol et en portugais ce r liquide est
loujoum simple.
Quelquefois je prononce le r initial comme une fricatÏTe sonore, une
espèce de n [non pas r: comme le ri polonais). J'ai rarement trouvé
celle paniculariié dans la prononciation d'autres individus portugais.
Ce r fricalif sonore est cependant assez fréquent dans la prononciation
des Brésiliens, et remplace cliez eux le r vibrant \ je ne saurais dire,
luulefots, jusqu'à quel point cette prononciation est individuelle ou dia-
IwUle ; |c l'ai surtout remarquée chez des naturels de Femambucoet
de SAo Paulo.
R de Cxifa. C'est le r médial ou final, il ne se trouve jamais comme
initiale du moi , pu mime lorsque ce mot est précédé d'un autre terminé
|ur une voyelle atone. C'est 11 une différence qui sépare l'italien du por-
lut^aii el de l'espagnol. Un Italien prononcera le r de ro5J Tout à fait
comme un Hipagnol ou un Portugais ; lorsque, cependant, ce mot est
prétéile d'une voyelle atone, celle de l'article par exemple, l'Ualien dira
U KUttf l'Kipagnol U rroM, le Portugais n rrosa; les lois de la portion
(alble ou forte des consonnes en italien n'étant pas connues dans la
^^ Péninsule hispanique, si ce n'est peut-iire en Catalogne.
^H II faut l'abitcnir de toute gutiuralisation dans ta prononciation de r
^^ simple, lequel est bien plus prfs de d que le r germanique ou trançais.
I La neuvième ligne ne contient qu'une consonne, le /gutiuralisé, lequel,
I parmi toutes les langues néo-latines, est propre au portugais. Tandis
I que le bout de la langue s'appuie contre les gencives, ou plutftt contre
I les alvéoles dei dents incisives supérieures, le dos s'en élève vers le
I point ({uttural. l.a seule ditTéretice entre le / ponugais après une voyelle
■ et le / polonais consiste, ce me semble, en ce que pour celui-ci le bout
■ de b langue se trouve en contact positivement avec les dents, ce qui
I détermine une moindre flexion de cet organe ] d'où il résulte que la gut-
j^
£TUDE de PHOl'OLOCIE PORTUGAISE 49
turiliutton est plus perceptible à t'oreille. Outre cela, le / des langues
slaves peut précéder une voyelle gutturale aussi bien que b suivre ;
le / gunuralisé du portugais, au coniraire, ne peut que suivre la voyelle,
qu'elle soii d'ailleurs gutturale ou non ; il La gutturalise en même temps,
et de cette particularité provient une série de voyelles qui ne se
trouvent que devant i dans la même syllabe. Il n'y a généralement que
la voyelle a qui soit affectée par la prononciation de l, lorsque cette
consonne est médtale, comme dans malU. salla {màt-a, tdi-a). Bien des
personnes, cependant, gutturalisent toutes les voyelles devant / dans le
corps du mot, parce qu'elles gutturalisent aussi le / médîal entre deux
voyelles. On pourrait à la rigueur considérer le / guituralîsé réduit
comme la subjonaive de diphtonj^ues analogues aux diphtongues
anglaises are. eu, ire, on, are, oor, et en dresser le tableau suivant, qui
viendrait s'ajouter aux quatre tabLeaujc que nous avons donnés des
diphtongues portugaises, comme contenant des éléments spéciaux de
cette langue.
nPHTONGUES ORALES AVANT POtJR SUBJONCTIVE f RÉDUIT.
Exemples.
et — 61
H —6f (rares)
n — ai
mal
mel — sot
feUro — tàUa
mil — sol
La voyelle i devant / dans la même syllabe est plutôt ouverte, presque
autant que l'i bref anglais de ii!l, biJ ; elle est en outre gutturale comme
tomes tes prépositives de ces diphtongues.
De même que pour les diphtongues anglaises ii subjonctive ff et les
nasales francises, le / a une valeur double lorsqu'il se trouve â la fin
d'un mot suivi d'un autre mot qui commence par une voyelle : il sert à
former la subjonctive de la diphtongue, et il se lie en outre à la voyelle
initiale pour former une autre syllabe ; il a donc la valeur de deux //,
dont le premier est gutiuralisé et réduit, et le second lingual et piéniso-
nant. Ainsi soi amargo se prononce tài l^mdrgii, tout comme en anglais
part angtl = p'iàf réîndj/J et en français mon ami = mon nami.
Il y a des Portugais qui ne prononcent dans ces cas que le seul / de
liaison, ne gardant du / gutturalisé que son influence sur la voyelle qui
le précède : ils disent donc i>i Untargo, prononciation analogue A
celle de l'anglais hc run'k^t au lieu de Aj( runk^l (lier uncle}.
La 10' ligne contient l'ordre des linguales sous- dent aies, lesquelles
sont prononcées, surtout les explosives f d, bien plus près des dents
RaaMia, XII A
i
JO R. GONÇALVBS VIANHA
incisives que les sons analogues en français, beaucoup plus que t et d
anglais, lesquels sont, comme on sait, des consonnes sous-^acuminales,
qui deviennent de vraies cacuminales devant r. Lorsque la consonne </ se
trouve entre deux voyelles, elle est le plus souvent fricative, c'est-à-dire
qu'elle se prononce comme le d danûs après une vojelle longue. C'est Ut
ma pronondation du d entre voyelles, même d'un mot à l'autre, lorsque
je C^ l'éUsion de l'e muet, il 7 a cependant des personnes qui ne sifflent
cette consonne que lorsqu'elle se trouve en contact avec une fricative
sonore, comme dans l'exemple que nous en avons donné, ou dans cet
autre : < a casa de Deus », prononcé ^ kdz^ 3< 8^ûi, ou plutàt ^ kdz^
mùi, IV neutre de Ut préposition de y étant le plus souvent tout Â
foitnul.
La oHisonne n, lorsqu'elle ne se trouve pas devant une voyelle dans
le même mot, ne sert qu'à rendre nasale ta voyelle qui la précède. Ainsi
non seulement on prononce caato, comme a l'on écrivait kâtii^ mais
encore les deux mots lait azaî, par exemple, se prononcent là fxûi, sans
friire aucune liaison entre la nasale d et la voyelle initiale du mot sui-
vant. Il en est de même de la nasale labîade m : on écrit rojnto et coin a
casa, et l'on prononce rôbit, ko ^ kdz^. Cette nasalité d'une voydle
devant une autre voydle se retrouve dans le corps d'un mot dans les
dialectes de Minho et Oouro : on y prononce bâù au lieu de bô (boni),
ûf au Ueu de orna. A Lisborme on entend souvoit bôf au lieu de bdf,
comme je l'ai dît plus haut. Cette pronondation était autrefois générale :
on disait kwnS^ [commua] pour le féminin de l'adjectif conumun, lequel
est à présent uniforme à c6té des subsuntife communa => commaie^
commua {= sentine, lieux d'aisance). On disait aussi lùa, et Garreta
voulu rétablir ûi à la place de uma, féminin de am, devant un mot dont
l'initiale serait m.
Son exemple n'a pas été suivi. Aujourd'hui, la suppresaon de n entre
deux voyelles, dans des mots où autrefois il nasalisait la voyelle toniqoe,
est un Ùit accompli dans te dialecte usuel, et toute autre prononciation
sentirait le provtndalisme. Il me semble que t'andenne orthographe ia
pour S ou an indiquait aussi une diphtongue qui a depuis longtemps
disparu.
Les consonnes des deux dernières lignes n'offrent rien de particulier.
Elles sont tout à fait semblables aux sons exprimés par ces lettres en
français, pourvu que pour ta nasale m on observe la règle que nous
venons de mentionner à l'égard de n. La semi-voyelle 11 de quanétf 0
de soar répond à ou français de zoiuve, u de iquateur.
Pour l'orthographe des voyelles nasales, nous ferons remarquer que
le til - ne se place que sur a, 0 lorsqu'ils font partie d'une diphtongue
naute, do, At, ùt (Jû, iï, ùl) ; quelques-uns le mettent aussi sur Va
frrUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE Jl
des finales â, que d'autres écrivent an, et aussi âa, selon l'ancienne
façon de représenter ces terminaisons. Toutes les autres nasales s'écri-
vent par m à la fin des mots et devant b p, et par n panout ailleurs,
par ex. campo, sont, atum, santo, sons, atans, prononcés kâpq, sô, ^û,
sâtif, îôî, ^ûî. La diphtongue àl s'écrii em à la (m d'un mot, et eiu
lorsqu'elle est suivie de l's qui sen à former les pluriels, comme on
vient de voir pour les roots sons, aims ; il en est de même de tout m
désignant la nasalité : il se change en n devant \'s des pluriels ou de la
a* personne des verbes.
Le pluriel du mol mât et les pluriels en âil de mots qui se terminent
au singulier par âo s'écrivent toujours par âe$. J 'ai déjà fait obsener que
dans les provinces de l'Alemtejo et de l'Algarve àe et em se prononcent
différemment, le premier étant égal à âl, et le second à êî, avec un e
fermé. Cette différence coïncide partout avec la prononciatioii Éî i la
place de al, atiribuée i la diphtongue ei.
Lorsque la diphtongue âû (So] est atone, on l'écrit communément par
am dans les verbes et dans quelques noms asse:: rares qui ont cette
diphtongue comme finale atone , tels que « Estevam , Christovam,
or[Aam, » prononcés iitivàù, kriitôvâà, àrfâù ; ce dernier mot reprend
l'orthographe ordinaire de ta diphtongue au pluriel, àrpkâùs, car la
lettre m ne saurait frtre suivie de s.
Il faut se rappeler que am, tm ne sont pas des diphtongues dans le
corps des mois devant p, b; elles n'y sont qu'une simple variation
orthoj^raphique de m, ea, et la voyelle qui les précède se prononce
comme une nasale simple, d, è [i, lorsque em est initialj. Il y a des per-
sonnes qui écrivent le mot tào (aussi) par am, et je suis de ce nombre ;
le mot tamhim [également, de mémej s'écrit toujours par m, et on le
prononce tamâi tâbàî, tantôt tâùhâl; la dernière syllabe, cependant, en
est toujours la tonique. Carret voulait que l'on distinguât uirrthem {t3hdî\
^ de même, de tam tvm [tàà bàlj (également bien, aussi bien que),
et son opinion fut un temps respeaée sur la scène; elle ne l'est plus.
On ne trouve des consonnes réellement doubles dans aucun root por-
tugMs ; on les rencontre seulement d'un mot à l'autre, et c'est ordinai-
rement la suppression de l'f des monosyElabes dt, me, tt, etc., qui y
donne lieu ; on vient de voir un exemple de ce redoublement dans la
phrase ■ a casa de Oeus ».
La consonne n ne saurait être non plus regardée comme te redoubte-
laent de r, car les points oîi les deux consonnes sont produites ne sont
pas identiques : leur sthâna est différent.
On ne doit donc pas dire qu'il y ait des assimilations lotaits de con-
sonnes en portugais : mais il y a plutôt des absorptiom. Le mot acto
est prononcé lirij et non pas atto comme en italien ; le c tombe devant
{2 R. CONÇALVES VrANNA
le I, il ne devient pas t. C'esi i une absorption sembUble qu'est due
simplificaiion de ri en î, dans les dialectes du sud, pour le groupe ch.
Dans des mots tels que dinctor, acçâo (dirHàr, àiâu), il y a d'abord la
chute du c, puis la compensation de cette consonne dans les voyelles <i,
e, qui restent^, è au lieu de devenir ..i, ç, sons qui autrement seraient
le résultat de leur atonie.
On cornait certainement des assimilations partielles, par exemple dans
la prononciation de i palatal comme : devant une consonne sonore ;
mais on ne saurait trouver des assimilations totales, je le répète, que
d'un mot à l'autre.
Nous terminerons cette revue des consonnes portugaises par quelijues
observations sur la prononciation de ;, i, ç, z ; x, ch ; b et i*.
Dans presque tout le domaine de la langue portugaise, i et p, J et z,
X et ch sont identiques deux à deux, ei répondent à peu près aux lettres
françaises i, z, ch. Dans la province de Trâs-os-Montes et dans quelques
endroits du Minho, (es habitants des villages et des hameaux gardent
encore l'ancienne prononciation qui distingue 5 de f , i de z, x de ch,
distinction tout il fait perdue, du moins dans le dialecte moderne, depuis
le fleuve Douro jusqu'à l'cxlrémité méridionale du royaume, aussi bien
que dans les colonies et dans le Brésil. Je ne saurais dire jusqu'à quel
point celte ditïércnce se maintient dans toute la province de Trâs-os-
Montes. A nragança et dans ses environs, tout près de la frontière espa-
gnole, f et ^ (doux) sont la sourde et la sonore d'un ordre spécial ; ces
deux consonnes, comme toutes les fricatives, sont produites par le pas-
sage du souffle ou de la voix à travers un canal formé par le rapproche-
ment de deux organes ; la surface inférieure de l'extrémité de la langue
et les gencives derrière les dents incisives supérieures. La sourde est
pour ainsi dire tout i fait semblable à s castillan, et on les retrouve
toutes les deux en Catalogne et dans quelques dialectes italiens <. J'ap-
pellerai ces consonnes sous-cjcaminules. I.3 fricative s de cet ordre se
prononce sourde au commencement des syllabes, à la fin d'un mot,
I. Troiive-t-oD en Aoyercneces deux sons, î et i.' C'est aux phonélicieiu
français de le décider. M. fuies Cornu, dans un article, excellent sous tous les
rapports, sur 1c dialecte grubin. public dan^ la Romania (vol. IV), nousdiiquc
5 et : ne s'y irotivenC que dins 1» composas fi, J.', ti <]ue partout ailleurs ils
se prononcent X «Mrancaisl et;. J'avais des doutes lu-dessus, et l'avouerai
qu ils ne se sont pas entièrement diuipèt. Je croirais plutAt que j et i y sont
noire paire de fricattves suus-cacoiniiialcs. J'ai consulté personncllemmt M. Jules
Cornu, il n'est p«s de irvn jvis ; je le prierais cepcntUnt de faire de nouvelles
épreuves, car il connaît mainienani ces deux sons, dont j'ai eu occasion de lui
expliquer le n>écanlsnie dans le portugais dialectal,
Pour tes dialectes itiliens, |'ji remarqué que l'actrice Pezzana et l'adeur
Rossi prononçaient la sourde comme t cotnnune, mais que leur 1 douce (de
t9ia\ était toujours sous-cacuminale.
1
I
à
éTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE {;
devant un repos quelconque, devant une consonne sourde et entre deux
voyelles, quand elle est redoublée (écrite, non pas prononcée, deux
fois). Module cnire deux voyelles, ainsi que devant une consonne
sonore, elle se prononce douce.
Les consonnes ( et 2 ont le son de î et 5 français, seulement ils soni
produits plus en arrière par le dos de la langue, non pas avec son extré-
mité; toutefois : à la fin d'un mot se prononce i [f,, de sone que les
mo\s dez, fdtz, s'y prononcent dèç^ f^Uç, et non pas </<i, /(/Jî comme
dans les dialeaes du sud, ei presque panoui ailleurs.
A cause de cette distinction entre i et f , i ei :, les mots/wwo etpafo,
COUT « coztr ne sont point des homophones ; on les prononce respec-
tivement pds% (un pas) et piçt; (un palais^, k^Hr (coudre) et kiitir (cuire,
bouitlirl .
C'est aussi à cause de celle distinction que l'orthographe ~lSy -tus de
la terminaison des adjectifs dérivés de noms propres dp nations, suivie
par Aleiandre Hcrculano et autrefois presque générale, est préférable Â
l'orthographe -fi, -tza, adoptée par la plupart des écrivains modernes,
car, à Tris-os- Montes, des mots tels que portugais, frands, se pro-
noncent toujours <r partaguts,frâiti n, au pluriel n punus^lif.i,frâci{fS, 0
ei non pas pana^nfi, frSct), pariugaêili, frâcézii, comme ailleurs.
Dans b province de Beira-Alta, il semble que l'on ne prononce s, i
sous-cacuminales que lorsqu'elles sont finales de mots ou se trouvent
devant des consonnes, par ex. ^ohs, esliada, pron. /ï<îrfi, çitrada.
Dans presque tout le nord x est une fricative analogue à sfi anglais ;
ch r^nd au ch de cette langue et de l'espagnol, c'est-à-dire à une
consonne composée, il
Dans tout le sud et dans la partie moyenne du royaume, b cl v sont
parfaitement disiincts : h est l'explosive bi-labiaîe douce, v la fricative
labio-der.iaie également douce et plus ou moins bourdonnée. Dans la
région la plus septentrionale du royaume, on confond i* et )■ en un seul
son : lorsqu'ils se trouvent dans la position fone, c'est-à-dire après un
repos ou une consonne, ils sont tous les deux explosifs ^ b ; dans la
position faible (entre deux voyellw) ils deviennent fricatifc. et alors ils
ont tous les deux la valeur du v simple entre voyelles du dialecte romain,
analogue au w dialectal allemand, c'est-à-dire ils ont le son de la frica-
tive bi-labiale douce, tout i fait comme dans une grande partie des
dialectes espagnols.
A Porto, et probablement dans toute la région environnante, on fait
un échange entre les sons de ces deux consonnes, phénomène analogue
à la permutation du f et du r à Londres : t a le son du r, et »* a le son
du b. On dit par exemple, et le plus souvent les gens peu instruits
l'écrivent, binho rom, au lieu de vinhù btm. A Trfs-es- Montes, le son *
S4 ^^^ R- COWÇALVES VIAHNA
prédomine pour ces deux consonnes. On sait que presque partout en
Espagne ft et v se trouvent confondus. La prononciation du b comme
fricative bt-Iabiale douce, dans la position faible, et surtout sous tln-
fluence médiate ou immédiate d'autres fricatives, n'est pas d'ailleurs rare,
même à Lisbonne^ ce qui met ce son d'accord avec rasïibitation du d
dont j'ai parlé plus haut'.
Le catalogue des sons d'une langue ou de ses dialectes, qui, quoique
méconnus ou déguisé-s par l'imperfection de l'orthographe ou l'unifor-
mité littéraire, n'en existent pas moins, serait curieux il dresser. J'ai
tâché d'en relever quelques-uns, et je serais plus long si je ne craignais
pas de trop m'éloigncr de mon sujet. J'ai constaté, par exemple, une
autre nasale, moins palatale que le nh, ei qui ne se trouve que devant
une voyelle à la suite de la diphtongue ai, dans la prononciation de Bra-
gança; par exemple, la phrase cm altos monies s'y prononce ci nii/Zy/
mvlfs, et cette sorte de ginie, ou phonème nasal d'union qui évite Ihia-
lus, n'est autre chose que le n< de E. Qrùcke, le ng allemand de stta-
gel, c'est-à-dire le ng germanique en conjonction avec des palatales »,
I
PHONOLOGIE DES VOYELLES.
On doit établir deux divisions spéciales pour les voyelles portugaises.
a) Voyelles ouvertes à i à
Voyelles fermées A i ô
Voyelles indifférentes f i, i u, f
b) Voyelles pleines
Voyelles réduites
1*8 voyelles pleines se trouvent dans les syllabes accentuées; les
voyelles des syllabes atones, au contraire, sont réduites toutes les fois
1. V. dans 0 Potil'msmo.A' tnao ftSSi), rr«> i ff 2, mes articles sar la pho-
nétique du dialecte de l'Anaalousie, i propos d'un travail inalogue de M. Scha-
dunit (2(iurAr. /. Rom. Pbit. Vt, ob je traite la question de r, 2, i ti t en
portugais. ■
2. On doit s'être jiperçu que je n'ai rien dît de l'explosive pharyn^enne qui ■
est i'injtiile des mots allemands «ui, en apparence, commencent p,ir une voyelle, ■
iHs que ander, Art etc., et que I on reprejente ordinairement par l'aposlrôphe.
Elle n'existe pas en portugais , les vofellcs qui se trourenl en contact, comme
on verra plus loin, larmeni des cra&es ou des diphtongues, ou bien on évite
l'hiatus par la setnî-vocadution. On pourrait i peirw constater i'exittencc de
cette consonne^ que j'indiquerai par ), entre le mol irtu et te mol suivant,
commencé par 1 atone, par ex. trut nrmJos [U&tt frira) pour le disliuguer de
très irmios (trois Iréres), ou dans des cas analogues.
êTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE ^5
qu'elles ne sont ni nasales, ni suivies de / guituralisâ, ni proljgées par une
consonne anormale fermant la syllabe, que cette consonne soit d'ailleurs
prononcée ou nulle. Les syllabes terminées par i, ainsi que les syllabes
médiales ou initiales commençant par une consonne et terminées par
r, sont traitées comme des syllabes ouvertes, c'esi-à-^ire que la voyelle
qui précède ces deux consonnes i et r devient réduite, tout 1 fait comme
d elle terminait la syllabe.
Les seules diphtongues atones soumises à la réduction sont à't, çî
[écrites ni, et) devant des voyelles.
La voyelle réduite i ne se trouve que devant ou après une consonne
palatale, dans une syllabe atone. L'î et l'û jouent le râle de subjonctives
dans les diphtongues, comme nous avons déjà vu.
Les voyelles î [i) 4 [a) s'écrivent uniût par i, u, tantôt par e, 0. Seu-
lement U i ne peut s'écrire e que devant une autre voyelle, comme sub-
jonctive de diphtongue, ou en conjcncîlon avec des palatales ((), et cela
parce que la voyelle e atone a une prononciation différente, celle de f,
toutes tes fois que, hors des circonstances que nous venons de constater,
elle appartient i une syllabe atone ouverte ou terminée parr. La voyelle
réduite t{ ;ûj, au contraire, répond aux trois voyelles pleines è, 6, u;i\
serait donc indifférent pour la prononciation de l'écrire par 0 ou par u.
Quelques exemples éclairciront ce point.
Des mois primitife gohy béto, mula
on forme les diminutifs goiinha, bolinho, muUnha,
qui se prononcent SfH'^'^^i bqlinhif, mqUnk,^;
tandis que de préla, firro
on forme les diminutifs prpinho, ffrrlnho;
et du mot ftlt'f on forme filtinka^ sans
atténuation de la voyelle devenue atone par le déplacement de l'accent
que les terminaisons -inho, -inha exigent.
Le son de l'J fermé coïncide avec celui de l'^i mutre, seulement
celui-d est plus faible, surtout après l'accent ; ces deux voyelles â, j sont
entièrement identiques en ce qui concerne leur timbre. Les rapports
entre d et 4 ne sont pas analogues à ceux dt è ni,àetà*.
I. Le son de fi pour a ne dépend point de l'origine de cette voyelle, mais
bien de la place qu'elle occup<r par rippori i l'jcceni et itix %ati% conligiit. Ed
principe t cl 0 fermés proviennent de e, ô ou de i, à latins. L'ti, au contraire,
se prononce a par I influence de la conwnne nasale tuiranle, lorsqu'il est
loniqoe, ou bien c'est l'absence de l'accent qui l'assourdit : son origine n'y est
pour rien.
Quelques mots sur ce son en proTencal.
Le Dontttu ProviiKialii (éd. de i8^3 par M. Gtiessard, la seule que je pos-
sMe et que (c puisse consulter pour le Riomcnl}, dins la partie qui traite des
Rimas, outre des t et des 0 Itrgt (ouverts! el estnùs (termes), nous donne
j6 R- GONÇALVES VIANNA
On peut établir cène r^Ie générale que lorsqu'une syllabe est ou
est devenue atone, sa voyelle orale devient réduite dans les conditions
exprimées par te tableau »ùvant :
'C
à, d>
è,i
8
c
e
S
c
o
&-1
e
3
8
a
a
■a
a
r
8
■a
«j >
•a V
— ^ a j (ordinairement forme crase en à)
— ; { î que l'on écrit par e, et que nous représente-
rons par ç, i = i, I
— i,f'i l que l'on écrit par i
aussi des a largs et atrtUs. Qud son avait donc Va tstràt ? Si nous voulons
suivre l'analogie de c et de o, nous avons devant noos trois hypothèses, c'est-i-
dire trois sons plus fermés que il .' Va anglais de bad^ qui se retrouve dans
quelques dialectes italiens et dialectalement ansù en portugais; Va anglais de
wad, whut, soit un a palaUlisi ou labialisi; et enfin l'u l>ref anglais de bad
dans la série moyenne ou neutre (v. la pyramide des voyelles et la note 6), ou
quelque chose d'analogue. Dans le Donalas Provincialis (p. 45), les a eftrtks
se trouvent réunis en deux sections, et dans tous les mots cités, âbias
excepté, on voit que n a été supprimé, si l'on compare tons ces mots aux mots
latins correspondants. Dans les aialectes portugais parlés dans la région com-
prise entre le Mondego et l'extrémité méridionale du royaume. Va accentué
devant une consonne nasale est fermé, c'est-i-dire il a un son neutre on pea
moins ouvert que l'u anglais de bad, par ex. dans muaddno, vocable que nous
retrouvons dans le Donalas sous la forme mandas^ subordonné i la morique a
esireit. Cette terminaison -js se prononçait-elle ^ f Précisément, un grand
nombre de ces < et des 0 fermés ou ouverts cités dans le Donjtni coînadent
avec le son de ces voyelles dans les mots portugais correspondants, lorsane
celleS'Ci n'ont pas subi VinHuence de sons contigus ; c'est \i une raison de plus
en faveur de notre hypoth^e : ii estreit du Donatas :=a portugais de cama,
canna, mank.i. V. Mila y Fontanals, De los Trobad.^ra tn Êspaha, p. 460, n. 8;
et aussi sur la prononciation de 0 = n et c ou j = ^, lorsque ces voyelles
sont atones, dans quelques dialectes catalans, anciens aussi bien que modernes,
ib., p. 461-464 et les n. 10, 1 1 et ta. Je suis cependant bien loin de me con-
former pleinement 1 la doctrine de la note 8 citée, et encore moins i la termino-
logie adoptée par te savant romaniste. Qu'est-ce, en effet, qu'une voyelle ean-
cosa, lurij, iimpu, et una articuladon pronancijJa (on nw 6 maios tuavidai?
Il serait assez difficile d'attribuer â cette ragutJad d'épithétes un sens précis.
1. J'appelle « continues * toutes les consonnes qui ne sont point formées
par le contact partait de deux organes, c'est-i-dire tontes les fricatives, les
ancipites / et r, les nasales et les semi -voyelles.
ÉTUDE DE PHOMOLOOCE PORTUGAISE ^
^yô — lï H ù que l'on écrit par o, et que nous représente-
rons par 0, 6 = ^, !i
u — If ij à que l'on écrit par u.
«) Dans U notation que j'ai adoptée, à désignera dorénavant l'a neutre
accentué, ou ^i fermé ; â. Va neutre atone, ç Va neutre sans aucun rap-
port à l'accentuation ; je le répète cependant, le timbre en est partout le
même ; et si nous voulions établir une échelle de l'acuité de ces trois
a, nous dirions que ^ accentué (J) est celui qu'on entend le mieux;
puis vient ^ prétonique, puis enlîn ^ posttonique qui est le plus bref et le
plus obscur de tous.
bi Les voyelles e et ( atones devant une continue palatale ou une
voyelle sont identiques; il en est de même lorsqu'ellesforment ta subjonc-
tive d'une diphtongue. Devant une autre consonne quelconque, t se
prononce f, et l'i est plénisonant, et à b fin des mots (très rare) il
s'atténue en i. Dans une suite de syllabes atones dont la voyelle sera
toujours (, le dernier i seulement garde le son qui lui est propre; ceux
des syllabes qui le prêchent se prononcent ç : ainsi les mots minlstro,
miliiar se prononcent m^nHirç, mr/iitir. Toute autre prononciation senti-
rait le pédantisme. Cet obscurcissement de l'i est très ancien : l'an-
cienne orthographe le démontre. Nous avons donc deux lois : ^ devient
i, ( devient f.
Du concours de ces deux lois, il résulte que le mot vicejir seprononce
VçcijÀT. ei ie mol privilegiado communément preyçHj^ddç.
Il y a sans doute des exceptions à cette rigle du changement de t en
{ : les ( des terminaisons du conditionnel des verbes, -ir-ia, -ir-ias etc.
ne sont pas soumis à cette atténuation : on prononce viria, dîrUiria
(dpiiJiH^ ou d(Vfdir!i)\ c'est là un fait qui démontre l'existence indé-
pendante du suffise -ia dans cette forme, d'un usage d'ailleurs asser.
restreint, puisqu'elle est presque toujours, dans le style ordinaire, rem-
placée par l'imparfait de l'indicatif, son emploi dans le langage commun
étant presque borné & exprimer le prétérit d'un mode dubitatif, dont le
présent est formé par le futur simple en -r-fi. lequel, à son tour, est
rarement employé dans le sens du futur.
Nous avons déjà vu que les syllabes formées par des voyelles nasales
ou guituralisées (devant / gutiuraiisé^ ne se modifient pas lorsqu'elles
deviennent atones : rétuL — Ttadii, fdit^ — fiUâr ont à la première syllabe
des voyelles identiques. Il en est de même pour les terminaisons en -r,
dont la voyelle atone est toujours ouverte, àr, èr ; cette voyelle ne
devient réduite que lorsque le mol a'accroit d'une syllabe, par exemple :
Cesàr, au pluriel Céijrp; ojdJvir, au pluriel c.iddvçr^i. Ces mots,
cependant, ne sont pas populaires, surtout au pluriel.
Les voyelles ^, f» ù offrent quelques particularités : { ne saurait être
S8 R. GONÇALVES VIANNA
l'initiale d'aucun mot, comme nous l'avons vu dans la constitution de la
syllabe : lorsqu'un mot commence par e (ou fte) atone, cet « se prononce
i devant une continue palatale, i devant toute autre consonne ; elogio,
esposo se prononcent liiijiii, iipôzti. Il en est de même de la voyelle
nasale m em, qui se prononce t au lieu de ê au commencement d'un
mot, et dans le langage ordinaire la préposition em {âi) sonne également
comme i; la phrase enirei em tua casa se prononce donc ïtrâl ï tûç kâi^
ou bien Itràl Si tàç kdzç, jamais itràî... etc., du moins dans le dialeae
commun.
Les voyelles a et o, lorsqu'elles sont initiales d'un mot dans une syl-
labe fermée, gardent généralement le son ouvert ; on prononce donc
hortelâo, hospedar, armario et aspirante comme ôrtf/âû, àspeddr, àrmdnu^
àspiràie. On entend souvent li^tic^l^û^ç (horticulturaj^^m^iTlarma-
zem) et surtout çspirdr; cette prononciation, cependant, n'est pas celle
du peuple^ quoique assez commune parmi les gens instruits, qui se sont
hit une prononciation à eux j le peuple continue de dire U ànngzâî (um
armazem), ù àrtflâù (um hortelâo), q mèspfd^ri^ (uma bospedaria).
Lorsque la voyelle { se trouve dans le corps d'un mot, suivie de r ou
précédée de cette consonne dans la même syllabe, elle est tellement
obscure qu'une oreille exercée peut seule distinguer la place qu'elle
occupe par rapport à r. De là une foule de fautes d'orthographe.
Des gens instruits même s'y trompent souvent. En effet, les deux
vocables predicçào (prfdiçiù) et perdiçâo (perdiçâS) sont très difficiles à
distinguer. On voit communément dans les journaux et même dans des
livres ptrttnçào au lieu de pretensâo, le mot pertencer (appartenir} servant
à égarer ceux qui n'en connaissent pas l'origine. Cette confusion, due à
la prononciation obscure de Ve de la première syllabe (f), est sans doute
très uncienne, ce dont fait preuve le mot pergantar, qui a d& être pro-
noncé/Tf^unfJr, car autrement le premier c du latin percunctare ne
serait point devenu g. L'orthographe pergantar a été certainement refaite
sur te lutin, car te peuple, par exemple celui des environs de Lisbonne,
prononce ce mot avec un e ouvert à la première syllabe, priguntdr, ce
qui \v rapproche du castillan preguntar.
Il y (t une prononciation de e atone devant l'r de la syllabe suivante
(r*« «MHinwne parmi te peuple, c'est-à-dire celle de ^. Ainsi on entend
liMHVwH jiiN^tMfJnti RU ticu de iimfricd/Tp, jijrdt au lieu de jçrdt (gérai).
^uvtqufh^lN Huui on prononce à tort Ve atone comme q lorsqu'il est
Wi v'viijwutliwi (tvec des labiales, par ex. piirmplr = « permittir. » J'ai
vu, il uW « tMH lontïlemps, une enseigne de cabaret qui portait hubidas
Aix littu dç MtJtii. V des boissons». Le mot« prometter» {prqmftir) est
wu\v)U ^tJvMtMK'v* purm^tir, C'esl là sans doute l'origine de por [pqr] •=
- t>tU V 4U Ihm \)« p^r du latin per.
ÉTUOe DB PK0KOL0C1S PORTUGAISE f^
Les deux propositions pfr et par se trouvent confondues dès les pre-
miers monuments de la langue, et per a presque disparu du langage
actuel, jiprës y avoir laissé les composés peh, pdos, ptta, pelas Iperlû,
etc.), écrits à tort avec un seul /, ci prononcés tantôt pclii, pti), etc.,
tantfti pHn, pèlf, etc. La distinction que Duane Nimes de LeSo voûtait
établir me semble pluiftt ingénieuse que vraie ' ; elle aurait cependant
en sa faveur le fait cité plus haut de pijnniiir aa lieu de />rijmff^r. Selon
sa théorie, per serait le latin pe r et répondrait par conséquent au français
par, tandis que le latin prose retrouverait dansfior. qui aurait pour cor-
respondant en français pour dans le sens de à la place de, eti javeai de.
Pour exprimer le but on emploie en portugais la préposition para = per
ad>, qui se dislingue de ;i en ce que cette dernière répond pluiât à
JBStftt'àt et suppose l'idée de retour. On dira, p^r exemple, vou a
I. Voj. Frid. Diez, Grammatik d. Romamichtn Sprachen Th. Il, S. 484 ;
Th. III S. I2Î-179-
M. Jules Cornu, dans un article ré»nt {Romania, t. X), sous le litre de
■ Influence d» labiales sur la voyellts aiguës atonet >, nous prdenle une tulle
de mois porlugaîi où l'e est drvenu h, a (v> sous l'influence progressive ou
r^greuive li'une consonne labiale. Le savant roinanisic nouï dit : • Le portu-
(;ais surtoot fournît un nombre fort considérable d'exemples, et 11 langue popu-
airr doit en posséder bien d'autres. • Certainement, elle en possMe. A la loogue
liste dressée par M. Cornu, j'ajouterai : dtrmbjr i côté de Jenlbir^ forera ï
cdié de jrtisarsi qui est rare dans le dialecte populaire. sapuHsr au lieu de
stpultar. iittjr pour ip'jr, p^niet pour penhal, etc. Dans cette liste nous
voyotB iabtia, que nous avions cité clans le texte avant de lire l'article intires-
S3Dt dont nous nout occupons maînlenant. Le peuple c>^nfond souvent f^rragiru
arec fertagim. Au lieu de imeiuiSQ, <]ili n'est plus usité, je mettrais rçztsiiSo^
qui est assez commun. Le mot esmniiuli) pour eitaniiiih, dans le sent d'offense,
tort, est uès répandu i Lisbonne: fcciipuiJo au lieu de baupaçda, aralono au
lieu à'bralortQ sont aussi très fréquents. Ce sont des cas de dissiruttatîon.
M. Cornu ne cite pas inc6mm^éo lu lieu de mômmfâa qu'il doit avoir entendu
très souvent, même parmi des gens d'une certaine instruction. Ce dernier chan-
gement de la voyelle posttonique me semble être dû i un effort feit pour
éviter la réduction du mol, ijui serait aisément devenu indrido {\ntvmmf4o,
'mcem'io] sans la dissimilation. Son explication de nhiin au lieu de vctame me
semble être loul 1 bit satisfaisante. C'est li un cas semblable i, celui de mflav
vonr militar, que nous avons memionné dans le texte. Nous nous occuperons
bicitâl des teiiuriiuables articles de M. Cornu sur le portugais.
3. La préposition para (p^rf) a tliéoriquemcnt l'accent sur la première syl-
labe oonne en castillan. Cependant la prononciation usuelle met l'accent sur la
seconde syllabe ; la première devient atone et 1'^ est changé en f ou il disparaît
toat i fait. Cette prononcialiun pfrçi. perf, ou plutôt pr^ est sans doute très
ancienne, comme I ancienne orthographe '/k'''' ^ prouve. Nous citerons OamtJto
de Gocs, Chroaiu del là dom Emanatl :
do dinheiro que se tomou dos orphlos péri (= para a) mesma gucrra,
(P". u. cap. II.
que pr/i {=: para a| paga destas dividas del Rei seu pai, cl pera bas
ias) snas se apartassem.. .. (to., ib., ib.).
(ib. P'«. la. c.
EipaAa, p. 46;, sur la prèp. ptr,
pera 0 quai uato (îb. P'*. }*, cap. LKXII).
V. Milâ j PoDtanals, Dt loi TroMûrts en
6o R. COKÇaLVES VIAWNA
Cintra t votto koje mesme, « je vais à Cintra, et j'en reviendrai aujour-
d'hui même » ; mais on dira vm para Cintra, si l'on a L'tntt:ntion d'y
rester ; vou a. casa, « je vais chez moi et je reviendrai » ; vou para Mta,
« je vais chez moi et j'y reste <■ . Le portugais est la seule langue, que je
sache, qui fasse une telle distinction de rapports par le seul emploi de
prépositions différentes.
INFLUENCE DES SONS CONTIGUS SUR LES VOYELLES.
Noos avons à examiner les cas suivants :
t" Influence des voyelles sur les voyelles;
2" Influence des consonnes sur les voyelles.
Le premier de ces points se subdivise naturellement; on a donc les
influences de :
A. Voyelles accentuées sur les voyelles atones qui les suivem ;
B. Voyelles accentuées sur les voyelles atones qui les précèdent;
C. Voyelles atones sur des voyelles atones.
Ces rencontres de voyelles peuvent se retrouver dans le corps du
mot \a\ ou [b] d'un mot à l'autre.
I Aa. — TRAJTKMENT DES VOYELLES ATONES APRfiS DES VOYELLES
ACCENTUEES DANS LE CORPS DU MOT.
+ ^ ^ àl^, que l'on écrit aia. Ex. attraia |pr. ftriî^] , de
t à\, que l'on écriî ae. Ex. saet |pr. sàiï\ ; es, e sont les
terminaisons de la 2" et î" personne du présent.
31 àî, que l'on écrit ai. Ex. judaica (pr. jiidMkç),
1 iîjî, que l'on écrit aem. Ex. sacm [pr. sàïâî).
I àû, que l'on écrit au ou ao. Ex. mau, mao (pr. niài].
\ à\ âW, AI, que l'on écrit em, im. Ex. teem (pr. tSl'àl ou
tâ'i\.
pron. ptr tpfT\. Ces prépositions, comme toutes 1» autres, sont i la rigueur
éloaa en catalan, comme elles le sort en portugais. L'auteur a parfaitement
raison sur ce point.
On peut auiti constater la prononciation populaire par = para, i Lisbonne
et dans ses enviions, chez les ijtoioa. Ces populations ont en général un dialecte
Ifèï archaïque, et leur prononculion ne I tst pas moini. On y remarque fî au
lieu de f-I, /au lieu de fi, atone, comme é^as mf pi! = mfîi pài \mtii pa(],tic.\
CéUot pour Carias, vigairo pour vigjrio, Uiiurt pour Iromi. hizvtra pour haa-
nra, haruia et tinvia. J'ai aussi constaté la cacographie Carroiet (Kàiiittus]
pour Cartûs dans un document contemporain.
■
1
âTUDB DE PHONOLOGIE PORTUGAISE ^^^^^^^^^H
^M
?
ilf, que l'un écrit ea. Ex. idta ;pr. idllq). ^H
^^P
f
i\, que l'on écrit ri. Ex. anneis (pr. ^^I;, pi. de annit\. ^H
r^ i
Pt
^ij, que l'on éctit eu ou ^. Ex. maniio^ un {pr. mÂièiî, ^H
^H.
■if
^H
^m
â
âi^, que l'on écrit ta,aa, ia. Ex. turopea(pT. eùri^î^). ^^M
^m
4
àïu, que l'on écrii eia, ia. F.x. rtceioy recio (pr. fçiiiq). ^H
^H
l
lit, que l'on écrit ci. Ex. prolhtico (pr. prfjftlÙjji. ^H
^H
t
<tî, âc;-, que l'on écrit <{t. Ex. rodât (pr. Tiidài, nidiCif), ^H
H
à
lu, que l'on écrii eu. Ex. judeti (pr. /'jJ't'). ^^^H
^1
M
tài^ que l'on écrit ^tm. Ex. dltm (pr. <^^iîî). ^^^H
^^B
i
^, que l'on écrit ia. Ex. Maria (pr. M^ri^]. ^^^H
^H
t
T, if, crase, le seul cas d'allongement. Ex. jU if^ifîf}- ^^^H
^H
p
lift que l'on écrit io. Ex. no (pr. r/jj]. ^^^H
^H
t
lu, que l'on écrit iu ()< pers. prêt, des verbes de ta ^^M
conj. en -ir'i. Ex. nu (pr. riû), différent de rio. ^^Ê
^H
i
dq, très rare, A l'origine, o + ;i a donné à. Ex. ntcf ^H
(anciennement mco) pr. mi du tat. molam. ^H
^K '
î
f}I, que l'on écrit oe. Ex. fou [pr. sais, pi. de loO fteroe ^H
(pr. iràf). ^H
H ^
I
ôl, que l'on écrit ci. Ex. heroko Ipr. irâlA^), ^^|
^^^^
aï
ojâi, écrit otm. On intercale t pour éviter l'hialus. Ex. ^^^|
dotm (pr. d(h*â[). ^^^^|
^^'d
?
6^, écrit éj. Ex. (/<}j (pr. dAf^. ^^^H
^1
e
di, écrit 6e. Ex. fd; (pr. ijj). ^^^^|
^1
/
dt, écrit 01. Ex. aixo (pr. ^irif). Cette diphtongue s'écrit ^^|
ou = i3. ^^^^1
H
p
tïif, écrit ^0. Ex. dôo jpr. liiï^). ^^^H
^K
»
4, écrit ou. Ex. (iou (pr. d£). Dans le nord, cette diph- ^^|
longue se prononce àû. Il est généralement indif- ^H
férem, surtout devant r, de prononcer et d'écrire ^H
ou ou oi (4 ou &î\. ^^1
^K
it
i}âî ou diiît, écrit otm. Ex. perdoem ipr. pfrdàâî ou ^H
^B
ai
ôr'il, écrit ^cm. On intercale l Ex. pôe/n (pr. ^ôî'âîj. ^H
^H
«
âç, écrit lu. Ex. rua ipr. nJ|;'i. ^^^H
^^P
f
lïl, écrit ae. Ex. dzs» (pr. ^zùU, pi. dedzaJ). ^^^H
^^
*
1
ul, écrit uj. Ex. fui (pr. fùt\. ^^^H
■
p
S, l'i^. écrit HP (crase). Ex. «iftt/'uo (pr. </(irriJtf ou d'istrÔ]. ^^Ê
L "
dl
ùiîf écrit aem. Ex. suem (pr. «iâlj. On n'évite pas ^H
t'hiatus. ^H
^B
■ ces 1
tableaux nous voyons que les seuls cas d'allongement en por- ^H
^H lugais
sont
■
dus â des crases, à la rencontre de deux voyelles semblables, ^H
É2 R. GONÇALVES VIANNA
c'est-i-dire contiguës dans lit même série, ou classe. Nous avons des
M, des tia, des (V longs, mais non pas des H, des èi, des m ou des M,
parce que de tels sons ne sauraient concourir et se rencontrer dans des
mots portugais. Nous y voyons encore que l'f neutre ne 5>eu! se trouver
qu'entre deux consonnes, ailleurs il se dénature en {; que généra-
lement une voyelle atone {Va ezcepiéi forme diphtongue avec la voyelle
tonique qui la précède, et que Ton a le plus souvent recours à ta secnî-
voyelle t pour éviter l'hiatus, lorsque les deux voyelles ne sauraient
former diphtongue ou crase. Ils nous montrent aussi que deux voyelles
peuvent se rencontrer sans former de diphtongue, lors mSme que
la réduite est (j. Toutefois, ce phénomène n'a lieu, pour ainsi dire,
que d'un mot à l'autre, comme nous le verrons dans le tableau suivant,
car c'est l'union de l'objeciif du pronom de ta j* personne avec le verbe
dont il est le complément qui, le plus souvent, donne lieu à ces ren-
contres.
Nous allons étudier la rencontre d'une voyelle accentuée finale avec
ta voyelle du mot suivant ; le concours de ces deux voyelles donne Heu,
en général, à àes phénomènes semblables à ceux que nous venons de
voir.
I Ab. Traitement des voyelles atones après des voyelles
ACCEXTUêES, d'un MOT A L'AUTRE.
Nous ne citerons que les cas fréquents; les autres se règlent sur i a a.
Nous citerons quelques exceptions remarquables.
à + ^ =
i
a, crase, le seul cas d'allongement en ponugais. Ex.
dJ-a (pr. dâ].
àa différent de àû. On l'écrit d-c. Ex. dà-o (pr. dàa).
àlg, écrit ae-a. Ex. dae-a [pr. dàîa).
àîa, écrit ae-o. Ex. dae^o (pr. dàUt).
âù^, écrit 3o-a. Ex. dSo-a (pr. dàùa).
iûrt^, écrit do-nd, qui est préférable. Ex.dSo-na [dâùnç].
àùa, écrit do-o. Ex. dâo-o (jpr. diùu).
Sùna, écrit âo-w, préférable, dào-no (pr. dSinu).
Aî^, écrit tm~ii. Ex. um-a Ipr. (àï^i).
31/1^1. écrit em-na, préférable Um-na (pr. Ml/i^).
jlu, écrit em-o. Ex. tim-o 'pr. ti\a].
— — â\nn, écrit tm-no, préférable tem-no (pr. raf/iu).
Pour éviter l'hiatus, on intercale n à cause de la diphtongue nasale
précédente. Lorsqu'on n'évite pas l'hiatus par l'insertion de n, les sub-
jonctives des (Uphtongucs nasales 40, tm deviennent des semi-voyellcj
nasalisées.
à
à\
à\
ii
Sa
ât
sî
ÉTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAtSE
l + i = i^. On n'invite point l'hiaius. Ex. di-i (pr. dig).
l II ia, différem de èh. Ex. dè-o (pr. dla).
tit a iùa, différent de éû et de iti. Ex. dea-o ipr. diîiu).
N. B. Il faut savoir distinguer ces trois expressions, que nul Portu-
gais ne confondra : Dtut = Dieu, dè'Q$ = donnez-les, dtiH>s = il les
a doonés, pron. Oiùi, diai, dimi.
Al + ^ = €a-a. £x. dta-a (pr. dih^).
i q la. Ex. vi-a (pr. vi^').
i u /u, différent de iû et de /^. Ex. vi-ô fpr. vîiîuK
N. B. Il faut distinguer vi-i>, mu et vi\t-o, je l'ai vu, il a vu, il l'a vu ;
on les prononce via, riii, riûii : aucun Ponugais ne les confondra.
(î + u = da, écrit oa-o. Ex. wu-o [pr. >^tj). Un hatbitanl du nord
fera une différence entre vto \v6u], je vole, vou-o
(i^ui, je le vais, et fou (}-àa), je vais. Le concours
de àùay quoique rare dans te dialecte commun, peut
se trouver, par exemple, dans perSo-o, prononcé
Pfrdàùu, riù-o, je le ronge, prononcé rôùu, ou plutôt
ràfi.
ù^ a Ùif ou içf écrit ao-a. Ex. destruo-ç (pr. dittrùù^f ou
diittùq).
ùa u ùùu ou ûu, écrit uo'O. Ex. destrao-o (pr. (fjjfriiik ou
Il faut remarquer que la semi-voyelle û dans de telles combinaisons
se rapproche beaucoup du w bi-Iabial de quelques dialectes allemands,
ei que les mots destnio-o, lorsqu'ils ne soiment point diUrûa, se pro-
noncent plutôt diUrùwu que diîirùùa.
I sa. Voyelles atones devant des voyelles accentuées, dans Le
C0RI>S DU MOT, ou D'UN MOT A L'AOTM.
Ces groupes de voyelles, appelés diphtongues croissantes, ne sont pas
considérés comme de vraies diphtongues en portugais. Les tableaux sui-
vants montrent les modificaiions que subissent les voyelles atones dans
ces groupes.
f + d ^^ ^il, iJ ou a, qui est ma pronondalion habituelle. Dans le
nord on intercale i, pour éviter l'iûaïus ou la crase-,
cet i serait ridicule A Lisbonne. Ex. a arma |pron.
^Jrm^, àArm^, drnif, dans le nord ijïârm^. Il en est
de même de 1'^ devant les diphtongues il, iù.
f i fi. Ex. a era (pr. jièr/t.
f i fl. Ex. a Emma [pr. çiinf).
64 R- GONÇALVBS VIANNA
f l çl. Ex. a ida (pr. ^d^).
ç à ^à. Ex. a hora (pr. fàff),
f à aà. Ex. A olha (pr. ^<9%).
^ û ^ij. Ex. a unha (pr. ^linAa).
jf ai, + au, se règle sur la prononciation dt^ + à.
ff 4 = jji, on allonge l'A. Ex. a ama (pr. Mm^').
ç â ffâ, àà, on allonge à fermé, ou on les sépare. Ex. a ama
(pr. g àtf ou ààta, qui est nia prononciation ordi-
naire).
^ fli ààl, on allonge la prépositive. Ex. a eira (pr. ââlr^).
ff 4- diphtongue qui ne commence point par a se sépare dans la pro-
nonciation. Ex. a oiça, pr. g ôtç^, c'est-à-dire on a un hiatus.
}+ une voyelle orale ou nasale, ou une diphtongue, deviennent /
dans le corps du mot ; d'un mot à l'autre seulement f ! sont pos-
sibles et ils se changent également en /, sans varier cependant
d'orthographe. Ex. /air, fiar^ e hoje etc., pr. ttdr. ftâr^ tôji.
à )
}+ une voyelle orale ou nasale, ou une diphtongue,
y, écrit 0 \
à, écrit u, ou 0 |
deviennent ù dans te corps du mot ; d'un mot à l'autre seulement
p et û sont possibles et ils deviennent également û. Ex. soar,
suar, moer, o ouro, o komem, prononcés sùdr, miier, âôrq, ûdmât.
Il faut distinguer qaando {kàâdp) de coando (kuàdp).
Les seules diphtongues atones qui se modifient devant des voyelles
toniques sont : àt, qui se change en ^i, écrit ai. Ex. caiar (pr. k^tdr) ;
il', écrit ei, qui se change en f, écrit e, ou ei. Ex. recear, ou receiar
(pr. rçcidr).
Ces deux verbes font au présent de l'indicatif, par exemple, caio,
receio prononcés kàitt, rççAi^, parce que tes diphtongues ai, ei deviennent
toniques. Toutes les autres diphtongues sont inaltérables, qu'elles soient
accentuées ou non. U en est de même de ai, ei devant des consonnes,
dans les dialectes du sud du Mondego. On y prononce donc pàfràr, pàl-
nél, pïiîQTii (ë := a).
c. Rencontre de voyelles atones avec des voyelles atones.
a) Devant la syllabe tonique :
^ + {i = à, â. Zx. a armaçâo (pr. àrm^çdo).
STUDE DE PHONOLOGIE PORTUCAlSV. (Sf
a + f» + J = ?'i ?(• Eï. a egieja (pr. ? (grJ/^),
— — — haeîiiha (pr. b0\lhà).
q -\- à = j^. Ex. a oraçâo (pr. (jdrjifjiî).
f â ç6. Kx. a liormct (pr. ^dnlvil).
f t) ^4{. Ex. 0 imhadu (pr. ti^nhâdS).
N. B. (I préposition + o article Tait do (pr. qq, àù, populaire à. Ex.
<K> rei, pr. di{ ràt ou rij^j.
^ + ^ ^ al. Ex. d airositUdt (S'inizidddf).
^ in Sii. Ex. a aadacia \3ùddet^).
4 à •! (j ouvert nasal bref). Ex. a Antonîa (,iiâni4\.
à â àd (a ouvert nasal lon^). Ex. d Antoma [àâtoaîa).
q (écrit u ou 0} devant une voyelle quelconque = u. Ex. 0 Antoau
(qâfdRÎlf j .
I, i, i devant un« voyelle quelconque = i ou i ou I. Ex. e acato [i^lkdl^)y
deouro [dl irif).
q jjf) + a = B. Ex. o aahâro {Unkàrii].
H-^ H [0} u (populaire à}. Ex. todo 0 did [ttdaila^ tidèdî^).
h] Après U syllabe tonique :
ç + ^ = à. Ex. dava-a (pr. dâvà).
9 o(t|) jq^ ^a ou à. Ex. diva-o (pr. dàvai^y ddv6).
N. B. La prononciation à est toujours permise dans la conversation ;
a-o se prononce toutefois ,14 ou ^u dans le style oratoire, ainsi que sur
la scène, ou dans une lecture soignée.
On trouvera rarement d'autres rencontres de voyelles après l'accent,
exception faite de celles qui forment des diphtongues, et dont b plus
commune est jî (éaite »), qui sert à former le pluriel des noms en -vt(
{'•r-ttes, '-v-ta, -v-tii), ainsi que de rares noms en -1/ atone, comme
faceît {/Jf^îï"! de fdcii; car l'hialus dû à U rencontre de l'accusatif du
pronom de b troisième personne, est le plus souvent é^'ité par l'inser-
tion de -n- lorsque la dé^nence du verbe est une diphtongue nasale,
que celle-ci soit d'ailleurs accentuée ou atone ; et ceb malgré la confu-
sion qui résulte de l'identité de cette forme d'accusatif avec l'objectif du
pronom de la première personne du pluriel. Ainsi, « ils les achètent, "
o qu'ils les achètent » se traduisent par compram-os, comprtm-os, et par
l'insertion de -ji-, ces deux formes deviennent compram-noi, comprem-not
Ikàprâùnqi, kàprâïnqî), tout à lait comme eompram-nos =a « ils nous
achètent, » comprem-not —. « qu'ils nous achètent, >» le trait d'union
après le n n'étant pas usité.
En ce qui concerne les rencontres de voyelles atones après l'accent,
il faut encore remarquer que 0, u se prononçant tous les deux il, et que
t, i ayant de même une valeur égale, celle de «', il est tout à fait indiffé-
rent pour la prononciation d'écrire Ungfia ou lingua, ghrtd ou ^^rid :
kwmima, XII t
66 R. CONÇALVES VIANNA
autrefois on préférait o, e pour désigner à, l après une consonne ;
aujourd'hui on a égard à l'étymologie ou à l'analogie et on écrit lingua,
tgua, agua, gloria , mais on se sert de \'o pour les mots màgoa, nédoa, à
cause des verbes magôa, ennodôa, quoique l'étymologie semble exiger
un u (macula, notula). L'onhographe o pour û est encore plus com-
mune que celle à't pour î : on trouvera des personnes qui écrivent
agoa, egoa, mais qui ne s'aviseraient point de préférer «ai, en
écrivant glorea comme marmorea, quoique ces deux mots forment une
rime parfaite.
Je dirai quelques mots sur un changement de voyelle dans les verbes
de la i" conjugaison, lequel est dû tout simplement à une fausse
analogie.
' Nous avons vu que e atone devant une voyelle se prononce f, et que
l'on préférait anciennement l'orthographe e. Dans le tableau lAa nous
avons vu également que, lorsque cet e reçoit t'accent et se trouve
dans le corps d'un mot, on intercale t pour éviter l'hiatus, c'est-à-dire,
e se change en eî (â'i) ; par exemple, le verbe recear (jfcîdf) devient
receio (reçâlii). D'un autre côté, il y a une foule de verbes où le sufBxe -ar
de l'infinitif est précédé de la voyelle i (l). Us sont pour la plupart déri-
vés de substantif et ils appartiennent à l'élément littéraire de la langue,
non pas au vocabulaire primitif et populaire, quoique un grand nombre
d'entre eux soient devenus d'un usage général dans le dialecte popu-
laire : tels sont odiar, negociar, etc. Cependant, le mot populaire pour
odiar, == haïr, est encore aujourd'hui aborrecer. Lorsque la dernière
voyelle de la base, c'est-à-dire l'i, reçoit l'accent, cet i se change en ei
(dî), et on dit : odeio, negoceio [àdâlq, negiisâîit). Il y a ici deux fautes.
D'abord, c'est le verbe qui dérive du nom et non pas le nom qui dérive
du verbe, comme c'est le cas pour ceux en -ear ; puis .on a confondu les
deux voyelles e i, qui, quoique identiques dans une syllabe ouverte
atone, ont une valeur différente lorsqu'elles reçoivent l'accent.
Cette confusion regrettable se trouve surtout dans les verbes en -ci-ar,
et elle tend à disparaître dans tous ceux qui ne sont pas devenus popu-
laires : on dit aujourd'hui evidencia, providenda, et l'on ne dira plus
gloreia au lieu de gloria dans le verbe gloriar, dérivé de glària. Selon
l'ancienne orthographe du mot historia (estorea) on pouvait dire estoreia,
qui serait blâmable aujourd'hui à la place de la seule forme correcte
historia ' .
I. il Die semble que l'orthographe estorea (on trouve aussi estork) a été tout
simplement un expédient pour éviter ta prononciation îstorja (l'jlorin) lorsqu'on
n'avait pas encore introduit la lettre /. M. J. Corna n'est pas de mon avis et
suppose une prononciation différente pour \'e. Dans les < Chronicas Brèves de
ÉTUDE DB PHOyOLOCrE PORTUGAISE 6?
'Nom venons de voir que dans la rencontre de voyelles d'un mol à
failre on observe en générai les mêmes régies que lorsque cette ren-
oxitR a lieu dans le corps du mot. l'ajouterai seutemeni un tableau
lèfui de CCS rencontres entre d, e et d'autres voyelles préioniques :
f f = i. Ex. d ayetaa = àv^.
À a, un i long. Ex. a armjçào = SrmaçàÙ.
t i,aaà long. Ex. d aveian = âvjiii.
J la, c'est-à-dire un 3 plus long. Ex. d armaçào = aârmaçJù.
f t^, oa j par élision de f. Ex. forte abrigo = fàrtî^brigij =
à M, ou à par élision de e. Ex. pobrt anista = pibrîàrilîtj =
pàbrâriiitJ, prononcé aussi pihrsriiiu}.
i U, ou è par élision de f. Ex. grande tpocha = grâdtéptiCf,
plus rarement = gtâdip^k^.
i U, ou / par élision de e. Ex. triste ermo = triMirmn, pins
rarement = triiUrmu.
i T, ou t par élision de f. Ex. dtM cvîtar ^ dlvltitdr, plus
usuel = dèvirttdr.
I (, ou i par l'élision de f. Ex. dtw atabeltwr = Jèruiiib^^ir,
ou dhiii^biUcèr.
i M, ou d par l'élision de f. Ex. dtvt opur^ dtvlôptdr, plus
usuel = diràptdr.
i là, ou i par élision de f. Ex. grande honor — gràdîôrrôr' :=
grâdirrCr.
i iq, ou q par élision de (•. Ex. grande unhtiro = grâd'tU'
ahâtrif, plus usuel = grâdanhàlrif.
Si îif, ou simplement u, non pas û. Ex. tfn'f o homem = dh\-
iièmii, plus usuel = dèvaàmàl.
Ces élisions de IV muet sont assez capricieuses.
Lorsque la vovellc initiale du mot suivant est accentuée, la pronon-
datîon la plus commune rejene l'élbion , et IV devient î, suivant la règle.
Ainsi l'expression /loie/iordj, «neuf heures >, doit se prononcer nôyrdr^;
nMr^i serait un provincialisme.
LV lïeutre des monosyllabes me, se, tt, Wc, que et celui de la prépo-
riSoo de s'élident le plus souvent, et ce dernierprîncipalement lorsque le
moi suivant n'est pas le sujet d'une proposition infiniiive i ainsi on dira
Sme*» Crut de Coinibra » (Pof(URafi« Moimnunta Hiitorita, Scripiora^ v. I,
(. i, ' ■ Txpis Academtcis M DCCC LVI, passlml, on trouve (a forme
£> . qui lemblï indiquer une prononaatîon Itîriff ou bien Iflr/tt ou
l/iru, IJU1 iOM iDoiniprotvibJes, 1 moins qu« l'on ne suppose un déplaccmmt
4c racoon, qui d'ajllinirs n'est pas rare dans des noms communs dnenut
propres.
6S R. GONÇALVES VIANKA
a casa ttdles (f kdzç dêlis), mais la phrase : no caso de elles nâo irem se
prononcera nq kdzif dî illz nâ& Irâï, = a s'ils ne vont pas. » Cepen-
dant, bien des écrivains ne font pas cette distinction ; ils écrivent dans
les deux cas d'elles ou délies. Je fais cette distinction spontanément,
même en parlant rapidement.
Il serait assez minutieux et assez difficile de constater les différentes
circonstances où l'e des monosyllabes, et surtout celui de la prépo-
sition de et du pronom-conjonction ijue, lequel se prononce / devant une
consonne, s'élide devant la voyelle du mot suivant : on entendra sou-
vent d'ouio, dl oaro, dî àiro, jamais d'oiro, du moins à Lisbonne, où la
diphtongue ô'i pour oa (ô") est d'ailleurs presque générale, surtout devant
r. On ne dira pas non plus : portju'eu, poriju'eUe, sem qu'outro, do qa*anr-
tes, para tja'homens, dix qa'ha, mais bien parque eu, parque elle (pqrkliù,
pqrkiilO; sem que outra (sâl kiôtru), do que antes (dq kiâtis), para que
bomtns (p^ra ou prç kîàmàîs), dix que ha (dis kîd). On peut dire qu'à
Lisbonne on fait seulement l'élision de Ve de que devant une voyelle
palatale atone d'elle-même, ou devenue atone par le mouvement de
l'accent oratoire. Ainsi on dira : £ parque islo i bom, i parque este i
bom [è piirkUstii è bô, è piirhiistè bâ), mais on prononcera i pqrkiîtî
âmàî i bô (é porque este komem i bam), parce que l'emphase frappe le
substantif komem, et non pas l'adjectif este qui le précède, et qui fait,
pour ainsi dire, un seul mot avec lui. Il est évident que ces voyelles
devenues atones par le déplacement de l'accent oratoire ne deviennent
pas pour cela réduites, d'autant plus qu'elles ne sont pas proprement
atones, mais seulement moins accentuées que celle du mot smvant qui
porte l'accent oratoire : l'accent principal devient secondaire, voilà
tout (voyez plus loin Accentuation).
Influence des consonnes sur les voyelles accentuées qui les
précèdent.
Cette influence est le résultat : I, d'une consonne nasale; M, d'une
consonne palatale.
/. Influence régressive d'une consonne nasale.
Nous avons déjà vu que les voyelles nasales à ê ô sont toutes fermées
dans le sud du royaume. Les voyelles i à toniques devant une con-
sonne nasale sont également fermées, lorsque la voyelle de la syllabe
suivante n'est pas e : ainsi on prononce mono, pina, pinna (poena et
penna) ; mais famé, homem, se prononcent fàmç, àmâî < , parce que la
voyelle de la syllabe suivante est e.
I. La proQonciatioD de i, b sous l'influence de la terminaison <m indique
ÉTUDE DE PHONOtOCie PORTUGAISE
Il en est de même des mots italiens en -ont, -om employés en portu-
gais, (elâ que tromboae, Manzoni, qui ont un à ouvert, malgré l'o fermé
qu'ils om dans la langue Italienne ' . La voyelle o est fermée devant nh,
quelle que soit d'ailleurs la voyelle finale, pourvu que l'o soit accentué :
ex. t^rgôaha, tnyjrgônho, tnv^Tgànhi, eavirgvnhdr.
Sur la voyelle e devant nh, voyez plus loin « Influence régressive des
consonnes palatales sur i et sur f ».
La voyelle a devant n se prononce toujours fermée â (A, f ) -, ex.
canna, mdno, damne, prononcés hin.i, màni{. ddnç.
Devant la nasale nh. Va est toujours fermé, exception faite du verbe
ganhar et de ses dérivés, car cet a radical reste loujours ouvert, qu'il
soil accentué ou atone, gànho, gànhii. Cf. Va long du fran^is gagner.
Devant la nasale m, Va est partout fermé, à la seule exception de la
terminaison -Jtnos àt ta i" personne du pluriel du prétérit parfeit de
l'indicatif des verbes de la i^ conjugaison (en -*ir). L'a de cette termi-
naison se prononce ouvert à Lisbonne et Colmbre, et on fait une
différence entre cette désinence et celle de la [<* personne du pluriel du
présent de l'indicatif des verbes en -ar, ainsi que de celle du subjonctif
des verbes en -ir et en -k. Dans le Mtnho, dans Tnîs-os-Montcs, dans
l'Alemiejo, on ne fait pas cette distinction, et les i"* personnes du plu-
riel des deux temps, présent et parfait, se confondent dans la i " conju-
gaison, de même qu'à Lisbonne et Coimbre celles de ces temps dans les
deux conjugaisons en -tr et en -ir.
Il serait difficile d'assigner une origine certaine à cette disiinaion,
qui d'ailleurs doit être très ancienne.
Nous avons, par conséquent, des différences dialectales dans ces
formes de la i" conjugaison.
Verbes en ^ar.
indicatif.
Présent. Parfait,
Nord du royaume
^in^mtvs i}màtttpi
Sud du royaume
çmâmvs faiâmffi
Centre du royaume
fmâmpi ^màmvi
Latin
amSmus amàuiraus.
Ordinairement on
distingue dans l'écriture amimos de jmâmot.
clairement que U valeur inctcnne île cell« diphtongue, écrite tt, était it et non
DKàî. Cette pronancijtion s'nt maîntenur, cosirec je l'ai dit plus haut, dans
rAIemtfjo, l'Algarve. jin^l tgu'au Bréiil, et même dam I» environs de Lisbonne,
chez les S-thios, nui parlent un dîilecle très archaïque.
I- L'influence de Ij voycltc finale sur la voyelle accenlufe des mots paroxy-
toniqUM, de même que celle de la consoane suivante, domine telletacnl la
langue, que les Portugaii ont une dt^culté extrême a Sien prononcer les
70 R. conçalves vianna
Verbes en -ir et en -Ir. Indicatif.
Présent. Parfait.
Nord du royaume d^bemçs, onblmQs dfbêmpî, oùblmpî
Sud et centre dçvèmçi, ouvlmçi dfiimçî, ouyimpi
Latin debëmus, audirous debuimus, audivTmus
Subjonctif.
Présent.
Nord du royaume debàmoi, oùçàmoi
Sud et centre dpiâmçs, ouçâmçs
Latin debeâmus, audîâmus.
On voit que la seule différence dialectale de quelque importance pour
le sens se limite à la V conjugaison. Il se peut, cependant, que jadis on
ait distingué dans ce dialecte le présent du parfait (i" pers. pi.) dans
les deux conjugaisons en -êr et en -ir.
Influence régressive des consonnes palatales sur i et sur/.
A Lisbonne surtout, IV fermé tonique devant les palatales nh, Ih, j et
X se prononce <1. Je désignerai cette espèce de palataiisatïon de ^ par
deux points sur l'ë. Ainsi on dit t'énhp, gbélkç, y'èJQ, fécho, au lieu de
tênkff, abêlka, yêjç, fêchp. L'e fermé devant une palatale ne se trouve de
nos jours que là où les diphtongues ei, em se prononcent ^i, iî au Lieu
de âî, ai, qui est leur valeur à Lisbonne. Cet ë devant les fricatives /' et
X peut prendre un î subjonctif et il devient alors eî (= âî], par exemple
dans seja, reixa, que l'on prononce sâjç ou sàijç, râx^ ou râîxa. (Voy. O
Dialecto Mirandez, par M. Leite de Vasconcellos. Porto, 1882, p. 17.)
L'e ouvert ne change pas de prononciation et l'on dit yilho, gèthâ,
non pas v'élho, gélha.
Il me semble qu'à l'origine cet obscurcissement de Vt fut produit par
t'épenthèse de î, introduit sans doute pour faciliter la prononciation de
la palatale. Cet 1 épenthétique devint donc la subjonctive d'une diph-
tongue eî; et lorsque cette diphtongue, par dissimilation de ses deux
éléments, vint à se prononcer ài, comme partout ailleurs, des mots tels
que yçrmilhQ, egrêj^ se changèrent en vjrméîiAp, igriîj^, et par la chute
de Vt en yçrmïlhç, igrïj^, qui est leur prononciation actuelle à Lisbonne.
voyelles e et 0 de l'italien ; leurs habitudes de prononciation les forcent à r^ler
le son de ces voyelles sur les consonnes suivantes ou sur les voyelles finales :
un Portugais dira toujours pi/no, pUna, au lieu de piino, piina, illtno au lieu
de ilUno, dro, màrto au lieu de bro, mbrto, miîtiro au lieu de mistiro, issa au
lieu de issa, pidno au lieu de piano, timpo au lieu de iimpo, dôn^ au lieu de
dànna.
£tUDE De PHONOLOGIE PORTUGAISE 7I
Deisnt/i X, comme nous avons dit, plusieurs personnes gardent encore
i'[. (Voy. sur le m£me phénomène en catalan Mîli y Kontanals, De lus
Travadoret en Espafia, p. 463, n, 9.)
Nous ne dissimulerons pas qu'une autre explication pour les mots
saxo, eixo est aussi possible. Seixa (pr. iJJyi de saxum serait d'abord
pour *w«o, 'saixo, par vocalisation du k de 'sakso; puis ai serait devenu
et par assimilation, rapprochement des deux éli^ments de la diphtongue.
Cependant, dans une note précédente, nous avons exprimé noire répu-
gnance à accepter dans la généralité la diphtongue ci comme venant de
âc-, et quoique la palatale suivante rende la vocalisation en l'moins invrai-
semblable, l'explication que nous venons de proposer nous parait encore
plus plausible. Dans cette hypothèse, jf/xo viendrait de saxum à travers
les formes 'saiu, saia, satia ^ siUu, siî'iu. Comparez les roots haixo
[bàiif] de bassum et cabu (ka'ii^t) de capsam, que l'on prononce aussi
bdin, c4lç. Cette dernière prononciation est encore assez commune à
Lisbonne, et baxo, uxa étaient autrefois tout à fait analogues aux formes
de l'anden castillan baxo, caxa [bdlo^ kâla\ devenus plus lard bajo, caja
(bti/o, kàxi*\t par une gulturalisation de la fricative palatale dure, peut-
^re unique, et assez difficile à expliquer ■. Nous avons donc deux
i. L« Andalous ont conservé les anciennes fricalivo douces lorsiju'cDcs
sont méiiialfs, et se trouvent entre deux voycllei, lEs prononcent le / médiat
comme y (du grec iDOdeme) et non pat comme y. U:tns un mot tel que htjo
fandalous ^a^Oy castillan bJjfi t ae bassum nous pourrions supposer les
torinet suivantes rntermèdiiiires : btuo, bax», ba!o, ba'oy baye, bitfo ; ctja {Ht^a)
decilia i travers eiU, nîa, Uy'd, cc-jj, ctja. Une foule de mots se sont arrêtés
i / on t' <r psiatal) : Uyi, Aojrti, etc. Ainsi nous dirions que \ latin »t devenu
X i trtvtrs t'.y, le chingemcnl oe 1 en y' Mu grec moderne xh, ■\i^<^) étant
phyiiologiquemenl très naiarel e1 assez commun. Diez avait déli démontré que
reitiïtence de i en castillan n'est pas ancienne, et qu'elle n'est pas due i l'in-
lloence arabe ; en effet, les fricalives post^ro Gutturales 'Aj, xa se trouvent
ferrésentéts en castillan par /ordinairement, tandis que y. répond le plus souvent
i 1 ou giT) arabes. Le mot iBadaioz *, prononcé par les Castillans cnoilernes
baJa-ffA, se trouve sous la lonoe linâalhoait, dans les anciens monuments por-
tjigaii, et est prononcé i présent chez nous bfifiM. Cette dernière prononcia-
tion est due sans doute i l'influence Je l'orthograplie espagnole.
Pedro de AlcalÂ, que je cilc de mémoire, représente le ya par une modifica-
tion de k et le regarde comme un ton diliiulc; il représente le Un par x.
Aujourd'hui le/ castillati ne ditiére que très peu du X'^ ■ ■' est senlcment un peu
noms gratujl, le ^a arabe se prononçant, comme un sait, à peu prés xr, avec
un r guttural. On a proposé che?, nouî one autre Ihéûrie : la prononciation
flutturale du / castillan sciait due à l'influence allemande Cette théorie est
insoulcnjble. D'abiifii le ch allemand n'est pas le / castillan ; puis le tft alle-
mand se modilîe sous l'influence des voyelles palat-iles (1rs dialectes suisses
peut-être truis exceptés), ce qui n'est pas le cas pour le / castillan ; puis le
cA allemand, comme le c hébreu, ne se trouve qu'apréi des voyelles, tandis
que le 1 castillan est, à peu près, toujours initial de syllabe i enfin, et c'est la
ration la plus forte, il n'y a pas d'exemple d'une telle importation de sons
étrangers ptu dans une langue aussi différente que l'allemand de l'espagnol. La
73 R. GONÇAI.VES VlANHA
formes dialectales dans le temps ou dans l'espace : l'une comptable à
l'ancien castillan caxa, l'autre au catalan cabut, provençal caissa, vrai-
semblablement prononcée ka'iia.
L'a fermé (c'est-à-dire Va neutre accentué) n'est dû en portugais,
comme nous venons de voir, qu'à l'influence régressive d'une nasale
sur l'a, ou d'une palatale, y compris l'î, sur l'i fermé i car les mots
p^r^i, c^d^i sont toujours subordonnés â l'accent du mot suivant, le
premier étant encore presque toujours prononcé fn;. comme il l'a été
à»ns le passé, ainsi que le prouve l'ancienne orthographe pera \j>çr^).
Une autre influence régressive de la palaiale fricative (sonore ou
sourde] atténuée ou plénisoname, est celle qui est produite suri'^ neutre,
lequel devient j en conjonaion avec ces palatales ; ex. fiisiaria, dtsdiza^
chegar, lioje, prononcés jîfor'j, d'izdiiir, iigir, ôz't : nous en avons
parlé plus haut.
Le s (palatale atténuée sourde ou sonore], de méone que x et /, ont
dans ce cas une prononciation plus palatale, c'est-à^ire qu'ils sont pro-
noncés avec une panie de la surface de la langue plus prés de sa partie
moyenne, et sur la limite du pal:iis et des gencives ; tandis que s (réduit^,
X eiy en conjonaion avec a, ^» à, 6, a, voyelles gutturales, sont formés
un peu plus en avant sur les gencives par la partie antérieure de ta sur-
face supérieure de la langue, tout près de son extrémité. Si nous mar-
quons par un trait cette pulatalisatîon, nous avons les combinaisons
stùvantes, où i, i, i", c" désignent les palatales réduites : xà, xu, ù, xà,
xa, jà, /j) je, jà, ja, ai. .is, àl, &i, as, àz, <}z, of, 6:, ai, union d'une
consonne palatale avec une voyelle gutturale d'un côté; et de l'autre,
x'è,x't, x'i (x{ oa xi), j'ij'i, j'i, àh', ^ix', àij'-, ^\j'. H, es, jj (fj,
is) a, èi, i:, (i [fSf U), ii, union d'une voyelle palatale ou de la neutre
f avec une consonne palatale modifiée,
On voit bien que ces palatalisations ne sont pas tout à fait analogues
puUoralisilîon de l'ancienne palatale, qui semble (tre contcmporairc de l'as-
sourdivtrcnfnl dn anclcunn fricatives sonores, doîl ^(rc due i dct CJusn phy-
sJobeiques, ou biffi rtle se trotivati dini des oijitectet ei peu i peu elle a rein-
Elsce la païaulisation dans fa langue commune. La première de ces orieincs est
1 plus vraisemblable, et je viens de présenter une hypothèse de pTu$ pour
tâcher de l'expliijuer.
Les (jutlurales arabes 'ha, yd, et aussi lu se trouvent rcpréïenlées en porta-
gais par f, comme en espagnol ; cette dernière lingue 3 autsi h i ctii de /, ce
qui n arnve lamaîs en ponugais, si ce n'est dans des mots qui ne oous sont pas
parvetius directement Je l'arabe, comme ûhohol, Si>h,ua ; ce dernier se retrouve
sout la forme Sjfârj, nom d'une localité. Lei formes Mj/omây MàfamtJe, par
enemple, ont été modcrnecnent et i tort remplacées par Mahomii, et ch«
quelf]U(-ï écrivait» qui » piquent d'une plus grande exactitude par Moliammtd :
celte exactitude, toutelois, n'cil qu'apparente, car les anciennes (ormes étaient
bien plus prêi de U prononciation arabe. Il en est de même pour Sakam.
ÉTUDE DE PHONOLOGIS PORTUGAISE 7}
ft la palatalisaiion des langues slaves, car dans celles-ci, ce soni les lin-
guales qui deviennent sous-palaules devajit les voyelles palatales, s se
changeant en /, et z en r.
Influbnce médiate ou immédiate des voyelles atones finales e 0 a
{fit 'itfï ^UR t-ES VOYELLES ACCEHTUËÏS DE LA'SYLLABE PRÉCÉDENTS:
RSrRACTION.
On connali les phénomènes appelés Bttcliung et Umiaut dans les
langues germaniques, et dont on trouve encore des vestiges remar-
quables dans le haut-allemand moderne, en danois, en suédois, et sur-
tout en islandais. Ces phénomènes se réduisent à deux :
I" La voyelle palalale de la syllabe atone finale palatalise la voyelle
gutturale de la syllabe accentuée précédente; ainsi a,o, u deviennent â,
ff, ù : c'est la pénphonit, le Umlaui des Allemands.
2' Une voyelle sombre, u, o, de la syllabe finale altère la tonique pré-
cédente en un certain sens ; ainsi en islandais, où l'on retrouve d'ailleurs
la périphonie très développée, ii devient v par l'influence régressive de
u ou de à; lardis que o devient a par la réfraction de l'd final atone.
Cette influence est, comme on voit, toujours régressive et n'a donc rien
de commun, si ce n'est dans quelques-uns de ses résultats, avec Vhomo-
phoaie ou paraiUlisme des voyelles dans les langues ouralo-altaiques ou
ougro^nnoises ; dans cette famille de langues, c'est la voyelle tonique
qui palatalise ou gutturalise les voyelles atones des syllabes suivantes,
et non pas la voyelle tonique qui subît l'influence des voyelles atones
finales. En hongrois, par exemple,
on dit : bab, fïvc, h.ibok, fèves, au pluriel ;
szék, chaise, székek, chaises ;
mais âst, chaudron, ùslôk. chaudrons.
La voyelle du suffixe se règle sur la voyelle du radical.
Des deux cas de réfraction ou influence régressive de la voyelle atone
que nous venons de citer, le portugais ne connaît que celui d'unevoyelle
obscure rendant obscur, c'est-à-dire fermé, !e <; ou le o de la syllabe
tonique précédente. l.a réfraction palatale lui est inconnue ' .
Les lois de la réfraction en portugais n'ont pas été étudiées, que
I. On poQmit i li rigueur comidirer comme nn cas de réfrsction palatale
l'épenthète de t, populaire dans le mot yu^^xi, gaiitzf ^ miti, sntiQ^at i celle
de ù datii le mot àùgéf pour ^gud, phénomène bien fréquent dans le ECnd,
par ei. airU, haar£i, répondant au sanskrit iitt fâiyai, sarra. Elle serait en
tout cal auez rare. J'ai au»i entendu dire i une dame, dans te nord du pays,
Wji pour ISif {longei, et i des enfaiiu li&bùa pour Uiùa.
HoMMia, XII f *
74 "- COHÇALVES VtANNA
je sache, dans toutes leurs tmporuntes inanifesiaitons. Je ne ferai que
In citer, me réservant de chercha' à les expliquer plus complètement
dans une autre étude. Elles sont d'autant plus remarquables que, dans
un dialecte du moins, celui de Bragança, elles ne sont pas, à ce qu'il
semble, observées : ce seul fait nous autoriserait h supposer deux dia-
lectes, bien différents, de l'ancien portugais ; l'un dans le midi, où la
réfraaion aurait lieu, un autre au nord, où ce phénomène ne se serait
pas manifesté ; car il doit être antérieur  la domination arabe, et a sans
doute son origine dans la prononciation du latin populaire dans cette
partie de la péninsule. Ainsi le mot ôyo avec un o fermé s'expliquerait
par le latin ouum, c'est-à-dire par l'influence de la voyelle sombre a de
la terminaison -um ; et le pluriel àvùs avec un o ouvert, par le pluriel
oua, dont la terminaison est un a, voyelle claire. La réfraction voca-
lique se serait peu à peu répandue dans le nord, et l'absence de celte
distinction dans quelques lieux, qui sont encore à déterminer, serait [s
preuve d'une distinction dialectale antérieure à l'invasion arabe.
Ce qui est hors de doute, c'est que ce phénomène constitue l'un des
caractères les plus frappants du portugais, comparé aux autres idiomes
néo-latins. Nous ne trouvons rien de semblable en castillan, en français,
en italien, etc., et ce n'est que dans le roumain, où la voyelle o du
masculin devient oa au féminin, que quelque chose d'analogue pour-
rait être signalé.
RCfKACTION dans LKS verbes de la 3* ET os LA J« CONJUGAISON
(en -ir ET EN -ir).
Verbes de la a* conjugaison en -ir el -tclr.
La voyelle finale ; rend ouvert un e ou un o de la syllabe tombât pré-
cédente, lorsque ces voyelles ne sont point nasales ■.
Ex. D^vtr — div^, devis {dèviï)
Cpmir^càme, cornes [kàmit)
Rôir (rûir)—T6t (nSÎ), rots friti).
N. B. On voit par le dernier exemple que l'e atone devient T parte
quil est immédiatement précédé d'une voyelle : c'est donc par analogie
I, Da« le nord, la naulité n'empêche point la rifraction (v. Birbo» Leîo,
Coiifio et Etttidoi t Jocameatt*$ a \eyot ia Rcforiim i/j ottogrj^i tm itntUo
sAnito, p. ^19, Lisboa, iStSi. J'ai eu l'occasion de m'en assurer : i Porto les
nasales tonique* lubisient l'innuence de U rclnction, Tout comme \ti vojrelles
orales du dialecte commua. Ainsi le verbe rtniitr s'y conjugue : r^dir (n =^ f
nasalisé], rOU^ rtiJa ; le Ter be r<»nptr : niHpir, fûHpn, rinpa, el loalcs ces
vojretles nasales sont gulluralisées.
ÉTUDE M PHONOLoOre PORTUGAISE 75
que l'on écrit la diphtongue ôf par ot, parce que la désinence du présent
de l'indicatif à b 3* et à U )* personne du singulier, dans les verbes en
•r/ et en -tr, est •<, -«i et non pas -i, -is. Les formes dcva = dèrii, cornes
= kômit^ montrent l'influence régresuve exercée par la palatale i sur Vf
qui b prêche : nous avons vu plus haut que t devient j en conjonction
avec one consonne palatale '.
Les voTcUcs fbiales 0, a rendent fermées les voyelles e, 0 de la syllabe
tonique précédente, quand elles sont muettes à l'infinitif.
Ex. Dçvtr — dho, ihq
Cçmir — càmç, o>m^
Rilr — rip, rô^.
Noos venons de voir que l final n'empfiche point la réfraction; il en
ai de même de la terminaison m formant U subjonaive d'une dipb*
tongoe natale, avec i't ou /précédent (iû, j[i :
El. dertm, rom^m, roem [dhÔtt kdmâi, ràîSÏ]
dtvam, comam, raam (Jfv3ù, kimâù, rààù].
Noos voyons donc que dans les verbes de la 2' conjugaison régulière
a -/r, la voyelle radicale a un des trois sons, lorsqu'elle est e ou 0
oral:
* I • atone = / — dner, prononcé dfvir
i — descer, prononcé diislr
}* tonique, terminaison /, Sï ; \dne, devem, dtsct, dtutm
prononcée ouverte jdiff , dèvàl, disse-, dèstJÎ
}• id. term. ij, ^. àù ; W(Wi, deva, dn»m, dfsço
prononcée fermée Uivii,dlvii, dèySti, àistq
0 I" nime = n — Mfïirr, prononcé tyni^r
il — rotr, prononcé ri3(r
2* tonique, terminaison ;, Ai; tCMit, comm, pr. kbmf, kàmXi
prononcée ouverte 'nw, ro«n, pr. rdî, r6\à\
\como^ coma, comam, prononcés
\k6mti, kbm^, kômSù
\ — fido, TÔOf roam, prononcés r6ij,
rûâù.
|"id., term, if, j, àâ ;
prononcée fermée
prosoDcée fermée
Les terminaisons claires sont r t, «, em (f, l, l; U, W ; àT).
Les terminjBSons sombres sont : o;ju;a; am(^q; ^; q; ââ).
1. Qttr piUtalJUlion nt propre aux dialectes de l'EUremadurj, Alemiejo
et Alnne. AiUean on proaoflor dtvfs, limfs, parce que le i n'y ni poiat
palatal, ■nti pbtAt Miu-cjuuniiu/.
76 R. CONÇM,VES VIANKA
Les verbes dont la voyelle radicale est d n'om que deux modifications
de cette voyelle, qui y dépendent de Paccent, Va tonique n'étant point
soumis à la loi de réfraction, Ex. bâtir, hàto, bâte.
Les verbes dont la voyelle radicale est r, u, une nasale, ou une diph-
tongue, ne subissent aucune modification de cène radicale. Les voyelles
i, e, u, 0, et les diphtongues ài^ fî, devant d'autres voyelles, se pro-
noncent /, ^^ ^l, t, lorsqu'elles sont atones, comme nous avons vu plus
haut, et constituent par là autant d'exceptions dans ces verbes, pour
suivre seulement la règle générale des voyelles atones ou accentuées.
Les verbes dont la voyelle radicale atone est ouverte à l'ia&nitif
n'éprouvent aucun changement. Ex. :
Ettjuecer, csjfueco, «^wfd, a^ueee
pr. iikisir, Uktsii, likis^t, lîkèsf
Arr^tcer, arrefeçot arnfeça, arrefea
pr. aTT^fhtr, ijrr0ui, ^irr^/à^i, .}Trffise.
Je présenterai au lecteur la conjugaison du présent de l'indicatif dans
tous ces cas.
La voyelle radicale n'éprouve aucun changement :
Verbe yender {vidti) = vendre.
vendOf venitt, venit, vendemos^ vendeis, wndem
vidq, vid'iî, vid^, vêd/mqU, védii, védàî.
Verbe ramper (rSpi'r) = rompre, déchirer.
rompo, rompes, rompe, rompemos, rompeis, rompem
rSpq, rôpii, rôpf, rôphnni, rôpàii, rôpàl.
La voyelle radicale devient neutre en devenant atone :
Verbe baier {b^ir) = battre, frapper.
bato, buta, baU, batemos, bateis, balem
bàtif, bàt'ii, bàtft b4ti^^^i, bf/ti'ii, bdtâî.
\it radicale, en devenant la tonique, s'attire par l'effet de'
Reedur {rpfbh} = recev<Hr.
reeebo^ rutbes, recebe, recebenos, recebeis, ruebm
rfs^h^, FfsèbU, rfsibf, r^fblmtii, rftfbâU, rfsibâl.
Corner (kumir) = manger.
Como, cûmu, corne, comemot, eomeis, cornent
Mmif, kàaiisy Jtwnf, kumimiti, kqmà'U, kàmàî.
Ro£r (rûir) = ronger.
roo, roes, roe, roewos, roeis, toem
riq, ràli, rùi, rùêmifi, rqAU. ràtâl.
ÉTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE 77"
MtxtT [m'iUr] = remuer. [L't fermé devient é = à.}
mtxo, mextt, mexe, mnemos, mextn, mextm
mJiij, mfi'is, mèil, miiêmtii, miiàU, meUh
La voyelle radicale ouvene ne change point :
Aijaecer i^kisir] = réchauffer.
a^tufo, a^tttces, atfaeu, atfueccmos, aijuacis, aquectm
fi^it|, fkisii, i^kisç, <}kiti'mni, çkità'U, ^isâî.
Eiemple d'un verbe en -tch qui subit tes changements dus  l'ac-
cottOftion et à la rélraciion :
Paruer \p^Tfttr] = paraître, sembler.
partço, parws, parece, partcentot, pareceit, partuia
P^ritif, p^rlfii, pqris^, piirestmus, pjfjadîî, pjrisâi.
Les verbes irréguliers de la conjugaison en -er, ainsi que les verbes
noaosjllabes (également irréguliers) ne subissent pas en général l'effet
delà réfraction: leur voyelle radicale est soumise à d'autres altérations,
_« bien De change pas. Ainsi par exemple :
Sti^er (r^i'/r) » savoir.
su, ubes, sabe, tabemos, sabeit, tabm
sâi, sàbU, tàhe, sjbiiJH{Sy SdbâU, sàbàl.
Ver {yir) = vmr.
Vijo^ vis, vi, vimos, reda^ vitm
vifit, vis, vl, yimifi, vWiî, vi'àl.
Ter (i/r'i = tenir, avoir.
teaho, uns, lem, lemoi, undes, leem, Um
tânJin, tâli, tâî, timni, lidfi^ riiJl, \iàt).
Ser [sir) = être.
soa, et, é, somos, sois, sào
li, èi, é, sômifi, sais, sâù.
RÉFRACTIOW DAWS LES VERBES £N -i>.
La réfraction dans tes verbes irréguliers de la ;" conjugaison en -ir,
dont la voyelle radicale est a ou o, i ou e, est toujours exprimée par
l'Orthographe, et elle s'étend aux verbes dont la voyelle radicale e est
nasale ; mais elle n'est pas générale, comme pour ceux en -ir.
Verbe fagir (Jqjir) - fuir.
fajo, foget, fcge. fagims, fagis^ fojtm
fm.Mt, foiu fqjimqî, ftûii, /âjàl
R, COHÇALVBS VIANNA
Verbe divtrtit [divertir} = amuser.
divirto, divtries, diverie, divenimos, divertis, diverUm
dfvlrtù, divertis, divirtf, dfVfrtiaiiji, deyçrtli, divértâl
ou bien
diyirîti, — — diytrtlmtiî, div^iî —
_ Verbe vtstir (ristir) = véiir, habiller.
yiao, vtstes, veste^ yestimot, yestit, vettm
yliliif vèil'ii, yèite, y/jf/mijj, viitis, viitSi.
La seule difficulté que préseniem les verbes à voyelle radicale y ou (,
c'est de savoir si l'on doir écrire cette radicale par u ou o, par i ou «,
lorsqu'elle est atone : l'éiymologie est généralement consuliée ; on écrit
donc cusir, dormir, dapir, frigir, les voyelles radicales de ces verbes
étant Hi {. Ils font au présent de l'indicatif :
Cuspo, cospts, cospe, cuspimos,
kàipif kiiiplmqSf
dorme, dormtmos,
dàrmf, dqrmtmuî,
frege, frigimosy
friju frijlmtii,
kaspq,
Darmo,
dârmq,
Frijo,
Diipo,
dUptf,
kàspU,
dormes,
dàrm'ii,
frega,
dapet,
diipis.
coipu, Cûspem
kiiipii, koipâî
dormis, âormtm
durmii, dàrmàl
frigis, fregem
fnjU, fréiàï
despe, dtspimot, despis, desptm
dèipe, dtipimni, diipis, dHpà't.
Il y a encore une diiîérence entre la réfraction à la i* conjugaison et la
réfraction à la ï* conjugaison. Dans la 2' conjugaison en ~ir elle csi de
règle dans les cas cités. Dans les verbes en -iV elle n'est pas si commune :
un grand nombre de verbes échappent à ce changement de voyelle radi-
cale. Nous citerons, par exemple, lazir, roçiV, eniupir, permitiir^ tic.
Dans plusieurs de ces verbes la réfraction n'est pas de longue date.
Ainsi nous trouvons dans les Lusiades [canto lit, est. 105! acude à l'im-
pératif, landis que l'on dirait aujourd'hui accède dans le dialecte commun.
11 y a donc deux conjugaisons différentes des verbes en -ir, dont l'une a
sa voyelle radicale soumise i la réfraction, et l'autre a cette vojelle
inaltérable par rapport à la voyelle lînale atone.
La réfraction dans les verbes en -ir, je le répète, embrasse ceui dont
la voyelle radicale est e nasal (^).
Verbe mentir (mitlr') ^ mentir.
Minto, mentes, mente, mentimos, mtniis, mentent
milu, m/f(i, n?/ff, mftimtii, mltls, mltàl
Comme on voit par cet exemple, U voyelle radicale ne change qu'à la
condition d'être accentuée, et U vojelle nasale devant les terminaisons
ÉTUDE Dï PHONOLOOIR PORTUGAISE 79
daires {, ji, àî reste fermée, du moins dans le dtaleae commun : /
devieni é au lieu de monter jusqu'à i, les voyelles nasales étant toutes
fiemées. L'effet est d'ailleurs analogue, car il y a auunt de diiTérence
entre ^ et < qu'il y en a entre i et i.
Réfraction dans les noms.
Les adjectifs en -oso ont au singulier masculin ô fermé ; cet o devient
ouvert au pluriel, ainsi qu'au féminin des deux nombres.
J'y vois un cas de réfraction, c'est-à-dire d'influence de la voyelle
finale atone sur la voyelle de la syllabe tonique, qui doit avoir sa source
dans le latin vulgaire. Ainsi fprm&sQ de formOsum; muis f^rmàsoi de
formosos, /i:îrmijiii,/i>rmdî^ii de formosam, formosas, l'u final seul
y jouant le rdle de voyelle obscure.
Que je sache, il n'y a pas d'autre exemple de cette flexion interne
dans les diftérems dialectes néo-laUns. si ce n'est dans le roumain, où
elle se borne au iémlnin Jrumôs, frumtfssif iiumoàsa, frumoàit. Dans tous
les autres dialectes romans, Vo garde toujours le même son dans ce
suffixe. Le toscan et le catalan ont un o fermé dans les quatre formes
-010, -osi, -osa, -o« ; -as, -oios, -osa, -osas ; le français a tux, tust,
tous, avec œ également fermé. Le castillan nous présente panout o,
lequel dans ce dialecte est un son entre à et 6, dont le timbre ne change
jamais, quelle que soit la place qu'il occupe dans le mot par rapport A
l'accent.
Les participes contractés, généralement employés comme des adjectifs
ou des substantifs, et dont la syllabe tonique est fermée et a pour
voyelle o, suivent la règle des adjectifs en -ôw, -iîm. Ei. :
lùrïo; tÔTtoif tàrta, lànas
mono; màrtos; màrta, màrtat
pàfto ; pàsios, pàsta, postas
um p^slo ; uns pàstos, uma posta, amas postas.
Il 7 a un certain nombre de substantifs paroxytons dont la syllabe
tonique a un o fermé au singulier, ci un o ouvert au pluriel. M. Epipha-
nie Dias, dans sa Crammairt portugaise ', nous donne une liste de tous
ces substantifs, lesquels sont les suivants :
AbrolhOf almofo, cachopa, caroço^ ehoco, chùro, composta, cortwo, corno,
atrpo, coivo, despojo, destroço, tscolho, esforço, esposo, estono, fogo, Jùrno,
fora, fosso, imposio, fogo, mro/o, oiho^ otso, ow, peuoço, poça, porco,
posio, priposto, TtjoTço, renovo, rogo, son, touorrc, tupposto, tijolo, tojo,
tordo, loinOf trtmoço, troco, troço.
I. Grammncd Portagvtiû, u edtçlo. Porto e Bngi, t8;8, p. 21
80 R. CONÇaLVES VIAKKA
tl ajoute au bas de la page, dans une note, qu'il ne faut pas faire ce
changement dans les mois adorno, bolso, estojo, fotho, ^bo, mèlko ;
mais il ne nous en dit pas la raison. Le mot adorruis, cependant, est
généralemem prononc(! avec un o ouvert au pluriel. J'ai ausù entendu
prononcer gristof Ipl. de gôsto) à des Algarviens.
Nous avons supprimé dans celte liste le mot avô, parce qu'il est oxy-
ton, Ce mot fait au pluriel avàs [avvi) pour les deux genres, au féminin
singulier iiv^ \iir6\. A Braganija, on dit ayà au masculin et avôa au fémi-
nin. Il y a des personnes qui distinguent avos = aïeux de avôs = grands-
pères.
Si de la liste donnée par M. Ep. Dias on élimine les dérivés composto^
imposto, preposio^ supposto (de posio) et môme ce dernier, parce qu'il est
un participe, ainsi que les composés ou dérivés abrolho, esfarço, reforço,
Tcmvo, nous avons devant nous une quarantaine de vocables, plus ou
moins primitifs, qui sont soumis à cette loi dans le dialecte commun.
Nous l'avons àè]% dit : il nous semble que l'origine de ce singulier
changement se trouve dans les noms latins neutres, qui avaient -tun au
nngolier et -<i au pluriel ; c'est donc un cas de réfraction qui s'est
étendu à d'autres mots par une busse nnalo^e. On a formé tremdços de
trttnôço comme on avait formé fàgos de fôgo, côrvos de cùrvo, par une
fausse analogie avec le mol ovos (oiu) de ôvo ou u m ; ou plut6t le thème
a un 0 ouvert, qui devient fermé au singulier par l'influence de Vu de la
terminaison, car dans les mois latins cités l'o a dû avoir un son ouvert,
comme le prouve l'italien /iJrid, côrpo, pàrio, côrno, etc.
Il faut remarquer que le mot tspàsc fait au pluriel ispèsos, mais que
le féminin a un o fermé dans les deux nombres : etpàsa, «/hJj.;ï. En
italien ce mot est également une exception à la régie des terminaisons
-ôso, -osa, car l'o y est toujours ouvert (spho, spdsa) lorsqu'il est
accentué.
Quelques adjeclils paroxytons, dont la voyelle accentuée est un o dans
une syllabe ouvene, suivent U règle des adjectifs en -àso^ -àta, par ex.
nùvo; noios, này.i, nàvas. D'autres gardent l'o fermé partout; ex. tàdo ;
tàdot, lôda, làdat. Dans ce dernier mot Vo est régulièrement fermé,
parce qu'il répond â o long en latin ; dans nèvo il est fermé au masculin
singulier pr l'influence de la voyelle finale; dans les autres formes il
garde le son ouvert parce qu'il répond à o bref en latin : c'est donc
l'inverse des adjectils en -iso, dans lesquels le changement de voyelle
s'opiirc au pluriel masculin et au féminin des deux genres, puisque Vo
est long dans ces formes en latin. Les résultats sont cependant iden-
tiques.
Les noms paroxytons dont la voyelle accentuée est t gardent généra-
lement le son étymologique de IV, c'cst-i-dire i pour i, t ei i de syl-
ÉTUDB DE PHOVOLOCIR PORTUCAISE 8l
Ube fermée en laitn, è pour f et e de syllabe fermée ; ex. grigo, grigfl ;
titto, stcta; Udo, Itàa ; azêJo, azida, etc.; béllo bilta; cèrto, dna;
fin, flra; vilAo, vilha, etc., parmi les adjectifs; ctra, segrido (â c6i£
du mot savant secrtto), dido, dlla^frista, etc., parmi ]cs substantifs.
On trouve cependant mèda de mëtatn ', mido de mStum castillan
mitiio, régulièrement;; ffjîo, cè^a de caecum, caecani,de même qu'en
iulien cîeco et en castillan ciego, est régulier, puisque ï'ae en latin vul-
gaire était iraité comme e bref.
En général, dans les mots proparoxytons il y a une tendance à pro-
noncer ouvert l'e ou Vo de la syllabe accentuée, comme en italien, ce
qui peut être comparé à la règle des voyelles brèves a e i o des propa-
roz)tons en anglais.
La voyelle t dans les noms n'est donc pas soumise i l'influence
de la voyelle finale, comme il arrive pour o. On pcui cependant citer les
pronoms démonstratifs isti, lue et le pronom personnel iUe, lesquels,
quoiqu'ils ne changent pas au pluriel masculin, font au féminin esta, Isia^
nia, a^uctla dans le dialecte commun. Il est évident que c'esi là encore
un phénomène de réfraction, puisqu'ils sont dérivés des nominatifs isie,
ista, ipse, ipsa, ille, illa, au pluriel isti, istae, ipsi, ipsae, illi,
il lac, et non pas des accusatifs istum, îstam, îstos, Jstas, etc. ■.
Verbes de la première coniucaison (en -ar).
Dans les verbes de la conjugaison en -jr, on constate un changement
de U voyelle radicale accentuée, s on les compare aux substantifs de
forme identique, changement qui n'est pas aussi évidemment dA à la
réfraction.
Toutes les fois que l'f ou l'o deviennent toniques, ils sont ouverts,
tandis que dans les substantifs ou adjectifs à radicaux idenTtques, ces
voyelles sont fermées. Kllcs gardent le son ouvert quelle que soîi d'aik
leurs la voyelle fin.^1e de la forme verbale, pourvu qu'elles soient accen-
tuées, orales, et qu'elles ne se irouvcnt pas devant une consonne nasale.
Ce changement de son dans la dernière voyelle radicale est analogue,
comme fonction, aux difTérentes voyelles des mots anglais bUed, blood^
sing, song, grecs W-fw, Xi-fc^, à l'allongement de l'e dans la forme vef-
1. H. Omîllo Casiello Branco écrit mfJj^ ce qai indique une pronoDCiation
différente et ré^uli^re 1/ = ti dans le nord
2. Dans le Mitiho, !'« deî pronoms démorutratif» et pcrsonndi reste itrmé
au féminin, cunime en lUlien ; on du donc : ■ Elle, èlla, este, Hla, bse, éssj,
elles, èlhs, estes, estas, tacs, éssas. » Un de mes amis, né i Cabecelrat de
Batto, et qui habite Lisbonne depuis trente ans, trahit son origine par ce seul
provincialiioie, peut-être.
HvmaaU, XII g
8l H. CONÇALVES VIANHA
haUt firme comparée à l'adjeclif /îrme, ou au déplacement de l'accem
dans les vers dissyllabes anglais d'origine romane, leis que lo deùri, to
présent, comparés aux noms ii<'strt, présent. Ce déplacement de l'accent
dans les verbes est aussi de rjgic en portugais et en castillan; beaucoup
plus dans le portugais, car tandis qu'en italien on dit la jibbtua, egli
jÂbirrica, on prononce en portugais, aussi bien qu'en castillan, a fàbrtca^
eilefahica, avec un déplacement de l'accent i undis que le castillan dit
et principiQ, yo piinciplo, on dit en portugais o principio, eu ptinàplo.
Je donnerai quelques exemples de ces changements de voyelles.
A c6té de l'adjecrif skco, siccot, sicca, siccas \latin siccunt, etc.] il y
a le verbe sfccdr, dessécher, qui se conjugue de la manière suivante :
uccais.
uuam
sèkdù.
siteo, seuas, seeca, seccamoi,
silcji, î?itji, tik^y sfkàmiii.
De ce verbe on forme le nom d'action skca.
A cfrté du subsuntif rôh =: rouleau, cylindre, on a les verbes rçlar^
ttiTolar, qui se conjuguent :
rblo^ rèlas, rbia, rolàmos^ iplais, làiam
enrolo, enrèlas, enrôla, enTtflâmos, tnrçlMs, enrùlam.
A côté du verbe inc^rrar = enfermer, qui se conjugue ;
enciiTQ, encirruSf tncèrraj enUrràmos, enc^rrris, tncénam.
on a le substantif encirto, dont la voyelle tonique e est fermée.
A côté des substantifs drco = cercle, âège, et clrca = cimetière
d'église, et de la préposition à clrca de — h l'égard de, on trouve le
verbe c^rcâr = entourer, assiéger, qui se conjugue :
cèrco, ctreas, cires, Cfreâmos, cçrcJtt, elrcam.
Du substantif ;}i}r^(}, pdriost on forme le verbe ip&rtdr, dont le présent
(i"sing.) est itpàrlo.
A c6té du verbe g^ldr, dont le présent li'« sing.) est gih, on a le
substantif g//o = glace, avec un e fermé, quoique \'e du substantif latin
soit bref, ei par conséquent celui de l'italien gch soit ouvert (00).
Il en est de m^me de cira subst,, encira verbe; fàro^ afàro; f6no,
forro; i6no, entorto. Ce dernier mot est un exemple frappant de tous ces
changements de voyelles :
Adjectif rfrfo, lôrfM, tèria, tôrtas;
Verbe dérivé enlànOy tntirtas, enlorta, inf. entgridr, i" conj.
Verbe primitif tôrço, tirets, torce, inf. tçrc/r, :• conj.
Subst. dérivés r^tèrta, fprfdrj, tprminio, adj. tQrmentôso, verbes ^
mtaldr, tçrîi{Tdr; subst. composé t^eicilh.
On peut signaler quelques exceptions à ces lois de l'altération
voyelles e o dans les verbes de ta conjugaison en -nr.
ÉTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE 8;
a) Lorsque l'e ou Vo soni nasalisés, ils gardent, comme partout, le son
fermé :
asstiUo, aetenUSf asteaia, auentimos, assenlais, asstiitam
Mltii, asltaîy aslta, asitâmtis, asitiils, asHâà
conlo, contas, conta, contàmot, contais, contam
kâlo, kôui, kÔia, kôtâmifi, kôtàli, kôtâû,
lesquels ne se distinguent point des substantifs atsento, cûnio, conta.
V) Lorsque les voyelîcs e o sont immédiatement suivies d'une con-
sonne nasale, elles deviennem également fermées en recevant l'accent
ionique :
rèmo, rimas, rima, T^màmos, r^mâiSf rimarn
à c&té du substantif abrimot= aviron.
Mais on fait la distinction lorsque la nasale ne suit pas imroédtaie-
mem les voyelles e o :
(drao, tdrnat, Idma, torndmos, tçrnàis, tànrnm
i côté de t^mo, tornot = un lour, des toars ; r^ômo = retour; emtôrno
= autour.
Le verbe tçmdr — prendre, a un o ouvert dans toutes les formes oi^
cet 0 est accentué :
tbmo, îhmas, thma, tçmâmos, lomJis, îimam.
c) Lorsque la syllabe douteuse contient une diphtonguCi à ou oa =
il, 6:
feiro, ftiras, feira, feiramos, tarais, fâram
fihif, fàîr^, fiîrf, }/uâmai, f^lrdU, fàlrâù
i c6té du primitif feira (fiîrç] = foire ;
roubo, Toubas, rouha, roubamos, roub^j rouham
rùb^f Ttbai, rôb^, rôbâ'mi{s, rcîM'i, rà'tâà
à côté de toubo (rùhti) = vol. rapt. A Lisbonne le peuple prononce
rèbdr, tàbâmos, etc., avec un o ouvert atone,
Lorsque la dernière syllabe radicale contient la voyelle 0 suivie de f
gutluralisé, cet 0 est ouvert dans les formes du verbe où il est accentué»
fermé lorsqu'il est atone, mais il n'est iamais muet, comme nous avotta
vu plus haut. Ainsi à c6ié de l'adjectif tùlto, sôltos, il y a le verbe sdlldr,
qui se conjugue au présent de l'indicatif :
sèlto, tdltaSf sèlta, tàtti'moSf t^ttOs, sôltam
Le peuple de Lisbonne, cependant, prononce \'o ouvert dans toutes
les formes de ce verbe et d'autres analogues, comme vôliJr, nièliàr,ttc.
d] Lorsque la dernière voyelle radicale 0 appartient à une syllabe
découverte, c'esl-à-dirc lorsqu'elle est suivie immédiatement de la
84 R- GONÇALVES VUïJSa
voydie de la nexion, elle garde le son fermé, quand elle est la tonique :
mi^igàç, "i-^gàtiS, triiigô^, m.igôâmot, rritigôàU, magô'jm
à cftié du ïubstamif màgâii.
c\ Lorsque la voyelle douteuse est e suivi d'une consonne palaialc,
cet € se prononce | lorsqu'il esi atone, et toujours à, que nous marquons
par c, lorsqu'il est accentué. Ex. ficho, /çcAdr, fccha ; grtnha, d^sgri^nhâr,
disgrcnlia ; i'^/s/ir, bjfeja, b^fcjo ; esptlho, ^spiUidr, tsptlha. Quelquefois
devant Ih \'e reste ouvert quand il est accentué, comme dans gilhdy
grclba, eng^lkdr, gr^lkdr.
Il y a un mode assez connu de dérivation dans les langues ronanes,
au moyen duquel on forme des substantifs dérivés de verbes, par le
retranchement de ta terminaison de l'infinitif, laquelle est remplacée en
portugais par ^i pour désigner l'action, et par p pour désigner le pro-
duit ou le résultat, quelquefois aussi l'instrumem. Dans ces substantif,
l'accent recule sur la pénultième.
Lorsque cette pénultième est formée par les voyelles e ou 0, et que
ces voyelles ne sont pas suivies immédiatement d'une nasale (et IV
aussi d'une palatale], ou qu'elles ne sont pas elles-mêmes des nasales ou
des prépositives de diphtongues, à, ou, on prononce è, dy lorsque le
substantif est féminin, formé par la terminaison |j, et désigne l'action, et
t, à, lorsqu'il est masculin, formé par b terminaison v, et sert i indi-
quer le résultat, le produit ou l'instrument, quelle que soit d'ailleurs
la prononciation de ces voyelles dans le mot primitif d'où dérive le
verbe.
Nous donnerons quelques exemples -
Du substantif lîi'i}, pluriel ilroj, on forme le verbe d^sèvar, d^sàr^,
d'oà le substantif d'aaion a dfîàva. Ce verbe a un d ouvert exceptionnel
partout, lors même qu'il est atone. Il en est de même du verbe emmô'
iA<fr, dérivé de môiho = faisceau.
Du substantif ràda — roue, on forme le verbe r^^dr roda^ d'où le
substantif masculin rédv ^= râteau, cylindre 1 voyez plus loin).
Du substantif c^™ =- cire, on forme le verbe cnc^ràr, tnccia, d*où le
subsuntif d'action a encira.
Ou substantif tfrrj - terre, on forme le verbe entfrrir^ tnûrxa^ d'où
le subsuntif masculin i} tnttrro.
Nous avons bien des substantif terminés par ii avec des e ou des 0
toniques fermés : mais ce sont des mots primitifs, et ta qualité de la
voyelle dépend de son origine. Les substantifs tira, gotu, par exempte,
ont leur voyelle ionique fermée, parce qu'ils dérivent des mots latins
ccra, guita, u et i des syllabes fermées, et ?, 8 répondant à ^, (5 en
porti^is, comme en italien. La seule différence entre ces deux langues
consiste en ce que l'italien garde partout la qualité de ses c ou 0 accen-
ÉTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE 85
tués, tandis que le ponugais ne la conserve qu'à la condition de ne pas
troubler les an;i[ogies et les lois qu'il s'esi créées.
Je présenterai une suite de mots primitif suivis de leurs dérivés, oîi
ces lots et ces analogies pourront être pleinement analysées.
Aà\. gôrdo, garda, verbe uigordâr, enghtdo, engàrda, substantif d'ac-
tion .» atgèrda.
Subsi. gùaa, verbe isgolidr, esgôtto, esgàlta, subst. d'action a esgàtta,
Eubsi. de produit, instrument, o esgôuo (on écrit le plus souvent ces
mots avec un seul t).
Subst. môlho = jus, sauce, verbe mçUidr — mouiller, môlho, itiàtha^
subst. d'action a màUia.
Adj. revôito, reviltjy verbe rtvoltdr, rtvolto, revllta, subst. d'action a
rerbita.
Subst. dàbro, verbe dpbrdr, dèbro, J^bw, subst. d'action a dôhra. Ce
subst. désigne aussi le produit.
Verbe rogiiT, règo, ràga, subst, râgo. pi. ràgos.
Subst. jàgo, verbe jitgdr, jdgo, jàgfl..
Subst j&tTO = doublure, verbe f:>rrdr, fdrro, firra.
Adject. fôrro — libre, affranchi, verbe f^râr, fàrroy forre, subst. a
dajèrra = la revanche, de dtijçndr.
Verbe co/ijo/ar^ eonsàto, eonsàla, subit, o consàlo.
Adj. farte, subst. fàrça, verbe conhriàr, conf&rio^ confàrta, subst.
confôrto.
Subst. fôVia, verbe afoUiàr, esfolho, tsjèlha, subst. etfÔHu, subst.
aiH folho — un volant de robe.
SahsX.fôgo, pi. fègos, verbe nfogâr, rffàgp, rçfogj.
Subst. fèrro, verbe /«rnir, firro, firra, sobst. d'action ffrrûy subst.
afirro = attachement opiniâtre.
Adj. cèrto, Urta, verbe dc0dr, acirta, acèrtu, subst. acirto = réussite,
bon sens.
Subst. ctvo, verbe cfér, cho, cèva, subst. civa = engraissement.
Verbe pfgar, pigo, pèga, subst. ptgj, subst. apigo — attachement.
Subst. r^^o -= sillon, verbe rfçJr = arroser, rîgo^ riga, subst. riga.
Ad), sica, stcca, verbe ifccdr, slceo, sicea, subst. sicca, la sécheresse,
le manque d'eau de pluies.
Verbe esperdr = espérer, attendre, espiro, apira, subst. «p^ra =
attente; verbe djsfspirdi = désespérer, desupiro, destspèra^ subst.
deitsplro = désespoir.
Verbe grlar, gih, gtla, subst. gélo, rtgfh.
Subst. grih, verbe grdJr, grilû, griïa.
Il faut remarquer que ce sont seulement les substantifs dérivés de
verbes qui sont soumis à ces flexions internes. De l'adj. azido, azida =
86 R- CONÇALVSS VIAKKA
adde, acre, on forme le mhiiimii aMat = oscille, et le verbe audir^
aièdo, azèda, dont on pourrait former un lubstaniif d'action, en rempla-
çant -tir par -a, et qui serait azida, et non pas aiéda. On trouve un
substantif dzi.:) (pour azidla), acidité d'estomac, qui répond au castillan
acedU, \'e cependant serait atone, s'il n'avait pas disparu avec le d
(dxfiiia ; azcia ; azia] .
Il y a dans les langues romanes un autre procédé de dérivation nomi-
nale, qui a reçu un grand développement en portugais, et dont la vita-
itté ne s'y est pas encore éteinte. Ce procédé consiste dans le change-
ment de lerminaison de certains substantifs, désignant le plus souvent
un objet matériel.
En changeant la terminaison, on change aussi le genre; si le subs-
tantif primitif se termine par .1 et est par conséquent féminin, le dérivé
deviendra masculin par le changement de cet a en 0. QueLquefoit c'est
le primitif qui est terminé en o, et le dérivé remplace c«t o par n et
devient féminin. Ordinairement le vocable formé par ce mode de déri-
vation désigne un objet qui a une grande ressemblance ou quelque rap-
port évident de signification avec celui qui est désigné par le substantif
primitif. On peut même dire qu'il y a un certain symbolisme dans ce
procédé de dérivation nominale : lorsque le primitif est féminin, le
dérivé mascuhn exprime communément un amoindrissement, une atté-
nuation de forme ou de volume ; un dérivé féminin désignera, au con-
traire, l'expansion, l'élargissement.
Or dans ces mots, qui sont toujours des paroxytons, la voyelle accen-
tuée peut être e oa 0. Lorsque la voyelle accentuée d'un primitif mascu-
lin est é ou 6, ces voyelles deviennent i ou à dans le dérivé féminin.
Quand le substantif est féminin, et se termine par conséquent en a, les
voyelles ^, è de la pénultième tonique se changent en é, à dans le
dérivé masculin.
On peut constater les particularités suivantes :
a) Les pénultièmes nasales, ou qui se trouvent devant des consonnes
nasales, et Ve devant les palatales, ainsi qtte les prépositives des diph-
tongues â, ou, ne changent pas.
b) Les voyelles i, à de primitifs féminins se maintiennent, comme de
raison, dans ces dérivés masculins.
c) Lorsque d'un nom masculin désignant un animal quelconque 00
forme le féminin par ce procédé de dérivation, la règle est ordinairement
celle des adjectifs en -éso, -dros, -dsas : i devient à, l reste Inaltérable.
On trouve cependant bien des exceptions à cette dernière régie : à c6té
de pùrco^ pdrcos, pôrca, on a rôh, ràlos, rôla, tibo, iôhos, I6ba. Il ne
serait pas difficile d'expliquer la différence : lôbo, par exempte, venant
de tûpum, rd y est primitif et non pas dû à l'intluence de la voyelle
finale.
I
I
I
I
^^^^^ ÉTUDE DE PHONOLOCIS PORTUGAISE 87
1
^^B Je ferai suivre ces observations
de quelques exemples, choisis parmi
^^H les nombreux cas qui se trouvent
dans la langue, de celte espèce de
^^H dérivation, laquelle, comme nous 1
'avons dit, a encore assez de vitalité
^^H pour proijuire chaque jour de nouveaux d'érivés.
^^^^^ Substantifs a voyelles invariables.
^^^^H Primitifs masculins.
Dérivés féminins.
^^V Machado, cognée ;
machada, hache.
^^H ÇofatOy soulier;
(apala, boite de paysanne ; console
pour soutenir une poutre,
^^M BUoy bec, pointe ;
bica, tuyau de fontaine.
^^^ Kio, fleuve, rtvi^e;
ria, embouchure d'une rivière, bras
de mer.
^^H La^am, lézard ;
tagartitf chenille.
^^M Rjio, souris
rata, rat.
^^H Carneiro, mouton, bélier;
eaneira, peau de mouton tannée.
^^H Baèno, veau
btzirra, génisse.
^^M YiUlh, bouvillon;
vitèlia, génisse.
^^M Bicho, ver; béte; chat ;
bicha, sangsue; couleuvre; chatte.
^^M Primitifs féminins.
Dérivés masculins.
^^M Tita, mamelle;
têto, mamelon,
^H Cabiça, téie ;
cabiço, monticule.
^^M Bida, noce
Mcfo, repas donné aux pauvres à
Toccasion d'une solennité.
^^M Cèiha, corbeille ;
ctsto, panier.
^^H CoTtiça, écorce, liège ;
coniço, ruche d'abeilles.
^^B Câfcd, écorce, pelure, coquille ;
casco, crÂne; sabot.
^^M Cûoàtia, lampe;
candeiQ, phariilon.
^^1 Vtiny veine
veio> Blon; raie.
^^H Casaca, frac
casato^ surtout, paletot.
^^B Caldtira, chaudière ;
Cixidtiro, chaudron.
^^^^H Substantifs a voyelle variable.
^^^^^ E^miti^ masculins.
Dérivés féminins.
^^M éro, pi. èvos, œuf ;
dKd, ceah de poissons.
^^m Ptço, puits
pàça. mare d'eau.
^^B uch6po (dialectal), garçon ;
c-achbpa .dialectal), fille.
^^B siSigro, beau-père;
sdgra, belle-mère.
^^B CapfUo, capuchon ;
capitla, couronne de fleurs.
^^B SùldOy solidum, paie.
silda, solidam, soudure.
88
R. GOKÇALVKS V1ANN&
Primitifs réminins.
Ràda, roue, tourj
Oarèîta. bord;
Canciita, herse ;
Maçaràca, épi de mais;
Carècha, carabe;
Canilla, tibia ; bobine ;
Dérivés masculins.
TÔdo, râteau ; cylindre.
ourillo, lisière d'une étoffe.
canccUo, porte grillée.
maçarôco, pain , gâteau cru ; boude
de cheveux laineux.
carôcho (adj.), noir (familier).
canillo, os long.
Accentuation.
L'accemuatlon des mou portugais à l'état de radicaux est ordinaire-
ment la m(me que celle de toutes les langues néo-laiincs, le françiis
moderne excepté.
Chaque mot a un accent tonique, qui frappe ordinairement l'avant-
demière syllabe, lorsque la dernière se termine par une voyelle orale
seule ou suivie de s, et retombe sur la dernière lorsque celle-ci est ter-
minée par une consonne autre que s \i, r, zi, par une diphtongue ou
par une voyelle nasale. Les mots qui dérogent à ces lois générales sont
relativement peu nombreux.
Toutes les autres syllabes du mot, lorsqu'elles sont ouvertes ou fer-
mées par j, ou terminées en r avant l'accent, ont leurs voyelles réduites,
si ces voyelles sont a, e, o, a, qui se prononcent f, f (j), tf. L'atténua-
lion des voyelles est plus grande après l'accem.
La différence d'acuité entre la voyelle tonique d'un mot et ses voyelles
atones est plus considérable en portugais qu'elle n'csien italien ou en cas-
lilUn, beaucoup plus qu'en français, presque autant qu'en anglais, ce
qui est dû sans doute à la réduction qu'éprouvent les voyelles atones.
L'accent de l'avam-dcrniôre syllabe domine la langue : pour arriver
à ce résultat, les mots se sont raccourcis comme en français, et en géné-
ral c'est lavant-dernière syllabe qui a été sacrifiée dan* les vocables
latins daciyliques, ex. combro de cumùlum, linde de limïtem; bien
souvent aussi la dernière, ex. caco de calcûlum (cast. cacho], mar-
gem ianden et encore aujourd'hui marge), de margïnem.
Cette panicubriié donne lieu dans le langage actuel à bien des dou-
blets avec ou sans changement de signification, comme c'est le cas en
français ; pour les mots cités nous avons les formes suivantes ; cûmuh,
limite isous l'influence du français, car le castillan a iimiu), cdktûo. De
telles formes ne diffèrent des formes françaises que par la permanence
de l'accentuation latine, dont la tradition ne s'est jamais perdue en Por-
tugal et en Casulle, comme il arriva pour la France et les pays de langue
d'oc. En français c'est l'accentuation de la dernière syllabe qui a pré-
ÉTUDE DE PHONOLOGIE PORTUGAISE Hg
valu, Cl les mots d'origine populaire y sont communétneni plus courts
que dans les autres idiomes n^o-)3iins. L'iulien possède et a toujours
possédé un plus grand nombre de roots proparovyions, accentuation
pour Laquelle on peut dire que cette langue, de même que l'anglais moderne,
a une prédïlcciion, comme des mots tels que cristUnésimo, fataàiima^
etc., avec un / intercalaire, te démontrent.
L'accentuation du portugais, de même que celle du castillan et de
la langue d'oc, est donc conforme à celle de la grande majorité des
idiomes connus-
Lorsque l'aram-dernière syllabe est ouverte et que la dernière est
une voyelle, l'accent recule ordinairement sur l'antépénultième. Cela ne
contrarie nullement la régie générale, puisque ces voyelles e t, o u
deviennent respectivement i, û, c'est-à-dire des semi -voyelle s, en quelque
sone des consonnes; les mots agua, gtoria peuvent donc être regardés
comme des dissyllabes, a-^ùa, gh-rla. L'ancien portugais changeait cette
sone de mots en de parais dissyllabes, car il disait daga^ grôïra ; il ne
saurait souffrir des proparoxytons, pas même ceux dont la dernière syl-
labe serait simplemcni une voyelle. Cette mélailièse est bien connue par
le grec littéral el l'ancien français.
La flexion seule dans les verbes était et est encore exceptée.
Hors de la flexion verbale, les proparoxytons appartiennent presque
tous â la tangue savante, quoiqu'un grand nombre d'entre eux soient
depuis longtemps passés dans la langue populaire. Du latin rigïdum la
langue populaire a formé rijo en supprimant la dernière syllabe ; la
langue savante a repris le mot latin sous U forme rigido, tout à fait
comme en français loide et rigiJt; la seule différence entre le portugais
TÎgiÂo et le français rtgiJe est due à ce que la tradition de l'acceniuatioR
latine s'est perdue en France.
Aucun mot par lui-même ne peut avoir trois syllabes atones après U
syllabe accentuée, pas même dans la flexion verbale, comme il arrive en
italien. Les seuls exemples d'une telle accentuation en portugais ne se
trouvent que par suite de l'inclinaison des cas obliques des pronoms per-
sonnels, lesquels se placent toujours après le verbe dans les propositions
principales affirmatives. Ces pronoms sont : m{, U, se, Ih^, nçi, ypi, p, .jj,
f, ,}i, lorsqu'ils viennent s'ajouter à des formes verbales paroxytoniques
ou proparoiyloniques ; ex. coniavam-se-lhey davamos-t'o, prononcées
kôntdvàùsilhi, dJiamtisiij. Quatre syllabes atones après la tonique ne
sauraient se trouver dans aucune de ces combinaisons phraséologiques en
ponugais. Elles sont possibles en castillan et en italien : ex. dJbamos-
telo, poniituiornivelo.
Il faut encore avoir égard à ce que les cas obliques des pronoms per-
sonnels 0, Ike, me, etc. , sont tout à fait atones. Jamais un accent secon-
daire ne vient les faire ressonir dans la phrase.
90 R. COKÇALVKS VIAKMA
Lorsqu'on veut ajouter l'emphase à un de ces pronoms régimes, on
emploie le prépositionnel, toujours accentué \mim, H, si, elle, elUs, cUa,
tUas, nés, vas], précédé de ïa préposition a à l'accusatif personnel et lu
daiif, ou d'une préposition quelconque quand on veut exprimer une
autre relation. Les formes absolues des cas, nous le répétons, sont par-
fpiiement aïones ; tandis qu'en oisiillan ces cas des pronoms ont un
accent secondaire, lequel dans certains dialectes se change en accent
principal ', ou du moins allonge la voyelle qu'il frappe. Comparez entre
elles les phrases suivantes castillanes et portugaises : deiîalé, declally
deciaU, portugais dîzi,} Mf ; dÂbatelà, dàhaselà. dàb^telô, ponugais JJc^K'p.
[| en est de mime pour le rythme des proparoxytons. Dans ces
vocables, les deux dernières syllabes sont tout h fait aïones ; en castillan,
au contraire, la dernière syllabe peut avoir un accent secondaire : cast.
tûtauià, port, tûmiih*.
En castillan on allonge souvent la dernière syllabe atone d'un mot,
lorsqu'on parle cmphaiiquemeni, ce qui n'a lieu en portugais que bien
rarement, par exemple dans les prt^ôtt de fruits, légumes, poisson,
etc., qui se font dans les rues et qui sont il demi chantés : castillan cdsa
ou Msâ, portugais casa.
Les syllabes qui précédent la tonique sont toujours aïones, â moins
que le mot ne soit d'une longueur extrême. Le mot portugais contribui-
çào n'a qu'un accent, sur la syllabe -çAo qui le termine ; en anglais le
mot correspondant a deux accents, dont le dernier est le principal, cdn-
tribûtion. C'est là une particularité qui dénonce immédiatement un
Anglais qui parle le portugais : il dira toujours càntrtbaiçâo"*. Ledé^ut
contraire dénoncera le Portugais lorsqu'il s'exprime en anglais. La
manière dont un Anglais prononce nos longs mots est en etïet assez
caraaérislique : le vocable briiKixdtira = badinage, par exemple, se
change en deux mots consécutifs, hr!m = toile écrue, cad^îra = chaise.
Il n'y a en portugais que quatre cas de mots à deux accents :
1° Les mots composés : trdg/S-mâlho, pôrta-machddo , ^luébra-nôta,
qaàtToeinun. Plusieurs mots composés n'ont cependant qu'un accent :
qbrAihos, m^ss^pd/s, torcicôlh.
2* Les adverbes formés d'adjectifs au moyen de la terminaison -mt/ue :
ricamittit, cJndidamfatt, ticatiainte, tritteminie, fetizmiau, ghriàtuninU*.
I. V. Crjmâiuii Jt là Itngaa câtttUàna f^r iâ Atademia EspaMa. Madrid,
p. 500-joi.
1, ItiJ., p- }0I.
j. Lorsque, pir la longueur du mot ou la difficulté de prononcer pluslcors
voyelln »toat$ àt suite, on pUc« l'accent secondaire sur quelque i]rlI.iSc préto-
ni^ue. le plus souvent sa place est difl^èrente de l'anglais ; ex. portugais «uuli-
(«/(di), ingUis cénititiition, prçJiipei'çâi^ — pridispoiition, etc.
4. Les grafflinatriens espagnols regardent l'xceflt de l'adjeciif coinnie le
ÊTUOG DE PHONOLOGIE PORTUGAISE 9t
N. B. La lerminaison -mente est un mot indépendant dans la locution
adverbiale Je boa minic = volontiers, gern.
t* Les diminulifs et les augmentatifs formés au moyen de l'inlixe x
placé entre le radical et la terminaison diminutive ou auj^mcntative :
prigùiinho, midhénînha, hémemzarrao". Ceux qui n'intercalent pas le r
n'ont, au contraire, qu'un seul accent qui frappe le suffixe, et les syl-
labes prôtoniques suivent la règle d'atténuation des mots primitifc, c'est-
à-dire leurs voyelles deviennent réduites; ex. pr^guinho, mulhjrinha,
tnaihpôna, pçrtào, rfgriaha.
Cet accent secondaire frappe toujours, comme nous venons de voir, la
syllabe du radical qui était afTeciée de l'accent plein à l'état de primitif,
et la voyelle de cette syllabe garde le son qu'elle avait au primitif. Cette
règle des deux accents est tout à fait opposée à l'acceniuation des
langues germaniques, puisque dans celles-ci l'accent principal se main-
tient ordinairement sur le mot radical, exception faite de quelques suf-
fixes romans en anglais.
Nous avons déjà vu que, dans le nord, les diminutifs ont toujours
deux accents : on dit ràsinha, bbmnha, qui seraient ridicules dans le
dialecte commun, oi) il faut prononcer Tt\i\nhix, btiiinha, en suivant la
régie des syllabes atones. On dira cependant ràsdzinka, bûttaitnha, à
cause de l'infixé t.
Aucun mot 1 deux accents ne saurait avoir l'accent principal le pre-
mier; celui-ci est toujours le dernier. Ainsi, si l'on veut faire ressortir la
première syllabe des verbes sarprehender et appiàieader, ce qui n'a lieu
que par emphase, on prononcera iùrpriêU/r î àprildfr, non pas sârprii-
dir i dpritdér, et l'tt initial gardera le son j.
Le quatrième cas de double accentuation se trouve dans les biluis et les
conditionnels avec des pronoms régimes infixés, c'est-à-dire placés entre
l'infinitif et le présent ou l'imparfait du verbe iiavtr, formation bien con-
nue dans les langues romanes.
L'accent secondaire frappe la terminaison de l'infinitif; ex. contd-lo-
kio", au lieu de contarâo-o = ils le raconteront, recommendd-lo-ïa (pr.
r^iimiddlil^) au lieu de recommendaria-c = je le recommanderais.
Exception faite de la loi qui détermine que l'accent radical dans les
vtrhci ne peut dépasser ta dernière syllabe de ce radical, la flexion res-
pecte en général la quantité de la pénultième latine : c'est-à-dire que les
suffixes flexîfs restent atones lorsqu'ils sont brefs en latin, et reçoivent
principal danï les adverbes en -minu. Selon leur théorie. l'adverbe pùtUta-
latittt se prononce fùhhceménti. Mon omlle cependant me ail que c'est li tout
simplement uae théorie : l'accentuation réelle est en espagnol, comme en portu-
gais, pûbliijméfile .
92 R. CONÇAI.VES VUKNA
l'accent lorsqu'ils y sont longs. Il n'y a que deux exceptions, \'\mt
générale, l'aulre populaire, résultant de l'analof^ie.
A h première et à la seconde personne du pluriel de riroparfait,
l'accent, au lieu d'afTecter le suffixe personnel, se conserve, comme en
castillan, sur le radical, malgré la longueur de la pénultième latine. Ex. :
amdvj, amdvamot, amuis
amâbam, amabâmus, amabstis
dma, deviamot, àevitis
debsbam, debebâmus, debebsiis
Par analogie, comme nous venons de dire, le peuple reporte, en géné-
ral, l'accent sur le radical au présent du subjonctif également, i la pre-
mière et à la seconde personne du pluriel dans les conjugaisons en -er ei
en -ir. Ex. :
diva, dlvamos, au lieu de dtvÀmos
fùja, fi'ijamos, — fujAmos.
Ce serait là une faute grave dans k langage cultivé, inadmissible
même dans la conversation; elle est cependant assez commune, aussi
bien en Espagne que dans le Portugal, et n'est à vrai dire qu'une
extension de l'analogie qui a irrémissible ment déplacé l'accent A l'impar-
fait de l'indicatif dans les deux langues de la péninsule, déplacement
qui s'étend aux verbes irréguliers, comme éramos, vinhamos, lamos^ 1^4-
moi, trtis, vïnhtis, '\eis, viei$, etc.
Ce vulgarisme est devenu la règle dans le dialecte mirandais (voy.
l'intéressant opuscule récemment publié par M. Leite de Vasconcellos, 0
Dialtctû Mirandez, Porto, 1881, p- ii-ij, cl n. l;^. Aux obser%'ation$
qui terminent la monographie du jeune et habile folkloriste, j'ajouterai
qu'un autre dialecte, que j'appellerai le "bragançais > [brafijneiii cons-
titue la transition entre le dialecte général du nord du pays et le
mirandais. l'y ai fait allusion plusieurs fois dans cet essai, et avant
peu je m'en occuperai avec toute l'étendue que mérite cefiilUr especial,
dont la phonétique si caractéristique s'écarte beaucoup de celle de la
langue générale.
Les mots dont la pénultième syllabe est fermée ou naturellement
longue (fermée par une diphtongue ou une voyelle nasale) ne sauraient
être des proparoxyions. Des vocables tels que le grec IJnéral iJiiXjSîoç,
^>.2:v3, n:«£j^ï,ou l'italien O'iranto irarei, l'anglais fUrj^^r, scavtnger,
l'allemand dntiehmen, àfbiittn ou le russe ùU{ai /polonais ullia) seraient
impossibles en portugais. Les seuls cas de pénultième atone longue,
précédée de la tonique, se trouvent dans les verbes suivis des pronoms
régimes, par ex. dàvAm-i'o, comprûvamos't'o, fizer<tm-n-o ou fiieram-o,
que l'on peut comparer à l'exception déjà citée de mots bisdruccioli, dont
le second de ces vocables est aussi un exemple.
ÉTUDE DE PH0N0I.OCIE POUTUCaISB 9)
On trouve asses rarement des mou dérivés ayant trois accents, tels
que misericorJiosissimam/nlt (miifrikurd'tnilîim^mf't^) : ce dernier en
est toujours le principal.
Dam une combinaison phraséologique de deux ou plusieurs mots,
c'est ordinairement le dernier qui porte l'accent principal; ck. diste nâvo
fmo ({ue te dôu, apprenderâs o saffkuate para tnttndérti a ^ufifdp" de qtu
u trdiia.
On voit par cet exempte qu'il peut y avoir en portugais une suite
dy atones, et que l'usage français de supprimer tes uns et d'accentuer
les autres . ordinairement les impairs, n'est pas observé. Les phrases
suivantes ont en français et en portugais un autre mouvement, une
accentuation différente : dé <f ^lU jç lé dis — dif ifuf u digo, df tf tf
HC^ir. Dans cette dernière, on dira tout au plus Jf ij t(' ff<btr. La
})iriode que nous avons citée plus haut se prononcera : «i^iff aàvi{ livrij
kf i{ dô ', jptfdtjH ij j/i/i-JÎr ' 'tç pjr^ îtidê 'r^xq kisiâù " dt kf s Iràî^ .
Vf des cas obliques des pronoms personnels et du réflexil « est sou-
vent tout à feit supprimé, surtout devant la voyelle ou la consonne du
même genre que celle du pronom sourde ou sonore) qui est l'initiale du
verbe auquel ces pronoms appartiennent logiquement ; on vient de voir
un eiemple dans « de que it tracia «.
L'accentuation des mots primitifs se règle sur la quantité de la pénul-
tième du mot latin correspondant, et il faut la voir dans les dictionnaires'.
Ordinairement on ne marque l'accent que sur les vocables qui pourraient
se confondre avec d'autres vocables dont l'orthographe est identique,
mais dont la prononciation est ditTérente. On marque encore l'accent sur
tout moi bnÉssani par i, f, ^, o, d u.dans une syllabe ouverte ou fermée
par t, lors même que de tels mots sont des monosyllabes, par ex, c'uà,
pé, si, ti, ta, avô^ av&t cajû. L'i et l'u accentués, quelle que soJI la pbce
I. Oa peut aussi consulter sur cette matiîre, comme sur bien tt'suires sujets
te rapportant i U langue portugaise uiuelle, et avec uae grande utilité, la
Noardit MitlioJt poar apprtndrt /j langm pertugûiie, eùtnpctii i'aprls Ut prin-
ciptsdt F. Akn, par F. de LencastK. Leipzig, di« F. A. Brocihaus, iSSj,
^livraisons.
M. dcLencastre a fait preuve d'uncgrandesagacitiet d'unesprit sén«ox dans
U rédaction de son petit traité; pour la mise en œuvre, il t'est surtout réglé
sur la Cfimmâùt complllt dt U Ishpiu ûagUiu, par Charles Crarser, Leipzig,
Brockbaus, 1878. Conme dans celle-ci, la prononciation des fflou eU presque
partoil indiquée aa mojen de signes purement conwentionDCls. g^ncralcmetit
d'une graode clarté, le souhaite et | espère, cependant, qoe dans une auUe
édition de son excellente Mtth dt^ l'auieiir adopte une notation plus conforme
Ml principes de la transcription scienlificjue : son ouvrage n'en acquerra qu'une
plus granae utilité; plusieurs observations impoitanies, tn etiet, courent le
risque de n'être pas assez bieo comprises, ï cause de la noialioa contradiclotre
dont M, Grafser lui 3 donné l'exemple.
94 ■*• CONÇALVES VIANNA
qu'ils occupem dans le mot, sont rarement marqués de l'accent, lequel,
selon l'usage le plus gérerai, eii en tous cas l'aigu '. parce qu'il n'y a
qu'une seule espèce d'i et d'u. L'i surtout n'est presque jamais accentué.
Les mots terminés en i, qui sont toujours des oxjnons, ne sont pas
marqués de l'accent, quelle que soii la voycEle qui précède le z. Ex.
rapaz, marquez, nartz, anoz, aUaçui, prononcés ri^jpdi, markii, n^rii,
çrràst Àlcaçùi. Le plus souvent e et o devant ce z ont le son fermé l, ô.
Les mots terminés en et, ol sont presque tous des oxytons, et les
voyelles e, o sont ouvenes (i, 6) dans ces vocables.
Les mots en dr ont toujours l'accent sur cène syllabe qui se prononce
avec 0 fermé (laiin -ôrcm), à l'exception peut-être unique des mois
car {latin cor — cordis) employé dans la phrase di car =^ par cœur,
mor (contraction de maièr], ma'tôr el piàr.
Il n'y a que de très rares mots latins en -or, employés en portugais
sans accommodation, qui gardent l'accent sur la pénultième ; ils ont par
conséquent l'o de la dernière syllabe ouvert ; et. sàrir (écrit »ror),
sœur, rcli^euse.
Les mots en ol ont, à peu d'exceptions près, toujours l'accent sur la
dernière syllabe, et l'o y est toujours ouvert, par ex. ^rr/M/, c^r^càt,
l'ancien /rô/ (du latin florem, par le changement de la liquide / en r et
par dissimilation du r final en /, non pas, comme les éiymologisies por-
tugais le prétendaient, par métathèse ') ; la forme fiôf a prévalu ; elle
doit être, cependant, d'origine savante : l'ancienne forme est/r3/.
Les pluriels des mots en -ol, al, u/ sont formés au moyen des diph-
tongues oa. aes, aes Ipr. èîi, â'is, u'\i\ par la chute de / médial, et c'est
pour cela que l'd a le son ouvea, et qu'on en écrit la subjonctive par e
au lieu de f . Ainsi nous avons roes de ràl, le nom de famille Frets, plu-
riel de l'ancien /roi = fiùr, qui a donné lui-mime le nom de famille
Flirts.
Les adjectifs terminés en vd sont cependant des paroxytons, et l'e,
également ouvert au singulier, devient cU au pluriel («i = tts = eUs).
Ex. ^màvil. trmlvA, au pluriel amàvtU, trmhtîs. Lorsque la terminaison
el est, au contraire, accentuée, la diphtongue ei du pluriel est ouvene.
Ex. painU, dccèl, au pluriel paîniis, dçeiis.
Presque tous les adjectifs et tous les substantifs en j7 sont des oxy-
tons ; ex. iuhiil [sqùï], fijnil, au pluriel subtis, funls. Les adjectifs faal,
utH, tiif/icil, inconsuùl et quelques auues encore sont des paroxytons; au
pluriel -U Se change donc en t'ti (tU = iUi),fncm, uttis, di^ctis, incon-
iujWï, prononcés /(Jf(iï, ûti'ii, dffiçiU, ïkôtâttU ; le peuple prononce
1. La preuve, c'est que le mol (roi se iroavc en pro&e dans les anciens
écrivains, et dans le ven hors de U rime.
tlTUDE DE PHONOLOOIE PORTUGAISE Q{
fdcM, ùUl^ defisH pv une fausse analogie avec les adjectib en -avel,
-irit. Les pluriels de ces adjectif deviennent alors fâciis, ûtèis, d{f-
fieiis.
le* substantifs en -/r, Ik peu d'exceptions près et encore celles-ci
d'origine savante, ont l'accent sur la dernière syllabe ; ex. mullUr (le
luia vulgaire disait muliêrem). Le mot charàcter {sot au pluriel charac-
tta. On ne marque pas ordinairement l'acccm, pas même lorsqu'il
frippe ravanl-demiôre syllabe de ces mots.
Les mots en -Jr (des infinitiis de verbes de la 2' conjugaison) ont tou-
ioun l'accent sur cette syllabe, lors mftme qu'ils sont dérivés de verbes
en -ère latins ; ex. fjzir, d'utr, coxir. En effet, la conjugaison en -ère
n'a laissé aucun vestige dans le portugais ou le castillan \ à peine si l'on
peut supposer qu'à l'ori^pne le verbe potr \ponér, actuellement par) ait eu
l'accent sur la syllabe poy puisque la contraction àç o -\- Ir tonique en A
D'à peut-^re pas d'exemple dans la langue. Les verbes de la ;* conju-
gaison latine se sont r(ïpartis entre la conjugaison en -ir [cTe\ et celle
en -ir, bien souvent d'une manière différente dans tes deux langues ;
ex. cadére, port, cilr, casùll. caer; dicere, port, dizer, castill. deeir^
00 dans deux périodes de la même langue. Plusieurs de ces verbes stij-
vseot andennement une conjugaison différente et qui s'accorde souvent
avec celle choisie par le castillan'. Il semble que le verbe catr est
encore aujourd'hui cuir k Goa ; du moins je l'ai entendu prononcer
uni i des gens de Goa, dont le portugais a depuis longtemps rem-
placé leur tangue naturelle, le concani.
Je terminerai cet essai en faisant remarquer que la prononciation clas-
tt)ue du latin dans nos écoles cnirc pour beaucoup dans la valeur que
l'on donne aux voyelles dans les mots que l'on emprunte chaque '^our A
Cette langue. Le latin est prononcé chez nous à peu près comme le por-
tagû ; nous pouvons cependant signaler les exceptions suivantes.
i. V, Milfl. y Fûntanab, Los Troradwtt tu EspaSa, p. ^i6; Hici, op. tit.
pus. , et surtout F. Adolpho Coelho, Titoria Ja Conjitgasio tm Lttim t Pottu-
fui, Lisboa, 1871, p. C^-(>(>. Le choix arbitraire de fane det deux con|ugii-
lOBS latines -Cre ou -Ire pour les verbes dérivés des verbes latins en -ère me
leaiMe tire parfiilement eipliijué, du moin^ en espagnol cl en poiiugait, par !«
perte absotoe de ctxxt coniu^aison. Il est i dêtirer que le sav,int roinnnisie por-
tigats fasse «ne seconde Milion de son remarquable ouvragF, et qu'il y étudie
h ^oestion int^msinie du râle des voyelles dans ta conjugaiîon portugaise.
Cette qucstiua otfrc des prubitmes intéressants et asseï difficiles j rèsouilre. En
Toici un. Tous les verbes réguliers ont le futur du subjonctif égal â l'infinitit,
d l'imparfait de oc mode est en apparence formé en iempla;2Qt te i de
rinBtitif par fM. Exemptes :
jmJr, futur sub. a/ntîr, prêt. subj. ataisst
tdh, (tii/r, eeéitsc
partir, partir, pariiut.
Mail presque tous les verbes dits îrrégaliers, y comprti U grande majorité
96 R. GONÇALVE& VIANNK
Les voyelles e, 0 ont toujours le son ouvert lorsqu'elles sont ioniques
df
S
X
Infinitif.
Parfait sing.
Parfait pi.
ifvtr
itfri
dptm^t
[jr
r
eûzimof
piimos
ttttitr
Iraau
trouiimos
diiir
JiSic
dtiùrnof
navir
piidc
nouvimos
hôavt
Cablr
(iutt
loubimot
Pôr
pa:
puiimot
Ur
(ive
tiv'emos
IV
vint
nimot
tf
fui
fâmai
Ut
>■
finies
tir
w
vittlQl
f!ar
Jei
dtmos
verbes monoîyllabcï, se comportent bien auUttncnt. Dans ces verbes,
quelle que soit d 'pilleur} leur cbn|ug3i»n, le futur du sub{Qictii nt presque
toujours différent de l'inliliilil, et il est lomf, quelques verbes, surtout mono-
syllabes, excepta, par le tutfixe -ir avec un c ouvert; et le priièritdu subjofic-
lil est iùTmi par le iuffixt -sst ptictàt de la même voyelle cu'a le tulor
de ce mode, c'est-à-dire [c plus souvent i. En outre \'t de la termmaisor de la
1" pcrKinne pi. du prétfrit de l'indicatif en ouvert, tandis que dans la seconde
conjoaaison rcgulicre >1 est fermé. Pour le lutur et le prétérit du subjonctif, la
vovclle radicale est générakmenl la mime que ccHc de la i'* personne du sia*
gcilierdu prétérit de Tindicatif. Exemples :
Seconde conjugaison régulière.
" ' ' ' Prêter, sobj. Futur subj.
de^iif dpli
q\ùzitu amzit
fi:lssc fizir
tiotutiu tiMtir
àhiiiif àitiit
ouviiii Koat^
coubtssc foahif
paiiise patir
tniiU tirtr
viiiSi viir
faut tir
fâtti f6r
iUil iÏT
Comme on voit, ces verbes appartiennent généralement i la conjugaison en
■iTtX ils ont tous la I" p. pi. du narf, ind. en -imfli, le prétérit subj. es -iut
et le futur de ce mode en -h, tandis que les verbes de la j* conj. régulière
ont un l fermé dans toutes ces formes. Quelle est donc la cause de ce cHange-
meni? Il eïit évident que l'origroe de ce sullîxe -tiîi eiigeratt un t fermé, et
Cependant dans le verbe w'r, o{i nous le trouvons indéprndani, Wji;;, H a un <
ouvert. Dans I» confugai&onis régulières le suffixe se trouve réduit i -i». ei la
voyelle qui le précède est toujours celle de l'infinitif du verbe, iimn-iu, àitt-at,
fuet-iic : dans les verbes irréguiiers que nous venons d'examiner, cependant, le
suffixe paraît Hk -tut, i l'cxceplion des foimts JâiSt et nsu, ob U vovclle est
disparue. On peut en dire auunl des suffixes •imot et -if du prêt. ino. et du
lutuT subj.
Dans un petit traité de la lanfpic portugaise iCùmptnJio Je Littiratarà Satio-
nal — i — i4 Imgua pcrta^iuia], publié Tannée dernière i Porto, et qui est
d'ailleurs un livre bien lait, l'auteur, M. F. Adolpho Coelho, consacre une
petite note, i peine, aux voyelles portugaises dans des mots identiques en
ce qui concerne l'orthographe, mais dont la voyelt'^ tonique a diRéretites valeurs.
Ce sujet méritait sans doute, de la pari du savant rumaniste, quelque chose
de plus détaillé, et surtout de plus précis. 11 est vraiment dommage que l'éminent
professeur n'ait pas cru nécessaire de donner i U phcinétique une place plus
importante dans son récent ouvrage, si remarquable sur plusieurs points, et qui
sera lon^lenips consulté avec un avantage réel.
Décidemenl, il y a fncore beaucoup i étudier en ce qui regarde les voyelles
des langues néo latines, et le portugais est certainement l'un des dialectes les
plus inslructifssous ce rapport, comme sous bien d'autres Cet essai n'a d'autre
Dut que d'éveiller la curiosité des romanistes et d'appeler leur attention sur
l'intéressante phonologie de cet idiome, encore si incomplètement étudiée jus-
3uM ce jour, malgré les pfécieun travauï de Di«, de F. Adolpho Coelho et
'autres romanistes.
ÉTUDE DB PHONOLOGIE PORTUGAISE 97
et qu'elles ne uni pas suivies d'une nasale fermant l^i syllabe ou suivie
eOe-mtoe de a, o, u. C'est à cause de cène prononciation convention-
DeUe du latin que des mots icis que ttU. forma ont la voyelle tonique
ouverte en porlugiis, tandis que dans les mots populaires /f /a, forma
jtBMtle]. I'< et l'o sont fermés comme dans l'italien i^a, forma. C'est
aitsti cène prononciation conventionnelle qui, vraisemblablement, a fait
donner la priltrence au son ouvert de ces voyelles dans les proparoxy-
tons, tels que ripiica, hittèrtco, etc. £ et o ont de même le son ouvert à
U 6n des mms, et l'on prononce donc en latin parce, fera. Ce dernier
B»t se trouve représenté en portugais par deux vocables, fôm ex/ôro
og (orum.
Cette prononciation ouverte de \'e et de t'o final n'est employée en
ponugaîs que dans les mots qui n'ont pas subi d'accommodaiîon onhogra-
pkique, par exemple /raiieà-/tfu«(jno, anglè-lutû, mintmf, rèirô.
Les voyelles ; ei o ont encore le son ouvert devant l'accent dans les
syllabes fermées par quelque consonne que ce soit, excepté j, et ces
consonnes sont loueurs prononcées; ainsi on dit en latin actôrera,
feclîdnem. séptem. nôctûrnucn. quoiqu'on prononce en portu-
it6% if/tâà, tti{, Offtûrav (aussi nàlùrap)-
Les î M les u ne sont jamais réduits, lors même qu'ils appartiennent
1 des déunences ; entre le moi latin se r vu s et le mot portugais slrvçi,
hdiffe'ence consiste en ce que l'u de servus est plénisonani. L'accu-
suif pluriel latin se prononce térv&î.
Li voyelle a suh les analogies du portugais.
La consonne t se prononce i à la 6n des mots : le mot fiât se pro-
nonce donc /i^«i. Devant i et une autre voyelle, il se prononce c comme
en français; on le change toutefois en c lorsque le mot btin est employé
en portugau.
On ne fait aucune différence entre une consonne double et une con-
sonne «mple ; les seules exceptions sont r ci rr, s et m, car le rr esl
vibrant, et le i médial devient sonore comme en français.
J'indiquerai la prononciation que l'on donne à quelques combinaisons
de lettres en latin ; ae — t; oe— e; aï — àî; ei — dî; uT — ni,- au
~ âù ; tu — Ai ; eu — iù; y — î ; aro — âù ; em — /û; eum —
tê;\m — T; um — C; an — in; en — in; in — in ; on — an ;
UD — Ut.
Les consonnes se prononcent généralement comme en portugais ; x
cependant a la valeur de ks après l'accent, et celle de iz devant la syllabe
locemuée ; â U fin des mots il sonne ki, qui devient itfz devant la voyelle
initiale du mot suivant. Qa ga se prononcent kâ, gà devant toutes les
voyelles, excepté u; devant celte dernière la subjonctive u est nulle.
La consonne i snMe d'un repos ou d'une consonne sourde a la valeur
xu 7
çS R. CONÇALVES VUNHA
de ï; devant une consonne sonore elle devient c, ei devani une vojrclle
I, mime d'un mot à l'autre : elle suit donc entièrement l'analogie de la
prononciation ponugaisc. On ne fait aucune distinction entre les Iongu«
et les brèves, si ce n'est dans la pn^nultiCmc syllabe des polysyllabes
pour déterminer la place de l'accent.
La prononciation du grec dans l&s écoles se règle sur celle du latin,
avec tes exceptions suivantes : y. ei ^ devant des voyelles palatales se
prononcent comme cju et gfi avec un u muet en portugais, c'est-à-dire
comme ch el gh en italien •,'^=zs;-/—k;fi—t; >f = f; z toujours
comme f ; t devant une voyelle — s ; devant une consonne ou un repos
s= j, i; ç suit l'analogie de s ponugats final ; p = r; p, ^p = rr ; e,
X = ^ ; s, u = d ; i> =r u français ou u portugais ; comme subjonalve
de diphtongue = 4 ; c-j — 6a; et, t,i = âï ; ot, ut -^ ôî devant une
voyelle. = ôî devant une consonne ; ii et v [^ n'indiquent ta nasalisation
de la voyelle qui les précède que lorsqu'ils sont suivis d'une consonne ;
a, t suivent l'analogie de l'd el de Vi ponugais ; les esprits n'ont aucune
valeur. L'accentuaUo» se régie sur la quantité de la pénultième ; on ne
tientaucun compte des accents.— Il (aut cependant remarqucrquc cette pro-
nonciation du grec littéral subit des altérations selon l'opinion de chacun,
et l'on peut même constater une réaction salutaire contre toutes ces
absurdités; celle du latin est peut-être irrémissibiemem ti}iée, ta con-
naissance de cette langue étant incomparablement plus générale que
celle du grec. La prononciation des noms propres grecs employés en
portugais, ainsi que celle des motsscientifiquc&empruntésàcetle langue,
se conforme i l'analogie des noms latins selon la prononciation conven-
tionnelle des écoles, qui résulte de la transcription latine des mots grecs.
On peut toutefois signaler l'accentuation de certains mots en -ia comme
étanttdue à une manière difTérenie de lire te grec ; on prononce par
exemple philosophie (siXû7Sf(a) et non pas phihsépkh ; on dit acaiemia
fdxa2i}pL[a) et non pas acadimia comme le font les Espagnols ou les
Italiens.
Pour les noms hébreux on met en général l'accent sur la dernière
syllabe lorsqu'ils se terminent par des consonnes ou des diphtongues et
sur la pénultième lorsqu'ils se terminent par une voyelle. (Voy. passim le
Nom<ndatort à la suite de l'ouvrage du pro^eur Conn^ieri Pcdroso,
Compeidio de Hiuoria Onirertal, Porto, sans date.)
Nous le répétons, la prononciation des mots d'origine savante dépend
beaucoup de la prononciation artificielle du latin ; elle s'écarte donc sur
plusieurs points de l'analogie dea mots d'origine populaire.
A. R. GOKÇALVES VlANNA.
MÉLANGES.
LES ORIGINES DE LA FAUCONNERIE.
H. Baist vient de publier dans la Zânchrifi fur deulschet AlUrtham
(XXVII. so-6j) un anide aussi rempli de science que d'idées sur les
«igin« de b fauconnerie. Il réfute d'abord l'opinion de M. de Hebn,
ffâ attribue aux Celtes l'invention de la chasse i l'oiseau, et il la revert-
<fiqoe, comme Jacob Crimm. pour les Germains. César ni Tacite n'en
&ant moi, die serait postérieure au i" sitïcic et aurait été introduite
liant l'empire romain par les Barbares qui, A dater du ur^ s., entrèrent
en s grand nombre dans les armées et qui importèrent, i la même
ipoque. le mot hur^us. La plus ancienne mention de cette chasse se
trouve dans Firmicus Matemus \vers joc). qui donne aussi pour ta
première fois le mot fako. Ce mot a jusqu'à présent opposé la plus
lérieuse objection â l'opinion soutenue par M. Baist ; car comment
croire, si les Germains ont inventé la chasse au faucon, qu'ils aient pris
te nom de son principal instrument [h'atk\ aux Romains ? Mais M. Baist
l'en lire en refusant i falco toute parenté avec faU, et en le rattachant
ifjlttn, le V. norv. falki, anc. h. ail. Jaiaho, étant v celui qui tombe,
qui se laisse tomber, « ce qui répond parfaitement à la façon dont le
bacon »e comporte avec sa proie. Je doute que les germanistes acceptent
un pareil procédé de dérivation, dont il faudrait citer d'autres exemples,
et il est très invraisemblable que le mot falco (que je trouve aussi
dans ta version latine du Pentateuque de Lyon, publié par M. Robert)
ne soit pas identique aufaUo donné par divers grammairiens et gtossa-
leurs comme signifiant « qui a les pouces ou les doigts de pied recour-
bés; » M. Baist allègue que le faucon a plutftt les ongles moins recourbés
qoe l'autour, mais cela est de peu d'importance : un nom général ou
vague a pu plus lard se spécialiser. Il me paraît donc toujours probable
que les Germains ont pris des Romains de l'empire la chasse k l'oiseau,
lOO MâUKC£&
qu'ils ont d'ailleurs biemAt cultivée avec une véritable passion, très
naturelle dans leur genre de vie, ce qui explique que d'autres termes
de fauconnerie leur appsriiennem. De ce que tsptrv'uT, par exemple, est
allemand, il n'en faut rien conclure pour falco, qui apparaît bien plus
anciennement. L'éiymologie du mut italien hgoro, ft. itarrtf ail. laoda^
me paraU encore fort incertaine ; mais le ituni pourrait bien être un
perfeciionncraent postérieur. M. Baist établit d'ailleurs que gerfaut est
non pas hierofalco ni gjro falco, mais le norois gcirfalk; que
smeriglio, tsmtriUon n'ont rien à faire avec mak (quant à les tirer de
l'ail. scfimerU, nom d'un petit poisson, il faut y regarder à deux fois),
et que le nom du sacre vient de l'arabe. Il considère l'ail. Habuht comme
ne provenant pas du celtique fieboc, et )\ peut bien avoir raJson ^quoi-
qu'il reste à résoudre à ce propos des questions difficiles,:. Mais tl ne dit
rien du nom roman qui répond à celui-là. Pour moi, je ne puis me
convaincre qu'jWour ei ses congénères viennem uniquement d'accep-
tor (influencé par aucepior), et je penche à croire qu'AsIurou ses
dérivés Asturco, Asturius sont pour quelque chose dans le mot (cf.
Rom. Vlll, 609-10). N'a-i-on pas là la révélation de l'origine de t'au-
lourserie ■ ? Je ne crois guère non plus à laniarius comme étymologje
de lanUr : le fr. serait iagnier, laniare n'est pas roman, et le latin ne
forme pas de dérivés de ce genre. G. P.
II.
FRAGMENT DE RECETTES MEDICALES EN LANGUE D'OC».
[Fol. I r'.)[i] ... serpoh, puliegreali, origan >, mîUuel^, de cascuna
i. Pour qu'au 111* siècle une espîce d'oiseaux de proie s'appelit astor (dans
k mime pasis^c ic Firmicus Maternuj où est nomoté le/tf/tfl, il fallait <)u'on
les iti venir d'Aslurie. donc qu'ils fussent domestiquas et uiiliifs.
2. Ce fragment, dont l'écmiire est du XIV' siècle, a été trouvé dans les
«rdes d'un manuscrit de la bibliothèque de Nimes, n' 1)729. Ce ros., qui «t
au XIII" siècle, contient la Sammu Je cesibui de Rnimon de Penafort. Le frag-
ment est ^crit sur un feuillel double en parchemin, qui pourrait être considéré
comme le centre d'un cahier s'il était démontré que atcl-H est un mol de la
langue d'oc. Le verso du feuillet 1 se teroiine en effet pu m et le recto du
(eutllct I commence par tljt. Il est plus probable que ces deux syllabes appar-
tiennent i des muu différenls. cl que dm est la fi^n du mot mtUlat. Le verso
da feuillet 1 est collé contre le plat de la reliure en bois. Décoller ce feuillet,
qui est en auei; mauvais eut, serait une opération délicate, mais qui foarDirail
la ooaiinualion du texte. Le fragment que nous publions occupe donc trois
pages. II y a 16 lignes dans la première, aj dans la seconde et autant dans la
Iroivième, en tout 76 lignes. Les dimensions des feuillets sont i peu pr^ celles
de nus volumes in-i3, avec moins de hauteur.
}. Serpolet, nrp;llum^ Ubiét-
4. Pouliot, mtniha paUsiont^ labiée.
[. Orisaïuàm ntjeare, Uoiée.
î. Acmtlta millfptium, synantbérée.
k
FRAGMEKT DE RECETTES MÉDICALES TOI
de ku plantages*, agremoni^', salviat, penthafilon 4. pilosela t, conso-
lidi* mager e menrc. hcrba drparalizi 7, ceniri galli\ pinpinciao, calcn-
iJbU '■*, barba Aron", memastre", sijîel sancia Maria'), scrofularian,
enpaiori 't, fenol '*, arthemiza '?. dipian ■*, pionia's, violaria»", cdra»'
imenca, mttfud, cauls rochu", lenaseï »«, herbade Roben'-t, lormcn-
ulb M, nepia »*, onigas »?, de las cimas de la carbc roch >», ana '» M.î»
.j.) Tog*' major, M. ij Sian irincadas loias al monier.epueys colai.ela
coladora sw^ue a l'umbra ; e can comensara esser espes. fay ne Iroces '» ;
e<ioan ne voiras uzar, dessol ne .j. am vî blanc, e dona ne a beure al
{Mcùn de mati e de vespre.
I. PbhUia, piantago, pUuUKin^.
3, Afrimmtta rapaloria. rosacée,
}. SXuge, tattu offitiMûlii, labiée.
4, Oti(\-itv\\it, fn'tfntilh npians roïie^.
5, Hiimcium pitoulla, tynanthéree.
h. CoiiKwdc, symph^tam offianaU, atripIJcée.
2- Pnmuij rtfu, pnmuLcée.
è. Petit mu^urt, aipeioU cJorata, rubiac^e i (ruilles lancéolées lertnlnfcs
fit one petite p«inip, de xj.Tpqv, potnie, et de ^dJ/ioft, plante ainsi ilili*
Bie : • Oal^iûti, hert^j est mulcit mioitnitque floribus luldi et odoratis : esl
( wtoB species Aspergulx. Cennanice vocatur RaariUcn. « Celte d^5nition ett
licé« d'un tuité dr phirmacie (lu XV[< iJKle, Jonl le titre manque. C'e« un
peut tn-S* de xxvj-^^j p. Il y est question des écrits de D. Jscobus Syivius,
tx^ai PatiiitnsiifQUi en est pCDt-£tre l'auleur A la fin du volume on lit :
Ugiam. ticaJe^i TitcohUat Piginus, Ce livre rare appartient à M. Charles
UoUrd. bibliophile i Nîmes.
9. Pimprenelle, ianguitorb4 o/^cîitaUt, rosacée.
10. SoDci, (aUnâula offiunaiis, synanihèrie.
II. Bittorte, pù(yeoium Httorta, polygon6c.
la. Menthe poivrée, mmha pipwiu, labiée.
IJ. Sceau de Nûtre-Dinie, lamat cominuau, dioscorée.
14. Stro'alanii nrjosâ, scrofalarife.
11. Eupat^num cama^narr}, tynjnthér^.
16. Fenooil, maham fœn'iialam , ntnbcUifèrc.
17. Amotte, artcmitiii rM/^jf», synanttiérée.
18. Oictame, <)/i\rjnujn dittûmnuî, bbiée.
19. PÎToiDC, pomnia officumlis, renooculacèc.
lu. Giroflée violier, ihttruiitbai tbt'ui, crucij^.
31, CUckone lierre terrestre, Clukoma ktdtrauam, labiée.
it. Cbouz rougn, crucifère.
J). Taïuisie, tcruetUm vat^art, syiunlhér^
J4, Gennium llottrtijnam , géraniacée. (Cette ktfbe i Rahrt figure dans te dtl
ta pros« de i'F.rknt <iii( lubînai a publié d»ttt ses notes sur Rutebeul (i* éd.,
IH. 181», rt a imgaliéreireiit embarrassé l'éditeur. — Réd.J
aj. TermfiitilU uttta. rosacée.
36. Herbe ass cfiats. ntptta caterui, labiée.
31. Orties, iinirc oreni, nriicée.
39. Soinmités de chanvre rouge, tannahii tmficâ, cannabioèe.
39. De t^i, par parltei égales.
)0. Mampvium. une poifioée. Le manipnlut venait des médecins arabes,
CMHK le pagtlltt}^ l'amcii et autres po>dt.
{t. Canner, rtiha timiorum, robiacée.
)]. Trodn»quct, rondelles ov morceaux de pite inédicameateuse séchèe.
102 MÊLANCCS
(2] Emplaust a tota nafra, et a irayre ferre, o fust, o tola autra quai
que te vuelas.
1^. ' Itlargi' d'aur, .j. lîtira; galbano) -f-* .j. ; armoTiiac i, -f ijîoli-
ban^, mirra~, enccs, vcrdet^t opuponac9, aristologia longa '■■« ani
•7- .].; bedelli ", se atroba am ta mirra que es moi ctar, -^ .ij.;
cera nova, ;- .viij.; oli mot andc de olivas ", .ij. Duras. Fay ne enguen.
[}] Emplaust a tota nafra de tôt lo con.
4. pegua naval ■) . rezina blanca, ana .j. liura ; trebentina >«, liura r m;
cera blanca .j. quan'*; galbano, -;- .j.; mirra pura, -r ** ; aristo-
logia redontJa '7, -, '" .iij. ; coral rog '9, masiec ", ana -f- .j. Cassa al
mortier aquelas que fau a quassar, e fay l*enpl.iust am vi blanc (i^^ en lo
cal seran cuechjs aquesias erbas; i^. betonica*^ berbena^*, consolida
majer e menre, centaura't, pilozela, ypericon»*, ana M. .).; herba ser-
pentaria >>, los caps sobeyras de !a carbe, ana M. .j. Lava las «t après
sian conquassadjs et aian remobi en vi blanc per }. iom natural, e bola
tant l'aygua que se g.iste la moniansa det vi Pufys cola o e met i de
lach de femna que noyrisca mascte, f quart. K rcmena bc entre las mas
aqucst enguen am oli de rozas agreslas »' 0 bedegarias, que tant se val.
1 . Reupta ou rttipt.
2. Protoxyde de plomb demi -vitreux. La lîlKargc d'or est celle dont U cou-
leur it rapproche de l'or.
J. Galoanum, fçomtne- résine tirée du katon gulbanam ou du ftraU gelba-
mftra.
4. Ce signe désigne Voncc, douii^ine partie de la livre : anctam amm.
j. Sel immoniac, ou chlorhydrate d'jmmoniique.
6. Du bas-lilin oiiftafiam, résine nommée auui encens.
7. Gomme-r^ine du bahamedatdroa myrka, lérébJnthacée.
8. Vert-dc-gris.
9. Kéïine de l'opopanax pjstinjta.
10. Arislolock'ia lottga, ariitolochiie.
ti. Btdfllium, résine du Levant et des Indes orienisles.
la. Les rormuleî preicriveut loujourï l'tiuile pure el vieille.
IJ. Poix navale £u coudron.
il. T^rÉbenlhinc, ruine liquide provenant des conifères et des tirèben-
thacks.
1 J. Ce signe (dans le ms. une i longue arec barre oblique) iquivaut ï ttmii :
demi-lirre, muia lia/n en provençal.
16. C^rt de livre ou troi^ onces.
17. AntlolDihia rotunda, arittolochîée.
18. Ce signe indique la iiachmt, synonyme du grM, ou huitième partie de
l'once.
19. Corail rouge.
20. Voir page (, note a.
11. Bitoine, kaontea offidrtalis, labiée.
11. Verveine, rtrb^n.i offiimhs, verbénacée.
2). Cttttaarej ctauarium, synanthérée.
24. Millepertuis, hypiricxun ptrforatam, hvpeftciaèe.
:j. Serpentarre, jfam ieacaïualus, aroidec.
a«. Fleurs de l'égUntier.
FMGVENT DE RECETTES MftOtCALES Ic)
[4] ExDplaosi cicatriuiiu, encarnaileu. 0 si^llatiu. n. oliban ben gum-
Boc, tant can voiras entro j. liura 0 .j. quan. E met 0 en drap de II, et
aqoi ù liai et pauut sobre l'ola, en la cal sia l'aygua formen cauda, c
non toque l'argua. E quan sera ben mol, pren oti de lumbnx ' e psla
0 ziD lat mai am lo dig oli. Si vols far que w per nalra, pasia 0 am
oU de rotas agrestas, que se apela bcdegari.
[{] Autre emplaust que comunamcn uze.
*. Trebentina tavada en très ayguas 0 très bes, .j. quart; de enccs
giiBBOt be luzen e triât, -;- f ; de pois * de lumbrix, ; ,j. ; cera blanca
TBrgei|iK sufisca. Pueyscola o, e canscracolai meiahom ... polveras.
so es a saber del mastec > e dels lumbrix, malexan, so es a dire remenan
entre Im mas u (fol. 2 r») clal encems.
[61 Emplaust a traire os cranei, que vol dire de la testa quan es trin-
ot, ses lezio. M. oU mot andc, cera citrina *, aoa -f .j-; U ordura del
brusc de Us abelas ! , ana • -;- .j. cl f . Apres, nf. euforbi?, 7- '^*; lach
dethinal*, autraoïen apelada la chuscla, -r -ij-; aristolochia redonda,
-f .\. et f'. E fay lo en manîeyra de cerot t.
[7] Emplaust ..... dîsicaiiu et am ayso engcnraiiu c^m. tt. pegua
naval, colofonia ''', ana ('liura; rezina, .j. iiura; galbano, serapiu ",
innonbc, opoponac, scordio^', lapdan '1, ana -^ .j.^ oliban, aloes'*,
«rra, sarcocot m, ana r *'; trebentina, .j. quart; oli de rozas, -r .iïj.;
cera que abesic. C fay t'emplaust.
[S] Unguen desicaiiu et airaaiu. n'. cen de boc '^, f* liura ; cera, -J-
Jij. ; oli mini, f liura ; pegua naval, colofonia, résina, ana ^ liura ;
mirra, aloes, ana -^ f ; gallarum baUustiarum '7^ que vol dire los botos
I. Hnile de lonbrici. Dans quelquM panie<i du Piémont on emploie encore,
coatre la rbtuoatisaies et la KÎaliqDC, de l'huile qui a servi 1 tain: frire des
vers de terre.
J. Poudre de lombrks.
{. Mastic, rétine du ttniirJkttf Uatatus ou pitUtia Unthtm.
4. Qre jJuiK.
{. Fumver d'slieiDes.
6. Ama ne pem se comprendre qu'après deniou plusieurs espèces ou drosues
phxnnacetiiKiDM Or il a*»i queiljon ici que du luinter de mclK..4n4i csl donc
probableineiii une erreur da copiste.
;. Euphorbe.
B Tnnymale, aiphorHê taprustit, etiphorbiacée.
9. Cèrat.
to. Colophane, résidu de U distillation de la lérébcnthine.
II. Ucutarde, tmi^it lugra, cmcifére.
IJ. Gcnnandrce, tiacrium uotàmm, labiée.
I}, Bardane. ùtttmm hppa, synambérée.
14. Résine dfs aloès, liliacées.
II. Sarcocolle {colle-chair), rèstoe qui hitc la réunion des plaies.
16. Sai^ de booc.
17. Pour trf/jutlûruin, de bdhitiùun, fleur du groiadier.
104 MÉLANGES
en flor de las milgranas < , sanc de drago ', ana -^ .j. ; la razis de yreos i ,
que vol dire espazela que esta sus las paretz fresca, ^ liura; la pois de
cornu servi ust 4, -f Jj.-, trebentina, .). quart. Sia fach unguen.
[9] Bevenda contra scrofolas, gitatoyras per las vias de la urina. <}.
scrofularia, philipendula f , ana 4 .j.; trefuel *, -~ -ij.; pimpinela, -7- .j.;
primule veris, que auuamen se numma herba de sant Peyre?, pilozella,
ana -7- ^; cantari[da]
Ed. BONDURAMD.
III.
AMANTIN, AMENTIN. — AMENTER?
Amantin : n Mot obscur, dit avec Scheler M. F. Codefroy, dési-
gnant une sorte de toupie. »
De la tourpie aux amantins
M'esbâtoie soirs et matins.
(Froissart, l'Esp. amoureuse, 241, Scheler.)
L'amantin, ou plutôt Vamenùn, n'est pas la toupie, mais la corde dont
on l'enroule pour la lancer et lui imprimer ce mouvement de rotation
qui la fait vhndir, comme on dit encore aujourd'hui dans la Haute-
Normandie. Ce mot se rattache évidemment au latin amentura, cour-
roie qui servait chez les anciens à lancer les javelots et autres traits
semblables :
Intendunt acres arcus amentaqae torquent. (Virgile.)
Amanîer, atnenter, si toutefois ce verbe existe, a la même origine que
amantin :
Vous qui par les forests plaisamment ombragées
Faites d'un trait d'arc que votre main décoche
Culbuter le sanglier si de vous il approche,
Et des voix de vos chiens, vivement ameniez,
Fuir d'effroy les chevreuils et cer& de tous costez.
(Cl. Gauchet, la Chasse da cerf, p. lyj, en note ; Bibl. elz.)
« J'ai déjà rencontré ce mot, dit Blanchemain, éditeur de Gauchet, et
j'ai mis ameutez, croyant à une erreur typographique. Peut-être vient-il
1 . Grenades, fruit du punica granaium, myrtacée.
2. Sang-dragon, résine du cafamas draco, palmier.
J. Sisymbriam officinaU, crucifère.
4. Poudre de corne de cerf brûlée.
S- Spiraa filioendula, rosacée.
6. Trèfle, tri/olium pratense, papilionacée.
7, C'est encore Vherba paralysis.
TBNTATIVAS KTIMOLOCICAS |OJ
faim atnentare, qui signifie lier avec une courrme ou bncer avec
(ne. >
Il en certain que h leçon amtnttz parait pr^érablc dans le passage
que nous dtons ; en tout cas elle se rend autorisée par le vieux mot
matin. Mais un seul exemple n'est pas toujours probant'.
A. Delboulls.
IV.
TENTATIVAS ETIMOLOCICAS.
AGUANTAR.
I
Con la misma fonna aparece en los dcmAs dialectos peninsulares ; en
portugués se dice lambJén agaenur. Es de origen germànico, y el con-
npto fundamental que enuana es el de « permanecer, mantenerse, per-
wverar, » seniidos que ofrece en varias de sus modittcaciones la raiz
MB. iDiefenbacb, Ooih. Wb. i, 160, i6j. 166; Pou, WiVb. U, n, 139;
Sdade, AUdtaitcnes wb. %. v. vonA Por lo que hacc i la forma, cor-
responde agadaîar con mâs exacthud al danés venu, sueco fànta,
«aguardar. »
AMACAR.
Al iratar de investigar el ori^cn de este oscuro vocablo se présenta
desde luégo la dificuliad de saber si ha de buscarse et camino paniendo
dcl sentido puramenle maierîal de « movimienio û golpe con que se
amenaia », 6 si m»s bien ha de leniurse ventura rastreando por el con-
cepto de ti intenci(in 6 voluntad de cjecuiar algiln acto >■. Por el primer
bdo no hallamos salida, pueseldmdgdrpor«esconder» iverbo de sentido
material) que ofrecen cl provenzai y dem^s dialectos peninsulares afines.
M se d^a enlazar f;icitmenie con noesiro verbo ni en cuanio al sentido
ni en aumo â b consirucdon. Por el segundo se me ofrece esta conje-
Rira : ta inienci<Sn de ejecuiar prâximamente algûn acto, asf como lam-
bién la proxinidad con que ba de veriticarse algdn succso n feni^mcno,
puede expresarse con un lérmino que signi^ue que se liene la posibi-
Ijdad â la voluntad de ejecuiarlo. Se dice que uns teja » putde caerse »
aundo hay motivos para temer que asi suceda ; « quitre llover > (en
tnglés it wilt rain, il hoks as if meant te lain ; Head, Shalt and Will,
p. 6a) se dice cuando la apariencia del deto anunda una lluvia prdxima.
I. [Le lit. ammtuin et le verbe amenlare exiiieot dam l'eip. amanto.
■ ooarroie •, amtjnjr, « tancer avec une courroie >, ce qui rend plus vraiscm-
bbUc leur existence en français. — G. P.]
tù6 MéLUNOES
Ahora bien, s! suponemos que amagar es el germ^ico magan, que
envuelve aquellos dos sentidos, tcndremos que <■ amaga llover u es lo
mismo que «puede6ifaureliovezn,vamagabjriucQiT\eie^[mi»ei % qutrîan
acomelerme. » Voy S ensayar ordenar las construcciones del verbo caste-
llano tomando porbase este concepto.
a. Constniyeie con un infinùivo que dénota cl acio que se va à ejecu-
tar priiximamente : « Los enemigos amaguban bombear y eafionear la
A pUza. n Qujmana, Cartas à Lord Hoiiand^ 9, • 1^ arenida amagaba
t inundar sin rcmcdio la escena espanola. » Id. htroà. d b poesla eas-
Itlhnj en el sigio XVUI, j. « Se habfan extendido [las tropas] hasta
(I Martzanares y amagaban aproximarse h las gar^antas de Sierra
u Morena. .) Toreno, Wwf. lib. 6.
A este infiniiivo suele anieponerse à, sin duda por analogfa con tirai,
mirar, aspirar, con los cuales dénota cl blanco ù objeto à que se enca-
m'ma la imenddn : « El enemigo amagaba à atacar los puntos de Sierra
Morena. 1» Jovellanos, Def. de la Junta Ceniral^ 2, 2.
b. En lugnr del infiniiivo tiene cabida un nombre : n Los antiguos
v para piniar la imprudcnda y condictân de la muier, pintaban una belli-
K sima doncella pisando un gallardo mancebo y dando la mano n un
« horrendo salvaje, que con un ûudoso bastdn amagaba un golpe .1 sus
a hermosos ojos. » Pkara Justina, 2. 3. t.
Este acusstivo puede callarse, lo mismo que cuando se dice U Jiô, U
tiré, U aunà, U pegô : ■ Como vicse atravesar un pucrco jabali por
(f delante de ellos, amagaaàa [el golpe] al puerco, lirtS el venablo i Foco
« su hermano y le mat6, » Graciàn, Moriltt dt Platarco, fol. 8j, en el
Ùia. de aaiondades.
Es singular la siguienle construocidn de Quevedo, en la cual no se
que analogja pudo seguir :
AfUnos contrahacla,
Ahitos disimalaba.
De milagras amagah»
A las horas dd comcr.
{Mata s , Ittr. sttt. 10.)
(. Omitese cl acusativo, pero se colige por el contexio : « Amag^
■ [berir] pero no hiere. » ^ Ama^a [salir] y no sale. •> « En los dfas de
« feria damos licencia que en las liendas, Plateria, calle Mayor, el ver-
■ dadefo caballero de la Tcnaza amagat, y no dé. • Quevcdo, Carias
dti C&h, dt ta Tinaza. En este pasaje podrfa haber alusidn al juego de
muchacbos llamado amagar y no dar.
d. Usado en absoluio se toma en especial por « hacer ademânpara dar
6 araenaur ». El objeto que se emplea para hacer el adem^n ô demostra-
don va acompaiiado de can. Esta construcdén guarda analogia con dar.
I
TiNTATIVAS ETIMOLOCICfcS 107
ittrur, tirar fun golpei coa an pato. a ToHo lo que podia sisar y hurtar,
«inta en médias blancas, y cuando te tnandaban recar y le daban blan-
■ ce, romo ël carecia de vista, no habfa el que se ta daba amagado
acoBtlb, cuando yo la lenia lanzadacnlaboca.y lamediaaparejada. »
Karudo dt Mendoza, Lazarilto Je Tomei, i.
Arnagis coD la vida y dai la muerte.
(Id. Eltgta I Si no puede razoo i.)
Pues s6lo es justo que aderte
Cuaado iim<f ^d con favores
Y ejecula coa desdenei.
tCaldcr&n, La vida tt ttufio^ a.)
Cirgado i veces de aplomadas oubes
Amuga cl cîelo cor tormenU oscura.
(Poster Diaz, La lana.)
t. Stn complemento alguno, se particulariza mus el sentido y signlfica
*tmaazar con sdeman de herir v. » Hasta que llegue este tiempo, cl
tiefior se détient y espéra, y entre tanto algunas vcces amaga, y en
«Qegindo aquel tiempo, hiere y asuela. >■ Rivadeneira, Trat. de ta
triuUàin, i. i].
Que ei el niedo en el vulgo, letnejinte
Al riiido qoe eo tj aube se levaola,
Qoe, sifl herir, con amagir espania.
(Valbuena, BtrnarJv, 14. ï
Ed aXi forma se usa meuforicamente iratândose de ciertas cnferme-
ibdei y accidentes : « Ni en su vida conoci6 otro mal, sino una espede
« de aUerecIa que le anugfiba de cuando en cuando. u Moratin, Ei tî de
£u BtHai, t , 4.
/. Varios escritores modemos, como Quintana y Martlnez de la Rosa,
enptean este verbo como sinénimo de amcnazar, y lo construyen con
KQsadvo de persona ; lo cual, hasta donde se me alcanza, no se hizo en
edades anieriores de la len^ua.
En njraa, pues, la forma, el significado y la construcdàn de amag/ir
no repugnan la etimologfa propuesta : el germànico ma^n, * poder,
qoeier, n con la a proitética que aparecc en otras voces de igual ori-
gen. como apiardat, aguantar, agualttr, Sàlo una dilicultad queda, que
00 di&imularé, y es la que ofrece la historia de la palabra : la construc-
dân coa iniinitivo, que habrfa de ser ta m^s antigua, es, à juzgar por
loi ejeraplos citados, la màs modema ; aunque es ciefio que la construc-
66n con un nombre de acciiSn aparece ya en el sigio xvii |en la Pkara
Jaaiaa). Fero como este vcrbo no es de los que mis à menudo ocurren
en noesiros escritores (de Cervantes, por ciemplo, puede asegurarse que
I08 MELANGES
no lo us6 en [as obras qoe de él tenemos), no liay fundamento suficien-
temenie solido para dccidir el punto. Pasajes ameriores at sigto xvi no
tenf^o anoiados sino los sigui'Cmts ; « Todo omne qui sacaret cutello
<t auezino uel filio de uezino, uel amjgaret cum illo, pectei .îj. m*, a
Futros 4e Madrid, ano I302 (Mem, Acad. HUt. VIII).
No se como lo visics,
Que en lugar de ver cegastes,
Porque d cllos jmâgAstts
Y é. voî en lleno heriïles.
(Montoro en el Cane. Je Racna, pâg. ixxvj, Madrid.)
ARROJAR.
Indica Diez \E. W., t. y.) como origen posîble de arro/ar una forma
nur semejante al francés ruer, del latin ruere, la cual, mediante la
interpolaciôn de la / para evitar el hiato, dan'a ru/jr, y de ahi rojar^
arrojar. Contra esta ctimologfa, dada ya à su modo por Covarrubias, se
ûfrece la djficultad de que arrojar no aparece como voz usual en casie-
llano sino del sigio xvi aci; y sîendo tan comiin desde esa época, séria
menesier que, si se hubiese formado dentro del casieltano niismo, aquel
rudr figurara hacienda sus veces en el période que precediô i su apari-
ctdn. Pero eslo no se verifica. Es, pues, de creerse, en consecuencîa de
lo dicho, que arro/jr ha venido de otra pane en su forma actual. Pero,
de d<5nde i Segiin loda probabilidad del catalan : aqul arruxar, arruixar
reuni6 amîguamente las significsciones de « rociar ■ y c arrojar » ;
Cl arrojado i> se dice anuxat, arruixat y anojai; ^ rociada, » como de
balas, es ruxada, ruixada, de ruxar, ruixar, •> radar • (me remiio at
diccionario de Esie^'â, Belvitges y JugLâ y Font y al de Labemia]. &]
valenciano arruimr es <• rociar, regar, arrojar » \ aragonés ruj^>r, rajiar^
o rociar ». En casietlano mismo rocur vale ■- arrojar esparciendo n, y
de una manera seme|an(e (pues se loma rtg/Hr por rociar^ dice el vuigo
bogotano rtgar pUia, tl calalh h regà (at jinele). En resumen, arrojar
séria la forma catalana de roci'dr, y ambos se reducirian en dltimo tér-
ninoâ roscidus.
ATRIL.
Sugiere Diez (£. W. s. v) que atrit puedc provenir de Aim7 ^^ lecto-
rile, fr. am. Uirin, babiendo desaparecido la l inicial por la corapanta
del arficulo : el hirU, el atrif. Confinna esia conjetura el siguieme
pasaje del invcnlario de la iglesia de S. Fétiz, aiio 1310 : •• Item gros-
sum cotlectarium ad latrilt m coro deputatum. » iEsp. Sagr. XLV, 2^6.)
A los ejemplos anâlogos ciiados por Oiei {Gramm. I, i8q, irad, franc.)
hay que aiiadir, para mayor comprobaciAn de la ciimologfa de atril, los
siguienies : ania, lamta ; ambrai, lambral ; et bogoiano vulgar amedor =
TSNTATIVAS ETIMOLOCrCAS 109
iamtdor, imh = Itiaho [usado lambién aniiguamenie en Espafia : Cane.
à Sjtaa, pp. 691, 692} ; y el cubana anttjada — Linujueta.
LÔBRBCO.
El seiior W. Kœrsier [Zeitîehiift fiir romanische PhUohgU lit, 562)
apooe Us diAcultades que ofre la etimologfa comunmente recibida. de
Covamibias acd, tôbrego ^ lugabris, y hace présente la compléta
cgaformidad que en punto de fonéticâ existe entre tàbrtgo y lubricus;
M obstante, encuentra el tropiezo, grande por cierto, de hallar un esla-
bdn que enlace lot significados u oscuro n y « resbaloso ». Qui^ podria
acepurse esta explicaciôn ; làbrtjio hubo de aplicarse & lugarcs aànndc
os D^ d sol ni estin bien Tentitados, y por lo mismo la humedad los
poM reibalosos ; de suene que primeramenie se diria de las cuevas,
tavernu y lugares semejames, cotno se ve en estos ejeniplos :
Hac« su hi)biuct6n y vida extrana
En DU oculta y Mriga morada,
Que jamis^ al«gre sol U bjini.
[Erctlla, Arauteju, 3\.)
El eerrado catlillo quedà abîerlo,
De la gcnte servil desamparado ;
Y de un lâkrt^o làlano rncubierto,
Cirœl de nn grave pueblo .iprisionado,
Hactendo libre la moftal cadena,
Cicn aimas de una tcz sacti de pcna.
(Valliuena, Btrnarda, {.)
De sui cimas elernas
Bajari denodado
De b tîcrra à Us tibrtg«s caversas,
(D. Jatifr de Bvrgos, Et porvtnk.)
De aqul se aplicarla en gênerai i lugares adonde no entra el sol à
que por oiro moiivo se hallan sin luz. « El en la casa do mudaren [I03
giri<es', deben gutsar que^ quando quisieren, que sea muy lôbrtga. »
D. Juan Manuel, LibTO de la caza, 9. <■ Débenle poner en una casa
U^tga et fr^a. » Id., ib. 1 r .
Era ta casa lihtgd e Ea nochc cscura.
[Altx. 1102.)
Dif I non lemes las etcuras
Gnttas tt bocas de avcrno?
Non terreiçes el infierno
E sus tùhrtgat fonduras ?
{Manjués de Santillana, Bm <ontra fortana., 148.)
He dtado adrede e&tos efemplos aniiguos porque tienden i probar
qoe la apitcacidn mis antigua del vocablo fui i lugares cerrados, lo cual
I 10 MÉLANGES
se conforma con la conjetura expuesta ■. Su empleo en otn» caxoi séria
una nueva generalizadàn.
Esta etimoiogfa serfa luminosa para &jar la dilierenda smonfinica entre
■ oscuro » y ■ lâbrego », pues este agregarta al concepto de <a de
luz el de humedad. « Entramos en casa, la cual tenfa la entrada oscura
a y lôbnga, de tal manera que parecia que ponia temor i los que en
« ella entraban. » Mendoza, Laiarillo de Tormes, }. « Siete anos esturo
« debajo de tierra con pacienda de cadiver, ensayândose de difunto en
« sepoltura estudiada, componiéndose de muerto en la color y fiereza
« inculta, con la humidad y lobregua. » Quevedo, PTovUaida de Dios.
Finalniente, que lubricus se usd en la baja latînidad por làbregft b
hidera sospechar este pasaje de S. Valerio (agio vii), si lo crespo y
redundante de su estilo no se opuaera i cualquiera deducddn séria :
« Post h<ec autem erit cœlum novum, et terra nova, praefiilgens splen-
« didior septies argento : et lux splendiflui atque immenu candoris
« radians claritate perpétua, absque aliquo noctivago fuscante labrio)
« permanebit in xternum. » Esp. sagr. XVI, jyé. Tratândose aquf de
contrastar la luz y las tinieblas, y aplicàndose i lubricum los epftetos
« noctivagus » y • fuscans >, no se podrfa tomar aquél por « resba-
ladero ».
LUBRICAN.
SegOn el Dicdonario vulgar de la Academia Espanola, significa esta
voz el « crepiJsculo de la manana » ; y efectivamente con tal valor
aparece en el lugar de Fernando de HeiT«-a con que se compnieba el
vocabto en el DUcionario de autoridades : « De suerte que el Labncàn, 6
la primera luz de la manana, no se comprehende en aqnella apeladân
matemâtica del dia. a No obstante, àgnifica también el « crepdsculo de
la noche, * como se ve en estos pasajes :
CentelU soy, si d hbriciit parece ;
Uama, cuaodo se vea las tuces bdlas,
Y el blaoco rostro k Délia se colora.
Fu^o soy cuando cl orbe se adormece ;
Incendio al asconder de las estrellas,
Y ceniza al Yolver de uoeva aurora.
(Hemn, Rinui, lib. D, son. i6j.)
Este, cnando ta anrora se rela,
Su corazèn ta ligrimas baftaba ;
1. En d pasaje siguicDte oarece la aplicaciÔQ de lôhcgo, particnlaridad dd
antor, como el Aant obscari de Virgilio : i La bandera es como la Tacha en la
sala, que alsmbra à todos ; é si se mata por algnna ocasion, todos qnedaa
l^tgos i sin TÏsta. > Diez de Garaes, Criau* de D. Ptdro NAo, p. 107.
TENTlTIVAS BTIMOLOCICJLS
Y cuando el sol en el ccnït ardla,
Ea amorou petia le abrasaba,
Y cu^indo cl fabricàn ïe detpedia,
El aima de cristeza le cirrcaba ;
Y al cubnr de pavor h tioche el cido,
Casto le daba y noble detconiuelo.
(Hojeda, Cf»nd</a, lib. XI.)
Ahora bien ; el Diccionario vulgar irae también : <t Emrelubricdn : el
« crepilsculo vespertino 6 que précède à la noche ; » y el Comenclador
Griego explica asi el vocablo. colocàndole en su colecciùn de refranes â
modo de locuci^Sn proverbial : « Entre lubrUdn : Quiere decir entre tobo
y pcrro, cuando i la mafiana y al anochecer no conocemos si es uno 6
(010. n Esto nos conduce à una exprcstàn comiln en otros dialectos
romances : port, tntre o cào e o lobo; prov. entre ea e hp, que, scgtin
Mistral, es hoy entre uut et loup; fr. entre chien a loup; en todos éstos
se usa pra denoiar cl crepûsculo, ya maïuiîno, ya vespertino. En cas*
lellano hubo, pues, de s.usiamivarse la expresïdn entre lobo y can, lo
mismo que en (rances se dice l'entre chien et loup; y como en aquella
Icngua los compuektos copulativos dan h idea de entre, segiln se nota
en agridukt, tubicdn, verdme^ro, se dijo slmplemeiite lubican, y acaso
como reliquia de la influencia del tntrt quedi la r en lubricdn, si no «
mis bien una excrccencia casual como en bretânica, brùjuid, ac.
La eipltcacitSn que, en cuanio al sentîdo, da el Comendador Griego
es la (nisma que adopta Liitré, y es indudablenieme la que à cualquiera
K le ocurre. No obstanie, Brinkmann en su obra Die Metaphern ■ U
desecba, y acude para el esclarecîmiento de la locuciôn cuestionada, i
la coniraposici6n naiural entre eL pcrro y el lobo^ el guardi^n y el ene-
migD de las ovejas. y supone que el modismo alude à que perro y tobo
sedividen cl dia; cl uno domina durante la luz y el otro durante la
oscuridad, y ambos vienen à tomarse como représentantes de sus res-
pectivos dominios ; conforme à lo cual entre ckUn el ioap es lo mismo
I. Es de sentirse oue en esta obra intcresantisrina^ caya lerminaclAn aguar-
damoi con amii, se rtay^n dnlî/^Jo algunas inexaclttitda û olvidos en lo que
te re&cre al caitcllano. De menioria apuntamos aqiai dos : i* Mcncîonando la
locaci6n hahfi lût de San Quinlui, no it le ocurre al autor que le alude 4 la
fonosa balalla de San Quintîn (lo de Agosto i}^?)' 2* Oa de la expresi^n
tomulgar â alga!}0 (on raedai Jt molino uaa expitcaclô'n absurda : la mctâtora
se toma de que, sieado de igual figura las hostias con que se comulga y las
Tuedas de molino, al decir uno : A tii no me lomalgan con nii4i>i Je molwo, es
como SI se explicate a'i : Tan imposible et que » me haga créer (en lenguaje
familiar, irager) U tlescoinuiijl mentira que se ne dicc, como lo séria hacerme
paiar tS tragar una Itostia tan grande como una rueda de molino, dada por via
de comuntôn |6 bien : una rutda de molino dada por via de coinuiii6n). En on
sentido an&logo se uia la eipresi6n ■ se las traga como ruedas de molino. >
f I 2 MÉLANGES
que entre la lut y las tinieblas. Por ingeiuosa que aparezca esta ezpUca*
ci6n, no puede roenos de cali6carse de en extremo improbable.
Es de notarse que de tos vocabularios de los dialeaos hispanos solo
el gallego registra la voz liéricdn.
Ruiino José Cuervo.
V.
ENCORE LE JUIF ERRANT EN ITALIE.
Allé notizie ^à date nella Romania (X, 2 1 2) intomo alla conoscenza
che fîno dal sec. xiii si aveva in Italia délia le^enda del Giadeo errante,
ora altra è da aggiungeme, tolta da una poesia testé pubblicau dal sig.
Tommaso Casinl nel Propugnatore (XV, 2, )}7). La poesia si trova in
un codice datato del 1274 e descrive rapidamente un viaggio fotto, 0
voluto fare, in parecchi paesi, specialmente di Oriente. Il Giudeo errante
vi è chiaramente desîgnato, salvo che, invece di famé un percussore o
beffeggiatore di Cristo, si parla di lui corne di pietoso consotatore ; il
che rende meno giustificata la pena a cui venne condannato. Si direbbe
dunque che l'autore anonimo di questi versi avesse soltanto una confiisa
cognizione délia leggenda. Ad ogni modo ecco i versi che ad essa si rife-
riscono :
lo me ne vo in terra d'Egitto,
E v6i cercar Saracinia
E tucta terra Pagania,
E arabici et 'braici et tedeschi,
E 'I Soldano e '1 Saladino,
E '1 Vellio e tutto so dimino,
E terra Vinençiun et Belleem
E Montuliveto e Gerusalem,
E I' Amirallio e 'I Massamuto :
E 11' uom per kuî Cristo è atenduto
D'atlora în qua ke fue pilliato
E ne la croce închiavellato
Da li giudei k' el giano frustando,
Com a ladrone battendo e dando :
Allora quell' uomo li puose mente
E si li disse pietosamente :
a Va tosto ke non ti deano si spesso. »
E Christo si rivuolse ad esso,
SI li disse : « lo anderôe,
Et tu m* aspetta k' io tomerde. »
A. d'Ancona,
U, LÉGCNDC OU SAUT ROLLAND
VI.
LA LEGENDE DU SAUT ROLUND.
J'tt parlé (Rum. XI, 407) des tradiiions relatives à Rolland qui se
anient conservées dans son ancien coniié, et notammciii du Saut Roi-
lad, nom donné i un rocher près de Fougères. M. Lucien Decombe,
directeur du musée archiu logique de Rennes, a bien voulu me commu-
tâqver cette belle légende, telle qu'il l'a rectidllie lui-rnéme ' .
Su te bord de li Caaticlie, i 011 endroit oit ce ruisseau sépare les cumiRuncs
de Liîtrè et de Dompicrre-du-Chemin, on voit, sur le lerrîioire de celle dcr-
vère conmDiK, an inoime rocher qui domiirc le râvin. Vis-i-vis, sur l« terri-
Uire de Luitré. est on autre anus de roches. La dislance qui les sépare l'un de
l'iMrt fitut être d'eaviroo 80 i 100 m^ret. C'est le Saut Rçllaad. Ce nom lui
ml de ce qu'un chevalier dn pays, nommé Rolland, revenant de la guerre,
(Mbl franchir trois lois le précipice avant de rentrer dans ion château. La
pi«niièrc fois il éperoma son cheval en s'écriant : ■ Pour Dieu ! j et le cheval
meigait bdienent la rive opposée. Kolland revînt sur sfs pas et cria ; • Pour
1* ainte Vierge ' ■ et le cheval franchit une seconde foit l'espace. Enfin Rolland
mlat tenter l'èprenve pour la troisiJïnic: fois : f Pour ma dame I r s'icria-t-il,
aie cbevat, gfissant sur le bord du roc escarpé, tomba lourdement au fond dn
irnn, entraînant avec loi son cavalier, qui ne revit ni son château ni sj dame.
Celle-ci fut inconsolable ; elle vint demeurer d.ins les rochers qui avaient été
ttaotn de U fin lemble de son ruiicé. F.lie y eU toujours, maî^ invitibl': ; on
ne TOtt qu ses larmes qui coulent continuellement sur le flanc d'une roche qu'on
a^ipette t U pierre dégouttante, ■ et qui, i la fin du monde, doit Tomber au
M dn ravin de la Cantache. (^ant i la pierre d'ob le cheval de Rglland
iTfiinca pour la troisième fois, elle a conservé l'empreinte d'un fer i cheval.
< . U. Decorabe a eu l'obligeance de joindre i sa lettre l'indication de Dom-
breax passages rektîb tant i l'otigine bretonne de Rolland qu'à la légende qu'on
vient de lire. N'ayant pas actuelIcnieRl le loisir d'utiliser ces matériaux, je crois
iteiO(T le» communiquer i nos lecteurs, qui pourront en tirer profit.
Ogée, Didiomam Jt Bietagnt^ annote par Martcville et Varin, 1. 1, p. 5 jj,
eol. I, V Lnitré ; — BallUia et Mimciret Jt ta Swili .mhMogi^iii d Ulc-tt-
ViUint, t. n, p. 47-48 ; — Danjon, StMitUqat des momiminU ceiliquet dt f'jr-
».W,-«f/nw»f /( Foaeiitt (M. Danjon cite dans cet article ; Abbé Bûcheron,
M' ml, ibjô-jt; Ducrestdc Villenetive, jlytrrutfiW i/i Fou?>rfj, iSjS,
p, r. Cl Maupilie, A'ofia InttO'îqiu jur t'jtiondistimfnt Ji Fougirts,
f, ^■)■•^^ ex n ajoute : « Des traditions analogues existent ailleurs sous le non
du néme pertonnaçe » ; voj. Mim. Jr la Soaili da Anlnjaairef Je France,
t. XIV, p- !•)) ; — ib,, p. 3ï9*40 : Maupillë, Sotti hisloritjut tt atckiologutae
tt ht ^Mo-tus dis dtax Ciintons de Fwiglrts ; — Ad. Orain, Ctogruphit ptUo-
nifw i'îllt-it'Ydam 0. 114, v* Domputrt-da-Ciumin. — Vo);ez aussi le livre
tout récent de M. Sébillol, Qtrganttti dans Us tndihons populairn, p. 1 1 f-i ty.
lomMia, XII 8
t r4 MÉLANGES
Il est visible que ce rédt n'a originairement rien à faire avec Rolland :
on en trouve de semblables, en France et hors de France, rattachés à
d'autres noms que le sien. Mais le fait même d'avoir substitué Rolland
au héros, sans doute anonyme, de cette ancienne histoire, montre que
le comte de la Marche de Bretagne n'était pas oublié dans son pays.
Il est possible, ajouterai-je, de trouver dans la Chanson de Rolland une
autre trace d'origine bretonne. Le vassal de Rolland, Gualtier du Hum
(voy. Rom. XI, 408), se faisant reconnaître de lui, lui dit (v. 2047) :
Ço est Guattiers qui conquist Maelgut^
Maelgat peut fort bien être un de ces noms bretons composés avec
matl-maglo dont j'ai eu occasion récemment d'examiner quelques-uns
{Rom. X, 489). Ce vers nous montrerait alors Gualtier, Vhomme de Rol-
land, en lutte avec un chef breton (c'était sans doute le sujet d'un épisode
d'un poème perdu), et confirmerait l'hypothèse que la Chanson de Rol-
land, au moins dans certaines parties, conserve encore le souvenir de
la fonction de son héros comme comte de la Marche de Bretag^ie '.
G. P.
VII.
NOUVELLES VERSIONS DE LA CHANSON DE RENAUD.
Nous avons imprimé ici (p. 97 ss.) les versions de la chanson de
Renaud contenues dans le recueil Rathery de la Bibliothèque nationale.
L'une d'elles [t. Il, fol. 28;) nous avait échappé; M. Longnon, qui
l'avait transcrite de son côté, a bien voulu nous la communiquer. C'est la
première de celles que nous donnons ci-dessous. — La seconde, qui est
incomplète du début, nous a été envoyée par M. Sébillot. — Nous
devons les n"* 1)1 et IV à l'obligeance de M. Brissaud, agrégé de droit
à la Faculté de Montpellier : il a recueilli lui-rnême le n" IIl ; le n" IV
lui a été envoyé par un ami ; bien qu'entendus dans la même commune,
ces deux textes sont assez différents. — Enfin M. Eugène Rolland a bien
voulu nous communiquer la très intéressante traduction d'une chanson
en bas-breton, dont il ne possède pas te texte original, et que nous
donnons en dernier lieu.
G. P.
t. Il est fort probable que 0 a seul conservé ici la forme première du Don.
V donne Malltga^ T MataguZj E C MaUguz, L Marlagaz, P Malarsut ; tes tra-
ductions allemande, néerlandaise et Scandinave omettent ce nom.
2. li faut reconnaître cependant que nous pourrions avoir ici un nom germa-
nique, composé avec Madai-, Madel-,donl le d serait tombé. On trouve Madet-
gudis comme nom de femme dans le Polyptyque d'Irminon (voy. FOrstemann).
NOUVEU.es versions de la chanson DB RENAUD
"S
Cm la djiM du boii dtt Vaux
Qui vient avec ses grands cFicvaux.
Dans Rennes quand ils sont entrés,
Touï Ici pavés en ont tremblé, [tcnt
Les nuisons Ircmblent quand ils trot-
Du poids de tout l'argent qu'ils portent
Pour délivrer l« fils atné
Qui est i Rennes emprisonné.
N'en ont point core assex porté :
Le 6U a élé condamné ),
■ R^joiiissei-vous. mon Jïis Louis,
Votre femme a eu un beau iils.
~- Ni pour ma femme, ni pour mon
Je ne saurais me réjouir ; [fiis
Homme <fui se voil prés de mourir
De rien ne peut se diventr ;
Il voit la chandelle lUumée
Le suaire pour l'ensevelir.
Au la chandelle veillei-moi,
Au la lanterne veillez-moi ;
Enterres- moi secrètcfiKDt,
Si que ma femme n'en ait vent. *
Quand ce fut a huil |ours passés
A la messe voulut aller.
Le rouge elle a voulu porter.
Le noir on lui a présenté.
» Hélai, ma mère, qu'y a-t-il
Que nos garçons pleurent ainsi ?
— Ils ont perdu de vos chevanx
Dcmi-douxarne des plus beaui. >
« Hélas, ma mère, qu'j- a-t-il
Que nos Allés elV pleurent aussi?
— Ell's ont perdu de vos linceolx
Demi 'douzaine des plus neufs. *
Dans la ville quand sont entrés,
Entendent les cloches sonner :
* HéJas I ma mère, qu'y a-t-il
Que les cloches sonnent ainsi ?
— C'est le sire duc et ses gens
Qo) font leur entrée i prèsenl.
— Ni ponr le duc ni pour ses gens
Nos cloches ne sonneraient unt. »
Dans le cintetiére est entrée :
« A qm ce frais tombeau illec?
— Je ne puis [plus] vous le celer,
Vot' mari y est enterré. >
* Ma iille, vous ivei: un beau fi]s :
Demeureï va pour le nourrir.
— Mon fils aura de bons parents,
Qui le nourriront Icndreroenl. »
(Envoi de M. Roulin.]
11.
I Ma m^re, ma mérc, qu'est-ce que
Qu'on entend sonner celte nuit ? [ceci
— Ma fille, ma iilie, c'est le fils
Du roi qui revient au pays. •
• Ma tnére, ma mère, qu'est-ce que
(^'oo entend cogner cette nuit? |c<d
— Ma fille, ma fille, c'est les maçons
Qui raccommodent notre maison. ■
• Ma mère, ma mère, qu'est-ce que
Iceci
Que nos valets pleurent tant ce matin?
— Ma fille, ma &lle, en entrant dans
[le champ,
On a trouvé le beau cheval blanc
[égorgé dans le sang. »
« Ma mère, ma mère, qu'est-ce que
[ceci
Que nos cuisinières pleurent tant ce
[malin?
— Ma fiCle, ma fille, en échaudant
Elles ont cassé un plat d'ai^ent.
— Pourquoi pleurer pour un plat
[d'argent?
Nous avons de l'or et des louis
Four acheter un autre plat d'argent.i
B Ma mire,mimire, qu'est-ce que ceci
I. VariMU : Le fils alnè est demeuré.
1 1 6 méunCes
Que l'habit noir m'est un présent ce Elle a poussé de si hauts cris
[matin ?
— Ma fille, ma fille, en cet instant
L'habit noir vous est avenant.
f Ma mère, ma mère, qu'est-ce que ceci
Qu'on me meneau tombeau ce matin?
— Ma filte, ma fille, )e n'peuz plus le
[cacher,
C'est ton mari qu'est mort et enterré. >
Que le ciel s'en ouvrit :
Elle vit une grande lumière
Et s'en fut trouver son mari.
■ Ma femme, ma femme, retire-toi :
Ta bouche sent le souci,
Et la mienne le pourri.
Nous avons des enfants :
Elève-les bien chrétiennement. >
(Dinan.)
m.
Quand Renaud de la guerre vint,
Son ventre il porte à la main.
Sa mère qui était sous l'ormeau.
Voit venir de loin son fils Renaud :
( Pauvre Renaud, mon très cher fils,
Ta femme a enfanté un beau fils.
— Ma mère, allez-vous-en devant,
Préparez-moi un beau lit blanc :
Que dedans ce lit ne manque rien,
Que mon épouse n'en saclie rien I i
Quand vint l'heure de minuit,
Pauvre Renaud rendit l'esprit.
c 0 ma mère, à ma mie.
Qu'est-ce que j'entends crier ici ?
— Fille, c'est un de nos chevaux
Qui vient de mourir y a pas longtemps.
— De nos chevaux me soucie bien,
Mais que Renaud se porte bien. >
Quand on vint pour le clouer :
I Oh ! j'entends le marteau frapper !
Oh I dites, ma mère, ma mie,
Qu'est-ce que j'entends frapper ici ?
— Fille, ce sont les charpentiers
Qui raccommodent le château.
— Du château m'en soude bien,
Mais que Renaud se porte bien. ■
Quand on vint pour l'enterrer :
■ Oh I j'entends le prêtre chanter 1
Oh I dites-moi, ma mère, ma mie,
Qu'est-ce que j'entoids chanter id }
— Fiile, ce sont les processions
Qm font le tour de la maison.
— Des processions m'en soucie bien.
Mais que Renaud se porte bien. >
Un beau dimanche matin :
0 Oh I dites, ma mère, ma mie,
Quel habit prendrai-je aujourd'hui ?
— Prenez le blanc, prenez le gris,
Le noir vous sera plus joli. >
Quand i la messe étant arrivée :
f Oh ! dites, ma mère, ma mie.
Qu'est cette tombe que void?
— Fille, ne peux plus le teni :
C'est la tombe de ton mari.
— Terre sainte, ouvre-toi 1
Avec Renaud je m'en vas. ■
(Cambes, canton de Leyches, Lot-et-Garonne'.)
IV.
Quand Renom de l'armée vient.
Il porte son ventre à la main.
t Ma mère, allez-vous-en dedans
Me préparer un lit tout blanc :
Un lit qui ne manque de rien,
Et que ma femme n'en sache rien. >
f Hola ! ma mère, hola 1 ma mie,
Qu'est-ce que j'entends sonner ici?
— Ma fille, ce sont nos processions
Qui font le tour de nos maisons.
I . La personne sous la dictée de laquelle j'ai écrit ced m'a dit : i Toute la
chanson n'est pas là; il jr a des vers dont je ne me souviens plus (M.Brissand). ■
NOUVELLES VERSIONS DE
— De C(1a je ne m'en soucie point,
Puisque Rmom se porte bien. ■
■ Hola ! ma mère, hola \ ma. mie,
Qu'est-ce que j'entends frapper Ici?
— Ma fille, a sont nos mjçoins
Qui rebâtissent nos nuisons.
— De cela )e ne m'en soucie point,
Puisque Renom se porte bien. »
« Hoia ! ma mtn, hola ! ma mie,
Quel hibtl prendrai-je aujourd'hui î
— Ma fille, prends le blanc, le gris;
L< noir serait le ptus joli.
— De cela |e ne m'en soucie point.
Puisque Renom se porte bien. »
« Voili la femme d'un grand seigneur
LA CHANSON DE REKAUD Ity
Qu'on a enterré l'autre jour. ■
f Hola t ma mère, hola ! ma mie,
Qu'est-ce que me dit ce petit fils ?
— Ma fille, ce sont des coquins
Qui veulent te donner du chafirin.
— Oc cela je ne m'en soucie point,
Puisque Renom se porte bien. >
• Hota I ina mère, tiola ! tna mie,
Qui est>ce qu'ils ont enterré id?
— Ha fille, je ne puis le cacher,
Renom est mon et enterré.
— OcicI et terre, ouvrer-vous !
Je veuK voir mon cher épouï, »
Le ciel et la terre sont ouverts :
< Femme, viens-t'en dedans le cicll ■
(Ctnbes.)
TRADUCTION D'UNE CHANSON BRETONNE'.
Monsieur le comte et ion épouit te sont mariés bien jeunemeni. Elle avait
doiize ans et lui quatorze-
Elle aocQDche. t Maintenant, puisque lu as un enfant, pour te rcmdlrc, que
veux-tu manger? Veux-tu un gibier? *
Monsieur le comte prend son fusil et va i la chasse ; il rencontre une biche
qui lui dit ; « Bonjour, monsieur le comte : il y a longtemps que je désire vous
parler ; vous allei vous marier avec moi, ou sans cela vous mourrez. »
Le conte refuse. < Alors vous allez mourir. ■ Il revient chez lui. Ld il dit
i sa servante : ■ Je vous demande si mon lit est fait. — Votre lit est fait comme
d'habilttde pour vous, que vous soyez malade ou bien portant. •
Il meurt. — Après cela la jeune mère vit tout le monde pleurer. • Oh I ma
mhn, pourquoi pleure la cuisinière' — Le meilleur couvert d'argent on nous
1'» volé. — Dites-lui de ne pa» pleurer, nous en achéleroos un autre. »
■ Pourquoi, ma mère, le valet pleure-t-îl f — Le meilleur cheval que nous
avions vient de mourir. — Dites-lui de ne pas pleurer, nous en achèterons un
autre. »
Elle va i l'église, t Quelle robe mettrai-je? — La mode est de porter le
notr maintenant, > lui dit sa mère,
Quand elle arriva au cimetière, elle demanda : ■ Qui vient donc d'être
enterré lii — Ma fille, je ne puis vous le cacher, c'est votre maii qui est
enterré. »
(Environs de Lorient.)
I. Cette traduction est littérale, mais un peu abrégée.
COMPTES-RENDUS.
Die lokalen Verschiedanhelten der latelniaohen E^rache, m^
besonderer Bcrûcksichtigung des sirilcanischen Lateins, voa D' Karl Sittl.
Erlangea, Deichert, 1882, in-8°, iv-162 pages.
Le livre de M. Sittl se divise en trois parties. La première (p. 1-43) est
iatitulie : t Les diversités locales de la langue latine en Italie, 1 et cooceme les
rapports du latin avec les anciennes langues nationales (sauf le celtique) qu'il
supplanta en Italie; la troisième et la plus considérable (p. 77-1 )i) a pour
titre : f Le latin africain *. La première échappe à notre compétence et ne
présente guère de faits qui touchent ta philologie romane ; la troisième concerne
surtout des questions de style, intéressantes pour le latiniste, mais qui n'ont pas
d'importance linguistique. La seconde (p. 44-76) est consacrée â t la langue
latine dans les provinces 1 et semble répondre â un vceu que j'exprimais récem-
ment iRom, XI, 601). Je dis : semble répondre, car d'une part on ne peut
traiter suHîsamment un pareil sujet en trente-trois pages, et l'auteur lui-mtoe
o'en a pas la prétention ; d'autre part il y a dans cette courte esquisse bien
des points contestables et bien des confusions. L'auteur ne manque ni de
lecture ni d'esprit, et il réunit beaucoup de faits sous une forme très concise;
mais son travail ne porte pas assez les marques de la réflexion. Il débute par
une profession de foi théorique ; d'après lui, l'unité du latin vulgaire dans les
diiférentes provinces est inadmissible ' : i On a le droit de demander si la
langue latine se parlait de même sur la càte lusitanienne et â l'embouchure du
E>anube. Certainement aussi peu qu'aujourd'hui, s Eh bien 1 alors, il n'y a
qu'à dire qu'on parlait portugais et roumain au III* siècle. Voili une assertion
bien téméraire. « La langue latine, ajoute l'auteur, n'a sûrement pas été fen-
due d'un coup d'épée en langues romanes, grâce à l'intervention des Germains,
comme semble le vouloir la légende courante des romanistes. ■ Vraiment 1
Nous ne pensions pas, pauvres romanistes que nous sommes, être imbus d'une
c légende > aussi merveilleuse, et nous croyions n'avoir pas attendu M. Sittl
pour supposer que les différences des langues romanes se sont développées pea
à peu de germes existant anciennement. Il est fâcheux de se servir ainsi des
I. [I dte i ce propos (p. 4s) l'histoire n bien connue do ethnographe n d'un jeune
Ecossais, qui, tievé dtputs sa naistance au milieu d'Anglais purs, maltraitait cependant
l'anglais comme un Écossais qui n'aurait jamais quitté son pa^. Je serais très cnrieui
de coonatire les garants de ce Tait, absolument cratraire à ce que chacun peut observer
tous let jours.
SrTTt, Die hkaUn VenchitÂenhehtn éer ktmhchtn Sprache 119
mots sans les définJr. Qu'est-ce que le « Utin » ? qu'est-ce <)ve • les langves
rominei ■ ? Ce ne sont que des lermet commod», dont il ne faut pas Hn
dupe. Le français csl le latin vulgaire de la Gaule (fori mébuR* d'autres éW-
nents), et btrc commerinT l'un ou finir l'autre en 841 serait une pure absur-
dité. Venir, par conséquent, nous citer des fonnes de l'époque carolingienM
comme une révètalion sur l'origioe laiiae du français, c'est ne rien dire. Ce
4)u'on entend, quand Ofl dit que les monuments du latin vulgaire fournisK&t
\:ii peu d'éliments 1 l'étude Jes diversités locales, c'est que, si on prend cod-
vcntionneilcnient une certaine date (par cuemplc U fin du V" siècle), on trouve
bien, dans les monuioenu antérieurs, un assex grand nombre de faits gramnU'
ticaax étrangers au latin classique et communs aux diverses largues romaaes,
mais on n'en trouve presque pas qui, étrangers au latin classique et aux autres
langues romanes, soient propres il'uncd'cntre elles. Comment cela s'explique-t-il ?
Je n'essaierai pas de le rechercher ici. Le tait est incontesta bie, et ni la polé-
mique de M, S. contre M. Scliuchardt (auquel il doit, comme nous tous, i peu
pris tout ce qu'il sait du sujet), ni les efforts auiquels il s'est livré pour
détruire ce fait ne l'empêchent d'être là. Ce n'est pas Jl dire qu'il soit inutile
de rechercher d.ini l'usage familier du latin (car c'eit U ce qu'il faut réellemeul
entendre par latin vulgaire] des traces de diversité locale, et M. S. a peut-ttre
réussi à en découvrir quelques-unes ; mais on peut dire en général que celles
qu'on s'attendrait X y trouver ne s'y rencontrent pas el que celles qu'on y relève
ne se retrouvent pas dans les langues romanes correspondantes. Prenons pour
exemple la curieuse inscription dalmate du VI* siècle que M. S. publie (p. 48)
après MM. Detle(sen, Zangemeister et Schuchardt Jet dont il améliore d'ailleurs
le texte et l'interprétation) : on n'a certainement pas beaucoup de textes aussi
anciens et aussi peu classiques; qu'y a-t-il cependant de local dans les faits
qu'elle présente? M. S. n'y rclîrc, pour la phonétique, que > la faveur accor-
dée i U voyelle sourde 0 ' : dtifontio, immoadiitimt, etc. », comme si ces formes
se se trouvaient pas partout 1 L'étude du vocabulaire fournirait sans doute des
résultats plus précis que celle de !a phonétique ; quant \ la syntaxe, sauf ce qui
concerne les prépositions, il n'y a presque rien à tirer de nos monuments. Maïs
CB tout cas il me semble que pour extraire de ces monuments les parcelles
d'instruction qu'ils contiennent, une autre méthode serait préférable i cefle de
l'auteur. Au lieu de partir de chaque province pour examiner ce que peuvent
«voir de spécial les texies qui lui appartiennent, il vaudrait mieux partir de
chaque phénomène phonétique, flcxionnel. etc., pour rechercher dans quelle
province et i quelle date il apparaît dans les textes. On répartirait ensuite par
provinces les résultats oblenus. On serait amsi plus clair, et on risquerait moins
de laisaer échapper des faits dignes d'intérêt -. — Malgré ces objections, et bieo
d'autres qu'on pourrait faire', le travail de M- S. ne mérite pas seulement des
I. Cei 0. dan les exemples diés, remplaçant b, la qoaitlicnien ax bitane.
a H. s remarque (p. 67) qae 0 = *u ne se feecontre (sii ra Aftiqut; mais il ne dit
rien Aa lulrrs provinces, où U répartition de d s n n'nl çit idenlique. L-a conitau-
tion ir et fiii lit difficile, pti<e qu'il («ut toigmuKinerit diitinj^u^r deux o ^ «u .' l'an-
cieii, qoi ta on □ (rrmé [U'àù]^ t\ te nouveau, qui nt un a ouvm ida*). CC q«c dil 1
ce nite> M. Schnchardt n'eti pài exempt d'obtcuniè,
1. Par exemple commeot pariant pnic-i! prouver (p. 74} que la Haaie-lIaUc te rap-
1 20 COMPTES-RENDUS
critiques ; il contient quelques bonnes observations, et je ne puis que me joindre
à l'auteur dans le v<£u qu'il forme en terminant pour que ces études soient
reprises et poursuivies par d'autres. G. P.
Fratucœslscbe StndleD, herausgegeben von G. ICoertino und E. Koscb-
wiTZ. Heilbronn, Henninger, in-8°. T. I, t88i, 468 p.
En même temps qu'ils publient la Zeitschrift fur ntufraniasischc Spracht and
Litteratur, MM. Kœrtîng et Koschwitz ont pris la direction d'une collection de
travaux relatifs 1 la tangue et à la littérature de ta France ancienne et moderne.
Les tomes 1, II et III en sont déjà terminés; le t. IV est en cours de publica-
tion. Nous attendrons pour parler de ce dernier et de chacun de ceux qui sui-
vront leur complet achèvement. Le t. II, tout entier consacré à une biographie
de Molière par M. Maehrenholtz', dépasse notre cadre. Nous rendrons compte
dans le premier et le troisième volume, comme dans les suivants, des travaux qui
nous intéressent, en donnant simplement le titre de ceux qui sont relatifs à une
époque plus moderne que celle où nous nous renfermons. Il est inutile de signa-
ler i nos lecteurs l'activité dont cette collection nous offre une nouvelle preuve
chez nos voisins, et qui contraste si vivement avec la torpeur ob languissent
chez nous les études relatives à notre propre littérature, notamment â notre
littérature moderne.
TOMB PREMIEH.
1. W. List, Elades syntaxiques sar Voiture (p. 1-40}.
2. P. Grcebedinkel , la Versification dans Desportes et Malherbe (p. 4i-]27).
j. R. Grosse, le Style de Creslien de Troies (p. 1 27-260). Ce travail, qui a,
comme te remarque l'auteur, le mérite de (a nouveauté, manque trop de rues
générales, de comparaison et de conclusion. On y trouve d'ailleurs, outre un
assez grand nombre d'erreurs d'interprétation*, une masse de fautes d'impres-
sion ' qui en rendent la lecture désagréable. Malgré ces défauts, il peut rendre
iroche de l'Italie a i l'ipcx^ue chrétienne », en regard du îr. pèlerin ? le chaDgemeni d's
I. â) dans les syllabes radicales [1. toniques) en 0 est-il propre i l'iulien et au françaii
jb.) } le changement d'u en â, en français, date du vi' siècle [p. 60), parce qu'on trouve
alors augustuaintniis ; mais le caractère mainienu ne prouve pas la fixité du son, etc.
1, MolUre'i Leben unit Werke ¥om Standpunkt der ktntigen Forsckang, von R. Hzh-
renholti. 1881, in-S", 400 p.
2. En voici quelques-unes prises tout i fait au hasard. P. 119, Ivain est afSigé de
voir Laudine égraiigner son visage dans sa douleur iDe ce qu'elt plore me duel. Ne de
rien n'ai si grant destrect Corne ae son ris qu'été blece] ; M. Gr. slmapne que ce sont.
par métaphore, t les larmes qui blessent.» — P. 144, Dell poist l'on oiseler, Tant tttoit
de grant joie plainne : i cela symbolise le mouvement qu'on fait pour embrasser. • Nul-
lement : c'est une métaphore commune au xii* siècle, et poussée ici à son dernier degré,
que de dire qu'on est prêt à voler, qu'on vole de joie ; cela va si loin dans le cas pré-
sent qu'on pourrait se servir de la dame en question comme d'un oiseau de vol. —
P. 171, Li perons est d'unf esmeraude Perciee aasi corn une boz. M, Gr. comprend l>ax
comme t botte »; il signifie t bouteille ». — p. i}i, // s'entredonent si granz ats
C^'ansdeus les escus de lor cos Percent ; l'auteur voit \i la répétition du raème moi i U
nme, tandis que cos au second vers est le plur. de col.
). On ne peut reprocher bien sévèrement i l'auteur d'avoir reprodiùt les fautei dei
éditions qu'il suit ; cependant il montre, en ne les remarquant pas, qu'il est oeu familier
avec l'andenne langue. Ainsi, p. iji, Et je cuic bien que lonc le jor Ne sera vous. Uses
lonc sejor Neferii mus.
G. KcEATiNG u. E. KoscHWiTz, Franzasîsche StuttUti 121
des services :t mérîie d'tlre signalé coœme une premi^e pierre pour l'étude
du style poétique au nnoyen ige.
4. M, Hinnappcl, la Poétique d'Ahiit Chrtter ip. 361-^14». Ce travail, qui
ressemble au précédenl par Je sujcl, est moins intéressant pour le fond, el en
général asseï faible'.
5. G. Marx, Sur l'oidri dts inofj daiu Jointille (p. }ii-î6o)- H faudrait,
pour bien apprécier un travail de ce genre, l'avoir fait de son cAté; celui de
M. Marx, qui le rattache i ceux de Oîct, Mjctzner, Le Coultre, Krûger el
Morf, parait exécuté avec soin.
6. H. Solimann, l'Infiniti/ ara la prip. i datai l'dncUn frtin(ais jusqu'à la fin
du Xll< siècle \p. ;6i-4}oj. Ce travail considérable atlrstechez l'auleur beau-
coup de soin el d'inlelligence. Les explicatîoni qu'il donne sont assez souvent
contestables (par exemple ce qu'il dit lur wa avec Ir gérundiTl, mais loujouri
réfléchies, et il a réuni une masse de laits et d'observations qui apportent une
préeieuie contribution i l'histoire de li syntaxe.
7. Heine, U Kiàét dtCoinalU (p. 4)0-468).
tomb troisièue>.
I . J. Schoppe, Sar U mhrt et l'aisonana dt la Chanson Je gestt * Amis rt
Amilts * ()9 p.l. — Il y a dans ce mémoire de bonnes inteniioitset du travail,
mais trop d'inexpérirnces et dNnadvertanccs (le ms. de la B. N. (r 860 est
appelé Ip. 1 1 ms. de Munich, et attribué (p. aa) à la seconde moitié du XIV* %.
au lieu de ta première moitié du XEIl'i. Ainsi les formes comme miUra sont
dites {p. 4I créées par le poêle contre la phonétique pour iairc son vers ; l'iti
de la i^* personne du lutur assone en i |ce que ne bit pas Vai ordinaire), parce
qu'on a voulu distinguer cette personne de la 1" personne en -aii (!) du condi*
tionnel [p. 15) i dans tspiutt nosoti (part, passé du verbe rtoçoitr), no f ou est
nausiata |p. jo) ; on peut par correction introduire re^fuierri à la j* pers. sg.
du prés, de l'ind. pour rtjaUri (p. }o) ; pour rétablir une assonance en tt.c
(p. jo} il tant corriger iv. (-91 } ant fait tn pat fois pttmUn (îl suffit de restituer
fcHu) ; d'tfmeist formule dont M. Sch. a reconnu l'inexactitude, est corrij^ par
lui en darrunois ou dt u mois, qui donnent une syllabe de trop (lisez Ja mou],
etc. Dans les remarques générales il y a quelques bonnes choses (ainsi ce qui
est dit sur les diphlonguei nasales, voy. Rom. XI, 6oj). mais l'ensemble est
assez confus. Une recherche de ce genre doit être précédée d'une élude sur les
conditions de l'assonance qui manque ict lies remarques incidentes de la p. aa
sont vagues et insuffisantes}, et pour Amis cette étude, non plus que celle des
assonances ia pomi de vue phonétique, ne pouvait, comme on l'a montré tl y
a longtemps, se séparer de celle de Sourdism dt bïain. Un travail ultérieur sur
ces deux chansons, — qui viennent de reparaître en nouvelle édition par les
soins de M, iC. Hofmann, — trouvera cependant dans la dissertation de M. Sch.
des indications utiles et plus d'une remarque judicieuse.
I f 187 CI )oi, l'4m«uT £iii patler 1 *Um Chanitr d'un <i coniempaiaia * i !■!
■wcnmé " Cuilttiune Champion b. undb qu'il s'a^l de Guillaume de Lorrit, le ■ dum-
0Dn " d'Amour dans le Ronuii dt U Rott.
i. A partir du 1 lli, chacun des némairei qsà paraUiut dio* le* Fram Siadttn a
UBC pagination séparée tt m vend I part.
122 COMPTES-RENDUS
2. E, Gcerlich, Lts dialuttt au lud-^fimt dt la lançât Xdil {Poitou, Aunis,
S<iinlorge und Angoumoisi 0}; p ). — Ce travail tout i fait rxceneni eu une
contribution des plut importantes ï h drilfctolof;ir fnn;3it«. On ne p«tit que
louer b mÉlhode, l'exactitude, le dépouillement complet des textes, l'inldli-
gencc et le jogetnent qu'y matilre l'auteur. On peut seulement regretter que
dini une coivclusion générale il n'ait pis mis en relief les points sailUnts de son
suict. L'introduction aurait dû aussi restreindre et aîténoer quelque peu m
qu'il y a de trop absolu dans k litre, et provenir l'idée que les dialeclci étu-
diés forment un tout compact cl netletneni délimité fpeut-ëtre, â en juger par
quelques mots de la première page, l'auteur n'a-t-il pas sur ce point des idées
bien précises). Les raisons allépées p. ; pour prouver que l'un des mss. du
Turpin saintongeais est copié sur l'autre ne sont nullement démonstratives (cf.
Rom. VI, 617). Ce qai est dit p. 1 j j sur 1 = ^ *■ / ne me paraît pai trop
judicieux : i tonique a partout donné i>, et i n'est qu'une rédaction postérieure;
je ferai la même critique des rem;trques relatives i uo de â. L'opinion émis«|
[p. 61} sur la forme iur, qui devrait son existence â rinfluaice de iuj, est pUu-
sible, sans qu'il soit interdit pour cela d'attribuer i notre sot français l'origine
que j'ai indiquée [Rom., X, ji). J'aurai, quand je conlifluerai l'étude de 1*9
fermé en français, quelques objections â faire i ce qui est dit à ce sujet
(p. 60 »,).
}. ScMicIcunt, i'Oritt dtt mots èaat * Aucassia a PTuoUu • <4{ p.). — Le
texte est lieureutement choisi, et l'étude, qui se rattache aux travaux antérieurs
sur le même sujet, rendra des services,
+. KUpperich, Divcloppmcnt hittori^ue du rapporU iyntûdiqui du proposi'
tioHs conditioantUa m -.tnàin français (65 p ). — Ce chapitre de l'ancieniie]
syntaxe française avait été peu étudié jusqu'ici : l'auteur parait avoir bîeo
recueilli et bien classé les faits, de l'origine au XVI* siècle, dans un nombre
respectable de textes
) . MùJler, Us atsontncts data Cirart de Rossitloo, d'apris tous la mit. âcca-
sibUs (68 p.), — P. Meycr ayant trait* ce sujet dans un travail qui paraîtra
prochainement, je m'abstiens de parler jd de la dissertation de M. Mùller.
6. Behrens, Sabstilaticn iaorgâiùqat des sons dam le divdopptmtiit formet dit
thimt ttrtal tn /raafdit (891 p.). — Ce mémoire n'est p» seulement le plus
remarquable de ceux qui ont été publiés dant les Franmiiube StuditJi; c'est un
des meilleurs et des pfus imporunts travaux qui aient paru en ces derniers
temp^ dans Ir domiinc de la philologie française. On sait depuis longtemps qae
les termes de la conjugaison IraRçaite, i l'origine presque purement étymolo-
gique, ont été, dés les plus anciens temps, remaniées en divers sens sous l'in-
fluence de l'analogie ; c'est M. 6. qui a le premier étudié sous tous ses aspects
et suivi dans toutes ses variétés ce fait capiul de l'histoire de notre langue. Une
lecture considérable, une diitposiiion gênérilement excellente, une pénétration
et une critique peu communes (ont de ce travail, qui, sous une (orme très
concise, contient une masse de faits et d'explications, un véritable modèle du
genre. Un tnda alphabétique de tous les verbes en facilite beaucoup l'usage. H
y aurait bien ci et li quelques raisonoemeois i discuter; mab l'ensemble est
digne de tout éloge.
L. GuiBERT, Le livn de raison d'Etienne Betioia u)
7. Vceicktr, L'ordrt dti mois dam Ut plat encitni monumtaU dt ta laagat
franfaiit (^6 p.). — Les rfsultats obienus par l'auieur pourront fitre (ruclueox
pour r«tode des origines de notre syntaxe; mais il faudra pour cela élirgir
(jnelque peu le point de vue auquel il s'est pUc^.
On voit par cette courte analyse combien les Ftamcuuekt Sludien méritent
di trouTCr chtt nom des lecteurs et des imiuteurs.
G. P.
Loais CoiBBRT. Le Uvre d« raison d'Ëtieun» Beoolst, i<}iâ. LiiDDges,
Duoourlieui, i98i. In-8*, 98 pages et un fac-sintil'è lithographique.
M. Litiré disait il y a quelques années, en tCte d'un livre paradoxal iEugtnc
Noël, Mimoirit d'un imbieiU krili pai tui-mlme, Paris, 1879) : • Depuis qu'une
■ meilleure philosophie m'a enseigné à estimer grandement 1a tradition et h con-
■ Servation, j'ai bien des fois rcfjretté que, durant le moyen Jf;e, des familles
t botiTReoises n'aient pas songé A former de modestes registres ob seraient con-
■ signés les principaux incidents de la vie domestique et qu'on se transmettrait
f tant que la famille durerait. Combien curieux seraient ceux de ces registres qui
• auraient atteint noire époque, quelque succinctes qu'en fussent les notices I Que
t de notions et d'eop'ériences perdues qui auraient été sauvées par un peu de soin
• et d'esprit de suite I 1 (p. xxji. Lorsque M. Littré, qui pourtant savait tant de
cboses, a écrit ces lignes, il avait certainement perdu de vue ces Livres de
ra.isoa qui nous sont parvenus en nombre assez considérable, et dont plusieurs
ont été mis au jour dans ces dernières années, A la vérité, ils sont pour la plu-
part postérieurs au XV* siècle, mais quelques-uns sont de celle époque, et
d'ailleurs la vie de famille n'a pas subi, du XV' au XVI» siècle, ces modifica-
tions rapides que nous con^atons dans l'histoire politique. Le livre de raison
dont nous allons dire quelques mots est certainement l'un des plus anciens que
Ton connaisse. Il a été écrit, an fur i mesure des événements relatés, de 1416
i 1414. par un honnête el riche bourgeois de Limoges, Etienne Benoit, ou,
comme il s'appelle Iui<iDème, Kune tfnneie. Quelques paragraphes appartenant
aux dernières années sont de la main de son fils, Guillaume Benoit. Le ois.,
ifui est un cahier de parchemin in-4* de trente-cinq feuillets, appartient i on
particulier qui l'a libéralement communiqué â l'éditeur en vue de la présente
publication. Il ne faut point chercher dans ces annales d'un caractère très spé-
cial le reHet des événentents contemporains. L'auteiir^ bien qu'il ait été mêlé
aux alTaires publiques lil fut consul en 14181, se borne strictement i enregistrer
les événements qui se sont passés dans sa famille, tels que mariages, naissances,
décis, achats de biens, prêts d'argent, procè;. Mais, bien que renfermés dans
d'étroites limites, ces renseignements qu'il nous donne ont, i uuse de leur
extrême précision, un intérêt réel Les questions d'argent le préoccupent par
dessus tout. Il nous donne exactement le chiffre de b dot de chacune des trois
femmes qu'il épousa succfssivemeni ; il fait de même pour la dot de ses brui.
Il a soin en chaque cas de dire qu'il a de* conventions intervenues un acte en
bonne forme dans son/n-fùr*, c'esl-i-dire dans son cofTre-fort. Deux laits entre
I. L'éditeur explique ce mot, p |t : il aiiraii pu renvoyer i tHi CMgt, jWtrita.
134 COMPTEÎ-RENCiUS
autres se dégagcnide ces annales privées, fiiu<]ui du reste sont bien conniii d'ail-
leurs : d'une part l'extrême lècondili du marîagei et d'autre part l'eicessive
moTlalilé des enfants. Etienne Benoit a, de ses deux premicrrcs femmes, qua-
torze enfants, mais neuf meurent avant d'aivoir atteint leur sixième année. Son
ËIs Guillaume a de la première femme douze enfants; il en perd huit avant
icar deuxième année. Le livre d'Etienne Benoit sembfe avoir éxi précédé, dans
U m(ine familte, de livres Analogues qui se sont perdus. A tout le moins faut-il
admettre qu'Etienne Benoit avait des archive» de famille, dont il a inséré dans
son journal d'as&cz curieux extraits. Tout au début il Iranscrjt uiic série de
conseils dus à un de ses ancfttres, appelé comme lui Etienne Bcroii, et qui
avaient été religieusement conservés en écrit dans sa famille. Ces conseils
témoignent d'un esprit pratique et élroit'. Puis vient, intercalée d'une façon
fort inattendue, la pièce du troubadour Poiquel de Romans sur le mépris du
monde iQutun k nrc im aptisatii. Le leiteen «t naturellement fort corrompu,
mais cela importe assez peu, car nous ne manquons pas d'autres copies de la
même chanson. Ce qui est notable, c'est l>? fait même de la transcription de
celte pièce, i titre d'enseignement moral, dans un ms. du XV* siècle qui, à
vrai dire, n'a rien de Ijttèiaire. On sait d'ailleurs combien il est rare de ren-
contrer des poésies de troubadours en dehors des chansonniers qui leur sont
spécialement consacrés, Mai& on pouvait déjJi supposer que la pièce de Foiquel
de Romans était devenue populaire, car elle se rencontre, entre un grand
nombre de poésies très variées, dans le ms. donné récemment par M. Didot i
la bibliothèque nationale et qui contient l'unique copie qui nous soît parvenue
de Daunl a Baon '. De plus, on en peut lire le premier couplet, copié isolé-
ment, sur ['un des feuillets de garde d'un ms. français, Bibl. nat., fr. 79;. Elle
était donc restée dans la mémoire Je beaucoup de gens qui probablement s'in-
tércssaienl fort peu i la poésie drs troubadours en général.
Envisagé au point de vue purement philologique, ce livre de raison n'offre
pas un bien vif intérêt. Les faits linguistiques qu'on y peut relever sont connus
par des textes du ntéme temps ou m!me plus anciens. Notons en passant te
passage i's & r dans plurors (pp. jS, 69, 71). On y pourra toutefois recueillir
quelques mois qui n'ont pas cours dans les documents Ijttéraires, tels que pjpo,
rajmj, ■ grand-père, grand'mère » (pp. ^9, 74, 76). L'éditeur, M. L. Giii-
berl, n'est certes point un philologue : l'étonnemenl que lui cause la présence
d'une s i la fin de deux substantifs employés au cas sujet (pp. } f et £0 montre
assez qu*il n'a aucune notion de la déclinaison romane. Ci et U des mots sont
mal coupés \<t!l'à$ tt cm dt ioi, p. j)l. Mais en somme, on doit lui rendre cette
justice qu'il a apporté i ta traduction et i l'annotation du curieux texte dont
nous lui devons la connaissance tout le soin désirable. Les notes sur les per-
sonnes et sur tes Eieux mentionnés dans les annales de Benoit sont de nature 1
satisfaire les plus exigeants, et dénotent une connaissance approfondie de l'hii-
toire et de la topographie locales. P. M.
I. On y reinaïqucia (p )i) 1c conui) de ne pai prendre une femme « ab cou macre
quar loi enfms pn rcdoMni, n et que l'éditeur iraduîc par o qui ait le cou mince, car les
enfants s'en r«»*n«iïi n, iradiicitcm oui parait fort éloignée de!» pensée de l'auteur.
1. voy. l'édliloD de ce poème | Société des anciens itxio Nantais, 1 3So], p. Ixxxix.
RoMDAHL, Ctoisaire du patois da Val de Sain
I8i
Glossaire du patois da Tal d« SaJr» iManehel, suivi de remarques
granir^aticjlet pjr Ate\ RuvnAni., <3oct(!ur (D philosophie. Linkœping, iSSi,
in-12, p. Si. |kn vente chez ChsmpioD, i Paris.)
Oa siit cambjen il est difficile de pénétrer toutes les délicatesses d'une lingue,
encore qu'rile soit Hjcée par l'uuige et par les règles, miis combien doit-il Titre
davantage, surtout pour un étranger, d'arriver i [a pleine connaissance d'un
patois, pour lequel souvent tout est à apprendre et i découvrir ! C'était le cas
pour le patois du Val de Salre, si curieux sjns doute, mais resté jusqu'à ces
derniers temps encore li inconnu ; \] faut donc féliciter doublement M. Aie)
Romdabl d'avoir essayé, malgré ce qu'une pareille entreprise pouvait avoir
d'ardu, de nous le révéler, avant qu'il disparaisse. Otrc qu'il a complètement
réiusi dans sa tJche serait Aller trop loin ; je ne crois pas que M. R. soit
resté assez longtemps en Normandie pour avoir pu saisir toutes les nuances
d'un de nos patois tes plus singuliers; une autre cause d'erreur, c'est qu'il a
publié son travail plusieurs années après son voyage en France, c'est-â-dire I
vne époque où il devait forcément avoir un peu oublié les sons qu'il voulait
faire connaître; enBn il s'est servi pour les représenter de signes qui n'avaient
pas encore età inventée i l'époque de son séjour chcx nous; on comprend dès
lors qu'il lui ait été i peu pris impossible de les figurer tou|Ours avec fidélité,
et l'on doit s'attendre qu'il se soit trompe ptus d'une fois et qu'il ait allnbué
au patois du Val de Saire des sons qui lui sont étrangers. Par exemple, il
parle d'un I mouillé médiat, de l'eilstence duquel je doute beaucoup; il croit
qu'il y a i 11 fois dans ce patois un r supradcntal et un r uvutaire ; l'r qu'il
qualifie de supradental est uvulaire et l'r qui serait uvulaire d'après le tableau
qu'il a dressé des consonnes' a tout simplement disparu ou a été, dans le sud
du Val de Saire, remplacé par un yoJ. Un point sur lequel M. R, s'est
Clément trompé, c'est su sujet de la valeur des diverses voyelln et en parti-
culier de» e et des d |ru) ; je ne croit pas qu'aucune de ces voyelles soit vérita-
blenxnt lenaée dans le patois du nord-est du Cotcntin ; ce qui caractérise métne
ce patois, c'est que les sons de ces voyelles y sont démesurément ouverts, et
pourtant M. R. admet qu'elles sont brèves parfois. Il n'y a pas moiiiv lien
d'être surpris qu'il n'attribue qu'une seule valeur aux nasales et qu'il écrive par
exemple ;' t'ton (nous lenonsl avec on bref comme dans on pronom indéfini,
tandis qu'il faat écrire /' t'aôa avec un long. Ces restrictions faites, il faut
rrconnaitre que M. R. a eu te grand mérite d'avoir essayé de représenter
scientifiquement les sons du patou dont il nous donne le dictionnaire, et s'il n'a
pas toujours été heureux dans le choix des signes qu'il emploie, son glossaire
n'en est pas moins une tentative digne d'éloges pour appliquer i l'étude d'un
de nos idiomes populaires les procédas de la linguistique moderne. Quelques
I . tl eit difficile de dire lu jiiMe quelle cet b valeur de cet r, que H. A. R. dôme
comme uvoUîre p. il, daiu un tableau des cotuonnes, et dont 11 diip. i) qu'il i ne *e
irouvc p» m (rjn^ait, « qa'îl le produit par la vibratton ie li toette, h
(36 COMPTES- RENDUS
mots matnienani sur ce glossaire, ainsi que sur l'inlroduclion qui le prjoède et
les reniar<^ues grammatical» qui le suivant.
