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Full text of "Romania"

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ROMANIA 


ÇOMANIA 

RECUEIL   TRIMESTRIEL 

CONSACRÉ   A   l'étude 
DES     LANGUES  ET   DES   LITTÉRATURES    ROMANES 

PUBLIÉ  PAR 

Paul  MEYER    n    Gaston  PARIS 


Pur  rencnbrer  des  ancessun 
Les  <tiz  et  les  faiz  et  les  murs. 

WACt. 


2*  ANNËE  —  i88j 


PARIS 

F.  VIEWEG,   LIBRAIRE-EDITEUR 
67,  RUE  DE  RICHELIEU 


UBR/\Ry  OF  THF 
LELAND  STAMFORO  uh.  Ui^IVERSITY, 

CL.  Lf.(a5'qi 

NOV  5    \%o 


'■»lr^. 


LE    ROMAN 

DE   LA  GESTE  DE  MONGLANE. 


J'ai  montrtdans  ufl  article  de  VH»iûirf/iH^raJrf(iif  U  France  (t.  XXVIII, 
p.  13^)  que  le  podme  de  Calien,  sans  doute  do  commencement  du 
XIV"  «ècle  ou  de  la  fin  du  xjir,  nous  était  arrivé  dans  une  double  réac- 
tion en  prose,  dont  chacune  Hi  son  tour  est  repriîscntée  par  des  lexies 
indépendants.  L'une  de  ces  rédactions,  ({uî  ne  comprend  que  Caiien,  est 
conservée  dans  le  ms.  de  la  B.  N.  fr.  [470  d'une  part,  et  de  l'autre  dans 
les  éditions  imprimées  du  Galtcn.  L'autre  est  insérée  dans  une  compibtion 
dont  nous  avons  également  une  forme  manuscrite  et  une  forme  impri- 
mée, I^  forme  manuscrite  est  celle  du  ms.  de  l'Arsenal  mt,  la  forme 
imprimée  celle  des  diverses  éditions  de  Cumn  de  Montgiave.  Laissant  de 
c&lé  pour  le  moment  la  question  spéciale  de  Catien,  je  vais  d'abord  reve- 
nir sur  te  rapport  de  ces  deui  dernières  formes  entre  elles,  puis  indiquer 
leur  source  commune. 

M.  Léon  Gautier,  qui  a  le  mérite  d'avoir  le  premier  signalé  à  Patten- 
Iton  le  ms.  de  l'Arsenal  et  de  l'avoir  rapproché  du  Cuerin  de  Moniglave 
imprimé,  n'a  pas  présenté  exaciement  le  rapport  de  ces  deux  textes^ 
quSiQd  il  a  donné  le  premier  conune  le  type,  le  modèle  du  second.  J'en 
ai  fait  la  remarque  dans  l'article  cité  :  «  Le  texte  manuscrit  est  beau- 
coup plus  profondément  remanié  que  l'imprimé Le  compilateur 

a  considérablement  abrégé,  surtout  dans  la  partie  qui  raconte  la  bataille 

de  Roncevaux 1)  s'en  faut  donc  que  le  manuscrit  de  l'Arsenal  nous 

offre,  comme  le  dît  l'auteur  des  f.popées  françaises,  le  «  type  »  des 
rédactions  imprimées  i  il  s'en  faut  plus  encore  que  ces  rédaaions  dérivent 
du  manuscrit  de  l'Arsenal.  »  M.  Gautier,  dans  la  nouvelle  édition  de 
son  t.  m  (devenu  t.  IVi,  n'a  pas  cru  devoir  tenir  compte  de  ces  obser- 
vations, pourtant  appuyées  de  preuves.  II  persiste  A  présenter  comme  il 
l'avait  fait  le  rapport  des  deux  rédactions.  H.  28,  apf^  avoir  parlé  des 

AlOMiJ,  XII  > 


2  G.    PARIS 

éditions  de  Guerin  de  Monîglave  >,  il  ajoute  :  «  On  peut  regarder  la  pre- 
mière partie  du  ms.  j }  s  i  de  l'Arsenal  comnie  le  type  de  ces  versions 
imprimées.  Nous  aurons  lieu^  plus  d'une  fois,  de  mettre  ce  fait  en 
lumière.  »  P.  127  :  «  Suivant  nous,  ces  versions  imprimées  ont  été 
rédigées  sur  le  texte  du  manuscrit  de  l'Arsenal,  n  P.  17;  :  «  Quant  au 
texte  en  prose  de  Girart  de  Vienne  qui  se  trouve  dans  tous  les  Caerin  de 
MontglavCf  il  est...  calqué...  sur  ta  version  du  manuscrit  de  l'Arsenal  ; 
c'est  ce  que  mettent  suffisamment  en  lumière  les  citations  que  nous  ^- 
sons  plus  loin  et  auxquelles  nous  renvoyons  nos  lecteurs.  »  P.  192  : 

«  Ce  précieux  manuscrit  [de  l'Arsenal]  nous  offre la  plus  ancienne 

verdon  en  prose  de  notre  Roman.  Il  peut  être  considéré  comme  le  type 
de  tous  les  incunables  qui  ont  pour  titre  :  Gaerin  de  Montglave.  »  P.  20}  : 

K  Le  manuscrit  de  l'Arsenal peut  être  considéré  comme  le  type  de 

tous  les  incunables  qui  ont  pour  titre  Gaerin  de  Montglave.  >  A  cette 
assertion  si  souvent  répétée  sont  données  comme  preuves  (p.  179- 
1 80)  les  citations  de  deux  passages  correspondants  de  Girart  de  Vienne 
d'après  le  ms.  de  l'Arsenal  et  le  Guerin  de  Montgkve  imprimé.  Or  il  suffit 
de  jeter  les  yeux  sur  ces  deux  passages  pour  voir  que  la  thèse  de 
M.  Gautier  est  insoutenable,  que  la  version  imprimée,  beaucoup  plus 
longue  et  visiblement  plus  fidèle  que  la  version  manuscrite,  ne  saurait 
en  dériver,  et  que  le  rapport  des  deux  textes  est  bien  celui  que  j'ai 
indiqué,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  une  source  commune',  dont  la  version 
imprimée  est  en  général  beaucoup  plus  voiûne  que  la  version  manus- 
crite, œuvre  d'un  rédacteur  qui  s'est  donné  avec  son  original  les  plus 
grandes  et  les  moins  heureuses  libertés. 

Cet  original  commun,  on  peut  le  restituer  jusqu'à  un  certain  point  par 
la  comparaison  des  deux  rédactions  qui  nous  en  restent.  A  en  croire 
M.  Gautier,  p.  27,  le  manuscrit  de  l'Arsenal  contiendrait  :  1"  Garin  de 
Moatg^ne  (en  abrégé)  ;  —  2°  Hernaut  de  Beauknde;  —  j°  Renier  de 
Gennes;  —  4"  Girart  de  Viane;  —  j"  le  Voyage  à  Jérusalem;  —  è'Galien; 
—  7°  Aimeri  de  Narboiuie  ;  —  8<»  la  Reine  Sibille.  Ces  deux  derniers 
romans  ne  sont  pas  dans  le  Gaerin  de  Monigtave  imprimé,  et  n'étaient  pas 


i.  Il  s'exprime  â  ce  sujet,  M  et  ailleurs,  avec  peu  de  clarté.  ■  Le  seul  roman 
m  prose  de  la  geste  de  Guillaume  qui  ait  reçu  au  XVI*  siècle  les  honneurs  de 
l'impression,  dit-il,  est  Garin  de  Mongianc.  »  Et  après  avoir  cité  les  éditions  de 
Caerin  de  Monîglave^  it  ajoute  :  (  Le  Gaerin  de  Monglave  nous  offre  un  titre 
faux.  Il  se  rapporte  en  réalité  aux  romans  i'Hernaat  de  Beauiande^  de  Renier 
de  Gennes  et  de  Girart  de  Vienne,  accompagnés  de  Galien  et  d'un  résumé  de  la 
chronique  de  Turpin.  1  Donc  ce  sont  ces  romans  qui  ont  reçu  les  honneurs  de 
l'impression,  et  non  Garin  dt  Moaglane. 

2.  J'ai  dit  (p.  21;)  que  cette  source  commune  était  déji  une  rédaction  en 
prose.  Je  ne  me  rappelle  plus  quelles  raisons  j'ai  eues  pour  penser  ainsi  ;  nuis 
cet  intermédiaire  me  semble  auiourd'huî  très  peu  probable. 


LE  ROMAN  oe  u  Gesie  de  Montant  "      { 

non  ptus,  comme  nous  allons  le  voir,  dans  l'original  :  laissons-les  donc 
de  cAté.  Le  Cutr'm  de  Mont^lave  imprimé  conlienl,  d'jipr^s  M.  Gautier 
(p.  1 371  '  '"  Htrnaut  de  Beauhndt;  —  2"  Renitr  dt  Géants;  —  î'  Cirart 
dà  Viane;  —  4"  Vayagt  à  Jérusalem  fir«^  abrégé]  ;  —  (*  Chroai^vt  du 
faux  Tarpin  ;  —  6°  Gaiien  ;  —  7"  fin  de  U  Chronique  dt  Turpin.  Ainsi  ce 
texie,  qui  proviendrai»  du  ms.  de  l'Arsenal,  n'en  différerait  pas  moins  de 
celui-ci,  d'abord  en  ce  qu'il  serait  privé  au  début  du  Gmn  dt  Monglant 
abrégé,  ensuite  en  ce  qu'il  intercalerait  avant  et  après  Calien  deux  mor- 
ceaux empruntés  à  la  Clironiifuc  de  Tarpin.  La  première  différence  est 
illusoire;  M.  Gautier  lui-même,  donnant  (p.  127)  une  nouvelle  table  des 
éléments  du  ms.  de  l'Arsenal,  n'y  fait  plus  (ci  avec  raison)  figurer  le 
«  Garin  de  MontgUne  en  abrégé  «,  et  la  dresse  ainsi  :  1"  Htmaut  de 
Btaulandi  ;  —  2"  Renitr  de  Gtnnts  ;  ■—  î'  Cirart  dt  Viant  ;  —  4°  Galita; 
t'— '  j*  Atmeri  dt  Narbonne;  —  6*  la  Reine  SibiUe.]  On  a  six  numéros  au 
lieu  de  huit,  parce  que  l'auteur  a  cette  fois,  et  à  bon  droit,  compté 
comme  un  seul  le  Voyage  à  Jirusaitn  et  Culien  ;  seulement  il  aurait  dû 
en  faire  auunt  en  donnant  h  table  du  Gwria  de  Momglave  imprimé.  Ce$ 
deux  textes  coïncident  donc  pour  les  quatre  romans  de  Hernaai  de  lieaa- 
laade,  Renier  de  Genrus^  Giran  de  Vienne  et  Calien;  mais,  d'après 
M.  Gautier,  l'imprimé  aurait  en  outre,  avant  et  après  Calien,  inséré  deux 
morceaux  de  U  ChTcniqiu  àe  Tarptn'.  C'est  là  une  erreur  manifeste  ; 
les  passages  en  question  font  partie  imégranle  du  CalUa,  comme 
l'indique  suffisamment  la  comparaison  avec  les  deux  rédactions  isolées 
de  ce  roman,  et  ces  passages,  consacrés  i  l'expédition  d'Kspagne,  ne 
proviennent  nullement  du  faux  Turpin»,  mais  représentent,  comme 
je  l'ai  indiqué  ailleurs  (Hom.  XI,  484),  une  version  particulière  de 
l'histoire  de  Roncevaux.  Donc,  en  résumé,  le  ms.  de  l'Arsenal  et  le 
Cornu  de  Montglate  imprimé  contiennent  également  les  quatre  romans 
suivants  :  1"  Hemaud  de  Beaaiande  et  Uilon  de  PouitUi\  —  i°  Renier  Je 
Gennes;  —  ?<>  Girard  de  Vienne  ;  —  4"  Calien. 

Telle  serait  du  moins  la  composition  des  deux  rédactions  en  prose,  et 
conséquemoent  de  leur  source  commune,  si  l'on  croyait  devoir  mainte- 
nir b  division  introduite  par  M.  Léon  Gautier;  mais  je  ne  sais  si  elle  ce 
demande  pas  i  être  quelque  peu  modifiée.  Le  récit  des  aventures  de 


1.  Au  t.  III,  p.  ^37.  M.  Gautier  dit  plus  vaguement,  nuis  non  plus  exacte- 
nent  :  <  A  h  lin  ijki  Ouftm  dt  Mw^îaat  încunabirs  «t  un  autre  rêcil  abrégé 
de  la  défaite  de  Roncevaux,  r^dl  emprunlé  k  da  snorcrs  tiline».  1 

2.  Ailleurs  |t,  tll,  p.  J7)|,  partaot  du  récit  de  Roncrvaux  dans  Calien^ 
M.  Gautier  dit  ;  t  Ce  récit  est  emprunté  au  faux  Turpin  ci  aux  Remanienents, 
aux  RQiunaej,  plutôt  qu'i  la  Chanson  de  Roland.  » 

).  Cette  partie  de  U  compilation  est  en  effet  coniacrée  aux  aventures  des 
deux  frères,  et  non  pas  sculetneol  d'Hernaud  ;  voy.  les  rubriques  dans  Gautier, 
1.  IV,  p.  20J:  J17. 


4  G.    PARIS 

Hemaud  et  Milon  d'une  part,  de  Renier  de  l'autre,  n'autorise  pas  sans 
doute  Â  jdmenre  l'existence  antérieure  de  deux  poèmes  isolés  dont  elles 
auraient  fait  le  sujet.  Il  est  impossible  en  effet  de  séparer  ce  double 
récit  de  celui  des  aventures  de  Girard.  Hcmaud,  Milon,  Renier,  Girard 
sont  les  quatre  fils  du  vieux  Garin  de  Mongbne;  le  poème  de  Girard 
de  Vienne,  de  Bertrand  de  Bar-sur-Aube,  raconte  cumtncniils  quittèrent 
le  château  de  leur  père  pour  aller  chercher  fortune,  et,  ne  parlant  que 
très  brièvement  des  trois  autres  frères,  dont  il  rapporte  cependant  l'éta- 
blissement à  Bcaulande,  en  Rouille  et  à  Gennes,  s'attache  à  suivre  la 
destinée  de  Girard.  Le  poème  de  Bertrand  parait  avoir  éié  renouvelé, 
vers  ta  fin  du  xiii*  siècle,  par  un  rimeur  qui  a  trouvé  un  moyen  tout 
naturel  de  l'allonger,  suivant  le  go&t  de  son  temps,  en  racontant  plus  au 
long  comment  les  trois  frères  de  Girard  étaient  arrivés  â  la  possession 
de  leurs  cités  :  mais  leurs  aventures  ont  toujours  pour  point  de  départ 
la  scène  du  début,  qui  se  passe  au  chÂteau  de  Mongbne,  et  les  trois 
récits  secondaires  sont  ainsi  rivés  de  telle  façon  au  récit  principal  qu'ils 
n'ont  guère  pu  exister  séparément  ■.  La  compilation  conservée,  sous 
une  double  forme,  dans  le  ms.  de  l'Arsenal  et  dans  le  Gaerin  de  Moai- 
glavt  imprimé  se  réduii  donc  en  dernière  analyse  à  deux  éléments  :  un 
Girard  de  Vienne  renouvelé  et  amplifié  *  et  un  Galien. 

Ces  deux  éléments  ont  été  assez  naturellement  rapprochés.  Les  quatre 
fils  de  Garin  de  Monglane  sont  les  héros  des  premiers  récits.  Dans  la 
guerre  de  Girard  contre  Charlemagne  apparaît  Olivier,  le  fils  de  Renier, 
et  sa  sœur  Aude,  qui  deviennent  l'un  le  compagnon,  l'autre  la  fiancée 
de  Rolland  ;  dans  Galien,  qui  fait  suite,  nait  et  grandit  le  fils  d'Olivier, 
qui  plus  tard  retrouve  expirant,  à  Ronccvaux,  son  père  Olivier,  Rolland 
et  Turpin,  les  assiste  à  leurs  derniers  moments  et  les  venge  sur  les 
païens  ;  le  tout  Tmii  par  le  supplice  du  traître  Ganelon,  auteur  du  désastre 
de  Roncevaux.  Tous  les  é{nsodes  de  la  compilation  étant  rattachés  aux 
aventures  des  fils,  pelits-Als  et  arrière-petits-fils  de  Garin  de  Monglane, 
Je  nom  de  Cette  dt  Montant  me  parait  lui  convenir.  L'auteur  de  la  rédac- 
tion contenue  dans  le  ms.  de  rArsenal  l'a  continuée  )  en  joignant  à  ces 
romans  celui  à'Aimtri  de  Narbonnet  fils  d'Hertuud.  et  celui  de  SibiU,  qui 
a  pour  dénouement  le  mariage  de  Blandiefleur,  fille  d'Aimeri  de  Nar- 
bonne,  avec  Louis,  fils  de  Charlemagne.  Ainsi  se  termine  la  première 


I.  M.  Gautier,  qui  a  analysé  Htmàud  dt  Btgulandt  {ti  Milon  dt  Pmlte\  et 
RmtT  dt  Ctnnd  comme  deux  poèmes  distincts,  a  éprouvé  de  i'einban'as  i  leur 
donner  un  dïbut. 

a.  Ce  6'irjrJ  diffère  d'aillevri  cotitidcraMcioent  de  celai  de  Bertrand  ;  il  y 
aurait  lieu  de  les  comparer  ci  de  signakr  In  divergences. 

j.  &n  outre  cet  auteur  est  seul  i  donner  la  seconde  partie  de  Càlitn,  qui 
manque  dans  k  Cutrin  JiMont^latt  inprÎBié. 


LE  ROMAN  DE  LA  Cette  de  Moaglane  5 

pvlje  de  la  Geste  de  Mongtane,  qui  se  passe  sous  Charles  ;  la  seconde 
partie,  dont  Cuillaume  d'Orange,  Hls  d'Aimeri,  est  le  héros  principAt, 
est  plus  vaste  encore,  et  les  événements  qui  y  sont  racontés  sont  placés, 
au  moins  dans  la  plupart  des  réductions,  sous  Le  règne  de  Louis.  Elle 
forcne  le  sujet  de  la  grande  compilation  italienne  des  Natboncû. 

Revenons  à  notre  Gtste  de  Monghne.  composée  des  deux  éléments 
indiqués  ci-dessus.  Dans  l'article  cité  de  VHtsioiit  littéraire,  je  disais, 
après  avoir  parlé  d'un  manuscrit  qui  figura  en  i86t,  sous  le  n°  jj,  àla 
vente  Savile  J  Londres  :  «  Il  est  visible  qu'il  faut  reconnaître  U  le 
modèle  de  ta  compilation  que  nous  ont  conservée  le  manuscrit  de  l'Arse* 
nal  et  le  Guerin  de  Montglave  imprimé.  Espérons  que  le  ms.  Savile, 
dont  nous  ne  connaissons  p.is  le  possesseur  actuel,  sortira  quelque  jour 
de  la  retraite  où  il  a  été  replongé  après  sa  courte  apparition  publique.  » 

Le  ms.  Sanle  est  retrouvé  ;  P.  Meyer,  qui  l'avait  déjà  décrit  sommaj- 
remeni  en  1861,  l'a  revu  à  Cheltcnham  dans  la  bibliothèque  laissée  par 
Sir  Thomas  Phîllîpps,  et  ce  qu'il  m'en  a  communiqué,  bien  que  très 
court,  suffit  i  prouver  que  je  ne  m'étais  pas  trompé  cl  que  ce  ms.  con- 
tient U  même  compilation  que  le  ms.  de  l'Arsenal  et  le  Cturin  de  Mont- 
^ve  imprimé,  mais  en  vers,  c'est-à-dire  dans  sa  forme  première. 

Le  ros.  Savile  î(  porte  à  Chcltenham  le  n*  26091  ;  c'est  un  petit 
manuscrit  (hauteur  0,28^  ',  largeur  0,172)  du  xv*  siècle;  l'êcrtiurc  c^ 
csï  française.  Les  deux  premiers  feuillets  sont  enlevés;  le  7*  cahier  [ce 
sont  des  cahiers  de  8  feuillesl  manque.  Le  ms.  se  compose  de  1 }}  feuil- 
lets ;  la  page,  qui  n'est  pas  divisée  en  colonnes,  compte  47  vers,  ce  qui 
nous  donne  13,690  vers'  :  si  nous  y  joignons  les  4  pages  qui  manquent 
en  tète  et  les  16  pages  du  7*  cahier,  nous  ajouterons  à  ce  chiffre  940  vers, 
ce  qui  porterait  le  total  de  ceux  du  poème  complet  k  i  ;,6jo  ;  mais  nous 
verrons  tout  &  l'heure  qu'il  y  a  sans  doute  une  lacune  à  la  lin>.  Voici  les 
prenûers  vers  conservés  dans  le  manuscrit  de  Chcltenham  : 

En  Si  chambre  [en]  ila  dont  pluj  tost  ijue  le  pas, 

Et  b  prinl  a  plourer,  qu'elle  eust  le  cuer  si  las 

Qu'elle  oe'dcist  mot  pour  la  cité  d'Arras. 

«  Ha<a|  !  *  dist  elle,  «  Guenn,  desver  tu  me  feras, 

Quant  de  mes  quatre  filz  ainsi  m'«longncras  I  » 

Mail  une  chatnbcnere  qui  cust  nom  Fauconnas 

Lui  a  dît  :  (  Douice  âame,  ne  vous  courrouciez  pas  : 


1.  Dans  sa  première  note  |Bi*/.  P'.c.  Cit.  i,  11,  J79),  priic  forcêmenl  1res  i 
la  hlte,  P.  Meycr,  par  unf  méprise  quelconqoe,  avait  évalué  le  nombre  de  vers 
i  )8,)oo.  L«  cniffK  réel  rassure  un  peu. 

1.  On  a  réuni  sous  U  mfme  reliure  un  tout  autre  mintiscrit,  contenant  on 
fragment  des  Chtoniqaes  de  Saint-Denu,  qui  va  du  t.  V,  p.  iij,  au  t.  VI, 
p.  47 1 ,  de  l'édition  P.  Paris. 


6  G.    PARIS 

Le  duc  fait  moult  tresbien,  foy  que  doy  saint  Lyas, 
Qui  vos  quatre  beaulx  filz  met  aiusi  en  haras. 
Ma  dame,  advisez  vous  :  et  que  vault  ung  beau  chats, 
Pour  ce[l]  di(t),  qui  ne  prent  les  souris  et  les  raz  ?  ■ 

Si  comme  Mabilecte  plouroit  moult  tendrement, 
Atant  es  les  enfîans  qui  moult  furent  dolent. 
Quant  leur  mère  les  vit,  si  leur  dist  doucement  : 
(  Enffans,  pour  Dieu  merci  le  père  omnipotent, 
De  cy  ne  vous  partez  ainsi  ne  autrement  ; 
Lessiez  au  duc  Guerin  passer  son  mautalent.  > 

Voici  le  passage  correspondant  à  ces  vers  dans  le  Gaerin  de  Montglave 
imprimé  (éd.  de  Nicolas  Chrestien,  sans  date,  faeil,  II,  comparée  à 
celle  d'Alain  Lotrian,  s.  d.,  f.  II).  On  verra  avec  quelle  fidélité  le  pro- 
sateur a  suivi  son  modèle  :  il  ne  manque  en  réalité  dans  la  prose  que 
les  hémistiches  de  pur  remplissage  que  les  poètes  du  xiv"  siècle  pro- 
diguent, pour  la  rime,  de  la  façon  la  plus  insipide,  en  sorte  que  la 
forme  prosaïque  est,  à  vrai  dire,  meilleure  que  la  forme  poétique  ori- 
ginale. 

Et  quant  Mabilete  ouyt  ainsy  parler  son  seigneur,  elles'en  alla  en  sa  chambre 
et  se  prini  a  plourer  si  tendrement  qu'elle  estoit  toute  couverte  de  larmes,  et 
avoit  le  cueur  si  serré  qu'elle  ne  pouoit  dire  un  tout  seul  mot  ;  et  quant  elle 
peut  parler  elle  dis!  :  i  Ha  I  Guenn,  tu  me  feras  mourir;  car  aujourdhuy  tu 
me  tollis  toute  ma  joye  et  mon  soûlas  quant  tu  m'eslongnes  de  mes  quatre 
enfans.  >  Mais  une  de  ses  damoyselles  luy  dit  :  ■  Ma  doulce  dame,  ne  vous 
desconfortez  pas,  car  par  ta  foy  que  )e  vous  doy  monsieur  fait  bien.  Ma  dame, 
advisez  vous  :  el  que  vault  un  chat  en  une  maison  qui  ne  fait  que  menger  et  ne 
prent  ne  ratz  ne  souris  i  II  ne  vault  rien  et  n'est  que  encombrement  de  maison  ; 
par  quoy,  ma  dame,  il  me  semble  que  vous  devez  plus  regarder  a  l'honneur  et 
proffit  de  voz  enfans  que  tout  ainsi  a  vostre  plaisance.  > 

Comment  la  ftmmt  de   Guerin  estant  dolente   du  département  de  ses  enfans  pria 
aasditz  enfans  qa'ih  ne  bougeassent  et  bien  ferait  leur  pais  devers  leur  père. 

Ainsi  que  Mabilete  plouroit  si  tendrement,  les  enfanz  sont  entrez  moult 
dolens  en  la  chambre  de  leur  mère.  Et  quand  elle  les  vit  elle  leur  dist  moult 
doucement  :  «  Mes  enfans,  je  vous  prie  que  vous  ne  partez  point  d'ici  ;  et  lais- 
sez passer  le  malulent  de  votre  père,  t 

Si  maintenant  nous  cherchons  ce  passage  dans  le  ms.  de  l'Arsenal, 
nous  l'y  chercherons  en  vain.  Tout  le  début  du  roman  est  violemment 
abrégé  ;  la  querelle  du  vieux  Garin  avec  ses  fils,  la  douleur  de  leur  mère 
à  l'annonce  de  leur  départ  sont  à  peine  indiquées.  Voici  tout  ce  qui  res- 
semble en  quelque  façon  à  la  scène  dont  on  vient  de  lire  un  fragment 
(Ars.  HSi,f*4r^)  = 


LE  ROMAK  DE  LA  GiSU  de  Monglaat 
Si  devu  savoir  que  i  Ij  depjulie  y  euU  ploryé  mainte  lirmcs  et  maint  rtgret 
y  fu  piieuitmeni  réclamez  de  la  partie  de  ia  noble  dame  en  espectal,  qgi  maler- 
ndlement  rcgardoit  ses  enfans,  lesqudii  avoient  les  ceurs  si  endurcis  que  il  n'y 
aroil  cellui  qui  de  son  cuer  eust  rendue  une  Urtne  de  pleur. 

On  voit  que  la  rédaction  imprimée  provient  directement  du  poème,  « 
ne  s;iur.iii  avoir  son  «  type  »  oo  son  a  modèle  n  dans  la  rédaction 
manuscrite. 

Void  maintenant  les  derniers  vers  du  ms.  de  Cheltenham  (f*  ■  3  J  v")  : 

Quant  Thierry  ti  a  veti  que  Ganelcn  se  rent, 

S'espée  lui  tollJi  tost  et  apperlement  ; 

Ne  loi  laîtse  couMel  ne  armes  ensement, 

El  lui  lya  les  piedz  a  son  commaadcmeal, 

Et  les  mains  lui  lya  ausi  bien  Icrmement, 

Et  ainsi  l'amena  a  Laoo  droictemeut. 

Et  le  rendi  au  roy  enmy  son  parlement  ; 

Et  quant  le  roy  le  vit  si  a  dit  haulument  : 

■  Tbierry  0,  ce  dist  le  roy,  «  servi  m'as  loyaumenl. 

Or  tosi,  1  ce  diït  le  roy,  *  bides  moy  jugement 

De  la  mort  Ganelon  que  voyez  cteremenl.  1 

Adonc  rnos]lre  barons  lost  et  legiercnicnt 

Parlèrent  l'nn  a  l'autre  clcremcnl  en  oyani  : 

Li  ung  veult  qu'il  soit  ars  sanz  faire  largement, 

Li  autre  vealt  c'on  pende  lost  et  legierement, 

Et  si  ont  dit  a  Cannes  :  «  Mourir  te  fault  vraîeneni.  ■ 

Quant  Ganelon  l'ony,  mercy  leur  jva)  priant 

C'on  (n».  Non)  lui  hastafst)  sa  raori  sanz  nul  ddaiement. 

Ganelon  (u  jugé  de  mourir  laidement  ; 

Car  a  quatre  cbevaulx  (u  atachez  vraienent 

Et  en  quatre  chartiers  le  mist  on  a  présent 

Par  le  trait  des  chevauU  c'on  chaca  vistenent  ; 

En  quatre  citez  lu  pendus  villainemenl. 

Mais  courouciez  en  furent  ses  amis  et  parent, 

Et  (orerent  Jh«us  a  qui  le  monde  apent 

Qa(e)'  eocor  (en)  feront  le  roy  couroucié  et  dolent. 

Le  roy  vinl  a  Paris  après  ce  jugement  ; 

Les  barons  s'en  feront  devers  leur  lenenent  : 

Cbarlrs  donna  congi^  a  trcttoulc  sa  gent  ; 

En  long  temps  ne  fist  puis  aucun  hosteiement  [ms.  hastinement). 

Seigneurs,  ouy  avei  bien  et  ver(i]tableinent 

Les  (au  de  RainchevauU  et  le  commencement, 

La  venue  Roulant  e  d'Olivier  le  genl. 

Temps  est  que  je  deline  ce  livre  a  prêtent  : 

Tous  ceutx  qui  l'ont  ouy  gart  Oîeu  {ms.  huî)  d'encombrement 

El  les  TBeille  sauver  lassus  ou  lirmament  ! 


Q  G.    PARIS 

Si  fault  de  Rainchevaulx  tout  le  definement. 

Paradis  nous  doinst  Dieux  qui  fist  le  firmament  1  Amen. 

Cette  fin,  comparée  au  Ciurin  de  Monglavt  imprimé,  soulève  plusieurs 
questions  difficiles.  Le  Guerin  de  Monîglave,  pour  l'histoire  de  la  guerre 
d'Espagne,  ne  s'en  est  pas  tenu  au  récit  de  Catien;  il  y  a  mêlé,  et  en 
^ande  partie  substitué,  non  pas  la  chronique  de  Turpin,  qu'il  n'a  nulle- 
ment connue,  mais  le  récit  des  renouvellements  du  Rolland.  Le  poème 
de  la  Geste  de  Monglane  en  faisait-il  autant  ?  abandonnait-il  le  Catien  (que 
nous  connaissons  par  tes  deux  rédactions  en  prose  mentionnées  au  début 
de  cet  article]  pour  se  rattacher  à  Roncevaux?  Je  ne  puis  le  décider  en 
l'absence  du  ms.  de  Cheltenham,  car  le  ms.  de  l'Arsenal  ne  peut  ici, 
autant  qu'il  me  semble  après  un  examen  rapide^  nous  servir  à  rien.  Il  ne 
raconte  pas  la  trahison  de  Caneton,  renvoyant  au  «  livre  sur  ce  composé 
au  long  (f*  205  v°],  »  et  il  ne  dit  même  absolument  rien  du  supplice  du 
traître ,  dont  il  mentionne  seulement  l'arrestation  (f*  3 1  s  V)  ' .  Quoi 
qu'il  en  soit,  à  la  fin  du  récit,  le  Cuerin  de  Montglave  imprimé  paraît 
suivre  tout  aussi  fidèlement  qu'au  début  le  poème  conservé  à  Chelten- 
ham, sauf  une  circonstance  importante,  qui  va  être  signalée.  Voici  cette 
lin  dans  l'édition  de  Nicolas  Chrestien  {/mil.  xcin  v»  dans  les  deux 
éditions  consultées)  : 

Quand  Thierry  vit  que  Cannes  se  rendoit,  il  luy  osia  son  espee  et  ne  luy 
laissa  cousteau  ne  armeure  et  luy  lia  les  piedz  et  les  mains  et  le  mena  a  Laon. 
Et  quand  le  roy  le  vit,  il  dist  :  <  Thierry,  tu  m'as  jervy  loyaulment.  Or  lost, 
seigneun,  »  dist  le  roy,  ■  jugez  le  moy  ;  vous  voyez  bien  comment  il  en  va.  > 

Ce  morceau  répond  parfaitement  aux  premiers  vers  de  la  6n  du 
poème  ^  mais  au  lieu  des  vers  (à  partir  du  douzième)  qui  rapportent  la 
délibération  des  barons  et  la  prière  de  Caneton  pour  qu'on  hÂte  son  sup- 
plice, nous  trouvons  dans  la  prose  une  protestation  de  Ganelon  contre 
l'accusation  de  trahison,  puis  le  combat  de  Pinabel  contre  Tiem.  Ce 

I .  Voici  tout  ce  qui  concerne  la  fin  de  l'histoire  d'Espagne  dans  le  ms.  de 
l'Arsenal.  Je  cite  ce  passage  assez  intéressant  i  plusieurs  égards,  et  qui  montre 
avec  quelle  liberté  ce  compilateur  traitait  son  texte  et  jusqu'à  quel  point  il 
l'abrégeait  :  1  II  trouva  Galien  et  Galien  lui,  qui  le  hasta  de  poursievir  les 

Eiyens  qui  tous  ou  la  plus  grant  part  furent  occis  en  cellui  jour  par  l'ayde  de 
leu  QUI  ses  miracles  y  monstra  en  telle  manière  que  le  soulail  qui  estoit  comme 
fort  aoaissiés  fist  tenir  trois  heures  en  estât.  Et  adonc  s'en  retourna  l'ost  de 
France,  et  ta  ploura  chascun  son  parent  et  son  amy  comme  l'istoire  le  recorde 
ou  livre  sur  ce  fait  et  composé.  Cnarlemaine  conquist  Saragoce  depuis  et  des- 
confist  Baiigant  le  roy  d'Auffrique  et  son  nepveu  Lansallie  et  Mauprin  de  Tur- 

3uie  ;  cellui  fut  prins  en  bataille  par  Catien  et  sauvé  de  mort  moiennant  ce  qu'il 
evint  chrestien  et  délivra  Montsusain  et  Guinande  la  belle  au  damoisel  Galien 
qui  depuis  l'espousa,  comme  l'istoire  pourra  par  aventure  cy  après  racompter 
en  panant  des  fais  de  Galien  le  noble  damoisel.  Mais  a  présent  se  taist  l'istoire 
de  lui  et  parle  de  Aymery  de  Beaulande  [f*  zaa  v*).  > 


LE  ROUKH  DE  u»  Cette  de  Mùngkne  9 

n'e$t  qa'ipfH  ce  combat,  où  Pinabel  est  vaincu,  que  Hmprini^  rejoint 
le  potaK  \  mais  il  ne  coniiem  ni  la  délibération  des  barons  sur  le  genre 
du  supplice,  ni  b  demande  de  Ganelon  d'éire  mis  à  mort  sans  délai. 
Faut-il  regarder  le  ms.  de  CheUenham  et  le  Cuern  de  Montiituve  comme 
tronqués  l'un  et  l'autre,  bien  qtie  dilléremment  ?  It  est  difficile  de  le 
décider  ;  ie  ferai  cependant  remarquer  que  le  combat  de  Tierri  ei  de 
Pinabel  se  retrouve  dans  le  Cilien  isolé,  et  que  la  délibération  des  barons 
fait  aussi  partie  des  renouvellements  de  Roncevaux.  —  Le  dcmter  chapitre 
du  Cuerin  de  Montgtan  nous  montre  une  fois  de  plus  l'étroite  fidélité  de 
ente  rédaction  au  récit  et  même  à  la  Iciuc  du  poème  qu'elle  suit. 

CboukoI  Cênna  /at  tsuiU  a  ^lUHii  ihiraulx  a  fat  mnu  dtmmM  a  etâi. 

GinDes  fut  |ug^  i  noanr  de  vilaine  mort,  car  il  fut  attelli  »  quatre  chevanlx, 

et  an  trait  dn  chevauljc  qui  furent  ctiascez  fut  incomincnt  detnembré  en  quatre 

quartiers,  et  fut  pgrlé  «n  quatre  citez,  un  quartier  en  chacune  cité,  et  y  furent 

peadus  ;  mats  ses  amys  jurereol  que  eooores  fereirot  Hz  en  France  grant  guerre 

ri  eonuy  *,   Puîi  s'en   >inl  le  roy  a  Paris  et  donna  congé  a  ses  barorit  d'aller 

[cbaKUB  chet  luy,  si  fut  long  umps  saus  avoir  guerre  en  France.  Or,  seigneurs, 

'  Wis  a»tt  ouy  les  faits  de  Ronccvaulï  et  le  commencemeni  de  la  venue  de  Roland 

et  Olincr  et  la  mort  d'eulx.  Si  est  temps  qu«  je  fine.  Si  prie  3  Dieu  que  ceuU 

^■j  ont  lea  et  ouy  et  qui  lyront  et  orront  qu'il  les  vueille  mettre  en  sa  gloire 

.  de  paradis.  Amtn, 

^  maintenam  nous  comparons  à  cette  double  version  le  récit  de  la 
[fio  de  Ganelon  dans  les  deux  rédactions  en  prose  du  CalUn  isolé,  nous 
'  vua  trouvons   en  présence   d'un  troisième  texte.    Tandis  que  dans 
Caerùi  Je  Montglave  <^ea  Tierri  lui-même,  qualifié  de  simple  écuycr, 
et  non  nommé  iusque-b,  qui  trouve  Caneton,  chassé  par  la  faim  du 
bois  oii  il  s'était  câcbé,  le  prend,  le  lie  et  l'amène  à  Charlemagne, 
dans  Galien  c'est  un  chevalier  appelé  dans  le  ms.  1 470  Guichard  (ou 
Girard)  de  Digeon,  dans  l'imprimé  Gautier  de  Dijon,  qui  surprend  Gane- 
lon au  moment  où,  sous  l'apparence  d'un  bûcheron,  il  va  se  cacher  chez 
oa  villageois,  et  le  présente  au  duc  d'Anjou  Tierri,  qui  le  conduit  à 
Charlemagne.  Voici  le  passage  dans  les  deux  rédactions  en  prose  de 
Giliia ,  Ml  verra  qu'elles  se  suivent  de  fort  près,  bien  qu'étant  sans 
.  doute  indépendantes  l'une  de  l'autre,  et  il  serait  facile  en  les  rapprochant 
I  de  nsiituer  la  rime  des  laisses  du  poème  sur  lequel  elles  sont  faites 
>  a  même,  en  miaini  endroit,  des  vers  tout  entiers. 


Lon  traiit  son  espee  et  en  cuida 
frapper  Ganses  ;  mais  iJ  se  ravisa  de 


Lws  s'en  fient  1  luy  l'espce  traicte: 
■  Or  ça,  dist  le  cbcvalîer,  foy  que  je 


t.  L'imprimé  ajoute  ici  :  •  Mais  nonobstant  cm  choses  (ut  Pinabcl  pernJu.  1 
la  a  anu  l'air  d'une  intercalalion  maladroite  et  porterait  i  douter  que  le 


Cela 

posage  relatif  i  Pinabd  ait  appartenu  au  poème. 


10 


G.    PARIS 


Charlemaigoe  qui  le  vouloit  faire  mou- 
rir, si  ne  lui  meffist  ;  mais  l'amena  au 
duc  d'Anjou.  Et  quant  le  duc  le  vit  si 
en  loua  nostre  seigneur,  si  (e  fist 
prendre  et  bien  fort  lyer  et  puis  se 
misdrent  a  chemin  et  s'en  retournèrent 
ven  Laon. 


Or  est  prins  le  traistre  a  son  ma- 
leur,  si  Taroenent  le  plus  hastivement 
qu'ilz  peuent  a  Laon,  si  trouvèrent 
l'empereur  en  son  palays  et  lui  pré- 
sentèrent Cannes,  dont  il  fut  moult 
joieux  et  n'en  eust  pas  voulu  tenir 
tout  l'or  d'orient.  Lors  mande  incon- 
tinant  tous  ses  barons  pour  le  juger, 
si  vinrent  maintenant  a  son  mande- 
ment. Et  quant  Charles  les  vit,  si  dist 
tout  haultemeot  :  «  Seigneurs,  je  vous 
prie  que  vous  me  jugez  Cannes,  car  je 
ne  vous  demande  autre  chose.  >  Lors 
les  barons  jugent  incontinant  Cannes 
[a]  mourir.  Et  quant  Cannes  se  vit 
juger,  si  se  prent  moult  tort  a  sous- 
pirer  et  dist  au  roy  :  i  Sire  empereur, 
vous  m'accusez  a  tort...  » 


doy  a  saint  Simon,  tresmal  estes  ar- 
rivé. Maintenant  vous  trenchasse  la 
teste  se  ne  feust  Charlemaigne  qui 
veult  encore  vous  veoir,  qui  mourir 
vous  fera  a  sa  voulenti.  >  Adonc  le 
print  et  le  lia  et  le  mena  au  duc  d'An- 
jou, lequel  quant  il  le  vit  loua  Dieu  et 
la  vierge  Marie.  Incontinent  le  duc  le 
fist  enferrer,  et  puis  le  mena  erram- 
ment  a  Laon,  ou  le  roy  Charlemaigne 
estoitV 

Quant  le  traystrc  fiit  pris  le  duc 
d'Anjou  l'amena  estroictement  a  Laon 
et  le  présenta  au  roy  en  son  maistre 
palais.  C^ant  le  roy  le  vit,  n'en  eust 
pas  voulu  tenir  tout  le  trésor  do 
monde.  Tantost  manda  ses  barons 
pour  en  foire  le  jugement.  Quant  ilz 
sceurent  ce,  ilz  vindrent  de  grant 
couraige,  et  quant  ilz  furent  venus  le 
roy  leur  dist  :  *  Barons,  autre  chose 
ne  vous  demande  fors  que  incontinent 
me  jugez  Cannes,  i  Et  les  barons  res- 
pondirent  que  voulentiers.  Lors  le 
jugèrent  a  mourir  a  torment.  Et  quant 
Cannes  l'entendit,  du  cueur  va  sou- 
pirer et  dist  au  roy  :  •  Sire  empereur, 
vrayement  vous  me  faictes  tort...  » 


Comme  dans  le  Guerin  de  Montgkve,  s'intercale  ici,  dans  le  Co/ien, 
rtustoire  du  combat  judiciaire  de  Tierri  contre  Pinabel  ;  ce  n'est  qu'après 
la  défaite  de  celui-d  que  la  sentence  de  Canelon  est  exécutée.  Void  la 
fin  des  deux  rédactions  de  Galien  : 


Lors  fist  venir  Cannes  qui  estoît  en 
cbartre  et  fut  jugiè  a  estre  tiré  a 
quatre  chevaulx.  Si  fut  mené  Canoës 
as  prez  sainct  Martin  et  fut  despoillé 
tout  aud  en  sa  chemise,  et  fut  atellé  a 
quatre  gros  chevaux  et  a  chascun  che- 
val avoict  ung  varlet  pour  le  chasser, 
si  font  tellement  tirer  les  chevaux 
qu'ilz  desmembrerent  Cannes  et  en 
firent   .V.  pièces,  chascun  cheval  en 


Adonc  manda  Cannes  quérir,  qui 
estoit  en  la  chartre,  lequel  fut  amenées 
prés  de  Saint  Martin  hon  la  ville  de 
Laon,  et  ta  escria  Chartes  devant 
toute  sa  lignée  qu'on  lui  amenast 
quatre  chevaux,  et  que  la  serait  des- 
membré  tout  par  quartiers.  Alors  fut 
amené  le  traitre  devant  la  baronnie  et 
fut  despoillé  sur  l'herbe  tout  nud  en 
sa  chemise,  et  la  fut  getté  sur  le  champ 


I .  Ici  se  termine  dans  l'imprimé  le  chap.  LXXIX  ;  le  chap.  LXXX  et  der- 
nier est  précédé  de  ce  titre  :  Comment  Pinabtl  ntpta  Je  Ganelon  dtmtaida  U 
bataiUt  pmr  ton  omit  tt  comment  il  fat  vâinca  tt  Gantlon  liri  a  quatre  chnaulx. 


LE  ROMAN  DE  LA  CtsU  de  Nongïttne 


eut  braz  ou  janbe,  et  le  corps  denoura 
tout  nud  «nny  le  champ;  puti  lui 
coDpi  Ten  le  coul  et  au  bout  d'une 
lance  fut  mis  le  chief  et  nont^  an  plus 
haalt  de  U  tour  de  Laon.el  en  quatre 
autret  citez  fut  pendu  le  demourant 
des  autres  membres,  et  le  corps  fut 
art  tout  încontinant  ;  el  Pinabe!  fut 
pendu.  Et  ainsi  fut  cxerchitè  letraiilre 
Gann«s,  dont  s«s  amis  et  parens  furent 
moult  courroussR.  et  dient  l'un  a 
l'antre  que  s'ilz  vivoient  long  temps 
qn'ib  feroient  Charlemaîgne  marry  et 
dolUnt  de  ce  que  ainsi  avoît  fait  mou- 
rir honteusemefit  leur  parent.  Le  roy 
Ctiarletnaîgnc  manda  le  duc  d'Anjou 
«  luf  donna  la  lerre  de  Cannes  tout 
quictement.  Icy  fine  le  romani  et  l'ys- 
toire  du  noble  preux  et  vaillant  Galien 
le  restorè'  ;  si  prie  a  Difu  que  ceoir 
qai  l'orronl  puissent  avoir  apH'S  leur 
dcffinemeni   le  roùunie  de   puradis- 


tl 

pour  estre  tiré  a  <)&atre  chevaux. 
Atant  vint  le  bourreau  qui  amena 
quattre  fors  destriers,  lesqueU  il  atella 
a  quatre  cordes,  puis  a  chascun  tnem- 
bre  fut  attcdë  un  cheval,  deux  aux 
.ij.  bras  et  deux  aux  deux  piedz,  et 
chascun  ung  varlel  monté  dessus  pour 
les  chasser.  Quant  Cannes  fut  attaché, 
le  bourreau  et  ses  trois  varlctz  chas- 
sèrent les  chevaulx  par  tel  elTorcemetit 
qu'ilz  le  démembrèrent  et  en  fitcnt 
cinq  pièces,  chascun  destrier  emporta 
ou  bras  ou  jambe,  et  le  corps  demoura 
emmjf  le  pr*  ;  puis  le  roy  luy  fist 
trencher  la  teste  et  au  bout  d'une 
lance  fut  6chce  baultement  au  plus 
hault  de  la  tour  de  Laon.  Aux  quatre 
meilleur»  cyiet  que  le  roy  eujt  lut 
pendu  le  demourant,  et  puis  fist  ardre 
et  brullcr  le  corps  et  geiter  la  cendre 
au  vent.  Son  nepveu  Pinabel  fut  lay- 
demenl  pendu  a  quatre  fourches  au 
lieu  ou  fut  Uicle  ta  bataille,  Ainsi 
mourut  Cannes  et  Pinabel,  dont  ses 
pareits  et  imis  en  furent  moult  cour- 
roucez el  jurent  Dieu  que  une  fois 
que  viendra  feront  pendre  Charle- 
maigne,  En  après  quant  le  champ  fut 
liné  le  roy  manda  Tierry  duc  d'Anjou 
et  luy  donna  franchenefit  et  qutlie- 
ment  toutes  les  terres  et  seigneuries 
que  Cannes  tenott.  El  tous  ses  parens 
et  amys  s'en  allèrent  en  leurs  pays 
tous  ma!  contens  du  roy  Charte- 
tnaigne.  Icy  fineray  l'htstoire  du  noble 
romntantdeCalien  rcthori*.,.  A  l'hon- 
neur du  miséricordieux  Jésus  qui  vit 
el  regnclassus  en  gloire  avccqucs  tous 
ses  benoistz  anges,  en  luy  rendant 
grjces  et  touenges  comme  a  nosire 
souverain  seigneur,  et  consequcoiment 
a  toute  la  court  celesttdle  du  royiume 
de  paradis,  Arnsn. 


I,  J'ai  exphquê  dans  l'article  de  VHhloi't  littimirt  cité  plus  haut  (t*.  iî6f  le 
sens  de  cette  épKhète,  mal  jl  propos  appliquée  à  noue  Calien,  dont  elle  désigne 
Iteitimeneiit  le  Als.  On  sait  que  dans  l'imprimé  un  rédacteur,  qui  ne  savait 
plus  ce  que  rctlori  voulait  dire,  a  prétendu  que  son  héros  était  ainsi  nommé 


12  G.    PARIS 

Ce  récit,  comme  ii  est  focite  de  le  voir,  n'est  pas  absolument  sem- 
blable à  celui  du  Guerin  de  Montgiave  et  du  ms.  de  Cheltenham  ;  j'ai  déjà 
fiait  remarquer  la  différence  du  rôle  joué  par  Tierri  dans  les  deux  rédac- 
tions ;  d'autres  différences  seraient  aisées  à  signaler.  Il  semble  résulter 
de  là  que  le  compilateur  de  la  Geste  de  Monglane  ne  s'est  pas  borné, 
comme  on  pouvait  le  croire,  à  insérer  dans  son  oeuvre  le  Galien  en  vers 
qui  a  été  dirimi  dans  le  ms.  B.  N.  fr.  1470  et  dans  le  Galien  imprimé  ; 
qu'il  a  au  contraire  modifié  assez  librement  son  texte,  ou  peut-être  qu'il 
suivait,  non  ce  poème  de  Galien  mis  deux  fois  en  prose  au  xv<  siècle, 
mais  une  rédaction  de  GalUn  différente  et  peut-être  plus  ancienne.  La 
question  pourra  se  résoudre  par  ta  comparaison  du  poème  de  Chelten- 
ham avec  les  deux  textes  du  Galien  ;  mais  en  ce  qui  concerne  l'épisode 
du  supplice  de  Ganelon,  elle  présente  une  complication  particulière.  Il 
n'est  pas  certain  en  effet  que  cet  épisode,  qui  termine  aujourd'hui  le 
Catien,  en  ait  ^it  originairement  partie.  Il  semble  que  l'auteur  du  poème 
avait  oublié  de  raconter  le  supplice  de  Ganelon^  et  que  cette  lacune  a 
été  comblée  postérieurement.  Ce  récit  se  trouve  en  effet,  tant  dans  le 
ms.  fr.  [470  que  dans  l'imprimé,  après  la  vraie  fin  du  roman.  Cette  fin 
est  ainsi  conçue  dans  le  manuscrit  [f*  227  r^)  : 

Si  defGna  Galien  Guimaulde  sa  femme  [/.  Gnimaulde  la  femme  Galien]  pre- 
mièrement que  Galien,  et  après  deffina  Galien  ;  lesquelz  furent  plains  et  regrec- 
tez  des  grans  et  des  petiz.  Si  prierons  Dieu  pour  euU  que  pour  sa  bénigne 
grâce  leur  vueille  pardonner  leurs  faultes  et  leurs  pecchez  et  leur  vueille  donner 
lieu  en  paradis  ou  ilz  puissent  régner  pardurablement. 

Après  cette  fin  sont  ajoutés  ces  quelques  mots  pour  préparer  l'épisode 
de  Ganelon,  qui  commence  après  : 

Si  ne  parlerons  plus  d'enix,  mais  parlerons  de  Charlemaigne,  lequel  mourut 
depuis. 

Le  texte  imprimé  n'est  pas  pareil,  mais  il  est  semblable.  Le  GaUen 
proprement  dit  s'y  termine  ainsi  (éd.  sans  date  de  la  veuve  Jehan  Trep- 
perel  et  de  Jehan  Jehannot,  ch.  lxxviii)  : 

Si  bien  servit  notre  seigneur  qu'en  la  fin  acquist  son  amour  et  sa  grâce. 


parce  qu'il  restaura  la  chevalerie.  Cette  explication  erronée  paraîtrait  admissible 
si  ratûuri  avait  jamais  eu  le  sens  de  «  qui  restaure  >,  comme  l'a  pensé  tout 
récemment  M.  A.  Scheter.  A  propos  de  ce  vers  du  Rteret  GuiUaumt  de  Jehan 
de  la  Mote  qu'il  vient  de  publier  :  C'ato'U...  Salomon  li  irais  rutoris  (v.  1442), 
le  savant  Miteur  remarque  :  f  Rtstori,  participe  passif  1  sens  actif,  restaura- 
teur *.  Mais  le  poète  a  voulu  dire  :  «  C  était  eiactement  un  nouveau  Salomon, 
on  Salomon  reaivitus  >,  et  il  a  pris  resiori  dans  le  sens  qu'il  a  toujours. 
M.  Tobler  a  donc  bien  fait  de  ne  pas  comprendre  rulori  dans  la  liste  de  parti- 
cipes passés  i  sens  actif  qu'il  a  dressée  dans  la  ZâUckri/t. 


LK  ROUAN  OE  t-A  Ctstt  Je  MûngîoM  ly 

taqiielle  nous  vneille  donner  Je  père  et  l«  lùlz  et  le  benoist  uiact  esperit.  Si  ne 
trouve  point  îcy  l'an  de  son  deffinement  ;  par  quoy  je  n'y  en  metz  rient  pour 
cause. 

L'épisode  qui  remplit  les  deux  ctiapitres  suivants  est  introduit  par 
ces  mots  : 

[Si]  voui  diny  de  Chirlemaigne  commeai  il  fist  mourir  le  traislre  Ganelon 
qù  trahit  les  pers  de  France  a  Ronccvaulx. 

Comme  il  résulte  avec  vraiseisbUnce  de  La  comparaison  des  deux 
textes  en  prose  du  Gaïitn  qu'ils  n'ont  pas  été  faits  indépendamment  l'un 
de  l'autre  sur  le  texte  en  vers,  mais  qu'ils  dérivent  d'une  mise  en  prose 
plus  ancienne  \  il  est  aisé  de  supposer  que  c'est  l'auteur  de  cette  pre- 
mière mise  en  prose  (perdue)  qut  a  ajouté,  après  la  fin  du  roman  pro- 
prement dit,  l'histoire  du  chitiment  de  Ganelon,  oubliée  par  l'auteur  de 
ce  roman,  mais  certainement  réclamée  par  le  sentiment  du  lecteur. 
Mais  cène  hisioire  manquait  naturellement  dans  le  manuscrit  de  Calitn 
qui  a  servi  au  compilateur  de  la  Cesîe  de  Monglant,  et  celui-ci  aura 
de  son  côté  ajouté  l'épisode  du  châtiment  de  Ganelon.  Cependant 
il  faut  remarquer  que  le  récit  du  Galien  et  celui  du  Gatrin  de  Montglaye, 
bien  que  différents,  comme  on  l'a  vu,  par  certains  détails,  ont  entre 
eux  une  étroite  affinité  et  se  ressemblent  beaucoup  plus  qu'ils  ne  res- 
semblent à  aucune  des  autres  versions  de  cet  épisode,  en  sorte  qu'ils 
doivent  avoir  une  source  commune.  Il  y  a  encore  à  résoudre  là  bien  des 
questions,  dont  il  me  suffit  d'avoir  posé  quelques-unes  ;  elles  peuvent 
paraître  dépourvues  d'imérêi  ;  mais  elles  en  prennent  un  réel  quand  on 
considère  que  ces  dernières  dérivations  de  notre  épopée,  si  on  en  remonte 
attentivement  et  patiemment  le  courant,  nous  ramènent  parfois  à  des 
sources  particulières  et  fon  reculées,  dont  la  connaissance  ne  peut  être 
indifférente  à  qui  veut  apprécier  la  richesse  de  notre  vidlle  poésie  natio- 
nale, en  explorer  les  origjnes  et  en  comprendre  la  formation. 

Gaston  Paris. 


I.  Vo/.  Hitt.  tut.  XXVIII,  aa;. 


DIT    SUR    LES    VILAINS 

PAR  MATAZONE  DE  CALiGNANO. 


Ce  petit  poème,  auquel  s'applique  assez  bien  la  dénomination  française 
de  «  dit  »,  est  copié  sur  le  dernier  feuillet  du  nis.  C  218  inf.  de  l'Ambroi- 
sienne,  à  Milan,  qui  contient  la  version  latine  du  Pseudo-Callisthènes 
connue  sous  le  nom  d'Historia  de  Prdliis.  Comme  il  n'est  point  indiqué  dans 
le  catalogue  manuscrit  (et  destiné  à  rester  i  jamais  manuscrit)  de  cette 
précieuse  bibliothèque,  il  n'a  pas,  du  moins  à  ma  connaissance,  attiré 
jusqu'ici  l'attention  des  philologues.  L'ayant  rencontré  par  hasard,  il  y  a 
deux  ans,  au  cours  de  mes  recherches  sur  la  légende  d'Alexandre  le 
Grand,  il  m'a  paru  mériter  d'être  tiré  de  l'oubli.  Il  est  en  effet  intéres- 
sant à  plusieurs  égards.  D'abord  il  fournit  un  nom  nouveau  à  l'histoire 
littéraire  de  l'Italie  septentrionale.  Matazonb  —  c'est  ainsi  que  l'auteur 
se  nomme  à  deux  reprises  —  ne  Bgure,  autant  qu'il  m'a  été  possible  de 
le  vérifier,  dans  aucune  des  histoires  littéraires  de  l'Italie.  Puis,  ce  versi- 
ficateur jusqu'ici  inconnu,  et  qui  n'a  jamais  dû  jouir  d'une  grande  renom- 
mée, ne  s'est  pas  contenté  de  nous  dire  son  nom  :  il  a  eu  l'attention  de 
nous  faire  connaître  son  lieu  de  naissance  :  «  Ecoutez  «,  dit-il  (w.  5-7), 
«  cette  raison  que  fit  Hatazone^  natif  de  Calignano'.  »  Calignano  est  un 
village  de  la  province  de  Pavie  et  du  mandement  de  Belgiojoso>.  Il  ne 
nous  resterait  rien  à  désirer  s'il  avait  poussé  la  prévoyance  jusqu'à  dater 
son  œuvre.  Il  ne  l'a  pas  fait  malheureusement,  et  nous  sommes  réduits, 
quant  à  la  date,  aux  conjectures  qui  peuvent  se  fonder  tant  sur  l'époque 
de  la  copie  que  sur  les  caractères  de  la  langue.  La  copie  parah  être 


1.  Il  y  a  dsRs  le  ms.  Callgaita,  mais  il  ne  se  trouve  pas  de  lien  ainsi 
oommé  en  Italie. 

2.  A  une  dizaine  de  kilomètres  i  l'est  de  Pavie.  —  ''  T  >  '^^  CalignagOy 
fraction  de  la  commune  de  Marcigaano,  an  nord-ooest  de  Pavie. 


DIT   SUR   LB$   VILAINS  IJ 

d'tme  nuin  de  U  seconde  moitié  du  xtv  siècle,  et  je  ne  crois  pas  que 

les  cxraatm  linguistiques  permettent  de  reporter  à  un  temps  beaucoup 

pitts  ancien  la  composition  du  poème.  Quoi  qu'il  en  soîi,  les  documents 

des  dialectes  de  la   Hauie-Ilalief   et  particulièrement  de  l.i  région  de 

Pavie,  sont  rares  pour   cette   époque,  et  les  vers  de  Maïa^one,  si 

médiocres  qu'ils  soient,  ne  manqueront  pas  dlméresser  les  philologues. 

Le  fonds  aussi  a  de  la  valeur.  Les  poésies  de  Bonvesin  da  Riva,  de 

Pietro  da  Barsegapé,   de   Ciacomino  de  Vérone,  sont  des  textes  de 

bngue  d'une  grande  valeur,  mais  en  général  '  les  sujets  traités  par  ces 

auteurs  sont  des  lieux-communs  de  la  littérature  du  moyen  àf^c.  Au 

contraire,  te  sujet  traité  par  Matazone  offre,  du  moins  pour  l'Italie,  une 

certaine  nouveauté,  et  n'est  pas  dépourvu  de  quelque  intérêt  historique. 

Maiaxone  étah  probablement  un  de  ces  jongleurs  qui  s'attachaient  ou 

cherchaient  à  s'attacher  à  la  cour  des  seigneurs  dans  l'espoir  d'y  trouver 

me  vie  plus  fadle  et  plus  assurée  que  celle  de  ces  chanteurs  des  rues 

ilont  l'Italie  du  nord  était  encombrée,  à  ce  point  qu'à  Bologne,  en 

1 28K,  U  municipalité  devait  prendre  des  mesures  pour  en  débarrasser  les 

I  places  publii^uçs.  Sa  pièce  n'est  qu'une  grossière  flatterie  i  l'adresse  des 

I  «gneun,  auxquels  U  se  plaît  à  attribuer  une  origine  totalement  différente 

[de  cdle  des  vilains.  La  nouveauté  de  la  conception  réside  prédsémem  dans 

'Torigine  bizarre  qu'il  attribue  â  deux  des  trois  grandes  classes  en  lesquelles 

au  moyen  âge  ou  divisait  l*humanilé^.  J'ai  lu  beaucoup  d'invectives  contre 

les  vilains,  mais  je  n'aî  pas  souvenir  d'avoir  rencontré  nulle  pari  une 

recette  analogue  à  celle  que  notre  auteur  raconte  aux  vers  8)  et  suivants. 

Le  poème  se  termine  par  ce  qu'on  pourrait  appeler  «  le  calendrier  du 

vilain  ».  C'est   le  ubleau  des  corvées  auxquelles,  mois  par  mois,  le 

aeur  av^i  droit  de  soumettre  son  serf.  Encore  que  la  description 

[des  divers  dr<Mts  du  seigneur  soit  visiblement  empreinte  d'exagération, 

le  partie  du  poème  de  Matazone  est  un  document  à  consulter  pour 

Phtstoire  des  paysans  dans  le  nord  de  l'Iulie  >.  Comme  la  pièce  est  d'ail- 


I.  A  part  deux  ou  trois  petits  poèmes  de  Bonvesin. 
3.  Sot  cette  division,  voy    Ronania^  IV,  )()l. 

I.  A  ce  propos  il  n'est  ôi%  inalUe  de  mentionner  qu'en  Italie,  surtout  dans 

i^Je  nord,  lei  nurcblnds  de  liorci  popolaîret  qai  (talent  leur  marchJndiK  le  long 

'es  nars  ou  sons  les  portes  ont  encore  dans  lear  fonds   un  placard  (prit  : 

Cesl.)  intitulé  Alfiifto  dit  litlano,   qui   contient   en   viogt-trois  couplets  de 

"'^  ftn  toute  une  série  ij'iniures  à  l'adresse  de  rinlortuné  vilain.  La  uisposï- 

alpIubHique  d«  couplets,  les  idées  exprimées  dans  la  p)é«  sont   dri 

prcoTCS  certaines  d'aflciennelé,  bien  que  le  pUcard  lut-mème,  ou  du  moins 

rcieaptairc  aoe  j'en  possède,  suit  tout  récent.  U  a  élé  imprimé  i  Codogno, 

-^--  de  Milan.  En  voîd  lé  texte. 


prormcei 


A.  trattar  col  villan  pien  di  nuilizia, 
Ketlorica  ito  val,  nemmcn  Giustizta. 


l6  P.   MEYER 

leurs  d'une  intelligence  peu  hà\c,  tant  à  cause  de  l'évidente  corruption 
du  texte  qu'en  raison  de  la  difficulté  du  dialecte  ■ ,  je  crois  utile  d'en 

Bontà  non  régna  in  lui,  ne  cortesia, 

Ha  sol  malizia,  inganni  e  villania. 
Cattivo,  farbo  senza  legge  e  fede. 

E  stolto  t  ben  chi  a  sue  parole  crede. 
Da  Cacco  derivô  questa  nazione, 

Atta  solo  a  rubare  al  ruo  (sic)  padrone. 
A  proverbio  comun  e  molto  antico 

Che  un  villan  non  fu  mai  un  buon  amico. 
Fategli  pur  del  ben  quanto  voleté, 

Cne  ingrato  sempre  voi  lo  troverete. 
Ooffo  si  ;  ma  come  i'Orso  k  destro, 

Che  per  giuocar  dî  man  egli  è  maestro. 
Haver  di  lui  pietade  è  un  gran  errore, 

Pietâ  giammai  si  deve  a  un  traditore. 
In  verità  non  vi  fu  mai  Villano 

Che  non  avesse  la  rapjna  in  mano. 
La  roba  del  VilUn  convien  che  vada, 

Perché  se  ne  vien  per  la  mala  strada. 
Mille  promesse  al  dl,  loi  ti  fari, 

Ha  poi  niente  mai  ti  attenderi. 
Non  ti  fidar  perciô  di  sue  parole 

Che  risponder  d'ognor  latti  ci  vuole. 
Oh  che  empiéta  I  aver  da  far  con  gente, 

Che  altra  ragion  che  del  baston  non  sente. 
Povero,  tristo,  pien  d'acerbe  voglie, 

Per  un  quattrino  venderia  la  moglie. 
Quando  a  bisogno  di  un  poco  di  grano, 

Va  del  Padrone  col  capello  in  mano. 
Riparato  che  ha  poi  il  suo  bisogno, 

Lo  sperarne  mercè  affè  ch'è  un  sogno. 
Si  lasci  perô  star  questa  canaglia, 

Che  non  ebbe  giammai  cosa  che  vaglïa. 
Tutti  i  Villan  sono  rozzi  e  mal  creati, 

E  devono  aspramente  essere  trattatt. 
TTneilo  ognor  quando  tu  vuoi  che  punga, 

Pungao  ognor  quando  tu  vuoi  che  t'unga. 
Xoronte  gran  filosoto  già  disse, 

Che  i  Villan  solamente  aman  le  risse. 
Zojoto  che  le  virtù  vollo  infamare, 

Fu  aual  Villan  dal  Re  fatto  impiccare. 
Cosl  anarebbe  fatto  a  taie  razza 

Che  l'uomo,  il  monde  e  la  ragion  strapazxa. 
Non  dico  del  buon  Villan,  ma  di  quel  rio 

Che  l'uom  offende,  la  natura  e  Dio. 
Le  dernier  couplet,  qui  semble  faire  amende  pour  le  reste,  est  imprima  en 

Ïltts  g!ros  caractère  sur  toute  la  largeur  du  placard,  les  couplets  précédents 
tant  a  deux  colonnes.  —  Les  idées  exprimées  dans  cette  pièce  sont  du  moyen 
ige  :  la  rédaction  semble  être  de  la  renaissance.  Ce  n'est  pas  avant  cette  époque 
qu'un  rimeur  populaire  aurait  imaginé  de  faire  descendre  les  vilains  de  Cacus 
(quatrième  couplet)  ou  de  citer  Xoronte  «  grand  philosophe  ■  qui  représente,  je 
suppose,  Xénophon. 

I .  Il  ne  s'agit,  biçi  entendu,  que  d'une  difficulté  relative  :  il  est  bien  probable 
qne  plusieurs  des  passages  qui  m'embarrassent  paraîtront  très  clairs  aux  philo- 


DIT  SUR   LES  VILAINS  I7 

donnn  ici  une  sorte  de  traduction  approxinuiive  dans  laquelle  je  ne 
craindrai  pas  de  signaler  les  passages  que  je  n'entends  pas. 

A  fOK,  seigneurs  ei  chevalien,  j'adresse  volomien  ce  conte,  ainsi  qu'à  toute 
bonne  gcirt  communément.  Ecoutez  celte  raison  '  que  fil  Matazonk,  natif  de 
Calîgnano.  Il  naquit  d'un  vilain^,  mais  ce  ne  foi  pas  de  son  gré,  car  il  ne 
voulut  [ijmais]  avoir  compagnie  avec  les  vibîns,  mais  au  contraire  [il  voulut 
avoir  compagnie]  avec  les  courtois  de  qui  il  apprît  courtoisie,  par  bonne  éduca* 
lion*.  Mais  ce  fut  contre  nature:  connaissance  le  veut,  nature  s'en  afflige 
(tS).  Mais  je  ne  me  uis  pas  ;  j'ai  i.  dire  quelle  est  la  coutume  du  vilain,  telle 
que  je  la  connais  1?)  Saîi-tu  ce  que  fait  le  vilain  envers  son  bon  sctgrieur? 
rdui-ci  ne  saurait  lui  donner  tant  qu'il  |Ie  vilain!  ne  lut  enlève  autant.  Puis  il  s'en 
va  se  lamentant  et  disant  i  son  seigneur  4i8|  :  ■  Monseigneur,  tu  me  fais  tort,  (-1 

•  cela  je  le  supporte.  Ton  pire  et  ton  aïeul  n'ont  point  été  si  durs  pour  moi. 

<  Lui  du  moins  ne  me  faisait  point  de  mal  ;  Dieu  ait  ton  Ame  !  Et  loi  qui  m'en 

<  fais,  ta  en  as  grand  pfchi.  J'ai  bonne  espérance  de  sortir  de  ton  fief:  je  me 

•  procurerai  un  seigneur  qui  me  traitera  plus  honorablement*  (40).* 

Une  vilaine  était  a»ise  i  terre,  qui  peignait  de  l'étonpe  ou  de  la  laine.  Le  sei- 
gneur passait  par  U,  et  elle,  laissant  son  ouvrage,  lève  les  mains  au  ctcl,  disant 
à  hante  vois  :  •  MoRseignrur,  precidt  vengeance  de  celui  qui  va  li*.  ■  Mais  i 

Dieu  ne  le  plaise  qu'aucun  gentilhomme  ait "  ni  mauvaise  renommée,  s'il 

n'était  frnppé  de  la  lance  en  eslour  ou  en  bataille.  De  oelle-li  ne  m'en  chaille? 
Mais  le  seigneur  se  met  i  ordonner  et  i  parler  avec  fureur  :  <  Prenez  ce  vilain  ; 
■  liez-lui  les  mains  (60)  ;  mettez-le  en  prison,  car  il  ne  connaît  ni  lot  ni  bon 

•  Dsage,  ce  vilain  Kargneux  ;  et  faites  qu'il  te  rende'  pour  faire  un  passage,  de 
«  sorte  que  quiconque  voudra  suivre  la  route  lui  passe  sur  le  corps  ;  car  la  loi 
«  impériale  déclare  <jue  le  vilain  et  le  ficf  doivent  6tre  entièrement  i  moi  comme 
«  à  tout  bon  seigneur  qui  se  lient  honorablement  (74).  »  Mais  le  vilain  se 


logves  qui  sont  plus  versés  que  moi  dans  la  connaissance  des  dialectes  de  la 
Haitte-Iialie. 

1.  Dans  le  sens  de  l'ancien  fran^aî^  et  du  provençal  :  récit,  exposé. 

2.  Le  texte  ajoute  :  t  El  d'un  viUm  Eut  ne  1.  Dorénavant  je  ne  noterai  point 
ces  panicolarités  qui  n'ont  aucune  importance. 

}.  yuiiitara,  comme  en  a.  fr.  o  nourreturc  *  et  en  ancien  anglais  nurlun. 
L'opposition  entre   nMurc  et  aouncluic  est  au  moyen  Sge  l'objet  de  fréquentes 
allusions.  Ainsi,  A  la  fin  du  roman  d'Alexandre  (éd.  Michelani,  p.  J49J  : 
Fols  est  qui  d'esprivier  cui  de  faire  laucon. 
Ne  de  ronci  deïlner,  ne  de  levrîcr  gaignon. 
Nature  et  ooreture  mainent  moût  grant  tençon, 
Mais  au  lotg  va  nature,  ce  conte  la  li(on. 
Cf.  aussi  les  textes  cité»  par  Kemble.  Saiomoa  enJ  SoWrn,  p.  î8,  note. 
4.  On  s'attendrait  k  une  réponse  au  seigneur.  V  a-1-il  une  lacune } 
(.  Ce  qui  suit  me  paraît  se  lier  mal  i  ce  qui  précède,  ïoit  que  je  ne  com- 
prenne pss,  soit  qu'il  y  ait  quelque  trouble  dans  le  texte.  L^  sens  est  peut-être 
qu'il  ne  convient  pas  i  un  gentilhomme  de  prendre  vengeance  des  torts  qu'un 
vilain  peut  avoir  envers  une  vilaine. 
Ë.  Je  n'entends  pas  du  tout  te  v.  ja. 

7.  Si  OB  pouvait  traduire  «  s'élenoe  »  [1  terre]  le  sens  du  reste  de  la  phrase 
serail  plus  assuré. 

RomaiiJa,  XII  2 


|8  p.    MBYER 

regimbe:  ilett  mds  vergogne.  Car  il  aurait  honte  s'il  se  ponrpensait,  s'il  mîtes 
mémoire  l'histoire  de  sa  oativité'  (8i).  Je  Yeux  qu'il  m'écoute.  Li-bas,  dant 
une  maison,  était  un  âne.  Il  fit  entendre  par  derrière  un  bruit  aussi  reten- 
tissant que  le  tonnerre.  De  ce  mauvais  vent  naquit  le  vilain  puant.  Lorsqu'il 
eut  été  oint  de ,  baigné  de ',  le  vent  et  la  tempête  vinrent  i  grand  fra- 
cas ;  la  pluie  et  l'eau  suivirent  aussitât  (94).  Ce  fut  annoncement  de  la  tù  qu'O 
devait  mener.  Il  est  établi  qu'il  doit  avoir  pour  nourriture  du  pain  de  méteS 
avec  du  seigle  cru,  des  haricots,  de  l'ail,  des  fives  bouillies,  de  la  pltje  * 
froide  et  de  la  rave  crue  (101).  D'une  grosse  étoffe^  écrue,  parce  qu'il  naqoh  nu, 
il  doit  avoir  braies  et  chemise  faites  d'une  étrange  guise.  Il  doit  se  ceindre  d'uM 

corde^  j  par  derrière,  un la  bêche  et  la  pelle  pour  rompre  la  terre,  la 

fourche  sur  l'épaule  pour  nettoyer  l'étable  (11  a).  Mais  le  vilain  de  mauvaise  fw 
ne  croit  pas  ces  paroles.  Je  veux  qu'il  sache  qu'elles  sont  pure  vériti.  En  eâet 
on  ne  voit  jamais  un  Ine  aller  seul  par  la  voie  sans  qu'il  y  ait  après  lui  un 
vilain  ou  deux.  Et  le  vilain  le  réconforte,  lui  parie,  —  car  ils  sont  parents  et 
issus  d'une  même  gent,  —  [lui  disant]  :  <  Va,  mon  frère,  tu  es  tout  mon  bien, 
(  va  tout  droit  par  la  route  et  prends  le  chemin  ferré  1  (i38). 

Tandis  que  Mataxonb  contait  cette  raison  en  présence  de  chevaliers  qnî 
l'entendaient  avec  plaisir,  là  était  un  vilain  orgueilleux  et  grondeur  qui  se  mît 
i  parler  avec  éclat  en  présence  de  son  seigneur  (t]6)  :  t  Et  vous,  chevaliers 
fl  si  bien  vêtus,  d'ob  êtes-vous  nés  t  Je  voudrais  savoir  de  quel  droit  vons 
d  avez  tous  les  honneurs  que  vous  souhaitez  (?),  et  soûlas  et  déport  i  droit  oui 
c  tort.  >  Et  le  chevalier  répondit  :  (  Je  t'en  dirai  volontiers  ce  que  j'en  sab, 
c  et  ce  que  j'en  ai  vu  1 1 48) .  L'autre  jour,  à  ta  fraîche  rosée,  au  mois  de  mai,  alors 
(  que  le  temps  est  gai,  je  me  levai  par  un  matin,  j'entrai  en  un  jardin  (t  54).  Je 
«  regardai  par  le  jardin  :  sous  un  vert  pin  il  y  avait  une  fontenelle  ;  l'embouchure 
c  en  était  d'or  fin".  Je  m'assis  Iâ,et  y  demeurai  quelque  temps,  regardant  par  le 

<  verger  (161).  Sous  un  vert  pommier  il  y  avait  deux  fleurs  de  diverse  couleur, 
•  l'une  blanche,  l'autre  vermeille  ;  c'était  la  rose  et  le  lis.  Alors,  la  rose  et  le  lis 

<  se  rapprochèrent,  je  ne  sais  comment  ;  ils  eurent  un  entretien  secret,  et,  lors- 
f  qu'ils  se  séparèrent,  je  vis  sortir  d'eux  un  chevalier  orné  de  magnifiques 
«  atours  (174).  Il  était  revêtu  d'une  soie  fraîche  et  colorée,  il  tenait  «1  main 
■  une  robe,  qu'il  se  laça  sur  le  dos.  II  avait  i  la  main  une  banderolle  (?),  snr 


1.  Je  traduis  selon  la  correction  proposée  ii  la  note  sur  les  vers  77-81. 

2.  Je  vois  bien  de  quelles  matières  il  est  ici  question,  mais  je  n  en  suis  pas 
moins  embarrassé  par  guay  et  cattlagi. 

j.  Voir  la  note  du  v.  102. 

4.  Je  suppose  que  canenazo  (v.  104)  est  identique  au  toscan  cagiuzzo,  qui  est 
employé  par  Franco  Sacchetti  (nouv.  xcii,  le  passage  est  dans  la  Cnisca)  pour 
désigner  une  certaine  couleur  d'étolTe,  probablement  une  couleur  sombre  :  cf. 
les  mi  cûgttdzzi  de  Dante,  M.  xxxii,  70. 

5.  Soeajont  (v.  107I  corde  ou  peut-être  courroie,  voy.  Diez,  Et.  WSrt.  I, 
sùga.  C  est  peut-être  l'ancien  français  saion  (pour  sotons]  : 

De  saions  et  de  cordes  lor  lièrent  les  bras. 

[Aye  d'Avignon,  v,  3246.) 

6.  Voilà  une  description  dont  l'équivalent  te  trouve  en  bien  des  poèmes  du 
moyen  Age. 


f 


» 


orr  SUR  LES  vilains  19 

I  II  dos  un  nanteaa,  tonrri  de  vair  tris  briltanl  et  éclatanL  11  était  ceint  d'nne 
«  MBture  i)ui  itaîl  de  ...  *.  Il  ^ii  éiroiEcment  chaussa  de  brunette  fcarlile, 
tAavait  ur  ta  tfte  une  couronne  de  (ifur  d«  ...  (1861.  Sous  lui  il  s  un  des- 
«  U\tr,  snr  le  poing  un  ipervier  ;  il  conduit  des  chiens  braques  et  un  l^ter 

•  a  latnc.  Alort  naquirent  srpt  pucelln  de  bonite  mine  :  Joie  el  Allégresse, 
I  Praocsse  et  largesse,  Beauté  et  Hanlie&sc^  vinrent  le  servir  \i$&].  Elle'  &e 

<  teJit  dennl  lui  jOyeuse  el  chantant,  et  s'ètant  agenouillée  el  l'ayant  salué  ; 
I  Soii  k  bien  venu,  sots  reçu  i  grande  joie.  Tu  es  on  chevalier:  nous  savons 
tctqo'il  te  bat.  Un  vilain  est  né  :  nous  voulons  qu'il  le  soit  donné;  tu  seras 
ipilni  bien  servi  et  plus  encore  redouté  liro).  Il  mènera  les  bœufs;  lu  auras 
(  dt  lu  fe  que  tn  voudras.  Pour  chaque  mois  de  l'année  tu  lui  imposeras  on 

■  tu.  Au  mois  de  Noël,  prends-lui  le  bon  porc;  laisse-lui  les  (218I  el 

•  htnt4ti  les  saucisses,  mais  ne  les  lui  laisse  pas  toutes,  car  elles  sont  bonnes 
(  iftlir  parce  qu'elles  cuisent  vite.  Quant  aux  bons  jambons  gm,  garde-toi 

•  delà lut  laisser  {22^).  Au  mois  de  janvier,  tais-le  in.ircher,  si  besoin  l'est, 
I  ^tlod  bien  raine  il  ferait  le  récalcitrant   (218),  Au  mois  de  février,  comme 

•  cotcanuTal,  prends-lui  chaque  jour  un  chapon  :  c'est  bien  raison  (Jja). 
(^BÙdenars,  fais-le  aller  sans  chaussures,  et  lais-loi  tailler  la  vigne, 

■  fougue  toeo  aies  la  vendange  |3jâ}.  Au  mois  d'avril,  il  te  faut  prendre 
«  biécsse.  Que  chaque  matin  il  t'apporte  la  jonchée  *  (j^o)-  Rn  mai,  prends 

■  dupcjovr  par  l'herbage  i  ce  vilain  sauvage  un  mouton  tondu  depuis  peu  ;  ne  te 

•  mdc  point  de  la  laine  tant  qu'elle  n'est  pas  teinte  en  écarl3te(i4!St.  En  juin, 
(  ■  letps  des  centes  >,  prends  chaque  semaine  i  ce  mercenaire  Ique  niale  honte 

<  fccsoïfe  !i  une  journée  de  corvée.  Puis  fais  chercher  dans  la  ferme  si  lu  as  du 

■  ktTÎuigre.  Alors,  si  tu  lui  en  donnes,  tu  seras  quitte  (1(4).  En  juillet  et 
enioAt,  jusqu'i  ce  qu'il  soît  reposé  |?],  fais-le  coucher  i  la  belle  étoile,  û 
*pW)leque  cela  puisse  lui  paraître  |i(S).  Au  mois  de  septembre,  pour  lut 

<  tendre  les  membres,  fais-lui  Uire  la  vendange,  et  puis  travailler  au  pres- 
'  Mv,  et  laisse-lui  le  nirc  pour  qu'il  en  fasse  de  la  piquette:  mais  fais-lui  bim 
>  baltr  {le  raisin),  pour  qu'il  ne  se  puisse  enivrer  "  ( j66).  Au  mois  d'octobre, 
edepnir  qu'il  se  remette,  fais-lui  piocher  la  vigne  et  arracher  les  raves  ; 
■fûie-lui  b  racine  avec  de  la  pAi^  (h  1271).  Au  mois  de  novembre,  pour 

<  fK  se  puisse  te  nuire  le  froid  qu'il  doit  faire,  ne  le  tiissc  pas  reposer, 

•  ts»oie-le  as  bois,  et  fais  qu'il   fasse  de  fréquents  voyages,  le  portant  (le 

•  Uûl  sur  l'épaule.  Ainsi  le  veut  raison.  Et  quand   il  vient  au  feu,  fais-le 

•  partir.  C'est  en  le  faisant  ainsi  travailler  \i)  qu'on  corrige  le  miuvais  vilain.  » 

I.  Il  ]r  a  ici  (r.  184)  uo  mot  que  je  n'ai  pu  lire  qu'en  partie.  Voir  i.i  note  du 


Inte. 


1.  Ces  personnages  allégoriques  sont  au  nombre  de  stx  ;  louledoîs  l'auteur  a 
aoKOcé  sept  puccflev.  Il  y  3  pcut-éirc  une  lacune  apiis  le  v.  198. 
|.  Laq^nelle  des  pucclle^î' 
4.  La  )onchic  dont  on  garnissait  le  pavement  des  salles. 

i.  Ou  t  dans  la  cerisaie  ■  } 
.  Arec  b  piquette  qu'il  tirera  du  marc 


20 


P.    MBYER 


Nativitas  rasticorum  et  qualiter  debent  tractari. 


A  voy,  segnor  e  cavaler, 
Si  lo  conto  volonter, 
E  a  tuta  bona  zente 
Tuta  comunamente. 
Inienditi  questa  raxone 
La  quai  fe  Matazone, 
E  fo  da  Caligano, 
E  naque  d'un  vilano 
E  d'un  vilano  fo  nato, 
Ma  no  per  lo  so  grato, 
Pero  che  in  vilania 
No  vose  aver  conpagnia, 
Se  no  da  gli  cortexi 
Da  chi  borna  împrexi 
Per  bona  nutrilura  ; 
Ma  fo  contra  natura  : 
Cognosenza  lo  vole, 
Natura  si  s'en  dole. 
Pero  no  taxo  miga, 
Anz  e  mester  che  diga 
Costume  di  vilan 
Che  me  va  per  le  man. 
Se  tu  che  fa  lo  vilan 
Al  so  signor  chi  e  plan  P 
El  no  gie  daria  mai  tanto 
Ch'el  no  toge  aliretanto  ; 
Po  s'en  va  lamentando 
E  al  so  segnor  digando  : 
«  Meser,  tu  me  fe  torto, 
tt  Et  eio  me  lo  conporto. 
«  To  padre  ni  to  avo 
«  No  m'era  chosi  pravo, 
«  Ne  mal  luy  me  faxia  ; 


[2 


t6 


20 


28 


P 


«  Benedeto  da  Deîo  sia  1 

K  E  tu  chi  me  lo  faj 

if  Cran  pecato  n'ay.  }6 

«  E  0  ben  spera[n]za  in  Ddo 

«  Che  insiro  del  to  feo  : 

«  Si  achataro  un  segnore 

«  Chi  me  fara  piu  honore.  »      40 

Zo  sedeva  una  vîlana 

Chi  petenava  stopa  0  lana, 

El  segnor  per  li  pasava. 

Et  ela  l'ovra  lasava  ;  44 

AI  cel  leva  le  mane, 

Con  bocha  dîxe  plane  : 

«  Meser,  vendeta  fay 

«  De  colu  che  va  lay.  »  48 

Ma  uncha  De  no  faza 

Che  tal  cosa  ie  plaza, 

Che  nesun  zentil  homo 

Habia  ni  si  ni  como,  52 

Ni  mala  nominanza 

S'el  no  fose  féru  di  lanza 

In  stormo  on  in  batalia. 

De  quela  no  m'en  calia  !  56 

Ma  lo  segnor  comandava 

E  con  furor  parlava  : 

«  Piate  quelo  vilano, 

u  Ugalege  le  mano,  60 

«  Metitel  in  presone  ! 

«  Ch'el  no  ci  sa  rasone       (col.  2) 

«  Ni  leze  ni  bon  uso, 

«  Quelo  vila  ranpognoso  ;  64 

«  E  fati  ch'elo  se  renda 

«  Per  far  una  tresenda, 


64  La  rime  n'est  pas  exacte,  mais  le  texte  original  portait  sans  doute  ranpo' 
gnaso-,  forme  qui  a  de  fréquents  analogues  chez  Bonvesin. 

66  Tresenda,  je  suis  loin  d'être  assuré  du  sens  de  ce  mot  qui  est  la  clé  de 
toute  la  phrase.  Je  l'ai  interprété  d'après  Du  Cange  :  (  thansenda,  via...  sed 
proprte  via  strictior,  passage  ».  Mais  ce  sens  est  bien  incertain,  et  il  est  difficile 
de  ne  pas  songer  à  iregeaaa,  mot  dont  l'oricine  est  inconnue  (trccenta  proposé 
par  Diez  n'est  aucunement  probable),  qui,  dans  tous  les  exemples  cités  par  la 


^ 


n 


WT 

«  Che  su  pcr  su  li  vada 
•  Cbi  vol  pasar  U  $irada  ; 
I  Che  quesio  vol  la  teze 
t  Dcl  imperador  dire, 

•  die  lo  \-ilan  e  lo  feo 

•  bt  taee  iuio  roeo 

i  E  d'ogm  bon  segnore 
<  Chi  w  mântcn  a  honore,  n 
Ml  lo  viUn  pur  se  rampogna 
Pcrcil'el  no  se  vergogne, 
Ok  {"d  M  vergognase 
Ebenie  perpensase, 
E  nae  rn  roemorû 
Ccmo  fa  l'jtiom 
Deioinateviin, 
Vc^o  cbe  mi  inienda. 
Laiu»,  in  uno  hosiero, 
Si  en  un  somero  : 
De  dre  B  fe  un  sono 
Si  gDEtde  como  un  tono. 
Dct^tidnalvaxio  venio 
Noce  cl  vîlan  puzolenlo. 
Uoioch'el  fo  de  guay, 
Bigiudo  de  cxiela^, 
U  'ento  e  la  corin  a 
Li  zonze  a  gran  ruina, 
U  fijau  e  l'aguamento 


I 


SUR   LES  VlUmS  31 

La  zonse  de  prcsenio  : 
68      Zo  fo  per  provedere 

Quen  vîia  e!  dcvcva  avère.        56 

Ora  e  stabiliio 

Che  deza  aver  per  victo 
73      Lo  pan  de  la  misiura 

Con  la  7.igola  cruda,  100 

Faxoy,  ayo  e  alésa  fava, 

Pamza  frcda  e  CTuda  rava. 
76      D'un  canenazo  crudo, 

Pcro  che  naquc  nudo,  ro4 

Abia  braga  c  camixa 

Fata  a  la  strania  guixa, 
80      Cento  d'un  sogayonç, 

De  dre  un  ranchayone,  108 

Lo  badale  e  la  vanga 

Pcr  che  la  lera  franga, 
84      La  folcha  sula  spala 

Per  remondar  la  siala.  1  \2 

El  nlan  mala  fede 

Queste  parole  no  crede, 
88      Ma  e  voyo  cbe  sapia 

Ch'ele  son  lute  verita ,  116 

Che  nesun  asino  che  sia 

May  no  va  solo  per  la  via, 
92      Che  un  vilan  on  doy 

No  ge  vada  da  poy  ;  1 20 


Onu,  paraît  ugnificr  une  troupe  d'etprib  ou  de  fantânes ,  une  sorte  de  t  mesnk 
Htlteqiia  >,  et  qui  loutefots  parait  aroir  éié  employa  dans  le  sens  plus  vague 
étmat  élran|;e  (vof.  par  es.  F.  Sacchetti,  dov.  et,  éd.  Ci^gli,  I,  i^d). 
^70  Les  rimes  sont  en  disiccord  ;  c'est  probablemrnl  <iue  qui  est  iautif. 
77-tfi  La  phrue  semble  iBadievée  \  p.-4.  y  a-l-il  lieu  de  corriger  Ckt  tl  u 
».  ji  bai... 

81-j  Njttnta  et  tntatda  ne  notent  pat  et  le  seos  se  suit  mal,  ce  qui  permet 
éeso'ppoier  une  lacutie.  If  ejt  cependanl  singulier  que  la  même  irrégularité  te 
rtpraêotc  toutes  les  fuis  qu'il  v  a  i  la  nme  un  mol  en  lâ  (!at.  -tatera)  ;  ainsi 

^,  cf.  167,  QuM  a  le  sens  de  fiu/.  On  a  d'autres  exemples  de  celte  lorme  qu'on 
dérive  dn  lai.  ^tum  et  qu'on  rattache  d'autre  pari  au  ptov.  fum^,  ^uiaha  ;  voy. 
E.  Moiud,  dans  la  Rnttu  di  Ftloltgii  romanzâ.  II,  54. 

loi  J'ai  lu  pam:ii  cl  de  mtee  an  v.  aja.  Mais  cette  lecture,  quoique  con- 
lente  au  ms..  ne  donne  pis  de  sens.  le  pense  qu'il  faut  supprimer  troJa  et  lire 
^aijii,  le  toscan  penucu,  vorle  de  bouillie.  On  lit  dans  le  Closuno  Monftrrino 
de  M.  G.  Ferraro  iFerrara,  18811  :  •  Pjnista.  lorta  d'olio  e  farina  de  ceci, 
fannata  ■.  Au  v.  371,  tlest  vrai,  ce  mot  nme  avec  rama,  et  qui  semble  exclure 
ftmiâ  ;  mais  rcnza  oe  doane  pas  de  sens,  et  de  plus  le  vers  ob  il  se  irtMire  est 
Hop  court.  P.*^  Uut-il  lire  à  cet  endroit  r<i^i:j  ou  rdi.-d  jracine). 


23 


P.   MEYER 


E  valo  confbrtando 

E  sego  rasonando, 

Pero  che  son  parenti  (col.  j) 

E  nati  d'una  zente  :  1 24 

u  Anna,  lo  fratelo  mio, 

a  Che  tu  sie  lo  ben  meo. 

«  Va  drito  per  la  strada, 

K  E  piei  la  ferata.  »  128 

Alora  Matazone 

Contava  sta  raxone 

Devant!  a  cavaleri 

Che  l'imende  volunteri,  1  }2 

U  era  un  vilano 

Orgolioxo  e  grifano  ; 

Denanzi  al  so  segnore 

Favela  con  ramore  :  1  jô 

«  E  voy,  de  que  nassi^e, 

(c  Cavaler,  con  tal  veste  ? 

«  E  voreve  savere 

«  Per  que  dovîte  avère  140 

«  Cotanta  dignita 

«  Como  un  domanda, 

«  Solazo  e  diporto 

u  A  drito  e  a  torto.  »  144 

El  cavaler  respondeva  : 

«  Dirotelo  voluntera 

K  Zo  che  io  ne  sayo 

«  E  che  veduio  n'ayo.  14S 

<t  L'altrer,  una  fiada, 

«  A  la  frescha  roxada, 

«  Zo  e  del  mese  de  mayo, 

«  Quando  el  tempo  e  gayo,     1 52 

a  Una  matin  me  levay, 

«  In  un  zardin  întray. 

«  Guarda  per  lo  zardin: 

K  Soto  un  verde  pin  1 0 

«  Li  era  una  fontanela, 

«  D'or  fin  e  la  caneta. 

«  Li  sopra  m'asetay  ; 

a  Alquanto  me  demoray,  160 

«  Guarda  per  io  verzero  : 


«  Soto  un  verde  pomero 

«  Li  era  doue  fiore 

«  De  diverso  colore,  164 

«  L'unablanchael'altrovenneglio; 

«  Zo  e  la  roxa  e  lo  zilio. 

a  No  so  per  quen  raxon 

«  La  rosa  con  et  zilion  1 68 

«  Alora  s'aprosimo, 

«  Emsema  se  conseyo, 

«  E  a  lo  departire 

«  Si  ne  vite  insire  1 72 

«  Un  cavaler  adomo 

«  D'un  motto  bel  contomo. 

t(  Vestito  era  de  seta 

«  Frescha  e  colorita  ;  1 76 

«  In  man  una  guamaza, 

«  In  doso  se  la  laza  ; 

a  [n  man  un  penelo, 

«  In  doso  un  mantelo,  1 80 

«  Fodrato  era  de  vayri 

u  Molto  lucenti  e  clan  ; 

u  Zento  d'una  zentura 

V  Che  era  de  g...  cura,  184 
«  Calcato  molto  streto 

«  D'un  scarlatin  bruneto; 

«  In  capo  una  galanda 

«  De  flor  de  verde  landa  ;        1 88 

«  Soto  a  un  destrer, 

a  In  pugno  un  sparaver, 

V  E  brachi  in  cadena 

■  E  livrer  démena.  193 

(c  Alora  si  fo  nate 

«  Sete  polzele  ordenate  : 

«  Zoya  e  Alegreza, 

«  Prodez'  e  Largeza  1 96 

«  Beleza  e  Ardire 

a  Si  lo  ven  per  servire  ; 

«  Estavage  devant! 

u  Con  zoya  e  con  canti,  200 

<c  Ë  si  s'inùnogio 

a  E  poy  lo  saluto  : 


184  Bien  que  j'aie  lu  cura,  i  la  6r  du   vers,  il  me  semble  qu'on  ne  peut 
supposer  autre  chose  que  grana  piua,  kermès,  couleur  rouge. 


^^^^^^^                               DrT 

SUft  LES  VILAINS 

a^^^B 

^^B         •  Tu  sy  k)  ben  venuto 

«  Te  stia  mente  ardire  : 

^H 

^^M          *  E  con  gran  zoya  recevuto. 

204 

a  Onna  matinata 

^H 

^^M         u  Tu  e  un  cavaler 

«  T'aduga  la  zonchata. 

H 

^^M          «  Sapiemo  ch«  t'a  mester. 

«  Kn  ma[r]zo,  per  l'erbalicho. 

^^H 

^^m         «  Un  vilan  e  nato^ 

«  A  quel  vilan  selvaticho 

^H 

^^M         M  Volemo  ch'el  te  sia  dato  ; 

208 

f[  Onna  di  un  castrato 

^H 

^^M          0  Tu  ne  saray  ben  serviio 

«  Toge,  poch'etosorato; 

H 

^^M          ■  E  auy  plu  lemuio. 

u  Non  curar  de  soa  lana,   (col.  2)            ^^ 

^^M          u  El  menara  li  boy  ; 

<i  Poy  che  no  e  tenta  in  grana 

^^1 

^^M         «  N'avra  zo  que  tu  voy  : 

212 

«  Lo  zugno,  el  ceresaro, 

^H 

^^M         a  D'nnna  inese  de  l'ano 

M  To^  a  lo  mercenaro 

348       ^H 

^^1          a  Tu  ge  ponere  lo  bano. 

«  D'onna  seiemann  una  opra, 

^H 

^^B          «  Del  mese  Oe  Natale 

«  Che  mala  onia  lo  copra  I 

^H 

^^P          a  Toge  to  bon  mazale, 

116 

a  Po  fa  «rchare  in  corte 

^H 

^^H         o  Las^e  li  sanguanati 

V  Se  lu  gc  aceto  forte, 

a52           ■ 

^^^         «  Che  li  aii  (J)  docati, 

«  Alora,  s'tu  g'en  day, 

^H 

^^B        a  E  lasege  te  sazise, 

V  Nulo  pecaio  n'ay. 

^H 

^^M         <  Ma  no  ge  le  lasa  tute, 

2iO 

«  Lo  Iulio  e  l'avosio, 

^H 

^^H          «  Ch'ele  son  bone  arosto. 

«  Fin  che  aura  reposio. 

2}6                 ■ 

^^H          u  Per  ch'ele  se  tosan  losto. 

1  Falo  zazere  al  ayero, 

^^H         «  U  bon  persuti  grasi 

«  Ben  che  inoya  ge  para. 

^H 

^^H         «  Guarda  che  no  ge  lasi. 

214 

«  Del  mese  de  setcnbre, 

^^1 

^^1         «  Del  mese  de  zenaro 

«  Per  ftirlo  ben  destendre, 

360        ^H 

^^H         «  Falo  caminare, 

«  Falo  vendemiarc, 

^H 

^^H         «  Se  lu  n'ay  besogna. 

(c  E  po  et  un  torculare; 

^H 

^^M         <  A.  ben  ch'el  se  rampogna. 

228 

«  E  lasage  le  scraze 

^1 

^^M         «  Dd  mese  de  febraio^ 

a  Per  che  poscha  ne  faz«  ; 

364       ■ 

^^H         «  Po  cfa'e  da  carnevaio, 

a  Ma  fale  ben  calcare 

^^H          «  Onna  dl  un  capon 

«  Ch'el  no  se  posa  ebriare. 

^H 

^^M         «  Toge,  ch'el  e  raxon. 

iji 

a  Del  mese  d'oiovre. 

^H 

^^H          «  Del  mese  de  marzo 

u  Per  ch'el  no  se  recovre, 

^M 

^^H         «  Falo  anddr  descalzo 

■  Fa  che  la  vigna  cave 

^H 

^^H         a  E  fato  podar  la  v[i]gna, 

«  E  ch'el  strepa  le  rave  ; 

^H 

^^H        «  Tu  n'azi  la  vendemia. 

2î6 

u  Lasege  ta  ranu, 

^H 

^^H        «  Del  mese  d'avrile 

<f  Da  ver,  con  la  pamza. 

272        ^1 

^^H              209-10  II  fiai  supposer  que 

dans 

le  texte  original  les  deux  participes  qui            ^^| 

^^H          terntitent  c«  vers  eurent  en  iir^ 

1.  Cela 

est  conforme  à  l'usaBC  des  dialectes  du            ^^M 

^^H          nord  de  l'Italte,  voy.  Mu»jfia, 

MonattuiiH  anutki,  dans  les  coniptet-rendi 

js  de            ^^H 

^^H           l'Académie  de  Vienne,  XLVI,  > 

16.— 

219-10  Encore  deux  vers  qui  ne  riment              ^^1 

^^H          pas.  —  119  Larime  dftnande  fe^aro. - 

—  2(1  Je  pense  que  »  est  pour  le  toscan             ^H 

^^H          CI  bat.  —  ]^7<S  11  faudriiti  u 

rime  quelque  choie  comme  atia-puna.  —  162  Je              ^^H 

^^H          ne  vois  pas  de  uns  i  aa  ;  corr.  ni  ,*  au  v.  3  ]  j  le  ms.  porte  agna  oEk  Jl  faut  > 

'Rt'-            ^M 

^^H          —  lâj  Je  n'entends  pat  ferait 

.  11  faudrait  un  mot  ti^nifianl  t  marc,  ris 

idu  •            ^H 

^^H          p.-é,  itraxe?  cf.  l'it.  stradan. 

—  J71 

-I  Voir  la  note  du  v.  102. 

1 

34  f-    MEÏER 

Q  Del  roese  de  novenbre, 

«  Pcr  ch'el  no  te  posa  ofender 

0  El  fredo  che  de  fare, 

(1  Nol  Usa  reposare  :  276 

a  Mandelo  pcr  [la]  legna, 

a  E  fa  chc  speso  vegna 

«  E  ch'el  le  porta  in  spala. 


"  Per  che  la  raxûn  no  fala  ;     380 
«  E  quando  el  ven  al  focho 
«  Falo  niudar  [loj  tocho. 
u  E  con  questa  aga 
«  El  mal  vilan  se  castiga.  »     284 
Deo  gratias,  amen. 


Quelques  mots  maintenant  sur  ta  langue  el  sur  la  versification  du 
poème  de  Matazonc.  Le  terrain  sur  lequel  je  m'aventure  pour  la  pre- 
mière fois  ne  [n'étant  pas  très  familier,  je  me  bornerai  à  un  petit  nombre 
d'observations.  Si  on  compare  notre  texte  aux  potmes  milanais  de  Bon- 
vesin  da  Riva,  dont  M.  Mussafia  a  dirent  la  langue  avec  sa  précision  et 
$a  critique  accoutumées  dans  un  mémoire  spécial  ',  ou  encore  aux  poé- 
sies véronaises  que  le  mi^me  savant  a  publiées  sous  le  litre  de  Mona~ 
menti  anticlii  di  dialttii  italiani  ^,  on  ne  manquera  pas  de  constater  de 
part  et  d'autre  de  réelles  analogies.  Ainsi  dans  tout  le  nord  de  l'Italie,  et 
même  jusqu'à  Bologne,  Le  gérondif  csl  cm  ando  on  and  pour  toutes  les 
conjugaisons),  et  ici  nous  avons  au  v.28  digandopour  le  lat.  dicendo. 
Dans  le  nord  de  l'Italie  encore  la  désinence  uro,  u,  se  substitue  souvent 
i  la  désinence  étymologique  ito*  ;  et  nous  avons  vu  qu'au  v.  209  la 
rime  oblige  à  lire  servuto,  là  où  le  ms.  porte  servtto.  On  pourrait  sigrtaler 
encore  d'autres  points  de  ressemblances,  et  il  n'est  guère  douteux  que 
le  nombre  en  serait  plus  considérable  si  le  texte  nous  était  parvenu  sous 
la  forme  même  que  lui  a  donnée  MJl^zone.  Mais  tout  en  faisant  la  part 
des  altérations  de  la  copie,  altérations  dont  il  est  possible  de  se  rendre 
compte  jusqu'à  un  certain  point  par  l'examen  des  rimes  et  de  la  mesure 
des  vers,  il  n'en  reste  pas  moins  évident  que  la  langue  de  Maïazone 
diffère  assez  sensiblement  de  celle  des  poètes  milanais,  véronais  ou 
vénitiens.  Chez  ceux-ci  par  exemple,  la  chute  du  1  entre  deux  voyelles 
est  fréquente  :  teao,  gtao,  pour  beaio,  grata.  En  d'autres  cas  ce  /  est 
affaibli  en  dh.  Or  Maïazone  conserve  le  (  comme  en  toscan  \ndto,  graio, 
ptcato^  etc.].  Si  le  copiste  avait  rétabli  le  t,  il  ne  l'eCtt  sans  doute  pas 
fait  d'une  fa^on  constante.  Je  ne  trouve  pas  dans  notre  poème  la  muta- 
tion d7  en  r  qui  est  si  fréquente  chez  Bonvesin  i.  Malaxone  ne  parait 


j8o  SappHmer  ta  pour  la  mesure.  —  a8)  aga  ne  donne  ni  sens  ni  rime  ; 
corr.  fêJigaf 

1 .  Comptes-rendus  de  l'AcadéiDie  de  Vienne,  ann^  t868. 

2.  Ibid:,  1864. 

) .  Mussafia.  Monaminti,  p.  1 26. 
4.  Ibid. 

t     , 

induire! 


[.  Il  T  a  bien,  vv.  aa^-jo,  la  rimtgtnaro  (ms.  gataie)-cdmnah,à'ob  on  pourrait 
uirela  forme  atmaaro,  nais  lepottnc  se  conteaie  parftHs  de  simples  assonaoccs. 


p 


DIT  SUR   LES   VILAINS  }$ 

pttoon  plus  fure  usage  de  la  contraction  dro,  dra  pour  de  h,  de  la.  En 
IMK,  la  langue  de  MaUzoae.  i]ue  je  laisse  à  de  plus  compétents  le 
HO  d'étudier  en  détail,  me  paraît  moins  s'éloigner  du  toscan  que  le 
.inhuis. 

Pusonsmaimenam  à  l'examen  de  la  versification,  qui  nous  fournira 

^H^DCi  nations  de  plus  sur  la  tangue.  Si  nombreux  que  soient  les  vers 

■ripdifrs,  on  peut,  je  crois,  tenir  pour  certain  que  le  poème  a  été 

toaipDtien  vers  de  six  syllabes  comptées  à  la  française,  c'est -Â-dire  en 

B^S^gnot  la  voyelle  atone  qui  peut  se  trouver  après  la  dernière  syllabe 

Knique  du  vers.  Examinons  en  délai)  les  loo  premiers  vers.    Tout 

d'ilwd  nous  trouvons  70  vers  qui  sont  réellement  de  six  pieds  ;  ce  sont 

Ioms4.  6-8.  10,  II,  lî,  i4-:i,  14.  26-7,  29-îî.  ÎS.  38,  45-îî, 

if-6, 18,  60-î,  66-70,  72-3,  76-9,  81-7,  89,  91-ï,  97-100.  —  Puis 

u  len  trop  longs  qui  deviennent  réguliers  aussitôt  qu'on  supprime 

ORùtts  finales  atones  qui  ordinairement  ne  subsistent  pas  dans  les 

i^taa  du  nord  de  Hialie.  Ce  sont  les  vers  2,  9,   ;4,  40,  {7,  $9, 

^'  7' »  74f  90-  "  est  permis  de  lire  |je  mets  entre  ()  les  lettres  sup- 

pr»io)  V.  2  S\l{p)  co/ifo  volonur  ;  y.  t)  E  d'un  ritaii{o]  '  ;  v.  2j  fat'o); 

r.  î4  BuuAaio)  ;  v.  40  Chim\e}  ;  v.   $7  Ma  lio\  ;  w.  <,<)  el  64  cfut{(p)  ; 

V. 6[  th'ehi(e)\  v.  71  l'un  des  deux  articles  peut  s'apostropher;  v.  74 

Oà^,  ;  T.  90  Bagnad[0],  ou  plutôt  Rj^nai.  Entre  ces  élisions  il  en  est 

qd  sont  lé^imes  même  en  toscan  {rilan,  mal,  etc.)  ;  quant  aux  autres, 

dks  sont  régulières  dans  les  dialectes  de  la  Haute-Italie.  C'est  par 

mte  simple  opération  que  M.  Mussafia  a  remis  sur  leurs  pieds  un 

grand  nombre  des  vers  du  Dit  des  mois,  de  Oonvesin  *.  Nous  trouvons 

encore,  dans  les  cent  premiers  vers  de  Maïazone,  seize  vers  trop  longs 

oonme  les  précédents,  mais  qui  ne  se  laissent  pas  rétablir  par  le  même 

procédé.  Ce  sont  les  ven  1,  j,  j,  12»  15,28,  î7i  Î9.  4»-4.  Hj  88, 

96,  auxquels  on  peut  appliquer  des  remèdes  variables.   Ainsi  it  est 

probable  qu'aui  vers  j,  18,  j7,  la  conjonction  e  s'éUde  ;  de  même  au 

V.  44,  bien  qu'il  y  ait  ei.  Au  v.  43  on  peut  supprimer  slopa  0;  au  v.  88 

il  but  probablement  corriger  puzolenlo  en  puzliuto  ou  pazUnl.  Enfin  il 

y  a  deux  vers  trop  courts  ijô  et  8o|  qu'il  est  tris  facile  d'allonger. 

Les  rimes  sont  en  général  Ton  exactes.  On  peut  cependant  considérer 
comme  de  simples  assonances  mUtara-cruda  99-tOD,  respondeva-volun- 
Uf*  t^^-6,  fehrarù-  [ms.  febraio)-  camcvdo  229-30,  avrik-ardire l'^-j-Z. 
Il  n'est  pas  impossible  du  reste  que  dans  tel  ou  tel  de  ces  cas  le  texte 
soit  corrompu.  Certaines  rimes,  telles  que  vilano,  au  singulier,  et  maao 


H 


I.  Ou  vi/it(nDl:  il  jr  a,  an  t.  64,  ni*  devant  une  consonne,  au  v.  71  vitan 
demi  ne  voyelle. 
I.  R«nunù,  II,  ii)'4. 


26  P-   MKYER 

au  pluriel,  59-éo,  agmmenUt-pTuento  91-4,  zauro-cam'uurt  225-6,  amt 
évidemment  en  contradiction  avec  la  grammaire»  mais  à  on  supprime 
les  finales  atones,  comme  on  a  vu  qu'il  y  avait  lieu  de  le  taire  en  maint 
cas  dans  le  corps  du  vers,  la  rime  et  la  grammaire  seront  paiement 
satisfaites.  Aux  vers  12  {-6  le  même  mot  forme  la  rime.  Est-ce  une 
faute  i  n'est-ce  pas  plutât  une  négligence  de  l'auteur  i 

Des  observations  qui  précèdent  il  résulte  assez  clairement,  ce  me 
semble,  que  la  versification  de  notre  petit  poème  est  beaucoup  moins 
incorreae  en  réalité  qu'en  apparence.  Il  est  visible  que  le  copiste  était 
enclin  à  employer,  même  au  détriment  de  la  mesure  ou  de  la  rime,  les 
formes  de  la  langue  linéraire. 

A  la  suite  de  la  pièce  de  Matazone,  le  ms.  de  Milan  contient  une  copie 
du  Testamentum  asini,  qui  diffère  sensiblement,  surtout  vers  la  fin,  de 
celle  que  Lambecius  a  publiée  d'après  un  ms.  de  Vienne  dans  ses 
Commentarii  de  BMotheca  Vindobonensi  (1669,  il,  984)  comme  aussi  de 
celle  que  Feifalik  a  éditée  dans  les  Comptes-rendus  de  l'Académie  de 
Vienne,  classe  de  philosophie  et  d'histoire,  XXXVI  (1S61),  pp.  i72-j>. 
Cette  circonstance  me  décide  à  bire  imprimer  ici  le  texte  de  Milan  *  : 

Ttitamcatum  domm  asini. 


I  Rusticus,  dum  asinum 
Suum  vidit  morituniin, 
Flevit  ejus  obitum. 


Oe  I  Oe  !  morieris,  asïne! 


Il  «  Si  te  scirissem,  astne, 
<  Moriturum  frigore,  }0e.., 

c  Te  induissem  siadone.  1 


m  Exclamavit  rusticha 
Voce  salis  querula, 
Obstante  viciii[i]a. 


Oe.., 


1 .  La  rédaction  pabliée  par  Feifalik  est  très  écourtée.  Elle  ne  contient  pas  le 
testament  de  l'Ane,  mais  seulement  la  plainte  du  vilain  qui  est  plus  développée 
que  dans  les  deux  autres  textes.  Elle  se  termine  par  un  couplet  dont  l'applica- 
tion est  toute  spécule  : 

O  vos,  cuncti  Barari, 

Sumite  caudam  asini  j 

Cum  ea  suspendemini. 
Le  reb^in  est  dans  Lambecius  :  loi  h!  dans  Feifalik  :  Ofe  !  Oft  !  Oft  !  moriais 
{morierit  ^  asellt,  vellim  pro  te  mori. 

2.  Je  corrige  quelques  fautes  d'orthographe  ;  coupl.  V,  il  y  a  posis;  coupl.  VI, 
Mos  ;  coupl.  X,  Peian,  solatoribat  (pour  stllatoribiu)^  Osa  ;  coupl.  XJ,  vixera^ 
vullorièiu  ;  coupl.  XII,  l'tgatis;  coupl.  Xlli,  ve/ct. 


28  p.    MEYER 

Cette  facétie  a,  dans  les  littératures  du  moyen  Âge,  plusieurs  analogues 
qu'il  serait  curieux  d'étudier,  afin  de  déterminer  ce  qui  est  imité  plus  ou 
moins  directement  de  la  pièce  latine,  et  ce  qui  est  simplement  inspiré 
par  la  même  idée.  Car  l'idée  même  d'un  animal  qui  fait  son  testament 
n'est  pas  tellement  originale  qu'elle  n'ait  pu  se  présenter  à  l'esprit  de 
plus  d'un  parmi  nos  anciens  auteurs,  et  la  donnée  étant  admise,  certains 
traits  comiques,  certaines  parodies  devaient  en  sortir  presque  forcément. 
Ce  n'est  point  ici  le  lieu  d'entamer  une  nouvelle  dissertation  ;  je  me 
bornerai  à  signaler,  à  titre  de  rapprochement,  le  Testament  de  la  mule 
Barbeau,  du  poète  Henri  Baude  ■ ,  qui  nous  montre  la  même  facétie 
encore  en  vogue  à  la  fin  du  xv*  siècle. 

Paul  Meyer, 


I.  J.  Quicherat,  Bibliotk.  de  i'EcoU  dts  chwrltSj  a»  série,  V,  99. 


ESSAI  DE  PHONÉTIQUE 


ET  DE 


PHONOLOGIE    DE   LA    LANGUE    PORTUGAISE 

D'APRÈS  LE   DIALECTE   ACTUEL   DE   LISBONNE. 


TABLEAU    DES   VOYELLES. 


Voyelles  orales. 

Voyelles  nasales. 

à 

— 

i       q       à 

—      S      — 

i        —        6 

?          —          5 

i              f              a 

f         —          a 

10               il) 

—         — 

L'accent  drconflexe  *  sert  à  désigner  en  portugais  les  voyelles  fer- 
mées, c'est-à-dire  pour  i,  6  les  sons  des  lettres  françaises  é,  à.  L'accent 
aigu  '  marque  les  voyelles  ouvertes  ;  je  le  remplace  toutefois  par  le 
grave  \  l'aigu  m'étant  nécessaire  pour  indiquer  la  voyelle  tonique  du 
mot,  ce  qui  d'ailleurs  se  trouve  d'accord  avec  l'orthographe  ponugaise, 
où  le  signe  '  fait  double  emploi.  Le  -  tU  exprime  la  nasalité,  et,  dans 
l'orthographe  actuelle,  il  n'est  employé  que  sur  les  lettres  â,  Ô,  lors- 
qu'elles font  partie  de  diphtongues  nasales.  Son  emploi  sur  toutes  les 
voyelles  est  ici  parfaitement  arbitraire  ;  il  en  est  de  même  des  différents 
signes  diacritiques  dont  j'affecte  les  consonnes,  ainsi  que  du  petit  cercle 
souscrit  dont  je  fais  usage  pour  désigner  les  voyelles  neutres  ^  et  f  ou  j. 
Les  noutions  suivantes  sont  également  conventionnelles  :  q  p  repré- 
sentant un  u  (pu  français)  très  bref  et  presque  étouffé,  tantôt  écrit  par  u. 


JO  R.  GONÇALVES  VIANNA 

lantôt  par  o,  dans  l'orthographe  usuelle  ;  j  ;  désignant  l'atténuation  en  î 
brévlssime  de  e  ou  i;  &  6  pour  la  semi-voyelte  labiale,  f  «  pour  la  semî- 
voyelle  palatale,  lorsque  ces  lettres  atones  se  trouvent  devant  une  autre 
voyelle,  ou  font  partie  d'une  diphtongue  comme  subjonctives  réduites. 
L'orthographe  portugaise  ne  connaît  point  ces  signes,  que  j'emploie  ici 
seulement  pour  me  faire  mieux  comprendre.  Pour  plus  de  clarté,  je 
vais  mettre  sous  les  yeux  du  leaeur  deux  tableaux,  l'un  des  voyelles 
portugaises  et  l'autre  des  voyelles  françaises,  au  moyen  d'exemples. 

Voyelles  françaises.  Voyelles  portugaises. 

—  Sd 


çà 


si       da       sa 


ces  —     «  setd  sotte  — 

thé    —    —  ceux  sceau  si sou 

si         —  chapelain  tu   tout  si      —       se       —      ta 

diea         zouave  cear             soar 

TABLEAUX  COMPARÉS  DE5  VOYELLES  DU  CASTILLAN,  DE  L'ITALIEN,  DU 
CATALAN  ET  DU  PORTUGAIS. 

Castillan.               Italien.  Catalan.               Portugais. 

—                     là  ha                     Si 


—    —    — 

i 

—     /h) 

vosti  —      /o 

si 

da 

s6 

fe     —    yo 

—. 

—     — 

—    mateix 

— 

— 

— 

• —     ~     — 

se 

—    voto 

net      —      bot 

si 

— 

sou 

si         —        tù  si         —       m  51*        —        tu  si        se         tu 

On  peut  considérer  comme  presque  identiques  les  voyelles  franç^ùses 
et  portugaises  de  la  même  ligne  dans  les  deux  premiers  tableaux  ;  seule- 
ment la  différence  de  quantité  prosodique  n'est  pas  appréciable  en  por- 
tugais, exception  faite  de  la  longueur  des  voyelles  provenant  d'une 
crase,  et  de  leur  brièveté  dans  les  syllabes  atones. 

Dans  la  prononciation  de  Lisbonne,  ainsi  que  dans  celle  de  tout  le 
sud  du  royaume,  les  voyelles  nasales  sont  fermées  :  ainsi  il  n'y  a  point 


ESSAt   DE  PHONÉTIQUE   PORTUGAISE  Jl" 

de  vo3rell«  nasales  qui  répondent  aux  voyelles  orales  i,  à,  e.  ei  la  voyelle 
nasale  correspondante  à  \'à  de  5^  ne  se  trouve  que  dans  la  crase  :  brève 
par  exemple  dans  la  phrase  vt-a  ariiiar  =  je  l'ai  vue  marcher,  prononcée 
fi  âdiir;  longue  dans  vta-a  ttnÂtir  ^=  je  l'avais  vue  marcher,  prononcée 
W  âdJâr, 

La  nasnlîté  de  ces  voyelles  à  I>isl>onne,  ainsi  que  dans  tout  le  sud  du 
royaume,  est  de  premier  degré,  c'est-â-dire  qu'elle  n'est  pas  accompa- 
gnée de  gunuralisation,  comme  dans  les  voyelles  nasales  françaises  '. 

RBMARqUBS  SUR  LA  PRONONCIATION  DES  VÛYBLISS. 

Quoique  ta  simple  inspection  des  tableaux  que  j'ai  dressa  eût  peut- 
être  suffi  à  une  appréciation  assez  correcte  de  ces  sons,  je  dirai  cepen- 
dant quelques  roots  sur  la  prononciation  de  mes  voyelles  portugaises. 

à  est  plus  ouvert  que  l'd  castillan  et  il  n'est  pas  légèrement  palatalisé 
comme  Va  français,  lequel,  comparé  à  Va  italien,  tient  un  peu  du  son 
d'un  e  très  ouvert.  L'^  portugais  devant  /  est  un  peu  labialisé,  c'est-ft* 
dire  il  tient  de  Vo  ouvert,  presque  autant  que  Vo  bref  anglais  de  body. 

ç  est  une  voyelle  neutre  bien  plus  ouverte  que  IV  du  français  me,  te, 
le;  moins  ouverte  cependant  que  Vu  bref  anglais  de  hud  :  il  est  tout  à 
kàl  semblable  â  Va  atone  de  l'anglais  ahoui,  he  gave  me  a  baok. 

^  est  un  e  aussi  ouvert  que  l'<e  danois,  è  aptm  de  l'italien  dans  pitde, 
gelo,  c'est-à-dire  plus  ouvert  que  IV  français,  j  allemand  ;  un  peu  moins 
cependant  que  l'd  bref  anglais  de  bad,  lequel  ne  se  retrouve  que  dans 
quelques  dialectes  ponugais',  dans  l'Algarve  ou  Beira-baixa,  par 
exemple. 

l  est  IV  fermé  français,  sans  aucune  distinction  de  quantîti*.  cepen- 
dant; il  se  trouve  plus  pris  de  î  que  l'f  unique  des  Castillans  K  Dans  le 
système  de  Bell,  adopté  par  M.  Sweet  dans  ses  deux  remarquables 
ouvrages»  A  Ktstor)'  of  Eni^lish  sounds  »  et  «  Handbookof  phonetics  », 
'e  fermé  est  appelé  mid-ffonUnaTTOw-vmtl  :  Ve  castillan  est  donc  la 
(oiv-fronl-namw-vowel,  selon  la  terminologie  du  mime  auteur.  L'a  alle- 
mand de  Vâter  se  rapproche  beaucoup  de  Vt  castillan,  ou  plutât  ces 


V.  E.  Sievers,  C'BnÀzùge  dtr  LaatphysiologH.  Leipzrg,  1876,  S.  47  et  48, 
et  loh.  Storn,  Engtiik  Fit(}logi.  Kristiania,  1879,  p.  34  et  2}. 

2.  J'ippdlc  I  dijtecle  •  toute  diAèrence  de  prononciation  00  autre,  par 
rapport  a  une  smic  langue. 

}.  Assurimem  M.  Sturm  n'est  pas  dans  le  vrai  tnrsau'il  écrit  iRtm^remt  sar 
U  toathiiat  des  itrnuiiti  dt  Straitoarg,  Romjfiia,  vol.  lll^  ailU,  qai,  s  il  veut 
désigner  par  l'aigu  '  le  son  de  \'i  fermé  français.  Il  n'y  a  que  les  Aragonais  qui 
prottoDccnt  Vt  caslillau  comme  un  i  fermé,  ou  i  peu  pris. 


P  R.  CONÇALVBS  VIAKNA 

deux  voyelles  sont  tout  â  fait  identiques  en  ce  qui  concerne  leur 
timbre.  H 

f  est  un  r  muet,  coïïimc  on  l'appelle  généralement,  bien  plus  étouffé, 
bien  plus  fermé,  cependant,  que  l'e  franç-'iis  de  me,  le.  Que  l'on  essaye 
de  prononcer  le  mot  rejeter  sans  trop  appuyer  sur  la  seconde  syllabe, 
mais  sans  dénaturer  non  plus  le  son  du  ;,  c'est-à-dire  sans  le  remplacer 
par  ch  :  on  pourra  par  Ve  de  cette  syllabe  -je-  se  faire  une  idée  du  son 
de  r^  muet  en  portugais,  lorsqu'il  se  trouve  en  conjonction  avec  des 
consonnes  sonores.  Entre  deux  consonnes  sourdes  différentes,  cet  eai  ^ 
le  plus  souvent  nul.  Que  l'on  ne  dise  point  qu'il  l'est  également  ailleurs  ;  H 
aucun  Portugais  ne  confondra  jamais  ces  deux  mois  trJt  et  iprds,  et  la 
seule  différence  entre  eux,  du  moins  dans  la  prononciation  de  la  presque 
totalité  des  Portugais  du  continent,  est  précisément  le  son  de  cet  c  muet 
entre  le  r  et  le  /*  du  second  mot  '  ;  et  cependant  te  son  de  cet  e  est  bien 
différent  de  celui  de  IV  français  de  me  le,  etc.  La  pJace  que  nous  lui 
avons  assignée  dans  la  pyramide  des  voyelles  nous  parait  être  [urfaite-  fl 
ment  exacte.  Dans  le  mot  anglais  said  la  syllabe  est  close  par  la  con- 
sonne sonore  ii,  tandis  que  dans  les  mots  ponugais  séde,  siÂe  il  y  a  deux 
syllabes  distinctes  sè-df,  tt-df.  Le  son  de  cette  voyelle  est  celui  qui 

[.  On  ne  siuraît  nier  que  cet  e  »l  louvcnt  nul,  surtout  devant  r,  et  quelque- 
fois  aorès  :  ainsi  le  mot  merfcir  se  prononce  le  plus  souvent  m/re^r,  maïs  dans 
pfrftir,  on  prononce  les  dcu»  et.  Je  prononce  le  subîtanlif  commun  ptr/irii  i= 
I  poirier  »  comme  pfrJtr^^  et  le  nom  propre  Pcreira  comme  prdtra. 

Du  latin /i'*M;.irii/ni,  on  a  (ait  itrernro,  qu'on  a  dt  prononcer  /ftfTiint  ;  on  a 
iniroduil  /  entre  le  v  ec  te  r,  parce  que  Ee  groupe  vr  itait  très  rare  en  portugais; 
aujourd'hui  on  continue  d'écrire /(v^mYo,  mais  on  ptonor\ct  ffvrJri].  Cei  (  ne 
reprbente  plus  la  prononciation  et  it  est  conire  l'étymoloeie  ;  il  est  lontefois  le 
licne  muet  d'une  ancienne  itaritbhnkti.  îi  en  ni  de  même  du  mol  ffvfrj.  de 
fioTam,  prononcé  Hvr^.  En  général,  le  {  devant  r  et  uni-  autre  voyelle  est  seule- 
ment prononcé  dans  les  futurs  et  les  conditionnels  d«s  verl^ei  de  l<i  seconde 
con}Uffiison  (en  -ti\  ;  par  exemple  :  //rw,  vctmj,  «n^,  ifJpni,  efJiria.  pfrttf- 
rti,  mfttcfria  ^:=  aifieçrui),  p^ftiçra  de  p^tclt  (p'ron.  percera,  f.'dtc/t\.  Cette 
voyelle  se  prononce  également  lorsqu'elle  est  pr^cedfe  de  i  ou  ;.  Avec  les  pala- 
tales X,  /',  itA,  Ik  clic  se  prononce  i,  excepta  lorsau'elle  est  suivie  tle  r,  l  ;  donc 
gfràl,  et  non  pjs  /irn/.  Autrefois  on  prononçait  l'io!  ;  if^l  est  populaire. 

Il  faut  ajouter  que  l'existence  de  ce  îcùâ  rend  possiole  îa  prononciation  de 
certains  groupes  de  consonnes,  que  l'on  évile  dans  d'autres  diilectei.  Ainsi  le 
mot  absensi  te  prononce  ôtpfrvdr,  c'est-à-dire  qu'il  a  quatre  syllabes,  tout  à  ^it 
comme  oiçiirt/r,  tandis  que  l'on  dît  en  français  opttrrcr,  en  anf^Uis  ot:cr¥r,  et 
en  italien  'otitrvare.  Toutes  les  fois  que  deux  consonnes  appartenant  A  des  genres 
ditlérents  (sourde  et  sonore,  ou  sonore  et  sourde)  se  trouvent  en  contact,  l'in- 
sertion, la  svarabhjkti  de  cet  r,  permet  9ux  Portugais  de  ne  pat  en  altérer  le 
ton  et  d'éviter  des  assimilatiuns  qui,  autrement,  seraient  la  conséquence  de  ces 
rencontres.  On  sait  que  le  même  phéoomène  a  lieu  dans  les  laneun  sémitiques, 
ob  l'on  trouve  souvent  des  groupes  (ormes  par  des  consonnes  di;  genres  Qidé- 
rents,  surtout  par  une  sourde  précédée  aune  sonore  :  un  ifûâ  intercalaire 
sépare  ces  consonnes  incompatibles. 


I 


Atuds  de  phonologie  portugaise  jj 

accompagne  les  fricatives  douces,  lorsqu'on  s'efforce  de  les  prononcer 
sans  une  autre  voyelle  ;  ce  son  les  précède  lorsqu'elles  sont  initbles: 
c'est  li  un  hh  sur  lequel  M.  Lepsius  avait  in^isié  dans  son  Standard 
Alphabet,  et  que  M.  Brucic  parait  avoir  méconnu  '. 

i  a  le  son  de  l'i  italien  ou  français,  sans  aucune  distinction  de  quan- 
tité, lorsqu'il  csi  accentué.  Atone,  devant  une  continue  palawlc,  il  se 
prononce  ridait,  c'est-Â-dirc  plus  bref  et  plus  éiou^é  :  nous  marquons 
cet  t  avec  le  signe  ^  (i).  L'i  atone  devant  ou  après  une  voyelle,  comme 
subjonctive  de  diphtongue,  est  encore  plus  bref;  nous  le  désignons  par 
î  ,•  il  est  parfaitement  analogue  à  l'^  de  l'anglais  hoy,  pby,  my  (toî,  pW. 
mal).  Dans  ces  trois  cas  l'i  atone  se  confond  avec  IV  atone  en  un  son 
unique,  qui  est  celui  d'un  i  chuctioté  (whisptrtd).  Entre  deux  voyelles 
on  peut  considérer  l'î  comme  l'équivalent  de  la  semi-voyellc  palatale  ; 
mats  il  a  bien  moins  le  caractère  d'une  consonne  que  le  y  fran^is  ou 
castillan  :  ainsi  le  mot  mayor  est  bien  différent  du  portugais  maior;  il 
n'y  a  de  commun  entre  eux  que  les  consonnes  Initiale  et  finale.  Le  moi 
ponugais  a  deux  syllabes,  m^ï-àr,  dont  la  dernière  est  ta  ionique.  La 
division  phonétique  du  mot  castillan  au  contraire  est  ma-\ér. 

à  est  l'o  italien  de  «  vuoio,  a  «  loda,  <>  >  avrô,  »  sans  aucune 
distinction  de  quamilé.  lorsqu'il  est  tonique  ;  cette  voyelle  est  donc 
plus  ouverte  que  \'o  français  de  vote.  robe.  Dans  le  sud  de  la  France 
on  entend  souvent  cette  voyelle  dans  des  mots  où  l'on  prononce  géné- 
ralement 0  fermé  ailleurs,  par  ex,  dans  chose,  autre,  chaude,  etc. 

ô.  Ce  son  est  peut-èire  un  peu  moins  ouvert  que  i^  français  de  trône, 
apôtre,  beau,  beaucoup  plus  fermé  cependant  que  l'o  castillan  de  no,  jo, 
todo,  etc.,  lequel  se  rapproche  de  aw  anglais,  bien  plus  fermé  lui-même 
que  l'o  bref  de  body,  whaf.  La  voyelle  portugaise  ô,  lorsqu'elle  est 
ionique,  est  plutôt  longue  que  brève,  et  on  y  peut  constater  une  pro- 


I  Ou  moms  ce  son  ne  fait  point  partie  de  ion  tableau  des  voyelles  iCruaJ- 
tàge  4tr  Physioiogu  u.  Sjitcmattk  d.  Sp^dchluatt,  Wien,  1876,  S.  l4-))t. 
Vojr.  cependant  S.  isj. 

I.  On  a  depoii  longlempt  conslatè  l'existence  d'une  dasse  spéciale  de  voyelles 
entre  J  et  i-i  en  anctais  ;  elles  se  Irouvtnl  dans  tes  trou  mois  i><ià,  bitd,  bedy. 
Cette  dernière  voyelle,  entre  â  et  à,  doit  peut^trc  son  origine  i  l'infliience 
progressive  de  n-.  Ce  son  se  serait  étendu  dans  l;i  suite  it  tous  les  oi-  brefs  qui 
5e  Sûnt  p«  devenu!  o  [buJi.  Les  Américains  ont  un  0  ouvert  différent  de  l'o  de 
tfti»,  c'esi-i-dire  atcm  ouvert.  Cet  0  se  trouve  ordînairemeDi  dans  des  mois 
ob  la  prononcialion  anglaise  a  des  00  longs  {d&  ou  ë&^  ou  des  uu  brefs  (de  tud), 
cammF  dam  hofu,  nont.  Un  Américain  me  dit,  il  y  a  bien  longtemps,  que  les 
mots  lun  et  ion  n'avaient  pas  li  nij^me  prononciation  :  il  proitonçaît  ton  comme 
le  français  ionm.  Sur  ce  su|Ct,  on  peut  coniultcr  Marsh,  StuAent'i  Er.eltih  tan- 
gua g(  ;  WhiinGf,  in  Orifniii  aiù  /ir^bùiic  Stiulia,  md.  Séries,  «  The  Ele- 
neots  of  English  pronunciation  ■,  oli  ce  son  est  représenté  par  6,  et  Siorm, 


Romaiiie,XII 


}4  ^  GOHÇALVES   VfANNA 

traction  labiale  plus  prononcée  qu'en  français.  Dans  le  dialecte  de  Lis- 
bonne, ainsi  que  dans  loui  le  sud  du  royaume,  on  ne  fait  aucune  distinc- 
tion entre  à  et  ou  \h  diphtongue  ôà  des  dialectes  du  nord). 

9t  t-  Cette  voyelle  a  le  son  de  ou  français  réduit,  c'est-à-dire  très 
bref  et  comme  étouffé.  Elle  se  trouve  en  ponugais  à  la  fin  des  syllabes 
atones.  Lorsque,  précédé  d'une  consonne,  ce  son  termine  un  mot,  on 
l'écrit  par  o,  et  il  est  en  général  le  signe  grammatical  du  genre  masculin, 
comme  IV  est  le  signe  du  féminin  ;  les  articles  a,  ^,  k  le,  la  »  ont  res- 
pectivement celle  prononciation.  Tout  o  ou  u  atone  se  prononce  géné- 
ralement If.  Comme  exercice,  nous  présentons  quatre  mots  distincts, 
qu'une  oreille  étrangère  confondra  aisément,  mais  que  tout  Portugais 
reconnaîtra  comme  parfaitement  dilTérents  et  suffisamment  caraaérisés 
dans  la  prononciation  :  mora  ^  il  demeure,  màrç,  je  demeure,  mûre, 
qu'il  demeure,  màr  (contraction  de  m<i\àr),  majeur.  L'atonie  et  l'obs- 
curcissement de  la  voyelle  finale  réduite  rend  ces  mots  identiques  pour 
une  oreille  peu  exercée. 

Lorsque  o,  a  atones  se  trouvent  devant  une  voyelle,  ou  font  partie 
d'une  diphtongue  comme  subjonctives,  ils  sont  encore  plus  brefs  et  plus 
imperceptibles  :  nous  les  désignons  par  ù,  ô.  Dans  ce  cas  il*  répondent 
au  w  anglais  des  motsin'd^,  no»inaû)^kRow^B6à),  à  peu  prés  l'ou  fran- 
çais de  zouavi. 

u  accentué  a  le  son  de  l'a  italien,  ou  français,  sans  aucune  distinction 
de  quantité. 

Toute  voyelle  orale  suivie  dans  la  même  syllabe  de  /  (gutturo-lingual) 
devient  gutturalisée.  Ces  voyelles  sont,  sous  ce  rapport,  identiques  aux 
voyelles  polonaises  en  conjonction  avec  L  La  consonne  /  dans  ce  cas 
s'atténue,  elle  est  à  peine  perceptible,  de  sorte  que,  entre  les  mots  alio 
et  auto,  par  exemple,  la  différence  de  prononciation  est  presque  insai- 
sissable. C'est  là  ce  qui  explique  que  des  mots  latins  tels  que  saltum» 
altarium  sont  devenus  souio,  ouieiro,  tout  à  fait  comme  s'ils  étaient 


I 

I 
I 


op.  cit.  p.  j],  41,  iS],  i99,  ji},  oll  Ellis  est  cité;  M.  Storm  repritente 
celle  vovelle  pîir  â  et  l'identifir  avec  le  0  du  fran^jif  hommt,  ce  qui  le  net 
d'accord  avec  mon  Américain  ;  le  mot  ton  n'est  cependant  pas  cité. 

L.'a  de  ^i  se  retrouve  dialeclalement  ea  portugais,  dam  rAlf;arve,  ob,  dans 
des  localités  oui  sont  encore  1  difrininer,  le  pluriel  du  mot  pi  est  p.rt  (a  ss  a 
anglais  de  boa,.  V.  Jo3o  de  Oeus,  Oiccionano  prosotfito  da  Imgaa  partagatui, 
passim. 

ÛB  trouve  dialectalement  d'autres  vojrellei  en  portugais  -  i  Madère,  par  ex., 
\'i  des  syllabes  ouvertes  accenméei  a  le  tan  de  l'j  polonais,  et  l'u  et  \'t  de  ces 
syllabe*  se  rapprochent  respectivement  tte  l'u  suédois  et  de  \'à  roumain,  (  de 
Diex  Dans  le  cnnltnent  mèiae.  l'i  devant  I  cutturalis^  est  prononcé  bien  sou- 
vent cansic  le  7  polonais,  U  des  Russes  (1  j  de  Lcpsius,  i|  de  Uia),  par  ex. 
dans  barrit,  Jami,  que  fc  prononce  avec  un  i  ouvert. 


I 


ÉTUDE  DE  PHOnOLOClH  PORTUGAISE  JJ 

sa  utum,  autarium.  Il  semble  qu'une  telle  prononciation  de  I  a  eibié 
en  français  A  une  cenaine  époque,  ce  que  prouveraient  les  pluriels  en 
aux  {àùs)  des  mots  en  a!,  et  des  formes  telles  que  heau  \biû]  de  bel,  foa 
ijàù)  de/o/.  Le  changement  de  /  en  ù  est  d'ailleurs  fréquent  dans  plu- 
sieurs langues  de  la  même  famille  comparées  entre  elles,  par  exemple  le 
hollandais  good  à  cdté  de  l'allemand  .^oU.  Il  en  est  de  /  final  en  portu- 
gais comme  de  r  en  anglais  :  la  voyelle  qui  précède  ces  consonnes  en 
est  modifiée  en  un  certain  sens,  à  cette  difTérence  près  que  les  voyelles 
portugaises  devant  /  ne  sont  que  gutturalisées;  leur  timbre  ne  change 
que  très  peu  '.  Pour  en  connaître  la  difiérence  il  serait  bon  de  faire  pro- 
noncer devant  soi  par  un  Portugais  les  mots  suivants  :  ato,  alto,  auto, 
siua,  cilla;  cipa,  fUpa;  mirro^  bilro;  sala,  sàUa;sottto,  tôlto;  muta, 
maUa  ;  mal,  mtl,  harril,  sol,  s\^. 

i  (an,  amp,  amb)  est  la  vovelle  ij  nasalisée.  De  toutes  les  nasales 
françaises,  celle  qiti  lui  ressemble  te  plus  c'est  an.  On  écrit  ce  son  de 
plusieurs  manières. 

i  {a,  emp,  emb\  est  un  i  fermé  nasalisé  ;  il  n'est  donc  pas  identique  à 
ia  français. 

j'  [ia,  im,  imp,  imb^  en,  emp,  etob]  est  uni  nasalisé,  voyelle  qui  n'existe 
pas  en  français. 

Ô  [on,  om,  omp,  omb)  est  un  ô  fermé  nasalisé,  différent  de  on  français. 

S  (ua.  om,  uaip,  lunbj  est  u  (ou  français!  nasalisé,  lequel  n'existe  pas 
en  français. 

Je  répète  que  la  nasalîté  en  portugais  est  bien  différente  de  la  nasali- 
sation des  voyelles  françaises  :  d'abord  parce  qu'elle  n'est  point  accom- 
pagnée de  gutturalbation,  et  puis  parce  que  le  limbre  de  la  voyelle  ne 
change  pas.  Kn  effet,  il  n'y  a  point  en  français  de  voyelles  orales  dont 
le  timbre  soit  parfaitement  égal  à  celui  de  ces  voyelles  nasales  .  an,  in, 
on  ;  à  peine  si  l'on  reconnaM  la  voyelle  œ  \(u]  dans  la  nasale  un,  tandis 
qu'en  portugais  les  nasales  à,  t,  T,  ô,  û  ne  diffèrent  que  par  leur  nasa- 
lité  de»  voyelles  orales  i,  /,  i,  6  a'. 


1.  M.  ].  Storm  {op.  cit.  i3  et  44)  trouve  en  anglais  un  I  gutturalisé,  (|ui 
serait  parfaitement  identique  d  /  Dorlugais  apr^  me  voyelle.  Il  me  semble  que 
ce  /  ne  se  trouve  en  anglais  que  lorsqu  il  fortne  une  s>1labe  iitiièpendante,  pré- 
cédé de  e,  comme  d^nt  itcbU,  lampie,  principU.  Ailleurs  l'rnteDdi  I  cingival  et 
rien  de  plut  ;  du  moins  son  influence  sur  la  voyeile  précédente  est  nulle,  ce  qui 
ne  perinet  pas  de  lui  attribuer  une  puinancc  modincativc  sembbblc  i  celle  de 
-r.  M.  Storm  donne  à  ce  i  le  nom  de  haly^uuutali,  îom-giitturil,  et  le  retrouve 
ea  allemand  aussi  bien  que  dans  les  langues  slavonnes. 

1.  M-  Jules  Cornu,  le  savant  et  aimable  pfoftsseur  de  philologie  romane 
i  l'université  de  Prjgue,  que  j'ai  eu  l'avantage  de  connaître  personnellement 
ï  Lisbonne  en   iSSt,  et  qui,  â  une  connaissance  approfondie  de  la  langue 


î6 


R.  CONÇALVeS  VUHHA 

DIPHTONGUES. 
Subjonctive  l. 


Nasales. 


Sï  lavec  un  ^  nasaltséj 


et 


al 


portuRiise,  éclairée  par  ane  méthode  rigoureuse  et  sûre,  joint  une  eiccllenle 
prononciation,  une  ddicat»te  d'ofcille  qui  le  m«l  en  état  d'apprécier  et  de 
reproduire  lei  moindres  nuanses  de  k  phonétique  portugaise,  i  coup  sûr  l'une 
de»  plJ^  diliiciîcs  i  m^ftriscr,  ce  phonMicicn  habile  a  néanmoins  une  tendance  i 
gutturaliier  les  nasales  portugjtses,  loul  i  (ait  comme  Ait]!,  le  nord  du  pays. 
M.  Cornu  ne  confond  point  lei  nasales  portugaises  avec  les  nasales  l.'inçaises, 
il  sait  très  bien  les  prononcer;  et  cependant  la  force  de  l'habitude  le  porte 
({uelquefois  i  reproduire  let  nasales  française»,  surtout  un,  lorsqu'il  parle  le 
portugais. 

J'ai  remarqué  que  les  Portugait  acquièrent  aisément  la  prononciation  de  U 
nasale  française  en,  les  femmes  surtout.  J'ai  enseigné  le  (rancart  à  deax  enfants, 
frérc  et  soeur  :  la  petite  proauncc  très  bien  la  syllabe  ai,  son  frère  ne  !e  fait 
jamais  ;  tout  les  deux  confondent  ordinairemenl  nn,  jn  et  in  en  un  seul  son, 
C|ui  est  pour  Prédénc  le  3  portueiis,  et  pour  sa  sœur  en  français.  Les  Portu- 
gais n'imitent  qu'à  grand'peine  la  tjrllabe  in,  qu'ils  remplacent  par  fn  ou  pjr 
fin.  Moi-m&ine  j'ai  quelque  difËculté  h  reproduire  un,  itue  je  remplace,  Igrsque 
je  n'y  fais  pas  attEntion,  par  à  portugais  ;  lorsque  la  voyelle  un  n'est  pat  finale, 
par  en.  dans  humbh,  la  oifficutté  disparaît  pour  moi. 

J'ai  consulté  sur  les  nasales  polonaises  M.  Adolphe  PawinskL,  professeur 
d'histoire  i  l'université  de  Varsovie,  l'un  des  membres  du  congrès  anthropolo- 
gique réuni  i  Lisbonne  en  1881.  Je  l'ai  prié  à  plusieurs  rqiriscs  de  les 
prononcer  devant  moi.  Pour  mon  oreille,  fi  sonne  toujours  cuRimc  un  0  ouvert 
natalité  sans  gulturaltsation,  et  par  conséquent  il  n  est  pas  le  dn  français  ;  f 
me  fil  l'impression  tantiït  de  J,  unlAl  de  ^,  nasalisés. 

Dans  le  dialecte  du  Minho  il  y  a  les  voyelles  nasales  suivantes  :  à  (i)  c,  / 
[l^!)i  {j]  1,^,6  {1,6)  û;  e.  [es  diphtongues  S&  \ài.\,  âl{àh,  iî[it\,  ht  [6t). 

Eeut-éire  aussi  r'iï  \l&).  Les  Portugais,  lorsqu'ils  prononcent  le  tatin,  donnent  à 
terminaison  -m  la  valeur  de  cette  dernière  diphtongue  n;.sile,  par  ei.  dans 


la  terminaison  'tm  la  valeur  de  cette  dernière  diphtongue  n^isile,  p, 
rem,  fidem,  (ju'ib  prononcent  riù,jiJiù,  avec  un  ;  Icrroé;  et  ils  prêtent  au 
groupe  eu  m,  par  ex.  dan»  deum,  la  valeur  de  tù.  avec  un  e  ouvert.  Cette 
répugnance  i  prononcer  dci  voyelles  nasales  dans  des  syllabes  découTtrtes  les 
porlt  i  prunoncer  la  terminaison  latine  am  comme  •io  [Hlii,  par  exemple  nom, 
miujm,  prononcés  nia,  mù:iù.  Il  parait  que  cette  répugnance  â  prononcer  des 
nasales  simples  i  la  Iïb  des  mots  était  autrefois  plus  grande,  car  aujourd'hui 
tes  nasales  à.  1 ,  6,  û  sont  assez  communes  comme  finales,  par  ex.  dans  lan, 
sim,  somy  atu"!  ;  ces  nasales  ont  dû  ^tre  prononcées  pdis  comme  des  diph- 
tongues :  3f,  1!,  6à,  fià.  [V.  Duarte  Nunes  de  LeSo,  Orthogrjphu  da  lingim 
poHttgjuu.)  La  prononciation  l&i  est  encore  asseï  commune  it  Lisbonne,  et  la 
plupart  des  féminins  en  -63,  formés  des  masculins  en  -So,  avaient  autrefds  sans 
doute  un  0  oasat.  Aujourd'hui,  les  noms  eu  -Jo  ont  leur  féminin  tantôt  en  ^ôa^ 
tantdl  en  -diM,  tantAt  en  â,  comme  Uâo^  Icéa^  tJlaitâo^  vilenfoaa,  attanio^ 


I 


âTUDB   DE   PHONOLOGIE  PORTUOAISS 


n 


Subfoncttve  ù. 


M       —       — 
M         -  - 


â&  [avec  un  ^  nasalisé) 


Des  diphtongues  nasales  â\f  Ô\,  ââ  s^écrivent  êe  tm  ta  ...,  Se,  Ôa 
am;  h  diphtongue  orale  ^tï  s'iîcrii  ordinairement  eî,  sunout  lorsqu'elle 
est  la  tonique  du  mm.  Je  ferai  suivre  ce  tableau  d'un  autre,  oâ,  par  des 
exemples,  on  pourra  connaître  l'orthographe  commune  de  toutes  ces 
diphtongues  ;  j'y  ajouterai  quelques  remarques  sur  leur  prononciation. 

EXEMPLES  DES  DIPHTONGUES. 

Subjonctive  î. 

Orales.  Prépositives. 

nais,  pats  à 

rétf    ms   rots,    heroko  i    ^    è 

—  —             soif  —     —    i 
~~              —     sua.fitûdo  —        —      — 

Nasales.  Prépositives. 

—  mâe,  bem,  htns  —  à  (neuirej 

—  —  p5ts  —      —      S  [fermé) 
—                 —  mai(io)  ce  seul  mot      —  —         Ù 

Subjonctive  &. 

Oain.  Prépositives. 

uau,  MtCM  à 

au,  Tto  —      ^ 


ua 


rm 


alhman,  qoe  l'on  écrit  aussi  <ilimi  âlimSa.  Un  So,  devenu  6à,  chance  \'à  en 
b  (d|  lorsque  cette  voyelle  perd  l'accent  -  du  substantjl  coraiio  on  fonne  le 
verbe  [y  prtt.  jnd.)  ducoroiùa  [iiikntqs6^\  aont  l'infinilif  eM  discoroioar  {diskii' 
r^Ùâf  (jue  l'on  protronce  au&si  diHarsùar). 

Les  D.iutcs  d(  <  Entre  Douro  e  Minho  ■  lonl  presque  partout  gullDralisées 
cooime  en  Irançais. 


|8  «•  GOMÇAIVES  VIAKKA 

Nasales.  Préposiiivei. 

—  mSô,  lam  — 


Les  diphtongues  àï,  àù  se  prononcent  comme  en  allemand  ai,  aa  •  la 
diphtongue  fù,  à  peu  près  comme  \'o»  dial«cta!  anglais  de  cow  (kecw*), 
ou  ta  de  l'italien  neiiiro.  Euro;  seulement  en  italien  l'u  n'est  pas  réduit  • 
il  ne  diffère  que  très  peu  de  l'anglais  oy,  oi  ;  61,  ut,  éà  répondent  à  ooi^ 
on,  ttu  du  hollandais.  La  diphtongue  ïû  est  formée  par  la  voyelle  i 
ouvert  'à  peu  près  i  de  l'anglais  bid]  et  u  réduit. 

Nos  diphtongues  nasales  ne  se  retrouvent  peui-iire  que  dans  les 
langues  aryennes  de  l'Inde  '.  Quoique  la  diphtongue  âo  [dû]  soit  consi- 
dérée comme  très  difficile  à  imiter,  comme  un  vrai  thibboUth  enfin,  j'ai 
remarqué  qu'en  général  presque  tous  les  étrangers  ont  plus  de  peine 
encore  à  reproduire  U  diphtongue  âe  \ât).  Il  faut  ne  pas  oublier  que  pour    M 

'  I .  V.  Beames,  A  Comfnralin  Grammar  of  ifu  MaJcrn  Arjjn  iaagiugtt  qf 
InJu,  V.  Il,  p.  l^^,  et  Ste«iiîO(i,  Tht  Prmtiplti  oj  Muialhu  Grammar,  p.  g, 
et  aussi  Grammutua  Ja  /ia  ;iij  Coniani  composta  pela  PaJrt  Tkomaz  EtUv3o 
Nova  Goa,  18(7,  p.  168;  C.  de  Vaiconcdlos  ^breu,  Pnncipios  Eltmenlam 
Jj  lingita  S^ictknla,  Lîsboa,  1879,  p.  9.  Le  lavanl  professeur  de  sanskrit  à 
rScole  supérieure  des  ietires  (Cano  tuptrior  it  Uttras)  de  Lisbonne,  que  mus 
venons  de  citer,  enseigne  la  prononciation  i6  pour  t'<i  surmonté  de  l'ancw* 
souara  nécessaire,  c'est-à-dire  devant  ddc  consonne  frica:ive,  comme  dans 
kàta,  prononciation  (}ui  lui  a  été  Iranimise  par  Mart.  Haug,  el  qui,  d'après  cet 
illostre  orienuli&te  qui  habita  longtemps  l'Inde,  y  serait  U  plus  commune 

J'ai  Clément  remirqué  U  prononciation  •til  pour  3w  chex  des  Kabiiants 
de  Goa  qui  coniuissenl  le  marâtht.  Le  protesseur  V'asconcellos  Abreu  m'a 
auui  communiqué  ta  prononciation  hâà  pour  l'alleinand  hiibrn,  dans  le  Wur- 
temberg. 

M.  Adolphe  Pawinski,  qui  a  appris  i  Lisbonne  la  prononciation  de  t'iTo  por- 
tugais, le  représente  dans  son  ouvrage  récent  Pcflugalia  par  no,  combinaiMiB 
de  lettres  qut  en  imite  le  son  aussi  fidéIcmeRl  que  l'orthograplie  polonaise  le 
permet. 

Les  Anffiiis  peuvent  s'en  faire  une  idée  par  le  groupe  oang,  et  Stevenson 
|op.  cil.)  le  représente  par  anw,  qui  répond  Ji  peu  prb  i  3».  La  diphtongue 
if,  tm  pourrait  Hre  représentée  par  Jj,  et  dt  par  Sy,  en  supposant  le  y  aSeclé 
du  virSma, 

L'onhographe  ai/t  pour  des  mots  tels  que  mtin,  tain,  sj'uit,  indique  en  fran- 
çais une  ancienne  diphtongue  oasale  analogue  i  l'Sr  portugais.  Peut-être  l'j 
était-il  =:  •),  comme  dans  le  nord  du  Portugal.  Son  îdenliFicalir^n  avec  m  a  dû 
être  postérieure.  Le  groupe  atit  a  peut-être  encore,  dans  quelques  dialectes 
(rançais  la  valeur  d'une  diphtnague  ;  je  ne  saurais  dire  cependjnl  sous  quelles 
conditions  ni  dans  quels  dialectes.  J'ai  vu,  il  n'y  a  jMs  longtemps,  dans  un 
journal,  la  pronoocuttoo  de  certains  mots  tels  que  fia,  moins,  indiquée /4iit, 
aunins,  attribuée  i  un  personaage  de  roman. 