Le mieux smi doule est d^ passer rapidement sur l'inlroduclion ; elle est
**tdemmeitl par trop insuffisante, et on n'y trouve que quelques fatls généraux
connus de toui le monde et qu'il (liait asseï inutile de rappeler, Qu4nl au
glossaire, )'at dit ce qui en fait le mirite, \e dois aussi en signaler les délauls.
Tout d'abord on se demande pourquoi M. R. écrit avec une simple explosive
finale tous les mots 4 terminaison féminine; qui peut à première vue deviner
que havit doit se prononcer hantu ' En procédant ainsi. M, R. a obéi â
une croyance trop généralement répandue chez les étrangers, j savoir que nous
ne Taisons point entendre \'t muet de nos polysyllabes. Ceci est relativement
peu de chose, il est vrai ; ce qui est plus grave, c'est que M. R., avant de
commencer son dictionnaire, n'ait point cherché i trouver les lois phonétiques
du patois du Val de Saire ; l'il l'avait fait, il aurait vu sans peine que ô + i y
a donné oé ou lê (r représentant un ( mi-muetl, que tSIai s'y est atténué en /,
etc.; aussi après avoir donné cxactcmetii jf^Aui [c5rio],lfAufj(£) [c5xa], ÎE aurait
hésité â écrire tchakf [côqticrej pour tchuire ou anirt fnâeere] el non nii^rr; il
n'aurait pas non plus pensé, après avoir donné it^'nic [ad noclel, que les formes
du Besîin gnea (noctei el mlgneti [media-nocte) pouvaient *tre celles du
patois du Val de Saire. De même, s'il avait fait attention que èani représente
'banelloct est le diminutif de bane (bennaj, il aurait écrit ce mot comme je
vient de le faire el non banÛ.
Ces fautes sont d'autant moins explicables qu'il suHisail pour les éviter d'avoir
réfléchi quelque peu aux lois qui régissent la phonétique du paots du Val de
Saire; M. Et. en a commis d'autres, et de nombreuses malheureusement,
qu'il faut attribuer i une autre cause dont j'ai déjj parlé, je veux dire au long
iniervaUe de temps qui s'est écoulé entre son séjour en Normandie et la publi-
cation de son livre. Celles-là étaient sans doute presque fatales et inévitables,
puisqu'elles sont le fait de l'oubli et peut-ître aussi de notes mal prises ; en
voici quelques-unes. P. ij, aboulô,\iitz aiouôlo ; abrt, aha, I. âbrtj âbro ;
s'ttcomii, I. iamii; p. 16, angelfi, I, anguU ; p. 18, K. R. dit qu'on appelle
iMâ (I. hai\ dans le Val de Saire une espèce de voiture que j'ai appelée hjitt
avec M. E. du Méril ; cela prouve tout simplement qu'il n'a pas compris ma
définiltoi) des mois bjiti et Ijnl ; le ianl est un tombereau, la hune une voiture
fixe et beaucoup plus grande. P. ao, bcmoa^ô^ I. biriovzo ; bcvvtu^ l. btuveù ;
p. 31 (^) bvndtkha, i. [a) ton tcku; p, 34, wnfon, I. can'ion. P. a^, M. R.
ne donne que la forme française chaîne de [catena] ; dam le sens de ■ chaîne
d'une étoffe », on dit caïnt. P. 26, uhtu^ 1. Uli<û; ch'va, I, /'va ; ekîmné, I.
chim'tti; chic ibiralte) n'existe pas, il y a li sans doute une foute de transcrip-
tion. P. 29, crittUTi, \. mtuart; p. jo, dlinS, I. éinno. P. J2, JupJan, il faut
p'iun, lia est l'article que par inadvertance M. R. a prit pour la première
sfUibe du subsunlif. Dr'nit ne peut se prononcer, il ^ut probablement à^riût.
P. jj, ichtiii, \. iUhuii; p. n, iguiU^ I. égale; ^. js, w/aur, 1. JArtaor.
P. )£, ifoaSrJre signifie non « éclaircîr >, mais « soulever *; ittti, t, ii't.
P. î7,/d(u, I. /j/âW iM. R. écrit ce mol sans e, tandis qu'il en met un â
c/br, pourquoi?). P. î8,/iiiô est le pluriel d« firé ; il faut donc^iiii; Htty I.
RoMOAHL, Clouaire du patms da Vat de Saire 1 27
fltl; Jî/ù, \.ftltu, Ja-panl^ I. fS-pani. P. jj, joaic, /ourqui, etc., I. fouorc,
jomr^ai, etc. P. 40, galoa, I, ji>i)/ffii; gaiùt, I. gtUmt ; gni, I. fni. P. 41,
grtAgoié, I. griagali, qui n'est pat patois ; guingrt, I. jUMgn<:. P. 41. /laifu ae
(igniic pas omelctie, mais poêle; haiihU eit plus que douteux; A«(i« signHîe
surloui vaurien, P. 4}, iiii4f, I. iW^. P. 4}, /itliiV ne signifie pas seul, mais
abandonné ; tvdS, c'est téler, sucer ta langue (en pariint d'un entant). P. 46,
margùitJttt, t. fnar^ouJ)'if : ntiii'/iii, I. mjchâÇt]; m<3rkki (inaréchall est bien
douteux. P. 47, martuihu signifie couvert de meurtrissures ; malta^ I. mûuttù;
mitbangitUy I. mihaitgait ; mirhin, I. mil'ckin. P. 48, mognan imoyent est évi-
demment une fausse iranscriplion. P. 49, mouiiVû (I. mciuuv) ne signifie pis i
lui seul cochon, il but ajouter un autre mot comme dt tit (soie) ; le moiaon or
sert pas â éaaser les pc-mraes, maïs i presser le marc : nann, I. amt ; ce mot
d'aillears ne signifie pas traître, mais lourdaud. Le pi. de navf [napetto] est
otfWfit, nan^Bid^ (1, naviâ\ serait le pi. de '^nevti et non de navi'c/. P. ji,
^Jûfl, on dit pa'itcn i Saint-Pierre. P. JJ, /wu (peur), I. poû. P. ^4, pwire,
I. potirt; pmiri (poireau). I. pouirilt). P. Ji, ^bWw, I. fuiUm. P. ^6, rfit/W,
I. râtUit. P. j8. rèAdj* ne signifie vomissemnit que dans ta locution piquer un
renard; rat, I. reûjî); roûoji, 1. rou?/;. P. 6j, tmionin, I. riwfouiVt. P. 6), /n'i/i
signifie glie. P. 6(, vid3, I. rt(e); vu, I. vil, etc. Il y aorah bien des transcrip-
tioiu inexactes aussi i relever dans la parabole de l'Enlant prodigue ci dans les
quelqoes proverbes qui terminent le volume de M. R. ; je me torncrai 1
corriger deux ou trois inadvertances ; elles suffiront pour montrer combien il
fout consulter son livre avec défiance. P. 79. I. i£, i l'itoa, 1. il fi tfoa; id.,
I. 28, tét, I. tit'. P. 8û, I. I, pirJa, I. p/rdai ; id-, I. 7, fV«i, I, son. P. Si,
I. 2, (00/, I. touSt' ; id I. 8 et 10, bû, I. bà, etc.
Aprte le glossaire viennent ijt. 66-jy) des « Remarques grammaticales p ; ai
M. R. n'y a pas montré moins d'inexpérience que dans son dictionnaire
pour la transcription des sors, ^ j'en donnerai un exemple frappant : la ter-
minaison de i'imparlaii des dtlTfrents verbes est pour lui un é krmt long, tandis
i|ue celle du condiiionnel est t ouvert et long, comme si ces terminaisons
n'ftaîent pas identiques, — on y trouve atmi des fait) curieux ; la r^le de U
formation du féminin des adicctifs ctt tngcaieuse ; on remarquera également
l'idenlificatton de la )' personne du pluriel du passé défini â la seconde, dont
elle ne diffère que par la quantité de la voyelle finale : /' frachim, ta trackit',
i ujchit'. Il en est de mtmc dans le patois de la Hague, oll ce (ait est commun
d'ailleurs j toutes les conjugaisons'- Une autre forme intéressante que j'ai
signalée et essayé d'expliquer dans les Mlmoiies dt U SotUtl dt lingaitti^ae
{V, p. 6o| est la terminaison c i l'infinitif du verbe de la i"* conjugaison;
M. R., qui ne savait pas qu'on La rencontrait aussi dans le patois d'Audrr-
vitle et de S^int Germain -du-Vaux (Hagiie|, l'a même regardée comme un
• uraclére dtstinctif * du patois du Val de Saîrc ; cela n'est pas complètement
I. M. R. dil qoe cet - ^icnlartiéi »oni commun« 1 Wm le» rerbes f»iMei »
nUei verbes m é,- du f^loii ; |c crains bien qu il n'y ait \i dcc îiieucticude; pourquoi
a'aillcun n'iroir pst <ionni un ifiit pluiicl du fiat défini d'un vfrbe fort f Pau k
patois de U Kigse, 1; plunel ou paue àitai de r<ni(r;«, par <xtmB\t, est j' natUtOH.
VA rtitJUt, î nnàitt, loul comme celui d'un reibc de la i" conjugaison.
t)0 PÉRIODIQUES
Décembre 1882. — P. 261-80. Mir, Comparaisons populaires, etc. Lettres
N-P. — P. 293. Variétés. Boucherie, A M. H. Gaidoz. Variantes et rectifi-
cations â une prose latine que M. Boucherie avait publiée comme inédite dans le
t. VU de la Rcue (187;) et qui avait déjà été plusieurs fois éditée. — P. 397.
Boucherie et Castels, A dolor et à glaive. Contre l'explication de morire a gkiado
donnée par G. Paris à propos de la publication du poème en sonnets II Fiore
{Remania, X, 460). [M. B. veut que morire a gkiado signiËe < moarir de
misère », et il cite deux textes français (M. Castets en ajoute deux autres) où
mourir a glaive, a doalear et a glaive semble être pris métaphoriquement et signi-
Ger simplement f avec une douleur violente. » Je ne les discuterai pas (dans celui
de Caajrey, tout au moins, mourir a glcsve signifie très littéralement a mourir
par le glaive 1) : nous avons là en effet des métaphores dont le sens se dégage
du contexte ; tl n'en est pas de même dans le poème italien. C'est ain» qu'en
français moderne nous disons très bien : ■ Les mots que vous me dites me
percent le cœur > ; mais si en parlant d'un homme mis à mort nous disons : < On
lui percale cœur, 1 cela ne pourra être pris qu'au sens littéral. Mais d'ailleurs
en italien le sens métaphorique n'existe pas. M. Castets a trouvé dans un dic-
tionnaire du XVI* siècle morire a ghiido expliqué par « morire a stento ».
L'auteur de ce dictionnaire ne connaissait plus le sens de cette locution, dont
il dit lui-même qu'elle ne s'emploie plus. Il renvoie à un unique passage, qui est
dans la Journ. VMI, nouv. 9 du Dicamiron : Che voi siate morto a ghiado. Si
M. C. s'était reporté au texte de Boccace, il aurait vu que rien n'autorise l'ex-
plication de son lexicographe, qui l'avait puisée dans le commentaire de Fr.
Alunno sur Boccace, imprimé quelques années auparavant. — G. P.] —
P. joo. Boucherie, Boéce, vers 75,81, 184. M, B. dit qu'aux vers 75 et 81 on
doit lire Domine pdter au Heu de Domne patir ; il a raison, mais l'observation
n'est pas neuve 1 . Au v. 1 84 : Ella smttessma Un las claas de Paradis, le copiste
a écrit las en interligne, et comme le vers est trop long, divers éditeurs, et moi
le premier, si je ne me trompe, ont supprimé ce mot. Mais je dots convenir
que cette correction ne m'a jamais pleinement satisfait. Je ne crois pas, comme
M. B., que las ne soit nullement nécessaire au sens. L'emploi de l'article est
ici tout â fait conforme à l'usage général des langues romanes. En tout
cas, si las est véritablement une addition du copiste, il faut croire, comme \t
l'ai dit il y a dix ans [Rom. I, 232), que le copiste, n'ayant guère le senti-
ment de la mesure, aura ajouté cet article * comme plus conforme i l'usage
roman. » Quant à l'explication de M. B., que le copiste t'aurait placi là en
façon de glose pour indiquer que daus est féminin, elle n'a aucune espèce de
vraisemblance. — ■ P. }oi'4. A. B. Osier •= c écarter, éloigner > (mais non
a faire obstacle n, ce qui seul expliquerait qu'il vint d'obstare). — Coatn
(exempl. du xiv* s.) — Dictcn auxerrois du siii* s. M. B. donne, d'après une
communication de M. R. Kœhler, une partie des deux textes édités pour la
première fois par Th. Wright dans tes Rdiquia antiijaa, et que j'ai réimprimés
ci-dessus, p. {74-5, après révision sur les mss. — Bibliographie. G. Raynaud,
Recueil de motets fiançais (A. B.).
I. Elle a été faite par M. Bœhmer, Romaniscke Sludkn, III (1878), M'-
pëRIOOIQpSS I J I
T. IX. Janvier iS8j. — P. i-i], Chabineau, Sur ^arl^uei manusciili pto-
ftrdKt oa /garis. M. Ch. n'est pas moins embarrassé que moi ' de uvoir
~4r^ii'at devenu le ins. d« trocb^doars que cite i diverses reprises Fr. Rcdi
ituioa Bêtm m Totiana. Selon M. Ch. (p. 3]), et contra ircmeni à l'opintOB
gte^nlmeot adoptée, l'original perdu du Riccjrdi 181^ serait di).lincldu ms. du
comte de Sault dont parle Jean de Nostre-Oame.— Bibliographie. Stenf^el, ^u-
gtlHnu. 4tAdni/iui;gM; Volm<eller,Ofri»Mn,'Rossmann, FTantanschis ox ; Fsr-
Mer, Aiot it Htrebil (A. B). — Périodiques, HemomtfXi" 43-j- EH. Boucherie
■amlienl contre vents et marée la théorie qu'il avait déji émise au sujet de la
vcrstficalioR Ac Raimon d'Avignon : ■ césure obligatoire, enjambanle ou non,
la hniticme pied ; facultative, mais très fréquente, au quatrième pied. 1 Au
lieu d'accepter les faits tels qu'ils sont et de chercher une formule qui exprime
Ir moins mal poisibir le rapport dans lequel ils sont les uns aux autres — ce
■fie je ne suis proposé modestement de faire — M. B. a inventé une sorte de
\& de Procnsle sur lequel il couche les vers de Raiinon d'Avignon pour rogner
tost ce (|Bi dépasse, et cherche ensuite à nous persuader que les malheureux
■ttSés gagent beaucoup i subir cette opération. M B. veut i toute force que
la césure principale swt à la buitiépe syllabe ; treize vers ont U huitième syl-
labe atone ; donc c'est la Iiute du scribe, et il faut corriger la leçon do minui-
crit dans ces treize vers. Je me borne ï indiquer le procédé, en en laissant Ta
rapoosabilité à l'auteur. D'ailleurs M. B. n'est p^i eiigeant pour cette césure
de b huitième tyliabe dont il fait le pivot du vers de Raîmon d'Avignon. Ëlant
llMaéct vert :
Sel os torcen suau e tetnorosamen,
*eiB cm mot penserons qu'il faut y reconnaître soîl la coupe 4 + S, soît la
CMpe 6 + 6. M. B. y reconnaît sans difficulté la coupe 8 + 4, et trouve
^ta syllabe u, parce qu'elle a un accent ternaire dans le mot ttmaroiiimtn,
eoanitoe une césure parfaitenent admissible. — Il y a d'ailleurs des remarques
mérfssantei dans le long comple-rendu que M. B. me consacre ; je ne puis y
répondre aussi longoemenl ici, et je me rallie i ce que M. B. dit luî-méfRe, i
propoi d'une question subsidiaire : • Rétcfront ta question jusqu'au jour ob
M. A. Th. aura publié en ion entier la chirurgie versifiée de Raicnon d'Avi-
gnon. ■ ^ A. T } — |M. B. ne veut pas reconnaître que sa discussion contre
mot, i propos d'une partie de mon étude sur \'à que j'ai annoncé réserver pour
pbs lard, était prématnrée et poruit en l'air : libre i lui. Il persiste â soutenir
4|ue Gamier de Pont-Sainte-Maxence ne mélange pas les imparfaits en -ùbat
M en -c>at, et ne voit dans mon assertion contraire 1 qu'un tnalenlendu sur
ieqaej il suffit d'appeler de nouveau l'altenlion. • J'avais engagé M. it. à relire
la Vm at jjinJ Thomiit ; il assure qu'il l'a fait. Alors comment n'y a-t-il pas
miarqné les strophes dans lesquelles figurent des ;" pers. en -a^l mêlées à des
I"* pers. en -tb^t (41 tambaltit demandeil gatrputat ctialengcil, p. 47 roveit
rtMwr tumptrrat mcrke/t chastieit, p. u6 meneil dinri\gmit colpetl mur'af
faudrut, p. IJ9 maodeit iiuruil avriit tmturta itmtiadrt'il, p. 1 ]6 poàl btvât
Mmflfil. nerleit, p. 140 titnt o^rat roveit roha\} La présence dans ces strophes
1)2 PtMODIQDES
da mois drtU ip. 4ir, /rat (p. ij6i, icir {p. 1401. qn k soiC ps ds
bits et Rc peorcnt riaer qa'ea d, atwm ijoe b lagae de Cvaier
-MI i oi et «M nncrse'. — G. P.] — H. B. est bieai tiâ^ de caifisKr Ib
desx Ugirclâ qae fc loi » sigBsIécs, Aon. XI, 4^9 et 440, 2 prapn de amift-
gUs et d'eifrîdsre. Q le Ua eo ezpQqaaBi toagwe* pv ^oefle sale de
■éyraet JLiiii ameaè à proposa' i M. Kotdnritz urne eomcàom que ceiD-d
anitdqlBÎtefCtiawrt q^'ea échvaat fi/ri^e, ea pvlMt de Ti aOeandde
a mat, ce, ce ({ne ■'ajoate pas H. B-, em nsvoraat i Fait. afnÔMt de Db
Caage <iian. VU, iiii, ao«s anoas ea ne le btia cifrigidsre. Tastcda
est eatffUé de rcmoesatioBS et d'obiectioas doit ie ne pas tcv sksi
coapte. Outre qne H. B. s'éoUe trop EacikBent des iiahcs dus to^aeles
Ib gBs bien élevés snent se raHenir, il Isi arrÎTe trop sovfeat de maà eem-
pnodre les <pestioas sbt ks«|adtes il dsserte i perte de ne texo^ile rétjaa-
logie Hafmri on de Eaire des obfecbaas qni véritablenMst le soot plas e* np-
pixt me f état adod de b pfudofaigie nMune.
P. H.
n. — R(UusiscHK FoKSCHU^iGES, I, 2. — P. 14}. P— «™- Frtmzi~
sâtÂa oi (aoos amas rends ooHpte dn tirage i part dans ootre denier caUer).
— P- ■79> KoËL, Us Ugeadti i'Aigar. Le ns. Egerioa qni cootieiit ks légeades
piesscs d'Adgar on WîlUne est bien coaa (TOf. Meyer, RtauU^ II, )4{ ; Ram.
Vn, {4;, etc.). H. R. doaK de ces légendes, nniqBenent aa point de tbc de
la bagne, nne éinde très soîgaeaae et très bien bile ; il coadot qne rantenr
a^to-oomand a dA écrire entre iiéa rt ityo Ices dates soot précisées par des
aDnsioQS hstoriqaes]. Ce traraO ne ménterait que des éloges si Fanlau'
n'avait pas Cidtt bizarre de démoatier i grand renfort d'argnoieats que le (ki-
gtirt qni se trooTe copié i b snite des légendes d'Adgar n'est pas de loi, et de
traiter cette qoesttoo sans dire an mot des antres mss., poortant assez connns,
de ce poème ; il va jusqu'à attribuer (p. 184) i P < antenr ■ dn Grigpht Vt
pour ù dans ntr, érdir, et i supposer (p. 183} qa'un € poète > postérienrl
Adgar a en l'idée d'écrite le Grégoire après avoir lu l'ouvrage d'Adgar qnî est
dédié i an certain Grégoire ! — P. 2)7. Settegast, Etjmotogits nmaïus. Prov.
(db : serait i habeo comme fr. rai/, [nuil,] i voleo poor volo ; «userait nne
forme sans / [cf. fr. diul i côté de deail] ; cette explication est ingénieuse, mus
le b fait difficulté. — Andart : M. S. est porté, comme moi [Rom. IX, 174-1}}),
i voir dans addere, devenn addare, la forme latine d'tuidtre; seolement il
explique autrement le développement dn sens : addere était parfois presqne
synonyme d'admovere, et il a pu passer au sens neutre. Mais j'ai déji remar-
qué {Rom. VIII, 398) que tout composé avec ad est inadmissible pour un verbe
qui signifie avant tout « s'éloigner a (bien entendu addere, dans le sens qne je
lui donne, dérivé d'addere gradum, n'est pas sujet i cette objection). —
Barone : le lat. baro peut sufBre comme étymologie du mot roman, si on sait
bien les évolutions (possibles) du sens. — Bricoa : signifierait i l'origine ■ vaga-
bond, sans patrie », et répondrait i l'anc. saxon wrekkio; comme phonétique
1, Voy. d'aifleun Loreni. Udiir dit Spracht Camitr's, p. 6.
PéBIODlQtlKS 19^
c'est très peu satisfaisant ; comme seni, huon ligniTie ■ (ou ■> (voy, Rom. IX,
626), cl on ne voil pas comment on arrive de c vagabond > i 1 fou > ; le pas-
sage à'Aial oh bris aurait le lens admii par M. S. ta trop isole pour rien
prouver. — Disw, de desidium pour dcsidia: peu rraisemblable; lefr. Jistttt
serait desidîetta! — CaUa, gakrà.eic.dagr. YsvXtiv, ace. der^^ïk, < seau,
Taie ( j cf. sur ce mot Hom. IX, 486. — CiVrr; anc. tr., gtni fr. ; M. S. con-
teste sans raiun l'ét^mologie genui el veut la rempUcer par diem+s. — Cm-
imrt ; viendrait de vilare. ce qui n'a aucune vraisemblance; notons que le
fr. i«{rf<r, qui embarrasse M. S., est pris à l'italien ; i'anc. fr. disait régulière-
ment gaur {= ail. vitan), — Tomarti^. : de mu t uare (?).— Trompar, trempa:
étymologie très ingénieuse el qui nie paraît Ion vraisemblable. TriunipCh)are
est devenu irumpare comme quieto «t devenu quelo ; cf. d'ailleurs angl.
tntmf, ail. Truaipf. Ce verbe, uiilè d'ailleurs comme terme de musique (voy. Du
Cange). a pris te sens de <• faire emendre un ïonioyeux, bruyant ■, d'où le subît.
trompa^ trompe {et tt. tromlia) : quant à tromper au sens du h. tuoi., je M te
rattacherais pai direclemenl i iriumphare, mais |e m'en tiendrais piuldt à
l'explication de Litirè (cf. aussi un sens particulier de l'il. irombart). — l'enft;
M. S. oppose i verba [voy. Rom. X, }0l) le piini- virvcr dit par Diez, et
propose verbera; ce piém. aurait besoin d'être vérifié : t] n'est pas dxns
Ponia : Sant Albino donne : « Vtr v;r (en deux mots), voce di nessuoo sigoi-
linto, che usasi lalvolu per esprimerc un subiUneo capriccio, grillo, ghiri-
bizn> >, ce qui laisse l'existence d'un mot vtrvtr dans un assez grand vague) ;
d'ailleurs M. S. se livre sur l'emploi du mot en anc, fr. i une élude intéres-
UMC. — P. 3{6. Annsch, Dts parluuUritii lexicolegi^ati dt U Uitniti du
ptHtnda Wgifippt, traducteur de Josèphe. — P. j23. Fo-rster, L'italien
dunque tt ton origtnt. M. F. rejette tune i cause de raSaiblissement sans
exemple de t initial tn d. et propose d 0 n i q u e pour d e n i q u e, alléguant que
(tonique, usité pourd onec, est souvent, dans les mss., remplacé par de nique,
et que l'inverse a pu avoir lieu. M, F. dit que ■ partout > on admet machiu-
lement [giJanitnlos) le changement de t initial en d dans tune = dunqm; il a
oublié M. Cornu, qui Va repoussé il y a longtemps dans la Romamâ (VII, ^É^),
et a proposé nunc en place de tune. Juiqu'i nouvel ordre, je croîs prudent
de continuer i faire pour ce mot ce que je la» depuis longtemps comme M. K. :
« Je ne suis contenté jusqu'i présent, dit-il, quand on venait i parler de iJun^ut,
àoru,AtA\rt que l'étymologie de ce mot n'était pas trouvée. • — P. {26. Hof-
mann. Encore tos; nouveaux exemples ivoy. Root. XI, 448) de l'usage ancien
de couper les cheveux aux jeunes garçons i un certain Age.
C. P.
in. — Anciliv Fùn l'A* SrcntiM dbr NRtiMBi Spiuckb», LXVI. —
P. 409-4ti. Reinsch, Cclhtiem dts manitscriit di Parts tt dt Dttsdt Je /"Art
d'aimer de Jjc^ues d'Amitm pièUl par E. Karting .- M. R. ignore que ce travail
a été fait par Brakelmann, non seulement d'après le ms. de la B. N. fr. 3{)4t,
mais encore d'après un troisième ms. (B. N. fr. 1J478), il y a qainw ans,
dans le t. [X du Jahrhick lûr rom. uad iKgl. Literatur.
LXVll. — P. s 1-73. 16^-196. Krttsiwr, Extr*tlt de (Arbre des Batailles
1^4 PÉRIODIQUES
A'Honorè Bonity donnés, non uns l^utes, d'après un im. de Francfort, el pré-
cédés de renseignement biographiques et biblio^aphiqu» trH incomplets. —
P. 7J-9S, 2)|-3Ê8. Reitisch, Points dt Gûutitr de Coiacy. 1. La Naissanct de
fa vUrge Marie. |]. Ui Naissana a l'Enfanu 4e Jésus, tll. La IJ^ende de iù déni
dti'tnfantUm- M. R. prouve, contr»irement i M. Crcrber, que ces petits
poèmes cl d'autres encore sont de Gautier de Coitici, et donne quelques ren-
seignements bibliographiques utiles ip^r exemple sur la légende de Panuel et
d'Anne, dont il impriine li version intcrpolËe dins la Canceptioa de Wace dans
le ms. Brti. Mus. AJdit. i j6o& décrit Ram. VI, i ss.) ; le leilc de ses éditions
laisse mai lieu reusemenl, comme d'habitude, be;iucoup i délirer : on voit qu'il a
beau imprimer de l'ancien français, il le possède encore bien imparfaitement ; il
donne aiiuî 1, 48, m'dprnre pour mcspinre, t^\ dt ee merci pour Jt re mur ^i,
389 Si cuii tnicuvcuji pour si cautnfO'mcitit (et il explique crKovftu» par • dési-
reuse d'amour »), 700 trahir a pour trahira ; U, laç bien fait ecroire pour kim
fatt a eroiif, 471 Dieas pour dieus, 481 envirrm pour ttnorrai, 6ij ^u' i7 pour
Hiù, $70 Qu/le pour Qu'tiis, 981 vtut pour vfvt, 9S; moiat pour moi ne ice qui
donne un îemblant de sens fort buricîcjue;, i-oiS Quf plamt pour Qii'ji pamne ;
l\U 119 et J49 Qui pour Qu'a, etc. Le plus curieux, c'est que M. R. a essayé
de restaurer les formes qu'a dû, suivant lui, avoir l'original cl que les copistes
ont altérées; il est inutile de discuter ces restitutions ; on ne peut que l'engager
1 s'en abstenir dans ses publications futures. — P. 197-11 3, Hirth, Mots
tmprmtii ou tkinois. Comme ces mots le retrouvent dans les diverses langues
européennes, l'élude de M. H. a aussi de l'inlérÈi pour nous. Il étudie succes-
sivement les mots jnjm/jrin, ceuii, jonque, Uel., mate., tùndaem, cash, taptifue,
pagode, bambou, me (cet article esl peu exact/, ihf, galgam ic'est le ganitgat
du moyen igt), badiane, satin, kaolin, plttiai, cascan et tangue (en réalité dépla-
cés ici), giuietiR. nankin, typhon. Tout n'est pas assuré dans ces recherches,
mais elles méritent d'être lues , et éclaircissent plusieurs points obscurs
(quelques mois manquent, comme ailaitle, sorgko). — P. 169-J18. Tendering.
Fho'iétiijue et mQfphohgit de la Vie de sainte Catherine en poitenn. Ce travail
est utile el parait fait avec soin ; mais on ne peut le cofltr6lcr, le texte auquel
il s'applique étant inédit et devant être publié par M. Fœrster, qui l'a sans
doute communiqué à l'auteur, bien que celui-ci ne juge pat à propos de dire
un mot â ses lecleurs du poème dont il étudie la langue cl de la manière
dont ils pourront s'en procurer la connaissance. G. P.
IV. — L ITEIl*Tt;RDI.AtT FÛB OKBH.lItTîïCHB tisn ROUANIfïCUE PaïUH.fKîlE,
— 10, Octobre. Col. )88. Eysicnhardt, RamiHhmd Romaaiseh{S\ll\ : défavo-
rable). — C, J90, Hcndrych, Die ans der lattimuhen Wanet » fae * eniitande-
ntn ftaRiaiisthtn Wetster (Morf : sans valeur). — C. jja. Craevell, Die
Châractrriflik Jet Potantn im Rolandtlîcdi (Oitmann : observations asseï inté-
ressantes). — C. J96. Levy, U troabadoar Pmlet de ManeiUt iStengel). —
C. J97. Romanisehe Slvdita, 17 : Cirart dt RûsstUto (Bartsch). — C. 398.
Doiy, Reeherehci sur FEspagne fBaist : ne dit rien du chapitre sur Turpin).
( I. Novembre. C. 439. Thomas, Noiaelles recherihes sur /'Entrée de SpAgite
(Slengel). — C. 4)l. Spohn, Uebtr dea Conjunkii* im Mljraazasischen (Folh :
Uas valeur). — C. ^t^. Mûhiefpld, Oie Bildang dtt Nonwo actiOQÎS un Ftan-
zasisthtn «Willenberg : nlimable). — C. 4^4. Roeth, i'tbir den AiufjH dtt
iattncealtn d im Normannuden (SrttegaïtI. — C. 43 j. Ciampolini, Un poma
tmco dtlla prmj mctà del tm^unento {Caspary : il s'agit de IVii'ui iikTOla
do Trissio).
t ] . Otcembre. C. 461. Jord, Essai sar U paîott normand du Bttm (Suchier :
les obs«rval»ns du critique, conifsabifs mais curieuiM, sotii as«z en AtVon
du sujel du livre). — C. 466, Pans, Phonit^ui franimu : o fttmi (Neumann ;
crilique M^s inléressanle, et dont il faudra tenir compte, de l'article paru icî^
X. 36-6ÏI, — C. 470. Haase, Uther dm Cthrauth da Cofijuncthi ba Jo(ii*tiU
(WiUenb«rg : exoellenl). — C. 471. Engel, Cnthichte dtr ftmiatischm LJU-
r<aia (Sachs). — C. 47;. Sachse, Utber dat Ltbtrt and du Ludtr dit Trùuha-
doiàfi Wifhtim iv/i Poitm (Bartsch : prolixe et sans nouveauté). — C. 474,
Avolio, întroduîioni atto ttadio M dijiitio SicUinno ;Caspary|.
V. — Aii5u*iFiE-6t;i.i.KTiH UB LA Siici^fi OB l'Hirtoiiib UB PnATtCl.
T. XIX, (882. — P. 144-264. Paul Meyer, Richard Caur it Lion et Philippe-
AagUite t» 1 199, d'aptiî l'hiitoiri Je CuiUjumc te MatUhd. Ce trivail, qui a
d'abord i\h coramuniqtit sous une (ortne un peu ditlfrente â l'aiiembl^c géné-
rale de la Société de l'Hiiloire de France, en mai i88j, contient (e texte des
ven 11)11 â 1 1 726 du poème récemment découvert Ji Cheltenham. Ce morceau
est certainement l'un d» p)us curieux de l'ouvrage. Il nous initie aux détails
de négociations sur lesquels les hisloriens connus jusqu'i ce jour n'ont dûoné
<)BC des rtnsetgnemenis fnri sommaires. Il ne se ^ecomm3nd^ pas moins par
Mhjbilrlé arec laquelle les personnages sont mis en sc^ne, et par la vérité des
portraits que l'auieur a su tracer de Richard Cœur de Lion, de Philippe-
Auguste et du cardinal Pierre de Capoue qui négociait au nom du n» de
France».
V!, — BlDLIOTHÉQUK HE L'ÉCOLK DES CHABTEe, XLIl (1881). — P. l2Ït-
ij6, 3(7-373. Valois, EtuÂi sur le rylkmt du ballts fonùfieetti ; travail très
remarquable, important surtout pour la diplomatique, mais qui intéresse aussi
l'histoire littéraire et b grammaire du lalin du mo^en i%f, le curjiri, dont
Thurot a le premier fait conratirc la théorie d'après des auteurs do XII' et du
XIII* siècle, esl montré ici mis en pratique d^ns U chancellerie romaine.
L'élude de M. Valois fournira nolairiTnent plus d'un utile point de repère il U
rtronologie. — P. (Oj-ljo. Thomas, la fifiimles dt Notre-Damt de Chartres,
leite latin inédit; c'est l'original du poéne de Jdian Le Marchant; les cha-
pitres qui ne se relrotiTent pas dans te lalîn sont empruntés i, Gautier de
Coinci, comme l'a reconnu iî y a longtemps M, Tobler («oy. Rom, III, i jOi. —
Comptcs-renJtis. Aubertin, Histoire dt la Sangae et de h titUraturt fraimite ju
I. Qiielqun faniet tl'im^vmjîDa doivent être conigèo- V. liJ4Si lues dans le texte
It ta haute geni n n aoK jei Hdtttt teut. —V. ii)f6 Ib. fuiu. — mil h», cur,
— 11490, (o;r, leçon du ms., doH être corricé lot. — ii|ia nppr. la viifBle. —
11714 mettre une virgule 1 la 6n <hi im.
1^6 fgRiooi<iues
mopa igt iRaynaud, p. 4a;) i Petit de Jullevilk, Us Mystiret (RayDaud,
p. 464); Robert, Pfntauu(hi Versio anti^uissima (D'Arboîs cfe Jubainvilie,
p. 216I ; SarradiD, Easlatln Dachatnps (Faucon, p. 67) ; Vatois, Dt ûrte scn-
bendi cpistohs (Tardif, p. 6jt.
— T. XLIll (1881). — P. îli-r8. Castan, Un manuanl de h bibliothi^jut
dt Charlis V raiouvi à Btsançon; ce ms. contient divers traités moraux, entre
autres la ComoUtion di phUoîophu traduite par Jean de Meun. — P. 474-
497. A. Morcl-Falio, Rapport tur uni rntmn archlohgîgac li MajOUfut; ren-
ferme qoel<]ucs intéressants renseignements sur des manuscrits. — P. it-î-jç;.
Mariy-Laveaux, François CufssufJ ; notice biographique d'autant plus pré-
cieuse qu'elle a été rédigée par un des mit les plus btimes de Cucssard. —
Comptes-rendus. Apfcdtedt, Lolkmgistlicr PialStr (Thomas, p. 680) ; Favre,
Glossaire français dt Datante (Robert, p. >;o} ; Nordenskjirld, Le livre dt Marco
Polo (Delisle, p. 216).
Vil. — Et, FoLK-LoBB AsDAtL-z, organo de la Sociedad de este nombre,
i88a-8t '. — Ce journal est l'organe de la Société qui s'est fondée sous ce
titre à Sêville i la fin de 18S1 > et qui a pour secrétaire-général M. Maclia.dû
y AlvjreiF \Dtmophilo\, déjà bien connu par ses travjuic ût folk-hrt. Le* douze
numÉros (mars t88j-févrjcr i88jt qui forment b première année conliennent
de tris précieux matériaux et aussi des études inlêressantcs. Il est naturellement
impossible d'cnumérer lous ces articles, généralement de peu d'étendue, cdaés
nous recommandons vivement le jounial i tous ceux de nos lecteurs qui s'inté-
ressent 4UX cuntes populaires, aux chansons, aux superstitions, aux usages, etc.
M. Schucliardl a envoyé ;p. 3(9-1661 un curieux article sur les rapports entre
leï tophs andalouses et les schaadirttjpkt tyroliens (pourquoi des vers frtoulans,
qui reproduisent txacUmcni le septénaire lalin (voy. Rom. IX, 189, 191),
auraient-ils subi une influence germanique ?), et il rapproche même des patnil-
lion gallon. A chaque numéro du Folk-Lorc nndala: sont jointes, avec une
bibliographie, des Soucias oh on trouve d« renseignements util«-
Vin. ^ ZsiTMiiBiFT riJR ccfTEnncicinHiDE Cthnasib», t88i. — P. 123-
$36. Mussafia, lathnngisehcr Psalia, hgg von ApfeUtedt. Après avoir regretté
que M Apfeîitcdt eût choisi pour l'Miter un texte dont la publication était
annoncée par un autre savant {cf. Rom. X, 461), le critique fait de celte
édition et du commentaire philologique un éloge mérité, présente quelques
observations que tout leclcttr devra loindre i son exemplaire, et termine par
quelques paroles de regret, partagé par tous ceux qui ont connu Aptelsledt,
sur la mon prématurée de ce jeune philologue qui promettait tant et qui avait
iléjà tant donné.
I. On peut l'ibonner à Paris chet Maitonnenve ; le prit de l'abonnement pour
l'étmger est (fc n fr. par an
1. Cette Société it rontid^re commr une brinch« d'âne Mriété nationale, Et Folk-lcn
itpahol. qui n'exiitc tntorc i^u ' idéale m tni Elle a nomnié àtm ditléreiili payt etraiigfn
des raembTct honorairu dont voici U liiie : MM. Thonu. le comie ittiucnamp, Comme
fÀiuUUrrt), — Coelbo. Conrifilicri-PrdrotD, Briuj, Carvalho Monldro \Portagat), —
Pam, comte de Puymji^ic, Coiquîn, KolUnd, S^tùIIoi [Fratict), — Piiré, de Gubéina-
t'tt, d'AiKona, Salomonc-Maiino, Compatetti lltalit], ~ Kahter [AUtma^iu], - Schu-
chaidt lAutneht).
PÉRIODIQUES I )7
DC. — Aacmv fur slaviscre Philoloqie. T. VI [1882). — P. a-ji.
Weiselofsky, La pUrre alatyr dans Ut Ugeitdes locales de la Palestine et dans
U Ugeade du graal ; recfaerclies très savantes et rapprochements tout i fait
neoÉt. — P. Î9Î-4M, ï48-(99. Wesselofsky, Notrvelles conlribations à l'kit-
tÙTC dt la légende saiomonienne ; dans ces précieuses études, où l'auteur de
SilomoR et Kitorras revient à un thème qu'il a déjà abordé avec tant de succès,
OD trouve les renseignements les plus intéressants non seulement sur la légende
de la femme de Salomon, dont nous avons plus d'une fois entretenu nos lec-
teurs, mais snr plusieurs sujets plus ou moin.« voisins, par exemple l'histoire de
fEmperar orgacilleux (M. W. en rapproche celle du roi Girbert, et fait i ce
propos sur cette histoire, celle du ■ roi Ange n et celle de Ftoovant des
remarques fort intéressantes), celle de la mère de Salomon (oh il joue le râle
du philosophe Secundus), etc. Les savants occidentaux sauront gré à M. W.
d'avoir mis en allemand ce travail d'abord publié en russe, et trouveront lar^-
nent 1 s'y instruire.
X. — RBvtiE CRTTiQtTE, octobrc •décembre. — Art. 100, Collection de
tontes et chansons populaires, publiée par Leroux, t. I-V (G. P.). — aoj. Diez,
Lebai and Werkt der Troubadours, éd. Bartsch (P. M.). — Variitis (p. 4Sî) :
Bibliographie créole, note supplémentaire {H. Gaidoz).
XI. — L1TERARI8GBBS Cbhtralblatt , octobre-décembre. — N* 41.
Meyer, Die Ceschichtt der Kreuzkolzes vor Ckristo ; Der Ludus de Antichristo and
iba du latànischen Rkylhmen. — 42. Stengrl, La cancan de saint Alexis, etc.
— 48. Baischan, Zur romanischen DiaUkiologie, I ; Carigiet, Ratoromanischen
Wanerbuck. — 50. Bartoli, Crestomazia delta poesia ilaliana. — ji. Schwds-
thal. Essai sur la valeur phonétique de l'alphabet latin.
XU. — Deutsche LriBRATORZEiTUNa, octobre-décembre. — N"'4i. Eys-
senhardt, Ramisch and Romanisch (Grœber : justement sévère). — 41. Fœrster,
Ljoner-Ysopet (Tobler). — 44. Gsriich, Die sûdwesllichcn Dialekte der langue
d'oïl (Ulrich). — 47. Graf, Roma ncl medio evo, I (Schrœder). — 49. Scheffer-
Boichorst, Aus Danle's Verbannung (Tobler). — jo. Luchaire, Recueil de textes
de l'ancien dialecte gascon. — 51. Diez, Lcben and Werke der Troubadours,
éd. Bartsch (Stengel). — Ji. Fœrster, Aiol et Mirabel (Koschwitz).
CHRONIQUE.
M. Arsène Darmesteter, ayant été nommé titulaire du cours de langue et
littérature française du moyen âge i la Faculté des lettres, a abandonné la
place qu'il occupait i l'Ëcole pratique des hautes études. M. Gilliéron a été
nommé répétitear i cette Ëcole, ob il s'occupera surtout de l'étude des patois
vivants de la France, rattachée d'ailleurs à celle des variations dialectales de
rancien français.
— M. Alfred Morel-Fatio a été prié par M. Paul Meycr, alors malade,
de le suppléer, pendant le semestre d'hiver 1882-8J, dans sa chaire de langues
et linératnres du midi de l'Europe, au Collège de France. Il a pris ponr
sujet d'une de ses leçons le roman picaresque en Espagne, et dAns l'autre il a
expliqué des textes catalans. M. Meyer reprend son cours avec le second
seswstTC.
— M. le D* Em3 Lery s'est ■ habilité > pour la philologie romane i l'uiî-
versité de Priborg en Brisgau.
— Le concours phîtologiqae et littéraire de la Sociài des langats romana
aura lien 1 Montpellier le 1 j mai prochain. La Société a constitué un < bureau
d'honneur > dont les présidents sont MM. Mistral et Paris, les vice-présidents
MM. Mili y Fontaaais, Monaci, de Bomier, Darmesteter. La Société a lien
d'espérer <)ue U majorité au moins des membres du bureau pourra prradre
part au concours et aux fîtes qui l'accompagneront.
— La SocitU Ja Aiuitus Tata franfats a mis sous presse les Œuvra pot-
liyK; it Philippe Jt Btjummmr (publiées par M. Suchier) et le roman de
CuHUmuh Jt Doit (publié par M. Servois).
— M. Van Haroel a mis sous presse, pour paraître dans la Bibliothéqoe
de l'Ëcole pratique des hautes études, son édition, d'après de tris nombreux
manuscrits, des onivres du Reclus de Morliens fie Roman de Charitl et le
— M. Constant s'occupe d'une Cknsiomêtkie dt l'ancien français que doit
publier U maison \'ieweg, i Paris.
— M. Bartsch prépare pour l'éditeur Maisonneuve. i Paris, un recueil de
trxtts en ancien français, accompagné d'une grammaire et d'un glossaire.
— N^tuj avons rfçu le programme d'une « Revue internationale pour la
wtfwcf des lanf^es en général • {Inltrnattonale Ziitschrijt fur allgemtine Sprach'
»(AN^v,.4^tt dirigée par M. F. Techmer, doceitt i l'université de Leipzig. Le
CKRONtQtlE I )9
Mit DOBt lenbk BU peu anbttîeux et k programme bien vitl(. Noos ne
■BMi p» penoadéf qu'il y sit iias ce progumene aucane braache d'étude 1
lifMBt ait bit défaut [usqD'îci un organe «affisant. La rédaci'ion de celte
ismfle rcroe semble devoir étrr très cosmopolite. L'Allemagoe, l'Atigieterre,
riuiie 1 iont représentées par leurs plus Sluttrrs linguistes, U France pu
UU Adan, L. de Rouiy et J. Vrason.
— M. le comte de Bournioat nous prie (et nous le bisons volontiers) de dire
1 Ml lecteers qu'en publtmt ta cnriesse légende reciieillie par M. Camo^ sur
• Cudekni et Boonnont {Rom. XI, 4 1 1) « nous n'avons ntlUcmcnl voulu nous
moàtr 1 raccusatioa de trahison portée par Napoléon et d'autres contre te
(Mnl de Bounnont et accueillie par b crédulité pabli<]ue.
— Je docmrrai dans va prochain aunéro de la Rçmanu ua supplément i mon
Ùaii tm ki muauaiti iu twun i'Alaanâît. On y troui-era, oolamment, la
docriptioa du ns. de Rone {Rem. XI, ; j 1), qui a une importance que ne laissait
pai loupccatter b notice de M. A. Kcller, ei de nouveaux détails sur le ms. de
Venise. QjuM >■ mt. do baron de Lassberg (Rom. XI, }j]», d est décrit* dan»
If atalogae de* mn. de la t>ibliolhéque princiére de Donauescliingeii (par
M. Banck, Tubingne, i86i, gr. in-8*i sous le n* 168. Il ne conlient que tes
Tm im ^êea et le Rettor da péûn. — P. M.
— J'ai dit a-dessBs. p. 14, qoe le petit poème de Matazone, n'étant pis
iidiqié dans le catalogtx de t'Ambroisienne, n'avait pas, i ma connaiisance,
^ré juu)u'ict l'atlentiOD des phiJologtin. C'était une s^upposition inexacte,
lion articie éuit imprimé lorsque j'ai appris que M. Biannu, jeune Roomaia
qui suri a Pans divers cours de philologie romane, avait, l'an dernier, décou*
TCndeson cAti cet opuscule, et en avait pris copte. M. Biannu s'intéresse,
OKne moi, ï l'hisldre de b légende d'Alexandre, et c'est au cours de
ndietbes sur les mss. de i'Hatoria Jt prahit qu'il a rencontré le poème de
Matsme. — P. M.
— De» nou de réponse il mn ami le prof. Baissac. sur le point en litige
i propos de l'étymologie de la négation créole napn. Je la dérive de t n'a pat »
fat le son est JdeMiqae, le prof- Batssac de 1 itr .. pai ■, et pour justifier
le Aaflgcmcnl de ( en n, d cite SiKOuyé de secouer, ça de v et una de m a.
CetlroB exemples ne sont pas probants, c Le créole latouyi ne vient pas
éexioaii, mais bien do patois normand jnfOKr, encore aujourd'hui existant,
fOi at rjBcxn fraoçau tathitr, tirer brusquement, secouer, de 'sac c;i re. avec
b proBonciatiofl picarde et normande, d'où sainte, suçait, saccade, secousse'.
Cl g'eit pai, en effet, dans b bagne littéraire, mais dans le Ungage populaire
du prcaien colons (Normands et Bretons) qu'il faut aller chercher l'étymotoRie
et bien des mMs créoles. Par ex. : baher pour bjUjtr est te mot même nor-
«ud, etc.
^ fil vient Uni simplement de (é.
. Connw im tan tev k* MM. naat la même prowrnaoce. .uu^mt
.iow. f«« nrU pMlob JLné au Baun p. .61. ^.^r^StoS^-
InkacoRaicu tMiTtsauytr, mai» je <« »« "«« P*» >"«•" ** *
140 CKRONtque
j* Quant i cim que l'on prOROnce â peu près ûna, il «cent bien de tu a dini
* il y «n a ■ ; mais le créok ayant été (orné par l'oreille^ t a ici le sdd de t.
Aucun de ces trois exemple ne prouve donc (]ue e Trançjiis puisse donner é
crfole. E muel donne i dans l'immense majorilè des cai : dimijin, ctm\n, (imut,
dilo, etc., cl très rarement ou, comme dans (ouvjl, zoanoa, de cheval, genoo.
• Nupa » dérivant de * nt ... pas » serait une anomalie, <)ue |c crois unique,
du diangemeni de < e» it. JVd/u de n'a pas ne présente ïucunc dLtlîcullé phoné-
tique, et a de plus l'avantage de n'avoir pas besoin d'une seconde supposition :
la réunion eu un seul de deux mois ordinairement séparés dans le discours.
Quant i nèqat, napli, donnés comme venant de nt ... que : il lu ^it qat par-
ler, de /fc ... plui : je nt le ferai plat, pour prouver que le créole a pu réunir
en un seul deui mots souvent séparés, ils viennent régulièremenl de a'ttt qat,
n'a plus, réunie comme dans les phrases: i\ a'ut que vétérinaire, ri n'u pliu
de feu.
En résuiB^, la iransforoiation des sons français cti sons créoles est le plus
souvent régulière : t fait 1, et par conséquent nt ... pus, itt ... plas auraient
donné aip-M, nipli, et non ntpa, njpU. Lu négations aapj, aanea, ai^iu, napli.,
viennent régulièreniejit de n'a pas^ n'a iiin, a'ttt 91", N'a plat. — A. B08.
— Livres adressés i la Rom<mié :
La Lapidairtsfrançm du mojcn ige, tentes des XII', XUI'el XIV* siècles, réunis,
classés et publiés, accoinp3f<nés de préfaces, de Ubies et d'un glossaire,
par Léopold pAKRiF.it, ancien élève de l'Ecole des chartes et de l'École des
hautes études, avec une notice préliminaire par Gaston Paris. Paris,
Vieweg, in-8*, xj-J^J p- i cinquante-deuxième fascicule de la Bibliotki^ut
it t'Ècolt prcûqat dti haaUi Hucies).
Dt U pan dt la Champiignt dans la formation tt U dhtloppinHnt ât U langue et
Jt la liilératurt tranfaisc (discours prononcé à la distribution des prÎK du
collège de Châlons-sur-Marne le ; aofit 1882), pjir M. Pqvlxiv. CbSkuis,
impr. Le Roy, in-S", 16 pages. — L'imeniion était bonne; mais dans
quelle ignorance sont encore nos professeurs de province! M. P. croit i
l'épilaphe de Plodoard publiée par Mabitlon, aux vers de Doeie de Troyet
fabriqués par M. de Survrlle ; il raconte que < sur les murs de son chiteau
de Provins, le comte Thibaut Faisait peindre en itUm d'or sur thamp d'aiar
ses gracieuses chansons, pour les porter A la connaissance de ses bien-aimis
sujets, ■ etc. Le sujet est â reprendre pour un Champenois mieux informé.
Imtntairt dit maniufntt italiins de là BibHoibiqut nationale qui ne figurent pai
dans le catalogue de Marsand. pir Gaston R^ytiauh. Parii, Picard et
Champion, in-8', r^o p. (extrait du Cibn.^i huteriqae). — Ce travail est
utile et parait fait avec beaucoup de soin. Il aurait gagné i être accotnpa-
gné d'un index méthodique et de celte concordance des numéros anciens
avec les nouveaux que l'auteur dit avoir dressée.
Stanislao Phatu. Vaa novillina popcUn rnoafttriuj, raccolla e illtistrata con
note comparative e preceduta da una prefaztone sull* importania délia
novellrstica popolarc coniparata. Como, Ostinelli. in-8», 67 p. — i-i Ug-
gtttda dtl taoro di Ramptiniie nelle varie redationi itatiane e straniere, saig-
gio critico di Stanislao Pb^to. Como, Franchi, iii-8*, lif-il p. ~ Ces
CHBONIQUE 141
traraui, conme ceux <\»'i dtji publiés le nitmc auteur, socl pleins d'èrudi-
tjos cl earichiuent b rtiylhographie de beaucoup de renieignemenls précieux.
Ukr du Hmdithnjun dtt Ckitnton di Horn ... von Rudolf Brcdk, in-8% (i p.
(dissert. de Marbourgl, — Coinirencemeni d'un travail qui sera compléU
daiu les ^igj^ und Abkaadhiif^cn de M. Stengcl.
Vaii^t popalara porta^iuziis, por Z. Co>fiiuLii^Hi-pBUH080, X. 0 homim
ias uu itataéurat. XI. 0 dtabo. Pofto, typogr. Elteviriaiu, 16 et 19 p.
DgCatgttan: Jir Partiopii Ptaettriti in adiver VerbalconiUuctioo \m Altlran-
toeûidin bis zom Anfang des XIII Jahrhunderts ... von lohinnes Biess
t£sseilJtion de Girllingrn}, 70 p. — Travail consciencieux, mais qui n'est
pas acmpt d'erreurs.
Zm ttButMchift Didliiîoiogte. Heit I. Vtbti dai jûdiich-spanischŒ DuUlt a\s
Beilrag xor Aufdellung der Atuiprache îm Altspaniichen, von M. Balscuam.
BeJorar, FleiKhmann, jo p. — Ecrit singulier, où il y a quelques renseî-
gomcnU utiles i recoeiHir, mais où l'ordre et la clartf font compi^ement
ditiul. L'auteur écrit sur la ptionéti{;ue sans avoir â sa disposition les res-
SDortes typographiques les plus élémeiiUiret, et des fautes d'impression en
mabre incalculable viennent rendre en outre son ouvrage presque illisible.
Oir Verhj/ltxioa m der Oxf. Ht. ici Cirùrl de Rosillon, von Ceorg Hestschku.
Halk. Karras, jS p.
AdiDe CoEK. Di aaa Uggendi rt!aliva alla nâtcita t MU povenlà di Coaantiiw
Hégno. RoDia. Fofiani, gr. m-S", 191 p, — Il s'agit dans cet important
trsrailde b légende qu'a étudiée ici M. Wessdofsky \Rom., VI, 17} ss.}i
i propos du Dit de l'empuetu- Constant, mais qui, d'après le savant italien,
■'a pat de rapport avec ce poime et les récits semblables. Une venion latine
de CElte légnde a été récemnent trouvée et publiée par M. Heydenrcich ;
H. Coei en aviéliorc le leile d'après un ms. de Rome ; mais l'objet princi-
pal 4e MM travail est le dassemeni et la critique des différentes versions de
b légende, et la recherche des éléments dont elle se compose. Il fait preure
dMs cette élude d'une érudition très riche et très précise, d'un jugemeol
excelleDi et d'une remarquable intelligence. Ses conclusions sont loufours
pUujibles, souvent assurées, et n'ont pu en bien des cas être obtenues que
frlcr i uoc pénétration peu commune. Il et ï souhaiter que M. C. écrive
llli-ntne cette Hntoirt foèûqitt de ComUnùa dont il invite luotlesienicnl un
cooipéient i se charger : il n'aura pas à chercher loin pour le
trovfer.
Vtioeno CiiBsctKi. Dut stuJi riguarJaiUi oprre minvn dd Boccac<io. U Canlaie
S Fitrt t &atuifiore tJ il Fiioeoh. La Lutta deW Amorou Vitiont. Padova,
.CrtKtat, in-S", 61 p — Nous reparlerons prochainement en détail de ces
'dnx ialértssantej études.
OwUriss ia Larf- iwrf Flixiont-Analyse dtr ntuftaniasiscken Scfirifispracht. von
CK LittonsK. OppHn, Maaske, ir-S*, vij-109 p. — Assez peu satisfaisant.
Ligpdtt tt titat popalairu du pays bas^ae, par M. CEnouAKO. IV. Pau, Pri-
tut, bi-8*, 200 p. (extrait du BalUlm Je h Soittii des tcitiKts, httres et
m\t il Pau). — Avec cette livraison se termine un ouvrage des plus iinpor-
UnUpoorla littérature comparée, dont on doit être fort reconnaissant â
■ 41 CHRONIQUE
l'iuteur. News y signalons tes curieux récits relaliTs k Arrolan (■= Rollaml),
ûb A'ttiCitM conlet cir géants se mjleni it des «mprunts f^iu jut pommes
Irançaîs. L.» Basques n'ont gardé aucun souvenir propre, cela va tans
dire, At l'avfntare do i { aoûl 778, el considèrent Arrolan comne ayant
combattu les Mahw (^ Mores), Le n* 56, 04 les Basques sont au con-
Iraire rcprÉscntés comme défendant contre lui leurs nionugnes, et oEi ils ont
pour chd un Oxona l= Loup) qui vient tout droit du Lupus de la charte
d'Alaon, est ceruincmeni de Ubrication Crudité et toute moderne.
Dit Lthrt vam fraoïaittcken Virb auf GrandUge der histarischen Grammatik,
von D* Hermann Brhviiuik, Professor an der Unirersit^cl Mûnchen. Mûn-
chen, Oldenbourg, 1S83, In-S*, viijijâ p. — L'auteur se propose de renou-
veler et de vivifier l'enseignement du français moderne en lui donnant pour
base riiisioire de la langue. Cet écrit, qui nous paraît bien répondre i son
but, Kl consacré au verbe; il est précédé de remarques et de discussions
sur la méthode suivie en Allemagne pour l'enseignement des langues
vivantes.
Pr. BsnOHAKN. Ultrt mr ta ptiambit (priamHc). Kolosxvar, in-l8, 8 p. —
M. Bcrgmann avait proposé jadis d'appeler en français priamite la rorme
poétique qu'on nomme en allemand Pndmti ; sur robservation que Priàmel
vient de praeÂmbula et que priamile viole l'accent el n'est pas formé i
la française, il préfère aujourd'hui priamble.
Gtsang tii\ Heiaritk IV. j. \o%^. Uebir L^hynnthdarittflungen. Von Wilhelm
Meyer, ausSpeyer. Munich, Siraub, in-S", .47 p. [extrait des Com^irs-rcArfiu
Jt \'AiatUm\i. [8Si, 1. II). — La seconde de ces éludes est fort curieuse,
et jette du jour sur plusieurs particularités mal expliquées jusqu'à présent
par les paléographes, les liiiéraleurs et surtout les archéologues.
Lu Juix plus niKitnt trailii franiùis d'algotnuit tt di gioatitru, publiés par
M. Charles Hkhay. Rome (Paris, Leroux], in-4*, 14 p. (extrait da BaUtt-
tino di slcria diUe stUnie mattmctkhi t fiticht). — Reproduction diploma-
tique de deoï courts trjilés contenus dans un ras. de Sirnle-Geneviévc
qu'on croyait perdu et qui remonte i la fin du X1I!« siècle. Intéressant
pour l'emploi de termes techniques et aussi par une longue énumération de
monnaies avec leur valeur.
£tn Nanuabuih :a dtn alifrjaiatisehtn Eptn^ Teil I (von) Fritz Suftcrt,
in-8*, 4^ p. Idissen. de Grcikwald). — Ce n'est ici que l'introduction d'un
livre qui doit bientôt paraître ; nous en reparleront. L'idée est bonne, mais
l'auteur aurait besoin de plus de préparation. Dans une digression sur le
PtTuval, il soutient avec raison que la partie composée par Gcrberl n'est
pas one interpolation, mais une fin indépendante de celte de Maoessier, qui
commentait au même endroit, et qu'un copiste, en en supprimant le dénoue-
oient, a intercalée avant celle de Manessier : mais il prétend k tort que
Chrétien a composé au-deU du vers 10601 de l'édition Polvin. Nous aurons
bientôt occasion de traiter ces questions ici.
Thi Pkiloiogy cf IhcfrtKb langiugi, by A. L. Mbimned. Tbîrd édition. Paris
et Londres, Huhetle, in-ia, 161 p. — M. Meissner a perfectionné seosi-
blonent, dans cette troisième édition, l'ouvrage qu'il avait publié pour la
I
CHROHtqUB t43
première fois il y a quitu« ans (roy. Rtra* ttit., i$68, t. II, art. a)6 ;
I pourquoi pïniMr l-îl i tirer ptooc de l'angl. ;iro»7). Il a abandonné sa
Malmcoiitrro» ihioTK wr (es formes Ae fa conjugaison française modifiât
(Taprts l'acceit (vojr. Rom. Il, 143), et tie reproche plus aui philologues
(ri&çaîs kur ignorance ; nuis ïl a passé d'un extrême à l'autre en parlani
Ip. w$i de < la découTerte de M. Gaston Paris, que la diphtongaison :■
;|ica dan les syllabes qui ont l'accent en latin, mais qu'il n'y a pas de
tdi|Atoagaison quand l'accenl est déplace >. C'est une découverte qui avait
été iiiie iTant qse l'auteur cité vint au monde. En somme, oulgré bien des
oanstîOflS, des locxacliludei et des erreurs, le manuel de M. Meîssner don-
MS écolwrs anglais une connaitsanoe de la philologie française supé-
l'iienre i cdie qu'en ont les écaliers de France. L'afpatitx contient, dans
jtttle troisiioie édition, on certain nombre de morceaux d'ancien français,
h^ a'aecoapagne aicun commentaire, et qui, mal beurcu sèment, n'ont pas
toujours été pnnit aux meilleures sources. Ainsi l'extrait de 11 Panion
de Clenmnt-rerrand reproduit les fautes des éditions antérieures au teste
KVu sur le mt- qu'a publié la Romainâ, II. 299 et suiv. ; k morceau du
tBomaa de Hou est emprunté à ta piemiere édition de la C lires tomathie
[de Bartsch, etc. De pins les fautes d'impression abondent dans tous ces
lestes.
AtMmu/, Bruchstilck etnes Lanielet romans des Heinrichs von dem Tûriin,
oetist einer Abhandlung ùber die Sage vom Trinirhorn und Mantct und die
Qodle der Krooe herausgegeben von Otto WAtiHk-m:». Brcsiau, Kœbner,
ta-8*, Tit-i;6 p. — Nous parlerons ailleurs de cet ouvrage, qut soulève
des questions intéressantes pour l'histoire de Lancelot : disons seule-
■ent qve c'est un travail aussi intelligent que consciencieui, et que te
dupilre consacré i la légende du oianteiu mal taillé et de la coupe encbao-
tée est ce qn'on 1 écrit li-dessus de plus complet.
L Rtgta Gmlltumt, comte de Hainaut. Poème inédit du XIV* siècle, par
Ubtn de le Mole, publié, d'après le manutcril unique de lord Ashbumham,
pu Ang. ScHRLCR. Lotivain, Leferer, in-8°, xvj-aio p. (publication de
TAcêiime ttjûli lit Iklgi^ut). — Jehan de le Mole composa en 1 j}^ ses
Rtguti sur U Bort du < faon Cuillaume *, comte de Hainaut, mort en
U7. ton Ofuvfe n'a été conservée que dans un manuscrit; M. Sch. l'a
■bliéc d'après use copie de miss L. Toulmin Smith. L'éditeur est sévère
rautair qo'il édite, et il n'a pas tort; mais il remarque avec raison
1 ouvrage ancien, s'il n'a pas de valeur historique ou lîllérjire, en a
toajoin une llnguitlique. et il le prouve par les intéressantes noies dont il
accompagné le texte, et qui sont dignes, quoi qu'il en dise, de l'aiiention
phflôlogurs aussi bien que des lecteurs ordinaires. Un glossaire présente
ordre ^phabétïque les faib les plus importants qui y sont abordas.
I. Sch., s'il ne négligeait systématiquement toutes les rcchercbes qui sont
Tordre purtneat littéraire, aurait pu faire ressortir l'intérêt que présentent
. allusions i de» récits romaoesques dont le poè:nc est paricm*. Ajoutons
que J. de le Mote est loin d'être aussi inconnu que le suppose son éditeur.
C'etI l'auteur du Parfait da Pém, sur lequd voy. Frocheur, dans le Nnti-
■ 44 CHRONIQUE
ger des se. Aùtorifiui de Belgitiae, 1S47, p. 412, et Hugues Capa [hà. Lj
GraDge}, p. xviij.
0 dialuto mirandez. Contribuiçlo para o estudo da dialectologîa romanicai do
dominio glottologico hispano-tusiuno por J. Leitb de Vasconcellos.
Porto, Clavel, in-8*, jç p. — Etude du dialecte des «ivirODs de BAîranda-
do-Douro, dans Traz-os-Mootes ; ce dialecte, d'après l'auteur, tient le
milieu entre le galicien-portugais et le léonais-asturien.
Pois'ui iniJites de Jean Moniot, trouvère parisien du XIII* siècle, publiées par
Gaston Raynaud. Paris, in-8", 3j p. (extrait du Balletin de la Sociiti de
rhistoiredt Paris). — Des neuf chansons de Jehan Moniot de Paris, H. R.
imprime les cinq qui ne sont pas dans les Romances et Pastourella de
Bartsch. Il montre en outre que ce poète s'appelait bien Jehan et est l'au-
teur du Dit de Fortune^ publié par Jobinal, que revendique aussi Moniot
d'Arras. Le texte est très bien établi ; i plusieurs reprises seulement il faut
m'i an lieu de mi.
Nouvtlte mtthode pratiijae et facile pour apprendre la langue portugaise^ composée
d'après les principes de F. Ahn, par F. os Lencabtre. Leipzig, Brock-
haus, in-i8, j vol. de vj-87, iv-iê^ et 68 p. — Voyez ci-dessus l'appré-
ciation de cet ouvrage par M. Vianna.
Un poema sconosciato degti altimi anni del secolo XIV {Fimerodia di Jacopo dd
Pecora), analizzato ed illustrato da Rodoifo Renteb. Bologna, Fan,
101 p. (extrait du Propagnatori). — Analyse détaillée d'un poème en trente
chants jusqu'ici absolument inconnu; M. R. doit plus tard s'occuper de
l'auteur et apprécier l'ouvrage.
Du caractire et de l'extension da patois normand. Étude de phonétique et d'ethno-
graphie suivie d'une carte, par Chartes Joret. Paris, Viewc^, in-8*, zxxij-
ji I p. — Nous reviendrons en détail sur cet important ouvrage.
Franzasische Personennamen aus Guimans Urkundenbach von Arras von Egon
FnErBËHo, in-S", 41 p- (dissert, de Halle). — Monographie qui peut être
utile, mais qui contient bien des méprises.
Die ortkographtscken Reformversucke der franzasischen Pkonetiker des .XIX. Jêhr~
hunderts. Teil 1 (von) Hugo Nibmer, in-8", 34 p. (dissert, de Greifs-
wald). — Commencement d'un travail qui doit prochainement paraître en
entier.
Beitrage zur Ceschichte der Entwickelung der mittelalterlichen Bûluie, von Julins
ScBrcBTT, in-8*, 48 p. (extrait de VArchir de Herrig, dont nous reparlerons
à propos de ce recueil).
Die rilterliche Gesellsckafl in den Dicbtungen des Crestien de Troies... (von)
Wilhelm Hbidsiek (dissert, de Greibwald), in-8", 40 p.
Le propriétaire-gérant : F. VIEWEG.
Imprimerie Daupeley-Couvemeur, i Nopnt-le-Rotrou.
LA VIE
DE
SAINT GREGOIRE LE GRAND
TRADUITE DU LATIN PAR
FRERE ANGIER, RELIGIEUX DE SAINTE-FRIDESWIDE.
L'ouvrage qui voit ici le jour pour la première fois a une importance
^le pour l'histoire littéraire et pour la linguistique. II appartient à cette
fcnnchc de notre vieille littérature 'qui s'est développée en Angleterre i
b niite de !a conquête normande, et nous fournit un témoignage vrH
préds sur l'éiat de la langue et de la versification à une époque et en
ulieu détenninés. Bn elTei, par un bonheur singulier, nous savons où.
qmnd et par qui il a été composé.
I Le iDs. d'où cette vie de saint Grégoire le Grand est tirée est un livre
en parchemin de 174 feuillets, ayant à peu près le formai d un petit in-4*'
(0,190 >ur 0,149). ^^^ pages sont a deux colonnes réglées pour
16 lignes. [I appartient à la Bibliothèque nationale, où il porte le
ar* 2476Û du fonds français. Avant la fusion des divers fonds de la Dtblio-
ibèque, U portail le n' 1 jSi parmi les manuscrits provenant de i'an-
denne bibliothèque de Sorbonnc. J'ignore à quelle époque il était entré
dans ce dernier établissement. Je ne l'ai pas trouvé mentionné dans le
cttalogue des livres de )a Sorbonnc qui fut rédigé en 1 n^ et que
K. Dditle a publié dans le t. Ili de son grand ouvrage sur le Cabiatt
da mâiaturiti '. Il contient U traduction en vers français du Dialogut de
saint Grégoire (fl. 2-i(i)», suivie de la traduction de ta Vie de saint
Grégoire ci-après publiée (tf. i;;-i74'). Le traducteur de ces deux
ommges s'est fait connaître à la fin de chacun d'eux, en ces termes :
r. Cet ancim catalogue n'indique qu'un très priit nombre de mss. français,
quatre m toui, C^bimt 4ts muniiscnli, 1)1, 107.
1. En tèlc de la irsdoction du Oi^io^ut, il y a (fol. i) le texte latin e( ta
vidgction PU quatrains ilc ren dècat^llabiques du Vtni Çrtetor, et une Orj^o
ti Ttiatfjum, en quntrams de tntoie mesure, qui sera publia ci-après,
J. Le rerto du toi. 1 ^ 1 tt le fol. t^z sont restés blanci.
KomÊHit^Ili
10
14é P. MEYER
1° Fol. I j I , à la suite du Dialogiu :
Explicit opus manuum meanim quod complevi ego frater A. subdiaconns,
Sancte Frideswide servientium minimus, anno verbi incarnat! .m". cc°. xij",,
mense .xj"., ebdomada .iiija. ferta .vja. in vigilia sancti Andrée apostoti <,
anno conversionis mee .vij*, generalis interdicti per Angliam anno [.v.]*, ad
laudem et honorem Domini nostri Jhesu Christi, qui cum Pâtre et Spiritu
Sancto vivit et régnât Deus, per inSnita secula seculonim. Amen.
2° Fol. 174 et dernier, à la suite de la Vie de saint Grégoire :
Istud complevi conversionis mee anno ix<>, sacerdocii .ij**, in vigilia aposto-
lorum Philippi et Jacobi.
Le « frater A. » de la première de ces deux notes a donné son nom
en entier à la fin de sa traduction du Dialogue :
Si voeil nis requerre e preier
Toz celz qui lire ou escouter
La deingneront, por Dé amor,
Q'is preient por lu translater,
Ço est li vieil pecchierre Anoub, /. i j 1 1
De set anz joevre ^, onqors clolstrier,
Qe Deus ensemble od els l'ameint
A la grant joie ou sont li seint. Ans».
Il était religieux à Sainte-Frideswide, et c'est là qu'il termina, le
29 novembre 1212, la traduction du Dialogue, et un peu moins de deux
ans plus tard, le jo avril 12 14, celle de la Vie de saint Grégoire. L'in-
tervalle est clairement marqué par les mots « anno conversionis mee
vij° » d'une part, et « anno ix" » d'autre part. Nous apprenons aussi
par la seconde note qu'Angier avait reçu la prêtrise aussitôt après avoir
achevé la traduction du Dialogue.
Sainte Frideswide, dont notre auteur se déclare le serviteur très
humble, Sancte Frideswide servientium minimus, était l'ancienne patronne
d'Oxford. Il y eut en son honneur, entre l'isis et la Cherwell, un prieuré
de chanoines de l'ordre de saint Augustin, qui, fondé en 1 12*1 , fut sup-
primé en 1 524, et fit place à un collège dont l'église, l'ancienne église
de Sainte-Frideswide, devint en i $42 « l'église cathédrale du Christ et
de la bienheureuse vierge Marie » *. C'est maintenant la cathédrale
d'Oxford, et le collège qui y est attenant est le collège de Christ Church.
1. Il laudrait, si je ne me trompe, feria v, car en iai2 le 29 novembre,
veille de la Saint-André, était un jeudi et non un vendredi.
2. Ces mots, depuis generalis, sont en marge; le dernier, que je restitue
entre]], a été enlevé par le couteau du relieur.
}. Jeune de sept ans ; il faisait dater sa t vie nouvelle ■ de son entrée an
couvent.
4. Voy. Moitasticon artgUcanum, nouv. éd., II, IJ4 et suiv.
I
LA VIF DE S. CRËCOIRE PAR PR^RE ANCIER t47
U carlalaire de t'jncien prieuré de Saînie-Krideswide existe encore.
Uappanienl à la bibliothèque de Christ Cburch. Je l'ai feuilleté, il y a
quelques années, dans l'espoir d'y trouver quelque meniion de frère
Angier, mais mes recherches om été vaines. Nous devons nous conien-
ler de uvoïr de ce modeste religieux le peu qu'il a voulu nous apprendre
dans le* quelques lignes rapportées plus haut. Le nom même d'Angîer
l'en pas commun ni en Angleterre ni sur le continent. Je trouve un
Pttrat Ananas (ou Angerif), prieur d'Archiac, dans les Rotali litUrjrum
fauttiam, I. iti. à l'année 1114, et un Artgtrui, en uoi, dans les
ftofu/i ChanATum in tani Londinensi asservaiu p. 94 '.
Frère Angier est, si je ne me trompe, resté jusqu'à ce jour entière-
ncni inconnu. Ni VHistoirt littfraire tic h France, ni Th. Wright, en sa
Biographies Bfitanaica litteraria, ni aucun autre auteur, que je sache,
n'a jamais prononcé son nom ni fait mention de ses écrits. Je crois
aroir le premier signalé sa personne et son œuvre en éditant, dans mon
fUtaâl J'ancûfu textes^, 340 vers de la traduction du Dulogat. Angier
est un de ces laborieux versificateurs, comme la liiiéraiure normande
en compte tant, à qui un pieux motif, bien plut6t que l'instinct poé-
tique, a nus b plume à la main. Il a voulu, lui aussi, travailler 1 la con-
verùm du monde. Répétant, dans la préface qu'il a placée en tête de
sa traduaion du DialogM, rétemelle plainte des prédicateurs, Il se
lameiAe de ce que parmi ses contemporains un trop grand nombre, pré-
lérani les vaines joies du aéclc au trésor céleste, prennent la paille et
laisseni le grain. Comme d'autres pieux écrivains du même temps >, il
s'aHDge de voir que le public préfère le mensonge ei la fable à la vérité :
Plus est but iccst jor oî
CI qui enseingne vanité,
Ueacoa^ e f)bl< e falseté,
Qb ci) qui enuigne le voir.
Moralité, ten e uvoir;
Car vanité est escoulie
E terité eit rri>oitée.
La bbles d'Arlur de Bretaignc
E les chancons de Chaclemaignc
Plus sont chcries c meîns viles
Que ne soient les évangiles.
Plus cit eicouti li jugliere
Qe ne soit saint Po) ou saint Pierre,
E plus est hui cesl jor li fol
Oîz qe saint Pierre ou saint Pol.
iFol. 9 t.)
Les mteors ecclésiastiques, qui s'efforçaient de faire échec aux roman-
ders profanes sur le terrain de la littérature vulgaire, avaient souvent
plas de bonne volonté que de ulenL Aussi craignaiem-ils, non sans
qudqoe raiwn, les railleries. Frère Angier n'était pas sans appréhension
I. Il djsi^ae probablement à l'ongine une personne originaire de l'Anjou ;
»o)f. BanUler, Oiu Eaghh Svfiuina, lii?), p. iji.
3. Partie fnaçiise, n' 3j.
)■ Vo]-. par exemple le prologue du Bestiaire de Gerraise, Rmnnu, I, 416.
148 P- MEYER
à cet égard. H prévoit qu'on trouvera ît reprendre dans son œuvre, et
d'avânce il se défend contre les attaques de ceux qu'il appelle les
K envieux », — de nos jours il eût dit les « critiques », — leur oppo-
sant, selon Tusagc, un inaltérable déd^iin :
Mais tant des envious bien sa!
Qu'a jour poucir mil irie querront.
Ja Deu le poucir ne br dont
Qe il ine puessent deslorber.
Le bien dclraire c dépraver
Lour otMÎ : çoest louf mestier,
Mais ja miei ne me poet vengier
Oc soi II i-nvious fclon
(^e soi tuer de son baston <.
Envious soi meisme ronge
Premièrement, e puis voooge'
Sour autnii tote sa malice.
Or lace donques son of5cc,
Car s'il deiist crever ou fendre,
Ja par lui ne Utral emprendre
Ço que Deusm'a mis en courage.
Quel q'oem m'en tienge.ou fol ou sage.
(Pol. to bi.i
Ce n'est pas qu'il se fasse illusion sur son propre mérite : il sut bien,
nous dit-il, qu'il n'a pas tout le savoir qui serait nécessaire pour une
telle entreprise ; mais il compte sur l'aide de celui qui fit parler l'ànesse
de Balaam. Aussi est-il plein de confiance :
Por tant ne pris pas une fie
Se li (el envious t'occie.
Car sachez bien, n'en doutez pas,
Ço qe Oeu dil par satnt Lucai
En l'evingile i\ quer me touche ;
« Jo, ( fait se il, < te donraî bouche
• E sen al quel lî aversaire
• Ne ponont ja coniredii faire \ >
(Fol. 10 c.)
Angierne saurait prétendre à un rang élevé parmi les poètes de son
temps. Il n'a aucune verve ; il manque de cette élégance facile qu'on ne
peut méconnaître chez Wacc et chez quelques autres. Il est bien loin d'avoir
la vivacité d'esprit et la profondeur de sentiment qui caractérisent l'au-
teur du poème sur Guiltaume le Maréchal. C'est un versificateur prolixe.
Il se plaît à répéicr deux fois la même pensée sur des rimes différentes.
On en a un exemple plus haut dans te passage où ÎI constate douloureu-
sement que saint Pierre et saint Paul sont écoulés avec moins de bveur
que le premier jon^jleur venu. On en trouvera maini autre exemple dans
la traduction de la Vie de saint Grégoire dont le texte suit.
Cette Vie de saint Grégoire est traduite, comme celle qui a été publiée
I. Cf le Lvie du Chnalia Jt la Toar UnJrj, éd. IHonlaiglon, p. }j : • Et
« si y ot qui dirent... qu'elle s'ettoil balue par son baston mesmes. ■
a. Je n'entends djs ce mot.
}. ■ Ego enifli aabo vobii ot et sapientiam cui non potemnt resistcie et coa*
• tradicere omnes adveriarii vestri. > Luc, XXI, 1 }.
U VIB DE S. GRÉGOmB PAR FRÈRE AKGIER 149
dtule t. Vlll de la RomunLi par M. de Moniaiglon, sur la Vie Liiine
composée au u* si^le par Jean le Diacre. Selon l'usage des romanciers
(surtout des romanciers qui écrivaient en versl , notre traducteur a con-
ddérabtemeni élagué la teneur de l'original latin. C'est du reste ce qu'a
feii d'une manière encore plus marquée le traducteur du xiv siècle que
nous a fart connaître M. de Moniaigton. Les vies de saints versifiées
étaient destinées à t'édiftcation des bonnes gens, non à l'instruciion des
clercs, qui pouvaient lire les on|;;in3ux laiins. Aussi ne s'étonncra-t-on
pas que le religieux de Sainte- Krideswide ail omis dans sa traduction les
parties qui seraient pour l'historien les plus intéressa nies, notamment
les informations que le diacre Jean nous n données sur l'administration
do pape Grégoire. Je n'insiste pas sur ce point : la concordance que j'ai
éublie dans les notes, entre la Vie française et l'original, permettra au
lecteur dr se rendre compte de l'étendue des omissions. Mats le traducteur
s'est bien gardé de supprimer aucun des récits merveilleux ou simplement
édifiants. A ce propos je dois noter qu'il a dû avoir sous les yeux un texte
plus ample, au moins en un point, que celui qu'ont édité Mabillun dans
»<$ Aaa Saa<torum Ordinit S. Btnedicû (I, 598 ss.), les Bollandisies, au
1 2 Man, et les Bénédictins dans leur édition de saint Grégoire. En effet,
l'anecdote relative à lliernitte qui ne se trouvait pas assez récompensé
par la promesse d'une place voisine de celle de Grégoire dans le paradis,
manque dans le texte publié de Jean le Diacre'. Elle se trouvait au con-
inire dans le texte de cette même vie qu'a abrégé Jacques de Varaggio,
l'auteur de la Légende dorée, et dans celui qu'avait sous les yeux le
traducteur du xivt siècle '.
L'intérêt de l'œuvre d'Angier consiste en ce qu'étant parfaitement
datée de temps et de lieu elle fournit â l'étude de la littérature anglo-
normande et â celle du français d'ouire-Manclic un jalon on ne peut plus
prédeox. Il s'en but de beaucoup que les textes anglo-normands
connus et utilisés jusqu'à ce jour se présentent dans des conditions
xaxà favorables. L'autorité de l'œuvre d'Angier s'accroît encore si on
admet que le m$. a été exécuté par Angjer lui-même. Il me parait impos-
able d'émettre k cet égard une opinion parfaitement assurée. Je
conôdére tootefoîs comme probable que nous avons dans le ms. de
Sorbonne l'autographe même du religieux d'Oxford. Ces mots de la
première des deux notes citées plus haut Expliat opas manuiim mearum^
désignent clairement l'œuvre matérielle du copiste. Angier, après avoir
composé le brouillon, la minute, de sa traduction du Duîo^ae, en fit une
1. G-apris, w. i7i^M8£é. Voir aussi, pour un emprunt i la vie rédigée
p*r Pini V Dijcre, b no<« sur k v. 1 1)6.
2, Voy. ReffMflM, Vlll, p. ijo, col. 2.
IJO p. NEÏER
copie mise au nei qui! signa et dam dans la note précitée, en 1212.
Dix-huit mois plus tard, il ajouta à son ms. trois cahiers de parchemin,
contenant la Vie de Grégoire le Grand, qu'il data d'une façon sommaire,
mais cependant claire et précise pour quiconque se réfère à la noie finale
de la traduction du Didogae. Mon liypothése est que nous avons la mise
au nel exécutée par Angier lui-même. A ceux qui penseraient au con-
traire que le ms. de Sorbonne est simplement une copie de cette mise
au nei, je soumettrais les considérations suivantes. O'abord il n'y a pas,
que je sache, d'argument paléographique à invoquer contre l'attribution
du ms. aux années 1212 et 1214. L'écriture est de la première moitié
du X111*' siècle : la science paléographique ne permet pas de préciser
davantage. On en jugera d'ailleurs par le fac-similé joint à la présente
publication. Je note en passant que le ms. présente un caraaère d'an-
cienneté dont un fac-sîmiié en noir ne conserve pas la trace. C'est
qu'aux ff. 1 1 5 à 1 4 { les initiales peintes sont alternativement v«rtes et
rouges. Ailleurs elles sont bleues et rouges. On sait que. passé les pre-
mières années du xnr siècle, on ne trouve guère de capitales vertes
dans les mss. Ensuite, si le ms. de Sorbonne était la copie de l'auto-
graphe d'Angier, il est à croire que les deux ouvrages se suivraient sans
intervalle. Or c'est ce qui n'a pas lieu. Le Oialogae se termine sur le
recto du fol. 151, qui est l'avant-dernier feuillet d'un cahier. Le verso
de ce feuillet et le feuillet suivant sont laissés en blanc, et ta Vie de saint
Grégoire commence sur un nouveau cahier au fol. 1 }{. Evidemment 11
Copte du Dialogue, datée de 1211, formait un ms. complet en soi, lors-
qu'on y joignit, en 1214. les cahiers contenant la Vie de samt Grégoire.
Ce n'est pas tout - on peut établir qu'il y a eu entre la copie des deux
ouvrages un certain intervalle de temps, circonstance évidemment hvo-
rable i l'opinion selon laquelle nous posséderions l'autographe d'Angier.
Les deux ouvrages sont évidemment d'une même main, que je siti^wse
toujours avoir été celle d'Angier, mais certains détails diffèrent du pre-
mier ouvrage au second. Ainsi dans le Diaiogue il y a presque partout
sur certaines lettres des accents rouges ' ; il n'y a dans la Vie de Gré-
goire que des accents noirs. Par-dessus tout, ce qui me confirme dans
l'opinion que j'essaie de rendre vrabcmbîable, c'est l'extrême correc-
tion du texte, correction d'autant plus remarquable qu'elle est moins
fréquente dans les mss. français exécutés en Grande-Bretagne. Les
fautes très rares et très légères qu'on y peut remarquer sont de ceUes
que tout auteur peut faire en se recopiant.
I . Ce ODi n'empêche pas qu'il f en ail aussi de noirs. Les uns et les autres
sont très bien venus sur le (ac-iîmilé ci-j«tnt ; seulement il n'est pu facile de
distinguer les rouges des noirs. Ces dermcfs sont plus fortement marqués.
^^^^ LA VIE OB S. CRËCOIRE PAR FRÈRE ANCIER Iff
^P Lorsque j'eus trouvé le ms. de Sorbonne, au cours de recherdies
B CDonencées 11 y a bien des années sur les anciennes versions Trançaises
ait Vies des Sainis, je fus teliemeni frappé de son importance que je
^_ formai le projet d'en donner une édition complète. U'auircs occupations
^m n'ayant empêché d'y donner suite, je résolus de publier du moins, à
^V thre âe spédtnen, le plus court des deux ouvT3f;cs renfermés dans te ms. ,
^ eidès iSSo la Vie de saint Grégoire fut annoncée parmi nos prochaines
poblicaiions sur la couverture de la Romania. le viens remplir présente-
■ent cet engagement déjà ancien. A la suite du texte je présenterai le
plus brièvement que je pourrai les observations grammaticales que le
lojei compone. Actuellement, pour terminer cette courte introduction,
je crois devoir rendre compte de la façon dont j'ai traduit les signes
d'abréviation employés dans le ms. L'interprétation de ces ïignes ne
présente que peu de difficultés. Com ta souvent abrégé, mais il est
Ccrii en toutes lettres aux vers ;, 44, 90, 117, 149, ijs, 19}, r9S,
etc., « loujoars avec va- Faut-il lire umhtant ou unbtant quand le ms.
porte ilbllt v. 18 ? Je lis simblanl, et de même dans les cas analogues,
parce qu^il f a tnstmbUmtnt v. ij, compareuonv. 2%, acompari v. ai,
tMtptreoaii v. 60, atomplii v. 97, &.C. '. J'écris nom, quand ce moi est
abrégé, parce que le ms. porte nom en toutes lettres aux vers 94, ij4,
etc., axis MfH (cas sujet} v. 98, à cause de nont, en toutes lettres,
T. 6{{. Dom (de onde] est arnsi écrit aux vers 417, 647, 649, 721 ,
916 ; don seulement au v. j j6. J'écris jtrom au v, 2 1 j a cause dViom
V. ^07, faiom v. 910, etc. Qai est souvent abrégé, mais il y a plus
souvent encore fui en toutes lettres, vv. 1 1, 41, 42, j6, 68, 87, 91^
100, etc. De même i^utU rô?, 171. Mais je n'ai pas rencontré qiu* :
qpandce mot n'est pas abrégé il est toujours écrit ^f, vv. ij, }7, {9,
«4*9''9i)98, i07i nj, etc.îdeœftme^'w. 46, 47,7j, 107,109,
116, 126, etc., fujriff vv. 128-9. iftianq w. 42, 108, 112, etc.
OofDrj est écrit en toutes lettres aux vers 188, 421, etc., de même
M^ m V. ;6i. Il y a doute pour l'abréviation de qyui, ce mot étant
snsî écrit aux vers $4, 21;, J46, 416, 46;, et qti aux vv. 299,
joo, J42. En cas d'abréviation, j'écris qati. La notation 9 au lieu de qa
se rencontre d'une fa^on plus ou moins suivie en divers mss. français.
le dterai par exemple la partie ancienne du ms. de Raoal dt Cambrai
(fr. 149}) et l'un des mss. du roman d'Alexandre [fr. ajji? ij.
1. II ]r a tnftut v. I), tnpTitt. J99, mais ce sont des mots coniposis ; d'ail-
levfs ofl lit im^it as V. 1712-
3. Ptr f« 199, i^S, est l'équiralent de Por ^uâ.
j. Vof. Romama, XI, 260.
n*
V. NETER
F. iSîd.
liuipit proemium fratris A. in vitam
h€aU Grefiorn, Joctoris magni'.
Descrite avons, la Dé merci,
E lianslatée ainsi com si
Enirinemem la veire ystoire
Del Dialoge seini Grégoire, 4
Autres! com ele est descrite
De lui mcisme en ordre e diie ;
M»is veiremcnt, si com jo quît.
Trop par 5««it U fruit petit 8
D'icest noisirc tant granl labor,
Si fetssons tel desenor
A celui qui por nos enprist
Einsi irés granl oevre c parfist, 1 3
Qe par folie ou par paresce,
Par négligence ou par destresce,
Trespassissons com scan e muz
Sa vie e ses seinies vertuz ; 16
Car vcircmenl, si com jo crei,
Si chasqun, senglement par sei,
D'icels dom faite est mention
El dit dialogal sarmon
Fust a Grégoire acompar^,
Lui trovreil al plus haut degré
K soi de lotng en bas gisant ;
Nis loz li petit e li grani
S'od lui fussent ensemblement
Mis en balance unaiement.
Plus n*avroieni vers lui foison
N'en semblant, n'en compareison.
N'en charité, n'en patience, 29
N'en mours, n'en venuz, n'en
[science,
Qe les esteitles al soleil.
E por ço, seingnors, uimès vdl,
30
34
Si vos moi deingnez escouter ) )
Quei qe seîi, un pot translater
Des vertuz de sa scîntc vie ; b
Car sachez ne vos pramet mie j6
Qe totes les veilgc avant traire,
Q^iço ne porreit nus ocm faire
Sanz ço qe Deu ne l'espirast
De sa grâce e endocirinast, 40
Qui totes les qenoîsl a dreit,
Com cil qui quanq'est set e veit ;
Mais une partie en trerrai
£n ordre si com les trovraî 44
El livre de sa vie escrites.
Deu donsi q'es puessent estre dites
&nsi q'a lui tourgem a gloire
E a l'enour de seint Grégoire 48
E a noslre commun profit !
Amen, ço donsl seint Esperit!
Amen.
ExpUeii prohgas. Incipit vîta beau
Crtgoni pape doctaris aàmu.
De nobUUate generis el de motibas
adoleiCCnîU ejas ^ . Cap, l.
Romeins ereii de grant parage,
D'art philc&ophes, seint e sage, ji
Grégoire, fiz danz Gordien
De Rome noble ciieien,
E de la seinte Silvia
Qui en son ventre lu pona. {6
L'iglise de Rome gardot
Fape apostoile, com Dé plot,
Trezcanzcntiers, sis meis,diz jours,
En tens de ireis cmpcreours : 60
Fouqes, Tyberes c Morice,
Dom chasqun fiii de grant justice.
i
1. Rrantors. L'indiaaioa marginaU, en partie rogitit, perte Inctp. prologus
tn ... bejti Grtg. pape doctoris magnï.
2. RimsiijirE. hiiicaUan mar^înjit : De génère et monbui aJolescenlie...
}i Ml. Quel les — Éi < Temporibus Tiberii ^fauricii et Ptiocjc Augusto-
nim. ■ I, I.
Q. Ht^ttqc rcpCOTïfe-luVtr--
Q, uâ4{ftic^{i3rdDnc U ot^
tjS^tfP «- ntttv û»" no offtmirc'
t ni«uîmgrtc ^n-«m«tr:
«5i^^ t feitc rei tt- quAT f uç ^cnr.-'
' «"D t»t£? UHiCi* «fiift cvtf im;^.^
[SÎJJ^CL cncpidqç n'mftïT «ffe«ï*"-*'
J;iJ^2J^«j *triM^.con"ûoiî î<eiiirUltttr- Q- c foc «pKr nr^iJtt'&ïnJf.'
" *'~'^^^5 tt«r*»i rccotvaUicr.' A- norproeSncf-Ioanieûn-iC^, .
^ -uiyTOiWTï offrtr con •^ûatT ï> ctvclTtcf-nM' Ctn?rTcqiu5.''
*'V**^ f > «£^b<m^p«trp«rol>Unon.r f «ttropniNHfiiofoi&itCMpiie^
ç olTfSrteFaltfrnrcremu..- i, «p^iitSj' nodrc borcffi»:
» itt.ejiu'tiiii&ôTi-Ticft-Kec»- 5 <«c Uilîof f«f p«a ^«wCx^
fc»#ix^ii -g «arproetwç.pur^cn^Jmt; i/^f -ir rntic u«rti&wrtr uoCM-
o»ï*ow<<n'tac»u«^'poBr5r lV^i^
**4ifce-b*lW.^[ij.^4 ^'^>«*L««.
^NqUior ^utc|J f«aa Gïtj
0 Ariiidlr{fer«ar«ft«A<s^
^ «9 ^UiJ tttl^ -prott ctUkura.'^ *t. O bcwf ci»Ccmbt«^«lf ïammr^
c O cft-tc vtcsf'^eo^i
fr U «pu «tûwire' lu Tn«cra.*' 5t tAj
rou ÏBwr U-ftintx.
0 S e<t qui tçtrf^;nr.'àUgftç
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La vie DE s. CRëCOlRE PAR PRÈflB ANGIBR
D< sénateurs ert engendré
Trestût sis nobles parenté, 64
Tant noble quant religîous,
A [>eu e al secle arnorous.
Car li quart papes, danz Feiïs, c
Qui tant par ereii de grant pris, 68
Sainz oem sor totes riens e salves,
A cesiui Grégoire ert besaives,
E b virge beneûrée
TaniUa, de Deu tant amée 72
Q*en trespassant d'iceste vie
El ciel oU la mélodie
Des angles e Jhesu Crisl vit,
â corn el Dbtogc est dit, 76
Sa acte ereii. soer a son père.
DStal parage eoourez ère
Grégoire li beneùré,
Haif tnolt plus de la grâce Dé, 80
Car îceste double nobte«ce
Avan^t en maire hautcsce,
En sens, en oevres, en vertuz.
Tant qc sis noms est reqenur. 84
Par toi lu mont e seJnt clamez ;
[>on3 Grégoire est a dreit nomez,
Qui entent l'inierprcieison
Par dreite devination, 88
Car en grec dit «■ Grégoire » iiant
Com en latin c li plus veillant »,
Qm tant s'avance e s'appareiUe
Qe por soi e por autres veille ; 92
E veirement, al men avis,
Ooc nom plus proprement asls
Ne fut qe cisi ereit en lui,
Car onc nus oem melz de ccstui 96
En totes guises n'acompUt
Ço qe cist nons, Grégoire, dit.
Ço poet voier apertement
En ta doctrine qui renient, 100
Coa por les autres laborot
Quant por soi mosote veillot,
Car ço q'as antres enseîngna d
En soi meisme demoustra. 304
Por ilant dî, desquant sa vie
Moustrot sa doctrine acomplie
Tant q'en ses ocvrcs pot provcr
Quanq'as autres vol enseigner, iq8
t^'asez veilla por soi meisme;
D'autre part, quant tant ert sein-
[ti&me
Q'as autres enseingner poueit
Quanq'en oevre mouîircr volcit,
Qe ne veillot pas seulement 1 1 j
Por soi meisme senglcmeni,
Ainceis fut por toz ceus veillanz
Q'en Deu furent par lui creanz. 1 1 6
Or oz com despendit son tens :
En enfance ert maûr de sens,
Jocve en de corporal aage,
En sens morigerat e sage ; 1 20
Les saives, les religious
Oir esivre en desirous,
E por tant a ceus s'aerdeit
Les quels plus saives espereil, 1 24
Si ert nis tant pleins de la Dé grâce,
Ou q'il onc hisi, en quelqe place,
Q'il pot entendre c retenir
(l^anqe des saives pot o'ir; iiS
Quanqe des saives pot aprendre,
Tôt pot retenir e entendre
Erraument, sanz offension
De doute ne de question ; t ji
E por ço quant a âge vint
Tant par saivemem sol contint
Q'en tôt iu mont, de lonc en lé,
Ne pot sis per estre irové 1 jô
N'en sens, ne en vertuz, n'en mours,
Car tant devint saives docteurs
Qe quanq'en enfance apris ot
M4
En vives ocvres demostrot ;
Quanq'einz de bien ot retenu
Desquant a âge ereit venu,
Trestot despendïi largement
Od grani usure en loie gent. 144
Od grant usure di por tant
Qe, qui son sens vah despendant,
Qujni plus despent plus i gjaingne,
Car melz sci ço qc plus enseingne;
E veirementj si com jo quit, 149
One nul vivant ne despendit
Plus beau son terrien avcir
Com fist Grégoire son saveir; 152
Car tant ert douz e amiable.
Saive en sa doctrine e resnable
Com s'en Deu meisme abitast
Qui parmi sa bouclie parlast. 1 }6
E veiremeni ço n'est pas doute
A nuli qui de foi eii goûte
Qe quanqe par lui est escrit
Ne seit fait par sont Esperit. 1 60
Ço poet saveir qui en prent cure
Qui garde en sa seinte escriture,
Car tant est pleine de douçor,
De sens, de divine savor 164
Qe riens al monde ne set al
Fors lu règne cclestial.
Ot dtiidciio et migrasme ijas ad
dausirum, et ijuod patrimoniam
suam tatis ampiam în usus ex-
ptndeùt paaperum. II.
Uîmès orrez quclc en s'eniente.
Tantost q'i! parvint a juvente 168
E s'enfance ert totc passée.
Tant q'il fut ja mis en l'entrée,
Tôt dreit enz en la fourchcure b
De la lettre e de la figure 172
Laquele en sen d'umein aage
Trova Pitagoras li sage,
Errant lu désire raim choisit
p. MEYEK
40 E lu senesire déguerpit, 17a
Car lu secle prisi a fuir;
Si mist el ciel tôt son désir.
Lu scdc od 107 dcii?. chamaus
Qui tant sont decevan?. e faus 180
Guerpit de trestot son poeir ;
Si se prist a l'cnlrin, al veir;
Al règne Deu del ciel en tiaui
Qui toztenïcreiste jant faut, 184
Son quer afichot fermetneni,
E ço fist tant discrètement
Qe toi eust il fcrm porpos
Neporquant onqors soi tint clos
Bien longemeni en atendam, 189
(^onc n'en fist chiere ne semblant
<^'il fust ne mué ne changîé,
Ne de moine estre encoragié; 193
Car veiremeni, si com \o qu)t>
Moine esire en seculer abit
E Deu servir privéemeni __
Mielz esperot qe autrement. 196
Por tant son porpos respeïta
Com cil qui melz faire espéra,
Por que q'en habit seculer
Peûst acomplîr son penser. 200
Mais a ço q'einst porloingnot
[ço qe sis quers desîrot,
Es vos la seculere cure
Socaeisire tant a desmesure, 204
De jor en jor diversement,
Sor lui e tant espessement,
Q^estorTrc ne pot a nul foer c
Q*il n'i fusi retenu de quer 208
Tôt a enwr ou volentiers,
Quelq'il lu fust. ou vils ou chien,
Por q'i feist longe dcmere,
A tant q'un jor mourii sis père, 2 1 2
Com loz ferom quant Oeu voudra,
Qui vifs e mon: en sa mein a.
E danz Grégoire ilors reçut
Entrincraenl quanq'aferut 216
LA VIS DE 5.
k TenUge, com dreh eîr.
" APeriu
Terres, afiemenz, aveir.
Or. argent, pierres prctioses.
Rotnages, pecunes coiiouses, 220
Rentes, noble»ces, granz baillJes,
E mdmes autres seingnories
I Doto lonc sereit li acontcr,
^p Qui totes les vousist numbrer. 234
^^ Maisqoeiq'oncdcinumbreenseitdii
Li serf Dé lors, quant î^o vit
Q^il en pot bire son plaisir.
^_ Taniosl ne soi pot plus tenir 228
^1 (^ Qc niostrast tôt en apcrt
^^ Ço q'en son cjucr tant longes en
CoDcelé devant icele houre,
Car erraument e sanz derooure 2 j 2
De l'aveir qui lu fut remis
Fonda des abbeîes sis
^B Eaz en la terre de Seiile -, 2 1 ^
^V Pues fisi la setme enz en la vile
Oe Rome, en l'enour seim André,
Dca apostre befwOré,
Enz en son propre palremoine
Ou S/à vcstii l'abit de moine, 340
E del secle eschapa toi nu
Oa ainz ftit enviz retenu.
Mais avant q'il soi rendesisi,
Tant donot e tant en i mist
Oel soen es ainz dites iglises,
E Ireres e rentes astses.
Qe toz pofcnt soufiisaument
Deo servir enourécmeni.
Tôt einsi quanq'ot despendii,
E pus s'aime od son cors rendit
Emrinement cl Deu scrvise
En cek devant dite îglise, 2 { 2
La quele 01 faite en la cité
De Rome el nom de seim André,
En la propre posession,
Sogget a danz Hilarion a {6
Qui fut sis abes premerain.
GREGOIRE PAR PRËRE ANGIER
E pues a danz Maximïain
Qui amdui furent esprovez,
Religious, seinz e sencz. 260
A ces deus ert obeîssanz,
Od plusors autres Deu servanz,
Grei;oire en ordre, en patience,
Deciple plein de sapience, 264
Com cil qui n'ot autre désir
Fors qu'a Deu soûl peùst servir.
Mais veirement pues en après,
Quant Deu votq'CList maire fis, 268
Ja scii iço q'amast melz csire
Deciple obéissant qe mestre,
Maistre estre pas ne refusa,
Ainceis, quant Deu lui apcla, 271
Par lu commun assentemeni
De toz ses frères, umblemem
De tor aimes reçut la cure
Od conscience seine e pure; 276
Si ert par commune cslection
Abes sacrez de sa meison.
De ahttine/uia tjai, et quod ab an-
geio ùï specit ttûufragi ttmpUtUf
jatiit. lU. {/. Mia.l
Quant Grégoire ère abes sacrez,
Si ainz celé bore fut celez 2S0
N'en mours, n'en vie, n'en vertuz,
Dès donc fut en apen qenuz,
Car tant prjst a sa cEiar danter,
4
^44
248
Par veiller c par jcOncr, 284
Par estudc c par oreisons.
Par termes, par afflictions,
E par divers autres labors,
Sanz cesser de nuz e de jors, 388
Eimi com ta desus est dit
Al Diatoge avant descrii,
Ql^il chait par vive desiresce
El mal qui les viaitles blesce, 392
Celui qui ta grezesche gent
Sincopin cleime proprement,
39>-4 ■ NsBi cum qnodain temporc inciuonein vitalium, quam Crxci
9vr*»iir{t dicusi, piterelur... •
^ T^O P. MEYRR ^^^1
^B Ço est li mal des trencheisons
Tarn fort e legicr sei sentit ^^
^M Qui met la gent en paimeisons 396
Qe s'il vousiït sanz nul respit jjâ
^M De fciblesce et de vanité ;
Jeûtier jesq'a t'endcmein,
^M De cesiui fut li ami Dé,
Tant sci sentit vigrous e sein,
^1 Qei par grant abstinence dure,
Bien lu pot faire sanz nul gref
H Qei par iravalz de desmesure, joo
Del mal del ventre ne del chief.
H Tant par aicînl e acoru,
Si q'il soi merveilta de sei ^41
H Qc, s'estre hore ne fust peu
Comment ço pot estre e par qei
^K Plus sovent qe li autre frère,
Q^il ne mangot com il seul faire.
^Ê Tant maz e velns e Teibles ère 104
Ne voeil d'i^o plus avant traire,
^1 Qe non soûl pas ne pasmercit,
Car il meïsme ascz reconte 145
^P Aincds nature en lui Tnudreit ;
A quei cele aventure amonte
H Q'a force mourir l'esleùst,
Enz cl lierz livre renomé
^Ê Si plus sovent peu ne fust joS
Del Dialoge tramlalé, ]48
^m S'en fut molt entrepris e maz.
La ou par sa raison escleire c
^M Atanl es vos lu seint sabaz
Les verluz del dit Eleutheîre.
H Des seintes paskes sorvenir;
Ço poct asez chasqun voier,
H Dom molt se! prist a démentir ; 1 2
Por q'il voilge tant travailtier )p
^1 Por q'il vûieii nls tes enfanz b
Q'iloec en dreii lu deinge querre.
^Ê Meismcmcnt ce) jor jcùnanz,
Mais iceste avant dite guerre
^1 E a lui coveneit manjer j 1 j
La quelf encontre sei enprist.
^B Esirc houre, ou par force pasmcr;
Ja scii grant ennui lu felst, î^ô
^M S'en fust, sachez, molt esmeû.
One por ço ne fut plus oisdif,
^1 Tristes, dolenz e irascu.
Ainceis ert tant plus ententîf
H Quant apela danz Eleuthere
Nut e jord'orer ede lire,
H Qui ja d'Ispoliie abes ère, 320
Ou d'esiudier, ou d'escrire, }6o
^^ Mais donc moine ert de sa mdson.
Si q'onqes ne cessa nulc hore.
^M Icist Eleutherc par nom
Qei feroic plus de dcmorc
^M Un mort jadis resuscita.
De reconter com pues vesqit,
^1 E por itam tu amena ^3.4
Com nosire Sire lu rendit 164
^M A cele houre, ovec sei, Grégoire
Por son servise sa merûe?
H Privéement en l'oratoire j
H Si l'en requist, por Dé amor.
Grégoire en cele igtise ainz dite
H (^'orast por lui Deu, q'icet jor p8
Lonc tens tôt aresié ttianeit
^Ê Veaus non trespasser lu donast
Ou de cru leum lu pesseit }68
H Q^od les enfanz lu jeunast;
La seinte Sllvia sa mère.
^M Mais ne demourn fors brefmem
Quant un jor en guise d'un frère
H Pues q'is orent ensemblement }}2
Lui trovot un angle escrivant
^M Amdui, tant com lor plot, oré,
Qui bien resemblot par semblant
^1 (^ani Gregoires 11 ami Dé
Uns oem qui fust de mer jeté, }7}
^^^H jao 1 Pênes Spoittum. 1 I, 8 — jj8 Mi. qicel — $48 C/. Dial. in,xxxiu. ■
^^^H J7o-8i 1 Obi nitnc, d« more quxdain scnbratem, angélus Dei reperiens, 1
^^^H « nisercri sîbi (iebililcr lub habitu ciufrigi postuUbat. • 1, x. H
LA VIE DE S. GRÉGOIRE PAR FRÈRE ANCIEH
iî7
Oc pehl de mort eschspé,
La iKf de qui fust peiillée,
P«r tempeste de mer brisée. {7*^
On itel lu appareissch
U ou par costume escrivdt.
Si lu requis! por Dé amor
<^t>M merci de sa dolor, }8o
Pitouiement, od %'oi7. plorabk.
Grégoire qî fui merciable,
DoDLz. francs, pitous e deboneire
Taniost sanz demorer, en cire, {84
Sis deners uesi de s'aumosnere, d
Si tu donot od franche chiere;
E cil Hors grâces rendant
Panii de lui liez e ioant. )S8
Maâ ne deniora fors brierment,
Quant eis le vos loi freschement
Un autre jor a lui venir.
Si se perneit a deoientir ^93
£ se pleinst qe poi 01 reçu
Eaoooue iço q'oi moli perdu ;
£ GregcMre errjument regiers
Lu donot sis de ses derùers 196
Doucement e de quer verai,
E li pehlljé sans délai
Merciz rendant s'en vait joious.
Mats el lierz jor este le vous 400
Toi de novel par devant lui
Pleingnant e ploram a ennui,
Com s'il eùst tôt oblié
Qoanq'il lu 01 aîncès doné, 404
E dîn : « Por amor Dé, beau sire,
f Qui en son règne lu vos mire
■ E por ta salu de vostre emme
c Qe Deu la défende de blemme
« E de danuge e de pecchié, 409
« Aies inerc) del perillië,
« De ma mesaise, e de ma perte
< (^i tant par est dure e aperte 4 1 1
■ Aiez, por seime chariié,
■ Compassion e picié ;
« Si me lai consolation 41 {
« Oe quei qe seit de vostre don,
« Oom mis doels seit asouagien. »
Grégoire aiant s'est esbrusciez,
Com oem de charité espris, 419
Douz, merciable c francs e pis,
E dist a son chamberlenc lors :
[/. lia
■ Va tost e sis dcncrs onqors
V Lui aporte, si tu les as. 4a}
— Sire, ■' fisl s'il, « jo nés ai pas,
« Si Deu me saut, n'orne argent
H Tani dom negun confonemeni
« Lu peiisse a cesle hore faire. ■
LoR fui Grégoire en grani arvaire
Desquani soi vit en ici destreit,
Car d'une part pilous ereït 4)0
E d'autre triste e angotssous
Del povre qui vit soufreiious, 4}!
E de sa destresce demeine.
Neporquant a la 6n aceine
Regiers son chamberlenc a soi,
Si lu dist ; " Va tost, par la foi,
« Si cerclie par irestot laienz 4)7
c Hu^es, alraaires, veslimenz,
« Si riens par aventure i truisses
« Dom lureconfonerpeûsses, 440
> Q^il ne s'en aut triste e plorant.»
Atant respondit li servant :
< Sire, sachez qc dès pièce a
« Enquis ai tresiot quanq'i a, 444
o Mais veirement dencr ne maille
« N'i trocfs ne nule rien qui vaille
« N'en robe, n*en veisselement,
u Estre l'escuéle d'argent 448
u La quele a vostre maladie
« De legun sovent replenie
« Vos iramei vosire bone mère.
— Donc, 1- dist Grégoire, od belc
Lhere, 452
ti Va donqes tost, e si l'aporte
K Al povre qui se destfonforic,
« t^is eit, seveaus, de uni solaz.»
410 Enmargt (hus — 4]$ Ms, V huges.
if8 P.
Ço q'il ot dit fui fait viaz 4j6
Einsi com il l'ot commandé, j^
E cil qui en povre quïdé
La reçut, s'acuîllii sa voie
Grâces rendant od moli grant joie.
Mais jo quit quant repeirira ^61
De chef, rens maes ne li querraf
Ainceis lu voudra, sanz mentir,
Quanq'ainz lu a donné merir. 464
A quei vos lendroie lonc tens ?
Mais tant par eroit en toz sens
Grégoire espirez de vcrtuz.
De miracles seinz reqenuz 468
Enprès la visiution
De l'angle dom faz mention,
Qe tut cil qui od lui vtvoJent
Tôt aurrilani lu rçdoutoicnt 471
Com s'il fu&t per a seint André
Qui de s'iglise ert avoué.
Qaoé mis Angiorum patrïs, pro
ipsis ad fidcm converimdis pro-
ftctus, itd in iîmere prtptditus,
Romain rtvcrsLt lit. lUt.
En icel tens vindrent a Rome,47'{
Com onqorors font par costome.
Gens marcheanz od diven mers ;
S'amenoieni prisons e sers,
Entre autres merz plusorsa vendre,
Quant un jor estes vos descendre
Grégoire, lu Jii Deu servant, 481
Par celé feirc en trespjssanl,
E si tresvit, com a Ocu plot
Qui a cet' horc l'amenoi, 484
Ne sa quanz joevnes jovenceaus
De cors gens, acesmez c beaus,
D'oneste vult, de douz viaire,
Od chevelure crespe e vaire, 488
Venaus, entre autres merz ptusors.
Si di&i as marcheanz : 11 Sein-
tgnors, c
urfZh
K Dites me veîr, ne! me celez,
V Icil serf dom sont amenez, 492
0. De quel liu e de quel pais ?
— Sire, par Deu lu pocstis,
u Qui nos i donst bone gaaingne,
« Is$ontderU]edeHreiaingne;496
« E sachez teles chères om
f Tut cil qui de la terre sont. »
Ço rcspondent li marchcani.
« E sont Êcde gent créant, » $00
Dist seint Greg., « e crestïens,
i< Ou is sont onqorors païens ?
— Crestiens, » font s'il, « sire,
[is non, fot
a Aînz creient onqore en Mahon.
« Ne seivcnt q'esi crestienté.
V Mois beaussontedegram bonté;
« Ço vos osom ben afermer ^07
« Q'en toi lu mont ne fust lor per,
» S'is fussent fors de paienisme
a E créassent en Deu Tauiisme
a E en Jhesu qui est li sîre. n
A cest mot de parfont sospire j 1 2
Grcg., e dit : « Ha las! ha las!
V Qe li aversier Saihanas
V Rengnc entre « bêle gent !
« Molt par est grant doe! veîre-
[ment ji6
« Qe nostre Sire n'en preni core
u De gem de si bêle figure. »
Lors regiers les commence en-
[querre :
V La gent a hil sli « d'icele
[terre j2o
o Quel nom ont, comment sont
[clamez?
— Rngleis » font s'il « sont
[apelez,
a Par icest nom sont reqenuz
V Tanicom li mont s'est estenduz. >
A unt respont li Deus amis : J2$
I
^ 487 c Valtn renustos * I, xxi — ^04 ■ Sed pagaois tencotur Uqueil irre-
tïti > I, xjci.
LA VIE DE S. GRÉCOrRE FAR FRÈRE ANGIER
« Ben dtj si Deu me saut, asis à E d'iço lu mist a raison ;
¥
P
« Itcl nom en iule face.
r Por que Deus î meist sa grâce :
■ Angles semblent , volt d'angles
lom, s 29
■ Por tant Engleis ben nomezsont;
c Ben fuiraient angelJens
I Pot q'is fussent bons crcsiicns.
■ Uolt avendreit .inglcs por veir
lEngleis a compaingnons avdr.
• E quel nom ont lî païsanz { ; f
• Doneissuzsomiambeausenfanzî
— Nomez sont ■ font s'il « Oeiri.
•~ Ben sont nomez, a Dé l'jifi, >
Rspoai li ami Dé, Grégoire ;
V Car, par la Dé grâce, a granl
[gloire Î40
« De l'ire Dé seront atireit ;
t Por tant est cisi nons asez dr«it,
«t Car Ddri voelt itam dire
« Q^ectreit seront de la Dé ire.
• E cornent est nomé li rois
c Qui règne sor les diz Englois }
— Clamez est » font s'il «< Aellé.
— E cest f est bons, si me gsrt \)i , >t
ftespom Grégoire qui s'en jue; J49
« Por poi q'îl n'a nom allelue.
u Ben dett locr son crcatour
ff Cent qui si cleime son seignour,
« Car Aellé dit Deu loer. » j ] 3
Toi dnsi se prist a joer
Gregûrc od les diz marchean7
Por les venauz engleis enfanz ; j {6
E sachez ben veraîement
Qe moh fut en grant pensement
Coiament a Deu les gaaingnast,
Ja seit ço q'einsi s'enveisast ; $6û
E ço lot erraument mostra,
Cv tamost a la pape ala /. 1 )7
Qm donqes fut Beneit par nom,
si lu prist nis a deproier,
Por Dé, q'il deingnasi envoier
Des prcechors en Engleierre
Engleis a la D6 fei conquerre. ^68
Si Âsi asez plus qe n'ei dit.
Car erraument, desquant il vit
(je nul des clers alcr n'i vol,
Hardiemcni, com oem devoi 572
Poroffrit sa propre persone,
E dist : M Beau père, car me donc
« Congié de (aire iccsi message, n
Li papes en discret e sage, (76
Car ja seii qe la laie gent
E trestoi li clerz ensement
Heclamassent loz en contraire, ^79
Disanz qe nel dut sanz eus faire,
Neporquant, par qei li serf Dé
Tant volentrifs e de bon gré
Al message aler désira,
Lu congié tamost li dona ; ^84
Si requist Deu d'entente pure
<^a lui donasi bone aventure.
Lors quant Greg. ot lu congié,
Taniost se mist, joious e lié, f88
Vers Engleierre en/, el chemin.
Mais veirement, a la parfrn
Quant li Komein iço savoient,
Estrangements'encorruçoient, {9a
Qe de la vile ert esmeu
Sanz lor conseil e lor seu ;
E por (;o, par conseil commun
Trestoz vindrent ensemble en un,
Saveir com lu peussent faire 597
Si q'is lu felssent retraire b
Del chemin q'il aveii enpris.
Tant qe de ireis parz ont asis 600
Lu chemin par ont trespasioi
Li papes qui lui envoioi
De vers Seim Pierre a sa meison .
jj\-6 « Itfrum ergo inlerrogivit quod nomen habciet ipsa proviiKÎa? Mer-
cator rcspondit : Provinciales îllî Dciri vocanUtr. * I, xxi — sil * ^'^^^
Tocatar. > I. xu.
(6o p. MKYEft
Si l'om mis einsj a raison : 604
u OfTendu as » font s'il « seînt
[Pitre,
1 Rome desiruiie e mise ariere,
(c £ sor ço Greg. 3S forstreît
a Qui soûl nostre solaz creit. 608
« Saches molt en sûmes iriez. »
A cesl mot mole s'est esmaiez
Li papes qui fui simples om.
Poour ensemble e marrisson 612
L'ont tant sospris cstrangcmem
Qe, sanz conseil, soudéemeni.
Ses messages fist envoier,
Crejjoire arieres rapeler 616
Viaz sanz negune demeure.
E neporquant, avant cele huure,
Ben SOI loïc ïccle aventure
Grégoire en conscience pure, ûzo
Car a ses compainz la diseit
Tôt einsi com ele avendreit.
Ore orrez comment iço fui.
Errez en ja pues q'il sVsmul 624
De Rome trets bones jomées ;
S'avini einsi par reposées
(^'en une pleine crt descendu
E si compainz oveqes lu, 61$
Qui ja d'errer lassez eroient ;
Mais tant com toz se reposoient,
E Grégoire al repos se tint
Qui plus lu plot e melz avint, ù}2
Car en un livre q'il teneit
Une seinte lésion liseîi, c
Quant es vos une sautcrole
Qui souvent fait tenir a foie 60
La gem par ces chemins passante;
Car en saillant chante c rechanie
Une rocrvciltouse chanson
Par quei souvent feit lu bricon 640
En mi son chemin arester
E entendre a son vein chanter,
Oom li Romein, latine genl,
La ciciment asez proprement, 644
Car, scgon que sa nature esment,
Lctujtam proprement la cleiment
Dom cist nom locusu dit tant
Com s'il detst al trespassant : 648
« Dom viens ? ou vais ? avant n'ir-
« Enten tcï ça, ci resteras, [ras.
V Dom viens ? ou vais ? enten lei ça;
« N'irras avant, ci aresia. » 6^2
Eslors, desquant la vit Grégoire,
Erraument lu vint en mémoire
Ço qe singnefie s» nons ;
Car lors disi a ses competngnons :
« Seingnors, » fist s'il « errons
[por Dé; 6^7
« Trop sûmes um^s reposé.
« la serons reusez ariers,
« Ou seit enviz ou volcntîcrs : 660
« Si plus losi ne movons d'ici
K Plusloing n'irons, ço vos a&.
a Ja plus loing d'ici n'en irons
a Si plus lost d'ici ne movons. »
N'ot dit fors itani soulement, 665
Quant eis venir soudéemem
Messages de p^rt l'aposioille
Portanz lettres priemes en boille
Ovec comandement esprés 669
QJis retournassent a eslès d
A Rome ariers, meisme l'oure,
Viaz, sanz negune demeure ; 671
N'en alassem plein pié plus loing,
Car moit ereit grant li besoing
Por q*is furent contremandez.
A tant ariers sont retornez, 676
Enviz, escommeui en ire ;
Mais ne porent pas contredire
Al precept apostolïal :
64y-j] ti j à dant te UxU an dt tei lidscuki atlimboun fur h dtacrt U.vt
u pttU A attritotr A Crigoin : « Tubc fertur ihlat : iùàisu. inqtiît, dici
• potest, quisi loto s\a. » I, xxjv.
LA VIE DE S. GRÉGOIRE PAR FRÈRE AKCTER
l()l
1^ 1)11 lor temblast, bien ou mal,
ObbetSence covim faire 681
Il KÎi qe lor fusl a contraire.
^QnJ leviu stpumiu orJinatus Ro-
Bisof dt piste iagainarîa, que de
ttrptatium moriicino et Tibtris
\im4ationt aticia tst, iomverit.
V.
Einii revint li ami Dé,
Canstreint, ircstot citre son gré,
A b cure de sa maison. 68^
^ fat oete expédition
Ben longes pues mise en resptt ;
Ma ïdrcmenl li pape aînz dit
Ne lu lofrit pas sejorner, 689
Carpof ço (j'il lu vit monter
hk mm. e en saptence.
Tôt ) force e a «olence 692
Dt ï'ibbeie lui treist fora ;
Sît'ordenoi erraamem lors
SOae deiacre chardenai,
Si kl ain nis en son estai 6g6
SMeak oJ sei son office.
Grégoire n'en pas fol ne nice,
Cir Ion quant deacre ert sacré
Tint aersseii en humilité, 700
En tcns, en mours, en didpline,
Ea science, en seinie doctrine,
<^ *eirement vis vos sereii /. 1 <,"&
Qe pcf non soulemeni ereit 704
Aian^ en bêles colours
O^'i, car de vie e de moufs
Les reseroblot parfitement,
Tam par ereii enirinement 708
Norigeraz, discrez e saives.
Ea icet tcns sorvindrent glaives
Tant dur», tant moruus, tant gre-
[jous,
Par loie Romanic cstrous 7 1 1
Qe nts en Rome la cité
De la gent une infinité
Mourirent de ta pestilence.
Unaicmeni, d'une sentence, 716
Ferit a mort li mais mortaus
Ornes c bcstcs c oisaus, [sure,
Sanz fin, sanz nombre, sanz me-
Tant crt la pestilence dure. 720
Si vos dirrei dom elc avïm.
Pues qe Grégoire s'en revint
De l'eire ainz dit, tost en après,
Tant par sorondot a grani fès 724
Li fluves qui l'en cleime Teivre
Q'as Romcins tant donol a beivre,
Nis par en som les murs de Rome,
Qe en meison ne remist ome 73S
Ne besle ne nule rcn vive
Par dedenz une grosse livc.
Les hautes tours veîssez neier
E les vielles cneisons noer; 7)2
Nis as ecctesiaus gernters
Periisuieni plusors milliers
Mues del plus beau forment del
[monde,
Qui se germot llolant sus l'onde.
D'autre pan en icel dcluve, 717
Par les chanaux de l'einz dit fiuve
Descendit en la mer Hotant b
Undragonssanz mesure grani, 740
OJ serpenz sanznombrc et sanz fin.
Qui, quant del fluvc Tjbcrin
Enz en la mer entrez croient,
De la sausc tant en bevoient 744
Q'en bref tcns furent estranglez
(A\ • Redire tanHn ad proprti compnlsm est monasterii curam. • I, xxiv.
— 704-I7 I ... ut m ccdruasticiF hierarctiix ministcrio vîderetur divtnii angelis
• BûB SOlQffl nitorc Kabitui, vfruin c\nm danl^tc morum probabtliuin mioctâin-
• MOdo ocurauiri. * I, Ktv. — 710 I, xxxiv. — 7H'i * ■■' ^^ '1"^ (Tiberts)
nda ... ecdeuislica quoque horrea vîokntcr sabvertcftt, în quibus nonnulla
■odionim tritici millia periere> 1 I, xxxiv. — 7^7 ], xxxiv.
MHbMia, xu
1 1
iSi
p. MEYER
E moTZ a terre retenez,
Si qe lors quant la morlekîne
De la venimouse vermine 748
Prisi a corrumprc e a pourrir,
Esles vos la geni a mourir
Par \m corrupiion de l'eir
Qui ne laissoi mescine aveir 752
N'as riches ne as poesiis
Non plus q'as plus povres mendts,
Ainceis ereit tant générale
La pestilence e tant mortale 756
Qe, quelq'is fussent, fous ou sages,
As geniiaires e as nages
Soudement les prist a ferîr;
Sis fist sans demourer mourir. 760
F.n cel lens nis furent vcues
La sus amont, parmi ces nues.
Com fussent soietes ardantes
Corporaument jus descendantes^
Qui. soudemem e sanz resorl, 765
La gent feroieni a la mort.
Un avant autre scngicment
Mouroient tant espessement 768
Q'cm n'est soz ciel peûst de voir
Lu nombre des occis saveir;
Mais itant vos di sanz douiance
Q'iço fut aperie venjance 772
De noz pecchez tant crerainaus
Qui tant par sûmes veins e faus,
Car, si com li prophète dit
Ezechiel en son escrii,
Ou des angles fait meniion
Qui firent la granl occison ,
Q^'al seiniuaire commcnçoîent
E primer les cicrs occioîcnt^
De ça refui lot tnsement,
Car tresiot au commencement
c
776
780
Ruot mort lu pape Pelage,
E pues desreiot tant a rage 784
El poeple la mourine ainz dite
Q^a peine en remist nus oem quite
En tote la cité Romeine
Qui ne ferist ta dite peine, 788
Car les maisons tant despoilla
Q^omme ne femme n'i laissa,
E nis entrinement les rues
Kn plusors leus fist loies nues, 791
Désertes, sans abiteour.
QualiUr In tummam pontifictm inri-
îtu elutus til. VI.
Mais por ço q'en cHe dolour
Seinte iglise qui ert vedvée
De son père e desconseillée
Pas ne poi estre longemeni
Sanz pastural govemement,
Li sénateur e lï clet^in,
Ovec tôt lu poeple romein,
Concordaument en un vendent,
E Grégoire a pape eslisoient
Com celui qui fut de seinté
E de veriuz sanz per prové.
Mais veirement moh s'escusot
R raison apcrte mousirot
Q'il n'ert pas digne a tel enor
Ne fort a si très grant labor.
Si com icil qui molt cremeit
Lu monde qui despit aveit
Qe derechef lu sorireisist,
Por qei de lui s'eniremeist.
Par fause pompe ou gloire veine.
Mais por noient i metleit pdne.
Car tant com plus s'en escondit
7^3-46 •_ SkuU est veiligio clad» iaguioaria, qux Romanim urbem adeo
« vehemrati pettikniia laniavit, ul ctiini corporaii visu tigittx culitus venîrc
« et sin^los quoique p«rcuiere vidcrcniur. * I, xxsYt]. — 776 < Juxia lilud
« qnod m Eiechiele proptielj legitor : A saoctuirio meo incipite • (Ez. IX, il\
I, xixfij. — 79a 1, axxiiE.
I
796
800
804
808
d
8ia
I
I
1
I
LA VIE DE S. GRÉGOIRE PAR TRËRE AHCIER l6j
Plus i irova dur coniredil. 8i6 E pues erram, sanz destourbier.
Por ço, desquani savçjt de veir
Q|x nui fuer ne pot eschiveir
Iço que U generauié
Communaumem ot esgardé, Sio
A la parfin tant en consireini
{^ tor pramisi, ja seii qe feinc,
Q*» lor «gart asseniireh ;
Ma» veiremem i(;o feseil 814
Por tant ql! vot, si il peiist,
Desiomcr sei, comment qe fust,
QII n'enprem tant grant office ;
Car a l'empereour Morice 8x8
Lti qui fiz des seint fonz leva
Endementre un mes enveia
Pomnt unes lettres privées
De ion laiel ensaicliics 8 {2
Des qocles taie en la lenor :
« A son seingnor l'empereor
a Morice, Grégoire sala.
■ Jo toi prî por l'amor Jhesu 8)6
c Qe por nuli suggestion
» N'asîcnges a l'eûeciion
» Qu Eue est en moi des Romeins.
■ Vauges en Deu.sauvement seins. 0
QBod Uttttt tjus ad imperalortm di-
recte, rtj àermano, itrbit preftcto,
àotrttpte tint, ttde confirmalione
dettioatt. VU.
Tm ensi loj quidot guenchir 84 1
Cregoire det iém assenlir,
Qunt li prefeci de la cilé
Qq fui par nom Gennein clamé
S'cD apert^ut, com a Oeu plot, i.\S9
Tant que lu message enterçol ; 846
Si iist s«s letres pesceler,
Remandot a l'empereour 849
Par ses lettres, com a seingnour,
De Grégoire lu debonaJre
En ordre lot icel afaire, 8j2
Com 102 li grant e U menu
A pape l'orent esleii
Unaiement, sanz contredit,
Si que li grant e li petit 856
Communaumcms'i acordotent,
E nis trcsio?. lu deproieient
Q'il confermast l'eslectîon.
0 Deus, eshaucié seit tis seint nom
v D'iceste tant douce novele 86 1
« Qui tant m'est desirouse e bêle!»
Dist l'emperere quant l'oit,
Car veiremenl molt s'esjoit 864
Q'il pot celui tant eshaucer
Lu quel desirot enorer.
Si comanda lors sanz demoure
Q'il fust sacrez meîsmc l'oure.868
Car bien sol saur, negun' essoine
Q'a ccl office ereît idoine.
Delquerert dingneedelcorsmonde
Por govemer trestot lu monde.
Sa charité, sa fei non feinte 87J
Rnsemem od sa vie seinte
Tôt, sanz lui, porent par raison
Confermer celé esleciîon. 876
De sermone ejas ad populum et de
unalione pestis inguinarie. VtJl.
En itel guise en li serf Dé
Par l'emperere confermé,
Mais veirement n'ert pas tant dis h
Choumant ne perreçous n'oisdis ;
Car eniretant com atendoient 88 1
ti7*>e • Al ttbi decrelum Kcncralitalis evadere ncqtiivit, consensumm se
• tawlegi altquando simabvii » I, xi. — S;8 * ... neutiquam asseitsum populîs
■ prvberei ut se htijus honoris glona subiimaret. » I, si. — 846 « ... ept
■ nntnini aalicipavit. * Ib'td. — 8S0 On parrecotis; U prtn^e tjlUtt ett
iaili p€T aif p htrti, mais perreçous m toaiti Itltrit aa v. 1 3 jo.
164 P- METER
Li Romein qui molt desîroienl « Ainz Irenche par force e porfetit
L'asscnlcmenl de l'emperere,
E h pestilence rcgiere 884
tu poep!« occist e deguastot.
Cregwrc, li serf Deu dev<«,
Trestoz les fescit assembler
E si lot prist a sarmoner 888
Qe por ta dite pestilence
Felssenl quciqc pénitence,
Senglement chasqun endreit set ;
E dist : « Chicrs frères, créiez
[mei : 892
« Crans est li besoing vciremtnl
« Qe veaus non lu flclau présent
u Batuz e tormenie?. criengons
u Lu quel redouter deujsons 8ç>â
« Ainceis q'il par fust avenu ;
« Seit veaus non redoutez sentu
u Qui non sentu despit ereit ;
" Veaus non espro%-écremu seit 900
« Li maus qui tant creist a dolor
M De mal en pis de jor en jor.
« Seingnors, por la Dé passion,
I' Car fcimes satisfaction ; 904
w Li doels nos face repentir,
« Oolor face dolor sentir,
u Angoisse angoisse, mort la mort,
Il Einsi que par lu Dé confort, 908
i( E ceste monale sentence
M Façom veraie pénitence,
u Denosquersladuresceenfreingne
« Tarn qe nos amender dcsireingne
t Veausnonlapeinejasofferte, <)t^
a Car veirement toi est aperte
H La prophétie de l'espée c
" Dom ta cliaiiive aime est nafrée,
« Ço est la Dé ire manifeste 917
u Qui por nule arme ne s'areste.
« Quanq'elc encontre entrînement.
t' S'est ja tant parfont descendue
■' (^ jesq'a l'alnie est parvenue,
a Voiez mon, si ço n'est toi veir :
« Rien vive n'ipoeiremaneir, 924
« To£ sont de l'tre Deu feniz
« Soudéemcnt morz cstenduz,
tt Li haut, li bas, li fous, li saîve.
<c Tant par est communal lï glaive
M E U mon tant par soubîtaine 929
fl (Vavtsonc poei sentir la paine
<i Neguns ocm ainz ço q'il fimsse.
« Chasqun sei moert ainz qu'il tan-
[guisse, 9îJ
« Tant par est forte la dolor
If Q^ainz vient la mort qe li tangor.
« Trestoz veions avant morir
« Q^is puesscnî lor pecchez gehtr.
tt La subiteine pestilence 957
K Nul ne leist faire pénitence,
« Car loz se moerent desconfès.
« Pensom donqes, seingnors, aàii
« Por la veire amor de Jhesu 941
u E por nosire veire salu
■ Quel parra cil al jugement
n Devant lu juge omnipotent 944
u Qui nis non a tant de leisir
K Q^is soi petisse repentir i
« Com jugera Deus en sa face
« Celui a qui nis tant d'espace 948
« Ne vot en cest sede doner
u Q^is pcust ses pecchez plorer f
u Prengez garde de voz veiuns ; d
u Nes'envompassoulalorfins9jJ
u Par deus, par treis, par cînc, par
« Ainz s'en vait trestot ti pais [sis,
N Environ nos entrînement
S81-900 I Oponct, (ratres carisiini, ut Aagclla Dei qcx metuere Tcntnra
• deboiniiis. laliem prxscntû et experts timcamus, ■ 1, xl]. — 9i4-iJ « Pef>
c venit gladius usqoe ad anicniBi, etc. 1 I, xlj, Crltt aMm Ji Jttii. IV, ao
M( inicritt dans h ma'f,t — 919-H ' N*c lan^uor iBOrtetn prxvenît, led tan-
« guofit moras, ul cemrtit, mors ipsa pnecvrnt. » I, al)»
^^^^^ tA VIS DE S. CRéCOirtE PAR rftÈRE aNCIER IÔJ ^^H
^H v A id fruts e tant nettement 9^6
a F. cil ses meins qui ben labore. ^Ê
^H « (^otne ne femme n'i remeint.
a Faimcsdonchastivepenance, 99J ^^H
^H « Ln joevres od les vîe!z esleint,
« Car veircment bon e espérance ^^^|
^H a Nîs ainceîs les fiz qe les pères
« Nos donc contre la timour ^^^|
^1 ■ E les filles ainz qe les mères 960
« Cil qui la mon de! peccheour 996 ^M
^H « tj pestilence périlleuse
« Pas ne coveite ne désire : ^^^M
^H • De l'ire Dé onible, hisdouse.
il Ço est Jhesu Crist nostrc sire ^^^|
^H « Les Rieisons sont vottics guerpies
t( Qui par son prophète einsi crie : ^|
^K « Qui ia furent tant replenies, 964
« Melz voeil qe li pecchere eitvîe, ^M
^H « Nis les rues longes e tées
<i Fait s'il^eq'il se convertisse 1001 ^M
^V « Dcsenes sont e despoillées j
V A mol, q'il mer^e ou q'il pcrissc. ^^H
^1 • Ui»e e autre poet oem passer
« Por ço désespérer ne deil ^^H
^1 0 Saitzomeesanzfemmeencontrer;
« Nus oem, ja tant mespris nen cit, ^|
^H • Tant se desreie a desmesure 969
« Car Jonas dit !i seini prophète : ^M
^^Ê * Cistmoftausglaivesquttantdure.
c Les vtelz pecctiez de Nenîvete ^M
^H « E por ço, mes douz chïers seïn-
a Tersirent ireisjors de pénitence. ^M
^B [gnors,
<.<■ Nis li lerres de la semence 1008 ^M
^^1 ■ Puions a pénitence, a ptors, 972
v De mort enz en la croiz pendu ^^H
^V ir Veaus non tant com nos est leû
tf Al COSlé lu frz Dé Jhesu, ^^^|
^H •> Plorer onqorors non fera.
u Por q'en la mort ert repentis, ^^^|
^H • CiT vdrement cil sevraient 97 {
u Ravi fu iesq'en paradis. loi 2 ^|
^^^^« Qui U soubiie mort sousprent.
V Levons donqes seguremem ^^^M
^^^0r De no£ pccchiez nos cnsovienge,
i' Noz quers a Oeu dévotement ^^^|
^^Ê ■ Negun besoing ne nos detienge
« Knsement com si eussons ^|
^H « Qe ne façons confession
tt Ja receu quanqe querons, 101 ti ^M
^H « Od digne satisfaction 980
« Car si nos leissons noz pecchiez, ^M
^H < Tant qe de lermes seit lavé
a Sachiez lî juge en tost tlecchiez. H
^H » Quanq'avons fait encontre Dé.
(( Ja plus tosi merci ne querras ^M
^H • Fttmescomlipropheteenseingne:
<( Qelunelatmisseschauipas, 1020 ^M
^H ■ Ensemble foz, nul n'i remeingne,
■( Quetqe pecchiere qe tu soies. ^Ê
^H ■ Levfflis a Deu noz quers, nos
« Fors qe soûl de tant te porvoies H
^H [meins, 98$
K Qe soies vernis repentant. b H
^H « Tant com nos sûmes vifs e seins ;
» Q^alons nos donqes couardant ^M
^H < Çoestq'odbonesoreisons /. 160
« Com pooumus désespérez? loi} ^M
^H • Bones oevres a Deu rendons. 988
« Trop par sûmes fous asotez ^M
^H H Car quer c meins a Deu lever
« Quant .il besoing qui nos vêlons ^M
^H B Est od bonc oevre lui proier.
R E a la peine qe sentons loiS ^M
^H * Cil son quer lieve qui ben ore
c Oeu qui soûl est nostre refui ^M
^H 97>~4 * U"" quisque ergo nostrom ad ficnitfntix jjinenta confugiai, dura ^|
^^M • ttn anle pcrcusiionem vacit. ■ 1, xlj.
— <)&i-s t Et, S)cut propheta admonct. ^H
^H 1 IneniBC corda nottra cum manibus ti Deum. ■ I, xl\. — looo*; • ... qui ^m
^H ■ per prophetam clamât r Noio mon«nn peccatoris sti ut convrrtalur cl ^1
^H • nrat * jEi. XXXII, ii|. I,ilj. — 1007 * triduani pœniteniia ^bsterjit. j liùl, ^M
|66 P- MEYBK
« Ne vencons veaus non par ennui ;
« Par ennui di, quant al preier:
K jj;pnqeDeupussonsenn,uier,io^2
u Car sovem co q'cnnuier seU
(1 A omme Deus en gré reqell ;
« Tani par est pius misericors
u Q'ilvelt qedeluiscii estors toî6
u Par preiere e par orcisons
V Ço qe pas deservi n'avons ;
•1 Par preiere apaîé veit estre
« Por q*a nos ne se puesse irestre,
« Segon ço q'avons dcsïrvi. 1041
K Dont dit H psalmiste Davi
« De la pan Deu al pecclieor :
« Requer moi, fait se il, al jor 1044
11 Quant avras tribulation
M D'angoisse e de temptation :
(1 Si l'en ostrai del mal qu'avras
(1 E tu mei magnifieras. 1048
i< Par tant savons ben sanz essoine
u Deus a sei meisme est tesmoine
i( (^il nos deare espamier
a Dèsq'itenseingneluiproier; 1052
i< Et por iço, mi cher douz frère,
i( Jesq'a l'iglise 3 la Dé mère,
0 Nosire Dame seinte Marie,
<' Vendrons demain a letanie io{6
u Tresioz ensemble unai[e]meni
« En oreisons dévotement,
« Taniostcoml'aubeertescrevée.c
« Negunsoemd'icestejomée 1060
K Par mon conseil ne se destienge ;
u Li jocvncs e li veî?. i vienge,
« Li clerc, li lai, lî ordenez;
« Trestoz i soient apresiez 10^4
u Riches, pûvres, granz e peliz i
« Nuls ne seit osez ne hardiz
a (^entende a besoingne foraine,
« Car la letanie septaine, 1068
« Si com ja l'orrez destincier
« Trcstoz, si Dé plaist, célébrer
n Ensemble al jor demein vendrons
« Ë nos mesfaiz loz amendrons.
« Qe si com toz sûmes mesprîs
1 Tôt ainsi scions entemis
u Toz ensemble as amendes faire,
K Car sachez donc voudra rciraire
« Deus la porposée sentence 1077
« Quant voirra nostre pénitence.
« iÀ cierz en la première liste
V Istront versseintJotunBaptîste^.
I E pues li lai qui masles sont 1 ù8t^
« Del moiisiier seint Marcel tstronii
« Li moine e li religious
.1 Devers les mariirs pretious 1084
« Seini Pol e seint lohan s'en vJen-
[gent ;
41 Pues, ordenéement se tiengent
« Les noneins en procession
« Vcrsseim Cosmeeseini Damion,
« E pues les dames mariées toH^
u Devers seint Estevre ordenécs
II VJengeni. sis stguem ben e bel
<■ LesvedvesdeversseintViel; 1092
u Pues al derrain vengent avant
« La povre gem e lî enfant
« De l'iglise seime Cécile. rf
« Nus n'i remeinge en ceste vile
« Qui pusse sor ses piez ester 1097
« N'i vienge ses pecchicz ptorer;
« Car sachez bien verai[e]mem,
« Tant vos pramcc segurement
w Qe donqes voudra nostre Sire
« Sanz nule doute atemprer sa ire
« Quant verais repenlanz serons. »
Jesqe ça dura li sermons, 1 104
Mais pues, quant tôt fu asemblé
Al liu e a) jor assigné
Li poeple de divers aage,
Tant par se desreiot a rage 1 1 08
10^1 Ea marei : ■ Invoca me ia die tribulalionis et eripiam te et hoaorî-
t ficabiî ine » ^t. XLIX, t\\. 1, xlj, — 1079 En itutrgt : * 0< teplifonnt
lilitiia 1 Gregorio ntstiiau. ■ — 1 104 I, xliij.
tk VIE DE S. CRéCOIItE PAR PKÈRE ANCIER
La devant dite pestilence
Pir la Deu dreilurale sentence,
Qe morz a terre soudemeni,
Oraitz tresioz dévotement. 1112
C&eirent en une soûle houre
Quatre vinz nombrez sanz de-
Q^ansoQC fut aperceii [moure,
Con loudement furent fera. 1116
Mais reirement onc por rtant
Ne K cessa II Oeu servant,
Ainz les sommonst a plus orer,
Car la maiirc de plorer 1 1 20
En. <p dist, tant plus acreûe
Quant entre t^nz fut avenue.
A quei feroie plus lonc lour i
Mais tant fist qe dôs icel jour 1 134
De la mortalité ainz dite
Escous ereni par sa mérite.
Loez en seil Û rois de gloire
Qui, par son serf dévot Grégoire,
Corn velt, as peccheors soccoure I
Hais mqorors ne sot a l'oure
Coaem^t de ses lettres pris/. 161
Car veirement tôt cerz e fis 1 1 ^a
Ettre espereit qc l'empcrierc
Eôst oie sa proiere,
Hais quant s'aperçut al derraîn
Qe ti ainz dit prefca Germein
Son messsgier 01 cntercé 1 1 [7
E qe lis cspdr fut quassé,
QBod konorent papatas ivhUTJagttns^
std pQSt triduum inducio columne
falgM inrttaut, jM/u ût eonu-
tratas.X.
Erraument, sanz plus de sojor,
Aincets qe de l'empereor 1 140
Vensist as Romeins li respons,
Ptivécfflcot en upisons
Fors de la vile s'en bJngnoi
Com cil qui en apert n'osot, 1 144
Car li Ronieîn qui ço cremoicnt
Trestotes les portes fermotent ;
Si mcitoient ris garde as rues,
As entrées e as eissues, 1 14S
De totes parz, por lui gueiter
Qe ne s'en peùst eschaper.
Dora li serf Dé, quant iço vit,
Erraument muot son abit : 1 1 j2
Si se perncit a dcsguiser
Ai meU q'tl pot, por sei celer ;
Sa robe od un povre chanja,
E pues itel engin trova 1 1 {6
Qe fors lu mist uns peissonier
Prevéement en un panier.
Pues se reponst as tapïnages
Des bruilz, des landes, des bos-
lca(;es. 1160
Parmi les desenes guastines
Quereit les croûtes souzierrines,
Les chesnes e les fous cavez 116)
E les autres lius plus celez b
Ou por les Romcins soi musçot
Al melz q'il omqcs sot c pot,
Com cit qui fuit gloire veine.
Mais por noient i metleii peine,
Car en vein sei fereit cuter 1 169
Nuls oem qui Deu vcIt eshaucer:
Quant plus s'umelie e reponi,
Tant plus enoure e levé amont
Deu nostrc arc son servant. 1 17Î
Oie?, por quei. Li Rometn quant
Savoient q'il s'en en fui,
Toi erraument l'ont porsegui 1 176
Nut e jor angoissousement,
Quant al terz jor soudéement
Virent une coulompne ardante
Del ciel a ta terre ateignanie, 1 1 8a
Qui desus son chtef soi pendit.
llioC«rr. dreiloral. — iijo I. xliv. C'en ici fii< devrai preitdn plate td
nirtfiii fui, rtatitt e^it /< ». 1 1 j8, mUnempX U itni — 1 1 ^6-8 C<tU pir~
hiMljriti la piist it id vie it Qigoiu psr PmI DUcn, l i j.
168 P.
Lî poeple celé part tendit
Ou la clarté les amena,
E li serf Deu qui soi cuia 1 184
Ne se pot donqes maes défendre,
Car errauraeni lu tirent prendre :
Si lu irestrent a ia cité
Trestoi estre sa volenié, 1 188
Jcsq'a l'iglise de seint Piere,
E lors iloec, si com drciz icre.
Lu firent sacrer apostoille, 1191
Qui de toz pecchiez nos asoille ;
Ço nos donst Deu par sa merci !
Amen diez, ço vos en pri. Amen.
Explsçit iib. I. Incipil Ub. It.
Quùii staùm post constcraiiontm
primas omnium se in episîolis
sait stivum itrroruin Ou nomina-
veut, et qiiûd hertsts desîruens
rtaam fidtm prcJicavirit. Cap. I.
SeingTiors, einsi com vos ai dît c
Fut li serf Dé Greg. eslil, 1 196
Mais onc plus tost ne fut sacrez
Quant erraumeni s'est demousirez,
Car l'orijuil de ses ancesors, 1 199
(*ar sens, par venuz e par mours,
Od metnie auire maie coustoroe
Qui devant lui seit estre a Rome,
Tanlost abaiit e esquassa.
Si qe de primes refusa 1304
Lu titre de Johan lu noble
Evesqe de Cosicntîno&lc,
Qui donc, al fuerde ses ancesires,
Soi nontot principal des preslres,
E s'en i fist dcfcnsion 1 J09
Par nom d'escuinunation
Qe nuls ne fust maes tant hardi
MEYER
Qe soi feist nomer einsi 1213
Por digneié ne por haulesce
Ne por negune autre noblesce,
Mais qe trestoz generaument
Soi contensissent umblement 1216
En mours, en oevres, en abiz,
E mesmement en lour escriz
Gardassent en humilité
Lour haurescee lourdigneté. 1220
Dom. por ço qe ço fusi tenu
Einsi com is l'ot porveû
Enirincmcni, sanz violence,
Erraument après ta sentence 1224
Lu premier essample dona,
Car u serf as sers Deu « soi noma
Pues en trestotes ses cpistres,
Tôt premeraÏEis as chefs des titres,
Tant qe pues toz sis successour
En ço lu fesoicni honour,
£ en moiz autres documenz, d
Si com en simples vestinienz,i2î2
En umble onesie contenance.
£ tant vos dî bien, sanz douiance,
Tant par ert donqes sanz feintise
Amez de tote seinie iglise, i2}6
Q^onqorors retient par coustome
Maismemenl la cité de Rome
Seinement tote sa doctrine
Tant salvemeni e unt enlrine 1240
Com si ço fust fé d'critage.
Car sachez ben tant par ert sage,
Desquanl fut enz el trône mis
F. al plus haut degré asîs [244
De seinie iglise universale,
En la bretesche principale
Com cschaugueite auctorizé,
Tant de venuz enluminé, [ 24S
Q^crrani mouslrot q'il n'ert pas nice
Ilot Vers trop long. Coir. quassa ? — 1239-41 < cunctisque suis successio-
ribut clocumeiitum suje humiliUlii, Um in hoc quant in mcdiocribus pcuitificati-
bus indomenlùs, qiiod videlicet hactenus in ïancta Ronnana ccclesia cunscrvalur,
tieceditarium rcliquit. * 11, j. — \^jf}-^ • m s^ccuta sanctx universalît cccle-
ïix. » I, ij. — 114^ Q^errant, corrigi ; iJ y avr.i J'ahrj Errant.
^ Û VIE DE S. CRfCOlRK PAR FRÈRE AKCIEB ïfi^ ^|
^B Ne perre^us en ton ofTice,
E pues vertuz edifiast, 1 2S0 H
^H CjT tantost prist a sarmoner,
Tresiotes les maies asises ^^^|
^H A toz \i dreite fei rnoostrer, iijz
Qui eroieni ja as églises ^^^|
^H Abjtre tes mahomert»,
Par lot lu mond enracinées, ^^^|
^1 E&quuser (oies herisîes ;
Coustomes malemeni levées 1284 ^M
^M Toz les poinz de nostre créance,
Contre la doctrine anciens ^^^|
^M Par seine apene demoustrance^
De la fei apostoliene, ^^^|
^M Ensetngnoi a tresiote gent; 12^7
Esracer prisi e esgrapir, ^|
^H Sis preechot haut e derment
E bones encontre establir. 1 288 ^M
^H Corn evangelien bedcl
Pues commençot a redrescier ^^H
^H Qui b meisirie e le cembel 1160
Quant q'en igUse erei: mestier, ^^^|
^M Enponot de loz les pastors
Com de chanz e de chanteors, ^^^|
^H Q^onc fussent ainz n'aprts ses jors.
De ministres, de sen'iiors, 1292 ^M
^H Sanz les apostres principaus 12a}
E nis des lais privez servanz ^^^H
^H As que!s nul seint n'est paregaus.
Qui l'apostoile erent sivanz, ^^^H
^H Car sor tresioz les seinz del moni
Del louîer por lu pallion ^|
^H Uetstres e princes sanz per sont,
D'evesqal consécration, 1296 ^M
^M Si com cil les quels Deu mclsme
Des fertres coverz de daumaires, H
■ [/- 162
De besoingnes mendres e maires ^M
^B En sa persone demeinisme, 1 368
Com de non receveir les lais h ^M
^H Vôrs ocm de la virge Marie,
A clergal oHice a eslais, 1 ;oo ^M
^H Espàiaument en ceste vie
E meinte autre bone coustome ^^^M
^H Sa ictnte docuine enselngna,
De primes es!ab1it a Rome. ^^^|
^H C«n ceus les quels sor toz ama.
E pues trestotes les iglises ^M
(^i sont parmi lu mond asises 1 J04 ^M
^H QuÊtt fitia eradicant et vînuits sisp-
Par lu commun agencement ^M
^H pUniant, consaeiadînes eccUste,
De loz clers, ordcnée gent, ^^^|
^H ffOBf àacteaus obstminiur, ordi-
Ordenéemeni redressa, ^^^H
^H urmr €t àpostûticd aactontate
E Tadrescement conferma 1 )o8 ^H
^1 nafitmaaù. tl.
Par privilège auctorisé ^^^M
D'apostoiliau digneté, ^^^H
^H ton quant Greg. ot rapelée
Si q'onqors rclienl sa doctrine ^H
^H iM foi des apostres fund^ie,
Trestotlimondtantparentrine i{i2 H
^H Tantost com âl qui entendit
Q^un soûl point trespasser n'en ose, ^M
^H Iço qe li prophète dit 137Û
Car tant par tient a seinte chose ^^^M
^H (^ sor lu poeple erclt posez
Quanqe de Grégoire est venu ^^^|
^H E principal posior clamez,
Com a det ciel fusi descendu. 1 ; 1 6 ^M
^H Par tant qe vices esraçan
■
^H t39i-ijoo • videlicet lie ministris cantoribus, de laitis ponttlici lamitianler ^M
^^ *4hjcrcti1iMi», de contegendo dalmaticiî aposiolico lereiro, de pastillaiico ^|
1 pro pallio »el consécration- ponuriciim,
et de non admitleodis pauim laïc» ad ^M
^H tcclesuatKi furii olâcium... 1 II, v.
m
^^^^^I^^^^^^^^^^^^^P. «EYKR ^^ ^^^H
S'en fut Grégoire a desmesu/e H
^H^ D£ piTtgrino ati mtnsam ytmcnu et
Esbahiz d'icclc aventure, 1 J52 H
^^^K r^/iMi; non t/tv^nro. ///.
Quant après, meisme la nui, H
En avison lui apparut H
^H Tant par ert pide e aumosniers
Li hï Dé, nosire sauveor, H
^H Grégoire, U Dé amis chiers,
Qui lidiseitpargramdouçor: i}5(î H
^H Francs, deboncires, libcraus, rîi9
« Grégoire, n ftst s'il <i rois chiers H
^H Larges, despendani, hospitaus,
[druz, ■
^H Qe, sanz chaitis e sanz prisons
M Sovent as mes membres peùz, ^Ê
^H De tant diverses re^'ons,
u Mais ier receus veirement H
^H £ mcimcmeni de Romanie,
« Meimeismesdemeinemcnt. i)6o ■
^H As quelz ii sosteneit la vie, i ]24
H
^H Toz les jors, ou q'il onqes fu$t,
Dt angelo castode itto tfoomUm in H
^H Acoustoméemeni pcûst
specie naufiagi occulio, nunc aa- H
^H A sa table demeineraent
Uin in jorma ptrtgnni reretaio, H
^H Quant q'o«m trovast d'esirange
dt qao sapra ia urcto capitalo. H
^M [gem. t]2S
^Ê
^H Tantq'un jor, entre autres plusors,
^Ê
^H Uns oem semblant de bones mors
Un autre lens avini regiers ^^^M
^1 Vint pié poudrous. com pèlerin,
Qe Greg. li sers Deu chiers, ^^^|
^H A qui Grégoire en tant enclin i ) p
C^i tant ert plein de chanté,
^H Qe por lu plus ne por lu meins c
Son aumosncr ot commandé, 1)64
^1 Ne vot sofrir q'a pïez n'a meîns
Segon coslome, q'enviast d
^H Lui ser\'ist por negune peine
Pèlerins ou q'is les trovast,
^H Autre omme qe »on cors demeine ,
Douzze par nombre a son mangier.
^H Car amblement, par grant frui-
E cil qui en ert costomier 1 )68
■ [chise. i);7
Sanz demourer» tôt erraument.
^H TanI se meteit en son servise.
Acomplil son commandement.
^H Qe nis ja les bacins leneit
Mais, quant furent a table asis,
^H Dom t'aeve doner lui voleit 1 140
Grégoire H Dé cliiers amis 1 J72
^H Doucement, a ses meins laver.
Vers les pèlerins regarda
^1 Mnis 3 ço q'il la vot verser,
Segon coslome e sis nombra :
^H Li pèlerins qui il servit
S'en dut ben proef aveir grant honte
^H Tant soudemeni s'envanoit i J44
Li aumosner de son acontc, 1 176
^H Par entre eus loz. emmi la pbce.
Car prèsdcldouïisniccn nombrant
^H Q'onc n'i parut sente ne Trace
Lu treszisme i irova soiani,
^H De lui, quel si ço fust fantôme,
Don s'esbahit estrangement
^H N'onc pues ne pot csirc par orne
E por çû lors, lot erraument, 1 )8o
^H En negun sen apcrccû 1 149
L'aumosner list a sei mander,
^M Quele part s'en fust devenu.
E si lu prist a demander
^^^^P 1)17 11, xxi) — 1)31-4 « ... nt, ucepttt Kîi quoitamper diversas regiones |
^^^^^ 1 quam Roma; quoque LanffobardoruR
1 perhdix gUdios higuntes, ccde&usiica ■
^^M ■ stipe mitericorditcr nutrieb^t .. • II,
■
n
LA VIE DR S. CR£C0I
CoRimem fust e par quele emprise
Laienz, contre sa commandise,
Li pèlerin iretiime entré. i î8ï
LÎ aumosnier en e&garé ;
D'i^o dom l'ot mis a raison
Ne lot respondre oil ne non; i }88
Mas, ja seit q'il fust esbahiz,
N'en pas del tôt irop esiordiz,
Car tel pèlerins regarda
C derechief les renombra, i {92
Si bI trora qe soulement
Oouzze par nombre escharsemcnt,
E por ço segur respondit -.
■ Sirt, * âsi s'il « si Dé m'ait,
« Qouit les pèlerins enviai, 1 197
« Douzze par drert nombre i nont-
Ibrai,
■ fTonc, q« je sache, tant ne quant
• NcireqiassaideioncomanT,i40o
■ Car ooqorors, loz. saus e seins,
[/■ i6î
i \meh sanz plus e sanz
[meins ;
■ E si d'iço ne moi voe)z creire,
■ Fsi les nombrer laniost en eïre,
■ Car tôt en sui segurs e fis : 140)
* N'i trocs plus q'a la primor tis-i^
Crcgoire entent qe cil lu dit
Toi la veir, si com l'entendit i 1408
Si s'esbabil lors plus q'ainceis,
E por ço regiers en reqeîs
Lci pèlerins privéement
Nombroie renombrot soveni, 1413
Mais toz tens, après lu douzîsme
En Qombrani trava lu ires/isme.
S'en hil. uchez, forment pensis.
Si en Taumosnier trop entrepris
(^ ton nombre trovoienirin, 1417
E oeporquani del pèlerin
Toi segurs e tôt cerz ereit
Qe pai ne lu cbalangereii 1 430
RE PAR TRtHK ANCIER I7I
Sis sire a ton en nulc guise.
Grant garde cndemenirc en a prise
Li serf Dé qei ço peust estre,
Quant soudcmcm garda sor désire,
Si tresvit q'uns des enviez 142^
Joste sei plus proef acoudez
Soveni en diverse manière
Muot coloure chanjot chiere, 1428
Car ors semblot lot viel clienu,
Ors juvencel e non barbu.
Ors fut pales, ors rovelenz,
Ors bruns, ors blons, ors ^s,
[orsgenz, i4}a
Com si! fust apene £imome ;
S'en fut pensis^ ço 'n est U some,
Grégoire, com ja vos disoie; 14} j
Mais plus lonc conte a qeî feroie i
Après mangier congié pernoicnt b
Li pèlerin, si s'en toraoient.
Grâces rendant joious c liez ;
E li papes s'est aprocbiez 1440
Vers celui qui lot soûl vdeit
Com a celui qui sei soieit
A l'oure plus a sei proechein ;
Si lu seisit lors par la meïn 1444
E l'amenot privéement
Ovoec soi treslot senglemeni
Kn chambre, e pues lu conjuroi
Al mielz e al plus beau q'il pot,
El non de Deu, q'iL lui delst 1449
Quel nom eusi e q'il queist.
E cil lors respondit itant :
1 A quei » fist s'il « vais enquerant
« Mon nom qui est dit merveil-
[louï? i4f}
R Mais itant saches a esirous :
<i Jo sui li periUié de mer
« Qui ja te venoie tempter 1456
a Eni en la celle ou escrivoies,
■ Quant douzze deniers me donoiei
" Ovoec l'escuêle d'argent
i41t<j ■ Et cttf interrogai de nomtoe meo, ^od eit nJrabile? • II, xxiij.
lyi P.
« Laquele t'envoiot sovent 1 460
« La scinte Siivia ta mcrc
te Od la vùnilc polmentere,
«c Laquele usas por t'enferlé.
a E tant saches ben de vcirté 1 464
« Qe dfrs icele oure t'cslut
u Deus a pastor si corn lu plut,
« E cspous de s'iglise seîme 1467
B Por laquele aciiettée c rcinie
n Son precious sanc espandtt,
« Car por iço qe ton quer vit
V Franc, aumosner, dou/., debo-
[ciaire, 1471
M Por tant vot qe fusses vicaire
« Del glorious apostre Piere, c
u Les qui vertuz en ta mainiere
« Bien as jcsq'a cest jor segui,
u Corn successorbonescheri, 147IJ
« Car icil quanq'oetn U offrit
K As tnesaistcK por Dcu partit
« De toies par?, e proef e loing,
€( Segon qe chasqun ot besoing,
« E tu rastaînot ensement.» 1481
Grégoire a tant respont : « Com-
[meni ?
« Di, va I se Deu te gart, par qei
« Savoies tu qe Deus de mei 1484
« Vol Uin cspous de seinte iglisc
— Saches, » fist s'il « lot sanz
[feintise,
« Jo qui ci vois sis angles suï 1487
« Présentement trammJs de lui
« Por cnquerre tôt ton porpos. »
A cesl mot se tint trestol clos
l>i serf Dcu tremblant de poour,
Com cil qui onc mis a nul jour
N'ot angle apcrtement veu. i4Ç)î
Donc dist l'angle :« Di, va! q'asiu?
« N'aies poour, ne t'esnuier,
« Car onqors te pues melr. paîcr :
a Soies toi cerz, segurs e fis [ 497
tIEYBR
V Jesq'a tei sut de Deu trammïs
Il qc dis ors soie tis gardeins
Il Tant com seras mes vifs e seii«,
o Com cil qai entre tei e lui 1 joi
V Entrcccssor message suï,
u A tei noméement livrez 150J
« Qui a ma garde es comandez ,
<c E saches quanqe mis querras
u DeDeuparmeisanzfailleavras.»
Tant dist, e lors s'cnvanoït,
E Grégoire erraument cheit 1 joS
Jus a la terre en oreson, d
Orant od grant dévotion ,
Si dist : « Deu père glorious,
u Puissanz, misericordious, 1 j 1 2
>' Si por un mien tant petit don
« Moi vols rendre itel guerredon
a Q^a pape e pastor moi choisis
u Sor t'iglise, quele reJnsis i;i6
« De ton sanc preiious se'mtisme,
« Nis estr' i^o, Deus père autisme,
« Por rael garder angle envoias,
« Sor lot qo qei plus me donras
u Si d^s ors mes loi mon poieir
« A despendre iccst grant aveïr,
V S^n tes seinz commanderaenz,
V Entrinementen povres genz? 1 j 24
u si lu mcins vols tant ben raerir
e Lu plus qui pourra deservir ? «
Quad post renUiionan aagdicam
tantum futril iargior de temporali
commodo qadntum certîor àt rtà-
piendo preiaio sempherno. V.
Tôt einsi ti serf Di orol, 1 527
E, sache?:, dès donc coRunen^ot
Tant plus large estrc c aumosner
Quant plus fut cerl de son Iciier ;
Tant large en des bons temporaus
Quant plus cen des celesiiaus.
14C] ■ cum infusil legnminibus. ■ tHd. — 1 }J 1-3 Cf. la ritbnqat ftu' rtpro-
Jait Us ptimiat moti Ja cH. XXIV,
U VtE DE 5. CRÉCQIRE PAR FRÈRE ANGtER I7}
Avers, pecunes, pensions, i^j;
Cens, renies, patrimoines, dons,
Nts les juels d'or e d'argeni,
Trestoi donot enlrinement [jjô
A Ttw, a povres e a riches.
Corn cil qui n'ert n'avers ne chiches,
Segon qe chasqun oi besolng
De toles parz e proef e loing, i ^40
A clers, a lays, a abbeyes, /. 164
As hospilaus aumosneries,
As solitaires reclusoires,
As désertées ermitoîres, i J44
As paumcrs e as pèlerins.
As vcdvcs c as orfcîins,
As prisons e as exilliez,
As malades, as mesaisiez. 1 {48
A toz ert pcrcs soccorabte
Toi autrcsi por vcir, sanz fable,
Com si iresioz fussent sis fiz
Joevresevelz, granz c peiiz; 1 iji
Car liant sachez veirement,
S'il sout eûst tôt senglement
Engendrez trestoz cels del monde,
S'estre peiisi, a ta roonde, 1 1 s^
Chamaument, de son sanc demeine,
Ne peust il pas maire peine
Mettre as cors n'as aimes garder.
Ne plus n'en Deu n'ei secle amer.
S'aumosnc .1 quatre termes l'an,
Scgon ristre Celasian 1 j6;
De qui seguit la seinte vie,
Départir seut par cstablie. i (64
Al jor de Pasqe en la première.
L'autre a la fcste de seint Piere,
La tierce al jor de seint André
Qui de s'iglise ert avoué ; 1 {68
La quarte fisi en remembrance
Del jor de sa propre neïssance.
Icesies quatre par costomc
Tient onqors la cité de Rome 1 171
Emrînemem sanz contredît,
Einsi com is les estabtit.
Nts estre i^o refeseii al :
Tresioz les anz, al jor pascal, 1176
Par matin, a l'aube escrevée, b
Soier se seut enz en l'entrée
D'une chapclc enz en la vile
Qui ja Itst li papes Vigile 1 }8o
Ou is metsmes habitot
Quant en la vile sorjoraot.
Ilocqes cre acosiomier
Lu poeple en nom de pets beisier
E ses aumosnes départir, 1 jSf
Si cora ors lu porrcz oîr :
As riches donoi riches dons.
As rois, as princes, as barons, 1 {88
Les bons chevaus, destriers de pris,
Les samiz e les porpres bis.
Les riches pierres précieuses,
Od les espèces delitousesi 1592
Pues redonot as ordenez,
As enoinz evesqes sacrez
F. als deacres cardenaus
Les beubelez e les juaus 1 596
D'or e d'argent, com francs be-
[ningnes,
Segon qe jasquns ereit dignes.
Nis as chcvaters e as contes
Donot sanz nombre e sanz acontes
Les anels d'or e les besanz ; 1 ùo i
As esquiers e as servanz,
A chasqun segon sa valour,
Donot robe nove a cel jour 1 604
E plusors autres dons onestes.
Mais veirement as autres fesies,
Si com a la nativité
De seint Picre e de seint André
E a sa neissance demeine, 1609
1^87-1616 II y a iimpUmtnt dsM h ttxtt : t ... cunctis «piKopîl, presby-
■ tcris, Diaconibui aliitque axiocnatîcis [difiniiairii'i nrtoi erogabat. Njulîtio
■ vero apostotorum \v. 1607) vel suo, oiisios solidos oÂrrens, pcregrina nïhil-
I ominiis vettimenu donabat. 1 II, xxv.
174 l'-
As aliens, a gent loingtcine,
Dutiot quanci'oTic mester ereit
A chasqun qui a lui vencit ; 1612
As viscontes, as chevaliers, c
As vavassours, as soudeiers,
Donoi les robes aceesmées
Ovecmeintesamres soudées. 1616
Dom ne me pleist plus avant traire,
Car trop en i avrcit a faire
Trestoi !i micdre romançour
Qui seit cl mond uy en cest jour.
Si totes les vousisi descrire. i6ai
E por itant n'en voeil pius dire,
Fors qe sanz ço generaument,
A trestoie La povre gent t624
As chefs de loz les meis donot
Quant q'en l'an li rcnoveîot :
Lu vin, lu froment, les bacons,
Lu Lard, lu legun, les peissotis,
Lu burrc, l'oile, lu fromage, 1629
Corn oem séné, discret c sage,
En tens par ordre, proef e loing,
Segon qe chasquns oi besoing.
En vendenges donoi lu vin, i6jî
Les bacons a la seini Martin
Leûn en juing. fruit en setembre,
Robes, fouailles en décembre, i6j6
Lu lan en fevrer, l'oile en marz.
Environ sei de totes parz
Donot a loz a grant foison
Chasqunc rien en sa saison ; 1640
Mais les fromages e les bures
E lu leit donot loies hures,
En yver si corn en esté,
Largement, sanz escharseté, 1644
Atrcstozceusqil voustreni prendre.
Mais veirement a la gent tendre.
HBYER
Si corn as prefectz e as maires,
Donot pimenz e Idtoiaires 1648
F. autres dons plus precious. d
Si corn is ereni delitious,
A chasqun segon sa mesure
Corn cil qui de t07 en prist carc,
Qe jurer pucssés sanz fdnlise 165 )
Qjen son tens n'creît seinle iglise,
Fors qucic est grange communale
A povres, a riches égale, iûsôm
Don chasqun prent çoqu'a mesiîw
Franchement, sanz negun dangier.
D'autre pan plus feseit asez
Gregoires, li Deu enourcz, 1660
Car loz les anz seut par costome
Doner en la cité de Rome
A ireis mite povres noneins,
Par drcit nombre, ainceis plus qel
[meins, 1664
Quinze livres de pur or fin,
Por dras faiz de laine e de lin,
Por coiltes e por coveriors,
Nis por lor soudées des jors 1668
Lor rcdonoT tôt ensement
Tôt dreit vint livres meins de cent
A sostenir lu Deu service.
Dom a une dame patrice, 1672
Par nom clamée Tbeotisie,
Rescrit Grégoire en une epîstre.
Disant qe lor vie en tant pure
E lor abstinence tant dure 1676
Qe ne fussent lor oreisons
Od lor seintes dévotions,
Trestot ceneinement setissent
Q'as LongebarE pas n'arestussent
Tote la gent de Romanie, 1681
Qe ne fust desiruite e home.
i6(0-6i < Pigmenta vero attaque delîcatiora commercia priraoribus honora-
( bilitcr oUcTcbjt, ita ut nihil .iltad quam communia quantim borrra commu-
« nis pularelur eccirsia, > II, xxv\. — r6&8>7i * eisque pro quotidianrs stipen-
I diis odoginta tibras annualiler conferchat. ■ I, xvîj. — 167^2 « si ipsx ac
c essent, nullui noslruni Jam per tôt annos in loco hoc subsisicrt iDter Lang^
f barduruin gladiot potuisset. * II, xvij.
La V\r. DE s. GRÉCOIKC PAR fRt.HT. ANCItR
Plus onqorors fist H seinz om,
Car par tote la région, 1 684
As viles, 3s chasieîs, as bours, /. 1 6^
As marchiez e as quarr^fours
Fist amener les poulmenz quîz
Par veiturers bons establiz 1 688
Qui les livrèrent as soufreitous.
Mais as enfers, as vergondous,
Qui por honte nel porenl querre,
Trammetire senh ou peis ou ccrre
Pleine une escuéle d'argent 1691
De sa table demeinetnent,
D'us en us, ainceis q'il manjast,
Si qe nul jor ne irespassasi 1696
Nuli q'eust en Deu créance
Qc de sa seinic porveance
Ne l'en donasi par chariié,
Largement, sanz escharseté, 1700
Segon que sis besoinz fusi maire,
Por q'a Deu lu peûsi allraire.
De pAUptre qnem faniii tsmpùreoc-
cisum inieuit, pro quo supra mo-
àum ir'tstdbaiur. VI.
F. vciremcm ase?. moustro!
Q'en charité trestoz amot,
Car un |or en irespas errant
Un po\Tc mort trovot gisant
Qui fut de robbeours occis -,
Mais quant lu vit li Deus acnis
Mort quidot qe fusl de famine,
De mesaise, non de mourine ;
E por ço lors tant triste ercît,
1704
1707
'7i
Tant plorut e tel doel feseit lyii
Qe veirement si de ses meins
L'eùst occis ne fut pas meins
Marriz ne mournc n'argoissous,
Cor lani par ot lu quer pidous 1716
E tant mat e confus se tint
Qe pues ben longes se destint
Nis de la messe célébrer, b
Com cil qui n'osot aprismer 17x0
A l'autier, tant soi tint nondingne.
Mais orc orras un apert signe
Par quei qenoisiras la vertu
Dora veriuous ereit qenu. 1724
De quodam keremiu cui nickil prêter
anam ùitara possiJettùCrtgorias,
cum tota gloiia mandana quam
vsdtbaUir habere^ dtyino jadim
preiam etî. VU.
Uns solitaires eremites,
Quant a Deu de scintes mentes.
Qui onqes terrien aveir
Negunnevoial monde aveir, 1728
Enz e! désert ou il maneit
Soûle une soue chate aveit,
La quele il soûl soûle nourrit,
Por q'il l'amot e la blandit 1712
Trop, poet cet estre, a desmesure.
Cist tote s'eniente e sa cure
Misi a requerre nostre Sire
Q^il lu deingnast moustrer ou dire
Quel loiier espérer deiisi 1717
Quant d'icest sccle passé fust
1687-8 a cocu stipendia per eanstitulos veredarios emittebat. * II,
xviij. — ïToyiA II, nxix. — 1714 fut ; d'atorj (ust, itont d a itl granit.
— I7îi-r866 Voici^ d'aprU J. de Varaggio, U UxU et u riùl, qm ne «
troitn pjs dam ta Vu de GrlgOiTi rUigU par U diûcri Jain : Eo tenipore fuit
quidam, heremîta, vîr ma^ne vIrtuUs, qui omnîa propter Deum renouerai,
tt nihil prêter nnam callam po»idebal, quim blandi«ns crcbro, quasi eoha-
bitalriccm m suis gremiîs refoïebat. Oravit igilur ad Ocura ut îîbi cnlmitit
dignaretur cum quo future remunerationis mantioaem sperare dcbuisset, qui
tllius amore nil tu divitiJs hujus secnli possideret. Quadam igitur nocte
sibi revelatur quod cam Gre^orio, Romano ponliSce, maiHionem sibi sperare
deberet. At ille fortiier ingetniscens, parum sibi voiontariam paup<rtatcm pro-
176 P.
Por ses Ubors en l'autre vie,
Car U présente a%-eit guerpie 1 740
Eninnement por soue amour,
Corn iresioi lu monde od sâ flour,
Avers, pecunes Icmporaus,
Nis toz ses délices ehamaus, 1744
Ses désirs e ses volentez
Por soue amor ot obliez ;
Si se fuT mis en cet désert
Ou il 01 roeini ahan sofen, 1748
Faim, seif e freit, lempiations,
Enfenez, tribulations
£ autres mesabes asez, c
Dom negun nombre n'est nombrez.
E porço preot Deu soveni 17 jî
Q^il lu feist demaustrement
Par quei de vcir pcûst savcir
Quel Rucrrcdon deùsi avcir, i7i6
Tant qu'une nut en avîson
Oït Deu sa peticion,
E si lu disi apencipeni : 17^9
« Saches, > fist s'il '< segurement
« Qe la mérite ent en ma gloire
« Avras ovcc mon serf Grégoire
« Qui de Rome est papes sacrez. »
Lors s'est ci! molt desconforicz
Qui quidot estre deceû?,. 176^
Ses mérites e ses vertuz,
Ses jeûnes, ses oreisons,
Ses lermes, ses afflictions 1768
E sa volontaire poverte
Od trestote s'auire desserte
Prisi od Grégoire a comparer.
Mesurer, asmer e peser, 1772
Com cil qui ireslote sa vie
MORR
Ne prcisot une bêle fie
For q'a celui fust alouez
Qui tant 01 de ses volunicz. 1776
L'or e l'argent e les juaus,
Les autres aveirs tcmporaus,
Oom quidot Greg. estre a aise
Acomparoi à sa mesaise ; 1 780
Si s'en pleinst de nut e de jor
Si com icil qui sanz retor
Toi en travers perdre cremeii
Quanqe por Deu soufert aveil ;
Quant eis en avîson regjere
Par devant lui nosire Salviere
Qui lui a dit en chastîant : d
a Oi ] va, a fist s'il, < qe vais con*
;tant 17SS
« Tes peines e tes enfertez,
u Tes iabors dont tant es grevez
(i E tes mesaises infinités 1791
" Enconuc les seintes mérites
« De Grégoire qui tant m'est chier?
« Car plus es orguittous e fier
1 Soûl de ta chate senglemcnt
i< Q'il n'est de quant q'al monde
[apent. 1796
« Tu ton cbai eimes e nourris,
« Bailles e beises c polis
u Com celui qui par grant déport
u Te fait, soveaus, qelqe confbn,
i< Pues q'es lassez de tes Iabors.
« Mais Greg.. mi cher servitors,
» Ne soi conforte negune hore
ce Fors soûl quant plus por mej la-
[bore, 1804
•> Com cil qui riens al ne désire
ftiKM pulabat, si cum eo remunerationein reciperet qui tamis mundialibut divi-
ttis «bundiret. Cum ergo Gregorii divitiiï sue piupertatj di« noctDqu« tuspi-
ramlo conf^rrM, alia nocte audivît Dominum sibi dîccntem : ■ Cum divitem
< non poss^sio divltisnim %e<i cuDÎdo bcial, judes paup«rlat«ni tuam Gregcni
• divitiis comparare, qui magis illam catiam quatn habes quoiidie palpando
< diii^ere comprolijins, qu^ni ille tintas divituï, quit non amando led conteoi-
■ nertdo, cuncti^quc libtralîtfr largvendo, disperiil? > llaque solitarius Deo
gralias retultt, et qui merituin suum decrevis» putaverat si Grrgorto confcrrc-
tur, orare upit ut cum eo maruionem quandoquc percipcre mereretur. — 177J
Ml. Porqa ata un 0 uatril tur U q.
^^^^^^^^^^^ U* VIE DE S. CH^COIRE f'AR FHÈRE AWCIER 177 ^^M
^^H u Mes por m'amor &ofrtr manire.
« Ovec celui qui tunl t'est chier. ^H
^^M « Tu, poet cel estrc, es coveitous
0 Desormès toi pri e requïer ^^Ê
^^H « De çû dom Te senz sofrejîous.
« Qe ço me donges deservir, ^H
^^H tt Si te démentes Ë Jesheitcs 1S09
K Car veirement, sanz riens men- ^H
^^H « Por ço qe n'as quanqe coveites.
[tir, 1 848 ^M
^^H « Car por îço qe riens n'en as
tt Bien l'as monré, n'en sui pas ^H
^^B « Sovent àh : » Dcu ! qe ferai,
[dingnes. ^H
^H l8[2
<c Maisbiensatqelantesbem'ngnes ^H
^^H « Comment cest jor irespfisseraî
« E veirs qe ja ne mei donras, ^H
^^H V Qui nul sosienemeni nen ai P n
te Si tei plaist, meins que pramis ^H
^^H « Mais icil, lot l'aveir deL monde,
[ra'asj 1852 ^H
^^H « Quant plus li acretst e abonde,
« Tant es justes, venais e pis ^H
^^H « Tant l'ad plus vîl e en despit.
« Ja meins n'Gvreîqe m'as pramis.B ^^M
^^H « Meins l'etme e meins en 2 deltt.
Einsi orot li eremite ^H
^^H c E ço demousire apertcment,
Qui tant en de scinte mente; iS;6 ^H
^^H « Car s'il l'amast veraiement 1810
£ sachez^ d6s lors en avant ^H
^^1 <> Tant largement pas nel donast,
Alot sa vie en amendant [b ^^Ê
^^H « N cimi pas ne l'csparpeillast
De mours, de venur., d'abstinence, ^H
^^^^_^ « Tu riches es en ta desiresce,
D'umilité, de pacicnce iSâo ^H
^^B )û6
E de quanq' afiert a prodome ; ^H
^^^^^ « Mais cil est povre en sa riche&ce,
Car veirement, ço est la somme, ^H
^^H « Car a tei est ta destrcsce aise,
Tant com melz valeir espereit ^^M
^^H « A lui sa richesce est mesaise.
De celui dom sordeire ereit, 1864 ^^M
^^1 « Tu es fiers en adversité, 1817
Tant se penot d'estre meitbr. ^H
^^H « Cil est umblc en prospérité;
De celui dom fut sourdeor. ^H
^^H m Tu en puverte es orguilous,
^H
^^H n Cit en richcsce umble e pitous.
De coMmione gtniis Angioinm per ^H
^^B « Por tant ne doiz cstre esmaiez,
beatam Crej^riam in fide rettato- ^H
^^H H Ainceis deiz molt estre apaicz
runt. Via. ^^M
^^H or Quant en mon règne avr^s paroi
^H
^^H u Od celui qui melz valt qe toi. »
Uimès vos dierrei des Engleis, ^H
^^H Li eremiie atant s'esveilie, jSjj
As quels Deus dont victoire e peisl ^H
^^H De ^ q'oit molt se merveille.
Com par Grégoire c ses verluz 1 869 ^H
^^H La vérité ot e entent,
A la Deu fei sont convertuz. ^H
^^H E por ço lors granz grâces rent
Ja fut li tierz an trespassé ^^Ê
^^H A celui qui de toz est sire, 1 839
Pues q'apostoiUe ereit sacré 187a ^H
^^H Qui si com lu plaist lessoens mire,
Gregoires li Deu servitour; ^H
^^H E dit : <' Beau sire Deus Jhesu,
S'icrt entrez cl quait an mcini jour, ^H
^^H V Louez, aoure^ soies tu.
Quant des Engteis soi porpensot, ^H
^^H « Grâces te renc, grez e mercîz,
Les quels lonc lens en porpos 01 ^H
^^m u Qui voelz qejosoie acuilliz 1844
A la Deu grâce convertir. ^H
^^^^K 1867 U, xjuiij.
1
^^^^^H
^1
^~^^^^
^H Lors fist par devant sel venir
A ses chiers filz en charité} ^^^|
^H Augustin od ne sai quanz moines
Messages, frères, compelgnon,
^H Qui a cel oes erent idoines, 1880
Saluz, santé, beneiçon. 1920
^H Religious de seinte vie.
Sachez, mi ami, mi fiz chier.
^H Endoctrinez, Je s*abb«1e,
Mielz vaut negunbiencommender
^H Enseniblement ovoeqes soi.
Q^après commencement retraire,
^H Sis commandot qe la Dé foi 188^
Carcommencerenonparfeire 1934
^H Ponasscni jesq'en Ëngteterre,
Fait home vein e non creable.
^H E, s'il puessent ta gent conquerre
En lotes oevre4 desestable ;
^H Par seinte prédication,
E sachez qui desestable est
^H Erraument Au)^usiin par nom 1888
Sor totes rens a Deu desplest, 1 918
^H A evesqe ordener feissent
Car escrii csi qe meu^ vaudrcit et
^H E ses commandemenz siguissent
Q'om fust ou tôt chaut ou toi freit ;
^H Corn de celui qui fui lor père.
Car cil qui Deus tiède trovra
^H A ces! mot se sont mis en ère 1 893
Fors de sa bouche lu vomira. 1953
^1 Vers Ergleierre a grant eapleit; c
E por ço voi lou, mi cher fiz,
^1 Mais moh erent en grant deheic
Ne soiez tant espoouriz
^H C^is ne savoient lu langage
Qe por negune couardise
^H D'icclc gcni rude e sauvage 1S96
Entrelessiez tant seinte enprisc.
^H A laquele envolez croient,
Ne vos augez pas retreianr. 1917
^M Car por iço se rcpentoient
Por les bnges des mesparlanz
^H Del chemin q'is orent enpris.
Ne por labor qe vos sofrez,
^H Si erent en tet desespeir mis 1900
Car ben vos erlgucrredonez. 1 940
^H Qls voustrent miez lomer ariere
Vers la gloire del gucrrcdon
^H A Rome q'en celc manière
N'est nui travail si peiit non.
^H Lor vie mettre en aventure ipoj
Cardez donqes, mis chers amîs.
^H Entre la gent qui tant en dure,
Lu bien q'avcz por D6 enpris
^1 Contraire, enrevre e mescreante,
Qe de trcstot vosirc poeir 194$
^H E meimement non entendante
Vos esfordez de t'acheveir,
^H Nis un soûl mot de lor sarmon.
Car veircmcni, tôt sanz retour.
^H Dom lors, par iceste raison, 1908
Perdu sera vostre labour 1948
^1 Lor pastor Augustin tranmistrent
S'il ne seil de meuz acompli.
^H A Rome ariers, e si requistrent
En sor ço vos conmanc e pri
^H La papee! nom de Jhesu Crist
Qe loz soiez obedient
^H Qe del chemin les asousist, 1913
A Augustin vostre abbé présent
^H K lor deignast congi>É doner
Qui pastor vos est assingné, (9{j
^H Q'a meison puesseni retomer.
Car, sachez bien de vérité,
^H Mais li serf Dé tôt erraument 191;
Si voulez sa doctrine entendre,
^H Lor rescrist icest mandement :
Ne pourrez pas granmcnt mes-
^H « Grégoire evesqe, serf des sers Dé,
[prendre, 1956
^^1 >9Ji'> AUiuiim i AiH>c. III, 16, malt U n'f d rien di itl Jans fùrigtnai hua ^Ê
^H dt la VU. — I9J) Uuz AugStin, iomnu M r. 2164. ^Ê
^ LA VIE DE S. CR^GOIRE PAR FRÈRE ANGIER 1^9 ^^|
^^V Ainceis a grant prou vos tourra
E si n'i demoureient pas 1997 ^^Ê
^^H Si faciez quanq'is vos dirra.
For icns atcndrc haut ne bas, ^^Ê
^^H La grâce Dé iresioz vos gart
Car erraumcni i ont irovée ^H
^^H Qui me dont ensemble od vos part
Une nef preste aparaillée 3000 ^H
^^H Del touierde vosirc iabour, 1961
Qui dut vers Engleicrre atcir. /> ^H
^^H Car od vos laborcr m'atour. »
Beaus en li lens e pur li eir, ^H
^^H Od cesies lettres crc paie
Prosprcs li vcnz, soef portanz, ^H
^^H Augustin, si s'est repeirié, 1964
Li maringners prouz e vailhnz. ^H
^^H Sesconpeingnons réconforta./, j ùy
La mer ereit peîsible e bcle, 200$ ^^Ê
^^H Erraumenl quant il les Irova,
La nef forte, enirine, novelc, ^H
^^M De t'apostotial message,
E si n'j ot plus qe tarzier, ^H
^^H E pues tantost enz cl veage 196S
Car toi en presi quanq'ot mestier. ^H
^^H Ensemble ovec eus se metelt
Entrent La nef, deprient Dé 2009 ^H
^^H Vers Engleterre a grant espleit,
Q'ii Les conduie a sauvelé, ^H
^^H Passent les monz e les valées,
Lèvent la veile al mast amont, ^H
^^H Meintes ennulouses jornées, 1072
Lameracuillent, si s'en vont. 3012 ^H
^^H Divers (leveSj diverses terres,
Sis a poncz tant ben li vent ^H
^^M Par citez de diverses guerres
Q^arivez sont brève ourc en Kent; ^^M
^^M Ou sovent fussent retenuz, 197)
Ço est d'Engleterre un conté ^H
^^M Por q'is ne fussent meuz conduz;
Q^einsi est de la gcni nomé, 3oi6 ^^|
^^M Mais par toz Icus vait a segur
Vcn orient, proef de la mer^ ^^M
^^H Qui condut a de bon seingnur;
Pleniers de porz por ariver. ^H
^^M Noméement qui Deus conduis
Eislors quant arivez eroiem, ^H
^^H Segur vait en vent c en pluie : 1 9S0
Erraumeni plus ne demouroient, ^H
^^B Ne doute orez ne maie gent,
Ainz vindrent al roi Adelben ao2i ^H
^^H Car par toz leus vait sauvemcnt.
Qui d'icel pais sires en, ^^Ê
^^H E por itani sauvez croient 1 9S1
E si lu disirent lor messages, ^^M
^^M En toz les leus ou is passoicni.
Com genz senez. discrez e sages, ^H
^^M Corn cil as quels Deus en guiour,
De par l'apostoile de Romme, 202 { ^H
^^M Compaînz c duitre e sauveour,
Demostfant la cause e la somme ^H
^^H Par la mérite de Grégoire
Brefment por q'il erent venuz : ^H
^^H Qui lesKngtcisotcn mémoire 198$
Li rois quant les ot entenduz 2028 ^H
^^M Nut e jor en ses oreisons,
Erraument, sanz plus demeurer, ^H
^^M En lermes, en afflictions.
Lu congié lor a fait doner ^H
^^H As quels sauver furent messages.
De proecher parmi sa terre, 1031 ^H
^^H Ne direi plus de lor passages, 1 993
La geni a la Deu fei conquerrez ^^M
^^H Fors qe passée ont Lombardie,
Toz ceus qui Deu creire vousissent ^H
^^H Borgoingne e France e Normendie;
Par toz les lius ou is ventssem ^H
^^H Si sont venuz jesq'a La mer
Segurement toz receùssent, lojj ^H
^^H Tôt sauvemcnt, sanz encombrer,
Homes e femmes, qui qli fussent. ^H
^^H t977-8] Maximti qui ne se iroiaviit j
gjj itaiu It ItiM. — 1997 demoureient, ^H
^^^^ fit; corr. demourerenl. — loi 1 la, ms.
^M
.l90 T>. VEYER
B en som ^o plus lor feseii, c
Car lot quanq'onc mestier ereit
A trcsiol lor soslenement
Lor fist livrer benignement 2040
En la cUé de Canterbire
Dom il ereii princes e sire,
Meisons, afiementz e rentes.
Dom lors, sanz plus Longes atentes,
Augustin li Ocu ami chier 304^
Lu nom Deu prisi a proechler,
Portant devant sei hautement
Une croÎTi pctiie d'argent, 2048
Très parmi la dite cité,
Tant qe, par la grâce de D*
E par la prédication 20 j 1
Dom Augustin lor fist sarmon,
Plusors a Deu se convertoient
Si corn ceus qui csprts eroient
De lor vie innocente, emrine
De la celesiiau doctrine, 3oj6
Qui tant ert douce c saluable,
Si qe tors ve'issiez sanz fable
La gent venir com aconienz ao(ç>
A presse, par raillers, par cenz,
Qui pristrcnt a Maufé neier.
Si sei fesotent bapioin*
El nom de scinte Trinité ;
Dom Augustins ti ami Dé, 2064
Toi erraument quant îço vît,
Arcre en France revertit,
Si com li papes commanda
Quant cel message lu chjirga, 306S
Q'evesqe se feïst sacrer
Por q'il peûst tant esplciter
Qe les Englcis pcust conquerre.
Lors vint al bon evesqe Euihcre
Qui la cit Arelas gardot ; d
Cil a evesqe lui saaot
Par lu commant de l'aposloille.
Dom, quant enoînt ht del seînt
[oille, 2076
Erraument s'en revint ariere
Lu chemin par ont venuz iere
En Engleterre l'avant dite.
S'ad taniost a U pape cscritesoSo
Des Engleis la conversion
Ensemble ovec sa sacreison ;
Nis od lot iço lu requtst
Qe de ses clers lui iramisist 2084
Saives, idoines, covenables
Qui lu pussent esire adjuables
En mours, en vie, en sapience
A seminer la Deu semence, 2088
Car molt en i ot a sîer,
E poi qui puessenl laborer :
MoU en i ot des blez meuors
Vers ço q'il i ot poi siors. 2092
Crani joie en 01 estningemeni
Li papes d'iccst mandement,
E por ço lors, dis q'il l'oît,
Erraument de sesclerscfaoîsit 2096
Trestoi les miedrcs proechors,
De senSj de science e de mors,
Q'il seust enlor set enquerre ;
Sis enveiot en Engleterre, 2100
Desquels erent li principaus,
Estrur en Deu, fers e lei.ius,
Justus, Mclides e Rufins
E li bons preechor Paulins 2104
Qui archevesqc ert pues sacré
n' Everwich la noble cité.
Iccs quatre od autres plusors
Tramist Augustin a soccors 2108
La fei as Engleis enseingnier,/. 1 68
E si lu fist nis envoier
Eccle^iaus aoumemenz,
Livres, reliqes, veslimenz 21 12
Ovec meintes autres afaires
3064*79 * Quïpropler Aoguïtinus Arelat venir, et secundum Cregoriï jusiio-
■ nem, ab .'t^iherio episcopus con&cilutus, in Britanniam remearit. * II, xxktj.
— )oH9-oi ■ eo quud inc»ein quiciem multam habcret, operarios lateni piu-
« COS. » II) xiivî. — ïlo(-6 AJdiim da Uaiatttar.
^^^^ U VIE DE S. GRÉGOIRE PAR FRÈBE AHCIKR |8l ^|
Qui a lui furent nécessaires.
E se feissem tabernacles, ^H
Croce, anel, mitre, paillon ;
Pavillons, tentes, habitacles 3i)3 ^H
E &i lu commandoi par nom 1 1 lû
De foilleies c de ramiers, ^^M
Qe douze evesqes dcsouz sei
Tôt par environ les mosiiers ^H
En Kern, enz en s'arceveîqei.
Des seinz manirs D^ prccious, ^^Ê
Bons clers idoines ordenast.
Si q'od convives religious 3 1 56 ^H
En som ^o matidot q'ii sacrait
Les seintes festes célébrassent, ^H
Un arcevesqc a Everwic, ii3i
Q'ensemblcod Deu ses seinz paas- ^^Ê
E ensement un autre eslit
Einsi %-ot q'eE fust establi ; [sent, ^^M
Qui fust arcevesqe sacré
E sachez bien irc&toi de fi 3160 ^H
Meisi a Londres la cité, il 34
Qe nosire Sire al men espeir ^H
Si q'is eussent par cosiome
Ben s'acordot a son vouteir, ^H
Lu pallion del se de Rome,
Car tant donot grâce as sarmons ^H
E qe cil dui tant solemem
D'Augsùn e de ses compaingnons ^^M
Par desoz sel toi ensement iii8
Qe quanq'is de bouche disoient ^^M
Oo2e esliz sufTragans sacrassent
D'apenes veriuz confermoient, ^H
Qui scinic iglisc od eus gardassent.
Si q'en poi de tens iiani firent ^H
Pues commandot q'après La tin
Qe toz a Deu se convertirent] 16S ^H
j^H [>el bon arcevesqe Augustin 2 1 ji
Li baron, )i conte e li rois, ^H
^^M Kntr'cus fust principaus nomé
Tant qe diz mite des Engjois ^H
^^ft Icil qui fusi en ordre ainz né.
RI premier .in c plus asez ^H
^^M Un' autre ren vot que îeissent :
Furent en Deu régénérez. 3172 ^H
^^1 Lts temples pas ne destruistssent
Dom, por ço qe la converson ^^Ê
^^1 Ou oem seul sacrer as mahons.
Des Engleis dom ioï. mention ^^M
^^M Ainceis fussent muez les nons;
En faite par ceslui Grégoire, ^^Ê
^^H Mahûmerie église faite,
Bien est raison qe la mémoire 1 176 ^H
^^H Seimetiée d'aeve benaite ; 1 1 40
Des venuz qui de lui sont dites, ^H
^^P E por iço q'Engleis souloient
Par irestote Engleterre escrites, ^H
^^H Quant as maufcz secrefioieni
Uimés vos seit denoniiée. ^H
^^H Occire buefs a desmesure,
^H
^^M Ne vouleit pas q'icele cure il 44
D« partictûa Dominici corporis in ^H
^^B Fust en travers entrelesstle, b
caméra cruentatam mtttata. IX, ^H
^^H Ainceis vot q'einsi fust muée
^H
^^M Q)u festes des dediemenz
Une matrone renomée c 3180 ^H
^^M S'asemblasscm totes les gcnz 3 14S
Manante en la cité de Rome ^H
^^H E as hautes soUemnitez,
Un jor vcneit, segoa costome ; ^H
^^H Si corn ainz furent acostomez,
Si offrit ses oblations ^H
^^H 3ll6>)o • Milit ci et palltum, jubent
ut sub Dielropoli sna Caotiac doodecin ^H
^^H ( episcopos ordJRjret, ad Landomam et Eburacani siôgulos cpitcopss nitterct, ^^M
^^^M • (}uî sub i£ dviude[:im aihiloirlnut cpitcopos consKraptcs, palliuiii sb apos- ^^|
^^H t tolica sede pcrcipercDl * II, iitvij
^^H « Afifilornin génie idoloruni Una non de
^^H ■ in Easilicas dcdîcaret. ■ II, i»vij. -
— iiji-^'' * Pmepit quoque ut in ^H
■sliucrel, sed sanclificatis jquts respersa ^^H
-31(8 Adililion 4a uadûCUur — 1 1 w* ^H
^^H 79 Imài librtmtnt de ta fin du th. xiiviii -- 2t8o II, slj. ^^M
^^^H 182 MEVER ^^^1
^^^V A la pape as estations 2 1 84
Com oem compunct e esbahi, 2214 ^M
^V Ou il U ntess« cetebrot,
D'cinsi très forte mescreance ^Ê
^H Mais a ço qe doner II vot
Dom oit la regehissance, ^^^Ê
^^L^ Lu sacrement après la messe,
Taniost par grani dévotion ^^^|
^^^K Cez taoz dut a ta pcccheresse :
S« mist a terre en oreison 2228 ^M
^^^V « Cist seint veir cors de Crisl
Od trestoi lu poeple présent. ^^^Ê
^H [Jhesu 3189
E si [te demoura fors brefment, ^^^|
^H « Garge t'aime en veire salu,
Quant sus de terre se dresça, ^^^B
^H « E toi dont vie pardurable. u
Lu pein qe sus l'auier posa 23j2 ^^H
^H A cest mot lors, corn non creable.
Trovot mué en char sanglante. ^^^|
^H Icele se prist a son-ire; itç);
Lors a la femme mescreante, ^^^|
^H E H papes sanz rens li dire,
Veiam lu poeple, la mosirot. ^^^|
^H Erraument quant la vît riante
Si fist tant q'il la ramenot 22}6 ^^H
^H Pensot q'ele ercti mescreante, 2 1 96
A la grâce de dreite fei. ^^^Ê
^H E si reiraist tamost sa mein
S'en fiji toi li poeple, ço crei, ^^^|
^H De sa bouche od Lu scint veir p«n ;
En sa créance confermé, ^^H
^H Sil remist sus i'auier ariere,
E Deus en ses venux loué. 3340 ^^H
^H Pues vers II se virot regiere, 3300
Pues se mist H Deu ami chiers ^^^|
^1 E li dist : « Di, fote provée^
A terre en oreison revers ^^^|
^H u Dont te vint icele risée ?
Ensemble od trestote la geni ; J^^H
^H u Porqci reisis tant folement 220^
S'orercnt tant dévotement 3344 ^^H
^H n Quant t'ofîri lu setni sacrement ?
Qe la chamale créature ^^^Ê
^H ■ Di meî tu vdr. ne roc mentir. »
Revint ariere a sa luture : ^^^|
^1 De home se prist enrougir
Si hit de chief en pein muée ^^^B
^H La matrone a cesie parole
La char e dingnement usée. 3348 ^M
^H E si se tut com nïce e foie 3308
H
^H Ben longes sanz negun mot dire ;
De hrandeo, id est paano altaris, H
^H Neporoec. a la fin, par ire,
inciso tt sanguine emtittato. X. ^M
^H Com mescreante res pondit : 33 1 1
^M
^H « Jo m'en ris a bon dreJt, ço quit,
Autre miracle merveillable /. 169 ^^H
^M V Car une rien qe ne crci pas
Qui a cest est asez semblable ^^H
^1 « Certemeni por veir affermas,
Refeiseit par un autre tens; ^^^Ê
^K^ « Disant qe cil demelne peins
Si vos dirrei bien en quel sens. ^^^|
^^^H « Qe )0 hs de mes propres meins d
Une ne sai quele haute gent, 2353 ^^H
^^^V « Ercit li veir cors de Jhesu 3217
Manantc devers occident, ^^^Ê
^H^ « Qui por nos fut en croiz pendu.
Par ses messages l'en requist ^^^|
^H « Por cest dit m'en ns a bon dreit,
Qe reliqcs lor tramisist 2256 ^^^|
^H « Car quels ocm d'iço vos crereit
Des preiious martirs de Rome. ^^^B
^H « Suri ço q'il ne fust enclianté
E cil lantosi, segon cosiome ^^^|
^^^ « Oti dd tôt fol e asotlé ? »
Sus l'autier prent une touaille. ^^^H
^^^P TuM dht, e li Oeu cher ami,
S'en irenchc forsd'une cisaille 2260 H
t""''-""""'"""""'""' d
. . J
U VIE OE S. Glt£COIItB PAR FRKRE ANCIER
Ne sai quames bdes cJnceiies ;
Sis mtst en boisies peùleites.
Pues sis ad ben cnsadées
E as diz messagers livrées 2264
Qui erraumeni, od digne enour,
Grâces rendant al Crealour.
Vers lor terres les aporioient,
Quant el chemin se porpensoieni
E disoiem par entre seî : 2269
« Nos aponons ne savons qd :
« Trop semés partis folen>eni
« Quant ne savons certdnement
« Qi:el seiniuarc od nos portons.
■ Car feimes ben : si pesceons
tt Les boistes qui nos sont baillées,
H Cartostscroniraparaillées, 2276
u Por savetr s'il i a dcden/.
t( Ou char, ou sanc, ou osseinent
« De confesser ne de manir. »
A tant, par commun aseniîr, 2280
Totes lor boistes pesceicrent ;
Mais de lot ço q'is esperereni
N'i ont irovj qe vausisi maille,
Fors les pièces de la touaille 2284
Les queles H papes i mist. b
« Par les reliqes qe Deu fisl ! »
Fesoient lors li messagers, 2287
« En^ngnez sûmes en travers.
« One mes gent ne fut si traie.
<> Beau lire Deus, U vosire aie !
9 A noz seingnorsqei respondrons
<i Quant en noz terres revendrons ?
V A bon dieit por fols nos len-
[dront 32 9 î
cr Desquant la vérité savront,
« Car por lanterne la vessie
(' Lor aportons : n'i ad qil nie.
.8,
« Qe ferons ? soyons l'dnsi ? 2297
* Ne place a Deu I car vif boni
u Serions a trestoz jors mis -
« Ainceis revenirons adès ajoo
« SanzdemourerversRomeariere;
« Si savrons par quele manière
< E par qui sûmes si gaU>e2. >
A cest mot s'en sont retomez 2 {04
Lu chemin par ont Is venoieni ;
Tôt erraument si s'en pldngnoiem
Par ordre a toz les canlenaus ;
Si dislrem qe molt pr ert faits
Li papes, veins e ypocriics, 2(09
Quant viles cinces por reliqes
De viclz dras lor ot ^t doner;
N'erent pas enfanz por gaber 2112
Lor scingnors qui la les tranmis-
[treni,
Ainceis crem trestoz, ço distrent,
Riches, mananz e poestis.
Pailles, samiz e porpres bis 2ji6
En orent asez plus, sanz gas,
Qe loz ii Bomein de viez dras.
E por ço pas. si tu pleùst,
Li papes gaber nesdeust 2j2o
Car seûst il de vérité, e
Si ço ne lor fust amendé
One feupe n'en plus cher vendue.
Trestote en fut la court esmue 2 ) 24
De la grant noise qe fesoient
Li messager qui se pleingnoient,
Tant qe nîs lî Dé ami chicr
Grégoire, amont jesq'a rauiier2)28
Ou donqes ta messe chantot.
La noise e la pleinte escoutot,
Ensemblemeni od les manaces;
C por ço lors, après les grâces,
a]9J*6 11 va uaj Jiri ^b'U a'j a pas Ira» dant U tixU dt tctU Ituutioa
provimalt^ éont nom m»u iti U plut diuien excmpU cùmu : tf. Lt Rw* dt
lUnti, Le Livre des prov., I, 307. Lt traiudmr t'a Jlûil dhi itm 4ani U
prohgac dt sa uaJunion du Diclofiuf : Molt par est donc fol irichcour | Qui
vent le pis por le meillour, | Car moH est plein de tricherie | Qu> pof lanterne
vent vessie {fol. 9 c).
^H 184 MCrCR ^^^^^H
^H Quant iu mitta est fut dit, 2 j j I
A une VOIE Toz escrioient, ^^H
^H ErniumenI, sans plus de respit,
Com ci! qui esbahiz croient, ^^^|
^H Les cincettes devani nomées
u Beau père Deus, hauttsme sire ^^H
^H Ad par en som l'aaiier posées ;
u La qui vertu tant par est mire, ^M
^H Si sei tnist jus en oreison 2)}7
K Qui tant es pides e puissanz, ^M
^H A terre par dévotion
« De nous chaiiti^, las, repenlanz, ^M
^H Ovec tôt lu poeple prescm.
u En eies, s'il te pleisi, merd. » H
^H Deu deproiant omnipotent i^o
Lors quant qo vil li Dé ami, 2 )8o H
^H Qe signe apert dcingnast monstrer
Hegiers od eus se mist a terre : ^Ê
^H Doni al poeple peust prover
Si prisirent ioz Dé a requerre, H
^H Qe ço q'ot envoie de Rome,
Q'onqes d'ourer ne se cessèrent H
^1 Segon l'anciene costomc i}44
Tant qe trestoles closes erem 2 184 H
^H Des seinz q'e'msi lu soient hirc,
Les plaies e li sancs estancbïez ; H
^H Dut reliqe esire e seintuaîre.
Dom toz en Deu, joious e liez, ^Ê
^H £ si com reliqe encré.
A nostre Sire omnipotent H
^H Pues, quant orent asez ouré, 1J48
Craces rendoient dévotement,: )S8 H
^H Sus de la lene sei dresçot
E a Grégoire son serf chier. H
^H E Les messages apeloi
Si pristreni Ion li messagier ^Ê
^H Qui n'orent pas cntrine fei ;
Del pape les cinces nomées, 2)91 H
^H Sis fist ester plus proef de id 2 ) ; 2
En boisies, si com ainz, fermées, H
^H Ou 107. porenl apert voier
Sis portoient liez e joiani /. 170 H
^H Les dnccs par en som l'altier,
A lor terres grâces rendanc H
^^Ê Pues fist com li papes Leîon 23)5
A Deu de ses seintes vertuz ; H
^^^M Qui tant par crt de gram renon :
Ë lors, quant ^rent revenus, i;(>6 H
^^^V Erraumcm prisi un couielet d
Taniosi a lor seingnors comoieni ^^H
^V Trenchant, a pointe, petitet,
Des reliqes q'is aportoient ^^^^
^H S'en poinsi les cinces soveni menu :
Trestotc la dite aventure. ^^^B
^1 Dom lors i fisi Deus sa vertu, 2 j6o
• E cil errant, od digne cure, 2400 ^^H
^H Car parmi tôles les pointures.
Deu merciant lu creaior. ^^^H
^1 Si com de vives créatures,
Les reçurent a grant enor, ^^^|
^1 En issit fors li sancs vermeils.
Sis misirent en leu seint e dingne. V
^H V Deus! tant est haut tis seinz
Un autre apert merveillous signe H
^1 Iconseilz ! » i}64
Vos pues reconter de Grégoire ^M
^H Fesolenl lors 11 messagiers
Qui ben deit mis esire en mémoire. H
^H Qui ainceis tant par ereni fiers.
H
^H Qui dont &rent plus poourous
Oe magis propier cjbaUam pontifias ^^H
^H Quant ainz erem plus o:^uil1om.
miraculoîe txcetatis. XI. ^^^M
^H E plus confus e plus matez 2^6^
^^H
^H Quant Jurent ainz plus sorquidet.
Uns riches oem romein ereit ^M
^H Ensemble od trestoie la geni
Li quels sa femme despiscit 240S H
^H Qui vit cel miracle présent, 2^72
A tort e a grant desraison. H
^^^^B 3407 * QuidiD) prxteru divitum Romanoruni.,. • II, sliij. ^^^H
LA VIE DE S. OftÉGOtRE
Si fut por iceste acheison
Par nom dd pape escumungié,
Vers qui tant par erdt irié 241 2
Q^e por poi ne dut aragier,
Car ne se pot de lut vengjer ,
Tant en de grani auctorité,
Pai. si corn il voi^a son gré, 2416
Neporocc tôt son poeir list
Q'en quelle guise l'occeist,
Ou par force ou par traison,
Par an ou par subduction. 1410
MÙ desquani par force ne pot,
De trahison se porpensot;
Si quereit adjue et soccors
A ne sai quels enchanieors, 2414
(Je par doner qe par pramettre,
TaM q'îs se durent entremettre
A Creg«re tolir U vte, h
Par engin d'art de sorcerie, 3428
Tant soutifinent, en trahison,
Q^Dem n'eûst de lui sospeçon.
Li jorcere ercnt tenebrous,
Deïa premesse coveitous, 34Î3
Cv qui sereit tant alumez
he fuft de pecune assorbez
Por qeî q*û l'esperast aveir ? 24Î $
Par scQs, pr art ou par saveîr,
Qofd qe fiisi, a dreit ou a tort,
La pape lui rendreient mon;
Ço lu pramislrent veirement,
Ê o disaient nis comment : 2440
• S'a cheval s'en veit quciqc part
■ Tam lu ferons d'engin e d'art,
• Por qei qe lu cheval veions.
■ Ja sdi iço qe ne peussons 2444
« A son cors faire negun mal,
« Q'espin maligne en son cheval
TAR FRÈHE ANGIER iBf
« Enlrira par enchantement,
u Sil crucira tant cruaument 2448
« Q'ensemble amdui trubucheront,
u Si qe les cous lor briseront, n
Molt par ereit d'icest covant
Li dit avoilire lez e joiant, 3412
Quant un jor U voie agueîtot
Par ont li papes passer voî,
Segon coustome, en oreisons
Sarmoner as estatîons ; 34^6
Si fist ses sorccors ester
Joste la voie ou dm passer
En un haut ku tant eminent
Qf bcn porent apcrtcmcnt 1460
Lu papeod son cheval choisir.
Ors porrez ja merveille o'ir.
Pas avant autre bêlement c
Errot tl papes simplement, 2464
Quant vint endrelt les sorceours ;
Mais une, <^q quid, teons ne ours,
Ne tor?, ne tigre ne lepan
N'autre beste de maie part 3468
Plus cruaument ne desrcia
Qe li cheval q'il chevaucha;
Car lors en diverse manière
Saillit avant e pues ariere 2472
Corn jugleres qui se debrisc ;
Pues erraumcni en autre guise
Soi virot trestot environ
Plus vislemeni qe champion 3476
Qui souz l'escu semosleenchamp.
Si arbrot nis des piez d'avant
Corn chievre quant rampist porierre,
Q'a poi ne reversot arierrc, 2480
Od ço se prist tant a escourc
Hisdousement e sanz demeure,
Qe negun frein ne! pot tenir.
1416 Itfgm eoaslniire pas avtc ne se pot da v. 3^14 : 1 AuctoritaKm lanti
( poMiiut evacuare non prxvjl«ni... • — J4;j Lt mt. a plalôt covettous,
mmi cf. 1807. — 3447 Entrira, îic ,- cf. autritant 471, rcptirira 461 . — 24^1
■ Hjc iBcoius iodeK potliciutione Ijrtatus. ► — ï466-9a // ^ a limpimtnt
■ itti II Inte Ccinque magi ,.. mapum pontificcm cognovjiscnl, immisto
■ dcmonc, tan fortiter ejos equum vciari (ccerunt, ut ounquaci a sessore sive
* aitratoriiiui teneri poss« puUrelur. >
^^^1 MEYER ^^1
^^H Si l'oissez ni$ tant henir 24S4
Ne tor vot lor vcùe rendre, [an.
^^^H Qe ben puessez jurer sanz fable
Por tant, ço poet oem ben enten-
^^H (^en son vcmre ot lu vif deable ;
Qe maes la maie an ne leûsscnt
^^^^ Car veirement, s'en lui ne fust.
Par quei lu poeple deceusscnt.
^^^H T.int desreier pas ne peùsi. 2488
Ainceis les leissol assorbe?.. 3 {29
^^^Ê Ne quidcss«z, ^ en est h sotnme.
Mais veirement tant en discrez
^^H Qe jamis fust dantez par omme,
Qe pas ne vot q'is sofrisissent
^^H Ne qe cil qui sus lui se sist
Mesaise dom is perississent, 2$ )t
^^^B Ja vil de lui s'en partesist, 2492
Ainceis lesttsl jesc^'al mourir
^^H Non eus! il fait veirement
De scinte iglise sostemr.
^^H Si nostre Sire omnipotent
^^H Ne l'eùst de la mort gardé.
De anima imperatoris Trajani a peait
^^H Mais onc por ço li ami Dé 3496
infernaïibuj tiberata. XIL
^^H N'estriu ne saele ne guerpît,
^^H Ainceis lors, par seint Esperit,
Reconter soelent de seint Grégoire
^^H S'en avertit de l'enemi 3495)
[/- 171
^^^1 Dont sis chevaus ereit saisi ; d
Li dit Engicis un' altrc istoire 35 j6
^^^M si se seingna de sa raein désire.
Qui ne fait pas 3 trespasser.
^^H Of$ pocz oir venu de prestre :
Un jûr, ço dicnt, al passer
^^^1 Onc plus toi ne se fut seingné
Del noble marcheïl Trajan
^^^1 Qe sis cheval n'ereil sané 3(04
Qi emperiere ereit roman, 3{4o
^^H Plus simples qc ne seil aingnels.
En trespassant soudéecneni.
^^H Si ert nis li miracles tant bels
Se remembroi d'un jugement
^^H Q^od lu seint singne de la croiz
Lu quel U dit Trajan feseîL
^^H As sorccors tolit tes oiU, j (oS
Si vos derrei com ço fui fait. 2544
^^H Autresi corn d'une laricre
Icist Trajans empereiour
^^H Lor fust percée la lumière.
En ost s'en esmeu un jour
^^^1 Si commandot erraument lors
Sour ne sai quele gent conquerre.
^^H Q^oem les enjetiast vilment fors
Quant es vos, très parmi la guerre,
^^H Del leu ou is erent cute£. 3 p {
Encontre lui, enz el chemin, 2)49
^^^H Einsi fut par les assorbez
Une vedve de povre lin
^^H Tote aperte la traïson,
Vcneii plorante, eschevelée.
^^H Car tantost en confession 3 } 16
Com femme de doel forsenée.3}f>
^^H La vérité reqenoissoient,
E si se picirat tôt en plorant :
^^^1 Regehissanz com is croient
« Mis fiz, tist s'ele, est, lei régnant,
^^^P Par cel avoiltre deceuz. 2^19
if A grant dolor ocds a tort,
^^^F Pues furent nis tant convertuz
« Mais por iço qe de la mort i{ 56
^^K Q^is prisirent deable a neier,
it Ne me poez faire recovrer
^^^1 Si se fesoient baptoier
■ Fai la soveaus par dreit venger.»
^^H El non de seinte Trinité.
Donc respondit li emperiere :
^^^1 Mais veiremeni onc li serf Dé 3 j 24
« Soefre tei.afists'il, «fille chiere,
^^H a^oa Con-. Oir p. v.? — a{]} Corr. Conter? — 3i;9< Per fornm Traini » 1
^^1 44-
^^^
LA VIE DE S. CRéCOI
iTau ift \o soie revcnuz 2;6i
• De Ytxn ou ers sui csmeûz.
» t saches >a ne revendrai
t Pl« losi qe ne le vengeraiif64
■ A Ion UJcnt e a ton gré,
• Pot qe jo vif soie e séné. »
Dmc £n La vedve ; « Ors Deus t
[vaille !
I Si tu le moerz en la bataille 2 {68
• Qu Be fera drcit après toi i
— Ici • fist s'il I' qui après moi
I Prediein empereour sera. b
— Iço * 6&t s*ele « qe le vaudra
c S'antre qc ici me fait lu dreit
«Eu coroDC en lani receit >
« (^xle meriic avras d'iianl ?
— Ne quid >■ fist s'il " qe tant n«
[quant, 2^76
« S.*hà avieat, de prou en oie. »
Ropoodit la vedve : « Ors Deu
[l'oie! 2Î78
■ Ne te vaut donqes asez miez
« Tant com tu es seins e beiiiez
K Qe d'icesi grief justice faces,
« S'en aies les grez e les grâces,
« Q'a sdent ta mérite perges
■ £ les loîiers autrui reserges ? ■>
Li CBperere s'avertit z^Bs
Qe veirs esi ço qe lui a dit.
S'en 01 el quer compunction
De ses plours e de sa raison, 2 $SS
Taciqe lors, sanz plusdedemourc,
De {neté, meUmc l'oure,
De son cheval se mil a terre,
E ai fescil umost enqerrc 2 {92
Dd dit nurdre la veire esirace,
Si «l'âne del liu ne de la place
Ne se mut por negun bcsotng,
Ne sus ne jus ne proef ne loing.
S'oi rendu lu dreît jugement 2)97
Pm cei roeîsffle ouiréement.
RE PAR, FRÈRE ANGIER I 87
Icest fait adonc remembroi
Quant par tu marcheil passot 2600
Cregoires li chier ami Dé;
S'en en compunct de pieié
Del prince qui tant en pitous
Juste e misericordious 2604
Qe damnez fust com mescreani.
E por ço lors crraument, quant
Jesq'a seînt Piere en parvenu, c
Tarn se perneit por la salu 2608
Del dit prince tant dcbonaire
Fors del quer chaudes lermes traire
Q'après, en la seconde nut,
En avison lu apparut 2612
Un an/^lcs qui li dist de fi
Q^is ert de son désir oï
Meismemcnt por lu roi Traien,
Par si qe por ncRun paicn 2616
Ne proiasi en sa vie maes.
Mais tant vos di tôt a espraes,
Ja seii i]e les venuz-ainz dites
Tant soient teûes e escrilcs 2C20
Com celés qui sont veires provées,
Par lot lu mont auctorizées,
Qe nul n'en pusse eslre doutant,
Neporoec li Komcin auquant 2624
D 'icest miracle escrii derrain
Mescreant sont, ja seit q'en vain,
Soûl por iiant nomécment
Qe ja li seint verai[e]ment, 2628
Qui tant en saive e sein doctor,
Por lu paien empereior
Deu ne deproiereit, ço dient;
E (jo provent e tesmonient 26} 2
Par tant qe is mcismc dit
El Dialoge avant descrit,
Enz el quan livre tranlaté.
Ou est apcricmcnt trové aôjô
Q^il provc e mousire par raison
Qe par melsme l'achaison
Ne voudront pas li seint oreraôîç
i£]i Ctrttsmtn ranoi tu bd$ de U pége.
h
|R8 p. HEYER
Quant Deus vendra lu mond juger
Por ceus qui donc damnez seront,
Par quele cil qui ores sont
Justes e bons en ceste vie d
Por les defunz en félonie 3644
Qui en pecchii monal se mocreni
Deu ne depnent ne rcquereni,
Car home ont de Deu rens proicr
Q'il lor pucsse par dreii voîer. ^648
Por tant n'esi pas grant mal, çfi
S'auquns cesle vcrlu desdit. [quit,
Mats vcircnicni, qui la mescreït
Une raison entendre deit : 26^1
tSe lisons pas qe il orast
Einsi qe negun mot sonast,
Ainceis plorut tant seulement
Por luimoltangoissousement, 26(6
Sanz faire de parler semblant,
Q'onc ne mut lèvre tant ne quant,
Quel li prophètes Moysis 26^9
A qui Deu dis» : « Va, car te taes !
« Qe deit q'einsi cries sor mei ? a
Si ne dist il ne ço ne quei.
Par tant resemble q'auiresl
Poeit seint Grégoire estre 0I 26Û4
De son désir sanz mot soner.
Car veircment tant par voit der
Cil qui les quers cerche e les reins.
Q'a son serf lu plus e le meins
Sovem otrie e donc e mire, 2669
Ço q'is com oem chamal désire,
E neporquant ne l'ose pas
Mettre a raison ne haut ne bas.
Dom li psalmiste einsi nos dit :
« Deu lu désir delpovre oit. 3674
u iço, » fait il o Deus, ot l'oreille
« Qe li quer del povre appareille. »
D'autre part asez miez poons 2677
Résoudre icestes questions :
Ne trovons pas escrii en livre f. 1 71
Qe Trajans fust ensi délivre 2680
D'infern qe s'aime ^sl en gloire
Far i'oreison de seint Grégoire,
Car ço screii. tôt sanz arvaire,
A Fevangile apert coniraîre, 2684
Ou est apertemeni escrii :
(I Oem qui n'est del seint Esperit
« E de bapiesme régénéré
u Ja n'enterra el règne Dé ; w 2688
Ainceis lisons qe simplement
Délivre ert d'infernal tormenl,
Des peines seulement sentir.
Car iço mostre, sanz raeniir, 2691
Icist serf Dé dom nos parlons
Es diz dialogaua sarmons,
Enz eL quan livre avant nomé,
Ou est aperlemeni trové 2696
Q^alme poct esirc en infcrn close,
E neporquant si se repose;
Car en tal liu eslrc porra
Ou negun mal ne sentira. 2700
Dom il dit del feu infernal
Qe seingles est e desegal :
Sengles en tant qe toz compreni
Qui damnez sont par jugement.
Divers e desegal en tant 2705
Qe toz pecchors n'est pas ardant
Unaiement, d'une manière,
Ainz i sont li damné pechicre 2708
Par lu Deu juste jugement
Qui sa desserte a chesqun te»!,
Diversement ars e penez
E en divers lius alouez, 2712
Segon lor diverses mérites.
Por tant dl qe des peines quites
Bien poueit estre icîst Traien ; b
Mais q'en ciel onc estrast païen
Ne vos poelnusoem affermer 2717
Sanz ço q'il ne voille passer
Entrineroent la dreiie fei.
3642-6 « Quï nunc elïam causa est ut non orcnt sancti homines pro homi-
• nibus iofidefibut impiitque defunctit. > II, zliv. — 167^-6 « Desideria conlit
■ eorum audivil anris lui > |Ps. XIX, 17). Il, xliv.
LA VIE DE S. GRÉGOIRE PAR FRÈRE ANCIER
Hui mes d'icest plus ne diret, 2720
Car de la fin de seînt Grégoire
Vos recontrei la vcire ysioire.
189
Dt transita beati Crtsorii tt dt se-
puitara rt Je ^itaphio rjus. XIH,
Tant en pénible e curious,
Pcnsis, veîUanz. esiudious 2724
I De garder la dié Romaine
I Ensemble od sa salu dematne,
Od tût lu mond dom en clamé
Pajtor e pere e avoué, 1718
Qe del penser qe del labor
Cheit en tant forie langor
Qe lu prophète Ezecfaiel,
Lu que! e&pondre emprist tant bel,
Ne poeit pas del tôt parfaire. 37Î t
Ainz l'esïui son porpos rctraire.
D'autre pari nis tant ert grevez
O'enemis e d'aversitex, 27^6
Sor toi b corporau feiblesce,
Q'a force c par vive destresce
Tresiot l'esiude emrelessa
E ses durs jors pleînsi e plora,
Com cil qui n'ot autre désir 2741
Fou qe dcl cors pcûst transir,
Car ne qoist al ne jor ne nul,
Tarn q'a la lin, quant a Dé plut
Qe sa proiere Tust oïe 1741
Transit en pardurable vie
L'an de son sacre quatorzisme
Quan ide en man, entrant di disme,
Régnant Fouqei l'empereour c
El second an de son enour.
Si fut sis seînt cors enterrez,
Tost après q'il ert deviez, 27S2
Enz en l'iglise de Seint Plere,
Al forein porcheîr qui ère
Devant lu viel sacralre asis
Ou piusors cors scinz furent mis,
Meismement li papes Lcons 27}?
Qui tant ert bons ders e seinz ons,
Simach e dani> Gelastus
E li simples Simplicius 3760
Qui toz furent papes sacrez.
Od cts fut Grégoire enterrez
Dignement od molt grant enor.
S'ol sis epitaphes la flor 2764
De trestotes les escritures
Escrites sus les sépultures.
Car tais esi del latin li titre,
Ço poet entendre asez li litre, 2768
Qui desus la tombe est esait
Com la sivante lettre dit :
jiijr/pt, lerm, tao corpus dt nrpon tamp-
Rtddtrt qvodwUaj, vivificanU Un), [fum,
Spiiiiu! ettra pitit. Un aU fura no«hl<
Qit/ii viK dturiuj non mag'n ipsa viaett.
Peatificit tumati hoc tlauJuala/ manbra
[itpaUn,
(^i innumerti sempir vnat utiqat biais.
Siuritm dapibai tuptrarit, frigon volt,
AU]ue animas motitii U^ilab hoiiitacni.
Implebalqut actu qatc^juiA urmone àoetM,
S( dedit extmplum mùttca vaia to^atns,
AdChriiian wittas Angloj pitlaU magistra,
Aiqmcns fiiâ agmim gtnti noM.
37Ï4-4I i ... verum etiam hoitilibus incunionibus muliiique corporis debi-
t Eûtîbfls aggravatus. a sladio »posuioni« oinnino demi^ret, et ad àta îilos
■ M perreniste dcDeret, atque disiulutionem mi corfioris tôt» conaiibus Aagî-
t Ur«, 1 IV, Ixïij. — 2748 Ea margi : ■ Quarlo idui et die x» (nn. * —
17)1-70 • Hojni pTKterea venerabile corpus m cxtrctna poriicu basiticx beali
» Pcin apoMoli, ante leereUrmm tutic anliquisiiniuin quo ifiddiccl I^o, Sim-
■ pliciits, Geluiui aique Svmm^clius apustollcx sedii episcopi. cum nonnullis
* aliu tufliuUlî. iuiî nacUaas cpitaphiîs pracdicanlur, sepultum tali litulo deco-
1 ralur. 1 IV, Ixviij.
I. C»rr. nocebuBl.
Hic lubor, hot studlam, htc llbi cart; ht<
[flatter ûgitas
Vt Domino offtrrts plarima kcra grtgù;
Hissai De! ccniul fâctiis UUrc iriamphîj.A
tiâm mtrititm optram jam lint/iiii Unu.
De combuaiont quoTiimdam Uhrùram
tjut. Dt transita tl ieshmonio Pé-
tri Dlacoai^ tt dt jummii /i!>ri?-
Tum invenfoTum et ejuorumdam
perdiionm. XilU.
Cisi epitafe en som la piere
Escrii crcii ou sis cors iere, 2772
Fourmez 2 lettre d'or bumie.
Ë sachez tote Romanie
S'en aperçut lost en après
Quels en li doîorous décès 2776
Oel patron q'ele aveit perdu,
Car tantost quant lî fut tolu 377S
Ne detnoura fors moll brefmeni
Quant, l'an meisme, soudemeni
Sorvini einsi irés grant famine
Qe la geni roeloit a mourJne
Sanz nombre, a si très grarit dolour
Qe del retraire en ai hisdour. 2784
Mais onqes veirement por uni.
Tant par en la malice gram,
Nel recjenoisirent H envious,
Ainçais disirent tôt [a] escrous
Qe Gregoires ereii boulicrcs. 2789
Del commun trésor deslruîeres,
Por q'oem dut quanq'il fist dcsfaire;
E por ço lors li aversaire, 3792
Quant a son cors ne porcni nuire,
Ses oevres pristrent a destruire.
S'oreni |a molz de ses escriz
Ars e destruiz e parhouniz, 2796
Quant li ainz dit diacre Piere
Qui tant familier tu iere,
Keyer
Od qui lu Dialoge ainz dit
En desputant mtst en escrit, 3800
Arestut a toi son poeir, /. 17J
E si lor dist ilam por veir
Q^'is s'entremistrent de naient.
Car seûssem is veirement 2804
Qe ja por ardeîr ses escriz
Meins ne sereit sis noms cheriz,
Ne sa famc plus abatue,
Ne sa mémoire metns tenue ; 2808
Car tant par croient semez.
En essemplaires récitez
Parmi lu munde, loing e près,
Qe par nule aventure m^ 2812
Ne seroient parabatuz,
Tant par ereni panor qenuz.
D'autre part od ço lor diseit
Qe veirement moli par sereit 2816
Icele lor très grant envie
Tenue a grant forsenerie,
Car grant sacrilège fesoient
Qui tanz e tels escriz ardolent.
Les quels cil fist noméement 2821
Sor lu qui chief personaument
Savent vît seim Espirt ditant
En semblancc d'un coulon blanc
Qui lui espirot e nioustra 282 f
Quanq'il escrit e enseigna.
13'icest tesmoine en esmeû
Li poeple, quant l'oi entendu,
En um qe les diz envious 2829
Contredistreni tôt a estrous
A contenz, as espées traire,
Meimeraentpor le dit libraire 2812
Qui mis fui a destruction ;
Dom lors par cesic occa^on
Danz Pierre li diacre ainz dit
Trestot lor contenz départit 28^6
E disi : s Scingnors, mi frère ctiler, b
2778 IV, Ixix ~~ 1786-7 < invidonim tamen feritas miniine recognovit. ■
3817-907 Tout ccû lit Irli \Uvehp}^i. ii y a uelimint dum U UXU : • Cum-
t que dudum dcvotum poputum biaconus urneret occasione lemporît cum
I iaridis resuttarc, in hoc omnium scntentian dicitur provocaste, tit, si qnod
LA VIE DE S. CRÉCOIRE PAR FRÈRE ANCIER
« De vosm contenz n'est mestier, <• Qe jo meisme a mon poeîr
191
• Carsachei:bienverai[e]menu8}çi
• Peest suî a proveir erraumenl
< Sanz délai e sanz nul respit
• t^uanqe j'ai de Grégoire dit.
€ Sour seintes reliqes jurrai
■ De nu mein destre, e si mettrai
• Ma vie en gage, par eiosi 3845
« Qe Deu« eii de m'aime merci,
« Qe ctst apMioiles Grégoire
« Deît estre de seinte mémoire,
M E entre les seinzanumbrez 2849
( Com cil qui dignes est provez
L' De [a celestre compaingnie
« Oà qui il ja règne en la vie
« Qui mes ne finira nul jor 28 ^
■ As dets od nostre Creator;
■ E si jurrai nis ensement
« Por &es CKriz demeinemcni 28 (6
« Qls deivent estre autorisez
• Par tôt lu mont de lonc en Ic7.
« Com cels qui som seinz e prfiz
• Endiiez del seint Esperiz 2860
« Perîonaumem, mes oilz vcanz ;
• S'en ert iiels li covenanz,
• Eo som ço, lu quel vos ferai,
• Qe s'en cele oure, quant avraî
« Lu serrement paracompli, 286}
• Avieat par aventure einsi
• Qe io me moere enz en la place,
« E vos tantost sanz plus d'espace
• Cesserez des libres ardeir : 2869
■ Si crefTcz ço q'ai dit por veir,
■ E B jo soie vifs trové
■ A^iH lu sacrement juré, 287a
e iBst vos pramet leiaument c
' Sor meisme lu sacrement
n Vos aidrai des livres ardeir.
« S'en serai principal autor, 3877
« Sanz mai engein e sanzpoor,
0 Des ardeir de ma propre main.
« Mais vciremeni tôt sui certain
« E segur si com de la mort iSSt
0 (^il ne me fera ja lu tort
K Q'en la confession vcraie
« De son nom a sei ne m'atraie. »
A ceste sentence assentoient 288^
Trestoz cil qui presenz eroient :
Jovres e viez, peiiz e granz,
E cil tantost, trestoz oanz, z888
Jurot sanz maie an e sanz gui]«
Sor lu seint tcxst de l'Evangile
Trestoi le sacrement ainz dit.
Si com jo lu vos ai descrit, 2892
A haute voiz apenement ;
Mais iiant vos dî veircment
(^apert miracle î ert mosiré,
Qar onc plus losi ne l'ot juré 2896
Quant veianz toz l'espirt rendit.
Si q'onc de la mort ne sentit
Peine n'angoisse ne dolor ;
Dom lors parut veir confessor
E veir tesmoine de veirté, 2901
E si fui laniûst enterré
Enz en meisme icele place.
S'en i pert onqorors la trace 2904
De son sépulcre ou il jura,
Proef de la basse ou il poia
Les degrcz al serment jurer. 2907
Por cest lesmoinc confermer
Seut om dépeindre par costome d
Panoie la dté de Rome
Un colum seini Espiri notant
• éMtntl jarejoraqdo conGrmans iDori contînuo meniisiel, ij>si a libronim exut-
i tiioe d«is!cr«it: ti vero lestimooiî sui stipcnies extilisstt, ipse quoque
< oovboiloribus idirus diret. Itjqu«, cum Evangetiis m ambonem Yenerjbilii
• lema Petnis ascendens, mox ut Gregoriinx sanclitati tuiimonmm prxbuil,
• âler vcfba verc cofiFessionis spinlum efllavii, et a dulore mortiï utraneui
4 bUa pyr^ btsjD), sicut hjcienus ccrnitur, confessor veritads meruit sepdiri. •
IV. bis. — 3908 IV, Ux.
193 P- M
Par desus Grégoire e3crivâmfa9i2
Por ço qe li seint Esperit
Lu espirot quanq'il escrii.
Sachez por iiani fut perie
Des livres la maire partie, 1916
Car par l'arson furent perduz
Q'om ne scil q'is sont dcvcnur.,
Neporquant la sominc en avons
En un cscrit ou nos trovqns 2920
Q'il meisme escrisla lohan
Son so7.deacre Ravennan,
Car en icel livre est trové
Q;'un sis deciple endoctriné, 2924
Qui apetez en Claudion,
Les proverbes de Salemon,
Le Cantiea Canticorum,
Les prophètes e lu Regum, 292S
Les epistres canoniaus
Par ordre les set principaus,
Par son sen ot mis en escrit
Si corn il de lui les oit, 29)2
Mais veirement après l'arson
S'is fussent recevrez ou non
Ne seil om pas cerleinemenl;
Mais ceus qi sont présentement
Enseinte jglise plus usez, 2936
Par lot lu mond auciorizez,
Nomez sont en son evescat :
Li DiaLoge e li Moral, 2940
ETER
L'Ezechiel, les Ometies,
Li Pastorals, es quelz noz vies
Si corn en mireors mirons.
Si scinemem les entendons. 1944
Autres escriz refisî asez /. 1 74
Qui onc pues ne furent trovcz,
Car par l'arson furent perduz
Ainceis qe ceus fussent seùz. 2948
Seingnors, ici finist la vie
Qui ja nen en el ciel finie
Del pape glorious Grégoire.
Or preions Deu qe a la gloire
Ou il ensemble od lui habile 295]
Nos donst venir par sa mérite.
Amen. Exp{icit.
!stud complevi convtrsionis mte anno
JX'\ sacerdocii .if'., in vigjAia
apastolomm PhUippi el Jatobi.
Sanctus aatiitti Cregoriui vir pcrfedns
iit otnnibui in turbis crit monathiD iif^t
CDBciu vencrandui. licce ueodoc mignas.
Qu[ in dicbua.
D«iu, qui mme bmuli iiiî Cregorii
eieme b^aiitudititi premta fantulUii, cen-
cede prD[vitius m. qai petCKomn aostro-
nto pQodcre premimur, cjn ipwd te prc-
dW jdjuveraiir
Nous allons maintenant grouper les faits linguistiques qui se dégagent
delà Vie de saint Grégoire. Nous sommes en présence d'un texte que
nous pouvons considérer comme absolument pur. Alors même qu'on
hésiterait à voir dans le ms. unique dont nous avons fait usage l'œuvre
autographe de frère An^er, on devrait reconnaître que ce ms..
291 1 -2 // n'ut pat sûr eat U \rtd\tatiiT *it tempûs : • Quarom l'ciposilionum)
a ipsc summam Joanni tuodiacono Ravtnnr, mpontali suu, lignificare videtur.»
iV, ht. — 29a8-jo ■ ... de iibrii quoij^ue Regum et de Heptateucho... » IM.
— 19Î9-44 ■ Quorum {liVoruml mcrnonam qutdam in epUcopali ejuj perslrin*
t gens ail : Job, Eiechiel, Evangetia rt Pastoralem exposuit, n multa alia. ■
JtiJ. ^ J948 Jt at tatf comnuni If iraJuctnir a ïçmprit. Lt itxtt porlt : ■ Ut
« stibaudiai quse iam învrnîri aoo possuDl, quoniim rêvera anie suceenta sunt
« quaiD edilB. > IM.
lA Vie DE 8. CRÉCOIRE PAR FRÉRI AHCIÏR 19)
exëcuTJ dans l'abbaye mime i laquelle appanenjit Angier \ et, selon
toute apparence, du temps de l'auteur, offre, quant à h conformité du
texte avec l'original, tome espèce de garanties. Nous n'aurons donc pas
à établir tout d'abord, comme on est ordinairement obligé de le faire,
une (lifiiinction entre la langue du copiste et celle de l'auteur.
Dans le précis qui suit, je ne liens compte que des faits par lesquels
la langue de notre texte dijïère du français de France.
PHONÉTIQUE
i. a + nasale devient ai, comme en français, dans premerain 2(7, raim
I7Ï, wutifji'nc 939. Plus ordinairement il devient « : àmts 1797, cltiait,
cUimtnl 294, 5j3,644-6,<((/nfi/i 5^7, mi'ia, meins 212,989, ç)çi,rcmtin,
romeins 5^1,645, «m [%3t\us\ seins, seine 272, îî8, 986; subiicine 9^7,
rein, veins \o^, 642, BmWn 1 7 î . ~ Précédé d'un i latin ou roman, il devient
comme en français (.- cileten ^4, cuittens 501, \o\. Gordien ^wgardeins
en rime avec s fini (sanus) t^oo n'eist pas une exception. Traianus
est traité de deux façons. Une fois, la forme latine étant conservée
sauf la finale, nous avons Traiaa, ou Trajan, 2^ {9, ce qui entraîne à la
rime correspondante roman au lieu de romain ou romcitt. L'autre fois la
forme adoptée est Trjtcn 2615. en rime avec paitn. Maximianus
devient Maximiain 2jS pour rimer avec premeratn. — Il n'y a pas
d'exemple d'aun pour a + nas. eicons.
2. a-\-i latin ou roman subsiste : ai (habeoj ^t^^yfaimes ifacimusj
98}, ainz 242, mesaiu (?) 411, vait (vadit) )99. Plus souvent il
devient ei : beiseï (bas! as) 1798, /ejin;i(facimu 3)904. dffrm (attrac-
lus) J41, tautii i44,/omraï 607, /«h (laxai)9}8, « (habeo) 469,
arrti i8^ liirrn 721, Wf l'.habeat) i {8, looo^ escUire ('exclariat)
J49, teint, seinte, seintes 4, 16. )0, 52, ?(, einz 141. Au v. 1004 ttt
(habeat) rime avec drtit. Au v, 2002 la rime tir (aer) avec l'inf, de la
première conjugaison aleir n'est peut-ilrc (lu'approximative, car iî est
diffidie d'admettre un son unique pour ces deux fmales. /I1 ou ei te
réduit i i dans let (sapit) [48. Magis est rendu ordinairement par
nuis, mats on trouve aussi maes 462, 1 i8)j 121 1, et la réduction i mit
I. Le ms. iwi encore i Saiote-Fridrswide â b fin du XIII* siècle ou au
commencement du XIV', Ce <]iii le prouve, c'«t une prière écrite vers cette
(poilue sur un blanc du fol. 8 : • Indulgendam nobis, Domine, beats Krides-
• wida virgo imploret, (}ue libi grala «raper extilîl, el tnerilo castitatis et lue
I prufeiiione viriutîs, per Chriilum. * Il est évident que cette prière ne peol
atoir iti écrite oii'i Sainte-Frideswide.
RoKMÎa, XU
II
194 P- WSTER
1500, i{05, uimis, timis, ;3, 167, 6\i, onc mis 1492. Au v. 261b
mats rime avec espraes |exprès) c.-à-d. en i. Cf. cuve |aqua) 1140,
2140, eitats (tacej 2 00, en rime avec Moysès'.
j. (T, a précédé d'un son mouillé, arium. — Je groupe ici tous les cas
cil se produit en français le son ié'. On sait que dans tout l'ouest de la
France et sur le sol de la Grande-Bretagne, ié se réduit plus ou moins i
é>. ici nous avons l'une et l'autre forme. Je range les exemptes en
colonnes parallèles :
arUre, ariers 606, bien 147^,
1901, 1910, ciel ijS, ^r, jitn
1794. '827, '■"• rîî9, ùr<(erat)
I tpo, 2078, liifiiez î88, iS8,mien
(tneum) ifij, Piere 60^, 1189,
rien i î 1 î .
oisoaagié 417, cHangié 191,
chitri, chitîct, 110, }86, \\siy
tongié J7i, sH, 587, encoragii
[92, tsjottitz 194a, mangier I4}7,
ntitr 78], pccthié, pecchitz 409,
977, 1098, |wn7/[V 410, sachiez
ioj8, travaiUier ]52.
-4H^Hr p. 146, dumof^ier IJI?!
I ï86, JwriKr 514, cAfw/iVrj 161 î,
chistrier p. 146, d^nieri Î96, ger-
mtrs 7 ï j , /(gj>f î î s , mi(/iw* 7 J4,
yolealiers 309.
flrtrc20S6,iM (26,518,991-2,
fcir/ 74(, f« [eratl 279, tnal
1126, /^re M72, Ut (Ictns)
2451, melz (melius) 96, 269, Atffl
(meuml 9),rf/tj 1928, j^ isedem)
2126. sicie 68, 949.
britée i^6, chef 462, cAfr, dters
105}, 194J1 cAfrvj 497, ishauctr
864, mixnier^\s,ptethezT)i, 950,
pfri//« î75, prengn 951, m£A«
ÎI7, 44Î, 497, 107Û, wi//ff 284.
aimointr, aumotnere 185, 1 364,
1 576, citeyjUrs 1 599, dener, deners
4,12, 44J,/mfr 1617, secata 194,
199, j«u/ftt 20J, mftiren 1988.
L'association des rijnes é &. ii d'origine (écrit e) est peu fréquente.
Citons : prover-enstignir 107-8, manjer-pasmer îij-fi, aeier-noer 7ji-a,
«/iducfT-e/iorer 865-6. Itts-dupoilUti 965-^, Uvtr-proter 989-90, empe-
ritte-pToitrt iiîî-4, tnUTci-qtiascè 1 1 jy-S, etc. La proportion des rimes
régulières d'^ avec é et à'ii avec (V est beaucoup plus considérable.
4. ?, r deviennent a\ oi, parfois J :
ftffmjblbere) 726,cr«« (crë-
dere) i40),e(r (hxresj 2i7,<i>£
(iter) 584, 72), tsteiiies )i, fti
foi 1(8, 4î6, 1274, roi. toU
Hî, 2021,2169, m* J4îî,24s8.
1. Od peut encore citer /jr/c (sella) 3497, panr prouver tfï'at équivaut i l.
2. Oa (j; il y a sur ce point des doutes.
). Oi i.
LA Vit Dt S. CRtiCOIRE PAR FRÈRE ANCltR
IÏJ3, 1870, /«■« 48». «'/ <749,
rate 2011, rtir, veîrt i, 14, 182,
116. (ï), i90.
ifati, éfti î4, 22î, 299, îoo,
M 1048, Sti t8, 240, |I2, }2},
jjS, ta 650.
Ensftit î22, n». 3'74. ««*
t9, 1625, treis 624.
<95
mw îî, 1044, jor 2î, 92, t02,
104, 109, IÎ4» 228, 24Î, î4'.
toi 8j6, 2191.
Envois )4j, 2170.
InfiniiJb en ère :
ardàr 28of, 1869, 2879, o''^''
M»»ÏM. »Î7S. ii2J,/i«iri8i,
i^2i, recmir i z^, rtmaneir ^24,
unir 1^2, 161, )97, M/ftV i86j,
iwirir 2162.
Imparfaits et conditionnels '
tadtit \2i,areiadrtit )}], 622,
trât 599, chalangmii 1420, fmi-
aif 700, distit 621, 13)6, liûfif/if
2440. treà âo8, 674, 870, esptreit
114, iiîî, /e«ïf S87, lUcil 6h,
nu«i; {67, in;»ir8i4, i))8, ^-
ml j68, porreit j8, /wu»l ni,
wiàràent 24; 8^ ut'fir 817, »wf S,
42}f ioifenu/ 1324, leneà 6^1
'ÎÎ9. ï''o*'«' 21» w"' 1441, »'«inï
21S2, voltit 112, 1)40.
aporioUnt 2267, attndo'tent 881,
iiproiVnf 27, bevûUnt 744, coafer-
moienl 2166, eonvertoitnt 20J2,
coraçoient j 92 , ii»/ro if ni 882, ijtioie
14JÎ, t/iioiMf 2165, 2269, ^rûJMl
629, 74î, 1282, «roi'l 466, «cri-
vojVi 1457* /eroiV i4;6, feioicnt
i2{o, pasîûient 1984, pirnoient
I4J7, porpemoient 216S, «/>f/i-
foifn/ 1898, reposoUnt ôjo, Mvoifj
1484, Mcoie/it J91, II7J, 1895,
tornoUnt 1438, k^noif I4s6.
Autres temps :
mi 17, 22tj, ifcjz (dêbes)
iSp, ^Vfnr 38)7, m (video),
Mil (videt) 42, seit (sîat) 34,
860, 1066.
ij^iz (d£bes] i8ji,xdj> 1499,
1844, spta iD2t, 1497, 1842,
soient 1064, porvoies 1023.
a se réduit à i : ams 1 j j;, 174J, en (iter] 1892, pour rimer avec
ffff, Mf (siat) 16}.
I . Les deuY littn |UrallAlet c]ui soivnt rnrrerment quelques verbes de la pre-
■4n coQJugaisoa, qui n'oat l'imparfait en eif, àtnt, oUat que par analogie.
Voir d-sprèt$ 18.
|(>6 T>. MEYCR
Je n'oserais pns affimicr absolumeni que les deux notations ci et oi
représentent toujours ici un m£cnc son. Les deux notations ne sont pas
employées tout À fait au hasard. Dans un cas au moins, lorsque la diph-
tongue est suivie dV, l'écrivain préfère évidemmeni et '. Dans les autres
cas, bien qu'il y ait un peu d'hésilalion (mfi et moi, engleis et cngloit),
|e pense que la prononciation de l'auieur était mieux représentée par ti
que par oi. Mm le son de ta diphtongue devait dès tors tendre 3t se
simplifier. Toutefois le son simple que nous avons dans aven et dans tet
éiait-il un e fermé (/) ou un e ouvert {i\ ? L'analogie du provençal est
cenainemeni en laveur d't fermé, et dans cette hypothèse on s'expli-
querait fort bien la rime ver (vèrumi avec eschiveir, infinitif de la pre-
mière conjugaison, 817-8, et celle de pfiîr avec acheveir, r94>-6. La
terminaison de l'infinitif aurait été modifiée dans sa graphie, non dans
sa prononciation, pour s'accorder avec ve'ir, poieir^ prononcés vér, poUr,
bien qu'écrits avec la diphtongue, selon la graphie iradiiionnelle. — Voier
(vidêrcl est constant et se trouve en rime avec traraitlitr }\i,alîitr
2Î5Î. De même soier (sedêre) IÎ78. Pour ces deux mots Uya lieu
d'admettre l'interversion à'e-os en oi-e*.
j.?T + i roman donne à : ainceit rij, 272, BtntU tôj, drtit,
dreite, dreiz 41, 86, 88, J42, 1190, roi«( ji. Se réduit i i dans
aincii 404. AînçaiSf 2788., est exceptionnel.
6. â en syllabe ouverte subsiste dans nove 1604, mais devient ordi-
nairement of. Je classe ici les mots comme fluvius, juvenis, suus,
où Vu tonique a été assimilé anciennement à â : baefs 214^, doets 417,
foer 20-J, ilote 1 190, /oéc/im 48},/«iJr« gi8,y«« 119, motn, moereni
9JÏ, 939, Mtn Î7Î, 419, 572, 78Û, 9}i, OM lôpusi 1880, oevre,
oefrts ti,Bi, 107, 112, 140, /joc^/t 785, i loj, poet jjii 9)0, fnw/
IÎ7J, 1426, 1479, ioen, sotai 245, 1840, soer 77, iroef$, trots 1402,
1406, vml ('v6leo^ 344, 1000, 1Û22, voeli 1401, 1844, twlt 145.
— Oe se ré<luit à e dans em (hfimo] 769, (teyts 197 J, m^rg« (m&riat)
1001, st!t is6let) ton> iiOi, ^tii io)9>
L« diphtongue h; se produit dans furr 818, 1107, <}uer icôr] 185,
208, 871, 989, 99t. Elle s'observe plus painicuUérement dans les
mots où à est suivi d'un i posttonique, soit en latin, soit seulement en
roman : mues [môdios; ya^pius (posi, devenu 'pocs) 236, 258,
267, /•a««(*poscat devenu *pocsat) lo^o, putstent 4&, 936, 2oçk>.
En ce cas le français a ui (tuais, puis, puisse) qui a primiiivemeni dû itre
I. Il y 3 dtmoauitnt au v. 1(^7, Diaii c'est le résultat d'une ÉaadrM'taice,
car le sens exise dtmoartrtnt.
1. Voy. Tooler, Zattihr.f. mgl. Spimkf.^ nouv. série, III, 417.
*
LA VIE DE S. CRéCOIFtB PAR FRËRB AKGII-lt
ui OU ati. — Ut se réduit A n dans passe 1097, pusseni J084, jue (jôcat)
149, où l'usage eût difficilement admis ta graphie/uft. ^/ur; 7^8 |en rime
iTec Jelttu), 741, suppose une forme aniérieure flatre qui s'est d'autre
pan réduit ii fiera, comme on l'a vu à La fin de l'alinéa précédent.
7. 9 et C aboutissent i un son unique qui est rendu à peu prés indiiTé-
reaunem par c et par oa. Il est i remarquer toutefois que ou a décidé-
ment ta préférence dans les finales en osus :
anor Î27, anassoTs 1 199, due- amour 1741, coiouTs 70^, crea-
Mor 10, douçoT 16 j, lahor, labors
0, J87, mort (mOres) iiîo,;i/u-
ton 262, iS^^ preeehors ^67, sa-
m 164, stùjgnors 12, 490.
jorjors 288, îaS, ;i9, Î91.
4'>0t ^ ï ï II ""O^' I09< ^} > ^9>
^r II, loi, 10:34, 'H, rof« î7,
4t. 69, 134, wff (vulium) J19,
nwîj. î6, 8ï, Î90.
dtmore 162, hore 280, ]6i.
frtiious 219.
four 7j I , dociours ; j8, tmptrtours
60, ^nour 48, /our 1742, moun
29, tî7, 281, 701, 706, ^Doiir
612, 1491, prwc/ipur 996, Kfifl/ourj
6), iiinour 995.
double Si, dotiz 1 1 ujoi"'^ jours,
i9, 1124, 1492, joue(sûa) 17ÎO,
1741, ;ou/ îos, 608, 9îJ, ïoiir:
ij, fo«r I I2Î, tourgent 47, row
400.
dtmûure aji, 617, 867, Aoure,
oitrr 2T[, ^25, 618, 868.
dmorouj 66, angoitsoui 4JI,
coilouses 220, destTous, désireuse
132, 862, merveilhitse 6^9, pi/oui
)8j, 4}0, ^i/oujfmfAf ;8i poorout
1025, î8i, prêtions 1084, 1^17,
religious 6{, 121, jou/rmoiu 4)2,
wgrouî 538.
L'emploi de u pour 0 iî latins, si fréquent dans la plupart des textes anglo-
normands, est ici fort rare : ra/r (vultum) 4S7, colum 1911, sûmes
(su mus) 609, 774, 986, 2288, corrumpre-j^%munde 281 1, numbra 22 i,
mail on a aussi nombre 770, t jCt-j. Au v. 1 ) 1 o l'écrivain avait d'abord
^mdtvoiiiui, mais il a corrigé l'uen &. Je crois que liui-fs ttiOras) 1642
a l'a français, et a été ainsi altéré pour rimer avec f'ures ibûtyrutn]. —
Stma (sùmusl 2271 est excepUonnei, comme aussi deat (duos) 9)1.
8. L'fl de consuetudinem ne reste pas a, comme sur le continent
(an sud comme au nord), mais devant 0 nasalisé, de sorte que coustome
rioM avec Romt 1201, i)oi, 22^8, 2)44, qui lui-même rime avecome
727. Cf. l'anglais (ustom.
9. Avant la tonique je ne vois que peu de faits dignes d'être notés.
Un i semi-Toyelle se développe soit spontanément, soit par analogie i
198 p. HCTER
des mou tels que preUr preure, etc., Abu emperàoar X(4)i mÊftmm
26)0, Uiott (Leonem) 2)}(, crtuz ['credatis] 892» nûit(ndebai)
1441. Kioflj (vide moi) 9^5, 1027, poitir 1 J2i, qui wnieM en par
français empertor, Uoa créez, yeoit, reons, pooir. Piû il arrive que o
devient <m, et nous avons toiant .sedenteni; 137S, soiat (sedebat)
1442, voiiit {II. *oii' ivetarei 2648. — Remarquons le ^muf/t
à'e amettmique i 0 dans proechier 2046, proedm 20; i , prtxchon 2097,
MV£dlU 1880, 2} $8.
10 Certaines intertoniques, qui, pour des causes variables, se vaàa-
tiennent régulièrement en français, tombent assez ordinairemeiit en
angto-nonnand. Nous pouvons citer ici f/irriA, tntrine rSi, \\ti,tntn-
atment }, 216, 2{i, vigrous ))8, les futurs ou conditionnels <xtnaidron$
1072, ottrai 1047, monmi 272a, ttûndi 44, uoneh 22, poor tmetin,
rigturous, amenderons, etc.
11. Les consonnes se component à peu prte comme en français de
France. Ainsi, pour ne citer qu'un fait, le c initial ou deuxième consonne
d'un groupe devient cA, comme cela a lieu en France entre 4f et 49° jo*
environ ; changii 191, chanté :9, chouan tS, 62, dont jas^tua ({98
est une variante graphique, frencheisons 295. — Ce que j'ai observé de
plus paniculier, c'est la tendance A conserver les doubles consonnes :
SQUoart 1129, loccon 2108, soccorable 1 H9> soccreUtre 204, achtttée
1468, oiotU 2223, attfaire 1702, attreil ^i, cmettUs 2261. /mr<.
/rt/r<J [72, 849. flKHr* IJJ9, iii<(l«fSi4, nrtteiiKfl/ 9^6, /»«rtrt(« 2262,
ri/^lez 746, (ii>^<ie sm* >^^>> ^^^ 3io}, ohbeditau 6âi, rofr^osn
lyoT , dppareilU 91, 2676, apparat 2612, so^ef 2 {6.
Flexion.
1 2. La flexion offre quelques faits intéressants. Comme dans la plupart
des textes anglo-normands, la déclinaison est mal observée. Beaucoup
de noms — ceux en particulier qui désignent des personnes — gardent
la forme du suiet, lorsqu'ils sont employés comme régimes ; aîtisi com-
pMnr 62t, danz îj. ^19, Deas ^2^, \-jot, emperae %-}t, SSj, main
82, 168. Les mêmes noms, lorsqu'ils appartiennent à la déclinaison
imparisyllabique, peuvent garder au pluriel la forme du sujet singulier :
il sorcere 2477, Us mitdra [rég.] 2097. Toutefois, ta tendance générale
est, comme ailleurs, de substituer la forme du régime à celle du sujet.
Les rimes constatent un grand nombre de manquements i la déclinaison ;
voy. 8, SI, 79» 90. "6, iî6, î82. 458, S76, 588, j9î, et on en
rencontre à tout instant dans le corps du vers.
I . Ponr les fatnrs et coadittosnels \t même bit s'observe parfais en français
du cootincnt. Voy. Fwnter, Dt Vtaiu ta dtuu d'amai, p. 6}.
I
LA VIE DE S. CKtCOIRi: TAK FRÈRE ANCIER ^^
(j. Les adfccttfo, pronoms, participes, qui n'ont en laiin qu'une
famé onique pour 1m deux genres, reçoivent tr^s souvent ici une ter-
BBason spéciale pour le féminin : ijaeie 167, ifuetes 3^1, jjj, S^j,
lrftt497» i«fc 83 j, c/(jr»M/c JJ4Î, générale j ^ i, , moriaU y^ù, umtnaU
M^f,yfoTît 9ÎÎ, 2006. ardaau 763, 1 179, ateignante 1 180, Amtndantu
764» AMUMflU 29(4, nescrtanU 2196, 32T4)/'^"^'"'â}7,p/oj'ajitt 3t)i.
14. L'emploi de la forme atone du pronom personne! régime est assez,
rue j en voici cependant deux exemples dans le même vers : Fait s'il e
^'iltt (oofertisse 1001 ; mais en général c'est la forme emphatique qui
«t employée dans les cas où le français préférerait la forme atone :
TaoJ par saivemciU toi conlint i}4. Jo toi pu ti>0, cf. 328, 240, 24},
nu nS-
I {. Angier fait usage d'une forme de pronom personnel de la troi-
sième personne que je n'ai pas rencontrée ailleurs : au lieu J'i/ sing. ou
pliir., il écrit de temps en temps « : (fis tit 4SS, qUs toi pcûsst 946,
4*0 p<uH 950. com is l'ût ponea 1222, pues cj'it orent îî2, is sont 496,
UnoA joi, «*« fussent 509, por qUs fussent (52, por ^'is furent 575, si
^is lu fassent jgS, q'is retournassent 670. q'is puessent 9)6. fl y a aussi
ime forme féminine et, pour elts : Dea donst q'es paessini 46. F.st-ce une
itinne venant d'ip», ipsi, ipsaf On trouve ctse jipsa) dans un vers de
Philippe de Thaon ' . Ou est-ce ù/<.' Cf. iscampan, dans Cormond, v. 274.
16. L'anîcle masc. sing. sujet est ii; la forme du régime, qui est en
néme temps pronom, est non seulement /r, mais aussi lu, }6, 85, i;;,
166, 17S-6-7, 179. Cette forme enclitique, dérivée de illuni, n'est
pas A confondre avec lu, variante du pronom personnel régime /ui, qui
est aussi d'un emploi fréquent dans noire texte, i\\, }24^ ^77, ;8(>,
196, 404, 427, en rime au v. 628 '. Il m'a semblé remarquer que la de
lllum était moins employé dans le Dialogue que dans la vie de saint
Griigicnre.
17. Remarquons l'emploi ^équent de la forme périphrastique ia quel,
__'queU, Us quels, as quels, ctc.y 124, ijî, îj], îH' 866, 896, 1267,
1272, au lieu du pronom relatif qui, que, cui. L'emploi delà forme
oblique ati n'est pas inconnue à Angier, mais il l'écrit qui comme au cas
rajet, voir 29Î, pj, 412, 725, 810, 829.
fl'est pu
I. P*r tut la ehâru/iy Comput. éd. Mal), vv. 14;) et 2469.
j. Dan» des exemples comme ta ptssut }68, si fa rt^ual }79,
UcAt de sarotr si la représente le ou lai
2O0 P. MBYER
i8. Pour les verbes, je me bornerai i relever un pelh nombre de faits.
Dans les verbes de b première conjugaison, les imparfaits de l'indi-
catif font régulièrement en ot leur iroisiime personne du singulier :
gardot î7, aviWfot Sa, Uborot lot, veUloi loi, iiî, mousiroi 106,
dtmoUTCt [40, <ificho\ i8j, esperot 196, parbîti^ml 201, deûrot 202,
danoi 244. Mais l'auteur admet aussi, quoique rarement, la forme en
eil : espemt [14 (en rime avec atrddi), ttj), i86j (rime avec frei'i),
par analogie avec le type en ébat. Pour la deuxième personne du sing.
et la troisième du pfuriel du même imparfait, on ne trouve que la forme
en. 01, ou, rarement, en tl : rtdouioient 492 (rime avec vimtnt'), amt'
noitnt 478. teposoitni 6)0 (rime avec troienu, dtsiroitnt 882 (rime avec
atendoient}, femoitnt 1146 (rime avec cremoi(nt\ lormient 14^8 irime
avec perno/wr] , donoits 14^7 (rime avec escrivoies), passoUnt 1984 (rime
avec ^ro/Vnri, confermoieni 1166 (rime avec disoitni], porpensount'Ofor-
tount 2267-8. — Notons en passant qu'ici, comme dans beaucoup
d'autres écrits composés en Angleterre, l'imparfait est souvent employé
au sens du prétérit défmî.
19. Je agnalerai encore le prétérit mourïi 213, moarirtat 715, et
plorut lù^si ce dernier n'est pas propre à notre auteur, car pturi et
piururent on\ été employés par Chardry \ Citons enfm une riche collec-
tion de 8ub). prés, en -ge; altr : augez 19)7, Mirg« 840; di«/irirq
assengts %'i& \ dttgntr : dtingt î5j ; doaer : donget \Z^t, garder : gfirg
2190 \ perdre : perges 2^8) ; prendre : prengez 951 ; rtmaneU: remtiagf'
1 096 ; reserver : reserges 2 ^84 ; te/iir ; Uingenl 1 086, deiUage 978, det-
tienge 1061 ; tourner : laurgent 47 ; venir : vienge 1062, 109S ; ensovienge
rfj-j^ viengent io8j, yengtnt 1091 ; roakir : veilge (1" pers.) 57, voitgie
(î'pera.) îj» »■
30. Le verbe estri a deux formes d'imparfait. La première, qui appar-
tient i la langue commune, est la forme correspondante à cram. Elle
présente, comme on sait, deux variantes à la troisième personne du sin-
gulier, trt et ère. Ert a un e ouvert, puisqu'il rime avec apert 329, Adel-
lert 20:1, et ne se diphtongue pas. C'est pourquoi j'écris Si eri, en
supposant que Vi est apostrophé [S'erij aux vers 135, 377, i.4i6,et
non S'iert. Il en est autrement d'fre qui se rencontre aussi sous la forme
i. CharJrys JosaptuT, Set Dormani vnJ Petit plel... hgg. voa J. ifocA,
Heilbroan, 1S79, p. kI.
a. La (orme rtmt^n^nt^ au sub|., m trouve en rime au ¥. 984.
). Le morceau publié dans mon Retaal J'attatiu uxus^ tf i], (ournîl quel-
ques autres exemples : auge )o8, aptiags 209, etc.
LA VIE DE S. GRÉGOIRE P*fl FRÈRE ANCIER JOl
vrr, rinant d'une pan avec ptrt 78, frtre ^04. Eltaihcre }iq, et d'autre
part avec Pivt 1190, 2798. La seconde forme est, pour la troisième
pmonne du singulier, trtii (,\, 68, 77. 9i. 608, 674, 870, 1177,
1290, ou aoit 466 ; pour la irotsiéme personne du pluriel ctoteM 639.
74;, laSi. Je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré cette forme ailleurs
qw dwE Angier. File a été, selon les apparences, créée d'après l'ana-
logie des imparfaits latins en -èbam. Si le type suivi éiaii celui des
imparfaiu en -abam, on devrait trouver de temps en temps la forme
trot, ce qui n'a pas lieu. En provençal il a existé un imparfait formé
analogiquement sur le type -abam, c'est erava, qui se rencontre d:ins
quelques textes du xiit* skcle ■.
I
»
Versificatioh.
3t. La versification d'Angier ne présente aucun caractère particulier.
C'est, avec une correction un peu moindre, celle de tous les poètes de
b France continentale qui vivaient au même temps. Les irrégularités
qu'an pem relever dans les vers de notre auiL^ur sont de deux sortes,
selon qu'elles concernent la rime ou la mesure. Parlons d'abord des
rimes. Il est certain qu'Angier prend avec les finales de ses vers des
LTiertéi qu'on ne se serait pas permises en France à ta même époque.
Nous avons vu qu'il n'hésite pas à donner aux mtmcs mots deux termi-
naisons différentes, selon les exigences de la rime, par ex. tte ei iere
au S précédent. Mais il 7 a bien d'autres rimes que l'on peut qualifier
de forcées. Dtmoje, qui a régulièrement un 0 fermé et rime souvent
avec hûte ou bouie (hSra}, deviem demere au v. 311, pour rimer
avec ptTt. AU (faabeam) ou eie (voy. g 2,1 est changé en oie, as77)
pour rimer avec oit d'audiat. Je doute beaucoup que le participe
convtnoî, 1870, a^Jo, ait une autre raison d'être que la rime avec
rmur, dtctiii. De même la forme htnaite, 2140, pour b/netiu ou bentite
en accommodée i la rime faite. Ce ne sont pas là des fautes contre
b rime : ce sont bien plutAt des foutes contre la langue auxquelles la
rime a donné lieu. De telles fautes ne paraîtront pas surprenantes si on
considère que pour les écrivains anglo-normands le français devenait de
pins en plus une langue apprise par voie littéraire, et qu'il était par
suite de plus en plus difficile de connaître en toutes ses panicularités. La
langue transportée sur le $0! anglais par les conquérants normands
subissait sur bien des points un développement particulier. L'analogie
engendrait sans cesse des formes nouvelles que le français de France ne
connaissait pas. A ces formes, les écrivains nés en Angleteire en ajou-
. Voy. Chabgtaeju, Ctcmtiuire limoume, p. ajo, a. 1, et p. 17}.
Jfi.
203 P. METER
laient d'autres qu'ils poisaicnt dans la lecture des livres venus de France.
De là résultaient des variétés et des inconséquences qui affectent en des
proponions diverses la lanj^ue de chaque écrivain, et qui s'opposent i ce
qu'on puisse traiter l'anglo -normand comme un dialecte régulier.
Une vingtaine de vers pèchent contre la mesure. C'est une bien faible
proportion, eu égard à l'étendue du poème. Nous allons voir que cette
proportion peut être considérablement réduite. Voici des vers trop longs :
Qai les livrèrent as soufreitous, 1689.
Grégoire evesqe, serf des sers Dé. 1917.
Fors de u bouche lu vomira, (çja.
Si cocD aioz fureut jcottomez. Jijo.
Si q'od convives rcligious, 2 1 \C.
S'en (Kiinst les ciuces sovent menu. 3J(9.
Lrs plaies e It sincs estanchiez. 1)84.
Grâces rendoient dévotement. ]j88.
Lîdil avoiltre lez e joiant. i^^i.
Reconter soelenl de seint Grégoire. ^iJi-
Tant soient leCiei ê cscrites. 2620.
Com celés qui sont veires prorées. 1611.
E de baptesBie r^eneré. 2687.
Nel reqenoistrern !i envious', 1787.
Certains de ces vers se laissent ramener  la juste mesure par divers
expédients. Au v. 1689 on peut corriger QuU Urrereat; au v. 21 {o on
n'a qu'à supprimer Si, comme dit au v. 24^2. 11 est facile de remplacer
RtconUr par le simple Conter au v. 2}{j. Mais les autres ne se laissent
pas corriger si facilement. Mon opinion est que tous ces vers scmt cor-
rects ; que l'auieur, par une licence qui n'a rien d'excessif de la part
d'un écrivain anglais, ne prononçait pat les c positoniques de Imertnt,
ews4]tte, boache, furtm, cinces, plaies, rendoient, etc. Dans beaucoup de
mss. anglo-normands, et par exemple dans celui du poème de Guillaume
le Maréchal, qui a dû être exéctné en Angleterre vers le milieu du
xiir siècle, les finales en -eint, -oini, pour -eUnt, •cient, som fré-
quentes. Ici nous avons au v. 1258 clément au lieu de cUrement. Ce qui
est digne de remarque, c'est que l'auteur ne se permet cette licence que
dans la seconde moitié de son poème-
Quelques autres incorreaions n>e paraissent élre dues à l'inattention
du cofûsie. Elles sont si peu nombreuses et si peu graves qu'on n'en
saurait tirer argument contre l'opinion d'après laquelle le copiste ne
serait pas ditléreni de Tauteur. Le v. 10} 1 , Q^il nos désire tiparmct, est
trop court, car il n'est pas probable que Ve fmal de dtsire compte dans
ta mesure. Corrigeons Q^f] 1/ ou Q'il nos désire [a] tsfarmtr. Pour le
I. E.nm<u est sttremefit de trois syllabes, voy. v. 1819.
U VIE DE S. GRÉGOIRE PAR KRÈKE ANCIER JOÎ
T. I30}, Taatost ahjiit e es^aassaj j'ai â6\à proposa une correction en
note. Dans le t. 1952, A Augasnn vostre ahbé présent on peui ou retran-
àttr A, oa corriger Ausiin, cf. v. 3164. Au v, 22îo, £ si ne demoura
fort brtfauni^ on peut supprimer Es ou si. De temps en temps IV, devenu
muet, de anaiemint, nraiemtnt, a été oublié (vv. 10)7, 2628) : je l'ai
rétabli entre [ ]. Dans des vers comme Ço esl la Di ire maniftae 917,
Ne tjiiideisez ço en eit la somme ^489, il faut lire Ço'sl, ço'n; cf. v, 1414.
En résumé, U versification d'Anj^^eresi remarquablement correcte, eu
égard au lieu et au temps où il composait.
VOCABUUIRE.
L*œovre d'Angier offrira A nos futurs lexicographes une moisson qui
n'est pas à dédaigner. Comme dans tous les ouvrages traduits ou imités
du latin, on 7 trouvera beaucoup de mots de création savante. Ces
no», que tes auteurs de glossaires négligent trop souvent^sont bons à
recodllir. L'histoire de la partie scientifique de notre vocabulaire esl
encore i faire, et ne pourra être entreprise tant qu'on ne saura pas quand
et. auuni que possible, par qui, a été introduit chaque terme emprunté
iD latin par voie littéraire. Voici une liste, bien incomplète, des mots
de ce genre qu'offre noire Vie de saint Grégoire. Je me borne à relever
ceui. qui n'ont pas persisté dans l'usage, ou dont il n'y a pas d'exemples
auui aociens dans Litlré.
aaaoriiiit 1611, âolofizis 18^7, aat-
t»mi 1347, 1309.
aimaU 1827.
(0Rf jjiHMi 414.
lûmpaKt 1234, 2É01.
nnttsoa 117;.
t9ama ii{6, jutenideconviviuin.
ittimtv loâ^.
Anurùfl S8.
itstta ^76, 709, 3014. Littré donne
coBoe du XII* s. ua ex. tiré de
l'jtic. trid. (les Serinons de uînt
Berurd. Mais c'est un texte du
■nlîen di XIII* siècle seulement.
tftttauM 1S6-
nmiiKnt 1419-
mSrKusor 1J02.
if>iê/t 2771.
txftàition 686.
gtturauti 819.
ia^mli 714.
tafinilts 179t.
ialcrprtuison S7. Littré n'a qu'înrrr-
prdatioa.
li^rûin i8;a, au sens de collection de
livres.
mantfau 917.
morigtrdt ijo, 709.
pal'imoific «39, 1 534.
p^Cnu, adj. 1673.
peluiiattrc 1463.
rade iSjG.
icminer 2088.
soubitt 976.
luIrJactioii 2420.
rniversatt M^\.
voiontairt 1769.
304
p. HETER
Voici mainienani un court ^ossaïre où je ne lelève que les mois ou
les formes les plus notables.
ftc^smes 486, aceesméea 161 f,
parés.
ikcoru joi , le sens paraît ttrt
* Ir^ippè, abattu, • ce qui convienl
mal au panic. d'atone ; p.-è. Tau-
ipur a-t-il corfondu ireQucmi.
aeve 1)40, 2140, eau.
aflemeai iiS, 104). Le seni ordi-
naire de ce mot aX ■ sflreti, garan-
tie. ■ Ici il s'agil d'une nature de
bieas, probablement d'une sorte de
renlw.
aliéna 1610, étrangers.
aloues 177^, 3711, placi, adloca-
lus, adiocaii.
arbrer, arbrot 3478, se cabrer
« tnurbfir, erigereduos pedes et in
duobus sustenlart • , Dunat pro*
veaçal ; voy. RominUf VU, 467.
areslft )77. Je ne sais ce que veut
di.'e ce mot. Le sens ordinaire du
fnoçais êrttur, tes deux teiis du
prov. ifttar \Lt». rom. Il, 1 18; V,
Sai ne conviennent point ici.
arvaire 428, 168], bésHatioa, ar-
bitrium.
a8ineri77ï,esliiner,appr4cieT;»oy.
esmer.
a.-i<il8es 1181, uxes, imposttions.
avisos 178J, riiion,
avlsooo 9^0, 1 1 1 1, ou a via odc ;
je réunis les trots mots en un, i
l'eKoiple du ms.; i grand' peine.
M. Oodefroy cite trois exemples ,
du Xlll" siècle, à.'av\soniuj, srisoa-
fUf;. Les exemples plus andens
qu'a réusis G. Paris i propos du
V. i>tc de S. Alexis (p. 194I lui
ont échappé.
avoUtr« 14^3, 3519, terne iaJH-
rieui ayant le sens gèoéral de païen,
infidèle.
bedel 13^9, bedeau, of&cier subal-
lemc de justice. Ce mot ac doit
pas être conloadu avec Mil, torlc
de soudoyer.
boubelea 1 (96, bîjour, p.-è. pièces
plus ou moins ornées de jrB d'os-
seleU, si ce mol est le Ditme que
bibelot que Cotgrare rend par
• hucklebones ».
biogoer, s'en blgnot 1(4), s'es-
quiva. On trouve dans la Vie de
saint Auban (éd. AtLioson, v. ssa)
s'en est bùtnt:. dans la Vie des Sel
Dormans, de Chardry, v, jai, s'en
hnnùiit, au même sens.
blemme 408, bUme.
bollle 66S, torme qui parait créée
en vue de la rime, bulle.
bouUerea J789, trompeur.
bricon 640, homme léger, écerveU.
ceinb«l 1260, tournoi, mêlée, d par
extension le prix du tournoi.
cerre 1 692. pois chiches ; Du Cange-
Hcnschel VII, Codcfroy, CEiw:.
cbonmant 8S0, chinant, pares-
seux.
olnc«s ajio, clncett«s aifit,
3JJJ, rognurcsd'étoïe; voy. G. Pa-
ris, S. AUxii, p 185.
col1t«a 1667, couettes.
coltoosM. pocnaoB aïo, mot i
mot, argent pressant, promptemenl
exigible, dettes criardes.
oreape 488. dont les cheveux (rîsenl.
cruclr ou crocier, crucira 1448,
briser.
cvter 1169, onta 1184, ctit«a
1 1 1 ; , cacher.
daamalres 1297, dalmatiques. Co-
dcfroy, dalmufe,
debrlBler, réfl. 247 j, le disloquer»
en parlant d'un faiseur de tours.
demeUtUme 116S, propre, per
sonnel.
^ LA Vit De 5. GRâGOme par FRÈHE ANClBfl ïoï ^1
^H démentir }9J, » sent de demea-
Cambridge, t'atrucur traduit tx- ^|
^^L ter, se Unenter.
pirgiKl. ^1
^^^UaM^aJ 3703, 270{, inégal.
escfaarscment i}94, strictement. ^|
^^^^^''■■B'^A')^ i?!^'?! itisuble, in-
Dirr., IV.!!-/, I, ecARHO. ^|
^^f coftsUnl. Manque an dictionnaire
eschBr«etâ i^t^' 1700, mesquine' ^|
^H de M. Godefroy.
^^^H
^H deslroase 863, disirable.
eacheri 1476, choisi. ^^^H
^B desqaant 10^, 142,4:9, î70- 6(î.
escommefiz 677, excité. ^^^H
^H 817, dès que, auisitdlque, lônque;
escoure, rcfl. 1481, se secojer, se ^|
^H P--^-i au V- >o;, puisque; non pas
démener; part, escons, li)6, se- ^|
^^L^ ( depuis quand ■ comme dans les
^1
^^^^ft deat ex. cités par M. Codcfroy.
esgraplr 1287, couper, émondcr? ^|
^^^mûtanier 764, 1469, 2488. réfl.
oslals, eslAs, a- 670, 1 }oo, eo ^^^H
^V 969, 1 108, 3488, s'emporter, se
^^H
^H déchaîner.
eslors, voy. elslora. ^^^H
^H daltre 1986, conducteur.
esmer, esmenc ^{, voy. asmer. ^H
^H tfrv 7a), it6i, er« 1893, royage
mettre en pièces. ^|
^H l'Iert; ea- {84, I404, sur-le-
e«tai 696, siège, poste. ^|
^^L^^ champ, aussitôt.
e»t«s vos 480, 7^0, «ste le von ^^^|
^^H«to f^, 178),
^^^H
^^^Bilalara 3019, eslorB é{j, ll-des-
estevoir, eateOst 307, il fallut. ^^^H
^^F sus, dans ce moment même; cf.
estortre 207, part, estorn lojÉ, ^|
^H fpi/o/fdAntlepoèmedeBoèceiV. i).
échapper. ^|
^H MUDc 407, âme.
entre ;o2, 316, 448, 684, 1188, en H
^1 en explétif 33), 744, ifji, 309J,
dehors de. ^|
^H 1499. p.-É. 94i In'an), 1614.
entrons 713, subitement; la locu- ^|
^H endemeatre 8{0, 1433, pendant
tion usuelle, tant en fr. qu'en prov., ^|
^H ce t«nps-U-
est 11 tiUaat, qu'on trouve ici ^^^H
^H «arevr« 190;, cndcrci, obstiné; cf.
V. 14)4.. 3788, 38)0. ^^H
^H Chardry, P^df pJ^i, ij}6, 1400,
^^^H
^H Cir. rff ft«ujf., ms. d'Oxford ,
fantôme, féminin, 14}}. ^^^H
^H V- (719' ^ I^" Cange-Henschel,
fé 1Î41, fief. ^^^H
^H Vil, nniBras.
fertrea 1197, chlsses. ^H
^H «nlerder S46, 1 1}7, saisir, conlis-
fenpe ajaj, haillon, friperie. Cf. ^|
^H foer, intercepter. Du Cange, ss-
Romança, IV, }6j. Du Cange, fre- ^M
^H TEXTIAKi:.
i>AT£ TKSTRs, RUhars h biaui^ v. ^|
^H «otrer, coostrait sans préposition ,
1907, dtftlipprit:. ^H
^H 3009.
fle 1774, figue. H
^H «nvle* i43{, invités.
flecchlea 1018, fléchi. Tout les ^M
^H erraumeat ]}i, 161, t70, 6]4,
cKfinples connus se rattachent A ^M
^^^H 694, anssit&t, sur-le-champ. Cf.
pcchit. ^1
^^^^B Chn^litr 4s dais tipits, note sur l«
foinoDj avoir — ver» 27. Se main- ^|
^^^^ 204.
tenir sur un pied d'égatilé à l'égard ^^^|
^^M etbmselfir , n'est esbrascies
de quelqu'un, lui 6lre comparable. ^^H
^^1 418, X rérettler, se ranimer, cf.
Voy. la note de Diez sur le v. 3Û ^H
^H iVshviKb dans Ov Cange, sous
de Boécc, dans les Ailromaniscki ^^H
^H «.icni&utm. Dans k Psautier d«
Sfrachdtnkmate, ^^^^|
^V^ 20G 1
«fTER H
^H foualUes \6}C, lonede prinine ou
monrioeyS;, 1710, :782, naladie H
^H de cravate en laine, Toc aie.
mortelle, mortalité. H
^H rtnls 9j6, subst. formé sur fraiuitr;
fl
^H bnsemenl.
nages 7J8, feues. H
^H
ne explétif, après sans ço qe, ]9, B
^H raal^e 49{, gain, profil.
H
^H glalvo 710, 918, 970J calamité, épi-
□eporoeo 2110. 2417, 2634, nbn- ^
^^B
moins ; cl. G. Paris, S. Alnit^ J
^H gaenchir 84], réfl., se détourner.
■
^H
"^24, î6i, 696, 7IÎ, 7n, 7*it H
^H hero 4(2, figure, mine.
mène. ^1
^H hisdour 178^, horreur.
^1
^H hage 4)8, huche.
oisdis, olwUf {^7, 880, oisil. H
^H
onqore }33, onqors 188, 432, H
^H terre 3479, lierre.
f04, i;ti, 1496, encore. H
^H ilort 2 1 ), ]87, alors.
onqorors 476, (oa, 974, 1130, ■
^^^^ lstr« 1 ^61, état, manière d'ttre; cf.
i2]7, 1401, i68j, nuuntauDt en- H
^^^B segoat lor Istre, Et. de Fou-
core, alors encore. H
^^^^^ gères, Livre dts mamlrn^ XCV.
H
^^^^1 C'est probablement une forme pa-
Paroi 18};, parité, positioo égale i ■
^^^^^1 rallèlc d'extre, qui est fréquent
une autre. H
^^^^p dans le nnîme sens.
pénible 373J, qui prend de la petite. 1
^^^^
Vof. Littréi rhiiloriquedece mot. ^Ê
^H Ja seit qe 812, bien que.
peacoler 847, 1274, 1281, briser. H
^H joevnas 48$, 1061. Joovres 9^8,
pide 1317, 2277, qui a de la pitié. H
^^^_^ 1062, ts'ii, Joeve ii9,Jovres
plus [0}i, mèraesent. ^^^Ê
^^^^H 3837, jeune.
poœtls 474, 7j), puissant. 4^1
^^^^
porobels 3754, porche. ^^^B
^H legun 410, 1618, leDm jCtf, lefln
por qe 101 1^ 1040, por po qe 1
^H "^Mi légURie.
690, 1231, pour ce que; 1040, 17]] H
^H litre 3768, lecteur.
de façon que ; 2037 pour quoi ; H
^H IWe (rime avec vive) 7}o, lietie.
2$66 pourvu que. H
^H
por qnei 199 (ms. por qae|, 812, H
^H marchefl i^;9, 1600, marchi.
143s. 244Ï. pour peu qii« ; i8i, ■
^H BUkOr 1 18, mevora 1091 (p.-è. par
parce que. H
^H interversion des voyelles^ pour
poolmena qnle 1687, soupes, po- ^M
^H moQrs?), mAr.
tages. Cf. Raynouard, Ux. rom. IV, H
^H mers 477, mers 479, 489, mar-
■
^^P chandises.
prlentes 668, part, passé Hm. de H
^H mlro j 840, forme de siibj. de merlr
prelndre, empreintes. H
^H emplo)-ée pour l'indicatif.
prospres 200], propice. H
^H moo 91), particule af&roialive. Voy.
H
^H Dter, Eijm. Warl. Ile.
Qel ... qel ..., 199, ïoo, qe... qe H
^H mortekine 747, cadarre.
(forme atone) 142J, tant... tant..., H
^H mosler, réil. 3477., prendre la forme
au sens de L'anglais what...wha..,^ ^|
^^^K de, se presser contre un obja ; cf.
a — 14J6, 14(3, pourquoi. ^Ê
^^^^a c se moula en armes, ■ Du Caoge,
Qtul i{47, qnele 16^}, semblabfe ^^H
^^^^1
^^^H
^^^^^ LA VI« W s. CRËCOIKE PAR rUÈRE AXCIER ^Ôy^^^J
^H qila 1687, cuits.
subj prés. slcDOBt 1091, Sllb). ^^^1
imp. aigolssant 1 890, part. prés. ^H
^B R&mien ii^;. brincbag»^ voy.
«ivauUE 1I94, part, passé «egnl ^^k
^H Du Cinge, RAiiKtitru 1.
147J. ponefEoi 1 176, suivre. ^|
^H nunplr. ramplst J479, se dresser,
soccrelstre 204, succrescere. ^|
^1 w leoir tuf les pieds de derrière,
Bom, en — 717, ijjô, 1)54, sur, H
^H ta parlant d'un quadrapide.
au*dessus de; en aom ço 20J7, ^|
■ r«cl«rs )9^4J^ i<9) >)^>. i-^io.
2110, ]86},parlÂ-dcuus,cii outre, ^|
^H restera 884, 1100. Dans les psau-
comme en sor po 19^0. ^|
^H tiers d'Oxford et de Cambridge, le
sordelre 1864, sonrdeor 1866, ^|
^H simple glerea traduit ergo ou
intérieur, de moindre valeur. ^^k
^^^K iljqae. L'origineen seraitigjtur,
Borobder 714. déborder, couvrir de ^^k
^^^H Klon M. Cornu, Romania, X, ^99 ;
SL-s F^iux, en parlant d'un ilcuvc. ^|
^^^H on a fait obsenrer que cette étytno-
soQbltoiae 929, ■obttalae 9)7, ^|
^^^^F logie suppose l'accentuation igîlur
subite. ^1
^H i7tttuhr. f. rojtr. PhiL VI, 478).
aoadèement É14, 666, 93C, aoti- ^|
^^1 On pourrait répondre que le g dis-
dément 719. nu, i;44, 1414^ ■
^^1 paratsusl de très bonoe heure,
subitement. Cf. Tobler, Mnihâluri' ^M
^H igitor, fgelar a dû se rMtiire à
gtn a. ûltft. Handstht'ijlat, p. 268, ^|
^H iitnr, ietvr, oh les deux voyelles
flOn'BlIEHT. ^^È
^^1 coas^lives ont formé diphtongue.
•oveans, voy. seveans. ^^^|
^H Ici le sens est plutfii celui d'ite-
^^^Ê
^H rum. de noureau. De mime, Pan-
Taplaaces 1IJ9, cachettes. ^^^|
^B ner, Lapidaires, p. 1 (], v. 24Sâ.
tapisona, en — 1 141. en cachette. ^^^|
^H MllaaB 6^9, repoussa Cf. Raïaii-
Terdre, prêt, termtrent 1007, es-. ^|
^H Rjj, n, >))-4.
suyer, purifier. ^^^^H
^1 roTcIens 14]!, rougeâtre.
traire, prêt, tretst 69 j, très- ^^^H
crent 1 187, tirer. ^^^H
^P uc" "«i iTli i>43, opposé i/oui
travers, en — 178J, 1I4{, 1288, ^^H
H
enliéremenl, d'un bout i l'autre ^^^|
^1 falT* 69, m, 114, 1)8-9, ijS,
ythrmghoai). ^^^H
^H 1 14, 709, sage, ou ptutAt savant.
trobuchler, trabncheront 3449, ^^^|
^H laoac 744, eau salée.
s'abattre. Diee, Djtri. Wan. 1, 91 ^^^H
^H uat«rale ù^. uuterelle.
nrco, n'a que les formes trabacar ^^^H
^^ U 1 ; a6, siège ^piscopal.
(provençal) t\.lubuzhitT. ^^^H
L «el, d« — J41. peut i la rigueur
^^^H
^K t'eipliquer par « de soi *, mais
Unaiement 16, 716, Sjj, lojy, ^^^H
^H tcable avoir plotAt le leiu du prov.
2707, d'une iaçon une. ^^^H
^H it st, ccnsifqucninent , aiusilfil
^^^1
■ aprts.
Teaos non ^39, Sçjf. 898, 900, \^ ^^^|
^K^wvMoa 4$), soveaaa 188, 1780,
9'Ji 97J( ^^\°i i'" moins. ^H
^^f Ui^' 3" moins; Duz, Etjm. Watt,
vedvée 791, devenue veuve. ^^^H
^H U t TtAlTS.
vlaiUes 19a, les organes essentiels ^^^H
^H ilors 1093, scieurs de blé; voy.
la ^^^H
■ Liltré.
viaa 4}6, 617, 671, promplement. ^^^H
^H dvre 12a, iad. prêt, oefolt if6j,
Diez, Etjm. Watt. U t. ^^H
208 p. MKYER
Le bc-sini9< joint i la présente publicalion reproduit In deoz iern'itttt
pages de Ij vertion du Dtthgiu avec U date, transcrite ci-detsss p. 14e, de
cette partie du iiis. Cette date est ècrKe ta TcrmilloD. H a (i^ txtcmti H y m
HtKlquts annca pour l'École dn chartes, et psb'ié dans le premier tascicoledu
Attiui/ Jt fttc-simiUs de celle ^le iParis, Picard, 1880). Noos avons va pins
haut, p. 1 {o, que dans ta vers'on du Dniogat ]e\ mot* satA poumis d'accents,
les UQS noirs, les autres rouges. Les murs paraissent avoir été écrits par l'écri-
vain, en mime temps que le texte, avec l'intention de marqner i< les toniqses,
2' les I. Mais bien souvent ils font défaut dans Ton et l'autre cas. L'additkn
d'accents rouges parait avoir il^ le résultat d'une révision qui ne s'est pas
étendue i U vie de saint Grégoire- Le réviseur paraîl du teste avoir dépassé la
mesure et mis des accents là o& il n'en fallait pas, Pour aider le lecteur 1 dis-
tinguer les accents noirs des rouges, dans le présent (ac-sinilé, — les premiers
ressortant en général beaucoup plus nettement que les seconds, — je doatierai
ici quelques indications précîies sur l« premiers cl les derniers vers reproduiu :
il la première colonne, ont des accents noirs ; v. 1, pisrdont, loz, fiur ,- v. 3.
Dtiu, faa ; v. j, na/i (l'i), don; v. 4, âlncàs (le premier T) ; 1. (, dut. Ont
des accents rouges : v. 1, a, lot; v. a, car, rtctii (deux), nai; v. j, miii {Vu),
ogtriun Ideux) ; v. 4, âinctu (le second 1), maatalial. paît: v. \, ^lur. t, raa-
eant, € ; V. 6 ei 7, tous les accenu sont rouges. Voici maintenant pour les
quatre derniers vers. Accents noirs : v. 1, tous ceux du premier vers: v. a,
joare (l'âf, etotslner (les deox, le second a élé repassé au rouge) ; v. ;, Dtas
(i'et ; T. 4, loie (le second i], idat. Rouges : v. 3, un.-, j9on (Pi), oofors;
V. ), Dtut (l'u ou l'fl, tttstmHt, th, amt'tnt \\'m) ; v. 4, M, /'où (le premier i),
ou, ronl.
Je ne puis entreprendre ici une étude sur l 'accentuation du ms. d'Angier.
Cette étude, en effet, devrait porter bien plutôt sur la traduction du btaiogue,
dont je ne m'occupe pas présentement, que sur la vie de saînl Grégoire. Je me
borne à rappeler qu'un système beaucoup plus régulier d'accentuation a été
observé dans le Psautier d'OxFord', dans l'ancienne traduction de Marbode
tBibl. nat. fr. 14470)', et dans li traduction limousine des chapitres Xltl â
XVII de saint leaa 3.
Paul Heyer.
I. Voy. Brachct, Rty\u c/irifiu, i8;o, II, au.
1. Voy. Panoier, Lu hpUairtt franimt [Bihl. Je l'Eeolc des Hautes ÊtuJa,
tasc. 1,11), p. 29.
î- Vojr. Bartsch, Chrtst. pror., 4* éd., p. 9, eC mon !U<a<U d'aocUns ttxUs,
p. ja.
DES AVOCAS
DE LA JUMENT AU DEABLE
DE LUQUE LA MAUDITE
TaOS DITS TIRES D'UN NOUVEAU MANUSCRET DE FABLEAUX.
•
Parmi Ws nombreux manuscrits franç^'s de la collecrion Hamilton,
aqoise derniêremem par le gouvernement prussien et déposée aujour-
i'inii au cabinet des estampes du musée de Berlin, il en est un. un ms.
de faUeaux, (]ui a été à peine sif^nalé dans les anicles rebtifs à la vente
Hamiiïon, « qui «pendant mérite toute notre aiientJon : les fableatix en
rfei, outre qu'ils ne nous sont parvenus que dans un petit nombre de
miaincrits, constituent la partie la plus vivante et une des plus iméres-
snies de la littérature du moyen âge. Grâce à l'obligeance de M . Eugène
Wolier, de Berlin, nous avons pu obtenir une description de ce ms. et
ta copie des pièces inédites qu'il contient. M. Ad. Tobler, que nous ne
saurions trop remercier, a bien voulu re\-otr sur le ms. l'épreuve des
mtes que nous publions plus loin.
Le ms. en question porte le n" 4^9 janC- in) ^^ '^ collection Hamil-
ton i il a été écrit sur parchemin dans la seconde moitié du xiii" siècle '
et mesure H'^"" sur 21^. Le ros. comptait primitivemeni 91 feuillets,
mais il n'en a plus aujourd'hui que 64^ les feuillets 0 à 82 manquant.
Chaque feuillet comprend 4 colonnes, 2 au recto. 2 au verso, chacune
de fo vers. Le ms. n'a ni rubriques ni miniatures ; les lettres initiales
même doivent être suppléées. La reliure, en velours rouge, porte au dos
ce titre: w Fabliaux et Poésies des xii-xin siècles. » Ce ms., avant
iPentrer dans la collection Hamilton, a sans doute appartenu, dans les
I. Vue des pièc« publiées plus loin, le a" II, fjit illusion i des événements
de i]]9. doat ie poeie a p«uuMre emprunté les (lémcnls historiques à Albé-
ric de Trois-Footaincs.
KemaMia, Xli
M
IIO C. RAYNAUD
taupe JBcâeas, i on chanome de Langres, un certain Estienne Jac<^j,
liasi k Dooi se Ut au ver» du feuillet 88, et â une époque plus moderne
as tHb6<^)faife sir Francis Douce, qui a placé en léte une assez longue
notice, qualiSée par lui-même de •< tolerably accurate account. »
Les pitees contenues dans ce ms. sont au nombre de 40 \ ce sont
poor ta plupart des fableaux déjà publiés; quelques-unes cependant
étaient jusqu'ici inconnues et inédites. Nous imprimons plus loin trois de
ces pièces qui ne sont pas des fableaux proprement dits ; les autres, au
no^ire de huit, trouveront leur place dans l'édition que nous donnons
en collaboration avec M. A. de Moniaiglon >. Nous joignons 1 ces trots
pièces des notices et un glossaire.
Noos croyons utile aussi de les faire précéder d« la taUe détaillée du
ms. auquel elles sont empruntées. Nous donnons donc ci-dessous la liste
des 40 pièces du nu. Hamilton ; nous restituons leur titre aux fableaux
défi connus, nous en attribuons un À ceux qui sont inédits, et dont nous
donnons alors une coone analyse. Quant aux pièces déjà imprimées,
nous renvoyons à noire R€ciieii pour le détail des éditions précédentes ;
nous ne citons Barbazan, Méon, etc., que lorsque nous n'avons pas
encore publié les fableaui en question.
I. — Fol. 1J-2J. [Le dit des avocai ef des notaires], pièce publiée plus
loin sous le nM ; voyez ci-après b nodce et le texte.
II. — Fol. id-^d. [Du Vdain qui conquis! paradis par plati], fableau
publié dans notre Rttuetl, III, 209-314^ voyez tes notes à la fin du
volume.
Ul. — Fol. îJ-4C. [U> riche quens d'estrange terre
Aloii par le pais pour querre...
\fiii] Plus hardi barat et plus bd
Pisi ceste : \t U doing(e') l'and.
Nouvelle version du fableau Des Jll. dames qui trouvèrent Panel, publié
dans notre Reateil, I, 16S-177; voyer les notes. II, 198-299. Il s'agit
toujours de trois dames, qui, ayant trouvé un anneau, s'engagent à l'at-
tribuer à celle d'entre elles qui aura fait te meilleur tour à son mari. Les
redis des trois aventures diffèrent dans les deux versons, tott dans
l'ordre suivi par les narratrices, soit par le fonds même de l'histoire ; ces
deux versions ne semblent pas non plus se rapprocher d'une troisième
rédaction fournie par un ms. de Genève» et où nous voyons intervenir
I . Rrcut/ gif-irâl tt tomphl dts Ubiùax 4(i Xllh tt XIV* siiclei^ imprimés eu
iiUiU, fëiltti itu nota tt icriàiiies idpùs la rnanascnls, j>ar A. de HonUt-
ghio M Uattoo Rayuud, 4 vol. in-S», i87i-i&iti {U (in<iaitm soai pttut^ ta
mtut J uunt),
I. Eua^ne RitUr, S>Akt Ha m. 17^ hîs dt la Mlhtlàiiu dt Gtnhn^ dans k
AUMj4 4i U StiiM du <tmm ttxtu Jraaiùt, année 1S77, p. S9.
TROtS DITS i I I
mtabbntc qui n'existe pas ailleurs. Nous publierons la version du nu.
Kmilion dans le tome VI du Recsuit générai dts fabliaux; celte version a
pOBiiaeur Haisll, irouvère déjà connu.
IV. — Fol. 4C')C. [Du Hrestrt qui ot mère a forct],hh\t3U publié dans
notre Rtcaàlt V, 14)-! jo ; voyez les noies i la fin du volume.
V — Fol. jc-TC. [Ik sire Hjin el Je liante Anieiue], fableau de Hugues
Pt^ucELE, publié dans notre Rtcueil, I, 97-1 1 1 ; voyez les notes, 11,
I90.Î91.
VI.— Fol. 7<f-iorf. [Le chevjUer qui faisoif parler tes cas ej Ui eons],
Uksu de Carin, publié parBarbazan, III, S^-i 13, par Méon,III, 409-
4!'', n abrégé par Legrand d'Aussy. La fin semble ici un peu dîtTéreme
daienede Méon.
Vil. — Fol. lod-i là, [De C^jmbert et des .n. clers], fableau de Jean
DE BovES, publié dans noire HtciuH, I, 218-244; voyez les notes, 11,
^W-]0^. Une autre version de ce conte se trouve plus loin sous le
Vin.— Fol. ti^-i]c. [Du vilain Mire], fableau publié dans notre
!**««/, m, ii9"'69; voyez les notes à la l'm du volume.
IX, — Fol. I îc-i s<t- l'il est bien droiz que je retraie,
L Puis que nus hom ne m'en délaie...
F (fia) Mes que du presire fust vengié;
Or est de H bien estrangié.
Ceâbleau du Prestre latnt n'éuïi jusqu'ici connu que par son titre, cité
Ja» CoantbtTi ^Recueil, V, 1601, autre pièce du même auteur, Cautiek ]
c'est une version allongée du Presire eruci^, publié dans notre Rtciuîl,
K i94-i97 ; voy. les notes, 11, 298-299. Dans cette nouvelle rédaction,
V ressemble de près i celle de conteurs italiens, un prêtre est forcé,
pDw éviter la vengeance d'un mari jaloux ei complice de sa femme, de
tt jeter dans un bain de teinture. Le mari feint de prendre le prêtre
iiosi teint pour un Cbiist de bois, qu'il s'apprête à chaputscr de la belle
bçoo. Le prêtre n'a qoe le temps de fuir. Nous publierons ce fableau
dût le loflw VI du Retued g,éMral des fabliaux.
X. — Fol. i^rf-rSi, [De Piramuj et de Tisbé], imitation d'Ovide,
pûb&ée par Méon, IV, {i6-n4-
Xi. — Fol. i&/-i9^. [Da VaUet aax .xii. famés], fableau publié dans
notre Ratxeil, lit, 18^191 \ voyez les notes à la fin du volume. La fin
iirs ce ros. semble un peu différente du texte publié.
XII. — Fol. \<^'izb, [Du Bcachier iJMf>i;riir], Eableau publié dans
aoire Rtciteil, III, 227-246 ; voyez les notes à la fin du volume.
XIII. — Fol. iih-i()C. [Du Segreiain moine', fableau publié dans notre
Kttatit, V, 2 1 i-242 ; voyez les notes à la fin du volume.
XIV. — Fol. iCtc-ija [De celle qui se fist foutre sur la fosse son mari].
Jll 0. RAYNAUD
^liédans notre Rtatâl, IH, i)8-i33 ; voyez les notes à ia finda
volume.
XV. — Fol. 17 fl-iSrt. [Du Petchtor de Pont seur Saint], hbleta palXii
dans notre Rtcutit, MI, 68-7; ; vojrcz les noies à la fin du volume.
XVI. — Fol. îSa-îic. [Da Vilain àc Bailtiut], fableau de Jeah db
BovES, publié dans noire ReauH^ IV, 2i3-ai6; voyelles notes à U tin
du volume.
XVII. — Fol. 3ÏW-acM. [Du Couniteas tt de t'Envieus], fableau de
Jean de Boves, publié dans notre Recueil, V, 210-214; voyei les notes
à la fm du volume.
XVIli. — Fol. 2^-iod. [Du Chevalier a la robe vermeille], fableau
publié dans notre Rf£urt/, III, î 5-45 ; voyez les notes à la fin du volume.
— On tii dans la notice de nr Francis Douce : a A separaie Ms. of il
with a beautifut miniature apud F. D. >
XiX. — Fol. ioit-i id. [De la Jument au deabie]^ pièce publiée plus
loin sous le no 11 ; voyei ci-après la notice et !e texte.
XX. — Fol. îid-îî6. [Oh Vilain j ta eouille noire], faWeau publié par
Barbozan, II], 118-114; Méon, III, 440-444. Ce fobleau sera publié
dans le tome VI du Recaeii général des fakiawx.
XXI. — Fol- ) JC-î4(i. \De la Borgoise d'OilUns\, première version de
ce tableau publiée dans noire Recueil, I, 1 i8-i3) ; voyez les notes, II,
291-393.
XXII. — Fol. }4d-}jt. [V]03 qui fableaus volez oîr
Peine meier. a retenir...
(Jïrti Ce est In fin de cesie fable :
Trop fu ceste famé deable.
Ce Tableau, qu'on pourrait intituler De h dame ijui conchia U chevatîtr,
rapporte l'aventure d'une dame, qui, froissée par son amant, s'en venge
en lui faisant craindre d'être surpris par son mari. Cette pièce sera
publiée dans le tome VI du Recueil général des fabliaux. On peut en rap-
procher le conte des Deas Changeors (Recueil, I, 24(-aî4J.
XXIII. — Fol. Î5t-î7c. [De pleine Bomse de sens], &bleau de )eah
tE Galois, publié dans noue Recueil, 111, 88-103 ; voyez les notes â la
fm du volume.
XXIV. — Fol. }7c-4ib. [U Chastelaine dt Vergi], roman d'aventure,
publié par Méon, IV, 396-126.
XXV. — Fol. 4i^-4;j. [De la maie Dame], febleau publié par Méon,
IV, ;6)-}36, et qui sera Imprimé dans le i. VI du Recueil.
XXVI. — Fol. 4)it-4{C. [De la Ûamoiselle qai ne pooît oir parler de
fotttre], fableau publié (iins notre Hecatîl, III, 8t-8j ; voyez les notes i
la fin du volume.
XXVII. — Fol. 4îc*48d. [O'Auberét, la vieille ma^iaerelle], tableau
TROIS DITS 3 I 3
publié dans noire Recneil, V, i-ii ; voyez les noies â la fin du volume.
XXVIII. — Kol. 48^-4911. [De Gautrron et de Nanon], fablcau publié
diQiDoire Htcueil, III, 49- jo; vo^e?. les noies â la fin du volume.
XXIX. — Foi. 49J-joa. [0]r escouiez sanz fere estrif.
H se fu ja .1. fol chcitif...
ifi") Qï'" "**s '"^ **'"' dc>*ier :
Je ne vos sai mieus definer.
Ce bbltiu en l'histoire d'un Vtlaw ijui donne tcn amc au diable en échange
dE 11 richesse et des plaisirs qu'elle procure. Avant de le laisser mourir,
le diable prend l'engagement de prévenir plusieurs fois le vilain, qui
l'tflorccra alors de mieux se conduire. Mai& l'amour de l'argent est le
plBiwt', le vilain meurt impénitent et le diable emporte son Ame. Cetie
ï^ce, qui semble être d'un certain Richart Bomer, sera publiée dans le
^t•« VI du Recutii ginèmi des fabliaux.
XXX. — Fol. joa-jof [n]e trois presires, voire de quaue
■ Nos dit Hai&iaus por vos esbatre...
F \fiii) Sovemes foiz avient a coun
Que tiens ne pèche qui encourt.
LeûUeau Des Alit. prtsuts est, comme le n" 111, l'œuvre de Haisbi,,
■jvi nous donne ici une nouvelle vcr^on du conte que nous retrouvons
<b« les Troit boç\it de Durano (^Recueil, I, ij-2î). Une femme est
We de trois prêtres-, le mari jaloux les lue. Embarrassé par les
f^vrei, il charge un ribaud de les faire disparaître successivement,
nUlabanl croire qu'il ne s'apt que d'un cadavre, qui retourne ainsi
jv deux fois à sa prcmi^c place. Sa besogne terminée, le ribaud voit
*n'r i lui, vivant cène fois, un quatrième prêtre ; le ribaud croit encore
'iwaflairc au même prêtre, revenu à la vie ; il le prend et, en voulant
te ifcer, »e précipite avec lui dans une carrière. C'est ainsi, nous dit le
potie, qu'on est souvent puni des fautes qu'on n'a pas commises. Ce
ttfaii sera publié dans le t. VI du Recueil générul des falliaax.
JtXXI. — Fol. ioc-jid. [Lt Mtunief tS lei deus cUrsi, fableau publié
dbttMire Htcutil, V, 8j-94i voyez les notes à h fin du volume. C'est
Me autre version que celle qu'offre plus haut le n" VII.
XXXII. — Fol. i3ii-jîa- [iutfue U maudite], pièce de Bourdet,
ateur jusqu'ici inconnu, publiée plus loin sous le n" 1 1 1 i vo^ez ci-aprês
Il notice et te lexte.
XXXItl. — FoL 5i<ij }c. [Jjadis avint du chapeldn
Qui ne fu ne fous ne vilein...
ifin] Ex fere soupes d'auîre pcin :
Si fu servi le chapelein.
Ut jeune clerc fait croire à ce Prestrt voU de son oie que durant son
214 f^- R*yî'*vD
absence son souper a été mangé par le Christ de son crucifix. Ce fableau
sera publié dans le tome VI du Ruutil finirai des fabliaux.
XXXIV. — Fol. sjc. rU]n prestres amoit une dame
Qui d'un chevalier estoii famé...
[fin] Par ce vos veut Haisiaus momrer
Qu'il se fet bon de toi garder.
Cette petite historiette, œuvre nouvelle de Haisbl, peut s'appeler le
Prestre a le bélier. Un bélier, se croyant provoqué par un prêtre qui
hochait la tète, se précipite sur lui et le tue ; il " fet bon de tôt se gar-
der, » ajoute le trouvère, qui semble n'avoir raconté ce fait que pour
amener ce proverbe.
XXXV. — Fol. sîc-séd. [Us Proverbes aa W/jin], publiés par Leroux,
de Lincy, Le livre des Proverbes franfais. II, ^76-184. La pièce est
incomplète dans noire manuscrit ; il y a une lacune après te vers :
En ne prise pas home.
XXXVI. — Fol. Sia-B^a. [De Narciius], récit imité d'Ovide, publié
par Méon, IV, 14Î-17S. La pièce est Ici incomplète au commencement j
elle débute par le vers j 1 9 de l'édiiion Méon :
L'cve li chiei aval la face.
XXXVII. — Fui. 8iii-86d. [De la Vielle truande], fableau publié dans
notre Rtcaeii, V, 171-178 ; voyez les notes i la fin du volume.
XXXVIII. — Foi. %6a-SS(. [De Baràt et de Haimet ou des Trois Lar-
ronï], fableau de Jean de Boves publié dans notre Recueil, IV, çî-r 1 1 ;
voyez les noies à la fin du volume.
XXXIX. — Fol. 88C-88J. [U]n prestre maneit en Chanein.
S'amoit la famé a .1. vilein...
\Jin] Chascun d'eus acheta moût cbier
Cil son déduit, cil son mengier.
La femme d'un vilain est aimée d'un prêtre ; le vilain creuse une fosse
où tombent successivement un loup, le prêtre en question et la servante
envoyée â sa recherche par la dame ; le vilain alors, donnant à chacun
son ioier, tue le loup et chasse le prêtre et la servante. Ce fableau très
court du Prestre et du Loup sera publié dans le tome VI du Recueil giné~
rai da fabliaux.
XL. — Fol. SSd-gid. [Florence et Blanchttîor], roman publié par
Méoo,IV, ïH-î6s.
I.
Le dit des Avocas.
Cette première pièce est la seule qui dans le ms. porte un litre, écrit
TROIS DITS ÏI5
<h rwte i une époqiw Fostéricure à celle où a iié copié (e ms. : <- le
dit dc5 avocas et des noiaîres. " C'est une violente satire contre l» rapa-
àé des gem de robe, ancêtres de Paihelîn. On y remarquera que !c
potle, contrairemem à l'usage de ses confrères, y prend le parti des
Tîtains. Ce qo'lt fiit dire à leurs ennemis de la chartre qui les condamne
i peiner sans rcl&che y. ; t9) semble se référer à quelque pièce facé-
ùuse dans le genre du u calendrier au vilain » qui forme la seconde
partie du Dit de Matazone pubW récemment par Paul Meyer dans la
Amukû (I. XI), p. xo-24).
P
[D]e beaos nos conter et de dire
Ne le doit nui hoixii etcondire;
Eoceit i doit tnelre s entente,
El mponrqtianl ne fié ne rente
N'a p» chascun pour estre obeos. {
Tiex serort de irover voiseui
Se de K)Q vitre ne joignait ;
Ne troveroit qui l'enieignast
A trovrr belet entreiures :
Se il avoii bien ses droitures, 10
MoaT savTOÎt fere de beaus contes
Povr dire devaol rois et contes.
N'est pas pour chose que me vanl,
Mes vas orrez bien ci avant
Dont |e vei dire et de quel cas : 15
Conier rot veil des avocas,
Do procureus et des notaires
Et de ceus ijEii ne pnveni ggeres
Noie gent i'et» oieimes ooo.
(Jni avocas les biui a non, ao
Koot les apela bien par foi,
Car il oc portent noli foi
En pies que chat a fr^s fromage.
Ta avroîe meint tesmoignage,
S'on m'en voleit courre a la loeiit. j^
tan senont .1. home a demein,
El 1) entre dedcni tour marches,
Assi bien le vendroit de mâches
Courre tus et escervekr ;
Kon ne le puct mies aïolcr p
Que de fere Kinondre a court,
CJr sachiez, hom le tient si court,
Qunt il ]\t\ TÎeal isii tentlant
Qne cbascun li fel entendant,
tll] leur a u leson dite,
Qn'il (r]en feront aler lot quile.
Einii asoteni nieint prodome
Et funt pledier ,1 Reins, a Rome,
Et par loles les evesquies
Font aler lettres et copies, 40
Semonses et peticions,
Causions et posicions.
Il ne se sevent pourpenser
Comment il puisent liesbourser
L'argent des bourses et des malcs. 4J
Sachiez, nieintes pirrollei maies
Content li clerc et font escrîre ;
Mes (il n'ont pas talent de rire
Cui il convient l'argent paier.
Se chascun avoil monnoier. {O
Qni li (orjast monnoic nueve
Et donjsl chascun qui li rueve
Argent pour sa besoigne 1ère,
S'avroit il certes trop a fere,
Qui les vodroit servir a gré. j^
Ne sai s'il m'en saront mal gré,
De ce que je pirroil sour sus :
Il m'ont fel peines et travaus,
Pour ce m'en sui ge entremis,
CiT g'i ai de mon argent mis, 60
Dont j'ai le cucr enllé et gros.
Je ne vcil mie dire en gros
M.1 rcson ne toi mon afcre,
Mes se nus » jiitlours a fere,
Si voist errant en sa besoîgne, éj
Ne le lest mie pour vergoigne,
Et je diri ja lot a irel
A cens qui tunt pr^ de mt tret
Comni<*nl il euvrent, li traître,
Ja n'tert l'achesoo si petite
2 là G. RAYNAUD
Dont il ne facent .i. grant plet
Soit de parole ou de dit leL,
Soit d'eschaance ou d'eritage,
Soit de desfere mariage,
Od soit de note tresalie, yj
Soit de tenchon oa de merlée
Ou soit d'nne buffe donner.
Taotost convient abandoner
Sa boarse chascnn qui i plede ;
Hon les doit miez haïr de feide 80
C'on ne fet autres mauleiteurs,
Ribaos, bouliers ne haseteurs ;
Ne sunt si aspre ne si aigre.
Ja tant ne verront la gent megre
A la court venir por pledier 8}
Qu'il ne facent errant vidier
Lour bourse et raler desconfit ;
Et cil n'i aront ja profit
Fors anui et duel et pesance ;
II funt chier tens 3 meinte pance, 90
11 ont meint povre home afami :
Bien doivent estre disfamé,
S'nns hons n'avoit c'un seul denier
Ou dcus, ne le porroit noier
Qu'il ne li tacent lors saillir ; 95
Moût les sevent bien asaillir :
« Cha, I funt il, f desliis vo[s) bourse;
Ne fêles pas chiere rebourse ;
Fêtes errant et sani rebrois !
— Sire, foi que doi sainte crois, too
J'ai ore moût petit d'argent :
Par foi, nos somes povre gent ;
Sire, tenez .xii. deniers.
— De ces irai ge as poisoniers, •
Feit li mestres, * a mon disner I 10 j
Certes or se doit hon pener
De vo(S) besoigne et mètre poine !
Entrez soit en nale semeine, >
Feit il, ( qui ja les prendera,
Ne qui jamès s'en mellera, * 1 10
Fet cil, t de vois) besoigne fere I
— Sainte Marie debonere î
Con vos par estes anoious !
— Moût fêtes ore le pitous, *
Fet cil qui le prent a hoquet ; 1 1 {
• Gardez as pans de vo(s) roquet
Se vos troverez nule chose. >
Et cil qui desdire ne l'ose
Li montre tantost sa chemise : 119
f Sire, > fet il, t par seint Denise,
Je n'ai plus denier ne maaille,
Et si ne sai comment m'en aille
Qu'encor sut ge a desjuner ;
Traveillier m'ont fet et pener
Ces gens a tort et sans reson ; 1 a }
Je ne lessai en ma meson
Pein ne argent, par saint Thomas,
Dont je sut moût dolent et mas.
Sire, l'ai .m. enfans petîs;
Chascun est povres et cheitis. 1 jo
Sire, por Dieu ne vos poist mie :
Je ne lor lessai de pein mîe,
Par les sains c'on proie merci.
Si m'en laist Diex aler de ci
Que je n'aie le col rompu ; 1 j j
Et si me sunt tôt derompu
Mi soûler, enpirgne et semele.
— Vos me servez de la favele, »
Fait ii avocat, * beaus amis ;
Vos m'aviez si bien promis 140
A paier et fere mon gré ;
Bien voi que n'en avrai ja gré
De chose que face pour vos ;
Gardés moi en ces girons tos
Tant que g'eûsse .zz. tornois, 14}
Ou, par les seins de Vienois,
Je lairé vo(s) besoigne ester.
Moût covient ore despDter
A vos ; ausi est ce a chascun
Qui céans vienent de quemun : 1 jo
Quant hon a leur besoigne fête,
N'i a celi qui ne se guete
Et ne face moût le destroit ;
Moût tienent lor argent estroit ' k.
En rigoz et en gaheaus ; 1 { j
Tiex I .11. ou .III. noisiaus
Qui raout par fet le meschevé.
Meinte foiz l'avon esprové,
C'est la costume a tote gent.
Fêtes, ateigniez cel argent .160
Dont vos avez .11. neuz ou trois.
— Sire, foi que doi sainte crois,
9J cuns sens — 106 or le — lag je ai
i/S
180
TROIS
b t'ù ^8t denier ne monnoie-
Cb^Mt *ot dont que )« te note?
. N«i(t|, par saint Lcu de Orcazi i6j
' ~~- Vm ne gabei, par saint Loreiw ;
*ÏVdp me ien« bien por (oubert-
""— Biioi doui we, psrsiint Lamhert,
*^>rgn4n'en poez plus avoir. 1&9
^Cjba me voj ? — Atnz voî di voir.
"~~ CwaiBeat I si estes si pris pris f
*^*f (bi, or m'awT bien aprts
^^jCfedoi une autre f<>i2 fere.
•^Vlei : «« n'avcj plut que fcre
^^eut, le v(H im. voisl uote;
^Téi. par sainte Bride d'Escoce,
ï»ie foi que je doi tote cent,
^ vos teveoez sanz argent
Et nn moi ne vos apotez.
Vos sera «ont mal avoiez. t
Eiitti unt povre geni tané
Qui a la court lunt ajourné :
U ans demande argent des sains,
Foi que le doi Dieu et tous uins,
I Et ti antre de son libelle. i8f
£tiis) par la coun merlle merlle
St debateni, crient et breent.
Fi In povres gens moul t'esmotent
Qot les chieres en ont reboitrses ;
SoHiU netent U mein i\ bourses 190
Poir Tarfcnt sachier et ateindre.
U ntre oc te veulent feindre,
Dtuusqui se siéent amont :
Ropr^i aval et amont
Ceu qoi leur vienent a offrende ;
h A. note de jour demande
ît II aitre noie d'atente.
Mnitefl a cfaasctin bone rente
Qti lie cei ncrir. «e îunt mètre,
Cir il tt fual Rieinl denier nesde,
Li tiWiKins et 1) aatre,
^' M siéent l'un dclcz l'autre.
itToi rêvent au leelleur :
^mil> c'est une grant doleur,
19s
159
I W vos dirwt n»ol 4 mot.
I deneitient grant halimol
A « fhanrei enweller ;
uJftai Iti wvem bien chier saler,
gf «re et vendre au seel (erc ;
< i fint crier et brere
loj
l'I
130
DITS 217
La povrc genl a rachater.
Moul doit hom les pleiz redouter
Qui n'a denier a grant foison :
Nuî n'i puel trover acheson
As nmair» n'as avocas
Qui plus sont cngrts que li chat
Ne soit fameilleus de let boi»re.
Metote pafroile funl acroire
Li avocas.li procureur;
Sovcnl mclerrl a grani erreur
La gent de pledier et en peine;
Il Tunt bien une carantcine
.II. jours durer, votre aies plus,
Qu'il sevcnl bien qu'il .iront plus
D'argent quant plus dure li plis. Il(
Cis usages est trop mauves.
Car il funt grant pccbié mortel :
Miex lour vemtroit prendre a l'autel
Nostre dame sainte Marie;
Car il i vient meinte esmarrie, ijo
Mcinte povre personc mate
Qui n'avroit meslicr de barate
Ne de li fere iravcillier.
Certes muut me puis merveillier
Comment il osent si pris prendre i;}
Un povrc liome qui n'a i^ue tendre
Ne que prendre ne que saquitr;
Moût tosl li oui fel esloquier
Sa jornée dont il doit vivre.
Il en sunt meinte foiz louz yvre,
Li avocat et li notaire;
Meinte espicc qui soct flere
En usent et tncint gingenbraz.
Dont il ont mojt petit les bras
Traveillieï ne d'ovrer lassez.
Je n'avroie jamès assez
Rien lor vie dite en apert ;
Je vos di chascuns s'ame pcrt
El ch:ice a granI destrucion
Tout par la bonc livraison
Qy'il veulent chascun jor avoir.
Cil qui cuident le plus savoir.
C'est cil qui plus se dampne a l'ame,
Car il funt plorer meinte lermc
[Al meint preudome cl meinte famé.
"Ti» labeure sa terre et semc 2j6
Dont il recevront les deniers,
Et tunt encontre parchooien
140
^4Ï
aSO
^^^^JiS
B. RAYKAUO
■
^H Por assez petit dr scrvise ;
El 11 me raquita mon gage
ioi ■
^^Ê Tiu est d'avoir maïunt tl riche
lâo
Que j'avoie pour mon «stage
^H Qu'il ont lost mis a povreté,
Lessii sire Auberi mon oste.
^Ê
^^M S'auqu» tie (<rt inur volcnté;
Met compains. qut 1^ rnoï encosie ^|
^H C^uJinl il l'ont enir'eus Koilli,
Soeii, en avoît tel leece
^1
^^1 Mctnl denier en ont recoillt,
De la dolour, de la tristeoe
jio H
^^1 Des bonet gens por qui il pledeni
;.
Ou li vilein fu enbatuzl
^^Ê Sachiez bieo de tin «fu'il i ardent i66
Miex fui vengiez que se batnz
^^^B
^^Ê Qu'il en prennent bien lor salaire
>
Eûst esté jusqn'au cbier.
^^^1
^H la ne sera de si mal aire
Einsi les doit bon chastîer
^^^H
^H Qu'il ne le ricent airier.
Et mètre a point, la vilenailk.
IM H
^^1 Oj- me convient il reperîer
176
Voire par Deu, se je baaille
^^1 A autre chose dont il servent.
Et il me regardent sans dire :
^^^B
^H Par Dieu qui me fist, il desenrent
t Dici vos saul et beneie, sire ! :
^^^^H
^H Moût soTent c'on leur feist honte.
Maint en ai pris a acheson
n^^l
^H Se vos voleit que ge vos conte
Que je en la plus fort seson
JiO ■
^H Plus avant de leur bone vie,
Ï7Î
Les ai ge fet a Reins aler,
^H S'aiez de l'escouter envie.
Les mons el les vaus avaler
^Ê
^^1 Et je vos dirai meint mot bon.
Par mt pluie, par mi orage :
^^^H
^^M Quant il lunt au feu de charbon
Ce sembloienl bome sauvage
^^^H
^^B Asis par grant folivet^
Quant il venoieni il croiil
jjfj^^B
^H Et il ont a lour rolenl^
180
— Je n'avroic jamès conté
^H Assez et beQ et mendié,
Ce que j'ai braci et osrdi, »
^^^1
^^M Dont suTil duremmt Icdttigri
Fcit !i autres ; • m^ or rae di
^^^H
^H Li prodome laboreûs
Quant fet il meillor esvdllicr
H
^H Des jvûcaz. des procureurs.
Le vilein por li traveiJIier,
no 1
^H Pet )i .1. : ( L'aulrtijefr] je dbnoie
Ne quant puet il ptus peine avoii
■
^H En .1. lieu vers Aîllï sour Naie ;
ii6
— Par foi, je t'en dirai le voir :
^^^M
^H La fui ge trop bien abcvrcz.
Entre Noël et Chandelier
^^^H
^^M Tant que je f\i\ touz enyvrez.
La plus fort semeine etpier
^^H
^^M Dont commençai meintes parrolles
Doit hon por le vilein taoerj
î»^^J
^H A dire qui esioient folles ;
290
Dont le doit hoo fere ajomcr
^^^H
^^^^ Mes osles qui en ot engeigne
La ou quide unz nul resorl
^^^1
^^^^^^B
Qu'il doie fere le plus ort. "^1
— Mestre, lavez vos ou c'est ore ? ^M
^^^^ A bouttr hors de i3 meson.
^^K Moût fui liez quant foi acheson
— C'est en Borgoigne, par sctnt Joire, ^|
^^Ê De lui fere ennui et contrere,
î9i
Ou 11 chemin suni enfundré;
J4> ■
^H Car je li fis ifi hueseaus trere
La doit on le vilcio gorré
m
^H A Seint Julien a Pans,
Envoler pot le chemin bstre.
^m
^^Ê Dont il devint tous esbahïs.
Certes hom doit le vilein natre
^M
^H Quant il s'oî la envoier,
Fere tout le pis que hom puet.
Hi^B
^H 11 n'ol talent de lui joier,
;oo
— Vos dites voir, il li estuet
■
^H Einz fist semblant de pone quite.
Qu'il ail assez peine et tormente
■
^^1 En(«is que li clamaiic quite
Ce li a Di« doné de rente
■
^H De ce qu'il m'avoit ledengié.
En cest siècle, et si en ont charlre ; ^|
^^1 Ot il mon escol alegij.
L'en doit les ors vilcins bien batre,
■ no ■
^^^H 3&6 souz
■
^^
J
TROIS
— Tfa loi, matn ms« le noifnl!
Que tel u ijuei geot ci nos oient ? >
Fff II antres, t ta diz pechié.
— Non (aiz, car il snni eniechié
De loie vilinie et plein ; j i j
Il suBt trop de auuvit pelein.
Et fde»b et aboutit.
Quni li nieins est aisitz,
Nnl ne le porroit apaief
Ne a nul i>itit kre ivoter. )€o
Mes que ce foxt biea de ion tort.
Trop sunt feletiis et entort
Et de pute coroie cetnt.
Diei loar envoit tout le porcheint
.L oui c'en apfle la cengle! )6{
Trop fct bien (]ui les vileins cengk
D'nn buton quant it li Ritsfet :
Ne Kroit ce mic bien Hf *...
EMTS 319
Funt la penduaifle mavese,
Qui avroient mainte mal«e, 370
Se n'esloieni îi laboreur
Qui les incintiencnt a rnneur
El gaaigtient cf don! il vivent.
Ëinïi K moquent et estrîvent
De ceus qu'il ont nut et grevi; j?)
Dont De stinl il lanon prové?
OJI certes, encore pire.
Je ne vos vcil ore plus dire
De cest bbliaufx} des avocas
Qui pledent de meint mavès cas. jSo
Or m'en tcrai, que j'ai reson.
niex doint as boncs gens foison
De bien, et i|)l lour dolnt contraire,
S'il ne funt ce qu'il doivent Tere.
Ex pliai.
II.
[Dt U Jumtnî aa deable.}
La pièce à laquelle nous attribuons le litre qui précède est des plus
iniéressantes â tous les points de vue ; elle se rapporte  une croyance
tris répandue au moyen âge, i savoir que la prtsiretie (c'est le nom
qu'on donnait alors à la concubine du prÊtrc), en punition de son indi-
gnité ' , éiaii après sa mort changée en jument noire et chevauchée par
k diable. Notre récit nous transporte en Normandie; la nuit est sombre;
c'est l'hiver, il fait froid. Monté sur sa jument noire, le diable, sous le
aotnde Maquerel, se hâte : il veut arriver au plus tôt en Champagne au
jwM Winier >, où il trouvera une nouvelle âme de prêtresse à ravir.
ait la jument marche depuis longtemps ; elle se déferre et ne peut plus
aller. Maquerel ftappc alors it la porte d'un forgeron, qui, avec l'aide de
la fiemiDe, ferre à nouveau la béte. Obligé de dire qui il est et quelle
Ï^S Luiiiu aprU te ras.
I. Sur cette rndi);iiit£ de la prtstrttit, voy. l'article de G. Paris sur Wilhaon
de WadingtoB, Hai. Iilt., t. XXVIII p. 191. Notre récit (v. lôo-iTjldit que
h présence de la pnstmst à l'église u\\ perdre aux fidèles le bénéfice de leur
«eue. La «*rtie idée le retrouve dans Wadmniton el dm* un passage des Latin
Stohtt publiées par Tb. Wright |p. É7I.
i. Moot Imer, Moïmer, au]ourd'hui Mocit-Ajrmé ; les comtes de Champagne
rCDRstraisiral en laio un ehileau sur cette éminence (Pertz, Monum. Cirman.
'"trift , t. XXIll, p. 891}.
230 G. RaYNAUD
est celle iumeni, Maquerel décrit le triste sort qui attend les prêtresses,
qui ne peuvent y échapper que par une pénitence des plus longues
ei des plus pénibles.
Ce récit esi, au moins dans sa première partie, b reproduction d'une
histoire publiée par Thomas Wright dans ses Laùn Smrits. La morale
seule semble avoir été ajoutée par le poète français, qui d'autre part
doit avoir recueilli ce conte assez altéré dans les traditions orales. Voici
le texte latin :
De Sacerootis tornicaiua.
Contlgil in Angtid (;uod dx-mon in specie homtnis, sedcns sup«r jumentum,
venit nocte ad domum cujuidam labri, excitons rum ut lumenlum suum ierraret;
et cum cbvos in pedrm ferirel, exclainavit animal illud, dicens : t Leniler 3ge,
fili, quia multum me grav». * Qiio jtupeficlo et dicpntc : < Quis et ta? •
rcspondit : < Ego sum mater tua, qua:, quia (ucram saceidotis fotniaria, facta
som darmonis vtctura. • Quo dicto dispiruit cum unùte suo. Mento enim fuit
dxmonis junicntum, ijuod ad niodum vixii iumentorum. ■ (Th. Wright, Litin
Sloria, p. J7.)
En dehors du côté fantastique qu'offre ce récit, il présente aussi un
élément histonque qui n'est pas h dédaigner. Le poète, à propos du
mont Wimer, qui semble avoir été au moyen âge un lieu tout spécial
pour les légendes' et les hérésies*, raconte te fameux autodafé de
Cathares fait en 1 3 î 9 ' . Le trouvère n'oublie rien, ni la présence du comte
de Champagne, Thibaut le Chansonnier, et de plusieurs autres graiuls
seigneurs, ni l'intervention du moine dominicain, Roben, le grand inqui-
siteur, qui. ancien hérétique lui-même 4. brûlait ' avec la rage de l'apos-
tat ce qu'il avait adoré autrefois, ni le nombre des victimes, 1 80 environ.
C.
1. Atbéric de Trois-Kontainrs (Petti, Monam Germ Script., t. XXIH,
. 713-71;} fait tneniiun de plusieurs chansons de gnte uù il est quesUoo du
lont Aymé-
2. ùîi le X* siècle nous voyons app.irattre des Cathares «1 Champagne
iSchmidt, tiiil. il docU. J( /ii iidr thi Cathaui oit Alti^^eoii, l. t, p. }}, es
noiej; Leulard était de Vertus, et florissait vers l'an 1000. Voy. aussi uo leitc
cité dans Perti, l, VII, p. 226, qui prouve reiiMente en 1041-1048 de
Cathares dans le diocèse de Chllons, cl un passage publié par Martcnc, Ampliss.
tûittttiû, l. l, col, 776-777, qui représente le mont Aymé comme un foyer de
catharisine en 1144.
j. Voy. Albéric de Trois-Fonlaincs dans P«U, Mon. Gtm. Scri^., t. XXIII,
P- 944-94t-
4. Voy, Perti, loc. cit., p, ojô,
y M. Julien Havei a préciie l'époque i Fiffuelle la peine du feu a fié difini-
lîvement appliquée aux hérélitiuM iUthl. de 1 Ec. du chmis, t. XLI, p. i9i-
606I. Le texte d'Albéric de Trois- Fontaines qu'il cite lui fournit on de ses
arguments.
TROIS DITS 221
Ce récit diffère fort peu ' du lexte d'Albéric de Trois-Fontaines, ei il
concorde parfaiiement aussi avec certains passages de Philippe Mouskei>
et d'Etienne de Bourbon f, qui avait assisté en personne â cette terrible
exécution. Le seul fait que le trouvère laisse de cdlé est ce bmeux
combat de chiens, qui, accourus de tous cdtés, s'entredévorèrent
entre eux.
Mais s'il oublie ce détail, le poète en ajoute un autre qui a son prix
pour nous ; il nous parle en effet d'une iniaigmce de \o ans, accordée
par Roben aux assistants nombreux de cette exécution ; c'est là une
circonstance que nous ne trouvons nulle part ailleurs.
(l]t avinl ja en Normendie,
Por ce est reson que je vos die,
Une aventure mervcilleow.
Var nuit oscure et ténébreuse
Chevauchoit ,r. de ceus d'enter, j
Mis sa jument n'avoil nul fer,
Einz esloil lotc dciferréc,
QuVI n'ol pas eité enserrie,
Einz iert venue cck nuit
.Xxx. leues, cui qu'il jnuit, lo
El encor csloil loinx de |0r
Et de repos et de sejor ;
Si clochoit doulerouicment,
Ht cil deius iDOut ficretiient
Feroii jument des espetrons, i }
Et sachiez quepab n'esperrons
Que il la Yostsi depoTler,
Qu'il se volcit fere porter
Cde nuit |iisi)u'a Moïmcr
Qui jadis fu Montaigne tmer, lo
Or i est fermej! .î, chasteaiis
A merveilles et (ors et braus,
Desus celé iuutc monteigne
Qui est le conte de Champargne ;
Monz Moîmer a droit se nomme, aj
Du nom Imer, c'en est la somc,
Uns bougres que seins Auguslins
Chaçi par «oir et par mitins
De la terre de L-ombardie
Por sa très grant papelardic; jo
En cel mont dst cil sa meson,
Si orrez par quele resoa,
Et une \oi%t ou it boutoit.
Et moût grant entente inetoit
A enseignier iluec sa loi. ))
Si mena sa gent a bHloi
Tant que par lut et par ses ars
Furent puis .ix" , bougres ars.
Le merqueJi de Penlecouite
Souz Moïmer iluec de|ausle, 40
Volant getit qui îcrcni venu
De meînt pais, et aplrû
Por avoir ie tr^ grant pardon
DoDt frère Robert leur iist don i
Si sachiez que il tn dona 41
.Xxx. anz a cluscun et bonna
Por votr la très grant jusliie
De! bougrcï an dedenz la lice
Qui eslOLt (eie de piliz
Novel, qu'il n'i îcrt enpalii, ^o
1. Alhtric DSTle d'un Fortunat aui, chassé d'Afrique par saint Augustin, vint
s'ttabijr en Cnampagnc cl fil son aisciple d'un chef de brigands, Wimer, établi
sur la montagne qui porta depuis son nom. Dans le texte français, il n'est pas
fait mention de Fortunat; c'est Winier qui aurait été chassé de LomhrJtt par
saint Augustin.
2. Ëd. Ketifenberg, t. II, p. 66^-666.
}. AiutiioUt hitlori^aa d Etienne de Bourbon, éd. Lecoy de la Marche,
p. l49-"io. JJi rt4'i-
18 Quel — ig boimer — 48 cite
^B 22i C. RaYWaUEï ^^^^^^
■
^M En l'en de l'iacaraicion
Sa famé apele, si tt dh
^M OrcRt leur gract dampnacion
Qu'ele se Itet sans coatredri,
^^1
^B .M- cl .ce. et .xvxrï.,
Les (ers aport en mi la me,
^^^1
^H N'i 31 metpris vaillant .i. nef.
Et sour le pavement les rue;
100 ■
^1 rOlr rcperrt a ma matere
ii
Si four alume a la laslerae
■
^M Qu'avoie commenciè a dire.
Pour le fort tens qui si iveme :
1
^1 La Tot ater li anemis,
• Sire, » fet cil, « que vos but il? |
^H Qui de ton erre lert entremis,
— .lui. piez a ferrer, « fel cil.
^K Pour la prestressc de Vertus
— Levez .1. pié. » le fevre dit ;
101
^1 Qui estoil ja sus les («sluz
6o
Et cil SI fet tanz contredit.
^M De la couche mise a la terre
Si II (erre et les .nt. après ;
^1 Pour tnorir, et cil l'aloit querre :
Cil les lieve qui en est pr^,
^B Porter l'en voleit en enfer
Etctl qui est bons niare^chaus
^H En chartre cl en Item de fer;
Si It a dit : t Sire vassaus,
110
^1 Mis tant ot sa jutnent erré
6S
Je vodroie bien par scint non
^M Que li pif li suai desferré.
Que je seûte vosire non.
^M Si connut bien li anemis,
Qui chevauchiez lele jument
^H Qui n'cstoit mie ses amis,
Qui est plus noire c'arrcmcnl ;
^H Qu'il la convcnoil a Fcfrer
Ele reietnble moul bien bcite
'li
^1 Por plut tegiereineiit .iler^
7°
Qui n'est mie torjors a feste.
^H TitA qu'il s'en vint a une vile
— Sire, je ai non Maquwel,
^^
^M Que l'en apeloit Longuevile;
Si ai moût noir le haterel;
^^^1
^K La meson tnieve, que il quiert,
Si t'en dirai bien la verte,
^^^B
^M Au fevre ; il boute et hurte «t Âert,
Que je sui sovent en nerté.
110 ■
^H Et li fevres touz eifreez
7i
En dolor, en mil et en peine
m
^B Li disi que cil ait mal dahez
Sor ceste jument que je meine,
^^Ê
H Qui a lelc cure a ti en vient
Qui l'anic convient travciltier,
^^^Ê
^M Se a fcre ne li covienl.
Et jor et nuit m'estuet veillier
^^H
^1 ■ Fevre, > fet il, * ne te coroce,
Por li fcre peine et tormenle,
in ■
^M Qu'en bat soii-cnt celi qui grouce;
8o
Qu'ek (orftit en sa jovente,
^M Aes p^, si virn gaagnier
Quant au siècle fu mariée :
H
^M .Xx. sous, ja ne faudra denier. •
Si fu ttieu.i sa desTinèe
^^^Ê
^M Qnanl il ot parler de sonz vint.
Qu'el aama comme musarde
^^^M
^H Inelement a l'uis en vint,
Le proverre qui l'ot en garde,
M^^^
^M C'en se met en grant aventure
8(
Qui bien li deûtl enseignicr
H
^M Por gaagnicr sovent et dure.
Le feu d'enfer a eslotgnier,
■
^B L'uis enlTOrri ineilement
Et il li enseigna la voie
■
^m El vit moul noir le tirmamenl
Par quoi ele est orendroil moie :
1
^M Que lune nulc ne luisoit,
Nos amon mîcus a cherauchler
■H ■
^K Si que celui pou avtsoit
90
Prcslresscs et plus <\et) avon chier |
^1 Qu'il entrevit el grant et noir
Que destner a roi ne a conte.
^1 Et esrrouii toi le manoir;
Por ferc leur aseï ic honte.
^B Si s'en revcl en sa meson :
— A I Maqueret, » fet la tivresse
^M Poor a grant, si a resoR,
« Porroit merci avoir prestrcsse
140
^M Que deable totc créature
91
Por nule rien qu'en peoit fere?
^^^^ Entûur qui vet herice el hure.
— Oil, ï'el le voleit retrere
^^^K 68 Que — 101 a. aia 1.
J
^^^^^^^^^^^^te
_^^^
1
^^^
TROIS DITS
m ^W
^H Dt wn ptchii Irt «t rilein
Saclin (le voir, lu les perdroies,
^^H
^H EtttaTnscr x chjpelein,
Que jes toli .1. usurier
i8t ^M
^H Et n feitt u cbaacvierc,
I4i
Qui a Senliz morui l'autrier.
^^^M
^H Sintdirii eo quel oiaiiere:
Et Deu n'a cure de ici don :
^^^^
^H (^rie neïmes pjr ses mctns
Il ameroit miex .1. chardon
^^^M
^H Lj tibourast cl totr et mcînt,
Qui ofl^rt II fuit de droiture
^^^H
^H Siqe'itilre ne t'enUcnKitt
Que pleine tour de Ici grdurc ,
190 ^^^B
^H DtMienen qu'd ra fc^,
liO
Que Dtex dist con cil qui ne ment : ^|
^H AnHfioDaii M lj coillist
* Je sui Deu qui eim jugement,
^^^M
^H ElsoUtt, M M boslist
« Que ne vdt mîe que l'en m'osfre ^^^|
^H Lt fixant d l'arroil lili
f Riens de rapine dis plein cosfr<
^^^H
^H Et jbduI tôt ion filé.
Et Ovide dit et devine
•91 ^^M
^H Peu m le'ui (ete chemise
■i!
Que chose qui vient d« rapine
^^^H
^H OiiDte «le oerre Tost mise :
Ne doit mie bon chief tenir,
^^^H
^1 42^01 la loile en scroil ovréc
Eini doit a nient revenir.
^^^1
^^1 Et pir ses mcins tole curie,
De CCS deniers adiale Icr
^^H
^H ha h vesiist crunt merci.
El tei espérons cest iver,
300 ^^^H
^H BiUU la coupe et «a et ci ;
i6q
Couteaus jgtiz et alemeles
^^^1
^V Pus n'i alisl plus coardam,
J\ cipirdre snnt et ccrveles,
^^^1
r D K Uochast ru four ardanl
Con doit convertir en tel art
^^^1
^_ Par ftpnetT le [vil) pcchii
Chose qui vient de maie part. •
^^H
^B Dont un cors avroit entechié.
Home soit prestresse et s'ucyre
20f ^^M
^^ Se par conseil de sn'nte iglise,
.6i
Qui se desnue et se descuevre
^^^M
Faoit itntt si *tmi mise
Por fere prestre en li pechier :
^^^M
Han de nos taeias j uuv«lé
Ne se puet plus vilment lechier.
^^^^
DcTjBt le roi de maeslê ;
C'est asemblée d'anemi,
^^^^
El a dient agcune gent
Mavèse avant, mavèse en mi :
310 ^^^H
Que il seroil et bel et gent
170
Conchife est et si conchie
^^^1
(^ la pmtresse ftist atiie
Celi a qui ele se lie.
^^^1
DErrter les autres en l'igiise,
Et met en enfer cors et ame.
^^^H
Car l'aatrt gem fxrdent la meste
Or aut, et praigne, (oie famé,
^^H
Qsant deranl eut ett la prêtresse
!
Le guerredon et la monnoie
^'s ^^M
Tant est vis et desordenée
'7i
Qu'cle désert quant el foloie :
^^^H
Qn'ele devroit esire menée
P*r h folour, par la luxure
^^^H
Fttmni de chief en chicf la vile,
En enfer avra sepolture
^^^H
Qae la autres (âmes avile.
S'au siècle n'en (et peaitance;
^^^M
^—^ Fe»re, fcvre. > dut Maquereau»,
liant vos di ge sans doutance;
330 ^^^1
^H • }e se sui mie trichereius :
180
Bien se gart qu'en enfer ne chie.
^^^H
^"^ Je u te veil mie trichicr;
Car ele seroit chevjuchie 1
^^^H
1 -Xi. son* arrai: s'un seul dcBier
£x;>/icit.
^^^H
^K Pov l'anow de Dieu en donoieî.
^1
^^^'»u» ^^^1
"4
G. RaYKàUD
II).
[Luifae la maudite]
IparBouRDET).
I.a pièce suivamc, dont l'auieur, Bourdet, était jusqu'ici inconnu, se
rapporte à la fameuse légende de ta MaisnU HcUeqain. t>tte légende,
qui apparaît dans de nombreux textes ' du nio)'en ftge, parmi lesqads îl
faui citer de préférence un passage d'Orderic Vital >, semble avoir été
particuliàremenc répandue en Normandie : notre texte en fournit une
preuve de plus. La scène se passe en effet dam le pays normand ; Luque,
la sorcière maudite, est tombée malade à Rouen, et se sentant mourir
elle appelle le diable, c'est-à-dire Hcllequin, pour qu'il vienne la prendre
et l'épouser. Hellequin se livre avec toute sa maisnie à la joie U plus
folle : le vent souffle, les arbres sont déracinés, les clochers sont abanus,
les moulins retournés, toute ta nature s'associe aux riançailles de Luque
et de Hellequin. Les diables emportent l'àme de Luque en enfer. Le
mari humain de Luque, Boutecarete, meurt bientôt après elle, en léguant
ses meubles à l'archevêque de Rouen. — Il y a sans doute ici le souve-
nir d'une violente tempête qui causa de grands désastres dans le pays
de Caux et â Rouen, et qui coïncida avec la mort d'une femme de cette
ville, réputée sorcière, et àt son mari. Feut-fitre pourrait-on retrouver
la date de cet ouragan. Malheureusemeni le poêle, s'il nous a laissé son
nom, ne nous a pas donné celui de l'archevêque à qui Bouteareie légua
son mobilier.
Puis <]ue Roen (u establie
Ne fu feie tel deablîe,
Si comme m'esl contée et dite,
Copme fut Luque la inaudite.
Quinte nuit 4evjnt la seint Pierre
Que l'en apcie ivcr souz pierre,
l.uque [ta] maudite acouchj
tt unt que la mort l'apioctia,
Et ne poeil santé avoir :
A Helequin le fist savoir,
Mande li que il li sovieigne
De li et que qaerre la vietf;ne,
Qu'eie veut esire s'espouste ;
El ne donroit une bûuife
En son mari Boutecareste ;
Fraie li (juc il s'entrcmete
De fcre U plus desguis^
Keste c'onques lust devisi{e],
Que par le mont en soîl parlé
'9
10 Par mons, par vaus, parloac, par li.
1. P. Paris, la manascnti frantcit Je ta hiblwfhi^uc àa Roi, t. 1, p. )32-
)a( ; Leroux de Lincy, U lim du UgeaJis, introduction, p. 148- 1}0 et 140-
)4\; Cachet, Glojjaiu, p, lii-l^j: elc, etc. —J'ai entrepris sur cette légende
un travail spécial, que je compte produinement publier.
2. Éd. Le Prévost, l. III, p. J07-Î77.
i Quite ~
^^^
■
TROIS
DITS
22Ï ^H
Quot Helle^uin i c« oî.
Jouïte .1. hamel lés Ivetot
^^H
Moui dnrf emjeot t'en eijol ;
Troverent .t. molin a vent
^^^1
1 Lors es apele la nesoîe,
Que Helequin et son covenl
^^^1
rorloisfinenl l'a aresnie
PZn naves siti iine roelle
^^^1
El dit qu'il » veut marier.
'S
Font fere la tome boelk.
^^H
' En celé oa pi» se puel fier :
Par la forest du Tret rcvinJrent
C«sl dame Luqu« ta maiidiie.
Ou jolivement se contindrenl,
^^^1
1 Si totl cûB la pjrollf ot àiK,
Car il firent en .1. moment
^^^1
Si a chJSCUD \xtTi par s'amc
Toi le plus tort lûrnoiement
^^^1
Que ce est 1] plut ugc dame
30
Qui jamèt Miit ne onqnet (usi.
^H
Qoi Mit d'rluec si qu'a Vitcrbe:
Leur lances «stoient de fuit,
El moMle n'a u iravêM erbe
De tel fusl con il le troverent :
^^^H
Que ele par cuer nequenoise;
MoiiC bien leur force i esproveretiT, ^^^^
' El en hu trere nittnte angoîse
Chascun .1. arbre CRbracha
^^^H
A Elu If poitevin,
JS
En lieu d'eîcu et l'esracha.
^^1
1 Et II fbt boivre en lieu de vin
hon tirent leur lomoiement
^^^1
L'ftbe qu'a non crampepoo[î]l.
Mes pas ne sai dire cominent,
^^H
Lon met entr'eui .i. grant too(i)
Que pas avecques eus ne fui.
^^^1
Pour loer ta a Hdlcquin.
Mes iî .1. d'eus SI s'en fui,
^^^1
Il ne fitl pas comme quoquin,
40
Et tes autres torjors aprb
s» ^H
Mes comtDC prcuz et comme sagei
>
Qui le suircnt de si près
^^^H
D'enfer a pris .iii". mewges
Torjors de muete et de randone,
^^^H
Poor envoer en lîeu drvcrs ;
Si qu'en la forest de Brotonne
^^^H
j Mè» eîni que »oiï patsé iver»
Le chacerent tor|ocz bAt.int.
^^^1
^H Lor a dit qa'i l'espousera,
4S
Lors s'arcsta celui estant ;
^^H
^V La grexgnor joie Jor fera,
S) lor livra a touz estai,
^^^1
CvD «tic gent si granl ne virent.
Lan veîs^iez granl balestal.
^^^H
Par tM le monde s'espiBdtrent :
Il lie l'eûsent jamès pris
^^^1
TroliMi icevs qse il trwerent
S'il ne l'eûienl si sorpris,
^^^1
Firtat qn'atec eus amenèrent
\t>
Mes tant d'arbres firent chaer
^^1
Qw uvoient de l'in^rotnanre.
Enwr li qu'il ne pot vecr
^^^1
Asftierent fesant la daiic«
Con il peùst eschaper d'eus.
^^^H
' Defant Hellpqiita en eoder
Lors li torna au cu<:r grant deus,
^^^H
Qai iMiert i. bailon de fer,
Car il set bien qu'il jert veincus.
^^^1
^^ Dont il s'aloit esbanoiant;
iî
Ad roi a rendu ses escus,
100 ^^^1
^B Lan lor a dit lot en oiant :
A scint Hcmoul sous Caudebec;
^^^H
^^ « ScigDorv, monta, alon, alon 1
La firent il croître le Bec
^^^H
Or Tcrra Cauz que nos valon, >
Et d'ilucc abatent la tour
^^H
Lan s'en issoit tuit cil d'enfer :
Si c'onqoes puis n'en fu retour.
^^^H
Par m te pmui d'Amifer
60
En cel bois chascun endroit soi
10) ^^H
Soai dl d'enfer entré en Canz
Prist 3 chascun d'eus si grant so
^^^^1
ti Oit firetil meûit grant encauz ;
Que de noirorent les vis leins.
^^^H
Par Ncvillc potnirent lor cour,
lluec fusent de sei nlelnis,
^^^1
^—^ Q***'' "■ abolirent la tour
S'il n'eùsenl Seine irovée.
^^^H
^B Etwtresi a Ivetot.
6i
Dant Heliequin et sa mesnËe
110 ^^^1
^V a6 En ceus — 6} Ivetot doii
itrt U
' JautiJ tt tnh peur an dts noms tn
-lût ^^B
F à fttJfmHti dans tdlt rigion.
^^^^H
^^m kamaMU, XII
J
^H
^A
J
^^1
220 G. RAYKAUD
Vm troverent de Seint-Yon,
S'en borent, qn'i k»- sembla boa.
De ce furent il bien cbaanz
Qne saoz le gré as marchaans
Qai les YÎns orent achetés 1 1 {
Firent des nns lear volentés.
Da pein de rire soupes firent
Que es bateans entor eus Tirent.
Mes lî .1. d'eus estoit malade :
Si li sembla te pein trop £ide 120
Por ce qu'il estoit dessalé.
Lors est chascnn tantost aie
Qnerre du sel du pins demone
(^'il troverent en une baigne,
De qaoi trestot le pein salèrent. i2j
D'iluec a Roen s'en alerent,
Et très torion entr^etant
Et cens desus desouz tornant
Les nés au sel et au harenc,
Si con il erent renc a renc; 1 jo
Ce fu trop bel enchantement.
Les tonnians de vin ensement
Firent aler du premier quei,
Je ne sai pour quoi ne a qoei,
An pié de seinte Cateline: i}}
Ce Âi sanz volenté devine.
Melnt pleur, meintcri et meint domage
Firent iluec par lor grant rage
En mas et en nés et en très.
Lors sunt dedanz Roen entrés 140
Ou meinte bêle cheminée
Fu par eus celé nuit minée
Et cornez de mesons .11. mile.
Tant tracèrent par mi la vile
Qne il troverent dame Luque 14$
Qui or [en] enfer s'espeluque,
Et si trestost con la troverent.
Entre leur braz l'ame levèrent ;
Pour itanl comme Luque iertfame,
La portèrent a Nostre Dame : 1 ;o
Mes l'ns devers la Masoleine
Truevent fermé ; a voJz hauteine
Dist Hellequin : t Tu comperras,
Arcevesque, si le verras
Qui ceste paie fermée as ! ■ 1 j j
Lors dist : € Atkolke portas ! >
Et si tost con il ot ce dit.
Ce fa fet sanz nul cootredil
Ne de barre ne de toroil;
Ausi con fnst toronl boroni 160
Firent bures, torooz brisier :
Ce ta d'enfer le mestre huisier.
Hors isirent par la Terrine
Qui estoit devers la cuisine
L'aroeresqne ; sus .1. piler 16}
Pristrent .c. quarreaas por piler
L'arceresqae, mes n'i ert pas :
Dieus le gari a cd trespas,
Mes il destmitrent ses mesons :
Oï avez les achesons. 1 70
D'ilaec en enfer s'en alerent
Dont onqoes pois ne retoraerent
Ne ja mes ne retomeront,
Mes trop greignor joie feront
Que onques nule gent ne firent lyj
Crestien, giené ne cardieo,
Que tant comme Des sera Deo,
Dur[e]ra lor feste et lor joie,
Et ne croi pas que parler oie 180
D'eus par nule peine qn'i mete,
Se ce n'est par Boutecareite
Qui fu mandé, si i comt :
Tant fu hasté que il momt
Sanz prendre a son prestre coogii :
Asez avoit au soir mengé ; i8£
Saol momt et pleine dois ;
Mes d'autre part fist que cortois,
Et pour ce que a l'arcevesque
Fu fez par Luque la travesque 190
[De} destniire li ses mesons,
Ne fist pas comme mavès bons,
Mes con preudons riches et nobles :
A l'arcevesque tôt ses mobles
A lessié dont iert en sesine. 19}
Ici BouRDET sa rime fine.
Explicit.
m seint iohan — iji A lus — 181 que gi m. — 19^ dont il iert
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^TrÔi!
DITS «7
1
^^^^^^HH^^^
^^Ê aboutis, l, } ;7i entitét.
chandelier, 1, îj?, /ti Chandtiear,
^^M acouchier, IIE, 7, s'aliter.
chaneviere, II, 14), iinceai de
^^M AiLLi SEUii Noie, I, 286, /li7/^-
chanvre.
^^B tur-Noye [PicarJit].
comei de maison, IlI, 143, coin.
^^Ê ANTipen. Itl, 60, le cep ttAntifer,
crampepooil, III, p, herbe toxi^fue.
^^H à VtxUimlti du pays de Caax.
^^M aplavoir, 11, 42, accourir en (mit.
Drnise (s.), I, 120, saint Denis.
^^P aroier, II, 1 J3, faire rouir.
(fesguLsé, ni, 17, étrange.
^^M arremenl, 11, 1 14, encre.
dois. Itl, 1%-j, panse (m. à m. con-
^^1 AUBERi, 1, ]07, nom d'homme.
duii. iuyaa) {?|.
^H AUCUSTIK (5.), Il, 27.
^H
Eue le Poitevin, ill, ;}.
^^M batestal, m, 92, tumulte.
encauz, itl, 62, pûursiùte.
^^^ Bec |le}f [Il> 102^ rmseaudeCau-
engeigne, I, 291, coUre.
^^M
eniort. 1 , j62, déraitonnabtes ,
^^M belloi. II. }6, tort, détordre.
faussés.
^^M bonner, II. 46, fixer, déterminer.
enireture, I, 9, lustoire, conte (?).
^^1 BoROOiGNf, 1, 340, Bourfflgne.
EscocE, 1, 176, Irlande,
^^P BouRDCT, III, 196, nom d'uA /rou-
esloquier, 1, 2î8, dilapider.
^^H
espeluquier (s"), 111, 146, s'éplu-
^^H bous^e, III, 14, borne dt vache.
cher.
^^M BouTECARCTË, 111, !{, 182, mari
^^P de Lu^ue.
favele (servir de la), I, 1 jS, trom-
^H Bkide(S<)[i'E$coce,I, fjdfSainte
per en paroles.
^^M Brigide d'Irlande.
favresse, II, ( jç, femme du forge-
^H Brotonne (la forêt de), 111, 88,
ron.
^^H pris de Caadebtc.
felenés, 1, 357, }6ï, de lutare fé-
lonne.
^^M cardieu, [II, 177, Chatdéen.
foubert, 1, 167, dupe, niait.
^^B Cateliks (pré Saime% ill, ij^.
^^M lieu sur la Seine près Je Roiua.
gaïieaus, 1, 1 5$, cachettes (?).
^^M Caudebec. III, 101 (en Norroan-
gingenbraz, I, 24}, gingmine.
^H
gorré, 1, uKO-
^^M Cauz, m, ;S, 6t, pays de Caax.
^^M cengle, i, {6{, lona (maiadiè).
baigne, 111, i24(P).
^^1 Cerenz, I, i6{, Cireaca [NoT'
halimot, 1, 206, embarras, empret-
^^H mandie] .
semeni (?1.
^^P Champaicne, II, 24, Champagne.
haseteur, 1, 82, joutur dt dis.
1^ ^
228
G. RAYNAUD
haterel, II, iiS, derrière du cou.
Helequin, HELLEqyiN, III^ 10,
21, Î9. ïî. 68, 110, isî-
Hernoul (Seint-) sous Caudebec,
III, loi, Saini-Arnoult, pris de
Caudebec.
hoquet (prendre a), I, i\^t pren-
dre à l'hameçon^ au crochet (?).
hurer, U, 96, faire dresser les che-
veux sur la tite.
Imer, II, 26, nom d'un hérésiarque.
Imer (montaigne), II, 20, voy.
MOÎMER.
ingremance, III, ji, nécromancie.
iver souz pierre, III, 6 ; voy. sur
cette locution /'Ann. de la Soc.
de l'hist. de France pour l'année
iZs2.p. î6.
IvEToT, III, 65, 66, Yvetot {Nor-
mandie).
JoiRE (saint), 1, 540, saintCeorges.
Julien (seent) de Paris, I, 297.
loer, m, i% fiancer.
Lambert (S.), I, 168.
Leu jS.), I, 165, saint Loup.
LoMBARDiE, II, 29, Italie.
LoNGUEVELE, II, 72, vHU de Nor-
mandie.
LoRENZ [S.], I, 166, saint Laurent.
Luc^E la maudite, IH, 4, 7, 27,
145, 14g, 190, nom d'une sor-
cUre.
Maqukrel, 11, 117' 1Î9, 179,
nom pris par U diable.
Marie (S"), I, 112, 229.
Masoleine, III, ip, La Made-
leine.
merlle merlle, I, 186, pile-mile.
meschevé, I, 157, malheureux.
MoÏMER, II, 19, 2J, 4o,JVo/il Aj-
mé, près de Vertus (Champagne] .
naie, I, i6s, non {avec un verbe à
la Impers, sous-entendu').
natre, I, 144, naïf, complet.
naves, III, 69, bateaux.
nerté, II, 120, noirceur.
neuz, I, i 61, noeuds faits pour gar-
der l'argent.
Neville, III, 6}, Neuville, près de
Dieppe.
noisel, I, 1 jô, petit nœud; v. neuz.
Norhendie, II, [, Normandie.
note, I, 17s, 196, 197, compte;
note tresaiée, I, 7$, compte non
payé.
Ovide, II, 19$.
Paris, I, 297.
pelein, I, }j6, m. à m. pelage,
fourrure ; naturel.
penduaille, 1, J69, gent pendable.
Pierre (la seint), III, ijiie de la
chaire de saint Pierre { 1 8 janvier) .
porcheint, I, 364, ceinture.
rebourse (avoir la chiere), 1 , 98,
189, être bouleversé.
rebrois, 1, 99, résistance, opposi-
tion.
Reins, I, j8, J2], Reims,
rigot, I, ijj, bourse-ceinture, cf.
Romania, VIII, 100-101.
Robert (frère), II, 44, inquisiteur
au XIII' siècle.
RoEN, m, 1, 126, 140, Rouen.
Rome, I, ^8.
roquet, I, 116, sorte de blouse.
sains, I, 183, signatures.
Seine (la), III, 109.
Senliz, II, 186, Sanlis.
TROIS DITS 229
Tret (la forêt du), MI, 71.
techier, II, 208, souiller.
tooil, III, }8, bruit, tumulte.
tomeboelle (la), III, yo, la cul-
bute.
toroil, III, 159, 160, verrou.
toroul boroul, Itl, 160, s. d., tohu
bohu {Littré n'a pas d'exemple
ancien) .
travesque, lil, 190, contrariété,
désagrément.
Vertus, II, 59, ville de Champagne.
verrine, III, 16^, fenêtre.
ViENois, 1, 146.
ViTERBE, III, ji, ville d'Italie.
voiseus, I, 6, habile, avisé.
YON (Seint-), III, m, Saint-Yon
(Seines-Marne); cf. Œuvres de
Henri d'Andeli, p. p. Héron,
p. 24, V. 26 et la note.
Gaston Raynaud.
MÉLANGES
DE LITTÉRATURE CATALANE
II. Le livredes trois choses.
Ce petit recueil de proverbes, de sentences et de plaisanteries parfois
un peu grasses a été transcrit sur les feuillets 209 à 314 du manuscrit
n° }77 de la bibliothèque de Carpentras, auquel j'ai déjà pris le conte
rimé de L'amant, la femme et U confesseur '. Le titre qui lui a été donné,
Libre de très ou Livre des trois choses, fait allusion k la formule invariable,
trois choses sont ou trois choses font, par laquelle débute chacun de ses
articles. Cette formule, est-il besoin de le dire i n'a pas été inventée par
l'auteur du Libre : déjà le chapitre xxx des Proverbes de Salomon a plu-
sieurs versets commençant par un tria sunt, et, sans parler des fameuses
triades galloises, il n'est pas un recueil de proverbes, ancien ou
moderne, qui ne contienne plus ou moins d'exemples de cette tour-
nure >. Les rechercher tous serait un travail fort long, que je ne puis
entreprendre en ce moment ; mais je voudrais au moins faire con-
naître les triades qui se trouvent dans un ouvrage catalan du xiv* s.,
en grande partie inédit ; il s'agit du recueil intitulé Proverbis e dits de
philosofsi, traduit de l'arabe par un juif de Barcelone, Jafuda, fils d'As-
truc, à la demande du roi Jacme II d'Aragon 4. En voici le relevé :
1 . Romania, t. X, p. 497 et suiv.
2. Voir les exemples reunis par M^"* Ida de Dûringsfeld et le baron de
Reinsberg-Dûrin^sfeld dans leurs Sprichwarttr dcr girmanischin u. romanischta
Spracben. Leipzig, 1S73, t. I, p. ij; et suiv.
}. Quelques chapitres de celte compilation ont été publiés par les éditeurs de
la Colacion de doc. inid. del archive de Aragon (voir t. XIII, p. 16; à 183),
3ui n'ont pas su à quel ouvrage ils avaient affaire; leur texte d'ailleurs est
éplorablement incorrect. Je prépare une édition complète de cet important
recueil d'après les trois manuscrits actuellement connus.
4. Et non pas Jacme W, comme l'ont cm Helfferich, Raymund Lall u. dit
HfUK6ES DE LITTERATURE CATALANE, Il
Ea .iij. COKS Hc pot bon far, ço es rrey, mar e tsnpi.
Rey dea haner .îtj. cosct : castigar «juell qui erra e retre guardo a quel
vatrex e œr vertader.
R«y àea eser menibrat de .iij. cotes : la primera que ell ei .j. c ha poder
sobre noltt, e la segona que aqitells ca qui dl ha poder son TraRCi e so obli-
gats, e la tercera que s* senyoria deo durar teffl|» sabut quet deu etplegar.
Très <mt% m son vergonya a çdl qui les b« : atercar saber, c malaltia de
cors e parents pobres.
Très coscs sod perilUses de fer : beure tuiech per asuig e aur per mar
per guanyar c descobrir son secret a fembra.
CoRieiler no es bo smo i M], cotes : que ait vmIs Ids frts e saber e
conexcnca ea l'ordonamefit e que ail soa esguart e son pensament en la 6 del
temps .
Ab. .iij. coses nos uîa (auia?| d franch : son pare, son hoste e sa bastida.
La [booa] vida es en -ûj. cotes : atnpia casa e moHs seniidors e auînent dooa.
AuQJ vida es en .itj. coses : mal vehi e foll fill e nuler ab auots costURies.
Très coses no han conseil : batalla ab enuega e malcBlia ab ualesa c pobresa
mescJada ab parea.
Très son cscusals si an auols costumes : malalt e qui ue de caml e qui
dejuna.
Très nols meynsprea qui a seyn : rrey e uui e amich; per ço com qui
mcynsprej rrcy pertse del segle, e qui metiysprea saui afolU sa IJg, e qui
roeynsptea amich alTolla enseoyament e si ualor.
Fïer viaige ion M\. afaynt : cl primer pensar, el segon apparellar, cl terç et
moure, c et pensar es lo maior.
Toi hom qui aîa .iij. coses no âges dupte si sera bon : si loa ion vehi e son
amich c sos parenlf.
Ce mime recueil contient aussi plusieurs sentences où le nombre trois
est remplacé par deux ou quatre. Par exemple :
Dos homens nuis troba hom : qui do mo!t ni qui deman pcch.
Quatre coscs son legcs c son en quatre pus teges : auiricia en richs e ira
en sauis e (al^ia en luttes e leig perlar en fembrei.
C^uatre nos sadollcn de quatre : hull de vascr c orelia de hoir e terra de
pluia e fembra de hom.
Quatre coses ocien lot bom qui les vsa ; amar fcmbres e ca;a e joch e vî.
Ducs coses nobles no conex hom tra que tes pert : s.ilut e jouent.
Quatre cotes ne ban obs quatre : paratge bon nodriment, goîtg seguretat,
piroitescfi amor, seny proua.
Quatre coses rio son poch per poch que sjen : deuta e foch e malnolen^a (
iDaleutia.
AaUttge in Mtalmîsthtn Lilaotur, p. ii, et KnasI, MiUhàlmigtn éui itm
F.iittTiel, Tùbingen, iSy^j p. (i6 et i,bj\. Dans ton prologue, Jafudâ donae
su roi Jicme le titre de roi ae Sicile, ce qui tranche ta question.
1J2 H. HOBEL-PATrO
Quatre nos podcn sadoUar : foch de len/a e inar àtygoa e mort de aaines e
cobeu de hiuer'.
Il exisic d'ailleurs des collecuons uniqueraeni composées de semences
ou de proverbes ainsi formulés. Je n'ai pas trouvé de Livre dis trois choses
qui fasse pendant au recueil du manuscrit de Carpentras; mais nous
avons en français un Livre drs qUiUrt cliout, autrement nommé Lt qua-
ternaire Siiint-Tlwmâi, qui a été souvent imprimé, dès les premières
années du xvi' siècle au moins ' . Les Italiens om aussi un Livre des <}witre
choses, semblable à notre collection française, mais pas plus que Duples-
sis je n'ai réussi à découvrir un exemplaire de l'opuscuie du Bolonais
Orazio Riminaido, dont je ne connais qu'une traduction castillane, insé-
rée dans plusieurs éditions du CaiitUo espanol de Lucas Gracian Dan-
tisco. Dans l'édition de Madrid 1^99 que j'ai sous les yeux, cet ouvrage
est ainsi annoncé : " Uestierro de ignorancia. Nuevamemc compuesto y
sacado a luz en lengua italiana por Horacio Riminaldo Boloiies. Y
agora tradurido de lengua italiana en casiellana i. > Les articles de ce
recueil sont rangés par ordre alphabétique du mot le plus essentiel, dus
lequel se concentre l'idée de chaque semence. Par exemple, c'est sous
la rubrique casa qu'est placé le proverbe suivant : * Quatro co&as echan
al bombre de casa : el mucho humo, la goiera, el mucho hedor y las
riiias de la muger. » Entre le quaternaire français et le quaternaire
iialien, tel que nous le connaissons sous sa forme espagnole, il y a plus
de rapports que n'en a admis Ouplessis, mais je ne m'arrêterai pas à les
meure en évidence, car ni l'un ni l'autre recueil ne contient rien qui
puisse être utilement rapproché de la collection catalane.
Tous les articles de ce Livre des trois choses n'ont pas été puisés dans
la tradition orale, tous n'ont pas un caranére popubîre ; même parmi
les triades assonancées, il en est qui ont été rédigées à dessein pour
I. Dans une autre compilation catalane du XV' siècle, la Doctnna moral
d'Ea Pachs iBibl. nil., ms. eto. ^^i, je relève encore ces deux iCDlences :
• E son très cases que no an <!urad;i : nom bjUilador, caunl sillador, hodre
de bon vi » ((oL 2^) ; — * Sînch cotes son que rompcn U justida : anor,
hoy, preu, lemor, pregarîes » ifol. ji v).
1- voir G. Duplesiiî, Bitliogiaphic parimiohgi^at , Paris, 1847, în-8',
0* 3}7. La Bibiioihècjue luilîonjle possède Lt QuiUmairt uitut Thoma. Auttri-
mtnl dut Lct ija^itu dioia S. Tkoma, pet. in-8«, s. I. n. d.^ gothiqne. Ce recaetl
cammence par : < Quatre choses sont nécessaires a soy bien gouverner en ce
monde : penser la tcmpi passe, disposer au temps prêtent, pourueoir au temps
aducnir, et déclarer U choie donbleuse i, et finii par : • Quatre choses sont
qu'on ne peut jamais recouurer : la pierre gettée, U virginité, la parolk dite et
le tet^ perdu. ■
j. Dans le titre général du livre on lit : < y de nuevo vj anadido el des-
lierro de ta ignorancia, que es, Qtuitaiiiiirio de auisos conuenientes î etie nue^
tro Galateo. >
MÉLANGES DE LITTÉRATURE CATAWNB, Il ÏJÎ
pttwrlacolleciion. Beaucoup de ces belles semences et constatations
msnwivcs n'ont d'autre source que l'imagination du joyeux compère
cauluoii maiorquin du xiv ou du xv* siècle, qui a eu le ton de ne pas
ic mner.
L'toitare du manuscrit de Carpentras m'est maintenant assez fami-
li(n pour qu'il me soit permis de garantir l'csaciitude de ma transcrip-
lÙB. Uiii â j'ai la conviction d'avoir bien lu, je dois humblement
<Hfaserqgc je n'ai pas tout compris. Les mots, trop nombreux, dont
Je KU m'échappe, sont indiqués dans les notes avec un point d'interro-
piÎM. La syntaxe aussi laisse parfois à désirer ; le compilateur, cela se
ifwlja'ftat pas ni grammairien.
A. Morel-Fatio.
LO LIBRE DE TRES.
.»9a] t. Libre de très, qui val a ires mais : a tolre set, a curar
wicb.tticetisich.
*. E val encara a très coses : a mcmcics inftar, a cul bufar e aconpa-
"JH sur.
I' Encira val : a colcra baxar, la boca badar, ta tasa besar.
4- Exara val : a mais oblidar, alegra siar, de iuem no suar.
(. Encara val : riquea mantcnir, pobrea soferir, mal i be retenir.
6, Encara val : a dones honrar, cauallers aconpanyar e sabates
iOlRfflt.
7. Très coses laluan horo : para, fill e sant spîrit.
ÎL Très coses danpnen hom : fer pecai, aquell continuar e de aqucU
M pecedir.
9- Très coses conseruen jouent : engenrat de jouent, casi viure e
*l^Beni viure.
'0. Très coses fam [sic] hom tost veyll : engenrat de veyll, nexitneni
'eIku noua, paor de mon.
M. Très coses fan hom rricti : cura en ajustar, dïtigencia en con-
*tn»rt de gardar se de mat.
{io^h\ 13. Tre* coses fan hom pobrc : poca cura, no auer masura e
*ab cooipanya.
11. Très coses fan hom alegra ; salut, rriquea e plasent conpanya.
14. Très coses fan bon alegra : be menjar, be heure, be dormir.
If.Tres coses fan hom alegra : honor inflada, mala mulier soierrada
■licUsenjenta sots flassada.
1. U ripclitioa du mol tisicit ta naturellement fautirc.
*. aamgitr esi poar acmyar on peut-être acanzar. — sthalis = Sâbaurs.
lyfijtuda. De pretniire miin -.jraifaia.
2)4 A. MOREL-FATIO
i6. Très coses idsi l'om trist : ventre buyt e cul sduyt e auer mala
nuyt.
17. Très coses fan Tom trist : porga pendra, lo cul no la pot conpen*
dra e gran strabant pendre.
18. Très coses fan hom gras : molt menjar, molt dormir, la caramella
no massa febrir.
19. Très coses fan hom tost gras : bufar en foc, gardar abeyles e
maleueiar en rabost.
30. Très coses honren hom : rriquea, linatge e bell vestit.
21. Très coses desonren hom : mal [209 c] parlar, squinsat anar e
vent detras gitar.
22. Très coses enganen l'om joue : pluge manuda, vi dolset e lagre-
mes de putana.
2 ; . Très coses fan hom saui : molt viure, molt le^r e molt sercar
del mon.
24. Très coses fan hom pech : de son loch no axir, ne res le^, ne
sermons hoyr.
2 j . Très coses son de que nagun pot be axir : mocar candela, jutjar
dau e torcar cul d'infant poch.
26. Très coses giten hom de casa : fum, pluge e mala fembra.
27. Très coses engenren hom : .j. longuet e dos radons.
28. Très coses desbn l'om : plet, bando e joch.
29. Très coses desfan l'om : mala fembra, boca lemînera e lenga mal
parlera.
}o. Très coses fan mal papa : los [209 d] clergues scorxar, los beni-
fets a SOS parents dar e fer part entre los rreyes que an guerra.
j I . Très coses fan bon papa : que sia grados, misericordios e en
guerra reyal no sia parcial.
j2. Très coses &n bon cardenal : humiltat, leyaltat, de dmonia
mundat.
j } . Très coses fan bon bisbe : que sia bon e mansuech e bon defene-
dor de la sgleya e tenga bons officiais.
)4. Très coses fan mal bisbe : que sia demanador de pecunia e poc
misericordios e aïs patits rigoros.
16. idayt?
17. strabant. Le ms. a strabant ou strabattr, ttr^alar ; le signe abréviatif est
à la fois sur le second a et le t. Labemla a un verbe cscrabatar, qu'il traduit
par ( desbaratar »,
18. caramella, sorte de chalumeau. Ici « membre viril 1. — fibrir = fabrir,
t polir >,
19. maleaeiarf — rabost {rtpositus) a office ■; en aragonais repotti,
26. Ce proverbe est bien connu ; nous l'avons en français : ■ Fumée, frfuie
et femme sans raison chassent l'homme de sa maison. >
•
MÉLANGES DE LITTÉRATURE CaTALAKE, Il i)J
} { . Très coses fan bon abat : esser deuoi e fassa la régla seniar e lo
Temporal be administrar.
)û. Très coses fan mal abat : del spiritual no curar, lo temporal mal
administrar e la regia no seruar.
)7, Très coses fan bo rrey : justicia, mtsericordia e bon consej'll.
;8. [2iOii] Très coses fin bon rrey : al son poble no sia j-nuasible e
souin oge missa e tcnga la «iï terra pacifica.
39. Très coses fan bon rrey : tenir bona companyia, no despena mes
que no guanya c fer se lembra en pla e en muntanya.
40. Très coses fan mal rrey : guerra sercar, forques d'argent fermar
e 50 que es bc fei desfer.
41. Très coses fan bona rregina : humil si mosirar, la honor del rrey
guardar e per tos perseguits injusiament soplicar.
42. Très coses fan bona regina : deuoUment missa scoltar, auaricia
no amar e ses donseyics no lexar apartar.
4;. Très coses ^n mala regina : auaricia amar, per los perseguits
injusiament no soplicar e a missa a tart anar.
44. [210^] Très coses fan bon chivaler : be armât, be armât e be
encaualcat.
4j. Très coses fan mal caualler : sa fe trencar, sos homens mal trac*
tar e aquells no defensar.
46. Très coses fan bon derga : fogir al temporal. lenJr aprop lo
missal e no tocar al cuxal.
47. Très coses fan mal clerga : lo offici de Deu lexar, entendra en
mercadcria e les paroquianes bfocar.
45. Très coses fan mal rreli^ios : esser desobcdieni, anar per vîlasouen
e fermar dos radons en vna siaca.
49. Très coses fan bon religios : que sia obedient c scient e aja color
de capo.
so. Très coses fan bon aduocat : benignameni hoyr, e lo dret [ïtofj
be mantenir e gran paga no quérir.
{1. Très coses fan mal aduocat : dues parts aduocar^ los dreis no
gardar e gran salari demanar.
)2. Très coses fan mal scriua : scriure blcia, dobla salari quérir e
los contractes en cedules tenir.
141. bona. Mi. mj/j.
44. La répétition de bi ermat est uni doute faotivï.
^6. ton. Mi. mai barré. — cuml • braguette 1 ?
48, Cf. n» 3-.
49. cdpo, ( chltrè ». Aiut eûlùt dt ca^ est le contraire it fctmar dot radons
ta luu staca.
ÏJÔ A. MOREL-FATIO
; ;. Très coses fan bon scriua : veritat scriure, esser deliura e satari
trempât pendra.
J4. Très coses fan bon mercader : veritat dir, sa promesa tenir, a
son companyo no faylir.
j 5 . Très coses ^n mal mercader : son companyo enganar, sa mercft-
deria falsar e peraquella desperjurar.
j6. Très coses fan bon manastral : en son offîci sJa leyal e seure
[210 d] en son bancal e que sia libéral.
J7. Très coses fan mal menestral : auoi obra fer, no tenir aprop son
mester e fer sa renouer.
j8. Très coses fan bon alberch : lo senyorajustar, ia dona conseruar,
son tafurell no prestar.
59. Très coses faa bona vinya : be cauar, be podar, ben magencar.
60. Très coses fan bon on : cauar fort, stront mort e bon plaotar
de coll.
61. Très coses fan bon capita de mar : quel sou que prometra pach
liberalment e so que près aura en batalla partesque egualment, e no sia
superbios a la gent.
62. Très coses fan mal capita [21 1 d] : no pagar lo sou que promes
ha, tolra als galiots so que près auran e sercar guerra nouela.
6}. Très coses fan bon mariner : esser leuger e bon vU auer e mohs
mars saber.
64. Très coses hn mal mariner : Deu renegar, no saber nauagar e
fexuch star.
65. Très coses fon bon offîcial : que no sia corrumput e fessa justicia
al gran e menut e d'alcauots no fassa scut.
66. Très coses fan mal officiai : justicia vendra, qui mal no mer per
diners pendra e jaure ab stranya fembra.
67. Très coses fan bon jutge : lo dret de les parts a pie oyr, los pro-
cesses examinât e en pronunciar demanar conseyll.
68. [3 i 1 b] Très coses fan mal jutge : te dret de les parts a pie
hoyr (sic).
69. Très coses fan bon saig : tenir aprop son officiai, en tes reladons
esser leyal, sia ardit a pendra bom mal.
J3 trempât = temorat t modéré ».
Ij. fir ta renouer!
j8. Ufurell «t peut-être pour ta/iirer, • joueur ». Mais que signifie son tafimll
no prestar?
(9, magencar, t sarcler t.
60.
slront. Est-ce le français itron f
68. Le scribe a répété ici le commencemeat de l'article précédent et a oublié
de donner le vrai texte.
MÉLANGES DE LITTÉRATURE CATALANS, Il ÎJ?
70. Très coses fan mal saig : faEsa relacio fer e l'om que (Jeu dtar
diu que nol tta irobat, e to criminos Iia lexat.
71. Très cos« fan bel pa ; xexn «ndeyal, ma angelica! e fom rreyal.
72. Très coses fan Idg pa : cugula e mêla c llaquera pacera.
7j. Très coses fan bon lum : oli, meixa e crezol.
74. Très cosM apaguen lum : voler e poder e saber.
7j. [me] Ires coses fan bcyla dona : beylacaraelocorsebell vesiit.
76. Très coses fan dona graciosa : bel! parlar e bells ulls e bells pJU.
77. Très coses fan dona plasent : humilïut, netedat e ben scruicial.
78. Très coses fan dona deuola : poch parlar e Deu pregar e souen
dejunar.
79. Très coses fan dona sancta : castadar, bcnignidat c caritat.
80. Très coses fan dona lege : nas ton, vils torts e bocha toria.
8 1 . Très coses fan dona desplasent : color de albudeca assaunada e
sechs pics e anques streies.
82. [2n d] Très coses fan dona sutze : camisa trapada, deUas cun-
cagada e piiar al lit banyada.
8;. Très coses fan dona laminera ; star prop lepola flaqoera e comara
camisscra e menjar en carrera.
84. Très coses fan fembra plorar : gab'na perduda e cantcr irencat e
pich descarauat.
Sj. Très coses fan dona d'orden axir : cam crua e nuyt scura e obe-
diencîa faxuga.
86. Très coses fan dona viuda marit pendra : son forât tapar e mal
parlar cessar e son dot conseruar.
87. Très aygues son perdudcs : aquelles que hom met en lo >i e
aquella qui serueix a batiar jueu veyll e aquelLa del jua] hanj qui
serucix a dona veyla.
S?i. Très plcrs son en aquest mon : betire en tauema, iaure en bor^
délie cagar en prai.
89. Très pters son : menjar carn, jaure ab cam e caualcar cam.
71. xtxj taniicyjl, n \t plus beau (romenl ».
71. cueaU, t ivraie i. — mth^ — jlaqaita, < boulangère t. * May ipare-
jaoo es a ofiçio de \» pinadcn > las pcndcnçijs de Cupido, e i qualôuier ora
de la nochc » ofmcen denundanles \ y siempre oy dezir en Casiilla que la
rezini que de noche ha de abrir la pcierla ha de ser parlera o panadera, que,
por raznn de sui olîfios, han de tener el aldatu muy presta y no perezosa. >
Oviedo, Qainfjagtttiii^ t. I, p. rSj. — ^ctraf
81. <ilbud(Cii, * sorte de tnelon rnsipide * — atutuHaéa ■= aiuhonjdâ.
84. p'uh diutrûuatf — Sgr la (emine qui a perdu la poule, voir te charmanl
passage du Corbacka de l'archiprjtre de Talavera : • Iten si una Ksllina
pterdeti vaa de casa en casa coniurbando loda la uezindad. Do mi galtin.i la
nbia? * etc. Edil. de LogroAo, 1 ^29, fol. 18, et dans Lemcke, Hénâbvth dtr
Sfiniilkm iMUrittur, 1. I, p. 109.
90. Très plers son
en caliu.
91. Très plers son :
92. Très bens son ;
9Î. Très mais son ;
A. MOREL-FATIO
sol jjure d'estiuj â'iu«m fer niu e bons capons
miga àons, mig lansol e niig foch.
amat e preat e lamur.
vaica, pobrM e dMgrai de loia rcs.
94. Très cnueges son : sciencia, loquencia e poienm
9ï. Très cnueges son : be caniar. be baylar e trempât star.
96. [2t2 ^] Très dolors son : mais d'ulls, dolor de dénis e pussa en
la orella.
97. Ires dolors son : squinencia e pestîlencia e donsela al cap del dit.
98. Très dolors son : morenes e mais de pare e colica passîo.
99. Très dolors son : ciatica, mal de rroyons c dolor de cor.
too. Très mais ro son pîanis : flux de venire, cadam e mal de cap.
loi . Très mais son de dones qui no son plant(e)s : înfaniar, dolor de
mametes e mal de mata.
102. Très miserias son en lo mon de que algun no ha enu^e : orp,
contret e desfet. Dïu Sent Gregori : sola miseria frelura de enuege.
10). Très coses fan hom dormir: molt menj-ir, molt beure, molt
Tetlar.
1 04. Très coses fan dormir [212 c] : dir oradons, febrir e no res dir.
loj. Très coses torlen dormir : paor, dolor e fam.
106. Très roses h l'aza cnsemps : bramar, siular e peiqar.
107. Très coses fj la oreneyla ensemps : vola, caga, menja.
108. Très coses fa la fembra : plora, riu e fiUa.
109. Très coses ia la fembra ensemps : porta carrech e va e mené
les anques.
1 10. Très coses fan les dones corn se dcscalsen : liren la calu, mos-
trcn les mameles e baden lo cul.
111. Très grans coses son en lo mon : fë de christians, colre festes a
jueus e justicîa de moros.
1 12. Très coses desfan la terra : ladres que hom non gosa ponir e
mogobels e maies anyades.
97. tlfinsth, t panaris 0 i
98. mortna, « némorrhoides i. — maïs de part t
100. ladcrn, • catirrhe ».
104. fibtir. « avoir la Aèvre » }
III. On (it ceci djns une lettre de Nicolas Ci'eynaert, écrite 1 Fez, k
13 avril iH< ' * Didici adaeium, auod non noverat adigiosos Erasnus :
Oftt ^dunl chriiùam IttiganJo^ /uJau tenvmis feilinam, mann ttldroadii
nupt-it iSitoltii Ctinardi Epistotantm librt duo. Hanoviae. 1606, p. 89).
ti2. mogoMI^ « l'rnterès que't cobra pera pag>r us lletras de cambi. <•
Labeniii.
KÉLANCES DE LITTÉRATURE CATAUNE, Il ÎJQ
II). [}iï J] Trn paors son : caurc de banch e auer cranch e cagiir
UKfa.
114. Très gbys son: lamps, trons e diables.
11). Très maneres hi a de vent dctras : pet, bufa, bïula.
116. Très matières hi a de homens : home e homene e macany.
1 17. Très maneres hi a de fembres : fembra barbuda, memetuda e
coloQuda.
118. Très aameles son : mamela, mameleta, mameUssa albudcqueya
CTtnosa.
119. Très coses an los hooiens que no an les fembres : pus grossa
w, pels en la barba e al cul.
110. Très coses an les dones que no an los homens : pus mirades,
|n culades e pus foradades.
m. Très coses fan bon sermo : hom scient e bel) parlar e no massa
natr.
111. Très coses fan bel conuit [21 jd] : bêla casa, bones viandes e
^adonnistrades.
11). Très coses fan beyia festa : nûssa sollempna, bon menjar e puys
^■nar.
ii+,Tres coses son de que qualque hora hom se penet : pendre
noyller, pendra sancia orde e cntrar en religio.
i]f. Très maies sabors son : oli de basses e cam de spatla e sagi de
«iBys.
126. Très coses son de que hom se deu gardar : de vent de forai, de
wcfa reconstliai e de cam .11. vegades cuyia.
• 37. Très coses son qui fan hom molt viure : menjar poch, tenir se
Ckll « star alegra .
118. Très coses fan bon scny : be scoltar, poch parlar c benignament
nspondra.
129. Très rrues son anques : de frare 1 2 1 ; />] menor, ventre de dona
min panera e cuxcs d'infant poch.
1 )o. Tres coses fan be star marit e muyller : que sien leyals la .1. a
l'akre e qoe la dona sîa obedieni al marit e quel tcnga net.
I p . Très coses fa>] mal marii e muyiler : vna pessa prop del cul
tfA h ci^ e lo reboiegar que eila fa e esser mal curosa, perque dîu
Sent ËnselcD que la dona fa 0 desfa la casa.
116. komtne. Lire bontainf — matanj^ Les deux demiices lettres du mot
ne lonl p4i itm.
1(7. cetaauJtf
I |B. ntjoir/jijd albeit^vtfa vtnom, ■ tJl^^sc en forme de melon veînè >.
la^. 9lidt hastu, t huile aoî reste au fond du réiervoîr t,
129. rriui = anagd, « rides ».
1; I . cogal. Lire cogut. — rckwgeri
140 ^^^^^~ A. MOREL-FATIO
I j2. Très coses fa ta dona pcr cnganar lo marit : m lî plasentera
pensant voleniera e te lo net, per so que no crega res d'eyia.
n;. Très coscs fa joch t Deu renegiir, betis consumar e los arnica
oblidar.
I )4. Très pudors son sobirones : pet de col, rrol de rraua e de co
mon.
t j I . Très pacions soferrcn les dones d'orde : veen e no tenen, oen e
no toquen, senten e no palpen.
I }6. [3 1 î 0 Très coses son per seruar en lo stiu ; bc bcure, be raen-
jar e poch calcar.
I }7. Trcs rancors 0 tnaluolenses son en aquest mon, que, pus son
comensades, lart son oblidades : deserarement, gelosia e reptament de
tracto.
I }8. Très maneras hi a de raptar : bo, cominal e auot.
1 19. Très maneras hi a de fe qui son poc presades : fe de camicer,
de vsurer c de bordeler.
140. Très bens aporta dejuni : merit enuert Oeu, castedat e sanc-
ledat.
141. Très pecais son de gola e perdrn dejuni : diu hom « sopem be
que dema dejunarem e dinem nos be que al vespre no soparem » ; len-
dema : « dinem nos be que ir dejunam ».
1 4: . Trcs manerea hi a de v-i ; fresch [2 1 ) </] e fi c fort.
14). Très maneres hi a de auol vin : florii, farreny e fusieny.
144. Très coses fan bon temps : salui e molts diners e bon sol.
145. Très coses fan mal lemps : maialtia e pobrea e grant pedrenya.
J4Û. Très coses fan diners : fan tort, fan dret e fan furgar cony stret.
147. Très coses son en que tiom nos pot fiar : en cul d'infam patit e
en sere d'iuern e en falsa fembra.
len-
ijS. h). Lire hcf — eeminal est une etpression de droit fiodal et signifie
■ en prdcncc de témoins 1.
ijg. Le mMier d« boucher, je ne sais trop pourquoi, était fort peu estimé
en Espagne au moyen 3ge. Un historien citalan du XV' siècle rapporte que,
lorsque Te comlc Bord acpda i son secours U chrétienté pour reprendre U
«ille de Barcelone aux Sarruins, il octroya un privîlègr spécial i tous ceux
qui viendraient le servir avec armes et cheval, « soUment non foswn carnutn,
ne tauerners, ne hoïtalers ... per îo quc de gent tan bwa eom son faïautrt t
aitres axi coin dis ao scn podiers spcrar fcyts honrals » iBemat Boades, liktt
itit Jrjlî d'atmtt ài C<itàtunyi, éJ. Aguilâ. p. i&s)-
t^i- fiûfit, * moisi ». — /t»'"nj, 1 éur t? ^ fasftay, • qui a on goût de
bois t. ,
141. peJttn)a , ptohjiblttatnt « mat d'estomac t. Ptdrtnj ii^Tunt t eslomac i.
146. furgar : cf. anc. (r. furgitr (Sainle-Halaye).
147. (m ^ »ra, « soirée ».
M^LAKGES DE LITTËHATUR£ CATALANE, Il I4I
148. Très maneras hi a d'uyils : humils e gardadors en la cara ab
perla, e no aja macula en lo nègre dels vylls.
149. Très maneras hi a de vylls qui moïtren falcia: de hom att gardar
e baix gardar, cant parlaras ab eyll, e fa Icngajar loi vylls corn parla.
Ijo. Très coses fan bon mestre [11411] dVscolans ; lo mestre conti-
nuar, les letres be formar, en baira mancra scriiar.
1 j I . Très coses fan ina1[s] meslres d'escolans ; ta lisso a tart passar,
bons nodrimems no ensenyar e la squena scorxar.
ip. Très grans defaytiments son : molt prcsar c poc vaier, moli
cuydar e poch sabcr. molt despendra e poch auer.
[5}. Très enpagahiments son peremptoris : examinar la primera
missa e to primer sermo.
1 54. Très enpegahimenis son dilatons : la primera muyller pendra,
la primera junu fer e de cosa sécréta e vergonyosa csser reptat publica*
meni.
If j. Très bones salscs son : salsa de pagOj satsa blanqua e salsa
camalina.
I )â. Très mats brous son : brou de porc mesclat ab pels de ca, brou
de coyma salada ab vedriol e brou [214 b] de vres ab rreyna de pi.
i;7. Très suchs son de que viuen aquells qui an desfici : such de
bnich, such de suro e such de sponge.
Ij8. Très coses son bones e foren de gran preu si no s'en trobassen
sino en tes Indies : ays, cols e moho.
1 jg. Très menysprcus son ; bcnificiats per canonges, pagers per chî-
vaters e menestraîs per ciuiadans.
160. Très condicions son de persones qui poden dir faisîes a lur
guisa : gran senyor denani sos vassals e vcyls denani jouens e qui parla
de luny terra.
161. Très condicions son de persones qui de rriquea tomats a pobrea
se fan : metges 0 horats 0 alquimiayres.
163. Très besties son : qui diu v arri n 3 la besiia qui caualca e te
sperons, e qui diu " sta * e te les rregnes, e qui li siula com vol beure.
36^. [2i4cl Très coses sont fort nicies : coylons de berber qui bay-
148. garJodori en fa cara ab pirlaf Ptrh signifie • laie •.
t{\. camaUna : voy. b récrite de celte sauce dans la noie du nouvel fditeur
dv glossaire de Siinte-Palayei l'art. Camtlmti et. amsi Godefroy, Camliiif 1.
I ^6, coymj * — cm ab mjna de pi .'
1 17. bruih^ t bruyère ■.
1(8. aji — ilit.
>i9- F^g"*! P'tir. ie pega, • paysan *.
16^. birbtr = btirbtt ; — Utofct, »t. mod. tiiiiont, t ciseaux 1. Sur l'ex-
pression « danser au son des ciseaux >, cf. le Likrt it coiutlh de Jaume Roig,
242 A. MORBL-FATIO
len ab so de tasores, e mameles de porgadora, e ferrer qae tan clepege
que petege.
164. Très coses poden fer al lit que non cal hom leuar : Deu pregar
e ahorar be assimateix e gratar lo cul.
165. Très grans dolors son en cort rreyal 0 ducal : enueje de honor,
de offîcis e de rrichs comportaments.
166. Très perills corren aquells qui son de cort : amor perdre del
senyor, esser ponit per fols acusador, de gran ofici tomar en menor.
167. Très vils offids son : budayter qui fa cordes d'esturments, merda
cauer e fer paper.
168. Très coses son menyspresades en lo mon : baleadeauol fembra,
fforsa de bastaix e conseyll de hom pobre.
169. Très pets feu Salamo : lo primer [2i4d\ en barba de aquell
quis desfa per maridar sa (îyla, lo segon de les nines qui prenen marits
veylls, lo ters de aquells qui an fiylls legitims e fan hereues lurs
muyiers.
170. Très defayliments ha sabater con pren muyler : al cul la besa,
puden li les dents e lo cul tostemps per lo cuyr que tira ab les dents.
171. Molt mes très son, mas per très m'en stich, que pus non die :
perque prenets so qui bo sera, e l'als lexats 0 arrera ma.
Deo gracias.
éd. de Barcelone 1 j6i, t. xiv v*. col. 2 : « O si t'afaytes Ser bon barber, A
ton plaer, Gantant cançons, Ballant al sons De Us tisorts, Tots joms dos ores,
Prou guanyaras ».
167. caaer. Pour caaarl
PHONOLOGIE SYNTACTIQUE
DU
CANCIONEIRO GERAI.
Pour des raisons trop connues et sur lesquelles il serait inutile de
wfisaÂK, les renconires de voyelles som répandues à profusion en por-
s. Elles sont une grave difficulté pour tous ceux qui apprennent
: de Camoens. et, Il y a une dizaine d'années, lorsque je me mis
'Snela tusiades, j'étais embarrassé ^ tout moment par la mesure des
'Vi et je ne trouvais nulle part des renseignements suffisants sur les
BudiécatMns auxquelles sont soumises les voyelles qui viennent & se
ADfOurdliui, gr&ce aux deux étés que j'ai passés à Lisbonne et aux
rtdicrclies que j'ai faites en lisant les oeuvres de C^tmoens avec mon
tKOtnltant ami, M. Severiano Augusto da Fonseca Monieiro, qui ne
t'en jamais lassé de répondre â mes incessantes questions, il m'est pos-
ait d'apporter quelques lumières dans un sujet jadis si obscur pour
■si «t d'établir quelques lois de phonologie syntactique ou phraséolo-
le commence par le Canmneiro gtrat (éd. de Stuttgart, iS4iS-i8{3,
|»l. b^, qui contient les derniers reflets des écoles poétiques du moyen
%. afin que je puisse poursuivre ces recherches d'autant plus aisément
^ les chansonniers antérieurs dont nous possédons des éditions diplo-
■itiqucs et dans les poètes de la renaissance jusqu'à ceux de l'école
rattanique. On s'étonnera sans doute que je n'aie pas compris dans ces
**itsles ccuvres de Oil Vicente, mais k grand comique Je la renais-
liiu ponugaise diffère en trop de points des poètes du Cartcioaeiro
^ala mérite un travail spécial.
< Li remarquable Estii dt phonlù^ut tt di pionohgii de la Ungat portu-
CiK faatii tt dultctt •xtuil dt Liitonnt, que A.-R. Concalves Vianiu vient de
P^w uns I) Romufia, prMe i ces recherches le meilleur commfntaîre que
5w (misse désirer. Je regrette pour tnoi et pour ceux de mes collègues t|u«
KitvRaii iotéfesse qu'il n'ait nas oira plus tât.
244 J- CORNU
En combinant les voyelles toniques avec les voyelles toniques, 1
voyelles toniques avec les voyelles atones, les atones avec les toniqu
et les atones avec les atones, nous obtenons les cent formules suivant
dont la plupart se rencontrent dans le Cancioneiro gérai et feront Tob
de cette étude :
1 II III IV
à + i j + a i + i a + a
i + é à + e a + é a + e
i + l â + i a+f a+i
â + â à + o a + ô a + o
i + ù à + u a + ù a+u
é + é é + e e + é e + e
6 +
à
é
+
a
e
+
d
e
+ a
é +
(
é
+
i
e
+
l
e
+ i
é +
6
é
+
0
e
+
6
e
+ 0
6 +
d
é
+
U
e
+
û
e
+ u
i +
(
+
i
+
l
+ i
i +
à
+
a
+
i
+ a
( +
é
+
e
+
é
+ e
i +
6
+
0
+
6
+ 0
f +
û
+
u
+
ù
+ u
6 +
6
d
+
0
0
+
6
0
+ 0
à +
â
6
+
a
0
+
i
0
+ a
6 +
é
6
+
e
0
+
é
0
+ c
6 +
f
6
+
i
0
+
l
0
+ i
6 +
û
6
+
u
0
+
d
0
+ u
û +
d
â
+
u
u
+
û
Q
+ u
ù +
â
d
+
»
u
+
à
U
+ u
d +
é
û
+
e
u
+
é
u
+ e
d +
i
d
+
i
u
+
(
u
+ i
ù +
6
ù
+
0
u
+
6
u
+ 0
Si nous aioutons à ces combinaisons celles des voyelles avec les dipi
tongues, celles des diphtongues avec les voyelles et celles des dipI
longues avec les diphtongues, nous aurons encore un très grand nombi
d'autres formules; mais plus les voyelles s'accumulent, moins elh
rHOKOLOGiE SYNTACTKit'E DU Cancioneiro gérai 241
oSrcDtd'intJréi, parce que les contractions ei les élisions deviennent de
pineii plus difficiles.
Vûm retranchons de ces recherches les rencontres des voyelles
ttaiqMS avec tes voyelles ioniques, parce qu'elles ne se contractent
juDiii ; car tous les passages oîi l'on pourrait Jtre tenté d'y voir une
csMncùn offrem ou bien la formule voyelle tonique + voyelle
amiiy M bien la combinaison inverse.
Pour la conuDodiié du lecteur, nous traitons à pan de quelques mono*
iT<Iibetqiij autrement auraient été dispersés mal  propos en différents
endroits.
VOYELLES ET VOYELLES.
I.d + I.
l^hùius est assez ftéquent : mas sofrer me dâ ] a pagua I jilS. ij,
■jVi'estaa | a liberdade II 140. S, e tyrar vos hi ] a vida MI 2S9. 2,
U> ri I arrubda I {04. 33, vos esîaa t aparelhado II 399, 33, se
^ I aquatquer pessoa 11 474. 12, correm quH | as novas, correm III
'*'- 18, poderey câ | acudyr Ili (iî- îo> Poy* <iue \i ] aveys de dar
"I )6i. 1^, e as naos jâ | acabadas II î6i. n. Mais plus fréquente
"tmesi b contraction des deux a, laquelle donne un a long et clair :
'^J'V^ senhorade Sousall 14. I, Triste vida serà^^a nossa II 175. 11,
Dtfi^as armas 00 marido II 197. 2), serà^.a pena que padeccra II
tSi-Siinil vezes pcrderi,_a vida Iltôi j. 9, Talcuydar med.1,^legria
t;i{. 7, Dirâ,_^quela que se chama JI :4. 3;, e bem se poderi.^3-
àtt II 1 10. 33, tnas bem sey que ser^ assy II .441. ^4, Pois qucm
iivi,^^aqui rremedeo III 20. 18, outras piores À^^aquy III 665. 38,
tan BDO e meyo i^^agora III S. 30, que conta darâ^^a deos d'rla II
167. j, qu'esi4^_^ par d'uûa rribeyra II ^60. 10, qu'esid^^me vos
cRjueçdo I ];8. 3), qu'era \i.^ morte comtgo 1 14. 32, tendo )â^jas
Tîdis perdidas II 175. 19, vay dépens jalyvando I 18, 9, quamasvcMs
iiKJâ^_^bey II 5;9. n* <^^y quJquela palha II 482. iS, 0 viessem
Caa^judor II }$;• 21, nunqua li,^aproveyta nada II 40J. h* j^cabou
Il 173. 13. jissy I 13. 9, Il 288. i, lEI 280. 4, i^^agora ou jigora,
dans de nombreux passages, ti,_agora I 164. 7, atâquy III 34$. 12,
li^ I 130. 1, 131. 15, 122. 16, Il J96. 37.
Le bbtus est rare
}(8. 9, comochegua
da I aima II }?. 24, nunca ter a | aima boa III
aa orelha II Jî^- 8, que çuja | ambas as maâos
Î46 J- CORNU
II {41. 23, E nam diguo^agora | al III 112. 1 i,ci>m nada, h» muyios
dias II 47J. s, où U pause justifie le hiatus. On rencontre d'ordinaire
la contraction ; l'orthographe néglige souvent la voyelle atone : atma
= a aima, arma = a arjna I to^. 26, arte = a aite I )oû. 11, nagoa
I 4;o. ;, narbor II 378. 10, hQa_alma I q8. 8, hû aima I ^j. y,
Jiûa_avc l 286. 6, dûa_arie Ml jp. 1, dû arte III H4- ï. J&o. 24,
minha_ama il ;85, 1 r, minh aima (souvent), sua_arca II 33}. 1 ;, su
arte II {97. 22, voss aima (souvent], vosane I 17). 4, voss ave III
Î2I. I, css arte !I ( j», 7, desiane (souvent», per outrartc III 4)0. 1 1,
ioda_ane II {24. 16, tod arte II 64. 7, 488. 2, tod aima H 279. 6,
loda_ave III 497. 20, toda quanta^ aagoa^^qui vem III 494. 21, de
bo arvore bom fruyto III 626. ;, dona^^Ana II 428. 9, don* Ana III
109. }, quarent anos III 160. S, sesent anos III {;}• > 4, seient anos
III 89, i,noventano$ III Ji<). ij, vlndos de Btscaya^^^héitanto II )6i.
26, começa_alma (= a aima] de sayr 11 îio. ri, e tinha„aas (alas)
com que voava 111 499. 1 j. ïospirar me leva^^â cova 1 14. 7, E toma-
da_aa fee Espanha II î6i. 8, Eu que^^era moça_aa panida II î86. 8,
rroguo Alvaro (= a Alvaroi d'Abreu III 178. 17, e poys a_ambo8 0
cometo I 74. 9, trouxer^antes hCa murça III 124. }, Nunca^al vy se
nam sesudos III 151. 12, cadano venha paryda I 2(1. 25, ca^ de ter
porvos perdido II ^84. 8.
j. fl + a.
Le hiatus ne se rencontre que dans peu d'exemples : da | antigua
cama^^amada 11 j;7. 9, sendo minha | a paixam II 128. is. esta |
ardente feysca 1 449. 1 1, cm mym toda | a tristeza III 64. 8, coro-
nysla | abastante II 70. tt, verdadeyra | amizade I {94. 14, tenh«
tanta [ afeyçam II 114. 6, Tem estranha \ andadura II 480. 9, ela
mcsma | as desfaz HI 507. 9, venha çerta | a coniya 11 ijo. ji,
Avorreçe^^ | arraynha II ;2{. 6, que m'estorva | apayxamll 128. 8,
todas leva | a d'Abreu III }. 2}, namme salva | a rrezam III 64. ;, ae
Ihelembra ) algum bem III 440, s, anda | adarga^^cmbra'Çada I i{4.
jo, foyporela | apodado III ^72. 20, folgarya | apanarmel 2;2. 7, Tarn
asinha | acnbadas î 299. 3{, nam foy nunca | apodada III 146. 20, se
faz agoa | a seu salvo I 143. 37, vossa vyda | a perdela III 185. 3),
me loma | a | o meu mesire I 184. 1 j , obrigua | a vos servir III 41 .
14, que deos dysse | a { Adam I ^04. sS, sua vida | apos eUs II 540.
;4, que se fai contra { amor I 8t. i j.
Deux a atones se coniracla'cnt facilement et donnaient alors comme
aujourd'hui un a clair et bref que Joam de Barros écrit i ; a^^irmada III
12&. 3i,altezalll ijj.ii, A^^badessa 111 3oo. ;, a^agulha III 138.
rHONOLOCiE SYHTACTiQUE DU CiincioïKin gtrnt J47
4, Da„abadia I 466. 2}, na_area M 566- î^, na_aguda espada cayr
Il 416. t8, nalidveyra Tll 277. li, mJnha vogada I 2jo. 18, tu annada
Il )b2. 39, vo$sa._amizade II ;j;. zi, voss aiteza III 12a. 3j, {)).
ij, U4- î. esla^amargura I gq. la, esta_alcgria 111 aj. j, loda_a
noyie I 11 1. 29, facha_^acendida il 40}. ), sera caus algûa I 112. 19,
cous algGa 11 i]8. 2, gross annada II ^61. 20, pouca,^alegTia III 2j.
2Q. manday a^^ssentar no feyto I jj. 27, iumna,_^mosir ele co dcdo
I 78. 2f, como vos ncm naprendemos |= a apr.) I {06. n, quemn
uty emcamynhou li 167. ^, por levé perda^^ sscnty II 401. 21,
conta ^as e dylas dOa arte lli 580. 24; venha^a prova sera tardar I
71. 27, çerra^_^ scrpeme os ouvydos II Î24. 7, Pinia_as batalhas
campa«s II ï7a. 29. me nam tnijjua^alguum confono I 7). 22, Jorge
da Sjlveira_acusï) 1 ;2. 7, A terra estratiha^_^cheguey 11 410. }i,
avya,^a^rtado t 408. 18, tinha^avida II 424. 5, que se pos£a^_aquy
julguar m 5î^. 18, que se leyxa_assy caUr I 78. 28, praM__a deos
I 349. 9, Il J97. 10, que se nam torna CasieU III 128. 22, a__Agosto
jri 128. ij, 482. 17, este proçesso a Arelhano III (îj. 6, aqaela
(:=a aq.) çidade II 38;. 9, disse a_3quele que bradava III 622. 4,
a^aquesia tal vossa dama 11 484. 8, parafa cova I 4}. 16, para çea I
t J7> >}i guanhala pera.^ perder I i2j. 7, para 1= para al irazer 111
1 17. 14, per agora 1 270. 24, para_3quy II léj. lo, per aly II J79.
io,comra^_^ Jeyill 2j7, 2î, amortecomatrisiural! 265. i4,coma_>
grande vaydade II 4^7. }2, eu nam sey mais ca_adorar II] 44, 17,
que eu sam mais obrîguado || a vos ver qua_a me salvar III }{6. 24,
c'a vida qu'ee dcscontenie II de tudo se descontenta 11 jo?. 22, ca a
que kz pecar Adam 1 4. 21, Calguums sam \i contteçidos I 146. 27,
cassy fazya 0 filho I 149. :j, casy compra o sesudo I 1^2. 1, caquy bi
a pascoela t 17}. 8. Mais quand l'a est omis, il pourrait aussi y avoir la
conjonction qut.
4. 4 4- e.
Hiatus : perdy toda a ) esperan^a 111 S94- 6. m^a | esperança III
48. 22, ma I estrea III 506. 39, maa [ empresa lli 227. 15, muyiostui
I em cada casa I 197. 26, durarâ | em quanto >iva II joi . 11, poys
esiaa | em vossa mam II p7. i), e que jaa ] entam fodias II 27. 19.
Diphtongue syniactique, rare : mesire liie sseraa^^escusado III 269.
28. quem jaa^esperança non tem II 412. 9. que ji^cnlam nam faé
cuydado I 68. 21, U^eslam lit 2Û4. 2j, 285.8.
Hiatus : da | era, a | erva, nesta | era III 290. 11, bija | eguoa
nuça panda III 97. 18, bûa | hé que me gabeys II 44^. 38, uînta | hé
^ I. CORMU
pôuco ganhar I jo. ^i, A maa ventura | hé minha II ^12. 9, A moU |
hé vagarosa 111 36^ 24, esta | hé boa man«ira 111 279. 39, 384. 9,
Esta I hé sua tençam III 7). 6, da j era mal lavada II 186. I3, qa«
quem tama cousa | erra II 419. 16, nom veja | e&sa molher III jj. 2j,
se ponha | este ditado III 178. 2{, era | este mail logrado 11 14. 3.
qu'a [ essa Santa Cruzada I 106. 26, a | essj lua senhora II 16. 8, a |
esta triste coytada 111 {09. [4, a 1 esta terra cheguou III ni- M* ' I
eta III 30. 31, a | ele daa claridade M 446. 10, Para | estas tudo rrima
III 172. 18, por quem lum tem para | eU III 182. 3f, Contra elle I
77. 7, contra | ela III j^i. 17.
Honnis entre l'article et le substantif où le hiatus est régulier, il est
bien plus ordinaire de rencontrer la comraiction de ces deux voyelles :
ioda_csta génie H 584. 24, toda_esta ssomana III j?). 33 etc., a
hûa_hé saber vestyr I 145. j, minha vida hé acabada 11 J76. 2, esta
rep-a^bé verdadeyra III 619. 25, esta_hé a que mays mal faz III 17.
2j, Nam s'entcnda __esie perder II i6g. 2[, e seia_esleagouro v3o 11
406. 23, o que me «usa„esie dano III 578. 18, Tomay ora^_,ç$te
conselho 11 163. ), a_esse Pero de Lixboa III îS6. 31, queré a^_,estas
rresponder I 279. i j, l)a_ csie rrey tam cxcclenie III 467. 3.
La voyelle qui résulte de cette contraction est un e ouvert ',
comme le montrent une bonne partie des passages suivants : tod esta
crueia II 1Û8. 21, todesia corte II] iii. 4, tode esta culpa III
633. 3, Tode esu voss obra feede III 651. 38. em lodela junta II
4Î4- Ml ^ss^s panes l $2, 16, heessas ylhas I 1^7. 11, Dae poys bfm
eese d'yrlanda I itSj. 39, eessa terra d'acheguar II 412. ^4, disse
loguo eessas oras III 2^3. 9, logu csias oras III 3)6. 9, logoessora nos
ssacou III 36{. 28, toguD hesâra proiestey III 601. 4, nem vejo heessa
coyiada || porque deva de morrer III 633. 9, heessa dou mays que fazer
111 662. 10. heeste tal. sabeis que dïgoM I3), }}, que irouxe seys
eesta terra I 366. ^,fiin eesta vyda II 19). 32, eesia terra antigua-
menie veyo II 367. n, eesta parte aparecia II J79. 4, aquy eesta
parte estavam II 179. 7, se vierdes eesta nossa II 432. ij, sempre
vem ter eeste fym II 440. 12, Vym alegre eesta terra II î3J. 26, eu
cheguey eesta cidadc II (29. \, se v)t eestes trovadores II 587. 17,
prazer destes eestas damas III, 102. 4, que nome Ihe tendes dado ||
eeste vosso guabynardo Ht to^. 1, cûa copra eeste rryfam III 179. i(,
antes sey muy beon conlar H estas damas minhas dores III 309. ), Eu
cuidey d'yr em batel||com fidalguos esta fesia III 309. 37, Eu eest*
omem tiam Ihe vy III iid. ], eesiasoras III 3)5. 18, eeste Jorge d'OIÏ-
I. tt marque au xvt* sîMe un c ouvert. Eaa, <sii et ctit avaient alors un
< femé.
PHOHOLOCtB SYNTACTiqiiE DU Caocmeho gerat 149
*tptll37;. I j, eest' OUveyra JII 2S4. 2, vindeloguoeesta bani^eyra
'II tK. 7, eesia vyda m ^98, 18, adeyeestemalpmente III 40S. 26.
«Mmeu trisic cuydado III jôo. 9, se foy ccle o rreposieyro m 347.
I), « gâtâmes qu'eele vaSo III ^74. 2}, vos manda pereesta yda III
9f.ia.que se perdesse parccb lit 10. 21, e eu syniome pareela III
)0(- 10. Il esl vraisemblable que cette coniraclion avait lieu dans
btaucoap d'autres cas, mais l'orthographe la marque rarement. Des pas-
ngestels que les suivants sont rares : vos vedc que couse estec Itl 166.
ifi amosireela mats amor II 4Û9. 14, Je l'entam em ssy abranda 1 8.
18. Talcativojeele jaz II ;i6. 8, hua çidade || comeesia que feytaesiaa
II 40]. 32. Quoique la graphie u (est) revienne souvent dans le
CvKtmeiro gérai, ]t pense que nous devons reconnaître la même con-
mction dans les passages suivants : o cuydar cousee sabïda I 10. 14,
acottsceque muyt'alarda I 14^. i;,que cousee algum saber II j}''
31, uiba que cousee prtsJo 11 $4}. {.que cousee esta^^^legria III 3$.
î, que cousee dcsgravyzar ' III <j6â. 6, csiee a graça que Ihe ^ea II
t3{> 1), Kstee a que me ^ mal III (S. 6, qu'estee manha dos amorcs
111 74. ij, qu'estee verdade iil 194. ij, mas este ssuraa das dores III
i^M. 11. pois por vos elee perdida II i ig. 19, acabadee minha vida 11
t?!- 9. Faryee (i^ Farya héi M J71. 4, a vossa barbée rrapada III
109' ),agaoree o seu prazer III 196. }, ayndeepor mal de quem II
<îi. 14. Quelquefois l'orthographe pourrait faire croire & l'élision de
Pjiwe, mais les exemples ci-dessus prouvent d'une manière évidente
i}De ceux-ci présentent également la contraction de a ai : e poys and
Ole nirozum II 179. ], t bb era jaa çafada Ili ;97. 6, eu par esta
lkrecaç3o 1 î. 11, par este vos csqucçer I 473. 8, naiuraes par este
OMono II 120. 17, paresta cousa janelas tll 169. 7, meus dias par esta
peu III 381. 31 , e chegando se par des I 102. a, e oulhastes b«m par
eie I 478. 10, porque par ela ter cura III )6. 3), loniam ss'aguora par
(h 111 j8o. I), C'alegays contr esu parte J 12. il, mas sayb este que
wcae I î9. îo, hé rrezam que s'escrev esta^envençam tll ij8. 4,
tpià est' encarecerlll 47. 6. ,
6. tt + e.
Hiatus : da | ermyda I 269. 28, da | envençam III i}8. 30, da t
Opota I 160. 1}. tu I esperança I 9S. 11, ^27. 6, a l esquivan^a I
102. Il, da I eitrada lit jj^. 9i l'art, s'est changé en i dans : e
poysteni e | esperança I 66. 18; minha 1 esperança I {{9' i<^> ^ mtnha
! RTtençam III 396- 1;. nossa j esperança I 33;. }, 48S. 1, esu vossa
aso i: CORNU
I envençam III i}7. i}, desia [ esperança II jjs- \i> pci'co toda I
esperança II 196. 1 1, muyu | eslopa d'esirigua I 481. 6, mu^ | em-
veja II 297. 20, cuja | cspada se chama I 162. 1 , corn perdida | espe-
rança i J02. S, a iristeza | encuberu I 126. ij, cousa | errada 1 4}!.
2t. sento vêla I enguanada I 249. 17, noyte escuralescondco I 193. jo,
cada dia l cspcray I 4 $4. 17, nam scja I cscassa i 1 16. 1 1 , Isto seja | eo-
lendido 11 484. 28, neile nam aja ] emcnda ! 3{6. 10, ou dîzer nva | el
rnj II 288. 2{, que se possa | escrever II 1 19. 7, vos passa | emtris-
Ij^r 111 418. ]2, e soes fora [ escudeyro III {90. 34. que nunca |
estaa em paz II { }6. 2, nunca | errey III 619. 26, vou me de dia | em
dia 1 2}2. 12, nem guarida | em qu'esift I ô. 29. metyda { em inilos de
guerra il 124. 12, nam me fica | em poder Kl ^09. 14, que nunca { em
ouïrai oras III 3J7. 29, a ■ el rrey muytas merçès I 202. 8, lema deos
e a I el rrey I 216. 2, a i el rrey, nosso scnhor II 186. 20, a ] el rrey
a nam lerou 111 391. ;o, pera | esqueçeni-oslll 389. 17, para | estar lli
626. 8. La contraction des deux voyelles n'est pas moins friquenie que le
hiaius. Tamûi elles semblent produire la diphtongue de et tantôt donner
ee : da.^erdjde I 218. 11, da^emperatriz I }6-;. 7, a_espada II
417. 10, a_esperança 111 450. 6, polla,_^esperança II 41 {. 28, hûa,_^
espada II 4}2. 6, hûa^_,esper3nça 1 66. 16. II J12. 1, minha^_,espe-
rança I 28. 20, tua.,^pada II 416. 14, nossa^entreçessora i }8;. 16,
lûda^esperança lli Î89. j, algûa„ esperança H 45). 1$, outrA_em-
vençam m 148. 12, chama_ençendida I Î4. 11, Sama_egreja 1 41.
34,cousa empossivel 11 ijô. 16, cm pouca^stima il p8. 12, lerra
.^esiranha 11 }6i. 5» verdadeyra_estorea II Î73. 27, roontanha_es-
cura il 404. 19, naguda. espada cayr II 4t6. 18, minba^esperança
,_,enganhosa III I4. 17, cousa_e$iranha III i6i. 18, largua,^espora
III 3ÎS- 'i- negra^^enirada iil 480. 1, boa_csirca III (24. 2(, isto
nam no sayba_el Rey I îi. 26, vyva^,el rrey il 48;. p, rreyiia.^el
rrey dom Manuel III 46^. 8, soube logo que era^^d rrey lII 618. 17,
que me podia esqueçer I 414. 16, feyta^esiaa II 402. 32,quemrrepy-
ca_esta cm saJvo I 367. 26, e depoys da casa__.estar III6}8. 27, days
pedrada_em vosso^escudo I 41. 2, ;68. 6, andojd derrua^_^eni rrua
lU 20î. 14, D'espeiança __em esperança Kl S4r. 1, que falava^^em
nossas vidas I 287. 27, dà parcas a_el rrey de Kez III 24r. 8, ou a
pedyrey a_el rrey III 197. 2, Faley très vezes a^el rrey III 474. 17,
Mandey a_Esparia tambcmll 582, ;, mas porqu'am d'yrpara^^el rrey
III 273. 22, para.cncho'cs esse tanho III 282. 16, ando pera_en-
ssandeçer 111 j66. j, para^.enlrar em nova vyda III 6î8. 1 1 , para_
eslardes maïs esperto III ^91. jo, para_esperar III 636. 6.
La contraction et[e) étudiée plus haut se rencontre dans les passages
stùvams : com que pesam eesperança li 469. 21, neespcdida l 3{8.
PHONOLOGIE SYNTACTIQUB DU Candonàro gtr&\ 2^1
9, ncscararouça m«tydo M 2;. 14, Neeslalaiem daCuerrt^ra lit m. j,
que dam um longue esperança II 46t- 7. per vos arte longue e cuna (
17). 4, dé me ci lynte e papcll 11 187. 10, vos hcjouira que sabees I
167. )é, que estouiros fax vir febre II ^04. ji, pelo quai lodos e«l rrey
m 49}. j, a mào eescrevelo I 1 ;6. 12, nunca falo eescudc)'ro III 66}.
8, père cscapula Ml too. 15. Ce serait une inconséquence d'admcnre
l'élision dans : nû erdade I 2{7. 14, minhesperança m {4;. 4, que me
nom mal' est esquyva II J2S. 17, De quant esperança eu linha III {44.
io, falss esperança \\ 21 j. 8, Falar hé cous cscusada II Ï07. 24, que
me nam se) escusado 11 306. iS, tînh emprestado II )49. aj, que er
escusado criar III 237. 10, A mula vinh espantada III i^i. ir, nunca
seri csqucçido IH jiô. 18, de cas em casa pcdyr III 640, 17, par
enguanar 1 ]}■ '8, par escapar III 44. 28, per estimar III [81. 1, par
esiaEar III 647. 14, Nos freixos ind estaraa II {60. 4, c'alnd estaa por
naçer III ;i. 17.
7. ** + <■
A cousa qu'eslaa | incerta III J44. 8.
8. a + /.
Hiatus : a ) ysca, a | yra, na | ylha, nSa ) ilba III ^79. 7, tua |
yda II 41 j. 17, nesta | yda I 4j6. 2, Il )4f. 34, tll 92. 4, nQa rouy
pequena | ylha II 121. 17, que nam custa | Uto nada II 482. 4, Nunca
I ysto confessey :i] }6}. tt, ont | mo nam me fa?. Ili ^20. 21, poys
justtça l hy nam haa III 169. 21, s'estava | hy Joam Foguaça III 109.
7, s'eu nam fora pera | isso 1 17^. 19, para [ isso III 580. 9, Fera t
ysto mosirareys III 97. 29. pera | îsto poder ser III 401. 4, para | ysio
de vos crer III 6u8. 2 1 . p?ra ] irdes a caçar I i6j. j. Il est très rare
que a et ï forment une seule syllabe : e sua_yra s'esiendeo II 5jj.
to, andando na mata_Yda 11 j}7. ij, nam vo« presta._hyra Lorvaro
m 200. 7-
9. fl + i.
Hiatus : a \ îgreja, a | ydade, na { idade etc., da minha ) hydade 11
{(]{. 19, minha | irm3a lU 9^. 11, nem da sua ] imbiguada III $04. 1,
A I ouïra ssua ] ygoal 111 578. 2, vossa | igreja I 267. 14, csu | ymiga
provada I 497. 9, de pouca | ydade JI 497. 18, III ârg. 6, dona | llena
J ÎÎ7- '9* Î48. 2| Î49- '?! "^ona | Ynes III 617. %, Ana, l irman ver-
dadeyra 11 416. }, era toda cousa { igoal M 1 [4. 28, a coytada | yno-
^le III )86. 10, de minha vida j imiguos III 498. 2j, poder pera |
jmsynar 1 J40. 17.
Excepté entre Tanicte et le substantif où il y a presque toujours hiatus , a
252 i- CORNU
forme assez souvent avec i une dipliiongue syniactique : ant'as jai
da.ifante III )74. lo, Lembrame que tita^yrmSa II 566. 26, que sem
sua_mlercess5o 11 îî'- '. iHWsa^inqueryçam I 7j. j. pera nossa^
inlerçessora 1 1 an- 2?) vossa __ynfynda fcrmosura I 401. 11, ne«a_
ydade 11 Î74. 14. E por «ta_inquyriçam III s)î. 6, tanta^ypocresta
III 240. i{, Chatnam a vos suma^ydade il 128. ], loda imeira I
417. 27, III 276- I, T3nta_ynfinda descriçam I 404. j, Sacabuia_
irm9o de Jaques III 641. 20, que seja^goal em toriaento I }{9. ],.
pesqua„jfanies com sedeta II iSi. 11.
10. d+o.
Entre (f et 0 il y a presque toujours hiatus ; v j | 0 feyto jà con-
cniso I 12. $, bond' estas | 0 pelourinho I 220. 10, que nam dard | os
seus panos II 187. 18, poys perdy jaa | ocomerll 4)5. 22, quempode-
rey \i | olhar U 168. 7, caa | 0 diz raînba ten^So III 44. 8, nam farey
cà I D que devo III 494. 2j, Como quer U | 0 dereyto I 4. 1 ^. E se
taa I Ds convidarem III t$8. 1, là | 0 quoal I 72. 9, da cabeça aU t os
pees II 24. 32. [I esi tris rare que .1 et 0 forment une diphtongue »yn-
lactique : scmprc^,hyrn^^o nome diante II Î72. 6, cmmendaraa.___^
que quyser II {24. 9, quem seraa^_,o que nam quysesse lli 184. 9.
Ui s'est contracté avec l'article en Ion dans : busqué loo contcnta-
mento III 41 }. 2, car il n'esi pas permis de regarder ioo comme équi-
valent de Id, celte forme ne se rencontrant pas dans le Canciontiro gérai
Une autre contraction toute pareille est celle de atÀ cl de l'article : e
do eu atoos artelhos I 480. 7, desd'o rrey atoo pyam II 47}. 4, do wt.
pee ai6 cotar m 229. iS.
n. a + â.
Hiatus : A I ora MI j6. >{, pola | ora III 626. 7, na | ora I i2{.
\6, da 1 onrra I 48J. 5, nessa | ora II 1 16. 2}, esta ] ora II 167. 16,
III 402. ], 419. 8, aquesta | ora II 18. 2(, nesla | obra I 287. 6,
esta 1 honrra I ^98. 14, desta | orta III 492. 24, esta | orfSa UI jjo.
20, 22, aquela | ora III ^09. 6, outra ] ora I 277. 27, toda | ora UI j.
ai, todo I ora t loj. lô avec assimilation de l'atone, hûa | ora 111
{84. 3, 612. 39, atgCa I ora d'um dia III 544. 4, em bo | ora I xj^.
2, cada I ora (tr^ f^uent}, nunca | ora minha dor | de vos me pode
apartar III {91. 36, na brava | ondall {61. 2 j, faça 1 ondasda rribeira
Il ï94' 9f "^ i*^* I '^^^^ 1^"^ '^'"i '22. ?{, na mesa | onde comemos
I 441. 37, para | onde nomno sscy I 461. f, vejo vir a ] olho a morte
H 164. 9, parece c'a oiho cre<;em III 49^ 12, ho mana, | ho prima
minha II 14. }4, où la pause iusiifie la conservation de U voyelle atone.
PHONOLOGIE SYSTArTiQUE DU Cjiitiontiro gérai iu
Ûnid'autres cas en partie tout pareiLs, on trouve l'assimilation de l'atone
lbtonii]ae et la contraction des deux voyelles en à, ce que l'orthographe
Knur^ue pjs toujours : d'onde bat' 3.._,ondn quebrada M ;lS;. j, voss
obnllI6;i. iS^est orfSa (Il JH- >9> ne^ora I isouventi, logo^essora
ini6[. 3S, 6oi. <|, naquela^.OTallI }86. 23, naquelora M 2}). i, i}8.
17, 561. II. hùa^^/>ra II 210. 12, III n^- '6. hûo ora I) 46$. 26,
4^6. 7, d'ordinaire huû ora ou hûora, dans un grand nombre de pas-
agst, algSu ora ou algû ora, tris souvent, nenhù ora III 1. 1 1 , 6. 9,
6m. i, ouïra _oraIJI 269. 1 i,ouiro _oralI 418. 4,ouirora (souvent);
1>^ ora est devenu successivement : bdo ora, boora^ bora : na boa _ ora
CBobon dia I 267. ij, 0 triste u boora vos hy " II ;8â. lo, embooni
llf. Il, 1 10. 4, jio. 20, etc., embora U 444. ;, 562. ij, etc., cada
raonlil 8. t, 10. 31, cadora (rare) Il ^07. 20, III 2. 1, {9 c. \;
JM*:jora vedes III 507. 54, j semble avoir perdu son accent; cf.
Jûartryeys algù ora II (, jS, cuydando no que jovy (= ji ouvi| vos
Il 172. 17. La même assimilation et contraction a lieu dans les vers
»nnu : quem achar damo 0 escuro 1 149. 19, que cansso omem
^^war II 467. 8, e fie omemenguanado II 182. 8, Rebolo qu'and 00
w^ejUI 6j2. 8, nuDca oolho [= a olho) vos vera II 441. 7, deyx'oo-
^i=iboï2$ 'a bom tempo"' buum boni dytado I 99. 2}, par omem
ntfctrovar III 21S. 10, passages qui indiquent coiome ceux-ci doivent
fculus : day me là ligua 0 poricyro I 464. 10, d/i irJsteza^o cora-
ç» Il 263. ta, de nobreza^_,oos que os irazem II ly^. :?, nom dès
■«pena^^o sentido II 40Î. 22, estar ela^^oo cavalguar H 480. 26,
c<faygoarda,^oo pousaddro lll 249. 10, daa gram pena_oos cora-
Ç*«IIIj8s. I}, que me chega__.ocoraçam 1 ij. 9, em qu'eslava_oo
xAejTO II 424. 16, Day ora^oo dcmo ta! manha II! lôi. 1.
12. 11 + 0.
: rta | oferla I 269. (4, minha | openiam I i66. 20, 282.
<8,[niiiha | orelha I ^67. 19, tanta { onestidade I 2;6. ï, nympha |
"Orrada II j{8. 26, lynda, | onesta fegura I 7. j, c'assy ^zia | 0 filho I
H'i-ih c'asy compra ; 0 sesudo l i{2. r.ordena | 0 duque II 284. 4,
'>*Kiofna I 0 guanhado M 474. 4, quantas arma | 0 diabo II jiy.
)2,Af]nina I o gram monarqua III 129. 1 ^ , que nam lembra | 0 rryram
" Mt. 22. Era I 0 cantar, senhor, |j mais forte do quecuideyill 90. j,
''ttbça 0 fundamento lll 307. 1 {, Poys se prova | o que dygo II 1 12.
■Upagiia I oque devc II {}8. j:, olha I 0 que te dirio II {6). 17,
9>lera I 0 que fedia III 249. 8, S'a Senhora | 0 julgara 1 |. 24. Le
CutuMiuo Sfrat offre encore de nombreux passages où j et para ne
'■■nitem pas diphtongue avec l'anicle : a | 0 portai da ermyda I 269.
3t4 '- CORNU
28, me toma a | 0 meit mesire I }84. 1 j» A | 0 lerapo que rrcpousam
Il 237. t6, A l 0 senhor duque II 28{. 17, D'Abiil a j os onze dias I
178. 6, A t os nobr» sem dynhejros I 19;. ji* ^ | os présentes
espanta 234. ib, que fani | a | oquelem J 144. 14, que chegue | a | 0
que sento II $91. 14, que days a [ os que prendeys II {46. 35, avoou
pcra I 0 cham III 200. 30, Fera } os arcs corrutos I 180. 1 {, Pera | os
descsperados II 34. 14, Fera | os maies II 420. 1 ; ca | 0 que a nos
matou I 7- 28, ca | 0 guabar l 160, 19, ca | o mal que m'adoeçe I
{39. 3, coma I o fogo que lyro I 86. ^ 1, mas poys ventura | ordena III
{79. 34. poys vos era ] ordenado III $19. 31. Plus souvent d et 0
donnent une diphtongue syntactique : a minha^opynyam II iii, j,
tua^^ordenança II 3$2. 24. sua^^opcnyam I) 143. 36, III )0{. 17,
vos$a_opcniam II 419. 14, 4)8. 27, de$ta,^openÎ3m III {6). 30, hOa
,^ovclha II 290. 38, hûa^ordenaçam il 49^. i, outra_openyam I 76-
lî, em estrcyta_obnguaçam I jg, ji, e vos senhora^obriguada I
J78. 10, chacnar pena^o sospirar I 48. 3). que perd'a rrou^o a»-
sayro I 1S7. 1 j. que demosira ^0 mal que lem I pt. t }, que Iho sin-
ta__o coraçam II 114. 7, e pois s'acaba_o prazcr 11 lio. 7, mas
quando me torna_o vcnio II Î96. 7, que me pree$ta„o saber meu ?
II 4^8. 3, nam vos lembra _o mal passado III }ji~ 30, Fica 0 mundo
desiroydo III 417. i, era_o ar tudo cuberto II 328. 26, este era_o
filbo meîlo III 104. 1;, nom tinha_o coraçâo quedo II }8o. 8, quer
seja.o sol escondido II ^94. 21, que Ihenam faleça^o ar III 3J9. 24,
e que aguora^o mar te digua M 40 j. 36, deyxe fora_o cora^m II
5}^. 10, nunca_o joguo se guanhoa II 47). 10, cada hûa^o que
deseja III 657. 13, que sua dama_o sayba^o çerto I 98. 3a, de ven-
tura_o achareys II 16}. 1, porque de guisa_o tratara III 38{. 34, de
tal maneyra,^^ achey 11 420. 9, vendo que nada_os condena III 191,
I7j Faça d'ela_o que quiser III jji. 18, nestâ tristesa^os busquey
III (68. î, scndo mona^^o fezpor ley III ôij. 30, fiça_oqueme vyr
fazer II 474. 9, ou s'aconteça^o que temo II 199. 16, que me quey-
ra_o que Ihe quero II 40J. jo, e agora_o faz jazer II j66. 8, ayn-
da_o as d'amarguar III 276. 36, nunca,_o louvaes I }8j. 7, nunca,^
eu tal vy II 3j. 10, Nunca^^ leyxo d'abraçar II, jgS. 29. nunca_ot
lays vya ninguem III {63. 36. Le datif de l'artkle \ao\ compte ordi*
nairemeni pour une syllabe, psra et l'article ou le pronom font deux
syllabes : pera_o quai vos dou poder I 4. 7, pera o mays arra-
piardcs I 36. 27, pera_o eu déterminai I 71. îo, e vida pera^os
sofTrer II 4^1. 9, pera_os mâles que quysesles lll 7}. 36, e vay
comra^o padre sanio II jj**- 23, conira^o qu' esie ssenhor diz
lll 297. it, contra^^bo imiguo II 398. 34, coma_o meu e tam
inteyro lll 224. 1, e ser tudo coma^o vosso lll (91. i3, vo»a
I
1
I
I
i
PHOKOLOCIE iYKTACTIQtlK DU CiWCiontirO gtrat 2JJ
(roDMurïoolhar I îîg. a, qoero, senhora^^ordcnar m no- •?. se
foottdï^ofereçer tlt ^90. 8, hora,_,olhay ess' apodar Ml 6^4. 4,
mmaj doçe pera_olhar III 226. [o. mais ces combinaisons éiaiem
pEOi-tee sascepiibles d'une auire prononciation, car souvent il y a assi-
ailttion de Va A l'o avec contraction en un o ouvert, qui est au xvi* siècle
MMnm iiian)ué par 00 : qu'aveys por vido enguano Ml 426. 15,
poeque m cumproo desejo I lit. 1 j , tragoo cabo I 1 46. 5 . sejoo par
fx^afccbar 1 1 {6. 13, queyro sua senhoria l i6j. }{, scjoo galante
TpoteaK I z^x. 24, vejoo eu antes d'um anno I 2^. 4, dyguoo Alvaro
ifeBriu 1 277. 8, que nuum amingo 0 poder I) e noutra 0 conssentyr II
109. {, diveroo de ser tambem II {66. i { , cada hum dygoo que quyser
III î7. 9, sejoo moor que Ihe façays III 98. 19, Dyguoo conde de Ten-
dUalll 14;. 2g, poys d'y se ganhoo folguar III 188. t6, lenhoo laa
<|Kso tever III ^19. 6, sejoo tormento mays mansso III 415. 6, que
uoof omens per força III 577. iv, que nam synto coraçam III {77.
M. vejo que fez esta dama Ml 6t6. 8. mas nunquo vy sem começo 11
^i SI, que the descobre horelha U 290, 2f , Dcu vos deos mayor
ubea que nunca deu oorador ni 15;. 4. Le datif de 1 article et du
pnnoiD est souvent 00 (<?) ', et parao est devenu pjroo on para, surtout
^ des combinaisons fréquentes dans le discours; Garcia de Resende
faite et 01; 00 cuydado, 00 partyr, 00 marido, 0 coraçam, 0 pa^o.
!• dos», 00s olhos, 00s domingos. 00s Mouros, Ho diabo dou taes
fisBiii 481. 1 î, Dou 00 decmo vossos fcytos IH 32 î- 2^, Day m'oo
fJttnoque me levé II 478. 14, homenos nam sentirey M 1.6, ^29. 5,
lokmguo do rrio II 28). 18, 00 pee d'um casieb herguido II {70. 29,
T^nipresSes os culpados, os <;eguos das crarydade II 252. 17 et [8,
aa'yrey 04 pes del rrey MI 2^7. 24, hos coelhos e ve^idos III 649.
^qne 00 que nam sey começo II 10. 1 ], ho que quer minha vontade
1)206. 4, oûs que fostes no matar III 281. 22, darem mootes 00$ de
fcnlll Î04. 21, peroo cuydado I 47. 12, peroo paçosc mutar I 147.
9iperooauio do gynete I 1(4. 10, tornando peroo casai ! 2î8- 26,
Wo hé Mouros de Crada paroo modo que levamos II ^oo. jo, paroo
l*prda guaryda I 277. 10, peroo qu'aves de sofrer 1 ^19. 20, paro
•oïder II i^i. 26, paros deserios fugya M 20). ti, peros dessa ley
Itpiro pidindo 11 28^. 18, guavyâes paro invemo H 299. 18, poro
*■ Cf. FeniaA d'Oliveira, Cramriûticâ di Uagua^tm poitugeca 1 1 { ;<J), p. 1 00
• "édition d'Oporto : • ... os artigos na nosu lingua diversificaô on variaô a
•Wï «le sua voz en generot : numéros e ciîos. Em genetot como .o- e. 4. e
'Uneroc como .os. e. as. e etn casos como .0. .do. .00. .0. .a da. .aa. a :
-•. ioi. .ooï. ,ot : .as. .das. .aas. .aï. • — P. loi : ■ mas no lerceiro caso a
f" noi c os latinos chamamos .dativo. acabaO os masculinos i. 0. grade e os
«niaoi em. a. grande. * — Mais il écrit Ini-mtme presque loujours ao et ws.
2(6 "^^^^^ i. COBKU
qu'ave}-s de saber [l 5J0. 18, com'eu fuy paros $of&er M $)i. 6, hé
nada paro que vemos III 4$. zi, ncm tcnho olhos p^ro ver Ht 6t. I9,
para sabcr m 72. 14, etc., contraocuy-dar I 4^ 24, coniroo cuydado
I 71. 8, 77. 4, comroo MSpirar 1 79. 24, controo triste castelâo I 2^5.
19, coniroos deoses tam ousado II 4J4. 23, contro triste sospjrar 1 1 1 .
35, coiuro cuydado I 18. ij, 2). 5, os Crisi3os coniros Judeus 1
440. 22, 0 lipre contro ténor EU Sj. l, que fordes controo que sygo 1
ti. 17, no que dJz controo que digo II iij. 27. Apris le compa-
ratif, les anciens textes se servent de ijua, ca {quam), dont il y a un
certain nombre d'exemples dans le Canâcnetrc gérai et qui, cotnbiné
avec Tarticlc ou le pronom, fait /juoo ou coo (^iw, co) : Nam quero
mayor vinganca coo chacnar : minha molher I 2} 1 . 2, qu'ee milbor 0
meu coo vosso I 2^8. 10, nem omem mais aviltadoljcou c'algûas vezes
mente I {97. }8, nem omem mais esforçado coo vençedor da vonlade I
398. 8^ vos farey juras tartas, que vos byeis mais basiardo coo vosso
sayo de martas il 27. 8, tardaria mais quoo meu II 494. i2,hiseucon-
selho milhorll quoo que t'estoutros darâo II 565. 20, que sem duvida
foy mayor quoo qu'ecn Tanger elevey Ht 89. 8, tem mais mangas coo
Ssanpayo III 216. 8, mais bravo coo d'um tyam tll 299. 4, que mays
val hum desengano ... quoos enganos de prazer 111 ) 14. 18. Dans les
vers : muyto moor co galarim I 44. }, e cada dya avorre^a |I a vyda
mays quo morrer 1 179. 27, mais teal co mesmo Mouro III 399. {,
outro mal mayor quo seu 111 460. 4, il est difficile de savoir s'il y a
tfoa ou qae. Trois ou quatre fois on trouve la graphie ou que i'ai rencon-
trée au lieu de ao dans des textes plus anciens ; hyr ou fundo il )38. 2 1 ,
anles vam ou guabrim III ;42. t6, parou c'aves b de ter III 412. 1 j,
da banda qu'ee controu sul II ^67. 9, mas lam pouco m'aproveiia J|
catalo comou dizer Ml 424. 21, cité sous 0 -j- 0.
!}.(* + a.
Hi (art.j I umana jenle II 347, 9, que me dà ( hum homen reylô"
II] 22c;». 22, Antre vos hd | hOa dama 111 {48. 8.
14. a + à.
E de quem per ella | husa II f J4. 22, 0 que desia manha ( usa 1 II
268. 16, cada I huum, cada [ huûa, qui revient souvent, offre loujours
le hiatus, excepté dans un exemple isolé : cada_hum dygoo que quy-
ser 111 57. 9, mais ce vers peut et doit, comme je crois, être mesuré
autrement. Voir Proparoxytont.
Hiatus : ereys divina i umana I 247. ij, que hé. senhon, | bnm
PHONOLOGIE SYNTACTiQur. DU Cancmùro gérai ryj
Ijnl II. {, se calça | buum pce I i {7. 3], do ^uc leva { buum lenor
I116. 17, me lembra | hûa que fiz III 631. 1;, a | huum cabo I ijâ.
L Ha» CCS hiatus sont exceptionnels ; il y a contraction et diphtongue
t}i(Mi)()ue dans : da^charia III 141. 1;, aa vida_humanal 1!
\S\. 1. Nunca.^usey cm meu latente I 451. 21 ; hum s'unit dans de
noBbreDses combinaisons au mot précédent : nûa mula_ûas esporas
1111^7. 2S, desejeys ncla_ hûa dama III ^91. 20, c por tocha_hum
^tj^am m 644. 9, que nam (enha ._hûo ora boa II 466. 7, cada
Kt liiiÇa_hum pedido Ml 341. 20, Aquy anda^hutn capelào \X\
sSf 1, caro custa_hum desenguano IJl J42. 2, e que seja^hum
poooovdho III 661. ij, a_hûa triste noytc escura I 24;. ij, direm
ioi)Oia_hûa mîo III 2S5. 10, as pernas pera_hûa dama 11! 266. 36,
jiiefejf pera_hum luguar III ^44. 6, qu'a de fora huns coniadores
IIJ24. 6, nonca^hQ ora corn' arroz III 241. 4.
HiilUï ; hé I escosâdo i 440. 7, hé \ el rrey emportunado II] 583.
7.^Aain ponho pce l em châo II iS^. 32, hé | em fazer bom valado
'118.4. Une fois nous rencontrons [3 contraaion des deux voyelles ;
dciidalgo téscudeiro III 411. 8.
17. e^ é.
HiitDi : grande | erro nam 1er fé Ili 149. 7, Mas a morte { hé
fet^ida i J7Û. 19, A vontade | hé conirayra 1 48^. G, se vcrdade | hé
ùtBOTi m 612. 12, trisie I hé meu coracam 11 175. 12, 0 mays forte]
houar tll iSj. 7, mas este | hé d'ambos nosso II 170. 10, Este i hé
■tapareçer III 68. }, Esse | hé 0 meu crusado III 488. 17, que nam
fib* I esta jenle III 157. [8, porquc sempre I estes tays I 152. 3i,
Pffc'as bestas seic | eram II jjô. i. Esse | homemdonde | îié III 489.
i.Doade [ hé ta! carantonha III 508. ;2, que tam lonje | es présente I
lit- {. Dans d'autres combinaisons pareilles à cettes-ci, les deux
*«jîlles ne forment qu'une syllabe : cstc_hé 0 m.iis mao rrapaz Ili
tSo. 6, se «rdade^^hé que nest' ano 11 ^73. ij, pays dclcyte _hé
^««r I 41- 6, sempre_hé I 282. 2^, quem vos trouxe_cs(a qucsiam
' î?. 28, nam me maie_e$ta iristura II 174. 25, sobre _esie feyto I
}i 16. Souvent b Yoyelle alone est supprimée : est'erro 11 $90. 3,
tB'te 0 muy alto II 348. 11, est'ee dom Vasquo da Gama II ^72. 8,
Œ'ee 0 mal vcrdadeyro Ml 4Î8. 17, ncm sscy ond'ecmorador III 48g.
îi. tsse ventû ond'cra entam ? M 187. 14, farlh'es cVm espanio tome
' 19- ï8, eu nam scy ond'ele vive III 489. 18, enlr'essa jenle II 5$i.
iT,aQtr'eles III {58. 1 1, sobr'esta perrya nossa I 1 1 . 8, sobr* este caso
''}■ ij.sobr'etia I i^o. ji, etc.
'2j8 J. CORNU
i8. e + e.
Le hiatus est rare : o prinçepe ] excelente I 46J. lo, D'outra pute
I esperança II 68. 2, depois que nele | entrey I 440. 5, como pode l
esperar II iij. 8, eu podesse 1 esqueçervos II 126. 2s,quem vos vysie
I estroydas II ;[o. 21, namno pode ] encobrir III 610. [7, logo triste i
em vos verl ^48. i o, nem verdade | em terçeyra II 1 19. 19, golpe | em
vida perdida III 417. 26, se nam naçesie | em Fez III 253. 2, Açende
I em framas vyvas III )82. 2, onde | em brasas ardemos I 87. 2{,
sempre | em cousas mundanas H 540. 20, sempre l em quanto vyver
III 401. {■}, que soomente | em vos ver I 224. ij, madré | e filha I
248. j. D'ordinaire les deux e ne forment qu'une syllabe : este^_,*s-
crito I 167. 17, deste^engano in 578. 19, grande^error I 81. 14,
grande^_^estremo I 182. 19, grande^^enxerto III 630. 16, noyte^^
escura III 498. jo, poys nunca tyve^^esperança I 119. i, nam
sofre^^estalagem I IÎ7. jo, per antigua posse^^^estar I 41. ij,
honde,_,esté seguramente I 219. 22, sempre^^estaa no coraçam I 100.
29, hé erege^_^em nossa fee 1 J2. 4, falc^em vos nam desfazendo I
226. 21. Souvent aussi il y a élision : est' encareçer III 47. 16,
dest' embaraço III 270. 4, grand' enguano III $41. ;, verdescuro I 62.
25, II 289. 1 1, hé meu mal trist* encuberto I 122. 28, pod'estarl 129.
29, dae com el' em outra feyra 1 )o. 2, pod' em bem e mal estar I 66.
25, sobr* esperança perdida I 67. ij, sempr* em çima I 15;. 30, srâi-
pr' em vinha I 256. 7, sempr' em vos, meu bem, cuidando 1 IS7- ^^i
)â desd' entam II 67. 22.
19. é + a.
Hiatus : hé I a pena I 122. 24, vossa mercè | as comprenda I 64.
■ 9^ que vos hé | aparelhado 1 88. 5, hé | a eletam estranho III 564. 2),
se I agora piadosa I 94. ; , vé { agora I 48. 2 [ , e d'aqui tee [ a Batalha
III 99. [I. A c6té du hiatus il y a plusieurs exemples dans lesquels/
et a se contractent en ee, mais l'orthographe ne marque pas toujours
cette contraction, qui a lieu aussi dans le corps des mots : Tristee
minha (^ é a minha] pela vossa II 175. i }, estee a graça que Ihe fyca
If J15. 2), porquee azedo como fel II 162. 22, vossa mercé héatalhada
II ^87. 2, mais ces deux passages ne sont pas assurés, voir Propa-
roxytons et Pronoms possessifs ; quai héquela cousa que nunca se vyo
II 156. }, Pera queequy rresponder III jjj. 14, peraqueequy procé-
der III {5;. 16, em todas té derradeira I 23;. 6, servidor tee derra-
deyra III 70. 9 [cf. tud'ee vcnto aa derradeira III 283. 21), té vynda de
Jesu Cristo II 169. 10, estar sem elle atee fym II 40}. ij, m'3o de
PHOHOtociE SYffTACTiQLiF. OU Cancioneko gtrai 259
wiiuyT liée lyin III );û. t, tee minha ^ II ji?. }o, }H- i>,atee
aorte iKfanun || esta triste companliya tl j)i. 11, meus dias ... seram
Kopreliïiymados até mone III pï. 25, ntinca lee morte foy frio III
617. n, aiee somana acabada III 170. {, atees quynas devynaea tl
119. 1}. aieequy III 198. 8, jy}. î, 408. 4, etc., atéquy II 408. jj,
fTO, i, III 60. 3t, etc., tcequy I 2ji. 19, téquy 111 i8{. 13, 5^9. 1,
ifecgon t 466. 33, III 46. 3, 406. 4, atégora I 486. ■{, II 60. j,
»7-7ietc., deniSo leegora III 407. 12.
Kbits : este ] ano II 489. 14, III 6jo. t6, sam scie I STinos
psxlol }48. I, Mas ond' ele | anda mansso I 8. 16, verdade | n de
'imu I j6. 10, OQ quem pode { ail nour I 76. 3ç>, Ja vos nam faie^
jillll 100. 17, Nunca pude [ al fazer III 4)1- }• honde | hi vil con-
dijut II f;fi. 10, onde | hâ ynlyndo sa! lit j 14. 16. Dans d'autres
P*ttigef en partie pareils à ceux-ci, nous rencontrons l'éllsion : Lop' Al-
V'iru [Je Mûura III 174. 19, dest'anoli ){{. 12, daquesi' ano III
"6- 14, seeie^anos hà que deiydo II 408. iï. averaa dezanov' anos
" iS;. r, vînt* 3no5 III 296. 7, 0 navyo pend* i banda I 114. 6,
on^adieta) fennosura tl 167. 28, sempr' aarde i )72, 2}.
31. f + a.
9JMBS : dessc | aleeo I 16). 3i, grande \ atcgria J 299. 11, III
loi. 33, grande ) alquemisia I ;97. 8, grande | afeyçam H 11 1. 26,
firndel agudeza II ^42. 8. grande | arroido III 16^. l6, grande|apa-
ivlboiti 218. 9, nossa firme | afeyçam II 1 ^1. 9. seu lopeie | atoucado
' 'il- 19. porque olhe i a padeyra I 16c. 2j, que se deve | ha mesura
'39S. Il, e vede | a vaydade III 4^6. 7, donde | a terra tomada 11
|ii-é, negua sempre | a verdnde I 3 18. 9, tende | a bem emcrespada
IN Mo. 10, sempre | a iragua na maolll 117- 17, e por elle I allegado
I |ï. 2f, e d'ele I avorreçido II iji. 12, d'emro nele | acharas l 82.
ItAcmpode I amor sem arte II m. 39, onde soube | açcnar It }8.
'IJW disse : I avey, Senhor III 618. 39, senbora, disse | assy I 476.
^ij Monde t achsrâo folguança II 67. i}, Ando sempre 1 acupado III
J?» doïe.^*anle | açenemos III 10. 1, por elle | a maravilha I
34, por dar mate | a Castilha I 1^5. i ^ , morte t a huum servidor I
)Ï7 II, dais toque | a Çepiam H 6;. 1, oolhe \ a que Ih eu dysser III
14- 1, J9, II, como compre { ha don7.e[a I 143. 32, cm que cre^ ( *
"Kvde m ^7). 6, qua andar antre | a jenie ) 3 19. I3, qu'antre | as de
«yi estima 11 576. 17, Tras bedem antre I arçam II jjo. j.tnaysvivo
"bfelatefra II (2. j, sobre | as da Gama en fundo II )72. 2, veni
200 i- CORNU
sobre | amor verdade I 66. lo. Beaucoup plus souvent les deux
voyelles ne forment qu'une syllabe, et il y avait probablement, dans la
plupart des cas, élision de la première voyelle atone : grande_acata-
menio I 95. 17, grande._^myguo III îs4. 7, grande alegria III 470.
22, grande^^fronta III 47r. 1 j, triste_amador I 6. j, 57. 11, sete^
avisamentos I 47Î. 4, o duque^_^Alberto I 274. jj, mestre_Antonyo
in jjS- 2î, do I ifante^^^Anrrique III 465. 24, poys vay da verdade^^
avesso I 77. {, nesa parte^_,algûa grosa I 8j. ;o, a vime^_^ gualinha I
I j6. 2 1 , a treze,_,a çevada I 1 J7. 4, que pague^^^^ custas em dobro I
79. 25, vûssa sola crye,^a terra I 269. 24, onde_a pena rauy crecyda
I Î17. 19, onde,_^s oras I îjô. 22, e dura sempre^a trestura I 400.
II, sobre_a terra I 1 57. 1, ca sse vos ele_apertasse I 8. 25, ouve_,
aquisto por emmenda I 124. 8, ponde açiprestes e palmas I 269. ),
quem tyvese^alguum lugar I 85. 6, antremete alguum favor I 98. 10,
e porem sede^_^avysado 1 17. 4, esta se deve,^adorar I 489. 1 5, onde,^
amor nam se desmande 1)8]. 20, que digays que deyte„alonge I 41.
ji, ande sempre_.alvoroçado 1 ijj. 16, Vyseu jâtarde_acodyo I 141.
17, d'oje^^vante III 292. n, d'oje_a mays III 29. 1, 585. 14, de
monte a monte III 270. 19, 645. 21, de verde^_^ verde III 64s- i?-
L'a est devenu e dans : ee todos dereyto guarda I jo. 24, a creçer
hévorreçer III 412. 7. Voir e.
Fréquemment aussi Ve est supprimé : ess' apodar III 6j4. 4,
est' arreyo III 21}. 20, est' avyso III j 26. 11, dest' amiguo III 547. 24,
gramd' aparato I 170. it.ogrand* amor III 518. 11, 619. 16, von-
îad' alhea III jio. 10, Anrriqu' Almeida III 1 jo. 20, soub' a verdade
(i™ pers.) I 121. 8, que 0 nam consent' amor III 577. 25, cab' aquy 1
27. I ;, nos vingu' a nos I 256. 12, os vejo sempr' acordados I 18. 22,
antr' as damas III i;j. 20, antr' as molheres mais dîna I 24J. i},
entr' as cativas Troiâas M jjj. j), contente sobr' agravado I 78. }o,
fim d'Abril III 260. 1 1, d'ahy I 470. i s, d'aquy III s 10. 20, d'aguora
III }. I, desd'a ora que vos vy I J62. ij, desd'aquy III 4;9. 20,
desd'agora m 2. 20, 6. 1 1^ 6$8. 2 j, doj'avame II 25. 2$. Voir De.
22. é + i.
Fee I inteira II 172. 5, III 280. 1 1, hé | igoal do sospirar I 10. 10,
hé j incuberto I 89. 19, coraee ynçerto II 169. 29.
2}. e + i.
Hiatus : nam pode | hyr bem a mym II 62. 18^ nem pode, [ tiinda
que queira I 460. 22. Êlîsion ; nam sacude_ysso 0 pelejo I 67. 26,
mas bem sey domd' isto vem I 44. 1 j , Hond' is II ;96. 2 j, sobr' isso
m 15J. 2}, 201. 6, sobr' Isto I 253. 16, fycays d'y honrrado III
Î24. Î2.
PHONOLOGIE SYNTACTiQUE OU Cancione'iTO gérai 261
24- ' + '-
Hiatus : Hé guerra grande | inteyra III 27. 9. Élision : est' in-
TemoIIjjô. 5 , ond' yrey aqui nem fora II 167. 27, ond'yraa quem
dempane II 167. }o, estes omëes donde^^yram III 618. 1 j.
25. é^o.
Hiatus : mas a dor hé | 0 cuydado [45. 8, quanto hé | 0 qu'eu
lifiya III 141. 16, quem v£ | 0 desemparo I 462. 20, vè | 0 tempo II
19s- ^^ deos Ihe d£ | 0 parayso II 450. 9, III 162. 25, nem vossa
BKnii [ oqueyra I 69. 18, vossa merçé | 0 emmende II i j[. 2, querè
1 0 Tos tall I I î9. jo, este,^aviso querè | 0 : rreçeo !II 4 1 î . 11, &zé
I0IU47). 26, 49 j. 4, trazé I 0 III 494. }, da cabeça atee | os pees
I Hi- % da pousada tee | o paço III ô6i . 8. Dans un cas unique, i
(ttt) fwine avec l'article une diphtongue syntactique : Estee^^o cabo
tobovores III 21. 22, mais on doit peut-être mesurer ce vers autre-
Wtt, Toir Proparoxytoas.
26. e + 6.
Hiatm : esse | horaem III 488. 22, 489. 8. 16, este | omem III
490- 10, deste | orto terreal III 465 . 2, Em esta présente | obra I 1 56.
I7i cdisse : l ho mal esquivo II 20. jo, muyto tarde | 00 seraHo II
fij. 2, floreçe | oje este dia II jôj. i j, onde | ontem foy mostrada III
^f- 12. Ailleurs la voyelle atone est supprimée : est' oomem (est'
"Wm)!! 183. 26, III 228. î, 24^ 2, 490. 10, em fort' oral 21. 6, 25.
ï9i II 288. ij, m s- 29, 267. 2, Anrrique^^Oraem III 642. 16,
ot'ontem II J41. 17, d'oje II 440. 10, d'ojavante II 25. 25, desd'oje
BiJ) II }5J. 16, III {2. 1, antr' ovos d'ema III 241. 11.
27. e + o.
Hiatus : hum muy grande | ortelam III 491. 20, byssete | 0 ano I
>7o- i.piadade | os humanos I 220. 2, favoreçe ] ho rroim II ; jj. 24,
^qoe I o mays por dizer III 266. 2, Bem disse | 0 ssabedor III 5 14. ; ;,
'Bln I os metaes III 531. 17, vem sobre [ 0 consentyr I 77. 30, mas
"Ne I 0 rreçear III 188. 6, vysto sobre | 0 dereyto 1 96. 14, onde | ho
■ïyw servir II 465. 22, donde | 0 bem esperey III j6o. 14, tenha
*Oapn os milhores I 1 ;2. 20, mays santo que [ 0 d'um Mouro III 299.
M; le pronom ne se contracte pas avec le verbe : Deve [ 0 primey-
'UKnte I 219. 19, julgue | 0 quem 0 bem sente il 71. 8, que m'ou-
*7^ I 0 que diguo II 1 30. i j, pague j o em sua vida II i } ï . 11, que
"Msabe 1 oquediz II 538. 14, Sabe | odissiraular II 556. 27. pode | 0
cnnatençam III 20. i7,evede | 0 que seraa IM 170. 10, e pode 1 o
2é2 J. CORNU
de verdade demandar dona Maria 111 286. 15,0 melhor donde | o soit
I 300. [4, sempre | 0 fuyill 406. [2, foy mo prinçepe | olhar III 617..^
12, vos prouve | honrrar M 251. ji, que deos pode | ordenar III 4;{„
22. Dans d'autres cas les deux voyelles ne forment qu'une syllabe, quC
était probablement une diphtongue syntactîque : deste^^ofïiçio III
164. 9, grande_,onor I gj. 8, e pos eIe_o esmayar 1 n. 3, diz por
ele^_^o graçioso 1 27. 17, se | hé este^^o escrivam I 218. 16, que os
mate^^ sospirar 1 28. 10, em que arde 0 coraçam I 34. 2j, toda
sente_o escrivam [ 37. 13, entristeçe^^o namorado I 47. 34, çese_o
mal que nos feria I 6^. 14, ou se quando bate.^^ dente I 143. 36,
vos escreve 0 ssy por nam I 217. 16, a mym goarde^^ Salvador
m 154. 20, se me descobre_o mor dano III 542. 1, rae faleçe^o
coraçam m 600. 13, fica sempre^o matador I $$. 18, vysse_o que
determinava I 33. 4, nam enxugue os qu'aly vam I 220. 30, ora vede
,^0 qu'aa de ser NI 168. 8, 0 nome 0 diz II 369. 37 (cf. plus haut le
traitement du pronom 0), tod esta corte^^obrigastes l\\ 121. 4,
sempre^ordena I 312. 21. Cependant les quelques exemples qui offrent
l'élision semblent ébranler cette manière de voir ; ce sont : d'est' Oli-
veyra III 277. 21, trist' 0 dia que vos vy II 169. 33, que proçed' 0
sospirar I 19. 23, antr' os soutos 1 2^0. 8, antr'os outras servidores I
449. 14, antr' os honrrados honrrado II 517. 2.
28. é+u.
Hé I hum cabo de paizam I 6. 4, hé | huum mal 1 8j. 13.
29. e + û.
Vede^u s'este caso mete 1 207. 24, sooment' um II 178. i j.
30. e + a.
D'ûa pobre | huum coelho I 181. 28, ouve | huum tam grande mal
I 81. 13, ouve I hum tam grande.^error I 81. 14, que descobre_
huum sospirar I 67. 2, quem tyvese^^huum sospirar 1 8;. 8.
î I , f + i,
Perdy | infyndo desquansso I 401 . 24, poys quem hé de ssy | imiguo
III SS4- 18. — 32. i+l. — i^i + i.
34- ' + a.
Mas vy I a rrezam sogeyta I [ 32. 14, ouvy | a quem vem da cova
I 80. 9, aquy | acudo 1 12. 12, faz m'assy | adoeçer I 28. 21. Le
vers : Se queyxa de ty agravada II ;j8. 28, semble présenter une
diphtongue syntactîque. Comme elle est tout à fait insolite, je crois qu'il
est plus prudent de mesurer le vers autrement. Voir Proparoxytons.
PHONOLOGIE STSTACTiquE DU Cunàonàro gerat i6\
Aujourd'hui la conjonction se devient si devant les voyelles. Le Can-
cioneiro géra! nous donne quelques rares exemples de cette modificaiion,
qui est la même que celle que nous avons dans ni et if en français :
e ssy I h^ quem vos asome I 19. jy, mas sy | hi quern crer se peja I
4t. 21, Mais il est probable qu'il y en a bien d'autres que l'imperfection
de l'orthographe ne nous permet pas de distinguer.
36. i + fl.
Que casy.^ nam conhecy I îio. î4.
Î7- ' + «■
Hiatus : alegar por ssy | emvyara I 33. )o, Por sy | e polo par-
çeyro I 144. }, assy j en comprimcnto I loj. }o, muytos vy | «smore-
çidos I 18. t8, de quem perdy { esperança 1 36. 31. Ve de la formule
ES -|- caas. semble s'filrc fondu assez ftéquemmcnt avec l'i, ce qui est
indiqué par t'onhographe dans quelques passages : Eu fyquey de my
esqueçido I };9. 11, por myim^ e&iroido II J49. 2 1 , Ally vi star a Pry-
leo 1 {07. 8, na çidade c'aquy^estaa 11 41 j. 19, 00s gualantes c'aqui
stam III )7a. 11, Ateequy e&tev' emçerrado )1I )7)- 1> ^uy siar juyz
no fora III 478. }3, ante quantos aly_,estam 11 {23. {, assy_espero
de notar II 130. î, a terra sempr' assy^estaa II 4J6. 12, qu'assy slays
desmazalada III joj. 1 1, assy_estou 111 J42. \ i . Cî. partis =: par-
ties partides. — ^8. i + i. — J9. i + e. — 40. / -f o : Ouvy | 0 que
djguo 1 i{8. ijfby I 0 ver m 168. if, perdî | 0 III )95. 17, 617. 31.
— 41. i + (J. — 42. i-i-o. — 4î. / + u. — 44. i+ (i. — 4S i + B.
46. à-}- 0.
E nam soo | 0 jà 'ganbado 11 7. 6, Porque soo | 0 que padeço III
61Î. 2i.
47. 0 + d.
Hiatus ■ 0 I otho, 0 I omem^ 0 | odio, no | ombro, no | odre, no )
orto, vosD I ollio I 1)9, }j,Todo ] homem qu'é escasso 111 j28. i{,
Embo I ora le eu vy III 2^6. 17, beocos de velho | orquo III 610. 33,
pesame ter feyto | omem I 211. 7, Es um feyto | o rreve* I 65. j,
Feyio I 00 trajo da terra 11 $39. 10, a Canhago 1 onde Dido II 400.
21, îcnho i olhos com que vcjo M 498. 28, rrespondo | 00 preguntado
111 429. I 2, e dizendo : | ho mesquinho i 476. 1 , como | homem muy
yncreeo 1 24^ 1, como | omem namorado III $52. 8, Quando | homem
lem prazer III ^9}. 24, Quando | oje adormeçy I 406. t4. Il y a cod-
iraction de 0 et li dans : a todo^^^homem que sospyra I 4}. 21, vida
que iodo_omem toma 11 296. 26, outr omem II {79. 18, III 488. I3,
264 I. cousu
Pedr Omem 111 340. 2?, oyt oras II aBj. ît , esti çerto^oo despcdir
III [87. 4, e dar d'olho_ooi dcrredor IIl 66î. 10, e tu cuydaIû^.o
rrevcs in i^C. 26, lanto olha pela sobrînha lli ïîçj. 18, ncm icnho
olhos paro ver lit 61. 19, como_orpem que prometera II 2î2. 28,
com-omcm c'artda pasmado III 219. 6. Eu com' omem icu amyguo III
252. j, nuando_oiaein sospyra_e chora I 48. 29, logu oje deprende-
ria l 449. 7, LogojedeU farjra III 121. 26.
48. 0+0.
Hiatus : 0 | othar II {9}. 13, vosso | obrar III )8{. 2, cmjo infindo
jonor I 375. 30, no mundo [ onyversal 11 {14. ;2, ousado | ordenador
Il ; 1 7. 4, todo { o vy vo comempre 1 j 1 ). 15, que lodo | 0 al que vejo
I 41 j. 3;, de tudo I o que farey II iji. 6, hé alheo | u fengtr 11 isS.
4, Hé lanio | 0 mal que ssenio Ht 400. 19, serîi primeyro [ 0 meu III 4,
22, Em que salvo | 0 cuydado 1 100. 16, Tamo ssynio | ho contrayro
II 1)9- j, leendo | ho marido çeguo 11 n^- 4i """ °^*l^ I ^ V^^ seraa
I 46J. 18, dcsicnhû 1 os dobradoi 111 459. 32, vysto | o que apareçe
I 83. 1 1, qu'eu primeyro | 0 nam veja I 16. 38, tantas vezcs 0 [ olhey
III 486. 38, que nam posso ] obriguar II 140. 19, tercys de&so 1 0
colcham m 6î9. 2j, ca segundo ] os synaes I 242. 21, çedo | 0
faram por mym I!6j,7,çedo | odescobriram II i97. î.enumloguo | 0
sosptro I 11. 4, Eu sam loguo | 0 primeyro III 70. 24, COmo j 0
devyno rey I î^j. 21, que vive como | ho Icyguo I ^\H. î8, ou falay
como [ obrays III ]84. 22, quando | 0 que me guyou I 407. 38, foge
me, quando ] 0 ssyguo III {77. ;. Mais ces hiatus, quoique nombreux,
sont exceptionnels. Nous rencontrons bien plus souvent la contraction.
II est probable qu'on prononçait les deux 0 comme la diphtongue ou, cf.
lodou dia pour todo 0 dia, FeniSo d'Oliveira, Ctamrîniiua de linguagem
porUigaezit (ijj6), seconde édition, Porto, 1871, p. 42, et mas lam
pouco m'aproveita calalo comou dizer III 424. 31. Cependant cette
graphie est tout a fait isolée. Ordinairement on trouve les deux voyelles,
bien plus rarement 0. L'article conserve presque toujours son individua-
lité, de manière que : no^^Oriente I 4J 1. 17 et rreneguo do^^offiçyal II
h8. I, présentent une contraction isolée; ailleurs, comme je viens de
le dire, elle est fréquente : todo^o seniido, todo._^o mundo, todo^^o
mail, todo_o dya, lodo^o ail, ludo^o ail, iodo^_^ de Casiïlha, todo
mundo, todo anno, lodo dia, lodo bem, todo mar, ludo al, lodo al,
pagarey todo^o que monta I } j . 16, seja teu iodo_o que vestes 1 399.
)8, nouiro.offiço III 6j2. ^o. e Juppiicr rico^honrrado I 394. 31,
pareçeys honrrado^odreyro III 649. 32, quero_offercçer I 71. 2a,
onde te vejo_ordenar 11 404. 21. tanto^olhar e rremirar III 328. aj,
eyxo,,^ nu) I 26, 19, icnto^o pesar I )39. 21, lenho^o desengano
i-RONOUociB SYHTACTiQUE DU Caitciontin gerat j6f
I iî8. la, ponho^o swlo 111 loj. 28. vcjo^o paço III in. 16,
jpaJindo^o mal co betii I 341, îi. dcsiroyndo^_,o mays leall i 497. 1,
(Tcnduvossos morrcr II ^46. p, visio^o proçesso l 77. 1, provo
(«provDO; pela chançeleia I }o. 21, e provo_,o por Sabman 1 144.
J}, opero^^snaquele dis I 46^. ;, e quero^o que mee conirayro lit
16.4, Tcio^_,os todos rremexer III 211. 17, se vossa mercé o_olhar I
ni- 24, lari mujto __o meu dereyto I î j. 24, e por isso^^o namorado
1 17- lî. Kgundo^^^o derao_hé ssotil III 276. 27, ca segundo _o eo
oijtadan7, î, segundo^,^o que se pareçe il ^67. 17, toma logo.^
■Jprineyro I 29. 26, morreo loguo_o capiiao lii 1 17. 24, logo^^o
■CDiD II III. 21, 0 por vir como_o passado l 128. a, teylo comoo do
ipOio I 146. 4. como vençydo II 1(2. 20, como inoçentc M 347. 10,
o»o,os grosa Viia Criste I ^9. 24, se preguntas como^.o sey II 567.
H- 9K6ngy quando_.o araor II J49. i, quando_o viracn defraldar II
'»• },qundi>_o creio III J77. 6. — 49. li + a.
$0. 0 •{- d.
I
ïbm : 0 I ail, o I acno, 0 | ar, do | anno, polo j ano, no | ano,
poblalvo, sobelo | ancho I 142. ly, vosso | aho procurar I (j. 5,
"M I Alvaro de Moura I 178, 7, vosso | aho naçimenio Ml 47^. 20,
iUito| ttajrna bla e rryr III 6j{. 18, meo | ano I 20a. S, Muyio |
ïb»! 27i. 18, Diuyio I aa minha vomade III 84. 2, 405. 19, no cuy-
d>i)9|bi cuydjr I 29. 10, mas por çeno | h:i mester I 142. 7. por
Etna I ham I j8o. 1, ysso | i de ser de mym I 449. 20, A culpa que
lào I haa II 425. 16, que tudo | hi em Casiela III 212. 26, que
âdo I hà d'acabar III J94. 14, Muyio | hâ jâ que leyxey llj 1}Z.
i, e vhro j anda queymado I 98. 28, çego | ando I 41). 2{, lam
fva de sjM 1 ando I ^ 1 j. 8, poys vos esta unio | ata I 18. xy,
qoea myni bem pouco | ama III 508. 32, nunca vejo 1 ail I 29. j,
nam Ibe diguo j al II J74. 7, nam quero | al UI 409. 14, mando
I lima ao parayso 111 177. 7, e passando | agoa tor\-a 1 160. 7, e
fuanto I aa saudade H 1 28. 4, que rrespondo | h& pregonta II { t8. 16,
peçô I is verijeyras III 177. 33, Roguo | â virgem Maria III 364. 6,
qaen I amea ter meu mal lll 319. ti, nam ho | hïi nem podc ser It
116. {}« 0 I haa scmpre de fazer III 68. 17. ncmno ] i hy nos amores
U1 192. 2, falalo-bi I r )8. ^4, (alo-am 1 ;7. $, velo-am I ^9. 28, ser-
ve» logoo I aa tençâo II 594. 9. como | anda Vasco Paiba III laj, 25,
QKmdo I al quero cuydar II {9$. 2^. Plus rarement il y a diphtongue
lyntactique : que bdre baiéndo^aa porta I 270. 2, todos quairo_am
deifizerl 88. ]i, e deos d'Amor vos tamo_ama I icj. ij.ocapelo
.ande no | ombro f 146. }, de quanlos no mundo^am sido 1 404. 4,
36& J. CORNU
0 detno_aia d'eta doo I ^Zi. ii, ysto_h^ de ser il i {{. j, por ^sso
^hâ de trabalhar II 392. jo, que p«:ado_hi dum soo dia II 4}^. \,
sey que comprido_hd de ser II 44 j. û, !oguo_hâ de ser descubeno H
420. ai. M faut probablement rjnger ici Ee vers : porque cedoo à de
dejxar 1 129. 1 j, s'il est bien conservé. L'élision proprement dite ne se
trouve que rarement : esse voss' amo III }oS. 19, quatr' anos II 2^0.
ai, cinq' anos 11 247. 28, cent' anos III jaS. 18, o que foy yss' 3a de
ser II 4s6. 39, quant' il por coniriçam II] 5 17. 18, toujours comme on
voit dans des combinaisons journalières.
ji.o + a.
Hiatus : 0 | aviso, o { amor, do | amar, do | artelbo, do | arreo, no
I arçam, polo ( artelho etc., vosso | allvoroçar I 49. 20, E po)-s vosso
I amor hé III 378, 17, hum vosso | arayguo III 6î8. [ j, este feyto |
aponiado J 9;. 2S, soes huum bruto { animal 1 210, 14, nem maïs
Çerio I Antecristo 1 jg6. 15. e sseu craro | alamentolll 295. 17, e por
hum sonho | avydo 111 j8j. 18, ^syco | aicuvyieyro III 649, ji, meu
senhor Vasco I AbuHlI }a}. j, vida unio { anojada I 499. ji^esser
niuylo I apodada 111 390. 16, e nam ssoys muyto { aguda III 6^8. f,
eu vos quyto | a emmenda I jo. 5, e pûys.vejo | a crue«i 11 $7. ),
conheçemdo | a verdade 1 282. 10, Keçeando | a trestura i ; 19. 11,
vendo ( a cruz espantosa l {8}. 3;, emcunam muyto | as vidas lll
;93. 2}, descalçey loguo I as bragas 1 477. 26, condano | a I 100. i},
deyxo | a I 464: 1 }, sento | a I joa. 1 etc., vendo [ a III )6. 17 etc.,
que logo I a treiadasse I loj. i), Logo [ a crucitiquemos 1 496. 17, a
I afinna meu desejo I 41;. aa, ja foy isto | alegado I s8- 8, como
quem preyto | apaga 1 64. 21, quem macho | alquança I t;9> J>do
panido I aceytar I 219. 10, quanto [ aveys de fazer I 366. 1;, foy
forçado | acabar II in- 16, no inferno | ardcras ill iR^, 7, para vos
isio I avonda [11 {91. jj etc., quemays vosquero | amando I )48. 29,
Eu vos posso I afimtar I 477. 28, nem me qucro | ajjr^ivar 11 ^07. }),
namnos quero [ acoyuiar III 269. 16, Tudo ve)o | acabado II 1 }2. j i,
Tambem ando | acupado IM }as- }, correndo [ ApoLo l 170. }, foyse
logo [ asseniar I (fy ai, mêle logo \ anirelinha I nS. 8, huum soo nam
meto [ aquy ]| ji 1. 39, vos aconssclho | aguora III 18t. ij, lorno [ a
mandat I 8a. 2, pregunto [ a vos, senhora l 2^. 17, nam m'airevo | a
guabar III 20. r), tam feyto | a ssa voniade III 1 1 j. 9, e que tenho | a
meude III 60). 9 etc., $0 | a terra (Toujours avec hiatus). Dans d'autres
passages tout pareils, il y a diphtongue syntacùque, mais des contractions
telles que les suivantes sont exceptionnelles : sem o^alegado provar 1
40. 21, e dous o^açaqual I i}7- "< < emnapascoa do asobr II 291.
2), ma$ ho amor grande sem par 11 j^û. içlcf.bo | amor grande sem
PH0N0L0G1R STNTACTiQUE DU Cancïonàto gtral 267
par II ji7. 8), do direyto nera iio_avesso IM 271. 20, do_avarento
lyberatlli $27. 35 (d« Cil Vic«nte qui contracte aulrement que Us portes
du Canmnttio gtrat). Ki!« soni plus communes avec pdo : polo^^ale-
gado,_eprovadoli6. 17,97.4. ajudayme polo_amor II loj. tî,vosso_
apeiiiarl to.ii,vo5so^^visamcmoI ^}.\2, 1 { i . i ) , vosso,_^mygo (sou-
venii, vosso_arTeyo 11199. 26, vosso^amor III 309. 12, 177. 1, outro
^^^^ariior U 402. 16, ludo^^quylo que quyser II 12). 24, todo^^viso
Il J34. f, este ncgro^apelar 1 7]. 21, cuydados de fogo^ardente 1
89. 37, perro,_^rreneguado III 59?. 7^ qualro^_^vangelistas 111 (Jt-
3, cinquo-enta^e oylo._,a era I 178. 7, VaïCû^_>rna!ho 11 478. i,
Vasco^Abul III 649. 6, muyto,_^zul III m. 17, Postes U muyto^
aramaa III 144. 18, vejo,^ morte ja comyguo I 122. 20, perco,^
vida por querervos 1 124. j, pcçiï_a morte que me deys i j4y. Jo,
mas olhando_a calydade 1 20. 2, sobyndo^^a caiçada I 1J7. 7, etc.,
como^abocaUasa oorelhal 242. 6,coino_^a voniadequeria II 199. a8,
etc., que moyra scgundo,^ ley I 482. tj, que segundo^a barba vem
II 437. 17, quando^a sua copra leram II 20. 6, quando^ _a chuva que
cfauvia II 408. 31, tendes quando_avis mester I 144. 17, e temdo_a
entre meus braços II }{2. }o est une diphtongue isolée, soponalo a
vyda canssa lE S. 1 j, felo^assy minha fyrmeza 11 }6. 15, guarday de
fa2elo_azuLlI 4)). 18, Istonam mo_aguardeçaaes III 2}. 17, {49. 25,
ou ssoltemno.^arrepclâo MI 284. 8, de mo^_a$iy desconheçer lil ^90.
ji, s« inû_algueni nam desdisesse III ^59. 10, namno_aveys vos de
sofrer III 64t. 8, como_asque soem nas obradas II }9i. I9,dequem
mono.aves 0 fitlio I 13. 1, nysio soc com vosco acabo 1 ij. i,eiii
que todo povo_atenla III 6^1. 18, acho^alguem que me conforte I
J2). }2, vejo andar com desfavores I 27. 20, nam me po&&o_arrepen-
der 1 i}2. 2, vos quero_avysar 1 149. 2j, quero_acabar III }6). lé»
Ja nam posso agardeçer III 274. 6. d« quem me po$so_agrarar iU
610, 1, tenho_avido III 91. 1 1 , nam rreçebo^aqui tal prova I 27. a s,
Hacho_aquî mays alegado I 99. 21, digo_agora I 87. ii, 8ento_
agora I 916. 4, mays çedo_anoytece IJi 562. 2r, que logo_averas
dereyto I 81. 26, logo^avyva 1 84. 2}, moyra logo_aienazado I toi.
j, con)o__aquele que sentindol ]2i. 11, como_arirmo_.edigo_.ïgora
] 87. 3 î, darcDi cabo_a minba vida 1 27. 1 j, rrosto^a rrosio III 267.
26, pouco_a pouco III (41. 2, lomo,^ viver 1 24. 14, dama, rreco-
mendo„a vos 1 64. 1 8, e perdoo^^ qucm me mata l 122. ? j , começe
loguo^a rroncar I 2 5 [ . 1 1, e tomologuo_a cuidar III ^66. ^o.
Comme on le voit, les diphtongues syniactiques sont déjà très nom-
breuses, plus nombreuses que les hiatus. L'élision de l'o est en revanche
assts rare et ne se trouve que dans des combinaisons de fréquent usage :
noss'amor 111 107. 11, voss'amtgo, qui revient dans plusieurs passages,
268 J. CORNU
vos' al^uar 1 19. 20, toss* agravo I 70. 26^ voss* arreo III 107. iz.
Vase* Abul III jji. }4> 5M- "■ £■" ^^^ ^"t' acycate III 25;. 19^
nam n'aves vos d'enganar I 10. 8, ora ]A tudyst' acabe H 171. jj,
poac' aprove)ia irezâo III 411. 11, nam ssend'asobrastanimasIIl299.
7, perdend' àlegria II 326. 17, vivend' acaboull 193. ji, poss' alymiar
III 4). I j, mand' a Lù^xu I 156. 16, quant' a | isso 111 524. 14, roays
çed' acabar II 19}. jo, quand' apertays 1 iij. 12^ que fyque com'
asorobrado I 20. \, corn' aguora que es de dias II 27. 2;.
$2. ô + e.
De pro I e contra no feyto I 74. 1 j .
U-o + i.
Le hiatus est très fréquent : todo | esse que nam crer 1 282. 14,
porque tam fermoso | es III 25J. 10, dar 0 seu a cujo | hee 1 52. i,
isto craro | hé de ver 1 72. 2^, tudo | hé nada das nadas I 11;. 2^,
vento I hé ysto que falo 1 i8j. ij, Mono | hé 0 bem d'Espanha I 221.
26, etc., etc., por servo | eras avido II $59. 1 5, vy meu mal camanbo
I era III 568. 17, entam logo | hé parado II ji j. 16, como | hé (sou-
vent), quando ] eram meus cuydados II 227. 22, alego | esta cantiga I
7j. 19, eu entendu | estas chamas 111 1 J7. 2, Assy passo ] esta vida III
}6i. 9, sendo | ella muy fermosa 1 j8i. 7, disse loguo cessas oras III
2(2. 9, como I elles a farâo II 405. 15. Souvent 0 et ^forment une
diphtongue syntactique ; mais ce traitement est plus rare que le premier,
quoique dans certains cas îl soit ordinaire : todo^_^este mal I 453. 6,
todo^^este prantear II 17. i, todo^_^este caminho II 128. 27, por
todo^^esto sara contente II 71. 9, day 0 demo^este cuydado 1
S 1 . 4, î 19. 7, dygo que vysto^^este feyio I 77. 14, primeyro.^elIe a
de fazer I 46$. 2], logo^_,essora 111 265. 28, 601. 4, mas veo
çedo.^este mal II 525. 21, como^^^esta que noraeey II 16. ij, ca
bem craro^é de saber I lo. 22, perigoso^é naveguar 1 [14. 2,
meu juramento^é quebrado I 449. 4, seu marido^é marinheyro 11
180. I7j 0 tempo^__^hé mudado II 362. 8, tempo^_^é de | a nomear JII
Î94. 14, meu descansso^é sospirar III î4J. 20, etc., escusado^_^era
debaie I j. 22, e poys isto^^era sabydo II 580. j, segundo_Jié
a fama II 391. is.como^sll 382. 54, dizendo como^^ereys sua II
[9. n. Notons la graphie /o^u : que logu^^é descmxergado 1 {4. 22,
meu rrosto logu_ee rregado II jjj. 32. L'élision ne se rencontre que
dans des combinaisons d'un usage très fréquent : Tod' este tempo II
Î2j. 1 î, e tod' este mao rrepayro III 100. r j, vos mand' este que nam
cura 1 162. 2[, vos mand' esse que proveys II H7- S. com' esu minha
Il 429. 17, Nam ssey tal caso corn' esse 111 128. 4, quand' estes dous
PHONOLOGIE STNTACTIQUE DU CanCtOnetTO gtTût 369
ioiiigi Hm 1 f ] . 26, mas ist' <« p^ra descrer [| 1.9, ysv' ee 0 que mais
tnpeçellt ji?. 22, tud' ee para my hum veo II 4}9. 22, lud' eevento
ai liemdeyra III 28;. 31, 0 meu mal e vosso tod' é meu III f 1 1. 12,
ma' et, dans plusieurs passages ; mais ce dernier exemple n'est pas
iisuré, car com' te est peui-iire pour coma i. Voir sous a-k- é.
H- « + «.
Hialus : 0 | engenho I 187. 1 } , o { estremo de meu mal I 349. 26,
«i diETtolII 4{i. 4, do I esforçado caroj I 274. t6, docstudc III 6{i.
4r no I evangelho I 242. 1 r , pregunio polo | erdeyro II } {4. 6, que
flwvojso I entender H iji. 26, Nam pcr modo | fracubeno I 27a.
If^vyofero | Escorpiam I 295. 29, ho manifesio 1 engano i )28. 20,
SIX descansso | enganoso II 12]. 6, hé trabalha escusado III 41). j,
utordenovo | esTylo III {2f. 20, bedem velho | enprestado III $89,
!• dou DM» derao | emiregado I 61. 2S, e dos muyto \ csfor^'ados II
M7- 9, estou rauyto | enleado II 517. 17, Muyio | embora vos seja 1
167. u, Este bem nom mo | escondam II ij i. 6, nam no | cspero III
'*• 'il ïiî- i. 417- Î4. a quanto | entender pude l 61. 22, o mays
connayro I escolho 11 107, i6> porque bem craro | esiaa 11 4^9. 28,
P>n ludo 1 emmendar II 496. 2, 0 | engenho 1 espenay l 287. i{,
^a peço 1 cmpreslado H {04. 21, Esiando ] estouiro dya I 81. y»
F^nam tenho [ esperança III {09. 29, que calando { encobria I }2Z.
^> <]« nam posso | esqueçervos II 126. 19, que nam posso | escusar III
4<M. io, hu me mando | enierrar 111 17Ô. 20, da me limbo ] em que
^1 6). 28, que anda todo | em fogol S4. 2$, que desmayo | em
ï'idaBdo I 9. I j, conssyro 1 em lal vivcnda I 179. 7, ardendo | cm
^T^chamas I ;o7. 28, mciydo | em gram cuydado I 46, 19, e feyto
I ea qoatro partes I 221. i.roetyTOS dentro | em casa I 477. 7, vcr-
<bdecono | enguami III 369. 2. Bien plus souvent il y a diphtongue
■IManique : o_esiado da terra 1 i)6. 16, poysvivendovy o^^eslremo
^i. 18, e dyz o^^estalajadeyro III 222. 1 1 ; mais : He pecar no Spy-
no Santa III 48. 1, est tout à fait exceptionnel j ca en so_esthbo per-
*>iotiij. ^'' *o!so,_^«ado 1 327. a, 229. 5, 4^8. 2, vosso^
osaio II 4(4. 2^, vosso,_,el3mento III 6^9. 21, vos» esqucçcr III
"i(. (2, este negro,^cncantaracnio 1 lo;. 2, falso^^enganador I jj8.
il.a^Ue cuydado;_^squivo I ôj. jo, allo^estado 1 47J. 22, todo^
'VtBo II 11). 7, as cjnquo^^csirelas sanguinhas II }6i. 9, no lyndo
vtljk) Rromano III j ;^. 9, pareçeisme sanio.^entruydo III 647. 17,
••"•d'Amor mujio^spanudo I 81. 17, e ir-vos-eys mujto^_,emboora
1' ii6. I), a qucrerdes o^esfolar III 200, 2, 0 negar roo_,escusâraa
ni (64, 4, mas temno^em mym 0 desejo III 4SI- i, cos de seu con-
•riho^estando l î2. 21, 0 primeyro^_,esta provado I 72. 1, aqueslo
270 J. CORNU
todo_escrevy I 79. ij, niuyto,^errastes I 4^^. i, todo^_espero de
meter 111 joj. 6, invoco^_^eI rrey dom Denis I 460. j, tenho,^^espe-
rança perdida ni Î09. [7, naspalhas m'acho^_,erapolgadoI 415. 6, que
me nam quero^_,espantar III 282. 14, veio_estar ]i tam provado I ji.