ÉTUDE   DE   PHONOLOCIS   PORTUGAISE  39 

toutes  ces  diphtongues  la  nasalisation  embrasse  les  deux  éléments,  ta 
subjonctive  aussi  bien  que  la  prépositive,  et  que  toutefois  celle-ci  doit 
être,  autant  que  possible,  réduite,  atténuée.  La  vraie  transcription  de 
ces  sons  devrait  donc  Être  ^lî,  <ià,  ôl,  en  surmontani  chaque  paire  de 
voyelles  d'un  signe  de  nasalilé  qui  les  embrasserait  toutes  les  deux. 

Dans  te  sud  du  ro/dume  (Alemtejo  et  Algarve),  aussi  bien  que  dans  le 
Brésil,  em  est  diUérent  de  àe,  y  étant  prononcé  êi,  ce  qui  est  cenaine- 
inent  sa  valeur  primitive,  exprimée  par  l'ancienne  orthographe  et.  A  Lis- 
bonne, ainsi  qu'à  Coimbre,  cette  diphtongue  il  a  tout  à  fait  disparu. 

SYLLABES. 

Par  le  tableau  ci-contre,  on  pourra  se  faire  une  idée  de  la  constitu- 
tion, soit  de  la  syllabe,  soit  du  mot  en  portugais.  Nous  ajouterons  que 
la  syllabe  doit  être  formée  par  : 

a)  Une  voyelle  orale  ou  nasale  :  à,  i,  à,  ô,  etc. 

>)  Une  diphtongue  orale  ou  nasale  :  à\.  Ai,  etc.,  53,  ii,  etc. 

c)  Une  voyelle  orale  suivie  de  -l  gulturalîjé  :  ai,  rf,  etc.  ;  «m  de  -r 
umple  :  ar,  (r,  etc. 

d)  Une  voyelle  orale  ou  nasale  suivie  de  ta  palatale  réduite  twxTde  :  al 
rf,  bquclle  devient  icrnort  devant  une  consonne  sonore. 

e)  Une  diphtongue  orale  ou  nasale,  suivie  de  la  palatale  réduite  i 
sourde,  ou  sonore  devant  une  consonne  sonore. 

/)  Une  explosive  quelconque  suivie  de  l'une  des  formations  précé- 
dentes ;  gj,  ^à,  gai,  gar,  ^ai,  gài,  gâl,  gàU,  giîl. 

^)  Une  explosive  quelconque,  DU  la  fricative/ (rarement  f)  suivie  de 
r  simple  et  des  formations  a]  b)  c]  d\  e):  gra,  pra,  fra,  crdi,  drai, 
frau^  etc. 

hy  Une  explosive  quelconque,  ou  la  fricative  /^ suivie  de  /  lingual  (non 
giitturalisé)  et  des  formations  a)  b)  e)  d)i\  :  cia,  pla,fia,  dai  ;  jamais 
dl,  vl,  cependant. 

i)  Une  nasale  quelconque,  une  ancipite  |/  gutiuralisé  excepté,  lequel 
ne  peut  jamais  être  initiall,  ou  une  fricative  (la  fricative  réduite  i  fait 
exception)  et  les  forinaiions  a)  t)  c]  d\  t)  :  ma,  sal,  fa,  m,  ra,  tai^  etc. 

/)  Une  explosive  ou  une  fricative  [la  réduite  î  exceptée)  suivie  de  !  ou 
de  D  et  des  formations  a)  b)  c)  d,  tj  :  pU,  pâa,  t'ui,  iHa,  s'ia,  qua 
(k&û)  etc. 

La  syllabe  constituée  par  une  explosive  ou  la  fricative  /  suivie  de  i 
liquide  et  d'une  voyelle  quelconque,  c'est-à-dire  des  groupes  tels  que 
pl,  tl,  fi.  cl,  etc.,  n'esi  pas  foncièrement  portugaise,  pas  plus  qu'elle 
n'est  italienne.  En  eiïet,  dans  le  passage  des  mots  latins  aux  mois  portu- 
gais, ta  liquide  l  s'est  changée  en  r  après  une  explosive  douce,  et  est 


03 

tù 

m 

5 

u 

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3 

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1 

s3-[ejniino 

42  R.  GONÇALVES  VlANNA 

devenue,  précédée  d'une  sourde,  la  consonne  composée  ch  (tl\,  qui  se 
maintient  dans  les  dialectes  du  nord,  et  s'est  simplifiée  en  î,  par  ta  chute 
de  la  prépositive  t,  dans  tout  le  pays  au  sud  du  Mondego,  et  même 
dans  presque  tout  le  littoral  au  nord  du  Mondego,  jusqu'à  Vianna  :  les 
groupes  latins  tels  que  gl,  hl  sont  devenus  gr,  br  ;  tandis  que  pi,  cl,  fi  se 
sont  changés  en  ck  {tl,  i].  Ce  changement  de  i  en  r  après  une  consonne 
sonore  est  vraiment  l^un  des  caractères  du  portugais.  Il  y  a  aussi  des 
exemples  de  ce  changement  après  une  consonne  sourde,  mais  ils  sont 
bien  plus  rares  ;  craro^  cravo  de  clarum,  clauum,  prea  de  plenam  i 
c6té  de  cheia,  pranto  de  plantum  à  côté  de  chanto  qui  s'est  perdu,  et 
praniar  (plantare)  qui  a  vieilli,  prazcT  de  ptacere,  etc.  Ch  me  semble 
être  en  tout  cas  le  traitement  le  plus  ancien  de  ces  groupes ,  tandis  que 
pi,  cl,  fi,  etc.,  sont  tout  à  fait  littéraires.  Cependant,  quelques-uns  de 
ces  mots,  de  formation  savante  et  artificielle,  sont  devenus  populaires 
et  ont  banni  les  formes  anciennes  :  craro  en  est  un  exemple,  il  a  été 
partout  remplacé  par  claro  ;  fràl  a  de  même  disparu  devant /tfr. 

CONSTITUTION  DES  MOTS. 

Des  syllabes,  soumises  aux  conditions  que  nous  venons  de  citer,  sont 
formés  les  mots  selon  tes  règles  suivantes,  que  nous  pouvons  constater. 
Lettres  initiales  : 

a)  Toutes  les  voyelles  orales  des  deux  c6tés  de  la  pyramide,  à,  i,  i, 
i,  à,  dy  u,  lorequ'elies  sont  accentuées. 

b)  Toutes  les  voyelles  nasales  accentuées,  S,  ê,  t,  ô,  Ù. 

c)  Les  voyelles  atones  a,  /,  j,  d,  q,  rarement  à. 

d)  Les  voyelles  nasales  à,  f,  ô,  û,  lorsqu'elles  sont  atones. 

e)  Toutes  les  diphtongues  orales,  à  l'exception  de  è\. 

/)  Toutes  les  consonnes  (r  simple,  nh,  Ih,  l  gutturalisé,  et  les  pala- 
tales réduites  exceptées)  suivies  de  voyelle  ou  de  diphtongue  accentuées. 

g)  Les  consonnes  précédentes  suivies  de  voyelle  ou  de  diphtongue 
orale  atone,  ou  de  voyelle  orale  ou  nasale  atone. 

Les  consonnes  Ih  nh  sont  très  rares  comme  initiales  de  mots.  Lk  n'oc- 
cupe cette  place  qu'au  datif  du  pronom  personnel  de  la  }«  personne 
lh{  Ihei  (prononcé  tç  dans  les  environs  de  Lisbonne  et  à  Tnis-os-Montes) 
ou  dans  des  mots  empruntés  à  l'espagnol,  comme  Ihano  [tlano]  à  cêté 
de  châo;  nh  ne  figure  comme  initiale  que  dans  des  mots  appartenant  au 
dialecte  brésilien;  le  seul  mot  portugais  est,  peut-être,  l'ancien  n/tn/efe  de 
neophyto. 

La  consonne  d  fricatif  ne  commence  jamais  un  mot  après  un  repos. 


tlVVt  DK   PHONOLOGIE  PORTUGAISE  4; 

Lettres  finales  : 

Seulement  les  consonnes  suivantes  : 

a)  l^  réduite  palatale  i  sourd,  qui  devient  sonore  devant  la  consonne 
sonore  initiale  du  mot  suivant,  et  prend  te  son  de  z  lingual  devant  une 
voyelle,  comme  en  français. 

b)  L  gutturalJsé,  qui  devient  lingual  devant  la  voyelle  du  mot  suivant. 

c)  R  simple. 

i\  N  dans  quelques  mots  latins  ou  grecs  adoptés  sans  accommodement 
orthographique. 

Les  voyelles  suivantes  accentuées  : 

<)  Orales  à,  è^  (rarement)  i,  i,  à,  (rarement)  ô,  et  u. 

Nasales  : 

/)  â,  i,  ô,  a. 

Les  diphtongues  suivantes  accentuées  : 

g]  Orales  :  aî,^î,  {rarememi  H,  ai,  (rarement)  àt,  al  au  iû  M,  iù 
{seulement  à  la  i'  personne  du  singulier  du  prétérit  parfait  de  l'indicatif, 
ex.  vîù). 

b)  Nasales  :  âl,  âù,  {rarement]  ôl. 

î|  Les  voyelles  atones  j,  (,  q,  et  rarement  j. 

j)  La  diphtongue  orale  ^il,  suivie  de  i  palatal  réduit. 

k)  Les  diphtongues  nasales  âl  et  iû. 

Lorsque  le  mot  lînit  par  i  (gutturalisé^  ou  r  (simple),  ces  consonnes  ne 
peuvent  éirc  précédées  que  des  voyelles  claires  â,  i,  i,  i,  à,  ô,  u,  si 
celte  dernière  syllabe  est  accentuée,  ou  de  à,  i,  ),  à  si  elle  est  atone. 

Jamais  une  voyelle  neutre  if,  f,  ou  réduite  i,  q,  une  voyelle  nasale  ou 
une  diphtongue  ne  peuvent  se  trouver  à  la  fin  d'un  mot,  suivies  de 
/  ou  r. 

En  résumé  nous  pouvons  dire  qu'un  mot  ponant  l'accent  sur  la 
dernière  syllabe  ne  peut  se  terminer  que  :  1  "  par  une  voyelle  orale  claire 
suivie  ou  non  de  (,  r  ou  i  palatal  ;  2'  par  une  des  voyelles  nasales  â,  i, 
â,  û  ou  les  diphtongues,  suites  ou  non  de  s  palatal  ;  que  lorsqu'un  mot 
n'a  pas  i'ac«nt  sur  U  dernière  syllabe,  il  ne  peut  se  terminer  que  : 
I"  par  une  voyelle  neutre  ou  réduite,  les  diphtongues  aî,  âl  ou  iû,  sui- 
vies ou  non  de  s  palatal  ;  2=  par  /  ou  r  précédés  de  à,  è,  à,  rarement  i. 

Nous  ajouterons  encore  que  dans  le  corps  d'un  mot  jamais  une  voyelle 
neutre  ou  réduite  ne  peut  se  trouver  devant  l  gulluralisé;  jamais  une 
diphtongue  nasale  ne  peut  commencer  un  mot  ou  former  la  syllabe 
m^iale  d'un  mot  primitif. 

Toute  syllabe  atone  finale  de  mot  latin  ou  grec  terminé  par  n  exige  <!, 
i,  i  ou  ô  comme  voyelle,  jamais  à,  i,  j,  0  ou  y. 

A  la  fin  d'un  mot  latin  c  ou  0  atones  se  prononcent  è,  à,  lorsque  ces 


44 "■  CONÇALVES  VlftNNA 

mots  n'ont  pas  subi  d'accommodation  orthograpbiqae,  par  «x.  rétro, 
ipso  facto,  laaximt,  pron.  rétrà,  Ipsàfdklà,  ntdksîmi. 

On  trouvera  souvent  des  mois  portugais  qui  dérogent  i  quelques-unes 
des  règles  que  nous  venons  de  constater.  De  tels  mots,  formés  contre 
les  analogies  de  la  langue  populaire,  se  rencontrent  surtout  dans  les  livres 
modernes  :  ce  sont  des  mois  savants  empruntés  au  latin,  au  grec,  des 
noms  bibliques,  des  vocables  étrangers,  qui  ont  été  introduits  après  que 
la  langue  eut  été  formée.  Il  faut,  cependant,  se  rappeler  que  le  plus 
souvent  ces  anomalies  ne  sont  tien  moins  que  réelles.  C'est  l'orthographe 
qui  déguise  la  prononciation  ;  elle  perpétue  le  souvenir  d'un  son  disparu 
ou  transformé,  en  conservant  le  symbole  qui  le  représentait-  Il  en  est 
ainsi  de  presque  toutes  les  langues  néo-latines,  l'italien  et  l'espagnol 
«ccptés,  lesquels  ont  une  orthographe  plus  conforme  à  U  pronon- 
ciation, et  parmi  les  langues  germaniques  l'anglais  en  est  un  exemple 
frappant.  Nous  ne  citerons  que  peu  de  mots.  Da  latin  actum  l'ancien 
portugais  avait  formé  auto  :  U  gutturale  c  s'était  vocaiisée  en  ù  après 
une  voyelle  gutturale'.  Le  portugais  moderne  a  repris  le  mot  sous 
la  forme  apparente  de  acio,  réelle  de  dtij,  le  c  étant  tout  à  fait  nul 
dans  ce  mot,  ainsi  que  presque  partout  devant  f  et  ç.  Autre  exemple  : 
le  btin  di rectum  a  donné  direho;  le  c  s'est  vocalisé  en  î  après  une 
voyelle  palatale.  Le  portugais  artificiel  a  pris  le  latin  directorem, 
directionem,  sous  les  formes  apparentes  de  director^  direcçào,  réelles 
de  dirètôr dircçàù  ;  le  c  est  tombé,  et  par  compensation,  la  distinction  de 
quantité  n'étant  pas  reconnue  comme  un  élément  de  la  langue,  la  voyelle 
e  a  gardé  le  son  ouvert,  elle  n'est  pas  devenue  neutre  ;  autrement  cet  e 
se  serait  changé  en  f.  Autre  exemple  :  on  écrit  le  plus  souvent  edaie^ 
«£iiUi/,de  aetatem,  aequalem,  et  toujours  tlogio^  maison  prononce 
idJid^,  ighdl,  Uqjiq,  car  IV  atone  initial  est  toujours  prononcé  i,  lors 
mime  qu'il  est  nasal  (l'I . 

Nous  ferons  encore  remarquer  qu'une  voyelle  atone  qui  n'est  pas 
neutre,  c'est-à-dire  un  t,  un  j,  un  o  qui  gardent  la  prononciation  de  à, 
i  {f),  û  [à]  dans  une  syllabe  ouverte,  indiquent  dans  la  plupart  des  cas 
la  disparition  d'une  consonne,  d'une  voyelle,  ou  d'une  syllabe  entière. 
Ainsi  le  mot  pàiéiro  ipidàîrii)  est  une  contraction  de  paadiîro  (castillan 
panadaa)  ;  cavtira  [kàvA'ir}]  une  contraction  de  uaveira  (castillan  calivera 
decalvaria,  avec  un  a  îmercalaire)  ;  cr«/or(Arirf3r)estune  contraction 
decruiior.decreditorem)  aqtttcer  \çkhtr)  est  pour  a^UK^rcalescere. 


I .  Il  me  semble  que  le  mol  ft'tto  ne  vient  pas  immédiate mcoi  de  fmum.  maïs 
bien  de  'ftctam  ;  li  royelle  a  se  serait  donc  palatalisie  avant  la  vocali&atioD  du 
c  m  î.  On  trouve  ftcto  pour  fiite  dins  VUt  do  tffantt  Josâphat,  CaJ.  166  de  la 
bibliothèque  du  monastère  d'Alcobaca,  dépoté  i  la  Torrt  do  Tomba  (Archives 
nationales),  p.  t. 


ÉTUDE   DE   THONOLOGIB   PORTUGAISE  4J 

Le  verbe  assez  moderne  opiar  se  prononce  àptdr  ;  le  verbe  plus  ancien 
adopiiir  se  prononce  igdôUr  et  non  pas  çdoptâr  ou  ^d^tâ^.  Le  />,  de  même 
que  le  c,  est  générdlement  nul  devant  f  ;  il  rend  ouvertes,  cependant»  les 
voyejles  a,  e,  o,  qui  le  précèdent,  et  qui  sans  celte  consonne  seraient 
devenues  j,  f,  y,  en  perdant  l'accent. 

REUAtiqUES  SUR  LA  PRONONCIATION  DES  CONSONNES. 

Pour  ne  pas  iniroduîrc  dans  cet  essai  des  innovations  de  nomencla- 
ture qui  y  seraient  déplacées,  parce  qu'elles  me  forceraient  à  une  discus- 
sion que  je  ne  pourrais  aborder  sans  trop  m'éloigner  de  mon  but,  j'ai 
adopté  la  terminologie  généralement  connue,  remplaçant  seulement  la 
dénomination  de  àentaUs  par  celle  de  tiriiiiiaUs.  J'appelle  linguales  toutes 
les  consonnes  qui  sont  produites  par  un  contact  ou  un  rapprochement 
formé  par  le  bout  de  la  langue  ei  un  autre  organe.  Je  me  suis  écarté  de 
l'usage  commun  sculemcni  sur  ce  point  :  en  effet,  appeler  r  une  dentale 
est  un  contresens  manifeste,  un  r  dental  étant  impossible. 

Les  quatre  groupes  dans  lesquels  j'ai  distribué  toutes  les  consonnes 
portugaises  comprennent  douze  articulations  ditférentes,  produites  par 
des  organes  distinas,  ou  par  des  parties  diverses  du  même  organe.  J'ai 
divisé  ces  douze  articulations  en  irci/e  lignes,  parce  que  je  sépare  des 
arlkulaiions  palatales  les  consonnes  fricatives  réduites,  sourde  et  sonore, 
qui  jouent  un  rAle  tout  particulier,  et  qui  sont  soumises  Â  des  lois  spé- 
ciales, dans  le  dialecte  portugais  dont  j'entreprends  de  faire  connaître  la 
phonologie. 

La  première  ligne  de  noire  tableau  des  consonnes  contient  les  deux 
explosives  gutturales,  douce  e1  dure  (sonore  et  sourde},  françaises  [g*  et 
i:'  de  E.  Brùckei  ^  et  c  devant  a  o  ou,  r  ou  /.  Elles  ne  peuvent  se  trou- 
ver que  devant  les  voyelles  gutturales  à,  è,  rf,  u,  et  leurs  subordonnées 
neutres  ^ ,  f,  ou  une  consonne.  Devant  ç  on  les  écrit  par  ^u,  qu,  comme 
en  français. 

Devant  les  voyelles  palatales  è,  i,  i,  (,  elles  se  changent  en  gu,  ^u  de 
la  seconde  ligne,  qui  se  prononcent  un  peu  plus  avant,  contre  le  palais  : 
ce  sont  g'  et  h>  de  Brùcke  '. 


J.  Gtmdiàgi  itr  Phitiohiite  a.  SysUmJlik  d.  SprachiaaU,  p.  60-Gi.  Pcut- 
ftre  iuit-c«  la  le  son  um  teitres  latines  c,  g  devant  des  voyelles  palatales.  Ab 
siècle  dernier,  de  Wailly  avait  dtjâ  fait  observer  que  f,  g  n'avaient  pai  la  mtme 
prononaation  que  qu,  ^u,  tju'il  diuii  avoir  un  son  moins  fort.  <  Principes  géai- 
raitx  «  piMiculitts  de  U  Unguc  française,  ■  Par;s,  1786,  p.  jS;  et  î9î. 
Coflime  00  uit,  dans  un  grand  nombre  d'idiomes  les  guliurales  k  ei  ^  se  pala- 
Ulisetit  en  if,  ^1,  r),  <ii,  etc.  devant  des  voyelles  pabiaies,  et  en  français,  pro- 
vençal, portugais  et  castillan  elles  ont  avancé  jusqu'i  j  C»),  i,  i. 


46  n.  CONÇALVES  MANNA 

M  n'y  a  point  en  portugais  de  fricatives  gutturales,  pas  plus  que  la 
nasale  ng  des  langues  germaniques. 

La  nasale  de  la  ;'  ligne,  nli,  ut  la  palatale  représentée  en  castillan 
par  lî  cl  en  fran^^iis  par  gn.  Elle  ne  p€ut  se  trouver  que  comme  médîale 
dans  un  mot  portugais.  C'est  iâ  un  son  simple,  et  non  pas  une  diph- 
tongue rii,  comme  U  plupart  des  phonéticiens  allemands  ou  anglais  le 
soutiennent. 

Les  palatales  de  la  4"  ligne  sont  un  peu  dïlTérenies  des  palatales  fran- 
çaises correspondantes. 

D'abord,  l'ancipite  Ui  a  depuis  longtemps  disparu  du  langage  com- 
mun en  français  ;  clic  y  a  été  remplacée  par  un  I  consonne  moins 
fricaiif  que  le  /  allemand. 

Le  Ih  portugais  est  tout  à  fait  semblable  au  //  castillan  et  catalan,  et  il 
n'est  pas  redoublé  comme  le  gli  toscan  1=  llh  ou  !lh!).  Il  est  à  peu  prés 
identique  au  /  polonais  en  conjonction  avec  des  voyelles  palatales,  i!  russe, 
à  cette  ditTérence  prés  que  la  palatale  slave  est  produite  par  une  plus 
large  surface  de  comact  entre  la  langue  et  la  partie  antérieure  du  palais, 
ce  qui  a  pour  conséquence  une  plus  large  tissure  bbiale,  et  un  rétrécis- 
sement latéral  plus  fon  des  deux  côtés  de  la  langue  contre  les  parois  de 
la  bouche  par  où  le  souffle  s'échappe,  de  sorte  que  les  lèvres  se  trouvent 
écartées  l'une  de  l'autre  dans  toute  leur  longueur.  C'est  là  du  moins  la 
différence  de  formation  qui  résulte  de  mon  observation  personnelle. 

Les  fricatives  ;  et  x  (ch)  sont  tout  à  fait  identiques  aux  fricatives 
anglaises  de  sluU,  viiion.  Les  palatales  françaises  )  et  ch  sont  pronon- 
cées un  peu  plus  en  avant  contre  les  gencives,  et  l'organe  aaif  est 
posiiivemeni  le  bout  de  la  langue  ;  en  outre,  pour  prononcer  le  ch  et  te 
/en  français,  on  arrondit  les  lèvres  presqu'autant  que  pour  le  uh  alle- 
mand. Les  palatales  portugaises  ;,  x  sont  tout  à  fait  indépendantes  de 
cette  lablalisation  ■,  et  l'organe  actif  est  un  point  de  la  surface  supérieure 
de  U  langue,  plus  ou  moins  rapproché  de  son  extrémité,  selon  que  la 
voyelle  précédente  ou  suivante  est  palatale  ou  gutturale.  Le  ch  français, 
et  sunout  le  sck  allemand,  sont  pour  nous  des  sons  étrangers. 

Les  réduites  s  sourde  et  sonore  ne  sont  que  x  et  /  atténués.  Presque 
tous  les  étrangers  ont  une  grande  difficulté  k  les  prononcer,  surtout  à  la 


I 

I 
I 


I.  Voy.  Storm,  op.  eit.,  p.  37.  J'aurais  quelque  ehosei  ajouter}  ce  aae 
M.  Slorrn  dit  â  propos  d'un  r  sup'-tdentil:  des  basoues  :  «  doïl  être  le  s  an 
Cattillain  et  des  Portugais  du  nord,  le  i  de  Trit  oi-Montes,  diffèrent  de  r  ^  5 
airéolaire  djns  ce  dialçcie  :  pj^o  s'y  prononce  p<^iu,  lundis  que  dans  pisio,  le 
groupe  if  a  une  prononciation  différente,  qui  restemble,  si  elle  n'eu  pas  iden- 
tique, 1  (  du  cjiuriin  pjso .  peut-être  le  son  portugiit  lient-il  un  peu  plus  du 
son  du  (k  français  que  te  s  cajtillaa,  l'oavcrlare  par  où  le  souffle  s'échappe 
étaat  plutôt  circulaire. 


1 


ÉTUDE   DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE  47 

fin  d'un  mol.  Il  faut  remarquer  que  s  palatal  réduit  se  prononce  tûard 
lorsque,  à  la  6n  d'un  mot,  il  est  suivi  d'un  repos  quel  qu^il  soit;  qu'il  se 
prononce  égalemcni  sourd  devant  une  consonne  sourde;  qu'il  devient 
sonore  devant  louie  consonne  sonore,  Ji  quelque  classe  qu'elle  appar- 
tienne, c'est-A-dire  devant  les  fricatives  et  les  explosives  douces,  ainsi 
que  lorsqu'il  est  suivi  d'une  nasale  ou  de  /. 

A  ta  ttn  d'un  mot,  devant  La  voyelle  initiale  du  mot  suivant,  i  palatal 
devient  lingual  =  z,  tout  à  fait  comme  en  français,  formant  l'initiale 
d'une  syllabe  avec  la  voyelle  du  mot  suivant,  parce  que  les  palatales 
réduites  ne  peuvent  pas  se  trouver  devant  des  voyelles  ;  ainsi  os  arcot 
se  prononce  q  zdrkqi. 

Devant  r,  x  et  /  le  i  réduit  est  nul,  ou  bien  r,  x,  ;  sont  redoublés. 

Pour  apprendre  à  reproduire  les  fricatives  palatales  réduites  du  dia- 
leae  commun,  il  ne  faut  pas  consulter  les  tiabitanis  du  Minho  ou  de 
Tris-os- Montes,  qui  les  prononcent  d'une  manière  différente.  Dans  ces 
dialectes  elles  sont  analogues  au  s  castillan,  lequel  est  formé  dans  un 
canal  qui  est  le  résultat  du  rapprochement  de  la  surface  inférieure  de  la 
langue  et  des  gencives  des  dents  supérieures.  Cette  prononciation  est 
déugnée  par  l'épithète  xabancas,  chez  les  habitants  de  Lisbonne,  pour 
lesquels  le  mot  santo,  par  tx.,  prononcé  par  un  habitant  du  nord,  sonne 
comme  X(îli|. 

Vi  de  /«û,  jEdr,  n'est  que  l'î  atone,  réduit  parce  qu'il  se  trouve 
devant  une  autre  voyelle.  Il  est  analogue  à  ['/  de  Dim,  mien,  et  lient 
plus  de  la  voyelle  que  de  la  consonne,  tandis  que  y  de  l'anglais  yo\xng  et 
du  castillan  yanqat  se  trouve  plus  prés  de  la  consonne  ;  pour  produire  ce 
dernier  son,  le  rapprochement  des  organes  facteurs  est  bien  plus  grand 
que  pour  l'i  portugais.  Le  Portugais  croira  toujours  que  faia  est  un  mot 
de  deux  syllabes,  qui  doit  se  diviser  fai-a  ;  Vi  forme  une  diphtongue 
arec  le  premier  a,  la  syllabe  suivante  est  formée  par  le  second  a;  le 
portugais  faia  contient  donc  une  diphtonti:ue  décroissante  <  suivie  d'une 
voyelle:  le  mot  espagnol  haya  a  pour  éléments  une  voyelle  suivie  d'une 
diphtongue  croissante,  quand  même  on  n'y  regarderait  pas  le  y  comme 
une  vraie  consonne. 

Les  consonnes  de  la  6*  ligne  sont  prononcées  plus  en  arrière  contre  le 
palais.  Elles  se  trouvent  seulement  en  conjoncrion  avec  les  voyelles  pala- 
tales, if  i,  I,  j.  Elles  ne  sont  pas  tout  à  fait  identiques  i.  i  ei  z  polonais, 
car  l'aplatissement  de  la  langue  n'y  est  pas  aussi  considérable,  l'étendue 


).  V.  Romania,  111,  }3}.  J'accepte  la  dfsignatian  proposée  à  Kl  endroit 

E*l.   L.  Havet  ponr  distinguer  Ici  dcui;  sortes  de  diphtongues  a!,  ta,  que 
u  proposait  d'écrire  di,  b,  en  alfectant  la  voyelle  atone  de  la  marque  de 


40  «■  conçalves  yiAitVK 

de  b  fisiure  étant  â  came  de  ceb  moindre  que  pour  les  palatales  slares. 
La  fricative  sonore  de  cette  ligne  est  le  plus  sojvem  représenufe  par  g 
niivi  de  l'une  des  voyelles  e,  i. 

Les  fricatives  réduites  s  sourd  et  sonore  deviennent  plus  palatallséu 
loriqu'ellei  se  trouvent  en  conjonction  avec  des  voyelles  paUtales. 

L'ancipitc  centrale  vibrante  rr  [r]  est  le  r  initial  oo  rr  double 
langue.%  néo-btines.  le  français  excepté.  Elle  est  prononcée  un  peu  plus 
en  arrière  que  r  simple,  et  est  généralement  linguale.  On  trouvera  indi- 
viductlemeni  des  r  vibrantes  uvulaires,  même  parmi  des  gens  qui  pro- 
noncent r  simple  comme  une  linguale.  En  général,  les  Français  et  les 
Allemands,  ceux-là  même  qui  ne  gfaatytnt  point,  ont  l'habitude  de  gut- 
lur^liser  le  rr  lingual,  ce  qui  n'a  jamais  lieu  chez  les  Portugais,  les 
lispn^nols  ou  tel  Italiens.  En  italien,  r  simple  après  une  consonne  est 
souvent  prononcé  double  ;  en  espagnol  et  en  portugais  ce  r  liquide  est 
loujoum  simple. 

Quelquefois  je  prononce  le  r  initial  comme  une  fricatÏTe  sonore,  une 
espèce  de  n  [non  pas  r:  comme  le  ri  polonais).  J'ai  rarement  trouvé 
celle  paniculariié  dans  la  prononciation  d'autres  individus  portugais. 
Ce  r  fricalif  sonore  est  cependant  assez  fréquent  dans  la  prononciation 
des  Brésiliens,  et  remplace  cliez  eux  le  r  vibrant  \  je  ne  saurais  dire, 
luulefots,  jusqu'à  quel  point  cette  prononciation  est  individuelle  ou  dia- 
IwUle  ;  |c  l'ai  surtout  remarquée  chez  des  naturels  de  Femambucoet 
de  SAo  Paulo. 

R  de  Cxifa.  C'est  le  r  médial  ou  final,  il  ne  se  trouve  jamais  comme 
initiale  du  moi ,  pu  mime  lorsque  ce  mot  est  précédé  d'un  autre  terminé 
|ur  une  voyelle  atone.  C'est  11  une  différence  qui  sépare  l'italien  du  por- 
lut^aii  el  de  l'espagnol.  Un  Italien  prononcera  le  r  de  ro5J  Tout  à  fait 
comme  un  Hipagnol  ou  un  Portugais  ;  lorsque,  cependant,  ce  mot  est 
prétéile  d'une  voyelle  atone,  celle  de  l'article  par  exemple,  l'Ualien  dira 
U  KUttf  l'Kipagnol  U  rroM,  le  Portugais  n  rrosa;  les  lois  de  la  portion 
(alble  ou  forte  des  consonnes  en  italien  n'étant  pas  connues  dans  la 
^^  Péninsule  hispanique,  si  ce  n'est  peut-iire  en  Catalogne. 
^H  II  faut  l'abitcnir  de  toute  gutiuralisation  dans  ta  prononciation  de  r 

^^        simple,  lequel  est  bien  plus  prfs  de  d  que  le  r  germanique  ou  trançais. 
I  La  neuvième  ligne  ne  contient  qu'une  consonne,  le  /gutiuralisé,  lequel, 

I  parmi  toutes  les  langues  néo-latines,  est  propre  au  portugais.  Tandis 

I  que  le  bout  de  la  langue  s'appuie  contre  les  gencives,  ou  plutftt  contre 

I  les  alvéoles  dei  dents  incisives  supérieures,  le  dos  s'en  élève  vers  le 

I  point  ({uttural.  l.a  seule  ditTéretice  entre  le  /  ponugais  après  une  voyelle 

■  et  le  /  polonais  consiste,  ce  me  semble,  en  ce  que  pour  celui-ci  le  bout 

■  de  b  langue  se  trouve  en  contact  positivement  avec  les  dents,  ce  qui 
I  détermine  une  moindre  flexion  de  cet  organe  ]  d'où  il  résulte  que  la  gut- 


j^ 


£TUDE   de   PHOl'OLOCIE   PORTUGAISE  49 

turiliutton  est  plus  perceptible  à  t'oreille.  Outre  cela,  le  /  des  langues 
slaves  peut  précéder  une  voyelle  gutturale  aussi  bien  que  b  suivre  ; 
le  /  gunuralisé  du  portugais,  au  coniraire,  ne  peut  que  suivre  la  voyelle, 
qu'elle  soii  d'ailleurs  gutturale  ou  non  ;  il  La  gutturalise  en  même  temps, 
et  de  cette  particularité  provient  une  série  de  voyelles  qui  ne  se 
trouvent  que  devant  i  dans  la  même  syllabe.  Il  n'y  a  généralement  que 
la  voyelle  a  qui  soit  affectée  par  la  prononciation  de  l,  lorsque  cette 
consonne  est  médtale,  comme  dans  malU.  salla  {màt-a,  tdi-a).  Bien  des 
personnes,  cependant,  gutturalisent  toutes  les  voyelles  devant  /  dans  le 
corps  du  mot,  parce  qu'elles  gutturalisent  aussi  le  /  médîal  entre  deux 
voyelles.  On  pourrait  à  la  rigueur  considérer  le  /  guituralîsé  réduit 
comme  la  subjonaive  de  diphtonj^ues  analogues  aux  diphtongues 
anglaises  are.  eu,  ire,  on,  are,  oor,  et  en  dresser  le  tableau  suivant,  qui 
viendrait  s'ajouter  aux  quatre  tabLeaujc  que  nous  avons  donnés  des 
diphtongues  portugaises,  comme  contenant  des  éléments  spéciaux  de 
cette  langue. 


nPHTONGUES  ORALES  AVANT  POtJR  SUBJONCTIVE   f  RÉDUIT. 

Exemples. 


et    —    61 
H       —6f  (rares) 
n  —  ai 


mal 

mel    —    sot 

feUro  —        tàUa 

mil  —  sol 


La  voyelle  i  devant  /  dans  la  même  syllabe  est  plutôt  ouverte,  presque 
autant  que  l'i  bref  anglais  de  ii!l,  biJ  ;  elle  est  en  outre  gutturale  comme 
tomes  tes  prépositives  de  ces  diphtongues. 

De  même  que  pour  les  diphtongues  anglaises  ii  subjonctive  ff  et  les 
nasales  francises,  le  /  a  une  valeur  double  lorsqu'il  se  trouve  â  la  fin 
d'un  mot  suivi  d'un  autre  mot  qui  commence  par  une  voyelle  :  il  sert  à 
former  la  subjonctive  de  la  diphtongue,  et  il  se  lie  en  outre  à  la  voyelle 
initiale  pour  former  une  autre  syllabe  ;  il  a  donc  la  valeur  de  deux  //, 
dont  le  premier  est  gutiuralisé  et  réduit,  et  le  second  lingual  et  piéniso- 
nant.  Ainsi  soi  amargo  se  prononce  tài  l^mdrgii,  tout  comme  en  anglais 
part  angtl  =  p'iàf  réîndj/J  et  en  français  mon  ami  =  mon  nami. 

Il  y  a  des  Portugais  qui  ne  prononcent  dans  ces  cas  que  le  seul  /  de 
liaison,  ne  gardant  du  /  gutturalisé  que  son  influence  sur  la  voyelle  qui 
le  précède  :  ils  disent  donc  i>i  Untargo,  prononciation  analogue  A 
celle  de  l'anglais  hc  run'k^t  au  lieu  de  Aj(  runk^l  (lier  uncle}. 

La  10'  ligne  contient  l'ordre  des  linguales  sous- dent  aies,  lesquelles 
sont  prononcées,  surtout  les  explosives  f  d,  bien  plus  près  des  dents 

RaaMia,  XII  A 


i 


JO  R.  GONÇALVBS   VIANHA 

incisives  que  les  sons  analogues  en  français,  beaucoup  plus  que  t  et  d 
anglais,  lesquels  sont,  comme  on  sait,  des  consonnes  sous-^acuminales, 
qui  deviennent  de  vraies  cacuminales  devant  r.  Lorsque  la  consonne  </ se 
trouve  entre  deux  voyelles,  elle  est  le  plus  souvent  fricative,  c'est-à-dire 
qu'elle  se  prononce  comme  le  d  danûs  après  une  vojelle  longue.  C'est  Ut 
ma  pronondation  du  d  entre  voyelles,  même  d'un  mot  à  l'autre,  lorsque 
je  C^  l'éUsion  de  l'e  muet,  il  7  a  cependant  des  personnes  qui  ne  sifflent 
cette  consonne  que  lorsqu'elle  se  trouve  en  contact  avec  une  fricative 
sonore,  comme  dans  l'exemple  que  nous  en  avons  donné,  ou  dans  cet 
autre  :  <  a  casa  de  Deus  »,  prononcé  ^  kdz^  3<  8^ûi,  ou  plutàt  ^  kdz^ 
mùi,  IV  neutre  de  Ut  préposition  de  y  étant  le  plus  souvent  tout  Â 
foitnul. 

La  oHisonne  n,  lorsqu'elle  ne  se  trouve  pas  devant  une  voyelle  dans 
le  même  mot,  ne  sert  qu'à  rendre  nasale  ta  voyelle  qui  la  précède.  Ainsi 
non  seulement  on  prononce  caato,  comme  a  l'on  écrivait  kâtii^  mais 
encore  les  deux  mots  lait  azaî,  par  exemple,  se  prononcent  là  fxûi,  sans 
friire  aucune  liaison  entre  la  nasale  d  et  la  voyelle  initiale  du  mot  sui- 
vant. Il  en  est  de  même  de  la  nasale  labîade  m  :  on  écrit  rojnto  et  coin  a 
casa,  et  l'on  prononce  rôbit,  ko  ^  kdz^.  Cette  nasalité  d'une  voydle 
devant  une  autre  voydle  se  retrouve  dans  le  corps  d'un  mot  dans  les 
dialectes  de  Minho  et  Oouro  :  on  y  prononce  bâù  au  lieu  de  bô  (boni), 
ûf  au  Ueu  de  orna.  A  Lisborme  on  entend  souvoit  bôf  au  lieu  de  bdf, 
comme  je  l'ai  dît  plus  haut.  Cette  pronondation  était  autrefois  générale  : 
on  disait  kwnS^  [commua]  pour  le  féminin  de  l'adjectif  conumun,  lequel 
est  à  présent  uniforme  à  c6té  des  subsuntife  communa  =>  commaie^ 
commua  {=  sentine,  lieux  d'aisance).  On  disait  aussi  lùa,  et  Garreta 
voulu  rétablir  ûi  à  la  place  de  uma,  féminin  de  am,  devant  un  mot  dont 
l'initiale  serait  m. 

Son  exemple  n'a  pas  été  suivi.  Aujourd'hui,  la  suppresaon  de  n  entre 
deux  voyelles,  dans  des  mots  où  autrefois  il  nasalisait  la  voyelle  toniqoe, 
est  un  Ùit  accompli  dans  te  dialecte  usuel,  et  toute  autre  prononciation 
sentirait  le  provtndalisme.  Il  me  semble  que  t'andenne  orthographe  ia 
pour  S  ou  an  indiquait  aussi  une  diphtongue  qui  a  depuis  longtemps 
disparu. 

Les  consonnes  des  deux  dernières  lignes  n'offrent  rien  de  particulier. 
Elles  sont  tout  à  fait  semblables  aux  sons  exprimés  par  ces  lettres  en 
français,  pourvu  que  pour  ta  nasale  m  on  observe  la  règle  que  nous 
venons  de  mentionner  à  l'égard  de  n.  La  semi-voyelle  11  de  quanétf  0 
de  soar  répond  à  ou  français  de  zoiuve,  u  de  iquateur. 

Pour  l'orthographe  des  voyelles  nasales,  nous  ferons  remarquer  que 
le  til  -  ne  se  place  que  sur  a,  0  lorsqu'ils  font  partie  d'une  diphtongue 
naute,  do,  At,  ùt  (Jû,  iï,  ùl)  ;  quelques-uns  le  mettent  aussi  sur  Va 


frrUDE   DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE  Jl 

des  finales  â,  que  d'autres  écrivent  an,  et  aussi  âa,  selon  l'ancienne 
façon  de  représenter  ces  terminaisons.  Toutes  les  autres  nasales  s'écri- 
vent par  m  à  la  fin  des  mots  et  devant  b  p,  et  par  n  panout  ailleurs, 
par  ex.  campo,  sont,  atum,  santo,  sons,  atans,  prononcés  kâpq,  sô,  ^û, 
sâtif,  îôî,  ^ûî.  La  diphtongue  àl  s'écrii  em  à  la  (m  d'un  mot,  et  eiu 
lorsqu'elle  est  suivie  de  l's  qui  sen  à  former  les  pluriels,  comme  on 
vient  de  voir  pour  les  roots  sons,  aims  ;  il  en  est  de  même  de  tout  m 
désignant  la  nasalité  :  il  se  change  en  n  devant  \'s  des  pluriels  ou  de  la 
a*  personne  des  verbes. 

Le  pluriel  du  mol  mât  et  les  pluriels  en  âil  de  mots  qui  se  terminent 
au  singulier  par  âo  s'écrivent  toujours  par  âe$.  J 'ai  déjà  fait  obsener  que 
dans  les  provinces  de  l'Alemtejo  et  de  l'Algarve  àe  et  em  se  prononcent 
différemment,  le  premier  étant  égal  à  âl,  et  le  second  à  êî,  avec  un  e 
fermé.  Cette  différence  coïncide  partout  avec  la  prononciatioii  Éî  i  la 
place  de  al,  atiribuée  i  la  diphtongue  ei. 

Lorsque  la  diphtongue  âû  (So]  est  atone,  on  l'écrit  communément  par 
am  dans  les  verbes  et  dans  quelques  noms  asse::  rares  qui  ont  cette 
diphtongue  comme  finale  atone ,  tels  que  «  Estevam ,  Christovam, 
or[Aam,  »  prononcés  iitivàù,  kriitôvâà,  àrfâù  ;  ce  dernier  mot  reprend 
l'orthographe  ordinaire  de  ta  diphtongue  au  pluriel,  àrpkâùs,  car  la 
lettre  m  ne  saurait  frtre  suivie  de  s. 

Il  faut  se  rappeler  que  am,  tm  ne  sont  pas  des  diphtongues  dans  le 
corps  des  mois  devant  p,  b;  elles  n'y  sont  qu'une  simple  variation 
orthoj^raphique  de  m,  ea,  et  la  voyelle  qui  les  précède  se  prononce 
comme  une  nasale  simple,  d,  è  [i,  lorsque  em  est  initialj.  Il  y  a  des  per- 
sonnes qui  écrivent  le  mot  tào  (aussi)  par  am,  et  je  suis  de  ce  nombre  ; 
le  mot  tamhim  [également,  de  mémej  s'écrit  toujours  par  m,  et  on  le 
prononce  tamâi  tâbàî,  tantôt  tâùhâl;  la  dernière  syllabe,  cependant,  en 
est  toujours  la  tonique.  Carret  voulait  que  l'on  distinguât  uirrthem  {t3hdî\ 
^  de  même,  de  tam  tvm  [tàà  bàlj  (également  bien,  aussi  bien  que), 
et  son  opinion  fut  un  temps  respeaée  sur  la  scène;  elle  ne  l'est  plus. 

On  ne  trouve  des  consonnes  réellement  doubles  dans  aucun  root  por- 
tugMs  ;  on  les  rencontre  seulement  d'un  mot  à  l'autre,  et  c'est  ordinai- 
rement la  suppression  de  l'f  des  monosyElabes  dt,  me,  tt,  etc.,  qui  y 
donne  lieu  ;  on  vient  de  voir  un  exemple  de  ce  redoublement  dans  la 
phrase  ■  a  casa  de  Oeus  ». 

La  consonne  n  ne  saurait  être  non  plus  regardée  comme  te  redoubte- 
laent  de  r,  car  les  points  oîi  les  deux  consonnes  sont  produites  ne  sont 
pas  identiques  :  leur  sthâna  est  différent. 

On  ne  doit  donc  pas  dire  qu'il  y  ait  des  assimilations  lotaits  de  con- 
sonnes en  portugais  :  mais  il  y  a  plutôt  des  absorptiom.  Le  mot  acto 
est  prononcé  lirij  et  non  pas  atto  comme  en  italien  ;  le  c  tombe  devant 


{2  R.  CONÇALVES  VrANNA 

le  I,  il  ne  devient  pas  t.  C'esi  i  une  absorption  sembUble  qu'est  due 
simplificaiion  de  ri  en  î,  dans  les  dialectes  du  sud,  pour  le  groupe  ch. 
Dans  des  mots  tels  que  dinctor,  acçâo  (dirHàr,  àiâu),  il  y  a  d'abord  la 
chute  du  c,  puis  la  compensation  de  cette  consonne  dans  les  voyelles  <i, 
e,  qui  restent^,  è  au  lieu  de  devenir  ..i,  ç,  sons  qui  autrement  seraient 
le  résultat  de  leur  atonie. 

On  cornait  certainement  des  assimilations  partielles,  par  exemple  dans 
la  prononciation  de  i  palatal  comme  :  devant  une  consonne  sonore  ; 
mais  on  ne  saurait  trouver  des  assimilations  totales,  je  le  répète,  que 
d'un  mot  à  l'autre. 

Nous  terminerons  cette  revue  des  consonnes  portugaises  par  quelijues 
observations  sur  la  prononciation  de  ;,  i,  ç,  z  ;  x,  ch  ;  b  et  i*. 

Dans  presque  tout  le  domaine  de  la  langue  portugaise,  i  et  p,  J  et  z, 
X  et  ch  sont  identiques  deux  à  deux,  ei  répondent  à  peu  près  aux  lettres 
françaises  i,  z,  ch.  Dans  la  province  de  Trâs-os-Montes  et  dans  quelques 
endroits  du  Minho,  (es  habitants  des  villages  et  des  hameaux  gardent 
encore  l'ancienne  prononciation  qui  distingue  5  de  f ,  i  de  z,  x  de  ch, 
distinction  tout  il  fait  perdue,  du  moins  dans  le  dialecte  moderne,  depuis 
le  fleuve  Douro  jusqu'à  l'cxlrémité  méridionale  du  royaume,  aussi  bien 
que  dans  les  colonies  et  dans  le  Brésil.  Je  ne  saurais  dire  jusqu'à  quel 
point  celte  ditïércnce  se  maintient  dans  toute  la  province  de  Trâs-os- 
Montes.  A  nragança  et  dans  ses  environs,  tout  près  de  la  frontière  espa- 
gnole, f  et  ^  (doux)  sont  la  sourde  et  la  sonore  d'un  ordre  spécial  ;  ces 
deux  consonnes,  comme  toutes  les  fricatives,  sont  produites  par  le  pas- 
sage du  souffle  ou  de  la  voix  à  travers  un  canal  formé  par  le  rapproche- 
ment de  deux  organes  ;  la  surface  inférieure  de  l'extrémité  de  la  langue 
et  les  gencives  derrière  les  dents  incisives  supérieures.  La  sourde  est 
pour  ainsi  dire  tout  i  fait  semblable  à  s  castillan,  et  on  les  retrouve 
toutes  les  deux  en  Catalogne  et  dans  quelques  dialectes  italiens  <.  J'ap- 
pellerai ces  consonnes  sous-cjcaminules.  I.3  fricative  s  de  cet  ordre  se 
prononce  sourde  au  commencement  des  syllabes,  à  la  fin  d'un  mot, 


I.  Troiive-t-oD  en  Aoyercneces  deux  sons,  î  et  i.'  C'est  aux  phonélicieiu 
français  de  le  décider.  M.  fuies  Cornu,  dans  un  article,  excellent  sous  tous  les 
rapports,  sur  1c  dialecte  grubin.  public  dan^  la  Romania  (vol.  IV),  nousdiiquc 
5  et  :  ne  s'y  irotivenC  que  dins  1»  composas  fi,  J.',  ti  <]ue  partout  ailleurs  ils 
se  prononcent  X  «Mrancaisl  et;.  J'avais  des  doutes  lu-dessus,  et  l'avouerai 
qu  ils  ne  se  sont  pas  entièrement  diuipèt.  Je  croirais  plutAt  que  j  et  i  y  sont 
noire  paire  de  fricattves  suus-cacoiniiialcs.  J'ai  consulté  personncllemmt  M.  Jules 
Cornu,  il  n'est  p«s  de  irvn  jvis  ;  je  le  prierais  cepcntUnt  de  faire  de  nouvelles 
épreuves,  car  il  connaît  mainienani  ces  deux  sons,  dont  j'ai  eu  occasion  de  lui 
expliquer  le  n>écanlsnie  dans  le  portugais  dialectal, 

Pour  tes  dialectes  itiliens,  |'ji  remarqué  que  l'actrice  Pezzana  et  l'adeur 
Rossi  prononçaient  la  sourde  comme  t  cotnnune,  mais  que  leur  1  douce  (de 
t9ia\  était  toujours  sous-cacuminale. 


1 
I 

à 


éTUDE   DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE  {; 

devant  un  repos  quelconque,  devant  une  consonne  sourde  et  entre  deux 
voyelles,  quand  elle  est  redoublée  (écrite,  non  pas  prononcée,  deux 
fois).  Module  cnire  deux  voyelles,  ainsi  que  devant  une  consonne 
sonore,  elle  se  prononce  douce. 

Les  consonnes  (  et  2  ont  le  son  de  î  et  5  français,  seulement  ils  soni 
produits  plus  en  arrière  par  le  dos  de  la  langue,  non  pas  avec  son  extré- 
mité; toutefois  :  à  la  fin  d'un  mot  se  prononce  i  [f,,  de  sone  que  les 
mo\s  dez,  fdtz,  s'y  prononcent  dèç^  f^Uç,  et  non  pas  </<i, /(/Jî  comme 
dans  les  dialeaes  du  sud,  ei  presque  panoui  ailleurs. 

A  cause  de  cette  distinction  entre  i  et  f ,  i  ei  :,  les  mots/wwo  etpafo, 
COUT  «  coztr  ne  sont  point  des  homophones  ;  on  les  prononce  respec- 
tivement pds%  (un  pas)  et  piçt;  (un  palais^,  k^Hr  (coudre)  et  kiitir  (cuire, 
bouitlirl . 

C'est  aussi  à  cause  de  celle  distinction  que  l'orthographe  ~lSy  -tus  de 
la  terminaison  des  adjectifs  dérivés  de  noms  propres  dp  nations,  suivie 
par  Aleiandre  Hcrculano  et  autrefois  presque  générale,  est  préférable  Â 
l'orthographe  -fi,  -tza,  adoptée  par  la  plupart  des  écrivains  modernes, 
car,  à  Tris-os- Montes,  des  mots  tels  que  portugais,  frands,  se  pro- 
noncent toujours  <r  partaguts,frâiti  n,  au  pluriel  n  punus^lif.i,frâci{fS,  0 
ei  non  pas  pana^nfi,  frSct),  pariugaêili,  frâcézii,  comme  ailleurs. 

Dans  b  province  de  Beira-Alta,  il  semble  que  l'on  ne  prononce  s,  i 
sous-cacuminales  que  lorsqu'elles  sont  finales  de  mots  ou  se  trouvent 
devant  des  consonnes,  par  ex.  ^ohs,  esliada,  pron.  /ï<îrfi,  çitrada. 

Dans  presque  tout  le  nord  x  est  une  fricative  analogue  à  sfi  anglais  ; 
ch  r^nd  au  ch  de  cette  langue  et  de  l'espagnol,  c'est-à-dire  à  une 
consonne  composée,  il 

Dans  tout  le  sud  et  dans  la  partie  moyenne  du  royaume,  b  cl  v  sont 
parfaitement  disiincts  :  h  est  l'explosive  bi-labiaîe  douce,  v  la  fricative 
labio-der.iaie  également  douce  et  plus  ou  moins  bourdonnée.  Dans  la 
région  la  plus  septentrionale  du  royaume,  on  confond  i*  et  )■  en  un  seul 
son  :  lorsqu'ils  se  trouvent  dans  la  position  fone,  c'est-à-dire  après  un 
repos  ou  une  consonne,  ils  sont  tous  les  deux  explosifs  ^  b  ;  dans  la 
position  faible  (entre  deux  voyellw)  ils  deviennent  fricatifc.  et  alors  ils 
ont  tous  les  deux  la  valeur  du  v  simple  entre  voyelles  du  dialecte  romain, 
analogue  au  w  dialectal  allemand,  c'est-à-dire  ils  ont  le  son  de  la  frica- 
tive bi-labiale  douce,  tout  i  fait  comme  dans  une  grande  partie  des 
dialectes  espagnols. 

A  Porto,  et  probablement  dans  toute  la  région  environnante,  on  fait 
un  échange  entre  les  sons  de  ces  deux  consonnes,  phénomène  analogue 
à  la  permutation  du  f  et  du  r  à  Londres  :  t  a  le  son  du  r,  et  »*  a  le  son 
du  b.  On  dit  par  exemple,  et  le  plus  souvent  les  gens  peu  instruits 
l'écrivent,  binho  rom,  au  lieu  de  vinhù  btm.  A  Trfs-es- Montes,  le  son  * 


S4  ^^^  R-  COWÇALVES  VIAHNA 

prédomine  pour  ces  deux  consonnes.  On  sait  que  presque  partout  en 
Espagne  ft  et  v  se  trouvent  confondus.  La  prononciation  du  b  comme 
fricative  bt-Iabiale  douce,  dans  la  position  faible,  et  surtout  sous  tln- 
fluence  médiate  ou  immédiate  d'autres  fricatives,  n'est  pas  d'ailleurs  rare, 
même  à  Lisbonne^  ce  qui  met  ce  son  d'accord  avec  rasïibitation  du  d 
dont  j'ai  parlé  plus  haut'. 

Le  catalogue  des  sons  d'une  langue  ou  de  ses  dialectes,  qui,  quoique 
méconnus  ou  déguisé-s  par  l'imperfection  de  l'orthographe  ou  l'unifor- 
mité littéraire,  n'en  existent  pas  moins,  serait  curieux  il  dresser.  J'ai 
tâché  d'en  relever  quelques-uns,  et  je  serais  plus  long  si  je  ne  craignais 
pas  de  trop  m'éloigncr  de  mon  sujet.  J'ai  constaté,  par  exemple,  une 
autre  nasale,  moins  palatale  que  le  nh,  ei  qui  ne  se  trouve  que  devant 
une  voyelle  à  la  suite  de  la  diphtongue  ai,  dans  la  prononciation  de  Bra- 
gança;  par  exemple,  la  phrase  cm  altos  monies  s'y  prononce  ci  nii/Zy/ 
mvlfs,  et  cette  sorte  de  ginie,  ou  phonème  nasal  d'union  qui  évite  Ihia- 
lus,  n'est  autre  chose  que  le  n<  de  E.  Qrùcke,  le  ng  allemand  de  stta- 
gel,  c'est-à-dire  le  ng  germanique  en  conjonction  avec  des  palatales  », 


I 


PHONOLOGIE  DES  VOYELLES. 


On  doit  établir  deux  divisions  spéciales  pour  les  voyelles  portugaises. 
a)  Voyelles  ouvertes  à       i       à 

Voyelles  fermées  A        i        ô 

Voyelles  indifférentes  f        i,  i    u,  f 


b)  Voyelles  pleines 
Voyelles  réduites 


1*8  voyelles  pleines  se  trouvent  dans  les  syllabes  accentuées;  les 
voyelles  des  syllabes  atones,  au  contraire,  sont  réduites  toutes  les  fois 


1.  V.  dans  0  Potil'msmo.A'  tnao  ftSSi),  rr«>  i  ff  2,  mes  articles  sar  la  pho- 
nétique du  dialecte  de  l'Anaalousie,  i  propos  d'un  travail  inalogue  de  M.  Scha- 
dunit  (2(iurAr. /.  Rom.  Pbit.  Vt,  ob  je  traite  la  question  de  r,  2,  i  ti  t  en 
portugais.  ■ 

2.  On  doit  s'être  jiperçu  que  je  n'ai  rien  dît  de  l'explosive  pharyn^enne  qui  ■ 
est  i'injtiile  des  mots  allemands  «ui,  en  apparence,  commencent  p,ir  une  voyelle,  ■ 
iHs  que  ander,  Art  etc.,  et  que  I  on  reprejente  ordinairement  par  l'aposlrôphe. 

Elle  n'existe  pas  en  portugais ,  les  vofellcs  qui  se  trourenl  en  contact,  comme 
on  verra  plus  loin,  larmeni  des  cra&es  ou  des  diphtongues,  ou  bien  on  évite 
l'hiatus  par  la  setnî-vocadution.  On  pourrait  i  peirw  constater  i'exittencc  de 
cette  consonne^  que  j'indiquerai  par  ),  entre  le  mol  irtu  et  te  mol  suivant, 
commencé  par  1  atone,  par  ex.  trut  nrmJos  [U&tt  frira)  pour  le  disliuguer  de 
très  irmios  (trois  Iréres),  ou  dans  des  cas  analogues. 


êTUDE   DE   PHONOLOGIE    PORTUGAISE  ^5 

qu'elles  ne  sont  ni  nasales,  ni  suivies  de  /  guituralisâ,  ni  proljgées  par  une 
consonne  anormale  fermant  la  syllabe,  que  cette  consonne  soit  d'ailleurs 
prononcée  ou  nulle.  Les  syllabes  terminées  par  i,  ainsi  que  les  syllabes 
médiales  ou  initiales  commençant  par  une  consonne  et  terminées  par 
r,  sont  traitées  comme  des  syllabes  ouvertes,  c'esi-à-^ire  que  la  voyelle 
qui  précède  ces  deux  consonnes  i  et  r  devient  réduite,  tout  1  fait  comme 
d  elle  terminait  la  syllabe. 

Les  seules  diphtongues  atones  soumises  à  la  réduction  sont  à't,  çî 
[écrites  ni,  et)  devant  des  voyelles. 

La  voyelle  réduite  i  ne  se  trouve  que  devant  ou  après  une  consonne 
palatale,  dans  une  syllabe  atone.  L'î  et  l'û  jouent  le  râle  de  subjonctives 
dans  les  diphtongues,  comme  nous  avons  déjà  vu. 

Les  voyelles  î  [i)  4  [a)  s'écrivent  uniût  par  i,  u,  tantôt  par  e,  0.  Seu- 
lement U  i  ne  peut  s'écrire  e  que  devant  une  autre  voyelle,  comme  sub- 
jonctive de  diphtongue,  ou  en  conjcncîlon  avec  des  palatales  ((),  et  cela 
parce  que  la  voyelle  e  atone  a  une  prononciation  différente,  celle  de  f, 
toutes  tes  fois  que,  hors  des  circonstances  que  nous  venons  de  constater, 
elle  appartient  i  une  syllabe  atone  ouverte  ou  terminée  parr.  La  voyelle 
réduite  t{  ;ûj,  au  contraire,  répond  aux  trois  voyelles  pleines  è,  6,  u;i\ 
serait  donc  indifférent  pour  la  prononciation  de  l'écrire  par  0  ou  par  u. 
Quelques  exemples  éclairciront  ce  point. 

Des  mois  primitife  gohy  béto,  mula 

on  forme  les  diminutifs  goiinha,  bolinho,  muUnha, 

qui  se  prononcent  SfH'^'^^i  bqlinhif,  mqUnk,^; 

tandis  que  de  préla,  firro 

on  forme  les  diminutifs  prpinho,  ffrrlnho; 

et  du  mot  ftlt'f    on     forme    filtinka^    sans 

atténuation  de  la  voyelle  devenue  atone  par  le  déplacement  de  l'accent 
que  les  terminaisons  -inho,  -inha  exigent. 

Le  son  de  l'J  fermé  coïncide  avec  celui  de  l'^i  mutre,  seulement 
celui-d  est  plus  faible,  surtout  après  l'accent  ;  ces  deux  voyelles  â,  j  sont 
entièrement  identiques  en  ce  qui  concerne  leur  timbre.  Les  rapports 
entre  d  et  4  ne  sont  pas  analogues  à  ceux  dt  è  ni,àetà*. 


I.  Le  son  de  fi  pour  a  ne  dépend  point  de  l'origine  de  cette  voyelle,  mais 
bien  de  la  place  qu'elle  occup<r  par  rippori  i  l'jcceni  et  itix  %ati%  conligiit.  Ed 
principe  t  cl  0  fermés  proviennent  de  e,  ô  ou  de  i,  à  latins.  L'ti,  au  contraire, 
se  prononce  a  par  I  influence  de  la  conwnne  nasale  tuiranle,  lorsqu'il  est 
loniqoe,  ou  bien  c'est  l'absence  de  l'accent  qui  l'assourdit  :  son  origine  n'y  est 
pour  rien. 

Quelques  mots  sur  ce  son  en  proTencal. 

Le  Dontttu  ProviiKialii  (éd.  de  i8^3  par  M.  Gtiessard,  la  seule  que  je  pos- 
sMe  et  que  (c  puisse  consulter  pour  le  Riomcnl},  dins  la  partie  qui  traite  des 
Rimas,  outre  des  t  et  des  0  Itrgt  (ouverts!  el  estnùs  (termes),  nous  donne 


j6  R-  GONÇALVES  VIANNA 

On  peut  établir  cène  r^Ie  générale  que  lorsqu'une  syllabe  est  ou 
est  devenue  atone,  sa  voyelle  orale  devient  réduite  dans  les  conditions 
exprimées  par  te  tableau  »ùvant  : 


'C 


à,  d> 
è,i 


8 

c 
e 

S 

c 
o 


&-1 


e 

3 


8 

a 
a 
■a 

a 


r 

8 

■a 


«j         > 
•a         V 


—  ^        a       j  (ordinairement  forme  crase  en  à) 

—  ;        {         î  que  l'on  écrit  par  e,  et  que  nous  représente- 

rons par  ç,  i  =  i,  I 

—  i,f'i         l  que  l'on  écrit  par  i 


aussi  des  a  largs  et  atrtUs.  Qud  son  avait  donc  Va  tstràt  ?  Si  nous  voulons 
suivre  l'analogie  de  c  et  de  o,  nous  avons  devant  noos  trois  hypothèses,  c'est-i- 
dire  trois  sons  plus  fermés  que  il .'  Va  anglais  de  bad^  qui  se  retrouve  dans 
quelques  dialectes  italiens  et  dialectalement  ansù  en  portugais;  Va  anglais  de 
wad,  whut,  soit  un  a  palaUlisi  ou  labialisi;  et  enfin  l'u  l>ref  anglais  de  bad 
dans  la  série  moyenne  ou  neutre  (v.  la  pyramide  des  voyelles  et  la  note  6),  ou 
quelque  chose  d'analogue.  Dans  le  Donalas  Provincialis  (p.  45),  les  a  eftrtks 
se  trouvent  réunis  en  deux  sections,  et  dans  tous  les  mots  cités,  âbias 
excepté,  on  voit  que  n  a  été  supprimé,  si  l'on  compare  tons  ces  mots  aux  mots 
latins  correspondants.  Dans  les  aialectes  portugais  parlés  dans  la  région  com- 
prise entre  le  Mondego  et  l'extrémité  méridionale  du  royaume.  Va  accentué 
devant  une  consonne  nasale  est  fermé,  c'est-i-dire  il  a  un  son  neutre  on  pea 
moins  ouvert  que  l'u  anglais  de  bad,  par  ex.  dans  muaddno,  vocable  que  nous 
retrouvons  dans  le  Donalas  sous  la  forme  mandas^  subordonné  i  la  morique  a 
esireit.  Cette  terminaison  -js  se  prononçait-elle  ^  f  Précisément,  un  grand 
nombre  de  ces  <  et  des  0  fermés  ou  ouverts  cités  dans  le  Donjtni  coînadent 
avec  le  son  de  ces  voyelles  dans  les  mots  portugais  correspondants,  lorsane 
celleS'Ci  n'ont  pas  subi  VinHuence  de  sons  contigus  ;  c'est  \i  une  raison  de  plus 
en  faveur  de  notre  hypoth^e  :  ii  estreit  du  Donatas  :=a  portugais  de  cama, 
canna,  mank.i.  V.  Mila  y  Fontanals,  De  los  Trobad.^ra  tn  Êspaha,  p.  460,  n.  8; 
et  aussi  sur  la  prononciation  de  0  =  n  et  c  ou  j  =  ^,  lorsque  ces  voyelles 
sont  atones,  dans  quelques  dialectes  catalans,  anciens  aussi  bien  que  modernes, 
ib.,  p.  461-464  et  les  n.  10, 1 1  et  ta.  Je  suis  cependant  bien  loin  de  me  con- 
former pleinement  1  la  doctrine  de  la  note  8  citée,  et  encore  moins  i  la  termino- 
logie adoptée  par  te  savant  romaniste.  Qu'est-ce,  en  effet,  qu'une  voyelle  ean- 
cosa,  lurij,  iimpu,  et  una  articuladon  pronancijJa  (on  nw  6  maios  tuavidai? 
Il  serait  assez  difficile  d'attribuer  â  cette  ragutJad  d'épithétes  un  sens  précis. 

1.  J'appelle  «  continues  *  toutes  les  consonnes  qui  ne  sont  point  formées 
par  le  contact  partait  de  deux  organes,  c'est-i-dire  tontes  les  fricatives,  les 
ancipites  /  et  r,  les  nasales  et  les  semi -voyelles. 


ÉTUDE   DE   PHOMOLOOCE   PORTUGAISE  ^ 

^yô  —  lï  H  ù  que  l'on  écrit  par  o,  et  que  nous  représente- 
rons par  0,  6  =  ^,  !i 

u      —    If        ij        à  que  l'on  écrit  par  u. 

«)  Dans  U  notation  que  j'ai  adoptée,  à  désignera  dorénavant  l'a  neutre 
accentué,  ou  ^i  fermé  ;  â.  Va  neutre  atone,  ç  Va  neutre  sans  aucun  rap- 
port à  l'accentuation  ;  je  le  répète  cependant,  le  timbre  en  est  partout  le 
même  ;  et  si  nous  voulions  établir  une  échelle  de  l'acuité  de  ces  trois 
a,  nous  dirions  que  ^  accentué  (J)  est  celui  qu'on  entend  le  mieux; 
puis  vient  ^  prétonique,  puis  enlîn  ^  posttonique  qui  est  le  plus  bref  et  le 
plus  obscur  de  tous. 

bi  Les  voyelles  e  et  (  atones  devant  une  continue  palatale  ou  une 
voyelle  sont  identiques;  il  en  est  de  même  lorsqu'ellesforment  ta  subjonc- 
tive d'une  diphtongue.  Devant  une  autre  consonne  quelconque,  t  se 
prononce  f,  et  l'i  est  plénisonant,  et  à  b  fin  des  mots  (très  rare)  il 
s'atténue  en  i.  Dans  une  suite  de  syllabes  atones  dont  la  voyelle  sera 
toujours  (,  le  dernier  i  seulement  garde  le  son  qui  lui  est  propre;  ceux 
des  syllabes  qui  le  prêchent  se  prononcent  ç  :  ainsi  les  mots  minlstro, 
miliiar  se  prononcent  m^nHirç,  mr/iitir.  Toute  autre  prononciation  senti- 
rait le  pédantisme.  Cet  obscurcissement  de  l'i  est  très  ancien  :  l'an- 
cienne orthographe  le  démontre.  Nous  avons  donc  deux  lois  :  ^  devient 
i,  (  devient  f. 

Du  concours  de  ces  deux  lois,  il  résulte  que  le  mot  vicejir  seprononce 
VçcijÀT.  ei  ie  mol  privilegiado  communément  preyçHj^ddç. 

Il  y  a  sans  doute  des  exceptions  à  cette  rigle  du  changement  de  t  en 
{  :  les  (  des  terminaisons  du  conditionnel  des  verbes,  -ir-ia,  -ir-ias  etc. 
ne  sont  pas  soumis  à  cette  atténuation  :  on  prononce  viria,  dîrUiria 
(dpiiJiH^  ou  d(Vfdir!i)\  c'est  là  un  fait  qui  démontre  l'existence  indé- 
pendante du  suffise  -ia  dans  cette  forme,  d'un  usage  d'ailleurs  asser. 
restreint,  puisqu'elle  est  presque  toujours,  dans  le  style  ordinaire,  rem- 
placée par  l'imparfait  de  l'indicatif,  son  emploi  dans  le  langage  commun 
étant  presque  borné  &  exprimer  le  prétérit  d'un  mode  dubitatif,  dont  le 
présent  est  formé  par  le  futur  simple  en  -r-fi.  lequel,  à  son  tour,  est 
rarement  employé  dans  le  sens  du  futur. 

Nous  avons  déjà  vu  que  les  syllabes  formées  par  des  voyelles  nasales 
ou  guituralisées  (devant  /  gutiuraiisé^  ne  se  modifient  pas  lorsqu'elles 
deviennent  atones  :  rétuL — Ttadii,  fdit^ — fiUâr  ont  à  la  première  syllabe 
des  voyelles  identiques.  Il  en  est  de  même  pour  les  terminaisons  en  -r, 
dont  la  voyelle  atone  est  toujours  ouverte,  àr,  èr  ;  cette  voyelle  ne 
devient  réduite  que  lorsque  le  mol  a'accroit  d'une  syllabe,  par  exemple  : 
Cesàr,  au  pluriel  Céijrp;  ojdJvir,  au  pluriel  c.iddvçr^i.  Ces  mots, 
cependant,  ne  sont  pas  populaires,  surtout  au  pluriel. 

Les  voyelles  ^,  f»  ù  offrent  quelques  particularités  :  {  ne  saurait  être 


S8  R.  GONÇALVES  VIANNA 

l'initiale  d'aucun  mot,  comme  nous  l'avons  vu  dans  la  constitution  de  la 
syllabe  :  lorsqu'un  mot  commence  par  e  (ou  fte)  atone,  cet  «  se  prononce 
i  devant  une  continue  palatale,  i  devant  toute  autre  consonne  ;  elogio, 
esposo  se  prononcent  liiijiii,  iipôzti.  Il  en  est  de  même  de  la  voyelle 
nasale  m  em,  qui  se  prononce  t  au  lieu  de  ê  au  commencement  d'un 
mot,  et  dans  le  langage  ordinaire  la  préposition  em  {âi)  sonne  également 
comme  i;  la  phrase  enirei  em  tua  casa  se  prononce  donc  ïtrâl  ï  tûç  kâi^ 
ou  bien  Itràl  Si  tàç  kdzç,  jamais  itràî...  etc.,  du  moins  dans  le  dialeae 
commun. 

Les  voyelles  a  et  o,  lorsqu'elles  sont  initiales  d'un  mot  dans  une  syl- 
labe fermée,  gardent  généralement  le  son  ouvert  ;  on  prononce  donc 
hortelâo,  hospedar,  armario  et  aspirante  comme  ôrtf/âû,  àspeddr,  àrmdnu^ 
àspiràie.  On  entend  souvent  li^tic^l^û^ç  (horticulturaj^^m^iTlarma- 
zem)  et  surtout  çspirdr;  cette  prononciation,  cependant,  n'est  pas  celle 
du  peuple^  quoique  assez  commune  parmi  les  gens  instruits,  qui  se  sont 
hit  une  prononciation  à  eux  j  le  peuple  continue  de  dire  U  ànngzâî  (um 
armazem),  ù  àrtflâù  (um  hortelâo),  q  mèspfd^ri^  (uma  bospedaria). 

Lorsque  la  voyelle  {  se  trouve  dans  le  corps  d'un  mot,  suivie  de  r  ou 
précédée  de  cette  consonne  dans  la  même  syllabe,  elle  est  tellement 
obscure  qu'une  oreille  exercée  peut  seule  distinguer  la  place  qu'elle 
occupe  par  rapport  à  r.  De  là  une  foule  de  fautes  d'orthographe. 
Des  gens  instruits  même  s'y  trompent  souvent.  En  effet,  les  deux 
vocables  predicçào  (prfdiçiù)  et  perdiçâo  (perdiçâS)  sont  très  difficiles  à 
distinguer.  On  voit  communément  dans  les  journaux  et  même  dans  des 
livres  ptrttnçào  au  lieu  de  pretensâo,  le  mot  pertencer  (appartenir}  servant 
à  égarer  ceux  qui  n'en  connaissent  pas  l'origine.  Cette  confusion,  due  à 
la  prononciation  obscure  de  Ve  de  la  première  syllabe  (f),  est  sans  doute 
très  uncienne,  ce  dont  fait  preuve  le  mot  pergantar,  qui  a  d&  être  pro- 
noncé/Tf^unfJr,  car  autrement  le  premier  c  du  latin  percunctare  ne 
serait  point  devenu  g.  L'orthographe  pergantar  a  été  certainement  refaite 
sur  te  lutin,  car  te  peuple,  par  exemple  celui  des  environs  de  Lisbonne, 
prononce  ce  mot  avec  un  e  ouvert  à  la  première  syllabe,  priguntdr,  ce 
qui  \v  rapproche  du  castillan  preguntar. 

Il  y  (t  une  prononciation  de  e  atone  devant  l'r  de  la  syllabe  suivante 
(r*«  «MHinwne  parmi  te  peuple,  c'est-à-dire  celle  de  ^.  Ainsi  on  entend 
liMHVwH  jiiN^tMfJnti  RU  ticu  de  iimfricd/Tp,  jijrdt  au  lieu  de  jçrdt  (gérai). 

^uvtqufh^lN  Huui  on  prononce  à  tort  Ve  atone  comme  q  lorsqu'il  est 
Wi  v'viijwutliwi  (tvec  des  labiales,  par  ex.  piirmplr  =  «  permittir.  »  J'ai 
vu,  il  uW  «  tMH  lontïlemps,  une  enseigne  de  cabaret  qui  portait  hubidas 
Aix  littu  dç  MtJtii.  V  des  boissons».  Le  mot«  prometter»  {prqmftir)  est 
wu\v)U  ^tJvMtMK'v*  purm^tir,  C'esl  là  sans  doute  l'origine  de  por  [pqr]  •= 
-  t>tU  V  4U  Ihm  \)«  p^r  du  latin  per. 


ÉTUOe   DB   PK0KOL0C1S   PORTUGAISE  f^ 

Les  deux  propositions  pfr  et  par  se  trouvent  confondues  dès  les  pre- 
miers monuments  de  la  langue,  et  per  a  presque  disparu  du  langage 
actuel,  jiprës  y  avoir  laissé  les  composés  peh,  pdos,  ptta,  pelas  Iperlû, 
etc.),  écrits  à  tort  avec  un  seul  /,  ci  prononcés  tantôt  pclii,  pti),  etc., 
tantfti  pHn,  pèlf,  etc.  La  distinction  que  Duane  Nimes  de  LeSo  voûtait 
établir  me  semble  pluiftt  ingénieuse  que  vraie  '  ;  elle  aurait  cependant 
en  sa  faveur  le  fait  cité  plus  haut  de  pijnniiir  aa  lieu  de  />rijmff^r.  Selon 
sa  théorie,  per  serait  le  latin  pe  r  et  répondrait  par  conséquent  au  français 
par,  tandis  que  le  latin  prose  retrouverait  dansfior.  qui  aurait  pour  cor- 
respondant en  français  pour  dans  le  sens  de  à  la  place  de,  eti  javeai  de. 
Pour  exprimer  le  but  on  emploie  en  portugais  la  préposition  para  =  per 
ad>,  qui  se  dislingue  de  ;i  en  ce  que  cette  dernière  répond  pluiât  à 
JBStftt'àt   et  suppose  l'idée  de  retour.  On  dira,  p^r  exemple,   vou  a 


I.  Voj.  Frid.  Diez,  Grammatik  d.  Romamichtn  Sprachen  Th.  Il,  S.  484  ; 
Th.  III  S.  I2Î-179- 

M.  Jules  Cornu,  dans  un  article  ré»nt  {Romania,  t.  X),  sous  le  litre  de 
■  Influence  d»  labiales  sur  la  voyellts  aiguës  atonet  >,  nous  prdenle  une  tulle 
de  mois  porlugaîi  où  l'e  est  drvenu  h,  a  (v>  sous  l'influence  progressive  ou 
r^greuive  li'une  consonne  labiale.  Le  savant  roinanisic  nouï  dit  :  •  Le  portu- 

(;ais  surtoot  fournît  un  nombre  fort  considérable  d'exemples,  et  11  langue  popu- 
airr  doit  en  posséder  bien  d'autres.  •  Certainement,  elle  en  possMe.  A  la  loogue 
liste  dressée  par  M.  Cornu,  j'ajouterai  :  dtrmbjr  i  côté  de  Jenlbir^  forera  ï 
cdié  de  jrtisarsi  qui  est  rare  dans  le  dialecte  populaire.  sapuHsr  au  lieu  de 
stpultar.  iittjr  pour  ip'jr,  p^niet  pour  penhal,  etc.  Dans  cette  liste  nous 
voyotB  iabtia,  que  nous  avions  cité  clans  le  texte  avant  de  lire  l'article  intires- 
S3Dt  dont  nous  nout  occupons  maînlenant.  Le  peuple  c>^nfond  souvent  f^rragiru 
arec  fertagim.  Au  lieu  de  imeiuiSQ,  <]ili  n'est  plus  usité,  je  mettrais  rçztsiiSo^ 
qui  est  assez  commun.  Le  mot  esmniiuli)  pour  eitaniiiih,  dans  le  sent  d'offense, 
tort,  est  uès  répandu  i  Lisbonne:  fcciipuiJo  au  lieu  de  baupaçda,  aralono  au 
lieu  à'bralortQ  sont  aussi  très  fréquents.  Ce  sont  des  cas  de  dissiruttatîon. 
M.  Cornu  ne  cite  pas  inc6mm^éo  lu  lieu  de  mômmfâa  qu'il  doit  avoir  entendu 
très  souvent,  même  parmi  des  gens  d'une  certaine  instruction.  Ce  dernier  chan- 
gement de  la  voyelle  posttonique  me  semble  être  dû  i  un  effort  feit  pour 
éviter  la  réduction  du  mol,  ijui  serait  aisément  devenu  indrido  {\ntvmmf4o, 
'mcem'io]  sans  la  dissimilation.  Son  explication  de  nhiin  au  lieu  de  vctame  me 
semble  être  loul  1  bit  satisfaisante.  C'est  li  un  cas  semblable  i,  celui  de  mflav 
vonr  militar,  que  nous  avons  memionné  dans  le  texte.  Nous  nous  occuperons 
bicitâl  des  teiiuriiuables  articles  de  M.  Cornu  sur  le  portugais. 

3.  La  préposition  para  (p^rf)  a  tliéoriquemcnt  l'accent  sur  la  première  syl- 
labe oonne  en  castillan.  Cependant  la  prononciation  usuelle  met  l'accent  sur  la 
seconde  syllabe  ;  la  première  devient  atone  et  1'^  est  changé  en  f  ou  il  disparaît 
toat  i  fait.  Cette  prononcialiun  pfrçi.  perf,  ou  plutôt  pr^  est  sans  doute  très 
ancienne,  comme  I  ancienne  orthographe '/k''''  ^  prouve.  Nous  citerons  OamtJto 
de  Gocs,  Chroaiu  del  là  dom  Emanatl  : 

do  dinheiro  que  se  tomou  dos  orphlos  péri  (=  para  a)  mesma  gucrra, 

(P".  u.  cap.  II. 

que  pr/i  {=:  para  a|  paga  destas  dividas  del  Rei  seu  pai,  cl  pera  bas 

ias)  snas  se  apartassem..  ..  (to.,  ib.,  ib.). 

(ib.  P'«.  la.  c. 

EipaAa,  p.  46;,  sur  la  prèp.  ptr, 


pera  0  quai  uato (îb.  P'*.  }*,  cap.  LKXII). 

V.  Milâ  j  PoDtanals,  Dt  loi  TroMûrts  en 


6o  R.  COKÇaLVES  VIAWNA 

Cintra  t  votto  koje  mesme,  «  je  vais  à  Cintra,  et  j'en  reviendrai  aujour- 
d'hui même  »  ;  mais  on  dira  vm  para  Cintra,  si  l'on  a  L'tntt:ntion  d'y 
rester  ;  vou  a.  casa,  «  je  vais  chez  moi  et  je  reviendrai  »  ;  vou  para  Mta, 
«  je  vais  chez  moi  et  j'y  reste  <■ .  Le  portugais  est  la  seule  langue,  que  je 
sache,  qui  fasse  une  telle  distinction  de  rapports  par  le  seul  emploi  de 
prépositions  différentes. 

INFLUENCE  DES  SONS  CONTIGUS  SUR  LES  VOYELLES. 

Noos  avons  à  examiner  les  cas  suivants  : 
t"  Influence  des  voyelles  sur  les  voyelles; 
2"  Influence  des  consonnes  sur  les  voyelles. 

Le  premier  de  ces  points  se  subdivise  naturellement;  on  a  donc  les 
influences  de  : 

A.  Voyelles  accentuées  sur  les  voyelles  atones  qui  les  suivem  ; 

B.  Voyelles  accentuées  sur  les  voyelles  atones  qui  les  précèdent; 

C.  Voyelles  atones  sur  des  voyelles  atones. 

Ces  rencontres  de  voyelles  peuvent  se  retrouver  dans  le  corps  du 
mot  \a\  ou  [b]  d'un  mot  à  l'autre. 


I   Aa.  — TRAJTKMENT   DES   VOYELLES  ATONES  APRfiS  DES  VOYELLES 
ACCENTUEES   DANS   LE   CORPS  DU   MOT. 

+    ^    ^    àl^,  que  l'on  écrit  aia.   Ex.  attraia  |pr.  ftriî^] ,  de 

t  à\,  que  l'on  écriî  ae.  Ex.  saet  |pr.  sàiï\  ;  es,  e  sont  les 

terminaisons  de  la  2"  et  î"  personne  du  présent. 
31  àî,  que  l'on  écrit  ai.  Ex.  judaica  (pr.  jiidMkç), 

1  iîjî,  que  l'on  écrit  aem.  Ex.  sacm  [pr.  sàïâî). 

I         àû,  que  l'on  écrit  au  ou  ao.  Ex.  mau,  mao  (pr.  niài]. 

\         à\  âW,  AI,  que  l'on  écrit  em,  im.  Ex.  teem  (pr.  tSl'àl  ou 

tâ'i\. 


pron.  ptr  tpfT\.  Ces  prépositions,  comme  toutes  1»  autres,  sont  i  la  rigueur 
éloaa  en  catalan,  comme  elles  le  sort  en  portugais.  L'auteur  a  parfaitement 
raison  sur  ce  point. 

On  peut  auiti  constater  la  prononciation  populaire  par  =  para,  i  Lisbonne 
et  dans  ses  enviions,  chez  les  ijtoioa.  Ces  populations  ont  en  général  un  dialecte 
Ifèï  archaïque,  et  leur  prononculion  ne  I  tst  pas  moini.  On  y  remarque  fî  au 
lieu  de  f-I,  /au  lieu  de  fi,  atone,  comme  é^as  mf  pi!  =  mfîi  pài  \mtii  pa(],tic.\ 
CéUot  pour  Carias,  vigairo  pour  vigjrio,  Uiiurt  pour  Iromi.  hizvtra  pour  haa- 
nra,  haruia  et  tinvia.  J'ai  aussi  constaté  la  cacographie  Carroiet  (Kàiiittus] 
pour  Cartûs  dans  un  document  contemporain. 


■ 

1 

âTUDB   DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE               ^^^^^^^^^H 

^M 

? 

ilf,  que  l'un  écrit  ea.  Ex.  idta  ;pr.  idllq).                              ^H 

^^P 

f 

i\,  que  l'on  écrit  ri.  Ex.  anneis  (pr.  ^^I;,  pi.  de  annit\.           ^H 

r^      i 

Pt 

^ij,  que  l'on  éctit  eu  ou  ^.  Ex.  maniio^  un  {pr.  mÂièiî,            ^H 

^H. 

■if 

^H 

^m 

â 

âi^,  que  l'on  écrit  ta,aa,  ia.  Ex.  turopea(pT.  eùri^î^).           ^^M 

^m 

4 

àïu,  que  l'on  écrii  eia,  ia.  F.x.  rtceioy  recio  (pr.  fçiiiq).           ^H 

^H 

l 

lit,  que  l'on  écrit  ci.  Ex.  prolhtico  (pr.  prfjftlÙjji.                        ^H 

^H 

t 

<tî,  âc;-,  que  l'on  écrit  <{t.  Ex.  rodât  (pr.  Tiidài,  nidiCif),             ^H 

H 

à 

lu,  que  l'on  écrii  eu.  Ex.  judeti  (pr.  /'jJ't').                        ^^^H 

^1 

M 

tài^  que  l'on  écrit  ^tm.  Ex.  dltm  (pr.  <^^iîî).                      ^^^H 

^^B 

i 

^,  que  l'on  écrit  ia.  Ex.  Maria  (pr.  M^ri^].                        ^^^H 

^H 

t 

T,  if,  crase,  le  seul  cas  d'allongement.  Ex.  jU  if^ifîf}-        ^^^H 

^H 

p 

lift  que  l'on  écrit  io.  Ex.  no  (pr.  r/jj].                                 ^^^H 

^H 

t 

lu,  que  l'on  écrit  iu  ()<  pers.  prêt,  des  verbes  de  ta           ^^M 
conj.  en  -ir'i.  Ex.  nu  (pr.  riû),  différent  de  rio.               ^^Ê 

^H 

i 

dq,  très  rare,  A  l'origine,  o  +  ;i  a  donné  à.  Ex.  ntcf           ^H 
(anciennement  mco)  pr.  mi  du  tat.  molam.                  ^H 

^K  ' 

î 

f}I,  que  l'on  écrit  oe.  Ex.  fou  [pr.  sais,  pi.  de  loO  fteroe           ^H 
(pr.  iràf).                                                                 ^H 

H  ^ 

I 

ôl,  que  l'on  écrit  ci.  Ex.  heroko  Ipr.  irâlA^),                             ^^| 

^^^^ 

aï 

ojâi,  écrit  otm.  On  intercale  t  pour  éviter  l'hialus.  Ex.      ^^^| 
dotm  (pr.  d(h*â[).                                                   ^^^^| 

^^'d 

? 

6^,  écrit  éj.  Ex.  (/<}j  (pr.  dAf^.                                         ^^^H 

^1 

e 

di,  écrit  6e.  Ex.  fd;  (pr.  ijj).                                              ^^^^| 

^1 

/ 

dt,  écrit  01.  Ex.  aixo  (pr.  ^irif).  Cette  diphtongue  s'écrit           ^^| 
ou  =  i3.                                                           ^^^^1 

H 

p 

tïif,  écrit  ^0.  Ex.  dôo  jpr.  liiï^).                                          ^^^H 

^K 

» 

4,  écrit  ou.  Ex.  (iou  (pr.  d£).  Dans  le  nord,  cette  diph-           ^^| 
longue  se  prononce  àû.  Il  est  généralement  indif-            ^H 
férem,  surtout  devant  r,  de  prononcer  et  d'écrire           ^H 
ou  ou  oi  (4  ou  &î\.                                                          ^^1 

^K 

it 

i}âî  ou  diiît,  écrit  otm.   Ex.  perdoem    ipr.   pfrdàâî  ou            ^H 

^B 

ai 

ôr'il,  écrit  ^cm.  On  intercale  l  Ex.  pôe/n  (pr.  ^ôî'âîj.            ^H 

^H 

« 

âç,  écrit  lu.  Ex.  rua  ipr.  nJ|;'i.                                            ^^^H 

^^P 

f 

lïl,  écrit  ae.  Ex.  dzs»  (pr.  ^zùU,  pi.  dedzaJ).                     ^^^H 

^^ 

* 

1 

ul,  écrit  uj.  Ex.  fui  (pr.  fùt\.                                              ^^^H 

■ 

p 

S,  l'i^.  écrit  HP  (crase).  Ex.  «iftt/'uo  (pr.  </(irriJtf  ou  d'istrÔ].            ^^Ê 

L               " 

dl 

ùiîf  écrit  aem.  Ex.  suem  (pr.  «iâlj.  On  n'évite  pas           ^H 
t'hiatus.                                                                         ^H 

^B 

■  ces  1 

tableaux  nous  voyons  que  les  seuls  cas  d'allongement  en  por-            ^H 

^H       lugais 

sont 

■ 

dus  â  des  crases,  à  la  rencontre  de  deux  voyelles  semblables,            ^H 

É2  R.  GONÇALVES  VIANNA 

c'est-i-dire  contiguës  dans  lit  même  série,  ou  classe.  Nous  avons  des 
M,  des  tia,  des  (V  longs,  mais  non  pas  des  H,  des  èi,  des  m  ou  des  M, 
parce  que  de  tels  sons  ne  sauraient  concourir  et  se  rencontrer  dans  des 
mots  portugais.  Nous  y  voyons  encore  que  l'f  neutre  ne  5>eu!  se  trouver 
qu'entre  deux  consonnes,  ailleurs  il  se  dénature  en  {;  que  généra- 
lement une  voyelle  atone  {Va  ezcepiéi  forme  diphtongue  avec  la  voyelle 
tonique  qui  la  précède,  et  que  Ton  a  le  plus  souvent  recours  à  ta  secnî- 
voyelle  t  pour  éviter  l'hiatus,  lorsque  les  deux  voyelles  ne  sauraient 
former  diphtongue  ou  crase.  Ils  nous  montrent  aussi  que  deux  voyelles 
peuvent  se  rencontrer  sans  former  de  diphtongue,  lors  mSme  que 
la  réduite  est  (j.  Toutefois,  ce  phénomène  n'a  lieu,  pour  ainsi  dire, 
que  d'un  mot  à  l'autre,  comme  nous  le  verrons  dans  le  tableau  suivant, 
car  c'est  l'union  de  l'objeciif  du  pronom  de  ta  j*  personne  avec  le  verbe 
dont  il  est  le  complément  qui,  le  plus  souvent,  donne  lieu  à  ces  ren- 
contres. 

Nous  allons  étudier  la  rencontre  d'une  voyelle  accentuée  finale  avec 
ta  voyelle  du  mot  suivant  ;  le  concours  de  ces  deux  voyelles  donne  Heu, 
en  général,  à  àes  phénomènes  semblables  à  ceux  que  nous  venons  de 
voir. 

I  Ab.  Traitement  des  voyelles  atones  après  des  voyelles 

ACCEXTUêES,  d'un  MOT  A  L'AUTRE. 

Nous  ne  citerons  que  les  cas  fréquents;  les  autres  se  règlent  sur  i  a  a. 
Nous  citerons  quelques  exceptions  remarquables. 
à    +    ^    = 


i 


a,  crase,  le  seul  cas  d'allongement  en  ponugais.  Ex. 
dJ-a  (pr.  dâ]. 

àa  différent  de  àû.  On  l'écrit  d-c.  Ex.  dà-o  (pr.  dàa). 

àlg,  écrit  ae-a.  Ex.  dae-a  [pr.  dàîa). 

àîa,  écrit  ae-o.  Ex.  dae^o  (pr.  dàUt). 

âù^,  écrit  3o-a.  Ex.  dSo-a  (pr.  dàùa). 

iûrt^,  écrit  do-nd,  qui  est  préférable.  Ex.dSo-na  [dâùnç]. 

àùa,  écrit  do-o.  Ex.  dâo-o  (jpr.  diùu). 

Sùna,  écrit  âo-w,  préférable,  dào-no  (pr.  dSinu). 

Aî^,  écrit  tm~ii.  Ex.  um-a  Ipr.  (àï^i). 

31/1^1.  écrit  em-na,  préférable  Um-na  (pr.  Ml/i^). 

jlu,  écrit  em-o.  Ex.  tim-o  'pr.  ti\a]. 
—        —  â\nn,  écrit  tm-no,  préférable  tem-no  (pr.  raf/iu). 

Pour  éviter  l'hiatus,  on  intercale  n  à  cause  de  la  diphtongue  nasale 
précédente.  Lorsqu'on  n'évite  pas  l'hiatus  par  l'insertion  de  n,  les  sub- 
jonctives des  (Uphtongucs  nasales  40,  tm  deviennent  des  semi-voyellcj 
nasalisées. 


à 
à\ 
à\ 
ii 

Sa 
ât 
sî 


ÉTUDE  DE   PHONOLOGIE  PORTUGAtSE 

l  +  i    =    i^.  On  n'invite  point  l'hiaius.  Ex.  di-i  (pr.  dig). 

l        II  ia,  différem  de  èh.  Ex.  dè-o  (pr.  dla). 

tit       a  iùa,  différent  de  éû  et  de  iti.  Ex.  dea-o  ipr.  diîiu). 

N.  B.  Il  faut  savoir  distinguer  ces  trois  expressions,  que  nul  Portu- 
gais ne  confondra  :  Dtut  =  Dieu,  dè'Q$  =  donnez-les,  dtiH>s  =  il  les 

a  doonés,  pron.  Oiùi,  diai,  dimi. 

Al  +  ^    =    €a-a.  £x.  dta-a  (pr.  dih^). 

i        q  la.  Ex.  vi-a  (pr.  vi^'). 

i         u  /u,  différent  de  iû  et  de  /^.  Ex.  vi-ô  fpr.  vîiîuK 

N.  B.  Il  faut  distinguer  vi-i>,  mu  et  vi\t-o,  je  l'ai  vu,  il  a  vu,  il  l'a  vu  ; 

on  les  prononce  via,  riii,  riûii  :  aucun  Ponugais  ne  les  confondra. 

(î  +  u  =  da,  écrit  oa-o.  Ex.  wu-o  [pr.  >^tj).  Un  hatbitanl  du  nord 
fera  une  différence  entre  vto  \v6u],  je  vole,  vou-o 
(i^ui,  je  le  vais,  et  fou  (}-àa),  je  vais.  Le  concours 
de  àùay  quoique  rare  dans  te  dialecte  commun,  peut 
se  trouver,  par  exemple,  dans  perSo-o,  prononcé 
Pfrdàùu,  riù-o,  je  le  ronge,  prononcé  rôùu,  ou  plutôt 
ràfi. 

ù^       a  Ùif  ou  içf  écrit  ao-a.  Ex.  destruo-ç  (pr.  dittrùù^f  ou 

diittùq). 

ùa        u  ùùu  ou  ûu,  écrit  uo'O.  Ex.  destrao-o  (pr.  (fjjfriiik  ou 

Il  faut  remarquer  que  la  semi-voyelle  û  dans  de  telles  combinaisons 
se  rapproche  beaucoup  du  w  bi-Iabial  de  quelques  dialectes  allemands, 
ei  que  les  mots  destnio-o,  lorsqu'ils  ne  soiment  point  diUrûa,  se  pro- 
noncent plutôt  diUrùwu  que  diîirùùa. 

I  sa.  Voyelles  atones  devant  des  voyelles  accentuées,  dans  Le 

C0RI>S  DU  MOT,  ou  D'UN  MOT  A  L'AOTM. 


Ces  groupes  de  voyelles,  appelés  diphtongues  croissantes,  ne  sont  pas 
considérés  comme  de  vraies  diphtongues  en  portugais.  Les  tableaux  sui- 
vants montrent  les  modificaiions  que  subissent  les  voyelles  atones  dans 
ces  groupes. 

f  +  d  ^^  ^il,  iJ  ou  a,  qui  est  ma  pronondalion  habituelle.  Dans  le 
nord  on  intercale  i,  pour  éviter  l'iûaïus  ou  la  crase-, 
cet  i  serait  ridicule  A  Lisbonne.  Ex.  a  arma  |pron. 
^Jrm^,  àArm^,  drnif,  dans  le  nord  ijïârm^.  Il  en  est 
de  même  de  1'^  devant  les  diphtongues  il,  iù. 
f        i  fi.  Ex.  a  era  (pr.  jièr/t. 

f        i  fl.  Ex.  a  Emma  [pr.  çiinf). 


64  R-  GONÇALVBS  VIANNA 

f        l  çl.  Ex.  a  ida  (pr.  ^d^). 

ç        à  ^à.  Ex.  a  hora  (pr.  fàff), 

f        à  aà.  Ex.  A  olha  (pr.  ^<9%). 

^        û  ^ij.  Ex.  a  unha  (pr.  ^linAa). 

jf        ai,  +     au,  se  règle  sur  la  prononciation  dt^  +  à. 

ff        4    =     jji,  on  allonge  l'A.  Ex.  a  ama  (pr.  Mm^'). 

ç        â  ffâ,  àà,  on  allonge  à  fermé,  ou  on  les  sépare.  Ex.  a  ama 

(pr.  g  àtf  ou  ààta,  qui  est  nia  prononciation  ordi- 
naire). 

^        fli  ààl,  on  allonge  la  prépositive.  Ex.  a  eira  (pr.  ââlr^). 

ff  4-  diphtongue  qui  ne  commence  point  par  a  se  sépare  dans  la  pro- 
nonciation. Ex.  a  oiça,  pr.  g  ôtç^,  c'est-à-dire  on  a  un  hiatus. 


}+  une  voyelle  orale  ou  nasale,  ou  une  diphtongue,  deviennent  / 


dans  le  corps  du  mot  ;  d'un  mot  à  l'autre  seulement  f  !  sont  pos- 
sibles et  ils  se  changent  également  en  /,  sans  varier  cependant 
d'orthographe.  Ex.  /air,  fiar^  e  hoje  etc.,  pr.  ttdr.  ftâr^  tôji. 

à  ) 

}+  une  voyelle  orale  ou  nasale,  ou  une  diphtongue, 
y,  écrit  0  \ 

à,  écrit  u,  ou  0  | 

deviennent  ù  dans  te  corps  du  mot  ;  d'un  mot  à  l'autre  seulement 

p  et  û  sont  possibles  et  ils  deviennent  également  û.    Ex.  soar, 

suar,  moer,  o  ouro,  o  komem,  prononcés  sùdr,  miier,  âôrq,  ûdmât. 

Il  faut  distinguer  qaando  {kàâdp)  de  coando  (kuàdp). 

Les  seules  diphtongues  atones  qui  se  modifient  devant  des  voyelles 

toniques  sont  :  àt,  qui  se  change  en  ^i,  écrit  ai.  Ex.  caiar  (pr.  k^tdr)  ; 

il',  écrit  ei,  qui  se  change  en  f,  écrit  e,  ou  ei.  Ex.  recear,  ou  receiar 

(pr.  rçcidr). 

Ces  deux  verbes  font  au  présent  de  l'indicatif,  par  exemple,  caio, 

receio  prononcés  kàitt,  rççAi^,  parce  que  tes  diphtongues  ai,  ei  deviennent 

toniques.  Toutes  les  autres  diphtongues  sont  inaltérables,  qu'elles  soient 

accentuées  ou  non.  U  en  est  de  même  de  ai,  ei  devant  des  consonnes, 

dans  les  dialectes  du  sud  du  Mondego.  On  y  prononce  donc  pàfràr,  pàl- 

nél,  pïiîQTii  (ë  :=  a). 

c.  Rencontre  de  voyelles  atones  avec  des  voyelles  atones. 

a)  Devant  la  syllabe  tonique  : 
^  +  {i    =    à,  â.  Zx.  a  armaçâo  (pr.  àrm^çdo). 


STUDE   DE   PHONOLOGIE   PORTUCAlSV.  (Sf 

a  +  f»  +  J  =  ?'i  ?(•  Eï.  a  egieja  (pr.  ?  (grJ/^), 

—        —        —  haeîiiha  (pr.  b0\lhà). 

q  -\-  à    =    j^.  Ex.  a  oraçâo  (pr.  (jdrjifjiî). 
f        â  ç6.  Kx.  a  liormct  (pr.  ^dnlvil). 

f        t)  ^4{.  Ex.  0  imhadu  (pr.  ti^nhâdS). 

N.  B.  (I  préposition  +  o  article  Tait  do  (pr.  qq,  àù,  populaire  à.  Ex. 
<K>  rei,  pr.  di{  ràt  ou  rij^j. 
^  +  ^  ^    al.  Ex.  d  airositUdt  (S'inizidddf). 
^        in  Sii.  Ex.  a  aadacia  \3ùddet^). 

4       à  •!  (j  ouvert  nasal  bref).  Ex.  a  Antonîa  (,iiâni4\. 

à        â  àd  (a  ouvert  nasal  lon^).  Ex.  d  Antoma  [àâtoaîa). 

q  (écrit  u  ou  0}  devant  une  voyelle  quelconque  =  u.  Ex.  0  Antoau 

(qâfdRÎlf  j . 

I,  i,  i  devant  un«  voyelle  quelconque  =  i  ou  i  ou  I.  Ex.  e  acato  [i^lkdl^)y 

deouro  [dl  irif). 
q  jjf)  +  a  =  B.  Ex.  o aahâro  {Unkàrii]. 
H-^  H  [0}       u  (populaire  à}.  Ex.  todo  0  did  [ttdaila^  tidèdî^). 

h]  Après  U  syllabe  tonique  : 
ç  +  ^    =  à.  Ex.  dava-a  (pr.  dâvà). 
9        o(t|)      jq^  ^a  ou  à.  Ex.  diva-o  (pr.  dàvai^y  ddv6). 

N.  B.  La  prononciation  à  est  toujours  permise  dans  la  conversation  ; 
a-o  se  prononce  toutefois  ,14  ou  ^u  dans  le  style  oratoire,  ainsi  que  sur 
la  scène,  ou  dans  une  lecture  soignée. 

On  trouvera  rarement  d'autres  rencontres  de  voyelles  après  l'accent, 
exception  faite  de  celles  qui  forment  des  diphtongues,  et  dont  b  plus 
commune  est  jî  (éaite  »),  qui  sert  à  former  le  pluriel  des  noms  en  -vt( 
{'•r-ttes,  '-v-ta,  -v-tii),  ainsi  que  de  rares  noms  en  -1/  atone,  comme 
faceît  {/Jf^îï"!  de  fdcii;  car  l'hialus  dû  à  U  rencontre  de  l'accusatif  du 
pronom  de  b  troisième  personne,  est  le  plus  souvent  é^'ité  par  l'inser- 
tion de  -n-  lorsque  la  dé^nence  du  verbe  est  une  diphtongue  nasale, 
que  celle-ci  soit  d'ailleurs  accentuée  ou  atone  ;  et  ceb  malgré  la  confu- 
sion qui  résulte  de  l'identité  de  cette  forme  d'accusatif  avec  l'objectif  du 
pronom  de  la  première  personne  du  pluriel.  Ainsi,  «  ils  les  achètent,  " 
o  qu'ils  les  achètent  »  se  traduisent  par  compram-os,  comprtm-os,  et  par 
l'insertion  de  -ji-,  ces  deux  formes  deviennent  compram-noi,  comprem-not 
Ikàprâùnqi,  kàprâïnqî),  tout  à  lait  comme  eompram-nos  =a  «  ils  nous 
achètent,  »  comprem-not  —.  «  qu'ils  nous  achètent,  >»  le  trait  d'union 
après  le  n  n'étant  pas  usité. 

En  ce  qui  concerne  les  rencontres  de  voyelles  atones  après  l'accent, 
il  faut  encore  remarquer  que  0,  u  se  prononçant  tous  les  deux  il,  et  que 
t,  i  ayant  de  même  une  valeur  égale,  celle  de  «',  il  est  tout  à  fait  indiffé- 
rent pour  la  prononciation  d'écrire  Ungfia  ou  lingua,  ghrtd  ou  ^^rid  : 
kwmima,  XII  t 


66  R.  CONÇALVES   VIANNA 

autrefois  on  préférait  o,  e  pour  désigner  à,  l  après  une  consonne  ; 
aujourd'hui  on  a  égard  à  l'étymologie  ou  à  l'analogie  et  on  écrit  lingua, 
tgua,  agua,  gloria ,  mais  on  se  sert  de  \'o  pour  les  mots  màgoa,  nédoa,  à 
cause  des  verbes  magôa,  ennodôa,  quoique  l'étymologie  semble  exiger 
un  u  (macula,  notula).  L'onhographe  o  pour  û  est  encore  plus  com- 
mune que  celle  à't  pour  î  :  on  trouvera  des  personnes  qui  écrivent 
agoa,  egoa,  mais  qui  ne  s'aviseraient  point  de  préférer  «ai,  en 
écrivant  glorea  comme  marmorea,  quoique  ces  deux  mots  forment  une 
rime  parfaite. 

Je  dirai  quelques  mots  sur  un  changement  de  voyelle  dans  les  verbes 
de  la  i"  conjugaison,  lequel  est  dû  tout  simplement  à  une  fausse 
analogie. 

'  Nous  avons  vu  que  e  atone  devant  une  voyelle  se  prononce  f,  et  que 
l'on  préférait  anciennement  l'orthographe  e.  Dans  le  tableau  lAa  nous 
avons  vu  également  que,  lorsque  cet  e  reçoit  t'accent  et  se  trouve 
dans  le  corps  d'un  mot,  on  intercale  t  pour  éviter  l'hiatus,  c'est-à-dire, 
e  se  change  en  eî  (â'i)  ;  par  exemple,  le  verbe  recear  (jfcîdf)  devient 
receio  (reçâlii).  D'un  autre  côté,  il  y  a  une  foule  de  verbes  où  le  sufBxe  -ar 
de  l'infinitif  est  précédé  de  la  voyelle  i  (l).  Us  sont  pour  la  plupart  déri- 
vés de  substantif  et  ils  appartiennent  à  l'élément  littéraire  de  la  langue, 
non  pas  au  vocabulaire  primitif  et  populaire,  quoique  un  grand  nombre 
d'entre  eux  soient  devenus  d'un  usage  général  dans  le  dialecte  popu- 
laire :  tels  sont  odiar,  negociar,  etc.  Cependant,  le  mot  populaire  pour 
odiar,  ==  haïr,  est  encore  aujourd'hui  aborrecer.  Lorsque  la  dernière 
voyelle  de  la  base,  c'est-à-dire  l'i,  reçoit  l'accent,  cet  i  se  change  en  ei 
(dî),  et  on  dit  :  odeio,  negoceio  [àdâlq,  negiisâîit).  Il  y  a  ici  deux  fautes. 
D'abord,  c'est  le  verbe  qui  dérive  du  nom  et  non  pas  le  nom  qui  dérive 
du  verbe,  comme  c'est  le  cas  pour  ceux  en  -ear  ;  puis  .on  a  confondu  les 
deux  voyelles  e  i,  qui,  quoique  identiques  dans  une  syllabe  ouverte 
atone,  ont  une  valeur  différente  lorsqu'elles  reçoivent  l'accent. 

Cette  confusion  regrettable  se  trouve  surtout  dans  les  verbes  en  -ci-ar, 
et  elle  tend  à  disparaître  dans  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  devenus  popu- 
laires :  on  dit  aujourd'hui  evidencia,  providenda,  et  l'on  ne  dira  plus 
gloreia  au  lieu  de  gloria  dans  le  verbe  gloriar,  dérivé  de  glària.  Selon 
l'ancienne  orthographe  du  mot  historia  (estorea)  on  pouvait  dire  estoreia, 
qui  serait  blâmable  aujourd'hui  à  la  place  de  la  seule  forme  correcte 
historia  ' . 


I.  il  Die  semble  que  l'orthographe  estorea  (on  trouve  aussi  estork)  a  été  tout 
simplement  un  expédient  pour  éviter  ta  prononciation  îstorja  (l'jlorin)  lorsqu'on 
n'avait  pas  encore  introduit  la  lettre  /.  M.  J.  Corna  n'est  pas  de  mon  avis  et 
suppose  une  prononciation  différente  pour  \'e.  Dans  les  <  Chronicas  Brèves  de 


ÉTUDE   DB    PHOyOLOCrE   PORTUGAISE  6? 

'Nom  venons  de  voir  que  dans  la  rencontre  de  voyelles  d'un  mol  à 
failre  on  observe  en  générai  les  mêmes  régies  que  lorsque  cette  ren- 
oxitR  a  lieu  dans  le  corps  du  mot.  l'ajouterai  seutemeni  un  tableau 
lèfui  de  CCS  rencontres  entre  d,  e  et  d'autres  voyelles  préioniques  : 

f  f  =  i.  Ex.  d  ayetaa  =  àv^. 
À       a,  un  i  long.  Ex.  a  armjçào  =  SrmaçàÙ. 
t       i,aaà  long.  Ex.  d  aveian  =  âvjiii. 
J       la,  c'est-à-dire  un  3  plus  long.  Ex.  d  armaçào  =  aârmaçJù. 
f       t^,  oa  j  par  élision  de  f.  Ex.  forte  abrigo  =  fàrtî^brigij  = 

à       M,  ou  à  par  élision  de  e.  Ex.  pobrt  anista  =  pibrîàrilîtj  = 

pàbrâriiitJ,  prononcé  aussi  pihrsriiiu}. 
i       U,  ou  è  par  élision  de  f.  Ex.  grande  tpocha  =  grâdtéptiCf, 

plus  rarement  =  gtâdip^k^. 
i       U,  ou  /  par  élision  de  e.  Ex.  triste  ermo  =  triMirmn,  pins 

rarement  =  triiUrmu. 
i       T,  ou  t  par  élision  de  f.  Ex.  dtM  cvîtar  ^  dlvltitdr,  plus 

usuel  =  dèvirttdr. 
I       (,  ou  i  par  l'élision  de  f.  Ex.  dtw  atabeltwr  =  Jèruiiib^^ir, 

ou  dhiii^biUcèr. 
i       M,  ou  d  par  l'élision  de  f.  Ex.  dtvt  opur^  dtvlôptdr,  plus 

usuel  =  diràptdr. 
i       là,  ou  i  par  élision  de  f.  Ex.  grande  honor  —  gràdîôrrôr'  := 

grâdirrCr. 
i        iq,  ou  q  par  élision  de  (•.  Ex.  grande  unhtiro  =  grâd'tU' 

ahâtrif,  plus  usuel  =  grâdanhàlrif. 
Si        îif,  ou  simplement  u,  non  pas  û.  Ex.  tfn'f  o  homem  =  dh\- 

iièmii,  plus  usuel  =  dèvaàmàl. 

Ces  élisions  de  IV  muet  sont  assez  capricieuses. 

Lorsque  la  vovellc  initiale  du  mot  suivant  est  accentuée,  la  pronon- 
datîon  la  plus  commune  rejene  l'élbion ,  et  IV  devient  î,  suivant  la  règle. 
Ainsi  l'expression /loie/iordj,  «neuf  heures  >,  doit  se  prononcer nôyrdr^; 
nMr^i  serait  un  provincialisme. 

LV  lïeutre  des  monosyllabes  me,  se,  tt,  Wc,  que  et  celui  de  la  prépo- 
riSoo  de  s'élident  le  plus  souvent,  et  ce  dernierprîncipalement  lorsque  le 
moi  suivant  n'est  pas  le  sujet  d'une  proposition  infiniiive  i  ainsi  on  dira 


Sme*»  Crut  de  Coinibra  »  (Pof(URafi«  Moimnunta  Hiitorita,  Scripiora^  v.  I, 
(.  i,  '  ■   Txpis  Academtcis  M  DCCC  LVI,  passlml,  on  trouve  (a  forme 

£>  .  qui  lemblï  indiquer  une  prononaatîon  Itîriff  ou  bien  Iflr/tt  ou 

l/iru,  IJU1  iOM  iDoiniprotvibJes,  1  moins  qu«  l'on  ne  suppose  un  déplaccmmt 
4c  racoon,  qui  d'ajllinirs  n'est  pas  rare  dans  des  noms  communs  dnenut 
propres. 


6S  R.  GONÇALVES  VIANKA 

a  casa  ttdles  (f  kdzç  dêlis),  mais  la  phrase  :  no  caso  de  elles  nâo  irem  se 
prononcera  nq  kdzif  dî  illz  nâ&  Irâï,  =  a  s'ils  ne  vont  pas.  »  Cepen- 
dant, bien  des  écrivains  ne  font  pas  cette  distinction  ;  ils  écrivent  dans 
les  deux  cas  d'elles  ou  délies.  Je  fais  cette  distinction  spontanément, 
même  en  parlant  rapidement. 

Il  serait  assez  minutieux  et  assez  difficile  de  constater  les  différentes 
circonstances  où  l'e  des  monosyllabes,  et  surtout  celui  de  la  prépo- 
sition de  et  du  pronom-conjonction  ijue,  lequel  se  prononce  /  devant  une 
consonne,  s'élide  devant  la  voyelle  du  mot  suivant  :  on  entendra  sou- 
vent d'ouio,  dl  oaro,  dî  àiro,  jamais  d'oiro,  du  moins  à  Lisbonne,  où  la 
diphtongue  ô'i  pour  oa  (ô")  est  d'ailleurs  presque  générale,  surtout  devant 
r.  On  ne  dira  pas  non  plus  :  portju'eu,  poriju'eUe,  sem  qu'outro,  do  qa*anr- 
tes,  para  tja'homens,  dix  qa'ha,  mais  bien  parque  eu,  parque  elle  (pqrkliù, 
pqrkiilO;  sem  que  outra  (sâl  kiôtru),  do  que  antes  (dq  kiâtis),  para  que 
bomtns  (p^ra  ou  prç  kîàmàîs),  dix  que  ha  (dis  kîd).  On  peut  dire  qu'à 
Lisbonne  on  fait  seulement  l'élision  de  Ve  de  que  devant  une  voyelle 
palatale  atone  d'elle-même,  ou  devenue  atone  par  le  mouvement  de 
l'accent  oratoire.  Ainsi  on  dira  :  £  parque  islo  i  bom,  i  parque  este  i 
bom  [è  piirkUstii  è  bô,  è  piirhiistè  bâ),  mais  on  prononcera  i  pqrkiîtî 
âmàî  i  bô  (é  porque  este  komem  i  bam),  parce  que  l'emphase  frappe  le 
substantif  komem,  et  non  pas  l'adjectif  este  qui  le  précède,  et  qui  fait, 
pour  ainsi  dire,  un  seul  mot  avec  lui.  Il  est  évident  que  ces  voyelles 
devenues  atones  par  le  déplacement  de  l'accent  oratoire  ne  deviennent 
pas  pour  cela  réduites,  d'autant  plus  qu'elles  ne  sont  pas  proprement 
atones,  mais  seulement  moins  accentuées  que  celle  du  mot  smvant  qui 
porte  l'accent  oratoire  :  l'accent  principal  devient  secondaire,  voilà 
tout  (voyez  plus  loin  Accentuation). 

Influence  des  consonnes  sur  les  voyelles  accentuées  qui  les 
précèdent. 

Cette  influence  est  le  résultat  :  I,  d'une  consonne  nasale;  M,  d'une 
consonne  palatale. 

/.  Influence  régressive  d'une  consonne  nasale. 

Nous  avons  déjà  vu  que  les  voyelles  nasales  à  ê  ô  sont  toutes  fermées 
dans  le  sud  du  royaume.  Les  voyelles  i  à  toniques  devant  une  con- 
sonne nasale  sont  également  fermées,  lorsque  la  voyelle  de  la  syllabe 
suivante  n'est  pas  e  :  ainsi  on  prononce  mono,  pina,  pinna  (poena  et 
penna)  ;  mais  famé,  homem,  se  prononcent  fàmç,  àmâî  < ,  parce  que  la 
voyelle  de  la  syllabe  suivante  est  e. 

I.  La  proQonciatioD  de  i,  b  sous  l'influence  de  la  terminaison  <m  indique 


ÉTUDE   DE   PHONOtOCie   PORTUGAISE 

Il  en  est  de  même  des  mots  italiens  en  -ont,  -om  employés  en  portu- 
gais, (elâ  que  tromboae,  Manzoni,  qui  ont  un  à  ouvert,  malgré  l'o  fermé 
qu'ils  om  dans  la  langue  Italienne  ' .  La  voyelle  o  est  fermée  devant  nh, 
quelle  que  soit  d'ailleurs  la  voyelle  finale,  pourvu  que  l'o  soit  accentué  : 
ex.  t^rgôaha,  tnyjrgônho,  tnv^Tgànhi,  eavirgvnhdr. 

Sur  la  voyelle  e  devant  nh,  voyez  plus  loin  «  Influence  régressive  des 
consonnes  palatales  sur  i  et  sur  f  ». 

La  voyelle  a  devant  n  se  prononce  toujours  fermée  â  (A,  f  )  -,  ex. 
canna,  mdno,  damne,  prononcés  hin.i,  màni{.  ddnç. 

Devant  la  nasale  nh.  Va  est  toujours  fermé,  exception  faite  du  verbe 
ganhar  et  de  ses  dérivés,  car  cet  a  radical  reste  loujours  ouvert,  qu'il 
soil  accentué  ou  atone,  gànho,  gànhii.  Cf.  Va  long  du  fran^is  gagner. 

Devant  la  nasale  m,  Va  est  partout  fermé,  à  la  seule  exception  de  la 
terminaison  -Jtnos  àt  ta  i"  personne  du  pluriel  du  prétérit  parfeit  de 
l'indicatif  des  verbes  de  la  i^  conjugaison  (en  -*ir).  L'a  de  cette  termi- 
naison se  prononce  ouvert  à  Lisbonne  et  Colmbre,  et  on  fait  une 
différence  entre  cette  désinence  et  celle  de  la  [<*  personne  du  pluriel  du 
présent  de  l'indicatif  des  verbes  en  -ar,  ainsi  que  de  celle  du  subjonctif 
des  verbes  en  -ir  et  en  -k.  Dans  le  Mtnho,  dans  Tnîs-os-Montcs,  dans 
l'Alemiejo,  on  ne  fait  pas  cette  distinction,  et  les  i"*  personnes  du  plu- 
riel des  deux  temps,  présent  et  parfait,  se  confondent  dans  la  i  "  conju- 
gaison, de  même  qu'à  Lisbonne  et  Coimbre  celles  de  ces  temps  dans  les 
deux  conjugaisons  en  -tr  et  en  -ir. 

Il  serait  difficile  d'assigner  une  origine  certaine  à  cette  disiinaion, 
qui  d'ailleurs  doit  être  très  ancienne. 

Nous  avons,  par  conséquent,  des  différences  dialectales  dans  ces 
formes  de  la  i"  conjugaison. 


Verbes  en  ^ar. 

indicatif. 

Présent.                        Parfait, 

Nord  du  royaume 

^in^mtvs                         i}màtttpi 

Sud  du  royaume 

çmâmvs                        faiâmffi 

Centre  du  royaume 

fmâmpi                        ^màmvi 

Latin 

amSmus                      amàuiraus. 

Ordinairement  on 

distingue  dans  l'écriture  amimos  de  jmâmot. 

clairement  que  U  valeur  inctcnne  île  cell«  diphtongue,  écrite  tt,  était  it  et  non 
DKàî.  Cette  pronancijtion  s'nt  maîntenur,  cosirec  je  l'ai  dit  plus  haut,  dans 
rAIemtfjo,  l'Algarve.  jin^l  tgu'au  Bréiil,  et  même  dam  I»  environs  de  Lisbonne, 
chez  les  S-thios,  nui  parlent  un  dîilecle  très  archaïque. 

I-  L'influence  de  Ij  voycltc  finale  sur  la  voyelle  accenlufe  des  mots  paroxy- 
toniqUM,  de  même  que  celle  de  la  consoane  suivante,  domine  telletacnl  la 
langue,  que  les  Portugaii   ont  une  dt^culté  extrême  a   Sien  prononcer  les 


70  R.  conçalves  vianna 

Verbes  en  -ir  et  en  -Ir.  Indicatif. 

Présent.  Parfait. 

Nord  du  royaume      d^bemçs,  onblmQs  dfbêmpî,  oùblmpî 

Sud  et  centre  dçvèmçi,  ouvlmçi  dfiimçî,  ouyimpi 

Latin  debëmus,  audirous     debuimus,  audivTmus 

Subjonctif. 
Présent. 
Nord  du  royaume      debàmoi,  oùçàmoi 
Sud  et  centre  dpiâmçs,  ouçâmçs 

Latin  debeâmus,  audîâmus. 

On  voit  que  la  seule  différence  dialectale  de  quelque  importance  pour 
le  sens  se  limite  à  la  V  conjugaison.  Il  se  peut,  cependant,  que  jadis  on 
ait  distingué  dans  ce  dialecte  le  présent  du  parfait  (i"  pers.  pi.)  dans 
les  deux  conjugaisons  en  -êr  et  en  -ir. 

Influence  régressive  des  consonnes  palatales  sur  i  et  sur/. 

A  Lisbonne  surtout,  IV  fermé  tonique  devant  les  palatales  nh,  Ih,  j  et 
X  se  prononce  <1.  Je  désignerai  cette  espèce  de  palataiisatïon  de  ^  par 
deux  points  sur  l'ë.  Ainsi  on  dit  t'énhp,  gbélkç,  y'èJQ,  fécho,  au  lieu  de 
tênkff,  abêlka,  yêjç,  fêchp.  L'e  fermé  devant  une  palatale  ne  se  trouve  de 
nos  jours  que  là  où  les  diphtongues  ei,  em  se  prononcent  ^i,  iî  au  Lieu 
de  âî,  ai,  qui  est  leur  valeur  à  Lisbonne.  Cet  ë  devant  les  fricatives  /'  et 
X  peut  prendre  un  î  subjonctif  et  il  devient  alors  eî  (=  âî],  par  exemple 
dans  seja,  reixa,  que  l'on  prononce  sâjç  ou  sàijç,  râx^  ou  râîxa.  (Voy.  O 
Dialecto  Mirandez,  par  M.  Leite  de  Vasconcellos.  Porto,  1882,  p.  17.) 

L'e  ouvert  ne  change  pas  de  prononciation  et  l'on  dit  yilho,  gèthâ, 
non  pas  v'élho,  gélha. 

Il  me  semble  qu'à  l'origine  cet  obscurcissement  de  Vt  fut  produit  par 
t'épenthèse  de  î,  introduit  sans  doute  pour  faciliter  la  prononciation  de 
la  palatale.  Cet  1  épenthétique  devint  donc  la  subjonctive  d'une  diph- 
tongue eî;  et  lorsque  cette  diphtongue,  par  dissimilation  de  ses  deux 
éléments,  vint  à  se  prononcer  ài,  comme  partout  ailleurs,  des  mots  tels 
que  yçrmilhQ,  egrêj^  se  changèrent  en  vjrméîiAp,  igriîj^,  et  par  la  chute 
de  Vt  en  yçrmïlhç,  igrïj^,  qui  est  leur  prononciation  actuelle  à  Lisbonne. 


voyelles  e  et  0  de  l'italien  ;  leurs  habitudes  de  prononciation  les  forcent  à  r^ler 
le  son  de  ces  voyelles  sur  les  consonnes  suivantes  ou  sur  les  voyelles  finales  : 
un  Portugais  dira  toujours  pi/no,  pUna,  au  lieu  de  piino,  piina,  illtno  au  lieu 
de  ilUno,  dro,  màrto  au  lieu  de  bro,  mbrto,  miîtiro  au  lieu  de  mistiro,  issa  au 
lieu  de  issa,  pidno  au  lieu  de  piano,  timpo  au  lieu  de  iimpo,  dôn^  au  lieu  de 
dànna. 


£tUDE  De  PHONOLOGIE  PORTUGAISE  7I 

Deisnt/i  X,  comme  nous  avons  dit,  plusieurs  personnes  gardent  encore 
i'[.  (Voy.  sur  le  m£me  phénomène  en  catalan  Mîli  y  Kontanals,  De  lus 
Travadoret  en  Espafia,  p.  463,  n,  9.) 

Nous  ne  dissimulerons  pas  qu'une  autre  explication  pour  les  mots 
saxo,  eixo  est  aussi  possible.  Seixa  (pr.  iJJyi  de  saxum  serait  d'abord 
pour  *w«o,  'saixo,  par  vocalisation  du  k  de  'sakso;  puis  ai  serait  devenu 
et  par  assimilation,  rapprochement  des  deux  éli^ments  de  la  diphtongue. 
Cependant,  dans  une  note  précédente,  nous  avons  exprimé  noire  répu- 
gnance à  accepter  dans  la  généralité  la  diphtongue  ci  comme  venant  de 
âc-,  et  quoique  la  palatale  suivante  rende  la  vocalisation  en  l'moins  invrai- 
semblable, l'explication  que  nous  venons  de  proposer  nous  parait  encore 
plus  plausible.  Dans  cette  hypothèse,  jf/xo  viendrait  de  saxum  à  travers 
les  formes  'saiu,  saia,  satia  ^  siUu,  siî'iu.  Comparez  les  roots  haixo 
[bàiif]  de  bassum  et  cabu  (ka'ii^t)  de  capsam,  que  l'on  prononce  aussi 
bdin,  c4lç.  Cette  dernière  prononciation  est  encore  assez  commune  à 
Lisbonne,  et  baxo,  uxa  étaient  autrefois  tout  à  fait  analogues  aux  formes 
de  l'anden  castillan  baxo,  caxa  [bdlo^  kâla\  devenus  plus  lard  bajo,  caja 
(bti/o,  kàxi*\t  par  une  gulturalisation  de  la  fricative  palatale  dure,  peut- 
^re  unique,  et  assez  difficile  à  expliquer  ■.  Nous  avons   donc  deux 


i.  L«  Andalous  ont  conservé  les  anciennes  fricalivo  douces  lorsiju'cDcs 
sont  méiiialfs,  et  se  trouvent  entre  deux  voycllei,  lEs  prononcent  le  /  médiat 
comme  y  (du  grec  iDOdeme)  et  non  pat  comme  y.  U:tns  un  mot  tel  que  htjo 
fandalous  ^a^Oy  castillan  bJjfi  t  ae  bassum  nous  pourrions  supposer  les 
torinet  suivantes  rntermèdiiiires  :  btuo,  bax»,  ba!o,  ba'oy  baye,  bitfo  ;  ctja  {Ht^a) 
decilia  i  travers  eiU,  nîa,  Uy'd,  cc-jj,  ctja.  Une  foule  de  mots  se  sont  arrêtés 
i  /  on  t'  <r  psiatal)  :  Uyi,  Aojrti,  etc.  Ainsi  nous  dirions  que  \  latin  »t  devenu 
X  i  trtvtrs  t'.y,  le  chingemcnl  oe  1  en  y'  Mu  grec  moderne  xh,  ■\i^<^)  étant 
phyiiologiquemenl  très  naiarel  e1  assez  commun.  Diez  avait  déli  démontré  que 
reitiïtence  de  i  en  castillan  n'est  pas  ancienne,  et  qu'elle  n'est  pas  due  i  l'in- 
lloence  arabe  ;  en  effet,  les  fricalives  post^ro  Gutturales  'Aj,  xa  se  trouvent 
ferrésentéts  en  castillan  par /ordinairement,  tandis  que  y.  répond  le  plus  souvent 
i  1  ou  giT)  arabes.  Le  mot  iBadaioz  *,  prononcé  par  les  Castillans  cnoilernes 
baJa-ffA,  se  trouve  sous  la  lonoe  linâalhoait,  dans  les  anciens  monuments  por- 
tjigaii,  et  est  prononcé  i  présent  chez  nous  bfifiM.  Cette  dernière  prononcia- 
tion est  due  sans  doute  i  l'influence  Je  l'orthograplie  espagnole. 

Pedro  de  AlcalÂ,  que  je  cilc  de  mémoire,  représente  le  ya  par  une  modifica- 
tion de  k  et  le  regarde  comme  un  ton  diliiulc;  il  représente  le  Un  par  x. 
Aujourd'hui  le/  castillati  ne  ditiére  que  très  peu  du  X'^  ■  ■'  est  senlcment  un  peu 
noms  gratujl,  le  ^a  arabe  se  prononçant,  comme  un  sait,  à  peu  prés  xr,  avec 
un  r  guttural.  On  a  proposé  che?,  nouî  one  autre  Ihéûrie  :  la  prononciation 
flutturale  du  /  castillan  sciait  due  à  l'influence  allemande  Cette  théorie  est 
insoulcnjble.  D'abiifii  le  ch  allemand  n'est  pas  le  /  castillan  ;  puis  le  tft  alle- 
mand se  modilîe  sous  l'influence  des  voyelles  palat-iles  (1rs  dialectes  suisses 
peut-être  truis  exceptés),  ce  qui  n'est  pas  le  cas  pour  le  /  castillan  ;  puis  le 
cA  allemand,  comme  le  c  hébreu,  ne  se  trouve  qu'apréi  des  voyelles,  tandis 
que  le  1  castillan  est,  à  peu  près,  toujours  initial  de  syllabe  i  enfin,  et  c'est  la 
ration  la  plus  forte,  il  n'y  a  pas  d'exemple  d'une  telle  importation  de  sons 
étrangers  ptu  dans  une  langue  aussi  différente  que  l'allemand  de  l'espagnol.  La 


73  R.  GONÇAI.VES  VlANHA 

formes  dialectales  dans  le  temps  ou  dans  l'espace  :  l'une  comptable  à 
l'ancien  castillan  caxa,  l'autre  au  catalan  cabut,  provençal  caissa,  vrai- 
semblablement prononcée  ka'iia. 

L'a  fermé  (c'est-à-dire  Va  neutre  accentué)  n'est  dû  en  portugais, 
comme  nous  venons  de  voir,  qu'à  l'influence  régressive  d'une  nasale 
sur  l'a,  ou  d'une  palatale,  y  compris  l'î,  sur  l'i  fermé  i  car  les  mots 
p^r^i,  c^d^i  sont  toujours  subordonnés  â  l'accent  du  mot  suivant,  le 
premier  étant  encore  presque  toujours  prononcé  fn;.  comme  il  l'a  été 
à»ns  le  passé,  ainsi  que  le  prouve  l'ancienne  orthographe  pera  \j>çr^). 

Une  autre  influence  régressive  de  la  palaiale  fricative  (sonore  ou 
sourde]  atténuée  ou  plénisoname,  est  celle  qui  est  produite  suri'^  neutre, 
lequel  devient  j  en  conjonaion  avec  ces  palatales  ;  ex.  fiisiaria,  dtsdiza^ 
chegar,  lioje,  prononcés  jîfor'j,  d'izdiiir,  iigir,  ôz't  :  nous  en  avons 
parlé  plus  haut. 

Le  s  (palatale  atténuée  sourde  ou  sonore],  de  méone  que  x  et  /,  ont 
dans  ce  cas  une  prononciation  plus  palatale,  c'est-à^ire  qu'ils  sont  pro- 
noncés avec  une  panie  de  la  surface  de  la  langue  plus  prés  de  sa  partie 
moyenne,  et  sur  la  limite  du  pal:iis  et  des  gencives  ;  tandis  que  s  (réduit^, 
X  eiy  en  conjonaion  avec  a,  ^»  à,  6,  a,  voyelles  gutturales,  sont  formés 
un  peu  plus  en  avant  sur  les  gencives  par  la  partie  antérieure  de  ta  sur- 
face supérieure  de  la  langue,  tout  près  de  son  extrémité.  Si  nous  mar- 
quons par  un  trait  cette  pulatalisatîon,  nous  avons  les  combinaisons 
stùvantes,  où  i,  i,  i",  c"  désignent  les  palatales  réduites  :  xà,  xu,  ù,  xà, 
xa,  jà,  /j)  je,  jà,  ja,  ai.  .is,  àl,  &i,  as,  àz,  <}z,  of,  6:,  ai,  union  d'une 
consonne  palatale  avec  une  voyelle  gutturale  d'un  côté;  et  de  l'autre, 
x'è,x't,  x'i  (x{  oa  xi),  j'ij'i,  j'i,  àh',  ^ix',  àij'-,  ^\j'.  H,  es,  jj  (fj, 
is)  a,  èi,  i:,  (i  [fSf  U),  ii,  union  d'une  voyelle  palatale  ou  de  la  neutre 
f  avec  une  consonne  palatale  modifiée, 

On  voit  bien  que  ces  palatalisations  ne  sont  pas  tout  à  fait  analogues 


puUoralisilîon  de  l'ancienne  palatale,  qui  semble  (tre  contcmporairc  de  l'as- 
sourdivtrcnfnl  dn  anclcunn  fricatives  sonores,  doîl  ^(rc  due  i  dct  CJusn  phy- 
sJobeiques,  ou  biffi  rtle  se  trotivati  dini  des  oijitectet  ei  peu  i  peu  elle  a  rein- 

Elsce  la  païaulisation  dans  fa  langue  commune.  La  première  de  ces  orieincs  est 
1   plus  vraisemblable,  et  je  viens  de  présenter  une  hypothèse  de  pTu$  pour 
tâcher  de  l'expliijuer. 

Les  (jutlurales  arabes  'ha,  yd,  et  aussi  lu  se  trouvent  rcpréïenlées  en  porta- 
gais  par  f,  comme  en  espagnol  ;  cette  dernière  lingue  3  autsi  h  i  ctii  de  /,  ce 
qui  n  arnve  lamaîs  en  ponugais,  si  ce  n'est  dans  des  mots  qui  ne  oous  sont  pas 
parvetius  directement  Je  l'arabe,  comme  ûhohol,  Si>h,ua  ;  ce  dernier  se  retrouve 
sout  la  forme  Sjfârj,  nom  d'une  localité.  Lei  formes  Mj/omây  MàfamtJe,  par 
enemple,  ont  été  modcrnecnent  et  i  tort  remplacées  par  Mahomii,  et  ch« 
quelf]U(-ï  écrivait»  qui  »  piquent  d'une  plus  grande  exactitude  par  Moliammtd  : 
celte  exactitude,  toutelois,  n'cil  qu'apparente,  car  les  anciennes  (ormes  étaient 
bien  plus  prêi  de  U  prononciation  arabe.  Il  en  est  de  même  pour  Sakam. 


ÉTUDE    DE    PHONOLOGIS    PORTUGAISE  7} 

ft  la  palatalisaiion  des  langues  slaves,  car  dans  celles-ci,  ce  soni  les  lin- 
guales qui  deviennent  sous-palaules  devajit  les  voyelles  palatales,  s  se 
changeant  en  /,  et  z  en  r. 

Influbnce  médiate  ou  immédiate  des  voyelles  atones  finales  e  0  a 

{fit  'itfï  ^UR  t-ES  VOYELLES  ACCEHTUËÏS  DE  LA'SYLLABE  PRÉCÉDENTS: 
RSrRACTION. 

On  connali  les  phénomènes  appelés  Bttcliung  et  Umiaut  dans  les 
langues  germaniques,  et  dont  on  trouve  encore  des  vestiges  remar- 
quables dans  le  haut-allemand  moderne,  en  danois,  en  suédois,  et  sur- 
tout en  islandais.  Ces  phénomènes  se  réduisent  à  deux  : 

I"  La  voyelle  palalale  de  la  syllabe  atone  finale  palatalise  la  voyelle 
gutturale  de  la  syllabe  accentuée  précédente;  ainsi  a,o,  u  deviennent  â, 
ff,  ù  :  c'est  la  pénphonit,  le  Umlaui  des  Allemands. 

2'  Une  voyelle  sombre,  u,  o,  de  la  syllabe  finale  altère  la  tonique  pré- 
cédente en  un  certain  sens  ;  ainsi  en  islandais,  où  l'on  retrouve  d'ailleurs 
la  périphonie  très  développée,  ii  devient  v  par  l'influence  régressive  de 
u  ou  de  à;  lardis  que  o  devient  a  par  la  réfraction  de  l'd  final  atone. 
Cette  influence  est,  comme  on  voit,  toujours  régressive  et  n'a  donc  rien 
de  commun,  si  ce  n'est  dans  quelques-uns  de  ses  résultats,  avec  Vhomo- 
phoaie  ou  paraiUlisme  des  voyelles  dans  les  langues  ouralo-altaiques  ou 
ougro^nnoises  ;  dans  cette  famille  de  langues,  c'est  la  voyelle  tonique 
qui  palatalise  ou  gutturalise  les  voyelles  atones  des  syllabes  suivantes, 
et  non  pas  la  voyelle  tonique  qui  subît  l'influence  des  voyelles  atones 
finales.  En  hongrois,  par  exemple, 

on  dit  :  bab,  fïvc,  h.ibok,  fèves,  au  pluriel  ; 

szék,  chaise,  székek,  chaises  ; 
mais      âst,  chaudron,  ùslôk.  chaudrons. 

La  voyelle  du  suffixe  se  règle  sur  la  voyelle  du  radical. 

Des  deux  cas  de  réfraction  ou  influence  régressive  de  la  voyelle  atone 
que  nous  venons  de  citer,  le  portugais  ne  connaît  que  celui  d'unevoyelle 
obscure  rendant  obscur,  c'est-à-dire  fermé,  !e  <;  ou  le  o  de  la  syllabe 
tonique  précédente.  l.a  réfraction  palatale  lui  est  inconnue  ' . 

Les  lois  de  la  réfraction  en  portugais  n'ont  pas  été  étudiées,  que 


I.  On  poQmit  i  li  rigueur  comidirer  comme  nn  cas  de  réfrsction  palatale 
l'épenthète  de  t,  populaire  dans  le  mot  yu^^xi,  gaiitzf  ^  miti,  sntiQ^at  i  celle 
de  ù  datii  le  mot  àùgéf  pour  ^gud,  phénomène  bien  fréquent  dans  le  ECnd, 
par  ei.  airU,  haar£i,  répondant  au  sanskrit  iitt  fâiyai,  sarra.  Elle  serait  en 
tout  cal  auez  rare.  J'ai  au»i  entendu  dire  i  une  dame,  dans  te  nord  du  pays, 
Wji  pour  ISif  {longei,  et  i  des  enfaiiu  li&bùa  pour  Uiùa. 

HoMMia,  XII  f  * 


74  "-  COHÇALVES  VtANNA 

je  sache,  dans  toutes  leurs  tmporuntes  inanifesiaitons.  Je  ne  ferai  que 
In  citer,  me  réservant  de  chercha'  à  les  expliquer  plus  complètement 
dans  une  autre  étude.  Elles  sont  d'autant  plus  remarquables  que,  dans 
un  dialecte  du  moins,  celui  de  Bragança,  elles  ne  sont  pas,  à  ce  qu'il 
semble,  observées  :  ce  seul  fait  nous  autoriserait  h  supposer  deux  dia- 
lectes, bien  différents,  de  l'ancien  portugais  ;  l'un  dans  le  midi,  où  la 
réfraaion  aurait  lieu,  un  autre  au  nord,  où  ce  phénomène  ne  se  serait 
pas  manifesté  ;  car  il  doit  être  antérieur  Â  la  domination  arabe,  et  a  sans 
doute  son  origine  dans  la  prononciation  du  latin  populaire  dans  cette 
partie  de  la  péninsule.  Ainsi  le  mot  ôyo  avec  un  o  fermé  s'expliquerait 
par  le  latin  ouum,  c'est-à-dire  par  l'influence  de  la  voyelle  sombre  a  de 
la  terminaison  -um  ;  et  le  pluriel  àvùs  avec  un  o  ouvert,  par  le  pluriel 
oua,  dont  la  terminaison  est  un  a,  voyelle  claire.  La  réfraction  voca- 
lique  se  serait  peu  à  peu  répandue  dans  le  nord,  et  l'absence  de  celte 
distinction  dans  quelques  lieux,  qui  sont  encore  à  déterminer,  serait  [s 
preuve  d'une  distinction  dialectale  antérieure  à  l'invasion  arabe. 

Ce  qui  est  hors  de  doute,  c'est  que  ce  phénomène  constitue  l'un  des 
caractères  les  plus  frappants  du  portugais,  comparé  aux  autres  idiomes 
néo-latins.  Nous  ne  trouvons  rien  de  semblable  en  castillan,  en  français, 
en  italien,  etc.,  et  ce  n'est  que  dans  le  roumain,  où  la  voyelle  o  du 
masculin  devient  oa  au  féminin,  que  quelque  chose  d'analogue  pour- 
rait être  signalé. 

RCfKACTION  dans  LKS  verbes  de  la  3*  ET  os  LA  J«  CONJUGAISON 

(en  -ir  ET  EN  -ir). 

Verbes  de  la  a*  conjugaison  en  -ir  el  -tclr. 

La  voyelle  finale  ;  rend  ouvert  un  e  ou  un  o  de  la  syllabe  tombât  pré- 
cédente, lorsque  ces  voyelles  ne  sont  point  nasales  ■. 
Ex.  D^vtr — div^,  devis  {dèviï) 
Cpmir^càme,  cornes  [kàmit) 
Rôir  (rûir)—T6t  (nSÎ),  rots  friti). 
N.  B.  On  voit  par  le  dernier  exemple  que  l'e  atone  devient  T  parte 
quil  est  immédiatement  précédé  d'une  voyelle  :  c'est  donc  par  analogie 


I,  Da«  le  nord,  la  naulité  n'empêche  point  la  rifraction  (v.  Birbo»  Leîo, 
Coiifio  et  Etttidoi  t  Jocameatt*$  a  \eyot  ia  Rcforiim  i/j  ottogrj^i  tm  itntUo 
sAnito,  p.  ^19,  Lisboa,  iStSi.  J'ai  eu  l'occasion  de  m'en  assurer  :  i  Porto  les 
nasales  tonique*  lubisient  l'innuence  de  U  rclnction,  Tout  comme  \ti  vojrelles 
orales  du  dialecte  commua.  Ainsi  le  verbe  rtniitr  s'y  conjugue  :  r^dir  (n  =^  f 
nasalisé],  rOU^  rtiJa  ;  le  Ter be  r<»nptr  :  niHpir,  fûHpn,  rinpa,  el  loalcs  ces 
vojretles  nasales  sont  gulluralisées. 


ÉTUDE  M   PHONOLoOre   PORTUGAISE  75 

que  l'on  écrit  la  diphtongue  ôf  par  ot,  parce  que  la  désinence  du  présent 
de  l'indicatif  à  b  3*  et  à  U  )*  personne  du  singulier,  dans  les  verbes  en 
•r/  et  en  -tr,  est  •<,  -«i  et  non  pas  -i,  -is.  Les  formes  dcva  =  dèrii,  cornes 
=  kômit^  montrent  l'influence  régresuve  exercée  par  la  palatale  i  sur  Vf 
qui  b  prêche  :  nous  avons  vu  plus  haut  que  t  devient  j  en  conjonction 
avec  one  consonne  palatale  '. 

Les  voTcUcs  fbiales  0,  a  rendent  fermées  les  voyelles  e,  0  de  la  syllabe 
tonique  précédente,  quand  elles  sont  muettes  à  l'infinitif. 
Ex.  Dçvtr  —  dho,  ihq 

Cçmir  —  càmç,  o>m^ 

Rilr  —  rip,  rô^. 

Noos  venons  de  voir  que  l  final  n'empfiche  point  la  réfraction;  il  en 
ai  de  même  de  la  terminaison  m  formant  U  subjonaive  d'une  dipb* 
tongoe  natale,  avec  i't  ou  /précédent  (iû,  j[i  : 

El.  dertm,  rom^m,  roem  [dhÔtt  kdmâi,  ràîSÏ] 
dtvam,  comam,  raam  (Jfv3ù,  kimâù,  rààù]. 

Noos  voyons  donc  que  dans  les  verbes  de  la  2'  conjugaison  régulière 
a  -/r,  la  voyelle  radicale  a  un  des  trois  sons,  lorsqu'elle  est  e  ou  0 
oral: 

*  I •  atone  =  /  —  dner,  prononcé  dfvir 
i  —  descer,  prononcé  diislr 

}*  tonique,  terminaison  /,  Sï  ;  \dne,  devem,  dtsct,  dtutm 
prononcée  ouverte  jdiff ,  dèvàl,  disse-,  dèstJÎ 

}•  id.  term.   ij,  ^.  àù  ;  W(Wi,  deva,  dn»m,  dfsço 

prononcée  fermée  Uivii,dlvii,  dèySti,  àistq 

0  I"  nime  =  n  —  Mfïirr,  prononcé  tyni^r 
il  —  rotr,  prononcé  ri3(r 
2*  tonique,  terminaison ;,  Ai;  tCMit,  comm,  pr.  kbmf,  kàmXi 
prononcée  ouverte  'nw,  ro«n,  pr.  rdî,  r6\à\ 

\como^    coma,    comam,    prononcés 
\k6mti,   kbm^,  kômSù 
\ —  fido,  TÔOf  roam,  prononcés  r6ij, 
rûâù. 


|"id.,  term,  if,  j,  àâ  ; 
prononcée  fermée 

prosoDcée  fermée 


Les  terminaisons  claires  sont  r  t,  «,  em  (f,  l,  l;  U,  W  ;  àT). 
Les  terminjBSons  sombres  sont  :  o;ju;a;  am(^q;  ^;  q;  ââ). 


1.  Qttr  piUtalJUlion  nt  propre  aux  dialectes  de  l'EUremadurj,  Alemiejo 
et  Alnne.  AiUean  on  proaoflor  dtvfs,  limfs,  parce  que  le  i  n'y  ni  poiat 
palatal,  ■nti  pbtAt  Miu-cjuuniiu/. 


76  R.  CONÇM,VES   VIANKA 

Les  verbes  dont  la  voyelle  radicale  est  d  n'om  que  deux  modifications 
de  cette  voyelle,  qui  y  dépendent  de  Paccent,  Va  tonique  n'étant  point 
soumis  à  la  loi  de  réfraction,  Ex.  bâtir,  hàto,  bâte. 

Les  verbes  dont  la  voyelle  radicale  est  r,  u,  une  nasale,  ou  une  diph- 
tongue, ne  subissent  aucune  modification  de  cène  radicale.  Les  voyelles 
i,  e,  u,  0,  et  les  diphtongues  ài^  fî,  devant  d'autres  voyelles,  se  pro- 
noncent /,  ^^  ^l,  t,  lorsqu'elles  sont  atones,  comme  nous  avons  vu  plus 
haut,  et  constituent  par  là  autant  d'exceptions  dans  ces  verbes,  pour 
suivre  seulement  la  règle  générale  des  voyelles  atones  ou  accentuées. 
Les  verbes  dont  la  voyelle  radicale  atone  est  ouverte  à  l'ia&nitif 
n'éprouvent  aucun  changement.  Ex.  : 

Ettjuecer,  csjfueco,  «^wfd,  a^ueee 
pr.  iikisir,  Uktsii,  likis^t,  lîkèsf 

Arr^tcer,  arrefeçot  arnfeça,  arrefea 
pr.  aTT^fhtr,  ijrr0ui,  ^irr^/à^i,  .}Trffise. 

Je  présenterai  au  lecteur  la  conjugaison  du  présent  de  l'indicatif  dans 
tous  ces  cas. 
La  voyelle  radicale  n'éprouve  aucun  changement  : 
Verbe  yender  {vidti)  =  vendre. 
vendOf  venitt,  venit,  vendemos^  vendeis,  wndem 
vidq,  vid'iî,  vid^,    vêd/mqU,  védii,  védàî. 
Verbe  ramper  (rSpi'r)  =  rompre,  déchirer. 
rompo,  rompes,  rompe,  rompemos,  rompeis,  rompem 
rSpq,    rôpii,    rôpf,    rôphnni,    rôpàii,    rôpàl. 
La  voyelle  radicale  devient  neutre  en  devenant  atone  : 
Verbe  baier  {b^ir)  =  battre,  frapper. 
bato,  buta,  baU,  batemos,  bateis,  balem 
bàtif,  bàt'ii,  bàtft  b4ti^^^i,  bf/ti'ii,  bdtâî. 
\it  radicale,  en  devenant  la  tonique,  s'attire  par  l'effet  de' 


Reedur  {rpfbh}  =  recev<Hr. 
reeebo^  rutbes,  recebe,  recebenos,  recebeis,  ruebm 
rfs^h^,  FfsèbU,  rfsibf,  r^fblmtii,  rftfbâU,  rfsibâl. 

Corner  (kumir)  =  manger. 
Como,  cûmu,  corne,  comemot,  eomeis,  cornent 
Mmif,  kàaiisy  Jtwnf,  kumimiti,  kqmà'U,  kàmàî. 

Ro£r  (rûir)  =  ronger. 
roo,  roes,  roe,  roewos,  roeis,  toem 
riq,  ràli,  rùi,  rùêmifi,  rqAU.  ràtâl. 


ÉTUDE   DE    PHONOLOGIE   PORTUGAISE  77" 

MtxtT  [m'iUr]  =  remuer.  [L't  fermé  devient  é  =  à.} 
mtxo,  mextt,  mexe,  mnemos,  mextn,  mextm 
mJiij,  mfi'is,   mèil,   miiêmtii,  miiàU,  meUh 
La  voyelle  radicale  ouvene  ne  change  point  : 

Aijaecer  i^kisir]  =  réchauffer. 
a^tufo,  a^tttces,  atfaeu,  atfueccmos,  aijuacis,  aquectm 
fi^it|,    fkisii,    i^kisç,    <}kiti'mni,  çkità'U,  ^isâî. 
Eiemple  d'un  verbe  en  -tch  qui  subit  tes  changements  dus  Â  l'ac- 
cottOftion  et  à  la  rélraciion  : 

Paruer  \p^Tfttr]  =  paraître,  sembler. 

partço,  parws,  parece,  partcentot,  pareceit,  partuia 
P^ritif,  p^rlfii,  pqris^,  piirestmus,  pjfjadîî,  pjrisâi. 

Les  verbes  irréguliers  de  la  conjugaison  en  -er,  ainsi  que  les  verbes 
noaosjllabes  (également  irréguliers)  ne  subissent  pas  en  général  l'effet 
delà  réfraction:  leur  voyelle  radicale  est  soumise  à  d'autres  altérations, 
_«  bien  De  change  pas.  Ainsi  par  exemple  : 

Sti^er  (r^i'/r)  »  savoir. 
su,  ubes,  sabe,  tabemos,  sabeit,  tabm 
sâi,  sàbU,  tàhe,  sjbiiJH{Sy  SdbâU,  sàbàl. 

Ver  {yir)  =  vmr. 
Vijo^  vis,  vi,  vimos,  reda^  vitm 
vifit,  vis,  vl,  yimifi,  vWiî,  vi'àl. 

Ter  (i/r'i  =  tenir,  avoir. 
teaho,  uns,  lem,  lemoi,  undes,  leem,  Um 
tânJin,  tâli,  tâî,   timni,  lidfi^    riiJl,  \iàt). 

Ser  [sir)  =  être. 
soa,  et,  é,  somos,  sois,  sào 
li,     èi,  é,  sômifi,  sais,  sâù. 

RÉFRACTIOW  DAWS  LES  VERBES  £N  -i>. 


La  réfraction  dans  tes  verbes  irréguliers  de  la  ;"  conjugaison  en  -ir, 
dont  la  voyelle  radicale  est  a  ou  o,  i  ou  e,  est  toujours  exprimée  par 
l'Orthographe,  et  elle  s'étend  aux  verbes  dont  la  voyelle  radicale  e  est 
nasale  ;  mais  elle  n'est  pas  générale,  comme  pour  ceux  en  -ir. 

Verbe  fagir  (Jqjir)  -  fuir. 
fajo,  foget,  fcge.  fagims,  fagis^  fojtm 

fm.Mt,  foiu  fqjimqî,  ftûii,  /âjàl 


R,  COHÇALVBS   VIANNA 

Verbe  divtrtit  [divertir}  =  amuser. 
divirto,  divtries,  diverie,  divenimos,  divertis,  diverUm 
dfvlrtù,  divertis,  divirtf,  dfVfrtiaiiji,  deyçrtli,  divértâl 
ou  bien 

diyirîti,      —       —      diytrtlmtiî,  div^iî       — 
_  Verbe  vtstir  (ristir)  =  véiir,  habiller. 

yiao,  vtstes,  veste^  yestimot,  yestit,  vettm 
yliliif  vèil'ii,   yèite,  y/jf/mijj,  viitis,   viitSi. 