28, que nam posso^^^estar aqui III 487. jo, e em campo^^el rrey ven-
çia m 62}. 29, levo gosto^_^ein padeçer 1 24. 1,0 cuydado^^em que
me vejo I 370. 14, que me quedo^_^em sa posada I 59. 14, e o tomo
,_,em liberdade I 100. 17, dyto.^em cyma I 146. j2, e posto^^em
segredo I J04. -j, Ho quai logo^^em comprimento 1 jj. 10, dentro_em
meu coraçam sento I joj. 8^ segundo estaveys pintada II 4)6. 2, assj
como_estâ provado I 77. 18, como^_^stays ? Ihe preguntey III 91. 7,
como^engeytam os senhores II 577. 1, como.^em vida namorada 1
ÎÎ9. 34, como^^em outra parte diguo H 400. 10, cando^^estaa sobre-
cachondo I 142. 20, quando em gram cuydar estava I 34. 16, de
quando em quando II 56;. 13. L'élision est rare et n'a lieu que
dans des combinaisons fréquemment usitées : vos* escrito II 47. 2,
ssant' esprito III 487. 7, 11, em compryd' esqueçlmento II 133. 10,
Per' Estaço II 506. 1 jj Foy muyt* era maa naçer II 286. 26, que
muyt' eera maate sseja m 109. 14, [ii. 3 , que muyt' embora vos seja
III 109. ;, que muyt' emboora tesseja III 1 10. 4, poysmortem'îst'escu-
sava II 171. 27, que me nam poss' enganar II 133. 18, querend' esque-
çervos II 1 ^4. 7, quant'em tua carta ly II 552. 27^ tud* em casteelosde
vento III 361. 4, jur'em deu (avec un archaïsme de déclinaison à noter]
III 483. 12, 484. I, 48;. 18, caland' e sof&endo II 1 J3. 22, com' es-
trangeyro II 286. 25, com'escapey II 552. 22, corn' em quatorze de
sete 1 66. 32, ou cand' estaa forioso I 143. 6, de quand' en quando I
1 59. 6, assy moyro mans' e manso I 1 30. 18.
Si-à + i.
Guavyâes paro | invemo II 299. 18^ 00 | irma3o II 488. 21.
56. 0 + /.
Hiatus : tudo | ysto II 407. 4, III ijô. 13, 299. 1. 11 etc., deixo |
isto por lembrar l 122. 9, Dyguo | isto III 594. 4, e Dédale | ir vo-
ando I 307. ;, onde tudo | hya ter II 457. 26, e quando | hymos no
fyo II ; 30. 12, pero poys o | hy nam hi I 461 . 3, do grande fogo | hy
tenso I 86. 29, rauyto perte | hy de fronte II r2i. 16. Dans d'autres
passages tout pareils, il y a diphtongue syntactique : peroo tudo^^^o
leyxado I jâ- M. todo_ysto ve bem I 138. 4, pera quem fiiço^'sto
tudo II 428. 23, Mas quando_isto vou saber II 532. 9, que vos vqo
^yr açoutando I 270. 7, tudo temo quanto^y b^ 11 382. 29,610
quanto^_^y ouver solya III 113. 27, pera tudo^yaarrezSo 111405. 2,
PHONOLOCiï SYMTAmqiiE DU CancionetTO gérai 271
tan mndo^bj ootro cobro I 79. 23. Il y a, mais très rarement, éli-
ûmkVo: ora ji tud' tsi' acabe II 17t. ï}^ corn' ysto III 260. 22,
CM'jsll476. i^segund' ys aparelhada III 101. 9.
Ï7. o+t.
Hiatus :o | ynfemOtO | irmâo, ho | iinigo,do | infanie, no | invemo,
noilbl eic, 0 senhorvosso | yrmâolll 291. ^.dobtado Togo | tnmcnso
136. j&, todo feo | interese l 187. 17, socs huum démo | infernal I
ïii.i,«jue faz do scrvo I isenlo 111 ^27. a j , es perdido 1 in ct«no I
fij- M. U'o forme avec Vi une diphtongue syniactique dans : vosso_
iniûo, qui revient souvcm, 7osso_intaresse III 118. 6,trumfo_inteyro
1 117. 1 î, 0 caminho^infernall H 1 92. 9, iam3nho_iiniguo de mym II
pt. 10, fraco_inmiguo H Î90. 16, Abra^a leu duro^irmiio II 40Î.
îû.Pareçeys guansso_ypoteme III ôjï. 8, Dou moo démo todo_
iBBrolIl 221. 20, gram palheyro iodo_ymeyro III &27. 18, nam nos
vdctodo_immigua I 298. 28, Qu3ndo_igreia se vos dava 1 168. 1.
LVotiupprimé dans les combinaisons suivantes : sant' isprito III jié.
'•ttint'Ileno III 492. 28, que 0 pa^o tod' inteiro III 22{. 18.
f8. d + u.
Ho I Bsora conheçida 11 j 1 1 . 21.
i9. 0+ û,
Hécerto t hila por hûa 1 94. 14, Tyrando | hfla que syguo II 472.
'IiCivos mando ) hum d'enpreyu IIl 9^. 2j, no paço 1 u vos trau-
^1 1^9. 16, No segundo : | u for posta I 474. i.
60. 0 + u.
HiiOM : nem 0 | humano ssaber lll 499. } 1 , huum corpo ] humano
" J|o. 24, de gram feltro | huum sombre)To I 154. 1 1 , me veyo |
■■■pam descjo II î 1. 4, se vp-o | huum dia II 1 jj. 20, Eu vos
^"lào \ hûa nova III on- 9* cremno como | hum Sam Marcos t {7.
'7. Tarn alvo coma | huum gy?. I 27 j. 32, como | hQ:i besta fera I 4p.
i&- Dus d'autres passages en partie fort semblables i ceux-ci, u et u ne
■"neiit qu'une lyilabe, et celte syllabe était vraisemblablement une
''ftBoogoe : se fores hum pouco_humano 11 409. }o, poys sabeys de
1ld(p_iujrlll 76. t8, trazelatodo^^hum ver.'io m 126. 26, ho pescoço
^kno) boom framat 1 146. 20, que valba tudo^huum vymcm III 200.
".mtpre com vasco_hum gozinho I 370. 1, vejo^hQa grande fer-
'■Q I 84. 19, acho^huum caso muy profundo I 367. 2{, mays quero
Jitia dur segura III J40. 16, veo_huum homem que gemya I 81. 9
272 J. CORNU
etc., cbamou logo^^hum secretareo I jî. 5, ccHoo hua facba^açen-
dida II 403. 2.
61. ù + u.
Seres tu | huum vetho rrelho II 27. 26. — 62. a + à. — 6j. a + a,
64. ù + a.
Bem eras tu | avîsado 11 ;8o. 5, Pois tu | aviasde ser II 411. }i,
Manda me tu [ atentar II 415. 16. — 65. u + d. — 66. 11 + a.
67. û+e.
Qu'estas tu | entr'essa jente II j 5 ' - ^7, quer aqui, quer u_estiver I
62. 8. — 68. u + é. — 69. U 4- e.
70. û + i.
Tu I invocaste III 501. 6. — 71. a + /. — 72. 11 + i.
7î- ù + o.
Tu [ 0 sentiste II 172. jo. — 74. u + (i. — 75. u + 0.
RÉSUMÉ.
I. Dans les formules de la seconde série [d + a etc.), il y a presque
toujours hiatus. Les exceptions à cette règle ne sont nombreuses que
dans tes combinaisons d + a et é + a.
II. Le hiatus est permis dans toutes les formules de la troisième série
{a + d, etc.}.
Il y a contraction dans les formules a + d [d], a + é (té), a + â (00),
0 + â.
Les formules a + l, 0 + à,o + é, 0 + l produisent des diphtongues
syntactiques.
L'élision est fréquente dans les formules e + i^ e + à, e + i, e+ à,
e + ù, tandis qu'elle est rare dans les formules 0 + d, 0+ i, 0 + i, et
ne se trouve que dans des combinaisons syntaaîques souvent répétées.
III. Les règles qu'on peut tirer de la quatrième série sont à peu près
les mêmes que celles de la troisième.
Le hiatus est permis partout.
Il y a contraction dans les formules a + a [d\,a + e («), a + o (00),
e + e, e + a [ee), 0 + 0 (pu).
Il y a diphtongue syntactique dans les formules a + e {?], a + i,
a + 0, a + u, e + 0, e -i- a, 0 + a, 0 + e, 0 + i, 0 + a.
L'élision se rencontre dans les formules e + e, e + a^ e + i, e+ 0,
o + fl, o+e, o + j'.
). FernSo d'Oliveira, Crammalka de linguagim portagueza, cap. xxv (p. ji
de la seconde Mition) : 1 Quando hQa dîçad acaba cm vogat e outra diçaâ logo
PHONOLOGIE sYNTACTKiyF. DU Caticionùn g/traî 27;
VOYELLES ET DIPHTONGUES.
No« avons ^-u dans le chapitre précédem que la langue du Canâo'
«ire^irj/ n'ivile point l'accumulation des voyelles sans contraction ni
i*Bim,de sont que nous y rencontrons des vers tds que les suivants :
llucBii I ora I 0 I eu vy II 449. 19, Trazem per grandes baixezas ||
|*V>i ' a I o seu moynho 11 469. jz, ou | 00 | asnoda | yrantelll 209.
fl% Tambem tenho bom rrespeytoll a | 0 I eu malnam tratarEIl 219. 2.
Entre les voyeiies toniques et les diphtongues, le hiatus csl presque de
'^gie; aus<i laisserons-nous hors de cette étude des combinaisons telles
9"t les suivantes :
^ + M : maa \ auçam III 490. 18, meu viver seraa | ausente I
î^I-îo;
' + « ; e jaa I eu vejo d'aquy III 664. j j ;
^ + M : maa | ou boa III 44Ï. 9, nunca i^ 1 ouvy dizer II ^41, 21.
Mais quand la voyelle est atone, nous rencontrons on assez grand
"«ïrnbre de passages où elle se lie avec la diphtongue et d'autres où elle
76. a ■¥ au.
K^lnda I ao gato i 1 jq. 9, cf. sse daa punhada | ho gato I 14^ 2;,
^'^«lOrraqua | ao padre II i 241, j2, Mas praza | ao rrcy devino I
* * îi, nom era | ao começar II 42^. 1 j. Contraction : nam levara
^K ^^ pinyso I 94. 9r Luzia_ao longe e ao peno II )9i. 14.
77. a + a«.
,^_^*^(b ?os!a I andiençia I 478. 28, capa | augoadeyra I 1 (4- ' î- Con-
^^ciioB ; vossa aussenda III 477. jj.
78. a + ey.
Vxxm : essa I ey sempre de ter II 34. 2, Triste vida j ey de 1er
■' 4;î. 3j. Contraction : donzela __excelente I 408. 10, Enve(a_ey
' Vf}, lî, Nesta vyda_ey d'acabar II ^98. 10, poys que nela_ey
'* aobar II 174. r?» que de vos nunqu ey de ver 11 jj. 21.
^JjBtl lanbë em vogil se safl ambas dehij m«iiio gfnero mtsturansc ambas e
**** tta vogal : e as vczes grUe de seu gcncfo de q eJIas crjO como r descre-
î*^ : por d« tKits» : ntivaui por t%\iVi assl : c coinos tatinos por cotno os
^■m : e se saO de diverses gcneros a prJmtiM prtndesse c a segflila m 4
^féf nestar;ise Sbas : e comeste por como rstc, Ainda por? ^ as vaes ficaO
^ attirât ma]ronn«tc se saO dîvcrsas como acaba è a vo»;al ; < conur^a a
"pu. ■
274 '■ CORNU
79. a + eu.
Rrespondy, senhora, | eu I 477. 14, ora | eu nam tenho culpa III
52 [. 21. Contraction : vos sem pena, eu com tonnento I 31 5. 18.
Quand le pronom suit le verbe, le hiatus est bien plus rare que b cod-
traction : querya | eu II 6)2. 4, dera | eu III 387. 8, veja | eu II $64.
I, esuv eu III J93. 6, trazy eu III 4. 2, descanssari eu II 464. 9,
soportareu II 170. 14, for eu II 5J2. 14, sayb eu I 250. sj, veieol
2JÎ. j2. 2S4. 14. 27, iJS. î, etc.
80. a + ou.
Hiatus : A [ outra II 128. 26, III J78. i. da ] outra vida III 288. 6,
mas a toda | outra jente I 48. 1 , A toda | outra rrazam I 4 1 4. 15^ nen-
hûa I outra donzela II J74. 8. que tenha | outrem cuydado II 4S1. 29,
onde faça I outra vyda III 512. 2, repricarey a | outras I j2. iS.oHna
I outros desastrados II 218. 7, a ] Ourem III 289. 5, a | ousadas III
}44. 18, para | ouvyr II 476. 22, III 626. 4, quanta hma { ouço f eu
III 47}. 4, que vos tolha [ ousadia 16. }o, comenda | ouabadya 1 267.
15, perdyda | ou ganhada II 56. j, da pena | ou do prazer III 49. 6,
ssobre pera | ou maçâa III jo;. 21, a quem pertença | ou tem I 62. 4,
etc. A c6té de ces hiatus, fréquents comme on voit, Il y a de nombreux
passages où Va se contracte avec ou : e per aquel outra parte II J79. 12,
toda_outra gente peleje II 393. 10, qu'em iamanha_oupiniara III 19.
I), nam foy pequena ousadya III 112. 19, mas li fyca_outra mas
fyna I 98. 7, nam achava outra pousada I 476. 26, que se âgua_
outra mudança II 424. 14, Nam s'espera^outro rremedio III 12. 1»
seria^^^outra vez perdyda III 185. 5, compr outro de teu dinheiro III
395- 10, se m'isto tomara_outr ora III 541. j, Nem Ihe dav outra
rrezam III 605. 33, mas aynda^^outro mais bravo I 70. 23, hynd' ou-
tro dia III 248. 17, poys nunc outras am de ser II 4. j, e tambem
contra^^outras duas III 272. [ j, pera^^utro lugar II 4J2. 22, que seu
dono trag oufano I 14$. 24, nem tem a quem seja„ousado II 10. 21,
me seja_outorguada II 249. 16, Que nom tomara^ousadia II 391. 9,
Ninguem non tenha_ousadia II 437. 27, e leva_ousadia 11454. 18,
mas isto, senhora,_ouvy II 163. 7, Eu hûora ouvy na firesta 111 209.
6, se mula_,ouverdes mester III 263. eo, que quanlo mor rrenda «u-
veram III 435. 25, mas ss'agora_,ouvesse lama III 508. 2j, que nunca
_ouvestes rremolho I 242. 19, ca da crasta_ou do | estudo I 396.
22, sem coroa ou semonia I 398. 30^ d'ilharga_ou de costa I joj.
23, se nom for em prata_ou | ouro II 374. 2, mintia boa — ou maa
Ventura III 381. 9, desaventura ou mudança III $42. 16, hé na
taverna_ouna praça III 651. 22, pouco Ihe prestâra_ou nada H 4J0.
PHONOLOGIE SYNTACTIQUE OU CcUlâoniirO glTHl i?}
ti- Dans les vers : naro cavalg^râs em p6tro. Nem ta mother gab«s
«^outro I 199. ao, pouvons-nous conclure de b rime à la prononcia-
tion? A ct>\é de a \ oauidas cité plus haut, qui ne se rencontre qu'une
Ws, nous trouvons a \ osadas II ^jS. 1 j, III 89. 12, îoi. 1 1, et *i_o-
loiti (voir Moraes Silva s. v. dosjiiis) : e nesias trovas a_o sadas |[
Poden ser muy bem culpadas H as varandas d'Almeyr^ro H 440. 1 } , que
^ por cle a_osadasllque nam gaste seu dinheyro III 266. 9, et
*oià OËsadas : tacu carregado d'amores II que ousadas I 1 78. i f , ela cho-
nvaiioQsadas assaz de bem |{ por vosso mal H 19. 8, e hija d'cbs
wuadas II qu'ee d'isso mereçedor! III $77. 9. Cf. oaihar, fréquent dans
t* Cmxoneiro gérai.
181. e +M>.
MiBha sorte j ao contrairo II jûi. j^pyd'aorreyçetestrial II jh- }o.
82. e 4- du.
Otilc^ausemc 11 J7i, 12.
8î.* + «.
Rite I Heytor II )9i. Hi «*** I T por mays perdido III ^8. a.
184. e + ea.
Onde I eu embalde vy II f $2< ^î* Voir Eu.
8{. e+ ou.
Hialus : sey que | ouve t outra ora I 277. 37, nara precure | outra
Çï'Qrw] }^o. 6, naçe | oulro moor desejo 11 jij. 8, nam s'esperc |
"^Uïrobem MI 12. 8, d'^tor soomente | ouvyr li 177. 7, dcveys d[e]
*Hilhar princyro lll 261 . 1 j, voir De; se por mone ( ou proveza J 279.
1), scanda longe | ou peno 1 272. 17. L'tflision aussi est fréquente et
W indiquée dans quelques passages par l'onhographe : este. outono II
'30. 17, desi' outono III 21 j. r?, deniro na corte_ouiross}' I 79. 12,
Vttiyïs' outro, nam por gabo I i j. 2, que tom' omrem por prazer II
kii7- 6, bûa dor sobr' outra dor I 1 10. 16, em vos fale^ ousadamcntc
'114. 2, per milagre_ou caso tal I îoj. 22, que nam s'acabe^ou
■"iQhe ri 160. 2, tarde^ou çcdo I ^67. 1 j, tard' ou çedo lll 666. j,
Wâ' ou Dtinca III S92. i j , estootro ne doit point Htc rangi* ici, c'est,
tMIne atoturo et atjattoutro, un ancien composé que les éditeurs ont tort
■^'teire en deux mots.
86. 0 + ao.
tënn : Item qnamo 1 ao correo I lor. {, do corpo < ao coraç3o II
Ip. ]}. ros nam fa\o \ ao présente lll ;72. 2. Porque logo | ao sentir
fi 4tQ. 8, E toguo I ao enireguar III 532. 6, poys que logo ] ao pescar
J-j6 t. CORNU
[Il ij!. 9. Une fois 0 et ao ne font qu'une syllabe, d'Ulises, e rrogo„
aos fados M {p. 5, mais ce vers doit peut-être se mesurer d'une autre
manière.
87. 0 + au.
Toda 1 auTo de guerreyro II 119. 33, e meu bem tûdo | aussenle III
]oo. 21 ; com' ausenie 111 ]2i. 14.
88. 0 + «.
Falo-ey I yj. 34, tanio | cy de mereçer II 462. 9, medo ] ey II îçt.
28, m jj8. î, tudo I ey tle soffrcr III îjï. 17, Uto | ey de padeçer
]]| jâ6. 10, poys como | ey d'esperar 11 1 19. i J, nam sey quand' ey
de morrcr I 461. j2.
89. 0 + eu.
Hiatus. La terminaison de la première personne de l'indicaiif présent
et celle du gérondif restem devant le pronom : diguo | eu dans un grand
nombre de passages, tenho | eu l 339. 19, joo. 26, etc , sendo | eu 0
cacyreyro 11! 410. 19, vos vivendo, | eu morrendo, vos folgando, | eu
penando I }i j. 17 et 18. est justifié par l'antithèse; que sem !ho | eu
roereçer I 378. 27, mesmo | eu me desconheço III Î79. 22, çerto \ eu
naçy maa ora III, 484. iî çerto | eu bem folguarya II! (tg. aj, como
1 eu descanssaria I ^y}. 6, como { eu por vos qucria II {4. j;, como
I eu Irarey vestidas ? II 389. jj, de quando | eu nam vevîa 111 416.
I {. Il y a éltsion dans : Quant' eu gosto de vos ver II )8o. 18, cant' eu
devinhar nam posso 1!I 79. i, em quant' eu por tantos modos II îSî-
8, com' eu, dans plusieurs passages : toujours comme on voit dans des
combinaisons qui reviennent souvent.
90. 0 4- 01.
E nam parando | oytavo I eoi. 19.
91. 0 4- ou.
Hiatus ; 0 | ouiro, o { ouro, o \ ouvir, hum polo ] outro faUr III
218. 16, do I ouro, 0 I ousar, no | outono I jo. }, do j ourienie I igj.
7, no I ûuleyro 1 296. 1, 0 coraçam que 0 1 ouve I ^8. lï, e o ] ouvc
bem servydo I 70. 1 9, nam no | ouso de diz^r 1 t)i. 2, nam no | ouso
desejar II 1)9. 18, todo { outro padeçer TU ]j6, 34, e no campo I
outro ta! I 1^9. 11, Fez o tempo ', ouïra volta I 196. 3$, Tomo \
outra concrusam I 97. 37, D'ouiro tenho [ outro mal II 498. 9, porque
partydo ] ouvestes III 509. 33, Qyanto | oLuJves nam creras I 599. 8,
Dyzendo : | ouve senhor l 81. u, antes 0 quero | ouvyr III jiç. 8,
Quando { ouvy tal mistura III 88. 1, se sse vio morto | ou vivo I {4.
I }, quem for vetho | ou doenle I 28;. 2 1 , de barro { ou de madeyra III
PHONOLOGIE SYNTACTiQUE DU Cancioneifo gérai 377
14e. 14. Excepté entre l'article et le substantif, le pronom et le verbe,
oâ le hiatus est presque de règle, on trouve un assez grand nombre de
combinaisons où l'o se contracte avec la diphtongue : hâ o,_outro viver
I por desaventura I 50J. 14, nam no_ouvyreramais saâo II 162. 21,
comquetod'outro faz fim III 450. ijjdetodo verbo^ouçyoso I ^85.
i],mai porserdes moucho_oufâo III 6jo. J4, Huum tempo^outro
fembrari II 171, ij, a emprestalo_ outra vez III 538. jj, querendo,_
oatn nomear I 414. 27, eu tenh outro mor cuydado II }2j. 14, que
«Ml ienho_ outra moor jura II 599. j, nom tenhc^outro gualardSo II
426. ]},t]ue nam poss outro comprar II 4S9. 7, e log outra no | ilhal
' 'iî- 36, nera que posso_ouvyr dizer 1! 8. 22, Grande bem faz tudo
wousar II 1 16. 3, ysto_ousarey de dizer II 462. 16, co ele segundo
_ouvy III j8o. î, tara corteses como oufanos I 299. 6, conio ou-
Tistes da barguilha III 145. 10, Quand ouve os Alpes de todo passado I
ï8i. 24, quando_ouverom de leyxar II 497. 2, se nam quando^ouvy,
KnhorlII 90, 27, Mas hum de nos cinco_ou seis I 142. ij, sempre
poucD^u nada dura I joo.9,sem dinheyro_ou boa prendall 17S. 20,
•pw a torto._ou a direyto II 599. i j, meu jaezfermoso_oufeoIII 108.
'2, este desvayro^^ou mudança III ^27. 14, que desejo^ou que rreçeo
m }6o. i6,frasco^^ou lanterna IIl 6;o. 8, como posso,_,ou como faço
" i8j. 12, que cabo^_^spero.^u que fim II j2i. 7, vos qu'achastes
dentro^ou fora II 288. 12.
DIPHTONGUES ET VOYELLES.
Des nombreuses rencontres de diphtongues et de voyelles que l'on
•"•nve dans le Cancioneiro gérai, telles que ai + a,ai + e, ai + 1, ai + 0,
" + a, ei + e, ei + i, eu + a, ea + f, eu + i, eu +0, oi + a, oi + e,
"■ f a, ou + e, ou + 1, ou + 0, ou + u, ui + a, ui + e, ui + i, il n'y en
> qw quelques-unes qui offrent quelque intérêt, et que nous étudierons,
^d'ordinaire elles comptent toutes pour deux syllabes. Ce sont :
92. ae + a.
He cae I a pena de mSo I 26. 22^ que cae_,a pena a quem sospira
U9-11.
9Î. eu+a.
Hea I agravo 1 }j. 2[, meu | amigo I 12}. 34, eu | a [ ey por casy
ixla III 219. 2 i mais le vers : que deu a Nuno de Sampaio I 202. 20,
Ptniétre mesuré d'une autre manière. Voir Proparoxytons.
94. eu + e.
Seu I entender 1 8}. î2, seu | estado I 95. 6; ha sseu^estado tri-
Imai&l 111 467. 4.
:. ;-ini';. :fu inferno ; meu^irmào I
..: 'i-^iç^z :; :v 23.
„--i - ; ; : mandou^a mym seu secre-
i ::ïi.-^ 1= '. :o. 10. pareçeys grou es-
, .-- i estou j offereçido III Î45. 22,
. ;:, e levou^^ho a por em monte II
;.. .,^ ; -i'.jio III :oo. 2^. que guabou^o
. - ;;r. -■'. :njs 0 caparazam hé tal III :i4.
■ ■; . > ^i~. 34, se^_,hé assv ou 0 con-
., . L> ;■■ riPHTONCUES.
:L-:-.:r:;'.eni. moins les contractions sont
.^ ij:--* ?r.;re deux diphtongues : acabay |
^ .. '4- 19, amor me deu | ousadia I
S. ^:: veniura sou | eu besta 111 208.
^ .•■..',' : ;~4. 2, ou hum ou | ouiro for-
...u:."'-"w *■"- perdeo III 62J. 5, se disestes
> ..:>.-:> i'T VOYELLES.
;> j^i^ci r.i se combinent point avec les
i.L ».'.> ■î'*A>nlrons d'assez nombreux pas-
.iM.i:\ l'ï*." '■» voyelle suivante une seule
.,.ui. .-■•t •■■• -î"^ njm_il hy igoal molher
'V,
..... (
■i^, :. que me fez nam^_^aver por
PHONOLOGIE SYNTACTIQUE DU CanchnéiTO gerol 2-j^
mal m Î74. 12, e poys mester me nam,_,aveys III j jo. 8, se nam_a
%, tninba senhora 111 J78. 1 }, huum prazer tanv^graduaclo 1 loj. 4,
n/a vos todos tamados (= tam amadosj In. 26, de que falam_^as
fofcçyas 1 246. î, lodosforam^^^pousentados ni 51Î. 15.
102. âo + i.
Nam^é boa nem ma ventura II 12s. 16.
1 0 î . âo + e.
Ca em mym nam^estaa poder I 484. 9, a vida nam_estaa segura II
J2 S - 1 î , bûa morte tam vydente (:= tam evydente) III 1 97. j, que me
^zeram^esqueçer 1 }o8. 26.
104. ào + ê.
f*ois em fee limpa_e nam_em guerra II 7. 26, que trovavara.^em
Portugal I 268. 4, sse posseram em myl perigos III j 1 7. i .
loj. âo + o.
Seràos lembram_os que ja vy II 171. 18.
106. ë + e.
Nein esperança II ij. î6, estar qui com' em_Ëlmeyrym III Î04.
'5, sen^^Enone que rreçebeo M 560. 25, sen^-'Enone que choraraa II
S^. 52, de mao homem_e boom cristao 111 277. 28.
107. ë+ë.
Quai outra nom vîmes nem livres (= nem em livres) se nota II 279. 2.
108. i + a.
Ca nam myngoa nem^_acreçenta 1 }7. 19, nem aproveyta ser calada
' 162. 14, nem_ajaes d'isse mede I S05. 8, n Avyçena nem Rrasys
'îl 248. 19, Estava bem.^venturado II 555. j, que sam companhôes
*Bi Abraico II 292. 29, para s'omem^ajudar d'ela H 597. 21, as que
Pwiein^aproveitar II 569. 8, escolhem^a mays periguosa III 1 y 14,
fsrrequerem^atalydade m 164. 14, que valesem_a minhas dores U
)°4- 11^ porque se vem.^a encalmar III 2$9. 22.
1 09. è + î.
Porvos homem^nlitular III lôj. 4.
110. i + 0.
Ncni_o grae Père de Lebam III 1^9. i j, nem_e gram pelouro de
pezlll47î. 9, cagua-aly hemem„o dinheyro II 482. 8, fazer homem
^oque nam ousa III }]. 20.
aSo j. CORNU
\n. ê + u.
Ninguem foy em^umanidade I 246. 14.
112. ë + ù.
Tem^ûas agoas de donzela III îdj. 9, sem^ûa pouca d'oniildade
III 64. 12, Tambem me ievem^uni alqueyre III 177. 21.
113. e + ao.
Nem_,ao penssamento Ihe vem III 270. i.
114. 5 + 0.
E com^o rreçeo perdido III j8j. 17, mais on pourrait lire co (=:p>
0), descobrirom„os elementos III 465. 5.
115. ô + a.
Com_amarelo_e emcarnado III 267. j, com,^ espéra e corn a cruz
II jj8. [9, mais on pourrait lire a espéra, quoique la contraction de
l'article avec le substantif sott rare, que com.^^ vida que me days III
Î79- 7-
1 16. ô + à.
Va dom_Anmque presumyr III 288. 1 , que dom Anrrique dé penhor
m 289. 2 1 .
117. ô + i.
Com,_essa pança muy atento III 645. jo.
118. ô + û.
Ca de jugar commua fâcha I 27}. 16, porque nam dam com hiia
sela III 242. 1 1, vou com^hum homem nesta | hyda III 508. 17, mais
l'orthographe est peut-être inexacte, car on pourrait lire caam, cuùa ■.
I. Dans le Jorat, i Vlllars-Mendraz (Suisse romande), nous avons des con-
tractions toutes pareilles i celles-ci :
J + a : Lâ_atsirJ d'ecaurt 'ils onl acheva de battre (le grain)', jJ^nnwJ
•ilssont arrivés', îi_j/iimiï,y5_jrjr^ 'ils vont traire', vS^avô /u wW^/m 'ils vont
en tus le village'. i'J_.i l'oli 'ils vont à la cuisine', vJ^a lafajri'-'ih vont i la
foire', tJ^A ffiJ i^lJ, ils sont i ma convenance', la savâ oJif'M'ilsle savaient
aussi', Uipi^iivA 'ils lancent en bas', pdsià adl ^ils passent toujours', parti
^4 hyt 'ils portent i boire*.
4 + ï ; rJ^tcjurt *ils vont battre fie grain)', sâ^ttariu 'ils sont ivres'.
i+ ^ .■yi_i'irt/jJ 'ils feignent', va éséblya 'ils vont ensemble', v^_( Ui
'ils mènent paître le bétail', alavS^iièbfju 'ils allaient ensemble'.
i ^0 : ts^ ori Jirt 'ils ont entendu dire'.
J 4- ^ -■ U^ tstvi 'ils ont un cheval', vidri^S yodzu 'ils viendront une fois',
U .Àr^tt prju bi 'ils ont encore assez de bien', mtnd^ô bau 'ils mènent un
taureau', tramd^ikàrj prm a lyùid 'ils trouvent encore assez i glaner'.
i + 4) : ri^iiy/riyt 'ils vont aux fraises', o/dvj "J f"yf-
PHOKOLOCIE SYNTACTiQUE DU ConcmetTo gcrul
38 1
APPENDICE.
£U; VE, TE, SE, LHE; 0, A; JA; COM, CO; DE; E; SE; QUE.
BU.
fin ne forme presque jamais une syllabe avec l'o du prôseni de l'indj-
cuif. Lespofttes du Conciontko gcral prononcent : diguo \ eu, tenho |
ta, tico I eu. Les seules exceptions sont : s^ybam laa que digu_eu
JïWlt iS, 8, e diguo^.eu II i8f. i, de Mendoça me chamo ^^eu III
4û6. i6; ainsi trois cas sur une cinquantaine oîi il y a hiaius.
A Imparfait, au conditionnel, au plus- que- parfait et au présent du
'■l'ioociif, il y a tantôt hiatus, lantô» élision ou contraction de Va avec
Kpronom, ce qui est le plus ordinaire : querya { eu III 6j2. 4, dera |
wi" Î87. 8, veja I eu II 564. c ; estav eu I!l î9j. 6, trazy eu III 4.
>• pody eu (II 408. 20, descanssari eu II 464. 9. sery eu Hl }. 10,
P^ftwi^eu III 272. 4, soportar eu II 170. 14, Nani for eu milhor
wȍiilo II J53. 14, m'ouvcr eu III 6. 18, Bem vos poder eu matar III
6i}- ij; assy aja^eu boa fym I 177. 1, sayb eu I 250. n, 354. ji,
Afijoereja^eu etn Beia III 84. 1, vej eu 1 z;)- ï't^U* M* '7i
'It- {, Il )68. 1 }, mal viv eu It 20. \s, MI 4. 4.
Aa pirfait de l'indîcailf avec accent sur le radical, au présent du sub-
imnifde la première conjugaison et au plusK^ue-parrait du subjonctif,
"Ow rencontrons une fois le hiatus, une autre fois l'éltsion : trouxe | eu
'"î6o, 6, fosse I eu !II (. 2. Oxala me %-isse | eu IlI 279. 24. Nam
li'^ajique guasie | eu 111 477, },dyss eu I 476. 8, Maspaaseuantes
ïiiptioll 384. 14, que me viesse^eu a ty HI 487. 27.
Apffcï le gérondif il y a hiatus ou élision : sendo 1 eu 0 cacyreyro III
l'o- 19, iramortal, jendo_eu mortal II 42J. 13. Dans vos vivendo, |
''RKirrendo. |] vos folgando. j eu penando I }i ). 17 et 18, le hiatus
*«iu«ifié par l'ami ihéie.
f --M : fd au fi, *d au bù 'ils vont au bois', alavS^^au bù.
I ii ' ■ "^*" '— '" '"""* ^"""^ b.^ttu", adz' é__eti 'nous avons mis de Ij
'"*«', jjTi bê^ecaare 'ris savent bien battre', si^icaurt 'sans battre',
I '+ /.■ ti^ftti 'sans entrer', ni ai traavi isfbha 'nous nous trouvons
'•Sttki,'. - - '
'+ t : La té^aiwii 'le temps arrive', ai!-£^atse\.i 'nous avons achevé', mt
!S~^' '■' ■"* souvient toujours', nà ni if_iilfohijJ 'nous nous ïDmmes bais-
"» -wMr/ lé araj fâ 'manger sans avoir faim', hé^apray 'bien élevé'.
^ -i-à : ailay /Mi_5 ni 'nous lui ferons un nid", Ji_ônamtiô 'dans une
f+tj : nàz-tndti^aj z-âpt 'dous irons aux Iramboitcs'.
l-i-a : héi-aadti^m ta 'nous irons au bois'.
à+a: bi^a dirt 'bon i dire'.
a 82 I. CORKU
Avec d'autres mots nous trouvons la même incertitude, mais le plus
souvent il y a hiatus : ircspondy, senhora, | eu 1 477. 14, ora | eu nam
icnho culpa III J2i. 21, vos scm pena,_eu com tormento I ;ij. 18;
Triste | eu seguy 0 mar I 489. 1 , que sempre \ eu certo ssam II 1 j 1 .
I ; que sem Iho | eu mere^cr I ^78. 37, mesmo | eu me desconheço III
}79. 33, como I eu por vos queria U {4. ;;, como | eu irarey vesti-
das? Il }S9. }3, de quando | eu nam vevia III 416. il.^ertû 1 eu naçy
maa ora lll 484. i;, Çeno | eu bem folguarya III ^19. Z}; eneste
caso^eu vos diguo II 493. 8,e porysso_eu qucro ler IH 4;. 12, por
vos mesmo _cu ousarya lll 270. 8, com' eu I 11. 20, 2j. 3, 69. a^,
etc. Eu ne se contracte jamais avec la voyelle suivante.
HE, TK, SE, LKB.
Me, le, se et ihe ne conservent que rarcmem la voyelle.
Me : Nom me | es tu coraçam I 470. 2}, ver uos me | hé ji poder 11
$81 . j, de ly, senhor, me | hé dito lll 487. 1 }, me | era mais rrecreçer
I }0}. 3{, com que me | ey d'ajudar II fit. j, hyr me | ey III 48$.
1 0, que tam alto me [ esienda I } 1 . 1 1, me { emvya huum tratadû I
274. 7, contra myra m,;cl esforçava I ji 1. 26, ïosssomc | entnste-;ey«
II I {7. 17, s'algOora me | escuyta tll 6o{. ;, me | ando sempre guar-
datido I 41 J. lOj A que cuidays que me | ama 11 476. 7, tu s<S me | ii
deabraçarll ^56. 24, me | hà vossa senhoria de despachar Illôji.zj,
me I acho t.im ynorame III 496. ^4, ca sem vos me | avisardes I 160.
1 1, me I amosiresa medyda I 169. i, anles me | avoireçës I 452. ij,
desio todome | aqueyxo I 4^4. it, querer vos me | atormenta II i}8.
}, me f assentem, hé forçado II 179. S, loguo me l aconsselhey II )6i.
ij.quemc | acolhaysnamàoMI 51 j. 12, namcuydcysquc me | aqucyio
III 400. I4t Eporvossome [ avi III 476. i, ArreTamnam me|aba&ta
Iir )j8. j, me j aprouvelll 65a. j{, vossa merci me ] obriga I 7}. 17,
me I oiïere^ lll 4}}. }}, nam me j ouvem nem me val lll joo. 17,
me I ouvera de perder lll J2j. 2{, se me | eu namenganey 11 470. 11,
Nem porque me [ eu deytava 11 04. }\, mas se me ] eu nam engano
III 119. 36, ja que me | eu nam aqueyxo III 419. 1 1 ; Poys me | esta
confesaaes II 114. 1 }. Matame | a ssaudatle lli 410. 1 }, Pareçeysme |
almofreixe III 628. i, dandome I onrra na morte lll 177. 16, se me |
hum podcssc aver lll 272. 3, desscjarmc [outra cousa II ii{. 2a,
lyrarme | 0 que mays quero II 1^4, 10, porque vedes me | aquy III
J09. 4, e poys me | assy cotiheço III ji6. 2(.Trazme | assy enganado
III ;77. 17, faune | a isso ousado I 7f . 9, quem me | a mym pregun-
lasse III 19. 17, e eu perdyme ' a mym III }47. 1 $, achej-me \ em soo
cuydar I 64. 1 2, verme | em sua prisam II 1 $0. 27, queyxo-me, | en
quanto dyguo III 402. 1, matame^ | ho tu esquiva I 499. 27.
PHONOLOGIE STHTACTiQUE OU CanctoTuiro gtral aSj
Tfîpodwa quem le | erra I 117. 3i,neinte | ey de leyxar yr III
486, il, porque | eu nam te | cmpeço II j6<). 2g, se te j as tu casia-
naiell ){i. 19, Letnbrete que le t aviso I 474. 14, Loguo | te acorda-
ri>ill406. 17, Emboorate | eu vy tll 3 {6. 17.
St: se t engana I 7. 22, II (75. 6, nam se | esguardam favores I
ij. 16, ■• no filho se | esmahe i 390. 1 1 , item velho que se | enmende
I j^. ij, se l entende II 1 ji. î, se | emmenda II jï?- 20, se | es-
)ndelll]ç>8. 2, a cadea se | enUcgue 111 ;}}. 18; se | hà por ben-
çanlMç. 6, se | acKa I i(8. 20, 27?. 14, 529. 14. !■' iS°- '6>
49|. 18 (sans doute par dissimilation), dobrarsse- ] am nossas dores III
(11. i),etesse | ama e desama 111 66;. 20, ele cae, ele se | aati;a III
(6{. II, se { acabou a perfia I 27). 2j, tant gram chaîna se | nlçava I
}o8. 19, mînha dor se | acreçenta I {29. 4, a oiolher que se ] atreve I
496' 11, se I alongua mynha vida II iji. 21, e desque sse | apartou
111 (01. jo, por se I yr I 2j. 10, por meu mal se | hyr dobrando I
It7- 11. se I tnctyne I 2. 17, se | yrà 1 62. 19, sse | inora II) f 19. 16,
Klordeoa I 88. 7, Il 1 {7. 16, t )8. ;o, se | outorga ! 105. 9, levan-
l'in se| u moedas t 186. 9, Poys se | oje dam boonsannos 11 4â{.
U, mas por rryrse | e zombar III 269. 6.
Uf.eniam Ihe | hé ouiorguado III }0. 14, Ihe | era praçeyro II
4!î- 27, dyribe- | ey : mao nainorado I 11. 2?, peraJhe | enchcr a
jyoïa III fto. 7, corao quem tanto no caso Ihe 1 hya II 28^ 12. que
k { ocDpou a motte 1 460. 1 1 , perdèlhe | 0 medo I foj. 27, tyrem
4*|oarrendar III 284. b, vj-Ihe | 0 rrosto^^e feiçâo 424. 20.
(^i<|ue ces hiatus soient assez nombreux, il arrive bien plus souvent
9* iw, If , u et Ihe perdent la voyelle, qui est presque toujours omise par
''«tbographede l'époque : que vida m'ee ja morrcr 1 28. 2",, calar m'ey
1 }■■ 17. confessarm'és 1 68. 6, m'espanio I 22. 24, m'escuso I 41.
'Ij m'afadigo I 2S. î, m'acabo I 28. i j, pelo que m'ys alegando I (9.
'*. poder m'y» queyxar delà l i ï 1 . 5 , donde monc sse m'ordena l 9.
'•(«By como m'cle apcrta I 8. 26, diz m'a mym meu coraçaro I 8.
**i [lorqoe ma îsto nam calo I 8. 21, de m'ora vivo tomar I 49. j,
'■"■pies où il vaudrait peut-être mieux omettre l'apostrophe, car au
""* tl au xiv siècle on disait mk acabo qui a aussi bien pu devenir
■'««toque ttndimha, vtndma, et cooimha, coima ; e terra t'as de lornar
['ij- 18; 8'esguarda I 16. 16, s'esmoreça I 20. 18, s'enganami j^. 17,
*fWenda I ji. 10, s'amanssa I 6. 4, s'apagam I 6. 7. ss'avyva I 16. 1,
''wfaia 1 9. 18, s'ofereçe I 8}, 12, ca poys s'a verdade ve I 20. 10,
^e ï'jsio decrarar I 6 1 . i , etc.; ferlh *s c'um cspanto tome I 1 9. 28,
"iblh'i de cusiar I 129. 16, Ih'alarga t 140. 19, o gasto Ih'amarga
' 'fo. 20, ({ue aly Ih'acudam lodas I 142. 8; Querey dar Ih'algum
1*4. J. CORNU
:;ccrs] : ::9. 9; Façolh esta concrusam 1 100. 36, buscaes Ih'outra
icr aC3=ia : zi. î4, etc.
la iic-çtiocs leUes que : deni-me_a raym hum estormento I 79.
: :. àz-ce l^ja uudade I 109. 7, sont rares.
o> A (lo, la).
Lis rrrroms 0 et j conservent leur individualité : nam ho | hâ nem
?.-ô; ier ;; n6. ;j, o I haa sempre de fazer III 68. 17, nera no ] â hy
II.-S x=crts in î92. 2, julgue | 0 quem 0 bem sente II 7 1 . 8, pague | 0
-n îuj v:Ja II lîj. 11, e vede [ 0 que seraa III 170. 10, vende | a, me
r,su_a vyda III 56. 17, sento vêla | enganada 1 249. 17. Mais quand
e rc^com s'appuie sur un autre mot, il peut y avoir diphtongue syntac-
îv;^^ ; e querello„aprefyar I 59. 12, e desy fazê o_andar I i jô. 7, se
,- icî^e mays em irovar III 271. 4 imais il faut peut-être lire colhe),
."s: =j!nino_aguardeçays III 549. ij, namno_aveys vos de sofrer III
.-4:. S, sse mo^^alguem nam desdisesse III ;)9. 10, ou ssoltemno.^^
rrepelSo III 284. 8, poys fazelo_hé acabar III i8j. 2^, mais ce vers
peut être mesuré autrement, porque nara no^^encantoey III 27. i6,
0 negar mo^^escusaraa III 564. 4.
Quand le pronom se place entre l'înfînilif et l'auxiliaire aver, il n'y a
jamais diphtongue syntactique entre lui et celui-ci : falo-ey, falo-âs,
Jilo-aa, acholo-ês\ velo-eys, velo-am, darto-am, tela-ey, crela-â, vela-
;mos, cantala-emos, vela-eys; dylo-hya, hylo-hya cometer III 48Î. ji,
iaiu-hva por perdida II 109. ij, verma-yas escrever II 416. ij, tor-
Mia-liyj jlevantar III 28. 24. Voir pour la mesure du vers s. Propa-
.. .fonoiD * se contracte plus difficilement que l'article avec la pré-
w.u«:ii . ;u'«(D me forçou a | 0 ser II 1 5 1 . 4, a | 0 eu mal nam tratar
. .: - ^<r ^^i J I 0 que tem I 144. [4, a | 0 que menas pareçe I
. N * ^«. A umanydade I 227. 4, que chegue a | 0 que sento
. . oio V »«■ Ji ' 0 que deço III j 1 8. 19, a [ os qu errey per-
^ .^«^ ■ ' ï». \ I os que se vay mostrando I 224. 21, quedays
- , .« ..(iMv<7> .40. 2 J, a I os que vossos nam sam lil )46. m.
> v.^»v« -:■ n , jà I era casy de dia I 406. j, ji
.-^ 4>& ^.queji I ele rrezaria III 504. j, que
H.'-« «N-wat on pourrait ttre tenti de l'admettre.
PHONOLOCrK SYNTACTiQiJE DU Cancio/ttiro gérai 28$
jilejsecipre de ter IIl jgj. s, c por d'ouircm \â \ csposo l 2^4. 28,
Namtenha ji { «perança III ;47. {,jâ | estoudesesperadolll j)^. 18,
jilouu ofTereçdo III 341. 22, e que jaa [ enuim iodias II 27. 19,
mo'fi I ouvy dizer, etc.
A c6lé de ces hiatus qui sont presque de règle, il y a quelques pas-
nsn oCiyi, qui a un ii ouvert, subit les mêmes niodiiicatians que si Va
ftnatone : iacabou, )é destroyda II 173. 11, que nam lenbo jaa— cssa
nniia m loç. 1 , Jel' enlam cm ssy abranda 18. 18, Tal catïvo jeete
iull j36. B, Nam mo ja^eys por vosso mays IIl j3. 10, Je estrl mal
fetmninado lU 404- 24, jora vedes III 507. 54, cf. embora ; cuydando
» que jovy (= ]& ouvi) vos II 173. 17, jouveryets algûora il }. j.
Dnivoyelles ioniques ne pouvant se contracter, il me semble néces-
ttire d'admettre certains cas où jd perdait l'accent.
cou, CD.
En théorie, comdoit conserver la nasale devant tes consonnes, à l'ex-
«pliflB de s, / et r, et il en est effeaivement ainsi. Que l'on ne trouve
^'unieul passage tel que le suivant : val co vos esta rrazam III 24J.
'• ctii n'a rien d'étonnant ; car il est natuie! que les formules corn 4- s,
*■+/, ûwn + f, n'aient pu se maintenir au milieu des autres beaucoup
jift BOnbrroses : eom + c, corn -*■ g, corn + r. com + d, coin + p,
"* + i. Devant les mois commeniçani par une voyelle, la nasale
w^'i disparaître, et elle disparaît en effet : co_arie I 297. i),
^laqtiisio I 40Ô. 1), co I esse, co | esse teu deos II 412. 21, co |
** tïiso II 4J0. la, co I este dans une foule de passages, co \
WOTemoJ d'agora I 114. r, co | estas cousas laes I ijo. (, e co^
'ilei a minha vyda IIl 402. 14 si le vers est bien conservé, cf.
^ta] essa pança muy atento IIl 64^. ;o, co | de, co ] espada 00 pes-
^1 161. 16, co I isio n 1)1, 13, }84. 9, co I homeens saâos II
V>7. I4, por quebrar co | outro_a voz II 389. 11; co et uù-a se con-
''iQtin et donnent iuum cam, cuûa cûa : cum soo 11 jSo. 1, cuuns
pottoi dos nosios escaramuçar il aS^ [4, cuûa vontade contente I
'SO- ij, que quem }az cûa de vos I {o$- ^i-^ ■^"^ pedra me tirastes II
^l i]'. En cons^uence, l'orthographe moderne qui met une apos-
'•Ço est, a ma conniisiance, mu employé par les écrivains du XVh siicle,
^ <) but escepter les poét«. bairos ne s en sert pas. Uaoi Fernio Lopez de
^^■heda, Historié do Jcicob/untnta e CiuiaaiiTa Ja India ptiùi Pùrtaf^uiiej,
y*gmm a paru i Coimbre de i)ji à itëi et que reproduit fidËlemvnt la
Jwle édition publiée à Lisbonne en iSj;, j'ai remarqué que tô * w place
***Mles deux articles, devant les substaniifs, les ad|eclil's et les pronoms,
■«B devant au, tttt ei lU, où il cît tris rire. Dans te cas il écrit presque
|ii>p«rf : lotU, cùtslts, (oisiOf conta gaeira, csiurt itnkons, cffi;itf, en unissant
Afrîpoiition avec le pronom.
286 1. CORNU
trophe entre c et l'article indéfini n'est pas fondée. Ui prépaation :
dû donner avec l'article eomno comm, forme» qui se rencontreot
d«s textes du xiM" siècle. Mais peu il peu o tx a viennent s'unir i la
position et donnent com o coq, d'oii cùo co ' , tx cô a, d'où fo | J, '
il n'y a plus de voyelle nasale : coo braham I i {4. 39, e mais coo :
me doendo II 171. 2, seuls passages qui présentent U grapUe
co I amer, co ] agouro, co dedo, co sal, co conde. co inedo, coj
etc., cos servîdores, cos mays, cos olhos, cos dinbeyros, cos ca«
etc., co I a serva, co j a vida, co { a dor, co | a (ençâo, co J as
co I as armas, touiours avec hiatus entre la préposition et l'artide,
excepté dans le vers facile à corriger : a ssua lingoa coa vossa III 17}.
2 ; co que sente I ^9, 9, eco que laa Ihe farâo II 4j8. 6, co que da
Mina trouxcram (I jo6. ji, Ealamos cos que por dao j| pooem a saya
ao rreves II 398. ;;, cos que matays 11 SAl- ' )-
Com, qui d'abord n'avait sa place que devant les consonnes, 3 fini
par être mis aussi devant les voyelles : com armas II jô?. 21, com
agoa fria 11 {89. 6, com agoa rrosada It )99. ly, com al III ^78.
32, com afironu I 20$. 6, com amargura I \i\. 19, com ajuda I {70.
25« com amor II jqS. 3, com arer II 449. 16, com.^mare1o^e «
encanuuio III 267. ; (cf. VoyeUa natales et myella), com este medo I
>o2. 37, com este dedo I )o;. 8, e com este apariamento II aoi. j,
com este mal U ]i. ){, etc., com estas donzelas tays II 481. 24, com
esta mezinha tal 11 j28. 9, com ele II 379. 19, 392. io, ÏÇ19. },
etc., com «1 rey I 3{7. ;2, com Eva II 49]. 19, com esforço I
296. 20, com espcrança de morte I jûj. !(, com ençenço II 195. 14,
com enveja II 441. 3, com espeJho II 482. )i, com Elena II 5^7. 21,
com Erudyce vy Orfco I jog. 14 (voir Proparox\tons) . com isto I 262.
27< ÏÎ7* i> II }'• 9< ><^- M' etc., com isso II {91, S, com omens 1
444. io« com ondas M 4J4. 27; com hûa I 4j6. i}, com hum odre I
481. ). com hûa fala II 14. S, com hûa freyra III }74. 30; mais les
vers : ca de jugar com hOa fâcha I 17). 16, porque nam dam com bûa
sela m 242. 1 1 , vou com bum bomem nesta | hyda III so&. 1 7, doivent
probablement élre corrigés (voir cependant VoytIUs nasalts tl voytitfs) ;
que hé com ouïra casado I 3}9. 19, com outras muyus provezas H
J2 j. 20, com outro desvio II 4J4. 2;, que viveo com oulro homem II
535. la.
Devant l'ariicle. U forme com est exceptionnelle, car il n'y a que dix
passades sur cent i peu près ofi nous h rencontrons : com 0 bem de
mcu ymyguo 11 {28. 8, com 0 rremo II (62. 19, com 0 roenos que
!■ FernSo d'Olivtira, Cràmmatica it lùigMgtm partiifiacsa, p. 102 de l'édi*
lion d'Opono, cite co pour cô 0, sans s'en stnir lui>mêiRe.
PHONOLOGIE SYHTACTiQyE DU Cancionmo gtral 287
podéreys III jgo. 20, com ocolarlll (28. 1, dans: e com 0 rreçeo per-
dido III 38^. 17, il faut rétablir ]a forme co; com os câts II j6o. 2, cotn
os Affricanos II 247. %2, coin os de pouca ydade II 497. 18, com os
pus todos descaiços II 4{4. 2}, com a pobrezj pelejo 1 199. 16, ■
serva com a senhora l 241. 22, com a moonc I 243. 8. com a serra I
241. t4j com a espéra e com acruz II j^S. 19, com a mSo II 4ï2. 4,
fycar com as mSos vazias II 296. 6, com as barras II 370, 10, com as
cousas ri 479. 7, com as ervas II $69. 1 }, iunias com as que U_esum
ni 264. 2).
DE.
De perd sa voyelle : d'arte, d'amores, d'ainigo, anie d'agosio,
d'aquesta guisa, d'aquisto, d'andar, d'aquy, d'aly, d'agora, d'esse mes,
d'esté cuydado, d'elle, d'enganar, d'estar. d'enlro, d'isso, disto, d'y,
d'omem, d'olhos, d'olhado, doje mays, d'onde, d'hum coraçam, d'hôa
flor, d'u, d'o)-tenia, d'outras fruytas, etc., etc. Les «ccpiions à cette
règle sont bien rares : vida de | esiremo ia] I ;o; . 21, fervura d'e] agoa
viva I 84, ao si la correction esi bonne, como de | acossamento I 369.
], e a livre de ] aFronia II 489. 18, e Toy filho de ] alguem III 489. 24,
vierâû de | Ingraterra II )7o. 24, grorea de ] hy s'alcança I 66. 21,
de I homem que vejo coxo II 480. 24, de | olhar vos me senly I ;j8.
6. Devant /luii-j, dt consene sa voyette dans quelques passages : de |
hûa conformidade 1 ïo, j, de | huum asno^a Icnha I 1 )8. 1, hé groria
de I hutitn momenio I \\%. 17, Hé [= aa] custa de | huum senbor I
441. 1 1, que ja passa de | huum ano I 4};. 2;, de | hum sonho que
sonhey I 476. ), ^ly de { hûa monal pena 11 )2. 8 ; senhora de ] eu
qaerer I 478. jo, com rrico paleo de l ouro t 106. 20, Fez de | ouro,
prala c sscda III 268. 6, nem rrey de | outrem mandado I J96. 1 {,
graçioso de { ouvir I 9{. 27, deveys de | oulhar primeyro III 261. if.
Mais il est des cas où de garde toujours ou presque toujours sa voyelle,
par exemple devant le participe passé et l'infiniiif, q^mztxA la prépo-
sition est précédée de dttpois : E despoys de acabado I loj. i, e
despoys de | emendidas I 388. tf, despois de | offereçer II jjj. 2].
Il en est de même aussi quand dt est suivi du pronom 0, a, ou d'un
autre accusatif suivi de l'infinitif : sem ousar de | 0 fazer II 109. 12,
maneyra de | 0 perder II 120. 2, nam ouse de | o lomar II 120. 10,
nem leyxar de | os fazer 11 109. 2, de | a servir nam entende I 2î6.
24, goarde sse de | a dîzer II 178. 2, nem ousam de ! a deyxar II
497. ij, nam euro de | as julgar I 102. i;, nam m'espanto de | as
ver I 280. 2î, OLve deos rreçeo de | 0 ela padeçer iil jo. 2î, de 1 0
lam fermosG ver 11 39 1. 2j. Sur une cinquantaine de passages, il n'y en
a que trois ou quatre qui ne confirment pas cette règle : mas 0 que de
288 J. COItNU
^.a ver s'alcança U\ ii. 3, nam cureys de_a cometer III 600. 26,
porque «spcra de__as levar III 271. 34, d'csperar d'aquislo «r Ili
609. 17 '.
Cf. Joam de Barras, GrammaïUa da Ungaa portagnem (r {40)^ édition
de 1785. p. 190 : tt £ pequeno tem oulros dous ofiçios : sçrve pcr sy
sô de conjunçS em vàz, per semelhante exemplo. Tu e eu £ os amigos
da pâiria louvamos a néssa lingiifigeni. E quando sçrve em composiçl
das Jiçûes dizemos : Ant6nio It. » Ainsi, au xvi* siècle, t avait le son
fermé.
£■ ne forme pas une diphtongue syniactîque avec une voyelle tonique :
ve I e comprende 1 198. 5, minha fee | e saudade III ja}. 9, sem por-
que I e sem rrazam II! jô), 18, daa \ e toma I 2ji. 7, c^ | e laa II]
494. ] I, de pro I e contra no feyto 1 74. i j. La seule e.xcepiion est :
tomaraa e (ara fiel lil 466. ; 1 , dans une pièce qui n'est pas iris régu-
lière. Suivant un t atone, t ne se lie pas loujours avec lui : Manrrique ]
e quantos saro I 41. 19, Nome { e grandes façanhas 1 235. 37, d'ele |e
de Joam Tomee 1 374. i], que de noyie | e de dia I ;6o. lo, III ^8^
J3, a ponte | e mays Çamora I 458. 18, se a morte | e a vida I 499.
] 1, vivo livre ) e vençido 11 ijt. 9, teve parte | e quynhom III 465. j,
no I Rome { e na ydade III {78. 2, a mym goarde { e defeijda I 2S7,
17, que m'esfoie 1 e me mate I 41 j. 28, do que disse | e direy II 4j6.
îo. Plus souvent Ve atone se contracte avec la conjonction : por dar
mortc_e nunca vida I 2. 27, pcr custume^^c per boom uso I 41. 14,
daquele segr e da vida I ôj. jj, porieu grande nome„e fama I 94. i,
omem livr e alvo I 102. 22, firme_e forte I loj. 26, noyte_c dia I
toû. i, Î7I. 10, îSj. 10, sete_e meo I 137. 17, este tallme vençe_
e lega I ûj. îj, sofre^ecala I 78, 17, etc.
Entre -j et < il y a tantôt hiatus : mays Longa | e pessoyr I 57. 6, per
hua [ e outra parle I 96. 17, antr'a vespora { he noa 1 149. 10, sua | e
vingança minha l 2j$. a, tristeza | e saudade I) 6]. ;3> Da barba j e
do cabelo II t )o, jo, acabada | e perdyda 11 i\\. 38, Pobreza | e cas-
titade III 640. 1 1, de muta | e de cavaLo 111 â6}. 21 ; que vos adora |
e crée I 275. 34, como quem canta ] e chora II joo. j, o rrcy guaba |
edesprezalJI ij8. 2;. Tam6t aussi la conjonction fait avec -fi une diph-
tongue syntaclique : por minha senhora,_^e filha I a;. 12, porerti gro-
rea_e nam vitorea I 44. 29, enmenda^e corregymcnto I 79. 18, por
lembrança^^e por avysso I 94. 6. hé palavra sania_e dyna I 98. 6,
\. L'usage moderne csi d'accord ta ce point anec celui du XVI* îîWe,
mme le montre Gonçalves V'ianna, Enûi àt pkonitigae a dt phenehgU dt iê
comme
hagttt poitugaiu, p. 67-8.
PHONOLOGIE SYNTACTiQUE OU Caticioneirû gital 389
lïiinha vida __e Dieu viver I i2i. }2, da | era d'oyTema_etres I 79. 8,
corn a espera^e com a cruz II )j8. 19, que quarema^eojlossam 111
490. 1^, mande m'a e rresponderey IM ^70. aj ; e la veia.__e dcter-
myrte I 1. 20, Aar os chama^ Iha gram medo I ^4. 6, e$pcrava_e
mercçya II ao. 4, pjpa_e çca I 14J. 14, as$y(l. t)) euviva eprazer
vcja 111 170. 1.
Emre -o et ; il y a hiatus : com cuydado | e por fama 1 }t>. 4, sobre-
çerto 1 e nam çerto I 6}. 14, conforto | e alegria 1 347. 8, veador bn-
guo I e belo 1 27 j. 11, iry)o | e bem forte 1 274. 11, bem desposio ] e
valenîe I 276. 16, fennoso | e deleyxado I 377. i}, doçe tormento 1 1
mal I ;7i. 2, manco | e magro M 47. 1 \, muy fermoso | e muy bem II
70. 32, poto lempo I e sazam II 514. 24, emvejoso | e sandeu II ;;7.
26, todo sseu braço | e ncmbro III 216. 8, vinho | e pâo III 41 1. 14,
çercado | e combaiido III 428. f , compro com vosco | e vendo II 468.
21, e avelo | e buscalo II 287. 39; m'abraço | e lyo I 314. 4, Amo | e
praz me servir I i^d. 20, que vyvo | e nam sey como I \(t\. 19, îsto
quero { c nam al II 12}. 2^ moyro | e padeço II 140. 20, creo | e
tenlio por fee H ^84. t , como | e quando I 199. 1 j. Souvent aussi -o
et e forment une diphtongue syntaciique : queyio c pam I 3î. 2^,
ieysto_e grosa 1 J4. 7, aselado_e bem coseyto I 74. 13, bem
teudo^^e decrarado I 82. 8^ tam perdido e sem conforto I 134. 22,
branco^e vermelho I 14^ 27» pouco_e pouco 1 169. 14, paso_e
paso I )68. 19. este feyto_e maa au^am III 490. 18, bum criizado
_,e meo III )}2.7;em cuidafldo_e maginando I 18. ii,diguo_c
sento I 64. 6, com* eu synto_e todos vedes M 1 68. 1 9.
Entre « et la voyelle suivante tonique oj atone, i) y a ordinairement
hiatus ', de sone que les contraatons que voici sont exceptionnelles :
e este caso mays convem III ^îj. 26 (G. V.), e ella nom ouse bol-
lyr t 2J1. II, e__ele nam cure de vos I 3jû. 9, e _.ella desfechou
aguora I 268. 2{, qu'eram lantos e_ele soo 11 18. 9, nam chorasse e
,_,ela cliorava II 19. 7, e^_^eU morre por Alonsso II 129. 10, e,^e!as
haro mays que dizer II 483. 16, e,^cla ri-sse do ducado 111 287. 21,
e^eta nam o negari III {21. 10, e^ele trala mais comuda III )48.
1 }, Syseyro dos cotos elos (==9 e clos) III 6)o. 2S, e__ hé mays conhe-
çda 11 I j6. 4; e pocre»a I igS. 52, e dulterios I 189. 14 (cf. edulte-
rynas 1 190. 4), tantos bocados e^^engulhos I 198. lo, e^^empcrador
d'Aicmanha 111 bi\. jj, ouvir c^escuytar l 21s. 1 6, por servir e_
I. Une fois ou deux noiu rencontrons > au lieu de t, ce qui indiquerait <{ue
Il forme pooderae qui a dC naître d'abord devant les voyelles remonte au moins
au XVI' siècle : j <lai stm mnji omr II 17. 19. Mab dans le vers ; j «jîMj
Je Ijutnc I 396. 12, il faut lire prubjblement kjp.
JtMuatit, Xll |Q
290 J- CORNU
envdhcçcr \l 294. 17, e_estand' um dia assentada II $6). 1, e zoaim
e^escarneçar III 147. 10, e_estavam pera hyr os pee» III 298. 2}; t
era mea mal nam pod estar II 1 1 1 . 22 , e_eni na pascoa do asoËn- Il
291. 2$, e em comprar sam acupados II 5t t. 28, e em tays primore
sobqa II j2{. 2, e^^ein mais esquiva pris3o II 544. 15, eau cadda »
tornoa II J54. 8, e^^emlugar demematar III 5J4. 14, e^^em tambeii
aprefiados I 40. lo, e^^s cusus I 74, 9, e^^ s^unda 1 409. 14, e^^
fennosa rrainha Elena II 5 58. ;, e^_^a8 velas todas aiçadas II 563. 17
c^^^ outras todas defundo II {76. 20, e^_^a senhora Bobadilha III 14)
29, e_a prlmcyra (1. primtr) noiie passar III 161 . î, e_a rrazam o Un
perderlll 428. 8; e^ pode saberl (oj. [2,e^_^s fez tenter II SS4. 7
verdadeyra fee e_aroor I j jg. 26, senhor e_aniîgo II 468. «, E Apok
qu'est aneachou II 569. i7,e_acharêsl 15. 10, yj. j , e^asentem tudi
nofeytol 71. 28, e_alegua 1 77. 13, servir e^_^mar II J74. 11, pen
servir e_adorar II jSj. 6, e^^rreçeo 0 qu'a de ser III 32. 14, eavèiiH
por voss' amiguo III 99. ;j,çedocaçee,^^ndecaniinhoni 268. is,e^
anendou cbançelaria III 277. 26, desaltar c^^tndar contente III 647. 4.
Dans: a | creçer hevorreçer III 412. 7, et dans : e etodosdereyU
guarda I*}o. 34, il y a une singulière assimilation qui indique commem
on proncmçait; — e^^ quem tem dereyto torto 1 46. j, e^^^ mym tristt
de cuydado I ^70. 22, tardarà e^_^ teu pcsar II 415. 18, e.^ vos,
soibor, e | a mym II 450. 10, e^^ nossa terra tarobem II $67. 4, E
aquemna pn* milhor cobra II J71. 11, e^^ quemna traz na cabeça
m 122. 6, a Tynocos e^_^ Noronhas III 207. 18, e..^ vos e | a nos
dareys 111 621. 19 i eapos elles os trançados II jij. n, e_aqui vttt
sohooiydadol 17. 7. «wagora I ij?. 14,11 î2î. 4, 124.9, 564. 6,
e^^jBsyl72. 26,79. 1,11 lîi. 8, tîî-4. ÏS4- '9. S6o- H. '" M^-
19, sî8. 21 ; a molher d'Eitor e^_^yrraaas II 551. jt, e^o modo di
blta I I }S. }2, e„hos înorantes mostraes I 287. ;, e^^ ventos poi
n'estrovar II h?- 10, vose_o macho comereys III 99. 12, e^_o outre
sospiraraa 111 îs6. 16, e^o profeta Jeremyas III 5^2. 28, e_o que «
per ele mostra I 77. 1 j, e^os que tall sabem seguir II 287. 34, e^^c
que minha vyda^assela II t86. 24, e^o que deu III 514- ^8.
E se contracte avec ea dans plusieurs passages ; voir I 362. 20, 41 j.
ïi, 47Ï- H. " "7- '7. !" ï8. 17. 100. 19, ^42. 5, 42J. ti,
jii. 2. S forme avec outra une triphtongue dans : e^_,ootra talvoa
aconieça il 490- ^o; "ais quelque nombreux que soient ces passages,
ils oitnnl tous des contractions exceptionnelles.
SB.
Cf. CMC. gtral II 575. 5-9 ' « Mas porque nam com rrezam B meu
PHONOLOGIE SVNTACTIQUK 01! Camoneho gcrat 291
]rnn3o culpa me d£. |] nam Ihe diguo al se nam ; |) que darey outro
jubam fl :< qu«m vos achar hum stt '. »
Iji conjonction te, qui avait pjr conséqueni un t fermé pour les poètes
du Cancioniiro gérai, garde ou perd sa voyelle selon te besoin du vers ;
se I estes compelidores I j. 7. se ] hé vosso I 9. 7, se | h* rrijo e brm
forte I :74. \2, c se | em vossa companha 1 4^. 9, ou se | anda d'an*
dadura II 179. 16, s« { andâ lonje [ ou pcrto I 372. 17, nem se { hâhj'
]à verdade II ;4i, p, se | a morte e a vida 1 499. 11, sse | alguutn
bem esperey I ^2%. 17, e sse | isto me negays Ili {2;. 18, se I os que
iam ja fînados 18. 1 , se | o dama dava I ; < . ), se | oJharem I 349. 28,
se [ eu tempo tyvesse I j6. aa, se | eu ouve mal fatado I 499. }, se |
ouirem 0 quys fazcr I 101. 17. se ] ouvyr I 147. 3. La forme usitée
aujourd'hui devam les voyelles ne se rencontre qu'une fois ou deux :
essy I hâ quem vos ssome I 19. I7,massy | hJquemcr«'se peja I 41.
21. cf. i= r. L'élision de l'e est également très fréquente : s'eles minha
dor tiveram I 47. 16, s'ele runca cobyçasse I 58. 26, s'ee de mote
carnadura I 14^ 20, s'ee verdade 1 161. 14, s'ee bem ou mal despen-
dida III ôoj. 6, nam ssabemos ss'ee de frio III 664. 12, s'escmvim lem
1 ^7. 16, s'aa hy cousa mays sobida I 9. 4, s'a senhora o julgara I }.
24, s'a Ventura m'ajudasse I 1 îi. 19, S'achardes quem bem descame I
9. 21, s'aquy acudo I 11. iz, e s'atgtia mays sse der I ^7. 12, s'assy
bé I j7. }, ss'arranhs coma lagano 1 14). j. s'ysto lembra I 44. 18,
s'o cuydado me lomasse I ^. } 1 . Quelquefots se ne perd pas la voyelle,
quoiqu'il ne fasse qu'une syllabe avec ta voyelle suivante : se.^o sospyro
nam acude I 99. 14, $e,^o que se qua passa I tjô. 9. Peul-étrey
avait-il diphtongue syntaaique.
QUB.
Qw, pronom relatif et interrogatif et conjonction, peut, ainsi que
ses composés, conserver ou perdre \'e devant toutes les voyelles, tant
toniques que atones : A pena que | hé mais fera 16. 2), Lembrate,
que I es de terra 1 117. 17, vy que | estava çercado I 46. 16, Ho que
enveja vos ey l 257. 6, que I emvençôes que fareys 1 266. îî. que |
esircmo lomarey lll }2}. 1 }, nem oulro mayor praser || que | espre-
memar amyguo I }96. 27, hija soo rrezam que | ata I ji. 3, que ) al
tem. se nam sospyro ? I 84. 36, que desque | amoret sygoo I 10. 26.
0 que I a dama dezia I f8. 241 a mesler que { a provb I 11. t> mais
triste que j a trisieza III 611. ij, mays vennelha que | a brasa I 477.
I. Cf. avec ce snbsualif tiré d'une 'conionction le proverbe vaudois : ti n'tn
S ti t 6 ma, Ô mtt'aj 3 ttnô dl _Sn4 bvtothi.
3tC J- CM15C
^ ««r-cr- iOK > yaoï^panbk J icfù. 2, namduvideysjjque [ istotngo
T«- tr H*.^ ?». WManrmg» adhor que | hyr passear m 605. 14,
weaas «c fwsn» :: a#fc. p ; mas aquelles que | os davam I 2 j. 4,
^'■MtE 4 ^sofouo: maaSt l 62. 1 2, Meu viver menos |R^zado || que | 0
iM*9Mcîk:max'C »^. ;S;eque | u tançaveys ntSo I 161. j, que say-
4ntt-{Ne iuiir>feMS l i$. 6, que | eu nam sam taniletradol ji. 12,
âtc;. «L OiatuB : e sahèi qu'ee tal quebramo I 23. 26, vyda qu'ec
wr >{ue mont l $7. 7, ante qu'ele me destrua I 168. 5, porque_esco-
Jtestet cttydado I 4. 24, das vertudes qu'em vos cabem I 4j. 27 ; c
bcm sey qae_al nom querds I 122. j, goay d'alma qu'i de pagarl
t». 2j, olhaqu'as de ser julgado I 138. 1^ 0 c'aquy tendes roe^do I
29. )o, pfvc'as jentes vam e vem I 220. 20, porc'afinno | e diréy li
236. 19, de quem amo mays qu'a myro I 48;. 22, mays desayrado
c'ayroso II 160. 8; qu'fay nam hà em que cuydar I 70. 30, dizenws
qtw sen qu'yso I 94. 8, ante qu'yso que dizeys I 167. 3 1 , em c'omem
possa dizer I ;o. 1 }, ou ave c'oo sol ssecura III 32 {. i6,C'ondesobeia
irezSo bleçe 0 entendimento III 47. j, c'o dereyio noia daa I 7}. 7,
desc'o feyto passa jaa I 176. j, rouyto moor c'o galarim I 44. }, peri-
^uas mais que^^o paço I ;98. 1 3, e vy c'um deles dezya I 407. i,
que^^uûa rry de dom Martinho I 467. 1 1 , porqu'usa de feytyceyro I
270. 12, e morte qu'ey de passar I [ 19. 16, porqu'ey medo de vyrer I
iji. ), o qu'eu nam posso cuydar I ;}. $, mas na oni qu'eu morrer I
13). 16, finjo c'outrem mes ordena I 40}. [2, e pareçe me c'ouvy I
406. J, mas sey que outras vodas ci I 46J. 3o, sobre campo c'aura
banba II {62. 20. Hais le calembour de Joam de Barros (Grammatiu
<U lingOÂ portttgfiesa, p. 168) ne serait, à ce que je crois, plus possible
aujourd'hui dans le langage de Lisbonne : « Cacophaton quçr dizo* mio
som, e ç viço que a orelha recçbe mal : e comçtese quando do fim de
hiU paU\Ta e de prinçipîo d'outra se îâz algûa fealdade, ou sinifica
ji^gSHi torpeza : como, colhoCs tam manlios tçm aquelta Içbre : por que
oltw^ tunmanhos tem aquella Içbre. »
tl me semble qu'au commencement du xvi* siècle l'élisîon de \'e des
mono^IUbes me, It, se, Ihe, de, se, ^ae, était encore plus fréquente et
non oKNBs capricieuse qu'aujourd'hui. Selon Joam de Barros, CTamnutica
04 lingim portvgaesa, p. 164 de l'édition de 1785, il était permis dédire:
"k Souv^ doulbir Is cousas desse hdmê » et r se ouvçr de oulhir ta
Ct>UM>> d« ««S« h()in^. »
OTSORR DES MOTS DANS LE Conctoneifo gttal
m
MESURE DES MOTS
DANS LE
CANCIONEIRO GERAL.
Us observations sur U mesure des mots réunies en ordre alphabé-
li9Kdau les pages qui suivent auraient pu entrer en panie d:tns la
'HewotûciE SYNTACTiQUE du CaicionuTo gérai. Car plusieurs d'entre
^tniiem de pbtoomines qui ne sont explicables que par certaines
MibiDalsons syniactiques, comme on peut le voir aux articles aspra,
^,J9t, Jojm et Jim, ara, par, primir, pronoms possessifs, proparo-
"TOW, itg/tm.
On voudra bien ise pardonner d'avoir rassemblé sous proparoxytons
•l'Mlra mots que des proparoxytons proprement dits, parce que les
"fï dt*j présentent tous la mime panicularité, que deux syllabes atones
ytalew une syllabe tonique Aujourd'hui, en revoyant les épreuves,
4H^uel mois après l'achèvement de ce travail, je suis lemé d'augmen-
'^ te nombre de ces vocables. Dona, suivi d'un nom propre, compte
("u ^ute friquemmeni aussi pour une unité métrique. Dans ce cas il
"udrjii modifier les articles Guyoniar, Joana e! stnhor. La mesure des
'^tsen portugais demande des éclaircissements. Je les attends de mes
«»tde Portugal et les prie en même temps de bien vouloir corriger les
'tcvs qui ont pu se glisser et dans la Phonologie syntaetique ei dans ces
■ttim remarques.
^fott avec chute de Va devant un autre adverbe accentué : Aguor(a|jâ
*4Bn e^ra I 4J2. 1 ), e se agor(a) là k donzela || que queyra saltar
i»tiir404. 14.
>Sut ou agaia compte pour trois et pour deux syllabes : Vy hùa
"jnj-a rrompenie I {oi. 9, Ague-a çelestrial (I 06. 9, Hû» «gué-»
'tBontsa 11 ijo. 1 9 ; ou agyas venham do i^eo I i6j. 2{.
àhia compte pour trois syllabes. Les passages où II semble n'en avoir
?Kdeux et qu'il serait Tacite de corriger en écrivant tnda peuvent et
394 '- CORNU
doivem, i ce que je croîs, élre lus autrement. Le vers : nam acabas,
aynda beov 1 291. 39, aurait dQ être cité plus haut» Phonohpt synUe-
tiijue, ICI. do + d;et quant aux trois autres : ajuda que me prome-
tUo II i(i. î, a esta dor llque farcy c'aynda me dura ? li (69. 16, a
vyd ayndame leix;ïra lil {42. 27, voir à ï'arùcle Proparoxyioat, où nous
avons réuni des vers tout pareils.
alrarà est une fois de deux syllabes : day m alvari d'apou^eniado I
28î. 7.
amcjxta : vossas amcyxeas crcçydas l[| 190. j.
arvor : em hûa arvor scr irepado IlI 498. 28.
aaioridiîde compte une fois pour quatre syllabes : hé tam chea d'auio-
ridade Ml 14c. {o.
boa, qui est de deux syllabes, n'en a qu'une dans : bradando com boa
vontade I 478. 19. Boa monosyllabe s'est contracté en bo dans : a bo
fee sse me soliava 111 178. }, a bo fee bemno lograstes 111 491. 4, Abo
fee bem vos meieys III {06. }i.
Sr/diy: de deux syllabes : que nam i hy igoal molher||a scnhor(a)
dona Briaiyz III 18. 1 ^ , cf. le vers ; por todos Briti/- Pcreyra III 242. 6.
Briùlanjo : que estes deemos dos Briolanjos II t89. 8.
Brilo, Barreto condenarim I 82. ^o, Brito, Barreto concordantes I
roi. 2a. Comment mesurer ces deux vers qu'il n'est pas aisé de corriger?
cae compte exceptionnellement pour deux syllabes dans le vers pro-
verbial : e quem mal ca-e, mal jaz II ;oi. <) ; caem de deux syllabes :
Nysto ca-em os leirados I 191. 20 ^ em que caein e sam cahidoc I
i6j. 4, est un passage incertain, voir Voyelles naalts.
caparazam de quatre et de trois syllabes : caparazam, cabeçadas III
213. 6, que guabou o caparar.am 111 114. 10, mas o caparazam hé lai
III 214. ];, à moins que ces deux derniers vers ne doivent être mesurés
autrement. Voir VoytlUs lunaUi et Diphtongues tt voyelles.
Carybydet = Carybttit : nem Carybydes nem Çylla I 598. i r '.
Caitvtll compte pour deux syllabes : com hydade de Casevell I 469.
30, ante vos nunca casevel) que fazer lall casamenio I 469. 30 et 21,
0 bom senhor de Casevel) que tantas vezes cansevcU I 470. 6 et 7.
(iUitria!, rarement de trois syllabes : Nosesscaquesçelcstriaes II jéS
19, ao nosso deos çelesirial III 46^. 36.
Çt'Ume : myl ^eumes, myl rrebates 1 104. i j.
çiacoenia compte toujours pour quatre syllabes : çinquo-enta_.c
oyto_a era I 178. 7, sobre çinquo-ema II 380. jo, que ^inco-enta
sse monta III 164. 34, sobre cârregas çinquo-enla III 303. 171 E que
I. Cf. Conçalves Vianna, t'iMi d( pkoiUu^M tt dt phomtegit ée !» langue
ponugAxsty p. ]i, note.
MESURE DES MOTS DANS Lt Cunciontiro gcral 2t|J
pffcayî cynca-tma III ^i\, 13, por çynquo'cnta cnuado» 111 ija. 4,
fjQCO-enta de cavalo m {79. ji.
(rnuTN^ : e as çirnionias utar II 41 }. 24.
mAp compte pour ircns syllabes.
(o^atto : socorre-vos ho coemro I 150. 14.
C*Jiital>ra : Co-bymbra d'esta s'amarra I 141 . 1 }.
ComiACTiON. La chute des consonnes ^, (, n et <i a mis souirent en
OMtici deux ou plusieurs voyelles qui ne peuvent conserver leur indivi-
dnliié que lorsqu'elles diffèrent sensiblemem entre elles. Les conirac-
bni «ni dé}â aciwvées dans le Cancivneiro gérai, dont la Unguc en ce
pdini K distingue peu du portugais moderne. Il reste il est vrai d'assez
n«abmu exonples de graphies anciennes où les voyelles sont écrites
dm fois, mais aa, a, 00 peuvent aussi marquer le son ouvert. Comme
nm ivoDS l'intention de traiter ailleurs avec détail d« la rencontre des
•KjéK dans le corps des mots, nous ne donnerons que des exentples ;
us'ialas) tl {71. 12, III 497. ;û, 499. 1 ;, braados, maa (mala),
pudir; vaa (vadat^, vamos; monaes, maos, saam (sana, adj.), etc.^
Midi (sagitiatai, beesta (balisia], beesteiro, peego ipelagusî ;
^odj i'cadltai, esqueeçer esqueçer ('excadiscere); 1er (légère)
''OîgiO. w, sede tsedete;, ver. ve(videîi. (vey, id. III 17, u],
Ttit.crer crem (creduni), icr temos tem, vcm (veniuril ; empee-
pï iupediscere) tneezinha, geeral, geeraçam. Dans la conjugaison
*a IrouTons laniài les Rraphies modernes -fis = -eJes et -et ^ -ede^
tnrttuissi -us, -et, et -et, -e, que nous écrirons avec le circonflexe :
IBOw. gemees, dizees, vivees, devees; sabec, avee; curées, cho-
!»,«.; querés, fazés, rrcçebés, metês, avésj sabés, etc.; darês,
(Bpnrès, ftchalot-is, «c; queré. rreccbê, rregé, sabé, etc.; dés,
)àti, julgués, falés, etc.; lido = liido leido, cri = crii crei, crido =
o*lontido; dor Jdolorem), soo [solus-a'i, moor mor = maor, muus
'*i\*tf. Les mots qui peuvent encore pri^cmer le hiatus sont du
We traités ici même; voir cm caetn, attirât desiruy, doy doem, /lui,
■•okTrt, rrw'ni, tay saem, saadadt, soy soan, soydade et autres.
m-iitorf : organysta, coniratenor 1 i6â. ij, mais ce vers doit
pMNfre avoir sa place parmi ceux dont nous parlons plus loin. Voir
«ncjffl compte dans les passages suivants pour deux syllabes : e
^*iue leu coraçam I 8 1 . j j , seu coraçam lomou tençam 1 90. i , e
rajWBdemeu coraçam I 3 57. i-j, o coraçam do rrcy na maâo II 117.
^n'atrwessam 0 coraçam III ÔZ2. 17.
''tu, que Din voidraît tirer de ansa. vient du pluriel jj ou. devenu
"», Jwc tne métilhéK ob tin Rlisscmcnt qui n>»t p«s rare en poriugab.
196 J. CORNU
coneo, ordinairement de trois syllabes, n'en a que deux dans : se tall
correo for achado I 101. i^.
craezas compte une fois pour deux syllabes : irabalhos, fadiguas,
cruezas I {18. 4.
i/«rii^ : se destrue no que deseja I iji. ij; dettru-y imp., 2* p. du
sing. : destru-y tiossos pccados 11 252. jg.
Di-oguo I îya. ij, 111 240. 14, 260. 10, 485. tj; mais le môme
nom est de deux syllabes dans le vers : Porque Dioguo da Sylveîra III
240. 9, et probablement aussi dans : Deogo de Melo, 0 lasso I 277. 2).
dov d'une syllabe : doyte de minha paîxâo II 40J. iS; dotm d'une
syllabe ; que doem mais^ue desenguanos il 4^9. 21 .
dms d'une syllabe dans un seul passage : lem duas peças de valor III
266. 24.
enpeeçer, toujours de trois syllabes, ciir : cm que possa ( eropeeçer II
1 24. 26. avec hiatus, est un vers correct seton la métrique du Cancio~
neiro gérai. Empeeçcr de quatre syllabes serait contraire à l'usage de
l'époque.
esptçiat, une fois de trois syllabes : Vos soys soo em cspeçial H jij.
I j. Voir cependant s. VortIUs nasates.
tsperania compte dans quelques passages pour trois syllabes : Espe-
rança dos pecadores I 246, ( , 248. i î, quero mays que ter perdida ||
esperança sobre perdido I };o. z;, o cabodeBoa Fsperança III 466. ).
esprmentar : que j esprementar amyguo I {96. 27, tudo j^ espri-
mentey H ri2. ^a, mas em v3o o | espremento II 46;. 22, 2 quai vos
espermentastes III J2i. 34, nestas cousas s'espermenta III }2). i^.
espritû : cncomenda seu csperyio I 167. 16, queseguasiameuesprito
II 46. 1 5, per esprito divinal U\ 465. 18.
esprittui : danos becns csprituaes 11 252. 21.
ts<^uectr compte toujours pour trois syllabes ; le vers : Mem Rroiz
m'esque^a î 218. 29, se corrige aisénieni en lisant me \ aqueçia.
tstrtlidade : pola gram estrelidade I 29;. S.
femea de trois syllabes ; se sam feme-a. se maclio I (06. 24, e soys
feme-a | ou macbo III 77. 24, e ficay feme-a _ ou macho III 78. 1 5; de
deux syllabes dans un seul passage : c femea pcra Nogueyra III 76. 20,
a moins que le vers ne doive être mesuré autrement. Voir Proparoxytons.
for : a for de mouro foçem III 108. 16.
fragfla compte pour trois syllabes dans le vers : na frago-a do cun-
hado II 390. 6.
jenetosya : Vossa gram jenelosya II 264. 9. Cf. ^tnilogia blâmé par
Fr. Luis do Monte Carmelo.
geomttria, gfmctria : e mesirc de geometria III ôjî. ji, que foy
alla gemeiria III 246. 14.
MESURE DBS MOTS DANS LE Camoneîro gérai
ftTfHiMQfû : e mourisczs gyomançias ) i8j. j.
Gitjiti'uTK syllabe ; Pereyra, Mcfwscs, Cuyar 1 83. 21 '.
Ci^wuf compte UTit6i pour irois et uniAt pour deux syllabes : Este
■v bé Cuyomar i 4S9. \2, Das ires grandes Guyomarcs 11 137. 17,
nhddou Guyomar il {76. 8, Em Anrriquez Guyomar 111 J73. 1 ;
Cuibirn'j dona Cuyomar 11 if. 1 ;, Guabou vos dona Guyomar II 30.
i9<iforadona Guyomar If J74. aj, ser macho para Guyomar 111 76.
■9. O9 Kniior(al dona Guyomar IK 164. 10, dona Guyomar de Meneses
I!' ît6- ï6- On prononçaii Gywnar, comme l'indique la graphie Cyoma-
iHilUî^i. 9.
■It de l'imparfah « du conditionnel compte pour deux syllabes. Les
'B1 où celle terminaison parait Cire monosyllabe : me fazy» de seus
Sn^dos I )ii, lOj do com que soya folguar I 414. ■&, mas como
po'lTeu 1er bem III 408. 30, doivent être mesurés d'une autre façon.
Vor Proparoxytons.
** (-ta) et -io (-«•) ne font généralement qu'une syllabe ; cependant
^73 d« exceptions :
f^>^o ; com seus çirios nas mlos III 177. 13.
/^"-a : e com furia derrama IM 650. 16.
S^ffri-a : aquesias groryas vilas I 2}i. 6, A groria | hé perdida III
^^' 19, e de gloria compridos III 466. 3j.
W'oiorj-a ; memoria nam hztys I 380. 17.
"f«idrj-i> : neçessario na^ydo I 213.9.
"'Soçt^ ■ nem dous negoçeos ter I îgj. j^.
"^fory-o: Notem notoryamenie I 112. 4.
^ff^i-a : offiçio. nem comenda II 295. 37.
^fatori^p : num oratorio meu II 409. 10.
^^ûii-o : Ouvidio DOS servia II 4}?. 7.
pTïfit-o .- d'aver premyos mundanos I 3 j i . 1 j .
t'^pt^-t-a : vem do propyo amar I 76. îi, e 0 propeo lej-xasse I
î; 14, dj propea forma II 350. 38, a sua propia terra 11 196. 18.
•^"O'M : que viioria buscays II 196. jî, jâ vyiorea nam hee III
*7«- »7.
^Uulm compte une fois pour trois syllabes : Eu fuy rrey em leni-
"•^ "4i7-9-
•''■*». Jo-am, Joam, Jam. Ces quatre formes se rencontrent dans
* C«iiaaii«ro, La première qui rcvieni plusieurs fois dans Camocns
* ** trouve que dans un seul passage : com Joanc de Barbcdo t i s 1
^ 'iHni, écrit ausà Joham ou Johaâo, s'emploie presque toujours
"• A noies qu'il ne faille lire Preyra ; cf. ConçaUes VianM, Estai dt phoiU-
"f"l it pkMotogit 4e ta taitgat portvgêW, p. }], note t.
2^i """ i. CORNU
quand il n'est suivi d'aucun autre noin propre : So-ata III 206,466.
2. Dom Jo-am est constant, voir 1 ]. i}, 6a. 1, lo^. 19, et autres
passages nombreux. De même : mestre Jo-am III 2^0. 1, Sam
Jo-ham 111 <,»s- il, Cram sam Jo-am Barbadouro III 646. 5. Mail
il est rare de rencontrer des exemples tels que les suivants : Com
myçer Jo-ara do Vique I 278. [9, Jo-am de Melo copeno I 278, aj,
lo-am Rroiz del Padram I jSi. 22, e Jo-ham P\z de Bragança lil
5 {2. 3], com Jo-am Rroîz de Saa 111 J76. 12. Devant un autre nom
propre ou quand ii est suivi d'un complément prépositionnel, il compte
pour une syllabe 1 Joam Gomc7. c dom Jo-am I ;. t}, Joam Gomez l
;8. I, 83. 11, Joam Corner Lymam I 27}. 11, Joam Rrodriguez dd
Padram 1 41. 18, Joham Barbato I 477. 23, Johatn Mourato l[ 4}. i,
Joam Correa II 178T14, Joam Lopez de Sequeyra II 18}. 21, Joam
Rroiz de Saa II 429. 12, S'esiava { hy Joam Foguaça 111 109. 7, Joam
Pair. III 209. 23, Joam MonizIM 2^9. ), Joam André III 249. 20, Joam
Falcam 111 17}. S.deiefe de Joam Tomee^ 274. ij, Joam de Meiu I
}6. 14, 40. 17, 41. 17, et autres vers, da touca de Joam de Saldanha
II i86- 10 (voir PropjroxvfoRf}, Joamdo Basto 1 374. 1, Joam deFajîa
H 480. 1^, Joam de Silvnra III 46. 11, Joam da Nova III ;8f. 30, Joam
de Betas III 488. 1, 489. 1. Mais dom Joam III 161. {, est tout
à fait exceptionnel ; il peut se comparer avec dom, qui est tiré de
combinaisons syntactiques telles que : dom CdHos. dom Joam. Soti-
vent aussi dans les mêmes cas Joam s'est contracté en Jam^ écrit
une fois Jjom : Jam Gill I 309. 1 1, Myçer Jam Freyre Bcriade I 276.
24, Jam Falcam I 461. 2{, Jam Garces II! io3. 18, Jam Cornez lU
201. 8, Jam Caldeyra III 20}. 28, 2^9. 1 1, Jam Ixpec Sequeira III
340. 39, JamCoirim III {6], 4, Jam Grande III 492. {, Jan Espcradeos
III f )2. 24; Jam de Rraboreda I 210. 1, Jam de Melo II 3). 15, Jaa
d'Omelas 11 jjo. 1 ;, Jam da Silva III 2 [7. 1 1, 228. ij. — lam I 209.
1 , quoique explicable, est tout à fait anormal.
Joanj compte tantôt pour uois, tantôt pour deux syllabes : Dona Jo-
aoa me disse III 114. 2). da senhor(a) dona Jo-ana 111 ;7;. ;4. 406.
2} (cf. senbora). Dona Jo-ana de Ssousa III 78. 8, Jo-ana do Taço
m 36). it, a Jo-ana de Faria III ;S6. 3 ; dona Joana de Vîlhaita II
177. 4, dona Joana de Mendoça III J77. 2b, dona Joana Hanudl 111
(78. 8; mais : sua menos dona Joana M 411. 3, est insolite.
jau, ordinairement de deux syllabes, voir II 418. ;, 427, 2f, {13.
20, etc.^ n'en a qu'une dans les deux vers suivants : o precurador co
juji : dtz Ul H7> ^S' 1res juyzes estar jul^do 1 ^07. 2.
Liaaor de tr<ûs et deux syllabes : Mazcarenhas Ly-anor II 14. i|,
Dona Li-anor Pereyra II 19. 16, dona Ly-anor, erddra III 466. 14;
Doua Lyanor Mazcarenhas 11 18. 27.
Narçiso, Martçias moirérào
E Manuel sobrepo)ante Ml
«KSURE DES MOTS DANS LB CunciOtltiTO gtfal 299
it/igû!(a de quatre syllabes : très voilas de lïngo-jça || oa soon'ça H oo
pescoço por cadea I 9{. i8.
Luyi compte d'ordinaire pour deux syllabes : l.u-u de Santa Maria
I 460. 9, que se tliama Lu-js d'Arca III 129, 17, Lu-ys Freire III 177.
jj, etc. Une fois il est monosyllabe ; Luys da SyUeyra III 68. 9.
mti^'od de trois et de deux syllabes : s'eslas mago-ai sentisseys III
417. 10^ toda_a magoa ^ca^ ,a mym II 56. 17, quantas magoas
qu'ataUUra III HI- 7-- "t^goas rime avec ti^ojt U )(>6. i}, 4}}. 4.
magoar est toujours de trois syUabes-
Maafiat est une fois de deux syllabes
I 7. 10.
Manuel est une fois de deux syllabes
466. 17.
ma-osynha : e com novas ma-osynhas III Î71. 21,
Mares — Mars : Mares em guerras armado I 394. 12. Même forme,
111 p. 2Î4-
motsteyro, rarement de quatre syllabes : ermidas e ino-esieyros I
189. 7, do paço nucn nio-esieyro III jyô. 28, gualanie de mo-«s-
teyro [)I 626. ) ; presque loufours de trois syllabes : ho moesteyro
de I.orvam 111 196. 14, quando me vy no moesteyro III iii- 18, li
cheguardes ho moesteyro III 6J4. 6, etc.
mcnsseor compte pour trois syllabes : Parcçyas monsse-or II 2 j. 11,
A vos diguo, monsse-or III i6{. i], de prazer, 0 mons&e-or 111 226.
ij, e monsse-or das esporas lU z$6. 10. Une fois il compte pour deux
syllabes : Monsseor, que andou em CasieU lit 17], 7.
or = ora i* ora là vos avinde jaa 1 2 ^9. 1 ^ cf. e se ^or(a) U à don-
zela il que queyra saltar janela I 464. 14.
origiaal : irelado sem orryginal t 281. 22; mais um fait peut-être
une syllabe avec l'o suivant.
oioluto : se nam d'ossoluio poder I 24J. to, cf. obsoluto I ii)- 4-
paniguado : s'este vosso paniguado I )$6. 10.
Patrecvlh iPatroctus) : que Pairocollo veslira II }77. 15.
peytoral: Que cabeçadas, peytoral III 211. 1, cf. mas 0 vosso peyto-
rsl III 21a. ].
perta : de perlas toda borUda 1 397. 3 1 , levar nos a perla do prin-
Çepe Affonso II 247. zi.
pe-uga : pe-UH3s brancas mays iraga I 2^4- ^î-
piadatii, exceptionnellement de trois syllabes : ey de vos, senhor, pia-
dade I 44. 7.
py~attram : Leyxar py-as(ram I tiç. 3$.
pyor a ordinairement deux syllabes : 0 py-or ja feyto bé 11 ;;. 16.
em sseraâo rauyto pin^r III 6)8, 16. Dans deux passages il compte
pour une seule syllabe : fasey o pyor e mylhor II jj. t6, fait o pior
<jue souberdcs III 407. jo. " "^
poderaa : de mycn se poderaa dizer ! 481. 17^ emfadalo poder^ sser
III 269. 31.
podfroto : 0 poderoso rrey segundo Ul 466. 1.
po-tr, poT, poem : na presenie vos po-er I i$4. 4, nam vos val
brades po-er 1 277. 9, mas eu ey de pospo-er II 1 1 . 14, notar caro-
nista», po-er em estorea II ajo. 1; ft côié de p(wr, on trouve p6r
tiré du futur et du conditionnel : e guarday de a par mays III m. 20,
vos foy pôr em tant attura NI ) 16. 14, Dans les vers suivants, la rime
exige pordss et desporda : Ca despoys que juntos (ordes, Il sem contra
vos sser ninguetn, f|poder6s tyrar et poerdes || e nam fazer, mas des-
poerdes n do dercyto a quem 0 lem ! 26. 8-12 ; poem (ponunt) d'une
syllabe II 469. jo, (09, 28, III jja. 14, joS. 2. Fernao d'Oliveira,
Grammatica df linnojgem pormgiitSit\i s \6), p. 114 de l'édition d'Oporlo,
fait sur « verbe la remarque suivante ■ «■ este verbo. ponho. po5s. fan
0 seu infinitivo è. or. dizédo. por. oqual todavia ja fez poer e ainda assi
ouvimos 3 aighûs velhos. ■ Joam de Barros cite dans sa Grammaire
[p. 1641 poemos pour pomos,
poêla : de Platam tju'ee : homem poeia II 4t;. }}.
pryguo : tm meu querer desle pryguo II 140. 9, que perîguo por
melboria III 19. iç>.
prigasa : c cada vt?. que em pdeja II prigosa ouvcres de ser II 192. 10,
escolhem a mays periguosa III 1 j. 14. Cf. prîgo et pùgoto blâmés par
Madureyra et par Fr. Luis do Monte Cannelo.
pfmtr » primtyra : a primeyra cousa que foge I î 1 2. t , e_a \ai-
meyra noite passar III 161 ;, sont des vers faux qu'il est facile de cor-
riger en lisant pnmtr,
pryol est une fois d'une syllabe : comendador, pr)ol. abade I 267 17.
Pronoms rossESSirs, Tua et sua ont toujours deux syllabes, mais
les poètes du Cancianeiro gérai ont encore la faculté de se servir des
formes atones ma, la, ta : ma sentiora II 47S. 17 ; ta samydade I
2;o. 23, las gravas I 287. 22, ta duçura 1 390. 38, la ^ma I joo. ta,
la piadade II 361. a, ta morte II 261. 20 ; les vers : No primeyro de
tua dama I 472. 1 ;, Por tua grey e na tua leyu morrerâs III 378. 4,
se corrigent facilement en lisant fj ; — sa mercé, sa dor, sa pena, sa
cara, sa par., sa calydade, sas fovscas, sa coropanha, sa madré, sa morte
etc.; dans les vers : que pousa nas suas pousadas III 266. 8, a ssuas
merçès ss'emcomenda III 41 1. 1 ;, sua devisa e sseu synat III 46$. 10,
com sua morte escuureis III 621. 16, ser sua morte tam sentidalll
63J, 10, lire sa ou tas.
Nosso et l'Oiio, nosta ei votsd, quoique de deux syllabes, comptent
MKSURE DES UOTS DANS LE CdnCÎùneilO gtral ^01
comme proctiiiques pour une unilé métrique dans les passages sui-
vanu : Acord el rrey nosso senhor III 289. 19, vosso sysD tornay a vos
Il 48), 34, senbor : sseja por vosso bem UI 161. 22 -, que nos» sobeja
trûtura ] i&y i$,dezya de nossa ventura I 1S6. 14, a raintia nossa
senhoM 111 ^75. î, porque vossa merci nam chora I 85. 18, se vossa
mercê 0 olhar r 1^8. 27, e vossas mer^s veram çedo Ul fiaj. 24,
calyvo de vossa belezj [ }n. 9, confessara vossa rrczam III 1 j, iB, e
toda vossa descriçam III 141 _ 20.
pROP^tROxvTONS. Lcs mots dactyliques comptent ordinairement pour
trois syllabes :
atcmo : Mémo, que asseniado II 560. 19.
Alraro : lainbem Alvaro da Cunha 11 177. 9.
apotioto : mas apostolos Ihe chamo I 19). i.
arvore : lodalli^s arvores maas II 40J. 19.
atpero : Polas muy asperas vias 1 î2i. 19.
barbaiQ : barbaras presss da terra II 178. ).
camara : Nom vy camaras piniadas II 22S. }}.
heugo-a : heiegua de mil) maneîras II 161 . 18, hetego, magro, coy-
tado 11 291, 19.
[agrirtia : lagrimas de devaç^o 11 ;9$. 1 5.
tamp.idû : Pazera lampados, torvôes II 189. 10.
ospedi : ospede, que m'avorreçe II 2J4. 20, ospede nella seris II
4M. îî.
pampilo : qu'ec de pampilos çercada II jSg. 24.
pessego : por pessegos, por melâo I 2^. 22.
prinçepe : rrey e prinçepe lambera I 46^. 26.
lytoio : Em tyiolo de valya II 16t. 14.
ultemo : no | uUemo desta vyda II 261. 22.
Il en est de même des terminaisons dactyliques :
caronyca : d'oulra caronyca nova III ( j i . ri.
domesûcQ-a : nosias domesticas aves li 2}2. 21.
ffaadissimo-a : em grandissima quenlura II 2jt. {.
Ugitima-a : por legitimo marido II $64. 10.
Mais dans un certain nombre de vers trop longs en apparence, le dac-
tyle équivaut à deux syllabes ou deux unités métriques '. Ils sont trop
nombreux pour que nous puissions penser à les corriger. Ces mots, qui
paraissent mesurés à la latine, sont :
). '< Dans ces vocables (les proparoxftonsi In deuK dernières sylbtn sont
tout i fait alonci ; tn castillan, au contraire, la dceni^re syllabe peut avoir un
accent secondaire : cail. timutà, port, tâmiflf. >> dû A.-R. GoDcalves Vîanna
avec une admirable tagacitf {Est/ti de pkoatti^tu tt de photiol»gie Jf U langue
porïagjiu, p. 90I.
ÎOi
J. CORNU
abrayto ; bulras abraycas soxys I 190. }i.
aUmo : Dum alemo sou acordada i! 560. 9.
Alvaro : Alvaro Lopcz de sab«r III 24 1 . 16 ; probablement ausà ; Oa
Alvaro, ^rmâo amiguo lit 4S1. 6.
Aharet ; Branc Alvarez com suas mâos II! 345. 34.
aposiûlo : Aposiolo sante5cado I 18). 17, Apostolo santo primerro I
jSj. 34.
arrore .- agoar arvores ou varrcr III 640. }2.
aspero : sam tam asperas cm cuydar II {)). ti.
camara : da sua catnara do ouro i 96. 12. que na cainara sse acntjo
III 347. 22.
carrega : sobre carregas çi'nquo-cnta III 302. 37.
cintre (lat.) : quya in cïnere rreverteres I 127. jj.
coyado : ala a très covados de sseda III 398. i.
dutida : que ïem duvida foy mayor III S9. 7.
epistûla : as epistolas de Catam IM 490. 34.
Ereala : Erco!cs, César corredores III 46;. 19.
Eradyce : com Rrudyce vy Orfeo I 309. 14.
Estunhyga : prova-se per ly que fales, || Esiunhyga, de teus gemidos
] 72. 8. '
Jpotito : Ipolito. Fedra, Sem«a ( îio. 34.
lagryma : as lagrymas, que se dobr^kram II 308. i}.
merito : os meriios lodos pesando 1 29^. 27.
priaçept : o prinçepe da vozaria M 6{. 2], do prinçepe nosso scfihor
III p. i49-r6o.
purpura : De purpura çelestrial II ;&9. 9.
Satire : e gram companha passava II de Satiros que me buscava II
(68. 14.
Troylos : a Troylos ou a Eytor I 37 j. 18.
Ajoutons il ces proparoxyions ceux fbnnés par un verbe et un pronom * :
Prova-se. poys do sospirar I (i. 3. chamando-mc de cajo sou III 4.
1 1, devemolo bem de louvar 111 40. 1 j. Tornala-hya alevantar III 28.
24, D'auires vers, en assez grand nombre pour que nous ne les tenions
pas pour fautifs, doivent évidemment ttre mesurés d'ap^^s le même prin-
cipe : cuidando de rremedearnie J 42. 9, nos tempos da nioor cara*
munha i {j. 11, Açerqua do que compre sser I ût. 11, com todo o
agravo que scnio I 79. 16, nam sera homem que rremonte I 96. îi,
sam primeyros e mays inteyros I 97. 8, das rrefey^s que Ihe dyrey,
Il dosotfaos e fyna mostrança I lo). 2 et 1, que roilhor grorea, que
vylorca I lo^. i ), Rcçebimentos farcys finos I 106. 17, eu porque mym
MESURE DES MOTS DANS LE Caneîontiro gmu JOJ
me miiaria I t )2. 6, que Jeu a Nuno de Sam Paio I 303. 20, do vir-
ginal vemre de vos I 24^. 2, elhe lolhSram pane jaa I 272. 2}, me
fazp de seus gemidos I ;ii. ro, nnmorado dos n-imorsiios I ;iQ. 4,
Assy me levando ventura I J2). ij, por mays çeJo me nam matarll $5.
8, ho vençedor como vençido II 1 {3. 20, porquee azedo como fel II
i$2. 20, da touca de Joam de Saldanha 11 i86. 10, l'ogyanios de
povorados II 214. 9, que da cabeça fazem pees II ^24. 27, Arreneguo
de ry, Mafoma II j]4. t, rraieguo do offiçyal li j;S. 1, e dally
sempre me guiou I! {t{. 1, se queua de ly agravada II jfS. 28, cf.
cependant M t6j. 11^ que pera s' Ellcna cobrar II j6). 6, E tuî-
lando o arrepeley II 568. 26, E lodalas ervas sabidas II {69. 7> que
pera saber e poder 11 596. 17. de ser perdydo polo seu IIl 6. 10, Tor-
mento que alormenta assy 111 17. 16, O que se na vida mayspreza.ll
que sena voniade mayj traz III 17. 2î <ï 24, Esteeo cabodo« louvores
III 2t. 2 3, nam volo quereri ninguem III }o. 20, cada hum dygoo que
quyjer ME {7. 9, de chaparla de latam III 100. ;, qu'aivoroçolhaferfazer
Itl 114. 10, juro 0 corpo de deos, dom Crade ill 166. n, he dos gozos
e comedra III 200. 4, Mas vemdeSa coma Judeu III 207. j, mas 0 capa-
razam bé lai ill 214. 2j, de myl e qutnhenlos e dez III 25). 12, que
eu me fyo no que sabês MI 26 {. 1, nam ssey oque s&e U â de passar
m 271. ij ^vers corrompu probablement!, de Ssantiago que d'Oliveyra
lir 378. î, pera que queTcm mereçer IM 4^4- '5i P^" folguar de Ihe
correr III 462. î, Tolomeu, Prinyo mescjcyro III 46?. 27, c que por
ela se soprique III 46; . 2j, vestido como faz mester III 640. }, najgùas
bochechas do sul III 643. ]3. Notons encore le vers : foraa rredeas e
tâlegos, qui a pour assonance embargos, II! 202. 36.
Cette particubriié des vers ponugais a dé^i été, ce me semble, remar-
quée par Joam de Barros, qui, dans un passage inléressam à un autre
égard, 4'exprime U-dessus de la manière siùvante ip. 77 de la Grammj-
tiea da Hngiu ponugiusa, édition de 1785) : « Espico de lempo, porq
huas sam curas e outras ifigas, como nesta djçâ. Bàrbora, q a primeira
% longa, e as duas sa brèves. Porq lato ifpo se gdsta na primeira. como
nas duas seguintes, & scmelhan^a dus musicos, os qu4es tanio se detê
no ponto desta primeira figura bar. como nas duas derrad^ras, bo, ra.
E os Laiinos e Gn^gos, sente melhor o tèpo das syllabas, por causa do
vçrso, do q ô ni5s sintimos nas trovas : por^ casi m^ûs espéra a nôtu
orelha 0 consoanle, q a c-îtldadc, dado i^ a tcm.
O terçeiro açidente da Syllaba, ç canto alto ou baixo ; por^ como os
musicos alevaniii e abaixâ a voz cantando, assî nostemos a mesma ordé,
como nesta diç3, iè, moj, que na primeira syllaba alevantamos, e na
segunda abaixumos. E dàdo q cm algùa mandra nos podçramos esten-
der cd rçgras pera a cantidade e a^ento das nôssas syllabas : leixamos
}04 '- CORNU
de 6 fazer, por4 pera se bon exëplificar as suas rçgras ouvçra de wf
eni triSvas, ^ tem medida de pees, e cantidade de syllabu. E porq o
tempo cm ^ se as irovas faziâ e os hom^s nâ perdiam sua autoridade
por isso ç degr.id.ido dcsics nôssos reynos : hcari esta malaria pen
quando o uso à requerer. »
pur\dddt : nom m'a lerdes em puridade II 439. jo.
qutrtr compte parfois pour une syllabe : d'am querer que me quw
maiar I {j. 1, por se mcnos querer mosirar I 78. 29, U puseres teu
bem querer 1 474. 16, aa de querer e nam querer 11 {34. 11, a qoe-
rerdcs 0 esfolar NI 300, 2, Qucremos vos desenguanar III a88. 3).
rrainha esi de trois syllabes : rra-ynha de rreys senhores I 34S. 10.
Cependant il y a des passages assez nombreux qui semblent prouver que
ce mol pouvait compter pour deux syllabes : rrainha de todotos anjos I
346. 7, rrainha de (odos c minha I 147. 4, corn a rrainha minha madré
I 4(}. 9, e da rrainha muiio amada 1 4^4. 9, vos vinheys de cas da
rrainha 1 476. 8, a rrainha nossa senhora II) f7f . } ; mais plusieurs de
ces vers peuvent être mesurés d'une autre manière, voir Proparoxyioas
et Pronoms possessifs.
rrt-aei n'est pas encore contracté en rfiîs : em buscar très myl
rre^ays II 489. 1 r, mais de seys çentos rre-aes M tog. 13. Mais Femâo
d'Oliveira, Crjnnnalica de hnaojgtm pçrlufiutsa, p. 109, connaU ta forme
wis et la rejette comme fautive : « os Inomes) acabados em .1. mudad
essa leira .1. 4^. i. e acreç^tad. s. q he proprio do plural como. cabc-
çal. . cabeçays. . real. . reais. assi quâdo he susianiivo como ajctivo.
E na& digamos dous recis : très réels. »
ireaitza : e rresgyardcy sa rrealeza I 453. 4.
rrtdid est de trois syllabes : Val rredea d'uvas 1 1 }8. ; , braa rre«deas
e Utegos IM 202. 26.
rroim de deux et d'une syllabe : d'esté vinbo qu'ee rro-ym II 29}.
■6, que usa de rro-ins manhas II ))j. j6, a lenha em rro-im mato
II S)9. 6; que rroîns desembarg adores 1 J96. }8,
rrv-yndade : far Ih ya gram rrayndade H ^49. 3j.
Rroiz de deux syllabes : Joam Rro-iz del Padram I (83. 33,com Joam
Rro-iz deSaalH ^76. 12.
Kromâo (Komanus) : onde os Rromâos nom chegarào II j {9. 8, os
Rromiios, desque vençeram II (14. 7, com que 0 Rromano Colurones
(1. Rromiioj II \û%. 24.
Rray d'une syllabe : de Rruy Gomez da Chamusca 1 276. 24, Rniy
de Ssousa I 276. 10, 478. ^ , III 14J. 29, 2}9. 6, Rruy Lobo, Jorge de
Ssousa II )oi. 18.
say : nom say fora da pousada M 4Jj. 11, bé pedra que say da maio
U 4t j. 14 ; sam de deux et d'une syllabe : sa>cm mill do coraçam I
MESURE DES woTS DANS LB Caticmtito gerd ÎOÎ
J I ■ }, qoe Esa2-eni culpas diversas l 197. 2 { , que sa-hecn do coraçam ;
Gr«sas um ssam d'antre nos \\\ ii^. 7.
uihit M ordinairenient de quatre syiiabes : Mas agora sa-udade
lui. Ji, corn tant grande sa-udadc I 20^ 10, chorey mortal sa-u-
didc III 4{6. 16, etc. ; deux fois nous le trouvons de trots syllabes :
e «m saudade padeça I 3^1. 3, a saudadeque medayslil n- 37-
«am = ttgando, avec suppression de la syllabe finale, souvent pro-
^K par u place devant le substantif : que Ibe faliam segum foma
^' i^. 17, segum tse ssoa IM ^86. 2% segum m'esfor^a 111 644. 10,
''ftçeis-me, segiun maço lll 644. ^1.
unhor. forme féminine bien connue des anciens chansonniers, doit iuc
Ffolnblement mis au lieu de icnhata dans les passages suivants ; sentiora,
P" (ujo rrespejio I 247. 19, vos fazem senhora de mym I 484. 33, e
»» wnbora poderosa I 48^ . 1 { (comp. cependant plus liaui poJîeyaa et
Mrjnuii). 0 qu'a minha ssenhora falo III 334. <, (mais on pourrait Lire
*'aiiEcu de minha), senhora, d'Oa gram verdade III 411. 2, senhora,
fW^ioeu senhor lil 41). 17, a senhora dona Maria 111 40. f\,àaK~
"""a dona Maria III 68. 23, 309. 7, Da senhora dona Cuyomarlll 174.
'^ Oa senhora dona Joana III )7). 4, 40&. 3j.
"^vdidoiie : hé neguar semsualydade III 449. 19.
•"Of : e 8« ouvjT ; nom se-or I 147. j.
^iiveyra, Silveyra, Silveyra I 81. 25» comment corriger? Lire peul-
^- Silrer, Silveyra, SiKeyra.
**> (ïo/rt, d'une syllabe II 401. 8 ; sctm d'une et de deux syllabes :
'*dQï sso-em de goardar Ut 275. lû, como soem as desejadas 1 ïoi,
'*• Les anciens romances comptaient w pour deux syllabes, comme
* "ïionire le vers : « os que me soê guardare, » cité par Joam de Barros,
'^'*titaatica da lingm portugatta, édition de 178J. p. lôj.
'^^ydadf de quatre syllabes : so-ydade nam 0 leyxa II 17É. i},
'^^ vos hâ so-ydade 111 300. 1 j , etc.; une fois de trois syllabes : e
^ydades quemosfaz III j3j. 1.
■•tâl'JiJW est de trois syllabes dans les deux vers ; Nom vy aves muy
'^y^iosas II 229. 7, a maao viuva e suydosa II 176. 29.
"^ttijere : Para Tanjere, senhor li~i8o 6, que vy Tanjere tirar II
'*S.i9'.
■*wo<i de uois et de deux syllabes : como_em tavo-ano mar II! (47.
^> Dou-vos lavoas conçcnadas lll 100. 28,
'«or d'une syllabe ; assy se segue seu teor I 96. i o.
Pr,
^1 . Cf. Auuçns cité par Fern3o d'Oliveira, Gramnulita 4c Itjtgoagrm parla-
j^^ff' p. €0 : f attoftr por castdlo 0 quai ter» a penultinia grande ainda 4
Ih^
Kit
20
I
:^ --^^de III ÎÎ4. 8, cf. piadade.
■ -ETivïnte ni 653. 10.
•ttK.js >nToso 11 jôo. 27.
.^li ;yljces : e vîveras vida folgada I J99. ;
Jules Cornu.
LA CLAIRE FONTAINE,
CHANSON POPULAIRE FRANÇAISE.
EXAMEN CRITIQUE DBS DIVERSES VERSIONS.
Plosieurs auteurs de recueils de chansons populaires ont donné le nom
de Claire Fontaine à la ronde dont nous allons nous occuper. J'adopte
cette dénomination, quoiqu'on puisse lui reprocher de ne pas s'appliquer
i tootes les versions, et en outre de ne reposer que sur un détail du
Téch, un décor dans le tableau, décor commun à bien d'autres chansons.
Notre ronde est d'une facture fort simple : elle se compose de vers de
1 2 syllabes ou de 1 î , si l'on veut, le premier hémistiche se terminant
régulièrement par une syllabe muette; ces vers assonent tous en e
famé. Parmi les chansons du xV siècle publiées par M. G. Paris, j'en
troave plusieurs dont la facture est identique. Je citerai particulièrement
la chanson LXXXI, qui a avec la nôtre un autre trait commun : à partir
du second, chaque couplet a pour premier vers le second vers du cou-
[rfet précédem ; c'est ainsi que se chante généralement la nôtre.
Au jardrin de mon père il y croîst un rosier :
Trois jeunes demoiselles sy s'i vont umbraiger.
[refrain )
Trois jeunes
Trois jeunes gentilzhommes sy les vont regarder, etc.
Voici sous forme de résumé les traits communs à toutes les versions
que )'ai pu consulter, abstraction faite de divergences tout à fait insi-
gnifiantes ; j'y ajoute entre parenthèses les divergences importantes de
versions plus pu moins isolées et j'en élimine tout ce' qui, en dehors
de ce récit (au commencement et à la fin de la chanson), n'est pas con-
firmé d'un commun accord par toutes les versions.
]08 J. GILLIËRON
( ) Une personne (jeune homme ou jeucie fille, selon les versions)
se batji(ne Ise lave les ni.^ms, les pieds; dans i'e^u d'une fontaine (d'une
rïvière. de la Seine). Elle s'essuie à ia feuille (sous les feuilles'i du chêne
(d'un chêne). Sur la plus haute branche un rossignol chante. <i Chame. »
lui dit-elle, « toi qui as le cœur gai. Moi je ne l'ai pas gai, car mon
amant (ma maiiressef m'a quitté Is'en est allé, avec moi s'est brouillé,
s'est fâché, ne veut plus m'aimer, etc.), pour un bouton (bouquet, etc.)
de rose que je lui ai refusé (qu'un autre lui a donné, que trop i6t j'ai
donné — dans deux ou trois versions, non remplacé;. Je voudrais que
la rose fût encore au rosier ei que mon ami Pierre .ma maîtresse) fût
encore k m'aimer (etc., etc.). »
Le récit qui est ia base de toutes ces versions, récit fon rapide, fort
concis, n'a été compris par aucun des chanteurs que nous connaissons,
et toutes les altérations importantes qu'a subies la chanson dans le cours
de ses pérégrinations i. travers tous les pays français sont dues à celle
circonstance '.
Ils ont cru comprendre qu'il s'agissait d'une querelle d'amoureux,
causée par le refus d'une fleur irefus qui pouvait être fait aussi bien par
un jeune homme que par une jeune fille), que la personne qui parle au
rossignol regrettait son refus, regrettait que l'objet de la querelle, ce
bouton de rose, ce bouquet^ fût jamais tombé entre ses mains, vou-
lait « que la rose tôt encore au rosier, que le rosier même fût encore
à planter, » etc., etc. On verra plus loin toutes les conséquences de
cette imerprétaiion.
La chanson n'est pas d'une simplicité aussi banale, et je n'aurai pas
de peine à en persuader ceux qui connaissent les allures de la chanson
populaire.
Ces vers : Pour un bouton de rose ^ae jt lui refusai et Je voudrais tfut la
TOit fût encore au rosier, ne peuvent sortir que de la bouche d'une jeune
fille, d'une femme, dont Pierre pouvait dire avec un poète anonyme :
J'ay advisé ung rosier
Dont la rose est fleurie,
Et en esté comme en yver
Elle est tome espanye.
Cette jeune fille dit au rossignol que son amant l'a quittée pour an
bouton de rose qu'elle lui a refusé, qu'elle voudrait que la rose fût
encore au rosier et que son ami Pierre fût encore à l'aimer. Notre inter-
prétation nous cause un embarras : elle a refusé à Pierre un bouton de
I . Nous le répétons : noire résumé eu loin de contenir toutes les variatites,
le déuccord le manilctlanl surtout dans Ii dernière partie deli chanson, partie
qai n'eu pu résumée.
m CUIRE FONTAINE JOQ
, et cependant elle avoue que ta rose n'est plus au rosier. Est-ce,
rue le disent deux versions qui paraissent entendre ce passage, qu'elle
tût trop lot donné, et qu'alors par pudeur elle l'ail refusé à Pierre?
m ! La chanson n'ayant plus été comprise, une bonne partie des
ions omeiieni un premier vers qui, parce qu'il n'est pas commun à
es les versions, ne &gure pas dans notre résumé. Ce vers n'avait
i sa raison d'être pour nos chanteurs ; à nous, il nous donne la clef
mystère :
En revenant de noces
Il s'agit donc id non plus d une jeune fitle, mais d'une jeune femme,
une mal-manie. L'amante a refusé Â Pierre un bouton de rose, et Pierre
quittée à cause de cela. Fille est mariée maintenant, contre son gré
;-iue, en lom cas à un homme qu'elle n'aime pas autant que Pierre,
en revenant de noces elle regrette que la rose ne soit plus au rosier
Ktr h donner  Pierre, à qui elle ne la refuserait plus '.
Vffid b liste des versions telles que je les désigne dans ce petit
ivail:
— Cag/toa, Champjieury, Reaurepaire, dadion , Tarbé, Payinaigre,
«jXK, Bujtaud i^plusieurs verrons), Haupt, Couibci, versions emprun-
ux recueils de chansons bien connus qui portent ces noms d'auteur.
>-^ privots l'objeclion qui lae sera faite: comment se [Wut>il que la mariée
JJ troiTt uule le jour de ses noces, qu'elle siiit fatiguée d'une lonêue marche ?
^Ic objtction, que je me suis faite i moimètnc et qui m'a etè faite par
M. Gutoa Pans, vient éb<raDler dans sa bjisc l'cchabudage que j'ai labortctise-
■"i a«. En cÔct. le vers ;
F.n rcTenanl de noces j'éliiis bien fatiguée
*Jpp^acrait plus natuirtlement k une amie de noces, k une amie de la mariée
1"i hurlée dlc-mimc. Mail alors commeol expliquer les regrets que cette
■*op{iiM :
Je voudrais que la rose (fit encore au rosier, etc ,
^^ ni sont ce qu'il y a de plus authentique d.ini la chanson? De deux
'^Irw : DU notre chanson est dans ce cas pleine de sous-entendus (sous-
^^h\ qui ne paraissent peu en accord avec le caraclcre it la chanson popu-
'« (finçiise et, si je ne me Iruirpe. qui enlèvent de sa valeur i la nôtre), ou
I"* ai tronquée et de tomes les versions cjue nous avons aucune n'a conservé
J'fftak |ce qui me paraît bien peu probable, car pouvons-nous admettre que
'"t trrjjon qui proeniait une suite d'idées neiles el claires les chanteurs en
•* pfoduit d'aussi énigmatjques, et que pas in(mc l'ombre de la bonne ac se
"■w djiu ctllc que nous avons ?t.
^ situation de noire mariée paraît peu naturelle, je ne le dissimule pas.
'Y' Boi chanteurs elle est tellement exceptionnelle qu'elle leur faii mécon-
J'^''* le caractère, le ictt mitât du personnage. Sans vouloir passer en revwe
|^ji>o4 use séparation aussi immédiite après la noce peut avoir eu lieu, je
**«4Mrtef que l'auteur de la chanson peut aroir eu en mémoire un cas
9^, m cas qui le touchait peut-i!tre de près, qui lui faisait conceroir d'une
*'Mi iKrioQsclIe son sujet : il n'y a rien ]i qui sorte du cadre de la chanson
^tO ->■ CILLIËKOK
— Mamier : dans l'ouvrage Lettrti sur rAméri^iiu; c'est nne version
du Canada.
— Moniimr, Canadienne : au Moniteur, année iSjj.
— Legrand : A la Romania, i. X, p. îSç).
— Romania : Romania^ t. Vt[, p. 8i.
— Les suivantes font partie du recueil manuscrit légué à la Blblto-
ibèque nationale par la commission chargée de la publication des chan-
sons populaires de la France (voir Romania, t. XI, p. 97). Je les désigne
par le nom de l'endroit ou de la contrée oii elles ont été recueillies : U
RotfutU, Berry, Càies-^u-Nord, Cambiésis, Champa^ne-Arde/tnes, Bagfiu
{Nord], Sanctrrois, La Riott, Hretaffu, Civet (Champagne), Vendée, Yve-
»f. Sans indication, de Gourgues.
— M, E, Rolland, ayant appris que je m'occupais d'un examen ai-
tique des versions de la Claire Foniaîae. a rerois pour moi i M. Gaston
Paris la version Loricnt recueillie par lui-même dans les environs de
Loriem, ainsi que la copie d'une autre qui a paru dans un livre portant
la date de 1 704 et dont je n'avais p^is connaissance ; la vcnion htonitev
se trouve en être la reproduction exacte. Je prie ici M. Rolland de m'a-
cuscr d'avoir tant attendu pour le remercier des matériaux qu'il s'était
empressé de me communiquer. Ce petit examen critique était commencé
il y a plus d'un an ; des occupations plus pressantes m'ont empêché d')'
travailler d'une manière suivie.
— C'est également à K. Gaston Paris que je dois la connaissance des
versions Warhy'l^aiihn (Soramei et Oatst, Centre, que lui ont communi-
quées, la première M. Camoy, les deux autres M. Hanotaux '. Je prie
ces messieurs de croire que j'ai été très sensible i l'intérêt qulb ont
bien voulu montrer pour ce petit travail.
— Suiste, Seine-et-Oise, Cayeax sont des versions recueillies par noi.
Je n'ai point retrouvé notre ronde dans les recueils des ivi^et ivii* s.
que j'ai eu l'occasion de consulter.
I
I
1. En revenant de D<»ce8 J'AUlIs bien fktigaé''.
Cette lecoo est appuyée par Castrts (Bien las, bien faliguél, Raïuud t f^
1. M. Hanotaux a entendu chanter U venîon Ctntn â Cinnes (Alpes-Mari-
times), mais il croit se rappeler que le chanteur ta tenait d'une personne origi-
naire du centre de la France. I.a version Otmt lui a ctc chantre à Paris par
une personne qui l'avait apprise i Nantes 00 i Angers.
3, Je remplace ^ar une apostrophe \'t (^minin ne se prononçant point. Il règne
une grande confusios dans nos textes : des collectionneurs rétablissent fatiguit,
nposii, etc.. i cause du vers ; Et ijat mon ami Piint fût tntoft à m'ttmtr;
d'autres, malgré la présence de ce dernier vers, ont gardé fatigaf, repcst, ctc.
• Mm amant n'a ijitiui, ■> dit M. de Laugardiëre [Btnj\, < indique que c'est
p
La CtAIRE FONTAINE ]ll
^n> ^tihf-Bùlha, Saitt mJ., Cira lEn revenant d'U noce), Saitit,
tum, Setae-a-Oiu \ .. Que j'étais bien faligu(«), Ltgroad, Ckampfltury,
BtiM^Ttrii, Lj RwhtUt (En m'en venant des noces), Vendit, JiCour^uti,
^^, Bagm (En revenant des noces Et2nt bien (alignée), Ctijaix (... (on
D*pt). Ces neuf derniïra ont : da nottt ponr Jt itfta.
Ifûui avons vu plus haut que ce premier vers, nécessaire pour coth-
pradre le récit, avait pcrdj sa raison d*éire aux yeux de nos chanteurs,
fn ne fe rendaient plus compte de l'idée contenue dans les derniers
'n de la chanson. Son existence était fortement menacée. Nous le
^^jvitt, pour ainsi dire, disparaître peu à peu. Il a perdu sa signification
(tau ;
U RiûU : En revenant de fite J'étais bien fatigué'.
Celle substiiuiion de fiu à nocts devait paraître bien innocente ao
f^leuf . Dans le Velay [Romania] on chante : [^ revenant de Nantes,
'^s bien fatigué; dans le Santerroit .* .... Je m'trauvai fatigué. A
''»*tof a y a deux versions en présence l'une de l'autre : En re^-enam de
''OQte, et : En venant de Pontoise. La leçon roaie est un nouvel afbt-
^'«semeni deffk. Ces levons : de Saules, dt PoaioUt ne se sont pas
produites indépendamment l'une de l'autre, cela va sans dire. Je serais
Porié à croire que Nantes est l'intermédiaire entre noces, fite ou rouia
** fantoiif, car Nantes est une ville favorisée de la muse populaire, et
P'^sicurs chansons commencent par ces mots : En revenant de Nantes,
ou d'autres analogues. Une fois l'une de ces versions adoptée, elle
P«rttwrtuii une foule de variations géographiques, et qui sait à combien
^^ prétentions locales elle aura donné satisfaction ?
Ce pfemier vers a disparu complètement dans les trois versions du
^~**iaKia (Cagflon, Harmier, Canadienne), Cjmbrésis, Ardennts, BedUlC'
'^••''«i Ampin, CàUs-da-Sord, Bretagne, Puymaîgre, Moniteur, llaupt.
^a version Ce/are est one parodie appropriée â une petite fille reve-
.'**»»» de l'école:
En revenant de classe, J'étais fort fatigué'.
_*^«IW petite fille, comme la mariée, se baigne dans l'eau de la fon-
^^***<, s'essuie de la feuille d'un chêne et adresse la parole au rossignol,
qoesuit :
• itmwie qui parte, et poarunl fes participes pasîés se trou«cnt au mascuRn. •
f-^~ ^Wmon Castra a : Bun las, ifitn fiU^sU. pnis plus loin C'ftt mon uni PUrre
j^* *»« mo; s'tit btoiutU. Cette confusion, nous I avopi vu, orovient de ce que
ti ^m : Pour ua boatoa 4â rote Qnf jt tvî ttjiuai, etc , o'etait plus compris,
ç,**l*tre l'iliswn de Vt a-t-elJe contribué aussi ï faire croire aux chjinteurs que
^3>n homme qui te plaint, et non une femme. Si les recueils ttaiemt faits
■J^ le soin désirable, nous ponnions peut-être constater le fait que, laodii que
*|^^fcK»ei cfaaakflt : El ^lu nwa ami Pttrrt Jùt tatûtt à m'dûiur, les honmes
^'**iDt . £l fiw mon amie J6t tiuort à m'dinur.
JTJ I. GIILTÈRON
Chante, rossignol, chanic, Si tu as le cœur gai,
Car moi, je ne l'ai guère ; Ma mattressc m'a grondé'
Pour un temps de mon verbe Que j'avais oublié.
La parodie ne va pas plus loin, sans doute parce que le vers suivant
doimaJt immanquablement une syllabe de trop :
Je voudrais que te verbe Fût encore à réciter.
Le dernier devait être probablement :
Que ma bonne maîtresse Ne m'eût jamais grondé*.
Une autre version. Bujeaad i, commence ainsi ; En tâiant dans raa
poche mon couicft m'a copé. C'est une espèce de travestissement de notre
chanson. Celle version ayant le même nombre de vers que Bajtauâ i à 4,
recueillies dans la même contrée, il est pcrmb de voir dans En lâiaia
dans ma poche, le premier hémistiche, un souvenir de En nrertani de
NOCES, et de croire que l'original de Bujeaad s était le vers que nous
avons adopté.
S. Au bord d'Anne font&lne Je me suis reposé'.
;. Et Veaa était si claire Qaeje m'y siûs ifaigrif.
Leçon appuyée par : Buchn, Bu/uad t à 4, TurM, Romania, La Roektlli,
Saatirreis, Werby~Biiilloit, Cttilrt, Oiitst, Sans inJ., Ui hioU, Gntl lAuprb),
Vtndlt |Je me suis arrêté), Yyttoi, Saint {Sur le bord d'une (. Je ne
reposai), Ugrjitd. ChjmpJJian (Je m'y suïïl, Birry (Aiiprts d'une font.), A
Gf'urgaa (Au pied d'un« f., tins doute pour Auprii d'uoe], Snnttt-Oitt
(Sur le bord d'une rivière...).
Toutes les versions qui n'ont pas le pirmier vers devaient presque
nécessairement laisser tomber dans le second l'hémistiche Je me sais
reposée qui répondait à J'ttait bien fjiigiue. Pour rétablir le vers, elles
associent le premier hémistiche du second vers au second du troisième
vers en relevant du premier hémistiche du troisième vers Tépithète
ctairt'. Mais, la contraaïon en un seul hémistiche des deux premiers
des vers 2 et ) excluait toute proposition commen^ni par ^ ur ; ^lu y>
tn')' fuif /'iii^nf n'allait plus, et pour ma part j'avoue que j'aurais été
bien embarrassé pour trouver un hémistiche qui conservât l'idée. La
jeune femme ne se baigne plus dans la Claire Fontaine : elle s'y lave les
mains ; — Les mains me suis hvé.
Le tableau suivant montrera plus clairement comment, selon moi,
l'altération s'est produite :
LA CUIRE FONTAINE Jf^
Texie adopta. Texte altéré.
1. En revenant de noces
J'étab bien fatigu(!e.
2. Au bord d'une fontaine i. A la cUïrc fontaine
Je me suis reposée,
J. L'eau en était si cljtre
Que je m'y suis baignée. Les mains me suis lavé.
^fià ces versions :
A U claire fonuine Les mains me suis lavé.
{Biaurtp., Ampirt, Bretagne, Haapi.\
A b claire eau de fontaine Les mains me sub lavé.
[CàUS-dil-NOTÀ.\
A la claire fontaine Mes mains j'allai laver.
(Cambrésis.')
A la claire fontaine Mes mains y ai lavées.
(PujfBtfligre.)
Sur le bord de la Seine Me suis Uvé les pieds.
(Woflùiur.)
, Version suivante n'a pas omis le premier vers, mais elle contracte
^^*'*'*iicrs hémistiches des vers 2 et ? de la même façon que le ttxti
r^t donne la le^on ;
I En revenant de noces J'étais bien fatigué,
A la claire fontaine Les mains me suis lavé. [Berguet.)
^* analogue dans cette autre :
Prés la claire fontaine Je me suis reposé,
A la claire fontaine Les mains me suis lavé. (Cattrej.')
~*^ versions tjjriem et Legrind ont toutes deui Ses premiers vere :
En revenant de noces J'étais bien latiguée,
Au bord d'une fontaine Je me suis reposée,
tj^ le premier hémistiche du ]* vers changeant |La fontaine était
'"*'; , nous avons :
La fontaine était claire Mes mains je me suis lavé \Legriuid\.
La fontaine était claire Les mains je m'suis lavé iLorùni).
" faut croire que ce vers : L'eau en était ù claire Que je m'y sais
^J^Wf était d'une élégance peu propre A rester dans la mémoire d'une
^''Ote partie des chanteurs : ib Pavaiem oublié et le refont comme ils
Peuvent.
Vojfoi» maintenant coramcni s'en sont tirées les autres versions qui,
'Omme Btatirepaire, Ampère, Bretagne. Hjapt, Càlet-Ju-Sord, CambrèsiSf
ftjnuigrt, Monittar, omettent le premier vers, les versions du Cdnadi
)t4 i. cilliEron
et celle des Ardennes. Ellics ont conservé les 2 vers II et III, mais renu-
placeni Je me suit reposée, qui répondaii â J'étais bten fatiffUe, par :
M'en allant promener ; en ouire^ comme les autres versions ironquées,
elles ont : A la claire fontaine.
A la claire fonuine M'en allant promener
3'ai trouvé l'eau si claire Que je m'en suis lavée.
lArdennet.)
Cette correction est bien préférable aux autres ; mais elle est encore
plus élégante dans les trois versions canadiennes :
A la cl^re fontaine M'en allant promener
J'ai trouvé l'eau si bcile C^e je m'y suis baigné.
{Marmier, Gagmn, Canadienne.)
5i belle au lieu de ti cime, parce que dain se trouvait plus haut. Ces
leçons qui ne sauraient être considérées comme originales, puisque le
premier vers leur manque et que l'altération subie provient de sa chute,
sont presque trop bonnes pour que je les croie vraiment populaires.
Nous avons vu jusqu'à présent l'altération : Ut mains me suis lavé (ou
les pieds) marcher constamment de pair avec la modification du premier
hémistiche. Une seule version, du reste fort mauvaise, &it exception^ et
est évidemment due à un chanteur qui connaissait la bonne versÎM à
cfité du texte altéré.
En revenant de Nantes Je m' trouvai fatigué;
Au bord d'une fontaine Je me suis reposé,
Et l'eau était si claire Qu'tes pieds me suis lavé.
QiAncmois.')
Une version patoise ou semi-paioisc recueillie par Bujeaud (;1 dit
En tà[am dans ma poche Mon couteà m'a copé.
La blessure est profonde Faut o médeciner :
A la cllairc fontaine M'en andgi la laver.
Est-ce un travestissement voulu, dfi à une influence savante ? Ce n'est
pas sur, car le reste de la chanson est identique à nos versions, ie ne
suis pas éloigné de croire que, de bonne foi, un chanteur poitevin, ou
autre, ail cru nécessaiire de motiver par une coupure le lavage des mains
ou des pieds. Celte version repose sûrement sur le texte : les mains (ou
Us pieds] mt suit lavé. On peut préciser davariiage : si l'on attribue
quelque valeur à la circonstance que ce travestissement a le même
nombre de vers que la version adoptée, elle repose sur le texte :
En revenant de noces '. .
A la claire fontaine Les . . . tne suis lavé.
LA CUIRK FONTAINE }t{
La version de Caytux ne se rattache à aucun groupe; elle est inepte
dans tout son commencement :
A la première montagne Je me suis reposé.
Plus loin c'est aussi à la premiirt branche que le rossignol a chanté.
Le chanteur que i'ai entendu 1 Cayeux ne sait pas ce que c'est qu'une
fontaine, même dans le sens actuel du mot, pour la bonne raison qu'il
n'y en a point dans la contrée. Il remplace fanUinc par montagne ; mon-
tagnt est pour lui la traduction du mot cotu, désignant une petite été-
vation de terrain. C'est à la première coiit qu'il se repose. Cette substi-
tution a naturellement amené de grands changements dans la chanson.
3. Et l'eau était al claire Obb je m'y suis balgo*'.
Leçon donnée par Yïttoi, Champtharj. La RachtiU, WathySatllmi, Ctntrt,
Baehon (El l'onde), de Geitrgtus (Et l'eau était si fraîche), SaïKarois lEl ...,
voir vtra i).
Leçon tout aussi bonne : L'eau en était li claire Que ... {RùmâJUâ, Sànt-a-
Olu, BufcauJ \'^, Berry).
Ouest, Civet : L'eau y était si claire que je m'y suis baigné. — Sans inJ.
et La Rioie : que je m y suis lavé. Voir d'autres versions au vers i.
En Vendit, après ;
En revenant de noces J'étais bien fatigué,
Au bord d'une fontaine Je me suis arrêté,
on chante une version analogue à celle de Bujeaud i^) :
En (àtant dans m^ poche Mon couteau m'a blessé.
Mais l'eau était si claire Les mains me suis lavé.
Il est évident que pour certiins chanteurs il paraissait nécessaire de
donner la raison (!) pour laquelle le jeune homme s'était lavé les mains.
Tandis que ces vers, dans la version Bujeaud \ , remplacent les deux
premiers, ici ils leur sont juxtaposés- Je crois que Bujeaud \ est anté-
rieur, vu que En liUml 4ans ma poche me parait remplacer : F.n revenant
dt noces et que par conséquent la version de Vendée a adopté k c6ié de
la version ordinaire celle du Poitou.
Notre vers manque dans Tarbé : il n'y est question ni de bain ni de
feuille de chêne (vers suivant). A Çayeux, après :
A la première momaf^e Je me suis reposé,
vers qui nécessairement supprimait le nôtre, puisqu'il n'y était plus
question de fontaine, on chante :
Oesur un pied de chêne Je me suis endormi.
Cette version cayolaise remonte dans son premier hémistiche i .
Auprès d'une fanutine (auprès ... au pied ... dcsurun pied).
;|6 t. GILLIËRON
(Même sottise dans d^ Gourgaa : Au pied d'une fontaine). Quant à ce
chifif, i) est amené par le vers suivant, que l'on a connu à Cajeux : A
la featlle du chêne je me sais essuyie, mais qui devait être également
supprimé, puisqu'il n'était pas question de bain, ni de lavage, puisqu'il
n'éuit plus question de fontaine ni d'eau quelconque. Sur un pied de
chêne le héros ... s'endon de fatigue. Sans se soucier de Tassonance,
la version dit :
Je me suis endormi.
Il ne dort pas longtemps, car st6i après il parle au rossignol. Telles
sont les conséquences de la malheureuse omission du mot fontaine, qui
n'était pas compris il Cayeux.
Noire vers et le suivant ont été omis par Suistt : celte version les
remplace par un seul vers détesuble :
Au bout de cette fontaine Y avait un oranger
(«iif boal remonte sans doute à ju bord), réminiscence d'une autre chan-
son, qui ti'avMi rien à faire 3Stc la CUite Fontaine.
4. A la fenllle d'an (du) chêne Je me bdI* osaoyée.
Leçon de Hinhon, RoiMnïi, Bujtaud i à 4, Smi inJ., La Rloit^ de Caarpus,
Vtiuiit^ >'m(r/, CtntH (De U ...|, ChampHtvry (... du cbéne je m'y lait
essuyé), Stine-ti-Oise (àa chénei La Rociulli (du chtne). EJIe est en outre appuyée
par 1» v«rtiont suiv^alct qui, dans le vers précèdent, avaient : la mai/ii (ou
Its pitài) mi latj larlet.
A la feuille du chêne J'aibi les essuyer {Cambiésit} ... tne les suis eisuyées
(BeaanpaÎTt, Haapt\ ... Je les ait essuyées (Côus-iiu'flord) ... Je les ai essayées
{Brtljgiu] ... d'un chêne me les suis essuyées {Cittra, Ampir/, Bergaet,
Lt^rand} ... de chêne je les ai cisuyées [Paymaigte) ... de chèoc \e to» In
es»yer iLefitnit, et par la version Baiiaud j : A b feuille d'un chêne J'allai
l'essuyer (.la bletsurei (A la feillc d'in chlgnc Alht 0 cssueri.
La jeune fille s'essuie i une feuille de chêne ! L'idée est bizarre. Rien
dans toutes les versions que nous connaissons ne vient nous aider à
conjecturer un sens qui puisse nous satisfaire mieux que ce versénigma-
tiquc. Les versions qu'il nous reste à examiner l'om interprété comme
nous. Elles ne font que te préciser encore davantage si possible :
D'une feuille de chêne Me les suis essuyées iJtfoniiesr).
Avec une feuille de chêne Me les suis essuyés (les pieds)
[SaactiiQis).
Avec la feuille d'un chêne je me suis essuyé (Cr^rf), ... m'y suis...
\Ottat\ , ou encore :
J 'ai pris des fenities de chêne, C'était pour m'essuyer (fl^rry).
Un chanteur des Ardennes s'est mis en grands frais d'imagination
LA CLAtRE FONTAINE ^ij
F«ur rauurer ce vers qui l'étonnait. ]1 a dû être heureux de sa irou-
niUe!
A la plus large feuille Je me suis essuyé \Aràenna\.
Les trois versions canadiennes ditlèrem les unes des autres. Nous
ivoDsd^jà remarqué qu'elles montrent une certaine supériorité dans ta
conception du sens et, dans le style, un rudiment d'esprit de critique
(pi mmque aux versions européennes et qui ferait croire qu'elles ont
tué biles sur plusieurs versions.
Sous les feuilles d'un chêne Je me suis essuyée
(^Canadienne).
Ceci n'a plus iten d'étonnant. Mais si c'était le vers original, pourquoi
naulres chanteurs auraient'ils été chercher si loin un autre vers : A la
f^'iftt qui est si singulier pour nous et qui paraissait également an-
plier i plusieurs d'entre eux r II faudrait supposer que toutes nos ver-
luni remontent .1 une faute commise de très bonne heure, faute qui
QViBttiit à transformer une expression parfaitement claire en une
^fresiion obscure, ou tout au moins présentant un sens singulier, et
1* seule la Canadienne ait conservé b bonne leçon.
C'est éwderamcm l'inverse qui a eu lieu, choquée par : A ia ftaiile Ja
<*intjt me suis essayée, elle a cherché un vers qui fût plus clair «i a
^f uî mieux que ses venions soeurs du Canada, que voici :
Sous les feuilles d'un chêne Je me suis fait sécher fCagnon).
• J« me suis faii sécher » est bien mauvais, je ne raisonnerai pas sur
***•* authenticité ; mais pourquoi ce changement, car c'est une modifi-
^wt qui a été recherchée ? Pourquoi le chanteur rejette-t-il Je me sais
^ri original disait que c'était à la feuille du chêne que la }eune fille
.*^uie. Cela lui parait étrange. Dans ce cas il pou%-ait corriger ce vers
*"*'Plemeni comme le chanteur de la Cctnaiieme :
Sous les feuilles d'un chêne Je me suis essuyée,
^Uel laisse à l'auditeur le soin de se figurer avec quoi ; mais il repousse
^*** correction, parce que s'il maintient is mt suis essuyée il se considère
"^'Orne obligé â dire avec quoi la jeune fille s'essuie, ce qu'il savait être
' dans son teite original qu'il comprenait, mais ne pouvait admettre
^^ *on étrangeté, et Jt me suis fait sécher vient fort heureusement couper
^n & ses scrupules. Ce procédé est des plus naturels, quoique l'ana-
T** le Éaîsc parahre compliqué.
1-a version Marinier, h troisième des versions canadiennes, a éprouvé
"** tctupules semblables, mais s'en tire à meilleur marché :
Et c'est au pied d'un chêne Que je m'suïs reposé.
'^ y avait une façon plus commode encore de se tirer d'embarras :
cttan de retrancher purement et simplement le vers, ce qui pouvait se
^t8 J. ClLLliROK
faire sans prtjudicf dan» le» versions où le couplet ne se compose que
d'un vers. C'est ce qu'a fait Wartoy-Baitton.
Ce vers manque pour des raisons indiquées plus haut dans les ver-
sions Cayeitx, Tarbe, Suisie. oii il n'esl pas question de bain.
6. Sur la plus bante branche RoBslgnol a cbanCé,
Plusieurs versions porteni : Le rossignol chdni,}k , mais une telle rime est i
peu prés inadmissible ; elle a été introduite parce qu'on a élé choqué de l'emploi
de Roisignol sans article, fréquent cependant dans les chansons populaires. La
leçon que nous adoptons est dans Hujeautl i et Célcs-Ju-Nord ; l.'fi.isugaût a
chanii dans Champ.-ArJ.x on i Le rotsignot chantait dans les j vtrsions tana-
dUnnes, Berry, Sancerrcis, 8taarcpatr(, Bachon, Chdmpfiùtrj (Un rossignol),
War!oy'BaiUon, Oiuiî, Centre, Puymeigie, Stint~tt-Oist, Hsiipt, Bretagne, Vendit,
Suiiu ; Le rossignol chanta dans Bujecad t-4 et Tailri. Au lieu de : Sur la
plus... 00 i : A la plus... (Roinanij, Catlrcs, Amphe, La RochfUe, Cambihis,
Btrgaa, Sans jWic, La Réolc, dt Gourgutit Vvetot, Loritnt, LigTiiaJ\ ; Sur une
haute... {Tarbi} ; Sur la plus haute des branches {Gtyet); A la première branche
[Caytux); Caché dans te feuillage {ChampfUury\. La version Moniteui, d'accord
avec celle de 1704, donne te vers ainsi :
J'ar entendu la voix Du rossignol chanter.
6. Cbantc, rossignol, dianto. Toi qui as le cour ipd.
Leçon de : Gigiton. Canadienne, Ramank, de Goiirguet, Marmiei, Càttt-dw
Nord, La fiiole, Le^und, WarioyBaillon, Brtts^ne^ Vtndh, Buchon (si gai),
La Ro<littli (si gaiii Moailear itant gai), Cjilrti (Puisque l'as le cœur gai),
Ampitt et Yvao\ (Puisque tu as ...), Buietiai 1 t) 4 iSi t'as le cœur ï chanter),
BuiMud V, Berij, Centtt. Ooest [Si tu as le cœur gai], Cambréiti (Tu as bel
i chanter), Paymaigre |Tu as beanz i chanîerj, Sniu mJ. (Tu ai le cœur
bien gai).
Chatiie, beau rossignol, toi qui as le cœur g^ {Betiurepaiie, Cayeax,
Hau.pl) ... tant gai [Cliampfîeary], ... Si tu as le cœur gai (Sancerrois^,
... Toi qui as le cœur joyeux [Givel], ... Puisque tu as le c<£ur ffà
[Seinc-et-Oijt, Loritnt] sont des versions fautives. Le premier hémistiche
de tous les vers de notre chanson doit avoir 7 syllabes, c'est-à-dire se
terminer par une syllabe mucite. Chante, ètju roisignd, est la seule
infraaion à cette rigte que j'aie remarqué dans les versions de notre
ronde. Les trois chanteurs que j'ai entendus [Caytax, Saisie, Sàae-it-
Oise\ donnent à rossignol une syllabe féminine (rossi^notle) ; c'est ce
que doivent faire tous les chanteurs de cette version. Les trois suivantes
se rattachent à la même version :
Chante, 6 rossignol, Toi qui as le CŒur si gai (Settsé).
Chantez, vous rossignol, Qui avez le cœur gai {Ardâmes).
LA CLAIRE PONTAINK |I9
Les deux chanteurs om mat entendu : Chante beau...
Bttgats : Chante, toi, rossignol, Toi qui as le cceur gai.
Tixrbi : Le rossignol qui chante A donc le cœur bkn gai.
Je profère g/ii â tant nai, si gai [Toi qai as l'cœar... ou Ta as le...),
parce que Toi qai as U caar gai convient mieux au vers suivant.
7. Le mien n'est pas de mfime, Hon amant m'a 1&Ibi4*.
8. Pour an bouton de rose Que Je lui refasal (Yvetol).
... que je lui ai refusé [Btaurtpain, Puymaigrt, Haupl). Pour moi |e ne l'ai
guire-Mon imiat n'a laisiée ... que je lui aï refusé l^ Roehiilc, Btrry). Pour
moi je ne l'ai gum ... quitté ... j'Iui ai refusé {Ouest). Pour moi je ne l'ai
guère Mon ami m'a quittée Pour on bouquet de ro«s... {Romdnia) Et moi
que mon amant vient de nie délaisser ... ai réfuté [Aràtnna) Moi j'ai? ^ Mon
aniaiitH ... (Cajrcux)'.
Nous avons parlé plus haut de ces vers, qui ont bit te désespoir des
chanteurs, et dont l'interprétation dans le sens que nous avons indiqué
donne ft la chanson une valeur littéraire qu'elle n'aurait point SJins cela.
A partir de ces vers, on peut dire que tout accord cesse entre les diffé-
rentes versions : les unes ont un texte analogue au nôtre, soit que les
chanteurs l'aient compris, soit qu'ils ne l'aient pas compris et n'aient
pas cherché ù le rendre compréhensible ; deux seulement onl saisi le
sens, mais, soit que le langage imagé : Pour un boulon de rose qae je /m
refusai leur semblât trop obscur ou avoir fait son temps, soit quils vou-
lussent (aire preuve de leur sagacité, ils t'analysent brutalement;
d'autres chanteurs enfin ont pris les mots contenus dans ce vers A la
lettre : pour eux il s'agît vraiment d'une fleur, d'un bouquet refusé.
Nous allons passer rapidement en revue les versions qu'il nous reste
à faire connaître. Les trois suivantes donnent un teste analogue à celui
que nous adoptons, sauf que la personne qui parle est un homme.
Le mien il ne l'est guère, Ma mie m'a quitté
Pour un bouton de rose Que je lui aï refusé [La RioU).
Moi ce n'est pas de même, Ma maîtresse m'a quitté
Pour un bouquet de rose Que j'Iui ai refusé (Siinctrroîf).
Pour moi je ne l'ai guère, Ma maltresse m'a quitta
Pour un bouton de rose Que je lui refusa (Bojeattd i i {].
I . Les poinlt d'interrof;atiDn ne sont point rares dans les chantons que j'ai
recueillies en France et eo Suisse. Je suis étonné que la plupart des auteurs de
recueils Imprimes aient loa|ours eu xflàitt i des personnes 9UI possédaient une
eitcetleiJle mémoire.
}20 J. CILUËRON
La version Givei contracte nos deux vers en un seul :
Pour un bouton de rose Mon amant m'a quitté.
Dans ce rapide récit :
Chanie, rossignol, chante, Toi qui as le cœur gai,
Le mien n'est pas de même, Mon amant m'a laissé
Pour un bouton de rose Que je lui refusai,
certains chanteurs croient constater une réticence, un manque de con-
cordance : il leur fallait le pendant de toi qai as U caur gai. ils ajoutent :
car il est ajpigé à : U mitn n'tsi pas de mlmt. Cette adjonction est si
naturelle qu'il n'est pas mfme nécessaire de supposer qu'elle soit duc à
une réflexion quelconque. A cette place elle se présentait si facilement i
l'esprit, cette phrase qui se retrouve dans une foule d'autres chansons,
qu'une mémoire défaillante devait s'en emparer ; elle se présentait si
facilement à l'esprit, que, si cette leçon avait éiél 'originale, il est plus que
probable qu'aucun chanteur n'aurait pensé à la remplacer par Mon amant
m'a laissé. Mais. Mon amant m'a laissé étant nécessaire au sens, il s'agi»*
sait de trouver un nouvel hémistiche. Voyons comment les chanteurs
s'en tirent :
Le mien n'est pas de même, Il est bien affligé
Pour un bouton de rose Que je lui ai refusé (Sans iW.).
Refusé Â qui ^ à son cœur ?
La version di Gaurgaes s'en tire presque aussi mal :
Le mieti n'est point de même, Qu'il est bien affligé,
Pour un bouton de rose Mon amant m'a quitté,
Pour un bouton de rose Que je tui refusai.
Elle n'invente que ce malheureux : Qu'il es! bien affligé.
Les versions suivantes, qui dénotent un peu plus de travail de la pan
des chanteurs, ne sont qu'un peu moins détestables :
Le mien n'est pas de même, Il est bien affligé,
C'est de mon ami Pierre Qui ne veut plus m'almer
Pour un bouton de rose Que je lui ai refusé {C6tts-da-Nord).
... fort affligé Pour mon ami ... {Bretagne) ... Car il est affligé C'est
pour ... {Lorienl'\ ... Car il est afiligé A cause de mon ami Pierre Qui n'a
plus voulu m'aimer Pour ... [Stîne-et-Oise] ... Car îl est affligé C'est
mon ami Pierre qui avec moi s'est brouillé Pour ... que je lui refusai
(Buchoa).
La version Suisse n'a pas même l'assonance :
Pour moi n'est plus de joie, J'ai le cœur bien triste
Pour un bouton de rose Que je lut ai refusé
C'est mon ami Picire Qui m'a abandonné.
Les versions canadiennes sont en complet désarroi. Les raccommtK
LA CLAIRE FOKTAINE )3I
dages sont absurdes. Kll« ont recours à des chevilles qui n'ont aucun
sens à la place où elles se trouvent.
Tu as le cœur à rire, Moi je l'ai à pleurer ;
J'ai perdu ma maîtresse, Commeni m'en cotisoler?
Pour uTie blanche rose Que je lui refusai \Canad'temé\.
Tu as le cœur à rire, Moi je l'ai à pleurer ;
J'ai perdu ma maitrc&se Sans l'avoir mérité
Pour un bou()uel de roses Que ie lui refus» \Gagmn\.
Tu as le cœur à rire, Moi je l'ait à pleurer \
J'ai perdu ma maîtresse Sans pouvoir la trouver
Pour un bouquet de rose Que je lui refusai (MdrniiVr).
L'amant, pour un bouquet de roses qu'il lui a refusé, a perdu sa maî-
tresse sans pouvoir la trouver !
Ce premier vers Tu as le cœur à rire, moi je tait à pUurer se retrouve
dans beaucoup d'autres ctiansons. Les versions canadiennes ne sont du
rette pas les seules à les avoir ici.
Tu as le cceur à rire, Moi je l'ai à pleurer
Pour ma jolie itiaitresse Qui ne veut plus m'aimer
Pour un bouton de rose Que je lui refusai {Vendit).
Tu as le cœur en joie, El le mien est à pleurer :
J'y pleure de ma maîtresse Qui va se marier
Pour un bouton de rose Que j'iui ai refusé [Cambrésts).
Tu as le cœur en joie, Moi je l'ai en regret
De ma belle multresse Qui va se marier
Pour un bouton de rose Que je lui ai refusa (^Pay maigre).
Nos dernières versions se rapprochent beaucoup plus du texte adopté,
que nous appelons sans crainte texte primitif. Trois de ces versions n'ont
pas admis l'idjonciion : il est bien affligé, ce qui ramenait le nombre de
versa deux, nombre primitif, mais les chanteurs n'ont pas compris le
[sens du vers : Four un bouton de rose que je lui refusai.
Je ne suis pas de même, Ma maîtresse m'a chassé
Pour un bouquet de rose Que je lui dérobai (Tarbé).
Le mien n'est pas de môme, Ma maîtresse m'a quitté
Pour un bouton de rose Qu'un autre lui a donné.
{Tjrbé-ArdeniKS.)
Le mien n'est pas de même, Mon amam m'a quitté
Pour un bouton de rose Qu'un autre m'a donné (LegranJ).
Version Bfr^ats :
Le mien n'est ps de même. Il est bien affligé :
Pour un boulon de rose Mon ami s'est fftché.
Quoique supérieures it celles qui précédent, ces quatre versions sont
évidemment des remaniements.
Roaumia, Ml 11
}33 ;. ctluCroh
Enfin, nous avons encore i parler d'un« version fon imponante poor
ce passage, celle de Cfump/Uary, EUe montre que l'atiicDr a interprété
A peu prés comme nous les vers dont il est question :
Je ne suis pas de même, Je suis bien alTHgée
Pour un bouton de rose Que trop t6t j'ai donné,
puis elle continue correctement :
Je voudrais que la rose Fût encore au rosier
El que mon ami Pierre F6t encore à n'aimer.
Une seule chose m'(Stonnc, c'est que cette mime version qui dénote
de la part de son chanteur un esprit critique contienne le premier ven
En revenant de noces J'étais bien fatiguée.
Si le chanteur connaissait ce vers, il aurait pu reconnaître qu'il modi-
fiait un peu la situation. On peut admettre qu'il n'a pas compris la
«leur de ce premier vers, valfur que, je l'avoue, je n'ai reconnue
qu'apris bien des tltonnemenis, ou bien qu'il n'a pas connu le vers du
tout (c'est-à-dire que la version telle quelle ne représente pas dans
toutes ses parties celle qu'il chantait), ou bien que le collectionneur a
usé d'un procédé fort préjudiciable aux tra%-aux critiques, qu'il a fondu
deux ou plusieurs versions en une seule ■, ou bien que le vers est de
M, Champlleury, lequel aurait compris que le bouton de rose avait éfé
donné à !',imani, qui alors avait abandonné la belle.
La version Warloy-BjUhn nous donne également l'hémistiche
. Que trop tôt i*ai donné,
mais dans les vers suivants elle montre un mélange de versions to»^
gires à celle que représentent ces deux vers :
Car moi je ne l'ai guère. Mon amant m'a quitté
Pour un bouton de rose Que trop tôt j'ai donné.
t. ^ doh l'anuer, les recueils tir.pricitès ne n'tnspireol. povr ^t pl*P*'^
sbance. Lorsi]u'uR collectionnenT entend pliSMVS «cnâsM
i'uM cKjiasoii, il importe qu'il îndiaue soignnsetnent tontes tèsTiriaMa;, ^11
M H coMcBtt pu it choutT eotrt I» kconi qu'il » rmeiilies « c(Se ^m M
ig'iw né<Uocrc cosi
ptttU la plus belle. U piss éMrgi<]ue. t qu'il se ^arde >bsb de ioatfre ses ver-
I cas, iJ Uil œavfe de eritiata
rùuK tout i bit mcomplMi ; au lieu èe travailler i ta leile «■ de :
«bas m vM mlc Daas ces dcus cas, il Uil ouvre de critiaw lar des
k tc\tc niMféu^ i agà cobiik si la cfajosoii qu'il rtcseSk Haà la piCfiiM
«tctuiin' Ar ma donuiat d'stvdn ; il nous pnve de aalfviwi MÎ 0*1 pf^
lire un »itr<t dont d« prut se rendre coopte qw celii Mi Nt* k tfanÉ
«ntMve dMMttf. QmMimi '
oèdè dtlnMitiaa, «80 c'est
wi pirtiMrt «i ils dfMol tfocr
diilrruiin localiièi. Je ae «eu poim n ciase leur boosc foi, )wame
tart te«l aat» qae ceki de fwmr des Ml«riaiu inépnxhabia « b
de relever de«x «cniess de ^«Hoe imm leataK
etoii les collect)oaneun airowM aroir Bid de ce ff-
c'est k cas le plas rate. Je suis ptriaadi ^*Ai as «■!
tfocr (stends ti cbasioa de divcnes penwHS, ^m
Il m'ai imré
pcaqMnaand
wtftAraMwnM.
a'euitat anpMsaeBi îdatîqM».
9. Je voudrais que Iti rose Fût encore >n rosier*
10. Et que mon ami Pierre Pût encore k m'almer.
C'est, selon nous, la seule le^on admissible, ainsi que je L'ai exposé
plus haut. Elle n'est donnée que par six versions : Brtlagnt, Bergats^
C6us-d\i-NQTd (Que mon ami), Casirts, Ampcrt^ Ltffanil. Je ne compte
pas dans ce nombre la version Loricnt qui a i soit encore à planter.
El Soit parce quelle remonte é%idemffleni à un texte portant El
f uf /( rosier mime fût encore à planur.
Notre leçon est appuyée en outre par Vendu, Bajeand, Champ.-Ard.f
où c'est un homme qui se pLiint.
Plût au ciel que la rose Fût encore au rosier
Et que ma belle maîtresse Fût encore i m'aimer [Vendit].
Je voudrais que la rose Fût encore au rosier
Que ma belle maîtresse Fût encore à m'aimer 'hajtna^.
Je voudrais que ta rose Soit encore à cueillir
Ou que la jeune 611e Soit encore â aimer {Champ.-Ard.),
et par Chainpdmrv ivoir plus loin'.
Nous avons déjà parlé de l'origine du vers :
Et que le rosier même Fût encore à planter.
Ce vers a-i-il été trouvé pour remplacer :
Et que mon ami Pierre Fût encore à m'aimer,
vers fortement ébranlé par les interprétations données à ceux qui le pré-
cèdent, et s'est-il ensuite faufilé dans les versions comenani ce dernier î
C'est ce que nous ne saurions déterminer; généralement il exclut : Gf
^ae mon ami ... ; cependant dans quelques versions les deux se irouveni
l'un à cAté de l'autre.
I ) Versions où se retrouve le vers : Et tfoe moa ami Pian fia tatore à
m'aimer.
Je voudrais que la rose
F.t que le rosier même
Et que mon ami Pierre
Filt encore au rosier
Fût encore à planter
Fût encore à m'aimer.
\Buchon, )'veto(, Oti«r, Seint-tt-Oist.)
Ces trois versions permettent l'adjonaion d'un seul vers, parce que
le couplet se compose de la répétition du vers final du couplet précédent
et d'un vers nouveau. Dans les irais suivantes ce n'est pas le cas : il
allait un second vers pour adopter El tjue le rosier mime...
Je voudrais que... Fût encore... Et que... Fût encore... Et que l«
planteur m*me Ne fût pas encore né lit que mon ami... Fût... (Btaare-
pdirt, variante Paj maigre). La version Setae-tt-Otst exigeait également
)34 '■ CILUtRON
un second vers : ne l'ayanl pas à sa disposition^ elle répèle : Et ^ut
rosier mime...
Je voudrais que b rose Soit encore au rosier
El que le rosier même Soit encore â pUinier
Et que le rosier même Soit encore 1 planter
El que mon ami Pierre Ne m'eût jamais quitté.
La version Haupt, dont je ne connais pds 1^ musique, était sans doute
dans ]e même cai : c'est la même que Btaurtpàiret variartu Paymaigrt.
Celle de Warhy-Baîllon, dont le couplet ne se compose que de de
hémistiches répétés et séparés par un refrain, permettait l'adjonc
d'un nombre indéfini de vers. Voici ce qu'elle donne :
Je voudrais que la rose Kût encore au rosier.
El que le rosier même Pût encore à planier,
Et que la icrre même Fût encore â piocher,
Et que la pioche môme Fût encore à forger.
Et que mon amant Pierre Fût encore  m'aimer.
L'équivalent de : El que mon ami Pierre fût encore à m'aimer. se
retrouve dans Cambrésis :
le voudrais que ta rose Fût encore au rosier.
Ou bien que le rosier S'rait encore à planter,
Ou bien que la fiileite S'rait encore ili m'aimer.
... Soit... Je voudrais q'ie rosier Soit encore... Et que la jeune &Ilc
Soit encore... (Puymaigre)... Fût... Et moi et ma maîtresse Dans les
mêmes amitiés Et que le rosier même Fût à la mer jeté ,Cagnon\. On
remarquera que dans celte dernière Et moi ei ma mattrtnt dans les mima
amiiUs se trouve immédiatement après Je voudrais ifue ta tùse l'iit tncort
au rosier, c'est-à-dire à la place où se trouvait : Et ^ue mon ami Pierre
Fût encore à m'aimer.
2)Veraons où ne se retrouve plus le vers : Et ^ue mon ami ni son
équivalent.
■t) Même nombre de vers.
Je voudrais que la rose Fût encore au rosier
Et que te rosier même A la mer fût ieté [Canadienae).
... Fût à la mer jeté ÇMarmier)... Soit... Soiz encore à planter
(Cayeux)... EU' fût sur le... Fût encore à planter iSancmoù).-. Que le
rosier que j'aime Fût encore à planter (Sans uiJic.)... Fût encore i
planter \Ld Rochelle].., Fût encore i coupa Et que le rosier même
Fût encore â planta {Bujeaitd i) Au dbbte fut la rose... Que le rosier
même Fût encore à planter (de Coargaes). Dans la version Civet, le
transcripieur a oublia le premier vers; après Poar un boulon de rose
^1 Autres adjonctions sur le même thème.
Je voudrais que la rose Kût encore au rosier
El que le rosier même Fût encore à planter
Et que la terre entière Fût encore i créer iTarb^.
Je... Fût... Et... FQt... Je voudrais que la terre Fût encore ù piocher
Et que la pioche même Fût encore à forger \Ramania\ Je... Sùi... Ri...
Sût... Et que même la terre Sût encore à besser Et que la besse même
Sût encore â forger Que le forgeron même Sût aussitc à forger \Beny\?>
El que le rosier même Fût encore à planicr Ainsi que le panerre Encore
à cultiver Que le jardinier même N'y fût jamais cmri ^Bajejad i),
î) Versions isolées.
Parmi les versions qui ne se rattachent pas aux précédentes, il y en
a une qui mérite tout particulièrement l'atientiotï. C'est la plus vénérable
par son A^e. Elle a paru dans un livre publié en 1704 ■ ci est repro-
duiie dans le Moniteur. Malgré son ancienneté, c'est une des versions les
plus éloignées du texte original tel que nous l'avons reconstruit. La
voici à partir de notre 7' vers :
Tu as le cœur tant gai, El moi je l'ai navré :
C'est de mon ami Pierre Qui s*en est en allé.
Je ne lui ai fait chose Qui ait pu le fôcher,
Hors un bouquet de rose Que je lui refusai.
Au milieu de la rose Mon coeur est enchaîné :
N'y a serrurier en France Qui puisse le déchaîner
Sinon mon ami Pierre Qui en a pris U clef.
Ce n'est pas l'élégance de style qui lui manque 'cependant tu at U
caur ïojii gdi ne peut aller, il nous faut une syllabe féminine de plus ;
N'y d serruritr en France n'est guère possible) ; mais que signifient les
cinq derniers vers: Mon ami Pierre a pris la clef de mon cœur qui est
enchaîné au milieu d'une rose que je lui aï refusée ? Cela est décidément
amphigourique ; peut-être fauteur a-t-il compris â moitié l'allégorie de
la rose, ci a-i-il voulu exprimer que tout en la refusant l'héroinc 3
donné son cœur à Pierre, qui en est maintenant le maître, le regarde
celle version Ballard comme un remaniement fait pat un auteur fort
au-dessus des remanieurs que nous avons vus â l'œuvre jusqu'à présent,
quoiqu'il paraisse n'avoir compris son original qu'à moitié. Il ne ^udraït
]. Chrittophe Baltard, BniiMîts oa ^tûlt aus tendra; Paris, t. Il, 170^.,
p. Î84.
^30 ). CILUËROM
du reste pas lui aiiribuer comme siennes les idées cûnienues dans son
remaniement : ce sont des données courantes dans la chanson populaire.
S'il en est de cette version ainsi que je le pense, elle nous montre que
depuis fort longtemps notre chanson n'était plus gu^e comprise et par
conséquent était sujette à des altérations profondes. Si nos rer&ions con-
temporaines n'ont conservé aucun trait qui se rattache à celle de 1704
c'est ou que cette dernière fut un fait isolé qui n'a peui-itre vécu que
lia vie de son auteur, ou que des centaines de versions qui parcourent
les pays français on n'a encore publié aucune de celles qui en sont tes
dépositaires. Ballard n'accompagne son texte d'aucune note, d'aucun
renseignement sur la provenance de la chanson ; le fait que son livre
contient surtout des chansons d'origine savante, que les chansons vrai-
ment populaires y sont seulement en petit nombre, peut bien faire sup-
poser que sa CUire Fontaine n'est pas une transcription fïdile d'un texte
recueilli parmi le peuple.
Les deux versions suivantes ne méritent point de commentaire :
Je voudrais que la rose Fût encore au rosier
Et que mon ami Pierre Fût encore â m'aimer,
Que le roi qui l'appelle Fût mort et enterré ;
Car bientôt par la reine U serat appelé :
Dans sa chambre de marbre On le fera monter
Et dans son beau lit d'ore ' Elle me frat oublier,
Puis on le fera pendre Pour l'avoir trop aimé.
{Champjteary.]
Fût encore au rosier
Fussent à marier;
Qui fût faite i mon gré.
Il n'y faut plus penser.
(La RéoU.]
A La RMe on chante également après le premier vers :
El que le rosier même Fût encore à planter.
Je voudrais que la rose
Et que toutes les filles
Je m'en choisirais une
(^ant à ma mie Jeanne
Notre ronde a un refrain. Dans la plupart des versions il se compose
ai Irak la..., àtgai gai..., de don daine..., etc., etc ; nous ne nous
occuperons point de celles-là. la critique n'a rien à j voir. Celui de la
version de Goargues peut être cité comme curiosité : H la dca t^jacia, il
U dca gracia ya ya ; de même Bujtaud ) : En revenant de noces —
Bavofi$ nous tn rt//o«f — J'étais bien fatigué —Faut iwire et prttulrt
hdtiM — J'éuis bien fatigué — Faut boire et t'en aller.
LA CLAIRE FONTAINE Jjy
Les trois versions du Canada ont le même refrain ; comme on ne le
retrouve pas dans les versions européennes, il est permis de croire qu'il
est d'origine canadienne. Pour original, il ne l'est pu : il est banal et
pourrait s'appliquer A cent autres chansons.
Il y a longtemps que te l'aime Jamais ^e ne l'oublierai
(Canadienne).
... que je t'aime ... t'oublierai \Marntier}, Lui y a ... t'aime ... l'oublie-
rai {Gagnon). J'aime mieux les versions suivantes :
Et vous m'avez la Ion la la Vous m'avez laissée \i
ÇU RochdW).
Vous m'avez eh ! Ion Ion la Vous m'avez laissa U
(Befgim].
(On m'avait la la la la On m'avait laissé iJt : Sans iad.)
Vous m'avez tant aimé El vous m'avez délaissé [PuymaigT^t
Bujeaud 4 jcf. Bujeaud j| En revenant de noces — Vôui m'jvex ton
vous m'avez Ion lan la — J'étais bien fatigué — Vous m'avez laissé là.
[| est possible que les suivantes soient originales.
Oui j'iaiiends (i'ii) Celui que j'aime (bis) Oui j'Iaitcnds (his) Celui que
j'aime depuis longtemps {Civ£t\.
Ah ! l'iattends l'attends Celui que i'atme {bit] Ah I j'iaitends j'iattcnds
L'attcndrai-je encor longtemps {Ouest) ?
Ab 1 je l'attends Uer) Celui que j'aime Que mon cœur aime Ah ! je
l'attends [ter]. Ah ! l'attcndraî-jc encore longtemps (Bitchon] ?
Ah! j'attends (1er] Celle que j'aime Que mon cœur aime Ah ! j'attends
[ur) Celte que mon coeur aime tant (Cherbourg, entendu d'un jeune
homme qui n'avait retenu de la chanson que le refrain).
Un seul refrain me satisfait complètement. C'est celui de Ballard
{Monilettr'f :
Q;ue ne m'a-t-on donné Celui que j'ai tant aîmé ' P
J'ai plus d'une raison pour le croire original : c'est celui qui de tous
précise le plus le cis dont il est question dans la ronde, ce serait déjà
une raison qui parlerait jusqu'à un certain point en sa faveur. A celte-là
vient s'en ajouter un autre, c'est que ce refrain n'est pas en rapport
avec te récit de h version qui le renferme iMoniuar), ce qui prouve
qu'il n'est pas du rcmanicur Ballard et qu'il s'est pour ainsi dire imposé
à lui. En effet, tandis que les autres refrains : Vous m'avez bissée /i,
J'attends celui que j'aime depuis longlemfs. pourraient servir à toute com-
plainte d'une amante ou d'un amant délaissé, celuî-U nous dit : Pour-
quoi ne m'a'i^n pas donné celui que j'ai tant atmi ? et ces mots résument
I . Il va sans dire que le rririin n'a pis nécessairement la aiéme facture que
les vers du récit.
3J8 I. CaLICBOH
le r^cit de la chanson telle que nous l'avons reconstituée, et telle qu'a
cun chanteur ne la comprenait, pas môme celui que représente la ver-
sion Ballard, celui qui chantait : Qac ru m'a-t-m donni Celui ^ue j'ai
tant aimé ?
(On a donné à la jeune fille un mari qu'elle n'aime pas, ou du
moins pas autant que Pierre. | En revenant de noces elle se repose
aupr^ d'une fontaine, s'y baigne, s'essuie à la feuille du chine. Sur la
plus haute branche le rossignol chantait. Elle adresse sa plainte au ros-
signol : « Mon amant m*a quitté Pour un bouton de rose Que je lui
refusai. Je voudrais que la rose Fût encore au rosier Et que mon ami
Pierre Fta encore à m'aimer... » (car je ne lui refuserais plus te bouton
de rose), et comme refrain :
<^e ne m'a-t-on donné Celui que j'ai tant aimé^
Voici la chanson telle que je la reconstitue :
Ea revenant de noces J'étais bien fatigué' ;
Au bord d'ui» fontaine Je me suis rcfMsé',
Et l'uti étiiit si cUire Que je m'y suis baigoé',
A la (cui^le du cMne Je me son esiuyi'.
Sur la plus haute branche Rourgnol a chanté.
Chinte, rouignol, chante, Toi qui as le cœur gai !
Le mien n'est pas de même ; Mon anant m'a qnitté'
Pour ui bouton de rose Que je lui refusai.
Je voudrais que la rose Fût encore au rosier,
Et (jue mon ami Pierre Fût cncorr i m'aîmef.
Le refrain vient s'ajouter soit après le second vers, puis ensuiie après
chaque vers, soit après chaque paire de vers, selon que la ronde se
chante :
En revenant de noces l'étais bien fatigué'.
Au bord d'une fontaine Je me suis reposé'.
Au bord d'une
Et l'eau était si claire Que je m*y suis baigné',
ou qu'au lieu de répéter le vers, on commence par le second et ainsi de
suite.
La version publiée en 1704 par Baliard. version qui s'écarte beaucoup
de l'original tel que nous l'avons adopté, est le plus ancien texte que je
connaisse de la Cfjir* Fontamt, C'est à ce titre, et aussi parce que le
Moniteur (c'est sous ce nom qu'elle figure dans notre examen) en a
modernisé l'orthographe, que je la reproduis ici in extento.
Sur te bord de b Seine, Me suis lavé les pieds.
D'une feuille de chesne Me les suis essuyez ;
U CLAIRE PONTAIWE
n« m'a-t-oti donné i
339
Celui qu« j'ai unt aimé ii
refrain
I
O'une feuille, etc.
J'aj entendu la vmx D'un Ro&signol chamer.
Chante, Rossignol, chante, Tu as le cceur tant gay.
Tu as le cœur tant gay, Et moi je l'ay navré.
C'est de mon amy Pierre Qui s'en est en allé.
Je ne tay ay bit chose Qui aii pu le fâcher
Hors un bouquet de Rose, Que je luy refusay,
Au milieu de la Rose. Mon cœur est enchaîné.
N'y a Serrurier en France Qui puis' le déchaîner,
Sinon mon amy Pierre, Qui en a pris la clef.
***rist(^he Baluru, BrunetUt oa petits airs ttnàrts, t II, 1 704, p. 284.)
. ^- S. — Déjà avant qu'il ait paru, VExamca critique âts diverses ver-
"*"• de ii CMu Fonlaine n'est plus l'expression exacte de ce que je
pw>se 4 ce sujet. La confiance que m'insprrjii l'inierpréiaiion A laquelle
•* "*>e suit arréié. après en avoir examiné d'autres, qui aujourd'hui me
^^'■«aseiil tout aussi plausibles quoique pas plus satisfaisantes, est conii-
V^^'*"*"t ébranlée- L'insuccèî de mes recherches est peut-être impu-
,, '* â leur insuffisance, mais je suis plutôt porté à croire qu'il faut
'^baer à une autre cause, d'ordre supérieur, cause dont je devenais
.,- plus en plus conscient i mesure que j'avançais dans mon travail, à
Pujisance de la critique en général en matière de textes transmis
Client, de ces textes qui. vrais jouets de la fantaisie populaire, sont
^ *tarajDent remaniables et renouvelables, et qui ne permettent d'établir
^**ne base d'opération critique.
"^. Hanoiaux. qui s'intéresse vivement à ce genre de travaux et qui
j^,*^ait prié de lui remettre la première épreuve de Claire Fontaine,
**^rit ce qui suit :
** Je ne vous cacherai pas que je ne suis pas d'accord avec vous sur
^ «ens générai. Vous voyez dans la femme dont il s'agit une itut-mariée.
pb«ervei: que vous êtes le seul i comprendre ainsi et que parmi tous
'^» rcmanicurs qui ont essayé de mettre de la lopque dans cette chan-
^^ *On, il n'en est pas un seul qui ait par un seul mot manifesté qu'il
^B ^«Smettait une hypothèse analogue à la vàtre. Au contraire, c'est ce
u
3]0 J. «ikUtRON
« vers gênant : En rtvtnaii de nocts, etc. , qu'ils ont tous écarté ; ce qui
D prouve bien que dans leur esprit ce n'est pas l'idée de noca qui était
a l'idée fondamentale.
<i Pour moi, il s'agit seulement d'une jeune fille que son amant a
cr quittée. Elle a été A la noce, elle a vu sa compagne heureuse^ tout est
« gai autour d'elle, la fontaine était claire^ le rossignol chantait dans les
u arbres ; alors la tristesse lui est venue au cœur. Elle regrette d'avoir
u refusé ce bouton de rose [qui, pour moi, est prît id au figuré^ et
« d'avoir éloigné son ami Pierre. "
C'est la première interprétation que j"ai examinée.
1 Mais^ me direz-vous, comment expliquer alors ce vers : Jt voadrdû
ir {fue la rose....' J'avoue que je suis etr.barrassé. Ou bien il répond â
b quelque incident qui nous échappe, ou bien il veut dire que depuis le
« dépan de l'amant la jeune fille s'est donnée à un autre. Mais c'est tou-
<i jours le premier qu'elle aime.
V Tout cela n'est pas très plausible (— le siùs aussi de cet avts — ).
u Aussi je serais assez porté A admettre une autre explication de U con-
■■ tradiction. Ne serait-il pas possible que ce vers : U voudrais que la
V rose.. . fût une interpolation et n'appanlnt en rien â U chanson ? { — Ce
v vers manque dans la plus ancienne version^ celle de Ballard, celle qui
a contient le refrain : Que ne m'a-i-on donné celui ^atj'jt tant aimii —]
a Je ne suis pas éloigné de penser qu'il y aurait li une autre chanwn
« luut indépendante qui se serait, grâce à ce mot rofe. employé dans le
D vers précédent, introduite de vive force dans la chanson de Ciaire
n Fontaine. Cette chanson parasite serait une chanson par énuméraiion
n comme il en existe tant et comme vous en connaissez certainement :
a Je voudrais que la rose Fût encore au rosier
« Et que le rosier même Fût encore à planter
• Et que la terre même Fût encore à piocher, etc.
" La chanson parasite que je suppose introduite dans Ciairc Fontmac
• par le mot de boulon de wie me parait avoir tout i lajt ce caractère.
u Par U elle se distingue de la chanson même, qui est une simple
ft rêverie.
u Voili mon hypothèse. Elle se confirmerait si l'on trouvait le texte
B indépendant de la chanson de la Rote. Il faudrait alors rencontrer un
• ou deux couplets de début qui nous manquent, o
Je comprends parfaitement qu'une chanson par énumération ait pu se
souder i « Je voudrais que la rose fût encore au rosier. • Ce vers
l'amcnaii naturellement :
Je voudrais que la rose Fût encore au rosier
Et que le rosier même
LA CLAIRE FONTAINE J^f
Et qne la terre
Et que la pioche
Mail je ne crois pas qu'il y ait pu y avoir soudure après :
PcHir on bouton de rose Que je lui refusai.
Si l'hypothèse de M. Hanotaux était vraie, toutes les versions (sauf
celle de Ballard, qui tfaite le thème d'une façon originale) auraient subi
Hnterpolation, et certaines d'entre elles n'auraient cependant gardé de
li duauon par énuméTation que le vers : Je voudrais que la rose fàt encore
a TùBtr, qui ne présente aucune énumération.
J. GlLLlÉRON '.
■■[Lcseflorts ingénieux de M. Giiliéron ne réussiront sans doute pas à per-
njder ta lecteurs, puisqu'ils ne suffisent plus à le persuader lui-même; mais
aaaul
tiWl
àtràta un fil sAr pour y pénétrer de nouveau. L'article de M. Cilliéron est
^ôeu par mille aitails, et je ne puis trop engager notamment les collecteurs
ttdtuts populaires i méditer les avis qu'il leur donne. — Pour la chanson
■be dont il s'agit, il j aurait encore bien des observations à présenter ; mais
■xaplassage d'attendre de nouveaux matériaux, qui ne manqueront certain
MM {uu de se produire. L'hypothèse de M. Hanotaux est séduisante, mais
IÇKcrois pas qae la fin de ta chanson fbt originairement une simple énuméra-
^ic^estun souhait de détruire, d'abord un passé importun, puis soi-rnSme,
*)'t utare) dans la douleur. Le vers El qut mon ami Pierre fût encore à m'aimer
'tttKnËt fuc /( roiier mime fût encore à planter sont deux suites différentes
^(Wnlictoires données au vers Je voudrais que la rose fût encore au rosier ;
'^ ipputiennent i des époques diverses, comme le montre le sens oppose
™*Ml^Mror£ à... Quant aux suites données à la deuxième de ces versions
^^u ancienne i mon avis) dans quelques variantes, ce sont de pures
"Wiei de gens qui ne pouvaient se résigner à finir si tftl une aussi jolie
MÉLANGES.
LUI ET LEI.
1.
Voici tes différentes étymolo^es qui ont été données jusqu'ici de la
forme pronominale masculine lai, commune, on le sait, au français, au
provençal, à l'italien et au roumain.
i" Léger, lat. illius' ;
2° La combinaison de Tacc. illura et de l'adverbe hic : iUulm-
h)ic-
3° La combinaison du datif illi et du datif huic : ill(i-h)uic) ;
4" Un datif illuic formé analogiquement d'aprèsle nom i t lie, comme
huic de hic^;
•f" L'adverbe illucemployé pronominalement! ;
6" L'adverbe ill une employé pronominalement*.
Contre toutes ces étymologies, M. Paul Meyer a très justement
demandé la question préalable en rappelant « que lui (illui sous la forme
complète) est un cas oblique [gén. ou dat.] de ille, dont les exemples,
qui remontent à l'antiquité, ont été maintes fois relevés 7. » Mais com-
ment expliquer itlui?
1 . Cette étymologie est déjà dans le Dictionnaire de Ménage. Dïez la men-
tionne en première ligne {Gramm.^ trad. franc., Il, 74I, mais reconnaît que des
raisons de phonétique empêchent de l'accepter; M. Schuchardt s'est appliqué
avec beaucoup d'ardeur à réfuter ces objections (Zeitschrift fur vgl. Sprackst.,
XXII, 165).
2. Delius, dans le Jakrb. fur rom. and tngl. Ultrat., IX, 98 ; et. Dicz, uH
supra.
}. Diez, abi supra.
4. Cette explication est donnée par Diez concurremment avec la précédente.
j. Chabaneau, Revaedts laneaes romanes, III, 347.
6. Clédat, ibid., )• série, Vn, 49; cf. Romania, XI, i6j.
7. Remania, XI, léj.
Lui ET kl J 1 {
M. Tobler avaii déji vu le point faible de toutes les étymologies pTO-
pnin iusqu'kt. Dire avec M. Schuchardt que ie tatin populaire a
mflfffi illui au lieu du génitif i II i us, c'est esquiver la dilTiculté et non
bréioiidrc, puisque entre illius et illui il y a des barrières phoné-
liquK infranchissables. Supposer une forme illuic dont on n'a aucun
oonple n'est qu'un expédient : d'une part it n'est guère permis de
pcntfiqae le pronom kic, qui a disparu dans toutes les tangues romanes,
^ par conséquent ne devait pas être populaire, ait exercé une influence
ipielanKiue ; d'autre part, en admettant le datif illaîc, comment expli-
^erlicbute du c dans les textes bas-latins, qui tous nous offrent //fui
w lu, pirfois tuf ! Frappé de ces objections, M . Tobler a été amené A
fwserque illui était une création analogique du latin populaire ayant
**n point de départ dans le datif nji du pronom relatif el ititerrogaiif ' .
L'explication de M, Tobler me paraît supérieure à toutes celles qu'on
■ données avant lui ; je l'adopterais volontiers ... si je n'en avais â pro-
PWfr unenouvdle,
"Je fait au génitif illius : Sa même forme de génitif en Tus se
'^^uvc en latin darts les pronoms ou ad|ectifs ipse, iste, unus, ullus,
nul] us, lolus, totus,alius, ut«r, alter, neuter. Francis Meu-
^ a expliqué la formation de ces génitifs *, et son explication parait
"ITd'hui admise dans le domaine de la philologie latine i. Le génitif
'""''al de ille est illi : à ce génidf primitif, formé comme domini de
l'on i nus. est venu s'adjoindre le génitif ius du pronom is. Illius
"** donc qu'une forme contractée de i lli + ius.
*-« qd s'est passé au génitif a dû se passer au datif, au moins dans la
*KUe populaire. Le datif classique illi paraît n'être qu'un locatif
*"P'<ijé abusivement; le véritable datif masculin de ille est illo,
'*''^*pondant à l'accusatif il lum et au génitif illi. Illo s'est combiné
1^ le datif ei, comme illi avec le génitif ius : de là illo + ei =
^ «i = î 1 1 0 i, de même que illi + ius == illiius^ illius.
/V^'^V au passage de tiloi à illui, il s'est effectué conformément aux
^e la phonétique historique du latin, comme celui de quoi us et
^"^ ii cuiut et cui, et de hoîas et hoic h huius et huic.
Xj s a obtenu droit de cité dans la langue littéraire ; illui au con-
III 1
tni.',
^^ ^. par une de ces anomalies dont le linguiste ne s'étonne plus» n'a
^^^ que dans la bouche du peuple, jusqu'au jour ofi le tatin populaire a
t^pk lanté le latin classique : ce jour-l i 1 1 i u s a disparu , illui seul est
^* dans les langues romanes.
* - ZAukf, fùrrom. Pkihtogu, III, iî9;cf. Romanîa, VIII, 46).
*- Km. ieta Sot. dt ling. 4c Pani. t, 14 et s.
. *- Voyci me note de M. Louis Ha/et i sa Ifiduclion 6tii Oielinaifon Utine
* Bûcheler. p. m.
NÉLANOeS
11.
La forme pronominale féminine correspondame i lui est en italien
/;i*. en roumain « laflfaiblissemem de ta], en provençal Ui et lui, Itit ei
lieit, en ancien français 'lUÎ, forme primitive qui, dans le dialecte de
l'Ile-de-France, s'est contractée régulièrement en li, dans les autres
dialectes en Ui, lié ou li.
Diez tire l'italien Ui du datif féminin illae au lieu de illi, avec cette
remarque : « \'i ajouté sen à conserver la longue, comme dans noi, yoi,
de nos. vos'. » Cette explication du maître ne saurait être admise
aujourd'hui : l'i de not et voi est un i analogique qui s'est peu A peu
développé sous l'influence des pluriels en i; quant i l'i de Ui. il est
inexplicable avec la base illae, M . Tobler suppose i 1 1 a e c ; mais la
vocalisation du t* en i' est contraire aux lois de la phon<i5tique italienne.
1 1 1 a ec conviendrait à la rigueur â l'explication des fonnes françaises
et des formes provençales sans s : mais par cela même qu'il ne peut
expliquer ni l'italien ni le routnuin, il est insuffisant. Pour le prov, Uis,
itcis, Diei propose i 1 1 a e -J- i p s u m. M. Tobler dit tris bien que cette
forme ne peut iire séparée des autres, mais, quand il propose ill aecc,
nous ne pouvons nous rallier à son opinion : i 1 1 a e c c traité conformé-
ment d la phonétique provençale n'aurait pu donner que Uti, Ueti (cf.
patz de pacem, ivc de vicem, vott de vocem, etc.).
La véritable explication de Ui est iniimemem liée à celle de fui que
nous avons donnée plus haut. A côté de i 1 1 u i. le latin populaire avait
la forme féminine correspondante illei', et cette forme s'explique de
même. Elle est le résultat de la combinaison de illae, datif féminin
primitif, avec ei:iil.icei=^illaei = illei.
Les formes provençales avec une i s'expliquent par le géniiîf. Illius
n'est i l'origine que masculin; le féminin estillaeius =: Jlteius =>
[il)Uis.
Il va sans dire que toutes les autres formes pronominales des langaes
romanes en m et en ei ont la même explication i.
Am. Thomas.
i. Cramm., Il, 74,
2. Voy« P. Meyer, dans Ramsnia, XI, i6j.
;. O qui rend la tuppoitlion tn blîn populaire de illo + ci et illae + el
plus que vraisemblable, c'est que ce dâiit redoublé exnte pour is et qui:
M. Fr. Meunier a rfunî de nombreux exemples de tki cl de qaoui pour û cl
quoi iloi. ijuif.i. C^ant au génitif féminin illaeiut^ ce n'est pa^ une simple
supposition : dans une inscription de Ladlk \As)e-MéncDre|, on ht ipseius (=
î/t;itn'uj la même inscription portant sut pour iu«), génitif féminin de ipse
{Cerf. tnic. Ut., III, 287).
II.
BELET.
r
Ce mot se trouve deux fois dsns le Roman de Roa :
Richard enveia par u lerre
Cheval} e dra» e kU:* qucre,
E vdiuelc d'or c de argent.
[Roo, }■ partie, i4ro, Andresen.)
DuDC priit II reis le duc, sil baisa e {oi,
Ses Mis, ses deduiz, ses aveirs it oflri.
(Ibid., i^pirtie, i66«, id.)
Diez (Et. \Vb. II c beii), Littré et M. Andresen lisent ou corrigent
btle! et voient dans le mot beU le primitif de heletu. M. tiodefroy, qui ne
donne que le premier exemple, en extrait le sing. beUt, et l'explique par
« fourrure, peau de belette ; ■> La Curne, qui cite seulement le second,
y reconnaît également le pluriel de heUi, et donne à ce raoi le sens de
V joyau, o Cette dernière inierpréuiion parait la plus vraisemblable. Il
e$l naturel ()ue le duc Richard, qui marie sa tille à GeofTroi, comte de
Bretagne, otTre plut6t à la jeune liancée des bijoux que des peaux de
belette, ce qui n'est point rare maintenant et ce qui l'^iait encore moins
à cène époque. Maïs c'est dans le second exemple surtout que belrt ne
peut guère signifier autre chose que « joyau. » Le roi Henri d'Alle-
magne offre des préscnis d'amiiié au duc (luilbumc : est-il raisonnable
d'admettre qu'il aille lui offrir des fourrures de belette i Ce ne sont pas
l des cadeaux de prince A prince.
BtUt est évidemment un diminutif de bel, et tmbtltUT^ u enjoliver^ n
employé par Wace \Briit, 100411, en est un dérivé qui vient A l'appui
du sens donné par La Curne.
Au XVI* siècle, un poète qui, comme Wace, était normand, Vauquelin
de La Fresnayc, se sert du mol bdtt avec la signification bien claire de
joyau, de joujou, d'objet anistement façonné :
C'est puur{|Uoi l'enfaricon Je sa nature en hast«
Prendra plus tost qu'un pain un oiselel de paste,
Et quand on luy présente un pourtrait, un trltt
En argent imprimé, l'argent lu/ semble laid
Qui n'est que simple masse : il aime une metlange
Qui ta chose sujette à l'artifice range. {An fah., s;. Genlf.)
Vauquelin ne fait ici que traduire en poite un passage de Pluurque,
I . C'est la lecoA des nss. A et D ; B a htUtt, C nUt.
lia HBLaSGES
tiré des Sympoùaquts. Je le donne plus textuellement en prose, afÎD qu'on
soit bien fixé sur le st^ns de hlei : « Si quelqu'un place devant l'enfant
et lui montre uci morceau d'argent non façonné, tandis qu'une autre per*
sonne lui offrira un petit animal ou un gobelet faiti en argent, il prendra
de préférence l'objet où il verra l'art et l'intelligence unis â la matière, t»
Belit esc resté dans te patois haut-normand sous ta forme bilot. Une
mère veut-elle faire taire son enfant qui pleure ou qui crie, elle ne manque
jamais de lui dire : k Tais-toi, min petiot, t'éras (lu auras) un btlol. »
Mot magique, au large sens, qui fait passer devant les yeux de l'enfant,
soudainement cnlmé^ toutes sortes de choses merveilleuses, toute la bou-
tique d'un lapidaire, je m'en souviens encore.
A. Delboulle.
III.
LES MANUSCRITS DU CONNÉTABLE DE LESDlGUlERES.
Le connétable de Lesdiguières, mon en 1626, possédait un certain
nombre de manuscrits, qui, après diverses vicissitudes, furent vendus î
Toulouse en 1716 ei achetés en bloc par L'abbaye de Marmoulier. De là
ils passèrent, lors de la Révolution, à la bibliothèque de la ville de Tours,
En i6îî. un catalogue très sommaire en avait été rédigé. Ce catalogue
nous a été conservé dans un des recueils de Peiresc, à Carpentras >. Il a
été publié par M. J. Roman, en 1S77, dans le Cabinet historique, 1* série,
1. I, Docamfnts, pp. 49-5). M, Roman, ay;jnt reconnu que plusieurs des ,
mss. de I.esdiguières se retrouvaient à la biblioihèque de Tours, a établi,
dans un second article (ouvrage cité pp. il 0-2), la concordance des
numéros du catalogue de 1 6 ; ; avec ceux du Cata!ogu€ des manuicriti Je id
iMbliothiijiu dt Tourï publié en 187^ par M. Dotange'. Nous allons repro-
duire ici, d'après le Cabinft bistariijae, la liste de tôij en y joignant
cette concordance :
I. Un vieux livre manuscripl, vers allemands, de E'an 141S.
I . M. H. Omoni, de la Bibliothèque nationale, a bien voulu me signaler une
autre copie de celle liite. dans le ms. 17917 du fonds latin, Bibl. nat. (ancien-
nemeiti oouhier B ^jf, qui est un recueil li'an^.■lct>î cjiiloguçï copiés i 11 tuile
les uiiî d« autres, d'aprèi les oapicn de Peiresc. Celte copie, ayant pour
oridnal la p\tcf même iju'a publiée M. Roman, ne pçut îcrvir qu'i contrôler
l'édition du dVifitt hulon^Lu.
î. M. Chibaneau s'mI occupa des manuscrits du cornétabic de Lcsdiguières
daiH se% rrcherdies « sur quelques manuscriti provençaux perdus ou égarés •
[RtVttt dit langiui foinantt, mai i88î, i» série. VII, 2\ \-2\. Mais il n'a pas
connu la publication de M. Roman, et n'a extrait du catalogue conseri'è dans le
fonds Peiresc que cinq articles.
LES MANUSCRITS DU CONNÉTABLE DE LESDICUIÈRES })7
j. Aultre livre minuscript en vers françoys ; le Songe du
pderin jge de la vie huiDaine, de l'an i ooo, bien escript. . Tours, n* 9^0.
). Grand livre manuicript de la vénerie, uns date.
4. Le decretalus* en fran^cys, manuscript sans date.
\. iji Légende dorée en françoyt, msnuscrîpt sans dite.
6. Un roman Deoclcsiin et Samarinde^.
7. V'teui livre mt. delà destruction de Traye, en ft^n^oys. . . Tours,n*9i}.
8. Légende de Nottre Dame, en provençal et italien.
9. Les Prophéties de Merlin, vieux manuscript.
10. Autre livre manuscript ; Songe du pèlerinage de la vie
humaine.
1 1, Miracles de Notre Dame, en vieux vers fran^oys Tours, n* 948.
II. Un vieux roman : Tnttiin.
i). Un bréviaire.
14. Un vieux mitiel manuscrit.
1}. Un jnanuscrit des chevaliers d'Artus.
16. Contemplation de la vie et miracles de J.-C. en vieux pro-
vençal.
17. Le roman d'Alhis ei Proietilas,efl vieux vers françoys . . Toun, n> 940,
,18. Le roman de Barlaam etiosaphat, en vieux vers françoys. Tours, a' 949.
19. Ctiansoos provençales vieilles.
'10. Combats du corps et de l'ime, en vieux vers tramçoys.
31. Un vieux missel manuscript
31. La vie de jaini Honoré, en vers provcaçiui Tours, n* 945.
3). Un vieux roman : Ogier le danois. ....... Tours, n*9j8.
14. L'Image du monde Tours, n' 946.
Jl- Le roman de Cuion de Bourgogne Tours, n' 9J7.
26. Livre de lautcunneric.
J7. Vieux livre de rccctlcs de médecine
aS. Un manuscript en lettres lort anciennes sur le Nouveau
Testament.
Voilà donc 9 mss, retrouvés sur 28, L'une de «s idcntifi cations, tou-
tefois, n'est pas exacte : celle du Sair.t Honorai poné sous le n" ai. Mais,
avant de rectifier ce détail, cherchons ce que som devenus les autres mss.
Le récent mémoire de M. Oelisle sur les pertes subies en ce siècle par la
bibliothèque de Tour$> va nous l'apprendre. Dans Ce mémoire, te savant
directeur de la Bibliothèque nationale a réusïi à reconstituer à l'aide
1. Dans U copie de Bouhier il y a L<f Jardafa, ce qui est probablement
aussi la leçon du ms. de ('arpentras.
2. S^mjimJt n'a pas de icns : J'AmarinJi, leçon de Bouhier, n'est viaisem-
bUblemeat qu'une correction peu heureuse. H (aul pcut-^lte corriger iâ
ttiareitti. En ce cas le ms. aurait contenu les Sept Sjga Je /tont.
1. HoUtc lur /ri mjnu»nfi liitparas dt ta bttliotbiijin dt Toiai ftndént la fu-
in moàii Ju XIX' siitU, in-4', t88t, 200 pages «extrait ietlMttsdtxUaits
litt maimund, t. XXXl, i"* partie).
RtmMit, XSi
22
))8 weuHces
d'anciens inventaires souvent très peu explicites (celui des mss. Lesdt-
guièfes est du nombre| l'état des collcciions de manuscrits que possédait
la bibiiothiïque de Tours au commencement de ce siècle. I( a consuié
de nombreux déficits résultant de spoliations successives. Entre ces spo-
liations les plus récentes sont celtes dont Libri fut le coupable autew.
Elles ont été accomplies en 1842 ou peu après. On sait que Libri %-endit
en 1847 au comte d'Ashburnham la plus grande partie de la collection
de manuscrits qu'il avait formée en peu d'années, soit par des acquisi-
llons légitimes, soii par des procédés plus économiques mais moins hon-
nêtes. S^aidant du catalogue très sommaire, souvent même inexact, que
Libri avait rédigé et que le comte d'Ashbumham a fait imprimer ' , mettant
à profit les notices publiées i diverses époques sur quelques-uns des mss.
qui consittucni actuellement le fonds Libn Ashbumham Place, M. Delisle
est parvenue identifier vingt-trois articles du catalogue Ubri avec autant
de volumes qui ont disparu de la biblioihèque de Tours entre 1843 et
1847». Si rigoureuses ont été les déductions de notre éminem paléo-
graphe, que l'examen des mss. eux-mêmes, entrepris il Londres au mois
de mars dernier par M. Deliste, assisté de deux anciens élèves de l'Ecole
des chartes), a confirmé tous les résuhats consignés dans le mëmotre
qui dès lors était imprimé et mis en pages. Les modiftcalîons suggérées
par cet examen n'ont porté que sur des détails sans importance*.
Entre les vingt-trois mss. de Tours que Libri a fait passer en An^e-
terre, il en est six qui, d'après les recherches de M. Delisle, peuvent *tre
identifiés avec autant d'articles du catalogue Lesdiguîèrcs. Je les indique
dans l'ordre de ce catalogue :
Iiesdigolères, 4 = Libri lOl, ainsi décrit Aim le catalogue Ubri î
( TrMi Jt droit. Manuscrit sur vélin, en provençal, à longues lignes, 10-4*,
• du XIV* siècle. Ce volume précieux se compose de 184 feuillets*. 1
1 . Cetaloj^ue 0/ the mawKfipts (il Ashtu'nh^m phtt. Part Ihe firsl, comprî-
sing a collection formtJ by Professor Libri. Londoo. prinlcd ty Charles Francis
Hodgson. ln'4'' pasmè B — HH3. Ce cttilogue contient tgi; articles Jont
quelques-uns u>nt 1res volumineux, par ex. le n' 1871 qui se compose de cin-
quante portefeuilles remplit de pikcs variées et géRcralement volèei.
2. Voy. le teltvé de en mss. dans le mémoire précité, p. igj.
j. M. J. Havel et t'auieur du présent article.
A. Cet modificatiûnt, Irh peu nonibreusci, sont indiquées i la lin du méffloife
{AaJiim!, pp. 194-100) parmi un (;rand nombre de preuves nouvellesi l'appui
des identifi cal ions proposées anlérieuren^nt à l'examen d« manuKrilt,
{. L'identité de ce ms. avec l'article 4 de Lesdiguières t Le dccretalits en
franco)!, manuscript sans date • n'c^t pas évidente, mais ce qui est évidrnl c'est
que le ms. Libri toi vient de Lcsdiguiéres, car il a la marque propru dont il
sera question plus loin, et il est certain qu'il y avait i Tours, au comment ment
de ce siècle, un ms. de droit composé de 164 I!. et venant de Marmoutiers,
Yoy la Notice de M. Delisle, art. LXII et les additions.
•
LES MANUSCRITS OU CONNÉTABLE DE LESDICUIÈRES ^^Ç)
tiemdiguièTeB, 16 = Ubrl 109 : < Contemplafimt >U taiitt Bonavtn-
■ turc. Ml. sur pjpicr et lur vHin, en provençal, i longues lignn, in-fol., du
■ XiV ïiÈclc. »
I,e(Mligiii«r«s, 19 — Ubrl 111 : ( Cluasons. Ms. sur papier, en pro-
• ven(al\ à deux colonnes, in-fol., du XIV* s. Partni les pièces conletiues éaai
• ce volume se trouve un roman intitulé : Sloria del dmjt Frondiae t ii Briscna
« os st tontiint quatre litres d'tmon ai ûtguru c<iiuoni in Ftaatti ^. *
Leadignléres, S2 = Ubrl 106 : « Vu it idtnf //o/i^rjr. Ms. sar papier
en vers proserçjui, in-fol., du X1V« siècle^. •
Lesdlguiftres, 26 ~ Libri 109 : • RomM des oîuavx, par Dandat* de
■ Prada^. Ms. sur pap. de coton, en vers provençaux, i longues lignes, in-4",
c du XIII" siËcle. A U fin de ce précieux volume il y a un petit traité de fau-
• conncfie du XV* siècle, en français*. ■
I.eBdliruiér«8, 38 = Libri 110 : ■ LiNourtau Ttttimait.mtla vit^fQ*
• {f]})ht de Jiitii-Chnu. Manuscrit sur papier, en provençal, â longues lijçneï,
■ in-lotio, du XIV' siècle. Ce recueil très important parait se rattacher i t'hjs-
f toire des Albigtois''. *
Mais il s'en faut que la liste des mss. de Lesdiguières que nous a
conservée Pciresc soit complète. Il existe, tant i la bibliothèi^uc de Tours
que dans la colLeciion Libri, un certain nombre de mss. qui ne figurent
pas sur cette liste, et qui pounant viennent inconiestablemem de Lesdî-
guières. De ce nombre est le précieux volume qui contient le Mystère
d'Adam i. M. Luzarche publiant en i R54 ce mystère déclare que le ms.
a^ il se trouve fut acheté en 1716 de la famille de tesdiguières par les
Bénédictins de Marmoutier, et s'exprime dans une note {Adam, p. ii})
ainsi qu'il suit : « La Bibliothèque de Tours possède le Cdtalogut des
I. Erreur de Libn. Le mi. est caUlan d'un bout i r,iutre. J'ai copie de ce
qu'il contient de plus important. J'ajoute en passant que ce ms. est celui que
j ai signalé dans le BaiUun 4t ta Sonill ats nnutni ttxui , année 1S80,
comme ayant appartenu i Fr. Redi. Mais depuis j'ai acquis la conviction que
la Li{;naturc Framtico Rtdi, placée au dernier feuillel, est fausi^e. Elle a été
apposée par Libri, qui était coutumîer de ce genre de falsification, pour dépis-
ter les rcclierchcs.
1. Sic dans Libri mais il y a des faute* de lecture.
j. On a vu plus haut que'M, Ri?m3n idenliBait le ms. ai de Lesdisuiém
avec le ms. conservé actuellement 1 Toun sous le tfi 94;. C'est aussi t'iaenlifi-
cition que propote M. Chahaneau, Kaui Ja Uitfuu ttmantt, y téne, VU
Ii88ï), p. îii. Mais M. Delisie a montré (art LXXIV de sa Netuc) qu'il y a
eu i Tours deux mss, de Saint Honor.xt, tous deuï provenant de Marmoutier.
L'un portait dans la bibliothèque de ce monastère le n« 191 — c'est le ms. ^^i
de Tours, — l'autre poriatit le n' 164. C'est ce dernier qui vient de Lesdiguieres
et qui a été volé par Libri.
4. Sic Libri '
}. M. Chabanean a lu malhnire&senent i Livre de Fantomtric 1 11 o&
M. Roman avait bien lu « Livre de (auUonncru . t Cette fausse lecture l'a
entraîné I des conjecitiret qui naturellement ne peuvent pJus subsister.
6. ^on.
7. D&critdans la R" -r M. DeJisIe, II, 91-}.
t^Q UËUNCES
u livra ^a*on a aeheptis de lu bibïiotltèqae de M, Lisâiguierres, Vannie
« 1716. Dans cette aride nomenclature, qui fait peu d'honneur an
« moine de Marmoutier qui l'a rédigée, on désigne sous les titres suî-
« vanis les irds plus importants manuscriis français que U célèbre
- abbaye nous a transmis :
n N' 38;. Htstoire de chtvaUrit, in-8' (notre très célèbre O^
« de Danemarche) ■.
* N" 241. Histme dîi temps, în-8* (noire précieux Huon de Bor-
•c deaux, en vers] *.
!■ N'= 2Ï7. Prières en vers^ in-8*' (le beau recueil de drames lilur-
« giqucs c! de légendes que nous allons faire connaUrej >. ><
De ces trois mss. un seul, celui d'Ogier, se retrouve indubitablement
sur le catalogue Lesdiguièresque nousa conservé Feîresc in» a^i. Aussi,
M. Luzarchc, affirniani qu'ils proviennent tous trois de Lesdiguiéres, se
fonde-t-il non pas sur cette liste qu'il ne connaissait pas, mais sur le '• caïa-
« logue des livres qu'on a acheptés de la bibliothèque de M. Lesdiguîerres
«l'année 1716. 0 C'est ce catalogue qu'il faudrait avoir pour compléter
la liste d imparfaite de Peiresc. Malheureusement, ce catalogue, que
M. Luzarche doit avoir eu sous les yeux en 18(4, n'a pu être retrouvé :
M. Delisle le constate p. 6, n. ). de son mémoire.
En attendant qu'il reparaisse â la lumière, nous avons un moyen
assez sûr de distinguer les mss. Lesdiguières. L'examen des mss. qui
viennent indubitablement de cette collection a permis de constater
l'existence sur la plupan d'entre eux d'une marque de provenance tracée
sur le premier ou sur le dernier feuillet vers la fin du xvr siéde,
et qui semble pouvoir se lire propria *. Or cette marque se trouve sur
le ms. actuellement Libri 1 1 z, du xii< siècle, qui contient la vie de saûit
Brandan, celle de saint Alexis el divers autres ouvragest. Ce ms. vient
incontestablement de Marmoutier. M. Delisle a pu affirmer', grftce à la
I. Actaellemenl n° 9jS de la Bibliothèque de Tours.
3. N* 9}6 de la mirât bibliothèque.
j. N* 937 de la même biblîotbèc|ue.
4- Cette marque ne se trouve pa» sur le ms. Libri 1 1 1 (Lesdiguières 19I. Maïs
ce ms. ne parait pu nous être parvenu dans son intégrité. D'autre part je ne
Cuis assurer que 11 mart^ue en question te soit trouvée originaire me ni sur tous
!t mss. de ia collection Lesdiguières. Cette colleclioti tut sans doute rormée par
des accessions successives, et la marque vropria peut appartenir i un fonds par-
ticulier acquis par la famille du eonnftiDlc. Quoi qu'il en soit, il résulte d uiw
vérification que M. Ch. de Cfandmaison, archiviste d'Indrc'et-Loire, a bien
voulu (aire pour m», que les mss. 9)7, 9^8, 940, 946, 948, 949, 9^0, 9{)
de Tours portent cette marque. Oa a vu ci-dessus (p. j}7i que tous ces mss.
figurent lur le catalogue Lesdiguières.
5. Voy. C. Paris, Vit Jt saint Alcxii, PVJ-A-
6. Natici, p. 198, addition i l'article LXXII)
LES MANUSCRITS DU CONNÉTAeLE DE LESDICUIËRES f4I
marque propria, qu'il avaii antérieurement appartenu à Lesdiguiires.
Et cependant IL parait bien difficile de l'identifier avec aucun des articles
dont se compose l'inventaire rapponé plus haut.
La difficulté n'est pas moindre pour le ms. Libri 1 07 : « Vies des Saints.
Ms. sur vélin, en provençal, à longues lipics. ln-4" du xiv< siècle » ' ; à
moins qu'on veuille y reconnaître le n» 5 de Lesdiguïères 1. Légende
dorée en françoys ><, ou !c n" S « Légende de Notre-Dame en provençal
ei italien. » Ce qui rend toute idemificaiion incertaine, c'est que ce ms.
a perdu ses cinq premiers feuilleis, peut-*ire par le fait de Libri. Il y a
clîet une ancienne pagination qui eu grattée presque partout, comme
c'est le cas pour beaucoup de mss. qui ont eu le malheur de passer par
les mains de Libri. Mais quelques num>éros ont échappé au ^attage,
ainsi 14 qui correspond au fol. 9 actuel. Le début faisant défaut, on
ne doit pas s'étonner que la marque /iro/^rtJ ail aussi disparu,
Il y avait à Marmouticr, sous la cote 266, un ms. ainsi décrit dans un
catalogue du xyiir siècle ciié par M. Delisle(p. 181, col. 1) : « Roman cii
« langue provençale, dont on ne peut dire le titre : il commence cepen-
« dant par le saim nom de Dieu, ce qui pourrait faire croire qu'il y est
n parlé de dévotion, il est du xiv' siècle. » Il faut assurément l'identifier
avec le ms. Libri 10; qui commence ainsi : Aa nom AcDimvatlh comtas-
lar Que my Uy dire ti acahar... Ce ms. contient (ff, j j et suivants) la vie
desaintTrophime, Libri le décrit ainsi : « loî- vU de saint Trophimt {ùc] et
autres pièces. Ms. sur papier, en vers provençaux, i longues lignes, in-4",
du XV' siècle. ■» Ce doit être encore un ms. Lesdiguières, bien que je ne
le retrouve pas sur l'inveniaire et que je n'y aie pas relevé la marque
propria.
Si les trois mss. Libri que nous venons d'examiner ne peuvent être
reconnus sur l'informe inventaire des mss. Lesdiguières que nous a con-
servé PcircsCf il en est tout autrement du ms. Libri lo^. ainsi décrit
dans le catalogue imprimé par Les soins de tord Ashburniiain : « Manus-
«> crit sur papier, en provençal, à longues lignes, en deux volumes in-4'>,
" du XIV" siècle. Cesdcux précieux volumes contiennent un grand nombre
« de pièces en prose et en vers, toutes en provençal. Ils paraissent auto-
• graphes. On y trouve en vers le roman du Chapon, la vie de sainte
«• Marguerite, la Passion de Jésus-Clirist, etc, etc. \ un traité de bota-
« nique en prose, etc. ; avec un grand nombre de notes diverses, dont
« quelques-unes portent pour date les années 1 J47, nj;, i)f4ei 1 {^f.
I. J'en ai publié un extrait dans mon Raattl TaatUiiîUxut, n' )) de la partie
provençale. On lit i li fin cflle frauduleute mention : « Ule librrest convenius
S. Dominict de Mantua, « preuve surabondante que le ms. a été volé par Libri
aiitruD qu'en Italie,
342 MSUHOES
« Probablement c'est là un recud! écrit par quelque troubadour et méde-
B dn du XIV' siècle. Plusieurs notes commencent ainsi : u Remenbran-
« sacie' que yeu Peyrc de Serras ou de Ferras, etc. • Ce Pierre de
« Serras csi-ce l'auteur des écrits contenus dans ce recueil» ? » — Bien
que j'aie eu ce mi. plusieurs fois entre les mains depuis oaobre i86f,
alors que le feu comte d'Ashburnham voulut tnen m'admeitre pour la
première fois à consulier les inestimables trésors de sa bibliothèque, ce
n'est qu'en juin dernier que j'y ai remarqué la marque propriai. A cette
date, le mémoire de M. DeUsle était tiré, c'est pourquoi il n'y est pas
fait mention du ms. IJbri lO}. Aauetlement je n'hésite pas à identifier ce
ms. avec l'article 17 de l'inventaire Lesdiguières, ainsi con^a : u Vieui
livre de recettes de médecine. •»
Pour résumer tout ce qui précède, je vais donner un tableau compa-
ratif des n'^' de l'inventaire Lesdiguières avec les n" correspondanu de
la bibliothèque de Tours et du fonds Libri :
Lesd. î = Tours 950 Lesd. 22 - Libri 106
— 4 = Libri 1 0 1
— 7^ Tours 9n
— I ( s= Toun 948
— 1 6 >= Libri 1 09
— '7 = Tours 940
— 18 = Tours 949
— 19 = Libri 1 1 1
Manuscrits Libri provenant de Lesdiguières, mais qui ne se laissent
pas reconnaître dans l'invemaire conservé par Peiresc :
Libri 103, 107, I lï.
P. M.
aj - Tours 938
J4 ~ Tours 946
as — Tours 937
26 = Libri 108
ï; — Libri 105
3S s Libri 110
NO NORMAND ET ON FRANÇAIS.
Dans un anicle récemment inséré dans les Mémoiret de la Société 4i
Hagfiutiquede Paris (t. V,jt. 149-1541, M. Joret conteste l'étymologie
que j'ai proposée {Rom. X, 4021 pour le mot qui signihe on en patois nor<
mand, et qui, suivant les localités, se prononce no, non, non, et devant
une voyelle nor, noui, nofiz, cette dernière forme extrêmement rare. Pour
lui répondre il me but préciser davantage et compléter ce que j'ai déji
dit. Je tâcherai d'être coun ci surtout catégoriquc-
I. Je copie liltéraleinent Libri.
1. Je répondrai i celle question dans un prochain mémoire. On verra que ce
ms. îMiresse non pis teutctneni l'histoire de h littiraturc provençale, mis taw
ceiJe du vÛlage désomais célèbre de Maillane.
}. Elle ut par exception placée au i" feuilkl du second volnne.
No NORMAND ET On FRANÇAIS ^4}
Les preuves historiques nous manquant, nous en sommes réduits aux
hypothèses. L'hypothèse ici devra satisfaire i deux conditions : i' expli-
quer toutes les formes du maC; 2" s'accorder avec son emploi gramma-
tical.
M. Havct et M. Joret proposent le pronom nos, fr. août. L'hypothise
satisfait à une des condîiioits. On fait aisément sortir de nos noz, nour,
no, mu, et même noai et non.
Mais elle ne satisfait pas à la secoade condition. No, sous quelque
forme qu'il se présente, de même que le franç^s on, l'anglais onc et l'alle-
mand mAsi. ne s'emploie jamais que comme sujet d'un verbe à la troisième
personne du singulier. J'ai demandé qu'on me cttAt une phrase, une locu-
tion, où l'une des formes de no se trouve associée à un verbe, â un adjec-
ïîf, I quelque chose enfin qui rappelle la première personne du pluriel,
comme indice que nos a passé par là. J'attends toujours '.
J'ai dit, dans mon précédent article, qu'aucune forme tirée de nos latin
ne s'emploie comme sujet dans le patois moderne du nord du département
de la Manche. M. Joret me cite : < C'est /loui •>, — en baguais : « Ch'est
nouti. a Mais qui ne sait que dans ces constructions le pronom est au
régime, comme le montrent les formes françaises : Cal moi, e^ist toi?
Encore un mot : bien que ce soit en dehors de la question qui nous
occupe, M, Jorct m'accuse deux fois d'ignorance .'i propos du langage de
la Hague. Le reproche est au moins singulier. Le patois de la Kagueest
ma langue maternelle ; je n'en ai ni parlé ni entendu parler d'autre jus-
qu'à Tàge de douze à treize ans ; jusqu'à cette époque, je n'ai connu te
français que par les livres. Je puis lui gai^ntir qu'à la Hague le pronom
de la première personne se décline ainsi au pluriel :
Avant le verbe : nominatif /f. datif et accusatif notu. Après le verbe :
aoaet, uniformément :
I ada dùant ; i nous ème ; ch'cft à noués ; ch'est ttoait.
JanuitSj dans le pays que j'ai habité, on n'a dit :
Je i* done; je mi èmc,
et encore moins, quoi qu'en dise M. loret :
Je von done ; je vonz ène.
Un haguais n'arriverait même pas à prononcer cette dernière forme sans
faire la grimace.
No, noz ne s'emploient jamais avant le verbe ni comme sujet ni comme
régime. Ko, foi s'emploient, mais seulement comme sujets ;
I. M, Jorel me cite un vers du poirae sur Thomas Hélie • oi Hague lan-
caee * du \iu' siècle : Nout dtvcnt istrt cancus. O vers évideminept n'a rien
a vnTt ici : le sujet et !« veibe sont i la première personne du pluriel, et rien
n'indique dans l'un m l'autre àt ces moti une tendance i pisser i U iroisième
personne du singulier.
^44 MÉLANGES
Vo dttfï, m inm ; ro nou djlct, *o nous im»iz.
Ces panicularités nous ont éloignas de no, nor, pronom mdé6ni ; rere-
nons-y.
L'hypothèse de M. Havet étant écartée comme ne satisfaisant qu'i
l'une de$ conditions du problème, examinons si celle que î'aî proposée ;
Pon, l'hom = no, satisfait aux deux.
Pour b condition grammaticale, il n'y a pas de difficulté. JVo, nou, non,
avec ou uns s ou :. s'emploie dans les mêmes conditions que on, l'on en
ft^ançais modeme, en. fen en vieux français.
Quant à la phonétique, il y a trois élémenu dans no2 ; étudions-les sépa-
réroeni : n, p. z. Le z final ne peut (aire question. Cette lettre s'emploie
à chaque instant en normand pour éviter un hiatus :
J'ai z eu ; il a z ta ; ooz a 2 eu ; il on i eu, etc.i.
M. Jorei demande comment on de l'on a pu devenir ou f
C'est une régie de ta phonétique haguaise qu'à 0 accentué, et même
non accemué, du latin et du français, correspond généralement ou :
nomen, noii/i; homines. houme ; to(n)sare, tousse; rosa. roiui}
nodus, nou ; gloriosus, ghrious ; columba, cuulombe, etc., etc.
La négation non devient même naa dans certains cas :
Jouaé i piott nouià pair 00 non).
Le patois haguais ajoute souvent des nasales, mais il en supprime au&s
Il dit : éfanl au lieu d'enfant i s'ivoUr et non i'/moirr , loto et non làton, etc.
Les trois formes no, noa, non, peuvent donc avoir toutes trois la même
origine.
Quant au changement de Ion [l'on, l'hom) en non, il s'explique facile-
ment par l'assimilation de 1'/ initiale à \'n finale ».
1 . [Celte explication est très admissible : notons cependant qu'il ne serait pu
impossible que l'i de nos f&i un reste de celle de ont, l'oni, forme usitée au
XIll" siiclc. — G. P-l
2. \Ct qui met hors de doute l'explication de M. Fleury. d'ailleurs si pro-
bable pjf elle-mênie, cVït le rjpprochemenl de ntn '.n'tn) pour Un iCtni, qce
M. Jorcî indique lut-méme ;p. 1 ;2, n. 1), mais sant y attacher l'imponance
![u'il mérite. Il est impossible de contester que itin, au sens de on. soit pour
ta. Cette forme se trouve pour h première (ois, i ma connaissance, dam la
Chrom^iii du rouennais P. Cochon léd. Vallet de ViriviHe, p. j8il ; Et dt fan
n'ia at tamit ifoi ce pmtt avoir (jit Dam le M<rjcU Je sauit nicoUt, pièce du
XV* siècle réimprimée en 186S pour le libraire Baillteu, je la trouve deux loit :
// at lempi fuc tua It st^ure (p. 661. C'est raison ^ut nen u Caiwic Ip. 78).
Deux chansons du x\i*si^le.alées dans la ComiJn •i<i Chansons, la prcsenteitt
encore : N'allt: plus sans far rtnuitl, Car nen vous tspte \Aiu. Th. Fr., t. IX,
&. I jo) i BtHt. nt rott$ maiisstz foiia Quand ntn roas fait h rtraance (p. 17^).
n ne peut évidemment s^arer nen de nan, pas plus que hn de lont/tm dewi
Dans le Bas-Maine, d'aprH M. de Montesson, on du également n'on pour l'on
el n'en pour l'en, — G. P.]
No NORMAND ET Otl FRANÇAIS }4{
Il réxolte de U que l'on a parfaîtemem pu devenir n'en, non, nou et ao.
C. q. r d.
M JorM aime les digressions. Je l'ai déjà suivi dans une à propos de la
iléclinaison du pronom de la première penonnc. Je le suivTal aussi volon-
I tien dans une autre qu'il rattache â no, bien qu'elle ne s'y rapporte que
lîtsindirectemcni,
|i Od dit ordinairement :
B No z en est conlent
■ Hait on dit aussi, quoique rarement :
^Ê Non'n est content*.
H On pourrait dire qu'ici ce n'est pas no qu'on a employé, mais non,
M ^ta une forme tout aussi légiuine, et que l'e de en est élidé, comme i
■ tianï ; « Pieiï qu'ainchyn 'n en est »
Wais ce n'est pas apris no seulement que cette double nn apparaît. On
^ également :
ITu n'n as metili. Tu en as menti.
Vo n'n avaf/ menii. Vous en avez menti-
I n'n ont menti. 11^ en unt menti.
H. iorci a publié lui-même \Romania, V, p. ^74* une chanson nor-
■■■ntle dans bquelle se trouve ce mfime détail :
tn'n ont tn^nti par l?ur goule.
|^*ul«i>ent il a eu ton de pbcer entre fr ci ont (ou on) une apostrophe
^ Uât croire à ion i une négation. La dernière n est évidemment celle
**« «1 restée après l'élision de l'e.
C«tte duplication de IVi se produit quand, dans U conjugaison, le mot
'" *e trouve placé entre le pronom sujet et un verbe commentant par une
^'yelle quelconque ei non pas devant f muet seulement, comme le pré-
'fTïcl M. Jorct en me reprenant, oubliant qu'il a lui-même fourni un
"^^ïïiple qui te dément dans la chanson précitée. Il est probable qu'il faut
^■" ici le même genre d'aiirsction qui fait dire aux Parisiens : Je U'ai va
"^ lieu de : Je i'ai ru. Peut-être y a-t-il aussi un fait d'imiuiion. Avec la
"*Sat»n, les deux rui sont obligatoires, et il est possible qu'à cette
™^*"ase ; Jt n'en ai pat mmlt, et par abréviation : Je n'n ai pas mtnû, on
^P*- ^é enualné i répondre : Ta n'n as menti.
^i^i qu'il en soît. ce doublement de \'n en Normandie, de f à Paris est
1^ ^T i fait étranger A l'origine de no = on.
H J. Fleury.
* . J'ii mal lonsait cette phraïr dins mon précédent article de la Komania,
^ M réublii id selon sa prononciation.
MO
UÉlJtNGCS
LE PRONOM PERSONNEL NEUTRE DANS LE FOREZ,
LE LYOKSAIS ET LA BRESSE.
Dans un article plein d« remarques inléressanles sur ^uet^uts pronoms
prontiçaux (^Romania, 1S7J, p. }}8), M. Chabaneau dit ip. ;4i. noie })
que le pronom neutre 0, ou, wu est presque exclusivement employé
comme atiribui ou régime direct, et qu'on ne le rencontre comme sujet,
à l'exemple de l'o! poitevin, que dans des textes récents de la Basse-
Auvergne, Il faut ajouter à la Basse-Auvergne le Forez, le Roannais,
et, en panie du moins, le Lyonnais. Ce même pronom, sous une autre
forme, se retrouve en Bresse a en Franche-Cojnïé.
1.
Les habitants du Forez ei du Roannais emploient toujours ou et Mfc
comme sujet. Dans ces deux pays, ou, vou ' (ou se rencontre sur
après le verbe, dans les locutions interrogatives] est le pronom per
nel neutre sujet; il remplace le il neutre français', et souvent ancd
notre pronom démonstratif neutre a, dont l'équivalent dans ces pauûs,
(OU, et, ne s'emploie guère que devant le pronom relatif ^ on dît :
L'u») creyeîl tt ifue diiit
Quo boècnou [Paiùii foriïun de Gras, p. 347).
'> L'oiieau crut c< ^at lui disait ce bohème. •
Mais, dans la célèbre chanson du « Grand Valet » on a :
N'avons ben de boun pan blinc
De pin oioullct
Voa at pa madama noutra fenaa
Et soun valet. ilMem, p. t\-j.\
■ Nous avons bien du bon pain blanc, du pain mollet,
Crif pour ntadime notre fccnme ft Sûit vatel. 1
Le pronom personnel ou plutAt impcrsonneh neutre se distingue bjen
nettement du pronom masculin singulier, qui, dans le Forez, est a\d, ol
ûfâl dt
ici one
1. On fit parToii tenté de lire . oui, roal, devant l'adrcrbe J {*oa Fj
mtitkurts, Llnossifr dans Onofno, Paleis lyonnêù, p. 97 1. Mais 17 est
lettre euphonique, qui fait corps avec l'adverbe y. On n« la retrouve pas après
ton devtnt \a autres tnoU commençant par des voyelles.
2. Sur l'origine de ce il neutre, voyez l'article de M. Horniag (Rom, StuJun,
IV, I39>.
LE PROKOM PERSONNEL NEUTRE |47
^kH les vovelles (Unossier écrit auli, et aa, o devant l«s consonnes '.
Void dts exemples pris dans les différents paiois du Forez et du Koan-
aoi
SAINT-ETIENNE >.
Pnaom ausittlia.
■^* wUntpreieDio...
(ChapeioD, Rtfu/tf, p. 107. — Ono-
'Ho, p. 61.)
^ ^a fol sur son corps lou sîgitou de
[sa crfuey
iChaptIoB, TtUam. p. 177, — Onofrio,
' ï8 )
Unie «/■ ey îen cret.
(Chapelon, Huit, IX, p. 99. — Ono-
trio. 1^1.)
■ OCi il SI sans berceau. »
(£« o'Ik pas plus gros que lou pung...
Poaortaal iziiil ouït proarA sotin in-
Inoucenci.
(LiiKHiîer, dans Cru, p. 1^8,]
■'a' cMoble qu'«/ a grandzît
E' pat asDuÙa la vielieisa
'^ briBin jusqu'à la fio :
"»e b jote et lou bon via I
^^■t*m.^ Philippon, t8(j, p. 17. —
C>«>ofr»o, p. 187.)
' ** ««blie nu'ii a grandi, etc. ■
Pronom neuirt.
Que sier toa de se trazeyrie ?
l'ou n'c (jue charchie de veyie.
(Balla fotèiUn , commencement du
XVII- siècle, a. Onofrio, Patois
i_l(Q/I(IJÙ, p. 60.)
t Que sert>i7 de le tourmenter f Ct
n'est que chercher du îouci, »
Peu que vou nous faut loui siore la
[mesma crency.
(Chapelon, — du XVII* s. — Thlsf,
p, aa;.— Cf. Onofrio, I. c. p. Ii8.|
« Puisqu'il nous faut tous suivre la
mfinc croyance. 1
Ne voudrit ou pas mio poru lour
(chandaley.
(Chapelon, Rt^aitt, p. 114. —Ono-
frio, p. lï-)
* Ne vaudrail-i7 pas mieux porter
leur chandelier i 1
Si toa est pas toi.
iLinossier, 18}], dans Gras, p. 2]$.)
Quand ivu passe pas d'houra
Sens que l'apprehenaoun me sebrouTe
jlou coura.
[Chans. de Philippon, 18^), p. 70.^
Onofrio, 10 T.)
« Quand 1/ ne passe pas d'iieure
sans que la craiuie n'ébranle le cœur. *
SAINT-CHAMOND.
A^ it risque le pi, s'vlend teu de ton Ion
B^ * ' Le pronom matmlin » louvent U forme m (au lieu de naît quand ri n'est
^^^ prolOfiiquc, quand il suit le verbe el prend l'accent tonique :
■ Tout votrna saug, moun Dio, fulfira-t-ui ^ «
^Phdtppoa, ChMieant, etc. Saint- Etienne, iSjJt p. 26. Cf. Oaofrio, Paloii
Ijoiman, p. 69,)
I Djizit-Ji » =4isait-it [Unossier, dans Gras, t. c. p. J}'^).
' f 3- Dins la charte de Saînl-Bonnel-le-Chiteau I'i6]|. publiée dans \'Hitt<nrt
*• Fora de La Mure, Aam «lie de Bernard et dans P. Meyer, Ruatil d'inettnt
^^, Ij 17) SI., on ne trouve que le pronom neutre régime e.
}■ Ci. cmIcssdus le patois de Rive-ae-Gter.
]48 MÉLANGES
Par malheur dans la blaoge, ont ou gnia de sabouollie.
(Savel, Mariage de Jun, p. ^i. — Onofrio, p. 69.)
Trad. : 1 // se heurte le pied, s'étend tout de son long
f Par malheur dans la boue, où il y a du barbotage. ■
MONTBRISON.
Aal ot prou l'echina longî. Voa est par rapport au jour
(Gras, p. 2JÎ.) (Gras, p. 314.)
PATOrS DE LA PLAINE.
Aa sot tant ben cribli l'avena Les trois derniers couplets de la
{U grand Valtt, Gras, p. ij?.] chanson du Grand Valet (Gras, p. 2)7)
Au ne tombeit pas i l'abada se terminent par :
(Gras, p. 247.) Vou est pa madama noutra fcnna
f // ne tomba pas k l'abandon. » Et soun valet.
Dans la m£me chanson, on a :
Voa faudrot ben creitre soun gageou.
t // faudra bien augmenter son gage. >
Pour le Roannais, Gras (p. 26 j de son Patois forizien) donne la
chanson des Reproches à Catherine, qui lui a été communiquée par M. le
D' Noëlas, de Saint-Haon-le-Châtel. On y trouve deux fois le pronom
neutre ou :
Qu'on sayé sadze ou qu'on badine
Avè tei ou est sou pour sou.
Et plus loin :
Quand z'aime ine créature
Ah I bourgne, ou est par tout de bon.
J'ai eu l'occasion d'entendre parler le patois de Saint-Haon-le-Châtel.
Le pronom personnel masculin de la 3* personne y est : el (é devant les
consonnes). On ne trouve jamais le pronom él à la place de oa; on dit
toujours : « ou pl6 » [ii pleut^ , jamais : « ^ pl6 » ; « oa fft » (i/ faut) ,
jamais : « HA ». Quand le mot qui suit ou commence par une voyelle,
on met généralement un z euphonique devant la voyelle.
Dans un texte de patois lyonnais, une chanson de Revérony, qui
paraît avoir été composée quelque temps après le 9 thermidor, on trouve
le pronom masculin 0/ et le pronom neutre voa :
0 /'ait inventa de battiau a soupapa. Kouere tant ension panney et defondu
(Onofrio, r78.) De faire solamont tou signou de sa
f // avait inventé des bateaux i [cronci.
soupape. • (Onofrio, i}8.)
f // était permis et défendu de faire
seulement le signe de sa croyance. >
LS PRONOM PEHSOHNKL NEUTRE }49
Le patois de Riv«-de-Gier ( Var-d«-Gi) , entre le Lyonnais ei le Forei,
iwutett lunoui connu par I« nombreuses publications patoiscs de Cuil-
bone RoquUIe ^1854-18591. Le pronom neutre y a la forme 0 (oc
Afant les voyelles) ; le pronom masculin est ai {a devant les con-
UDMl) :
0 faut qu'a nein Ëgnese, 0 vtl pro
rcancorno.
lOijfoiirt, i8s8,p. 10. — Onofrio, 9a.(
* Il faui qu'on en Kniuc, c'est
iuezbivuàé. »
Ow est par vos gatd que j'euajro
[d'écrire.
(BaHon d'esisi, dam Grss, p. 361.1
■ C'est pour vous amuter que j'es-
Mye d'écrire, t
Sff vos plaît = i'il vous pUit.
{hid. p. 16t.}
Esin à po compto ivr cou lonj; per-
tsonoafo...
Poirra ipi'j l'y promete ao bout de
[quoque )Ours
in decoritioti qo'al apindie toujojn.
iU itftt» «Mfiip, p. 11. — Ono-
fr», J6.)
• Eo£b (/ peut compter sur ce long
pcnOBu^e... pourvu qu'il lui pro-
■«lle ta bout de quelques jours une
JJcinban qo'W guette toujours. <>
Aprbic verbe le pronom masculin
Om tSI 1'^ donc, eou giand btigueur.
•« Otaiaiiatt^ p. jo. — Oiiofrio,
IM
I^pfonom yoa s'emploie aussi dans le Forez avec la valeur de noire
PWiom indéfini on :
Voa veit tous lou jour prcUes ou capucins
Confessa de fiornu mai de quaranta cinq.
(Chapelon, La Mafrj, p. joi. — Onofrïô, J07,)
* Os rayait tous les jours prêtres ou capucins confesser de fiévreux plus de
W«||t^dBq. .
VoB gagne pas son pon,
Foct épuise sa lontasa.
]Rtmou it Hjrvacni, p. 6. — Onofrio, jii.t
^iia tous les patois locaux que nous venons d'énumérerj le pronom
'f^tre régime est », que l'on trouve écrit : zo, z'au et r'«u (dans
^^«aer, qui a aussi au\ :
Lou major que courit par lo tout bien eigua.
(ChapdcKi, de Saint-Êlknne. Entrit wf,. p. i}6. — Onofrio, p. 177.)
• Le major qui courait pour U tout bien arranger. 1
Veqvia ce que n'oo sao; si z'aa voulez pas creire
Dprai coumma ma grand, pouèdes «a z'alll veire.
(Linossier de Sainl-Ëtieone, dans Gras, p. jj^.j
Faudrêt que :'^u saubeiuin.
(Patois de Montbriwn, dans Gras, p. ijf.)
( Il faudrait que je U susse. »
Et san ben .-'da demandJ au marchi.
(Idem.iftii., p, 3Î4.)
J50 MËUNCES
Le botusu z'au volJt bta.
(Patois b« Bo«n, en Fom, dans Gras, p. 240.)
Qu'ompiidiionT touz aotrou d« ;o voslè ega.
(Poitne Ijoniuis sur le 9 thermidor. -^ Unofno, p. 177.]
D Qui empêchaient les autres de It vouloir arranger. »
IJ.
Dans une partie du Lyonnais et du Dauphiné, dans !a Bresse et line
panic de la Franche-Coniié, le pronom personnel neutre est aujourd'hui
i {ey ou y, ou quelquefois iz, devant une voydie*.
Pour le Lyonnais', nous pouvons faire remonter à la fm du xtii* sticfe
l'histoire de ce pronom. Dans les œuvres de Marguerite d'Oîngi, publiées
par M. Philipon (Lyon, Scheuring, 18771, on trouve constamment:
« oy li futsenblanz » 'pages 4}, 61, 8), 87, 89, etc.i, « oy no ha pu
moul de lens que... » ip. 4j'i , etc. Dans le dernier chapitre de la Vu di
Biauix d'Ornacieia et dans une des Uines de Marguerite, oy est rem-
placé presque partout par ay ou hay, forme que l'on trouve accidentel-
lement ailleurs. Le pronom masculin est it et aussi et. Le pronom
neutre régime est 0 ou lio : « Deus non ho voucît sofrir » Ip. 69).
Un peu plus t^rd, au milieu du xiv' siècle, nous avons les syndicats
(procds-verbaux d'élections] publiés par M. Guigue à la suite du carlu-
laire municipal de Lyon (Lyon, Aug. Brun, 1876).
Dans le syndicat de i t ^z, on Ut :
Leur enjoignant que il vigaant toi los «cndros et tos aln» jourt <)ue tj
lour semblera bon.
Et plus bas, dans le même document :
Item Yolunt et ordenent li diz pucblos et mestros des mestiers que li dix
conseillori etliiant una bonna persona por visitar soveat ks portes, murs .....
quant ay sera covignablo.
Il fout aussi voir le pronom neutre dans la phrase suivante, qui se
trouve dans les deux syndicats de 1 } p et de 1 } j f :
Se l'on ['et tort a acon pavrc cilicin ..... qne li dit coBscllioitr lo puyssant
(ère liegre cl mtan jus dépens commoni duchi que ai seyt adresua cio qai
tocherit lo Ftt cotnmon.
Le même pronom se retrouve dans un autre texte lyonnais du xiv* s.,
récemmcni publié par M. Georges Guigue, le livre de raison d'un bour-
geois de Lyon (Lyon-Rtviu, octobre 1883) :
L'an de Notront Segnur M. Illc et XXtIl, lo vendrot d'avan la testa senti
Kaldio). que 01 fst fesU san Ctémenl...
A cette époque et dans ce texte, le pronom masculin singulier de la
î* personne est (/ .■
£/ dcfalit CB h quareima après.
LE PRONOM PERSONNEl. HEUTRE ÎJ!
La («dM plus récents du patois lyonnais ont aussi le pronom neutre,
toil tf» «, ou ey devant une voyelle :
EjtX jssi querquaveU
Dep«hon-nou, ey» tôt un.
{/Chivauhtt di Fdni, i (66. — Onofrio, 9^-1
• Col asset babillé. Dèptehons-nous, c'est la mime chose. ■
Si es io bjily hoil tout i une tevuidiri.
iLa littnaria baytndin, i6y8. — Onofrio, p. 48.)
t S'il foai donner 8 sous à une lavandière. 1
Et >et d'excelJenI vin nouviiu.
Mjm m rers kailu^aa, i(>8), 3" jgLrnée, p. 10. — Onofrio, a.)
Dw ces textes, le pronom masculin est il, y :
Lo MTon de quay j scret savonna.
{Li Birn-irJi bayaniin, p. 17. — Onofrio, ji}.)
l« documents du Dauphiné et de la Bresse nous offrent le mime
F^nom neutre, distinct des (ormes masculines (u/ pour le Dauphiné, lï
par 11 Bresse) :
OAUPHlNfi.
S>4tns|»oii fcnterd lîztna quoque £ me bu relotirna du coutil de mi
(fflouchi
Uindt enraya, ou, defour d« sa
(couchi.
(^Hirt it U ftje, p. 10. — Ono-
•S, )e K»ir, (/entmd bourdonner
W Hudie, il saute, enragé, ou,
'•nieu couche. ■
r** fc eo qiV se bechovc
""idreïon bonnet.
'"^ if usant d« U Duc, p. Ji- —
Ow'r», joî.»
' îiat de fois qu'J se baissait, it
^Uhoir son bonnet . »
'eN Dieu fit l'offl' a l'an premi,
'"bnidant tOQ cnrti.
l'W., p. 108. —Onofrio, [4(0
[crotta.
[Pailar. de Janin, prol. — Oaofno,
4-1 Î-)
( Il me faut retourner du côté de
ma groiie. >
Car r gnil pat una que ploore.
(/^ vidilt tayaitdi'cre^ p. 6j. — Ono-
frio, ^Oî.l
« Car 1/ n'y en a p^s utLe qai
pleure. >
BRESSE '.
A Nofé, san narçando
Et (au s'abado.
[Noëli breuaai, p. u. — Onofrio, 3.)
« A Noël, sans marchander, 1/ faut
se livrer i la joie. «
£ nos y [au (0 corî.
(NoH de Bourg, dam Mignard, IJiome
iaarpiigitoa, p. loo.)
^> Dans les pièces bressanes citées par Moonier ( Vocjbahtrc de U Ungat da
T^Ami les MitMga lia Us hngats, Paris, 18) 1), le pronom masculin esi 1
**>■ Ib Gonsonnes, f devant les voyelles, le pronom neutre est le plus sou-
^h devant tst (p. 146, 148, 149) Maii, dans une chanson des collines de la
'***, on trouTC : m" o( ran ice n'est rien), et gaand i l'uoi (quand il faut).
ÏJ2 MÉLANGES
On trouve encore le pronom neutre é (te pronom masculin étant il)
dans l'arrondissement de Poligny (Jura), oii l'on dit : é pUù (il pleut).
Devant tes voyelles on met ez, ou y, probablement dérivé de ey. Aprts
le verbe on dit «on: pleat-ô [pleut -il ?]. Le pronom neutre régime est
aussi ô. Mon information ne s'étend pas au-delà de cette partie du Jura.
Toutefois, je sais par un de mes collègues à la Faculté de Lyon,
M. Regnaud, que, à Gray (H«ite-Sa6nej , te pronom masculin et te pro-
nom neutre sont identiques [f/|. A Vesoul, les deux pronoms semÛent
être distincts ; dans la parabole de l'Enfant prodigue en patois de Vesoul
(Mélanges sur tes tangues, Paris, i Sj i ), je lis : « Per èprée qu'èl eu tôt
dissipa... Ei fau qu'l m'ieuve » (p. 479).
De tous les patois qui ont le pronom neutre, i, celui qui m'est le mieux
connu est le patois des deux cantons de Coligny et de Saint-Amour, sur
la limite des départements de l'Ain et du Jura. Dans ce patois le pronom
masculin de la }' personne est : i devant les consonnes, '/ devant les
voyelles. Le pronom neutre est :
avant le verbe : i devant les consonnes, après le verbe : eu,
iy (presque iy) devant les voyelles.
On dit : é pleà [it pleut) ; éy arevt que... (il arrive que...) ; pleùi eu
ipkut-il?).
Le patois de Coligny n'emploie le pronom démonstratif neutre che
que devant le relatif. Partout ailleurs on se sert de é : i fi ye (ce fat
hier) ; é 'r iquye (c'est ici) ; cai 't eu ? (qui est-« ?).
é s'emploie aussi comme régime : on é di (on le dît) ; on ey évite (on
/'invente) .
C'est sans doute ce pronom, avec sa valeur de régime, qu'il faut voir
dans la phrase suivante du syndicat lyonnais de t ; ; 2 :
... et que li diz ... jurant sur sant évangile que il cfarant bien et leialment.
Il faut probablement lire : « é farant, » c'est-à-dire : qu'ils te feront.
Le Dauphiné parait avoir aussi une forme spéciale pour le pronom
neutre après le verbe :
Eito comme celey
Que me faut engrounie ?
{Paslor. dt Janin, act. 1, se. r. — Onofrio, rSa.)
t Est-K comme cela qu'il faut m'igratigner ? 1
Nous avons vu que le pronom neutre, dans ce même texte, est i
devant le verbe. Les pièces dauphinoises publiées par Champollion
(^Nouvelles recherches sur les patois, Paris, 1 809) offrent quelques exemples
de 0 après le verbe être. Mais dans ces pièces, partout ailleurs le pronom
personnel neutre est h ou ta. Voici les exemples de o :
Qu'èlo que lor bien (p. 104)
LE PRONOM PBRSC
Qu'eitt» que faron
Nôtres yvrognasse (p. 1 27).
Dans un des Textes de Champotlion, ''appartenant au patois de Cre-
nobl«, on rencontre tu comme pronom neutre régime :
Faut qu'on m'» pardonney» [p. 109).
Quelle origine fauit-il assigner au pronom i f La première cipHcation
qui se présente à l'esprit, si l'on considère uniquement la forme actuelle
du patois de Coligny, consiste à y voir le latin illad, devenu ti, puis é
ou eh, suivant que le pronom est protonique ou accentué. Un y eupho-
nique se serait introduit entre è et les mots cooimençani par une voyelle,
postérieurement  la chute de 1'^. Mais celte explication offre des diffi-
cultés : pourquoi IV serait-elle tombée dans el prolonlque, tandis qu'elle
s'est maintenue dans \if
C'est vraisemblablement à hoc que é doit être rattadié. Dans le patois
de Coligny on a ûlà (cela', qui offre une transformation analogue du
I pronom hoc. D'autre part, dans Marguerite d'Oingt, à côté de oy neutre,
V duquel dérive le i lyonnais du xvii' siècle, on trouve « avoy » (^ avec).
I Le tableau ci-joint résumera les observations contenues dans cet
^
Pronom ptrsùfinil ntutri
Pronom
Précédant
Devant
Sujet
le verbe
Devant
Suivant le
verbe
Régime
ptnonntl
masculin
singuiitr
SUftt
w
consonnes
voyelles
^^
Charte d« Sainl-Botinet
(Xni« ïi*cle)
0
el
aul^ sa
aul, OM
Patott de S*-Ëtienne
roB
voa
ou
^aa, au
Montbrison, pi. du Fom
vou
wu
iott)
i'ea
tut, ta
Chans. lyonn. du 9 therm.
vou
vou
(OU)
10
0/, 0
Roannaii : S.-Haon-U-
ChJtel
ou
ou, oat 0(1
h
H,fl
1. J'ai souligné dans le tableau lei noms des pays sur lesquels j'ai des rensei-
enements directs, — Depuis que cet article est écrit, je me suis enquis de la
torme aciuellr du proRom neutre dans un annà nombre des communes de la
rfgion lyonnaise. Je me propose de donner btent&t le résultai de ces nouvelles
recherches Je dirai Kulemcnt ici que dans le canton du Bois-d'Oingt le pronom
personnel neutre est aujourd'hui y.
I. De la (orme du pronom masculin i Samt-Haon, il but rapprocher ta
3« forme ds ce ntèm« pronom i Saînt-Elienne et i Rive-dc-Cicr : «i, i après
le verbe.
komma,Xll 11
3Ï4
Saiflt-Chamond
Rive-de-Gier
Dauphinë
Lyonnais du XIII' et du
XIV» siècle
Lyounais du XVI* et du
XVII- siècle
Bresse
Coiigny (Ain) et Saint-
Amour (Jura)
PoUgny (Jura)
Vesoul
MÉLANGES
ou
0
lo,la
e
(ou)
ov
(OH)
(0)
0
eu
oy.ty
oj.ay
ho,o,i\f)
et, es
tt, (, ë
m', y
i
i
iz,j
eu
Ô
i,h
ei
al, a
ul, u
r;
'/,'■
il
il
L. Clêdat.
VI.
PHONETIQUE MENTONAISE.
X. Voyelles toniqnea.
La comparaison avec le latin qui sera exposée ici parait justifier les
généralisations suivantes. L'a latin reste généralement intact sans être
modifié ni par la quantité ni par l'entrave. L'e ne se modifie pat
selon sa quantité, mais bien ptutàt selon qu'il est entravé ou non.
Devant une consonne devenue finale, pourvu que cette consonne ne smt
pas à, il se comporte comme à l'entrave. En somme \'e latin donne en
mentonais trois sons : e fermé (;) devant une consonne simple qui n'est
pas devenue finale ; e moyen, correspondant à e latin entravé ; e ouvert
devant n final. L'i, l'o et Tu, libres ou entravés, se développent selon
leur quantité; IT, comme partout, est assimilé à l'e, et \'â à l'a. L'œ
et \'£ sont assimilés à \'e. L'entrave se produisant dans le dialecte a
l'effet de celle du latin. Les voyelles nasales font dé&ut. La syllabe
tonique est la même qu'en latin, avec les exceptions ordinaires en roman ;
l'accent aigu servira à l'indiquer en cas de besoin. Les formes d'origine
analogique sont écartées. Les formes du latin vulgaire, ou hypothétiques,
sont désignées par l'astérisque.
Les voyelles du dialecte sont :
PHONftTMjyE WENTOMAISE JJ^
ilts nm les D** i(j chat), j (o beau), 7 (a poule), g (û lune), i r
0*0. 14 (< dé) ', I î C* musetîe), 16 (? père), de M. Ascoli ; voir VAt-
àiw gfoUoiogico, I, XLiii.
Quni à la notation des consonnes, c et ^ sont gutturaux; zesi«
vngf, iet z sont les chuintantes douces, la sourde et la sonore ; c et
^«■1 les chuintâmes dures ; le / est 1'* consonne et sert à pataialiser la
wnioraie précédente ; n est n palatal ou mouillé ; ri est n guttural ; les
lutres consonnes ont les valeurs françaises.
A.
Ld latin reste a, avec rares exceptions, que la voyelle soit longue ou
^e, libre ou entravée : cacarum. pi. m. et f. car^, u sal, icam
i(i\>,^. scan,', ta quale, pa/a palea, £d/, C>i]n balneum, sarviti
tilvia, uad, iana, mafi manum, pi. ma, la^sanum, pi. m. et f. tant,
fdpinem, muntana^cumandu, enfant, canfu canto, caat quantum,
/■■, iMz nasum, mascj^ masculucn, pjM pastum, gj^d cavea,
«fcabet, fava faba, rabia, raba râpa, capan, hg lacum, paga, sac
^iitf,fal facïum, miraj miraculum, ertgrat, gm, pi. gâte.
1 d(, devant les chuintantes douces [l, z) et parfois devant un g dia-
Imlaédial : tcaizi quasi, baiz basïum, baiia bassa, gTaiîa,féï
'iKctn, /rjiiç, lailu laxo, caiia cap sa. aiga aqua, maigre; pi a cet
ic^fiiièe, mais aussi apiezt,, ainsi que cerasea donne uriezai.
]i: rtr dç vallem de, mais seulement devant la préposition, erga
''fi)< nid a rb 0 r e m, encraiu i n c a s t r o.
4-*ARlU M, -ARIA donne -i(, -iVrti, avec de rares exceptions parmi
■'ï^ois d'origine populaire : furnigm^ formicularium,/urnr(, gra-
%fvatit, fntfi^ fructuarium, wrwrj salaria, jîgHW, Mu<i«m
^''diria, ^(«ra; maisyjri vari^*, aria are a.
E (Œ, JE).
y f bon devient généralement t quand il est libre, qu'il soit en
'-jr<cit uo peu moiu ferma que l'i français,
j'- Oa a'a pas cru devoir mettre le type iiiin dms les cas où ce Ijrpe petit
""mroBvf i preroiiic vue sans erreur possible.
i jl« eu rtûnii dai» ce paragraphe ne jont pjï identitjues. Je les cïplique-
"T^^'Ufjicun suivante : peur les représenUnts de quasi et de basium il y
-""^on de II postonique; pour lazo (licioWt capta le c et le ;> tuîvi
' Wni devenus i {cf. le prov. «* d'ipse); il en est de même pour fascem et
■•itete, qui ont passé par les formes inlermWiaires facsera nacscre;
*«* correiDond i 'acqua lanc. tr. aiguei plutAt au') a^ue tanc. fr. itc\. Pour
■^'"«s, les diflértntet formes romanes obligent d admettre un type 'cerc lia.
1^ plicet dont je ne saurais expliquer la double forme, l'une pour le simple,
'«ft KniT le comfHSsi, nuit il y a pioîwblemenl U un fait d'analogie. — P. M.]
4- CI. foat celle «ccplion l'eiplicalion de M. G. Paris, Romanu, IX, j j 1 ,
Jj6 MÉLANGES
latin long ou bref; t long : me me, fç, ve, vero, dve,, tr{, re
regem, sera, candera, mera mêla, malum, pe,na poena, âvçna,
peza p e n s 0 (je pèse], mais peze pensa (poids, pi.) et meze menses,
frema foemina, remç remos, s^ba caepa, «eu sébum, /ç^theca,
îe^da taeda, cr^u credo; bref: afe fel, me mel, p( pedem,
^em gelum, l^va, lebre. leporem, negu, prega, sege sequere,
rumedi remedium; il faut excepter : erâti erant, peira petra;
— devenu final, mais entravé en latin : d/iç anel lum, caste, castel—
lu m, fl/îe agnellum; — ie heri et mestie ministerium ont
l'I attiré et devenu tonique ; cf. n" 4.
6. e, qu'il soit en latin long ou bref, quand il se trouve devantiine con-
sonne devenue finale, ou à l'entrave latine ou romane, ou quand il esC
proparoxyton; long : >>£/ vélum, rem remum, ciet quie tum, ierge
clericum, sert certum, fém. serîa, pthsa je pense, pez pensum, me^
m e n s e m, vende v e n d e r e, lent, drec d i r e c t u m, lec t e c t u m, peX
peditum, petç ; bref: sera serra, tera terra, enfern infernum^
perdf perdcre, (Jii^frf de-ope rtu m, rastet^ rastellos, castetç
castellos, fen^u teneo, venaà veniunt, tsca, ntbia nebula^
re/if regnum, nesa neptia.prez pretium, ielara' tiedera.
7. e devant À devenu final; long: s^ren, cçrëri venenum, yça/i,
fë^ foenum ; bref : rën rem, mên meum,ySn veni, tën t ene.
8. ié, par l'influence d'un son mouillé ou palatal : mieje melius»
riiéu régit, lie^a, àiez d e c e m, liée 1 e c 1 0, piec pectorem,
despiec, pienc pectinem, entriég, mieé médium, pie^f pédius,
p e j u s, viej, sierva, vieslu ; mais sie s e x.
9. éi, cf. n°* 2 et 22 : creisç crescere, pareii^, gieiza ecclesia,
seira cerea* cera.
ro. i; long : pais pagensem, razim racemum; dans l'hiatus z
diu deum, mia.
11.0: croia, crëta.
1 2. u : sàpia s ë p i a, à cause de la labiale.
[ j. d : daraire. der etro.
I.
14. / long reste i généralement, qu'il soit libre ou entravé : mira^ pia
pilât, fi filum, spina, yi vinos, izura insula, aariva oliva,
via, viva, vipera, aiU illic, raiz radicem, castig pi. castige, digu
dico, niu nidum, Jîni, finia, fij, fijd, pi. fije, mile.. Unie, viAa, vise,
Jîf fi xum, fric, die d'ictum, pi. diU., vist, visi vi sio.
1, Lelura, et au § 38 pibura sont proparoxytons.
PHONETIQUE MBS'TONAISC ]J7
T] Derientf devint 4 médûl : UAia tinte a pi. UAt^, meàga miga;
/mfrigT<lum avait probablement une forme Milgaire frigidum.
i6. Devient f devant n devenu final : Un linum, viA,f^A finera,
tii,cni.
17. Deneni H dans : lùbj s i b ! t u m, à cause de la labiale.
16. i bref reste i i ttiiatus biin ou dialectal : piu pij, pt. masc. et
fl*-fit,iinuria,/jmia familia, pl./d/Hi>, marum mirabili a.
■■i- (.comme IV, voy. n' j : mtau mi no, /n<nu minus, neu nivem,
ftibcTcre, peart; pi père m, pega pica'picea, tnç cicerem,
"pt.tSv^a, vedti viduu m. H<;t blita' bliium, </( d igiium.
•0. *, comme au rT' 6 : eàsem i n s i m u 1, fem, ferm, serca, virga, vent,
"wi^timiltat *, mej mi Mu m, ^f; cil ium, pi. tejç, cabej ca pil-
la n, dûfij axiila, stTtnc strinctum*, lehia sine, Un^a, eni^
iniHi, ttscii episcopum, eavenre capistrum, sep cippum,
^solicutum, dbeja apicula pi. abejr, stc. iUtt strictum,
*Kapl. jfr(f<, nja vigi li4. marei'i raalignu m, $tn signum, pi.
"'i.iarai, langfsa, éittltM, i'i« situla, ntt nitîdum neta, mett,
^"tttii dominicum, vedud vîdua.
ii-ï.cf. n* 7 ;iîn sitem.
>i /i, cf. n" 9 : peii p i s c e m,
O.
*) •long devient 0, traité comme bref, voy. n» 29, dans les mots
JW( Ovants en -ori, -oni, -oti : gloria, oiatori, putnmoni, où
•lioB; mais aussi
'4- tirf, «Ion l'analogie normale d'o bref, voy, a" 14 : tigâeiia c ï c 0-
■ir
'î 0, rrprfeemant normal de l'a latin ; ara hora, steiuire lon-
'*riae;ai,nu honorem, ;ïa, curana, /<b le on es, raiu raiiones,
9"ri»an,pufljp|.pum<, r«< roborem, staba scopa, rui, caa coda',
^JvAM^ (fuyj dolia pi. dajt, curea collocai, atcuiUtprunt, cuniàt,
"•Ncopula.
^- à : aura hac hora. câzu consuo.
^7. t devant à final : !iah 1 e on e m, parmafi p u I m 0 n e m, raéan
"l'onem.
^' ' -• pibara po p u I a ; c'est probablemem un cas de dissimilation.
"*••*« trouve déjà en ancien provençal.
^9- 0 bref devient 0 : wrj volai, Jcorj schola. Jron^ tonal, &o
^^9t, 0Ai< hominem, aou novum, piou plovere% pio^ti,
'"•w. pi, prore, opéra, prope, rot/a rota. mcmotia,îloria,cTou corvum,
""loldu m, gros, grosa, qui ne sont pour la plupart que des mots mal
"«inilés.
^
)j8 MÉUNCES
]o. u: sfuira foria* Aux de vratre, euç cordem, im/u( mal-
leol um, s. et pi., liasu^, pa^ p otet'.
jr.û rciiçcorium, ancùi hanc bodie. ^ûi posiea.
)2. a devant à final : ban b o n u m, Ma, traà tonnerre.
)], t : ntura rosala *, atcara noctala* (n oc tua.)
34. ud, qui généralement se modifie en tié devant les guttarales ou
sous l'influence d'une palatale; ad : suare sororein, fuarj foras,
miuM mola pi. maart morere *, vatntara variola, suaaa, baaaa,
cmzi coquere ; de mime dans le suffixe roman oi : /ii^drtMf (lacom),
aigruat (acrem^, fr. griotte, beiaat \})e\um\,tabasaca \'bassum). cuarba
corbeiWe, cuarp pi. caarpe, stmnç to rquere, /?iu)r^f porrigere,
cuardjf Ttguardu, maartf puaru, muât mollem, caal collem, caarca
colloco, (UiiTp colpum*. rapuandUt puant, saan somnuni, lutt
ossem*, cuasU; — ué : ûtri olium, lûeg locum pi. liège, ^uega
jocat, siierbu, iùerbu cooperlo, sgatrca cortica*, ùtrdi, fatj
foliu m pi. f'uije, eaeju cotligo, ûej ocu lum, triiej, cûtsa coxa,
vec ûet* oc 10*, niiK, pi. nw:<.
^. U : vieja v o I eo *. p'iKa p o t ïo ' p os s u m.
U.
j6. u long devient li, avec de rares exceptions : /«, mezura, segura^
du durum, mari maturum, miira mu la, pl. mare, ana,tùna, pK /uff<,
Cumànj, pâma pl uma, fum, pîi plus, fiiz ftiseau, pl. fiin:, periaz, rSgftf,
erû c r u d u m, segû s e c u t u m, vert'à, en^uria^ purga, sangiii s i n g u M
lum, giist, pl. gjûstii, ^ust, frati, \àg sucum*, agnja acucula,
menûsk, ipûsa p u l e a '.
f-j. ?, devant ft final: î^ anum, caraft qualemque onum,
4â;^ln jéjunum, cumeh commune m.
î8. u bref devient u, avec de rares exceptions, comme l'o long, cf.
n" 2$ : (fo duo, juj, gnra gula pl. gurr, cuni cuneum, ^ae j u or-
netii, sufra suffero, iufj suffium', pl. iafiç, àabj duplum,
/u^ lup um pl. tube, subrç super, cabré eu preu m. crazj buca, ^ag
jugum, curç currrere, îurç, furm, ars, gur>; gurgitem, anc.
fr. goart, furca, surd, pus puisum, pi. puie, dus à m Icem, une unc-J
tum, fund, suma, ras, angaia, tuta subter, rut ruplum, g^ni^
genuculum*. pl. genujf, ptiij, conduc, pun p u gnum, duzt duo-
decim, ;iuj put eum.
jç. ir, cf. n"î6 : ïiii sum, diibi à ah \ a m^fûria, b'ûj^ bu Mil.
40. ? devant h final : iM s u um, aA t u u m ; lan, taft sont procli-
tiques.
41 . ua, indiquant S en latin vulgaire : mara, nuaz n ucem, cf. tmH
xfi }4t nuf roium' rue tum, ^iwtlgu ttum.
LA LÉGENDE ûoChàtelain dt Coua daks ÎTikdë
M9
AU.
4). au reste 4ti,ginéra1cmcni, qu'il soit d'origine latine ou dialeaale:
daura, cam^ eau le m, ndazi;j, piioza, caaza pi. cauze, Ouuba, aaca,
paac pi. fiuct, aaxa a u d e o, ^au^ ga u d i u m, îauda, ciau c I a v em,
taura laborat, taura tabula, sauma sa g m a, faut, caud caltdum,
auf al tu m.
44. 0 : oru aurum cf., daura, n''4}, lodura alaudula,/c> fagum.
45. XI : a aot, ctu cauda mais aussi coda *, voy. n' 3j.
I.-B. Andrews.
VII.
LA LÉGENDE DU CHATELAIN DE COUCt DANS L'INDE.
Dans un anicle imprimé d'abord ici [VIII, î4î-7îl ^ inséré ensuite
dans VHistoire Uttèrairc de ta France (XXV'III, M^-îÇo), j'ai ras-
semblé et comparé les diverses formes de la légende dans laquelle un
mari offensé faii, par vengeance, manger à sa femme le cœur de celui
qu'elle aimaîi. Diverses vraîsembbnces m'avaient induit â croire cette
légende d'ori^ne celtique, et je n'en av^s pas, en tout cas, trouvé de
trace en Orient. Une publicaiion récente change complètement la ques-
tion, et nous montre dans l'Inde un récit qui, bien qu'avec quelques dif>
férences, est très semblable aux plus anciens récils occidentaux, et pré-
sente même avec certains d'enue eux des ressemblances extraordinaires.
Le rév. C. Swynnerlon 3 publié dans le n' de mai du Folk-Lore Jour-
nal* quelques légendes recueillies de la bouche des villageois du Pendjab
et relatives â un ancien héros nation.il, le roi Rasalou. L'une de ces
légendes se rappone à son mariage. Kasalou a pour femme Koklan, la
fille d'un roi qu'il avait vaincu au jeu d'échecs ; comme elle venait de
nsiirc. son père, averti par ses devins qu'elle lui portait malheur, allait
la faire périr j mais Rasalou l'avait sauvée, emmenée chez lui, élevée et
épousée. Pendant qull est i la chasse, KokJan reçoit les visites d'un prince
voisin, Raja Hodi. le laisse de c6té les circonstances étranges et fantas-
tiques de leurs amours. Averti de la trahison, Rasalou rencontre son
rival, le tue d'un coup de flèche cl lui coupe la lêie. ■■ Aujourd'hui, se
dit-il. je ne rapporte pas. comme d'ordinaire, de venaison i ma femme;
cependant elle en mangera, et de si délicate qu'elle n'a jamais goâié de
I The Fdk'Lort Journal en l'organe dr la Folk-Lort S<xnh, fo»d« it Londres
il y a six ans. On peut s'abonner chei M. Eîliot Stock, 6ï, Patemoster Row.
)60 M EL A KG KS
paretik. « DépouîlUm <j« ses riches vêtements le corps décapité, il lui
coupe un morceau de chair et l'etnpone. il ùïi Jk sa femme diverses
questions auxquelles clic répond tant bien que mal.
Le roi, rcfrénani ta colère « sa douleur, s'écria : • Assa! All«2, rdne, occu-
p«-vons de l3 venaison que j'ai mise i cuire, et pitmiez-moi du pain. • Et S
s'assit, Inste et sombre. Quand la reine parut avec le pUt fumant et In p«ini,
le roi lui dit : x Allons I mangeoDS ensemble une Tois encore. » Avec la Icgèrrtè
d'une (emme, oub!i*nt se» lorti, elle accepli son ipparcnte bonté, el reprit tou-
rage ; mats les hommes sont différents, ils ruminenl leurs pensèeis et gardent leurs
soupçons. Le roi mit quelque peu de pain â ses livres, et dit : « Mon pain me
semble aujourd'hui (ade- • Mais la reine dit : t Quelle viande ra'avez>vous donc
apportée aujourd'hui, cher co;ur? Jamais venaison n'a ité aussi délicate et aiusi
douce au goCt. > Le roi répliqua :
* Vivant, il était votre plaisir ;
Mort, vous avez mangé sa chair.
Comme un tour {?1 soit la vie de celle
Qui met ses espérances dans un lotre (que son mari) ! »
La malheureuse reine lj)ssa tomber te morceau de sa boacbe et se dit i ellc-
mGme : « Ah 1 je suis trahie I je suis trahie I i! sait tout. Tout est Ani. > Et,
avec uo ton d'orgueil et de bravade, elle répondit i son mari ;
« Si |e me lève, vous me lourmenlCE,
Si je ni'jBsieds, vous m'injuriez ;
Avec celui au sii;et duquel vous m'insoltez.
Avec lui sera ma mon * . ■
En disant cela elle se leva, s'élança vers le rempart (qui entourait le jardin 06
ils étaient) et se précipita en bas ; mais avant que son corps ebt atleini les
rochers, son souffle l'avait abandonnée, et la belle, la perfide reine Koklan élan
morte*.
Si nous comparons cène histoire aux versions occidentales du mtme
récit, nous trouvons dès r.ibord une différence notable. Celles-ci prennent
1 . M. Swynnerton a donné de ces deux quatrains le texte original et une tra-
duction lillérâle, plus une imitation en vers anj^lais que je laisse de cAté.
2. Le récit indi!>n ne s'arrête pat là ; il a une suite d'un tout autre caractère.
Rasalou, voulant cacher celte aventure, va de grand matra jeter i la rivière les
corps des deux amants. Il se cache pour n'être pas vu d'un blanchisseur et de
u femme, qui sont venus avant te jour X la rivière avec un paouet de linge, et
il entend une histoire nue le mari raconte à sa femme. Cette nistotre, que le
miri dit lui être arrivée avec une première femme qu'il a cwe, est U même que
la 6' du livre II] du PantfhjtjnUù, sur laquelle, outre Benfey, il faut voir les
rapprochements de M. Cosquin, Rom. VIII, 604. Seuieraeni elle se lerraine
autrement ; le mari trompé, qui emporte sur son dos, dans «ne natte, l'amant
qu'il a surpris, arrive chez un homine dcnl b femme a aussi un amant, que le
firemier mari fait découvrir au second. Celui-ci veut tuer l'amant, maïs l'autre
ut arrête le bras. « Regarde, lui dis-je, en ouvrant U natte et reUchant non
prisonnier, en voiU uo autre. Ta destinée n'est pas différente de la mienne, ni
de celle des autres hommes. Ne tue donc personne, mais faisons bonne mine i
LA LéCENDE DU Châtelain de Coud daks l'inde )€i
loules parti contre le mari et envisagent l^histoîre du point de vue des
amams. tandis que la légende indienne, consacrée à la gloire de Rasalou.
flétrit les amants et approuve la vengeance du mari. Je ne crois pas
cependant que la forme indousiani soit en cela la plus ancienne : le conte,
en entrant dans la légende de Rasalou, aura sans doute modifié son
esprit. Ce qui me le fait supposer, c'est que Rasalou périt ensuite sous
les coups du frère de Hodi, et cela semble être l'expiation de sa bar-
barie, et rappelle la guerre faiie, d'après certaines versions de la biogra-
phie de Ouilhem de Cabcstaing. à Raimon de Casiel-Rosiillon par le roi
d'Aragon, pour le punir de sa cruauté'.
Quoi qu'il en soit, le conte indien se rapproche d'une manière frap-
pante de la version provençale de notre récit. Dans l'un comme dans
l'autre le mari tue l'amani et lui coupe la tétc> ; dan? l'un comme dans
Pautre ta femme, après avoir appris la vérité, se jette d'un endroit élevé
(balcon, fenêtre, rempart) et meurt. Le bref résumé que nous possédons
du lai de Guiron ne nous apprend pu comment il se lerminait ; mais on
y voit aussi que le mari tuait l'amant (il en est de même dans Les histoires
du Brennber^^er. d'Ignaurc-l.inaure, et, avec changement de sexe, delà
marquise d'Astorga) : il est possible qu'il eût le même dénouement que
les récits provençaux et indiens'.
Ce rapprochement permet de reconstituer un peu autrement que je ne
l'ai fait la généalogie des diverses formes du récit. Dans la plus ancienne,
le mari, averti de son déshonneur (les moyens varient), rencontre son
rival et Le tue. Il lui coupe la tête (indousiani, provençal, allemand, espa-
gnol), et lui arrache Le cœur (toutes les versions occidentales^). Il le fait
cuire et le sert à manger A sa femme comme de la venaison lindoustani,
Boccace}. Après quoi ii demande à sa femme comment elle trouve ce
qu'elle a mangé, et, quand elle lui dit qu'elle L'a trouvé exquis, ii lui
révèle ce que c'est et lui montre la tête de son amant (rédactions proven-
inauvais jeu. Car puisque Raja Rasalou, tout grand et puissant qu'il est, a dans
son palïu le mCme sort que nous et le supporte patiemment^ qui sommes-nous
pour nom plaindre r • Rasalou faîi du bonhomme son ami et son eonseitler.
Ainsi se reirouve dans l'Inde la philosophie de hi-ondt (c(. Rajna, / t'onU 4tli'
Ar'\Ma, p, )86i.
1. Hni. //«., XXVni, 377; Rw». VIII, j6j. D« uaces de cette Go se
retrouvent d'ailleurs dsns Boccace et dans le aatmt du CkJt-.lain dt Coaà.
2. La version provençale la plut courle ni Boccace ne mentionnent ce lait;
mais il devait figurer dans leur source commune ; on le retrouve dans l'histoire
du Brennbergcf et dans celle de la marquise d'Astor»,
{. Cependant les dernieti vert : £ la dolar ii U Jjmi ont Kant la mort d< mn
ami lofit ne favorisent pas beaucoup cette hypothèse.
4. Le lai dV^jndurf ajoute • le daerrain membre aval ;», ijo^, • et ce trait»
bien pu (aire partie du récit primitif. Il est mlïnie possible que dans ce réctl il
nes'agtt p» d'abord du coeur, qui aurait été plus tard tubttilué J> l'autre
organe.
Dans le conte indien, lUubon coape i son enoemi un morceaD
chair ei non le cœur : c'est visibJenteni une altération '. Au terrible r^ias,
Rasj^ou, préoccupé de sj vengeance, ne nunge pas. Oe même Guglielno
Ro&siglioM : < ^i, per lo malificio da lui commesso nd penstero impe-
diio, poco mmffà. » Sa femme, au contraire, comme Koklan, a bon
apprit. — Dans b version indoustani, c'est la femme qui déclare sponta-
nément qu'elle trouve délicieux le mets qu'elle vient de manger; il en est
de même dans le CMtelaîn de Coud. Dans les versions provençales, le
mari l'interroge. Cette différence est peu imponame. Mais l'accord des
textes dans ce que dit la femme est remarquable. On a vu plus haut les
paroles de Koklan. La femme de Cuglieimo Rossiglione dit : « In buona
fé, dla iquesia vivanda) m'é pîaciuta molto. » La femme de Raimon de
Castel-Rossillon' : i< Moût es cstada bona vïanda c saborida.» I.e poème
français porte : « Et lîsamble bien c'onquesmès nemanga si savoureos mes. »
— LA-dessus le mari lui dit qu'il est naturel qu'elle trouve bon ce qu'elle
.1 tant aimé, l.cs paroles de Rasalou se retrouvent lexiuelîementailleur».
Doccace ; o \o il vî credo, ne me ne maraviglio. se mono v'é pîaduto
1. Voyez la note précédente sur ce t^u'on peut croire avoir été la rersion
primitive. Il ne ser>tt pu itnpoaibk que le narrateur anglais ail ici modifii
volonljîrcraent ie récit au'il n recueilli.
1. J'eniçndi ici par la U biographie la plus étendue. Lcj rapporta dç celle
biographie avec la veriîon indieiitie prouvent que, contrairement i l'opinion de
M, B»chnidt, la vcrtion la plus courte it'eit pas la plut ancienne, ou du moins
que lis additions qui y ont été laiiei ont été puisées dans le romaB provençal
pfrdu qui «n est la source comme il est cette de Boccace.
LA LÊCSKDE DU ChâUtata de Couci dans l'indb )6)
Qb che vh'o pii) che altra cosa vi pîacque. * Le poème français : « N'aies
neneille l'elle csï bonne... (^e vous en ce mes cy mcngastes Le cuer
qu'elmont le mieus atnastes... Vous l'amastes en son vivant, w — Pour
corroborer cène assertion, k mari devait montrer la t*tc de l'amant ; le
ABU iodien omet ce trait, mais il l'avait préparé en disant que te mari
>nit coupé celte t(tc ; il manque aussi dans Boccuce, mais 11 se retrouve
^h tnographie provençale, et, comme je l'ai indiqué plus Itjui, dans
'liitûirs de la marquise d'Astorga. — Les paroles de la femme, à cette
'^bk révélation, sont affaiblies dans le quatrain indoustani ; elles rap-
P^ttn cependant celles de plusieurs autres textes. Boccace : « Ma unque
'Qio KMi piaccîa chesopra a cosi nobil vivanda. . . mai alira vivanda vada! •>
*Ognphie provençale : m Seigner, ben m'aveiz dat si bon maniarqueja
■"1 non manjarai d'autre. » Poème français : « Je vous affy certainement
^'li nul jour mes ne mengeray, N'auire morsel ne meiieray Deseure à
S^til viande. » — Ayant ainsi parlé, la femme de Rasalou s'ébnce du
''■'ut des remparts; celle de Gu(jlielmo Rossiijiione, lerjla in pti, ^r uru
J«ccfrti, la ^aaU Jiaro a U'i era, iadutro sema alira dHibtraziont si latcid
*^^Te. Telle est ta forme première, maiencomreujemeni altérée dans U
"ï^gtapbie provençale, où la femme semble ne se jeter de la fenêtre (ou
''* balcon) que par peur de son mari qui s'avance sur elle l'épée à la main.
<^jrt £iu[-il conclure du rapprochemem de la légende indienne et des
"^^^ lï européens .' A ta rigueur, on pourrait croire que le conte occidental
' ^Té transporté dans l'Inde à une époque plus ou moins ancienne ; maïs
niïverse est bien plus vraisemblabJc. l-a légende indienne a conservé
«fs traits visiblement primitifs qui se retrouvent tantôt dans l'une,
'^'ïtiidans l'autre des versions européennes, mais qui ne sont réunis dans
^LicvK. Il faudrait donc que ce fût leur source commune qui eût passé
****»! le Pendjab et y eût été insérée dans le cycle de Rasalou. Celte
K>urcf devait exister au xi* siècle, puisque le lai tle Guiron, cité comme
ancien par Thomas vers 1 170. et qui en est une dérivation, remontait ccr-
**<neïufnt à la première moitié du xii°. Perdue en Europe, comment, â
*^te époque, la rédaction en question aurait-elle été apportée au delà de
H ittialaya * Il esi bien plus probable que le conte du cœur mangé a suivi
K^andé route de tant d'autres contes, qu'il a pénétré d'abord en Perse,
P«»s dans l'empire byzantin, et de là en Europe. Ce n'est pas, tant s'en
^'^'i le seul exemple de récits celtiques qui, par les mêmes intermédiaires,
^'''oiîienl 1 la même origine.
G. P.
(4^ ■ Cf. ignaait - A Dia fiunt lotit an nu K'tfri ja ronij tr itiinj(froimf St
g^r' 'C" " P'^""* "'i' n'amyienl. De mfnK dans le meisiergeung du Brennbcr-
pX^* ■edinoDcment de la mort par inantiioD, <jue l'avais |Ugè pntnitîf, se doit
* <ue coniidér* corarne tel d après le rapprochement du conte indien.
^la«-i
t
COMPTES-RENDUS.
Friedrich Dleat* KleLnere Arbelt«niinâ Recenslonen beraujg<-g^D
von Kerounn tiK£ïii&.v>. Mûiicben uai Leipzig, Oldenbourg, iSSj, ir-8*,
ïvj-îia p.
Tous Its romanistes, cl surtout ceux qui ont eu rKonneur de connaître et
d'CDieodro Diez, uuront gré i M. BreymJtin de la peine qu'il a prise pour
composer ce volume. Cl i rechercha dans différenis recueils scienli&ques tes
articles du mahre qui y sont fpan, et doni b plupart sont des comptes-rendus.
A partir de i8j9, Diez n'a plus ^crit que dans le Jahrbach fur romanischt aad
tJtglisclic Litirjlur, auquel il a donnË six articles, qje tout le monde peut facile-
ment y trouver; naij dans les quarante-deux annics prccWentes il avait publié
dans les Huiitlbtrgtr Jehrbàchcr dcr Liltratur, la J<naiscke AUgtmânt Uuratai-
nituag, iet Jûhibûchrr fur niisinschaflliche Kritik, la Zàlschrift fur tituuchu
AUtrtham, la ZtilKhn/i fur dit Wisicnickcfi dtr Spratht, dix-huit arlides qu'il
était beaucoup plus difficile de lire et tnémf de connaître, surtout hors d'Aile-
tnagne. M. Breymann a réimprimé ces vingt-quatre articles, dont quelques-uns
ont jusqu'à (joinze pages. Il y a joint un petit écrit btin, le discours que Diez
pronoR{.i en i8] i en prenant possession de sa chaire <de philologie germaniquel
de Bonn : Aatî^uisûnia Ctimjtticac potitûs *<ttigia, deux poiiies, un Ckttar
^(iifuf (l)ctuneode k Schiller, et la traduction en vers du Ctrtûirt et dcl^rtf.
M Breymarin a apporté dans son pieux travail !e soin le plus digne d'dogcs ; i]
s'est abstenu, avec toute raison, d'un commentaire inutile aux lecteurs i qui sa
publication est destinée ; maii il a revu toutes les citations et a, quand il y
avait lieu, conpliié ou corrigé les icdicatiom de Diez. Il a tefiRiné le voliroe
par DB tableau des cours faits par le maître et par une bonne uble.
On ne peut pas s'attendre à trouver dans ce Ime rien de bien nouveau.
Diez a naturellement lait entrer dans ses grands ouvrages les ntnarques impor-
tantes qu'il avait eu l'occasion de présenter dans ses comptes-rendus. Cepcn-
dantf connir plusieurs articles concernent non la philolope, nuis l'histoire
lilléfaire, notamment de l'Espaigne el de l'Italie, sur laquelle il n'a pas écrit
K ffvjiiio, od jr trouvera bien des obsetvattoss et des vues intéressantes. Ai
point de vue de la gramnaîre. Il Unt suloit signaler la oirtnsc petite étnde
sur quelques formes redoublées dans tel bafvet tonues, i teqwikB ■ renvoyé
4>n te Ctimmthà. buis safts l'imérer tovt esitirCk On wnira de b tecturc de
<M opuacutei avec bm estime tt im syaipitltte plut tftaAtt poir l'ntnr,
dont th BOUS aideit i coaprtwlrT te Mntof p«*rti ianti&<iM. Ih boa por-
trait de Dtei, d'apeés H«e plioio^raplWv te kmi bwn t«l ^'i était sau tes
nu de ï«ui qui l'Mt txmk.
Thurnevsen, DéU Verbam Itre
î6î
Du Terbam Atre tind die franueslscho Conjuration. Ein Brnch-
ilùck aus der EntwicLiungsgrschtchte der fi^tiiicsiKhen Flevion. — Zur
Erla&gniig d«r Licentii docendi bel dcr Uttivnsitxt Jena eingereidit van
£. R. Thuiinkv»l.\, Dr. phil. Halle, Karru, iSSj.
OsBS cet oposculc d'une quaranutnc de pages. M. Thurncyten étudie les formes
^ verte llrt en Mcicn français et l'inlîucncc de ce verbe sur la conjugaison Iran-
CAîsc. L'ouvrage proprement dit est précédé d'une introduction assez étendue
Contenant des considérations générales sur le rôle de l'analogie. Parmi plusieurs
'^'HArquei lustes et ingénieuses, on en peut relever une i laquelle tout le monde
"^ sosscrira pas : on a été pousse, dit l'auieur.à créer des formes analogiijties,
P'i'ce qu'on «vail oublié Ij forme normale. Cela, à la rigueur, peut être vrai
**">s certains cas, pour des mots d'un usage peu fréquent; nuis comment
«mettre, par cïcmpic, que l'imparfait ère, appartenant au verbe le plus usité de
** latine, et employé tous les jours bien des fois par tout bomme pailant français,
**' pa sortir de la mémoire? Ou si par hasard la mémoire est en défaut au pre-
****«r iniunl, n'e»t-il pas plus simple de l'interroger, de réfléchir pour retrouver
'' ^orme perdue, que d'emprunter k un autre verbe sa terminaison, de l'adapter ta
'*'*nie coBlefio dans les autres formes du met qu'on a sur les lèvres, et de créer ainsi
^^ inpjrfail nouveau? Non, ce n'est pss l'oubli, c'est le besoio d'unité qui a Fait
'^*t#e les formations analogiques. Pour nous en tenir à la conjugaison seule, on
^it. %'jt combien de types ditlérenls se con)uguaient les verbes au moyen âge ; la
^"^élé des (ormes était trop grande, la mémoire en était encoinbrée ; on sentit
*^ bcuin de simplifier, el l'analogie opin un grand travail d'unification. De
P'us il r^gac à un peuple d'employer plusieurs procédés pour exprimer un
"^tiie rapport. Je suppose, par eseniplc, qu'un écrivain ou un poète se soit
'^'^i dans un long récit de plusieurs imparfaits en •eit ; avait-il besoin de l'impar-
^>t de istrt, la forme crr te frappait par sa singularité, il hésitait â s'en servir;
** temtnaison •tit flottait, pour ainsi dire, dans son esprit, et il était tout natu-
'cllment amené à donner aussi â Itre un imparfait ayant cette terminaison.
**ns pouvoir rica affirmer de certain, c'est lâ, semble-t-il, l'explication la plus
ï^riifcible.
' Oaos son premier chapitre, M. Thurneysen essaye fie rendre compte des
^(Ulies de quelques formes du verbe ilre. Il pense que la première personne
^ a pris un i par analogie avec ai, première personne d'ji-i]i'. On ne voit
luire quelle autre explication on en pourrait donner. Le lalin vulgaire avait
do reste transformé la première personne de quelques-uns des verbes 1rs plus
cillés. Aiosi Ji suppose un type laiïn *afa, car habeo, *abjo, quoi qu'en dise
l'uueur, ne peut donner que 'jge, comme rubeo donne roanc Quant i \'s
iJMt^ plus tard i cette même personne tai, l'auteur ne sait trop comment
Taptiquer. Petit-tire serait-il parvenu A tin résultat plus précis en étudiant
iTcc soin Jt quelle époque et dans quels testes elle apparaît pour la première
fais, et i quels autres verbes que Un elle s'ajoute i la première personne. Il
npproche de sait les preraièrei personnes priais, Iruit, tait el puis, dont 1'; est
aussi isexpliquée, mais qui pourtant peuvent avoir servi de patrons i mis. 11 étudie
Kissi les formes provençales tau, ratif, rRjti, esuut, ijuoique cette question ne
^66 COMPTE&- RENDUS
rentre pat directement dans son sujet. Ses hypothèsu sont tris IngJaieiises,
nuis il lerait trop long de les discuter ici. Relerons encore une de \n doib-
breuses remarques: sût, la troisiitne personne du subjosctif, supposerai! l'eiis-
lence en latin vulgaire de sil, qui se serait conservé por i e6té de siam, sïai,
parce que c'était ta persotinela plus usitée du temps. Que si t ait existé en latin
vulgaire, c'est fort possible ; mais il est difficile d'en voir une preuve dans le
■ in damna sa i d« Serments de Strasbourg. En effet, cette phrase est purement
latme, et elle a sans doute M écrite par un clerc assez inslruii pour contuîlre
la conjugaison classique du verbe ttu.
Quant au futur serai, M. Thurneysen croit qu*3 faut le dirirer de esiere
habeo. 'scrabeo, plutôt que de ledere habeo. Il expose clairement les
raisons qui appuient son explication, mais la question a été déjà trop discutée
pour qu'il loit bcilc d'apporter des arguments nouveaux dans le débat, et les
drus opinions paraissent devoir garder définitivement leon partisans parmi les
philologues.
L'auteur consacre son deuxième et dernier chapitre i montrer quelles fonnes
verbales ont été créées par analogie sur le modèle des formes correspondantes
du verbe /tu Cette deaxîïme partie de son travail renferme aussi des idées
nouvelles et beaucoup de rapprodicments heureua. Ainsi, pour expliquer la
fortune prodigieuse de la terminaison -ans à la première personne do pluriel,
qui n'est étymologique que dans le seul verbe /Irt, et que tous 1rs aolres ont
adoptée', l'auteur suppose que ceux qui donnèrent l'exemple furent ceux qai,
comme ftre, avaient une terminaison analogue i la troisième personne du plii-
rid, ainsi istoni et les futurs cfii^niironi, amironl, etc. Oii M. Thnrneyseo bous
parait avoir été moins heoreux, c'est dans son explication des imparfaits dn
subjonctif. Prenons un exemple : d'après lui, dormisu, dormisus, iSorraiit, Jof'
mnium, Jormitiitz, dermiutnt, ne peuvent pas dériver d« dormissem, dor-
misses, dormisset, dormissemus, dormissetis, dormissent, car
ces formes n'e.fpliqucnt pas Vt final des deux premières personnes du singatier,
et aux deux premières personnes du pluriel la terminaison if«s, it: suppose
un tj-pe latin en •lamat. -ialii. Toutes les difficultés seraient levées, dit'll, si
l'on adoptait pour le latin vulgaire le type dormîssiam, dormissias,
dormtssil, dormîssiam us, dormissiatis, dormisiiapt, formé
du plusHjue-parfait du subioaclif auquel on aurait ajouté comme terminaison
le subjonctif présent du verbe itri. On peut objecter i cette hypothèse que
l'Imparfait Jormiisc, ilormititi, darmUt. àornittuut, dermatu:, dormintHl,
n'est pas si irr^lier que veut bien le dire M. Thumeyscj). La troisième
personne du singulier est tout i fait normale ; les deux premières personnes
du pluriel ont emprunté, comme tant d'autres, la terminaison itns, ttz aux
verbes qui l'avaienl conformément d t'étymologie, comme dmtnt de debea-
mus; la deuiiiéme personne du singulier et la troisième du pluriel ont pris
un t euphonique pour Ualiler U prononciation de toutes les consonnes, la
deuxième du singulier peut-être aussi pour se distinguer de ta même personne
du parfait ; icimu ; il ne reste plus que la première pcrsontie, où réellement
THURNtYSiN, Dos Verbum ttre ^67
Vt 6iul oSrc quelques dilScultis ; mais on peut croirt qu'on ï'j i mis par
aailogie avec la deuxième personne < . Quant aux formes avec 1 de la première
conjagaison, telles que amaiiu. elles sont plutôt dialectales. Dans la ri^le on
trwK tnuist, que imassiam n'eiplique pas. On peut faire la même remarque
pour fuitte, qae l'auteur iériw de fu issiam ; U forme normale est lasst. IHais
1'ob|ection la plus grarc qu'on puisse adresser â cette hypothèse, c'est qu'elle
nttieat pas compte de l'accent. Siam. en effet, a l'accent surl'i, et dormissîam
itnti donuer Jotmisiiu. Or on ne rencontre aucune trace de celte forme, et
pOBrdÊrirer dormistt de dormissîam, il faudrait admettre que l'accent s'est
<i!ftH< ft s'est port^ sur l'anlipénullièmc. Mais cet 1 en hiatus, accentué, est
Ptwiii ce qui donne i siam sj forme propre et m phfsîonomie particulière ;
^Hoieal que siam perd cet accent, on ne voit plus pourquoi on le sobsti-
lunit 1 la terminaison -se m du plus-que-parfait du subjonctif.
Uai des remarques judicieuses de l'auteur est que ad, troisième personne du
■^wctif d'dwr, a perdu de bonne heure son (, sans Joute sous l'inHuence de
*ô. Ce mène uH a déterminé probablement aussi la chute de \'t j la troiùène
PCHlHC da singulier dans les imparfaits de l'indicatif, tels que anit, plus
"'MaMnent ûvtut, et dans les condilioiitiels.
Nou M pouvons relever ici tontes les idées de cet opuscule qui mériteat
°Çlft retenues. Nou^ nous suntmes plus étendu sur celles qui suscitaient des
^*KctiOM que sur celles, bien plus nombreuses, auxquelles on peut donner son
■••Wioient. Nous renvoyons le lecteur i l'ouvrage lui-mémef M. Suebier en a
""•oé dans te LiUutmbhti un compte-rendu par trop sévère. Il reproche wr-
^^ i l'auteur de manquer de préciiion. Sans doute les expressions vagues de:
* Hd peu piu^ t^t, d'a»ez bonne heure, dans quelques textes, > viennent trop
***>€» sous u plume ; ouiï les idées neuves et les rapprochements ingénieni
'"•Opeateni amplement ce lé({er défaut. Plusieurs de ses hypothèses sont har-
'^* e1 il faut lui savoir gré de son imagination ; si quelques-unes manquent
•"^P de preuves pour qu'on puisse i«s admettre, beaucoup d'autres méritent
^^ sérieuse attention. Avec un peu de patience et de soin, tout le monde est
"P^We de dresser un relevé ou d'établir un catalogue. Ce genre de travail a
'^ méiite, mais les idées originales ont bien aussi leur prix, et c'est 1 «Iles
*** U Ibèse de M. Thumeysen doit sa valeur.
A. T.
^UIoriR BritoDum attribuée i Nennius et l'Hlstorla Brltaaaloa
■*vwtCeoffroi de Monmouth. par Arthur iik La Hohdehif.. Paris, Cham-
t>wn. M. DCCC. LXXXIII. in-S', cif-ija p.
Téritatbies Prophéties de BCerlla. Examen des poèmes bretons
^tuibués i ce barde, par Arthur i»e La DoanEniE. Parb, Champion.
Kï DCCC. LXXXIII. ln-8\ 80 p.
^oui avons ici trois disserutions fort intéressantes, qui touchent toutes trois
■"étude des origines de l'épopée bretonne. Je lesexamiaerai l'une après l'autre,
Bt tenant surtout au point de vue littéraire.
«•a Mut. vil, Cl],
}68 COMPTCS-REKOUS
La disserUition sur l'Hutoria Bntontan attribua i N«omu est ub norceui
de critiqua solide, judicieuse et péaàranle. L'autcLr suit, tl est vni, ta trace
de Schctlt * et adopte à peo prés totiles sn ccucluiions ; mais, outre qu'il y
a un réel mérite 1 répandre des résultats trop peu connus en France et en
Angleterre, M. de La Borderie 3 fait du sujet qu'il traite une élade toute per-
sonnellr, et il a en maint endroit ajouté des argumenu i ceui du uvanl alle-
inand, conleslc avec bonheur que! qu es-une» de sa opinions, tail des recherches
tupplémenlatres, précisé certains détails restés indécis, et prisenté des poml»
de vue nouveauit.
Il commence par montrer que \'HiitDru, dans l'édition ta plus développée, se
compoM de huit morceaui distincts : i. Prohgat mafor, j. Protogus mi'nof,
j. Capitula, 4. Câlcuti, j. Hitlorta Briloitunt proprement dite, €. Ctncatogiai
regum Satanuin cam aliit caUalit, 7. Cniiatd Brittmniae, S. Mirdbilia Britamiât.
Les n** 5 et 7 sont les leuli qui se trouvent dans tous les manuscrits, et doivent
ttre regardas comme compounl seuls l'oeuvK primitive de l'antear (on pnl
même douter |p. 17) du n° 7, Civitata, qui n'est pas i la mécnc place dans les
diverses classes de manuscriu et <|ui parait tire un dMuDient, d'ailleurs ancien,
incorporé à VHiitoru). En outre, une vie abrégée de saint Patrice est intercalée
dans \'Hislorit m^me. Les n^' 1 et i, qui font seuls mention du prétendu Nennisi,
ne sont, l'un que dans un seul manuscrit, l'autre que dans six, qui forment la troi-
sième des trois classes dans lesquelles M. de La B. répartit les trente manuurib
connus et décrits jusqu'ici. Le n" ;. ubie des chapitres faite après coup, n'est
aussi que dans un mt. de Cambridge. Le n* 4, Catcali, est dans tous In mst.
moins un, mais il n'en est pas moins l'œuvre de copistes succcssib. qui l'ont
diversement remanié, [.e n" 6 n'est que dans les dix-s^t manuscrits qaî com-
posent Il première classe. J'ai parlé du n* 7, Cirilalts. Le n* & manque dans les
deux meilleurs manuscrits de la deuxième datse, et se dénonce comme de
rédaction postérieure.
C'est donc uniquement dans le n" {, VH'awrû proprement dilc^ qu'il hvt
cbercher le* élèraenis de b date du livre. M. de La B. le livre sur ce point k
une discussion extrêmement ingénieuse et savante, mais qui, je dois l'jvouer, oe
m'a pat pleinement convaincu. L'auteur dit : A primo anno fii« Saxùius tciu-
rant in Bntanmam ttSi/at ad annam qajrtom Minini ngis tuppaUmof anm
CCCC. XXIX. Or il résulte de la critique irréfutable de M. de La B. lui-néme
que l'auteur place la première venue des Saxoiu en 449' ; il écrivait donc en
878. M. de La B. repousse cette date, parce qu'il iroave dans le Bni y Tjwj-
toison que le roi Mcrvin, mort, d'après les AnnaUt Cambridc, en 844, commença
& régner en 818, et il fixe par conséquent U date du livre 1 8j2. Il veut que par
la première arrivée des Saxons en Bretagne l'auteur entende, non le débarquement
de Hetigist et Hona, qu'il place certainement en 449, nuis une incursion quel-
conque antérieure, qui aurait eo lieu en )9J. Il est très vrai que les Saxons zTaienl
I. Dt ectlaidjticat Britaitum Stoforuffl^iM hUiatiat foelibui . Berlin, taji
I , Schcrll, qui date comme M. de U B. VHiitohd de 8)1, admet qu'elle met cei é*^
nuneni m )9;, mau M. <Je Li B. l'a vînorieuiemeot rélutf. Cette date de 44^ en d'aih
Icun donnée par diverses autres Murces.
La Bouderie, VHistoùa Britonam 369
fliu4'nefois loqui^é ti Bretagne avmt 449; mars l'aoleur de VMisioria, qm
ncDolt tonte cette hiïloîre avec une tendance patriotique que M. de Lu B. a fort
bn anctériste, o'admet précisément pas ces iticunions aniérieures ; il veui que
IdttfBCitilaeaCcTmaniaexpulMeinexilioinquibuïeraiit Hon et Hengisli aient
ttt la prrffliéres barques saxonnes qui aient Louctié U Bretagne, elon ne peut,
Bulnbife one violeace inadmissible, douter que ce ne sôit cet événement,
flKépar lui en 449, qu'il a pris pour le point de dépan de son calcul. Mais le
tviNnia? M. de La B. nous indique Ihi-m^me (p. ii) qu'an autre roi Mervin
Bdnrlen 90J ; rien ne nous empêche de croire qu'il avait commetici 1 régner
((^74 eu 87}, et par ccns^uent que la quatrième année desoa règne tombait
at*S, — M. de La B, 1, il e>l vrai, une autre raison pour rejeter celle date,
t'ta ^ les CjIcuIu qui contiennent des dates de uanscriptions successives,
Ml ts fournissent une de 8]i. une de 8j2, et ttnc de 8(7 ou Sjg ; maïs il
tCHrt d& eAcellenu commentaires de M- de La B. Iiii-mîtne que toutes ces
^ hien antérKares aux manuscrits o(t elles se trouvent, ont été gravement
'^Bta rt n« sauraient avoir de vraie valeur. Qui sait d'ailleurs si les CakuU,
^■pncn réalité i l'Htstoria, ne sont pas un murceau à part, qui a pu (ire
OSpoiéanlcticurcnient, mais dont U soudure avec VHulOfij ne saurait rien
F"'"' pour celle-ci? C'est dans l'Hntoria seule, comme l'a très bien dit le
^■■M crttique, qu'il faut chercher des éléments de datation.
S> DB adopte la date de 878 comme celle ob l'ouvrage a été écrit, on est
pHt^l te demander si one autre question, celle de l'auteur, ne doit pas aussi
i* pwr aulremeDt. Trois auteurs sont désignés par divers témoignages : Gil-
^NtBniut cl Marc. Nciiniuj est i écarter de prime aljord ; I jltnbution i
C*» (qo) n'apparaît qu'au XII' siècle en Anglcterrei fsi absurde. Mais en
'^■''Utmtme de ta désignation de Marc? Elle se trouve dans le ms. du Vatî-
^> k piss ancien de tous ceux qui nous sont parvenus ', le meilleur aussi '■
^■K porte en titre : Incipit htorïâ Bniotium^ diu ab anathattU Mtireo, <;iu-
^^ff^i ipiuopo. Or un miracle opéré par saint Germain en Bretagne, et
*"«é dus l'Hiiiom iJritûtmm, te retrouve dans les NtiamU stniù Gamant
•Heric, qui écrivait entre 87} et 871, et Heiric dit l'avoir connu ptr sâne-
Itm latm ttetaim, ijoiJim gtiuit rptttopum, ^ui, nnHoiu quidan Btiio, tjucutiu
'^ ■* Hthtiua, fHitt tmgi ponlijiciilh unaiutts extrotia, ultromem sibt ptttgrU
"""•■«Jûiif , JM traduclui M Fiantùim, piimmi^ai rigis Ctuoli \Cahi] mani'
r*'^ ^umt, tpiid bttilotum MtdjrJ; a SchaUiam iocrohmm anechottlkaiu
■"Witttw; il aiottlc. après avoir raconté le miracle : tiau tU apud Brttan-
^ttboiuts hntiiiconîimri prgtJiilas mtki tpitcepus juritiaranJi uiUrpçsttionc
''***«'*. Si VHiiuma a été écrite par Marc en 878, on comprend que le récit
ijLf* n a éé imprimé par Cuiin en 1819. >v de Li B. n'a pai m qu'une aulre
S?***' éiédoroée 1 Pome, eu 1871, dans le wlume îniituté ; A^ftnaà ad opaa
Z** *tflo Utio. L'édJteur a cm mrttre au jour non leuitmem on manustrii inédit,
j ]• wnge iflcontiu iuiqti'l lui-
__''<W te lyae de la dninfmc flasK de M. de U B.. qui, teloo moi, devrait être la
^T*'*- Cox \ cette duse qa'Mptnieni le seul mi. qui ne contienne pas 1: n' 4 ;
^^ * Bt ot du ïii* ». u mi, du Vatican ne coniicBl que les n'
^*» SS. Jnt. VII, tâa, ïgj.
iMHto, XII
4. f tt 7.
»4
JT© COMPTKS-flEKaUS
qu'il aviit bit à Hnrtc qudques années plus lût M coificxle pas absolitooit
ivec celui qui se irouvc dans VHistoné. D'auire part, ua Breton élevé en
Irlande Krait assn njturellemtnt l'auteur d'an livre qui loèle au sujet principal
des rnseigDcments inattendus sur l'Irlande ci vn« *k de saint Patrice. Eniia il
semble que VHiiloiia ail été écrite tuf le continent : )c plus ancien nunnscnt
provient de Saint-Gcrmain-dcs-Pris, et personoe ne U connaît en Angleterre
jusqu'au XII' siècle'. Aussi aï-je cm pendant longtemps que Marc, évtqae
breton devenu, sous Charles le Chauve, moine â Saml-MKlard de Soiuons',
était rêclkmcnt l'auteur de VHislotia Biitonam. L'oioissioo de son nom daoi
tous I» ma. autres que celui du Vatican (omission qui a donné Itea ^us tard
aux attributions rncBSongircs 1 Nennius et 1 Gildai) ne peut surprendre ancoa
de ceux qui connaissent les habitudes des copistes du moyes ige. — Mais a j
regardant de plus près, l'identité absolue des mois tiasdim gentis tpit(op«ai'
dans le titre du ris. du Vatican et le passage de Heiric m'a paru prouver que
l'atlribulion i Marc provenait de quelque moine qui, ayant remarqué la ressem-
blance du récit en question iam les Mlratul« S. Gtrmam et dans VHistoru, ta a
conclu que cette cieraiére était l'ouvre du Marc mentionné par Heine. D'ailloin
la différence des deux textes, pour ce miracle, ne s« borne pas aux détails ;
dans le récit de Marc, saint Germain expulse simplement un roi qui lui a refuté
l'hospitalité et met en sa pUce un porcher qui l'a bien reçu, tandis que dans
VHîiioria son hâte est un serviteur du roi, non on porcher, et U fait tomber nr
la ville et le cliltcau de ce roi * le leu du ciel, qui lc!i réduit en cendres- Un ite
comprendrait pas que le tnéme homme eût raconté deux fois h même chose»
dilTéremmcnt. L'Hutona IStitùnum reste donc, j'en sub d'accord avec M. de
La b., une œuvre anonyme.
La critique i laquelle M. de La B. soumet ensuite l'ourra^te en lui-même est
de tout point excellente ; mais elle rentre plut dans le domaine de l'histoire que
dans celai de l'histoire littéraire. On lui saura gré notamment d'avoir fait UW-
chcr du doigt l'usage, at»urde d'ailleurs, que l'auteur de l'Hittoric a fait des
chroniques d'Eusébc et des deux Pro^per pour écrire son incohéreite hbloire
de b domitution romaine en Bretagne, et on acceptera saas doute ta fine et
.probable explication qu'il donne de U table, destinée i devenir si céléi>re, de U
colonisation de l'Armortqoe par les Bretons partis avec Maxime, table qui est
sortie tout entière du cerveau de noire auteur, développant à sa manière nne
phrase de Gildas qui ne veut rien dire de pareil. La discussion sur les quatre
systèmes présentés par r/fi;rori,t relativement i l'orif^rnc des Bretons est aussi
très ingénieuse et très convaincante. — En résamé^ l'histoire et l'histoire litté-
raire trouveront largement i profit» dans le mémoire du savant antiquaire^.
I. Il laut cependant nsicr que les deux pi» anciens mst. de la première claue, ^
sont du XI' s., ont ètè écnuen An|;!eitrrc, canune le rnooire l'adioKikia dci ^énèitogia
saxonnes. Noioni xuuî la vertton irljndJiie du n* t. mibUè* oit Toild i OuUm eo 1648.
t. Un Uarcut epinopus tccUetna mmtiann^ pir CkVdiard a l'innée S84 comme i'<tMl
établi i Saint-iUll ,«07 la préface Ar IVJiijot) Mai) n'est sans doute pai 1« oiénic-
). Comparn auui anathontua Ma daitt H«itic et aMûchonUl àun le mi. du Viikan.
4. Ouite M dutctè, ce roi, dus ÏHiiMiê, eu coupable de lots plu que dracodiesDei
et de leur implacable application.
1- Je rejette en noie quelques nemwt obierritloai P. ), qu'est-ce que le Sn* «r
1j( BoRDBHie, VHistoria Britonam ^yt
la Kconde dùseftation de M. de La B, n'i que vingt pages, mais die sou-
)t*t des que^iioos trit inportaotci. II a découverl un texie qui tublirait l'cxu-
tCDce, cniK i'Hiapria Bntoaam et G»ufn'\ de Monmoutti, d'un intermédiaire,
CAapoK an X* li^kr, qui auraîl porté le nom d'/Vutoru bnUnii'uù et aurait
àt|lcoaietiu l'essenliel de VHiiioria ngam Britanniac. Voici les faits. Le Père
Albed le Grand, dans ms Vits dei tainti de Brclagne^ pxT\e d'une vie de saint
CmônH, • escrite en l;«au tl^le Utiti par Guillaume, preslre et chapellain
fil HBosiiier d'Eudon, evesque de Léon, auquel il la dédia l'an 1019, qui
cstotl le IV de son pontificat. i> Celte vie est perdue, mais M. de La B. a
liM*é, dans un recueil de notes prises au XV<^ siècle (peut-ïtre par Pierre Le
6ud>, les ITMS preoiicrs chapitres d'une Legenda laadi Conto^n, précédés de
ttHeiidicace : Domiiw ti pattt m Chutto Eudom tfiiiofn fralnbus^jui çum to m
Onititmao coagttinlàui Ciùlteimus, eôrara pretbiur, in Domino uluum, anno
à attmâtioat Domiai )t aeno Juimo, ^ u est XXIIIM epiuopatiu lui, domine
*fÎKtf». Le texte de celte légende a d'ailleurs été utilisé en ij9^ par l'auteur
ithCkroatqut dt Sdint-tiinuc ri plus lard par Pierre Le Baud. Ur Hle débute
vtu : Ufimut m Ystoru Britanmca ^uad, mm Biulm tt Coriatiu, etc. Elle
Qcntt 11 conquête de la petite Bretagne par Conan Meriadec, puis parle de
Vtrtigmi, et d'Artur, « l« grand roi des Bretons, ■ qui remporta beaucoup de
Wfiirts I in E^tannicis et Gallicis partîbus. > Corïneus, Conan Meriadec, les
■Iftto d'Arthur en Gaule ne se trouvent pa^ dans YHtitofta Bnloimam du
H'ufde, mais apparaissent dans VHutaria ngam de Gaufrei- M. de La B.
•^ qu'ilt étaient déjà mentionnés danî un livre composé en Grande-Bretagne
ul' li^Ie et transporté en Arnionque avant 1019. Ce serait M un résultait
i»!* Wif (]ue considérable; on aurait ainsi la source de Gaufrei. Mais de
PKa 0b|ectioQs surgissent aussildl. Si ce livre a existé et s'est répandu jus-
V'tt Amtrique, comment aucun historien anglais ne l'a-i-il connu ? Guillaume
^tMltoesbory déclare positivement en \\2% qu'il n*a trouvé pour l'histoire
"ilMt de nie d'autres sources que Bède cl Gildas ; un n'en connaît aucune
**n. tuf le pseudo-Nconius utilisé par Guillaume Ini-ntme et Henri de Huti-
'■{'b*. juiqu'i l'apparitton du livre de Gaufrei (1 1 }&{, et quand celui-d a
f''*. les récits qu'il contient sur les victoires d'Arthur en Gaule sont pour tout
KBotie use révélation, que Henn de Kuniingdon et autres acceptent avec
"^ de confiante que de surprise, que Guillaume de Neuburgli et autres
'^dlaiavec mépris. D'ailleurs Gaufrei, se larguant de la possession du livre
**(> ^Bf lii a apporté son ami Gautier, déclare que les historient anglais.
î*j*rf fa t* stède dont r.aufr de Honmouiti serait rjimplîAcateur f il l'aeil peut-Are
*'"^IMï int,x»nua qui fait l'obiei da mimoirt suivant, mais t1 aurait ullu le dire.
* H. VHiitoria éniMséiC non la empeteera romjim «jui ont • régn* en Brttagne, »
^mi an j K»I reniu. — P. 76, VHutùna ne <)u*li6e pj» ADtiur de n roi, n mail
'"'^■t de àax b^Uonm. — P 71, pir un lingnlitr Uptui, M. de tj B. fait aécLircr,
j^%««l rwîrtorû, i l'rnfiBl oimifillrui qui compiiiîi it\tia Cuonigrrn • qu'il
^WWte MtiKn. <• L'f^tji :<rii> ne connaît ni Merlin ; IVnfatt que plus urd Ciufrei de
7~**Wl» a ^pi^le M'ittat K nonuse id Anbtotiui, Dint wn m^moiie sur Merlin,
^vltM» nai, M. de l^ U. dit cocure vx Nennius appelle ce peiionnafc Mtriin
?^T- 1).'. Ce double ooo). Uatim AutbtMÎiu. ne ic piéscnu que dans la Pn-
Fi^ *gfai de Cai&à, que noui prenons Ici nir le faai, auolant son Mtrtiiua 1
^w^: ^ '^'^^ ' ^'"* ^ ^^ ^' i^" ^^f" 'V*^it apri* ti Pnphaiâ), il dit
{7^ COMPTKS-KENDUS
n'ayant pas les doonnenls qu>e lui possède, ne peuvent rien dire des raâ bK-'
tOBi dont il sait huI rbisioire : comment cHj. i'expli()Derait-il s'il i«aH exîsii
une Hiitoria trUannUa que tout !e monde pouvait consulter? Je crois qu'il y a
dans te raKonnement ie M. de La B. un point faible, et qu'en le signabnt on
arrive Ji dissiper le f.inlôme de ce livre irajginaire. Albert le Grand ne nous dit
pas setileinpnt qoe ta Vie de saint Gou^znou, compoiée en 1019 par Cuilliume,
était * en beau stjrle latin •; il ajoute qu'elle était > divisée en neuf kçoRS,
ensemble avec le reste de l'office de sa fesie, es vers latins ou, pour mieux dire,
rhythmes du temps, la quantili n'estant pas observée. * Or le texte utilisé par
la Chroniijut Je S,unl-B'uuc et copié en partie dans le recwcil découvert par
M. de La B. n'est nullement en vers rhythmiqucs; il est en prose, et a'esi donc
pas celui qu'avait connu Albert le Grand, lequel taisait d'ailleurs partie de
l'olfice du saint, ce qui ne convient pas i ce texte d'allure tout hîstoriqQe.
L'aulciir du recueil de notes a simplemetil copié la dédicace de TtEUvrc poé-
tique de Guillaume, perdue pour nous, et, i la suite, le début d'une Vie de saint
Gouêznou qui n'est pas de Guillaume, et dont nous ne savons p>as la date. Dès
lors il (flut reconnaître tout simplement dans VHistoru bril.mtiîcd mcntiooflée
par l'auteur de celle Vie le livre de Gaufrei de Monmouth, ir^ ordinatrement
désigné sous ce nom, et conclure que cet auteur a écrit postérieurement 1 la ■
diSution de ce livre. M, de La fi, fait remarquer, il est vrai, que sur « les "
causes ci les circonstances de la conquête de Conan Mériadec ■ il diffère sensi-
blement du récit de Gaufrei, et c'est pirlaîtement vrai ; c'est que sur ce point
l'bagiographe armoricain puisait dans des légendes loales. lont «n alléiguam
l'autorité de l'Hinorm briurnii-a, qui ne lui fournissait que le nom de CMian
Mérudec. Ainsi disparaît l'intermédiaire supposé entre VHittona Hntoaam cl
VHUtofiû rtgum Briunniae*.
Je SUIS au contraire tout i lait de l'avis de M. de La Borderie sur la secdade
question qu'il traite, celle de l;i provenance galloise, et non bretonne, des
fables de Caufrei. Celui-ci prétend a trois reprises avoir trouvé l'histoire des
rois bretons dans un livre écrit Brttannuo irritant, ijue lui avait laît connaître
son ami Gautier, archidiacre d'Oxford ^. Il ment ceruincment, car 00 a prouvé*
qu'il reproduisait lexluellemem des phrases latines d'ccnvains antérieurs, et que
par conséquent il ne traduisait pas du gallois. Il se contredit d'ailleurs : il
prétend i un endroit (XII, io| qu'il a simplement traduit le livre gallois tii
(aùnum urmonim Uantjait cnrdvi), et à un autre |XI, it il dit qu'il écrit tant
d'après ce livre que d'après les récits de Gautier [at Gdafti^uj MonemtOtaiù m
Bràatimco pratjûto ttrmone inrtnH tt e QuaUtn OxtntfofJiiui audirit). La vériti
I
I 11 ne t'en mit pas que Caulrci ait a Inventé it toutes pièces les irati quaru de sou
«ttvie, lupporirion bien dore i admenre >. utiirbnent il a beaucoup, — et très pau-
vtcmciH, — invtnit : mii» Il t'«t appujrè, en Uiucoup de points, tur de* ttfendca gil-
loUci, sur d« cames populaires qu'il a aibittiifccn<rni ratuchés 1 dn doom de rois
(par ex. l'hisloirr de l.cir. celle de Blidud. ai.], tt c'nt et qui fjîi l'ialérA de son
ouvrage pour rhmoire tiii^taîTe. Voyu d'aillcufi c«- qui oi dit plui toin
j, lil. dr La D. .9 eu noc dutranion en diuni qu' < on l'app«tle «uni Watter de
Mapei. Il C'i«tilirr Map n'a rien 1 Fiitr avec ce Gauiirr d'Oxford, qui vivait ub doni-iiècle
avMii lui, ce qoî n'einpfcht pat qu'on In ail joovtm confondus.
}. Vojr. Zarnclie M Ten Srink, dans le jàMuàt fit ivnantfrAe irJid ngUithe Littr4-
tur, t. V, p. J49 »., et I. IX, p. 163 D.
1
4
La BORDERiE, VHistoria Brilonam ^yî
m, a BOD iens, daas cflle dernière phrase. C'est avec VHisloria Bntonum d'une
pirt (I tel rédti At son ami Gaaiicr', ainsi que tes propres sûuvenirs de coitlei
pDoli d'aoïrv pan, que Caufrei a composa son roman. Quant au fameux livre
gAlU, ii a enisté : les fermes de bcaticoup des noms propret de i'Historij
nfim, lornes souvect plus archaïques que ccHm de Ncnnius, et que Caufrei
■'ifviBwDler, montrenl qu'il a eu sous les yeux des documents fort anciens;
H^oi lit consiitaient, et s'ils eonienaieni aulrc chose que des listes de noms
pofm, c'est ce qu'il ^udrait étudier de pr». Mais pourquoi, en parlant de
ttlne, Gaufrei dit-il que Gautier le lui 3 <i apparia de Bretagne [(x Bnlannu
tifttiti^ t On a comprit jusqu'i présent que Britanma désignait ici b Petite*
BmagiK, M on est parti àt H pour cliercber en Armorique l'origine de touips
la tibiriartliurieanes. M. de La B. mottlre parfaitement que Brituama employé
«bI. dtns Giufrcî, signifie loueurs la Grande-Bretagne, et que pour désigner
riMRilditot) Armoricu, ArmotUMum liUas, ou Uîitvii, ou BnUnitia mimr
«Wiffit. Qne d'ailleurs les contemporams aien*. compris ici Oritannia comme
G^id^Bre1agne et \t braanmtui urmo comm? du ftalloit, c'est ce qui ressort
'n pnnge de Geoftrei Gaîmar, 06, p;tTlaiii de ÏHiilon^ f'giim, dédiée i
Robm de Olocesier, il dit : Roitrz, li cotât ài ClottesUt^ Fut Udiuhtu iule
fOU Si^nK Us hmj du Waltu Qu'il awitnt da Btititm rtis. Mais alors que
*»l dire (jaaircî de Monmouth en nous racontant que son ami Gautier lui a
i^psné ce livre tx Bnunnu f M. de La b. suppose que Britannia désîj^ne ici,
Wtorie l'Ile, mais • la partie de l'tlc où se conservait la tangue bretonne. ■
1ù il budrait trouver un Kempte dt cet usage, soil dans Gaufrei, soit oilleurs^,
n^ta ce que ne lait pas le savant critique. Reprenant son raisonnement
^^y noas dirons : 1 Puisque, dm» tout le reste de l'œuvre, le nom ieBittan-
.«drt sans déterminalif, est constamment employé pour désigner l'Ite de
t, on n'a point le droit de lui donner ici an autre sens, i moins d'une
^'ttntt érideaie et certaine, qui n'evisie pas. >
L'o^Iication du problème est, i mon sens, bien plus simple. Toute la difTi-
'"'1^ repcM sur ce point : pnijque Gaufrei était en Grande-Breugne, commeot
P*^t-on Ifli apporter tin livre de Grande-BretJigne i> Mais il y a pétition de
^''l'f'P*. Rien ne nous prouve que Caufrei fût en Grande-Bretagne quand il
^^*it son livre, et il y a même des vraisemblances pour qu'il tftt en Normandie.
mJ" Ce tïautieT, surnommé CaUniut, est un personnage atsci mysiérienx. Henri de
Jll^gjllon [Dt Contieiptu JJunJi, g 4, iA Arnold, p. 101J l'dppfUc « superlative
Z^^^icai. B On lai anribue (vojr. l'uiiclf de Txnnet; uns continuition de VHiitotia
g^^^ de Ganlrei pendant quarame ani. qui ne t'est pu tettouvéc. II figuie en 1119
1^7 *ob ami Ganffiiût Artvr (c< Muaom nr fui dont: pai donné à Caulm pour ion Ha-
tij^l <1*M In chane* de fowttdofi àt l'abbaye d'Oieney prb d'<'<irord (vôyei Dngdate,
Ri^*-*r''(M. VI, Ji I ; fc tire ce renseiftnemcnt d'une noie de m Kred, Madden. sani tîiie
m£*I«, extraitt de quelque rccotil' cû^ani i b prêrcndue itaduciion qu'il aurait faite en
C^Zr* ^ tHumU ngun, après l'avoir traduite une première lois loîi do gailais soii du
o^tJ^ it France, on n'a Ii qu'une str^e d'inventions ci de fiLiiSca lient. Le finU Tysyiyo
j^^J^iir i Btaniatd tu une traduction de Ganfrci. avec qoclqun chint;enieQes anei
pÉl^'J^wanu, dont on ignore la date, et qui suffit i prouver que VHiitcrtj rtffiio n^i
^ *>'44iiile dit callob.
j^Q^l^'^ tilé moi-mérae (AM«. I, i6i un pauage où BrUM»ia désigne, Jn vu* *■, l'AT^
A^Ai'^*' ïcetOBoe, par opponlion i la Komania ; matt on ne liouve rie* de ptrtil Ca
)74 COMPTIS-MHDUS
Le premier oflvrage de Gaufrci, fondé éTidemniem sur t'HiUorU Brkoimm, n'est
pu VHutori* Kgttni, c'est b PnpkiÛA Utrltm, qui fut d'abord publiée i part,
pttii tard insérée dans VHiitarn ngim. Telle qu'elle est dans ce livrr, cette
prophétie est intellîftible juiqu'en ii]6, c'eit-i>dire qu'dlr a été composée
i celte date; mats sue première rédacitoa s'arrêtait avant 1 1 {(. En efiei. Ordenc
Vital, qui écrivait son livre XII à Saînt-Evroul en 1 1 )6 ou 1 1 jy, cîte avec la
plus grande admiration celte propbéue, saas donner la phrase suivante, qui !'»•
rait assurément plus frappé que tout le resie* : V«t tiii. Niustna , f uia urttruat
Uonis i I U t^tttulitar. itittcaatii^at mtmhrii a pétrio loh thwnmAttar .' Or celle
phrase a trait i la mort de Henri I" ï Rouen, en ii );,elis(mimbanmemenL
Ainii la preRitére rédaction de la PropkttU était connue en Normandie i peu
prés aussitôt que faite et semUe n'avoir été connue que li. Il en est i peu prés
de même de l'Hîstaria. On sait qu'en 1 1 J9 Henri de Huotingdon, passant i l'alh
baye du Bec pour aller à Rome, trouvait en la possession de R<^rt de Tongm
'e livre de Gaulrei, dont il n'avait jamais entendu parler, bien qu'il y soit nommé,
et en était si Irippé qu'il en composai! îromcdialement un extrait*. l^'Htttaim
nguitiy commencée avant ii)( H'auieur dit qu'il s'était interrompu de l'écrire
pour publier la Ptophaia MtrUitii, lut publiée une première fois en 1 1 ]6 ou 1 1 ;7
et dédiée en commun i Robert de Glocester et i Etienne de Blws, qui élatcat
alors amis, et qui dés it;8 étaieni ennemis morteb; aussi le nom d'Etienne
ditparuUil plus tard de la dédicace, et il ne s'est conservé que dans un seul
nunscrit, cdLi de Bernée Si Gaufrct était en Normandie', on comprend très
bien qu'il prétende que le livre gallois qu'il dit traduire lui a clé apporté* de
Grande-Bretagne par Gautier d'Oifotd, et ainsi disparaît toute dilticuttè sur ce
passage.
Un mot encore sur les sources de Gaufra. Il avait 1res probablement tronvA
dais quelque cloître de Normandie un exemplaire de VHisionj Bntùium, cl,
croyant cet ouvrage inconnu en Angieterrc, il s'était mis i l'exploiter, eo s'ai-
daoi de divers auteurs latins, pour en tirer sa grandiose mystification 11 re^ut
sans doute, pendant qu'il y travaillail, la visite de son ami Gautier d'Oiford,
qui lui apporta quelque document gallois, et tous deui arrangèrent en comimin
l'imposture qui devait avoir tant de succès : il (ut convenu que Gautier aurait
apporté i Gautrci une bi^lutre complète des rois bretons, qui coalenaii toutes
les bellei chûtes que celui-ci allait apprendre au monde. On a vu qoe Caufrti
n'avait mâme pas su soutenir ce meosooge saiu se contredire. Tool ce qui,
I . EU parlant de ce IfMlu dt MtrUêo, il dU : Cufiu ^aam porta» in nint gatit
inltUai ; plara rm, ni f^ior, «■ mvtttn sni gaiulio aptriatltii tihut itutiiuri. Nan-
rcllcineDi W bon Ordcrk tnwvih movalieux l'accord de la prophétie avec les é\-tBfmeMi
jusqu'i M» Kfflp*. puifqu'eBa reaanl d'évc fabrtqnte tout frdoiemnt.
a. Le (lit tft d'autant phu lurpienant qoe Henri avait tait ion Hirtoriit ÀMglcnm
pour wa Mque Aletaodre de Lincoln, aequd m dédiée la Pmphtti*.
}. Madden, ht dt.
4. Il devait y avoir des relations, ayant été, û l'on 01 croit ia renieigaeroaitt nDcù
qui piuabKfit accepuMt* (Owtn, CamMaa Bi^rapki, n 14)], aumt i Cmiuiune
ClitOa, fib de Robcn Courte- Hcu>e. Après la mon dr Caillanme, en iitS, il ériil cepea*
dint retourné en Anatetrire, puuqu'il élan, fommc os vitra dt (ê voir. I Ciford en 1 119.
f. L'cnirtnion Ainxil, dont il te icn, ne peut détigner au*un voyage par mer, et
écane i elle leult l^n^cnieaM cipUcaiion de M. de La SoiderK.
»
•
LA BORDEAIE, L'Historia Briiûnum ]7j
tel UB t\tt, n'ett pji liri de l'//riioria Bntomiin lou d'autres ouvrages lalins)
TtfiM,uuf ce qui pouvait se trouver dsns ledocumem en queMÎon, surl'inven-
lin oa sur des contes populaires gallo:;, recueillrj par Gautier et par !ui,
Cet 1 11 critique 1 s'elTorcn de discerner ce qui doii élrc altribuc i l'one ou
irillredeces provenances.
U traisiène ménwire de M. de La B. nout iransparie sur un terrain oà, pour
Ktidn raitont, je ne pais le suivre. On iri?uve dans divers manuscrits gallois,
JM les plus anciens paraiisenl remonter i h fm du XII' siècle, des suvres de
kudttijv sont censrs avoir v^cu ^u VI', nolamnienl de Taliesin^ Aneurin, Uy-
■vt^Hn et Myrddin. On sait que depuis la première publicaiion de ces «uvres
twdîKiuioii s'est Ottvene-sur leur aulhenlicîlj. Quand on a lu tout ce qui a
«é écrit U-dessus, notamment ^sans parler de la VinJuation de Sharon Turner,
^t'otole sans se lasser, et (|ui ne prouve rien) les dissertations de Stepheni et
it)t SUoc, on est i peu près aussi avancé qu'avant, sauf sur un point : l'un
'rtrwifcf ced, l'antre cela, mais tout le monde eii d'accord aujourd'hui pour
ncnutre que, s'il jr a dans cet îmmenie (atras quelque chose d'authentique,
■i * a ue masse inorme d'interpolations el de falsifications. Je suis très porté,
pw ou pari, i croire qu'il n'y a rien d'authentique du tout, maïs on ne
pMrn le décider que quand on aura appliqué i ces productions buarres l'ins-
InMotde la critique philologique. Elles sont écrites lies plus anciennes) dans
Il t^pte di XII* siècle, el ce n'est pas, comme on veut bien le dire, une
Mplt qwsiioD d'orthographe : la mesure des mots et l'homophonie des syllabes
^nawBy sont ce qu'elles étaient alors. Or du Vl» au Xll* siccle, si je ne me
l'Vp^le gallois avait subi de tels changements que des vers composés à U
fMitrt époque ne devaient plus avoir i h seconde, ti on rempla(iii les formes
Wnies par les nouveiles, ai mesure nt rime. Le vocabulaire fournirait sans
tout faatres moyens de coiilr£<te. Tant que tous n'auront pas été appliqués
ftf M main habite et impartiale, on ne pourra iaire aucun usage de cet amas
* naxt, desquelles il est d'ailleurs diFTicile de tirer soit un renseignement
'^'''îfM, soit un plaisir poétique.
^- de La B- n'est pu aussi sévère. Il croit pouvoir démêler, dans les huit
1*^ attribuées i Myrddin, ce qui est authentique et ce qui ne l'est pas. Je ne
KMirni pas dans celle discussion, oii il montre d'ailleurs, comme d'habitude,
"•■Wtp de science et de méthode. Quelques remarques seulement. Pourquoi
''WÏIe-l-JI le barde-prophète du VI« siècle Mcrh/t' Ce nom est de l'invention
^ '^tfrei de Monmouth, qui sans doute a reculé devant le Ntrâinas qu'il aurait
"^M latinisant le nom gallois, mais qui trouvait assurément dans U tndi-
J* *nc (orme avec i/, puisqu'il prétend que Caermerdin (Carmarthen. ancien
*>JMBm| doit son nom i Merlm. — M. de La B. appelle touionrs 11 Vitd
*''ùien vers Vu 4t Mtrim U Caiidonkn, et dit (p. aSj qu'elle a été écrite
* *'"' U fin du X\\' siècle ; i mais ce poème est sans aucun doute de Gaufrei de
■***BO»th el a été par conséquent écrit avant 1 1 ^4. Quant au surnom de CaU-
^^ (oh piulAl Cdiéwmi ou Siirtum donné ï Merlin, il ne 6gure pas dans
Il P*hM; il «1 de l'invention de Ciraud de Barri l/n'n. Kam^t. Il, S), qui,
"*Ppé de r»Mchronisme qu'avait commis Gaulrei. a essayé, il U façon des gens
376 COMPTES-RENDUS
du moyCD âge', de tout concilier ea suppounl deux Merlin; oun la Fus Mtt'
liai dit npressftnent (jae son hfros cuit le loèioe qui avaK i>dîs parié i
Wortigem. — Le Malgo m Britonam de Fordun (p. )() ne panîl venir tOBti
simplement de Gaulrei, et ne peut donc servir 1 établir r«][istence d'un second'
Ma^lgoun. ~ La voyelle « nVst pas t une lorte d'article que les Gallois meneni
devant les noms communs et les noinv propres, comme j'ibnit i esprit),
j-uol lécole), Y-Styffan iSUUn ou Edeime), * mais la voyelle d'appui préposée
à l'i impure, et je ne demande si ystotan ne veut pas tout siaplcment dire
« écolier. ■
G. P.
Sir Gaw&jrae and the grMo Knlflit, a eomparison with ihe fretich
Ptrceval, preceded by in investigation of Ihe author's olher works and fo?l(H-
wed by a choira cterizaiiufi ol Gawain in english poems. Inaugural Disserta-
tion for obtaining the degree of docur of philosophy, présentée before ihe
philosophical i-'aculty of Ine Univcrsity of itOrich by Mjnlia<I*iiEV Tmoks^.
^Arich, Fiisch, i^i}. in-g', i&{ p.
L'opuscule dont on vient de lire le titre est en lai-nSnie un petit évéoenent
dins l'histoire liitérairc. C'est ia première fob qu'une fcniirc obtient, avec ui*f
dîssertilion en règle, »u moins dans le domaine de nos études, le titre de doc-
leur en piiilc-sophic dans une université germanique. 11 (aut noter ici ce qu'il y
a de curieux dans le fait d'une dissertation prèttnlce en anglais, i une univer-
silé suisse, par une Américaine, sur un sujet qui touche i la fois la littéralttre
de l'Angleterre et celle de b France au moyen Sge. Hâtons-nous de dire que la
faculté de philosophie de Zurich, pour accorder le titre de docteur i Miss
Manha Carey Thomas, n'a eu besoin ni d'indulgence ni de galanterte. Sa dii-
serlalion est très bien laite, allestc beaucoup de lecture, montre pirtoul un
esprit judicieux, et est certainement au moins égale â la plupart des travaui du
même genre Nous en parlons ici d'abord pour faire connaître 1 nos lecteurs le
fait en iui-mCme. ensuite parce qu'une partie au moins de l'étude de miss Tho-
mas rentre dans le cadre de notre journal.
On sait que le poème anjjlait sur Caaya:a tt h Val Ckevalirr est le ruyau de
la poésie narrative anglaise du moyen Age. L'auteur en est inconnu, nuis parait
avoir composé trois autres poèmes, ceux-tJt des ouvrages de morale et de piété.
Dans la première partie de son travail, miss Th., discutant cl souvent reclifiant
les opinions de Madden, Morris, Traulmann, Ten BHnk, etc., montre que
l'auleur de ces trois poèmes est bien le même que celui de Caiti'jtii, cl, quant
AUX dates relatives et .ibsolues des quatre ouvrages, conclut ainsi (p. })) : * le
placerais la Ptc/^ avant Gaumm; CflaMia vers 1371-77; la Piirrt/ vert i]78-8o;
et la Patuau après la Partit. » Ces conclusions, appuyées sur l'examen
attentif des idées, de la langue ei de ta versification dans les divers poèmes,
paraissent 1res bien fondéci.
La seconde partie nous intéresse de plut près. Elle a pour »jtt la compa-
I. De mèBe, pour cond&er VH'tstori* Briionem avec Canfrei, il dit : MirtiMtt, fof tt
Am¥ntiat 4kai ut, ^aia HaornlaU futrat
I
*
Carby Thomas, Sir GawayK and the green Katgfii 777
XiietM te Qmram iv» une partk do Ptrrtval français. Sir Fted. MaddcR avait
i^ tus l'ofiiDion ^m le potme anglais ^lait imité d'un ^isode da Puccval,
'm k Uros m inaçais eil Carados et non Couvain. Le sujet de cet Épiiode
oibn ttrangc : un inconnu vint i la cour d'Arthur, et invite un chevalier â
kôcetptrla tête arec sa propre èp^, i cûndilioa qu'au boal d'un an S se la
biaen tooper par lui ; Carados accepte, tranche la télc de l'inconnu, qui la
««aw iranquillefoent. la remet «ir ses épaules, et s'en va; il revient au bout
fHiB, etCarados, héroiqueinent Kdile Ji u promesse, s'agenouille pour en
■^ TeitoitioB ; malgré tuutcs les prières du roi et de la cour, l'inconnu
'l've de renoocer i son droit ; il lève le bras, mais, au lieu de laisser retomber
'■vie cal de Carados le tranchant de sa lourde ipée, il ne lui donne qu'un
Kger coop de plat, et, le pretunl d part, lui apprend qu'il est un enchanteur et
•• «ni père (cetle aventure a plus tard des suites dont il n'y a pas â parler
•"- — Les différences avec le récit du VV/t Cktvilur sont importantes : ici
'^*HOiiu le préteote armé d'une hache et non d'une êpée; il fait jurer i Gau>
*"B>ooepa( de l'attendre dans un an, mais de venir le retrouver ï * la Cha-
ule nrte • ; il lève deui fois sa hache sans la laisser retomber ei la troisième
''^ fait i Cauvain une blesiure légère ; enfin il n'est nullement le père de Cau-
*"ti. nais agit sous l'inspiration de Morgain la f^, la soeur d'Arthur, qui
*^l causer dn souci i Gnenièvre (te dernier trait scicblc empfuatè au Uaatot
"* prose».
M ne ne parait pas démontré, en présence de ces divergences, que l'auteur
"*Klu ait puiïè dans le Ptiectil (l'épisode de Carados fait partie de la ptc-
"''^rtdei sgites ajoutées i l'ouvre inachevée de Chrétien), En effet l'histoire en
'***n»n at un lieu commun dei romans bretons. On ia rencontre déjà, i ce
J^Cs'apprend mon am H. d'Arbois de Jubainville, dans l'épopée irlandaise, et
'^4)1 tts poèmes français de la Table-Ronde j'en connais cinq versions ditfé-
^•WB . celle du Pa<f*al. celle du Grun Kai^ht, celle du Ptrceral en prose
?^ « rapproche Miss Thomas, et deux qu'elle n'a pas connues, l'une, sans intérêt
~3 ailleurs, dans le poème inédit de Haahat [toi. de Chantiilî, t* 117 a-b),
^*1ilre dan» la MaU ww /tan de Faien de Maisièrei |v. iOj-6}i 't. Dans
^*Mttut cl dans la Mult, comme dans le Cmn Kaight, le héros de l'aventure
^^* Gauvain. Il est donc au moins .lussi probable d'admettre que le poète
r^*^|lais a travaillé sur un poème français épisodique, qui raconiaîl cette
. *aloire de Gauvain. Ce qui donne beaucoup de vraisemblance Jt celte con-
'^^xlare, c'est que divers U'aiis. comme l'indique Miss Th., qui se trouvent
'**^Bis dans le poème anglais, sont les un; dans le Pttuvaiy les autres dans le
'^^trcruil en prose ; ainsi la hache est l'arme du chevalier étranger dans la prose
^ t dans l'anglais ; dans l'un et dans l'autre le héros, au lieu d'attendre i la cour
^ 'Arthur le retour de l'étranger, va chercher celui>ci chez lui ; dans l'un et
^au l'autre, au oocueot o& la hache va lui trancher la ttte, il ne peut retenir
1. De U en épûode a puié. avec le poème entier, dans ta Croiu de Henri da TiirKa
V^. Moo^-ijiSO. — Nfiioni 1 ce propos qu'il ta inexact de dire, cooime le Ut
^ Wimatxli [Dtr MMUi, p. 116, n. j). <iue la Maie tatu fnm %e retrouve ua wt
«II. 11171 H-. <iu léMtdoi nterUndaii. L'aventure qil y ex rKOMée n'eu Iktre qoe
*=tl)e de TyoUt (tom. VIII. 40 ; d. Jlom. X, «»)-
;7S COHPTES-ReNDUS
un mouvement d'ipprihemkin que son rnncmi lui reproche ' Let deux conte
sont d'ailleurs tellemeni JilTitrnis qu'il est peu probable qnc. comne le croréot
Sir Vtcd. M.iddfn el miss Thoinaï, l'auleur du Gieat Knight lésait • combinés »
ffnsetnole , il j eu sans doute lout l« yeux un poime [rançais qo'U a luivi. O
potaie donnait seul U tneilletiK Forme du conte : il est absurde en effex que
rétrjngcr propose, Comme il le (ait dans le Pirinat m v«fs, dans Haiibaat^,
tians la MaU ssiu fnm >, de se laisser couper la ttie i coaditioo de la couper
ensuite i son eiiculeur. Dans le Cmn Knîgkl, au contraire, il propose soile-
menl * a ttrok for an other, t ce qui parait acceptable : Gauvain lui appli^e
de toule sa force un coup sot la nuque, et Fait tomber sa l£le par terre ; mais
alors, à la stupeur de tout, il la ramasse, et s'en va cit rappelant i Gauvaia
qu'il doit au bout d'un an venir recevoir le même coup. Le Ptrtmil ea nri
suivait un récit pareil, el en a uns doute conservé les termes en disant : Lt
dan tst ioiii rcçoivtt. Pcr une auirt lolit prtnJn ' ; mais il ajoute maladroite-
ment : s'il II iiitns ttuiaUtr Qui U Ustt mt paîit trtnthur A an seat Uf 4t etstt
tipic. Et u rtpttlj Jt la colit Aprit santr il rtnani, etc.
Le Creea Knight mde à l'histoire du coup donné et reçu une autre aventara.
Tout près du but de son redoutable voyage, Gauvain est hébergé dans un chl-
teau dont l'hâte lui fait l'offre suivante : il ira i la chasse et Gauvain resten
auprès de la dame du cMleau ; le soir, ils échargeronl les produits de leur
journée, La dame t'diorce de séduire Gauvaîn ; mais elle échooe coropléleniefil,
«le mari, en rentrant, donne sa chasse sans rien recevoir en échange. On rvcooi-
nieace le lendemain, et le soir Gauvain rend loyalement A l'époux quelques h*i-
screqu'il a re^us Mais le troisième jour, il manque â son engagement ; non qu'il
ait entamé l'honneur de son hâte, mais il a consenti i accepter de la dame une
Ceinture qui préserve des blessures et de la mort, et, loin de la remettre le
soir au gain, il ne lui dit mot de ce prisent. Or le mari n'est antre que le
Verl Chevalier lui-même, et c'est pour cela que, lorsqu'il semble vouloir déca-
piter Gauvain, il lève 1 deux reprises son épée sans le toucher, nab hii
fait, b troisième bis, une légère blessure,
On n'avait pas indiqué jusqu'i présent de source pour ce second élémenl du
poème anglais. Miss Thomas le croit tiré d'an épisode du même Pumai, de
l'aventure de Gauvain avec la sœur de Guigambresil dans la partie due 1 Chré-
tien. Le rapport se borne Ik ceci : dans les deux cas l'ennemi de Gauvain, que
celui-ci ne reconnaît pas, te btstc J la société d'une femme (de sa Femrae dans
I. AU teste, Jans le Pmeral en pnue, toute Ilibioire est modifiée : ce n'est plvt celui
qui a eu la tète coupét, c'en ton Irére qui preoid u rcvaache nii LaacclM.
i. Le conte cii très altère djni ce roman, où il s'apt d'un vilain armé d'une bacte :
quant) il vtni relever la tête trancha pu cauvain, «lui-ci le relient par ses tiaMo, et
BtBti il rote mort.
t. Dans le Fttenal en proie, comme il vient d'être dit, le perjoanaoe (hxii Uncctoi
coupe la léte et celui qui fait mine de la couper 1 Lincelot toni deu frères et non «a
uni et même homme il en résulte que tout diflère : le ;ru parti que l'éirai^er propote
i Lancclût est de le lucr ou d'être tue pir lui , l.jncc)oi priUre ruturelkmeiil la pre<-
miére iDenutive, mais ttle entraîne la promeise de rerenir dans un an s'eipoicr au
mfrne ion,
4- Ceti la variante du ms. de MontpcUiei (cl de» inti 8. N. fi. 1419 et 'ifT?) :
l'autre rajnillc {B. K. fr. 794. 141 \, iai76, Moiu) donne fPotvin. v. ti6|9-6oJ : CÔlfr
dtmani sMi dtçoirrt Pcr une éulrt tmni a rtçetrrr.
Carby Thomas, Sir Gawayne and the gretti Knight jy^
"j^Itil, de u fonir dans le français) pendant qu'il est A la chus« ; dans Ict
<lMiatiJ t'établit entre elle et Gaurain une intimité un peu trop grande, et
tàliQb en eit pum. Mail c'mI li une restcmblanc*' bien générale, et dans
tmeocp de romans de la Table-Ronde nouï reiTuuvons des ijunnées analogues
i ceDc it l'épiiode do Vnt CAnj/iVr, et ntmc plas rcssembUntes que l'aven-
0"* dcGasvatn avec Guigambrcsil. oii manque le irait essentiel, le piège tendu
°Pfi% au chevalier par k niart, qui veut l'éprouver. Il ne parait donc pas cer-
^'S que l'auteur du po^cne anglais ait puisé dans Chrétien Celte secontle partie
^ *oc récit, et les rapprochemenis, fort intelligents d'ailletirs, que fait Miss Th.
"■re dUen païuges du Grcin Kni^kt et du Perteval pour établir que l'auteur
<<> premier étatl, en récrivant, tout imbu de U lecture du second, ne sont pat
■hiolunKnt probaniE. Le plus remarquable est celui qui concerne l'èpithéte
l'lUaée i Agravaifl, frère de Gauvain : le poète anglais accole i son nom ua
'■rnoin tout français : • Agravayn a la dure mayn, • et sir Kred. Madden a
""i^rqué que ce surnom ne lui était jamtis donné dans les romans. Miss Tho-
*tt alègue cependant ce vers de Chrétien, dans l'épisode mSine dont il s'ajjit :
^ H ttcetu ut Agreritnf, Li orgmlUiu at liuia maint. Mais pour avoir mis, ea
'■sçiis, a ta dure iniiin, et non ■itij dura maini, il faut saut doute que le poêle
*>gUs ail eo les mots tels quels dans sa source, et pour que Chrétien ait
^rté ce surnom 1 Agravain, il faut qu'il lui ait été donné par d'autres. La
flCstioo reste donc douteuse, et je suis porté, pour ma part, i croire que le
f*^mt anglais est bit tout entier, sauf probablemem d'assez grandes modifica-
l^Ms 6e détail, sur un modèle français. J'ai dit ailleurs {Rom. X, ^ù-j) que
{■re^oe tous les romans ipisotiiifuts élaietit consacrée à Cauvain : son aventure
"ec le Vert Chevalier étjit sans doute, déji en français, le sujet d'un de ces
romaBi,
La troisième partie de l'étude de Miss Thomas a pour objet le caraaére de
^«rataia dans les romans anglais oit on parle de lui. Je citerai ici un passage
te riHrodaction i cette troisième partie, qui montrera combien la critique de
i* jctK Joilonst est judicieuse et avisée : « U n'a pas pu y avoir de Hartmanns,
il* NVotIrams ua de Gollfndi anglais pour traduire ou rekindre dans leur entier
tes rwBjns d'Arthur : 1 l'époque ofi ils iniéressaient le plus, c'était le français
^'oi écrivait i la cour d'Angleterre, et on lisait les originaux Irancais. Ce qui
■*i>tem ce genre dans la langue du peuple a donc un aractère plus populaire;
'" y remarque l'ignorance des mœurs courloiscj ; c'est le reflet du goût du
V^bbcugtais (Bsqu'auquel ont pénétré ces histoires; et i cause de cela préct-
•**«« il semble iniéressani de faire ce que Madden n'a pas fait, c'est i-dire de
'***' l'attitude prise envers Gauvain par les poèmes anglais, comme tels, dans
^*** ^ cas où ils diffèrent de leurs originaux immédiats. Ce n'est pas que nous
'fOfts j lUenJre d'eux beaucoup d'incidents nouveaux, ou quelque point de vue
1"' ne se trouverait pas dans les poèmes français : c'est le choix qu'ils font dans
">cidentt qui. àms ta plupart des cxs, est leur verdict iMiss Thomas montre
. "'te que lous les poêles anglais ont fait de Gauvain un type accompli de
^*^^t je pïOBewe et surtout de courioisic icn quui d'ailleurs ils te sont con-
^T***» k tenrs modèles français] , et signale en terminant l'étrange contraste que
^ Gauvain des anciens conteurs avec le Cauvain hypocrite et déloyal que
}8o COMPTES- RE HDUS
TetiR^n i fepriienté Jii public aitgliih moderne d'âpre les indication des
moins ancieos romans en prose françaî». On sent qw l'aDteur éprouve vae
secrète indign^lion devant ce travntiiscnicnt de ion béros, et Gauvam, dans m
longue carrière pofiique, a garanti ou vengé l'honneur de tant de danws et
demoiidles qu'il cnértlait bien que l'une d'elles se fil ie champion du tien.
O.P.
1.1 byatore de JnUas César. &'ne allfrani^sche Erzxhlune m Prosa
von Jehan de Tuim, iuai ersten Mal herausgegebcn voii Dr. F. Si:TnfQAfi.
Halle, Niemeyer, i88), in-8", 270 p.
J'ai dtii communiqué aux lecteurs de la Hamania |IX, 6ii\ les inièretsaaU
rcsullats dfs recherches de M. SettegJtt sur Jehin de Tuim et Jacol de Foresï :
ce dernier, dans son roman de Julm Ctar, n'a fait que mettre en vers la prose
du premier, cl il le cite même nominativcineot â un endroit. Devant crt état de
choses, M. S. a renoncé, ce qui avait été son dessein prîpitif, i pDblwr le
poigne long el médiocre de J^cot, se bornant à en communiquer de nonbrenx
fragments dans !es variâmes. En revanche^ il a imprimé avec beaucoup de soin
l'ouvrage de Jehan ; il n'en connaissait d'abord que deux manuscrits, i Rooe
|V) et i Saint-Omer (S> ; il a eu depuis connaissance de deux autres, l'un i la
bibliothèque de l'Arsenal h Parts (A), l'autre i Bruxelles (B|. Il a copié oa col-
laiionni complètement les trois premiers ; le quairiéne a po être 1 peu pris
Eaifsf de zà\h comme appartenant 1 une famille déji repii^entée par dciu
autres, M. S. momie en effet que A S B ont en commun, du commencement i
la fin, des fautes nombreuses et remontant certainement au même auteur; V est
isolf en face d'eux, et, s'il a quelquefois de moins bonnet ietoni que la Eamille
A S B , il lui est généralement supérieur. C'est donc ce manuscrit, le plus
ancien des quatre <A seul pourrait lui disputer cel avantagel, que M. S. t pna
avec raison pour base de son édiiion. Il est d'ailleurs arrivé S constater que les
quatre manuscrits ont en commun des fautes qui atlesteni qu'ils dérivent tous
d'un intermédiaire dé|à dcteclucux en certaine cndro'ts, en sorte qu'on n'est
pas assuré, en les comparant, de remonier i l'original.
Cela étant, il semble que l'éditeur a tranché un peu précipitamment la «jaes-
tioR du rapport de F ipoènte de Jacot de Forest) avec les manuscrits en prose.
Après avoir établi que Jacot n'a fait que mettre en vers le livre de Jehan, il
cherche 1 se faire une idée du manuscrit sur lequel le rimeur a travaillé, et il
pense qu'il appartenait au groupe représenté par V. Les quatre preuves qu'il
en donne (p. vij) sont très peu satisfaisantes. '| Jacot a dfi écrire trient, que le
copiste de l'unique ms. de son poème a changé en trrant; i) Uuet pour Uut se
trouve dans beaucoup de manuscrits du Nord>Esi, et l'erreur de Jacot, qui a
compris Inre^ prouve peut-être que son ms. avait liiut, mais cela n*implM)uc
pas que ce ms. (At proche parent de V; ;) Joitt de V est la bonne leçon ; le
fait que Jacot l'avait sous les yeux ne prouve donc rien ; 4) (i-ranf dans F est
une cheville pour la rime, et n'a nullement besoin de s'appuyer sur le tos de V,
pris pour ton. En revanche. coTnment se fait-il qu'aucnne des butes comnonei
i V A S B ne te retrouve dans F^ M. S. die deux cas oïl F a, d'après Itn,
Settecast, Li hyjtOTt dt JuHas César )8i
smélior^ par critique conjtcturile ; il y en aurait beaucoup plas i citer, ef àii
lors crtte excellence àe critique devient bien invraise[nblabl«. It est cisir que F
remante À un manuscrit indépendant de x' <=: V + A S B), ci d^ lors il
aurait pu sans doute fournir X la critique du texte un iecoon plus grand que
celui que M. S. lui a demandé.
Cette remarque en am^nr une autre. M. S. signale divers passages oti F est
plus long que b prose cl se trouve, pour ses additions, d'accord avec Lucain
ou les Commentaires de Cé%3T; il suppose donc que Jacol s'est muni de ces
juteurs pour amptifier le texte qui les avait pris poiur gnidei et qu'il suivait i
son tour '. Cela parait fort peu vraisemblable, étant donnic la manière de tra-
vailler habituelle aux rimeun de son temps et parti culièfemenl i lui. Il me
semble plus croyable que la rédaction conservée dans V A S B est une rédac-
tion abrégée, tandis que P a eu et mis en vers le texte plus ample qu'avait
écrit Jehan de Tuim,
M. S. explique ensuite comment il a établi son texte, et notamment comment
il a lu le mi. V ; puis il examine, dans une étude sommaire mais soigneuse et
méthodique, les traits linguisliques de ce texte. Il s'occupe ensuite de la per-
sonne de l'auteur, sur laquelle on ne sait malheureusement rien (cf. Rom. XI,
619), si ce n'est qu'il vivait au XIII* siècle et qu'ij était de Tuim, aufourd'bui
Thuin, dans le Hainaut (Belgique! : la langue, telle qu'elle af^rali par la com-
paraison des manuscrits, peut fort bien en effet être Mlle de celle région, Jehan
était un clerc, cela va sans dire ; il a écrit son ouvrage, d'après le latin, pour
plaire sans doute i quelque seigneur ou â quHque noble dame. M. S. examine
SCS sources, qui sont d'abord Lucain, puis les suites des Commentaires de
César; Jehan s'arrête au retour de Ciur i Rome, le laissant en pleine prospé-
rité, sans indiquer le moins du monde la catastrophe déjl si proche. A ses
sources, il a ajotilé beaucoup dans les délaits, notamment dans les descriptions,
et un grand morceau oit il peint, sur le modèle des romans en prose de la Table-
Ronde', kl amours de César et de Cléopilre, et dans lequel il intercale tout an
traité de l'amour. J'anrais voulu que M. S. ik se conlentSt pas de ces indica-
tions sommaires et éludilt comment Jehan se comporte notamment avec Lucain,
où et povrqsoi il l'abrège, quand et pourquoi il comprend de travers, et par
quelles additions et modifications curieuses il substitue partout i Pesprit et au
milieu antique le ton et le costume du moyen Sge. C'est une étude qui reste i
faire, et qui n'est pas sans quelque intérêt, Jebaa de Tntm étant après tout (en
laissant de cAté les livres religieux) le premier (raductenr en prose d'un auteur
de l'antiquité dont l'œuvre nous soit parvenue ; il est probable en efict que ton
Citât i été écrit avant te VigUt de Jehan de MeBn, qui a eu, comme ClSêT^
la Tortune singulière, et encore plus iRaitenduc, puisque l'original latin étaK en
prose, d'être mis en vers peu de temps après sa publication.
I. A un cudroil, d'aprit M S.Je textcde Lucain auraii Indoii lacos à gJier ion propre
irite : pour itot^ lehan, 14, t, donne itottt sâsKour, licoi ta ««■/ Oin: or, to«i
près de a mot, LikiIb a Naaiiu, « Jarai luis lu ei traduit Homiaé. Je crob pluiAi
qu'il a iciii Ut noz dmi. ce i)tii eiiii uu doute lusi la letoo de it&tn.
1. u portraii de C^èopltrc [[>. 161 t.) parait Inlie dafameiii ponrait d'iKil dm le
Triitait ; lelun dit de reile »prtsi£i«M qu'elle ■ edoM tant btele c'onqucs aotre dame
ne fu plui, te ne fu Hcltne ou Ywvi de Coiaootille. »
^9t COMPTCS-REHDUS
Je D'aurais guire i rtlever dans le texte tort utitbiMol de M. S. qoe d«l
ftulM d'impression et de pooclnation, Je pi»e au glouaire, qni est b partie
de son travail la plus inléreisante d la plui m^nloirf. Je oe relève pat, natu-
rellemcni, tout ce qu'il contient de bon < ; je me boroe i présenter des obtcrva-
tioDi et Ats iidditions sur quelques poials.
A(oa»tter. Le sens de * vemichlen. zu Gninde richlen, > ne paraît pas tout
i fiit ciact : il est trop éloigné du sens primitif ; ie traduirais platdl < accjUcr i
par le nombre, et de U même ■ écraser *.
Aigrt et mgt€, au sens de • désir, • piraiisent fort douteux ; le^ deui fois
le ms. V est seul à les donner ; on peut Uire sur <x qu'il y avait dans rorigiaa!
diverses conjectures. M. S. rapproche li futwrf d( nul tngn dans Aïol, • bien
que les éditeurs Irarriçais le rendent par 'race'. • Si le not est bien assuré, il
doit en cRel te rappOf ter i engi^r. et n'a rien il faire ici ; c'est aussi l'optoion
de M. Toblcr (voy. la note de l'èd. Fcerster). Au reste, il est erroné de dite
que l'aoc. fr. mat Situent Aaas Grrari dt Roass., p. 167) vient du lalin acer;
les exemples anciens ont tous un r, qui exclut ce rapprochement.
4 Eiligier, acheter, v dit M. S. ; < de même dans Aioi U'I'ê'^, ob c»pen>
dani les Mileurs français le traduisent par 'payer'. > M. F<srster traduit éfcaie-
meni : * auslcrsen, beuhlen, > el, si dafs beaucoup de passages ahgitr peut
(ire rendu par ■ acheter, * il en est d'autres où il ne peut siftniâer que ■ payer. *
Vo)-. sur ce mot Tobler, Jahrb. Vlll, {41. M. Tobler propose li comme éty-
mologic exiltigare, mais le sens convient i peine et la forme Becosneal pu,
parce qu'i cAté d'ttligitT on a etkgur. Je rattache le mot i l'ail, ledig, qii a
donné CQ françJiis lig( et Ugc : uttg-a ou tili^itr signifierait d'abord 1 rendre
quitte, franc, • d'oli i dégager, • puis * payer *. Ce serait un composé de ci
et d'un thème allemand, comme ^inniirr, tfftter.
Enramttr tne semble lort dootcux ; je lirais, 16, }, uput tanmias^ d'aiiUtM
que le mot n'est que dans V.
Dans ce passage : Si ts\ itaai a U mtlltt^ U irtit u on astaUit lu mut foir
abjtff !cs, (t monU tur le frtu des mars e'on tnit âiatui, M. S. traduit frtli
(var. ItiM par < sommet, « s'appuyant surle passage conrspondanl de Lucain ;
tilii summù. Fuit serait alors une varianie de )au, primitivement /(«f*, H
%oaim futtt (voy. Rom. 1, 96 ss.). J'ai cependant quelques doutes, n'ayant
pmais rencontré de forme sans 1 en langue d'oil, cl je me deman<le si /riii ne
signifie pas ici simplement ■ brèche. * de fr^cta, mot bien connu.
Fttun. au sent de • bris »,se retrouve dans les Coutumttdt A'dniur.etce sens
ne semble donner la véritable étymotogie du mot dans ses diverses acceptions.
A propos de rtdotsU, M. S. propose pour redoii l'inadmissible étymologîe
retensus. cl rejette celle de M. Lticking, redossius (cf. Rom. VII, 136):
pourquoi i
Hotiennia vitnt de roluodiare et non de rolundare.
Sttot ou itnt, ■ soif, * expliqué par sjccina, est visiblenent poor tant, et
I . Je veux ID main» »ignal« ijuttqupt aniclei, comme iu3nUn (Je tradiriftb ccpen-
dani far mtsemant plulAl |Mr a au hasard, au j«ger >), atendrt, tuttrir, /ttlcn icf. Kom.
VII, 6)a>, hMa, irrdù, niMj, npoifs {<( rofoi dans Baruch, Rom. a. Fait. 1, 60, a);,
TÎmt {Ml louiefois il jr a qiidqac coslunon), qtà hm parûoiUercmeni insmuitli.
Settioast, U bysiore de Julius César jS;
Ij phrase ou femuu ca umt suflît 1 montrer l'étymologie : 'sitiiii comme
'famina.
Viulriitr est loin d'être assuré : V donne vmliUs. A witrtus, S witnUia ; j'as*
rai occasion prochsmcment de revenir sur les différentes formes de ce mal.
Les textes en prose de notre ancienne littérature qui ont été puUiés sont
jusqu'ici en tua petit nombre ; on doit savoir d'autant plus de gré i ceux qui
t'imposent la tJche de les mettre au jour. Cette llche est d'ordinaire i la fols
plus difficile cl moins attrayante que celle de publier des vuvrcs poiUc|UCS ;
M. Settegast, en ce qui concerne le roman de Jaltas Ctur, l'a parfaitetnent
rtCDplie ' .
G. P.
C&atos popularea aspaÂoles recogldoBt ordeoadoB e UnstradoB)
por Prancisco RonniousK Mari». Sevilia, Francisco Alvarex y C», editorei.
— Tomo I.
Ningun pueblo precediA ni aventajA al espâflol en coleccionar lut cantûs
populares narratiiroî, lo cual unido ai especial mérito de muchos de eibs. fué
causa de <]ue se les coniiderase como Itpos de) g^nero â que perlenecen. Mas
otros ramos de pocsia popular fueron olvidatlos 6 poco menot en Espafla, cono
en oiros paires.
Hubo, tin embargo, excepciones. Los refranes, por su brevedad, su indole
didiclica y aplicaciones priiciicas, han llamado l.i atencion desde los tiempo^ de
SantilUn.i. Los cni){ina.^ o j^ivininias, (;éncro en que siempre han mediado
conunicacioncs eitrc la région erudita y la popular y que ofrecia cierta afinidad
con los hJbitos diaiccticos de una parle de la poesia cortesaoa, fueron estima-
dos como eieracio de 'wgm\o'*. Bl cspiritu humanista en Kodngo Caro* lautor
de las Rainai di UàlUa) y e\ des» de butcar nuevai formai p.ira la cnscfianza
religiosa en Alomo de L^dcsma ' produjeron dos lutados de juegos inUntiles.
A pesar de que e1 i^uslo académico del sigio pasado no iba por estes cammos,
ti talento cscudririador del P. Sarmiento nu dejû de aplicarse, con acicito y
por primera vcz segun pensamos, al.cstudio de las i coplîllas y canaoncs del
pueblo ■ ^copias sueltas n canlares)^. En el flllimo ano del mismo sigIo se
publio!) ta primera coleccio^n de obras de este gênero, à la que siguicron otras
I le a.'a\ lu qn'iptéi ■voir tcût cet article lu complu -rend ut de la publication de
It. Scuegiit dannti par M. SirpRcI dam le Litiiarisciui CtntfalUall, ii<8i, n* 4} ; par
H. Mntiafia dai» \t liUraturMan fài gtrm. and rom. Littralat, iB8j, ■)■ a, et p«r
H. Tubicr dans la Oeutuhe LiteiitsutuUatifi, i98a, n' 14. On y revouvera quetquei-
UBCa des obienrations qnl oni M prétentéa kî.
j. vide en TlcknDr, Hhi. dt lit. ap Segunda ipoca, ue. V. Pnsunlaj y ntpaaut
dt Btto^ar y dt Lopa de Cardai y Snifmai ii Gonialet it U Tom, j eif edalmenie
CD DOBÔfilo, Celte, de Entgmdf j Adnutdiaj. Bibltogrtpa, p 481 y dg.
|. DiatgeRjalei y t&drkos, obri que ic esut» eKnbictido en 161}, lecnn obferri
(todriguei Marin, fciit u hj lervîtlo de un int. de U Coloottnna y habla ae oir« dai
copias. E^ b Nacionjl de MidnJ h«y otri de qae tomt nout ca iB;v.
4. Juegos de aocliei bitcoai 1 lo divino, Birctlona, lâ^ïi, reimpiao en la Btt)l. de
Rivtdcneyra, lomo XXxv,
}. Mtmanat para la Aûr. dt ia poaia y portas upâiMu mOMMàMi «n i74t,iflipr»-
yi en widrid 1771 v. principalmeaie % j(i y )6.
;84 COMPTES-RENDUS
d« taediano rAter*. Con miras o pretextos peibgôgicos le deurîbkrOa oaeva-
mttwe loi \fitgoi infantikt*, de que con fines mâs lilcnrias tratA tanbira
D. Joir Amador Oc lot Rio»* y de enyii Ictris di6 unji coleccion poco nuone-
TOia el aulor de las présentes lineas*. La escrilora conocida por d pteudÔBJao
de Fereian Caballero tnaiizô con variadas flores del vergel popuUr sut iotere-
unies relïlos, donde parecen conservar la primîttva fragancîa'. Fiitalneotc
D. Einilio Lafuente y Alcànlara public^ una copiou y ordeiuda cokccion de
copiai y »|;uidillai*.
En esios iSIlimos ^rios ha dado grande impulse a semejantes «studios D. Aato-
nio Machado y Alvarez iDemôfilo|, jr-i en articulos tueltos publiudos los mu
en la revista sevillana La Eruidopidiâ^ y» en lus dos colecciooes de Enigmdt
y Adiftnjazas y de Cjntti pamtDcos (Sevilla, iSSo y iSiii), y» promoriendo la
(ormacion de los Folklaris andal'jz y frcsnense. De él proviens umbien, nb d
primer trabajo de invesitgacion, sino cl plan mas ampliado de la cokcdoD que
es objeto del présente artîcuio.
La primera seccion de la obra del i' Rodrigtiez Marm comprende lai Nmss
h Copiai dt ca/ta. Conûene 41 canUrcillos, todoa de cuatro versos. Muchos
han sido compueitos adrede para adormir i los ninot, y algunot llevan las cxda-
maciones caractcritUc» A-la-ro, Ea-la-ta, A h itana, namla. Otras no soa
1. CclKcion Je lot mtjora taplat it stguiàitlAt, rinmoj, fwlM qvc st haa iompntsto
ptra eénUr 4 U guiurra Por D. Prectw (Zanuula). Madrid. 1799. V. WoU, Btiu.
tur Sfaa. VeIkspùaU aut dta We/ken Fanon CabaUtn'i Difha obra fut aniaenuda por
■u ainer tan un nuera lomo en U rercera eà., i9o[. Siguieron lai cotefonoe* de 0, E.
A P . Kgunda éd. 1807, de un ao6nteia en U itnprcnti BarctMeu de Agmitii Raa,
icgundaed. iSif J mis lardc la de Sc^arra, Leipiig, 186). v. uftxMe j AlciaUti,
CaïKioam popular, Prilego.
2, El Mtntor it ta lajiiatia... Dirtctor y luAactot Et txcmo S. D. José Uiùlai Vd*
donaiio, Midnd, 1S4), 1 Conic», coaticnr viTim jae((oi, la nuyorpanenudos, peioalcoBOi
con letra no sirmpre auièmici. v. mat 3cl«bmr naoïtat obsmaoofles wûr l<H n** lll
y II). De U pag. $4 de r lomo vt i^eiluce que tl rtdactor del arôcula uaia ootida
direcii 6 indiretu de an piiaie de R. Caro. — Jatios d« U ptimtra edtd, Madrid, iB4i,
y JuifOi y tatracJiiniiaitoi de lui nlAiu, Madrid, iSf>4. por D. Kemando VilUbrilIt.
Pone lot \iKgot lin lai teiras pcro Indica at^r», ^r eiemplo : 07À4 Am m ati ai
taia Qur ati i« el ntftt. Pont dos mclodias. uni que dke analoga i U de este jiK^ y
«ira fi-anecsi 411e a La tvlanelurj tl.a tMiangire, ac c^inault 0-
). Htsioria crttita dt la tttnatuia tipaHola, IV, ))8 y VII, 4)1. V. Ui ofaiervacîoïKi
towc iot a''^i, 186 y 119.
4. En el fdhrtuth fur romaniicht u tf^Uscfit Littrilitr, VII, 180 y tif. V. las
obiervacioncf al n* 118.
I . AdcfliH de lai piKsias popularei bueiias es sm ntn-clai. Fenun CaKiltcro pablic6 lai
dos caleccionei : Catnm y potitat popalaru mdalaca. sn-illa. 18(9. y Ciuatiu. on-
itoati, adivinat y rtjrjntt popalarii i iiifaattttt, Madrid, 1S78. Ko rcntrdo el liiolo de
orra coleccwn de la ir.ami lulora que te me tia extraviido y ifue comiiene leyendat y
{ueiiiM infiniiks T verses de varia;! daim U9tno lot de los jnitt de Sevilla). Pareee
que nodriguci: Marin ao ha qoetido aproTt£jiar»e UCAO conu habiera podido de Us colec-
cton» de >enun. ~ Algunos pocUs lua pnoM la MescîM es cl gtaero de lu coplM
meliM. Ai^utlo Fenan, jucto con llgunas otifiinaJea, publirà (Oeno tm cenieftai de la«
popwUrcf . ATiionio Trucbi gloi6 otras Auiz Aguîlera y D. Melchor de Pibu {caïaUn por
deno: la ei Perran ^> m han diiiingaîdo lambien en el cuUivo en «ta tlait de poesia,
de que el (ili'imo Kaba àt pubdcar udj ntieva terie.
t. Caifchiiri.' poputat : nlKtion tiioiUa àtteplas y itgaiiilUu. la M.. Madrid, iSâj.
Cl mtamD ufoenie noi tubla de El çamùmtn infaiail de D. iocè Criiiiawl, iSéj. Ca
el Mttita Baitat ;;diûo a Didetnbrc de 1877] D. Ccionlaio Foncsa publk6 uni rcgubr
toleaiOQ de faaiat fopulara tu^iÀat m ÀiUêbtci4.
RoDRiûUEZ Marin, Cantos populares espanoles jR^
MMs por el sentido pero sirvcn para et mismo tiso, no menoï que algunos vil-
tancicoi de nocKe-buena, el romancillo del casamiento de! piajo y la pulga, etc.
R. M. compara trcs (it sut nanas con otrat lanUï dt la coleccion de Pitre y
coa iina poriuguesa ', pera la semejanza es remoU y en génial puede decirM
que «te g^ncro de nuetira pocsia popular ofrcce mcno* frecutntcs analoglat
con la de Los demas pucblos que los cacitarcillos de otras clases.
N* 8, nota j. A la-ro^ro. R. M. crée que cl origcn de cîta vo7 es e! mismo
de a-la-yb, n>-v^, j/ui etc. de las nimi-nanni de Sicilia y derivadai las liltimai
dei latin iallus, î 6 Ullo, at. La liltima dcrivacion (6 parentesco) parece pro-
babic, â pcsar ât la trasiacion del accnto, sin necesJdad de acvdir â una etimo-
logla grifga que propone lambien el voc-ibularisca Pasqualino ; en cuanio  lo
otro es posible, pero no hay medio de probarFo.
N" 10, nota (. Habla de San Viceau (de Paul) y es por consiguitotc de
fecha poco antigua.
N- 14, nota ^j. Oice que nnitUo es demînutivo cxtrciDcno. En una copia
citada entre las demâs andaluias por Fernan Caballero se iiceQac lindas mani~
tai |L« Cdvidtj, I, 71).
N' 3} y J4, nota 1 a. Alude â la extrafla creencia de que tan Juin esta sujeto
6, un sueRo de très dias, porquc de otra maoera el de sa fitsXM (14 de juniol,
segun un dîcho de Badajoz, alronara loi dclos ton alt^na.
N° {8, nota ai. Coco : ligura îmaginaria » asombro con que se espanla &
los nmos : pàpào portugues \papû catalan).
— Sigue en el libro de R. M. Noticta fcn especial litdtct) d« la obra inidita
de Rodrigo Caro intilulada lius etc. y Irascripcion de uno de sus capitulot.
Ejle \Dial. VI, v|l versa sobre las palabrai Ntaa, Nuia, LaU, Lala, madré»,
segun Caro, de tudos los cantares y canlares de lodai las madrés. El doclo
aaticuario juzga naturalnienle jVinir dcnvada de nanij y Lah de /j//o, js, pero
no explica la forin.i aciual Nnnj, acaso proveniente de h mezcla de las dos
palabras, quedando las consonanles de una y bi vocales de otra.
— Oespues de e^ta di^Tcsioci vicoe la copiosa scric de Hunat mfantilu lo* 42
1 441), aprestirandose el colcctor é. cscudarse con las palabras de Rodrigo
Caro : « no se que ôrden podemos lener en h cosa que por su naturaleza no
lo deiK. > Una clasificacion rigurosa furra en verdad imposlbie, pero creemoi
que ei dado bosquejar una aproxitnalîva, que en el fondo no olvidô enteramente
R. M. Ensayimosla.
Ejtrticios faTA loi ninos dt mener tJad : se les hace tnirar arriba, dar con sus
maooi en su propia cara îi en la de otros, saltar como que cabalgaa, se les
babncca, se enurneran sus dedos pertonijicândolos etc. [n° 4a a éa). — Satrta
6 preparacion & lai juegos para laber quien ha de llevar h peor parte (n* 77
â 80). ~ Jiugoi^ corros, da&ias representativas b especi^mente imitativas,
filas 6 bandas, sahos, escondrrse etc. jn" 69 a 76, 86, ija, 209 i 14 j), —
Jiugos Je chiitfiis, â veces complicados y que extgen especial ejerdcio, en lo
cual se distiguen de los demâs juegos \ir aof, 6971. — Jatget Jt prtnJts, mas
1. Eita o ma* temtjanic en el fondo al n* }7 que al ]3.
Ronaaia, XII
Jl
î86 COMPTBi-BEHDUS
propios de adultes (n* Joi, J94). — Rel'tposJt y ndmftt k » miBen in* 9(
il 188, I (6, 798}. — Est^arts y aoàhgas. ReciUdas al tr A fa «cuelJ 6 j|
silir de Hla el siibado; en los exâmenes; reblJvas a nAsicrc» Iti la tolU,
parodias de oracionn etc. (67 a 91 ; 99 i (05 ; 160 i 169) *. — Burliseat j
satirkai (n" 141 a ijO'-— Para pedir <I72 i \y\\. — CartttciUos i ti
//in-id, ri /d /und, d rarios animaks (lu i riSl. — CorA/ttiriu |un ngaflJl
)ii»6j a 68.) — fanffli'flf natra\tvet 6 Urkas (176 à 191 alguna, al prec», dc
mal sentido}. — Trabaiengoas (6j a 68). — Hay algunas, como los n° 9} y 4^
que se uta al alajar una cailfr, frreductibles à tina de bs claies antertores. El
17J, que se canU cuando se déjà la ncuela para ir a robar frvbi, puede con-
Une rntre Us «colares.
Dîficil sera sicmpre dislinguir cvalei de estas cancioncillastueron compueitif
por nlrios (pocas sin duda), cuales para njftos y cualet para los adultos qM
m&s tarde las han olvidado. De muchat de ellas esta demostrada la suniJ inti
gutdad, al pa&o que olrat, Ji lo menm en su aciual rorina. han de ser moder-
B»^. Li diftision de un f^ran numéro de estas rimas (como (ambien de lot
enigraas y or^ciones) pruebj jdem.is un punlo de pjrtid^i comun en Itentpat
remotos, excepio en casos deierniinados en que puede eonjeiurirse una com
nicacion recïenle. R. M. coteji muchas rimas de su coleccion con otras esta-,
lanas {de Maspons), ilalranas (de Pitri, Imbriani, Perraro y Gianandrea) f
poruignesas ICoelho). Pari^enos que el niayor numéro y tas mas sen)e|jalet
son catalanas.
N° 48, nota 7. Jarre, faru, uiayiu {m castdlaDO no andaluz : Arre, artti
eatatlito]. Las cancîonctllas similares catalanas e ilalianas comienian por arfi
y arn lliâllatc lambicn esta exctamacion en una anécdota relativa 3 Dantei. 1 «O
deberla tenerse présente esta igualdad al inquirir la elimologia de la palabrs
que cl emmenle orientatisTa Garcia Blanco alribuye 3I hebreop Del misno
ori|;en vemus tnas adslime que hace derivar el bti con que se espaota & los
niflos (?|.
N" 69, Dola 31. Segun Demifilo f el D' Schuchardt afirmabs que tm lA
prononciacion andaluza flo mtsma dice de la madrileAa, Dit Cantti fiémtiKOTf
p. 6]} de! vocablo )o percibia el sonido muy fApido de ana d, como si pronun-,
ciasernos Jyo » ; creemos que es efecio del sfuerzo que se hace para consoniScar
cooiplcumente la j. Mat esto no puede aplicarse a Jir coya r es vocal y coyt
I. Ho considerafflos popolaru las très nilinas : Si tsU li>n Jt ftrdUrtf etc.
a. Sa son mriniilci, aunque tas eauian 1m niltos, lu i|i ■ l}9, a Ut que R. M. da
tobrada imporUncia.
}. Por qemplo Uaéngiti uiM maigaa, en JaM.J. ma. tit. VII, i8[. <mc tefoun^l
IMffW Soi bmnai nwiat St se/Un ftiÂti Por les iotiiMM TittiJMS j c^s. TamUeo té
maitxtxt el gncioio jiirgo piblîcado por rrriun CabaHero :
De do* mebiies y Joi pepinot
r'aci6 una mala âc lediu^uinoï.
Uaoi Md alt« (te cmpinan en la pnnli de los pits),
otro) ion clilcos ite penen de rodlllat),
Chiqumioi (se prooea en cucAUlai},
V todot tienen pela bonito (le Itvintin y lalun).
Ua denomiiiacion, muy tonidj, de tishu^uinoi que wicnliâ 1 11 it lot antiguos gatanu,
curriaaau, pitmrdts j pttimttra hubo de inirodncine haeu d aèo i6if poeo mu
0 menai.
RoDRiGuEZ Makin, Cantos populartt tspaiiolts ^87
Jhi'dtUMr Otro origtn, il no t«r qut se supongi <violfi>laniente & mi ver)
^ £r K ba (ormado & imilacion de dytnJo. — Anadircmos una obtcrvacion
xm mis curima que oporiuna. Es sabido que, como en variss regionn de
tulNgancistrlIjaa, catalana y (rancesa, luele tuitituin« en Andalucû b jr i
bC. û) URgular es el caso. que bemos noudo, de roccion 6 error inrerso.
El Ut njaifttôiM ârjhtt dt Granâiâ, 1879, p. llz, se imprimift kâlhma! pcr
^»al [( hâjopm). Igual fen^meno te hi observado en BogotÂ, segun vemos
oljildwni*, Vin. 6îl.
N*7i, DOU 1^, Se trata de nn |uega en que d direclor va peliizcando las
■Mit dt otm ffluehachos. Lo compara Ft. M. con el cat. Yall, auntus
Mufom, p. I }), tnai ette canUmllo strve para hacer dar una mano con oîra
ilnnBos meitores.
^** ;\. nola ; 1 . Soj bmdita, Lo maaJa h ttj etc. D. J. A. de los Rios, IV,
Vfo, trae otra vertiofl : Yo soy U vtaJtta Dtl ceaJc Je Ori etc. Kemos oido :
Uwjii nadka Oii batlt dtl rtj, etc.
H*77, DotJ )S' ^**^ hyiila \?\. Sobra la interropcion, pues la vtnion
t*^Sesu, MitiU^ etc. fija la palabra.
^' 80, noia 40. Ciu a R. Caro, Di«/. III, 1, que trae varios tcxtos relatJvds
''fvaapai laiuc d« los antigisos.
^'^, nota 41. Ruom. raoua. Un nliio cuonde su cabeza entre las piernas
wHRif hadeadivtrur loqae esleseflala o figura. Kccuerda R. M. lactimologia
*ifMiUs palabras {(do) dada por Demi>filo, confirmada por el Dt Ciidin^ de
'*'■■ ^ Ledcsma i t\ dt todat, dt coda» de lot gallegos. Cria un pauje de
^^'Km M que an oifio que Triinalcion puso sobre sus i^paldas las golpea y
fibr t Buccj., bticca, quot sunt hier' »
"*!(, nota 46. Recuerda el uso de las jôvenet que para saber si son o 116
^llaivaii amtcandu hs hojat de una tnargariu dicieudo : ■ me quiere, no
** fRwre, ■ uso notado lambien en Iulia por Pitre. Et la inisna Sor que
*"B^ la desgraciada beroina que lleva su iMtibre en ci Faasto.
'"• 91. nou ^7. Por un reoierdo imperfeclo del difundido romance de
j^tlCaUliu (i>6 la de Sena como crée R. M. que pabtica un bello comienzo
^ Hâsno romanccj se supone nada menos que la Santa mata a sus padres.
.^* loi. aou 6j. MaHaiu li Pomiago. Trae 1res versiones de difercntcs esu-
*" fie Améncj,
...N' toi. nota 67 y seg. Cantos de lluvia. No trae el Qui lluau ^at liant U
S*n d* Iff Cvna csado en Castilla y Aragon, ni ta version de Fcman Cabal-
^ (Ftmiha de AhittduS aunqne siotras parecidas. Cila una de Ledcsma.
. ^^"110, nota 7t. CanntoltvDdelasap<>strofo, derivadas probablemenle de bt
7*'*<ieJooes gcntirrcas â la luna, cila un version de Lcdesma y luego un pasaje
^. Caro en que liabta del juego de su tiempo : Sonsoluiu {Dlat. V, tv|.
^*'q ciXt es otn cosa : es uno de los juegos en que hay dos bandas ô fibt,
^^^Ulen e) de que se habla, una al sol y otra a la ïombra, De aqut Sonso-
"*»* iian is* bau).
^* 1 18, Mta 76. TcrcM, Pou la mm eic. SAlo cuatro venos que rentrdan
jS8 COKPTES-RrKDt'S
h danza : Tfrcsa De h c-tma d la mesd ... Coifitts Dt lot qiu tu me Àistti ...
Tûhaca Dtf ^ue Juma mi niûio ... etc. ijjkrb. /. rom. Lit. Vil, 84) '.
N* 11], noU 78, Hihiio, biUno etc. Simpft ap6ttrofe al nitlano. Ë) Mtniçr
4t la lafancie, I, 19, dnpu^s de una leycnda feudal que nada liene qur ver con
ri âsunto, Irai^ un juego de ninas que tambicn, dice, umd los niKoi con d
nombre de San Miguel y el Diablo. Las que iiacen de palomas cantan : Vimti
à lu huerU Ot Ptdto Torongii I Vtrimoi al mitaiio ComunJo ptngil. Cil! Cil f
Cil! — PahmiU la àr atrns — Qut manJa^ madré? — Ves a ter îi tt mihnfi
tslii mae/to tf wn». Esta (fuirto... Esta vivo!!... Huycn, etc.
N* i}6, nota 91. Maîieia : segun K. Caro de Munadum., diosa de \<n ntflot.
N" 160, EOîa 1 1 j. Qhiin tac jirv ^ut no is tina la riuJa dt U fortuna ? Quim
dira tfiK no icit dos etc. Recuerda en cierta mènera el Die mihi qaiA mamf
N* 17s. nota \2\. A! hi^ai etc. Para coger con la boca un higo colgado en
una cafit. Casîumbre ahora de carnaval u«ada tambifn en CalaluRa. A HI3
3ludii(> Aristûfanes, segun cita de Caro.
N' '79, nota ijo. El ya ciudo romanciîlo del piojo y h ptilga, antado
tambien en Calaiufla.
N" i8û, nota 1 jï. Unda c încompkto romancillo que rcetiçfda ta cancion de
Mumbrû poi el asunto y por cl e^ttibillo : [Catoifi ... Cvinti, on, uri, uri .
Elisi, El'uà .le Mambrù) etc. Ver^on (incompleta) de Madrid, tgual en cl
eitribîllQ y casi igual en loj priinems vertoï ^ A Atocha etc. \Caral» (elc).
Que diipActto va [Caraifi, etc. Eîiia, etc). Que hermoio pcto tient quica te lo
pàn^tàf St h peind ju lu (Kalti un verso) Con pciaccito Je ora Y honjatllai dt
cmtal. — D. J. A- de los Rios, Vil, 199, tiabla de un jueguecilo llamado la
raeJa que empiera F.tw ts el Mantbrû, u/lorts (lae se cùntu de! rati \im dwla
reminiccncia de Duran, Hem. Crn. 1, 175). y ï'ce We Wo "iMc ô cordoncillo
en olra veramn IhabUrft de otra rueda) : Las evtjuttai, madrt, Lai oftjaelat
Comù no kay quien lai giiarde Se giiurdan eilat.
N* 188, nota 1(9. Metasô mi madré Chiquila j bonilaeXc. En Catalufti lene-
mos una version tambien en caslellino y con el asonante en i-c, pero coo versos
(o hemittiquios) de 7 stiabas. V. Romanceritlo eutdaii. n* 401,
N' 19J, rota 166. La formula pedaf^ûgica : AfdirjFm bajarà chafallada la
pniitta ganasafaia (que puede W'vir de paradigma de lai articuhcîones c^td-
laitas), fué comptietta, publicada y personatinenie aplicada pord entonces repu-
lado mateiTiÂtico D. Martano V'allcjo.
N" 10 j. A proposito de Juan Je PHinJriea Que liiat larga la pita legun H
canlarcillo, enumera R- M. v.irtos personajes proveirbiales conto Pero Crulh,
Jiuii L^nm^ tic. Cren que podria aiVadirsc un Juan dt hs ViHts. No hubo
s&lo el Bobi dt Caria, sino ademas La nilla Ma de Con«, Que pidt tt rOon
por lorna.
N' 10 J, nota [78. Nadila, bm, Nadila, dos etc. Juego de chinai que M
divide nada menoi que en veinlicualro partes.
I, LU demas daaua alli pubticadu y de que no tiablamat tu atroi lugarei comiuiun
V*at traigo 41» itntUr — si^ado fcr ta tarte -~ Papttti taa faciles vnmple capta) —
4i caUero j la maàtja — lot ki/aj de C^eriao.
ROOK.ICUEZ Hakin, Canloi popularcs tipaiioUt jg^
K* h£, Mti 181. Cani/o por tànure, cono en el n° 107 nota 207, p€riffl
foifinfit : lierncii |«n verdïd no oiuy comunl de la ponia popular.
^i\$, utd 191. Variante de Gilicù, segun nota del s' Murguij : Eilandc
U f9{trt pmtê En las tsmas dt un urdt limon Con las état ttpjrce lat nmas,
&• iJ fk» 4tTT^4 la fior. Aj l oj ! Caanéo vtri mi amot f Ay .' Aj ! Ciwwrf» lo
■wijoflo qae ugne casi ignal a la version de K, M. — Ledesma ; DiiaJe
fia U pàfit^ pinta, DcnJc pua '.
!*• if), nota 190, CerJoncito dt ûtù tra'tgo Qat se tne v\tn( qattranJo etc. Es
tlpJSG dniBÂlico que ic public^ por primeTa vez en la» Olistrwtiontt soiTC
k finu fêfuitr (Vease Wolf, Ptobtn), mas tarde en las RfpruMaaoïuf lata-
lantAff. dt Cet.) con un final itiuy piWîeo : Feah paitrfta Los dos .itnTtIft,
«., I fiaainwnte coo Jeres variantei por Maspons y Pin y por Soler (R<v. J. !.
w.}. Ed H i<iAr&. /. rem. lit. VU, 181, hay I.1 version de Madrid, A h atilê,
au it an. cod la qval coacuerda un fragmento de la extrcmei\a tguc trac
R U, El Aragon conienza con esioi lindisinos versos : P'no oro, pho phtt
^iitulUt Àtl Rty.. Dite despues : De ira hifût ^ut V ûcpt Vaa qmre
iniV>..,Otl hun pan fii< Dios tne Ait daJo Coiteilas me lonxd... Bn Puerto-
Ko: Wa, iâlo, hila Je ùre, Yo jagando U ttrl (!), Por un (amino mi handieho
C^luui Jkifoi uaeit. Tingalas A no las Unga Yo ht sahi manttntr \Qae] M
fMfff Tt lormert Comiran tllat umhiea, Zapalos qat yo gasiare Gasiatan tiUi
Ma... Sigue muy semeiantc a la de Madrid. La andaFuza es la mas dîvcr-
|Me. Pircce (por ahora) este ivego exdustvamenle espanol.
K-Ju, nota 19} ; a- lu, nota 1 19. .Çjt S<t<ai iSiirmi/» âtr {Jû\ moittt...
SaSertm [Sirtnai) de la gùtna, gutna t>i \Jt la biitiia viifs]. En su forma caj-
tfsQ MB ouy cofliune estas dos candoncillas. En la primrra los nihos se
MfW, peniguan. arrodillan, levanlan cic. En la »gtinda imitan cl irabajo
fe« upatero, de on carador. de un camponero etc. K. M. cita otros juegos
■ttinot, algonos de los coales, que merecen forntar una chu scparada, se
'dtna I (aeitas agrlcolai. De ellos trie una version caitellana inuy notable y
'■Oifoe beoK» visto en ena lengua E! Mtniof de la infanciâ, I, j^S : Artna^
*mi, tmu Quf Dm I* di hiuaa t Paitt la tembraba, Y dsi deieansaba ; Aveaa,
*M. AQu, etc. — Attiut elc. Madré lu ticalm Y el paire ebtazabù etc. Avaia
^— Aitcs pooeoiro corrocuya letr^ tambicn lencmos por aulfnlJca ; Ya
■ onnu « la uira, Loi ijureUs han cortado; Esta dama que te iicoade. Loi
'*<i<l M lu lUrade. — Entrad est h daaia, Vtd tomo u daii:a, Danzad j bai-
W. Baitad y éaaiad Qui liugo al amigo Os loca ahiâzar. — Habla de otra
"■di : f/ orro dia ptatfUitdo haeedt/as nn paslor haUi . y del al^re coro de
'umusat cual atribuye unos versos en que s&Io creemos autinlico el estrï-
w«>:Cr4' Ctaf Cta! Cra! Cra ' Cra! 0 poco mas.
^ 119, nota aoo. Andt la lacJa y coca en clh {Y m eoit ttta : Quevedo).
"■ Can ncucBtn este juego en el libro 18 àe h Ilîada y en las Avîspas de
Aawks. Por iratarse tambien de una rueda R. M. copia unpasajedcl
W. V-VI de R. Caro, relalivo al [uego de niflas Cheliehelona, anâlogo al de la
•■'- El dialogo <loe se eslablece entre la senUda en medio y las restantes
"•M^eilli en nieda es : Cbclichclona. quid agu iit médiat — Lanas corrttio tt
/"■ M/aiiui. — Tkus veto ^lius qiàd faciatt petiilf — Albam ai e^uis m
J90 COMPTES- RENDUS
mut dailiil. R. Caro lo iraduce: Ttrtuga^ tortiige,^* ha(tsaimtJwrU.,fàt»
como anàlogo un jucgo de su tiempo en que una aifia s« ponu en medio de
muchu y decian : Aifiii iM Do/la Sancha vtttîda Jt oro j pljta, y clla rcspon-
dia : Qaun u ait omhu qat mt aada ptriigatiaio aoiiit y Àiaf Ota otro
joego : A do fat ytgaasf En tt puJo alun etc. — D. J. A. de los Rio* IV,
{j8, habla de) c |uego de la lortuga descrito por los poêlas de U anli^jurdad
y conKrvido rn loi ligios nedios coma lo persuades diferentcs l^tnalas dd
mismo, propias todas de dicha época. La mas ^ntîgua dic« : Aijut tttj Doaaa
Sanchi laûâa dt aïo it pïaia etc. lalgunos versos de tcnguaic muy aniicoado). *
La mat revente, prosigue dîcietido, es Totiega etc. y eopu la IraduclioB hccha
por R. Caro, dondc las solat palabrai hih milim advierien <\\xt no se iraU
de la edad média. Todo eslo va acompai^ado ie una nota en que habla de
mss. de lai principales bibliotecas ■ donde se hallan, dice, eslos y otros mvchw
motetes y canlarciJIos t. El docto y meriiisimo escritor, t\iie se di.sitn|ïue por h
eaactitud y precUioa de sus cius, ctltivo vago y arbiuatia en este puntot.
N* 120, nota 101. San PaaUliaa, Cnaatat sca^ etc. Alj^odderente en Jakftt
}. rom. L'I. VII, 186. San PantiUwt ^ae eiuntm tas oyat Sdir Pjntaiftm ^lu
(luniai lon^ etc. Madrid y Zaragou.
N' ]]{, nota 30V tiay ovai ' etc. Un niho andando à pié cojita va i saltar
sobre U espalda de otro etc. R. Caro, Diat. I, iv « y en on juego qoe llanun
Espaéa tiuia es ceremonia necesaria qne d que salta en cl oiro ha de venir i la
cûscojita. Lo Diismo en otro juego que llamao Pûtomita blacn, aha»^ u ji no
et el mismo. ■>
N" Ï17, nota 106. CompeJrt ajo. — Qae mania mi ara» ' etc. En Ledema :
Ah fray Juan de la Cademta — Qae manda mi uMor f — Caantos paan hay tu
tt âiui etc. En Cataiuna : Moutn Joen (o bien Saot Joian) dt hu Abtétssês —
Qat mana mi-unyfif etc. Se halla lambien tn Ilalia con cl nombre de Atltn^a,
(aiata 0 A huga cUtna. R. Caro Dlai. I, iy : • Digane V. si acaso ha encofl-
trado par ahi a Juait dt iat Cadtnas abao, porque se engaifçan y encadenan los
muchacliot y pasin a 1a redonda- — No se que ecot oigo alUi en el libro Dt
ttrum Hitura de Lucrecto : Qkos mtnwraiH Phrigiot inur te ferU cMtius LaJaM
etc. Por estos lexlos que reune H. M. se ve que la version de Ledeima con-
serva lo de las cadenas, petdido en la version de CalaluAa donde k» fliili»
lambien ■ se engatgan y encadenan >, y que la moderna version andalnu, i lo '
nenos en el comienio, es la que masse aparu dcl origen.
ti* 3i3, nota 107. Alahmo, atàlimo etc. En Ledeima : Ora liron, hnm etc.
Advierle R. M. que en algunas parlet dken los muchacboa A la fmon, * U
I. En el mismo (omo, ademii de \q anici cltado a" 71 y 18& tmeru d canttrcUlo
YO w taien et ConJt de Cntm. Triitt dt ni .' etc. En el tenia VM, 431 y 1 copia ana
aaj Intcreume dcl libro de Mbiicj de Saltnit : VoaJr ici aui ttnanas. . 06»4t
im Mot mofkoj : otro t\v. oyfi y fijâ 1 ' en Aiiutlu . EnsitUa. tKsidU EaecaM*-
tiltta. El rey Oob Jean taso tn CasIUllii ; y otro, csntado en fieirJt de t-too 7 Catnnot,
temejante al de Ooài Ana (VilUbtidc, Jatgos etc. p. f.Jaltrb / n>m. LU. VII, 181 1 en
donde Ooù kna n la refna Btnngudc y loi IsdTcinpt flentelrt Jrl ny. De todo cno f de
una terùon dei ultimo. t\tjia pat cl miimn Rioi, p*icce di>4u(irM que el anii^ao fMfft
de Dona Sancha mencionado por R Caio te hj convenido en el iDOdetno Uintao en
a^unos piMo* de Doit Ana y es otroi de Do3a Bereogoel* {reiai î b6).
RooKicuEZ Marin, Cantos popukres espaiiotes 391
iiBion, y asi se halla, en efecto, en la version del Jahtb. /. rom. Lit. VU, i8i,
basUntc parecidx en Eo dnnas a la andatuza.
N* ijû, nota aia. Parpalîyù, pdrpaUiio txt. DÎm R. M. <|uc es cl mismo
juego de ticonitne descnlo por R, Caro, Oïdl. I, iv, y de que da la
sigDiente letra : Zanabuca, Dit rubo à< Caca, Dt Ctuandta Qat jio sabt atat^
Nt pM toimr ; V<sU a isconéa Otirat Jt ia puirti de Saa Migiul. Toàot uno
iras otro se v^n À esconder mcnos cl que ha recîtado les versos, el mal luego
sak i buscarlos diciendo : Sahaino, Vendras tabalUto En U Muh de Ptdro. —
R. C- babla de la cosiumbre de escupir en ciertos juegos, espcuilmeiite ea el
que corresponde â la letra de este ntJmero '.
Signe en \\ obra de R. M. cl tratado Vcniit tistiat infantiltt litt ûgio XV y
ttrtmoniûi 4c ht muchithni in fa aiiaeUditd, en dondc inscrta las rimas de la
obra de Ledesma que no ha tentdo ocasion de citar en las notas anteriorct y
trata luego de las penalidades que se imponen lus niflos en tus juegot, y de la
œremonia ithur peiilioi J Jj mur (formula de recoDcilîiclon), lo cual le da pîé
para ciplayarsc il su sabor en consideMciones |urîdicas y filotolicas.
— Viene despues unj nutnerosj coleccion de Auivinozak, mènos numcrosa,
lin embargo, que la de Demi'ifilo, pues contiene S9i obritlas. mienlras la filtinia
ooRsia de unas 1 190. La diferencu ha de provenir de que K. M. babrà elimi-
nado todas las evidcnlemcntc erudîtas. Ademas parece que coleccionô sin
valerae de b ohia de DemoJilo, como demucslran algùnit variâmes de esta que
R. M. cita en sus notas. Asi como aquel dislrîbuye las conip^sîcion» segua la
jBÎcial de lu solucion, el nuevo coleclor las ordena pcr maierias (astrot y cle-
tncDtot ; hombre y sm miembros, anima)» etc.|. Los limiUres estan principal-
menlc tomados de las caleccioricita^ cataUnas, ribagorzana, rasca, sîcîliaBU
I . R. M. tcb dih cabida en <us not» (y no nuba obligaJo i mit) a In paujfs de
R. Caro que corrctpoiulian a lot juc^Oi t^at (onnaa patte de lu colcfcion Ctetmm
que 00 diaguiUri un btcve citncto àe olros {Miaga que fiablan de juegos aciio pctdidos
o • lo menoi no coletcion^Joi en nu»tr(n àiu
Oi^. V, fi IV. Minda crée Caro aue et Aàhina ^ujm uJiO. — Al escondcr. Preguii-
UD al upado : Que licnes in tl pU: — Un atcua — Pau iw le tt ^uiu htua la l'u-
oé. Luego dLce el upado : Haj fél^i — Calgos liay ai dpafat. u olli : ChiilaJra.
Un muchacho pone lu Kombrero denrro de una rara redonna y dire : Simtn y avito,
Pan y tuaizo. Si an luj qaitn ta roma dmalc Udkoma. Los oiroi van a ll^^arte a toces
d samcirero cic
S VI. GatHaetii ctga. Ma$ta aerua. r\ vendado : Caidr t la imisea dt mtlak — Cczarat
ptio no ta ffizarai Danlf cinco aiutcs. Trsia de coger a aiftuoa : Par par eaUmitasal
iorrel — Juegot en qur te imiti a un cicgo : Va tcnr iligu y ao ko nodit, A oaim
iitrt no u in' da naita, ■— Cita a Straloi en ini Ph^nuat . Cxi, dilittt soi, y iffade
qK cl M>l obcccdete lodavlj a lo* muchithoi cuaado dîcen : SJi. loJ «ndio, Ahora
tal, toi, j liame tu la (ara. Entens» iina boUa Ueni i la lum sin duda como (onir aria a
los bdronn.
CaUtnca, tmccio qpe te tiacii volar pciiandole una peloliila de todo para que dièse
rucliai en cl aire. » (ïio hacicmot, dicc. ton iat escarab«jo*, cabalklct y aviipis ion
lai que solctnoi enviir canu al rey »
D\al. VJ, g t. Les antigui» ronjkbin a 11 Miyi. Nonlo Marcelo di» que t-l agua M
iratiia en un ccittilo que te parecr cambien a la Almarwa que te ponen a la nuya (ea
Caaluna m rocia en lai bodai y <n cîenos baila con un cJntato npecial llamado nor-
ratui o bonacu). Se ptde dklcndo : K'ca tf t» Haya. Si dto rt>ci*n, sïno increpan :
Buta dt ptrnt ^ut no titnt Jmtro, Banabiii it ^ato ^at no titni lOinaJo. Covarnibias
enquien m haiUn indicada rariot luegoi hibb iimbien, auttque eu-Asjmcntc, de la Maya,
Olai. VI, g III. Con tetpKto al juego : ttcros *itntn du c! mau ccmier>ado por ian
Agustin : PtitHiatia ai <utium Mni'i ; nommttm ^utfît, ia itiî duM tt ixat st.
J02 C&HPTES-REKDUS
elc. de b obra de DemASIo y de la de Eugène Rolland, Deriatlltt oa inigma
poptihirtt Je ia Franet, sin olvidir lu de otras coJecciones de rrmai varias tta-
lianat j porlugoesas ya ciladas, f algunat enidilis de antigcios poeUt castetla>
Ro». CÔmo cï de ver adapta el nombre de Adninanza sin tratar de dislinguirto
dd de acerlijOi como intefit<> Denii''fî1o, y sin cnrarsc dd de Adtrina usado por
Fernan Caballero. Segvn citai de Demiifilo j- R, M. nucstn» antiguos conwn-
zaban âveccs las adîvînanus : < Qat et casa y eota, • y aun Agustin de Roiai
dice : ( Va tmgma 6 toti-ceut ». Algunaï adivinanzas moderms ponen ; fut tota
a ton a bien Qut ts quisicùsi- En cuanto al nombre de enigma es, a no
dudarlo, erudito.
N* J9J y seguentes, notas 58 à (>%. R. M. da nottcias accru de las tradi-
cionei relativas i la culebra, a la vibora, al gallo, al lagarto y i la strena.
En cuanto â la primera se dice que « amiga de la maier (por recuerdo. proba-
blemente, de la historia bîbli») 1 diferencia del ligano, amigo del honbre;
que aquella agota la lèche de la madré dormida y « cau^a del raquitrsmo de
atgunot niiios ttc. Cita una copia ; Ya mataron li talttra^ La qui tilâka rn r/
faslillo, La ifuc ^ot la boia uhnha Hous. tlavdts y lifioi, acâso rtferente i
alguna tradicion local de encantamemo. Con re&f>ec1o a la sircna ciU très Itndas
copias : La tirtrtila àd mar Es arti paUàc dama Qnt fcr oita fluMioM La titm
Dm tn rt agua, etc.
N* 401, nota 6;. Es la de la casa que cscapi por lis ventanas (de la red) que
dando prisîonero el huesped (el pez^. V. DtvinetUs de Rolland, prologo de Gas-
ton Parii, p. ix. R. M. ciu a Demo&lo qve nol6 en cl Ubn de Apohmo la
iraduccion de la venion de Sytnpoiio : Dîme eaates la rota , ftigaaiA iamaitada
Qut nanca uyt ^vtda, tienprt iiitiSa tazAtada^ Los buttpidtt t<m mtidas, da wocri
h posttda i En \(k antiguos enigmas catalanes del sif^o XVI, que publiqié M
la H<vu< des hnfiiiri romjtits : >• Qu'es una cosa qui de contînuo sona y )os osles
son muts y lots corren enscmpsr Una cosa qui sono es U mar y los ostes son
las pexoi. •
N* 4)i>, nota 74. El H de los pi0}0i que no supo resotver Hcmero. R. M,
cita el Riitmo prologo de G. Paris.
N* 978, nota 144. Oira version del caso que aqui se refiere, y va tambien
deeptsodio. Un torero, eniigrado en Inglalerra, preguntado por sa profesion
contesta : * literato ■ como todos sas campafteros. Se le pidî6 luego la finna
y hubo de decir que 00 sabia leer.
N" 9î6, nota a ^ . Trac ires ccuaciones en verso del celrf»re Caramuel toma-
dat del Tralado fttmmlai dt MaUmatuat del ya cîtado Vallejo éd. de 184 1 . En
alguna edicion anlcrior se halla otra ecuacion, mal versificada, acaso compuesta
por el miimo aulor del Tratado : Juno y Juspiler paan vtiatt h^ai etc.
R. M, termina esta «ccion de su obra con el cuento de las très adivinanzas.
En la redaïcwn iquc es librei de este cucnlo usa de la expre^ion poputar :
aiiBijM sfpix mas fut Btijaa, nombre y personaje que crée .icaio derivado del
gramatico hbtiiano. No et este por cierto el origen. Brijan es un personaje tn-
diconal conocido en Provenza iBrincant, que Bordo hallA en Aragon (Bri)3nK
Troeba no se si en Caitilla o en lai Provincial (tambien Brijan), y que antn
babiamos hallado en CataluAa iBrican). Prorieac acaso de un Brian mencio-
RooRiGUEZ Marin, Cantot popuhres espanoles ]9)
udi por «I Oimalko MJQfi )' que se ha sopursto habcr stdu tipn del Hiin*
ht a, cooo ilgano ha ittrmailo, referléndose à tin Dicc. arabigo-fraocts de
A. Bita:stcin, de Barjin, crtcbrc Taclneroto arabe?
— Siguc la brtrc scccion de iai Pegas, nombre dado â ci«rta« ((^rmutas
ntqicse da un chasco, un daengafto etc., por C]Mnplo : A ^at tt ta ptgo —
ÀfUM — Pott (OfJtf m... j yo no, Ab uno diicc omnes.
— Conduyv d TolAitieo cou la seccion titulada : • Oncionet, conjures y
EaolMOt. > R. M. advJerle que le niort6 ^ unir los dos ultimot à \a\ primerai
mntmde analogia : analogii que puede admilirse en cierio sentido, pues
IntRUtflHM son pOT lo generil fahas orjictonet.
A%iina oracufl, como el n" 977 (incomplelo) no es popular. Otras como son
bsuyor parte de las antcriores al b' io^j (deben ejcccptuarsc los looj y looé)
»' ^poijrtt 6 infaiililet pero de buçna do'Cirina. Muchas de bs que siguco (no
*«lii> coniicnni algo apotrifo o superstidoso.
^ M. il paraielos catalanes, sicilianos y mallorquinej algunos muy analA-
8*» a lai riipas casullanas.
K' loof, nota 20. Esti seguidilla, cuyo autor adora on imposible, no tieie
^«icnn mas que la forma.
N* 1006, D. 11. La eutnna cottombre de biilar, proTinnciando un oracion
P*pllbrM presencîa Je la îma^ten de S^n Ju;4n Bailon 0 de S^n Goiizalo de
^■tfMo, que se conservaba, no hsee muchas aAos, entre \ii pcscadcras de
Birtdou, proviene an duda algvna, en cunnto al primero. de su jcgundo
Witw A una tuena mujcr oimoi ategurar que el santo bailaba en el vientre
'fwmadre.
If* io(;7, nota ^8. Al hablar tic las formulât supertticios» ^ra curar
Bfcnncdaiies, R. M. da noticia de uo^ observacion de A. Coeibo reTercnte & la
OkIm portugoezj Nau/ram Ji: meninas. Mitiiéas dtnUû J'ua Mit. îgual en d
faado 1 la gallegi publicada en b Homama, Vil, 7, n* 1 ;6. Es derivacion de
Bv brtnuU de Marcelo burdigalense, No\im gianiata sororts, que tient venion
franceu mai pràxima al original que la ponuguesa tt gallega.
En este tomo ha încluido R. M. los géneroi poiticos que ha juigado mas
propk» de la infancia, lo cual naturalmente debe enienderse ccn cieria elasttci-
dad, iraUndo, por e|cniplo, de lot enigmat, ensalmoi etc No podia exigirse à
ni odeceion tan copiosa y varuda el rigorismo de la espccJalisima de Chanti
dû prtmitr âge (Chaalt pop. Je l.jnga<Joe) de Monld y Lambert.
Ketitos pTOCurado limilar cl présente escrilo, reduciendolo poco mas que al
eMudio del tr.ismo libro y à algunas notas lomadas de nucsiras papelcs, pero ha
sslido baitaatc ettento por traUrse de gènerot h^sta ahora poco aiendidos en
Espafia. Para los ruairo voti^menei resiantcs notbailarà un brève anlculo.
M.inuet Mit.\ v Postas»!.!*.
Charles Jou>n-. Dm caracUrea et de l'extension du patoln nor-
mand. — Étude de phonétique et d'ethnographie, suivie d'une carte lo-H*,
I9\ p, Paru, Vieweg, iSHt.
Le livre de M. Joret se compose de deux parties, qui lorment deux éti>da
dtfirntcs. Dans la première, qui occupe plus de la ntoHié de l'ouvrage, il
)94 COHPTES-REHDUS
cherche par l'élude de la toponomattique normande 1 fiier lej limites de Li
région oti se sont établit les Norois. Il a le mérite d'fitre k premier «gui ait
traité en détail de ce sujet si difficile. Il n'a épargné m temps, m peine, ni
sacrifices pécuniaires pour rendre son étude aussi complète (jue possible; aussi
est'Ce  regret que, vu mon incompétence en pareille matière, je me vois forcé
d'écarter de mon examen critique toute cette partie de l'ouvrage el de me coi-
tenter d'examiner la seconde, qui ne me paraît pas avoir été faite avec un son
aussi minulieux.
Dans la seconde partie de son travail, M. Jorec s'est proposé d'étudier lei
variations dialectal» de b Normandie A cet cfl^et il a fait adresser aux institu-
teurs normands des questionnaires contenant quelques vocables qui prisenuicot
sept caractères phonétiques à déterminer. Les matériaux ainsi recveîtlis ont
été, en partie, du moins, contnMés sur place par M. Jorct lui-méiDc. Se basant
sur ces sept carictères, il établit des subdivisions diaiccules du oonnaad.
Aocvn des caractères étudiés par M- JortI n'appartient en propre i U Nor-
mandie : l'un manque i l'est ei dépasse les limites de la province ao sodonest,
l'autre n'existe que dans la partie nord, les autres ne se retrouvent que dans
dn domaines peu étendus du territoire étudié et le présentent ailleurs qu'en
Normandie. Alors que toutes les observations de M. Joret démontrent que u
qu'on a appelé [usqu'i présent putois normaaJ c'a pas d'existence réelle, m
peut être spécifié m par un, oi par plusieurs caractères qui lui soient partica-
liers, l'auienr Jui-méme paraît persister i croire à son existence, subdivise e*
EOUfpaLois ce iionnjnJ, et dxns une introduction i cette étude des varatioas
dialeelBlet, combat la théorie qui résulte indubitablement de ta propres obser-
vations, et croit entrevoir un moyen d'entente entre ses contradicteurs iMM. P.
Meyer et A. Darmesteter) et lui dans tin point de comparaison qui ne parle
nullement en faveur de sa théorie : il compare ■ les patois oa dialectes d'une
* même Ijn^ue ou même les langues d'une même famille, non pas! des espèces
* végétales ou animales, mats il des flores ou i des taunes naturelles, lesquelles
* sont caractérisées par certains types particuliers, comme les patois le sont
( par les faits phonétiques qui leur appartiennent en propre. ■ Je ne sacht pas
qu'il y ait ni faune ni Rote exclusivement normandes.
J'ai entrepris de mon cAtc pour le Ponthieu, contrée limitrophe d'une partie
du lerntoirr étudié par M. Joret, une étude semblable, et je pense la poursuivre
cette année au-deli des limites de cette région. On me permettra, avant d'abor-
der la critique du hrre ci-dessut détigné, d'exposer quelques rèiultaii géoé'
raux sur les condilioos dms lesquelles se manifestent les translormalions phoné-
tiques dans le Posthieu. Ce préambule me parait nécessaire, car les résultais
de l'enquête de M. Joret sont d'une tout autre nature que ceux auxquels je suis
arrivé df mon cdié, et cela tient en grande partie i une dilïèrence dam notre
manière de procéder.
Les troiî paragraphes dans lesquels je vais grouper mes observations résuDcni
sous la forme de thèses rèsulljint de ma propre enquête les objections priaci-
palfs que l'ai i faire i la méthode d'investigation de M. Joret, méthode que
j'examinerai ensuite en détail dans trois autres paragraphes.
I ) Les recherches qui ont pour but d'établir les prinopaux caractères phoaé-
lOftBT, Du patois normanJ ](>;
ciqBK d'an parler doivent nècn&»i rement tin restreintes à un ierrit«re peu
tutdu, (MUf qu'elles soienl exactet et que les bits jpparaissent tous leur véri-
tiiJe tour. Totit observateur ser^, dis le premier jour de ton enqutte, coti-
uÀoi de cette niceuilf : le parcourt qu'il (ail ne fût-il que de i; i jo kilo-
BHns, le nombre de moti choisis contme cariiclériiliques que de \0 â too, t]
) rem sûrement des itili divers se produire. Si, de retour de son enquête, il
éprouve un r«gre( en ckjminjiit lei m^t^iAux recueilles, ce ne sera cènes
^1 celui d'avoir élé trop minutieuA. En pniicrpe il n'est permis de ne considérer
MUK difiaitive une carte phonétique d'une contrée que si elle tient compte des
prten de toutes les cocnmuncs.
i| L'élude de l'ancien dialecte d'un pays au moyen des chartes qui en
fnmenaent, une prcoiiére récolte de mott bile sur pUce dans un viiUgc central
U doniaine i étudier, permettent dans une certaine mesure de présumer sur
qads pmats [particuliers porteront le& variations phonétiques; mais il nf latit
pu trop K 6er 1 c«s préutm plions, Les carActères que l'on croit les plus fixes
diBs le langage d'une contrée viennent quelquefois tout à coup i s'ébranler, i
tUtt la place à des produits tout autres, que l'on ne s'alleiidjil pu du tout i
rtocDstrer sur son parcours. Il m'est arrivé plus d'une lois, pour avoir cru
pOHioir négliger l'enqoéte sur tels ou tels mots que je retrouvait toujours sous
Il ntaw forme, de coostiler tout i coup dans un viilagc, et souvent par hasard
u cours d'une conversation entendue enirc paysans, des sons inattendus dans
lis BOts que )e négligeais dans mes recherches, et d'élre oblige de rebrousser
cbenin pour aller reprendre une investigation que j'avais crue terminée. Ces
rcioiin en arriére sont trop désagréables pour que je ne me sois pas corrigé
de cet négligences. Qui pourrait supposer, après avoir étudié les langages
aioens de la Picardie, après avoir recueilli sur trois ou quatre points du Pon-
ttiteo le patois aciueL que tout i coup, dans un vithge de cette dernière con-
trat, OB constatera que \'o fermé accentué est devenu h ou que l'a final est
devenu ta ?
ji Les transformations phonétiques s'opèrent indépendamment les unes des
antres, i moins qu'elles ne soient produites par une même cause. Il en résulte
que ce ne pcnl être que tout i latt fortuitement qu'un caractère phonétique
coatrinl un espace tant soit peu considérable coïncide avec le domaine d'un
»trc caracicre. Celle observation, tout dialeclologue peut Ii faire dés la prc-
■iérc journce de son itinéraire sur n'importe quelle partie du territoire gallo-
nxiian, pourvu qu'elle voit dans son état linguiïttquc normal, c'csl-i dire dans
■létal d'indépendance vis-j-vts d'autres langages, du langage littéraire ou et
patois eierçant une prépondérance sur les autres. Ainsi s'il est démontré que
les traitenenls c (dev. a) = k, c idev. t, i) ^ rk remontent i deui causes
diverses, j'alarme que leur domaine géographique n'a pas été le même au
■ojrcn Age et qu'il ne l'eil pas actuellement, ur U y a je ne sais combien de
ndliers i parier contre un que les limites de deux caractères aussi étendus
n'embrassent pas le même territoire. D'autre part, s'il est démontré que ces
drus caractères ont le même domaine géographique, il «t démontré par ta même
qu'ils remontent i une même cause*.
596 COMPTES- RENDU s
La constatation de ce (ait condamne absolmiienl la Ih^ric qui coimtte i
établir an divisions dialectales baiies sur la coïncidence de limitts pbwiètiques
et de limites poittiqon : en deux genrei de timitet n'ont jamaiv coïnciilé
ensemble que dans l'esprit de savants qoi n'ont pas contrAli leur ibéoric par
l'observation des laits ; — elle condamne également la thJwie qui consisterait
i établir des divisions dialectale^ bas^s sur la présence de plos d'on caractère
phonétique; car si la coïncidence de deux limites phonétiques existe, c'nt on
cas lorluii, très eKccptioonH et datant souvent d'ane ipoque bien proche de la
nAlre.
Il y a plut. Bien souvent un seul et même fait phonétique ut recouvre p»
unironnfinent une surface de terrain que l'on puisse englober dans oae seule
ligne de dcmarcalion, que fora puisse teinter d'une seule nuance sor une cane
uniquement consacré* i Tobservation de ce seul fait. Il existe ce qnr "['appelle
^plus loin des ihlt phoatii^iia, c'cst-i-dire des afflearements sporadiqoes ne
[présentant pas le caractère de la surface au milieu de laquelle ils se trouvent.
! Je crois que même dans la théorie qui consisterait i établir des individualités
' lînguiUiqucs basées sur un seul caractcre phonétique, il n'y a pas de refuge
pour les idées représentées par M. Joiet'.
J'avoue qu'un patois nomnaad, ayant un ou plusieurs caractères spécifiques
coïncident géographiquement avec lo limit» de la Normandie, me panttrait
une des choses les plus étranges de ce monde. Poor que pareil fait se fût pro-
duit, il Eaudrait qu'A une certaine époque tous les villages de la Normandie,
conscienis de leur unité politique, eussent abandonné leur langage normal povr
adopter celui d'un de leurs centres ; il faudrait admettre que ce qai se produit
actuellement dans le domaine gallo-roman, c'est4-dire l'invasion lente du tan*
gage littéraire de Paris, se fâi accompli en Nomundic en bveur d'un langage
normand en partant d'un centre donné et en s'arrCtant aux limites de la pro-
vince. Ce fait pourrait bien s'être produit dans le domaine de la littérature,
mais on ne peut le supposer pour le langage populaire ; car, outre qu'il est
invraisemblable, l'étude des patois vient en contredire formellement l'eiistence.
Or on ne pourrait parler d'un dialecte normand que si pareil fait s'était produit ;
k livre de M. Joret prouverait qu'il n'en est rien, si cela était i prouver.
J'ai cependant une petite restriction i faire aux observations qui prétédent.
J'ai dit qu'en régie générale deuK caractères phonétiques s'étendaot sur un
certain espace de terrain ne peuvent coïncider ensemble géograji^iqueineot que
d'une façon tout à fait fonuile. Je maintiens que iH est le cas des patois i leur
état normal de développement et d'indépendance, mais si je sounteliais au lec*
tenr mes cartes linguistiques, il constaterait que le cas de coïncidence des fron-
tières de denx faits phonétiques est plus fréquent que ne le ferait supposer son
caractère de tbriuilé. Cette contradiction eolie les faits relevés et les thèses
ciposées n'est qu'apparente. Voici ce qui s'est produit.
ne latiraii où m'airéter. Tootts ctitci que \t me wb faite» i raoï-méme me paraiuenl
mainteont iateviciubiet, cir tilet •'écrouleni devant ki donn^n qix fourrât l'obxr-
vaiion. J'dsrai dtiu la tmit l'occasion d'éublir des Caîii qui Mp<nt cLiiu Iriin fondementi
tel obJKiiofu qui pitaiitcnl la moins improbables i première vu«.
I. Co obMrvaiiOBs ne sont pat Mulemeni les rémluti Je recltcrctin fiiirt dans te
t'ontbicu, nitis d'une série d'snirei qui emt>ra»icni un teiiiioirc bien fiia vaste.
I
I
JORET, Du patois normand ^lyj
Les patois ne |uuissent pas d'une indépendance complète les utts vis-à-vis des
autres. H y a des patois qui en ihsorbent d'.iutres : tdt ^oni, par exemple, en
PonlhJcu ctuit de la vjiilée de la Somme, peuplée par des habitants qui repré-
senleni un degrf de civilisation supérieur i. celui des populatiofii des deux
plateau it qui sclèvenli droite et i gauche du tieuve. Quoique les parlers locaux
des bords de la Somme soient menacés de deslruciion par le français, ils repré-
sentent aux yeux des habitants des plateaux un langage moins vulgaire, et c'est
de leur pari une question d'amour- propre de l'adopter. II résulte du phénomène
qui se produit alors ce que nousappeloR^ desîbu phonétiques; voici comment.
L'irruption du caractère absorbant lou du patois absorbanti se fait d'abord
en vertu d'une loi basce sur la proiimité géographique, mais aussi en vertu
d'une autre ba^èe sur l'affînité sociale, et, ces deux lois n'agissant pas lou|oon
d'accord, il en résulte que l'irruplion s'opère comme celle d'an puissant cours
d'eau qui viendrait déposer ses alluvions dans tous les bas-fonds d'une contrée,
mais ne recouvrirait pas In endroits plos élevés qui forment alors des Ilots au
milieu de la nappe d'eau, Ilots que le flot moniinC recouvrira plus lard. Ceui-ci
témoignent de l'existence d'une couche linguistique antérieure et en sont MUtfent
les seuls restes.
Dans les recherches de phonétique, la présence de ces tlots ne peut souvent
être constatée que par le dire de vieillards. •
Ce fait n'élam p.u des plus connus, je vais en donner un exempte ;
Sur toute l'étendue du Ponthieu, Va accentuÉ est devenu é devant t (comme
ailleurs} :
cantare := kâtl; pomarium =: pômyé.
Mais dans quelques localités agricoles, éloignées des grandes voies de commu-
nication, cet t s'nt changé en ô sous l'mlluence de l'r. Ces quelques localités
forment quatre Ilots phonétiques complètement séparés les uns des autres et
représentés par les villages suivants :
I) 5iiinf-H/ir7t(inf, Weiiuùurt, PfUfUj^m (Vimeu|.
}) Bernay (près de Rue).
}) Epic-jmps [ven Doullens).
4) Brimiax iprès de Monlreuil).
Ces tlots nous représentent- ils peut-être une iransformatioîi dans sa genèse,
quatre taches qui vont peu 1 peu s'étendre et se relier l'une i l'autre, de façon
i couvrir le Ponthieu h déborder au-delà? S'il en éuit ainsi, le fait serait
important au point de vue de l'histoire de la genèse des sont; mais il n'en est
rien : ces quatre Ilots sont des afUcurements d'une couche linguistique empor-
tée, et ils ditparaîiront eux>mémcs sous peu ; car, si dans le premier groupe è
= i est encore parfaitement vivant, il n'en est pas de même dans les autres :
lorsqu'un habitant de Bernay se rend à Rue, il ne prononce plus kâim, mais
iM, pour ne pas se rendre ridicule ; â Epécamps. il n'y a peut~Mre plus en ce
nonent une seule personne qui ait gardé la prononciation ô, car je la tiens de
deux vieillards de plus de soixante-dijf ans qui, en 1&81, étaient i peu prés les
seuls représentants du patois autochthone; i Bnmeux, les vieillards veuli disent
i, les jeunes disent i, et devant les étrangers se font un devoir de sourire de U
prononciation 5 appartenant i la génération qui les précUe.
}9S COMPTES-RSNDUS
Le )'tig3ge il'sutrei communes ilu Ponlhteu qui ont i a conserva àxa Inces
non équivoques du passage de M 0, je ne puit n'arrêter i l«s «ipoier, (e ne
contenterai d'en dire la nature : le retour de ô i / a en Iko pOBrquH^jHK nols
dont le lOD $ ne remontait pas J i
Tels sont les quelques point; qui me paraissent résulter de tonte investiga-
tion impartiale et consdenoruK, cl qui ne rettortenl pav du livre de M. lorct,
parce que son enquête a été faite d'après un plan qnj ne pourati aboutir i de
bons résultats.
i) La Normandie était un territoire beaucoup trop vaste. Obligé de la par*
courir av» des bottes de sqil lieues, pour ainsi dire, il hii échappe sfirement
bien d« laits, bien des l'ois phonétiques qui auraient peut>#tre considénble-
Tnent modifié ses idéci sur i l'individualité linguistique ■ des patois qu'il établit.
Il n'a pu reconnaître sous son vrai jour la répartition des bits phonétiques sur
le sol normand.
Pour me rendre exactement compte de ta répartition des faits normands, j'ai
colorié la carte de M. Jorrt avec des couleurs correspondant 3 celles de nei
; propres cartes du Ponthicu. Or, il s'est trouvé que la carte linguistique du
Ponihieu présente une foule de nuances diverses, un fouillis de faits qui con-
traste singulièremeRt avec l'unilonoiié de tons de celle de la Nofnandie.
Certes, on ne saurait en vouloir à M. Joret de n'avoir pas parcouru dans le
vatie territoire qu'il s'était assigné tous les rillajiet el han>eau):; miis )e suis
étonné que dans les six voyages qu'il a entrepris il ne se soit pas achoppé â cts
tlots phonétiques dont j'ai p.irlê longuement, el dont îa constatation lui aurait
tait comprendre, sinon qu'il fallait un temps plus long pour l'étude entreprise,
du mnins qu'il fblltit faire des réserves en vue de travaux futurs et qae les
tnaléfiaux recueillit devaient être soigneusement étiquetés, ce qui n'a pas été k
cas, comme nous allons le voir.
Il sullît, du reste, de lire attentivement son Kvrc pour voir que la Normandie
doit pré»ntfr det faits analogues 1 ceux que l'on constate ailleurs. Certains
patois sont, d'après lui, caractérisés par dc^ iransformatiotn qui se sont^»;^w
raujourj opérées! Les faits relatifs i r.'/iiJir, que M. Joret expose d'une Uxfm plu
détaillée qu'il n'a coutume de le faire, i cause de l'embarras que ce suffixe lui
cause, montrent bien que les patois normands ne sont pas ce que l'auteur en
a fait.
2) Au lieu de faire un choix de mois qui comprit les caractères phonétiques
genoux du nord de la France, M. Joret se contente de l'examen de sept faits.
Ce sont ces sept faits qui vont lui permettre de diviser son territoire, le ne
trouve rien dans son livre qui explique ce choix, et l'alfirme que les patois nor-
mands dans leur ensemble présentent des caractères dont plusieurs sont bien
plus importants que certains des sept choisis par lui; je suitsùrque si M Joret
a des imitateurs de son système qui soient en mène temps ses continuateurs
dans l'étude pSonélique du ternioire normand, ses divisions dialectales seront
autant de lois remaniées qu'il y aura de ces oontimatears. On te tromperait
grandement si l'on croyait que ces sept faits reproduisent les caractères princi-
paux des patois étudiés. Quoique mes itinéraires ne m'aient jamais oottdnit au
delà de la Bresie, rivière qui forme la limite entre le Pontbieu et la Norman-
à
\
I
lOflET, Du pâlolt normand 199
dî«, faî ta l'occasion de recoFillîr qutiquts mots d'un vtlb^ du uys dr Caux.
)c coKlate dans ces qnel^iufi mnts la transformation de4 fini! en ^. li présence
de / = fllam. caractère que M. Joret signale comme p^trticuli^r au nord-ouest
d« la Normandie. J'aurais été ion étonné de ne pAs y trouver ces faits, tl n'ea
est pas question dans le livre de M. Joret.
;} M. Joret admet l'individualité linguistique dn patois parlés en Normandie.
Il existe selon lui un patois normand ; et patois normand se laisse subdiviser
en divers soui-palois. C'est ce qu'il cherche i établir thcon^iuminl dans l'intro-
ductton de son livre, à l'aide d'images empruntées aux divers règnes de la
nature, mais sans citer un seul fait d'observation à l'appui de sa thèse.
11 «t, dans ces conditions-kâ, impussible d'entrer en discussion sur cette
théorie. Qu'il me sulfise de dire que le livre in;ilulé * Det car-itûret et de Cex-
ttntwn du paloti aormand, * malgré l'imperfection des procédés suivis dan» le
relevé des matériaux, démontre \ tout lecteur que le pâlots normand n'a pas
un seul caractère dont le domaine coïncide d peu prb avec celui de la Nor-
nuadie, n'en a peul-étrc pas un seul qui lui soit panicuher. qu'il prouve
l'inverse de ce qui, devait être démontré, et que nulle part dans les iSC pages
de l'ouvrage M. Joret ne nous dit ce qu'est te normand, quels sont ses carac-
tères spécifiques
J'ai cru jusqu'à présent que cette théorie surannée, qui n'a jamais reposé
sur des observations faites sur place, était parfaitement inoffensive au point de
vue du progrès de la connaissance des variations dialectales ; mais je vois par
le livre de M. Joret qu'elle peut avoir des conséquences fort malheureuses. C'est
du moins à cette théorie tjue j'attribue en grande partie le peu de soin qu'il
apporte i nous renseigner sur les faits phonétiques eux-mêmes.
D'uD Irait de plume, d'après quelques mois recueillis par lui ou par d'autres
et qu'il ne nous communique point, il attribue au territoire m = a -^ y de
vastes contrées telles que celles des pays de Bray. de Caux, du Vexin, alors
même que, dans d'autres cantons de la Normandie, îl constate da^is un seul et
iitCmc endroit divers résultats de ce même son latin. Les faits ne se présentent
certaincfflenl pas sous ce jour.
■ Dans l'est du pays de Bray, du Vexin et le sud-est de la plaine de Saint-
* André, cette forme («i, i^ \ax.) n'appirait plus que mêlée aux formes picardes
« et françaises en ni. ■ Pas un exemple cité I Y a-t-ii vraiment mêlsn^îe de
formes^ De quelle nature est ce mélange? Les demandes du questionnaire de
M. Joret envoyé aux instituteurs normands comprennent les mots suivants rela-
tifs i tV Ut. : »roi, fo(, froid, jo;/. puire^ toih. Les formes normandes en sont ;
mij U, fri, si, père, UU. Si dans les cantons en question M. Joret trouve lilt i
cité de froté, etc., et qu'il appelle ta présence de ces formes, contradictoires
seluo lui, un mélange de normand ei de picard, il a tort. Trouve-t-il vraiment
dans ces cantons : moi, mi, qu'il croit être àa formes pinrâu «t françaises?
Enfin quel est te son qu'il représente par o\, et qu'il appelle son ftcard et ftAti-
çaisf Si c'est le son s-j du irancais qn'il y trouve, dans ce cas il n'a itH qu'y
constater l'influence française dans certains mots qu'il ne nous cite pat, car je
ne crois pas i l'existence papulaire du son iva à celte latitude. Est-ce le son
1»'^, que l'on retrouve généralement en Picardie? Mais on y trouve aussi Ôi, bê,
Jti, scion les contrées et seloo qu'il est ou n'ut pas initial.
400 coiiPTis-finnws
Prc*^u« partout l'anlrar procède m» lammawrmtal ^'<m râat de k foir
par In denx etenipiri qui précMent. Il owl 6e M« doc W locaUfa i'ôk
provîrttnent les malériaus, quds sont cmx qi'iJ J rtcMinii loMitiiic tl qit
méritent par contéquetil notre enûtre ccalmce, qadt sont ceni tjM noes
ilcvoni ans personnel i qui il a cm pouvoir recourir.
M^me en te pUiçant an point 6c vue de M. Joret, on est lorté ilr connvr
que sa iafon de procéder pour délrmiter ks patoii est iiudmisïîble. Il dit htt-
méine que ■ pour établir l'individaalitê des patoa, il sullil d'y déemirrir
quelque caractire particulier qui en est le signe sp^tfique. ■ Mais pour se pas
courir riiquc d'itablir des n^nri t^cifitjut) qui se retroavent dans d'astres
provinces que !a Normandie, il faudrait cannaltre, avant de les établir, b pho-
nétique de lou» Irt patoii ({sllo-romjnt, au moiitt celle des pkloii qui avuisincnt
eeui qu'on étudie plus spécialement. Qr, ni M. Joret, ni personne, n'en savent
asiei sur le^ patois pour entreprendre un travail qui, s'il était possible, k
pourrait le faire que lorsque l'on aurait dresé le volumineux atlas phonétique
de la Gaule romane, travail i peine commencé.
Il nous rede maintenant i examiner succeisivemenl chacun des sept carac-
léres observés par M. Joret et 1 les connoenlcr dans le sens des renurqitcs
critiques qui précédent.
I. ( fenné = »i, é, *.
C'est un caractère qui dépasse de beaucoup les limites de la Normandie;
d'autre part plosieurs cantons de l'ouest ont traité la voyelle latine diSéremiKnl
(ton représenté malencontreusement par ci). Où se trouve ti,aîi it ot\ i^
II. Su^ixc ellum,
f Ce suffixe s'est, dans le patois moderne, atténué en / au sing.» transforml
• en iJ au pluriel (— csl-ce iJ ou yJ ? —) ; mais i cAté de la (orme i on re»*
« contre encore fréquemmenl io, forme qu'on regarde comme propre ao picard
• I — elle n'existe pa^ dans le Ponthieu — I, mois que présentent août les palon
• du Maine, de tJ une source presque inévitable d'incertitudes; c'est celte nî*
• son kussi qui, en fin décompte, m'a £ait prendre, de préférence au sing. tllu,
• le pluriel W/« tnn^ormé, comme signe spécifique du patois oornAnd ; mil
• U forme uf qu'il donne taisant elle-m<me sourenl place i id, il *e m'a pas
• loufours été facile, vti l'iDcohércnce d« rnueigneraents que J'ai recox, de
« déterminer avec une entière certitude la limite du domaine liagnîtbqne
■ qu'elle caractérise, t M. I. expose ensuite les résultats obtenos. Si je M'en
rtAdt bien compte, voici les cas qttc l'on trouve tn Normandie ;
I) /, li
1) ('*. id
|) i, iJ; m, a (dans un seol et néne endroit)
4) i9,ul
D», il
61 ini
Je ne connais aucun patois français qui traite te inttie ellua, eltei dtU
■i^me manière dans tous les mots qui le présentent. Cela s'upltqne par le fait
que l'analogie, qui est loin de procéder a&ssi régnlièrenteat qne la tratflMK^
tion pkoaétiqnc. a jooé n grand rdte dans l'hàtoire du u&xe tUam: dk ■*«
JORET, Da patois normand 40 !
pus touché i un sutstratum de mots qui v^ric selon les contrées et qui peut
causer une grande coafuiion, lorsqu'on te contente d'un nombre d'exemples
rMtreinl.
M. Jorct n'exposant point ses matériaux, il est impossible de contràler ses
multats. le ntc contenlefAi de dire que, 1 nu connai^unce, un patois de la
Normandie appartenant au groupe j a plusieurs mots en i, qu'il en est de
même d'un patois appartenant au groupe 6 (patois dont il a déjà été question) '.
Les (ranstormations du sulfixc ellum relevées par M. Jorct n'ont rien qui soit
particulier â la Normandie. Il considère t, yâ comme un caractère spécifique du
nord de la province ; ce caractère disparaît au nord-ouest, c'est-i-dire dans le
domaine qui avoisine le territoire que j'ai étudié ; mais il se retrouve dans le
Vimcu, en Picardie. Ainsi le suffixe ellum cesse dêjlea Normandie d'être traité
i la façon • véritahlemtnl normande » pour reparaître • vériublement nor-
mand * en Picardie !
il], IVI r dev. a et sons qui en dérivent = *,- c dev. f, r = ch.
La limite méridionale de la conservation du r vélaire coupe la Normandie de
l'est i l'ouest en deux parties, faisant une part un peu plus grande au terri-
toire septentrional, celui é\i c =^ k. Les patois méridionaux du territoire c :^k
étant fortement entamés par notre langue littéraire, plusieurs d'entre eux ne
présentent plus qu'un ou deux mots où le c vélaire te soit conservé.
La limite méridionale du r = Jt coïncide selon M. Joret avec celle du », tï
= ck. Cette coïncidence n'est pas très facile i constater précisément à ciuse de
la coitaminalion des patois dont il s'agit par le français, contamination qui
s'attaque i la vélaire et i la palatale avec inteosilé variable. Quoique M. Joret
constate que d'après ses matériaux certains patois présentent le traitement nor-
mand du ( devant j s.irî présenter celui du i devant t, i, c'ejt-à-dire sont
normands quant i la vébire, (rantais quant i !a pabtale <et vicc'ver&af, il n'ad-
met point leur existence normale : lorsque pareil fait se présente, il est dû i
rinAuence française qui s'ctTectuc sur la palatale de préférence 1 la vélaire. Il
croit que ■ partout où nous trouvons aujourd'hui une des deux gutturales trai-
tées comme dans le normand proprement dit, nous pouvons afBrmer vrabembla-
blemcnt que l'autre, i ttne époque plus ou moms reculée, a été traitée de la
I. Vold un exemple qui monircra Iti erreurs auxquelles on peut s'exposer en procé-
dant trop somntaifEmciit danil'èiu^c du luffixe ellum.
Dans la plm garnie pirtk i3u romhieu, 1 ellum, ellos. ne correspond plus que la
(orme unique jiii ; cependint bien du matt ani conurvè une itidenne forme i, remcit-
liat dtreaemcni 1 L'ace. clIum, pour des raitoni que l'on peut ([nelquefoi* deviner
(dédaublement : loisfd.veiiitau; composés : lupi fliù, champignon), k suppMr que
pour le PoRibieu j'euiie procédé comme M. Joret l'a (aii pôui ti Komundie et que
reu«e rccherthé les formes de : ;!f.Jii, tattau, vaastau (vaîtseUe), gJluu. J'surai»
trouvé dans presque tons lei villages du Ponthicu : fiijt, ra:i. MxJ iplmaxi = pétrin),
witè .- l'en aurais conclu que le suffixe ellum s'ot rèdukt à i dans le Pomhicu , ce q ni est
lo« 1 fiii inexia
H. ioret fonitatc la présente de deux Irattonenti divers dans le groupe ) (/, yJ : yo,
y6). quelle est la uiurc de ce mélange: Voit-on ira mot prendre \a ceux locrati itat
te flifme village l Le mélange exule-t-it dans iou« la mots } Parmi le* riemplci que
K. lotrt adrene i k> coneipondants pour l'Aude de eltnm, il jr en ■ qui ne toot pu
popuUiiet partoni. On ptui fon bien avoir batyc, batyi i cmt de kutl, lulfj, vu
admettre le mélange de deux traitements de el] um ; dans ce cas, U y a nn-
exêmple, tans
plowni intrusion de mou tiranuers dans le patois local,
26
402 COMPTfS-RBNDUS
même manière. • ToulM les raisons longucnKot développas qu'il domne î
l'appai de cette (bèse ont ane certaine vileor, miis ne penuaderont pas les
uvantt aussi complfleinenl que l'auraîrnt fait celles qu'il pouvait tirer du la»-
g3ge nême. En effet, si M. Jorct avait recueilli des mots qui (ossent i l'abri de
rinflucfice française Imols particuliers ati Inique normand, soit quant i la
(orme, soit quant i l'acception), il aurait remarqua, ce que j'ai constaté pour
un patois de U campagne c'Ërreux dont j'ai quelques matériaux, que TcnTalits-
jemeiit de l'élément franç-ïts ne les a point loucha. Ces mêmes «atiriaox. par
un haiinl singulier, me permettront mêiiie. je l'espire, de dêïerroiref asjei
exactement i partir de quelle époque l'envahissemeni du français*
dans la campagne d'Evreux.
La limite du traitement normand-picard du e étant tracée quant i la Nor-
mandie, l'auteur cherche ensuite i stibdiriier ce groupe linguistiqoe du r .= t,
(h qu'il paraît consid'èrer comme le véritaMe normand (normand qui dans la
partie orientale de ton lerriloire n'a rien qui soit élranf^er an picard et qui,
dans la partie occident^ilc, ne difire du picard que par un fait qu'il a en com-
mun avec une (ouïe d'autres). Voyons ce qui lui permet de subditiser celle
contrée.
V) it atone entravé stiiiri de r.
Exemples: carbonem, carruca, carpentarium, marca, lardicare
(lisez : tardiare). Eliminons marca, qui figure ici 1 tort pour deux raisons:
Ytt n'y est pas atone, et d'autre part ce n'est pas un mol populaire.
Dans la partie orientale de la Normandie (pays de Caui, Bray, nord di
Vexin) on 3 : earion, rarae, tirpm^ml^ urfii; partout ailleurs trrfcw, iair,
i/rpan^uif, Urju.
II s'agit dans ce dernier cas d'un accident d'origine récente, qui s'opère spo-
radiquement et d'une façon tout i fait capricieuse un peu dans toutes les pro-
vinces de la Gaule française. L'auteur aurait dâ s'apercevoir du caractère de
cette transformation de ar en er r il dit lui-même que daas le premier groupe de
patois t'a s'est ^risque toujoun aHaibli en i : donc pas loutoun I donc il y a
dans te groupe de patois «r = <r des patois qui ont conservé l'd, et cela «
m'étonne nullement; j'ai au contraire lieu de m'étonner que dans totu les
patois des pays de Caui, de Bray et le nord du Venin ta conservaiioa dans ces
qoatre mots soit intacte partout.
L'accident inverse (et c'est li un des caractères des accidents que Too en
trouve presque toujours la contre-partic), la transformation de < en .t devant r
appuyée, se trouve également en Normandie: M. J. n'en parle pas. On pourrait
tout aussi bien baier une délimitation, puisque délimitation il faut, sur des mots
tels que parJa {à c&lé de /t ptréi}.
Dans le territoire picard qui avoisine les contrées sormaïKles, je retrourc les
mêmes faits cale i cAte, ar devenant er sporadiquement,
Vît o + i et o + (.
■ 0 -t- 1 et n + c ont donné ui dans le dialecte de rile-de- France et dans le
picard ; il en est de même dans les patois du pays de Bray, du pays de Caux
cl du Vextn, c'e^t-i-dire da» les patois normands de la rive droite de la Seine,
o4 CN nfTKfcRAL a atooe suivi de r a persisté. •
JORCr, Du palais normand 40Î
observations de M. Joret sont loin it pr^cnter des fatU concordjints.
Seuir, la partie ocddeniale dt la Normandie présente quelques traitements que
je n'ai p« conmtis en Picardie, mais que l'on relrouwe à l'est de la France.
Pour |] pariie orientale, le lecteur doit se contenter des renseignements que
eoDlient le patuge que j« viens de citer; mais M. Joret se fait illosion s'il crûit
qu'en picard 0 + 1 tl 0 + t deviennent m dans tous les tnots ijj'il cite i propos
des traitements normands iuu, etc.). La carte qui accompagne le volume ne
twnt pas compte de toutes les difficuJtès dont il est question dans le texte, die
les simplifie considérablement.
VII) K devenant t:h devant ieu, tV, u et même 1 '.
Cette transformation n'est nullement particulière â ceruins patois nortnands.
Dans In limites très restreintes du Ponthïeu, il ne manque aucune not«, sus-
ceptible d'être transcrite, de la gamme des sons qui s'^end de quitn à tchtn
(chien).
VIIll Une dernière recherche portait sur la présence i l'orient des lormes
picardes U, mt, etc., pour ta, ru, etc.
En résumé, l'ouvrage de M. Joret contient des faits intéressants, maii il m
prrftenle pas, comme le titre le ferait attendre, les curûdira ni les limita du
patois normand, et il y a pour cel;i une bonne raison, c'est que le patois nor-
mand n'emsle pas et n'A par ccnséquent ni cararthu ni limtlit. Si on en avait
dooté auparavant, le livre de M. Jorci mettrait ce fait hors de doute, et l'auteur
fui-Riéme paraît bien s'en ^tre, une fois son travail fini, rendu i peo prés
compte. S'il avait aperçu nettement cette vérilÉ avant de commercer ses
recherches, il les aurait certainement dirigées avec plus de précision et les
aurait rendues plus fructueuses.
J. GlLtlÈRON.
I . Ce point ne 6^vrt pas dans le questionnaire envoyé aux îonltuieurs.
PERIODIQUES.
4
1. — Rbtub de» i.*5(5tB8 romasbb, j* ihit, t. IX. Février i88j. — '
P. it' ^- Chabaneau, S<rmons a priecptu nligimx tu iaagiu 4'oc iu Xllh t,
Nûltt isuile). — P. 70- C, Châbancau. Sur ^utlquei mmascnts proveataia per-
dus ou igaris (suite). La notice (n* XIX) qui. de prime abord, semble l» plot
ïotéivssinte entre celles que M. Ch. a groupées sous et titre, concerne on chan-
sonnier provençal de la bibliothèque du Louvre, dont il y aurait eu une copie
entre les maîtis de Hubert de Gafbup, avoui au parlement d'Aii vers la bn du
ricne de Louis XIV, et une autre, cotée f, dans les rKunIs de Saint e-Palaye.
Loriginal et les copies seraient actuellement perdus. Ce qui prouvrrail que ce
chansonnier Hait distinct de tous ceux que nous connaissons, c'est qu'il attrait
contenu la biographie d'un certain Pons de Merindol, troubadour dont le non
et les «uvres ne se retrouvent nulle pan ailleurs. Celte biographie, publiée ei
1701 par Pierre de Gallaup, frire de Hubert, est rééditée par M. Oiabaaau,
p. 7 j. h croit que M. Ch. s'est bissé entraîner par une illusion i laquelle j'ai
faitti céder aussi jadis. Ces diverses hypoibiscs en effet ne sont pas noaYetla. Tai
dit dans Le T. I de la Romama, p. ;j, et M. Ch. ne l'ignore probabletncnt
pas', que Pierre de Gallaup avait eu i sa disposition un chansonnier pro-
vençal aujourd'hui perdu, et, p. jZi du même lome, j'ai annoncé l'intention de ■
réimprimer la vie de Pons de Mérindol que réédite actuellement M. Chabaneau. I
C'est qu'en cifet j'ai fait moi aussi, il y a dix ans, un mémoire sur le chanson-
nier perdu duLouvre.mettant ) profit, outre les témoignages utilisés par M. Ch.,
un opuscule de Pierre de Gallaup qui est conservé manuscrit i Oxford. Sevlement,
avant d'avoir achevé mon travail, je reconnus que les conclusions auxquelles je
tendais, et qui sont celles néme que défend actuellement M. Ch., n'étaient pas
soutenables, et que notamment la vie de Pons de Mérindol était une fabrication
moderne. Je ne puis traiter ici celle question qui ne laisse pas d'être asseï com-
pliquée : ce sera l'objet d'une note spéciale. Les deux notices XX et XXI sont
consacrées à M"' Lherîtter de Villadon, auteur d'un roman intitulé U Teur UtU-
bnust (Paris, 170(1, et i Achard, l'auteur du Dittioanatrc àe ta Prottnct tt iu
ccmti Vcnaisun (Maneille, i7&i-7i> ie doute (ort qu'ils aient eu des mss. qui
depuis Lors se soient perdus. M. Ch. s'eiprine du reste sur ce point avec réserve.
— P. 81. Mir, Comptrtinm pcpuUirti, etc. (suitei. Lettres Q-S, — Vjtiétés.
P. 98, C. C. Unt oùimUt cMjatttrt loncaaâfit Gutliiiiim VU. M. Ch. rapporte
PËRIODIQUCS 405
icei>ijgMur l'anecdote contée par Etienne de Bourbon, éd. Lccoy delà Marche,
hin(tfl 4781- Lt thtrelia Ratmtaad et hi <omttsu de Ftandut. Sur un pasuge
■h coMMabirc An Ùoetitnttiû d'emcre de Francesco da Barfaertno. — Bibtio-
fn^ie. P. 99. Mirôch, CtickUkU da laffixci -olut m dcn romanitikett SprMhai
M.-D. i d. Rmtfiia, XI, 46)).
Mm iWî- — P. los- C Chabaneau, Smte Marie Madeleine dans h l'ttti/A'
tm prmnialf. I, Vie de samU Maui MadiUine eulraite d'une traduction provçn-
pfedeb I Légende surea. > C'est le cofninencemcnt d'un recueil dans lequd
K Ch. le propose de (aire enlrer tout ce qu'il connaît de textes provençaux
'■Uitsou àk\i publiés, depuis les origines de la langue ius<)ue» et y compris le
XV|« siècle, sur Marie Madeleine. II semble que U L^^ende dor^ n'aurait pas
" ^SpttT dam ce recueil. L'iruvrc de Jacques de Varaggio n'a rien de proven-
f*!- La circonstaDcc qu'il en existe une version en provençal, comme en tant
d'Jutfcs tangues, n'en change pas le caractère. Le ms. d'où est extrait le nior-
00 publié par M. Ch. est une mauvaise copie du XV' siècle, oix les lacunes et
^ «nnirs de tout genre abondent. M. Ch. a réubli entre [ ], d'après le latin,
^ «loti oubliés par le copiste. Il a aussi finît de nombreuses corrections dont ri
*^ impossible de soupçonner l'existence, i moins de collationner le ms., les
•^Icaoù die» doivent <tfe indiquées et justice» étant, suivant la (ichieuschabi-
^^c^ de la Rerm da langues romanes, renvoyées i. une époque indéterminée.
^'* rate il subsiste encore bien des fautes. Ainsi, I. i}{ t GirarE duch de Bii-
"-"a, t ob l'on doit évidemment corriger Bergonha, et, I. 160, relitiiiiai au lieu
^ ''ifisat. Il faut dire que, si le copiste était détestable, le traducteur ne paraît
N* avoir été fort habile, de sorte qu'en croyant corriger le premier, on s'expose
^liWî J corriger le second. — P ii^. Chabaneau, Sut ijutlifuti manuierîtj
^''t'ttttiMx fodtts eu ig*tis (suite). Aucnn des mss. supposés perdus dont il est
^*A«flioii dam cH article ne par^t avoir été bien important, sauf la > Canto de
^a Citi, D connue par des citations de Du Mcge. Notons i ce propos que les
'^lei^nenients donnés par M. Ch. pouvaient déjà se lire tant dans une imtede
'^- Riaal publiée par le Poljbiblioa (187S, p. i8j|, que dans la préface de mon
^■iitira du pointe de la Croisade albigeoise*. — P. i jo-i^j. Termes Je matiist et
^t fttht en ttsiige J Palawts pris Manrpelher, recueillis et classés par M, West-
Ptul-Catteloan {i(*ait.).
Avril 18B}. — P. [^7. Chabaneau, Samens et pikeptes rtVtgitta en UagBt
^*« dit XII* tUcit (luilel. — P. 170. Mir, CompafeiiO'n perpaUitei, etc. (lin).
— Bibliographie. P. 180. Vising, £tadi sur U dialtete angto-normand da Xît't.
lA.-B.;. — P. 1S7. Périodiques. — P, 194, Nécrologie. Anatole Roathuie.
Mai 1883. — P. J09. H. de la Coni.bc, Fngmcnls d'uni In^daction Je la Biblt
ta langat rcmcne. Ces mots « en tangue romane ■ manquent de précision. Le
■bt. de Carpeolras. dont on nous donne ici des extraits, est en dialecte vaudou
OH peut-être dauphinois. Il eût été plus utile de nous donner sur ce point des
I . A ce propos, U me ura ptnnti de mentionner Ici que i'ii la copie du fragment d'an
poèae provençal nir b premi^ croixadi* d^nr M. Mili y Fontanalt 1 iadii cité deux
*m {mj non tdtiieii dn poème de la croisidt albigeoisi", p. xk . ie publierai prochaj-
MMM ce bagBent qui, n je ne me trompe^ appartient t li chanson d'Aniioche i
llfKfie Cidllau»e de Todélc Ui aUmion
4o6 PËRiontiyES
Mairciunneflts qn« de riimpnmer li notice du citalogue Lambert. OUe notice
en efietest loin de nous rensàgner atec gnc prècùion uiI&Mote sur le ms. en
question, et, d'autre part, lesnotioflsqu'elle doanesur les traductions ca Ungue
vulgaire de la Bible sont banales et en partie inexactes. Les obsenatiow
ajoalées au travail de Lambert ip. 2\i\ laiuent bien à désirer. L'aatearnf s'cU
pat aperçu que le fragment du ms. Harieten publia dans mon Rccoiti J'amÛMt
lalet tA cdui qu'ont idili MM. Fr. Michel, HofniaDD et BariKh n'en foat qu'ui,
avec cette différence que na publication est pariielle. Les extraiu du ms. de
Car]Kntras ici publiés correspondent A Ltm V, Actes IX, et Ëra». V. U eAt
mieux valu faire choix d'un morceau qui se prMt à la comparaooo avec
d'autres textes dijA publiés, tel que Jrax XIII. Les versets n'ont pas de numé-
rotés, ce qui ne faalitc ni la comparaison avec le latin ni les citatioia. —
P. 331. Poliits d( Dom Guiriiif <it Nant. — P. ijy Mir, Comparjuoat fopu*
Imret^ etc. {appcndicei. — Bibliographie. P. 147. Tamirey de Larroqur, La
tomspcadaitts de Peiresc. — Périodiques. P. 149. BuiUt'uu dt la Soctiti i'ut'
tkrepologit de Patis, 1879 (article posthume de J. Bmtquier).
Juin 188]. — Ce faicicnle ne coolient aucun travail qui puisse entrer dault
cadre de la Romma P. M.
IL — GtOIWALK DI FlLOLOfllA ROMA.tJU, R* 6 (t. Ut, flsc. t-l|. Cefl^
1B80. — P. I. G. Matzatinti, La Fiorile di Armjitnim giadvt. La Ftoritt est
une sorte de Aorîlége des histoires ancteones composé en t jif et rédigé en prme
entrecoupée de vers, i l'imitation de la Cor^tûintioa de Boccc. M. M-, après
avoir reconstitué autant que possible la biographie de l'auteur, étudie la com-
position de l'ouvrage, (]ui n'a été publié que partiellement, et en indique les
sources, au nombre desquelles il Uul ranger, paraît-il. le roman français d'ElwaS-
Msis il n'y a aucune raison de croire qa'Armatinino ni l'auteur de t'Inuth-
gfiua se soient inspifés du Koman d'Alexandre (p. 19) : c'est bien plutftt de
VHisiQria dt pixliii qu'ils ont lait usage. D'autre part il n'est point exact
que I presque toutes les AUtan^reidei du moyen Ige 1 dérivent de celle Hiuoria
dt pr^iùs (p. 30, n. \). La fin de ce mémoire, qui semble être l'introduction
d'une édition projetée, est occupée par la descrîpùon des mss. — P. ^6.
F. Novali, Sullt ccmpuinmt dcl FilMoh*. Montre que certains défauts, cer-
tataes contra dicltons ;)ue M. Zumbini trouve dans cet ouvrage, sont imputables
non i Boccace, mmii l'édition fautive (Moutier) dont celui-ci a fait usage. —
P. 68. A, Lutio, /.'OrJandtRo i:fi Pictn> Autiao. — P. Z\. G Majzatintï,
/ i'iteiflmatl di Cubiio t r tgro affizi dtimmabu. D'après on ms. du XIV' siècle
appartenant â l'auteur. — Vititià. P. io(. E. Teia, Di ait Cùdtte a S'apoU Jtl
Roman de Troie Ce mï., que j'ai examine il y a quelques années, offre peu
d'intérêt. — P. 106. P. Rajna, L'n mioro miittro prortnialt. C'est le mystère
du mariage de Notre Dame et de Joseph, dont le ms., conservé i Sévîlle, a déjl
été signalé par M, Fr. Michel (voy. Romania, X. 449). — Raittgné hil>liogra-
Jitâ. P. 110. Coiulaiu, Ugtndt d' Œdipe \F. Torraca, bonne analyse critique;
I . M. Kovati adopte la forme yuocole de pîtitreate ï PHoapv.
PÉRIODIQUES 407
ti.AHu«J4, Xf ijo). — P. 114. El taatatt 4i Fuiahtùtcm cl L'iaiiti, hgg. von
B. SiMgtl (A. Zewtli). — P. IÎ4. Ptriûdici.
V ; II. m, [wc. i-4). Liiglio j88o. — P. 1. U.-A. Canello, Pïi/t ii( /<
ùmui t il saa simattu. Les copies qu'on pouède de ce sirvenlés bien connu
Ktlmeot «■ deui familles dont h plus autoriièe porte C^muna. leçon <)ue
^- C préftre i CitrdfdiM, forme adoptée luiqu'îci. Ce sornoir, toutefois, reile
Km neipliqnc. M. C. a réuut, croyons-nout, .^ prouver que cette pièce
^FTlitainm pas, comme on l'avitt cru jusqu'ici, i l'année i2}é ou 1317,
*"i i l'iimée 1 19J. Comme cite a ili composée en Lombardie, ou du moins
*■ f>«tar des Lombards, elle devra Ure comptée désormais au nombre deï ptus
'"■est téonigiuiges que nous pouédions sur h poésie des troubidours en Italie.
" '' nitc de SCS recherches, M. C. a donné du sirvcntés une édition nouvelle
'Œoft^néc des variantes bien tlasséei des mss. — P. 11. A. Thomas, RickjrJ
• ^kz'uun tl l( Nottllino. Dîcz avait d*j* remarqué [Uhin u. Wnke d. T/oab.
P- ^Stï^ue la nouvelle £4 (texte de Cualteruzzi) semblait ^re la razos de la
"■"««de R. de Barbezieax Atrasi corn iorifans. M. Thomas a trouvé, dans
* ***^. iM-4a de ia Laurcntienne, une suite i U vie de R. de Barbezîeux, et
'^^ wilf, qu'il public, est bien certainement la source où a puivé l'auteur de
**C»»II« 64, tout en faisant subir i sa matière des altérations considérables,—
s 8. R. Renier, Vtru grta Jtl Diitamonào. Il s'agit de quelques mots en grec
'"'Sairr insérés en forme de dialogue dans le ch. xxiii du I. 111. La restitution
^1 {oralement atséc, et avait du reste été faite, ou i peu près, dans l'édi-
"k de 1816. Je conteste la rntitution ipl m\ {xini )Uii) qui n'est pas meilleure
^^ If iflmu des éditions modernes. Les nifs. portent ifielo qui est bo» [tlT.i to|.
^ ^ les mss. donnent taiotutit ou calewUi il faut transcrire selon l'usage val-
|^*re iut)A; \?m avec un t, non pas avec un D; la même fonnule de salutation
ç_ rencontre avec une variante dans le Ficnmont d'Aimon de Varcnnes ;
^■"fu uio : voy. Bih\. de l'£c. Jtj chartit, 6" série, Il ii866|. ;îî-4. Au v. ij
7^C, doRDé par tous les mu., peut être conservé . b correction imlj est inu-
J'^. M. Renier a joiot i sa petite dissertaiicn une iniéms^inte bibliographie
*U DiaJtaonJo. — P. Î4, R3\n:k, Un vacabal^rio t un irairaltllo di fûtietiea pro-
***t:a!t dit ucoio XV!. Ouvrage de très peu de valeur en soi, mais qui n'est pas
^u intérêt pour l'histoire des éludes provençales en Italie. L'auteur, un ccr-
^^îo Honoralo Draj^o. d'ailleurs inconnu, mais que M, R. suppose avoir été
"içard, écrivait entre i^jG et i^"^' — P- Ji. G. rcrrari, Cunzom ticordatt
***ir Inctteoatura Jel Biatichuto. Observations sur une s^rie de poésies popu-
Uuo soudées ensemble, dont le texte a été réimprimé pjr M. d'Ancona dans
^OB livre La pçtiu pofolAU italianâ. — P. 89. T. Caiini, Vn teito fraate-tinelo
^lla Ugfifiida di Santa Maria Egiziana. M. C. suppose que cette vie, tirée d'un
■itt. de (a Bibliothèque nationale de Florence, est traduite de la vie française
iota t'ai indiqué plusieurs ma. dans mes Rapports, p- loj. Il n'a pu toutefois
le vérifier parce que je n'ai traciKril de celte vie que les premiers vers, tandis
^ne précisément le débat manque dans le ms, de Florence. Mats M. Mussafia
a cité d'assez nombreux fragments de cette même vie dan\ sa dissertation sur les
Mwcci de la vie espagnole de saiate Manc Ef^'ptieiine lAcadémie de Vienne,
i8£}|. M. C. mentionne, p. 89, n. 1, cette dissertation A l'aide de laquelle il
4o8 p£fiioDiQyes
etl pu ais^ent contràler u suppasiiion. En réalité la version véntltetuie,
plulAt que franco-vénitienne, du mi. de Florence e^t un dèvelappetnent
très libre du texie français. Voici quelques passages choisis parmi ceux qui
le tiennent !c plus pris de l'original :
ratt/ranç^ (Bibl. nau Ir. i3lix). Tmu *iailia\^.
Dolce riglola, or me atj, 74
Quam ce» metlier irai goen^ /. I) i n fuçi quoM mal e dcuncttlo, 75
Ncui It donrrons tice nilri, E quanilo lu l'jvcrf fu(ïo
E te dart> un rycho mario.
Bauch« pente par mesure /. )}(c La bocha bellt cl per menira a4}
SI \t pie [lie*) et le reprdeûre. K pietou 1* guardaura.
die la en mai le mois d'tsré, /. j jAa Ço fo de miyo un meu de lue 1H9
Qu'ele ien al mur dt la citi, Ch'el'era al niuru de la dtae,
Et esgarda aval au port K guarda quelU invcruo la mar,
Ou Mloii faire ion déport. E vi venir e arirar
Arriver vh une galie Una nive pinna et guamla
Qui de Libe lert etquepie ; De una moitié belli conpagnia ;
Toate ien pUtnne de pèlerins, Et cran tnli pdegrin,
De viex homa et de mcicliiu. Homi e (cRitoe et fantin.
Par Diu, sLre, dUt le dolente, /. jién Per Deo, reapoxe la ddesu )ji
le i *oi noai bêle [ovente.
Sdcner, dm ele, pclerin, b Scfnor, dut quella, Deo re ulve Hf
Dex vos amaint a bone lis, a ve conduga a boue &a,
El soi doiiui tele volemt Chi la che toy à pelegrim
Que me fmiuiis catité. SX li «e mctetsc in volumtae
. Che ny me fayti Iciritae.
&e jou bieiu 0 vtu rttaie,
Moli eolcnlien to» lerviroie.
Et mott volroie 0 vos aler,
Se von me voliÊi porter
Ja por porter une caiiii>e
Ne wiris ja plus lan a rive.
Et a Deo piaieue ci vDjr va&ui |]8
SuM in la navc me deviul
rortar cum voy in conpagnia ;
Per Deo che nonu 0 qued n dca,
Ma voluniera ve lervircrt
ne quelle coiïc che taieve ;
Ni ça per porta r una cativa
Non lonçeriisl piu tarde a riva.
En haute mer diechent lar voiles,
Toute nuit (eurent as esioilesi. c
MaU dcl dormit al 01 nient
Car Marie si lor defTeot.
Appresso quet levam te velle }Ro
F'er navegar drito a te stelle.
QuclU nocie chi lo scguente
May de dormi no ge fo mente,
Taato como la none dura.
àhi I dbt ele, pecberrii, /. ))70
TiBt nvar fui onqun meielrUI
Et 0, diie qucli pcccanie. 4frS
Cutn mal son sugya cnereiiîxe !
I Je taisM 1 M. Caiini U recpottubiliti de MU texte, qui n'en pu toujours correct,
1. Dans le texte cité par M. Nusufta [ms. de c. c. Oxon.j il y a £ smpU noit (à
rtgarinrt. U lefon originale parait avoir ét^ fft pit U r.
Cai un fit la or4es pckib
^ qwi Du (ti Tcci oiot irtia l
HH CMuni ji idoUm eu
(SiM DKD duior aj ptrdu.
^ nd pbi&ne de vilk «dtir«,
^ naSttiuît M de luviirc,
Q?c el icmple dc puis cnirer.
PSfllODX^cS
Tasto 0 ùcto 4g pcccao,
Cbc 1o me aeiior e iito,
E ion SI pini de soxura
De mi non pir ch'el abU (un;
Si mil ïuin teo me ion abuo
Che j1 pcstutp e ll"« perdw.
409
^
»
Kt/iiU. ^ P. 104. O. Anlognoni, Framtatnto f int'ito potma Jiiiatluo.
'•^fineald'Bn mui^nantnl moral en quatrains. — P. 107. A. Thomas, Cinq
■*^**trts iutunt Mis du mi. RUcjrJUn 3726. Ces! Ip ms. d'après lequel la Romj-
*** a iit(i publié un Iragment de la nouvelle provençale du perroquet (VII. }27t,
** Ub frjfznientde CtigettVÏW, 3&6, cf. &; i). M. Th. indique le contenu decemi.
"î.*" a Ht eirêuté en France au XIII* siècle et ne contient rien que l'on n'ait
'* ■Win ; pgjs tJ publia les anq sonnets italiens qui ont ctf icrib au XI V« siècle
V" l'arant-dcrnief Icuilict. Ils expriment des règles de civilité. — Haaegnt
f^^^S'^té. P. in. Lt TÎmt di Guido CavaUarUi, lesto critico publicato da
^ - •^âuine fS. Morpurgot. — P. 116. F. d'ûvidio, La Lin^uj Jt' Prometsi
^^amrWj prima t aelie seconda iduiom (X.). — P. 118. Gramnulik du portu-
^'^■^éuiaSpr^clie... von Rdnharilstoettner (F. d'Ovidio). — P. 119. Botlttmo
**'*ijrtf/lco. — P. 115. Pcnodut. — P- ii6.^oli;ic.
to ^'8 lt. JV, Use. r-ai'. — P. I. A. Gaspary, // poimd Itaitano di Fior'w t
•pj^xûpott. On adm« généralement que ce poème est postérieur au Filocoh de
^_*'^^cacf, mais en cit-il imité ou est-il tiré d'ailleurs ? La première opinion a été
J^*^f e par M. Bartoli, la seconde par M. Zumbini. M. G. lient ponr la pre-
^^*^re, tout en reconnaissant que l'autcor anonyme, peut-être Antonio Puccî, a
-^ ^iidiairetnenl puisé quelques traits i une autre source. — P. 8. F. Torraca,
\^*iifiii< vtvtali Jtl drama lacro ml Njpokuaa. Lettre à M. Monaci, conienanl
% oombrcui renseignements, classés par localités, sur des représentations reli-
^*wses encore eo vogue. — P. jo. A. Machado y Alvarez, Jacgos infiintilu
^*ftltolts. — P. 6j. G. Matiatinti, Siorie pofokn umhrt. — P. 7). E. Teu,
^^fSt tfêgnoli dt Fitt'O B<mh nitampali saW aatof;,rsif<}. — P 78. G. Anto-
%i)oni, Lt ghisi ai Documenii d'amore Ji M. Fntuesco da Baibtiiaoy t an brtvt
**~aatto di nlmiat ttalidna. Le commentaire de Fr. da (larberino i ses tkcumcatt
*^*éiiiort n'est coMu que par quelques extraits qui piquent vivement la cariosîtè.
W. A. en puMie deux lijloscf aucz longues intitulées, l'une fnraitndi tt rimtad:
"icii. l'atilre Tfattilet de ^uibuidsm inycn\indi ordiiubiti. Nos lecteurs savent que
lu. A. Thomas a lait sur l'ouvrage de Barberino un travail qui ne tardera pas
* wir le jour. — P. 99. A. Graf, Un Itito provcnzaU dtlla Itggtnda dtlla croct,
&ditiOD pure et simple d'un texte assez peo intéressant (Musée bril. Harl. 740{t>
^— P, io{. Th. Cari, Sopta aUant eodici dit Tesorello di Ser BraiKtto Latiito.
— Kiri£t<l. P. lia, A, Grai, Sepra 1 veru i^~6o dt! cuMo XXXH dtl i'^sT^i^ot'iO.
La Déme note contient use nouvelle tentative i l'dTct d'expliquer le leits symbo-
lique de la hmê dn ch. 1 de Vlnfcmo. — Riirf^n^ bibhograf\<a. P. 114.
A. Craff Roffltf atUa aumcria i ntlU immtgmagiotà dtl mtdio nu, vol. I (O, T-);
t. La coavertute ne potte pu de datt : ee K* est daté i 11 fin du 9 aoâi iS&i.
410 PÉRIODIQUES
k critique fait, sur le manque d'ordre tl de méthode qui caractérise ce livre,
àa observalront qui confirment celles que j'ai faites noî-inéiae dans U Rnut
tnttqac dn i" mal i88a. — P. 117- Canello, Stwiddtlia liiuralurj iulutia mt
iaoto XV! (F. Tïwraca, critique approlondie el sûre, qui porte principxleineiil
sur la conception de l'ourragc. — P. i2j, BalUuito Mliogtaficv. — P. iij.
Pitiodui. — P. I2J. JVoli.-if. P. U.
111. — ZErrscuHrPT rtii bomasiscdb Philolooiï!, VI. 4. — P. \ox.
Treif tatrn (int*rcMant«| de Ja«^ Gnmm i Die:, de 1816, iSi? et iâj6,
publiées par Tobler. — P. jo6. Tobler, Mitangti 4e giammâire /lûntaut Iswtc).
a8. Tottt « fui .,. n^etl pas ipoor employer U (omale de Lïttfé); expticalkiBS
psychologiques et granimalicales : oa ne peut entendre comme rwitesr ta
phrase citée d'après Hfilder. p. 508 : maxime uUe ti uititU it^atUal tt motdt
m pratiqm pet signifie que ■ quelques-uns la praliquesi, mais non tous, • «t
aoB pas que t toot le monde la laisse de cAté *. 39. Dépticonent de la néga-
tion. )o. Emploi d'un datif apparent pour I'kcusiIiI jprèt les «erbes qw
eiprimenl l'idée de donner lieu, concéder, voir, entendre ijt lat «1 faà thutgn
d'kâbit, )i iui ji laiisé praidte mon livre, je lui ai rii praulri aile arme, /i Im 41
entendu dite) - articre particuliéreinenl instructif et profood, ob sont mêlées des
remarques sur d'autres points de syniue. ^z. Histoire du sens et de 11 coot-
iruclion de ti féut (l'auteur parle aussi Atil faitbo«,cKti,lAe.). ;3. Ot, «faisaai
double jonction {La femme nu au mari nmte Et ai a sa ftmim destnift*) ; cet
emploi n'existe réellement pas pour tjue: additions aux importantes renisrqaes
fuies il y a qoelc[ues années iKiMn. Vlll, 197) sur une singulière construction
qui se rencontre en ancien français (mau U traii Duui li hie« diiirn Im iuiu i
Sùufri a altt). j;. Construction anacotuthiqne de l'ancien français iCtttt parole
ot moaite U trnesikax^ il tt set frère) — p. jj6. Roux, Prarerhes hat-fimoi^
tins, avec traducUon française, très joli recueil. — P. jyo. Dccurtins, Lrrre dt
Jormalit dt la Haistc-Engadinc ; curieux recueil, écrit au XVII* siècle, de dis-
cours tout faits pour noces, baptêmes, etc. — P. s8a. Decurtins. Qattiaùu
poptlaues dt Id Basie-EngaJine. — P. (98. Scheftf-Boichorst, Pitréffae a
Beeeaee tar l'origiae de la poiue. On a expliqué de diver%cs nianit^et l'inseitioi
dans la Viu di Datai de Boccace d'un morceau entier de Pétrarque; M. Sch.-B.
montre que dans deux autres endroits Boccace a reproduit ce oiorceaa, une
bis d'après une communication orale de Pclrarqne. et l'autre bis en citant
l'écrit cA il se trouve ; c'est donc sans doute par un pur hasard que dans la
Vna dt Daitit il a'a pas nommé sa source (cl. Uleratorblatl /àt germ. uad tom.
Phhlogjt, p. la;). — Comptes-rendus P. 608. Sitti, Dit hktlat VerselHedtii'
katen Jtr lat. Spraeke (G. Meyer et Schuelwrdl, article peut-être un peu trop
lévérc, mais rempli d'observations (usles el împorUntcs). — P. 618. VoU-
I. le die cet exttnpl«, tiré da eifrjiti de l'Ovide mwaVut pubKb pu T»M, pour
reciifiri un léger lapii» de M Tobter : Tafbé, iflt-tl, aitribue ce poémc l fhil. dt mîry.
lUei dt viirj rc'e»t une confuiou de métnaire avec Koon de Héry, publié par Tarbel.
AU (Cite, il al tcnuo mainWiuwi que l'ourrafc est de Oiréths Legemt de &aîaie-Hore
(wy. fiM. X, aî().
PÉRIODII^IJES 41 t
mœUcr, OcUfian (Musiafia : beaucoup d'ncellentei correctioiis et rniiarqu«ï)>
— P. 6}6. Giiiliani, Le optre di DaiiU AlUgkuri (SchcAer-Boicborst).
VU, I. — P. I. Zeillin, L<i aJterbti d< Umpt in antuH françau {ha). Ce
uavail, commencé dans le tome précédeni, est inérjloire et bien tait, quoique
l'auwur n'entre pas toujours jusqu'au fond de^ questions [| commence par
donner l'itymologie des adverb» de lieu, puis étudie leur emploi et indique,
quand il y a lieu, T^poquc où ili ont «ssi d>tre usités. Voici, sans tenir
compte des variantes, des dérivés et des composés, les tnols dont il traite :
donc, aittt, apris, bUi. Aut, /tf, Ifn, lots, dtmonois, imuntitrairt , intrisàit, iacoa-
Itfient, etraat, Jilivreffunt, isnckmtni, a ettroni, losi, ittàd, on^iut, diac, or,
OTiJfi ^entiw), prtpiis, puis, trinpies, Kmprt, maia, tan, les adverbes de fréquence
Utfîwf/if, etc.), les synonymes û'intcru {dtmtnut, etc.l. Il remarque que dn
latin au roman et de l'ancien (rançats au moderne, un grand nombre de ces
adverbes se sont perdus et ont été plut ou moins heureusement et ciMiiplètcmeiit
remplacés par des formations nonveiles. — P. îj. Beycr, La Fhxiort du rotatif
ti7 an(uit franfjis it tn prorimal. Malgré quelques erreurs de détail, ce travail
fort louabl« résout définiliveripnl une question qui, surtout pour te français, 3
été furi a^it^. L'ancien français n'a pas eu de Tonne tlexionnclle remontant au
vocatif latin ; il a toujours employé, au pluriel comme au singulier, k nomî-
natif pour le vacalil ; quand on trouve la forme de l'accusatif, il n'y faut voir
qu'un cas particulier de la substitution, dans le cours des temps, de l'accusatif
a« nominatif. J'ai autrefois, à cause des formes des plus anciens manuscrits de
VAlau (et du RollaaJ), hêsrté sur ce point ; mais ce sont, comme ledit M. B.,
des formes anglo- normand es, et \c suis depuis loi>gieRipi de son avis (cf. Ram.
Xl. 6ii). Le provençal se comporte comme le français; il n'a pas non plus
gardé le vocatif latin, excepté peut-être dansiiffn> = doiiiîii«. — P. ^\. Risop,
L'iitfiiunu de l'anatagic dans U Jheloppcmtnt de h côai'ugaisoa franfaiit. Cette
monographie est riche de faits, et l'auteur les interprète en général judicieuse-
ment. Il ne traite de ce vaste sujet qu'une partie, celle 3 laquelle il donne pour
titre : l-a (onscane fiiulc do ihimc , le reste viendra sans doute plus lard ; M. R.
annonce qu'il s'occupera dans un compte-rendu de la partie si bm étudiée par
M. Bchpens (voy. }<om. Xll, 112)- Voici les titres des paragraphes dans les-
quels l'auteur divise son chapitre : aj Infiittitct Jr la voyciii dinvatm e, i, ét$
rtibu tn eo, io, et sepptasion Je asti rejelU (l'auteur, qui, sur la question de
-iunl, est en somme de mon avis (voy. Rom. IX, 167I contre M. Peerster, me
fait une objection dont jC ne s-iisis pas bien la portée), b) Tiaittmtni Itiatif Jtt
c ; c) Iniertiû/i faatne de c assiyiti ; d) insirlicn faaVu dt s (signalons une bonne
explication de dettraitons par l'influence du parbit ; il faut seulement noter qu«
ce sont les formes faibles du parlait fort, dtstrtusis distrmttma dnliuisiiUi. qui
ont agit ; e) Chute taaïtfe Je s (M. Crœber (itit remarquer en note, avec raison,
que/cij n'est pjs plus régulier que dcii, mus ; c'est ms qui doit être le point
de départ de toute l'analogie) ; 1) Les coitionaes Kt-onJairst b, d, t (inlercalairesi ;
g) Chute worgantqat fia d InltrcûH; hj Chixtt wrgani^ae da d thlmati^iu (les
fciraes de prendre demanderaient plus d'explications) ; 1] Rtmplaiemtitt du d
'mlerca\i 00 llitiiiatiijae par |, g ; I;) Ui formes |C prins, prins poar je pris, prb.
Le simple énoncé de ces titres montre l'importance de l'étade de M. Risop
412 PËRIODiqUES
pour t'élade de la conjugaison Iranciisc. — P. 66. SchelW-Boichorst, Eacon
Diao CcmjMgiti (premier article).
MliLAnOES. I. Histoirt iitliraitc.— i. P. 94. Bartsck, Unt chanton 4'aifaat aa
X!* iHtki il s'agit du passage de Raoul de Caen (voy. Rom. V, a6i) sur la
naiiua pueronim, » Franci ad bella, ProvrDCÎalei ad victuatta a ; La forote ori-
ginale en aurait M Li Fri:nfcn n balaitk, Prcititial a riUilh; vttaitU est bon,
mais il est peu probable que l'ua des deux noms de peuples ait eu l'article et
l'iulrc non ; en outre, il faudrait Fiancm a PtovtaaL — J. P. 94. C. M. de
Vasconcellos, Sut h O/KicuKiro à'Ev^ro ; observatioos complèmenwret sur
l'édition très insuffiiante de Hartung, — II. Tcxus. P. 99. Decurtin», CIuiuu
satiriijat ladmi du XVII* siècle. — III. Eiymoiogm. 1. P. loi. C. M. de Vas-
concelloï, Eiymologus (Ktrtagaiui, 1 . Stngo, mol <|ui ne s'emploie guère que
pour introcJuire un proverbe : lii: 0 itngo, 0 ton ungo, etc., signifiant i peu
près 1 le sajte ■> : M^"* de V. y voit une autre forme de Seoeca, mab oa ne
trouve jamais ni Stngi^ pour SemtJ, m stmcd ou ititat scngj pour saigo; je le
tirerais plutMdulal. senicos, quiestattestèpar senica etseoiculus,et<)ui
a aussi donné le pr.sMU. — i. SiiatJ:= nio ja. — j. Em ^ut^mgue. — 4. F.tUkSy
tath;, ■ iruf i)u'on laisse dans le oïd de ta poule, nichel, * du tal. indice. —
). Mttgo, esp. mt§<>, • insinoaQl, séduisant, 1 est fort ingèaieusemnl et vrai-
senbUblemcnt tiré de magius (ou inagicusi>). A propos de toutes ces étf-
Diologiei, l'auteur rassemble beaucoup de faits intéressants. — P. 1 1). Baiit,
Eljmolegus : 1. Esp. armatlU. 2. It. tnt^itt, fr, bobOy it. btu, esp. Mil, Me
;. Esp. ckolla. n. It. uirogiui. (. Ctimt (non capreum, mais crpriun.').
6. Port, cito lactust. 7. Fr. ichiuht tde traa; peu probable). 8. V. esp.
<nguua {equaria au lieu d'angarîa. voy. Rom. IX, 411). 9. Eip- faUgai
{viendrait de l'ail, plahhan, ainsi que lugottar, cf. Rom- IX, t{j). 10. Fr.
gai (oiseau^, elc. 11. Esp. gan2Ùû. 12. Fr, jhoriM, 1;. Esp. hduas. 14. Esp.
itira idearea). if. Esp. ItiJii jlicita). 16. Eip. hrc (raber). 17. Lotngp
(rubricos). 18. Esp. niarco, chksUt de fenêtre. 19. Esp. maagta (non nan-
nnla, Zeiitik. V, jéa, mats macula), ao. Esp. aiett (oivea) ei non neve;
notons que le fr. aitgt est le «ub^t. verb:)l de iKigtr, en note rrmirqnes sur
des iDols esp. ob u semble venir dV, mais qui doivent s'expliquer autrement.
XI. Esp. ptUâcUgù, jilgauo |cf. Zatsckr. V, 3}9). ai. Esp. j^tncù. s;. It.
una, esp. tiato (non de Euvriv, mais de scxta; cf. Ztiuihr. IV. jSj). 34.
Esp. ttigo (de sesecDs; cf. ibid.i. 2\. Esp. totdo (tollîto? n'est-ee pasTall,
lett^ remarques sur le à intercalaire). 26. Esp. iobilto (non de tybcr).
27. Esp. itno (lersus et non tensui). 28. Etp. ambul (aie. lumirat^àt
luminaret. 19. II. orta, fr. hoatqat, nèeH. AtiJttr, gr. ûp^q. }o. It rtrum,
Mtoa^la. }i. Esp. Jiaie, veau (proprement 1 camus, » même oral que f/jf]. ja.
Esp. lardo (plutAl absurdus que surdosl. Pour beaucoup de ces nots, où
l'auteur renvoie à Diez pour le comptéter ou le combattre, il ne donne que des
doutes ou des hypothèses qu'il jurait été trop Icng de rapporter ici. — III.
Grammaire. P, 1 n,. Dziatzko, L'Origiat 4(i ptipositiont participialct en roman;
note sur la locution latine pratititt noht. «gui n'a guère 1 faire avec la phitolo-
gie ronanc.
CoMPTCJi-iiiKDt:». P. i]i, Cdmotns GUkMt ... deutscti ran Siordc, IIMV
PrtBIOOÎQtrES 41 j
(C. M. de Vasconceilos). — P. ijy. Suchier, Daskmxtcr firortmal'athtr Utao-
tur, I (Bartschf. ~- P. 16}. Swmt, Uet^r Ur. c vor t unà \ un Pikûiéiichen
(Honiingl. — P. 1-65. Robert, invtntairi sommairt Jis manaienli des MUo-
thi^ats Je Flattée, II (GrŒbert. — P. 166. CAornaU ,i\ FiMogia ramama^ ■" 8
(Gaspary). — P. 169, il Propugnatort, anno XV (Gaspary).
C. P.
IV. — LlTIRATUnBLATT PÛCl «KhliANISCnB ttyi> tOM«M*CHB PlIll.m.OOlK.
188). — I. Janvier. Coi. 14. Fœrster, Mot tt M\rabel a. Elu dt Saint-Ciltu
(Bansch el Neumann : remarques nombreuses M inlcreisames de « dcrnief sur
les notes de l'iditeurl. — C. 18. Sclioppe, V<ber Milrum and Anonnn: dtr
ckantofi di guU Anm it Amilet (Neumann), — C. ai, Colltziont di apeu iaeJitt
û ràft Jet piimt Ut tuoU deila hngaa (Canetlo : parle surtout de l'ouvrage de
M. Isola, DtUt lingue t JetU Icltaaiurc lomamt... Paru ptima t itconda, tjDÎ
parait assez extravagant).
I. Février. — C. 66. Appel, Das irbin unJ du Litàtr dit Tiokadort Ptitt
Rogiti (Bartscli). — C. 67, Ciuliani, Lt opère Ijtiot di Dante (Gaspary). — C. yj.
Del Martino, Tmdinùat popotan catalane tK.ceh]er]' — C. 74, Gartner, Dit
JaJiuriichc Mundsn (Sitdi.
]. Mars. — C. 100, PuMitations rkentu sur Dante (long et utile aitlcle de
M. Scartaziinf) — C, 108. Leit« di Vatconcellos, 0 diaitcto Msmndt: )Scha*
chardt : remarques importantes]. — C. iia, Rcvista penlra hwrit, Arcfnoiogit
Il Fihlûgic ^Gasteri.
4. Avril. — C. 121. V/einhoId, Die dtuUtha Ftautn m Mitteiaittr [Dech-
stein : ce livre excellent, dont la seconde idltion vient de paraître, intéresse
tous ceu« qui étudient le moyen i^c). — G. mj. Ciairin, Du j^iaUij iaim tt de
h priposiiioB de (SittI : milériaux mal digirés). — C. i)8. Miklosîch, Rama-
aiichf UnUrsacbungin iJarnik : long article plein de remarques de dftail, com-
plément indispensable des études de Mikiosichi. ~ C- 14^. Vjrnhagen, £vt
adtsthit Mittfktis (Nyrop : il s'agit de l'Empereur orgueillcui), — C. 14e,
Koch, Dit SubtnithUfahgtniit iNyiop ; cxMllenll.
t. Mai. — Col. i&o, Rolls. Die Ad g,arltgenJen Egtrlon 6i 2 {Wmg: cf. Rom.
XII, 1 \2). — C. 18;, Jjger, Du Qiiaiitirat dtr bttonitn Vokalt im Staftaniaiii'
tàm {Joret : observations nombreuses et généralement justes).
6. Juin. — C. 210, Breyminn, Di^ï' Kleinere Arbultn (Neumann). — C. îH>,
Stella Ji carxQi'uh UlUmnt (Canello). — C. .2J0, Casier. Littratura popalara
romdnii (sommaire, par l'auteur lui-même, de ce très important recueil). —
C. »)), Ulrich, l-îrr nidnalditclit Texte (Schochar<h). — Adam, Lti iJiomtt
ntgro-arytn tl malia-arjen (Schuchardt ; article tris intéressant).
V. — CionNAt.B «TORiuo DEULA LKTTERATi'H.v tTALiA-t», dïrelto 6 redatto
da A. Ghaf, Fr. Novati, R, RKumn. Roraa, Torino, Firenic, E. Loescher.
I, n° 1. — Ce prtmwr fascicule paraît accompagné du prospectus que nous
avons annoncé Tan dernier (Roma/tia, XI, 6i;). Nous remarquons que le nombre
des directeurs du nouveau journal s'est réduit de cinq i trois. Nous signalerons,
PâRK)DtQyE&
fÈMàt les irafaui publiés dans celle rerae, c«dx qui peuvent nlrei dans le adn
de 11 RomMia. — P. 1 1. T. Caùni, Le ntlart Mogits* dn umh XH t XllI.
CompiUlion ^il«- avec som et intelligence, mais qui contkiit {>eu de bits km-
veauE. Au lujet Ac Boncompsf^no, l'iutrur de VArs à'ulétmeis, M. C, larMt pn
citer l'ouvrage de Thnrot, sur )rs grammainros latins du moyen Ige, daai le
t. XXII des Nattas tt exUaitt Ja aunaicrits ; voir notamBiMt, p. j6 et suit., U
description des rnss. que la Bibliothèque niitionate pmKdràcVArsJictamims.—
P. jj. G. Mazzatinli, Iitvtntario dti Co^iti JtUe Bibliottcn V'utïwfw-S^^.-oor,
ft4ano dà sir Fanao de fabrisna net 14^9 t 1469. On sait qu'une bonne partie
de cette bibliothèque fut iraniporlée en France sous Louis XII. Le catalogue
qae publie en entier M. Ma2zalinli d'après le m%. latin 1 1400 de notre Biblio-
thèque nationale, avait défi ixi mis â profit par M. L. Delîsle qui en » extrait
le chapitre rclalif aux idss. Trançais '. Comparant le texte d« ce chapitrt djai
l'ouvrage de M. Dclisie et dans la publication de M. Mazzatinti. je trouve que
ce dernier a omis, après les mots Ubro dtl ofdint di cnatitn {p. \ \), let drsx
articles vivants (Delisle, p. 1 j ^) : Para CardmaUs, Ami it Miroi, — Dt prO'
praidtibui ar.vnaltum. m nitno galito. Le second de c« deuï outrages ot sans
doute un Bestiaire, celui de Guillaume ou un autre; le premier doit être un
recueil de chansons provençales. \^\ noms de Pierre Cardinal et d'Amaul de
Mareutl ne suflïient pa:i pour établir l'identité de ce chanwnnier avec aucun de
ceux que nous possédons : c'est probabletnem un ms. perdu. L'invenuire publié
dans le G'mnnU est si bref que l'éditeur a dO renoncer à établir la concordance
des mss, qui y sont mentionnés avec les mss. Visconti-Sforaa qui nous sont
parvenus, ei dont te plus grand nombre appartient i ta Bibliothèque aalionalf.
il eût été à propos toutefois, pour faciliter les citations, de numéroter les articles
de cet inventaire. Je note en passant qu'aux mss. connus de Prancesco Sfona,
il y a lieu, si je ne n>e trompe, d'ajouter le n" ^9 delà Collection Barrois
lAsfibumham place) qui contient un abrégé de la première croisade rédigé en
îulien, au XV' siicîe, d'après Culllanmc de Tyr. — P. éo, Vatlaâ. M. Lan-
dau, Le Ucdiiiûni puJmht atlla aorelliitua iuluna, brèves indications. —
P. 6Î74. Fr. Novati, Tri Ittirrt giocott di Ctcco d'Anoli. L'authenticité de c«s
lettres n'est pas certaine ; l'éditeur rassemble quelques données intéresuntes sur
l'usagede la parodie. — P. 91. Ratttgna hitliograpta. Suite de comptet-rcndut
en général bien faits. Citons : D'Ancona et Comparettî, Le antiche iimt volgéri
Kiondo la Itztoite dtl Codiu l'dtiffliw 379}, vol. Il, Bologne, i88t (T. Catîni,
c'est moins un compte-rendu qu'une série de remarques détachéesi. Labianca,
htaisltio da Padnva, nfcrmalort, polHico e religioso dti tuola XIV, Pidûva, 18S2
(L. Oiiapelli} : Villari, Hiael^ Mauhiavtiti t 1 mot tanpi, 111, Fîrenze, 188a
(L.-A. Ferrai). — P. tjo. BolUliiw b\h\agtâ^to. Notices plus sonimatres que
celles de la Hmicgna. — P. 1 1}->84. Sp^glie dtUt puhli^jzutm pitifÀuhi. Ce
dépouillement, qui s'étend i un nombre considérable de pénodtqucs, est divisé
en deux séries : i" Italie ; i* étranger. — P. i8[-8. CrMAca.