La  seule  difficulté  que  préseniem  les  verbes  à  voyelle  radicale  y  ou  (, 
c'est  de  savoir  si  l'on  doir  écrire  cette  radicale  par  u  ou  o,  par  i  ou  «, 
lorsqu'elle  est  atone  :  l'éiymologie  est  généralement  consuliée  ;  on  écrit 
donc  cusir,  dormir,  dapir,  frigir,  les  voyelles  radicales  de  ces  verbes 
étant  Hi  {.  Ils  font  au  présent  de  l'indicatif  : 
Cuspo,  cospts,  cospe,  cuspimos, 
kàipif    kiiiplmqSf 

dorme,    dormtmos, 
dàrmf,    dqrmtmuî, 

frege,    frigimosy 
friju     frijlmtii, 


kaspq, 
Darmo, 
dârmq, 

Frijo, 

Diipo, 
dUptf, 


kàspU, 
dormes, 
dàrm'ii, 
frega, 

dapet, 
diipis. 


coipu,    Cûspem 
kiiipii,    koipâî 

dormis,    âormtm 
durmii,    dàrmàl 

frigis,    fregem 
fnjU,     fréiàï 


despe,    dtspimot,    despis,    desptm 
dèipe,     dtipimni,     diipis,     dHpà't. 

Il  y  a  encore  une  diiîérence  entre  la  réfraction  à  la  i*  conjugaison  et  la 
réfraction  à  la  ï*  conjugaison.  Dans  la  2'  conjugaison  en  ~ir  elle  csi  de 
règle  dans  les  cas  cités.  Dans  les  verbes  en  -iV  elle  n'est  pas  si  commune  : 
un  grand  nombre  de  verbes  échappent  à  ce  changement  de  voyelle  radi- 
cale. Nous  citerons,  par  exemple,  lazir,  roçiV,  eniupir,  permitiir^  tic. 
Dans  plusieurs  de  ces  verbes  la  réfraction  n'est  pas  de  longue  date. 
Ainsi  nous  trouvons  dans  les  Lusiades  [canto  lit,  est.  105!  acude  à  l'im- 
pératif, landis  que  l'on  dirait  aujourd'hui  accède  dans  le  dialecte  commun. 
11  y  a  donc  deux  conjugaisons  différentes  des  verbes  en  -ir,  dont  l'une  a 
sa  voyelle  radicale  soumise  i  la  réfraction,  et  l'autre  a  cette  vojelle 
inaltérable  par  rapport  à  la  voyelle  lînale  atone. 

La  réfraction  dans  les  verbes  en  -ir,  je  le  répète,  embrasse  ceui  dont 
la  voyelle  radicale  est  e  nasal  (^). 

Verbe  mentir  (mitlr')  ^  mentir. 
Minto,    mentes,    mente,    mentimos,    mtniis,    mentent 
milu,      m/f(i,       n?/ff,      mftimtii,      mltls,      mltàl 

Comme  on  voit  par  cet  exemple,  U  voyelle  radicale  ne  change  qu'à  la 
condition  d'être  accentuée,  et  U  vojelle  nasale  devant  les  terminaisons 


ÉTUDE   Dï   PHONOLOOIR   PORTUGAISE  79 

daires  {,  ji,  àî  reste  fermée,  du  moins  dans  le  dtaleae  commun  :  / 
devieni  é  au  lieu  de  monter  jusqu'à  i,  les  voyelles  nasales  étant  toutes 
fiemées.  L'effet  est  d'ailleurs  analogue,  car  il  y  a  auunt  de  diiTérence 
entre  ^  et  <  qu'il  y  en  a  entre  i  et  i. 

Réfraction  dans  les  noms. 

Les  adjectifs  en  -oso  ont  au  singulier  masculin  ô  fermé  ;  cet  o  devient 
ouvert  au  pluriel,  ainsi  qu'au  féminin  des  deux  nombres. 

J'y  vois  un  cas  de  réfraction,  c'est-à-dire  d'influence  de  la  voyelle 
finale  atone  sur  la  voyelle  de  la  syllabe  tonique,  qui  doit  avoir  sa  source 
dans  le  latin  vulgaire.  Ainsi  fprm&sQ  de  formOsum;  muis  f^rmàsoi  de 
formosos, /i:îrmijiii,/i>rmdî^ii  de  formosam,  formosas,  l'u  final  seul 
y  jouant  le  rdle  de  voyelle  obscure. 

Que  je  sache,  il  n'y  a  pas  d'autre  exemple  de  cette  flexion  interne 
dans  les  diftérems  dialectes  néo-laUns.  si  ce  n'est  dans  le  roumain,  où 
elle  se  borne  au  iémlnin  Jrumôs,  frumtfssif  iiumoàsa,  frumoàit.  Dans  tous 
les  autres  dialectes  romans,  Vo  garde  toujours  le  même  son  dans  ce 
suffixe.  Le  toscan  et  le  catalan  ont  un  o  fermé  dans  les  quatre  formes 
-010,  -osi,  -osa,  -o«  ;  -as,  -oios,  -osa,  -osas  ;  le  français  a  tux,  tust, 
tous,  avec  œ  également  fermé.  Le  castillan  nous  présente  panout  o, 
lequel  dans  ce  dialecte  est  un  son  entre  à  et  6,  dont  le  timbre  ne  change 
jamais,  quelle  que  soit  la  place  qu'il  occupe  dans  le  mot  par  rapport  A 
l'accent. 

Les  participes  contractés,  généralement  employés  comme  des  adjectifs 
ou  des  substantifs,  et  dont  la  syllabe  tonique  est  fermée  et  a  pour 
voyelle  o,  suivent  la  règle  des  adjectifs  en  -ôw,  -iîm.  Ei.  : 
lùrïo;  tÔTtoif  tàrta,  lànas 
mono;  màrtos;  màrta,  màrtat 
pàfto  ;  pàsios,  pàsta,  postas 
um  p^slo  ;  uns  pàstos,  uma  posta,  amas  postas. 

Il  7  a  un  certain  nombre  de  substantifs  paroxytons  dont  la  syllabe 
tonique  a  un  o  fermé  au  singulier,  ci  un  o  ouvert  au  pluriel.  M.  Epipha- 
nie Dias,  dans  sa  Crammairt  portugaise  ',  nous  donne  une  liste  de  tous 
ces  substantifs,  lesquels  sont  les  suivants  : 

AbrolhOf  almofo,  cachopa,  caroço^  ehoco,  chùro,  composta,  cortwo,  corno, 
atrpo,  coivo,  despojo,  destroço,  tscolho,  esforço,  esposo,  estono,  fogo,  Jùrno, 
fora,  fosso,  imposio,  fogo,  mro/o,  oiho^  otso,  ow,  peuoço,  poça,  porco, 
posio,  priposto,  TtjoTço,  renovo,  rogo,  son,  touorrc,  tupposto,  tijolo,  tojo, 
tordo,  loinOf  trtmoço,  troco,  troço. 


I.  Grammncd  Portagvtiû,  u  edtçlo.  Porto  e  Bngi,  t8;8,  p.  21 


80  R.  CONÇaLVES   VIAKKA 

tl  ajoute  au  bas  de  la  page,  dans  une  note,  qu'il  ne  faut  pas  faire  ce 
changement  dans  les  mois  adorno,  bolso,  estojo,  fotho,  ^bo,  mèlko  ; 
mais  il  ne  nous  en  dit  pas  la  raison.  Le  mot  adorruis,  cependant,  est 
généralemem  prononc(!  avec  un  o  ouvert  au  pluriel.  J'ai  ausù  entendu 
prononcer  gristof  Ipl.  de  gôsto)  à  des  Algarviens. 

Nous  avons  supprimé  dans  celte  liste  le  mot  avô,  parce  qu'il  est  oxy- 
ton, Ce  mot  fait  au  pluriel  avàs  [avvi)  pour  les  deux  genres,  au  féminin 
singulier  iiv^  \iir6\.  A  Braganija,  on  dit  ayà  au  masculin  et  avôa  au  fémi- 
nin. Il  y  a  des  personnes  qui  distinguent  avos  =  aïeux  de  avôs  =  grands- 
pères. 

Si  de  la  liste  donnée  par  M.  Ep.  Dias  on  élimine  les  dérivés  composto^ 
imposto,  preposio^  supposto  (de  posio)  et  môme  ce  dernier,  parce  qu'il  est 
un  participe,  ainsi  que  les  composés  ou  dérivés  abrolho,  esfarço,  reforço, 
Tcmvo,  nous  avons  devant  nous  une  quarantaine  de  vocables,  plus  ou 
moins  primitifs,  qui  sont  soumis  à  cette  loi  dans  le  dialecte  commun. 

Nous  l'avons  àè]%  dit  :  il  nous  semble  que  l'origine  de  ce  singulier 
changement  se  trouve  dans  les  noms  latins  neutres,  qui  avaient  -tun  au 
nngolier  et  -<i  au  pluriel  ;  c'est  donc  un  cas  de  réfraction  qui  s'est 
étendu  à  d'autres  mots  par  une  busse  nnalo^e.  On  a  formé  tremdços  de 
trttnôço  comme  on  avait  formé  fàgos  de  fôgo,  côrvos  de  cùrvo,  par  une 
fausse  analogie  avec  le  mol  ovos  (oiu)  de  ôvo  ou  u  m  ;  ou  plut6t  le  thème 
a  un  0  ouvert,  qui  devient  fermé  au  singulier  par  l'influence  de  Vu  de  la 
terminaison,  car  dans  les  mois  latins  cités  l'o  a  dû  avoir  un  son  ouvert, 
comme  le  prouve  l'italien /iJrid,  côrpo,  pàrio,  côrno,  etc. 

Il  faut  remarquer  que  le  mot  tspàsc  fait  au  pluriel  ispèsos,  mais  que 
le  féminin  a  un  o  fermé  dans  les  deux  nombres  :  etpàsa,  «/hJj.;ï.  En 
italien  ce  mot  est  également  une  exception  à  la  régie  des  terminaisons 
-ôso,  -osa,  car  l'o  y  est  toujours  ouvert  (spho,  spdsa)  lorsqu'il  est 
accentué. 

Quelques  adjeclils  paroxytons,  dont  la  voyelle  accentuée  est  un  o  dans 
une  syllabe  ouvene,  suivent  U  règle  des  adjectifs  en  -àso^  -àta,  par  ex. 
nùvo;  noios,  này.i,  nàvas.  D'autres  gardent  l'o  fermé  partout;  ex.  tàdo  ; 
tàdot,  lôda,  làdat.  Dans  ce  dernier  mot  Vo  est  régulièrement  fermé, 
parce  qu'il  répond  â  o  long  en  latin  ;  dans  nèvo  il  est  fermé  au  masculin 
singulier  pr  l'influence  de  la  voyelle  finale;  dans  les  autres  formes  il 
garde  le  son  ouvert  parce  qu'il  répond  à  o  bref  en  latin  :  c'est  donc 
l'inverse  des  adjectils  en  -iso,  dans  lesquels  le  changement  de  voyelle 
s'opiirc  au  pluriel  masculin  et  au  féminin  des  deux  genres,  puisque  Vo 
est  long  dans  ces  formes  en  latin.  Les  résultats  sont  cependant  iden- 
tiques. 

Les  noms  paroxytons  dont  la  voyelle  accentuée  est  t  gardent  généra- 
lement le  son  étymologique  de  IV,  c'cst-i-dire  i  pour  i,  t  ei  i  de  syl- 


ÉTUDB   DE   PHOVOLOCIR  PORTUCAISE  8l 

Ube  fermée  en  laitn,  è  pour  f  et  e  de  syllabe  fermée  ;  ex.  grigo,  grigfl  ; 
titto,  stcta;  Udo,  Itàa  ;  azêJo,  azida,  etc.;  béllo  bilta;  cèrto,  dna; 
fin,  flra;  vilAo,  vilha,  etc.,  parmi  les  adjectifs;  ctra,  segrido  (â  c6i£ 
du  mot  savant  secrtto),  dido,  dlla^frista,  etc.,  parmi  ]cs  substantifs. 

On  trouve  cependant  mèda  de  mëtatn  ',  mido  de  mStum  castillan 
mitiio,  régulièrement;;  ffjîo,  cè^a  de  caecum,  caecani,de  même  qu'en 
iulien  cîeco  et  en  castillan  ciego,  est  régulier,  puisque  ï'ae  en  latin  vul- 
gaire était  iraité  comme  e  bref. 

En  général,  dans  les  mots  proparoxytons  il  y  a  une  tendance  à  pro- 
noncer ouvert  l'e  ou  Vo  de  la  syllabe  accentuée,  comme  en  italien,  ce 
qui  peut  être  comparé  à  la  règle  des  voyelles  brèves  a  e  i  o  des  propa- 
roz)tons  en  anglais. 

La  voyelle  t  dans  les  noms  n'est  donc  pas  soumise  i  l'influence 
de  la  voyelle  finale,  comme  il  arrive  pour  o.  On  pcui  cependant  citer  les 
pronoms  démonstratifs  isti,  lue  et  le  pronom  personnel  iUe,  lesquels, 
quoiqu'ils  ne  changent  pas  au  pluriel  masculin,  font  au  féminin  esta,  Isia^ 
nia,  a^uctla  dans  le  dialecte  commun.  Il  est  évident  que  c'esi  là  encore 
un  phénomène  de  réfraction,  puisqu'ils  sont  dérivés  des  nominatifs  isie, 
ista,  ipse,  ipsa,  ille,  illa,  au  pluriel  isti,  istae,  ipsi,  ipsae,  illi, 
il  lac,  et  non  pas  des  accusatifs  istum,  îstam,  îstos,  Jstas,  etc.  ■. 

Verbes  de  la  première  coniucaison  (en  -ar). 

Dans  les  verbes  de  la  conjugaison  en  -jr,  on  constate  un  changement 
de  U  voyelle  radicale  accentuée,  s  on  les  compare  aux  substantifs  de 
forme  identique,  changement  qui  n'est  pas  aussi  évidemment  dA  à  la 
réfraction. 

Toutes  les  fois  que  l'f  ou  l'o  deviennent  toniques,  ils  sont  ouverts, 
tandis  que  dans  les  substantifs  ou  adjectifs  à  radicaux  idenTtques,  ces 
voyelles  sont  fermées.  Kllcs  gardent  le  son  ouvert  quelle  que  soîi  d'aik 
leurs  la  voyelle  fin.^1e  de  la  forme  verbale,  pourvu  qu'elles  soient  accen- 
tuées, orales,  et  qu'elles  ne  se  irouvcnt  pas  devant  une  consonne  nasale. 

Ce  changement  de  son  dans  la  dernière  voyelle  radicale  est  analogue, 
comme  fonction,  aux  difTérentes  voyelles  des  mots  anglais  bUed,  blood^ 
sing,  song,  grecs  W-fw,  Xi-fc^,  à  l'allongement  de  l'e  dans  la  forme  vef- 


1.  H.  Omîllo  Casiello  Branco  écrit  mfJj^  ce  qai  indique  une  pronoDCiation 
différente  et  ré^uli^re  1/  =  ti  dans  le  nord 

2.  Dans  le  Mitiho,  !'«  deî  pronoms  démorutratif»  et  pcrsonndi  reste  itrmé 
au  féminin,  cunime  en  lUlien  ;  on  du  donc  :  ■  Elle,  èlla,  este,  Hla,  bse,  éssj, 
elles,  èlhs,  estes,  estas,  tacs,  éssas.  »  Un  de  mes  amis,  né  i  Cabecelrat  de 
Batto,  et  qui  habite  Lisbonne  depuis  trente  ans,  trahit  son  origine  par  ce  seul 
provincialiioie,  peut-être. 

HvmaaU,  XII  g 


8l  H.  CONÇALVES  VIANHA 

haUt  firme  comparée  à  l'adjeclif /îrme,  ou  au  déplacement  de  l'accem 
dans  les  vers  dissyllabes  anglais  d'origine  romane,  leis  que  lo  deùri,  to 
présent,  comparés  aux  noms  ii<'strt,  présent.  Ce  déplacement  de  l'accent 
dans  les  verbes  est  aussi  de  rjgic  en  portugais  et  en  castillan;  beaucoup 
plus  dans  le  portugais,  car  tandis  qu'en  italien  on  dit  la  jibbtua,  egli 
jÂbirrica,  on  prononce  en  portugais,  aussi  bien  qu'en  castillan,  a  fàbrtca^ 
eilefahica,  avec  un  déplacement  de  l'accent  i  undis  que  le  castillan  dit 
et  principiQ,  yo  piinciplo,  on  dit  en  portugais  o  principio,  eu  ptinàplo. 

Je  donnerai  quelques  exemples  de  ces  changements  de  voyelles. 

A  c6té  de  l'adjecrif  skco,  siccot,  sicca,  siccas  \latin  siccunt,  etc.]  il  y 
a  le  verbe  sfccdr,  dessécher,  qui  se  conjugue  de  la  manière  suivante  : 


uccais. 


uuam 

sèkdù. 


siteo,    seuas,    seeca,    seccamoi, 
silcji,      î?itji,     tik^y      sfkàmiii. 

De  ce  verbe  on  forme  le  nom  d'action  skca. 

A  cfrté  du  subsuntif  rôh  =:  rouleau,  cylindre,  on  a  les  verbes  rçlar^ 
ttiTolar,  qui  se  conjuguent  : 

rblo^        rèlas,        rbia,        rolàmos^        iplais,        làiam 
enrolo,     enrèlas,     enrôla,      enTtflâmos,      tnrçlMs,     enrùlam. 
A  côté  du  verbe  inc^rrar  =  enfermer,  qui  se  conjugue  ; 
enciiTQ,    encirruSf    tncèrraj    enUrràmos,    enc^rrris,    tncénam. 


on  a  le  substantif  encirto,  dont  la  voyelle  tonique  e  est  fermée. 

A  côté  des  substantifs  drco  =  cercle,  âège,  et  clrca  =  cimetière 
d'église,  et  de  la  préposition  à  clrca  de  —  h  l'égard  de,  on  trouve  le 
verbe  c^rcâr  =  entourer,  assiéger,  qui  se  conjugue  : 

cèrco,    ctreas,    cires,    Cfreâmos,    cçrcJtt,    elrcam. 

Du  substantif  ;}i}r^(},  pdriost  on  forme  le  verbe  ip&rtdr,  dont  le  présent 
(i"sing.)  est  itpàrlo. 

A  c6té  du  verbe  g^ldr,  dont  le  présent  li'«  sing.)  est  gih,  on  a  le 
substantif  g//o  =  glace,  avec  un  e  fermé,  quoique  \'e  du  substantif  latin 
soit  bref,  ei  par  conséquent  celui  de  l'italien  gch  soit  ouvert  (00). 

Il  en  est  de  m^me  de  cira  subst,,  encira  verbe;  fàro^  afàro;  f6no, 
forro;  i6no,  entorto.  Ce  dernier  mot  est  un  exemple  frappant  de  tous  ces 
changements  de  voyelles  : 

Adjectif  rfrfo,  lôrfM,  tèria,  tôrtas; 

Verbe  dérivé  enlànOy  tntirtas,  enlorta,  inf.  entgridr,  i"  conj. 

Verbe  primitif  tôrço,  tirets,  torce,  inf.  tçrc/r,  :•  conj. 

Subst.  dérivés  r^tèrta,  fprfdrj,  tprminio,  adj.  tQrmentôso,  verbes  ^ 
mtaldr,  tçrîi{Tdr;  subst.  composé  t^eicilh. 

On  peut  signaler  quelques  exceptions  à  ces  lois  de  l'altération 
voyelles  e  o  dans  les  verbes  de  ta  conjugaison  en  -nr. 


ÉTUDE   DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE  8; 

a)  Lorsque  l'e  ou  Vo  soni  nasalisés,  ils  gardent,  comme  partout,  le  son 
fermé  : 

asstiUo,  aetenUSf    asteaia,  auentimos,  assenlais,  asstiitam 
Mltii,     asltaîy       aslta,      asitâmtis,     asitiils,      asHâà 
conlo,      contas,      conta,      contàmot,      contais,      contam 
kâlo,       kôui,       kÔia,       kôtâmifi,       kôtàli,       kôtâû, 
lesquels  ne  se  distinguent  point  des  substantifs  atsento,  cûnio,  conta. 

V)  Lorsque  les  voyelîcs  e  o  sont  immédiatement  suivies  d'une  con- 
sonne nasale,  elles  deviennem  également  fermées  en  recevant  l'accent 
ionique  : 

rèmo,     rimas,    rima,     T^màmos,    r^mâiSf    rimarn 
à  c&té  du  substantif  abrimot=  aviron. 

Mais  on  fait  la  distinction  lorsque  la  nasale  ne  suit  pas  imroédtaie- 
mem  les  voyelles  e  o  : 

(drao,    tdrnat,    Idma,    torndmos,    tçrnàis,    tànrnm 
i  côté  de  t^mo,  tornot  =  un  lour,  des  toars  ;  r^ômo  =  retour;  emtôrno 
=  autour. 

Le  verbe  tçmdr  —  prendre,  a  un  o  ouvert  dans  toutes  les  formes  oi^ 
cet  0  est  accentué  : 

tbmo,    îhmas,    thma,    tçmâmos,    lomJis,    îimam. 

c)  Lorsque  la  syllabe  douteuse  contient  une  diphtonguCi  à  ou  oa  = 
il,  6: 

feiro,    ftiras,    feira,    feiramos,     tarais,    fâram 
fihif,    fàîr^,   fiîrf,    }/uâmai,    f^lrdU,    fàlrâù 
i  c6té  du  primitif  feira  (fiîrç]  =  foire  ; 

roubo,     Toubas,    rouha,    roubamos,     roub^j     rouham 
rùb^f      Ttbai,       rôb^,       rôbâ'mi{s,     rcîM'i,       rà'tâà 

à  côté  de  toubo  (rùhti)  =  vol.  rapt.  A  Lisbonne  le  peuple  prononce 
rèbdr,  tàbâmos,  etc.,  avec  un  o  ouvert  atone, 

Lorsque  la  dernière  syllabe  radicale  contient  la  voyelle  0  suivie  de  f 
gutluralisé,  cet  0  est  ouvert  dans  les  formes  du  verbe  où  il  est  accentué» 
fermé  lorsqu'il  est  atone,  mais  il  n'est  iamais  muet,  comme  nous  avotta 
vu  plus  haut.  Ainsi  à  c6ié  de  l'adjectif  tùlto,  sôltos,  il  y  a  le  verbe  sdlldr, 
qui  se  conjugue  au  présent  de  l'indicatif  : 

sèlto,     tdltaSf    sèlta,    tàtti'moSf    t^ttOs,    sôltam 

Le  peuple  de  Lisbonne,  cependant,  prononce  \'o  ouvert  dans  toutes 
les  formes  de  ce  verbe  et  d'autres  analogues,  comme  vôliJr,  nièliàr,ttc. 

d]  Lorsque  la  dernière  voyelle  radicale  0  appartient  à  une  syllabe 
découverte,   c'esl-à-dirc  lorsqu'elle  est  suivie  immédiatement  de  la 


84  R-  GONÇALVES   VUïJSa 

voydie  de  la  nexion,  elle  garde  le  son  fermé,  quand  elle  est  la  tonique  : 

mi^igàç,     "i-^gàtiS,     triiigô^,    m.igôâmot,     rritigôàU,     magô'jm 
à  cftié  du  ïubstamif  màgâii. 

c\  Lorsque  la  voyelle  douteuse  est  e  suivi  d'une  consonne  palaialc, 
cet  €  se  prononce  |  lorsqu'il  esi  atone,  et  toujours  à,  que  nous  marquons 
par  c,  lorsqu'il  est  accentué.  Ex.  ficho,  /çcAdr,  fccha  ;  grtnha,  d^sgri^nhâr, 
disgrcnlia  ;  i'^/s/ir,  bjfeja,  b^fcjo  ;  esptlho,  ^spiUidr,  tsptlha.  Quelquefois 
devant  Ih  \'e  reste  ouvert  quand  il  est  accentué,  comme  dans  gilhdy 
grclba,  eng^lkdr,  gr^lkdr. 

Il  y  a  un  mode  assez  connu  de  dérivation  dans  les  langues  ronanes, 
au  moyen  duquel  on  forme  des  substantifs  dérivés  de  verbes,  par  le 
retranchement  de  ta  terminaison  de  l'infinitif,  laquelle  est  remplacée  en 
portugais  par  ^i  pour  désigner  l'action,  et  par  p  pour  désigner  le  pro- 
duit ou  le  résultat,  quelquefois  aussi  l'instrumem.  Dans  ces  substantif, 
l'accent  recule  sur  la  pénultième. 

Lorsque  cette  pénultième  est  formée  par  les  voyelles  e  ou  0,  et  que 
ces  voyelles  ne  sont  pas  suivies  immédiatement  d'une  nasale  (et  IV 
aussi  d'une  palatale],  ou  qu'elles  ne  sont  pas  elles-mêmes  des  nasales  ou 
des  prépositives  de  diphtongues,  à,  ou,  on  prononce  è,  dy  lorsque  le 
substantif  est  féminin,  formé  par  la  terminaison  |j,  et  désigne  l'action,  et 
t,  à,  lorsqu'il  est  masculin,  formé  par  b  terminaison  v,  et  sert  i  indi- 
quer le  résultat,  le  produit  ou  l'instrument,  quelle  que  soit  d'ailleurs 
la  prononciation  de  ces  voyelles  dans  le  mot  primitif  d'où  dérive  le 
verbe. 

Nous  donnerons  quelques  exemples  - 

Du  substantif  lîi'i},  pluriel  ilroj,  on  forme  le  verbe  d^sèvar,  d^sàr^, 
d'oà  le  substantif  d'aaion  a  dfîàva.  Ce  verbe  a  un  d  ouvert  exceptionnel 
partout,  lors  même  qu'il  est  atone.  Il  en  est  de  même  du  verbe  emmô' 
iA<fr,  dérivé  de  môiho  =  faisceau. 

Du  substantif  ràda  —  roue,  on  forme  le  verbe  r^^dr  roda^  d'où  le 
substantif  masculin  rédv  ^=  râteau,  cylindre  1  voyez  plus  loin). 

Du  substantif  c^™  =-  cire,  on  forme  le  verbe  cnc^ràr,  tnccia,  d*où  le 
subsuntif  d'action  a  encira. 

Ou  substantif  tfrrj  -  terre,  on  forme  le  verbe  entfrrir^  tnûrxa^  d'où 
le  subsuntif  masculin  i}  tnttrro. 

Nous  avons  bien  des  substantif  terminés  par  ii  avec  des  e  ou  des  0 
toniques  fermés  :  mais  ce  sont  des  mots  primitifs,  et  ta  qualité  de  la 
voyelle  dépend  de  son  origine.  Les  substantifs  tira,  gotu,  par  exempte, 
ont  leur  voyelle  ionique  fermée,  parce  qu'ils  dérivent  des  mots  latins 
ccra,  guita,  u  et  i  des  syllabes  fermées,  et  ?,  8  répondant  à  ^,  (5  en 
porti^is,  comme  en  italien.  La  seule  différence  entre  ces  deux  langues 
consiste  en  ce  que  l'italien  garde  partout  la  qualité  de  ses  c  ou  0  accen- 


ÉTUDE   DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE  85 

tués,  tandis  que  le  ponugais  ne  la  conserve  qu'à  la  condition  de  ne  pas 
troubler  les  an;i[ogies  et  les  lois  qu'il  s'esi  créées. 

Je  présenterai  une  suite  de  mots  primitif  suivis  de  leurs  dérivés,  oîi 
ces  lots  et  ces  analogies  pourront  être  pleinement  analysées. 

Aà\.  gôrdo,  garda,  verbe  uigordâr,  enghtdo,  engàrda,  substantif  d'ac- 
tion .»  atgèrda. 

Subsi.  gùaa,  verbe  isgolidr,  esgôtto,  esgàlta,  subst.  d'action  a  esgàtta, 
Eubsi.  de  produit,  instrument,  o  esgôuo  (on  écrit  le  plus  souvent  ces 
mots  avec  un  seul  t). 

Subst.  môlho  =  jus,  sauce,  verbe  mçUidr  —  mouiller,  môlho,  itiàtha^ 
subst.  d'action  a  màUia. 

Adj.  revôito,  reviltjy  verbe  rtvoltdr,  rtvolto,  revllta,  subst.  d'action  a 
rerbita. 

Subst.  dàbro,  verbe  dpbrdr,  dèbro,  J^bw,  subst.  d'action  a  dôhra.  Ce 
subst.  désigne  aussi  le  produit. 

Verbe  rogiiT,  règo,  ràga,  subst,  râgo.  pi.  ràgos. 

Subst.  jàgo,  verbe  jitgdr,  jdgo,  jàgfl.. 

Subst  j&tTO  =  doublure,  verbe  f:>rrdr,  fdrro,  firra. 

Adject.  fôrro  —  libre,  affranchi,  verbe  f^râr,  fàrroy  forre,  subst.  a 
dajèrra  =  la  revanche,  de  dtijçndr. 

Verbe  co/ijo/ar^  eonsàto,  eonsàla,  subit,  o  consàlo. 

Adj.  farte,  subst.  fàrça,  verbe  conhriàr,  conf&rio^  confàrta,  subst. 
confôrto. 

Subst.  fôVia,  verbe  afoUiàr,  esfolho,  tsjèlha,  subst.  etfÔHu,  subst. 
aiH  folho  —  un  volant  de  robe. 

SahsX.fôgo,  pi.  fègos,  verbe  nfogâr,  rffàgp,  rçfogj. 

Subst.  fèrro,  verbe  /«rnir,  firro,  firra,  sobst.  d'action  ffrrûy  subst. 
afirro  =  attachement  opiniâtre. 

Adj.  cèrto,  Urta,  verbe  dc0dr,  acirta,  acèrtu,  subst.  acirto  =  réussite, 
bon  sens. 

Subst.  ctvo,  verbe  cfér,  cho,  cèva,  subst.  civa  =  engraissement. 

Verbe  pfgar,  pigo,  pèga,  subst.  ptgj,  subst.  apigo  —  attachement. 

Subst.  r^^o  -=  sillon,  verbe  rfçJr  =  arroser,  rîgo^  riga,  subst.  riga. 

Ad),  sica,  stcca,  verbe  ifccdr,  slceo,  sicea,  subst.  sicca,  la  sécheresse, 
le  manque  d'eau  de  pluies. 

Verbe  esperdr  =  espérer,  attendre,  espiro,  apira,  subst.  «p^ra  = 
attente;  verbe  djsfspirdi  =  désespérer,  desupiro,  destspèra^  subst. 
deitsplro  =  désespoir. 

Verbe  grlar,  gih,  gtla,  subst.  gélo,  rtgfh. 

Subst.  grih,  verbe  grdJr,  grilû,  griïa. 

Il  faut  remarquer  que  ce  sont  seulement  les  substantifs  dérivés  de 
verbes  qui  sont  soumis  à  ces  flexions  internes.  De  l'adj.  azido,  azida  = 


86  R-  CONÇALVSS   VIAKKA 

adde,  acre,  on  forme  le  mhiiimii  aMat  =  oscille,  et  le  verbe  audir^ 
aièdo,  azèda,  dont  on  pourrait  former  un  lubstaniif  d'action,  en  rempla- 
çant -tir  par  -a,  et  qui  serait  azida,  et  non  pas  aiéda.  On  trouve  un 
substantif  dzi.:)  (pour  azidla),  acidité  d'estomac,  qui  répond  au  castillan 
acedU,  \'e  cependant  serait  atone,  s'il  n'avait  pas  disparu  avec  le  d 
(dxfiiia  ;  azcia  ;  azia] . 

Il  y  a  dans  les  langues  romanes  un  autre  procédé  de  dérivation  nomi- 
nale, qui  a  reçu  un  grand  développement  en  portugais,  et  dont  la  vita- 
itté  ne  s'y  est  pas  encore  éteinte.  Ce  procédé  consiste  dans  le  change- 
ment de  lerminaison  de  certains  substantifs,  désignant  le  plus  souvent 
un  objet  matériel. 

En  changeant  la  terminaison,  on  change  aussi  le  genre;  si  le  subs- 
tantif primitif  se  termine  par  .1  et  est  par  conséquent  féminin,  le  dérivé 
deviendra  masculin  par  le  changement  de  cet  a  en  0.  QueLquefoit  c'est 
le  primitif  qui  est  terminé  en  o,  et  le  dérivé  remplace  c«t  o  par  n  et 
devient  féminin.  Ordinairement  le  vocable  formé  par  ce  mode  de  déri- 
vation désigne  un  objet  qui  a  une  grande  ressemblance  ou  quelque  rap- 
port évident  de  signification  avec  celui  qui  est  désigné  par  le  substantif 
primitif.  On  peut  même  dire  qu'il  y  a  un  certain  symbolisme  dans  ce 
procédé  de  dérivation  nominale  :  lorsque  le  primitif  est  féminin,  le 
dérivé  mascuhn  exprime  communément  un  amoindrissement,  une  atté- 
nuation de  forme  ou  de  volume  ;  un  dérivé  féminin  désignera,  au  con- 
traire, l'expansion,  l'élargissement. 

Or  dans  ces  mots,  qui  sont  toujours  des  paroxytons,  la  voyelle  accen- 
tuée peut  être  e  oa  0.  Lorsque  la  voyelle  accentuée  d'un  primitif  mascu- 
lin est  é  ou  6,  ces  voyelles  deviennent  i  ou  à  dans  le  dérivé  féminin. 
Quand  le  substantif  est  féminin,  et  se  termine  par  conséquent  en  a,  les 
voyelles  ^,  è  de  la  pénultième  tonique  se  changent  en  é,  à  dans  le 
dérivé  masculin. 

On  peut  constater  les  particularités  suivantes  : 

a)  Les  pénultièmes  nasales,  ou  qui  se  trouvent  devant  des  consonnes 
nasales,  et  Ve  devant  les  palatales,  ainsi  qtte  les  prépositives  des  diph- 
tongues â,  ou,  ne  changent  pas. 

b)  Les  voyelles  i,  à  de  primitifs  féminins  se  maintiennent,  comme  de 
raison,  dans  ces  dérivés  masculins. 

c)  Lorsque  d'un  nom  masculin  désignant  un  animal  quelconque  00 
forme  le  féminin  par  ce  procédé  de  dérivation,  la  règle  est  ordinairement 
celle  des  adjectifs  en  -éso,  -dros,  -dsas  :  i  devient  à,  l  reste  Inaltérable. 
On  trouve  cependant  bien  des  exceptions  à  cette  dernière  régie  :  à  c6té 
de  pùrco^  pdrcos,  pôrca,  on  a  rôh,  ràlos,  rôla,  tibo,  iôhos,  I6ba.  Il  ne 
serait  pas  difficile  d'expliquer  la  différence  :  lôbo,  par  exempte,  venant 
de  tûpum,  rd  y  est  primitif  et  non  pas  dû  à  l'intluence  de  la  voyelle 
finale. 


I 
I 

I 
I 


^^^^^                                         ÉTUDE   DE   PHONOLOCIS   PORTUGAISE                                87 

1 

^^B            Je  ferai  suivre  ces  observations 

de  quelques  exemples,  choisis  parmi 

^^H        les  nombreux  cas  qui  se  trouvent 

dans  la  langue,  de  celte  espèce  de 

^^H         dérivation,  laquelle,  comme  nous  1 

'avons  dit,  a  encore  assez  de  vitalité 

^^H         pour  proijuire  chaque  jour  de  nouveaux  d'érivés. 

^^^^^                         Substantifs  a  voyelles  invariables. 

^^^^H              Primitifs  masculins. 

Dérivés  féminins. 

^^V       Machado,  cognée  ; 

machada,  hache. 

^^H         ÇofatOy  soulier; 

(apala,  boite  de  paysanne  ;  console 
pour  soutenir  une  poutre, 

^^M        BUoy  bec,  pointe  ; 

bica,  tuyau  de  fontaine. 

^^^        Kio,  fleuve,  rtvi^e; 

ria,  embouchure  d'une  rivière,  bras 
de  mer. 

^^H         La^am,  lézard  ; 

tagartitf  chenille. 

^^M         Rjio,  souris 

rata,  rat. 

^^H         Carneiro,  mouton,  bélier; 

eaneira,  peau  de  mouton  tannée. 

^^H         Baèno,  veau 

btzirra,  génisse. 

^^M         YiUlh,  bouvillon; 

vitèlia,  génisse. 

^^M         Bicho,  ver;  béte;  chat  ; 

bicha,  sangsue;  couleuvre;  chatte. 

^^M                    Primitifs  féminins. 

Dérivés  masculins. 

^^M         Tita,  mamelle; 

têto,  mamelon, 

^H         Cabiça,  téie  ; 

cabiço,  monticule. 

^^M         Bida,  noce 

Mcfo,  repas  donné  aux  pauvres  à 
Toccasion  d'une  solennité. 

^^M        Cèiha,  corbeille  ; 

ctsto,  panier. 

^^H         CoTtiça,  écorce,  liège  ; 

coniço,  ruche  d'abeilles. 

^^B         Câfcd,  écorce,  pelure,  coquille  ; 

casco,  crÂne;  sabot. 

^^M         Cûoàtia,  lampe; 

candeiQ,  phariilon. 

^^1         Vtiny  veine 

veio>  Blon;  raie. 

^^H         Casaca,  frac 

casato^  surtout,  paletot. 

^^B        Caldtira,  chaudière  ; 

Cixidtiro,  chaudron. 

^^^^H                           Substantifs  a  voyelle  variable. 

^^^^^              E^miti^  masculins. 

Dérivés  féminins. 

^^M        éro,  pi.  èvos,  œuf  ; 

dKd,  ceah  de  poissons. 

^^m         Ptço,  puits 

pàça.  mare  d'eau. 

^^B        uch6po  (dialectal),  garçon  ; 

c-achbpa  .dialectal),  fille. 

^^B        siSigro,  beau-père; 

sdgra,  belle-mère. 

^^B         CapfUo,  capuchon  ; 

capitla,  couronne  de  fleurs. 

^^B         SùldOy  solidum,  paie. 

silda,  solidam,  soudure. 

88 


R.  GOKÇALVKS   V1ANN& 


Primitifs  réminins. 
Ràda,  roue, tourj 
Oarèîta.  bord; 
Canciita,  herse  ; 
Maçaràca,  épi  de  mais; 

Carècha,  carabe; 
Canilla,  tibia  ;  bobine  ; 


Dérivés  masculins. 
TÔdo,  râteau  ;  cylindre. 
ourillo,  lisière  d'une  étoffe. 
canccUo,  porte  grillée. 
maçarôco,  pain ,  gâteau  cru  ;  boude 

de  cheveux  laineux. 
carôcho  (adj.),  noir  (familier). 
canillo,  os  long. 


Accentuation. 


L'accemuatlon  des  mou  portugais  à  l'état  de  radicaux  est  ordinaire- 
ment la  m(me  que  celle  de  toutes  les  langues  néo-laiincs,  le  françiis 
moderne  excepté. 

Chaque  mot  a  un  accent  tonique,  qui  frappe  ordinairement  l'avant- 
demière  syllabe,  lorsque  la  dernière  se  termine  par  une  voyelle  orale 
seule  ou  suivie  de  s,  et  retombe  sur  la  dernière  lorsque  celle-ci  est  ter- 
minée par  une  consonne  autre  que  s  \i,  r,  zi,  par  une  diphtongue  ou 
par  une  voyelle  nasale.  Les  mots  qui  dérogent  à  ces  lois  générales  sont 
relativement  peu  nombreux. 

Toutes  les  autres  syllabes  du  mot,  lorsqu'elles  sont  ouvertes  ou  fer- 
mées par  j,  ou  terminées  en  r  avant  l'accent,  ont  leurs  voyelles  réduites, 
si  ces  voyelles  sont  a,  e,  o,  a,  qui  se  prononcent  f,  f  (j),  tf.  L'atténua- 
lion  des  voyelles  est  plus  grande  après  l'accem. 

La  différence  d'acuité  entre  la  voyelle  tonique  d'un  mot  et  ses  voyelles 
atones  est  plus  considérable  en  portugais  qu'elle  n'csien  italien  ou  en  cas- 
lilUn,  beaucoup  plus  qu'en  français,  presque  autant  qu'en  anglais,  ce 
qui  est  dû  sans  doute  à  la  réduction  qu'éprouvent  les  voyelles  atones. 

L'accent  de  l'avam-dcrniôre  syllabe  domine  la  langue  :  pour  arriver 
à  ce  résultat,  les  mots  se  sont  raccourcis  comme  en  français,  et  en  géné- 
ral c'est  lavant-dernière  syllabe  qui  a  été  sacrifiée  dan*  les  vocables 
latins daciyliques,  ex.  combro  de  cumùlum,  linde  de  limïtem;  bien 
souvent  aussi  la  dernière,  ex.  caco  de  calcûlum  (cast.  cacho],  mar- 
gem  ianden  et  encore  aujourd'hui  marge),  de  margïnem. 

Cette  panicubriié  donne  lieu  dans  le  langage  actuel  à  bien  des  dou- 
blets avec  ou  sans  changement  de  signification,  comme  c'est  le  cas  en 
français  ;  pour  les  mots  cités  nous  avons  les  formes  suivantes  ;  cûmuh, 
limite  isous  l'influence  du  français,  car  le  castillan  a  iimiu),  cdktûo.  De 
telles  formes  ne  diffèrent  des  formes  françaises  que  par  la  permanence 
de  l'accentuation  latine,  dont  la  tradition  ne  s'est  jamais  perdue  en  Por- 
tugal et  en  Casulle,  comme  il  arriva  pour  la  France  et  les  pays  de  langue 
d'oc.  En  français  c'est  l'accentuation  de  la  dernière  syllabe  qui  a  pré- 


ÉTUDE    DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE  Hg 

valu,  Cl  les  mots  d'origine  populaire  y  sont  communétneni  plus  courts 
que  dans  les  autres  idiomes  n^o-)3iins.  L'iulien  possède  et  a  toujours 
possédé  un  plus  grand  nombre  de  roots  proparovyions,  accentuation 
pour  Laquelle  on  peut  dire  que  cette  langue,  de  même  que  l'anglais  moderne, 
a  une  prédïlcciion,  comme  des  mots  tels  que  cristUnésimo,  fataàiima^ 
etc.,  avec  un  /  intercalaire,  te  démontrent. 

L'accentuation  du  portugais,  de  même  que  celle  du  castillan  et  de 
la  langue  d'oc,  est  donc  conforme  à  celle  de  la  grande  majorité  des 
idiomes  connus- 

Lorsque  l'aram-dernière  syllabe  est  ouverte  et  que  la  dernière  est 
une  voyelle,  l'accent  recule  ordinairement  sur  l'antépénultième.  Cela  ne 
contrarie  nullement  la  régie  générale,  puisque  ces  voyelles  e  t,  o  u 
deviennent  respectivement  i,  û,  c'est-à-dire  des  semi -voyelle s,  en  quelque 
sone  des  consonnes;  les  mots  agua,  gtoria  peuvent  donc  être  regardés 
comme  des  dissyllabes,  a-^ùa,  gh-rla.  L'ancien  portugais  changeait  cette 
sone  de  mots  en  de  parais  dissyllabes,  car  il  disait  daga^  grôïra  ;  il  ne 
saurait  souffrir  des  proparoxytons,  pas  même  ceux  dont  la  dernière  syl- 
labe serait  simplemcni  une  voyelle.  Cette  mélailièse  est  bien  connue  par 
le  grec  littéral  el  l'ancien  français. 

La  flexion  seule  dans  les  verbes  était  et  est  encore  exceptée. 

Hors  de  la  flexion  verbale,  les  proparoxytons  appartiennent  presque 
tous  â  la  tangue  savante,  quoiqu'un  grand  nombre  d'entre  eux  soient 
depuis  longtemps  passés  dans  la  langue  populaire.  Du  latin  rigïdum  la 
langue  populaire  a  formé  rijo  en  supprimant  la  dernière  syllabe  ;  la 
langue  savante  a  repris  le  mot  latin  sous  U  forme  rigido,  tout  à  fait 
comme  en  français  loide  et  rigiJt;  la  seule  différence  entre  le  portugais 
TÎgiÂo  et  le  français  rtgiJe  est  due  à  ce  que  la  tradition  de  l'acceniuatioR 
latine  s'est  perdue  en  France. 

Aucun  mot  par  lui-même  ne  peut  avoir  trois  syllabes  atones  après  U 
syllabe  accentuée,  pas  même  dans  la  flexion  verbale,  comme  il  arrive  en 
italien.  Les  seuls  exemples  d'une  telle  accentuation  en  portugais  ne  se 
trouvent  que  par  suite  de  l'inclinaison  des  cas  obliques  des  pronoms  per- 
sonnels, lesquels  se  placent  toujours  après  le  verbe  dans  les  propositions 
principales  affirmatives.  Ces  pronoms  sont  :  m{,  U,  se,  Ih^,  nçi,  ypi,  p,  .jj, 
f,  ,}i,  lorsqu'ils  viennent  s'ajouter  à  des  formes  verbales  paroxytoniques 
ou  proparoiyloniques  ;  ex.  coniavam-se-lhey  davamos-t'o,  prononcées 
kôntdvàùsilhi,  dJiamtisiij.  Quatre  syllabes  atones  après  la  tonique  ne 
sauraient  se  trouver  dans  aucune  de  ces  combinaisons  phraséologiques  en 
ponugais.  Elles  sont  possibles  en  castillan  et  en  italien  :  ex.  dJbamos- 
telo,  poniituiornivelo. 

Il  faut  encore  avoir  égard  à  ce  que  les  cas  obliques  des  pronoms  per- 
sonnels 0,  Ike,  me,  etc. ,  sont  tout  à  fait  atones.  Jamais  un  accent  secon- 
daire ne  vient  les  faire  ressonir  dans  la  phrase. 


90  R.  COKÇALVKS  VIAKMA 

Lorsqu'on  veut  ajouter  l'emphase  à  un  de  ces  pronoms  régimes,  on 
emploie  le  prépositionnel,  toujours  accentué  \mim,  H,  si,  elle,  elUs,  cUa, 
tUas,  nés,  vas],  précédé  de  ïa  préposition  a  à  l'accusatif  personnel  et  lu 
daiif,  ou  d'une  préposition  quelconque  quand  on  veut  exprimer  une 
autre  relation.  Les  formes  absolues  des  cas,  nous  le  répétons,  sont  par- 
fpiiement  aïones  ;  tandis  qu'en  oisiillan  ces  cas  des  pronoms  ont  un 
accent  secondaire,  lequel  dans  certains  dialectes  se  change  en  accent 
principal  ',  ou  du  moins  allonge  la  voyelle  qu'il  frappe.  Comparez  entre 
elles  les  phrases  suivantes  castillanes  et  portugaises  :  deiîalé,  declally 
deciaU,  portugais  dîzi,}  Mf  ;  dÂbatelà,  dàhaselà.  dàb^telô,  ponugais  JJc^K'p. 

[|  en  est  de  mime  pour  le  rythme  des  proparoxytons.  Dans  ces 
vocables,  les  deux  dernières  syllabes  sont  tout  h  fait  aïones  ;  en  castillan, 
au  contraire,  la  dernière  syllabe  peut  avoir  un  accent  secondaire  :  cast. 
tûtauià,  port,  tûmiih*. 

En  castillan  on  allonge  souvent  la  dernière  syllabe  atone  d'un  mot, 
lorsqu'on  parle  cmphaiiquemeni,  ce  qui  n'a  lieu  en  portugais  que  bien 
rarement,  par  exemple  dans  les  prt^ôtt  de  fruits,  légumes,  poisson, 
etc.,  qui  se  font  dans  les  rues  et  qui  sont  il  demi  chantés  :  castillan  cdsa 
ou  Msâ,  portugais  casa. 

Les  syllabes  qui  précédent  la  tonique  sont  toujours  aïones,  â  moins 
que  le  mot  ne  soit  d'une  longueur  extrême.  Le  mot  portugais  contribui- 
çào  n'a  qu'un  accent,  sur  la  syllabe  -çAo  qui  le  termine  ;  en  anglais  le 
mot  correspondant  a  deux  accents,  dont  le  dernier  est  le  principal,  cdn- 
tribûtion.  C'est  là  une  particularité  qui  dénonce  immédiatement  un 
Anglais  qui  parle  le  portugais  :  il  dira  toujours  càntrtbaiçâo"*.  Ledé^ut 
contraire  dénoncera  le  Portugais  lorsqu'il  s'exprime  en  anglais.  La 
manière  dont  un  Anglais  prononce  nos  longs  mots  est  en  etïet  assez 
caraaérislique  :  le  vocable  briiKixdtira  =  badinage,  par  exemple,  se 
change  en  deux  mots  consécutifs,  hr!m  =  toile  écrue,  cad^îra  =  chaise. 

Il  n'y  a  en  portugais  que  quatre  cas  de  mots  à  deux  accents  : 

1°  Les  mots  composés  :  trdg/S-mâlho,  pôrta-machddo ,  ^luébra-nôta, 
qaàtToeinun.  Plusieurs  mots  composés  n'ont  cependant  qu'un  accent  : 
qbrAihos,  m^ss^pd/s,  torcicôlh. 

2*  Les  adverbes  formés  d'adjectifs  au  moyen  de  la  terminaison  -mt/ue  : 
ricamittit,  cJndidamfatt,  ticatiainte,  tritteminie,  fetizmiau,  ghriàtuninU*. 


I.  V.  Crjmâiuii  Jt  là  Itngaa  câtttUàna  f^r  iâ  Atademia  EspaMa.  Madrid, 
p.  500-joi. 

1,  ItiJ.,  p-  }0I. 

j.  Lorsque,  pir  la  longueur  du  mot  ou  la  difficulté  de  prononcer  pluslcors 
voyelln  »toat$  àt  suite,  on  pUc«  l'accent  secondaire  sur  quelque  i]rlI.iSc  préto- 
ni^ue.  le  plus  souvent  sa  place  est  difl^èrente  de  l'anglais  ;  ex.  portugais  «uuli- 
(«/(di),  ingUis  cénititiition,  prçJiipei'çâi^  —  pridispoiition,  etc. 

4.  Les  grafflinatriens  espagnols  regardent  l'xceflt  de  l'adjeciif  coinnie  le 


ÊTUOG   DE   PHONOLOGIE   PORTUGAISE  9t 

N.  B.  La  lerminaison  -mente  est  un  mot  indépendant  dans  la  locution 
adverbiale  Je  boa  minic  =  volontiers,  gern. 

t*  Les  diminulifs  et  les  augmentatifs  formés  au  moyen  de  l'inlixe  x 
placé  entre  le  radical  et  la  terminaison  diminutive  ou  auj^mcntative  : 
prigùiinho,  midhénînha,  hémemzarrao".  Ceux  qui  n'intercalent  pas  le  r 
n'ont,  au  contraire,  qu'un  seul  accent  qui  frappe  le  suffixe,  et  les  syl- 
labes prôtoniques  suivent  la  règle  d'atténuation  des  mots  primitifc,  c'est- 
à-dire  leurs  voyelles  deviennent  réduites;  ex.  pr^guinho,  mulhjrinha, 
tnaihpôna,  pçrtào,  rfgriaha. 

Cet  accent  secondaire  frappe  toujours,  comme  nous  venons  de  voir,  la 
syllabe  du  radical  qui  était  afTeciée  de  l'accent  plein  à  l'état  de  primitif, 
et  la  voyelle  de  cette  syllabe  garde  le  son  qu'elle  avait  au  primitif.  Cette 
règle  des  deux  accents  est  tout  à  fait  opposée  à  l'acceniuation  des 
langues  germaniques,  puisque  dans  celles-ci  l'accent  principal  se  main- 
tient ordinairement  sur  le  mot  radical,  exception  faite  de  quelques  suf- 
fixes romans  en  anglais. 

Nous  avons  déjà  vu  que,  dans  le  nord,  les  diminutifs  ont  toujours 
deux  accents  :  on  dit  ràsinha,  bbmnha,  qui  seraient  ridicules  dans  le 
dialecte  commun,  oi)  il  faut  prononcer  Tt\i\nhix,  btiiinha,  en  suivant  la 
régie  des  syllabes  atones.  On  dira  cependant  ràsdzinka,  bûttaitnha,  à 
cause  de  l'infixé  t. 

Aucun  mot  1  deux  accents  ne  saurait  avoir  l'accent  principal  le  pre- 
mier; celui-ci  est  toujours  le  dernier.  Ainsi,  si  l'on  veut  faire  ressortir  la 
première  syllabe  des  verbes  sarprehender  et  appiàieader,  ce  qui  n'a  lieu 
que  par  emphase,  on  prononcera  iùrpriêU/r  î  àprildfr,  non  pas  sârprii- 
dir  i  dpritdér,  et  l'tt  initial  gardera  le  son  j. 

Le  quatrième  cas  de  double  accentuation  se  trouve  dans  les  biluis  et  les 
conditionnels  avec  des  pronoms  régimes  infixés,  c'est-à-dire  placés  entre 
l'infinitif  et  le  présent  ou  l'imparfait  du  verbe  iiavtr,  formation  bien  con- 
nue dans  les  langues  romanes. 

L'accent  secondaire  frappe  la  terminaison  de  l'infinitif;  ex.  contd-lo- 
kio",  au  lieu  de  contarâo-o  =  ils  le  raconteront,  recommendd-lo-ïa  (pr. 
r^iimiddlil^)  au  lieu  de  recommendaria-c  =  je  le  recommanderais. 

Exception  faite  de  la  loi  qui  détermine  que  l'accent  radical  dans  les 
vtrhci  ne  peut  dépasser  ta  dernière  syllabe  de  ce  radical,  la  flexion  res- 
pecte en  général  la  quantité  de  la  pénultième  latine  :  c'est-à-dire  que  les 
suffixes  flexîfs  restent  atones  lorsqu'ils  sont  brefs  en  latin,  et  reçoivent 


principal  danï  les  adverbes  en  -minu.  Selon  leur  théorie.  l'adverbe  pùtUta- 
latittt  se  prononce  fùhhceménti.  Mon  omlle  cependant  me  ail  que  c'est  li  tout 
simplement  uae  théorie  :  l'accentuation  réelle  est  en  espagnol,  comme  en  portu- 
gais, pûbliijméfile . 


92  R.  CONÇAI.VES  VUKNA 

l'accent  lorsqu'ils  y  sont  longs.  Il  n'y  a  que  deux  exceptions,  \'\mt 
générale,  l'aulre  populaire,  résultant  de  l'analof^ie. 

A  h  première  et  à  la  seconde  personne  du  pluriel  de  riroparfait, 
l'accent,  au  lieu  d'afTecter  le  suffixe  personnel,  se  conserve,  comme  en 
castillan,  sur  le  radical,  malgré  la  longueur  de  la  pénultième  latine.  Ex.  : 
amdvj,  amdvamot,  amuis 

amâbam,  amabâmus,  amabstis 

dma,  deviamot,  àevitis 

debsbam,  debebâmus,  debebsiis 

Par  analogie,  comme  nous  venons  de  dire,  le  peuple  reporte,  en  géné- 
ral, l'accent  sur  le  radical  au  présent  du  subjonctif  également,  i  la  pre- 
mière et  à  la  seconde  personne  du  pluriel  dans  les  conjugaisons  en  -er  ei 
en  -ir.  Ex.  : 

diva,         dlvamos,     au  lieu  de    dtvÀmos 

fùja,  fi'ijamos,  —  fujAmos. 

Ce  serait  là  une  faute  grave  dans  k  langage  cultivé,  inadmissible 
même  dans  la  conversation;  elle  est  cependant  assez  commune,  aussi 
bien  en  Espagne  que  dans  le  Portugal,  et  n'est  à  vrai  dire  qu'une 
extension  de  l'analogie  qui  a  irrémissible  ment  déplacé  l'accent  A  l'impar- 
fait de  l'indicatif  dans  les  deux  langues  de  la  péninsule,  déplacement 
qui  s'étend  aux  verbes  irréguliers,  comme  éramos,  vinhamos,  lamos^  1^4- 
moi,  trtis,  vïnhtis,  '\eis,  viei$,  etc. 

Ce  vulgarisme  est  devenu  la  règle  dans  le  dialecte  mirandais  (voy. 
l'intéressant  opuscule  récemment  publié  par  M.  Leite  de  Vasconcellos,  0 
Dialtctû  Mirandez,  Porto,  1881,  p-  ii-ij,  cl  n.  l;^.  Aux  obser%'ation$ 
qui  terminent  la  monographie  du  jeune  et  habile  folkloriste,  j'ajouterai 
qu'un  autre  dialecte,  que  j'appellerai  le  "bragançais  >  [brafijneiii  cons- 
titue la  transition  entre  le  dialecte  général  du  nord  du  pays  et  le 
mirandais.  l'y  ai  fait  allusion  plusieurs  fois  dans  cet  essai,  et  avant 
peu  je  m'en  occuperai  avec  toute  l'étendue  que  mérite  cefiilUr  especial, 
dont  la  phonétique  si  caractéristique  s'écarte  beaucoup  de  celle  de  la 
langue  générale. 

Les  mots  dont  la  pénultième  syllabe  est  fermée  ou  naturellement 
longue  (fermée  par  une  diphtongue  ou  une  voyelle  nasale)  ne  sauraient 
être  des  proparoxyions.  Des  vocables  tels  que  le  grec  IJnéral  iJiiXjSîoç, 
^>.2:v3,  n:«£j^ï,ou  l'italien  O'iranto  irarei,  l'anglais fUrj^^r,  scavtnger, 
l'allemand  dntiehmen,  àfbiittn  ou  le  russe  ùU{ai  /polonais  ullia)  seraient 
impossibles  en  portugais.  Les  seuls  cas  de  pénultième  atone  longue, 
précédée  de  la  tonique,  se  trouvent  dans  les  verbes  suivis  des  pronoms 
régimes,  par  ex.  dàvAm-i'o,  comprûvamos't'o,  fizer<tm-n-o  ou  fiieram-o, 
que  l'on  peut  comparer  à  l'exception  déjà  citée  de  mots  bisdruccioli,  dont 
le  second  de  ces  vocables  est  aussi  un  exemple. 


ÉTUDE    DE   PH0N0I.OCIE   POUTUCaISB  9) 

On  trouve  asses  rarement  des  mou  dérivés  ayant  trois  accents,  tels 
que  misericorJiosissimam/nlt  (miifrikurd'tnilîim^mf't^)  :  ce  dernier  en 
est  toujours  le  principal. 

Dam  une  combinaison  phraséologique  de  deux  ou  plusieurs  mots, 
c'est  ordinairement  le  dernier  qui  porte  l'accent  principal;  ck.  diste  nâvo 
fmo  ({ue  te  dôu,  apprenderâs  o  saffkuate  para  tnttndérti  a  ^ufifdp"  de  qtu 
u  trdiia. 

On  voit  par  cet  exempte  qu'il  peut  y  avoir  en  portugais  une  suite 
dy  atones,  et  que  l'usage  français  de  supprimer  tes  uns  et  d'accentuer 
les  autres .  ordinairement  les  impairs,  n'est  pas  observé.  Les  phrases 
suivantes  ont  en  français  et  en  portugais  un  autre  mouvement,  une 
accentuation  différente  :  dé  <f  ^lU  jç  lé  dis  —  dif  ifuf  u  digo,  df  tf  tf 
HC^ir.  Dans  cette  dernière,  on  dira  tout  au  plus  Jf  ij  t('  ff<btr.  La 
})iriode  que  nous  avons  citée  plus  haut  se  prononcera  :  «i^iff  aàvi{  livrij 
kf  i{  dô  ',  jptfdtjH  ij  j/i/i-JÎr  '  'tç  pjr^  îtidê  'r^xq  kisiâù  "  dt  kf  s  Iràî^ . 

Vf  des  cas  obliques  des  pronoms  personnels  et  du  réflexil  «  est  sou- 
vent tout  à  feit  supprimé,  surtout  devant  la  voyelle  ou  la  consonne  du 
même  genre  que  celle  du  pronom  sourde  ou  sonore)  qui  est  l'initiale  du 
verbe  auquel  ces  pronoms  appartiennent  logiquement  ;  on  vient  de  voir 
un  eiemple  dans  «  de  que  it  tracia  «. 

L'accentuation  des  mots  primitifs  se  règle  sur  la  quantité  de  la  pénul- 
tième du  mot  latin  correspondant,  et  il  faut  la  voir  dans  les  dictionnaires'. 
Ordinairement  on  ne  marque  l'accent  que  sur  les  vocables  qui  pourraient 
se  confondre  avec  d'autres  vocables  dont  l'orthographe  est  identique, 
mais  dont  la  prononciation  est  ditTérente.  On  marque  encore  l'accent  sur 
tout  moi  bnÉssani  par  i,  f,  ^,  o,  d  u.dans  une  syllabe  ouverte  ou  fermée 
par  t,  lors  même  que  de  tels  mots  sont  des  monosyllabes,  par  ex,  c'uà, 
pé,  si,  ti,  ta,  avô^  av&t  cajû.  L'i  et  l'u  accentués,  quelle  que  soJI  la  pbce 


I.  Oa  peut  aussi  consulter  sur  cette  matiîre,  comme  sur  bien  tt'suires  sujets 
te  rapportant  i  U  langue  portugaise  uiuelle,  et  avec  uae  grande  utilité,  la 
Noardit  MitlioJt  poar  apprtndrt  /j  langm  pertugûiie,  eùtnpctii  i'aprls  Ut  prin- 
ciptsdt  F.  Akn,  par  F.  de  LencastK.  Leipzig,  di«  F.  A.  Brocihaus,  iSSj, 
^livraisons. 

M.  dcLencastre  a  fait  preuve  d'uncgrandesagacitiet  d'unesprit  sén«ox  dans 
U  rédaction  de  son  petit  traité;  pour  la  mise  en  œuvre,  il  t'est  surtout  réglé 
sur  la  Cfimmâùt  complllt  dt  U  Ishpiu  ûagUiu,  par  Charles  Crarser,  Leipzig, 
Brockbaus,  1878.  Conme  dans  celle-ci,  la  prononciation  des  fflou  eU  presque 
partoil  indiquée  aa  mojen  de  signes  purement  conwentionDCls.  g^ncralcmetit 
d'une  graode  clarté,  le  souhaite  et  |  espère,  cependant,  qoe  dans  une  auUe 
édition  de  son  excellente  Mtth  dt^  l'auieiir  adopte  une  notation  plus  conforme 
Ml  principes  de  la  transcription  scienlificjue  :  son  ouvrage  n'en  acquerra  qu'une 
plus  granae  utilité;  plusieurs  observations  impoitanies,  tn  etiet,  courent  le 
risque  de  n'être  pas  assez  bieo  comprises,  ï  cause  de  la  noialioa  contradiclotre 
dont  M,  Grafser  lui  3  donné  l'exemple. 


94  ■*•  CONÇALVES  VIANNA 

qu'ils  occupem  dans  le  mot,  sont  rarement  marqués  de  l'accent,  lequel, 
selon  l'usage  le  plus  gérerai,  eii  en  tous  cas  l'aigu  '.  parce  qu'il  n'y  a 
qu'une  seule  espèce  d'i  et  d'u.  L'i  surtout  n'est  presque  jamais  accentué. 

Les  mots  terminés  en  i,  qui  sont  toujours  des  oxjnons,  ne  sont  pas 
marqués  de  l'accent,  quelle  que  soii  la  voycEle  qui  précède  le  z.  Ex. 
rapaz,  marquez,  nartz,  anoz,  aUaçui,  prononcés  ri^jpdi,  markii,  n^rii, 
çrràst  Àlcaçùi.  Le  plus  souvent  e  et  o  devant  ce  z  ont  le  son  fermé  l,  ô. 

Les  mots  terminés  en  et,  ol  sont  presque  tous  des  oxytons,  et  les 
voyelles  e,  o  sont  ouvenes  (i,  6)  dans  ces  vocables. 

Les  mots  en  dr  ont  toujours  l'accent  sur  cène  syllabe  qui  se  prononce 
avec  0  fermé  (laiin  -ôrcm),  à  l'exception  peut-être  unique  des  mois 
car  {latin  cor  —  cordis)  employé  dans  la  phrase  di  car  =^  par  cœur, 
mor  (contraction  de  maièr],  ma'tôr  el  piàr. 

Il  n'y  a  que  de  très  rares  mots  latins  en  -or,  employés  en  portugais 
sans  accommodation,  qui  gardent  l'accent  sur  la  pénultième  ;  ils  ont  par 
conséquent  l'o  de  la  dernière  syllabe  ouvert  ;  et.  sàrir  (écrit  »ror), 
sœur,  rcli^euse. 

Les  mots  en  ol  ont,  à  peu  d'exceptions  près,  toujours  l'accent  sur  la 
dernière  syllabe,  et  l'o  y  est  toujours  ouvert,  par  ex.  ^rr/M/,  c^r^càt, 
l'ancien /rô/ (du  latin  florem,  par  le  changement  de  la  liquide  /  en  r  et 
par  dissimilation  du  r  final  en  /,  non  pas,  comme  les  éiymologisies  por- 
tugais le  prétendaient,  par  métathèse  ')  ;  la  forme  fiôf  a  prévalu  ;  elle 
doit  être,  cependant,  d'origine  savante  :  l'ancienne  forme  est/r3/. 

Les  pluriels  des  mots  en  -ol,  al,  u/  sont  formés  au  moyen  des  diph- 
tongues oa.  aes,  aes  Ipr.  èîi,  â'is,  u'\i\  par  la  chute  de  /  médial,  et  c'est 
pour  cela  que  l'd  a  le  son  ouvea,  et  qu'on  en  écrit  la  subjonctive  par  e 
au  lieu  de  f .  Ainsi  nous  avons  roes  de  ràl,  le  nom  de  famille  Frets,  plu- 
riel de  l'ancien  /roi  =  fiùr,  qui  a  donné  lui-mime  le  nom  de  famille 
Flirts. 

Les  adjectifs  terminés  en  vd  sont  cependant  des  paroxytons,  et  l'e, 
également  ouvert  au  singulier,  devient  cU  au  pluriel  («i  =  tts  =  eUs). 
Ex.  ^màvil.  trmlvA,  au  pluriel  amàvtU,  trmhtîs.  Lorsque  la  terminaison 
el  est,  au  contraire,  accentuée,  la  diphtongue  ei  du  pluriel  est  ouvene. 
Ex.  painU,  dccèl,  au  pluriel  paîniis,  dçeiis. 

Presque  tous  les  adjectifs  et  tous  les  substantifs  en  j7  sont  des  oxy- 
tons ;  ex.  iuhiil  [sqùï],  fijnil,  au  pluriel  subtis,  funls.  Les  adjectifs  faal, 
utH,  tiif/icil,  inconsuùl  et  quelques  auues encore  sont  des  paroxytons;  au 
pluriel  -U  Se  change  donc  en  t'ti  (tU  =  iUi),fncm,  uttis,  di^ctis,  incon- 
iujWï,  prononcés /(Jf(iï,  ûti'ii,  dffiçiU,  ïkôtâttU  ;  le  peuple  prononce 


1.  La  preuve,  c'est  que  le  mol  (roi  se  iroavc  en  pro&e  dans  les  anciens 
écrivains,  et  dans  le  ven  hors  de  U  rime. 


tlTUDE  DE  PHONOLOOIE  PORTUGAISE  Q{ 

fdcM,  ùUl^  defisH  pv  une  fausse  analogie  avec  les  adjectib  en  -avel, 
-irit.  Les  pluriels  de  ces  adjectif  deviennent  alors  fâciis,  ûtèis,  d{f- 
fieiis. 

le*  substantifs  en  -/r,  Ik  peu  d'exceptions  près  et  encore  celles-ci 
d'origine  savante,  ont  l'accent  sur  la  dernière  syllabe  ;  ex.  mullUr  (le 
luia  vulgaire  disait  muliêrem).  Le  mot  charàcter  {sot  au  pluriel  charac- 
tta.  On  ne  marque  pas  ordinairement  l'acccm,  pas  même  lorsqu'il 
frippe  ravanl-demiôre  syllabe  de  ces  mots. 

Les  mots  en  -Jr  (des  infinitiis  de  verbes  de  la  2'  conjugaison)  ont  tou- 
ioun  l'accent  sur  cette  syllabe,  lors  mftme  qu'ils  sont  dérivés  de  verbes 
en  -ère  latins  ;  ex.  fjzir,  d'utr,  coxir.  En  effet,  la  conjugaison  en  -ère 
n'a  laissé  aucun  vestige  dans  le  portugais  ou  le  castillan  \  à  peine  si  l'on 
peut  supposer  qu'à  l'ori^pne  le  verbe  potr  \ponér,  actuellement  par)  ait  eu 
l'accent  sur  la  syllabe  poy  puisque  la  contraction  àç  o  -\-  Ir  tonique  en  A 
D'à  peut-^re  pas  d'exemple  dans  la  langue.  Les  verbes  de  la  ;*  conju- 
gaison latine  se  sont  r(ïpartis  entre  la  conjugaison  en  -ir  [cTe\  et  celle 
en  -ir,  bien  souvent  d'une  manière  différente  dans  tes  deux  langues  ; 
ex.  cadére,  port,  cilr,  casùll.  caer;  dicere,  port,  dizer,  castill.  deeir^ 
00  dans  deux  périodes  de  la  même  langue.  Plusieurs  de  ces  verbes  stij- 
vseot  andennement  une  conjugaison  différente  et  qui  s'accorde  souvent 
avec  celle  choisie  par  le  castillan'.  Il  semble  que  le  verbe  catr  est 
encore  aujourd'hui  cuir  k  Goa  ;  du  moins  je  l'ai  entendu  prononcer 
uni  i  des  gens  de  Goa,  dont  le  portugais  a  depuis  longtemps  rem- 
placé leur  tangue  naturelle,  le  concani. 

Je  terminerai  cet  essai  en  faisant  remarquer  que  la  prononciation  clas- 
tt)ue  du  latin  dans  nos  écoles  cnirc  pour  beaucoup  dans  la  valeur  que 
l'on  donne  aux  voyelles  dans  les  mots  que  l'on  emprunte  chaque  '^our  A 
Cette  langue.  Le  latin  est  prononcé  chez  nous  à  peu  près  comme  le  por- 
tagû  ;  nous  pouvons  cependant  signaler  les  exceptions  suivantes. 


i.  V,  Milfl.  y  Fûntanab,  Los  Troradwtt  tu  EspaSa,  p.  ^i6;  Hici,  op.  tit. 
pus. ,  et  surtout  F.  Adolpho  Coelho,  Titoria  Ja  Conjitgasio  tm  Lttim  t  Pottu- 
fui,  Lisboa,  1871,  p.  C^-(>(>.  Le  choix  arbitraire  de  fane  det  deux  con|ugii- 
lOBS  latines  -Cre  ou  -Ire  pour  les  verbes  dérivés  des  verbes  latins  en  -ère  me 
leaiMe  tire  parfiilement  eipliijué,  du  moin^  en  espagnol  cl  en  poiiugait,  par  !« 
perte  absotoe  de  ctxxt  coniu^aison.  Il  est  i  dêtirer  que  le  sav,int  roinnnisie  por- 
tigats  fasse  «ne  seconde  Milion  de  son  remarquable  ouvragF,  et  qu'il  y  étudie 
h  ^oestion  int^msinie  du  râle  des  voyelles  dans  ta  conjugaiîon  portugaise. 
Cette  qucstiua  otfrc  des  prubitmes  intéressants  et  asseï  difficiles  j  rèsouilre.  En 
Toici  un.  Tous  les  verbes  réguliers  ont  le  futur  du  subjonctif  égal  â  l'infinitit, 
d  l'imparfait  de  oc  mode  est  en  apparence  formé  en  iempla;2Qt  te  i  de 
rinBtitif  par  fM.  Exemptes  : 

jmJr,  futur  sub.  a/ntîr,  prêt.  subj.  ataisst 
tdh,  (tii/r,  eeéitsc 

partir,  partir,  pariiut. 

Mail  presque  tous  les  verbes  dits  îrrégaliers,  y  comprti  U  grande  majorité 


96  R.  GONÇALVE&  VIANNK 

Les  voyelles  e,  0  ont  toujours  le  son  ouvert  lorsqu'elles  sont  ioniques 


df 


S 


X 


Infinitif. 

Parfait  sing. 

Parfait  pi. 

ifvtr 

itfri 

dptm^t 

[jr 

r 

eûzimof 
piimos 

ttttitr 

Iraau 

trouiimos 

diiir 

JiSic 

dtiùrnof 

navir 

piidc 

nouvimos 

hôavt 

Cablr 

(iutt 

loubimot 

Pôr 

pa: 

puiimot 

Ur 

(ive 

tiv'emos 

IV 

vint 

nimot 

tf 

fui 

fâmai 

Ut 

>■ 

finies 

tir 

w 

vittlQl 

f!ar 

Jei 

dtmos 

verbes  monoîyllabcï,  se  comportent  bien  auUttncnt.  Dans  ces  verbes, 
quelle  que  soit  d 'pilleur}  leur  cbn|ug3i»n,  le  futur  du  sub{Qictii  nt  presque 
toujours  différent  de  l'inliliilil,  et  il  est  lomf,  quelques  verbes,  surtout  mono- 
syllabes, excepta,  par  le  tutfixe  -ir  avec  un  c  ouvert;  et  le  priièritdu  subjofic- 
lil  est  iùTmi  par  le  iuffixt  -sst  ptictàt  de  la  même  voyelle  cu'a  le  tulor 
de  ce  mode,  c'est-à-dire  [c  plus  souvent  i.  En  outre  \'t  de  la  termmaisor  de  la 
1"  pcrKinne  pi.  du  prétfrit  de  l'indicatif  en  ouvert,  tandis  que  dans  la  seconde 
conjoaaison  rcgulicre  >1  est  fermé.  Pour  le  lutur  et  le  prétérit  du  subjonctif,  la 
vovclle  radicale  est  générakmenl  la  mime  que  ccHc  de  la  i'*  personne  du  sia* 
gcilierdu  prétérit  de  Tindicatif.  Exemples  : 

Seconde  conjugaison  régulière. 

"    '  '    '         Prêter,  sobj.    Futur  subj. 
de^iif  dpli 

q\ùzitu  amzit 

fi:lssc  fizir 

tiotutiu  tiMtir 

àhiiiif  àitiit 

ouviiii  Koat^ 

coubtssc  foahif 

paiiise  patir 

tniiU  tirtr 

viiiSi  viir 

faut  tir 

fâtti  f6r 

iUil  iÏT 

Comme  on  voit,  ces  verbes  appartiennent  généralement  i  la  conjugaison  en 
■iTtX  ils  ont  tous  la  I"  p.  pi.  du  narf,  ind.  en  -imfli,  le  prétérit  subj.  es  -iut 
et  le  futur  de  ce  mode  en  -h,  tandis  que  les  verbes  de  la  j*  conj.  régulière 
ont  un  l  fermé  dans  toutes  ces  formes.  Quelle  est  donc  la  cause  de  ce  cHange- 
meni?  Il  eïit  évident  que  l'origroe  de  ce  sullîxe  -tiîi  eiigeratt  un  t  fermé,  et 
Cependant  dans  le  verbe  w'r,  o{i  nous  le  trouvons  indéprndani,  Wji;;,  H  a  un  < 
ouvert.  Dans  I»  confugai&onis  régulières  le  suffixe  se  trouve  réduit  i  -i».  ei  la 
voyelle  qui  le  précède  est  toujours  celle  de  l'infinitif  du  verbe,  iimn-iu,  àitt-at, 
fuet-iic  :  dans  les  verbes  irréguiiers  que  nous  venons  d'examiner,  cependant,  le 
suffixe  paraît  Hk  -tut,  i  l'cxceplion  des  foimts  JâiSt  et  nsu,  ob  U  vovclle  est 
disparue.  On  peut  en  dire  auunl  des  suffixes  •imot  et  -if  du  prêt.  ino.  et  du 
lutuT  subj. 

Dans  un  petit  traité  de  la  lanfpic  portugaise  iCùmptnJio  Je  Littiratarà  Satio- 
nal  —  i  —  i4  Imgua  pcrta^iuia],  publié  Tannée  dernière  i  Porto,  et  qui  est 
d'ailleurs  un  livre  bien  lait,  l'auteur,  M.  F.  Adolpho  Coelho,  consacre  une 
petite  note,  i  peine,  aux  voyelles  portugaises  dans  des  mots  identiques  en 
ce  qui  concerne  l'orthographe,  mais  dont  la  voyelt'^  tonique  a  diRéretites  valeurs. 
Ce  sujet  méritait  sans  doute,  de  la  pari  du  savant  rumaniste,  quelque  chose 
de  plus  détaillé,  et  surtout  de  plus  précis.  11  est  vraiment  dommage  que  l'éminent 
professeur  n'ait  pas  cru  nécessaire  de  donner  i  U  phcinétique  une  place  plus 
importante  dans  son  récent  ouvrage,  si  remarquable  sur  plusieurs  points,  et  qui 
sera  lon^lenips  consulté  avec  un  avantage  réel. 

Décidemenl,  il  y  a  fncore  beaucoup  i  étudier  en  ce  qui  regarde  les  voyelles 
des  langues  néo  latines,  et  le  portugais  est  certainement  l'un  des  dialectes  les 
plus  inslructifssous  ce  rapport,  comme  sous  bien  d'autres  Cet  essai  n'a  d'autre 
Dut  que  d'éveiller  la  curiosité  des  romanistes  et  d'appeler  leur  attention  sur 
l'intéressante  phonologie  de  cet  idiome,  encore  si  incomplètement  étudiée  jus- 

3uM  ce  jour,  malgré  les  pfécieun  travauï  de  Di«,  de  F.  Adolpho  Coelho  et 
'autres  romanistes. 


ÉTUDE  DB  PHONOLOGIE  PORTUGAISE  97 

et  qu'elles  ne  uni  pas  suivies  d'une  nasale  fermant  l^i  syllabe  ou  suivie 
eOe-mtoe  de  a,  o,  u.  C'est  à  cause  de  cène  prononciation  convention- 
DeUe  du  latin  que  des  mots  icis  que  ttU.  forma  ont  la  voyelle  tonique 
ouverte  en  porlugiis,  tandis  que  dans  les  mots  populaires  /f /a,  forma 
jtBMtle].  I'<  et  l'o  sont  fermés  comme  dans  l'italien  i^a,  forma.  C'est 
aitsti  cène  prononciation  conventionnelle  qui,  vraisemblablement,  a  fait 
donner  la  priltrence  au  son  ouvert  de  ces  voyelles  dans  les  proparoxy- 
tons, tels  que  ripiica,  hittèrtco,  etc.  £  et  o  ont  de  même  le  son  ouvert  à 
U  6n  des  mms,  et  l'on  prononce  donc  en  latin  parce,  fera.  Ce  dernier 
B»t  se  trouve  représenté  en  portugais  par  deux  vocables,  fôm  ex/ôro 
og  (orum. 

Cette  prononciation  ouverte  de  \'e  et  de  t'o  final  n'est  employée  en 
ponugaîs  que  dans  les  mots  qui  n'ont  pas  subi  d'accommodaiîon  onhogra- 
pkique,  par  exemple /raiieà-/tfu«(jno,  anglè-lutû,  mintmf,  rèirô. 

Les  voyelles  ;  ei  o  ont  encore  le  son  ouvert  devant  l'accent  dans  les 
syllabes  fermées  par  quelque  consonne  que  ce  soit,  excepté  j,  et  ces 
consonnes  sont  loueurs  prononcées;  ainsi  on  dit  en  latin  actôrera, 

feclîdnem.  séptem.  nôctûrnucn.  quoiqu'on  prononce  en  portu- 
it6%  if/tâà,  tti{,  Offtûrav  (aussi  nàlùrap)- 

Les  î  M  les  u  ne  sont  jamais  réduits,  lors  même  qu'ils  appartiennent 
1  des  déunences  ;  entre  le  moi  latin  se  r  vu  s  et  le  mot  portugais  slrvçi, 
hdiffe'ence  consiste  en  ce  que  l'u  de  servus  est  plénisonani.  L'accu- 
suif  pluriel  latin  se  prononce  térv&î. 

Li  voyelle  a  suh  les  analogies  du  portugais. 

La  consonne  t  se  prononce  i  à  la  6n  des  mots  :  le  mot  fiât  se  pro- 
nonce donc /i^«i.  Devant  i  et  une  autre  voyelle,  il  se  prononce  c  comme 
en  français;  on  le  change  toutefois  en  c  lorsque  le  mot  btin  est  employé 
en  portugau. 

On  ne  fait  aucune  différence  entre  une  consonne  double  et  une  con- 
sonne «mple  ;  les  seules  exceptions  sont  r  ci  rr,  s  et  m,  car  le  rr  esl 
vibrant,  et  le  i  médial  devient  sonore  comme  en  français. 

J'indiquerai  la  prononciation  que  l'on  donne  à  quelques  combinaisons 
de  lettres  en  latin  ;  ae  —  t;  oe—  e;  aï  —  àî;  ei  —  dî;  uT  —  ni,-  au 
~  âù  ;  tu  —  Ai  ;  eu  —  iù;  y  —  î  ;  aro  —  âù  ;  em  —  /û;  eum  — 
tê;\m  —  T;  um  —  C;  an  —  in;  en  —  in;  in  —  in  ;  on  —  an  ; 

UD  —  Ut. 

Les  consonnes  se  prononcent  généralement  comme  en  portugais  ;  x 
cependant  a  la  valeur  de  ks  après  l'accent,  et  celle  de  iz  devant  la  syllabe 
locemuée  ;  â  U  fin  des  mots  il  sonne  ki,  qui  devient  itfz  devant  la  voyelle 
initiale  du  mot  suivant.  Qa  ga  se  prononcent  kâ,  gà  devant  toutes  les 
voyelles,  excepté  u;  devant  celte  dernière  la  subjonctive  u  est  nulle. 
La  consonne  i  snMe  d'un  repos  ou  d'une  consonne  sourde  a  la  valeur 
xu  7 


çS  R.  CONÇALVES  VUNHA 

de  ï;  devant  une  consonne  sonore  elle  devient  c,  ei  devani  une  vojrclle 
I,  mime  d'un  mot  à  l'autre  :  elle  suit  donc  entièrement  l'analogie  de  la 
prononciation  ponugaisc.  On  ne  fait  aucune  distinction  entre  les  Iongu« 
et  les  brèves,  si  ce  n'est  dans  la  pn^nultiCmc  syllabe  des  polysyllabes 
pour  déterminer  la  place  de  l'accent. 

La  prononciation  du  grec  dans  l&s  écoles  se  règle  sur  celle  du  latin, 
avec  tes  exceptions  suivantes  :  y.  ei  ^  devant  des  voyelles  palatales  se 
prononcent  comme  cju  et  gfi  avec  un  u  muet  en  portugais,  c'est-à-dire 
comme  ch  el  gh  en  italien  •,'^=zs;-/—k;fi—t;  >f  =  f;  z  toujours 
comme  f  ;  t  devant  une  voyelle  —  s  ;  devant  une  consonne  ou  un  repos 
s=  j,  i;  ç  suit  l'analogie  de  s  ponugats  final  ;  p  =  r;  p,  ^p  =  rr  ;  e, 
X  =  ^  ;  s,  u  =  d  ;  i>  =r  u  français  ou  u  portugais  ;  comme  subjonalve 
de  diphtongue  =  4 ;  c-j  —  6a;  et,  t,i  =  âï ;  ot,  ut  -^  ôî  devant  une 
voyelle.  =  ôî  devant  une  consonne  ;  ii  et  v  [^  n'indiquent  ta  nasalisation 
de  la  voyelle  qui  les  précède  que  lorsqu'ils  sont  suivis  d'une  consonne  ; 
a,  t  suivent  l'analogie  de  l'd  el  de  Vi  ponugais  ;  les  esprits  n'ont  aucune 
valeur.  L'accentuaUo»  se  régie  sur  la  quantité  de  la  pénultième  ;  on  ne 
tientaucun  compte  des  accents.— Il  (aut  cependant  remarqucrquc  cette  pro- 
nonciation du  grec  littéral  subit  des  altérations  selon  l'opinion  de  chacun, 
et  l'on  peut  même  constater  une  réaction  salutaire  contre  toutes  ces 
absurdités;  celle  du  latin  est  peut-être  irrémissibiemem  ti}iée,  ta  con- 
naissance de  cette  langue  étant  incomparablement  plus  générale  que 
celle  du  grec.  La  prononciation  des  noms  propres  grecs  employés  en 
portugais,  ainsi  que  celle  des  motsscientifiquc&empruntésàcetle langue, 
se  conforme  i  l'analogie  des  noms  latins  selon  la  prononciation  conven- 
tionnelle des  écoles,  qui  résulte  de  la  transcription  latine  des  mots  grecs. 
On  peut  toutefois  signaler  l'accentuation  de  certains  mots  en  -ia  comme 
étanttdue  à  une  manière  difTérenie  de  lire  te  grec  ;  on  prononce  par 
exemple  philosophie  (siXû7Sf(a)  et  non  pas  phihsépkh  ;  on  dit  acaiemia 
fdxa2i}pL[a)  et  non  pas  acadimia  comme  le  font  les  Espagnols  ou  les 
Italiens. 

Pour  les  noms  hébreux  on  met  en  général  l'accent  sur  la  dernière 
syllabe  lorsqu'ils  se  terminent  par  des  consonnes  ou  des  diphtongues  et 
sur  la  pénultième  lorsqu'ils  se  terminent  par  une  voyelle.  (Voy.  passim  le 
Nom<ndatort  à  la  suite  de  l'ouvrage  du  pro^eur  Conn^ieri  Pcdroso, 
Compeidio  de  Hiuoria  Onirertal,  Porto,  sans  date.) 

Nous  le  répétons,  la  prononciation  des  mots  d'origine  savante  dépend 
beaucoup  de  la  prononciation  artificielle  du  latin  ;  elle  s'écarte  donc  sur 
plusieurs  points  de  l'analogie  dea  mots  d'origine  populaire. 

A.  R.  GOKÇALVES  VlANNA. 


MÉLANGES. 


LES  ORIGINES  DE  LA  FAUCONNERIE. 

H.  Baist  vient  de  publier  dans  la  Zânchrifi  fur  deulschet  AlUrtham 
(XXVII.  so-6j)  un  anide  aussi  rempli  de  science  que  d'idées  sur  les 
«igin«  de  b  fauconnerie.  Il  réfute  d'abord  l'opinion  de  M.  de  Hebn, 
ffâ  attribue  aux  Celtes  l'invention  de  la  chasse  i  l'oiseau,  et  il  la  revert- 
<fiqoe,  comme  Jacob  Crimm.  pour  les  Germains.  César  ni  Tacite  n'en 
&ant  moi,  die  serait  postérieure  au  i"  sitïcic  et  aurait  été  introduite 
liant  l'empire  romain  par  les  Barbares  qui,  A  dater  du  ur^  s.,  entrèrent 
en  s  grand  nombre  dans  les  armées  et  qui  importèrent,  i  la  même 
ipoque.  le  mot  hur^us.  La  plus  ancienne  mention  de  cette  chasse  se 
trouve  dans  Firmicus  Matemus  \vers  joc).  qui  donne  aussi  pour  ta 
première  fois  le  mot  fako.  Ce  mot  a  jusqu'à  présent  opposé  la  plus 
lérieuse  objection  â  l'opinion  soutenue  par  M.  Baist  ;  car  comment 
croire,  si  les  Germains  ont  inventé  la  chasse  au  faucon,  qu'ils  aient  pris 
te  nom  de  son  principal  instrument  [h'atk\  aux  Romains  ?  Mais  M.  Baist 
l'en  lire  en  refusant  i  falco  toute  parenté  avec  faU,  et  en  le  rattachant 
ifjlttn,  le  V.  norv.  falki,  anc.  h.  ail.  Jaiaho,  étant  v  celui  qui  tombe, 
qui  se  laisse  tomber,  «  ce  qui  répond  parfaitement  à  la  façon  dont  le 
bacon  »e  comporte  avec  sa  proie.  Je  doute  que  les  germanistes  acceptent 
un  pareil  procédé  de  dérivation,  dont  il  faudrait  citer  d'autres  exemples, 
et  il  est  très  invraisemblable  que  le  mot  falco  (que  je  trouve  aussi 
dans  ta  version  latine  du  Pentateuque  de  Lyon,  publié  par  M.  Robert) 
ne  soit  pas  identique  aufaUo  donné  par  divers  grammairiens  et  gtossa- 
leurs  comme  signifiant  «  qui  a  les  pouces  ou  les  doigts  de  pied  recour- 
bés; »  M.  Baist  allègue  que  le  faucon  a  plutftt  les  ongles  moins  recourbés 
qoe  l'autour,  mais  cela  est  de  peu  d'importance  :  un  nom  général  ou 
vague  a  pu  plus  lard  se  spécialiser.  Il  me  paraît  donc  toujours  probable 
que  les  Germains  ont  pris  des  Romains  de  l'empire  la  chasse  k  l'oiseau, 


lOO  MâUKC£& 

qu'ils  ont  d'ailleurs  biemAt  cultivée  avec  une  véritable  passion,  très 
naturelle  dans  leur  genre  de  vie,  ce  qui  explique  que  d'autres  termes 
de  fauconnerie  leur  appsriiennem.  De  ce  que  tsptrv'uT,  par  exemple,  est 
allemand,  il  n'en  faut  rien  conclure  pour  falco,  qui  apparaît  bien  plus 
anciennement.  L'éiymologie  du  mut  italien  hgoro,  ft.  itarrtf  ail.  laoda^ 
me  paraU  encore  fort  incertaine  ;  mais  le  ituni  pourrait  bien  être  un 
perfeciionncraent  postérieur.  M.  Baist  établit  d'ailleurs  que  gerfaut  est 
non  pas  hierofalco  ni  gjro  falco,  mais  le  norois  gcirfalk;  que 
smeriglio,  tsmtriUon  n'ont  rien  à  faire  avec  mak  (quant  à  les  tirer  de 
l'ail.  scfimerU,  nom  d'un  petit  poisson,  il  faut  y  regarder  à  deux  fois), 
et  que  le  nom  du  sacre  vient  de  l'arabe.  Il  considère  l'ail.  Habuht  comme 
ne  provenant  pas  du  celtique  fieboc,  et  )\  peut  bien  avoir  raJson  ^quoi- 
qu'il reste  à  résoudre  à  ce  propos  des  questions  difficiles,:.  Mais  tl  ne  dit 
rien  du  nom  roman  qui  répond  à  celui-là.  Pour  moi,  je  ne  puis  me 
convaincre  qu'jWour  ei  ses  congénères  viennem  uniquement  d'accep- 
tor  (influencé  par  aucepior),  et  je  penche  à  croire  qu'AsIurou  ses 
dérivés  Asturco,  Asturius  sont  pour  quelque  chose  dans  le  mot  (cf. 
Rom.  Vlll,  609-10).  N'a-i-on  pas  là  la  révélation  de  l'origine  de  t'au- 
lourserie  ■  ?  Je  ne  crois  guère  non  plus  à  laniarius  comme  étymologje 
de  lanUr  :  le  fr.  serait  iagnier,  laniare  n'est  pas  roman,  et  le  latin  ne 
forme  pas  de  dérivés  de  ce  genre.  G.  P. 

II. 

FRAGMENT   DE    RECETTES  MEDICALES   EN   LANGUE   D'OC». 

[Fol.  I  r'.)[i] ...  serpoh,  puliegreali,  origan >,  mîUuel^,  de  cascuna 


i.  Pour  qu'au  111*  siècle  une  espîce  d'oiseaux  de  proie  s'appelit  astor  (dans 
k  mime  pasis^c  ic  Firmicus  Maternuj  où  est  nomoté  le/tf/tfl,  il  fallait  <)u'on 
les  iti  venir  d'Aslurie.  donc  qu'ils  fussent  domestiquas  et  uiiliifs. 

2.  Ce  fragment,  dont  l'écmiire  est  du  XIV'  siècle,  a  été  trouvé  dans  les 
«rdes  d'un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Nimes,  n'  1)729.  Ce  ros.,  qui  «t 
au  XIII"  siècle,  contient  la  Sammu  Je  cesibui  de  Rnimon  de  Penafort.  Le  frag- 
ment est  ^crit  sur  un  feuillel  double  en  parchemin,  qui  pourrait  être  considéré 
comme  le  centre  d'un  cahier  s'il  était  démontré  que  atcl-H  est  un  mol  de  la 
langue  d'oc.  Le  verso  du  feuillet  1  se  teroiine  en  effet  pu  m  et  le  recto  du 
(eutllct  I  commence  par  tljt.  Il  est  plus  probable  que  ces  deux  syllabes  appar- 
tiennent i  des  muu  différenls.  cl  que  dm  est  la  fi^n  du  mot  mtUlat.  Le  verso 
da  feuillet  1  est  collé  contre  le  plat  de  la  reliure  en  bois.  Décoller  ce  feuillet, 
qui  est  en  auei;  mauvais  eut,  serait  une  opération  délicate,  mais  qui  foarDirail 
la  ooaiinualion  du  texte.  Le  fragment  que  nous  publions  occupe  donc  trois 
pages.  II  y  a  16  lignes  dans  la  première,  aj  dans  la  seconde  et  autant  dans  la 
Iroivième,  en  tout  76  lignes.  Les  dimensions  des  feuillets  sont  i  peu  pr^  celles 
de  nus  volumes  in-i3,  avec  moins  de  hauteur. 

}.  Serpolet,  nrp;llum^  Ubiét- 

4.  Pouliot,  mtniha  paUsiont^  labiée. 

[.  Orisaïuàm  ntjeare,  Uoiée. 

î.  Acmtlta  millfptium,  synantbérée. 


k 


FRAGMEKT  DE  RECETTES  MÉDICALES  TOI 

de  ku  plantages*,  agremoni^',  salviat,  penthafilon 4.  pilosela  t,  conso- 
lidi*  mager  e  menrc.  hcrba  drparalizi  7,  ceniri  galli\  pinpinciao,  calcn- 
iJbU '■*,  barba  Aron",  memastre",  sijîel  sancia  Maria'),  scrofularian, 
enpaiori  't,  fenol  '*,  arthemiza  '?.  dipian  ■*,  pionia's,  violaria»",  cdra»' 
imenca,  mttfud,  cauls  rochu",  lenaseï  »«,  herbade  Roben'-t,  lormcn- 
ulb  M,  nepia  »*,  onigas  »?,  de  las  cimas  de  la  carbc  roch  >»,  ana  '»  M.î» 
.j.)  Tog*'  major,  M.  ij  Sian  irincadas loias al  monier.epueys  colai.ela 
coladora  sw^ue  a  l'umbra  ;  e  can  comensara  esser  espes.  fay  ne  Iroces  '»  ; 
e<ioan  ne  voiras  uzar,  dessol  ne  .j.  am  vî  blanc,  e  dona  ne  a  beure  al 
{Mcùn  de  mati  e  de  vespre. 


I.  PbhUia,  piantago,  pUuUKin^. 

3,  Afrimmtta  rapaloria.  rosacée, 
}.  SXuge,  tattu  offitiMûlii,  labiée. 

4,  Oti(\-itv\\it,  fn'tfntilh  npians  roïie^. 

5,  Hiimcium  pitoulla,  tynanthéree. 

h.  CoiiKwdc,  symph^tam  offianaU,  atripIJcée. 

2-  Pnmuij  rtfu,  pnmuLcée. 

è.  Petit  mu^urt,  aipeioU  cJorata,  rubiac^e  i  (ruilles  lancéolées  lertnlnfcs 
fit  one  petite  p«inip,  de  xj.Tpqv,  potnie,  et  de  ^dJ/ioft,  plante  ainsi  ilili* 
Bie  :  •  Oal^iûti,  hert^j  est  mulcit  mioitnitque  floribus  luldi  et  odoratis  :  esl 
(  wtoB  species  Aspergulx.  Cennanice  vocatur  RaariUcn.  «  Celte  d^5nition  ett 
licé«  d'un  tuité  dr  phirmacie  (lu  XV[<  iJKle,  Jonl  le  titre  manque.  C'e«  un 
peut  tn-S*  de  xxvj-^^j  p.  Il  y  est  question  des  écrits  de  D.  Jscobus  Syivius, 
tx^ai  PatiiitnsiifQUi  en  est  pCDt-£tre  l'auleur  A  la  fin  du  volume  on  lit  : 
Ugiam.  ticaJe^i  TitcohUat  Piginus,  Ce  livre  rare  appartient  à  M.  Charles 
UoUrd.  bibliophile  i  Nîmes. 

9.  Pimprenelle,  ianguitorb4  o/^cîitaUt,  rosacée. 

10.  SoDci,  (aUnâula  offiunaiis,  synanihèrie. 

II.  Bittorte,  pù(yeoium  Httorta,  polygon6c. 
la.  Menthe  poivrée,  mmha  pipwiu,  labiée. 

IJ.  Sceau  de  Nûtre-Dinie,  lamat  cominuau,  dioscorée. 
14.  Stro'alanii  nrjosâ,  scrofalarife. 

11.  Eupat^num  cama^narr},  tynjnthér^. 

16.  Fenooil,  maham  fœn'iialam ,  ntnbcUifèrc. 

17.  Amotte,  artcmitiii  rM/^jf»,  synanttiérée. 

18.  Oictame,  <)/i\rjnujn  dittûmnuî,  bbiée. 

19.  PÎToiDC,  pomnia  officumlis,  renooculacèc. 
lu.  Giroflée  violier,  ihttruiitbai  tbt'ui,  crucij^. 

31,  CUckone  lierre  terrestre,  Clukoma  ktdtrauam,  labiée. 

it.  Cbouz  rougn,  crucifère. 

J).  Taïuisie,  tcruetUm  vat^art,  syiunlhér^ 

J4,  Gennium  llottrtijnam ,  géraniacée.  (Cette  ktfbe  i  Rahrt  figure  dans  te  dtl 
ta  pros«  de  i'F.rknt  <iii(  lubînai  a  publié  d»ttt  ses  notes  sur  Rutebeul  (i*  éd., 
IH.  181»,  rt  a  imgaliéreireiit  embarrassé  l'éditeur.  —  Réd.J 

aj.  TermfiitilU  uttta.  rosacée. 

36.  Herbe  ass  cfiats.  ntptta  caterui,  labiée. 

31.  Orties,  iinirc  oreni,  nriicée. 

39.  Soinmités  de  chanvre  rouge,  tannahii  tmficâ,  cannabioèe. 

39.  De  t^i,  par  parltei  égales. 

)0.  Mampvium.  une  poifioée.  Le  manipnlut   venait  des  médecins  arabes, 
CMHK  le  pagtlltt}^  l'amcii  et  autres  po>dt. 
{t.  Canner,  rtiha  timiorum,  robiacée. 
)].  Trodn»quct,  rondelles  ov  morceaux  de  pite  inédicameateuse  séchèe. 


102  MÊLANCCS 

(2]  Emplaust  a  tota  nafra,  et  a  irayre  ferre,  o  fust,  o  tola  autra  quai 
que  te  vuelas. 

1^.  '  Itlargi' d'aur,  .j.  lîtira;  galbano)  -f-*  .j.  ;  armoTiiac  i, -f  ijîoli- 
ban^,  mirra~,  enccs,  vcrdet^t  opuponac9,  aristologia  longa '■■«  ani 
•7-  .].;  bedelli  ",  se  atroba  am  ta  mirra  que  es  moi  ctar, -^  .ij.; 
cera  nova,  ;-  .viij.;  oli  mot  andc  de  olivas  ",  .ij.  Duras.  Fay  ne  enguen. 

[}]  Emplaust  a  tota  nafra  de  tôt  lo  con. 

4.  pegua  naval  ■) .  rezina  blanca,  ana  .j.  liura  ;  trebentina  >«,  liura  r  m; 
cera  blanca  .j.  quan'*;  galbano,  -;-  .j.;  mirra  pura,  -r  **  ;  aristo- 
logia redontJa  '7,  -,  '"  .iij.  ;  coral  rog  '9,  masiec  ",  ana  -f-  .j.  Cassa  al 
mortier  aquelas  que  fau  a  quassar,  e  fay  l*enpl.iust  am  vi  blanc  (i^^  en  lo 
cal  seran  cuechjs  aquesias  erbas;  i^.  betonica*^  berbena^*,  consolida 
majer  e  menre,  centaura't,  pilozela,  ypericon»*,  ana  M.  .).;  herba  ser- 
pentaria  >>,  los  caps  sobeyras  de  !a  carbe,  ana  M.  .j.  Lava  las  «t  après 
sian  conquassadjs  et  aian  remobi  en  vi  blanc  per  }.  iom  natural,  e  bola 
tant  l'aygua  que  se  g.iste  la  moniansa  det  vi  Pufys  cola  o  e  met  i  de 
lach  de  femna  que  noyrisca  mascte,  f  quart.  K  rcmena  bc  entre  las  mas 
aqucst  enguen  am  oli  de  rozas  agreslas  »'  0  bedegarias,  que  tant  se  val. 


1 .  Reupta  ou  rttipt. 

2.  Protoxyde  de  plomb  demi -vitreux.  La  lîlKargc  d'or  est  celle  dont  U  cou- 
leur it  rapproche  de  l'or. 

J.  Galoanum,  fçomtne- résine  tirée  du  katon  gulbanam  ou  du  ftraU  gelba- 
mftra. 
4.  Ce  signe  désigne  Voncc,  douii^ine  partie  de  la  livre  :  anctam  amm. 
j.  Sel  immoniac,  ou  chlorhydrate  d'jmmoniique. 

6.  Du  bas-lilin  oiiftafiam,  résine  nommée  auui  encens. 

7.  Gomme-r^ine  du  bahamedatdroa  myrka,  lérébJnthacée. 

8.  Vert-dc-gris. 

9.  Kéïine  de  l'opopanax  pjstinjta. 

10.  Arislolock'ia  lottga,  ariitolochiie. 
ti.  Btdfllium,  résine  du  Levant  et  des  Indes  orienisles. 
la.  Les  rormuleî  preicriveut  loujourï  l'tiuile  pure  el  vieille. 
IJ.  Poix  navale  £u  coudron. 
il.  T^rÉbenlhinc,  ruine  liquide  provenant  des  conifères  et  des  tirèben- 

thacks. 

1  J.  Ce  signe  (dans  le  ms.  une  i  longue  arec  barre  oblique)  iquivaut  ï  ttmii  : 
demi-lirre,  muia  lia/n  en  provençal. 

16.  C^rt  de  livre  ou  troi^  onces. 

17.  AntlolDihia  rotunda,  arittolochîée. 

18.  Ce  signe  indique  la  iiachmt,  synonyme  du  grM,  ou  huitième  partie  de 
l'once. 

19.  Corail  rouge. 

20.  Voir  page  (,  note  a. 

11.  Bitoine,  kaontea  offidrtalis,  labiée. 
11.  Verveine,  rtrb^n.i  offiimhs,  verbénacée. 
2).  Cttttaarej  ctauarium,  synanthérée. 
24.  Millepertuis,  hypiricxun  ptrforatam,  hvpeftciaèe. 
:j.  Serpentarre,  jfam  ieacaïualus,  aroidec. 
a«.  Fleurs  de  l'égUntier. 


FMGVENT  DE   RECETTES  MftOtCALES  Ic) 

[4]  ExDplaosi  cicatriuiiu,  encarnaileu.  0  si^llatiu.  n.  oliban  ben  gum- 
Boc,  tant  can  voiras  entro  j.  liura  0  .j.  quan.  E  met  0  en  drap  de  II,  et 
aqoi  ù  liai  et  pauut  sobre  l'ola,  en  la  cal  sia  l'aygua  formen  cauda,  c 
non  toque  l'argua.  E  quan  sera  ben  mol,  pren  oti  de  lumbnx  '  e  psla 
0  ziD  lat  mai  am  lo  dig  oli.  Si  vols  far  que  w  per  nalra,  pasia  0  am 
oU  de  rotas  agrestas,  que  se  apela  bcdegari. 

[{]  Autre  emplaust  que  comunamcn  uze. 

*.  Trebentina  tavada  en  très  ayguas  0  très  bes,  .j.  quart;  de  enccs 
giiBBOt  be  luzen  e  triât,  -;-  f  ;  de  pois  *  de  lumbrix,  ;  ,j.  ;  cera  blanca 
TBrgei|iK  sufisca.  Pueyscola  o,  e  canscracolai  meiahom  ...  polveras. 
so  es  a  saber  del  mastec  >  e  dels  lumbrix,  malexan,  so  es  a  dire  remenan 
entre  Im  mas  u  (fol.  2  r»)  clal  encems. 

[61  Emplaust  a  traire  os  cranei,  que  vol  dire  de  la  testa  quan  es  trin- 
ot,  ses  lezio.  M.  oU  mot  andc,  cera  citrina  *,  aoa  -f  .j-;  U  ordura  del 
brusc de  Us  abelas  ! , ana •  -;-  .j.  cl  f .  Apres,  nf.  euforbi?,  7-  '^*;  lach 
dethinal*,  autraoïen  apelada  la  chuscla,  -r  -ij-;  aristolochia  redonda, 
-f  .\.  et  f'.  E  fay  lo  en  manîeyra  de  cerot  t. 

[7]  Emplaust  .....  dîsicaiiu  et  am  ayso  engcnraiiu  c^m.  tt.  pegua 
naval,  colofonia ''',  ana  ('liura;  rezina,  .j.  iiura;  galbano,  serapiu  ", 
innonbc,  opoponac,  scordio^',  lapdan  '1,  ana  -^  .j.^  oliban,  aloes'*, 
«rra,  sarcocot  m,  ana  r  *';  trebentina,  .j. quart;  oli  de  rozas,  -r  .iïj.; 
cera  que  abesic.  C  fay  t'emplaust. 

[S]  Unguen  desicaiiu  et  airaaiu.  n'.  cen  de  boc  '^,  f*  liura  ;  cera,  -J- 
Jij.  ;  oli  mini,  f  liura  ;  pegua  naval,  colofonia,  résina,  ana  ^  liura  ; 
mirra,  aloes,  ana  -^  f  ;  gallarum  baUustiarum  '7^  que  vol  dire  los  botos 


I.  Hnile  de  lonbrici.  Dans  quelquM  panie<i  du  Piémont  on  emploie  encore, 
coatre  la  rbtuoatisaies  et  la  KÎaliqDC,  de  l'huile  qui  a  servi  1  tain:  frire  des 
vers  de  terre. 

J.  Poudre  de  lombrks. 

{.  Mastic,  rétine  du  ttniirJkttf  Uatatus  ou  pitUtia  Unthtm. 

4.  Qre  jJuiK. 

{.  Fumver  d'slieiDes. 

6.  Ama  ne  pem  se  comprendre  qu'après  deniou  plusieurs  espèces  ou  drosues 
phxnnacetiiKiDM  Or  il  a*»i  queiljon  ici  que  du  luinter  de  mclK..4n4i  csl  donc 
probableineiii  une  erreur  da  copiste. 

;.  Euphorbe. 

B  Tnnymale,  aiphorHê  taprustit,  etiphorbiacée. 

9.  Cèrat. 

to.  Colophane,  résidu  de  U  distillation  de  la  lérébcnthine. 

II.  Ucutarde,  tmi^it  lugra,  cmcifére. 

IJ.  Gcnnandrce,  tiacrium  uotàmm,  labiée. 

I},  Bardane.  ùtttmm  hppa,  synambérée. 

14.  Résine  dfs  aloès,  liliacées. 

II.  Sarcocolle  {colle-chair),  rèstoe  qui  hitc  la  réunion  des  plaies. 

16.  Sai^  de  booc. 

17.  Pour  trf/jutlûruin,  de  bdhitiùun,  fleur  du  groiadier. 


104  MÉLANGES 

en  flor  de  las  milgranas  < ,  sanc  de  drago  ',  ana  -^  .j.  ;  la  razis  de  yreos  i , 
que  vol  dire  espazela  que  esta  sus  las  paretz  fresca,  ^  liura;  la  pois  de 
cornu  servi  ust  4,  -f  Jj.-,  trebentina,  .).  quart.  Sia  fach  unguen. 

[9]  Bevenda  contra  scrofolas,  gitatoyras  per  las  vias  de  la  urina.  <}. 
scrofularia,  philipendula  f ,  ana  4  .j.;  trefuel  *,  -~  -ij.;  pimpinela,  -7-  .j.; 
primule  veris,  que  auuamen  se  numma  herba  de  sant  Peyre?,  pilozella, 
ana  -7-  ^;  cantari[da] 

Ed.  BONDURAMD. 

III. 

AMANTIN,  AMENTIN.  — AMENTER? 

Amantin  :  n  Mot  obscur,  dit  avec  Scheler  M.  F.  Codefroy,  dési- 
gnant une  sorte  de  toupie.  » 

De  la  tourpie  aux  amantins 
M'esbâtoie  soirs  et  matins. 

(Froissart,  l'Esp.  amoureuse,  241,  Scheler.) 

L'amantin,  ou  plutôt  Vamenùn,  n'est  pas  la  toupie,  mais  la  corde  dont 
on  l'enroule  pour  la  lancer  et  lui  imprimer  ce  mouvement  de  rotation 
qui  la  fait  vhndir,  comme  on  dit  encore  aujourd'hui  dans  la  Haute- 
Normandie.  Ce  mot  se  rattache  évidemment  au  latin  amentura,  cour- 
roie qui  servait  chez  les  anciens  à  lancer  les  javelots  et  autres  traits 
semblables  : 

Intendunt  acres  arcus  amentaqae  torquent.  (Virgile.) 
Amanîer,  atnenter,  si  toutefois  ce  verbe  existe,  a  la  même  origine  que 
amantin  : 

Vous  qui  par  les  forests  plaisamment  ombragées 

Faites  d'un  trait  d'arc  que  votre  main  décoche 

Culbuter  le  sanglier  si  de  vous  il  approche, 
Et  des  voix  de  vos  chiens,  vivement  ameniez, 
Fuir  d'effroy  les  chevreuils  et  cer&  de  tous  costez. 

(Cl.  Gauchet,  la  Chasse  da  cerf,  p.  lyj,  en  note  ;  Bibl.  elz.) 

«  J'ai  déjà  rencontré  ce  mot,  dit  Blanchemain,  éditeur  de  Gauchet,  et 
j'ai  mis  ameutez,  croyant  à  une  erreur  typographique.  Peut-être  vient-il 


1 .  Grenades,  fruit  du  punica  granaium,  myrtacée. 

2.  Sang-dragon,  résine  du  cafamas  draco,  palmier. 
J.  Sisymbriam  officinaU,  crucifère. 

4.  Poudre  de  corne  de  cerf  brûlée. 
S-  Spiraa  filioendula,  rosacée. 

6.  Trèfle,  tri/olium  pratense,  papilionacée. 

7,  C'est  encore  Vherba  paralysis. 


TBNTATIVAS   KTIMOLOCICAS  |OJ 

faim  atnentare,  qui  signifie  lier  avec  une  courrme  ou  bncer  avec 
(ne.  > 

Il  en  certain  que  h  leçon  amtnttz  parait  pr^érablc  dans  le  passage 
que  nous  dtons  ;  en  tout  cas  elle  se  rend  autorisée  par  le  vieux  mot 
matin.  Mais  un  seul  exemple  n'est  pas  toujours  probant'. 

A.  Delboulls. 


IV. 


TENTATIVAS  ETIMOLOCICAS. 


AGUANTAR. 


I 


Con  la  misma  fonna  aparece  en  los  dcmAs  dialectos  peninsulares  ;  en 
portugués  se  dice  lambJén  agaenur.  Es  de  origen  germànico,  y  el  con- 
npto  fundamental  que  enuana  es  el  de  «  permanecer,  mantenerse,  per- 
wverar,  »  seniidos  que  ofrece  en  varias  de  sus  modittcaciones  la  raiz 
MB.  iDiefenbacb,  Ooih.  Wb.  i,  160,  i6j.  166;  Pou,  WiVb.  U,  n,  139; 
Sdade,  AUdtaitcnes  wb.  %.  v.  vonA  Por  lo  que  hacc  i  la  forma,  cor- 
responde agadaîar  con  mâs  exacthud  al  danés  venu,  sueco  fànta, 
«aguardar.  » 

AMACAR. 

Al  iratar  de  investigar  el  ori^cn  de  este  oscuro  vocablo  se  présenta 
desde  luégo  la  dificuliad  de  saber  si  ha  de  buscarse  et  camino  paniendo 
dcl  sentido  puramenle  maierîal  de  «  movimienio  û  golpe  con  que  se 
amenaia  »,  6  si  m»s  bien  ha  de  leniurse  ventura  rastreando  por  el  con- 
cepto  de  ti  intenci(in  6  voluntad  de  cjecuiar  algiln  acto  >■.  Por  el  primer 
bdo  no  hallamos  salida,  pueseldmdgdrpor«esconder»  iverbo  de  sentido 
material)  que  ofrecen  cl  provenzai  y  dem^s  dialectos  peninsulares  afines. 
M  se  d^a  enlazar  f;icitmenie  con  noesiro  verbo  ni  en  cuanio  al  sentido 
ni  en  aumo  â  b  consirucdon.  Por  el  segundo  se  me  ofrece  esta  conje- 
Rira  :  ta  inienci<Sn  de  ejecuiar  prâximamente  algûn  acto,  asf  como  lam- 
bién  la  proxinidad  con  que  ba  de  veriticarse  algdn  succso  n  feni^mcno, 
puede  expresarse  con  un  lérmino  que  signi^ue  que  se  liene  la  posibi- 
Ijdad  â  la  voluntad  de  ejecuiarlo.  Se  dice  que  uns  teja  »  putde  caerse  » 
aundo  hay  motivos  para  temer  que  asi  suceda  ;  «  quitre  llover  >  (en 
tnglés  it  wilt  rain,  il  hoks  as  if  meant  te  lain  ;  Head,  Shalt  and  Will, 
p.  6a)  se  dice  cuando  la  apariencia  del  deto  anunda  una  lluvia  prdxima. 


I.  [Le  lit.  ammtuin  et  le  verbe  amenlare  exiiieot  dam  l'eip.  amanto. 
■  ooarroie  •,  amtjnjr,  «  tancer  avec  une  courroie  >,  ce  qui  rend  plus  vraiscm- 
bbUc  leur  existence  en  français.  —  G.  P.] 


tù6  MéLUNOES 

Ahora  bien,  s!  suponemos  que  amagar  es  el  germ^ico  magan,  que 
envuelve  aquellos  dos  sentidos,  tcndremos  que  <■  amaga  llover  u  es  lo 
mismo  que  «puede6ifaureliovezn,vamagabjriucQiT\eie^[mi»ei  %  qutrîan 
acomelerme.  »  Voy  S  ensayar  ordenar  las  construcciones  del  verbo  caste- 
llano  tomando  porbase  este  concepto. 

a.  Constniyeie  con  un  infinùivo  que  dénota  cl  acio  que  se  va  à  ejecu- 
tar  priiximamente  :  «  Los  enemigos  amaguban  bombear  y  eafionear  la 
A  pUza.  n  Qujmana,  Cartas  à  Lord  Hoiiand^  9,  •  1^  arenida  amagaba 
t  inundar  sin  rcmcdio  la  escena  espanola.  »  Id.  htroà.  d  b  poesla  eas- 
Itlhnj  en  el  sigio  XVUI,  j.  «  Se  habfan  extendido  [las  tropas]  hasta 
(I  Martzanares  y  amagaban  aproximarse  h  las  gar^antas  de  Sierra 
u  Morena.  .)  Toreno,  Wwf.  lib.  6. 

A  este  infiniiivo  suele  anieponerse  à,  sin  duda  por  analogfa  con  tirai, 
mirar,  aspirar,  con  los  cuales  dénota  cl  blanco  ù  objeto  à  que  se  enca- 
m'ma  la  imenddn  :  «  El  enemigo  amagaba  à  atacar  los  puntos  de  Sierra 
Morena.  1»  Jovellanos,  Def.  de  la  Junta  Ceniral^  2,  2. 

b.  En  lugnr  del  infiniiivo  tiene  cabida  un  nombre  :  n  Los  antiguos 
v  para  piniar  la  imprudcnda  y  condictân  de  la  muier,  pintaban  una  belli- 
K  sima  doncella  pisando  un  gallardo  mancebo  y  dando  la  mano  n  un 
«  horrendo  salvaje,  que  con  un  ûudoso  bastdn  amagaba  un  golpe  .1  sus 
a  hermosos  ojos.  »  Pkara  Justina,  2.  3.  t. 

Este  acusstivo  puede  callarse,  lo  mismo  que  cuando  se  dice  U  Jiô,  U 
tiré,  U  aunà,  U  pegô  :  ■  Como  vicse  atravesar  un  pucrco  jabali  por 
(f  delante  de  ellos,  amagaaàa  [el  golpe]  al  puerco,  lirtS  el  venablo  i  Foco 
«  su  hermano  y  le  mat6,  »  Graciàn,  Moriltt  dt  Platarco,  fol.  8j,  en  el 
Ùia.  de  aaiondades. 

Es  singular  la  siguienle  construocidn  de  Quevedo,  en  la  cual  no  se 
que  analogja  pudo  seguir  : 

AfUnos  contrahacla, 
Ahitos  disimalaba. 
De  milagras  amagah» 
A  las  horas  dd  comcr. 

{Mata  s ,  Ittr.  sttt.  10.) 

(.  Omitese  cl  acusativo,  pero  se  colige  por  el  contexio  :  «  Amag^ 

■  [berir]  pero  no  hiere.  »  ^  Ama^a  [salir]  y  no  sale.  •>  «  En  los  dfas  de 
«  feria  damos  licencia  que  en  las  liendas,  Plateria,  calle  Mayor,  el  ver- 

■  dadefo  caballero  de  la  Tcnaza  amagat,  y  no  dé.  •  Quevcdo,  Carias 
dti  C&h,  dt  ta  Tinaza.  En  este  pasaje  podrfa  haber  alusidn  al  juego  de 
muchacbos  llamado  amagar  y  no  dar. 

d.  Usado  en  absoluio  se  toma  en  especial  por  «  hacer  ademânpara  dar 
6  araenaur  ».  El  objeto  que  se  emplea  para  hacer  el  adem^n  ô  demostra- 
don  va  acompaiiado  de  can.  Esta  construcdén  guarda  analogia  con  dar. 


I 


TiNTATIVAS   ETIMOLOCICfcS  107 

ittrur,  tirar  fun  golpei  coa  an  pato.  a  ToHo  lo  que  podia  sisar  y  hurtar, 
«inta  en  médias  blancas,  y  cuando  te  tnandaban  recar  y  le  daban  blan- 
■  ce,  romo  ël  carecia  de  vista,  no  habfa  el  que  se  ta  daba  amagado 
acoBtlb,  cuando  yo  la  lenia  lanzadacnlaboca.y  lamediaaparejada.  » 
Karudo  dt  Mendoza,  Lazarilto  Je  Tomei,  i. 

Arnagis  coD  la  vida  y  dai  la  muerte. 

(Id.  Eltgta  I  Si  no  puede  razoo  i.) 

Pues  s6lo  es  justo  que  aderte 
Cuaado  iim<f ^d  con  favores 
Y  ejecula  coa  desdenei. 

tCaldcr&n,  La  vida  tt  ttufio^  a.) 

Cirgado  i  veces  de  aplomadas  oubes 
Amuga  cl  cîelo  cor  tormenU  oscura. 

(Poster  Diaz,  La  lana.) 

t.  Stn  complemento  alguno,  se  particulariza  mus  el  sentido  y  signlfica 
*tmaazar  con  sdeman  de  herir  v.  »  Hasta  que  llegue  este  tiempo,  cl 
tiefior  se  détient  y  espéra,  y  entre  tanto  algunas  vcces  amaga,  y  en 
«Qegindo  aquel  tiempo,  hiere  y  asuela.  >■  Rivadeneira,  Trat.  de  ta 
triuUàin,  i.  i]. 

Que  ei  el  niedo  en  el  vulgo,  letnejinte 
Al  riiido  qoe  eo  tj  aube  se  levaola, 
Qoe,  sifl  herir,  con  amagir  espania. 

(Valbuena,  BtrnarJv,  14. ï 

Ed  aXi  forma  se  usa  meuforicamente  iratândose  de  ciertas  cnferme- 
ibdei  y  accidentes  :  «  Ni  en  su  vida  conoci6  otro  mal,  sino  una  espede 
«  de  aUerecIa  que  le  anugfiba  de  cuando  en  cuando.  u  Moratin,  Ei  tî  de 
£u  BtHai,  t ,  4. 

/.  Varios  escritores  modemos,  como  Quintana  y  Martlnez  de  la  Rosa, 
enptean  este  verbo  como  sinénimo  de  amcnazar,  y  lo  construyen  con 
KQsadvo  de  persona  ;  lo  cual,  hasta  donde  se  me  alcanza,  no  se  hizo  en 
edades  anieriores  de  la  len^ua. 

En  njraa,  pues,  la  forma,  el  significado  y  la  construcdàn  de  amag/ir 
no  repugnan  la  etimologfa  propuesta  :  el  germànico  ma^n,  *  poder, 
qoeier,  n  con  la  a  proitética  que  aparecc  en  otras  voces  de  igual  ori- 
gen.  como  apiardat,  aguantar,  agualttr,  Sàlo  una  dilicultad  queda,  que 
00  di&imularé,  y  es  la  que  ofrece  la  historia  de  la  palabra  :  la  construc- 
dân  coa  iniinitivo,  que  habrfa  de  ser  ta  m^s  antigua,  es,  à  juzgar  por 
loi  ejeraplos  citados,  la  màs  modema  ;  aunque  es  ciefio  que  la  construc- 
66n  con  un  nombre  de  acciiSn  aparece  ya  en  el  sigio  xvii  |en  la  Pkara 
Jaaiaa).  Fero  como  este  vcrbo  no  es  de  los  que  mis  à  menudo  ocurren 
en  noesiros  escritores  (de  Cervantes,  por  ciemplo,  puede  asegurarse  que 


I08  MELANGES 

no  lo  us6  en  [as  obras  qoe  de  él  tenemos),  no  liay  fundamento  suficien- 
temenie  solido  para  dccidir  el  punto.  Pasajes  ameriores  at  sigto  xvi  no 
tenf^o  anoiados  sino  los  sigui'Cmts  ;  «  Todo  omne  qui  sacaret  cutello 
<t  auezino  uel  filio  de  uezino,  uel  amjgaret  cum  illo,  pectei  .îj.  m*,  a 
Futros  4e  Madrid,  ano  I302  (Mem,  Acad.  HUt.  VIII). 

No  se  como  lo  visics, 
Que  en  lugar  de  ver  cegastes, 
Porque  d  cllos  jmâgAstts 
Y  é.  voî  en  lleno  heriïles. 
(Montoro  en  el  Cane.  Je  Racna,  pâg.  ixxvj,  Madrid.) 

ARROJAR. 

Indica  Diez  \E.  W.,  t.  y.)  como  origen  posîble  de  arro/ar  una  forma 
nur  semejante  al  francés  ruer,  del  latin  ruere,  la  cual,  mediante  la 
interpolaciôn  de  la  /  para  evitar  el  hiato,  dan'a  ru/jr,  y  de  ahi  rojar^ 
arrojar.  Contra  esta  ctimologfa,  dada  ya  à  su  modo  por  Covarrubias,  se 
ûfrece  la  djficultad  de  que  arrojar  no  aparece  como  voz  usual  en  casie- 
llano  sino  del  sigio  xvi  aci;  y  sîendo  tan  comiin  desde  esa  época,  séria 
menesier  que,  si  se  hubiese  formado  dentro  del  casieltano  niismo,  aquel 
rudr  figurara  hacienda  sus  veces  en  el  période  que  precediô  i  su  apari- 
ctdn.  Pero  eslo  no  se  verifica.  Es,  pues,  de  creerse,  en  consecuencîa  de 
lo  dicho,  que  arro/jr  ha  venido  de  otra  pane  en  su  forma  actual.  Pero, 
de  d<5nde  i  Segiin  loda  probabilidad  del  catalan  :  aqul  arruxar,  arruixar 
reuni6  amîguamente  las  significsciones  de  «  rociar  ■  y  c  arrojar  »  ; 
Cl  arrojado  i>  se  dice  anuxat,  arruixat  y  anojai;  ^  rociada,  »  como  de 
balas,  es  ruxada,  ruixada,  de  ruxar,  ruixar,  •>  radar  •  (me  remiio  at 
diccionario  de  Esie^'â,  Belvitges  y  JugLâ  y  Font  y  al  de  Labemia].  &] 
valenciano  arruimr  es  <•  rociar,  regar,  arrojar  »  \  aragonés  ruj^>r,  rajiar^ 
o  rociar  ».  En  casietlano  mismo  rocur  vale  ■-  arrojar  esparciendo  n,  y 
de  una  manera  seme|an(e  (pues  se  loma  rtg/Hr  por  rociar^  dice  el  vuigo 
bogotano  rtgar  pUia,  tl  calalh  h  regà  (at  jinele).  En  resumen,  arrojar 
séria  la  forma  catalana  de  roci'dr,  y  ambos  se  reducirian  en  dltimo  tér- 
ninoâ  roscidus. 

ATRIL. 

Sugiere  Diez  (£.  W.  s.  v)  que  atrit  puedc  provenir  de  Aim7  ^^  lecto- 
rile,  fr.  am.  Uirin,  babiendo  desaparecido  la  l  inicial  por  la  corapanta 
del  arficulo  :  el  hirU,  el  atrif.  Confinna  esia  conjetura  el  siguieme 
pasaje  del  invcnlario  de  la  iglesia  de  S.  Fétiz,  aiio  1310  :  ••  Item  gros- 
sum  cotlectarium  ad  latrilt  m  coro  deputatum.  »  iEsp.  Sagr.  XLV,  2^6.) 
A  los  ejemplos  anâlogos  ciiados  por  Oiei  {Gramm.  I,  i8q,  irad,  franc.) 
hay  que  aiiadir,  para  mayor  comprobaciAn  de  la  ciimologfa  de  atril,  los 
siguienies  :  ania,  lamta  ;  ambrai,  lambral  ;  et  bogoiano  vulgar  amedor  = 


TSNTATIVAS   ETIMOLOCrCAS  109 

iamtdor,  imh  =  Itiaho  [usado  lambién  aniiguamenie  en  Espafia  :  Cane. 
à  Sjtaa,  pp.  691,  692}  ;  y  el  cubana  anttjada  —  Linujueta. 

LÔBRBCO. 

El  seiior  W.  Kœrsier  [Zeitîehiift  fiir  romanische  PhUohgU  lit,  562) 
apooe  Us  diAcultades  que  ofre  la  etimologfa  comunmente  recibida.  de 
Covamibias acd,  tôbrego  ^  lugabris,  y  hace  présente  la  compléta 
cgaformidad  que  en  punto  de  fonéticâ  existe  entre  tàbrtgo  y  lubricus; 
M  obstante,  encuentra  el  tropiezo,  grande  por  cierto,  de  hallar  un  esla- 
bdn  que  enlace  lot  significados  u  oscuro  n  y  «  resbaloso  ».  Qui^  podria 
acepurse  esta  explicaciôn  ;  làbrtjio  hubo  de  aplicarse  &  lugarcs  aànndc 
os  D^  d  sol  ni  estin  bien  Tentitados,  y  por  lo  mismo  la  humedad  los 
poM  reibalosos  ;  de  suene  que  primeramenie  se  diria  de  las  cuevas, 
tavernu  y  lugares  semejames,  cotno  se  ve  en  estos  ejeniplos  : 

Hac«  su  hi)biuct6n  y  vida  extrana 
En  DU  oculta  y  Mriga  morada, 
Que  jamis^  al«gre  sol  U  bjini. 

[Erctlla,  Arauteju,  3\.) 
El  eerrado  catlillo  quedà  abîerlo, 
De  la  gcnte  servil  desamparado  ; 
Y  de  un  lâkrt^o  làlano  rncubierto, 
Cirœl  de  nn  grave  pueblo  .iprisionado, 
Hactendo  libre  la  moftal  cadena, 
Cicn  aimas  de  una  tcz  sacti  de  pcna. 

(Valliuena,  Btrnarda,  {.) 

De  sui  cimas  elernas 

Bajari  denodado 
De  b  tîcrra  à  Us  tibrtg«s  caversas, 

(D.  Jatifr  de  Bvrgos,  Et  porvtnk.) 

De  aqul  se  aplicarla  en  gênerai  i  lugares  adonde  no  entra  el  sol  à 
que  por  oiro  moiivo  se  hallan  sin  luz.  «  El  en  la  casa  do  mudaren  [I03 
giri&ltes',  deben  gutsar  que^  quando  quisieren,  que  sea  muy  lôbrtga.  » 
D.  Juan  Manuel,  LibTO  de  la  caza,  9.  <■  Débenle  poner  en  una  casa 
U^tga  et  fr^a.  »  Id.,  ib.  1  r . 

Era  ta  casa  lihtgd  e  Ea  nochc  cscura. 

[Altx.  1102.) 
Dif  I  non  lemes  las  etcuras 
Gnttas  tt  bocas  de  avcrno? 
Non  terreiçes  el  infierno 
E  sus  tùhrtgat  fonduras  ? 

{Manjués  de  Santillana,  Bm  <ontra  fortana.,  148.) 

He  dtado  adrede  e&tos  efemplos  aniiguos  porque  tienden  i  probar 
qoe  la  apitcacidn  mis  antigua  del  vocablo  fui  i  lugares  cerrados,  lo  cual 


I  10  MÉLANGES 

se  conforma  con  la  conjetura  expuesta  ■.  Su  empleo  en  otn»  caxoi  séria 
una  nueva  generalizadàn. 

Esta  etimoiogfa  serfa  luminosa  para  &jar  la  dilierenda  smonfinica  entre 
■  oscuro  »  y  ■  lâbrego  »,  pues  este  agregarta  al  concepto  de  &lta  de 
luz  el  de  humedad.  «  Entramos  en  casa,  la  cual  tenfa  la  entrada  oscura 
a  y  lôbnga,  de  tal  manera  que  parecia  que  ponia  temor  i  los  que  en 
«  ella  entraban.  »  Mendoza,  Laiarillo  de  Tormes,  }.  «  Siete  anos  esturo 
«  debajo  de  tierra  con  pacienda  de  cadiver,  ensayândose  de  difunto  en 
«  sepoltura  estudiada,  componiéndose  de  muerto  en  la  color  y  fiereza 
«  inculta,  con  la  humidad  y  lobregua.  »  Quevedo,  PTovUaida  de  Dios. 

Finalniente,  que  lubricus  se  usd  en  la  baja  latînidad  por  làbregft  b 
hidera  sospechar  este  pasaje  de  S.  Valerio  (agio  vii),  si  lo  crespo  y 
redundante  de  su  estilo  no  se  opuaera  i  cualquiera  deducddn  séria  : 
«  Post  h<ec  autem  erit  cœlum  novum,  et  terra  nova,  praefiilgens  splen- 
«  didior  septies  argento  :  et  lux  splendiflui  atque  immenu  candoris 
«  radians  claritate  perpétua,  absque  aliquo  noctivago  fuscante  labrio) 
«  permanebit  in  xternum.  »  Esp.  sagr.  XVI,  jyé.  Tratândose  aquf  de 
contrastar  la  luz  y  las  tinieblas,  y  aplicàndose  i  lubricum  los  epftetos 
«  noctivagus  »  y  •  fuscans  >,  no  se  podrfa  tomar  aquél  por  «  resba- 
ladero  ». 

LUBRICAN. 

SegOn  el  Dicdonario  vulgar  de  la  Academia  Espanola,  significa  esta 
voz  el  «  crepiJsculo  de  la  manana  »  ;  y  efectivamente  con  tal  valor 
aparece  en  el  lugar  de  Fernando  de  HeiT«-a  con  que  se  compnieba  el 
vocabto  en  el  DUcionario  de  autoridades  :  «  De  suerte  que  el  Labncàn,  6 
la  primera  luz  de  la  manana,  no  se  comprehende  en  aqnella  apeladân 
matemâtica  del  dia.  a  No  obstante,  àgnifica  también  el  «  crepdsculo  de 
la  noche,  *  como  se  ve  en  estos  pasajes  : 

CentelU  soy,  si  d  hbriciit  parece  ; 
Uama,  cuaodo  se  vea  las  tuces  bdlas, 

Y  el  blaoco  rostro  k  Délia  se  colora. 
Fu^o  soy  cuando  cl  orbe  se  adormece  ; 

Incendio  al  asconder  de  las  estrellas, 

Y  ceniza  al  Yolver  de  uoeva  aurora. 

(Hemn,  Rinui,  lib.  D,  son.  i6j.) 
Este,  cnando  ta  anrora  se  rela, 
Su  corazèn  ta  ligrimas  baftaba  ; 


1.  En  d  pasaje  siguicDte  oarece  la  aplicaciÔQ  de  lôhcgo,  particnlaridad  dd 
antor,  como  el  Aant  obscari  de  Virgilio  :  i  La  bandera  es  como  la  Tacha  en  la 
sala,  que  alsmbra  à  todos  ;  é  si  se  mata  por  algnna  ocasion,  todos  qnedaa 
l^tgos  i  sin  TÏsta.  >  Diez  de  Garaes,  Criau*  de  D.  Ptdro  NAo,  p.  107. 


TENTlTIVAS   BTIMOLOCICJLS 

Y  cuando  el  sol  en  el  ccnït  ardla, 
Ea  amorou  petia  le  abrasaba, 

Y  cu^indo  cl  fabricàn  ïe  detpedia, 
El  aima  de  cristeza  le  cirrcaba  ; 

Y  al  cubnr  de  pavor  h  tioche  el  cido, 
Casto  le  daba  y  noble  detconiuelo. 

(Hojeda,  Cf»nd</a,  lib.  XI.) 

Ahora  bien  ;  el  Diccionario  vulgar  irae  también  :  <t  Emrelubricdn  :  el 
«  crepilsculo  vespertino  6  que  précède  à  la  noche  ;  »  y  el  Comenclador 
Griego  explica  asi  el  vocablo.  colocàndole  en  su  colecciùn  de  refranes  â 
modo  de  locuci^Sn  proverbial  :  «  Entre  lubrUdn  :  Quiere  decir  entre  tobo 
y  pcrro,  cuando  i  la  mafiana  y  al  anochecer  no  conocemos  si  es  uno  6 
(010.  n  Esto  nos  conduce  à  una  exprcstàn  comiln  en  otros  dialectos 
romances  :  port,  tntre  o  cào  e  o  lobo;  prov.  entre  ea  e  hp,  que,  scgtin 
Mistral,  es  hoy  entre  uut  et  loup;  fr.  entre  chien  a  loup;  en  todos  éstos 
se  usa  pra  denoiar  cl  crepûsculo,  ya  maïuiîno,  ya  vespertino.  En  cas* 
lellano  hubo,  pues,  de  s.usiamivarse  la  expresïdn  entre  lobo  y  can,  lo 
mismo  que  en  (rances  se  dice  l'entre  chien  et  loup;  y  como  en  aquella 
Icngua  los  compuektos  copulativos  dan  h  idea  de  entre,  segiln  se  nota 
en  agridukt,  tubicdn,  verdme^ro,  se  dijo  slmplemeiite  lubican,  y  acaso 
como  reliquia  de  la  influencia  del  tntrt  quedi  la  r  en  lubricdn,  si  no  « 
mis  bien  una  excrccencia  casual  como  en  bretânica,  brùjuid,  ac. 

La  eipltcacitSn  que,  en  cuanio  al  sentîdo,  da  el  Comendador  Griego 
es  la  (nisma  que  adopta  Liitré,  y  es  indudablenieme  la  que  à  cualquiera 
K  le  ocurre.  No  obstanie,  Brinkmann  en  su  obra  Die  Metaphern  ■  U 
desecba,  y  acude  para  el  esclarecîmiento  de  la  locuciôn  cuestionada,  i 
la  coniraposici6n  naiural  entre  eL  pcrro  y  el  lobo^  el  guardi^n  y  el  ene- 
migD  de  las  ovejas.  y  supone  que  el  modismo  alude  à  que  perro  y  tobo 
sedividen  cl  dia;  cl  uno  domina  durante  la  luz  y  el  otro  durante  la 
oscuridad,  y  ambos  vienen  à  tomarse  como  représentantes  de  sus  res- 
pectivos  dominios  ;  conforme  à  lo  cual  entre  ckUn  el  ioap  es  lo  mismo 


I.  Es  de  sentirse  oue  en  esta  obra  intcresantisrina^  caya  lerminaclAn  aguar- 
damoi  con  amii,  se  rtay^n  dnlî/^Jo  algunas  inexaclttitda  û  olvidos  en  lo  que 
te  re&cre  al  caitcllano.  De  menioria  apuntamos  aqiai  dos  :  i*  Mcncîonando  la 
locaci6n  hahfi  lût  de  San  Quinlui,  no  it  le  ocurre  al  autor  que  le  alude  4  la 
fonosa  balalla  de  San  Quintîn  (lo  de  Agosto  i}^?)'  2*  Oa  de  la  expresi^n 
tomulgar  â  alga!}0  (on  raedai  Jt  molino  uaa  expitcaclô'n  absurda  :  la  mctâtora 
se  toma  de  que,  sieado  de  igual  figura  las  hostias  con  que  se  comulga  y  las 
Tuedas  de  molino,  al  decir  uno  :  A  tii  no  me  lomalgan  con  nii4i>i  Je  molwo,  es 
como  SI  se  explicate  a'i  :  Tan  imposible  et  que  »  me  haga  créer  (en  lenguaje 
familiar,  irager)  U  tlescoinuiijl  mentira  que  se  ne  dicc,  como  lo  séria  hacerme 
paiar  tS  tragar  una  Itostia  tan  grande  como  una  rueda  de  molino,  dada  por  via 
de  comuntôn  |6  bien  :  una  rutda  de  molino  dada  por  via  de  coinuiii6n).  En  on 
sentido  an&logo  se  uia  la  eipresi6n  ■  se  las  traga  como  ruedas  de  molino.  > 


f I 2  MÉLANGES 

que  entre  la  lut  y  las  tinieblas.  Por  ingeiuosa  que  aparezca  esta  ezpUca* 
ci6n,  no  puede  roenos  de  cali6carse  de  en  extremo  improbable. 

Es  de  notarse  que  de  tos  vocabularios  de  los  dialeaos  hispanos  solo 
el  gallego  registra  la  voz  liéricdn. 

Ruiino  José  Cuervo. 

V. 

ENCORE  LE  JUIF  ERRANT  EN  ITALIE. 

Allé  notizie  ^à  date  nella  Romania  (X,  2 1 2)  intomo  alla  conoscenza 
che  fîno  dal  sec.  xiii  si  aveva  in  Italia  délia  le^enda  del  Giadeo  errante, 
ora  altra  è  da  aggiungeme,  tolta  da  una  poesia  testé  pubblicau  dal  sig. 
Tommaso  Casinl  nel  Propugnatore  (XV,  2,  )}7).  La  poesia  si  trova  in 
un  codice  datato  del  1274  e  descrive  rapidamente  un  viaggio  fotto,  0 
voluto  fare,  in  parecchi  paesi,  specialmente  di  Oriente.  Il  Giudeo  errante 
vi  è  chiaramente  desîgnato,  salvo  che,  invece  di  famé  un  percussore  o 
beffeggiatore  di  Cristo,  si  parla  di  lui  corne  di  pietoso  consotatore  ;  il 
che  rende  meno  giustificata  la  pena  a  cui  venne  condannato.  Si  direbbe 
dunque  che  l'autore  anonimo  di  questi  versi  avesse  soltanto  una  confiisa 
cognizione  délia  leggenda.  Ad  ogni  modo  ecco  i  versi  che  ad  essa  si  rife- 
riscono  : 

lo  me  ne  vo  in  terra  d'Egitto, 

E  v6i  cercar  Saracinia 

E  tucta  terra  Pagania, 

E  arabici  et  'braici  et  tedeschi, 

E  'I  Soldano  e  '1  Saladino, 

E  '1  Vellio  e  tutto  so  dimino, 

E  terra  Vinençiun  et  Belleem 

E  Montuliveto  e  Gerusalem, 

E  I'  Amirallio  e  'I  Massamuto  : 

E  11'  uom  per  kuî  Cristo  è  atenduto 

D'atlora  în  qua  ke  fue  pilliato 

E  ne  la  croce  închiavellato 

Da  li  giudei  k'  el  giano  frustando, 

Com  a  ladrone  battendo  e  dando  : 

Allora  quell'  uomo  li  puose  mente 

E  si  li  disse  pietosamente  : 

a  Va  tosto  ke  non  ti  deano  si  spesso.  » 

E  Christo  si  rivuolse  ad  esso, 

SI  li  disse  :  «  lo  anderôe, 

Et  tu  m*  aspetta  k'  io  tomerde.  » 

A.  d'Ancona, 


U,   LÉGCNDC  OU  SAUT  ROLLAND 


VI. 


LA  LEGENDE  DU  SAUT  ROLUND. 


J'tt  parlé  (Rum.  XI,  407)  des  tradiiions  relatives  à  Rolland  qui  se 
anient  conservées  dans  son  ancien  coniié,  et  notammciii  du  Saut  Roi- 
lad,  nom  donné  i  un  rocher  près  de  Fougères.  M.  Lucien  Decombe, 
directeur  du  musée  archiu logique  de  Rennes,  a  bien  voulu  me  commu- 
tâqver  cette  belle  légende,  telle  qu'il  l'a  rectidllie  lui-rnéme  ' . 

Su  te  bord  de  li  Caaticlie,  i  011  endroit  oit  ce  ruisseau  sépare  les  cumiRuncs 
de  Liîtrè  et  de  Dompicrre-du-Chemin,  on  voit,  sur  le  lerrîioire  de  celle  dcr- 
vère  conmDiK,  an  inoime  rocher  qui  domiirc  le  râvin.  Vis-i-vis,  sur  l«  terri- 
Uire  de  Luitré.  est  on  autre  anus  de  roches.  La  dislance  qui  les  sépare  l'un  de 
l'iMrt  fitut  être  d'eaviroo  80  i  100  m^ret.  C'est  le  Saut  Rçllaad.  Ce  nom  lui 
ml  de  ce  qu'un  chevalier  dn  pays,  nommé  Rolland,  revenant  de  la  guerre, 
(Mbl  franchir  trois  lois  le  précipice  avant  de  rentrer  dans  ion  château.  La 
pi«niièrc  fois  il  éperoma  son  cheval  en  s'écriant  :  ■  Pour  Dieu  !  j  et  le  cheval 
meigait  bdienent  la  rive  opposée.  Kolland  revînt  sur  sfs  pas  et  cria  ;  •  Pour 
1*  ainte  Vierge  '  ■  et  le  cheval  franchit  une  seconde  foit  l'espace.  Enfin  Rolland 
mlat  tenter  l'èprenve  pour  la  troisiJïnic:  fois  :  f  Pour  ma  dame  I  r  s'icria-t-il, 
aie  cbevat,  gfissant  sur  le  bord  du  roc  escarpé,  tomba  lourdement  au  fond  dn 
irnn,  entraînant  avec  loi  son  cavalier,  qui  ne  revit  ni  son  château  ni  sj  dame. 
Celle-ci  fut  inconsolable  ;  elle  vint  demeurer  d.ins  les  rochers  qui  avaient  été 
ttaotn  de  U  fin  lemble  de  son  ruiicé.  F.lie  y  eU  toujours,  maî^  invitibl':  ;  on 
ne  TOtt  qu  ses  larmes  qui  coulent  continuellement  sur  le  flanc  d'une  roche  qu'on 
a^ipette  t  U  pierre  dégouttante,  ■  et  qui,  i  la  fin  du  monde,  doit  Tomber  au 
M  dn  ravin  de  la  Cantache.  (^ant  i  la  pierre  d'ob  le  cheval  de  Rglland 
iTfiinca  pour  la  troisième  fois,  elle  a  conservé  l'empreinte  d'un  fer  i  cheval. 


< .  U.  Decorabe  a  eu  l'obligeance  de  joindre  i  sa  lettre  l'indication  de  Dom- 
breax  passages  rektîb  tant  i  l'otigine  bretonne  de  Rolland  qu'à  la  légende  qu'on 
vient  de  lire.  N'ayant  pas  actuelIcnieRl  le  loisir  d'utiliser  ces  matériaux,  je  crois 
iteiO(T  le»  communiquer  i  nos  lecteurs,  qui  pourront  en  tirer  profit. 

Ogée,  Didiomam  Jt  Bietagnt^  annote  par  Martcville  et  Varin,  1.  1,  p.  5  jj, 
eol.  I,  V  Lnitré  ;  —  BallUia  et  Mimciret  Jt  ta  Swili  .mhMogi^iii  d  Ulc-tt- 
ViUint,  t.  n,  p.  47-48  ;  —  Danjon,  StMitUqat  des  momiminU  ceiliquet  dt  f'jr- 
».W,-«f/nw»f  /(  Foaeiitt  (M.  Danjon  cite  dans  cet  article  ;  Abbé  Bûcheron, 
M'  ml,  ibjô-jt;  Ducrestdc  Villenetive,  jlytrrutfiW  i/i  Fou?>rfj,  iSjS, 

p,  r.  Cl  Maupilie,  A'ofia  InttO'îqiu  jur   t'jtiondistimfnt  Ji   Fougirts, 

f,  ^■)■•^^  ex  n  ajoute  :  «  Des  traditions  analogues  existent  ailleurs  sous  le  non 
du  néme  pertonnaçe  »  ;  voj.  Mim.  Jr  la  Soaili  da  Anlnjaairef  Je  France, 
t.  XIV,  p-  !•))  ;  —  ib,,  p.  3ï9*40  :  Maupillë,  Sotti  hisloritjut  tt  atckiologutae 
tt  ht  ^Mo-tus  dis  dtax  Ciintons  de  Fwiglrts  ;  —  Ad.  Orain,  Ctogruphit  ptUo- 
nifw  i'îllt-it'Ydam  0.  114,  v*  Domputrt-da-Ciumin.  —  Vo);ez  aussi  le  livre 
tout  récent  de  M.  Sébillol,  Qtrganttti  dans  Us  tndihons  populairn,  p.  1 1  f-i  ty. 

lomMia,  XII  8 


t  r4  MÉLANGES 

Il  est  visible  que  ce  rédt  n'a  originairement  rien  à  faire  avec  Rolland  : 
on  en  trouve  de  semblables,  en  France  et  hors  de  France,  rattachés  à 
d'autres  noms  que  le  sien.  Mais  le  fait  même  d'avoir  substitué  Rolland 
au  héros,  sans  doute  anonyme,  de  cette  ancienne  histoire,  montre  que 
le  comte  de  la  Marche  de  Bretagne  n'était  pas  oublié  dans  son  pays. 

Il  est  possible,  ajouterai-je,  de  trouver  dans  la  Chanson  de  Rolland  une 
autre  trace  d'origine  bretonne.  Le  vassal  de  Rolland,  Gualtier  du  Hum 
(voy.  Rom.  XI,  408),  se  faisant  reconnaître  de  lui,  lui  dit  (v.  2047)  : 

Ço  est  Guattiers  qui  conquist  Maelgut^ 

Maelgat  peut  fort  bien  être  un  de  ces  noms  bretons  composés  avec 
matl-maglo  dont  j'ai  eu  occasion  récemment  d'examiner  quelques-uns 
{Rom.  X,  489).  Ce  vers  nous  montrerait  alors  Gualtier,  Vhomme  de  Rol- 
land, en  lutte  avec  un  chef  breton  (c'était  sans  doute  le  sujet  d'un  épisode 
d'un  poème  perdu),  et  confirmerait  l'hypothèse  que  la  Chanson  de  Rol- 
land, au  moins  dans  certaines  parties,  conserve  encore  le  souvenir  de 
la  fonction  de  son  héros  comme  comte  de  la  Marche  de  Bretag^ie  '. 

G.  P. 

VII. 

NOUVELLES  VERSIONS  DE  LA  CHANSON  DE  RENAUD. 

Nous  avons  imprimé  ici  (p.  97  ss.)  les  versions  de  la  chanson  de 
Renaud  contenues  dans  le  recueil  Rathery  de  la  Bibliothèque  nationale. 
L'une  d'elles  [t.  Il,  fol.  28;)  nous  avait  échappé;  M.  Longnon,  qui 
l'avait  transcrite  de  son  côté,  a  bien  voulu  nous  la  communiquer.  C'est  la 
première  de  celles  que  nous  donnons  ci-dessous.  —  La  seconde,  qui  est 
incomplète  du  début,  nous  a  été  envoyée  par  M.  Sébillot.  —  Nous 
devons  les  n"*  1)1  et  IV  à  l'obligeance  de  M.  Brissaud,  agrégé  de  droit 
à  la  Faculté  de  Montpellier  :  il  a  recueilli  lui-rnême  le  n"  IIl  ;  le  n"  IV 
lui  a  été  envoyé  par  un  ami  ;  bien  qu'entendus  dans  la  même  commune, 
ces  deux  textes  sont  assez  différents.  —  Enfin  M.  Eugène  Rolland  a  bien 
voulu  nous  communiquer  la  très  intéressante  traduction  d'une  chanson 
en  bas-breton,  dont  il  ne  possède  pas  te  texte  original,  et  que  nous 
donnons  en  dernier  lieu. 

G.  P. 


t.  Il  est  fort  probable  que  0  a  seul  conservé  ici  la  forme  première  du  Don. 
V  donne  Malltga^  T  MataguZj  E  C  MaUguz,  L  Marlagaz,  P  Malarsut  ;  tes  tra- 
ductions allemande,  néerlandaise  et  Scandinave  omettent  ce  nom. 

2.  li  faut  reconnaître  cependant  que  nous  pourrions  avoir  ici  un  nom  germa- 
nique, composé  avec  Madai-,  Madel-,donl  le  d  serait  tombé.  On  trouve  Madet- 
gudis  comme  nom  de  femme  dans  le  Polyptyque  d'Irminon  (voy.  FOrstemann). 


NOUVEU.es  versions  de  la  chanson  DB   RENAUD 


"S 


Cm  la  djiM  du  boii  dtt  Vaux 
Qui  vient  avec  ses  grands  cFicvaux. 
Dans  Rennes  quand  ils  sont  entrés, 
Touï  Ici  pavés  en  ont  tremblé,    [tcnt 
Les  nuisons  Ircmblent  quand  ils  trot- 
Du  poids  de  tout  l'argent  qu'ils  portent 
Pour  délivrer  l«  fils  atné 
Qui  est  i  Rennes  emprisonné. 
N'en  ont  point  core  assex  porté  : 
Le  6U  a  élé  condamné  ), 

■  R^joiiissei-vous.  mon  Jïis  Louis, 

Votre  femme  a  eu  un  beau  iils. 

~-  Ni  pour  ma  femme,  ni  pour  mon 

Je  ne  saurais  me  réjouir  ;  [fiis 

Homme  <fui  se  voil  prés  de  mourir 

De  rien  ne  peut  se  diventr  ; 

Il  voit  la  chandelle  lUumée 

Le  suaire  pour  l'ensevelir. 

Au  la  chandelle  veillei-moi, 

Au  la  lanterne  veillez-moi  ; 

Enterres- moi  secrètcfiKDt, 

Si  que  ma  femme  n'en  ait  vent.  * 

Quand  ce  fut  a  huil  |ours  passés 

A  la  messe  voulut  aller. 

Le  rouge  elle  a  voulu  porter. 


Le  noir  on  lui  a  présenté. 
»  Hélai,  ma  mère,  qu'y  a-t-il 
Que  nos  garçons  pleurent  ainsi  ? 

—  Ils  ont  perdu  de  vos  chevanx 
Dcmi-douxarne  des  plus  beaui.  > 
«  Hélas,  ma  mère,  qu'j-  a-t-il 
Que  nos  Allés  elV  pleurent  aussi? 

—  Ell's  ont  perdu  de  vos  linceolx 
Demi 'douzaine  des  plus  neufs.  * 
Dans  la  ville  quand  sont  entrés, 
Entendent  les  cloches  sonner  : 

*  HéJas  I  ma  mère,  qu'y  a-t-il 
Que  les  cloches  sonnent  ainsi  ? 

—  C'est  le  sire  duc  et  ses  gens 
Qo)  font  leur  entrée  i  prèsenl. 

—  Ni  ponr  le  duc  ni  pour  ses  gens 
Nos  cloches  ne  sonneraient  unt.  » 
Dans  le  cintetiére  est  entrée  : 

«  A  qm  ce  frais  tombeau  illec? 