P. M.
PétttODIQUeS 41 J
VI.— MfcwotREit rtii t.* Socifcri jiatiokale des AcmyrAiKES VK France,
I' XUI (i88i|. — Qucherat, La rue it U chàttaa ât HéutiftailU i Para; cet
vtidr poElhtinK du savant archéologue est plein de resseigacments intéressaoU
(HT II topographie anlique de Fuis ; mjit nous ne pouvons admeUre le rap-
prochcocnt proposa entre le nom de Caneton et un prftefidu gMnttm bas-latin ;
'o ëdi&ces ippdû toa/ ou ehJUau Je Ojnnt et énumirés ici lonl tout plus od
"Oinien nimei cl ont Hi sani doute le sujet de légendes analogues à celles
V* M. Camof a recueillies en Picardie {Rwi. XI, 410t. Quant aux konts ob
°8Urt k wxA fruil ov fraille, ils l'onl certainement pris au blin tolium ou
'Ottj,Donau gaélique foil. Il est possible que plusieurs lieui .ippelés au|our-
dhui Fiitt, Botammenl dans le nord-est, se soient originairement appelé^ FoiUû
0» FtK\ttti mais très souvent, comme ne l'ignorait atiurément pas Quicheral,
** n«o de Folu est tout récent (XVllI* siècle) et a M donné i des tnaisoni
doav b construction somptueuse semblait une folie.
G. P.
IP
^^1- — TumAonoM op thb Philolooical Sootbtt. London, 1S80-1.
P«rtin (iSfij)*. — P. 401-60. R. Martineau, On 1ht Romantth or rhatïja
^'^Sugi in tht Cmoni and TTre/. L'auteur connaît Jeî travaux de M. Ascoli, et
■^OKcenz de moindre importascr qui ont été publiés sur telle ou telle panie
^ Anainc tadin depuis l'apparitiofl du grand ouvrage de l'éminent professeur
de Milin. muis ce n'est pas en 60 pages qu'on peut traiter i fond de la g^gra-
P"it it la grammaire et du voeabiilaïre des idiomes ladins. — Appindix Y.
^- *9i-i68V W. Skeal, A rough lui 0/ cagiiih uwJt found m lingh-frtnik ,
**IKaillj Jaiitg tiu Xlllih and XtVik itatanii : witH namtroas itftrtncti. Dépoufl-
'*»«at,taflt prétentions, d'un certain nombre d'auteurs oonRands tels que Wace,
S- JVictfM il'auteur déclare n'avoir pas dépouillé le Roa, c because the length
* •'frighlened him«,i ci Ph. de Thaon, el anglo-normands. L'ordre alphabétiijae
*" •rdiuirement déterminé par la torme que les mots ont prise en anglais, ainsi
*i* dort être cherché sous «(/^a, et *jnf sous iwik. — P. *]8i-i8j* Posx-
*"^/*to Prniu L.-L. Bonapdrtis pjpcr on neaur atù-latin iobstantnts. Réponse
' ^iiei<]ves remarques de la Romania, XI, 61 ]. Je reconnais volontiers qu'en
^^l d'ine façon générale que les collections d'exemples formées par le prince
^*^ Booiparte sont ■ beaucoup plus riches que ccIIm de ses devancien, • je
'"pas indiqué avec assez de précision que pour cerUjns dialectes italiens, et
"^tttui pour ceux de la Catabrc, le prince avait le premier signalé la persistance
*** pluriels neutres. Mais je persiste 1 croire qu'une étude sur la continuation
^ n>nin des pluriels neutres du latin devait admettre les formes en t aussi
lib
<|iie cdlcs en a. Une étude de morphologie ne doit pas être limitée par des
**'**"**<a«CB purement phonétiques.
P. M.
Ce Cuoeale, qaî oomplétc k voIuk des TftuattiMi de i8S&-t, a paru putérieu-
' *u Itfciculc 1 des Trdaiiuticiu pour iS8j-4 dooi tl a été rendu eooipu ci-desmu-
4t«
PÉRlODIOySS
VIll. — pKocBiDtKOB OF TU8 Ambrica:< PitiiiOsarHmjkt SocrETV, t. XXi
(iggj), _ p, 4^78. F. T, Cranc, MtJinal Stunon-Booit and Sturi». Le
sujet triili ici parM. Crâne, professccr i Ithau.est Ton initrettaiil pour ce que
l'autmr appelt« li n storiolagy, * mais it a éU â p^ine abordé jasqu'id.
M, Crâne donne une reconnaissance générale de ce domaine étendu, et îmiite
sur ^ue^oes points particulîen. il monire partout des connaôsances précîsn,
et apporte quelques renseignements utiles pour l'histoire de plus d'tra conle
répandu au moyen ige.
tX. — Tijn<tc!HnrpT voon NenBHLA^OEutiE Taal- em LfiTiEnKUXOi:. UI
(i88î). — htiddelntdalaodukc FiâgmtnUn, medcRCdecld door M- De Vries.
1. Nouveaun; fragmenls du roman des Loiraim ; nous reviendrons sur cette inté-
ressante coninunication. — II. Un fragment du roman de lÀmtorck. Ce frag-
ment, qui » appartenu i Oberlin. sert i établir l'authenticité d'un passage qui
ne se trouvait que dans un ms. sans autorité. Le roman des Enfants 4t Ltw-
(our^, assurément traduit du français, mériterait d'Cire étudié chez oout. —
]ll. Un fragment du livre I de Lanceiet. On sait que l'immenje poème itéerliindais
de Luncilot ne nous est pas arrivé complet; le premier livre, répondant i la
plus grande partie du roman français en prose, manque. Le très court fraient
publié ici appartient certainement i ce premier livre (cf. P. Paris, Les Romms
àt ta TdUe-RonJc, IV, J141 ; M. De Vries signale aussi an morceaa publié par
Serrure et qui appartient i l'épisode de U Cktmttt, contenu dans cette pre-
mière panie.
I
X. — RfiVfK His-niHiQui!, mars-avril. — P. ju-;ii. Ksulelc, Lomt XI
lil-il f'ûuuui d\i Roiitt dti giurrei f Dans cette excellente diuertition, M. K.
démontre i)ue l'ouvrage communément attribué i Louis X) n'est pas de loi,
mais de son médecin et astrologue Pierre Choisnet, qui a composé également
un poimc sur les irais âges de l'homne (&<• 39 du Catahgac DiJot de 1878), «f
qui mourut en 1476 ou 1477 i 6^ ans, comme nous l'apprend son épilaphe,
encore aujourd'hui conservée dans l'église de Murville préi Rouen. Choîsncl
écrivit le Rositr i la requête de Louis XI et pour l'inslmction do dauphin
Charles.
XI. — MfeMoinr? de la Sooifcrfc ftntiEssE, t. XII, p. îiH>'. — Bftwl,
Lti Manuscrits dit Minimes dt I..1 (iuickt consirris aux arckint dipjrttmmlakt 4t
SaSae-tl-Louc. Ces Minimes avaient une assez jolie collection de manuscrits fru-
çais, qui provenait du duc d'Angouléme, fils de Charles IX. Quatre de et%
sianuscritt, conservés aujourd'hui aux archives de SaOne-et-Loire, sont décnU
avec soin par M. BéneL : ce sont : la Chroaiqat d'Orose |XIV* siècle), XAr^rt
dti Bâta'iUa [X\'"s.), la 5ûmni( U Rih (XV'il.et une traduction àe L'Agiiillon
d'amour de saint Bonavenlure (XV* s.l. D'autres se trouvent i la bibliothèque
de MicoQ, dont M. B. nous annonce qu'il prépare le calaiogtie.
G. P.
I
pâKiODiQues 417
XD. — Akkalis D£ la Fici:ltè des lettoe» dk BuaDEAtii. s* stne,
4' amfc, pp. i7-)7- Jinirier.févtier 1881. — Thomas. Nolia sur la Carliade,
f*^ ijn^v latui dt Ugoiino Vtnno. Ce potme épique, conucré i U gloire de
Qurfenagiie, lennin^ en 1494 ei dMié i Charles Vlir. «st inédit; M. Th. l'a
tedié 1 Florence dioi le an. riccard. 8j8 et en donne une rapide analyse,
Vfittiét d'un court résumé de l'hisioire de la légende carolingienne en llalie.
U le signale comme 1 un curieux rȕi de fusion entre le po^me chcvatefes<]iie
<!■ nO]ten igt et le poème épique de l'antiquité. > Il y j li eo cAet un phéno-
■^ linéaire ioiéfcssanl qui avait passé inaperçu jusqu'ici.
X11I. — N00WLI.B RBvuE msTOniQUE on droit TtÂHÇAl» R BniANaEn.
'Wj. Janïier-férrier. — P. 41-7J- Uatoyiaye, Lti ax'wmts du éoit fraa-
i*» ptt u tttttt Cûlhtt'moii P. 7Î-98. Flacti, Biblîogiaphic raiscnnét itt
^It dt Nitobt Cathtrinot. Calbcrinol, mort en 16S8 à l'ige de soixante an»,
'•' ua écrivain fécond, mais médiocre, dont l'activité s'est dispersée sur tes
»|eti icï plus divers, sans qu'il ait réussi i produire une o-uvrc véritabletneat
dottnguée. On ne peut tculelois lui contester Ir mérite d'avoir été un esprit
(Bnetii et aimant la recherche avec passion et désintéressement- Il est surtout
'^■u des philologues pour ion petit traité intitulé Us daabidi Je la tangue
A'*fojw, imprimé i Bourges en i68j ', mais la plupart de lei travaun ont
^1* obfct l'histoire de sa province ou des questions de droit. M. Flach 1
"'tpoié une eici^liente bibliographie des nombreux opuiiculcs de Catherinot,
t>K4nt principalement usage d'un recueil factice de la Bibliothèque nationale où
*^ ^* Iroflvent i peu prés tous réunis. Il y en a 1:4, dont beaucoup i la vérité
lotit qK 4 ou 6 pages, le plus long ne dépassant pas 91 pages, C'est l'un de ces
'''"fis écrits qu'a réédité M. I^boulaye, qui fut lui aussi un esprit carieux et
^^CTl entre tous, et que rien de ce qui louche i l'histoire des idées ou des
"^ïtQtioBS ne laissa jamais ladiiTirem. La notice élégante de (orme et riche
» id*ei rt (Je diti qui précède la réimpression des Atiôints eil te dernier écrit qai
*"t sorti d« la plume du regretté administrateur (lu Collège de France. Nous
" poiroDS nous y irrèier, les su)eu traités n'étant pas du ressurl de la Rmiû-
*"- Mais les ojtomtt pris en eux-mêmes intéressent l'histoire de nos anciens
f^vertw- Ils sont rangé» sous un certain nombre de chds (ABsencK, ai;!!»:»",
^'"tîiLiionarj. tic l classés par ordre alphabétique. Noos ne possédons que les
•«trejA B C (et encore le C paralt-il incomplet), Catheriool n'en ayant pas
""^ iiBpriaier davantage. Ce qui donne d ces axiomes un certain intérêt a a
P"""l demie de nosétudes, c'est que plusieurs sont très anciens et se retrouvent ,
"•c de légères variantes, en mjint texte du moyen ige. Je citerai ceui-à ;
T'thuw : ■ A detiut de sage monte fou en barre, * cf. le prov. * Pour joiif-
"**^ ie prodbonw met l'om toi en banc • iLe Roux de Lincy, i.i*rr dn
f'^^mti ftûn^i, I, J40; II. 470). Sous BANOt'EnoiTTK Se trouve celle locu-
*•**•* ; t II est allé faire un tour i la lune, • qui semble plus claire que notre
^Prcnion actnelle ■ faire un Itmi. t Cependant l'emploi de ir«i dan cette
, J- '«ir Htr c« opuscule a. Brocbei, OictWM. du d<nMtU ou éoaktts jwati it la
«H«A«(rtj«, pp. w-j,.
Xo««)'«, Xtt 27
J^^i PÉRIODIQUES
bçon de parier e5t ancien, car on lil dan^ Cotgrave, sous tboc : * /«in nii tna
» i la nuKt ... 10 sliitk aside, or sSily to be gone before he be miised or vat-
• pecied to rtir. • Certains prOTCrbes anciens sont modifiés ; ainsi : cacnt.
N Mieuv vaut fhttel en voie qo'argeiit en courroie. ■ La forme originale ot :
t Mi«jf vaut ami en voie que denier en courroie i Mj( i'Atigaoti^ p. ï8, d.
la note; Le Roux de Lincy, II, z^b). ■ A mol pasteur le loup ttndta laine. >
Pour rindra M. Lahoulayc propose v<ndra. qui n'iclatrcil pas le sem. La \ormt
ancienne e^ : ■ a mol pasteur le loup ck» laine, > ce que L« Roux de Lincy
|[, 179] a m.il interprété. En somme, ce petit recueil, jtaqu'ici i peu près
inconnu, ei.t un document i a|Outer i U litlfrature &i\i si riche de nos andtas
proverbes. P. M.
XIV. — Rkvi'k critiqub, janrier-lain. — Art. 19. RalUnd, Faant popnlmrt
Ât fa Fraiict, IV-VI. — jo. Franias'utht Sladua, 11-111 (Danncsteicr). — jo.
Lmdaer, GfaaJmi dtr Laul- imJ FitmaïUhre der ntafrunixiuthui Sfratkt
(Darmesicter ; mauvais». — 61. FIcchtner, D« Sprxbe Jts Alnandir-Fng-
mtntt (DarmesteCer). — 7^. Ayer, Grammairr cQmparh dt la Ungur /raa(4iu
(Darmestelen. — 80. Brcymann, Die Lthu tom franiasitclua VtrU (Darmeste-
1er : travail méritoire]. — ^ lo}. Landiu c Antona-Traversi, Gicvanai Bonàtui
(C. J.]. — m. Fccrsier, Attfraniaiisckt Bitliotbek, 1-V (Oaroiestcter)
XV. — LiTERAiiiguiEii Centbalhlxtt. janvier-join. — N" 2. Fjnamort,
Tradiiûai fopolari abruiztt't, I ; Wissmaon, Dit Litd iwi Kiitg Hom. — ^.
Fœrsler, Aiot u. Etit dt Saint-Gillti. — 4. Monari, Arck'mo ptUegrafiio iuliâm,
/, I. — 4. Burguy, Grammaire de ta langue d'oil (simple réimpression) ; Onh,
Utber Ram and Strophenbau m dtr altfranzatttchtit Ljrik. — 7. Rosa,
L'iiemtato ttdcico ni( dialate piemonuu (faîblet. — 11. Carioer, /7ir ./b^iu-
riicfii Mundart; Viafigi Udiai. — 16. Wïgand, FotmMtoo et fitxîoa 4a taU
Jfûfiçaii. — 17. Fœrster, Ljontr Yzopet. — 18. D'Aocona, Dut Fsrst dtl
siiolo XVI. — ao. Michelant et Raynaud, lûaifjsnt irM(aij i JirusaUm : Hil-
ler, AUtpuniieke SptKhviatitr, 1. — 16. Raynatid. Invtiitairt da maïuuain ita-
litni dt la B\bUoiUlqttt natwmlti Appel, Dat Ltkn uaJ die LtJu da TroMan
Ptirt Rogitt.
XVI. — DrcTucuE LiTTsmATuMEmi-M. janvier-juia. — N' 1 . Schwdstbal^
Essai sur la vatiat pkoaltiqat dt l'alphabet latin (Keil : assez peu bvoriblc);
Cirigiel, Rh^rtoromanuchis Wixrt/rtuth. — 4. Du Caage, Gt&stariam mtJiae it
infimat LuinitâUf, M. Fabre (très mauvaise publication). — v ^PP^'> Oas
Ltbin md dit Litder des Ttobadori Piirt Hogiei (Stmgel). — 11. Meyer^ Dtr
Litdas dt Antichnsto (Voigt). — 14, Engel, Gtithichii dtr ftannisi%tkeA Literahir
(Koschwiti : ouvrage superficiel). — 16. Hormann, Amts tt Amiks aaJ Joar»
data dt Bhniet. -~ 1 7. Varnhagen. Fin indiichri Mdrehtn auf seintr Wanàtrang.
— 19. Kocb, Dit SttbtatthUftrUgtadt (Schrœder : «««raf^e tr*s louable). —
30. Haller, Alltpaniitht Sprickwaiitr, I iBaist : précieux pour la masse des
matériaux réunis). — aj. Kœlbing, Sir Truaem (Zupiua). — 34. Wanutsch,
Der Maatel (Martin]. — i(. Sittl, Die loialta Vtrsckiedtnhâttn da lalemuhta
Spraïke (Thurneysen).
I
[
I
I
CHRONIQIJE.
^** dirftt rooianes en France onl bit une perte sensible dans la penonnc
iTAsttole Boacherie. Bouchme £uit en philologce françjtsc un inlodidacte.
^^'{''npt pro^meur 6^ than de grammaire j La Rochelle, i Poitien, i
"ï^'faie. tt depuis 1B64 i Monipcllier, il s'était pris Je goùt pour !'itnd«
* /* VifAe langue françaiw et dn patoiî. il d^butJ en )86{ par un opuscutc
■nnl^ pglgif jf ig Siiniongt, (unoinii ityrivlogi^uts ft grjmaasUtnUs, qui le
*'^'* tneore usez hésitant sir la vraie mtthude scienti£<)ue. Mais une fois
^' ^I reconnu U bonne voie, \\ t'y enga^a avec coor^ge et pcfsivcrance.
^ tarait sar Sepl /ormulit lyikmiti tt itiontnUa appela 1 bon droit l'atlen-
^ *le la critique, et nous avens signala 1 nos icctcurs plusieurs de tes pobli-
"^^ nibtéi]ueii1« rriatîvcs au bat-latin, qui sont d'une utilité et d'un mérite
**Houble*. Son ouvrage sur le Dialttu pcittv'm (1871), composé asSiCi tong-
^"t* avant d'tlre publié, pistait encore beaucoup i la critique, maii marquait
!2^**''M ■<> progrès considérable sur sei premiers euais dialcctoloi^îques.
^* atMS apprécié ici tout ce qu'il a produit dans ces dernières annfei {sauf
'"'^IM» travans rdatifi i l'antiquité classique), et nous n'avont pas 1 y revo-
"' N'ois avons eu parfois i «primer notre désaccord avec les opinions irai^ti
^ Bfl»cli«ne, mats nous avons toujours reconnu ce que ses efforu avaient de
'^*u«, tej convictions de sincère, ses idées d'ingénieux et souvent de juste.
*< Ri^laïf if lui-ffifme a éic surtout apprécié par cetix qui ont vécu dans son
™'*)>té : d avait au plus haut d^ré le ide de la science, et il (aisail passer
^** <nx sur lesquels il pouvait agir le Icu qui le rtmpliisaiU II fut le principal
^'^^tcir de la Société des langues romanes, et ta Hertii qui en est l'organe
Witat surtout de ion esprit. Nommé en 1878 maître de conférences de pbilo-
"P^ romane i la Faculté des Lettres de Mompellier, il donna pendant quatre
*" *l demi an enseignemenl solide, qui ne !'enipéch.iil pas de continuer acli-
■•■••titKj travaux personnels, Le plus important était une édition du poème
•^ G^aiat it Brelagnf, qu'il avait découvert i la Bibliothèque nationale, et
*** Fimpression était déji asseï avancée quand i! est mort. Son ami et col-
^^^ M Chabineati s'est chargé de terminer celte publication, que Boucherie
P^^ï^arait depuis longues années avec le plus grand soin, d qui sera sans doute
"^ qui lui fera le pivs d'honneur. M. Chabaneau restera seul chargé, i Mont>
pcHier, de l'enseignemen: de la philologie gallo-romane; nos leelcnrs savent
4* d en parTatlemeni en état d'enseigner l'histoire des deux langues cl des deui
^^^'^res d'oïl ri d'oc. — Anatole Bouchene était né i Challignac (Cha-
430 CHRONIQUE
renid, le 29 man i8{t ; il est mort le j avril i9S}, â Monlpetlier, aprii nw
courte cnsladie, mais i \i suite d'un long ^at de faiblesse et de Hmffnna, tnp-
porlè Avec une grande résignaiioa.
— Au mois de mars est mon 1 Halle M. Karl Witte, qo). janste de pro>
fessinn, s'itait de bonne heure senti attiré par l'étude de Dame, et a pobliinr
le grand poète italien des travaux qui ont rendu son nom justement célèbre.
— Le ij mars est mort i Tubingue M. Adalbert de Keller. professeur de
pliiblogic (^ermaiiique et romane i l'université. M. de Ketler était né en 1811.
11 se consacra d l'élude des liuératur» du moven âge sous la direcltoo de Louù
Uhtaod, dont il était le compatriote. Dès i8;6, il donnait son édttioa du
Roman en Sept Sagti en vers français, dont le texte, d'ailleurs fori difficile i
éUblir, laisse i désirer, naais dont l'introduction aitoUrt une éruditioa très
étendue, sinon très ongioale e[ très critique. Ses IraductioDs i'AUframaiitrhi
Sagen, parues en \^ii, oal été réimprimées en 1876 Parmi ses diverses ptiblî<
caiioQs subséquentes, celle qui a rendu le plu» de services est sa Romtjrt
I1844), oii il il cunnailre en partie les trésors renfermés dans diverses biblio-
thèques d'Italie.
— M. Wentrup, connu par une étude du dialecte sicilien, qui est encore ce
qu'on a de meilleur sur ce sujCt, est mort le j j mars.
— Le a8 mars est mort à Darmstadt Lorenï Diefenbach, à qui Dtei a dédié
le Ptcûonnaiff itjm<>hgi^xu, Diefenbach est surtout connu par ses traTHi
d'ethnographie et de linguistique comparée et par son GlesSitriam hûmhgermâ'
lùcum malijf et infimat hlinitalit, œuvre d'une palifirce et d'an travail cxtraOT-
dinaires ; mais on ne doit pas oublier son petit écrit intitslé : Sur la laaguts
iitté/aircs romana actatUtt, l'tspugnol, it poftagan, U rkéto-roman (m SoiiMi, It
Jranfois, t'iiaiitn et U daco-reman (dans plusiturs pajt dt PEtao^ ontnltU). Cet
écrit, paru en iSjr (in-4", iiz p.|, cinq ans avant le 1* volume de b Grtn-
maire 4ti fangua romana, conlient beaucoup de va« inléreswtles et embrsue
pour la première fois Pensemble des langues romanes. Il se termine par cette
promesse, qui n'a pas été remplie : « A la suite du présent travail je publierai
une Histoirt dt foute U famiUt tingniiti^ut Utint {nuntnt) a*tt Its duitfttff, dt It
prcmi/c ûrigim jusqa'i l'ipo^tu priitnlt, ta ttimpla, avec des remarques dU-
lectoiogiqucs et autres. ■
— M. FIcchtner, Tsuteur d'une dissertation sur la laagve de YAleuadn
d'AlbérIc dont nous avons rendu un compte favorable {R^m. XI, 6}4), est mort
tout jeune encore, le 1" avril.
— M. U. A. Canello, qui n'avait pas encore trente>ctaq ans, rirai de monrir
i Padoue i la suite d'une chute de voiture Nous disons plus loin quelques
mots de son livre sur Arnaut Daniel, el ncus avions eu plus d'une fois i
entretenir les lecteurs de la Romania de ses intéressants travaux. Novs ne pou-
vons mieux faire, en nous associant aux regrets eiprimês par M. Rajna, que
de reproduire l'article qu'il a consacré i son amî dans ta Paitmanza de Milan
du [) juin ;
« Vff> Angtlo Candh. — Abbiamo da Padova uoa notaia tristîtsina : la
morte di Ugo Angelo Canello.
I
CHRONiqye ^
■ Pcr gli iludi romanzi, cosi giuvjtiî »ncot» da noï^ coil tant di eullori, è
ttsa pcrdita che non sappiamo quanJo sarà rtparata.
i Pare chc una fatafilà pcncguili queiti poveri slodi, privandoli tn»prtta-
lamente d«i loro migliori soslrgni. Poco tempo fa era Napolcone Cait ; oggi il
Candio : entnmbi ne) fiare degli anni ; «niranbi quando, alla molia alliviti,
^Kgioog^odQ una piena miluntà scienlifica, onoravano nuggionnrote se stcssi
e il paese. EA «ntrambi avevana appena cons^gtilto il pretnio dellf lorci lunghc
fatichc : il CjÎx en stalo promo»o profe»ore ordinario nel m«e di giuçno
dello icofso anno, c tti'ori nell' ottobre ; il Canello, promosso nel novembre,
muore dopf> »tte ineii.
■ Ugo Angelo Canello cra nato a Ctiia, provincia d; Treviso, il ii giu-
gno 1848. Scarso dl mezzi di fortQoa, cornpi gli itudi a foria di lolte e di
privazioni. Attrallo potenlemente jIU filoloflia neobtina, si guad3gii6 un iui-
lidio, cot quale gli fu d.ito di condursi a Bonn, e di »nlirvi per un semestre
le lezioni df! gran padre dclU sua disciplina ptedilelU, di Federico Diei. E il
Diez dette occasione al CanelJo, lornato in patria, di tcrivere il primo lavoro,
per coi si facesie notare ; c (u una memoria iniilolala appunto II prof. F. Ùiti
t U fiiohgiJ roman:ii ml nestro sicoio [F'tttnu, 187J).
* Per qualche tcmpu il Canello insegnj> nel Ginnasio dl Ravcnna; ma non
poiendosi rasscgnarc a vivere :n una citli dove gli maitcavano 1 Iibri eieccssari,
UKt6 queir uflicig, e se ne rilornù a quella Padova, cheglîera seconda patria.
Li &i guadagnava U vlta con însef^namentî prîvati; <)uando da queste durezze
lo lolse il noslro AscûIi, chc già rjcev<-i di lui niollo conlo, chiamandolo qui a
professare letteralura ledesca nc^ll' Accadeniia scientifico-letleraria. Aoche nel
nnovo ufficio il Canello kcc oltima prova ; c molli nmmenteranno sicuramente
di aver uditu da lui splcndide lezioni întorno al Lesstng e al G<ct)ie.
* Ma la letteratura tedcsca non avevA punto soslituito nefl' animo del Candio
U prima dama dri suoi penircri; per^, quando, propagate per opéra del Bonghi
a lutte le Facolli Lellerarie le csiledre di letterature neobtine, l'Unirersili di
Padova deiidrrô chc il Cantllo assumtssc piesso Ici colale insegiumenlo,
Milano lo cbbe subilo perdulo. Ne da Padova cgli si sarebbe più mosso.
4 1 Uvori del Caoello alteslano tutti un ingegno fccondo e versatile al sommo,
naluralmetile pieno di slancio, ditciplinalo dallo studio. Chî legge di lui U
memoria severa sugli Alhtropi italiàni non sospetlercbbe ch' c^li aveite ad
esseie net rnedeiimo lempo artelice di buoni versi. Eppure la sua Fiorîia Ji
tirkftt prfivtnziili (Bologna, 1881} Iradoite in italiano ebbe l'onorc di piacere
al Cardwcci, che la présenté al pubblico con una sua prefaziouc. Un lavoro del
Canello, che, însieme con ccrli difctli, ha il prcgio dl una rara originalitâ, t la
Steria dclU Itturiiiurj ilalijiita nel sualo XV!, scfilla pcr Vh^tiia del Vallardi.
I l/ultimo libro fu la raccolta, ampiamente illustraia, detle oscurc liriche del
Irovatore Arnaldo Daniello : impreia ardimeniosa, lentata con fona c pertina-
cb pari aile difficoit.^, e lulla quale la critica non è arrivata a itmpo a pro-
nuiuiare il suo giudwio prima che l'orecchio dell' autore fosse sordo per
senpre.
■ Ohrc aile opère roenzionale, i! Canello pu' *Itri scritli : un
volume di S<iggi dt critke laurarît (BologDZ, 090 ed acutt»
433 CHROKIQUK
comiDCBlo dei Stpotai dd Poscolo, ariicoti d'indole spéciale, Uq giornale ciiu-
dino ebbe di lui parecchie rassegne bibliogiafidK, da lui finnate collo pKud*>-
Dimo di SUvanaf.
■ E nel Catiello c'cra realmcnte qualche cou di lelvatico. Egtl en nna
natura soliUirM, ma che dalla suj solitudine aniaia piofonij mente gii im\a. E
gli amici ora lo piaugono, sema altro confono che il pen&are corne il Canellc,
sebbene «ncora coti gio«ane. latcî dJelro di si un cumiilu di Urori piti che
ba&ievoli ad onurarae il nome, e un ese:mpio di lotte valorouneate combauute
c glorioumcnli! vitite, nel quale la gîovcntti poirà specchiarsî con frutto. •
^ M. Kippcau, qu'avatenl fait coitnallre diverses publications, dont plutiean
relatives i l'ancien français, est mort au mois de juin, Ji l'Age de 80 ans.
— M. Emile Lèvy, dont nous avons apprécié le miraoïre sur Guilhem Figucirj
(X, 261) s'est hMsti A l'université de Pribourg en Brisgau pour b philologie
romane.
— La Société des langues romanes a tenu le dimanche 12 mai, i Hontpel-
l)er, une séance solttineile en l'honneur de son quatrième concours philologique
et litléraire. C. Paris, désigné comme président avec Pr. Mistral, n'avait pu te
rendre i la tee; mais les romanistes de Paris étaient représentas par A. Dar-
mestcter.
— Le 9 juin a eu lieu, i Cie&seo, la pose d'une plaque commémorativi ht
la maison cb est né Frédéric Diei. C'est le « Cartellverhand aeuphiloloigisdier
Vcreinc deutsclier Hochschulen > qui a (ait tes frais de ce pieux monument. La
cérémonie a donne lieu i une peltie f^e. Le comiié organisateur avait i sa
téie MM. Lfmcke, Stengel et Birch-Hirtch(eld. D» lémoigniges de sympathie
lui ont été adressés de plusieurs points de l'Allemagne et de l'Europe.
— L'Audéniie des inscriptions el belles-lettres, dans sa séance du ij [vin,
a décerné le premier prix Cobert i M. Frédéric Godefroy, pour les tomes 1 el
Il de son UuUonnairt i!c la Ungat 4'oil (M. Codeîroy avait eu l'aimée précé-
dente le second prix Gobert pour le 1. I).
^ Dans la même séance, l'Académie a décerné pour la premîërt fois le prii
fondé par le marquis de La Grange el destiné St l'édition de poésies françaises
du moyen Jge. On avait celte année à disposer des arrérages de deut ans, soit
1,000 trancs. L'Académie a accordé le prix i ta Société des anciens teites
français, pour l'ensemble de ses publications en 18S1 ei i88j.
— Le prix de la fondation Diez sera décerné pour la première fois en juin 1 8^4.
Ne peuvent concourir que det ouvrages relatifs 1 la grammaire des tangues
romanes ou i l'histoire des littératures romanes, écrib en latin, français, iuliea,
allemand ou anglais, et publiés entre te 1*' janvier i83oetle ;i décembre i88j.
Nous rappdoni que tes )U|jes du concours sont MM- iobler (présidentl, Ascolt,
Ebert, Mommscn, Mussafia, Paris, WaîU.
— M. Fr. Wulfîalaiten 1881, au congrès des philologues Scandinave* i
Christiania, une communication tar l'tuctnt en ginirûï il ur CëcasUttUea 4a
/raitiait maJtrne ai pattUaticr. L'auteur y émet do vues qae nous ne pouvons
cnROHt<]ue 43}
'vdiKVter ici, mu qui soot inléressanles ei que nous recoinraaa>
dos 1 l'anntion an phon^tisl».
— Nowiroas reçv les cinq premières feuillet, datées de liSto, it Notas
Inicfbfiu], par M. Manuel d« Mrllo, etlrailet de ta Rrritta Bri:iUira. Ce
tyiôma, ^i aitette chei l'auteur beaucoup d'esprit, une bonne méthode phi-
Ua|ifiEctDie lecinre prodigieti^F, nous net fort en goQi de la suite; mais
kh k uroos si elle a paru. Les mois examinés par M. de Meito sodI : dor-
"■■^ tl astres formalbns pareilles, sauJade, tangro-mangro, paria, peteâ,
a^iititasa purpa/co (locofnpletl.
— Dut la « seclion des langues modernes > du congrès des philologues du
'''«d kai l'aihie dernière au mois d'aoAt, M. P. C. Geijer, prolcHeur »dioiiit
il>^k,a lu un travail, qui occupa les p. 14}-I<î8 des actes da congràs, iiir
' <n;w /u /Wffwi Ja teis Ipajut 'rantaii M. Gei|cr rapporte les diverse* opi-
■■Mkitcs lur ce sujet, et conclut m disant qu'on n'est pas «ncore arrirô i
bortiiade, nuis qie le triomphe paraît assuré i l'opinion de Dtcz, adoptée
ptf V' Sochier. d'après laquelle il jr a en français des ven pçpulaifu et des
*tn untu, 1^21]] leur source, les uns dans la poésie populaire, (es autres
^ Hsilalion de la poésie métrique. La question est loin en tout cai d'être
't>^, aais on saura gré â M. G. de son Edéle rapport sur les pièces du
p'*'^' Qo'9 ne lotl seulaDMl permit de dire que je n'ai jamais exprimé mes
^■narrorigiDc de la reniiicalion roinane d'une laçon assez conpiètc pour
l'Mpnnc les bien apprécier dans leur ensemble. — G. P,
'an dentier
. . par une (dition des • povilKs (tes dxKéses de
Q<RHnt et de Saint-HoBr, du XIV au XVII* siéde, ■ due i M. A. Bnicl,
"lAnhives nationaJes. A la p. 41 de ce volume. M. Bmd a publié l'invea-
'BiFcdalivm et efirlt nobilkn ayant appartenu 1 Guillaume de la 'l'onr,
m^ai d'OUiergues, arcbidiscR de Sainl-Floor, vers 1416. Le texte de cet
**iiiireen assez corrompu, et l'éditeur n'a peut-Mre pas fut tout ce qu'on
^'*llit attendre de lu pour rectiiier W erreurs du copiste. Nous relèveroas les
^WB toiranles : N* 14. ■ Item, uag ronans do dis dez philosophes irans-
■*p»»aiitre Guillaume de Cbemt>on»ille. ■ (Corrigez : Tignoo»ilk, l'ou-
<**^ est des plus caïutus, tcrf. P. Paris, Mmuitntt frauçou, V. i et suiv.;
■Uw, ISlthâboffn m* Jm E$kanal, 579 et ssiv.» — N" 18. • item, oùg
■KeboBaol (In. istaaesl?] de maistre Johan de Mehun, em papier, r —
M' 31. • Item, le Songe maistre Eusuche Maurel, en romans et en papier. »
Oi ui\ qae les mss. des poésies d'Eustache Mord ou Deschamps ne soot pas
*•■■». — N» aj. • llem ung romanj de une force d'aroors • (?). — N' a?.
* liée, ing ronaat petit sur reostettement [tu dans l'édition) du Dieu
• d'aaon. ■
— L'KBrrefsrti de ■ John Hophim, » fondée il y a quelques aaaécs i Batti-
•««, pabhe I de» iolerralles în^guliers un Circtilm qui rend compte de sw
travau. Nois imn wn tes ytax celui d'avril i&Sj. Noos remarquons que les
lugMS rauacs mbi esKigiiées par deoi professeurs, MM. Elliott et MaicoB.
~~ U l. IV de ta nouvelle séné des MilMgtt kitteri^aa publiés l'i
bM Ib tktimiiaj tnéditi s'ouvre par une édition des • pouiltés des d
424 CKROMKîUt
M. Ellîolt f3Î52Ït dans le dernier snitestre sept leçons par semaine lar \c pro-
vençal (extraitsi, te portugais iCatnocns), k vinix français (fit dr uint AUm),
le franco-normand (Romm dt Raut, les dialectes provençaui, et l'espagnol [Dm
QBtjoU] ; il avait cinq élèves aux cinq premien court, quatre au drrnirr icoari
lupèrinir) ; M. Marcou, outre des cours et exercices de français moderne, fai-
sait i deux éltvM deux leçons par semaine d'ancien français. — Un bachdief de
rUniversiti de France, M. Bernard O'Connor, a été reçu doctetir en philosophie
avec une thèse sur la s/ntase de Vtllehardooin, et a fait sii conférences tor la
historiens françati det Croisades. — M. Jigecnann a fait il'* Association phi-
lologique t une communication, dont on nous donnv un extrait (p. 68), sur i la
seconde substitution des consonnes dans les mots alletnands passés en français. >
M. Elliolt en a fail une autre sur ■ la différence fonctionnelle dti participe
passé dans les parfaits périphrastiqnes dn latin, de l'ancien irançais et du fran-
çais moderne, t
— Dans VAindtmj du ij juin, M. Webster communique un passage intéres-
sant sur la (abncalion du fameux Ckaal d'Atubttcjr, longtemps regardé comme
contemporain du combat de Roncevaux e( comme conservé en basque depuis mille
ans. Or sait que ileux couplets de ce chant, imprimé entre autres dans l'édilioo
princeps de la CkjitiM de Rolend, se terminent par les nombres i i lo, éno-
nérés d'abord atKtndo, puis dtaticendo. * Ln jeunes Basques, et notamment
les étudbnis faisant leurs cours i Paris, aiment à chanter en ch<nir un air
accommodé sur les noms de nombre basques juiqu'i vingt, rebroussant ensuite
de vingt i un. Garay de Mont^Uve fréquentait ses compatriotes. Il était D^f oi-
nais. Cet air, ce souvenir aitrajrant du pays loin du pays, lui inspira l'idée du
chant d'Altabiscat. Il le composa en irançais. Un de mes cousins, Luuii Duhalde,
traduisit en basque l'oeuvre de M. de Moniglave. Il ne s'était jamais occupé de
H langue matemclle, il n'en savait que ce qu'il en avait appris dans l'cithnot;
atisii sa version trahit-elle une mam inexpérimentée. Il a traduit simplement es
prose, sans mesure et sans rime : le morceau ne peut être que récité ; on chante
seulenneni l'énumératron ; un, Jtax, irois. sur un air qui n'a certes rien de
guerrier. Ai-{e besoin d'ajouter que les prétendues variantes conservées dans la
montagne n'ont jamais «isté? La plus simple réflexion aurait dA btre com-
prendre que, si la tradition orale peut conserver un chant, uo récitatif inchaa-
lable n'aurait pai eu de lendemain. Duhalde a bien ri avec moi de la méprise
ci sont tombés tant d'auteurs. •
— M. le baron Ch. deTourioulon annonce la prochaine publication d'une
revue dirigée par lui sous le titre de Rtrai du monde latin. Ce recueil doit faire
nne place i l'élude du passé des nations latines, e1 aussi â celle de teur/o/i-forr.
Parmi les articles annoncés par le fiioi/Hiim comme devant figurer dans les
prochains numéros, nous relevons les suivants : Fatntcû, conte populaire roumain,
par Carsien Sylva : — Un Ilot ladin au pays de Trente, par M. Ernest Francoz '.
— La librairie Champion metlri en vente au mois de décembre prochain la
\
I , Le prix dlboMemeni pour tin an est de 36 fraaa. On i^iboaoe en ècrivam i
l'adnilalsffaleur, )i, nie de Provence.
CHRONIQUE 42 {
luducliùti de Girart Je RoilssIUon de M- Paul M«yer, en un Fort volume in-S*.
Celle traduction, .iccompagnée d'un copieux commenuire et suivie d'une table
analytique des nomt et dei principales matières, cil pré^cdce d'une introiluaion
de plus de t^o pigK duni vuici l« divisions ; Chap. I (p. lij) L'histoire :
te comte Ciran. — Chap. II [p. xiij; Lj poésie : Girart de Vienne, Crrart
de Frète, Gîrarl de Koussiilon. — Cti. IIl (p. xxj) L'ancienne et la nouvelle
chanson de Gir^^rl de Roussillon l§ r , Vie latine de Girart de Roussilion ; ^ 2,
ÉKoienU i l'aide desquels elle a. été composée; § ;, L'ancienne chanson de
geïte, telle qu'on peut la connalire par la vie latine comparée avec la chanson
renouvelée; § 4, Le rcnotivdetir, sa pcrîonnalité. (on talent poétique; g j,
Rapport entre le Girart historique et le Girart épiquel. — Ch. IV (p. Ivij)
Etat des personnes et civilisation dans fj'iMM Jt Routsillon (\e roi: les seignecrs;
le clergé ; bourgeois et vilains ; la guerre ; le» iris, décoration des édifices, cos-
tume, armes; mcxurs). — Ch. V (p. Ixxixl Girart de Roussillon dans l'épopés
française {^ 1, Girart de Roussillon dars Doon dt NanUuit, Beun d'Aignmoia,
G^afrti ; § j, Girart de Roussillon dans fUnu ilt Mitz). — Ch. VI ip, cïjt
Témoignages divers. — Ch. VII {p. cxxitj) Les romans en vers et en prose de
Girart de Roussillon aux XiV* et XV* siècles (§ 1, le roman en alexandnni de
Girart de Roussillon; § i, l'histoire de Girart de Roussillon par Jean Vïuque-
lin ; ji J, ï'Hittciri Je Charlis Mand, d'après le ms. n' 6 de la Bibliothèque
royale de Belgique}. — Suivent (p. clxxiijl deux longi appendices : 1* Mss.
existant et mss. perdus de la chanson renouvelée ; langue de la chanson renou-
velée ; J* Extraits de VHistom de Charks Marie! (ms. 6 de la Bibliothèque royale
de Belgique).
— La SociiU lies Anciens Textit fr/infais a accepté la proposition que lui a
Aile M. Todd, jeune philologue américain, de publier pour elle le Ramm dt U
Paatkire, de Nicole de Marginal, d'après les deux manuscrits de Paris et de
Saint-Pétersbourg.
— M. Mttssafia publiera prodiaînement, dans les Comptes-rendus des sUnies
]it l'AcaJcrnit impcrule de Vienne, un très important mémoire sur a la fermaiion
du présent en roman. •
— M. Mussalia a remis à M. Thomas la copie prise autrefois par lui de
VKittfe de Spagnt M. Thomas vj prochainement, avec le concours de l'éminent
tramaniste de Vienne, s'occuper de la publication de cette cruvre intéressante i
'tant de titres, nr.ais dont l'étendue considér.)b[e avait jusqu'ici effrayé les pliis
courageux.
•~ La maison Alvarem, i Sévilte (ZaragoM, 11), a entrepris, sous la direc-
tion de M. Machado y Alvarez (Oemâlilok, la publicaiion d'une Biblioîica de tas
IradUiote! popiihres espaàe>las. Les premiers volumes, qui paraîtront très pro-
chainement, seront : Coluthn de tatnlos popularts (A. Machado y Alvarei),
Snptrstk\anes jtopuhrei (Guichol y Sierra), Costumhres y fitstas papularcs anda-
laiat iMontito y Rauteostrauchi, etc. La bibliothèque comprendra aussi des
réimpressions d'ouvrages anciens. Il paraîtra tous tes trimestres un volume de
joo pages. Le prix de souscription annuelle â l'étranger est de quïnie francs.
426 CHRONIQUE
— Nout apprenons avec pla»ir (cf. Rom. XI, 63j] ifue MM. Sieagcl et Bon-
nardot ont résolu dt s'associer pour la publication de la chaRu>n de Hcrti àt
Ma:.
— On annonce une édition critique du TtsorMa de Bruoetto Latino par
H. B. Wiese.
— Pour honorer la mémoire de Napolten Caî», on a conçu le projet de
ritinir en un vulumc des articles relatifs i la philologie romane, envoyés i cette
intention par des savants des divers pays de l'Europe. Il parait que le plan du
volume en question sera agrandi et qu'il sera consacré i la fois au souvenir de
Caix et ï celui de Catiello, qui l'a suivi de si pris dans la tombe.
— M. Muisafîa a bien voulu m'adreuer quelques rectifications Unt à la in-
duction qu'au texte du Dit sur )n Vilains publié dans notre précédent numéro.
}t m'empresse de communiquer à nos lecteurs ces précieuses lemarqu», qui
donnent la solution assurée de plusieurs des dîttciiltéi que présente le curieux
pelil poème de Malaione :
« Dalla voitn noia i alla pag. 17 parmi rilevate che voi inurpreiaK l'invocatiMit
délia Tiliatu eome dîrctta il gcntiluonio, ni rllapreglierebhediprcnder vendenadiAlcin
lona (anale da un Tillano. lo ipiego alirimenii, e jse non m'iogaano;, tuio allors pt»-
ccdc churanenlt. La viilana inpreca al uvaliere the le pisu dituuî, iavoca Dla die lo
puniica c iriggi oaA 11 wndena ddla cuiui àrannla. E Mauiane dice ; a a Dis imb
u piiccia ch< dà aven^i che maie alcuno incelga il gcntiluono. ... salvo il casoch'ciita
Il feriio in batiiglia, giacch^ quesiQ lo non lo coniideroun nale. ■ Renaoo otcariiTeni
Cht naun ttni'l homo I Ha^ia ni ri kÎ nim | M mtla avminaMia ())'))• Ck to pwt-
fruD liheramcrte : t sia coipito da alcuo maie (îàco 0 moiale. * Forse ni ti ni tatt i
luu locuiione tonlgLanie a ne taitt ae fudjar ; « oig tolga cke il gtntilBOino abbia ta
t cosl ne uiine, cioé ni quello ttie ii villaaa gU décidera ai aitro. •
V, 66, mi fonienierei di tJiunda, ciie i di dialetti lonibatili, e tigniftca <• vicolo. » Il
villino ficcia una iiradîcdiiola, per !i quale \*&» thi vuol retjni alla «rada macnra. Il
V. 67 (bbitogna per avveniDra dl licve cnnendanone.
V. 77, U vatlra «ricndiiione nrcbbc lodijficmle te iv poieue anunetierE ytrpgmaiu
col «alore di a rngogncrebbe. » lo non lo crnto. lo tuppongo uui Ucuna, o un pataagto
inatvcrtfio da un pcniicro ail' altio. Lo icritiorc vuol dire 1* ( Se il villano ictuinc
« vergogne c si ricordane quale fu U itoiia délia lu otKiU, egB ... ; i* quile fo ta
■ sioiu deîla t«a aaiclu voglio clie voi da me aïfoltiate. a Noa linl iJ primo cwceoo e
iiapauÀ al wcondo, irtvuio a <iô dalla Taimula a qualc ... >, dic qui f> dopfio nttào.
V. 81. Dalla Oiservjiiooe che prKC^c risulu chc io non tegj|o con voi mtfnia, au
ûrlendit, forma regolariuinii pcr il tat. iatmiatis, ital. ialtitilatt. Sparixe oaù U dïflkohi
che voi iTovavaic ncl mancare la nmi (iri ntiitità e Uttada. Dite la siesso degti altri d«
luoghi, chc voi citUe ■ qnalo propoùto ; m-tb ma 1' voyù (hi lafii (non tipU) ; lo
icritiore (i dirige ai *uo! uditori, invocati net primo veno ; Ml t^nù VU ionmiJt (noc
un dontânia) a t conK voi donandate ». tn tutti e tre i paui la voatra inditziOBe va
modiltcau.
V too. Zifola non è 11 franc. * seigle a ma l'ital. t dpolla 0. La g é anche de' dialcai
odlem).
V. loj. CaaccUaie la 001a 4 dcUa pag. 18 ; ti trana di ttntmo.
V. 199. Non û traita d'uiu doaielLi tola, nta di toCie; cft. toiiapianQ,itAt
Hd dtaleM Ktientrionili (a dïr vcro, piii Mf^i orieniali the nctli occidamlit U }• ;
I
I
CHRONIQUE 427
tant del plurile ht formj cgulc j qiitWi de) lingDUre Dtl rtsio poirebbeil leggcrc 199
utardBge, e 100-101 poircbbcrii fir limire tra loro i dut vcrbî alla ^> plnrale.
V. 140 ocdo {du non ne ton tcrto) che ;i>n{fii7r<i torrbpondi ail' i»l. giunaiia a Une
rapproo <•■
V, ni per l'erhalico dubilo che tu benr ludotia apar ItietbagE >>- io luppongo che
rrttffiVa tigntJichi c contribua ione dir li pag» ul pjdîone debla lerra per avère il
diriliD ii piKolarc ".
V. 147 cancellErei la nota ( JeDa pag. 19, il mue Ai gîuKDO è ie tuna flialia chia-
raaw t dliegiaio ■.
V, it6av«tcriitob{ne dimniere un puntoînierrojtaiivo a «iuKiu'i ce qu'il lolt repolit
q«al traJuElone di a lia <1ie avri reposio •>. Clie (lebba ilgnîficare • bocb^ il campo ita
tt*io rnieiuto e le ipighe liposie nel {iTinajo ».
V. i6i U li rifcnKc a jctau; <]uindi nella traduiioiie Don u [le rabin] s, ma < [le
marc] ■>.
£d tcmiinaivt M. Mussafia me signale deux fautes d'impreitîoa : v. 141,
mû[r\io. c'est mazia que {'avais voulu mettre (le mois de mai), mais mieux efit
valu laisser m<i;i>,' p. 14, noie j, gincro^ genaio^ lu. febraro, feiraïa. J'ajoute
qu'au premier des vers cités, p. 17, oote j, il faut cuuie et non taîdt, — P. M.
— Livres adrett^t i la Romania :
J. LeiTK DK Vascu»c£llos, Atnalilot tleHanos e portugatsa, in-8", 11 p-
(extrait de la Rnitta sctaififica de Porto).
Côort de litlfrjtuu tdiiijut. l. laltoduitiûn à i'ètude de U 'Mlhaiiac uftiqae, par
H. D'Aimori' iik Ji'iiAiNvrLLK, Vim. TKorin. in-8*, ^o<) p. — Le momie
celtique est trop voisin du monde roman el surtout français pour que nous
ne signalions pas cet important ouvrage, djt» lequel, après un coup d'œil
géfliral, fort iiistruclif, sur 1 les Cdtes et les Ungvcs celtiques >, est exposé
dans trois livre* ce qu'on lait sur les druides, le* barde» et \tifiH irlan-
dais. Grâce â l'activité du savant auteur, les volumes du Court àt Jittlro'
tort cilu>fat se SDCcJderont rapidcmetit ; ilî inlrodutsciit dans l'histoire de
b WtdUiiraïuf un chapitre aussi intéressant que neuf.
Itinirairis •) JàataUm tt Daenptiont </< h Ttrrt-Samtt, rédigés en français aux
XI», XII' et Xilh siècles, publiés par Henri Miciiri.ast et Gaston Ray-
hàui). Ceoéve, Kick, gr. in-8*, xxxiij-iSî p. (publication de la Scâiri Je
rOridtt km). — Recueil précieux et bien fait. Le XI' siècle eit représenté
par quelques exlrait> du PiUnrutgc dr CfiafUntjj^at, qui ont été relut par
G. Parrs, mais dont il n'a pas revu l'épreuve : au XII' siècle est attribuée
avec raison la description de Jénisalem qui se trouve dans les Eilûim
tt'oitlre-nur^ tandis qu'on lait voir combien Ernoul a remanié ce texte pour
l'insËrcT Jans sa chronique. La savante préface est de M. Riant.
Rkintromamthi Chrtslomathit, I Thcil. Oberlandische Chrcstopialhie, Tcitle.
Ann«rkungen, Glossar. Herausgegebcn von D' J. A. Ut.Brcii. Halle. Nie-
■«eyer, in-8*, viij-174 p. — Complément de l'ouvrage dont la seconde
^partie, parue la première, a été annoncée dans notre précédent volume
(p. 46^). Ce recueil de textes, uès commode, répandra cerlainement dans
les hautes écoles l'étude trop négligée du ladin.
428 CHRQHKiyE
Lj râa t U oftn dtl tmatort ArruUo Dànullo. Edizione crttîci corredila dclW
varianli di tutti i tnuotcriltî, d'on* inlrodotionc storîco-lcttrraria c di ta-
sioiw, note, rimario e glosMfio, i cura di U.-A. CAShXLO. Halk, Nienieyer.
l88î. ln-8', vj-aS) p. — Arnaut Daniel «1 devenu, grice à Dante, l'ii
des pliiï illuitres parmi I» troubadours. Cela ne veut pas dire qu'il loil
l'un d« meilleurs. Maïs il lui restera toujours la singularité d'être l'un des
plus (Tialais^ i entendre. M. Caaello s'est impose une tlchc d'une difficulté
exccptiotinelle. en tentant de nous donner uoe édition critique, accompapée
de la iraduclion et de commentairei. des poésies de ce biïarrc poète Autant
que nous svons pu en juger par un examen très sommaire, il s'est afquitli
avec zèle ft intelligence de sa tiche, Sur quelques poinu, que nous avons
parliculiéremenl exaininés. nous ne serions pas de son avis, maa il iJudraît,
pour exprimer nos divergences, Elire de l'édition un cooipte-reodu eo r^
qu'elle inéritcrail assurémenl, mais que ootts n'avons pat le temps de rUi-
ger. Ne terminons pas sans dire que M. Cioello a trouvé un auxiliaire Iris
utile en M Chabaneau, qui lui a communiqué un certain nombre d'obser-
vations souvent fort ingénieuses. — P. M.
Chmtoiu di Rogtr d'AaJtli, seigneur normaid des XII* et XIII' siécW,
pnbliéesavec tntfttductîon, variantes et glossaire, par A- Hfmox. Rouen,
inâ*, Ixiv-i6 p. iplus huit pagc« de mutiquel (poblicabon de la SMtiti
foutnfutiu dtl tibhopkiltih — On a deux chansons qui portent le nom de
Roger d'Andelit; la seconde est anonyme dsns trots manuscrits sar onte,
attribuée par quatre au chlteiain de Couci, par deux mss- sans autorilf 1
Gace et à Moniot, et par deux seulement  Roger. M. H. les publie toutes
deux avec soin, et fait ptécéder l'éitilion de ces deux petites pièces^ en
elJes-mèmes sans inlèrèt, d'une introduction lori savante sur Roger d'Andcli.
Malheureusement il n'eil nullement assuré que le personnage importaBi de
la Normandie qui portait ce nom au XIII' siècle et l'auteur des chansûRS ne
fassent qu'un. Nouï avons bien souvent (ait remarquer que l'accont d'un
prénom ei d'un nom d'origine, m moyen 3ge, ne prouve pas grand'cboie,
et M. H. nous montre par surcroît qu'il y a eu en Fraooc plus d'un Aadcli.
On ne voit guère que les Normands aient participé à la production de la
poésie lyrique imitée des Provençaux ; c'est dans les régions plus onentales
qu'elle a été cultivée, et nous hésiterons toujours beaucoup i admettre, sir
une simple homonymie, un chctatier de Jean tans Terre comme émute des
Blondel de Necie, des Ren;iut de Magni, des Cuilebert de Bemeville et des
Tibaut de Champagne. — Dans le glossaire, il faut effacer JV^nfurj, qni,
aux deux passages o(i il figure, doit être imprimé N'on^ea.
£xr«rrMfw sur Us étants dt Fraofw Villon, par W. G. C. Butanck, doc-
teur és-lettres. ■'■ partie : Le petit Tuiamcnt -. BnHadtt inUou. Lcydc, De
Brenk ci Smits, in S*. ji8 p. — Ce livre, plein d'espnl et de savoir,
demande un compte-rendu détaillé, que nous donneront dans notre procbaio
numéro.
Qmaùtzt sapastiticni fopaldiia dt la Gtuogut, par M. Jean-Fntnçoîs Blaoê.
I
CHRONK^UE
Agen, Lamy, iri-8", jo p. — Nouvud ipicmtn, donné pu avance, du
grand recueil de contes a tin o nef par l'auteur et qui va Un mis sous presse.
Vtrsueb nner Djrttillang dcr MundaH von Teumji im Mittelaltcr ... ivon C.
ScHWAKB. Halle (diss. de docTcur), i&8i, in-4", 13 p. — Travail ulile,
bien <\u't\ ne soit pas exempt d'erreurs et de confusions (arnsi non dans
Mousltei lé;:: ett nu ces et non no c tes : on prui bim avoir en picard
arot, mais non nott, v. Rom. X[, 6o^(. La publication lici poivies de Gîlle
le Muiiit Apporte fflainienant une importante contribution â notre coanari-
sance de l'ancien tournaisien.
Uchtr Sage, f^uHt miti ComponUon dts Chnatitr m lyçii des Crestien de Troyet.
Von Dr. Heînricti CoossEss. Paderborn, Schwnîngh, tn-S", 62 p. '. —
J'aurai occasion de parler de ce IravAil i propos de l'étude que j'ai faite
iDoi-méme du Chevalier au lion el i)ui paraîtra prochaioement dans la Renni-
nie. — G. F.
Dtr Nominjliy dir vtrbanitam Persoiuipranomitur in den .ellaUn trdvasischia
SprtKiid(uim,tl<rn ... von Peter his^r.rt. Kiel, Lipsius, in-S*. 8; p. Idisier-
talîon de docteur). — Travail encore incomplet, dont nous parleront quand
il sera terminé.
A shori liistory oj jrtnth Liiaatart, by George SAi.iT«iiimY. Oiford, Clarendon
Press, in-12, «rj-iji p. — Signalons, dans ce tivrf remarquable, la part
plus grande que d'ordinaire faite 1 la littérature du moyen ige. L'auteur a
cherché i s'orienter, et, s'il n'a pa« ivitè bien des errenr», il a donné des
vues généralei asser justes et présent? un no^mbre respectable de laits.
Poaia jnpiilar. Ptnt-scriptum â la obra Csmoi papuljrti apaHoles >de F. R.
Marini por Dkuopild. Sevilla. Alvarez, in-i8. iii p. — On a lu plut haut
un compte-rendu de l'important recueil de M. Marin; dans cet agréable
opuscule, M. Machadoy Alvarez (Dcmolîlo) nous fait cottcaltK l'histoire des
origines de cet intéressant mouvement folk-hritu espagnol 1 la tête duquel
il s'est mis. La visite que M. H. Schuchirdl lit i Séville en 18S1 eut sur
ce mouvenDcnt une influence aussi coiuidcrable qu'heureuse - • Desplegâ
anie nuestrot ojos, dit Demofilo, immenio* horjiontes de conocimentos para
noiolros hasta cntoncej ignorados. * Les fruits de cette initiation sont déji
abondants et promettent de l'éire bien davanugc.
Francetco Nihm-i. Dante da Maîano ed Adoifo Borgognotii. Ancona, MorcNi,
j) p. — L'auteur réfute (on pertinenmeni un paradoie de M. Burgognooi,
qui avait prétendu que Dante da Maiano était un personnage fictif et qu«
«et poésies provençales et italiennes avaient été fabriquées an XVI* sîéde.
Zar Lautkritii de Ranipitdigi t Grant mal fist Adam > ... vonHemann Bt'ii.c-
MiiLLBB. Halle idissertation de docteur), in-S", i6 p.— Un tente du Sermon
rimé publié par M, Suchier se trouve dans le ms. de Paris qni contient le
1. Premier faidcule des i Haiphilologhilit Sludita, herauMegeben von D' Cufiav
Kaning, 0. S. Proiessor dcr romamtcben luid englbchea l%lol»gie an dcr koudgl.
Akademie Mûnstei. a
CHRONIQUE
texte P de VAUxu; M. B. a pensé que ce texte |A) derait ttre i rorisuni
(O) ce que P ejt i L (ms. de Lambspringen à'Alexis), et a instinié sir celle
bue une révision critique des formes griphiques ia Sennon. H y aurait phii
d'une objcclion  faire i cette méthode, nais elle arnène l'auteur i réuajr
sur la graphie de l'ancien français des obiervaiiont aun ititéreuantn.
Lu idiomts tiigrO'Mfm tt malio-arym. estai d'h)'brido)ogie tinguistique par
Lticien Adau. Paris, Malionneuve, in-B", 76 p. — M, A. étudie les créoles
de la Guyane, de la Trinidad ei de Maurice pour proover que le fond de
ces langutrs est ntgre ou iiulai, bien que le vocabulaire soit français. Il prend
dans la question créole \r contre-pied direct de M. Coellvo, qui n'attriboe
aux langues priniilives des noir» aucune InRueflce posiUvt sur la formalioD
des parlers divers des colonies (il est clair qu'elles oal une influcflce n/^a*
une). Cette question n'est pas mûre encore; les rapprochemenU de M A.
ont de l'tmértl : Riait il faut attendre pour conclure un bjen pitu gmd
nombre d'études comparatives.
Krtoltsthe Stadun, von Hugo Siirichariit. I!. UtkiT dai iaJoporlagutittlu rçn
Co:iùm. III. Utbtr dti mdoportugumtht von Uia. Wtcti, Cerold, in-^, ao
et iS p. — Spécimens accompagnés de remarques; l'auteur observe qne
l'indo-porlugais a un domaine beaucoup plus vaste qu'on ne le croit d'or-
dinaire, mais que dans ce domaine il ofTre peu de variété.
Dtf TrUtiin d» Tkomsi, ein Beitrag r.ur Kritilt nnd Spracbe deaselben ... von
W. Ron-nosn. Gœttitifieti (dissertation), în-8", ^6 p. — L'édition des
fragments du Tiutran de Thomas promise par M. Vetter paraîtra, il faut
l'espérer, bientàt; en attendant, l'étade de M. Rocttiger mérite d'être Ise.
Il relève avec méthode les rait»intéressantsque présentent la versili cation, la
phonétique et ta flexion des fragments, et traite quelques points d'hisiotre
iilléraire. IJ remarque que je me luîs trompé [Ram. Vllf, 4281 eti disant
• que par Httlaunt et Brtiimt, clans le Triitm» de Thomas, il faut entendre
l'Angleterre celtique et srt habitants, s Je me suit simplement mal exprimé;
je voulais dire : ■ dans le passage cité • ; car je ne pouvais ignorer que le
pays de la seconde Iseut, lemme de Tristan, appelé Biiiagat par Thomas,
est l'Armorique. M. R. veut que Thomas ut écrit avant Catmar et vers
I iij ; c'est tout i fait inadmissible, et les raisons alléguées n'ont pis de
valeur. Thomas doit avoir écrit vers 1 iëo ou i 170.
Rmarqats sur te làU Je CiUment franc dans lu foriaatioA Je U langue ffénçiut^
par Martin ScuwaisrHAt.. Paris. Leroux, in-8», 44 p. — L'auteur loiticDt
que l'ancien franc est représeilé aujourd'hui par le dialecte luxembourgeois,
et, s'appuyant ^ur ce fait, cuaJe de démontrer ['influence du franc sur le
français. Mallieutetisctncnt, ses procédés manquent absolument de rigueur,
et sa diMcrtatioR, au moins pour la philologie romane, ne fournit aucun
résultat utilisable.
La Vu i«ur Thomas le Mailu, poème historique du XII* siècle composé par
Cimier de Pont-Sainle-Maxence. Etude historique, littéraire et philolo-
gique. Thèse pour le doctoral préMotic i la Faculté des lettres de Paru
CHROHKiyE 4)1
par E- Etibnhb, profuieur agrtgè au lyctc de Nancy. Paris, Vteweg,
in-8", 2Ô9 p. — Nous espironi pouvoir examiner en dëUtI cti ouvrage
conicîcncieuv.
Dt diminutmi, ùittrtlmt, coHativit tt in mahm parttm akcantibut in frantogallieo
strmofic nomîaibus dispatavît E. Etienne. Nancy, impr. nancJenne, it-i ji p.
(thèse latine de docteur de la Faculté des lettres de ParJï). — L'ouvrage
de M. Etienne n'apporte rien de Irû nouveau, et pour l'ancienne lanf^ue
l'auteur s'est contenti d'un matériel bien insut&tant, borné presque i \'hn:û-
ri^ut de Liltré. Maigri cela, son iravaî! est intéressant par la réunion des
faits et par les idées que celte réunion mime suggère. L'auteur est au cou-
rant des récents travaux allemands et français, et son jugement, s'il est peu
personnel, est d'ordinaife juste. Il a vu que beaucoup de mots qu'il étudie
sont d'origine étrangère, mais il n'a pas toujours appliqué avec aises
de rigueur la critique qu'ils appellent, et qui aurait rejelé hors du vrai
domaine français bien des mots qu'il y a laissés, L'examen d'un travail de
ce genre demanderait un grand détail; notons seulement un point minus-
cule : M. E. se demande d'oii vient tHiisstlas (p. m ; voici ce qu'on lit
dans un article du Journal dts Oibati du n octobre 1879 sur te raisin de
Fontainebleau : « Oisons en terminant un mot sur l'expression : chaistlat.
C'est le nom d'un village de SaAne-et-Loire, arr, de MJcon, situé dans un
vallon fertile. On y cultive la vigne, qui donne des fruits irés estimés. Dans
le pays, l'expression etumlas est usitée pour désigner tin raisin de haut
goût. *
Dit alt*encnanii(ht UebcrseUang dtr Sprûcht Ja Dioaysias Cota. Von Adotf
Tdbleo. Berlin, in-4°, 87 p. (extrait des Mimeira di rActdimitàts tiutuet
Ji PritiH). — Cette version se trouve dans un tns. de la seconde moitié du
XJII« siècle, récemment ac^juîs par le KO^^crnenienl prussien parmi les ms«,
HanîltO'n. L'intérêt en est tout linguistique, et l'éditeur a relevé et com-
menté dans son introduction tout ce qui concerne la langue (notons au
glossaire l'ètyniologic adcrigerc assignée au fr. dcrJn, qui nous paraît
contestablei- L'édition elle-même est un modèle de soin. Le traducteur a
accompli son médiocre travail sur une mauvaise rédaction en prose des
distiques, qui est imprimée en regard du texte vénitien.
Da ijntaniseht Cttrauch Ja Imptf/tcU uni 4a Historiithtn Paftctt im Allfran-
zafitchen... (voni Franz Kikrhio, in-8*, ^o p. (diss. de Breslau). — Tra-
vail qui paraît fuit avec intelligence sur un sujet intéressant.
Nm-Htagsuu {Biiniti. Geschichte und Sprache einer Waldenser Colonie in
Wùrttemberg, von Dr. Albjn Ri.Ksi08t». CreHswald, Abel, in-S", 77 p. —
Des Vaudois, venus de la Savoie, du Dauphiné et du Piémont, et réfugiés
en Suisse, furent à la fin du XVll* siècle transportés en Wùrttemberg et y
fondirent plusieurs communes. La plupart de ces villages loni aujourd'hui
complètement germanisés, et ce sera bientôt le cas pour Neu-Hengitett, ob,
sur 44$ habitants, il n'y en a plus que 60 environ qui parlent et 00m-
prennenl couramment le patois rotnan de leurs ancêtres. M. Rcesiger a fait
4)3 CHRONIQUE
une œuvre utile en étudiant ce patois et en le conservant pour la science.
Il n'a pu, par suite du manque de travaux suffisants sur les patois de la
région alpine, déterminer au juste à quel point de cette région appartenaient
les émigrants de 1 699 ; la tradition chez eux est que le nom de Bourset,
qu'ils donnent â leur village, est celui du village dont ils étaient originaires,
dans la vallée de Pragelas, aujourd'hui italienne, dauphinoise jusqu'en 171}.
Il semble que le patois des réfugiés ait accompli, depuis deux siècles, quel-
ques évolutions. L'étude de M. R. est faite avec beaucoup de soin et de
méthode ; il en promet de pareilles sur d'autres communes vaudoises du
Wûrttemberg.
Le propTiétaire-gérant : F. VIEWEG.
Imprimerie Daupeley -Gouverneur, à Nogent-le-Rotrou.
DEUX FRAGMENTS ÉPIQUES.
OTINEL, ASPREMONT.
M, André, archiviste de U Lozère, a trouvé dans ses archives, ser^
vant d'enveloppe à une liasse, la fcuilte qui fait l'objet de cette étude. Il
l'a signalée à M. de Rozièrc, membre de l'Insittut. et la lui a remise
pour être apportée à Paris, M. de Rozière l'a communiquéeâ M. Gaston
Paris, qui a bien voulu me charger d'en f^tire l'examen et l'édition pour
b Romania. J'otFre ici mes remerciments. à MM. André, de Rozière cl
Paris.
C'est une feuille de parchemin plïée en deux feuillets de jû centi-
mètres sur 2 1. Ces deux feuillets dans le ms. ne se suivnieni pas. Le
premier contient 295 vers de la chanson à'Oiinel, correspondant aux
vers 6}9-929 de l'édition imprimée ; le second feuillet comprend j9( vers
de la chanson d'Asprcmont, commençant au vers 8^ environ du poème,
qui est encore inédit dans son ensemble. Les feuillets ne sont pas numé-
rotés, mais le pli du parchemin ne permet pas de douter que dans le ms.
Otinel n'ait été placé avant Aspremonl. Sans nul doute les feuillets inter-
médiaires comprenaient la fin à'Otinel, A peu près 1,200 vers, et les
premiers vers d' Aspremonl. Quelle était l'étendue de ce début ? Il est
assez, difficile de le dire, même approximativement. En comparant noire
fragment aux ditférentes versions du poème que j'ai eues A ma disposi-
tion et dont je parlerai plus loin, â savoir aux mss. fr. de la Bibl. nat.
249{, ij}29 et [{qS, et aux deux textes italianisés de Venise publiés
en partie par [. Bekkcr, on voit que le début manquant correspond
aux 8; premiers vers environ des trois mss. de Paris, et aux {4{ et
790 premiers vers des mss. de Venise. Le fragment de Mende fait partie
de la même famille que les deux mss. de Venise, qui ont un long pro-
logue avant le début, mais le ms. 1 ^98 de la Bibl. nat. tiit aussi partie
de la même famille, et il a le même début que les deux autres mss. de
Paris. Il faudrait donc encore subdiviser celte famille en groupes, mais
4^4 ^- UNCLOIS
le peu d'éiendue de notre texte ne permet pas de le rattacher à un
groupe p1ut6t qu'à l'autre. Ainsi la classification des mss. ne répond pas
jusqu'ici â la question, mais l'étude matérielle du ms. de Mende donne
quelques renseignements. En général les cahiers dont se composent les
mss. de chansons de geste sont de 4 feuilles, c'est-à-dire de 8 feuillets.
La feuille que je publie ne pouvait être la 4' du cahier, car dans ce cas
les deux feuillets se suivraient ; elle ne pouvait non plus (tre la ;', car
alors ces deux feuillets n'auraient été séparés que par une seule feuille,
c'est-A-dire par quatre pages, sur lesquelles n'auraient pu tenir les
1 200 vers de la ttn d'Oiinel; elle était donc la deuxième ou la première
du cahier, autrement dit, elle enveloppait deux ou trois feuilles- En attri-
buant à chacune de ces feuilles une moyenne en chiffre rond de 640 vers,
buée sur notre fragment, on trouve un iota) soit de 1 joo, soit de
19J0 vers, si de ces deux sommes on retranche les 1,300 vers de la 6n
d'Oli/ut, il reste en définitive, pour le début d'Aiprtmoat, 100 vers dans
le premier cas, 7J0 dans le second. La question est donc maintenant de
savoir si notre feuille occupait le premier ou le deuxième rang dans
le cahier. On ne peut y répondre avec ceniiude, mais il est très pro- _
bable que nous n'avons que la deuxième feuille, cardans un cahier la H
dernière page, qui est formée de la première feuille, porte presque tou-
jours une rédame, et on n'aperçoit sur ncirc fragment aucune trace de
cette réclame. Il est vrai qu'elle a pu être enlevée par un relieur, mais
c'est fort douteux, car les marges des feuillets sont encore très larges
et les rognures ont dû être de peu d'importance. Kn résumé, il est fort
probable, sans toutefois être certain, que notre fragment était la seconde
feuille du cahier, que cette feuille en enveloppait par conséquent deux
autres qui contenaient au maximum 1 ;oo vers, dont iioo environ
appanenaient â Otinet et le reste i Asprtmoni.
Le premier fragment de ce feuillet est écrit sur deux colonnes ; les
lignes sont très serrées, 7; dans chaque colonne. Le second feuillet est
écrit sur trois colonnes. Le scribe, qui semble vouloir économiser du
parchemin, perd une partie de cet avantage en desserrant les lignes. On
n'en compte plus que 69 sur le recto et ^9 seulement sur le verso.
L'écriture est celle du milieu du xiei* siècle. Le copiste était Angto-
Normand, impossible d'en douter, l'orthographe et la paléographie sont
d'accord pour le prouver. Sans parler de ces caractères bien connus
qu'on retrouve plus ou moins dans tous les textes écrits par des Anglo-
Normands, il en est d'autres qui, pour être moins généraux, n'en sont
pas mwns inléressanis. Le plus remarquable est le double accent, cb
forme d'accents aigus, placé sur deux e qui se suivent dans le même
moi, quelle que soit d'ailleurs la qualité de ces e, qu'ils soient féminins,
ouverts ou fermés, dans tpéé par exemple. Vi aussi est accentué, maïs
I
DEUX FRACMENTS tflQUES 4;f
tris irrégulièrement : »asi dans hraine, où il esl entouré de quatre }am-
bages avec lesquels il peut 6trc confondu, it n'est pas accentué, tandis
que dans ocU, où toute confusion est impossible, H a reçu l'accent 0 et
V sont employas indifféremment l'an pour l'autre dans tous les cas, de
sorte que, pour prendre un exemple, le pronom personnel de la 2° per-
sonne du pluriel peut être écrit vus, 1 w, ms ei uas. La diphtongue ie est
tantôt écrite ainsi, tantôt réduite à i, Oilivier, OHmr; de mime chij '=
chitf, livt = iitut. Cette hésitation vient de ce que l'original nVait pas
le même système de graphie que le copiste : le premier écrivait if, le
second t. Le mot j (r pers. sing, pr. de l'ind. de avoir) a loujours un d
final; de mtmc/uJ,-ft/ est généralement, et U quelquefois, écrit par un*.
Un autre caractère anglo-normand est le grand nombre de vers et de
mots estropiés : à ce point de vue encore le copiste esi bien de son pays.
II ne comprenait que très médiocrement ce qu'il écrivait, et beaucoup
de ses vers en sont devenus inintelligibles ei contiennent des mots qui
n'ont jamais été d'aucune langue.
Le second fragment est surchargé d'un certain nombre de corrections
dues  une main de la même époque. Ces corrections portent les unes
sur un mot, -iur une lettre seulement, tes autres sur un ou même plu-
sieurs vers entiers.
Au point de vue paléographique, l'écriture est assez belle, mais l'inex-
périence de la langue et le manque de soin de la p^rt du copiste, joints
il l'usure du temps, i des déchirures, à des taches de ditTércntcs sortes,
rendent le ms. d'une lecture difficile, et même pour quelques vers com-
plètement impossible.
Il est curieux de retrouver à Mcnde un ms. écrit en Angleterre. On
peut croire que pendant la guerre de Cent ans un Anglais l'avait apporté
avec lui et que, par un accident quelconque, il a laissé ses dépouilles
dans le pays. A cause de son dialecte, te uns. n'a plus été compris et on
l'a dépecé.
Jusqu'ici on ne connaissait que deux mis, de la chanson à*Otinet; ils
ont été décrits par les éditeurs du poème (préface, p. x et s$.). L'un est
conservé â la bibliothèque du Vatican iRegina 16161, te second est A
Cheltenham lauparavant â Mlddlehilli et porte te n''8t4j de la biblio-
thèque de feu sir Thomas Philipps. Tous deux sont du xiv* siècle. En
1819, MM. Guessard et Michelant ont publié le texte à'OUntl (Us
anciens poltu At \a France, t. I, d'après le ms, de Rome, en se servant
de celui de Middlehill pour combler tes lacunes et corriger les erreurs.
En comparant notre fragment avec les variantes, malheureusement trop
rares, données par les éditeurs, on reconnaît facilement qu'il fait partie
de la même famille que le ms. de Middlehill. En voici des preuves.
Par suite d'une lacération, le ms. de Rome a une lacune du vers 669
436 E. UNGLOtS
au vers 7^7; pour la remplir, les éditeurs se sont servis du ms. d«'
Middiehill. L'étude de ce passage montre que ce ms. qui. comme Ici
ndtre, est anglo-normand, a avec lui des fautes communes. Au vers 6S1
de l'édition, le ms. de Middiehill, que je désignerai, comme les édi-
teurs, par la lettre b, et le vers j2 du ms. de Mende, que j'appellerai
M, ont une même faute contre la mesure :
A i'enfTit d'Averti quant Marz iert (M iret) passet.
Le vers devrait élre décasyltabique.
V. É90-5 ;, b M donnent tous deux aier dans une rime en ias.
V. 73Î-96, b : Lez Peve dtl Ton en la praerie
M : Delez l'ewe det Ton
V. 7} î-98, t: Suii'wcJei Ton
M : Daui t'eut de! Ton ... .
Cet hémistiche devrait être de quatre syllabes. Ainsi dans un passage de
68 vers, fr et M ont quatre fautes communes.
Au vers 104-180, autre lacune du ms. de Rome corrigée par celui de
Middiehill, E.n comparant de nouveau les deux ms. b M, on arrive aux
mêmes résultats :
V, 814-180, b M : Ascanard fiert sur l'escu [de] Roltani,
V. 819-1S5, b M : Que escu |i> K'escu) ne haberc ne li va][ujt niant,
V. 8i]-i88, i? M : [fucnt] Rollant en tiant
V. 8a8-i94, il M : Del hatbefc trenche mailles [bita] trente trois.
Il serait inutile de multiplier ces exemples ; par ceux qui précédent,
la parenté de fr et M est suffisamment mise hors de doute. J'en citerai
cependant encore quelques-uns, pris au hasard, pour montrer combien
les scribes des deux mss. se rendaient peu compte de la mesure. Ils
trouvaient des vers dont la correction était des plus faciles et ils ne la
fusaient pas.
V. 844-106 6 M : La bêle [M La viléi bruine ne li val^u^t nient
V. 871-2 î4 b M : L'escu enbrace [;f] forment se defent
V. 87 )•] ) ( 6 M : [El] Rolani sache Durcndal la vaillant
V. 88;->49 b M ; Clavel unt pris, si \'[en] qutdent mener.
Ainsi les deux mss. n'offrent entre eux que très peu de variantes, et
pour l'établissement du texte ils feraient la plupart du temps double
emploi, ce qui enlève à noire fragment, en ce qui concerne Oiintl, une
partie de sa valeur, mais ce qui nous console en même temps de la
pêne du reste du poème dans ce ms. Ce n'est pas il dire pourtant que
le fragment soit complètement dépourvu d'intérêt, car, outre quelques
variantes, il a pour lui l'avantage d'être du xiii* siècle, tandis que le ms.
de MidfUehill n'est que du xiv.
Les mss. connus d'Afprtntont sont bien plus nombreux que ceux d'Oft-
ntL M. Léon Gautier en cite 1 j \Ep. fr.^ a* éd., t. III, p. J97). Mal-
DEUX FRAGMENTS Éf-K^UES 4Î7
'•'«miïenienl ils soni pour h plupan dispersés A l'étranger ; trois seule-
"•«it wni en France, à la Bibliothèque nationale, sous les numéros fr.
'49JC3ric. 820Î), xiti' 3., — fr. 35^19 (anc. La Val. I2î). "'"" s.,
^ fl un texte italianisé, fr. i (98 (anc. 76 1 8). — I . Bekker a publié le
**^ tt les vers de la fin d'après les deux mss. italianisés de Venise,
S. Marc fr, IV et fr. VI {Die aUftiinzmiichcn Romane dir S. Mureus
Biblioihtk, dans les Mémoim àt {'Acadèmit de Btrttn, octobre iSjg,
P- *U).
'-* premier vers du fragment de Mende correspond au vers 88 du
™'- (t. 35529, 22 du ms. fr. 4915, dont le début manque, mais était
'* ^^nt que dans le ms. précédent, 85 du ms. italianisé fr. 1 598, et à
P*** pris au vers S4î du nis. de Venise IV, et 790 de Venise VI.
*Jlle comparaison sommaire de ces six mss. amène d'abord à les
f*^i'er nettement en deux groupes, d'une part les deux mss. français
' S 39 et 492i, d'autre part les trois mss. italianisés et le fragment de
**iile- Ce qui caractérise ces groupes, c'est l'absence dans les deux
7^*. fr. de la Bibl. nat. de trois laisses en ef, ant, ter, qui se retrouvent
r^'U les trois versions italianisées. I-a première ci le commencement de
^ Vconde laisse sont également dans le ms. de Mende (v. ; }4 à la fin];
troisième s'y trouverait assurément si le fragment était plus long.
Maintenant dans quel rapport sont entre eux les divers mss. de chaque
SV'oope ? Je n'ai pas à classer les différenls mss. du poâme. Je signalerai
Seulement comme un lien étroit de parenté entre les deux mss. de Venise
Itur début, de {45 vers dans l'un, de 790 dans l'autre, début qui cor-
tttpond à 8{ vers seulement des deux mss. firançais et du ms. italianisé
de la Bibl. nat. Le ms. de Mende avait-il ce long début ? J'ai montré '
plus haut que c'est peu probable.
Quoi qu'il en soit, le fait que notre fragment n'est pas de la même
^famille que tes versions françaises de la Bibl. nat. lui donne beaucoup
d'intérêt, et ceux qui voudront s'occuper du texte d'Aspremont devront
le consulter.
L'édition que je donne des fragments n'est pas une édition critique,
mais une édition presque diplomatique, sauf l'attribution décapitâtes aux
noms propres, la séparation meilleure de quelques mots, et la ponaua-
tion. Les i, ; et les u, v sont distribués comme d^ins le manuscrit. Pour
les accents sur les c doubles, ce qui est dit ci-dessus suffit. Aucun accent
moderne n'a été introduit. Les abréviations sont résolues, mais marquées
par des italiques. L.es mots entre crochets sont ceux qu'il est à peu prés
impossible de tire. — Les leçons difTéremes de l'édition sont indiquées
pour Olind. Pour Aspremoni^ les notes se bornent à quelques reciifi-
catÏMU.
4)8 E. UNGLOIS
OTiNEL.
De quei Franceis unt li plusur envie
« est la lei empli
avez uostrc lei gerpîe
Prenez ma fiUe Belissent a amie ;
{ Pur U uoa [doins] Verceles e Inorie,
Chaste e Placence, Tuela e Pauie,
Sire serez de tute Lumbardie. »
Otinel l'ot, uers la terre se plie.
Les piez lui beise, forment se humilie :
10 « Sire, fait il, ço ne rufs jo mie,
Si la pucele cummande, e jo l'otrie. »
Dist Belissant : « E jo me tienc pur garie.
De bon marri ne me deit peser mie,
La mei amur n'ert ja uers lui guenchie. »
1 5 Dist Otinel : « Quant uus estes m'amie,
Pur la uoJïre amur frai jo chevalerie
Deuant Atilie a mV^ee forbïe ;
Mort sunt paen quant ai baptesmerie.
Dreiz empereres, a uns commant m'amie
30 Très ke noz uenuns al pleins de Lumbadie.
Les noces serrant a prez toz Atelïe,
Quant auerai mort l'emperur Garsie. »
Den sun palais est li reis muntez,
Cis granz barnages après lui est alez.
2) Li mangir est prest e cu/irez,
Cil le mangèrent a qui it fiid donez.
I Lt commtnctment des qaatre ou cinq premiers vers ut effacé ; eom
coTTisponient pas exactement aux vers de l édition, il est difficile de Itt
Voici le passage du texte imprimé :
De quei Franceis ont li plusur envie.
■ Fnlioeil, dit il, Jhesu te beneie;
Or is Mahom et ta loi deguerpie,
Si crois en Dieu le fix sainte Marie,
Jhesu de gloire croiras mes an aïe.
Ber, prea ma fille, Belissant l'echevie ;
'Por II aurez mult riche manantie,
Sires serez de tote Lumbardie. >
S /. luorie — lo /. refus — 12 édition ge m'en tien a garnie — 16
vostre amor ferai chevalerie — 20 /. Très ke venuns — ai éd. Lu
erent; toz [sic) pour soz — ij éd. s'en estl. r. m. — aj éd. tôt prest et 1
DEUX FRACH£NTS friC^SS
Apres li supers esi li uins aponez
Enz en la chambre v li reis est entrez,
Darmir se uum, si unt les hus fermez.
}0 Desi^ue a\ deman que li soleil at Icuez.
Li rei se Liue, si ad ses baruns mandez,
Sur une table de savie est muniez^
Tint un b»tun lut a or neeleK :
« Seignruï, » ço dit, w un petit m'atendez.
î î Conseillez rnei, kar fcrc le deuez,
Del rei Garsie dunt l'avez ol,
Ki par la force est en ma t^rre entrez.
Mes chasiels aer c brise mes citez,
Ja ert desiruiie seinte crisiienicz.
40 Jrum nos aini: que uenge estez,
V nus aiendrum desqiie iuer set passez ? »
Dieni Francds : o De mfruellc parlez.
Celui n'i a ad tut ne seii aprestez ;
Mal crcnt autres termes nomez.
4J — Si ereni, » fait Karlcs, » si uos lus le loez.
A l'eniree de Averil, quant Marz iret passez,
Pur la mei amur Ipres uos aprestez. •>
Dient Francds : « Si curri uos commondez. »
Nostre emperere fait escrîre les briefe,
jo Par sun cnpire tr.imet les mesïsgiers.
Que ne remainent neis vn chevalirs,
Ne humme a pie ne archir ne arblastiers
Que dune ne uienge, e ki n*i put alcr
A sein! Denise rende .iiti. deniers.
1 5 Ore ua Deccbrc, a" ert passe genuirs.
Feuerier e Marz e uini li lens ligers.
A Paris est wsirc empare fiers.
Li dunze per, Rollaai e Oliuirs,
4Î9
37 I. Apres super — ^9 U mi. Jt Romt Jd igaUmeni les huis, l'idOear a
eerngi à tort lei luj, (mprunti au ms. Ji MtâdlihiH — jo /. que soleil, L'fdUÎM
ihnin, contiaiumtnt à h ririt : que le ]or paru cler — }i I. s'ad sti b. m. —
)1 On piut liTC aussi veuvie, h piemiire Ittirt a UM forme iitIcrmiJiairc tMrt
V ti d. L'idition donnt, d'aprtt U ms. MidJIihill, d'esdievine, fiu a'ett ^t plus
tnleliigibU — 54 /. m'cntcndei — ^6 U. dunt vos 01 avtt — jS l. art — 40
iJ. IrruBi nos i — 41 /. U stendrum . — 4] /. n'i »i ... .ipre^tez — 44 a,
Hir i ivtr» — 4^ (. ii ert — 46 £j ms. dt JfiJdlthiH doim Jr mimt : A I entre
d'Averî) fuc fuihûnt p<Mr rîtabltr la maure, [ùtrigc ainsi : Avril estrant. te
¥tts mandat dûttt U ms. Jt Romt pat tutU de la laeérjlîtM tTaa kuiiltt — ^7 i.
Pur mci amur — ^j La nmt tu Jaatu. U ms. di HiddUkil « lé mtmt Itfon
440 E. LANCLOIS
E Anseis, Girûnp e Engelers,
60 Estut de Lengres e Turpin e Guerriers
E Neines li duc e li Daneiz Ogiers.
As f^Ton?. fenestrcs un mis lur chies
E uirent uenir Alemans e Baiuers
E Loerengs ccis as curages fiers,
6j Ageuins, Gascuns e Berruiers ,
E Peieuins e Prpucncels les guerriers,
E Burguinus, Flamencs e Huhers.
De Normandie la dur des cheualirsj
Breiuns in uienent as escuz a quartiers^
70 En destre mènent les anfans destries.
Celui n'i ad nen ait quatre esquiers,
Si mestier um, dunt il frunt chevalirs.
Desuz Muni Martre s'auneni a milliers.
Le premir jor d'auril quam t'aube est escUrie (^
7) Munte Li rets en sa cheualerie.
De P^iris uinent, si uuni a icint Denise.
Le congie [wmem, si uni la ueie acuillie.
Plurenl ses dames» si maldiem Garsie,
Sonent CCS cors ki unques en ail envte.
80 Or s'en ueii li rei en Lumbardie ;
Li duc Rottanl al prrmir chif les guie,
Dereire est Nemes od la barbe llurie.
Mes Oiinel n'i uolt leisier s'amie:
Belissen: munte sur hun mul de Hungrie
8i Ki plus loi ucit l'ambluer serrie
Que par mer ne ueit nef ne galie.
Set cenz baruns ad a sa mesnie burnie,
Toi jufne gent de grant cheualerie.
Or isseni de France e Burgunic unt gcrple>
cfo Passent Mungui la fire cornpaignie.
Issent des muns, si uinent a Inorie,
Desuz Uercelcs passent a nauie.
r°, c. 2)
19 /. Girard — 60 iJ. Ciriers — 61 I. Netnes I, d. — fia i/. en ont mit
hors les chiés — ôj /. Virent venir — 6^ /. E. A., C. e B. — 66 /. B P.,
P. 1. g. — 67 ^ E B. e K. e P. - 70 l. juferans — 74 '</- Pn» jor d*A.
— 80 /. ore — 8^ /. aiiWeure — 86 '. que pirla mer — 87 /. nuinbuniie —
89 (. 1. de P. — 90 l. Mun^u — 91 L'édition a lu Morie m lua it [vone, tt
pour (ompUltt ta maure eUefatt ane Mercdtation : [tij vieneai i Morie. Dans KOtit
texte, au coalraue. â 11 IrMve et doà tlrt tapprinu. car Inorre pour Ivork etl Irii
lisMe, et 4a uttt tt letromt m vers j Igatemett liiiHe — 91 /. passèrent
DEUX FRAGMENTS ÉPIQUES
Kanferant montent, si uiem Atelîe,
La forte ciie v est ta gent haie;
9( Desuz Munpounc pcrncnt hcrb/rgerie,
Delez l'ewe del Ton en la prarrte.
Nostre enfyrere fît Franceis are«ter,
Desuz Tcwe de Ton les fait ostder,
Vil jurs pleniers les fei demurer,
100 Lur chevals funt seiner e repose
E lur malades guarir c meciner.
Le fiz Pépin ne se uolt pas oblîer,
Tant demcntier ad fait un punt leuer
Par um Franceis deueint utre passer.
(0{ Sur le punt ttt nostre empercrc fir.
Vil bit les haies e les sulîues fermer,
A mailz de Ter confire e soder.
Fait ett li puni, bin i put l'u/i passer;
Franceis s'en uum as herberges manger,
1 10 Mes li nies Karles s'est curu aduber
^ qiu nel seureni nul de li un/e per
Ne meis Olivîr e li daneis Ogir.
Tut treis s'adubenT desuz t'umbre du lorer,
Es destriers muntent, si uum le punt passer
1 1 j E vers la cite commencent a errer.
£ uunc josie quere si la poeni trouer j
' Meis einz que il uin^ent al reionter
Li pluf hardi auer.it tant » penser
Que n'i uoldreii estre pur vn mui d'or der.
130 De fors Atelie, a un liu grant,
Ot quatre rcis de la lei mescreant :
Isjuz s'en sont, si s'en uu/n deponant;
Bin suRt armé chascun a sun talant.
_ 9J l- vêtent — çw /. Lj fort cite — oj ÎJ. Sus HonpQÙii — gé W. Lez
l'ère del Ton en [mif li pracrie — 98 iJ. Sur l'eue ié Ton les a fait- osleilicr
— 99 ij. Vint j. p. les i f. d, — 102 /. iws r. o. — loj iJ. Deiui le pont
«toit Karles le ber — 106 C* vttt n'tst ms dj/ij Hdiiion — 107 e c. es. —
109 flungier dliruit h rime, l'IJ. doitnt diner — ici ptr âu rtgimc plut, ttt
igiiimml 4ens l'iJ. — n i- 1 1 1 mtsurt rt rmi fausset^ fii. ditnnt :
Ne met Ogier et Oliver le ber
Ces .iri. s'adoubent sens point de demorer
— aij /, Ver* I. c, — (16 /- Vont j. q. — 117 W. Mes alni quo viene, ce
qtiit. 2 ra»esp«r — 1 19 W. N'i vodroit estre por .M- marz d'argeM ckr —
tloiÀ. Fors d'A. a une lieue g.
443 E. LANGL015
Ces sunt lur nums si la chançu/i ne ment :
1 2 j Li unz palsamî, It reis de Niniuant ;
Li altre Curables, un rei de pute gent,
Vnkes n'ot fei uers humme viuantj
Li tirz ad nun Ascanard le tirant,
Fort est e fiers e hardement ad grant,
I }o Mort ad mil hummes de s'espee trmchanti
Li quarz ad nun Clarel a la cbire riant,
N'ad tant bel bumnite tan cum soilleil resplent;
Il ne truue nul qui just lui demant
Ne seit si hardi ke si a colp lui atent
I j 5 Qu'il ne ocie v abate sanglant.
Par le champ uunt lur destrieries alaissant,
Forment manacent Olluir e Rollant
E jurent si il poent uire tant
Que en duze France puissent mener lur gent,
140 Ja Karle u«rs eus n'auereit garant.
Des duze pers de Fra/ice funt lur talant.
« Seignors, » ço dit Clarel a la chire riant,
« En tel raanacer ne guaine l'u/i niant.
Jo ai oi mult presir Rollant,
14J N'a pliu prodom deske a Oriant,
E ven sa spee n'at humme garant.
Meis jo pri mes deus Mahum e T«rvagan
Que uncore aie de lui asaîmant (f<> i, v", col. i]
Que un colp lui duinse de m'espee trenhant
I JO Amunt le chif sur le heime luisant,
Mut par iert dur si desque as denz me hit ;
Kar jo ai grant dreit si ne l'aime de niant,
Kar il m'ocist Samsonie de Mumbrant,
Desuz Pampelune a un tumemans ;
1 ) { Il fu mes frères, si en ai le cur dolant,
Murai de dul si oi mun frère ne uang. »
Français cheualchent tut celement
Leez un bois ki ad nun Forestant,
127 t. nul h. V. — i}i /. Li (juarz, Clarel, i — ■]} ^- H l'est nus home
— 1 ]4 ^ l'atent — 1 ]6 /. destriers — 1 }8 O/i pourrait ritablir ainsi le ftrs :
E Mahum j. s'il p. vivre t. — uo /. Charlemaine — 141 MiâiUkUl : D. d. p.
fniat trestut 1. 1. — 143 id. C. a. C. a. I. c. r. — 14] /. En m. — 144 /. p. le
duc R. — 146 /. n'at nul h. g. — 147 /. or pri m. d. — 148 /. aaîsenieBt
— 1^1 au littt de me fait /. nel lent — 1 54 /. Suz P. a u. turneiement — 1 j6
/. s'oi m. f. n. V. — I ;7 id. tut .iîj. seirièment
DEUX FRAGMENTS ÉPIQUES
La nois« atendent, si arestunt aunt.
r6o Li duc Rollant les ueit prîmeremant :
■ Seignurs, » fait il, « ore estes genlemani.
Veez païens sur la roiche ki pant :
Ne suni que quatre al men iciam,
Bin duisum justcr adurcmani,
i6j La merci Deu ki est omnipotent. »
E dl r«sponent : « Tut al aottrç talant. »
Les hantes mettent sur Les feltres deuaat.
Vers les paines s'en uunt a esporunant.
Clarel regarde encontre soleil deuant,
170 E ueit les cu/ites brocher mult formant,
Ses compaignufîs apele igneicmant :
n Seignurs, » fait il, <■ aiez hardemam grant.
Treis cheualirs uei de ca puinant :
Ma encuntre, sachez ki il uunt qufrani.
17$ Vos estes troi e il sunt âllreiant. ••
E cil laissent cure sanz nul detenemant,
N'i 01 pluf dit ne demande niant,
Que il sunt ne dunt uinem ne quci uunt qufrânl,
Mais de lur lances tierent duremam.
180 Ascanard fiert sur i'escu Rollant,
Desuz la bude le perce e fant :
Forte eir la bruine, ne depice neani,
Fruisse la lance en sun le fer devant.
U quens refien tant accmemant
i8j Que escu ne haber ne lui uali niant :
Le piz lui treche, le curaille lui fant,
Mort l'abati dcl bon dcstrir curant,
Puis li ad dit Rollant en riani :
■ Fiz a putein. troue avez Rollant,
190 Ki aliez ore si forment manecani. »
Corsables juste a Ogir le curteis,
Grant colp lui dune sur i'escu d'Espaneis :
Vitre lui passe l'enseine des cites,
Del baber treocbe mailes trente très,
IJO /. entendrai — t6\iJ. pir le mien nsi^nt — 168 f. pjims s'e. v. e, —
169 1. contre — 170 i/. lierenwnl — 17J cti. r, de deçà p. — 174 T Ki t. a.
— irfi ^ Cil I. c. — 177 /. Qu'il ï., dunt v. ne q«e iJ v. q. — 179 /. les f. A.
— loa/. a R. — 181 U. ledepiece e (kl f.— i8i /. «cemeemcnl — 18} i.
wlut — 188 /. quens R. — 19a /. espaneis — ijj hi. de cicJe:i — 194 (. m.
bi» 1. t.
444 E- L-ANCL01S
[95 Lez te coste lui met le panun a or fraeis,
Ne lui ualt mie le haberec un panels.
AI reperir lui dit dous moz curteis :
u Fiz a puten, co est Oger le Danes :
Pur tels colps faire m'aime ICarle le reis. »
200 Oliuir juste al reî de Niniuant,
A Balsami ki a grant hardemant.
Lî Saracin le fiert irreemant
Sur SUR escu v out un liun peint.
Mais Oliuir le refert si dreitemant
20{ Sur la ruele que par mi la fant,
La uile bruine ne li ualt niant,
L'enseine lui met el cors deuant,
Mort l'abat! del destrir sanglant.
Puis lui ad dit : « Al malfeiz te commant. a
2 1 o Al tur qu'il feit si uint Clarel putnant,
Cil prendera del paen uegemant
Si Oliuir a cest colp lui atent.
Meis li nies Karlte lui trau«rse deuant,
Clarel le 6rt sur l'escu deuant ;
2 1 j La bone bruigne lui fu de mort garant.
Le bon destrier liue ses piez deuant,
Li destrier recule, cil uaeit consuiant
Que en un munt les let le destrier e Reliant.
En hait s'escrie s'enseine naunant,
220 Vers la cite se uolt aler fuiant,
Meis li Daneis li est aie deuant, (f> 1, v°, col. 2)
Grant colp lui done de l'espee trenchant
En mi le piz sur cel harbec luisant ;
La bone bruine ne falce ne n'estant,
22 j Delez un munt l'abat de l'auferant.
Oliuer prent le bon destrier corant,
Veint a Rollant, par le frei lui rent :
« Sire, » fait il, » montez ignelemant,
De part Oger le vus duins e présent.
2 jo Miudre est de uostre, jo quid qu'il vait les cent. »
Li quens i sait sure, ke a arcun ne se prent
i9i W. li m. le fer Sileis — ïoj L'id., d'apris U ms. di MiÂiUhill, donne la
mime Uçoa — 204 /. fiiert — ïoj /. tut I. f. — 206 /. valut — 307 ii. L'e.
met tut dreit elc. d. — 208 /. jus d. d. s. — 314 /. desur— 217 mimt leçon
dans l'id. d'apris MiddUhill — 218 id. chiet le d. R. — 219 id. raûnant —
227 /. le I. r. — ijt /. Li q. s. s.
DEUX FRAGMENTS ÉPIQUES
E U païens est Iwue en eslani.
Trait ad l'espee, Mellce la trencham,
L'escu cnbrace, forment se deFaint.
2j) Rollant sache Durendal te uaill^nl,
Vn colp lui va doner maintenant.
Tut le irenche quanqu^ l'esprant,
Fort se combat, maïs ne li ualt niant :
• Seignurs, » fei il, « manee uos dcmani;
Pemcz me uif, eschec aues fait grant.
Queus est li reis f par m'espee reant. •
S'espee lur rendi, 11 quens Reliant la prcnt.
Puis li amènent sun uer destrier muan),
34J Dunt fil ods li reis de Nînuant,
Et Balsami, qui 01 grani hardenant,
£ Anaschard, un rei de putn geni.
Li compaignum repairent de juster ;
Clarel unt pris, sil quident bim mener,
3{o A Garlemane le uoleent pnrsenter )
Mais ainz qu'il puissent une lieue aler
De alite Manin lur esluuerad canier,
Kar Saracin repeirent de preicr,
Mil e V cent les pot l'um aemer.
2t } Oient les cors e les busines suner,
. Veint les helmes menument csienceler
E les enseines par amuni venteler.
RoUant les ueit. si cummencc a siHer.
A ses estrius s'est afichie li ber,
360 Enves Oger prist li quens a jurer :
« Si a Durendal me puisse a ues meller.
Tant me uerez ocire e decoper
Que les noueles irant ulire mer.
— Seignur barun, » ço dii Oliuir,
26f « A sages humes l'ai oi reconter,
Que t'um ne se puit de tut ses maulx garder.
Ne l'um ne pot mie tuz jorz %tnr. juste ester»
E quant home quide grani teece auer
Iduc est il plus près del desturbir.
44î
aj4 /. et f. s. d. — i|i I. E R. i. — ij6 /. de m- — ajS W. Trestut 1.
t. q. l'esp^e «o prent — 242 t. p. m'e. nie rcnl — ^4) /. s'e. rem — aj^
/. 0. I. c. I. b. s. — 2^6 /- Veient I. h. menu c. — zûj /. en I. u. m. —
3^4 /. co li d. 0. — z66 l. qu'um — ii-j tapprimu mie — 268 au liai 4t
xttr I. mener
446 E. LANGLOIS
270 — Ver est, » co dit Oger, t id ad mal a peftaer.
Ne ci n'aaerat mestir d'eapoueter.
Veez paens ; nés pocz echiuer,
Parmi lur lances nus estuuerat passer.
Or doit chascun sa pensée mustree :
27 j Puis que humme est, nel deït l'um afoler.
Laisum Clarel cest Saracin aler,
Kar bin uez nel pouum mener.
Bin les nus pout agui guerdoner. »
E dit li reis Clarels : « Franc quor te fist parler. >
280 « Sire Rollant, » fait Oger li bres,
(( Fors e firs estes, hardiz e redotez
E de bataille dux enluminez,
E Otiuers est bons cheualirs pruuez,
E jo meimes sui de ment pas eschapez.
285 Veez paens, refuser nés poeez,
Ne altre suceurs de humme n'i atendez.
Ki ore ne fîrche cuart seit il pruuez. n
Munjoie escrient, es les vus ajutez,
Ja i uerez des morz e des naffrez.
290 Rollant feri un paen buenier,
Ki plui est neir ke murere de mûrier;
Mort le tresturne en miliu d'un sentir.
E Olivir fiert Balsan de Munpellier.
ASPREMONT.
a Li tun conseil m'at meint mestir eu ;
As colps doner al brant d'acîr mulu
Te ai deuant mei tut dis bim coneu.
Trestut recuufrent entur le tun escu.
j Ainz ke le tun trésor i seJt uenu,
Vos ert li mims par raatinet rendu.
370 /. Veirs, dit 0., ci a. m. a p. — 2-js W. P. q. *i. e. pris — 177 /. K.
b. veez ne l'en p. m. — 278 id. encui reguerdoner — 179 /. E d. C. — 280
/. co dit O. ). b. — 282 iJ. [mult] bien e. — aSj U. E O. e. c. p. —
284 id. E j.ni. d. m. p. e. — ago id. Berruier— 291 /. mure — 294 /. O. f.
DEUX FRAGMENTS ÉPIQUES 447
Men escintre, quant tu l'auere uev.
Me diras k'enkes grennur ne fii,
Car de duner mar serras espererdu.
10 Tant en donez que tuz aeiz uencu,
Que tut s'en augent de joie reuestuz. n
Quant li duc Nm'me ot parler sun seinvr,
Adonc ot joie, unches nen ot grenur :
« Barun, » fet il, ■ nel tenz a folur,
1 j Cestui seruez sanz nul contreditur,
Ki après Oeu a sur tuz la ualur.
Je en sui ostage al grant e al menur,
Tel uint sa fiz a pouere uausur
Ki al partir sera duc v conteur. »
20 A uns arceuesques commenc a palier.
Gentiz hum fiid e joifne bacheler.
A grant merueille se fet a tuz amer;
N'a duc en France, tant se sace pener,
Ki si grant cust uoille a tuz mener.
2 { Mieuz eme il cheuals achater
E bçles armes as uallez adubber
Qu'il ne fait trésor a amasser;
Ne héritage ne feu ne uolt clamer,
E qui uoldrat le rei déshériter,
}o II delt en l'ost ensemie od lui aler,
Por ses armes e sun cheual mener,
Cumbatre sei sanz nul desordener.
A l'apostoille le commence a mustrer :
■ Sire apostoille, ne nos deit peser;
] j Nus deuu/n mult le; cheualirs amer ;
Quant nus sûmes a uostre disner
E nus serruns a matines chanter,
Il se cumbatent pur les aimes sauuer.
E uos e je e uostre abbes Fromer
40 Deuuns pur eus nez treror en^ndre.
Tant lor en deit chascun de nos doner
Que il nos uiegem seruir et honorer. »
E ainz que H reis se life de suz le pin,
Ne qu'il se dresse del perun acerin,
7 /. m. cscientrc — 8 /. m. d. bien — 9 /■ esperdu — 30 A mis à tort
fit Vtnlumintai ; l. commença — 24 /. v. a la curt m. — 37 /. que i, n. f.
— )4 /. n. V. en d. p. — ï6 /, Q. n. seons a y. haut d. — 40 l. enfundrer
— 4J E mis à tort par l'enfuminear
448 E. LANGLOIS
45 Les dras de sei, de paille alisandrin,
Les granz ostrus, les falcus petevin,
Lej riches pierres e les copes d'or fin,
Iceles dune Karles le fiz Pépin
As gentiz hummes ke sunt de riche lin.
50 Les paierais, les dras e les deniers,
Ces done Karles as poures cbeualiers ;
Le ver, le gris e les ignaus destrirs,
Les falcus, les muez espeniirs,
Cels done Karles as bacheliers légers,
j j As damisiaus, as nouais primsautirs.
Dut fist li reis a chascun sun uoler.
Treis cent cheuas i donat dnz le ser.
Naime parole qui ot le grant saueir :
K Seignurs, » fait il, « jo uos uoil dire uer :
60 A cestui deit curone al chif seer ;
Il put u«rs Deu e al puple ualer.
De cestui ^ites uorïre sire e uostre er,
Ki après Deu ad sur tuz le poreir. »
0 oez, seignurs, que defent KarUmaigne,
65 E si! defent a tuz cels d'Alemaigne,
A cels de PuUe e a cels de Romaigne,
De LuRibardie, d'Angou e del Maigne,
E sil defent a tuz cels de Bertaigne,
Ke il n'i ait si hardi cheuataigne
70 Ke a dammisel negu/ie espee ceigne, (1^ 11, r°, col. 2)
Kar s'il le fait ja ne ert jor ne m'en plaie,
N'en si hardi que en sa terre remaine.
Ne se penst ja niu reis pur sa ponee
Ke cheualier face en sa cuntreiee,
7 j Vienge en sa cort quant ert assemlee,
Cascun dura e cheval e espee,
Haberc e heirae, escu e lance p/anee,
E tut ico que cheualier agrée,
Dunt a mestir en bataille numee.
80 Li reis en ad sa curome jurée,
Si autrement est la chose purparllee.
JO Ici h scribt a oublié de commencer une noiadle laisse — (j /. E L f. —
6) l. poeir — 64 Lu Unrint O fait double emploi — 67 /. e (l'A. — 71 /. oe
s'en plaigne — 75 /. q. ele e. a. — 77 /. escu, lance p.
DEUX FRAGMENTS ÉPIQUES 449
Td le fra, s'il est en la matinée,
Que ert iriez ainz que seit la uespree.
« Pvs lur durez e armes e denirs,
8; Si lur doirez dras a remuersj
Jv lur durai espees e destrers;
Ja avilance nel uoil auer premiers.
Ja ne deit estre nul prodome losengîer
De bien promettre e de doner loirs,
90 Meiz bien promettre e doner uolentiers.
E de seit membrez e custumirz,
Ke ses duns sent larges e plenirs
E ne seit pas orguillus e firz,
De sa parole eschuis ne motieriez
95 De bel parler as poures cheualirs ;
De sa parole les aimt e tienne chires.
Si fra co dunt il en est mestrers,
Si en perrendra lei maueis reprovers. »
Ore fil li reis tut joiant e tut liez.
100 Nul ne se parte qu'il ne seit tut aitiez.
.vu. mile s'en sunt uantez e afichiez,
De lui seruir prest e apareeiUiez.
Deus ducs se drescent e Haîme fu le ti^rz,
Deuant le rei se sunt agenuliz :
105 « Drez enperer, si ws pleit, or oiez.
Co dient cist que il sunt aprestez,
Cels qui sunt seuz sur ces pailles cochiez ;
Suz ciel n'at t«rre, si uos la uoli'z, .
Ne la cunquergent od fers e od espiez.
1 1 o Trop nos sunt près Saracin herbergiez.
Mut nus en peisse que uus tant en leisiez. »
Quant li reis l'ot sis en ad merciez :
« Mais que tant feites que de moi la uengîez. »
Li mangier fut prez e apareliez,
115 E les napes mises, es les uus assiez,
Sur les salereiz le cutealx cuchiez.
Par mi la sale deus .c. en ueissiez
Vestu de uer e d'ermin engulez ;
84 Vat. IV a VI Vos \. d. — 8i V£n. K/ les d. a. T.— ^i l. E d. co s. —
9a /. « I. e p. — 9j /. e 0. e f. — 97 /. fera — 106 /. qui ci sunt apoîé {cf.
Ven. IVy Vf, 3JS19) — II) sapprimez e — 116 /. ont l, c. c, — 118 /. e
d'ermincs dongiez
Romania, Xll 29
4{0 E. LANGLOIS
Fiz sunt as ducs e a cuntes preisez.
1 20 Ainz que li reis se dreca sur ses pîez
Lui présentent al perun tàss deîtez
Dunt ainz ne in si grainz ne si irriez
Ne noz Franceis si mal desconseiliez.
E ainz que li reis seit aie al mander
12$ Ne que il se dreca de sun perun d'aci«r,
De rei d'Af&iche es uos vn messagier.
Descendu est de vn lauue destrier,
Auques ert megnz e las ert de l'errer ;
Il out vn meis acumpli auant ier
1 }o Ke de repos-nen ot un jor entir.
Mais qu/1 ueist a l'eire conmencier,
Suz ciel n'at beste p\us feist a presier
N'en nule terre plus feist a cuveitier.
En mi la sale le uassal descendie.
1 3 ; Bloi ot le poil menument turchie,
Sur les espaules l'ot detriez chociez,
De si as hanches erent il rengiez ;
Gros ot Us ûilz, le vis apert e lie,
Ne l'a pucele plus bel ne déliez,
140 Meis que del vent e del chaut fu allez;
Gros contre quor e le pis bien tailliez,
Par les costez gram e aligniez ; (f" it, r", col. î)
Dreite ot la gambe e bien tume le pie,
Mult li auint l'espurun ke ot galcie;
14J Poi truuissez hume miez enseeignie :
De tuz tanguages fv bien aromancie *,
Si est d'un jupe de paille despolie,
il remist sengle en bliaut camosie
Kl fud as eûtes d'ambes pars trenchiez \
I ;o Deceint le brant al punt de or entaïUie,
A un turchople les ad tuz treis carchie.
Pas auant autre s'est al rei aspremîe,
121 /. I. présentèrent a. p. t. deintiez — 124 E mis à tort par rtnlaminatr
— laj /. drece — 127 Ce vers et la deux suivants, omis par le scribe, ont été
ajoutés par une seconde main en marge. Ils se trouvent dans les autres versions ,■
/. d'un grant f. d. — 128 On pourrait rétablir ainsi le vers : c las del chevau-
chier — ' JJ i^ scribe avait écrit comencier, qu'on a corrigé en cuveitier — 1 ^4
Le scribe a oublié ici de commencer une nouvelle laisse — 1 j j /. menuement —
I }j /. si e. i. r. — ■ 19 ^ scribe avait écrit : Not plus bêle ne plus itlitz, rers
fut a été cxponctai et remplacé par celui que je donne — 142 '. fu g. e. a. —
149 /. d'ambcsdos
DEUX FftACMENTS «PK^UKS
Ea tuui parole ke bien fiid entendie :
Il Cet Matiummei ki paens ont proie,
I S5 Par qui nus sûmes leuez c escaucie,
Cart Aguiant e Etrouni le presie,
Triamodes e Gurrant l'enuelsie
E tui le puple ki est ot eus logie.
E il confundc Karle te iresquîdte
t6o E tu7 îcnis qui co 1! unt conseilHe
Ke tant nos a lunguemem oblie.
Que mun seignur est od let corecie :
En la terre ad un meis cheuachie.
Bin purras dire ke mar as espleite,
i6( Par lun uirjge tu serras issiUiez.
E jol te di, ki sa sui enuoie.
Tut a le règne destruit e eissîllîe.
Qui cestanel ad a men dei baillie,
Ne fud pas leide, aïnz ot le ^m dulgîe ;
170 Par druejie si ti ai oirei
Ke ja ne me en del dei meis tachîe
Si aurai mort un Franceb ot l'espic.
— Ami, n dist KjtrUs. « Deu en prenge pitié
o L epereur, feites mei escoter ;
I7J II suni très terres qw jo sai bien nomer,
A^ea nun l'une, Europe sa per,
La tierce a nun Affrik, ne pouunt trouer,
loels trds terres qui fum panir par mer,
Ki fnni les illes e la ifrre severer,
180 Mun seignur ad la grenur a garder.
L'autrrir en firent paens un sort juter,
K'ices deueit a icele acliner.
Pur CQ utenc ci le message porter,
E l'ost l'en uient, ne l'osent pas trestumer.
i8{ — Ami, •• dist Karlts, <> cum te itiz numer?
— Balam m'apelent, issi me ht apeler.
i£t /. bjenonm. c. liuis>' — 166 i6t Cet tltux »{Tî,amii far tt imtt,mt
ùi tioutii a nérgt — tiS Ù unh amt élut : Qaaot cnt >ttt\ me fud it\ d. b.
{liçoit it Vm. Vf\ fw i'on e (oriigit —171 Va». I V^'l : Ja 11 anel ne m'en d. d. s.
— 174 L mu J ton par rtnhminmf — 177 i. plui n. p. t. 1249P — '79 ^
KTÏk ntit ànl lefrer, Tf 4 ill exoMctai tl rtmpUa ptr vt mts m nurgt — 184
'. ■. l'ot — iSt, 186 Pour làûbtir le mavt da itax mt, L apekr dant U
frtma A ouner iaia le tuond
j(j2 E- LANGLOIS
E serf le reî de message porter.
Si nel serf pas de minçoge cunter.
Si il est chose que l'estuce pruuer,
1 90 Vers un uassal le uoil en chaptn mustrer.
Or tien niun guage, si tu les os penser.
Al meillur bumme que tu purras truuer,
E jo irai mes harmes actiater
De l'or de Aufric que jo ai fet porter;
195 E cil tun me put en cbapm mater,
De mun seel frai ja enseeler,
Vnnes enseignes ï frai enbreuer
Que tu iras a mun seignur porter;
Ja mes nul jur nel uerrez trespasser.
200 Tu es fou, reis, jo ne te quîer celer,
Tu n'as pas gent pur la terre guuarder.
Tant te querum que te porum trouer,
Ne te garra bois ne terre ne mer,
Se ne poes cume autre oisel uoler.
20} Or ten cest brif, si fai dedenz garder,
Si tu ne cres ce que tu m'oz cunter.
Si me faites si uilment démener
Cum larun ki est entrepris d'embler.
Si co n'es veir que tu m'oz ci deuiser.
2 1 o Apres le bnef te voderai je mustrer
Co que mi sires m'osa a commander. »
Sur vn mantel a feit le brif juter ;
Li reis le baille al bon abes Fromer.
Cil fraini la cire, si comence [a garder] (t> 11, v°, col. i)
21 j Une grant pièce commença a penser,
Del cuer [del uentre commence a suspirer,
[Apres commence] durement a plurer,
Laische le deit, si lest le brif aler.
Turpins de Reins le ueit suz leuer :
220 n Empereur, uos faites a blâmer,
Ki a tes humes faites uos bries liurer,
t9{ Vin. VI : E sel tuen campion — 197 /. terai — [98 /. feras — 201 Li
copiste avait écrit grever, ^ue le correcteur a rtmplaU par guuarder — 204 Vtrt
ajouté par le corruttur ; aa liea de autre /. haut (tin. IV, VI) — 207 /.
Si RI. fai lues (249J) — 3o8 /. repris — 314 La lecture des premUrs vus de t*
colonne est excessivement difficile et mime toat à fait impossible pour certains mots
qae j'ai restitués à l'aide des autres versions — 219/. relever
DEUX FRAGMENTS fPIQUSS
Ju uî jafJis, quant U cri bachfler,
E cascun jur ert al uin en sun celir ;
Mot U oi prametre e poi doner.
22} Saciez que co lui fâii les oiliz lermer;
Or quid il ses trésors enfundrer
Que lui esiucc c partir e doner.
Alcz, danz abes, les matines chanter :
Melz Icisîez la uie saint Homer.
jjo Mais )o lirrat qu'en sauerai deviser. »
Al bon abe n'en out que curecir.
De sei rescoure fu sages e manier,
Ne truuissez mîelz se sust aidir :
« Sire arcevescke, ne uos deit ennuir ;
3)) Ki mei uodcrt c uos par dreti jugier.
Il nus f^rreii les raenbres tus irenchier,
Quant nus acum te rei a conseillir.
Ne se penst prince, qui terre ad a bailllr,
Que de Sun clerc face sun conseilir,
240 Mais le face de sun bon chevalir
Ki a brugun li puisse auer mestir
E Sun cors le sun vielle esguagier. 1.
Quant l'empereur les ot de moli tewcir,
Tre&tute sa ire lui funt asuager :
24^ V Leissez, danz abes, parler le [m^essagir. »
Li arceuesche se drece en estant, '
Si ad parle hautement en oant :
w Otz, seignur, co que mande Agulant.
H sunt treis terres, il en ad la plui grant;
2)o Des a CaUbre ben co est ca avant,
N'i ad reniés femme ne enfant. »
Balam jure Mahum e Tcrvagant :
« Fur co vvs fait. Karles, cesi matalant,
Pur sul itant que es en Deu créant i
ajj Se uostre col n'estendes sua son brant
232 Li scriht A*4it ktit q. jo ère b., qai est !a Irfoa di Vu. IV, VI. U «r-
Tutau a mu q. il ert b. — 21; tvppr. E — ii^ t. oili — 126 t. or« —
219 U itnht svail kt'H Itttïex, lottigi ta \tn\tz — i\\ U tofittt a mMU
et {omntoKtf VI tint itourcUt laitit — 340 /. m. qu'il 1. f. — 342 '■ E pur
I. c. I. s. voiti* e. — 14 1 '.de moi — 246 /. dreca — 1^0 1/ tormuur a
ttrtt ben dam tintirligiu ta-Jittas A co — 24 1 t. ne (. n. c. — 2(3 '. juta —
1{] U urthe dtjii Uni lui, qiu a tti corrigé ^a vvs — l{( Vtn ajotli ditis
FtaUrlignt
4)4 "■ t-ANCU>IS
E de sa lei n'estes recumsain.
Pur uostre uic ne dorei ge un besani. »
Dieni Franc«ts : « Btm parole Bâiani
E bien manace e de bûche e de guuant. ••
360 tt Oez, sdgnurs, unchore uu; ai a dire.
Reis Agulani vint 01 raul[i] grani ire,
Cristiente uolt a esUus destrujre,
Ot ses deus meins uos uoderat il ocire,
Elmunt sun fi?, fuirai a Rome sire.
26J Des Sararaclns at o lui tels enpire
N'at hu/Rcne al munde que co seust descriure;
Pur co qu'eust rec^u batestirre
Pur nule joie en ust lalenl de rire;
Kar si te) ost uers Crtstitm se uire
270 Onques ne fti plw dolcrus martire.
(< Oez. seingnuri, dunt Agulant teicone.
Cristiente destruîi e depersone,
Elmunt sun fiz uolt coroner a Rome,
A uos meimcs abatera la corune ;
27$ [Mult prise poî le Deu] qui lui nus done. (t 11, v*. col. 2)
[Tant sunt ses humes tut le mont avtrone,
E quant qu'il voillent tut co] lur abandune.
tCornes, buisines, dont lij pais resune,
[C. mile braient] entre midi c nune. »
280 Turpins parole, mes n'a ulent q,ut ik.
v Rois AguUnt uient ot sa barunie.
Par set feiz .C. M. conduit en sa baillie,
Par haute mer vient 01 mult grant navie.
Reis Troiens sun eînane fiz lei guie.
28j Tant i at gent n'î a nul qui ver en die.
Ainz que uingez as plenz de Lumbardie
Ne que ueez Uerzails ne Yvorie,
Deucri la u la t«rre ert sasie.
3(9 Virt ajouté djfii t'înurligat — 361 Au luu dt vent (isa ven rut — 266
Lt tcnbt était étrit i|ue seil dwcriure, f«i a été twugi — il\Ct tat rf ia
ÎBdtrf suhsatt m u rroswnr ni' dans Us atm mis. fr. ni daat le mt. italunal
t la BiM. nJt., mau unltmtnt dtns Us dtax imi. dt Vatttt. Ih sont omtef d^io-
tumtU ^»eés ÀMt Hotrt fragmnt ; Ifs trois prmun commncint fa toloant, h
Jeta autres, omis par U saïkc, ont ili aiffutlt dans ta matct du haut. Je les m
uaitais à raide de Vm. IV et VI. — lii l. S. f. — 188 Ven. IV, VJ : Overs
Bertjgne
DEUX FRAGMENTS ÉPIC^ES 4JJ
Crùriente en eret si mal baillie
290 N'i aura humme ki ne perde la uie ;
E uos meimes, lus auez en ballie,
Ki consentes ceste nouelerie,
Metez le col suz s'espee forbîe,
E s'il tant ne fait que il ne uos occie,
295 Vos ne ferrez ja mes chevalerie.
En autre terre auerez vne baillie
Ke uos uaudrat une senechausle. »
A icest mot est la chartre finie.
Co dit Balam : « Enten, enperevr:
joo Que dirai ge Agulant mun seinur ?
De tei cumbatre od lui n'at nul retur
Plus que de l'ane e del muter ostur.
Cent mile sunt nostrt commenceur,
E jo en dei estre le premier fereur,
îoj Jo l'ai en fiu, si urent mi anceur,
Sur un cheual si btanc cum flur,
Fauue ne gris, einz est de une colur.
Nient menur de autre, einz est poi grenur.
Quant uos ueirez uosgent juster as lur,
jio N'estes pas sein n'auez tant de paur,
Se uojlre joie ne uos tume a dolur. »
Ot le li reis, mut en ot grant irrur,
Ferir te uolt, mes les dux îiaime i cur ;
« Merci, biau sire, pur Deu le creatur !
} 1 { Ja uos tumerunt a mal tut li plusur. »
Dit l'empereir : < Il raem, li lecheur.
Di tun seignur, sanz nul contreditur.
Que ainz quatre meis m'aurat il d'icest jur.
En Aspremunt porterai ma orreflur.
}2o Tant cu/nme Deu saue le mien cors en honur
N'auerai jo ja terrien seignur. »
Balam out ire del rei qu'il ot en pense
295 sapp. E — J98 Au lieu de mot le premier copiste avait écrit prisun —
jo6 /. s. D. c. une f. — joS Ven. IV : Melor des autres e si est gregnor, Ven.
Yî: Mrudre des autres, si est un pe maior. Us autres mss. n'ont pas ce vers —
}i{ /. J. I. tenront {249 j, 2} 519) ~ ^n) Le premier scribe avait écrit mareflur
— jao /. cum — }2t Au lieu de ja terrien, le premier copiste avait écrit joie de
UQ — 322 /. d. r. qu'ot e. p-
^^C E- LANGLOIS
Que le ferist si il ne fiist oste.
Des ore parole cum cheualùr menbre
J2S De sun message quanque il ot celé :
« Rei KjirU, entent que Agulant te a mande :
Par me! l'orras ki il Ài cumande.
Pur sun trev que ne li as porte
Va tost a lui que il ne seit trestrunne,
)jo Fai lui humage ueant tut sun bame;
Si nel feiz a malur fus ne,
Ne te lerra ne chastel ne cite,
Ne bois ne tur ne plein ne fermeté,
Corune al chif ne avtre dignete ;
];5 N'i auerat bumme de tun llnage ne,
Que il puisse ateindre en la cristiente,
Que d'un des membre ne seit deshonore :
V il av[ra u pie] v puig cope,
V al mex ert as furches encroe.
J40 Puis te [ferra} si cum at en pense:
Ta prime barbe, que tiens en tel chiene,
A la manire de rundn escurte
Te ert recope e le peil trunsune,
Ne auras pel que ne te seit pelé ;
J4J E puis seras a runcin traine,
Tant cum ore dure tuie ta poeste.
Vnques puis le ore que Adam fu furme
E tut li munt li fti abandune,
Ne fu humme si uilement demene.
){0 Itel est l'ire de Agulant le sene.
Nel corocier ne saes si ose,
Nun ferras tu, n'es pas a co mudle.
Jombles hom es, si as poi endure,
N'as nul mestir fors d'estre encurtine,
j S 5 En tes chambres seignie e uentuse,
Souent baingnie e chuchie e leue.
Co afier a hume ki est de jombe ee.
Deheit reis en sun palets mate,
]]i / S. tu n. f. a maie ure f. n. — 339 t^tt premurs vtri dt U çttlomu
soitt tris effacés — J4î U copiste avait écrit trenchie, le corrtcttur a mit
tninsu&e, aui est dans Ven. VI — J49 /. N. f. mais h. — }{8 /. D. r.
n'iert (i jgS)
DEUX FRAGMENTS ÉPIQUES 4^7
Ki de tant règnes est sires clame,
j6o Puise estre de sun ostel jute !
Recréant es, jol sei de uerite.
Par tei Sarazins en uilte chanin :
N'auenint vers qui rausîrer lur frète,
Mut est grant hunte humme de tun ee
;6{ Que siscle est de te encumbre.
Mais par icel Deu qui tant ad humilité,
Que Agulant me teneit en tel chirter
Que Sun message t'at par ma bûche mande,
Suz cil n'at humme, tant curi li munde ert tee,
J70 Fors sul mun cors e mun brant acere,
Si en ert par mei le pais aquite. »
Par l'entrecop od le bon brant acere.
Que li pendi al senestre coste.
Par ire l'at tant de feorre jeté
]7; D'un demi pelée li pace le brandire.
Le que que fust, sens v folie,
Ja en fust Karle par mi le chtf elme,
Quant tiaime od ses braz acolee :
Pur fol ne tint e pur demusure ;
)8o E tels .Lx. en sunt lui jure
Que ja usent le sicle deliure,
Que message die tut sun pense,
Meis de plus ^re ne lui laissez sun gre,
Kar surquidance l'aurat tôt afole.
}8j Quant Hoger l'ot, pur poi n'est forsene,
Colur lui mue, li sanc li est trouble,
Crens e plen d'ire s'est uers le rei tume
En itel guise [si] l'at aresune.
Oger parole ki gref ire susprent :
}9o « Dreiz enperirer, » fait il, « a me entent.
Par Icel Deu a qui li munt apent,
Ki en la uirgine uint par anuncement,
3(9 /. c. or s. c. (Km. Vl) — jéo /. qui il p. e. {Ven. VI) — 362 l. P.
t. cnanin s. e. v. — J63 /. m. la I. f. — 36$ /. Q^ icest s. — j66 /. M.
E. cel D. — 367 /. lient — 368 /. t'ai par b. c. {Vm. V[) — 372 /. 0. I. b.
T. levé — 37i /. D'u. d. pie 1. p. 1. baudre — 376 /. E. quel q. f. u s. u
(olete — 378 /. Q. li dus N. — 380 Vtn. IV, VI : e s. vers I. turne. Notre
topistt arait ptiu^tn dans son original : e. s, vers I. vire — 381 /. euient —
382 /. Ainz q. m.
458 E. LANCLOtS
Se a ceste fie passez mun talent,
De cest glutun kî ci uei en présent
J9J Ke ore en dreit ne prenge vengement.
Ernest Lanclois.
J9J /. trespassez {Ven. IV, VI).
STUDCS SUR LES ROMANS DE LA TABLE RONDE.
LANCELOT DU LAC
LE CONTE DE LA CHARRETTE.
!. — Le pclmt de Chrétien di Troyes.
Avant d^examiner le poème que Chrétien de Troyes a consacré t un
épisode des amours de Lancelot et de Gumiivrc, je dois dire un mot de
ce po^e et tAcber de déterminer la date à laquelle il a composé ses
I. DâM ton livre réceni »ur Arnaul Dinifl (Halte, Niemeyer, 188) ; voy.
Roia. XII, 4J0), M. Canello. dont nos études cléptorcnl la mort ptèmitar^, a
Udilé U question dn compositions épîquti attnbu^n i ce troubadouf. Il est
d'accord, ea général, arec » que l'ai dit i ce sujet dans mon premier article
lur Lincflot ; ma» il inlerpréle aulrement qsc moi le pasiage de Dante. D'iprèl
tai Dame a voulu dire qu'Amaat, outre ses vtni d'amort, avâit composé des
• poésie di métro meno artificîuso, d'aroomento morale e dîdattico • C'est ce
fltK si^ifierait • prose di romanzi *} Et quelles seraieM ces corapositioas
aidacti(|ucs qu'aurait connues Danlc et qui ne seraient pas en strophes lyriqonî
M. Canello ne trouve que le uiTutttt qo'il a imprime en léle in poiste» O'Ar*
naul, cl qui est, on en conviendra, un singulier ouvrjgr didactique! Notons
en p.ttsant que M Canello «eut que Dante ait connu ce unfnUi^ prce qu'il
range Amaut parmi les sodomisirs -, or )e siitaitrt. dans l'intcrprélilion de
M Canello, est dirige contre 'a sodomicl 11 n'en est rien d'ailleurs, et l'inler-
Britat^n de M Chabaneau est seule vraie; conférez le conte de la Gigtarr,
MoBtaiglon et Raynaud, n* XLVIM. Il (aul avouer que le savant romasitteque
novs rrgrenons ■ (ait ici comptêtemenl fausse route. ~ Depuis que cet ligaes
Ont m écrites, j'ai lu dans te G'otrult uotKo Ji Uluratura ilatiana II, 188)),
p. ]i3 ss.. un compte-rendu de l'oDvrage de Gancllo par M. R. Renier. L'an-
teir discute 1res longuement mon opmion et celle de Canelto sur le passage de
Oute. 11 trouve avec raison t'explicaiion de Canello • niotto più ingegoosa che
irrra > ; quant à b mienne, elle lui semble approcher de ItH prés la vraie solu-
tion, mais sans l'aileindre. Dante a voulu dire d'aprti lui « cbe la lirica d'Ar-
saldo ha uo carattere parlicolare, é uoa lirica che torpassa i versi e le prose,
cbe ha ia grado cminenle le qnaliti dei versi e délie prose. 1 On peut choisir
46d g. paris
principaux ouvrages. On ne sait à peu prts rien de lui que ce qu'il nous
en apprend lui-même ; le pasMge capital pour la chronologie de ses
entre celte interprétation et celle aae j'ai donnée. M. R. me (proche cosuile
d'avoir aUribué au Tasse une « légèreté », el ajoute . « A me sembra che ui»
scritlore, prima di accusare gli aliri di leggerezza, dovrebbe cercjre di non
CHcr legçero egli stesso. » L'auteur de cette uge maiine aurait bien fait de la
méditer luî-mtme avant d'écrire. Dans un premier passage, le Tasse range
Arnaut Daniel parmi les écrivains français et lui altribae le ijncttot en proie;
c'est ce que j'ai appelé \Rom- X, 4811 « une remarque lancée sans doute an
Beu au tiasara, > et je m'imagine que Torquato sounrjit s'il voyait qu'oo se
iche pour cela. Dans un passage posiéfteur, prenant toujours, d'après Dante,
Arnaut Daniel pcmr un auteur ac rumans en prose, il en fait correctement un
Provençal et ne parle pas du f^ociht. J'ai dit que sans doute entre les deui
écrits le Tasic « avait réfièchi, et. reconnaissant qu'Arnaul Daniel était Pro-
vençal, ne lonaeait plus il lui .itlribuer un roman lrjnç.nii. * M. FCcnier traduit
ainsi : 1 II Tasso, crede il Paris, quindo scrisse qoeste righe non pensava pib
ïd tttriburre al Daniello un roman/u [/. un romanzo (fanciit]^ u l'tra dtmia-
tkiia. * Le raisonnement qui suit étant fondé sur ce contre-sens, il n'jr a pas i
le discuter. Au reste, d;tns ces quelques pages îl ne niante pat d'autres
exemples de légèreté ; ainsi M. R. dit que mon premier mémoire sur Ulrîcb de
idal^ikhoven suivit cdui de M. Bjechlold |ei non Baechtholdi, paru en 1870,
undis que le mien est de 1864 et que M. Baechtold, qui d'ailleurs s'est rétracté»
en rejetait les conclusions et me traitait d' * hypercritique. * J'ai prouvé {Hist,
pott àt Charltmagnt, p. 491) que les taitt donn^ par Puici dans le Mv^diifa
comme garantis par Alcum sont tirés d'Eginhard ; M. H., oui, cette fois,
comme tout i l'heure, s'est borné aux indications de mon article sur L^nulot
sans recourir aux sources citées, le conteste sans bonnes raisons. J'ai dit
expressément que le passage de Dante me semblait aïoir été mal interprété, et
je t'ai traduit, non pas, comme on l'avait fait jusqu'ici : 4 II surpassa tous Jam
les vers d'amour cl lu romans en proie >, mais : « H a dépassé tous les vers
d'amour et toutes les proses de romans ; 1 cependant M. R. dit que tous Ici
critiques, moi compris, « s'ostinarono nel voler ricoaoacere nei primi versi
una ellissi, quasicché Dante avesse voluto dire : Eili taYtrchib taat na vcrst
d'amon c ."«eli.i: prose di rumanxi, > M. R. est aavis, pour en revenir an
Tasse, qu'il a eu sous les yeux un Lùniilai provençal traduit du Irançais, et il
oublie une seconde fois que le Tasse, dans ce trop fameux passage, range
Arnaut Daniel parmi les Franasi, et fait .illusion par conséquent au roman de
Umelot en français, — M. Stengel, dans un compte-rendu du livre de Canello
que je lis d rinstanl, re|etie ausii son explication des vers de Dante et en pro-
pose une qui se rapproche assez de celle de M, Renier : • Ne peut-on appré-
cier la réunion de vrrji d'amon et p'ou dt tamanu comme les locutions proven-
çales^jut; I j^rdtti, faa^e t rie ei autres, c'esi-i-dire comme désienant une
totalité en en signalant 1rs éléments les plus éloignés ^ . Le passage du Pu/gd-
twe signifierait alors : Arnaut a surmonté tous les troubadours, lyriques et
didactiques, c'rtt-1-dire il cit le premier de tous les poètes provençaux. > Mats
ptoii dt romaa:i oc peut signifier des poésies didactiques, et i mon avis l'inter-
prétation qui donne i un vers de Dante le sens le plus picii et le plut com-
plexe est presque loujotirs I3 meilleure. — Un remarquable mémoire, où il est
fort q*jeslton de Lancthl, 3. paru récemment comme second (ascicolc des
Gttmamsiisiht Athmdlangtn dirigées par M. Weinhold jBretteu, Kaboer,
188)) : • Dtr MunUI, Bruchstiick eines Lanzelet romans des Heinrich »on dem
Tûriin, nebsl cirer Abhandlung iiber die Sage vom Trinlihorn nnd Manlel und
die Quelle d«r Krone berauïgegeben von Otto Warnatsch. » M. W. donne une
édition critique du (ngmatt [déji publié} d'une version allemande du Maattl
I
LE CONTE Oe LA CHARRETTE 461
œuvres est le début de Ctigis, bien souvent cité, mais qu'il faut dter
encore :
Cil qui fist d'Erec et d'Enide,
Et les commandemenz d'Ovide
El l'an d'amors en romanz mi&i,
Et le mors de l'espaule fiïil.
De! roi Marc et d'Iseut la blonde,
Et de la hupe et de l'aronde
Et del rossignol la muance,
Un autre conlc recommence.
IIU, et dêraonlre, autant que je pois en juger, qne lepotme don! ce frag-
(les 994 vers du débuti fjil patiir iuii at Henri du Tûrim. l'juleuT delà
Cmu (vojr. nom. X, ^^i)^). Il veut ensuite établir que ce poème éljit consacré
i Lucelot (appeli LaaztUi] et avait une étendue considérable ; U-dessus il ne
a'a^iat convimeu. Le païu^e de li Cront dam lequeL Henri rippclle que
^fanuc de Lanzeict, qui sort i sa honte de l'épreuve du gant (éé, avait cependant
I bien réuiM danv celle du manteau d'après un ;iutre poème (b correct)on
'drt pour riktarc au v. ]^oS7 p^iratt fort borne), me tcmble se référer an
'Lanultt d'Uirkti. que Henri connjiuait, beaucoup plus naturellement qu'i un
ntrc ouvrage de l'auteur lui-mime. L'n poème sor Lanceloi qui commencerait
|>ar t'aventure du m<inteau et linirait comme te Lanzil(\ d'Ulricb, c'est-à-dire
qoi. devant avoir le caractère d'un poème biographi-^ae, débuterait en nous
vontranl le héros au soniniei de sa renoininée, serait sans analogie avec toutes
qae nous savons de ce genre de romans. Si Henri, d^ns ce premier romin.avait
raconté, comme le croit M. W., l'histoire de U charrette, il ne se serait pas étendu
dam la Cronr comme il le tait [v. 31 1 [-ii6| sur l'usante infamant delà charrelie,
qu'il expliijue en liomme qui n'en a pas encore parlé. Si le poème dont nous
avOH un Iragment clail consacré i Lantclcl, le déout le nummerait, tandis oue
' : prologue se borne A célébrer Arthur et son lempî. D'a|^^ës M. W. Ie& allu-
M de la Crtuu i des aventures de Lanzclet autres que cdics qui provieimenl
poiae d'Ulricïi (je les ai indiquées dans mon premier article) se rapportent
ce Laitzdit perdu ; elles se réduisent, outre rjvcnlurt de la cJurrelte, i fort
Ipeu de chose, car dans la seule qui ait quelque impurtancc c'est Cauvainet non
'Lancelot qui est le héros principal , en sorte que M. W. ne sail que mettre
dans son Leiuela imaginaire Malgré cette divergence, je ne puis que fjire un
grand doge de l'étude inteiiigcnte ci consciencieuse de M. W. (tout le chapitre
sur là légemle du cor enchanté ou du manteau est fort louable) ; li a sans doute
raison de dire (p. 107, 1 j il que Henri appelait Lanzeiet J'Aihi et non iu Lac
(d. Hùm. X. 49^, n. i\, et ip. 11;, ij^j que ris, 1 rameau, 1 substitué par
Hatin au rut des deux manuscrits, n'est pas assuré >mais on ne uit ce que
signifie use). Je suis tout i fait d'accurd avec lui sur l'appréciation de la Croiu,
^1 est une compilation que l'auteur allemand a fabriquée avec des poèmes fran-
Çlis, des réminiscences et des inventions, el )e vois avec satisfaction qu'il la
fliacc vers laio et non^ comme l'ont fait plusieurs critiques, vers le milieu du
XIII* s»èclc ; K crois autsî très volonti<-rs que l'absurae histoire du gant léé
Ivov. Rom. X, 486) app.irtient tout entière i l'imagination de Henri, qui, ayant
déjà traité celle du manteau et celle de h coupe, a voulu inventer de son chef
Bne autre épreuve du mfmc genre. Je parlerai plus loin des allusions de la Crone
au conte de la Charrette. — Il n'y a rien de neuf, en ce qui concerne le l^n-
ulot français, dans l'anicle de M. A. Peter [Girmûaxi, XXVIII, ia;-i6^) sur
les divc(3 romans de Lanceloi en prose ;illeinande; l'auteur montre qu'ils
remoMcflt tous i une première traduction du roman français en prose.
462 C. PARIS
Il ne faudrait pas donner i ce précieux passage une ponée trop pré-
cise, et décider que Chrétien y a metiiionné tous ses ouvrages, et dans
l'ordre exaa où il les avait composés ; mais il est certain quil n'i
point passé sous silence des Œuvres aussi importâmes que le Cherafh
lion et la ChaTTtiic. Nous pouvons donc admettre avec sûreté que ces
deux poimes sont postérieurs i Cligès. Avant Cli^is avaient été écrites,
outre une traduction de l'/lrî dwii/or/a et peut-*tre des Rimdu dtnorîi',
des imitations de deux épisodes des Méumoiphous, celui de Pélops et
celui de Philomile; toutes ces œuvres sont perdues».» Je suis pon^ à
croire que ce sont ta les premiers essais du poète, alors que, jeune clerc
sortant de l'école, il commença i chercher honneur et profit en mettant
en français, pour l'usage des grands seigneurs, ce qui, dans la poésie
latine, convenait le mieux â leurs goûts et à son génie. Les deux romans
bretons qui ont précédé CUgis durent venir ensuite, et Erec, le premier
ouvrage de Chrétien que nous ayons conservé, a été écrit après Tritian,
malheureuscmeni perdu : en effet le poète fait par quatre fois dans Ertt
des allusions à Tristan, qui indiquent qu'il en avait encore la mémoire
remplie >. — Après £r« vint Cligès, après Cligh le Ckeralier de la char-
retiCf et après celui-ci le Chevalier au lion; l'ordre relatif de ces deux
romans n'est pas douteux : le poite renvoie aussi précisément que pos-
sible au premier dans le second •". or le Cheyalier au Uon a été fait proba-
blement avant i [75, comme il ressort du passage où Noradin (c'est
d'ailleurs un singulier anachronisme] est mentionné par Ké comme
vivant :
Après mengier, sanz remuer,
Vait chascuns Noradin tuer |éd. HoUand, v. $94).
Noradin, sultan d'Alep, mourut en 1175 ou 1174», et fiit remplacé
par Saladin^ Ce passage important rejette donc tous les ouvrages de
Chrétien, sauf le Co/tre in Gr>i(i^ avant 1 174 ou \ i-] ^. Kct ter minas ad qutm
I . S'il fjut entendre ainsi ■ les conmandemenE d'Ovide ; > pcit-ètrc n'est-ce
qu'une antre manière de désigner • l'an d'amors. ■
3. Il est possible cR revanche que noui possMîons une inîtition d'Ovide par
Chr«tien non mentionnie ici, le Fifirmii publié par Méon.
j. V. 418 [hà. HaupI) : Pcr voir vos dt ti^lstut la hloadt .Val uat ttt triât
sors tt (aiiaai Que a itiU nt fatt nianz. — v. 11)9 : OnfUts tntor til foit n'ot
Li ou Trittân: U fitr Morhcf En l'isit smt .Sjiwion viutqut. — V. jo66 : Ij ne
jtt pas Yicu: tmblit Nt Braneim [tni] w fiwi] lia mû«. — V. 490^) ; O fm aiti
àamt Uni itie Qià'Vsca: semilaît estu s'anctU.
j). Voy. éd. HoHjnd, v. ^Mi et la noie.
V Et non en 1 161, comme le dit M. Haitjtnd dans sa note sur tt vert.
6. Les manuKrils de Komect de Chaotilli ont remplacé JV^rd^M par SaUJin;
les mss. A et B de HoDaixl ont Ijoraiin : \n scribes ne coniaissaietit plus Nora*
din. La locution qae Chrétien a admise ici sans ea remarquer l'incongniité
remonte évidcmmem à la croiude de Louis VII ; elle cessa forcément quand oi
sut en France la mort de Noradin.
^A«-*r«'
LE COKTE DE LA CHARBRTTE 46;^
cwneipond pour notre roman un terminas a qao. Chrétien l'a écrit pour
• a dame de Champagne, « c'esi-i-dire pour Marie de France, fille de
1 Vfl ei d'Alienor de Poitiers, qui épousa Henri I", comte de Cham-
m 1164'. Chrétien , né à Troycs, était en droit de l'appeler " sa
■ )e reviendrai plus urd sur l'influence et le rôle littéraire de la
weae de Champagne, qui avait fourni au poiïic. d'après son dire, et
le sujet el l'esprit de son œuvre [matière et sen). C'est donc entre 1 164
** 'J7^' * P*" P*^'' "î"* '^ ^'^^^ **' '^ Charrte a été composé. Pour une
'ïison que nous ne connaissons pas. Chrétien n'acheva pas son œuvre ;
Jl diargea un ami, le clerc Codefroi de Lagri, de la terminer, sans
doute d'après des notes qu'il lui laissa, Codefroi s'exprime ainsi en prê-
tant congé du public ;
Seignor, se avant en disoie.
Ce seroit cuire la matire :
Por ce au defîner m'atire.
Ci faut li romanz en travers.
Codefroiz de Laigni U clers
A parfinée la charete.
Mes nus hom blasme ne li mcie
Se sor Cresiiien a ovré,
Car il l'a fet par le bon gré
Cresiiien, qui le commença.
Tant en a fait d^s la en ça
Que Lanceloz fu enmurez :
Tant com li contes est durez,
Tant en a fait ; n'i vout plus mètre
Ne meins pour le conte maumetre».
D'après celte indication, Chrétien a dû s'arrêter au v. 6146 de l'édi-
tion JondcNoet^ bien que cela n'ait pas grande importance, puisque
Codefroi suivait la maure, U conte, comme Chrétien, il est bon de tenir
compte de cette coupure.
Cinq manuscrits seulement de la Charete sont arrivés jusqu'A nous ;
■• Ms. de la B. N. fr. 794, complet, publié par M. Jonckbioet (J) ;
J' B. N. (r. 12^60, complet, publié par Tarbé iT» ; î» Vatican Reg.
173 { iK}. ne commence qu'au v. 8ji de Jonckblovij M. de Keller en a
imprimé de longs morceauji ; 4' ms. de Chanulli ^le ms. bien connu qui
contient Giglain, RigiHntr, etc. ; j'ai pu comparer ce ms. (C) pour quelques
.1. Et non en 1155, comme le dnent Raynouard et Diet [Utier Jie Mijinihtrft,
p. J3\. Elte devint veuve en 1 tSi et mourut en 1 1 98, Jifite d'environ soixante jns.
I. Je donne ce paisJigc d'après U comparatïon des éartions Turbé et Jonckbioet
et do ms. de Rome.
464 G- PARIS
passages : il lui manque le prologue, et il s'arrête au v. }8{ ) J. ; $' ns.
de l'Escorial M-III-2t 'Celui qui contient aussi le Fitrabrat] ; |e n'en
connais que l'existence : la CUareu y compte, d'après M. Knust [Jahr-
buch fur ront. Ltttraluy, IX, 44}, })68 vers i le poème j est donc fort
défectueux. Les deux seuls mss. complets ont éii imprimés. Malheureu-
sement ces deux manuscrits offrent des fautes communes qui montrent
qu'ils appartiennent i une même famille. Un texte critique ne pourra
s'établir que sur la comparaison méthodique des cinq manuscriu : nous
' l'attendons de M. Fûrster.
Voici une analyse du Conie de la Charae; an résumé fidèle fait suffi-
samment ressortir les biurreries, les lacunes, tes incohérences du récit ;
je devrai insister particulièrement sur quelques-unes.
Anu' tient sa cour i Camaalot, un jour d'Ascension, avec la solennité
requise. Arrive un chevalier qui se vante de retenir en captivité beaucoup
de sujets d'Artu, chevaliers et dames, qui ne pourront jamais rentrer dans
leur patrie , cependant si le roi ose confier ta reine Guenièvre i un seul
chevalier qui, l'ay-mt menée dans te bois voisin, la défende contre l'in-
connu et sorte vainqueur du combat, il rendra tous ses prisonniers. Sur
ce il s'éloigne, laissant la cour fort troublée. Ké' le sénéchal, en feignant
de vouloir quitter le service d'AriUj obtient de lui et de ta reine un «iciff;
et ce don est qu'on lui confiera Guenièvre pour la défendre contre l'in-
connu. Arlu est obligé, bien malgré lui, d'y consentir ; la reine, encore
plus affligée, monte sur un palefroi, et ne peut s'empêcher de dire lout
bas, au moment du départ : « Ah ! 1 si vous le saviez, vous ne me lais-
seriez pas emmener ainsi ! ■■ Tous gémissent en les voyant s'éloigner, et
se disent qu'ils ont perdu la reine pour toujours iv. 219I. — Ganrain
reproche à son oncle d'avoir cédé â Ké, et propose au moins de le
suivre; ils partent, Gauvain emmenant deux destriers de rech4nge
(v. Js6}. — Bieniûi ils voient revenir de la forêt le cheval de Ké, sans
caTalier, les arçons pleins de sang, la selle brisée*. Gauvain prend une
1. Telle est la forme attestée par les rimes.
2. Voy. les rimes des v. t6j, 4781, im, \i<i^.
J. Le ms. J porte ici : Ih ! ms, ce qui est «ftaînemeai fautif: Ée ms. Ta:
Ha t ba f, ce qui est au moins admiiiiblc ; je ci'ii pas ncté la leçon de C.
4. C'est ainsi seulement que le poète nous tut connaître ou plutôt deviner ce
çui s'ett passé, l'arrivé de K.è dans le bois, sa rencontre avec le chevalier
inconnu, leur combat, la défaite rt Ii prise du ùnéchil. Otte manière a paru
tjop «llipiique ï un lecteur du XJII' siècle, qui a intercalé ici tout un morccaa,
conserve dans te ms. T. Les v. 211-4 1 *<*"' reropljcès par 1 to vers dan» les-
3uels on rapporte d'abord les plaintes de la reine, puis le cooimI. la blessure
e Kè et la confedion, par les gens de Mélèacuant (il e^t noiBm^ dans ce mor-
ceauj, d'une litière pour emporter le blessé, dét épïscde n'est pas dans C plus
que dans J et a éle également inconnu, comme nous le verront plut tard, de
1 auteur de la rédaction en prose.
LE CONTE DE LA CHARRETTE 46J
piiuk iTincc sur ses compagnons (v. 269)- — U voit arriver, sur un
ckfii épuisé, un chevalier qui lui demande un de ses destriers, et,
l'ayanioblenu, disparaît au galop fv. îooj, — Gauvain s'engage à sa suite
dan le bois, et au bout de quelque temps il trouve^ mort, le destrier
il>rïl avait prêté, et tout alentour les traces d'un combat acharné entre
p(aBear8chevaliers(v. ji j). — Ilcontinuc d'avancer, eiplus loin, sur la
r^e, R rejoint celui à qui il avait prêté son destrier ; il marche i pied.
>»t>l armé, prés d'une charrette qui suit la route. Or
De ce servoit chareie lores '
Dont ii pilori servent ores.
Et en chascune bone vile,
Ou or en a plus de trois mite.
N'en avoit a ccl lans que une».
Et ceEe esioit a ceus comune
(Aussi com Ii pilori sont)
Qui iraison ou murtre font
Et a ceus qui sont champcheu ■
Et as hommes qui ont eu
Autrui avoir par larrccin
Ou tolu par force en chemin :
Qui a forfet estoit repris
S'estoit sur la charete mis
Et menez par totcs les rues,
S'avoii puis lotes lois perdues,
Ne puis n'estoit a cort oiz
Ne enorez ne conjoiz».
Por ce que charete esioii tel
Et û vilaine et si cruel
Fu premier dit ; ■< Quant tu verras
Charete ne enconireras.
Fai crois sor loi et te sovïe^e
De Dé, que maus ne t'en aviegne ». >
t. 1« n'«t pour c« païs.ige que J et T â ma dUposition ; mon texte repoicsur
b cofflparaisoa de «s deui mu., mais ii*a pas la prétention d'être vraiment
criti^e.
j. Inutile de faire remarquer l'tHurdit^ de cette isserlion.
}. Leçon de J ; inchtit dans T. Champiheu, * vaincu en champ, » se retrouve
pJoi loin IV. 417I et au v. 6^03 d'^dia. M. Godefrov aie ce dernirr exemple
Il un autre tir^ n'une charte, nuis il a laissé de cM tes deux de la Chariu.
4. Cet deux vers ne sont va dans T \ lU doivent être authentiques, car il
semble bien qu'il f est lait plus d'une allution par la suite.
(. Je ne trouve nulle part aucune trace de b supentîtion indiquée ici. d'après
taqueile une charrette était de mjU entontre; Cnrêticn ne l'a cependant pas
inKalée ; il n'est pas besoin de dire qu'elle a'i aucun rapport arec notre roman.
jo
Komêniâ, XII
406 c, PâRis
Cette charrette est conduite par un oain, assis sur tes lioKMU. Le dte-
valier inconnu lui demande s'il n'.i ps vu passer la reine ;^e nain refuse
de lui répondre, à moins qu'il ne consente â manier sur la charrette ;
dans ce cas il lut fera voir la reine le lendemain matin.
Tantost a sa voie tenue, j6o
Qu'il ne l'aient ne pas, ne ore.
Tant solemem deus pas demore '
Li chevaliers que il n'i monte » :
Mar le (ist, et mar en ot honte
Que maimenam sus ne sailli, i6j
Qu'il s'en tendra por mal bailli...
Amors le vueut et il i saut,
Que de la honte ne li chaut 17 {
Puis qu'Amor le commande et vueut.
Cauvain suit la charrette à cheval, et refuse d'y monter (v. ^94). —
Ils arrivent  un château ; tout le monde hue le chevalier de la charrette;
le nain le fait descendre et s'en va pour ne plus reparaître * (v. 444). —
Au soir la demoiselle du château conduit dans leur chambre ses deux
hôtes : à câté de leurs lits en esi un troisième, beaucoup plus magnifiiiue,
mais od ils ne doivent pas reposer, sunout celui qui est honni pour avoir
été sur la charrette. Il s'y couche cependant : i minuit une lance, armée
d'un pennon de feu, descend comme la foudre sur le chevalier, mais elle
ne fait que l'é^ratigner légèrement ; il saisit et rejette la lance, éteint le
feu qu'elle avait mis à son lit, et se rendorn (v, ^]2).
Le lendemain, pendant que Cauvain, après la messe, devise à une des _
fenêtres de la tour avec la demoiselle, l'autre rêve seul à la fenêtre voi- ■
sine. Us votent passer dans les prés, au-dessous de la roche à pic que
domine le château, une litière avec un chevalier blessé, puis trois demoi-
selles qui se lamentent, puis une troupe de gens armés, et enfin une d'une
I. Ces deux vers mian^uenl dans J, et l'éditeiir n'indique pas qu'ils sont
dans T. Ils sont cependant fort imporlanls, comme on le verra pir la suite. —
Aa second, T a < un pas; • mais ma correction s'appuie sur le t. 4487, ot
* deus pas * est ég^lemeal dans T et dans i.
1. T nt m., J 1 m.
j. Qui iuit ce naio? comment savait-it le chemin que la reine devait suivre .'
le poète ne nous le dit pas. C'est de lui sans doate que la reine apprit plai tard
l'avenlurc de la charrette (voy< ci dessous, p. 478) ; mais or ne noos explique
pas comment,
j. Cetic aventure du lit périlleux, qui ne sert ici i rien et n'est même remar-
quée par personne, est an ticu commun dei romans bretons. En la racontart,
on en donne cènèralfmenl le sent : la iancc tue tous ceux qui se coocheni dans
le lit, et ne doit épargner que le meilleur difvaiier du monde ; c'est ce qui
devrait être exprimé ici. Gauvain est le héros de l'aventure dans le Perttmt
(v. 90t4 ss. ; traduit dans la Cronr, v. 204; | u.j, dans le Ckailur à t'Epit^
et dans un «ire passage de la Cronr. Je ne parle pas des roauBS en prose.
I
LE CONTE DE LA CHARRETTE 467
i cheval, menie par un grand chevalier. Le chevalier de la charrette
recoanalt la reine, et veut s'élancer par la fendre ; Cauvain le retient
juste à temps. « Vous avM ton de haïr ainsi votre vie. — Il a raison,
dit la demoiselle : après le déshonneur qu'il a encouru en montant sur la
charrette, sa vie ne sera plus que honte et malheur, s Cependant elle
consent d lui donner un cheval et une lance, ei H part avec Gauvain
(V. 590).
Ils rencontrent une demoiselle, à laquelle ils demandent si elle sait où
est allée la reine. Celle-ci déclare qu'elle peut leur donner des renseigne-
ments exacts sur le ravisseur de la reine et le pays où il l'emmène ; pour
les obtetùr Gauvain lui promet fof son pootr, «t l'autre ^aanqa'eU voldra *
(V. 6î4J. — Elle dit alors :
« Par foi, seignor, Meleaguanz,
Uns chevaliers corsuz et granz,
Fib. le roi de Gorre*, l'a prise.
Et si l'a e[ reaume mise 640
Dont nus esîranges ne retome,
Mes par force el pais sejomc
En servitume et en essU. n
Et lors li redemandent cil :
•> Damoisele, ou est ceste terre ? 64 f
Ou porrrons nos la voie querre ? n
Ceie responl : « Tosi le savrez ;
Mes ce sachiez moul i avrcz
Encombriers et félons trespas.
Que de legier n'i entre on pas 6^0
Se par le congié le roi non :
Li rois Bademaguz a non.
Si puei l'en entrer toies voies
Par deus moût périlleuses voies
Et par deus moût félons passages. 6jf
Li uns a non li ponz evagcs,
Por ce que soz evc est li ponz,
SN a de l'eve jusqu'al fonz
Autant desoz comme desus
Ne deçà mdns ne delà plus, 660
Ainz est li ponz tôt droit en mi,
I. On croîriil qae cette double promesse doit ivoir des cont^quencei dans
le récit, d'autant plus (|ue h demotsclic la leur rappelle en les quillam (v. 704) ;
mais il n'en est plus dit un mot.
I. Le ms. T a !t m 4ti Ogrts ; C te roiJtCcirre ; Corn est la bonne leçon.
468 G. PARIS
Et si n'a que pié ei demi
De lé et auiretani d'espès.
Bien fait d refuser test mes.
Et s'est ce li meins perilleus ; 66^
M*s il a asez entre deus'
Aventures dont je me tes.
Li autres ponz est plus malvès
Et est plus perillcus ascz,
N'ainz par homme ne fu pase?,', 670
Qu'il est comme espée trenchanz;
Et por ce treslotes les geru
L'apclent le pont de l'espée. »
Li-dessus les deux compagnons décident de prendre chacun une des
deux voies : Gauvain choisit le pont tvagt ; ils se séparent tous les trois
(v. 7101. — Le chevalier de la charreiie poursuit sa route^ tellement
enfoncé dans sa rCverie qu'il n'enicnd pas un chevalier qui garde un gué
lui défendre de le passer ; il est abattu sans y penser, mais se relève,
vainc son adversaire, et va le luer ; celui-ci demande la vie pour Dieu,
i condition de tenir prison à la requête Je son vainqueur ; mais une
demoiselle qui l'accompagnait obtient de ce vainqueur la remise mtme
de cette condition, en promeliani de lui rendre, à l'occasion, tel service
qu'il souhaitera d'elle* lis se quittent (v. çîo). — Le chevalier de la
charrette rencontre ensuite, à la tombée de la nuit, une demoiselle qui
. lui offre l'hospitalïTé, mais à une condition, c'est qu'il couchera avec elle,
r II y consent, bien que fort peu volontiers. Il livre chez elle un combat
terrible, qu'elle semble avoir fait naître pour l'éprouver*, et. pouraccom*
pltr sa promesse, partage son lit, mais sans la loucbert. Elle a pitié de
\
I, Le m», T aioule ici l« doii «ers : Evii griini tt parfont 'iMgd, Kniom-
britrt tt ftiùiu fûuagttf qui panisient interporés; le second rappdle de trop
prêt le V. 649.
1. C» deux vers sont omis, cenaincntent i tort, par le ns. T.
j. 11 )f a li un passai obscur. T et J lisent : Et Ion 1 et til conmstaatt Par
la parole ^u'tlt ol diu. K (que nous Jivoni pour ce inorceatii ' El Ion ti ot til
connanu. Les trois msi. ont easuite : E[ uU fi a hontt et jdmiiu. Or tU
cruia |J Qa'tle ruiJii, K. Ttl f^aor ji ijiitt la tonaoïsK, Car tit «t Jt tùniKSt pjt.
Il semble, iurltnil i\ on pente i la promesse de la demoiselle, qse cette aven-
ture doive avoir une suite, mais elle n'en a aucune.
^. Reniranl dans l'appartement apris une promenade au jardin, Lancetot
voit un chevalier d'une force eitracrïlinaire aiit a uitt b demoiseile et va lui
faire violence ; il l'en délivre. On ne volt pas oien si ce pirîi iuil réel ou simnli
par elle.
{. Il s soin de ne pas 6ler s> chemise en se couchant (v. 1114), cootranv-
Rient i l'usage du moyen <l^e; ceU indiquait pricisiment la réserve ah il vou-
lait rester. On ccMnpreod moint pourquoi la deniottelie, q^ui s'est couchée la
première, a aussi gardé sa chemise (v. lao}} i qaand dk quitte son compagnon
LE CONTE DS U CKARRETTE 4IS9
hn etse retire seule dans sa chambre ; là clic nlfléchii â cette avfniure,
et it dit que ce chevalier, auquel ne se compare aucun de ceux qu'elle
a connus, a certainement en tite quelque entreprise bien haute et bien
périlleuse ; elle souhaite qu'il y réussisse |v. i28oi.
Le lendemain matin, la demoiselle demande au chevalier de l'escorter,
sï feu le faire d'après les coutumes anciennes du royaume àc Logres :
Les costumes et les franchises
Estncnt tels a cul termine
Que damoisele ne meschine,
Se chevaliers la trovast seule,
Ne plus qu'il se tranchast la gueule
Ne feist se tote enor non,
S'estre volsist de bon renon,
Et s'il l'csforçast, a. loz jorz
En ^st honni/, en totes corz. t ] lO
Mes se ele conduit eust,
Uns autres, si tant li pleust
Qu'a celui bataille en feist
Et par armes la conqueiu,
Sa volent^ en poust faire t u S
Sanz honte et sanz blasme retraire.
Il accepte U proposition, et ils partent ensemble. Ici se place un des
^odes les plus singuliers et les plus caraciérisuques, à un certain point
de vue, de notre poème. Ils arrivent prés d'une fontaine ; sur le ptrion
qui est à ctné on avait oubliiï un pei^^nc d'ivoire doré, dans les dents
duquel était bien restée une demi-poignée des cheveux de celle qui s'en
était servie 11. La demoiselle essaie en vain de détourner le chevalier de
cet endroit ; il voit le peigne, l'admire et le prend pour le donner 1 la
demoiselle, En le voyant tenir le peigne A la main et regarder les che-
veux, elle se met il rire , ei, sur sa demande, lui dit que ce peigne est A
lareioe,
K Et d'une chose me créez, \
Ope li chevel que vos veez
Si beaus, si clers et si luisanz, 141 $
Qui sont remés entre les denz,
Quedel chicf la reine furent,
Onques en autre pré ne crurent. <>
•t De quelle reine ? dit-il. — De la femme du roi Artu. ■ A ce mot,
■I va se coucher seule dans sa chambre, le poète remarque qu'elle est lotat nut
i'>- ij68).
470 c. PARIS
il commence par tomber en défaillance; puis, en donnant le peigne à sa
compagne de nuii, il en relire subtilement les cheveux. Il les adore
comme des reliques ; il le& prise plus que les remëdes les plus rares, et
mCme que les saints les plus puissants ; il ne les donnerait pas pour un
char plein d'émeraudes ou d'escarboucles, ni pour tout l'argcni qu'on
pourrait trouvera Tendit, quand la foire y est dans son plein; il en touche
ses yeux, son front, sa bouche, sa face, et finit par les enfermer dans son
sein ; au reste ils méritaient tant d'honneur, car si on mettait à côté de
ces cheveux de i'or lîpurÉ cent mille fois et autant de fois refondu, il serait
en comparaison plus obscur que la nuit n'est obscure en comparaison du
plus beau jour d'été [v. 1494!. — Ils rencontrent bientôt un chevalier
qui veut ravir la demoiselle et combattre son protecteur : le combat doit
avoir lieu dans une prairie où sont des gens qui caroUni et jouent â divers
jeux. Quand ils voient arriver la demoiselle et son compagnon . ils
s'écrient : « Cessons nos jeux, unt que sera pa_rmi nous CC chevalier qui
fut mené sur la charrette ' ! » Mais ils les reprennent bientôt, en voyant
l'honneur que lui rend le père de celui qui voulait ra^'i^ sa compagne. Ce
père en eîTei empêche absolument son fils de combattre contre l'inconnu,
et consent seulement à le suivre pendant deux jours, pour voir s'il est
tel que le vieillard le suppose (v. iS^S). — - Ils arrivent â un moutïer,
près duquel est un cimeiiâre où sont les tombes destinées aux meilleurs
chevaliers encore vivants, dont les noms sont inscrits sur chacune*. Au
milieu en est une beaucoup plus belle que les autres, couverte d'une lame
que sept hommes forts ne pourraient soulever ; sur la lame on lit :
« Cil qui lèvera r 900
Celé lame seus par son cors
Cetera ceus et celes fors
(^ui sont en la terre en prison
Dont nus ne sers ne gentis hon
N'istra dés qu'il i est îomez, 190J
N'encor n'en est nus retornex ;
U estrange prison 1 tieneni,
Et dl del pais vont et vienent
Et enz et ion a lor plesir. »
1. Comment uvaieiit>ils cette aventore cl comment reconnaiucot-iU le che-
valier?
2. Et s'tvoit Utres ter chaicuiu Qai la nom 4: tau Jmttiuni Qui dtiut: ttt
lonbi! gtrrount: El il mtnm<s loi a tri< Commua hrt la nont a lirr Et Uùta :
1 Cl gttia Cjuvaiat, Ci DcJaut et n tvuns. > Au lieu Atgttrount, K et T , qui
o'ont pas conpris, portent gtsouni, tes deux vers qui suivent iiuiiquenl dins
K ; pour BtJiurt i a Lo«ji,C Uonet, K Amiupi; T altère tout ce pauage ;
El troua ti Çiiart Gaitehier Ci Alojs ti (H CdUliET.
LE CONTl DE U CHARRETTE 47 1
L^ chevalier lève la bme sans difficulté, â la grande admiraiion du
''^^ine qui lui sert de ^uide ci qui, après lui avoir en vain dcrnsnié son
'^^■v, lui apprend que cène lombe est précisément destinée à celui qui
flirrera
Toz ceus qui sont pris a la tr^pe 19^^
El reaumc dont nus n'eschape.
Le p*re et le fits, qui suivaient les voyageurs, arrivent au rooutier peu
^^ria eux, ei apprennent du moine l'aventure de la lame. Le fils com-
prend alors qu'il avait ton de vouloir combatire un lel héros, et s'en
*'ctoume. Bient6t après, la demoiselle prend congé de son compagnon
poor ne plus reparaître Iv. 20101.
Le soir venuj il est hébergé chez un vavasseur, auquel tl apprend qu'il
««duroïaarpedc^Logres île royaume d'Artuj. 1^ vavasseur s'en attriste :
« 9ÔUS allez donc être comniê nous en servitude et en ex!) : tous tes
Amgers qui viennent dans cette terre y sont retenus sans pouvoir en
lonir ; c'est noire son et ce sera le vôtre '. — J'espère en sortir, répond
l'inconnu, et du même coup, d'après la destinée, tous les autres seront
délivrés. H Le vavasseur comprend que son hôte est le chevalier dont un
bniît s'est répandut annonçant qu'il venait pour délivrer la reine ; il lui
décrit l«s difficultés du patiage des pierres, où il va bientûi arriver ; deux
des fils du vavasseur s'offrent à l'accompagner (v. 3iS6j. — Le lendemain
natin, ils le guident en el!ei, et ils franchissent heureusement le passage
des pierres, gardé par un chevalier qui reproche A l'étranger d'être monté
sur la charrette, mais qui est vaincu par lui iv, 12^4). — Bientôt nos
trois voyageurs apprennent que Ees captifs de LogreSj leurs compatriotes,
K sont soulevés contre ceux du pays, excités par la nouvelle qui s'est
répandue de la venue d'un chevalier incomparable. Pour les aider, ils
suivem un sergent ennemi, qui les attife dans une forteresse située sur le
haut d'un tenre ; elle a deux portes (oaianies qui sont ouvertes, mais
dont on laisse retomber l'une après eux quand ils sont entrés, l'autre
après le sergent quand il est sorti >. Ils se croient victimes d'un enchan-
tement ; or le chevalier inconnu
Avoit un anel en son doi
Dont ta pierre tel force avoît
I. 11 y a U UM ÎDCohérence, ou tout au moins une obscurité notable. D'après
ce qui a élf dit plus hiut (v. 6^; is.}, h Irontièrc du royaume de Gorrc est
b nvi^ où sont les deux ponts merveilteuv. et nous sommes loin d'y être
arriTés encore. Plus loin (*oy. p. 47^1 celle r'mtrc n'a pu l'air d'élre i la
hfflile du royaume de Bademagu^ car elle coule devant son propre priais; mais
plus loin encore dlc parait ta laite U frontière (vor. p. 479).
j. Telle est la leçon de K C T: la leçoBdelfv. 3314-jo) tstatiéréeet
iBifllelligible.
472 C- TABIS
Qu'enchamemen?- ne le pooit
Tenir, puis qu'il l'avoit veue ;
L'anet met devant sa vcue, 2 j^o
S'esgarde la pierre et si dît :
u Oame, d^ime, se Deus m'ait.
Or avroie je grant mcîtier
Que vos me venissiez aidier. »
Celé dame une fée esloit, i)4$
Qui l'anel doné li avott,
Si ravoti nom en s'enfance ;
S'avoit en li mom grant fiance
Que cic. en quel Icu que il iusi.
Secotre et aidier li deust. ijjo
Mes il voit bien a son apel
Bt a la pierre de l'anel
Qu'il n'i a point d'enchantement,
Et set ircstot cenaineraeni
Qu'il sont enclos et enserré. 2 j f (
Enfin ils réussissent à couper la barre qui ferme une poterne et vont
aider leurs amis ; le chevalier étranger fait merveilles^ et la victoire étiii
à ceux de Logrcs sans l'arrivée de la nuit (v. 2416). — Tous les chetiji
se disputent à qui hébergera le chevalier qui doit tes délivrer tous; il
demande surtout A ne pas être détourné du plus court chemin, et, aprét
s'être reposé la nuit, il le reprend de bon matin, toujours accompagné
des deuK fils de son hôte précédent ' (v. 2504). — Ils chevauchent toute
la journée sans aventures, et le soir, à l'issue d'une forêt, ils trouvent b
maison d'un chevalier, où ils sont fort bien reçus. Pendant qu'ils soupent,
paraît i la pone un chevalier armé, sur son cheval ; " Qui est. dit-il,
celui d'entre vous qui est assez orgueilleux et fou pour avùr la prétention
de passer le pont de l'épée ? — C'est moi. dit l'éiranger. — Toi ? ni as
donc oublié la honte dont tu t'es couvert en montant sur la charrette?
Je te propose de te faire passer l'eau sans péril, d.ins une nef, à condi-
tion qu'une fois sur l'autre rive je pourrai, u je veux, te trancher la léte. »
Le chevalier de la charrette reliisc, ci un combat s'ensuit. L'insulteur.
vaincu, demande grâce; l'autre consent à l'épargner, mats à une co^
dhion :
V II te covendroit
Sur une charete monter.
A nient porroies conter 3760
Quanque lu dire me savroîes,
Et la Maille interrompae } qu'en adviat-il i on oc nous le dit pas.
tE COKTE DE LA CHARRETTE
S'«n b chareu ne monioies,
For ce que tant foie boche as
Que vilment la me reprochas. »
El li chevaliers li rcspont : 276^
« J.1 Deu ne place que g'i mont ! »
« Non ?» fei cil : CI et vos i roorrex. n
Il Sire, bien fere le porre?.,
Mis por Deu vos quier et demani
Merci : fors que uni seulement 2770
Qu'en charelc monter ne doive.
Nus plei n'est que je n'en reçoive
Fore cestui, tant soit griés ne for^ ;
Mieuz voldroie cslre, ce cuit, morz
Que j'eusse fei cesi meschief. « 177^
Survient une pmele, qui demande au vainqueur un don, et ce don c'est
b tête du vaincu. Il se trouve embarrassa : d'une part il a fait grice,
(l'autre pan il est tenu d'accorder le don qu'il 3 promis. Il prend le parti
d'engager le vaincu à reprendre ses armes et à recommencer le combat,
CI, vainqueur de nouveau, il coupe cette fois la tète de son ennemi et
l'offire à la f»uele, qui en fait grande joie ci lui dit que ce service recevra
iffle riche récompense '. Elle s'éloigne ; les autres reprennent Leur sou-
per, puis se couchent iv. 398:).
Le lendemain malin, le chevalier de la charrette se remet en marche
avec ses deux compagnons , vers le soir ils arrivent au pont de l'épée :
Au pi^ dou pont, qui moui est maus,
Sont descendu de lor chevaus,
Et voient l'eve felenesse,
Rade et bruiant, noire et espesse, joio
Tant lede et uni espoentable
Com se fust li fluns al diable,
El tant périlleuse et parfonde
Qu'il n'est riens nule en tôt le monde
S'ele i cheoit ne fust alée îoi j
Ausi com en ta mer salée *.
El li pon7. qui est en travers
Esioii de toz autres divers,
Qu'ain?. leus ne fu ne ja mes n'ien ;
Ainz ne vt, le nus m'en requien. joio
I . Elle mi m rflct par I3 suite un urand tcrrrcc i Lancetot (voy. pltti laa,
p. 4$jr ; ceii it trouve dam la partie du potaie qui est de Godcfroi.
3. Ces (|uatfe «ers manquent dans T.
0. PARIS
Si mal pont ne si tnale planche :
D'une c%pit forbie et blanche
Eswii li ponz sur l'eve froide ;
Mes l'espée esioit fort et rade
Et avoii deus lances de tonc. 1035
De chascune part oi un ironc
Ou l'espee estoit clou5chi^ ;
U nus ne dot que il i chiéc
Por ce que ele brisi ne ploit :
Si ne semble pas qui la voit jojo
Qu'ele puisse grant fès porter ■ .
~Sur l'autre rive on voit deux lions atiacbés A un perron. Les compa-
gnons du chevalier inconnu le supplient de renoncer 1 son projet : quand
il réussirait à passer le pom. il serait dévoré par les lions. Mais, sans les
écorner, il désarme ses jambes et ses mains, aimant mieux se blesser que
risquer de glisser sur la lame, et il s'avance, s'appupni sur les genoux
et sur les mains :
A grant dolor si com lui sist ; 1 >o
S'en passe outre et a grant destrece ;
Mains et genouz et piez se blece,
Mes tôt le rasoage ei saine
Amors qui le conduit ei maine,
Si li estoit a soffrir douz. j 1 1 }
A mains, a piez et a genouz
Fet tant que de l'autre part vient.
Quant aux lions^ ce n'étaient que des faniAmes, qui disparaissent quand
il regarde son anneau. Ses compagnons, restés sur l'autre rive, se
réjouissent de son succès * |v. j i } 5 ' .
} Non loin de là se trouvait la tour du palais du roi Bademagu ). De la
iFenétre oii ils se trouvaient, le roi et son iib Mèléaguant* avaient vu
chevalier accomplir son périlleux exploit. Bademagu, frappé d'admira-'
; tion, comprend qu'il vient pour délivrer la retne, et conseille à son fils
1. Les ven ;o38-)i sont réduits dans T, par une altération évidente, i ces
deuK : Ja itui ni doal ^ue eit chite ; EU f>ooU grant ps potUr.
2. On n'en entend plus parler; ils retournent am doute iranquiliefnent
chez eux.
j. C'est la lormc du cas-r^ime; vcnr. les nmcs v. JtjS, 6619. Au cas-sa|et
on a Baàims^ui^ ce qui indique sans aouie qoe la (orme primitive du r^ii~
avait on 1 |voy. v. } 14}!. — Lei mu. ont plus souvent Bittdtnutgu, et c'est I
ferme adoptie oar le roman en prose ; mai* on verra plus loin pOBrqiioi Badt-
aaga ne «tnblr prvi'étjbk.
4. Les RI», ont pins ordinairemeal Meh^gaat ; \'icTii Mettaffuat par nue
considération étj'mologiquc ijui sera expliquée plus loin.
LE COHTE DE LA CHARRETTE 47)
ât U rendre uns combat j mais autant le pire était courtois et loyal,
amant le fils était violent, entêté, et même, comme on le verra, perfide.
Jt déclare qu 11 ne rendra Cueniévre que par force. Bademagu dit alors
que le chevalier étranger sera du moins bien accueilli par lui, et n'aura
1 craindre dans son royaume d'autre adversaire que son fits. il descend
de b tour et s'approche de l'étranger, occupé sur la rive à étancher le
sang de ses blessures ; il lui propose de le faire panser avec de t'oigne-
mtat ans trait Maries; mais l'étranger désire combattre sans le moindre
délai contre Méléaguant : il est décidé que U bataille aura lieu le lende-
main matin ; le roi envoie le soir à l'étranger un excellent médecin qui le
panse |v. 34S8).
Au matin le peuple de Gorrc et surtout les captifs du royaume de
Logres se rassemblent, pleins d'attente', devant la tour. Le roi es&aîe
encore en vain de décider son fils & rendre Guenièvre de bon gré ; il va
la prendre dans sa chambre, cl, d'une fenêtre, assiste avec elle au com-
bat. Après quelques péripéties, on s'aperçoit que le chevalier étranger,
dont les mains ne sont pas encore guéries de leurs blessures de la veille,
porte des coups moins assurés ; les captifs tremblent pour leur cham-
pion (v. î6 î î). — A ce moment une puceU de Logres se dit que ce che-
valier n'a pas dû courir tant de périls sans une grave raison, et suppose
qu'il aime la reine et que s'il pouvait savoir qu'elle le regarde il repren-
drait des forces, ^le veut l'en prévenir et pour cela apprendre son nom.
Elle s'approche de la reine et le lui demande : u C'est, dit celle-ci, Lan-
celoi du Lac. « Alors U pitiWt, se penchant à la fenêtre, s'écrie : « l-an-
celoi, retourne-toi et vois qui te regarde I >< Lancelot se tourne et aperçoit
U chose de tout le monde qu'il aime le plus ; mais le résultat n'est pas
celui qu'on attendait : les yeux fichés sur la tour, il ne voit p3us Méléa-
guant et lui lance de temps à autre dernière son dos des coups mal dirigés.
La paceîe lui crie alors de se tourner de faqon i mettre son ennemi entre
la lour et lui. Il le fait, et bientAt Méléaguant est prés d'être outré. Bade-
magu, le voyant perdu, a recours à la reine et lui demande d'empêcher
Lancelot de tuer son fils ; celle-ci dit ; <■ Je veux bien qu'il s'arrête. "
A peine ce mot est-il prononcé que Lancelot cesse de combattre ; il se
serait laissé tuer sans se défendre. Méléaguant, furieux, continue à le
frapper, quand le roi descend de ta tour et fait saisir son fils qui proteste
et dit qu'on a arrêté le combat au moment où il allait être vainqueur.
On convient cependant d'une paix aux conditions suivantes : Méléaguant
[. Chrétien noot dit (*. jji^i que lcs;>ur<'?ridc LoFSreiquiéuient U aviienl,
pour attirer la laveur du ciel sur leur champion, \etoi pendant trois jours.
Ceb n'eit pat trop compréheiuible, puisque ce champion n'était arrivé t]ue la
veille as soir.
470 G. PARIS
rend la reine  Lancclot, qui s'cngai:^, un an jour pour jour après qu'il
en aura été sommé, à livrer à celui-ci un nouveau combat, le<]uel aunJ
lieu â la cour d'Artu jv. jSgS'i.
D'après la coutume de la terre, $i un prisonnier était délivré, tous \et.
autres devenaient libres également ; tous tes captif de Logres vont dor
pouvoir retourner chez eux ; aussi font-ils grande joie et auurent-ill]j
Lancelot de leur reconnaissance. Celui-ci demande à être mené chez
reine. Elle était descendue dans la talU ' , et c'est U que te roi te conduit.
Elle se lève en les voyant approcher, mais ses traits sont empreints dej
courroux, u Dame, lui dit Bademagu, voici Lancelot qui vient voi
voir ; cda doit vous plaire. — A moi f dit-elle. Je n'ai que îain de Id
voir. — Comment ! il a risqué sa vie pour vous et vous a délivrée. — 1
Eh ! I>icn, il a mal employé sa peine, car je ne lui en sais point de gré. »
Lancelot reste confondu ; U hasarde un mot, niais ta reine, sans lui
répondre, entre dans une chambre voisine :
Et Lanccio?. jusqu'à l'entrée ;970
Des ieu7. et del cuer la convoie ;
Mes aus ieuz fù cône la voie,
Que moût estoit la chambre près ;
Et il fussent entré après
Moût voleniiers s'il peust estre. jçtyj
Li cuers qui plus est sire et niestre
Et de plus grant pooir assez
S'en est outre après li piasscz.
Et li ueil sont remés defors,
Plein de lermes, avuec le cors. Î980
Le roi, très surpris de cette manière d'agir, conduit Lancelot aupr
du sénéchal Ké, qui est toujours dans son lit, A la suite des biessur
qu'il a reçues de Méléaguani. Le premier mot de Ké est : < Comme tu
m*as fait honte ! — En quoi ? — En menant à bonne fin ce que je n'ai
pu accomplir. > Le roi sort et les laisse seuls. Ké raconte alors à Lan-
celot qu'il a été près de mourir, que le rot l'a fait parfaitement soigner,
mais que te traître Méléaguant faisait mettre sur ses plaies des ongucnu
empoisonnés, il lui apprend encore que Bademagu a fait garder la reine
avec le plus grand honneur, et n'a jamais permis à Méléaguant de la voir
autrement que devant le monde. >• Maïs est-il vrai, ajoute Ké, qu'elle
vous a si mal reçu ' — C'est vrai, « sauriez-vous me dire pourquoi elle
me hait? — Non, et je m'en émerveille fort. — Ce sera comme elle
voudra, » condut Lancelot. Il va annoncer au roi qu'il compte partir
I , La tatle est U grande pièce de U demeure sctgacuriale, celle qui s«rl i U
réception et aux rcpat, tandis que les tbambrtt itrveal i t'habiiatioB intime.
LE CONTE DE LA CHARRETTE 477
pour aller à h rencontre de Cauvain, qui a dâ arriver au ponr sousl'eau ;
le roi lui donne congé ; une partie des captifs délivrés accompagnent
Lancelot ; les autres restent avec la reine, qui ne veut pas partir avant
de savoir ce qu'est devenu Gauvain (v. 4106) '.
Les gens du pays, qui ne savent pas que la paît est faite, croient faire
plaisir au roi en s'emparant de Lancelot, ce qui leur est facile puisqu'il
est désarmé > : ils lui lient les pieds sur son cheval et le ramènent â la
cour La renommée les y précède et annonce qu'ils l'ont tué. Bademagu
est indigné- Oucnifrvrc, en apprenant cette nouvelle, ne peut cacher son
émotion : m II est juste, dit-elle, que sa mort m'afflige, puisque c'est
, pour moi qu'il est venu en ce pays. » Mais tout bas elle se dit qu'elle ne
mangera nï ne boira plus, s^ est vrai que celul-U soit mon « par la vie
duquel elle vivait, n Elle se retire dans sa chambre et là se reproche sa
cruauté envers lui, « le ne le faisais pas séheusemeni, dit-elle, maïs il t'a
pris ainsi et ne m'a pas pardonné. C'est moi qui lui ai porté le coup
I mortel ; )e dots en ilre punie, te pourrais trouver le repos dans une mort
1 prompte, mats je ne veux pas abréger la souffrance que j'ai méritée. »
I Elle reste ainsi deux jours sans manger ni boire. La nouvelle arrive à
Lancelot qu'elle est morte : il détache sa ceinture, et. en faisant un nccud
coulant autour de son cou. anache l'autre bout à ['arçon de la selle et se
bisse glisser à terre i. On le relève, et on trouve le noeud qui lui serre la
ffitfft ; on le tnmchc> et on garde le prisonnier à vue ; il se désespère de
ne pouvoir mourir, a Si au moins, se dit-il, j'avais su pourquoi ma dame
m'a fait voir de b haine, j'aurais amendé mon tort avant sa mort. Car
j'avais sûrement un tort envers elle ; lequel ? je ne le devine pas. Peut-
étrc^-t-ellc su que j'étais monté sur la charrette. Et cependant, ou je ne
me connais pas en amour, ou elle devrait, loin de m'en blâmer, m'en
'ttrner davantage, puisque par amour j'ai accepté cène honte. » Cepen-
dant arrivent nouvelles que la reine n'est pas monf; Lancelot renaît A
l'espérance, D'autre pan, quand ceux qui te mènent sont arrivés à six
ou sept lieues du séjour de Bademagu, on y apprend que Lancelot n'est
pas tué ; Bademagu le dit à la reine, qui s'en réjouit. Et « nouvelle qui
ne repose » vient lui annoncer qu'ayant appris sa mort à elle il a voulu
se tuer ; elle en est contente, bien que pour rien au monde elle n'eût
voulu qu'il accomplit son dessein v. 44J jj *.
I. U V a i la inite de ce rers, Jini T, une lacune de 82 vers.
1. Cda doit se passer i une trentaine de lieues du ctiiteau, quatre à cinq
jours après le itp»n de Lancdoi.
). Il n'avait donc plus lei pieds attaches 1 son cheval f> On t» nous l'a
pu dit.
^. Il est inutile de laîrr renurauer tout ce qu'il jr a de puiril et de forcé dans
celte double erreur et cette double tentaiive de suicide, Les discours mis dans
[Il bouche de Gumièvrc et de lancelot sont d'une subtilité recherchée et froide
qui contraste singulièreraeiat avec ks résoluiiom tragiques qu'ils prennent
C. PARIS
'c oai le bit Mvnr, el, sans son intercession, il
aaîÊ eux ^ raniem ;irr«t^. Bademagu le mine à
■tew^fcififcien- Ils s'asseyent l'un prés d« Tautre,
mr Lacdot rappelle il sa dame l'accueil qu'elle lui
■. Il M iIibbbIi iIi lui dire le lort qu'il avait eu
Aifimtmier. •rCommem ! dit-elle, n'avez-vous p»x
œ ft — itrr dans la charrette f et n'avez-vous pas
tAkfeÎK^ Vmi y ëies moniÉ â contre-ctnir, puisque vous
^i^ie rcspiKe de deux pas ■ . C'est pour cela que je n'ai
1^ M^te ai vous parler. — Je reconnais mon crime, dit
lift «•■ a ferai telle amende que.voua voudrez. — Je vous
> Mpiai-cfle Lancelot lui dit alors qu'il voudrait bien pou-
kr fÉB à Joisir ; elle lui montre de l'oeil, non du doigt, une
ft aie, et Im dit d'y venir la nuit par le verger. ■> J'y serai
tm i *ODS voulez, mais vous ne pourrez emrer ; d'ailleurs il
: de BOUS réunir dans ma chambre, car le sénéchal Ké j
tmt^^t, a la pone de la tour est fermée et bien gardée. > Lancclôl
^AMHriiTO elle, et ils se quittent (v. 4}}3).
am ^Sn de la nuit, les amants se trouvent à la fenêtre. Les gros
hBonc de Ccr les siéparent, mais Lancelot les arrache par un effon vio-
kÊÊ, « pMire dans l'intérieur. Il gagne le lit de la reine, et passe arec
^k mit dcrace nuit >. sans que le sénéchal qui dort à côté s'éveille. As
^^ i pvt, ei remet si bien en place les barreaux de la fenêtre qu'on ne
jnSs'^icrcevoir qu'ils aient été déplacés. Mais en les arrachant i! s'était
MHif 1 b main, sans s'en apercevoir, et le sang avait taché les draps
éiftde Cueniévre. Celle-ci ne s'en doutait pas et s'était endormie.
mHÊ^mat entre dans sa chambre i, « voit les draps tachés de sang
kmn, fMts, regardant ceux de Ké. il les trouve égaJemem enaan^am^,
pHai4|M la pfaùec du sénéchal s'étaient rouvertes. Il accuse aossïtAi
1 b reine et Ké d'avoir des relations coupables. La reine po
I. Hmâ k toM de ce passage, qu'il but ripprocho (le celui qui t iaà âtà
fÉÏk'iMM.'V. K-o-'.tO ' * Cfimitnitt! Jonl n'tutUt rot kvnu Dt U tkàfat^ ti B
Jï^ft^^ St 9 - - I motUitii, Quant wn dtmoiaiiu Jtai f*i ^ Ptr cr,
tm , -i' '•'^ '^ ■ -"^ottr l' tiguirJer (v. 44S4'89). • Le icitc de T est
i^ .= iM-iw ik i. <)ui en outre dans l'édition ei in.ii ooDCtai.
m pMSa« qui, lous une forme dïHcate. lais» arriner sae pe^
SM'QW 4m»* t *tt »tilt de te citer, pour apprêter le caractère de la poésx
,,, ■•i^^mméam ■ VW >> nt m itui iam a buiJU El itl kiitvtr tt itl mata
_«r «enar, ikt fou el ant mtnr.Uc Td fn'»«fwi aiar se
im: Mktft for: "'f P*' "">' ''°'i 0?'^^ f*^ «r ^«à tOn
jit» MAlt Kt la flat itluakU uU Qu ii cêêHb ammmak
«rtir ■^M<im de Mâétgiiaiit ti'ot goére n la
1% «Mtf wr la imm qae lui inipox soa p^n.
affc et
LE CONTE DE U CHARRETTE 479
mu : « S'il y a du sang à mes draps, dit-elle, c'est qae j'ai saigné du
Mz. ■ El elle pense dire la vérité. Mais Méléaguant, qui ne la croit pas,
va chercher son père. Devant le roi. Guenîèvre et Ké affirmem de nou-
veau leur innocence j Méléaguam persiste â les accuser, et Ké consent,
tout blessé qu'il est, A livrer combat contre lui pour justifier Li reine.
Mais Lancelot, qu'elle a fait prévenir, arrive et prend la cause en mains.
— Les deux adversaires jurent sur les leliqucs et engagent un nouveau
combat ; il a le mime dénouement que le premier : Gueniévrc. à la
prière de Bademagu, intervient encore pour sauver Méléaguant (v. ^044) .
Lancelot se remet alors en chemin pour trouver Gauvain. Une lieue
avant d'arriver au pont sous l'eau, il rencontre un nain qui lui demande
de le suivre en un moût bon lieu, dont il sera bien vite revenu à ses com-
pagnons. Mais il est pris et saisi (v. ^086}. Ce récit est très obscur ou
au moins très écourté, — Ceux qui l'accompagnaient, après l'avoir vai-
nement attendu, poursuivent leur route ; ils arrivent au pont evage, juste
au moment où Gauvain. qui en l« passant était tombé dans l« fleuve,
périr noyé. Ils le tirent de l'eau, et ils lui apprennent les événements.
se rend à la cour avec eux, apportant à la reine la triste nouvelle de la
lispariiion de Lancelot. Le roi le fait chercher par tout son royaume ;
on n'en trouve aucune trace. Gauvain, Ké et les autres s'apprêtent
là se oieitre en armes à S2 recherche, quand un valel arrive et présente
au roi une lettre, dans laquelle Lancelot annonce qu'il est paisiblement
auprès d'Artu, ei que celui-ci mande à ta reine et aux autres de venir X
sa cour le plus tôt possible jv. (iyi) '.— Ils prennent congé de Bade-
magu, et reviennent chez Artu. lÀ tout le monde félidte Gauvain,
croyant que c'est lui qui a délivré la reine. Gauvain refuse ces louanges
et les repone i Lancelot, qu'il croit auprès d'Artu ; quand il apprend
qu'on ne l'a pas vu à la cour, il comprend que la lettre apponée à Bade-
magu était fausse ; l'inquiétude sur le sort de Lancelot est plus grande
que jamais (v. jjjS).
Pendant l'absence de la reine, les dames et les demoiselles du pays,
pour faire diversion à leur souci, avaient résolu de convoquer les cheva-
lieri à un parlement ei à un lournoi. pour juger ceux qui mériteraient
d'être choisis pour amis ou pouY époux ; c'était la dame de Noanr' qui
avait provoqué à cet etfet la dame de Pomelagoi. Le jour du tournoi
approche: on y invile la reine (v. {4141. — La nouvelle s'en répand et
arrive josque dans le pays de Correi, chez le sénéchal de Méléaguant,
I. Cette lettre «t un moyM peu primitif, et qui ne se trouverait pas dans
M récit quelque peu voisin de U forme cdlique originale.
1. Pour la (orme, voy. l» rime in v. ([69, &069.
J. El rtaamt fa upjttdat Dont tmi rUotrut at tvloâ.Mct vrts fBiVonyw J fol»it
Awl tt Ftniru ft /'i];uf IV. ^4ig-i)). La ddivrancc ae Gueniévre avait ditrail
pow toifours l'enchantetiient du pays.
480 G. PARIS
qui éiait le geôlier de Lanceloi, car Méléaguam, qui l'avait (ait prendre
par la trahison ilu nain, le lui avait donné i garder. Lancelot se désole
de n'y pouvoir aller. La femme du sénéchal (sans doute en l'absence de
son marij lui permet de s'y rendre, à condition qu'il regagnera la prison
aussitôt après ; ii le jure, ex part, couvert des armes vermeilles du séné-
chal, que la dame lui a prêtées. Arrivé à Noan?-, Lanceloi, qui prend
parti pour ceux de Noanz, reçoit Thospiialité dans une pauvre maison.
Il a mis (suivant l'usagei son écu à la pone, et se repose sur le lit. Un
héraut, que cet écu inconnu intrigue, entre et reconnaii Lanceloi . Celui-ci
lui défend de le faire connaître. Le héraut promet la discrétion ; mais il
son en criant :
1 Or est venuH qui aunera !
Or est venu2 qui aunera ! » ...
Et sachiez que dit fu lors primes : {570
(' Or est venuz qui aunera ! »
Nosuc meslre en fu li hira
Qui a dire le nos aprist,
Car il premièrement le disi '.
Le tournoi commence ; Lancelot, inconnu, y accomplit de grands
/ exploits. La reine, qui l'a deviné, envoie une puccU lui dire simplement ;
Attpis'! Aussitôt il se comporte du pis qu'il peut, manque ses coups.
I. J a les trois fois fliri l'janera (de m, aoi v. 5617, jéSi H J96}) ; «i
aantra est dans T et en outre dans le ms. du Vatican (voy. le dici. de M. Goae-
froy, au mot juwrl, La leçon de J, qui n>ït donc pas II bonne, se rrtrouve
dans ie romin en prose. — Ce passage est aussi important qu'énigmatique en
quelques pûinlt. il prouve que \e cri : Or ai wati; «jiii ùan<fa'. était souvent
pDitssË. au XII' siècle, dans les tournois, p^r les hérauts qui voulaient actjuèrir
un grand crédit 1 quelque chevalier ; cependant je ne l'ai trouvé mentionné
nulle part. Aunti est pris ici dans un sens ligure que développent les v. s68i-{,
dans lesquels on se moque de la prédiction du héraut : Amis, eut n'aant'a hm
mis ; Tant j aanf c'ùt est bnsiU .Vjuw, qat iMt aoi itt ptoisiir (le second vcn
de ce passag:e. identique dans J cl C, prouve encore que les leçons de J oit on
a l'auntr nciur auoer sont f)utives|. La forme him pour hirjit: est tout à fait
bizarre ; je retrouve haa au su|. plur. dans un autre passage de Clirétien
iChen. au lion, V. 1101 : Aira), et hyrat au suj plur. dins GilUi ttf Chiti
(v. 4607). — Enfin il semble résulter de ce passage que Chrétien était héraut
d'armes. « C'est ce jour-li, dil-il, qu'on cria pour U première (ois : Or est
venu i}ui aunera. Sont en avons pi>ur maître ce héraut, qui noat enseigna i
le dire, car il le dit le premier. ■ Ce mus n'a guère de sens s'il ne s'appliqne
â l'auteur lui-mtme associé auK autres hérauts; il paraît difficile de croire que
ce cri ail été poussé, au temps de Chrétien, par d'autres que les hérauts. Celte
manie d'assigner, dans un trait du récit, une origine i un usage contemporain
est fréquente ait moyen Ige ; nous en avons déjl vu un exemple ; Rabelati s'en
est moqué jvec une verve incomparable.
a. Dans T comme dans J 1a phrase est coupée de même : t Et à li iius a
tant Par mai tôt manit tt fit nu ii Qat au hmu... i Quant ol Foi, etc. Le
LE CONTE DS U CHARRETTE 481
I donne des signes de peur, s'enhiii; tous rient, et te héraut qui avait
' Kinoncé sa victwre est couven de confusion . Le lendemain le tournoi
recofflnence' ; mats on ne voit pas le chevalier aux armes vermeilles
dont U double conduite a unt étonné. Gueniévre, qui n'a plus de doute,
le fait cfacTcher par la même pactle; elle le trouve, et lui dit de la part de
U reine de le faire encore au pis ; mais, renvoyée une seconde fois, elle
lui dit de faire au mieux Ausuiôt il montre une force et une prouesse si
meiteilleuses que tout le monde en est ébahi, et le héraut recommence à
proclamer sa vaillance'. Les demoiselles qui étaient venues pour choisir
un mari disent toutes qu'elles ne veulent que le chevalier aux armes ver-
meilles, et quand, la journée finie, il s'esquive sans qu'on puisse le
retrouver, elles déclarent qu'elles ne se marieront pas de cette année, et
ainsi le >> parlement » se termine sans avoir atteint son but (v. ûoj6).
— Cependant Lancelot est retourné dans sa prison. La dame qui l'avait
laissé aller au tournoi avait cru devoir en prévenir son mari le sénéchal,
lequel, fort inquiet, était allé raconter ta chose à Méléaguant. Celui-ci lui
ordonne, dès que son prisonnier sera revenu, de l'enfermer si solidetoent
qu'il ne puisse plus sortir. Le sénéchal Tait construire une tour sur le
bord de la mer ; on y enferme Lancelot, puis on mure t les partes, ei on
ne laisse d'ouverte qu'une petite fenéire par laquelle on passe â Lancelot
chaque jour, à heure fixe, une maigre pitance ^v. 61461.
Ici 4 se termine la partie du poème écrite par Chrétien. Ce qui suit est
rédigé par Godefroi ; le style est d'ailleurs sensiblement le même. —
UétéagDani, charmé du succès de sa perfidie, se rend à la cour d'Anu
et provoque Lancelot, de ce jour en un an, pour la bataille convenue
enire eux (voyez, ci-dessus, p. 476), On lui dit qu'on n'a pas de nouvelles
de Lancelot, et il est convenu que s'il n'est pas là au jour marqué, c'est
Gaovainqui fera le combat à sa place [v. éiaj). — Méléaguant retourne
chez son père, qu'il trouve fêlant son jour de naissance dans sa ville de
Badei, cl se vante d'avcur inspiré i Lancelot une telle crainte qu'il n'a
poète a TDuIn sans doute indiquer que la soumission de Lancelot était telle
qu'il a'éuil néme pas besoin cj'expriiner l'ordre en entier. Il est au cnfflpiet
plus loin, aa v. jS}4 : Qae tncor au n^aai le iact; mais nous rcUDUvons la
pkrue «Rterronipue au v. ^8^9 : ■ Or roi maruit ma dame, ure^Qut lot U miaiz
fu mt porrtz * El U rctpont, etc.
1. Il y a li nnc énmnération dçs chevaliers qui y prennent part, întércuante
10 dk-mdne, et par la dcsmptîon de leurs armoiries, <)iii semble confirmer la
tuppoiilioo émise plus haut.
2. Gauvain nr prend pas pan au combat ; il loi suffit d'admirer les hauts
faits do chevalier veroieil : il était couvenu que nul dc pouvait vaincre Gauvùn;
d. Rem. X, 471. ,
j. Maur de T est ia boBoe leçon ; J a par erreur hâircr.
4. C'est du moins l'opinion de M. Hollacd, que j'ai adoptée plus haut.
Tardé (ait cesser Chrétien aa v. 6119 : la diflèrence est peu dc chose,
j. I porte BoJc, mais c'est une fantcî voy. plus loin, p. \i2.
« MMumê, XII
482 C. PARIS
pas osé le rencontrer Jt la cour d'Artu. Son père se moque de sa vanité,
et lui dit que Lancelot n'a sârecnent pas peur de lui, mais qu'il est mort oa
prisonnier (v. 6174). — La sœur de Méléaguant, entendant cela, se
promet de le trouver et de le délivrer. Lon($ieinps elle erre au hasard
sins résultai ; mais un jour elle arrive devant la tour et devine qu'elle a
trouvé ce qu'elle cherche. Elle s'approche cl elle entend les plaintes de
Lancelot. Elle l'appelle, il paraît à la fenêtre ; elle lui apprend que c'est
à elle qu'il a donné la tèie du chevalier qu'il avait vaincu en allant au
pont de l'épée [voy. ci-dessus, p. 47?!, et qu'elle veut lui payer ce
service. Bile trouve un pieu < qu'elle passe â Lancdot, qui élargit la
fenêtre et sort par là*. Elle le met sur sa mule, et le mèneà une maison
qu'elle a ; là on soigne Lancelot, que les privations avaient fon affaibli.
Quand il est revenu en bon point, il la remercie, et prend congé d'elle
pour se rendre i la cour d'Artu (v. 6706).
Ce jour même Méléaguant était venu réclamer sa bataille, dont le
terme était échu. Lancelot n'ayant pas reparu, Gauvain se fait armer
pour combattre à sa place, tl va prendre son écu, quand il aperçoit Lan-
celot, qui arrive autant à l'improviste que s'il tombait des nues. Cauvatn
aussi heureux que surpris embrasse son ami. Tout le monde apprend ce
xelour et en fait grande joie, surtout la reine, mais elle ne le montre pu.
Lancelot raconte la trahison dont il a été victime et manifeste l'inteniioo
d'en punir l'auteur. Cauvain le prie de le laisser faire le combat, mats
il refuse, et parait devant Méléaguant, qui ne peut en croire ses yeux.
Le combat a lieu, et après quelques péripéties Lancelot est vainqueur et
tranche la tète de Météaguani :
Li rois et tuit cil qui i sont
Crant }ole en demnncnt et font ;
Lancelot dcsannent adonques 6(^95
Cil qui plus lié ne furent onquei;
Si l'en ont mené a grant joie.
Seignor, se avant en disoie, etc. (voy. d-dessus, p. 463),
Telle est l'tfuvrc de chrétien et de Codefrol. On ne peut contester
qu'elle ne présente une certaine unité : Méléaguant est vainqueur de Ké,
auquel la reine était confiée, et l'emméne dans le royaume de Gorre, oA
languissent déjà beaucoup de sujets d'Artu, qui ne seront délivrés que si
1 . Dnt la leçon de T, qui me piratt préférable i cclU iti : m pu. Ofi,
dans ce désert, se serait-elle procnré un pic?
2. Ce récit nt 1res brel ri peu clair. Lancelot dit qu'une (ois la fenêtre
élargie il pourra descendre à l'aioe de la corde dont il a sert pour monter son
vanger. La fenêtre est donc située au haut de la tour , alors coamenl la
dfnioisclle a>l-elle pu lai tendre te pieu? Au reste, quand il s'ea va, on ne parie
plui (le celle corde.
LB CONTE DE LA CHARRETTE 48}
"ni ÏOfnrae hardi pénètre dans ce royaume par le pont de l'épée ou par
le pont sous Teau et délivre un seul d'entre eux. Cauvain et [.^ncclot se
nmtrat à la poursuite de Méléaguant ; ils se dirigent, le premier vers le
poni sous l'eau, le second vers le pont de l'épée. Uincelot franchit ce
poni,~iîvTe~3 Méiéaguant un combat qui reste indécis et doit être repris
ï h cour d'Artu, mais qui suffit pour délivrer Cuemèvre et les autres
captif. Après divers incidents qui nous font connaître ses relations avec
la reine, il part â la rencontre de Gauvain, mais il est victime d'une ruse
de Méléaguant et enfermé pendant longtemps. Enfin, gr&ce au dévoue-
ment de la srtur de ce perfide ennemi, à laquelle il avait rendu ser\'icc,
il est délivré, arrive à la cour d'Artu le jour même où devait avoir lieu
le second combat, et cette fois, vainqueur sans conteste, tranche la tète
de son ennemi.
Mais, si le plan général du récit est simple et clair, il n'en est pas de
même d'un grjnd nombre des traits dont ce récit se compose. D'abord
plusieurs épisodes sont absolument inutiles : la première partie du romaRf
prise en bloc, n'a aucun lien avec la seconde. La demoiselle au lit péril-
leui, celle qui soumet Lancelot à une si rude épreuve, le chevalier qui
veut la ravir, les gens de Logres soulevés contre ceux de Gorre, tlnconnu
qui reproche à Lanceloi d'être monté sur la charrette apparaissent et
dispanissent sans qu'on comprenne leur raison d'être et d'agir. La char-
rene elle-même est inexpliquée ; qui était ce nain qui la conduisait ?
quel imérét avait-il à contraindre Lancelot i un acte déshonorant?
Comment la reine a-t-elle connu cette aventure ? nous ne l'apprenons
nulle pan. Ce qui est plus singulier encore, c'est l'obscurité qui règne
nr la conduite du héros principal : d'où arrivait-il, sur son cheval essouflé,
quand il rencontre Gauvain et lui emprunte un de ses destriers r II volait
évidemment à ta poursuite de Méiéaguant , mais qui donc l'avait prévenu
de l'enlèvement de la reine ? Plus tard il faut supposer qu'attiré dans le
bois où Ké venait déjà d'être blessé et fait prisonnier, il a soutenu un
combat acharné contre Méléaguani et toute sa troupe, combat dans lequel
il a eu son cheval tué icclui qu'il venait d'emprunter à Gauvain|,etadâ,
contraint par le nombre, laisser s'éloigner ses ennemis, emmenant leur
proie' ; cependant nulle part dans la suite il n'est fait allu&ion i ce corn-
batf et on ne s'explique pas comment Méléaguant et ses gens, qui portent
1. M MxTteiu (p. 6jj, n,| lODiicnt contre P Ptm que \i tnconut de
Caavain ci de Lanciftot i lieu ipth. le combat de celaï-ci contre Mêlcjguaot,
M tl le conclut de l'état où est le ch«val de Ljacelot. Miii let ven ^u il cile
[17]-! I : Scr M fhnai imllMt tl Ut, Ap^nttHMtit tt tratm, noas montrcot ns
cbeval (itîftu^, nais son bleui. C'est plus tard que Gauvain retrouve mort le
4ntrier qu'il avait prêté, el à cAté les traces d'un grand combat.
484 ^- ^'^'^IS
Ké blessé dans une tiiiâre ' , ont pu s'éloigner assez vite pour que Lance-
lot perde complètement leurs traces et soit obligé de monter sur la char-
rette pour reprendre la piste ; cette piste une fois ressaisie, il ta laisse
d'ailleurs s'effacer, ei il s'inquièic non plus du chemin qu'a pris la reine.
mais du moyen de pénétrer dans le royaume de Gorre. Le personnage
de Bademagu n'est pas clair non plus : comment ce roi débonnaire
retient-il prisonniers tous ceux que Lancelot finit par délivrer ? commeni,
ennemi des injustes préieniions de son fils, se bome-i-il i les com-
battre en paroles au lieu de les réduire à néant ^ Comment le royaume
de Gorre est-il rendu accessible à volonté i ceux du pays, tandis qu'il
est inaccessible aux étrangers ? i! y a donc pour les premiers d'autres
entrées que les deux terribles ponts ^r on ne nous les ^ii pas connaître.
J'ai déjà signalé l'incohérence qui régne dans le récit sur les frontières de
ce royaume. !
A CCS obscurités, qui tiennent sans doute en bonne part à Tétai oii il
avait recueilli le conte, Chrétien se plaît à en ajouter d'autres, qui font
partie de sa manière et qui sont destinées à rendre le récit plus piquant.
Le poème est plus qu'au milieu quand nous apprenons pour la première
fois (V. 3i6oj le nom du héros ; les auditeurs du xii' siècle étaient sans
doute jusque-là vivement intrigués : les amours de Lancelot avec Gue-
nièvre n'étaient peut-être pas encore connus, et on disputait sans doute
sur le nom du chevalier de la charrette (le passade, v. 2^4^ ss,, sur la
fée qui l'avait élevé devait éclairer ceux qui avaient déjà entendu l'his-
toire de l'enfance de Lancelot, . Le combat de Ké et celui de Lancelot
contre Méléaguani dans le bois sont indiqués simplement par la fuite du
cheval de l'un, par la rencontre du cheval mon de l'autre. On ne dit pas
clairement si la violence qu'on veut faire à la demoiselle que Lancelot
délivre (voy, p. 468, n. 4I est réelle ou simulée, etc. — Codefroi imite
son maître dans Temploi de ce moyen, un peu pénible, de piquer U
curiosité. Il ne nous dit nullement, au début, pourquoi la soeur de
Méléaguani s'intéresse tant à Lancelot, et ne nous apprend que plus
lard, par elle-même, que c'était elle â qui il avait fait, en allant i Gorre,
le grand plaisir de couper la tête d'un chevalier qu'elle haïssait'.
1. Soit dit en payant, cela contraste singulièrement avec ce qui est raconté
plus tard de MélMguanl, qu'il liiuit empoiioaner les blessures de Ké : pour-
quoi ne l'avait-il pas achevé sur place?
1. Le chevalier aui offre, 1 une si étrange condition iroy. ci-dessus, p. 471),
ji I.ancelot de lui faire passer le fleuve en barque le pouvaii-il rédlemeat r cl
comment cela se conciiie-l-il avec la donnée générale du poème?
;. Ce pissagc a échappé i P. Paris, qui dit {Us Ramans Je U Tthit RenJc,
t. V, p. î)4) qae Codefroi n'explique pas les motîb de la conduite de U saur
de Méléagnaot, et se conienle ic dire : Et sichui bitn fut tt fu tdt Qui r.'ta
pas liit 4 mon imtc ; oa auratl li une preuve palpable de ranlériorité du roBtlo
LE CONTE DE LA CHARRETTE ^85
Pour bien apprécier l'ceuvre des deui poètes français, il faut tâcher de
K rendre compte de h source à laquelle ils ont puisé, de l'état dans
lequel ils ont trouvé le récit et des changemenis qu'ils y ont h'nt ; mais,
mm de nous livrer à cette recherche, il faut résoudre une question préa-
lable : le rapport de leur poème au Conu de la Ckarek en prose qui ^t
partie du grand roman de Laactiot.
»
11. — Le Conie de k Charete en prose.
L'enlèvement de Guenièvre par Héléaguant et sa délivrance par Lan-
celol du Lac sont racontés aussi dans le grand roman en prose de Lan-
uict, qui contient une histoire de ce chevalier depuis sa naissance jus-
qu'à sa mort, et qui, avec le Saint Graal et le Merlin, constitue un grand
cfcle de compositions étroitemeni reliées l'une à l'autre. Le récit en
question, dans le Lanteïot, forme un épisode assez nettement délimité et
nqttel, à l'exemple d'autres critiques, je donne comme au poème le nom
de Coau de la Chartie'. La question du rapport des deux contes de la
charrette, en prose et en vers, mérite d être examinée avec soin : suivant
le sens où on la résoudra, en effet, on devra résoudre la question géné-
rale du rapport des romans en prose aux romans en vers, et notamment
aux poèmes de Chrétien. Si Chrétien a travaillé sur le Lancetoi en prose,
ce Lanulot et subséquemment tes romans du Sai/a Ciaat et de Merlin [et
aussi de Tristan] ont été écrits tels que nous les avons peu après le milieu
du xii* siècle et om dû puiser presque directement aux sources celtiques;
si au conuaire l'auteur du Lanctlot a eu sous les yeux le poème de Chré-
tien, tes romans en prose sont d'une époque sensiblement plus récente,
et, loin d'être plus voisins des récits bretons originaires, ne les ont con-
nus que par rintermédiaire de poèmes composés en France, et qui pui-
saient déjdi eux-mêmes dans des récits de seconde main. Enltn, si Chré-
tien et le Lanuloi dérivent, indépendamment l'un de l'autre, d'une même
source, la date des romans en prose et leur rapport avec b traditioa
bretonne restent indéterminés.
Les trois opinions ont été soutenues. L'abbé de La Rue le premier,
ptns Paulin Paris ont exprimé en générai l'idée que les romans en prose
étaient le* originaux des poèmes et spécialement que Chrétien ava'n tiré
la Chante du Lanuloi. Cette opinion, M. Jonckbloet l'a appuyée de nom-
en pfotf. mit la lc{on du vm en qiieition al : Qa'orémi snuauà ta nUM
uku, et il w r jppone lai t. 6t^] »., oti cène Ktar a été ntsMuabt pour la
prenière lois par Godcfrot.
t. Ce non est étranger an rouan Ifli-même; vojr. ci-dcssoos, p. 497, ■. 2.
^86 0. PARIS
breux arguments', auxquels mon père, dans le t. V de ses Romans de U
TabU Ronde, en a ajouté quelques autres. Ces arguments ont convaincu
la plupart des critiques, entre autres M, Conrad Hofmann, qui en a tiré
les conséquences, et nous a montré Chrétien â l'œuvre, extrayant de
l'interminable Lanctht son élégant et court poème». — D'autre pan,
Valcniin Schmidt, Fauriel, Woîf, Grimm, Gervinus, M. de LaVJUemar-
qué, sans connaître les raisons de M. Jonckbloet et sans en donner eux-
mêmes de bien précises, ont émis l'opinion inverse, à savoir que les
poèmes de Chrétien étaient antérieurs aux romans en prose et leur
avaient servi de modèles. Spécialcmeni pour le Conit de h Charete,
M. Hollandi est porté à se rattacher i cette manière de voir, cl réfute
quelques-uns des arguments de M. Jonckbloet. — Enlin tout récemment
M. Paul Mxriens a minutieusement étudié ia question, et, après avoir
pesé les raisons données pour et contre, s'est décidé pour le troisième
système ei a conclu que le poème de Chrétien et la Chanie en proie
étaient indépendants Tun de l'autre et avaient une source commune^.
Le système de M. Jonckbloet et celui de M. Mxrtens sont les seub
qui aient été soutenus par une argumentation sérieuse. Us sont cepen-
dant, on ne saurait en douter, erronés l'un et l'autre, et il faut leur subs-
tituer définitivement l'opinion qui voit dans la Ckartte en vers la source
de la partie correspondante du Lanceht, Pour l'établir, des arguments
positifs sont â peine nécessaires ; car la postériorité de la prose sur les
vers ftappe tout de suite les yeux qui ne sont pas prévenus. Mais les
1. Lt Romjit lit h Charitttt, par Cuthier Map «t Chrntîra de Troîes,
publié par 1c docteur W. J. A. Jonckbloet. Ka Hajre, tS^o, 10-4**. Je cite
cette publicatron cj« préférence i l'introduction au tatutlot néeruTxUit. "
M- Mxnetis donne exactement les astres indicationi d'auleors qui te sont
occupa de notre sujet ; il est Inutile de les répéter ici.
2, I Le lanulùt ... «t d'une grande importance. C'est lui îeul, fUîqu'i pré-
sent, qui nous pcriiiet d'étudier U manière dont Creslien te comporte avec ses
sources, Il prend un de ce$ grands romans en prose qui, environ une génération
avjcil lui, en Angteierrc, lous l'influence de U cour normande ion sait qu'on
attribue dani l'impulsion qui leur donnj naissance la part principale 1 Henri ll|,
avaient réuni dans plusieurs grands conglomérats une nasse de traditions cel-
tiques \ il en extrait un èpiuMe (ici cHbi du voyage deLancelot sur la charrelte
inuminlei ; il le dépouille de tout ce qui se rapporte h des événements anté-
fteur» ou poslérieurs. il raie une nasse de noms propro, abrège et Wie la
narration prolise et lente, fait passer devant nous le sujet, jn-ec agilité et vie,
dans sa petits vers coulants de huit syllabes d rimes plates, relève ci et U le
récit par des expressions btiibntes et dts traits de m<raf« courtoises, et c'est
ainsi que vient au monde un poémc de Chrétien, c'est-1-dire une œuvre non
de génie, nuis du talent le plus éminent. i
}. Voy. Holland, Citniin von Troia (Tùbingea, iSt4l. p. l|i ss.
A. Zar tjn:eloUagi^ t:ne littrailiitlofiicti Untmtubangen.p. ii7-70fi do
t. V des Romamulu StuJua de M. Btztimer (voy. Rem. X, ]07, 477). La
discussion du rapport de Chrétien au roman en prose forme le § lU Ip. 648-
687). — J'adopte t.i désignation de C pour le potne. R pour te conte en prose.
I
LE CONTE DE U, CHARRETTE 487
deux critiques dont je conteste l'opinion ont apporté à l'appttî de leur
tbèsc des raisonnements qui sont plus ou moins spécieux et qui demandent
à être discutés. Je commencerai par examiner ceux de M. Jonckbloet.
doQt qudques-uns ont déjà été réfutés, avec plus ou moins de bonheur,
par M. Mxnens. On verra que plusieurs d'entre eux reposent sur des
oatemendus.
On peut grouper sous trois chefs les arguments donnés par le savant
critique néerlandais pour établir ramérioriié de R Qa Chante en prose)
sur C (la Ckare'.tt en versj. D'après lui, plusieurs traits du poème, ou ne
s'expliqueni que par des parties antérieures et postérieures du roman en
prose, ou ont été modifiés par Chrétien pour éviter de renvoyer â ces
parties ; en outre, il y a dans le poème des passages qui ne s'expliquent
bien que si l'auteur avait sous les yeux la prose du roman ; enfin ce
roman est, en plusieurs passages, plus clair, plus naturel et plus simple
que le poème, et doit par conséquent être regardé comme plus anden.
J'examinerai successivement ces trois ordres d'arguments.
11 est inconlestabie, d'abord, que « et C présentent, au point de vue
de l'ensemble des récits relatifs à Lancclot, l'aventure de la charrette
dans un jour très différent. Dans Chrétien c'est un épisode parfaitement
complet en soi, dont les origines, il est vrai, sont obscures, mais qui
trouve en lui-même son commencement et sa fin. Dans R au contraire
il est rattaché par mille fils à toute une série d'aventures étrangères. La
cour d'Artu, brillante dans C comme au début de tous les poèmes ipùo-
ififiKJ, est triste dans R, parce qu'on a appris successivement la mon de
Galehaot, le roi des Iles-Lointaines, ancien ennemi d'Artu devenu son
al&é, celte de la dame de Malohnut, l'amie de Cueniévre, et la dis-
pirition de Lancelot, qu'on croit mort aussi. M. Jonckbloet veut que
Chrétien ait supprimé l'indication de cène tristesse pour ne pas embar-
rasser son récit d'allusions au passé ; mais ce personnage de Gulehaut est
étranger à tous les romans de l'ancienne époque, celui de la dame de
Matohaui en est inséparable, et la disparition de Lancelot est liée â la
mort de Galehaul. Galehaut est dlnveniion moderne, et était parfaite-
ment inconnu à Chrétien ; pour le démontrer il me faudrait, il est vrai,
anticiper sur l'étude du roman de Lancelot et de ses éléments ; mais je
pense qu'il suffit de faire, une fois prévenu, attention au caractère de ce
personnage', et de remarquer son absence dans toute la littérature en
vers. — Dans le cimetière où Lancelot, d'après C, trouve tes tombes
oîi reposeront un jour les plus illustres chevaliers et lui-même, il ren-
P. Paris, qui r^rdaît les romans en prose comme antérieurs aux poèmes,
a été cependant, en maînt endroit, ^ppé de ce qu'il y a d'incDosisUnt et de
visiblement n>oderne Jins ce personnage de Galehaut.
4S8 C. PARIS
contre bien autre chose dans R : il soulève la lame qui recouvre la tombe
de Galahaz, fits de Joseph d'Arimathie, et ce Galahaz lui fan toutes sortes
de révélations {sur lesquelles j'aurai i revenir ailleurs'i reladres en partie
au saint graai. M. Jonckbioet voit dans R le récit primitif, et pense que
Cliréiien a emprunté le sien à l'épisode, en effet fon semblable, des
lombes visitées par Lanceloi, dans la première partie du roman, Â la
Douloureuse Garde '. Mais il est certain, et M. Maertens le reconnaît,
que le saint graal est ori^nairement tout i tùt étranger i l'histoire de
Lancclot, Cl par conséquent la forme de cet épisode qui l'y mêle est pos-
térieure à l'autre. Si le prosateur a ici changé le récit du po*me, c*cn
que le roman de Ldnceh! l'avait déjà utilisé une première fois (précisé-
ment dans l'épisode de la Douloureuse Garde), et qu'il n'a pas voulu se
répéter trop liiiéraiement. — J'arrive i un passage qui ju&qu'à préseitt a
été mal compris. Le mauvais accueil que Gueniévre fait i Lancelot quand
il se présente devant elle après avoir combattu Méléaguant est, d'après
M. Jonckbioet, bien mieux motivé dans R, où il s'explique par des évé-
nements antérieurement racontés, et « la compraison de ce passage
dans les deux versions suffirait pour démomrer la priorité du récit en
prose. » En effet dans C, si Guenièvre reçoit aussi mal Lanceiot, a c'est
parce qu'il est monté dans la charrene, ce qui était un déshonneur. Celle
réponse dénoterait chez Guenièvre la plus noire ingratitude, parce que
c'est pour elle que le chevalier a bravé l'opinion du monde ; c'eCiL été
pour elle plutôt une raison d'être fière que de se nwnircr courroucée. Si
Chrétien est réduit à un si pauvre expédient, c'en qu'il ne pouvait pat
donner la vraie raison, parce qu'elle se rattache & une partie antérieure
du roman de Lanceloi. o M. HoUand n'admet pas cette appréciation :
« D'après les idées raffinées de counoisie de notre poète, dh-il. Gue-
nièvre, sans être ingrate, pouvait ne pas pardonner tidlementl Lanceiot
la vilenie de son voyage en charrette, bien qu'il l'eût commise unique-
ment pour elle, ou même à cause de cela, car on était en droit d'exiger
de celui que la reine aimait qu'en aucune circonstance il ne manquJkt aux
convenances extérieures (p. 141). a M. Maertens (p. 668) est du même
avis. Mais, comme on peut le voir plus haut dans mon analyse, l'omis-
sion de deux vers après le v. }6o dans le ms. suivi par M. Jonckbioet et
la busse ponctuation des v. 44S4-7 dans son édition ont altéré le sens de
ce passage. La reine reproche à Lanceiot non pas d'être monté dans la
charrene, mais d'avoir hésité un seul instant à y monter, ce qui est abso-
lument conforme au code de l'amour courtois. — Le tournoi qui est
cause que Lanceiot son passagèrement de sa prison a dans R une autre
origine que dans C (une origine que Chrétien, soit dit en passant, aurait
I. Voy. auui P. Parij, V, 44.
LE CONTS DE LK CHARRETTE 489
iûreroent adoptée s'il l'avait connue, car elle fait disparaître plus d'une
invraisemblance de son récit; ; mais, comme C y mentionne ù dame de
Noanz, M. Jonckbloet en conclut qu'il a connu tout le roman de Lanulot,
car cette dame y figure ailleurs. Les noms des personnages des romans
de la Table Ronde appartiennent i tous les romans, ei, soit que celui-ci
ait élé invenié par Chrétien, soît qu'il lui soit venu de contes antérieurs,
il ne saurait rien prouver'.
Il résulte de cet examen que les raisons alléguées pour prouver que C
a connu les parties antérieures de R sont dénuées de toute valeur. Venons
aux arguments qui ont été donnés pour établir que Chrétien avait sous
tes yeux, pour l'épisode mime qui nous occupe, le texte du roman en
pme. Quand Lanceloi, après sa première victoire sur Méléaguant, se
présente devant K.é, celui-ci, d.in3 la prose, > se liéve encontre lui tant
comme il puet et dit : « Bien veigniez, li sires des chevaliers ! Certes
a moût est hors de) sens qui devant vos enquicrt et emprem chevaleries.
« — Por quoi ? » fei il. — « Por ce que vos achevez ce que ge empris
f comme fous, n Dans le poème on lit :
Quant LanceLoz vint devant lui
Si ti disi au preraerain mot : 400 j
« Com m'as honi ! — Kt je de quoi ? »
Fet Lanceloz. n [)ites !e moi;
Quel honte vos ai je donc fête ?
— Moligrant, queiuasachieftraite 4010
La chose que ge n'i poi trere,
S'as fet ce que ge ne poi fere. »
M. lonckbtoet voit dans ces deux pass.iges de grandes différences. ICé,
dans la prose, est vif, valeureux et magnanime -, Ici, il est représenté
comme brutal, envietu, déloyad et fanfaron ; or, d'après lui, ce change-
ment du caractère du sénéchal s'est produit peu à peu dans les romans,
et le poème présente une conception de ce personnage qui est postérieure
1 celle du roman. M . Holland a répondu ip. 1 40) que le caractère de Ké
a pu être diversement traité par divers auteurs sans que cela implique
un développement chronologique ; M. Msenens ,p. 666] exprime à peu
près la même pensée, et aioute que le Lantdoi présente plus d'une fois
le sénéchal sous un jour peu favorable. .Mais ces deux critiques auraient
dCk remarquer que l'observation de M. Jonckbloet porte ï faux et repose
en partie sur une mauvaise lecture. Dans te passage cité, Ké o^insulie
I. Cr. Hoibnd, p. iai; Mzrtens, p. 671. Ce dernier te irompe en voyint
dans k ». ij68 Vat cth d( Pomtiagpt (on p.-é. avec T Eaftfi uà Je Pomagiai,
cf. PemegUt iua R) l'indicaiion du lieu du loumoi ', nj. ce qui a été dit plus
hiul, p. 479 : ctlt reul dire « celle. *
490 G. PARIS
nutlcmem Lancelot; il ne momre pas u de dépit brutal et d'enrie ; • U
lui dit simplemeni, avec un sentiment d'humilité qui, pour ^re pénible,
n'est pas nécessairement amer envers son rival : « Tu m'as fait bonté,
en accomplissant ce que je n'ai pu mener i bonne fin- » Et la preuve,
C'est que dans les vers comme dans U prose, après ces premières paroles,
les dera chevaliers, pour emprunter les paroles que M. Jonckbloet
applique à la prose seule, i se mettent à deviser comme de vieux amis. »
L'éditeur de la CAjr^u renvoie, il est vrai, aux v. J1B4-; du poème^oi)
on lit dans son texte que ceux qui ramenaient Gauvain, tiré de l'eau, se
rendirent à la cour, où était le roi et Guenièvre (ces vers sont altérés
dans J)
Et Kex avoec, Il seneschax,
Et si eitott si desleax
De traison plein et conblez, {i&j
Qui molt Uidement a troblez
Por Lanceloi loz ces qui vienem.
Ici Ké serait présenté comme un traître qui aumii causé, par sesa^s-
semenis envers Lancelot, un grand chagrin à tous ceux qui i'aimaient.
Jamais Chrétien n'a représenté le sénéchal sous ces traits odieux ; on ne
voit pas d'ailleurs à quoi se rapporterait cette allusion, et enfin la phrase
boite évidemment. La leçon de T nous tire d'afTaire : ce ms. Ut au
V. j 1 84 : Si i estMi U itslaidox, et, sans son secours^ on pouvait corri-
ger : El s'i fitoit U deileaus ; il s'agit non de Ké, mais de Méléaguant.
Au reste, si l'un des deux textes est plus sévère pour le sénéchal que
l'autre, c'est la prose, et de beaucoup : quand Méléaguant croit avoir
convaincu la reine de relations coupables avec Ké, il ne dit rien, dans
Cliréiien, d'outrageant pour celui-ci, et s'étonne même qu'un chevalier
de son prix (v. 4SS6) ait commis un pareil acte contre l'honneur de son
seigneur ; Bademagu déclare que Ké est trop loyal et trop courtois
(v. 4S40) pour être soupçonné. Dans R au contraire Méléaguant reproche
A la reine de trahir son époux, qui est le meilleur chevalier du monde,
pour le plus mauvais qui y soit : « si en est grans la desleauté de tel
« dame corn l'en vos lesmoine, quant vos honîssiez le plus prodome dou
« monde dou plus roalveis (p. 41). » On ne trouvera rien de pareil dans
Chrétien. — « La descripUon du tournoi de Pomeglai nous donne une
nouvelle preuve, dit M. Jonckbloet, que le conte en vers a pour base le
roman en prose. Lancelot. en se rendant Ji cette assemblée, reçoit les
armes itrm&iites du sénéchal de Méléaguant (v. ;499)> ^^ plus tard
(v. 6026) il est désigné comme
Cil qui pone l'escu verraoîl.
D'où vient que (v, ^gp) le poète l'appelle le chcralier
As armes de sinople taintes ?
CONTE Dt LA CHARRETTE 49 1
C'est qu'il oublie pour un moment la couleur des armes qu'il lui a prê-
tées, en feunt les yeux sur le récit en prose où il trouve que son héros
« porte cscu de sînople, laint a trois escueles d'argent » 'pag. jo]. »
M. Hoibnd dit lâ-dessus ip. 143) : » Si Lancelot est désigné {v. 6026]
comme a/ ^tu paru l'ttcu yermoil, au v. J9$7 au contraire comme le
chevalier as armes de sinoplt tuintti, on peut l'expliquer par une négli-
gence du poète ; mais il n'y a sans doute pas h la preuve qu'il ait eu
pour modèle le roman en prose. » La négligence, il faut l'avouer, serait
for! singulière, d'autant plus que les armes vermeilles de Lancetot sont
mentionnées dans six passages (voy. Mxriens, p. 672) ei ont une grande
importance dans le récit. Aussi M. Mxrtens propose-i-il d'admettre que
J'ècu vermeil avût une marque que désignerait l'expression teinus de
siaopU. L'explication est bien plus simple : sinoplt, qui, dans la
tangue aauelle du blason, au moins depuis le xv* siècle [voy. Liitré],
ûgnilie la couleur verte, était autrefois le nom de la couleur rouge, et
c'est d'ailleurs le seul sens conforme à l'étymologie: Sîitopis, Sinopica en
1, comme ïtvwTri;, otvwrtu^ en grec, désigne l'ocre rouge de fer,
l'on apportait de Sinope '. En français les exemples ne sont pas rares.
Dans Fergus (v. ^40) on lit : Li kaubers aïoil si vemaus... Mais ce n'iert
mit de sinoplt Si de htsil. Dans le Bel Desconea, v. 1 69R : Roses vermeites
1 ayoit, Dt sinopk Us roses sont (add. v. 304J). Dans Joufroi, v. 899 ;
le comte commande Un <scu a tinopU peindre.. . Vermeilles fiti ses conoit'
tances Et son heume tt son actt. Dans le Ménestrel de Reims (g 1 26), on
ïoii le roi d'tupagnc portant son écu qui estait poinz de sinoplt & trois
chdsvaas d'or qnî senefient tja'U esi rois de CasteU, et on sait que les armes
de Castlllc sont de gueules à un châieau d'or à trois tours'. Il n'y a donc
aucune contradiction dans Chrétien, et la prose et les vers disent la
même chose.
Le ttoisième ordre d'arguments de M. Jonckbloet a été l'objet, de la
part de M. Mxncns, d'une objection générale fon judicieuse, et qui suf-
fit i le réfuter. Si, dans plusieurs passages, dii-il à peu près, le récit en
prose est plus clair et plus vraisemblable que le récit en vers, et si Chré-
tien a eu sous les yeux le récit en prose, il a donc rendu obscur ce qui
était clair, invraisemblable ce qui était vraisemblable ? C'est ce que
n'admettra aucun critique, pour peu qu'il ait quelque connaissance des
autres œuvres de Chrétien. La preuve alléguée par M. Jonckbloet se
I. On peut voir li-detsus h savante note <lc Du Cangc, dans ses DitierUtioat
nr t'Hutoin de saint Leuit, p, 7; mais il s'est mépris m croyant que mofle
ta Uuon avait toDJoors voulu dire nrl. Ce seni parait venir des petletcnei
vcnes ipponè» de Sinope.
]- Le moy. h. ail. sinoptl ou sinopr/ a le même sens : Si» scktlt «ta
Von liBOfil rot goiuoc {Unula, V. 44Ï9).
492 G. PARIS
retourne donc comre lui : Chrétien n'a pas dû giter le rédi en prose
pour le metire en vers. J'ajouierai, ce que ne fait pas M. Mxnens^ qu'il
est au contraire très naturel que l'auteur du roman en prose ait éctairci
ceriaines obscurités dans le récit qu'il suivait, ait exposé cenains traits
plus simplement, ail comblé des lacunes et corrigé des invraisemblances.
Il est inutile de reprendre après les deux critiques l'examen des diver-
gences de ce genre, dom la constatation les aminé i des conclusions
opposées. Je toucherai seulement quelques points qui appellent une expli-
cation autre que celle qu'ils ont reçue. Tandis que dans C le combat de
Ké contre Méléaguant n'est pas raconté, mais que te poète le fait seule-
ment deviner en nous montrant le cheval de Ké qui revient sanglant et
sans cavalier, H raconte ce combat. C'est assurément plus simple ; mais
la preuve que ce n'est pâs pour cela plus ancien, c'est que le ms. T
du poème, également choqué du procédé elliptique de Chrétien, a, tout
comme R ', inséré U un récit du combat de Ké (voy. ci-dessus, p. 464,
n. 4). — D'après C, le roi Bademagu assiste au second entretien de
Lanceloi avec Guenièvre (v. 44sâ-9^, ci cependant les paroles qu'ils
échangent (v. 4471 ss.) ne peuvent être dites devant un tiers. La prose
est bien supérieure, qui dit : Ma U rois qai moût estait... coanois n'i fu
guerei, aim ditt (ju'il vieil yooir cornent KexU fct. Maison n'a pas remarqué
que Lanceloi, dans C, parle i la reinej conttU, c'est-i-dire <> tout bas, »
et s'ils avaient été seuls tous deux, il ne lui aurait pas dit (v. 4J02-;) :
« Je ne rospuismieâ Totdire tjaanifue ge voldnie'. n — Quand GauTJÛn
ramène ta reine â son époux, dans C tout le monde croit que c'est lui
qui l'a délivrée ; on l'acclame, et il faut qu'il déclare que c'est Lancelot
qui en a eu l'honneur j dans R au contraire le roi demande tout de suttt
à Gauvain des nouvelles de Lancelot. Le récit de R est-il « plus simple f >
H est tout naturel que le roi, qui a vu partir Cauvain à la poursuite de
Méléaguant et qui ne sait pas que Lancelot s'y est mêlé, attribue au pre-
mier la délivrance de sa femme. — Les réflexions de M. Mxrtens
(p. 6f 8 s.j sur les prétendues invraisemblances du récit de Godetroi de
Lagni dans l'épisode du combat final ne sont nullement fondées : il est
particulièrement inexaa de dire que les chevaliers ne devaient jamaîs
voyager sans être armés ; Lancelot va sans armes, par deux fois,
la prose comme dans les vers, à la recherche de Cauvain.
Chrétien n'a donc pas travaillé sur le roman en prose ; c'est le mérite
de M. Msertens d'avoir déjà mis ce fait hors de doute. Il ajoute avec
1. On ponmit croire que ce ms. a empTunté te récit de ce combat i /t.maii
il n'en est rien, et R a'a pas davantige puisé dans T; les denr téciU sont trop
diitembUbles.
2. De mîme c'est i cause de la présence du roi que Gucoiévre lui montre ta
ituHit de l'œil et non du doigt (ci-dessus, p. 478).
LE COKTE DE LA CHARRETTE 49;
tonte raison (p. 674) que, si R était la source de C, on ne comprendrait
pas pourquoi C aurait bissé de c6té tout ce qui dans R s« rapporte au
saint graal : « Chrétien a lui-môme traité la légende du graal dans un
autre poème' ; d'ailleurs l'unité du récit de la Charité n'auraii pas souf-
fert s'il y avait admis les passages du conte en prose relatifs à ce sujet.
Cependant C ne dit pjs un mot du graul, d'où on peut conclure qu'il
n'en était rien dit dans sa source : nouvelle et plus fone preuve que la
«urce de C est plus ancienne que fi. » Enfin il est bien difficile d'ad-
mettre, dit encore le critique allemand (et je suis tout à fait de son avis),
que la rédaction de R puisse remonter A une époque antérieure à celle où
Chrétien écrivit son poème-
U parait dès lors tout naturel de conclure que R dérive de C ; mais
I. Maenens se refuse à cette conclusion. Les raisons qu'il donne (p. 67 j)
sont si faibles qu'on s'étonne qu'elles aient persuadé un critique qui en
ygénéral fait preuve d'un fort bon jugement. La rédaaion de R est en
plusieurs endroits plus claire et meilleure que celle de C ; or le roman en
prose aime en générât à amplifier et à répéter : on ne peut donc croire
qu'il ait ici amélioré ; — H dit^âre souvent de C sans qu'on puisse lou-
joun indiquer pourquoi il aurait pratiqué un changement ; — K ne parle
pas de l'aventure du château enchanté l'v. 2]i2 ss.), et cependant te
roman en général aime les récits d'enchamcmeTit» ; — il omet le pas-
sage où C raconte que Bademagu envoie par tout son royaume des mes-
sagers en quête de Lancelot. et le roman en général abonde en récits de
« quêtes, » et n'aurait donc pas omis celle-là» ; — C raconte que Lan-
celot, dans le château où le mena la charrette, entendit la messe le malin
(v, {j{ ss.), et, si R avait eu ce texte sous les yeux, il n'aurait pas sup-
primé ce détail, car en général il n'est pas chiche de messes* ; — enfin
R n'aurait pas né^igé les deux passages (v. 181 {, 31 11] où on reproche
Lancelot d*étre monté sur la charrette. A ces considérations tirées du
>Rd du récit, et qu'il est inutile de discuter, M. Mœrtens en ajoute de
plus singulières tirées de ta forme : a 11 serait surprenant qu'on ne trou-
1. Chrétien ne composa sod Contt da grsal que quelfcnes anitèts après la
Clufae ; quand il écrivit ce roman, il est probable qu'il o'avaii lamais eateodu
parler du graâl destiné i devenir si célèbre.
2. Mali prtciiéoicnt dans C il est dit que dans ce chSteau il n'y avait pis
d'enchamement ; celte aventure est peu intérCKHote, et clic n'efl pis la seule
ne H ait omise.
I. Mail c'eU juttenieni parce que R abonde en longs récits de 1 quêtes ■
Up il pouvait oigliger celle-td, qui n'offre aucun iolérèt et est racootie ca
toi vers.
^. Tout ce pauage est 1res changé dans /ï, le prosateur ayant amélioré le
récit en faujnt éveiller Lancelot par le nain qui lui a promis de lui taire voir I)
"Hne ; le nain l'évcâlant et le passage du cortège ayant lien au point du )uur,
messe a Daturelleoient disparu.
494 G. PABIS
vit dans R aucune irace des mérites litiéraîres qui distinguent C, à H
provenait de C. Or nous cherchons vainement dans R un passage où te
romancier sorte personnellement du rédi pour se livrer à des rédexioas
sur le sujet, tandis que Chrétien aime i l'ocusion à quitter le ton narratif
pour prendre le ton didactique... C nous offre en outre un proverbe
\v. 141-44 ') qui n'e$t pas dans R. Il affectionne les comparaisons, dont
R présente très peu d'exemples... Il anime son sujet par de brilUntes
descriptions..- et il traite le dialogue d'une façon vraiment ma^sirale.
Or beaucoup de ces descripiioiu ne se retrouvent pas dans R,.. et dans
le maniement du dialogue on ne remarque pas dinfluence de C sur R. »
Il est trop clair que toutes ces différences tiennent â ta façon d'écrire cl
de composer des deux auteurs, ei ne prouvent nullemeni que le prosa-
teur n'ait pas eu sous les yeux, pour le remanier à sa fa^n, le récit du
poète.