—  Je  ne  puis  [plus]  vous  le  celer, 
Vot'  mari  y  est  enterré.  > 

*  Ma  iille,  vous  ivei:  un  beau  fi]s  : 
Demeureï  va  pour  le  nourrir. 

—  Mon  fils  aura  de  bons  parents, 
Qui  le  nourriront  Icndreroenl.  » 

(Envoi  de  M.  Roulin.] 


11. 


I  Ma  m^re,  ma  mérc,  qu'est-ce  que 
Qu'on  entend  sonner  celte  nuit  ?    [ceci 

—  Ma  fille,  ma  iilie,  c'est  le  fils 
Du  roi  qui  revient  au  pays.  • 

•  Ma  tnére,  ma  mère,  qu'est-ce  que 
(^'oo  entend  cogner  cette  nuit?  |c<d 

—  Ma  fille,  ma  fille,  c'est  les  maçons 
Qui  raccommodent  notre  maison.  ■ 

•  Ma  mère,  ma  mère,  qu'est-ce  que 

Iceci 
Que  nos  valets  pleurent  tant  ce  matin? 

—  Ma  fille,  ma  &lle,  en  entrant  dans 

[le  champ, 


On   a   trouvé   le  beau  cheval  blanc 
[égorgé  dans  le  sang.  » 

«  Ma  mère,  ma  mère,  qu'est-ce  que 

[ceci 

Que  nos  cuisinières  pleurent  tant  ce 

[malin? 

—  Ma  fiCle,  ma  fille,  en  échaudant 
Elles  ont  cassé  un  plat  d'ai^ent. 

—  Pourquoi   pleurer   pour  un   plat 

[d'argent? 
Nous  avons  de  l'or  et  des  louis 
Four  acheter  un  autre  plat  d'argent.i 

B  Ma  mire,mimire,  qu'est-ce  que  ceci 


I.  VariMU  :  Le  fils  alnè  est  demeuré. 


1 1 6  méunCes 

Que  l'habit  noir  m'est  un  présent  ce      Elle  a  poussé  de  si  hauts  cris 


[matin  ? 

—  Ma  fille,  ma  fille,  en  cet  instant 
L'habit  noir  vous  est  avenant. 

f  Ma  mère,  ma  mère,  qu'est-ce  que  ceci 
Qu'on  me  meneau  tombeau  ce  matin? 

—  Ma  filte,  ma  fille,  )e  n'peuz  plus  le 

[cacher, 
C'est  ton  mari  qu'est  mort  et  enterré.  > 


Que  le  ciel  s'en  ouvrit  : 
Elle  vit  une  grande  lumière 
Et  s'en  fut  trouver  son  mari. 

■  Ma  femme,  ma  femme,  retire-toi  : 
Ta  bouche  sent  le  souci, 
Et  la  mienne  le  pourri. 
Nous  avons  des  enfants  : 
Elève-les  bien  chrétiennement.  > 


(Dinan.) 


m. 


Quand  Renaud  de  la  guerre  vint, 
Son  ventre  il  porte  à  la  main. 
Sa  mère  qui  était  sous  l'ormeau. 
Voit  venir  de  loin  son  fils  Renaud  : 
(  Pauvre  Renaud,  mon  très  cher  fils, 
Ta  femme  a  enfanté  un  beau  fils. 

—  Ma  mère,  allez-vous-en  devant, 
Préparez-moi  un  beau  lit  blanc  : 
Que  dedans  ce  lit  ne  manque  rien, 
Que  mon  épouse  n'en  saclie  rien  I  i 
Quand  vint  l'heure  de  minuit, 
Pauvre  Renaud  rendit  l'esprit. 

c  0  ma  mère,  à  ma  mie. 
Qu'est-ce  que  j'entends  crier  ici  ? 

—  Fille,  c'est  un  de  nos  chevaux 
Qui  vient  de  mourir  y  a  pas  longtemps. 

—  De  nos  chevaux  me  soucie  bien, 
Mais  que  Renaud  se  porte  bien.  > 
Quand  on  vint  pour  le  clouer  : 

I  Oh  !  j'entends  le  marteau  frapper  ! 
Oh  I  dites,  ma  mère,  ma  mie, 
Qu'est-ce  que  j'entends  frapper  ici  ? 

—  Fille,  ce  sont  les  charpentiers 


Qui  raccommodent  le  château. 

—  Du  château  m'en  soude  bien, 
Mais  que  Renaud  se  porte  bien.  ■ 
Quand  on  vint  pour  l'enterrer  : 

■  Oh  I  j'entends  le  prêtre  chanter  1 
Oh  I  dites-moi,  ma  mère,  ma  mie, 
Qu'est-ce  que  j'entoids  chanter  id  } 

—  Fiile,  ce  sont  les  processions 
Qm  font  le  tour  de  la  maison. 

—  Des  processions  m'en  soucie  bien. 
Mais  que  Renaud  se  porte  bien.  > 
Un  beau  dimanche  matin  : 

0  Oh  I  dites,  ma  mère,  ma  mie, 
Quel  habit  prendrai-je  aujourd'hui  ? 

—  Prenez  le  blanc,  prenez  le  gris, 
Le  noir  vous  sera  plus  joli.  > 
Quand  i  la  messe  étant  arrivée  : 

f  Oh  !  dites,  ma  mère,  ma  mie. 
Qu'est  cette  tombe  que  void? 

—  Fille,  ne  peux  plus  le  teni  : 
C'est  la  tombe  de  ton  mari. 

—  Terre  sainte,  ouvre-toi  1 
Avec  Renaud  je  m'en  vas.  ■ 


(Cambes,  canton  de  Leyches,  Lot-et-Garonne'.) 


IV. 


Quand  Renom  de  l'armée  vient. 
Il  porte  son  ventre  à  la  main. 
t  Ma  mère,  allez-vous-en  dedans 
Me  préparer  un  lit  tout  blanc  : 
Un  lit  qui  ne  manque  de  rien, 


Et  que  ma  femme  n'en  sache  rien.  > 
f  Hola  !  ma  mère,  hola  1  ma  mie, 
Qu'est-ce  que  j'entends  sonner  ici? 
—  Ma  fille,  ce  sont  nos  processions 
Qui  font  le  tour  de  nos  maisons. 


I .  La  personne  sous  la  dictée  de  laquelle  j'ai  écrit  ced  m'a  dit  :  i  Toute  la 
chanson  n'est  pas  là;  il  jr  a  des  vers  dont  je  ne  me  souviens  plus  (M.Brissand).  ■ 


NOUVELLES  VERSIONS   DE 

—  De  C(1a  je  ne  m'en  soucie  point, 
Puisque  Rmom  se  porte  bien.  ■ 

■  Hola  !  ma  mère,  hola  \  ma.  mie, 
Qu'est-ce  que  j'entends  frapper  Ici? 

—  Ma  fille,  a  sont  nos  mjçoins 
Qui  rebâtissent  nos  nuisons. 

—  De  cela  )e  ne  m'en  soucie  point, 
Puisque  Renom  se  porte  bien.  » 

«  Hoia  !  ma  mtn,  hola  !  ma  mie, 
Quel  hibtl  prendrai-je  aujourd'hui  î 

—  Ma  fille,  prends  le  blanc,  le  gris; 
L<  noir  serait  le  ptus  joli. 

—  De  cela  |e  ne  m'en  soucie  point. 
Puisque  Renom  se  porte  bien.  » 

«  Voili  la  femme  d'un  grand  seigneur 


LA  CHANSON   DE   REKAUD  Ity 

Qu'on  a  enterré  l'autre  jour.  ■ 
f  Hola  t  ma  mère,  hola  !  ma  mie, 
Qu'est-ce  que  me  dit  ce  petit  fils  ? 

—  Ma  fille,  ce  sont  des  coquins 
Qui  veulent  te  donner  du  chafirin. 

—  Oc  cela  je  ne  m'en  soucie  point, 
Puisque  Renom  se  porte  bien.  > 

•  Hota  I  ina  mère,  tiola  !  tna  mie, 
Qui  est>ce  qu'ils  ont  enterré  id? 

—  Ha  fille,  je  ne  puis  le  cacher, 
Renom  est  mon  et  enterré. 

—  OcicI  et  terre,  ouvrer-vous  ! 
Je  veuK  voir  mon  cher  épouï,  » 
Le  ciel  et  la  terre  sont  ouverts  : 

<  Femme,  viens-t'en  dedans  le  cicll  ■ 

(Ctnbes.) 


TRADUCTION  D'UNE  CHANSON  BRETONNE'. 

Monsieur  le  comte  et  ion  épouit  te  sont  mariés  bien  jeunemeni.  Elle  avait 
doiize  ans  et  lui  quatorze- 

Elle  aocQDche.  t  Maintenant,  puisque  lu  as  un  enfant,  pour  te  rcmdlrc,  que 
veux-tu  manger?  Veux-tu  un  gibier?  * 

Monsieur  le  comte  prend  son  fusil  et  va  i  la  chasse  ;  il  rencontre  une  biche 
qui  lui  dit  ;  «  Bonjour,  monsieur  le  comte  :  il  y  a  longtemps  que  je  désire  vous 
parler  ;  vous  allei  vous  marier  avec  moi,  ou  sans  cela  vous  mourrez.  » 

Le  conte  refuse.  <  Alors  vous  allez  mourir.  ■  Il  revient  chez  lui.  Ld  il  dit 
i  sa  servante  :  ■  Je  vous  demande  si  mon  lit  est  fait.  —  Votre  lit  est  fait  comme 
d'habilttde  pour  vous,  que  vous  soyez  malade  ou  bien  portant.  • 

Il  meurt.  —  Après  cela  la  jeune  mère  vit  tout  le  monde  pleurer.  •  Oh  I  ma 
mhn,  pourquoi  pleure  la  cuisinière'  —  Le  meilleur  couvert  d'argent  on  nous 
1'»  volé.  —  Dites-lui  de  ne  pa»  pleurer,  nous  en  achéleroos  un  autre.  » 

■  Pourquoi,  ma  mère,  le  valet  pleure-t-îl  f  —  Le  meilleur  cheval  que  nous 
avions  vient  de  mourir.  —  Dites-lui  de  ne  pas  pleurer,  nous  en  achèterons  un 
autre.  » 

Elle  va  i  l'église,  t  Quelle  robe  mettrai-je?  —  La  mode  est  de  porter  le 
notr  maintenant,  >  lui  dit  sa  mère, 

Quand  elle  arriva  au  cimetière,  elle  demanda  :  ■  Qui  vient  donc  d'être 
enterré  lii  —  Ma  fille,  je  ne  puis  vous  le  cacher,  c'est  votre  maii  qui  est 
enterré.  » 

(Environs  de  Lorient.) 


I.  Cette  traduction  est  littérale,  mais  un  peu  abrégée. 


COMPTES-RENDUS. 


Die  lokalen  Verschiedanhelten  der  latelniaohen  E^rache,  m^ 

besonderer  Bcrûcksichtigung  des  sirilcanischen  Lateins,  voa  D'  Karl  Sittl. 
Erlangea,  Deichert,  1882,  in-8°,  iv-162  pages. 

Le  livre  de  M.  Sittl  se  divise  en  trois  parties.  La  première  (p.  1-43)  est 
iatitulie  :  t  Les  diversités  locales  de  la  langue  latine  en  Italie,  1  et  cooceme  les 
rapports  du  latin  avec  les  anciennes  langues  nationales  (sauf  le  celtique)  qu'il 
supplanta  en  Italie;  la  troisième  et  la  plus  considérable  (p.  77-1  )i)  a  pour 
titre  :  f  Le  latin  africain  *.  La  première  échappe  à  notre  compétence  et  ne 
présente  guère  de  faits  qui  touchent  ta  philologie  romane  ;  la  troisième  concerne 
surtout  des  questions  de  style,  intéressantes  pour  le  latiniste,  mais  qui  n'ont  pas 
d'importance  linguistique.  La  seconde  (p.  44-76)  est  consacrée  â  t  la  langue 
latine  dans  les  provinces  1  et  semble  répondre  â  un  vceu  que  j'exprimais  récem- 
ment iRom,  XI,  601).  Je  dis  :  semble  répondre,  car  d'une  part  on  ne  peut 
traiter  suHîsamment  un  pareil  sujet  en  trente-trois  pages,  et  l'auteur  lui-mtoe 
o'en  a  pas  la  prétention  ;  d'autre  part  il  y  a  dans  cette  courte  esquisse  bien 
des  points  contestables  et  bien  des  confusions.  L'auteur  ne  manque  ni  de 
lecture  ni  d'esprit,  et  il  réunit  beaucoup  de  faits  sous  une  forme  très  concise; 
mais  son  travail  ne  porte  pas  assez  les  marques  de  la  réflexion.  Il  débute  par 
une  profession  de  foi  théorique  ;  d'après  lui,  l'unité  du  latin  vulgaire  dans  les 
diiférentes  provinces  est  inadmissible  '  :  i  On  a  le  droit  de  demander  si  la 
langue  latine  se  parlait  de  même  sur  la  càte  lusitanienne  et  â  l'embouchure  du 
E>anube.  Certainement  aussi  peu  qu'aujourd'hui,  s  Eh  bien  1  alors,  il  n'y  a 
qu'à  dire  qu'on  parlait  portugais  et  roumain  au  III*  siècle.  Voili  une  assertion 
bien  téméraire.  «  La  langue  latine,  ajoute  l'auteur,  n'a  sûrement  pas  été  fen- 
due d'un  coup  d'épée  en  langues  romanes,  grâce  à  l'intervention  des  Germains, 
comme  semble  le  vouloir  la  légende  courante  des  romanistes.  ■  Vraiment  1 
Nous  ne  pensions  pas,  pauvres  romanistes  que  nous  sommes,  être  imbus  d'une 
c  légende  >  aussi  merveilleuse,  et  nous  croyions  n'avoir  pas  attendu  M.  Sittl 
pour  supposer  que  les  différences  des  langues  romanes  se  sont  développées  pea 
à  peu  de  germes  existant  anciennement.  Il  est  fâcheux  de  se  servir  ainsi  des 


I.  [I  dte  i  ce  propos  (p.  4s)  l'histoire  n  bien  connue  do  ethnographe  n  d'un  jeune 
Ecossais,  qui,  tievé  dtputs  sa  naistance  au  milieu  d'Anglais  purs,  maltraitait  cependant 
l'anglais  comme  un  Écossais  qui  n'aurait  jamais  quitté  son  pa^.  Je  serais  très  cnrieui 
de  coonatire  les  garants  de  ce  Tait,  absolument  cratraire  à  ce  que  chacun  peut  observer 
tous  let  jours. 


SrTTt,  Die  hkaUn  VenchitÂenhehtn  éer  ktmhchtn  Sprache      119 

mots  sans  les  définJr.  Qu'est-ce  que  le  «  Utin  »  ?  qu'est-ce  <)ve  •  les  langves 
rominei  ■  ?  Ce  ne  sont  que  des  lermet  commod»,  dont  il  ne  faut  pas  Hn 
dupe.  Le  français  csl  le  latin  vulgaire  de  la  Gaule  (fori  mébuR*  d'autres  éW- 
nents),  et  btrc  commerinT  l'un  ou  finir  l'autre  en  841  serait  une  pure  absur- 
dité. Venir,  par  conséquent,  nous  citer  des  fonnes  de  l'époque  carolingienM 
comme  une  révètalion  sur  l'origioe  laiiae  du  français,  c'est  ne  rien  dire.  Ce 
4)u'on  entend,  quand  Ofl  dit  que  les  monuments  du  latin  vulgaire  fournisK&t 
\:ii  peu  d'éliments  1  l'étude  Jes  diversités  locales,  c'est  que,  si  on  prend  cod- 
vcntionneilcnient  une  certaine  date  (par  cuemplc  U  fin  du  V"  siècle),  on  trouve 
bien,  dans  les  monuioenu  antérieurs,  un  assex  grand  nombre  de  faits  gramnU' 
ticaax  étrangers  au  latin  classique  et  communs  aux  diverses  largues  romaaes, 
mais  on  n'en  trouve  presque  pas  qui,  étrangers  au  latin  classique  et  aux  autres 
langues  romanes,  soient  propres  il'uncd'cntre  elles.  Comment  cela  s'explique-t-il  ? 
Je  n'essaierai  pas  de  le  rechercher  ici.  Le  tait  est  incontesta bie,  et  ni  la  polé- 
mique de  M,  S.  contre  M.  Scliuchardt  (auquel  il  doit,  comme  nous  tous,  i  peu 
pris  tout  ce  qu'il  sait  du  sujet),  ni  les  efforts  auiquels  il  s'est  livré  pour 
détruire  ce  fait  ne  l'empêchent  d'être  là.  Ce  n'est  pas  Jl  dire  qu'il  soit  inutile 
de  rechercher  d.ini  l'usage  familier  du  latin  (car  c'eit  U  ce  qu'il  faut  réellemeul 
entendre  par  latin  vulgaire]  des  traces  de  diversité  locale,  et  M.  S.  a  peut-ttre 
réussi  à  en  découvrir  quelques-unes  ;  mais  on  peut  dire  en  général  que  celles 
qu'on  s'attendrait  X  y  trouver  ne  s'y  rencontrent  pas  el  que  celles  qu'on  y  relève 
ne  se  retrouvent  pas  dans  les  langues  romanes  correspondantes.  Prenons  pour 
exemple  la  curieuse  inscription  dalmate  du  VI*  siècle  que  M.  S.  publie  (p.  48) 
après  MM.  Detle(sen,  Zangemeister  et  Schuchardt  Jet  dont  il  améliore  d'ailleurs 
le  texte  et  l'interprétation)  :  on  n'a  certainement  pas  beaucoup  de  textes  aussi 
anciens  et  aussi  peu  classiques;  qu'y  a-t-il  cependant  de  local  dans  les  faits 
qu'elle  présente?  M.  S.  n'y  rclîrc,  pour  la  phonétique,  que  >  la  faveur  accor- 
dée i  U  voyelle  sourde  0  '  :  dtifontio,  immoadiitimt,  etc.  »,  comme  si  ces  formes 
se  se  trouvaient  pas  partout  1  L'étude  du  vocabulaire  fournirait  sans  doute  des 
résultats  plus  précis  que  celle  de  !a  phonétique  ;  quant  \  la  syntaxe,  sauf  ce  qui 
concerne  les  prépositions,  il  n'y  a  presque  rien  à  tirer  de  nos  monuments.  Maïs 
CB  tout  cas  il  me  semble  que  pour  extraire  de  ces  monuments  les  parcelles 
d'instruction  qu'ils  contiennent,  une  autre  méthode  serait  préférable  i  cefle  de 
l'auteur.  Au  lieu  de  partir  de  chaque  province  pour  examiner  ce  que  peuvent 
«voir  de  spécial  les  texies  qui  lui  appartiennent,  il  vaudrait  mieux  partir  de 
chaque  phénomène  phonétique,  flcxionnel.  etc.,  pour  rechercher  dans  quelle 
province  et  i  quelle  date  il  apparaît  dans  les  textes.  On  répartirait  ensuite  par 
provinces  les  résultats  oblenus.  On  serait  amsi  plus  clair,  et  on  risquerait  moins 
de  laisaer  échapper  des  faits  dignes  d'intérêt  -.  —  Malgré  ces  objections,  et  bieo 
d'autres  qu'on  pourrait  faire',  le  travail  de  M-  S.  ne  mérite  pas  seulement  des 


I.  Cei  0.  dan  les  exemples  diés,  remplaçant  b,  la  qoaitlicnien  ax  bitane. 

a  H.  s  remarque  (p.  67)  qae  0  =  *u  ne  se  feecontre  (sii  ra  Aftiqut;  mais  il  ne  dit 
rien  Aa  lulrrs  provinces,  où  U  répartition  de  d  s  n  n'nl  çit  idenlique.  L-a  conitau- 
tion  ir  et  fiii  lit  difficile,  pti<e  qu'il  («ut  toigmuKinerit  diitinj^u^r  deux  o  ^  «u  .'  l'an- 
cieii,  qoi  ta  on  □  (rrmé  [U'àù]^  t\  te  nouveau,  qui  nt  un  a  ouvm  ida*).  CC  q«c  dil  1 
ce  nite>  M.  Schnchardt  n'eti  pài  exempt  d'obtcuniè, 

1.  Par  exemple  commeot  pariant  pnic-i!  prouver  (p.  74}  que  la  Haaie-lIaUc  te  rap- 


1 20  COMPTES-RENDUS 

critiques  ;  il  contient  quelques  bonnes  observations,  et  je  ne  puis  que  me  joindre 
à  l'auteur  dans  le  v<£u  qu'il  forme  en  terminant  pour  que  ces  études  soient 
reprises  et  poursuivies  par  d'autres.  G.  P. 

Fratucœslscbe  StndleD,  herausgegeben  von  G.  ICoertino  und  E.  Koscb- 
wiTZ.  Heilbronn,  Henninger,  in-8°.  T.  I,  t88i,  468  p. 

En  même  temps  qu'ils  publient  la  Zeitschrift  fur  ntufraniasischc  Spracht  and 
Litteratur,  MM.  Kœrtîng  et  Koschwitz  ont  pris  la  direction  d'une  collection  de 
travaux  relatifs  1  la  tangue  et  à  la  littérature  de  ta  France  ancienne  et  moderne. 
Les  tomes  1,  II  et  III  en  sont  déjà  terminés;  le  t.  IV  est  en  cours  de  publica- 
tion. Nous  attendrons  pour  parler  de  ce  dernier  et  de  chacun  de  ceux  qui  sui- 
vront leur  complet  achèvement.  Le  t.  II,  tout  entier  consacré  à  une  biographie 
de  Molière  par  M.  Maehrenholtz',  dépasse  notre  cadre.  Nous  rendrons  compte 
dans  le  premier  et  le  troisième  volume,  comme  dans  les  suivants,  des  travaux  qui 
nous  intéressent,  en  donnant  simplement  le  titre  de  ceux  qui  sont  relatifs  à  une 
époque  plus  moderne  que  celle  où  nous  nous  renfermons.  Il  est  inutile  de  signa- 
ler i  nos  lecteurs  l'activité  dont  cette  collection  nous  offre  une  nouvelle  preuve 
chez  nos  voisins,  et  qui  contraste  si  vivement  avec  la  torpeur  ob  languissent 
chez  nous  les  études  relatives  à  notre  propre  littérature,  notamment  â  notre 
littérature  moderne. 

TOMB  PREMIEH. 

1.  W.  List,  Elades  syntaxiques  sar  Voiture  (p.  1-40}. 

2.  P.  Grcebedinkel ,  la  Versification  dans  Desportes  et  Malherbe  (p.  4i-]27). 
j.  R.  Grosse,  le  Style  de  Creslien  de  Troies  (p.  1 27-260).  Ce  travail,  qui  a, 

comme  te  remarque  l'auteur,  le  mérite  de  (a  nouveauté,  manque  trop  de  rues 
générales,  de  comparaison  et  de  conclusion.  On  y  trouve  d'ailleurs,  outre  un 
assez  grand  nombre  d'erreurs  d'interprétation*,  une  masse  de  fautes  d'impres- 
sion '  qui  en  rendent  la  lecture  désagréable.  Malgré  ces  défauts,  il  peut  rendre 

iroche  de  l'Italie  a  i  l'ipcx^ue  chrétienne  »,  en  regard  du  îr.  pèlerin  ?  le  chaDgemeni  d's 
I.  â)  dans  les  syllabes  radicales  [1.  toniques)  en  0  est-il  propre  i  l'iulien  et  au  françaii 
jb.) }  le  changement  d'u  en  â,  en  français,  date  du  vi'  siècle  [p.  60),  parce  qu'on  trouve 
alors  augustuaintniis  ;  mais  le  caractère  mainienu  ne  prouve  pas  la  fixité  du  son,  etc. 

1,  MolUre'i  Leben  unit  Werke  ¥om  Standpunkt  der  ktntigen  Forsckang,  von  R.  Hzh- 
renholti.  1881,  in-S",  400  p. 

2.  En  voici  quelques-unes  prises  tout  i  fait  au  hasard.  P.  119,  Ivain  est  afSigé  de 
voir  Laudine  égraiigner  son  visage  dans  sa  douleur  iDe  ce  qu'elt  plore  me  duel.  Ne  de 
rien  n'ai  si  grant  destrect  Corne  ae  son  ris  qu'été  blece]  ;  M.  Gr.  slmapne  que  ce  sont. 
par  métaphore,  t  les  larmes  qui  blessent.» — P.  144,  Dell  poist  l'on  oiseler,  Tant  tttoit 
de  grant  joie  plainne  :  i  cela  symbolise  le  mouvement  qu'on  fait  pour  embrasser.  •  Nul- 
lement :  c'est  une  métaphore  commune  au  xii*  siècle,  et  poussée  ici  à  son  dernier  degré, 
que  de  dire  qu'on  est  prêt  à  voler,  qu'on  vole  de  joie  ;  cela  va  si  loin  dans  le  cas  pré- 
sent qu'on  pourrait  se  servir  de  la  dame  en  question  comme  d'un  oiseau  de  vol.  — 
P.  171,  Li  perons  est  d'unf  esmeraude  Perciee  aasi  corn  une  boz.  M,  Gr.  comprend  l>ax 
comme  t  botte  »;  il  signifie  t  bouteille  ».  —  p.  i}i,  //  s'entredonent  si  granz  ats 
C^'ansdeus  les  escus  de  lor  cos  Percent  ;  l'auteur  voit  \i  la  répétition  du  raème  moi  i  U 
nme,  tandis  que  cos  au  second  vers  est  le  plur.  de  col. 

).  On  ne  peut  reprocher  bien  sévèrement  i  l'auteur  d'avoir  reprodiùt  les  fautei  dei 
éditions  qu'il  suit  ;  cependant  il  montre,  en  ne  les  remarquant  pas,  qu'il  est  oeu  familier 
avec  l'andenne  langue.  Ainsi,  p.  iji,  Et  je  cuic  bien  que  lonc  le  jor  Ne  sera  vous.  Uses 
lonc  sejor  Neferii  mus. 


G.  KcEATiNG  u.  E.  KoscHWiTz,  Franzasîsche  StuttUti  121 

des  services  :t  mérîie  d'tlre  signalé  coœme  une  premi^e  pierre  pour  l'étude 
du  style  poétique  au  nnoyen  ige. 

4.  M,  Hinnappcl,  la  Poétique  d'Ahiit  Chrtter  ip.  361-^14».  Ce  travail,  qui 
ressemble  au  précédenl  par  Je  sujcl,  est  moins  intéressant  pour  le  fond,  el  en 
général  asseï  faible'. 

5.  G.  Marx,  Sur  l'oidri  dts  inofj  daiu  Jointille  (p.  }ii-î6o)-  H  faudrait, 
pour  bien  apprécier  un  travail  de  ce  genre,  l'avoir  fait  de  son  cAté;  celui  de 
M.  Marx,  qui  le  rattache  i  ceux  de  Oîct,  Mjctzner,  Le  Coultre,  Krûger  el 
Morf,  parait  exécuté  avec  soin. 

6.  H.  Solimann,  l'Infiniti/  ara  la  prip.  i  datai  l'dncUn  frtin(ais  jusqu'à  la  fin 
du  Xll<  siècle  \p.  ;6i-4}oj.  Ce  travail  considérable  atlrstechez  l'auleur  beau- 
coup de  soin  el  d'inlelligence.  Les  explicatîoni  qu'il  donne  sont  assez  souvent 
contestables  (par  exemple  ce  qu'il  dit  lur  wa  avec  Ir  gérundiTl,  mais  loujouri 
réfléchies,  et  il  a  réuni  une  masse  de  laits  et  d'observations  qui  apportent  une 
préeieuie  contribution  i  l'histoire  de  li  syntaxe. 

7.  Heine,  U  Kiàét  dtCoinalU  (p.  4)0-468). 

tomb  troisièue>. 

I .  J.  Schoppe,  Sar  U  mhrt  et  l'aisonana  dt  la  Chanson  Je  gestt  *  Amis  rt 
Amilts  *  ()9  p.l.  —  Il  y  a  dans  ce  mémoire  de  bonnes  inteniioitset  du  travail, 
mais  trop  d'inexpérirnces  et  dNnadvertanccs  (le  ms.  de  la  B.  N.  (r  860  est 
appelé  Ip.  1 1  ms.  de  Munich,  et  attribué  (p.  aa)  à  la  seconde  moitié  du  XIV*  %. 
au  lieu  de  ta  première  moitié  du  XEIl'i.  Ainsi  les  formes  comme  miUra  sont 
dites  {p.  4I  créées  par  le  poêle  contre  la  phonétique  pour  iairc  son  vers  ;  l'iti 
de  la  i^*  personne  du  lutur  assone  en  i  |ce  que  ne  bit  pas  Vai  ordinaire),  parce 
qu'on  a  voulu  distinguer  cette  personne  de  la  1"  personne  en  -aii  (!)  du  condi* 
tionnel  [p.  15)  i  dans  tspiutt  nosoti  (part,  passé  du  verbe  rtoçoitr),  no f ou  est 
nausiata  |p.  jo)  ;  on  peut  par  correction  introduire  re^fuierri  à  la  j*  pers.  sg. 
du  prés,  de  l'ind.  pour  rtjaUri  (p.  }o)  ;  pour  rétablir  une  assonance  en  tt.c 
(p.  jo}  il  tant  corriger  iv.  (-91 }  ant  fait  tn  pat  fois  pttmUn  (îl  suffit  de  restituer 
fcHu)  ;  d'tfmeist  formule  dont  M.  Sch.  a  reconnu  l'inexactitude,  est  corrij^  par 
lui  en  darrunois  ou  dt  u  mois,  qui  donnent  une  syllabe  de  trop  (lisez  Ja  mou], 
etc.  Dans  les  remarques  générales  il  y  a  quelques  bonnes  choses  (ainsi  ce  qui 
est  dit  sur  les  diphlonguei  nasales,  voy.  Rom.  XI,  6oj).  mais  l'ensemble  est 
assez  confus.  Une  recherche  de  ce  genre  doit  être  précédée  d'une  élude  sur  les 
conditions  de  l'assonance  qui  manque  ict  lies  remarques  incidentes  de  la  p.  aa 
sont  vagues  et  insuffisantes},  et  pour  Amis  cette  étude,  non  plus  que  celle  des 
assonances  ia  pomi  de  vue  phonétique,  ne  pouvait,  comme  on  l'a  montré  tl  y 
a  longtemps,  se  séparer  de  celle  de  Sourdism  dt  bïain.  Un  travail  ultérieur  sur 
ces  deux  chansons,  —  qui  viennent  de  reparaître  en  nouvelle  édition  par  les 
soins  de  M,  iC.  Hofmann,  —  trouvera  cependant  dans  la  dissertation  de  M.  Sch. 
des  indications  utiles  et  plus  d'une  remarque  judicieuse. 


I  f  187  CI  )oi,  l'4m«uT  £iii  patler  1  *Um  Chanitr  d'un  <i  coniempaiaia  *  i  !■! 
■wcnmé  "  Cuilttiune  Champion  b.  undb  qu'il  s'a^l  de  Guillaume  de  Lorrit,  le  ■  dum- 
0Dn  "  d'Amour  dans  le  Ronuii  dt  U  Rott. 

i.  A  partir  du  1  lli,  chacun  des  némairei  qsà  paraUiut  dio*  le*  Fram  Siadttn  a 
UBC  pagination  séparée  tt  m  vend  I  part. 


122  COMPTES-RENDUS 

2.  E,  Gcerlich,  Lts  dialuttt  au  lud-^fimt  dt  la  lançât  Xdil  {Poitou,  Aunis, 
S<iinlorge  und  Angoumoisi  0};  p  ).  —  Ce  travail  tout  i  fait  rxceneni  eu  une 
contribution  des  plut  importantes  ï  h  drilfctolof;ir  fnn;3it«.  On  ne  p«tit  que 
louer  b  mÉlhode,  l'exactitude,  le  dépouillement  complet  des  textes,  l'inldli- 
gencc  et  le  jogetnent  qu'y  matilre  l'auteur.  On  peut  seulement  regretter  que 
dini  une  coivclusion  générale  il  n'ait  pis  mis  en  relief  les  points  sailUnts  de  son 
suict.  L'introduction  aurait  dû  aussi  restreindre  et  aîténoer  quelque  peu  m 
qu'il  y  a  de  trop  absolu  dans  k  litre,  et  provenir  l'idée  que  les  dialeclci  étu- 
diés forment  un  tout  compact  cl  netletneni  délimité  fpeut-ëtre,  â  en  juger  par 
quelques  mots  de  la  première  page,  l'auteur  n'a-t-il  pas  sur  ce  point  des  idées 
bien  précises).  Les  raisons  allépées  p.  ;  pour  prouver  que  l'un  des  mss.  du 
Turpin  saintongeais  est  copié  sur  l'autre  ne  sont  nullement  démonstratives  (cf. 
Rom.  VI,  617).  Ce  qai  est  dit  p.  1  j  j  sur  1  =  ^  *■  /  ne  me  paraît  pai  trop 
judicieux  :  i  tonique  a  partout  donné  i>,  et  i  n'est  qu'une  rédaction  postérieure; 
je  ferai  la  même  critique  des  rem;trques  relatives  i  uo  de  â.  L'opinion  émis«| 
[p.  61}  sur  la  forme  iur,  qui  devrait  son  existence  â  rinfluaice  de  iuj,  est  pUu- 
sible,  sans  qu'il  soit  interdit  pour  cela  d'attribuer  i  notre  sot  français  l'origine 
que  j'ai  indiquée  [Rom.,  X,  ji).  J'aurai,  quand  je  conlifluerai  l'étude  de  1*9 
fermé  en  français,  quelques  objections  â  faire  i  ce  qui  est  dit  à  ce  sujet 
(p.  60  »,). 

}.  ScMicIcunt,  i'Oritt  dtt  mots  èaat  *  Aucassia  a  PTuoUu  •  <4{  p.).  —  Le 
texte  est  lieureutement  choisi,  et  l'étude,  qui  se  rattache  aux  travaux  antérieurs 
sur  le  même  sujet,  rendra  des  services, 

+.  KUpperich,  Divcloppmcnt  hittori^ue  du  rapporU  iyntûdiqui  du  proposi' 
tioHs  conditioantUa  m  -.tnàin  français  (65   p  ).  —  Ce  chapitre  de  l'ancieniie] 
syntaxe  française  avait  été  peu   étudié   jusqu'ici  :  l'auteur  parait   avoir   bîeo 
recueilli  et  bien  classé  les  faits,  de  l'origine  au  XVI*  siècle,  dans  un  nombre 
respectable  de  textes 

) .  MùJler,  Us  atsontncts  data  Cirart  de  Rossitloo,  d'apris  tous  la  mit.  âcca- 
sibUs  (68  p.),  —  P.  Meycr  ayant  trait*  ce  sujet  dans  un  travail  qui  paraîtra 
prochainement,  je  m'abstiens  de  parler  jd  de  la  dissertation  de  M.  Mùller. 

6.  Behrens,  Sabstilaticn  iaorgâiùqat  des  sons  dam  le  divdopptmtiit  formet  dit 
thimt  ttrtal  tn  /raafdit  (891  p.).  —  Ce  mémoire  n'est  p»  seulement  le  plus 
remarquable  de  ceux  qui  ont  été  publiés  dant  les  Franmiiube  StuditJi;  c'est  un 
des  meilleurs  et  des  pfus  imporunts  travaux  qui  aient  paru  en  ces  derniers 
temp^  dans  Ir  domiinc  de  la  philologie  française.  On  sait  depuis  longtemps  qae 
les  termes  de  la  conjugaison  IraRçaite,  i  l'origine  presque  purement  étymolo- 
gique, ont  été,  dés  les  plus  anciens  temps,  remaniées  en  divers  sens  sous  l'in- 
fluence de  l'analogie  ;  c'est  M.  6.  qui  a  le  premier  étudié  sous  tous  ses  aspects 
et  suivi  dans  toutes  ses  variétés  ce  fait  capiul  de  l'histoire  de  notre  langue.  Une 
lecture  considérable,  une  diitposiiion  gênérilement  excellente,  une  pénétration 
et  une  critique  peu  communes  (ont  de  ce  travail,  qui,  sous  une  (orme  très 
concise,  contient  une  masse  de  faits  et  d'explications,  un  véritable  modèle  du 
genre.  Un  tnda  alphabétique  de  tous  les  verbes  en  facilite  beaucoup  l'usage.  H 
y  aurait  bien  ci  et  li  quelques  raisonoemeois  i  discuter;  mab  l'ensemble  est 
digne  de  tout  éloge. 


L.  GuiBERT,  Le  livn  de  raison  d'Etienne  Betioia  u) 

7.  Vceicktr,  L'ordrt  dti  mois  dam  Ut  plat  encitni  monumtaU   dt   ta   laagat 

franfaiit  (^6  p.).  —  Les  rfsultats  obienus  par  l'auieur  pourront  fitre  (ruclueox 

pour  r«tode  des  origines  de  notre  syntaxe;  mais  il  faudra  pour  cela  élirgir 

(jnelque  peu  le  point  de  vue  auquel  il  s'est  pUc^. 

On  voit  par  cette  courte  analyse  combien  les  Ftamcuuekt  Sludien  méritent 
di  trouTCr  chtt  nom  des  lecteurs  et  des  imiuteurs. 

G.  P. 

Loais  CoiBBRT.  Le  Uvre  d«  raison  d'Ëtieun»  Beoolst,  i<}iâ.  LiiDDges, 
Duoourlieui,  i98i.  In-8*,  98  pages  et  un  fac-sintil'è  lithographique. 

M.  Litiré  disait  il  y  a  quelques  années,  en  tCte  d'un  livre  paradoxal  iEugtnc 
Noël,  Mimoirit  d'un  imbieiU  krili  pai  tui-mlme,  Paris,  1879)  :  •  Depuis  qu'une 

■  meilleure  philosophie  m'a  enseigné  à  estimer  grandement  1a  tradition  et  h  con- 

■  Servation,  j'ai  bien  des  fois  rcfjretté  que,  durant  le  moyen  Jf;e,  des  familles 
t  botiTReoises  n'aient  pas  songé  A  former  de  modestes  registres  ob  seraient  con- 

■  signés  les  principaux  incidents  de  la  vie  domestique  et  qu'on  se  transmettrait 
f  tant  que  la  famille  durerait.  Combien  curieux  seraient  ceux  de  ces  registres  qui 

•  auraient  atteint  noire  époque,  quelque  succinctes  qu'en  fussent  les  notices  I  Que 
t  de  notions  et  d'eop'ériences  perdues  qui  auraient  été  sauvées  par  un  peu  de  soin 

•  et  d'esprit  de  suite  I  1  (p.  xxji.  Lorsque  M.  Littré,  qui  pourtant  savait  tant  de 
cboses,  a  écrit  ces  lignes,  il  avait  certainement  perdu  de  vue  ces  Livres  de 
ra.isoa  qui  nous  sont  parvenus  en  nombre  assez  considérable,  et  dont  plusieurs 
ont  été  mis  au  jour  dans  ces  dernières  années,  A  la  vérité,  ils  sont  pour  la  plu- 
part postérieurs  au  XV*  siècle,  mais  quelques-uns  sont  de  celle  époque,  et 
d'ailleurs  la  vie  de  famille  n'a  pas  subi,  du  XV'  au  XVI»  siècle,  ces  modifica- 
tions rapides  que  nous  con^atons  dans  l'histoire  politique.  Le  livre  de  raison 
dont  nous  allons  dire  quelques  mots  est  certainement  l'un  des  plus  anciens  que 
Ton  connaisse.  Il  a  été  écrit,  an  fur  i  mesure  des  événements  relatés,  de  1416 
i  1414.  par  un  honnête  el  riche  bourgeois  de  Limoges,  Etienne  Benoit,  ou, 
comme  il  s'appelle  Iui<iDème,  Kune  tfnneie.  Quelques  paragraphes  appartenant 
aux  dernières  années  sont  de  la  main  de  son  fils,  Guillaume  Benoit.  Le  ois., 
ifui  est  un  cahier  de  parchemin  in-4*  de  trente-cinq  feuillets,  appartient  i  on 
particulier  qui  l'a  libéralement  communiqué  â  l'éditeur  en  vue  de  la  présente 
publication.  Il  ne  faut  point  chercher  dans  ces  annales  d'un  caractère  très  spé- 
cial le  reHet  des  événentents  contemporains.  L'auteiir^  bien  qu'il  ait  été  mêlé 
aux  alTaires  publiques  lil  fut  consul  en  14181,  se  borne  strictement  i  enregistrer 
les  événements  qui  se  sont  passés  dans  sa  famille,  tels  que  mariages,  naissances, 
décis,  achats  de  biens,  prêts  d'argent,  procè;.  Mais,  bien  que  renfermés  dans 
d'étroites  limites,  ces  renseignements  qu'il  nous  donne  ont,  i  uuse  de  leur 
extrême  précision,  un  intérêt  réel  Les  questions  d'argent  le  préoccupent  par 
dessus  tout.  Il  nous  donne  exactement  le  chiffre  de  b  dot  de  chacune  des  trois 
femmes  qu'il  épousa  succfssivemeni  ;  il  fait  de  même  pour  la  dot  de  ses  brui. 
Il  a  soin  en  chaque  cas  de  dire  qu'il  a  de*  conventions  intervenues  un  acte  en 
bonne  forme  dans  son/n-fùr*,  c'esl-i-dire  dans  son  cofTre-fort.  Deux  laits  entre 


I.  L'éditeur  explique  ce  mot,  p    |t  :  il  aiiraii  pu  renvoyer  i  tHi  CMgt,  jWtrita. 


134  COMPTEÎ-RENCiUS 

autres  se  dégagcnide  ces  annales  privées,  fiiu<]ui  du  reste  sont  bien  conniii  d'ail- 
leurs :  d'une  part  l'extrême  lècondili  du  marîagei  et  d'autre  part  l'eicessive 
moTlalilé  des  enfants.  Etienne  Benoit  a,  de  ses  deux  premicrrcs  femmes,  qua- 
torze enfants,  mais  neuf  meurent  avant  d'aivoir  atteint  leur  sixième  année.  Son 
ËIs  Guillaume  a  de  la  première  femme  douze  enfants;  il  en  perd  huit  avant 
icar  deuxième  année.  Le  livre  d'Etienne  Benoit  sembfe  avoir  éxi  précédé,  dans 
U  m(ine  familte,  de  livres  Analogues  qui  se  sont  perdus.  A  tout  le  moins  faut-il 
admettre  qu'Etienne  Benoit  avait  des  archive»  de  famille,  dont  il  a  inséré  dans 
son  journal  d'as&cz  curieux  extraits.  Tout  au  début  il  Iranscrjt  uiic  série  de 
conseils  dus  à  un  de  ses  ancfttres,  appelé  comme  lui  Etienne  Bcroii,  et  qui 
avaient  été  religieusement  conservés  en  écrit  dans  sa  famille.  Ces  conseils 
témoignent  d'un  esprit  pratique  et  élroit'.  Puis  vient,  intercalée  d'une  façon 
fort  inattendue,  la  pièce  du  troubadour  Poiquel  de  Romans  sur  le  mépris  du 
monde  iQutun  k  nrc  im  aptisatii.  Le  leiteen  «t  naturellement  fort  corrompu, 
mais  cela  importe  assez  peu,  car  nous  ne  manquons  pas  d'autres  copies  de  la 
même  chanson.  Ce  qui  est  notable,  c'est  l>?  fait  même  de  la  transcription  de 
celte  pièce,  i  titre  d'enseignement  moral,  dans  un  ms.  du  XV*  siècle  qui,  à 
vrai  dire,  n'a  rien  de  Ijttèiaire.  On  sait  d'ailleurs  combien  il  est  rare  de  ren- 
contrer des  poésies  de  troubadours  en  dehors  des  chansonniers  qui  leur  sont 
spécialement  consacrés,  Mai&  on  pouvait  déjJi  supposer  que  la  pièce  de  Foiquel 
de  Romans  était  devenue  populaire,  car  elle  se  rencontre,  entre  un  grand 
nombre  de  poésies  très  variées,  dans  le  ms.  donné  récemment  par  M.  Didot  i 
la  bibliothèque  nationale  et  qui  contient  l'unique  copie  qui  nous  soît  parvenue 
de  Daunl  a  Baon  '.  De  plus,  on  en  peut  lire  le  premier  couplet,  copié  isolé- 
ment, sur  ['un  des  feuillets  de  garde  d'un  ms.  français,  Bibl.  nat.,  fr.  79;.  Elle 
était  donc  restée  dans  la  mémoire  Je  beaucoup  de  gens  qui  probablement  s'in- 
tércssaienl  fort  peu  i  la  poésie  drs  troubadours  en  général. 

Envisagé  au  point  de  vue  purement  philologique,  ce  livre  de  raison  n'offre 
pas  un  bien  vif  intérêt.  Les  faits  linguistiques  qu'on  y  peut  relever  sont  connus 
par  des  textes  du  ntéme  temps  ou  m!me  plus  anciens.  Notons  en  passant  te 
passage  i's  &  r  dans  plurors  (pp.  jS,  69,  71).  On  y  pourra  toutefois  recueillir 
quelques  mois  qui  n'ont  pas  cours  dans  les  documents  Ijttéraires,  tels  que  pjpo, 
rajmj,  ■  grand-père,  grand'mère  »  (pp.  ^9,  74,  76).  L'éditeur,  M.  L.  Giii- 
berl,  n'est  certes  point  un  philologue  :  l'étonnemenl  que  lui  cause  la  présence 
d'une  s  i  la  fin  de  deux  substantifs  employés  au  cas  sujet  (pp.  }  f  et  £0  montre 
assez  qu*il  n'a  aucune  notion  de  la  déclinaison  romane.  Ci  et  U  des  mots  sont 
mal  coupés  \<t!l'à$  tt  cm  dt  ioi,  p.  j)l.  Mais  en  somme,  on  doit  lui  rendre  cette 
justice  qu'il  a  apporté  i  ta  traduction  et  i  l'annotation  du  curieux  texte  dont 
nous  lui  devons  la  connaissance  tout  le  soin  désirable.  Les  notes  sur  les  per- 
sonnes et  sur  tes  Eieux  mentionnés  dans  les  annales  de  Benoit  sont  de  nature  1 
satisfaire  les  plus  exigeants,  et  dénotent  une  connaissance  approfondie  de  l'hii- 
toire  et  de  la  topographie  locales.  P.  M. 


I.  On  y  reinaïqucia  (p  )i)  1c  conui)  de  ne  pai  prendre  une  femme  «  ab  cou  macre 
quar  loi  enfms  pn  rcdoMni,  n  et  que  l'éditeur  iraduîc  par  o  qui  ait  le  cou  mince,  car  les 
enfants  s'en  r«»*n«iïi  n,  iradiicitcm  oui  parait  fort  éloignée  de!»  pensée  de  l'auteur. 

1.  voy.  l'édliloD  de  ce  poème  |  Société  des  anciens  itxio  Nantais,  1 3So],  p.  Ixxxix. 


RoMDAHL,  Ctoisaire  du  patois  da  Val  de  Sain 


I8i 


Glossaire  du  patois  da  Tal  d«  SaJr»  iManehel,  suivi  de  remarques 

granir^aticjlet  pjr  Ate\  RuvnAni.,  <3oct(!ur  (D  philosophie.  Linkœping,  iSSi, 
in-12,  p.  Si.  |kn  vente  chez  ChsmpioD,  i  Paris.) 

Oa  siit  cambjen  il  est  difficile  de  pénétrer  toutes  les  délicatesses  d'une  lingue, 
encore  qu'rile  soit  Hjcée  par  l'uuige  et  par  les  règles,  miis  combien  doit-il  Titre 
davantage,  surtout  pour  un  étranger,  d'arriver  i  [a  pleine  connaissance  d'un 
patois,  pour  lequel  souvent  tout  est  à  apprendre  et  i  découvrir  !  C'était  le  cas 
pour  le  patois  du  Val  de  Salre,  si  curieux  sjns  doute,  mais  resté  jusqu'à  ces 
derniers  temps  encore  li  inconnu  ;  \]  faut  donc  féliciter  doublement  M.  Aie) 
Romdabl  d'avoir  essayé,  malgré  ce  qu'une  pareille  entreprise  pouvait  avoir 
d'ardu,  de  nous  le  révéler,  avant  qu'il  disparaisse.  Otrc  qu'il  a  complètement 
réiusi  dans  sa  tJche  serait  Aller  trop  loin  ;  je  ne  crois  pas  que  M.  R.  soit 
resté  assez  longtemps  en  Normandie  pour  avoir  pu  saisir  toutes  les  nuances 
d'un  de  nos  patois  tes  plus  singuliers;  une  autre  cause  d'erreur,  c'est  qu'il  a 
publié  son  travail  plusieurs  années  après  son  voyage  en  France,  c'est-â-dire  I 
vne  époque  où  il  devait  forcément  avoir  un  peu  oublié  les  sons  qu'il  voulait 
faire  connaître;  enBn  il  s'est  servi  pour  les  représenter  de  signes  qui  n'avaient 
pas  encore  età  inventée  i  l'époque  de  son  séjour  chcx  nous;  on  comprend  dès 
lors  qu'il  lui  ait  été  i  peu  pris  impossible  de  les  figurer  tou|Ours  avec  fidélité, 
et  l'on  doit  s'attendre  qu'il  se  soit  trompe  ptus  d'une  fois  et  qu'il  ait  allnbué 
au  patois  du  Val  de  Saire  des  sons  qui  lui  sont  étrangers.  Par  exemple,  il 
parle  d'un  I  mouillé  médiat,  de  l'eilstence  duquel  je  doute  beaucoup;  il  croit 
qu'il  y  a  i  11  fois  dans  ce  patois  un  r  supradcntal  et  un  r  uvutaire  ;  l'r  qu'il 
qualifie  de  supradental  est  uvulaire  et  l'r  qui  serait  uvulaire  d'après  le  tableau 
qu'il  a  dressé  des  consonnes'  a  tout  simplement  disparu  ou  a  été,  dans  le  sud 
du  Val  de  Saire,  remplacé  par  un  yoJ.  Un  point  sur  lequel  M.  R,  s'est 
Clément  trompé,  c'est  su  sujet  de  la  valeur  des  diverses  voyelln  et  en  parti- 
culier de»  e  et  des  d  |ru)  ;  je  ne  croit  pas  qu'aucune  de  ces  voyelles  soit  vérita- 
blenxnt  lenaée  dans  le  patois  du  nord-est  du  Cotcntin  ;  ce  qui  caractérise  métne 
ce  patois,  c'est  que  les  sons  de  ces  voyelles  y  sont  démesurément  ouverts,  et 
pourtant  M.  R.  admet  qu'elles  sont  brèves  parfois.  Il  n'y  a  pas  moiiiv  lien 
d'être  surpris  qu'il  n'attribue  qu'une  seule  valeur  aux  nasales  et  qu'il  écrive  par 
exemple  ;'  t'ton  (nous  lenonsl  avec  on  bref  comme  dans  on  pronom  indéfini, 
tandis  qu'il  faat  écrire  /'  t'aôa  avec  un  long.  Ces  restrictions  faites,  il  faut 
rrconnaitre  que  M.  R.  a  eu  te  grand  mérite  d'avoir  essayé  de  représenter 
scientifiquement  les  sons  du  patou  dont  il  nous  donne  le  dictionnaire,  et  s'il  n'a 
pas  toujours  été  heureux  dans  le  choix  des  signes  qu'il  emploie,  son  glossaire 
n'en  est  pas  moins  une  tentative  digne  d'éloges  pour  appliquer  i  l'étude  d'un 
de  nos  idiomes  populaires  les  procédas  de  la  linguistique  moderne.  Quelques 


I .  tl  eit  difficile  de  dire  lu  jiiMe  quelle  cet  b  valeur  de  cet  r,  que  H.  A.  R.  dôme 
comme  uvoUîre  p.  il,  daiu  un  tableau  des  cotuonnes,  et  dont  11  diip.  i)  qu'il  i  ne  *e 
irouvc  p»  m  (rjn^ait,  «  qa'îl  le  produit  par  la  vibratton  ie  li  toette,  h 


(36  COMPTES- RENDUS 

mots  matnienani  sur  ce  glossaire,  ainsi  que  sur  l'inlroduclion  qui  le  prjoède  et 
les  reniar<^ues grammatical»  qui  le  suivant. 

Le  mieux  smi  doule  est  d^  passer  rapidement  sur  l'inlroduclion  ;  elle  est 
**tdemmeitl  par  trop  insuffisante,  et  on  n'y  trouve  que  quelques  fatls  généraux 
connus  de  toui  le  monde  et  qu'il  (liait  asseï  inutile  de  rappeler,  Qu4nl  au 
glossaire,  )'at  dit  ce  qui  en  fait  le  mirite,  \e  dois  aussi  en  signaler  les  délauls. 
Tout  d'abord  on  se  demande  pourquoi  M.  R.  écrit  avec  une  simple  explosive 
finale  tous  les  mots  4  terminaison  féminine;  qui  peut  à  première  vue  deviner 
que  havit  doit  se  prononcer  hantu  '  En  procédant  ainsi.  M,  R.  a  obéi  â 
une  croyance  trop  généralement  répandue  chez  les  étrangers,  j  savoir  que  nous 
ne  Taisons  point  entendre  \'t  muet  de  nos  polysyllabes.  Ceci  est  relativement 
peu  de  chose,  il  est  vrai  ;  ce  qui  est  plus  grave,  c'est  que  M.  R.,  avant  de 
commencer  son  dictionnaire,  n'ait  point  cherché  i  trouver  les  lois  phonétiques 
du  patois  du  Val  de  Saire  ;  l'il  l'avait  fait,  il  aurait  vu  sans  peine  que  ô  +  i  y 
a  donné  oé  ou  lê  (r  représentant  un  (  mi-muetl,  que  tSIai  s'y  est  atténué  en  /, 
etc.;  aussi  après  avoir  donné  cxactcmetii  jf^Aui  [c5rio],lfAufj(£)  [c5xa],  ÎE  aurait 
hésité  â  écrire  tchakf  [côqticrej  pour  tchuire  ou  anirt  fnâeere]  el  non  nii^rr;  il 
n'aurait  pas  non  plus  pensé,  après  avoir  donné  it^'nic  [ad  noclel,  que  les  formes 
du  Besîin  gnea  (noctei  el  mlgneti  [media-nocte)  pouvaient  *tre  celles  du 
patois  du  Val  de  Saire.  De  même,  s'il  avait  fait  attention  que  èani  représente 
'banelloct  est  le  diminutif  de  bane  (bennaj,  il  aurait  écrit  ce  mot  comme  je 
vient  de  le  faire  el  non  banÛ. 

Ces  fautes  sont  d'autant  moins  explicables  qu'il  suHisail  pour  les  éviter  d'avoir 
réfléchi  quelque  peu  aux  lois  qui  régissent  la  phonétique  du  paots  du  Val  de 
Saire;  M.  Et.  en  a  commis  d'autres,  et  de  nombreuses  malheureusement, 
qu'il  faut  attribuer  i  une  autre  cause  dont  j'ai  déjj  parlé,  je  veux  dire  au  long 
iniervaUe  de  temps  qui  s'est  écoulé  entre  son  séjour  en  Normandie  et  la  publi- 
cation de  son  livre.  Celles-là  étaient  sans  doute  presque  fatales  et  inévitables, 
puisqu'elles  sont  le  fait  de  l'oubli  et  peut-ître  aussi  de  notes  mal  prises  ;  en 
voici  quelques-unes.  P.  ij,  aboulô,\iitz  aiouôlo  ;  abrt,  aha,  I.  âbrtj  âbro  ; 
s'ttcomii,  I.  iamii;  p.  16,  angelfi,  I,  anguU ;  p.  18,  K.  R.  dit  qu'on  appelle 
iMâ  (I.  hai\  dans  le  Val  de  Saire  une  espèce  de  voiture  que  j'ai  appelée  hjitt 
avec  M.  E.  du  Méril  ;  cela  prouve  tout  simplement  qu'il  n'a  pas  compris  ma 
définiltoi)  des  mois  bjiti  et  Ijnl  ;  le  ianl  est  un  tombereau,  la  hune  une  voiture 
fixe  et  beaucoup  plus  grande.  P.  ao,  bcmoa^ô^  I.  biriovzo  ;  bcvvtu^  l.  btuveù  ; 
p.  31  (^)  bvndtkha,  i.  [a)  ton  tcku;  p,  34,  wnfon,  I.  can'ion.  P.  a^,  M.  R. 
ne  donne  que  la  forme  française  chaîne  de  [catena]  ;  dam  le  sens  de  ■  chaîne 
d'une  étoffe  »,  on  dit  caïnt.  P.  26,  uhtu^  1.  Uli<û;  ch'va,  I,  /'va  ;  ekîmné,  I. 
chim'tti;  chic  ibiralte)  n'existe  pas,  il  y  a  li  sans  doute  une  foute  de  transcrip- 
tion. P.  29,  crittUTi,  \.  mtuart;  p.  jo,  dlinS,  I.  éinno.  P.  J2,  JupJan,  il  faut 
p'iun,  lia  est  l'article  que  par  inadvertance  M.  R.  a  prit  pour  la  première 
sfUibe  du  subsunlif.  Dr'nit  ne  peut  se  prononcer,  il  ^ut  probablement  à^riût. 
P.  jj,  ichtiii,  \.  iUhuii;  p.  n,  iguiU^  I.  égale;  ^.  js,  w/aur,  1.  JArtaor. 
P.  )£,  ifoaSrJre  signifie  non  «  éclaircîr  >,  mais  «  soulever  *;  ittti,  t,  ii't. 
P.  î7,/d(u,  I.  /j/âW  iM.  R.  écrit  ce  mol  sans  e,  tandis  qu'il  en  met  un  â 
c/br,  pourquoi?).  P.  î8,/iiiô  est  le  pluriel  d«  firé  ;  il  faut  donc^iiii;  Htty  I. 


RoMOAHL,  Clouaire  du  patms  da  Vat  de  Saire  1 27 

fltl;  Jî/ù,  \.ftltu,  Ja-panl^  I.  fS-pani.  P.  jj,  joaic,  /ourqui,  etc.,  I.  fouorc, 
jomr^ai,  etc.  P.  40,  galoa,  I,  ji>i)/ffii;  gaiùt,  I.  gtUmt ;  gni,  I.  fni.  P.  41, 
grtAgoié,  I.  griagali,  qui  n'est  pat  patois  ;  guingrt,  I.  jUMgn<:.  P.  41.  /laifu  ae 
(igniic  pas  omelctie,  mais  poêle;  haiihU  eit  plus  que  douteux;  A«(i«  signHîe 
surloui  vaurien,  P.  4},  iiii4f,  I.  iW^.  P.  4},  /itliiV  ne  signifie  pas  seul,  mais 
abandonné  ;  tvdS,  c'est  téler,  sucer  ta  langue  (en  pariint  d'un  entant).  P.  46, 
margùitJttt,  t.  fnar^ouJ)'if  :  ntiii'/iii,  I.  mjchâÇt];  m<3rkki  (inaréchall  est  bien 
douteux.  P.  47,  martuihu  signifie  couvert  de  meurtrissures  ;  malta^  I.  mûuttù; 
mitbangitUy  I.  mihaitgait  ;  mirhin,  I.  mil'ckin.  P.  48,  mognan  imoyent  est  évi- 
demment une  fausse  iranscriplion.  P.  49,  mouiiVû  (I.  mciuuv)  ne  signifie  pis  i 
lui  seul  cochon,  il  but  ajouter  un  autre  mot  comme  dt  tit  (soie)  ;  le  moiaon  or 
sert  pas  â  éaaser  les  pc-mraes,  maïs  i  presser  le  marc  :  nann,  I.  amt  ;  ce  mot 
d'aillears  ne  signifie  pas  traître,  mais  lourdaud.  Le  pi.  de  navf  [napetto]  est 
otfWfit,  nan^Bid^  (1,  naviâ\  serait  le  pi.  de  '^nevti  et  non  de  navi'c/.  P.  ji, 
^Jûfl,  on  dit  pa'itcn  i  Saint-Pierre.  P.  JJ,  /wu  (peur),  I.  poû.  P.  ^4,  pwire, 
I.  potirt;  pmiri  (poireau).  I.  pouirilt).  P.  Ji,  ^bWw,  I.  fuiUm.  P.  ^6,  rfit/W, 
I.  râtUit.  P.  j8.  rèAdj*  ne  signifie  vomissemnit  que  dans  ta  locution  piquer  un 
renard;  rat,  I.  reûjî);  roûoji,  1.  rou?/;.  P.  6j,  tmionin,  I.  riwfouiVt.  P.  6),  /n'i/i 
signifie  glie.  P.  6(,  vid3,  I.  rt(e);  vu,  I.  vil,  etc.  Il  y  aorah  bien  des  transcrip- 
tioiu  inexactes  aussi  i  relever  dans  la  parabole  de  l'Enlant  prodigue  ci  dans  les 
quelqoes  proverbes  qui  terminent  le  volume  de  M.  R.  ;  je  me  torncrai  1 
corriger  deux  ou  trois  inadvertances  ;  elles  suffiront  pour  montrer  combien  il 
fout  consulter  son  livre  avec  défiance.  P.  79.  I.  i£,  i  l'itoa,  1.  il  fi  tfoa;  id., 
I.  28,  tét,  I.  tit'.  P.  8û,  I.  I,  pirJa,  I.  p/rdai  ;  id-,  I.  7,  fV«i,  I,  son.  P.  Si, 
I.  2,  (00/,  I.  touSt'  ;  id   I.  8  et  10,  bû,  I.  bà,  etc. 

Aprte  le  glossaire  viennent  ijt.  66-jy)  des  «  Remarques  grammaticales  p  ;  ai 
M.  R.  n'y  a  pas  montré  moins  d'inexpérience  que  dans  son  dictionnaire 
pour  la  transcription  des  sors,  ^  j'en  donnerai  un  exemple  frappant  :  la  ter- 
minaison de  i'imparlaii  des  dtlTfrents  verbes  est  pour  lui  un  é  krmt  long,  tandis 
i|ue  celle  du  condiiionnel  est  t  ouvert  et  long,  comme  si  ces  terminaisons 
n'ftaîent  pas  identiques,  —  on  y  trouve  atmi  des  fait)  curieux  ;  la  r^le  de  U 
formation  du  féminin  des  adicctifs  ctt  tngcaieuse  ;  on  remarquera  également 
l'idenlificatton  de  la  )'  personne  du  pluriel  du  passé  défini  â  la  seconde,  dont 
elle  ne  diffère  que  par  la  quantité  de  la  voyelle  finale  :  /'  frachim,  ta  trackit', 
i  ujchit'.  Il  en  est  de  mtmc  dans  le  patois  de  la  Hague,  oll  ce  (ait  est  commun 
d'ailleurs  j  toutes  les  conjugaisons'-  Une  autre  forme  intéressante  que  j'ai 
signalée  et  essayé  d'expliquer  dans  les  Mlmoiies  dt  U  SotUtl  dt  lingaitti^ae 
{V,  p.  6o|  est  la  terminaison  c  i  l'infinitif  du  verbe  de  la  i"*  conjugaison; 
M.  R.,  qui  ne  savait  pas  qu'on  La  rencontrait  aussi  dans  le  patois  d'Audrr- 
vitle  et  de  S^int  Germain -du-Vaux  (Hagiie|,  l'a  même  regardée  comme  un 
•  uraclére  dtstinctif  *  du  patois  du  Val  de  Saîrc  ;  cela  n'est  pas  complètement 


I.  M.  R.  dil  qoe  cet  -  ^icnlartiéi  »oni  commun«  1  Wm  le»  rerbes  f»iMei  » 
nUei  verbes  m  é,-  du  f^loii  ;  |c  crains  bien  qu  il  n'y  ait  \i  dcc  îiieucticude;  pourquoi 
a'aillcun  n'iroir  pst  <ionni  un  ifiit  pluiicl  du  fiat  défini  d'un  vfrbe  fort  f  Pau  k 
patois  de  U  Kigse,  1;  plunel  ou  paue  àitai  de  r<ni(r;«,  par  <xtmB\t,  est  j'  natUtOH. 
VA  rtitJUt,  î  nnàitt,  loul  comme  celui  d'un  reibc  de  la  i"  conjugaison. 


t)0  PÉRIODIQUES 

Décembre  1882.  —  P.  261-80.  Mir,  Comparaisons  populaires,  etc.  Lettres 
N-P.  —  P.  293.  Variétés.  Boucherie,  A  M.  H.  Gaidoz.  Variantes  et  rectifi- 
cations â  une  prose  latine  que  M.  Boucherie  avait  publiée  comme  inédite  dans  le 
t.  VU  de  la  Rcue  (187;)  et  qui  avait  déjà  été  plusieurs  fois  éditée.  —  P.  397. 
Boucherie  et  Castels,  A  dolor  et  à  glaive.  Contre  l'explication  de  morire  a  gkiado 
donnée  par  G.  Paris  à  propos  de  la  publication  du  poème  en  sonnets  II  Fiore 
{Remania,  X,  460).  [M.  B.  veut  que  morire  a  gkiado  signiËe  <  moarir  de 
misère  »,  et  il  cite  deux  textes  français  (M.  Castets  en  ajoute  deux  autres)  où 
mourir  a  glaive,  a  doalear  et  a  glaive  semble  être  pris  métaphoriquement  et  signi- 
Ger  simplement  f  avec  une  douleur  violente.  »  Je  ne  les  discuterai  pas  (dans  celui 
de  Caajrey,  tout  au  moins,  mourir  a  glcsve  signifie  très  littéralement  a  mourir 
par  le  glaive  1)  :  nous  avons  là  en  effet  des  métaphores  dont  le  sens  se  dégage 
du  contexte  ;  tl  n'en  est  pas  de  même  dans  le  poème  italien.  C'est  ain»  qu'en 
français  moderne  nous  disons  très  bien  :  ■  Les  mots  que  vous  me  dites  me 
percent  le  cœur  >  ;  mais  si  en  parlant  d'un  homme  mis  à  mort  nous  disons  :  <  On 
lui  percale  cœur,  1  cela  ne  pourra  être  pris  qu'au  sens  littéral.  Mais  d'ailleurs 
en  italien  le  sens  métaphorique  n'existe  pas.  M.  Castets  a  trouvé  dans  un  dic- 
tionnaire du  XVI*  siècle  morire  a  ghiido  expliqué  par  «  morire  a  stento  ». 
L'auteur  de  ce  dictionnaire  ne  connaissait  plus  le  sens  de  cette  locution,  dont 
il  dit  lui-même  qu'elle  ne  s'emploie  plus.  Il  renvoie  à  un  unique  passage,  qui  est 
dans  la  Journ.  VMI,  nouv.  9  du  Dicamiron  :  Che  voi  siate  morto  a  ghiado.  Si 
M.  C.  s'était  reporté  au  texte  de  Boccace,  il  aurait  vu  que  rien  n'autorise  l'ex- 
plication de  son  lexicographe,  qui  l'avait  puisée  dans  le  commentaire  de  Fr. 
Alunno  sur  Boccace,  imprimé  quelques  années  auparavant.  —  G.  P.]  — 
P.  joo.  Boucherie,  Boéce,  vers  75,81, 184.  M,  B.  dit  qu'aux  vers  75  et  81  on 
doit  lire  Domine  pdter  au  Heu  de  Domne  patir  ;  il  a  raison,  mais  l'observation 
n'est  pas  neuve  1 .  Au  v.  1 84  :  Ella  smttessma  Un  las  claas  de  Paradis,  le  copiste 
a  écrit  las  en  interligne,  et  comme  le  vers  est  trop  long,  divers  éditeurs,  et  moi 
le  premier,  si  je  ne  me  trompe,  ont  supprimé  ce  mot.  Mais  je  dots  convenir 
que  cette  correction  ne  m'a  jamais  pleinement  satisfait.  Je  ne  crois  pas,  comme 
M.  B.,  que  las  ne  soit  nullement  nécessaire  au  sens.  L'emploi  de  l'article  est 
ici  tout  â  fait  conforme  à  l'usage  général  des  langues  romanes.  En  tout 
cas,  si  las  est  véritablement  une  addition  du  copiste,  il  faut  croire,  comme  \t 
l'ai  dit  il  y  a  dix  ans  [Rom.  I,  232),  que  le  copiste,  n'ayant  guère  le  senti- 
ment de  la  mesure,  aura  ajouté  cet  article  *  comme  plus  conforme  i  l'usage 
roman.  »  Quant  à  l'explication  de  M.  B.,  que  le  copiste  t'aurait  placi  là  en 
façon  de  glose  pour  indiquer  que  daus  est  féminin,  elle  n'a  aucune  espèce  de 
vraisemblance.  — ■  P.  }oi'4.  A.  B.  Osier  •=  c  écarter,  éloigner  >  (mais  non 
a  faire  obstacle  n,  ce  qui  seul  expliquerait  qu'il  vint  d'obstare).  —  Coatn 
(exempl.  du  xiv*  s.)  —  Dictcn  auxerrois  du  siii*  s.  M.  B.  donne,  d'après  une 
communication  de  M.  R.  Kœhler,  une  partie  des  deux  textes  édités  pour  la 
première  fois  par  Th.  Wright  dans  tes  Rdiquia  antiijaa,  et  que  j'ai  réimprimés 
ci-dessus,  p.  {74-5,  après  révision  sur  les  mss.  —  Bibliographie.  G.  Raynaud, 
Recueil  de  motets  fiançais  (A.  B.). 

I.  Elle  a  été  faite  par  M.  Bœhmer,  Romaniscke  Sludkn,  III  (1878),  M'- 


pëRIOOIQpSS  I  J  I 

T.  IX.  Janvier  iS8j.  —  P.  i-i],  Chabineau,  Sur  ^arl^uei  manusciili  pto- 
ftrdKt  oa  /garis.  M.  Ch.  n'est  pas  moins  embarrassé  que  moi  '  de  uvoir 
~4r^ii'at  devenu  le  ins.  d«  trocb^doars  que  cite  i  diverses  reprises  Fr.  Rcdi 
ituioa  Bêtm  m  Totiana.  Selon  M.  Ch.  (p.  3]),  et  contra ircmeni  à  l'opintOB 
gte^nlmeot  adoptée,  l'original  perdu  du  Riccjrdi  181^  serait  di).lincldu  ms.  du 
comte  de  Sault  dont  parle  Jean  de  Nostre-Oame.— Bibliographie.  Stenf^el,  ^u- 
gtlHnu.  4tAdni/iui;gM;  Volm<eller,Ofri»Mn,'Rossmann,  FTantanschis ox  ;  Fsr- 
Mer,  Aiot  it  Htrebil  (A.  B).  —  Périodiques,  HemomtfXi"  43-j-  EH.  Boucherie 
■amlienl  contre  vents  et  marée  la  théorie  qu'il  avait  déji  émise  au  sujet  de  la 
vcrstficalioR  Ac  Raimon  d'Avignon  :  ■  césure  obligatoire,  enjambanle  ou  non, 
la  hniticme  pied  ;  facultative,  mais  très  fréquente,  au  quatrième  pied.  1  Au 
lieu  d'accepter  les  faits  tels  qu'ils  sont  et  de  chercher  une  formule  qui  exprime 
Ir  moins  mal  poisibir  le  rapport  dans  lequel  ils  sont  les  uns  aux  autres  —  ce 
■fie  je  ne  suis  proposé  modestement  de  faire  —  M.  B.  a  inventé  une  sorte  de 
\&  de  Procnsle  sur  lequel  il  couche  les  vers  de  Raiinon  d'Avignon  pour  rogner 
tost  ce  (|Bi  dépasse,  et  cherche  ensuite  à  nous  persuader  que  les  malheureux 
■ttSés  gagent  beaucoup  i  subir  cette  opération.  M  B.  veut  i  toute  force  que 
la  césure  principale  swt  à  la  buitiépe  syllabe  ;  treize  vers  ont  U  huitième  syl- 
labe atone  ;  donc  c'est  la  Iiute  du  scribe,  et  il  faut  corriger  la  leçon  do  minui- 
crit  dans  ces  treize  vers.  Je  me  borne  ï  indiquer  le  procédé,  en  en  laissant  Ta 
rapoosabilité  à  l'auteur.  D'ailleurs  M.  B.  n'est  p^i  eiigeant  pour  cette  césure 
de  b  huitième  tyliabe  dont  il  fait  le  pivot  du  vers  de  Raîmon  d'Avignon.  Ëlant 
llMaéct  vert  : 

Sel  os  torcen  suau  e  tetnorosamen, 
*eiB  cm  mot  penserons  qu'il  faut  y  reconnaître  soîl  la  coupe  4  +  S,  soît  la 
CMpe  6  +  6.  M.  B.  y  reconnaît  sans  difficulté  la  coupe  8  +  4,  et  trouve 
^ta  syllabe  u,  parce  qu'elle  a  un  accent  ternaire  dans  le  mot  ttmaroiiimtn, 
eoanitoe  une  césure  parfaitenent  admissible.  —  Il  y  a  d'ailleurs  des  remarques 
mérfssantei  dans  le  long  comple-rendu  que  M.  B.  me  consacre  ;  je  ne  puis  y 
répondre  aussi  longoemenl  ici,  et  je  me  rallie  i  ce  que  M.  B.  dit  luî-méfRe,  i 
propoi  d'une  question  subsidiaire  :  •  Rétcfront  ta  question  jusqu'au  jour  ob 
M.  A.  Th.  aura  publié  en  ion  entier  la  chirurgie  versifiée  de  Raicnon  d'Avi- 
gnon. ■  ^  A.  T  }  —  |M.  B.  ne  veut  pas  reconnaître  que  sa  discussion  contre 
mot,  i  propos  d'une  partie  de  mon  étude  sur  \'à  que  j'ai  annoncé  réserver  pour 
pbs  lard,  était  prématnrée  et  poruit  en  l'air  :  libre  i  lui.  Il  persiste  â  soutenir 
4|ue  Gamier  de  Pont-Sainte-Maxence  ne  mélange  pas  les  imparfaits  en  -ùbat 
M  en  -c>at,  et  ne  voit  dans  mon  assertion  contraire  1  qu'un  tnalenlendu  sur 
ieqaej  il  suffit  d'appeler  de  nouveau  l'altenlion.  •  J'avais  engagé  M.  it.  à  relire 
la  Vm  at  jjinJ  Thomiit  ;  il  assure  qu'il  l'a  fait.  Alors  comment  n'y  a-t-il  pas 
miarqné  les  strophes  dans  lesquelles  figurent  des  ;"  pers.  en  -a^l  mêlées  à  des 
I"*  pers.  en  -tb^t  (41  tambaltit  demandeil  gatrputat  ctialengcil,  p.  47  roveit 
rtMwr  tumptrrat  mcrke/t  chastieit,  p.  u6  meneil  dinri\gmit  colpetl  mur'af 
faudrut,  p.  IJ9  maodeit  iiuruil  avriit  tmturta  itmtiadrt'il,  p.  1  ]6  poàl  btvât 
Mmflfil.  nerleit,  p.  140  titnt  o^rat  roveit  roha\}  La  présence  dans  ces  strophes 


1)2  PtMODIQDES 

da  mois  drtU  ip.  4ir, /rat  (p.  ij6i,  icir  {p.  1401.  qn  k  soiC  ps  ds 
bits  et  Rc  peorcnt  riaer  qa'ea  d,  atwm  ijoe  b  lagae  de  Cvaier 
-MI  i  oi  et  «M  nncrse'.  —  G.  P.]  —  H.  B.  est  bieai  tiâ^  de  caifisKr  Ib 
desx  Ugirclâ qae  fc  loi  »  sigBsIécs,  Aon.  XI,  4^9  et  440,  2  prapn  de  amift- 
gUs  et  d'eifrîdsre.  Q  le  Ua  eo  ezpQqaaBi  toagwe*  pv  ^oefle  sale  de 
■éyraet  JLiiii  ameaè  à  proposa'  i  M.  Kotdnritz  urne  eomcàom  que  ceiD-d 
anitdqlBÎtefCtiawrt  q^'ea  échvaat  fi/ri^e,  ea  pvlMt  de  Ti  aOeandde 
a  mat,  ce,  ce  ({ne  ■'ajoate  pas  H.  B-,  em  nsvoraat  i  Fait.  afnÔMt  de  Db 
Caage  <iian.  VU,  iiii,  ao«s  anoas  ea  ne  le  btia  cifrigidsre.  Tastcda 
est  eatffUé  de  rcmoesatioBS  et  d'obiectioas  doit  ie  ne  pas  tcv  sksi 
coapte.  Outre  qne  H.  B.  s'éoUe  trop  EacikBent  des  iiahcs  dus  to^aeles 
Ib  gBs  bien  élevés  snent  se  raHenir,  il  Isi  arrÎTe  trop  sovfeat  de  maà  eem- 
pnodre  les  <pestioas  sbt  ks«|adtes  il  dsserte  i  perte  de  ne  texo^ile  rétjaa- 
logie  Hafmri  on  de  Eaire  des  obfecbaas  qni  véritablenMst  le  soot  plas  e*  np- 
pixt  me  f état  adod  de  b  pfudofaigie  nMune. 

P.  H. 

n.  —  R(UusiscHK  FoKSCHU^iGES,  I,  2.  —  P.  14}.  P— «™-  Frtmzi~ 
sâtÂa  oi  (aoos  amas  rends  ooHpte  dn  tirage  i  part  dans  ootre  denier  caUer). 
—  P-  ■79>  KoËL,  Us  Ugeadti  i'Aigar.  Le  ns.  Egerioa  qni  cootieiit  ks  légeades 
piesscs  d'Adgar  on  WîlUne  est  bien  coaa  (TOf.  Meyer,  RtauU^  II,  )4{  ;  Ram. 
Vn,  {4;,  etc.).  H.  R.  doaK  de  ces  légendes,  nniqBenent  aa  point  de  tbc  de 
la  bagne,  nne  éinde  très  soîgaeaae  et  très  bien  bile  ;  il  coadot  qne  rantenr 
a^to-oomand  a  dA  écrire  entre  iiéa  rt  ityo  Ices  dates  soot  précisées  par  des 
aDnsioQS  hstoriqaes].  Ce  traraO  ne  ménterait  que  des  éloges  si  Fanlau' 
n'avait  pas  Cidtt  bizarre  de  démoatier  i  grand  renfort  d'argnoieats  que  le  (ki- 
gtirt  qni  se  trooTe  copié  i  b  snite  des  légendes  d'Adgar  n'est  pas  de  loi,  et  de 
traiter  cette  qoesttoo  sans  dire  an  mot  des  antres  mss.,  poortant  assez  connns, 
de  ce  poème  ;  il  va  jusqu'à  attribuer  (p.  184)  i  P  <  antenr  ■  dn  Grigpht  Vt 
pour  ù  dans  ntr,  érdir,  et  i  supposer  (p.  183}  qa'un  €  poète  >  postérienrl 
Adgar  a  en  l'idée  d'écrite  le  Grégoire  après  avoir  lu  l'ouvrage  d'Adgar  qnî  est 
dédié  i  an  certain  Grégoire  !  —  P.  2)7.  Settegast,  Etjmotogits  nmaïus.  Prov. 
(db  :  serait  i  habeo  comme  fr.  rai/,  [nuil,]  i  voleo  poor  volo  ;  «userait nne 
forme  sans  /  [cf.  fr.  diul  i  côté  de  deail]  ;  cette  explication  est  ingénieuse,  mus 
le  b  fait  difficulté.  —  Andart  :  M.  S.  est  porté,  comme  moi  [Rom.  IX,  174-1}}), 
i  voir  dans  addere,  devenn  addare,  la  forme  latine  d'tuidtre;  seolement  il 
explique  autrement  le  développement  dn  sens  :  addere  était  parfois  presqne 
synonyme  d'admovere,  et  il  a  pu  passer  au  sens  neutre.  Mais  j'ai  déji  remar- 
qué {Rom.  VIII,  398)  que  tout  composé  avec  ad  est  inadmissible  pour  un  verbe 
qui  signifie  avant  tout  «  s'éloigner  a  (bien  entendu  addere,  dans  le  sens  qne  je 
lui  donne,  dérivé  d'addere  gradum,  n'est  pas  sujet  i  cette  objection).  — 
Barone  :  le  lat.  baro  peut  sufBre  comme  étymologie  du  mot  roman,  si  on  sait 
bien  les  évolutions  (possibles)  du  sens.  —  Bricoa  :  signifierait  i  l'origine  ■  vaga- 
bond, sans  patrie  »,  et  répondrait  i  l'anc.  saxon  wrekkio;  comme  phonétique 

1,  Voy.  d'aifleun  Loreni.  Udiir  dit  Spracht  Camitr's,  p.  6. 


PéBIODlQtlKS  19^ 

c'est  très  peu  satisfaisant  ;  comme  seni,  huon  ligniTie  ■  (ou  ■>  (voy,  Rom.  IX, 
626),  cl  on  ne  voil  pas  comment  on  arrive  de  c  vagabond  >  i  1  fou  >  ;  le  pas- 
sage  à'Aial  oh  bris  aurait  le  lens  admii  par  M.  S.  ta  trop  isole  pour  rien 
prouver.  —  Disw,  de  desidium  pour  dcsidia:  peu  rraisemblable;  lefr.  Jistttt 
serait  desidîetta!  —  CaUa,  gakrà.eic.dagr.  YsvXtiv,  ace.  der^^ïk,  <  seau, 
Taie  (  j  cf.  sur  ce  mot  Hom.  IX,  486.  —  CiVrr;  anc.  tr.,  gtni  fr.  ;  M.  S.  con- 
teste sans  raiun  l'ét^mologie  genui  el  veut  la  rempUcer  par  diem+s.  — Cm- 
imrt  ;  viendrait  de  vilare.  ce  qui  n'a  aucune  vraisemblance;  notons  que  le 
fr.  i«{rf<r,  qui  embarrasse  M.  S.,  est  pris  à  l'italien  ;  i'anc.  fr.  disait  régulière- 
ment gaur  {=  ail.  vitan), — Tomarti^.  :  de  mu  t  uare  (?).—  Trompar,  trempa: 
étymologie  très  ingénieuse  el  qui  nie  paraît  Ion  vraisemblable.  TriunipCh)are 
est  devenu  irumpare  comme  quieto  «t  devenu  quelo  ;  cf.  d'ailleurs  angl. 
tntmf,  ail.  Truaipf.  Ce  verbe,  uiilè  d'ailleurs  comme  terme  de  musique  (voy.  Du 
Cange).  a  pris  te  sens  de  <•  faire  emendre  un  ïonioyeux,  bruyant  ■,  d'où  le  subît. 
trompa^  trompe  {et  tt.  tromlia)  :  quant  à  tromper  au  sens  du  h.  tuoi.,  je  M  te 
rattacherais  pai  direclemenl  i  iriumphare,  mais  |e  m'en  tiendrais  piuldt  à 
l'explication  de  Litirè  (cf.  aussi  un  sens  particulier  de  l'il.  irombart).  —  l'enft; 
M.  S.  oppose  i  verba  [voy.  Rom.  X,  }0l)  le  piini-  virvcr  dit  par  Diez,  et 
propose  verbera;  ce  piém.  aurait  besoin  d'être  vérifié  :  t]  n'est  pas  dxns 
Ponia  :  Sant  Albino  donne  :  «  Vtr  v;r  (en  deux  mots),  voce  di  nessuoo  sigoi- 
linto,  che  usasi  lalvolu  per  esprimerc  un  subiUneo  capriccio,  grillo,  ghiri- 
bizn>  >,  ce  qui  laisse  l'existence  d'un  mot  vtrvtr  dans  un  assez  grand  vague)  ; 
d'ailleurs  M.  S.  se  livre  sur  l'emploi  du  mot  en  anc,  fr.  i  une  élude  intéres- 
UMC.  —  P.  3{6.  Annsch,  Dts  parluuUritii  lexicolegi^ati  dt  U  Uitniti  du 
ptHtnda  Wgifippt,  traducteur  de  Josèphe.  —  P.  j23.  Fo-rster,  L'italien 
dunque  tt  ton  origtnt.  M.  F.  rejette  tune  i  cause  de  raSaiblissement  sans 
exemple  de  t  initial  tn  d.  et  propose  d  0  n  i  q  u  e  pour  d  e  n  i  q  u  e,  alléguant  que 
(tonique,  usité  pourd  onec,  est  souvent,  dans  les  mss.,  remplacé  par  de  nique, 
et  que  l'inverse  a  pu  avoir  lieu.  M,  F.  dit  que  ■  partout  >  on  admet  machiu- 
lement  [giJanitnlos)  le  changement  de  t  initial  en  d  dans  tune  =  dunqm;  il  a 
oublié  M.  Cornu,  qui  Va  repoussé  il  y  a  longtemps  dans  la  Romamâ  (VII,  ^É^), 
et  a  proposé  nunc  en  place  de  tune.  Juiqu'i  nouvel  ordre,  je  croîs  prudent 
de  continuer  i  faire  pour  ce  mot  ce  que  je  la»  depuis  longtemps  comme  M.  K.  : 
«  Je  ne  suis  contenté  jusqu'i  présent,  dit-il,  quand  on  venait  i  parler  de  iJun^ut, 
àoru,AtA\rt  que  l'étymologie  de  ce  mot  n'était  pas  trouvée.  •  —  P.  {26.  Hof- 
mann.  Encore  tos;  nouveaux  exemples  ivoy.  Root.  XI,  448)  de  l'usage  ancien 
de  couper  les  cheveux  aux  jeunes  garçons  i  un  certain  Age. 

C.  P. 


in.  —  Anciliv  Fùn  l'A*  SrcntiM  dbr  NRtiMBi  Spiuckb»,  LXVI.  — 
P.  409-4ti.  Reinsch,  Cclhtiem  dts  manitscriit  di  Parts  tt  dt  Dttsdt  Je  /"Art 
d'aimer  de  Jjc^ues  d'Amitm  pièUl  par  E.  Karting  .-  M.  R.  ignore  que  ce  travail 
a  été  fait  par  Brakelmann,  non  seulement  d'après  le  ms.  de  la  B.  N.  fr.  3{)4t, 
mais  encore  d'après  un  troisième  ms.  (B.  N.  fr.  1J478),  il  y  a  qainw  ans, 
dans  le  t.  [X  du  Jahrhick  lûr  rom.  uad  iKgl.  Literatur. 

LXVll.  —  P.  s  1-73.  16^-196.  Krttsiwr,  Extr*tlt  de  (Arbre  des  Batailles 


1^4  PÉRIODIQUES 

A'Honorè  Bonity  donnés,  non  uns  l^utes,  d'après  un  im.  de  Francfort,  el  pré- 
cédés de  renseignement  biographiques  et  biblio^aphiqu»  trH  incomplets.  — 
P.  7J-9S,  2)|-3Ê8.  Reitisch,  Points  dt  Gûutitr  de  Coiacy.  1.  La  Naissanct  de 
fa  vUrge  Marie.  |].  Ui  Naissana  a  l'Enfanu  4e  Jésus,  tll.  La  IJ^ende  de  iù  déni 
dti'tnfantUm-  M.  R.  prouve,  contr»irement  i  M.  Crcrber,  que  ces  petits 
poèmes  cl  d'autres  encore  sont  de  Gautier  de  Coitici,  et  donne  quelques  ren- 
seignements bibliographiques  utiles  ip^r  exemple  sur  la  légende  de  Panuel  et 
d'Anne,  dont  il  impriine  li  version  intcrpolËe  dins  la  Canceptioa  de  Wace  dans 
le  ms.  Brti.  Mus.  AJdit.  i  j6o&  décrit  Ram.  VI,  i  ss.)  ;  le  leilc  de  ses  éditions 
laisse  mai  lieu  reusemenl,  comme  d'habitude,  be;iucoup  i  délirer  :  on  voit  qu'il  a 
beau  imprimer  de  l'ancien  français,  il  le  possède  encore  bien  imparfaitement  ;  il 
donne  aiiuî  1,  48,  m'dprnre  pour  mcspinre,  t^\  dt  ee  merci  pour  Jt  re  mur  ^i, 
389  Si  cuii  tnicuvcuji  pour  si  cautnfO'mcitit  (et  il  explique  crKovftu»  par  •  dési- 
reuse d'amour  »),  700  trahir  a  pour  trahira  ;  U,  laç  bien  fait  ecroire  pour  kim 
fatt  a  eroiif,  471  Dieas  pour  dieus,  481  envirrm  pour  ttnorrai,  6ij  ^u'  i7  pour 
Hiù,  $70  Qu/le  pour  Qu'tiis,  981  vtut  pour  vfvt,  9S;  moiat  pour  moi  ne  ice  qui 
donne  un  îemblant  de  sens  fort  buricîcjue;,  i-oiS  Quf  plamt  pour  Qii'ji  pamne  ; 
l\U  119  et  J49  Qui  pour  Qu'a,  etc.  Le  plus  curieux,  c'est  que  M.  R.  a  essayé 
de  restaurer  les  formes  qu'a  dû,  suivant  lui,  avoir  l'original  cl  que  les  copistes 
ont  altérées;  il  est  inutile  de  discuter  ces  restitutions  ;  on  ne  peut  que  l'engager 
1  s'en  abstenir  dans  ses  publications  futures.  —  P.  197-11 3,  Hirth,  Mots 
tmprmtii  ou  tkinois.  Comme  ces  mots  le  retrouvent  dans  les  diverses  langues 
européennes,  l'élude  de  M.  H.  a  aussi  de  l'inlérÈi  pour  nous.  Il  étudie  succes- 
sivement les  mots  jnjm/jrin,  ceuii,  jonque,  Uel.,  mate.,  tùndaem,  cash,  taptifue, 
pagode,  bambou,  me  (cet  article  esl  peu  exact/,  ihf,  galgam  ic'est  le  ganitgat 
du  moyen  igt),  badiane,  satin,  kaolin,  plttiai,  cascan  et  tangue  (en  réalité  dépla- 
cés ici),  giuietiR.  nankin,  typhon.  Tout  n'est  pas  assuré  dans  ces  recherches, 
mais  elles  méritent  d'être  lues ,  et  éclaircissent  plusieurs  points  obscurs 
(quelques  mois  manquent,  comme  ailaitle,  sorgko).  — P.  169-J18.  Tendering. 
Fho'iétiijue  et  mQfphohgit  de  la  Vie  de  sainte  Catherine  en  poitenn.  Ce  travail 
est  utile  el  parait  fait  avec  soin  ;  mais  on  ne  peut  le  cofltr6lcr,  le  texte  auquel 
il  s'applique  étant  inédit  et  devant  être  publié  par  M.  Fœrster,  qui  l'a  sans 
doute  communiqué  à  l'auteur,  bien  que  celui-ci  ne  juge  pat  à  propos  de  dire 
un  mot  â  ses  lecleurs  du  poème  dont  il  étudie  la  langue  cl  de  la  manière 
dont  ils  pourront  s'en  procurer  la  connaissance.  G.  P. 


IV.  —  L ITEIl*Tt;RDI.AtT    FÛB    OKBH.lItTîïCHB    tisn    ROUANIfïCUE   PaïUH.fKîlE, 

—  10,  Octobre.  Col.  )88.  Eysicnhardt,  RamiHhmd  Romaaiseh{S\ll\  :  défavo- 
rable). —  C,  J90,  Hcndrych,  Die  ans  der  lattimuhen  Wanet  »  fae  *  eniitande- 
ntn  ftaRiaiisthtn  Wetster  (Morf  :  sans  valeur).  —  C.  jja.  Craevell,  Die 
Châractrriflik  Jet  Potantn  im  Rolandtlîcdi  (Oitmann  :  observations  asseï  inté- 
ressantes). —  C.  J96.  Levy,  U  troabadoar  Pmlet  de  ManeiUt  iStengel).  — 
C.  J97.  Romanisehe  Slvdita,  17  :  Cirart  dt  RûsstUto  (Bartsch).  —  C.  398. 
Doiy,  Reeherehci  sur  FEspagne  fBaist  :  ne  dit  rien  du  chapitre  sur  Turpin). 

(  I.  Novembre.  C.  439.  Thomas,  Noiaelles  recherihes  sur  /'Entrée  de  SpAgite 
(Slengel).  —  C.  4)l.  Spohn,  Uebtr  dea  Conjunkii*  im  Mljraazasischen  (Folh  : 


Uas  valeur).  —  C.  ^t^.  Mûhiefpld,  Oie  Bildang  dtt  Nonwo  actiOQÎS  un  Ftan- 
zasisthtn  «Willenberg  :  nlimable).  —  C.  4^4.  Roeth,  i'tbir  den  AiufjH  dtt 
iattncealtn  d  im  Normannuden  (SrttegaïtI.  —  C.  43  j.  Ciampolini,  Un  poma 
tmco  dtlla  prmj  mctà  del  tm^unento  {Caspary  :  il  s'agit  de  IVii'ui  iikTOla 
do  Trissio). 

t  ] .  Otcembre.  C.  461.  Jord,  Essai  sar  U  paîott  normand  du  Bttm  (Suchier  : 
les  obs«rval»ns  du  critique,  conifsabifs  mais  curieuiM,  sotii  as«z  en  AtVon 
du  sujel  du  livre).  —  C.  466,  Pans,  Phonit^ui  franimu  :  o  fttmi  (Neumann  ; 
crilique  M^s  inléressanle,  et  dont  il  faudra  tenir  compte,  de  l'article  paru  icî^ 
X.  36-6ÏI,  — C.  470.  Haase,  Uther  dm  Cthrauth  da  Cofijuncthi  ba  Jo(ii*tiU 
(WiUenb«rg  :  exoellenl).  —  C.  471.  Engel,  Cnthichte  dtr  ftmiatischm  LJU- 
r<aia  (Sachs).  —  C.  47;.  Sachse,  Utber  dat  Ltbtrt  and  du  Ludtr  dit  Trùuha- 
doiàfi  Wifhtim  iv/i  Poitm  (Bartsch  :  prolixe  et  sans  nouveauté).  — C.  474, 
Avolio,  întroduîioni  atto  ttadio  M  dijiitio  SicUinno  ;Caspary|. 

V.  —  Aii5u*iFiE-6t;i.i.KTiH  UB  LA  Siici^fi  OB  l'Hirtoiiib  UB  PnATtCl. 
T.  XIX,  (882.  —  P.  144-264.  Paul  Meyer,  Richard  Caur  it  Lion  et  Philippe- 
AagUite  t»  1 199,  d'aptiî  l'hiitoiri  Je  CuiUjumc  te  MatUhd.  Ce  trivail,  qui  a 
d'abord  i\h  coramuniqtit  sous  une  (ortne  un  peu  ditlfrente  â  l'aiiembl^c  géné- 
rale de  la  Société  de  l'Hiiloire  de  France,  en  mai  i88j,  contient  (e  texte  des 
ven  11)11  â  1 1 726  du  poème  récemment  découvert  Ji  Cheltenham.  Ce  morceau 
est  certainement  l'un  d»  p)us  curieux  de  l'ouvrage.  Il  nous  initie  aux  détails 
de  négociations  sur  lesquels  les  hisloriens  connus  jusqu'i  ce  jour  n'ont  dûoné 
<)BC  des  rtnsetgnemenis  fnri  sommaires.  Il  ne  se  ^ecomm3nd^  pas  moins  par 
Mhjbilrlé  arec  laquelle  les  personnages  sont  mis  en  sc^ne,  et  par  la  vérité  des 
portraits  que  l'auieur  a  su  tracer  de  Richard  Cœur  de  Lion,  de  Philippe- 
Auguste  et  du  cardinal  Pierre  de  Capoue  qui  négociait  au  nom  du  n»  de 
France». 

V!,  —  BlDLIOTHÉQUK  HE  L'ÉCOLK  DES   CHABTEe,    XLIl    (1881).   —  P.   l2Ït- 

ij6,  3(7-373.  Valois,  EtuÂi  sur  le  rylkmt  du  ballts  fonùfieetti  ;  travail  très 
remarquable,  important  surtout  pour  la  diplomatique,  mais  qui  intéresse  aussi 
l'histoire  littéraire  et  b  grammaire  du  lalin  du  mo^en  i%f,  le  curjiri,  dont 
Thurot  a  le  premier  fait  conratirc  la  théorie  d'après  des  auteurs  do  XII'  et  du 
XIII*  siècle,  esl  montré  ici  mis  en  pratique  d^ns  U  chancellerie  romaine. 
L'élude  de  M.  Valois  fournira  nolairiTnent  plus  d'un  utile  point  de  repère  il  U 
rtronologie.  —  P.  (Oj-ljo.  Thomas,  la  fifiimles  dt  Notre-Damt  de  Chartres, 
leite  latin  inédit;  c'est  l'original  du  poéne  de  Jdian  Le  Marchant;  les  cha- 
pitres qui  ne  se  relrotiTent  pas  dans  te  lalîn  sont  empruntés  i,  Gautier  de 
Coinci,  comme  l'a  reconnu  iî  y  a  longtemps  M,  Tobler  («oy.  Rom,  III,  i  jOi. — 
Comptcs-renJtis.  Aubertin,  Histoire  dt  la  Sangae  et  de  h  titUraturt  fraimite  ju 


I.  Qiielqun  faniet  tl'im^vmjîDa  doivent  être  conigèo-  V.  liJ4Si  lues  dans  le  texte 
It  ta  haute  geni  n  n  aoK  jei  Hdtttt  teut.  —V.  ii)f6  Ib.  fuiu. —  mil  h»,  cur, 
—  11490,  (o;r,  leçon  du  ms.,  doH  être  corricé  lot.  —  ii|ia  nppr.  la  viifBle.  — 
11714  mettre  une  virgule  1  la  6n  <hi  im. 


1^6  fgRiooi<iues 

mopa  igt  iRaynaud,  p.  4a;)  i  Petit  de  Jullevilk,  Us  Mystiret  (RayDaud, 
p.  464);  Robert,  Pfntauu(hi  Versio  anti^uissima  (D'Arboîs  cfe  Jubainvilie, 
p.  216I  ;  SarradiD,  Easlatln  Dachatnps  (Faucon,  p.  67)  ;  Vatois,  Dt  ûrte  scn- 
bendi  cpistohs  (Tardif,  p.  6jt. 

—  T.  XLIll  (1881).  —  P.  îli-r8.  Castan,  Un  manuanl  de  h  bibliothi^jut 
dt  Charlis  V  raiouvi  à  Btsançon;  ce  ms.  contient  divers  traités  moraux,  entre 
autres  la  ComoUtion  di  phUoîophu  traduite  par  Jean  de  Meun.  —  P.  474- 
497.  A.  Morcl-Falio,  Rapport  tur  uni  rntmn  archlohgîgac  li  MajOUfut;  ren- 
ferme qoel<]ucs  intéressants  renseignements  sur  des  manuscrits.  —  P.  it-î-jç;. 
Mariy-Laveaux,  François  CufssufJ ;  notice  biographique  d'autant  plus  pré- 
cieuse qu'elle  a  été  rédigée  par  un  des  mit  les  plus  btimes  de  Cucssard.  — 
Comptes-rendus.  Apfcdtedt,  Lolkmgistlicr  PialStr  (Thomas,  p.  680)  ;  Favre, 
Glossaire  français  dt  Datante  (Robert,  p.  >;o}  ;  Nordenskjirld,  Le  livre  dt  Marco 
Polo  (Delisle,  p.  216). 

Vil.  —  Et,  FoLK-LoBB  AsDAtL-z,  organo  de  la  Sociedad  de  este  nombre, 
i88a-8t  '.  —  Ce  journal  est  l'organe  de  la  Société  qui  s'est  fondée  sous  ce 
titre  à  Sêville  i  la  fin  de  18S1  >  et  qui  a  pour  secrétaire-général  M.  Maclia.dû 
y  AlvjreiF  \Dtmophilo\,  déjà  bien  connu  par  ses  travjuic  ût  folk-hrt.  Le*  douze 
numÉros  (mars  t88j-févrjcr  i88jt  qui  forment  b  première  année  conliennent 
de  tris  précieux  matériaux  et  aussi  des  études  inlêressantcs.  Il  est  naturellement 
impossible  d'cnumérer  lous  ces  articles,  généralement  de  peu  d'étendue,  cdaés 
nous  recommandons  vivement  le  jounial  i  tous  ceux  de  nos  lecteurs  qui  s'inté- 
ressent 4UX  cuntes  populaires,  aux  chansons,  aux  superstitions, aux  usages,  etc. 
M.  Schucliardl  a  envoyé  ;p.  3(9-1661  un  curieux  article  sur  les  rapports  entre 
leï  tophs  andalouses  et  les  schaadirttjpkt  tyroliens  (pourquoi  des  vers  frtoulans, 
qui  reproduisent  txacUmcni  le  septénaire  lalin  (voy.  Rom.  IX,  189,  191), 
auraient-ils  subi  une  influence  germanique  ?),  et  il  rapproche  même  des  patnil- 
lion  gallon.  A  chaque  numéro  du  Folk-Lorc  nndala:  sont  jointes,  avec  une 
bibliographie,  des  Soucias  oh  on  trouve  d«  renseignements  util«- 

Vin.  ^  ZsiTMiiBiFT  riJR  ccfTEnncicinHiDE  Cthnasib»,  t88i.  —  P.  123- 
$36.  Mussafia,  lathnngisehcr  Psalia,  hgg  von  ApfeUtedt.  Après  avoir  regretté 
que  M  Apfeîitcdt  eût  choisi  pour  l'Miter  un  texte  dont  la  publication  était 
annoncée  par  un  autre  savant  {cf.  Rom.  X,  461),  le  critique  fait  de  celte 
édition  et  du  commentaire  philologique  un  éloge  mérité,  présente  quelques 
observations  que  tout  leclcttr  devra  loindre  i  son  exemplaire,  et  termine  par 
quelques  paroles  de  regret,  partagé  par  tous  ceux  qui  ont  connu  Aptelsledt, 
sur  la  mon  prématurée  de  ce  jeune  philologue  qui  promettait  tant  et  qui  avait 
iléjà  tant  donné. 


I.  On  peut  l'ibonner  à  Paris  chet  Maitonnenve  ;  le  prit  de  l'abonnement  pour 
l'étmger  est  (fc  n  fr.  par  an 

1.  Cette  Société  it  rontid^re  commr  une  brinch«  d'âne  Mriété  nationale,  Et  Folk-lcn 
itpahol.  qui  n'exiitc  tntorc  i^u  '  idéale  m  tni  Elle  a  nomnié  àtm  ditléreiili  payt  etraiigfn 
des  raembTct  honorairu  dont  voici  U  liiie  :  MM.  Thonu.  le  comie  ittiucnamp,  Comme 
fÀiuUUrrt),  —  Coelbo.  Conrifilicri-PrdrotD,  Briuj,  Carvalho  Monldro  \Portagat), — 
Pam,  comte  de  Puymji^ic,  Coiquîn,  KolUnd,  S^tùIIoi  [Fratict),  —  Piiré,  de  Gubéina- 
t'tt,  d'AiKona,  Salomonc-Maiino,  Compatetti  lltalit],  ~  Kahter  [AUtma^iu],  -  Schu- 
chaidt  lAutneht). 


PÉRIODIQUES  I  )7 

DC.  —  Aacmv  fur  slaviscre  Philoloqie.  T.  VI  [1882).  —  P.  a-ji. 
Weiselofsky,  La  pUrre  alatyr  dans  Ut  Ugeitdes  locales  de  la  Palestine  et  dans 
U  Ugeade  du  graal  ;  recfaerclies  très  savantes  et  rapprochements  tout  i  fait 
neoÉt.  —  P.  Î9Î-4M,  ï48-(99.  Wesselofsky,  Notrvelles  conlribations  à  l'kit- 
tÙTC  dt  la  légende  saiomonienne ;  dans  ces  précieuses  études,  où  l'auteur  de 
SilomoR  et  Kitorras  revient  à  un  thème  qu'il  a  déjà  abordé  avec  tant  de  succès, 
OD  trouve  les  renseignements  les  plus  intéressants  non  seulement  sur  la  légende 
de  la  femme  de  Salomon,  dont  nous  avons  plus  d'une  fois  entretenu  nos  lec- 
teurs, mais  snr  plusieurs  sujets  plus  ou  moin.«  voisins,  par  exemple  l'histoire  de 
fEmperar  orgacilleux  (M.  W.  en  rapproche  celle  du  roi  Girbert,  et  fait  i  ce 
propos  sur  cette  histoire,  celle  du  ■  roi  Ange  n  et  celle  de  Ftoovant  des 
remarques  fort  intéressantes),  celle  de  la  mère  de  Salomon  (oh  il  joue  le  râle 
du  philosophe  Secundus),  etc.  Les  savants  occidentaux  sauront  gré  à  M.  W. 
d'avoir  mis  en  allemand  ce  travail  d'abord  publié  en  russe,  et  trouveront  lar^- 
nent  1  s'y  instruire. 

X.  —  RBvtiE  CRTTiQtTE,  octobrc •décembre.  —  Art.  100,  Collection  de 
tontes  et  chansons  populaires,  publiée  par  Leroux,  t.  I-V  (G.  P.).  —  aoj.  Diez, 
Lebai  and  Werkt  der  Troubadours,  éd.  Bartsch  (P.  M.).  —  Variitis  (p.  4Sî)  : 
Bibliographie  créole,  note  supplémentaire  {H.  Gaidoz). 

XI.  —  L1TERARI8GBBS  Cbhtralblatt  ,  octobre-décembre.  —  N*  41. 
Meyer,  Die  Ceschichtt  der  Kreuzkolzes  vor  Ckristo  ;  Der  Ludus  de  Antichristo  and 
iba  du  latànischen  Rkylhmen.  —  42.  Stengrl,  La  cancan  de  saint  Alexis,  etc. 
—  48.  Baischan,  Zur  romanischen  DiaUkiologie,  I  ;  Carigiet,  Ratoromanischen 
Wanerbuck.  —  50.  Bartoli,  Crestomazia  delta  poesia  ilaliana.  —  ji.  Schwds- 
thal.  Essai  sur  la  valeur  phonétique  de  l'alphabet  latin. 

XU.  —  Deutsche  LriBRATORZEiTUNa,  octobre-décembre.  —  N"'4i.  Eys- 
senhardt,  Ramisch  and  Romanisch  (Grœber  :  justement  sévère).  — 41.  Fœrster, 
Ljoner-Ysopet  (Tobler).  —  44.  Gsriich,  Die  sûdwesllichcn  Dialekte  der  langue 
d'oïl  (Ulrich).  —  47.  Graf,  Roma  ncl  medio  evo,  I  (Schrœder).  —  49.  Scheffer- 
Boichorst,  Aus  Danle's  Verbannung  (Tobler).  —  jo.  Luchaire,  Recueil  de  textes 
de  l'ancien  dialecte  gascon.  —  51.  Diez,  Lcben  and  Werke  der  Troubadours, 
éd.  Bartsch  (Stengel).  —  Ji.  Fœrster,  Aiol  et  Mirabel  (Koschwitz). 


CHRONIQUE. 


M.  Arsène  Darmesteter,  ayant  été  nommé  titulaire  du  cours  de  langue  et 
littérature  française  du  moyen  âge  i  la  Faculté  des  lettres,  a  abandonné  la 
place  qu'il  occupait  i  l'Ëcole  pratique  des  hautes  études.  M.  Gilliéron  a  été 
nommé  répétitear  i  cette  Ëcole,  ob  il  s'occupera  surtout  de  l'étude  des  patois 
vivants  de  la  France,  rattachée  d'ailleurs  à  celle  des  variations  dialectales  de 
rancien  français. 

—  M.  Alfred  Morel-Fatio  a  été  prié  par  M.  Paul  Meycr,  alors  malade, 
de  le  suppléer,  pendant  le  semestre  d'hiver  1882-8J,  dans  sa  chaire  de  langues 
et  linératnres  du  midi  de  l'Europe,  au  Collège  de  France.  Il  a  pris  ponr 
sujet  d'une  de  ses  leçons  le  roman  picaresque  en  Espagne,  et  dAns  l'autre  il  a 
expliqué  des  textes  catalans.  M.  Meyer  reprend  son  cours  avec  le  second 
seswstTC. 

—  M.  le  D*  Em3  Lery  s'est  ■  habilité  >  pour  la  philologie  romane  i  l'uiî- 
versité  de  Priborg  en  Brisgau. 

—  Le  concours  phîtologiqae  et  littéraire  de  la  Sociài  des  langats  romana 
aura  lien  1  Montpellier  le  1  j  mai  prochain.  La  Société  a  constitué  un  <  bureau 
d'honneur  >  dont  les  présidents  sont  MM.  Mistral  et  Paris,  les  vice-présidents 
MM.  Mili  y  Fontaaais,  Monaci,  de  Bomier,  Darmesteter.  La  Société  a  lien 
d'espérer  <)ue  U  majorité  au  moins  des  membres  du  bureau  pourra  prradre 
part  au  concours  et  aux  fîtes  qui  l'accompagneront. 

—  La  SocitU  Ja  Aiuitus  Tata  franfats  a  mis  sous  presse  les  Œuvra  pot- 
liyK;  it  Philippe  Jt  Btjummmr  (publiées  par  M.  Suchier)  et  le  roman  de 
CuHUmuh  Jt  Doit  (publié  par  M.  Servois). 

—  M.  Van  Haroel  a  mis  sous  presse,  pour  paraître  dans  la  Bibliothéqoe 
de  l'Ëcole  pratique  des  hautes  études,  son  édition,  d'après  de  tris  nombreux 
manuscrits,  des  onivres  du  Reclus  de  Morliens  fie  Roman  de  Charitl  et  le 

—  M.  Constant  s'occupe  d'une  Cknsiomêtkie  dt  l'ancien  français  que  doit 
publier  U  maison  \'ieweg,  i  Paris. 

—  M.  Bartsch  prépare  pour  l'éditeur  Maisonneuve.  i  Paris,  un  recueil  de 
trxtts  en  ancien  français,  accompagné  d'une  grammaire  et  d'un  glossaire. 

—  N^tuj  avons  rfçu  le  programme  d'une  «  Revue  internationale  pour  la 
wtfwcf  des  lanf^es  en  général  •  {Inltrnattonale  Ziitschrijt  fur  allgemtine  Sprach' 
»(AN^v,.4^tt  dirigée  par  M.  F.  Techmer,  doceitt  i  l'université  de  Leipzig.  Le 


CKRONtQtlE  I  )9 

Mit  DOBt  lenbk  BU  peu  anbttîeux  et  k  programme  bien  vitl(.  Noos  ne 
■BMi  p»  penoadéf  qu'il  y  sit  iias  ce  progumene  aucane  braache  d'étude  1 
lifMBt  ait  bit  défaut  [usqD'îci  un  organe  «affisant.  La  rédaci'ion  de  celte 
ismfle  rcroe  semble  devoir  étrr  très  cosmopolite.  L'Allemagoe,  l'Atigieterre, 
riuiie  1  iont  représentées  par  leurs  plus  Sluttrrs  linguistes,  U  France  pu 
UU  Adan,  L.  de  Rouiy  et  J.  Vrason. 

—  M.  le  comte  de  Bournioat  nous  prie  (et  nous  le  bisons  volontiers)  de  dire 
1  Ml  lecteers  qu'en  publtmt  ta  cnriesse  légende  reciieillie  par  M.  Camo^  sur 
•  Cudekni  et  Boonnont  {Rom.  XI,  4 1 1)  «  nous  n'avons  ntlUcmcnl  voulu  nous 
moàtr  1  raccusatioa  de  trahison  portée  par  Napoléon  et  d'autres  contre  te 
(Mnl  de  Bounnont  et  accueillie  par  b  crédulité  pabli<]ue. 

—  Je  docmrrai  dans  va  prochain  aunéro  de  la  Rçmanu  ua  supplément  i  mon 
Ùaii  tm  ki  muauaiti  iu  twun  i'Alaanâît.  On  y  troui-era,  oolamment,  la 
docriptioa  du  ns.  de  Rone  {Rem.  XI,  ;  j  1),  qui  a  une  importance  que  ne  laissait 
pai  loupccatter  b  notice  de  M.  A.  Kcller,  ei  de  nouveaux  détails  sur  le  ms.  de 
Venise.  QjuM  >■  mt.  do  baron  de  Lassberg  (Rom.  XI,  }j]»,  d  est  décrit*  dan» 
If  atalogae  de*  mn.  de  la  t>ibliolhéque  princiére  de  Donauescliingeii  (par 
M.  Banck,  Tubingne,  i86i,  gr.  in-8*i  sous  le  n*  168.  Il  ne  conlient  que  tes 
Tm  im  ^êea  et  le  Rettor  da  péûn.  —  P.  M. 

—  J'ai  dit  a-dessBs.  p.  14,  qoe  le  petit  poème  de  Matazone,  n'étant  pis 
iidiqié  dans  le  catalogtx  de  t'Ambroisienne,  n'avait  pas,  i  ma  connaiisance, 
^ré  juu)u'ict  l'atlentiOD  des  phiJologtin.  C'était  une  s^upposition  inexacte, 
lion  articie  éuit  imprimé  lorsque  j'ai  appris  que  M.  Biannu,  jeune  Roomaia 
qui  suri  a  Pans  divers  cours  de  philologie  romane,  avait,  l'an  dernier,  décou* 
TCndeson  cAti  cet  opuscule,  et  en  avait  pris  copte.  M.  Biannu  s'intéresse, 
OKne  moi,  ï  l'hisldre  de  b  légende  d'Alexandre,  et  c'est  au  cours  de 
ndietbes  sur  les  mss.  de  i'Hatoria  Jt  prahit  qu'il  a  rencontré  le  poème  de 
Matsme.  —  P.  M. 

—  De»  nou  de  réponse  il  mn  ami  le  prof.  Baissac.  sur  le  point  en  litige 
i  propos  de  l'étymologie  de  la  négation  créole  napn.  Je  la  dérive  de  t  n'a  pat  » 
fat  le  son  est  JdeMiqae,  le  prof-  Batssac  de  1  itr  ..  pai  ■,  et  pour  justifier 
le  Aaflgcmcnl  de  (  en  n,  d  cite  SiKOuyé  de  secouer,  ça  de  v  et  una  de  m  a. 

CetlroB  exemples  ne  sont  pas  probants,  c  Le  créole  latouyi  ne  vient  pas 
éexioaii,  mais  bien  do  patois  normand  jnfOKr,  encore  aujourd'hui  existant, 
fOi  at  rjBcxn  fraoçau  tathitr,  tirer  brusquement,  secouer,  de  'sac  c;i  re.  avec 
b  proBonciatiofl  picarde  et  normande,  d'où  sainte,  suçait,  saccade,  secousse'. 
Cl  g'eit  pai,  en  effet,  dans  b  bagne  littéraire,  mais  dans  le  Ungage  populaire 
du  prcaien  colons  (Normands  et  Bretons)  qu'il  faut  aller  chercher  l'étymotoRie 
et  bien  des  mMs  créoles.  Par  ex.  :  baher  pour  bjUjtr  est  te  mot  même  nor- 
«ud,  etc. 

^  fil  vient  Uni  simplement  de  (é. 


.  Connw  im  tan  tev  k*  MM.  naat  la  même  prowrnaoce.  .uu^mt 

.iow.  f««  nrU  pMlob  JLné  au  Baun    p.   .61.  ^.^r^StoS^- 
InkacoRaicu  tMiTtsauytr,  mai»  je  <«  »«  "««  P*»  >"«•"  **  * 


140  CKRONtque 

j*  Quant  i  cim  que  l'on  prOROnce  â  peu  près  ûna,  il  «cent  bien  de  tu  a  dini 

*  il  y  «n  a  ■  ;  mais  le  créok  ayant  été  (orné  par  l'oreille^  t  a  ici  le  sdd  de  t. 
Aucun  de  ces  trois  exemple  ne  prouve  donc  (]ue  e  Trançjiis  puisse  donner  é 

crfole.  E  muel  donne  i  dans  l'immense  majorilè  des  cai  :  dimijin,  ctm\n,  (imut, 
dilo,  etc.,  cl  très  rarement  ou,  comme  dans  (ouvjl,  zoanoa,  de  cheval,  genoo. 

•  Nupa  »  dérivant  de  *  nt  ...  pas  »  serait  une  anomalie,  <)ue  |c  crois  unique, 
du  diangemeni  de  <  e»  it.  JVd/u  de  n'a  pas  ne  présente  ïucunc  dLtlîcullé  phoné- 
tique, et  a  de  plus  l'avantage  de  n'avoir  pas  besoin  d'une  seconde  supposition  : 
la  réunion  eu  un  seul  de  deux  mois  ordinairement  séparés  dans  le  discours. 

Quant  i  nèqat,  napli,  donnés  comme  venant  de  nt  ...  que  :  il  lu  ^it  qat  par- 
ler, de  /fc  ...  plui  :  je  nt  le  ferai  plat,  pour  prouver  que  le  créole  a  pu  réunir 
en  un  seul  deui  mots  souvent  séparés,  ils  viennent  régulièremenl  de  a'ttt  qat, 
n'a  plus,  réunie  comme  dans  les  phrases:  i\  a'ut  que  vétérinaire,  ri  n'u  pliu 
de  feu. 

En  résuiB^,  la  iransforoiation  des  sons  français  cti  sons  créoles  est  le  plus 
souvent  régulière  :  t  fait  1,  et  par  conséquent  nt  ...  pus,  itt ...  plas  auraient 
donné  aip-M,  nipli,  et  non  ntpa,  njpU.  Lu  négations  aapj,  aanea,  ai^iu,  napli., 
viennent  régulièreniejit  de  n'a  pas^  n'a  iiin,  a'ttt  91",  N'a  plat.  —  A.  B08. 

—  Livres  adressés  i  la  Rom<mié  : 
La  Lapidairtsfrançm  du  mojcn  ige,  tentes  des  XII',  XUI'el  XIV*  siècles,  réunis, 
classés  et  publiés,  accoinp3f<nés  de  préfaces,  de  Ubies  et  d'un  glossaire, 
par  Léopold  pAKRiF.it,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  chartes  et  de  l'École  des 
hautes  études,  avec  une  notice  préliminaire  par  Gaston  Paris.  Paris, 
Vieweg,  in-8*,  xj-J^J  p-  i  cinquante-deuxième  fascicule  de  la  Bibliotki^ut 
it  t'Ècolt  prcûqat  dti  haaUi  Hucies). 
Dt  U  pan  dt  la  Champiignt  dans  la  formation  tt  U  dhtloppinHnt  ât  U  langue  et 
Jt  la  liilératurt  tranfaisc  (discours  prononcé  à  la  distribution  des  prÎK  du 
collège  de  Châlons-sur-Marne  le  ;  aofit  1882),  pjir  M.  Pqvlxiv.  CbSkuis, 
impr.  Le  Roy,  in-S",  16  pages.  —  L'imeniion  était  bonne;  mais  dans 
quelle  ignorance  sont  encore  nos  professeurs  de  province!  M.  P.  croit  i 
l'épilaphe  de  Plodoard  publiée  par  Mabitlon,  aux  vers  de  Doeie  de  Troyet 
fabriqués  par  M.  de  Survrlle  ;  il  raconte  que  <  sur  les  murs  de  son  chiteau 
de  Provins,  le  comte  Thibaut  Faisait  peindre  en  itUm  d'or  sur  thamp  d'aiar 
ses  gracieuses  chansons,  pour  les  porter  A  la  connaissance  de  ses  bien-aimis 
sujets,  ■  etc.  Le  sujet  est  â  reprendre  pour  un  Champenois  mieux  informé. 
Imtntairt  dit  maniufntt  italiins  de  là  BibHoibiqut  nationale  qui  ne  figurent  pai 
dans  le  catalogue  de  Marsand.  pir  Gaston  R^ytiauh.  Parii,  Picard  et 
Champion,  in-8',  r^o  p.  (extrait  du  Cibn.^i  huteriqae).  —  Ce  travail  est 
utile  et  parait  fait  avec  beaucoup  de  soin.  Il  aurait  gagné  i  être  accotnpa- 
gné  d'un  index  méthodique  et  de  celte  concordance  des  numéros  anciens 
avec  les  nouveaux  que  l'auteur  dit  avoir  dressée. 
Stanislao  Phatu.  Vaa  novillina  popcUn  rnoafttriuj,  raccolla  e  illtistrata  con 
note  comparative  e  preceduta  da  una  prefaztone  sull*  importania  délia 
novellrstica  popolarc  coniparata.  Como,  Ostinelli.  in-8»,  67  p.  —  i-i  Ug- 
gtttda  dtl  taoro  di  Ramptiniie  nelle  varie  redationi  itatiane  e  straniere,  saig- 
gio  critico  di  Stanislao  Pb^to.   Como,   Franchi,  iii-8*,  lif-il  p.  ~  Ces 


CHBONIQUE 141 

traraui,  conme  ceux  <\»'i  dtji  publiés  le  nitmc  auteur,  socl  pleins  d'èrudi- 
tjos  cl  earichiuent  b  rtiylhographie  de  beaucoup  de  renieignemenls  précieux. 
Ukr  du  Hmdithnjun  dtt  Ckitnton  di  Horn  ...  von  Rudolf  Brcdk,  in-8%  (i  p. 
(dissert.  de  Marbourgl,  —  Coinirencemeni  d'un  travail  qui  sera  compléU 
daiu  les  ^igj^  und  Abkaadhiif^cn  de  M.  Stengcl. 
Vaii^t  popalara  porta^iuziis,  por  Z.  Co>fiiuLii^Hi-pBUH080,  X.  0  homim 

ias  uu  itataéurat.  XI.  0  dtabo.  Pofto,  typogr.  Elteviriaiu,  16  et  19  p. 

DgCatgttan:  Jir  Partiopii  Ptaettriti  in  adiver  VerbalconiUuctioo  \m  Altlran- 

toeûidin  bis  zom  Anfang  des  XIII  Jahrhunderts  ...  von  lohinnes  Biess 

t£sseilJtion  de  Girllingrn},  70  p.  —  Travail  consciencieux,  mais  qui  n'est 

pas  acmpt  d'erreurs. 

Zm  ttButMchift  Didliiîoiogte.  Heit  I.   Vtbti  dai  jûdiich-spanischŒ  DuUlt  a\s 

Beilrag  xor  Aufdellung  der  Atuiprache  îm  Altspaniichen,  von  M.  Balscuam. 

BeJorar,  FleiKhmann,  jo  p.  —  Ecrit  singulier,  où  il  y  a  quelques  renseî- 

gomcnU  utiles  i  recoeiHir,  mais  où  l'ordre  et  la  clartf  font  compi^ement 

ditiul.  L'auteur  écrit  sur  la  ptionéti{;ue  sans  avoir  â  sa  disposition  les  res- 

SDortes  typographiques  les  plus  élémeiiUiret,  et  des  fautes  d'impression  en 

mabre  incalculable  viennent  rendre  en  outre  son  ouvrage  presque  illisible. 

Oir  Verhj/ltxioa  m  der  Oxf.  Ht.  ici  Cirùrl  de  Rosillon,  von  Ceorg  Hestschku. 

Halk.  Karras,  jS  p. 
AdiDe  CoEK.  Di  aaa  Uggendi  rt!aliva  alla  nâtcita  t  MU  povenlà  di  Coaantiiw 
Hégno.  RoDia.  Fofiani,  gr.   m-S",    191   p,  —  Il   s'agit  dans  cet  important 
trsrailde  b  légende  qu'a  étudiée  ici  M.  Wessdofsky  \Rom.,  VI,  17}  ss.}i 
i  propos  du  Dit  de  l'empuetu-  Constant,  mais  qui,  d'après  le  savant  italien, 
■'a  pat  de  rapport  avec  ce  poime  et  les  récits  semblables.  Une  venion  latine 
de  CElte  légnde  a  été  récemnent  trouvée  et  publiée  par  M.  Heydenrcich  ; 
H.  Coei  en  aviéliorc  le  leile  d'après  un  ms.  de  Rome  ;  mais  l'objet  princi- 
pal 4e  MM  travail  est  le  dassemeni  et  la  critique  des  différentes  versions  de 
b  légende,  et  la  recherche  des  éléments  dont  elle  se  compose.  Il  fait  preure 
dMs  cette  élude  d'une  érudition  très   riche  et  très   précise,  d'un  jugemeol 
excelleDi  et  d'une  remarquable  intelligence.  Ses  conclusions  sont  loufours 
pUujibles,  souvent  assurées,  et  n'ont  pu  en  bien  des  cas  être  obtenues  que 
frlcr  i  uoc  pénétration  peu  commune.  Il  et  ï  souhaiter  que  M.  C.  écrive 
llli-ntne  cette  Hntoirt  foèûqitt  de  ComUnùa  dont  il  invite  luotlesienicnl  un 
cooipéient  i  se  charger  :  il  n'aura  pas  à  chercher  loin  pour  le 
trovfer. 
Vtioeno  CiiBsctKi.  Dut  stuJi  riguarJaiUi  oprre  minvn  dd  Boccac<io.  U  Canlaie 
S  Fitrt  t  &atuifiore  tJ  il  Fiioeoh.  La  Lutta  deW  Amorou  Vitiont.  Padova, 
.CrtKtat,  in-S",  61  p  —  Nous  reparlerons  prochainement  en  détail  de  ces 
'dnx  ialértssantej  études. 
OwUriss  ia  Larf-  iwrf  Flixiont-Analyse  dtr  ntuftaniasiscken  Scfirifispracht.  von 

CK  LittonsK.  OppHn,  Maaske,  ir-S*,  vij-109  p.  —  Assez  peu  satisfaisant. 
Ligpdtt  tt  titat  popalairu  du  pays  bas^ae,  par  M.  CEnouAKO.  IV.  Pau,  Pri- 
tut,  bi-8*,  200  p.  (extrait  du  BalUlm  Je  h   Soittii  des   tcitiKts,  httres  et 
m\t  il  Pau).  —  Avec  cette  livraison  se  termine  un  ouvrage  des  plus  iinpor- 
UnUpoorla  littérature  comparée,  dont  on  doit  être  fort  reconnaissant  â 


■  41  CHRONIQUE 

l'iuteur.  News  y  signalons  tes  curieux  récits  relaliTs  k  Arrolan  (■=  Rollaml), 
ûb  A'ttiCitM  conlet  cir  géants  se  mjleni  it  des  «mprunts  f^iu  jut  pommes 
Irançaîs.  L.»  Basques  n'ont  gardé  aucun  souvenir  propre,  cela  va  tans 
dire,  At  l'avfntare  do  i  {  aoûl  778,  el  considèrent  Arrolan  comne  ayant 
combattu  les  Mahw  (^  Mores),  Le  n*  56,  04  les  Basques  sont  au  con- 
Iraire  rcprÉscntés  comme  défendant  contre  lui  leurs  nionugnes,  et  oEi  ils  ont 
pour  chd  un  Oxona  l=  Loup)  qui  vient  tout  droit  du  Lupus  de  la  charte 
d'Alaon,  est  ceruincmeni  de  Ubrication  Crudité  et  toute  moderne. 

Dit  Lthrt  vam  fraoïaittcken  Virb  auf  GrandUge  der  histarischen  Grammatik, 
von  D*  Hermann  Brhviiuik,  Professor  an  der  Unirersit^cl  Mûnchen.  Mûn- 
chen,  Oldenbourg,  1S83,  In-S*,  viijijâ  p.  —  L'auteur  se  propose  de  renou- 
veler et  de  vivifier  l'enseignement  du  français  moderne  en  lui  donnant  pour 
base  riiisioire  de  la  langue.  Cet  écrit,  qui  nous  paraît  bien  répondre  i  son 
but,  Kl  consacré  au  verbe;  il  est  précédé  de  remarques  et  de  discussions 
sur  la  méthode  suivie  en  Allemagne  pour  l'enseignement  des  langues 
vivantes. 

Pr.  BsnOHAKN.  Ultrt  mr  ta  ptiambit  (priamHc).  Kolosxvar,  in-l8,  8  p.  — 
M.  Bcrgmann  avait  proposé  jadis  d'appeler  en  français  priamite  la  rorme 
poétique  qu'on  nomme  en  allemand  Pndmti  ;  sur  robservation  que  Priàmel 
vient  de  praeÂmbula  et  que  priamile  viole  l'accent  el  n'est  pas  formé  i 
la  française,  il  préfère  aujourd'hui  priamble. 

Gtsang  tii\  Heiaritk  IV.  j.  \o%^.  Uebir  L^hynnthdarittflungen.  Von  Wilhelm 
Meyer,  ausSpeyer.  Munich,  Siraub,  in-S",  .47  p.  [extrait  des  Com^irs-rcArfiu 
Jt  \'AiatUm\i.  [8Si,  1.  II).  —  La  seconde  de  ces  éludes  est  fort  curieuse, 
et  jette  du  jour  sur  plusieurs  particularités  mal  expliquées  jusqu'à  présent 
par  les  paléographes,  les  liiiéraleurs  et  surtout  les  archéologues. 

Lu  Juix  plus  niKitnt  trailii  franiùis  d'algotnuit  tt  di  gioatitru,  publiés  par 
M.  Charles  Hkhay.  Rome  (Paris,  Leroux],  in-4*,  14  p.  (extrait  da  BaUtt- 
tino  di  slcria  diUe  stUnie  mattmctkhi  t  fiticht).  —  Reproduction  diploma- 
tique de  deoï  courts  trjilés  contenus  dans  un  ras.  de  Sirnle-Geneviévc 
qu'on  croyait  perdu  et  qui  remonte  i  la  fin  du  X1I!«  siècle.  Intéressant 
pour  l'emploi  de  termes  techniques  et  aussi  par  une  longue  énumération  de 
monnaies  avec  leur  valeur. 

£tn  Nanuabuih  :a  dtn  alifrjaiatisehtn  Eptn^  Teil  I (von)  Fritz  Suftcrt, 

in-8*,  4^  p.  Idissen.  de  Grcikwald).  —  Ce  n'est  ici  que  l'introduction  d'un 
livre  qui  doit  bientôt  paraître  ;  nous  en  reparleront.  L'idée  est  bonne,  mais 
l'auteur  aurait  besoin  de  plus  de  préparation.  Dans  une  digression  sur  le 
PtTuval,  il  soutient  avec  raison  que  la  partie  composée  par  Gcrberl  n'est 
pas  one  interpolation,  mais  une  fin  indépendante  de  celte  de  Maoessier,  qui 
commentait  au  même  endroit,  et  qu'un  copiste,  en  en  supprimant  le  dénoue- 
oient,  a  intercalée  avant  celle  de  Manessier  :  mais  il  prétend  k  tort  que 
Chrétien  a  composé  au-deU  du  vers  10601  de  l'édition  Polvin.  Nous  aurons 
bientôt  occasion  de  traiter  ces  questions  ici. 

Thi  Pkiloiogy  cf  IhcfrtKb  langiugi,  by  A.  L.  Mbimned.  Tbîrd  édition.  Paris 
et  Londres,  Huhetle,  in-ia,  161  p.  —  M.  Meissner  a  perfectionné  seosi- 
blonent,  dans  cette  troisième  édition,  l'ouvrage  qu'il  avait  publié  pour  la 


I 


CHROHtqUB  t43 

première  fois  il  y  a  quitu«  ans  (roy.   Rtra*  ttit.,   i$68,  t.  II,  art.  a)6  ; 

I  pourquoi  pïniMr  l-îl  i  tirer  ptooc  de  l'angl.  ;iro»7).  Il  a  abandonné  sa 

Malmcoiitrro»  ihioTK  wr  (es  formes  Ae  fa  conjugaison  française  modifiât 

(Taprts  l'acceit  (vojr.  Rom.  Il,   143),  et  tie  reproche  plus  aui  philologues 

(ri&çaîs  kur  ignorance  ;   nuis  ïl  a  passé  d'un  extrême  à  l'autre  en  parlani 

Ip.  w$i  de  <  la  découTerte  de   M.  Gaston   Paris,  que  la  diphtongaison  :■ 

;|ica  dan  les  syllabes  qui  ont  l'accent  en  latin,  mais  qu'il  n'y  a  pas  de 

tdi|Atoagaison  quand  l'accenl  est  déplace  >.  C'est  une  découverte  qui  avait 

été  iiiie  iTant  qse  l'auteur  cité  vint  au  monde.  En  somme,  oulgré  bien  des 

oanstîOflS,  des  locxacliludei  et  des  erreurs,  le  manuel  de  M.  Meîssner  don- 

MS  écolwrs  anglais  une  connaitsanoe  de  la  philologie  française  supé- 

l'iienre  i  cdie  qu'en  ont  les  écaliers  de  France.  L'afpatitx  contient,   dans 

jtttle  troisiioie  édition,  on  certain  nombre  de  morceaux  d'ancien  français, 

h^  a'aecoapagne  aicun  commentaire,  et  qui,  mal beurcu sèment,  n'ont  pas 

toujours  été  pnnit  aux  meilleures  sources.  Ainsi  l'extrait  de  11   Panion 

de  Clenmnt-rerrand  reproduit  les  fautes  des  éditions  antérieures  au  teste 

KVu  sur  le  mt-  qu'a  publié  la  Romainâ,    II.  299   et  suiv.  ;  k  morceau  du 

tBomaa  de   Hou   est  emprunté  à   ta  piemiere  édition  de  la  C lires tomathie 

[de  Bartsch,  etc.   De  pins  les  fautes  d'impression  abondent  dans  tous  ces 

lestes. 

AtMmu/,  Bruchstilck  etnes  Lanielet romans  des  Heinrichs  von  dem  Tûriin, 
oetist  einer  Abhandlung  ùber  die  Sage  vom  Trinirhorn  und  Mantct  und  die 
Qodle  der  Krooe  herausgegeben  von  Otto  WAtiHk-m:».  Brcsiau,  Kœbner, 
ta-8*,  Tit-i;6  p.  —  Nous  parlerons  ailleurs  de  cet  ouvrage,  qut  soulève 
des  questions  intéressantes  pour  l'histoire  de  Lancelot  :  disons  seule- 
■ent  qve  c'est  un  travail  aussi  intelligent  que  consciencieui,  et  que  te 
dupilre  consacré  i  la  légende  du  oianteiu  mal  taillé  et  de  la  coupe  encbao- 
tée  est  ce  qn'on  1  écrit  li-dessus  de  plus  complet. 
L  Rtgta  Gmlltumt,  comte  de  Hainaut.  Poème  inédit  du  XIV*  siècle,  par 
Ubtn  de  le  Mole,  publié,  d'après  le  manutcril  unique  de  lord  Ashbumham, 
pu  Ang.  ScHRLCR.  Lotivain,  Leferer,  in-8°,  xvj-aio  p.  (publication  de 
TAcêiime  ttjûli  lit  Iklgi^ut).  —  Jehan  de  le  Mole  composa  en  1  j}^  ses 
Rtguti  sur  U  Bort  du  <  faon  Cuillaume  *,  comte  de  Hainaut,  mort  en 
U7.  ton  Ofuvfe  n'a  été  conservée  que  dans  un  manuscrit;  M.  Sch.  l'a 
■bliéc  d'après  use  copie  de  miss  L.  Toulmin  Smith.  L'éditeur  est  sévère 
rautair  qo'il  édite,  et  il  n'a  pas  tort;  mais  il  remarque  avec  raison 
1  ouvrage  ancien,  s'il  n'a  pas  de  valeur  historique  ou  lîllérjire,  en  a 
toajoin  une  llnguitlique.  et  il  le  prouve  par  les  intéressantes  noies  dont  il 
accompagné  le  texte,  et  qui  sont  dignes,  quoi  qu'il  en  dise,  de  l'aiiention 
phflôlogurs  aussi  bien  que  des  lecteurs  ordinaires.  Un  glossaire  présente 
ordre  ^phabétïque  les  faib  les  plus  importants  qui  y  sont  abordas. 
I.  Sch.,  s'il  ne  négligeait  systématiquement  toutes  les  rcchercbes  qui  sont 
Tordre  purtneat  littéraire,  aurait  pu  faire  ressortir  l'intérêt  que  présentent 
.  allusions  i  de»  récits  romaoesques  dont  le  poè:nc  est  paricm*.  Ajoutons 
que  J.  de  le  Mote  est  loin  d'être  aussi  inconnu  que  le  suppose  son  éditeur. 
C'etI  l'auteur  du  Parfait  da  Pém,  sur  lequd  voy.  Frocheur,  dans  le  Nnti- 


■  44  CHRONIQUE 

ger  des  se.  Aùtorifiui  de  Belgitiae,  1S47,  p.  412,  et  Hugues  Capa  [hà.  Lj 
GraDge},  p.  xviij. 

0  dialuto  mirandez.  Contribuiçlo  para  o  estudo  da  dialectologîa  romanicai  do 
dominio  glottologico  hispano-tusiuno  por  J.  Leitb  de  Vasconcellos. 
Porto,  Clavel,  in-8*,  jç  p.  —  Etude  du  dialecte  des  «ivirODs  de  BAîranda- 
do-Douro,  dans  Traz-os-Mootes  ;  ce  dialecte,  d'après  l'auteur,  tient  le 
milieu  entre  le  galicien-portugais  et  le  léonais-asturien. 

Pois'ui  iniJites  de  Jean  Moniot,  trouvère  parisien  du  XIII*  siècle,  publiées  par 
Gaston  Raynaud.  Paris,  in-8",  3j  p.  (extrait  du  Balletin  de  la  Sociiti  de 
rhistoiredt  Paris).  —  Des  neuf  chansons  de  Jehan  Moniot  de  Paris,  H.  R. 
imprime  les  cinq  qui  ne  sont  pas  dans  les  Romances  et  Pastourella  de 
Bartsch.  Il  montre  en  outre  que  ce  poète  s'appelait  bien  Jehan  et  est  l'au- 
teur du  Dit  de  Fortune^  publié  par  Jobinal,  que  revendique  aussi  Moniot 
d'Arras.  Le  texte  est  très  bien  établi  ;  i  plusieurs  reprises  seulement  il  faut 
m'i  an  lieu  de  mi. 

Nouvtlte  mtthode  pratiijae  et  facile  pour  apprendre  la  langue  portugaise^  composée 
d'après  les  principes  de  F.  Ahn,  par  F.  os  Lencabtre.  Leipzig,  Brock- 
haus,  in-i8,  j  vol.  de  vj-87,  iv-iê^  et  68  p.  —  Voyez  ci-dessus  l'appré- 
ciation de  cet  ouvrage  par  M.  Vianna. 

Un  poema  sconosciato  degti  altimi  anni  del  secolo  XIV  {Fimerodia  di  Jacopo  dd 
Pecora),  analizzato  ed  illustrato  da  Rodoifo  Renteb.  Bologna,  Fan, 
101  p.  (extrait  du  Propagnatori).  —  Analyse  détaillée  d'un  poème  en  trente 
chants  jusqu'ici  absolument  inconnu;  M.  R.  doit  plus  tard  s'occuper  de 
l'auteur  et  apprécier  l'ouvrage. 

Du  caractire  et  de  l'extension  da  patois  normand.  Étude  de  phonétique  et  d'ethno- 
graphie suivie  d'une  carte,  par  Chartes  Joret.  Paris,  Viewc^,  in-8*,  zxxij- 
ji  I  p.  —  Nous  reviendrons  en  détail  sur  cet  important  ouvrage. 

Franzasische  Personennamen  aus  Guimans  Urkundenbach  von  Arras von  Egon 

FnErBËHo,  in-S",  41  p-  (dissert,  de  Halle).  —  Monographie  qui  peut  être 
utile,  mais  qui  contient  bien  des  méprises. 

Die  ortkographtscken  Reformversucke  der  franzasischen  Pkonetiker  des  .XIX.  Jêhr~ 

hunderts.  Teil  1  (von)  Hugo  Nibmer,  in-8",  34  p.  (dissert,  de  Greifs- 

wald).  —  Commencement  d'un  travail  qui  doit  prochainement  paraître  en 
entier. 

Beitrage  zur  Ceschichte  der  Entwickelung  der  mittelalterlichen  Bûluie,  von  Julins 
ScBrcBTT,  in-8*,  48  p.  (extrait  de  VArchir  de  Herrig,  dont  nous  reparlerons 
à  propos  de  ce  recueil). 

Die  rilterliche  Gesellsckafl  in  den  Dicbtungen  des  Crestien  de  Troies...  (von) 
Wilhelm  Hbidsiek  (dissert,  de  Greibwald),  in-8",  40  p. 


Le  propriétaire-gérant  :  F.  VIEWEG. 


Imprimerie  Daupeley-Couvemeur,  i  Nopnt-le-Rotrou. 


LA    VIE 

DE 

SAINT  GREGOIRE  LE  GRAND 

TRADUITE  DU  LATIN  PAR 
FRERE  ANGIER,  RELIGIEUX  DE  SAINTE-FRIDESWIDE. 


L'ouvrage  qui  voit  ici  le  jour  pour  la  première  fois  a  une  importance 
^le  pour  l'histoire  littéraire  et  pour  la  linguistique.  II  appartient  à  cette 
fcnnchc  de  notre  vieille  littérature  'qui  s'est  développée  en  Angleterre  i 
b  niite  de  !a  conquête  normande,  et  nous  fournit  un  témoignage  vrH 
préds  sur  l'éiat  de  la  langue  et  de  la  versification  à  une  époque  et  en 
ulieu  détenninés.  Bn  elTei,  par  un  bonheur  singulier,  nous  savons  où. 
qmnd  et  par  qui  il  a  été  composé. 
I  Le  iDs.  d'où  cette  vie  de  saint  Grégoire  le  Grand  est  tirée  est  un  livre 
en  parchemin  de  174  feuillets,  ayant  à  peu  près  le  formai  d  un  petit  in-4*' 
(0,190  >ur  0,149).  ^^^  pages  sont  a  deux  colonnes  réglées  pour 
16  lignes.  [I  appartient  à  la  Bibliothèque  nationale,  où  il  porte  le 
ar*  2476Û  du  fonds  français.  Avant  la  fusion  des  divers  fonds  de  la  Dtblio- 
ibèque,  U  portail  le  n'  1  jSi  parmi  les  manuscrits  provenant  de  i'an- 
denne  bibliothèque  de  Sorbonnc.  J'ignore  à  quelle  époque  il  était  entré 
dans  ce  dernier  établissement.  Je  ne  l'ai  pas  trouvé  mentionné  dans  le 
cttalogue  des  livres  de  )a  Sorbonnc  qui  fut  rédigé  en  1  n^  et  que 
K.  Dditle  a  publié  dans  le  t.  Ili  de  son  grand  ouvrage  sur  le  Cabiatt 
da  mâiaturiti  '.  Il  contient  U  traduction  en  vers  français  du  Dialogut  de 
saint  Grégoire  (fl.  2-i(i)»,  suivie  de  la  traduction  de  ta  Vie  de  saint 
Grégoire  ci-après  publiée  (tf.  i;;-i74').  Le  traducteur  de  ces  deux 
ommges s'est  fait  connaître  à  la  fin  de  chacun  d'eux,  en  ces  termes  : 


r.  Cet  ancim  catalogue  n'indique  qu'un  très  priit  nombre  de  mss.  français, 
quatre  m  toui,  C^bimt  4ts  muniiscnli,  1)1,  107. 

1.  En  tèlc  de  la  irsdoction  du  Oi^io^ut,  il  y  a  (fol.  i)  le  texte  latin  e(  ta 
vidgction  PU  quatrains  ilc  ren  dècat^llabiques  du  Vtni  Çrtetor,  et  une  Orj^o 
ti  Ttiatfjum,  en  quntrams  de  tntoie  mesure,  qui  sera  publia  ci-après, 

J.  Le  rerto  du  toi.  1  ^  1  tt  le  fol.  t^z  sont  restés  blanci. 


KomÊHit^Ili 


10 


14é  P.   MEYER 

1°  Fol.  I  j  I ,  à  la  suite  du  Dialogiu  : 

Explicit  opus  manuum  meanim  quod  complevi  ego  frater  A.  subdiaconns, 
Sancte  Frideswide  servientium  minimus,  anno  verbi  incarnat!  .m".  cc°.  xij",, 
mense  .xj".,  ebdomada  .iiija.  ferta  .vja.  in  vigilia  sancti  Andrée  apostoti  <, 
anno  conversionis  mee  .vij*,  generalis  interdicti  per  Angliam  anno  [.v.]*,  ad 
laudem  et  honorem  Domini  nostri  Jhesu  Christi,  qui  cum  Pâtre  et  Spiritu 
Sancto  vivit  et  régnât  Deus,  per  inSnita  secula  seculonim.  Amen. 

2°  Fol.  174  et  dernier,  à  la  suite  de  la  Vie  de  saint  Grégoire  : 

Istud  complevi  conversionis  mee  anno  ix<>,  sacerdocii  .ij**,  in  vigilia  aposto- 
lorum  Philippi  et  Jacobi. 

Le  «  frater  A.  »  de  la  première  de  ces  deux  notes  a  donné  son  nom 
en  entier  à  la  fin  de  sa  traduction  du  Dialogue  : 

Si  voeil  nis  requerre  e  preier 

Toz  celz  qui  lire  ou  escouter 

La  deingneront,  por  Dé  amor, 

Q'is  preient  por  lu  translater, 

Ço  est  li  vieil  pecchierre  Anoub,  /.  i  j  1 1 

De  set  anz  joevre  ^,  onqors  clolstrier, 

Qe  Deus  ensemble  od  els  l'ameint 

A  la  grant  joie  ou  sont  li  seint.  Ans». 

Il  était  religieux  à  Sainte-Frideswide,  et  c'est  là  qu'il  termina,  le 
29  novembre  1212,  la  traduction  du  Dialogue,  et  un  peu  moins  de  deux 
ans  plus  tard,  le  jo  avril  12 14,  celle  de  la  Vie  de  saint  Grégoire.  L'in- 
tervalle est  clairement  marqué  par  les  mots  «  anno  conversionis  mee 
vij°  »  d'une  part,  et  «  anno  ix"  »  d'autre  part.  Nous  apprenons  aussi 
par  la  seconde  note  qu'Angier  avait  reçu  la  prêtrise  aussitôt  après  avoir 
achevé  la  traduction  du  Dialogue. 

Sainte  Frideswide,  dont  notre  auteur  se  déclare  le  serviteur  très 
humble,  Sancte  Frideswide  servientium  minimus,  était  l'ancienne  patronne 
d'Oxford.  Il  y  eut  en  son  honneur,  entre  l'isis  et  la  Cherwell,  un  prieuré 
de  chanoines  de  l'ordre  de  saint  Augustin,  qui,  fondé  en  1 12*1 ,  fut  sup- 
primé en  1 524,  et  fit  place  à  un  collège  dont  l'église,  l'ancienne  église 
de  Sainte-Frideswide,  devint  en  i  $42  «  l'église  cathédrale  du  Christ  et 
de  la  bienheureuse  vierge  Marie  »  *.  C'est  maintenant  la  cathédrale 
d'Oxford,  et  le  collège  qui  y  est  attenant  est  le  collège  de  Christ  Church. 


1.  Il  laudrait,   si  je  ne  me  trompe,  feria  v,  car  en  iai2  le  29  novembre, 
veille  de  la  Saint-André,  était  un  jeudi  et  non  un  vendredi. 

2.  Ces  mots,  depuis  generalis,  sont  en  marge;  le  dernier,  que  je  restitue 
entre]],  a  été  enlevé  par  le  couteau  du  relieur. 

}.  Jeune  de  sept  ans  ;  il  faisait  dater  sa  t  vie  nouvelle  ■  de  son  entrée  an 
couvent. 
4.  Voy.  Moitasticon  artgUcanum,  nouv.  éd.,  II,  IJ4  et  suiv. 


I 


LA   VIF   DE  S.   CRËCOIRE   PAR   PR^RE   ANCIER  t47 

U  carlalaire  de  t'jncien  prieuré  de  Saînie-Krideswide  existe  encore. 
Uappanienl  à  la  bibliothèque  de  Christ  Cburch.  Je  l'ai  feuilleté,  il  y  a 
quelques  années,  dans  l'espoir  d'y  trouver  quelque  meniion  de  frère 
Angier,  mais  mes  recherches  om  été  vaines.  Nous  devons  nous  conien- 
ler  de  uvoïr  de  ce  modeste  religieux  le  peu  qu'il  a  voulu  nous  apprendre 
dans  le*  quelques  lignes  rapportées  plus  haut.  Le  nom  même  d'Angîer 
l'en  pas  commun  ni  en  Angleterre  ni  sur  le  continent.  Je  trouve  un 
Pttrat  Ananas  (ou  Angerif),  prieur  d'Archiac,  dans  les  Rotali  litUrjrum 
fauttiam,  I.  iti.  à  l'année  1114,  et  un  Artgtrui,  en  uoi,  dans  les 
ftofu/i  ChanATum  in  tani  Londinensi  asservaiu  p.  94  '. 

Frère  Angier  est,  si  je  ne  me  trompe,  resté  jusqu'à  ce  jour  entière- 
ncni  inconnu.  Ni  VHistoirt  littfraire  tic  h  France,  ni  Th.  Wright,  en  sa 
Biographies  Bfitanaica  litteraria,  ni  aucun  autre  auteur,  que  je  sache, 
n'a  jamais  prononcé  son  nom  ni  fait  mention  de  ses  écrits.  Je  crois 
aroir  le  premier  signalé  sa  personne  et  son  œuvre  en  éditant,  dans  mon 
fUtaâl  J'ancûfu  textes^,  340  vers  de  la  traduction  du  Dulogat.  Angier 
est  un  de  ces  laborieux  versificateurs,  comme  la  liiiéraiure  normande 
en  compte  tant,  à  qui  un  pieux  motif,  bien  plut6t  que  l'instinct  poé- 
tique, a  nus  b  plume  à  la  main.  Il  a  voulu,  lui  aussi,  travailler  1  la  con- 
verùm  du  monde.  Répétant,  dans  la  préface  qu'il  a  placée  en  tête  de 
sa  traduaion  du  DialogM,  rétemelle  plainte  des  prédicateurs,  Il  se 
lameiAe  de  ce  que  parmi  ses  contemporains  un  trop  grand  nombre,  pré- 
lérani  les  vaines  joies  du  aéclc  au  trésor  céleste,  prennent  la  paille  et 
laisseni  le  grain.  Comme  d'autres  pieux  écrivains  du  même  temps  >,  il 
s'aHDge  de  voir  que  le  public  préfère  le  mensonge  ei  la  fable  à  la  vérité  : 


Plus  est  but  iccst  jor  oî 
CI  qui  enseingne  vanité, 
Ueacoa^  e  f)bl<  e  falseté, 
Qb  ci)  qui  enuigne  le  voir. 
Moralité,  ten  e  uvoir; 
Car  vanité  est  escoulie 
E  terité  eit  rri>oitée. 
La  bbles  d'Arlur  de  Bretaignc 


E  les  chancons  de  Chaclemaignc 
Plus  sont  chcries  c  meîns  viles 
Que  ne  soient  les  évangiles. 
Plus  cit  eicouti  li  jugliere 
Qe  ne  soit  saint  Po)  ou  saint  Pierre, 
E  plus  est  hui  cesl  jor  li  fol 
Oîz  qe  saint  Pierre  ou  saint  Pol. 
iFol.  9  t.) 


Les  mteors  ecclésiastiques,  qui  s'efforçaient  de  faire  échec  aux  roman- 
ders  profanes  sur  le  terrain  de  la  littérature  vulgaire,  avaient  souvent 
plas  de  bonne  volonté  que  de  ulenL  Aussi  craignaiem-ils,  non  sans 
qudqoe  raiwn,  les  railleries.  Frère  Angier  n'était  pas  sans  appréhension 


I.  Il  djsi^ae  probablement  à  l'ongine  une  personne  originaire  de  l'Anjou  ; 
»o)f.  BanUler,  Oiu  Eaghh  Svfiuina,  lii?),  p.  iji. 
3.  Partie  fnaçiise,  n'  3j. 
)■  Vo]-.  par  exemple  le  prologue  du  Bestiaire  de  Gerraise,  Rmnnu,  I,  416. 


148  P-    MEYER 

à  cet  égard.  H  prévoit  qu'on  trouvera  ît  reprendre  dans  son  œuvre,  et 
d'avânce  il  se  défend  contre  les  attaques  de  ceux  qu'il  appelle  les 
K  envieux  »,  —  de  nos  jours  il  eût  dit  les  «  critiques  »,  —  leur  oppo- 
sant, selon  Tusagc,  un  inaltérable  déd^iin  : 


Mais  tant  des  envious  bien  sa! 
Qu'a  jour  poucir  mil  irie  querront. 
Ja  Deu  le  poucir  ne  br  dont 
Qe  il  ine  puessent  deslorber. 
Le  bien  dclraire  c  dépraver 
Lour  otMÎ  :  çoest  louf  mestier, 
Mais  ja  miei  ne  me  poet  vengier 
Oc  soi  II  i-nvious  fclon 
(^e  soi  tuer  de  son  baston  <. 


Envious  soi  meisme  ronge 
Premièrement,  e  puis  voooge' 
Sour  autnii  tote  sa  malice. 
Or  lace  donques  son  of5cc, 
Car  s'il  deiist  crever  ou  fendre, 
Ja  par  lui  ne  Utral  emprendre 
Ço  que  Deusm'a  mis  en  courage. 
Quel  q'oem  m'en  tienge.ou  fol  ou  sage. 
(Pol.  to  bi.i 


Ce  n'est  pas  qu'il  se  fasse  illusion  sur  son  propre  mérite  :  il  sut  bien, 
nous  dit-il,  qu'il  n'a  pas  tout  le  savoir  qui  serait  nécessaire  pour  une 
telle  entreprise  ;  mais  il  compte  sur  l'aide  de  celui  qui  fit  parler  l'ànesse 
de  Balaam.  Aussi  est-il  plein  de  confiance  : 

Por  tant  ne  pris  pas  une  fie 

Se  li  (el  envious  t'occie. 

Car  sachez  bien,  n'en  doutez  pas, 

Ço  qe  Oeu  dil  par  satnt  Lucai 

En  l'evingile  i\  quer  me  touche  ; 

«  Jo,  (  fait  se  il,  <  te  donraî  bouche 

•  E  sen  al  quel  lî  aversaire 

•  Ne  ponont  ja  coniredii  faire  \  > 

(Fol.  10  c.) 

Angierne  saurait  prétendre  à  un  rang  élevé  parmi  les  poètes  de  son 
temps.  Il  n'a  aucune  verve  ;  il  manque  de  cette  élégance  facile  qu'on  ne 
peut  méconnaître  chez  Wacc  et  chez  quelques  autres.  Il  est  bien  loin  d'avoir 
la  vivacité  d'esprit  et  la  profondeur  de  sentiment  qui  caractérisent  l'au- 
teur du  poème  sur  Guiltaume  le  Maréchal.  C'est  un  versificateur  prolixe. 
Il  se  plaît  à  répéicr  deux  fois  la  même  pensée  sur  des  rimes  différentes. 
On  en  a  un  exemple  plus  haut  dans  te  passage  où  ÎI  constate  douloureu- 
sement que  saint  Pierre  et  saint  Paul  sont  écoulés  avec  moins  de  bveur 
que  le  premier  jon^jleur  venu.  On  en  trouvera  maini  autre  exemple  dans 
la  traduction  de  la  Vie  de  saint  Grégoire  dont  le  texte  suit. 

Cette  Vie  de  saint  Grégoire  est  traduite,  comme  celle  qui  a  été  publiée 


I.  Cf  le  Lvie  du  Chnalia  Jt  la  Toar  UnJrj,  éd.  IHonlaiglon,  p.  }j  :  •  Et 
«  si  y  ot  qui  dirent...  qu'elle  s'ettoil  balue  par  son  baston  mesmes.  ■ 

a.  Je  n'entends  djs  ce  mot. 

}.  ■  Ego  enifli  aabo  vobii  ot  et  sapientiam  cui  non  potemnt  resistcie  et  coa* 
•  tradicere  omnes  adveriarii  vestri.  >  Luc,  XXI,  1 }. 


U  VIB   DE  S.  GRÉGOmB  PAR  FRÈRE  AKGIER  149 

dtule  t.  Vlll  de  la  RomunLi  par  M.  de  Moniaiglon,  sur  la  Vie  Liiine 
composée  au  u*  si^le  par  Jean  le  Diacre.  Selon  l'usage  des  romanciers 
(surtout  des  romanciers  qui  écrivaient  en  versl ,  notre  traducteur  a  con- 
ddérabtemeni  élagué  la  teneur  de  l'original  latin.  C'est  du  reste  ce  qu'a 
feii  d'une  manière  encore  plus  marquée  le  traducteur  du  xiv  siècle  que 
nous  a  fart  connaître  M.  de  Moniaigton.  Les  vies  de  saints  versifiées 
étaient  destinées  à  t'édiftcation  des  bonnes  gens,  non  à  l'instruciion  des 
clercs,  qui  pouvaient  lire  les  on|;;in3ux  laiins.  Aussi  ne  s'étonncra-t-on 
pas  que  le  religieux  de  Sainte- Krideswide  ail  omis  dans  sa  traduction  les 
parties  qui  seraient  pour  l'historien  les  plus  intéressa  nies,  notamment 
les  informations  que  le  diacre  Jean  nous  n  données  sur  l'administration 
do  pape  Grégoire.  Je  n'insiste  pas  sur  ce  point  :  la  concordance  que  j'ai 
éublie  dans  les  notes,  entre  la  Vie  française  et  l'original,  permettra  au 
lecteur  dr  se  rendre  compte  de  l'étendue  des  omissions.  Mats  le  traducteur 
s'est  bien  gardé  de  supprimer  aucun  des  récits  merveilleux  ou  simplement 
édifiants.  A  ce  propos  je  dois  noter  qu'il  a  dû  avoir  sous  les  yeux  un  texte 
plus  ample,  au  moins  en  un  point,  que  celui  qu'ont  édité  Mabillun  dans 
»<$  Aaa  Saa<torum  Ordinit  S.  Btnedicû  (I,  598  ss.),  les  Bollandisies,  au 
1 2  Man,  et  les  Bénédictins  dans  leur  édition  de  saint  Grégoire.  En  effet, 
l'anecdote  relative  à  lliernitte  qui  ne  se  trouvait  pas  assez  récompensé 
par  la  promesse  d'une  place  voisine  de  celle  de  Grégoire  dans  le  paradis, 
manque  dans  le  texte  publié  de  Jean  le  Diacre'.  Elle  se  trouvait  au  con- 
inire  dans  le  texte  de  cette  même  vie  qu'a  abrégé  Jacques  de  Varaggio, 
l'auteur  de  la  Légende  dorée,  et  dans  celui  qu'avait  sous  les  yeux  le 
traducteur  du  xivt  siècle  '. 

L'intérêt  de  l'œuvre  d'Angier  consiste  en  ce  qu'étant  parfaitement 
datée  de  temps  et  de  lieu  elle  fournit  â  l'étude  de  la  littérature  anglo- 
normande  et  â  celle  du  français  d'ouire-Manclic  un  jalon  on  ne  peut  plus 
prédeox.  Il  s'en  but  de  beaucoup  que  les  textes  anglo-normands 
connus  et  utilisés  jusqu'à  ce  jour  se  présentent  dans  des  conditions 
xaxà  favorables.  L'autorité  de  l'œuvre  d'Angier  s'accroît  encore  si  on 
admet  que  le  m$.  a  été  exécuté  par  Angjer  lui-même.  Il  me  parait  impos- 
able d'émettre  k  cet  égard  une  opinion  parfaitement  assurée.  Je 
conôdére  tootefoîs  comme  probable  que  nous  avons  dans  le  ms.  de 
Sorbonne  l'autographe  même  du  religieux  d'Oxford.  Ces  mots  de  la 
première  des  deux  notes  citées  plus  haut  Expliat  opas  manuiim  mearum^ 
désignent  clairement  l'œuvre  matérielle  du  copiste.  Angier,  après  avoir 
composé  le  brouillon,  la  minute,  de  sa  traduction  du  Duîo^ae,  en  fit  une 


1.  G-apris,  w.  i7i^M8£é.  Voir  aussi,  pour  un  emprunt  i  la  vie  rédigée 
p*r  Pini  V  Dijcre,  b  no<«  sur  k  v.  1 1)6. 

2,  Voy.  ReffMflM,  Vlll,  p.  ijo,  col.  2. 


IJO  p.   NEÏER 

copie  mise  au  nei  qui!  signa  et  dam  dans  la  note  précitée,  en  1212. 
Dix-huit  mois  plus  tard,  il  ajouta  à  son  ms.  trois  cahiers  de  parchemin, 
contenant  la  Vie  de  Grégoire  le  Grand,  qu'il  data  d'une  façon  sommaire, 
mais  cependant  claire  et  précise  pour  quiconque  se  réfère  à  la  noie  finale 
de  la  traduction  du  Didogae.  Mon  liypothése  est  que  nous  avons  la  mise 
au  nel  exécutée  par  Angier  lui-même.  A  ceux  qui  penseraient  au  con- 
traire que  le  ms.  de  Sorbonne  est  simplement  une  copie  de  cette  mise 
au  nei,  je  soumettrais  les  considérations  suivantes.  O'abord  il  n'y  a  pas, 
que  je  sache,  d'argument  paléographique  à  invoquer  contre  l'attribution 
du  ms.  aux  années  1212  et  1214.  L'écriture  est  de  la  première  moitié 
du  X111*'  siècle  :  la  science  paléographique  ne  permet  pas  de  préciser 
davantage.  On  en  jugera  d'ailleurs  par  le  fac-similé  joint  à  la  présente 
publication.  Je  note  en  passant  que  le  ms.  présente  un  caraaère  d'an- 
cienneté dont  un  fac-sîmiié  en  noir  ne  conserve  pas  la  trace.  C'est 
qu'aux  ff.  1 1 5  à  1 4  { les  initiales  peintes  sont  alternativement  v«rtes  et 
rouges.  Ailleurs  elles  sont  bleues  et  rouges.  On  sait  que.  passé  les  pre- 
mières années  du  xnr  siècle,  on  ne  trouve  guère  de  capitales  vertes 
dans  les  mss.  Ensuite,  si  le  ms.  de  Sorbonne  était  la  copie  de  l'auto- 
graphe d'Angier,  il  est  à  croire  que  les  deux  ouvrages  se  suivraient  sans 
intervalle.  Or  c'est  ce  qui  n'a  pas  lieu.  Le  Oialogae  se  termine  sur  le 
recto  du  fol.  151,  qui  est  l'avant-dernier  feuillet  d'un  cahier.  Le  verso 
de  ce  feuillet  et  le  feuillet  suivant  sont  laissés  en  blanc,  et  ta  Vie  de  saint 
Grégoire  commence  sur  un  nouveau  cahier  au  fol.  1 }{.  Evidemment  11 
Copte  du  Dialogue,  datée  de  1211,  formait  un  ms.  complet  en  soi,  lors- 
qu'on y  joignit,  en  1214.  les  cahiers  contenant  la  Vie  de  samt  Grégoire. 
Ce  n'est  pas  tout  -  on  peut  établir  qu'il  y  a  eu  entre  la  copie  des  deux 
ouvrages  un  certain  intervalle  de  temps,  circonstance  évidemment  hvo- 
rable  i  l'opinion  selon  laquelle  nous  posséderions  l'autographe  d'Angier. 
Les  deux  ouvrages  sont  évidemment  d'une  même  main,  que  je  siti^wse 
toujours  avoir  été  celle  d'Angier,  mais  certains  détails  diffèrent  du  pre- 
mier ouvrage  au  second.  Ainsi  dans  le  Diaiogue  il  y  a  presque  partout 
sur  certaines  lettres  des  accents  rouges  '  ;  il  n'y  a  dans  la  Vie  de  Gré- 
goire que  des  accents  noirs.  Par-dessus  tout,  ce  qui  me  confirme  dans 
l'opinion  que  j'essaie  de  rendre  vrabcmbîable,  c'est  l'extrême  correc- 
tion du  texte,  correction  d'autant  plus  remarquable  qu'elle  est  moins 
fréquente  dans  les  mss.  français  exécutés  en  Grande-Bretagne.  Les 
fautes  très  rares  et  très  légères  qu'on  y  peut  remarquer  sont  de  ceUes 
que  tout  auteur  peut  faire  en  se  recopiant. 


I .  Ce  ODi  n'empêche  pas  qu'il  f  en  ail  aussi  de  noirs.  Les  uns  et  les  autres 
sont  très  bien  venus  sur  le  (ac-iîmilé  ci-j«tnt  ;  seulement  il  n'est  pu  facile  de 
distinguer  les  rouges  des  noirs.  Ces  dermcfs  sont  plus  fortement  marqués. 


^^^^  LA    VIE   OB   S.   CRËCOIRE   PAR   FRÈRE   ANCIER  Iff 

^P  Lorsque  j'eus  trouvé  le  ms.  de  Sorbonne,  au  cours  de  recherdies 
B  CDonencées  11  y  a  bien  des  années  sur  les  anciennes  versions  Trançaises 
ait  Vies  des  Sainis,  je  fus  teliemeni  frappé  de  son  importance  que  je 
^_  formai  le  projet  d'en  donner  une  édition  complète.  U'auircs  occupations 
^m  n'ayant  empêché  d'y  donner  suite,  je  résolus  de  publier  du  moins,  à 
^V  thre  âe  spédtnen,  le  plus  court  des  deux  ouvT3f;cs  renfermés  dans  te  ms. , 
^  eidès  iSSo  la  Vie  de  saint  Grégoire  fut  annoncée  parmi  nos  prochaines 
poblicaiions  sur  la  couverture  de  la  Romania.  le  viens  remplir  présente- 
■ent  cet  engagement  déjà  ancien.  A  la  suite  du  texte  je  présenterai  le 
plus  brièvement  que  je  pourrai  les  observations  grammaticales  que  le 
lojei  compone.  Actuellement,  pour  terminer  cette  courte  introduction, 
je  crois  devoir  rendre  compte  de  la  façon  dont  j'ai  traduit  les  signes 
d'abréviation  employés  dans  le  ms.  L'interprétation  de  ces  ïignes  ne 
présente  que  peu  de  difficultés.  Com  ta  souvent  abrégé,  mais  il  est 
Ccrii  en  toutes  lettres  aux  vers  ;,  44,  90,  117,  149,  ijs,  19},  r9S, 
etc.,  «  loujoars  avec  va-  Faut-il  lire  umhtant  ou  unbtant  quand  le  ms. 
porte  ilbllt  v.  18  ?  Je  lis  simblanl,  et  de  même  dans  les  cas  analogues, 
parce  qu^il  f  a  tnstmbUmtnt  v.  ij,  compareuonv.  2%,  acompari  v.  ai, 
tMtptreoaii  v.  60,  atomplii  v.  97,  &.C.  '.  J'écris  nom,  quand  ce  moi  est 
abrégé,  parce  que  le  ms.  porte  nom  en  toutes  lettres  aux  vers  94,  ij4, 
etc.,  axis  MfH  (cas  sujet}  v.  98,  à  cause  de  nont,  en  toutes  lettres, 
T.  6{{.  Dom  (de  onde]  est  arnsi  écrit  aux  vers  417,  647,  649,  721 , 
916  ;  don  seulement  au  v.  j  j6.  J'écris  jtrom  au  v,  2 1  j  a  cause  dViom 
V.  ^07,  faiom  v.  910,  etc.  Qai  est  souvent  abrégé,  mais  il  y  a  plus 
souvent  encore  fui  en  toutes  lettres,  vv.  1 1,  41,  42,  j6,  68,  87,  91^ 
100,  etc.  De  même  i^utU  rô?,  171.  Mais  je  n'ai  pas  rencontré  qiu*  : 
qpandce  mot  n'est  pas  abrégé  il  est  toujours  écrit  ^f,  vv.  ij,  }7,  {9, 
«4*9''9i)98,  i07i  nj,  etc.îdeœftme^'w.  46,  47,7j,  107,109, 
116,  126,  etc.,  fujriff  vv.  128-9.  iftianq  w.  42,  108,  112,  etc. 
OofDrj  est  écrit  en  toutes  lettres  aux  vers  188,  421,  etc.,  de  même 
M^  m  V.  ;6i.  Il  y  a  doute  pour  l'abréviation  de  qyui,  ce  mot  étant 
snsî  écrit  aux  vers  $4,  21;,  J46,  416,  46;,  et  qti  aux  vv.  299, 
joo,  J42.  En  cas  d'abréviation,  j'écris  qati.  La  notation  9  au  lieu  de  qa 
se  rencontre  d'une  fa^on  plus  ou  moins  suivie  en  divers  mss.  français. 
le  dterai  par  exemple  la  partie  ancienne  du  ms.  de  Raoal  dt  Cambrai 
(fr.  149})  et  l'un  des  mss.  du  roman  d'Alexandre  [fr.  ajji?  ij. 

1.  II  ]r  a  tnftut  v.  I),  tnpTitt.  J99,  mais  ce  sont  des  mots  coniposis  ;  d'ail- 
levfs  ofl  lit  im^it  as  V.  1712- 

3.  Ptr  f«  199,  i^S,  est  l'équiralent  de  Por  ^uâ. 
j.  Vof.  Romama,  XI,  260. 


n* 


V.    NETER 


F.  iSîd. 
liuipit  proemium  fratris  A.  in  vitam 
h€aU  Grefiorn,  Joctoris  magni'. 

Descrite  avons,  la  Dé  merci, 
E  lianslatée  ainsi  com  si 
Enirinemem  la  veire  ystoire 
Del  Dialoge  seini  Grégoire,         4 
Autres!  com  ele  est  descrite 
De  lui  mcisme  en  ordre  e  diie  ; 
M»is  veiremcnt,  si  com  jo  quît. 
Trop  par  5««it  U  fruit  petit         8 
D'icest  noisirc  tant  granl  labor, 
Si  fetssons  tel  desenor 
A  celui  qui  por  nos  enprist 
Einsi  irés  granl  oevre  c  parfist,  1 3 
Qe  par  folie  ou  par  paresce, 
Par  négligence  ou  par  destresce, 
Trespassissons  com  scan  e  muz 
Sa  vie  e  ses  seinies  vertuz  ;        16 
Car  vcircmenl,  si  com  jo  crei, 
Si  chasqun,  senglement  par  sei, 
D'icels  dom  faite  est  mention 
El  dit  dialogal  sarmon 
Fust  a  Grégoire  acompar^, 
Lui  trovreil  al  plus  haut  degré 
K  soi  de  lotng  en  bas  gisant  ; 
Nis  loz  li  petit  e  li  grani 
S'od  lui  fussent  ensemblement 
Mis  en  balance  unaiement. 
Plus  n*avroieni  vers  lui  foison 
N'en  semblant,  n'en  compareison. 
N'en  charité,  n'en  patience,       29 
N'en  mours,  n'en  venuz,   n'en 
[science, 
Qe  les  esteitles  al  soleil. 
E  por  ço,  seingnors,  uimès  vdl, 


30 


34 


Si  vos  moi  deingnez  escouter     )  ) 
Quei  qe  seîi,  un  pot  translater 
Des  vertuz  de  sa  scîntc  vie  ;        b 
Car  sachez  ne  vos  pramet  mie  j6 
Qe  totes  les  veilgc  avant  traire, 
Q^iço  ne  porreit  nus  ocm  faire 
Sanz  ço  qe  Deu  ne  l'espirast 
De  sa  grâce  e  endocirinast,       40 
Qui  totes  les  qenoîsl  a  dreit, 
Com  cil  qui  quanq'est  set  e  veit  ; 
Mais  une  partie  en  trerrai 
£n  ordre  si  com  les  trovraî        44 
El  livre  de  sa  vie  escrites. 
Deu  donsi  q'es  puessent  estre  dites 
&nsi  q'a  lui  tourgem  a  gloire 
E  a  l'enour  de  seint  Grégoire     48 
E  a  noslre  commun  profit  ! 
Amen,  ço  donsl  seint  Esperit! 
Amen. 

ExpUeii  prohgas.  Incipit  vîta  beau 
Crtgoni  pape  doctaris  aàmu. 

De  nobUUate  generis  el  de  motibas 
adoleiCCnîU  ejas  ^ .  Cap,  l. 

Romeins  ereii  de  grant  parage, 
D'art  philc&ophes,  seint  e  sage,   ji 
Grégoire,  fiz  danz  Gordien 
De  Rome  noble  ciieien, 
E  de  la  seinte  Silvia 
Qui  en  son  ventre  lu  pona.       {6 
L'iglise  de  Rome  gardot 
Fape  apostoile,  com  Dé  plot, 
Trezcanzcntiers,  sis  meis,diz  jours, 
En  tens  de  ireis  cmpcreours  :    60 
Fouqes,  Tyberes  c  Morice, 
Dom  chasqun  fiii  de  grant  justice. 


i 


1.  Rrantors.  L'indiaaioa  marginaU,  en  partie  rogitit,  perte  Inctp.  prologus 
tn  ...  bejti  Grtg.  pape  doctoris  magnï. 

2.  RimsiijirE.  hiiicaUan  mar^înjit  :  De  génère  et  monbui  aJolescenlie... 

}i  Ml.  Quel  les  —  Éi  <  Temporibus  Tiberii  ^fauricii  et  Ptiocjc  Augusto- 
nim.  ■  I,  I. 


Q.  Ht^ttqc  rcpCOTïfe-luVtr-- 
Q,  uâ4{ftic^{i3rdDnc  U  ot^ 


tjS^tfP  «- ntttv û»"  no  offtmirc' 

t  ni«uîmgrtc   ^n-«m«tr: 
«5i^^  t  feitc  rei  tt-  quAT  f  uç  ^cnr.-' 
'    «"D   t»t£?  UHiCi*  «fiift  cvtf im;^.^ 

[SÎJJ^CL  cncpidqç  n'mftïT  «ffe«ï*"-*' 

J;iJ^2J^«j  *triM^.con"ûoiî  î<eiiirUltttr-  Q-  c  foc  «pKr  nr^iJtt'&ïnJf.' 
"  *'~'^^^5  tt«r*»i  rccotvaUicr.'  A-  norproeSncf-Ioanieûn-iC^,  . 

^  -uiyTOiWTï  offrtr  con  •^ûatT  ï>   ctvclTtcf-nM' Ctn?rTcqiu5.'' 

*'V**^  f    >  «£^b<m^p«trp«rol>Unon.r     f  «ttropniNHfiiofoi&itCMpiie^ 

ç  olTfSrteFaltfrnrcremu..-      i,  «p^iitSj' nodrc  borcffi»: 
»  itt.ejiu'tiiii&ôTi-Ticft-Kec»-      5  <«c  Uilîof  f«f  p«a  ^«wCx^ 

fc»#ix^ii  -g  «arproetwç.pur^cn^Jmt;  i/^f   -ir  rntic  u«rti&wrtr  uoCM- 
o»ï*ow<<n'tac»u«^'poBr5r  lV^i^ 


**4ifce-b*lW.^[ij.^4  ^'^>«*L««. 


^NqUior  ^utc|J  f«aa  Gïtj 


0    Ariiidlr{fer«ar«ft«A<s^ 


^  «9  ^UiJ  tttl^  -prott  ctUkura.'^    *t.  O  bcwf  ci»Ccmbt«^«lf  ïammr^ 


c  O  cft-tc  vtcsf'^eo^i 


fr   U  «pu  «tûwire'  lu  Tn«cra.*'    5t  tAj 


rou  ÏBwr  U-ftintx. 


0  S  e<t  qui  tçtrf^;nr.'àUgftç 

^itCr  ri^  mrStac-  cft-  Ati^àvr 

1  tre  Ufi^  Ctttr  rt^  emwje-^ 

^W   ^  «e  MU  Cm  xaïf  »to*^e 
l      t  -  îlc^ç««mr  emafij  ..._„^ 

_     r  ^^  cac«n,r  ^Osilc  cnfrrewflSrj. 

•S  «I  ecurc  i«&^  ce  Urt 
^t?"  MT  CÇiç.  (jvu  i<^  ^ 


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La   vie   DE   s.   CRëCOlRE   PAR   PRÈflB   ANGIBR 


D<  sénateurs  ert  engendré 

Trestût  sis  nobles  parenté,        64 

Tant  noble  quant  religîous, 

A  [>eu  e  al  secle  arnorous. 

Car  li  quart  papes,  danz  Feiïs,    c 

Qui  tant  par  ereii  de  grant  pris,  68 

Sainz  oem  sor  totes  riens  e  salves, 

A  cesiui  Grégoire  ert  besaives, 

E  b  virge  beneûrée 

TaniUa,  de  Deu  tant  amée       72 

Q*en  trespassant  d'iceste  vie 

El  ciel  oU  la  mélodie 

Des  angles  e  Jhesu  Crisl  vit, 

â  corn  el  Dbtogc  est  dit,  76 

Sa  acte  ereii.  soer  a  son  père. 

DStal  parage  eoourez  ère 

Grégoire  li  beneùré, 

Haif  tnolt  plus  de  la  grâce  Dé,  80 

Car  îceste  double  nobte«ce 

Avan^t  en  maire  hautcsce, 

En  sens,  en  oevres,  en  vertuz. 

Tant  qc  sis  noms  est  reqenur.    84 

Par  toi  lu  mont  e  seJnt  clamez  ; 

[>on3  Grégoire  est  a  dreit  nomez, 

Qui  entent  l'inierprcieison 

Par  dreite  devination,  88 

Car  en  grec  dit  «■  Grégoire  »  iiant 

Com  en  latin  c  li  plus  veillant  », 

Qm  tant  s'avance  e  s'appareiUe 

Qe  por  soi  e  por  autres  veille  ;  92 

E  veirement,  al  men  avis, 

Ooc  nom  plus  proprement  asls 

Ne  fut  qe  cisi  ereit  en  lui, 

Car  onc  nus  oem  melz  de  ccstui  96 

En  totes  guises  n'acompUt 

Ço  qe  cist  nons,  Grégoire,  dit. 

Ço  poet  voier  apertement 

En  ta  doctrine  qui  renient,      100 

Coa  por  les  autres  laborot 

Quant  por  soi  mosote  veillot, 


Car  ço  q'as  antres  enseîngna        d 
En  soi  meisme  demoustra.        304 
Por  ilant  dî,  desquant  sa  vie 
Moustrot  sa  doctrine  acomplie 
Tant  q'en  ses  ocvrcs  pot  provcr 
Quanq'as autres  vol  enseigner,  iq8 
t^'asez  veilla  por  soi  meisme; 
D'autre  part,  quant  tant  ert  sein- 

[ti&me 
Q'as  autres  enseingner  poueit 
Quanq'en  oevre  mouîircr  volcit, 
Qe  ne  veillot  pas  seulement      1 1  j 
Por  soi  meisme  senglcmeni, 
Ainceis  fut  por  toz  ceus  veillanz 
Q'en  Deu  furent  par  lui  creanz.  1 1 6 

Or  oz  com  despendit  son  tens  : 
En  enfance  ert  maûr  de  sens, 
Jocve  en  de  corporal  aage, 
En  sens  morigerat  e  sage  ;       1 20 
Les  saives,  les  religious 
Oir  esivre  en  desirous, 
E  por  tant  a  ceus  s'aerdeit 
Les  quels  plus  saives  espereil,  1  24 
Si  ert  nis  tant  pleins  de  la  Dé  grâce, 
Ou  q'il  onc  hisi,  en  quelqe  place, 
Q'il  pot  entendre  c  retenir 
(l^anqe  des  saives  pot  o'ir;       iiS 
Quanqe  des  saives  pot  aprendre, 
Tôt  pot  retenir  e  entendre 
Erraument,  sanz  offension 
De  doute  ne  de  question  ;        t  ji 
E  por  ço  quant  a  âge  vint 
Tant  par  saivemem  sol  contint 
Q'en  tôt  iu  mont,  de  lonc  en  lé, 
Ne  pot  sis  per  estre  irové         1  jô 
N'en  sens,  ne  en  vertuz,  n'en  mours, 
Car  tant  devint  saives  docteurs 
Qe  quanq'en  enfance  apris  ot 


M4 

En  vives  ocvres  demostrot  ; 
Quanq'einz  de  bien  ot  retenu 
Desquant  a  âge  ereit  venu, 
Trestot  despendïi  largement 
Od  grani  usure  en  loie  gent.    144 
Od  grant  usure  di  por  tant 
Qe,  qui  son  sens  vah  despendant, 
Qujni  plus  despent  plus  i  gjaingne, 
Car  melz  sci  ço  qc  plus  enseingne; 
E  veirementj  si  com  jo  quit,    149 
One  nul  vivant  ne  despendit 
Plus  beau  son  terrien  avcir 
Com  fist  Grégoire  son  saveir;  152 
Car  tant  ert  douz  e  amiable. 
Saive  en  sa  doctrine  e  resnable 
Com  s'en  Deu  meisme  abitast 
Qui  parmi  sa  bouclie  parlast.    1  }6 
E  veiremeni  ço  n'est  pas  doute 
A  nuli  qui  de  foi  eii  goûte 
Qe  quanqe  par  lui  est  escrit 
Ne  seit  fait  par  sont  Esperit.    1 60 
Ço  poet  saveir  qui  en  prent  cure 
Qui  garde  en  sa  seinte  escriture, 
Car  tant  est  pleine  de  douçor, 
De  sens,  de  divine  savor  164 

Qe  riens  al  monde  ne  set  al 
Fors  lu  règne  cclestial. 

Ot  dtiidciio  et  migrasme  ijas  ad 
dausirum,  et  ijuod  patrimoniam 
suam  tatis  ampiam  în  usus  ex- 
ptndeùt  paaperum.  II. 

Uîmès  orrez  quclc  en  s'eniente. 
Tantost  q'i!  parvint  a  juvente  168 
E  s'enfance  ert  totc  passée. 
Tant  q'il  fut  ja  mis  en  l'entrée, 
Tôt  dreit  enz  en  la  fourchcure     b 
De  la  lettre  e  de  la  figure         172 
Laquele  en  sen  d'umein  aage 
Trova  Pitagoras  li  sage, 
Errant  lu  désire  raim  choisit 


p.   MEYEK 

40      E  lu  senesire  déguerpit,  17a 


Car  lu  secle  prisi  a  fuir; 
Si  mist  el  ciel  tôt  son  désir. 
Lu  scdc  od  107  dcii?.  chamaus 
Qui  tant  sont  decevan?.  e  faus  180 
Guerpit  de  trestot  son  poeir  ; 
Si  se  prist  a  l'cnlrin,  al  veir; 
Al  règne  Deu  del  ciel  en  tiaui 
Qui  toztenïcreiste  jant  faut,  184 
Son  quer  afichot  fermetneni, 
E  ço  fist  tant  discrètement 
Qe  toi  eust  il  fcrm  porpos 
Neporquant  onqors  soi  tint  clos 
Bien  longemeni  en  atendam,    189 
(^onc  n'en  fist  chiere  ne  semblant 
<^'il  fust  ne  mué  ne  changîé, 
Ne  de  moine  estre  encoragié;  193 
Car  veiremeni,  si  com  \o  qu)t> 
Moine  esire  en  seculer  abit 
E  Deu  servir  privéemeni  __ 

Mielz  esperot  qe  autrement.     196 
Por  tant  son  porpos  respeïta 
Com  cil  qui  melz  faire  espéra, 
Por  que  q'en  habit  seculer 
Peûst  acomplîr  son  penser.      200 
Mais  a  ço  q'einst  porloingnot 
[ço  qe  sis  quers  desîrot, 
Es  vos  la  seculere  cure 
Socaeisire  tant  a  desmesure,  204 
De  jor  en  jor  diversement, 
Sor  lui  e  tant  espessement, 
Q^estorTrc  ne  pot  a  nul  foer         c 
Q*il  n'i  fusi  retenu  de  quer      208 
Tôt  a  enwr  ou  volentiers, 
Quelq'il  lu  fust.  ou  vils  ou  chien, 
Por  q'i  feist  longe  dcmere, 
A  tant  q'un  jor  mourii  sis  père,  2 1 2 
Com  loz  ferom  quant  Oeu  voudra, 
Qui  vifs  e  mon:  en  sa  mein  a. 
E  danz  Grégoire  ilors  reçut 
Entrincraenl  quanq'aferut         216 


LA  VIS  DE  5. 

k  TenUge,  com  dreh  eîr. 


"    APeriu 

Terres,  afiemenz,  aveir. 
Or.  argent,  pierres  prctioses. 
Rotnages,  pecunes  coiiouses,  220 
Rentes,  noble»ces,  granz  baillJes, 
E  mdmes  autres  seingnories 
I  Doto  lonc  sereit  li  acontcr, 

^p     Qui  totes  les  vousist  numbrer.  234 
^^     Maisqoeiq'oncdcinumbreenseitdii 
Li  serf  Dé  lors,  quant  î^o  vit 
Q^il  en  pot  bire  son  plaisir. 
^_     Taniosl  ne  soi  pot  plus  tenir    228 
^1     (^  Qc  niostrast  tôt  en  apcrt 
^^     Ço  q'en  son  cjucr  tant  longes  en 
CoDcelé  devant  icele  houre, 
Car  erraument  e  sanz  derooure  2  j  2 
De  l'aveir  qui  lu  fut  remis 
Fonda  des  abbeîes  sis 
^B     Eaz  en  la  terre  de  Seiile  -,        2 1  ^ 
^V     Pues  fisi  la  setme  enz  en  la  vile 
Oe  Rome,  en  l'enour  seim  André, 
Dca  apostre  befwOré, 
Enz  en  son  propre  palremoine 
Ou  S/à  vcstii  l'abit  de  moine,   340 
E  del  secle  eschapa  toi  nu 
Oa  ainz  ftit  enviz  retenu. 
Mais  avant  q'il  soi  rendesisi, 
Tant  donot  e  tant  en  i  mist 
Oel  soen  es  ainz  dites  iglises, 
E  Ireres  e  rentes  astses. 
Qe  toz  pofcnt  soufiisaument 
Deo  servir  enourécmeni. 
Tôt  einsi  quanq'ot  despendii, 
E  pus  s'aime  od  son  cors  rendit 
Emrinement  cl  Deu  scrvise 
En  cek  devant  dite  îglise,        2  { 2 
La  quele  01  faite  en  la  cité 
De  Rome  el  nom  de  seim  André, 
En  la  propre  posession, 
Sogget  a  danz  Hilarion  a  {6 

Qui  fut  sis  abes  premerain. 


GREGOIRE   PAR  PRËRE   ANGIER 

E  pues  a  danz  Maximïain 
Qui  amdui  furent  esprovez, 
Religious,  seinz  e  sencz.  260 

A  ces  deus  ert  obeîssanz, 
Od  plusors  autres  Deu  servanz, 
Grei;oire  en  ordre,  en  patience, 
Deciple  plein  de  sapience,       264 
Com  cil  qui  n'ot  autre  désir 
Fors  qu'a  Deu  soûl  peùst  servir. 
Mais  veirement  pues  en  après, 
Quant  Deu  votq'CList  maire  fis,  268 
Ja  scii  iço  q'amast  melz  csire 
Deciple  obéissant  qe  mestre, 
Maistre  estre  pas  ne  refusa, 
Ainceis,  quant  Deu  lui  apcla,  271 
Par  lu  commun  assentemeni 
De  toz  ses  frères,  umblemem 
De  tor  aimes  reçut  la  cure 
Od  conscience  seine  e  pure;    276 
Si  ert  par  commune  cslection 
Abes  sacrez  de  sa  meison. 


De  ahttine/uia  tjai,  et  quod  ab  an- 
geio  ùï  specit  ttûufragi  ttmpUtUf 
jatiit.  lU.  {/.  Mia.l 

Quant  Grégoire  ère  abes  sacrez, 
Si  ainz  celé  bore  fut  celez       2S0 
N'en  mours,  n'en  vie,  n'en  vertuz, 
Dès  donc  fut  en  apen  qenuz, 
Car  tant  prjst  a  sa  cEiar  danter, 


4 
^44 


248 


Par  veiller  c  par  jcOncr,  284 

Par  estudc  c  par  oreisons. 

Par  termes,  par  afflictions, 

E  par  divers  autres  labors, 

Sanz  cesser  de  nuz  e  de  jors,   388 

Eimi  com  ta  desus  est  dit 

Al  Diatoge  avant  descrii, 

Ql^il  chait  par  vive  desiresce 

El  mal  qui  les  viaitles  blesce,   392 

Celui  qui  ta  grezesche  gent 

Sincopin  cleime  proprement, 


39>-4    ■   NsBi    cum   qnodain   temporc   inciuonein    vitalium,  quam  Crxci 
9vr*»iir{t  dicusi,  piterelur...  • 


^                  T^O                                                       P.   MEYRR                                                            ^^^1 

^B             Ço  est  li  mal  des  trencheisons 

Tarn  fort  e  legicr  sei  sentit         ^^ 

^M             Qui  met  la  gent  en  paimeisons  396 

Qe  s'il  vousiït  sanz  nul  respit  jjâ 

^M              De  fciblesce  et  de  vanité  ; 

Jeûtier  jesq'a  t'endcmein, 

^M              De  cesiui  fut  li  ami  Dé, 

Tant  sci  sentit  vigrous  e  sein, 

^1              Qei  par  grant  abstinence  dure, 

Bien  lu  pot  faire  sanz  nul  gref 

H              Qei  par  iravalz  de  desmesure,  joo 

Del  mal  del  ventre  ne  del  chief. 

H              Tant  par  aicînl  e  acoru, 

Si  q'il  soi  merveilta  de  sei        ^41 

H              Qc,  s'estre  hore  ne  fust  peu 

Comment  ço  pot  estre  e  par  qei 

^K              Plus  sovent  qe  li  autre  frère, 

Q^il  ne  mangot  com  il  seul  faire. 

^Ê             Tant  maz  e  velns  e  Teibles  ère  104 

Ne  voeil  d'i^o  plus  avant  traire, 

^1              Qe  non  soûl  pas  ne  pasmercit, 

Car  il  meïsme  ascz  reconte      145 

^P              Aincds  nature  en  lui  Tnudreit  ; 

A  quei  cele  aventure  amonte 

H              Q'a  force  mourir  l'esleùst, 

Enz  cl  lierz  livre  renomé 

^Ê             Si  plus  sovent  peu  ne  fust        joS 

Del  Dialoge  tramlalé,                ]48 

^m             S'en  fut  molt  entrepris  e  maz. 

La  ou  par  sa  raison  escleire         c 

^M            Atanl  es  vos  lu  seint  sabaz 

Les  verluz  del  dit  Eleutheîre. 

H             Des  seintes  paskes  sorvenir; 

Ço  poct  asez  chasqun  voier, 

H             Dom  molt  se!  prist  a  démentir  ;  1 2 

Por  q'il  voilge  tant  travailtier   )p 

^1              Por  q'il  vûieii  nls  tes  enfanz        b 

Q'iloec  en  dreii  lu  deinge  querre. 

^Ê            Meismcmcnt  ce)  jor  jcùnanz, 

Mais  iceste  avant  dite  guerre 

^1              E  a  lui  coveneit  manjer            j  1  j 

La  quelf  encontre  sei  enprist. 

^B              Esirc  houre,  ou  par  force  pasmcr; 

Ja  scii  grant  ennui  lu  felst,       î^ô 

^M             S'en  fust,  sachez,  molt  esmeû. 

One  por  ço  ne  fut  plus  oisdif, 

^1              Tristes,  dolenz  e  irascu. 

Ainceis  ert  tant  plus  ententîf 

H              Quant  apela  danz  Eleuthere 

Nut  e  jord'orer  ede  lire, 

H              Qui  ja  d'Ispoliie  abes  ère,        320 

Ou  d'esiudier,  ou  d'escrire,     }6o 

^^             Mais  donc  moine  ert  de  sa  mdson. 

Si  q'onqes  ne  cessa  nulc  hore. 

^M             Icist  Eleutherc  par  nom 

Qei  feroic  plus  de  dcmorc 

^M             Un  mort  jadis  resuscita. 

De  reconter  com  pues  vesqit, 

^1             E  por  itam  tu  amena               ^3.4 

Com  nosire  Sire  lu  rendit         164 

^M            A  cele  houre,  ovec  sei,  Grégoire 

Por  son  servise  sa  merûe? 

H              Privéement  en  l'oratoire  j 

H              Si  l'en  requist,  por  Dé  amor. 

Grégoire  en  cele  igtise  ainz  dite 

H              (^'orast  por  lui  Deu,  q'icet  jor  p8 

Lonc  tens  tôt  aresié  ttianeit 

^Ê              Veaus  non  trespasser  lu  donast 

Ou  de  cru  leum  lu  pesseit        }68 

H              Q^od  les  enfanz  lu  jeunast; 

La  seinte  Sllvia  sa  mère. 

^M               Mais  ne  demourn  fors  brefmem 

Quant  un  jor  en  guise  d'un  frère 

H              Pues  q'is  orent  ensemblement  }}2 

Lui  trovot  un  angle  escrivant 

^M              Amdui,  tant  com  lor  plot,  oré, 

Qui  bien  resemblot  par  semblant 

^1              (^ani  Gregoires  11  ami  Dé 

Uns  oem  qui  fust  de  mer  jeté,  }7} 

^^^H            jao  1  Pênes  Spoittum.  1  I,  8  —  jj8  Mi.  qicel  —  $48  C/.  Dial.  in,xxxiu.       ■ 
^^^H            J7o-8i   1  Obi  nitnc,  d«  more  quxdain  scnbratem,  angélus  Dei  reperiens,       1 
^^^H         «  nisercri  sîbi  (iebililcr  lub  habitu  ciufrigi  postuUbat.  •  1,  x.                                H 

LA  VIE   DE   S.   GRÉGOIRE   PAR  FRÈRE   ANCIEH 


iî7 


Oc  pehl  de  mort  eschspé, 
La  iKf  de  qui  fust  peiillée, 
P«r  tempeste  de  mer  brisée.    {7*^ 
On  itel  lu  appareissch 
U  ou  par  costume  escrivdt. 
Si  lu  requis!  por  Dé  amor 
<^t>M  merci  de  sa  dolor,         }8o 
Pitouiement,  od  %'oi7.  plorabk. 
Grégoire  qî  fui  merciable, 
DoDLz.  francs,  pitous  e  deboneire 
Taniost  sanz  demorer,  en  cire,  {84 
Sis  deners  uesi  de  s'aumosnere,  d 
Si  tu  donot  od  franche  chiere; 
E  cil  Hors  grâces  rendant 
Panii  de  lui  liez  e  ioant.         )S8 
Maâ  ne  deniora  fors  brierment, 
Quant  eis  le  vos  loi  freschement 
Un  autre  jor  a  lui  venir. 
Si  se  perneit  a  deoientir  ^93 

£  se  pleinst  qe  poi  01  reçu 
Eaoooue  iço  q'oi  moli  perdu  ; 
£  GregcMre  errjument  regiers 
Lu  donot  sis  de  ses  derùers     196 
Doucement  e  de  quer  verai, 
E  li  pehlljé  sans  délai 
Merciz  rendant  s'en  vait  joious. 
Mats  el  lierz  jor  este  le  vous    400 
Toi  de  novel  par  devant  lui 
Pleingnant  e  ploram  a  ennui, 
Com  s'il  eùst  tôt  oblié 
Qoanq'il  lu  01  aîncès  doné,      404 
E  dîn  :  «  Por  amor  Dé,  beau  sire, 
f  Qui  en  son  règne  lu  vos  mire 

■  E  por  ta  salu  de  vostre  emme 
c  Qe  Deu  la  défende  de  blemme 

«  E  de  danuge  e  de  pecchié,  409 
«  Aies  inerc)  del  perillië, 
«  De  ma  mesaise,  e  de  ma  perte 
<  (^i  tant  par  est  dure  e  aperte  4 1 1 

■  Aiez,  por  seime  chariié, 

■  Compassion  e  picié  ; 

«  Si  me  lai  consolation  41  { 


«  Oe  quei  qe  seit  de  vostre  don, 
«  Oom  mis  doels  seit  asouagien.  » 
Grégoire  aiant  s'est  esbrusciez, 
Com  oem  de  charité  espris,     419 
Douz,  merciable  c  francs  e  pis, 
E  dist  a  son  chamberlenc  lors  : 
[/.  lia 
■  Va  tost  e  sis  dcncrs  onqors 
V  Lui  aporte,  si  tu  les  as.        4a} 

—  Sire,  ■'  fisl  s'il,  «  jo  nés  ai  pas, 
«  Si  Deu  me  saut,  n'orne  argent 

H  Tani  dom  negun  confonemeni 
«  Lu  peiisse  a  cesle  hore  faire.  ■ 
LoR  fui  Grégoire  en  grani  arvaire 
Desquani  soi  vit  en  ici  destreit, 
Car  d'une  part  pilous  ereït       4)0 
E  d'autre  triste  e  angotssous 
Del  povre  qui  vit  soufreiious,  4}! 
E  de  sa  destresce  demeine. 
Neporquant  a  la  6n  aceine 
Regiers  son  chamberlenc  a  soi, 
Si  lu  dist  ;  "  Va  tost,  par  la  foi, 
«  Si  cerclie  par  irestot  laienz  4)7 
c  Hu^es,  alraaires,  veslimenz, 
«  Si  riens  par  aventure  i  truisses 
«  Dom  lureconfonerpeûsses,  440 
>  Q^il  ne  s'en  aut  triste  e  plorant.» 
Atant  respondit  li  servant  : 
<  Sire,  sachez  qc  dès  pièce  a 
«  Enquis  ai  tresiot  quanq'i  a,  444 
o  Mais  veirement  dencr  ne  maille 
«  N'i  trocfs  ne  nule  rien  qui  vaille 
«  N'en  robe,  n*en  veisselement, 
u  Estre  l'escuéle  d'argent         448 
u  La  quele  a  vostre  maladie 
«  De  legun  sovent  replenie 
«  Vos  iramei  vosire  bone  mère. 

—  Donc,  1-  dist  Grégoire,  od  belc 

Lhere,  452 
ti  Va  donqes  tost,  e  si  l'aporte 
K  Al  povre  qui  se  destfonforic, 
«  t^is  eit,  seveaus,  de  uni  solaz.» 


410  Enmargt  (hus  —  4]$  Ms,  V  huges. 


if8  P. 

Ço  q'il  ot  dit  fui  fait  viaz         4j6 
Einsi  com  il  l'ot  commandé,        j^ 
E  cil  qui  en  povre  quïdé 
La  reçut,  s'acuîllii  sa  voie 
Grâces  rendant  od  moli  grant  joie. 
Mais  jo  quit  quant  repeirira      ^61 
De  chef,  rens  maes  ne  li  querraf 
Ainceis  lu  voudra,  sanz  mentir, 
Quanq'ainz  lu  a  donné  merir.  464 
A  quei  vos  lendroie  lonc  tens  ? 
Mais  tant  par  eroit  en  toz  sens 
Grégoire  espirez  de  vcrtuz. 
De  miracles  seinz  reqenuz       468 
Enprès  la  visiution 
De  l'angle  dom  faz  mention, 
Qe  tut  cil  qui  od  lui  vtvoJent 
Tôt  aurrilani  lu  rçdoutoicnt     471 
Com  s'il  fu&t  per  a  seint  André 
Qui  de  s'iglise  ert  avoué. 

Qaoé  mis  Angiorum  patrïs,  pro 
ipsis  ad  fidcm  converimdis  pro- 
ftctus,  itd  in  iîmere  prtptditus, 
Romain  rtvcrsLt  lit.  lUt. 

En  icel  tens  vindrent  a  Rome,47'{ 

Com  onqorors  font  par  costome. 
Gens  marcheanz  od  diven  mers  ; 
S'amenoieni  prisons  e  sers, 
Entre  autres  merz  plusorsa  vendre, 
Quant  un  jor  estes  vos  descendre 
Grégoire,  lu  Jii  Deu  servant,  481 
Par  celé  feirc  en  trespjssanl, 
E  si  tresvit,  com  a  Ocu  plot 
Qui  a  cet'  horc  l'amenoi,         484 
Ne  sa  quanz  joevnes  jovenceaus 
De  cors  gens,  acesmez  c  beaus, 
D'oneste  vult,  de  douz  viaire, 
Od  chevelure  crespe  e  vaire,    488 
Venaus,  entre  autres  merz  ptusors. 
Si   di&i  as  marcheanz  :   11  Sein- 
tgnors,  c 


urfZh 

K  Dites  me  veîr,  ne!  me  celez, 

V  Icil  serf  dom  sont  amenez,   492 
0.  De  quel  liu  e  de  quel  pais  ? 

—  Sire,  par  Deu  lu  pocstis, 
u  Qui  nos  i  donst  bone  gaaingne, 
«  Is$ontderU]edeHreiaingne;496 
«  E  sachez  teles  chères  om 
f  Tut  cil  qui  de  la  terre  sont.  » 
Ço  rcspondent  li  marchcani. 
«  E  sont  Êcde  gent  créant,  »    $00 
Dist  seint  Greg.,  «  e  crestïens, 
i<  Ou  is  sont  onqorors  païens  ? 

—  Crestiens,  »  font  s'il,  «  sire, 
[is  non,  fot 

a  Aînz  creient  onqore  en  Mahon. 
«  Ne  seivcnt  q'esi  crestienté. 

V  Mois beaussontedegram bonté; 
«  Ço  vos  osom  ben  afermer     ^07 
«  Q'en  toi  lu  mont  ne  fust  lor  per, 
»  S'is  fussent  fors  de  paienisme 
a  E  créassent  en  Deu  Tauiisme 
a  E  en  Jhesu  qui  est  li  sîre.  n 
A  cest  mot  de  parfont  sospire   j  1 2 
Grcg.,  e  dit  :  «  Ha  las!  ha  las! 

V  Qe  li  aversier  Saihanas 

V  Rengnc  entre  «  bêle  gent  ! 
«  Molt  par  est  grant  doe!  veîre- 

[ment  ji6 
«  Qe  nostre  Sire  n'en  preni  core 
u  De  gem  de  si  bêle  figure.  » 
Lors  regiers   les  commence  en- 
[querre  : 

V  La   gent   a  hil  sli   «    d'icele 
[terre  j2o 

o  Quel  nom  ont,  comment  sont 
[clamez? 

—  Rngleis    »    font   s'il    «    sont 
[apelez, 

a  Par  icest  nom  sont  reqenuz 

V  Tanicom  li  mont  s'est  estenduz.  > 
A  unt  respont  li  Deus  amis  :   J2$ 


I 


^  487  c  Valtn  renustos  *  I,  xxi  —  ^04  ■  Sed  pagaois  tencotur  Uqueil  irre- 
tïti  >  I,  xjci. 


LA   VIE   DE  S.   GRÉCOrRE   FAR   FRÈRE   ANGIER 

«  Ben  dtj  si  Deu  me  saut,  asis  à      E  d'iço  lu  mist  a  raison  ; 


¥ 


P 


«  Itcl  nom  en  iule  face. 

r  Por  que  Deus  î  meist  sa  grâce  : 

■  Angles  semblent ,  volt  d'angles 

lom,  s  29 

■  Por  tant  Engleis  ben  nomezsont; 
c  Ben  fuiraient  angelJens 

I  Pot  q'is  fussent  bons  crcsiicns. 

■  Uolt  avendreit  .inglcs  por  veir 
lEngleis  a  compaingnons  avdr. 

•  E  quel  nom  ont  lî  païsanz     { ;  f 

•  Doneissuzsomiambeausenfanzî 

—  Nomez  sont  ■  font  s'il  «  Oeiri. 
•~  Ben  sont  nomez,  a  Dé  l'jifi,  > 
Rspoai  li  ami  Dé,  Grégoire  ; 

V  Car,  par  la  Dé  grâce,  a  granl 
[gloire  Î40 
«  De  l'ire  Dé  seront  atireit  ; 
t  Por  tant  est  cisi  nons  asez  dr«it, 
«t  Car  Ddri  voelt  itam  dire 
«  Q^ectreit  seront  de  la  Dé  ire. 

•  E  cornent  est  nomé  li  rois 

c  Qui  règne  sor  les  diz  Englois } 

—  Clamez  est  »  font  s'il  «<  Aellé. 
— E  cest  f  est  bons,  si  me  gsrt  \)i ,  >t 
ftespom  Grégoire  qui  s'en  jue;  J49 
«  Por  poi  q'îl  n'a  nom  allelue. 

u  Ben  dett  locr  son  crcatour 
ff  Cent  qui  si  cleime  son  seignour, 
«  Car  Aellé  dit  Deu  loer.  »      j  ]  3 
Toi  dnsi  se  prist  a  joer 
Gregûrc  od  les  diz  marchean7 
Por  les  venauz  engleis  enfanz  ;  j  {6 
E  sachez  ben  veraîement 
Qe  moh  fut  en  grant  pensement 
Coiament  a  Deu  les  gaaingnast, 
Ja  seit  ço  q'einsi  s'enveisast  ;    $6û 
E  ço  lot  erraument  mostra, 
Cv  tamost  a  la  pape  ala     /.  1  )7 
Qm  donqes  fut  Beneit  par  nom, 


si  lu  prist  nis  a  deproier, 
Por  Dé,  q'il  deingnasi  envoier 
Des  prcechors  en  Engleierre 
Engleis  a  la  D6  fei  conquerre.  ^68 
Si  Âsi  asez  plus  qe  n'ei  dit. 
Car  erraument,  desquant  il  vit 
(je  nul  des  clers  alcr  n'i  vol, 
Hardiemcni,  com  oem  devoi    572 
Poroffrit  sa  propre  persone, 
E  dist  :  M  Beau  père,  car  me  donc 
«  Congié  de  (aire  iccsi  message,  n 
Li  papes  en  discret  e  sage,      (76 
Car  ja  seii  qe  la  laie  gent 
E  trestoi  li  clerz  ensement 
Heclamassent  loz  en  contraire,  ^79 
Disanz  qe  nel  dut  sanz  eus  faire, 
Neporquant,  par  qei  li  serf  Dé 
Tant  volentrifs  e  de  bon  gré 
Al  message  aler  désira, 
Lu  congié  tamost  li  dona  ;       ^84 
Si  requist  Deu  d'entente  pure 
<^a  lui  donasi  bone  aventure. 
Lors  quant  Greg.  ot  lu  congié, 
Taniost  se  mist,  joious  e  lié,     f88 
Vers  Engleierre  en/,  el  chemin. 
Mais  veirement,  a  la  parfrn 
Quant  li  Komein  iço  savoient, 
Estrangements'encorruçoient,  {9a 
Qe  de  la  vile  ert  esmeu 
Sanz  lor  conseil  e  lor  seu  ; 
E  por  (;o,  par  conseil  commun 
Trestoz  vindrent  ensemble  en  un, 
Saveir  com  lu  peussent  faire     597 
Si  q'is  lu  felssent  retraire  b 

Del  chemin  q'il  aveii  enpris. 
Tant  qe  de  ireis  parz  ont  asis  600 
Lu  chemin  par  ont  trespasioi 
Li  papes  qui  lui  envoioi 
De  vers  Seim  Pierre  a  sa  meison . 


jj\-6  «  Itfrum  ergo  inlerrogivit  quod  nomen  habciet  ipsa  proviiKÎa?  Mer- 
cator  rcspondit  :  Provinciales  îllî  Dciri  vocanUtr.  *  I,  xxi  —  sil  *  ^'^^^ 
Tocatar.  >  I.  xu. 


(6o  p.    MKYEft 

Si  l'om  mis  einsj  a  raison  :      604 
u  OfTendu  as  »  font  s'il  «  seînt 
[Pitre, 
1  Rome  desiruiie  e  mise  ariere, 
(c  £  sor  ço  Greg.  3S  forstreît 
a  Qui  soûl  nostre  solaz  creit.   608 
«  Saches  molt  en  sûmes  iriez.  » 
A  cesl  mot  mole  s'est  esmaiez 
Li  papes  qui  fui  simples  om. 
Poour  ensemble  e  marrisson    612 
L'ont  tant  sospris  cstrangcmem 
Qe,  sanz  conseil,  soudéemeni. 
Ses  messages  fist  envoier, 
Crejjoire  arieres  rapeler  616 

Viaz  sanz  negune  demeure. 
E  neporquant,  avant  cele  huure, 
Ben  SOI  loïc  ïccle  aventure 
Grégoire  en  conscience  pure,  ûzo 
Car  a  ses  compainz  la  diseit 
Tôt  einsi  com  ele  avendreit. 
Ore  orrez  comment  iço  fui. 
Errez  en  ja  pues  q'il  sVsmul   624 
De  Rome  trets  bones  jomées  ; 
S'avini  einsi  par  reposées 
(^'en  une  pleine  crt  descendu 
E  si  compainz  oveqes  lu,         61$ 
Qui  ja  d'errer  lassez  eroient  ; 
Mais  tant  com  toz  se  reposoient, 
E  Grégoire  al  repos  se  tint 
Qui  plus  lu  plot  e  melz  avint,  ù}2 
Car  en  un  livre  q'il  teneit 
Une  seinte  lésion  liseîi,  c 

Quant  es  vos  une  sautcrole 
Qui  souvent  fait  tenir  a  foie     60 
La  gem  par  ces  chemins  passante; 
Car  en  saillant  chante  c  rechanie 
Une  rocrvciltouse  chanson 
Par  quei  souvent  feit  lu  bricon  640 
En  mi  son  chemin  arester 


E  entendre  a  son  vein  chanter, 
Oom  li  Romein,  latine  genl, 
La  ciciment  asez  proprement,  644 
Car,  scgon  que  sa  nature  esment, 
Lctujtam  proprement  la  cleiment 
Dom  cist  nom  locusu  dit  tant 
Com  s'il  detst  al  trespassant  :  648 
«  Dom  viens  ?  ou  vais  ?  avant  n'ir- 
«  Enten  tcï  ça,  ci  resteras,      [ras. 
V  Dom  viens  ?  ou  vais  ?  enten  lei  ça; 
«  N'irras  avant,  ci  aresia.  »    6^2 
Eslors,  desquant  la  vit  Grégoire, 
Erraument  lu  vint  en  mémoire 
Ço  qe  singnefie  s»  nons  ; 
Car  lors  disi  a  ses  competngnons  : 
«  Seingnors,  »   fist  s'il  «  errons 
[por  Dé;  6^7 
«  Trop  sûmes  um^s  reposé. 
«  la  serons  reusez  ariers, 
«  Ou  seit  enviz  ou  volcntîcrs  :  660 
«  Si  plus  losi  ne  movons  d'ici 
K  Plusloing  n'irons,  ço  vos  a&. 
a  Ja  plus  loing  d'ici  n'en  irons 
a  Si  plus  lost  d'ici  ne  movons.  » 
N'ot  dit  fors  itani  soulement,  665 
Quant  eis  venir  soudéemem 
Messages  de  p^rt  l'aposioille 
Portanz  lettres  priemes  en  boille 
Ovec  comandement  esprés       669 
QJis  retournassent  a  eslès  d 

A  Rome  ariers,  meisme  l'oure, 
Viaz,  sanz  negune  demeure  ;    671 
N'en  alassem  plein  pié  plus  loing, 
Car  moit  ereit  grant  li  besoing 
Por  q*is  furent  contremandez. 
A  tant  ariers  sont  retornez,      676 
Enviz,  escommeui  en  ire  ; 
Mais  ne  porent  pas  contredire 
Al  precept  apostolïal  : 


64y-j]  ti  j  à  dant  te  UxU  an  dt  tei  lidscuki  atlimboun  fur  h  dtacrt  U.vt 
u  pttU  A  attritotr  A  Crigoin  :  «  Tubc  fertur  ihlat  :  iùàisu.  inqtiît,  dici 
•  potest,  quisi  loto  s\a.  »  I,  xxjv. 


LA   VIE   DE  S.   GRÉGOIRE   PAR   FRÈRE  AKCTER 


l()l 


1^  1)11  lor  temblast,  bien  ou  mal, 
ObbetSence  covim  faire  681 

Il  KÎi  qe  lor  fusl  a  contraire. 

^QnJ  leviu  stpumiu  orJinatus  Ro- 

Bisof  dt  piste  iagainarîa,  que  de 

ttrptatium   moriicino   et   Tibtris 

\im4ationt  aticia  tst,  iomverit. 

V. 

Einii  revint  li  ami  Dé, 

Canstreint,  ircstot  citre  son  gré, 

A  b  cure  de  sa  maison.  68^ 

^  fat  oete  expédition 

Ben  longes  pues  mise  en  resptt  ; 

Ma  ïdrcmenl  li  pape  aînz  dit 

Ne  lu  lofrit  pas  sejorner,        689 

Carpof  ço  (j'il  lu  vit  monter 

hk  mm.  e  en  saptence. 

Tôt  )  force  e  a  «olence  692 

Dt  ï'ibbeie  lui  treist  fora  ; 

Sît'ordenoi  erraamem  lors 

SOae  deiacre  chardenai, 

Si  kl  ain  nis  en  son  estai       6g6 

SMeak  oJ  sei  son  office. 

Grégoire  n'en  pas  fol  ne  nice, 
Cir  Ion  quant  deacre  ert  sacré 
Tint  aersseii  en  humilité,        700 
En  tcns,  en  mours,  en  didpline, 
Ea  science,  en  seinie  doctrine, 
<^  *eirement  vis  vos  sereii  /.  1  <,"& 
Qe  pcf  non  soulemeni  ereit     704 
Aian^  en  bêles  colours 
O^'i,  car  de  vie  e  de  moufs 
Les  reseroblot  parfitement, 
Tam  par  ereii  enirinement      708 
Norigeraz,  discrez  e  saives. 
Ea  icet  tcns  sorvindrent  glaives 


Tant  dur»,  tant  moruus,  tant  gre- 

[jous, 
Par  loie  Romanic  cstrous        7 1 1 
Qe  nts  en  Rome  la  cité 
De  la  gent  une  infinité 
Mourirent  de  ta  pestilence. 
Unaicmeni,  d'une  sentence,     716 
Ferit  a  mort  li  mais  mortaus 
Ornes  c  bcstcs  c  oisaus,        [sure, 
Sanz  fin,  sanz  nombre,  sanz  me- 
Tant  crt  la  pestilence  dure.      720 
Si  vos  dirrei  dom  elc  avïm. 
Pues  qe  Grégoire  s'en  revint 
De  l'eire  ainz  dit,  tost  en  après, 
Tant  par  sorondot  a  grani  fès  724 
Li  fluves  qui  l'en  cleime  Teivre 
Q'as  Romcins  tant  donol  a  beivre, 
Nis  par  en  som  les  murs  de  Rome, 
Qe  en  meison  ne  remist  ome    73S 
Ne  besle  ne  nule  rcn  vive 
Par  dedenz  une  grosse  livc. 
Les  hautes  tours  veîssez  neier 
E  les  vielles  cneisons  noer;      7)2 
Nis  as  ecctesiaus  gernters 
Periisuieni  plusors  milliers 
Mues  del  plus  beau  forment  del 
[monde, 
Qui  se  germot  llolant  sus  l'onde. 
D'autre  pan  en  icel  dcluve,     717 
Par  les  chanaux  de  l'einz  dit  fiuve 
Descendit  en  la  mer  Hotant  b 

Undragonssanz  mesure  grani,  740 
OJ  serpenz  sanznombrc  et  sanz  fin. 
Qui,  quant  del  fluvc  Tjbcrin 
Enz  en  la  mer  entrez  croient, 
De  la  sausc  tant  en  bevoient    744 
Q'en  bref  tcns  furent  estranglez 


(A\  •  Redire  tanHn  ad  proprti  compnlsm  est  monasterii  curam.  •  I,  xxiv. 
—  704-I7  I  ...  ut  m  ccdruasticiF  hierarctiix  ministcrio  vîderetur  divtnii  angelis 

•  BûB  SOlQffl  nitorc  Kabitui,  vfruin  c\nm  danl^tc  morum  probabtliuin  mioctâin- 

•  MOdo  ocurauiri.  *  I,  Ktv.  —  710  I,  xxxiv.  —  7H'i  *  ■■'  ^^  '1"^  (Tiberts) 
nda  ...  ecdeuislica  quoque  horrea  vîokntcr  sabvertcftt,  în  quibus  nonnulla 
■odionim  tritici  millia  periere>  1  I,  xxxiv.  —  7^7  ],  xxxiv. 


MHbMia,   xu 


1 1 


iSi 


p.   MEYER 


E  moTZ  a  terre  retenez, 
Si  qe  lors  quant  la  morlekîne 
De  la  venimouse  vermine        748 
Prisi  a  corrumprc  e  a  pourrir, 
Esles  vos  la  geni  a  mourir 
Par  \m  corrupiion  de  l'eir 
Qui  ne  laissoi  mescine  aveir    752 
N'as  riches  ne  as  poesiis 
Non  plus  q'as  plus  povres  mendts, 
Ainceis  ereit  tant  générale 
La  pestilence  e  tant  mortale    756 
Qe,  quelq'is  fussent,  fous  ou  sages, 
As  geniiaires  e  as  nages 
Soudement  les  prist  a  ferîr; 
Sis  fist  sans  demourer  mourir.  760 
F.n  cel  lens  nis  furent  vcues 
La  sus  amont,  parmi  ces  nues. 
Com  fussent  soietes  ardantes 
Corporaument  jus  descendantes^ 
Qui.  soudemem  e  sanz  resorl,  765 
La  gent  feroieni  a  la  mort. 
Un  avant  autre  scngicment 
Mouroient  tant  espessement     768 
Q'cm  n'est  soz  ciel  peûst  de  voir 
Lu  nombre  des  occis  saveir; 
Mais  itant  vos  di  sanz  douiance 
Q'iço  fut  aperie  venjance         772 
De  noz  pecchez  tant  crerainaus 
Qui  tant  par  sûmes  veins  e  faus, 


Car,  si  com  li  prophète  dit 
Ezechiel  en  son  escrii, 
Ou  des  angles  fait  meniion 
Qui  firent  la  granl  occison , 
Q^'al  seiniuaire  commcnçoîent 
E  primer  les  cicrs  occioîcnt^ 
De  ça  refui  lot  tnsement, 
Car  tresiot  au  commencement 


c 
776 


780 


Ruot  mort  lu  pape  Pelage, 

E  pues  desreiot  tant  a  rage      784 

El  poeple  la  mourine  ainz  dite 

Q^a  peine  en  remist  nus  oem  quite 

En  tote  la  cité  Romeine 

Qui  ne  ferist  ta  dite  peine,        788 

Car  les  maisons  tant  despoilla 

Q^omme  ne  femme  n'i  laissa, 

E  nis  entrinement  les  rues 

Kn  plusors  leus  fist  loies  nues,  791 

Désertes,  sans  abiteour. 

QualiUr  In  tummam  pontifictm  inri- 
îtu  elutus  til.  VI. 

Mais  por  ço  q'en  cHe  dolour 
Seinte  iglise  qui  ert  vedvée 
De  son  père  e  desconseillée 
Pas  ne  poi  estre  longemeni 
Sanz  pastural  govemement, 
Li  sénateur  e  lï  clet^in, 
Ovec  tôt  lu  poeple  romein, 
Concordaument  en  un  vendent, 
E  Grégoire  a  pape  eslisoient 
Com  celui  qui  fut  de  seinté 
E  de  veriuz  sanz  per  prové. 
Mais  veirement  moh  s'escusot 
R  raison  apcrte  mousirot 
Q'il  n'ert  pas  digne  a  tel  enor 
Ne  fort  a  si  très  grant  labor. 
Si  com  icil  qui  molt  cremeit 
Lu  monde  qui  despit  aveit 
Qe  derechef  lu  sorireisist, 
Por  qei  de  lui  s'eniremeist. 
Par  fause  pompe  ou  gloire  veine. 
Mais  por  noient  i  metleit  pdne. 
Car  tant  com  plus  s'en  escondit 


7^3-46  •_  SkuU  est  veiligio  clad»  iaguioaria,  qux  Romanim  urbem  adeo 
«  vehemrati  pettikniia  laniavit,  ul  ctiini  corporaii  visu  tigittx  culitus  venîrc 
«  et  sin^los  quoique  p«rcuiere  vidcrcniur.  *  I,  xxsYt].  —  776  <  Juxia  lilud 
«  qnod  m  Eiechiele  proptielj  legitor  :  A  saoctuirio  meo  incipite  •  (Ez.  IX,  il\ 
I,  xixfij.  — 79a  1,  axxiiE. 


I 


796 


800 


804 


808 


d 
8ia 


I 

I 

1 
I 


LA  VIE   DE  S.    GRÉGOIRE   PAR  TRËRE   AHCIER  l6j 

Plus  i  irova  dur  coniredil.       8i6      E  pues  erram,  sanz  destourbier. 


Por  ço,  desquani  savçjt  de  veir 
Q|x  nui  fuer  ne  pot  eschiveir 
Iço  que  U  generauié 
Communaumem  ot  esgardé,     Sio 
A  la  parfin  tant  en  consireini 
{^  tor  pramisi,  ja  seii  qe  feinc, 
Q*»  lor  «gart  asseniireh  ; 
Ma»  veiremem  i(;o  feseil         814 
Por  tant  ql!  vot,  si  il  peiist, 
Desiomcr  sei,  comment  qe  fust, 
QII  n'enprem  tant  grant  office  ; 
Car  a  l'empereour  Morice        8x8 
Lti  qui  fiz  des  seint  fonz  leva 
Endementre  un  mes  enveia 
Pomnt  unes  lettres  privées 
De  ion  laiel  ensaicliics  8 {2 

Des  qocles  taie  en  la  lenor  : 
«  A  son  seingnor  l'empereor 
a  Morice,  Grégoire  sala. 

■  Jo  toi  prî  por  l'amor  Jhesu    8)6 
c  Qe  por  nuli  suggestion 

»  N'asîcnges  a  l'eûeciion 

»  Qu  Eue  est  en  moi  des  Romeins. 

■  Vauges  en  Deu.sauvement  seins.  0 

QBod  Uttttt  tjus  ad  imperalortm  di- 
recte, rtj  àermano,  itrbit  preftcto, 
àotrttpte  tint,  ttde  confirmalione 
dettioatt.  VU. 

Tm  ensi  loj  quidot  guenchir     84 1 
Cregoire  det  iém  assenlir, 
Qunt  li  prefeci  de  la  cilé 
Qq  fui  par  nom  Gennein  clamé 
S'cD  apert^ut,  com  a  Oeu plot, i.\S9 
Tant  que  lu  message  enterçol  ;  846 
Si  iist  s«s  letres  pesceler, 


Remandot  a  l'empereour  849 

Par  ses  lettres,  com  a  seingnour, 
De  Grégoire  lu  debonaJre 
En  ordre  lot  icel  afaire,  8j2 

Com  102  li  grant  e  U  menu 
A  pape  l'orent  esleii 
Unaiement,  sanz  contredit, 
Si  que  li  grant  e  li  petit  856 

Communaumcms'i  acordotent, 
E  nis  trcsio?.  lu  deproieient 
Q'il  confermast  l'eslectîon. 
0  Deus,  eshaucié  seit  tis  seint  nom 
v  D'iceste  tant  douce  novele    86 1 
«  Qui  tant  m'est  desirouse  e  bêle!» 
Dist  l'emperere  quant  l'oit, 
Car  veiremenl  molt  s'esjoit      864 
Q'il  pot  celui  tant  eshaucer 
Lu  quel  desirot  enorer. 
Si  comanda  lors  sanz  demoure 
Q'il  fust  sacrez  meîsmc  l'oure.868 
Car  bien  sol  saur,  negun'  essoine 
Q'a  ccl  office  ereît  idoine. 
Delquerert  dingneedelcorsmonde 
Por  govemer  trestot  lu  monde. 
Sa  charité,  sa  fei  non  feinte    87J 
Rnsemem  od  sa  vie  seinte 
Tôt,  sanz  lui,  porent  par  raison 
Confermer  celé  esleciîon.        876 

De  sermone  ejas  ad  populum  et  de 
unalione  pestis  inguinarie.  VtJl. 

En  itel  guise  en  li  serf  Dé 
Par  l'emperere  confermé, 
Mais  veirement  n'ert  pas  tant  dis  h 
Choumant  ne  perreçous  n'oisdis  ; 
Car  eniretant  com  atendoient  88 1 


ti7*>e  •  Al  ttbi  decrelum  Kcncralitalis  evadere  ncqtiivit,  consensumm  se 
•  tawlegi  altquando  simabvii  »  I,  xi.  —  S;8  *  ...  neutiquam  asseitsum  populîs 

■  prvberei  ut  se  htijus  honoris  glona  subiimaret.  »  I,  si.  —  846  «  ...  ept 

■  nntnini  aalicipavit.  *  Ib'td.  —  8S0  On  parrecotis;  U  prtn^e  tjlUtt  ett 
iaili  p€T  aif  p  htrti,  mais  perreçous  m  toaiti  Itltrit  aa  v.  1 3  jo. 


164  P-   METER 

Li  Romein  qui  molt  desîroienl  «  Ainz  Irenche  par  force  e  porfetit 


L'asscnlcmenl  de  l'emperere, 
E  h  pestilence  rcgiere  884 

tu  poep!«  occist  e  deguastot. 
Cregwrc,  li  serf  Deu  dev<«, 
Trestoz  les  fescit  assembler 
E  si  lot  prist  a  sarmoner         888 
Qe  por  ta  dite  pestilence 
Felssenl  quciqc  pénitence, 
Senglement  chasqun  endreit  set  ; 
E  dist  :   «  Chicrs  frères,  créiez 
[mei  :  892 
«  Crans  est  li  besoing  vciremtnl 
«  Qe  veaus  non  lu  flclau  présent 
u  Batuz  e  tormenie?.  criengons 
u  Lu  quel  redouter  deujsons    8ç>â 
«  Ainceis  q'il  par  fust  avenu  ; 
«  Seit  veaus  non  redoutez  sentu 
u  Qui  non  sentu  despit  ereit  ; 
"  Veaus  non  espro%-écremu  seit  900 
«  Li  maus  qui  tant  creist  a  dolor 
M  De  mal  en  pis  de  jor  en  jor. 
«  Seingnors,  por  la  Dé  passion, 
I'  Car  fcimes  satisfaction  ;        904 
w  Li  doels  nos  face  repentir, 
«  Oolor  face  dolor  sentir, 
u  Angoisse  angoisse,  mort  la  mort, 
Il  Einsi  que  par  lu  Dé  confort,  908 
i(  E  ceste  monale  sentence 
M  Façom  veraie  pénitence, 
u  Denosquersladuresceenfreingne 
«  Tarn  qe  nos  amender  dcsireingne 
t  Veausnonlapeinejasofferte,  <)t^ 
a  Car  veirement  toi  est  aperte 
H  La  prophétie  de  l'espée  c 

"  Dom  ta  cliaiiive  aime  est  nafrée, 
«  Ço  est  la  Dé  ire  manifeste  917 
u  Qui  por  nule  arme  ne  s'areste. 


«  Quanq'elc  encontre  entrînement. 
t'  S'est  ja  tant  parfont  descendue 
■'  (^  jesq'a  l'alnie  est  parvenue, 
a  Voiez  mon,  si  ço  n'est  toi  veir  : 
«  Rien  vive  n'ipoeiremaneir,  924 
«  To£  sont  de  l'tre  Deu  feniz 
«  Soudéemcnt  morz  cstenduz, 
tt  Li  haut,  li  bas,  li  fous,  li  saîve. 
<c  Tant  par  est  communal  lï  glaive 
M  E  U  mon  tant  par  soubîtaine  929 
fl  (Vavtsonc  poei  sentir  la  paine 
<i  Neguns  ocm  ainz  ço  q'il  fimsse. 
«  Chasqun  sei  moert  ainz  qu'il  tan- 
[guisse,  9îJ 
«  Tant  par  est  forte  la  dolor 
If  Q^ainz  vient  la  mort  qe  li  tangor. 
«  Trestoz  veions  avant  morir 
«  Q^is  puesscnî  lor  pecchez  gehtr. 
tt  La  subiteine  pestilence  957 

K  Nul  ne  leist  faire  pénitence, 
«  Car  loz  se  moerent  desconfès. 
«  Pensom  donqes,  seingnors,  aàii 
«  Por  la  veire  amor  de  Jhesu  941 
u  E  por  nosire  veire  salu 
■  Quel  parra  cil  al  jugement 
n  Devant  lu  juge  omnipotent    944 
u  Qui  nis  non  a  tant  de  leisir 
K  Q^is  soi  petisse  repentir  i 
«  Com  jugera  Deus  en  sa  face 
«  Celui  a  qui  nis  tant  d'espace  948 
«  Ne  vot  en  cest  sede  doner 
u  Q^is  pcust  ses  pecchez  plorer  f 
u  Prengez  garde  de  voz  veiuns  ;  d 
u  Nes'envompassoulalorfins9jJ 
u  Par  deus,  par  treis,  par  cînc,  par 
«  Ainz  s'en  vait  trestot  ti  pais  [sis, 
N  Environ  nos  entrînement 


S81-900  I  Oponct,  (ratres  carisiini,  ut  Aagclla  Dei  qcx  metuere  Tcntnra 
•  deboiniiis.  laliem  prxscntû  et  experts  timcamus,  ■  1,  xl].  — 9i4-iJ  «  Pef> 
c  venit  gladius  usqoe  ad  anicniBi,  etc.  1  I,  xlj,  Crltt  aMm  Ji  Jttii.  IV,  ao 
M(  inicritt  dans  h  ma'f,t  —  919-H  '  N*c  lan^uor  iBOrtetn  prxvenît,  led  tan- 
«  guofit  moras,  ul  cemrtit,  mors  ipsa  pnecvrnt.  »  I,  al)» 


^^^^^                        tA   VIS   DE   S.   CRéCOirtE   PAR   rftÈRE   aNCIER                     IÔJ           ^^H 

^H       v  A  id  fruts  e  tant  nettement  9^6 

a  F.  cil  ses  meins  qui  ben  labore.                ^Ê 

^H      «  (^otne  ne  femme  n'i  remeint. 

a  Faimcsdonchastivepenance,  99J        ^^H 

^H       «  Ln  joevres  od  les  vîe!z  esleint, 

«  Car  veircment  bon  e  espérance          ^^^| 

^H       a  Nîs  ainceîs  les  fiz  qe  les  pères 

«  Nos  donc  contre  la  timour                ^^^| 

^1       ■  E  les  filles  ainz  qe  les  mères  960 

«  Cil  qui  la  mon  de!  peccheour  996            ^M 

^H       «  tj  pestilence  périlleuse 

«  Pas  ne  coveite  ne  désire  :                ^^^M 

^H       •  De  l'ire  Dé  onible,  hisdouse. 

il  Ço  est  Jhesu  Crist  nostrc  sire           ^^^| 

^H       «  Les  Rieisons  sont  vottics  guerpies 

t(  Qui  par  son  prophète  einsi  crie  :            ^| 

^K      «  Qui  ia  furent  tant  replenies,  964 

«  Melz  voeil  qe  li  pecchere  eitvîe,             ^M 

^H      «  Nis  les  rues  longes  e  tées 

<i  Fait  s'il^eq'il  se  convertisse  1001             ^M 

^V      «  Dcsenes  sont  e  despoillées  j 

V  A  mol,  q'il  mer^e  ou  q'il  pcrissc.        ^^H 

^1       •  Ui»e  e  autre  poet  oem  passer 

«  Por  ço  désespérer  ne  deil                 ^^H 

^1       0  Saitzomeesanzfemmeencontrer; 

«  Nus  oem,  ja  tant  mespris  nen  cit,            ^| 

^H      •  Tant  se  desreie  a  desmesure  969 

«  Car  Jonas  dit  !i  seini  prophète  :             ^M 

^^Ê     *  Cistmoftausglaivesquttantdure. 

c  Les  vtelz  pecctiez  de  Nenîvete                ^M 

^H      «  E  por  ço,  mes  douz  chïers  seïn- 

a  Tersirent  ireisjors  de  pénitence.             ^M 

^B                                              [gnors, 

<.<■  Nis  li  lerres  de  la  semence  1008             ^M 

^^1     ■  Puions  a  pénitence,  a  ptors,  972 

v  De  mort  enz  en  la  croiz  pendu          ^^H 

^V      ir  Veaus  non  tant  com  nos  est  leû 

tf  Al  COSlé  lu  frz  Dé  Jhesu,                     ^^^| 

^H        •>  Plorer  onqorors  non  fera. 

u  Por  q'en  la  mort  ert  repentis,           ^^^| 

^H       •  CiT  vdrement  cil  sevraient  97  { 

u  Ravi  fu  iesq'en  paradis.       loi 2            ^| 

^^^^«  Qui  U  soubiie  mort  sousprent. 

V  Levons  donqes  seguremem              ^^^M 

^^^0r  De  no£  pccchiez  nos  cnsovienge, 

i'  Noz  quers  a  Oeu  dévotement           ^^^| 

^^Ê      ■  Negun  besoing  ne  nos  detienge 

«  Knsement  com  si  eussons                       ^| 

^H      «  Qe  ne  façons  confession 

tt  Ja  receu  quanqe  querons,    101  ti             ^M 

^H       «  Od  digne  satisfaction             980 

«  Car  si  nos  leissons  noz  pecchiez,             ^M 

^H       <  Tant  qe  de  lermes  seit  lavé 

a  Sachiez  lî  juge  en  tost  tlecchiez.             H 

^H      »  Quanq'avons  fait  encontre  Dé. 

((  Ja  plus  tosi  merci  ne  querras                   ^M 

^H      •  Fttmescomlipropheteenseingne: 

<(  Qelunelatmisseschauipas,  1020             ^M 

^H      ■  Ensemble  foz,  nul  n'i  remeingne, 

■(  Quetqe  pecchiere  qe  tu  soies.                 ^Ê 

^H       ■  Levfflis  a   Deu  noz  quers,  nos 

«  Fors  qe  soûl  de  tant  te  porvoies             H 

^H                                       [meins,  98$ 

K  Qe  soies  vernis  repentant.         b             H 

^H       «  Tant  com  nos  sûmes  vifs  e  seins  ; 

»  Q^alons  nos  donqes  couardant                 ^M 

^H       <  Çoestq'odbonesoreisons  /.  160 

«  Com  pooumus désespérez?  loi}             ^M 

^H       •  Bones  oevres  a  Deu  rendons.  988 

«  Trop  par  sûmes  fous  asotez                     ^M 

^H       H  Car  quer  c  meins  a  Deu  lever 

«  Quant  .il  besoing  qui  nos  vêlons             ^M 

^H       B  Est  od  bonc  oevre  lui  proier. 

R  E  a  la  peine  qe  sentons       loiS             ^M 

^H      *  Cil  son  quer  lieve  qui  ben  ore 

c  Oeu  qui  soûl  est  nostre  refui                   ^M 

^H          97>~4  *  U""  quisque  ergo  nostrom  ad  ficnitfntix  jjinenta  confugiai,  dura              ^| 

^^M      •  ttn  anle  pcrcusiionem  vacit.  ■  1,  xlj. 

—  <)&i-s  t  Et,  S)cut  propheta  admonct.              ^H 

^H       1  IneniBC  corda  nottra  cum  manibus  ti  Deum.   ■  I,  xl\.  —  looo*;  •  ...  qui              ^m 

^H       ■  per  prophetam  clamât  r  Noio   mon«nn  peccatoris    sti   ut   convrrtalur  cl              ^1 
^H        •  nrat  *  jEi.  XXXII,  ii|.  I,ilj. —  1007  *  triduani  pœniteniia  ^bsterjit.  j  liùl,             ^M 

|66  P-   MEYBK 

«  Ne  vencons  veaus  non  par  ennui  ; 
«  Par  ennui  di,  quant  al  preier: 
K  jj;pnqeDeupussonsenn,uier,io^2 
u  Car  sovem  co  q'cnnuier  seU 
(1  A  omme  Deus  en  gré  reqell  ; 
«  Tani  par  est  pius  misericors 
u  Q'ilvelt  qedeluiscii  estors  toî6 
u  Par  preiere  e  par  orcisons 
V  Ço  qe  pas  deservi  n'avons  ; 
•1  Par  preiere  apaîé  veit  estre 
«  Por  q*a  nos  ne  se  puesse  irestre, 
«  Segon  ço  q'avons  dcsïrvi.    1041 
K  Dont  dit  H  psalmiste  Davi 
«  De  la  pan  Deu  al  pecclieor  : 
«  Requer  moi,  fait  se  il,  al  jor  1044 
11  Quant  avras  tribulation 
M  D'angoisse  e  de  temptation  : 
(1  Si  l'en  ostrai  del  mal  qu'avras 
(1  E  tu  mei  magnifieras.  1048 

i<  Par  tant  savons  ben  sanz  essoine 
u  Deus  a  sei  meisme  est  tesmoine 
i(  (^il  nos  deare  espamier 
a  Dèsq'itenseingneluiproier;  1052 
i<  Et  por  iço,  mi  cher  douz  frère, 
i(  Jesq'a  l'iglise  3  la  Dé  mère, 
0  Nosire  Dame  seinte  Marie, 
<'  Vendrons  demain  a  letanie  io{6 
u  Tresioz  ensemble  unai[e]meni 
«  En  oreisons  dévotement, 
«  Taniostcoml'aubeertescrevée.c 
«  Negunsoemd'icestejomée  1060 
K  Par  mon  conseil  ne  se  destienge  ; 
u  Li  jocvncs  e  li  veî?.  i  vienge, 
«  Li  clerc,  li  lai,  lî  ordenez; 
«  Trestoz  i  soient  apresiez      10^4 
u  Riches,  pûvres,  granz  e  peliz  i 
«  Nuls  ne  seit  osez  ne  hardiz 
a  (^entende  a  besoingne  foraine, 
«  Car  la  letanie  septaine,        1068 
«  Si  com  ja  l'orrez  destincier 


«  Trcstoz,  si  Dé  plaist,  célébrer 
n  Ensemble  al  jor  demein  vendrons 
«  Ë  nos  mesfaiz  loz  amendrons. 
«  Qe  si  com  toz  sûmes  mesprîs 
1  Tôt  ainsi  scions  entemis 
u  Toz  ensemble  as  amendes  faire, 
K  Car  sachez  donc  voudra  rciraire 
«  Deus  la  porposée  sentence  1077 
«  Quant  voirra  nostre  pénitence. 
«  iÀ  cierz  en  la  première  liste 
V  Istront  versseintJotunBaptîste^. 

I  E  pues  li  lai  qui  masles  sont  1  ù8t^ 
«  Del  moiisiier  seint  Marcel  tstronii 
«  Li  moine  e  li  religious 
.1  Devers  les  mariirs  pretious  1084 
«  Seini  Pol  e  seint  lohan  s'en  vJen- 

[gent ; 
41  Pues,  ordenéement  se  tiengent 
«  Les  noneins  en  procession 
«  Vcrsseim  Cosmeeseini  Damion, 
«  E  pues  les  dames  mariées    toH^ 
u  Devers  seint  Estevre  ordenécs 

II  VJengeni.  sis  stguem  ben  e  bel 
<■  LesvedvesdeversseintViel;  1092 
u  Pues  al  derrain  vengent  avant 
«  La  povre  gem  e  lî  enfant 
«  De  l'iglise  seime  Cécile.  rf 
«  Nus  n'i  remeinge  en  ceste  vile 
«  Qui  pusse  sor  ses  piez  ester  1097 
«  N'i  vienge  ses  pecchicz  ptorer; 
«  Car  sachez  bien  verai[e]mem, 
«  Tant  vos  pramcc  segurement 
w  Qe  donqes  voudra  nostre  Sire 
«  Sanz  nule  doute  atemprer  sa  ire 
«  Quant  verais  repenlanz  serons.  » 
Jesqe  ça  dura  li  sermons,        1 104 
Mais  pues,  quant  tôt  fu  asemblé 
Al  liu  e  a)  jor  assigné 
Li  poeple  de  divers  aage, 
Tant  par  se  desreiot  a  rage    1 1 08 


10^1  Ea  marei  :  ■  Invoca  me  ia  die  tribulalionis  et  eripiam  te  et  hoaorî- 
t  ficabiî  ine  »  ^t.  XLIX,  t\\.  1,  xlj,  —  1079  En  itutrgt  :  *  0<  teplifonnt 
lilitiia  1  Gregorio  ntstiiau.  ■  —  1 104  I,  xliij. 


tk    VIE    DE  S.   CRéCOIItE   PAR   PKÈRE   ANCIER 


La  devant  dite  pestilence 
Pir  la  Deu  dreilurale  sentence, 
Qe  morz  a  terre  soudemeni, 
Oraitz  tresioz  dévotement.     1112 
C&eirent  en  une  soûle  houre 
Quatre   vinz   nombrez   sanz   de- 
Q^ansoQC  fut  aperceii        [moure, 
Con  loudement  furent  fera.    1116 
Mais  reirement  onc  por  rtant 
Ne  K  cessa  II  Oeu  servant, 
Ainz  les  sommonst  a  plus  orer, 
Car  la  maiirc  de  plorer  1 1 20 

En.  <p  dist,  tant  plus  acreûe 
Quant  entre  t^nz  fut  avenue. 
A  quei  feroie  plus  lonc  lour  i 
Mais  tant  fist  qe  dôs  icel  jour  1 134 
De  la  mortalité  ainz  dite 
Escous  ereni  par  sa  mérite. 
Loez  en  seil  Û  rois  de  gloire 
Qui,  par  son  serf  dévot  Grégoire, 
Corn  velt,  as  peccheors  soccoure  I 
Hais  mqorors  ne  sot  a  l'oure 
Coaem^t  de  ses  lettres  pris/.  161 
Car  veirement  tôt  cerz  e  fis    1 1  ^a 
Ettre  espereit  qc  l'empcrierc 
Eôst  oie  sa  proiere, 
Hais  quant  s'aperçut  al  derraîn 
Qe  ti  ainz  dit  prefca  Germein 
Son  messsgier  01  cntercé        1 1  [7 
E  qe  lis  cspdr  fut  quassé, 

QBod  konorent  papatas  ivhUTJagttns^ 
std  pQSt  triduum  inducio  columne 
falgM  inrttaut,  jM/u  ût  eonu- 
tratas.X. 

Erraument,  sanz  plus  de  sojor, 
Aincets  qe  de  l'empereor         1 140 
Vensist  as  Romeins  li  respons, 
Ptivécfflcot  en  upisons 


Fors  de  la  vile  s'en  bJngnoi 
Com  cil  qui  en  apert  n'osot,   1 144 
Car  li  Ronieîn  qui  ço  cremoicnt 
Trestotes  les  portes  fermotent  ; 
Si  mcitoient  ris  garde  as  rues, 
As  entrées  e  as  eissues,  1 14S 

De  totes  parz,  por  lui  gueiter 
Qe  ne  s'en  peùst  eschaper. 
Dora  li  serf  Dé,  quant  iço  vit, 
Erraument  muot  son  abit  :     1 1  j2 
Si  se  perncit  a  dcsguiser 
Ai  meU  q'tl  pot,  por  sei  celer  ; 
Sa  robe  od  un  povre  chanja, 
E  pues  itel  engin  trova  1 1  {6 

Qe  fors  lu  mist  uns  peissonier 
Prevéement  en  un  panier. 
Pues  se  reponst  as  tapïnages 
Des  bruilz,  des  landes,  des  bos- 
lca(;es.   1160 
Parmi  les  desenes  guastines 
Quereit  les  croûtes  souzierrines, 
Les  chesnes  e  les  fous  cavez  116) 
E  les  autres  lius  plus  celez  b 

Ou  por  les  Romcins  soi  musçot 
Al  melz  q'il  omqcs  sot  c  pot, 
Com  cit  qui  fuit  gloire  veine. 
Mais  por  noient  i  metleii  peine, 
Car  en  vein  sei  fereit  cuter     1 169 
Nuls  oem  qui  Deu  vcIt  eshaucer: 
Quant  plus  s'umelie  e  reponi, 
Tant  plus  enoure  e  levé  amont 
Deu  nostrc  arc  son  servant.  1 17Î 
Oie?,  por  quei.  Li  Rometn  quant 
Savoient  q'il  s'en  en  fui, 
Toi  erraument  l'ont  porsegui  1 176 
Nut  e  jor  angoissousement, 
Quant  al  terz  jor  soudéement 
Virent  une  coulompne  ardante 
Del  ciel  a  ta  terre  ateignanie,  1 1 8a 
Qui  desus  son  chtef  soi  pendit. 


llioC«rr.  dreiloral.  —  iijo  I.  xliv.  C'en  ici  fii<  devrai  preitdn  plate  td 
nirtfiii  fui,  rtatitt  e^it  /<  ».  1 1  j8,  mUnempX  U  itni  —  1 1  ^6-8  C<tU  pir~ 
hiMljriti  la  piist  it  id  vie  it  Qigoiu  psr  PmI  DUcn,  l  i  j. 


168  P. 

Lî  poeple  celé  part  tendit 
Ou  la  clarté  les  amena, 
E  li  serf  Deu  qui  soi  cuia       1 184 
Ne  se  pot  donqes  maes  défendre, 
Car  errauraeni  lu  tirent  prendre  : 
Si  lu  irestrent  a  ia  cité 
Trestoi  estre  sa  volenié,         1 188 
Jcsq'a  l'iglise  de  seint  Piere, 
E  lors  iloec,  si  com  drciz  icre. 
Lu  firent  sacrer  apostoille,     1191 
Qui  de  toz  pecchiez  nos  asoille  ; 
Ço  nos  donst  Deu  par  sa  merci  ! 
Amen  diez,  ço  vos  en  pri.  Amen. 

Explsçit  iib.  I.  Incipil  Ub.  It. 

Quùii  staùm  post  constcraiiontm 
primas  omnium  se  in  episîolis 
sait  stivum  itrroruin  Ou  nomina- 
veut,  et  qiiûd  hertsts  desîruens 
rtaam  fidtm  prcJicavirit.  Cap.  I. 

SeingTiors,  einsi  com  vos  ai  dît    c 
Fut  li  serf  Dé  Greg.  eslil,       1 196 
Mais  onc  plus  tost  ne  fut  sacrez 
Quant  erraumeni  s'est demousirez, 
Car  l'orijuil  de  ses  ancesors,   1 199 
(*ar  sens,  par  venuz  e  par  mours, 
Od  metnie  auire  maie  coustoroe 
Qui  devant  lui  seit  estre  a  Rome, 
Tanlost  abaiit  e  esquassa. 
Si  qe  de  primes  refusa  1304 

Lu  titre  de  Johan  lu  noble 
Evesqe  de  Cosicntîno&lc, 
Qui  donc,  al  fuerde  ses  ancesires, 
Soi  nontot  principal  des  preslres, 
E  s'en  i  fist  dcfcnsion  1 J09 

Par  nom  d'escuinunation 
Qe  nuls  ne  fust  maes  tant  hardi 


MEYER 

Qe  soi  feist  nomer  einsi         1213 
Por  digneié  ne  por  haulesce 
Ne  por  negune  autre  noblesce, 
Mais  qe  trestoz  generaument 
Soi  contensissent  umblement  1216 
En  mours,  en  oevres,  en  abiz, 
E  mesmement  en  lour  escriz 
Gardassent  en  humilité 
Lour  haurescee  lourdigneté.  1220 
Dom.  por  ço  qe  ço  fusi  tenu 
Einsi  com  is  l'ot  porveû 
Enirincmcni,  sanz  violence, 
Erraument  après  ta  sentence  1224 
Lu  premier  essample  dona, 
Car  u  serf  as  sers  Deu  «  soi  noma 
Pues  en  trestotes  ses  cpistres, 
Tôt  premeraÏEis  as  chefs  des  titres, 
Tant  qe  pues  toz  sis  successour 
En  ço  lu  fesoicni  honour, 
£  en  moiz  autres  documenz,        d 
Si  com  en  simples  vestinienz,i2î2 
En  umble  onesie  contenance. 
£  tant  vos  dî  bien,  sanz  douiance, 
Tant  par  ert  donqes  sanz  feintise 
Amez  de  tote  seinie  iglise,      i2}6 
Q^onqorors  retient  par  coustome 
Maismemenl  la  cité  de  Rome 
Seinement  tote  sa  doctrine 
Tant  salvemeni  e  unt  enlrine  1240 
Com  si  ço  fust  fé  d'critage. 
Car  sachez  ben  tant  par  ert  sage, 
Desquanl  fut  enz  el  trône  mis 
F.  al  plus  haut  degré  asîs        [244 
De  seinie  iglise  universale, 
En  la  bretesche  principale 
Com  cschaugueite  auctorizé, 
Tant  de  venuz  enluminé,       [  24S 
Q^crrani  mouslrot  q'il  n'ert  pas  nice 


Ilot  Vers  trop  long.  Coir.  quassa  ?  —  1239-41  <  cunctisque  suis  successio- 
ribut  clocumeiitum  suje  humiliUlii,  Um  in  hoc  quant  in  mcdiocribus  pcuitificati- 
bus  indomenlùs,  qiiod  videlicet  hactenus  in  ïancta  Ronnana  ccclesia  cunscrvalur, 
tieceditarium  rcliquit.  *  11,  j.  —  \^jf}-^  •  m  s^ccuta  sanctx  universalît  cccle- 
ïix.  »  I,  ij.  —  114^  Q^errant,  corrigi ;  iJ  y  avr.i  J'ahrj  Errant. 


^                                   Û  VIE   DE   S.    CRfCOlRK   PAR   FRÈRE  AKCIEB                     ïfi^                ^| 

^B      Ne  perre^us  en  ton  ofTice, 

E  pues  vertuz  edifiast,            1 2S0            H 

^H      CjT  tantost  prist  a  sarmoner, 

Tresiotes  les  maies  asises                     ^^^| 

^H      A  toz  \i  dreite  fei  rnoostrer,    iijz 

Qui  eroieni  ja  as  églises                      ^^^| 

^H      Abjtre  tes  mahomert», 

Par  lot  lu  mond  enracinées,                ^^^| 

^1      E&quuser  (oies  herisîes  ; 

Coustomes  malemeni  levées    1284            ^M 

^M      Toz  les  poinz  de  nostre  créance, 

Contre  la  doctrine  anciens                  ^^^| 

^M      Par  seine  apene  demoustrance^ 

De  la  fei  apostoliene,                          ^^^| 

^M      Ensetngnoi  a  tresiote  gent;    12^7 

Esracer  prisi  e  esgrapir,                           ^| 

^H      Sis  preechot  haut  e  derment 

E  bones  encontre  establir.      1 288             ^M 

^H      Corn  evangelien  bedcl 

Pues  commençot  a  redrescier                ^^H 

^H      Qui  b  meisirie  e  le  cembel     1160 

Quant  q'en  igUse  erei:  mestier,            ^^^| 

^M      Enponot  de  loz  les  pastors 

Com  de  chanz  e  de  chanteors,             ^^^| 

^H       Q^onc  fussent  ainz  n'aprts  ses  jors. 

De  ministres,  de  sen'iiors,     1292           ^M 

^H       Sanz  les  apostres  principaus   12a} 

E  nis  des  lais  privez  servanz               ^^^H 

^H       As  que!s  nul  seint  n'est  paregaus. 

Qui  l'apostoile  erent  sivanz,                ^^^H 

^H       Car  sor  tresioz  les  seinz  del  moni 

Del  louîer  por  lu  pallion                             ^| 

^H       Uetstres  e  princes  sanz  per  sont, 

D'evesqal  consécration,          1296             ^M 

^M       Si  com  cil  les  quels  Deu  mclsme 

Des  fertres  coverz  de  daumaires,                H 

■                                                   [/-  162 

De  besoingnes  mendres  e  maires               ^M 

^B       En  sa  persone  demeinisme,    1 368 

Com  de  non  receveir  les  lais        h             ^M 

^H       Vôrs  ocm  de  la  virge  Marie, 

A  clergal  oHice  a  eslais,          1  ;oo            ^M 

^H       Espàiaument  en  ceste  vie 

E  meinte  autre  bone  coustome             ^^^M 

^H       Sa  ictnte  docuine  enselngna, 

De  primes  es!ab1it  a  Rome.                   ^^^| 

^H      C«n  ceus  les  quels  sor  toz  ama. 

E  pues  trestotes  les  iglises                       ^M 

(^i  sont  parmi  lu  mond  asises  1 J04             ^M 

^H      QuÊtt  fitia  eradicant  et  vînuits  sisp- 

Par  lu  commun  agencement                      ^M 

^H         pUniant,  consaeiadînes  eccUste, 

De  loz  clers,  ordcnée  gent,                 ^^^| 

^H        ffOBf  àacteaus  obstminiur,  ordi- 

Ordenéemeni  redressa,                        ^^^H 

^H         urmr  €t  àpostûticd    aactontate 

E  Tadrescement  conferma       1  )o8            ^H 

^1        nafitmaaù.  tl. 

Par  privilège  auctorisé                        ^^^M 

D'apostoiliau  digneté,                          ^^^H 

^H      ton  quant  Greg.  ot  rapelée 

Si  q'onqors  rclienl  sa  doctrine                   ^H 

^H      iM  foi  des  apostres  fund^ie, 

Trestotlimondtantparentrine  i{i2              H 

^H      Tantost  com  âl  qui  entendit 

Q^un  soûl  point  trespasser  n'en  ose,             ^M 

^H      Iço  qe  li  prophète  dit             137Û 

Car  tant  par  tient  a  seinte  chose          ^^^M 

^H      (^  sor  lu  poeple  erclt  posez 

Quanqe  de  Grégoire  est  venu              ^^^| 

^H       E  principal  posior  clamez, 

Com  a  det  ciel  fusi  descendu.  1  ;  1 6            ^M 

^H      Par  tant  qe  vices  esraçan 

■ 

^H          t39i-ijoo  •  videlicet  lie  ministris  cantoribus,  de  laitis  ponttlici  lamitianler               ^M 
^^       *4hjcrcti1iMi»,  de  contegendo  dalmaticiî  aposiolico  lereiro,  de  pastillaiico              ^| 

1             pro  pallio  »el  consécration-  ponuriciim, 

et  de  non  admitleodis  pauim  laïc»  ad              ^M 

^H       tcclesuatKi  furii  olâcium...  1  II,  v. 

m 

^^^^^I^^^^^^^^^^^^^P.    «EYKR     ^^                                            ^^^H 

S'en  fut  Grégoire  a  desmesu/e             H 

^H^       D£  piTtgrino  ati  mtnsam  ytmcnu  et 

Esbahiz  d'icclc  aventure,        1 J52       H 

^^^K              r^/iMi;  non  t/tv^nro.  ///. 

Quant  après,  meisme  la  nui,                H 

En  avison  lui  apparut                          H 

^H            Tant  par  ert  pide  e  aumosniers 

Li  hï  Dé,  nosire  sauveor,                    H 

^H            Grégoire,  U  Dé  amis  chiers, 

Qui  lidiseitpargramdouçor:  i}5(î       H 

^H             Francs,  deboncires,  libcraus,  rîi9 

«  Grégoire,  n  ftst  s'il  <i  rois  chiers       H 

^H             Larges,  despendani,  hospitaus, 

[druz,      ■ 

^H            Qe,  sanz  chaitis  e  sanz  prisons 

M  Sovent  as  mes  membres  peùz,         ^Ê 

^H             De  tant  diverses  re^'ons, 

u  Mais  ier  receus  veirement               H 

^H            £  mcimcmeni  de  Romanie, 

«  Meimeismesdemeinemcnt.  i)6o       ■ 

^H            As  quelz  ii  sosteneit  la  vie,      i  ]24 

H 

^H            Toz  les  jors,  ou  q'il  onqes  fu$t, 

Dt  angelo  castode  itto  tfoomUm  in       H 

^H            Acoustoméemeni  pcûst 

specie  naufiagi  occulio,  nunc  aa-       H 

^H            A  sa  table  demeineraent 

Uin  in  jorma  ptrtgnni  reretaio,       H 

^H           Quant  q'o«m    trovast  d'esirange 

dt  qao  sapra  ia  urcto  capitalo.       H 

^M                                         [gem.  t]2S 

^Ê 

^H            Tantq'un  jor,  entre  autres plusors, 

^Ê 

^H            Uns  oem  semblant  de  bones  mors 

Un  autre  lens  avini  regiers           ^^^M 

^1            Vint  pié  poudrous.  com  pèlerin, 

Qe  Greg.  li  sers  Deu  chiers,        ^^^| 

^H            A  qui  Grégoire  en  tant  enclin  i  )  p 

C^i  tant  ert  plein  de  chanté, 

^H             Qe  por  lu  plus  ne  por  lu  meins     c 

Son  aumosncr  ot  commandé,  1)64 

^1             Ne  vot  sofrir  q'a  pïez  n'a  meîns 

Segon  coslome,  q'enviast            d 

^H             Lui  ser\'ist  por  negune  peine 

Pèlerins  ou  q'is  les  trovast, 

^H            Autre  omme  qe  »on  cors  demeine , 

Douzze  par  nombre  a  son  mangier. 

^H            Car  amblement,  par  grant  frui- 

E  cil  qui  en  ert  costomier      1  )68 

■                                            [chise.  i);7 

Sanz  demourer»  tôt  erraument. 

^H             TanI  se  meteit  en  son  servise. 

Acomplil  son  commandement. 

^H             Qe  nis  ja  les  bacins  leneit 

Mais,  quant  furent  a  table  asis, 

^H             Dom  t'aeve  doner  lui  voleit    1 140 

Grégoire  H  Dé  cliiers  amis      1 J72 

^H            Doucement,  a  ses  meins  laver. 

Vers  les  pèlerins  regarda 

^1             Mnis  3  ço  q'il  la  vot  verser, 

Segon  coslome  e  sis  nombra  : 

^H             Li  pèlerins  qui  il  servit 

S'en  dut  ben  proef  aveir  grant  honte 

^H            Tant  soudemeni  s'envanoit     i  J44 

Li  aumosner  de  son  acontc,    1 176 

^H            Par  entre  eus  loz.  emmi  la  pbce. 

Car  prèsdcldouïisniccn  nombrant 

^H             Q'onc  n'i  parut  sente  ne  Trace 

Lu  treszisme  i  irova  soiani, 

^H            De  lui,  quel  si  ço  fust  fantôme, 

Don  s'esbahit  estrangement 

^H             N'onc  pues  ne  pot  csirc  par  orne 

E  por  çû  lors,  lot  erraument,  1  )8o 

^H             En  negun  sen  apcrccû            1 149 

L'aumosner  list  a  sei  mander, 

^M            Quele  part  s'en  fust  devenu. 

E  si  lu  prist  a  demander 

^^^^P           1)17  11,  xxi)  —  1)31-4  «  ...  nt,  ucepttt  Kîi  quoitamper  diversas  regiones        | 

^^^^^        1  quam  Roma;  quoque  LanffobardoruR 

1  perhdix  gUdios  higuntes,  ccde&usiica        ■ 

^^M              ■  stipe  mitericorditcr  nutrieb^t  ..  •  II, 

■ 

n 


LA   VIE   DR  S.    CR£C0I 

CoRimem  fust  e  par  quele  emprise 
Laienz,  contre  sa  commandise, 
Li  pèlerin  iretiime  entré.       i  î8ï 
LÎ  aumosnier  en  e&garé  ; 
D'i^o  dom  l'ot  mis  a  raison 
Ne  lot  respondre  oil  ne  non;  i  }88 
Mas,  ja  seit  q'il  fust  esbahiz, 
N'en  pas  del  tôt  irop  esiordiz, 
Car  tel  pèlerins  regarda 
C  derechief  les  renombra,       i  {92 
Si  bI  trora  qe  soulement 
Oouzze  par  nombre  escharsemcnt, 
E  por  ço  segur  respondit  -. 

■  Sirt,  *  âsi  s'il  «  si  Dé  m'ait, 

«  Qouit  les  pèlerins  enviai,     1 197 
«  Douzze  par  drert  nombre  i  nont- 

Ibrai, 

■  fTonc,  q«  je  sache,  tant  ne  quant 

•  NcireqiassaideioncomanT,i40o 

■  Car  ooqorors,  loz.  saus  e  seins, 

[/■  i6î 
i  \meh  sanz  plus  e  sanz 
[meins  ; 

■  E  si  d'iço  ne  moi  voe)z  creire, 

■  Fsi  les  nombrer  laniost  en  eïre, 

■  Car  tôt  en  sui  segurs  e  fis  :  140) 

*  N'i  trocs  plus  q'a  la  primor  tis-i^ 
Crcgoire  entent  qe  cil  lu  dit 

Toi  la  veir,  si  com  l'entendit  i  1408 
Si  s'esbabil  lors  plus  q'ainceis, 
E  por  ço  regiers  en  reqeîs 
Lci  pèlerins  privéement 
Nombroie  renombrot  soveni,  1413 
Mais  toz  tens,  après  lu  douzîsme 
En  Qombrani  trava  lu  ires/isme. 
S'en  hil.  uchez,  forment  pensis. 
Si  en  Taumosnier  trop  entrepris 
(^  ton  nombre  trovoienirin,  1417 
E  oeporquani  del  pèlerin 
Toi  segurs  e  tôt  cerz  ereit 
Qe  pai  ne  lu  cbalangereii       1 430 


RE   PAR   TRtHK    ANCIER  I7I 

Sis  sire  a  ton  en  nulc  guise. 
Grant  garde  cndemenirc  en  a  prise 
Li  serf  Dé  qei  ço  peust  estre, 
Quant  soudcmcm  garda  sor  désire, 
Si  tresvit  q'uns  des  enviez     142^ 
Joste  sei  plus  proef  acoudez 
Soveni  en  diverse  manière 
Muot  coloure  chanjot  chiere,  1428 
Car  ors  semblot  lot  viel  clienu, 
Ors  juvencel  e  non  barbu. 
Ors  fut  pales,  ors  rovelenz, 
Ors  bruns,  ors  blons,  ors  ^s, 
[orsgenz,  i4}a 
Com  si!  fust  apene  £imome  ; 
S'en  fut  pensis^  ço  'n  est  U  some, 
Grégoire,  com  ja  vos  disoie;  14}  j 
Mais  plus  lonc  conte  a  qeî  feroie  i 
Après  mangier  congié  pernoicnt  b 
Li  pèlerin,  si  s'en  toraoient. 
Grâces  rendant  joious  c  liez  ; 
E  li  papes  s'est  aprocbiez       1440 
Vers  celui  qui  lot  soûl  vdeit 
Com  a  celui  qui  sei  soieit 
A  l'oure  plus  a  sei  proechein  ; 
Si  lu  seisit  lors  par  la  meïn     1444 
E  l'amenot  privéement 
Ovoec  soi  treslot  senglemeni 
Kn  chambre,  e  pues  lu  conjuroi 
Al  mielz  e  al  plus  beau  q'il  pot, 
El  non  de  Deu,  q'iL  lui  delst  1449 
Quel  nom  eusi  e  q'il  queist. 
E  cil  lors  respondit  itant  : 
1  A  quei  »  fist  s'il  «  vais  enquerant 
«  Mon  nom  qui  est  dit  merveil- 
[louï?  i4f} 
R  Mais  itant  saches  a  esirous  : 
<i  Jo  sui  li  periUié  de  mer 
«  Qui  ja  te  venoie  tempter      1456 
a  Eni  en  la  celle  ou  escrivoies, 
■  Quant  douzze  deniers  me  donoiei 
"  Ovoec  l'escuêle  d'argent 


i41t<j  ■  Et  cttf  interrogai  de  nomtoe  meo,  ^od  eit  nJrabile?  •  II,  xxiij. 


lyi  P. 

«  Laquele  t'envoiot  sovent      1 460 
«  La  scinte  Siivia  ta  mcrc 
te  Od  la  vùnilc  polmentere, 
«c  Laquele  usas  por  t'enferlé. 
a  E  tant  saches  ben  de  vcirté  1 464 
«  Qe  dfrs  icele  oure  t'cslut 
u  Deus  a  pastor  si  corn  lu  plut, 
«  E  cspous  de  s'iglise  seîme   1467 
B  Por  laquele  aciiettée  c  rcinie 
n  Son  precious  sanc  espandtt, 
«  Car  por  iço  qe  ton  quer  vit 
V  Franc,  aumosner,  dou/.,  debo- 
[ciaire,  1471 
M  Por  tant  vot  qe  fusses  vicaire 
«  Del  glorious  apostre  Piere,       c 
u  Les  qui  vertuz  en  ta  mainiere 
«  Bien  as  jcsq'a  cest  jor  segui, 
u  Corn  successorbonescheri,  147IJ 
«  Car  icil  quanq'oetn  U  offrit 
K  As  tnesaistcK  por  Dcu  partit 
«  De  toies  par?,  e  proef  e  loing, 
€(  Segon  qe  chasqun  ot  besoing, 
«  E  tu  rastaînot  ensement.»  1481 
Grégoire  a  tant  respont  :  «  Com- 
[meni  ? 
«  Di,  va  I  se  Deu  te  gart,  par  qei 
«  Savoies  tu  qe  Deus  de  mei  1484 
«  Vol  Uin  cspous  de  seinte  iglisc 
—  Saches,  »  fist  s'il  «  lot  sanz 
[feintise, 
«  Jo  qui  ci  vois  sis  angles  suï  1487 
«  Présentement  trammJs  de  lui 
«  Por  cnquerre  tôt  ton  porpos.  » 
A  cesl  mot  se  tint  trestol  clos 
l>i  serf  Dcu  tremblant  de  poour, 
Com  cil  qui  onc  mis  a  nul  jour 
N'ot  angle  apcrtement  veu.    i4Ç)î 
Donc  dist l'angle :«  Di,  va!  q'asiu? 
«  N'aies  poour,  ne  t'esnuier, 
«  Car  onqors  te  pues  melr.  paîcr  : 
a  Soies  toi  cerz,  segurs  e  fis  [  497 


tIEYBR 

V  Jesq'a  tei  sut  de  Deu  trammïs 
Il  qc  dis  ors  soie  tis  gardeins 

Il  Tant  com  seras  mes  vifs  e  seii«, 
o  Com  cil  qai  entre  tei  e  lui    1  joi 

V  Entrcccssor  message  suï, 

u  A  tei  noméement  livrez        150J 
«  Qui  a  ma  garde  es  comandez  , 
<c  E  saches  quanqe  mis  querras 
u  DeDeuparmeisanzfailleavras.» 
Tant  dist,  e  lors  s'cnvanoït, 
E  Grégoire  erraument  cheit    1  joS 
Jus  a  la  terre  en  oreson,  d 

Orant  od  grant  dévotion , 
Si  dist  :  «  Deu  père  glorious, 
u  Puissanz,  misericordious,    1  j  1 2 
>'  Si  por  un  mien  tant  petit  don 
«  Moi  vols  rendre  itel  guerredon 
a  Q^a  pape  e  pastor  moi  choisis 
u  Sor  t'iglise,  quele  reJnsis     i;i6 
«  De  ton  sanc  preiious  se'mtisme, 
«  Nis  estr'  i^o,  Deus  père  autisme, 
«  Por  rael  garder  angle  envoias, 
«  Sor  lot  qo  qei  plus  me  donras 
u  Si  d^s  ors  mes  loi  mon  poieir 
«  A  despendre  iccst  grant  aveïr, 

V  S^n  tes  seinz  commanderaenz, 

V  Entrinementen  povres  genz?  1  j  24 
u  si  lu  mcins  vols  tant  ben  raerir 
e  Lu  plus  qui  pourra  deservir  ?  « 

Quad  post  renUiionan  aagdicam 
tantum  futril  iargior  de  temporali 
commodo  qadntum  certîor  àt  rtà- 
piendo  preiaio  sempherno.  V. 

Tôt  einsi  ti  serf  Di  orol,         1 527 
E,  sache?:,  dès  donc  coRunen^ot 
Tant  plus  large  estrc  c  aumosner 
Quant  plus  fut  cerl  de  son  Iciier  ; 
Tant  large  en  des  bons  temporaus 
Quant  plus  cen  des  celesiiaus. 


14C]  ■  cum  infusil  legnminibus.  ■  tHd.  —  1  }J  1-3  Cf.  la  ritbnqat  ftu'  rtpro- 
Jait  Us  ptimiat  moti  Ja  cH.  XXIV, 


U   VtE  DE  5.    CRÉCQIRE  PAR   FRÈRE  ANGtER  I7} 


Avers,  pecunes,  pensions,      i^j; 
Cens,  renies,  patrimoines,  dons, 
Nts  les  juels  d'or  e  d'argeni, 
Trestoi  donot  enlrinement      [jjô 
A  Ttw,  a  povres  e  a  riches. 
Corn  cil  qui  n'ert  n'avers  ne  chiches, 
Segon  qe  chasqun  oi  besolng 
De  toles  parz  e  proef  e  loing,  i  ^40 
A  clers,  a  lays,  a  abbeyes,  /.  164 
As  hospilaus  aumosneries, 
As  solitaires  reclusoires, 
As  désertées  ermitoîres,  i  J44 

As  paumcrs  e  as  pèlerins. 
As  vcdvcs  c  as  orfcîins, 
As  prisons  e  as  exilliez, 
As  malades,  as  mesaisiez.       1  {48 
A  toz  ert  pcrcs  soccorabte 
Toi  autrcsi  por  vcir,  sanz  fable, 
Com  si  iresioz  fussent  sis  fiz 
Joevresevelz,  granz  c  peiiz;  1  iji 
Car  liant  sachez  veirement, 
S'il  sout  eûst  tôt  senglement 
Engendrez  trestoz  cels  del  monde, 
S'estre  peiisi,  a  ta  roonde,      1 1  s^ 
Chamaument,  de  son  sanc  demeine, 
Ne  peust  il  pas  maire  peine 
Mettre  as  cors  n'as  aimes  garder. 
Ne  plus  n'en  Deu  n'ei  secle  amer. 
S'aumosnc  .1  quatre  termes  l'an, 
Scgon  ristre  Celasian  1  j6; 

De  qui  seguit  la  seinte  vie, 
Départir  seut  par  cstablie.       i  (64 
Al  jor  de  Pasqe  en  la  première. 
L'autre  a  la  fcste  de  seint  Piere, 
La  tierce  al  jor  de  seint  André 
Qui  de  s'iglise  ert  avoué  ;       1  {68 
La  quarte  fisi  en  remembrance 
Del  jor  de  sa  propre  neïssance. 
Icesies  quatre  par  costomc 


Tient  onqors  la  cité  de  Rome  1 171 
Emrînemem  sanz  contredît, 
Einsi  com  is  les  estabtit. 
Nts  estre  i^o  refeseii  al  : 
Tresioz  les  anz,  al  jor  pascal,  1176 
Par  matin,  a  l'aube  escrevée,       b 
Soier  se  seut  enz  en  l'entrée 
D'une  chapclc  enz  en  la  vile 
Qui  ja  Itst  li  papes  Vigile        1  }8o 
Ou  is  metsmes  habitot 
Quant  en  la  vile  sorjoraot. 
Ilocqes  cre  acosiomier 
Lu  poeple  en  nom  de  pets  beisier 
E  ses  aumosnes  départir,        1  jSf 
Si  cora  ors  lu  porrcz  oîr  : 
As  riches  donoi  riches  dons. 
As  rois,  as  princes,  as  barons,  1  {88 
Les  bons  chevaus,  destriers  de  pris, 
Les  samiz  e  les  porpres  bis. 
Les  riches  pierres  précieuses, 
Od  les  espèces  delitousesi      1592 
Pues  redonot  as  ordenez, 
As  enoinz  evesqes  sacrez 
F.  als  deacres  cardenaus 
Les  beubelez  e  les  juaus         1 596 
D'or  e  d'argent,  com  francs  be- 
[ningnes, 
Segon  qe  jasquns  ereit  dignes. 
Nis  as  chcvaters  e  as  contes 
Donot  sanz  nombre  e  sanz  acontes 
Les  anels  d'or  e  les  besanz  ;   1  ùo  i 
As  esquiers  e  as  servanz, 
A  chasqun  segon  sa  valour, 
Donot  robe  nove  a  cel  jour     1 604 
E  plusors  autres  dons  onestes. 
Mais  veirement  as  autres  fesies, 
Si  com  a  la  nativité 
De  seint  Picre  e  de  seint  André 
E  a  sa  neissance  demeine,      1609 


1^87-1616  II  y  a  iimpUmtnt  dsM  h  ttxtt  :  t  ...  cunctis  «piKopîl,  presby- 

■  tcris,  Diaconibui  aliitque  axiocnatîcis  [difiniiairii'i  nrtoi  erogabat.  Njulîtio 

■  vero  apostotorum  \v.  1607)  vel  suo,  oiisios  solidos  oÂrrens,  pcregrina  nïhil- 
I  ominiis  vettimenu  donabat.  1  II,  xxv. 


174  l'- 

As aliens,  a  gent  loingtcine, 
Dutiot  quanci'oTic  mester  ereit 
A  chasqun  qui  a  lui  vencit  ;    1612 
As  viscontes,  as  chevaliers,  c 

As  vavassours,  as  soudeiers, 
Donoi  les  robes  aceesmées 
Ovecmeintesamres  soudées.  1616 
Dom  ne  me  pleist  plus  avant  traire, 
Car  trop  en  i  avrcit  a  faire 
Trestoi  !i  micdre  romançour 
Qui  seit  cl  mond  uy  en  cest  jour. 
Si  totes  les  vousisi  descrire.    i6ai 
E  por  itant  n'en  voeil  pius  dire, 
Fors  qe  sanz  ço  generaument, 
A  trestoie  La  povre  gent  t624 

As  chefs  de  loz  les  meis  donot 
Quant  q'en  l'an  li  rcnoveîot  : 
Lu  vin,  lu  froment,  les  bacons, 
Lu  Lard,  lu  legun,  les  peissotis, 
Lu  burrc,  l'oile,  lu  fromage,  1629 
Corn  oem  séné,  discret  c  sage, 
En  tens  par  ordre,  proef  e  loing, 
Segon  qe  chasquns  oi  besoing. 
En  vendenges  donoi  lu  vin,    i6jî 
Les  bacons  a  la  seini  Martin 
Leûn  en  juing.  fruit  en  setembre, 
Robes,  fouailles  en  décembre,  i6j6 
Lu  lan  en  fevrer,  l'oile  en  marz. 
Environ  sei  de  totes  parz 
Donot  a  loz  a  grant  foison 
Chasqunc  rien  en  sa  saison  ;   1640 
Mais  les  fromages  e  les  bures 
E  lu  leit  donot  loies  hures, 
En  yver  si  corn  en  esté, 
Largement,  sanz  escharseté,  1644 
Atrcstozceusqil  voustreni prendre. 
Mais  veirement  a  la  gent  tendre. 


HBYER 

Si  corn  as  prefectz  e  as  maires, 
Donot  pimenz  e  Idtoiaires      1648 
F.  autres  dons  plus  precious.         d 
Si  corn  is  ereni  delitious, 
A  chasqun  segon  sa  mesure 
Corn  cil  qui  de  t07  en  prist  carc, 
Qe  jurer  pucssés  sanz  fdnlise  165  ) 
Qjen  son  tens  n'creît  seinle  iglise, 
Fors  qucic  est  grange  communale 
A  povres,  a  riches  égale,        iûsôm 
Don  chasqun  prent  çoqu'a  mesiîw 
Franchement,  sanz  negun  dangier. 
D'autre  pan  plus  feseit  asez 
Gregoires,  li  Deu  enourcz,      1660 
Car  loz  les  anz  seut  par  costome 
Doner  en  la  cité  de  Rome 
A  ireis  mite  povres  noneins, 
Par  drcit  nombre,  ainceis  plus  qel 
[meins,  1664 
Quinze  livres  de  pur  or  fin, 
Por  dras  faiz  de  laine  e  de  lin, 
Por  coiltes  e  por  coveriors, 
Nis  por  lor  soudées  des  jors    1668 
Lor  rcdonoT  tôt  ensement 
Tôt  dreit  vint  livres  meins  de  cent 
A  sostenir  lu  Deu  service. 
Dom  a  une  dame  patrice,        1672 
Par  nom  clamée  Tbeotisie, 
Rescrit  Grégoire  en  une  epîstre. 
Disant  qe  lor  vie  en  tant  pure 
E  lor  abstinence  tant  dure      1676 
Qe  ne  fussent  lor  oreisons 
Od  lor  seintes  dévotions, 
Trestot  ceneinement  setissent 
Q'as  LongebarE  pas  n'arestussent 
Tote  la  gent  de  Romanie,      1681 
Qe  ne  fust  desiruite  e  home. 


i6(0-6i  <  Pigmenta  vero  attaque  delîcatiora  commercia  priraoribus  honora- 
(  bilitcr  oUcTcbjt,  ita  ut  nihil  .iltad  quam  communia  quantim  borrra  commu- 
«  nis  pularelur  eccirsia,  >  II,  xxv\.  —  r6&8>7i  *  eisque  pro  quotidianrs  stipen- 
I  diis  odoginta  tibras  annualiler  conferchat.  ■  I,  xvîj.  —  167^2  «  si  ipsx  ac 
c  essent,  nullui  noslruni  Jam  per  tôt  annos  in  loco  hoc  subsisicrt  iDter  Lang^ 
f  barduruin  gladiot  potuisset.  *  II,  xvij. 


La   V\r.   DE  s.    GRÉCOIKC   PAR   fRt.HT.  ANCItR 


Plus  onqorors  fist  H  seinz  om, 
Car  par  tote  la  région,  1 684 

As  viles,  3s chasieîs,  as bours, /.  1 6^ 
As  marchiez  e  as  quarr^fours 
Fist  amener  les  poulmenz  quîz 
Par  veiturers  bons  establiz      1 688 
Qui  les  livrèrent  as  soufreitous. 
Mais  as  enfers,  as  vergondous, 
Qui  por  honte  nel  porenl  querre, 
Trammetire  senh  ou  peis  ou  ccrre 
Pleine  une  escuéle  d'argent    1691 
De  sa  table  demeinetnent, 
D'us  en  us,  ainceis  q'il  manjast, 
Si  qe  nul  jor  ne  irespassasi     1696 
Nuli  q'eust  en  Deu  créance 
Qc  de  sa  seinic  porveance 
Ne  l'en  donasi  par  chariié, 
Largement,  sanz  escharseté,  1700 
Segon  que  sis  besoinz  fusi  maire, 
Por  q'a  Deu  lu  peûsi  allraire. 

De  pAUptre  qnem  faniii  tsmpùreoc- 
cisum  inieuit,  pro  quo  supra  mo- 
àum  ir'tstdbaiur.  VI. 


F.  vciremcm  ase?.  moustro! 
Q'en  charité  trestoz  amot, 
Car  un  |or  en  irespas  errant 
Un  po\Tc  mort  trovot  gisant 
Qui  fut  de  robbeours  occis  -, 
Mais  quant  lu  vit  li  Deus  acnis 
Mort  quidot  qe  fusl  de  famine, 
De  mesaise,  non  de  mourine  ; 
E  por  ço  lors  tant  triste  ercît, 


1704 


1707 


'7i 

Tant  plorut  e  tel  doel  feseit    lyii 
Qe  veirement  si  de  ses  meins 
L'eùst  occis  ne  fut  pas  meins 
Marriz  ne  mournc  n'argoissous, 
Cor  lani  par  ot  lu  quer  pidous  1716 
E  tant  mat  e  confus  se  tint 
Qe  pues  ben  longes  se  destint 
Nis  de  la  messe  célébrer,  b 

Com  cil  qui  n'osot  aprismer    17x0 
A  l'autier,  tant  soi  tint  nondingne. 
Mais  orc  orras  un  apert  signe 
Par  quei  qenoisiras  la  vertu 
Dora  veriuous  ereit  qenu.       1724 

De  quodam  keremiu  cui  nickil  prêter 
anam  ùitara  possiJettùCrtgorias, 
cum  tota  gloiia  mandana  quam 
vsdtbaUir  habere^  dtyino  jadim 
preiam  etî.  VU. 

Uns  solitaires  eremites, 
Quant  a  Deu  de  scintes  mentes. 
Qui  onqes  terrien  aveir 
Negunnevoial  monde  aveir,  1728 
Enz  e!  désert  ou  il  maneit 
Soûle  une  soue  chate  aveit, 
La  quele  il  soûl  soûle  nourrit, 
Por  q'il  l'amot  e  la  blandit      1712 
Trop,  poet  cet  estre,  a  desmesure. 
Cist  tote  s'eniente  e  sa  cure 
Misi  a  requerre  nostre  Sire 
Q^il  lu  deingnast  moustrer  ou  dire 
Quel  loiier  espérer  deiisi        1717 
Quant  d'icest  sccle  passé  fust 


1687-8  a  cocu  stipendia  per  eanstitulos  veredarios  emittebat.  *  II, 
xviij.  —  ïToyiA  II,  nxix.  —  1714  fut  ;  d'atorj  (ust,  itont  d  a  itl  granit. 
—  I7îi-r866  Voici^  d'aprU  J.  de  Varaggio,  U  UxU  et  u  riùl,  qm  ne  « 
troitn  pjs  dam  ta  Vu  de  GrlgOiTi  rUigU  par  U  diûcri  Jain  :  Eo  tenipore  fuit 
quidam,  heremîta,  vîr  ma^ne  vIrtuUs,  qui  omnîa  propter  Deum  renouerai, 
tt  nihil  prêter  nnam  callam  po»idebal,  quim  blandi«ns  crcbro,  quasi  eoha- 
bitalriccm  m  suis  gremiîs  refoïebat.  Oravit  igilur  ad  Ocura  ut  îîbi  cnlmitit 
dignaretur  cum  quo  future  remunerationis  mantioaem  sperare  dcbuisset,  qui 
tllius  amore  nil  tu  divitiJs  hujus  secnli  possideret.  Quadam  igitur  nocte 
sibi  revelatur  quod  cam  Gre^orio,  Romano  ponliSce,  maiHionem  sibi  sperare 
deberet.  At  ille  fortiier  ingetniscens,  parum  sibi  voiontariam  paup<rtatcm  pro- 


176  P. 

Por  ses  Ubors  en  l'autre  vie, 

Car  U  présente  a%-eit  guerpie  1 740 

Eninnement  por  soue  amour, 

Corn  iresioi  lu  monde  od  sâ  flour, 

Avers,  pecunes  Icmporaus, 

Nis  toz  ses  délices  ehamaus,  1744 

Ses  désirs  e  ses  volentez 

Por  soue  amor  ot  obliez  ; 

Si  se  fuT  mis  en  cet  désert 

Ou  il  01  roeini  ahan  sofen,     1748 

Faim,  seif  e  freit,  lempiations, 

Enfenez,  tribulations 

£  autres  mesabes  asez,  c 

Dom  negun  nombre  n'est  nombrez. 

E  porço  preot  Deu  soveni     17  jî 

Q^il  lu  feist  demaustrement 

Par  quei  de  vcir  pcûst  savcir 

Quel  Rucrrcdon  deùsi  avcir,   i7i6 

Tant  qu'une  nut  en  avîson 

Oït  Deu  sa  peticion, 

E  si  lu  disi  apencipeni  :        17^9 

«  Saches,  >  fist  s'il  '<  segurement 

«  Qe  la  mérite  ent  en  ma  gloire 

«  Avras  ovcc  mon  serf  Grégoire 

«  Qui  de  Rome  est  papes  sacrez.  » 

Lors  s'est  ci!  molt  desconforicz 

Qui  quidot  estre  deceû?,.         176^ 

Ses  mérites  e  ses  vertuz, 

Ses  jeûnes,  ses  oreisons, 

Ses  lermes,  ses  afflictions        1768 

E  sa  volontaire  poverte 

Od  trestote  s'auire  desserte 

Prisi  od  Grégoire  a  comparer. 

Mesurer,  asmer  e  peser,         1772 

Com  cil  qui  ireslote  sa  vie 


MORR 

Ne  prcisot  une  bêle  fie 
For  q'a  celui  fust  alouez 
Qui  tant  01  de  ses  volunicz.   1776 
L'or  e  l'argent  e  les  juaus, 
Les  autres  aveirs  tcmporaus, 
Oom  quidot  Greg.  estre  a  aise 
Acomparoi  à  sa  mesaise  ;        1 780 
Si  s'en  pleinst  de  nut  e  de  jor 
Si  com  icil  qui  sanz  retor 
Toi  en  travers  perdre  cremeii 
Quanqe  por  Deu  soufert  aveil  ; 
Quant  eis  en  avîson  regjere 
Par  devant  lui  nosire  Salviere 
Qui  lui  a  dit  en  chastîant  :  d 

a  Oi  ]  va,  a  fist  s'il,  <  qe  vais  con* 
;tant  17SS 
«  Tes  peines  e  tes  enfertez, 
u  Tes  iabors  dont  tant  es  grevez 
(i  E  tes  mesaises  infinités       1791 
"  Enconuc  les  seintes  mérites 
«  De  Grégoire  qui  tant  m'est  chier? 
«  Car  plus  es  orguittous  e  fier 
1  Soûl  de  ta  chate  senglemcnt 
i<  Q'il  n'est  de  quant  q'al  monde 
[apent.   1796 
«  Tu  ton  cbai  eimes  e  nourris, 
«  Bailles  e  beises  c  polis 
u  Com  celui  qui  par  grant  déport 
u  Te  fait,  soveaus,  qelqe  confbn, 
i<  Pues  q'es  lassez  de  tes  Iabors. 
«  Mais  Greg..  mi  cher  servitors, 
»  Ne  soi  conforte  negune  hore 
ce  Fors  soûl  quant  plus  por  mej  la- 
[bore,  1804 
•>  Com  cil  qui  riens  al  ne  désire 


ftiKM  pulabat,  si  cum  eo  remunerationein  reciperet  qui  tamis  mundialibut  divi- 
ttis  «bundiret.  Cum  ergo  Gregorii  divitiiï  sue  piupertatj  di«  noctDqu«  tuspi- 
ramlo  conf^rrM,  alia  nocte  audivît  Dominum   sibi  dîccntem  :  ■  Cum  divitem 

<  non  poss^sio  divltisnim  %e<i  cuDÎdo  bcial,  judes  paup«rlat«ni  tuam  Gregcni 
•  divitiis  comparare,  qui  magis  illam  catiam  quatn  habes  quoiidie  palpando 

<  diii^ere  comprolijins,  qu^ni  ille  tintas  divituï,  quit  non  amando  led  conteoi- 
■  nertdo,  cuncti^quc  libtralîtfr  largvendo,  disperiil?  >  llaque  solitarius  Deo 
gralias  retultt,  et  qui  merituin  suum  decrevis»  putaverat  si  Grrgorto  confcrrc- 
tur,  orare  upit  ut  cum  eo  maruionem  quandoquc  percipcre  mereretur.  —  177J 
Ml.  Porqa  ata  un  0  uatril  tur  U  q. 


^^^^^^^^^^^                U*    VIE    DE    S.    CH^COIRE    f'AR    FHÈRE    AWCIER                       177            ^^M 

^^H            u  Mes  por  m'amor  &ofrtr  manire. 

«  Ovec  celui  qui  tunl  t'est  chier.            ^H 

^^M            «  Tu,  poet  cel  estrc,  es  coveitous 

0  Desormès  toi  pri  e  requïer                 ^^Ê 

^^H            «  De  çû  dom  Te  senz  sofrejîous. 

«  Qe  ço  me  donges  deservir,                 ^H 

^^H            tt  Si  te  démentes  Ë  Jesheitcs  1S09 

K  Car  veirement,  sanz  riens  men-         ^H 

^^H            «  Por  ço  qe  n'as  quanqe  coveites. 

[tir,  1 848         ^M 

^^H            «  Car  por  îço  qe  riens  n'en  as 

tt  Bien  l'as  monré,  n'en  sui  pas        ^H 

^^B            «  Sovent  àh  :  »  Dcu  !  qe  ferai, 

[dingnes.        ^H 

^H                                                                          l8[2 

<c  Maisbiensatqelantesbem'ngnes        ^H 

^^H            «  Comment  cest  jor  irespfisseraî 

«  E  veirs  qe  ja  ne  mei  donras,               ^H 

^^H            V  Qui  nul  sosienemeni  nen  ai  P  n 

te  Si  tei  plaist,  meins  que  pramis         ^H 

^^H            «  Mais  icil,  lot  l'aveir  deL  monde, 

[ra'asj  1852         ^H 

^^H           «  Quant  plus  li  acretst  e  abonde, 

«  Tant  es  justes,  venais  e  pis                ^H 

^^H            «  Tant  l'ad  plus  vîl  e  en  despit. 

«  Ja  meins  n'Gvreîqe  m'as  pramis.B        ^^M 

^^H           «  Meins  l'etme  e  meins  en  2  deltt. 

Einsi  orot  li  eremite                             ^H 

^^H           c  E  ço  demousire  apertcment, 

Qui  tant  en  de scinte  mente;  iS;6        ^H 

^^H           «  Car  s'il  l'amast  veraiement  1810 

£  sachez^  d6s  lors  en  avant                   ^H 

^^1            <>  Tant  largement  pas  nel  donast, 

Alot  sa  vie  en  amendant             [b        ^^Ê 

^^H            «  N  cimi  pas  ne  l'csparpeillast 

De  mours,  de  venur.,  d'abstinence,        ^H 

^^^^_^    «  Tu  riches  es  en  ta  desiresce, 

D'umilité,  de  pacicnce            iSâo         ^H 

^^B                                               )û6 

E  de  quanq'  afiert  a  prodome  ;               ^H 

^^^^^     «  Mais  cil  est  povre  en  sa  riche&ce, 

Car  veirement,  ço  est  la  somme,           ^H 

^^H           «  Car  a  tei  est  ta  destrcsce  aise, 

Tant  com  melz  valeir  espereit                ^^M 

^^H            «  A  lui  sa  richesce  est  mesaise. 

De  celui  dom  sordeire  ereit,    1864        ^^M 

^^1           «  Tu  es  fiers  en  adversité,      1817 

Tant  se  penot  d'estre  meitbr.              ^H 

^^H            «  Cil  est  umblc  en  prospérité; 

De  celui  dom  fut  sourdeor.                   ^H 

^^H            m  Tu  en  puverte  es  orguilous, 

^H 

^^H            n  Cit  en  richcsce  umble  e  pitous. 

De  coMmione  gtniis  Angioinm  per        ^H 

^^B            «  Por  tant  ne  doiz  cstre  esmaiez, 

beatam  Crej^riam  in  fide  rettato-        ^H 

^^H            H  Ainceis  deiz  molt  estre  apaicz 

runt.  Via.                                            ^^M 

^^H            or  Quant  en  mon  règne  avr^s  paroi 

^H 

^^H            u  Od  celui  qui  melz  valt  qe  toi.  » 

Uimès  vos  dierrei  des  Engleis,             ^H 

^^H            Li  eremiie  atant  s'esveilie,      jSjj 

As  quels  Deus  dont  victoire  e  peisl         ^H 

^^H           De  ^  q'oit  molt  se  merveille. 

Com  par  Grégoire  c  ses  verluz  1 869        ^H 

^^H            La  vérité  ot  e  entent, 

A  la  Deu  fei  sont  convertuz.                  ^H 

^^H            E  por  ço  lors  granz  grâces  rent 

Ja  fut  li  tierz  an  trespassé                     ^^Ê 

^^H            A  celui  qui  de  toz  est  sire,      1 839 

Pues  q'apostoiUe  ereit  sacré   187a        ^H 

^^H            Qui  si  com  lu  plaist  lessoens  mire, 

Gregoires  li  Deu  servitour;                   ^H 

^^H            E  dit  :  <'  Beau  sire  Deus  Jhesu, 

S'icrt  entrez  cl  quait  an  mcini  jour,        ^H 

^^H           V  Louez,  aoure^  soies  tu. 

Quant  des  Engteis  soi  porpensot,          ^H 

^^H             «  Grâces  te  renc,  grez  e  mercîz, 

Les  quels  lonc  lens  en  porpos  01           ^H 

^^m             u  Qui  voelz  qejosoie  acuilliz  1844 

A  la  Deu  grâce  convertir.                     ^H 

^^^^K          1867  U,  xjuiij. 

1 

^^^^^H 

^1 

^~^^^^ 

^H             Lors  fist  par  devant  sel  venir 

A  ses  chiers  filz  en  charité}          ^^^| 

^H             Augustin  od  ne  sai  quanz  moines 

Messages,  frères,  compelgnon, 

^H             Qui  a  cel  oes  erent  idoines,    1880 

Saluz,  santé,  beneiçon.           1920 

^H             Religious  de  seinte  vie. 

Sachez,  mi  ami,  mi  fiz  chier. 

^H            Endoctrinez,  Je  s*abb«1e, 

Mielz  vaut  negunbiencommender 

^H             Enseniblement  ovoeqes  soi. 

Q^après  commencement  retraire, 

^H              Sis  commandot  qe  la  Dé  foi    188^ 

Carcommencerenonparfeire  1934 

^H             Ponasscni  jesq'en  Ëngteterre, 

Fait  home  vein  e  non  creable. 

^H            E,  s'il  puessent  ta  gent  conquerre 

En  lotes  oevre4  desestable  ; 

^H            Par  seinte  prédication, 

E  sachez  qui  desestable  est 

^H            Erraument  Au)^usiin  par  nom  1888 

Sor  totes  rens  a  Deu  desplest,  1 918 

^H             A  evesqe  ordener  feissent 

Car  escrii  csi  qe  meu^  vaudrcit   et 

^H             E  ses  commandemenz  siguissent 

Q'om  fust  ou  tôt  chaut  ou  toi  freit  ; 

^H             Corn  de  celui  qui  fui  lor  père. 

Car  cil  qui  Deus  tiède  trovra 

^H             A  ces!  mot  se  sont  mis  en  ère  1 893 

Fors  de  sa  bouche  lu  vomira.  1953 

^1             Vers  Ergleierre  a  grant  eapleit;   c 

E  por  ço  voi  lou,  mi  cher  fiz, 

^1             Mais  moh  erent  en  grant  deheic 

Ne  soiez  tant  espoouriz 

^H            C^is  ne  savoient  lu  langage 

Qe  por  negune  couardise 

^H             D'icclc  gcni  rude  e  sauvage    1S96 

Entrelessiez  tant  seinte  enprisc. 

^H            A  laquele  envolez  croient, 

Ne  vos  augez  pas  retreianr.     1917 

^M           Car  por  iço  se  rcpentoient 

Por  les  bnges  des  mesparlanz 

^H             Del  chemin  q'is  orent  enpris. 

Ne  por  labor  qe  vos  sofrez, 

^H           Si  erent  en  tet  desespeir  mis  1900 

Car  ben  vos  erlgucrredonez.  1 940 

^H           Qls  voustrent  miez  lomer  ariere 

Vers  la  gloire  del  gucrrcdon 

^H            A  Rome  q'en  celc  manière 

N'est  nui  travail  si  peiit  non. 

^H            Lor  vie  mettre  en  aventure     ipoj 

Cardez  donqes,  mis  chers  amîs. 

^H            Entre  la  gent  qui  tant  en  dure, 

Lu  bien  q'avcz  por  D6  enpris 

^1           Contraire,  enrevre  e  mescreante, 

Qe  de  trcstot  vosirc  poeir      194$ 

^H            E  meimement  non  entendante 

Vos  esfordez  de  t'acheveir, 

^H            Nis  un  soûl  mot  de  lor  sarmon. 

Car  veircmcni,  tôt  sanz  retour. 

^H             Dom  lors,  par  iceste  raison,    1908 

Perdu  sera  vostre  labour        1948 

^1            Lor  pastor  Augustin  tranmistrent 

S'il  ne  seil  de  meuz  acompli. 

^H            A  Rome  ariers,  e  si  requistrent 

En  sor  ço  vos  conmanc  e  pri 

^H           La  papee!  nom  de  Jhesu  Crist 

Qe  loz  soiez  obedient 

^H            Qe  del  chemin  les  asousist,     1913 

A  Augustin  vostre  abbé  présent 

^H            K  lor  deignast  congi>É  doner 

Qui  pastor  vos  est  assingné,  (9{j 

^H            Q'a  meison  puesseni  retomer. 

Car,  sachez  bien  de  vérité, 

^H            Mais  li  serf  Dé  tôt  erraument  191; 

Si  voulez  sa  doctrine  entendre, 

^H           Lor  rescrist  icest  mandement  : 

Ne  pourrez  pas  granmcnt  mes- 

^H           «  Grégoire  evesqe,  serf  des  sers  Dé, 

[prendre,  1956 

^^1                   >9Ji'>  AUiuiim  i  AiH>c.  III,  16,  malt  U  n'f  d  rien  di  itl  Jans  fùrigtnai  hua        ^Ê 

^H               dt  la  VU. —  I9J)  Uuz  AugStin,  iomnu  M  r.  2164.                                                   ^Ê 

^                                   LA  VIE   DE  S.   CR^GOIRE  PAR  FRÈRE  ANGIER                     1^9              ^^| 

^^V       Ainceis  a  grant  prou  vos  tourra 

E  si  n'i  demoureient  pas        1997            ^^Ê 

^^H         Si  faciez  quanq'is  vos  dirra. 

For  icns  atcndrc  haut  ne  bas,                  ^^Ê 

^^H         La  grâce  Dé  iresioz  vos  gart 

Car  erraumcni  i  ont  irovée                       ^H 

^^H         Qui  me  dont  ensemble  od  vos  part 

Une  nef  preste  aparaillée        3000           ^H 

^^H         Del  touierde  vosirc  iabour,    1961 

Qui  dut  vers  Engleicrre  atcir.      />            ^H 

^^H         Car  od  vos  laborcr  m'atour.  » 

Beaus  en  li  lens  e  pur  li  eir,                   ^H 

^^H        Od  cesies  lettres  crc  paie 

Prosprcs  li  vcnz,  soef  portanz,                  ^H 

^^H         Augustin,  si  s'est  repeirié,      1964 

Li  maringners  prouz  e  vailhnz.                 ^H 

^^H         Sesconpeingnons  réconforta./,  j  ùy 

La  mer  ereit  peîsible  e  bcle,  200$            ^^Ê 

^^H         Erraumenl  quant  il  les  Irova, 

La  nef  forte,  enirine,  novelc,                    ^H 

^^M         De  t'apostotial  message, 

E  si  n'j  ot  plus  qe  tarzier,                        ^H 

^^H         E  pues  tantost  enz  cl  veage    196S 

Car  toi  en  presi  quanq'ot  mestier.             ^H 

^^H         Ensemble  ovec  eus  se  metelt 

Entrent  La  nef,  deprient  Dé    2009           ^H 

^^H        Vers  Engleterre  a  grant  espleit, 

Q'ii  Les  conduie  a  sauvelé,                        ^H 

^^H        Passent  les  monz  e  les  valées, 

Lèvent  la  veile  al  mast  amont,                 ^H 

^^H         Meintes  ennulouses  jornées,    1072 

Lameracuillent,  si  s'en  vont.  3012            ^H 

^^H        Divers  (leveSj  diverses  terres, 

Sis  a  poncz  tant  ben  li  vent                    ^H 

^^M         Par  citez  de  diverses  guerres 

Q^arivez  sont  brève  ourc  en  Kent;            ^^M 

^^M        Ou  sovent  fussent  retenuz,     197) 

Ço  est  d'Engleterre  un  conté                    ^H 

^^M         Por  q'is  ne  fussent  meuz  conduz; 

Q^einsi  est  de  la  gcni  nomé,   3oi6            ^^| 

^^M         Mais  par  toz  Icus  vait  a  segur 

Vcn  orient,  proef  de  la  mer^                    ^^M 

^^H         Qui  condut  a  de  bon  seingnur; 

Pleniers  de  porz  por  ariver.                     ^H 

^^M         Noméement  qui  Deus  conduis 

Eislors  quant  arivez  eroiem,                   ^H 

^^H         Segur  vait  en  vent  c  en  pluie  :  1 9S0 

Erraumeni  plus  ne  demouroient,              ^H 

^^B         Ne  doute  orez  ne  maie  gent, 

Ainz  vindrent  al  roi  Adelben  ao2i            ^H 

^^H         Car  par  toz  leus  vait  sauvemcnt. 

Qui  d'icel  pais  sires  en,                         ^^Ê 

^^H         E  por  itani  sauvez  croient      1 9S1 

E  si  lu  disirent  lor  messages,                   ^^M 

^^M         En  toz  les  leus  ou  is  passoicni. 

Com  genz  senez.  discrez  e  sages,             ^H 

^^M        Corn  cil  as  quels  Deus  en  guiour, 

De  par  l'apostoile  de  Romme,  202  {           ^H 

^^M         Compaînz  c  duitre  e  sauveour, 

Demostfant  la  cause  e  la  somme               ^H 

^^H         Par  la  mérite  de  Grégoire 

Brefment  por  q'il  erent  venuz  :                 ^H 

^^H         Qui  lesKngtcisotcn  mémoire  198$ 

Li  rois  quant  les  ot  entenduz  2028           ^H 

^^M         Nut  e  jor  en  ses  oreisons, 

Erraument,  sanz  plus  demeurer,              ^H 

^^M         En  lermes,  en  afflictions. 

Lu  congié  lor  a  fait  doner                         ^H 

^^H        As  quels  sauver  furent  messages. 

De  proecher  parmi  sa  terre,  1031            ^H 

^^H         Ne  direi  plus  de  lor  passages,  1 993 

La  geni  a  la  Deu  fei  conquerrez               ^^M 

^^H         Fors  qe  passée  ont  Lombardie, 

Toz  ceus  qui  Deu  creire  vousissent           ^H 

^^H        Borgoingne  e  France  e  Normendie; 

Par  toz  les  lius  ou  is  ventssem                ^H 

^^H        Si  sont  venuz  jesq'a  La  mer 

Segurement  toz  receùssent,     lojj            ^H 

^^H        Tôt  sauvemcnt,  sanz  encombrer, 

Homes  e  femmes,  qui  qli  fussent.            ^H 

^^H             t977-8]  Maximti  qui  ne  se  iroiaviit  j 

gjj  itaiu  It  ItiM.  —  1997  demoureient,            ^H 

^^^^         fit;  corr.  demourerenl.  —  loi  1  la,  ms. 

^M 

.l90  T>.    VEYER 

B  en  som  ^o  plus  lor  feseii,  c 

Car  lot  quanq'onc  mestier  ereit 
A  trcsiol  lor  soslenement 
Lor  fist  livrer  benignement    2040 
En  la  cUé  de  Canterbire 
Dom  il  ereii  princes  e  sire, 
Meisons,  afiementz  e  rentes. 
Dom  lors,  sanz  plus  Longes  atentes, 
Augustin  li  Ocu  ami  chier      304^ 
Lu  nom  Deu  prisi  a  proechler, 
Portant  devant  sei  hautement 
Une  croÎTi  pctiie  d'argent,      2048 
Très  parmi  la  dite  cité, 
Tant  qe,  par  la  grâce  de  D* 
E  par  la  prédication  20  j  1 

Dom  Augustin  lor  fist  sarmon, 
Plusors  a  Deu  se  convertoient 
Si  corn  ceus  qui  csprts  eroient 
De  lor  vie  innocente,  emrine 
De  la  celesiiau  doctrine,        3oj6 
Qui  tant  ert  douce  c  saluable, 
Si  qe  tors  ve'issiez  sanz  fable 
La  gent  venir com  aconienz  ao(ç> 
A  presse,  par  raillers,  par  cenz, 
Qui  pristrcnt  a  Maufé  neier. 
Si  sei  fesotent  bapioin* 
El  nom  de  scinte  Trinité  ; 
Dom  Augustins  ti  ami  Dé,      2064 
Toi  erraument  quant  îço  vît, 
Arcre  en  France  revertit, 
Si  com  li  papes  commanda 
Quant  cel  message  lu  chjirga,  306S 
Q'evesqe  se  feïst  sacrer 
Por  q'il  peûst  tant  esplciter 
Qe  les  Englcis  pcust  conquerre. 
Lors  vint  al  bon  evesqe  Euihcre 
Qui  la  cit  Arelas  gardot  ;  d 

Cil  a  evesqe  lui  saaot 
Par  lu  commant  de  l'aposloille. 