Appuyé sur ces arguments qui n'en sont pas, M. Mxriens eidmet pour
R et pour C une source commune qu'il appelle û ; d^ns les pauages où
R est meilleur et plus simple que C, on doit supposer que 0 était confome
à R : or C n'ayant pas dû gâter son modèle, il faut admettre entre 0 et C
un intermédiaire, c, qui doit être responsable de toutes les lacunes et
imperfections qu'on remarque dans C ; entre 0 et /ï il a dû y avoir plu-
sieurs intermédiaires. — Tout cela ne mérite pas qu'on s*y arrête ; mais
il est utile de répondre i ce qui suit. M. Ma^riens veut prouver que 0
contenait plus que C, <t ce qui ressort non seulement de R, mais de C
même. » Méléaguant parle de gens de Logres qu'il retient prisonmas
dans son royaume : si le poète n'explique pas mieux cette circonstance,
c*esi que ses auditeurs savaient par un autre ouvrage comment et pour-
quoi Méléaguant avait fait ces prisonniers; or cet ouvrage devait être 0.
Il est singulier qu'un auteur qui refait un ancien poème y laisse de c6ti
certaines parties qu'il suppose ensuite connues de son public. Mail que
nous importe et qu'importait il Chrétien l'histoire de ces prijonniers i le
fait seul de leur captivité est intéressant, etsuffîsaitauxauditeursduxii*!.
comme aux lecteurs du xix'. L'aventure du chevalier du gué (voy. p. 468)
et la tentative de la demoiselle pour détourner L>ancelot de son chemin, qui
sont dans C mais non dans R, se retrouvent dans des parties antérieures
du Lanceloi en prose ; or Chrétien n'a pas connu ce roman et n'a pu y puiser
ces récits : donc ils étaient dans 0, et le roman en prose les a traosponés
dans un autre endroit. Mais il est fort naturel d'admettre que l'auteur du
Lanctiot les a pris dans C. — L'aventure du cimetière, telle qu'elle est
dans C, se retrouve ailleurs dans le roman en prose, tandis que dans
> . Ce n'est p» no prorerbe : c'est la renurque citée plus haut sur la ligni-
fication mihnnnirtast de U charrttte.
LE CONTE DE U CHARRETTE 49$
notre épisode le roman la remplace par une autre : o racontait donc
comme C, et R a changé. J'ai dé(à dit que le Lanceloi avait empninié
cette aventure 1 C et l'avait Insérée ailleurs, Â cause de quoi il l'a rem-
placée id par une autre, rattachée au saint graal ■. — Les vers de C sur
U dame qui avait donné à Lancclot son anneau : CeU dantt am fée estoil
Qai ranel doné U avoit Et « U nom tn t'eafauct, prouvent que Chrétien
trouvait dans o l'histoire de la jeunesse de son héros. Ils prouvent sim-
plement que Chrétien, ainsi que son public, connaissait l'histoire de la
dame du lac qui éleva le jeune Lanceloi, comme elle est racontée dans
le LanzeUt d'Ulrich et ailleurs. — Quelques personnages mentionnés
dans C jouent un rile dans d'autres parties de R ; leur histoire devait
donc figurer dans o, oii Chrétien a pris leurs noms. Mais ces noms appar*
tiennent à l'ensemble des romans bretons, et c'est dans les poèmes de
Chrétien, comme nous le verrons, que les romans en prose les ont pris,
souvent pour les défigurer. — D'après toutes ces remarques, M. M^er-
tens coikIui que le prétendu o a racontait la jeunesse de Lancelot, sa
première entrevue avec Cueniévrc, ses premiers exploits, ses amours
avec la rane et sa liaison avec Galehaut, ainsi que les événements sui-
vants jusqu'l la mort de Galehaut... Puis venait le conte de la charrette,
et il est probable qu'on trouvait ensuite (à en juger d'après H) d'autres
événements donl Lanceloi était le héros. La fin de o était sans doute )a
rec<mquéle du royaume de Benoic (royaume du père de Lancelot) par
les chevaliers de la Table Konde, et le couronnement de Lancelot... Le
UitzeUt d'Ulrich finit aussi par la restauration de Lancelot sur le trftne
qui avait été celui de son père. » Tout cela est absolument erroné. Il n'a
jamais existé, aniérieu renient à Chrétien, d'ouvrage qui ail ressemblé i
celui que M. Mxrtens prétend restituer. Galehaut, comme je l'ai déjà dit,
est un personnage inconnu i la deuxième comme à la première époque
des poèmes de la Table Ronde, et est le produit de l'invention de l'auteur
du Lanceioien prose. Nous verrons tout à l'heure ce qu'il faut penser de
U source de Chrétien ; mais rien ne nous empêche d'admettre que le
conte de la charrette, dans le roman en prose, ait été hh directement
sur son poème, et tout concourt, au contraire, à nous le persuader.
M. Martens en a donné la meilleure preuve en montrant (p. 677 sa.)
qo'un grand nombre de vers du poème de Chrétien se retrouvent textuel-
lement, avec le mot qui leur sert de rime, dans le récit en prose. Toutes
les fois que nous trouvons un rapport de ce genre entre une version
I . iputile Je tiitcuter li'autm raporochemenu du même genre que fait l'au-
teur. Certains épitodes de C ressemblent i des récits qui se trouvent ailletirs
dins te LaïKcht; donc C et LMictlel ont puisé itas 0 ; maïs il n'y a aocuae
rabon de ne pis admettre que Laatthta ptii^é dans C.
i. M. Maertens écrit tou|ours, je le sais pourquoi, Ginnra.
4J)£ ^ G. PARIS
linfie et une version prosaïque d'un même récit, nous pouvons être sCtrs
que la secondeprovientdela première. Un poète qui travaille sur un texte
en prose ne s'astreint jamais, particulièrement i la rime, A en conserver
les expressions, surtout à en garder des phrases entières ; il le voudrait
qu'il ne le pourrait pas. Au contraire, un écrivain qui dirime des vert en
conserve presque toujours d'entiers en se contentant, pour les faire entrer
dans son contexte, d'ajouter quelque syllabe, de déplacer quelque mot,
ou simplement de détruire la rime iumelle. Je ne citerai ici qu'un petit
nombre des exemples les plus saillants qu'en a relevés M. Maenens en
comparant R avec C. Il est probable qu'on en trouverait plus encore si,,
au lieu de comparer C avec le texte d'un seul manuscrit, publié par
M. Jonckbloci, on le rapprochait d'une édition critique du conte de la
charrette en prose.
67 Etvienijusqu'al'uisdelasale
lij Et ainz l'en cheez vos as piez
)47 Et voit un nain sortes limons
IJ91 Vos en menrai veani ses iauz
180a Sivronsmoîettoi.setuviaus,
Le chevalier hui et demain
21 go Tantûst com lejorveoir pot
274 î Que a merci venir l'estuel
jiîG Le sanc jus de ses plaies tert
]942 Dame, veez ci Lancelot,
Fct li rois.
(8(9 Et lors comencent a huier
6i4t Si li donoit l'en a mander.
et va jusqu'à l'uis de la sale
et ainçois li chaoiz aus pîez
et voit sor les limons un nain
et ge vos en merrai voiant ses îauE
si irons après le chevalier hui cl
demain
si tost comme il pot le jor vooîr
que a merci l'cstuet venir
il lert le sanc jus de ses plaies
Dame, fei li rois, veez d Lancdot
si le comencent a huîer
u li portoit l'en a mangier.
M. Maertens n'a pas étendu ces rapprochements à la partie du poème
qui est de Codcfroi de Lagni ; ils y sont plus rares, mais ils n'y font pas
défaut. En voici quelques-uns :
6494 tJ'eust destor ne repostaille
Ou je ne vos eusse quts...
Se je en prison vos seusse,
Ainz que trové ne vos eusse
6{6j Quant sa veue a mise fors
Si com il puet
701 ( Si s'entrefierent maintenant
Es escuz [cous
7027 Andui s'entrefierent granz
Sor lesescuzqu'ilont aus cous
Et sor les hiauroes.
sevosfiissîez autres en prison com-
me ge sui... il ne remanstst tor ne
forteresce... ou ge ne vos queisse
tant que ge vos trovasse
et met sa teste hors tant comme il
puet
si s'entredonent granz cops sor les
escuz
sis'entredonenlgranscopsetpcsanz
parmi les heaumes et parrat les
escuz.
tE COWTE Dï LA CHARRETTE
497
Pour expliquer ces coïncidences autrement que par un emprunt direct
de R A C, il faudrait admettre que l'original commun oîi auraient puisé
la deux rédactions était un poème en vers de huit syllabes, dont un
grand nombre étaient absolument identiques à ceux de Chrétien ei de
Codefroi. Or c'est là, évidemment, une supposition absurde ; car si
Chréden avait connu un poème semblable, il ne se serait pas amusé l le
récrire, ou s'il l'avait récrit, il n'en aurait pas conservé tant de vers
iniacTS (disons-en auunt de Codefroi ')• ^^ preuve est donc faite, et il
cti établi que l'épisode de l'enlèvemeni de Gueniévre, dans le La.ncelot en
prose, a été écrit d'après le Conte dt la Chante de Chrétien de Troyes et
Codefroi de Lagnî>.
C'est là un résultat fon imponant, a qui servira souvent de point
d'appui & nos raisonnements dans nos recherches ultérieures sur l'histoire
des romans de ta Table Ronde. Sauf le TristAit, que je laisse de ctué
provisoirement, et les poèmes de Robert de Boron, reconnus par tous les
cntiques compétents comme sources des rédactions en prose correspon-
dantes, il n'y a pas, dans tous ces romans, un cas où nous puissions
comparer, comme ici, l'original et l'imitation. Mais ce cas est capital.
Du moment que l'auteur du Ltnubi a imité Chrétien de Troyes, il n'a
pas écrit avant 1 170, et il doit sans doute avoir écrit sensiblement plus
Urd ; tout ce qui, dans son récit, est étranger au poème qu'il suivait doit
être considéré comme ajouté par lui, soit d'après d'autres poèmes, soit
d'après sa propre imagination, en sorte que son œuvre apparaît comme
un grand travail à ta fois de compilation et d'invention. Ce qui est vrai
du Linulût le sera bien probablement du Satnl Graal et du JVer/m, dont
niras avons d'ailleurs, au moins en partie, les sources dans les poèmes
de Robert de Boron. C'est en etfet la conclusion que nos études conlir-
^
1. M. Hxrleni (p. 686) ne recule pas devant cette convïqttence de son lys-
.lèine. Il croit nène retrouver dais R des paires de vers qui ont bien pu exister
tels quels dans 0. Les deux premiers ciemplcs qu'il en oordc [Dnani li ni, et
dil : Ttiït;, ji«, «on gage^ eae ziii pn: ; — à t'en ut de Camaaiat, vert la
faitst s'tn M trtstot) sont malheureux : Itnii ne rime pas avec uit ^ pnat
{ea outre il y a ^at gc sai prt:-. ni Camaalôt avec Ircilàl id'aîfleurt le texte
porte : « l'tn ia Je Camaahi et i m va ttuioi ton pat rtn ta Jonitt. Les autres
SDDt hnignifiants ou ne s'obtienoent qu'en modifiant le levte.
2. Le prosateur semble tui-nène citer u source quand il dit, en pariant de
Goeoievre ip. {9! : « Car ce dit li contes qu'ele fu deus |ors et deui nuiz sanx
boivrc et sanx mangier. • Cela se rapporte i ces vers (414^-6) : La him tu tel
ia:l litat Otui ton que ne mjnin ne tel. Le renvoi est peul4tte plus clair
encore dans l'introduction, où on rapporte que Laocelol * vint i àrtiie hore de
midi a Camaalot en la place ou Kn li seneschaus (u abatuz el navrez por la
reine qu'il conduisoit, si comme /i ania Je la tbartte le devise. > On ne voit
Dulk part que l'auteur de Laïutlol divise son ouvrage en t cootes • ; quanJ il
cite aiofi des ■ conte» >, ce sool toujours des récits étrangeri et non des par-
ties du ronan. C'est ce qui fait qn'on ne peut lut attribuer la désignation de
toalt de la charclt donnjc à cet épisode de soa livre.
HtmaaiOt XII
Î2
498 c. PARIS
menim de plus en pks, mais que nous pouvons dis mamKnant consi-
dérer ccunme assurée. Il nous restera à rcchercber, d';iprès toutes les
données que nous auront fournies ces études, quand, où, par qui (iireat ,
exécutées ces immenses compositions, ces puichtrrmae ttguArtUTi ambag/tf
qui faûsjùent l'admiration de Dante. Une autre Uche, que je n'aborderai
pas, au tnoins mainienam, consistera à étudier comment les romans en
prose se comportent avec leurs originaux en vers ; mais je chercherai A
démêler dans les premiers la part qu'il faut faire à l'invention propre de
leurs auteurs. Pour aborder ces quesiions avec quelque sûreté, il (aui
d'abord avoir suivi de sa source à son embouchure l'autre grand courant
qui est venu se jeter dans cette ■ mer des histoires, » àsavoir la légende
du graal. Ce sera l'objet d'un prochain travail ; mais auparavant, reve-
nant au Conu ic tii Chante, je vais essayer de retrouver l'origiDe et le
sens primitif du récit conté par Chrétien, el de marquer l'importance qa'j
dans l'histoire littéraire l'œuvre du poète champenois,
m. — Lesuja du pûime de Chtiûen.
Fn dehors du poème de Chrétien, qui est, comme on vient de le voir, ta
source directe de l'épisode qui lui correspond dans le Lamelot en proie,
nous possédons un récit réellement indépendant de l'enlèvement et de b
délivrance de Guenièvre dans une compilation anglaise bien connoe,
mais trop peu utilisée jusqu'à présent pour les études de ce genre, le
Livre d'Aithur, appelé improprement Le Mojit Dartbare, rédigé par sir
Thomas Malory (ou Malorye, ou Maleore) en t^b^ ou 1 470, cl imprimé
pour la première fois en t48{ par Caxton. et souvent depuis*. On dis-
tingue â première vue dans le livre de Matory, qui demanderait une ana-
lyse spéciale, deui éléments : ce qui se retrouve plus ou moins identi-
quement dans des romans français connus, et ce qui ne s'y retrouve pas.
Il serait fort précipité de regarder ces dernières parties de l'oeuvre comme
étant sorties de l'imagination du rédacteur anglais ; plusieurs récits, aux-
quels on attribuait naguère cette origine, ont déjà pu être identifiés avec
des récits français qui n'avaient pas été signalés jusqu'à présent, et il est
extrêmement probable que Malory s'est borné tout le temps à traduiit,
en abrégeant toujours et en modifunt ci et U son original ou ses orig-
naux. Tel est aussi le cas pour les neuf premiers chapitres du livre XIX»,
dans lesquels il raconte d'une manière assez différente l'aventure qw fait
le sujet du Conte de la Chartie. Voici un résumé de ces chapitres.
i. h ntt sers de Tédilioa de Macmillan, iSéil, bien qu'elle soit < reriicd for
modem use »; cela n'a pai d'importance ici.
2. La divisioi) ea livres cl en cbapilres est du Tait de Caxton.
i
*
»
LB OOHTC DS U CKaKRBTTE 499
Un jour du mois de mai, Guenièvre (Gataevtr') inviie ses chevaliers â
l'accompagner le lendemain maiin pour aller au mai ■ •maying* dans le
bois non loin de Westminster ^ Klle pan avec dix dames et les dix che-
TalJen qui lui appartenaient spécialement, parmi lesquels le sénécha! Ké
(K£j)f ; chacun d'eux amène un écuyer et deux sergents (yMnif/i); tous
soni halnllés de vtn, et n'ont d'autre arme que leur épée. Après qu'ils
ont cueilli le mai. chargés d'herbes, de mousse et de fleurs, ils vont
reprendre le chemin du palais, quand apparaît Méléaguant {Sir MtUa-
granct) . Ce fils du roi Bademagu {Basdtmagus) avah un ch&teau à sept
milles de Westminster. It aimait la reine depuis des années, et « le livre
dit » qu'i! avait souvent déjà essayé de l'enlever, mais avait toujours éi^
retenu par la crainte de Lancelot {Sir LaufKeioi) . Cette fois, sachant par
ses espions que Lancelot ne l'accompagnait pas et que les gens de sa suite
étaient sans armures, il se présente avec quatre-vingts hommes bien annés
et arrbe, « conune dit le livre français, » te gai conège. Les chevaliers
de la reine veulent cependant la défendre, mais bteni6t ils sont tous griè-
renent blessés. Pour empêcher qu'on les achève, I2 reine consent î suivre
Méléaguant, à condition qu'on ne la séparera pas de ses dames et de ses
Bobtes chevaliers. — On emporte donc les blessés i cheval ou en litiire.
Guenièvre trouve moyen de remettre son anneau i un page, et de lui dire
d'alkr prévenir Lancelot de ce qui se passe. Méléaguant, qui s'est aper^i
de la fuite àa page, dresse sur ta route de son château une embûche à
Lancelot : trente archers attendront, bien cachés, le chevalier qui
accourra bientôt sur un cheval blanc, mais ils se contenteront de tuer
ion cheval, sans s'en prendre à lui, car il est trop difficile à vaincre.
Averti par le page, Lancelot s'arme en toute hÂte, fait dire à Lavain,
son icuyer*, de le suivre, monte H cheval, et s'éUnce aussi vite qu^
peut. < Le livre dit qu'il prit l'eau au pont de Westminster, et lit remon-
ter son cheval à la nage jusqu'à Lambelbt. > Il arrive à l'endroit du
i. Sor ctne ciprcssioB et le seas qn'dle a, vojrcz l'art. Mi; dans Saime-
Pilaye.
2. C'est  We&tmitister que réside Arthur dans cette partie du livre,
j. C'est li un tijiit ()ui n';i certainement rien d'ancien Les ooins des neuf
intrts « chevaliers de la reine, * empruntés h divers ronuiu, n'ont pas besoin
d'étiT mentionnés.
4. Ce Lavain \L3viin1), dont le nota tjx încoong aux romans fraxab, eit
le frire de la belle KJiine d'Etcalot (Ailolsi dans Maloryi, qui mourut d'amoar
pour Lancelot. Son introd action dans notre épisode, û& a |oue d'iilleun un
rOle ttès mutile, piirjii hit ilti dit de MaloTY, qui semble avoir une grande
prédilection pour ce personnage.
\. Si Halôrjr eolead « le livre français, 1 il est plus que probable qu'il hii
prÂe une de ses propres inventions. II aine en général ces indicilions géogra-
phiques plus ou Bidns exactes. C'est ainsi qu'il prétend (1. XVHI, ài. 9)
qu'Aitolat (* Escalot) est Giliord,
Soo 0. Paris
combat, et suit 1rs traces des chevaux jusqu'à un bois oîi des arcbm
embusqués lui enjoignent de retourner sur ses pas s'il ne veut perdre son
dieval ; sur son refus ils percent en cITet son cheval de floches. Lanceloi,
jiprÈs avoir en vain tisayé de tes joindre à travers les haies et les fossés,
poursuii sa route à pied ; mois bieni6t il se sent accablé sous le poids de
son armure, de son écu et de sa lance. A ce moinent il rencontre deux
charretiers de Méléaguant, qui venaient chercher du bois. Le premier,
auquel il demande de le prendre dans son chariot, re^se ^ossijrement ;
Lanceloi l'étcnd mort d'un « buffet. » L'autre, épouvanté, consent i le
mener, et bientôt, de la fenêtre du château de Méléaguani, Guenièvreet
ses dames voient arriver un chariot, dans lequel se tient debout un cbe- ■
valier : n Voyez, madame, dit l'une d'elles, ce clKvalier, fort tnen arme,
qui voyage dans un chariot : sans doute il va se foire pendre. » Mais la
reine reconnaît l'écu de Lancelot, ei réprimande celle qui avait ainsi
parlé. Arrivé à la porte, Lanceloi descend, ouvre la porte en renveruni
le portier, et provoque à grands cris le traître Méléaguant. — Celui-ci,
rempli de terreur, va se jeter aux pieds de Gueniévre en la suppliant
d'Intercéder pour lui auprès de Lancelot ; elle y consent, calme son che-
valier, non sans quelque peine, le fait désarmer, et le conduit auprès des
chevaliers blessés; ils se raconieni les perfidies de Méléaguant, et
regrettent d'être empêchés de s'en venger. « Et. Â ce que dit le livre
français, LanceLot fut appelé longtemps après le Chevalier du Chariot
Et nous laissons ce conle[-làl, le Chevalier du Chanot, et venons i ce
cùnie[-cij. '! Lancelot et la reine conviennent de se voir la nuit suivante ,
à une fenêtre munie de barreaux de fer. — Dans la nuit en effet, Um- ^
celoi, quittant son écuyer qui l'avait rejoint, appuie une échelle au mur
ei trouve Cucnièvre à la fenêtre. Ils se parlent, mais ils souhaitent se _
voir de plus prés. « F.h ! bien, dit Lancelot, je vais éprouver ma force H
pour l'amour de vous, n II arrache les barreaux, mais il se coupe la main
jusqu'à l'os. En panant, quelques heures après, il remet les barreaux
comme ils étaient» et fait panser sa main blessée, qu'il couvre d'un gant
pour qu'on ne remarque rien. Au mattn, Méléaguant entre dans b chambre
de la reine et voit du sang sur ses draps. Persuadé que ce sang vient
d'un des chevaliers blessés qu'elle a voulu garder dans sa chambre, flfl
l'accuse de trahison envers son époux ; elle proteste avec indignation, ^
ainsi que tes dix chevaliers. — Lancelot arrive sur ces entrefaites et prend
aussi la défense de la reine. Méléaguant l'engage i ne pas embrasser celte
querelle, car, tout vaillant qu'il est, il succomberait dans une cause où il
aurait le droit contre lui. Lancelot persiste à affirmer qu'aucun des che-
valiers blessés n'a pénétré dans le lit de ta reine, sur quoi Méléaguant ei
lui échangent leurs gants, qui sont scellés de leur sceau et remis aux
I
I
I
LE CONTE DE LA CHARRETTE 5OI
cbentiers'. Le jour du combat est fixé i huitaine, m Jusque-là, dit
IUléaguant, vivons en paix ; dînons, et ensuite nous retournerons à
Wesiminster avec la reine. » Puis il offre à Lancelot de lui faire \Tsiter
son château : Lancelot accepte, mais en suivant son hâte il tombe par
une tnppe dans un souterrain. MéUaguant feint de ne pas savoir ce qu'il
en devenu^ et Guenièvre et sa suite reviennent auprès d'Arthur, qui
apprend seulement alors toute l'histoire. — Uncelot est visité dans sa
prison par une demoiselle qui lui offre de te délivrer s'il veut l'aimer ; il
fy refuse absolument, malgré la mort et même la honte qu'elle lui
annonce s'il n'est pas au rendez-vous le jour du combat. Enfin, ce jour-là
«fine, elle lui propose de le délivrer s'il lui donne seulcnicni un baiser.
H y consent, sort de la prison, prend et selle un cheval, el galope vers
Weïtmir«ter. — Guenièvre allait être briilée, car Méléaguani réclamait
son dû, puisque Ulncelot ne paraissaii pas. Lavain demande et obtient
de livrer la bataille à sa place, mais au moment où les deux adversaires
sont en Ike et où les hérauts vont crier « Lessis les aler^ a arrive Lan-
celot forçant son cheval. Il raconte au roi toutes les trahisons de Méléa-
guant. Le combat a lieu : Méléaguani. se voyant outré, demande grâce;
Lancelot regarde Guenièvre, qui lui fait de La téie signe de ne pas l'accor-
der. Il engage alors son adversaire à se relever et à recommencer la lutte,
et comme celui-ci s'y refuse, il lui propose de combattre la tète et le c6té
gauche désarmés, et la main gauche liée derrière le dos. Méléaguant con-
tent cette fois, et. après quelques passes, « Lancelot lui donna un tel
coup sur le heaume qu'il lui fendit la tête en deux parités... Et le roi et
la reine firent dès lors encore plus de cas de Lancelot, et il fut mieux
traité qu'il ne l'avait été jamais. •>
L'auteur lui-même semble diviser son récit en deux parties distinctes,
quand il nous dit, après avoir mentionné le surnom de Chevalier du Cha-
riot donné à Lancelot : <■ Nous laissons ce conte-là, le ChtvaHfT da
Chariot et nous venons à ce conie-ci. j> Il me paraît en effet qu'il a puisé
à deux sources distinctes : la seconde partie peut fort bien, malgré les
différences qui la séprcnt de la seconde partie du poi^mc de Chrétien, en
provenir plus ou moins directement', et je ne m'en occuperai pas davan-
I. Os rormalitéi avant i« combat judiciaire sont inconnues an XII* siècle ;
ce sont des interpolations postfrieurrs.
I. Les dilTcrencrs sent cr^indes. malt «Iles p^uvtnt louirs tire le fjit d'un
abréviatmr et nrrangeur, a'.iiUeur> aueï habile. Aitiii la trappe dont se sert
MéléJguanl est hccrtus^ment substituée i l'obscure hjsloire du nain fci-dessus,
p. 479): le bbcher oti Guenièvre doit tm jetée, qui rend la fin plus dramatique,
se retrOKve dans plusieurs rêciu an-ito^ues ; li gènêrosii^ <le Lancelot envers
Méliaguant dans le combat final est déj^t latnti que le st^^e de lèie de Guc-
mivrv), quoique saas l'addition ètraoRe du rontm aogUis, dans la Chaitti en
prose, ce qui prouve que ceuc partie du récit de Malory a passé parleLiau/ût
;02 G. TARIS
lage. Mais il n'en esi pas d« mime d« la première partie. Nous trouvons
jd des faits tout à fait particuliers, et qui remontent tris probablement
à une source indépendante de celle oCi a puisé Chrétien.
En efTei ccnains de ces traits nous sont attestés par divers textes gal-
lois comme ayant appartenu i d'anciens récits celtiques. U ne faut pas
de longues démonstrations pour établir que Méléaguant,qui enlÊveCue-
nièvre dans les deux poèmes français, celui de Chrétien et celui que
Malory a suivi dans sa première partie, n'est autre que le Maelwas ou
Mdwas' de la tradition bretonne, dontj'ai parlé dans mon premier article
sur Lancclot, et qji enlève également la femme d'Arthur. Or cet enlive-
ment est célèbre dans la poésie galloise, et les allusions qui y sont faites
montrent que dans sa forme primitive il ressemblait bien plus au récit de
Malory qu'à celui de Chrétien.
Une note ajoutée à une pièce bizarre, le Dialogue d'Arthur et de sa
femme, dit, en parlant de Gwenhwyvar, qu'elle était la seconde femme
d'Arthur et celle qu'enleva Melwas, prince d'Albanie (Ecosse) ». — Uo
po^e du xiv siècle, David ab Cwîlym*, a ttii trois allusions i cette his-
toire. Aucune n'est d'ailleursfort claire. L'une (p. 320, 1$;; n'est que d'un
mot, et on n'est pas d'accord sur le sens de ce mot : le poète, partant
d'un doux sommeil qu'il acu, dit qu'il était plus doux que celui del'apâtre
Paul, plus doux que celui des Sept Dornuinis, plus doux que celui de
Melwas y glas glog. u Sotts la grotte vene, • traduit H. de La Ville-
marqué dans une lettre qu'il a bien voulu m'écrlre i ce sujet * ; Williams,
dans ses Emintnt WcUhmen, traduit « sous le manteau vert. » cl voit h
une allusion à l'histoire de l'enlèvement. Le sens ordinaire de dog est
« pierre ; i> il y a li sans doute une référence â quelque trait légendaire
qui nous est inconnu. — Le second passage {p. 106, 7;) est plus long et
pius intéressant ; mais l'interprétation en est assez dîffidie. Deux celti-
sants anglais, consultés par mon savant ami M. Ward, M. Jenncr, du
Britisb Muséum, et M. CowcU, professeur de sanscrit à l'université
en prose ; au reste celle générosité de Lancclot ta imitée de celle ()a'îl montre
dans Chrétien envers le chevalier qui \'i is^ulté ici-de»us, p, 47;), et <)ae le
prosateur a répétée. Ce ou'on ne comprend seulement pas bien, c'est poarijooi
Mélèjsuant. une fois débarrassé de Lancelot, renvoie Gucniivre. Le compila-
teur n ayant pas i sa (liiposil:oii Rjdemkgn, incoftnti au |>oéme qui îuî avait
fourni sa premicrc partie, n'a pas su se tirer de cette dilficulté.
1. Le II- a dû patier par ga pour arriver â g ; c'eU pourquoi j'ai préfiré 11
graphie Mtlugium.
2. MyryrtM Ankmlogy^ I, ■?{ ; cf. La Villemarqui, Us Romêiu et h T«Mt
Rendi, p. 10, <t9-
j. Stt poésies ont été publiées deux fois, en 17J5, i Londres, par Jones et
Oweo, et réccmmcni i Lrverpool. 3e dois i M. Ward les rtmeignemeaU qui
suivent.
4. M. de La VîUemarquf. qui a le premier (p. {9) renvoyé i ce passage de
David, n'a pas signalf les deux autres,
LB CONTK PE LA CHARRETTE 503
d'Oxford, onl donn*d« huit vers qui le composent deux versions qui
nmcordent i peu pr^s sur tous tes points. Voici donc en français le sens
de ces vers, et le texte gallois en regard :
Hébs ! il ne sert de rien de pousser
un soupir d'amant malheureux,
Et )e souhaiterais en vain la ruse
de Meiwas :
I^ voleur, par illusion et jonglerie,
Eœpona la belle au boui du monde.
Au vert bois alla le trompeur.
Aux murailles débranches des cimes
des arbres.
Et cette nuit, comme lui,
Je voudrais bien grimper en haut.
Od) ! nad gwiw-uchenaid*gw3s,
I ni atw am grefft McIwas j
vDeidr, drwy hud a lledryd,
Aeth a bun i citha* byd ;
l'r coed ir ai 'r hocedjdd,
t furiau caingc o frig gwydd :
A dringo heno, fal h«Ti,
Yn pchel a chwenychwn,
Ces mots, had a Uedryd, traduits ici par i illusion et jongterie. »
peuvent, comme me l'a fait remarquer M. Ward, avoir un sens un peu
différent. Si on admet en effet avec Siephens ■ que hai a lUdrjd signifie
" masque, divertissement, jeu ihéàira!, <> on pcui croire que Meiwas
s'^it déguisé pour enlever la reine. Il résulte en tout cas du uxifme
vers, d'aiileun peu clair, que c'est dans un bois que se passa )a scène.
— Le troisième passage (p. {16, 229), signalé et traduit parM. Cowell,
est ainsi conçu dans le lexte et ta traduction :
Astrur fu *r ffenestr oefdraut,
Ue rhoed ; ddwyn Tleufer baul :
Na bwy* hen a bu 0 hud
Ffenesir a hon unffunud ;
Dieitbr hwyl, da uihyr helyni,
Yr h«i 0 GMlleon Rynt.
Y doe Felwas 0 draserch
Drwyddi, bcb arswydi serch,
La fenêtre dévorant la vie a été une
cause de tourment,
Là où elle était placée pour amener
la lumière du soleil :
Puissé-je ne pas >ieillir ! mais il y
a eu par magie *
Une fenêtre de mime façon que la
mienne ' ;
Ce fut un étrange voyage, une mer-
veilleuse aventure,
Quand jadis, de Caerléon,
Mdwasalla, par une passion exces-
sive
Au travers [de cette fenêtre], sans
aucunes craintes d'amour,
I. Je me sers de U traduction alltounde de Schvlz, Ccsçkichu Jcr waltthin
liUtMitr, p. 6] SI.
3. C'est te mot kud, déji Dentionné, qui sîgnilie propranenl < iltnslon. »
j. La pî^ce il'où sont tirés ces vers a pour titre : Sar ont ftnitrt Jt tUiu.
50.( G. PAKIS
Cur trymhaint cariad tramawr, Dans l'angoisse de la souffrance de^
son grand amour,
Gjnt gerty ferch Gogfran Gawr. Jadis, près de la demeure de ia fille'
de Gogfran Gawr.
Cette fille de Cogyrfan ou Gogfran Gawr est bien, d'après les ren-
seignements gallois, la femme d'Arthur; seulement, au lieu d'être la
seconde Gwenhwyvar, comme le dit l'annotateur du dialogue, ce serait
la troisième. — Enfin, William Owcn, dans la Cambrijti Bwgraphy
(Londres, 181 j), dit, i l'article Mtiwas' (p. 348): « Il te vttit de
feuilles, pour épier Cwenhwyvar et sa suite, qui, selon la coutume,
étaient allées, au premier de mai, cueillir des branches de bouleau afin
d'en faire des guirlandes pour la bienvenue de l'été ; et au moyen de ce
déguisement il l'enleva'. •*
Quelle est au juste la valeur de ce dernier passage ? Il esi difficile de
le décider. Owen n'indique pas ses sources, et il a fort bien pu, sans le
dire, deviner l'identité de Mclwas ei de Méléaguant et prendre tout
simplement dans Maloiy le cadre de U cueilleite du mai. Mais les pas-
sages de David ab Gwilym, tout obscurs qu'ils sont, ne laissent pas de
doutes sur un point : Melwas, d'après d'anciens contes gallois, enlevait
la femme d'Arthur dans un bois, et, autant qu'il semble, en se déguisant
par un vélcmcm de feuillage. Or c'est bien ainsi que le poème frani^ais
perdu qu'a suivi Malory représente l'enlèvement ; il n'est pas question
du déguisement de Méléaguant, mais il semble que ce trait ait disparu
par inadvcrunce, et qu'il soit préparé par l'ordre que donne la reine ik
tous ceux qui l'accoropagnem de s'habiller de vert ; quand ils reviennent,
ils sont en outre chargés d'herbes et de feuilles, et le ravisseur s'en cou-
vrait aus», sans doute, pour se faire passer pour l'un d'entre eux et
enlever ainsi la reine. Le combat qui, dans Malory. remplace celte ruse
est alors étranger au récit primitif, et n'a peut-être été inséré que par le
compilateur, pour rattacher (jar l'histoire des blessures) la seconde
partie de l'épisode à la première.
Le poème français dont j'admets l'existence comme source de la pre-
mière partie de cet épisode a peut-éire laissé une trace en dehors du
livre de Malory. La Crone, de Henri du Turlin, contient à l'aventure de
t. M. de Lj Villfmartjué (p. ^9) avait, par diitraction, aarJbaé ce petit
récit i David ab Gwilym ; c'est le savant auteur lui-même qui, sar uiM question
que je lui avais adressée, m'a tait connaître celte conlutio» arrivM daiK set
notes et m'a indiqué le passage de la Cambnan Biogra^kj. Je dois d'aillcsn
remarquer que la trjdocIioD qu'il donne de ce petit r^it oflre plusieurs addi-
tions, suppressions et modifications.
3. Il est singulier que l'auteur de cette courte notice ne dise pas commepl la
reine fut reprise i Mclwas.
LE CONTE DE LA CHARRETTE ÇO;
Cuenièrre avec MéléagUQiit des allusions que j'avais d'abord, sans les
esaniiner de plus près, rapportées au poènie de Chrétien, mais qui me
semblent maintenant avoir trait â un récit différent et semblable en
quelques points à celui de Malory. C'est M. Wamatscli. dans i'intéres-
tant travail dont j'ai parlé au début de cet article, qui a le premier
^nalé les irairs particuliers de ces allusions du poète allemand.
La première se trouve aux v. 209S et suivants II s'agit de la coupe
oh ne peuvent boire que des chevaliers sans reproche ' : Lanzelet ne
rétissii pas dans celte épreuve, parce que, « comrairemem i ce qui con-
vient à un chevalier, il était monté dans une charrette ', poursuivant sa
vengeance, quand Milianz emmena malgré lui la reine ; car il avait perdu
son cheval, et à cause de cela il ne pouvait  pied Iranchir les ronces et
te fourré, et il ne voulait pas non plus retourner en arrière avant d'avoir
trouvé dans quelle situation » était la reine. •> — Plus loin iv. J9yoi, le
po^e, parlant des vicissitudes de la fortune, après avoir cité différents
cas, dit : « Ht il en fui de même pour Milianz, quand, par son outrecui-
dance, il combattit Lanzelet. pour Glnover, prés du fleuve, après qu'il
t'arait emmenée dans son pa^s. » — Knfm, en racontant l'épreuve du
gant féé ^voy. Rom. X, 4H6), Henri nous montre |v. 24496 ss.'i Lanze-
let échouant une fois encore ; Keii lui dit : « Sire Lanzelet, vous n'étiez
pas satisfait, quand Milianz eut tué votre cheval et le mien, dans la
poursuite que nous faisions, et qu'il vous fallut de nécessité monter sur
un chariot *, contraint par la fatigue, et moi je fus emmené t avec la
reine *: »
Le récit auquel paraissent se rapporter ces allusions diffère ei de celui
de Malory et de celui de Chréiien. Il diffère du premier en ce qu'il rap-
pone, comme Chrétien, un combat près du fleuve ivoy. ci-dessus, p. 471)
entre LaJicelot et Méléaguam >, et en ce qu'il représente Ké seul comme
Coniené avec la reine. Il diffère du second en ce qu'il représente,
I . C'est Henri qui a inventa cette contre-partie i l'épreuve dci dames ; vof .
Wartutsch, p. 114: ci-dessus, p. 461.
I. L'i tinen kamn . charrette ou chariot.
3. !a wtllum utkàndt : |e ne comprends pas quel sens ce mot a îd.
4. Uf tinta wagai : chariot uu clurreue.
]. UaJ tell wunJtts wdtt Am gty-uttt . \t ne comprends pas ce que petll
stgsi&er ici wuntltn: on s'jttendrait plulAt à gevvnr, « bletti t.
6. Keii .ijoute qu'en vèrilé c'«l là un bien petit tort qu'a eu Lamiclet, et
3ue s'il n'a pas réussi dans l'jnreuvc, il doit y jvuir d'autres motifs : c'est sans
Odte parce qu'il a dfdai^né I amour de la dresse t^olinn() qui l'a élevé dans le
Uc : * Si je roulaîs, j'en dira» plus long : vous tavei bien où tend ce discours. »
7. La lorine Miliaiz est asseï éloignée du français ; il n'cM pas probable
crpendanl que Henri ait connu i ce penonna{;e «n autre nom que celui de
MiléagujDt.
joé G. TARIS
comme Malory, Lancelet moniant sur I2 charrette par fatigue ', et non,
comme dans Chrétien, pour obtenir des renseignements sur la rouie
suivie par U reine. Un trait qui est étranger aux d«iu versions connues
est que le cho-a! de Ké soit lue : dans Chrétien il s'enfuit après que ion
maître a été désarçonné, dans Malory il n'est pas mentionné spéciale-
ment. Ce qui est dit de Milianr pourr^iit faire croire que le poème connu
de Henri se terminait par le combat entre Méléaguant et Lancelei, com-
bat dans lequel le premier était vaincu définitivement > ; tel a pu être
aus&i le dénouement primitif du poémc suivi par Malor^r, changé par le
compilateur parce qu'il a voulu souder à ce poème la seconde par^ du
poème de Qirétien.
M. Wamaisch présente, pour éublir que le poème de Chrétien n*eit
pas celui auquel renvoie Henri du Tûriin, une observation très tîne > :
« Henri, dit-il, ne mentionne aucunement la liaison amoureuse de Cioo-
vcr et Lanzelei. Dans les épreuves de la coupe et du gant, il cherche
(souvent i grand'peine) à découvrir une famé morale des personnes qui
y prennent part pour en fhire la cause de leur échec. Il n'aurait certai-
nement pas, à celte occasion, laissé échapper les relations coupables de
Cinover avec Lanzelei, pour fournir, à propos des deux, ou au moins
de Cinover, au sénéchal matière h ses railleries et i ses dénonciations
impitoyables. Au lieu de cela, nous voyons, sans parler de Lanzelei,
que dans l'épreuve de la coupe on ne reproche à la reine aucune faute
précise, et que dans celle du gant on lui impute sans raison i faute l'At-
tentat de Gasozein. Henri était évidemment embarrassé de motiver l'in-
succès de Cinover (d'ailleurs représenté comme aussi faible que possible,
cf. Hom, X. 486) : preuve certaine qu'il ne savait rien des amours de la
reine avec Lanzelei, qui évidemment |au moins aux yeux d'Artur,
témoin de l'épreuvel auraient apparu comme sa foute principale, il suit
de là que Henri connaissait bien l'aventure de la délivrance de la reine
par Lanzelet, le voyage en charrette et autres détails, à peu près iden-
t. De même que dans Henn il l'a^it de ronces et it fourré igiJrtngi) que
Laneelot ne peut franchir, de mime dans Malory, qtund son cheval est lut, il
ne peut jtlrtndre let aichen, i cause àa fossés et des haies qui l'artHem.
2. En eSet, dans Chrétien, grAce i l'intervention de Didenu^u et de Gue-
niévre. le combat entre Méléaguant et Lincelot reste indèctt : il iw icnit donc
ffuêrc bien choiii comme exemple, en Mé'èagnint, de fortune advene, i cAté
d'autres guerriers réellement vaincus par Irun adversaires.
j. P. f î6 En revanche je ne comprends pas pourquoi M. Wamaisch veut
Ip. 108, n. |i []ue les allusiani de Wdfram d'Eschenciach dans le Puiifal se
rapportent au même poème qu'a connu Henri. Les allusions de Wolfram coa-
viennent très bien au poème de Chrétien. Les noirs sont LéazUût et HtijakêHî.
Quant au père de ce aernier, Wolfram lui donne le nom étrange de Pojdktn-
jun:, qui doit provenir de Biéc/famm, qu'on trouve pirfou dans les cMnuscrits
pour Baiiatia^Hi.
LE CONTS » LA CHARRETTE J07
qiKS au r^cît de Chrétien et du roman en prose, mats sans qu'un amour
caapafale entre Lanzelet et U reine fut mis en relation avec celte déti-
TTœce. C'est Chrétien, ou le rocnan en prose, ou leur source commune ■ ,
qui a introduit ce motif dans le récit'. »
Le poème qu'a connu Henri du Tûriin racontait, d'après cela, l'enlé-
tement de Guenièvre par Méléaguant. Lancelet, averti sans doute
eoaune dans Malory, la suivait ; son cheval était tué, el i) s'avançait
pédUement à travers tes broussailles et les ronces qui entouraient le
cfa&teau du ravisseur. Il se résignait, n'en pouvant plus de fatigue. 1
oionter, pour continuer sa route, sur une charrette. Il franchissait un
Bcuve pour entrer dans les domaines de celui-ci, et le trouvait sans
doute sur la rive; il lui livrait un combat dans lequel il était vainqueur,
et ramenait !a reine, ainsi que le sénéchal K.é, qui, lui aussi, avait voulu
La délivrer, mais qui avait été démonté, blessé et emmené prisonnier.
Lancelet n'accomplissait cette prouesse qu'en sa qualité de fidèle servi-
teur d'Arthur et de hardi chevalier; il n'j avait entre lui et Guenièvre
aucune relation plus intime.
Tel était aussi, â mon avis. le râle de Lancelot dans le poème qui a
servi de source à Malorv pour la première partie de son récit. Ce com-
pilateur! a supprimé le combat de Lancelot contre Méléaguant, parce
qu'il trouvait suffisant de les mettre une fois en présence, ce qui avait
lieu dans la deuxième partie ; il a également retranché U mention du
fleuve franchi par Lancelot, et a effacé le râle de Ké en le faisant acoom-
jagner de neuf autres chevaliers ; mats on peut croire que, lui aussi, il
trouvait dans sa source la prouesse et la fidélité comme seuls motib de
l'entreprise de Lancelot 4. et que, s'il a présenté les choses autrement,
c'est qu'il était influencé par le roman en prose de Lanaioi, auquel il a
emprunté une très {grande partie de sa compilation.
C'est aussi un poème analogue qui a dû servir de base à celui de
Chrétien, et rien n'empêche de croire que ce soit lui le premier qui ait
présenté Lancel(M comme l'amant aimé de Guenièvre. Je dis un poème
analogue, et non précisément celui qu'a suivi Malory et qu'a peut-être
1, M.Wanutsch n'avsiipas, en écrirai)ttadbsertatioii,d'apiiîan arrêtés sur
le ripMirt dn deux textes.
2. M. Warutuh m conclu! que ces allisions se rapportent sa prétendii
LtnuUt de Hrnri. dam Irauel il aurait riconté cette histoire. J'ai monUé plu
hiut qu'il èuil p«D probable que ce Unzelit eût lamaîs ctmt.
]. En m'expnaatsi ainsi. |e n'entends pas desigocr uprcuéneol Maiory ;
B04U ae uvofls pis quelle est dans ion rnivre u part penonnelk et cdle de
son onginil «1 de tn orif^iDiux français.
4. Ccsi ainsi, comme nous l'avoM déji remarqué, que dan» le poème dX'l-
ricn de Zitziiiboven il aide i la dèlÎTrance de Caraievre enlevée par Faleria ;
c'est aiBsi que Oarmart, dans k poème <\ii Ibi est conucrê, la reprend i Brun
de Morois, et qoe Canvain, dans la Oou, la tire des mtiiu de Câsozein.
"^ G. PARI&
connu Henri du Tùrlm. Les différences en effet sont trop grandes. Les
unes s'expliquent, il est vrai, si on admet, ce que je crois très vraisem-
blable, qu'il y a eu entre l'original anglo-nonnand et Chrétien une trans-
mission puremeni orale. Là comtesse de Champagne lut avait sans doute
raconté celle histoire, qu'elle tenait elle-même de quelque ctievaiîer
d'Angleterre. Fille d'Alienor de Poitiers, elle était naturellement en rela-
tions constantes avec sa mérc ei avec les An^ais, et c'est ainsi que nous
voyons en 1 179 Walter Map recevoir i sa cour une large hospitalité ».
Passant ainsi de bouche en bouche, le conte de l'enlèvement de Cue-
nièvre n'arriva sans doute à Chrétien que fort altéré, et il faut tenir, en
appréciant son œu\Te, grand compte de cette circonstance. Mais d'autre
part, le poi^me de Chrétien présente des traits qui ne semblent pas s'tire
retrouvés dans la version suivie par Malory, et qui, étant assurément
fon anciens, remontent sans aucun doute à un poème anglo-normand
d'abord, et par U des sources celtiques.
Méléaguani fen laissar.l ici de c6té son père Bademagu, auquel nous
reviendrons) est roi du royaume " dont nul ne retourne » (voy. cï-des-
sus, p. 467, V, 641 ; p. 470. V. 19103-6, 19Î6I. Or quel est cc pays,
si ce n'est celui des morts ? Méléaguant nous apparaît comme le roi de
ce séjour, et il enlève Cuenièvre pendant qu'elle cueille le mai. comme
Hadès enleva Perséphone pendant qu'elle cueillait des fleurs. Si on dou-
tait de cette explication, deux circonstances viendraient la mettre hors
de doute. Pour pénétrer dans le royaume de Méléaguant. il faut passer
sur un pont mince et tranchant comme le RI d'une épée (voy. ci-dessus,
p. 468 et 474). Or c'est une croyance répandue chez un grand nombre
de peuples, aryens et autres, qu'il faut passer sur un semblable pont
pour entrer dans le royaume des morts '. Cette croyance était également
I. Dt Xugit Curialium^ éd. Wright, p. 21$.
]. Sur le Uhînvjt des livr» zoroaslri(|ues. qui paraît aux jettes large d'nae
parasancc, et lux mauvais d'une excessive étroitcue, voy. D'Aneonj, fPrtiuf'
ton di Daitlt, n. 46. — D'après la tradition tilmudiquc ^Levi, PttdMt, eU.,
p. 86), 1 la resurrccttûn gènfrale tous les peuples passeront sur uo poot : il
semblera aux infidèles n'avoir que b largeur d'un (il, et ill lotnberoAt dans
l'aMme. — Od connah le lirit des Musuimani, lar^ comme on chereii, tran-
chant comme un glaive (Weil, Bihhuht Ltgtndta Jt> tiaitltmtnncr , ç. 177 ;
Hammer, Roientrl^ I, jij]. — Déjii dans le Dtâhgot de saint Grégoire (iV,
!7), puis dans la Viswn 4t S- Paul, apocr/phe très ancien, bous trouvciot le
fameux pont introduit dans la légende chrétienne : v<Mci le passage de la tra-
duction de ce dernier leite par Adam de Rot iMigne, DictwiutMn -iti téeiada,
col. iojé) : Puis vit un flan amile t grent U In icÀltt tant Hoiat... tkiur U
(iun d imvani punt Qui Mri tu hait [tnjcwaramtnl. Mimll eit li punt Ions a
ftlrtil : Ni j iaor mais ât plan tliil. Qut htn pattr le [puni] ponâ Ignctt pM «
Ùtu ttro, £ fui nt ([t\ porra tatitr En l'tvt l'a tttaa alir E ii fin i/oa i«
ptiat. Sur d'autres mentions ehrHiennes, voy. d'Anconi, p. 4^, 46, ôj. Gau-
tier de Coinci parle aussi de Longpont et de Malpas, et plusieurs oraitoos
LE CONTE DE LA CHARRETTE JD^
répandue chcR les Celtes, Nous la trou%'ons,sous une forme christianisée,
dans l'histoire, composée sous le r^gne d'Kiientie, de la descente du
chevalier irlandais Yvaïn au « Purgaioire de saini Patrice n ; ce cheva-
lier vit dans l'autre monde un pont que les âmes doivent passer, si
qu'il ne semble pas qu'un homme y ait la place de ses pieds, si
int qu'il ne paraît pas possible de s'y tenir \ mais pour les justes il
devient plus solide et plus large à mesure qu'ils y avancent <. A peu prés
i la même époque, et également en Irlande, était composée la vision de
Tungda) : celui-ci, ressuscité après avoir été trois jours au pays des
morts, y franchit successivement deux ponis. Tun long de mille pas et
large seulement d'un pied, l'autre encore plus long et plus étroit : ce
dernier est entouré de bétes féroces d'une grandeur énorme, qui jettent
du feu par la bouche et dévorent ceux qui essaient de passer'. Mais le
texte qui a le plus d'intérêt pour nous, en ce qu'il se rapproche davan-
tage du nâlre, est celui qui se lit dans le poème néerlandais de W'ilewm,
évidemment d'après un original franchis perdu i. Cauvain (Walcwein),
pounuivant une aventure, arrive prés d'une rivière dont l'eau, en appa-
rence claire et fraîche, brûle comme du feu ; le seul moyen de la passer
est un pont plus aigu et plus tranchant qu'une lame d'acier |v. 49ï9SS.|.
On lui apprend que cette rivière es[ le purgatoire : les Âmes qui désireni
arriver au bonheur céleste doivent passer le pont redoutable |v. ^824
F|Mptibires conservées jusqu'i nos fours se rc(ir«ni i ce pont terrible qu'il fau-
dra patMT aprH la mort. On a aussi en Italie le Pont da Cheveu (Bastle, Ptn-
Umeron. irad. Liebrecht, II, 161). — On retrouve une croyance analogue chez
jîes Airiérjcains ; »oy. Tylor, Dit AnfSuit du Kultui.U, ^9, 92. — 11 faui
fremirquer que dans la croyaiKe des Perses (et celle des Juifs et des Arabes,
'qni en dérive vUiblementl, le pool ne se franchit qu'i la résurrection gésirale.
Tandis qu'aitli^urs chaque ime doit le passer au momcTit de la mort.
I. Sur la bibliographie de cette léEeivdc, voy. d'Ancona, I. I., p. ^9. Voici
la iradoction de Marie de France (éd. Koqueforl, II, 46}! avec quelques cor-
rections : Tttii BtTilt I awtit trop gunz Dtsui U pont st Uopauani : U prtmias^
^'tft ucolatjûiitt, Nat '-• -
Utti, Si titiuî, U nos
I» tluitt. Lt Ui: aUil
ûTdAnz, Malt ttt hiidas n trespatsanz Qu'il tu ckiiiStnt centrerai tl dùlerai pmt
tnfirtiaL
i. \of. Vnio TangJali, heratitge^eben von A. Wagner lErlangen, 1883),
t. 17, 19. Ces hHa procès qui gardent le pool icoibleot bien avoir laissé leur
ace dans Indrui lioiu qui, a aprét Chrétien (roy. ci-dessos, p. 47^1, semblent
défendre le passage i Lancelot pesdant qu'il pa.ssc le pont de répéc. Ce De
soot, i) est vrai, qoc des fanl6mes ^tii disparaissent quand il a touché le bord,
de même que dans beaucoup de visions infernales les périls ne sont qu'appa-
rents et s evanoutsstnt devant les prédesiiaês. — Conme curiosité, 00 peut
noier que dans les croyances des Indiens de l'Amirique du Nord tvo^' Tylor,
L L], le poat que doivent passer Us Aiaes est gardé par un ctiien qui se jette
sur «Iles pour les cnotcher de rénsitr.
), Romaa jm WJtwoii, door Penntnc en Picter Postaert, uitgegerca door
. 1. A. Jonckbloel (LcHlen, 1S46-48, 2 vol. id-S*).
w»
510 C. PARIS
s$.)'- On voit ici clairement l'altération chrétienne d'une ancienne tra-
dition celtique ^ d'aptes laquelle le « poni de l'ipée » donnait acc^ i
la terre des morts!.
Cette terre des morts jouait un grand r6Ie dans les anciennes croyances
celtiques, et les renseignements que les anciens nous ont laissés sur les
Gaulois n'en parient pas moins que les documents les plus authentiques
de la poésie irlandaise, celte source si importante et jusqu'à présent si
peu accessible de la m}rthologie et de la po^ie celtique. Je m'en occu-
perai longuement à une autre occasion : ie ne veux ici toucher qu'un
point qui a un rapport direct avec notre sujet. C'est comme une lie
située à l'occident que les Celtes se représentaient le séjour des morts,
qui était en même temps pour eux le séjour des bienheureux. Là, sons
un ciel toujours clément, les héros, entourés de fées toujours jeunw et
belles, ne vieillissaient pas non plus, et goûtaient des plaisirs sans fin. Le
nom habituel de cette Ile des morts chez les Bretons est l'ite d'Avallon,
mot qui appelle encore bien des explications, mais que, depuis Cau-
frcy de Monmouth* et William de Malmesburyi, on explique par « lie
des pommes». J'ai dit dans mon premier article [Rom. X, 491] que
les mcnncs de Clastonbury avaient eu. l'idée de prétendre que VAral-
fonia intuk n'étah autre que la plaine, entourée de marécages et de
forêts, où s'élevait leur abbaye. Pour le faire crdre, Guillaume de
Ma.lmesbury assure d'abord que l'ancien nom de ce lieu était Ynis witrin^
Jnsula vitna ', puis il en conclut sans autre explicaUon que Insuia vitra
t. Par une confusion évideote, on voit ensuite In Imes péchcreites, soni
forme d'oiseaux noîrî, « baigner dans le fleuvf el en ressortir blanches comme
la neige. Ces oiseaux et ce bain appartiennent visiblement i une autre tradition
que celle du pont.
2. Un passage de la Mule iansfrim [rapproché par M. Jonckbloet de celai de
Wiiihv,(ti^ mente aussi d'être rapporté, quoique btincoup noms îonportanl :
Gauvain, porté par la mule qui lui sert de guide, traverse A graod'peînf an
[lont fait d'une barre de fer Qui n'tst mu plus d'an dor la (t. 404), et sur
ïqadlc Ken n'avait osé se risauer.
). La chanson des morts qui se chaate encore dans le nord de l'Ansleterre
(voy. Tyior, I, 488), et où il m question ivoy. Grimtn, Dtetuke Mythologie-,
p. 7çm) du biidge 0/ drud, no brader than a thxiad, me parait avoir son origiiw
dans la mythologie celtique plutAt que dans celle des Gemiaias, qui M connaît
pas Cf pont.
4. Vif<: Mtriiai, édition San-Marte, v. 908 : hsuh pomonim ^uu fortunota
vecâiar.
j. Dt Anti^uitàtibus Chstwûnsis EctUuat, dans Gale, I, 190 : IntaU Arillo^
niât, Id tJt innila eomorum ; avalla enim hiionicc pana Mtrpttfittur latint.
6. M. Wsrd m a adressé i propos de ce qui a été dit li-dessus dans mon
premier article d« observations très savantes et très intéressanies, qu'il expo-
»fa sans doute pabliquement. Je veux seulement noter <}u'il ne trouve pas inad*
missible l'explication du nom de Glastonbury donné par Gtraud ôc Barri [Spa.
EccL, II, 9) : t lais Cuirin, boc est însuia vttrea, propler antnem scilicet, quasi
vitrer coloris, in marisco cîrcum floentem. »
LE CONTE DE LA CHARRETTE fil
tHoiuia Avallonia v>nl. synonyma. I) résulte de U que Ynit wiifm éUiit,
dans l'usage gallois, un autre nom de llle d'Avallon'. On pourrait tou-
tefois se demander si ce témoignage est suffisant, n'étant pas, autant
Lque je sache^ confirmé par d'autres ; mais le passage à'Ertc que j'ai cité
dans mon premier article ne laisse pas de doute sur ce qu'était Visle de
mirre :
En ccstc isle n'ot t'en tonoirre.
Ne n'i chiet foudre ne tempeste,
■ Ne boz ne serpenz n'i areste ,
p N'i fait trop chaut, ne n'i iveme.
Cesi évidemment un séjour surhumain, une « lie fortunée ». Le roi
de cette lie s'appelle Maheloas, et nous avons vu que ce nom était le
m&me que celui de Maelwas, et Méléaguani à son tour n'est qu'une
forme plus altérée du même nom : Chrétien ne s'est certainement pas
aperçu de l'identité des deux personnages dont il mentionne l'un en pas-
sant dans Erec, et dont l'autre joue dans la Chareie un râle capital ; il
les avait puisés à des sources difîérentes.
11 s'agissait donc, dans la tradition primitive qui h\i te fond des diffé-
rentes versions de notre conte, du roi du pays des morts, de llle de
verre. Il enlevait Cuenièvre, la femme d'Arthur, pendant qu'elle cueillait
au bois des fleurs ei des feuillages, et l'emmenait dans son domaine '.
Un guerrier U suivait, pénétr^iit dans le royaume des morts, el, après
avoir livré au ravisseur un combat oîi il était vainqueur, il délivrait
Guenièvre et la ramenait chez elle. Mais qui était ce guerrier â l'origine ?
Assurément ce n'était pas Lancelot. C'était Anhur, comme le prouve le
ptssage, cité dans mon premier article (Pom. X, 491^ de la Vîta Gildae.
Nous y voyons Arthur assiéf^er djns llle de verre, que le légendaire
identifie i Clasionbury, te roi Melvas qui a enlevé sa femme Guennuvar.
L'auteur prétend, il est vrai, qu'elle tui fut rendue pacifiquement grâce
i l'intervention de Gitdjs et de l'abbé de (ilastonliury, mais qui ne voit
que nous avons ici la déformation monacale d'un récit populaire i
C'était donc Arthur qui, pour délivrer ta femme, U belle Guanhuvar,
ravie par le roi des morts, franchiîsait toutes les barrières qui défendaient
son empire >, passait, sur le redoutable pont de l'épée, te fleuve de feu
I. Sur l'origine possible et le seos de celte dàaominatioa, loj. Grimai,
Dealschi Mjtbelogû, 781, 786; Li«brecb1, Otia Impatatiû, 1^1 a. Sur les
noms qui detignenl le vene cl le rôle qu'il joue dans les aoyances des Celles,
il y Jariit 1 Cairr éa rKherchn qu« je ne puit aborder ici.
I. Si ce domaine éuit un sé|our aussi enchanté, on peut se dtinander pour-
t|uoi on en retire GtKnifvrc. Le pays tics morts eU toujours conçu i la fois
comme tio lieti de tristes» et un lieu de bonheur, mais de tlocihrur plutét n^a-
t)f. On trouve d^ns toutes i» mythologies des contr;idiclions sembliblet.
]. Ces barrières ne sont pas seulement U rivière, seule mentionnée dans
)|1 C. PARIS
qui eniourait le royaume « dont nul ne revieni », combattait et terrassait
le ravisseur, et ramenait iriomphalemeni son épouse. Arthur lui-mteie
s'était sans douic substitué à quelque roi plus ;inden, et cette héroïque
et formidable aventure, pendant belliqueux de la pacifique victoire
qu'Orphée remporta sur Hadès pour lui arracher Eurydice, était peut-
être chantée en Bretagne cl en Oaule, sous d'aulres noms, avant que
César eût franchi les limites de la province cl commencé ta destruction,
destinée i ne plus s'arrSter, de la civilisation gallo-bretonne.
Le roman de Chrétien n'a avec cette épopée mythologique, qu'il ne
soupçonnait guère, qu'un rapport bien lointain. Mais chez les Gallois
eux-mêmes, autant qu'il semble, le conte s'était singulièrement altéré
avant de passer aux conteurs anglo-normands qui dev^iient l'introduire
en France. L'île de verre avait été transportée de sa lointaine région, de
l'extrémité de la mer occidenute où le soleil quine notre lene^ dans une
province de la Bretagne i le roi des morts ëtaii devenu un prince comme
un autre, el avait reçu le nom de Maeiwas, qui parait être celui d'un
personnage véritablement historique ' ; l'élément surnaiurd du récit avait
disparu en ne laissant que de faibles traces. Soit que le Maeiwas de l'his-
roire ait réellement habité Glastonbury ', soit que le nom d'Ynit Witrin
fil effectivement donné à Glastonbury en gallois, Maeiwas était devenu
un roi du .Somerset. C'est ainsi que nous le représente la légende de
saint Gildas: on pourrait croire que c'est une simple invention du légen-
daire ; mais nous trouvons dans le poème même de Chrétien une confit-
mation frappante de cette localisation ancienne. Le royaume de Méléa-
guant a pour capitale Ba4t (voy. ci-dessus, p. 481] ; or Bade ne peut
désigner autre chose que la ville de Bath, une des villes principales du
Somersetshire. Le nom de Bath est anglo-saxon, mais il ligure de bonne
heure dans les légendes celtiques. Là. d'après Gaufrel de Monmouth
(1. M, c. 10), avait régné le roi Bladud, qui, nouvel Icare, péril en
essayant de traverser les airs sur des ailes qu'il s'était fabriquées . C'est lui
qui construisit la ville appelée alors Kaerbad, et depuis Bad, et y fit les
Chrétien ivoyez cependant le passage des pierres). Nous avons ra aue Malory
et la Ciotit menlionnent des ronces et des fourrés. Falerîn, qui n est qu'one
autre forinc de Méléaguaiit, emmène Gucnièvre dans un cliJieau qu'cntoore une
ceinture impénétrable de monstre, de serpents, etc. \Ham. X, 4;jjt. Brua it
Moroii, autre doublure de Métiaguanl, a un chSiean lotit entouré « de marét
et de croliére [Durmjri, v_ 4}09i. *
I. M. Ward m'a coTimuiitoui sur ce point de précieuses remarauei.
3. M. Ward pfnse que ce Madwai rit originiireirient un chef irlandais, ei il
ripproche de sa présence i Glastonbury le nom de Glastonburj t des Gotdils
(= Gaéls = Irlandais) ■ donné à celte ville dans le glossaire de Cormac
(X* siècle).
LB COSTE DK U CHARRETTE 51;
buRs chauds qu'on y voit encore '. Wace, en traduisant ce passage et
In autres mentions de Bad qui se trouvent dans Gaufre;^, rend toujours
ce nom par Bade *, et c'était certainement le nom que les Normands
donnaient à U ville. Le royaume dont Bade est la cjpitak s'appelle dans
Chrétien le royaume de Corre. nom que je ne sais comment expliquer.
Il est probable que le nom du père de Méléaguant. Rademajîut, se rat-
tache à celui de la vilte. Quant au râle qu'il joue dans le poème, il est
uns doute tout entier de l'invention du poète fran^is : Chrétien trouvait
seulement dans sa source que Méléaguant était fils de Bademagut, et il a
utilisé ce personnage, qui ne 6gure pas, comme nous l'avons vu, dans
le récti de Malory *.
Le récit de l'enlèvement de Guenièvre subit bicnifit une autre modi-
fication. A Arthur, comme libérateur de sa femme, un autre héros,
Lancelot, se substitua. Cette substitution se trouvant également dans
Chrétien et dans Malory. on doit croire qu'elle s'était déjà faite dans
U poésie anglo-normande ; il est probable que c'est là qu'elle s'est
produite pour la première fois, car on ne trouve dans la littérature gal-
loue aucune trace de Lancelot. tlile s'explique d'ailleurs par la ten-
dance générale des contes bretons de celte période à mettre Arthur
sur le second plan et à faire accomplir tous les exploits par les cheva-
liers qui l'entourent. Celui-ci, où il s'agissait de sa femme, aurait dCi
cependant lui être réservé.
Dans l'histoire de la délivrance de Guenièvre, telle que la disaient
les conteurs anglo-nornnands, un chariot ou une charrette jouait un
rdte : Lanceloi se trouvait obligé d'y monter, ayant perdu son cheval,
et il en résuluit pour lui un certain déshonneur et le surnom de Cheva-
berda chariot iMalory) ou Chevalier de b charrette fChrétienl. Ce déshon-
neur provenait simplemeni de ce qu'il y avait de peu noble pour un
chevalier dans cette manière de se faire voimrer, et l'explicaiion bi/arre
qu'en donne Chrétien est une invention ou au moins une eiatjération'. Ce
I
I. Gaufrci a|0ute que dans te temple de Minerve il avait allumÊ un feu qui
M iVteiffnjit pa^, el dont l'aliment, lu lieu de devenir cendres. \t changeait en
pierres. C'est prubablemmt une allusion aux mines île houille qui » trouvent
A»r& le Sotnerset. — Wace n'a pas traduit ce pauage, qu'il ne comprenait taos
doute pas.
I. wace aioule ici : Ot BUiud Ju Baét léd. B^lda\ nofiit, La ttcenJe l<trt,
I, oiUt^ Oit ftaJi ot par lc\s] bam[t\ »st non. Wace, ici comme ailleurs, aime
ï montrer par une élyntologie m connaissance de l'anglais.
]. M;ilorv dit leulemmt .iu it^but que Meliacraunc^ était iils de Bagdemagus,
personnagequi d'ailleurs parait pluiieurs fou dans d'autres pailles de m com-
pilation ; mais il ne lui donne aucun rALc dans l'épisode de l'enlèvement de U
reine.
4. (^Hque chose de semblable, mais de plus raisonnable, a dû se trouver
aussi dans la source de Maiory ; vojrex ci-dessus, p. ^oo, ks paroles de la dame
JI4 C. PARIS
rftle delà charrenecst sans conteste propre à t'évotutton anglo-normande
du récit : l'épopée galloise s'est produiie et développée dans un milieu qui
n'était pas chevaleresque, ei où les guerriers n'avaieni même pas l'haW-
luclc de monier à cheval. Mais la charreiic devait figurer à une occasion
quelconque dans le récit primitif: dans quelques conCes» le ïaii de mon-
ter sur une charrette faK rentrer sous l'empire de Li mon un habitant
du (> pays de réternelle ieunesse » ' ; peut-être dans le nôtre ce véhicule .
avait-il quelque fonction analogue. 1
Nous pouvons maintenant suivre avec une assez grande vraisemblance
l'histoire de notre poème depuis l'origine. Il s'agit d'abord de t'enlève-
ment d'une reine par le roi de la terre des morts-, son époux, malgré
tous les obitactos, va la rechercher et la ramène. — A un certain
moment, cette reine est désignée commeéianilafemme d'Arthur, et c'en _
lui qui la délivre. En même temps ou un peu plus tard, le nu des morts I
perd son caractère mythologique et devient Madwas, roi de Somerset ^
(ou de Gorre), ayant Bade pour capitale : des traces de l'anden récit
se conservent dans les noms d* v lie de verre >■ ou de royaume •> doai m
nul ne retourne » donnés i son pays et dans la description du pont i
de l'Épée, par lequel on y arrive. C'est sous cette forme que le conte
breton pénètre dans la poésie anglo-nortnande ; il parait y avoir pris
trois formes diverses, qui remontent toutes â une même source, où
Lancelot était substitué à Arthur : le Chevalier du chariat, que nous
connaissons plus ou moins exaciemem par Malory, oii le pont a dis-
paru >; — le poème qu'a connu Henri du Turlin, où le fleuve, sinon le
de CtienièvTt en voyant arriver Lancelot ; on conduisait «ffectiverneat les con-
damna au supplice àiM une charrette. — Henri du Tûrlin a îur la charrette
une explication qui ressemble beaucoup à celle de Chrélien. mais qsi se rap-
proche »pendinl de ctllc de Mslory en ce qu'elle présente éulemettl la char-
rette comme conduisant les condamnés au gioet, tandis i^ue Cnr^tien la regarde
comme continuant en elle-même un supplice, qu'il compare an pilon ; ■ Il ]r
avait une coutume dans le pays : celui qui avait même la honie d'ttre penâi ou
mutilé et qui était condamné, les tuurreaux le prenaient et l'asse^r^'ent sur un
chariot qti le portait Imit alenlnur. de villes en villa^s, et tous ceux qui le
voyaient sur le chariot vengeaient sa honte sur lui, car on lui jetait tout ce iiae
chacun avait sous U main, bois ou pi«rre , ainti il expiait ton cntne (v. IM l-
I. Dans le po^me popuUirc italien de Stnto, tkt (rrcava Ji moa mofucmai |je
me sers d'une édition s. d. de Bolosnel, Senso. parcourant la terre des mortels
sur un cheval du pays de l' immortalité, ne Joit pas en descendre ; il commet
l'imprudence de mettre le pied sur dik charrette, qui est conduite par la Mort
clle-ménnc, et i! retombe soqs son pouvoir. — Il est i remaïquer que dans te
conte irlandais à'Oiùn à Tirrunofie, qui est absolument semblable à celui de
Senso, il ne s'agit pas de charrette : Otsin met malgré lui pied i terre es laUaat
un grand effort pour soulever une pierre.
a. 11 reste sans doute une trace du âeuve infernal dans le passage de la
Tamise par Lancelot i cheval >;voy. cî-dcsiu», p. 499I.
k
LE CONTE Oe LA CHARRETTE (l{
pom, était conservé, etoù, comine dans Henri, Lancelot monle sur le
duriot parce qu^I est irop fotigué pour poursuivre la route à pied -, —
enbi b source de Chrétien.
Cettesource n'a dCi lui être accessible que par un récit oral. Qu'y a trouvé
le poète français ^ Probablement assez peu de chose, il a su que Méléa-
gcant, Tils de Bademagu. roi de lïade, enlevait Guenièvre ei l'emmenait
dau le pays dont noi n'est jamais revenu ', que Ké essayait vainement
de ta suivre ', que Lancelot réunissait mieux, bien qu'obligé à un ctr-
Uin moment de monter sur une charrette, qu'il franchissait le pont de
l'épée. livrait bataille à Méléaguant et ramenait la reine. Tout le reste
seaible de son invention. Au lieu de l'enlèvement de Guenièvre cueillant
le mai par Méléaguant caché dans le bois, tel qu'il est raconté par
Malory et attesté par les allusions galloises, il a inventé le défi du com-
mencement, lieu commun des romjns bretons chevaleresques; quant à
l'iniervcniion de Lancelot. très bien motivée dans le récit de Malory, il
la laisse pour ses lecteurs totalement inexpliquée. Il a donné comme paraî-
tre au voyafifi de Lancelot celui de Cauvain, pour étoffer un peu sa
matière, et créé le pont evage comme pendant au pont de l'épée >. ri a
noiivé assez obscurément l'épisode de la charrette. Il a allongé son
récit trop maigre de plusieurs façons : d'abord par les diiTérents épisodes
du voyage de Lancelot, le lit périlleux, le chevalier du gué, la demoi-
selle qu'on veut forcer puis enlever, te cimetière et son inscription pro-
phétique, le passage des pierres, le combat des gens de Logrcs et de
ceui de Gorre, le chMeau cru enchanté, le combat avec uninsulteurqui
est nié. De ces épisodes, aucun, sauf l'histoire du lit périlleux, déplacée
ici et empnintée à d'autres contes, n'a un caractère celtique ; ce sont
des aventures assez banales, dont l'agréable manière de les conter fait
tout l'intérêt, et que le poète, comme nous l'avons vu, ne s'est même
pas soucié de rendre vraisemblables ou liées entre elles. Le récit entendu
par lui finissait sans doute après le premier combat de Lancelot contre
Méléaguant j celui-ci était vaincu, et Lancelot ramenait la reine *. Mais
cela ne faisait pas le compte du poète français : grâce a l'Intervention de
Bademagu, il a prolongé l'aventure , l'accusation portée par Méléaguant
k
I. Chrétien est le seul qui ait conservé celte précieuse dénomination.
3. Le réic de Ké éuit i peu près pareil itm le poème connu par Henri
du Tùrlin (voy. ci-tleisui, p. }oO. et Jtutii ilani celui qu'a suivi Malory.
}. Il n'cu pourtant pas impossible que nous ayons li aussi une ancienne tra-
dition mytboliigiquc. Le royaume des mcrts nt quelquefois conçu comme èiant
non dans une tTe, mais wus Teau, et on y accède par un pont dans le genre
de celui aue décrit Chrétien.
4. Chreiien, qui ne sait plus ce que veut dire ce pays « dont nul ne reloime, 1
«eut que la délivrance de la reine entraîne celle de tous les autres prisonnitrs
qaî y sont retenus : c'est évidemment une malencootmite addition.
{i6 0. Paris
contre Gueni&vre am^nc un second combat, qui reste indécis comraé'ië"
premier; la trahison de Mél^aguant, le tournoi de Pomelagoi avec les
exploits de Lanceloi inconnu, sa délivrance définitive et sa victoire lur
Méléaguant à la cour d'Arthur sont encore des épisodes qui me paraïueni
sortis de l'imagination de Chrétien.
J'ai laissé de c6té ceux qui touchent aux amours de Lancelot ei de
Guenièvre : b continence du héros et la trouvaille du peigne dans la
première partie, et dans la seconde le méconicntemcni de la reine, la
double temaiive de suicide, l'entrevue nocturne, et les ordres contra-
dictoires que Guenièvre donne à son chevalier au tournoi où elle est
seule à le reconnaître. Tous ces traits demandent en ctfet A être exami-
nés ensemble ei à part. La seule question qui se pose ici est celle de
savoir si c'est Chrétien qui a inventé ces amours. Si nous avons eu rai-
son de penser que le poème auquel se rapportent les allusions de la
Cronc ne les connaissait p.is, il deviendra très probable que c'est i Chré-
tien qu'ils doivent leur existence. Dans le récit qui lui a été communiqué,
comme dans celui qu'a suivi Henri du Turlin, Lancelot ne délivrait la
reine que pour accomplir le devoir d'un chevalier brave et fidèle : c'est
le poÈte champenois qui parait avoir eu l'idée de lui prêter d'autres sen-
Timems, et qui en a profilé pour peindre l'amour, dans son roman, d'une
façon qui a fait jadis et fait encore aujourd'hui le principal intérêt de
son leuvre.
IV. — L'aprii du poème de Chrititn.
Le ChevaUtT de la Charrette me parait en effet avoir, dans l'htsioire de
la littérature française au moyen Age et particulièrement du chapitre qui
nous occupe, une importance f^us grande que celle qu'on lui a d'ordi-
naire attribuée. L'originalité de ce poème, une fois la question du fond
et du sens primitif mise â pan, consiste dans la façon dont il présente
ses personnages, dans les mobiles qu'il donne à leurs actions, et notam-
ment dans la conception qu'il nous offre de l'amour. C'est A ce point de
vue nouveau que je vais maimenanl l'examiner.
Les deux principaux héros, Lancelot et Gauvain, se disiingaeni égale-
ment par la prouesse et la courtoisie. Gauvain. n'ayant pu empêcher la
malencontreuse remise de Guenièvre à Ké, la suit du moins pour la
délivrer ^ il ne se laisse pas effrayer par les dangers de l'aventure, et
risque le passage du pont sous l'eau, oii il manque périr. Non moins
loyal et courtois que brave, il abandonne sans hésiter au chevalier
inconnu qu'il rencontre le cheval qu'il lui demande, et i la fin du poème
il s'apprête à soutenir pour son ami absent le combat contre Uéléagaam.
Lancelot possède les mêmes qualités à un degré plus apparent encore :
LE CONTR DC LA CHARRETTE JI7
îtK recule jamais devant aucun péril, il est trois fois vainqueur de
HéKaguam, il remporte comme en se jouant le prix du loumoî. Sa
géDéronlé égale sa v;iilUnce : il permet â un vaincu de reprendre ses
armes et de recommencer la luiie. Fidèle à sa parole jusqu'au saupule,
it panage, malgré sa répugnance, la couche de la demoiselle i qui il l'a
promis, et revient dans la prison dont on Ta laissé sortir sur son enga-
gement. Mais, à la différence de son ami Gauvain, toutes ses acuons,
toutes ses pensées, sont dominées par l'amour qu'il porte à Cueniévrc.
Cet amour est une sorte de fascination et en même temps d'idolitrie qui
ne le laisse maître, en dehors de ce sentiment, d'aucune partie de son
élre. Il n'est rien qu'il ne brave pour arracher Gucniévre à son ravjs-
teur. En la vopnt passer du haut d'une fenêtre qui domine un abîme, il
s'élance vers elle et se précipiterait s'il n'était retenu (ci-dessus, p. 467) .
Il ne peut avoir pour l'amour de toute autre femme que de l'aversion
(pr468). En voyant le peigne où som restés quelques cheveux d'elle, ce
lerrier que rien ne fait pÂlir tombe en délaillance. Pour les cheveta
'qo^il a dérobés il donnerait tous les trésors (p. 470). Sa vue inopinée le
plonge dans une telle extase qu'il ne sait plus ce qu'il fait et manque se
laisser vaincre (p. 47^). Soumis prés d'elle comme un enfant, après
l'avoir sauvée à travers mille dangers, il s'incline devant un mauvais
accueil dont il ne comprend pas la cause et se contente de gémir (p. 476).
Quand il croit qu'elle a péri, la vie ne lai semble pas un instant suppor-
table, et il cherche à se procurer immédiatement la mon p- 477]. H lui
ncrilie plus que la vie, l'honneur : il est vrai qu'avant de monter dans
bdiarrette infamante, il a une nunute d'hésitation Ip. 4661, mats il
reconnaît plus urd qu'il a été coupable, et, quand par la suite elle lui
impose ce qui peut être pour lui le plus pénible, l'apparence de ta couar-
dise, il ne balance plus un moment, et par deux fois se laisse hotmir
sans murmurer ^p. 48t;. Il ne semble pas d'ailleurs qu'il ait l'ombre
d'un scrupule sur ses relations avec elle, et que ce chevalier loyal entre
tous se reproche b trahison qull commet envers son noble seigneur, le
roi Artu. L'amour régne dans son Âme avec une tyrannie sans nul
conue-poidi , il y est le principe des actions les plus hardies ei les fhs.
nobles, comme il le fait passer par-dessus toutes les considérations,
même de gloire et de conscience. C'est le type absolu de l'amoureux tel
qu'il a longtemps été conçi dans la poésie, et r^é, sinon réalisé, dans
U vie.
Pbçons en regard le caractère de Cuenîèvre. Il est moins souvent en
évidence, mais il n'est pas moi» Mttanent marqoé. Elle est le nndéle
de toutes les perfections de la feounc, comme Laoceloi est celui de toutes
les vertus vîntes. Sa courtoisie et sa douceur ont captivé le bon roi
Bademagu, comme ta fo^m acCompGe dont elle remplît ses fonctions de
{l8 G. PARIS
reine (ait le bonheur ile son mari et le charme de sa cour ■ . Elk aime
Lancelot autant qu'elle en est aimée, et ne parait pas plus que lui éprou-
ver de remords de sa conduite. Quand elle le croit mort, et qu'elle a lieu
de penser que sa dureté avec lui en est la cause indirecte, elle se résout
à mourir de faim, cachant d'ailleurs l'excès de sa douleur et son sinistre
dessein, ei conservant avec tous 1c décorum qui convient à son rang.
Pour le voir et le recevoir, elle oublie les dangers qu'elle peut courir, ei
lui donne le rendez-vous qui manque en effet la perdre. Mais i côté de
ces traits qui lui sont communs avec son amant, sa conduite avec lui en
présente de tout opposés. Elle l'accueille, après la mcn-eilleusc aventure
quil a pour elle seule menée à bonne fin, avec une dureté extrême, fon-
dée sur ce qu'il a hésité un instant i accepter l'infamie pour la suivre.
ce qui serait la plus cruelle ingratitude st ce n'était l'application des
régies d'un art raffiné de l'amour, F.Ile se plaît à lui imposer ses fantai-
sies les plus ^nguliëres, comme quand elle lui ordonne de se comporter
au tournoi du pis qu'il pourra, et elle se réjouit en son cceur de la dod-
liié enfantine qu'elle rencontre, et qu'elle a préparée en réprimant comme
elle l'a fait la plus légère apparence d'écan. Aux yeux du poète, elle est
en cela djns son rôle tout aussi bien que lui, ci cUe est le type accompli
de la dame tout comme il est celui de Wtmi.
Les principaux caractères de lamour ainsi entendu sont tes suivants :
1" Il est illégitime, furtif. On ne conçoit pas de rapports pareils entre
mari ei femme; la crainie perpétuelle de Tamam de perdre sa maltresse,
de ne plus être digne d'elle, de lui déplaire en quoi que ce soit, ne peut
se concilier avec la possession calme et publique ; c'est au don sans cesse
révocable d'elle-même, au sacrifice énorme qu'elle a fait, au risque
qu'elle court constamment, que la femme doit la supériorité que l'amant
lui reconnaît.
2* A cause de cela, l'amant est toujours devant la femme dans une
position inférieure, dans une timidité que rien ne rassure, dans un per-
pétuel tremblement, bien qu'il sort d'ailleurs en louies rencontres le plus
hardi des guerriers. Elle au rontraire, tout en l'aimant sincèrement, se
montre avec lui capricieuse, souvent injuste, hautaine, dédaigneuse;
elle lui fait sentir â chaque momeni qt;'il peut la perdre et qu'A la
moindre faute contre le code de l'amour il la perdra.
)" Pour être digne de la tendresse qu'il souhaite ou qu'il a déj! obte*
nue. il accomplit toutes tes prouesses imaginables, et elle de son côté
songe toujours à le rendre ir>eilleur, i le faire plus n valoir »; ses
1. Ces traits du caractère de Cueniérre sont peu marqués ici, mais se
retrouvent djns d'aulr» roouns de Oirètien et dans le Unctlot en i>ro»c. qui
iuit la même inspiration.
LE CONTF. DE LA CHARRETTE {I9
Caprices apparents, ses rigueurs passagères, ont même d'ordinaiie ce
but, et ne sont que des moyens ou de raffiner son amour ou d'exalter
son courage.
4* Enfin, ei c'est ce qui r^ume tout le reste, l'amour est un an, une
science, une vertu, qui a ses règles tout comme la chevalerie ou la cour-
toisie, règles qu'on possède et qu'on applique mieux à mesure qu'on a
fait plus de progris, et auxquelles on ne doit pas manquer sous peine
d'ttre jugé indigne.
Dans aucun ouvrage français, autant tju'il me semble, cet amour
Cùattûis n'apparaît avant le CheyalUr de ta Ckarreitt. L'amour de Trisiran
ei d'Iseut est autre chose : c'est une passion simple, ardenic. naturelle,
qui ne connait pas les subtilités et les raffinements de celui de Lancclot
et de Guenièvre '. Dans les poèmes de Benoit de Sainte-More, nous
trouvons la galanterie, mais non cet amour cxahé et presque mystique,
I pns cesser pourtant d'éire sensuel. Il en est de mè.me de VEracle de
I jGsiutier d'Arras. il en est de mime des poèmes de Chrétien antérieurs à
' Cdui-ll : dans Ertc nous voyons même la femme traitée avec une
certaine brutalité >. L'amour conventionnel et idéal se retrouve, quoique
moins en évidence, dans le ChevalUr au Lion, mais ce po^me, comme
nous l'avons vu, est postérieur au Coule de la CharreUe. C'est donc dans
ce dernier ouvrage qu'il se présente pour la première fois dans le monde
poétique, qu'il devait pendant longtemps éblouir et dominer.
Une telle conception, destinée â un succès si prompt et si grand,
n'est certainement pas sortie tout à coup, sans que rien l'eùi préparée
antérieurement et l'appelât dans le milieu contemporain, du cerveau du
poète champenois. Elle a des origines multiples, qu'il n'est pas possible
d'étudier ici en détail, mais qu'il est au moins possible d'indiquer.
L'idée de traiter l'amour comme une science, de lui faire un code, de
lui constituer une iurisprudence, parait avoir son origine dans VAn
amjtoriâ d'Ovide, livre si goûté des clercs, si lu dans tes écoles, et que
Chrétien lui-même, comme nous l'avons vu, avait traduit à ses débuts.
I . Dans une version cependant, noui trouvons quelque chose de fort ini-
logue. DsDs le po^e d'Eilharld'Otierg léd, Lictiieostein, v.68}] ss.l.Pleheria,
3UI prend pour Trisiran un civ^tler qui j'cntuil, l'aditirc en vain »a nom d'Iseut
e s arrêter, (seul, croyant Trisiran coupable dt cette infraction aux lois de
l'amour, le repouwe et le fait crueilemeni miltrailer le lendcntiin quand, décuiié
en tépreui. i! «saie de s approcher d'elle. Eilhart écrivait vers 1 175, el cette
partie de son poème, qui dillère beaucoup de la parue correspondiDle ou po^me
de Thora^ii, j un caractère assez peu ancien. Il est possible que cet épisode ait
été inséré dans un poème français composé après le Conte dt la Chaiîit.
1. Il nt vrai que cela se passe entre mari el (emnie. Mail l'amour d'Erec
pour Emde, dans la première partie du poème, o'a rien aue de naturel et de
simple. Vg);ez aussi les épisodes de l'amour, fort peu raffine, dont Giloain et le
comte de umors se prennenl pour Enide.
"pO C. PARIS
I Si l'amour qu'ensdgne Ovide ne ressemble gu&rc h l'amour chevaleresque
1 et counois, il a cependant avec celui-ci un poim commun, et un point
' fort esscniiei ; l'un et l'autre sont nécessairemetit des amours illégitimei,
en dehors du mariage. D'autres analogies seront facîicmeni trouva par
qui voudra examiner de plus près un su}et qui n'est ici qu'effleura. Le
moyen âge, avec sa tendance logicienne ei g^<?ralis.iiricc, devaii trans-
former en rigides maximes les frivoles préceptes de cette théorie mondaine
Convaincu comme il l'était que toute œuvre d'art est avant tout destinée
à Pinstruclion, il devait prendre au sérieux ce traité, classique au même
titre que tout ce qui venait de l'aniiquiie, et chercher à le rendre plus
systématique et plus pratique. Cette dlspositior; coïncidait d'ailleurs avec
le fait capital du xii* siècle, la création de la société courtoise par l'éta-
blissement dans l'aristoaatie, à laquelle se taltachail le monde des fiera,
des règles d'une étiquette subtile et souvent bizarre dont Tobserva-
don rigoureuse était une science, dont la négligence Msqaatipait un
homme et en faisait un " vilain ». La réunion des deux sexes dans les
fêtes, qui commençait alors à être habituelle, donnait naiurellemeni
l'idée de régler leurs rapports, et dans ces règles on ne s'arrêta pas aux
relations extérieures, on voulut déterminer même ce qui Aait de bon
ton, de convenance ou de rigueur dans les liaisons les plus intimes.
Ces réunions mondaines des deux sexes paraissent avoir été daboid
plus fréquentes et plus brillantes qu'ailleurs à la cour du roi Henri )**
d'An^erre. Ce prince, dont nous ne connaissons malheureusement pas
te règne avec assez de détail, est évidemment un des rois les plus remar-
quables qu'ait eus ce pays. Il aimait beaucoup \e plaisir et les fêtes, et
dans ses châteaux, sunout avant ta catastrophe de la Blanche Nef, il se
plaisait i inviter les dames « les demoiselles, cherchant à plaire et plai-
sant à plus d'une, donnant l'exemple de la galanterie i ses chevaliers, et
mêlant aux brillants tournois les assemblées et tes jeux. Geotfrei Gaimar,
dans le curieux passage de son Ejtoire des EagUis ob il annonce son
intention d'écrire la vie de Henri, dit qu'il parlera surtout de ces galan-
teries et de ces féies splendides qu'il reproche à David, autre historiés de
Henri, d'avoir laissées de c6té '. Nous n'avons malheureusement pas
l'ouvrage promis par Gaîmar (en admettant qu'il l'ail écrili , pas plus que
nous n'avons celui de David. Mais il me semble qu'il est permis de voir
an écho de ces fêtes et de ce premier éveil de la galanterie cheval^
resque dans ce curieux passage de Caufrei de Monmouth, où tl npté-
1 . Mis étî ftsta ke tint ti rets, Dtl toschtUr ru dtl ^Ms, Dtl domtm t de
l'amitr Kt dtmtna li rm millar Kt unkej fast ne ja mh ttit... Ne ail garées Fntrif
Davi, etc. D>vid avjit écrit la vie de Menrr en Uîsses Rionorimes, pour
Aeliz de Louvain, la veuve de Henri, tjui. au dire de Gaimar, liuit ïouveni ce
po^pic; il est asseï naturel qu'il eût laissé dans l'oaibrecc câïé deU viedu roi.
LE COtiTS DE LA CHARRETTE (21
[sente la cour d'Anhur telle qu'elle apparaissaii, comme idéal, à l'imagi-
nation d'un homme qui écrivait précisément i la fin du régne de
Henri ]":<<. Lj Bretagne était arrivée alors i un tel comble de gran-
deur que pour la richesse, le luxe et la politesse, elle surpassait de
beaucoup tous les autres royaumes. Les chevaliers y étaient renommés
pour leur prouesse ..... ei les femmes, non moins célèbres par leur
Courtoisie, n'estimaient dignes de leur amour que ceux qui avaient
donné des preuves de leur valeur dans trois combats diîTérents. Ainsi la
valeur des hommes était un encouragement pour la chasteté des femmes •,
et l'amour des femmes était un aiguillon pour la valeur des cheva-
liers (I. IX, c. ij)'- '
Assurément ce n'était pas dans les traditions celtiques que Gaufrei
avait trouvé une pareille conception. Les Celtes ont créé, dans l'histoire
de Tristran et d'Iseut, le plus merveilleux poème d'amour qu'ait peut-
être produit rhumanité, mais cet amour sauvage, indomptable et pas-
sionné n'a tien des conventions, des quintessences et des langueurs de
rjroour chevaleresque. Il en est de môme des aventures amoureuses,
d'ocdinaire tristes et tendres, qui font le sujet d'un grand nombre des
lais bretons : l'amour, il est vrai, y est souvent coupable, mais jamais il
ne présente les caractères que j'ai indiqués plus haut, et notamment la
supériorité de la dame sur l'ami, et l'influence qu'elle exerce sur celui-o
pour le pousser à grandir sans cesse en prouesse ei en renommée.
L^aniour qu'on rencontre ailleurs dans les narrations de Gaufre:) est
d'un tout aune genre, et le passage qui vient d'être cité est parfaitement
isolé dans son livre, le crois donc qu'il est inspiré par le souvenir des
cours fastueuses et galantes du roi Henri, dont l'imitation se répandit
bientôt en France, et qui, par le» tournois ei les assemblées des deux
sexes, formèrent le vrai point de départ et le foyer de la société cour-
toise, amoureuse et raffinée.
A ce courant venu d'Angleterre répondait un autre courant venu du
Midi. Là. de bonne heure et indépendamment, s'était aussi formée une
société polie et galante, qui, n'étant pas attachée comme en Angleterre
à un centre fixe, était éparse dans maintes petites cours bospiuliéres.
Dans cette société assez oisive et de mœurs peu sévères s'était produite
une poésie qui, de bonne heure, avait été surtout une poésie d'amour,
et d'amour raffiné et savant, d'amour de tête, comme on l'a fort bien
dit, et non d'amour de cceur. La le c6ié guerrier, que développaient
I . Cdt n'c«t pii fort clair : par ■ ehaitelé • il E*ut sans doute entendre
I pcrfcclioo [èaiiBtne >.
3. Voy. encore le chap. suivant
J. Sans parier des récils antérieurs, voir les amoin d'Utcr avec Igenc
I, tf) el ceux de JAodrtd avec Guanbumara (Xi, ijl.
}12 C. PARIS
ailleurs les loumois, avait été laissé i peu près à l'écart; mais en
revanche l'idée que Tamour est une venu et qu'il exdle i toutes les
autres, surtout aux vertus sociales, était devenue un principe fbndameiw
tal. Ce n'est pas ici le lieu de rechercher les origines de cette concep-
tion qui, de plus en plus idéalisée et sysiémaiisée, devait aboutir au
mysticisme amoureux d'un Guîdo Guiniceili ou d'un Dante. Il suffit, pour
voir à quel point elle était établie comme convention poétique chez les
troubadours, de parcourir les témoignages que Diez en a réuni?'. Il
n'était pas moins convenu que l'amour était un art, une science, et que
pour avoir le droit de s'en mêler il fallait en posséder les r^lcs. Cétaient
surtout les femmes <\u\ s'intércs$<iient, en cette matière qui les touchait
particulièrement, à t 'établissement et au maintien des bonnes coutumes
d'amour, et qui se faisaient un amusement de société de les discuter, de
les fixeietdclescommenter.tJr.précisémeniàrépoqueoù fut composé le
Coate de la CliareUf la lyrique des troubadours, avec tout l'ensemble de
formes poétiques, de conceptions littéraires et de conventions sentimetw
taies qui la composait, pénétrait dans la Fiance du Nord. Aux chansons
simples et plus ou moins populaires, â rimes plates ou entrelacées deux
i deux, qui avaient jusque-U été seules connues, se substituaient les
chants à strophes compliquées, toujours divisées en trois panies. aux
agencements anistiques de rimes, a la structure modifiée pour chaque
pitee/Dans le nord comme dans le midi, les princes, les hauts barons,
les grandes dames se menaient à troattr, et \à aussi l'amour faisait le
fond de cette poésie de société, et c'était l'amout tel que l'avaient pré-
senté les troubadours, l'amour qui faisait le charme et le danger des réu-
nions mondaines, l'amour illégitime et caché, et en même temps l'amour
considéré comme un an et comme une vertu. Chrétien de Troyes est
un des premiers, Ee premier peut-être, qui ait imité en langue d'oil
la poésie lyrique de la langue d'oc. Les trois chansons qu'on a de
lui n'ont rien de remarquable, si ce n'est leur ressemblance avec plus
d'une canso provençale. Dans l'une d'elles, il exprime ses idées sur
l'amour d'une façon qui correspond exactement i la doctrine des trou-
badours : » On ne peut faire auain progrés dans la science de
l'amour, dit-il, si on n'est A la fois coartoit et intelligent, ■>
Nuls, s'il n'est conois et sages,
Ne puet riens d'amors aprendre *.
La même théorie qui dictait ces vers a inspiré la peinture de l'amour
telle que nous la trouvons dans le Conte de la Charete. Or Chrétien
semble bien nous indiquer lui-même dans quel milieu et sous quelle
I . Dins son livre Du Pcisit ia 7>«iiKiimirt.
j. WaclcefnagH, Altfieiuausdu lÀi4t', p. iv.
LE CONTR De LA CHARRETTE i,2\
influence il l'a conçue comme po*ie lyrique et exprimée comme romancier.
Lj comiessc de Champagne, nous dit-il, lui avait fourni non seule-
ment la maiiirt de sun poème, mais encore le serjy l'esprii. Je crois qu'il
faut entendre ce mot dans son sens le plus positif, ei que le ceicle de
Marie de Champagne ei des siens a été le principal foyer de la propaga-
tion en France de l'idéal social, sentimental et poétique dont j'ai indi-
qué les origines. Elle étail fille d'Aiienor de Poitiers, et resta tou-
iourc en commerce avec elle. Or on sait que celle-ci, petite-fille du
célèbre Guillaume IX, conserra, comme reine de France puis d'Angle-
terre, le gOiAt de la poésie et des mœurs du Midi. Elle appela i elle
plusieurs troubadours, et on peut croire que ce fut clic qui fit connaître
ei imiter leur an compliqué aux poètes qui voulaient lui plaire. La
galanterie à laquelle elle se livrait avec passion ne dut pas exercer autour
d'elle une moindre inlluence, et les brillantes assemblées qu'elle prési-
dait furent bientài imitées ailleurs. Sa tjtle Marie avait hérité et de son
amoux pour le monde et tes plaisirs et de ses goûts Itiiératres, Malgré
la rareté extrême des documents d'un caractère intime et personnel que
nous possédons sur cette époque, il nous est arrivé des preuves sufB-
santes de l'un et de l'autre fait. Nous possédons, outre la Charete et la
céIM)re chanson que de sa prison lui adressait son frère Richard Cœur
de Lion, deux poèmes qui om été composés sous les auspices de la com-
tesse Marie : ce sont, il est \-rai, des ouvrages d'un tout autre genre, des
livres de piété ; mais on sait qu'au moyen âge la dévotion et la galan-
terie n'avaient rien d'inconciliable; d'ailleurs quand elle les (it faire,
elle était arrivée a un âge plus que mûr, et ses goûts littéraires pre-
naient naiurdlemeni une autre forme. L'un de ces ouvrages, la para-
phrase anonyme du psaume Eriuiayit^ conservée dans de nombreux
manuscrits ', fiit éait après son veuvage {i i8i) ; l'autre, la uaduaion
de la Cenise par Everat. ne fut terminé qu'après sa mort '11981 >,
D'autre pan, même étant veuve et Âgée de plus de quarante ans, elle
n'avait pas renoncé aux succès mondains, car c'était pour lui plaire que
Conon de Béthune, e:itre 1 186 et 1 190 1, composait ses première* chan-
sons C'est aussi pour elle qu'Aubouin de Sézannc parait avoir composé
une de ses meilleures pièces 1. Mais le témoignage le plus curieux et le
plus sâr que nous ayons sur l'influence sociale et poétique de Marie
1. Voy. Rm. VI, 9.
2. Voy. d'Arboii de Jubiinville, Hliloire Jtt temta it Ckmftgnt, t. tV,
p. 640.
). Dans la pièce célèbre où >l se pUiat de la reine mère de Fr»occ lAeliz de
Cbanpagne) et de son lils le roi, qui oni blimé ses «mis poéliau», Cobdo dit
que c est Lt prètence de ta comtesse de Chdni|Nigne qui V* le plus affligé.
4. Voy. d'Arboii de Jubainville, i. /., p. 64;-4.
{J4 C. TAMS
ainsi que de sa mère Alienor est le fameux livre d'André te Chapelain,
Ftos amoru ou De artt hoatste ama/idi, sur lequel, pour plus d'une oi-
son, il est nécessaire que je m'airète quelque peu.
L'ouvrage singulier dont il s'agit se divise en deux livres. Le premier,
après des définitions de l'amour, de ses eilets, de la manière dont ù s'aiy
quiert, enseigne comment on doit pr<fsentcr une requête d'amour et y
répondre dans les diiïérentes situations sociales. A ces prteeptes se
mètem des remarques sur la noblesse, condiiior. indispensable de l'amour,
sur la courtoisie, la prouesse, la largesse, etc. L'un des entretiens iictih
qui remplissent plusieurs chapitres nous représente un chevalier qui prie
d'amour une dame, laquelle lui objecte que, mariée à un époux excel-
lent et aimée de lui, elle ne peut donner son amour à un autre ; le che-
valier essaie de lui démontrer que le sentiment qui existe enue un mari
et sa femme ne peut être l'amour (pas plus, dit-il, qu'entre un père et
un fils il ne peut exister ce qu'on appelle proprement de ramiiié], et
que, tout en étant une épouse parfaite, die reste libre de donner i un
autre cet amour que son mari ne peut recevoir ; entre autres raisons, il
allègue que la jalousie ne doit pas avoir de pbce entre époux, tandis
qu'entre amants elle est nécessaire. La dame conteste ces propositions,
et ils conviennent de s'en rapporter à l'arbitrage de la comtesse de
Champagne, dont personne ne pourra récuser le jugement. Suit ^cb. X'}
U lettre qu'ils sont censés rédiger en conunun : lUiutri fanine ac tapunti
M. Campante comit'uu mulUr nobilis et cornes tiuidam saluum et tjUtc^utJ
in orÎK jocandius. Antique nobis consuaudo demonstrat aptrie, tt Hteram
istai ordo depouii, ui inàe justicie precipae lajairatar iffecias obi sapùn-
tia ipsa manifeste cognoicitar sibi iiomiciUum im-tmut; et raiionii [tst\
niitatem poiius ex jonlis quererc pluritudîne qaam ex pan'uloram tenmîaie
riwan imndicata postulart suffragia. C'est pourquoi ils soumettent leur
différend à la comtesse : Nam Ut^uido tt maaîfesia vtritaie scientts sapita-
tif loj omnimodam plenitadintm pouidere ac neminem jasticia deàpert tetle
decipiqiu nullatenus poue crtdenttt, ixcttltntie restre inslantitstMe jaJicium
iittploramtts [f. j{l. La comtesse Marie d'initiale la désigne suffisamment!
décide sans hésitation les deux questions dans te sens du chevalier,
c'est-à-dire qu'elle déclare que l'amour est impossible entre époux, et
qu'entre amants il est inséparable de la jalousie. Elle termine en disant
que ce jugement a été rendu après mûre rétiexion {cum nimîa modera-
tione) et confirmé par le conseil de beaucoup de dames \plartum dùnioû-
ram cotttitio roboratum\. La lelUe est datée ah anno M". C». LXXVr. ■,
/ I. Je me sers du ms. de la B. N. Ut. 8;i8, le mime qu'ont em|doyé pour
lears éludes Raynouard, Di« et Fauriel (Wm. lili., XXI, î20 ss-).
3. Et DOS 1174, comme on l'a toajours répété i'ipris Raynousrd {Ckoà,
n, xc|.
LB COWTB DE U CHARRETTE IJJ
Uràe kaiendûs Maii, indictioru VU". Marie, net vers : i ]S, devait avoir i
cette époque irenie-huit ans. Le Conte dt la CkareU avait été écrit, sous
ton inspiration, quelques années auparavant. — Plus loin if. 63], ce
jagement de la comtesse de Champagne est invoqué par un chevalier
auquel la dame qu'il sollicite objecte qu'il a une femme digne de toute
u tendresse : Confiieor me pukram salis habere uxorem, et ego tfuidtm
ipiam tota mtnie tt affutione ditigo maritati: sed cam uiam inier virum et
uxortm posse nuliatitias esse amortm, Campante hoc comtisse roboranU
uttttntia^ tt in hac rita nallam poste J/tri bontim msi illud qao^l ex amore
originis lampserii 'tncrtmtnta, aon immerito extra nuptialia mih'i fédéra
pottuiarf cogOT amortm /" g6 v'\. Dans le ch. 6 du liv. II. André cite
encore la comtesse de Champagne ei se réf<i>re à des paroles d'elle : hoc
qmdem Campante tomiussam ex ^aibusdata sais diciis sentisse coganiaus
(f* 91 r*t;. — Mais c'est surtout dans te célèbre chapitre 7, sur les
^^ « jugements d'amour », qu'elle est souvent mentionnée. C'est elle qui
décide le plus grand nombre des cas lilifjieux que l'auteur assure avoir
été soumis au jugement des dames : on rapporte sept de ces arrêts [i. 93
ri», 92 v"6, 9î r*ii, 9î va, 95 r«t, 96 v"d, 97 va '], tandis qu'on
n'en attribue que quatre à sa mère Alienor, trois à u Mingardis ■, c'est-
à-dire Ermenjart de Narbonne, trois à une comtesse de Flandres non
nommée, mais qui doit être Marguerite d'Alsace ^ trois à « ta reine ••,
sans doute Aeliz de Champagne, reine de France depuis 1 lôo et belle*
sœur de Marie de Champagne 1, et une à une turia dominarum ta Gua-
rconia habita. — Ainsi c'est l'autorité de Marie de Champagne qui est
1 . C«tm-ci est assex curieux : Quisitam tfOùaue fuit j Campinic iomitiisa ^ms
JtttJt jmanu.% 4 (Mnwnti^oi ctlàlm aaiptti. Cm tahUr tn^uisiltom (omilttSJ m-
fëpiUorum Itgëmiim, aari trgtntt^ut eeroiuim, peclmit /titthm. sptculiun, tinta-
tam, rtmriupium, fattrts tetduhm, ptcUixm, mMichat, cyretlttcitj, analant, ptià-
dâa, tpteiis. UvamcnU, vjtcuia, rcpositMta, vaullum uiija manota ; a ut
gttuiûlt termont loquamur, ^mdlibtt djtttm rtoJuum tjao4 ad torpam piftuul
(ulluram ni asptdiu amtnitJlati, *il ijiiod point toantâittit affan majtoriam,
«AMflx patta a taamûntt puiipui, n lamta Jati atccplio omnt ttdtatur .iraricù
sutpwtoac carat.
2. Raynooard iCAoù, II, xc|| reconnaît ici Sibylle d'Anjou, mère de Margue-
rite ; mais elk ot un peu trop ancHnnc. Marguerite, femme Af Baudouin V,
comte de Hairuul (celui qui fit copier le Turpioi, succèd) comme comtesse de
Flandres en i lOi i son frère Philippe, le protecteur de Chrétien.
î- F" 96 V**, 97 r 6. Je crois celte attribution vraisemblable : en effet,
partout ailleurs oô il s'agit d'Alicnor, elle est iiomniée (notre ms. écrit Atmoru
pour Alinùrij ou Alitnona} ; d'autre part cet[£ re^itàj ciie le juRcmcDl classique
de la comtesse de Champagne, et il scmbterail singulier que (a reine Alienor,
mère de Marie de Champagne, dit : Comiti$te Campaair oinan lenuMit nan
aademui. Dans la chanton de Conon de Béthune cilec plus htM, on voit que
la retoe Aelix, comme sa belle-soriir, aimait la poésie amoureuse, et présidait
des assemblées ot celle-ci se trouvait et où on rédtait des vers.
{26 C. PARIS
le plus iouvent invoquée dans ce manuel du droil amoureux, et ensuite
celle de sa m*re.
Pour attacher â ces mentions quelque importance, il faut avant lout
savoir à quelle époque approiioaative remonte le livre d'André. Diez,
dans son premier ouvrage relatif i nos <^udes, son mémoire VtUr âk
Nirtnehafe, publié en (835, a cherché à prouver que ce livre ne pouvait
avoir aucune valeur pour le xii* siècle, n'ayant été composé qu'A la fin
du XIV*; il n'avait pas changé d'opinion en 1845, quand il revoyait
son opuscule A l'occasion de la traduction qu'en At le baron de Roisin.
et il ne paraît pas en avoir changé depuis. Celte opinion est cependant
insoutenable, comme il est facile de l'établir. Uiez ne donne au fond
d'autre raison que te silence absolu des écrivains du xni* ei du xiv s.
sur cet ouvrage, dont il n'existerait aucune mention avant le xv* aîècle,
et l'absence de traductions en langue vulgaire avant la version allemande
de 1404 >. Or des textes qui n'étaient pas tous inédits quand il écrivait
montrent qu'il s'est trompé. Nicole iJe Margival, qui composa vers la
tin du xiir siècle son roman de la Panthère tfAmon, qui sera pro-
chaincment publié par M. Todd, non seuleroeni mentionne le livre
d'André, qu'il désigne par le nom de Gduiier, d'après le nom du per-
sonnage auquel il est adressé, mais nous fait connaître une traduction
française exécutée par un auteur qui l'avait précédé d'asses longtemps,
puisqu'il était mon quand Nicole écrivait. Voici le passage d'après les
deux manusctiis de Paris et de Saint-Pétersbourg :
El se de ce vuelz la science
Bien encercbier et bien enquerre,
Cornent en doit d'amours requerre
Chascune selonc sa noblece,
Selanc Testât de sa hautece,
I. Il «t parlé (p. m d'un roi de Hongrie contemporain de l'auteur, qar,
bitn qu'«ijiRt )jid et ayant de grosses jamt)» et dei pieds pists, remplit le
inonde de sa rcnomrnje, iindit Qu'un comte italien, beau de corps, de igort et
de jambes, est honni pour son absence de vertus morales. Diez croit recor.nattre
dans ce roi de Hongrie Louiï le Grand li;4i-i]83). parce qu'use chronique dit
30M était Itihiesiii ri itufajnialnm la luimtru corviu. La ressemblance CM uibk.
s'agit sans dou!e d'André II (1104-11;^), dont on parlait beancoop en
France au commenceiTtcctt du XIII* siècle, tant ï cause de sa participation i It
cinquième crottjdc que de ton séjour en Italie et de 5on mariigc en Iroisi^mei
noces avec Bcalnx d'ECste. C'est ce mariage qui semble avoir insinré le passase
i'Aimcri de Kartonm [Hut. I-H. XXM, 46c- ; Gautier. Ep. fr. IV. aji) o* la
s<eiir de Eloniface de Pavie, parlant de »s prétendants, dit : 5i mt JimanJt nit
Andrit dt Hongrie, Mmi 1/ travta /a a moi tom^aigntt ; C<ir il m ritat, s'il la
bark fiofif. Et si al rtms. i'.i U diieri fisitlru . l^ rot André devait être partî-
coliiTcment connu dans te cercle où nous traoïporte ie livre du Chapelaia ; car
il ét^iit fils de Marguerite de France, sorur de Marie de Champagne et fenme
en premières Qoces de Henri. 5U d'Aliéner.
CONTE DE U CHARRETTE JJ7
Tout ce trouveras a délivre
Mais que lu vueilJo lire ou livre
Qu'on apele en françois Gaulur,
Miex ens (]u'en bible n'en psautier;
Et celui livre uaiuUt«
Cil qui onques jor ne llata
Ne blandist home que je sache:
Ce fu meslre Diex de la Vache *...
Mors est, or ait s'ame pardon *.
Il existait donc avant la tin du xm* siècle une traduction du livre
d'André. Une autre, partielle, a été signalée par M. Mussafia dans l'ou-
vrage franco-italien d'un certain Enanchet, que ce savani se propose de
publier bieniôij et qui e$t conservé dans unms. provenant des Gonzague
et daté de 1388). Le poème de Jacques d'Amiens, l'An d'amors*,
n'est pas une traduction du livre d'André, mais il en présente en maint
endroit l'imitation : les modèles de conversations, notamment, entre
les amoureux de différentes classes, sont visiblement empruntés à i'Ars
amandi du Chapelain. Jacques d'Amiens écrivait vers iijo; mais nous
pouvons remonter eiKore notablement plus hsut. Albenano, jugea Bres-
da, a écrit en latin trois traités moraux qui ont eu, comme on sait, un
grand succès au moyen Âge, et ont été souvent traduits. L'un d'eux,
l'An loqaindi et Umndi, a été composé en im ; M. Sundby a donné du
texte latin, à la suite de son livre sur Brunetto Latino ^ une excellente
édition. Oron y lit (p. civ) : Stcundam re^uiani amorti, 11 aitiOT m'tnaatur,
cita déficit et raro conyaUscit, et c'est précisément une des rtgulae amoris
qui se trouvent au ch. 8 du I. U de IMrs amataria. Dans un autre traité,
Sur la vie honniu, Albertano cite trois autres de ces régies d'amour *•. On
pounaii objecter, il est vrai, que les régulas amoris n'ont peut>étre pas
fait i l'origine partie du livre d'André, et semblent avoir existé comme
I. Ces deux vers sont omis dins le ms. lie Sainl-Pétersboui^, en sorte ^u'oa
ne peut contrAler la forme de ce nom, qui panlt bien bizarre.
i. Ce passage a été dêji imprimé dans \'Hittciie htUrjnt, 1. XXIIl, p. 3)i.
J. Voy. Rom. X, aja.
4. Publié M 1868 par M. Kcerting. Cette remarque a Ai\i M (aite par Bra-
icelininn tMrkBch. IX, 4191, d'après une indication d'E du Mfril. P. Meyer
[Lu JtrnUfi Titiaiaitûuri, p. 6S\ s'est appuyé sur Enanchel et Jacques d'Amiens
pour signaler l'erreur de Diea.
{. lirnaeuo Unnd't l^nct og Sktiftef, CopcfihagQe, 1S69. M. Sundby ne
paraît pas avoii coT<nu la disserution de Diez et les doutes élevés sur U i»\t
de l'ouvrage d'André [1 le elle parmi le^ sources d'Albertano et le place au
Xll' vkIc, nuis un5 signaler l'imporianie preuve de son antiquité fournie pré-
eitémrnt pir In illusions d'Albenano. C'est i lut que |e dois le renvoi i I an-
cienne rerstofl italteeiie des Tre rrjWfi, 0(1 est tnentiooné Gualtun.
t. Voy. Tri Ttaimi .fi Mèirtaw di Brada, éd- de 1610, p. lo.
528 G. PARIS
ouvrage indépendant '. MiiIs, dans le traité qui vient d'être allégué,
Albenano cite positivement Cualtfrias, donnant ainsi au livre d'André
te mlïme liire que Nicole de Margival, et lui attribue la définition sui-
vante de l'amour : Amor est passio quidam înnaia oh quam quidem
aiiqais super ûmnui cupit alurlas potïri ampkxibat, et omn'ta de ulriusque
yoluniatt in ipslus ataons precepta camplmi '. Oc ces paroles sont en
effet d'André, et se trouvent au ch. 2 du I. 1 1.
Pour que, avant 1245, le livre d'André le Chapelain, composé dans le
nord de la France, eût pénétré jusqu'à Brescia, et pût être cité, sous le
nom de Caalttriui, comme un livre connu, il faut sans doute qu'il ne
soit pas plus récent que les premières années du xm' siècle, et c'est en
effet l'époque où il paraU probable qu'il n été composé. Il parle des
nobles dames aux décisions desquelles il se réfère, Alienor d'Angleterre,
Aeliz de France, Marie de Champagne, Krmenjan de Narbonne, comme
de personnes qui appartiennent déjà au passé *, mais à un passé assez
récent pour que leurs noms soient connus ci qu'on puisse les désigner
sans que le lecteur se trompe sur leur identité. Or Alienor mourut en
1 19Î, Ermenjan de Narbonne en 1 3ç>4, Marguerite de Flandres aussi en
1 194, Maiie de Champagne en 1 198, Aeliz de France en 1206 > : le
X]i* siècle se cl6t par la disparition presque simultanée de toutes ces
femmes, qui lui avaient donné un si grand éclat mondain et poé-
tique, et qui lèguent à l'âge suivant un héritage qu'il accueille avec
empressement, et dont le livre d'André le Chapelain est une sorte d'in-
ventaire. Il nous permet de nous représenter ce que furent ces cours
1. Die2, I. J., p. 80. Fauritlj /. /., p ;ji, parle d'une version ilalieane du
livre d'André, • faite au XIV* ïiécle, rertée méilite, et attribuée par la Uiditiûn
i un certain [uec de Brescia, nomm^ Aibertano. 1
2. Le texte latin esi cité en note dstis Tcdition donnée par F. Sdni iBolo-
gna, 187)1 d'une autre venion italienne des (railéi d'Albrrlano.
j. Ms. 87^8, f" } va.
A. Il n'en pjHe jamais au présent, et semble avoir sons les yeux des recueils
de leurs décisions. Voy. le passage cité plus hautif* ^t r'h' hos quiàon Cam-
partrt cprialitsam (x ^uibaiJam iuif tlictii iinaiie cegnonmas, ou celui-ci |f 9*
V h '■ it exiat judicium Campanie coirtituse. Ailleurs if' 95 r'h: Suprr hcc
ûrtuah non disant nobii Fraaûtntit (^ Fhndrtnih] lomiûai rejponsJ. Je n'es-
saie pas ici d'eïpliquer lotîtes les incohérences de ce livre, par exemple la cita-
tion que la comlesie de Flaniirei (f» 94 vb) est censée laire d'André lui-même;
ut in Captllani doctrina m-inijaùm (dautut, et cdie plus Mrangc encore que fait
le dieu a'amour des préceptes contenus m Uki aJ Oiilthinum ituple ^f 40 r'iil.
De même tes regalje amons sont citées cl supposées connues dans le livre J,
bien Qu'elles ne k irouveni que dans le livre II, etc.
y II est i remarquer que presque toutes ce« femmes ont gouverné plus ou
moins directement leurs étals : Emenjart de Narbonne perdît ses maris de bonne
heure et n'eut pas d'enljnts ; Alienor tut régente pendant l'absence de son fik
Richard, Aelit et Marie le furent pendant Ja minorité de leurs 61s; Marguerite
était comtesse de Flandres de son chef et non par son ouri.
^^^^^ LB COHTB DE U CHARRETTE jaç
^n'Hantes, entre lesquelles circulaient les poètes, portant, comme les
B^Iln d'une Heur à l'auire, les semences de poésie et de courtoisie du
MiiJi au Nord et de l'Ouest à TEst. Nous savons que Bernard de Venta-
dour séjourna longienips auprès de la reine Alienor, dont il fu l'obja
de ses chanu *, comme Peire Rogier pour Ennenjart de Narbonne*;
nous voyons Conon de Bétiiune chanter devant la reine Aeliz et la
comteue de Champagne ; nous suivons Chrétien de la cour de Marie,
pour laquelle il compose le Conte Je (a Chareu, à celle de Philippe de
Flandres, frère de Marguerite, où il écrit le Conit du Craal. Nul doute
qu'un des amusements favoiis des réunions que présidaient ces belles et
■ peu sévères princesses n'ait été la solution de questions galantes et l'él»-
blisscment d'un code et d'une jurisprudence d'amour. Que ce ne fiissent
pas des a cours d'amour » au sens où les modernes ont Eourdemeni pris
ce mot, il est, je pense, inutile de le démontrer aujourd'hui. La nature
Pmime de l'amour qui faisait l'objet des débats et des sentences exigeait
ttplos grand secret, au xit* siècle au moins autant qu'aujourd'hui et
dans tou5 les temps), et il est dit expressément ^ plusieurs reprises ^
que, lorsqu'une atîaire est soumise au jugement des dames, on doit tou*
jours taire les noms des parties contendantes : il suit de là que ces juge-
ments ne pouvaient avoir aucune application et n'étaient que de purs
jeux d'esprit, au moins en ce qui concerne les cas particuliers. Mais la
tendance générale qu'ils expriment dépassait quelque peu celte défini-
tion : il faut y reconnaître, chez les grandes dames de ce temps où
apparaît ce qu'on appelle a le monde », un effort pour créer et faire
accepiet aux hommes un amour idéal et raf6né, nullement platonique
toutefois, et fondé sur la pleine possession^ mais ne laissant aux sens
I
1 . Bien qn'il s'agtue ici de tout autre chose qu'une protection accordée aux
trodbMlours par Altcnor, notons le reproche que lui jdreise Bertrin de
Bom iQtidn rai ^U ttrptrt] d'avoir !aît périr le jongleur Peirc, qui, d'apr&t
b raio de et stmnUs, avait dit grand mal d'elle. Di», i l'arlicle Halran Je
BoT«. lurvi en cda par M. Stimmmg, Btrtr^n de Bom, p. 16^, interprète h
vtlkj^ut font Khfatu âtcn ^it < dic verwittweteKcenigin vonEngland Mathilde. >
C'est un Sjpiat ; il n'y a pas eu â celle époque de reine d'Angleterre xcuve de
ce nom ; Alienor, comme on Mit, habita Konlevrault dans les derniers temps
de la vie.
1. On peut noter ici que Bertran de Born non seulement fut en relation
suivies avec touii^ la famille de Henri 11, mais, comme il résulte de ses deuv
pièces en l'honneur de Mathilde, 6lle de Henri 11, séjourna assez longtemps,
wn I iS), i Argentan et ailleurs en Normandie. C'est M. A. Thomas qui rae
rappelle ce fait,
}. Ce que Panriel a écrit i rencontre d'une vérité aussi évidetile dans son
article sur André le Chapelain \Hiit. Itit., XXI, ji;. jjol ne se souiienl pas.
4. F*9i r°d : amtnlutm qui htigMt ptrioatt ptnitut non exprtun ; de mène
f* 98 r« J .' Jt ^ ûliquam taimim ai ionnnatmt dtnnaiiH amaatttliiJiàa, aman-
tam ptrtOHe nan^uam dtbtnt jotlieaalibiu iaJUari, ttJl jufr infimU eu propalMi&at
propôni,
KiMMfl(«, XII }4
5J0 G. MWS
qu'une part secondaire, étroitement lié à la pratique et à l'accroissemetit
des vertus sociales, et donnant à la femme, h cause du risque qu'elle
courait en s'y livrant, une supérioriiâ constante qu'elle justifiait par
l'influence ennoblissante qu'elle devait exercer sur son amant. C'est
quelque chose de fort analogue, avec bien des nuances amenées par U
dilTârence des temps, à ce qu'essaya plus tard l'hâtel de Rambouillet; et
Chrétien de Troyes, dans le Coule dt h Chante, a été le poète éfûque de
ces précieuses du xii" siècle, auxquelles les poètes lyriques n'ont pas
manqué.
C'est i lui sans doute, ou à l'inspiration de la comtesse Marie, dont
l'ai rappelé plus haut les relations avec l'Angleterre, qu'est due l'intime
ftision de cet idéal amoureux et courtois avec ta « miitière de Bre-
tagne ». Cette fusion réussit si bien qu'elle fut consacrée pour tou-
jours, et nous en avons, entre autres, une preuve curieuse dans l'avant-
deraier chapitre du livre d'André le Chapelain, dans cette histoire de la
découverte des Régulât amoru qui est visiblement l'imitation des romans
bretons et particulièrement de ceux de Chrétien. Un chevalier de Bre-
tagne ', désireux de voir Anur, parcourt la <« forêt royale ». Le pays où
se trouve cette forêt et oii séjourne Anur semble être absolument ^ntas-
lique, et il s'agit là sans doute du séjour mystérieux d'Anur après sa
mott. Ce chevalier rencontre une demoiselle qui lui dit: « lésais ce
que tu cherches : tu aimes une dame qui t'a promis son amour si tu
lut apportais l'épervier victoneux qui est sur une perche dans la cour
d'Artur; tu ne pourras réussir que si je t'aide, il te faut d'abord,
dans le palais d'Artur, prouver en combattant que ton ;imie est plus
belle que celles des chevaliers qui sont lit. Mais tu ne peux pénétrer
dans le palais que si tu as le gant de t'éperviei ^, et tu ne peux
l'obtenir qu'après avoir vaincu seul deux chevaliers très vaillants ;
si tu y nîussis, n'accepte pas le gant qu'ils t'offriront, mais prends
celui qui pend à une colonne d'or. ■ Elle lui donne son dievat,
qui saura le guider oii il faut. Il arrive prts d'un fleuve aux bords
escarpés, et bientôt trouve un pont : il était d'or, et allait d'une
rive 1 l'autre. Mais au milieu il vadllaii et était souvent submergé pai
les flots. Un guerrier en défend l'accès, mais il est vaincu parle Breton.
Un géant, qui se tient sur l'autre rive, imprime alors au pont une telle
oscillation que le Breton le passe  grand' peine, non sans avoir été
plus d'une fois sous l'eau ; une fois arrivé, il noie le géant. Il par\-ient
devant un palais splendide, mais où il ne volt pas de porte : dans le
pré qui l'entoure sont dressées des tables somptueusement garnies ; il
s'assied et mange. Tout jt coup une porte s'ouvre avec figeas dans le
x.Bnunnia détigiie sans doute ici la Grande-Bretagne,
a. La gant qu'on mettait pour tenir l'épervier sur le poiog.
LE COtfTE DR LA CHARRETTE J^I
palais et un homme d'une stature gigantesque, gardien du palais, armé
d'une massue, provoque le Breton : celui-ci lui coupe le bras et va le
tuer, mais l'autre demande grâce et promet de livrer le gam de l'éper-
vicT. Le Breton exige qu'il lui montre U colonne d'or où est le vrai
gant ', et le gardien le mine dans l'intérieurdu palais. Il voit la colonne
et saisit le gant : aussitôt des plaintes retentissent de toutes parts sans
qu'on voie personne : « Hélas ! hdas ! notre vainqueur part avec son
butin ! » Il sort, et arrive dans une prairie où est un autre palais tout en or
et en argent ; dans la plus belle salle est assis le roi Anursur son trône,
entouré de dames et de chevaliers ; sur le seuil est la perche où se tient
l'ipcrvier, gardé par Jeux chiens. Le palais est protégé par une solide
muraille, que défendent douze chevaliers ; le Breton leur montre le gani,
et ils le laissent passer. Il salue Artcr, et déclare qu'il vient prendre
r^pcn-ier, parce qu'il a une amie plus belle qu'aucun autre. Un cheva-
lier se lève alors, et lui dit qu'il faudra le prouver par les armes. Ils
combattent : le Breton est vainqueur, et prend l'épervieravec les chiens.
U voit un parchemin attaché i la perche par une chatne d'argent : u Ce
sont, lui dit-on, tes règles d'amour, que te roi d'amour lui*niéme a édic-
tées ; si tu veux emporter paisiblement l'épervier, il te faut les prendre
aussi et les communiquer aux amoureux. » U prend donc le parchemin,
et, ayant demandé congé, revient auprès de la demoiselle de b forêt,
qui le félicite ; puis il va trouver sa dame, et obtient la récompense de
son amour et de u prouesse. « Et la dame, ayant convoqué une nom-
breuse cour de dames et de chevaliers, leur fît connaître les r^les
d'amour, et, par l'autorité du roi d'amour, leur enjoignit de les tenir
fermement. La cour entière les accepta, et, sous les peines d'amour,
promit de les observer â perpétuité. Et ceux qui avaient été convoqués
i la cour transcrivirent les règles « les cmponèrcni, et les tirent con-
naître i tous les amoureux par tes diverses panies du monde ». a
Raynouard a donné en entier [Cboh, II,c%'-vj) le texte de ces ji règles
d'amour, mais il ne sera pas inutile, pour montrer combien l'esprit de
ce chapitre s'accorde avec celui que nous avons constaté dans noire
ifooun, d'en citer ici quelques-unes :
I. Cela ne l'accûrde pis avec l'annonce de la dentoiielle^ qui lui avait dit que
k h»x gant lui serait oAcrt par les deux premiers tbtvaliers qu'il aurait vain-
cus, i)ui loni tout deux traités de cuitoJei. Cependant on peut regarder le
dilenscur du pont comme teprcmisr catlos, ri il n y a plus alors qu'une ellipse.
I. Il tit linf^alicr ^ut le CR. 7 du I. I contienne dè;i une histoire du mime
genre, où 00 voit un écu/er pénétrer dans le paUis du roi d'atnour lui-mhoe,
et en recevoir treize préceptes qui) communique également aux amants. La
poésie du moyen ige nous onrc plusieurs autres lictions senbUbIcs |voy. aotaoï-
ineBt la Cour lî'amwr provençale récemment publiée pjr M. Conil!ini|, et il
.semble qu'oD ait réuni ici deux d'entre elles onginairaucnl inilc)9coilanln.
G. PARI!>
I. Causa conjugit ab amore noa est eicoutio recta.
is. Venii anui» flteriia nJii tue coamaottt ex affecto son cupit atnptcxw.
i}. Amor raro cootuevit durare vulgatas.
14. Facilis perceptio conlemptibiltm reddit amorein, diflîdits nioi ont
tacit habvri
I {. Omnù consuevit amans in ooamantis aspectu pallesccre.
16. In rvpcntina cojmantis vîiione cor tremetctt amantis.
18. Probitas sola qutoiquc dignam facil unote.
jo, Amorosus sempcr est tiraorosus.
a). Minus dormit et edit quem amoris cogitatto «cxat.
34. Omnis > amantis actut in coamantîs cogitatione finilur.
2f. Verus amant nichil healum crédit ncu quod cogitât ccaitunti ptacere.
i8. Modica presucnptio cogit amanten de coamante suspicari tinrstra.
JO. Verus amans auidua sîm iniermissiose coamaotis imagine detiMtsr.
De même qu'on retrouve dans ces règles la thtorie dom le poème de
Chrétien nous montre la pratique, de même la fidion, d'ailleurs paant
et mal agencée, qui leitr sert d'introduction, s'appuie sur ses ceuvres nar-
ratives : l'épervier conquis par l'amant de la plus belle est emprunté â
Ertc, le pont tremblant et à moitié submergé est le pont evagt de li
Chareie, a tous les autres motifs sont également familieis aux romni
bretons. Grâce à Chrétien, et surtout au poème que nous avons étudié
dans ce travail, l'amour chevaleresque et courtois était devenu insépa-
rable des récits relatifs à Artur ci à sa cour. C'est dans le roman en
prose de Lanceht qu'il attdnt son apogée ; mais tous les traits qui s'y
trouvent avaient été dessinés ou indiqués d'avance par le poète cham-
penois, que l'auteur du roman a suivi ou imité, non seulement dans
l'épisode de Méléaguani. mais dans toute l'étendue de son immense
compilation, elle-même amplifiée et remaniée à plusieurs reprises, cornu
nous le verrons quand nous l'étudierons directement.
Ce n'est pas seulement la conception de l'amour counois, réalîi
dans les personnages de Lancelot et de Gueniévre, que les romans pos-
térieurs ont empruntée au Conte àe la Cfmtu. Plusieurs de leurs dé-
ments essentiels y ont leur première origine. L'apparition de Méléaguaai
k la cour d' Artur et sa provocation, ie lit périlleux, le nain discourtois
ou perfide, la révetîe ofi s'absorbe Lancelot et qui l'empêche de v<Mr le
chevalier du gué, sont sans doute des traits antérieuremeni familiers
aux contes bretons. Mats on peut en regarder plusieurs autres, destinés
i un grand succès, comme étant sortis de l'imagination de Chrétien, qui
a voulu, comme je l'ai dit, remplir par divers incidents le voyage de
Lancelot à la poursuite de son aventure. Je range dans cette catégorie
le don que Ké demande et obtient du roi, uns avoir spécifié de quoi il
I. Mi. Ommkat.
LE CONTE DE U CHABRETTK J,J|
s'agit, en sorle qu'Artur est obligé bien malgré lui de Ifi tut accorder : on
Sait jusqu'à quel abus a été poussé ce motif dans les romans et notam-
meni dans Lanuloi ; — la prétendue ignominie attachée â la charrene,
«ïfvcloppée dans un técii particulier du mime roman ■ ; — la demoiselle
mû essaie de rendre Lancelot infidèle^ — les coutumes de Bretagne, sur
les demoiselles escortées ou non, qui sont formulées par le Lancelot >
presque dans les mêmes termes qu'ici (voy. p. 469), et qui y fournissent
matière à maints épisodes ; — les tombes prophétiques et les inscrip-
tions qui annoncent celui qui doit mettre une aventure à fin, machine
dont l'usage apparaît ici pour la première fois et s'est propagé à travers
tout le moyen âge jusqu'aux poèmes italiens du xvi* siècle ; — le tour-
noi dont un chevalier inconnu remporte le prix, incident qui ne manque
presque dans aucun roman postérieur ; — la prison dont on laisse sortir
le héros pour prendre part a un tournoi, à condiUon qu'il reviendra s'y
enfermer, motif très fréquent aussi et qui, développé, a fourni à l'auteur
du Lanctiot le grand épisode de la captivité de Lancelot chez la dame de
Ualohaui, sans compter beaucoup de traits moins importants qu'il serait
trop long de rechercher,
On voit que le Conte de la Cbarete occupe dans l'ensemble des
romans de la Table Bonde une place d'une grande importance, et qui
justifie sans doute l'étude minutieuse que j'ai cra devoir lui consacrer.
Résumons les principaux résultats de cette étude. Le conte breton que
Chrétien a connu sous une forme très altérée avait un fond mytholo-
gique : il racontait à l'origine l'enlèvement d'une teine par le dieu des
morts et sa délivrance par son époux. Par la suite des temps , on avait
identifié l'époux avec Anhur, et la reine enlevée avec Cuanbumar sa
femme. Plus tard encore, le dieu des morts reçut le nom de Madwas,
et, confondu sans doute avec un personnage historique, perdit en grande
partie son aradère surnaturel ; mais ta trace de l'ancienrte conception
persista dans le nomd' « lie de verre > et dei pays dont nul ne retourne >
donné i son royaume, et dans la description du < pont de l'épée t. qu'il
taat franchir pour y pénétrer. — Un poènw anglo-normand perdu
recueillit le conte à peu prés â cet état, mais fît accomplir la délivrance
de la rdne pat Lancelot et non par Artur, relégué sur le second plan.
Toutefois dans ce poétne Lancelot n'était sans doute pas encore l'amant
de la rdne. Des dérivations de ce poème s« retrouvent d'une part dans
k Chevalur Ju Chariot tel qu'on le devine 9 travers Malory, d'autre
pan dans le Chevalier de U Charrttu tel que nous le représentent Henri du
Tûilin et Chrétien. Ces deux versions donnant une importance particu-
lière m bJ\ qce Lancelot, ayant perdu son cheval, monte sur une voi-
I- Voyez letefteddRs loAckUoei, I >.
a. Voy. Mcncv, Rm. Stadita, V, 6ji.
j)4 <>■ ''AAis
ture, contrairement aux habitudes chevaleresques, il faut que ce Irait k
irouvlt dans leur source commune, et la signification qui lui eai attri-
buée monite que cette source commune avait déjà piofondément remanié
dans l'esprit chevaleresque le conte gallois, qui pouvait bien conterùi
cet incident, mais ne tui assignait certainement pas le même caractère.
— Tandis que pour le poème connu par Henri du Tûrlin Lancelot ne
parait pas étte encore l'amant de Cueniivre, il l'est dans Chrétien, et
c'est peut-être Lui qui a le premier introduit celle liaison coupable dans
les rédts arthuriens. il a en outre amplifié et complété de mille façons le
conte qui lut servait de thème, qu'il ne comprenait pas et dont il « laissé
subsister les incohérences, y en ajoutant même d'autres, par sa manière
d'inventer des épisodes qui ne se tiennent pas et ne servent qu'à allon-
ger le récit. — Chrétien nous dit qu'il tenait sa matUn de la comtesse
Marie de Champagne, et il est probable en effet que cette princesse, fille
d'Alienor d'Angleterre et restée en relation avec elle, avait entetidu
quelque résumé plus ou moins fidèle du poème anglo-normand et l'a
transmis à Chrétien. — Il nous dit aussi qu'elle lui avait fourni le un,
l'esprit de son (cuvre, et tout porte à croire qu'il dit vrai : Marie, avec
sa mère Alienor, avec ses contemporaines Aeliz de Fiance ei Ermenjart
de Natbonnc, a été l'une des principales instigatrices d'un mouvement
mondain qui se produisit dans la seconde moitié du xit" siède et qui a
pour principux caractères le rapprochement de la poésie du Nord et de
celle du Midi et la conception d'un amour raffiné, savant, intimement
lié à la courtoisie et i la prouesse, et dormant 1 la femme, en tant que
maîtresse, une importance qu'elle n'avait pas eue jusque4A. Cet amour
est prédsément l'inspiration du poème de Chrétien, qui Ta peint, tel que
l'avait conçu la théorie de ces cercles élégants, dans la liaison de Lan-
celot et de Guenièvre. — C'est par la peinture de cet amour que le
poème de Chrétien » eu surtout de rinHuence : il a fait de l'arrwur cour-
tois un élément presque inséparable des romans de la Table Ronde, et
il a servi de modèle, en cela et dans plusieurs autres données, aux grands
romans en prose de l'âge suivant, et noiammeni au Lancelot. — Il est
démontré en eiïet que le récit de Tenlèvement et de ta délivrance de
Gueniivrc dans le Lauceloi en prose n'est pas la source du poème de
Chrétien, n'est pas non plus dérivé indépendamment d'une source com-
mune, mais qu'il provient directement de ce poème, et il est établi par
là même que les romans arthuriens en prose ne sont pas antérieurs aux
romans en vers, mais qu'au contraire ils en sont une imitation, un déve-
loppement, une suite, et représentent, dans l'histoire du cycle breton,
une pluse très distincte, secondaire et posiéiieuie.
Gaston Paris.
L'ORMA DEL LEONE
RACCONTO ORIENTALE CONSIDERATO
NELU TfUOlZlONB POPOLAftE.
Sjntipas, redazîone greca dett' opéra indlana U libre di Sindibad*,
L'Mtiio de! H >.
Un re cbc amava con vivo ardore le donne, scorge un (;iomo una
dama, U cui belti) produce una ule impressione su di lui, che egll ne
diventa perduiamente innaraoralo. Affine di conseguire l'û(jgetto de' suoi
voti, il re atlontana il marito di quesla bclla donna, incjtricandolo d'una
missione imporunie, t, profiiiando deibsua asscnza, appena s'appressa
lanone.egli^ reca netia caméra diquesia donna, c le scoprcit suc amore
colle più tenere espressioni ; non ë un principe che parla e vuote essere
ascoitato, ma un amante che prega, cercando di commuoverla ; ma la
donna saggia, quanio betla resta inaccessibile ad ogni »eduzion«, anzi
g^ dimosira l'ind^gnità d«ir azione, che sia per commeiiere. Allora il
re non potendo riusctre a vincere una resistenza cosi poco comune, e
che fors' egti non ha mai sperimentaio^ se ne pane, sens* accorgersi di
aver lasciaio cader il suo anello. In ule fratiempo il marito, ritornando
a casa, vede brillarc presso il letto quesi' anello. lo raccoglie, e lo raffi-
gura per quello del re. Mille pensieri l'agitano altemativjmente, egli
non saprebbe dubitare che durante la sua asseni» il principe non abbia
Mstiiuito lo sposo, c per mpeito al re quegli si détermina ad astenerû
quind* innanzi da ogni commercio con sua moglic. In capo a qualcbe tempo
quesia dama virtuosa che, temendo di far inquielar suo mariio, non avéra
I. Intorno a qutst' opéra rndiana iredt D. Comparetli, Riunbe iatorno al
itbio et SiitJMd, Milano, 1869, pjc, i-\, e b nuova red^zione inglese tattatie
e pubbliuta io Loadr) per cur.i dell.i Folk-Lore SùcuIj : Riiianhtt ruptitug
Ikt hack of SinJibJd ccc. London, 18S2, ro!, IX dellj collnioar, pig. 4-8.
j. Loiseleur Desloogchainpi, Euti sat lu fttUt ûiduniits tl tur kur Mrt-
diuttM tA Euiopt. Pans, Tetheier, i8j8, pig. 96-97.
JJÔ ST. TOATO
creduto convcniente di doverlo informare dell' amore del re; ignara pcral-
tro delb particolaritft dell' anctlo c feriia ncl vivo dalla freddezza del maritQ,
se ne Ugna col padre e coi fratelli. Questi s'affrenano incontanente
d' andarne a chiedere giustizia al re, davanti al quale fanno compariie il
nuriio : « Sire, gli dicono essi, noi abbiamo dato a qaest* aoino un
campo a condi^.ione che lo seminass*. ma cosiui lo lasda incolio; ce lo
rcstiiuisca dunque, o almeno lo coltivi, secondo il suo dovcrc. » — ■ Che
bai tu a rispondere aquesto lagno? n gli chiede il re. u Nolla, Sire,
^t risponde il marito, essi hanno esposto la veriti. (o fino ad ora avevo
coltivaio con diligenza il campo consegnaiomi, ma un giomo avendovî
scopeno L'orma di un leone. confesso che da quel momento il tîoiore non
mi ha più consentito di awicirtarmivi, n — -■ Non lemcr nuUa, soggiunge
il re, il leone è penctraio ncl tuo campo, ma non vi ba recato alcon
danno e non vi ritomerà pîù ; prosegui dunque a coltivar il tuo campo.
corne per l'addieiro. »
LIBRO DE LOS ENCANMOS, ET U>S ASATAMIEKTOS DE US HUGERES, DE
ARAVrCO EN CASTEUANO TRASLaDAOO POR EL INFANTE OOU FABRIC^E
TUO DE DON FERRANDO ET DE DONA BEaTRIS'.
II. Eaxemplo de h muger en como aparté ai ynfaatt en el patacio, et como
par lo ifaeiia U dixo olvidô lo 4}ae U castigara sa maestro '.
Udii dire che vi era un re, Uqualeamava moho le donne, enon aveva
allro difetio che questo ; e un giomo il re sede%-a sopra un' atiissima
lerrazza, e guardando in giù vide una bcllissima donna, che gli piacque
assai. Ed egli msndù a chiederle il suo amore. Ed essa gli disse, che
non poicva fare cosi \dppAgarlo\, essendo suo marito tn cîuà. E quando
il re udi qucsto, mandCi suo marito ail' esercito in campagna : e U donna
era veramente molto casia e motto buona c molto sagace e gli disse :
« Sire, tu sei il mio padronc ed io sono la lua schiava, e quello cbe desi*
deri lu, desidero ancora io ; ma debbo andare a ^r il bagno e (poi) ad
acconciarmi. » i^l quando tornô, gli dette un lïbro dr suo mariio, libro, în
cui vi erano leggi c giudizl del re, coi qualï casiigava la donna adultéra,
1. Ncl Compareitj, sopra cilato, i* edii. ital. il testo spagnuolo èda pag. t;
sino al fine dd laïc, e Unovcliitia j pag. 40; nell'tdiz. ingleieil tnio spignnolo
ia pag. 7i'ii4 e la iraduz. inglesea psg. 1 17-174; la novellini ncl [esio tpag.
èapjg. $1-81: nella traduz. ingl. a pag. \i%-zb; il titolo poi dclt' opcra
nelU ttidu. insiese t i( «guenle : Bwk «/ tkt Duèts md Truks of Wwntn
Uâiuiatté ftom ikt Arabie info Cattttiaa /or tht injmie Don Ftbri^ Son of Dm
Ftnandoy ani ej Doha Btatris.
2. Ndlâ traduï. ingleie : Extmplt of iht Woman how tkt took thi Pnoa ta
ha Apjinmuit, aatt tww xhangk vkal tkt uid lo Aina Ar forgot wkM iiû Masttr
lui téaghl Ain.
L'ORMA DRL LEONE fjy
« gti disse : « Sire, leggi questo libro, menire io mi acconcio. » Ed il re
apri il libro e uo\à nel primo capitolo corne l'adulierio d«bba essere
proîbiio, ed ebbc gran vergogna e si penti molto di quello che voleva
fare, e dépose il libro sul paviroenio, e usci dalla porta délia caméra, e
lasd6 i sandali sotto il leito, sul quale si era ada^ato. Ed in questo
frattempo venne dall' eserctto a casa il marilo délia donna, e, quando
egU sedene in sua casa, sospenà cbe il re avesse donniio con sua
moglie, ed ebbe paura, e non os6 dir nulla per timoré del re, né più
andare dov' ella stava. E quesio durd per iina grande stagione (ptr an
hiiûtt tratto di tempo) c la moglie disse ai parenti, che suo mariio
l'aveva lasdau, e non ne sapeva U ragione. E cosioro dissero al
marilo : « Perche non usi pjù con tua moglie ? » Ed egli disse : ■ Ho
trovato le pantofole del re in casa mia, e lemo, e perciô non ardisco
usare con Ici. n Ed eglino dissero : « Andiamo dal re ora, e diamogli
un esempio (partiamogit finuraianxnki di qucst' azione di tua moglie, e
non dichiariamogli 11 fano {aperiamenie), e se egli i sagace, l'intenderà
tnconunenle. » Cosioro andarono dal re (tatli tniieme), t gli dissero :
« Noi avevatao una terra, e la demmo 3 bvorare a quest' uomo dabbene,
acdocchè la coltirasse, la fécondasse, e ne godesse i frutti, ed egli fece
COii per una grande slagione {ptr laago tempo), c da un gran pezzo
trabscia di lavorarla. » E il re disse : « Che hai a replicare ?» — E il
buon uomo rispose ed esclamô : m Affermano la verità, che mi denero una
terra, cosi com'essi sosiengono, e quando un giomo passai per la terra,
m'avvenni nell' orma d'un leone, e perà lemetti che mi volesse divorare.
Per questo tralasciai di coltivare la terra. > Eà il re disse : « E vero che
il ieone entré nella terra, ma non vi fece cosa che tu non avessi desiderato
(cAe (i fosse tpiaciato) facesse ; nulla di maie li provenne da lui. Pefcià
riprendi la tua terra e coltivaia. » — E il buon uomo ritomô da sua
mof^iie, e interrogoila su ciù, che essa aveva falto con quello, e costei
gli raccontô il tuito, e gli disse la verità, corne glà gliela aveva detia (1/
r>r), e le credette dietroï comrassegni che gli aveva daio il re, e dopo si
fidava di lei molto più di prima.
Ut ttpt Vitirs, version turque du Livre de SindaiNid, dans les Mille tt un
fours, édition du Panthéon littéraire. Paris, Oesrez, u occc xxxviii,
pag. 189.
La ftmmt da visir.
Un sultan qui ûmaït les femmes avec passion, en se promenant un
jour sur la terrasse de son palais, aperçui sur celle d'une maison voisine
une femme qui lui parut charmante et dont soudain il devint amoureux.
Ayant appris qu'die itatt mariée â un de ses visirs, il envoya cbercber
{)8 ST. PRATO
le ministre et lot donna une mission qui devait le reienir absent pendant
quelque lemps, avec ordre de ne point revenir qu'il n'eût temdin!
l'affaire qui lui était confiée. Le visir obéit à l'ordre de son souverain et
se mil en route aussitôt. Lorsque le sultan apprit qu'il était parti, dans
son impatience de voir la dame qu'il aimait, il se rendit à u maison.
Elle aila A sa rencontre, baisa la terre devant lui et appela sur sa tête
les bénédictions du ciel ; mais elle était vertueuse et nullement diipo>sé«
à enfreindre ses devoirs. « Monseigneur, lut dit-elle, à quoi doîs-je attri-
buer l'honneur de votre visite N — k A l'excès de mon amour et de ma
passion pour vous. » Alors elle se prosterna de nouveau, et dit : « Sei-
gneur, il n'est pas convenable que je sois votre maîtresse ; mon cœur
n'a jamais aspiré i un tel honneur. >i Alors le sultan lui prit la main et
voulut l'attirer A lui. a Seigneur, s'écria-t-cllc, cela ne doit pas 'être. »
Voyant cependant que ses refus mécontentaient le sultan, elle dissimula,
et lui dit : u Seigneur, attendez que j'aie préparé le souper j lorsque
vous aurez pris une légère collation, j'obéirai aux ordres dont il vous
plaira de m'honorer. » Alors elle fit asseoir le sultan sur le divan de son
mari, et lui apporta un livre, dans lequel le visîr avait coutume de lui
faire des lectures. Ce livre renfermait des préceptes et des admonitions
contre l'adultère et les liaisons coupables, ainsi que l'ordre donné par le
ministre à son épouse de ne jamnis admettre personne dans son appar-
tement sans son ordre. La lecture de ce livre fit impression sur le sultan
et le fit renoncer à son coupable projet. Il cessa en conséquence de
l'importuner davantai^e. Après souper, il se leva pour faire ses ablutions
et Ata sa bague, qu'il plaça sous un coussin du sofa ; mais, au moment
de son dépan, il oublia de la reprendre. Lorsque le visir fut de retour
de son voyage, il alla rendre compte de sa mission au sultan, puis il
retourna chez lui et s'assit sur le sofa. Quel fut son éionnemenc en trou-
vant la b^gue du sultan sous un des coussins! Naturellement jaloux, il
conçut des soupçons contre sa femme ; dans son dépit, il se sépara d'elle
pendant une année, et durant tout ce temps il ne voulut pas même
entendre parler d'elle. Piquée de la froideur de son époux, la dame
s'en plaignit à son pérc et l'informa de la conduite qu'il avait tenue â
son égard pendant une année. Le père alla sur l'heure trouver le sultan
et lui dit en présence du visir : « Que Dieu conserve les joursdu sultan!
Je possédais un élégant jardin formé de mes propres mains et que j'ai
arrosé jusqu'au moment des fruits. Alors j'en ai fait présent à votre visir,
qui, après en avoir joui quelque temps, l'a tout à coup négligé et aban-
donné, laissant flétrir les belles tleurs de ce jardin, qui demeure mainte-
nant en friche. » — « Qu'as-tu â répondre ! » demanda le sultan à son
ministre. — « Seigneur, répliqua le ministre, cet homme a dit )a vérité ;
mais un jour, étant entré dans mon jardin, j'y ai aperçu la trace d'un
L'ORMA OBL LEONE {)9
l^oa j la crainte s'est emparée de moi. et depuis ce moment je me suis
^biienu de le visiter. » Le sultan comprit cette parabole et, se rappelant
«qu'il avait oublié son anneau dans la maison du visir, il pensa que
«'était à cette circonstance que le ministre faisait allusion, « il est vrai,
dii-il au visir, que le lion est entré dans ton jardin, mais il n'y a pas
commis de dégâts. Dissipe d'injustes soupçons i ta femme est vedueuse
et pure. » Le visir s'inclina et fut convaincu que le suhan avait respecté
l'honneur de son épouse. Il retourna auprès d'elle, apprit ce qui s'était
passé entre elle et le prince, et se fia dorénavant i sa venu et à sa
fidélité.
Adjaîhei Measer, n* i ; ; ; Cardonne, Nilanges de Miratan orientale tta-
daits de àigirtttU manascriU turcs, araks el penans de la bihiiotiiè^tte du
roi. Paru, Hérissant le fils, 1770, volumi due, vedi il 1, pag. 8-)6.
La pantofoia dsl saitano.
Un sultano vide un ^'omo dailn terrazza del suo palagio una F^ovane
donna di peregrina bellezia ; la vtsia de' costei vem lo coramosse viva-
mente. ^li chiam6 una délie sue schiave per chiederlc se la conosceva :
« Sire, (jli disse la schiava, è mai pogsibile che la Maeslà V'osira non
abbia intcso parlarc di Ccrascnnissa ' Cadun, sposa dci Visir Firuz ; ella
riporta con rngione il vanto délia piîi leggiadra donna délia città, e l'ele-
vatezza drl suo spirito adegua pienamenie la beltâ del corpo. » Queste
parole infiammarono il cuore del suluno, ed egli risolvette di manifes-
ure a qud portento di bellezza i seniJmenti che gli aveva ispirato : «
trattava pcrû d'allontanare il marilo, e chi dicc un marito in Oriente,
dice un getoso molto incomodo. Il sultano manda a cercare Finiz, e
consegnandogli una cana ; n Andate, Visir, gli dice, ad csegutre gli
ordini racchiusi in questo scritto evenite poi a rendermi como dell' esito
délia vostra missione. » Piruz ritoma a casa, impugna le sue aroi ed esce
con unta precipitazione, che dimentica su! so^ la caru a lui testé con-
segnata dal sultano.
Questo principe împaziente, non appena ha saputo la partenu di
Fîniz, vola al palazzo del Visir; un eunuco gli âpre, e l'imroduce
nell' appanamento délia sua padrona. Quai' è mai lo stupore di costei al
vcdersi dinanzi il monarca ! Tremame, sbigottita, ella appena ardisce
alzar gli occhi; riavuiasi dal suo turbamento comprende il disegno del
suiliano, ma csscndo ad unasag^a e bella, non gli vuoi lascîare il tempo
di spiegarsi e pronuncia due vers arabi, che suonano cosl :
1. Qucsta voce in arabo rate : Sotc-deltt'^omt
546 ST. PRATO
« Il teone ■ credcrcbbc d'awilirsi rosicando i restï 6t\ lupo, e questo
« re degli animali disdegnerebbe diuetarsi nel ruscello, che i) cane>
« avesse contatninato colla sua lingua impura. »
Qucsic parole, clic il suliano agevolmenie vicne a comprendere, gli
mosirano chiaro che non ha ni«nte a spcrare ; altora it principe si riiira
tuito confuso, e il turbamento che lo a^ta gli fa dimenticare una deUe
sue pantofoie.
Fraïunlo Finis, dopo d'aver cercato invano la carta consegnatagli
dal principe, si risowiene d'averla dimenticata sul suo soâ; i quindi
costrcno a ritornarc indieiro pcr prenderla ; inianto la pantofola de! sul-
tano, che nessuno ha fïno allora veduto prima di lui, gtî rivela troppo
bene I colpevoli disegni del monarca, e i moiivi che ha quegti avuto
d'allontanarlo. Torraemaio dalla sua arobîzione ad un tempo e dalla gelo-
sia costui cerca t modi pJù valevolî per npudiare sua moglie, scnza correr
rischio di perdere la propria digniià : esso comincia dal render conto al re
dcUa missione affidatagli ; riiornato a casa dice a sua moglie d'averle fatto
dono d'un pabzzo assai bello, e che, per lasdargli agio di ammobiliark),
conviene che ella vada a passar quatche giomo presse suo padre ; ndlo
siesso tempo le di cento pezze d'oro.
Centsennissa, non avendo alcun rimprovero a fare a se stessa, è ben
lontana dal sospettarela veriià. La donna obbediice senza inquietudine;
scorrono intamo varl giorni, senzachè più comparisca Piruz ; noa A
lungaassenza fa maravigliare la sua sposa, ed ella non puù dtsiitnulare
la propria inquieiudine a' fraielti ; essi vanno a trovare Firuz : « Svelad,
gli dicono co«toro, i moiivî del tuo procedere colla nostra sorella; se quesia
è veramenie colpevole, nci ben loniani dall' assumeme le parti, siaroo
disposii a lavare neL suo sangue l'oliraggio che li ha faito. » Il Visîr, senza
voler entrare in alcuna dichiarazJone, risponde ai cognaii che egli ha
pagato alla loro sorella la dote stabiliia nell' atto del mairimonio, e che
quindi costei non ha più a damandargli nlenie. 1 fraielti sdegnati ddla
risposta di Firuz to ciiano in tribunale , secundo l'uso del paese il sultano
debbe assistcre a tutti i giudizl che si teogono. atfinchi la prescnza del
principe contenga i cadi.
I fraielli di Cetnsennissa dicono al ^udïce : m Signore, abbiamo aBl-
I. II leone prcsso gli orientali, corne pre»o di noi, è oonsidrrato il re dcgii
animali; allegoricamente poi signîfica un re, un sultiito.
3. Il cane vicne riguirdalo ccmt impuro dai maoïneltJDi, e chi ne abbti toc-
cato si considéra unji conta minmonc It^gite, e non pu6 far la sua prrghirrt
scRza una précédente abluzione : au«to non impedtice loro per& d'allevar cait
per la caccu, e per la f^uarctia de^Ii armeoti. ]l cane dei Sttli Doimcali i oggetto
di cului prciso i medesiinj, essi gli ass^nano ua posto in paradiso acuBto
air asinello di Grs& Cristo. e ail' alborat, farolosa ginmenta, sv cui, lecoado
il Corano, Maometto fece un viaggio nottvrno al cielo.
l'orna DEL LCOKE f4l
ixto a Firuz un giardino detîzioso ; qucsto luogo incamevole «ra un para-
diso lerrcsirc ; glielo abbJamo ceJuto cinio d'alte mura c pixitmo de'
fiiù begU alberi, omati di iiori, e carichi di frutti ; «sso ne ha distruno le
mura, ne ha divdto i tencri olexzanti fori, e ne ha divoratoi pOi bel
^tmi. Ora egli prétende di rcndere questo giardino, spoglîalo di tmto
quanto lo rendea delizioso, allorchè noi glielo abbiamo affitiato. •>
Il cadl avendo imposto a Rïnjz di particolareggiare le ragioni del suo
procederc : u E mal mio grado, dice cosiui ch'io rinunzio at godimento
di que&to luogo che m'era cosl caro ; ma un (poroo, passeggiando in
un' ajuola di queslo giardino, vi ho scorto l'orma dcila zampa di un
leone \ il terrore m'invest) l'anima, ed amai meglio cedere il giardino a
questo animale forroidabkle, anzichè alla sua collera esponni. »
Allora il sultano, che assbte al giudizio, volgcndo la parola al Visir
gU dice : u Rientra nel tuo giardino, Piniz, tu non hai nulla a pavemare;
egli è vefo, il leone vi ha messo il piede, ma non vi ha potuto toccare
alcun fruuo, e n'è anzi uscito ricolmo d'onia e di confusione; non vi fu
, giammaî un giardino piÙ ameno, e ad un lempo meglio guardaio e difeso
.da ogni anentaio. n
Quesie parole, che riescono un enimma per tutti coloro, cui le mede-
ame non riguardano, rassicurano Fîruz; egli riprende la sua moglie,
toma ad amarla ancor più di prima, appena venuto insentore dell* ardua
prova, cui la coslei vinù ë suu sottoposla.
Matthieu de Vendante, Mih >.
Afra vaghissima donzella diviene moglie di Mîlone; essi sono poveri,
ma l'amore tiene loro luogo délia fonuna. Il re del paese accendesi di
vivittima passione per la betla Afra, e profiitando dell' assenza del co-
Biei marito. il quale se n'è andalo in campagna al lavoro. si reeri a visi-
tarla in casa, e lamo la incalza colle sue solleciiaztoni amorose che la fa
soccombere. Inlanto Milone ricomparsoimprovvisamente sorprende il re
presso la sua moglie infedelc ; ma alla voce del marito l'amante fugge con
taie preslezza che dimentica i suoi sandali nella caméra. Entra Milone
quasi in quel frattempo con la spada alla mano, scopre i sandali det re,
quindi cnicctaio dell' onta subita caccia via con disprezzo Afra, corne
indegna ormai del suo amore. I fratelli di cssa, per vendicarla, accusano
rHilone al tribunale del re, di lasciare in abbandono la terra riceruu da
loro. e che si i oU>ligato di colUvare. L'accusato da ti medesimo
I. Ma*irice Hsuat pubblieà per il primo nd 18)4, ne' moi Extmpla pttsui
latùiat m<du dfn, il pocma latino lopra auto, che in uso de' duc manoscritti,
. Ofld' egli sî è servito, ba il titolo : iJlr Mikne CùottMtiiup^itdm, t oeil' allro -
iCMWK^id NUomt.
*S41 ST. PRjkTO
dirende la propria causa c risponde che ha rcalmenie ricevuto una vigna
assai bella, da lut resa ancor più florida mercë le proprie araorevoti ed
assidue cure, ma che ha ptrô scopcrto inlomo alla sua vigna le traccie
mînaccto« d'un leone, alla cui visia subiio egli hi ïmerroiio ogni crf-
(urs- )t re benissimo capisce il signlficato di questo lin^aggio, e, volrado
essere un leone generoso, afirciiasi a pronunciare quesia sentenza ùvty-
revole : « Che Mitone riiorni alla sua vigna, scnza nulta paveniare, che
riprenda in pace î suoi amichî lavori ; ogni pericolô è scomparso, •
Dopo laie giudizio i due sposi riconciliatid vivono insieme felici. come
se nulla fosse fino allora accaduto '. — Vedî sul Mito i'Histwe littéraire
de la France, lomo XXlt, pag. jô-p.
Chronicoa Imaginis Mundi Fr. Jacobi ab Aqa'it, Ord. Pr^dicatoram (a
codice curtacco itcuii XV in rtgia liibUoiheca Athxnci Taurinensi aster-
vaîo), in : HistorU patrie Mûnamenta edihj jussu Régit CaroU Atberii,
Scriptorum tomus III, Augusœ Taurinorutn, E regio typographM
MDCCCXLVIll.pig. IJ77.
De Petro de V'mtis noUirio imperatoris....
In curia imperatoris erat quidam notarius curiae, conipl«tus in omnibus
et pulcherrimus dictator, nomine Peirus de V'ineis. Hic Petrus notarius
habuii uxorem pulcherrimatn, quam habebat Petrus suspeciam de impera-
tore Friderico, et lamen non creditur quod ibi esset malum, licet de boc
multus sermo fieret in curia imperaioris. Accîdit uno mane imperatoreni
intrarc domum Pdri, sicut sa£pe intrabat propter oflicium quod babe-
bat notarii, et etiam quia homo sollemnis erai, et videt împerator in
abscniia Pciri camcram ipsius apertam, et imrat împerator cameram, et
invenii uxorem Pétri in Eeclo dorniientem, quam împerator coopérait,
quia habcbat brachia discooperta, et tune impei^tor coopérait dominam
et cum frequentia recessit, ne aliquig propter honorem domiiue de hoc
advcricret, nJhil aiiud faciens ; sed super cophinum dominx rdinqiùi
imperator suam chirothecam », vel libcnîcr, vel ignoranler.
Venit Petrus a casa etinvenit chirothecam imperatoris in tecto suo. Et
cognoscens cum doloretotum dissimulât; tamen Petras ioquitur domine,
[. L'autore in fine prendt a tAStîmonîo dclla veracili del suo racccnito Ij
medeiiina ctiti di Costanliitopoli :
Non phjlern tatsum : Couïliiilinopolis liBJus
Se specUilricetn jactital esse rei.
Non levii jrbitiiiim Ijneuae, non livor obilBibrct
Débile Matlhaei Vinaocineniis opm.
a. L'ediiîoue ha taam nrotkua ; parecchi errori, lii dell' «litore, si» dd
codice, vengono correlli lenz' allro.
L'OHMA DEL LEONE J4J
que de boc multum affligitur. Notificai domina imperatori de duritia viri
su contra ïllaro. V^dit impcrator ad domum Peiri^ ei est imperaior et
Peuus et domina simul, et aJia fiiaiilia a longe. Et Petrus, videns se cum
imperaiore et cum domina sua, vultimperaioremreprchendere cum con-
cordantia verborum, non nominaio imperatore, nec domina, et dicit.
Petrus de Vineis toquitur stilo materno :
Una vigna à pianiâ' :
Per travers è intri'
Chi la vigna m'a goastl' ;
*An fait gran pcccà'
Oi far ains che tant niat(?).
Domina loquitar concordia verborum :
Vign.T sum, vigna tarajr,
La mia vigna non fali nuy.
Consolatus Petrus respondit concordiier :
Se cosst ë como è narra',
Plu amo la vigna che fis may.
El sic facia est pax inter doniinam et Petrum, et timc Petrus cantal
pra gaudio metrice de xii mensibus anni et de proprieiatibus eonim.
Via des Damts gelantes par U stigiuar de Brantôme. Paris, Camier
ftères, i8^8; Discours second : Sur ie sajet i]ui contente U plus en
amour, ou le loucher, ou ta veut, ou la parole; Article III : De ta veui
en amour, pig. 1 71-74 :
Moy estant i Milan, un jour on me £t un conte de bonne part, que
feu M. le marquis de Pescaire, demier mort, vice-roi en Sicile, vint
grandement amoureux d'une fort belle dame ; si bien qu'un matin, pen-
sant que son mary fusi allé dehors, l'alla visiter qu'il la trouva encores
au lici ; et, en devisant avec elle, n'en obtint rien que la voir et la con-
templer à son aise sous le linge, et la toucher de la main.
Sur ces entrefaits survint le mary, qui n'cstoit du calibre du marquis
en rien, et les surprit de telle sone, que le marquis n'eut loisir de retirer
son gand, qui s'estoit perdu, je ne sçay comment, parmy les draps,
comme il arrive souvent. Ruts, luy ayant dit quelques mois, il sortit de
la chambre, conduit pourtant du gentilhomme, qui apr^ estre retourné,
par cas fortuit trouva le gand du marquis perdu dans les draps, dont la
dame ne s'en estoit pas apperçue. Il le prit et le serra, et puis faisant la
mine froide à sa femme, demeura longtemps sans coucher avec elle, ny
la loucher : parquoy un jour elle seule dam sa chambre, mettant la main
à la plume, se mit à faire ce quatrain ;
Î44
ST. PIUTO
Vigna era, vtgna son.
Era podaia, or più non son ;
E non so per quai Cjigion
Non mi poda jl mio patron.
Et puis laissant ce quatrain sur la table, le roary vint, qui vid cesvers
sur la table, prend la plume et fait response :
Vigna eri, vigna sei,
Eri podata e più non seï ;
Per la granfa del leon
Non ti poda il tuo patron.
El puis les laissa sur la table. Le tout fut apporté au marqois qui fit
response :
A la vigna, che voi dicete
lo hiî e qui restete [sic] ;
Aizai il pamparo [tiVi, guardai la vite.
Ma non loccai, si Dio m'ajuie (tic).
Cela fiii rapporté au mary^ qui, se contentant d'une si honorable
response et juste satisfaction, reprit sa vigne, et la cultiva aussi bien
que devant ; et jamais tnary et femme ne furent mieux.
Je m'en vais les traduire en ftan^is, afin que chacun l'entende :
Je suis esté une belle vigne et le suis encorcj
Je suis esté d'autrefois très-bien cultivée;
Ast heure )e ne le suis point, et si ne sça;
Pourquoi mon patron ne me culûve plus.
Response :
Ouy, vous avez esté vigne belle, et Testes encore,
Et d'autrefois bien cultivée, ast heure plus ;
Pour l'amour de la griffe du lyon
Vosire mary ne vous cultive plus.
Response du marquis :
A la vigne que vous autres dites
Je suis esté certes, et y resiay un peu ;
J'en haussay le pampre et en regardai la vis et le raiiîn,
Mais Dieu ne me puisse aida* si jamais j'y ay touché !
Par cette griffe de lion il veut dire le gand qu^l avoit trouvé esgaré
entre les linceuls. VoyU encor un bon mary qui ne s'ombragea pas trop,
et se dcspouillant de subcon, pardonna ainsi à sa femme.
l'orma dkl leqmc
541
La trampa dtl kont.
Novellina popolare viterbese '.
C'era 'na volta no re, e 'na regina ; aviano 'na fijetia pîccula; venuia
ail' eti di decioiio o vent' anni pensarono i so' parcmi de faijc prenne
marito, e je lo dissero. Issa arrespose ca l'arebbe priso, se je fusse pia-
ciuto. Alora 'I padrc pc' cunlenurla ^nunzid quisto mairimonio, e
molti gioinotti viensero, e 'gni volta era preparato no ricco pranzo ;
mentrc issi magnaano. tcnia la fijetia entro 'n' uma *n quilla sala, e
dumannava ai gioinotti, se je piaciva, e issi didano de s); ma quanno
la dutnannava a so' fija, quista arrespunnia de no. La secunna volia
lo re invita a pranzo i gioinotti forastieri, quîsli viensero, e lo re
dgmannô de novo a la so' lijj se quarcuno je piacisse, e jssa arrespose
como prima de no. La terza volta arfece lo bando in altri paesi : che clù
vulia la so' fija per sposa> avisse a v«n]', e morti altri gioinotti d'ogni
patsc viensero ancora. squasi tuui fiji de re; anca 'sta volta lo re chiese
I sô' fiia se nissano ie garbava, e issa je arrespose che je sarebbe pia-
ciuto uno de* quei fiji de re, e lo mostrù a so' padre, ina no' lo vulia, per-
ché, ner magnâ' lo granato. je s'era sporcata la camicia co' i semi de lo
granato. Quillo principe, che j'era avvenuta 'sta piccula disgrazia, senti
quista cosa da no so' confidente, e pensô de vendicassî. fnlanto lo padre
nun facia più pranzl e lassava de marità' la so' fija ; certi jornî la man-
nava a spasstggià' co' na so' governante 'n un giardino, ch' isso avia
qualche mijo distante da lo paese. Lo principe 'nsurtaio no giorno se
travesti da pecorajo, annô da lo padre de quilla bardasdolta, c je
chiese de mette&se a servizio co' lue. Quanno fu a so' servizio. 'na voila
ca ta principcssa cra annata a spassi^gio pc' lo giardino, isso je corse
addosso, la rap), e la ponô via con si. 'Ntanto la lassa 'n una capanna,
e poi la mené a casa de so' madré, e je disse ca l'avia irovaia de fora
smarrita, Quista la pose 'n una stan/a, senza daije molcstia; ma issa
sempre piagnia, nun sapeimo, perché l'avisse raptta lu pecorajo ca issa
no' cagnoscia. La governante era addulurata pe' la pcrdita de la so*
padroncina, e annata poi a casa recevette morti rimproveri, e fu licen-
ziata. li pecorajo ténia quilla ^oinotta como donna de servizio pe' ven-
dicassî deir affronte sofferio. Dopo quarche tempo lo pecorajo je parlô
KCusjl : •> Poiché- nun v6i prenne 'n porco, como dicisti a lo pranzo a
to' padre, prennerai no mio servo. u Quisto era no belb ^oine, ca
vedenno puroa&sae bella la fija de lo re, nun la ricusô, anzï fu ben con-
I . Venne da me raccolta ii m Maggio del 1879, e scrittd tolto b deltatura
deDa Sig' Maria Pein nubite, nativa di Viurbo, c dimorantc in Spoleto, d'ell
d'iBoi 62.
Aoaatia, XII
M
546 "^ ■ ST. PHATO
tenio desposane quilb gnziosa bardasciotta. 'Nianto se fece lo matri-
monto co' la sodisf;izione de quisti do' belli ^ioinotti. Ma puro lo finto
pecorajo continuavs ancora a volejje bene, itnu perCi nissuna intcnzione
cattivaj quarche voila isso la visiiava nellaso' caméra. Un giorno %'cden-
nota accussi bella, peniito d'avella sposaia a lo so' servo, încaricà quisto
de ponaije na leitera ; fcce accussl pe' allnntanarlo per qualche giomo,
e je disse de partisse assse de bon' ora, ca la leiiera, che je aea conse-
gnaio, era mono de premura. Besogna sapé* chc l'alloggio de lo servo
en accanto a quillo de lo padronc. Lo servo obbedi, ma quanno fu pe'
via. s'acorse ca nella fretta s'aea dimenticato la letiera. 'Ntanto lo
padronc era entrato nella camara de la so' moije, Taea irovata ca dur-
mia, c prohitanno de lo so' sonno alz6 i lenzoli pe' ammirarla, ma sen-
tenno 'I mmore de lo marito ca saliva le scale, in fretia scappd via, e je
cadde un guanto. 'Nianto appena che lo marito cbbe momato le scale
pe' annà' a prenne la leitera de la so' padrone, ca s'aea lassato nella
camara, viddc lo guanio de b re a la porta, lo raccogliette, se lo messe
'n sacchena, sospeiianTio che la so' moiie je aesse mancaio de fedenà, e
amasse lo re ; ma nun disse nulla a la moije, e se contemô de annà' a
prenne la leitera,. e fece la commissione che j'aea dato lo re. Dopo
quarche giorno tomô quillo, c lo re nun s'arrlschïà più d'annà' da issa,
perche nun vulia destà' li sospetii de lo marito. Quisto perô, como
aviamo ditio, sospcttanno ca fusse infedcle h so' moije, je ténia !o muso,
e la donna nun sapia spiegane la ragiune. Un giorno perâ is&a irov6
*n sacchetta de lo so' marito lo guanto de lo re, e lemenno quarcosa je
disse : « Perché slai con me accussi 'ngrugnato ? Che l'ha'io fatto ? » —
E isso je arresposc : « Quisto guanto è lo testïmonio délia to' 'nfedertà »
t puro la donna era inocenie. Da quillo giorno lo marito nun guardô
più la so* moije, e issa de quisto nun se poiia dâ' pace, e stea tuita
nianincunusa. Lo re puro s'era acorto che lo servo stea 'mbronciato co'
lue, e colla so' moije, e lemette che îs^i nun s'amassero piue e che fira
loro fusse Bniia la pace. Alora lo re pe* arconciaije prépara no gran
pranzo, invité lo servo, la moije e morti so' amici, suUa fine de quisto
pranzo lo re pregô i convîtati a caniane *na canzocinaj tutii dissero ta
sua. Quanno poi tocc6 alla sposa, quista arcominciô a cantà' accussi :
Vigna ero e vigna so',
Era podata e ora no ;
Pe' 'na irampa de lione
No' me poda 'I me' padrone.
C lo re arrespose ;
Nella vigna io entrai,
"Na painpana v'atzai,
Ma l'ua nun U tocai;
L^ORMÂ HEL LEODB ^47
Ciuro a voi, 0 serve mio,
Mun ta tocai sull' onor mio.
U marito alora rcsiô ptrsuaw dell" inocenia de issa ; « v-iensero a
scopnne t faiti, e a axconosce l'inûcenza de la moije. Cosl de novo :
Arfeceno le notze
Compile, e composte,
Co' no sorcio arosiito
Stiedens bene la tnoije, e '1 tnarilo.
1
Lapringep', t la cambrjiere.
Noveltina popolare abruzzese '.
Nu pringepe s' ave da 'ccasâ', c ddecè : « Me vuojie pijjà' 'na ggio-
»en« abbasie che è bbélle; ne' mme ne cure ca nen dé' didde, » E sse
pijji 'na giovene. Ere povere, ma ére wreche de bbeilézi' e dde 'mma-
ùnate. E cquitte, tande ére bbéllc, nne' le face ji' ma' a la messe, e nne'
Ee face', 'ffaccià' mang' a lu bbalcone. Derembétt' a lu pa[az7^ de 'stu
pringepe ce ai' lu palazzc de lu nt ; e tu rrf ncm buiè vcdè' ma' *sta
ggiovene. Va nu ggiom', e ddiss' a la camarjiere de lu pringepe; disse :
« Se Mu me fé vedè' la patrona tè', ji' t* arijale. » E cquélle je disse :
« E cquande te le facce cun6sce ? Ji' nen dénghe nesciune mézze de
Bretele cuntisce. n Lu rrè j' areféce : « E nen ghésce ma' lu pringepe ? »
Quelle je disse : •• Eh, nen ghésce se nen guande va ccacce. » Lu rrè je
disse : « Mbè, quande quille va ccacce, tu chiàmeme, e iji' saLtke. »
Ecche, dope pranze, lu pringepe va ccacce, c la camarjiere féce mon* a
lu rrè ca tu pringep' avè' 'scite, e la signore s' avè' ddurmite. Va tu
rrè, saiisce sopre, c la camarjiere le port' a la cambr* add6' durmè' la
signure. Quelle durmè' a lu létte che lu padijj6ne. Lu rrè alzi tu pizze de
lu padijjone, c vvidde ta signure. Disse : <■ Oit, cquand' i bbéllc! »
E sse n' areèïce. A lu recala' che fféce, perdi 'na huânde pc' le scale,
che cce stè' serine lu nome se' nghe Iléttre d' ore. A lu rejl' lu pringepe,
— nen ge passî cchiù nncsciune, — c rctrovc 'sta tiuand'. e ddisse :
« Lu rrè che ce' è mmenui' a ffà' cqua ? £ ccèrte che mmôjjeme m' k
iradiiel n Ccuscl, a lu resall* a la cambre, va a la mojjej je ctiiavt nu
schiaffettone, e sse n' reéke, e nen ge *ndrt cchiù pe' sséil' anne. E ta
mojje stè' 'n benzjiere, ca nem buté* sapé' che ccaggion' avè' 'vute lu
maritc. Jindande, tu pringepe ne' jje face' mangà' nesciuna cose. Quand' ar-
rive le sétt' anne, lu rrè sap) ca lu pringepe stattè' hodije che la mojie ; e
ppenzè' : (t Ah ! Ji' perdive 'na huand' abballe pe' la gradenate de lu prin-
I. IMt veniK gentilnicRle favurita dall* ottimo mio atoico Dott. Gennaro
FiucDore.
J48 ST. PRATO
gepe e cquésle sarrà la ccag^one de farle sia' 'nn bodije. > Dongbe,
ppen^è da se stéss« de fi' nu 'mmite a iiuue le piingep' e bbanine che
Itutte la famijlei e oile ggiorne prime mairn) 'stu sgride pe' tu pahése.
Lu pringepe manni ddir' a la mojje ch* avé' da H' pure éss' a )u 'mmite;
e je mannî lu scarpare, che ss' avésse faite pijjà' la mesure de le scarpe.
E cqu^lle )' erespunni : « Dïji' a mmio manie ca ji' le ténghe le scarpe;
nen n' djje de bbesogne. » Diss' a lu sanore : « Dijj' a mmia moiie che
sse faccc pijjà* la mesure de la veste, n Quelle j'arcspunnï : v Dij}* a mmio
iDarite ca ji' te ténghe la vésie ; 'n n' ijje de bbesogne. »
Dunghe, quand' jrrevl lu ggiorne précise ch' avè' da jl' a lu pranze,
mann) ddir' a ta mojje : « Dijje clie sse veste, n ■> Dijj* a mmio mariiefl
ca ji' siénghe vestite. » Quelle s' aremcttl tutti l'abbete che Iteni' de lu
spusalkije, e s\i' 'nn ârdene. Va lu marite, se le mette sotie bracce.
sénz2 parla* e sse ne va a cchl' (quelli = in casa) de tu rrè. Tune stè'
'nn ordenc, e hisse sole s' aspeitè'. Quande vcdî chiite tu rrè, te £acl
'ssettà' vecin' a éss', e sse meitl a itavete. Dunghe chille, doppe la
tavelé, ugnun' arcundè 'na favuléite. C -i- avè restate lu pringepe c la
mojj' e lu rrè sénz' arcundâ' njiénde. Tuite je decè' a lu pringepe
ch* avéss' arcufidate pure ésse 'na favulétte, e lu pringepe decè' : « A
mmè ne' mm' è state succéssc ncsciuna cose ; n'n djje che ddire. n Po'
decè' a 1.1 pringepésse ; « E a woje manghe njiénde v' è state suc-
céssc? » A mmè ne' mm'è siaie succésse njiénde; ma pure vojje di' 'na
cose :
<> Vigna so' stat' e vvigna jio sone,
Prime ère culdçvaie, c ore non zo',
Ma jio non zo' quale sia la ccaggione
Cbe la vign' à pérze 'i suo patrone. o
Arespuonnc Ij mariie :
« Per una zzaraba del lehone
La vign' à pérze la sua staggione. »
Aresponne lu rri, che ssubbet' avè capite :
« A ta vigna tue ji' c -i- âgge state;
La pambulétte V âgg -i~ alzate.
Ma, per quésta crâne, che tténg* al cape.
Ho vviste t' uve, e nne* 11' 6 nuccate. u
£ ccuscl s' arpacefechl mojj' e mmarhe. E la rrè atlore je disse :
« Jl' nem buté cunôsce' la vostra mojje. Ji', pe' ccunôscete. m' arcum-
manniv' a ta camarjîerc, e ccusci me le ftce cunisce' quande vojc
avavate jit' » ccacce-
(Geswpalena.)
LORHA DEL L£ONE
H9
La granjta dtt Uont.
Novellina popotareiivornese '.
C'cra "na voila un re, questo re aveva fra 1' altri un coriigiano, che
s'era sposato cor una betlissitna donna, e 'I re aveva conceplto 'na forte
piraone perlei.ma questa non li dava punio rena. e non s'era mai
carata de' su' discorsi amorosi. Quesio conigîano abiisva nello siesso
palaizo del re, e s'era un po' in^^elosiio del principe, vedcndu la cône
cbe faceva a su* moglie. Intanto 'I re innamoraio. pcr poter andar con
suci comodo dalla bella signera, manda f6ri il cortigiano a puitare 'na
letlera ; '1 cortigiano parte, era di maiiinaia, c '1 re entra in caméra
délia donna per parlarli, e irova che dorme. Senza svegtiarla, s'awicina
al su' leiio, pian piano âpre '1 cortinoggio, alz^ le lentôla per ammirare
1 su' betlissimo corpo, ma poî traitenuio da una certa vcrgogna b
ricopre» se n'este di caméra, e nella furia lascia cadere un guamo $ul
letto di quella bcllissima donna, Ritorna '1 conigîano di fôri, entra in
caméra di su' moglie. vede 'I guarnio del re, appieno conosce l'amore di
lui pcr la moglîe. e per quesio sospetia che lei si sia arresa alte voglie
del re, e l'abbia mancatodifedelià. D'allora inpol concepisce un grande
ûdîo comro su' moglie e 'l rc, sia scmpre ammusonito, e non li pjô piîi
paiire. 'L re s'awede presto del cambiamento che ha fatio '1 cortigiano,
e li chiede cos' abbia con lui ; '1 cortigiano non li risponde, altre vohe
l'interroga e quesio condnua a tacere. Alla fine 'I cortigiano, importu-
naio dalle continue demande del re, li mostra lutto arrabbiato '1 su*
guanto, e li dice che l'iia trovato sul ieiio dt su' moglie, e che sospetia
giustamcnie, che abbia macchiato 'l su' onore. Allora '1 re, pcr vcnire a
una spiegazione chiara, h preparare un bel desinare, c'inviia '1 cortigiano,
la su' moglie, e luiii i signori délia Cône. Quando il desinare i aile fruité,
1 re propone ait' inviiaii dî dire ognuno per passatempo qualche cosa,
e prega inianio la moglie del coni^ano a cominciar lei, per dare il b6n
esempio alla coropagnia. Lei allora dice :
Vigna ero e vigna sono,
Rro potata e ora non sono,
E non so per che ragione
Non mi poia '1 mi' padrone.
E 1 mariio li risponde :
Vigna eri e vigna sd,
I. Vennc ra«<>lla dj nie in Livorno il i^ sflt*mbre del i88n, r scrilla solto
U detlalara di una vccchia popolani, una cerla Maria Cardini (antescaj d'eU
di 6} anni.
iJO ST. PRATO
Eri poiata e ora non seï ;
Per la granfia del Leone
Non ti pota 'I tu' padrone.
P.în cosl dire '1 cortigiano mette sulla lavola 'I guanto.
AUora 1 re soggiunge :
Ti giuro, o mio vassallû,
Sulla coronj mia,
Che nella vigna entrai,
Atzai la pampana,
R l'uva non loccaî.
Allora '! conigiano, seniendo che la su* moglie era innocente, chiede
scusa de' su' in^iusii sospettl al re, perdona la mogliCf c vive sempre in
pace e in amore con lei.
Note comparative.
Per le varianti orientati di quesla novella vedi Engelmann, Das Bach
wn (icn sîebtn weism MtisUrn, Halle, 184:, pag. 40, 87; Kellcr, Li
Homans des Stpl Saget, pag. cxxxviij, Tnusend und tint NachI, deutsch
von Max Habicht, von der Haf;en, und Schall, Breslau, iS)6, vol. XV,
pag. 1 12 ; Taies, Anecdotes, etc., trjnilated from the Arabie itad ihe Per—
tian by Jonaihan Scoiij Shrcwsbitry, 1 800, p. yi ; e linalmtnic A. d'An-
cona, leggtnia di Sant' Aibano, prosa médita del sec, XtV ecc., Bologna,
G. Romagnoli, 1865, pag. 24-26. — Due versioni popolari pomiglia-
nesi leggonsî in Viltorto Imbriani, XII Cotiti pi}img.Uanaî con variaati
aftilitust, montetUiiy bagnoUsi, mtianeit, toscane, lecittî ecc. Napoli, Det-
kcn e Rûcholl, 1S77, pag. 108 e {|8, n> VI e VI bit, dal ttiolo : ^^4;
una vCTsione veneia si legge in D. G. Bernoni, Tradhmi popolari
ventûant) Puntata I, Vcneaa, Anionclli, 1875, iniitolata : Vigna era e
vigna son, questa è riprodotta pure dall' Imbnani in nota alla prima
variante pomiglianese ; néh siessa nota l'Imbriani ripona ancora una
letlera di Sp. Zambclios, comunicatagli da Giuseppe De Blasiis, nella
quate viene tndicata som maria m ente una variante messinese'. Una
variante sicillana di Palermo &usseguiia da due alire, palermitana pure
la prima, e marsalese la seconda, i contenuta in Cîuseppe Piiré, Fiabt,
fflo»'f//f,*rflccoiti juidiini.Palermo.Pedone-Laufiel, 1875. t. Il, pag. 17s,
tC-;6 : Lu bracceri di mana manca ; con lievîssime variazioni la seconda
versione palermitanadeldialogo si legge nella Wdcco/M amptissima di canti
popolari sîàUani di Leonardo Vigo, pag. 678-79, n' S'4Î"49 ■ H St^^fto
I. In quesu virianlc Pier délie Vigne, în loogo di ancdliere, è il grande
ucciiitore del re.
l'ORMA DEl. LEONE fjl
ddl' impiTatore. Il Carducci nell' opéra : Canùkne e ballate, strambotli e
mêdrigflli nà secoli XUliXiV, Pisa, Nistrï, 1871 , pag. 28, sullii redazione
.ieutrarù delU novellina fa le se^juenti considerazïoni : « Narrazioni e
}rtim sono ciuti anche daL Cantù, Stotia dtgli lialiani XII, xci. not. ï3.
Prino li aveva cilati il Fauriet, Diinte tt Ut ottgtms dr U lang,ue ilaiienne,
Paris, Durand, II, Lez. XVI, senza perd accenname le fonii. Noi non
crediamo che U redazione in dialetio subalpine di Fr. Jacopo d'Acqui
tia la forma ori^nale délia méridional tradizione, ma non sappîamo con
<|uale auioriià il FauricI leg^^acosl i primi scite vcrsi : Vna vigna hopian-
ttlit .' I Ma per iravtno i entrato \ Cbi la vi^na m' ha gaattato : | Hanne
fitto gran ptcuto \ Oi fore a mt tanio maie. » Secondo J'Avogadro fraie
Jacx>po d'Acqui nasceva sulla fine del secolo xiii e fioriva verso il 1 ; jo,
ctoè nieno d'un secolo dopo di Pier délie vigne. Il d'Ancona sog^unge in
una nota che si legge al luogo citato del libro di-G. Carducci : » Dell' atiri-
buire questa tradizione al cancelliere di Federico II ceno deve esscre siaia
principal causa l'immagine delta vigna. Poi la novelia dura ndla memoria
dalle genii, ma perduti i nomi dei proiagonisti, altri pur iiiustri e notî
hirono scelli a sostituire ^li antichi. » Nel 1 86 1 il De BlasiJs, Vitd di Picr
àttU Vigna, pag. 209, riferiva i versi tinali. quasi corne parie délia novella
di frate Jacopo d'Acqui. £ pure qui da osservare pcr incidenza che due
versi dclla chiusa del raccojiiodi frate Jacopo d'Acqui dot : Chi la vigna
gCàf^ùastà' I '/in/iti(^rjj7p»£<}',slncontranoinun'amicacanzoneita3balIo,
contenuta in un codice laurenziano del secolo xiv, pluteo 42 e pubblicata
da Hieuo Fanfani neUe annotazioni al Daameront, Nov, V, Giorn. j'.
Firenze, 1 8^7 , lomo I , pag. Î49. F.ssa consta di duc strofe, ciascuna délie
qualii il principiûdi due ballate che per lungoiempofurono crédule diverse,
e invece non ne fomiano che una sola ed antichissima. Il Boccaccio fu il
.primo a ricordarla. quando nclla cilata novella f* délia IV* Ciorn., dopo
' aver narrato délia Elisabetta Messinese, alla quale dai proprl fraielLi Tu lolio
i) vaso di basilico, in cuî quesia con gelosa idolalria custodiva la lesta
.deU'atnantcdaimedesimiucciso.concliiude: « Divenula questa cosamani-
'festa a molti, fu alcuno che compuose quella canzone, la qujle ancora
oggi si canta : QyaU tsso fu lo mal cTiitiano j Cht mifurà la grjsla ecc.»
Hcco adesso la canzonetia a ballo in questione : Questo fa h malo cri-
ttlino \ ChtmifttTo lartsia { Del bassiiico mio uUmontano : j Cresciataera
in grait podfcsta | EJ io lo mi ehianlai colla mia mano, \ Fu h giotno delta
iftsia I Oiiguatta Vaitrui cote initania — Chi gaasia l'aUrui cote è ytlla-
^nia I E grandiisimo tt ptccalo | Ed ip ta metchintlta ch'p m'avia | Una
rtsla teminata | Tant' tra btlla, ail' omhra mi dormîa \ Dalla gente invi-
dUta \ Fiimmi furata e dayjtiti alla porta, ecc. La popolarità di questo
canto é dimosirata dal faito, che quasi non v'abbia antlca raccolta di
laudi. édita \Uude ecc. cdi7ione del 400, uuiaplart ma^bt(hiam>.
jja ST. PRuTO
f. s) 0 inedita (vedi il Codice magliabechiano, Cl. Vil, N' îo, jôy, 744)
dove, se viene sempre indicata l'aria, su cui ogni laude si doveva cantare,
non Qccorra costanlemenle fra le altre indicaziom questa : Canlasi corne :
Chi guasta l'althui cose fa viLLANtA, che è appunto il principio ddU
variante K^scana. Qu«5ta canzonetta perduta (da cuj il Boccaccto ha
cavato quella da lui cltaia nella novdia dell' Elisjibetta, della qiiale can-
zonetta riporta due soli versît parc, seconds alcuni, che sia stata riùita
dappoi ; ecco perctiè si legge nelle Cantoni a baflo, composte da Lonnto
àt'' Mcdici e Poliziana, Fircnze, i 0S. Senz^ dubbio siciliana è l'origine
di questa canzonetia, corne il Boccacctoaccenna, ciô es&endo dimostraio
da quel vocabolo : grasta*, che è di puro àdttano dialetto e che signi-
fica : viiso da ^ori. Ë a notarsi poi che ta sua origine debba esiere molto
anteriorc ai icmpî dcl Boccaccio, perché altrintenti quejti non avrcbbe
avuto moiîvo di aggiugnere, corne se taie conzonetta fosse qualcosa di
singolare : " attehe oggi si canu '. »
La novellina présente neila forma popolare si riconnene in raodo
manifesio al racconio orientale, ond' essa è sincera emanaziore, e ce lo
prova l'espressione ftgurata, ma poco propria, ctie ricorre nelle rarianti
popolari per indicare il guanto (lasciato dal re sul ietto délia donna da
lui visitata}, cioè : ht granjia, granfa, irampa dfl Uoite. Questa esprcisione
nelie medesime non ha signifîcato alcuno, n^ ci si offre nella forma popo-
lare episodio che giustifichi siffatia maniera di dire, tanio se il leone si
prenda in senso proprio, quanto se si lolga in senso figurato, cd essa
non è altro che una reminiscenza dell' allegoria del leone rappresenianie
ÎE re nelle varianti orientali ; talchè la traccia del leone, impressa nell' alle-
gorico campo o giardino. sia in esse il guanto, la pantofoljt. 0 il san-
dale che lascia il re nella caméra délia donna da (ui amata. Q^iest' osser-
varione, che pur mi pare abbia il suo peso, perché ïntesa a dimostrare
l'origine orieniale dclla novellina popolare, onde qui si è tmpreso lo
studio, non fu, per quamo mî sappia, ancora fana da nessuno di quelti
che hanno illustrato le diiïeremi varianti délia medesima édite fino adcsso.
Inoltre, benchè presso gli Oriental! spesso un re. un sultano sia
rappresenlaio sotto Timmagine d'un leone, che è il re degli animali,
e cosl pure talvolta sotto l'immagine di un tigre, appellato reale net
Bengala, mi scmbra la detu esprcisione troppo ricercata cd eieroclita
1. Il Rcilî nell« AnnotJZio'ii at Batto \a Touma p)rl6 cod .sulla voce grailé
occorrrnle in uno de' due veni <lelU canzonetta ncl Bocuiciu : ■ La Engituarê
de' ProvcMali è cou ficilisiina che prendciw origine dalla voc« «reci râ-np»,
vaso corpacciuto mcntovjto da Atenco e da altrr (Ycdi pure Mussaïia nella Rom.
Il, 477I, dilla <;ual noce sm/' ikun dabbio derivA il roc:>t>olo Ociluno Grtttâ
usito dal Boccaccio nella novcIU delU Ciciliaoj.i
2, Per le considerazioni su qu>cst) cuixonctti oii lono valto di E. Rubteri,
Sleria dttle poctui pepelart italiaitUt Parte I, capo 11*, pag. r 4 1-144.
L'ORUA DBL LEONE J5;
qtecialmente per il popoto, cul la coltura manchevole non consente un
concetio lanio elevaio, quai' i quello che la mcdcsJma racchiude, con-
ccnocbe senz' alcuna cognizione o studio non puôspontaneo preseniarsi
alla mente.
Il concetio allcgorico finale del rsicconio, in cuj la donna riene asso-
migliata ad un campo. ad un gîardîno, ad una vigna, concetio assai
fréquente fra gli Orientall, e segnaïamcnte fra i Musulniani (infatti la
compara/Jone delta donna con un campo occorre pure nvl Corano, Itb. Il,
pag. 33^), ne rivela Enanifestamente la fervida ed accesa famasia di
qoelli, equindi la costantc toro vaghezza di adombrare sotto immaginou
poeiica figura qualunque cosa più owta. E che pot sovente costoro di
buon grado volgessero l'occhio alla terra, da cul ticeveano l'alimento,
agli animal! domesticr, onde pure usavano per il loro sosteniamento, ce
ne fanno fede le frequenti relative immagini alIegoricNe, ricorrentî nel
Itnguag^o poeiico di essî. Quindi, fatta ragione di ule caranere degti
Orientali, in ïspecie MusulmanJ, non reca stupore il conceito allegorico
cbe occorre sulla fine detla présente novella, cioè il paragone délia
donna ad un campo, o ad un giardino. Già nel CanUco det Caniici û
parla à' una ragazza. corne d'un giardino !lV, il), e si iratta allcgori-
camente >l, (1 délia vigna che ella non seppe bene guardare; pari-
mente nel Vangdo sotto l'immagine délia misiica vigna viene adombrata
la Chiesa.
llprotagonistadellanoveIlaéunre,unsuUano,uniniperatore,che,avendo
veduio la moglie d'un suo cortigiano, invaghitod délia costei belleua,
anelandone al possesso, Jtllontana con una scusa il marilo, e furtivameme
riesce ad entrare nella caméra di lei, montre giace in leito addomtentata ;
egli vdisce alzare le coliri del leiio, contemplare la perfezione del suo
coq», ma non trascorrere fino ail* appagamento délia sua malnata pas-
sione ; nel lurbamenio dcH'animo il medesimo tascia cadere senz* accor-
gersene il suo andlo. od un guanto, od una pamofola presso il lelio délia
donna da lui amata ; rhomato nel il marito, posda vedere quegli oggetti
appartenenti al principe, si figura quello che non è, vale a dire che la mogtîe
abbia col principe mancaio a lui di fede , perô intimorito dalla potenza di
questo, e mosso dall' ambJzione, per schivare il rischio di perdere tl suo
grado, non Ta motto di nulla ne al principe, M a sua moglte ; tuTUvia da qad
momemo lascia in abbandono costei , donde il dolore delta donna , e l'allego-
rica spiegazione finale, con cui essa riesce a riacquûtare la grazia e l'amore
del marilo. dopo avergti provaio la sua innocenza. Nelle rarânii orientali,
p«r giustiBcare la biasinwole pasiione del re verso la moglie del suo cor-
tigiano, vien detto in principio cbe e^ amava grandenenle le donne ; in
esac DO re vede la donna dâl balcone del suo terrazzo, e cosl eglî se nln-
namora ; invece nclh prima variante paJermitana del F%* il modo dd-
nuT»
è Snim, ta eocD qnk. Si n
câ
« CMU, At pcr6 acain lospre riiinu. d bracaere £ khm dons fen-
uaM, dw lUnalbCAru, soaaTCTaiBaifiaoalanpoaieTedereqBeh
MHMH ipra* dd CM MflbTj pvaloHtstfizn. Uofaclgnras,iBÉiBaB
«d^Mnoeol n,^fiiK: « Maoïi. «enpeae ohcbd looeodi qpoaa
ha il fanuxre di naM unca 1 Cbe bella i^mora, Maoti ! ■ U«' atin
voka (i ripcti : « MaaH, ho râlo quota amiiiu b Boglie dd rostro
bracdcK, nu iKeibakir(lire,qiuiiu>èiDabdU!... * ednTaknvolu:
« Sapete MksU. b signora del bracdcre di dubo nnixa. pià va
avanti, e più ti va bcendo bclb ! . . . > Siccbi dilU oggi, dilli doôuuii, il
rc, cbe non era di legno, al lenUr dire quette coae d^ bracdcre di maso
driila, cbbe niu wnjma curiosité di conoscere taie rara bellezu. Un
giorno monta a cavallo col mo uguito, e passa davanii al pabzzo del
bricciere di mano naaca ; siavs appunto allora quelU bellissima spoea
affacciaU aUa fmetira. Il re pauÀ, b vide> si senti lutio commuovere in
petto il cuore al coniemplare quella peregrina bellezza, e susciUieunvivifr-
•imo dctiderio di oiicnernc il poasesso. H cominctamenio delU variante
viurbe» li rkonneite al lema dcl Peio norto ia barbj, ù dd principe eirito-
najo, ulvoche, mentrc nelle dilTerenii forme di quesia novellina popolare
il principe diipreuato dalla figlia del re ai vendica col rafnrla sotto men-
litH Mmblanu, col sedurb, e poi collo sposarla, sotioponendob perd a
mallratumenii, in quella il principe travestito da pecorii)o. postosi a
lervigio del re, padre delb principessa amata, edivenuto jardinière det
re kiruo, la rapÎKe pure^ mentr' essa un giorno passeggia in giardino, per
vendicarti dell' imulto riccvuto da Ici ; la porta scco in uns capanna, perà
non la spou, ma la liene qualc fantesca, c gli fa sposare un suoservo. A
queito tenu si riconnette una variante livornese : // peio îtom in barba,
0 un' altra timbra ilî Spolela) : Lo principe carbonaro, enirambe conte-
mite itelte mie collexioni invditc di novellinc popolari livomesi ed umbre.
Pcr mo vedi ancora, in Carolina Coronedi-Berti, NovelU popolari bolo~
j^ANi, quella daltiiolo ; Hritlainbarh;Bui\c, FtntamtrontyC. [V,T. to":
La stiprrbiit (astttaia ; Krmanno Knust, italitinsche Volksmacrthen, n" 9 :
Oit Kbni^uohn als Baxktr ; Uaura Conzenbach, SicUianisthe Maerehen,
n* 18 : Die fitdemiiihitiie Kouiigslodiitr, cfr. eziandio la novella di Lutgi
Abmanni iniorno jlla Coatuta dt Toloia e .il Conte di Baralloaa (E. von
Dulow, Norflltnhch I, ai ; A. Keller, lutUniuher NoyellinichaUll,6i],
agi^unfi la novelb di Temistocle Gradi variante senese) intitolata : La
priatiputt Salimk*ua^ i il principe urhonajo, contenuta nel libro : La
visfiia A Pattiu é Ctpfo ; riscontra ancora Francisco Adolpho Coetho,
Contas pcpitUru iwrfti^uruj. Lisboa, P. Ptamier, 1879, d" 4} : 0 coatt
L'ORHA DEL teoNE f J}
étPans; Grimm, Kinder ma Haasntaerchen^ Berlin, Ed. Hcn^ f^So,
n* ii : Koenig Drosuliart ; Ignazio Zingcrie, Sagen, Matichm, unâ Ce-
braeuche aui Ttroi, n" i, pag. 4j6; Prochle, Kindamatjchtn, n* 2;
Asb)oernsen, Norskt Fotke-eytatyr Ny Siimmting, n" 4} ; A. Kubn,
WuifatUfche Maerchta, n* t j ; Crundtvig. Oamtt Danske Htnder i Foike-
mundt^ K.joebenhavn, 1854, 111, 1 ; Gueuktlc, Contes ctiinm, ou ann-
tarts mcrvtiiUusa du maïutaria Fum-Hoam^ 18* soir6e : Ayentures de
MogfTtdAin, roi tfAgra, et de Rouz-Behari, princesse de Pegu.
Il cominciamento délie due variant! pomiglianesi e di quclla vene-
zurna differisce un poco dalle alire, ed eccolo : in quesie si racconta
di un re clie si ubb)ig6 insieme a tutti gli ahri uomini délia sua
Corte che nessuno di loro dovesse prender moglie. Un giomo perù uns
dei corti^ani vide una ragazza sur un balcone, e se n'invagh). Ne parlô
al padre di lei, e la sposà di na&costo. Il re perô lo seppe, e una volta
mentte quel conigiano era u&cito, euo andà a casa di lui a vedere la
moglie, perché seppe che era molio bella ; la trovô addormemata, la
vide e gli piacque, e non cuniento solo di guardarta, ancor la ^ol!e pal-
paree, per farciô con piCi gusio, si lev6iIguanto, e, quandosenepart),
lo lasctù senz' accorgersene sul capezzale de! letlo ; taie é in Ispecie il
cgniinciamemo dclla prima variante pomiglianese. Affine di visitare
sua moglie nella variante lurca, e nellealtrepopolari viterbese, livornese
e vencxiana, il rc dâ al mariio una Iciiera da portar fuori, av(!ndo cos)
un pretesto di allonianarlo ; in queiia lurca e nella viierbese il conigiano,
per dimenticanza, lascia în caméra ta lettera consegnatagli dal re e, nel
lilomare indieiro a ripfcnderla, il marito trova la pantofula del sultano
prcsïo il Ictto nella versione turca, e in queiia viierbese il guanto dcl re
sul lenoj poichè, durante la sua assenza, la costui moglie é stata visitata
dal principe. Net raccomo dî fratc Jacopo d'Acqui, in quello del
Brantôme, e cosi pure nella prima variante pomiglianese non si parla di
alcun'astuzia, onde si serva il re per allontanare il mariio, poichè il re
appumo entra nella cosiei caméra, menire il marito si irova assente.
Nella prima variante palermiuna lire, per poiervisitarclabellasposada
lui aroata, ordina che nessuno dei conigiani esca dal palazzo, fir.chè non
lia egli momato, quindî anche il marito coià vîenc Irâitenuto ; intanto »
ne va il re al palazro del bracciere di mano manca, e dopo un battibecco
colla ramènera, che non vorrebbe lascîarlo enirare in caméra detla
padrona, la quale sia riposando, sida il re a conoscere; la ouneriera glï
chiede scusa dell' osiacola opposiogli a entrare ; il re perù, invece di
rimproveraila, prendc a lodarla corne donna fedele, e, accompagnato da
eisa, entra in caméra della vaga spasa. la quak dormendo pare anche
piti bella, sicchè il medesimo ne rimane incantato ; si leva un guanio, la
depone sul padiglione del letto, guarda a lungo la donna e pot se ne
ff6 ST. PRATO
va. Nella seconda variante portiigIian«e l'accorgïmento per altortanare
il mjrito i diverso : in questa il re, dtcim il consigHo ricevuione da
un cortigiano. fa venire alla Cône la serva délia donna da lui amata,
e le promeuc una buona somma tli danaro, dov' essa îrovi la maniera di
fargli vedere la padrona; la serva ^li dice clie darà alla padrona una
bevanda altoppiata, iE sonno la obbligheri quindi a coricarsi, e in talc frat-
lempo.s' egli vorri visiure, c conlemplar lis vafia donna, !o potrà farea
suo bell' agio. Venuta la sera concertata. con un cavalière va il re alla casa
délia donna nmata, la serva gli ha lasa'ato la porta di casa aperta, ed essi
vl entrano in csrrozza. La padrona per la bevanda narcoiica rlceMila i
immersa in profonde sonno 11 re sale nctta caméra di Ici, s'avvicina al
lelTo, si leva un guanto dalla mano, lo pone sitl capezzale del leno,
per poterla accarezzare un poco, la coniempla ben bene, si ferma
un tralto di lempo coIà, poi se ne parie, ma si dimentica di ripren-
dere il guanto. Anche nella variante abruzzese, mercè !a convenzione
colla cameriera, riesce il re a vedere la donna amata. Nella variante del
Syntipjs non è fatta menzione di lettcra, ma vi si dice solo che il re dette
una commissionc a compiçrc al suo cortigiano. e ne! racconio del Libro
àe lot tngannos si narra che il re mand6 il marito ail' eserctto in cam-
pagna*, nella variante venezîana il marito, che debbe andar fiiori per pop
tare al suo destino laletieraconse^natagli dal re. nella Treiia lascia aperta
la pona di caméra, e offre quindi agio at re d'entrarvi. In parecchie
varianti la donna, mentr* i visitata dal re, dorme di sonno naturale, invece
di narcolico propinatale nella seconda variante pomiylianese; al contrario
nelle varianti orieniati la donna à desta c résiste coraggiosamente aile
(iitanze amorose del re ; nel raccomo de! Libro dt hs tngamos il mezzo,
a cui ricorre la donna per distoglicrc il re dagi' insani propositi del!' ille-
cila passione di lui, rivela la costei somma saggezza; ecco che fa : menirc
si acconcia, al re présenta un libro di suo marito, libro contenente leggî
e giudizl del re medesimo, coi quali castigava la donna adultéra, ed essa
jnvitj il rc a leggerlo in quel fraitempo. Il re âpre il libro, e trova nel
primo capitolo, corne l'adulterio dcbba essere proibiio ; a siffatta Icttura
cosiui sente vergogna grave di se siesso, pentesi molio di quello che
voleva fare, depone il tibro sul pavimcmo, esce dalla caméra, e lascia
i sandali soito it letto, sul quale si era adagiato. Quesio particolare
occorre anche, ma molto indeboliio, nel racconto persiano dei Settt Visiri^
dove si traita di un libro qualunque. Nel racconto lurco la donna saggia
e bella, prima che il sullano le dichiari il suo amore, pronuncia i versi
arabi, di cui sopra ho riportato la traduzione e il cui senso allegorico a
quello mostra chiaro l'inutilità délia sua tmpresa, e ne lo fa desistefe.
Nel racconto del Brantôme, allorch* i! marchese di Pescara, viceri dî
Sicilia (la sola variante, in cui sia il proiagonista un vicerè, invece di
L^ORMA DBL LEONE Jjy
«ère an re), una mattïna, durante l'assenza del marito, visita in caméra
k bella sposj da lut amai.i, .incora corïca, benchè desta, dopo un collo-
^BÎo cenuto seco, non nv oiticiie aliro favorc che qucllo di vederla e con-
ttmplarla a suo beir agio sono le lenzuola. e di palparla pure colla mano ;
qui mi sia lecito osservare che taie concessione faita 03 lei ait' amanic
rivcli come questa donna fosse di gran lunga tneno savia c onesu di quella
dell' altre vcrsioni del prescrite racconio ; quîndi non mi reca stupore la
conclusione del racconto che fa iravedere una certa increduliii dcH' autore
suU' assoluia innocenza di quesia donna coLle parole : « Voilà encor un
bon mary. qui ne s'ombragea pas trop, et, se despouilbni de sobçon,
pardonna ainsi  sa femme. » Nel solo racconto del Mib di Maiteo da
Vendôme ia bella Afra, moglie di Milone (la cui nra beltez/a vtcne
iall' autore in modo particolarcggiaio descritia con versî poveri e vol-
gah) in assenza del iiiarito andato in campagna a lavorare, cède aile
soUecitazioni del rc di Ici invaghito e soccombc. Al ritorno inaspettato
li Milone nella freitolosa fuga il re dimenilca in caméra i suoi sandali.
Nel racconto di fraie Jacopod'Acqul e nella variante veneziana cntrando
il re nella caméra délia donna amata, e appressatosi al cosiei letto,
anzichè scoprirla ( per poierla meglio ammirare, corne nelle attre variantif,
in quello vedendole scoperte le braccia, glielc ricoprcj e in quesia scor-
gendola col seno scoperio, gli pare conveniente di doverla ricoprire,
I perché la donna de&tandosi, non dcbba vergognare di sa slessa; talc
mo cavalleresco è proprio degno di un re.
Nelle differenti version!, per il turbamemo e per la fretta dell' uscire, il
re dimenùca un o^(;etio n^lla caméra delb donna amata presso il costei
lelto. Nel racconto dei Seiie Viuri il re, dopo aver cenaio presso la donna
tanto a lui cara, fa le sue abluzioni prima di panire, e dimemica il proprio
anello sotto uno dei cuscini del lofà. Anche nel Syntipas it re lascia l'anello,
invecc nel Libro de los tniannos egli dtmeniica i sandali, come pure nel
Milù di Matteo da Vendôme e nell' Adjaïbel Meaur una pamofola ; al
contrario nel Mischlr Stn^abar il re vi scorda il basione che leneva in
mano cntrando ; in tutte le altre varianii al contrario egli \-i lascia un
guanto, sulla cui denominazione figurala occorrente nelle medesime,
«opra si sono faite varie considerazioni. Al vedere quesii oggetti del re
nella propria caméra il mariio sospetta d'infedelià la moglie, ma, per
t timoré e riguardo del re, non ne fa mono a persona ; solo per6 si asiîene
'dal frequenlar la infedele. Nelle variant) oricntali vedcndosi la donna,
trascurata da suo mariio, ne parla coi parenii, che la fanno citare davanii
al re, o davanti al cadt, per renderc conio délia sua condotta, per6 nel
racconio del Libro de lot tng<innos il marito a'parenti, cui sua mo^Iie ha
fiute le propric Ijgnanr^c, dtce la ragione délia frcdJczza usau tino allora
con lei, e questa si è ch'egti ha irovato sotto il leiio nuziale i undali del
î^8 ST. PRATO
re. Allora i parenti gti dicono : « Andiamo adnso dal rc, e parlâmogli
liguratamente di qu<si'3zion« dî tua moglie, « non dichiariamogli il fimo
apertaraente, e se que^gti è sagnce, rinienderi subito » vdo. » Cûs) fanno.
Nelle «ttre varianii invccc il rt, pcr vcnïre a dîchianrc la innocema
délia donna, imbandisce un pranzo, al quale invii3, oltre a tutti glj aliri
cortigiani, anche qucllo che posstedc la vaga donna ambna dal n insiemc
a cDsiei ; il re propone cbe ogni commensale per ricre^izione dtca una
canzonetU, ed in questo modo viene agevoiata la via da lui alla spiega-
zione mutua de' due conjugi, e addimostrata la innoc«nza délia donna.
L'altcgorica conclusione nelle variami orientali e cosl pure nel rac-
conio àc\ Milo di Matteo da Vendôme i la seguente ; cominciano i
paremi a dire al re : « Sire, noi avevamo daio a quest' uomo un campo
(una terra, un gbrdino, una vigna) perché la cohivasse, lo fécondasse, e ne
godesse t fruiii ; egli cosi fece pcr lungo tempo, mada un pezzo omette
di lavorarlo e lo lascia in abbandono, adunque o ce lo restituisca, o
almeno prosegua a cohivarlo seconde il suo dovere. » Il mariio dal re
inierpeliaio risponde: o Essi dicono la verità,afTerTnando che mi dettero
un campo a la%'orare; ma un giomo vi passai, m'awenni colA nell' orroa
d'un leone, e tenvendo che questo sbranarc mi volesse, tralasciai di eolti-
vare la terra. » Il re allora soggiunge : a È Tero che il leone peneirô
nella terra, ma non vi fece cosa che ti poicssc dispiacere; nicnte di maie
ti provenne da lui -. riprendi percià la tua tern e coltivala, corne prima. ■
Nel racconto del Brantôme la soluzione non ha luogo per mezzo dd
pran/o imbandito dal re, ma diversamenie : la dorina, scritti sur una carta
i primi quattro versi. Il iascïa poi su di una tavela; il marito veduiïli ad
essi risponde con altri quatiro lasciandoli pure sulla stessa lavola; questi
versi vengono ponaii al re, il quaîe ve ne aggiugne in risposta definitiva
quattro altri, che risolvono la questione. In quasi luite le varianti prende
a parlarc la donna, a cui risponde prima il marito, e poi il re sempre
in versi, ma te due varianti pomiglianesi sono un po' difetlose in questi
parte, e nella prima mancano assolutamente le parole del re. nella
seconda il rc risponde in prosa e dice ; « Aggiate pacien?ie, 'sta posera
figliole nu' ne canosce nîeme ; mo' ve conte i' o' fatte comme va. »
E dopo esso racconta romn ha fatto e cosi vien risiabilita la pace. La
variante viterbese del pari è dîfetlosa, perché vi manca la risposta in versi
del marito ; nel racconto poi di frate Jacopo d'Acqui, nella seconda ver-
sone palermilana, e nella marsalese comincia a partare il marito, ma i
versi che egli pronunda e i due primi che dice la donna in questa ver-
sione appartengono manifestamente ad un' altra canzone, e ïnfelicemente
furono appiccicaii a questa. Concordano pienamente i versi pronunciati
dal marito (vi mancano perd quelli del rej nel racconto di ixaxt Jacopo
d'AcquI e nella seconda variante palermitana con alcunï de' versi citati
J
L'ORMA DEL LEONE ^59
lopra di queir antica canzonetta per balto d'ori^ne siciliana, da cui
avrebbe il Boccaccio cavato i due che riporia in fine alla novetla della
Usabetta, più addietro indicatl. Ecco la conclusions in versi nelle diffe-
renti lezioni.
Variante viterbese :
Mof^ie : Vigna ero e vtgna so',
Era podata ed ora no ;
Pe' 'na trampa de lione
No 'me poda 'I me' padrone.
Harito : Manca.
Re : Nella vigna io entrai,
'Na pampana v* alzai.
Ma l' ua nun la tocai ;
Giuro a voi, o servo mio,
Nun la tocai sull'onor mio.
Variante livomese :
Moglie : Vigna ero e vigna sono,
Ero potata e ora non sono,
E non so per che ramone
Non mi pota 'I mî' padrone.
Marito : Vigna eri e vigna sei.
En potata e ora non sei ;
Per ta granfia del leone
Non ti pota '1 tu* padrone.
Re : Ti giuro, o mio vassallo,
Sulla corona mia,
Che netla vigna entrai,
Ahai la pampana,
E t'uva non toccai.
Variante leccese de' solî versi, riportata dall' Imbriani in nota alla
I* var. pomiglianese :
Moglie : Vigna eru e vigna su',
Eru putata e mo' nu' su*.
Harito : Pe' la guancia de lu glione,
La vigna ha perzu la sua stagione.
Re : Signursl, a la vigna andai,
Tutte le pampane spampanai.
Ma lu giuru pi' 'sta cunina
Ca 1' ua nu* la tuccai.
$6o
Variante i* pomiglianese :
ST. PRATO
Moglie
Marito
2* var. pomigl.
Moglie :
Marito :
Villa era e villa sono,
Era amata e mo' non ci sono ;
lo non so per quala ragione
Non mi tratta più il mio padrone.
Per la guancia del leone
Non ti tratu il tuo padrone.
Villa era e villa so',
Era amata e mo' nu' nce so ;
Non mi ama il mio patrone,
lo non so per quala ragione.
Per la guancia del leone
Non ti ama il tuo padrone.
Variante messmese
Moglie :
Marito
Vigna era e vigna sono,
Per6 amata più non sono ;
Non so per quai ragione
Perduta ho la stagione.
Vigna en e vigna sei,
Per6 amata più non sei.
Hai perduta ta stagione
Per la griffa del leone.
Re : Netla vigna sono stato,
Fronde e pampani ho toccato.
Ma det frutto, giuro a Dio,
Non gustai, perché non mio.
Marito : Se cosl la cosa è stata.
Tua stagion non è passata.
Variante veneziana :
Moglie : Vigna era e vigna son,
Amata era e più non son,
E non so per quai cagion
Che la vigna ha perso la so' stagion (sic).
Marito : Vigna eri e vigna sei,
Amata eri e più non sei,
Per la branca det leon
La vigna ha perso la so stagion [sic].
L'ORHA DEL LEONE 561
Re : Ne la vigna io son entfato,
Di que! pampani ghe n* ho tocato (sic) ;
Ma Io giuro per la corona che porto in capo (sic),
Che de quel fruto no ghe n' ho gustato.
Prima var, palennit. :
Moglie : Vigna era e vigna sugnu,
Era stimata e ora nun sugnu ;
Senza causa e raggiuni
Haju persu la me' fataciumi.
Marito : Vigna en e vigna si',
En stimata e ora nun si' ;
Hi jeni l'occhi 'ntra lu pavigghîuni,
Vîtti la 'nguanta de lu me liuni,
Ed hai persu la to' fataciumi.
Re : Di 'ssa vigna chi parrati,
Diu mi senti e Diu lu sapi,
E la pampina di 'sta vitt,
Nu 'la c6si, ne la toccai,
Pri 'sta curuna, chi m' incuninai !
Variante abruzzese :
Hogtie : Vigna so' stat' e vvigna jio sone,
Prime ère culdevate e ore non zo'
Ma jio non zo' quale sia la ccaggione
Che la vign' à pérze 'I suo patrone.
Marito : Per una zzamba del lehone
La vigne à pérze la sua staggione.
Re : A la vigna tue ji' c-i-âgge state,
La pambulétte l'igg -i- alzate ;
Ma, per quésta crâne che tténg' al cape,
Ho wiste 1' uve, e nne* 11' ô ttuccate.
Variante roarsalese :
Marito : Bemminuta, donna savia,
Cu 'ssu saviu parlari,
lu mi susu di la tavula,
Assittativi a manciari.
Hoglie : lu nun vinni pi' manciari,
Mancu vinni pi 'sidiri ;
Vigna era e vigna su',
Dicitimi pirchl fu i
Re : A la to' vigna hè annatu,
Rose e ciuri haju tnivatu,
Koaunia, XII 36
^PH
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^1
■ i62
^^^v ^^^^^^^^^^^^^1
^^^^
la sagra ^^^^^^^^^^^|
^^^^L
haju tnaniaiu, ^^^^^^^^^|
^^^^
La 'nguanta di liunt 1' haju lassatu. ^^^^^^^H
^^^^^ Virtante del Brantôme ^^^|
^^^H
Vigna era, vigna son, ^^^^|
^^^H
Era podata e più non son ; ^^^^|
^^^^
K non so per quai cagion ^^^^|
^^^1
Non tni poda il mio palron. ^^^^|
^^^^B
Vigna eri, vigna sei, ^^^H
^^^^Ê
Bri podaia e piît non sa; ^^^^|
^^^H
Per la granfa del Eeon, ^^^^H
^^^H
Non li poda il luo padron. ^^^^|
^^H
A U vigna che voi dicete, ^^^H
^^^H
lo fui e qui resleie (su) ; ^^^H
^^^V
Alui il patnparo (iû^ , guardai la vite, ^^^H
^^^H
Ma non toccai, si Dio m' ajute [tic]. ^^^H
^^^H Variante dî frate Jacopo d'Acqui ^^^^|
^^^^L
Una vigna 6 piaRlà', ^^^^1
^^^^H
Per travers ^^^^|
^^^1
Chi la vigna m' ha goastà', ^^^^|
^^^H
Han fait gran peccà' ^^^^|
^^^1
Di far ains che tant mal \?) ^^^^M
^^^^H
Vigna sum, vigna saray, ^^^^|
^^^^Ê
La mia vigna non fall may. ^^^^H
^^^^Ê
Se cosst i como i narra*, ^^^^|
^^^M
Plu amo la vigna che fis may. ^^^^Ê
^^^^P
^^^^Ê
^^^^B
Una vigna avia chiantatu, ^^^^H
^^^v
Ma pi' dintra ce' «ni entratu ^^^^|
^^H
Cu ta vigna m' ha guasiatu, ^^^^|
^^^Ë
Iddu ha fattu gran piccaiu*. ^^^H
^^^^k
Vi^na M sutu e vign? sugnu, ^^^H
^^^^Ê
E curata cchiîi nun sugnu» ^^^^Ê
^^^B
Ma quai' enî la ragiunj, ^^^^|
^^^^H
Ca 'un mi cura lu patruni ? ^^^^|
^^^^H
Vigna ha' statu e vigna si\ ^^^^H
^^P
Ma curaia cchiù nun si'j ^^^^|
^1 r. N«l Vi«o
queslo verso invtce i cosî ; ^^Ê
^^H
Havi (iitu gran piccalu, ^^M
^^^^^_ A quMto pDÎ se ne aeciugne un .iJtrc, che è il seguente : ^^M
^K^
*1
^9 I
l'ORHA DEL l^ONB jÇj"
Pi' 'na vranca di draguni,
Ca truvau lu to' patnini.
Re : 'Nta 'ssa vigna io cci hé statu,
Una frunna haju tuccatu,
Una vranca ci hi lassatu ;
Ma ti juru a Dïu sagratu
Ca racina 'un n' hè manciatu.
Marito : S' iddu i cornu m' haï juratu,
Ca 'na frunna haï tuccatu,
E racina 'un 'n hn' manciatu,
L' amu quantu I' haju amatu.
Osservianiû ancora chc menireil nome figuralivo delta donna nclle dlffe-
renti versioni è vi^na, nelle due pomiglîanesi al contrario è vilia, e invecc
dell' «pressionc brùnca dtlltont più comune, vi occorrc l'altra cxtAgaan-
cû dtl teonc, e l'Imbriani afferma in nota che, quaniunqut altri creda si
debha correggere guancia in granfi^i, tuitavia la voce gaanc'u abbia pure
il significato di mano ; nella seconda variatue palermîtana la vranca dtt
iiuniè muiala. forse per storpiatura de! popolo. in vranca di draguni.
V'ha chi vorrebbe scorgere qualche rapporto (ra la tradizione présente e la
novella délia Marchtsa dtl Monferrato, ^' délia I" Giom. ne! Dtcamtrone;
ma se occorre sui princïpio qualche lontana anatogia fra enirambe, la
chiusa loto t det tuito diverse. [nvec< la tradizione orientale si assomiglia
molto più al raccomo di Davide e Betsabea, e un rafTronto fra l'una c
l'altro chiara inostra siffatia maggiore idemità ; e invcro nella tradizione
orientale il re, stando al balcone del suo palazzo, vede la bella mogUe
del suo conigiano, se n' innamora, e ne agogna il possesso ; nel racconto
bibtico poi David parimente dal terrazzo délia sua reggia scorge Betsabea
moglic del suo générale Uria, menlre la medesima è nel bagno, ed aspira
pure a farb sua ; il re orieniate entra in caméra délia donna amata, aven-
done faito allonlanare il marito, per6 k sue amorose istanze ricevono
un' accrba ripulsa, che l'obbligano a partirsene vergognosamente; David
■t contrario incita nel suo palazzo Betsabea, ma qucsta cède senz' alcuna
mistenza aile voglie del re, anzt vi accondiscende assai di buon grade,
con una facilita propria d'una cortigiana e non gîà d'una donna onesta,
quate invece appare la proi;igoritst3 délia tradizione orientale. Acciocctii
poi il marito di Betsabea, Urta, cbe milita allora soito Cioabbo ail' asse-
dio di Rabba controgU Ammoniti.non gli possaconiestare più il possesso
delta moglie, or divenuta sua vile druda, manda l' ordine secrète a
I Cioabbo di (are in modo che Uria rimanga ucdso dal nemico. Il che
■wiene poco dopo, avendogli Cioabbo affidaio un posio pericoloso, per
combattervi contro l nemid. Quindi, mentre la conclustone del racconto
(64 ST. PRATO
orientale è d'un* irreprensibile moralità, e mené in bella vista la virtiï
délia donna, la chiusa della narrazione biblica è d'una rivoltânte ïmmo-
ralilà, e ci présenta in Betsabea la donna più pervertiia e sfticciau che
mai si possa dare.
Prima di compiere la illusiraTione dî qucsio racconto orienlale mi piace
qui d'indicare un' altra novella. d'indole aiïatio divcrsa, nelU quale rîcorre
quella comparazione délia donna ad un giardino, o ad un praio. £ssa é
intitolau : La sentence arbitrait e per la medesJma vedi Anthologie taty ri^ae,
ripenoirt det mtiUtarts poisks et chansons joyeusci parues enjtaniait àtpu'u
Cltmenl Mtirot jus^ju'à riot jours, publié par et pour U Société des bibliophiles,
tomi oiio, Luxembourg, imprimé par 1« presses de la Société, 1877,
t. ] V, pag. 1 72, l'argomento di essa è il segueme : il giovane vicario di un
paesello, un ceno Messire Imben . sul pulpiio avendo parlato aspramenie
de) gentil sesso, la bella moglte d'un vecchio casiellano, ancor sul fior
dell' eià, stizziia di ci6, fa venire in sua casa il ^ovane prête, e s'împegna
di îarlo prevaricare ; scommeite costui cenio scudi d'oro che résistera alla
seduzione, ma, non ostanie la propria accorteiza e te caulele da lui prese
cadc mal suogradonellranellote&ogli dalla vagae giovane castetlana.che
prétende dî aver vinto i cemo scudi ; invcce il prête giieli contesta dicendo^
che dov' ella non lo avesse posio ncll' impossibilité di resisterle, non
sarebbe succeduto nulla. Viene il mariio întamo, ed il prête lo servie
per toro arbitro, esponendogli il fatto cot seguente racconio allegorico :
« Un giorno cavalcando su di un mio polledruccio me n'andavo ad
amminislrare l'estrema unzJone a un moribondo ; era a met^ iuglio, e
faceva un gran caldo ; acceso di sete veggo un timpido ruscelletto
scorrere su d' un prato; per rinfrcscarvi le mie aride faud, a tal fine,
lego il polledruccio al rronco d'un oimo, ma mentre sio bevendo col mag-
gior gusio, capita ivi una donna, e ne scioglie la cavezza; it polledruccio
libero di se galoppa per it prato appanenenic a quelb donna, e fa guasto
nel suo fieno ; io avanti mi ero obbligato a pagarle i danni che it polle-
druccio avesse potuio fare, quando esso da se medesimosi fosse sdotto :
ora la donna pretenderebbe che, per la corsa e il guasto faiio dal polle-
' druccio sul suo prato, io dovessi pagarle il danaro, e vosira moglie i pure
di quest'avviso. » — « Vol perô non pagtierele un soido, gli rispondeil
casTcilano, chccchè opponga in contrario mia moglie ; voi non dovcle nulla
I alla donna dcl prato : il polledruccio fece il suo mestierc; lanto peg^
per chi andô a sdoglierio. » La variante di questa novella, con una con*
clusione analoga, si legge neï Contes à rire, eu récréations françùsts,
lomi ire, Paris, aux dépens de la Compagnie, 1769, 1. ri, pag. t;8 :
Sttbtiliii d'un homme pour faire déclarer son haie coca par lai-mime ,* cosl
pure in Grécourt,CEii»'r«djwjej, Amsterdam, Arksiée et Merkus, 177s,
quattrotomi, I, pag. 246, vedi il conio in versî : L'abatttur deaoi-
L'ORMA DEL LEONE. 565
settes ; riscontra eziandio Nicolas de Troyes, Le grand parangon des noa-
niUs nouvelles^ publié d'après le manuscrit original par Emile Mabilte.
Pans, F. Vieweg, 1869, pag. 20;, n<> 47. Un analogo commciamento
perô senza 1' allegorica chiusa occorre in Aloyse Cynthio de' Fabritiî,
Libro délia origine delli volgari proverbii, ecc. , Vinegia, Bemardino e Matteo
dd Vitali fratelli, )o sett. 1 526, n" ;9 : Per via si contia soma, cfr. pari-
mente U novelte di Centile Sermini da Siena, ora per la prima volta raccolte
epuiblicate neUa loro integrità, in Livomo coi tîpi dt Francesco Vîgo, 1877,
pag. 1 20, K> 7 : Papino e Giovan-Bello. In questa novelia Lauretta moglie
di Papino, obbligata quasi dal marito per la stretta dimestichezza che ba
con Giovan-Bello, è tratta a mancar di fedeltà a suo marito, e per giu-
stificar l'accaduto gli racconta un sogno fattosi, analogo al racconto alle-
gorico précédente, e Giovan-Bello a tei narra un altro sogno ; i due
amanti cosl ne prendono argomento per cacciar via ogni scnipolo e pro-
seguir la tresca incominciata.
Stanislao Prato.
CONTES DE LA BIGORRE.
Les contes suirams ont M recueitlis à Bagnères-de-Bigorre et i Asté, Bien
que ces deux localilés soient itiez r«pproch*ei (Ailé, canton de Campan, se
trouve sur la rive droite de l'Adour, â 4 kilomètres au midi de Bagnères), lei
patois justifient le proverbe : CmIo bihtyt seau Itngatjc. La difléreacr U plus
sensible consiste en ceci qu'i Bagnères iz semi-vuyelle ou reinpbce sourent I2
consonne blinc b, conservée i Asté rt i Campan.
Une autre différence très appréciable se remarque dans U TO]relle atone qDÎ
temine un très grand nombre de mou. A Bagnères cette voyelle peut se rendre
par S faible, i Aité par à ; en réaliti c'»t un wn interBiédiaîce entre ( et «
mais plus voisin de a. Enfin, à Campan, surtout lor^u'on s'enfonce profondé-
ment dans la vallée, U voyelle finale se rapproche l>eaucotip de t. Dans les
conter recueillis â Asie, et qui mettent en scène des habiianu de Campn, crtte
particularité est relevée et un peu exagérée.
A Gerde, village situé à 2 kHométres au sud de Bagnires. on emploie on
i la place du b latin, nais la voyelle finale n'est pas an 0 aussi ditlinct qu'i
Bagnères ; elle semble conserver le souvenir de l'j.
Nous sommes porté h croire que la voyelle finale, qui, I Bagnérn, tend i se
conloodre cotnplètirrncnt avec d, était primitivement un son intermédiaire entre
e et A. La preuve se trouve dans les plus anciennes chartes de Bagnères-de-
Bigorre. On écrit dans le même docunienl conogade et eonogada, raust et laai^,
(Fors ((Comamts de Begniris-dt-Bigortt. 1251 ; Bullttia Ramimd, 1882; Règle-
ment municipal de Bagnères, laÉo : Maile des «rcAim dip^rtmoftaltt, p. 167,
n' 188 et planche XXXVII.)
Nous efforçant de reproduire les sons dans lenr variété, nous n'avons po
adopter l'orthographe proposée par M. Lespy dans sa grammaire bèanuise,
orthographe qui est un retour aux lormes anciennes. Nous n'avons pas voulu
non plus adopter une graphie purement phonétique : nous nous somoMS servi
des conventions actuellement adoptées pour la langue françabe. Bien que oe sys^
téme soit asse^ imparfait, il a du moins l'avantage de ne mettre sous les jreujc
des lecteurs que des notations auxquelles iU sont accoutumés. Les gens mêmes
du pays tiraient difficilement leur propre patois si les sons n'y étaient pas expri-
més cooformément au seul usage qu'ils connaissent.
C'est d'ailleurs le parti qu'a pris, sauf pour Ih, M. Aleiis Peyrct {Counttrj
frwrn«, Concepcton del Uruguay, 1870, 48 p. in-8'). Il s'exprime ainsî'
p, 4j : c Avant d'aller plus loin, je dots dire que je n'ai pas adopté l'onho-
« graphe établie par M. Lespy dans son eicdlaite grammaire parce que j'ai
■ voulu faciliter la lecture du béarnais. ■
CONTES DE LA BIGORRE )$7
Nous avons accepté »ec qariques modi Eut ions l'orthographe usitée iini le
nrti publintions laites sur le patois de Bagnères*.
Nous aunons pu mettre t final, ainsi que le v«-ul M. Lespy, en prévenant
qn'id il bnt le uiduire par o, ailleurs par 4 et plus loin par e. tt nous a semblé
qu'il était préférable de rendre sensible aux yeux l'impression perçue par l'oreille.
Mais eiaminons comparativement l'ancienne et la nouvclk orthographe :
Pour .1 pJi de difficulté. Les royelles longues a, i soirt mirfjuées dans les
Mciefis xttlei de Bigorre par le redoublement de la voyelle {m, ii) : nous
iploierons t'acceot circonftae, ex. : pti = pancm, è! = vinum.
Pour t final M. Leipy reconnsil qu'il se prononce dans certains mots comme
un 0 adouci {Crammatrt biarnaisi, p. ii) et que, dms certains textes, il était
remplacé par a \Gtamai. kiarn., p. j).
Vt muet n'existe pas; mais inJépcndatnment de U ouvert et de \'t fermé,
M. Leipy a appelé l'attention sur Vf doucement fermé. C'est l'atone posttonique
de fttntr; nous le rendons par t sans accent. Le plus souvent \'t final ou occu-
pant la dernière syllabe est doucement fermé. 11 nous suffira, i l'exemple de
H. Lopy (Cr. Iftarn., p. lo} d'indiquer par l'accent aigu l'< fermé qui occupe
cette position dans les mots, et qui est alors tonique. Ex. iirrf, rien.
Conformément i l'usage, nous distinguons Vt ouvert par l'accent grave.
Oass les mots terminés par t, d et n, la tonique le plut souvent se porte sur la
voyelle qui précède. Il ne sera donc pas nécessaire d'accentuer J(, fdtiln, mais
feulement H et iJ. Ex. : marût^ marteau. En et en atone se trouvent seulement
dans les formes verbales. Ex. ajh avaient, ^uf baitkn qu'ils donnent.
Pour î et pour ii pas de dil5culié.
Nous avons conservé y dans un certain nombre de mots ob il est actuellement
eoiployé pour rendre un son voisin de l'i semi-voyelle. Dans les textes anciens
ce son est noté lantàl par i tantôt par g, et parfois dans le même document,
ainsi tudiamctit et luiigjmail. Uan^ le corps des mots, ce son mouillé et dental se
trouve après les lettres n, d, l, ex. : minja, mdyi, maiaatye.
Les mots lerminés par les mêmes consonnes n, d, t, modifient de la même
manière la prononciation de l'i initial du mol suivant, lorsque t est suivi d'une
voyelle. On dira u ^ou iaJye et u mathiini )ad)e.
Laissant i > celte valeur définie voisine de la semi-royclle i, nous n'acceptons
ni la nûUtion 4), ey, oy, auj, uy, ni l'empJoi du tréma sur l'i. Nous nous con-
tentons de remarquer que dans nos contes, les diphtongues ai, li, ci, oui, iii|
ont toujours un son mouillé. — Nous adoptons sur ce point la nouiioB de
M. Bladé-
I placé entre deux voyelles s'uDit, dans notre patois, 1 celle ijui suit. Ei. :
, Uù., bi-ie. C'est une semi-voyelle, mais selon nous distincte de >.
« a le son de l'o ouvert f/ançais. L'o final cl l'o occupant la dernière syllabe
est le plus souvent atone. Quand il sera tonique, nous mettrons l'accent 6.
Même remarque pour I'j d'Astc et \'t de Campan.
Pour M, «I, in, ou pronoacés «-ou, t^u, i-ca nous aurions volontiers, i
t . Eitrtas d'il fermé d'à dt, per Pecondom, coifTur a Bagnéras. Bagniret-
de^Bigorre^ Plassol, i86o.
j68 nrjEAKNS
l'exemple de M. Bladë, accepté l'oitbographc île M. Lespy, nuis dou& y voj-otts
do inconvintenti ; le ligne u a aimi deux valeurs : ii et imi.
Dans les ancicDs textes le son oa est exprimé par Ict voyelles ■>, u. Uesp)r,
admcItARt b figuration oa, est obl:gj de proposer ont convention nouvelle eà
pour o-ou (Crois signet dtfîireots correspondraient ainsi an mbne son : oa, a. Si.
Ce son, placé entre deux consonne3, est actuellement figuré au par tous les
auteon.
Nous adoptons dans tous les cas la notation moderne ou en remarquant qae
00 final précédé d'une voyelle et ou dans le corps des nwts précédé d'une
voyelle et suivi d'une consonne se comporte comme une voyelle ce forme
diphtongue descendante avec la voyelle qui précède. Cet mi succède i / on v latin :
maou malum — naoa Dovem
mn-ou tu-on
Noos avons ainsi les diphtongues â», eoa, ioji, «vu. _
La diphtongue initiale noti peut remplacer <i latin douki apertre, o latla
aoadoii odor, u latin aoutiigo urtica.
011 dans le corps d'un mot, placé entre deux voyelles, remplaçant le > ou le
V lilin, remplit le même rAle à l'égard de la voyelle suivante et forme syllabe
avec elle. C'est alors une secni -voyelle, ainsi que le remarque M. Luchaîre
l/ifiomri pjrinfent, p. 32i). Dans ce dernier cas oit correspondrait au w anglais
â peu de chose près.
Lh avait anssi en Bigorre comme en Béarn la valenr du il espagnol, comme
// dans le mot m&uitli. Dans le corps des mots /' précédé de i remplacera par-
faitement lh et satisfera aux usages de la prononciation française, //seul ne peut
avoir la même signification qu'en espagnol, CJr il est nécessaire dans un grand
nombre de mois, ex. : loalht [seiil'ht, soldatt. Exceptionnellement, au commeti-
cement des mots nous ^gurerons par // le son de / mouiltée.
Git était asscE souvent employé dans noire pays. Vital de Curred, notaire i
Tarbes vers la fin du xiii» siècle, employait cette forme. (Luchaire, Reeiuit Jt
ttxtet di Caaciea JIhIkH gdsfoi, a' aj, p. j9-4o0 Vital de Curred a employé
dans ce même acte la notation i7/, p. 40, ligne 11.
Nous garderons ih, au sens Erjnçaii, pour marquer la chuintante qui, dans
les textes anciens, est 6gnrée par x.
Après t, i et souvent n, i Hait remplué par ;. Nous mettrons cepeadaat i,
réservant i pour indiquer te lézaiemenl habituel dans certaites localités, i Cieu*
lit et dans tes villages voiiim de la vallée de l'Arroj. Z représentera pour nous
un son voisin du th anglais.
Le tableau comparatif qui suit indique les valeurs correspondantes de l'ortho-
graphe aocienoe et de celle que nous adoptons.
Orthographe gasconne ancienne. Orthographe modente ou Irançaise.
0 ouvert; — »;
0 fermé ; — aa;
aa, ta, iu, eu (ou Lespy) ; — aoa, ton, ioa, OM ;
Mj, t}, oj, «j (ouy Lespyl : —
Ji, <i, n, m, oh'
[. Dans les deux plus anciennes chartes de Bagnères ci-dessus mentionnées,
nous trouvons la notation que nous avons adoptée. Af, ey, etc., ont été iatro-
COKTES DE LA BIGORRE {69
— m, «t 11 ta cosmencemcnt des nots ;
- «»/
- fA;
— j'SOB spécial dont ia valeur a été ljètc^
nîiùe plia Kiut if frincaif moutllé).
Noos ajoittofis quelques renurquei grammatKalet cooMmant l'article. —
Devant udc voyette ie t de l'artidc masculin s'adoacil et se rapproche de 4.
Er. : E4 aousit, l'oÎKiiu-
A ce sujet notons qac le J final devaol une contonne tend 1 se transformer
en t. Ex. : pour ndJ, noJo, aucun, aiKtine, aai awitit, aucun oiseau, nuis iMt
iktbaoa, ascus cheval.
Ainsi que le remarque M. Lespy (Grtm. iUrit., p. i6i|, ttz devient ts. Dans
le patois de Bagnères, on prononce tis (t sdoacil devant une voyelle : ttt uteit'
utiy les arocau, el ts devant une consonne : u puttous, les pasteurs.
M. Letpjr (/oc tH.) remarque aussi qu'à la suite d'un niot termini par une
Toyelle, l'article féminin est m. De m*mei Bïj(n*jes 1'* tombe dans ero, ff*i',
friddéi d'une royelle. Nou'i ne croyons pai devoir marquer par un signe ce
bit général. — Notons que l'article féminin ainsi modifié reste distinct du mot
précéder!, comme l'admet M. Lcspy dans l'exemple cité par Im, gjJra ra crabi,
prendre la chèvre. Aussi nous repoussons, pour notre localité du moins, les
Cormes contractées ara aroi, dao itrot.
Après les prépositions a et di, comme après toutes les voyelles, r< de Karticle
(émmin tombe, mais il y 2 le contraire de la contraction. L'article se décline
de la même manière ï Saiiit>Beat [VaH^ti à'tui aflicU atthai^iu nman^ etc.,
par Alph. Roque<Ferrier, p. 141.
£r as avec les prépositions a et <ff forment, d'après M. Lespy, les coniric-
lions étt ais, dtt, dtis. Nous prérérons l'Htsion, i cause de la chute facile de
l'e dans l'article, et nous orthographions a'i, it't, j'/r, de'ti devant une voyelle,
tf'f, dis devant une consonne.
Ptf ao (piir la| devient pt to ,■ il y a chute de r de ptr et de t de l'article, ou
double élision. Nous sommes amenés A écrire ft't {ptr H) el au pluriel pt'U ou
p^i, selon le cas.
Dinï le Béarn <Lespy, ht. cit., p. 16}) on a l'article appuyé ta, etu, tas,
mai, dans le, dans h, dans les. — A Bignires nous avons pour le féminin tno,
tnos, mais pour le masculin nous avons ta et m ti. En s'emploie surtout devant
les voyelles. Au pluriel devant une consonne on dit m tt. Ex. : nt tt p>-'U,
dans les prés, et devant les voyelles tiu. Ex. : tni ûrmsrit, dans les armoires.
La déclinaison de la préposition m serait moins complète dans la Bigorrc que
dans le Béarn.
L'nnittal de cet article est souvent suppriméaprés un mot terminèparunevoyelle.
Dans les pronoms tr, tfo, lui, elle, \'i précédé d'une voyelle se maintient,
Ex. : d îf, a loi. On introduit quelquefois un d euphonique, comme dans le
Bëam, t d-a.
duits dans le couranl du XIV* siècle. 1 et ou inîltaut peuvent Mre semi- voyelles.
Ex. idffrrt jinais, oui lajoard'hui.
I . A Bagnéres bon nombre de personnes prononcent pIntAl tti^ tfiis.
f70 DKJEAKKE
Après (ff il f a disios et nous écnroi» xvec M. Lespy 4'et, d'au, de lui,
d'elle. Nous écrirons ausii comme lui dt-l ide te) devant ua verbe cammeDcaDt
pir une ooftsoase.
Pour les pronoms m€, te, st, etc. et leun inversions, nous adoptons rorth»*
graphe adoptée par M, Lespy. Noos ferons loutefois une exception pour n de
rn, pronom. A&n de ne pas confondre avec n aégatioa, nous amrons touionrr
ce pronom avec le mol qui précède le verbe.
A Tarbci, situé i lo kilomètres de Bagnéres, l'article n'etl plas it, tti, ira^
tras, tnait bien tou, htu, h. ht. C'est i peu prés i mi-distance entre ces deux
villes que s'opère le changement de l'article. A His <Fbis), qui limite l'arron-
dissement de Bagnéres, on dit rf, ainsi qu'i Vielle, tandis qu'i Uemac- Débat,
le village suivant, on emploie loa. Il en est de même i Momères. A Arciuc,
qui est une zone neutre, on se sert des deui articles. Telle est i peu pr^ b
limite des deux arlicies dans la platne de l'Adour. Il serait intéreuani de b
déterminer dans tes autres vallées.
A Bagnéres et au raidi de cette ville, OD emploie aussi l'article loa devant
quelques mots : loa boon Dioii, lou D'uibli, ion Rd. Notons qnc la répugnance
pour l'r initial diminue et cesse même après les voyelles, surtout après oa et
après a.