Dom,  quant  enoînt  ht  del  seînt 
[oille,  2076 
Erraument  s'en  revint  ariere 
Lu  chemin  par  ont  venuz  iere 
En  Engleterre  l'avant  dite. 
S'ad  taniost  a  U  pape  cscritesoSo 
Des  Engleis  la  conversion 
Ensemble  ovec  sa  sacreison  ; 
Nis  od  lot  iço  lu  requtst 
Qe  de  ses  clers  lui  iramisist    2084 
Saives,  idoines,  covenables 
Qui  lu  pussent  esire  adjuables 
En  mours,  en  vie,  en  sapience 
A  seminer  la  Deu  semence,    2088 
Car  molt  en  i  ot  a  sîer, 
E  poi  qui  puessenl  laborer  : 
MoU  en  i  ot  des  blez  meuors 
Vers  ço  q'il  i  ot  poi  siors.       2092 
Crani  joie  en  01  estningemeni 
Li  papes  d'iccst  mandement, 
E  por  ço  lors,  dis  q'il  l'oît, 
Erraument  de  sesclerscfaoîsit  2096 
Trestoi  les  miedrcs  proechors, 
De  senSj  de  science  e  de  mors, 
Q'il  seust  enlor  set  enquerre  ; 
Sis  enveiot  en  Engleterre,      2100 
Desquels  erent  li  principaus, 
Estrur  en  Deu,  fers  e  lei.ius, 
Justus,  Mclides  e  Rufins 
E  li  bons  preechor  Paulins    2104 
Qui  archevesqc  ert  pues  sacré 
n'  Everwich  la  noble  cité. 
Iccs  quatre  od  autres  plusors 
Tramist  Augustin  a  soccors   2108 
La  fei  as  Engleis  enseingnier,/.  1 68 
E  si  lu  fist  nis  envoier 
Eccle^iaus  aoumemenz, 
Livres,  reliqes,  veslimenz      21 12 
Ovec  meintes  autres  afaires 


3064*79  *  Quïpropler  Aoguïtinus  Arelat  venir,  et  secundum  Cregoriï  jusiio- 
■  nem,  ab  .'t^iherio  episcopus  con&cilutus,  in  Britanniam  remearit.  *  II,  xxktj. 
—  )oH9-oi  ■  eo  quud  inc»ein  quiciem  multam  habcret,  operarios  lateni  piu- 
«  COS.  »  II)  xiivî.  —  ïlo(-6  AJdiim  da  Uaiatttar. 


^^^^           U    VIE   DE   S.    GRÉGOIRE   PAR   FRÈBE   AHCIKR                     |8l               ^| 

Qui  a  lui  furent  nécessaires. 

E  se  feissem  tabernacles,                       ^H 

Croce,  anel,  mitre,  paillon  ; 

Pavillons,  tentes,  habitacles  3i)3          ^H 

E  &i  lu  commandoi  par  nom  1 1  lû 

De  foilleies  c  de  ramiers,                        ^^M 

Qe  douze  evesqes  dcsouz  sei 

Tôt  par  environ  les  mosiiers                    ^H 

En  Kern,  enz  en  s'arceveîqei. 

Des  seinz  manirs  D^  prccious,                 ^^Ê 

Bons  clers  idoines  ordenast. 

Si  q'od  convives  religious       3 1 56           ^H 

En  som  ^o  matidot  q'ii  sacrait 

Les  seintes  festes  célébrassent,                 ^H 

Un  arcevesqc  a  Everwic,       ii3i 

Q'ensemblcod  Deu  ses  seinz  paas-           ^^Ê 

E  ensement  un  autre  eslit 

Einsi  %-ot  q'eE  fust  establi  ;     [sent,           ^^M 

Qui  fust  arcevesqe  sacré 

E  sachez  bien  irc&toi  de  fi      3160           ^H 

Meisi  a  Londres  la  cité,          il  34 

Qe  nosire  Sire  al  men  espeir                  ^H 

Si  q'is  eussent  par  cosiome 

Ben  s'acordot  a  son  vouteir,                    ^H 

Lu  pallion  del  se  de  Rome, 

Car  tant  donot  grâce  as  sarmons             ^H 

E  qe  cil  dui  tant  solemem 

D'Augsùn  e  de  ses  compaingnons            ^^M 

Par  desoz  sel  toi  ensement    iii8 

Qe  quanq'is  de  bouche  disoient                ^^M 

Oo2e  esliz  sufTragans  sacrassent 

D'apenes  veriuz  confermoient,                ^H 

Qui  scinic  iglisc  od  eus  gardassent. 

Si  q'en  poi  de  tens  iiani  firent                 ^H 

Pues  commandot  q'après  La  tin 

Qe  toz  a  Deu  se  convertirent]  16S           ^H 

j^H            [>el  bon  arcevesqe  Augustin    2 1  ji 

Li  baron,  )i  conte  e  li  rois,                     ^H 

^^M           Kntr'cus  fust  principaus  nomé 

Tant  qe  diz  mite  des  Engjois                  ^H 

^^ft          Icil  qui  fusi  en  ordre  ainz  né. 

RI  premier  .in  c  plus  asez                        ^H 

^^M          Un'  autre  ren  vot  que  îeissent  : 

Furent  en  Deu  régénérez.      3172           ^H 

^^1         Lts  temples  pas  ne  destruistssent 

Dom,  por  ço  qe  la  converson                   ^^Ê 

^^1          Ou  oem  seul  sacrer  as  mahons. 

Des  Engleis  dom  ioï.  mention                   ^^M 

^^M          Ainceis  fussent  muez  les  nons; 

En  faite  par  ceslui  Grégoire,                   ^^Ê 

^^H           Mahûmerie  église  faite, 

Bien  est  raison  qe  la  mémoire  1 176          ^H 

^^H          Seimetiée  d'aeve  benaite  ;       1 1 40 

Des  venuz  qui  de  lui  sont  dites,              ^H 

^^P         E  por  iço  q'Engleis  souloient 

Par  irestote  Engleterre  escrites,             ^H 

^^H          Quant  as  maufcz  secrefioieni 

Uimés  vos  seit  denoniiée.                       ^H 

^^H          Occire  buefs  a  desmesure, 

^H 

^^M          Ne  vouleit  pas  q'icele  cure     il 44 

D«  partictûa  Dominici  corporis  in          ^H 

^^B          Fust  en  travers  entrelesstle,         b 

caméra  cruentatam  mtttata.  IX,              ^H 

^^H          Ainceis  vot  q'einsi  fust  muée 

^H 

^^M          Q)u  festes  des  dediemenz 

Une  matrone  renomée        c  3180           ^H 

^^M         S'asemblasscm  totes  les  gcnz  3 14S 

Manante  en  la  cité  de  Rome                    ^H 

^^H           E  as  hautes  soUemnitez, 

Un  jor  vcneit,  segoa  costome  ;               ^H 

^^H           Si  corn  ainz  furent  acostomez, 

Si  offrit  ses  oblations                             ^H 

^^H                3ll6>)o  •  Milit  ci  et  palltum,  jubent 

ut  sub  Dielropoli  sna  Caotiac  doodecin            ^H 

^^H           (  episcopos  ordJRjret,  ad  Landomam  et  Eburacani  siôgulos  cpitcopss  nitterct,            ^^M 

^^^M            •  (}uî  sub  i£  dviude[:im  aihiloirlnut  cpitcopos  consKraptcs,  palliuiii  sb  apos-             ^^| 

^^H           t  tolica  sede  pcrcipercDl    *  II,  iitvij 
^^H           «  Afifilornin  génie  idoloruni  Una  non  de 
^^H           ■  in  Easilicas  dcdîcaret.   ■  II,  i»vij.  - 

—  iiji-^''  *  Pmepit  quoque  ut  in           ^H 

■sliucrel,  sed  sanclificatis  jquts  respersa            ^^H 

-31(8  Adililion  4a  uadûCUur  —  1 1  w*           ^H 

^^H            79  Imài  librtmtnt  de  ta  fin  du  th.  xiiviii  --  2t8o  II,  slj.                                            ^^M 

^^^H    182                                                              MEVER                                                                 ^^^1 

^^^V  A  la  pape  as  estations           2 1 84 

Com  oem  compunct  e  esbahi,  2214        ^M 

^V        Ou  il  U  ntess«  cetebrot, 

D'cinsi  très  forte  mescreance                ^Ê 

^H         Mais  a  ço  qe  doner  II  vot 

Dom  oit  la  regehissance,                  ^^^Ê 

^^L^    Lu  sacrement  après  la  messe, 

Taniost  par  grani  dévotion              ^^^| 

^^^K  Cez  taoz  dut  a  ta  pcccheresse  : 

S«  mist  a  terre  en  oreison      2228         ^M 

^^^V    «  Cist    seint   veir  cors  de  Crisl 

Od  trestoi  lu  poeple  présent.           ^^^Ê 

^H                                      [Jhesu  3189 

E  si  [te  demoura  fors  brefment,        ^^^| 

^H         «  Garge  t'aime  en  veire  salu, 

Quant  sus  de  terre  se  dresça,            ^^^B 

^H         «  E  toi  dont  vie  pardurable.  u 

Lu  pein  qe  sus  l'auier  posa    23j2    ^^H 

^H        A  cest  mot  lors,  corn  non  creable. 

Trovot  mué  en  char  sanglante.        ^^^| 

^H         Icele  se  prist  a  son-ire;          itç); 

Lors  a  la  femme  mescreante,           ^^^| 

^H         E  H  papes  sanz  rens  li  dire, 

Veiam  lu  poeple,  la  mosirot.            ^^^| 

^H         Erraument  quant  la  vît  riante 

Si  fist  tant  q'il  la  ramenot       22}6    ^^H 

^H         Pensot  q'ele  ercti  mescreante,  2 1 96 

A  la  grâce  de  dreite  fei.                   ^^^Ê 

^H         E  si  reiraist  tamost  sa  mein 

S'en  fiji  toi  li  poeple,  ço  crei,          ^^^| 

^H         De  sa  bouche  od  Lu  scint  veir  p«n  ; 

En  sa  créance  confermé,                   ^^H 

^H         Sil  remist  sus  i'auier  ariere, 

E  Deus  en  ses  venux  loué.    3340    ^^H 

^H         Pues  vers  II  se  virot  regiere,  3300 

Pues  se  mist  H  Deu  ami  chiers          ^^^| 

^1        E  li  dist  :  «  Di,  fote  provée^ 

A  terre  en  oreison  revers               ^^^| 

^H         u  Dont  te  vint  icele  risée  ? 

Ensemble  od  trestote  la  geni  ;         J^^H 

^H         u  Porqci  reisis  tant  folement  220^ 

S'orercnt  tant  dévotement      3344    ^^H 

^H         n  Quant  t'ofîri  lu  setni  sacrement  ? 

Qe  la  chamale  créature                    ^^^Ê 

^H         ■  Di  meî  tu  vdr.  ne  roc  mentir.  » 

Revint  ariere  a  sa  luture  :              ^^^| 

^1         De  home  se  prist  enrougir 

Si  hit  de  chief  en  pein  muée            ^^^B 

^H         La  matrone  a  cesie  parole 

La  char  e  dingnement  usée.  3348          ^M 

^H         E  si  se  tut  com  nïce  e  foie      3308 

H 

^H         Ben  longes  sanz  negun  mot  dire  ; 

De  hrandeo,  id  est  paano  altaris,          H 

^H         Neporoec.  a  la  fin,  par  ire, 

inciso  tt  sanguine  emtittato.  X.             ^M 

^H         Com  mescreante  res pondit  :   33 1 1 

^M 

^H         «  Jo  m'en  ris  a  bon  dreJt,  ço  quit, 

Autre  miracle  merveillable  /.  169    ^^H 

^M         V  Car  une  rien  qe  ne  crci  pas 

Qui  a  cest  est  asez  semblable           ^^H 

^1         «  Certemeni  por  veir  affermas, 

Refeiseit  par  un  autre  tens;              ^^^Ê 

^K^    «  Disant  qe  cil  demelne  peins 

Si  vos  dirrei  bien  en  quel  sens.         ^^^| 

^^^H   «  Qe  )0  hs  de  mes  propres  meins  d 

Une  ne  sai  quele  haute  gent,  2353    ^^H 

^^^V  «  Ercit  li  veir  cors  de  Jhesu  3217 

Manantc  devers  occident,                 ^^^Ê 

^H^        «  Qui  por  nos  fut  en  croiz  pendu. 

Par  ses  messages  l'en  requist           ^^^| 

^H         «  Por  cest  dit  m'en  ns  a  bon  dreit, 

Qe  reliqcs  lor  tramisist           2256    ^^^| 

^H         «  Car  quels  ocm  d'iço  vos  crereit 

Des  preiious  martirs  de  Rome.          ^^^B 

^H         «  Suri  ço  q'il  ne  fust  enclianté 

E  cil  lantosi,  segon  cosiome           ^^^| 

^^^  «  Oti  dd  tôt  fol  e  asotlé  ?  » 

Sus  l'autier  prent  une  touaille.         ^^^H 

^^^P  TuM  dht,  e  li  Oeu  cher  ami, 

S'en  irenchc  forsd'une  cisaille  2260          H 

t""''-""""'"""""'""'  d 

.    .    J 

U   VIE   OE   S.   Glt£COIItB   PAR   FRKRE   ANCIER 


Ne  sai  quames  bdes  cJnceiies  ; 
Sis  mtst  en  boisies  peùleites. 

Pues  sis  ad  ben  cnsadées 
E  as  diz  messagers  livrées      2264 
Qui  erraumeni,  od  digne  enour, 
Grâces  rendant  al  Crealour. 
Vers  lor  terres  les  aporioient, 
Quant  el  chemin  se  porpensoieni 
E  disoiem  par  entre  seî  :       2269 
«  Nos  aponons  ne  savons  qd  : 
«  Trop  semés  partis  folen>eni 
«  Quant  ne  savons  certdnement 
«  Qi:el  seiniuarc  od  nos  portons. 
■  Car  feimes  ben  :  si  pesceons 
tt  Les  boistes  qui  nos  sont  baillées, 
H  Cartostscroniraparaillées, 2276 
u  Por  savetr  s'il  i  a  dcden/. 
t(  Ou  char,  ou  sanc,  ou  osseinent 
«  De  confesser  ne  de  manir.  » 
A  tant,  par  commun  aseniîr,  2280 
Totes  lor  boistes  pesceicrent  ; 
Mais  de  lot  ço  q'is  esperereni 
N'i  ont  irovj  qe  vausisi  maille, 
Fors  les  pièces  de  la  touaille  2284 
Les  queles  H  papes  i  mist.  b 

«  Par  les  reliqes  qe  Deu  fisl  !  » 
Fesoient  lors  li  messagers,      2287 
«  En^ngnez  sûmes  en  travers. 
«  One  mes  gent  ne  fut  si  traie. 
<>  Beau  lire  Deus,  U  vosire  aie  ! 
9  A  noz  seingnorsqei  respondrons 
<i  Quant  en  noz  terres  revendrons  ? 
V  A  bon  dieit  por  fols  nos  len- 
[dront  32 9 î 
cr  Desquant  la  vérité  savront, 
«  Car  por  lanterne  la  vessie 
('  Lor  aportons  :  n'i  ad  qil  nie. 


.8, 

«  Qe  ferons  ?  soyons  l'dnsi  ?  2297 
*  Ne  place  a  Deu  I  car  vif  boni 
u  Serions  a  trestoz  jors  mis  - 
«  Ainceis  revenirons  adès      ajoo 
«  SanzdemourerversRomeariere; 
«  Si  savrons  par  quele  manière 
<  E  par  qui  sûmes  si  gaU>e2.  > 
A  cest  mot  s'en  sont  retomez  2  {04 
Lu  chemin  par  ont  Is  venoieni  ; 
Tôt  erraument  si  s'en  pldngnoiem 
Par  ordre  a  toz  les  canlenaus  ; 
Si  dislrem  qe  molt  pr  ert  faits 
Li  papes,  veins  e  ypocriics,  2(09 
Quant  viles  cinces  por  reliqes 
De  viclz  dras  lor  ot  ^t  doner; 
N'erent  pas  enfanz  por  gaber  2112 
Lor  scingnors  qui  la  les  tranmis- 
[treni, 
Ainceis  crem  trestoz,  ço  distrent, 
Riches,  mananz  e  poestis. 
Pailles,  samiz  e  porpres  bis    2ji6 
En  orent  asez  plus,  sanz  gas, 
Qe  loz  ii  Bomein  de  viez  dras. 
E  por  ço  pas.  si  tu  pleùst, 
Li  papes  gaber  nesdeust       2j2o 
Car  seûst  il  de  vérité,  e 

Si  ço  ne  lor  fust  amendé 
One  feupe  n'en  plus  cher  vendue. 
Trestote  en  fut  la  court  esmue  2  )  24 
De  la  grant  noise  qe  fesoient 
Li  messager  qui  se  pleingnoient, 
Tant  qe  nîs  lî  Dé  ami  chicr 
Grégoire,  amont  jesq'a  rauiier2)28 
Ou  donqes  ta  messe  chantot. 
La  noise  e  la  pleinte  escoutot, 
Ensemblemeni  od  les  manaces; 
C  por  ço  lors,  après  les  grâces, 


a]9J*6  11  va  uaj  Jiri  ^b'U  a'j  a  pas  Ira»  dant  U  tixU  dt  tctU  Ituutioa 
provimalt^  éont  nom  m»u  iti  U  plut  diuien  excmpU  cùmu  :  tf.  Lt  Rw*  dt 
lUnti,  Le  Livre  des  prov.,  I,  307.  Lt  traiudmr  t'a  Jlûil  dhi  itm  4ani  U 
prohgac  dt  sa  uaJunion  du  Diclofiuf  :  Molt  par  est  donc  fol  irichcour  |  Qui 
vent  le  pis  por  le  meillour,  |  Car  moH  est  plein  de  tricherie  |  Qu>  pof  lanterne 
vent  vessie  {fol.  9  c). 


^H            184                                              MCrCR                                       ^^^^^H 

^H           Quant  iu  mitta  est  fut  dit,      2  j  j  I 

A  une  VOIE  Toz  escrioient,             ^^H 

^H           ErniumenI,  sans  plus  de  respit, 

Com  ci!  qui  esbahiz  croient,           ^^^| 

^H           Les  cincettes  devani  nomées 

u  Beau  père  Deus,  hauttsme  sire    ^^H 

^H           Ad  par  en  som  l'aaiier  posées  ; 

u  La  qui  vertu  tant  par  est  mire,          ^M 

^H           Si  sei  tnist  jus  en  oreison        2)}7 

K  Qui  tant  es  pides  e  puissanz,             ^M 

^H           A  terre  par  dévotion 

«  De  nous  chaiiti^,  las,  repenlanz,       ^M 

^H           Ovec  tôt  lu  poeple  prescm. 

u  En  eies,  s'il  te  pleisi,  merd.  »           H 

^H           Deu  deproiant  omnipotent      i^o 

Lors  quant  qo  vil  li  Dé  ami,   2  )8o       H 

^H           Qe  signe  apert  dcingnast  monstrer 

Hegiers  od  eus  se  mist  a  terre  :            ^Ê 

^H            Doni  al  poeple  peust  prover 

Si  prisirent  ioz  Dé  a  requerre,             H 

^H            Qe  ço  q'ot  envoie  de  Rome, 

Q'onqes  d'ourer  ne  se  cessèrent           H 

^1            Segon  l'anciene  costomc         i}44 

Tant  qe  trestoles  closes  erem  2 184       H 

^H            Des  seinz  q'e'msi  lu  soient  hirc, 

Les  plaies  e  li  sancs  estancbïez  ;           H 

^H            Dut  reliqe  esire  e  seintuaîre. 

Dom  toz  en  Deu,  joious  e  liez,             ^Ê 

^H            £  si  com  reliqe  encré. 

A  nostre  Sire  omnipotent                     H 

^H            Pues,  quant  orent  asez  ouré,  1J48 

Craces  rendoient  dévotement,:  )S8       H 

^H           Sus  de  la  lene  sei  dresçot 

E  a  Grégoire  son  serf  chier.                 H 

^H            E  Les  messages  apeloi 

Si  pristreni  Ion  li  messagier                ^Ê 

^H           Qui  n'orent  pas  cntrine  fei  ; 

Del  pape  les  cinces  nomées,   2)91        H 

^H            Sis  fist  ester  plus  proef  de  id  2  )  ;  2 

En  boisies,  si  com  ainz,  fermées,        H 

^H            Ou  107.  porenl  apert  voier 

Sis  portoient  liez  e  joiani     /.  170        H 

^H            Les  dnccs  par  en  som  l'altier, 

A  lor  terres  grâces  rendanc                   H 

^^Ê            Pues  fist  com  li  papes  Leîon  23)5 

A  Deu  de  ses  seintes  vertuz  ;                H 

^^^M      Qui  tant  par  crt  de  gram  renon  : 

Ë  lors,  quant  ^rent  revenus,  i;(>6       H 

^^^V      Erraumcm  prisi  un  couielet         d 

Taniosi  a  lor  seingnors  comoieni    ^^H 

^V           Trenchant,  a  pointe,  petitet, 

Des  reliqes  q'is  aportoient             ^^^^ 

^H            S'en  poinsi  les  cinces  soveni  menu  : 

Trestotc  la  dite  aventure.               ^^^B 

^1            Dom  lors  i  fisi  Deus  sa  vertu,  2  j6o 

•  E  cil  errant,  od  digne  cure,    2400  ^^H 

^H            Car  parmi  tôles  les  pointures. 

Deu  merciant  lu  creaior.              ^^^H 

^1            Si  com  de  vives  créatures, 

Les  reçurent  a  grant  enor,           ^^^| 

^1           En  issit  fors  li  sancs  vermeils. 

Sis  misirent  en  leu  seint  e  dingne.      V 

^H           V  Deus!   tant  est  haut  tis  seinz 

Un  autre  apert  merveillous  signe         H 

^1                                    Iconseilz  !  »  i}64 

Vos  pues  reconter  de  Grégoire             ^M 

^H            Fesolenl  lors  11  messagiers 

Qui  ben  deit  mis  esire  en  mémoire.        H 

^H            Qui  ainceis  tant  par  ereni  fiers. 

H 

^H            Qui  dont  &rent  plus  poourous 

Oe  magis  propier  cjbaUam  pontifias  ^^H 

^H             Quant  ainz  erem  plus  o:^uil1om. 

miraculoîe  txcetatis.  XI.        ^^^M 

^H            E  plus  confus  e  plus  matez     2^6^ 

^^H 

^H           Quant  Jurent  ainz  plus  sorquidet. 

Uns  riches  oem  romein  ereit               ^M 

^H           Ensemble  od  trestoie  la  geni 

Li  quels  sa  femme  despiscit    240S       H 

^H            Qui  vit  cel  miracle  présent,    2^72 

A  tort  e  a  grant  desraison.                   H 

^^^^B          3407  *  QuidiD)  prxteru  divitum  Romanoruni.,.  •  II,  sliij.                       ^^^H 

LA   VIE   DE   S.   OftÉGOtRE 

Si  fut  por  iceste  acheison 

Par  nom  dd  pape  escumungié, 

Vers  qui  tant  par  erdt  irié     241 2 

Q^e  por  poi  ne  dut  aragier, 

Car  ne  se  pot  de  lut  vengjer , 

Tant  en  de  grani  auctorité, 

Pai.  si  corn  il  voi^a  son  gré,  2416 

Neporocc  tôt  son  poeir  list 

Q'en  quelle  guise  l'occeist, 

Ou  par  force  ou  par  traison, 

Par  an  ou  par  subduction.     1410 

MÙ  desquani  par  force  ne  pot, 

De  trahison  se  porpensot; 

Si  quereit  adjue  et  soccors 

A  ne  sai  quels  enchanieors,    2414 

(Je  par  doner  qe  par  pramettre, 

TaM  q'îs  se  durent  entremettre 

A  Creg«re  tolir  U  vte,  h 

Par  engin  d'art  de  sorcerie,    3428 

Tant  soutifinent,  en  trahison, 

Q^Dem  n'eûst  de  lui  sospeçon. 

Li  jorcere  ercnt  tenebrous, 

Deïa  premesse  coveitous,     34Î3 

Cv  qui  sereit  tant  alumez 

he  fuft  de  pecune  assorbez 

Por  qeî  q*û  l'esperast  aveir  ?  24Î  $ 

Par  scQs,  pr  art  ou  par  saveîr, 

Qofd  qe  fiisi,  a  dreit  ou  a  tort, 

La  pape  lui  rendreient  mon; 

Ço  lu  pramislrent  veirement, 

Ê  o  disaient  nis  comment  :    2440 

•  S'a  cheval  s'en  veit  quciqc  part 

■  Tam  lu  ferons  d'engin  e  d'art, 

•  Por  qei  qe  lu  cheval  veions. 

■  Ja  sdi  iço  qe  ne  peussons   2444 
«  A  son  cors  faire  negun  mal, 
«  Q'espin  maligne  en  son  cheval 


TAR   FRÈHE  ANGIER  iBf 

«  Enlrira  par  enchantement, 
u  Sil  crucira  tant  cruaument  2448 
«  Q'ensemble  amdui  trubucheront, 
u  Si  qe  les  cous  lor  briseront,  n 
Molt  par  ereit  d'icest  covant 
Li  dit  avoilire  lez  e  joiant,      3412 
Quant  un  jor  U  voie  agueîtot 
Par  ont  li  papes  passer  voî, 
Segon  coustome,  en  oreisons 
Sarmoner  as  estatîons  ;  34^6 

Si  fist  ses  sorccors  ester 
Joste  la  voie  ou  dm  passer 
En  un  haut  ku  tant  eminent 
Qf  bcn  porent  apcrtcmcnt      1460 
Lu  papeod  son  cheval  choisir. 
Ors  porrez  ja  merveille  o'ir. 
Pas  avant  autre  bêlement  c 

Errot  tl  papes  simplement,      2464 
Quant  vint  endrelt  les  sorceours  ; 
Mais  une,  <^q  quid,  teons  ne  ours, 
Ne  tor?,  ne  tigre  ne  lepan 
N'autre  beste  de  maie  part     3468 
Plus  cruaument  ne  desrcia 
Qe  li  cheval  q'il  chevaucha; 
Car  lors  en  diverse  manière 
Saillit  avant  e  pues  ariere      2472 
Corn  jugleres  qui  se  debrisc  ; 
Pues  erraumcni  en  autre  guise 
Soi  virot  trestot  environ 
Plus  vislemeni  qe  champion  3476 
Qui  souz  l'escu  semosleenchamp. 
Si  arbrot  nis  des  piez  d'avant 
Corn  chievre  quant  rampist  porierre, 
Q'a  poi  ne  reversot  arierrc,    2480 
Od  ço  se  prist  tant  a  escourc 
Hisdousement  e  sanz  demeure, 
Qe  negun  frein  ne!  pot  tenir. 


1416  Itfgm  eoaslniire  pas  avtc  ne  se  pot  da  v.  3^14  :  1  AuctoritaKm  lanti 
(  poMiiut  evacuare  non  prxvjl«ni...  •  —  J4;j  Lt  mt.  a  plalôt  covettous, 
mmi  cf.  1807.  —  3447  Entrira,  îic  ,-  cf.  autritant  471,  rcptirira  461 .  —  24^1 

■  Hjc  iBcoius  iodeK  potliciutione  Ijrtatus.  ►  —  ï466-9a   //  ^  a  limpimtnt 

■  itti  II  Inte     Ccinque  magi  ,..  mapum  pontificcm  cognovjiscnl,  immisto 

■  dcmonc,  tan  fortiter  ejos  equum  vciari  (ccerunt,  ut  ounquaci  a  sessore  sive 
*  aitratoriiiui  teneri  poss«  puUrelur.    > 


^^^1                                                                                  MEYER                                                      ^^1 

^^H          Si  l'oissez  ni$  tant  henir        24S4 

Ne  tor  vot  lor  vcùe  rendre,    [an. 

^^^H          Qe  ben  puessez  jurer  sanz  fable 

Por  tant,  ço  poet  oem  ben  enten- 

^^H           (^en  son  vcmre  ot  lu  vif  deable  ; 

Qe  maes  la  maie  an  ne  leûsscnt 

^^^^          Car  veirement,  s'en  lui  ne  fust. 

Par  quei  lu  poeple  deceusscnt. 

^^^H          T.int  desreier  pas  ne  peùsi.    2488 

Ainceis  les  leissol  assorbe?..    3  {29 

^^^Ê          Ne  quidcss«z,  ^  en  est  h  sotnme. 

Mais  veirement  tant  en  discrez 

^^H          Qe  jamis  fust  dantez  par  omme, 

Qe  pas  ne  vot  q'is  sofrisissent 

^^H          Ne  qe  cil  qui  sus  lui  se  sist 

Mesaise  dom  is  perississent,   2$  )t 

^^^B          Ja  vil  de  lui  s'en  partesist,      2492 

Ainceis  lesttsl  jesc^'al  mourir 

^^H          Non  eus!  il  fait  veirement 

De  scinte  iglise  sostemr. 

^^H          Si  nostre  Sire  omnipotent 

^^H          Ne  l'eùst  de  la  mort  gardé. 

De  anima  imperatoris  Trajani  a  peait 

^^H          Mais  onc  por  ço  li  ami  Dé     3496 

infernaïibuj  tiberata.  XIL 

^^H          N'estriu  ne  saele  ne  guerpît, 

^^H          Ainceis  lors,  par  seint  Esperit, 

Reconter  soelent  de  seint  Grégoire 

^^H          S'en  avertit  de  l'enemi           3495) 

[/-  171 

^^^1          Dont  sis  chevaus  ereit  saisi  ;         d 

Li  dit  Engicis  un'  altrc  istoire  35  j6 

^^^M          si  se  seingna  de  sa  raein  désire. 

Qui  ne  fait  pas  3  trespasser. 

^^H          Of$  pocz  oir  venu  de  prestre  : 

Un  jûr,  ço  dicnt,  al  passer 

^^^1           Onc  plus  toi  ne  se  fut  seingné 

Del  noble  marcheïl  Trajan 

^^^1          Qe  sis  cheval  n'ereil  sané       3(04 

Qi  emperiere  ereit  roman,      3{4o 

^^H          Plus  simples  qc  ne  seil  aingnels. 

En  trespassant  soudéecneni. 

^^H          Si  ert  nis  li  miracles  tant  bels 

Se  remembroi  d'un  jugement 

^^H          Q^od  lu  seint  singne  de  la  croiz 

Lu  quel  U  dit  Trajan  feseîL 

^^H          As  sorccors  tolit  tes  oiU,        j  (oS 

Si  vos  derrei  com  ço  fui  fait.  2544 

^^H          Autresi  corn  d'une  laricre 

Icist  Trajans  empereiour 

^^H          Lor  fust  percée  la  lumière. 

En  ost  s'en  esmeu  un  jour 

^^^1          Si  commandot  erraument  lors 

Sour  ne  sai  quele  gent  conquerre. 

^^H          Q^oem  les  enjetiast  vilment  fors 

Quant  es  vos,  très  parmi  la  guerre, 

^^H          Del  leu  ou  is  erent  cute£.       3  p  { 

Encontre  lui,  enz  el  chemin,  2)49 

^^^H          Einsi  fut  par  les  assorbez 

Une  vedve  de  povre  lin 

^^H         Tote  aperte  la  traïson, 

Vcneii  plorante,  eschevelée. 

^^H         Car  tantost  en  confession       3 }  16 

Com  femme  de  doel  forsenée.3}f> 

^^H          La  vérité  reqenoissoient, 

E  si  se  picirat  tôt  en  plorant  : 

^^^1         Regehissanz  com  is  croient 

«  Mis  fiz,  tist  s'ele,  est,  lei  régnant, 

^^^P          Par  cel  avoiltre  deceuz.         2^19 

if  A  grant  dolor  ocds  a  tort, 

^^^F          Pues  furent  nis  tant  convertuz 

«  Mais  por  iço  qe  de  la  mort  i{  56 

^^K            Q^is  prisirent  deable  a  neier, 

it  Ne  me  poez  faire  recovrer 

^^^1          Si  se  fesoient  baptoier 

■  Fai  la  soveaus  par  dreit  venger.» 

^^H          El  non  de  seinte  Trinité. 

Donc  respondit  li  emperiere  : 

^^^1          Mais  veiremeni  onc  li  serf  Dé  3  j  24 

«  Soefre  tei.afists'il,  «fille  chiere, 

^^H             a^oa  Con-.  Oir  p.  v.?  —  a{]}  Corr.  Conter?  —  3i;9<  Per  fornm  Traini »  1 

^^1                44- 

^^^ 

LA    VIE   DE    S.    CRéCOI 

iTau  ift  \o  soie  revcnuz      2;6i 

•  De  Ytxn  ou  ers  sui  csmeûz. 
»  t  saches  >a  ne  revendrai 

t  Pl«  losi  qe  ne  le  vengeraiif64 

■  A  Ion  UJcnt  e  a  ton  gré, 

•  Pot  qe  jo  vif  soie  e  séné.  » 
Dmc  £n  La  vedve  ;  «  Ors  Deus  t 

[vaille  ! 
I  Si  tu  le  moerz  en  la  bataille  2  {68 

•  Qu  Be  fera  drcit  après  toi  i 

—  Ici  •  fist  s'il  I'  qui  après  moi 

I  Prediein  empereour  sera.         b 

—  Iço  *  6&t  s*ele  «  qe  le  vaudra 
c  S'antre  qc  ici  me  fait  lu  dreit 
«Eu  coroDC  en  lani  receit  > 

«  (^xle  meriic  avras  d'iianl  ? 

—  Ne  quid  >■  fist  s'il  "  qe  tant  n« 

[quant,  2^76 
«  S.*hà  avieat,  de  prou  en  oie.  » 
Ropoodit  la  vedve  :  «  Ors  Deu 

[l'oie!  2Î78 

■  Ne  te  vaut  donqes  asez  miez 
«  Tant  com  tu  es  seins  e  beiiiez 
K  Qe  d'icesi  grief  justice  faces, 

«  S'en  aies  les  grez  e  les  grâces, 
«  Q'a  sdent  ta  mérite  perges 

■  £  les  loîiers  autrui  reserges  ?  ■> 
Li  CBperere  s'avertit  z^Bs 
Qe  veirs  esi  ço  qe  lui  a  dit. 

S'en  01  el  quer  compunction 
De  ses  plours  e  de  sa  raison,  2  $SS 
Taciqe  lors,  sanz  plusdedemourc, 
De  {neté,  meUmc  l'oure, 
De  son  cheval  se  mil  a  terre, 
E  ai  fescil  umost  enqerrc       2  {92 
Dd  dit  nurdre  la  veire  esirace, 
Si  «l'âne  del  liu  ne  de  la  place 
Ne  se  mut  por  negun  bcsotng, 
Ne  sus  ne  jus  ne  proef  ne  loing. 
S'oi  rendu  lu  dreît  jugement  2)97 
Pm  cei  roeîsffle  ouiréement. 


RE   PAR,   FRÈRE   ANGIER  I  87 

Icest  fait  adonc  remembroi 
Quant  par  tu  marcheil  passot  2600 
Cregoires  li  chier  ami  Dé; 
S'en  en  compunct  de  pieié 
Del  prince  qui  tant  en  pitous 
Juste  e  misericordious  2604 

Qe  damnez  fust  com  mescreani. 
E  por  ço  lors  crraument,  quant 
Jesq'a  seînt  Piere  en  parvenu,     c 
Tarn  se  perneit  por  la  salu     2608 
Del  dit  prince  tant  dcbonaire 
Fors  del  quer  chaudes  lermes  traire 
Q'après,  en  la  seconde  nut, 
En  avison  lu  apparut  2612 

Un  an/^lcs  qui  li  dist  de  fi 
Q^is  ert  de  son  désir  oï 
Meismemcnt  por  lu  roi  Traien, 
Par  si  qe  por  ncRun  paicn      2616 
Ne  proiasi  en  sa  vie  maes. 
Mais  tant  vos  di  tôt  a  espraes, 
Ja  seii  i]e  les  venuz-ainz  dites 
Tant  soient  teûes  e  escrilcs    2C20 
Com  celés  qui  sont  veires  provées, 
Par  lot  lu  mont  auctorizées, 
Qe  nul  n'en  pusse  eslre  doutant, 
Neporoec  li  Komcin  auquant  2624 
D 'icest  miracle  escrii  derrain 
Mescreant  sont,  ja  seit  q'en  vain, 
Soûl  por  iiant  nomécment 
Qe  ja  li  seint  verai[e]ment,     2628 
Qui  tant  en  saive  e  sein  doctor, 
Por  lu  paien  empereior 
Deu  ne  deproiereit,  ço  dient; 
E  (jo  provent  e  tesmonient    26}  2 
Par  tant  qe  is  mcismc  dit 
El  Dialoge  avant  descrit, 
Enz  el  quan  livre  tranlaté. 
Ou  est  apcricmcnt  trové         aôjô 
Q^il  provc  e  mousire  par  raison 
Qe  par  melsme  l'achaison 
Ne  voudront  pas  li  seint  oreraôîç 


i£]i  Ctrttsmtn  ranoi  tu  bd$  de  U  pége. 


h 


|R8  p.   HEYER 

Quant  Deus  vendra  lu  mond  juger 
Por  ceus  qui  donc  damnez  seront, 
Par  quele  cil  qui  ores  sont 
Justes  e  bons  en  ceste  vie  d 

Por  les  defunz  en  félonie       3644 
Qui  en  pecchii  monal  se  mocreni 
Deu  ne  depnent  ne  rcquereni, 
Car  home  ont  de  Deu  rens  proicr 
Q'il  lor  pucsse  par  dreii  voîer.  ^648 
Por  tant  n'esi  pas  grant  mal,  çfi 
S'auquns  cesle  vcrlu  desdit.  [quit, 
Mats  vcircnicni,  qui  la  mescreït 
Une  raison  entendre  deit  :      26^1 
tSe  lisons  pas  qe  il  orast 
Einsi  qe  negun  mot  sonast, 
Ainceis  plorut  tant  seulement 
Por  luimoltangoissousement,  26(6 
Sanz  faire  de  parler  semblant, 
Q'onc  ne  mut  lèvre  tant  ne  quant, 
Quel  li  prophètes  Moysis       26^9 
A  qui  Deu  dis»  :  «  Va,  car  te  taes  ! 
«  Qe  deit  q'einsi  cries  sor  mei  ?  a 
Si  ne  dist  il  ne  ço  ne  quei. 
Par  tant  resemble  q'auiresl 
Poeit  seint  Grégoire  estre  0I  26Û4 
De  son  désir  sanz  mot  soner. 
Car  veircment  tant  par  voit  der 
Cil  qui  les  quers  cerche  e  les  reins. 
Q'a  son  serf  lu  plus  e  le  meins 
Sovem  otrie  e  donc  e  mire,    2669 
Ço  q'is  com  oem  chamal  désire, 
E  neporquant  ne  l'ose  pas 
Mettre  a  raison  ne  haut  ne  bas. 
Dom  li  psalmiste  einsi  nos  dit  : 
«  Deu  lu  désir  delpovre  oit.    3674 
u  iço,  »  fait  il  o  Deus,  ot  l'oreille 
«  Qe  li  quer  del  povre  appareille.  » 
D'autre  part  asez  miez  poons  2677 
Résoudre  icestes  questions  : 
Ne  trovons  pas  escrii  en  livre  f.  1 71 


Qe  Trajans  fust  ensi  délivre    2680 
D'infern  qe  s'aime  ^sl  en  gloire 
Far  i'oreison  de  seint  Grégoire, 
Car  ço  screii.  tôt  sanz  arvaire, 
A  Fevangile  apert  coniraîre,   2684 
Ou  est  apertemeni  escrii  : 
(I  Oem  qui  n'est  del  seint  Esperit 
«  E  de  bapiesme  régénéré 
u  Ja  n'enterra  el  règne  Dé  ;  w  2688 
Ainceis  lisons  qe  simplement 
Délivre  ert  d'infernal  tormenl, 
Des  peines  seulement  sentir. 
Car  iço  mostre,  sanz  raeniir,  2691 
Icist  serf  Dé  dom  nos  parlons 
Es  diz  dialogaua  sarmons, 
Enz  eL  quan  livre  avant  nomé, 
Ou  est  aperlemeni  trové         2696 
Q^alme  poct  esirc  en  infcrn  close, 
E  neporquant  si  se  repose; 
Car  en  tal  liu  eslrc  porra 
Ou  negun  mal  ne  sentira.        2700 
Dom  il  dit  del  feu  infernal 
Qe  seingles  est  e  desegal  : 
Sengles  en  tant  qe  toz  compreni 
Qui  damnez  sont  par  jugement. 
Divers  e  desegal  en  tant         2705 
Qe  toz  pecchors  n'est  pas  ardant 
Unaiement,  d'une  manière, 
Ainz  i  sont  li  damné  pechicre  2708 
Par  lu  Deu  juste  jugement 
Qui  sa  desserte  a  chesqun  te»!, 
Diversement  ars  e  penez 
E  en  divers  lius  alouez,  2712 

Segon  lor  diverses  mérites. 
Por  tant  dl  qe  des  peines  quites 
Bien  poueit  estre  icîst  Traien  ;      b 
Mais  q'en  ciel  onc  estrast  païen 
Ne  vos  poelnusoem affermer  2717 
Sanz  ço  q'il  ne  voille  passer 
Entrineroent  la  dreiie  fei. 


3642-6  «  Quï  nunc  elïam  causa  est  ut  non  orcnt  sancti  homines  pro  homi- 
•  nibus  iofidefibut  impiitque  defunctit.  >  II,  zliv.  —  167^-6  «  Desideria  conlit 
■  eorum  audivil  anris  lui  >  |Ps.  XIX,  17).  Il,  xliv. 


LA  VIE  DE  S.    GRÉGOIRE  PAR  FRÈRE  ANCIER 

Hui  mes  d'icest  plus  ne  diret,  2720 
Car  de  la  fin  de  seînt  Grégoire 
Vos  recontrei  la  vcire  ysioire. 


189 


Dt  transita  beati  Crtsorii  tt  dt  se- 
puitara  rt  Je  ^itaphio  rjus.  XIH, 

Tant  en  pénible  e  curious, 
Pcnsis,  veîUanz.  esiudious     2724 
I  De  garder  la  dié  Romaine 
I  Ensemble  od  sa  salu  dematne, 
Od  tût  lu  mond  dom  en  clamé 
Pajtor  e  pere  e  avoué,  1718 

Qe  del  penser  qe  del  labor 
Cheit  en  tant  forie  langor 
Qe  lu  prophète  Ezecfaiel, 
Lu  que!  e&pondre  emprist  tant  bel, 
Ne  poeit  pas  del  tôt  parfaire.  37Î  t 
Ainz  l'esïui  son  porpos  rctraire. 
D'autre  pari  nis  tant  ert  grevez 
O'enemis  e  d'aversitex,  27^6 

Sor  toi  b  corporau  feiblesce, 
Q'a  force  c  par  vive  destresce 
Tresiot  l'esiude  emrelessa 
E  ses  durs  jors  pleînsi  e  plora, 
Com  cil  qui  n'ot  autre  désir    2741 
Fou  qe  dcl  cors  pcûst  transir, 
Car  ne  qoist  al  ne  jor  ne  nul, 
Tarn  q'a  la  lin,  quant  a  Dé  plut 
Qe  sa  proiere  Tust  oïe  1741 

Transit  en  pardurable  vie 
L'an  de  son  sacre  quatorzisme 
Quan  ide  en  man,  entrant  di  disme, 


Régnant  Fouqei  l'empereour        c 
El  second  an  de  son  enour. 
Si  fut  sis  seînt  cors  enterrez, 
Tost  après  q'il  ert  deviez,       27S2 
Enz  en  l'iglise  de  Seint  Plere, 
Al  forein  porcheîr  qui  ère 
Devant  lu  viel  sacralre  asis 
Ou  piusors  cors  scinz  furent  mis, 
Meismement  li  papes  Lcons    27}? 
Qui  tant  ert  bons  ders  e  seinz  ons, 
Simach  e  dani>  Gelastus 
E  li  simples  Simplicius  3760 

Qui  toz  furent  papes  sacrez. 
Od  cts  fut  Grégoire  enterrez 
Dignement  od  molt  grant  enor. 
S'ol  sis  epitaphes  la  flor         2764 
De  trestotes  les  escritures 
Escrites  sus  les  sépultures. 
Car  tais  esi  del  latin  li  titre, 
Ço  poet  entendre  asez  li  litre,  2768 
Qui  desus  la  tombe  est  esait 
Com  la  sivante  lettre  dit  : 

jiijr/pt,  lerm,  tao  corpus  dt  nrpon  tamp- 

Rtddtrt  qvodwUaj,  vivificanU  Un),  [fum, 
Spiiiiu!  ettra pitit.  Un  aU  fura  no«hl< 

Qit/ii  viK  dturiuj non mag'n  ipsa  viaett. 
Peatificit  tumati  hoc  tlauJuala/   manbra 
[itpaUn, 

(^i  innumerti  sempir  vnat  utiqat  biais. 
Siuritm  dapibai  tuptrarit,  frigon  volt, 

AU]ue  animas motitii  U^ilab  hoiiitacni. 
Implebalqut  actu  qatc^juiA  urmone  àoetM, 

S(  dedit  extmplum  mùttca  vaia  to^atns, 
AdChriiian  wittas  Angloj  pitlaU  magistra, 

Aiqmcns  fiiâ  agmim  gtnti  noM. 


37Ï4-4I  i  ...  verum  etiam  hoitilibus  incunionibus  muliiique  corporis  debi- 
t  Eûtîbfls  aggravatus.  a  sladio  »posuioni«  oinnino  demi^ret,  et  ad  àta  îilos 

■  M  perreniste  dcDeret,  atque  disiulutionem  mi  corfioris  tôt»  conaiibus  Aagî- 
t  Ur«,  1  IV,  Ixïij.  —  2748  Ea  margi  :  ■  Quarlo  idui  et  die  x»  (nn.  *  — 
17)1-70  •  Hojni  pTKterea  venerabile  corpus  m  cxtrctna  poriicu  basiticx  beali 
»  Pcin  apoMoli,  ante  leereUrmm  tutic  anliquisiiniuin  quo  ifiddiccl  I^o,  Sim- 

■  pliciits,  Geluiui  aique  Svmm^clius  apustollcx  sedii  episcopi.  cum  nonnullis 
*  aliu  tufliuUlî.  iuiî  nacUaas  cpitaphiîs  pracdicanlur,  sepultum  tali  litulo  deco- 
1  ralur.  1  IV,  Ixviij. 

I.  C»rr.  nocebuBl. 


Hic  lubor,  hot  studlam,  htc  llbi  cart;  ht< 
[flatter  ûgitas 

Vt  Domino  offtrrts  plarima  kcra  grtgù; 
Hissai  De!  ccniul  fâctiis  UUrc  iriamphîj.A 

tiâm  mtrititm  optram  jam  lint/iiii  Unu. 

De  combuaiont  quoTiimdam  Uhrùram 
tjut.  Dt  transita  tl  ieshmonio  Pé- 
tri Dlacoai^  tt  dt  jummii  /i!>ri?- 
Tum  invenfoTum  et  ejuorumdam 
perdiionm.  XilU. 

Cisi  epitafe  en  som  la  piere 
Escrii  crcii  ou  sis  cors  iere,    2772 
Fourmez  2  lettre  d'or  bumie. 
Ë  sachez  tote  Romanie 
S'en  aperçut  lost  en  après 
Quels  en  li  doîorous  décès     2776 
Oel  patron  q'ele  aveit  perdu, 
Car  tantost  quant  lî  fut  tolu    377S 
Ne  detnoura  fors  moll  brefmeni 
Quant,  l'an  meisme,  soudemeni 
Sorvini  einsi  irés  grant  famine 
Qe  la  geni  roeloit  a  mourJne 
Sanz  nombre,  a  si  très  grarit  dolour 
Qe  del  retraire  en  ai  hisdour.  2784 
Mais  onqes  veirement  por  uni. 
Tant  par  en  la  malice  gram, 
Nel  recjenoisirent  H  envious, 
Ainçais  disirent  tôt  [a]  escrous 
Qe  Gregoires  ereii  boulicrcs.  2789 
Del  commun  trésor  deslruîeres, 
Por  q'oem  dut  quanq'il  fist  dcsfaire; 
E  por  ço  lors  li  aversaire,      3792 
Quant  a  son  cors  ne  porcni  nuire, 
Ses  oevres  pristrent  a  destruire. 
S'oreni  |a  molz  de  ses  escriz 
Ars  e  destruiz  e  parhouniz,     2796 
Quant  li  ainz  dit  diacre  Piere 
Qui  tant  familier  tu  iere, 


Keyer 

Od  qui  lu  Dialoge  ainz  dit 
En  desputant  mtst  en  escrit,   3800 
Arestut  a  toi  son  poeir,        /.  17J 
E  si  lor  dist  ilam  por  veir 
Q^'is  s'entremistrent  de  naient. 
Car  seûssem  is  veirement       2804 
Qe  ja  por  ardeîr  ses  escriz 
Meins  ne  sereit  sis  noms  cheriz, 
Ne  sa  famc  plus  abatue, 
Ne  sa  mémoire  metns  tenue  ;  2808 
Car  tant  par  croient  semez. 
En  essemplaires  récitez 
Parmi  lu  munde,  loing  e  près, 
Qe  par  nule  aventure  m^       2812 
Ne  seroient  parabatuz, 
Tant  par  ereni  panor  qenuz. 
D'autre  part  od  ço  lor  diseit 
Qe  veirement  moli  par  sereit  2816 
Icele  lor  très  grant  envie 
Tenue  a  grant  forsenerie, 
Car  grant  sacrilège  fesoient 
Qui  tanz  e  tels  escriz  ardolent. 
Les  quels  cil  fist  noméement  2821 
Sor  lu  qui  chief  personaument 
Savent  vît  seim  Espirt  ditant 
En  semblancc  d'un  coulon  blanc 
Qui  lui  espirot  e  nioustra        282  f 
Quanq'il  escrit  e  enseigna. 
13'icest  tesmoine  en  esmeû 
Li  poeple,  quant  l'oi  entendu, 
En  um  qe  les  diz  envious      2829 
Contredistreni  tôt  a  estrous 
A  contenz,  as  espées  traire, 
Meimeraentpor  le  dit  libraire  2812 
Qui  mis  fui  a  destruction  ; 
Dom  lors  par  cesic  occa^on 
Danz  Pierre  li  diacre  ainz  dit 
Trestot  lor  contenz  départit   28^6 
E  disi  :  s  Scingnors,  mi  frère  ctiler,  b 


2778  IV,  Ixix  ~~  1786-7  <  invidonim  tamen  feritas  miniine  recognovit.  ■ 
3817-907  Tout  ccû  lit  Irli  \Uvehp}^i.  ii  y  a  uelimint  dum  U  UXU  :  •  Cum- 
t  que  dudum  dcvotum  poputum   biaconus  urneret  occasione  lemporît  cum 
I  iaridis  resuttarc,  in  hoc  omnium  scntentian  dicitur  provocaste,  tit,  si  qnod 


LA  VIE  DE   S.    CRÉCOIRE  PAR  FRÈRE   ANCIER 

«  De  vosm  contenz  n'est  mestier,      <•  Qe  jo  meisme  a  mon  poeîr 


191 


•  Carsachei:bienverai[e]menu8}çi 

•  Peest  suî  a  proveir  erraumenl 
<  Sanz  délai  e  sanz  nul  respit 

•  t^uanqe  j'ai  de  Grégoire  dit. 
€  Sour  seintes  reliqes  jurrai 

■  De  nu  mein  destre,  e  si  mettrai 

•  Ma  vie  en  gage,  par  eiosi  3845 
«  Qe  Deu«  eii  de  m'aime  merci, 

«  Qe  ctst  apMioiles  Grégoire 
«  Deît  estre  de  seinte  mémoire, 
M  E  entre  les  seinzanumbrez  2849 
(  Com  cil  qui  dignes  est  provez 
L'  De  [a  celestre  compaingnie 
«  Oà  qui  il  ja  règne  en  la  vie 
«  Qui  mes  ne  finira  nul  jor     28  ^ 

■  As  dets  od  nostre  Creator; 

■  E  si  jurrai  nis  ensement 

«  Por  &es  CKriz  demeinemcni  28  (6 
«  Qls  deivent  estre  autorisez 

•  Par  tôt  lu  mont  de  lonc  en  Ic7. 

«  Com  cels  qui  som  seinz  e  prfiz 

•  Endiiez  del  seint  Esperiz  2860 
«  Perîonaumem,  mes  oilz  vcanz  ; 

•  S'en  ert  iiels  li  covenanz, 

•  Eo  som  ço,  lu  quel  vos  ferai, 

•  Qe  s'en  cele  oure,  quant  avraî 

«  Lu  serrement  paracompli,  286} 

•  Avieat  par  aventure  einsi 

•  Qe  io  me  moere  enz  en  la  place, 
«  E  vos  tantost  sanz  plus  d'espace 

•  Cesserez  des  libres  ardeir  :  2869 

■  Si  crefTcz  ço  q'ai  dit  por  veir, 

■  E  B  jo  soie  vifs  trové 

■  A^iH  lu  sacrement  juré,  287a 
e  iBst  vos  pramet  leiaument  c 
'  Sor  meisme  lu  sacrement 


n  Vos  aidrai  des  livres  ardeir. 
«  S'en  serai  principal  autor,   3877 
«  Sanz  mai  engein  e  sanzpoor, 
0  Des  ardeir  de  ma  propre  main. 
«  Mais  vciremeni  tôt  sui  certain 
«  E  segur  si  com  de  la  mort  iSSt 
0  (^il  ne  me  fera  ja  lu  tort 
K  Q'en  la  confession  vcraie 
«  De  son  nom  a  sei  ne  m'atraie.  » 
A  ceste  sentence  assentoient  288^ 
Trestoz  cil  qui  presenz  eroient  : 
Jovres  e  viez,  peiiz  e  granz, 
E  cil  tantost,  trestoz  oanz,     z888 
Jurot  sanz  maie  an  e  sanz  gui]« 
Sor  lu  seint  tcxst  de  l'Evangile 
Trestoi  le  sacrement  ainz  dit. 
Si  com  jo  lu  vos  ai  descrit,     2892 
A  haute  voiz  apenement  ; 
Mais  iiant  vos  dî  veircment 
(^apert  miracle  î  ert  mosiré, 
Qar  onc  plus  losi  ne  l'ot  juré  2896 
Quant  veianz  toz  l'espirt  rendit. 
Si  q'onc  de  la  mort  ne  sentit 
Peine  n'angoisse  ne  dolor  ; 
Dom  lors  parut  veir  confessor 
E  veir  tesmoine  de  veirté,      2901 
E  si  fui  laniûst  enterré 
Enz  en  meisme  icele  place. 
S'en  i  pert  onqorors  la  trace  2904 
De  son  sépulcre  ou  il  jura, 
Proef  de  la  basse  ou  il  poia 
Les  degrcz  al  serment  jurer.  2907 
Por  cest  lesmoinc  confermer 
Seut  om  dépeindre  par  costome   d 
Panoie  la  dté  de  Rome 
Un  colum  seini  Espiri  notant 


•  éMtntl  jarejoraqdo  conGrmans  iDori  contînuo  meniisiel,  ij>si  a  libronim  exut- 
i  tiioe  d«is!cr«it:  ti  vero  lestimooiî  sui  stipcnies  extilisstt,  ipse  quoque 
<  oovboiloribus  idirus  diret.  Itjqu«,  cum  Evangetiis  m  ambonem  Yenerjbilii 

•  lema  Petnis  ascendens,  mox  ut  Gregoriinx  sanclitati  tuiimonmm  prxbuil, 

•  âler  vcfba  verc  cofiFessionis  spinlum  efllavii,  et  a  dulore  mortiï  utraneui 
4  bUa  pyr^  btsjD),  sicut  hjcienus  ccrnitur,  confessor  veritads  meruit  sepdiri.  • 
IV.  bis.  —  3908  IV,  Ux. 


193  P-    M 

Par  desus Grégoire e3crivâmfa9i2 

Por  ço  qe  li  seint  Esperit 

Lu  espirot  quanq'il  escrii. 

Sachez  por  iiani  fut  perie 

Des  livres  la  maire  partie,      1916 

Car  par  l'arson  furent  perduz 

Q'om  ne  scil  q'is  sont  dcvcnur., 

Neporquant  la  sominc  en  avons 

En  un  cscrit  ou  nos  trovqns    2920 

Q'il  meisme  escrisla  lohan 

Son  so7.deacre  Ravennan, 

Car  en  icel  livre  est  trové 

Q;'un  sis  deciple  endoctriné,    2924 

Qui  apetez  en  Claudion, 

Les  proverbes  de  Salemon, 

Le  Cantiea  Canticorum, 

Les  prophètes  e  lu  Regum,      292S 

Les  epistres  canoniaus 

Par  ordre  les  set  principaus, 

Par  son  sen  ot  mis  en  escrit 

Si  corn  il  de  lui  les  oit,  29)2 

Mais  veirement  après  l'arson 

S'is  fussent  recevrez  ou  non 

Ne  seil  om  pas  cerleinemenl; 

Mais  ceus  qi  sont  présentement 

Enseinte  jglise  plus  usez,       2936 

Par  lot  lu  mond  auciorizez, 

Nomez  sont  en  son  evescat  : 

Li  DiaLoge  e  li  Moral,  2940 


ETER 

L'Ezechiel,  les  Ometies, 

Li  Pastorals,  es  quelz  noz  vies 

Si  corn  en  mireors  mirons. 

Si  scinemem  les  entendons.    1944 

Autres  escriz  refisî  asez        /.  1 74 

Qui  onc  pues  ne  furent  trovcz, 

Car  par  l'arson  furent  perduz 

Ainceis  qe  ceus  fussent  seùz.  2948 

Seingnors,  ici  finist  la  vie 
Qui  ja  nen  en  el  ciel  finie 
Del  pape  glorious  Grégoire. 
Or  preions  Deu  qe  a  la  gloire 
Ou  il  ensemble  od  lui  habile  295] 
Nos  donst  venir  par  sa  mérite. 
Amen.  Exp{icit. 

!stud  complevi  convtrsionis  mte  anno 
JX'\  sacerdocii  .if'.,  in  vigjAia 
apastolomm  PhUippi  el  Jatobi. 

Sanctus  aatiitti  Cregoriui  vir  pcrfedns 
iit  otnnibui  in  turbis  crit  monathiD  iif^t 
CDBciu  vencrandui.  licce  ueodoc  mignas. 
Qu[  in  dicbua. 

D«iu,  qui  mme  bmuli  iiiî  Cregorii 
eieme  b^aiitudititi  premta  fantulUii,  cen- 
cede  prD[vitius  m.  qai  petCKomn  aostro- 
nto  pQodcre  premimur,  cjn  ipwd  te  prc- 
dW  jdjuveraiir 


Nous  allons  maintenant  grouper  les  faits  linguistiques  qui  se  dégagent 
delà  Vie  de  saint  Grégoire.  Nous  sommes  en  présence  d'un  texte  que 
nous  pouvons  considérer  comme  absolument  pur.  Alors  même  qu'on 
hésiterait  à  voir  dans  le  ms.  unique  dont  nous  avons  fait  usage  l'œuvre 
autographe  de  frère  An^er,   on  devrait   reconnaître    que    ce  ms.. 


291 1  -2  //  n'ut  pat  sûr  eat  U  \rtd\tatiiT  *it  tempûs  :  •  Quarom  l'ciposilionum) 
a  ipsc  summam  Joanni  tuodiacono  Ravtnnr,  mpontali  suu,  lignificare  videtur.» 
iV,  ht.  —  29a8-jo  ■  ...  de  iibrii  quoij^ue  Regum  et  de  Heptateucho...  »  IM. 
—  19Î9-44  ■  Quorum  {liVoruml  mcrnonam  qutdam  in  epUcopali  ejuj  perslrin* 
t  gens  ail  :  Job,  Eiechiel,  Evangetia  rt  Pastoralem  exposuit,  n  multa  alia.  ■ 
JtiJ.  ^  J948  Jt  at  tatf  comnuni  If  iraJuctnir  a  ïçmprit.  Lt  itxtt  porlt  :  ■  Ut 
«  stibaudiai  quse  iam  învrnîri  aoo  possuDl,  quoniim  rêvera  anie  suceenta  sunt 
«  quaiD  edilB.  >  IM. 


lA  Vie  DE  8.    CRÉCOIRE   PAR    FRÉRI   AHCIÏR  19) 

exëcuTJ  dans  l'abbaye  mime  i  laquelle  appanenjit  Angier  \  et,  selon 
toute  apparence,  du  temps  de  l'auteur,  offre,  quant  à  h  conformité  du 
texte  avec  l'original,  tome  espèce  de  garanties.  Nous  n'aurons  donc  pas 
à  établir  tout  d'abord,  comme  on  est  ordinairement  obligé  de  le  faire, 
une  (lifiiinction  entre  la  langue  du  copiste  et  celle  de  l'auteur. 

Dans  le  précis  qui  suit,  je  ne  liens  compte  que  des  faits  par  lesquels 
la  langue  de  notre  texte  dijïère  du  français  de  France. 

PHONÉTIQUE 

i.  a  +  nasale  devient  ai,  comme  en  français,  dans  premerain  2(7,  raim 
I7Ï,  wutifji'nc  939.  Plus  ordinairement  il  devient  «  :  àmts  1797,  cltiait, 
cUimtnl  294,  5j3,644-6,<((/nfi/i  5^7,  mi'ia,  meins  212,989,  ç)çi,rcmtin, 
romeins  5^1,645, «m  [%3t\us\  seins,  seine  272,  îî8,  986;  subiicine  9^7, 
rein,  veins  \o^,  642,  BmWn  1 7  î .  ~  Précédé  d'un  i  latin  ou  roman,  il  devient 
comme  en  français  (.-  cileten  ^4,  cuittens  501,  \o\.  Gordien  ^wgardeins 
en  rime  avec  s  fini  (sanus)  t^oo  n'eist  pas  une  exception.  Traianus 
est  traité  de  deux  façons.  Une  fois,  la  forme  latine  étant  conservée 
sauf  la  finale,  nous  avons  Traiaa,  ou  Trajan,  2^  {9,  ce  qui  entraîne  à  la 
rime  correspondante  roman  au  lieu  de  romain  ou  romcitt.  L'autre  fois  la 
forme  adoptée  est  Trjtcn  2615.  en  rime  avec  paitn.  Maximianus 
devient  Maximiain  2jS  pour  rimer  avec  premeratn.  —  Il  n'y  a  pas 
d'exemple  d'aun  pour  a  +  nas.  eicons. 

2.  a-\-i  latin  ou  roman  subsiste  :  ai  (habeoj  ^t^^yfaimes  ifacimusj 
98},  ainz  242,  mesaiu  (?)  411,  vait  (vadit)  )99.  Plus  souvent  il 
devient  ei  :  beiseï  (bas! as)  1798, /ejin;i(facimu 3)904.  dffrm  (attrac- 
lus)  J41,  tautii  i44,/omraï  607,  /«h  (laxai)9}8,  «  (habeo)  469, 
arrti  i8^  liirrn  721,  Wf  l'.habeat)  i  {8,  looo^  escUire  ('exclariat) 
J49,  teint,  seinte,  seintes  4,  16.  )0,  52,  ?(,  einz  141.  Au  v.  1004  ttt 
(habeat)  rime  avec  drtit.  Au  v,  2002  la  rime  tir  (aer)  avec  l'inf,  de  la 
première  conjugaison  aleir  n'est  peut-ilrc  (lu'approximative,  car  iî  est 
diffidie  d'admettre  un  son  unique  pour  ces  deux  fmales.  /I1  ou  ei  te 
réduit  i  i  dans  let  (sapit)  [48.  Magis  est  rendu  ordinairement  par 
nuis,  mats  on  trouve  aussi  maes  462,  1  i8)j  121 1,  et  la  réduction  i  mit 


I.  Le  ms.  iwi  encore  i  Saiote-Fridrswide  â  b  fin  du  XIII*  siècle  ou  au 
commencement  du  XIV',  Ce  <]iii  le  prouve,  c'«t  une  prière  écrite  vers  cette 
(poilue  sur  un  blanc  du  fol.  8  :  •  Indulgendam  nobis,  Domine,  beats  Krides- 
•  wida  virgo  imploret,  (}ue  libi  grala  «raper  extilîl,  el  tnerilo  castitatis  et  lue 
I  prufeiiione  viriutîs,  per  Chriilum.  *  Il  est  évident  que  cette  prière  ne  peol 
atoir  iti  écrite  oii'i  Sainte-Frideswide. 


RoKMÎa,  XU 


II 


194  P-    WSTER 

1500,  i{05,  uimis,  timis,  ;3,  167,  6\i,  onc  mis  1492.  Au  v.  261b 
mats  rime  avec  espraes  |exprès)  c.-à-d.  en  i.  Cf.  cuve  |aqua)  1140, 
2140,  eitats  (tacej  2  00,  en  rime  avec  Moysès'. 

j.  (T,  a  précédé  d'un  son  mouillé,  arium.  —  Je  groupe  ici  tous  les  cas 
cil  se  produit  en  français  le  son  ié'.  On  sait  que  dans  tout  l'ouest  de  la 
France  et  sur  le  sol  de  la  Grande-Bretagne,  ié  se  réduit  plus  ou  moins  i 
é>.  ici  nous  avons  l'une  et  l'autre  forme.  Je  range  les  exemptes  en 
colonnes  parallèles  : 


arUre,  ariers  606,  bien  147^, 
1901,   1910,   ciel   ijS,  ^r,  jitn 

1794.  '827,  '■"•  rîî9,  ùr<(erat) 
I  tpo,  2078,  liifiiez  î88,  iS8,mien 
(tneum)  ifij,  Piere  60^,  1189, 
rien  i  î  1  î . 

oisoaagié  417,  cHangié  191, 
chitri,  chitîct,  110,  }86,  \\siy 
tongié  J7i,  sH,  587,  encoragii 
[92,  tsjottitz  194a,  mangier  I4}7, 
ntitr  78],  pccthié,  pecchitz  409, 
977,  1098,  |wn7/[V  410,  sachiez 
ioj8,  travaiUier  ]52. 

-4H^Hr  p.  146,  dumof^ier  IJI?! 
I  ï86,  JwriKr  514,  cAfw/iVrj  161  î, 
chistrier  p.  146,  d^nieri  Î96,  ger- 
mtrs  7  ï  j ,  /(gj>f  î  î  s ,  mi(/iw*  7  J4, 
yolealiers  309. 


flrtrc20S6,iM  (26,518,991-2, 
fcir/  74(,  f«  [eratl  279,  tnal 
1126,  /^re  M72,  Ut  (Ictns) 
2451,  melz  (melius)  96,  269,  Atffl 
(meuml  9),rf/tj  1928,  j^  isedem) 
2126.  sicie  68,  949. 

britée  i^6,  chef  462,  cAfr,  dters 
105},  194J1  cAfrvj  497,  ishauctr 
864,  mixnier^\s,ptethezT)i,  950, 
pfri//«  î75,  prengn  951,  m£A« 
ÎI7,  44Î,  497,  107Û,  wi//ff  284. 


aimointr,  aumotnere  185,  1 364, 
1 576,  citeyjUrs  1 599,  dener,  deners 
4,12,  44J,/mfr  1617,  secata  194, 
199,  j«u/ftt  20J,  mftiren  1988. 


L'association  des  rijnes  é  &.  ii  d'origine  (écrit  e)  est  peu  fréquente. 
Citons  :  prover-enstignir  107-8,  manjer-pasmer  îij-fi,  aeier-noer  7ji-a, 
«/iducfT-e/iorer  865-6.  Itts-dupoilUti  965-^,  Uvtr-proter  989-90,  empe- 
ritte-pToitrt  iiîî-4,  tnUTci-qtiascè  1 1  jy-S,  etc.  La  proportion  des  rimes 
régulières  d'^  avec  é  et  à'ii  avec  (V  est  beaucoup  plus  considérable. 


4.  ?,  r  deviennent  a\  oi,  parfois  J  : 

ftffmjblbere)  726,cr««  (crë- 
dere)  i40),e(r  (hxresj  2i7,<i>£ 
(iter)  584,  72),  tsteiiies  )i,  fti 


foi   1(8,  4î6,    1274,  roi.  toU 
Hî, 2021,2169,  m*  J4îî,24s8. 


1.  Od  peut  encore  citer /jr/c  (sella)  3497,  panr  prouver  tfï'at  équivaut  i  l. 

2.  Oa  (j;  il  y  a  sur  ce  point  des  doutes. 
).  Oi  i. 


LA  Vit  Dt   S.   CRtiCOIRE   PAR  FRÈRE   ANCltR 

IÏJ3,  1870, /«■«  48».  «'/  <749, 
rate  2011,  rtir,  veîrt  i,  14,  182, 
116.  (ï),  i90. 
ifati,  éfti  î4,  22î,   299,  îoo, 

M  1048,  Sti  t8,  240,   |I2,   }2}, 

jjS,  ta  650. 

Ensftit  î22,   n».  3'74.  ««* 
t9,  1625,  treis  624. 


<95 


mw  îî,  1044,  jor  2î,  92,  t02, 
104,  109,  IÎ4»  228,  24Î,  î4'. 
toi  8j6,  2191. 

Envois  )4j,  2170. 


InfiniiJb  en  ère  : 


ardàr  28of,  1869,  2879,  o''^'' 
M»»ÏM.  »Î7S.  ii2J,/i«iri8i, 
i^2i, recmir  i z^, rtmaneir ^24, 
unir  1^2,  161,  )97,  M/ftV  i86j, 
iwirir  2162. 


Imparfaits  et  conditionnels  ' 


tadtit  \2i,areiadrtit  )}],  622, 
trât  599,  chalangmii  1420,  fmi- 
aif  700,  distit  621,  13)6,  liûfif/if 
2440.  treà  âo8,  674,  870,  esptreit 
114,  iiîî,  /e«ïf  S87,  lUcil  6h, 
nu«i;  {67,  in;»ir8i4,  i))8,  ^- 
ml  j68,  porreit  j8,  /wu»l  ni, 
wiàràent  24;  8^  ut'fir  817,  »wf  S, 
42}f  ioifenu/  1324,  leneà  6^1 
'ÎÎ9.  ï''o*'«'  21»  w"'  1441,  »'«inï 
21S2,  voltit  112,  1)40. 


aporioUnt  2267,  attndo'tent  881, 
iiproiVnf  27,  bevûUnt  744,  coafer- 
moienl  2166,  eonvertoitnt  20J2, 
coraçoient  j  92 ,  ii»/ro  if ni  882,  ijtioie 
14JÎ,  t/iioiMf  2165,  2269,  ^rûJMl 
629,  74î,  1282,  «roi'l  466,  «cri- 
vojVi  1457*  /eroiV  i4;6,  feioicnt 
i2{o,  pasîûient  1984,  pirnoient 
I4J7,  porpemoient  216S,  «/>f/i- 
foifn/  1898,  reposoUnt  ôjo,  Mvoifj 
1484,  Mcoie/it  J91,  II7J,  1895, 
tornoUnt  1438,  k^noif  I4s6. 


Autres  temps  : 


mi  17,  22tj,  ifcjz  (dêbes) 
iSp,  ^Vfnr  38)7,  m  (video), 
Mil  (videt)  42,  seit  (sîat)  34, 
860,  1066. 


ij^iz  (d£bes]  i8ji,xdj>  1499, 
1844,  spta  iD2t,  1497,  1842, 
soient  1064,  porvoies  1023. 


a  se  réduit  à  i  :  ams  1  j  j;,  174J,  en  (iter]  1892,  pour  rimer  avec 
ffff,  Mf  (siat)  16}. 


I .  Les  deuY  littn  |UrallAlet  c]ui  soivnt  rnrrerment  quelques  verbes  de  la  pre- 
■4n  coQJugaisoa,  qui  n'oat  l'imparfait  en  eif,  àtnt,  oUat  que  par  analogie. 
Voir  d-sprèt$  18. 


|(>6  T>.   MEYCR 

Je  n'oserais  pns  affimicr  absolumeni  que  les  deux  notations  ci  et  oi 
représentent  toujours  ici  un  m£cnc  son.  Les  deux  notations  ne  sont  pas 
employées  tout  À  fait  au  hasard.  Dans  un  cas  au  moins,  lorsque  la  diph- 
tongue est  suivie  dV,  l'écrivain  préfère  évidemmeni  et  '.  Dans  les  autres 
cas,  bien  qu'il  y  ait  un  peu  d'hésilalion  (mfi  et  moi,  engleis  et  cngloit), 
|e  pense  que  la  prononciation  de  l'auieur  était  mieux  représentée  par  ti 
que  par  oi.  Mm  le  son  de  ta  diphtongue  devait  dès  tors  tendre  3t  se 
simplifier.  Toutefois  le  son  simple  que  nous  avons  dans  aven  et  dans  tet 
éiait-il  un  e  fermé  (/)  ou  un  e  ouvert  {i\  ?  L'analogie  du  provençal  est 
cenainemeni  en  laveur  d't  fermé,  et  dans  cette  hypothèse  on  s'expli- 
querait fort  bien  la  rime  ver  (vèrumi  avec  eschiveir,  infinitif  de  la  pre- 
mière conjugaison,  817-8,  et  celle  de  pfiîr  avec  acheveir,  r94>-6.  La 
terminaison  de  l'infinitif  aurait  été  modifiée  dans  sa  graphie,  non  dans 
sa  prononciation,  pour  s'accorder  avec  ve'ir,  poieir^  prononcés  vér,  poUr, 
bien  qu'écrits  avec  la  diphtongue,  selon  la  graphie  iradiiionnelle.  —  Voier 
(vidêrcl  est  constant  et  se  trouve  en  rime  avec  traraitlitr  }\i,alîitr 
2Î5Î.  De  même  soier  (sedêre)  IÎ78.  Pour  ces  deux  mots  Uya  lieu 
d'admettre  l'interversion  à'e-os  en  oi-e*. 

j.?T  +  i  roman  donne  à  :  ainceit  rij,  272,  BtntU  tôj,  drtit, 
dreite,  dreiz  41,  86,  88,  J42,  1190,  roi«(  ji.  Se  réduit  i  i  dans 
aincii  404.  AînçaiSf  2788.,  est  exceptionnel. 

6.  â  en  syllabe  ouverte  subsiste  dans  nove  1604,  mais  devient  ordi- 
nairement of.  Je  classe  ici  les  mots  comme  fluvius,  juvenis,  suus, 
où  Vu  tonique  a  été  assimilé  anciennement  à  â  :  baefs  214^,  doets  417, 
foer  20-J,  ilote  1 190, /oéc/im  48},/«iJr«  gi8,y««  119,  motn,  moereni 
9JÏ,  939,  Mtn  Î7Î,  419,  572,  78Û,  9}i,  OM  lôpusi  1880,  oevre, 
oefrts  ti,Bi,  107,  112,  140, /joc^/t  785,  i  loj,  poet  jjii  9)0,  fnw/ 
IÎ7J,  1426,  1479,  ioen,  sotai  245,  1840,  soer  77,  iroef$,  trots  1402, 
1406,  vml  ('v6leo^  344,  1000,  1Û22,  voeli  1401,  1844,  twlt  145. 
—  Oe  se  ré<luit  à  e  dans  em  (hfimo]  769,  (teyts  197  J,  m^rg«  (m&riat) 
1001,  st!t  is6let)  ton>  iiOi,  ^tii  io)9> 

L«  diphtongue  h;  se  produit  dans  furr  818,  1107,  <}uer  icôr]  185, 
208,  871,  989,  99t.  Elle  s'observe  plus  painicuUérement  dans  les 
mots  où  à  est  suivi  d'un  i  posttonique,  soit  en  latin,  soit  seulement  en 
roman  :  mues  [môdios;  ya^pius  (posi,  devenu  'pocs)  236,  258, 
267, /•a««(*poscat  devenu  *pocsat)  lo^o,  putstent  4&,  936,  2oçk>. 
En  ce  cas  le  français  a  ui  (tuais,  puis,  puisse)  qui  a  primiiivemeni  dû  itre 

I.  Il  y  3  dtmoauitnt  au  v.  1(^7,  Diaii  c'est  le  résultat  d'une  ÉaadrM'taice, 
car  le  sens  exise  dtmoartrtnt. 
1.  Voy.  Tooler,  Zattihr.f.  mgl.  Spimkf.^  nouv.  série,  III,  417. 


* 


LA   VIE   DE   S.   CRéCOIFtB    PAR   FRËRB   AKGII-lt 

ui  OU  ati.  —  Ut  se  réduit  A  n  dans  passe  1097,  pusseni  J084,  jue  (jôcat) 
149,  où  l'usage  eût  difficilement  admis  ta  graphie/uft.  ^/ur;  7^8  |en  rime 
iTec  Jelttu),  741,  suppose  une  forme  aniérieure  flatre  qui  s'est  d'autre 
pan  réduit  ii  fiera,  comme  on  l'a  vu  à  La  fin  de  l'alinéa  précédent. 

7.  9  et  C  aboutissent  i  un  son  unique  qui  est  rendu  à  peu  prés  indiiTé- 
reaunem  par  c  et  par  oa.  Il  est  i  remarquer  toutefois  que  ou  a  décidé- 
ment ta  préférence  dans  les  finales  en  osus  : 

anor  Î27,  anassoTs  1 199,  due-         amour  1741,  coiouTs  70^,  crea- 


Mor  10,  douçoT  16 j,  lahor,  labors 
0,  J87,  mort  (mOres)  iiîo,;i/u- 
ton  262,  iS^^  preeehors  ^67,  sa- 
m  164,  stùjgnors  12,  490. 

jorjors  288,  îaS,   ;i9,   Î91. 

4'>0t  ^  ï  ï  II  ""O^'  I09<  ^}  >  ^9> 
^r  II,  loi,  10:34,  'H,  rof«  î7, 
4t.  69,  134,  wff  (vulium)  J19, 
nwîj.  î6,  8ï,  Î90. 
dtmore  162,  hore  280,  ]6i. 

frtiious  219. 


four  7j  I ,  dociours  ;  j8,  tmptrtours 
60,  ^nour  48,  /our  1742,  moun 
29,  tî7,  281,  701,  706,  ^Doiir 
612, 1491,  prwc/ipur  996,  Kfifl/ourj 
6),  iiinour  995. 

double  Si,  dotiz  1 1  ujoi"'^  jours, 
i9,  1124,  1492,  joue(sûa)  17ÎO, 
1741,  ;ou/  îos,  608,  9îJ,  ïoiir: 
ij,  fo«r  I I2Î,  tourgent  47,  row 
400. 

dtmûure  aji,  617,  867,  Aoure, 
oitrr  2T[,  ^25,  618,  868. 

dmorouj  66,  angoitsoui  4JI, 
coilouses  220,  destTous,  désireuse 
132,  862,  merveilhitse  6^9,  pi/oui 
)8j,  4}0,  ^i/oujfmfAf  ;8i  poorout 
1025,  î8i,  prêtions  1084,  1^17, 
religious  6{,  121,  jou/rmoiu  4)2, 
wgrouî  538. 

L'emploi  de  u  pour  0  iî  latins,  si  fréquent  dans  la  plupart  des  textes  anglo- 
normands,  est  ici  fort  rare  :  ra/r  (vultum)  4S7,  colum  1911,  sûmes 
(su mus) 609, 774,  986,  2288,  corrumpre-j^%munde  281 1,  numbra  22 i, 
mail  on  a  aussi  nombre  770,  t  jCt-j.  Au  v.  1  )  1  o  l'écrivain  avait  d'abord 
^mdtvoiiiui,  mais  il  a  corrigé  l'uen  &.  Je  crois  que  liui-fs  ttiOras)  1642 
a  l'a  français,  et  a  été  ainsi  altéré  pour  rimer  avec  f'ures  ibûtyrutn].  — 
Stma  (sùmusl  2271  est  excepUonnei,  comme  aussi  deat  (duos)  9)1. 

8.  L'fl  de  consuetudinem  ne  reste  pas  a,  comme  sur  le  continent 

(an  sud  comme  au  nord),  mais  devant  0  nasalisé,  de  sorte  que  coustome 
rioM  avec  Romt  1201,  i)oi,  22^8,  2)44,  qui  lui-même  rime  avecome 
727.  Cf.  l'anglais  (ustom. 

9.  Avant  la  tonique  je  ne  vois  que  peu  de  faits  dignes  d'être  notés. 
Un  i  semi-Toyelle  se  développe  soit  spontanément,  soit  par  analogie  i 


198  p.   HCTER 

des  mou  tels  que  preUr  preure,  etc.,  Abu  emperàoar  X(4)i  mÊftmm 
26)0,  Uiott  (Leonem)  2)}(,  crtuz  ['credatis]  892»  nûit(ndebai) 

1441.  Kioflj (vide moi)  9^5,  1027,  poitir  1  J2i,  qui  wnieM  en  par 
français  empertor,  Uoa  créez,  yeoit,  reons,  pooir.  Piû  il  arrive  que  o 
devient  <m,  et  nous  avons  toiant  .sedenteni;  137S,  soiat  (sedebat) 

1442,  voiiit  {II.  *oii'  ivetarei  2648.  —  Remarquons  le  ^muf/t 
à'e  amettmique  i  0  dans  proechier  2046,  proedm  20;  i ,  prtxchon  2097, 

MV£dlU  1880,  2}  $8. 

10  Certaines  intertoniques,  qui,  pour  des  causes  variables,  se  vaàa- 
tiennent  régulièrement  en  français,  tombent  assez  ordinairemeiit  en 
angto-nonnand.  Nous  pouvons  citer  ici  f/irriA,  tntrine  rSi,  \\ti,tntn- 
atment  },  216,  2{i,  vigrous  ))8,  les  futurs  ou  conditionnels  <xtnaidron$ 
1072,  ottrai  1047,  monmi  272a,  ttûndi  44,  uoneh  22,  poor  tmetin, 
rigturous,  amenderons,  etc. 

11.  Les  consonnes  se  component  à  peu  prte  comme  en  français  de 
France.  Ainsi,  pour  ne  citer  qu'un  fait,  le  c  initial  ou  deuxième  consonne 
d'un  groupe  devient  cA,  comme  cela  a  lieu  en  France  entre  4f  et  49°  jo* 
environ  ;  changii  191,  chanté  :9,  chouan  tS,  62,  dont  jas^tua  ({98 
est  une  variante  graphique,  frencheisons  295.  —  Ce  que  j'ai  observé  de 
plus  paniculier,  c'est  la  tendance  A  conserver  les  doubles  consonnes  : 
SQUoart  1129,  loccon  2108,  soccorable  1  H9>  soccreUtre  204,  achtttée 
1468,  oiotU  2223,  attfaire  1702,  attreil  ^i,  cmettUs  2261.  /mr<. 
/rt/r<J  [72,  849.  flKHr*  IJJ9,  iii<(l«fSi4,  nrtteiiKfl/ 9^6, /»«rtrt(«  2262, 
ri/^lez  746,  (ii>^<ie  sm*  >^^>>  ^^^  3io},  ohbeditau  6âi,  rofr^osn 
lyoT ,  dppareilU  91,  2676,  apparat  2612,  so^ef  2 {6. 

Flexion. 

1 2.  La  flexion  offre  quelques  faits  intéressants.  Comme  dans  la  plupart 
des  textes  anglo-normands,  la  déclinaison  est  mal  observée.  Beaucoup 
de  noms  —  ceux  en  particulier  qui  désignent  des  personnes  —  gardent 
la  forme  du  suiet,  lorsqu'ils  sont  employés  comme  régimes  ;  aîtisi  com- 
pMnr  62t,  danz  îj.  ^19,  Deas  ^2^,  \-jot,  emperae  %-}t,  SSj,  main 
82,  168.  Les  mêmes  noms,  lorsqu'ils  appartiennent  à  la  déclinaison 
imparisyllabique,  peuvent  garder  au  pluriel  la  forme  du  sujet  singulier  : 
il  sorcere  2477,  Us  mitdra  [rég.]  2097.  Toutefois,  ta  tendance  générale 
est,  comme  ailleurs,  de  substituer  la  forme  du  régime  à  celle  du  sujet. 
Les  rimes  constatent  un  grand  nombre  de  manquements  i  la  déclinaison  ; 
voy.  8,  SI,  79»  90.  "6,  iî6,  î82.  458,  S76,  588,  j9î,  et  on  en 
rencontre  à  tout  instant  dans  le  corps  du  vers. 

I .  Ponr  les  fatnrs  et  coadittosnels  \t  même  bit  s'observe  parfais  en  français 
du  cootincnt.  Voy.  Fwnter,  Dt  Vtaiu  ta  dtuu  d'amai,  p.  6}. 


I 


LA   VIE   DE   S.   CKtCOIRi:   TAK   FRÈRE  ANCIER  ^^ 

(j.  Les  adfccttfo,  pronoms,  participes,  qui  n'ont  en  laiin  qu'une 
famé  onique  pour  1m  deux  genres,  reçoivent  tr^s  souvent  ici  une  ter- 
BBason  spéciale  pour  le  féminin  :  ijaeie  167,  ifuetes  3^1,  jjj,  S^j, 
lrftt497»  i«fc  83  j,  c/(jr»M/c  JJ4Î,  générale  j ^  i, ,  moriaU  y^ù,  umtnaU 
M^f,yfoTît  9ÎÎ,  2006.  ardaau  763,  1 179,  ateignante  1 180,  Amtndantu 
764»  AMUMflU  29(4,  nescrtanU  2196,  32T4)/'^"^'"'â}7,p/oj'ajitt  3t)i. 

14.  L'emploi  de  la  forme  atone  du  pronom  personne!  régime  est  assez, 
rue  j  en  voici  cependant  deux  exemples  dans  le  même  vers  :  Fait  s'il  e 
^'iltt  (oofertisse  1001  ;  mais  en  général  c'est  la  forme  emphatique  qui 
«t  employée  dans  les  cas  où  le  français  préférerait  la  forme  atone  : 
TaoJ  par  saivemciU  toi  conlint  i}4.  Jo  toi  pu  ti>0,  cf.  328,  240,  24}, 

nu  nS- 

I  {.  Angier  fait  usage  d'une  forme  de  pronom  personnel  de  la  troi- 
sième personne  que  je  n'ai  pas  rencontrée  ailleurs  :  au  lieu  J'i/  sing.  ou 
pliir.,  il  écrit  de  temps  en  temps  «  :  (fis  tit  4SS,  qUs  toi  pcûsst  946, 
4*0  p<uH  950.  com  is  l'ût  ponea  1222,  pues  cj'it  orent  îî2,  is  sont  496, 
UnoA  joi,  «*«  fussent  509,  por  qUs  fussent  (52,  por  ^'is  furent  575,  si 
^is  lu  fassent  jgS,  q'is  retournassent  670.  q'is  puessent  9)6.  fl  y  a  aussi 
ime  forme  féminine  et,  pour  elts  :  Dea  donst  q'es  paessini  46.  F.st-ce  une 
itinne  venant  d'ip»,  ipsi,  ipsaf  On  trouve  ctse  jipsa)  dans  un  vers  de 
Philippe  de  Thaon  ' .  Ou  est-ce  ù/<.' Cf.  iscampan,  dans  Cormond,  v.  274. 

16.  L'anîcle  masc.  sing.  sujet  est  ii;  la  forme  du  régime,  qui  est  en 
néme  temps  pronom,  est  non  seulement /r,  mais  aussi  lu,  }6,  85,  i;;, 
166,  17S-6-7,  179.  Cette  forme  enclitique,  dérivée  de  illuni,  n'est 
pas  A  confondre  avec  lu,  variante  du  pronom  personnel  régime  /ui,  qui 
est  aussi  d'un  emploi  fréquent  dans  noire  texte,  i\\,  }24^  ^77,  ;8(>, 
196,  404,  427,  en  rime  au  v.  628  '.  Il  m'a  semblé  remarquer  que  la  de 
lllum  était  moins  employé  dans  le  Dialogue  que  dans  la  vie  de  saint 
Griigicnre. 

17.  Remarquons  l'emploi  ^équent  de  la  forme  périphrastique  ia  quel, 
__'queU,  Us  quels,  as  quels,  ctc.y  124,  ijî,  îj],  îH' 866,  896,  1267, 

1272,  au  lieu  du  pronom  relatif  qui,  que,  cui.  L'emploi  delà  forme 
oblique  ati  n'est  pas  inconnue  à  Angier,  mais  il  l'écrit  qui  comme  au  cas 
rajet,  voir  29Î,  pj,  412,  725,  810,  829. 


fl'est  pu 


I.  P*r  tut  la  ehâru/iy  Comput.  éd.  Mal),  vv.  14;)  et  2469. 
j.  Dan»  des  exemples  comme  ta  ptssut  }68,  si  fa  rt^ual  }79, 
UcAt  de  sarotr  si  la  représente  le  ou  lai 


2O0  P.    MBYER 

i8.  Pour  les  verbes,  je  me  bornerai  i  relever  un  pelh  nombre  de  faits. 

Dans  les  verbes  de  b  première  conjugaison,  les  imparfaits  de  l'indi- 
catif font  régulièrement  en  ot  leur  iroisiime  personne  du  singulier  : 
gardot  î7,  aviWfot  Sa,  Uborot  lot,  veUloi  loi,  iiî,  mousiroi  106, 
dtmoUTCt  [40,  <ificho\  i8j,  esperot  196,  parbîti^ml  201,  deûrot  202, 
danoi  244.  Mais  l'auteur  admet  aussi,  quoique  rarement,  la  forme  en 
eil  :  espemt  [14  (en  rime  avec  atrddi),  ttj),  i86j  (rime  avec  frei'i), 
par  analogie  avec  le  type  en  ébat.  Pour  la  deuxième  personne  du  sing. 
et  la  troisième  du  pfuriel  du  même  imparfait,  on  ne  trouve  que  la  forme 
en.  01,  ou,  rarement,  en  tl  :  rtdouioient  492  (rime  avec  vimtnt'),  amt' 
noitnt  478.  teposoitni  6)0  (rime  avec  troienu,  dtsiroitnt  882  (rime  avec 
atendoient},  femoitnt  1146  (rime  avec  cremoi(nt\  lormient  14^8  irime 
avec perno/wr] ,  donoits  14^7  (rime  avec  escrivoies),  passoUnt  1984  (rime 
avec  ^ro/Vnri,  confermoieni  1166  (rime  avec  disoitni],  porpensount'Ofor- 
tount  2267-8.  —  Notons  en  passant  qu'ici,  comme  dans  beaucoup 
d'autres  écrits  composés  en  Angleterre,  l'imparfait  est  souvent  employé 
au  sens  du  prétérit  défmî. 

19.  Je  agnalerai  encore  le  prétérit  mourïi  213,  moarirtat  715,  et 
plorut  lù^si  ce  dernier  n'est  pas  propre  à  notre  auteur,  car  pturi  et 
piururent  on\  été  employés  par  Chardry  \  Citons  enfm  une  riche  collec- 
tion de  8ub).  prés,  en  -ge;  altr  :  augez  19)7,  Mirg«  840;  di«/irirq 
assengts  %'i&  \  dttgntr  :  dtingt  î5j  ;  doaer  :  donget  \Z^t,  garder  :  gfirg 
2190  \  perdre  :  perges  2^8)  ;  prendre  :  prengez  951  ;  rtmaneU:  remtiagf' 
1 096  ;  reserver  :  reserges  2  ^84  ;  te/iir  ;  Uingenl  1 086,  deiUage  978,  det- 
tienge  1061  ;  tourner  :  laurgent  47  ;  venir  :  vienge  1062,  109S  ;  ensovienge 
rfj-j^  viengent  io8j,  yengtnt  1091  ;  roakir  :  veilge  (1"  pers.)  57,  voitgie 
(î'pera.)  îj»  »■ 

30.  Le  verbe  estri  a  deux  formes  d'imparfait.  La  première,  qui  appar- 
tient i  la  langue  commune,  est  la  forme  correspondante  à  cram.  Elle 
présente,  comme  on  sait,  deux  variantes  à  la  troisième  personne  du  sin- 
gulier, trt  et  ère.  Ert  a  un  e  ouvert,  puisqu'il  rime  avec  apert  329,  Adel- 
lert  20:1,  et  ne  se  diphtongue  pas.  C'est  pourquoi  j'écris  Si  eri,  en 
supposant  que  Vi  est  apostrophé  [S'erij  aux  vers  135,  377,  i.4i6,et 
non  S'iert.  Il  en  est  autrement  d'fre  qui  se  rencontre  aussi  sous  la  forme 


i.  CharJrys  JosaptuT,  Set  Dormani  vnJ  Petit  plel...  hgg.  voa  J.  ifocA, 
Heilbroan,  1S79,  p.  kI. 

a.  La  (orme  rtmt^n^nt^  au  sub|.,  m  trouve  en  rime  au  ¥.  984. 

).  Le  morceau  publié  dans  mon  Retaal  J'attatiu  uxus^  tf  i],  (ournîl  quel- 
ques autres  exemples  :  auge  )o8,  aptiags  209,  etc. 


LA   VIE   DE  S.   GRÉGOIRE   P*fl   FRÈRE   ANCIER  JOl 

vrr,  rinant  d'une  pan  avec  ptrt  78,  frtre  ^04.  Eltaihcre  }iq,  et  d'autre 
part  avec  Pivt  1190,  2798.  La  seconde  forme  est,  pour  la  troisième 
pmonne  du  singulier,  trtii  (,\,  68,  77.  9i.  608,  674,  870,  1177, 
1290,  ou  aoit  466  ;  pour  la  irotsiéme  personne  du  pluriel  ctoteM  639. 
74;,  laSi.  Je  n'ai  pas  souvenir  d'avoir  rencontré  cette  forme  ailleurs 
qw  dwE  Angier.  File  a  été,  selon  les  apparences,  créée  d'après  l'ana- 
logie des  imparfaits  latins  en  -èbam.  Si  le  type  suivi  éiaii  celui  des 
imparfaiu  en  -abam,  on  devrait  trouver  de  temps  en  temps  la  forme 
trot,  ce  qui  n'a  pas  lieu.  En  provençal  il  a  existé  un  imparfait  formé 
analogiquement  sur  le  type  -abam,  c'est  erava,  qui  se  rencontre  d:ins 
quelques  textes  du  xiit*  skcle  ■. 


I 


» 


Versificatioh. 

3t.  La  versification  d'Angier  ne  présente  aucun  caractère  particulier. 
C'est,  avec  une  correction  un  peu  moindre,  celle  de  tous  les  poètes  de 
b  France  continentale  qui  vivaient  au  même  temps.  Les  irrégularités 
qu'an  pem  relever  dans  les  vers  de  notre  auiL^ur  sont  de  deux  sortes, 
selon  qu'elles  concernent  la  rime  ou  la  mesure.  Parlons  d'abord  des 
rimes.  Il  est  certain  qu'Angier  prend  avec  les  finales  de  ses  vers  des 
LTiertéi  qu'on  ne  se  serait  pas  permises  en  France  à  ta  même  époque. 
Nous  avons  vu  qu'il  n'hésite  pas  à  donner  aux  mtmcs  mots  deux  termi- 
naisons différentes,  selon  les  exigences  de  la  rime,  par  ex.  tte  ei  iere 
au  S  précédent.  Mais  il  7  a  bien  d'autres  rimes  que  l'on  peut  qualifier 
de  forcées.  Dtmoje,  qui  a  régulièrement  un  0  fermé  et  rime  souvent 
avec  hûte  ou  bouie  (hSra},  deviem  demere  au  v.  311,  pour  rimer 
avec  ptTt.  AU  (faabeam)  ou  eie  (voy.  g  2,1  est  changé  en  oie,  as77) 
pour  rimer  avec  oit  d'audiat.  Je  doute  beaucoup  que  le  participe 
convtnoî,  1870,  a^Jo,  ait  une  autre  raison  d'être  que  la  rime  avec 
rmur,  dtctiii.  De  même  la  forme  htnaite,  2140,  pour  b/netiu  ou  bentite 
en  accommodée  i  la  rime  faite.  Ce  ne  sont  pas  là  des  fautes  contre 
b  rime  :  ce  sont  bien  plutAt  des  foutes  contre  la  langue  auxquelles  la 
rime  a  donné  lieu.  De  telles  fautes  ne  paraîtront  pas  surprenantes  si  on 
considère  que  pour  les  écrivains  anglo-normands  le  français  devenait  de 
pins  en  plus  une  langue  apprise  par  voie  littéraire,  et  qu'il  était  par 
suite  de  plus  en  plus  difficile  de  connaître  en  toutes  ses  panicularités.  La 
langue  transportée  sur  le  $0!  anglais  par  les  conquérants  normands 
subissait  sur  bien  des  points  un  développement  particulier.  L'analogie 
engendrait  sans  cesse  des  formes  nouvelles  que  le  français  de  France  ne 
connaissait  pas.  A  ces  formes,  les  écrivains  nés  en  Angleteire  en  ajou- 


.  Voy.  Chabgtaeju,  Ctcmtiuire  limoume,  p.  ajo,  a.  1,  et  p.  17}. 


Jfi. 


203  P.    METER 

laient  d'autres  qu'ils  poisaicnt  dans  la  lecture  des  livres  venus  de  France. 
De  là  résultaient  des  variétés  et  des  inconséquences  qui  affectent  en  des 
proponions  diverses  la  lanj^ue  de  chaque  écrivain,  et  qui  s'opposent  i  ce 
qu'on  puisse  traiter  l'anglo -normand  comme  un  dialecte  régulier. 

Une  vingtaine  de  vers  pèchent  contre  la  mesure.  C'est  une  bien  faible 
proportion,  eu  égard  à  l'étendue  du  poème.  Nous  allons  voir  que  cette 
proportion  peut  être  considérablement  réduite.  Voici  des  vers  trop  longs  : 

Qai  les  livrèrent  as  soufreitous,   1689. 
Grégoire  evesqe,  serf  des  sers  Dé.  1917. 
Fors  de  u  bouche  lu  vomira,  (çja. 
Si  cocD  aioz  fureut  jcottomez.  Jijo. 
Si  q'od  convives  rcligious,  2 1  \C. 
S'en  (Kiinst  les  ciuces  sovent  menu.  3J(9. 
Lrs  plaies  e  It  sincs  estanchiez.  1)84. 
Grâces  rendoient  dévotement.  ]j88. 
Lîdil  avoiltre  lez  e  joiant.  i^^i. 
Reconter  soelenl  de  seint  Grégoire.  ^iJi- 
Tant  soient  leCiei  ê  cscrites.  2620. 
Com  celés  qui  sont  veires  prorées.  1611. 
E  de  baptesBie  r^eneré.  2687. 
Nel  reqenoistrern  !i  envious',  1787. 

Certains  de  ces  vers  se  laissent  ramener  Â  la  juste  mesure  par  divers 
expédients.  Au  v.  1689  on  peut  corriger  QuU  Urrereat;  au  v.  21  {o  on 
n'a  qu'à  supprimer  Si,  comme  dit  au  v.  24^2.  11  est  facile  de  remplacer 
RtconUr  par  le  simple  Conter  au  v.  2}{j.  Mais  les  autres  ne  se  laissent 
pas  corriger  si  facilement.  Mon  opinion  est  que  tous  ces  vers  scmt  cor- 
rects ;  que  l'auieur,  par  une  licence  qui  n'a  rien  d'excessif  de  la  part 
d'un  écrivain  anglais,  ne  prononçait  pat  les  c  positoniques  de  Imertnt, 
ews4]tte,  boache,  furtm,  cinces,  plaies,  rendoient,  etc.  Dans  beaucoup  de 
mss.  anglo-normands,  et  par  exemple  dans  celui  du  poème  de  Guillaume 
le  Maréchal,  qui  a  dû  être  exéctné  en  Angleterre  vers  le  milieu  du 
xiir  siècle,  les  finales  en  -eint,  -oini,  pour  -eUnt,  •cient,  som  fré- 
quentes. Ici  nous  avons  au  v.  1258  clément  au  lieu  de  cUrement.  Ce  qui 
est  digne  de  remarque,  c'est  que  l'auteur  ne  se  permet  cette  licence  que 
dans  la  seconde  moitié  de  son  poème- 
Quelques  autres  incorreaions  n>e  paraissent  élre  dues  à  l'inattention 
du  cofûsie.  Elles  sont  si  peu  nombreuses  et  si  peu  graves  qu'on  n'en 
saurait  tirer  argument  contre  l'opinion  d'après  laquelle  le  copiste  ne 
serait  pas  ditléreni  de  Tauteur.  Le  v.  10}  1 ,  Q^il  nos  désire  tiparmct,  est 
trop  court,  car  il  n'est  pas  probable  que  Ve  fmal  de  dtsire  compte  dans 
ta  mesure.  Corrigeons  Q^f]  1/  ou  Q'il  nos  désire  [a]  tsfarmtr.  Pour  le 


I.  E.nm<u  est  sttremefit  de  trois  syllabes,  voy.  v.  1819. 


U   VIE  DE  S.    GRÉGOIRE    PAR  KRÈKE   ANCIER  JOÎ 

T.  I30},  Taatost  ahjiit  e  es^aassaj  j'ai  â6\à  proposa  une  correction  en 
note.  Dans  le  t.  1952,  A  Augasnn  vostre  ahbé  présent  on  peui  ou  retran- 
àttr  A,  oa  corriger  Ausiin,  cf.  v.  3164.  Au  v,  22îo,  £  si  ne  demoura 
fort  brtfauni^  on  peut  supprimer  Es  ou  si.  De  temps  en  temps  IV,  devenu 
muet,  de  anaiemint,  nraiemtnt,  a  été  oublié  (vv.  10)7,  2628)  :  je  l'ai 
rétabli  entre  [  ].  Dans  des  vers  comme  Ço  esl  la  Di  ire  maniftae  917, 
Ne  tjiiideisez  ço  en  eit  la  somme  ^489,  il  faut  lire  Ço'sl,  ço'n;  cf.  v,  1414. 
En  résumé,  U  versification  d'Anj^^eresi  remarquablement  correcte,  eu 
égard  au  lieu  et  au  temps  où  il  composait. 

VOCABUUIRE. 


L*œovre  d'Angier  offrira  A  nos  futurs  lexicographes  une  moisson  qui 
n'est  pas  à  dédaigner.  Comme  dans  tous  les  ouvrages  traduits  ou  imités 
du  latin,  on  7  trouvera  beaucoup  de  mots  de  création  savante.  Ces 
no»,  que  tes  auteurs  de  glossaires  négligent  trop  souvent^sont  bons  à 
recodllir.  L'histoire  de  la  partie  scientifique  de  notre  vocabulaire  esl 
encore  i  faire,  et  ne  pourra  être  entreprise  tant  qu'on  ne  saura  pas  quand 
et.  auuni  que  possible,  par  qui,  a  été  introduit  chaque  terme  emprunté 
iD  latin  par  voie  littéraire.  Voici  une  liste,  bien  incomplète,  des  mots 
de  ce  genre  qu'offre  noire  Vie  de  saint  Grégoire.  Je  me  borne  à  relever 
ceui.  qui  n'ont  pas  persisté  dans  l'usage,  ou  dont  il  n'y  a  pas  d'exemples 
auui  aociens  dans  Litlré. 


aaaoriiiit   1611,  âolofizis  18^7,  aat- 
t»mi  1347,  1309. 

aimaU  1827. 

(0Rf  jjiHMi  414. 

lûmpaKt  1234,  2É01. 

nnttsoa  117;. 

t9ama  ii{6,  jutenideconviviuin. 

ittimtv  loâ^. 

Anurùfl  S8. 

itstta  ^76,  709,  3014.  Littré  donne 
coBoe  du  XII*  s.  ua  ex.  tiré  de 
l'jtic.  trid.  (les  Serinons  de  uînt 
Berurd.  Mais  c'est  un  texte  du 
■nlîen  di  XIII*  siècle  seulement. 
tftttauM  1S6- 

nmiiKnt  1419- 

mSrKusor  1J02. 
if>iê/t  2771. 


txftàition  686. 

gtturauti  819. 

ia^mli  714. 

tafinilts  179t. 

ialcrprtuison  S7.  Littré  n'a  qu'înrrr- 

prdatioa. 
li^rûin  i8;a,  au  sens  de  collection  de 

livres. 
mantfau  917. 
morigtrdt  ijo,  709. 
pal'imoific  «39,  1 534. 
p^Cnu,  adj.  1673. 
peluiiattrc  1463. 
rade  iSjG. 
icminer  2088. 
soubitt  976. 
luIrJactioii  2420. 
rniversatt  M^\. 
voiontairt  1769. 


304 


p.   HETER 


Voici  mainienani  un  court  ^ossaïre  où  je  ne  lelève  que  les  mois  ou 
les  formes  les  plus  notables. 


ftc^smes  486,  aceesméea  161  f, 
parés. 

ikcoru  joi ,  le  sens  paraît  ttrt 
*  Ir^ippè,  abattu,  •  ce  qui  convienl 
mal  au  panic.  d'atone  ;  p.-è.  Tau- 
ipur  a-t-il  corfondu  ireQucmi. 

aeve  1)40,  2140,  eau. 

aflemeai  iiS,  104).  Le  seni  ordi- 
naire de  ce  mot  aX  ■  sflreti,  garan- 
tie. ■  Ici  il  s'agil  d'une  nature  de 
bieas,  probablement  d'une  sorte  de 
renlw. 

aliéna  1610,  étrangers. 

aloues  177^,  3711,  placi,  adloca- 
lus,  adiocaii. 

arbrer,  arbrot  3478,  se  cabrer 
«  tnurbfir,  erigereduos  pedes  et  in 
duobus  sustenlart  • ,  Dunat  pro* 
veaçal  ;  voy.  RominUf  VU,  467. 

areslft  )77.  Je  ne  sais  ce  que  veut 
di.'e  ce  mot.  Le  sens  ordinaire  du 
fnoçais  êrttur,  tes  deux  teiis  du 
prov.  ifttar  \Lt».  rom.  Il,  1 18;  V, 
Sai  ne  conviennent  point  ici. 

arvaire  428,  168],  bésHatioa,  ar- 
bitrium. 

a8ineri77ï,esliiner,appr4cieT;»oy. 
esmer. 

a.-i<il8es  1181,  uxes,  imposttions. 

avisos  178J,  riiion, 

avlsooo  9^0,  1 1 1 1,  ou  a  via  odc  ; 
je  réunis  les  trots  mots  en  un,  i 
l'eKoiple  du  ms.;  i  grand' peine. 
M.  Oodefroy  cite  trois  exemples , 
du  Xlll"  siècle,  à.'av\soniuj,  srisoa- 
fUf;.  Les  exemples  plus  andens 
qu'a  réusis  G.  Paris  i  propos  du 
V.  i>tc  de  S.  Alexis  (p.  194I  lui 
ont  échappé. 

avoUtr«  14^3,  3519,  terne  iaJH- 
rieui  ayant  le  sens  gèoéral  de  païen, 
infidèle. 

bedel  13^9,  bedeau,  of&cier  subal- 
lemc  de  justice.  Ce  mot  ac  doit 


pas  être  conloadu  avec  Mil,  torlc 
de  soudoyer. 

boubelea  1  (96,  bîjour,  p.-è.  pièces 
plus  ou  moins  ornées  de  jrB  d'os- 
seleU,  si  ce  mol  est  le  Ditme  que 
bibelot  que  Cotgrare  rend  par 
•  hucklebones  ». 

biogoer,  s'en  blgnot  1(4),  s'es- 
quiva. On  trouve  dans  la  Vie  de 
saint  Auban  (éd.  AtLioson,  v.  ssa) 
s'en  est  bùtnt:.  dans  la  Vie  des  Sel 
Dormans,  de  Chardry,  v,  jai,  s'en 
hnnùiit,  au  même  sens. 

blemme  408,  bUme. 

bollle  66S,  torme  qui  parait  créée 
en  vue  de  la  rime,  bulle. 

bouUerea  J789,  trompeur. 

bricon  640,  homme  léger,  écerveU. 

ceinb«l  1260,  tournoi,  mêlée,  d  par 
extension  le  prix  du  tournoi. 

cerre  1 692.  pois  chiches  ;  Du  Cange- 
Hcnschel  VII,  Codcfroy,  CEiw:. 

cbonmant  8S0,  chinant,  pares- 
seux. 

olnc«s  ajio,  clncett«s  aifit, 
3JJJ,  rognurcsd'étoïe;  voy.  G.  Pa- 
ris, S.  AUxii,  p    185. 

col1t«a  1667,  couettes. 

coltoosM.  pocnaoB  aïo,  mot  i 
mot,  argent  pressant,  promptemenl 
exigible,  dettes  criardes. 

oreape  488.  dont  les  cheveux  (rîsenl. 

cruclr  ou  crocier,  crucira  1448, 
briser. 

cvter  1169,  onta  1184,  ctit«a 
1 1 1  ; ,  cacher. 

daamalres  1297,  dalmatiques.  Co- 
dcfroy, dalmufe, 

debrlBler,  réfl.  247 j,  le  disloquer» 
en  parlant  d'un  faiseur  de  tours. 

demeUtUme  116S,  propre,  per 
sonnel. 


^                               LA  Vit  De  5.   GRâGOme  par  FRÈHE  ANClBfl                  ïoï              ^1 

^H       démentir  }9J,  »  sent  de  demea- 

Cambridge,  t'atrucur  traduit  tx-             ^| 

^^L           ter,  se  Unenter. 

pirgiKl.                                                               ^1 

^^^UaM^aJ  3703,  270{,  inégal. 

escfaarscment  i}94,  strictement.             ^| 

^^^^^''■■B'^A')^    i?!^'?!    itisuble,   in- 

Dirr.,  IV.!!-/,  I,  ecARHO.                                    ^| 

^^f          coftsUnl.  Manque  an   dictionnaire 

eschBr«etâ  i^t^'  1700,  mesquine'              ^| 

^H           de  M.  Godefroy. 

^^^H 

^H        deslroase  863,  disirable. 

eacheri  1476,  choisi.                            ^^^H 

^B        desqaant  10^,  142,4:9,  î70-  6(î. 

escommefiz  677,  excité.                      ^^^H 

^H            817,  dès  que,  auisitdlque,  lônque; 

escoure,  rcfl.  1481,  se  secojer,  se            ^| 

^H            P--^-i  au  V-  >o;,  puisque;  non  pas 

démener;  part,  escons,  li)6,  se-              ^| 

^^L^     (  depuis  quand  ■  comme  dans  les 

^1 

^^^^ft    deat  ex.  cités  par  M.  Codcfroy. 

esgraplr  1287,  couper,  émondcr?               ^| 

^^^mûtanier  764,    1469,    2488.   réfl. 

oslals,  eslAs,   a-  670,   1  }oo,  eo       ^^^H 

^V          969,    1 108,  3488,  s'emporter,  se 

^^H 

^H           déchaîner. 

eslors,  voy.  elslora.                            ^^^H 

^H       daltre  1986,  conducteur. 

esmer,  esmenc  ^{,  voy.  asmer.            ^H 

^H       tfrv  7a),  it6i,  er«  1893,  royage 

mettre  en  pièces.                                        ^| 

^H            l'Iert;    ea-    {84,    I404,   sur-le- 

e«tai  696,  siège,  poste.                                   ^| 

^^L^^     champ,  aussitôt. 

e»t«s  vos  480,  7^0,  «ste  le  von        ^^^| 

^^H«to  f^,  178), 

^^^H 

^^^Bilalara  3019,  eslorB  é{j,  ll-des- 

estevoir,  eateOst  307,  il  fallut.          ^^^H 

^^F          sus,  dans  ce  moment  même;    cf. 

estortre  207,  part,  estorn  lojÉ,           ^| 

^H            fpi/o/fdAntlepoèmedeBoèceiV.  i). 

échapper.                                                   ^| 

^H        MUDc  407,  âme. 

entre  ;o2,  316,  448,  684,  1188,  en            H 

^1        en  explétif  33),  744,   ifji,  309J, 

dehors  de.                                                  ^| 

^H          1499.  p.-É.  94i  In'an),  1614. 

entrons  713,  subitement;  la  locu-             ^| 

^H        endemeatre  8{0,    1433,   pendant 

tion  usuelle,  tant  en  fr.  qu'en  prov.,             ^| 

^H           ce  t«nps-U- 

est    11    tiUaat,    qu'on    trouve    ici         ^^^H 

^H        «arevr«  190;,  cndcrci,  obstiné;  cf. 

V.  14)4..  3788,  38)0.                             ^^H 

^H          Chardry,  P^df  pJ^i,   ij}6,   1400, 

^^^H 

^H           Cir.    rff    ft«ujf.,    ms.    d'Oxford , 

fantôme,  féminin,  14}}.                       ^^^H 

^H          V-  (719'  ^  I^"  Cange-Henschel, 

fé  1Î41,  fief.                                         ^^^H 

^H          Vil,  nniBras. 

fertrea  1197,  chlsses.                                 ^H 

^H        «nlerder  S46,  1 1}7,  saisir,  conlis- 

fenpe  ajaj,  haillon,   friperie.  Cf.             ^| 

^H          foer,  intercepter.  Du  Cange,  ss- 

Romança,  IV,  }6j.  Du  Cange,  fre-             ^M 

^H               TEXTIAKi:. 

i>AT£  TKSTRs,  RUhars  h  biaui^  v.               ^| 

^H       «otrer,  coostrait  sans  préposition , 

1907,  dtftlipprit:.                                         ^H 

^H          3009. 

fle  1774,  figue.                                             H 

^H       «nvle*  i43{,  invités. 

flecchlea    1018,    fléchi.    Tout   les             ^M 

^H        erraumeat    ]}i,    161,  t70,  6]4, 

cKfinples  connus  se   rattachent   A             ^M 

^^^H      694,  anssit&t,   sur-le-champ.   Cf. 

pcchit.                                                       ^1 

^^^^B    Chn^litr  4s  dais  tipits,  note  sur  l« 

foinoDj  avoir  —  ver»  27.  Se  main-              ^| 

^^^^          204. 

tenir  sur  un  pied  d'égatilé  à  l'égard          ^^^| 

^^M       etbmselfir ,    n'est    esbrascies 

de  quelqu'un,  lui  6lre  comparable.         ^^H 

^^1          418,  X  rérettler,  se  ranimer,  cf. 

Voy.  la  note  de  Diez  sur  le  v.  3Û            ^H 

^H           iVshviKb   dans  Ov    Cange,    sous 

de  Boécc,   dans  les  Ailromaniscki        ^^H 

^H          «.icni&utm.  Dans  k  Psautier  d« 

Sfrachdtnkmate,                                      ^^^^| 

^V^        20G                                           1 

«fTER                                                                     H 

^H             foualUes  \6}C,  lonede  prinine  ou 

monrioeyS;,  1710,  :782,  naladie       H 

^H                  de  cravate  en  laine,  Toc  aie. 

mortelle,  mortalité.                               H 

^H              rtnls  9j6,  subst.  formé  sur  fraiuitr; 

fl 

^H                  bnsemenl. 

nages  7J8,  feues.                                 H 

^H 

ne  explétif,  après  sans  ço  qe,  ]9,      B 

^H              raal^e  49{,  gain,  profil. 

H 

^H              glalvo  710,  918,  970J  calamité,  épi- 

□eporoeo  2110.  2417,  2634,  nbn-      ^ 

^^B 

moins  ;    cl.    G.   Paris,  S.   Alnit^      J 

^H              gaenchir  84],  réfl.,  se  détourner. 

■ 

^H 

"^24,   î6i,  696,  7IÎ,  7n,  7*it     H 

^H              hero  4(2,  figure,  mine. 

mène.                                            ^1 

^H              hisdour  178^,  horreur. 

^1 

^H              hage  4)8,  huche. 

oisdis,  olwUf  {^7,  880,  oisil.              H 

^H 

onqore  }33,  onqors   188,  432,       H 

^H             terre  3479,  lierre. 

f04,  i;ti,  1496,  encore.                     H 

^H              ilort  2 1  ),  ]87,  alors. 

onqorors   476,    (oa,   974,    1130,        ■ 

^^^^        lstr«  1  ^61,  état,  manière  d'ttre;  cf. 

i2]7,  1401,  i68j,  nuuntauDt  en-      H 

^^^B          segoat  lor  Istre,  Et.  de  Fou- 

core,  alors  encore.                                H 

^^^^^          gères,   Livre  dts   mamlrn^   XCV. 

H 

^^^^1          C'est  probablement  une  forme  pa- 

Paroi  18};,  parité,  positioo  égale  i        ■ 

^^^^^1           rallèlc   d'extre,   qui   est   fréquent 

une  autre.                                             H 

^^^^p          dans  le  nnîme  sens. 

pénible  373J,  qui  prend  de  la  petite.        1 

^^^^ 

Vof.  Littréi  rhiiloriquedece  mot.        ^Ê 

^H            Ja  seit  qe  812,  bien  que. 

peacoler  847,  1274,  1281,  briser.         H 

^H             joevnas  48$,  1061.  Joovres  9^8, 

pide  1317,  2277,  qui  a  de  la  pitié.          H 

^^^_^           1062,  ts'ii,  Joeve  ii9,Jovres 

plus  [0}i,  mèraesent.                      ^^^Ê 

^^^^H          3837,  jeune. 

poœtls  474,  7j),  puissant.             4^1 

^^^^ 

porobels  3754,  porche.                  ^^^B 

^H             legun  410,  1618,  leDm  jCtf,  lefln 

por  qe   101 1^    1040,  por  po  qe        1 

^H                   "^Mi  légURie. 

690,  1231, pour  ce que;  1040,  17]]         H 

^H             litre  3768,  lecteur. 

de  façon  que  ;  2037  pour  quoi  ;         H 

^H            IWe  (rime  avec  vive)  7}o,  lietie. 

2$66  pourvu  que.                                  H 

^H 

por  qnei  199  (ms.  por  qae|,  812,        H 

^H            marchefl  i^;9,  1600,  marchi. 

143s.  244Ï.  pour  peu  qii«  ;  i8i,        ■ 

^H            BUkOr  1 18,  mevora  1091  (p.-è.  par 

parce  que.                                             H 

^H                 interversion    des    voyelles^    pour 

poolmena  qnle  1687,  soupes,  po-        ^M 

^H                 moQrs?),  mAr. 

tages.  Cf.  Raynouard,  Ux.  rom.  IV,       H 

^H             mers  477,  mers  479,  489,  mar- 

■ 

^^P                  chandises. 

prlentes  668,  part,  passé  Hm.  de        H 

^H             mlro  j  840,  forme  de  siibj.  de  merlr 

prelndre,  empreintes.                          H 

^H                emplo)-ée  pour  l'indicatif. 

prospres  200],  propice.                      H 

^H             moo  91),  particule  af&roialive.  Voy. 

H 

^H                Dter,  Eijm.  Warl.  Ile. 

Qel  ...  qel  ...,  199,  ïoo,  qe...  qe        H 

^H             mortekine  747,  cadarre. 

(forme  atone)  142J,  tant...  tant...,        H 

^H             mosler,  réil.  3477.,  prendre  la  forme 

au  sens  de  L'anglais  what...wha..,^        ^| 

^^^K          de,  se  presser  contre  un  obja  ;  cf. 

a  —  14J6,  14(3,  pourquoi.                ^Ê 

^^^^a          c  se  moula  en  armes,  ■  Du  Caoge, 

Qtul  i{47,  qnele  16^},  semblabfe  ^^H 

^^^^1 

^^^H 

^^^^^                     LA  VI«  W  s.  CRËCOIKE  PAR  rUÈRE  AXCIER                    ^Ôy^^^J 

^H      qila  1687,  cuits. 

subj    prés.    slcDOBt   1091,  Sllb).         ^^^1 

imp.  aigolssant  1 890,  part.  prés.              ^H 

^B       R&mien   ii^;.  brincbag»^  voy. 

«ivauUE   1I94,  part,  passé  «egnl                ^^k 

^H            Du  Cinge,  RAiiKtitru  1. 

147J.  ponefEoi  1 176,  suivre.                    ^| 

^H       nunplr.  ramplst  J479,  se  dresser, 

soccrelstre  204,  succrescere.                   ^| 

^1           w  leoir  tuf  les  pieds  de  derrière, 

Bom,  en  —  717,  ijjô,  1)54,  sur,               H 

^H          ta  parlant  d'un  quadrapide. 

au*dessus  de;  en  aom  ço  20J7,               ^| 

■       r«cl«rs  )9^4J^  i<9)  >)^>.  i-^io. 

2110,  ]86},parlÂ-dcuus,cii  outre,               ^| 

^H          restera  884, 1100.  Dans  les  psau- 

comme  en  sor  po  19^0.                             ^| 

^H         tiers  d'Oxford  et  de  Cambridge,  le 

sordelre   1864,  sonrdeor  1866,             ^| 

^H         simple   glerea   traduit  ergo   ou 

intérieur,  de  moindre  valeur.                         ^^k 

^^^K   iljqae.  L'origineen  seraitigjtur, 

Borobder  714.  déborder,  couvrir  de               ^^k 

^^^H  Klon  M.  Cornu,  Romania,  X,  ^99  ; 

SL-s  F^iux,  en  parlant  d'un  ilcuvc.                    ^| 

^^^H  on  a  fait  obsenrer  que  cette  étytno- 

soQbltoiae  929,  ■obttalae  9)7,               ^| 

^^^^F  logie  suppose  l'accentuation  igîlur 

subite.                                                        ^1 

^H          i7tttuhr.  f.   rojtr.  PhiL   VI,  478). 

aoadèement  É14,  666,  93C,  aoti-               ^| 

^^1         On  pourrait  répondre  que  le  g  dis- 

dément  719.   nu,  i;44,  1414^               ■ 

^^1         paratsusl  de  très   bonoe  heure, 

subitement.  Cf.  Tobler,  Mnihâluri'               ^M 

^H         igitor,  fgelar  a  dû  se  rMtiire  à 

gtn  a.  ûltft.  Handstht'ijlat,  p.  268,               ^| 

^H         iitnr,  ietvr,  oh  les  deux  voyelles 

flOn'BlIEHT.                                                                   ^^È 

^^1          coas^lives  ont  formé  diphtongue. 

•oveans,  voy.  seveans.                         ^^^| 

^H        Ici  le  sens  est  plutfii  celui  d'ite- 

^^^Ê 

^H        rum.  de  noureau.  De  mime,  Pan- 

Taplaaces  1IJ9,  cachettes.                    ^^^| 

^B          ner,  Lapidaires,  p.  1  (],  v.  24Sâ. 

tapisona,  en  —  1 141.  en  cachette.         ^^^| 

^H       MllaaB  6^9,   repoussa    Cf.  Raïaii- 

Terdre,  prêt,  termtrent  1007,  es-.             ^| 

^H       Rjj,  n,  >))-4. 

suyer,  purifier.                                          ^^^^H 

^1       roTcIens  14]!,  rougeâtre. 

traire,  prêt,    tretst  69  j,  très-        ^^^H 

crent  1 187,  tirer.                                 ^^^H 

^P       uc"  "«i  iTli  i>43,  opposé  i/oui 

travers,  en  —  178J,  1I4{,  1288,          ^^H 

H 

enliéremenl,  d'un    bout   i    l'autre         ^^^| 

^1       falT*  69,    m,  114,  1)8-9,   ijS, 

ythrmghoai).                                          ^^^H 

^H          1 14,  709,  sage,  ou  ptutAt  savant. 

trobuchler,  trabncheront  3449,         ^^^| 

^H       laoac  744,  eau  salée. 

s'abattre.  Diee,  Djtri.  Wan.  1,  91         ^^^H 

^H      uat«rale  ù^.  uuterelle. 

nrco,  n'a  que  les  formes  trabacar        ^^^H 

^^        U  1  ;  a6,  siège  ^piscopal. 

(provençal)  t\.lubuzhitT.                        ^^^H 

L            «el,  d«  —  J41.  peut  i  la  rigueur 

^^^H 

^K         t'eipliquer  par  «  de  soi  *,  mais 

Unaiement  16,  716,  Sjj,   lojy,        ^^^H 

^H         tcable  avoir  plotAt  le  leiu  du  prov. 

2707,  d'une  iaçon  une.                           ^^^H 

^H         it   st,    ccnsifqucninent ,    aiusilfil 

^^^1 

■        aprts. 

Teaos  non  ^39,  Sçjf.  898,  900,  \^  ^^^| 

^K^wvMoa  4$),  soveaaa  188,  1780, 

9'Ji  97J(  ^^\°i  i'"  moins.                           ^H 

^^f        Ui^'  3"  moins;  Duz,  Etjm.  Watt, 

vedvée  791,  devenue  veuve.                    ^^^H 

^H              U  t  TtAlTS. 

vlaiUes  19a,  les  organes  essentiels          ^^^H 

^H      ilors   1093,   scieurs   de  blé;  voy. 

la                                                        ^^^H 

■           Liltré. 

viaa  4}6,  617,  671,  promplement.         ^^^H 

^H      dvre  12a,  iad.  prêt,  oefolt  if6j, 

Diez,  Etjm.  Watt.  U  t.                         ^^H 

208  p.   MKYER 

Le  bc-sini9<  joint  i  la  présente  publicalion  reproduit  In  deoz  iern'itttt 
pages  de  Ij  vertion  du  Dtthgiu  avec  U  date,  transcrite  ci-detsss  p.  14e,  de 
cette  partie  du  iiis.  Cette  date  est  ècrKe  ta  TcrmilloD.  H  a  (i^  txtcmti  H  y  m 
HtKlquts  annca  pour  l'École  dn  chartes,  et  psb'ié  dans  le  premier  tascicoledu 
Attiui/  Jt  fttc-simiUs  de  celle  ^le  iParis,  Picard,  1880).  Noos  avons  va  pins 
haut,  p.  1  {o,  que  dans  ta  vers'on  du  Dniogat  ]e\  mot*  satA  poumis  d'accents, 
les  UQS  noirs,  les  autres  rouges.  Les  murs  paraissent  avoir  été  écrits  par  l'écri- 
vain, en  mime  temps  que  le  texte,  avec  l'intention  de  marqner  i<  les  toniqses, 
2'  les  I.  Mais  bien  souvent  ils  font  défaut  dans  Ton  et  l'autre  cas.  L'additkn 
d'accents  rouges  parait  avoir  il^  le  résultat  d'une  révision  qui  ne  s'est  pas 
étendue  i  U  vie  de  saint  Grégoire-  Le  réviseur  paraîl  du  teste  avoir  dépassé  la 
mesure  et  mis  des  accents  là  o&  il  n'en  fallait  pas,  Pour  aider  le  lecteur  1  dis- 
tinguer les  accents  noirs  des  rouges,  dans  le  présent  (ac-sinilé,  —  les  premiers 
ressortant  en  général  beaucoup  plus  nettement  que  les  seconds,  —  je  doatierai 
ici  quelques  indications  précîies  sur  l«  premiers  cl  les  derniers  vers  reproduiu  : 
il  la  première  colonne,  ont  des  accents  noirs  ;  v.  1,  pisrdont,  loz,  fiur ,-  v.  3. 
Dtiu,  faa  ;  v.  j,  na/i  (l'i),  don;  v.  4,  âlncàs  (le  premier  T)  ;  1.  (,  dut.  Ont 
des  accents  rouges  :  v.  1,  a,  lot;  v.  a,  car,  rtctii  (deux),  nai;  v.  j,  miii  {Vu), 
ogtriun  Ideux)  ;  v.  4,  âinctu  (le  second  1),  maatalial.  paît:  v.  \,  ^lur.  t,  raa- 
eant,  €  ;  V.  6  ei  7,  tous  les  accenu  sont  rouges.  Voici  maintenant  pour  les 
quatre  derniers  vers.  Accents  noirs  :  v.  1,  tous  ceux  du  premier  vers:  v.  a, 
joare  (l'âf,  etotslner  (les  deox,  le  second  a  élé  repassé  au  rouge)  ;  v.  ;,  Dtas 
(i'et  ;  T.  4,  loie  (le  second  i],  idat.  Rouges  :  v.  3,  un.-,  j9on  (Pi),  oofors; 
V.  ),  Dtut  (l'u  ou  l'fl,  tttstmHt,  th,  amt'tnt  \\'m)  ;  v.  4,  M,  /'où  (le  premier  i), 
ou,  ronl. 

Je  ne  puis  entreprendre  ici  une  étude  sur  l 'accentuation  du  ms.  d'Angier. 
Cette  étude,  en  effet,  devrait  porter  bien  plutôt  sur  la  traduction  du  btaiogue, 
dont  je  ne  m'occupe  pas  présentement,  que  sur  la  vie  de  saînl  Grégoire.  Je  me 
borne  à  rappeler  qu'un  système  beaucoup  plus  régulier  d'accentuation  a  été 
observé  dans  le  Psautier  d'OxFord',  dans  l'ancienne  traduction  de  Marbode 
tBibl.  nat.  fr.  14470)',  et  dans  li  traduction  limousine  des  chapitres  Xltl  â 
XVII  de  saint  leaa  3. 

Paul  Heyer. 


I.  Voy.  Brachct,  Rty\u  c/irifiu,  i8;o,  II,  au. 

1.  Voy.  Panoier,  Lu  hpUairtt  franimt  [Bihl.  Je  l'Eeolc  des  Hautes  ÊtuJa, 
tasc.  1,11),  p.  29. 

î-  Vojr.  Bartsch,  Chrtst.  pror.,  4*  éd.,  p.  9,  eC  mon  !U<a<U  d'aocUns  ttxUs, 
p.  ja. 


DES  AVOCAS 
DE    LA  JUMENT  AU    DEABLE 


DE   LUQUE   LA  MAUDITE 


TaOS  DITS  TIRES  D'UN   NOUVEAU  MANUSCRET  DE  FABLEAUX. 


• 


Parmi  Ws  nombreux  manuscrits  franç^'s  de  la  collecrion  Hamilton, 
aqoise  derniêremem  par  le  gouvernement  prussien  et  déposée  aujour- 
i'inii  au  cabinet  des  estampes  du  musée  de  Berlin,  il  en  est  un.  un  ms. 
de  faUeaux,  (]ui  a  été  à  peine  sif^nalé  dans  les  anicles  rebtifs  à  la  vente 
Hamiiïon,  «  qui  «pendant  mérite  toute  notre  aiientJon  :  les  fableatix  en 
rfei,  outre  qu'ils  ne  nous  sont  parvenus  que  dans  un  petit  nombre  de 
miaincrits,  constituent  la  partie  la  plus  vivante  et  une  des  plus  iméres- 
snies  de  la  littérature  du  moyen  âge.  Grâce  à  l'obligeance  de  M .  Eugène 
Wolier,  de  Berlin,  nous  avons  pu  obtenir  une  description  de  ce  ms.  et 
ta  copie  des  pièces  inédites  qu'il  contient.  M.  Ad.  Tobler,  que  nous  ne 
saurions  trop  remercier,  a  bien  voulu  re\-otr  sur  le  ms.  l'épreuve  des 
mtes  que  nous  publions  plus  loin. 

Le  ms.  en  question  porte  le  n"  4^9  janC-  in)  ^^  '^  collection  Hamil- 
ton i  il  a  été  écrit  sur  parchemin  dans  la  seconde  moitié  du  xiii"  siècle  ' 
et  mesure  H'^""  sur  21^.  Le  ros.  comptait  primitivemeni  91  feuillets, 
mais  il  n'en  a  plus  aujourd'hui  que  64^  les  feuillets  0  à  82  manquant. 
Chaque  feuillet  comprend  4  colonnes,  2  au  recto.  2  au  verso,  chacune 
de  fo  vers.  Le  ms.  n'a  ni  rubriques  ni  miniatures  ;  les  lettres  initiales 
même  doivent  être  suppléées.  La  reliure,  en  velours  rouge,  porte  au  dos 
ce  titre:  w  Fabliaux  et  Poésies  des  xii-xin  siècles.  »  Ce  ms.,  avant 
iPentrer  dans  la  collection  Hamilton,  a  sans  doute  appartenu,  dans  les 


I.  Vue  des  pièc«  publiées  plus  loin,  le  a"  II,  fjit  illusion  i  des  événements 
de  i]]9.  doat  ie  poeie  a  p«uuMre  emprunté  les  (lémcnls  historiques  à  Albé- 
ric  de  Trois-Footaincs. 


KemaMia,  Xli 


M 


IIO  C.    RAYNAUD 

taupe  JBcâeas,  i  on  chanome  de  Langres,  un  certain  Estienne  Jac<^j, 
liasi  k  Dooi  se  Ut  au  ver»  du  feuillet  88,  et  â  une  époque  plus  moderne 
as  tHb6<^)faife  sir  Francis  Douce,  qui  a  placé  en  léte  une  assez  longue 
notice,  qualiSée  par  lui-même  de  •<  tolerably  accurate  account.  » 

Les  pitees  contenues  dans  ce  ms.  sont  au  nombre  de  40  \  ce  sont 
poor  ta  plupart  des  fableaux  déjà  publiés;  quelques-unes  cependant 
étaient  jusqu'ici  inconnues  et  inédites.  Nous  imprimons  plus  loin  trois  de 
ces  pièces  qui  ne  sont  pas  des  fableaux  proprement  dits  ;  les  autres,  au 
no^ire  de  huit,  trouveront  leur  place  dans  l'édition  que  nous  donnons 
en  collaboration  avec  M.  A.  de  Moniaiglon  >.  Nous  joignons  1  ces  trots 
pièces  des  notices  et  un  glossaire. 

Noos  croyons  utile  aussi  de  les  faire  précéder  d«  la  taUe  détaillée  du 
ms.  auquel  elles  sont  empruntées.  Nous  donnons  donc  ci-dessous  la  liste 
des  40  pièces  du  nu.  Hamilton  ;  nous  restituons  leur  titre  aux  fableaux 
défi  connus,  nous  en  attribuons  un  À  ceux  qui  sont  inédits,  et  dont  nous 
donnons  alors  une  coone  analyse.  Quant  aux  pièces  déjà  imprimées, 
nous  renvoyons  à  noire  R€ciieii  pour  le  détail  des  éditions  précédentes  ; 
nous  ne  citons  Barbazan,  Méon,  etc.,  que  lorsque  nous  n'avons  pas 
encore  publié  les  fableaui  en  question. 

I.  —  Fol.  1J-2J.  [Le  dit  des  avocai  ef  des  notaires],  pièce  publiée  plus 
loin  sous  le  nM  ;  voyez  ci-après  b  nodce  et  le  texte. 

II.  —  Fol.  id-^d.  [Du  Vdain  qui  conquis!  paradis  par  plati],  fableau 
publié  dans  notre  Rttuetl,  III,  209-314^  voyez  tes  notes  à  la  fin  du 
volume. 

Ul.  —  Fol.  îJ-4C.  [U>  riche  quens  d'estrange  terre 

Aloii  par  le  pais  pour  querre... 
\fiii]     Plus  hardi  barat  et  plus  bd 

Pisi  ceste  :  \t  U  doing(e')  l'and. 
Nouvelle  version  du  fableau  Des  Jll.  dames  qui  trouvèrent  Panel,  publié 
dans  notre  Reateil,  I,  16S-177;  voyer  les  notes.  II,  198-299.  Il  s'agit 
toujours  de  trois  dames,  qui,  ayant  trouvé  un  anneau,  s'engagent  à  l'at- 
tribuer à  celle  d'entre  elles  qui  aura  fait  te  meilleur  tour  à  son  mari.  Les 
redis  des  trois  aventures  diffèrent  dans  les  deux  versons,  tott  dans 
l'ordre  suivi  par  les  narratrices,  soit  par  le  fonds  même  de  l'histoire  ;  ces 
deux  versions  ne  semblent  pas  non  plus  se  rapprocher  d'une  troisième 
rédaction  fournie  par  un  ms.  de  Genève»  et  où  nous  voyons  intervenir 


I .  Rrcut/  gif-irâl  tt  tomphl  dts  Ubiùax  4(i  Xllh  tt  XIV*  siiclei^  imprimés  eu 
iiUiU,  fëiltti  itu  nota  tt  icriàiiies  idpùs  la  rnanascnls,  j>ar  A.  de  HonUt- 
ghio  M  Uattoo  Rayuud,  4  vol.  in-S»,  i87i-i&iti  {U  (in<iaitm  soai  pttut^  ta 
mtut  J  uunt), 

I.  Eua^ne  RitUr,  S>Akt  Ha  m.  17^  hîs  dt  la  Mlhtlàiiu  dt  Gtnhn^  dans  k 
AUMj4  4i  U  StiiM  du  <tmm  ttxtu  Jraaiùt,  année  1S77,  p.  S9. 


TROtS   DITS  i  I  I 

mtabbntc  qui  n'existe  pas  ailleurs.  Nous  publierons  la  version  du  nu. 
Kmilion  dans  le  tome  VI  du  Recsuit  générai  dts  fabliaux;  celte  version  a 
pOBiiaeur  Haisll,  irouvère  déjà  connu. 

IV.  —  Fol.  4C')C.  [Du  Hrestrt  qui  ot  mère  a  forct],hh\t3U  publié  dans 
notre  Rtcaàlt  V,  14)-!  jo  ;  voyez  les  noies  i  la  fin  du  volume. 

V  —  Fol.  jc-TC.  [Ik  sire  Hjin  el  Je  liante  Anieiue],  fableau  de  Hugues 
Pt^ucELE,  publié  dans  notre  Rtcueil,  I,  97-1 1 1  ;  voyez  les  notes,  11, 
I90.Î91. 

VI.— Fol.  7<f-iorf.  [Le  chevjUer  qui  faisoif  parler  tes  cas  ej  Ui  eons], 
Uksu  de  Carin,  publié  parBarbazan,  III,  S^-i  13,  par  Méon,III,  409- 
4!'',  n  abrégé  par  Legrand  d'Aussy.  La  fin  semble  ici  un  peu  dîtTéreme 
daienede  Méon. 

Vil.  —  Fol.  lod-i  là,  [De  C^jmbert  et  des  .n.  clers],  fableau  de  Jean 
DE  BovES,  publié  dans  noire  HtciuH,  I,  218-244;  voyez  les  notes,  11, 

^W-]0^.  Une  autre  version  de  ce  conte  se  trouve  plus  loin  sous  le 
Vin.—  Fol.  ti^-i]c.  [Du  vilain  Mire],  fableau  publié  dans  notre 
!**««/,  m,  ii9"'69;  voyez  les  notes  à  la  l'm  du  volume. 
IX,  —  Fol.  I  îc-i  s<t-  l'il  est  bien  droiz  que  je  retraie, 
L  Puis  que  nus  hom  ne  m'en  délaie... 

F  (fia)  Mes  que  du  presire  fust  vengié; 

Or  est  de  H  bien  estrangié. 
Ceâbleau  du  Prestre  latnt  n'éuïi  jusqu'ici  connu  que  par  son  titre,  cité 
Ja»  CoantbtTi  ^Recueil,  V,  1601,  autre  pièce  du  même  auteur,  Cautiek  ] 
c'est  une  version  allongée  du  Presire  eruci^,  publié  dans  notre  Rtciuîl, 
K  i94-i97  ;  voy.  les  notes,  11,  298-299.  Dans  cette  nouvelle  rédaction, 
V  ressemble  de  près  i  celle  de  conteurs  italiens,  un  prêtre  est  forcé, 
pDw  éviter  la  vengeance  d'un  mari  jaloux  ei  complice  de  sa  femme,  de 
tt  jeter  dans  un  bain  de  teinture.  Le  mari  feint  de  prendre  le  prêtre 
iiosi  teint  pour  un  Cbiist  de  bois,  qu'il  s'apprête  à  chaputscr  de  la  belle 
bçoo.  Le  prêtre  n'a  qoe  le  temps  de  fuir.  Nous  publierons  ce  fableau 
dût  le  loflw  VI  du  Retued  g,éMral  des  fabliaux. 

X.  —  Fol.  i^rf-rSi,  [De  Piramuj  et  de  Tisbé],  imitation  d'Ovide, 
pûb&ée  par  Méon,  IV,  {i6-n4- 

Xi.  —  Fol.  i&/-i9^.  [Da  VaUet  aax  .xii.  famés],  fableau  publié  dans 
notre  Ratxeil,  lit,  18^191  \  voyez  les  notes  à  la  fin  du  volume.  La  fin 
iirs  ce  ros.  semble  un  peu  différente  du  texte  publié. 

XII.  —  Fol.  \<^'izb,  [Du  Bcachier  iJMf>i;riir],  Eableau  publié  dans 
aoire  Rtciteil,  III,  227-246  ;  voyez  les  notes  à  la  fin  du  volume. 

XIII.  —  Fol.  iih-i()C.  [Du  Segreiain  moine',  fableau  publié  dans  notre 
Kttatit,  V,  2 1  i-242  ;  voyez  les  notes  à  la  fin  du  volume. 

XIV.  —  Fol.  iCtc-ija  [De  celle  qui  se  fist  foutre  sur  la  fosse  son  mari]. 


Jll  0.   RAYNAUD 

^liédans  notre  Rtatâl,  IH,  i)8-i33  ;  voyez  les  notes  à  ia  finda 
volume. 

XV.  —  Fol.  17  fl-iSrt.  [Du  Petchtor  de  Pont  seur Saint],  hbleta  palXii 
dans  notre  Rtcutit,  MI,  68-7;  ;  vojrcz  les  noies  à  la  fin  du  volume. 

XVI. —  Fol.  îSa-îic.  [Da  Vilain  àc  Bailtiut],  fableau  de  Jeah  db 
BovES,  publié  dans  noire  ReauH^  IV,  2i3-ai6;  voyelles  notes  à  U  tin 
du  volume. 

XVII.  —  Fol.  3ÏW-acM.  [Du  Couniteas  tt  de  t'Envieus],  fableau  de 
Jean  de  Boves,  publié  dans  notre  Recueil,  V,  210-214;  voyei  les  notes 
à  la  fm  du  volume. 

XVIli.  — Fol.  2^-iod.  [Du  Chevalier  a  la  robe  vermeille],  fableau 
publié  dans  notre  Rf£urt/,  III,  î  5-45  ;  voyez  les  notes  à  la  fin  du  volume. 
—  On  tii  dans  la  notice  de  nr  Francis  Douce  :  a  A  separaie  Ms.  of  il 
with  a  beautifut  miniature  apud  F.  D.  > 

XiX.  —  Fol.  ioit-i  id.  [De  la  Jument  au  deabie]^  pièce  publiée  plus 
loin  sous  le  no  11  ;  voyei  ci-après  la  notice  et  !e  texte. 

XX.  —  Fol.  îid-îî6.  [Oh  Vilain  j  ta  eouille  noire],  faWeau  publié  par 
Barbozan,  II],  118-114;  Méon,  III,  440-444.  Ce  fobleau  sera  publié 
dans  le  tome  VI  du  Recaeii  général  des  fakiawx. 

XXI.  —  Fol-  )  JC-î4(i.  \De  la  Borgoise  d'OilUns\,  première  version  de 
ce  tableau  publiée  dans  noire  Recueil,  I,  1  i8-i3)  ;  voyez  les  notes,  II, 
291-393. 

XXII.  —  Fol.  }4d-}jt.  [V]03  qui  fableaus  volez  oîr 

Peine  meier.  a  retenir... 
(Jïrti  Ce  est  In  fin  de  cesie  fable  : 
Trop  fu  ceste  famé  deable. 
Ce  Tableau,  qu'on  pourrait  intituler  De  h  dame  ijui  conchia  U  chevatîtr, 
rapporte  l'aventure  d'une  dame,  qui,  froissée  par  son  amant,  s'en  venge 
en  lui  faisant  craindre  d'être  surpris  par  son  mari.  Cette  pièce  sera 
publiée  dans  le  tome  VI  du  Recueil  général  des  fabliaux.  On  peut  en  rap- 
procher le  conte  des  Deas  Changeors  (Recueil,  I,  24(-aî4J. 

XXIII.  —  Fol.  Î5t-î7c.  [De  pleine  Bomse  de  sens],  &bleau  de  )eah 
tE  Galois,  publié  dans  noue  Recueil,  111,  88-103  ;  voyez  les  notes  â  la 
fm  du  volume. 

XXIV.  —  Fol.  }7c-4ib.  [U  Chastelaine  dt  Vergi],  roman  d'aventure, 
publié  par  Méon,  IV,  396-126. 

XXV.  —  Fol.  4i^-4;j.  [De  la  maie  Dame],  febleau  publié  par  Méon, 
IV,  ;6)-}36,  et  qui  sera  Imprimé  dans  le  i.  VI  du  Recueil. 

XXVI.  —  Fol.  4)it-4{C.  [De  la  Ûamoiselle  qai  ne  pooît  oir  parler  de 
fotttre],  fableau  publié  (iins  notre  Hecatîl,  III,  8t-8j  ;  voyez  les  notes  i 

la  fin  du  volume. 

XXVII.  —  Fol.  4îc*48d.  [O'Auberét,  la  vieille  ma^iaerelle],  tableau 


TROIS   DITS  3  I  3 

publié  dans  noire  Recneil,  V,  i-ii  ;  voyez  les  noies  â  la  fin  du  volume. 

XXVIII.  —  Kol.  48^-4911.  [De  Gautrron  et  de  Nanon],  fablcau  publié 
diQiDoire  Htcueil,  III,  49- jo;  vo^e?.  les  noies  â  la  fin  du  volume. 

XXIX.  —  Foi.  49J-joa.  [0]r  escouiez  sanz  fere  estrif. 
H  se  fu  ja  .1.  fol  chcitif... 

ifi")  Qï'"  "**s  '"^  **'"'  dc>*ier  : 
Je  ne  vos  sai  mieus  definer. 
Ce  bbltiu  en  l'histoire  d'un  Vtlaw  ijui  donne  tcn  amc  au  diable  en  échange 
dE  11  richesse  et  des  plaisirs  qu'elle  procure.  Avant  de  le  laisser  mourir, 
le  diable  prend  l'engagement  de  prévenir  plusieurs  fois  le  vilain,  qui 
l'tflorccra  alors  de  mieux  se  conduire.  Mai&  l'amour  de  l'argent  est  le 
plBiwt',  le  vilain  meurt  impénitent  et  le  diable  emporte  son  Ame.  Cetie 
ï^ce,  qui  semble  être  d'un  certain  Richart  Bomer,  sera  publiée  dans  le 

^t•«  VI  du  Recutii  ginèmi  des  fabliaux. 
XXX.  —  Fol.  joa-jof  [n]e  trois  presires,  voire  de  quaue 
■  Nos  dit  Hai&iaus  por  vos  esbatre... 

F  \fiii)  Sovemes  foiz  avient  a  coun 

Que  tiens  ne  pèche  qui  encourt. 
LeûUeau  Des  Alit.  prtsuts  est,  comme  le  n"  111,  l'œuvre  de  Haisbi,, 
■jvi  nous  donne  ici  une  nouvelle  vcr^on  du  conte  que  nous  retrouvons 
<b«  les  Troit  boç\it  de  Durano  (^Recueil,  I,  ij-2î).  Une  femme  est 
We  de  trois  prêtres-,  le  mari  jaloux  les  lue.  Embarrassé  par  les 
f^vrei,  il  charge  un  ribaud  de  les  faire  disparaître  successivement, 
nUlabanl  croire  qu'il  ne  s'apt  que  d'un  cadavre,  qui  retourne  ainsi 
jv  deux  fois  à  sa  prcmi^c  place.  Sa  besogne  terminée,  le  ribaud  voit 
*n'r  i  lui,  vivant  cène  fois,  un  quatrième  prêtre  ;  le  ribaud  croit  encore 
'iwaflairc  au  même  prêtre,  revenu  à  la  vie  ;  il  le  prend  et,  en  voulant 
te  ifcer,  »e  précipite  avec  lui  dans  une  carrière.  C'est  ainsi,  nous  dit  le 
potie,  qu'on  est  souvent  puni  des  fautes  qu'on  n'a  pas  commises.  Ce 
ttfaii  sera  publié  dans  le  t.  VI  du  Recueil  générul  des  falliaax. 

JtXXI.  —  Fol.  ioc-jid.  [Lt  Mtunief  tS  lei  deus  cUrsi,  fableau  publié 
dbttMire  Htcutil,  V,  8j-94i  voyez  les  notes  à  h  fin  du  volume.  C'est 
Me  autre  version  que  celle  qu'offre  plus  haut  le  n"  VII. 

XXXII.  —   Fol.  i3ii-jîa-  [iutfue  U  maudite],  pièce  de  Bourdet, 
ateur  jusqu'ici  inconnu,  publiée  plus  loin  sous  le  n"  1 1 1  i  vo^ez  ci-aprês 
Il  notice  et  te  lexte. 
XXXItl.  —  FoL  5i<ij  }c.  [Jjadis  avint  du  chapeldn 

Qui  ne  fu  ne  fous  ne  vilein... 
ifin]  Ex  fere  soupes  d'auîre  pcin  : 
Si  fu  servi  le  chapelein. 
Ut  jeune  clerc  fait  croire  à  ce  Prestrt  voU  de  son  oie  que  durant  son 


214  f^-  R*yî'*vD 

absence  son  souper  a  été  mangé  par  le  Christ  de  son  crucifix.  Ce  fableau 
sera  publié  dans  le  tome  VI  du  Ruutil  finirai  des  fabliaux. 

XXXIV.  —  Fol.  sjc.  rU]n  prestres  amoit  une  dame 
Qui  d'un  chevalier  estoii  famé... 

[fin]  Par  ce  vos  veut  Haisiaus  momrer 
Qu'il  se  fet  bon  de  toi  garder. 
Cette  petite  historiette,  œuvre  nouvelle  de  Haisbl,  peut  s'appeler  le 
Prestre  a  le  bélier.  Un  bélier,  se  croyant  provoqué  par  un  prêtre  qui 
hochait  la  tète,  se  précipite  sur  lui  et  le  tue  ;  il  "  fet  bon  de  tôt  se  gar- 
der, »  ajoute  le  trouvère,  qui  semble  n'avoir  raconté  ce  fait  que  pour 
amener  ce  proverbe. 

XXXV.  —  Fol.  sîc-séd.  [Us  Proverbes  aa  W/jin],  publiés  par  Leroux, 
de  Lincy,  Le  livre  des  Proverbes  franfais.  II,  ^76-184.  La  pièce  est 
incomplète  dans  noire  manuscrit  ;  il  y  a  une  lacune  après  te  vers  : 

En  ne  prise  pas  home. 

XXXVI.  —  Fol.  Sia-B^a.  [De  Narciius],  récit  imité  d'Ovide,  publié 
par  Méon,  IV,  14Î-17S.  La  pièce  est  Ici  incomplète  au  commencement  j 
elle  débute  par  le  vers  j  1 9  de  l'édiiion  Méon  : 

L'cve  li  chiei  aval  la  face. 

XXXVII.  —  Fui.  8iii-86d.  [De  la  Vielle  truande],  fableau  publié  dans 
notre  Rtcaeii,  V,  171-178  ;  voyez  les  notes  i  la  fin  du  volume. 

XXXVIII.  —  Foi.  %6a-SS(.  [De  Baràt  et  de  Haimet  ou  des  Trois  Lar- 
ronï],  fableau  de  Jean  de  Boves  publié  dans  notre  Recueil,  IV,  çî-r  1 1  ; 
voyez  les  noies  à  la  fin  du  volume. 

XXXIX.  —  Fol.  88C-88J.  [U]n  prestre  maneit  en  Chanein. 
S'amoit  la  famé  a  .1.  vilein... 

\Jin]  Chascun  d'eus  acheta  moût  cbier 
Cil  son  déduit,  cil  son  mengier. 
La  femme  d'un  vilain  est  aimée  d'un  prêtre  ;  le  vilain  creuse  une  fosse 
où  tombent  successivement  un  loup,  le  prêtre  en  question  et  la  servante 
envoyée  â  sa  recherche  par  la  dame  ;  le  vilain  alors,  donnant  à  chacun 
son  ioier,  tue  le  loup  et  chasse  le  prêtre  et  la  servante.  Ce  fableau  très 
court  du  Prestre  et  du  Loup  sera  publié  dans  le  tome  VI  du  Recueil  giné~ 
rai  da  fabliaux. 

XL.  —  Fol.  SSd-gid.  [Florence  et  Blanchttîor],  roman  publié  par 
Méoo,IV,  ïH-î6s. 

I. 


Le  dit  des  Avocas. 
Cette  première  pièce  est  la  seule  qui  dans  le  ms.  porte  un  litre,  écrit 


TROIS   DITS  ÏI5 

<h  rwte  i  une  époqiw  Fostéricure  à  celle  où  a  iié  copié  (e  ms.  :  <-  le 
dit  dc5  avocas  et  des  noiaîres.  "  C'est  une  violente  satire  contre  l»  rapa- 
àé  des  gem  de  robe,  ancêtres  de  Paihelîn.  On  y  remarquera  que  !c 
potle,  contrairemem  à  l'usage  de  ses  confrères,  y  prend  le  parti  des 
Tîtains.  Ce  qo'lt  fiit  dire  à  leurs  ennemis  de  la  chartre  qui  les  condamne 
i  peiner  sans  rcl&che  y.  ;  t9)  semble  se  référer  à  quelque  pièce  facé- 
ùuse  dans  le  genre  du  u  calendrier  au  vilain  »  qui  forme  la  seconde 
partie  du  Dit  de  Matazone  pubW  récemment  par  Paul  Meyer  dans  la 
Amukû  (I.  XI),  p.  xo-24). 


P 


[D]e  beaos  nos  conter  et  de  dire 
Ne  le  doit  nui  hoixii  etcondire; 
Eoceit  i  doit  tnelre  s  entente, 
El  mponrqtianl  ne  fié  ne  rente 
N'a  p»  chascun  pour  estre  obeos.   { 
Tiex  serort  de  irover  voiseui 
Se  de  K)Q  vitre  ne  joignait  ; 
Ne  troveroit  qui  l'enieignast 
A  trovrr  belet  entreiures  : 
Se  il  avoii  bien  ses  droitures,  10 

MoaT  savTOÎt  fere  de  beaus  contes 
Povr  dire  devaol  rois  et  contes. 
N'est  pas  pour  chose  que  me  vanl, 
Mes  vas  orrez  bien  ci  avant 
Dont  |e  vei  dire  et  de  quel  cas  :     15 
Conier  rot  veil  des  avocas, 
Do  procureus  et  des  notaires 
Et  de  ceus  ijEii  ne  pnveni  ggeres 
Noie  gent  i'et»  oieimes  ooo. 
(Jni  avocas  les  biui  a  non,  ao 

Koot  les  apela  bien  par  foi, 
Car  il  oc  portent  noli  foi 
En  pies  que  chat  a  fr^s  fromage. 
Ta  avroîe  meint  tesmoignage, 
S'on  m'en  voleit  courre  a  la  loeiit.  j^ 
tan  senont  .1.  home  a  demein, 
El  1)  entre  dedcni  tour  marches, 
Assi  bien  le  vendroit  de  mâches 
Courre  tus  et  escervekr  ; 
Kon  ne  le  puct  mies  aïolcr  p 

Que  de  fere  Kinondre  a  court, 
CJr  sachiez,  hom  le  tient  si  court, 
Qunt  il  ]\t\  TÎeal  isii  tentlant 
Qne  cbascun  li  fel  entendant, 
tll]  leur  a  u  leson  dite, 


Qn'il  (r]en  feront  aler  lot  quile. 

Einii  asoteni  nieint  prodome 

Et  funt  pledier  ,1  Reins,  a  Rome, 

Et  par  loles  les  evesquies 

Font  aler  lettres  et  copies,  40 

Semonses  et  peticions, 

Causions  et  posicions. 

Il  ne  se  sevent  pourpenser 

Comment  il  puisent  liesbourser 

L'argent  des  bourses  et  des  malcs.  4J 

Sachiez,  nieintes  pirrollei  maies 

Content  li  clerc  et  font  escrîre  ; 

Mes  (il  n'ont  pas  talent  de  rire 

Cui  il  convient  l'argent  paier. 

Se  chascun  avoil  monnoier.  {O 

Qni  li  (orjast  monnoic  nueve 

Et  donjsl  chascun  qui  li  rueve 

Argent  pour  sa  besoigne  1ère, 

S'avroit  il  certes  trop  a  fere, 

Qui  les  vodroit  servir  a  gré.  j^ 

Ne  sai  s'il  m'en  saront  mal  gré, 

De  ce  que  je  pirroil  sour  sus  : 

Il  m'ont  fel  peines  et  travaus, 

Pour  ce  m'en  sui  ge  entremis, 

CiT  g'i  ai  de  mon  argent  mis,         60 

Dont  j'ai  le  cucr  enllé  et  gros. 

Je  ne  vcil  mie  dire  en  gros 

M.1  rcson  ne  toi  mon  afcre, 

Mes  se  nus  »  jiitlours  a  fere, 

Si  voist  errant  en  sa  besoîgne,        éj 

Ne  le  lest  mie  pour  vergoigne, 

Et  je  diri  ja  lot  a  irel 

A  cens  qui  tunt  pr^  de  mt  tret 

Comni<*nl  il  euvrent,  li  traître, 

Ja  n'tert  l'achesoo  si  petite 


2  là  G.    RAYNAUD 

Dont  il  ne  facent  .i.  grant  plet 

Soit  de  parole  ou  de  dit  leL, 

Soit  d'eschaance  ou  d'eritage, 

Soit  de  desfere  mariage, 

Od  soit  de  note  tresalie,  yj 

Soit  de  tenchon  oa  de  merlée 

Ou  soit  d'nne  buffe  donner. 

Taotost  convient  abandoner 

Sa  boarse  chascnn  qui  i  plede  ; 

Hon  les  doit  miez  haïr  de  feide       80 

C'on  ne  fet  autres  mauleiteurs, 

Ribaos,  bouliers  ne  haseteurs  ; 

Ne  sunt  si  aspre  ne  si  aigre. 

Ja  tant  ne  verront  la  gent  megre 

A  la  court  venir  por  pledier  8} 

Qu'il  ne  facent  errant  vidier 

Lour  bourse  et  raler  desconfit  ; 

Et  cil  n'i  aront  ja  profit 

Fors  anui  et  duel  et  pesance  ; 

II  funt  chier  tens  3  meinte  pance,    90 

11  ont  meint  povre  home  afami  : 

Bien  doivent  estre  disfamé, 

S'nns  hons  n'avoit  c'un  seul  denier 

Ou  dcus,  ne  le  porroit  noier 

Qu'il  ne  li  tacent  lors  saillir  ;  95 

Moût  les  sevent  bien  asaillir  : 

«  Cha,  I  funt  il,  f  desliis  vo[s)  bourse; 

Ne  fêles  pas  chiere  rebourse  ; 

Fêtes  errant  et  sani  rebrois  ! 

—  Sire,  foi  que  doi  sainte  crois,  too 
J'ai  ore  moût  petit  d'argent  : 
Par  foi,  nos  somes  povre  gent  ; 
Sire,  tenez  .xii.  deniers. 

—  De  ces  irai  ge  as  poisoniers,  • 
Feit  li  mestres,  *  a  mon  disner  I    10  j 
Certes  or  se  doit  hon  pener 
De  vo(S)  besoigne  et  mètre  poine  ! 
Entrez  soit  en  nale  semeine,  > 
Feit  il,  (  qui  ja  les  prendera, 
Ne  qui  jamès  s'en  mellera,  *         1 10 
Fet  cil,  t  de  vois)  besoigne  fere  I 

—  Sainte  Marie  debonere  î 
Con  vos  par  estes  anoious  ! 

—  Moût  fêtes  ore  le  pitous,  * 
Fet  cil  qui  le  prent  a  hoquet  ;       1 1  { 
•  Gardez  as  pans  de  vo(s)  roquet 


Se  vos  troverez  nule  chose.  > 

Et  cil  qui  desdire  ne  l'ose 

Li  montre  tantost  sa  chemise  :       119 

f  Sire,  >  fet  il,  t  par  seint  Denise, 

Je  n'ai  plus  denier  ne  maaille, 

Et  si  ne  sai  comment  m'en  aille 

Qu'encor  sut  ge  a  desjuner  ; 

Traveillier  m'ont  fet  et  pener 

Ces  gens  a  tort  et  sans  reson  ;       1  a } 

Je  ne  lessai  en  ma  meson 

Pein  ne  argent,  par  saint  Thomas, 

Dont  je  sut  moût  dolent  et  mas. 

Sire,  l'ai  .m.  enfans  petîs; 

Chascun  est  povres  et  cheitis.        1  jo 

Sire,  por  Dieu  ne  vos  poist  mie  : 

Je  ne  lor  lessai  de  pein  mîe, 

Par  les  sains  c'on  proie  merci. 

Si  m'en  laist  Diex  aler  de  ci 

Que  je  n'aie  le  col  rompu  ;  1  j  j 

Et  si  me  sunt  tôt  derompu 

Mi  soûler,  enpirgne  et  semele. 

—  Vos  me  servez  de  la  favele,  » 
Fait  ii  avocat,  *  beaus  amis  ; 
Vos  m'aviez  si  bien  promis  140 
A  paier  et  fere  mon  gré  ; 
Bien  voi  que  n'en  avrai  ja  gré 
De  chose  que  face  pour  vos  ; 
Gardés  moi  en  ces  girons  tos 
Tant  que  g'eûsse  .zz.  tornois,      14} 
Ou,  par  les  seins  de  Vienois, 
Je  lairé  vo(s)  besoigne  ester. 
Moût  covient  ore  despDter 
A  vos  ;  ausi  est  ce  a  chascun 
Qui  céans  vienent  de  quemun  :      1  jo 
Quant  hon  a  leur  besoigne  fête, 
N'i  a  celi  qui  ne  se  guete 
Et  ne  face  moût  le  destroit  ; 
Moût  tienent  lor  argent  estroit       '  k. 
En  rigoz  et  en  gaheaus  ;               1  { j 
Tiex  I  .11.  ou  .III.  noisiaus 
Qui  raout  par  fet  le  meschevé. 
Meinte  foiz  l'avon  esprové, 
C'est  la  costume  a  tote  gent. 
Fêtes,  ateigniez  cel  argent           .160 
Dont  vos  avez  .11.  neuz  ou  trois. 

—  Sire,  foi  que  doi  sainte  crois, 


9J  cuns  sens  —  106  or  le  —  lag  je  ai 


i/S 


180 


TROIS 

b  t'ù  ^8t  denier  ne  monnoie- 
Cb^Mt  *ot  dont  que  )«  te  note? 
.    N«i(t|,  par  saint  Lcu  de  Orcazi  i6j 
'   ~~-  Vm  ne  gabei,  par  saint  Loreiw  ; 
*ÏVdp  me  ien«  bien  por  (oubert- 
""— Biioi  doui  we,  psrsiint  Lamhert, 
*^>rgn4n'en  poez  plus  avoir.       1&9 
^Cjba  me  voj  ?  —  Atnz  voî  di  voir. 
"~~  CwaiBeat  I  si  estes  si  pris  pris  f 
*^*f  (bi,  or  m'awT  bien  aprts 
^^jCfedoi  une  autre  f<>i2  fere. 
•^Vlei  :  ««  n'avcj  plut  que  fcre 
^^eut,  le  v(H  im.  voisl  uote; 
^Téi.  par  sainte  Bride  d'Escoce, 
ï»ie  foi  que  je  doi  tote  cent, 
^  vos  teveoez  sanz  argent 
Et  nn  moi  ne  vos  apotez. 
Vos  sera  «ont  mal  avoiez.  t 
Eiitti  unt  povre  geni  tané 
Qui  a  la  court  lunt  ajourné  : 
U  ans  demande  argent  des  sains, 
Foi  que  le  doi  Dieu  et  tous  uins, 
I     Et  ti  antre  de  son  libelle.  i8f 

£tiis)  par  la  coun  merlle  merlle 
St  debateni,  crient  et  breent. 
Fi  In  povres  gens  moul  t'esmotent 
Qot  les  chieres  en  ont  reboitrses  ; 
SoHiU  netent  U  mein  i\  bourses  190 
Poir  Tarfcnt  sachier  et  ateindre. 
U  ntre  oc  te  veulent  feindre, 
Dtuusqui  se  siéent  amont  : 
Ropr^i  aval  et  amont 
Ceu  qoi  leur  vienent  a  offrende  ; 
h  A.  note  de  jour  demande 
ît  II  aitre  noie  d'atente. 
Mnitefl  a  cfaasctin  bone  rente 
Qti  lie  cei  ncrir.  «e  îunt  mètre, 
Cir  il  tt  fual  Rieinl  denier  nesde, 
Li  tiWiKins  et  1)  aatre, 
^'  M  siéent  l'un  dclcz  l'autre. 
itToi  rêvent  au  leelleur  : 
^mil>  c'est  une  grant  doleur, 


19s 


159 


I W  vos  dirwt  n»ol  4  mot. 
I  deneitient  grant  halimol 
A  «  fhanrei  enweller  ; 
uJftai  Iti  wvem  bien  chier  saler, 
gf  «re  et  vendre  au  seel  (erc  ; 
<  i  fint  crier  et  brere 


loj 


l'I 


130 


DITS  217 

La  povrc  genl  a  rachater. 

Moul  doit  hom  les  pleiz  redouter 

Qui  n'a  denier  a  grant  foison  : 

Nuî  n'i  puel  trover  acheson 

As  nmair»  n'as  avocas 

Qui  plus  sont  cngrts  que  li  chat 

Ne  soit  fameilleus  de  let  boi»re. 

Metote  pafroile  funl  acroire 

Li  avocas.li  procureur; 

Sovcnl  mclerrl  a  grani  erreur 

La  gent  de  pledier  et  en  peine; 

Il  Tunt  bien  une  carantcine 

.II.  jours  durer,  votre  aies  plus, 

Qu'il  sevcnl  bien  qu'il  .iront  plus 

D'argent  quant  plus  dure  li  plis.   Il( 

Cis  usages  est  trop  mauves. 

Car  il  funt  grant  pccbié  mortel  : 

Miex  lour  vemtroit  prendre  a  l'autel 

Nostre  dame  sainte  Marie; 

Car  il  i  vient  meinte  esmarrie,       ijo 

Mcinte  povre  personc  mate 

Qui  n'avroit  meslicr  de  barate 

Ne  de  li  fere  iravcillier. 

Certes  muut  me  puis  merveillier 

Comment  il  osent  si  pris  prendre  i;} 

Un  povrc  liome  qui  n'a  i^ue  tendre 

Ne  que  prendre  ne  que  saquitr; 

Moût  tosl  li  oui  fel  esloquier 

Sa  jornée  dont  il  doit  vivre. 

Il  en  sunt  meinte  foiz  louz  yvre, 

Li  avocat  et  li  notaire; 

Meinte  espicc  qui  soct  flere 

En  usent  et  tncint  gingenbraz. 

Dont  il  ont  mojt  petit  les  bras 

Traveillieï  ne  d'ovrer  lassez. 

Je  n'avroie  jamès  assez 

Rien  lor  vie  dite  en  apert  ; 

Je  vos  di  chascuns  s'ame  pcrt 

El  ch:ice  a  granI  destrucion 

Tout  par  la  bonc  livraison 

Qy'il  veulent  chascun  jor  avoir. 

Cil  qui  cuident  le  plus  savoir. 

C'est  cil  qui  plus  se  dampne  a  l'ame, 

Car  il  funt  plorer  meinte  lermc 

[Al  meint  preudome  cl  meinte  famé. 

"Ti»  labeure  sa  terre  et  semc        2j6 

Dont  il  recevront  les  deniers, 

Et  tunt  encontre  parchooien 


140 


^4Ï 


aSO 


^^^^JiS 

B.    RAYKAUO 

■ 

^H             Por  assez  petit  dr  scrvise  ; 

El  11  me  raquita  mon  gage 

ioi      ■ 

^^Ê             Tiu  est  d'avoir  maïunt  tl  riche 

lâo 

Que  j'avoie  pour  mon  «stage 

^H             Qu'il  ont  lost  mis  a  povreté, 

Lessii  sire  Auberi  mon  oste. 

^Ê 

^^M              S'auqu»  tie  (<rt  inur  volcnté; 

Met  compains.  qut  1^  rnoï  encosie             ^| 

^H             C^uJinl  il  l'ont  enir'eus  Koilli, 

Soeii,  en  avoît  tel  leece 

^1 

^^1             Mctnl  denier  en  ont  recoillt, 

De  la  dolour,  de  la  tristeoe 

jio     H 

^^1             Des  bonet  gens  por  qui  il  pledeni 

;. 

Ou  li  vilein  fu  enbatuzl 

^^Ê             Sachiez  bieo  de  tin  «fu'il  i  ardent  i66 

Miex  fui  vengiez  que  se  batnz 

^^^B 

^^Ê              Qu'il  en  prennent  bien  lor  salaire 

> 

Eûst  esté  jusqn'au  cbier. 

^^^1 

^H             la  ne  sera  de  si  mal  aire 

Einsi  les  doit  bon  chastîer 

^^^H 

^H             Qu'il  ne  le  ricent  airier. 

Et  mètre  a  point,  la  vilenailk. 

IM      H 

^^1             Oj-  me  convient  il  reperîer 

176 

Voire  par  Deu,  se  je  baaille 

^^1             A  autre  chose  dont  il  servent. 

Et  il  me  regardent  sans  dire  : 

^^^B 

^H               Par  Dieu  qui  me  fist,  il  desenrent 

t  Dici  vos  saul  et  beneie,  sire  !  : 

^^^^H 

^H             Moût  soTent  c'on  leur  feist  honte. 

Maint  en  ai  pris  a  acheson 

n^^l 

^H                 Se  vos  voleit  que  ge  vos  conte 

Que  je  en  la  plus  fort  seson 

JiO            ■ 

^H            Plus  avant  de  leur  bone  vie, 

Ï7Î 

Les  ai  ge  fet  a  Reins  aler, 

^H             S'aiez  de  l'escouter  envie. 

Les  mons  el  les  vaus  avaler 

^Ê 

^^1              Et  je  vos  dirai  meint  mot  bon. 

Par  mt  pluie,  par  mi  orage  : 

^^^H 

^^M             Quant  il  lunt  au  feu  de  charbon 

Ce  sembloienl  bome  sauvage 

^^^H 

^^B             Asis  par  grant  folivet^ 

Quant  il  venoieni  il  croiil 

jjfj^^B 

^H             Et  il  ont  a  lour  rolenl^ 

180 

—  Je  n'avroic  jamès  conté 

^H             Assez  et  beQ  et  mendié, 

Ce  que  j'ai  braci  et  osrdi,  » 

^^^1 

^^M              Dont  suTil  duremmt  Icdttigri 

Fcit  !i  autres  ;  •  m^  or  rae  di 

^^^H 

^H             Li  prodome  laboreûs 

Quant  fet  il  meillor  esvdllicr 

H 

^H             Des  jvûcaz.  des  procureurs. 

Le  vilein  por  li  traveiJIier, 

no     1 

^H              Pet  )i  .1.  :  (  L'aulrtijefr]  je  dbnoie 

Ne  quant  puet  il  ptus  peine  avoii 

■ 

^H             En  .1.  lieu  vers  Aîllï  sour  Naie  ; 

ii6 

—  Par  foi,  je  t'en  dirai  le  voir  : 

^^^M 

^H             La  fui  ge  trop  bien  abcvrcz. 

Entre  Noël  et  Chandelier 

^^^H 

^^M            Tant  que  je  f\i\  touz  enyvrez. 

La  plus  fort  semeine  etpier 

^^H 

^^M            Dont  commençai  meintes  parrolles 

Doit  hon  por  le  vilein  taoerj 

î»^^J 

^H             A  dire  qui  esioient  folles  ; 

290 

Dont  le  doit  hoo  fere  ajomcr 

^^^H 

^^^^       Mes  osles  qui  en  ot  engeigne 

La  ou  quide  unz  nul  resorl 

^^^1 

^^^^^^B 

Qu'il  doie  fere  le  plus  ort.                        "^1 
—  Mestre,  lavez  vos  ou  c'est  ore  ?            ^M 

^^^^      A  bouttr  hors  de  i3  meson. 

^^K            Moût  fui  liez  quant  foi  acheson 

—  C'est  en  Borgoigne,  par  sctnt  Joire,        ^| 

^^Ê             De  lui  fere  ennui  et  contrere, 

î9i 

Ou  11  chemin  suni  enfundré; 

J4>          ■ 

^H              Car  je  li  fis  ifi  hueseaus  trere 

La  doit  on  le  vilcio  gorré 

m 

^H             A  Seint  Julien  a  Pans, 

Envoler  pot  le  chemin  bstre. 

^m 

^^Ê             Dont  il  devint  tous  esbahïs. 

Certes  hom  doit  le  vilein  natre 

^M 

^H             Quant  il  s'oî  la  envoier, 

Fere  tout  le  pis  que  hom  puet. 

Hi^B 

^H             11  n'ol  talent  de  lui  joier, 

;oo 

—  Vos  dites  voir,  il  li  estuet 

■ 

^H             Einz  fist  semblant  de  pone  quite. 

Qu'il  ail  assez  peine  et  tormente 

■ 

^^1             En(«is  que  li  clamaiic  quite 

Ce  li  a  Di«  doné  de  rente 

■ 

^H             De  ce  qu'il  m'avoit  ledengié. 

En  cest  siècle,  et  si  en  ont  charlre  ;            ^| 

^^1             Ot  il  mon  escol  alegij. 

L'en  doit  les  ors  vilcins  bien  batre, 

■  no      ■ 

^^^H        3&6  souz 

■ 

^^ 

J 

TROIS 

—  Tfa  loi,  matn  ms«  le  noifnl! 
Que  tel  u  ijuei  geot  ci  nos  oient  ?  > 
Fff  II  antres,  t  ta  diz  pechié. 

—  Non  (aiz,  car  il  snni  eniechié 

De  loie  vilinie  et  plein  ;  j  i  j 

Il  suBt  trop  de  auuvit  pelein. 

Et  fde»b  et  aboutit. 

Quni  li  nieins  est  aisitz, 

Nnl  ne  le  porroit  apaief 

Ne  a  nul  i>itit  kre  ivoter.  )€o 

Mes  que  ce  foxt  biea  de  ion  tort. 

Trop  sunt  feletiis  et  entort 

Et  de  pute  coroie  cetnt. 

Diei  loar  envoit  tout  le  porcheint 

.L  oui  c'en  apfle  la  cengle!         )6{ 

Trop  fct  bien  (]ui  les  vileins  cengk 

D'nn  buton  quant  it  li  Ritsfet  : 

Ne  Kroit  ce  mic  bien  Hf  *... 


EMTS  319 

Funt  la  penduaifle  mavese, 
Qui  avroient  mainte  mal«e,  370 

Se  n'esloieni  îi  laboreur 
Qui  les  incintiencnt  a  rnneur 
El  gaaigtient  cf  don!  il  vivent. 
Ëinïi  K  moquent  et  estrîvent 
De  ceus  qu'il  ont  nut  et  grevi;     j?) 
Dont  De  stinl  il  lanon  prové? 
OJI  certes,  encore  pire. 
Je  ne  vos  vcil  ore  plus  dire 
De  cest  bbliaufx}  des  avocas 
Qui  pledent  de  meint  mavès  cas.    jSo 
Or  m'en  tcrai,  que  j'ai  reson. 
niex  doint  as  boncs  gens  foison 
De  bien,  et  i|)l  lour  dolnt  contraire, 
S'il  ne  funt  ce  qu'il  doivent  Tere. 
Ex  pliai. 


II. 


[Dt  U  Jumtnî  aa  deable.} 

La  pièce  à  laquelle  nous  attribuons  le  litre  qui  précède  est  des  plus 
iniéressantes  â  tous  les  points  de  vue  ;  elle  se  rapporte  Â  une  croyance 
tris  répandue  au  moyen  âge,  i  savoir  que  la  prtsiretie  (c'est  le  nom 
qu'on  donnait  alors  à  la  concubine  du  prÊtrc),  en  punition  de  son  indi- 
gnité ' ,  éiaii  après  sa  mort  changée  en  jument  noire  et  chevauchée  par 
k  diable.  Notre  récit  nous  transporte  en  Normandie;  la  nuit  est  sombre; 
c'est  l'hiver,  il  fait  froid.  Monté  sur  sa  jument  noire,  le  diable,  sous  le 
aotnde  Maquerel,  se  hâte  :  il  veut  arriver  au  plus  tôt  en  Champagne  au 
jwM  Winier  >,  où  il  trouvera  une  nouvelle  âme  de  prêtresse  à  ravir. 

ait  la  jument  marche  depuis  longtemps  ;  elle  se  déferre  et  ne  peut  plus 
aller.  Maquerel  ftappc  alors  it  la  porte  d'un  forgeron,  qui,  avec  l'aide  de 
la  fiemiDe,  ferre  à  nouveau  la  béte.  Obligé  de  dire  qui  il  est  et  quelle 


Ï^S  Luiiiu  aprU  te  ras. 

I.  Sur  cette  rndi);iiit£  de  la  prtstrttit,  voy.  l'article  de  G.  Paris  sur  Wilhaon 
de  WadingtoB,  Hai.  Iilt.,  t.  XXVIII  p.  191.  Notre  récit  (v.  lôo-iTjldit  que 
h  présence  de  la  pnstmst  à  l'église  u\\  perdre  aux  fidèles  le  bénéfice  de  leur 
«eue.  La  «*rtie  idée  le  retrouve  dans  Wadmniton  el  dm*  un  passage  des  Latin 
Stohtt  publiées  par  Tb.  Wright  |p.  É7I. 

i.  Moot  Imer,  Moïmer,  au]ourd'hui  Mocit-Ajrmé  ;  les  comtes  de  Champagne 
rCDRstraisiral  en  laio  un  ehileau  sur  cette  éminence  (Pertz,  Monum.  Cirman. 
'"trift  ,  t.  XXIll,  p.  891}. 


230  G.    RaYNAUD 

est  celle  iumeni,  Maquerel  décrit  le  triste  sort  qui  attend  les  prêtresses, 
qui  ne  peuvent  y  échapper  que  par  une  pénitence  des  plus  longues 
ei  des  plus  pénibles. 

Ce  récit  esi,  au  moins  dans  sa  première  partie,  b  reproduction  d'une 
histoire  publiée  par  Thomas  Wright  dans  ses  Laùn  Smrits.  La  morale 
seule  semble  avoir  été  ajoutée  par  le  poète  français,  qui  d'autre  part 
doit  avoir  recueilli  ce  conte  assez  altéré  dans  les  traditions  orales.  Voici 
le  texte  latin  : 

De  Sacerootis  tornicaiua. 

Contlgil  in  Angtid  (;uod  dx-mon  in  specie  homtnis,  sedcns  sup«r  jumentum, 
venit  nocte  ad  domum  cujuidam  labri,  excitons  rum  ut  lumenlum  suum  ierraret; 
et  cum  cbvos  in  pedrm  ferirel,  exclainavit  animal  illud,  dicens  :  t  Leniler  3ge, 
fili,  quia  multum  me  grav».  *  Qiio  jtupeficlo  et  dicpntc  :  <  Quis  et  ta?  • 
rcspondit  :  <  Ego  sum  mater  tua,  qua:,  quia  (ucram  saceidotis  fotniaria,  facta 
som  darmonis  vtctura.  •  Quo  dicto  dispiruit  cum  unùte  suo.  Mento  enim  fuit 
dxmonis  junicntum,  ijuod  ad  niodum  vixii  iumentorum.  ■  (Th.  Wright,  Litin 
Sloria,  p.  J7.) 

En  dehors  du  côté  fantastique  qu'offre  ce  récit,  il  présente  aussi  un 
élément  histonque  qui  n'est  pas  h  dédaigner.  Le  poète,  à  propos  du 
mont  Wimer,  qui  semble  avoir  été  au  moyen  âge  un  lieu  tout  spécial 
pour  les  légendes'  et  les  hérésies*,  raconte  te  fameux  autodafé  de 
Cathares  fait  en  1 3  î  9  ' .  Le  trouvère  n'oublie  rien,  ni  la  présence  du  comte 
de  Champagne,  Thibaut  le  Chansonnier,  et  de  plusieurs  autres  graiuls 
seigneurs,  ni  l'intervention  du  moine  dominicain,  Roben,  le  grand  inqui- 
siteur, qui.  ancien  hérétique  lui-même  4.  brûlait  '  avec  la  rage  de  l'apos- 
tat ce  qu'il  avait  adoré  autrefois,  ni  le  nombre  des  victimes,  1 80  environ. 


C. 


1.  Atbéric  de  Trois-Kontainrs  (Petti,  Monam  Germ  Script.,  t.  XXIH, 
.  713-71;}  fait  tneniiun  de  plusieurs  chansons  de  gnte  uù  il  est  quesUoo  du 
lont  Aymé- 

2.  ùîi  le  X*  siècle  nous  voyons  app.irattre  des  Cathares  «1  Champagne 
iSchmidt,  tiiil.  il  docU.  J(  /ii  iidr  thi  Cathaui  oit  Alti^^eoii,  l.  t,  p.  }},  es 
noiej;  Leulard  était  de  Vertus, et  florissait  vers  l'an  1000.  Voy.  aussi  uo  leitc 
cité  dans  Perti,  l,  VII,  p.  226,  qui  prouve  reiiMente  en  1041-1048  de 
Cathares  dans  le  diocèse  de  Chllons,  cl  un  passage  publié  par  Martcnc,  Ampliss. 
tûittttiû,  l.  l,  col,  776-777,  qui  représente  le  mont  Aymé  comme  un  foyer  de 
catharisine  en  1144. 

j.  Voy.  Albéric  de  Trois-Fonlaincs  dans  P«U,  Mon.  Gtm.  Scri^.,  t.  XXIII, 
P-  944-94t- 


4.  Voy,  Perti,  loc.  cit.,  p,  ojô, 

y  M.  Julien  Havei  a  préciie  l'époque  i  Fiffuelle  la  peine  du  feu  a  fié  difini- 
lîvement  appliquée  aux  hérélitiuM  iUthl.  de  1  Ec.  du  chmis,  t.  XLI,  p.  i9i- 
606I.  Le  texte  d'Albéric  de  Trois- Fontaines  qu'il  cite  lui  fournit  on  de  ses 
arguments. 


TROIS   DITS  221 

Ce  récit  diffère  fort  peu  '  du  lexte  d'Albéric  de  Trois-Fontaines,  ei  il 
concorde  parfaiiement  aussi  avec  certains  passages  de  Philippe  Mouskei> 
et  d'Etienne  de  Bourbon  f,  qui  avait  assisté  en  personne  â  cette  terrible 
exécution.  Le  seul  fait  que  le  trouvère  laisse  de  cdlé  est  ce  bmeux 
combat  de  chiens,  qui,  accourus  de  tous  cdtés,  s'entredévorèrent 
entre  eux. 

Mais  s'il  oublie  ce  détail,  le  poète  en  ajoute  un  autre  qui  a  son  prix 
pour  nous  ;  il  nous  parle  en  effet  d'une  iniaigmce  de  \o  ans,  accordée 
par  Roben  aux  assistants  nombreux  de  cette  exécution  ;  c'est  là  une 
circonstance  que  nous  ne  trouvons  nulle  part  ailleurs. 


(l]t  avinl  ja  en  Normendie, 

Por  ce  est  reson  que  je  vos  die, 

Une  aventure  mervcilleow. 

Var  nuit  oscure  et  ténébreuse 

Chevauchoit  ,r.  de  ceus  d'enter,        j 

Mis  sa  jument  n'avoil  nul  fer, 

Einz  esloil  lotc  dciferréc, 

QuVI  n'ol  pas  eité  enserrie, 

Einz  iert  venue  cck  nuit 

.Xxx.  leues,  cui  qu'il  jnuit,  lo 

El  encor  csloil  loinx  de  |0r 

Et  de  repos  et  de  sejor  ; 

Si  clochoit  doulerouicment, 

Ht  cil  deius  iDOut  ficretiient 

Feroii  jument  des  espetrons,  i } 

Et  sachiez  quepab  n'esperrons 

Que  il  la  Yostsi  depoTler, 

Qu'il  se  volcit  fere  porter 

Cde  nuit  |iisi)u'a  Moïmcr 

Qui  jadis  fu  Montaigne  tmer,  lo 

Or  i  est  fermej!  .î,  chasteaiis 

A  merveilles  et  (ors  et  braus, 

Desus  celé  iuutc  monteigne 

Qui  est  le  conte  de  Champargne  ; 

Monz  Moîmer  a  droit  se  nomme,    aj 


Du  nom  Imer,  c'en  est  la  somc, 

Uns  bougres  que  seins  Auguslins 

Chaçi  par  «oir  et  par  mitins 

De  la  terre  de  L-ombardie 

Por  sa  très  grant  papelardic;         jo 

En  cel  mont  dst  cil  sa  meson, 

Si  orrez  par  quele  resoa, 

Et  une  \oi%t  ou  it  boutoit. 

Et  moût  grant  entente  inetoit 

A  enseignier  iluec  sa  loi.  )) 

Si  mena  sa  gent  a  bHloi 

Tant  que  par  lut  et  par  ses  ars 

Furent  puis  .ix"  ,  bougres  ars. 

Le  merqueJi  de  Penlecouite 

Souz  Moïmer  iluec  de|ausle,  40 

Volant  getit  qui  îcrcni  venu 

De  meînt  pais,  et  aplrû 

Por  avoir  ie  tr^  grant  pardon 

DoDt  frère  Robert  leur  iist  don  i 

Si  sachiez  que  il  tn  dona  41 

.Xxx.  anz  a  cluscun  et  bonna 

Por  votr  la  très  grant  jusliie 

De!  bougrcï  an  dedenz  la  lice 

Qui  eslOLt  (eie  de  piliz 

Novel,  qu'il  n'i  îcrt  enpalii,  ^o 


1.  Alhtric  DSTle  d'un  Fortunat  aui,  chassé  d'Afrique  par  saint  Augustin,  vint 
s'ttabijr  en  Cnampagnc  cl  fil  son  aisciple  d'un  chef  de  brigands,  Wimer,  établi 
sur  la  montagne  qui  porta  depuis  son  nom.  Dans  le  texte  français,  il  n'est  pas 
fait  mention  de  Fortunat;  c'est  Winier  qui  aurait  été  chassé  de  LomhrJtt  par 
saint  Augustin. 

2.  Ëd.  Ketifenberg,  t.  II,  p.  66^-666. 

}.  AiutiioUt  hitlori^aa  d  Etienne  de  Bourbon,  éd.  Lecoy  de  la  Marche, 
p.  l49-"io.  JJi  rt4'i- 

18  Quel  —  ig  boimer  —  48  cite 


^B                  22i                                                   C.    RaYWaUEï                            ^^^^^^ 

■ 

^M              En  l'en  de  l'iacaraicion 

Sa  famé  apele,  si  tt  dh 

^M              OrcRt  leur  gract  dampnacion 

Qu'ele  se  Itet  sans  coatredri, 

^^1 

^B                .M-  cl  .ce.  et  .xvxrï., 

Les  (ers  aport  en  mi  la  me, 

^^^1 

^H              N'i  31  metpris  vaillant  .i.  nef. 

Et  sour  le  pavement  les  rue; 

100        ■ 

^1                  rOlr  rcperrt  a  ma  matere 

ii 

Si  four  alume  a  la  laslerae 

■ 

^M              Qu'avoie  commenciè  a  dire. 

Pour  le  fort  tens  qui  si  iveme  : 

1 

^1              La  Tot  ater  li  anemis, 

•  Sire,  »  fet  cil,  «  que  vos  but  il?         | 

^H                Qui  de  ton  erre  lert  entremis, 

—  .lui.  piez  a  ferrer,  «  fel  cil. 

^K              Pour  la  prestressc  de  Vertus 

—  Levez  .1.  pié.  »  le  fevre  dit  ; 

101 

^1              Qui  estoil  ja  sus  les  («sluz 

6o 

Et  cil  SI  fet  tanz  contredit. 

^M              De  la  couche  mise  a  la  terre 

Si  II  (erre  et  les  .nt.  après  ; 

^1              Pour  tnorir,  et  cil  l'aloit  querre  : 

Cil  les  lieve  qui  en  est  pr^, 

^B              Porter  l'en  voleit  en  enfer 

Etctl  qui  est  bons  niare^chaus 

^H                En  chartre  cl  en  Item  de  fer; 

Si  It  a  dit  :  t  Sire  vassaus, 

110 

^1               Mis  tant  ot  sa  jutnent  erré 

6S 

Je  vodroie  bien  par  scint  non 

^M              Que  li  pif  li  suai  desferré. 

Que  je  seûte  vosire  non. 

^M              Si  connut  bien  li  anemis, 

Qui  chevauchiez  lele  jument 

^H              Qui  n'cstoit  mie  ses  amis, 

Qui  est  plus  noire  c'arrcmcnl  ; 

^H              Qu'il  la  convcnoil  a  Fcfrer 

Ele  reietnble  moul  bien  bcite 

'li 

^1               Por  plut  tegiereineiit  .iler^ 

7° 

Qui  n'est  mie  torjors  a  feste. 

^H              TitA  qu'il  s'en  vint  a  une  vile 

—  Sire,  je  ai  non  Maquwel, 

^^ 

^M              Que  l'en  apeloit  Longuevile; 

Si  ai  moût  noir  le  haterel; 

^^^1 

^K              La  meson  tnieve,  que  il  quiert, 

Si  t'en  dirai  bien  la  verte, 

^^^B 

^M              Au  fevre  ;  il  boute  et  hurte  «t  Âert, 

Que  je  sui  sovent  en  nerté. 

110          ■ 

^H                Et  li  fevres  touz  eifreez 

7i 

En  dolor,  en  mil  et  en  peine 

m 

^B               Li  disi  que  cil  ait  mal  dahez 

Sor  ceste  jument  que  je  meine, 

^^Ê 

H               Qui  a  lelc  cure  a  ti  en  vient 

Qui  l'anic  convient  travciltier, 

^^^Ê 

^M               Se  a  fcre  ne  li  covienl. 

Et  jor  et  nuit  m'estuet  veillier 

^^H 

^1               ■  Fevre,  >  fet  il,  *  ne  te  coroce, 

Por  li  fcre  peine  et  tormenle, 

in    ■ 

^M                Qu'en  bat  soii-cnt  celi  qui  grouce; 

8o 

Qu'ek  (orftit  en  sa  jovente, 

^M              Aes  p^,  si  virn  gaagnier 

Quant  au  siècle  fu  mariée  : 

H 

^M               .Xx.  sous,  ja  ne  faudra  denier.  • 

Si  fu  ttieu.i  sa  desTinèe 

^^^Ê 

^M               Qnanl  il  ot  parler  de  sonz  vint. 

Qu'el  aama  comme  musarde 

^^^M 

^H              Inelement  a  l'uis  en  vint, 

Le  proverre  qui  l'ot  en  garde, 

M^^^ 

^M              C'en  se  met  en  grant  aventure 

8( 

Qui  bien  li  deûtl  enseignicr 

H 

^M              Por  gaagnicr  sovent  et  dure. 

Le  feu  d'enfer  a  eslotgnier, 

■ 

^B              L'uis  enlTOrri  ineilement 

Et  il  li  enseigna  la  voie 

■ 

^m               El  vit  moul  noir  le  tirmamenl 

Par  quoi  ele  est  orendroil  moie  : 

1 

^M               Que  lune  nulc  ne  luisoit, 

Nos  amon  mîcus  a  cherauchler 

■H       ■ 

^K                Si  que  celui  pou  avtsoit 

90 

Prcslresscs  et  plus  <\et)  avon  chier            | 

^1               Qu'il  entrevit  el  grant  et  noir 

Que  destner  a  roi  ne  a  conte. 

^1              Et  esrrouii  toi  le  manoir; 

Por  ferc  leur  aseï  ic  honte. 

^B              Si  s'en  revcl  en  sa  meson  : 

—  A  I  Maqueret,  »  fet  la  tivresse 

^M               Poor  a  grant,  si  a  resoR, 

«  Porroit  merci  avoir  prestrcsse 

140 

^M               Que  deable  totc  créature 

91 

Por  nule  rien  qu'en  peoit  fere? 

^^^^         Entûur  qui  vet  herice  el  hure. 

—  Oil,  ï'el  le  voleit  retrere 

^^^K          68  Que  —  101  a.  aia  1. 

J 

^^^^^^^^^^^^te 

_^^^ 

1 

^^^ 

TROIS  DITS 

m     ^W 

^H        Dt  wn  ptchii  Irt  «t  rilein 

Saclin  (le  voir,  lu  les  perdroies, 

^^H 

^H        EtttaTnscr  x  chjpelein, 

Que  jes  toli  .1.  usurier 

i8t         ^M 

^H        Et  n  feitt  u  cbaacvierc, 

I4i 

Qui  a  Senliz  morui  l'autrier. 

^^^M 

^H        Sintdirii  eo  quel  oiaiiere: 

Et  Deu  n'a  cure  de  ici  don  : 

^^^^ 

^H        (^rie  neïmes  pjr  ses  mctns 

Il  ameroit  miex  .1.  chardon 

^^^M 

^H         Lj  tibourast  cl  totr  et  mcînt, 

Qui  ofl^rt  II  fuit  de  droiture 

^^^H 

^H        Siqe'itilre  ne  t'enUcnKitt 

Que  pleine  tour  de  Ici  grdurc  , 

190      ^^^B 

^H        DtMienen  qu'd  ra  fc^, 

liO 

Que  Dtex  dist  con  cil  qui  ne  ment  :                  ^| 

^H       AnHfioDaii  M  lj  coillist 

*  Je  sui  Deu  qui  eim  jugement, 

^^^M 

^H        ElsoUtt,  M  M  boslist 

«  Que  ne  vdt  mîe  que  l'en  m'osfre              ^^^| 

^H         Lt fixant  d  l'arroil  lili 

f  Riens  de  rapine  dis  plein  cosfr< 

^^^H 

^H        Et  jbduI  tôt  ion  filé. 

Et  Ovide  dit  et  devine 

•91         ^^M 

^H       Peu  m  le'ui  (ete  chemise 

■i! 

Que  chose  qui  vient  d«  rapine 

^^^H 

^H        OiiDte  «le  oerre  Tost  mise  : 

Ne  doit  mie  bon  chief  tenir, 

^^^H 

^1       42^01  la  loile  en  scroil  ovréc 

Eini  doit  a  nient  revenir. 

^^^1 

^^1        Et  pir  ses  mcins  tole  curie, 

De  CCS  deniers  adiale  Icr 

^^H 

^H       ha  h  vesiist  crunt  merci. 

El  tei  espérons  cest  iver, 

300            ^^^H 

^H       BiUU  la  coupe  et  «a  et  ci  ; 

i6q 

Couteaus  jgtiz  et  alemeles 

^^^1 

^V       Pus  n'i  alisl  plus  coardam, 

J\  cipirdre  snnt  et  ccrveles, 

^^^1 

r            D  K  Uochast  ru  four  ardanl 

Con  doit  convertir  en  tel  art 

^^^1 

^_       Par  ftpnetT  le  [vil)  pcchii 

Chose  qui  vient  de  maie  part.  • 

^^H 

^B      Dont  un  cors  avroit  entechié. 

Home  soit  prestresse  et  s'ucyre 

20f            ^^M 

^^      Se  par  conseil  de  sn'nte  iglise, 

.6i 

Qui  se  desnue  et  se  descuevre 

^^^M 

Faoit  itntt  si  *tmi  mise 

Por  fere  prestre  en  li  pechier  : 

^^^M 

Han  de  nos  taeias  j  uuv«lé 

Ne  se  puet  plus  vilment  lechier. 

^^^^ 

DcTjBt  le  roi  de  maeslê  ; 

C'est  asemblée  d'anemi, 

^^^^ 

El  a  dient  agcune  gent 

Mavèse  avant,  mavèse  en  mi  : 

310        ^^^H 

Que  il  seroil  et  bel  et  gent 

170 

Conchife  est  et  si  conchie 

^^^1 

(^  la  pmtresse  ftist  atiie 

Celi  a  qui  ele  se  lie. 

^^^1 

DErrter  les  autres  en  l'igiise, 

Et  met  en  enfer  cors  et  ame. 

^^^H 

Car  l'aatrt  gem  fxrdent  la  meste 

Or  aut,  et  praigne,  (oie  famé, 

^^H 

Qsant  deranl  eut  ett  la  prêtresse 

! 

Le  guerredon  et  la  monnoie 

^'s     ^^M 

Tant  est  vis  et  desordenée 

'7i 

Qu'cle  désert  quant  el  foloie  : 

^^^H 

Qn'ele  devroit  esire  menée 

P*r  h  folour,  par  la  luxure 

^^^H 

Fttmni  de  chief  en  chicf  la  vile, 

En  enfer  avra  sepolture 

^^^H 

Qae  la  autres  (âmes  avile. 

S'au  siècle  n'en  (et  peaitance; 

^^^M 

^—^    Fe»re,  fcvre.  >  dut  Maquereau», 

liant  vos  di  ge  sans  doutance; 

330            ^^^1 

^H     •  }e  se  sui  mie  trichereius  : 

180 

Bien  se  gart  qu'en  enfer  ne  chie. 

^^^H 

^"^     Je  u  te  veil  mie  trichicr; 

Car  ele  seroit  chevjuchie  1 

^^^H 

1            -Xi.  son*  arrai:  s'un  seul  dcBier 

£x;>/icit. 

^^^H 

^K     Pov  l'anow  de  Dieu  en  donoieî. 

^1 

^^^'»u»                                                                         ^^^1 

"4 


G.    RaYKàUD 


II). 

[Luifae  la  maudite] 
IparBouRDET). 

I.a  pièce  suivamc,  dont  l'auieur,  Bourdet,  était  jusqu'ici  inconnu,  se 
rapporte  à  la  fameuse  légende  de  ta  MaisnU  HcUeqain.  t>tte  légende, 
qui  apparaît  dans  de  nombreux  textes  '  du  nio)'en  ftge,  parmi  lesqads  îl 
faui  citer  de  préférence  un  passage  d'Orderic  Vital  >,  semble  avoir  été 
particuliàremenc  répandue  en  Normandie  :  notre  texte  en  fournit  une 
preuve  de  plus.  La  scène  se  passe  en  effet  dam  le  pays  normand  ;  Luque, 
la  sorcière  maudite,  est  tombée  malade  à  Rouen,  et  se  sentant  mourir 
elle  appelle  le  diable,  c'est-à-dire  Hcllequin,  pour  qu'il  vienne  la  prendre 
et  l'épouser.  Hellequin  se  livre  avec  toute  sa  maisnie  à  la  joie  U  plus 
folle  :  le  vent  souffle,  les  arbres  sont  déracinés,  les  clochers  sont  abanus, 
les  moulins  retournés,  toute  ta  nature  s'associe  aux  riançailles  de  Luque 
et  de  Hellequin.  Les  diables  emportent  l'àme  de  Luque  en  enfer.  Le 
mari  humain  de  Luque,  Boutecarete,  meurt  bientôt  après  elle,  en  léguant 
ses  meubles  à  l'archevêque  de  Rouen.  —  Il  y  a  sans  doute  ici  le  souve- 
nir d'une  violente  tempête  qui  causa  de  grands  désastres  dans  le  pays 
de  Caux  et  â  Rouen,  et  qui  coïncida  avec  la  mort  d'une  femme  de  cette 
ville,  réputée  sorcière,  et  àt  son  mari.  Feut-fitre  pourrait-on  retrouver 
la  date  de  cet  ouragan.  Malheureusemeni  le  poêle,  s'il  nous  a  laissé  son 
nom,  ne  nous  a  pas  donné  celui  de  l'archevêque  à  qui  Bouteareie  légua 
son  mobilier. 


Puis  <]ue  Roen  (u  establie 
Ne  fu  feie  tel  deablîe, 
Si  comme  m'esl  contée  et  dite, 
Copme  fut  Luque  la  inaudite. 
Quinte  nuit  4evjnt  la  seint  Pierre 
Que  l'en  apcie  ivcr  souz  pierre, 
l.uque  [ta]  maudite  acouchj 
tt  unt  que  la  mort  l'apioctia, 
Et  ne  poeil  santé  avoir  : 
A  Helequin  le  fist  savoir, 


Mande  li  que  il  li  sovieigne 
De  li  et  que  qaerre  la  vietf;ne, 
Qu'eie  veut  esire  s'espouste  ; 
El  ne  donroit  une  bûuife 
En  son  mari  Boutecareste  ; 
Fraie  li  (juc  il  s'entrcmete 
De  fcre  U  plus  desguis^ 
Keste  c'onques  lust  devisi{e], 
Que  par  le  mont  en  soîl  parlé 


'9 


10      Par  mons,  par  vaus,  parloac,  par  li. 


1.  P.  Paris,  la  manascnti  frantcit  Je  ta  hiblwfhi^uc  àa  Roi,  t.  1,  p.  )32- 
)a(  ;  Leroux  de  Lincy,  U  lim  du  UgeaJis,  introduction,  p.  148- 1}0  et  140- 
)4\;  Cachet,  Glojjaiu,  p,  lii-l^j:  elc,  etc.  —J'ai  entrepris  sur  cette  légende 
un  travail  spécial,  que  je  compte  produinement  publier. 

2.  Éd.  Le  Prévost,  l.  III,  p.  J07-Î77. 

i  Quite  ~ 


^^^ 

■ 

TROIS 

DITS 

22Ï         ^H 

Quot  Helle^uin  i  c«  oî. 

Jouïte  .1.  hamel  lés  Ivetot 

^^H 

Moui  dnrf emjeot  t'en  eijol  ; 

Troverent  .t.  molin  a  vent 

^^^1 

1            Lors  es  apele  la  nesoîe, 

Que  Helequin  et  son  covenl 

^^^1 

rorloisfinenl  l'a  aresnie 

PZn  naves  siti  iine  roelle 

^^^1 

El  dit  qu'il  »  veut  marier. 

'S 

Font  fere  la  tome  boelk. 

^^H 

'            En  celé  oa  pi»  se  puel  fier  : 

Par  la  forest  du  Tret  rcvinJrent 

C«sl  dame  Luqu«  ta  maiidiie. 

Ou  jolivement  se  contindrenl, 

^^^1 

1            Si  totl  cûB  la  pjrollf  ot  àiK, 

Car  il  firent  en  .1.  moment 

^^^1 

Si  a  chJSCUD  \xtTi  par  s'amc 

Toi  le  plus  tort  lûrnoiement 

^^^1 

Que  ce  est  1]  plut  ugc  dame 

30 

Qui  jamèt  Miit  ne  onqnet  (usi. 

^H 

Qoi  Mit  d'rluec  si  qu'a  Vitcrbe: 

Leur  lances  «stoient  de  fuit, 

El  moMle  n'a  u  iravêM  erbe 

De  tel  fusl  con  il  le  troverent  : 

^^^H 

Que  ele  par  cuer  nequenoise; 

MoiiC  bien  leur  force  i  esproveretiT,            ^^^^ 

'             El  en  hu  trere  nittnte  angoîse 

Chascun  .1.  arbre  CRbracha 

^^^H 

A  Elu  If  poitevin, 

JS 

En  lieu  d'eîcu  et  l'esracha. 

^^1 

1            Et  II  fbt  boivre  en  lieu  de  vin 

hon  tirent  leur  lomoiement 

^^^1 

L'ftbe  qu'a  non  crampepoo[î]l. 

Mes  pas  ne  sai  dire  cominent, 

^^H 

Lon  met  entr'eui  .i.  grant  too(i) 

Que  pas  avecques  eus  ne  fui. 

^^^1 

Pour  loer  ta  a  Hdlcquin. 

Mes  iî  .1.  d'eus  SI  s'en  fui, 

^^^1 

Il  ne  fitl  pas  comme  quoquin, 

40 

Et  tes  autres  torjors  aprb 

s»    ^H 

Mes  comtDC  prcuz  et  comme  sagei 

> 

Qui  le  suircnt  de  si  près 

^^^H 

D'enfer  a  pris  .iii".  mewges 

Torjors  de  muete  et  de  randone, 

^^^H 

Poor  envoer  en  lîeu  drvcrs  ; 

Si  qu'en  la  forest  de  Brotonne 

^^^H 

j             Mè»  eîni  que  »oiï  patsé  iver» 

Le  chacerent  tor|ocz  bAt.int. 

^^^1 

^H      Lor  a  dit  qa'i  l'espousera, 

4S 

Lors  s'arcsta  celui  estant  ; 

^^H 

^V      La  grexgnor  joie  Jor  fera, 

S)  lor  livra  a  touz  estai, 

^^^1 

CvD  «tic  gent  si  granl  ne  virent. 

Lan  veîs^iez  granl  balestal. 

^^^H 

Par  tM  le  monde  s'espiBdtrent  : 

Il  lie  l'eûsent  jamès  pris 

^^^1 

TroliMi  icevs  qse  il  trwerent 

S'il  ne  l'eûienl  si  sorpris, 

^^^1 

Firtat  qn'atec  eus  amenèrent 

\t> 

Mes  tant  d'arbres  firent  chaer 

^^1 

Qw  uvoient  de  l'in^rotnanre. 

Enwr  li  qu'il  ne  pot  vecr 

^^^1 

Asftierent  fesant  la  daiic« 

Con  il  peùst  eschaper  d'eus. 

^^^H 

'             Defant  Hellpqiita  en  eoder 

Lors  li  torna  au  cu<:r  grant  deus, 

^^^H 

Qai  iMiert   i.  bailon  de  fer, 

Car  il  set  bien  qu'il  jert  veincus. 

^^^1 

^^      Dont  il  s'aloit  esbanoiant; 

iî 

Ad  roi  a  rendu  ses  escus, 

100         ^^^1 

^B      Lan  lor  a  dit  lot  en  oiant  : 

A  scint  Hcmoul  sous  Caudebec; 

^^^H 

^^       «  ScigDorv,  monta,  alon,  alon  1 

La  firent  il  croître  le  Bec 

^^^H 

Or  Tcrra  Cauz  que  nos  valon,  > 

Et  d'ilucc  abatent  la  tour 

^^H 

Lan  s'en  issoit  tuit  cil  d'enfer  : 

Si  c'onqoes  puis  n'en  fu  retour. 

^^^H 

Par  m  te  pmui  d'Amifer 

60 

En  cel  bois  chascun  endroit  soi 

10)      ^^H 

Soai  dl  d'enfer  entré  en  Canz 

Prist  3  chascun  d'eus  si  grant  so 

^^^^1 

ti  Oit  firetil  meûit  grant  encauz  ; 

Que  de  noirorent  les  vis  leins. 

^^^H 

Par  Ncvillc  potnirent  lor  cour, 

lluec  fusent  de  sei  nlelnis, 

^^^1 

^—^     Q***''  "■  abolirent  la  tour 

S'il  n'eùsenl  Seine  irovée. 

^^^H 

^B     Etwtresi  a  Ivetot. 

6i 

Dant  Heliequin  et  sa  mesnËe 

110      ^^^1 

^V          a6  En  ceus  —  6}  Ivetot  doii 

itrt  U 

'  JautiJ  tt  tnh  peur  an  dts  noms  tn 

-lût     ^^B 

F           à  fttJfmHti  dans  tdlt  rigion. 

^^^^H 

^^m                    kamaMU,  XII 

J 

^H 

^A 

J 

^^1 

220  G.    RAYKAUD 

Vm  troverent  de  Seint-Yon, 

S'en  borent,  qn'i  k»-  sembla  boa. 

De  ce  furent  il  bien  cbaanz 

Qne  saoz  le  gré  as  marchaans 

Qai  les  YÎns  orent  achetés  1 1  { 

Firent  des  nns  lear  volentés. 

Da  pein  de  rire  soupes  firent 

Que  es  bateans  entor  eus  Tirent. 

Mes  lî  .1.  d'eus  estoit  malade  : 

Si  li  sembla  te  pein  trop  £ide        120 

Por  ce  qu'il  estoit  dessalé. 

Lors  est  chascnn  tantost  aie 

Qnerre  du  sel  du  pins  demone 

(^'il  troverent  en  une  baigne, 

De  qaoi  trestot  le  pein  salèrent.     i2j 

D'iluec  a  Roen  s'en  alerent, 

Et  très  torion  entr^etant 

Et  cens  desus  desouz  tornant 

Les  nés  au  sel  et  au  harenc, 

Si  con  il  erent  renc  a  renc;  1  jo 

Ce  fu  trop  bel  enchantement. 

Les  tonnians  de  vin  ensement 

Firent  aler  du  premier  quei, 

Je  ne  sai  pour  quoi  ne  a  qoei, 

An  pié  de  seinte  Cateline:  i}} 

Ce  Âi  sanz  volenté  devine. 

Melnt  pleur,  meintcri  et  meint  domage 

Firent  iluec  par  lor  grant  rage 

En  mas  et  en  nés  et  en  très. 

Lors  sunt  dedanz  Roen  entrés       140 

Ou  meinte  bêle  cheminée 

Fu  par  eus  celé  nuit  minée 

Et  cornez  de  mesons  .11.  mile. 

Tant  tracèrent  par  mi  la  vile 

Qne  il  troverent  dame  Luque        14$ 

Qui  or  [en]  enfer  s'espeluque, 

Et  si  trestost  con  la  troverent. 

Entre  leur  braz  l'ame  levèrent  ; 

Pour  itanl  comme  Luque  iertfame, 

La  portèrent  a  Nostre  Dame  :       1  ;o 

Mes  l'ns  devers  la  Masoleine 

Truevent  fermé  ;  a  voJz  hauteine 

Dist  Hellequin  :  t  Tu  comperras, 

Arcevesque,  si  le  verras 


Qui  ceste  paie  fermée  as  !  ■         1  j  j 

Lors  dist  :  €  Atkolke  portas  !  > 

Et  si  tost  con  il  ot  ce  dit. 

Ce  fa  fet  sanz  nul  cootredil 

Ne  de  barre  ne  de  toroil; 

Ausi  con  fnst  toronl  boroni  160 

Firent  bures,  torooz  brisier  : 

Ce  ta  d'enfer  le  mestre  huisier. 

Hors  isirent  par  la  Terrine 

Qui  estoit  devers  la  cuisine 

L'aroeresqne  ;  sus  .1.  piler  16} 

Pristrent  .c.  quarreaas  por  piler 

L'arceresqae,  mes  n'i  ert  pas  : 

Dieus  le  gari  a  cd  trespas, 

Mes  il  destmitrent  ses  mesons  : 

Oï  avez  les  achesons.  1 70 

D'ilaec  en  enfer  s'en  alerent 

Dont  onqoes  pois  ne  retoraerent 

Ne  ja  mes  ne  retomeront, 

Mes  trop  greignor  joie  feront 

Que  onques  nule  gent  ne  firent      lyj 

Crestien,  giené  ne  cardieo, 
Que  tant  comme  Des  sera  Deo, 
Dur[e]ra  lor  feste  et  lor  joie, 
Et  ne  croi  pas  que  parler  oie        180 
D'eus  par  nule  peine  qn'i  mete, 
Se  ce  n'est  par  Boutecareite 
Qui  fu  mandé,  si  i  comt  : 
Tant  fu  hasté  que  il  momt 
Sanz  prendre  a  son  prestre  coogii  : 
Asez  avoit  au  soir  mengé  ;  i8£ 

Saol  momt  et  pleine  dois  ; 
Mes  d'autre  part  fist  que  cortois, 
Et  pour  ce  que  a  l'arcevesque 
Fu  fez  par  Luque  la  travesque      190 
[De}  destniire  li  ses  mesons, 
Ne  fist  pas  comme  mavès  bons, 
Mes  con  preudons  riches  et  nobles  : 
A  l'arcevesque  tôt  ses  mobles 
A  lessié  dont  iert  en  sesine.  19} 

Ici  BouRDET  sa  rime  fine. 
Explicit. 


m  seint  iohan —  iji  A  lus —  181  que  gi  m.  —  19^  dont  il  iert 


^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^TrÔi! 

DITS                                                      «7 

1 

^^^^^^HH^^^ 

^^Ê       aboutis,  l,  }  ;7i  entitét. 

chandelier,  1,  îj?,  /ti  Chandtiear, 

^^M        acouchier,  IIE,  7,  s'aliter. 

chaneviere,    II,    14),  iinceai  de 

^^M        AiLLi  SEUii  Noie,  I,  286,  /li7/^- 

chanvre. 

^^B            tur-Noye  [PicarJit]. 

comei  de  maison,  IlI,  143,  coin. 

^^Ê        ANTipen.  Itl,  60,  le  cep  ttAntifer, 

crampepooil,  III,  p,  herbe  toxi^fue. 

^^H            à  VtxUimlti  du  pays  de  Caax. 

^^M        aplavoir,  11,  42,  accourir  en  (mit. 

Drnise  (s.),  I,  120,  saint  Denis. 

^^P        aroier,  II,  1 J3,  faire  rouir. 

(fesguLsé,  ni,  17,  étrange. 

^^M        arremenl,  11,  1 14,  encre. 

dois.  Itl,  1%-j,  panse  (m.  à  m.  con- 

^^1        AUBERi,  1,  ]07,  nom  d'homme. 

duii.  iuyaa)  {?|. 

^H           AUCUSTIK  (5.),  Il,  27. 

^H 

Eue  le  Poitevin,  ill,  ;}. 

^^M        batestal,  m,  92,  tumulte. 

encauz,  itl,  62,  pûursiùte. 

^^^       Bec  |le}f  [Il>  102^  rmseaudeCau- 

engeigne,  I,  291,  coUre. 

^^M 

eniort.    1 ,    j62,    déraitonnabtes , 

^^M        belloi.  II.  }6,  tort,  détordre. 

faussés. 

^^M        bonner,  II.  46,  fixer,  déterminer. 

enireture,  I,  9,  lustoire,  conte  (?). 

^^1         BoROOiGNf,  1,  340,  Bourfflgne. 

EscocE,  1,  176,  Irlande, 

^^P        BouRDCT,  III,  196,  nom  d'uA  /rou- 

esloquier,  1,  2î8,  dilapider. 

^^H 

espeluquier  (s"),  111,  146,  s'éplu- 

^^H       bous^e,  III,  14,  borne  dt  vache. 

cher. 

^^M        BouTECARCTË,  111,  !{,  182,  mari 

^^P           de  Lu^ue. 

favele  (servir  de  la),  I,  1  jS,  trom- 

^H       Bkide(S<)[i'E$coce,I,  fjdfSainte 

per  en  paroles. 

^^M           Brigide  d'Irlande. 

favresse,  II,  (  jç,  femme  du  forge- 

^H       Brotonne  (la  forêt  de),  111,  88, 

ron. 

^^H            pris  de  Caadebtc. 

felenés,  1,  357,  }6ï,  de  lutare  fé- 
lonne. 

^^M        cardieu,  [II,  177,  Chatdéen. 

foubert,  1,  167,  dupe,  niait. 

^^B        Cateliks  (pré  Saime%  ill,  ij^. 

^^M            lieu  sur  la  Seine  près  Je  Roiua. 

gaïieaus,  1,  1 5$,  cachettes  (?). 

^^M       Caudebec.  III,  101  (en  Norroan- 

gingenbraz,  I,  24},  gingmine. 

^H 

gorré,  1,  uKO- 

^^M        Cauz,  m,  ;S,  6t,  pays  de  Caax. 

^^M        cengle,  i,  {6{,  lona  (maiadiè). 

baigne,  111,  i24(P). 

^^1        Cerenz,  I,    i6{,  Cireaca   [NoT' 

halimot,  1,  206,  embarras,  empret- 

^^H            mandie] . 

semeni  (?1. 

^^P        Champaicne,  II,  24,  Champagne. 

haseteur,  1,  82,  joutur  dt  dis. 

1^          ^ 

228 


G.    RAYNAUD 


haterel,  II,  iiS,  derrière  du  cou. 
Helequin,    HELLEqyiN,    III^    10, 

21,  Î9.  ïî.  68,  110,  isî- 
Hernoul  (Seint-)  sous  Caudebec, 
III,  loi,  Saini-Arnoult,  pris  de 
Caudebec. 
hoquet  (prendre  a),  I,  i\^t  pren- 
dre à  l'hameçon^  au  crochet  (?). 
hurer,  U,  96,  faire  dresser  les  che- 
veux sur  la  tite. 

Imer,  II,  26,  nom  d'un  hérésiarque. 
Imer  (montaigne),  II,   20,  voy. 

MOÎMER. 

ingremance,  III,  ji,  nécromancie. 

iver  souz  pierre,  III,  6  ;  voy.  sur 
cette  locution  /'Ann.  de  la  Soc. 
de  l'hist.  de  France  pour  l'année 
iZs2.p.  î6. 

IvEToT,  III,  65,  66,  Yvetot  {Nor- 
mandie). 

JoiRE (saint),  1, 540,  saintCeorges. 
Julien  (seent)  de  Paris,  I,  297. 

loer,  m,  i%  fiancer. 

Lambert  (S.),  I,  168. 

Leu  jS.),  I,  165,  saint  Loup. 

LoMBARDiE,  II,  29,  Italie. 

LoNGUEVELE,  II,  72,  vHU  de  Nor- 
mandie. 

LoRENZ  [S.],  I,  166,  saint  Laurent. 

Luc^E  la  maudite,  IH,  4,  7,  27, 
145,  14g,  190,  nom  d'une  sor- 
cUre. 

Maqukrel,  11,  117'  1Î9,  179, 
nom  pris  par  U  diable. 

Marie  (S"),  I,  112,  229. 

Masoleine,  III,  ip,  La  Made- 
leine. 

merlle  merlle,  I,  186,  pile-mile. 

meschevé,  I,  157,  malheureux. 


MoÏMER,  II,  19,  2J,  4o,JVo/il  Aj- 
mé,  près  de  Vertus  (Champagne] . 

naie,  I,  i6s,  non  {avec  un  verbe  à 
la  Impers,  sous-entendu'). 

natre,  I,  144,  naïf,  complet. 

naves,  III,  69,  bateaux. 

nerté,  II,  120,  noirceur. 

neuz,  I,  i  61,  noeuds  faits  pour  gar- 
der l'argent. 

Neville,  III,  6},  Neuville,  près  de 
Dieppe. 

noisel,  I,  1  jô,  petit  nœud;  v.  neuz. 

Norhendie,  II,  [,  Normandie. 

note,  I,  17s,  196,  197,  compte; 
note  tresaiée,  I,  7$,  compte  non 
payé. 

Ovide,  II,  19$. 

Paris,  I,  297. 

pelein,   I,   }j6,   m.  à  m.  pelage, 

fourrure  ;  naturel. 
penduaille,  1,  J69,  gent  pendable. 
Pierre  (la  seint),  III,  ijiie  de  la 

chaire  de  saint  Pierre  { 1 8  janvier) . 
porcheint,  I,  364,  ceinture. 

rebourse  (avoir  la  chiere),  1 ,  98, 
189,  être  bouleversé. 

rebrois,  1,  99,  résistance,  opposi- 
tion. 

Reins,  I,  j8,  J2],  Reims, 

rigot,  I,  ijj,  bourse-ceinture,  cf. 
Romania,  VIII,  100-101. 

Robert  (frère),  II,  44,  inquisiteur 
au  XIII'  siècle. 

RoEN,  m,  1,  126,  140,  Rouen. 

Rome,  I,  ^8. 

roquet,  I,  116,  sorte  de  blouse. 

sains,  I,  183,  signatures. 
Seine  (la),  III,  109. 


Senliz,  II,  186,  Sanlis. 


TROIS   DITS  229 

Tret  (la  forêt  du),  MI,  71. 


techier,  II,  208,  souiller. 

tooil,  III,  }8,  bruit,  tumulte. 

tomeboelle  (la),  III,  yo,  la  cul- 
bute. 

toroil,  III,  159,  160,  verrou. 

toroul  boroul,  Itl,  160,  s.  d.,  tohu 
bohu  {Littré  n'a  pas  d'exemple 
ancien) . 

travesque,  lil,  190,  contrariété, 
désagrément. 


Vertus,  II,  59,  ville  de  Champagne. 
verrine,  III,  16^,  fenêtre. 
ViENois,  1,  146. 
ViTERBE,  III,  ji,  ville  d'Italie. 
voiseus,  I,  6,  habile,  avisé. 

YON  (Seint-),  III,  m,  Saint-Yon 
(Seines-Marne);  cf.  Œuvres  de 
Henri  d'Andeli,  p.  p.  Héron, 
p.  24,  V.  26  et  la  note. 

Gaston  Raynaud. 


MÉLANGES 

DE    LITTÉRATURE    CATALANE 


II.  Le  livredes  trois  choses. 

Ce  petit  recueil  de  proverbes,  de  sentences  et  de  plaisanteries  parfois 
un  peu  grasses  a  été  transcrit  sur  les  feuillets  209  à  314  du  manuscrit 
n°  }77  de  la  bibliothèque  de  Carpentras,  auquel  j'ai  déjà  pris  le  conte 
rimé  de  L'amant,  la  femme  et  U  confesseur  '.  Le  titre  qui  lui  a  été  donné, 
Libre  de  très  ou  Livre  des  trois  choses,  fait  allusion  k  la  formule  invariable, 
trois  choses  sont  ou  trois  choses  font,  par  laquelle  débute  chacun  de  ses 
articles.  Cette  formule,  est-il  besoin  de  le  dire  i  n'a  pas  été  inventée  par 
l'auteur  du  Libre  :  déjà  le  chapitre  xxx  des  Proverbes  de  Salomon  a  plu- 
sieurs versets  commençant  par  un  tria  sunt,  et,  sans  parler  des  fameuses 
triades  galloises,  il  n'est  pas  un  recueil  de  proverbes,  ancien  ou 
moderne,  qui  ne  contienne  plus  ou  moins  d'exemples  de  cette  tour- 
nure >.  Les  rechercher  tous  serait  un  travail  fort  long,  que  je  ne  puis 
entreprendre  en  ce  moment  ;  mais  je  voudrais  au  moins  faire  con- 
naître les  triades  qui  se  trouvent  dans  un  ouvrage  catalan  du  xiv*  s., 
en  grande  partie  inédit  ;  il  s'agit  du  recueil  intitulé  Proverbis  e  dits  de 
philosofsi,  traduit  de  l'arabe  par  un  juif  de  Barcelone,  Jafuda,  fils  d'As- 
truc,  à  la  demande  du  roi  Jacme  II  d'Aragon  4.  En  voici  le  relevé  : 


1 .  Romania,  t.  X,  p.  497  et  suiv. 

2.  Voir  les  exemples  reunis  par  M^"*  Ida  de  Dûringsfeld  et  le  baron  de 
Reinsberg-Dûrin^sfeld  dans  leurs  Sprichwarttr  dcr  girmanischin  u.  romanischta 
Spracben.  Leipzig,  1S73,  t.  I,  p.  ij;  et  suiv. 

}.  Quelques  chapitres  de  celte  compilation  ont  été  publiés  par  les  éditeurs  de 
la  Colacion  de  doc.  inid.  del  archive  de  Aragon  (voir  t.  XIII,  p.  16;  à  183), 

3ui  n'ont  pas  su  à  quel  ouvrage  ils  avaient  affaire;  leur  texte  d'ailleurs  est 
éplorablement  incorrect.  Je  prépare  une  édition  complète  de  cet  important 
recueil  d'après  les  trois  manuscrits  actuellement  connus. 
4.  Et  non  pas  Jacme  W,  comme  l'ont  cm  Helfferich,  Raymund  Lall  u.  dit 


HfUK6ES  DE  LITTERATURE  CATALANE,   Il 

Ea  .iij.  COKS  Hc  pot  bon  far,  ço  es  rrey,  mar  e  tsnpi. 

Rey  dea  haner  .îtj.  cosct  :  castigar  «juell  qui  erra  e  retre  guardo  a  quel 
vatrex  e  œr  vertader. 

R«y  àea  eser  menibrat  de  .iij.  cotes  :  la  primera  que  ell  ei  .j.  c  ha  poder 
sobre  noltt,  e  la  segona  que  aqitells  ca  qui  dl  ha  poder  son  TraRCi  e  so  obli- 
gats,  e  la  tercera  que  s*  senyoria  deo  durar  teffl|»  sabut  quet  deu  etplegar. 

Très  <mt%  m  son  vergonya  a  çdl  qui  les  b«  :  atercar  saber,  c  malaltia  de 
cors  e  parents  pobres. 

Très  coscs  sod  perilUses  de  fer  :  beure  tuiech  per  asuig  e  aur  per  mar 
per  guanyar  c  descobrir  son  secret  a  fembra. 

CoRieiler  no  es  bo  smo  i  M],  cotes  :  que  ait  vmIs  Ids  frts  e  saber  e 
conexcnca  ea  l'ordonamefit  e  que  ail  soa  esguart  e  son  pensament  en  la  6  del 
temps . 

Ab.  .iij.  coses  nos  uîa  (auia?|  d  franch  :  son  pare,  son  hoste  e  sa  bastida. 

La  [booa]  vida  es  en  -ûj.  cotes  :  atnpia  casa  e  moHs  seniidors  e  auînent  dooa. 

AuQJ  vida  es  en  .itj.  coses  :  mal  vehi  e  foll  fill  e  nuler  ab  auots  costURies. 

Très  coses  no  han  conseil  :  batalla  ab  enuega  e  malcBlia  ab  ualesa  c  pobresa 
mescJada  ab  parea. 

Très  son  cscusals  si  an  auols  costumes  :  malalt  e  qui  ue  de  caml  e  qui 
dejuna. 

Très  nols  meynsprea  qui  a  seyn  :  rrey  e  uui  e  amich;  per  ço  com  qui 
mcynsprej  rrcy  pertse  del  segle,  e  qui  metiysprea  saui  afolU  sa  IJg,  e  qui 
roeynsptea  amich  alTolla  enseoyament  e  si  ualor. 

Fïer  viaige  ion  M\.  afaynt  :  cl  primer  pensar,  el  segon  apparellar,  cl  terç  et 
moure,  c  et  pensar  es  lo  maior. 

Toi  hom  qui  aîa  .iij.  coses  no  âges  dupte  si  sera  bon  :  si  loa  ion  vehi  e  son 
amich  c  sos  parenlf. 

Ce  mime  recueil  contient  aussi  plusieurs  sentences  où  le  nombre  trois 
est  remplacé  par  deux  ou  quatre.  Par  exemple  : 

Dos  homens  nuis  troba  hom  :  qui  do  mo!t  ni  qui  deman  pcch. 

Quatre  coscs  son  legcs  c  son  en  quatre  pus  teges  :  auiricia  en  richs  e  ira 
en  sauis  e  (al^ia  en  luttes  e  leig  perlar  en  fembrei. 

C^uatre  nos  sadollcn  de  quatre  :  hull  de  vascr  c  orelia  de  hoir  e  terra  de 
pluia  e  fembra  de  hom. 

Quatre  coses  ocien  lot  bom  qui  les  vsa  ;  amar  fcmbres  e  ca;a  e  joch  e  vî. 

Ducs  coses  nobles  no  conex  hom  tra  que  tes  pert  :  s.ilut  e  jouent. 

Quatre  cotes  ne  ban  obs  quatre  :  paratge  bon  nodriment,  goîtg  seguretat, 
piroitescfi  amor,  seny  proua. 

Quatre  coses  rio  son  poch  per  poch  que  sjen  :  deuta  e  foch  e  malnolen^a  ( 
iDaleutia. 


AaUttge  in  Mtalmîsthtn  Lilaotur,  p.  ii,  et  KnasI,  MiUhàlmigtn  éui  itm 
F.iittTiel,  Tùbingen,  iSy^j  p.  (i6  et  i,bj\.  Dans  ton  prologue,  Jafudâ  donae 
su  roi  Jicme  le  titre  de  roi  ae  Sicile,  ce  qui  tranche  ta  question. 


1J2  H.    HOBEL-PATrO 

Quatre  nos  podcn  sadoUar  :  foch  de  len/a  e  inar  àtygoa  e  mort  de  aaines  e 
cobeu  de  hiuer'. 

Il  exisic  d'ailleurs  des  collecuons  uniqueraeni  composées  de  semences 
ou  de  proverbes  ainsi  formulés.  Je  n'ai  pas  trouvé  de  Livre  dis  trois  choses 
qui  fasse  pendant  au  recueil  du  manuscrit  de  Carpentras;  mais  nous 
avons  en  français  un  Livre  drs  qUiUrt  cliout,  autrement  nommé  Lt  qua- 
ternaire Siiint-Tlwmâi,  qui  a  été  souvent  imprimé,  dès  les  premières 
années  du  xvi'  siècle  au  moins  ' .  Les  Italiens  om  aussi  un  Livre  des  <}witre 
choses,  semblable  à  notre  collection  française,  mais  pas  plus  que  Duples- 
sis  je  n'ai  réussi  à  découvrir  un  exemplaire  de  l'opuscuie  du  Bolonais 
Orazio  Riminaido,  dont  je  ne  connais  qu'une  traduction  castillane,  insé- 
rée dans  plusieurs  éditions  du  CaiitUo  espanol  de  Lucas  Gracian  Dan- 
tisco.  Dans  l'édition  de  Madrid  1^99  que  j'ai  sous  les  yeux,  cet  ouvrage 
est  ainsi  annoncé  :  "  Uestierro  de  ignorancia.  Nuevamemc  compuesto  y 
sacado  a  luz  en  lengua  italiana  por  Horacio  Riminaldo  Boloiies.  Y 
agora  tradurido  de  lengua  italiana  en  casiellana  i.  >  Les  articles  de  ce 
recueil  sont  rangés  par  ordre  alphabétique  du  mot  le  plus  essentiel,  dus 
lequel  se  concentre  l'idée  de  chaque  semence.  Par  exemple,  c'est  sous 
la  rubrique  casa  qu'est  placé  le  proverbe  suivant  :  *  Quatro  co&as  echan 
al  bombre  de  casa  :  el  mucho  humo,  la  goiera,  el  mucho  hedor  y  las 
riiias  de  la  muger.  »  Entre  le  quaternaire  français  et  le  quaternaire 
iialien,  tel  que  nous  le  connaissons  sous  sa  forme  espagnole,  il  y  a  plus 
de  rapports  que  n'en  a  admis  Ouplessis,  mais  je  ne  m'arrêterai  pas  à  les 
meure  en  évidence,  car  ni  l'un  ni  l'autre  recueil  ne  contient  rien  qui 
puisse  être  utilement  rapproché  de  la  collection  catalane. 

Tous  les  articles  de  ce  Livre  des  trois  choses  n'ont  pas  été  puisés  dans 
la  tradition  orale,  tous  n'ont  pas  un  caranére  popubîre  ;  même  parmi 
les  triades  assonancées,  il  en  est  qui  ont  été  rédigées  à  dessein  pour 


I.  Dans  une  autre  compilation  catalane  du  XV'  siècle,  la  Doctnna  moral 
d'Ea  Pachs  iBibl.  nil.,  ms.  eto.  ^^i,  je  relève  encore  ces  deux  iCDlences  : 
•  E  son  très  cases  que  no  an  <!urad;i  :  nom  bjUilador,  caunl  sillador,  hodre 
de  bon  vi  »  ((oL  2^)  ;  —  *  Sînch  cotes  son  que  rompcn  U  justida  :  anor, 
hoy,  preu,  lemor,  pregarîes  »  ifol.  ji  v). 

1-  voir  G.  Duplesiiî,  Bitliogiaphic  parimiohgi^at ,  Paris,  1847,  în-8', 
0*  3}7.  La  Bibiioihècjue  luilîonjle  possède  Lt  QuiUmairt  uitut  Thoma.  Auttri- 
mtnl  dut  Lct  ija^itu  dioia  S.  Tkoma,  pet.  in-8«,  s.  I.  n.  d.^  gothiqne.  Ce  recaetl 
cammence  par  :  <  Quatre  choses  sont  nécessaires  a  soy  bien  gouverner  en  ce 
monde  :  penser  la  tcmpi  passe,  disposer  au  temps  prêtent,  pourueoir  au  temps 
aducnir,  et  déclarer  U  choie  donbleuse  i,  et  finii  par  :  •  Quatre  choses  sont 
qu'on  ne  peut  jamais  recouurer  :  la  pierre  gettée,  U  virginité,  la  parolk  dite  et 
le  tet^  perdu.  ■ 

j.  Dans  le  titre  général  du  livre  on  lit  :  <  y  de  nuevo  vj  anadido  el  des- 
lierro  de  ta  ignorancia,  que  es,  Qtuitaiiiiirio  de  auisos  conuenientes  î  etie  nue^ 
tro  Galateo.  > 


MÉLANGES   DE   LITTÉRATURE  CATAWNB,   Il  ÏJÎ 

pttwrlacolleciion.  Beaucoup  de  ces  belles  semences  et  constatations 
msnwivcs  n'ont  d'autre  source  que  l'imagination  du  joyeux  compère 
cauluoii  maiorquin  du  xiv  ou  du  xv*  siècle,  qui  a  eu  le  ton  de  ne  pas 
ic  mner. 

L'toitare  du  manuscrit  de  Carpentras  m'est  maintenant  assez  fami- 
li(n  pour  qu'il  me  soit  permis  de  garantir  l'csaciitude  de  ma  transcrip- 
lÙB.  Uiii  â  j'ai  la  conviction  d'avoir  bien  lu,  je  dois  humblement 
<Hfaserqgc  je  n'ai  pas  tout  compris.  Les  mots,  trop  nombreux,  dont 
Je  KU  m'échappe,  sont  indiqués  dans  les  notes  avec  un  point  d'interro- 
piÎM.  La  syntaxe  aussi  laisse  parfois  à  désirer  ;  le  compilateur,  cela  se 
ifwlja'ftat  pas  ni  grammairien. 

A.   Morel-Fatio. 

LO  LIBRE  DE  TRES. 

.»9a]  t.  Libre  de  très,  qui  val  a  ires  mais  :  a  tolre  set,  a  curar 
wicb.tticetisich. 

*.  E  val  encara  a  très  coses  :  a  mcmcics  inftar,  a  cul  bufar  e  aconpa- 
"JH  sur. 

I'  Encira  val  :  a  colcra  baxar,  la  boca  badar,  ta  tasa  besar. 

4-  Exara  val  :  a  mais  oblidar,  alegra  siar,  de  iuem  no  suar. 

(.  Encara  val  :  riquea  mantcnir,  pobrea  soferir,  mal  i  be  retenir. 

6,  Encara  val   :  a  dones  honrar,  cauallers  aconpanyar  e  sabates 

iOlRfflt. 

7.  Très  coses  laluan  horo  :  para,  fill  e  sant  spîrit. 

ÎL  Très  coses  danpnen  hom  :  fer  pecai,  aquell  continuar  e  de  aqucU 
M  pecedir. 

9-  Très  coses  conseruen  jouent  :  engenrat  de  jouent,  casi  viure  e 
*l^Beni  viure. 

'0.  Très  coses  fam  [sic]  hom  tost  veyll  :  engenrat  de  veyll,  nexitneni 
'eIku  noua,  paor  de  mon. 

M.  Très  coses  fan  hom  rricti  :  cura  en  ajustar,  dïtigencia  en  con- 
*tn»rt  de  gardar  se  de  mat. 

{io^h\  13.  Tre*  coses  fan  hom  pobrc  :  poca  cura,  no  auer  masura  e 
*ab  cooipanya. 

11.  Très  coses  fan  hom  alegra  ;  salut,  rriquea  e  plasent  conpanya. 

14.  Très  coses  fan  bon  alegra  :  be  menjar,  be  heure,  be  dormir. 

If.Tres  coses  fan  hom  alegra  :  honor  inflada,  mala  mulier  soierrada 
■licUsenjenta  sots  flassada. 


1.  U  ripclitioa  du  mol  tisicit  ta  naturellement  fautirc. 

*.  aamgitr  esi  poar  acmyar  on  peut-être  acanzar.  —  sthalis  =  Sâbaurs. 

lyfijtuda.  De  pretniire  miin  -.jraifaia. 


2)4  A.    MOREL-FATIO 

i6.  Très  coses  idsi  l'om  trist  :  ventre  buyt  e  cul  sduyt  e  auer  mala 
nuyt. 

17.  Très  coses  fan  Tom  trist  :  porga  pendra,  lo  cul  no  la  pot  conpen* 
dra  e  gran  strabant  pendre. 

18.  Très  coses  fan  hom  gras  :  molt  menjar,  molt  dormir,  la  caramella 
no  massa  febrir. 

19.  Très  coses  fan  hom  tost  gras  :  bufar  en  foc,  gardar  abeyles  e 
maleueiar  en  rabost. 

30.  Très  coses  honren  hom  :  rriquea,  linatge  e  bell  vestit. 

21.  Très  coses  desonren  hom  :  mal  [209  c]  parlar,  squinsat  anar  e 
vent  detras  gitar. 

22.  Très  coses  enganen  l'om  joue  :  pluge  manuda,  vi  dolset  e  lagre- 
mes  de  putana. 

2  ; .  Très  coses  fan  hom  saui  :  molt  viure,  molt  le^r  e  molt  sercar 
del  mon. 

24.  Très  coses  fan  hom  pech  :  de  son  loch  no  axir,  ne  res  le^,  ne 
sermons  hoyr. 

2  j .  Très  coses  son  de  que  nagun  pot  be  axir  :  mocar  candela,  jutjar 
dau  e  torcar  cul  d'infant  poch. 

26.  Très  coses  giten  hom  de  casa  :  fum,  pluge  e  mala  fembra. 

27.  Très  coses  engenren  hom  :  .j.  longuet  e  dos  radons. 

28.  Très  coses  desbn  l'om  :  plet,  bando  e  joch. 

29.  Très  coses  desfan  l'om  :  mala  fembra,  boca  lemînera  e  lenga  mal 
parlera. 

}o.  Très  coses  fan  mal  papa  :  los  [209  d]  clergues  scorxar,  los  beni- 
fets  a  SOS  parents  dar  e  fer  part  entre  los  rreyes  que  an  guerra. 

j  I .  Très  coses  fan  bon  papa  :  que  sia  grados,  misericordios  e  en 
guerra  reyal  no  sia  parcial. 

j2.  Très  coses  &n  bon  cardenal  :  humiltat,  leyaltat,  de  dmonia 
mundat. 

j } .  Très  coses  fan  bon  bisbe  :  que  sia  bon  e  mansuech  e  bon  defene- 
dor  de  la  sgleya  e  tenga  bons  officiais. 

)4.  Très  coses  fan  mal  bisbe  :  que  sia  demanador  de  pecunia  e  poc 
misericordios  e  aïs  patits  rigoros. 

16.  idayt? 

17.  strabant.  Le  ms.  a  strabant  ou  strabattr,  ttr^alar  ;  le  signe  abréviatif  est 
à  la  fois  sur  le  second  a  et  le  t.  Labemla  a  un  verbe  cscrabatar,  qu'il  traduit 
par  (  desbaratar  », 

18.  caramella,  sorte  de  chalumeau.  Ici  «  membre  viril  1.  — fibrir  =  fabrir, 
t  polir  >, 

19.  maleaeiarf  —  rabost  {rtpositus)  a  office  ■;  en  aragonais  repotti, 

26.  Ce  proverbe  est  bien  connu  ;  nous  l'avons  en  français  :  ■  Fumée,  frfuie 
et  femme  sans  raison  chassent  l'homme  de  sa  maison.  > 


• 


MÉLANGES   DE    LITTÉRATURE  CaTALAKE,    Il  i)J 

}  { .  Très  coses  fan  bon  abat  :  esser  deuoi  e  fassa  la  régla  seniar  e  lo 
Temporal  be  administrar. 

)û.  Très  coses  fan  mal  abat  :  del  spiritual  no  curar,  lo  temporal  mal 
administrar  e  la  regia  no  seruar. 

)7,  Très  coses  fan  bo  rrey  :  justicia,  mtsericordia  e  bon  consej'll. 

;8.  [2iOii]  Très  coses  fin  bon  rrey  :  al  son  poble  no  sia  j-nuasible  e 
souin  oge  missa  e  tcnga  la  «iï  terra  pacifica. 

39.  Très  coses  fan  bon  rrey  :  tenir  bona  companyia,  no  despena  mes 
que  no  guanya  c  fer  se  lembra  en  pla  e  en  muntanya. 

40.  Très  coses  fan  mal  rrey  :  guerra  sercar,  forques  d'argent  fermar 
e  50  que  es  bc  fei  desfer. 

41.  Très  coses  fan  bona  rregina  :  humil  si  mosirar,  la  honor  del  rrey 
guardar  e  per  tos  perseguits  injusiament  soplicar. 

42.  Très  coses  fan  bona  regina  :  deuoUment  missa  scoltar,  auaricia 
no  amar  e  ses  donseyics  no  lexar  apartar. 

4;.  Très  coses  ^n  mala  regina  :  auaricia  amar,  per  los  perseguits 
injusiament  no  soplicar  e  a  missa  a  tart  anar. 

44.  [210^]  Très  coses  fan  bon  chivaler  :  be  armât,  be  armât  e  be 
encaualcat. 

4j.  Très  coses  fan  mal  caualler  :  sa  fe  trencar,  sos  homens  mal  trac* 
tar  e  aquells  no  defensar. 

46.  Très  coses  fan  bon  derga  :  fogir  al  temporal.  lenJr  aprop  lo 
missal  e  no  tocar  al  cuxal. 

47.  Très  coses  fan  mal  clerga  :  lo  offici  de  Deu  lexar,  entendra  en 
mercadcria  e  les  paroquianes  bfocar. 

45.  Très  coses  fan  mal  rreli^ios  :  esser  desobcdieni,  anar  per  vîlasouen 
e  fermar  dos  radons  en  vna  siaca. 

49.  Très  coses  fan  bon  religios  :  que  sia  obedient  c  scient  e  aja  color 
de  capo. 

so.  Très  coses  fan  bon  aduocat  :  benignameni  hoyr,  e  lo  dret  [ïtofj 
be  mantenir  e  gran  paga  no  quérir. 

{1.  Très  coses  fan  mal  aduocat  :  dues  parts  aduocar^  los  dreis  no 
gardar  e  gran  salari  demanar. 

)2.  Très  coses  fan  mal  scriua  :  scriure  blcia,  dobla  salari  quérir  e 
los  contractes  en  cedules  tenir. 


141.  bona.  Mi.  mj/j. 
44.  La  répétition  de  bi  ermat  est  uni  doute  faotivï. 
^6.  ton.  Mi.  mai  barré.  —  cuml  •  braguette  1  ? 
48,  Cf.  n»  3-. 
49.  cdpo,  (  chltrè  ».  Aiut  eûlùt  dt  ca^  est  le  contraire  it  fctmar  dot  radons 
ta  luu  staca. 


ÏJÔ  A.   MOREL-FATIO 

;  ;.  Très  coses  fan  bon  scriua  :  veritat  scriure,  esser  deliura  e  satari 
trempât  pendra. 

J4.  Très  coses  fan  bon  mercader  :  veritat  dir,  sa  promesa  tenir,  a 
son  companyo  no  faylir. 

j  5 .  Très  coses  ^n  mal  mercader  :  son  companyo  enganar,  sa  mercft- 
deria  falsar  e  peraquella  desperjurar. 

j6.  Très  coses  fan  bon  manastral  :  en  son  offîci  sJa  leyal  e  seure 
[210  d]  en  son  bancal  e  que  sia  libéral. 

J7.  Très  coses  fan  mal  menestral  :  auoi  obra  fer,  no  tenir  aprop  son 
mester  e  fer  sa  renouer. 

j8.  Très  coses  fan  bon  alberch  :  lo  senyorajustar,  ia  dona  conseruar, 
son  tafurell  no  prestar. 

59.  Très  coses  faa  bona  vinya  :  be  cauar,  be  podar,  ben  magencar. 

60.  Très  coses  fan  bon  on  :  cauar  fort,  stront  mort  e  bon  plaotar 
de  coll. 

61.  Très  coses  fan  bon  capita  de  mar  :  quel  sou  que  prometra  pach 
liberalment  e  so  que  près  aura  en  batalla  partesque  egualment,  e  no  sia 
superbios  a  la  gent. 

62.  Très  coses  fan  mal  capita  [21 1  d]  :  no  pagar  lo  sou  que  promes 
ha,  tolra  als  galiots  so  que  près  auran  e  sercar  guerra  nouela. 

6}.  Très  coses  fan  bon  mariner  :  esser  leuger  e  bon  vU  auer  e  mohs 
mars  saber. 

64.  Très  coses  hn  mal  mariner  :  Deu  renegar,  no  saber  nauagar  e 
fexuch  star. 

65.  Très  coses  fon  bon  offîcial  :  que  no  sia  corrumput  e  fessa  justicia 
al  gran  e  menut  e  d'alcauots  no  fassa  scut. 

66.  Très  coses  fan  mal  officiai  :  justicia  vendra,  qui  mal  no  mer  per 
diners  pendra  e  jaure  ab  stranya  fembra. 

67.  Très  coses  fan  bon  jutge  :  lo  dret  de  les  parts  a  pie  oyr,  los  pro- 
cesses examinât  e  en  pronunciar  demanar  conseyll. 

68.  [3  i  1  b]  Très  coses  fan  mal  jutge  :  te  dret  de  les  parts  a  pie 
hoyr  (sic). 

69.  Très  coses  fan  bon  saig  :  tenir  aprop  son  officiai,  en  tes  reladons 
esser  leyal,  sia  ardit  a  pendra  bom  mal. 


J3  trempât  =  temorat  t  modéré  ». 
Ij.  fir  ta  renouer! 

j8.  Ufurell  «t  peut-être  pour  ta/iirer,  •  joueur  ».  Mais  que  signifie  son  tafimll 
no  prestar? 


(9,  magencar,  t  sarcler  t. 
60. 


slront.  Est-ce  le  français  itron  f 
68.  Le  scribe  a  répété  ici  le  commencemeat  de  l'article  précédent  et  a  oublié 
de  donner  le  vrai  texte. 


MÉLANGES  DE   LITTÉRATURE  CATALANS,    Il  ÎJ? 

70.  Très  coses  fan  mal  saig  :  faEsa  relacio  fer  e  l'om  que  (Jeu  dtar 
diu  que  nol  tta  irobat,  e  to  criminos  Iia  lexat. 

71.  Très  cos«  fan  bel  pa  ;  xexn  «ndeyal,  ma  angelica!  e  fom  rreyal. 

72.  Très  coses  fan  Idg  pa  :  cugula  e  mêla  c  llaquera  pacera. 
7j.  Très  coses  fan  bon  lum  :  oli,  meixa  e  crezol. 

74.  Très  cosM  apaguen  lum  :  voler  e  poder  e  saber. 

7j.  [me]  Ires  coses  fan  bcyla  dona  :  beylacaraelocorsebell  vesiit. 

76.  Très  coses  fan  dona  graciosa  :  bel!  parlar  e  bells  ulls  e  bells  pJU. 

77.  Très  coses  fan  dona  plasent  :  humilïut,  netedat  e  ben  scruicial. 

78.  Très  coses  fan  dona  deuola  :  poch  parlar  e  Deu  pregar  e  souen 
dejunar. 

79.  Très  coses  fan  dona  sancta  :  castadar,  bcnignidat  c  caritat. 

80.  Très  coses  fan  dona  lege  :  nas  ton,  vils  torts  e  bocha  toria. 

8 1 .  Très  coses  fan  dona  desplasent  :  color  de  albudeca  assaunada  e 
sechs  pics  e  anques  streies. 

82.  [2n  d]  Très  coses  fan  dona  sutze  :  camisa  trapada,  deUas  cun- 
cagada  e  piiar  al  lit  banyada. 

8;.  Très  coses  fan  dona  laminera  ;  star  prop  lepola  flaqoera  e  comara 
camisscra  e  menjar  en  carrera. 

84.  Très  coses  fan  fembra  plorar  :  gab'na  perduda  e  cantcr  irencat  e 
pich  descarauat. 

Sj.  Très  coses  fan  dona  d'orden  axir  :  cam  crua  e  nuyt  scura  e  obe- 
diencîa  faxuga. 

86.  Très  coses  fan  dona  viuda  marit  pendra  :  son  forât  tapar  e  mal 
parlar  cessar  e  son  dot  conseruar. 

87.  Très  aygues  son  perdudcs  :  aquelles  que  hom  met  en  lo  >i  e 
aquella  qui  serueix  a  batiar  jueu  veyll  e  aquelLa  del  jua]  hanj  qui 
serucix  a  dona  veyla. 

S?i.  Très  plcrs  son  en  aquest  mon  :  betire  en  tauema,  iaure  en  bor^ 
délie  cagar  en  prai. 

89.  Très  pters  son  :  menjar  carn,  jaure  ab  cam  e  caualcar  cam. 


71.  xtxj  taniicyjl,  n  \t  plus  beau  (romenl  ». 

71.  cueaU,  t  ivraie  i.  —  mth^  — jlaqaita,  <  boulangère  t.  *  May  ipare- 
jaoo  es  a  ofiçio  de  \»  pinadcn  >  las  pcndcnçijs  de  Cupido,  e  i  qualôuier  ora 
de  la  nochc  »  ofmcen  denundanles  \  y  siempre  oy  dezir  en  Casiilla  que  la 
rezini  que  de  noche  ha  de  abrir  la  pcierla  ha  de  ser  parlera  o  panadera,  que, 
por  raznn  de  sui  olîfios,  han  de  tener  el  aldatu  muy  presta  y  no  perezosa.  > 
Oviedo,  Qainfjagtttiii^  t.  I,  p.  rSj.  —  ^ctraf 

81.  <ilbud(Cii,  *  sorte  de  tnelon  rnsipide  *    —  atutuHaéa  ■=  aiuhonjdâ. 

84.  p'uh  diutrûuatf  —  Sgr  la  (emine  qui  a  perdu  la  poule,  voir  te  charmanl 
passage  du  Corbacka  de  l'archiprjtre  de  Talavera  :  •  Iten  si  una  Ksllina 
pterdeti  vaa  de  casa  en  casa  coniurbando  loda  la  uezindad.  Do  mi  galtin.i  la 
nbia?  *  etc.  Edil.  de  LogroAo,  1  ^29,  fol.  18,  et  dans  Lemcke,  Hénâbvth  dtr 
Sfiniilkm  iMUrittur,  1.  I,  p.  109. 


90.  Très  plers  son 
en  caliu. 

91.  Très  plers  son  : 

92.  Très  bens  son  ; 
9Î.  Très  mais  son  ; 


A.    MOREL-FATIO 

sol  jjure  d'estiuj  â'iu«m  fer  niu  e  bons  capons 


miga  àons,  mig  lansol  e  niig  foch. 

amat  e  preat  e  lamur. 

vaica,  pobrM  e  dMgrai  de  loia  rcs. 
94.  Très  cnueges  son  :  sciencia,  loquencia  e  poienm 
9ï.  Très  cnueges  son  :  be  caniar.  be  baylar  e  trempât  star. 

96.  [2t2  ^]  Très  dolors  son  :  mais  d'ulls,  dolor  de  dénis  e  pussa  en 
la  orella. 

97.  Ires  dolors  son  :  squinencia  e  pestîlencia e donsela  al  cap  del  dit. 

98.  Très  dolors  son  :  morenes  e  mais  de  pare  e  colica  passîo. 

99.  Très  dolors  son  :  ciatica,  mal  de  rroyons  c  dolor  de  cor. 

too.  Très  mais  ro  son  pîanis  :  flux  de  venire,  cadam  e  mal  de  cap. 

loi .  Très  mais  son  de  dones  qui  no  son  plant(e)s  :  înfaniar,  dolor  de 
mametes  e  mal  de  mata. 

102.  Très  miserias  son  en  lo  mon  de  que  algun  no  ha  enu^e  :  orp, 
contret  e  desfet.  Dïu  Sent  Gregori  :  sola  miseria  frelura  de  enuege. 

10).  Très  coses  fan  hom  dormir:  molt  menj-ir,  molt  beure,  molt 
Tetlar. 

1 04.  Très  coses  fan  dormir  [212  c]  :  dir  oradons,  febrir  e  no  res  dir. 

loj.  Très  coses  torlen  dormir  :  paor,  dolor  e  fam. 

106.  Très  roses  h  l'aza  cnsemps  :  bramar,  siular  e  peiqar. 

107.  Très  coses  fj  la  oreneyla  ensemps  :  vola,  caga,  menja. 

108.  Très  coses  fa  la  fembra  :  plora,  riu  e  fiUa. 

109.  Très  coses  ia  la  fembra  ensemps  :  porta  carrech  e  va  e  mené 
les  anques. 

1 10.  Très  coses  fan  les  dones  corn  se  dcscalsen  :  liren  la  calu,  mos- 
trcn  les  mameles  e  baden  lo  cul. 

111.  Très  grans  coses  son  en  lo  mon  :  fë  de  christians,  colre  festes  a 
jueus  e  justicîa  de  moros. 

1 12.  Très  coses  desfan  la  terra  :  ladres  que  hom  non  gosa  ponir  e 
mogobels  e  maies  anyades. 


97.  tlfinsth,  t  panaris  0  i 

98.  mortna,  «  némorrhoides  i.  —  maïs  de  part  t 
100.  ladcrn,  •  catirrhe  ». 
104.  fibtir.  «  avoir  la  Aèvre  » } 
III.  On  (it  ceci  djns  une  lettre  de  Nicolas  Ci'eynaert,  écrite  1  Fez,  k 

13  avril  iH<  '  *  Didici  adaeium,  auod  non  noverat  adigiosos  Erasnus  : 
Oftt  ^dunl  chriiùam  IttiganJo^  /uJau  tenvmis  feilinam,  mann  ttldroadii 
nupt-it  iSitoltii  Ctinardi  Epistotantm  librt  duo.  Hanoviae.  1606,  p.  89). 

ti2.  mogoMI^  «  l'rnterès  que't  cobra  pera  pag>r  us  lletras  de  cambi.  <• 
Labeniii. 


KÉLANCES   DE   LITTÉRATURE  CATAUNE,    Il  ÎJQ 

II).  [}iï  J]  Trn  paors  son  :  caurc  de  banch  e  auer  cranch  e  cagiir 

UKfa. 

114.  Très  gbys  son:  lamps,  trons  e  diables. 

11).  Très  maneres  hi  a  de  vent  dctras  :  pet,  bufa,  bïula. 

116.  Très  matières  hi  a  de  homens  :  home  e  homene  e  macany. 

1 17.  Très  maneres  hi  a  de  fembres  :  fembra  barbuda,  memetuda  e 
coloQuda. 

118.  Très  aameles  son  :  mamela,  mameleta,  mameUssa  albudcqueya 
CTtnosa. 

119.  Très  coses  an  los  hooiens  que  no  an  les  fembres  :  pus  grossa 
w,  pels  en  la  barba  e  al  cul. 

110.  Très  coses  an  les  dones  que  no  an  los  homens  :  pus  mirades, 
|n  culades  e  pus  foradades. 

m.  Très  coses  fan  bon  sermo  :  hom  scient  e  bel)  parlar  e  no  massa 
natr. 

111.  Très  coses  fan  bel  conuit  [21  jd]  :  bêla  casa,  bones  viandes  e 
^adonnistrades. 

11).  Très  coses  fan  beyia  festa  :  nûssa  sollempna,  bon  menjar  e  puys 
^■nar. 

ii+,Tres  coses  son  de  que  qualque  hora  hom  se  penet  :  pendre 
noyller,  pendra  sancia  orde  e  cntrar  en  religio. 

i]f.  Très  maies  sabors  son  :  oli  de  basses  e  cam  de  spatla  e  sagi  de 
«iBys. 

126.  Très  coses  son  de  que  hom  se  deu  gardar  :  de  vent  de  forai,  de 
wcfa  reconstliai  e  de  cam  .11.  vegades  cuyia. 

•  37.  Très  coses  son  qui  fan  hom  molt  viure  :  menjar  poch,  tenir  se 
Ckll  «  star  alegra . 

118.  Très  coses  fan  bon  scny  :  be  scoltar,  poch  parlar  c  benignament 
nspondra. 

129.  Très  rrues  son  anques  :  de  frare  1 2 1  ;  />]  menor,  ventre  de  dona 
min  panera  e  cuxcs  d'infant  poch. 

1  )o.  Tres  coses  fan  be  star  marit  e  muyller  :  que  sien  leyals  la  .1.  a 
l'akre  e  qoe  la  dona  sîa  obedieni  al  marit  e  quel  tcnga  net. 

I  p .  Très  coses  fa>]  mal  marii  e  muyiler  :  vna  pessa  prop  del  cul 
tfA  h  ci^  e  lo  reboiegar  que  eila  fa  e  esser  mal  curosa,  perque  dîu 
Sent  ËnselcD  que  la  dona  fa  0  desfa  la  casa. 

116.  komtne.  Lire  bontainf  —  matanj^  Les  deux  demiices  lettres  du  mot 
ne  lonl  p4i  itm. 
1(7.  cetaauJtf 

I  |B.  ntjoir/jijd  albeit^vtfa  vtnom,  ■  tJl^^sc  en  forme  de  melon  veînè  >. 
la^.  9lidt  hastu,  t  huile  aoî  reste  au  fond  du  réiervoîr  t, 
129.  rriui  =  anagd,  «  rides  ». 
1;  I .  cogal.  Lire  cogut.  —  rckwgeri 


140  ^^^^^~  A.    MOREL-FATIO 

I  j2.  Très  coses  fa  ta  dona  pcr  cnganar  lo  marit  :  m  lî  plasentera 
pensant  voleniera  e  te  lo  net,  per  so  que  no  crega  res  d'eyia. 

n;.  Très  coscs  fa  joch  t  Deu  renegiir,  betis  consumar  e  los  arnica 
oblidar. 

I  )4.  Très  pudors  son  sobirones  :  pet  de  col,  rrol  de  rraua  e  de  co 
mon. 

t  j  I .  Très  pacions  soferrcn  les  dones  d'orde  :  veen  e  no  tenen,  oen  e 
no  toquen,  senten  e  no  palpen. 

I  }6.  [3 1  î  0  Très  coses  son  per  seruar  en  lo  stiu  ;  bc  bcure,  be  raen- 
jar  e  poch  calcar. 

I  }7.  Trcs  rancors  0  tnaluolenses  son  en  aquest  mon,  que,  pus  son 
comensades,  lart  son  oblidades  :  deserarement,  gelosia  e  reptament  de 
tracto. 

I  }8.  Très  maneras  hi  a  de  raptar  :  bo,  cominal  e  auot. 

1 19.  Très  maneras  hi  a  de  fe  qui  son  poc  presades  :  fe  de  camicer, 
de  vsurer  c  de  bordeler. 

140.  Très  bens  aporta  dejuni  :  merit  enuert  Oeu,  castedat  e  sanc- 
ledat. 

141.  Très  pecais  son  de  gola  e  perdrn  dejuni  :  diu  hom  «  sopem  be 
que  dema  dejunarem  e  dinem  nos  be  que  al  vespre  no  soparem  »  ;  len- 
dema  :  «  dinem  nos  be  que  ir  dejunam  ». 

1 4: .  Trcs  manerea  hi  a  de  v-i  ;  fresch  [2 1  )  </]  e  fi  c  fort. 
14).  Très  maneres  hi  a  de  auol  vin  :  florii,  farreny  e  fusieny. 

144.  Très  coses  fan  bon  temps  :  salui  e  molts  diners  e  bon  sol. 

145.  Très  coses  fan  mal  lemps  :  maialtia  e  pobrea  e  grant  pedrenya. 
J4Û.  Très  coses  fan  diners  :  fan  tort,  fan  dret  e  fan  furgar  cony  stret. 
147.  Très  coses  son  en  que  tiom  nos  pot  fiar  :  en  cul  d'infam  patit  e 

en  sere  d'iuern  e  en  falsa  fembra. 


len- 


ijS.  h).  Lire  hcf  —  eeminal  est  une  etpression  de  droit  fiodal  et  signifie 
■  en  prdcncc  de  témoins  1. 

ijg.  Le  mMier  d«  boucher,  je  ne  sais  trop  pourquoi,  était  fort  peu  estimé 
en  Espagne  au  moyen  3ge.  Un  historien  citalan  du  XV'  siècle  rapporte  que, 
lorsque  Te  comlc  Bord  acpda  i  son  secours  U  chrétienté  pour  reprendre  U 
«ille  de  Barcelone  aux  Sarruins,  il  octroya  un  privîlègr  spécial  i  tous  ceux 
qui  viendraient  le  servir  avec  armes  et  cheval,  «  soUment  non  foswn  carnutn, 
ne  tauerners,  ne  hoïtalers  ...  per  îo  quc  de  gent  tan  bwa  eom  son  faïautrt  t 
aitres  axi  coin  dis  ao  scn  podiers  spcrar  fcyts  honrals  »  iBemat  Boades,  liktt 
itit  Jrjlî  d'atmtt  ài  C<itàtunyi,  éJ.  Aguilâ.  p.  i&s)- 

t^i- fiûfit,  *  moisi  ».  — /t»'"nj,  1  éur  t?  ^  fasftay,  •  qui  a  on  goût  de 
bois  t.  , 

141.  peJttn)a , ptohjiblttatnt  «  mat  d'estomac  t.  Ptdrtnj  ii^Tunt  t  eslomac  i. 

146.  furgar  :  cf.  anc.  (r.  furgitr  (Sainle-Halaye). 

147.  (m  ^  »ra,  «  soirée  ». 


M^LAKGES  DE    LITTËHATUR£  CATALANE,  Il  I4I 

148.  Très  maneras  hi  a  d'uyils  :  humils  e  gardadors  en  la  cara  ab 
perla,  e  no  aja  macula  en  lo  nègre  dels  vylls. 

149.  Très  maneras  hi  a  de  vylls  qui  moïtren  falcia:  de  hom  att  gardar 
e  baix  gardar,  cant  parlaras  ab  eyll,  e  fa  Icngajar  loi  vylls  corn  parla. 

Ijo.  Très  coses  fan  bon  mestre  [11411]  dVscolans  ;  lo  mestre  conti- 
nuar,  les  letres  be  formar,  en  baira  mancra  scriiar. 

1  j  I .  Très  coses  fan  ina1[s]  meslres  d'escolans  ;  ta  lisso  a  tart  passar, 
bons  nodrimems  no  ensenyar  e  la  squena  scorxar. 

ip.  Très  grans  defaytiments  son  :  molt  prcsar  c  poc  vaier,  moli 
cuydar  e  poch  sabcr.  molt  despendra  e  poch  auer. 

[5}.  Très  enpagahiments  son  peremptoris  :  examinar  la  primera 
missa  e  to  primer  sermo. 

1 54.  Très  enpegahimenis  son  dilatons  :  la  primera  muyller  pendra, 
la  primera  junu  fer  e  de  cosa  sécréta  e  vergonyosa  csser  reptat  publica* 
meni. 

If  j.  Très  bones  salscs  son  :  salsa  de  pagOj  satsa  blanqua  e  salsa 
camalina. 

I  )â.  Très  mats  brous  son  :  brou  de  porc  mesclat  ab  pels  de  ca,  brou 
de  coyma  salada  ab  vedriol  e  brou  [214  b]  de  vres  ab  rreyna  de  pi. 

i;7.  Très  suchs  son  de  que  viuen  aquells  qui  an  desfici  :  such  de 
bnich,  such  de  suro  e  such  de  sponge. 

Ij8.  Très  coses  son  bones  e  foren  de  gran  preu  si  no  s'en  trobassen 
sino  en  tes  Indies  :  ays,  cols  e  moho. 

1  jg.  Très  menysprcus  son  ;  bcnificiats  per  canonges,  pagers  per  chî- 
vaters  e  menestraîs  per  ciuiadans. 

160.  Très  condicions  son  de  persones  qui  poden  dir  faisîes  a  lur 
guisa  :  gran  senyor  denani  sos  vassals  e  vcyls  denani  jouens  e  qui  parla 
de  luny  terra. 

161.  Très  condicions  son  de  persones  qui  de  rriquea  tomats  a  pobrea 
se  fan  :  metges  0  horats  0  alquimiayres. 

163.  Très  besties  son  :  qui  diu  v  arri  n  3  la  besiia  qui  caualca  e  te 

sperons,  e  qui  diu  "  sta  *  e  te  les  rregnes,  e  qui  li  siula  com  vol  beure. 

36^.  [2i4cl  Très  coses  sont  fort  nicies  :  coylons  de  berber  qui  bay- 


148.  garJodori  en  fa  cara  ab  pirlaf  Ptrh  signifie  •  laie  •. 

t{\.  camaUna  :  voy.  b  récrite  de  celte  sauce  dans  la  noie  du  nouvel  fditeur 
dv  glossaire  de  Siinte-Palayei  l'art.  Camtlmti  et.  amsi  Godefroy,  Camliiif  1. 

I  ^6,  coymj  *  —  cm  ab  mjna  de  pi .' 

1 17.  bruih^  t  bruyère  ■. 

1(8.  aji  —  ilit. 

>i9-  F^g"*!  P'tir.  ie  pega,  •  paysan  *. 

16^.  birbtr  =  btirbtt  ;  —  Utofct,  »t.  mod.  tiiiiont,  t  ciseaux  1.  Sur  l'ex- 
pression «  danser  au  son  des  ciseaux  >,  cf.  le  Likrt  it  coiutlh  de  Jaume  Roig, 


242  A.    MORBL-FATIO 

len  ab  so  de  tasores,  e  mameles  de  porgadora,  e  ferrer  qae  tan  clepege 
que  petege. 

164.  Très  coses  poden  fer  al  lit  que  non  cal  hom  leuar  :  Deu  pregar 
e  ahorar  be  assimateix  e  gratar  lo  cul. 

165.  Très  grans  dolors  son  en  cort  rreyal  0  ducal  :  enueje  de  honor, 
de  offîcis  e  de  rrichs  comportaments. 

166.  Très  perills  corren  aquells  qui  son  de  cort  :  amor  perdre  del 
senyor,  esser  ponit  per  fols  acusador,  de  gran  ofici  tomar  en  menor. 

167.  Très  vils  offids  son  :  budayter  qui  fa  cordes  d'esturments,  merda 
cauer  e  fer  paper. 

168.  Très  coses  son  menyspresades  en  lo  mon  :  baleadeauol  fembra, 
fforsa  de  bastaix  e  conseyll  de  hom  pobre. 

169.  Très  pets  feu  Salamo  :  lo  primer  [2i4d\  en  barba  de  aquell 
quis  desfa  per  maridar  sa  (îyla,  lo  segon  de  les  nines  qui  prenen  marits 
veylls,  lo  ters  de  aquells  qui  an  fiylls  legitims  e  fan  hereues  lurs 
muyiers. 

170.  Très  defayliments  ha  sabater  con  pren  muyler  :  al  cul  la  besa, 
puden  li  les  dents  e  lo  cul  tostemps  per  lo  cuyr  que  tira  ab  les  dents. 

171.  Molt  mes  très  son,  mas  per  très  m'en  stich,  que  pus  non  die  : 
perque  prenets  so  qui  bo  sera,  e  l'als  lexats  0  arrera  ma. 

Deo  gracias. 


éd.  de  Barcelone  1  j6i,  t.  xiv  v*.  col.  2  :  «  O  si  t'afaytes  Ser  bon  barber,  A 
ton  plaer,  Gantant  cançons,  Ballant  al  sons  De  Us  tisorts,  Tots  joms  dos  ores, 
Prou  guanyaras  ». 

167.  caaer.  Pour  caaarl 


PHONOLOGIE  SYNTACTIQUE 


DU 


CANCIONEIRO  GERAI. 


Pour  des  raisons  trop  connues  et  sur  lesquelles  il  serait  inutile  de 
wfisaÂK,  les  renconires  de  voyelles  som  répandues  à  profusion  en  por- 
s.  Elles  sont  une  grave  difficulté  pour  tous  ceux  qui  apprennent 
:  de  Camoens.  et,  Il  y  a  une  dizaine  d'années,  lorsque  je  me  mis 
'Snela  tusiades,  j'étais  embarrassé  ^  tout  moment  par  la  mesure  des 
'Vi  et  je  ne  trouvais  nulle  part  des  renseignements  suffisants  sur  les 
BudiécatMns  auxquelles  sont  soumises  les  voyelles  qui  viennent  &  se 

ADfOurdliui,  gr&ce  aux  deux  étés  que  j'ai  passés  à  Lisbonne  et  aux 
rtdicrclies  que  j'ai  faites  en  lisant  les  oeuvres  de  C^tmoens  avec  mon 
tKOtnltant  ami,  M.  Severiano  Augusto  da  Fonseca  Monieiro,  qui  ne 
t'en  jamais  lassé  de  répondre  â  mes  incessantes  questions,  il  m'est  pos- 
ait d'apporter  quelques  lumières  dans  un  sujet  jadis  si  obscur  pour 
■si  «t  d'établir  quelques  lois  de  phonologie  syntactique  ou  phraséolo- 

le  commence  par  le  Canmneiro  gtrat  (éd.  de  Stuttgart,  iS4iS-i8{3, 
|»l.  b^,  qui  contient  les  derniers  reflets  des  écoles  poétiques  du  moyen 
%.  afin  que  je  puisse  poursuivre  ces  recherches  d'autant  plus  aisément 
^  les  chansonniers  antérieurs  dont  nous  possédons  des  éditions  diplo- 
■itiqucs  et  dans  les  poètes  de  la  renaissance  jusqu'à  ceux  de  l'école 
rattanique.  On  s'étonnera  sans  doute  que  je  n'aie  pas  compris  dans  ces 
**itsles  ccuvres  de  Oil  Vicente,  mais  k  grand  comique  Je  la  renais- 
liiu  ponugaise  diffère  en  trop  de  points  des  poètes  du  Cartcioaeiro 
^ala  mérite  un  travail  spécial. 

<  Li  remarquable  Estii  dt  phonlù^ut  tt  di  pionohgii  de  la  Ungat  portu- 
CiK  faatii  tt  dultctt  •xtuil  dt  Liitonnt,  que  A.-R.  Concalves  Vianiu  vient  de 
P^w  uns  I)  Romufia,  prMe  i  ces  recherches  le  meilleur  commfntaîre  que 

5w  (misse  désirer.  Je  regrette  pour  tnoi  et  pour  ceux  de  mes  collègues  t|u« 
KitvRaii  iotéfesse  qu'il  n'ait  nas  oira  plus  tât. 


244  J-   CORNU 

En  combinant  les  voyelles  toniques  avec  les  voyelles  toniques,  1 
voyelles  toniques  avec  les  voyelles  atones,  les  atones  avec  les  toniqu 
et  les  atones  avec  les  atones,  nous  obtenons  les  cent  formules  suivant 
dont  la  plupart  se  rencontrent  dans  le  Cancioneiro  gérai  et  feront  Tob 
de  cette  étude  : 

1  II  III  IV 

à  +  i  j  +  a  i   +    i  a    +    a 

i  +  é  à  +  e  a    +   é  a    +    e 

i  +  l  â  +  i  a+f  a+i 

â  +  â  à  +  o  a   +    ô  a   +   o 

i  +  ù  à  +  u  a    +   ù  a+u 

é   +   é  é    +    e  e   +   é  e    +    e 


6    + 

à 

é 

+ 

a 

e 

+ 

d 

e 

+    a 

é    + 

( 

é 

+ 

i 

e 

+ 

l 

e 

+     i 

é  + 

6 

é 

+ 

0 

e 

+ 

6 

e 

+    0 

6    + 

d 

é 

+ 

U 

e 

+ 

û 

e 

+  u 

i    + 

( 

+ 

i 

+ 

l 

+    i 

i    + 

à 

+ 

a 

+ 

i 

+    a 

(    + 

é 

+ 

e 

+ 

é 

+   e 

i    + 

6 

+ 

0 

+ 

6 

+    0 

f    + 

û 

+ 

u 

+ 

ù 

+  u 

6    + 

6 

d 

+ 

0 

0 

+ 

6 

0 

+     0 

à   + 

â 

6 

+ 

a 

0 

+ 

i 

0 

+    a 

6    + 

é 

6 

+ 

e 

0 

+ 

é 

0 

+    c 

6    + 

f 

6 

+ 

i 

0 

+ 

l 

0 

+     i 

6    + 

û 

6 

+ 

u 

0 

+ 

d 

0 

+   u 

û    + 

d 

â 

+ 

u 

u 

+ 

û 

Q 

+   u 

ù    + 

â 

d 

+ 

» 

u 

+ 

à 

U 

+   u 

d    + 

é 

û 

+ 

e 

u 

+ 

é 

u 

+   e 

d    + 

i 

d 

+ 

i 

u 

+ 

( 

u 

+    i 

ù    + 

6 

ù 

+ 

0 

u 

+ 

6 

u 

+    0 

Si  nous  aioutons  à  ces  combinaisons  celles  des  voyelles  avec  les  dipi 
tongues,  celles  des  diphtongues  avec  les  voyelles  et  celles  des  dipI 
longues  avec  les  diphtongues,  nous  aurons  encore  un  très  grand  nombi 
d'autres  formules;  mais  plus  les  voyelles  s'accumulent,  moins  elh 


rHOKOLOGiE  SYNTACTKit'E  DU  Cancioneiro  gérai  241 

oSrcDtd'intJréi,  parce  que  les  contractions  ei  les  élisions  deviennent  de 
pineii  plus  difficiles. 

Vûm  retranchons  de  ces  recherches  les  rencontres  des  voyelles 
ttaiqMS  avec  tes  voyelles  ioniques,  parce  qu'elles  ne  se  contractent 
juDiii  ;  car  tous  les  passages  oîi  l'on  pourrait  Jtre  tenté  d'y  voir  une 
csMncùn  offrem  ou  bien  la  formule  voyelle  tonique  +  voyelle 
amiiy  M  bien  la  combinaison  inverse. 

Pour  la  conuDodiié  du  lecteur,  nous  traitons  à  pan  de  quelques  mono* 
iT<Iibetqiij  autrement  auraient  été  dispersés  mal  Â  propos  en  différents 
endroits. 

VOYELLES   ET  VOYELLES. 
I.d  +  I. 

l^hùius  est  assez  ftéquent  :  mas  sofrer  me  dâ  ]  a  pagua  I  jilS.  ij, 
■jVi'estaa  |  a  liberdade  II  140.  S,  e  tyrar  vos  hi  ]  a  vida  MI  2S9.  2, 
U>  ri  I  arrubda  I  {04.  33,  vos  esîaa  t  aparelhado  II  399,  33,  se 
^  I  aquatquer  pessoa  11  474.  12,  correm  quH  |  as  novas,  correm  III 
'*'- 18,  poderey  câ  |  acudyr  Ili  (iî-  îo>  Poy*  <iue  \i  ]  aveys  de  dar 
"I  )6i.  1^,  e  as  naos  jâ  |  acabadas  II  î6i.  n.  Mais  plus  fréquente 
"tmesi  b  contraction  des  deux  a,  laquelle  donne  un  a  long  et  clair  : 
'^J'V^  senhorade  Sousall  14.  I, Triste  vida  serà^^a  nossa  II  175.  11, 
Dtfi^as  armas  00  marido  II  197.  2),  serà^.a  pena  que  padeccra  II 
tSi-Siinil  vezes  pcrderi,_a  vida  Iltôi  j.  9,  Talcuydar  med.1,^legria 
t;i{.  7,  Dirâ,_^quela  que  se  chama  JI  :4.  3;,  e  bem  se  poderi.^3- 

àtt  II  1 10.  33,  tnas  bem  sey  que  ser^ assy  II  .441.   ^4,  Pois  qucm 

iivi,^^aqui  rremedeo  III  20.  18,  outras  piores  À^^aquy  III  665.  38, 
tan  BDO  e  meyo  i^^agora  III  S.  30,  que  conta  darâ^^a  deos  d'rla  II 
167.  j,  qu'esi4^_^  par  d'uûa  rribeyra  II  ^60.  10,  qu'esid^^me  vos 
cRjueçdo  I  ];8.  3),  qu'era  \i.^  morte  comtgo  1  14.  32,  tendo  )â^jas 
Tîdis  perdidas  II  175.  19,  vay  dépens  jalyvando  I  18,  9,  quamasvcMs 
iiKJâ^_^bey  II  5;9.  n*  <^^y  quJquela  palha  II  482.  iS,  0  viessem 
Caa^judor  II  }$;•  21,  nunqua  li,^aproveyta  nada  II  40J.  h*  j^cabou 
Il  173.  13.  jissy  I  13.  9,  Il  288.  i,  lEI  280.  4,  i^^agora  ou  jigora, 
dans  de  nombreux  passages,  ti,_agora  I  164.  7,  atâquy  III  34$.  12, 

li^  I  130.  1,   131.   15,   122.   16,  Il   J96.  37. 


Le  bbtus  est  rare 
}(8.  9,  comochegua 


da  I  aima  II  }?.  24,  nunca  ter  a  |  aima  boa  III 
aa  orelha  II  Jî^-  8,  que  çuja  |  ambas  as  maâos 


Î46  J-   CORNU 

II  {41.  23,  E  nam  diguo^agora  |  al  III  112.  1  i,ci>m  nada,  h»  muyios 
dias  II  47J.  s,  où  U  pause  justifie  le  hiatus.  On  rencontre  d'ordinaire 
la  contraction  ;  l'orthographe  néglige  souvent  la  voyelle  atone  :  atma 
=  a  aima,  arma  =  a  arjna  I  to^.  26,  arte  =  a  aite  I  )oû.  11,  nagoa 
I  4;o.  ;,  narbor  II  378.  10,  hQa_alma  I  q8.  8,  hû  aima  I  ^j.  y, 
Jiûa_avc  l  286.  6,  dûa_arie  Ml  jp.  1,  dû  arte  III  H4-  ï.  J&o.  24, 
minha_ama  il  ;85,  1  r,  minh  aima  (souvent),  sua_arca  II  33}.  1  ;,  su 
arte  II  {97.  22,  voss  aima  (souvent],  vosane  I  17).  4,  voss  ave  III 
Î2I.  I,  css  arte  !I  (  j»,  7,  desiane  (souvent»,  per  outrartc  III  4)0.  1 1, 
ioda_ane  II  {24.  16,  tod  arte  II  64.  7,  488.  2,  tod  aima  H  279.  6, 
loda_ave  III  497.  20,  toda  quanta^ aagoa^^qui  vem  III  494.  21,  de 
bo  arvore  bom  fruyto  III  626.  ;,  dona^^Ana  II  428.  9,  don*  Ana  III 
109.  },  quarent  anos  III  160.  S,  sesent  anos  III  {;}•  > 4,  seient  anos 

III  89,  i,noventano$  III  Ji<).  ij,  vlndos  de  Btscaya^^^héitanto  II  )6i. 
26,  começa_alma  (=  a  aima]  de  sayr  11  îio.  ri,  e  tinha„aas  (alas) 
com  que  voava  111  499.  1  j.  ïospirar  me  leva^^â  cova  1  14.  7,  E  toma- 
da_aa  fee  Espanha  II  î6i.  8,  Eu  que^^era  moça_aa  panida  II  î86.  8, 
rroguo  Alvaro  (=  a  Alvaroi  d'Abreu  III  178.  17,  e  poys  a_ambo8  0 
cometo  I  74.  9,  trouxer^antes  hCa  murça  III  124.  },  Nunca^al  vy  se 
nam  sesudos  III  151.  12,  cadano  venha  paryda  I  2(1.  25,  ca^  de  ter 
porvos  perdido  II  ^84.  8. 


j.  fl  +  a. 


Le  hiatus  ne  se  rencontre  que  dans  peu  d'exemples  :  da  |  antigua 
cama^^amada  11  j;7.  9,  sendo  minha  |  a  paixam  II  128.  is.  esta  | 
ardente  feysca  1  449.  1 1,  cm  mym  toda  |  a  tristeza  III  64.  8,  coro- 
nysla  |  abastante  II  70.  tt,  verdadeyra  |  amizade  I  {94.  14,  tenh« 
tanta  [  afeyçam  II  114.  6,  Tem  estranha  \  andadura  II  480.  9,  ela 
mcsma  |  as  desfaz  HI  507.  9,  venha  çerta  |  a  coniya  11  ijo.  ji, 
Avorreçe^^  |  arraynha  II  ;2{.  6,  que  m'estorva  |  apayxamll  128.  8, 
todas  leva  |  a  d'Abreu  III  }.  2},  namme  salva  |  a  rrezam  III  64.  ;,  ae 
Ihelembra  )  algum  bem  III  440,  s,  anda  |  adarga^^cmbra'Çada  I  i{4. 
jo,  foyporela  |  apodado  III  ^72. 20,  folgarya  |  apanarmel  2;2.  7, Tarn 
asinha  |  acnbadas  î  299.  3{,  nam  foy  nunca  |  apodada  III  146.  20,  se 
faz  agoa  |  a  seu  salvo  I  143.  37,  vossa  vyda  |  a  perdela  III  185.  3), 
me  loma  |  a  |  o  meu  mesire  I  184.  1  j ,  obrigua  |  a  vos  servir  III  41 . 
14,  que  deos  dysse  |  a  {  Adam  I  ^04.  sS,  sua  vida  |  apos  eUs  II  540. 
;4,  que  se  fai  contra  {  amor  I  8t.  i  j. 

Deux  a  atones  se  coniracla'cnt  facilement  et  donnaient  alors  comme 
aujourd'hui  un  a  clair  et  bref  que  Joam  de  Barros  écrit i  ;  a^^irmada  III 
12&.  3i,altezalll  ijj.ii,  A^^badessa  111  3oo.  ;,  a^agulha  III  138. 


rHONOLOCiE  SYHTACTiQUE  DU  CiincioïKin  gtrnt  J47 

4,  Da„abadia  I  466.  2},  na_area  M  566-  î^,  na_aguda  espada  cayr 
Il  416.  t8,  nalidveyra  Tll  277.  li,  mJnha  vogada  I  2jo.  18,  tu  annada 
Il  )b2.  39,  vo$sa._amizade  II  ;j;.  zi,  voss  aiteza  III  12a.  3j,  {)). 
ij,  U4-  î.  esla^amargura  I  gq.  la,  esta_alcgria  111  aj.  j,  loda_a 
noyie  I  11 1.  29,  facha_^acendida  il  40}.  ),  sera  caus  algûa  I  112.  19, 
cous  algGa  11  i]8.  2,  gross  annada  II  ^61.  20,  pouca,^alegTia  III  2j. 
2Q.  manday  a^^ssentar  no  feyto  I  jj.  27,  iumna,_^mosir  ele  co  dcdo 
I  78.  2f,  como  vos  ncm  naprendemos  |=  a  apr.)  I  {06.  n,  quemn 
uty  emcamynhou  li  167.  ^,  por  levé  perda^^  sscnty  II  401.  21, 
conta ^as  e  dylas  dOa  arte  lli  580.  24;  venha^a  prova  sera  tardar  I 
71.  27,  çerra^_^  scrpeme  os  ouvydos  II  Î24.  7,  Pinia_as  batalhas 
campa«s  II  ï7a.  29.  me  nam  tnijjua^alguum  confono  I  7).  22,  Jorge 
da  Sjlveira_acusï)  1  ;2.  7,  A  terra  estratiha^_^cheguey  11  410.  }i, 
avya,^a^rtado  t  408.  18,  tinha^avida  II  424.  5,  que  se  pos£a^_aquy 
julguar  m  5î^.  18,  que  se  leyxa_assy  caUr  I  78.  28,  praM__a  deos 
I  349.  9,  Il  J97.  10,  que  se  nam  torna  CasieU  III  128.  22,  a__Agosto 

jri  128.  ij,  482.  17,  este  proçesso  a Arelhano  III  (îj.  6,  aqaela 

(:=a  aq.)  çidade  II  38;.  9,  disse  a_3quele  que  bradava  III  622.  4, 
a^aquesia  tal  vossa  dama  11  484.  8,  parafa  cova  I  4}.  16,  para  çea  I 
t  J7>  >}i  guanhala  pera.^  perder  I  i2j.  7,  para  1=  para  al  irazer  111 
1 17.  14,  per  agora  1  270.  24,  para_3quy  II  léj.  lo,  per  aly  II  J79. 
io,comra^_^  Jeyill  2j7,  2î,  amortecomatrisiural!  265.  i4,coma_> 
grande  vaydade  II  4^7.  }2,  eu  nam  sey  mais  ca_adorar  II]  44,  17, 
que  eu  sam  mais  obrîguado  ||  a  vos  ver  qua_a  me  salvar  III  }{6.  24, 

c'a  vida  qu'ee  dcscontenie  II  de  tudo  se  descontenta  11  jo?.  22,  ca a 

que  kz  pecar  Adam  1  4.  21,  Calguums  sam  \i  contteçidos  I  146.  27, 
cassy  fazya  0  filho  I  149.  :j,  casy  compra  o  sesudo  I  1^2.  1,  caquy  bi 
a  pascoela  t  17}.  8.  Mais  quand  l'a  est  omis,  il  pourrait  aussi  y  avoir  la 
conjonction  qut. 

4.  4  4-  e. 

Hiatus  :  perdy  toda  a  )  esperan^a  111  S94-  6.  m^a  |  esperança  III 
48.  22,  ma  I  estrea  III  506.  39,  maa  [  empresa  lli  227.  15,  muyiostui 
I  em  cada  casa  I  197.  26,  durarâ  |  em  quanto  >iva  II  joi .  11,  poys 
esiaa  |  em  vossa  mam  II  p7.  i),  e  que  jaa  ]  entam  fodias  II  27.  19. 
Diphtongue  syniactique,  rare  :  mesire  liie  sseraa^^escusado  III  269. 
28.  quem  jaa^esperança  non  tem  II  412.  9.  que  ji^cnlam  nam  faé 
cuydado  I  68.  21,  U^eslam  lit  2Û4.  2j,  285.8. 

Hiatus  :  da  |  era,  a  |  erva,  nesta  |  era  III  290.  11,  bija  |  eguoa 
nuça  panda  III  97.  18,  bûa  |  hé  que  me  gabeys  II  44^.  38,  uînta  |  hé 


^  I.    CORMU 

pôuco  ganhar  I  jo.  ^i,  A  maa  ventura  |  hé  minha  II  ^12.  9,  A  moU  | 
hé  vagarosa  111  36^  24,  esta  |  hé  boa  man«ira  111  279.  39,  384.  9, 
Esta  I  hé  sua  tençam  III  7).  6,  da  j  era  mal  lavada  II  186.  I3,  qa« 
quem  tama  cousa  |  erra  II  419.  16,  nom  veja  |  e&sa  molher  III  jj.  2j, 
se  ponha  |  este  ditado  III  178.  2{,  era  |  este  mail  logrado  11  14.  3. 
qu'a  [  essa  Santa  Cruzada  I  106.  26,  a  |  essj  lua  senhora  II  16.  8,  a  | 
esta  triste  coytada  111  {09.  [4,  a  1  esta  terra  cheguou  III  ni-  M*  '  I 
eta  III  30.  31,  a  |  ele  daa  claridade  M  446.  10,  Para  |  estas  tudo  rrima 
III  172.  18,  por  quem  lum  tem  para  |  eU  III  182.  3f,  Contra  elle  I 
77.  7,  contra  |  ela  III  j^i.  17. 

Honnis  entre  l'article  et  le  substantif  où  le  hiatus  est  régulier,  il  est 
bien  plus  ordinaire  de  rencontrer  la  comraiction  de  ces  deux  voyelles  : 
ioda_csta  génie  H   584.   24,  toda_esta  ssomana  III  j?).  33  etc.,  a 

hûa_hé  saber  vestyr  I  145.  j,  minha  vida hé  acabada  11  J76.  2,  esta 

rep-a^bé  verdadeyra  III  619.  25,  esta_hé  a  que  mays  mal  faz  III  17. 
2j,  Nam  s'entcnda  __esie  perder  II  i6g.  2[,  e  seia_esleagouro  v3o  11 
406.  23,  o  que  me  «usa„esie  dano  III  578.  18,  Tomay  ora^_,ç$te 
conselho  11  163.  ),  a_esse  Pero  de  Lixboa  III  îS6.  31,  queré  a^_,estas 
rresponder  I  279.  i  j,  l)a_  csie  rrey  tam  cxcclenie  III  467.  3. 

La  voyelle  qui  résulte  de  cette  contraction  est  un  e  ouvert  ', 
comme  le  montrent  une  bonne  partie  des  passages  suivants  :  tod  esta 
crueia  II  1Û8.  21,  todesia  corte  II]  iii.  4,  tode  esta  culpa  III 
633.  3,  Tode  esu  voss  obra  feede  III  651.  38.  em  lodela  junta  II 
4Î4-  Ml  ^ss^s  panes  l  $2,  16,  heessas  ylhas  I  1^7.  11,  Dae  poys  bfm 
eese  d'yrlanda  I  itSj.  39,  eessa  terra  d'acheguar  II  412.  ^4,  disse 
loguo  eessas  oras  III  2^3.  9,  logu  csias  oras  III  3)6.  9,  logoessora  nos 
ssacou  III  36{.  28,  toguD  hesâra  proiestey  III  601.  4,  nem  vejo  heessa 
coyiada  ||  porque  deva  de  morrer  III  633.  9,  heessa  dou  mays  que  fazer 
111  662.  10.  heeste  tal.  sabeis  que  dïgoM  I3),  }},  que  irouxe  seys 
eesta  terra  I  366.  ^,fiin  eesta  vyda  II  19).  32,  eesia  terra  antigua- 
menie  veyo  II  367.  n,  eesta  parte  aparecia  II  J79.  4,  aquy  eesta 
parte  estavam  II  179.  7,  se  vierdes  eesta  nossa  II  432.  ij,  sempre 
vem  ter  eeste  fym  II  440.  12,  Vym  alegre  eesta  terra  II  î3J.  26,  eu 
cheguey  eesta  cidadc  II  (29.  \,  se  v)t  eestes  trovadores  II  587.  17, 
prazer  destes  eestas  damas  III,  102.  4,  que  nome  Ihe  tendes  dado  || 
eeste  vosso  guabynardo  Ht  to^.  1,  cûa  copra  eeste  rryfam  III  179.  i(, 
antes  sey  muy  beon  conlar  H  estas  damas  minhas  dores  III  309.  ),  Eu 
cuidey  d'yr  em  batel||com  fidalguos  esta  fesia  III  309.  37,  Eu  eest* 
omem  tiam  Ihe  vy  III  iid.  ],  eesiasoras  III  3)5.  18,  eeste  Jorge  d'OIÏ- 


I.  tt  marque  au  xvt*  sîMe  un  c  ouvert.  Eaa,  <sii  et  ctit  avaient  alors  un 
<  femé. 


PHOHOLOCtB  SYNTACTiqiiE  DU  Caocmeho  gerat  149 

*tptll37;.  I  j,  eest' OUveyra  JII  2S4.  2,  vindeloguoeesta  bani^eyra 

'II  tK.  7,  eesia  vyda  m  ^98,  18,  adeyeestemalpmente  III  40S.  26. 

«Mmeu  trisic  cuydado  III  jôo.  9,  se  foy  ccle  o  rreposieyro  m  347. 

I), «  gâtâmes  qu'eele  vaSo  III  ^74.  2},  vos  manda  pereesta  yda  III 

9f.ia.que  se  perdesse  parccb  lit  10.  21,  e  eu  syniome  pareela  III 

)0(-  10.  Il  esl  vraisemblable  que  cette  coniraclion  avait  lieu  dans 

btaucoap  d'autres  cas,  mais  l'orthographe  la  marque  rarement.  Des  pas- 

ngestels  que  les  suivants  sont  rares  :  vos  vedc  que  couse  estec  Itl  166. 

ifi  amosireela  mats  amor  II  4Û9.  14,  Je  l'entam  em  ssy  abranda  1  8. 

18.  Talcativojeele  jaz  II  ;i6.  8,  hua  çidade  ||  comeesia  que  feytaesiaa 

II  40].  32.  Quoique  la  graphie  u  (est)   revienne  souvent  dans  le 

CvKtmeiro  gérai,  ]t  pense  que  nous  devons  reconnaître  la  même  con- 

mction  dans  les  passages  suivants  :  o  cuydar  cousee  sabïda  I  10.  14, 

acottsceque  muyt'alarda  I  14^.  i;,que  cousee  algum  saber  II  j}'' 

31,  uiba  que  cousee  prtsJo  11  $4}.  {.que  cousee  esta^^^legria  III  3$. 

î,  que  cousee  dcsgravyzar  '  III  <j6â.  6,  csiee  a  graça  que  Ihe  ^ea  II 

t3{>  1),  Kstee  a  que  me  ^  mal  III  (S.  6,  qu'estee  manha  dos  amorcs 

111 74.  ij,  qu'estee  verdade  iil  194.  ij,  mas  este  ssuraa  das  dores  III 

i^M.  11.  pois  por  vos  elee  perdida  II  i  ig.  19,  acabadee  minha  vida  11 

t?!-  9.  Faryee  (i^  Farya  héi  M  J71.  4,  a  vossa  barbée  rrapada  III 

109'  ),agaoree  o  seu  prazer  III  196.    },  ayndeepor  mal  de  quem  II 

<îi.  14.  Quelquefois  l'orthographe  pourrait  faire  croire  &  l'élision  de 

Pjiwe,  mais  les  exemples  ci-dessus  prouvent  d'une  manière  évidente 

i}De  ceux-ci  présentent  également  la  contraction  de  a  ai  :  e  poys  and 

Ole  nirozum  II   179.   ],  t  bb  era  jaa  çafada  Ili  ;97.  6,  eu  par  esta 

lkrecaç3o  1  î.  11,  par  este  vos  csqucçer  I  473.  8,  naiuraes  par  este 

OMono  II  120.  17,  paresta  cousa  janelas  tll  169.  7,  meus  dias  par  esta 

peu  III  381.  31 ,  e  chegando  se  par  des  I  102.  a,  e  oulhastes  b«m  par 

eie  I  478.  10,  porque  par  ela  ter  cura  III  )6.  3),  loniam  ss'aguora  par 

(h  111  j8o.  I),  C'alegays  contr  esu  parte  J  12.  il,  mas  sayb  este  que 

wcae  I  î9.  îo,  hé  rrezam  que  s'escrev  esta^envençam  tll  ij8.  4, 

tpià  est'  encarecerlll  47.  6.  , 

6.  tt  +  e. 


Hiatus  :  da  |  ermyda  I  269.  28,  da  |  envençam  III  i}8.  30,  da  t 
Opota  I  160.  1}.  tu  I  esperança  I  9S.  11,  ^27.  6,  a  l  esquivan^a  I 
102.  Il,  da  I  eitrada  lit  jj^.  9i  l'art,  s'est  changé  en  i  dans  :  e 
poysteni  e  |  esperança  I  66.  18;  minha  1  esperança  I  {{9'  i<^>  ^  mtnha 
!  RTtençam  III  396-  1;.  nossa  j  esperança  I  33;.  },  48S.  1,  esu  vossa 


aso  i:  CORNU 

I  envençam  III  i}7.  i},  desia  [  esperança  II  jjs-  \i>  pci'co  toda  I 
esperança  II  196.  1 1,  muyu  |  eslopa  d'esirigua  I  481.  6,  mu^  |  em- 
veja  II  297.  20,  cuja  |  cspada  se  chama  I  162.  1 ,  corn  perdida  |  espe- 
rança i  J02.  S,  a  iristeza  |  encuberu  I  126.  ij,  cousa  |  errada  1  4}!. 
2t.  sento  vêla I enguanada  I  249.  17,  noyte  escuralescondco  I  193.  jo, 
cada  dia  l  cspcray  I  4  $4.  17,  nam  scja  I  cscassa  i  1 16.  1 1 ,  Isto  seja  |  eo- 
lendido  11  484.  28,  neile  nam  aja  ]  emcnda  !  3{6.  10,  ou  dîzer  nva  |  el 
rnj  II  288.  2{,  que  se  possa  |  escrever  II  1 19.  7,  vos  passa  |  emtris- 
Ij^r  111  418.  ]2,  e  soes  fora  [  escudeyro  III  {90.  34.  que  nunca  | 
estaa  em  paz  II  { }6.  2,  nunca  |  errey  III  619.  26,  vou  me  de  dia  |  em 
dia  1  2}2.  12,  nem  guarida  |  em  qu'esift  I  ô.  29.  metyda  {  em  inilos  de 
guerra  il  124.  12,  nam  me  fica  |  em  poder  Kl  ^09.  14,  que  nunca  {  em 
ouïrai  oras  III  3J7.  29,  a  ■  el  rrey  muytas  merçès  I  202.  8,  lema  deos 
e  a  I  el  rrey  I  216.  2,  a  i  el  rrey,  nosso  scnhor  II  186.  20,  a  ]  el  rrey 
a  nam  lerou  111  391.  ;o,  pera  |  esqueçeni-oslll  389. 17,  para  |  estar  lli 
626.  8.  La  contraction  des  deux  voyelles  n'est  pas  moins  friquenie  que  le 
hiaius.  Tamûi  elles  semblent  produire  la  diphtongue  de  et  tantôt  donner 
ee  :  da.^erdjde  I  218.  11,  da^emperatriz  I  }6-;.  7,  a_espada  II 
417.  10,  a_esperança  111  450.  6,  polla,_^esperança  II  41  {.  28,  hûa,_^ 
espada  II  4}2.  6,  hûa^_,esper3nça  1  66.  16.  II  J12.  1,  minha^_,espe- 
rança  I  28.  20,  tua.,^pada  II  416.  14,  nossa^entreçessora  i  }8;.  16, 
lûda^esperança  lli  Î89.  j,  algûa„ esperança  H  45).  1$,  outrA_em- 
vençam  m  148.  12,  chama_ençendida  I  Î4.  11,  Sama_egreja  1  41. 

34,cousa empossivel  11  ijô.  16,  cm  pouca^stima  il  p8.  12,  lerra 

.^esiranha  11  }6i.  5»  verdadeyra_estorea  II  Î73.  27,  roontanha_es- 
cura  il  404.  19,  naguda. espada  cayr  II  4t6.  18,  minba^esperança 
,_,enganhosa  III  I4.  17,  cousa_e$iranha  III  i6i.  18,  largua,^espora 
III  3ÎS-  'i-  negra^^enirada  iil  480.  1,  boa_csirca  III  (24.  2(,  isto 
nam  no  sayba_el  Rey  I  îi.  26,  vyva^,el  rrey  il  48;.  p,  rreyiia.^el 
rrey  dom  Manuel  III  46^.  8,  soube  logo  que  era^^d  rrey  lII  618.  17, 
que  me  podia  esqueçer  I  414.  16,  feyta^esiaa  II  402.  32,quemrrepy- 
ca_esta  cm  saJvo  I  367.  26,  e  depoys  da  casa__.estar  III6}8.  27,  days 
pedrada_em  vosso^escudo  I  41.  2,  ;68.  6,  andojd  derrua^_^eni  rrua 
lU  20î.  14,  D'espeiança  __em  esperança  Kl  S4r.  1,  que  falava^^em 
nossas  vidas  I  287.  27,  dà  parcas  a_el  rrey  de  Kez  III  24r.  8,  ou  a 
pedyrey  a_el  rrey  III  197.  2,  Faley  très  vezes  a^el  rrey  III  474.  17, 
Mandey  a_Esparia  tambcmll  582,  ;,  mas  porqu'am  d'yrpara^^el  rrey 
III  273.  22,  para.cncho'cs  esse  tanho  III  282.  16,  ando  pera_en- 
ssandeçer  111  j66.  j,  para^.enlrar  em  nova  vyda  III  6î8.  1 1 ,  para_ 
eslardes  maïs  esperto  III  ^91.  jo,  para_esperar  III  636.  6. 

La  contraction  et[e)  étudiée  plus  haut  se  rencontre  dans  les  passages 
stùvams  :  com  que  pesam  eesperança  li  469.  21,  neespcdida  l  3{8. 


PHONOLOGIE  SYNTACTIQUB  DU  Candonàro  gtr&\  2^1 

9,  ncscararouça  m«tydo  M  2;.  14,  Neeslalaiem  daCuerrt^ra  lit  m.  j, 
que  dam  um  longue  esperança  II  46t-  7.  per  vos  arte  longue  e  cuna  ( 
17).  4,  dé  me  ci  lynte  e  papcll  11  187.  10,  vos  hcjouira  que  sabees  I 
167.  )é,  que  estouiros  fax  vir  febre  II  ^04.  ji,  pelo  quai  lodos  e«l  rrey 
m  49}.  j,  a  mào  eescrevelo  I  1  ;6.  12,  nunca  falo  eescudc)'ro  III  66}. 
8,  père  cscapula  Ml  too.  15.  Ce  serait  une  inconséquence  d'admcnre 
l'élision  dans  :  nû  erdade  I  2{7.  14,  minhesperança  m  {4;.  4,  que  me 
nom  mal'  est  esquyva  II  J2S.  17,  De  quant  esperança  eu  linha  III  {44. 
io,  falss  esperança  \\  21  j.  8,  Falar  hé  cous  cscusada  II  Ï07.  24,  que 
me  nam  se)  escusado  11  306.  iS,  tînh  emprestado  II  )49.  aj,  que  er 
escusado  criar  III  237.  10,  A  mula  vinh  espantada  III  i^i.  ir,  nunca 
seri  csqucçido  IH  jiô.  18,  de  cas  em  casa  pcdyr  III  640,  17,  par 
enguanar  1  ]}■  '8,  par  escapar  III  44.  28,  per  estimar  III  [81.  1,  par 
esiaEar  III  647.  14,  Nos  freixos  ind  estaraa  II  {60.  4,  c'alnd  estaa  por 
naçer  III  ;i.  17. 

7.  **  +  <■ 
A  cousa  qu'eslaa  |  incerta  III  J44.  8. 

8.  a  +  /. 

Hiatus  :  a  )  ysca,  a  |  yra,  na  |  ylha,  nSa  )  ilba  III  ^79.  7,  tua  | 
yda  II  41  j.  17,  nesta  |  yda  I  4j6.  2,  Il  )4f.  34,  tll  92.  4,  nQa  rouy 
pequena  |  ylha  II  121.  17,  que  nam  custa  |  Uto  nada  II  482.  4,  Nunca 
I  ysto  confessey  :i]  }6}.  tt,  ont  |  mo  nam  me  fa?.  Ili  ^20.  21,  poys 
justtça  l  hy  nam  haa  III  169.  21,  s'estava  |  hy  Joam  Foguaça  III  109. 
7,  s'eu  nam  fora  pera  |  isso  1  17^.  19,  para  [  isso  III  580.  9,  Fera  t 
ysto  mosirareys  III  97.  29.  pera  |  îsto  poder  ser  III  401.  4,  para  |  ysio 
de  vos  crer  III  6u8.  2 1 .  p?ra  ]  irdes  a  caçar  I  i6j.  j.  Il  est  très  rare 
que  a  et  ï  forment  une  seule  syllabe  :  e  sua_yra  s'esiendeo  II  5jj. 
to,  andando  na  mata_Yda  11  j}7.  ij,  nam  vo«  presta._hyra  Lorvaro 

m  200. 7- 

9.  fl  +  i. 

Hiatus  :  a  \  îgreja,  a  |  ydade,  na  {  idade  etc.,  da  minha  )  hydade  11 
{(]{.  19,  minha  |  irm3a  lU  9^.  11,  nem  da  sua  ]  imbiguada  III  $04.  1, 
A  I  ouïra  ssua  ]  ygoal  111  578.  2,  vossa  |  igreja  I  267.  14,  csu  |  ymiga 
provada  I  497.  9,  de  pouca  |  ydade  JI  497.  18,  III  ârg.  6,  dona  |  llena 
J  ÎÎ7-  '9*  Î48.  2|  Î49-  '?!  "^ona  |  Ynes  III  617.  %,  Ana,  l  irman  ver- 
dadeyra  11  416.  },  era  toda  cousa  {  igoal  M  1  [4.  28,  a  coytada  |  yno- 
^le  III  )86.  10,  de  minha  vida  j  imiguos  III  498.  2j,  poder  pera  | 
jmsynar  1  J40.  17. 

Excepté  entre  Tanicte  et  le  substantif  où  il  y  a  presque  toujours  hiatus ,  a 


252  i-    CORNU 

forme  assez  souvent  avec  i  une  dipliiongue  syniactique  :  ant'as  jai 
da.ifante  III  )74.  lo,  Lembrame  que  tita^yrmSa  II  566.  26,  que sem 
sua_mlercess5o  11  îî'-  '.  iHWsa^inqueryçam  I  7j.  j.  pera  nossa^ 
inlerçessora  1 1  an-  2?)  vossa  __ynfynda  fcrmosura  I  401.  11,  ne«a_ 
ydade  11  Î74.  14.  E  por  «ta_inquyriçam  III  s)î.  6,  tanta^ypocresta 

III  240.  i{,  Chatnam  a  vos  suma^ydade  il    128.   ],  loda imeira  I 

417.  27,  III  276-  I,  T3nta_ynfinda  descriçam  I  404.  j,  Sacabuia_ 
irm9o  de  Jaques  III  641.  20,  que  seja^goal  em  toriaento  I  }{9.  ],. 
pesqua„jfanies  com  sedeta  II  iSi.  11. 

10.  d+o. 