A Bagnéres et au nord de cette ville, au se substilue au h. L'article constitue
donc U principale différence dans les diverses variêtéi de patots qui se parlent
au nord et au midi de la tigtie dont il > été question. Nous avons eu occasion
d'entendre parler et de parler nous-méme le paioii de Miélan, commune du Gers,
voisine des Hanies-Pj'rénées. Le son correipondant i notre -j manque et est
remplacé par /, qui se substitue fréquemment ^ i. On a moins de répugnance
p<jur / et pour r initial. Les sons mouillés sont moins marqués.
Les contes se débitent principalement pendant les soirées de novembre ta
moment de la recolle du maïs. Des chars, dont la forme n'a pas varié depùi
plusieurs siècles, iransporlent les épis qui sont amoncelés dans la plai va
chambre de la maison. Les voisins sont avertît, personnes âgées, levncs
jeunes 611es, enfants se précipitent à l'envi et, dès sept heures du soir, on
cède i l'ouvrage, les grains du mais sont mis i nu, et les feuilles repliées forment*
des batides qui servent à réunir les épis en longues tresses. Celles-d sont lon^e-
ment exposées au soleil avant l'égrénement qui te fait le plus souvent d'unttj
manière primitive en pressant Tépi contre une tige de fer. La fanne do maîsi
employée de deux manières différentes : elle est bouillie mélangée avec du lail
(hariiit] ou bien torréfiée iftiiUt loerrat).
C'est surtout pendant la première de ces opérations que les contes sont ur-
rés : les vieillards rappellent les hauts taits de leur jeunesse ; les récits de Kes,
de toups-garoos, de sorcières, de revenants efraient la réonioa que divertissent
les devinettes, les mots i double entente et les contes d'un réalisme souvent très
cm. Nous sommes obligé de r«onn;i!tre que ces derniers ont beaucoup de suc-
cès. A minuit l'assemblée se sépare après avoir fait une ample consommation de
châtaignes arrosées de vin blanc.
Ces usages tendent i disparaître, du moins dans tes villes \ ils te coQserveM
CONTES DK LA fllCORRK (71
encore dans tn f iltagcs, en s'altérant toateloâ- Les vîcUIk gens nous oat aasari
que la décence M maiodre que jadii, que lei propos sont plus ri^ués et les
cootes moiiu moraui ; elles nom ont dit que In leunes geni embrasseot plus
ft^uemment les jeunes filles, sons le plus lé^er prétnte, et non comme autre-
fois lorsqu'on iraJt trouvé un épî i grains rouges. Qu'y a t-il de vrai dans ces
•l^préciations chagrines ? Nous l'ignorons.
il r a bien longtemps, dans noire enfance, nous avons assisté ao éùhemUltii,
et nous nous rappelons qu'à certains passages des contes, alors qv'ili nom txn-
bUienl le plus int^ressanis, on nous renvoyait pour un motif quetconque. Un
sonTcnir r^lute était resté dans notre mémoire : la cheville singalièrement pla-
cée da premier conte. Elle nous a permis de retrouver U personne de qui nous
tavions eotendu, Justine Cachii»in, actuellement jgée de sotxaate-dtx-huit ans;
•Ile oou a obligeammcni laiué recueillir sous sj diclée sou petit répertoire.
1.
CONTES DE BACNÉRES-DE-BICORRE (VILLE).
ET SOULUT YENDRE D&'T ARREl '.
U soullat qui s«-n toumaouo de r' armado nou troubaouo pas en sué
cami lut cabaret ni nado inaisou oun poudouuo entra ; que s'cstanquè ■
a*i can de uo houn, que s'assietè et que-s borné a mînya u tros* de pjt
lout eschuc ) e a beoue aiguo. Uo hroumigo que-s présenté entre ros suos
camos e que-s minyaouo ros griouaillos « qui èron caiudos. Et souUai
qu'où disgou : « Diable dt fourmi .' que ritns-ta faire ici f la rairusta Us
• miettes dont fji haoia ; il faut tjue je lire mon sàbrtttquijctttat. « Ero
hroumigo que l'arrespounou : * Se mt tsu pas ; mttt-moi dans ton sac et
« un jour je te rendrai service. — Qw/ diable de senict peux-iu me rendre ? n
Touiu I et souOat que la-s prenou e que disgou : « E/ttre dans mon sac, n
t pudi que s'en anè.
Et soulbi que countinui a canina en u pais desèn e que loani irouba
u'aouto houn e que-s bouté encoro a imnja fAz» beoue aîguo. Qu^oti se
présenté u griUou. Et soullai qu'où disgou : u Diable de grillùn, que
■ viens-tu faire ici? La fourmi rjmattait tes plus petite miettes et toi tu
a prends la plus graaâa. Faal que je tire mon sabre et que je te tue. — Ne
« i»e lae pas, » dUgoa et ^lou, ■ nett-moi dans ton sac arec la fourmi,
« et peat-itre on jour noiu te readroat service. — Eh bien ! entre dans
4 mon sac. »
'. Cétiac-Honcrat iUltérttBrt popttlairr dt Sa Cauogne, p. toî) a publié un
conte, Li mArUhaS-fttTtr.t Ji iiarbutt, dont la donnée présente une grande ana-
logie atec cdoi qne boqs atons recneilli-
I. s'atrèu. — 2. DMMcan. — ]. lec. — 4. miettes. — {. crpendant.
Î7* DEJEANHE
De loui et dio ei soultat nou arrencountrè pas uo soulo maisou ; et s6'
qu'arribè a u'aouto houn e que basou encoro et madéch arrepas ; can agou
minyat e begut, uarrat qu'où bengou prene et p& mes gros que 't grillou
e quero hroumigo. o Diable Je rat, tu vient m jngtr des miettes ptut ^osta
1 que ne te faisaient le grillon et la Joarmi. Il faut ijue je lire mon sabre a
tu qae je te tue, — Ne me tue pas, mett-moi dam ton sac avec le grillon et la
« foarmi, peut-être tja'un jour nous te rendrons service. — Quel diable de.
« seryice pourrez-voas me rendre ? Enfin, entre dans mon sac. »
Can agou marchai caouquos pausos, et soullat qu'entra en uo grano
bilo oun y-aouè u arrei qui èra pai de uo hillo qu'arris n'aoué iames pou-
dut hi arrise. E iuste en aquet mouraen que iroutnpillaouon qu'ei de qui
la lier* arrise que l'aouré per henno. Ero hroumigo, et grillou e'I arrat
qu'ai emenoun e qut-s disgoun entre tous trcs : « Nous avons promis à
a notre maître de lut rendre service, c'est à présent tju'it faut U faire. » Que
s'anèn hf u béi car ; ero hroumigo et grillou qu'ion atelats, et arrat
qu'èro poustillou e'i souUai qu'èro deguens. Que s'anèn passcia daouant
ero maison dc't arr«, e can ero hillo beiou aquet equïpatye que s'en
arriscou coumo uo crebado. Tous que cridèn : « Voilà U gendre du roi. ■
Et arrei que hasou entra e; soullat, qu'où présenté a ro hillo, et gouiat
qu'où plalsou e que-s maridèn a't cap de caouques dios pourtan.
El soullat qu'éro praoube, e n'aoui nado tario^ 'nia-s^bestl e enubé
u prescn a ro nobio. Mes u gran moussu, u s^ou qui ajmaouo ro
princesso, e nou l'aouè poududo iames h£ arrise qu'aoufriscou a't soullat
u sarrof» d'arien a ro counditiou que nou disgousso arré de ires nets
a ro suo henno. Et gouiat que prcngou es dinés e qu'at proumetou. El
lendc dio '" et pai qu'anè demanda a ro hillo quin aoui passât ero net
d Eh bien, ma fille, comment as-tu passé la naitf — ifon Dieu, papa, bien
u tristemeai. il n'a rien dit. On diraà tfu'il n'a pas de langue. — Ma
«fille, prends patience, ton mari aviUl peat-itre honte; mais lu verras fiu
« Us autres nuits tout se passera mieux. »
Tout et aoute dio, et gouiat qu'iro charman pucb que s'anta drounu\
e qu'esté aouta mut que ro permero net. Kro troisièmo ■ ' net que-s passi
coumo ros aouios. Et arrei qu'anaouo bêle ro nobio. Toustém madécbo
demande e madécho respounso. Et scgoun dio et pai que disgou : a Pat-
« sons pour cette nuit, mais si demain H est la mtme chose, aoas U mettrons
u avec ks bites féroces. »
El troisièmo maiti coumo n'aouè dit arré, que l'anén bouta dïb eros
malos bistios. E prou btste » que maridèn ero princesso dab et aome
6. le soir. — y. gros sou, ainsi flomni de la targt, booclier £^ré andeo-
nemciit jtir ces pièces de monnaie. — 8. pour se. — 9. une grande quantité.
— 10. Le Ifodcmain. — 1 1. moi aociea perdu, /<f». — 11. ass«i vite.
CONTBS Dl LA »ICOKHE J7)
qui i'âimaouo, dab n se^ou qui aouè baillât es dinésa't praoubesouliat,
El naridarye hèt, es nobis que-s ban coucha en Itet noubiaou.
1 Noos lui avons déjà nnda un grand stmu, « se disgoun ero hrou-
nigo, et grillou e*! arrai, « niais il faut encore tai en rendît un plus grand. ■
Ta ro" perraero net ero liroumigo que s'anè hica en et eu dc't nobi e
qu'oa hasou hé caca, ero nobio que-n esiô louio empliadC'*. Et arreiqu'anè
beie quin aouè passât ero net : « Eh bien f ma fillt. tomment as-tu pasté la
u nait !* — Ah ! mon Dieu, papa, je l'ai punie bien tristement, Vautre ne
« ditait rien, cetui-ci n^a rien dît non plus, et U a rempli le lit de eaca. —
« Prends patience, ma filU, peut-itre qu'il avait trop mangi kier loir, car U
« était bien content d'être ton mari. »
El dio que-s passo. Et moussu qit'èro là counfus que nou minyî arré
la disna. Ero hroumtgo que s'j assaiè, sensé lié bengue'f arré; et
griUou qu'entré en et madéch endrei que hasou mes d'arrabatye, rt nobi
mes de caca, que s'esbourrouè >^.
« Eh bien ! ma filie, commeai as-ta passi la nuit ? — Ehl mon Dieo,
« papa, biea iritttmtnt. H en a fait encore plus qae la nait passée, j'en sais
« toute remplie. — Peul-itre avait-H trop mangé le premier jour, car hier il
« n'a rien pris du toul à tes repas. Ma fdle, prends patience encore cette nuit,
m et s'il se conduit aussi mal aoas le mettrons avec les biles féroces, comme
K ton premier mari. »
Et moussu rou sabèouo oun da '~, que-s hasou hè uo caouillo e que-s
boussè et traou de'i eu Ero hroumigo e't grillou que bouloun entra mes
nou poudoun. Que disgoun alabeis a'i arrat que calëouo que hasousso et
sué tribaill'B. Canes nobisestènadrouniits, et arrat que-s pouiè'i tout dous-
somen sus ero figuro de't moussu, qu'où hiqui*° ro couo en et nase que
hurgu^i' bono;et moussu que hasou u ligran estournut que ro caouillo
sourtiscou e que coup* ro couécho de madamo.
« Eh bien ! ma filie, comment as-tu pane la naît ? — Je suis bien triste ;
u l'autre au moins ne me disait rien,celai-ei m'a coupé la cuisse. Ah! qaeje
« sais malheareuse! — Eh bien ! ma fiîk, il faut ie donner aax bêtes féroces, »
Que lou metoun dab eros bèstios. Aquesios que-s craquèn tout bîou et
moussu. E qu'csiân touts esmiragbts can beioun en biio et bfabe soullai.
Eros bistios nou Taouèn pas minyat e que l'aouôn neourid, qu'esté amiad
en palai ", qu'où loumèn unarida dab ero hillo de'l arrei, que parle plâ
e qu'agou héro mainats.
Tric-irac, moun counte qu'et acabat.
I]. pour II. — 14. remplie- — t{. tengiu, venir, qui a pris la place de bit
que l'on dit encore. — 16. se vida com^rlètCRient. — 17. ou donner; donner
s emploie souvent pour aller. • i!5. travail. — 19 monta. — 20. mit, licha.
— at. appufa, ealonca. — aa. (ut amené an palais.
Ï74
DUEANNf
PRaT.
Mo henno beouso, arricho e drin broucho ' , qu'aoui u gouiat qui s'ape-
raouo Prat e qui-n sabèouo mes que*! Pater. Ero beouso qu'aouè tabé'
uo gouio, Prat c ro gouJo que s'aimaouon \ ero mai nou-n èro pas coun-
tenio, e cado cop que se-n anaouo que lou demandaouo caouqu'arré
d'inpoussible.
Et permé cop qu'où bouté u sac de plumog per deboro, qu'esiè espar-
ricat! pe't ben. En tout parti, ero beouso que disgou a ro gouio qo'aoui
a mouri de sas màs si ro plumo n'èro amassado en sac can loutiwré.
Ero gouiaio qu'en anè ta Prat. E Prai qu'où disgou : « Qu'ei so que
« t'a hèt ? —Que m'a esparricat ero plumo e que m'a dit que si n'èro pas
« en sac can tourneré, qu'aouèi a mouri de sas màs, — Nou-i chagrines,
tt disgou Prai. — Pe ro^ benut d'aquesto lateio que ro plumo &io en
« sac. >ï
Ero mai en beie ( ro plumo en sac que hèouo : « Qu'as bîs a Prat. « E
ro gouiato : '< Si Prat m'a bist'a iou, iou n'ii pas bis a Prat. » Et gouiat
nou ^ro iames a caso, ero gouiato que i-éro loustém.
Sa mai que se-n tourné ana, que l'esparriquè u sac de mil! e qu'où dis-
gou que se nou toumaouo tout et niill en sac, qu'aouè a moori de ros
suos mfts. Ero gouiato que s'en anaouo de cab a Prat : « Qu'ei so que t'a
u hèt [hjoué ? — Se m'a deboucat^ u sac de mil), e que m'a dit que si *t
0 miil nou èro pas en sac, qu'aouèj a péri de sas m&s. ~ Nou-t chagri-
> nés. Pe ro bertut de ro lateio que't mill sio iJeguens et sac. k Can
tourné ro mai, qu'où disgou : « Qu'as bis a Prat. — Si Prat m'a bist'a
« iou, iou n'd pas bis a Prat. e
U aouté cop que Iou dçbessi'uo barricodebl perterro, e que lou dis-
gou que si et bl non ^ro tournât cno barrico, qu'èro et sué darrè dio
qu'aouè acabat de bioue. Ero gouiato que s'en anaouo ia Prat hiro
triste : • Que t'a hèt ? — Que m'a debessat uo barico de W, e que
<( m'a dit que si't bl nou èro eno barrico, qu'aouèi acabat de bioue. »
Toutu ro mai que tenté et gouiat e que lou hasou marida dab u' aouto
gouiato pramou^ qu'èro arricho. Ero gouio que demouré eno maisou. Et
maridatye hèt, es nohis que s'anèn coucha ; ero mai que fourcè ro
gouio de tengue ro candeio touto ro net daouant et llet. Enta meio net,
et nobi qu'où disgou a ro nobio : « Llèouo-t, ero gouio qu'a prou tengut
<( ero candeio, aro que l'as a tengue tu. » E que disgou a ro gouio ;
a Bouto-t en llet dab lou. » Can l'i agou qu'aperè a sa mai :
I. un peu ïordire. — 3, aussi. — j. Eparpillé. — 4. Pi ro pour /•« ira,
la. — j. voyant, mot i mot : en voir. — 6. répandu. — 7. verti. — 8. pa
que, mot i mot : pour l'amour de ce ^ue.
CONTES DE U BICORKE Î7Î
c Mai, o m^ ? — Que bos ? — (^e-n èi a hè i'Ho de qd tengni
« entre's bras f — Embamsso-to de u bét droite. Can at agou bit, — E
n de r'aouto^— Que roaou houec^ i'arguo. Ero candélo qu'où se gabi'*
< deuus e que-s bruUè louto biouo ! »
Can ero mai s'at beiou, que disgou a ro gouto qui ira en Qei :
«r lames nou seras desUourado que nou aii dit très cops : IHos. i
Can ero gouîo bengou a't moumen d'accoucfaa-s nou poudèouo iames.
Prai alabeis que-s soubengou de so qu'aouè dli sa mai.
Aquesio qu'èro dcbai en coumé de't bouec. e'ts aouies eno crampo
lih-haout : « Mai, o nui ! — Eh lisu», Maria ! mainat que bos i —
« Att^, mai, arré. s
AI cap de caouquos pausos que toumi hi : « Mai, o Mai ! — Eh [èsus
« Karta, mainat que bos ? — Arré, mai, arré. »
E u darrd cop :
« liai o Mai! —Eh Tèsus Mariai mainat quebos? — Arri, mai arré. n
Alabetsi' erû henno qu'esté desliourado.
BT HORT OOUIAT*.
Uo henno beouso qu'aouè u mainat e qu'eu dechi poupa dinquo dus
ans ; puch que lou blé' despoupa, mes ci mainat nou boulou pas decha
ro poupD ; sa mai que l'ai agou a couniinua dinquo coual'ans. Alabets
que lou disgou : u Mes mainat de Diou, que^m bos chuca ' touto biouo?
« — Nani ma mai . c nou me-n boui païra ' dinquo qu'aii bini ans. — Mai-
« nat, que-m bos tua e can si6i mouno quin bos hè ta bioue i — Ma mai,
« nou-b blet pas mouri; decKat-me poupa tout et tens demandât, c
« Caa aourèi bim ansque-p proumeli de-phèbioucsenseaouéatribailla.
« — Quin me pouderas hè bioue d'arrento. bos ana pana ou que bos hi ? »
A bint ans qu'èro u pli bèt droullos. Qi hè u héch de legno-', lou disgou
sa mai ; « Tià*- Que prengou ro picolo^, que partiscou la'i bosc e que
M cotipi legno. » Que s'i tourné et aoute dîo t'ana la cerca, que-n aoud
debarat7 ero mciiad de'I bosc. Que disgou a sa mai : u Aro qu'as
ti legno per loung tens que-m boui beie de gagna quaouqu'arré, quc-m
« boi bouta bailei. u
(jue s'en anè en u bilatye e que beiou uo grano maisou, que l-entrè e
qu'anè demanda a's mèstres si aouèn be^ougn de u ballet. Qu'où dtsgoun
se sabiouo laoura e pica tegno i Qu'arréspounou que sab^ouo hè loui
k6. Qu'où prengoun c tout aquci dio qu'où dechèn^ sensé arré a lié, mes
*. Ce cooieoâfCqueJquerapponavec celui de Bcnedicite, Rffmdnù, VIII, {$8.
9. le tnaiivjîi kg, le feu de l'enfer. — to. prit. — 11. alors.
I. Contraction de *<iMft, voulut. — 1. sucer. — j. pri«r. — a. va faire
une charge de bois. — ), uni. — 6. hactic. — 7. dctcendu. — 8. Jaissirent.
(76 DeJBANt<E
et lende dio que l'amlèn en u cam qui n'èro pas estai laourat despuch
loung tens. « Aco harai, « se disgou, «qa'atboui aouédaouit^ acabal. »
Can tou pourtén et deluna, qu'où troubèn tout asstetst, qu'aoui bJm
touio ro terre : « Oigai a't mèsire de bengue dab et housse '" e de beie
<• s'èi hèt de p1&. » Et mèstre qu'ai iroubè hèro de plâ hèt, e qu'enbiè
et ballet ta'i bosc ; « (^ue coupft tout et bosc, e en u biatye qu'ous t»e
« pounè a caso u gran car sus et cot. » Et mèstre que s'espaouemè can
beiou qu'aouè coupât tout et bosc. Et bailet qu'agou daouit acabat tout
et tribaill, mes se tribaillaouo plA que minyaouo horio. Et mèstre qu'où
hasou parti, qu'où paguè e que l'enbié ta u arrei.
El gouiat que se-n an^ en cndret oun l'aouën dtt. Que truqua ", que
l'anèn aouri e que lou hasoun parla a't arrei qui lou demandé. « Que
« sabes hô e que bos hè ? — Que boui hè tout so qui bouillat mes que
K m'aouet a ensegna drin. »
Qu'où hasoun iribailla pe't castèd en deguens, mes tout so qui lou
baillaouon qu'at coupaouo, qu'aoui trop de couratye et qu'èro trop gail-
lard. Que l'enbièn alabetslrib:iilla dehorope'scamse pe's bosc, houtja '*
coupa e pica le(;no. Mes et gouiat qu'èro ta gaillard que hasou tan d'où-
braiye que't arrei nou lou se poudou saouba. Et arrei que l'escrigou uo
lettre e que lou disgou : « Bè cerca so qui-s irobo en aqueste papi, e se
'< m'at portos que-t herèt bioue sensé h^ une. » Et gouiat n'aouè pu
apprés de legui e qu'ensegnaouo et pape a louts ets de qui attrapaouo. Et
permé qui arrencounirè qu'#ro u gouiat : «t I-cguît-me Htt pape ? —
•$ Se sabèouoi so que-p deroandon e oun pebon enbia. nou i-anerei pas.
<; E que-m demandon tan. — Qu'aouet ana cerca et diable en Infer. —
« Que-i bei. ■> Coumo es meshidaouo que't permé nou l'agousso tn>un>-
pat, qu'ensegné et pape a hèro d'aoules. Tous que lou disgoun ero ma-
d(cho caouso. E a tous qu'^irrespounou : u Que-i boi. »
En et permit endret oun s'estanquè que troubè u haoure : < Quames
0 d'oubriès aouet ? — ijue-n &i dus. — Nou-n aouei pasprous. » E que
se-n anè. Qu'anè irouba et aoute haoure d'aquet endret e qu'où demandé :
« Quantes d'oubriis aouet ? — Que-n èi couate. — Nou-n aeuet pas
« prous. ') E que se-n anè. Qu'arribè en uo grano bilo. A't permé haoure
qui arrencountrè, qu'où demandé : « Quantes d'oubriès aouet bous i —
a Que-n emplegui cheis. — De bous qu'èi a besougn. Hèi-me uos esie-
« naillos de cen quintaous e u marlèt d'aoutan. » Can agou et martèt
e ros estenailtos que paguè et haoure e que s'en ané fana cerca et
diable en Infer.
Can y-esté arribal que truqué a ro porto. Et diable que sourttscoa :
« Que bos ? — Que t'éi a remeie aquesie pape, n Que hasou samblans
9. promptcmcnt. — 10. bècbc, — 11. frappa, — la. bêcher.
CONTES DE LA BICORBE (77
de t'at bailla mes que dechj caie 'i ra letcro. o Amasso-m ac6, > se lou
dis et diable. « Nani, » dis et gouiai. « Qu'ei a lu, nou l'as sabudo prene
■ Amasso-loiu. — Amasso-lolu. » EnFègncidiableselablouquelas'agou
a prene. Et diable que-s degou abacha, et aouie dab eros cstenaillos
loutos prestos qu'où gahé pe't cap e qu'où se carguà sus er'arreio '*, puch
que gahi ro courrudo-f. Et diable que hêouo : a Decho-m ana ! » Et
aotne : a Demouro-t atyéou '^. » F. coumo et diable reniud<ioua, qu'eu de
Q gran cop de't manii de cen quiniaous sus et cap. Et diable nou gousè
mes bada. Et gouiat qu'anè pourta et diable a'i arrei at bèt mei de ro
»o cour. Et gouiat que lou disgou . « Que m'aouet baillât uo leitro ta
ff p'ana cerca et diable en Infer. Atjéou que i'aouet, hèt-ne so qui bouillat
« t pagat-me a iou so qui m'aouet proumelud. v E arrei qu'où pagui.
Et gouiat que se-n tourna "iiia caso ; •( Mai, que p'aouèi proumelud
« qoe-p bliûui hè beic uo bèro bieillesso, atyéou qu'aouei tout et arien
«» que m'ri gagnât. — Mainat de Uiou, quin t'as gagnât tant de dtnés
0 en ift piuc de tens ? Que-n èi ptà de chagri. — Nou siot pas dcsou-
« lado, qu'ous m'èi de pU gagnais, que soi anat cerca et diable en Infer,
« e ijue m'an paguat per aquet iribaill. n
ES NOBTS.
Ll bouscassè ■ que s'èro mandat; et se de ro nousso que phch darrè et
catsè de't Uet noubiaou es pantalous e u basiou. El lende dio can se des-
bdllè qu'aperè ro suo henno e qu'où disgou : i< Henno qu'eî deia dios
» e que nous caou iIeoua,saoutém de't llet, atyéou qu'aouet es pantalous.
n bicat-lous-pe'. » Ero henno quet'arrespounou : u lou hïca-m es pan-
« talous. nou, nou qu'^t bous et mèstrc e qu'ous p'aouet a boula. « Et
home que-3 birè alabets de cab a't traqué * e qu'où disgou : " lan de't
« B08C, sios icmouôi^n, qu'as cntenut so qu'a dit ero henno, que déoui
■ tousiém pouna es pantalous, mes si iames s'at de$broumbaouo'« e qu'ous
H boulousso pourta, que t'en soubenguerés, que herés et tué deoué e
« qu'où crouchir6s i ets os. »
II.
CONTES D'ASTÊ*.
CAN BRAS BESTIAS PARLABAK.
U cob eras besiias que parlaban. U arriche paisS qu'abè u pardll de
bouéaus que's bailets hasèn tribaïlli tout dia.
ij.liisji tomber. — 14. ledos. — r ^ prit la coum. — i^li (i> = (raoutll*).
I. bbcbema. — 3. meltcz-les vous. — j- se toorna alors oc tète an groi
bltOB, c'«(t-l-dife rers l« gros biton. — 4. oubliait. — j. ta lui romprais.
*■ M. Caslilioii, archiviste de Bagnères et originaire d'Asti, nous a été dV
grisd secoun pour la colleaion des contes de cette localité
Aomiaitfa, XH )7
J78 DSJEANNE
Aquel pâisi qu'âbè t;ibé u ssou qui nou hasd sounque pas&^iJ ra
masiressa de ra m^sou. Et se, can es bouéous èran arribats de'i tribaîll
que ieiniban sus et loué son , el asou que se-n irofaba ■ et que-ous disëba :
« Couma nou lièi couma iou, que soi plA achibadai e nou hèi arré,
« madama qu'et ta leouiéra que nou la irobi sus er' srria can la porli. *
Es bouéous quc-ou digoun : a Mes nous aoutis nou poudém pas h^ counna
n lu. — Si, 0 arrespoun « asou, « maitl can be baillen el hé. nou caou
K pas gardà-ou; que-s pcnsaran qu'^t malaous e labels nou-b baran pas
« tribailU. n
Et aouie dia, es bouéous que seguîgoun el counseill de'i asou e nou
bouloun pas minyi. Et bailet qu'anî dise a't mèsire que's bouéous qu'èran
malaous : u Eh be! alabets, atelat et asou, e que-ou hen tribailb tout et
« dia. » El se, can eslè tournât enti ra'sUca, que digou a's bouéous :
« Se sabdt lo qu'an dit de bous aoutis. — E qu'an dit f — Et inèstre
K qu'a dit, puch que's bouéous soun mabous que-ous caou hé tui, que
u pouderam bene ra car, » El mèsire qui-ous escouiaba que sounigou
de ra borda en hè u gran csclacarat ' d'arrte. Era henna qui-s troubè ena
cour que-ou demandé et sutyèi d'aquei arrie. Et roèsire nou l'ai boulou
pas dise. Era masiressa que-s fùché, nou boulou passoupÂ, que-s boulé
en llet, e que digou qu'éra malaouia.
Et aoule mailt ei pourei que cantaba. El cSt que-ou digou : u Qu'es plÂ
bèsiiade cantii, madatna qu'eï là maiaoufa. — Oh! n arrespoun et pou-
ret, « si ei nièsire prenèba u basiou de couaie pans e que-n ancssa
« de cab a'I llet, que beirés si ra henna-s llebaré bisie. a Et paisJt qui ai
enienou que-s prenou et bastou.e que-n ané de caba'tltet: « Décba-m, »
digou ra henna, « que*in boui Ilebâ e nou at boui pas sabé. »
Le conte suivant, qu'il ne nous a pas été possible de conpiftrr, mentionoe
une idée encore bien ripandue. Let paysans d'Asté croient que l'aulne ibér) pos*
lêde des vertus cachées,
U cob enas paredsde'sTotowsquetroubènu hadoulou' e que-ou pour-
lèn en et Castel d'Asie. Nou boulé parla iames proumou que > sa mai que
l'anaba dise dc'i soum de ra chemtneia en la ; a Hadoulou, Iou mié hadou-
u Iou, per tant que t'en beias, iames nou digas era charliia ) de't bér ta
« qu'ei bouna. »
Es paisAt que pounarén guilladas d'or.
U dia et hadoulou que beîou que ra tàï que bouriba e que-s debessaba
pe't houec en bad, alabets que digou : « 0 la ! ra manna de Diou que
K se-n ba. »
I. s'en moonaït. — 2. éclat.
I. fili de lee. — t. parce que, mot i owt : pour l'amour de ee que. —
). fleurs de l'aulne.
COMTKS DE LA BIGOftPf $79
ERAS NAOU BERTATS.
On me-n tu, & me-n oa ?
Et sonrdD qu'amis mes qoe ra laa.
T3n me-n duas, dis me-n doas ?
Qui a dos ooeills en a tesu
Que pod pHi garda pe ra hiestra ■.
Dis me~n très, dis me^ très ?
U mainat a très ans
(^ pod ani a't loong de*s bancs.
Dû me-n cooate, dis me-n conate i
Couat'arrodas* en a car, qu'estan toustém plâ.
Dis ne-n cinq, dis me-n dnq ?
Qui a cinq dits ena mft
Que pod pl espeiiità ra l ).
Dis me-n cheis, dis me^ chas ?
Cheis i^as pradiras 4
Que poden saoutâ ras arribèras.
Dis me-n sèt, dis mcHi sèt i
U chibaou pli achibadat f que pod plâ accoumpagnâ sonn mèstre.
Dis me-n oueit, dis me-n oueit?
Et pi en bi goubat ^ qu'ei pl bou.
Dis me-n naou, dis me-n naou ?
Qui a naou porcs ena saou
Que pod bde arribii Nadaou.
PLAISANTERIE APRÈS dInER.
Aou nom
DeH haou • ,
De"! paou»,
De't ber et de't madu,
Tira-t-en moussu ;
Qu'abéro pli minyat et pli begut,
Mes n'aourém minyat s'en abèra agut ;
Aquerâ qu'ei ra faouta de ra mastressa,
Maou houec l'argua ra haouta de ra quessa ).
t. fenêtre. — 2. roue». — j. peut bien écharper la laine. — 4. juments
dans les prés. — j. bien pourvu d^votne. — 6. mouillé.
1. hfitre. — 2. coq de bruyère. — J. que mauvais feu lui brûle le devant de
ta chemise.
,8o
DEJEANNB
ERA Ca&8A B'T loup.
L'aoute dia ra craba qu'èra a*t cal de ua roucotta ■, «t segnor Lucoa
(loup) que l'apert c que-ou digou : « BenM-en cnsà. — Oh ! nou at harti
• nou, que le-m minyar^^. — Qe sabes tu craba, que ïou nou minyi pns car
■ lù*! dibés ni'i dJssaite. » Era cnba qu'en ba'si» li fada que debaré 'ma
ra courada*. Kt segnor lucou que la galii pe ra mem£la ) e que-ou hasou
cridâ : m£ mé niè.
Tristis minisiris era craba in benlris nteis.
On met ijuclqucfois en seine, soit des élrangen, soit dei habitaBUdesTilbges
voiims ou des personnes d'une position différente. Ce3 actcan ont rareneal les
beaux ràles.
ET PARISIEK A CAMPA.
Le Parisien : DiUs-moî, femme, où est-U le chemin pour aller à Bjo-ègaf
La fehue de Campan : Que diset f
Le Parisien (un toit plus titré) : Oà ett-^l le chemin pour aller à Bariges?
La femme. Mourai drin, « mié hiU qu'ei estât pris c louegn a ras
pourtetcs de Tarbe que b'at sabera dise.
Le Parisien au pils ; Mime ijaesùon.
Le fils : Ndu at entenet pas, marnai, que-b demande bâtisses' dab eT
cuillè gran.
La MÈRE : Ah 1 1 ! bengad, bengad !
ET GOUIAT DE CAMPA.
Ua lienna beousa de Campa qu'abè u tiill ; u bèt dia que l'enbît
entât marcat eni'anJ croumpd u porc. Et gouiai que croumpè et porc, e
can arribë a ra sarra ' de Caoubetâ que s'estanqui e que digou : «• Ma
u home toi ! que îc me soiin desbrembades » cres haïlks ', bos te-n tourna
« tout soûl f can arribes a ra barane -• qu'apcreras a ma e qu'où diseras
« qu'es nouste. At bos W? » Et porc qu'ârrounnès et gouiat que creiou
que disèba que Ù6. Can arribè a casa que digou a sa mai : ■ F doun,
« ma, que be-n semble det porc ? — Nou l'èi pas bist ; oun d ? — Ma
« home I(m! que s'ei trufai de iou, que m'ab^' desbrenbat ères bailles e
I. petit rocher. — 2. petit vallon. — }. pjrtie qui pend sous le menton de
la chèvre.
I . Liquide qui reste apr^ Il formation du beurre. Le nimtear se moque de
la femme de Cimpan, car rexpreuîon tsi allé aux pttiUs porUt de Tatka se dit
pour quelqu'un qui n'est guère sorti de chez lui. Il se moque aussi de l'igno-
rance et de t'usuraDce du fils qui, ne comprenant pu la demande du Parisien,
ripond i faux.
I. sciefie. — a. ocbliées. — j. chanddles de i4sine. — 4. barrière. —
\. grogna.
OMmS PC U HCOftU (81
« ({tie m*a piowiieiut de faie-be-s ipen ^n ié* Mori n buae*. —
« Munit. Doo cali pas lié iCBOo. qK4 aie enooiM u corde e qsfr^a
« calfi esua pc n caiDe. — Héi ! ^ «aane cab, ami, qite harfc. ft
El aame diaate n ■■ qoe renbii cniMip< ■ cnolè?, El gmMt
can aou aoumpsc ei CMMè, qpe FMiqQt pe f^aaa e ^ funonegiè*
cniio casa ; et caooti qB'estè tott pleifat* : * AqKtfe 00b, aiai, bi*»! è
■ bèt couma in'abM dâ. — Ah ! iimmb Dioit. màiut t qa'ou le cal£ aeSe
V en cot a t cat de*! battou. — Eaia a oole cob, maaa, qo'ai harè. »
Et cnarcai 6'xprH, en nal qae^« BMldt hœ na bob de barri. £1
ntÏBn que i-ant, e can èra pe"! caoi, <|MbciiM a CBMn**tNt croobn
de cnbasBS : « O re hoineuri! be dcba nifti, im onHi aliiï que «a
m e qoe-n betan demaoïi! • EdepeiMqKati"ciaifaedabeniiieî-
taide*! barri. Que bébi a bèt AadecaloB^ecfMMatqw-cpeaouetbum
qui-ou «mbraha» 3*1 ot de 0 baMNL Etbgnî^oosedeSgN**pe*icaiDl,
e en arribè ea marcad ixm-a aoa pat fariqoa '•*. ■ E dooii. nuinal, as
« pb benut et burri ? oa Agoa ra mai can csti toonai. — Carai-be,
« nama. que se m'é delk tooi j>e1 caoû. — Non ^>èa pa» a ht ataoa ;
« que l'abisaiiioaiiladeunseBunsesaôgBebefesqiie. — Entaoooute
• oobt BUfluit qoaR hafc. »
U aonte dia, n ma que fcnfait cro^ipà a nqon de saoD. Per tout
et cam) ei gouiat que la goofaè ■< es angaa. Caa loorai, ra mai qu'on
digou . • Oun ai cra saoa ? — He, mania, que m'abit (fit de gootu-Ie en
< aiguë pcr tout et cami c qu'ai i hH, manu. — (^'è a bi iou de lu,
U aoDte dînane qafaa nandè bene ai baqaa e qoe-oa digoa : « Noa
« la bénies pas a d-âqote de qm parten tas mes a u qm noo parle gaire. *
Can airibi en et raarcal. o mardian qoe-ou demandé : ■ Can ne bos
■ de ra baqua ? — Nou l'auras pu tu, que parles trop. ■ En s'en tourna,
daban era upèra de Sen Rocfa ai cat de ra lana, que bdou u san que^t
bcn hiba ani, qœ s'estaoquè : • (^'at béii que la bos, era baque ? m
Et san>* toott^ que senaba ■:* que tid : • E dounc aty^ou que l'as,
« era baque e se nou la-m podes pas pagua ara, que la-m paguaras
« mes lard. ■ Et gooiat qae techè rz baqua e que s'en taumi. Sa mai
qtK-ou digou : « (^81 bit de ra baca f — Carabou loi f ouma, <{a'i atra-
« pat u borne qui oou paitabe pas, e que l'i baillât cra baque. — Onn
« as ères taries ? — HH. roaroa. que m'a sénat que-m pagueré mes tard.
« — CMoqwr-ueqne-fl aourasbète, . digou ra mai. A't cat de caouques
dias et gomat que s'anaba M pagâ ra baqua, can arribè daban en
6. B i n : reair tous pow lui ippelw ponr faire 1 loi oumr la lumère.
— 7. cfaaitdroa. — g. traba. — 9. pfcia de ctc«»- — lo- thtat. — 11. front.
— II. rnlatt. — I). foadH. — 14- àa loai. — n- moiiilU. — 16. statoe
An «Mat» 1 ~ J-;^-:- ^l^^^m
dn uîbL — ij. tiîsM jigÊt
(82 OEJEANNE
capèra de Sen Rocb, que demanda j't svt de pagi-ou ra baqua. Era
statua, miada pe't ben en u aouie sens, que «enaba que nou. « E la-m b«
« paga ra bsque f » En siaïua tousT^ que senaba que nou. ■> Ah ! nou
« la-m bos pas paga ra baque ! • £ de u cop de ba&tou que U buou
en bouds ■', e que s'en tourna poun^ ra respounsa a casa.
Aoueiada '« de tan de besiiesa, ra mai qu'arresoukiu de nou pas mandi-
oa en laug mes e d'and-s-t era madécha. so que hasou. Et gouiat can
se beiou soûl que-s bouti en cousina, que biquè ra padena en boucc », a'i
menire que't lard es ddïba qu'anè tira bl, mes aban que ra bouteitla nou
bou plia, et houec que-s gahâ cna p^idena ; sensé barra et brouquet^'. et
cousine que courrou amouni et houec, e can toumi enta ra barriqua et
bique s'este debessat ; enia hé sequiiout aquertS que-iboueitè"usac de
haria*i ; prfes d'atyëou que i-abé u' aouca ^ qui couaba, can beiou tan
d'amerai't que-s bouië a crida, et gouiat qu'où digou : k Couquine
V et bos cara^ que l'at bos dise a marna, ehbe! que-tboui cot-torce, » e
qu'at hasou ; mes puch que-s troubé embarrassad de ra couada de'u
ouéous, alabets qu'ani cercà et asou, enta bi-i-i abacbi qu'où coupi
ras camai. Et asou en hii caic qu'csmousté » touu ets ouéous.
Era mai, enta se-n desbarrassa, qu'où boulou maridd-ou : ■ Que caoa
« ana enta ua taou maisou. que i-a ua goui.ite. que la calera plase. e
K quc-ou daras lard e bèt cop de oueill. n Et coulai que-s taillé u tros
de brd en petits boucis, e qu'anè liri ets oueills a ras crabas. Can este
dab era gouîata que-ou ielaba \>èl*^ bouci de lard e bit oueill de craba.
« Edoun quinas hèt? » ou digou ra mai can tourna. « E de plâ, mania,
u qu'où lirabi bèt bouci de lard e bét oueill de crabe. — que dises,
a malnat, qu'as tirât ets oueills a res crabes ! Nou caou pas hi ataou,
«que caou estn charman c canta b^t drin. — Ya-t hart, mama. —
■ Que t'i tournaras douma d-assé. >^ Que s'i tourné. En tout entra que
troub'è que ptouraban, e que-s bouté a canid. Que-ou tîrèn dehora, e can
sa mai lou beiou a tourna t& bisic, que-ou digou : « Quinashèt^ — Oh,
•t mama, que m'an tirjt dehore; can soi emrat qu'èi bis que i-abè u llet
1 tout enblanquit, et moundc que chcmucaben **. « Sa mai que-ou digou :
« Que i-ab* u moun e que calé hé coum' ets, prega Diou c en Ileba-J
o dise : Diou que nous hasue ra gratie d'ana-ou trouba en ciou! — E
V doun ema u ooute cob, marna, qu'at hari. »
Caouque tens après que s'i tourné ; qu'abèn escanat ^ et porc, e que
l'abèn penul pe ra'sc:ila en bat. Et gouiat que s'alougnèt'^, que preguè Diou,
e en se llcb.1 que digou : <■ Diou que nouï hassie ra grdtie d'ana-ou trouba
|8. morceaux. — 19. ennuyée. — 10. poêle. — 11. fosset. — Ji. vida.— ■
3). brine. — 24. oie. — li piif pour les aninuux fjile av(c de la tirine de
mats. — 36. écra». — ay. bit, beau, s'emploie souvetil oomme adjectil Indclini
avec lesens de ^utS^at. — 16. sanglotaient. — 29. égorgé. — jo. s'ai;«ouî)la.
CONT£$ DE LA BlCORRE s8]
en cèou ! » Can lou beioun tA pépi ' ■ que-ou lir^n dehors e que-ou defen-
doun de s'i tourna mes.
Sa mai que-ou mandé labels eni'ani gahj ua taoupa. h Qu'ei aquerd )>,
n mama ? — Ua bèstie louia nègre. * Et gouiat que pariigou. Caouque
tens aprte que bencou a passi u moussu tout bestid de nègre, u Be i-a
« bère pause qyc-t dcmouri. " E qu'où tuè a cops de housse. « Are que
« Tè ra taoupe, mama, qu'ei grane, pl& grwie, biet la beie. » Sa mai
que-n anè e que beîou qu'abè aoudt h u home. (• Malurous! qu'as hii?
a Que caou hè bitte u cloi h, que l'i escounerasn, e pus que luaras ua
0 crabe e que la-i boutaras a't dessus. »
At cap de dus dia$ era iusUcia qu'arribi a ra resèrqua d'aquet home;
que dcmandôn a't gouiat si l'abè bist? Que-ous digou que l'abè bisl. « E
0 oun ci? — lîcngat dab iou. » Qu'anè desenierri ra craba e que la
gahè pe's cors en dise : « Ei aquet et home qui cercat ? r Era iusticia
que-5 birè sense-ou demanda arré mes.
ET COUNOC DE RA BOUHADERE'.
Es de Campa que mandèn u home ent'anà<s hè preslà ua bouh.-idera,
pas era de hus ' me^ era de hàr, enta cndil ra héira < de Sen Chîmoun a
lude, e que-ou baïllèn ua troueta* enta hè-n presen a't de qui abè a presti
ra bouhadera. Que-s bouté ra troueta en capôi t de ra capa e que par-
tigou enu Bagneras. Can esté a't poun de'i Martinet, qu'aou set que
s'aiouquè^ enta bebe. Menire que bebè, era irouela que-ou se sourli^ou
de'i capèt de ra capa e qu'ané en aigua. Et home en bit beie a passa
aquera troueta que digou : c Si t'abiéi dab era de qui éi en capél, quîn
• presen que harièi. n Que counttnuJ et sué caml e qu'arribé a Bagne-
ras. « Adichat es de Bagnerea ! es de CampA que se b'arrecoumanden
u plà e que-p hén dise s'ous boulet prcsia ra bouhadere, pas era de
« hus mes era de hèr, enta crida ra héire de Sen Chimoun a lude, e
« que-p manden e que-p manden. — E que i — Ma foui arré *. m
On le vQÎt, le» conteurs d'Asté te monlrent peu bienveillants pour leurs voi-
sins de Campin. Ceux-ci leur rendent probabktnenl U pareille. Les habitants
d'Astè doivent^ilt i leurs propos morditntt le sobriquet qui leur est donné :
uoajts ou tjtas (uonsl ? La plupart des localités ont aussi le leur. Les babt-
unls de BagneiTs sont, ) cause des eaux minérales, appelés tu-Uhm. Quoique
nous soyons fils de laba, et qu'à ce titre il nous ait été facile d'avoir cominu-
)i. imbécile. — ;2. Qu'asi cela? — j). tué. — j^. trou. — )$. cacheras.
1. trompette. — a. bois. — 3. foire. — 4. truite. — {. capDchoD. —
6. s'accroupit.
*. Nous ferons remarquer que les habitants de Camsan accentuent assez for-
tement les syllibes iinales en u. Au singulier la voyelle atone est en realité «.
On dit tra Mfuj mais au ba^tui.
j84 OEJEANNE
nicatioo des contes d'Asti, nous recueillerons très volontten les récits qui
pourraient être disobligeants pour cette commune, quand bien mime ils nous
seraient transmis par les bermes (vers) de Campan, les gaotUriUs (goitreux) de
Gerde ou les akirous (hargneux) de Baudéan, etc.
Les tabas ont porté leurs piqûres jusque dans la vallée d'Aure, à preuve les
rimes injustes ou du moins exagérées que nous reproduisons :
Aouresailla,
Piqua pailla',
Dab u limac que tièn gasailla ',
Dab ua mousca que hèn presen.
Oh! la lèda rassa de ien!
D' Dëjeanne.
I. piqutpaille, avare. — 2. cheptel.
MÉLANGES.
EN ET NA EN PROVENÇAL.
On saii que dans les textes provençaux et catalans le nom de tout
personnage un peu marquant est précédé de la particule En (par aphé-
rèse jV}, s'il s'agit d'un homme, de la particule Na (par apocope N'). sll
i'a^i d'une femme ; En Berimn dt Born, N'Aimar nsconite de Umoges,
Na Tihrt de Motiiaasier^ N'Azalais de Porcairargas.
Kay^nouard regarde sans hésitation Na comme dérivé par aphérèse du
substantif domna ; en ce qui concerne l'étymologie du masculin En, il
ne se prononce pas et se borne à renvoyer aux conjectures de Pierre de
Marca '. Ces conjectures, auxquelles nous nous sommes référé, ne sont
pas très nettes : tl semble que Marca considère En comme une abrévia-
tion de Mossen =mens senior, opinion qu'aucun philologue de nos
jours ne prendra au sérieux, qu'elle ail été ou non celle du laborieux
archevêque de Paris'.
Diez s'occupe de nos deux mots à l'article Donna de son dictionnaire
étymologique, et il le fait en ces termes : « Une abréviation prov. et
catal. de dominus employée devant les noms propres est En [dom-tn
pouriom-inl, correspondant à iVd. abréviation de domina (Jum-na) î. h
Il n'y a pas lieu d'insister longuement sur l'invraisemblance de l'étymo-
logie de Diez: domen, de dominus, n'existe pas, et l'on ne peut
) . Choix, t, 1 j j : t On conçoit que Na » pu venir de Joan\ par la suppres-
sion de Jom, m»s il est plus ditEcilc d'expliquer d'où dérive En. M. de Miro
a proposé des conjectures i ce sujet, Siarat hùpanui, liv. }, cap. 9. • Cf.
Uii^ue romen, III, 67 cl i (8.
i-_Loi- IjuJ. I In A({uiunia, OcciUnij, Vascooii, Benearno et atîbi dtctto
srmittt led pjulo remotror a latina usurpala est, scilicet £n, tive composilo
nomine Motsta, <)uasi diccres per conlractionem ttn, id est uaiof sive mou
itmor. *
). Ed. Sclieier, p. ija-12).
;86 MELAKCES
admetire que dàmînus ait subi un déplacenieni d'accent extraordi-
naire pour devenir dominus, puisque le hùa populaire ne connaiaaît
pas dominus et disait certainement domous-
La découverte de formes jusqu'ici inconnues du root Ea nous per-
metlra peut-frtre d'en fixer plus sûrement l'origine. Ces formes, que nous
avons relevées dans des chartes limousines récemment publiées, sont :
un cas sujet h'ot et un cas régime correspondant Non. Voici l'indicition
des textes où elles se présentent :
1° Une charte originale de la fin du xii* siicle provenant du monas-
tère de Saint-Jean d'Aureil ' et écrite dans la paroisse de Mérignac'. Le
nominatif noj s'y rencontre trois fois : nos P. G. Raspdut — nos P. C.
— NOS C. Bcraui Enços. On y trouve également le cas régime non :
P. Rdspau lo frair «ou P. C. La forme non est m(me employée, évidem-
ment par suite d'une distraction du scribe, devant un nom de femme :
NON PelToaUla ia Marhou >.
20 Une charte originale de 1 307 , écrite à Limoges et scellée des sceaux
des consuls de la ville et de la cité, nous offre un exemple du cas sqjet
et du cas régime : Aqtusta doua fo fâcha en la ma non ;., h chaptU dt
la Maijo Dieu et prtgd KOS Foschiers tos cotsots dt tas doof vtks ^ut
i mtzesan tors laeas*.
Je n'hésite pas à tirer nos de domnus el no/i de domnum, de même
que na de domna, On peut être surpris au premier abord de l'apbérëse
violente dont ces trois formes ont eu k souffrir, aphérèse qui a évidem-
ment eu pour point de départ un déplacement d'accent; mais, en y
réfléchissant plus mûremeni, on s'aperçoit que rien n'est moins surpre-
nant. Domnus a eu deux accentuations différentes dans le la*Jn popu-
laire du Midi de la France, parce qu'il avait deux emplois dîsiincu.
Comme substantif indépendant et ayant sa pleine valeur, il est réguliè-
rement accentué sur la première syllabe ; de Iâ le prov. dom, don,
domna. Comme particule honorable, il n'a fAus été bientôt qu'un mot
proclitique. Or qu'est-il arrivé dans le Midi comme dans le Nord de la
France au proclitique dtsyllabique le plus employé, à l'article ? L'accent
a glissé de la première sylbbe sur la seconde, puis cette première syllabe
elle-même a disparu <. Il y a U un parallélisme évident. On a dit : mCA
1. Aureil, commune des nvirooi de LJmoget.
2. Canton de Bourganeuf (Creuse).
1 . DotumtnU hiitonaats iaflalint, ^ofuifaut tt franitis (Mctrnant la Mértht
tt il LimoBsvi^ p. p. MM. Alfred Leroux, Enile Molisier et Anioioe Tboaias
(Licnoses, Oucoitrlienz, 188)), p. iji.
4. iMem, p. i{7.
i. De même en limousin actuel on a m (ick), forme proclitique de om, an
pluriel Ai.
En ET na BN provesçal jSy
damna domnâ Maria, absotumem comme : (lia, ilU fetnna.
De là le provençaJ ma damna nu Maria el tUa, la femna. On peut se
Ldemander pourquoi dans l'anicle illum on ne trouve aucune irace
rde la consonne finale m, tandis qu'on retrouve cette même con&onne
dans le proclitique domnum. pourquoi (il)ium pAtrem = io paire,
tandis que Jdom)num Pctrum = non Ptin. Répondre à cette ques-
tion n'est pas cbosc hcWt ; mais qui ne sait qu'elle se pose de mime
poor m(e)um, i{u'iura, s(u]umpatrem = mon, ton, son paire' f
Dans quel rapport sont les formes Nos et Non que nous venons d'étu-
'dier avec b forme classique Erif Not et Non étant proclitiques, on peut
à juste titre assimiler l'o qu'ils renferment à un o atone ; or l'^ ou i latin
atone devient généralement * en provençal. Après la tonique cet affoi-
blisscment a toujours lieu : majer i majorl, pejer (pejor), melher
(melior), senhtr (scniorl, etc. Avant la tonique i! est moins régulier,
mais se produit assez fréquemment : Bagonha (Burgundia). Caerci
(Cadurcirum). comergar (communicare), (mprMfjr (impromu-
I il are], teror (sororem), etc.; les exemples de ït ei Us au lieu de io
et tos ne sont pas rares et se trouvent un peu panout. On peut donc
admettre des formes affaiblies Nés et Nea à c6té de Not et Non. De
Nts s'est développé Ens que l'on trouve, sous la forme Enz^ dans la
coutume de Saint-Bonnet le Château > la métathèse inverse de Vn se
reifoave dans /If pour m du latin inde); et enfin Nen s'est simplifié
en En par une raison d'euphonie.
Il est curieux que. sauf dans la charte de Saint-Bonnet le Château, on
n'ait pas d'autre exemple du nominatif Ens. En semble de bonne heure
avoir ité considéré comme indéclinable. Il y a encore lA un rapproche-
ment intéressant entre notre particule En et l'article, Lo = illum sert
également pour les deux cas du singulier, et ce n'est que dans la région
où se montre ce nomin»tif Enz que l'on trouve quelques traces d'un
nominatif H i.
Ant. Thomas.
I. (Dios mon, ton, son, la nasale a persisté parce que le mol éijul monosyl-
labique, comme d.int divers dérivés romans de lum, cum, reiB,queni. — Rtii.\
i. Paul Moff. Ruuiii, a' je.
). ;il fam remarquer en roman, danj un Autre cas encore, un traitement tout
particulier du mot dom inus, ou plutôt du vocâlif domine. Toute une série
de moli jppiTlfnani i diverses langues el qu'il serait întèretiant de réunir et
de cla&tcr se rattachent i la formnfe domine Dcus. devenue un seul mol.
Dans cette locution, domine, i cause de son emploi spécial et relietmi,
icioble, au moins dans plusieurs régions, n'être pu devenu domne. — C. P.]
j88 MÉUKGES
II.
PAIENIE, PAIENIME.
Ici) chevalcheot ensemble Berenietit e ad ire ;
Pob, [si] escrient l'enseigne paien'u.
{Ch. de Roland, i^io, L. Gantier.)
« Le ms., dit M. L. Gautier, porte paenime, et c'est paieitie que l'on
emploie connue adjectif. Il faut supposer une erreur de scribe. » (Ch.
de Roland, édit. classique, p. 601.)
Il faudrait donc, suivant M. Gautier, corriger aussi les deux exemples
suivants, oiï paienime est également employé comme adjectif :
Car c'est li plus forz ennemis que la loi paieanime ait.
(Joinville, ch. LXXIII, de Wailty.)
Flagos a a nom l'aiguë eo la loi paienime.
(Fierabras,, 4644, A. P.)
En réalité, on a perdu de bonne heure le sentiment de la signification
précise du mot savant paienisme, et on l'a traité, sans doute sous l'in-
fluence des superlatifs en -Urne, et aussi par analogie avec paienor, comme
un adjectif, qui a été accolé surtout au mot loi. Il est curieux de trouver
cette confusion déjà dans le Roland, mais on n'a pas te droit, en bonne
critique, de la supprimer.
D'ailleurs, paien'ie est originairement un substantif tout comme
paienisme, et l'emploi de ce mot comme adjeaif n'est pas moins incor-
rect. Les exemptes de paienU dans son sens propre ne sont pas rares ;
en voici deux :
Cil marinier sont riche, de Geones et de Pise,
Qui maînent le navte par toute paienie.
{Aie d'Avigaon, v. 2})i.)
Or vient bone chançon, s'il est qui la vos die,
De Guy le filz Garnier et de la paitnnie.
[Ib. y. jai6.)
A. OELBOULLE.
111.
NO = ON.
Dans un article publié dans le dernier numéro de ta Romaaia, H. J.
Fleury s'est atuché avec beaucoup de force à réfuter l'explication de
no par nos que j'ai donnée dans les Mémoires de la SociiU de Ungm-
No = on "^^^■~ 589
tiijtte; comme la question ne manque pas d'ïmérét, on me permettra de
la reprendre rapidement ; d'ailleurs M. Fleury m'accuse d'erreurs que je
n'ai pas coramises, et dont les lecteurs de la Roman'u qui n'ont pas à
leur disposition les Mémoirts de la Société de Hngahtiqat ne pourraient
juger, d'autant plus qu'il me cite presque toujours inexactement; il est
donc tout naturel que je réponde. Commençons par les erreurs. Je seru'
nia court.
M. Fleury a dit que » les formes normandes tirées du latin nos ne
s'emptoteni iamais comme sujet avam le verbe ; » je lui ai répondu que
c'était ]ik un cercle vicieux^ puisque c'était a supposer que no, na-z — on
ne vient pas de nos. » Je ne lui ai évidemment pas pu donner et ne lui
ai pas donné comme exemple du contraire ch'fe noU ', où nous suit le
verbe.
J'ai donné la déclinaison du pronom personnel haguats d'après une
autorité que M. Fleury connaît et ne saurait récuser, puisque c'est celle
d'un compatriote qui n'a jamais quitté son pays. Quant aux phrases
Je v^ done, je vos ëme,
je von done, je vonz ème,
qui feraient, paraît-il, " faire Ea grimace i un Haguats, » je ne les ai
jamais écrites.
M. Fleury m'a déjà reproché deux fois d'avoir mis une apostrophe
après n' dans les phrases comme la suivante, publiée en 1S78 dans la
Romania :
In' n'ont manti par leQ goule;
j'ai répondu dans les Mémoirts, etc., que j'avais mis cette apostrophe
parce que j'expliquais alors n' par nt, transposition qui existe dans les
patois du sud-ouest. J'ai renoncé depuis à cette explication, nsaisia règle
que j'ai donnée du développement de n  la fin d'un mot et que
M. Fleury, il la fin de son article, reproduit inexactement, n'en convient
pas moins ici; en suivi d'une voyelle perd sa nasalisation et devient ine;
comme ce mot est enclitique ei par suite n'a pas l'accent, i tombe dans
la prononciation et itit se réduit i 'ne, dont \'t s'élide plus tard ; c'est
donc U un cas particulier de la régie qui veut que « n se développe
devant une nasale suivie de e muet^. » Je n'ai jamais dit devant en
cf placé devant un verbe commençant par un e muet seulement, u Les
exemples que j'ai donnés le prouvent (/M., i js).
1. Ch'ii noù w trouve beaucoup plus loin et m donné connue nenipie de la
(orm? du pronom de la i*^' personne pluriel plac^ apriï le verbe. En outre, de
ce gue noâ, comme moi, est un accusati/, il n'en résulte point que ce soil un
régime.
2. La mtiDC rigle s'applique au développetneat de l ; il suffit d'y mettre I i
la pUoe de n.
f90 MËUt«C£S
J'arrive tnaimenam i iu = on. J'ai autrefois (Mimoùts, eic, IIi> z^i)
dérivé no de horao par l'intennédiaire de Vd forme on transposée, nuis
j'ai renoncé plus tard i celte hypothèse, pflur adopter l'explication de
M. Havei no = nos i il en résulterait qu'après avoir entrevu li vraie
étymologie, homo, deno, j'en aurais adopté une mauvaise, nos, et l'au-
rus défendue. J'ai dit que pour que no vint de /'o/i, il fallait prouver deux
choses : la transformation de / en n, la disparition de ta nasale; les
eiemples que j'ai cités d'après M. Gusuve Le Vavasseur [Rtchtrtha sur
:]iieUiues expressions usitits tn Normandie) semblent montrer qtie / de rea
peut avoir été remplacé par n; M. G. Paris en a ajouté d'autres ', don-
nés déjà en partie par M. Le Vavasseur, à qui reviendrait ainsi le mérite
d'avoir le premier mis ce fait en évidence; mais reste à apporter la
seconde preuve, à savoir que non peut perdre sa nasale et mtme s'al-
longer, par suite devenir no ou nou. M. Fleury répond en ciiani une liste
de noms dont un seul, — dans les autres o n'est poim nasalisé, — peut
convenir ici, c'est no m en. qui, dans le patois baguais, aurait donné
nûuti ^; cela n'avance guère la question, puisque la difficulté principale est
que la nasale puisse tomber i ; il est vrai, M. Fleury donne un exemple
qui parait prouver la possibilité de cette chute :
Jouaé â pé ou nou ;
mais malheureusement cet exemple paraît seulement la prouver ; en
effets la traduction de M. Fleury est inexacte; jmtat à pi oa neu tjc
conserve loujours son orihographei ne signifie pas :
louer à pair ou non,
mais probablement : louer à pair ou aouc;
le c de noue est tombé, comme cela a lieu régulièrement dans les patois
du Cotentin septentrional*. Quant A tSro pour iSion, on me permettra de
n'en pas tenir compte ; on ne connaît que la forme lôtan dans le Val de
i.JJe profite de l'occasion pour apporter des exemptes plus anciens qoe ceux
que iii cités de l'emploi de acn pour l'tit. Dans la Citf d^amear, poème publié
en 1866 pïr M. Tros», or trouve prrpèlucllenienl ncn; lepoêincest du XIII'ï ,
mais le mt. d'après tcquel il a éié imprimé est du XIV* siklc ci irès piobuUc'
menl normand. — J'aiouie que djBï une pièce de la Afu« aa>mui<ii de 1619,
;jui me tombe p» hasard sous les /eui: (Floquel, Aauiottt normaniu, p. j6o),
on rc3Contre 1 plutieuri repriwt no pour an r Qaant no titnàra le prcmur logt'
mtot, Dtpiî 4iux /ours do m'a danni .irii, etc. — C. P.)
2. Je dis • aurait domii ■ et non • » donné, ■ parce que noua est plut que
douteux; on dit bien no\imai dans la Hague. mais i Cherbourg, Unonville,
Herqueville, les Pieux, etc.. on ne coniutl que la forme non.
;. C'est mèinc ta seule dimcollè, puisque, excepté à Jersey et i Cuernesejr,
on ne dit que ne.
^. Je dois dire lomefois qu'on connaît aussi, en partktilier daos te Val de
Satre, la locution : /«urfi i pe ou non.
Saire, ji Guemesey, etc. '. — Je ne parle pas naturellement de éfant,
fiwltr, pour tnfani, s'tnvoUr, qui n'oni rien à faire ici. — Puis il ne suf-
firait pas d'établir, ce qai n'est pas fait d'ailleurs, que la nasale finale
peut tomber en haguais, il Taudrai: montrer qu'elle peut disparaître dans
tous les patois où no s'emploie pour on ; alors seulement, c. q. f. d., on
pourra conclure que rto = non et par suite l'on et on. On voit que malgré
l'appui bien nécessaire que M. C. Paris, dans b noie si substamielle de
la page 344, est venu prêter i U théorie de M. Fleury, elle n'est point
encore démontrée, et que la question en est à peu prés au point où
M. G. Le Vavasseur l'avait ponée, sans s'en douter.
Charles Jorbt.
On sait comment le son /' (:') est sorti de di + voy. transformé; il est
curieux que des patois, remontant en quelque sorte de ce son dérivé à
ses éléments primitifs, te remplacent par di ; c'est ce qui a lieu dans le
parler populaire de Dotale (Auge), oîi l'on dit diè pour j'ai, diour pour
jour, ardian pour argent. Ce phénoméney est si ordinaire qu'on a inventé
un mot particulier pour le désigner ; on l'appelle guépé.
Charles Joret.
V.
R BAS-NORMAND.
I".
J'ai dit précédemment ici^nécne (XD, p. 1 2 {] que l'r du patois du Val
de Saire, qualifié de supradenul par M. Axel Romdahl, était uvulaire, et
que l'r qu'il appclaii uvulaire avait tout simplement disparu ou avait été,
dans la partie méridionale de ce pays, remplacé par un yod ; cette affir-
mation, j'ai pu m'en convaincre dans un récent voyage, est loin d'être
exacte de tout point* ; comme la question n'est point sans intérêt, on
1. Et probablement autsi àam la Hague ; les seules formel <)ue j'y ai recueJI-
lîei sont iStoit, ràmn on rduon, toutei, on le voit, avec « nasalisé.
2. Puisc)ue |c SUIS en train de fjire des recti6calionj, qu'on me prrmrttc
d'ajouter ks suivantes : p. |]6, I. }, au heu i'jtiMôlo, il faut probablement
élmitlo (voy. plus loin u valeur de 0 ; p. 1J7, I. 1 et ], au lieu it ioo<ve,
/oaùr^tti, Utt fouirc, faueijal : mivat f>., 1. 14, eiSacer I. itavin, et, au lieu de
Mvi[atSyl. nenaS; îbid.J. lâ, au heu de pwirùit)^ 1. poiuiie ; itHd., 1. 2j,
ai lieu de (msU, \. cotuU.
592 MÉLANGES
me permellra d'y revenir et d'établir, auwM que mes moyens d'informa-
tion me le rendent possible, la valeur de IV du patois de la presqu'île du
Coientin. Si au sud de cette région l'r n'est pcs sensiblement différent
de IV français, iJ en est tout auircment au nord, dans le Va! de Saire «
ia Hague. Au commencement des mots ei dans les groupes pr, br, etc.,
il n'est pas guttural, comme dans le français proprement dit et notam-
meni à Paris, mais à peu près cacuminalj quant à IV médial, il est alvéo-
laire ou supradenial, avec tendance à devenir posidental '. C'est un r
presque postdental que j'ai entendu prononcer dans nuùe, su/rt' i
M. Dchoux, instituteur d'Omonville-la-Rogue (Hague), maïs originaire
de Réihoville (Va! de Saire|. L'r m'a paru avoir la même valeur à Gré-
ville (Hague). Une dame originaire de Ferman ville (Val de Saire), qui a
bien voulu prononcer devant moi le mot Marie, a donné à l'r qui s'y
trouve un son se rapprochant beaucoup de IV provençal, si voisin, on le
sait, de Vi alvéolaire ^ Mais ce qui distingue IV médiat de toute cette
région, c'est sa faiblesse de son ; même quand il est prononcé distincte-
ment, il l'est rapidement et disparaît presque, dans une partie du Val de
Saire, au milieu des autres sons qui composent le moi ; à RévilJe, par
exemple, il est devenu une véritable sonante analogue à IV voyelle des
mois anglais lov.d, im; ainsi cucre [cuire) s'y prononce cai?e ■< ; il en est
de même à Barfleur; à Saint-Picrre-Eglise, il parait avoir complètement
disparu, 1) en est toujours ainsi quand r médial est suivi d'un t atone;
mais devant une autre voyelle il est parfois, au moins dans le Val de
Saire, remplacé par _v ; ainsi dans mon dernier voyage, si j'ai entendu à
Barfleur prononcer £>;3;« ou môme o^je le mol orage, à Gatleville, deux
kilomètres plus loin, je l'ai entendu prononcer oy3je, et dans un hameau
situé enire Saint- Pierre- Eglise et Cosqueville, on m'a appelé moyok'min
I . Je me sers des dénominations tmploj^écs par Sicvers, dans ses CraaJzâge
dtr Phon<lik.
1. Je désigne par i* un f qui s'est développé après u ou ou, U où le pitois da
Beuin a ta, i ou o; il pargft se rapprocher de l'j de niân, mais il ut moins
ouvert et a un son plus clair.
]. Cette ressembNDCe entre r et / des patois du Cotenlin septentrional a déji
été sigiulée. « Celle consonne^ remar<que A ce su|et le D' Le loly-Sénoville, se
ripproch« un peu de IV, ainsi dans tes cantons de Beaumont el d» Pieux on
dit à peu près moataU pour mouiir * <M. Le Joly représente par ta \t son que
jeiijSurc par (1 L'observjtion n'csl i '"
I pas eotiércnient exacte,, majs elle renferme
Îiuei'qiie chose de vrai. La dame qui m'a prononcé le nom est U'"' Le Clerc,
emme de l'inspecteur primaire oc Morum ; M. Le Clerc, quoique originaire
de Hagueville (Higuej, ne peut prononcer l'r de Fennanville ; j'y suis parvenir
eo faisant entendre un r provençal, comme dans roun.
4. Je me sers de \ï noUtioti employée par M J. Storm, dans son excellent
livre de X'En^hschc Phtiolagie. Je flois dire que l'instituteur de Saint-Germain-
des-Vaux. en n'envoyant quelques mots de sa commune, remarquait que IV s'y
prononçait comme IV anglais.
Fi BAS-NORMAND 593
le mamible blanc, qui porte te nom de monok'min dans le Cotcnlin pro-
premenl dit. L'y e$t-il ici une valable transformation de r, comme je
Tai admis amrcfois ', ou bien est-il tout simplement adventice et n'a-t-il
été introduit que pour éviter l'hiatus? J'inclinerais presque aujourd'hui
VCT» cette seconde manière de voir.
Quoi qu'il en soit, je n'en ai pas fini avec les différentes valeurs de
Vr du Coteniin septentrional ; à l'ouest de b Haguc, en effet, il prend
un son analogue au th doux anglais; c'est ainsi du moins que M. Gloi,
instituteur à Rjiuville-la-Place, mais originaire de Flamanvijle, me Ta
h peu près prononcé, et M. Le Boullenger, de Cherbourg, originaire
de hterqueville, à qui je dois de si précieux rensetf^ements sur le patois
de la Hague, m'a affirmé que IV se prononçait ainsi même à Cherbourg.
Cela n'a rien qui doive surprendre ; du moment où il tendait à devenir
posidental, l'r devait bien vite aussi tendre à se transformer en spiranie
du même ordre. Il est devenu tel ou à peu pris dans des patois de ta
Hague occidentale ; il re;il complètement dans plusieurs patois jersiais ;
ainsi â Saini-Laureni ei à Saint-Pierre il se prononce (fc, à Saim-Manin,
où il était resté sans doute plus alvéolaire, il a pris le son z ;
A Saim-Manin i disent vae
Faisant de l'r un z comme en pczt.
A Saint-Luoihains et à Saint-Pierre
L'r entre voyelles se change
En ik, est-che pon étrange ?
St un poète jersiais».
11'. — R FINAL ADVBNTICR.
Tandis que l'r final a disparu complètement dans tes patois bas-nor-
mands, là où il était étymologique et où le français le conserve, il est
curieux de le trouver là où le français ne le connaît pas et où il ne
parait pas étymologique. M. Axel Romdahl, dans son glossaire du pa«HS
du Val de Saire, a donné la forme «ur comme la troisième personne
pluriel de l'indicatif présent du verbe rouit (vouWr), mais v^ur est aussi
la troisième personne du singulier du même temps dans ce patois ; le
dialecte jersiais connaît également cène forme, et il l'emploie même i la
première et à la seconde personne : \'vtur, lu vtars. De même ti«7 fait
au pluriel uir. Ht. dans le patois de la Hague et du Val de Saire, ainsi
que du Cotentin septentrional ; il fait yèr [tir) dans ceux de Jersey et de
Guemescy. Dans ces derniers n«7 (vieux) se dit aussi viVr avec r final
). Mimoitts et lu S«ciiU dt Uaguisù^u, V, 64*
I. La Noavtllt Annit. Pièces en jersiiis, 1875, p. H et 16.
Romaait, XII
ï8
{Ç4 MéLANCBS
au masculin. Comment expliquer l'r qui lennine ces différents mouf
Quand on considire les formes veulent, riàl qui ont un / étymologique,
on pourraii être tenté de voir dans l'r des formes patoises équivalentes
nar, lier une simple iransfoimaiion de i en r; mais si r représentait ainsi
VI de voiuni, 'veclo, on se demande pourquoi 1'/ de 'volitis, 'rctta ne
serait p3& lut aussi représenté par r; or aux formes leur, vur corres-
pondent, non rourez, vUrt. mais watayVilli; et puis comment expliquer
uir ou 5r et yir à c6té de Ue ou û et de (Vf. quand 1'/ étymologique a
disp.>nj depuis si longtemps des premières et s'est conservé jusqu'à pré-
sent BU moins dans l'une des dernières ? Mais il y a plus : dans le patois
du Bessin le pluriel de nerfu (nepoie'i se dit souvent nn-fur inepo tes);
ici il n'y a pas plus d'f au singulier qu'au pluriel, et par conséquent on
ne peut expliquer par un changement d't en r la finale de neveitr '. En
présence de ces difficultés phonétiques, )e crois qu'il vaut mieux vtnr
diins te fait que je signale une simple épenthése de r ; peul-éire y a-i-on
eu recours pour distinguer des formes qui sans cela se seraient conlon-
dues, comme fi(r) et n. t^uoi qu'il en soit, on trouve encore cet r dans
le patois de Jersey, au pluriel ckour de chou \cauie; et satur de $aeu{lf
(solo|\
lllV _ R = W.
A Dozulé, â l'extrémité orientale de la Basse-Normandie, les mots
commençant par h aspiré ont substitué r i cet A; ainsi
h^ie, hameau, hareng, honte, hoax, etc.
se disent rèe, raitii, rar.in, rente, roa, eic.
avec r guttural: comment expliquer ce fait? Vb d'origine germanique est
fortement aspiré dans nos patois, mais cène aspiration exige un effort ;
peut-être est-ce pour l'éviter qu'on y a substitué r, beaucoup plus facile
à produire. Quoi qu'il en soit de celte substitution, clic n'est point parti-
culière à la contrée de Dozulé ; on l'a signalée aussi dans l'arrondisse-
ment de Pont-Audemer . en particulier dans les communes situées sur la
rive gauche de la Risie t.
5 octobre iSS).
Charles Jorst.
I. Il est vrai qu'on pourrait ici voir dans l'r une traniformition de l'i finale;
mais cette explication ne convient plus pour vrnr = To lu nt, ti/r =; veclo,elc.
3. La fioartllt AnnU. Pièces en icrsuis, i8j'4, p. 9; 187J, p, 6.
. Evrtux, in-S*. 1879-1883.
I. Dtcttoumirt ia p^tùtt nornuu m usage dam U ÀipitUtatitt de VEuri, 1.
^^^^^^^^V^^CHAHSOKS NOCU DC LA HAUTE-SOURCOCNe 59f ^^H
^^Ê
^^^^^^Thansons de noces de la haute-bourgoone. ^^M
^V Cette chanson est chantée pai
■ les jeunes filles du village de Mellecey ^M
^H (Sa6ne-el-Loire) A la mariée.
Le commentaire qiû suivra les couplets H
^^^^ donnera les détails de la cérémonie. ^M
^^^^^
En deux corps vous n'aurez qu'une ^|
^H Voici le plus beau de vos joun,
|Jlme. ibis) ^Ê
^^B Le }our de votre mariage.
Si ta rcmmc aime son époux, ^^^H
^^^^ Jeanes geoi, petisez-y loij|ours:
Ce jour vous semblera bien doux. ^^^|
^^^^B Peosez-y, » vous êtes sages, [bii)
^^1
^^^V Voici le plus beau de vot joun,
Voui TOUS êtes prorois la Toi ^^^|
^^m Jeunes gens, peoseï-y tott]oars.
Au sacrement de mariage ; ^H
^H
Il faut observer cette loi, ^^^H
^H Voici une grande action.
Votre parole en est le gage, (ftij) ^^^H
^H Jeunes gens, que voui allez faire.
Vous vous (tes promit la (bi; ^^^H
^H Faites-]' bien réflciion.
Il faut observer celte loi. ^^^|
^H El fie soyez pas téméraires, {tis)
^^H
^H Voici DUC grande action,
Demandez au Dieu de bonté ^^^H
^H Fahes-y bien réflexion.
Qu'il voDs donne en peu d'années ^^^H
H
Une heureuse pmériti, ^^^H
^H Voici pour vous un jour heureux ;
Par une sainte destinée. fAif) ^^^H
^H II faut en tirer avantage ;
Demandez au Dieu de bonté ^^^|
^H Un jour qui vous unil tous deuK
Une heureuse postérité. ^^^H
^^L An sacrement de mariage, {bis)
^^1
^^^^K V(Mct pour vouï un jour heureux.
Jeune fille, touvenez'voui ^^^|
Qu'il vous (aul quitter père et nére, ^^^|
^^^H Un jour qui vous unit tous deux.
^^H
Pour suivre partout votre époux. ^M
^^^^ Si vous vivei- en Iwnne paix
\oytz ce que vous allez faire, (bit) ^^^Ê
^H Et si voos biles bon ménage ;
Jeune lilte, sou venez -vous ^^^H
^^Ê Si vous fie vous fAchei jamais,
Qu'il vous faut suivre votre époux, ^^^H
^^Ê Dieu bénira le mariage, l.tis)
Si vous suivez ce droit chemin, ^^H
^^M Si vous vivez en bonne paix,
^^^^ Si vous ne vous Uchcz jamais.
Vous serez toujours consolée, ^^^|
^^v
Et l'eau se changera en vin ^^^H
^ Si la femme aime ton époux,
Comme aux noces de Galilée. (Ins) ^^^M
^H El si l'éponx aime sa femme,
Si vous suivez ce droit chemin, ^^^|
^H Ce jour vous semblera Uea <loux ;
Votre eau se changera en vin, ^^^H
596
MtUKCeS
10.
Jeune fille, ïOJvenez-vous,
C'est le bon Dieu ijuî vous l'ortlûnne.
De n'aimer jamais d'aulre époux
Q^je celui que le cJel vous donne, {tts)
Jeune 6lle, souvenei-vous
De n'aimer jamais d'autre époux I
I r.
Et qu'aucun amour étranger
Ne vous oblige i le chanj^er.
Et qu'aucun amour étranger
Ne vous oblige â le changer.
llrii)
11.
Aimez votre chère mailié
Comme Jésus aime l'Eglise,
D'une sainte cl chaste amitié,
Et soyez-lui toujours soumise. |Mi)
Aimez voire chère moilié
D'une sainte et chaste amitié.
'î-
Si Dieu vous d<inrie des enfanU,
Ce sera le fruit du mariage.
Elevez-tes bien sagement
A servir Dieu dès leur bas Age. (Au)
Si Dieu vous donne des enbntt,
Elevez-les bien sagement.
14.
Ne souRrez danï votre maisun
Ni l'ivrognerie ni le vice.
Craignet-les tort avec raison,
Alin que Jfsus vous bénisse. (Us)
Retournez dans votre maison ;
Fuyez le mal comme un poison !
Cette chanson est, j'espère, d'une irréprochable moralité ! C'est une
chanson de noce ; mais son heure n'est point celle du repas ; il faut être
à jeun pour si bien moraliser. — Du reste, ce sont les jeunes filles qui la
chantent.
Voici au milieu de quelle cérémonie.
Le jour du mariage, toutes les jeunes filles de Mellecey, — peitt vil-
lage i trois lieues de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loirei, — se réunissent,
le malin d'assez bonne heure, pour se diriger vers la demeure de
l'épousée. Je dis « toutes, » car les invitées et les non-invitées font
indiitinctemenl partie de cette réunion, pour laquelle elles ne montrent
point de grands frais de toilette, leur costume de travail le plus simple
étant souvent celui qu'elles gardent pour cène circonstance.
Une fois groupées, elles se mettent en, marche, et, aussitôt arrivées
prés du seuil de leur amie, elles font cercle, et la bande juvénile, bras
nus, en bonnets, en sabots, en tabliers de grosse toile, en jupes nouées,
commence i entonner notre chanson, — qu'on pourrait presque appeler
un cantique.
Les époux paraissent aussitfti, et le cortège, toujours chantant, les
mène à la mairie, et de là, à l'église. Les invitées, qui sont en belles
robes, assistent seules à la messe ; Les autres restem tranquillement dans
l'enceinte du cimetière, oii elles attendent l'issue du service divin. Quand
la noce son, la troupe au complet reprend son pèlerinage pour recon-
dtôre le couple uni au domicile conjugal, — où, cette fois, il y a des
CHANSONS DE NOCES DE LA HAUTE-BOURCOCNE $97
trmpèes pr^arées pour tout le monde, ei auxquelles tout le monde ne
manque pas de faire fête.
Après !a ucmpée générale, une autre chose reste encore à offrir aux
jeunes rapsodes, ei ce n'est pas l'épisode le moins piquant (soit dit sans
jeu de mots) de ces rustiques épousailles. La mariée, aux dernières noies
de l'exécution vocale, distribue à chaque chanteuse, à titre de remercie-
ment, une certaine quantité d'épingles. — après quoi celles qui ne
sont point de la noce se retirent, satisfaites, pour retourner à leurs
travaux.
Cette singularité fait partie tellement essentielle des usages de cette
journée, que les jeunes paysannes disent sans variante, te malin de
pareil jour : 'i Nous allons chanter la Epingles, » et que la chanson, qui
y est complètement étrangère, en a même reçu son titre.
D'où vient celte coutume, et quel sens lui trouver ^ Il y a certaine-
ment li-dedans une leçon d'ordre et de soins de ménage donnée par
l'épousée à ses nombreuses et obligeantes camarades.
C'est moins mouvementé que les jà^èfs du Mori-an et autres chansons
dialoguées à l'aide desquelles il se joue, entre les mariés et les gens de
U noce, une espèce de petit drame ; mais cette démarche collective de
toutes les jeunes villageoises d'un endroit, allant (aire amicalement de la
morale à leur compagne, n'en est pas moins une manifestation touchante,
une cérémonie donnant l'idée de mœurs douces, et qu'il est bon de
signaler au point de vue de l'étude de l'esprit de chaque province.
Comme forme, on peut remarquer, dans cette chanson, le refrain,
composé de la répétition presque toujours textuelle des premiers et troi-
sièmes vers de chaque couplet (sauf dans le dernierj. On dirait d'un
acheminement au triolet.
II.
LE POMMIER {LE POUMEf),
Cette chanson. ^ cette espèce de complainte, comme l'appelle l'ami
qui m'en a envoyé la copie, — se divise en deux parues très distinctes.
La première partie est dialoguée entre les invités, qui arrivent de
chez eux, et les parents, qui sont dans ta maison de l'épousée.
Us imités.
Ouvrez, ouvrez vos portes,
Car nous roulons entrer.
Les parents.
Nos portes sont toutes ouvertts ;
Eniret, si vous voulez.
.q8 mélanges
Les invités.
On nous a fait accroire
Qu'il y avait ici udc épousée ?
Les parenU.
Ce n'est pas un encroire ;
C'est bien la vérité.
(Id, le groupe des invités entre chez la mariée.)
Les invités.
Oo vous talae, la belle,
L'aimable société !
Les parents.
Regardez à gauche, i droite ;
De suite vous la verrez.
lUn des invités porte un arbuste fleuri, qu'il offre à la nouvelle épouse,
en lui chantant son petit madrigal.)
Belle, voici un arbre
Très bien chargé de fienrs ;
Mais pas tant chargé de fleurs
Que la belle l'est d'honneur.
^Aprés ce compliment^ un autre invité s'adresse à une personne Agée :]
Le chandelier sur la table,
Le brin-d'amoar planté,
Tenez, la Unte,
Le brin-d'amour prenez I
Le (rîff-tfdmour est un rameau de Tarbuste, cueilli par l'autre invité,
oScft d'abord à la personne âgée, puis, en fin de compte, dirigé vers
l'épousée avec le dernier vers, qui n'est un compliment pour elle qu'en
éunt une épigramme contre la soi-disant tante.
te pirleur continue :
Arrière, b tante I
Le brin-d'amour laissez.
Laissez, la tante...
Ce n'est pas pour vous.
C'est pour notre épousée,
Qui est plus jeune que vous.
La SKoade f«rtie de la chanson change complètement d'allure et de
nrtwit, tJto devient une luigue nomenclature, débitée sur un ton de
CHANSONS DE NOCES DE LA KAUTE-DOURGOCNE $99
litanie, et dam laquelle bon nombre de fruits som appelés â figurer.
Tout s'y déroule bien, d'ailleurs, jusqu'au dernier vers, qui parle
à'oabtits venant sur des caMUrs. C'est nouveau... Je ne serais guire allé
chercher cette production autre part que dans la boite cylindrique des
marchands de plaisirs.
ChapeUt.
Voici in ceristt
Qui Tiennenl lur noi cerijien;
Ctai. pour lervtr
A r^in»!})* tociiti.
Void des pommes
Qui Tiennent sur nos pommiers ;
C'est pour «rvir
A l'aimable sociit(.
Voici des poires
Qui viennent sur nos poiriers;
C'est pour servir
A l'aimable lociélé.
Voici des pèches
Qui viennent sur nos p^hen ;
C'est pour serrir
A l'aimable société.
Voici des prunes
Qui viennent sur nos pruniers;
C'est pour scrrir
A l'aimable société.
Voici des sorbes
Qui viennent sur nos sorbien ;
C'est pour servir
A l'aimable société.
Voici des noisettes
Qui viennent sur nos noisetien ;
Ce$t pour servir
A l'airoablc Miciité.
Voici des noix
Qui vienneni sur dos noyers ;
C'est pour servir
A l'ainublc société.
Voki dei amandes
Qui viennent sur not amandiers;
C'etl pour servir
A l'aimable société.
Voicj des figues
Qui vienoenl sur nos figuiers;
C'est pour servir
A l'aimable société.
Voici des chkugiKS
Qui viennent sur nos châtaigoicn ;
C'est pour servir
A l'aimable société.
Voici des oublies
Qui viennent sur nos ouUiers ;
C'eit pour servir
A l'aimable société.
D'ordinaire le o chapelet » s'arrête là. Je n'afTirme pas que, selon la
saison, on n'y imercale point parfois quelque couplet ; mais il finit tou-
jours sur celui des miblits. Y at-il jeu de mots et allusion ? Ce ne serait
guère transparent.
Après cela, on continue les apprêts de la cérémonie, et Ton procède
au repas. J'ai grande idée de croire quil y a plus de fruits dans la
nomenclature que sur la table.
Cène chanson a été chaniée longtemps dans la côte chalonnaisc (Cha-
lon-sur-Saône, Saône-et-Lwet, et notamment Jt Mellecey, prés le Bourg-
600 MÉLANGES
neuf. On l'a encore entendue fréquemment dans la première moitié du
siècle I.
Elle est un de ces importants petits drames qui se jouent auz noces
villageoises, et qui offrent un certain intérêt à cause du déploiement de
personnel et de mise en scène qui les accompagne.
On se demande pourquoi c'est le second des fiiiits mentionnés qui a
donné le titre à la pièce ?
F. Fertiault.
I. « Plusieurs personnes de Mcllecey ont été priées par M. Desnoyer, pro-
o priétaire audit lieu, de se réunir afin de se rappeler la chanson du Poumei.
t AussitM qu'elle m'aura été remise, je te l'enverrai ■ Chalon-sur-Saône,
janvier iSss-
COMPTES-RENDUS.
Brinnenui^'wortfl an Friedrich Dlex. Brvetlerle Fasiung der Reie,
wdche zuf Enthùllungsteier der jd Diei' Gebutlstijus jngcbrjchtcD Cnlenk-
tïtel ia CiKsen am 9. Junî 1&8] gehaltcn wurdc von E. St8>*6el. Marburg,
Elwtn. i88{, in-8', 104 p.
Le 9 juin de ceite année, le t Cartetiverband neaphilologischer Vcrejne aur
deutschcn Universitrtcn t Mans quel monde ditlérenl du tiAtrc â tous égards <
nous tr3ns])0rte ce titre intraduisible 1) donnait à Giessen une petite fite. Il
s'a^suit de découvrir la plaque pos^e par les soins ei lux fr.iis de ce * Car-
lelUcrbaDd > sur la modeste maison oti Friedrich Di» n9<)uit le 1 1 mars 1794.
A cette occasion, M. Slengel prononça un discours dont il vient de nous donner
une Forme amplifiée, documentée, et iiugmcnlèe de divers appendices Ce dis- J
cours est très intéressant, et nous remercions M, Slengel d'avoir procuré celte]
compensation i ceux qui n'ont pu se rendre i Gi»»n. C'est la vie de Din. quei
l'auteur a suflcut retracée, essayant d'en fiier au moini les u^îts princi-j
pauK. Cette vie ne fut pas seulennit obscure et simple; elle fut pénible. Dès
ses débuts Diez rencontra dans sa carrière des obstacles qu'il eut grand'peinc i
fraochir ; parvenu eti5n i être professeur 1 Bonn, il y eut longtemps une vie
singulièrement étroite. Son traitement annoel fui d'abord fi8:]) de ;oa ihalcri
(1 1 i; (ranal, cinq ans après de 400, en i8j4 de 600, en 1849 de ;oo, eO'
t8i8 de 80D, en 18É1 de 1,000, en 1867 de 1,200, en 1872 de 1,700, enfinj
en 187; de 1,900 (7,iii francs); 1 ces maigres honoraires il ne faut ajouter]
que bien peu de chose pour les cours payés par les étudiants, car Dtei ne les I
attira jamais et ne chercha jamais à les attirer. Ses travaux, estimés dès leur '
apparition, ne furent cependant pas, dans son pays, appréciés tout d'abord i
leur véritable valeur ; it n'esx pas exagéré de dire que ce furent ses disciples
suisses, italiens, français, qui, i partir de 18^8 environ, en exprimant leur
admiration pour ses écrits et sa personne, contribuèrent surtout A entourer
5on non d'une reciomméc qu'il méritait si bien. Les vingt dernières années du
maître furent matériejlemeni un peu moins pénibles, et, malgré u profonde
et naïve nwdeslie, il jOuit profondérarnl de la justice qui lui était désonutS'
rendue, et dont les témoignages lui arrivaient de toutes parts, — A mn
attachante esquisse, M. St. a joint des appendices de grande valeur : sans
pvler de quelques poésies oii l'on voit Diei amooreux et humoriste, on lit avec
intérêt ses lettres i Diefcnbach, à Wackcrnagel, i MM. Mussa&a, Ebert,
de. Il n'y a rien dans ces letues, surtout dans les plus récentes, qii puisse
Col COMPTES-RCNDUS
enrichir U science ; Ditz iun tout entier dins ses livres, et m d^ns ses leltres,
ni dam sM entrniens, ni mime da&s ses cours, il ne se révélait comme le
grand savant et le penseur qu'il était. Mais on y trouve de prcdeuset indica-
tions sur son caractère, non moins rare dans son genre que son esprit, et il
est i souhaiter qu'on publie, pour le charme de ceux qui l'oni aimé cl de ce»
qui ne l'ont pas connu, le plus grand nombre passible de celles de ses lettrts
qui sont encore inédites.
G. P.
& short hiator^ of Prench lEteratnre by George SAiitritntiRT. Oxford,
at thc Cbrcndon Ftcss, 1SS2, x\-y}i p.
La plus grande pirtie do livre de M. Saintsbury dépasse les limites od »
renferme ce recueil ; nous n'en dirons donc rien, nous tMsrnant il signaler l'ap-
prî-ciation 1res favorable qu'en onl faite lies critiques compétents (voyez par
c«mple l'article de M. Paul Bourget dans l'Acadtmy du 10 février 188^). Mais
M. S., comme on F'a déjil remarqué ici (XII, 419I, a fait i la littérature dui
moyen ige une part plus considérable que celle qu'on lui accorde d'habilode
dans les ouvrages de ce genre, et nous croyons utile, soit en vue d'une nou-
velle édition, loit en vue d'une traduction française qui, croyons-nous, se pré-
pare, de présenter quelques observations rectificatives sur divers points de
détail. M. S. a très bien vu l'importance européenne de la littérature française
du moyen âge; son livre s'ouvre par les lignes suivantes, qui surprendront
assurément plus d'un lecteur (surtout hinçMi), mais qui sont parfaitement'
justes ; * De toutes les littératures européennes, (a littérature française est, du'
contenlement général, ccll'f qui possède l'hisioirc la plus uniformément fertile,
brillante et tr interrompue. A l'époque actuelle elle peut le céder i d'autres,
mais le lien entre le langage des monuments les plus anciens et les plus récents
est bien plus étroit en France qu'il ne l'est dan& ces littératures, et la lécon-
dité des écrivains du moyen âge y dépasse de beaucoup celle qu'ils ont montrée
dans tous les autres pays. Pendant quelque trois siècles, l'Angleterre, l'Afle-
magne, l'Italie', et, moins sâremenl e( i un moindre degré, l'Espagne, se con-
tentèrent d'emprunter pour b plus grande part i la France le fond et la forme
de leur littérature. • Il n'y a \i qu'un lait aujourd'hui reconnu des savants et
constaté nettement ; ailleurs l'auteur montre un jugement personnel et sagacr.
Je ne citerai pour le prouver que cette réflexion profonde par laquelle se ter-
mine le livre I (p. i-i^^): 1 Les conditions essentielles de la littérature do
moyen 3gc. sa foi êirangére au doute, son sentiment d'un cercle étroit de co?»-
oaissancn entouré d'un vaste inconnu, son acceptation des ordres et des classes
I. Nom ne pouvont que savoii pi 1 l'auinr de ta lympaitiie pour noire ItRJrac
mais noua ne Murioni trouver bon qu'on déprime iniiuitmcni k son profit cellA 1
auuci part. P. itJ. voulant montrer l'inconvemcni qu'a eu pour l'iiilie l'tUat prénti-'^
Itiré de u liltérarure 1 la Henjiitiin^-^. m. s. é<rii : a Depuis la trn du ivi* siècle,
ItUliea n'a pas apporté iin huI chcf-d'ofuvre I U liltéraiure «iroprennc, « ne lai ■
donné que bien peu à'oavTênti iju'on puttie appeler At bon vMond ordre. » AuutMicM
un pareil jugrmcnl 4 lieu àt turprrndrr, pan^ lur un piyt qui, pour at parler que de
«tw-ll, peut (lier dît» te ah\t kv\ le» iroii noms d Alfitri, de Mantoni « de
Leopirdi.
Saintsbuhy, a thon history 0/ Fttnch literature 60)
''liui l'iglilt et l'eut (jiccf^Ulion icmpcrfe par U tali» la plus vive contre les
individus, matî bm urement par une discussion îles pnndpui, allaient perdant
leur lorce. Tout était prêt pour une nouvelle èrt. • Judicieux, intelligent,
large d'eipnt, M. S. est surtout habile ; son travail mente éminemment l'épi-
Ihiic anglaise de tlntr.
Il faut bien le dire, s'il pense par lui-m^me, il s'en faut, en ce qui cOBCertK
le moyen âge, qu'il connaisse toujours par lui-mfme, cl qu'il travaille de pre-
mière main; son tableau de notre ancienne littérature est un arrangcmicnt fort
adroit, mais oit l'adreue n'a pas toujours réussi i oi^squer l'imperfection ou
l'iaeiacttiude du savoir. Une preuve stiffitaale du peu de personnalité que
l'auteur a apportée i son travail est fournie par une circonstance toute
matérielle. Il a cm devoir donner, — ce qtii me senble en réalité Ëtrtnger i
Une histoire littéraire, — des ipéeimcnî teitueU de <iuetques-UBi des ouvrages
dont il parle. Il Imprime ainsi j6 morceaux en prose et en ven, dcpub 1rs
StrmtMi jusqu'à une scéue de Paltiia ; or sur ces j6 morceaux, 24 sont pris,
ans d'ailleurs que l'auteur ait jugé nécessaire d'en avertir, dans ta Ckruiamatiât
de M. Bartich,cequi avait, il est vrai, l'avantage de fournir i M. S. des textes
fgénéralement bien établis, mais ce qui ne prouve pas précisément chez lui une
jraAde lecture directe. Il n'y a que la poésie lyrique qu'il paraisse coniuUre d'un
peu plus prés; au moins parmi les 11 citations qu'il n'a pis empruntées i Bartsch,
8 (Pastourelle p. 6), Tibaud de Champagne p. 68, Adam de la Halle p. 70,
Jcaonot de Lcscurel p. 106, Machaut p. 107, Dcscbamps p. 108, Alain Char-
tier p. log. Charles d'Orléans p. 110) sont des poésies lyriques (les quatre
autres sont un court morceau de la Ctutrti en prose el en ven et dem «traits
du Heman di la Rou). Mais après tout on ne peut demander i un historien de
la littérature française depuis les origines jusqu'à nos contemporains d'avoir l«
toutes les avTres dont il parle; il doit suffire qu'il puise pour s'informer i de
bonnes sources et qu'il e.\pose bien ce qu'J en tire. C'est ce qu'a fiiit le plut
^louvent M. S3intsbur3' ; je vais signaler un certain nombre de cas plus ou
^tBoint graves da^i lesquels son information ou ion exposition laisse à désirer.
rJe ne prétends nullemcnl hrc complet dans ce relevé, où tout ce qui est omis-
sion est forcément Jaissé de côté, et oîi le néglige également bien des divergences
de jugenenl. Je ne donne ici que quelques notes prises au courant de la kcture.
P. 7. t II peut être regardé comme certain qu'au XI» siècle non seulement
des lois, des chartes et d'autres documents publics étaient écrits en fraii^ais,
etc. » Nous serions bien heureux de connaître des chartes françaises du XI* s.,
ou seuteinent un indice de leur existence. ^ P. 8. TrOMvire serait < la forme
plus ancienne, et dans ce cas pins usitée, • de Ireavtur; disons i ce propos
qu'il auraK été bon de donner sur U déclinaison 1 deux cas de l'ancien français
un peu plus de renseignements que ceux de la note p. <jS. — Sur 1^4 pages,
Jes chansons de geste n'en occupent que 16, dont 3 remplies par des citations;
|ee n'est pas proportionné i leur importance. En revanche, l'auteur aurait fort
bien pu se dispenser d'écrire le ch. III sur la littérature provençale, où il avoue
^i-méfflc ne faire que suivre Bartscti, et qui était en dehon de son soiel. —
Le ch. IV réunit assez bizarrement les v romani d'Arthur et de l'antiquité, ■
lUadis que les romans tl'avetiture sont répétés au ch. VIII. Ce qui louche le^
604 COWPTES-RENDUS
roDians bmcos laisse beaucoup i ditirer; on ne peul rtprocher i rjulrur de
ne pai avoir éclairci no sujet [usqn'i présent auui obscur, mais il aurait pu ttre
plus exact dans ce qu'il en dit. Notnlu (p. ;4) est ua non imigiruire ioaai i
l'auteur de VHiilom Bnloaam (voy. Hom. XII, J69). M n'est pu vrai que
M. Paulia Paris ait prétendu, et encore moins (p. )i] • Rioutré, que Nennins
«st suffisant pour rendre compte de la part parement arthorienne des rwnjtti el
des chroniques subséquents; » mon pire a toujours admis rczislence e( (a
^Jinde influence des lais bretons, — Dans u note bibliographique ip. J6-J7),
M. S. semble ignorer l'existence Oe l'édition de la Qt^ite du lâint graat p«r
M. Pumivall ; il qualifie d' < excellente, ■ ce qui est vratmeat trop, l'édition
du Ptrccral de M. Polvin. — P. };, Doos lisons que Chrétien de Troyes (ut
attaché aux coun de Flandres, de Hainaut 1?) et d'Alsace tconfosion venue sail
dOBte de ce que le comte de Flandres était Philippe d'Alsace] ; il eût bllu (ur-
lout oieationner celle de Champagne. Nous apprenons auui qu'il 1 composé un
poème sur Guillaame le Conquérant : ici la mcprt» est compliquée; il s'agit
du Cuilhame d'Anglatrre d'un cerUtn Chrétien, qui n'est sans doute pas Chré-
tien de Troyes 1 V07. Hom. VIII, 3 1 $|, et sur la foi du titre M. S. a crn qu'd
s'agissait de Guillaume le Conquérant ; mais la simple réflexion (sans parler de
l'extrait qui est dans BartKhl aurait db lui laire voir l'invraisemb lance de cette
idée. — En parlant de Chrétien, M. S. remarque ,'p. 17) : ■ Son Chataltu à !»
Ckatrtth, par lequel il est peut-être le plus généralement connu i?i, contraste
malencontreusement par u prolixité avec la prose nerveuse et pittoresque d*oè
il est tire. > Et en preuve, il donne It passade du pont de l'épée dans la prose
el les vers, qui ne confirme nullement cette allégation. En revanche, ■ le Ptt-
cera! et le Chaal'ur a Ljan sont de (rés charmants poèmes, profondémcnl
imbus des caractères particuliers du cycle : mysiicis[ne religieux |P|, galanlene
passionnée et courtoisie r^fBnée de manières. « — P. 59, le Ptruvâl en prose
idont le ms. est i Bruxelles et non ) Mons) est « sios doute possible plus
aocten que celui de Chrétien. » C'est précisénieiit le contraire qui etf viai. —
P. 4j, à propos de X'AUunirt, M. S. dit : » Lt maimiuit \\\ que noos es
avons est probablement de quarante ans au moins plus jeune (que la neuvième
décade du XI1<- siècle). » Cf. Rom. XI, ii}-j}j. — Ib., le Psetido-Callisthénes
est appelé un écrivain du VII* siècle; c'est une errenr de quatre ou cinq siècles,
et il n'eit pas plus exact de dire qu'il a puisé dans Quinle^urce el Plutarque.
— Parmi les analyses de fableaux qui occupent une partie du ch. V, plus d'au
laisse 1 désirer comme exactitude. — On en s^it plus que ne le dit M. S. wr
R<Mtl h Contrtfait (voy. le mémoire spéual de Wolll, rt |e ne sais pourquoi
ip, f 6 el dans la prébicel il penche i donner plus d'un auteur i cet ouvrage. —
Peire Vidal »t nommé (p. 6at au lieu de Kaimon Vidal et Ip. 8]} au lieu de
Peire Wilhem (bien que Peire Vidal soit mentionné, i bon droit cette fois,
p. )o, parmi Ie:t troubadours, son nom cie figure d'jiillcun pas i rîwkx). —
Tout ce qui est dit p. 6; sur le rythme « iambique ou trochaique 1 des chan-
sons de la première époque est assez incompréhensible, et l'auteur serait sans
doute en peine de l'exphquer. — Pourquoi, dans la citation de Mousicet rela-
tive à Conon de Béihune <p. 6-j], remplacer < estoit mors ■ par < fui occis, •
qui contient une erreur ? — Sur le cbltclain de Couci et la dame de Faiei,
i
LuLL, Libre de! orde de Cavayteria 6o{
vo)r. Rom. XII, i<,<f. — P. 69, pour connittr? Adam Je \i Halle et set
^BVTes, M. S. renyoie au Thiitu frjtiçoh sa moyen Jge; le l. XX de VHistoirt
iiltérairr tl l'édilion de M. De Cousseinalfer paraixtent lui être inconntis- — Dire
iiniquemenl (p. 76) de la Vu àt i^ini Thomas par Garnicr «jn'etle * mér'Ht d'Are
>nentionnée, comme auisi un poèmcr anonyme mi let guerrei anglaises en
Irlande, ■ c'est îmgulitremenl (aire ton A cette œuvre hurs ligne. ~ P. 79,
le litre de Likr dt Cnatuiit donné encoie au Compul de Philippe de ThaoR
montre tjue l'auteur ne connaît pas la publication si importante de M. Mail. —
Dire (p. 8it que le Cattoitmtni d'an pire a ton fils « vJenl, quoique indirecte-
ment, du Pantahatuntm, » c'eU manquer de précision et même d'exactitude; î!
faudrait remarquer en outre iju'on a en vers Irancais drui traductions de la
DiicifUtu flemalii de Pierre Alphonse. — P. 81, « l'ouvrage de Guillaume de
Lorris doit avoir été fait avant 1 260, et probabletneat plut idt ; ■ lisez : avaot
IÏ40. — P. 8j, Jean de Meun n'était pas surnommé Clopînel parce qu'il hoj-
tail ; c'était son nom de (amille. — Ib., Dangiir n'est pat < le ^rdien de b
belle, père, frère, mari, etc.. • mais bien la personnification du refus que la
femme oppose auK demandes de l'amant. — Pourquoi (p. 9ji, dans le chapitre,
d'ailleurs assez confus et incomplet, sur les romans d'aventure, mettre en tète
l'un des plut récenti, le CUomadit d'Adenet? — P. 96, Denit Pyramot n'est
pas l'auteur du PorUnoptm ■/( Blgis (je le répète au moins pour la diiiéme foisl.
^ Ib. « Le roman de DoSopaikoi a un grand intérêt liiiéraire, dont nous
n'avons pas besoin de parler ici. 1 Voilà une singulière appréciilion ; l'aoteur
paraît oublier qu'il en a dé|i parlé ailleurs [p, siU c" ajoulant, fort inexacte-
ment, que ce poème est la forme en vers da récit dont Jes Sept Sagtt dt Remi
sont la forme en prose [Dotopathot et Sepi Sages manquent i l'indei). ^ La
Chronique dt Rtimi, t bien que momi piilortsque que Villchardouin et plu
tlriclemcnt prosaïque, a de grands mérites de style \p. i}0}. t It doute que
M. S. ait nne idée nette de ce qo'est ce charmant ouvrage, l'un des plus » pit-
toretqaet, » i coup sûr, du moyen Jkge. — L'index, comme on a pu le voir,
est très incomplet.
Ces critiques, qu'on pourrait radlemcnl muitiplier, seraient très graves
adressées i un livre dont la littérature du moyen Sge formerait le tujel essen-
tiel. Elles n'nnpéchent pas que M. Saintsbnry n'ait eu un r^l mênlc à la com-
prendre dans son tableau girnéral, et que l'exposé sommaire, mais juste dans
les grandes lignes, qu'il en a fait, oe puisse être utile au public.
G. P.
UbPe â«l orde de CaTaylerla compost a Htramar de MaJIoroai
per rntstrc Ramon LiTi.r., Barcelona, iibreria de.i Alvar Verdaguer [1879],
in-ti*, xxxvj feuillelï.
Si nous annonçons aussi tardivement un livre paru il y a quatre années, c'est
que nous venons seulement, grJee A l'obligeant envoi que nous en a fait l'éditeur,
d'en avoir connaissance, et nous avons tenu i le signaler i nos lecteurs. On
savait que Lell avait écrit un livre sur la chevalerie ; mais on ne l'avait retrouvé,
jusqu'i présent, ni en catalan ni en latin. M. Agutlô y FusUr, passionné,
comme on sait, pour tout ce qui intéresse l'ancienoe littérature de son pays,
6o6 COUPTES-RSHDUS
ayavi vu, dini une fMiblicitiOD psrae il y a trente ans, qu'il en eiôuit m
tRiimtscnt i Cadix, en pirvenu i s'en rendre acquéreur, el tl vent bien aajovr-
d'hui communitjuer ion bien au public*. Il a donn^ i 5on éléftinie pltquene
fisped d'un des produiu d« l'impancric éublk en 148} par Nicobs
Calafat dant ce même Mîramar 06 Luli avait jadis (ond^ sôo Eineax colUge,
et il l'a dédiée i l'archiduc Louit-Sauveur d'AutrKhe. qui a réccfUDCOt
achrtf ce mtme Mirjmar pour le faire restaurer. A la saïle du tnilé de U
chevalerie, M. Aguilo a imprimé des coblti inédiies de Luit, oA il engage i la
crwsade les roii ei les chevaliers cliréiiens', ei de cuneuseï cvbUi dn roi
Pierre IV d'Aragop, relatives aussi i la perfection chevaleresqse. et adressées
par lui, en 1 )78, i son fils Martin.
Le livre de LuIl ne manque pai d'intérêt; on eti trouvera une analyse et une
apprécialion dans le tome XXIX, actudicinent lous presse, de VHtttoin litli-
rdrt dt lu Ft»na. M. Aguilà dit dans sa préface : • Nostrt filosof vo4ia qoc
axi coa ht funtttt, tlt «idgtty tU ciagaa han mauU t /i(e, r apttHtn litr offià
pa itttUini dt Ittru... tiom fta ttafa dtl Otdt dt Csiajlartj, i ^atjot ititnoâ
tttita^ I fUf foi art mastradd con ton mctiradtt ta iiitm icuneti. Rst conseil ion
escoltat?... En lo catonen i^le U gentil ploma de Don Juan Manuet, grai
sdtejadora de tes obrn de Ramon LuIl. se apodera del irictat y Tensel seii sens
BDOmenar a son autor; y en In quinzen, callatillo lanbc, la bntasia de Mossen
Johanoi: Martorell, inspirantse en gran part eo les desigs jr ensenyances de est
doctrinari, malavejaaposarlosenaccio enlosantraalscapitolsde son (amos Tirant
lo Btanch. » A vrai dire, le Ubro dtl CtMlao y dtl Eicadtro de D. Juan Manuel
est bien plus (trif^nil que le traité de Lull, et celui-ci n'aurait guère approuvé
l'esprit tout inofidaio qui régne dans Tiraai U HImc; mais il et.t certain que te
prince espagnol d'une part el te romancier aragonats de l'autre ont copié le
début du livre de LuIl, dans lequel un écuycr, qui va i U cour d'us roi pour y
recevoir l'ordre de chevalerie, s'endort sur son citeval, et arriva ainsi au bord
d'une fontaine, oti il trouve un vieux chevalier devenu ermite, qui lui coaunu-
niquc 1» It^Rs de %on expérience sur U noble profetuon qu'il veut embrasser.
; C'est là un motif qui retient i satiété dans les oeuvres de l'auteur de Hlim^ut/mi,
et la double imitation qui en a été faite i propos du sujet spécial traité dans le
Uyrtde l'crdn dt thtvaltrit montre que ce livre, resté longtemps inconnu pour
les modernes, a joui au moyen âge d'un succès qui en augmente U valeur pour
l'histoire littéraire.
G. P.
fJosi LciTK UK V^Fnosneu^.':, Btbllotheca ethnosrftplUc* pertv-
eoeza. I. Tradlçfreii populares de Portugal [volume unicoi, Porto,
Livraria ponuense de Clavel et C*, editores, 188a.
Il Portogallo ha coninciato da qualche anno a presentare un notevole e serto
coDtnbuto al taperc Iradmonale designalo colla frase id^Icsc, cppure assai cal>
T. M. A. s'est auiti terri d'un maoïisail iKompki, du xv lifete oomne le mu,
appanemnl i M. Amer ; milhtuieusement il ne nom tait pas nxinaTiie les kçoni diver-
gentes de chacune des deux cnpin.
I. L'éditeur ne nous dit pis de quel ait. ce petit poème est tiré.
LtlTE DE VaSCûNcellos, BMàthtca tdinographicii pOTtag.ttKa 607
zantr di Fatk-Lort, t giovi in omaggio at vera riconwcere l'afidamento scientï-
fico, assunto coU da lali studt pcr opéra precipuamente di âlcuni giovani, ma
beiieaieriti proleuori del Cuno taptnoi dt Uttiés di Litbona, quali il Coellio, il
Graga. il Consiglien-Pedrojo, t col concorsodi alln valorosi tetlfrali quali i Si-
gnorîTeiitira Bastos.Oliveira Marttns, F. MartinsSarmento. ReisDamaso, A.d«
Sc^udra Feiraz, A. Thomai Pires. TuUavia uno dci pi6 operosi, c solerti, a mio
zTtàtrt, è il HcV.. Joiè Leile de VasconcellM, coi l'etHcizio AtW arte ututart
non tinpediice di trovar uœpo bastevole per raccogliere i necestarl maleriali aiti
allô sludio délie pairie leggende e iradiEionî. Oi quesla sna atliviti aveva gii
finora dato prova con varl articoli tmportanti di démo psi col ogia rnsertli in parec-
chi giornalr portogheti, e con altri opuscoli a sumpa, ira cui meritano partico-
lare mcniione i due (ascicoli : Fragmtntas dt mjthoh^it popular portagatzaf
Porto, Typographia nacional, 1881 . ed EituJo ttknograpkito a projvtito Jm Orm-
mtnla^do dot lagos e (angas dos bo\$ tias pro^incias pùrtagtuzûs do Dearo t Muiho,
Porto, Empreza do Iorxai. i>'AotucLn.'n.-nA. 1881. 1) prîtno di qnesti dae fasci-
coli contins due schizKicHlici. unointilolato -.AtMoirjt* tVthto'.OS.Joéo*.
Il Mcondo hvoro (ved. Hom. XI, 6)4)èuna Jescrixione molto importaote |re$3
anche piti chiara is opportune incisioni spellanti ail' argomrntoi ed una spie-
gaiione délie dipinlure, con cui si adornano coniuncmcntc i gi^lii de' buoi Belle
proviQcie tiel Uouro c det Minlio : «si per tolilo offrono immagini di itelle, di
coori, di abbozzi d'uomini e d'animali, di croci, di oiiiâ, di pentagrammi, e <li
figure geometnche . Quindi nella Iratlaiione dHI' argomcnto ed ancora nel
profRiio lin cui rgW dimosira il caratiere agricofo dHIc pupclaziorti priimiivc
del paese, avuto riguatdo ail' area coltivala, ail' anlichrti delU coaosccnza
detr agricoltura fin dai tempi preistorici, aile tradizioni campestri, consistenti
nelle supentizioni e nella Inieralura popolare, c ail' aratora det suolo mercè i
buoi) l'autore Uova modo di comunicare a' lettori parecchie nozioni di qualche
rilievo inlorno ai castumi, aile Iradizioni, aile formule e prcghiere ma^iche, c
agi' mdoTinelli del suo paese. Tanin più prc^evolc poi li rende questo lavoro,
malgrado la lua breviti, inquancochè sia csso primo di tal génère, non avendo
alcuno finora trattato un argomfnto cosîlTaito, che pur merîterebbe di allirare
l'attenaiooe délie pertone coite, per poHe in grado di giudicarr conrenien-
lemonte tull' cli e stitla significazione di lali dipinturc, dcsidtrio cbe a buoa
dntto csprime l'autore in Rne del suo lavoro.
Ma lapera maggîore del Signor Leite de Vascoaeelloi è senta dubbio il
volume délie Iradiiioni popolan portogtiesi, al quale l'allro insigne tcUtorisIa
porloghcse A. de Scqndra Ferraz fa un' interessanse agghiata di irentasette usi,
^upertlriioni, cAotiche, brevi Irggtait in ua suo articolo întilolalo: Pahlka(ia
r. te Molrai corritponditno aile nottre II^eg^c, c per eoc ndi pure 7.. Consiglteri-
Itdioio, T"idi^iàt! pirputeta partiiguiias , Porto, Imprutta wntmercul, 1881, btc IX :
Ai MeiirM tataaudas , t A. ô^tlho, Kivuia iPtlheol^ia t de ttsfttfrla^ié , utudottnottt
UttxM. rhomat Quiniino Antaca i83i, tuA. IV, Eaiiitdcs mjthicu e fUioat éMadat
il fadtra lùtrcnatarati . [Ud. I6â ; XV : ttoaraj fn<aniidaj t ihtJiiiini in(aataitn.
1. Per queiio vedi CODiictieh-Pitlrcto. CoMlribuiçiu p^ra ama Ujtluflagu pùfititr
foilagufzé, Itl : AlguioAi ja/^rtUfii! t trtnfûs fopâtaia tûamas i imit t a» dié dt
S. Joâû, t Cot\iio, up dl., Itx. Il r III : Uatma ^ra 0 atudo dÂtfatût, trofat
t cotouita popatAftt pomgaaa, Catendàri» popiUér, pa|. 74 : S. loSc.
6o8 COMPTES-RHNDUS
dt Foikierittat, tnierilo nd giornale portoghesc di Oporlo : A AOuâlUâât,
anno IX, n' loj, io(>, J07 (lo, 13 e ij sellnnbre i88jI. Questo voIbow ^^^na
il I ilclU tua BihUùtheti ttkjtographkd, t dovri taen icguito da Cjuattro jhri :
Faitoi pofulâns portagimtt t logos iafanttf de Portugal (prcss' a poco analogo
nella prina parie ail' articolo del Cocibo sopra cilato che si conlicnc nclla un
Rnisld J'rthaoloiti : Maltriati part o estuJo Ja ftitit, crf^fas t tcstama pofu-
tara portugueml, Potitat popahnt; Bilhi-ArUi popalârn c Contos popuiutts
Jt Poitugal. Avtva H Nostro promesso di pubbiîcare an Aiunurio parj 0 tUmda
iat trjilifits popahrft portagsuztt pcr il 188) consimile ^11' AlmMiuth drt tttàh
tiens popaUira del RolJand, c infalti lo ha sUmpato: qoeiL 'Anamno comprcodt
prima il calendano popolare per il 18S), poi varî articoli de' prindpali folklo-
risû portoghesi, in fine udj tautfni bibliografica, un reodiconto di parecchî
pcnodtci, F la croiaca. Da questo fuggeii'ole cenno è facile argomenUre l'impor-
tanza notevoic di laie Annuano. Ritomando al volume iMic Iradiiîoni popolan,
Mso ê diviso in undici capiToli : I Cli Asiri; Il il Fuoco, la luce; 111 l'AtmosIrra:
]V l'Ac()iia ; V la Terra ; VI le Pielre ; VII i Metallt ; VIII 1 VegcUli ; IX gli
Animal) ; X l'Uonio e la Donna ; XI gli Esseri soprannaturali. NdU prefuione
l'autore, rilevandone la somma serieti ed utilitd, mostra che te tradîtioni risaJ-
gono nella loru origine ad eti molto satiche, eincontrandoti m paest differeati u
riconneitono a quesiioni molio conpietse e interctsanti, poiché, 0 vi ebbe una
comun icaùone fra i luoghi, in cui le nietinimet'incontrano, 0 lutte riconotcono
una comane fonie, o Hilînc sorsero indipendcnti le une dalle altre, quindi è chr
il volume si puà riparttre in tre sezioni ; nella prima l'autorc raccoglie uoa parte
di C16 che gli anticbi scrittori lasciirono rispetto alla Liaitaoîa e al PortogaSo
aniico; nella seconda comprends U tradiiione popotare ponogtieu ruodema;
aeWx teru egli va comparando alcuni fatli naiionali con qucHt di altri paeti, col
quai raftxjiKD vieoc provando usa dclle tre afiermaiioni sopra indtcate. Sotto
i diverti capilolt veggiamo raggnipparsi «iperstizioni, mi, giuochi, novdliM,
indovinetli, cantî amorosi, inraniili, sicri, lormule e preghiere nugkhe, scherzi,
proverbt in praporzione diversa fra i var) capital!, ticché alconi di quetli n« abbon-
dino, come <|uello degli animali, c altri nescaneggino, corne 1 doe délia Itrra e
dei metalli. Il melodo segujto dall' auiore, e cosî anche da altn mitogra6 per
e«mpki dal De Gubernat», dal Sibillot, dal Consiglieri-Pedrosû, dal Codhoe
va diccndo si è (juello inizialo dal fondalore délia scJenza dftU milologia conpa-
rala, Adalberto Kuhn. Esso (brsc pfesenla una sconcto, vale a dire di loftoporre
ail' indagine dei leltori i var) Tatti troppo separatamcnte l'uno dall' altro. senu il
rallronto di esii, benchè lal fiatJ poitano parère, inentre ool sonoin realti,dis-
parati fra loro idonde la ragione, per la quale i motleplici fallt che a porge
l'autore, ne pauano davanti disgregati, staodo da ii ognuno lenza una paroJa dd
raccoglitore per dichiarare, 0 definire ta tradiziotie slessa) taie metodo ne otfre
pcr& un vanlaggio nolevole ed è queUo di far Irovarc, a ch'i sttidia ud djto Argo-
mento, lubito il fatio che cgii cerca. Per la collezione délie suc traditioni l'au-
tore ha naturalmenie rsptorato merci i stioi amici e corriipondenti, i cui noni
nporla nclla pTcfazione, tutto il Portogallo, e tpecialmenie da U stesïO la pro-
vincia di Beira-Alla, dov' i nato e vistuto in rapport) conlinai col popolo
durante la sua giovinetia, e vi ha raccollo un buon numcro di fatti ; egji coafeuk
Leite de Vasconccllos, Bihliotheai ethaograpkka portugaeza 609
Cfaend 1S7& air «là dt >7 0 18 anni, recatoti m Oporto, accoo d'entutiasmo
per l'esteso oiovioxnlo scientifico de) ucolo, cominctas» ad occuparsî de) Ffftl-
Ijore, abboisando « dando alla lace i sooi primi uggl nel 1878 nel gîoraaie
l'Aarora do CjvaJ^. <^tiindi i manifesio. che il prcsente rolune comprcade ta
nsuiffla parte degli arlicolt da lai pubblicati in larl g'rornali portoghesi e itra-
tiJcri, accrcKtulo dî molli fatti nuorj, ed ora offerti lasieme uniti alla tcienza
che cgti coltiva. Perché i lellori potuao poi JCcerUni ddb serieti e veractli
<]i ïjaanto egti loro offre, si da non dorer aulla Hchiamare in dubbto, dice che
<]u«ti Util furono tuui 0 raccolti dirctumentc da lui, 0 per esso da persooe di
sua picoa fiducia. La mole dcl volume det Sigaor Leite de Vasconcellos, t l'es!-
(piili dello ipazio riservjto alla présente rasK^na non mi permeltono di conti-
derarlo paniiamenle ne' vart capitoli; del reito anche sna rapîda ecchiata al
medesimo batttrâ per moïtrarcî essere quetto volume un' incsausta minicra di
rare cogai2ioni per )o pstcologo, per lo storico, in tiiu parola per chiun<)ue
ami cib cbe spetia A popolo. Andrà qumdi (|iiJ e li tpigolando qualche fatto
che abbia pure il suo rticonlro nella tradiaione popoSarc itaJtana. A pag- 5
ricorre la l^^genda dell' nomo confiiuio entro la iuoa m pena dell' av«r lavo-
rato nel giorno festivo, per la quale si vegga il mio saggîo crîlico : Cjiio c U
ipiae iuondo DjnU e ij traéizioiu popùUrt, eîiratlû dal Pnlodio di AncoiU n* J,
del ;i gennafo iKSi, come anche i'L'omo ntlh lana, appendice ad esso traita
dal giornale pditico l'Araldo dî Como, 24 Marzo 188a, e cosi pure VArthim
ptr lo studio dtiU îradizloni popchri del Pilrè, a. I, faïC. Il, pag. 396-97.
Cfr. aocora Sébillot, Tudit. it taptrsl. ecc. t. Il, pag. }$6 : L'homme dans la
tant [col medeiirno titolo occorre nei conti di Cert)DaBd, Camojr ecc,]; O. Pe>
schell in un arlicolo dell' AUganeint Zeilang, 1S69, n' J13, riprodotto dal
Locwenberg nelk sue AbkaitJlungin ziu Ctographk and Ethnographe, Neue
Folgc, pag. 317-17; Tht archoldogical ioarini, London, 1848, V, 66-67;
^nnû, Popahr anli^aaiii. 1877. III, liJ-Hi Hebel, Altmanmithc CtJichte,
Aanu, iSi9, pag. }é-)8; LudwigBectutein, Jf^erfftfit^BfA, ;j*ediz., pag. i}4 :
Djs hinniun tom Misnn ini MonJt ; Morgenblatt, i86j, pag- 54) ; A. Ruha,
WistphaHsiht Sagia, Ctbrjaclu unJ Mteukia, 2, 8), Leipzig, tSj^ ; Ouo
Sutermeistcr, Kiniirr- md Haissm^rcfun, Aarsu, 187}, n* 57 : Dtr Mann im
Moadi Rochholi, Nauimjtlmiy Leipùg, iSàa, pag. 348-49; LutoK, Sagta nui
dtn V Ortin Luzan^ t/n^ ScAwy!, UnUnialitn, und Zag, pag. {ij; Kuhn,
M*rk{scke Sagin, pag. :i7, 107, 140, Berlin, 184} ; B. BBader&, Volksiagta
ans àim Landt Bcdia, Karlsrube, i8}i, pag. 4^, 417 ; Mûller und Schambach,
SïiAitts^ikiistbt Stgtn aad Manhta, pag. 8(, 84, 87, 241, Î46; K. Simrock,
Handiiudi dtr deiittflun Mythologie, Bonn, A. Marcus, 1869. pag. ii : Mann îm
Moaà ; E. Meier, Sàgen, Sititn, tinj Ctbr.riube eus Sthuubin, Stuttgart, rSja,
n' a}7< ^i^i Teitimc, Altmarkitckt Sdgtti, 49 : Dit Spma'm im Mande. Roch*
ho)z, Cl.mbt, 11, 17 ; F. Panzer, Btitragc zttr Jailtctua Mytkologit, II, 199 e
il6. A pag. 1} occorrono i veni proverbiali :
Nlo ha Sabbado sem sol,
NcRi alecrîm scni flor,
Ncm DKniaa boniu ïeiD amor (Moticorro).
Kommiê, XII }9
6lO COMPTES-RENDUS
Dopo egli ne riporU altre lezioni poco diverse; a Livorno il popc^ino canta
quasi allô itesso modo :
Non c'è sabato senza sole,
Non c'ë donna senz' amore,
Non c'è rosa senza spina.
Non c'è prato senz' erba,
Non c'è camicia senza m...
La variante di Oporto corrisponde alla Spagnuola :
Nio ha Sabbado semSol,
Nera velha sem dur,
Nem menina sem amor.
Nella Spagna, seconde D^ofilo', si dice :
No hay sàbado sin sol,
Ni doncella sin amor,
Ni vieja srn dolor.
A pag. )j si leggoRO questi altri in nota :
Aurora rubla
O' vtento 6 llovia.
simili ai livoraesi :
Aria rossa,
O piscia, 0 soffia.
A Como il popolino dice :
Nivol râss, I O acqua, o bAlf (vento).
Nel resto detia Lombardia :
Nigola rossa, ] O vent o gossa (pioggia).
Aria rossa, | O la pessa o la boffa.
Nigoi ross, | 0 aqaa o boff.
Ne! Vcneto si dice :
Cielo rosso, | 0 vento, o giozzo.
Aria rossa,
0 la pissa o la supia (soffia) *.
Nel Trentino si dîce :
Nugola rossa, t Vent o gozza.
In Francia, nel Messin è comune il proverbio analogo :
Roch au s' la levant,
S' a pi6ou ou vent.
A pag. io8 occorre la saperstizione, secondo la quale dal serbarsi verde noa
pianta, o dal seccarsi è agevole rilevare se una persona assente sia sana o nalata,
viva, 0 morta. Nelle note comparative alla 2* delte mie Qaattro novelUiu popolari
livornai a pag. i2j e seguenti ho indagato la genesi di taie superstîzione, ed in
essa ho riscontrato le traccie di un mito vedico; infatti quando gli dei del para-
diso d'Indra e questo ancora sono vicini a mutare esîstenza, perché soggetti essi
I. El Folk-Lore andaluz, riviita di Sivigli) a. I, H' S, Onobre i6Bi, BibUofr^ for
Demofiio (rendiconto di qnctto volume di Traduits fOpaUtu it Partugili.
1. Variante générale iuliana :
Nuvola roggii, | 0 vento o lûogpa.
r
Leite de VasconcelujSj Bibliothua ahnographUa portugatia 6i i
pare ails k%gt detb metempsicosi, awertili ne sono, secoodo î Buddistr, da
^vesli segni : i* le toro ghirlande ippasslsoino, l' le toro vesli si coruumano,
)• l« loiti spalle si coprono dî polvere, 4' ttanno a diufiio seduti sut loro
scanoi.
A pag. 1 14 è ciUla un' ornione galliziaiu estraltJ dall' op«ri : Pariutù
Port. Mo4. 390-1 :
Padrc nuutro pMiueniho,
L^va-ne por bo camiAo,
K\i> ftiD, al6 cheguei.
Très Marias encootrei etc.
Qnest' onziofie popdare* occorre pure in Iulia t En Francta, vedi D. G. Ber-
BOfli, Pnghivi popolan vtntziant, Venoiia, Afltonelli. 187], pag- 42, a* 49 :
PMtr ooatr fitkcnw ; F. Coraziini, / (ompûninniû ruinori dtllt UtUrûWi p«pih
lare H^iaaa tui priniifali dialttii, Benevenio, K. de Centuro 1877, Orjiwni,
pig. 189 : L'aiK marié picànina, e pag. ^90 : Palir noiXa piainin {var. del
Priuli) ; Oana$« Arbaud, Chants fo^iâira àt h Pimtna, Aii, iSii, due vol.,
n, pog. ÎÎ-Î4 : PâUr ha puil (Provence) ; J.-F. Bladè, PoUia populùnt dt
laCanof.nt, Paris, MaisotineiiTC, i88t,I, \'*^t\\t'.Poluttttl\guiua,aaii9Ht,
paj. 2-6 : Pattr U petit, ccc.
A pag. 1 2 {-a6 occorre ta novritioa ddl' uccHlo Pavone 0 Crifooe, di coi qui
non sto a indicare le inmimerevoli varîaali ilatiane e straniere, perché troppo
nou.
A pa(c. 140 è riportata in compendio ma DDvclltDa popolare portoghese,
iatitolata : A tcrrt it Babihata, {jium U tôt timcs nuit totiu. Quesia novd-
Ima occorre m Ccelho, Conlot nâcmua para f/cjn(ai,pag. ^0,0' 18 : Histvr'u
ia tarte in Madoriu qam ta tac nie lom; Idem, Coules populartt portugatm,
K* 16 : A f«rrf Je Baiyhma Iper le varie altre lezioni di essa novellioa vedi la
•nia nota al n" [6 oella recemiooe critica da me (atta di quest' opéra neBa
rivista d'Ancona : Il PrtIuJio, a. V, ti'6, }o Mario 1S81); cfr. ancora Ma-
ipons y Labr6t, RonàûUayt^ ^ntot popalars atâluts, 1 * sene, n* ^ : £« tatteli
é'iràt y no'n tornaràs ; Cbodtko, Coma dts péysÂiii et pétrei slms^ Paris,
-Hachette, t&d^, pa^. ^t : Kctland; CaltaJatiCatalà, iS6^, p»g. lot {UtgtnJa
dt Saut Jordi): Mittral, Mir^jo, poema, canto X] (leggeitda proveozale di Santa
Maria;; E. Sauvettre, Us dttnun Brdons, Parts, iS^S, pag. ;o : La Mury
Morgan dt FElang m Dm ; Basile, Ptatamtrotit, G. I, T. Vil : Lo UtrtéRtt;
Straparola, PiauroU NtUti, N. 111, F. i«; Vai. Schmidt, Dit Mxnhtn du
Strêparelo. Beiiio, Duncker uad Hunblot, 1817, n* i) : Dtt Thus^tk; Voa
der Hagen, Lieder dtr tturtn Edds, Bertin, 1813, n* 40 ; Caprins, Ccittes otUa-
taux, Amsterdam, 1780, 11, f2; ; Consiglien-Pedroso, Portugiuie Folk-tala,
Londoti, Elliot Siokes, 1881, n* 2 j : 7^; Stuit «/ Fish ; nella colleziooe délie
fioT^lirte popolari rvjse iradotte ■■ îngitse dal Ralslon vedi quella dal litolo :
hM eaerogiwio. Per le oamefosc varianli slave di qnesU novdlina popolare si
I. Vedine hu vntime ponoghese, in Cm Hom, rvvtiu m' rj, Camima magin do
fno pottugtu M UmH' Uiic de Vaicoiudlas. il. OrutSa, n* i : fadn nouo pe^ur-
Mtn, fat, }4o; Ârame/tr h ttwdio dtlk îradit. pop., fuc. iv, a. I, pag. {80,
VauoanlM, mât l^antlr portagiuuu, 0* 19, c.
6 1 2 COMPTES-RENDUS
condiltino \t dotte note del V'ollner 3t n' ro e r t {Voa dm :B-n F^ukertithim,
t Voa Jen ârti Brûdeia, and ihria Thitrtn) dei Litaaisckt Volittitâtr und M^nktn
ton A. Luk'ta and K Hragmait, Strasïburg, Trubner, iSSl, lo poiieggo porc
parecchie vcrstoni lanlite umbre c livorntsi di qucsU noveUma popolare.
A pag. 172 occorre un conio popolart infantile simtte a qu«lto de) Codbo :
O rah do gato {Contvt poput. yort., n* 10); vedî pure Sul«rDiettt?r, Kmétr- and
Hattm. N* j : Mûtii gaag du itrtt ; Grnnoi, K. a. H. n* 18 e jo : Sirohlulm,
Kohit tttid BoHnc ; Lautchta and Flahchtn; E. Mtyer, Vaiktmmrchtn atu StAm-ii-
bia : Hahnli and Hûhah: Simrock, Dcattcht Marchia : Kdtztha and M^ruiehat;
Fr. Staub, Sihwciitrdeatscke Votktîpnehe and Sith, 1868, pig. ^^ : Dat Brot
im Sp'tt^tl ; Burbrd Waldts, Fab. (>7,lit>. }, 1(41; Saga rtnalts. 1648 s. I.,
Cnfundia peiitid, pag. jl-jj : PraitJ, faba et stramtn, «c. ; Hatliwdl,
Nurttty rhjmts 0} England, 2* td'it., pag. 6 t 619 ; Popular thjirus, p^g. ( 1 ;
Kulia und SchwarU, Sorddtutuhe Sagai, Mardun and Gtbtfacht; Marche»,
n* 1.6 : Oie Ffd, dos Hipftl un dot Huidd ; Fjrinenich, Valt(rilimmtn, II, 6j ;
Enticloptdia, rirista di SiviglJa, a. IV, n' lo, pag. ùii : El gartanata inord-
lina popolire andftlusa seguila da una variante pure andalusa e pubbitcaU 'ni
dal Signor Machado y Alvarez) ; El Foik-Loit anJatai, n* â, pag. Jo8 : C«-
slumts papuUus hispano-poitugaczes^ IV Unga-itiiga ipubbticala dal Leite de
VasconcellDsi ; nella Rtrista littridria di Oporto, a. I, iSSi, n* 6, Folk^Un
\lï\ La F.niidopidïa, misa t'unùfiiû-i'aaatia^ n* ao, jo Ottobre 1880) ricordi
il Leite de Vasconcellos un jojo de prtndàt (gall^jot che colla noveUina pcpo-
lare andalusa citata : El garbanciu e con <]uc1la portoghcse ; A niaanztiri
do aucaco considefa come Ire forme diverse del medesimo soggeito ; cita pure
un teito di Don Quijoti, ctie manifesta mente vi allude, e l'analoga nota dd
Cervanlei : Et gato al rato^ cl rato J U (wrda, U lattda al pdlo, \i quai oola
in modo évidente prova, pcr la Spagna, l'antichtt^ rdatîva ddia Indiiî^ne.
A pag. 207-8 occorrono delte graiiosiuime ninne-nanne che s'assofliigliaso
asui ad alcune inediie ddU mia collcziooe di Cnati iufantili livornesi e ad akre
îtaliane e slranien!,a me oote, cfae per brevitâ ometto qui d'indkare.
L'uttimo capitolo del volume, comc si è deito, si raggira sogli nseri sopr.
lurali comincianilo dai lupi-mannari \lû!!tihomcnsi\ »u queit' argomento ba t^tlo
una belU nonogra6a il prof. Z. Giiisiglieri-Pecirou), vedi le sue Trtd. ptp.
part., n' VII : Ot lobis-homtiu ; ne tia pure parlalo il CoHho nella sua Rimtt
d'ithnologiay articolo : Entididtf mythitas, tf XVIll : Ot hiit-komins Itile
articolo dci Coelho concorda perfetlamente con tutto quest' undecimo capî-
lolol. Pcr laie superstizione dr. pure Raliion, Thi Songt 0} tht Riuiun
Ptoph, as ithstraUM 0/ Slaiiuùe Mythelegy, London, Bliis and Grecs, 1871,
chapler VI : Sontrj and Wttthtraft, Wtrnroha, pag- 404-9; Afanasielî, Po€-
tnkukiij Votiruru/a Slivjaa /u Pnioda iPoetîche imnagiiii degli Slavi intorao
alla naitirai, Moîkwa, 1861-69, ire volumi, vedi il III' pag. j49-t}t ; Edm.
Vecfcensiedl, Stig'". y^'t^ta and à^tfglautiufu CtbiMuthi, Graz, Leuschner,
nnd Lubensky, iSSo, pag. )9{,noXLI :0<r Wawolj ; Criom, Dairuki Mytko-
hgu, 1049, e Dtuttchc Sagtn 21 j ; W. Hendcrwn, .\oitt on Iht Folk-Len w
tht Noriktrn Cowttia of Engtand^ êni iie Bofdtrt, Nnova ediz., Loadoo S«t-
chell, Peyion and Co-, 1879, pag. na e |8J ; E. RoJland, Faont pofaialrt 4t
LsiTK DE Vasconcellos, Uîbltothecj eihnographica poni^eu 6 1 )
U Fr«a», Piris, MaisonuDve, 1877. 1. 1, pj^. t)j-^9i SimTOck, Dntuht
Sdgta, peg. 467; Ttiiek, Dantiurks FoIkiSagn^vOi. Il, p>g.2-j^;Ztituhhft far
iatstlu Mjtbologit, I, 241. j+4 ; Wojcicld, Kltch4y, St»r«:jtf>i fft/ifflw 1
fovusd ladowe^ i> ediz. (Lff^ende, tradizioni. e conti popohrï), 1, ioi-i(,
ip'iS ; Kuha und Schwarli, NcrJJmtuht Sjgtn, M^rtiun ianl Ctbraïuht u.
s. w. A. Sigcn. d' 11 t 2\i e le nspcuive lune; Masxus, YoUamjrriltat Ja
Daittthta, Ldpzig. J. M. Cebhardt, }" AoA. : Dit Nixc dts Bimiuai^ Dtr
Wjtkivolf pag. iH-t9> Olhonit Meiandri, JMwam at^nt stntnim libri U,
Soukaldiae, ex oliicina Kczeliana, 1611, pjg. 819-11, n' ^^(< e 777 : Ûf
piuila m t^aam vtrsa ; ùe qaodam Lyaonc riittno, c finalmcnle Paul Stbillot,
Tradilieos a tupentitions de le Hasite-Bttîagnt, Paris, Maisonneuvc, i88j, I. I,
dup. viti, % 1 : Les loapj-gafoot a la homm<t tfûnsformis in Mt$, pag. J89.
Su questo nedesimo argomenio ho dettato uno studio critico ; Là Uuntiopia
lulla traiiirioiK popolsu. prossino a pubblicanî.
A pag. !■} j-yS del volume di quesle iradiiionî popolari del Sîgoor Uite de Vas-
concellos a propositû degli Olharapos iper î quali redi R/y. tihn. del Coelho,
[asc. IV, art. cit., pag. 161 1, l'autorericorda unaltru encre mjlologicûanalogo,
cioè YAikaraio non guari diverse dil greco Ciclope e dal basco Tattara, Alutrmê,
prougonista d'una variante gillixiatta de! mita ellenico di Polifeno (lu cui
primi U Crimm, e poi il Nyrop h^nno faiio ciascuno un iraportanle itudio cri-
ttco, il sccondo completnento del primo^, édita dal^rof. Conslglieri-Prdroto a
pag. 370-71 del fasc. Il, a. I dell' Ardtnw ptr lo ttiidio drllt traJi:. popel. di
G. Pitre. La }* délie mie QaatlTO novtUme popoUn romani pubbbciic nd iSAo
a Spoleto pei lipi del Bossî, e ialitolata : L'Oukivo, t un' allra mia BovHhoa
popolare piemomese tnedita idi Mondovi) : Oaiîoiia, tÏ conispondotw apfnintino.
Altre versioni ilali»ne e strjntere nuove di «so mito, oon indicate dat Njrrop c
da est fonc prendcrà l'occasione per bo' appendice al bvOfO dct Nyrup wno
una mesiinese : La tanta di lu CiropUdHa édita da F. Canniizaro a pag. pS,
fasc. IV, a. I deir Arthino pa U Iraéuiont pûpoiàtt del Pilri, una leconda
dei Tibti del Mezzogioato dal titolo : tfmotthm (probabile alterazione popolare
di Monofiitas) rîepilogata dal pro/. Gîulto Giani nel uo srticoto ; Pmp<nuUt,
Gtmaniu SoIJato i Prtte OItvo ntiU ttggfodt pofoUtt, ;irticolo chc v Icggc hJ-
r Umhiiâ, strenna per il 1878, an» I, Pemgîj, V. Bartdli, rS;8, pag. 61-91;
viu tena abruzxeïe in Gennaro Finatnore, Ttaitttom popoUn a¥ruitui, vol. I,
Smdit (Parte prima} LasciaM, R. Carabba. iftSa, pag. 190. v ;8 : Lt fnu
dt l'UouhU''n-frAaii. Uaa variante niinana ti trgge m P. U^inK9,Lt fiait, taa
BâtmiU Raménlfiré^ aduiutt dm gatê pofsniai, Bucorttct, Tipografia Aca-
denict reni*e, 188], pag. 101, n* iS. Il prof. ioAqoinCôiUoHuiod&uitiifflo
brron : Fottia poptlst upéMs j autelogu y Utttatura CtUO'It'upaïut, MadrM,
InpnnU de b Rerâta de Legnladod, 1881 |cipit. IV : Historu ii U putià
pvpaUr updHatt^ | ig : Potf>4 ipuvrdigicié j miIWJ j cotmtg4mi4 uH»-ftu-
p*M*) : Ltgiad* uUr «/ Sui dt Etfaii ta U Eàid MtJ'u » pjf. ] i£ <we che
t U kggwida di PoliJcnM o M gigaatc coa &n ocdûo ia btmU, pDfoUrc tvUora
DcDaCMlibhi cadT AadalBM... h di aoi Mcotuca mIio lorw di asvdbH
kD' Alla Angou. « la mu a ^msio piMo npom le HganQ parait di
Ucacadez PrUyo, fùttûnâ dt toi idnadom ufà^u, t. ), f*g. 247 : ■ D
6l4 COUPTCS-RENDUS
ciclope de la mitologia griega te hj convertido para luslros Montaneses n
ojAiKino (lingui comiiRe ojanton), y los casos que se le atribuyea tieocfi harta
semejaiua con toi dct Potirecno de la Oct>s». > Cfr. purel. Schmidt, Du Thaten
BogdA Cttstr Chan's dts V'irùl^trs du Warztl dit zAn Vtbtl in Jin uha GtgO'
dm, mongoliichc HetJensagt, St. Peler*biirg, t8î6 (leito). i8;9 (Iradnx.
tedcscit, Itbro IV ; W. Scfiott nelle Abhaitdlangtn Àa kaaiiglUh ^liaer Ala~
demie étr Wisiensclu/ttay philos. -bistor. kl. i8{i, p«g. 26{-9t ; Berohard
Ifllg nelle Vfrhandlungtn dtr Wiinhrgtr pkilûJogtn Virummlung, Leipiig,
1869, pag. 18-71 (Il racconto mongolico analogo al mÂo di PolifciBO i riepl-
logalo dallo Jûlg a pag. {-7 dell' estratto dalle Vcrkandlaifgin] ; vedi aocora
Wcbstcf, Basqut Legtnds, 1» edi?., London, Griflîth, and Farran, 1B79,
pag, 4-6: Tfu Tartare (tre Teriiont), e liaalmentc LiebrecM m UUratariUit ftr
gtnuamsthe uni rcmanitche PhilologU, iSSa, n* 1 (rccensione critica ddia
Otonografia del Nyrop : .Çjgitrt om Odjttnit og Pelypkta, Kiwbeahavn, |g8i)>
Dat rendicDiitD tzuo del volume dri Signor Lcîie de Vasconcellos potraoao i
ieltori agevolmenic hlevare che le ladi tribatale al medeiimo non sono puDto
eccessive, ma vengono sug^^erite e, sto quasi per dire, imposte dal singolare m«rilo
inlrinieco del lavoro, frutto di lunga e coKienziosa meditaiione, di profondo
Critico acume e di non cotnune e svariata dottrina. Ni convîene passar soHo
silcnzio che dalla studio parallèle dei canti. del racconlit delle sapersttxKjni,
degli usi, e dei proverbi det popolo, t dalT accoppiamento armonico delle coii-
siderazioni di mitologia a quelle di filologia comparata l'autore sia stato condotlo
Daturalmente aile più felicî conclusion] nell' indagîne de' «art fatti demopsicolo-
gici, e senza pedantesca ostentazionc di soverchio e facile sapere, pur serbaodo
Dna serietj sdnttifica nel suo lavoro abbia potulo renderlo nello stesso lenpo
intéressante, dilettevole, ed acceuibile ad ogai classe di persone, il che ccrt«
non è pîccolo vanto. St. Phato.
Romanceiro do archlp«lago d«. Hadeira, colligîdo e pnblkado par
Alvaro RuDBiuuKë us Axkvkuu, Funchal, typ. da « vot do Povo * 18S0.
Non meno utile, piacevole e imporlante i questo volume compretidente cuti
narratlvi che raccoUe l'autore (direttamcnte egli Jiesso, o pcf meno de' suoi
amici, de' quaU indica i nomi oella prefaiionet dalla viva voce del popolo nelle
due isole di Porto-Santo e di Madera. L'opéra * di tre generi : Estoriat, Cwfw,
Jogtn, il primo suddiviso in quattro specie : Romancfi «0 dirino, Romanai ftù-
fanot, Xaracas. e Casoi; il lecondo in cînque specie : Coiaot 4t fwlas^ Cimtoi
alligoricoi, Contoi Je mentnos, Ltagai-lms^f, PtrUngat ia/ttntit, il leno in due
specie : Joges paini, t Jogot 4t aJuttot. Précède t canli uoa prefaaione. tu cui,
secondo II solito, l'autore dimostra rimportanra detio studio <lclle tradiziodi
I popolari, e indica il metodo seguito nrtla disposizionc delta materia. La bonti e
I la Ktkli di queïita raccolta vien provata baM^volmcntc da qnetto cbe alcuni
I Canli di «sa Tcnncro sfruttati e riprodotti dal Prof. Coelho nei due primi Yob-
lairtti dclla sua Bibtiûlhteâ J'tJatéfJo naâonal, Porto, Lîvraria universal de
MagalhSes e Montz, cdîtores, 1882-81 1^ primo intttolato : Cwtoi naetmaa
fûtt cruntas eglî ha riportalo al n' IV : A forimga t a aert, pag. 9 c al n* IX :
RoDRiGOES OR AZEVEDO, Rwna/Kcin do archiptlago da Madàra 6i^
Qtéko do nuicito, pjg. 34 due conti inbntili tratti dat Roma/utiro prcsenle con
Itggiere alteraiioni di forma, l'uno dal C<ntro il, Eipttu IV, a* 1 : Lmgt'itAga
dâ/armiga, pag. 467, l'aliro dallo sicsso Gtauo, Etptiie III, n» 1 : Coate do
mâttco, pag. 4(4. Nd lecondo volumclto dal lilolo : Jogot e rimai infantit lu
iQserito il Cuclho due canli infanûli e ctnquc giuocht dcllo stcssa RonuRtân.
Preaderà qui ptt norma dei Icttori ad eume alcuni di qu«sti canti, pîb noti, e
che oflrono occasione a ntconln con altri porlogliesi 0 stranier). L'Xl : Saïuta
irii, di cuî sono pubblicati due racconti pag. 17-1 1 occorre m Theophilo Braga,
Canlos pcpuUiif do aichtptUgo a(oriaiio, Porto, Livrarta nacîonal, i8(J9,
Romenttiro Je Aisvtai, Coro Jt tommin taifoi, a" 71 : Romanu dt Santa Itu
(v«rsione dell' isola di San Giorgio); un' alira lezîone di essa, ptb Innga e fbne
pià modcrna k in Braga Romaruàm gtral, Porto, 1867, pag. ia6. Per altre
Tersioni portoghesi di qiiesta romaou cfr. Almeida Camtt, Viagunt lu ntinha
trrrd, t. II, pag. ;lj; Hardung, Rcmjatttro po'tugatz, t. Il, pag. 16} ; Beller-
nanOt Portugiuitcbe Volhlitder und romaazin, Leipzig, 1864, [, lo; Florez,
Eipâna Sagradj, XIV, 3ot ; Puymaigrc, Honiaruiuo, Choix du t'uux iluitti
foftttgats, Paris, E. Leroux, iSSi, o' 18 e 19 : Sàinti Ina, vediite le relative
note. La XH : Saaao Antonio^ pag. ai concorda con quella del Braga, Centot
fop. do anhif. açor., Doutniul it oraçôa, n* VII : S^nto Antoiîo liyrandoopM
da força, pag. 1 jo. La j' romanza prcfana deW Eipuu II : Catlo-frmco idt cui
l'aulore riporla due vcrsioni : Eilorta Jo Bratc-ftatuo ; A Jo Gallo-frangoi è
timile a quelia ddi' isole Aziorre inutolala ; RomMu de Rico Ffûmo (vcdine
pure la variante seguente ; Donû laa], n' 48 e 49 del RomMiàro de Am'ut
nel Braga, Ciniot pcp. do ttcbip. pçor, Cfr. pure Braga, CmciwuiQ, c RomM'
tara geiil, i. III, pag. 17} : Romtmnha, t il relative studio su questa
romaaia; Damas Kinard, Rwtanara tifagnol trtdait, etc., Pans, Charpentier,
1844, t. II, Romaatt$ d'aattt, V i& : Rkù Frauto ; Cêmomire de RomoMts^
Anvers, ijyj :
A caza, iban â caza
Loi caïador» M rey etc.
E qui si ooti per tncideoza cbe nella verstone spagnuola présente occorre
l'espressione cuthith tugali [coltello lucchese» ; da essa rilevasi, che 1 coltdli o
pugnali di Luccj eraoo senza dubbto assai Mti nella penisola spagnuola.
I Porioghesi per indicare una ^ada dicevano iugoiu ', voce derÎTata proba>
bitmeote dalla nostra italiana taetktta per lacrktu sûttinteso il vocabolo spada, e
cos) l'aggeltivo sarebbe divenulo roric. Cfr. pure firlo/d con P[il0/d,doT'eranvi
riooinate f;ibbriche d' armi. Riscooira ancora Wolf y HolTnann, Ptimama
y Fior Je Romincii^ Berlin, Asher y Comp-, 18(6, t. Il, pag. aa; Duran,
Romuutro gtiura!, Madrid, Rivadaneyra, 18(4, t. 1, pag. 160; taie vecdiia
roraanza di Rito FraHco occorre aitcor rammodernata nella tradiitone orale
deir Asturic, e fu raccolta dal Signor Amador de los Rios col titolo : Là bija
de U ViudiM. Qucsta rocnanza si Irova pure în Italia ; due version! pieraontesi
pubblicate una da) Nigra icKc ne altribulsce la rediziooe primittva al secoIoXI,
nel qiiale si sarcbbe divulgata in Proveoui dal titolo : // Corsaro, e l'altra da
I. Vedi il OiiioMuio porto^utt di Moraes.
6l6 COMPTES- RENDUS
Or»le Marcojldi si Ifggono in Caselli, Chtils popahirts J'ftalit, pig. 194
e 191 ; la nortnanna intitotata : Btau Mttri-.iit » irova in E. Beaurfpairt jehe
la raccolse^ Elada sar lu poitit populaiu m Sormandit, ri spitulemttil dmu
l'Arrâotkin, pag. ^7, Avrancho, iSi6, r »ol. Essa occorre pure in Flnry,
Littiratert popaiain Je k Basit-Normjndtt, diarucm Jet nurint, n' IV : Sur It
hoti it l'Ile, vedt ta rdatira nota ad etsa nella recmione che lareno mI
volume del Pleury. La II intitolata : Eginkart^ di oii fautore pubblica ire
lezioni, s'incontra pure tn Braga |che ne porge anche ire lezjoni) Rom. gttély
■* VI, f»^. 167, e nrî Cantot p'.'p. do atthip. a^ar. {Homane. de Attrtâs,
EnstlaJa Je romancts novellcsiot)^ n' jo e Jl : RoniaiKti dt Gaitr,ild9, Giri-
HiUo; m Almeida Carreit, Romantetio, Usboa^ i8]9, II, pig. t6) ; vu
variante castigliana si legge in A. Doran, Romeoetro gtmrjl, Madrid, 18(4,
t. I, pag. i7{ ; in Puymaigrr, op. ch., n* jj : Gmnjïda. Qucsu leggfwla di
Gerinaldo, Reginaido, Eginaido seconde le varie leiioni, reminttcenra dell' ivvea*
tura apocrifa di Eginhan, come il nonf , bcndii un poco alteraio délia roinanza
lo nveb, a drita di Almeida Garrot e de! Braga, occorre scntta in prosa pat-
loghese in un libro di conti intitolato : Uora dt rratyo nat ftrias 4t mêjtta
tituJoi t appreisJo de nuieru eiaJaJios, Centnrîa IH, n* 61, pag, \s.\\ Bnga
tidla nota atui diffuu al n* VI, pag. 167 del Rom. ^a. cita U tradîtîone, dw
i fraielli Grimin hanno cavato dal Chtomton Laantkemtnu ; dr. pure un poma
d'Alfred de Vigny : La iteige. La XIII : Dem DaarJoi fdella quale présenta due
versioai} è da riscontrarsi con Puymaigre, Romanctiro, n' ;{ : Dom DoêrJoi 1
FUriiii^ con Braga, C<inm pop. Jo nnhip. j(or,, n' î), Jl e jfi : Româncit de
Dom Doaidet, Je FloiatJt LUatda, rabbercîatura moderna ddV argomeoto deltl
tragi-cominedia : Dom Du.vJoi di Cil Vincenle, ispiratore délie rispellive ramau
fatte dappoi su talc soggctio. Vcdi pure i n' ^6, e {7 dclla iiessa raccolta del
Bnga ; wA Caacmtiro dt romança si leggono î rerti :
En el mae era d'Abril,
De Mayt antei un dta de.
Cfr, Damas Hinard, Romaaura cspagaol^ t. Il, pag. 179 : Don DuarJos t FtaJa,
lï PuymaigTC, nrlla nota a queita romanna, crcde che la medesima poiu
pure aver avuto per punto di partenza U romaoïa : té Figlia Jtll' mptramt
di Rome {Rem. gir., n* tg), e quella del 0£<aiw(iJ.,n*}<}).Un'altraronaui
in endccasillabi : O koitalào dat flores {Rem. gtr., n* 19) si rassomigtia assai a
questa dî Axn Dasrdot, ck. pure in C. Nigra, Canzoïù papolari Jtl Pttmonti
(tiratura a parte in sei fascicoli dalla Rnuta Ewapta, m cvi furoao pabUicalei
ta canzone : // irurinajo, la cui redariotie prîmitiva, secondo il Nigra, risalirebbe
a] secolo XIII, e si riconnctlerebbe alla rotnanza (pagnuola : iatnfinhna ytlhifo
del Riy de Franc'ta {Romane. Certtr., t. I, pag, i6}|, motte pift antica ddU
romanza portoghese; cfr. pure il cinto : Le pttit tvUlur m Xaticr Mannie*.
Chanh pepulairti da nord, Paris, 1850 ; Puymaigre, Chantt popvlmiu du ptjt
masin : Le petit tambour; Caiéli, Chantt populains d'îtafu, pag. 19^. H Du Meril
I nella introduzione al poema del XII secolo : Flore tl Blanctiiffar, Pans, 18(6,
pag, Lxv, nota 2* awita clie questa tradiziooe sîa d'origine orientale, où le priit-
Itmpi est bien plus avanei.
La XXI : Nati Cttturuuta (di cui sono riportate tre lesioiii) ricorre pure nel
RoDRiGUES DE AzEVEDO, Rûmancàro da atcftipelago da Madtira 617
Br>ga, Ctitoi pofttJ. Jotrchip. a(or. (Pnn)«»ra Je romrtffKOinwifunM),!* )7*40-
Roamnta dé Htu Cëtluniitu e Romant. gtr. pag. )8. nd Pujriuigre, Romtat.
portag. tfiVl\:Ld nif Cnhaiaote ; tir. la esusi nota del PuymaîgTt a) n* citato,
c quetir drl Braga aJle vananli di vm édite ndte due collezioni ricordalc.
La romanza I : PriMuza iiudittaJa, «posta îs tre rersîooi [Ceiuro )], Eifaic I,
Contti àt faJati non è che una variante ddb t> délie nostre QaaÈtto noullint
fOfùlari \hottusi {La MU dti uttt ce4ri\ vrdi la mpcttira mia nota a laie DOTel-
lina. Varûnti ponoigltesi «dite di ta!« novclliiu tî leggODO 10 T Braga, EstaJos
da Edait Midia, Porto, £. ChardnM, 1)170, Ot cmtat it (adat. Ai trri CtJras
do Auwr, pag. 6} ; A. Coelho, Coirtos aaci<nuii para creantai, n* u : At tru
ttdras do amor, pag. é}, e netU colltzion« inedila del Prof. CoutgltCfi-PednKD
qnesie cinquc altre rariaitli si contcngoiio : AtUtsâdratiloamor: Asucsudrai;
A nia das tut âdrat ; A frinciza entaatada ; A pomba, pcr la prima di questc
vedi Consiglieri-Pedroso. Portugaise Folk-Taies, Uanslated from tkt original mt.
h Mut HeitriijuiU Moatuto, London. publithed for the Folke-Lore Society by
EUiot Stock, 1SS2, pag. 9 : Tlu Thru Citrom 0/ Lore. Sono pure a rtcuntare
le BOvelliDe popolari andaluse pobblicate odia rtvitta : EaotloptJia H'^ii^ta :
Las ouazaaai dt oro, e Las tra lotwias, come pore U leggenda spagnaola : Lm
très tOfonjas del rtrgit de amar ediu da Agosiino Ouran nel suo HcmJinuro
gtmiat. Una variaatr runaiu intitotati : Bêla fret todu aaidt si leggc a pai;. 84
dclle Légende, saa Basmtlt Romàmi(u6 aduadte... dt an citllgeuf'typogrjph (Ispî-
rescnj. Paitea 11, Bucurescï, 1874.
La II : Cita Borralhara * si ricoReette al tena notitsimo delta matitra, tkt
iadute dot poratKtte a meider la maiet t a fat Ion tpotare il padre, i delta râgazti
poi pertegaitala dalla malrigaa, e a suo diipetto spotata da un re. Q_ue«la novd-
lina corriiponde a dae rondalle caialane dd Maipon» y Labr6s, Lo Rond^tlayre,
fRcnlM popalars tatalaas, Barcclona, A. Verdagucf, ire strie 1871-7), ^<^'
i> série, tfi 22 : La JUtastra, pag. 97, e a* série, n* 16 : Las gtrmatiastras,
pag. lOi : Grimm, KinJer- and HaattMrekea^ n' 34 : Fr«si/a//f,'L. Bechstein,
M^tbtaiuih, Leipzig, G, Wigand, j j"» Aufl. : 2itleniulua, pag. jo) ; M"* Le
Prîice de Beaumont, Conta moraax pou/ l'insttattion de la ftantstt, Paris,
Barba, i8o6,tre volumi, I, pag. u; : Blaïuhe et ttrauitU ; ii»\ia, iirittkiscke, iitid
albantsiKht M^ctuti, Letpug, Eagclmann, 1864, toni due: I, pag. 19J, n' 28 :
Dat MMdtktn, das Ro$ea latkt imd Ptrleti wmat, vedi in H. Callaway, Sortir]
Ula^ tradawsu atid katorus ot tht Zalut, Naul, 1868, la novellina di 'Jtuom-
leteaittiim. Di qiMsla novdlina posseggo parecchie vartanti inédite livoraesî e
unbre, ira cui le due principali sono, per i conti di Livorno, quHla intitolata :
l^ todi delV atiiio e, per le altrc dell' Umbria, la tpoletina dil lilolo : L» madrigru.
Il COttto do vataco (1* dclla Espteu \\\) di cuî i uaa variante la Lenga-ienga
do Caintia (II ddla Espuie IV), fat ïaserito, coine sopra ko dctto, dal Coelbo
bd suo «puKolo : Coatot aactonaet para trtisniai t lorma la nordlina n* IX : 0
r*b§ do mataco. Una novdiina popolare portoghese aoaloga era gJ ttau dal owde-
t. Mrgc rmttrade Vastoncello* tcrinarc portogboc dd sec XVI BWsttA Ci d'aflera
di omeictie 40010 canto fi hic aveodo dctto : < Poi ca naben afa qutro CoIêi mfr-
rathàrar. •
6(8 COMPTES-RENDUS
simoCadhoriportaU sotto H titolo: 0 tabo do ^ato iH ■* lode'suoi ContOi pçf»-
tara portagaties, Litboa, P. Pbniier, 1879, pag. 19. Kssa cûrrisponde lUa
i^ddledue iiovellineosicticheii^nîi <mitj$cki VolksmiiKhn] pubbiicaledal E*ro(.
Schiefcicf ncl Baltain Ât rAcadîmit impiritU ait tcieaeti dt Saint-PiWibotug,
I. VI, solto il titolo : Fleh and Lnoi, questa non è che uiu versîonc ddla nostri
novdlioa toscana dt Ptluzzo. Per le rsrie InioDi italuoe di quesu novdiîaa
tHi ndl' Imbriani, XII Coatt pomigtiMUt kc, Napoli Detken 1877 la nota
>t n* IX : Miua; duc varianli afncanc si leggODO in 1. Bkek, Rtuuie Fuchi
in Afrika, Weimar, 1870, una malgascia a pag. xxvi-ni, cd un' attra cafra
dei Dama a pag. 70-74.
Il ContQ da tûfoaih\nha \\\ ddla stena Esptae) è il a* dei Coofof lucioiuti
citali dd Codho dal tilcilo idenlico : Hatona da (aroeinba, (ug. 1 ti il 1* dd
Contas papaUrts portuguezes dd medesimo, dotide ia tolio e tnurilo wW aitta
sua collcdone. clr. la roodalla aiabna : La lattla, Randalhji, a' 1 j ddla
i» série, pag. (8 ; Sebilldt, tittlrature orjlt dt ta IhaU-Braa^tn , Paris, Mai-
SODoeuve, (881, ConUi d'aifsnts, a' W : Lt ml a ta rjttsse, pag. 2^2, tCoiitu
populmes de la Haute-Bretégitt, Parts, Charpentier, 1880, IV, Coaus dnttt^
n* ^i -.La mort da rai, pag. 31; ; in Miiuimt, rivivta di letleralun popolart,
col. 414 vedi ptire il conte me»tn ini^eritovî dal Quèpal, e iniitc^ato : U Pca
a ta Pttct. Per le dilTcrenti versiotti italianc di questa novdiiiu « coHstilli li
nota deir Imbriani ail' 1 1" de' suoi citati Conû fomiglianeu : A luch'uutdda; ne
posseggo pure ndia mia colleiione inedita due variant} livoniesi, e due unbre
di Spolelo.
La }* Unga-Unga* da formigt {Btptcit IV) riprodolta aki Contas naâçnta
dd Codho al n' 4 sotio il tliolo : A formiga t a nnt è la stessa cou die
l'omORinio n* J dei Contot popuiartt poriugaats. Cfir. pure i- Rivière, Ruoul
du conta popula'ues dt la KabytU du Diurdfitra, y partie : Fablis a Inigmtt^
V 2 : U paa tafant ; H. Camoy, UlUratart oraU dt ta PUardU, i» parue,
% I : Conlis d'infants, n' a : Kîoa-Cou et IQou-Cocltt. Essa richlama alla novdia
indiana dd Patitutiatantra, vedine la trsdurione dei Benfey t. Il, pag. 21^4, ii
cui il sok rinvîa il br^mano alla nube, che i più forte di lui, Ij nube al vento,
qucsta alla tnonugna e la moniagna al sorcio ; cfr. La Foatii&e, Fahtts, \n.
iX, 7, e cosi pure Monte! et Lamben. Conta popalaira du Langutdot^ Mont-
pellier. 1874, ti* 2 : Lcii ptUrinage de la paure foarnigjitta, pag. 6.
Il n* IV 'délia Esptat V : Piritngas ïnfantis) dal titolo : Palmiakat i<a ime-
rîto dal Codho nel sua opuscdo Jogos t rimas m/ontis, a pag. 11, al n* ao
[(come a pag. 10 in fonde n* 19 : Nda sabir à jttttlla il n* 111 délia stessi
'Espn.U : Mtnina ^onird). Varianii spagnuole di quesio n* IV ricorrono oel Feik-
Lort mdalui, n* ( : Jatgos m/aïaîla apahoks di Oem6lilo e sono : Et pM~pea,
Lat tortitas, francesi in Moatel et Lamberl, Cmfrs popalaittt da (jingiKdKf
n* io-]i,tChanu populaires du Laiigiadot,Pins,1imtsottimme, 1S80, n' jo-]i.
I. Unga-ltaga [nell* iiola dl Madera ti iict pan Ungal-liHgïïI) en niu aotileaa degU
Arabi, al cui tuâna si dinuva, vcdi Akxandre Dumai, L'Atêkk Ututui, L I, ■' iX,e
1. 11. P* IV.
I
JCUES DE A2EVED0, Romancùro do archipetago da MAdetra 619
^g. j2]-]4, itatiane in Coraisini, Companimenti mitnri dellû Uatrût. ptpçl.
itêt. : Cimchi faaciallofhi, D, pag. 61-4.
Il R* V : Mdo morlé^ corrisponde ai n' 1 j, 14 s rj de) Codho, J»gos t timas
infantit- Ncl Coraizini, Op, cil. G'iutfcAi fanmlhithi, C, pig. 61, i !)■ 4 e ^ sono
perfeltamcnle ûnâlt ai ciuii cami lofantill portogbesi e basterl un confrooto per
a«erUr«ne.
Canto V, £;f«M V M Konuaceiro : Mdo mottû :
Mio nwrta,
Mlo morti
Te bâte
Na pofU.
S« ni xen qie Ihe dar,
Oâ-lhe do tal do nar.
Jogts t rinoi injantii, n* 14 :
Mâo morta, mlo morta,
Filhinos â porla ;
Ndo icin que Ihe dar,
DÂ-lhe tiina pedrinha de sal'.
N" ij.
Mio morla, rnio motta,
p'iIhÎDOi a porta ;
Nlo lem que corner,
Dâ-lhe ossos a roer.
Corazziai n" 4, Cefalb (Sicilia) :
Manu modela, manu niodda,
Lu signuh li la 'ncodda,
Ti la 'ncodda a pani e vinu,
Tiritlppiti c Sammartinu. (Pitii, CtWi JÙil^t. Il, pag. 18.)
Ole)
{. Bologna.
Man inorta, naa morta,
La bat alla porta,
La bal ^1 purtftn,
Dai nu tcupaiôn.
Il tt" VI OUo mmâ'mha corrùpoode al vf> 34 dcglî iûgot t nmst infuttis dcl
Codho {Nomti dot dtJos), vedi pure lo stcsso Codho, Romamei popubnt t
fimài infintis portugucas (estratto dalla Ziituhrîjl fur ronuaUtbi Philohgit dd
Graber, Band III, pag. 61-72 e i9J-99),pag. 174; Kr*JVo»j. n*8, Th. Braga,
Ot fogot pofuUnt infum, pag. 349 ; Rodriguez Marin, Canm popahits espa-
Mit, Sevilb. F. Alvarez, 1881, 1. 1, a< 60-61 ; Montel et Lambert, Chanttia
I. la J.-r. Kladi, Pnrtrbtt tt iemuita po/vlaira, ncatUUs d<tnt rArmagatt et
fAgiMM. Para, CbampÏM, 18S0, Pnvtrtru, Serk v : Fermjlritet a hmlims fronr-
UAt. $Êffltmal pag. ifS, a* 6C1 : Manl nitni mono, | sent Joan s'ts ba a ta pono
CE nr la porw. | Un soailR s'einpono.
nrl 0* I ) dice CMi :
Oi-Ute oo« j traaca da poru.
Rio ' COMPTES- REHWJS
l^agtttdoi, pig. j lo-i I , et Conln eu Ldngtudoc^ pig. {, 9{ c seg. ; El Folk'
Lan AaJâlu:, a" ù. Lu» Palomo y Rutz, Um dosena Je rima) u^anbla, pjg. 194,
n" II, cfr. pore tiHl' Arttiirio del Pitrt a. I, fajc. iV, i. Uhe de VasconceUos,
Rimai infantis poitugotzas^ n* )9 : Niyims 4os JtJos a, *, pag. s8j.
Il n* VII : DtdctJa mio* (i raruntl) corrispondeal 0' zj degii J«;oi trun^i
infantit del Coelho ; cfr. Marin, Op. cil., pag. 51 c tio;Hra Ncvj, b» 8,
pig. ]47 ; £/ Folk-loTt Andaiet, a* t, Demofilo, JatgDJ infaauUt ti^hottt^
pag. 164 : Ettt pau un huiro (Cc; Corazxini, Componim. mm. délia letttr.
pop. ilal.^ Ciuothi /tntiailtichi E, pag. 64-67: Montel et Lambert, Ckaati
et tontci du Languedoc, luoghi cilati ; Aukirio dd Pitrt IV, pag. S^J, RuRdi
infantit porlogaiiiis de! Leile de Vascoocellos, n* jg, A'o/i«i Joï Arfw, c.
Il n' IX : Bichittha gâta concorda col. n* ai degli Joga injaiait del Codfao ;
dr. El Folk-lert Andaiaz, n" 10, Th. Braga, Ot jogot infjnt'a tm Pottugtl e
Andahsiû, pag. \^i : Kchiaho gato ecc. ; El Folk-Lon, ta.., n' 6, Vna doatut
et timai lafanùUi, n" 1 ; Muq -^ato, ecc. ; Kl Folk-Leu, n* j, Jnegostipaiiotest
«c., pag. 164 ; Mizo gJtito; Corazzinî, Op. m., pag. 101 : Atta acala, ecc.
Il n* I : Sarra Maddro [Gentra 111, Jogoi, EtpuK 1, Jogos paen's) corrlspondc
ai n' 17, 18 e 17 deglî Jogot lafiintu del Coclho ; Mootel et Lambert, CJbnnu'
da LoBgutdûc, pag. ii8-3iî; Corarzini, Op. cil., Canti fititiullachi, pag. \6-
Î7 ; ne posscggo Jo pure uni variante inedita livoraesc : Stga, bolUga, ecc, neij
Canti popalati amirri incditi raccottî dal pmf. Antonio Maocindli e gestilraent
conttinicatimi dal raccoglilore, vedi il n' 107 : La ttga col filo.
Il n» III : Ha, Ramhe » assomiglia al n* VI : Hti e Remhay ecc, ddie Par-
leaJas e Jogos popularet, pag. 177-79 in Th. Braga, Caitias pop. do aithip.
ofor. e ai n' 96 « 97 degli Jogtts injantii del Coelho.
Il n* IV : Jogo Jas gatlinhas forma il n' $4 degli Jogoi mjajitis ià Coeibo, .
cfr. il giuoco infantile beneventano anaSogo : Allina, atiina, ioppa, zappa, cce.,
3 p^g. 10; del Corauini, Op. cit.; cosl pure neUa Rwiita di !at. pepol. del
Pilrè e Sabatint, Hl, P. Sabatini, Canti popelari romdni, vedi il n* S9.
Il n' V : Jogo da Banoinnha |due vartami) (u riporuta dal Coelho neî suoî
Jogas infaniii, it' jj e î( : Vassoirinka tilol» di lune e due le varianli c il
n* VI : Jogo dat viûnhas al n* j ^ .
Il n' I : Jogo do pisinho (G. 111, Espttu II, Jogos di adaltoi) è ii n* l lidegU
Jogos mfantii de! Coeibo, ed il II : Jogo do piinho i ÎI a* lo^ délia siessa raccolU^
del Coelho; questo secondo giuoco i il noto spagnuolo ; Pàn-pahat, El FoJk-
Lore andalu! n' 1, pag. (7; per queito vedi pure l'articolo di Dcmôfilû topra
l'aKro giuoco analogo : Ricotia, raol/in in un numéro det i88u délia rivitu :
EnàcIcpUia di Sivi^^lia. Taie gruoco i aitai pjre dilTuso in Italia; oel Monfer-
rato si chiain;i r Pign-pigntU, a Ferrara : Pugn-pagntUa, in Sicilia : 71i/»pi-
fii;>;>r. a BeneTcnto ; Tappe-tap^e^ a Veneîïa : Pagm-pugnett, a LiTomo : Pufftl-
câ(}, Pugni-cat\.
Il 0* III : JogQ da tiara è il 1 1 { degli Jugot in/aiais del Coetho, ed il n> IV :
Jcge dû ccadtuà è il ir {\^ délia stessa raccotta del Coelho.
I. vedi puie Anntttirio fare o modo 4ai tradiftfj popaUni portiignaat, A. do
Seqneira rcrrai, Jogoi in/aiith ponagitius pag. éa l : Os itàos, », b.
RoDRicuBS DE AzEVBDO, Romanutro do archipttago da Madt'ira 6l\
Dopo qiieslo raggnaglio un poco pirticolarrggiato «gnatamentc p«r Ttiltiffla
parte df) volume, acdocchi i lellori délia Romama veggano quanto tîa l'identiU
,4e't gitiochi c cinli f^neiulleschi nci diUcrcnti paesi, idfntiti dimostranie gli siretti
npporli ctie Icgaoo insi.cme ■ v^rl popoli délia razu neo-latina, mi sia Wito nie-
vare due difetti ncH' op«ra pftis a sladrarf, uoo det quii da rfcarù a\ compi-
latore di tua, e fahro al lipografo-editorc. Il primo è la pubblicaiionc dti Roman-
itireiCBzi te opportune note illustrativea'varlcantidelRiedrsimo, comeneavcva
air autore giâ dato l'esempio il Bragan ci congcncri suoi lavori precedenli, in
{specie nei due vulumi del RoaiMt. gcrol e nei Canlos popul. Jo archip. aiOf . Non
v'ha dubbio ehe con Uli note illurtralive la lua peraltro pregevoie collMionc
saretbc diveouia anccr pià intéressante, c accessibile Jnche meglio agli stranieri
culton di siffattt studl. L'altro difetto riguarda la stampa del volume, fatia con
poca dili^nza e riboccaote d' rrrori ; tanlochè iJ rac^oglitore dovette in lînc al
volime aggiugnere un' Ertula-tanigt, la qiiale sebbenc assai diffusa, non è
ancof tutlicieiite a npurgare da moite allrt uicdde tipografiche il volume iletîO-
NoQ poca trascttranu si rivela pure ndl' ordinamenio de* vari fogii di lUmpa,
siech^, per eiempio nclla copia che to possegga c, crcdo^ îa molle attre, dopo la
pag. 434 Bianca un fogUo di siampa e invece délie facdate 4i;-}J, vi è dupii-
cato il foglio dalla face, j^t alla ;fi. Benché di quesTo seconds difetto non
potsa rispondere attri che il tipogra^O'CditDre, pure senza dubbio ne rim^nr
alquanto sconciato e guasto il libro. Mi sembra poi ancora con piena ragionc
il Signor Leite de Vasconcellos oella ratsegna da lui fatta so quest' opéra nei
mo AaitMno sopra diaio pag. 7) aver latnentato che l' Autore pubblicasse i
catiti deit Arcipclago di Madera corretli ed espurgali da^li errori di sinlassi, di
grammatica e va dicendo. Sulle prime parrebbeche questo lavoro di correzionc
del (eslo fosse un pregio, ma ï al contrario un diteito non lieve. Invero lo siudio
délie tradi/.ioni popolari non mira sollanto a ricoslroire 0 svelare I' anijca
civilti, onde tono cs&e in gran parie rapprestnUziooc, nu eziandio a mostrarci
quai lia il carittere mitico, artisbco, tcienlifico ccc. del popolo, carattere che
tuttora si conserva; quindi i manifesio clie ie varie niodificazioni anche pifi
licrî nella meirica, nello siile, nei linguaggio siano altretianti dncumenti. che
importa racco^^liere. Laondc nei popolo non sî dànno (jucgii errori diversi. a
eui allude il Signor A. R. de Azevedo; il linguaggio popoUre obbedtsce a certc
teggi speciali fooetiche, morfologiche, sintatticîie, e quelle che a noi sembrano
deviazioni da regole prestabilite di granmitica, di s'miassi. ed errorî. noI sono
in realli, ove si considerino alla atregaa dî quelle sopra ccennatc leggi, eut
segue il popolo. fnottre se lali modificazioni occorrono persino talvolta nclla
lingua tctterarta, c bcnchè siano eccexiom, pure prcsentano una certa rcgolaritd,
lanlopiù si cotnprende cIk abbiano te medesiine ad occorrere nella lingua popo<
lare, onde la culta é manifesto rampollo. Ammfltendo adunque la paisibililj
d'tntrodurre alcune correzioni nei canti pof>olari, debbooo ewe farsi seconde
queiU due criteri ; che nella parte filalogica siano seguiti i testi anticbi, scoo«
aati dagli ammanuensi ptr la reintegrazionc fedelc dclla forma primitiva; che
tcngano di mira, per quanta è possibile, parecchie versiani dello Haw coinpo
nimento 0 di compooinenti analoghi, af5ne di dedurre dalU loro comparaiione
se non la forma primtera, almeno (a pili approssiouliva, ponendo poi 0 fri
021 COMPTÏS-RrNOOS
parcntesi le comzioni faite, od a pïi' di pagina it noU la leeioae popolan, (t«l
che ci dette ottimo et«npio it Sigitor C. Nîgra net suo bell' articolo : La pocâa
popoinre itàliana. Dsciio idlla Rtmtau, anno V, pag- 417 e seg. correggendo
akuni unti d«ll3 collezione Btessig. Contattocib, lipeto, l'open ha non poco
vilorc, ancora com' è redatta, e rireti nel suo rxcogittort dob comune ugacia
inl«Hettiia!e, solenia e zelo per gli iludl sulla leileratura popolare, quïIiO rare,
onde vomi molti valenlitomint foisero (regiati, affine d'iccresoçff, e difloidere
uli sludl sulla lettefalura popolare, la cai utiliti e serieli, noa pii6 cuere di-
scorosciuta che da penone di corta i&tdligenu, benchi Kntano ntotto di tè
stcstc. St. Puio.
Gennaro Fixauohe. Tradlziont popolarl abnixzesl, vd. 1 t!Nevdh)f
Parte I, Lanciano, R. Carabba 1883.
Ho «rulo un' allra voila occastone a proposrto délia raitegiu d'uo libro
pregevole d'un nJo cunciUadino e amico * uscila sulla rîvûia : /' PniaJta,
d'Aficona, a. V'I, of 18. ;o settembrc rS62, di e^fimneil nio compUdmcalo
alla viHa del lelke succesio, che otteogono sovcnle certi |a,vcri non gii redalli
da letterali di professioiu, ma da dileiunlj. per cosl dire, i ijuti coisjcraao
utilmmie aile lenere i rtugll dt tempo, che loro Uiciano le rispettîvc curedonc-
stiche di eui, o i'eierajsio di altrc professioni. Ne ultimo m i]ae»lo bd novero
ml leœbra tia il Oou. Gennaro Finamore, gii conoschito per un buofl diiio-
nario del dialetto abruzzcic, cui tanno seguilo varl canti popolart. lo ho iempre
sentilo dire che il merho a raccomanda allrui dl té, e questo si deve inten-
dere de] présente volume del Finamore, il cui valore riene magistralmente
atieslaio dalle molle rassegne lavorevoli sul medesimo comparse în ft^li îtaliaiii
e stranreri^. Laonde non mi resta che prescntare ai lettori dclb Romama, qnesla
raccolta di novelline popolari abruineii, corne la piA cosciencioia e fdjcemeiite
condotta, tra qualité linora ne sono uscile in Iulia. Anniulto il pregio di esu
consiste nelia scella EeLice di novelline popolari impresa dal raccoglitore De) no
volume, dimodochè i divers! ditiretlidegliAbfUZzi lossero pîtio.nieflorappresea-
tati,secondo la varia loro importanza, t lioffrijiero a' letton, corne in un' olezzante
ghîrlanda di fiori, ditTercnti racconti, in gcncrc 1 pîfi înlereuaDli. per i cultori délia
demopsicologta, c della demomitografia. La cura particolore poispesadal racco-
glitore nel pubblicare.le suc novelline (juasi tutte nel natlo venuKo)o,e l'esattuu
somma, con cui vennero resi i suoni quasi piA iinpercettîbîlt dd medesimo, oltre
al dimostare t'âmore grande del raccoglitore per gii studt intoroo alla lettcralura
I. Eofiemo FalcuccI, // Mûr Mcrto t le Peiitefoll id Chriano, Livono, Ulbdlo
Cimii, 188t. i&-u, pu. lai.
a. 1 giornali e le rhnttt iuliane sooo : L'Atmto, a. II, tf t^ -, U CiorujU diSià-
tu. ». XXII, Q' ;; l^ RdiJCfas tri\i<a. a. 11, n* i\ ; ti Cutturt. a. I, n' X,
pag. 4ll'l4 ; L'Àrehhh per lo ttadh drilt traditiom popoUri, ttA. I, pag. }oi-4 ; Il
CioniaU a jilûltgta tomataa, vql. IV. pag- lit ; i logli Hraniin wno : /toaiMJ«,
I. }ll. p , f^Mibiioa, mut bAUoe/apkiqiit uahtntiU, t. XV, pjg. i^i - D€t
»iîgaiin fur dit LittrMttr 4a In- v»i AviUnitt, iSBi, n* 4: Caitiiig,i$tiu fflArtt
Anuitta, S4DCk 16. pag. toi-?: LiHreivbiatx fût gtnumistht m ro<iwiiùdkcMiMv
$it, 18&1, n- e ; rfa Satkti vttXt) Mija ef ftf Kaf-rotk Eraing Posl. vol. XXXIV,
psg. 4a) ; Liutânnhu cnartMta fir DMttUéni, a- a, iStj, pag. f^i9>
FiNAMORE, Traiiziimi fo^an abrazzeù 62 j
popolirr, U sigicia e îi senno, metlono lempre pïà in chùro il valore di questa
raccolla, e t'uliliti somma che il Finantore con essa reca ai detli stttdl, comi-
dcraii pure solUnto totto l'aspelto (IialcttalO|;ico , Qu*lcunoforwpMr«bbefargIi
un rilicYo dcl non avère disposto le novclline in un certo online, secoodo i difle-
renlt lora temt, ma ollrechè qucsio difetto, se pur mérita sitTalto nome, s'r ris-
contra in varie altre raccolte, per esempio in quelle del Comparettr, del ViKatinr
e oella uhina del Nerucci (ri in esje vi trova alcana ginsli6cazione, laddove
nella pretente è appicno f;iusliftcato dalla dîspotizioDc scguîta oella série délie
oovelline pubblicaie successivamente per riguardoa' varl distretti degli Abnisi,
délia coi orale iradizînnc sono ^enuino rampoElo), viene poi a motarsi in pregio,
perché serve mercè l'ordiae metodjco, cui dâ luogo, a preseaurci, corne in un
bel prospetto î racconti successivî di quuti dîversî distretti, e a mostrar-
cenc la somigltanza e dlssomiglianza nella flessione dîalettologica e nel mitolo-
gico sostrato. Le navelline sono precedole da nna prefaziane, nella quale il
raccoglilore rende ragionn del xuo lavoro, che intilola al Kcrhier ed al Pitrè,
e porge qualche schiariniento sulle forme fonettche dcl dialelto abruzzeu. Il
preiente volum«Uo inizia La mdc dei componi menti popolari degli Abniz*i e
uri seguito da tre allri volumeiii, il II conterrà le Lcg^tndt popoitri in verso, il
III i Caitti, il IV i Prmirbl. Aile Leggtnde ed ai Canti il Pinamorc fa prece-
dere le NovtUc < per seguire nella csposizione dei documentj, che rivelano II
genjo popolare, un ordinc conforme a nalura. 1 Crede înEattî 1 che la novella
corrispondi al tnoRiettlo ir.fantite, imfleuo nella evoluiione dello tpirito,
ritraendo essa, pur conte volgare cspressione d'un mita divino, la mobiltti e la
TÎvaciti ingenua e capricdosa dell' animo, il quale di si inconscio. si stan-
cia, e per cosl dire si sparpaglia nella reaiti del mondo esleriore, tl quale assaï
piA vago, misterioio e
vasto
Al fanctullin che non al lavio appare.
Il canio invece è naniFesLttione dt vita pîii matara e interiore : paroEadi qaanto
c'è di pib intimo nella vita del senttmento '. 1
Le novelline sooo dnquanladue, dclle quali sollantotrcdicideltate nella lingna
contune, e le trentanovc altre in dialetto abruzzese ; (rj queste vene sono diecî di
Oflona a mare, cinqtie di Lanciano, una di San Vito Chietino.nove di Sjnt'F.n-
lanio dcl Sangro, tre di Casoli, sei di Oessop^cna, seî dî Roccascalegna, due
di Borrello, altrettante di Villa Santa Maria, una di Ciritaliiparella, c linaltnente
setle di Palena. Il Finamore avrebbe voluto preienlare una raccolta pili rî-
stretia, se il K<zhler, ed il Pitri, com' egli medetimo confessa nella prefanone,
non lo avessero consigliato a iatia più copiosa per jervir nteglioal doppio studio
di mitologia e di dialelto logi.i comparaïa. Conlutiocid, per non crescere di troppo
la mole del volume, l'auiore ha creduto convenienie di non raccû^lierecinqunta
novelhue di Saut' Eusanio dcl Sangro, cbe avrebbe fadlmcnte potutu procurarsi.
e di hsciare infdîte quindict novelline di Gcs^opalena; tuttavia egli riporta il
tilolo délie une t délie allre nei brève proemio preposto aile novelline dei due
pacsi.In nou ad ogni DOTellinailTaecogltlorciidicalealtreversioni italiane drlla
&Z4 COMPTES-REtlDUS
medeina, edd fa, com' eî dice nd)a preljzione, « non pcf darnotizicai milognâ,
at per sf«ggur efudiiione iicile, m» per nottrare akooî puntj di coauno tn
le tradizioni p^olari al-ruzz»i. e quelle degti ahri paest d'italia, noncM per
rimandare aile fonti délia erudmone dotta qualche leltore cbe ne fosse vago. ■ Ho
riportato uli parole délia prefazione di quesl' operi pernoMrire, che neli* «gw-
gio raccoglilore la modestîa ed il merito procedono di conserva, e lo rcodono
quiodi piti accetto ai letton. St. PnAio.
Z. Co!csitniJEiii-PK»n(.)w,Trad[eç6e* populares portncnesas iMjiteriaes
para a cthnofiraphta de Ponogal : in>'thobgu, cantos, usos, sopersucAcs,
prortrbioï, jogos înbnlts, conlos, lendas c tradicc6cs (ocaej àû aOMOVàa}.
rorto. Imprenu Commercial, iSSi, Tasc. Vil : 0 loktkoitum, hsc. IX : As
moartii tncantetlas.
Sommo è il compiacimento dell' animo, allorctiè n'è dalo di scorrere lavorj
fruito di lunga prtparazîooe, e dj coscientiosi ïltidj. avvalorati e approlondîTi
dalla conosKnza di moite liD|;ue ncgii aulori. e quindi da conltnui parallelj e
confronti fra il pensicro di varl popoli per spîrgame l'origine e i varl raoïunU
dclla sua evoluzione. E tanto mapgior pùcere prova la noftra mente, quando
conosce che l'autore non ha debiiaio punto di spendcrc gravi elucubrazioni
su argomenti in apparenza Iriroli, ma in realtl co»i ulili, qtialî quelli del fv!l-
Lore. Nf a nio avviso nesiun altro meglio dell' illustre nio anico prol. Conti-
glieri-PedroiD ha uputo rsidersi Uncmento del Folk'Lort del suo paese,
sïccooie cului che sopra un ricco lesoro leggcndario oazJoaala da Itii raccolto
ha (alto c va bcrndo i pib dotli e profondi studl, che si possano dcsiderare
intorno a laie argomenlo. E la somma dimeslichezza, che f^li ha colle tingse
slave, lo pone in grado di sfruttare e oiTrtre un nuovo elenento unportantisstino
di comparazione allô studio dello tradiiioni popolari, al ()uale éléments, acco-
piato coi due giâ itudiati, cioè i' romanico e il germanlco, atlorchc se ne aggin*
gano due altri meno cogniti, cioï l'uralo-altaico e l'orientale, sifuto studio
dufrr.i sempri; pif) lecondo di otiimt ritultati e coodurri cod maggiorc speranu
di Mice sQcctiso alla soluzione de* pili ardui proUemi che travagllano taitora
e infrultuosamcnic stancano le menti dei dolti. Giji ua' altra volta in una pré-
cédente rassegna sol primo fascicolo di queui medesinii sagg! del ConsigÛeri*
Pedrosa, puhbliciU od Prdudto d'Ancona, iSSi, a. V, n' 6 ebbi occauom di
rilevare le benemereme dell' erudilo (olklorista portogbcse verso g(i stadt
inlomo alla letteratura popolare ; Inonde senta ripetergli inulilmente \t lodi
ffi allora IribuUtegli, e di cui egli non abbisogna certamente, poichi il merito
solo per se riesce a far spiccare il proprio Talore, mi limiterfi qui a indiurc
gli argcroenli ivolti in questi due duovi saggt, e la loro somma imporlaail.
Nel lasc. VU l'Autorc ci présenta un lavoro sul Loponannaro iLohshmum):
dovc si confronti tl lavoro del Consiglieri-Pedroso co' due patii del Codho e de)
Lcite de Vasconcellos sopra àuii, oitre al polcr acccrtarc l'autefiticiti del mate-
riale leggendario olfertoci dal Nostro, ne sarj dato d'apprezzare meglio ta série
di nuovc e savie considerazioni legittintameale dedotte dai singolî raccootî
iradizîonali, e con pilt dîletlo ricrcare ed appagare il nostro occhio ail' aspetio
degli ampt c splendidi orizzoalî, che man mino ci view presenlando ianaazi.
Consiclieri-Pedroso. Tradicçôes popahrts portugiuzas 6] {
Quanle belle notixie intomo èKè tupenlitione, e ai vart nodi e momenli di esia-,
sulla origine de! lupo-tnannaro, sul icmpo. in cui compare, sugli atti di lui nel
prcndcre quella strana figura c ncl dcporla, sul perlcolo che corre chi s'îmbatte
in lui, e sugli spedieoti per cansarlo e libcrarsene ! Conie raffronu egli beoe la
licaniropia, superstizione, coll' omonima nahltia 1 Sarebbe lorse ta prima volta
che il popolo procedette dal vero, dal reale al faite, al inilico, ail' îperbolîcoi*
lodka poi l'aulore i casi, ne' quali sccondo il popolo, ia una famiglia nasce un
lupomannaro maschio o fcmmma, e gli accorgimenli, a cui convicne ricorrere per
liberarneb chi ne sia alîHto ; fra lali cauiele ricorda riRipotizioRe di certi nomi,
eaggiugne alirc avYcrtcnze. Il saggio sulle Mourat tncaniada {tSr. il greco Moipat)
non ï di Riinor nlevanza. Sopra si i veduto coitic anche il Leîle de Vascon-
cdlos e il Coelho abbiano studiato sifTatto argoraento. L'autore considéra questî
eueri favoloji solto qualiro a^petti diveni : i* corne divinrti, 0 genl femminili
délie ac()ue<ronlt. ftunii, rutcelli, poiai etc.), 2* corne guardianc di lesoriincan-
Uti, j* corne filatrici e come costrutlrici di nionuinenti, 4° corne gent malefci
pefsecmori dell' uomo, e a loi cagione dj varie calaniti. Ma priacipalmente
come genl femminili délie acqoe, dice l'autore, le <t mouru tacsntaâat »,
riconosciute nel Portogallo, e euer a Ule forma de! car^ltere di quelle rtcon-
ncttersi un gran numéro di superttizioni relative. Da quesio brève cenoo è
facile argomentare come per iraportanïa ed uiiliU il sccondo wggio dct Conii-
glieri-PedrosD non sia infcnore al primo, e nci abbiamo quindi molivo a
rallegrarci di cuore col Signor Consiglieri-Pcdroso delli sua infiticabilesolerzia
e copiosa dollrina spesa in un campo fecondo dî cosi splendidî fnitti per la
scienza ddla demopsicologia e délia demomiiografia.
Si. Phato.
JlMIM^, Xlt
40
PÉRIODIQUES.
I. — RsvrB DBS LAKHL'Es BOHANES, j* séric, X. Jaillei l88j. — Ck
uhier est entièrement rempli par \ci rapports sur I» divers concours tnstitu^^
pif 1.1 Société pO'ur l'itude drs bogues rgmanes (voy. Rom. XII, 138).
concours de philologie réservé jqx instiluleurs ae panlt pas avoir donoi de
résultat satisfiiisanl. Il y avait lieu de s'y attendre. Lct inuitutegri sont en
position de rendre de grands services i l'éUide des patois, mab d eondttioB
d'être dirigés par un programme très précis, disons mieux, par des înstructio&i
ditaillèeï qui leur ont lait défanl. Et ttitice guidés par les meilleures instrac-
tions du monde, ils ne peuvent guère fournir que des raatérianx. La rédaction
d'un métnoire linguistique demande eo effet des connaissances qu'on ne saurait
exiger des instituteurs primaires. Il j aurait loutefois un grand prc^ès de
réalisé si les sociétés savantes qui s'intéressent aux patois voulaiecit bien s'atsî-
niiler les idées qui, dorénavant, doivent régner dans cette branche de la philo-
logie roroane, et travailler i les répandre dans leur cercle d'action. Ces idétt,
ne sont point autres que celles que la Ritmtnia a eu plus d'une fois 1 défendre,
et que M. Gilliéron a exprimées avec beaucoup de force dans notre dernier
numéro (pp. ^94 et tuiv.).
Août 1S8). — P. \i-6^. Chabantau, Sainte Marie MaJilâae dans là littir»^]
taie provaiçnlt (suite). Ce Second article continue la publication ooramencévj
dans le numéro de mars. Il ne nous donne toutefois aucune note, aucun édair-j
cJssemenl d'aucun genre sur le morceau publié dans le premier article. Il Mn>i
sisie, cette fois encore, en un texte : une version provençale d'un seraioo
attribué par ta rubrique initiale i Ongénes. D'ailleurs M. Cli. ne donne aucune
explication sur ce document : î! ne dit nEmc pas d'où il l'a lire. On se
demande i qui et i quoi penvent servir des travaux ainsi conduits. — P. H.
II. — LnBRATCMiLATr FÛE OBUtaKiscRB oiTO KOKAinscn Philolooib. —
7, Juillet. Col. a68, Ottavian^ hgg. von Vollmœllcr (Stengcl).— G. 270. Rochi,
Utbtf 4at Vcilcfitn-Roman (Kœtiler ; article très important sur une publication
très faible), — C. 374. Tobler, Die altvtntiitniithi Utttrsttitmg 4ts Càtù
(Mutsafia : long et précieux compte-rendu). — Coelho, Oi dmteetot rtmânïeos
aa Afrka, Aiia t AmtiKa (Schcchanlt : imporuntcs remarques et additions).
8. Ao6t. Col. )04. Ajrer, Grammaire eomparle Àe U Imgat françiiu (Mejrer).
— C. jio, Z^ vit dt saint CUUs, p. p. Paris et Bos (Vising}. — C. iij.
Canello, la vitae le oftn di Ainaldo Dinûlh (Levy : long et important irtide;
plKioDx^es 627
cf. à'àesioas, p. 6t4),— C. pi. Colmacevilcy, l'Epopie animale en OniÀtnt a
du: la Siavts, ta rusK [Wesselorsky : cet ouvrage, d'aprti l'jrttele de M. W.,
panlt d'une grande valeur et tout i fait indispenuble aux études future* sur le
cycle du renardj.
g. Septembre. Col. jÊi. Rcesîger, Niu-Htngstm (Meyer). — C. jCj. Mischi,
Dcutitht Wofke im Udmitikta (Stttl).
m. — Rrvi;b im iiohpk mtik, t. I, li»r. 1 (aj septembre i88j). —
Cette revue a fié fondée par un {crivain dont les travaux lîliératm ou histo-
riques tont bien connus de nos lecteurs, M. )e baron de Tourtouloo, l'auteur
d'une excellente histoire de Jacme I*' d'Aragon. Elle a pour objet l'étude i tout
tes points de vue des nations d'origine latine, en Europe et en Amérique, auic-
qucllei une communauté d'intérêts vraie ou supposée a fait adjoindre la Gréée
actuelle. La Ro-at du mcadt lutin affecte les apparences exlérieures de la Rtnt
du Dtux-Monàu. Puisse-l-elle en obtenir le succès ! [I n'y a dans ce premier
RumAro qu'un artictc que nous puissions sif^naler aux lecteurs de ta Romanut :
ce ne peut être malheureusement pour le leur recommander. Les Etaàtt Irnio-
ri^oes et liltiraires sur la troattàdours, qui occupent les pages 4S i 67, et au
bas desquelles on lit cette Dote menaçante : ■ i continuer >, sont eitrsitcs de
VHistoria pelh'ua y litcréria dt foi Trovâdores de don V. Balaper. Nous avons
été tmenét, par deux fois, â dire quelques mots dei travaux de M. Baiai^uersur
la littérature provençale [Rem. IX, 176 ; X, 40^, dont iil ne nous a pas paru i
propos de faire un compte-rendu en forme. Nons devons dire plus neTlemenl
cette fois qu'il n'y a rien dans ces travaux qui puisse instruire 00 mCme inté-
resser le public français. Ce qu'on peut leur reprocher, ce n'est pas, comme le
dit la Revue du monde hlin, d'être dépourvus de l'appareil de l'étudilion. Nous
admettons parfaitement qu'un livre purement littéraire, bit pour le grand
public, ne cite p» ses sources et s'abstienne de discussions critiques : nous
voudrions qs'ïl y eût en France beaucoup plut de tels livres, qui répandraient
les résultats des recherches scientifiques, et augmenteraient la iomme de l'ins-
Iruclton générale. Mais fl faut au moins connaître ce qu'on veut vulgariser, et
nous devons constater que M. Balaguer n'a ni la connaissance précise des faits
qu'il raconte, nî te sentiment de l'époque qu'il veut peindre. L'éloquence et
l'amour du ntjet traité, qui ne font point défaut i l'auteur, ne uuraienl suppléer
i l'insuffisance de l'information. Le morceau sur Eléouore d'Aquitaine qu'on
nous communique aujourd'hui est une espèce de roman historique écrit d'un
style brillant, parfois déclamatoire, qui a pu avoir cours un temps chez nous,
mais dont nous sommes heureusement déshabitués.
P. H.
IV. — Résista PBirmD Stohib, AncasoLoaiB v Filaloois (voy. Rooi. XI,
62Z], 1, I. — P. i7>ji. Gaster, ^rttificana eUminluliï* latin (n /tnAd rotndni
(première partie^ — P. J7-44. Lanbrior, Ctra da^n toniaiutimt romttuu.
L'auteur, avec celte méthode i la fois ingéniense et rigoureuse qu'ont pu appré-
cier les lecteurs de la Romanui, essaie d'expliquer par l'oubH des formes primi-
tivcs et leur remplacemeol analogique plusieiirs formes du subjonctif roumain.
628 PÉRIODIQUES
ainsi que du verbe />. Nous ferons Kulemenl observer quil est itH doulai^
que l'emploi de irit <:= hu si) comme particule du sabjoiKtir ait rten k hire
avec l'emploi àt n dam les autres langues romanes pour certaines formels
d'invocation ou de sermeat (Dia, irad. fr., HI, jj8) ; car, malgr* ce «jue dit
Diez, dans ces formules il faut certainenetil reconnaître sic et non si, et la
formes italiennes, portugaises, proveii.;alcs et françaises te ne proviennent t^ne
d'une confusion posiéneurc. — P. 74-96. Gaster. TtxU romJw itudut 4tA
ttcoiul XVU. Le premier de ces textes, fragment d'un rfdt du Vojtgt 4t Sak
au Pêredts icrrtstrt, est une variante de la l^ende biei coirnue {cf. Rpm. XI,
634) sur le bois de la croix; M. G. fart ptiddtT son texte de renseignements
précis sur les sources et les parallèles ; il y joint un curieux petit poème plti
moderne qui se rattache au mfme sujet. Le second uxte est une Vu de wal
Ciij;oiu le Oîcispolttain. — P. 147- 1^4. BuHi, fieipre proAan^ûr<a lux i iâ
hmia ianiiâ. L'auteur réfute fort pertmeminent les arguneou par iesqiels
Corssen a voulu éubltr tjuc i'i se prononçait douce en latin soit entre deui
voyelles, soit après n. Son opinion, d'après laquelle Vt des Latins était toujoun
dure, est d'ailleurs celte de M. Schweisthal {Etuii sur h nUar phoatti^it
falphubci Mm, p. 74). Elle nous semble aussi b plus probable, bien qs'l
noire avis elle ne soit pas exempte de doutes el de difficultés. — P. 3J4-]JVi
Ispirescu^ [iicitoti popuîatt. Collection, qui paraît devoir être très complète,
des proverbes et dictons du peuple roumain^ recueillis tant de première maia
que dans des livres ou des articles antérieurs; ce premier article compreod
ceux qui commencent par la lettre a.
Comptes- rendu s. — P. îj6. MiWosich, R»munis(ht Vniaiuthangen, MI, —
P. ij8. Itpirescu, Ugai4c u6 Bemtlt Romdmlor. — P. Jjj. KremniU,
Riuttinucht Màfthia.—P . 240. |Mawr,> Prmerittt Romdiular idaa). — G. P.
V. — L* RtvxiR Lro.sN*,iBE. n sept. iSSj. — P. 189-300. Puîtspdn,
Dis urba dans notre bo/i pdim Ijoniuu. Cet article, écrit sur un ton asseï gii
contre lequel nous n'avons pas d'objection, a pour objet la terminaison des
infinitifs provenant de la première conjugaison latine. Ces mânitifs sont les uni
end (cei'i) = cubarc), les autres en mjl, tyt \pUyi — plicare). L'auteur, qui
n'est pas dépourvu de connaissances philologiques, et se nrantre assez bon
observateur, cherche ta loi qm détermine celle différence dans le traitement de
la finale latine are. Il ne la trouve pas; les explications qu'i! donne sont
insuftisantes. S'il avait lu les Schhzi fraitto-prortauli de M. Ascoli, t. tll de
r<4rrbivia glottohpco, il saurait que cette variété dans k sort de Vd tonique
latin est précisément le caractère sur lequel l'ëmincnl philologue italien s'est
fondé pour introduire dans le roman une nouvelle lubdivisioo, celle des dialectes
0 franco-provcncaui t. Il aurait en même temps trouvé la formule précise de la
loi qu'il a vainement cherchée. P. M.
VI. — flEx-cKCELTiQUii, VI, i (Septembre 1883).— P. i-i j, La Borderie,
U DiU dt la luissanet de GiUtt : M. de La B. fixe i 493 et non à )i6 ta date
de la bataille du Monl-Badon, qui fui aussi la date de U naisunce de Gildas, 1
ce ^u'if nous apprend lui-néme ; il a protublement raisoa, mats Dotoui que quel-
P^RtODK^ES 62^
ques<ti)is de ses arguments n'ont pas la vileurqo'il leur attribue : tes relaiioRs de
GtUai avec tiînl lllud et uinte Brigitte ne sont sans doute que des inrenlions
d'hagiographet, Idics que les légendes celtiques eo prtteflteotconstanmcDt; on
s'est anaché i présenter tous l« saints irlandais oa bretons comme anisou
méine comme pirenis. Il n'en est pas d« mime de saint Finnian. mort en ^49,
qui a rtelicnent consulté GJIdas sur un point de diKipline ecdésiastique, mais
il n'a pas db être son disciple, comme le revient ses Actes, car mime en admet-
tant b date de 49} pour la naissance de Gildas, Finnian aurait M plus Igé
que lui. — P. 63-66, Sébillol, Formules initidUs, intenalalns ft finalts dts eoti-
tau$ tn Hautt-Brttagrti. — P. 114-11^, Loih, U Mot gallo inous reviendrons
SBr ce sujet). — P. i iS n. Comptes-rendus : La Borderie, VHutitria Britonaa
ILoth : accepte les riiuMats de l'autcor, tout en faiunt remarquer que la (orme
Cmi/iob ne peut s'èlrc rencontrée dans un ms. du XI' siècle ; ci. Rom. XII,
37}) ; Us Vraies prophélUs dt Mérita (GaidoE : fait des réserves analogues aux
nôtres) ; — Desiirre, Ii Mytkt dt la Mi/t Louât (Caidoa : sages observalions);
— Sébiilot, Gtigataita dam la trad'aions popitUirts tCaîdoz). G. P.
VII. — AmiUAtu OB LK Fxcvvii ose ixttrbs ob Lton, première aunfe,
bscicnle III. — P. 61-1 16, Clédat, Etodts dt pkitologit frM(aist.l. Question de
ijBtaxt : emploi et accord du temps. Ces pages, qui sont d'ailleurs inilructives,
concernent i peu prés eulusivemeat la langue littéraire moderie. — II. Qaa-
tiotii dt piononciatioa. 1. VoytIUt longues et trha, oaitfUs et fermées. M. CI.
veut qu'on réserve à Vi (long 00 bref) k nom d* < ouvert >, appelant bref et
non ouvert l'.i de paae, Vo de totu et Veu de ttaf (quant aui voyelles i, ù, a, per-
aonoe n'a proposé de les disbnguer en lermées et ouvertes) ; ceb ne l'empêche
pa par la suite d'écrire eAie et non eùu, etc. II serait singulier, en philologie
romane, quand on substitue précisément, poor le latin vulgaire et ses dcmés,
des distinctions de qualité aux distinctions de quantité, d'introduire pour les
voyelles françaises le système inverte. 2. Us mou en ai, et, ot, œu^ireu. 3. Les
mots en atst, este, oiti, 4- CorrttpoaJaiKt de l't (irmi d de /*e tforfrl long dans
la amfugatson des vtrba. On a U des observations sur la prononciation moderne
rattachées à l'histoire de la langue ; plusieurs sont auurément justes, d'autres
me paraisseal conteiubles, son comme faits, soit comme explication ; mats il
faudrait trop de temps pour les discuter. G. P.
VIII. — Re^'I'E CBmguE. jatllet-septembre. — Art. 1 )6. Haller, Alupanisthe
Sprirhttnrrttr, l (Morcl-Fatio; recueil considérable, où il y a beaucoup de
superflu, mais qui sera utile s'il est terminé). — 1 49 > Jung, Oie tomaititehea
Luidlikaftea des ramiichea Rtidics (Jullian). — 176, Poina de Gilles U Maisu,
p. p. Kervyn de Letlenbove (A. Ddboullc : relève de oombfeues fautes dans
le glouairet.
IX- — Ltren&Biftcim Cextialdutt, juillet-septembre. — N* ja, Lînk, Ueier
die Spréche der Chr(M:qtt( rimti von Philippe Misaiet, Tobler. Du alîfentlumicke
I. Pari*, t-cnmx.
630 PËRlODiqUES
fMenttiung dtr SpriUkt dts Cato, — jj. Bnymma^ Die Lekre wm franzatitekat
Verb : Mischi, Deutscht Wortt m lMmsihm;}Aomz\^Fatt'imiîidiantahimaitos-
criîtiy II. — j8. Freymond, Jongleurs et MinesirtU; Koch, Die S'ubeasckU/er~
Itgeade.
X. — DEDT8CHB LrprBaATDRZEiTONO, luillet-scptcmbre. — N* 28. Michelant
et Raynaud, Itinéraires à Jérusalem et Descriptions de la Terre-Sainte rédigés en
français aux Xll; XHI* et XIV- siicles. — J i . Joret, Des caractires et de ftxltn-
sion da patois normand (Tobler : appréciation extrêmement tivorable). — 18.
Miklosich, Btitrtege zur Laatlehre dtr rumuiùscken Dialecte^ II.
XI. — NoBDiSK Revy'. — N« j (is octobre). Edstrdm, Fornfranskaas
t -Ijad i betonad stafvelsi (article de M. Geijer sur une dissertation de phoné-
tique dont nous aurons occasion de reparler). — Nyrop, Den oldfraitske
Heltedigtning (Wahlund : plusieurs utiles observations de détail].
I. Cette revue, con^e sur le plan dn Littrar'uchei Ceatralblatt aUenuod, mais ne
paraissant que sdxe fois par an, est pubUée i Upsala sous la direction de H. Noreen.
CHRONIQUE.
M. Svend Cnindtvig fuit surtoot odHiR par les adtntnblei tniTauz sur
la liltfrature populaire danoUe ; n»â dans let recherches compantÎTct il arait
eu si souvent i s'occoper des Ihlêratures romanes que sa mort subite, arrivée
le 14 jaillet, a tout droit d'être enr^slréé ici, avec l'expression de nos profonds
rcgreu. L'on des dernieri écrits de M. Gnindlvîg, EluttitJ, dont nous avou
dit ici quelques mots tX, i;6) et sur leqcd noas reviendrons, est consacré i
l'élude de l'ongine et des Jonnes diverses de la cfaanson connue en fraoçais sous
le nom de Jvtn RtnaaJ.
— Nous avons appris avec un vif regret la mort d'Atcsandre Lambrior,
décédé i Jusi le 2 1 septembre. Lambrior était né le 1 o septembre 1 846 dans
on villagr de Moldavie. Après -ivoir (ait ses études au lycée de Jaui, puis i la
Faculté des lettres de cette ville, il entra dans renseignement secondaire. En
1876, M. Maiorescu^ ministre de l'instniction publi<pie en Roumanie, l'cnvofa
à Paris pour y perfectionner ses études de philologie romane ; il y resta deux
ans et retourna ensuite 1 Jassi, oti il fui nommé professeur de tangue et littéra-
ture roumaine au lycée. Avant de retourner dans sa patrie, Lambrior avait
donné i la Romanîa (VI, 4)! sa curieuse note sur les labiales en roumain popu-
laire et |VII, 8j| son article court, mais important, sur \'e bref en roumain, oIi
K montraient déji l'excelleiite méthode et la sagacité i la fort ingénieuse cl
circonspecte qui caraciénsemt tous ses travaux. Plus tard, il entreprit pour ce
recueil un • Essai de phonétique roumaine ■ conçu sur de très larges bases, cto&
les recherches historiques et les rapprochements comparatifs soit entre les dia-
lectes du roumain, soit entre le roumain et les autres langues romanes, étaieot
fort habilement employés. 11 n'en a écrit que le début, trois articles sur Va
tonique {Rem. IX, 99; IX, j66 ; X, J46I, qui ont été jugés par tooi les
savants compétents comme annonçant une ère nouvelle dans l'étude de ta langue
roumaine. — En dehors des articles qu'il nous a docné^^ Lambrior a inséré
difTirents article» dans la Conmbiri titurart de Jassi (Courumri ri treyanca dti
Roaaains : -~ Sur l'ortkograpkt Ju roumain : — Sur la ttrmtt dt rhirtnu et
Je poliltm rn roamaifi) ; il j publié en o»(re un livre de lectures roumaines,
contenant des extraits de livres anciens imprimés en caractères cyrilliques, et
prêché d'une introduction sur l'histoire de la langue roumaine. Nous avons
parli phis haut du dernier travail qu'il ait mis au |0ur, son article dans la
Rtifisté de M. Tocilcscu. Lambrior souffrait depuis longtemps d'une affection
de pDÎtrïM qui la^issait peu d'espoir i ses amis. Sa mort est une perte cruelle
6)2 CHRONrqyE
pour \i scten» et laissera ca Roumanie un vide difficile à combler; hcumise-
mcfli pluMeurs jeunes uvjnts se sont (ormes depuis peu ans ce pays et pro-
mettcDl de iravaillrr cooime lui, avec ce patriotiime éclairé que donoe \» vraie
science, i L'histoire de U langue el de la littérature de kur pays.
— Nons rKCvoai de Barcelooe la nouvelle de la mort d'Andrés Balaguer y
Merino. Ce jeune savant, ni i Barcelone le ji octobre 1848, et décMé dans
cette ville le j octobre dernier, s'était fait connaître depuis une dizaiae d'années
par diven travaux sérieux d'histoire, d'histoire littéraire et d'archéotogie, tous
concernant la CaUiogne, surtout u ville natale, Barcelûne. Elève distingué 6t
M. Milà y Pontanals, li était devenu dans les derniers temps collaborateur
de son maître : ils tnvailtaient ensemble i une histoire de l'ancien théitre
catalan, qui ne tjrdera pas, nous l'espérons, à voir le jour. La plupart des
travaux d'Andrés Balaguer se trouvent dans tes revues ou ^umani de Barce-
lone, tels que la Rtnaîxinsa^ le Cay Selitr, la Rnutu 4i ttcKioi hitt^Uas, etc.
Nous avons rendu compte ici d'une étude sur D. Pedro de Portugal, insérée
dans cette dernière revue (v. Romama^ t. XI, p. i{)|. Balaguer a collaboré
aussi i la Rtvuc da tangua romaiia, à la Rrvuc Jet itudti ;'urwi, i IMrcAnia
stûtico sieiliano. Il serait i désirer que ses amis de Barcelone réunissent e» un
votume ses publications les plus importanles, qui, dissémiaécs comme elles le
sont dans des recueils difficilement accessibles, restent ignorées de ceux mènes
qui auraient le plus d'intérêt i les connaître.
— M. Pio Rajna est nommé professeur i l'iDStitut des Études supérieures
de Florence, en remplacemertl de M. Caix.
— M. Gaspary, professeur extraordinaire de philologie romane i Breslau, y
a été nommé professeur ordinaire.
— M. Freymond s'est habilité i Heidelbet^ pour l'eiueignement de la philo-
logie romane.
— M. Settegast a donné sa démission de < professeur extraordinaire 1 k
Zurich pour se taire simple • privat-docent * i l'univerulé de Leipiig.
— M. Henry A. Todd a été nommé * Assistant in Romance Languages > i
ruoivcrsité de John Hopkins, Baltimore, où M. A. M. Eliiott est 1 Assoctate
for Romance languages, » c'est-i-dire professeur en titre.
— Le î octobre, l'insiiiut de France, approuvant la proposition taite par
l'Académie des inscriptions el belles-lettres i la suite de son vote du 1; juillet,
a décerné à M. Paul Meyer le prix que chacune des classes de l'Institut accorde
tous les dix ans aux ouvrages de son ressort qui font le plut d'honneur au pays.
— Les deux thèses de M- Etienne, l'une sur In suffixes diminutifs en français,
l'autre sur la Vu de sa\nl Thomat par Cirnicr de Pont-Saiule-Maxence, ont été
soutenues devant U Faculté des lettres de Paris, La Rniu mbqae, dans son
D* du a; aoàt, donne le compte-rendu de la soutenance.
— L'Académie de Vienne a proposé un prix de mille florins pour un mémoire
sur la question suivante : Qcul tnTicklsstmrnl ptat'oa obttair poar U Uxi^at lâttn
far U difoaiUtmuit ti l'tiamtn aUlhodiqut dt t'iUmva latin itt léugaa nmmu i
CHRONIQUE 6})
— M. Jorel va publier tris prochaintmeirt, i \t librairie Vieweg, dcï Mihn%tt
et phvniti^ue nornwndt. Il prépare égalemeni une Flore popuhiri dt U NormjnJk.
— M. Francisque Michel vient de danser, chez Potheringham, i Londres,
une réédition de la chronitjuc rimfe du héraut de Jean Chaodos, imprimée co
184] par Coxe pour le Roxburghe-Club.
— M. Ascoli publiera prochainement une seconde Laura glottologita.
— On annonce comme derant bîenlfil paraître chez Henciinger, a Hdl-
bronn, un Allfrgnzasisdits Uctungiback, publié p^r MM. Fcerster et Kotchvritz.
^ W. Ksrting mettra prochainement sous presse {'pour paraître ^Icment
chez Henninger) une « Encyclopédie de la philologie romane, » comprenant
trois parties: htraJuctien ; U Philologie romane en gènira! ; les Philologies
tomanti tpiôala. — On annonce une entreprise analogue de M. Gro-ber, mats
pour laquelle il s'adjoindrait plusieurs autres savants.
— M. Fœnter va publier tchez Henninger, i Heîlbronn) un Ahrègi Je gram~
maire temparit des Ungars romûnis et une Grûmmaac h\itoiiqut du fruuiatt.
— M. Gaston Riynaud publiera dans un des procbains numéros delà Roma-
niiiun supplément t son arliclc iur le Miracle dt Sardeaôi iRom. XI, ^iç), ot,
entre julr^t additions, il communiquera les variantes d'un manuscrit anglais
d'après lequel celte pièce a déjà été publiée par Cookc.
— Cinfessuj, p. 414, en rendant compte d'un article de M, Webster dans
\'A(adfmy tur l'origine du piétendu chant d'Altabiscar, on a omis de dire que
l'auteur dont M. Webster rapporte le récit est M. d'Abbadîe.
— J'ai eu récemment, en passant par Milan, l'occasion de collalionner à
l'Amliroitienne le texte àa Oit de Mjtazone, publié ci'dessuj, pp. 10 et suiv.
Cette vérification, faite par un jour 1res clair, ce qui n'était pas le cas lorsque
i'avaisfai t ma copie, m'a permis de corriger plusieurs inexactitudes de mon édition.
V. u, SBppr. j*ti, qui n'est pas dans le ms. Ce mot, écrit par moi en inter-
ligne, comme une sorte de glose i mon usage, s'est introduit indûment dans
mon texte. — V. n, ligiror, lis. ttgnor. — V. aj, gir, met, lis. ^t, may, —
V. 26, Ch'tl no t6gt, lis. Ck'cl no ge tega. — V. 70, tmptrêdor, lis. imptrater.
— V. 90, taUltgi n'est pas irè» sAr : il y a cattp avec la en interligne, ou
peut-être simpleinent a, parce que le signe que je prends pour une / peut bien
n'être qu'un trait destiné i marquer la place que l'a doit occuper. Le mot
reste obscur, — V. 9j, a^uameato, lis. a^uamatto. — V. 96, Qft», l'u est
suscrit. — V. 102 et 271, il y a en réalité plutAt peniid que pamu, ce qui
conErme la conjecture proposée en note. — V. lOj, on peut lire aussi
bien taiifiuzo, proposé par M. Mussafia (cî-^essus, p. 416), que eaniruzQ. —
V, 1 jj, mio. Us. mto. — V. 141, iin, lis. ni ; cf. Mussalia, ci-desîus, p. 416.—
V. 146, nluMaa, lit. voloittera. — V, 148, chi, lis. fU£, — V. i6],fiote, lis,
jJùn. — V, léj, nrmeglto^ lis, nrmtha. — V. 170, Kmuma, lis. E inimd. —
V, loS, ttrviJo, lis. ftmlo, par conséquent la note correspondante est d sup-
primer.— V. 318, il n'y a certainement pas Jotati^ qui, du reste, n'offre aucnn
sens; je lis i peu prés sQrement teugati, le milieu du mot étant emporté par
6)4 CHRONICtyE
t'usun; le sens serait : « laiise-lui lesentraill» du porc, ef paisse-t>il (te porc)j
les avoir cmpoisaonies I » — V. ii% ftirato, lis. febra/Oy et par coDiéqaet
suppr. la note. — V. 374, oftrtilir, lis. oftndn. — A propos de ni $i ni tomo^
V. jj, on peut, ce ^^ui se rapprocherait de l'eiplicalion proposée par M. Mus-*
safia, comparer l'expression française sani nul si, sans condition, sais reuric-
tioD, signalée par M. Scheler dans son glossaire du poésies de Froitsarl (au
mot tif. — P. M.
— Ci-dessDS, p. 4Ë0, on a attribué par erreur â M. Stengel un article snr
VArnàIdo Danîtllo d« Canello, qui est de M. E. Levjr (cf. ci-dessus, p. 636).
— Livres adressés à la Rominia :
Aihii anJ Prophiliat. Erste Ansfiabc der Iramcrstschen Orî^naldichluiig mil
einer Eînleitung von Alfred Wrbcb. Sttrfa, impr. Gull, 1881, in-4«, 48 p..
— Nous avoni ici, d'après trois mss- de Fimel celui de Ssiot-Pétrrsbonrg,]
qui offre une rédaction très différenie. la partie du roman i^Aihiaei qui
tient l'histoire proprement dite d'Athit et de son ami M. W. est porté J '
croire que la suite du roman est d'un autre auteur. Notons que la parue
correspondante du ms. de Stockholm a été imprimée en 188a i Upsall par
M. H. Borg.
Ruuiii de chansons pofulasm par E. Rolland. Tome I. Paris, Maisoaocuve,
in-8', -vrn-jjÉ p. — M. fîotland est infatigable, A peine a-t-il terminé sa,
FatiM pofiixiatit et rédigé sa F/(j«, qui m- fornitra pas ni»as desixTolunies,
que, sans parler d'un recueil de Rimu (t /tux di t'tnfânet qu'il vient de
publier (chcit Maiionneuvc), il entreprend un vaste recueil de C/Lin»ni ^/m-
iûins françaises, dont voict le premier volume. Il fournit i l'étude sdenti-
iique de la chanson des malèriauK recueillis soit oralement, soit dans la col-
lection manuscrite provennnt de l'ancienne comminticn pour U publicatioi
des chants populaires de la France, soit dans des livres peu connus II donne |
autant que poitibie la musique de sa chansons, et c'est de ce câié qu'il
voudrait surtout en YOir aborder l'étude. < On n'a lait jusqn'l présent, dît-il,
que rapprocher, et cela d'une manière incomplète, les chansons de différents
pays, en prenant pour point de départ le sujet traité. Mais une élude appro-
fondie des autres points de vue. . devrait tenter quelqu'un connaissant bieii'
i la fois la littérature comparée de l'hisloire de la musique et de U daasc.
En attendant que cette personne se révèle, les profanes n'ont rien de mieux
i faire que d« réunir les documents qui pourront on jour lai être utiles.
C'est ce que je fais. *
Sul:berger Warîtr, von D' Theodor CARtîfGB. Leipzig, BreitVopl und Hrrtel,
in-8", ;o p. — Recueil de mots Udins appartenant i Mezana dans le Val
di Sole (Tyrol), soigneusement contrAlés et précédés de renurques gramma-
ticales.
Kristoffer Nyiiop. Dm oUfTanskt HtHtdigtniitg. Histoire de Pipopit fren(ei$t aa
mojen âge auowpiignh d'imt bibliographie dJiaiiUt. Kcebenharn. Reitael
(Heitbronn, Henniger, Paris, Vicw^), ia-{i*, x]i-49t p. — Nous reparle-
rons en détail de ce livre important ; disons tout de suiu qu'il mérite bcaa*j
coip d'éloges, ^'d awbk ne Itcut miriblc, (|ie b lMbliognphi« qui le
krnM, aoUBant, sen fart nile, ei qu'il seraîi lonhahablt qoe l'aiiteBr
k ntedi es fraaçw.
Du BttktaoM ad BtukwartM in der ahroauiii5che<i Pocm mit bcsondcrrr
Bertckâdttigng 4ar inuffiàKken. Eine verglckhcade Studie voa
!> Komd Toux. Brfa^ca, Dûcberl, la-S*. 6i p. — RecaetI 6e lonmiles
d'adjnraÛM cl de sermot qui m nanqoe pas d'tiUr^ nab qui pourrait
lin nieitx clanê et nieux înpniDè.
Emgts xa ^tn CturakUrtn da Attussap, *on !> Joh. Alton. Wiai, Se)btt>
*«rbg des k. It. Staitsgymasîiinii im Vm. BeziHce fexlraitd'oii programiae
de ce gyrowse), in-S», 91 p. — L« obterrationt de M. A. j'ippuient sur-
tout sur rimiKiise roman ÎRédit de Ouïs tt Ltiis. qu'il a copié et qu'il
eonpte publier: mah il les a ^leaénes i d'autres romans bretons. Ufle
daitnction plas strictement chronologique aurait été souhaitable, car Clâiu
n'est qa'BW imilattoD de la &a da XIII* sirctc des pommes du XII* ; mais
les renseigncaenis réunis la sont abondaiib et mtéressants.
Joagkars uad Matcttnh, Von Emï) Fkevkokd ithéie d'hatititalioo de Hcidel-
berg). Halle, Karras, in-8«, ^7 p. — Recueil bit avec soin et critique de
pusa^ coDcernant les jonglenn ei les roénestreU ; l'auteur présente ce
aémoire comme le prélude d'un travail sur ■ les classe» de poètes et de
chanteurs en France au moyen â^ ■ ; il ne peut manquer d'élre inslructif.
fi Pcana it Joli nach der Handachrift der Madrîder Nationalbibliolhekheraus-
geg^en von Heinrich Moop. Leiprig, Dnignlin, in-4% 6j p. iGratuUtions-
scbfîft d» Univeniizt Bem an die Uoiversitzt Zurich zo deren filnfc^ah-
riger SlifUingsfeîer vois i. uod j. Aufjust i88;}. — Reproduction du texte
en caractères arabes ; M. Morf promet procbunement bm édition co carac-
tères latins avec un commentaire.
Dk Sprtcbfcfmai MaUft Etmtngaa'i... von Richard Wki!18K. Halle (dits, de
docteur), io-S*, 2] p.
Iht Daliiution Jir SahtUtittha and AJjKtivt in dtr Lingiu Xoc bis zum Jahre
ijoo, Ton Paul RfcuiAXii (dissert, de docteur de Strubourg)- Diotiig,
1883, in-8*, 84 p. — Travail consciendcttx.
Noîh tt Viudevuis da manutnit et Jttiait Pont. Etude critique et historique,
par Armand Qi^jit. Caen, Le BUnc-Haidel, in-8*, 78 p. — Contribution
Douvclle i l'étude des 1 vaux de Vire, • qui d(»l déji tant aux travaux de
M. Gaslé. Le mt. de J^ran Porèe, écrit â la fin du XIV* siècle, et possédé
en dcrntcT lieu par M. Lcpeilcticr, est aujourd'hui i ta Bibliothèque nalio-
nale |n* 1174 des Noutelits at^mtiiians du fonds français).
Eut! sur un patois vosguit (Uriménil, près Epinal), p. N. HAtLLAirr. Première
partie. Phonétique Isuile). Epinal, Collet, in-8*, jâ p. — Voyez ce que
BOUS avons dit de la première livraison de ce travail, continué sur le même
plan, Rom. XI, 6}i.
Concodf'j dt l'idiome populaire ou pHoti wsgirn i la dittrmmaiion de t'ofigfitt
da noms it lieu dis Vosgts... par N. Haillant. Epinal, C0II01, in-8', ^4 p.
— Recueil comprenant surtout beaucoup de litux-iits, et intéressant par
ÎJ6 CHROHIQtie
cela mdnc. On pourrait rfLcver plus d'une erreur cl iDrtt;e en doute plus
d'une explfcaiion; mais l'auteur a raison de dire que bien des nom adffiis
sous une forme plus ou moins arrangée dans les répertoires otficiels sont en
réalité des mots patois.
Vom framatifckta Vtnbaa alter uni acuir Ztil, ZssaniDCiislelluog der Anbng»-
grùndc durch AdaifToEiLKn. Zweite Autlage. Leipzig. Hîrzet, in-8<>. t- i 49 p.
— Voici !a courte préface de celte nouvelle édition d'un livre devenu, dés
son apparition, 1 bon droit ciauiquc : < Ce n'est pat l'envie, c'est le temps
qui m'a manqué, — pendant les mois de cours et d'examens de Télé, —
pour faire un pen de nouveau i l'occasion de la réiinpression,devTOU« néces-
saire, de mon petit livre. Peul-ftre. tel qu'il est, retrouverj-t-il le bon
accueil qu'il a rencontré ; il est resté essenlieilcRient le mCmc, et, dans les
endroits assec nombreux où i! a reçu des changements ou des additions, ce
n'est pas, je Tespérc, â son dommage. ■
G. Rauusa MoLen. C'iastppe Ptlit c U trêiizmi pepotm. Palerno, iii>i6,
t4 p. — Agréable causerie sans aucun caractère scientifique.
Lthro à^ Sitte Sa*i di Roma. Firenxe, libr. Dante, in-8*, xii-^o p.— Impressioa
«acle, par tes soins de M. Rœdïger, d'un texte qui, imprimé d'après le
même ms. il y a cinquante ans par G. Della Ludi, avait paru suspect i cause
des changements de tout genre qu'y avait maladroitement introduits l'éditeur.
Raaoromamicht Grammatik, von Th, Cartxrs. Heiibronn, Heiminger, in-8»,
xi.Yiri-ao7 p. — Ce livre est comme le couronnement des travaux siestttnét
publiés dans ces dernières années par l'auteur sur les divers dialectes tadiu.
Il demande un examen spécial ; nais des i présent nous pouvons dire qoll
nous a paru conçu sur un tort bon plan el exécuté avec beaucoup de soin.
Dit ValiaUltxwn m Jer Oxf. Hi. det Cirart de Rossillon, von G. HbXTi'OMMt.
Halle, Karras, rSSi. In-S", fS pages. — Travail d'un débuunt dont les
éludes n'ont pas été bien dirigées, f.tudier les formes de conjugaison qu'oSre
le lïis. d'Oxford de Cirart de Hostitlon, sans rechercher jusqu'à qari point
ces formes sont celles de l'auteur, est dé|i une idée peu heureuse. La langue
du mt. d'Oxford en eiTct est pleine de contradictions, et il importe avant
tout de savoir quelle pan doit eue laissée Ji l'auteur. Toutefois on conçoit
qu'un relevé par et simple des formes de la conjugaison dans le ms. d'Ox-
ford puisse avoir son utilité, bien que celte œuvre, en qu^que sonc fnalé-
ridlc, ne eoRStilue guère une Ifièse; mais le mémoire de M. H. n'a pas
même ce genre de mérite : la division en est Iris incommode el très arbi-
traire, et, comme il n'y a pis de table, les recherches sont pénibles. Oe
plus, les exemples, qui sont très loin d'être donnés au complet, sont groupés
sans aucun ordre dans chaque paragraphe. Enfin l'auteur, qui ne cooipreod
pas toujours le texte de &rafi (en quoi il est excusablel, prend souvent une
forme pour une auue. En somme, c'est un travail i rcEaire.
TABLE DES MATIÈRES.
Pigtt
G. Pami. Le ronuD de la Catt de Monglaae .' . i
P. HrriR. Dit rar lei vilaini par MaUione de Calignuo [cT. p. 416, 6))) . . 14
A. Cmcalvh Vianna. Eiui de phonitique portugabe 19
P. Hiviit. La Vie it saint Grégoire par frère Angier 141
Des Awxas, De la Jument au DeaUe, De Luque la maudite, trois diu tiréi d'un
Doavcati manuscrit de rableaux, publiés par G. Raykaud 109
A. Horil-Fatio. HiUnges de lintrature uulaœ. 11. Le irire des trois choses . ijo
I. COANU. PluDolo^e tyntaciique du Candooeiro gérai 14)
J. GitiiCuoN. La Claire Fontaine, examen critique des diverses venions de celte
chanson ^07
E. Langloul Denz fragmeut épiques ; Otinet, Aipremont 4 ; j
G. Pakii. Etude* sur les romans de la Table Ronde. Lancelot du Lac. II. Le
Contt dt la Charrette. 4J9
St. PRATO. L'Orma dtl Uone, on racconto orientale nella tradizione popolare . . j j j
DuiARNt. Contes de U Bigorre |66
MÉLANGES.
Les ori^nes de la bncomierie (G. P.) 99
Fragment de recettes médicales en langue d'oc (L. Bondurand) 100
AmoMtin, ammin; amenttr f (A. Dcibonlle} 104
Tematîvas ctimologicas : aguantar, amagar, arrojar, atril, lobrego, lubrican (R. J.
Cuervo) loj
EacoK te Juif Eirant en Iulie (a. d'Ancona] lia
l* Mgeaàc du Saut Rolland [G. P,) 114
Hondlea valions de b chanson de Renaud (G. P.] 114
£■■/ et lei (A. Tbomai) J)i
Bcbt (A, Delbonlle) Hf
Lci munscrits du connétable de Les(yguiires (P. M.) Hé
Ho nonnaod et on françau (J. Fleury; cf. p. |88} )4'
Le pronom personnel neutre dans le Forez, le Lyoaiuis et la Bresse (L. Clédat). ^6
Pbonétîqne mentonaise (J. B. Andrews} }f4
U Ugoide dn CU»/0M if Couct dans l'Inde (G. P.) )i9
EttxNatB prorençal (A. Thomas) |8j
Paiexie, paieaime (A. DelbouUe) I88
Ko = on (c. Jom) («9
W = / (C Jorei) f9i
A normand (C. ioret) i9>
C3unsou de noces de la Haute-Bourgogne (F. Fertiault) J9J
6j8 TABLE DES MATIÈRES
COMPTES-RENDUS.
Aguil6 ï FuïTEii, voy. Lull.
AziTRDO (RoDRiGuu Dt), RoDiancdro do Archipeligo da Maddro (st. Prato). . £14
BiNotiT, Lnn dt raison, publié par Cuibmt (P. M.) iij
BKtniAHHj V07. Diu.
CoNiiGLiRiti-PiDRoso, TradicçAcs populares portugueiu (St. Prato) £14
Diu, Kldoere Arbeiteo und R«eiuioDeD, hgg. von Breykakh (G. P.) . . . J64
PiHAMORs, Tradiiioni popnliri >brnziesi (St. Prato) £12
CUIBIRT, voy. BlHOlST.
JiHAH DE TuiK, Ly histori de Jalias Caar, p. p. Sittsgait (G. P.) . . . . jSo
JORiT, Du caraaiies et de l'eitension du patois nonnaod (i. CiUiiroa) ... )9}
KoRTiNG und KoscHwiTz, PranzCEsische Studien, I-IU (G. P.) 1 10
La Bordek[I (de), L'Hiitoria Britonum et l'Hutoria britannica ; les Vraies pro-
phéties de Merlin (G. P.) jéy
Leite de Vasconcellos, Bibliotheca ethnographica ponugueu (St. Prato). . . 606
Lull, Libre del Orde de cavayleria, p. p. Aguilâ t Fuster (G. P.) . . . . 60)
Marin, Canloi populares espaiioles, 1 (H. Mili y Fontanals) }8)
ROHDAHL, Glossaire du patois du Val de Saire (C. Joret) u;
Saihtsbury, a short history of French literature (G. P.) 60J
Settecast, voy. Jihah de Tuiu.
SiTTL, Die iokalen Verschiedenbeiten der lateiuischea Spractae (G. P.). . . . 118
Stehcel, Erinneningswortc ta Friedrich Diei (0. P.) 601
Thomas (miss Carey), Sir Cawaynt and tkt grttn Knight (G. P.) ^76
Thurnevsen, Das verbum être und die (ranzŒsliche Conjugition (A. Tmrney) . J65
LIVRES ANNONCÉS SOMMAIREMENT.
Adam, Le îdiomct négro-aryeu et maléo-aryen 4)0
Arbois (d*) db JuBAiNvtLLB, intToduaioii i l'étude de la littérature cdiiqne . . 417
Alton, Einiges lu den Charakteren der Artussage 6)(
Balschah, Ueber den judisch-spanisctien Dialckt 141
Berchanh, Lettre sur la Préamble 141
BiJVANCK, Essai critique sur les œuvres de François Villon, I 418
Blad£, Quiione inperstitions populaires de la Gascogne 41S
Bokehûllir, Zur Lautkritlk der Reimpredigt Crant mal fin Adam 4:9
Brede, Ueber die Kandschriften der Ckanton de Hom 141
Breyhann, Die Léhn vom franioesischen Verb 141
Busse, Oie Congruenz des Participii practeriti ira Altfranussischen 141
Canillo, La vîu e le opère del trovatore Amatdo Daniello 418
Cerquand, Légendes et récits populaires du pays basque, IV Ijl
Coin, Di una leggenda relativa alla nascita di Coslantino 14I
Consiglieri-Pedroso, TradicçAes populares ponugueeas, X-Xl 141
Crescihi, Il canUre di Fiore e Blaacifiore ed U Filocolo 14I
DEVoriLO, Poesia popuîar 4'9
Etienne, De demiuulivls, coUectivis et in malain partem abenntibus nominibos . 4J1
Etienne, La Vie saint Thomas, étude historique, littéraire et philologique . . 4|o
Frivberg, Franioesbché Personennamen ans Guimans Urkundenbuch von Ams . 144
Freyhond, Jongleurs und Ménestrels Ajf
Gartner, Suliberger Wœrter 6î4
Gartner, Rxtoromanische Grammatik 6]6
GastS, Nofis et Vaudevires du ms. de Jehan Porée 6jj
GoossENs, Ueber Sage, Quelle und Composition des Ckefttlier au lyon . . . . 419
TABLE DES KATlëRES 6]9
HAiLutir, Eisti sai un pitob vos^en (L'rlnitell) 6)|
Haillant, Lldiome populaire a Tori^M ûa nomt de lin des Vuges , , . 6}|
HauiiK. Die riiterlidie CeseDiebift in d«i Cedlchtea des Creitisa <lê Trala . . 144
HmRT, Les deux plus indeos tnitét fnnçats d'al^arlinK et de géométrie. . . M3
MiKTiaiKc, Die vcrbjlflciioii in dCT Oiforder llds. da Ciran dt RniBon , 141, 6|6
HIKOH, CbniKHtt de Hoger d'Audeli 42S
XaKKta, Dcr ccbnach des Imperfecn und do Perfeas im Ali&utEacbdKn . . 4p
Uin Di VucoKciLLoi. Amuleiot halitnoi e ponogMio. . 417
l.>iTx M VAK&^cIl.L(», o dùlecto mirjndei I44
LiHcuTfii (»), Nouvelle ottihoic p<Mr apprcodie la langue pofTUKalte ... (44
LiHEwia, Crvodri&i ier Laui- und Fttxiocts- Analyse dn Dnfraui<niulienSp4Sclie 141
MiiUMtn, The pliiloloiEy of Freocb buguage 14a
Utin, Ctuag aa hetnrlch tv i)a
Mnu, Uebei LatrriiiihdinuIliiQgen 14a
MiuiiLAMi et Raykkud. l(b'6nîre* cl Dcscriptioni de la Terre Sainte .... 4^7
HOKF, Pf Pwn4 ilt yoj^ nach der Kl. der Hadrider Kalitnulbiblioibek ... 6n
KiiNiK, Die onbograplitichcn Refbrmvenachc dcr fraiwzsiKliea Phonetiker . . 144
KissEM, Der Nomtuiiv der rerb. Pcnonalpron. io den clienen frani. Deûkiiueltn 419
HovATi, Dante da Maliao ed Adolio Bors^gniMii 4a9
Nykop, Den oldfraïuke Hetiedigitiiag <Sj4
PviHiM, Les lapidaires franpû du mojen Ire 140
PouLMH, La Champagne dan le d^eloppemmi de b Ungnc fraofaise ... 140
pRATo, Una noveUina popolare tnonfcirina 14a
Pkato, La leggendi del itvtm di Rampslnlte 14a
RAeu»*-Koi.tTi, Giuseppe Pitri t le nidiiioni popotari 6)6
tl«TM>i;D, invenuire îles nunuKii» iuliens de Bibliothèque ninonale .... 140
lUtKAuo, Poéiie* inédites de J»n Itotiioi 144
RxMiiit, Un poema sconouiuM (Piinetaiiij) 144
RiiUAMM, Die Declinilion der langat é'çt, 1 6){
RnoKiRK, LAto i^ SiUt S^i di ftoata fi)6
^HauotM, Nea-Hengnnt, cine Waldeiuer Colonie in Wiritemberg .... 4jt
tutti, Der TruUdn An Thomat 4)0
RoLUUio, Reoieil de chaïuoiu popuUiret, I 6)4
ScHiLin, ti regret GuilU^mt, pat Jehan de le Mole 14}
ScHKTiT, Zur Gesthichte der Enlwickelung der mîlielaittr lichen Bàhne. ... 144
ScHvcRAHDT, Kieolische Smdien, IMll 4)0
ScKviAKt, Vcnmh cinet Dttsidlung der Munditl von Tourui îm MilieUlter . . 419
ScHwiisTHAL, Sur le rMe de !»inienc franc dans l* langue fraji^aise .... 4J0
ScirrcRT, En Namenbufh ri den Epen de» breiciiiîchen Sagenkieiscs .... 14a
T08t.iA, Die altvenezianiiclie Ucbeneizung des Dionfiius Cno 4)1
Ton.», Vom fTamiriitchen Venbao 6)6
Tdlli, Du Beihcuern und Seuhwcrren in der altromniicfieii Poésie .... 6}4
Ulmch, RhxioroioaniKhe Oircttomathie 417
jfyfAtMA-ncK, Dtr Mantti 14J
tn., Âthii jiHit PnphUiai. ....,,.. 6)4
Wiissi, Die Sprathibrnten Maifre ErBieii^n's 6)}
PÉRIODIQUES.
Aaalles de la PacuHé des Lettres de Bordeaiu, 1, iV 417
Aoi»iJtre<8ulIetiii de la Soaélé de CHiitoire de Pranctf XIX t ) j
Anoiuife de la Faesllf âa lettres de Lyon, I, ) 619
640 . TABLE DES MATIÈRES
Arcfiivtûr dis Studium der neaerEo Sprachea, LXVI-LXVll ij)
Bibliothique de l'École du chutes, XLll ijf
— ~ XLIII i]â
DeutKhe Uteiatundtuog, oa.-dic. r86i 1)7
— — jinv.-juin iSSj 418
— — juillet-septembre 188) fifo
Polk-Lore (El) Andaliu, 1 Ij6
Cionule di lilologu romanzj, m 408
Cionule storico délia leReratura itiliana, [, i 41J
Literarisches CentralblaR fur Deuiscfaland, oct.-dic. 1881 ijj
— — janv.-juiD 188) 41S
— — juillet-septembre 188) 619
Literaturblatt fiir deutsche und romanische Philologie, ocL-dic. 1881 ... 1)4
— — jaov.-jiûo >^)- • • 4'1
— ~- jiûllet-sepiembre 188). 616
Mémoires de 11 Sodfté des Andquaires de France, XLIl 4t{
Mémoires de la Société Éduenne^ Xll 416
Proceediugs of ttie American Philologïcal Socîet7, XXI 416
Revîsta peutru storie, ircheologie si filologîe, 1, t 617
Revue celtique, VI, 1 6a8
Revue critique d'histoire et de littfa-ature, oa.-déc. 18S2 i]7
— — janv.-juin 188} 418
— — juillet-septaobR rS8) 619
Revue des langues romanes, oct.-déc. i88j 119
-~ janv. i8Sj iji
— fév.-juio 188) 404
— joiU.-aoAt 188} 616
Rerue du monde latim, 1, 1 617
Revue historique, nurs-arril 188} 416
Revue (Nouvelle) historique de droit français, janvio-linicr iSS] 417
Revue (UJ Lyonnaise, i| septembre 188) 618
Rcvy (Nordisk), i) octobre 188} £)o
Romanische Forschnngen, I,i iji
lijdschrifi voor nedetlandsche Taal- en LetKrbmde, lll 416
Transactions of the Philologicil Sodety, 1880-81, III 411
Zeitschrift fur Gesterràchische Cymnasien, 1S81 ij£
Zeitscfarift fur romanitcbe Pbilolo^e, VI, 4 410
— - vu, I 411
CHRONIQUE.
Janvier ijS
Avril-Juin 419
Octobre frji
U pTopriétaire-gérant : F. VIEWEG.
Imprimerie Daapclcy-ConvenieM , i Tli^,iw '« li
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