Entre  (f  et  0  il  y  a  presque  toujours  hiatus  ;  v j  |  0  feyto  jà  con- 
cniso  I  12.  $,  bond'  estas  |  0  pelourinho  I  220.  10,  que  nam  dard  |  os 
seus  panos  II  187.  18,  poys  perdy  jaa  |  ocomerll  4)5.  22,  quempode- 
rey  \i  |  olhar  U  168.  7,  caa  |  0  diz  raînba  ten^So  III  44.  8,  nam  farey 
cà  I  D  que  devo  III  494.  2j,  Como  quer  U  |  0  dereyto  I  4.  1  ^.  E  se 
taa  I  Ds  convidarem  III  t$8.  1,  là  |  0  quoal  I  72.  9,  da  cabeça  aU  t  os 
pees  II  24.  32.  [I  esi  tris  rare  que  .1  et  0  forment  une  diphtongue  »yn- 
lactique  :  scmprc^,hyrn^^o  nome  diante  II  Î72.  6,  cmmendaraa.___^ 
que  quyser  II  {24.  9,  quem  seraa^_,o  que  nam  quysesse  lli  184.  9. 
Ui  s'est  contracté  avec  l'article  en  Ion  dans  :  busqué  loo  contcnta- 
mento  III  41 }.  2,  car  il  n'esi  pas  permis  de  regarder  ioo  comme  équi- 
valent de  Id,  celte  forme  ne  se  rencontrant  pas  dans  le  Canciontiro  gérai 
Une  autre  contraction  toute  pareille  est  celle  de  atÀ  cl  de  l'article  :  e 
do  eu  atoos  artelhos  I  480.  7,  desd'o  rrey  atoo  pyam  II  47}.  4,  do  wt. 
pee  ai6  cotar  m  229.  iS. 

n.  a  +  â. 

Hiatus  :  A  I  ora  MI  j6.  >{,  pola  |  ora  III  626.  7,  na  |  ora  I  i2{. 
\6,  da  1  onrra  I  48J.  5,  nessa  |  ora  II  1 16.  2},  esta  ]  ora  II  167.  16, 
III  402.  ],  419.  8,  aquesta  |  ora  II  18.  2(,  nesla  |  obra  I  287.  6, 
esta  1  honrra  I  ^98.  14,  desta  |  orta  III  492.  24,  esta  |  orfSa  UI  jjo. 
20,  22,  aquela  |  ora  III  ^09.  6,  outra  ]  ora  I  277.  27,  toda  |  ora  UI  j. 
ai,  todo  I  ora  t  loj.  lô  avec  assimilation  de  l'atone,  hûa  |  ora  111 
{84.  3,  612.  39,  atgCa  I  ora  d'um  dia  III  544.  4,  em  bo  |  ora  I  xj^. 
2,  cada  I  ora  (tr^  f^uent},  nunca  |  ora  minha  dor  |  de  vos  me  pode 
apartar  III  {91.  36,  na  brava  |  ondall  {61.  2  j,  faça  1  ondasda  rribeira 
Il  ï94'  9f  "^  i*^*  I  '^^^^  1^"^  '^'"i  '22.  ?{,  na  mesa  |  onde  comemos 
I  441.  37,  para  |  onde  nomno  sscy  I  461.  f,  vejo  vir  a  ]  olho  a  morte 
H  164.  9,  parece  c'a  oiho  cre<;em  III  49^  12,  ho  mana,  |  ho  prima 
minha  II  14.  }4,  où  la  pause  iusiifie  la  conservation  de  U  voyelle  atone. 


PHONOLOGIE  SYSTArTiQUE  DU  Cjiitiontiro  gérai  iu 

Ûnid'autres  cas  en  partie  tout  pareiLs,  on  trouve  l'assimilation  de  l'atone 
lbtonii]ae  et  la  contraction  des  deux  voyelles  en  à,  ce  que  l'orthographe 
Knur^ue  pjs  toujours  :  d'onde  bat'  3.._,ondn  quebrada  M  ;lS;.  j,  voss 
obnllI6;i.  iS^est  orfSa  (Il  JH-  >9>  ne^ora  I  isouventi,  logo^essora 
ini6[. 3S, 6oi.  <|,  naquela^.OTallI  }86.  23,  naquelora  M  2}).  i,  i}8. 
17, 561.  II.  hùa^^/>ra  II  210.  12,  III  n^-  '6.  hûo  ora  I)  46$.  26, 
4^6. 7,  d'ordinaire  huû  ora  ou  hûora,  dans  un  grand  nombre  de  pas- 
agst,  algSu  ora  ou  algû  ora,  tris  souvent,  nenhù  ora  III  1.  1 1 ,  6.  9, 
6m. i, ouïra _oraIJI  269.  1  i,ouiro  _oralI  418.  4,ouirora  (souvent); 
1>^  ora  est  devenu  successivement  :  bdo  ora,  boora^  bora  :  na  boa  _  ora 
CBobon  dia  I  267.  ij,  0  triste  u  boora  vos  hy  "  II  ;8â.  lo,  embooni 
llf.  Il,  1 10.  4,  jio.  20,  etc.,  embora  U  444.  ;,  562.  ij,  etc.,  cada 
raonlil  8.  t,  10.  31,  cadora  (rare)  Il  ^07.  20,  III  2.  1,  {9  c.  \; 
JM*:jora  vedes  III  507.  54,  j  semble  avoir  perdu  son  accent;  cf. 
Jûartryeys  algù  ora  II  (,  jS,  cuydando  no  que  jovy  (=  ji  ouvi|  vos 
Il  172. 17.  La  même  assimilation  et  contraction  a  lieu  dans  les  vers 
»nnu  :  quem  achar  damo  0  escuro  1  149.  19,  que  cansso  omem 
^^war  II  467.  8,  e  fie  omemenguanado  II  182.  8,  Rebolo  qu'and  00 
w^ejUI  6j2.  8,  nuDca  oolho  [=  a  olho)  vos  vera  II  441.  7,  deyx'oo- 
^i=iboï2$  'a  bom  tempo"'  buum  boni  dytado  I  99.  2},  par  omem 
ntfctrovar  III  21S.  10,  passages  qui  indiquent  coiome  ceux-ci  doivent 
fculus  :  day  me  là  ligua  0  poricyro  I  464.  10,  d/i  irJsteza^o  cora- 
ç»  Il  263.  ta,  de  nobreza^_,oos  que  os  irazem  II  ly^.  :?,  nom  dès 
■«pena^^o  sentido  II  40Î.  22,  estar  ela^^oo  cavalguar  H  480.  26, 
c<faygoarda,^oo  pousaddro  lll  249.  10,  daa  gram  pena_oos  cora- 
Ç*«IIIj8s.  I},  que  me  chega__.ocoraçam  1  ij.  9,  em  qu'eslava_oo 
xAejTO  II  424.  16,  Day  ora^oo  dcmo  ta!  manha  II!  lôi.  1. 

12. 11  +  0. 


:  rta  |  oferla  I  269.  (4,  minha  |  openiam  I  i66.  20,  282. 
<8,[niiiha  |  orelha  I  ^67.  19,  tanta  {  onestidade  I  2;6.  ï,  nympha  | 
"Orrada  II  j{8.  26,  lynda,  |  onesta  fegura  I  7.  j,  c'assy  ^zia  |  0  filho  I 
H'i-ih  c'asy  compra  ;  0  sesudo  l  i{2.  r.ordena  |  0  duque  II  284.  4, 
'>*Kiofna  I  0  guanhado  M  474.  4,  quantas  arma  |  0  diabo  II  jiy. 
)2,Af]nina  I  o  gram  monarqua  III  129.  1  ^ ,  que  nam  lembra  |  0  rryram 
"  Mt.  22.  Era  I  0  cantar,  senhor,  |j  mais  forte  do  quecuideyill  90.  j, 
''ttbça  0  fundamento  lll  307.  1  {,  Poys  se  prova  |  o  que  dygo  II  1 12. 
■Upagiia  I  oque  devc  II  {}8.  j:,  olha  I  0  que  te  dirio  II  {6).  17, 
9>lera  I  0  que  fedia  III  249.  8,  S'a  Senhora  |  0  julgara  1  |.  24.  Le 
CutuMiuo  Sfrat  offre  encore  de  nombreux  passages  où  j  et  para  ne 
'■■nitem  pas  diphtongue  avec  l'anicle  :  a  |  0  portai  da  ermyda  I  269. 


3t4  '-   CORNU 

28,  me  toma  a  |  0  meit  mesire  I  }84.  1  j»  A  |  0  lerapo  que  rrcpousam 
Il  237.  t6,  A  l  0  senhor  duque  II  28{.  17,  D'Abiil  a  j  os  onze  dias  I 
178.  6,  A  t  os  nobr»  sem  dynhejros  I  19;.  ji*  ^  |  os  présentes 
espanta  234.  ib,  que  fani  |  a  |  oquelem  J  144.  14,  que  chegue  |  a  |  0 
que  sento  II  $91.  14,  que  days  a  [  os  que  prendeys  II  {46.  35,  avoou 
pcra  I  0  cham  III  200.  30,  Fera  }  os  arcs  corrutos  I  180.  1  {,  Pera  |  os 
descsperados  II  34.  14,  Fera  |  os  maies  II  420.  1  ;  ca  |  0  que  a  nos 
matou  I  7-  28,  ca  |  0  guabar  l  160,  19,  ca  |  o  mal  que  m'adoeçe  I 
{39.  3,  coma  I  o  fogo  que  lyro  I  86.  ^  1,  mas  poys  ventura  |  ordena  III 
{79.  34.  poys  vos  era  ]  ordenado  III  $19.  31.  Plus  souvent  d  et  0 
donnent  une  diphtongue  syntactique  :  a  minha^opynyam  II  iii,  j, 
tua^^ordenança  II  3$2.  24.  sua^^opcnyam  I)  143.  36,  III  )0{.  17, 
vos$a_opcniam  II  419.  14,  4)8.  27,  de$ta,^openÎ3m  III  {6).  30,  hOa 
,^ovclha  II  290.  38,  hûa^ordenaçam  il  49^.  i,  outra_openyam  I  76- 
lî,  em  estrcyta_obnguaçam  I  jg,  ji,  e  vos  senhora^obriguada  I 
J78.  10,  chacnar  pena^o  sospirar  I  48.  3).  que  perd'a  rrou^o  a»- 

sayro  I  1S7.  1  j.  que  demosira ^0  mal  que  lem  I  pt.   t },  que  Iho  sin- 

ta__o  coraçam  II  114.  7,  e  pois  s'acaba_o  prazcr  11  lio.  7,  mas 
quando  me  torna_o  vcnio  II  Î96.  7,  que  me  pree$ta„o  saber  meu  ? 

II  4^8.  3,  nam  vos  lembra  _o  mal  passado  III  }ji~  30,  Fica 0  mundo 

desiroydo  III  417.  i,  era_o  ar  tudo  cuberto  II  328.  26,  este  era_o 
filbo  meîlo  III  104.  1;,  nom  tinha_o  coraçâo  quedo  II  }8o.  8,  quer 
seja.o  sol  escondido  II  ^94.  21,  que  Ihenam  faleça^o  ar  III  3J9.  24, 
e  que  aguora^o  mar  te  digua  M  40  j.  36,  deyxe  fora_o  cora^m  II 
5}^.  10,  nunca_o  joguo  se  guanhoa  II  47).  10,  cada  hûa^o  que 
deseja  III  657.  13,  que  sua  dama_o  sayba^o  çerto  I  98.  3a,  de  ven- 
tura_o  achareys  II  16}.  1,  porque  de  guisa_o  tratara  III  38{.  34,  de 
tal  maneyra,^^  achey  11  420.  9,  vendo  que  nada_os  condena  III  191, 
I7j  Faça  d'ela_o  que  quiser  III  jji.   18,  nestâ  tristesa^os  busquey 

III  (68.  î,  scndo  mona^^o  fezpor  ley  III  ôij.  30,  fiça_oqueme  vyr 
fazer  II  474.  9,  ou  s'aconteça^o  que  temo  II  199.  16,  que  me  quey- 
ra_o  que  Ihe  quero  II  40J.  jo,  e  agora_o  faz  jazer  II  j66.  8,  ayn- 
da_o  as  d'amarguar  III  276.  36,  nunca,_o  louvaes  I  }8j.  7,  nunca,^ 
eu  tal  vy  II  3j.  10,  Nunca^^  leyxo  d'abraçar  II,  jgS.  29.  nunca_ot 
lays  vya  ninguem  III  {63.  36.  Le  datif  de  l'artkle  \ao\  compte  ordi* 
nairemeni  pour  une  syllabe,  psra  et  l'article  ou  le  pronom  font  deux 

syllabes  :  pera_o  quai  vos  dou  poder  I  4.  7,  pera o  mays  arra- 

piardcs  I  36.  27,  pera_o  eu  déterminai  I  71.  îo,  e  vida  pera^os 
sofTrer  II  4^1.  9,  pera_os  mâles  que  quysesles  lll  7}.  36,  e  vay 
comra^o  padre  sanio  II  jj**-  23,  conira^o  qu'  esie  ssenhor  diz 
lll  297.  it,  contra^^bo  imiguo  II  398.  34,  coma_o  meu  e  tam 
inteyro  lll  224.   1,  e  ser  tudo  coma^o  vosso  lll   (91.   i3,  vo»a 


I 


1 


I 

I 

i 


PHOKOLOCIE  iYKTACTIQtlK    DU    CiWCiontirO  gtrat  2JJ 

(roDMurïoolhar  I  îîg.  a,  qoero,  senhora^^ordcnar  m  no-  •?.  se 
foottdï^ofereçer  tlt  ^90.  8,  hora,_,olhay  ess'  apodar  Ml  6^4.  4, 
mmaj  doçe  pera_olhar  III  226.  [o.  mais  ces  combinaisons  éiaiem 
pEOi-tee  sascepiibles  d'une  auire  prononciation,  car  souvent  il  y  a  assi- 
ailttion  de  Va  A  l'o  avec  contraction  en  un  o  ouvert,  qui  est  au  xvi*  siècle 
MMnm  iiian)ué  par  00  :  qu'aveys  por  vido  enguano  Ml  426.  15, 
poeque  m  cumproo  desejo  I  lit.  1  j ,  tragoo  cabo  I  1 46.  5 .  sejoo  par 
fx^afccbar  1  1  {6.  13,  queyro  sua  senhoria  l  i6j.  }{,  scjoo  galante 
TpoteaK  I  z^x.  24,  vejoo  eu  antes  d'um  anno  I  2^.  4,  dyguoo  Alvaro 
ifeBriu  1  277.  8,  que  nuum  amingo  0  poder  I)  e  noutra  0  conssentyr  II 
109.  {,  diveroo  de  ser  tambem  II  {66.  i  { ,  cada  hum  dygoo  que  quyser 
III  î7. 9,  sejoo  moor  que  Ihe  façays  III  98.  19,  Dyguoo  conde  de  Ten- 
dUalll  14;.  2g,  poys  d'y  se  ganhoo  folguar  III  188.  t6,  lenhoo  laa 
<|Kso  tever  III  ^19.  6,  sejoo  tormento  mays  mansso  III  415.  6,  que 
uoof  omens  per  força  III  577.  iv,  que  nam  synto  coraçam  III  {77. 
M.  vejo  que  fez  esta  dama  Ml  6t6.  8.  mas  nunquo  vy  sem  começo  11 
^i  SI,  que  the  descobre  horelha  U  290,  2f ,  Dcu  vos  deos  mayor 
ubea  que  nunca  deu  oorador  ni  15;.  4.  Le  datif  de  1  article  et  du 
pnnoiD  est  souvent  00  (<?)  ',  et  parao  est  devenu  pjroo  on  para,  surtout 
^  des  combinaisons  fréquentes  dans  le  discours;  Garcia  de  Resende 
faite  et  01;  00  cuydado,  00  partyr,  00  marido,  0  coraçam,  0  pa^o. 
!•  dos»,  00s  olhos,  00s  domingos.  00s  Mouros,  Ho  diabo  dou  taes 
fisBiii  481.  1  î,  Dou  00  decmo  vossos  fcytos  IH  32 î-  2^,  Day  m'oo 
fJttnoque  me  levé  II  478.  14,  homenos  nam  sentirey  M  1.6,  ^29.  5, 
lokmguo  do  rrio  II  28).  18,  00  pee  d'um  casieb  herguido  II  {70.  29, 
T^nipresSes  os  culpados,  os  <;eguos  das  crarydade  II  252.  17  et  [8, 
aa'yrey  04  pes  del  rrey  MI  2^7.  24,  hos  coelhos  e  ve^idos  III  649. 
^qne  00  que  nam  sey  começo  II  10.  1  ],  ho  que  quer  minha  vontade 
1)206.  4,  oûs  que  fostes  no  matar  III  281.  22,  darem  mootes  00$  de 
fcnlll  Î04.  21,  peroo  cuydado  I  47.  12,  peroo  paçosc  mutar  I  147. 
9iperooauio  do  gynete  I  1(4.  10,  tornando  peroo  casai  !  2î8-  26, 
Wo  hé  Mouros  de  Crada  paroo  modo  que  levamos  II  ^oo.  jo,  paroo 
l*prda  guaryda  I  277.  10,  peroo  qu'aves  de  sofrer  1  ^19.  20,  paro 
•oïder  II  i^i.  26,  paros  deserios  fugya  M  20).  ti,  peros  dessa  ley 
Itpiro  pidindo  11  28^.  18,  guavyâes  paro  invemo  H  299.   18,  poro 


*■  Cf.  FeniaA  d'Oliveira,  Cramriûticâ  di  Uagua^tm  poitugeca  1 1  { ;<J),  p.  1 00 
•  "édition  d'Oporto  :  •  ...  os  artigos  na  nosu  lingua  diversificaô  on  variaô  a 
•Wï  «le  sua  voz  en  generot  :  numéros  e  ciîos.  Em  genetot  como  .o-  e.  4.  e 
'Uneroc  como  .os.  e.  as.  e  etn  casos  como  .0.  .do.  .00.  .0.  .a  da.  .aa.  a  : 
-•.  ioi.  .ooï.  ,ot  :  .as.  .das.  .aas.  .aï.  •  —  P.  loi  :  ■  mas  no  lerceiro  caso  a 
f"  noi  c  os  latinos  chamamos  .dativo.  acabaO  os  masculinos  i.  0.  grade  e  os 
«niaoi  em.  a.  grande.  *  —  Mais  il  écrit  Ini-mtme  presque  loujours  ao  et  ws. 


2(6  "^^^^^       i.  COBKU 

qu'ave}-s  de  saber  [l  5J0.  18,  com'eu  fuy  paros  $of&er  M  $)i.  6,  hé 
nada  paro  que  vemos  III  4$.  zi,  ncm  tcnho  olhos  p^ro  ver  Ht  6t.  I9, 
para  sabcr  m  72.  14,  etc.,  contraocuy-dar  I  4^  24,  coniroo  cuydado 
I  71.  8,  77.  4,  comroo  MSpirar  1  79.  24,  controo  triste  castelâo  I  2^5. 
19,  coniroos  deoses  tam  ousado  II  4J4.  23,  contro  triste  sospjrar  1  1 1 . 
35,  coiuro  cuydado  I  18.  ij,  2).  5,  os  Crisi3os  coniros  Judeus  1 
440.  22,  0  lipre  contro  ténor  EU  Sj.  l,  que  fordes  controo  que  sygo  1 
ti.  17,  no  que  dJz  controo  que  digo  II  iij.  27.  Apris  le  compa- 
ratif, les  anciens  textes  se  servent  de  ijua,  ca  {quam),  dont  il  y  a  un 
certain  nombre  d'exemples  dans  le  Canâcnetrc  gérai  et  qui,  cotnbiné 
avec  Tarticlc  ou  le  pronom,  fait  /juoo  ou  coo  (^iw,  co)  :  Nam  quero 
mayor  vinganca  coo  chacnar  :  minha  molher  I  2}  1 .  2,  qu'ee  milbor  0 
meu  coo  vosso  I  2^8.  10,  nem  omem  mais  aviltadoljcou  c'algûas  vezes 
mente  I  {97.  }8,  nem  omem  mais  esforçado  coo  vençedor  da  vonlade  I 
398.  8^  vos  farey  juras  tartas,  que  vos  byeis  mais  basiardo  coo  vosso 
sayo  de  martas  il  27.  8,  tardaria  mais  quoo  meu  II  494.  i2,hiseucon- 
selho  milhorll  quoo  que  t'estoutros  darâo  II  565.  20,  que  sem  duvida 
foy  mayor  quoo  qu'ecn  Tanger  elevey  Ht  89.  8,  tem  mais  mangas  coo 
Ssanpayo  III  216.  8,  mais  bravo  coo  d'um  tyam  tll  299.  4,  que  mays 
val  hum  desengano  ...  quoos  enganos  de  prazer  111  )  14.  18.  Dans  les 
vers  :  muyto  moor  co  galarim  I  44.  },  e  cada  dya  avorre^a  |I  a  vyda 
mays  quo  morrer  1  179.  27,  mais  teal  co  mesmo  Mouro  III  399.  {, 
outro  mal  mayor  quo  seu  111  460.  4,  il  est  difficile  de  savoir  s'il  y  a 
tfoa  ou  qae.  Trois  ou  quatre  fois  on  trouve  la  graphie  ou  que  i'ai  rencon- 
trée au  lieu  de  ao  dans  des  textes  plus  anciens  ;  hyr  ou  fundo  il  )38.  2 1 , 
anles  vam  ou  guabrim  III  ;42.  t6,  parou  c'aves  b  de  ter  III  412.  1  j, 
da  banda  qu'ee  controu  sul  II  ^67.  9,  mas  lam  pouco  m'aproveiia  J| 
catalo  comou  dizer  Ml  424.  21,  cité  sous  0  -j-  0. 

!}.(*  + a. 

Hi  (art.j  I  umana  jenle  II  347,  9,  que  me  dà  (  hum  homen  reylô" 
II]  22c;».  22,  Antre  vos  hd  |  hOa  dama  111  {48.  8. 

14.  a  +  à. 

E  de  quem  per  ella  |  husa  II  f  J4.  22,  0  que  desia  manha  (  usa  1  II 
268.  16,  cada  I  huum,  cada  [  huûa,  qui  revient  souvent,  offre  loujours 
le  hiatus,  excepté  dans  un  exemple  isolé  :  cada_hum  dygoo  que  quy- 
ser  111  57.  9,  mais  ce  vers  peut  et  doit,  comme  je  crois,  être  mesuré 
autrement.  Voir  Proparoxytont. 

Hiatus  :  ereys  divina  i  umana  I  247.  ij,  que  hé.  senhon,  |  bnm 


PHONOLOGIE  SYNTACTiQur.  DU  Cancmùro  gérai  ryj 

Ijnl  II.  {,  se  calça  |  buum  pce  I  i  {7.  3],  do  ^uc  leva  {  buum  lenor 
I116.  17,  me  lembra  |  hûa  que  fiz  III  631.  1;,  a  |  huum  cabo  I  ijâ. 
L  Ha»  CCS  hiatus  sont  exceptionnels  ;  il  y  a  contraction  et  diphtongue 
t}i(Mi)()ue  dans  :  da^charia  III  141.  1;,  aa  vida_humanal  1! 
\S\.  1.  Nunca.^usey  cm  meu  latente  I  451.  21  ;  hum  s'unit  dans  de 
noBbreDses  combinaisons  au  mot  précédent  :  nûa  mula_ûas  esporas 
1111^7.  2S,  desejeys  ncla_  hûa  dama  III  ^91.  20,  c  por  tocha_hum 
^tj^am  m  644.  9,  que  nam  (enha  ._hûo  ora  boa  II  466.  7,  cada 
Kt  liiiÇa_hum  pedido  Ml  341.  20,  Aquy  anda^hutn  capelào  \X\ 
sSf  1,  caro  custa_hum  desenguano  IJl  J42.  2,  e  que  seja^hum 
poooovdho  III  661.  ij,  a_hûa  triste  noytc  escura  I  24;.  ij,  direm 
ioi)Oia_hûa  mîo  III  2S5.  10,  as  pernas  pera_hûa  dama  11!  266.  36, 

jiiefejf  pera_hum  luguar  III  ^44.  6,  qu'a  de  fora huns  coniadores 

IIJ24.  6,  nonca^hQ  ora  corn' arroz  III  241.  4. 

HiilUï  ;  hé  I  escosâdo  i  440.  7,  hé  \  el  rrey  emportunado  II]  583. 
7.^Aain  ponho  pce  l  em  châo  II  iS^.  32,  hé  |  em  fazer  bom  valado 
'118.4.  Une  fois  nous  rencontrons  [3  contraaion  des  deux  voyelles  ; 
dciidalgo  téscudeiro  III  411.  8. 

17.  e^  é. 

HiitDi  :  grande  |  erro  nam  1er  fé  Ili  149.  7,  Mas  a  morte  {  hé 
fet^ida  i  J7Û.  19,  A  vontade  |  hé  conirayra  1  48^.  G,  se  vcrdade  |  hé 
ùtBOTi  m  612.  12,  trisie  I  hé  meu  coracam  11  175.  12,  0  mays  forte] 
houar  tll  iSj.  7,  mas  este  |  hé  d'ambos  nosso  II  170.  10,  Este  i  hé 
■tapareçer  III  68.  },  Esse  |  hé  0  meu  crusado  III  488.  17,  que  nam 
fib*  I  esta  jenle  III  157.  [8,  porquc  sempre  I  estes  tays  I  152.  3i, 
Pffc'as  bestas  seic  |  eram  II  jjô.  i.  Esse  |  homemdonde  |  îié  III  489. 
i.Doade  [  hé  ta!  carantonha  III  508.  ;2,  que  tam  lonje  |  es  présente  I 
lit-  {.  Dans  d'autres  combinaisons  pareilles  à  cettes-ci,  les  deux 
*«jîlles  ne  forment  qu'une  syllabe  :  cstc_hé  0  m.iis  mao  rrapaz  Ili 
tSo.  6,  se  «rdade^^hé  que  nest'  ano  11  ^73.  ij,  pays  dclcyte  _hé 
^««r  I  41-  6,  sempre_hé  I  282.  2^,  quem  vos  trouxe_cs(a  qucsiam 
'  î?.  28,  nam  me  maie_e$ta  iristura  II  174.  25,  sobre _esie  feyto  I 
}i  16.  Souvent  b  Yoyelle  alone  est  supprimée  :  est'erro  11  $90.  3, 
tB'te  0  muy  alto  II  348.  11,  est'ee  dom  Vasquo  da  Gama  II  ^72.  8, 
Œ'ee  0  mal  vcrdadeyro  Ml  4Î8.  17,  ncm  sscy  ond'ecmorador  III  48g. 
îi.  tsse  ventû  ond'cra  entam  ?  M  187.  14,  farlh'es  cVm  espanio  tome 
'  19-  ï8,  eu  nam  scy  ond'ele  vive  III  489.  18,  enlr'essa  jenle  II  5$i. 
iT,aQtr'eles  III  {58.  1 1,  sobr'esta  perrya  nossa  I  1 1 .  8,  sobr*  este  caso 
''}■  ij.sobr'etia  I  i^o.  ji,  etc. 


'2j8  J.   CORNU 

i8.  e  +  e. 

Le  hiatus  est  rare  :  o  prinçepe  ]  excelente  I  46J.  lo,  D'outra  pute 
I  esperança  II  68.  2,  depois  que  nele  |  entrey  I  440.  5,  como  pode  l 
esperar  II  iij.  8,  eu  podesse  1  esqueçervos  II  126.  2s,quem  vos  vysie 
I  estroydas  II  ;[o.  21,  namno  pode  ]  encobrir  III  610.  [7,  logo  triste  i 
em  vos  verl  ^48.  i o,  nem  verdade  |  em  terçeyra  II 1 19.  19,  golpe  |  em 
vida  perdida  III  417.  26,  se  nam  naçesie  |  em  Fez  III  253.  2,  Açende 

I  em  framas  vyvas  III  )82.  2,  onde  |  em  brasas  ardemos  I  87.  2{, 
sempre  |  em  cousas  mundanas  H  540.  20,  sempre  l  em  quanto  vyver 
III  401.  {■},  que  soomente  |  em  vos  ver  I  224.  ij,  madré  |  e  filha  I 
248.  j.  D'ordinaire  les  deux  e  ne  forment  qu'une  syllabe  :  este^_,*s- 
crito  I  167.  17,  deste^engano  in  578.  19,  grande^error  I  81.  14, 
grande^_^estremo  I  182.  19,  grande^^enxerto  III  630.  16,  noyte^^ 
escura  III  498.  jo,  poys  nunca  tyve^^esperança  I  119.  i,  nam 
sofre^^estalagem  I  IÎ7.  jo,  per  antigua  posse^^^estar  I  41.  ij, 
honde,_,esté  seguramente  I  219.  22,  sempre^^estaa  no  coraçam  I  100. 
29,  hé  erege^_^em  nossa  fee  1  J2.  4,  falc^em  vos  nam  desfazendo  I 
226.  21.  Souvent  aussi  il  y  a  élision  :  est'  encareçer  III  47.  16, 
dest'  embaraço  III  270.  4,  grand'  enguano  III  $41.  ;,  verdescuro  I  62. 
25,  II  289.  1 1,  hé  meu  mal  trist*  encuberto  I  122.  28,  pod'estarl  129. 
29,  dae  com  el'  em  outra  feyra  1  )o.  2,  pod'  em  bem  e  mal  estar  I  66. 
25,  sobr*  esperança  perdida  I  67.  ij,  sempr*  em  çima  I  15;.  30,  srâi- 
pr'  em  vinha  I  256.  7,  sempr'  em  vos,  meu  bem,  cuidando  1  IS7-  ^^i 
)â  desd'  entam  II  67.  22. 

19.  é  +  a. 

Hiatus  :  hé  I  a  pena  I  122.  24,  vossa  mercè  |  as  comprenda  I  64. 
■  9^  que  vos  hé  |  aparelhado  1  88.  5,  hé  |  a  eletam  estranho  III  564.  2), 
se  I  agora  piadosa  I  94.  ; ,  vé  {  agora  I  48.  2  [ ,  e  d'aqui  tee  [  a  Batalha 
III  99.  [I.  A  c6té  du  hiatus  il  y  a  plusieurs  exemples  dans  lesquels/ 
et  a  se  contractent  en  ee,  mais  l'orthographe  ne  marque  pas  toujours 
cette  contraction,  qui  a  lieu  aussi  dans  le  corps  des  mots  :  Tristee 
minha  (^  é  a  minha]  pela  vossa  II  175.  i },  estee  a  graça  que  Ihe  fyca 
If  J15.  2),  porquee  azedo  como  fel  II  162.  22,  vossa  mercé  héatalhada 

II  ^87.  2,  mais  ces  deux  passages  ne  sont  pas  assurés,  voir  Propa- 
roxytons et  Pronoms  possessifs  ;  quai  héquela  cousa  que  nunca  se  vyo 
II  156.  },  Pera  queequy  rresponder  III  jjj.  14,  peraqueequy  procé- 
der III  {5;.  16,  em  todas  té  derradeira  I  23;.  6,  servidor  tee  derra- 
deyra  III  70.  9  [cf.  tud'ee  vcnto  aa  derradeira  III  283.  21),  té  vynda  de 
Jesu  Cristo  II  169.   10,  estar  sem  elle  atee  fym  II  40}.  ij,  m'3o  de 


PHOHOtociE  SYffTACTiQLiF.  OU  Cancioneko  gtrai  259 

wiiuyT liée lyin  III  );û.  t,  tee  minha  ^  II  ji?.  }o,  }H-  i>,atee 
aorte iKfanun  ||  esta  triste  companliya  tl  j)i.  11,  meus  dias  ...  seram 
Kopreliïiymados  até  mone  III  pï.  25,  ntinca  lee  morte  foy  frio  III 
617.  n,  aiee  somana  acabada  III  170.  {,  atees  quynas  devynaea  tl 
119. 1}.  aieequy  III  198.  8,  jy}.  î,  408.  4,  etc.,  atéquy  II  408.  jj, 
fTO,  i,  III  60.  3t,  etc.,  tcequy  I  2ji.  19,  téquy  111  i8{.  13,  5^9.  1, 
ifecgon  t  466.  33,  III  46.  3,  406.  4,  atégora  I  486.  ■{,  II  60.  j, 
»7-7ietc.,  deniSo  leegora  III  407.  12. 

Kbits  :  este  ]  ano  II  489.  14,  III  6jo.  t6,  sam  scie  I  STinos 
psxlol  }48.  I,  Mas  ond' ele  |  anda  mansso  I  8.  16,  verdade  |  n  de 
'imu  I  j6.  10,  OQ  quem  pode  {  ail  nour  I  76.  3ç>,  Ja  vos  nam  faie^ 
jillll  100.  17,  Nunca  pude  [  al  fazer  III  4)1-  }•  honde  |  hi  vil  con- 
dijut  II  f;fi.  10,  onde  |  hâ  ynlyndo  sa!  lit  j  14.  16.  Dans  d'autres 
P*ttigef  en  partie  pareils  à  ceux-ci,  nous  rencontrons  l'éllsion  :  Lop'  Al- 
V'iru  [Je  Mûura  III  174.  19,  dest'anoli  ){{.  12,  daquesi'  ano  III 
"6- 14,  seeie^anos  hà  que  deiydo  II  408.  iï.  averaa  dezanov'  anos 
"  iS;.  r,  vînt*  3no5  III  296.  7,  0  navyo  pend*  i  banda  I  114.  6, 
on^adieta)  fennosura  tl  167.  28,  sempr'  aarde  i  )72,  2}. 


31.  f  +  a. 

9JMBS  :  dessc  |  aleeo  I  16).  3i,  grande  \  atcgria  J  299.  11,  III 
loi.  33,  grande  )  alquemisia  I  ;97.  8,  grande  |  afeyçam  H  11 1.  26, 
firndel  agudeza  II  ^42.  8.  grande  |  arroido  III  16^.  l6,  grande|apa- 
ivlboiti  218.  9,  nossa  firme  |  afeyçam  II  1  ^1.  9.  seu  lopeie  |  atoucado 
'  'il- 19.  porque  olhe  i  a  padeyra  I  16c.  2j,  que  se  deve  |  ha  mesura 
'39S.  Il,  e  vede  |  a  vaydade  III  4^6.  7,  donde  |  a  terra  tomada  11 
|ii-é,  negua  sempre  |  a  verdnde  I  3 18.  9,  tende  |  a  bem  emcrespada 
IN  Mo.  10,  sempre  |  a  iragua  na  maolll  117-  17,  e  por  elle  I  allegado 
I  |ï.  2f,  e  d'ele  I  avorreçido  II  iji.  12,  d'emro  nele  |  acharas  l  82. 
ItAcmpode  I  amor  sem  arte  II  m.  39,  onde  soube  |  açcnar  It  }8. 
'IJW  disse  :  I  avey,  Senhor  III  618.  39,  senbora,  disse  |  assy  I  476. 
^ij  Monde  t  achsrâo  folguança  II  67.  i},  Ando  sempre  1  acupado  III 
J?»  doïe.^*anle  |  açenemos  III  10.  1,  por  elle  |  a  maravilha  I 

34,  por  dar  mate  |  a  Castilha  I  1^5.  i  ^ ,  morte  t  a  huum  servidor  I 
)Ï7  II,  dais  toque  |  a  Çepiam  H  6;.  1,  oolhe  \  a  que  Ih  eu  dysser  III 
14- 1,  J9,  II,  como  compre  {  ha  don7.e[a  I  143.  32,  cm  que  cre^  (  * 
"Kvde  m  ^7).  6,  qua  andar  antre  |  a  jenie  )  3  19.  I3,  qu'antre  |  as  de 
«yi estima  11  576.  17,  Tras  bedem  antre  I  arçam  II  jjo.  j.tnaysvivo 
"bfelatefra  II  (2.  j,  sobre  |  as  da  Gama  en  fundo  II  )72.  2,  veni 


200  i-   CORNU 

sobre  |  amor  verdade  I  66.  lo.  Beaucoup  plus  souvent  les  deux 
voyelles  ne  forment  qu'une  syllabe,  et  il  y  avait  probablement,  dans  la 
plupart  des  cas,  élision  de  la  première  voyelle  atone  :  grande_acata- 

menio  I  95.  17,  grande._^myguo  III  îs4.  7,  grande alegria  III  470. 

22,  grande^^fronta  III  47r.  1  j,  triste_amador  I  6.  j,  57.  11,  sete^ 
avisamentos  I  47Î.  4,  o  duque^_^Alberto  I  274.  jj,  mestre_Antonyo 
in  jjS-  2î,  do  I  ifante^^^Anrrique  III  465.  24,  poys  vay  da  verdade^^ 
avesso  I  77.  {,  nesa  parte^_,algûa  grosa  I  8j.  ;o,  a  vime^_^  gualinha  I 
I  j6.  2 1 ,  a  treze,_,a  çevada  I  1 J7.  4,  que  pague^^^^  custas  em  dobro  I 
79.  25,  vûssa  sola  crye,^a  terra  I  269.  24,  onde_a  pena  rauy  crecyda 
I  Î17.  19,  onde,_^s  oras  I  îjô.  22,  e  dura  sempre^a  trestura  I  400. 
II,  sobre_a  terra  I  1 57.  1,  ca  sse  vos  ele_apertasse  I  8.  25,  ouve_, 

aquisto  por  emmenda  I  124.  8,  ponde açiprestes  e  palmas  I  269.  ), 

quem  tyvese^alguum  lugar  I  85.  6,  antremete  alguum  favor  I  98.  10, 
e  porem  sede^_^avysado  1 17.  4,  esta  se  deve,^adorar  I  489.  1 5,  onde,^ 
amor  nam  se  desmande  1)8].  20,  que  digays  que  deyte„alonge  I  41. 
ji,  ande  sempre_.alvoroçado  1  ijj.  16,  Vyseu  jâtarde_acodyo  I  141. 
17,  d'oje^^vante  III  292.  n,  d'oje_a  mays  III  29.  1,  585.  14,  de 
monte  a  monte  III  270.  19,  645.  21,  de  verde^_^  verde  III  64s-  i?- 
L'a  est  devenu  e  dans  :  ee  todos  dereyto  guarda  I  jo.  24,  a  creçer 
hévorreçer  III  412.  7.  Voir  e. 

Fréquemment  aussi  Ve  est  supprimé  :  ess'  apodar  III  6j4.  4, 
est'  arreyo  III  21}.  20,  est'  avyso  III  j  26.  11,  dest'  amiguo  III  547.  24, 
gramd' aparato  I  170.  it.ogrand*  amor  III  518.  11,  619.  16,  von- 
îad'  alhea  III  jio.  10,  Anrriqu'  Almeida  III  1  jo.  20,  soub'  a  verdade 
(i™  pers.)  I  121.  8,  que  0  nam  consent'  amor  III  577.  25,  cab'  aquy  1 
27.  I  ;,  nos  vingu'  a  nos  I  256.  12,  os  vejo  sempr'  acordados  I  18.  22, 
antr'  as  damas  III  i;j.  20,  antr'  as  molheres  mais  dîna  I  24J.  i}, 
entr'  as  cativas  Troiâas  M  jjj.  j),  contente  sobr'  agravado  I  78.  }o, 
fim  d'Abril  III  260.  1 1,  d'ahy  I  470.  i  s,  d'aquy  III  s  10.  20,  d'aguora 
III  }.  I,  desd'a  ora  que  vos  vy  I  J62.  ij,  desd'aquy  III  4;9.  20, 
desd'agora  m  2.  20,  6.  1 1^  6$8.  2  j,  doj'avame  II  25.  2$.  Voir  De. 

22.  é  +  i. 
Fee  I  inteira  II  172.  5,  III  280.  1 1,  hé  |  igoal  do  sospirar  I  10.  10, 
hé  j  incuberto  I  89.  19,  coraee  ynçerto  II  169.  29. 

2}.  e  +  i. 

Hiatus  :  nam  pode  |  hyr  bem  a  mym  II  62.  18^  nem  pode,  [  tiinda 

que  queira  I  460.  22.  Êlîsion  ;  nam  sacude_ysso  0  pelejo  I  67.  26, 

mas  bem  sey  domd'  isto  vem  I  44.  1  j ,  Hond'  is  II  ;96.  2  j,  sobr'  isso 

m   15J.  2},  201.  6,  sobr'  Isto  I  253.   16,  fycays  d'y  honrrado  III 

Î24.  Î2. 


PHONOLOGIE  SYNTACTiQUE  OU  Cancione'iTO  gérai  261 

24-  '  +  '- 
Hiatus  :  Hé  guerra  grande   |  inteyra  III  27.  9.  Élision  :  est'  in- 
TemoIIjjô.  5 ,  ond' yrey  aqui  nem  fora  II   167.  27,  ond'yraa  quem 
dempane  II  167.  }o,  estes  omëes  donde^^yram  III  618.  1  j. 

25.  é^o. 

Hiatus  :  mas  a  dor  hé  |  0  cuydado  [45.  8,  quanto  hé  |  0  qu'eu 
lifiya  III  141.  16,  quem  v£  |  0  desemparo  I  462.  20,  vè  |  0  tempo  II 
19s-  ^^  deos  Ihe  d£  |  0  parayso  II  450.  9,  III  162.  25,  nem  vossa 
BKnii  [  oqueyra  I  69.  18,  vossa  merçé  |  0  emmende  II  i  j[.  2,  querè 
1 0  Tos  tall  I  I  î9.  jo,  este,^aviso  querè  |  0  :  rreçeo  !II  4 1  î .  11,  &zé 
I0IU47).  26,  49 j.  4,  trazé  I  0  III  494.  },  da  cabeça  atee  |  os  pees 
I  Hi-  %  da  pousada  tee  |  o  paço  III  ô6i .  8.  Dans  un  cas  unique,  i 
(ttt)  fwine  avec  l'article  une  diphtongue  syntactique  :  Estee^^o  cabo 
tobovores  III  21.  22,  mais  on  doit  peut-être  mesurer  ce  vers  autre- 
Wtt,  Toir  Proparoxytoas. 

26.  e  +  6. 

Hiatm  :  esse  |  horaem  III  488.  22,  489.  8.  16,  este  |  omem  III 
490- 10,  deste  |  orto  terreal  III  465 .  2,  Em  esta  présente  |  obra  I  1 56. 
I7i  cdisse  :  l  ho  mal  esquivo  II  20.  jo,  muyto  tarde  |  00  seraHo  II 
fij.  2,  floreçe  |  oje  este  dia  II  jôj.  i  j,  onde  |  ontem  foy  mostrada  III 
^f-  12.  Ailleurs  la  voyelle  atone  est  supprimée  :  est'  oomem  (est' 
"Wm)!!  183.  26,  III  228.  î,  24^  2,  490.  10,  em  fort' oral  21.  6,  25. 
ï9i  II 288.  ij,  m  s-  29,  267.  2,  Anrrique^^Oraem  III  642.  16, 
ot'ontem  II  J41.  17,  d'oje  II  440.  10,  d'ojavante  II  25.  25,  desd'oje 
BiJ)  II  }5J.  16,  III  {2.  1,  antr'  ovos  d'ema  III  241.  11. 

27.  e  +  o. 

Hiatus  :  hum  muy  grande  |  ortelam  III  491.  20,  byssete  |  0  ano  I 
>7o-  i.piadade  |  os  humanos  I  220.  2,  favoreçe  ]  ho  rroim  II  ;  jj.  24, 
^qoe  I  o  mays  por  dizer  III  266.  2,  Bem  disse  |  0  ssabedor  III 5 14.  ;  ;, 
'Bln  I  os  metaes  III  531.  17,  vem  sobre  [  0  consentyr  I  77.  30,  mas 
"Ne  I  0  rreçear  III  188.  6,  vysto  sobre  |  0  dereyto  1  96.  14,  onde  |  ho 
■ïyw  servir  II  465.  22,  donde  |  0  bem  esperey  III  j6o.  14,  tenha 
*Oapn  os  milhores  I  1  ;2.  20,  mays  santo  que  [  0  d'um  Mouro  III  299. 
M;  le  pronom  ne  se  contracte  pas  avec  le  verbe  :  Deve  [  0  primey- 
'UKnte  I  219.  19,  julgue  |  0  quem  0  bem  sente  il  71.  8,  que  m'ou- 
*7^  I  0  que  diguo  II  1 30.  i  j,  pague  j  o  em  sua  vida  II  i }  ï .  11,  que 
"Msabe  1  oquediz  II  538.  14,  Sabe  |  odissiraular  II 556.  27.  pode  |  0 
cnnatençam  III  20.  i7,evede  |  0  que  seraa  IM  170.  10,  e  pode  1  o 


2é2  J.   CORNU 

de  verdade  demandar  dona  Maria  111  286.  15,0  melhor  donde  |  o  soit 
I  300.  [4,  sempre  |  0  fuyill  406.  [2,  foy  mo  prinçepe  |  olhar  III  617..^ 
12,  vos  prouve  |  honrrar  M  251.  ji,  que  deos  pode  |  ordenar  III  4;{„ 
22.  Dans  d'autres  cas  les  deux  voyelles  ne  forment  qu'une  syllabe,  quC 
était  probablement  une  diphtongue   syntactîque  :    deste^^ofïiçio   III 
164.  9,  grande_,onor  I  gj.  8,  e  pos  eIe_o  esmayar  1  n.  3,  diz  por 
ele^_^o  graçioso  1  27.  17,  se  |  hé  este^^o  escrivam  I  218.   16,  que  os 

mate^^  sospirar  1  28.  10,  em  que  arde 0  coraçam  I  34.  2j,  toda 

sente_o  escrivam  [  37.  13,  entristeçe^^o  namorado  I  47.  34,  çese_o 
mal  que  nos  feria  I  6^.  14,  ou  se  quando  bate.^^  dente  I  143.  36, 
vos  escreve  0  ssy  por  nam  I  217.  16,  a  mym  goarde^^  Salvador 
m  154.  20,  se  me  descobre_o  mor  dano  III  542.  1,  rae  faleçe^o 
coraçam  m  600.  13,  fica  sempre^o  matador  I  $$.   18,  vysse_o  que 

determinava  I  33.  4,  nam  enxugue os  qu'aly  vam  I  220.  30,  ora  vede 

,^0  qu'aa  de  ser  NI  168.  8,  0  nome  0  diz  II  369.  37  (cf.  plus  haut  le 
traitement  du  pronom  0),  tod  esta  corte^^obrigastes  l\\  121.  4, 
sempre^ordena  I  312.  21.  Cependant  les  quelques  exemples  qui  offrent 
l'élision  semblent  ébranler  cette  manière  de  voir  ;  ce  sont  :  d'est'  Oli- 
veyra  III  277.  21,  trist'  0  dia  que  vos  vy  II  169.  33,  que  proçed'  0 
sospirar  I  19.  23,  antr'  os  soutos  1  2^0.  8,  antr'os  outras  servidores  I 
449.  14,  antr'  os  honrrados  honrrado  II  517.  2. 

28.  é+u. 

Hé  I  hum  cabo  de  paizam  I  6.  4,  hé  |  huum  mal  1  8j.  13. 

29.  e  +  û. 

Vede^u  s'este  caso  mete  1  207.  24,  sooment'  um  II  178.  i  j. 

30.  e  +  a. 

D'ûa  pobre  |  huum  coelho  I  181.  28,  ouve  |  huum  tam  grande  mal 
I  81.  13,  ouve  I  hum  tam  grande.^error  I  81.  14,  que  descobre_ 
huum  sospirar  I  67.  2,  quem  tyvese^^huum  sospirar  1  8;.  8. 

î  I ,  f  +  i, 

Perdy  |  infyndo  desquansso  I  401 .  24,  poys  quem  hé  de  ssy  |  imiguo 
III  SS4-  18.  —  32.  i+l.  —  i^i  +  i. 

34-  '  +  a. 

Mas  vy  I  a  rrezam  sogeyta  I  [  32.  14,  ouvy  |  a  quem  vem  da  cova 
I  80.  9,  aquy  |  acudo  1  12.  12,  faz  m'assy  |  adoeçer  I  28.  21.  Le 
vers  :  Se  queyxa  de  ty  agravada  II  ;j8.  28,  semble  présenter  une 
diphtongue  syntactîque.  Comme  elle  est  tout  à  fait  insolite,  je  crois  qu'il 
est  plus  prudent  de  mesurer  le  vers  autrement.  Voir  Proparoxytons. 


PHONOLOGIE  STSTACTiquE  DU  Cunàonàro  gerat  i6\ 

Aujourd'hui  la  conjonction  se  devient  si  devant  les  voyelles.  Le  Can- 
cioneiro  géra!  nous  donne  quelques  rares  exemples  de  cette  modificaiion, 
qui  est  la  même  que  celle  que  nous  avons  dans  ni  et  if  en  français  : 
e  ssy  I  h^  quem  vos  asome  I  19.  jy,  mas  sy  |  hi  quern  crer  se  peja  I 
4t.  21,  Mais  il  est  probable  qu'il  y  en  a  bien  d'autres  que  l'imperfection 
de  l'orthographe  ne  nous  permet  pas  de  distinguer. 

36.  i  +  fl. 
Que  casy.^  nam  conhecy  I  îio.  î4. 

Î7-  '  +  «■ 
Hiatus  :  alegar  por  ssy  |  emvyara  I  33.  )o,  Por  sy  |  e  polo  par- 
çeyro  I  144.  },  assy  j  en  comprimcnto  I  loj.  }o,  muytos  vy  |  «smore- 
çidos  I  18.  t8,  de  quem  perdy  {  esperança  1  36.  31.  Ve  de  la  formule 
ES  -|-  caas.  semble  s'filrc  fondu  assez  ftéquemmcnt  avec  l'i,  ce  qui  est 
indiqué  par  t'onhographe  dans  quelques  passages  :  Eu  fyquey  de  my 
esqueçido  I  };9.  11,  por  myim^  e&iroido  II  J49.  2 1 ,  Ally  vi star  a  Pry- 
leo  1  {07.  8,  na  çidade  c'aquy^estaa  11  41  j.  19,  00s  gualantes  c'aqui 
stam  III  )7a.  11,  Ateequy  e&tev'  emçerrado  )1I  )7)-  1>  ^uy  siar  juyz 
no  fora  III  478.  }3,  ante  quantos  aly_,estam  11  {23.  {,  assy_espero 
de  notar  II  130.  î,  a  terra  sempr'  assy^estaa  II  4J6.  12,  qu'assy  slays 
desmazalada  III  joj.  1 1,  assy_estou  111  J42.  \  i .  Cî.  partis  =:  par- 
ties partides.  —  ^8.  i  +  i.  —  J9.  i  +  e.  —  40.  /  -f  o  :  Ouvy  |  0  que 
djguo  1  i{8.  ijfby  I  0  ver  m  168.  if,  perdî  |  0  III  )95. 17,  617.  31. 
—  41.  i  +  (J.  —  42.  i-i-o.  —  4î.  /  +  u.  —  44.  i+  (i.  —  4S  i  +  B. 

46.  à-}-  0. 

E  nam  soo  |  0  jà  'ganbado  11  7.  6,  Porque  soo  |  0  que  padeço  III 

61Î.  2i. 

47.  0  +  d. 

Hiatus  ■  0  I  otho,  0  I  omem^  0  |  odio,  no  |  ombro,  no  |  odre,  no  ) 
orto,  vosD  I  ollio  I  1)9,  }j,Todo  ]  homem  qu'é  escasso  111  j28.  i{, 
Embo  I  ora  le  eu  vy  III  2^6.  17,  beocos  de  velho  |  orquo  III  610.  33, 
pesame  ter  feyto  |  omem  I  211.  7,  Es  um  feyto  |  o  rreve*  I  65.  j, 
Feyio  I  00  trajo  da  terra  11  $39.  10,  a  Canhago  1  onde  Dido  II  400. 
21,  îcnho  i  olhos  com  que  vcjo  M  498.  28,  rrespondo  |  00  preguntado 
111  429.  I  2,  e  dizendo  :  |  ho  mesquinho  i  476.  1 ,  como  |  homem  muy 
yncreeo  1  24^  1,  como  |  omem  namorado  III  $52.  8,  Quando  |  homem 
lem  prazer  III  ^9}.  24,  Quando  |  oje  adormeçy  I  406.  t4.  Il  y  a  cod- 
iraction  de  0  et  li  dans  :  a  todo^^^homem  que  sospyra  I  4}.  21,  vida 
que  iodo_omem  toma  11  296.  26,  outr  omem  II  {79.  18,  III  488.  I3, 


264  I.  cousu 

Pedr  Omem  111  340.  2?,  oyt  oras  II  aBj.  ît ,  esti  çerto^oo  despcdir 

III  [87.  4,  e  dar  d'olho_ooi  dcrredor  IIl  66î.   10,  e  tu  cuydaIû^.o 

rrevcs  in  i^C.  26,  lanto olha  pela  sobrînha  lli  ïîçj.  18,  ncm  icnho 

olhos  paro  ver  lit  61.  19,  como_orpem  que  prometera  II  2î2.  28, 
com-omcm  c'artda  pasmado  III  219.  6.  Eu  com'  omem  icu  amyguo  III 
252.  j,  nuando_oiaein  sospyra_e  chora  I  48.  29,  logu  oje  deprende- 
ria  l  449.  7,  LogojedeU  farjra  III  121.  26. 

48.  0+0. 

Hiatus  :  0  |  othar  II  {9}.  13,  vosso  |  obrar  III  )8{.  2,  cmjo  infindo 
jonor  I  375.  30,  no  mundo  [  onyversal  11  {14.  ;2,  ousado  |  ordenador 
Il  ;  1 7.  4,  todo  {  o  vy  vo  comempre  1  j  1  ).  15,  que  lodo  |  0  al  que  vejo 

I  41  j.  3;,  de  tudo  I  o  que  farey  II  iji.  6,  hé  alheo  |  u  fengtr  11  isS. 
4,  Hé  lanio  |  0  mal  que  ssenio  Ht  400.  19,  serîi  primeyro  [  0  meu  III  4, 
22,  Em  que  salvo  |  0  cuydado  1  100.  16,  Tamo  ssynio  |  ho  contrayro 

II  1)9-  j,  leendo  |  ho  marido  çeguo  11  n^-  4i  """  °^*l^  I  ^  V^^  seraa 
I  46J.  18,  dcsicnhû  1  os  dobradoi  111  459.  32,  vysto  |  o  que  apareçe 

I  83.  1 1,  qu'eu  primeyro  |  0  nam  veja  I  16.  38,  tantas  vezcs  0  [  olhey 

III  486.  38,  que  nam  posso  ]  obriguar  II  140.  19,  tercys  de&so  1  0 
colcham  m  6î9.  2j,  ca  segundo  ]  os  synaes  I  242.  21,  çedo  |  0 
faram  por  mym  I!6j,7,çedo  |  odescobriram  II  i97.  î.enumloguo  |  0 
sosptro  I  11.  4,  Eu  sam  loguo  |  0  primeyro  III  70.  24,  COmo  j  0 
devyno  rey  I  î^j.  21,  que  vive  como  |  ho  Icyguo  I  ^\H.  î8,  ou  falay 
como  [  obrays  III  ]84.  22,  quando  |  0  que  me  guyou  I  407.  38,  foge 
me,  quando  ]  0  ssyguo  III  {77.  ;.  Mais  ces  hiatus,  quoique  nombreux, 
sont  exceptionnels.  Nous  rencontrons  bien  plus  souvent  la  contraction. 

II  est  probable  qu'on  prononçait  les  deux  0  comme  la  diphtongue  ou,  cf. 
lodou  dia  pour  todo  0  dia,  FeniSo  d'Oliveira,  Ctamrîniiua  de  linguagem 
porUigaezit  (ijj6),  seconde  édition,  Porto,  1871,  p.  42,  et  mas  lam 
pouco  m'aproveita  calalo  comou  dizer  III  424.  31.  Cependant  cette 
graphie  est  tout  a  fait  isolée.  Ordinairement  on  trouve  les  deux  voyelles, 
bien  plus  rarement  0.  L'article  conserve  presque  toujours  son  individua- 
lité, de  manière  que  :  no^^Oriente  I  4J 1.  17  et  rreneguo  do^^offiçyal  II 
h8.  I,  présentent  une  contraction  isolée;  ailleurs,  comme  je  viens  de 
le  dire,  elle  est  fréquente  :  todo^o  seniido,  todo._^o  mundo,  todo^^o 
mail,  todo_o  dya,  lodo^o  ail,  ludo^o  ail,  iodo^_^  de  Casiïlha,  todo 
mundo,  todo  anno,  lodo  dia,  lodo  bem,  todo  mar,  ludo  al,  lodo  al, 
pagarey  todo^o  que  monta  I  }  j .  16,  seja  teu  iodo_o  que  vestes  1 399. 
)8,  nouiro.offiço  III  6j2.  ^o.  e  Juppiicr  rico^honrrado  I  394.  31, 
pareçeys  honrrado^odreyro  III  649.  32,  quero_offercçer  I  71.  2a, 
onde  te  vejo_ordenar  11  404.  21.  tanto^olhar  e  rremirar  III  328.  aj, 
eyxo,,^  nu)  I  26,  19,  icnto^o  pesar  I  )39.  21,  lenho^o  desengano 


i-RONOUociB  SYHTACTiQUE  DU  Caitciontin  gerat  j6f 

I  iî8.  la,  ponho^o  swlo  111  loj.  28.  vcjo^o  paço  III  in.  16, 
jpaJindo^o  mal  co  betii  I  341,  îi.  dcsiroyndo^_,o  mays  leall  i  497.  1, 
(Tcnduvossos  morrcr  II  ^46.  p,  visio^o  proçesso  l  77.  1,  provo 
(«provDO;  pela  chançeleia  I  }o.  21,  e  provo_,o  por  Sabman  1  144. 
J},  opero^^snaquele  dis  I  46^.  ;,  e  quero^o  que  mee  conirayro  lit 
16.4,  Tcio^_,os  todos  rremexer  III  211.  17,  se  vossa  mercé  o_olhar  I 
ni-  24,  lari  mujto  __o  meu  dereyto  I  î  j.  24,  e  por  isso^^o  namorado 
1 17-  lî.  Kgundo^^^o  derao_hé  ssotil  III  276.  27,  ca  segundo  _o  eo 
oijtadan7,  î,  segundo^,^o  que  se  pareçe  il  ^67.  17,  toma  logo.^ 
■Jprineyro  I  29.  26,  morreo  loguo_o  capiiao  lii  1 17.  24,  logo^^o 
■CDiD  II  III.  21,  0  por  vir  como_o  passado  l  128.  a,  teylo  comoo  do 
ipOio  I  146.  4.  como  vençydo  II  1(2.  20,  como  inoçentc  M  347.  10, 
o»o,os  grosa  Viia  Criste  I  ^9.  24,  se  preguntas  como^.o  sey  II  567. 
H-  9K6ngy  quando_.o  araor  II  J49.  i,  quando_o  viracn  defraldar  II 
'»•  },qundi>_o  creio  III  J77.  6.  —  49.  li  +  a. 

$0.  0  •{-  d. 


I 


ïbm  :  0  I  ail,  o  I  acno,  0  |  ar,  do  |  anno,  polo  j  ano,  no  |  ano, 
poblalvo,  sobelo  |  ancho  I    142.    ly,  vosso  |  aho  procurar  I  (j.  5, 
"M  I  Alvaro  de  Moura  I  178,  7,  vosso  |  aho  naçimenio  Ml  47^.  20, 
iUito|  ttajrna  bla  e  rryr  III  6j{.  18,  meo  |  ano  I  20a.  S,  Muyio  | 
ïb»!  27i.  18,  Diuyio  I  aa  minha  vomade  III  84.  2,  405.  19,  no  cuy- 
d>i)9|bi  cuydjr  I  29.   10,  mas  por  çeno  |  h:i  mester  I  142.  7.  por 
Etna  I  ham  I  j8o.  1,  ysso  |  i  de  ser  de  mym  I  449.  20,  A  culpa  que 
lào  I  haa  II  425.    16,  que  tudo  |  hi  em  Casiela  III  212.  26,  que 
âdo  I  hà  d'acabar  III   J94.   14,  Muyio  |  hâ  jâ  que  leyxey  llj    1}Z. 
i,  e  vhro  j  anda  queymado  I  98.  28,  çego  |  ando  I  41).  2{,  lam 
fva  de  sjM  1  ando  I   ^  1  j.  8,  poys  vos  esta  unio  |  ata  I   18.  xy, 
qoea  myni  bem  pouco  |  ama  III  508.   32,  nunca  vejo  1  ail  I  29.  j, 
nam  Ibe  diguo  j  al  II    J74.  7,  nam  quero  |  al  UI  409.   14,  mando 
I  lima  ao  parayso  111  177.  7,  e  passando  |  agoa  tor\-a  1  160.  7,  e 
fuanto  I  aa  saudade  H  1 28.  4,  que  rrespondo  |  h&  pregonta  II  { t8.  16, 
peçô  I  is  verijeyras  III   177.  33,  Roguo  |  â  virgem  Maria  III  364.  6, 
qaen  I  amea  ter  meu  mal  lll  319.  ti,  nam  ho  |  hïi  nem  podc  ser  It 
116.  {}«  0  I  haa  scmpre  de  fazer  III  68.  17.  ncmno  ]  i  hy  nos  amores 
U1  192.  2,  falalo-bi  I  r  )8.  ^4,  (alo-am  1  ;7.  $,  velo-am  I  ^9.  28,  ser- 
ve» logoo  I  aa  tençâo  II  594.  9.  como  |  anda  Vasco  Paiba  III  laj,  25, 
QKmdo  I  al  quero  cuydar  II  {9$.  2^.  Plus  rarement  il  y  a  diphtongue 
lyntactique  :  que  bdre  baiéndo^aa  porta  I  270.  2,  todos  quairo_am 
deifizerl  88.  ]i,  e  deos  d'Amor  vos  tamo_ama  I  icj.  ij.ocapelo 
.ande  no  |  ombro  f  146.  },  de  quanlos  no  mundo^am  sido  1  404.  4, 


36&  J.   CORNU 

0  detno_aia  d'eta  doo  I  ^Zi.  ii,  ysto_h^  de  ser  il  i  {{.  j,  por  ^sso 
^hâ  de  trabalhar  II  392.  jo,  que  p«:ado_hi  dum  soo  dia  II  4}^.  \, 
sey  que  comprido_hd  de  ser  II  44 j.  û,  !oguo_hâ  de  ser  descubeno  H 
420.  ai.  M  faut  probablement  rjnger  ici  Ee  vers  :  porque  cedoo  à  de 
dejxar  1  129. 1  j,  s'il  est  bien  conservé.  L'élision  proprement  dite  ne  se 
trouve  que  rarement  :  esse  voss'  amo  III  }oS.  19,  quatr'  anos  II  2^0. 
ai,  cinq'  anos  11  247.  28,  cent'  anos  III  jaS.  18,  o  que  foy  yss'  3a  de 
ser  II  4s6.  39,  quant'  il  por  coniriçam  II]  5 17.  18,  toujours  comme  on 
voit  dans  des  combinaisons  journalières. 

ji.o  +  a. 

Hiatus  :  0  |  aviso,  o  {  amor,  do  |  amar,  do  |  artelbo,  do  |  arreo,  no 
I  arçam,  polo  (  artelho  etc.,  vosso  |  allvoroçar  I  49.  20,  E  po)-s  vosso 
I  amor  hé  III  378,  17,  hum  vosso  |  arayguo  III  6î8.  [  j,  este  feyto  | 
aponiado  J  9;.  2S,  soes  huum  bruto  {  animal  1  210,  14,  nem  maïs 
Çerio  I  Antecristo  1  jg6.  15.  e  sseu  craro  |  alamentolll  295.  17,  e  por 
hum  sonho  |  avydo  111  j8j.  18,  ^syco  |  aicuvyieyro  III  649,  ji,  meu 
senhor  Vasco  I  AbuHlI  }a}.  j,  vida  unio  {  anojada  I  499.  ji^esser 
niuylo  I  apodada  111  390.  16,  e  nam  ssoys  muyto  {  aguda  III  6^8.  f, 
eu  vos  quyto  |  a  emmenda  I  jo.  5,  e  pûys.vejo  |  a  crue«i  11  $7.  ), 
conheçemdo  |  a  verdade  1  282.  10,  Keçeando  |  a  trestura  i  ;  19.  11, 
vendo  (  a  cruz  espantosa  l  {8}.  3;,  emcunam  muyto  |  as  vidas  lll 
;93.  2},  descalçey  loguo  I  as  bragas  1  477.  26,  condano  |  a  I  100.  i}, 
deyxo  |  a  I  464:  1 },  sento  |  a  I  joa.  1  etc.,  vendo  [  a  III  )6.  17  etc., 
que  logo  I  a  treiadasse  I  loj.  i),  Logo  [  a  crucitiquemos  1  496.  17,  a 
I  afinna  meu  desejo  I  41;.  aa,  ja  foy  isto  |  alegado  I  s8-  8,  como 
quem  preyto  |  apaga  1  64.  21,  quem  macho  |  alquança  I  t;9>  J>do 
panido  I  aceytar  I  219.  10,  quanto  [  aveys  de  fazer  I  366.  1;,  foy 
forçado  |  acabar  II  in-  16,  no  inferno  |  ardcras  ill  iR^,  7,  para  vos 
isio  I  avonda  [11  {91.  jj  etc.,  quemays  vosquero  |  amando  I  )48.  29, 
Eu  vos  posso  I  afimtar  I  477.  28,  nem  me  qucro  |  ajjr^ivar  11  ^07.  }), 
namnos  quero  [  acoyuiar  III  269.  16,  Tudo  ve)o  |  acabado  II  1  }2.  j  i, 
Tambem  ando  |  acupado  IM  }as-  },  correndo  [  ApoLo  l  170.  },  foyse 
logo  [  asseniar  I  (fy  ai,  mêle  logo  \  anirelinha  I  nS.  8,  huum  soo  nam 
meto  [  aquy  ]|  ji  1.  39,  vos  aconssclho  |  aguora  III  18t.  ij,  lorno  [  a 
mandat  I  8a.  2,  pregunto  [  a  vos,  senhora  l  2^.  17,  nam  m'airevo  |  a 
guabar  III  20.  r),  tam  feyto  |  a  ssa  voniade  III  1 1  j.  9,  e  que  tenho  |  a 
meude  III  60).  9  etc.,  $0  |  a  terra  (Toujours  avec  hiatus).  Dans  d'autres 
passages  tout  pareils,  il  y  a  diphtongue  syntacùque,  mais  des  contractions 
telles  que  les  suivantes  sont  exceptionnelles  :  sem  o^alegado  provar  1 

40.  21,  e  dous  o^açaqual  I  i}7-  "<  <  emnapascoa  do asobr  II  291. 

2),  ma$  ho amor  grande  sem  par  11  j^û.  içlcf.bo  |  amor  grande  sem 


PH0N0L0G1R  STNTACTiQUE  DU  Cancïonàto  gtral  267 

par  II  ji7.  8),  do  direyto  nera  iio_avesso  IM  271.  20,  do_avarento 
lyberatlli  $27.  35  (d«  Cil  Vic«nte qui  contracte  aulrement  que  Us  portes 
du  Canmnttio  gtrat).  Ki!«  soni  plus  communes  avec  pdo  :  polo^^ale- 
gado,_eprovadoli6. 17,97.4.  ajudayme  polo_amor II  loj.  tî,vosso_ 
apeiiiarl  to.ii,vo5so^^visamcmoI  ^}.\2, 1  { i . i ) , vosso,_^mygo (sou- 
venii,  vosso_arTeyo  11199.  26,  vosso^amor  III 309.  12, 177.  1,  outro 
^^^^ariior  U  402.  16,  ludo^^quylo  que  quyser  II  12).  24,  todo^^viso 
Il  J34.  f,  este  ncgro^apelar  1  7].  21,  cuydados  de  fogo^ardente  1 
89.  37,  perro,_^rreneguado  III  59?.  7^  qualro^_^vangelistas  111  (Jt- 
3,  cinquo-enta^e  oylo._,a  era  I  178.  7,  VaïCû^_>rna!ho  11  478.  i, 
Vasco^Abul  III  649.  6,  muyto,_^zul  III  m.  17,  Postes  U  muyto^ 
aramaa  III  144.  18,  vejo,^  morte  ja  comyguo  I  122.  20,  perco,^ 
vida  por  querervos  1  124.  j,  pcçiï_a  morte  que  me  deys  i  j4y.  Jo, 
mas  olhando_a  calydade  1  20.  2,  sobyndo^^a  caiçada  I  1J7.  7,  etc., 
como^abocaUasa  oorelhal  242.  6,coino_^a  voniadequeria  II  199.  a8, 
etc.,  que  moyra  scgundo,^  ley  I  482.  tj,  que  segundo^a  barba  vem 
II  437.  17,  quando^a  sua  copra  leram  II  20.  6,  quando^  _a  chuva  que 
cfauvia  II  408.  31,  tendes  quando_avis  mester  I  144.  17,  e  temdo_a 

entre  meus  braços  II  }{2.  }o  est  une  diphtongue  isolée,  soponalo a 

vyda  canssa  lE  S.  1  j,  felo^assy  minha  fyrmeza  11  }6.  15,  guarday  de 
fa2elo_azuLlI  4)).  18,  Istonam  mo_aguardeçaaes  III  2}.  17,  {49.  25, 
ou  ssoltemno.^arrepclâo  MI  284.  8,  de  mo^_a$iy  desconheçer  lil  ^90. 
ji,  s«  inû_algueni  nam  desdisesse  III  ^59.  10,  namno_aveys  vos  de 
sofrer  III  64t.  8,  como_asque  soem  nas  obradas  II  }9i.  I9,dequem 

mono.aves  0  fitlio  I  13.  1,  nysio  soc  com  vosco acabo  1  ij.  i,eiii 

que  todo  povo_atenla  III  6^1.  18,  acho^alguem  que  me  conforte  I 
J2).  }2,  vejo  andar  com  desfavores  I  27.  20,  nam  me  po&&o_arrepen- 
der  1  i}2.  2,  vos  quero_avysar  1  149.  2j,  quero_acabar  III  }6).  lé» 
Ja  nam  posso  agardeçer  III  274.  6.  d«  quem  me  po$so_agrarar  iU 
610,  1,  tenho_avido  III  91.  1 1 ,  nam  rreçebo^aqui  tal  prova  I  27.  a  s, 
Hacho_aquî  mays  alegado  I  99.  21,  digo_agora  I  87.  ii,  8ento_ 
agora  I  916.  4,  mays  çedo_anoytece  IJi  562.  2r,  que  logo_averas 
dereyto  I  81.  26,  logo^avyva  1  84.  2},  moyra logo_aienazado  I  toi. 
j,  con)o__aquele  que  sentindol  ]2i.  11,  como_arirmo_.edigo_.ïgora 
]  87.  3  î,  darcDi  cabo_a  minba  vida  1  27.  1  j,  rrosto^a  rrosio  III  267. 
26,  pouco_a  pouco  III  (41.  2,  lomo,^  viver  1  24.  14,  dama,  rreco- 
mendo„a  vos  1  64.  1 8,  e  perdoo^^  qucm  me  mata  l  122.  ?  j ,  começe 
loguo^a  rroncar  I  2  5  [ .  1 1,  e  tomologuo_a  cuidar  III  ^66.  ^o. 

Comme  on  le  voit,  les  diphtongues  syniactiques  sont  déjà  très  nom- 
breuses, plus  nombreuses  que  les  hiatus.  L'élision  de  l'o  est  en  revanche 
assts  rare  et  ne  se  trouve  que  dans  des  combinaisons  de  fréquent  usage  : 
noss'amor  111  107.  11,  voss'amtgo,  qui  revient  dans  plusieurs  passages, 


268  J.   CORNU 

vos'  al^uar  1  19.  20,  toss*  agravo  I  70.  26^  voss*  arreo  III  107.  iz. 
Vase*  Abul  III  jji.  }4>  5M-  "■  £■"  ^^^  ^"t'  acycate  III  25;.  19^ 
nam  n'aves  vos  d'enganar  I  10.  8,  ora  ]A  tudyst'  acabe  H  171.  jj, 
poac' aprove)ia  irezâo  III  411. 11,  nam  ssend'asobrastanimasIIl299. 
7,  perdend'  àlegria  II  326.  17,  vivend'  acaboull  193.  ji,  poss' alymiar 
III  4).  I  j,  mand'  a  Lù^xu  I  156.  16,  quant' a  |  isso  111  524.  14,  roays 
çed' acabar  II  19}.  jo,  quand'  apertays  1  iij.  12^  que  fyque  com' 
asorobrado  I  20.  \,  corn'  aguora  que  es  de  dias  II  27.  2;. 

$2.  ô  +  e. 

De  pro  I  e  contra  no  feyto  I  74.  1  j . 

U-o  +  i. 

Le  hiatus  est  très  fréquent  :  todo  |  esse  que  nam  crer  1  282.  14, 
porque  tam  fermoso  |  es  III  25J.  10,  dar  0  seu  a  cujo  |  hee  1  52.  i, 
isto  craro  |  hé  de  ver  1  72.  2^,  tudo  |  hé  nada  das  nadas  I  11;.  2^, 
vento  I  hé  ysto  que  falo  1  i8j.  ij,  Mono  |  hé  0  bem  d'Espanha  I  221. 
26,  etc.,  etc.,  por  servo  |  eras  avido  II  $59.  1 5,  vy  meu  mal  camanbo 
I  era  III  568.  17,  entam  logo  |  hé  parado  II  ji  j.  16,  como  |  hé  (sou- 
vent), quando  ]  eram  meus  cuydados  II  227.  22,  alego  |  esta  cantiga  I 
7j.  19,  eu  entendu  |  estas  chamas  111  1 J7.  2,  Assy  passo  ]  esta  vida  III 
}6i.  9,  sendo  |  ella  muy  fermosa  1  j8i.  7,  disse  loguo  cessas  oras  III 
2(2.  9,  como  I  elles  a  farâo  II  405.  15.  Souvent  0  et  ^forment  une 
diphtongue  syntactique  ;  mais  ce  traitement  est  plus  rare  que  le  premier, 
quoique  dans  certains  cas  îl  soit  ordinaire  :  todo^_^este  mal  I  453.  6, 
todo^^este  prantear  II  17.  i,  todo^_^este  caminho  II  128.  27,  por 
todo^^esto  sara  contente  II  71.  9,  day  0  demo^este  cuydado  1 
S 1 .  4,  î  19.  7,  dygo  que  vysto^^este  feyio  I  77.  14,  primeyro.^elIe  a 
de  fazer  I  46$.  2],  logo^_,essora  111  265.  28,  601.  4,  mas  veo 
çedo.^este  mal  II  525.  21,  como^^^esta  que  noraeey  II  16.  ij,  ca 
bem  craro^é  de  saber  I  lo.  22,  perigoso^é  naveguar  1  [14.  2, 
meu  juramento^é  quebrado  I  449.  4,  seu  marido^é  marinheyro  11 
180.  I7j  0  tempo^__^hé  mudado  II  362.  8,  tempo^_^é  de  |  a  nomear  JII 
Î94.  14,  meu  descansso^é  sospirar  III  î4J.  20,  etc.,  escusado^_^era 
debaie  I  j.  22,  e  poys  isto^^era  sabydo  II  580.  j,  segundo_Jié 
a  fama  II  391.  is.como^sll  382.  54,  dizendo  como^^ereys  sua  II 
[9.  n.  Notons  la  graphie /o^u  :  que  logu^^é  descmxergado  1  {4.  22, 
meu  rrosto  logu_ee  rregado  II  jjj.  32.  L'élision  ne  se  rencontre  que 
dans  des  combinaisons  d'un  usage  très  fréquent  :  Tod'  este  tempo  II 
Î2j.  1  î,  e  tod'  este  mao  rrepayro  III  100.  r  j,  vos  mand'  este  que  nam 
cura  1  162.  2[,  vos  mand'  esse  que  proveys  II  H7-  S.  com'  esu  minha 
Il  429.  17,  Nam  ssey  tal  caso  corn'  esse  111  128.  4,  quand'  estes  dous 


PHONOLOGIE   STNTACTIQUE   DU    CanCtOnetTO  gtTût  369 

ioiiigi  Hm  1  f  ] .  26,  mas  ist'  <«  p^ra  descrer  [|  1.9,  ysv'  ee  0  que  mais 
tnpeçellt  ji?.  22,  tud'  ee  para  my  hum  veo  II  4}9.  22,  lud'  eevento 
ai liemdeyra  III  28;.  31,  0  meu  mal  e  vosso  tod'  é  meu  III  f  1 1.  12, 
ma'  et,  dans  plusieurs  passages  ;  mais  ce  dernier  exemple  n'est  pas 
iisuré,  car  com'  te  est  peui-iire  pour  coma  i.  Voir  sous  a-k-  é. 

H-  «  +  «. 

Hialus  :  0  |  engenho  I  187.  1 } ,  o  {  estremo  de  meu  mal  I  349.  26, 
«i  diETtolII  4{i.  4,  do  I  esforçado  caroj  I  274.  t6,  docstudc  III 6{i. 
4r  no  I  evangelho  I  242.  1  r ,  pregunio  polo  |  erdeyro  II  }  {4.  6,  que 
flwvojso  I  entender  H  iji.  26,  Nam  pcr  modo  |  fracubeno  I  27a. 
If^vyofero  |  Escorpiam  I  295.  29,  ho  manifesio  1  engano  i  )28.  20, 
SIX  descansso  |  enganoso  II  12].  6,  hé  trabalha  escusado  III  41).  j, 
utordenovo  |  esTylo  III  {2f.  20,  bedem  velho  |  enprestado  III  $89, 
!•  dou  DM»  derao  |  emiregado  I  61.  2S,  e  dos  muyto  \  csfor^'ados  II 
M7-  9,  estou  rauyto  |  enleado  II  517.  17,  Muyio  |  embora  vos  seja  1 
167.  u,  Este  bem  nom  mo  |  escondam  II  ij  i.  6,  nam  no  |  cspero  III 
'*•  'il  ïiî-  i.  417-  Î4.  a  quanto  |  entender  pude  l  61.  22,  o  mays 
connayro  I  escolho  11  107,  i6>  porque  bem  craro  |  esiaa  11  4^9.  28, 
P>n  ludo  1  emmendar  II  496.  2,  0  |  engenho  1  espenay  l  287.  i{, 
^a  peço  1  cmpreslado  H  {04.  21,  Esiando  ]  estouiro  dya  I  81.  y» 
F^nam  tenho  [  esperança  III  {09.  29,  que  calando  {  encobria  I  }2Z. 
^>  <]«  nam  posso  |  esqueçervos  II  126.  19,  que  nam  posso  |  escusar  III 
4<M.  io,  hu  me  mando  |  enierrar  111  17Ô.  20,  da  me  limbo  ]  em  que 
^1  6).  28,  que  anda  todo  |  em  fogol  S4.  2$,  que  desmayo  |  em 
ï'idaBdo  I  9.  I  j,  conssyro  1  em  lal  vivcnda  I  179.  7,  ardendo  |  cm 
^T^chamas  I  ;o7.  28,  mciydo  |  em  gram  cuydado  I  46,  19,  e  feyto 
I ea qoatro  partes  I  221.  i.roetyTOS  dentro  |  em  casa  I  477.  7,  vcr- 
<bdecono  |  enguami  III  369.  2.  Bien  plus  souvent  il  y  a  diphtongue 
■IManique  :  o_esiado  da  terra  1  i)6.  16,  poysvivendovy  o^^eslremo 
^i.  18,  e  dyz  o^^estalajadeyro  III  222.  1 1  ;  mais  :  He  pecar  no  Spy- 
no  Santa  III  48.  1,  est  tout  à  fait  exceptionnel  j  ca  en  so_esthbo  per- 
*>iotiij.  ^''  *o!so,_^«ado  1  327.  a,  229.  5,  4^8.  2,  vosso^ 
osaio  II  4(4.  2^,  vosso,_,el3mento  III  6^9.  21,  vos»  esqucçcr  III 
"i(.  (2, este  negro,^cncantaracnio  1  lo;.  2,  falso^^enganador  I  jj8. 
il.a^Ue  cuydado;_^squivo  I  ôj.  jo,  allo^estado  1  47J.  22,  todo^ 
'VtBo  II  11).  7,  as  cjnquo^^csirelas  sanguinhas  II  }6i.  9,  no  lyndo 
vtljk)  Rromano  III  j  ;^.  9,  pareçeisme  sanio.^entruydo  III  647.  17, 
••"•d'Amor  mujio^spanudo  I  81.  17,  e  ir-vos-eys  mujto^_,emboora 
1'  ii6.  I),  a  qucrerdes  o^esfolar  III  200,  2,  0  negar  roo_,escusâraa 
ni  (64,  4,  mas  temno^em  mym  0  desejo  III  4SI-  i,  cos  de  seu  con- 
•riho^estando  l  î2.  21,  0  primeyro^_,esta  provado  I  72.  1,  aqueslo 


270  J.   CORNU 

todo_escrevy  I  79.  ij,  niuyto,^errastes  I  4^^.  i,  todo^_espero  de 
meter  111  joj.  6,  invoco^_^eI  rrey  dom  Denis  I  460.  j,  tenho,^^espe- 
rança  perdida  ni  Î09.  [7,  naspalhas  m'acho^_,erapolgadoI  415.  6,  que 
me  nam  quero^_,espantar  III  282.  14,  veio_estar  ]i  tam  provado  I  ji. 
28,  que  nam  posso^^^estar  aqui  III  487.  jo,  e  em  campo^^el  rrey  ven- 
çia  m  62}.  29,  levo  gosto^_^ein  padeçer  1  24.  1,0  cuydado^^em  que 
me  vejo  I  370.  14,  que  me  quedo^_^em  sa  posada  I  59.  14,  e  o  tomo 
,_,em  liberdade  I  100.  17,  dyto.^em  cyma  I  146.  j2,  e  posto^^em 
segredo  I  J04.  -j,  Ho  quai  logo^^em  comprimento  1  jj.  10,  dentro_em 
meu  coraçam  sento  I  joj.  8^  segundo  estaveys  pintada  II  4)6.  2,  assj 
como_estâ  provado  I  77.  18,  como^_^stays  ?  Ihe  preguntey  III  91.  7, 
como^engeytam  os  senhores  II  577.  1,  como.^em  vida  namorada  1 
ÎÎ9.  34,  como^^em  outra  parte  diguo  H  400.  10,  cando^^estaa  sobre- 

cachondo  I  142.  20,  quando em  gram  cuydar  estava  I  34.  16,  de 

quando em   quando  II   56;.   13.  L'élision  est  rare  et  n'a  lieu  que 

dans  des  combinaisons  fréquemment  usitées  :  vos*  escrito  II  47.  2, 
ssant'  esprito  III  487.  7,  11,  em  compryd'  esqueçlmento  II  133.  10, 
Per'  Estaço  II  506.  1  jj  Foy  muyt*  era  maa  naçer  II  286.  26,  que 
muyt' eera  maate  sseja  m  109.  14,  [ii.  3 ,  que  muyt' embora  vos  seja 
III  109.  ;,  que  muyt' emboora  tesseja  III  1 10.  4,  poysmortem'îst'escu- 
sava  II  171.  27,  que  me  nam  poss'  enganar  II  133.  18,  querend'  esque- 
çervos  II  1  ^4.  7,  quant'em  tua  carta  ly  II  552.  27^  tud*  em  casteelosde 
vento  III  361.  4,  jur'em  deu  (avec  un  archaïsme  de  déclinaison  à  noter] 
III  483.  12,  484.  I,  48;.  18,  caland'  e  sof&endo  II  1 J3.  22,  com'  es- 
trangeyro  II  286.  25,  com'escapey  II  552.  22,  corn' em  quatorze  de 
sete  1  66.  32,  ou  cand'  estaa  forioso  I  143.  6,  de  quand'  en  quando  I 
1 59.  6,  assy  moyro  mans'  e  manso  I  1 30.  18. 

Si-à  +  i. 
Guavyâes  paro  |  invemo  II  299.  18^  00  |  irma3o  II  488.  21. 

56.  0  +  /. 

Hiatus  :  tudo  |  ysto  II  407.  4,  III  ijô.  13,  299.  1.  11  etc.,  deixo  | 
isto  por  lembrar  l  122.  9,  Dyguo  |  isto  III  594.  4,  e  Dédale  |  ir  vo- 
ando  I  307.  ;,  onde  tudo  |  hya  ter  II  457.  26,  e  quando  |  hymos  no 
fyo  II  ;  30.  12,  pero  poys  o  |  hy  nam  hi  I  461 .  3,  do  grande  fogo  |  hy 
tenso  I  86.  29,  rauyto  perte  |  hy  de  fronte  II  r2i.  16.  Dans  d'autres 
passages  tout  pareils,  il  y  a  diphtongue  syntactique  :  peroo  tudo^^^o 
leyxado  I  jâ-  M.  todo_ysto  ve  bem  I  138.  4,  pera  quem  fiiço^'sto 
tudo  II  428.  23,  Mas  quando_isto  vou  saber  II  532.  9,  que  vos  vqo 
^yr  açoutando  I  270.  7,  tudo  temo  quanto^y  b^  11  382.  29,610 
quanto^_^y  ouver  solya  III  113.  27,  pera  tudo^yaarrezSo  111405.  2, 


PHONOLOCiï  SYMTAmqiiE  DU  CancionetTO  gérai  271 

tan  mndo^bj  ootro  cobro  I  79.  23.  Il  y  a,  mais  très  rarement,  éli- 
ûmkVo:  ora  ji  tud'  tsi'  acabe  II  17t.  ï}^  corn'  ysto  III  260.  22, 
CM'jsll476.  i^segund' ys  aparelhada  III  101.  9. 


Ï7.  o+t. 

Hiatus  :o  |  ynfemOtO  |  irmâo,  ho  |  iinigo,do  |  infanie,  no  |  invemo, 
noilbl  eic,  0  senhorvosso  |  yrmâolll  291.  ^.dobtado  Togo  |  tnmcnso 
136.  j&,  todo  feo  |  interese  l  187.  17,  socs  huum  démo  |  infernal  I 
ïii.i,«jue  faz  do  scrvo  I  isenlo  111  ^27.  a j ,  es  perdido  1  in  ct«no  I 
fij-  M.  U'o  forme  avec  Vi  une  diphtongue  syniactique  dans  :  vosso_ 
iniûo,  qui  revient  souvcm,  7osso_intaresse  III  118.  6,trumfo_inteyro 
1 117. 1  î,  0  caminho^infernall  H  1 92.  9,  iam3nho_iiniguo  de  mym  II 
pt.  10,  fraco_inmiguo  H  Î90.  16,  Abra^a  leu  duro^irmiio  II  40Î. 
îû.Pareçeys  guansso_ypoteme  III  ôjï.  8,  Dou  moo  démo  todo_ 
iBBrolIl  221.  20,  gram  palheyro  iodo_ymeyro  III  &27.  18,  nam  nos 
vdctodo_immigua  I  298.  28,  Qu3ndo_igreia  se  vos  dava  1  168.  1. 
LVotiupprimé  dans  les  combinaisons  suivantes  :  sant'  isprito  III  jié. 
'•ttint'Ileno  III  492.  28,  que  0  pa^o  tod' inteiro  III  22{.  18. 

f8.  d  +  u. 

Ho  I  Bsora  conheçida  11  j  1 1 .  21. 

i9.  0+  û, 

Hécerto  t  hila  por  hûa  1  94.  14,  Tyrando  |  hfla  que  syguo  II  472. 
'IiCivos  mando  )  hum  d'enpreyu  IIl  9^.  2j,  no  paço  1  u  vos  trau- 
^1 1^9.  16,  No  segundo  :  |  u  for  posta  I  474.  i. 

60.  0  +  u. 

HiiOM  :  nem  0  |  humano  ssaber  lll  499.  }  1 ,  huum  corpo  ]  humano 
"  J|o.  24,  de  gram  feltro  |  huum  sombre)To  I  154.  1 1 ,  me  veyo  | 
■■■pam  descjo  II  î  1.  4,  se  vp-o  |  huum  dia  II  1  jj.  20,  Eu  vos 
^"lào  \  hûa  nova  III  on-  9*  cremno  como  |  hum  Sam  Marcos  t  {7. 
'7.  Tarn  alvo  coma  |  huum  gy?.  I  27  j.  32,  como  |  hQ:i  besta  fera  I  4p. 
i&-  Dus  d'autres  passages  en  partie  fort  semblables  i  ceux-ci,  u  et  u  ne 
■"neiit  qu'une  lyilabe,  et  celte  syllabe  était  vraisemblablement  une 
''ftBoogoe  :  se  fores  hum  pouco_humano  11  409.  }o,  poys  sabeys  de 
1ld(p_iujrlll  76.  t8,  trazelatodo^^hum  ver.'io  m  126.  26,  ho  pescoço 
^kno)  boom  framat  1  146.  20,  que  valba  tudo^huum  vymcm  III  200. 
".mtpre  com  vasco_hum  gozinho  I  370.  1,  vejo^hQa  grande  fer- 
'■Q  I  84.  19,  acho^huum  caso  muy  profundo  I  367.  2{,  mays  quero 
Jitia dur  segura  III  J40.  16,  veo_huum  homem  que  gemya  I  81.  9 


272  J.   CORNU 

etc.,  cbamou  logo^^hum  secretareo  I  jî.  5,  ccHoo hua  facba^açen- 

dida  II  403.  2. 

61.  ù  +  u. 
Seres  tu  |  huum  vetho  rrelho  II  27.  26.  —  62.  a  +  à.  —  6j.  a  +  a, 

64.  ù  +  a. 
Bem  eras  tu  |  avîsado  11   ;8o.   5,  Pois  tu  |  aviasde  ser  II  411.  }i, 
Manda  me  tu  [  atentar  II  415.  16.  —  65.  u  +  d.  —  66.  11  +  a. 

67.  û+e. 
Qu'estas  tu  |  entr'essa  jente  II  j  5  '  -  ^7,  quer  aqui,  quer  u_estiver  I 
62.  8.  —  68.  u  +  é.  —  69.  U  4-  e. 

70.  û  +  i. 
Tu  I  invocaste  III  501.  6.  —  71.  a  +  /.  —  72.  11  +  i. 

7î-  ù  +  o. 
Tu  [  0  sentiste  II  172.  jo.  —  74.  u  +  (i.  —  75.  u  +  0. 

RÉSUMÉ. 

I.  Dans  les  formules  de  la  seconde  série  [d  +  a  etc.),  il  y  a  presque 
toujours  hiatus.  Les  exceptions  à  cette  règle  ne  sont  nombreuses  que 
dans  tes  combinaisons  d  +  a  et  é  +  a. 

II.  Le  hiatus  est  permis  dans  toutes  les  formules  de  la  troisième  série 
{a  +  d,  etc.}. 

Il  y  a  contraction  dans  les  formules  a  +  d  [d],  a  +  é  (té),  a  +  â  (00), 
0  +  â. 

Les  formules  a  +  l,  0  +  à,o  +  é,  0  +  l  produisent  des  diphtongues 
syntactiques. 

L'élision  est  fréquente  dans  les  formules  e  +  i^  e  +  à,  e  +  i,  e+  à, 
e  +  ù,  tandis  qu'elle  est  rare  dans  les  formules  0  +  d,  0+  i,  0  +  i,  et 
ne  se  trouve  que  dans  des  combinaisons  syntaaîques  souvent  répétées. 

III.  Les  règles  qu'on  peut  tirer  de  la  quatrième  série  sont  à  peu  près 
les  mêmes  que  celles  de  la  troisième. 

Le  hiatus  est  permis  partout. 

Il  y  a  contraction  dans  les  formules  a  +  a  [d\,a  +  e  («),  a  +  o  (00), 
e  +  e,  e  +  a  [ee),  0  +  0  (pu). 

Il  y  a  diphtongue  syntactique  dans  les  formules  a  +  e  {?],  a  +  i, 
a  +  0,  a  +  u,  e  +  0,  e  -i-  a,  0  +  a,  0  +  e,  0  +  i,  0  +  a. 

L'élision  se  rencontre  dans  les  formules  e  +  e,  e  +  a^  e  +  i,  e+  0, 
o  +  fl,  o+e,  o  +  j'. 

).  FernSo  d'Oliveira,  Crammalka  de  linguagim  portagueza,  cap.  xxv  (p.  ji 
de  la  seconde  Mition)  :  1  Quando  hQa  dîçad  acaba  cm  vogat  e  outra  diçaâ  logo 


PHONOLOGIE  sYNTACTKiyF.  DU  Caticionùn  g/traî  27; 


VOYELLES  ET  DIPHTONGUES. 

No«  avons  ^-u  dans  le  chapitre  précédem  que  la  langue  du  Canâo' 

«ire^irj/  n'ivile  point  l'accumulation  des  voyelles  sans  contraction  ni 

i*Bim,de  sont  que  nous  y  rencontrons  des  vers  tds  que  les  suivants  : 

llucBii  I  ora  I  0  I  eu  vy  II  449.  19,  Trazem  per  grandes  baixezas  || 

|*V>i  '  a  I  o  seu  moynho  11  469.  jz,  ou  |  00  |  asnoda  |  yrantelll  209. 

fl%  Tambem  tenho  bom  rrespeytoll  a  |  0  I  eu  malnam  tratarEIl  219.  2. 

Entre  les  voyeiies  toniques  et  les  diphtongues,  le  hiatus  csl  presque  de 

'^gie;  aus<i  laisserons-nous  hors  de  cette  étude  des  combinaisons  telles 

9"t  les  suivantes  : 

^  +  M  :  maa  \  auçam  III  490.    18,  meu  viver  seraa  |  ausente  I 
î^I-îo; 

'  +  «  ;  e  jaa  I  eu  vejo  d'aquy  III  664.  j  j  ; 
^  +  M  :  maa  |  ou  boa  III  44Ï.  9,  nunca  i^  1  ouvy  dizer  II  ^41,  21. 
Mais  quand  la  voyelle  est  atone,  nous  rencontrons  on  assez  grand 
"«ïrnbre  de  passages  où  elle  se  lie  avec  la  diphtongue  et  d'autres  où  elle 

76.  a  ■¥  au. 

K^lnda  I  ao  gato  i  1  jq.  9,  cf.  sse  daa  punhada  |  ho  gato  I  14^  2;, 
^'^«lOrraqua  |  ao  padre  II i  241,  j2,  Mas  praza  |  ao  rrcy  devino  I 

*  *   îi,  nom  era  |  ao  começar  II  42^.  1  j.  Contraction  :  nam  levara 

^K  ^^  pinyso  I  94.  9r  Luzia_ao  longe  e  ao  peno  II  )9i.  14. 


77.  a  +  a«. 


,^_^*^(b  ?os!a  I  andiençia  I  478.  28,  capa  |  augoadeyra  I  1  (4-  '  î-  Con- 
^^ciioB  ;  vossa aussenda  III  477.  jj. 

78.  a  +  ey. 

Vxxm  :  essa  I  ey  sempre  de  ter  II  34.  2,  Triste  vida  j  ey  de  1er 
■'  4;î.  3j.  Contraction  :  donzela __excelente  I  408.  10,  Enve(a_ey 
'  Vf},  lî,  Nesta  vyda_ey  d'acabar  II  ^98.  10,  poys  que  nela_ey 
'*  aobar  II  174.  r?»  que  de  vos  nunqu  ey  de  ver  11  jj.  21. 

^JjBtl  lanbë  em  vogil  se  safl  ambas  dehij  m«iiio  gfnero  mtsturansc  ambas  e 
****  tta  vogal  :  e  as  vczes  grUe  de  seu  gcncfo  de  q  eJIas  crjO  como  r  descre- 
î*^  :  por  d«  tKits»  :  ntivaui  por  t%\iVi  assl  :  c  coinos  tatinos  por  cotno  os 
^■m  :  e  se  saO  de  diverses  gcneros  a  prJmtiM  prtndesse  c  a  segflila  m  4 

^féf  nestar;ise  Sbas  :  e  comeste  por  como  rstc,  Ainda  por?  ^  as  vaes  ficaO 
^  attirât  ma]ronn«tc  se  saO  dîvcrsas  como  acaba  è  a  vo»;al  ;  <  conur^a  a 

"pu.  ■ 


274  '■   CORNU 

79.  a  +  eu. 

Rrespondy,  senhora,  |  eu  I  477.   14,  ora  |  eu  nam  tenho  culpa  III 

52 [.  21.  Contraction  :  vos  sem  pena, eu  com  tonnento  I  31 5.  18. 

Quand  le  pronom  suit  le  verbe,  le  hiatus  est  bien  plus  rare  que  b  cod- 
traction  :  querya  |  eu  II  6)2.  4,  dera  |  eu  III  387.  8,  veja  |  eu  II  $64. 
I,  esuv  eu  III  J93.  6,  trazy  eu  III  4.  2,  descanssari  eu  II  464.  9, 
soportareu  II  170.  14,  for  eu  II  5J2.  14,  sayb  eu  I  250.  sj,  veieol 
2JÎ.  j2.  2S4.  14.  27,  iJS.  î,  etc. 

80.  a  +  ou. 

Hiatus  :  A  [  outra  II  128.  26,  III  J78.  i.  da  ]  outra  vida  III  288.  6, 
mas  a  toda  |  outra  jente  I  48.  1 ,  A  toda  |  outra  rrazam  I  4 1 4.  15^  nen- 
hûa  I  outra  donzela  II  J74.  8.  que  tenha  |  outrem  cuydado  II  4S1.  29, 
onde  faça  I  outra  vyda  III  512.  2,  repricarey  a  |  outras  I  j2.  iS.oHna 
I  outros  desastrados  II  218.  7,  a  ]  Ourem  III  289.  5,  a  |  ousadas  III 
}44.  18,  para  |  ouvyr  II  476.  22,  III  626.  4,  quanta  hma  {  ouço  f  eu 
III  47}.  4,  que  vos  tolha  [  ousadia  16.  }o,  comenda  |  ouabadya  1  267. 
15,  perdyda  |  ou  ganhada  II  56.  j,  da  pena  |  ou  do  prazer  III  49.  6, 
ssobre  pera  |  ou  maçâa  III  jo;.  21,  a  quem  pertença  |  ou  tem  I  62.  4, 
etc.  A  c6té  de  ces  hiatus,  fréquents  comme  on  voit,  Il  y  a  de  nombreux 
passages  où  Va  se  contracte  avec  ou  :  e  per  aquel  outra  parte  II  J79. 12, 
toda_outra  gente  peleje  II  393.  10,  qu'em  iamanha_oupiniara  III  19. 

I),  nam  foy  pequena ousadya  III   112.  19,  mas  li  fyca_outra  mas 

fyna  I  98.  7,  nam  achava outra  pousada  I  476.  26,  que  se  âgua_ 

outra  mudança  II  424.  14,  Nam  s'espera^outro  rremedio  III  12.  1» 
seria^^^outra  vez  perdyda  III  185.  5,  compr  outro  de  teu  dinheiro  III 
395-  10,  se  m'isto  tomara_outr  ora  III  541.  j,  Nem  Ihe  dav  outra 
rrezam  III  605.  33,  mas  aynda^^outro  mais  bravo  I  70.  23,  hynd'  ou- 
tro dia  III  248.  17,  poys  nunc  outras  am  de  ser  II  4.  j,  e  tambem 
contra^^outras  duas  III  272.  [  j,  pera^^utro  lugar  II  4J2.  22,  que  seu 
dono  trag  oufano  I  14$.  24,  nem  tem  a  quem  seja„ousado  II  10.  21, 
me  seja_outorguada  II  249.  16,  Que  nom  tomara^ousadia  II  391.  9, 
Ninguem  non  tenha_ousadia  II  437.  27,  e  leva_ousadia  11454.  18, 

mas  isto,  senhora,_ouvy  II  163.  7,  Eu  hûora ouvy  na  firesta  111  209. 

6,  se  mula_,ouverdes  mester  III  263.  eo,  que  quanlo  mor  rrenda «u- 

veram  III  435.  25,  mas  ss'agora_,ouvesse  lama  III  508.  2j,  que  nunca 
_ouvestes  rremolho  I  242.  19,  ca  da  crasta_ou  do  |  estudo  I  396. 

22,  sem  coroa ou  semonia  I  398.   30^  d'ilharga_ou  de  costa  I  joj. 

23,  se  nom  for  em  prata_ou  |  ouro  II  374.  2,  mintia  boa — ou  maa 

Ventura  III   381.   9,   desaventura ou  mudança   III    $42.   16,  hé  na 

taverna_ouna  praça  III  651.  22,  pouco  Ihe  prestâra_ou  nada  H  4J0. 


PHONOLOGIE  SYNTACTIQUE    OU   CcUlâoniirO  glTHl  i?} 

ti-  Dans  les  vers  :  naro  cavalg^râs  em  p6tro.  Nem  ta  mother  gab«s 
«^outro  I  199.  ao,  pouvons-nous  conclure  de  b  rime  à  la  prononcia- 
tion? A  ct>\é  de  a  \  oauidas  cité  plus  haut,  qui  ne  se  rencontre  qu'une 
Ws, nous  trouvons  a  \  osadas  II  ^jS.  1  j,  III  89.  12,  îoi.  1 1,  et  *i_o- 
loiti  (voir  Moraes  Silva  s.  v.  dosjiiis)  :  e  nesias  trovas  a_o  sadas  |[ 
Poden  ser  muy  bem  culpadas  H  as  varandas  d'Almeyr^ro  H  440. 1 } ,  que 
^  por  cle  a_osadasllque  nam  gaste  seu  dinheyro  III  266.  9,  et 
*oià  OËsadas  :  tacu  carregado  d'amores  II  que  ousadas  I  1 78.  i  f ,  ela  cho- 
nvaiioQsadas  assaz  de  bem  |{  por  vosso  mal  H  19.  8,  e  hija  d'cbs 
wuadas  II  qu'ee  d'isso  mereçedor!  III  $77.  9.  Cf.  oaihar,  fréquent  dans 
t*  Cmxoneiro  gérai. 

181.  e  +M>. 
MiBha sorte  j  ao  contrairo  II  jûi.  j^pyd'aorreyçetestrial  II  jh-  }o. 
82.  e  4-  du. 
Otilc^ausemc  11  J7i,  12. 
8î.*  +  «. 
Rite  I  Heytor  II  )9i.  Hi  «***  I  T  por  mays  perdido  III  ^8.  a. 

184.  e  +  ea. 
Onde  I  eu  embalde  vy  II  f  $2<  ^î*  Voir  Eu. 
8{.  e+  ou. 
Hialus  :  sey  que  |  ouve  t  outra  ora  I  277.  37,  nara  precure  |  outra 
Çï'Qrw]  }^o.  6,  naçe  |  oulro  moor  desejo  11  jij.  8,  nam  s'esperc  | 
"^Uïrobem  MI  12.  8,  d'^tor  soomente  |  ouvyr  li   177.  7,  dcveys  d[e] 
*Hilhar  princyro  lll  261 .  1  j,  voir  De;  se  por  mone  (  ou  proveza  J  279. 
1), scanda  longe  |  ou  peno  1  272.  17.  L'tflision  aussi  est  fréquente  et 

W  indiquée  dans  quelques  passages  par  l'onhographe  :  este. outono  II 

'30. 17,  desi'  outono  III  21  j.  r?,  deniro  na  corte_ouiross}'  I  79.  12, 
Vttiyïs'  outro,  nam  por  gabo  I  i  j.  2,  que  tom'  omrem  por  prazer  II 

kii7-  6,  bûa  dor  sobr'  outra  dor  I  1 10.  16,  em  vos  fale^  ousadamcntc 
'114.  2,  per  milagre_ou  caso  tal  I  îoj.  22,  que  nam  s'acabe^ou 
■"iQhe  ri  160.  2,  tarde^ou  çcdo  I  ^67.  1  j,  tard'  ou  çedo  lll  666.  j, 
Wâ'  ou  Dtinca  III  S92.  i  j ,  estootro  ne  doit  point  Htc  rangi*  ici,  c'est, 
tMIne  atoturo  et  atjattoutro,  un  ancien  composé  que  les  éditeurs  ont  tort 
■^'teire  en  deux  mots. 

86.  0  +  ao. 
tënn  :  Item  qnamo  1  ao  correo  I  lor.  {,  do  corpo  <  ao  coraç3o  II 
Ip.  ]}.  ros  nam  fa\o  \  ao  présente  lll  ;72.  2.  Porque  logo  |  ao  sentir 
fi  4tQ.  8,  E  toguo  I  ao  enireguar  III  532.  6,  poys  que  logo  ]  ao  pescar 


J-j6  t.  CORNU 

[Il  ij!.  9.  Une  fois  0  et  ao  ne  font  qu'une  syllabe,  d'Ulises,  e  rrogo„ 
aos  fados  M  {p.  5,  mais  ce  vers  doit  peut-être  se  mesurer  d'une  autre 
manière. 

87.  0  +  au. 

Toda  1  auTo  de  guerreyro  II  119.  33,  e  meu  bem  tûdo  |  aussenle  III 
]oo.  21  ;  com'  ausenie  111  ]2i.  14. 

88.  0  +  «. 

Falo-ey  I  yj.  34,  tanio  |  cy  de  mereçer  II  462.  9,  medo  ]  ey  II  îçt. 
28,  m  jj8.  î,  tudo  I  ey  tle  soffrcr  III  îjï.  17,  Uto  |  ey  de  padeçer 
]]|  jâ6.  10,  poys  como  |  ey  d'esperar  11  1 19.  i  J,  nam  sey  quand'  ey 
de  morrcr  I  461.  j2. 

89.  0  +  eu. 

Hiatus.  La  terminaison  de  la  première  personne  de  l'indicaiif  présent 
et  celle  du  gérondif  restem  devant  le  pronom  :  diguo  |  eu  dans  un  grand 
nombre  de  passages,  tenho  |  eu  l  339.  19,  joo.  26,  etc  ,  sendo  |  eu  0 
cacyreyro  11!  410.  19,  vos  vivendo,  |  eu  morrendo,  vos  folgando,  |  eu 
penando  I  }i  j.  17  et  18.  est  justifié  par  l'antithèse;  que  sem  !ho  |  eu 
roereçer  I  378.  27,  mesmo  |  eu  me  desconheço  III  Î79.  22,  çerto  \  eu 
naçy  maa  ora  III,  484.  iî  çerto  |  eu  bem  folguarya  II!  (tg.  aj,  como 
1  eu  descanssaria  I  ^y}.  6,  como  {  eu  por  vos  qucria  II  {4.  j;,  como 
I  eu  Irarey  vestidas  ?  II  389.  jj,  de  quando  |  eu  nam  vevîa  111  416. 
I  {.  Il  y  a  éltsion  dans  :  Quant'  eu  gosto  de  vos  ver  II  )8o.  18,  cant'  eu 
devinhar  nam  posso  1!I  79.  i,  em  quant'  eu  por  tantos  modos  II  îSî- 
8,  com'  eu,  dans  plusieurs  passages  :  toujours  comme  on  voit  dans  des 
combinaisons  qui  reviennent  souvent. 

90.  0  4-  01. 
E  nam  parando  |  oytavo  I  eoi.  19. 

91.  0  4-  ou. 

Hiatus  ;  0  |  ouiro,  o  {  ouro,  o  \  ouvir,  hum  polo  ]  outro  faUr  III 
218.  16,  do  I  ouro,  0  I  ousar,  no  |  outono  I  jo.  },  do  j  ourienie  I  igj. 
7,  no  I  ûuleyro  1  296.  1,  0  coraçam  que  0  1  ouve  I  ^8.  lï,  e  o  ]  ouvc 
bem  servydo  I  70.  1 9,  nam  no  |  ouso  de  diz^r  1  t)i.  2,  nam  no  |  ouso 
desejar  II  1)9.  18,  todo  {  outro  padeçer  TU  ]j6,  34,  e  no  campo  I 
outro  ta!  I  1^9.  11,  Fez  o  tempo  ',  ouïra  volta  I  196.  3$,  Tomo  \ 
outra  concrusam  I  97.  37,  D'ouiro  tenho  [  outro  mal  II  498.  9,  porque 
partydo  ]  ouvestes  III  509.  33,  Qyanto  |  oLuJves  nam  creras  I  599.  8, 
Dyzendo  :  |  ouve  senhor  l  81.  u,  antes  0  quero  |  ouvyr  III  jiç.  8, 
Quando  {  ouvy  tal  mistura  III  88.  1,  se  sse  vio  morto  |  ou  vivo  I  {4. 
I },  quem  for  vetho  |  ou  doenle  I  28;.  2 1 ,  de  barro  {  ou  de  madeyra  III 


PHONOLOGIE  SYNTACTiQUE  DU  Cancioneifo  gérai  377 

14e.  14.  Excepté  entre  l'article  et  le  substantif,  le  pronom  et  le  verbe, 
oâ  le  hiatus  est  presque  de  règle,  on  trouve  un  assez  grand  nombre  de 
combinaisons  où  l'o  se  contracte  avec  la  diphtongue  :  hâ  o,_outro  viver 
I por  desaventura  I  50J.  14,  nam  no_ouvyreramais  saâo  II  162.  21, 
comquetod'outro  faz  fim  III  450.  ijjdetodo  verbo^ouçyoso  I  ^85. 
i],mai  porserdes  moucho_oufâo  III  6jo.  J4,  Huum  tempo^outro 
fembrari  II  171,  ij,  a  emprestalo_ outra  vez  III  538.  jj,  querendo,_ 
oatn  nomear  I  414.  27,  eu  tenh  outro  mor  cuydado  II  }2j.  14,  que 
«Ml  ienho_ outra  moor  jura  II  599.  j,  nom  tenhc^outro  gualardSo  II 
426.  ]},t]ue  nam  poss  outro  comprar  II  4S9.  7,  e  log  outra  no  |  ilhal 
'  'iî-  36,  nera  que  posso_ouvyr  dizer  1!  8.  22,  Grande  bem  faz  tudo 
wousar  II  1 16.  3,  ysto_ousarey  de  dizer  II  462.  16,  co  ele  segundo 

_ouvy  III  j8o.  î,  tara  corteses  como oufanos  I  299.  6,  conio ou- 

Tistes da  barguilha  III  145.  10,  Quand  ouve  os  Alpes  de  todo  passado  I 
ï8i.  24,  quando_ouverom  de  leyxar  II  497.  2,  se  nam  quando^ouvy, 
KnhorlII  90,  27,  Mas  hum  de  nos  cinco_ou  seis  I  142.  ij,  sempre 
poucD^u nada dura I  joo.9,sem  dinheyro_ou boa  prendall  17S.  20, 
•pw a  torto._ou  a  direyto  II  599.  i  j,  meu  jaezfermoso_oufeoIII  108. 
'2,  este  desvayro^^ou  mudança  III  ^27.  14,  que  desejo^ou  que  rreçeo 
m  }6o.  i6,frasco^^ou  lanterna  IIl  6;o.  8,  como posso,_,ou  como  faço 
"  i8j.  12,  que  cabo^_^spero.^u  que  fim  II  j2i.  7,  vos  qu'achastes 
dentro^ou  fora  II  288.  12. 

DIPHTONGUES   ET  VOYELLES. 

Des  nombreuses  rencontres  de  diphtongues  et  de  voyelles  que  l'on 
•"•nve  dans  le  Cancioneiro  gérai,  telles  que  ai  +  a,ai  +  e,  ai  +  1,  ai  +  0, 
"  +  a,  ei  +  e,  ei  +  i,  eu  +  a,  ea  +  f,  eu  +  i,  eu  +0,  oi  +  a,  oi  +  e, 
"■  f  a,  ou  +  e,  ou  +  1,  ou  +  0,  ou  +  u,  ui  +  a,  ui  +  e,  ui  +  i,  il  n'y  en 
>  qw  quelques-unes  qui  offrent  quelque  intérêt,  et  que  nous  étudierons, 
^d'ordinaire  elles  comptent  toutes  pour  deux  syllabes.  Ce  sont  : 

92.  ae  +  a. 
He  cae  I  a  pena  de  mSo  I  26.  22^  que  cae_,a  pena  a  quem  sospira 
U9-11. 

9Î.  eu+a. 
Hea  I  agravo  1  }j.  2[,  meu  |  amigo  I  12}.  34,  eu  |  a  [  ey  por  casy 
ixla  III  219.  2  i  mais  le  vers  :  que  deu  a  Nuno  de  Sampaio  I  202.  20, 
Ptniétre  mesuré  d'une  autre  manière.  Voir  Proparoxytons. 

94.  eu  +  e. 
Seu  I  entender  1  8}.  î2,  seu  |  estado  I  95.  6;  ha  sseu^estado  tri- 
Imai&l  111  467.  4. 


:.     ;-ini';.  :fu     inferno  ;  meu^irmào  I 

..:  'i-^iç^z  :;  :v  23. 

„--i      -  ;  ;  :  mandou^a  mym  seu  secre- 


i     ::ïi.-^  1= '.  :o.  10.  pareçeys  grou    es- 


,    .--    i  estou  j  offereçido  III  Î45.  22, 

.     ;:,  e  levou^^ho  a  por  em  monte  II 

;..  .,^  ;    -i'.jio  III  :oo.   2^.  que  guabou^o 

. -  ;;r.    -■'.  :njs  0  caparazam  hé  tal  III  :i4. 

■   ■;  .  >     ^i~.  34,  se^_,hé  assv  ou     0  con- 


.,  .  L>    ;■■    riPHTONCUES. 

:L-:-.:r:;'.eni.  moins  les  contractions  sont 
.^  ij:--*  ?r.;re  deux  diphtongues  :  acabay  | 
^  ..  '4-  19,  amor  me  deu  |  ousadia  I 
S.  ^::  veniura  sou  |  eu  besta  111  208. 
^  .•■..','  :  ;~4.  2,  ou  hum  ou  |  ouiro  for- 
...u:."'-"w    *■"-  perdeo  III  62J.  5,  se  disestes 


>    ..:>.-:>    i'T    VOYELLES. 

;>  j^i^ci  r.i  se  combinent  point  avec  les 
i.L  ».'.>  ■î'*A>nlrons  d'assez  nombreux  pas- 
.iM.i:\  l'ï*."  '■»  voyelle  suivante  une  seule 


.,.ui.      .-■•t   •■■•  -î"^  njm_il  hy  igoal  molher 

'V, 

.....  ( 

■i^,     :.  que  me  fez  nam^_^aver  por 


PHONOLOGIE  SYNTACTIQUE  DU  CanchnéiTO  gerol  2-j^ 

mal  m  Î74.  12,  e  poys  mester  me  nam,_,aveys  III  j  jo.  8,  se  nam_a 

%,  tninba  senhora  111  J78.  1 },  huum  prazer  tanv^graduaclo  1  loj.  4, 

n/a  vos  todos  tamados  (=  tam  amadosj  In.  26,  de  que  falam_^as 

fofcçyas  1  246.  î,  lodosforam^^^pousentados  ni  51Î.  15. 

102.  âo  +  i. 

Nam^é  boa  nem  ma  ventura  II  12s.  16. 

1 0  î .  âo  +  e. 

Ca  em  mym  nam^estaa  poder  I  484.  9,  a  vida  nam_estaa  segura  II 
J2  S  -  1  î ,  bûa  morte  tam  vydente  (:=  tam  evydente)  III  1 97.  j,  que  me 
^zeram^esqueçer  1  }o8.  26. 

104.  ào  +  ê. 

f*ois  em  fee  limpa_e  nam_em  guerra  II  7.  26,  que  trovavara.^em 
Portugal  I  268.  4,  sse  posseram em  myl  perigos  III  j  1 7.  i . 

loj.  âo  +  o. 
Seràos  lembram_os  que  ja  vy  II  171.  18. 

106.  ë  +  e. 

Nein  esperança  II  ij.  î6,  estar  qui  com'  em_Ëlmeyrym  III  Î04. 
'5,  sen^^Enone  que  rreçebeo  M  560.  25,  sen^-'Enone  que  choraraa  II 
S^.  52,  de  mao  homem_e  boom  cristao  111  277.  28. 

107.  ë+ë. 

Quai  outra  nom  vîmes  nem  livres  (=  nem  em  livres)  se  nota  II  279.  2. 

108.  i  +  a. 

Ca  nam  myngoa  nem^_acreçenta  1  }7.  19,  nem  aproveyta  ser  calada 
'  162.  14,  nem_ajaes  d'isse  mede  I  S05.  8,  n  Avyçena  nem  Rrasys 
'îl  248.  19,  Estava  bem.^venturado  II  555.  j,  que  sam  companhôes 
*Bi  Abraico  II  292.  29,  para  s'omem^ajudar  d'ela  H  597.  21,  as  que 
Pwiein^aproveitar  II  569.  8,  escolhem^a  mays  periguosa  III  1  y  14, 
fsrrequerem^atalydade  m  164.  14,  que  valesem_a  minhas  dores  U 

)°4- 11^  porque  se  vem.^a  encalmar  III  2$9.  22. 

1 09.  è  +  î. 
Porvos  homem^nlitular  III  lôj.  4. 

110.  i  +  0. 

Ncni_o  grae  Père  de  Lebam  III  1^9.  i  j,  nem_e  gram  pelouro  de 
pezlll47î.  9,  cagua-aly  hemem„o  dinheyro  II  482.  8,  fazer  homem 
^oque  nam  ousa  III  }].  20. 


aSo  j.  CORNU 

\n.  ê  +  u. 
Ninguem  foy  em^umanidade  I  246.  14. 

112.  ë  +  ù. 

Tem^ûas  agoas  de  donzela  III  îdj.  9,  sem^ûa  pouca d'oniildade 
III  64.  12,  Tambem  me  ievem^uni  alqueyre  III  177.  21. 

113.  e  +  ao. 
Nem_,ao  penssamento  Ihe  vem  III  270.  i. 

114.  5  +  0. 

E  com^o  rreçeo  perdido  III  j8j.  17,  mais  on  pourrait  lire  co  (=:p> 
0),  descobrirom„os  elementos  III  465.  5. 

115.  ô  +  a. 

Com_amarelo_e  emcarnado  III  267.  j,  com,^  espéra  e  corn  a  cruz 

II  jj8.  [9,  mais  on  pourrait  lire  a espéra,  quoique  la  contraction  de 

l'article  avec  le  substantif  sott  rare,  que  com.^^  vida  que  me  days  III 
Î79-  7- 

1 16.  ô  +  à. 

Va  dom_Anmque  presumyr  III  288.  1 ,  que  dom  Anrrique  dé  penhor 
m  289.  2 1 . 

117.  ô  +  i. 
Com,_essa  pança  muy  atento  III  645.  jo. 

118.  ô  +  û. 

Ca  de  jugar  commua  fâcha  I  27}.  16,  porque  nam  dam  com  hiia 
sela  III  242.  1 1,  vou  com^hum  homem  nesta  |  hyda  III  508.  17,  mais 
l'orthographe  est  peut-être  inexacte,  car  on  pourrait  lire  caam,  cuùa  ■. 

I.  Dans  le  Jorat,  i  Vlllars-Mendraz  (Suisse  romande),  nous  avons  des  con- 
tractions toutes  pareilles  i  celles-ci  : 

J  +  a  :  Lâ_atsirJ  d'ecaurt  'ils  onl  acheva  de  battre  (le  grain)',  jJ^nnwJ 
•ilssont  arrivés', îi_j/iimiï,y5_jrjr^ 'ils  vont  traire',  vS^avô  /u  wW^/m 'ils  vont 
en  tus  le  village'.  i'J_.i  l'oli  'ils  vont  à  la  cuisine',  vJ^a  lafajri'-'ih  vont  i  la 

foire',  tJ^A  ffiJ  i^lJ,  ils  sont  i  ma  convenance',  la  savâ oJif'M'ilsle  savaient 

aussi',  Uipi^iivA  'ils  lancent  en  bas',  pdsià adl  ^ils  passent  toujours',  parti 

^4  hyt  'ils  portent  i  boire*. 

4  +  ï  ;  rJ^tcjurt  *ils  vont  battre  fie  grain)',  sâ^ttariu  'ils  sont  ivres'. 

i+ ^  .■yi_i'irt/jJ 'ils  feignent',  va  éséblya  'ils  vont  ensemble',  v^_(  Ui 
'ils  mènent  paître  le  bétail',  alavS^iièbfju  'ils  allaient  ensemble'. 

i  ^0  :  ts^  ori  Jirt  'ils  ont  entendu  dire'. 

J  4-  ^  -■  U^  tstvi  'ils  ont  un  cheval',  vidri^S  yodzu  'ils  viendront  une  fois', 

U .Àr^tt  prju  bi  'ils  ont  encore  assez  de  bien',  mtnd^ô  bau  'ils  mènent  un 

taureau',  tramd^ikàrj  prm  a  lyùid  'ils  trouvent  encore  assez  i  glaner'. 

i  +  4)  :  ri^iiy/riyt  'ils  vont  aux  fraises',  o/dvj "J  f"yf- 


PHOKOLOCIE  SYNTACTiQUE  DU  ConcmetTo  gcrul 


38 1 


APPENDICE. 
£U;  VE,  TE,  SE,  LHE;  0,  A;  JA;  COM,  CO;  DE;  E;  SE;  QUE. 

BU. 

fin  ne  forme  presque  jamais  une  syllabe  avec  l'o  du  prôseni  de  l'indj- 
cuif.  Lespofttes  du  Conciontko  gcral  prononcent  :  diguo  \  eu,  tenho  | 
ta,  tico  I  eu.  Les  seules  exceptions  sont  :  s^ybam  laa  que  digu_eu 
JïWlt  iS,  8,  e  diguo^.eu  II  i8f.  i,  de  Mendoça  me  chamo  ^^eu  III 
4û6.  i6;  ainsi  trois  cas  sur  une  cinquantaine  oîi  il  y  a  hiaius. 

A  Imparfait,  au  conditionnel,  au  plus- que- parfait  et  au  présent  du 
'■l'ioociif,  il  y  a  tantôt  hiatus,  lantô»  élision  ou  contraction  de  Va  avec 
Kpronom,  ce  qui  est  le  plus  ordinaire  :  querya  {  eu  III  6j2.  4,  dera  | 
wi"  Î87.  8,  veja  I  eu  II  564.  c  ;  estav  eu  I!l  î9j.  6,  trazy  eu  III  4. 
>•  pody  eu  (II  408.  20,  descanssari  eu  II  464.  9.  sery  eu  Hl  }.  10, 
P^ftwi^eu  III  272.  4,  soportar  eu  II  170.  14,  Nani  for  eu  milhor 
wȍiilo  II  J53.  14,  m'ouvcr  eu  III  6.  18,  Bem  vos  poder  eu  matar  III 
6i}-  ij;  assy  aja^eu  boa  fym  I  177.  1,  sayb  eu  I  250.  n,  354.  ji, 
Afijoereja^eu  etn  Beia  III  84.  1,  vej  eu  1  z;)-  ï't^U*  M*  '7i 
'It-  {,  Il  )68.  1 },  mal  viv  eu  It  20.    \s,  MI  4.  4. 

Aa  pirfait  de  l'indîcailf  avec  accent  sur  le  radical,  au  présent  du  sub- 
imnifde  la  première  conjugaison  et  au  plusK^ue-parrait  du  subjonctif, 
"Ow  rencontrons  une  fois  le  hiatus,  une  autre  fois  l'éltsion  :  trouxe  |  eu 
'"î6o,  6,  fosse  I  eu  !II  (.  2.  Oxala  me  %-isse  |  eu  IlI  279.  24.  Nam 
li'^ajique  guasie  |  eu  111  477,  },dyss  eu  I  476.  8,  Maspaaseuantes 
ïiiptioll  384.  14,  que  me  viesse^eu  a  ty  HI  487.  27. 

Apffcï  le  gérondif  il  y  a  hiatus  ou  élision  :  sendo  1  eu  0  cacyreyro  III 
l'o-  19,  iramortal,  jendo_eu  mortal  II  42J.  13.  Dans  vos  vivendo,  | 
''RKirrendo.  |]  vos  folgando.  j  eu  penando  I  }i  ).  17  et  18,  le  hiatus 
*«iu«ifié  par  l'ami  ihéie. 


f --M  :  fd au  fi,  *d au  bù  'ils  vont  au  bois',  alavS^^au  bù. 

I  ii  '  ■  "^*"  '— '"  '"""*  ^"""^  b.^ttu",  adz'  é__eti  'nous  avons  mis  de  Ij 
'"*«',  jjTi  bê^ecaare  'ris  savent  bien  battre',  si^icaurt  'sans  battre', 

I    '+  /.■  ti^ftti  'sans  entrer',  ni  ai  traavi isfbha  'nous  nous  trouvons 

'•Sttki,'.      -  -       ' 

'+  t  :  La  té^aiwii  'le  temps  arrive',  ai!-£^atse\.i  'nous  avons  achevé',  mt 
!S~^'  '■'  ■"*  souvient  toujours',  nà  ni  if_iilfohijJ  'nous  nous  ïDmmes  bais- 
"» -wMr/  lé    araj  fâ  'manger  sans  avoir  faim',  hé^apray  'bien  élevé'. 

^  -i-à  :  ailay  /Mi_5  ni  'nous  lui  ferons  un  nid",  Ji_ônamtiô  'dans  une 

f+tj  :  nàz-tndti^aj  z-âpt  'dous  irons  aux  Iramboitcs'. 
l-i-a  :  héi-aadti^m  ta  'nous  irons  au  bois'. 
à+a:  bi^a  dirt  'bon  i  dire'. 


a  82  I.    CORKU 

Avec  d'autres  mots  nous  trouvons  la  même  incertitude,  mais  le  plus 
souvent  il  y  a  hiatus  :  ircspondy,  senhora,  |  eu  1  477.  14,  ora  |  eu  nam 
icnho  culpa  III  J2i.  21,  vos  scm  pena,_eu  com  tormento  I  ;ij.  18; 
Triste  |  eu  seguy  0  mar  I  489.  1 ,  que  sempre  \  eu  certo  ssam  II  1  j  1 . 
I  ;  que  sem  Iho  |  eu  mere^cr  I  ^78.  37,  mesmo  |  eu  me  desconheço  III 
}79.  33,  como  I  eu  por  vos  queria  U  {4.  ;;,  como  |  eu  irarey  vesti- 
das?  Il  }S9.  }3,  de  quando  |  eu  nam  vevia  III  416.  il.^ertû  1  eu  naçy 
maa  ora  lll  484.  i;,  Çeno  |  eu  bem  folguarya  III  ^19.  Z};  eneste 
caso^eu  vos  diguo  II  493.  8,e  porysso_eu  qucro  ler  IH  4;.  12,  por 
vos  mesmo _cu  ousarya  lll  270.  8,  com'  eu  I  11.  20,  2j.  3,  69.  a^, 
etc.  Eu  ne  se  contracte  jamais  avec  la  voyelle  suivante. 

HE,  TK,  SE,  LKB. 

Me,  le,  se  et  ihe  ne  conservent  que  rarcmem  la  voyelle. 
Me  :  Nom  me  |  es  tu  coraçam  I  470.  2},  ver  uos  me  |  hé  ji  poder  11 
$81 .  j,  de  ly,  senhor,  me  |  hé  dito  lll  487.  1 },  me  |  era  mais  rrecreçer 

I  }0}.  3{,  com  que  me  |  ey  d'ajudar  II  fit.  j,  hyr  me  |  ey  III  48$. 

1 0,  que  tam  alto  me  [  esienda  I  }  1 .  1 1,  me  {  emvya  huum  tratadû  I 
274.  7,  contra  myra  m,;cl  esforçava  I  ji  1.  26,  ïosssomc  |  entnste-;ey« 

II  I  {7.  17,  s'algOora  me  |  escuyta  tll  6o{.  ;,  me  |  ando  sempre  guar- 
datido  I  41 J.  lOj  A  que  cuidays  que  me  |  ama  11  476.  7,  tu  s<S  me  |  ii 
deabraçarll  ^56.  24,  me  |  hà  vossa  senhoria  de  despachar  Illôji.zj, 
me  I  acho  t.im  ynorame  III  496.  ^4,  ca  sem  vos  me  |  avisardes  I  160. 

1 1,  me  I  amosiresa  medyda  I  169.  i,  anles  me  |  avoireçës  I  452.  ij, 
desio  todome  |  aqueyxo  I  4^4.  it,  querer  vos  me  |  atormenta  II  i}8. 
},  me  f  assentem,  hé  forçado  II  179.  S,  loguo  me  l  aconsselhey  II  )6i. 
ij.quemc  |  acolhaysnamàoMI  51  j.  12,  namcuydcysquc  me  |  aqucyio 

III  400.  I4t  Eporvossome  [  avi  III  476.  i,  ArreTamnam  me|aba&ta 
Iir  )j8.  j,  me  j  aprouvelll  65a.  j{,  vossa  merci  me  ]  obriga  I  7}.  17, 
me  I  oiïere^  lll  4}}.  }},  nam  me  j  ouvem  nem  me  val  lll  joo.  17, 
me  I  ouvera  de  perder  lll  J2j.  2{,  se  me  |  eu  namenganey  11  470.  11, 
Nem  porque  me  [  eu  deytava  11  04.  }\,  mas  se  me  ]  eu  nam  engano 
III  119.  36,  ja  que  me  |  eu  nam  aqueyxo  III  419.  1 1  ;  Poys  me  |  esta 
confesaaes  II  114.  1 }.  Matame  |  a  ssaudatle  lli  410.  1 },  Pareçeysme  | 
almofreixe  III  628.  i,  dandome  I  onrra  na  morte  lll  177.  16,  se  me  | 
hum  podcssc  aver  lll  272.  3,  desscjarmc  [outra  cousa  II  ii{.  2a, 
lyrarme  |  0  que  mays  quero  II  1^4,  10,  porque  vedes  me  |  aquy  III 
J09.  4,  e  poys  me  |  assy  cotiheço  III  ji6.  2(.Trazme  |  assy  enganado 
III  ;77.  17,  faune  |  a  isso  ousado  I  7f .  9,  quem  me  |  a  mym  pregun- 
lasse  III  19.  17,  e  eu  perdyme  '  a  mym  III  }47.  1  $,  achej-me  \  em  soo 
cuydar  I  64.  1 2,  verme  |  em  sua  prisam  II  1  $0.  27,  queyxo-me,  |  en 
quanto  dyguo  III  402.  1,  matame^  |  ho  tu  esquiva  I  499.  27. 


PHONOLOGIE  STHTACTiQUE  OU  CanctoTuiro  gtral  aSj 

Tfîpodwa  quem  le  |  erra  I  117.  3i,neinte  |  ey  de  leyxar  yr  III 
486,  il,  porque  |  eu  nam  te  |  cmpeço  II  j6<).  2g,  se  te  j  as  tu  casia- 
naiell  ){i.  19,  Letnbrete  que le  t  aviso  I  474.  14,  Loguo  |  te  acorda- 
ri>ill406.  17,  Emboorate  |  eu  vy  tll  3  {6.  17. 

St:  se  t  engana  I  7.  22,  II  (75.  6,  nam  se  |  esguardam  favores  I 
ij.  16,  ■•  no  filho  se  |  esmahe  i  390.  1 1 ,  item  velho  que  se  |  enmende 
I  j^.  ij,  se  l  entende  II  1  ji.  î,  se  |  emmenda  II  jï?-  20,  se  |  es- 
)ndelll]ç>8.  2,  a  cadea  se  |  enUcgue  111  ;}}.  18;  se  |  hà  por  ben- 
çanlMç.  6,  se  |  acKa  I  i(8.  20,  27?.  14,  529.  14.  !■'  iS°-  '6> 
49|.  18  (sans  doute  par  dissimilation),  dobrarsse-  ]  am  nossas  dores  III 
(11.  i),etesse  |  ama  e  desama  111  66;.  20,  ele  cae,  ele  se  |  aati;a  III 
(6{.  II, se  {  acabou  a  perfia  I  27).  2j,  tant  gram  chaîna  se  |  nlçava  I 
}o8. 19,  mînha  dor  se  |  acreçenta  I  {29.  4,  a  oiolher  que  se  ]  atreve  I 
496'  11, se  I  alongua  mynha  vida  II  iji.  21,  e  desque  sse  |  apartou 
111  (01.  jo,  por  se  I  yr  I  2j.  10,  por  meu  mal  se  |  hyr  dobrando  I 
It7- 11.  se  I  tnctyne  I  2.  17,  se  |  yrà  1  62.  19,  sse  |  inora  II)  f  19.  16, 
Klordeoa  I  88.  7,  Il  1  {7.  16,  t  )8.  ;o,  se  |  outorga  !  105.  9,  levan- 
l'in  se|  u  moedas  t  186.  9,  Poys  se  |  oje  dam  boonsannos  11  4â{. 
U,  mas  por  rryrse  |  e  zombar  III  269.  6. 

Uf.eniam  Ihe  |  hé  ouiorguado  III  }0.  14,  Ihe  |  era  praçeyro  II 
4!î-  27,  dyribe-  |  ey  :  mao  nainorado  I  11.  2?,  peraJhe  |  enchcr  a 
jyoïa  III  fto.  7,  corao  quem  tanto  no  caso  Ihe  1  hya  II  28^  12.  que 
k  { ocDpou  a  motte  1  460.  1 1 ,  perdèlhe  |  0  medo  I  foj.  27,  tyrem 
4*|oarrendar  III  284.  b,  vj-Ihe  |  0  rrosto^^e  feiçâo  424.  20. 

(^i<|ue  ces  hiatus  soient  assez  nombreux,  il  arrive  bien  plus  souvent 
9*  iw,  If ,  u  et  Ihe  perdent  la  voyelle,  qui  est  presque  toujours  omise  par 
''«tbographede  l'époque  :  que  vida  m'ee  ja  morrcr  1  28.  2",,  calar  m'ey 
1  }■■  17.  confessarm'és  1  68.  6,  m'espanio  I  22.  24,  m'escuso  I  41. 
'Ij  m'afadigo  I  2S.  î,  m'acabo  I  28.  i  j,  pelo  que  m'ys  alegando  I  (9. 
'*.  poder  m'y»  queyxar  delà  l  i  ï  1 .  5 ,  donde  monc  sse  m'ordena  l  9. 
'•(«By  como  m'cle  apcrta  I  8.  26,  diz  m'a  mym  meu  coraçaro  I  8. 
**i  [lorqoe  ma  îsto  nam  calo  I  8.  21,  de  m'ora  vivo  tomar  I  49.  j, 
'■"■pies  où  il  vaudrait  peut-être  mieux  omettre  l'apostrophe,  car  au 
""*  tl  au  xiv  siècle  on  disait  mk  acabo  qui  a  aussi  bien  pu  devenir 
■'««toque  ttndimha,  vtndma,  et  cooimha,  coima  ;  e  terra  t'as  de  lornar 
['ij- 18;  8'esguarda  I  16.  16,  s'esmoreça  I  20.  18,  s'enganami  j^.  17, 
*fWenda  I  ji.  10,  s'amanssa  I  6.  4,  s'apagam  I  6.  7.  ss'avyva  I  16.  1, 
''wfaia  1  9.  18,  s'ofereçe  I  8},  12,  ca  poys  s'a  verdade  ve  I  20.  10, 
^e  ï'jsio  decrarar  I  6 1 .  i ,  etc.;  ferlh  *s  c'um  cspanto  tome  I  1 9.  28, 
"iblh'i  de  cusiar  I  129.  16,  Ih'alarga  t  140.  19,  o  gasto  Ih'amarga 
'  'fo.  20,  ({ue  aly  Ih'acudam  lodas  I  142.   8;  Querey  dar  Ih'algum 


1*4.  J.   CORNU 

:;ccrs]  :  ::9.  9;  Façolh  esta  concrusam  1  100.  36,  buscaes  Ih'outra 
icr  aC3=ia  :  zi.  î4,  etc. 

la  iic-çtiocs  leUes  que  :  deni-me_a  raym  hum  estormento  I  79. 
:  :.  àz-ce  l^ja  uudade  I  109.  7,  sont  rares. 

o>  A  (lo,  la). 

Lis  rrrroms  0  et  j  conservent  leur  individualité  :  nam  ho  |  hâ  nem 
?.-ô;  ier  ;;  n6.  ;j,  o  I  haa  sempre  de  fazer  III  68.  17,  nera  no  ]  â  hy 
II.-S  x=crts  in  î92.  2,  julgue  |  0  quem  0  bem  sente  II  7 1 .  8,  pague  |  0 
-n  îuj  v:Ja  II  lîj.  11,  e  vede  [  0  que  seraa  III 170.  10,  vende  |  a,  me 
r,su_a  vyda  III  56.  17,  sento  vêla  |  enganada  1  249.  17.  Mais  quand 
e  rc^com  s'appuie  sur  un  autre  mot,  il  peut  y  avoir  diphtongue  syntac- 
îv;^^  ;  e  querello„aprefyar  I  59.  12,  e  desy  fazê  o_andar  I  i  jô.  7,  se 
,-  icî^e  mays  em  irovar  III  271.  4  imais  il  faut  peut-être  lire  colhe), 
."s:  =j!nino_aguardeçays  III  549.  ij,  namno_aveys  vos  de  sofrer  III 
.-4:.  S,  sse  mo^^alguem  nam  desdisesse  III  ;)9.  10,  ou  ssoltemno.^^ 
rrepelSo  III  284.  8,  poys  fazelo_hé  acabar  III  i8j.  2^,  mais  ce  vers 
peut  être  mesuré  autrement,  porque  nara  no^^encantoey  III  27.  i6, 
0  negar  mo^^escusaraa  III  564.  4. 

Quand  le  pronom  se  place  entre  l'înfînilif  et  l'auxiliaire  aver,  il  n'y  a 
jamais  diphtongue  syntactique  entre  lui  et  celui-ci  :  falo-ey,  falo-âs, 
Jilo-aa,  acholo-ês\  velo-eys,  velo-am,  darto-am,  tela-ey,  crela-â,  vela- 
;mos,  cantala-emos,  vela-eys;  dylo-hya,  hylo-hya  cometer  III  48Î.  ji, 
iaiu-hva  por  perdida  II  109.  ij,  verma-yas  escrever  II  416.  ij,  tor- 
Mia-liyj  jlevantar  III  28.  24.  Voir  pour  la  mesure  du  vers  s.  Propa- 

..  .fonoiD  *  se  contracte  plus  difficilement  que  l'article  avec  la  pré- 

w.u«:ii  .     ;u'«(D  me  forçou  a  |  0  ser  II  1 5 1 .  4,  a  |  0  eu  mal  nam  tratar 

. .:     -    ^<r  ^^i  J  I  0  que  tem  I  144.  [4,  a  |  0  que  menas  pareçe  I 

.    N        *  ^«.    A  umanydade  I  227.  4,  que  chegue  a  |  0  que  sento 

. .  oio V  »«■  Ji  '  0  que  deço  III  j  1 8.  19,  a  [  os  qu  errey  per- 

^  .^«^       ■  '    ï».  \  I  os  que  se  vay  mostrando  I  224.  21,  quedays 

-  , .«  ..(iMv<7>      .40.  2 J,  a  I  os  que  vossos  nam  sam  lil  )46.  m. 


>   v.^»v«       -:■  n ,  jà  I  era  casy  de  dia  I  406.  j,  ji 
.-^        4>&  ^.queji  I  ele  rrezaria  III  504.  j,  que 


H.'-«  «N-wat  on  pourrait  ttre  tenti  de  l'admettre. 


PHONOLOCrK  SYNTACTiQiJE  DU  Cancio/ttiro  gérai  28$ 

jilejsecipre  de  ter  IIl  jgj.  s,  c  por  d'ouircm  \â  \  csposo  l  2^4.  28, 
Namtenha  ji  {  «perança  III  ;47.  {,jâ  |  estoudesesperadolll  j)^.  18, 
jilouu  ofTereçdo  III  341.  22,  e  que  jaa  [  enuim  iodias  II  27.  19, 
mo'fi  I  ouvy  dizer,  etc. 

A  c6lé  de  ces  hiatus  qui  sont  presque  de  règle,  il  y  a  quelques  pas- 
nsn  oCiyi,  qui  a  un  ii  ouvert,  subit  les  mêmes  niodiiicatians  que  si  Va 
ftnatone  :  iacabou,  )é  destroyda  II  173.  11,  que  nam  lenbo  jaa— cssa 
nniia  m  loç.  1 ,  Jel'  enlam  cm  ssy  abranda  18.  18,  Tal  catïvo  jeete 
iull  j36.  B,  Nam  mo  ja^eys  por  vosso  mays  IIl  j3.  10,  Je  estrl  mal 
fetmninado  lU  404-  24,  jora  vedes  III  507.  54,  cf.  embora  ;  cuydando 
»  que  jovy  (=  ]&  ouvi)  vos  II  173.  17,  jouveryets  algûora  il  }.  j. 
Dnivoyelles  ioniques  ne  pouvant  se  contracter,  il  me  semble  néces- 
ttire  d'admettre  certains  cas  où  jd  perdait  l'accent. 

cou,  CD. 

En  théorie,  comdoit  conserver  la  nasale  devant  tes  consonnes,  à  l'ex- 
«pliflB  de  s,  /  et  r,  et  il  en  est  effeaivement  ainsi.  Que  l'on  ne  trouve 
^'unieul  passage  tel  que  le  suivant  :  val  co  vos  esta  rrazam  III  24J. 
'•  ctii  n'a  rien  d'étonnant  ;  car  il  est  natuie!  que  les  formules  corn  4-  s, 
*■+/,  ûwn  +  f,  n'aient  pu  se  maintenir  au  milieu  des  autres  beaucoup 
jift  BOnbrroses  :  eom  +  c,  corn  -*■  g,  corn  +  r.  com  +  d,  coin  +  p, 
"*  +  i.  Devant  les  mois  commeniçani  par  une  voyelle,  la  nasale 
w^'i  disparaître,  et  elle  disparaît  en  effet  :  co_arie  I  297.  i), 
^laqtiisio  I  40Ô.  1),  co  I  esse,  co  |  esse  teu  deos  II  412.  21,  co  | 
**  tïiso  II  4J0.  la,  co  I  este  dans  une  foule  de  passages,  co  \ 
WOTemoJ  d'agora  I  114.  r,  co  |  estas  cousas  laes  I  ijo.  (,  e  co^ 
'ilei  a  minha  vyda  IIl  402.  14  si  le  vers  est  bien  conservé,  cf. 
^ta]  essa  pança  muy  atento  IIl  64^.  ;o,  co  |  de,  co  ]  espada  00  pes- 
^1 161.  16,  co  I  isio  n  1)1,  13,  }84.  9,  co  I  homeens  saâos  II 
V>7.  I4,  por  quebrar  co  |  outro_a  voz  II  389.  11;  co  et  uù-a  se  con- 
''iQtin  et  donnent  iuum  cam,  cuûa  cûa  :  cum  soo  11  jSo.  1,  cuuns 
pottoi  dos  nosios  escaramuçar  il  aS^  [4,  cuûa  vontade  contente  I 
'SO-  ij,  que  quem  }az  cûa  de  vos  I  {o$-  ^i-^  ■^"^  pedra  me  tirastes  II 
^l  i]'.  En  cons^uence,  l'orthographe  moderne  qui  met  une  apos- 


'•Ço  est,  a  ma  conniisiance,  mu  employé  par  les  écrivains  du  XVh  siicle, 
^  <)  but  escepter  les  poét«.  bairos  ne  s  en  sert  pas.  Uaoi  Fernio  Lopez  de 
^^■heda,  Historié  do  Jcicob/untnta  e  CiuiaaiiTa  Ja  India  ptiùi  Pùrtaf^uiiej, 
y*gmm  a  paru  i  Coimbre  de  i)ji  à  itëi  et  que  reproduit  fidËlemvnt  la 
Jwle  édition  publiée  à  Lisbonne  en  iSj;,  j'ai  remarqué  que  tô  *  w  place 
***Mles  deux  articles,  devant  les  substaniifs,  les  ad|eclil's  et  les  pronoms, 
■«B  devant  au,  tttt  ei  lU,  où  il  cît  tris  rire.  Dans  te  cas  il  écrit  presque 
|ii>p«rf  :  lotU,  cùtslts,  (oisiOf  conta  gaeira,  csiurt  itnkons,  cffi;itf,  en  unissant 
Afrîpoiition  avec  le  pronom. 


286  1.   CORNU 

trophe  entre  c  et  l'article  indéfini  n'est  pas  fondée.  Ui  prépaation  : 
dû  donner  avec  l'article  eomno  comm,  forme»  qui  se  rencontreot 
d«s  textes  du  xiM"  siècle.  Mais  peu  il  peu  o  tx  a  viennent  s'unir  i  la 
position  et  donnent  com  o  coq,  d'oii  cùo  co  ' ,  tx  cô  a,  d'où  fo  |  J,  ' 
il  n'y  a  plus  de  voyelle  nasale  :  coo  braham  I  i  {4.  39,  e  mais  coo  : 
me  doendo  II  171.  2,  seuls  passages  qui  présentent  U  grapUe 
co  I  amer,  co  ]  agouro,  co  dedo,  co  sal,  co  conde.  co  inedo,  coj 
etc.,  cos  servîdores,  cos  mays,  cos  olhos,  cos  dinbeyros,  cos  ca« 
etc.,  co  I  a  serva,  co  j  a  vida,  co  {  a  dor,  co  |  a  (ençâo,  co  J  as 
co  I  as  armas,  touiours  avec  hiatus  entre  la  préposition  et  l'artide, 
excepté  dans  le  vers  facile  à  corriger  :  a  ssua  lingoa  coa  vossa  III  17}. 
2  ;  co  que  sente  I  ^9,  9,  eco  que  laa  Ihe  farâo  II  4j8.  6,  co  que  da 
Mina  trouxcram  (I  jo6.  ji,  Ealamos  cos  que  por  dao  j|  pooem  a  saya 
ao  rreves  II  398.  ;;,  cos  que  matays  11  SAl-  '  )- 

Com,  qui  d'abord  n'avait  sa  place  que  devant  les  consonnes,  3  fini 
par  être  mis  aussi  devant  les  voyelles  :  com  armas  II  jô?.  21,  com 
agoa  fria  11   {89.  6,  com  agoa  rrosada  It  )99.  ly,  com  al  III  ^78. 
32,  com  afironu  I  20$.  6,  com  amargura  I  \i\.  19,  com  ajuda  I  {70. 
25«  com  amor  II  jqS.  3,  com  arer  II  449.  16,  com.^mare1o^e  « 
encanuuio  III  267.  ;  (cf.  VoyeUa  natales  et  myella),  com  este  medo  I 
>o2.  37,  com  este  dedo  I  )o;.  8,  e  com  este  apariamento  II  aoi.  j, 
com  este  mal  U  ]i.  ){,  etc.,  com  estas  donzelas  tays  II  481.  24,  com 
esta  mezinha  tal  11  j28.  9,  com  ele  II  379.   19,  392.    io,   ÏÇ19.  }, 
etc.,  com  «1  rey  I  3{7.  ;2,  com  Eva  II  49].   19,  com  esforço  I 
296.  20,  com  espcrança  de  morte  I  jûj.  !(,  com  ençenço  II  195.  14, 
com  enveja  II  441.  3,  com  espeJho  II  482.  )i,  com  Elena  II  5^7.  21, 
com  Erudyce  vy  Orfco  I   jog.   14  (voir  Proparox\tons) .  com  isto  I  262. 
27<  ÏÎ7*  i>  II  }'•  9<  ><^-  M'  etc.,  com  isso  II  {91,  S,  com  omens  1 
444.  io«  com  ondas  M  4J4.  27;  com  hûa  I  4j6.  i},  com  hum  odre  I 
481.  ).  com  hûa  fala  II  14.  S,  com  hûa  freyra  III  }74.  30;  mais  les 
vers  :  ca  de  jugar  com  hOa  fâcha  I  17).  16,  porque  nam  dam  com  bûa 
sela  m  242.  1 1 ,  vou  com  bum  bomem  nesta  |  hyda  III  so&.  1 7,  doivent 
probablement  élre  corrigés  (voir  cependant  VoytIUs  nasalts  tl  voytitfs)  ; 
que  hé  com  ouïra  casado  I  3}9.  19,  com  outras  muyus  provezas  H 
J2  j.  20,  com  outro  desvio  II  4J4.  2;,  que  viveo  com  oulro  homem  II 

535.  la. 

Devant  l'ariicle.  U  forme  com  est  exceptionnelle,  car  il  n'y  a  que  dix 
passades  sur  cent  i  peu  près  ofi  nous  h  rencontrons  :  com  0  bem  de 
mcu  ymyguo  11  {28.  8,  com  0  rremo  II  (62.  19,  com  0  roenos  que 


!■  FernSo  d'Olivtira,  Cràmmatica  it  lùigMgtm  partiifiacsa,  p.  102  de  l'édi* 
lion  d'Opono,  cite  co  pour  cô  0,  sans  s'en  stnir  lui>mêiRe. 


PHONOLOGIE  SYHTACTiQyE  DU  Cancionmo  gtral  287 

podéreys  III  jgo.  20,  com  ocolarlll  (28.  1,  dans:  e  com  0  rreçeo  per- 
dido  III  38^.  17,  il  faut  rétablir  ]a  forme co;  com  os  câts  II  j6o.  2,  cotn 
os  Affricanos  II  247.  %2,  coin  os  de  pouca  ydade  II  497.  18,  com  os 
pus  todos  descaiços  II  4{4.  2},  com  a  pobrezj  pelejo  1  199.  16,  ■ 
serva  com  a  senhora  l  241.  22,  com  a  moonc  I  243.  8.  com  a  serra  I 
241.  t4j  com  a  espéra  e  com  acruz  II  j^S.  19,  com  a  mSo  II  4ï2.  4, 
fycar  com  as  mSos  vazias  II  296.  6,  com  as  barras  II  370,  10,  com  as 
cousas  ri  479.  7,  com  as  ervas  II  $69.  1 },  iunias  com  as  que  U_esum 
ni  264.  2). 

DE. 

De  perd  sa  voyelle  :  d'arte,  d'amores,  d'ainigo,  anie  d'agosio, 
d'aquesta  guisa,  d'aquisto,  d'andar,  d'aquy,  d'aly,  d'agora,  d'esse  mes, 
d'esté  cuydado,  d'elle,  d'enganar,  d'estar.  d'enlro,  d'isso,  disto,  d'y, 
d'omem,  d'olhos,  d'olhado,  doje  mays,  d'onde,  d'hum  coraçam,  d'hôa 
flor,  d'u,  d'o)-tenia,  d'outras  fruytas,  etc.,  etc.  Les  «ccpiions  à  cette 
règle  sont  bien  rares  :  vida  de  |  esiremo  ia]  I  ;o; .  21,  fervura  d'e]  agoa 
viva  I  84,  ao  si  la  correction  esi  bonne,  como  de  |  acossamento  I  369. 
],  e  a  livre  de  ]  aFronia  II  489.  18,  e  Toy  filho  de  ]  alguem  III  489.  24, 
vierâû  de  |  Ingraterra  II  )7o.  24,  grorea  de  ]  hy  s'alcança  I  66.  21, 
de  I  homem  que  vejo  coxo  II  480.  24,  de  |  olhar  vos  me  senly  I  ;j8. 
6.  Devant  /luii-j,  dt  consene  sa  voyette  dans  quelques  passages  :  de  | 
hûa  conformidade  1  ïo,  j,  de  |  huum  asno^a  Icnha  I  1  )8.  1,  hé  groria 
de  I  hutitn  momenio  I  \\%.  17,  Hé  [=  aa]  custa  de  |  huum  senbor  I 
441.  1 1,  que  ja  passa  de  |  huum  ano  I  4};.  2;,  de  |  hum  sonho  que 
sonhey  I  476.  ),  ^ly  de  {  hûa  monal  pena  11  )2.  8  ;  senhora  de  ]  eu 
qaerer  I  478.  jo,  com  rrico  paleo  de  l  ouro  t  106.  20,  Fez  de  |  ouro, 
prala  c  sscda  III  268.  6,  nem  rrey  de  |  outrem  mandado  I  J96.  1  {, 
graçioso  de  {  ouvir  I  9{.  27,  deveys  de  |  oulhar  primeyro  III  261.  if. 
Mais  il  est  des  cas  où  de  garde  toujours  ou  presque  toujours  sa  voyelle, 
par  exemple  devant  le  participe  passé  et  l'infiniiif,  q^mztxA  la  prépo- 
sition est  précédée  de  dttpois  :  E  despoys  de  acabado  I  loj.  i,  e 
despoys  de  |  emendidas  I  388.  tf,  despois  de  |  offereçer  II  jjj.  2]. 
Il  en  est  de  même  aussi  quand  dt  est  suivi  du  pronom  0,  a,  ou  d'un 
autre  accusatif  suivi  de  l'infinitif  :  sem  ousar  de  |  0  fazer  II  109.  12, 
maneyra  de  |  0  perder  II  120.  2,  nam  ouse  de  |  o  lomar  II  120.  10, 
nem  leyxar  de  |  os  fazer  11  109.  2,  de  |  a  servir  nam  entende  I  2î6. 
24,  goarde  sse  de  |  a  dîzer  II  178.  2,  nem  ousam  de  !  a  deyxar  II 
497.  ij,  nam  euro  de  |  as  julgar  I  102.  i;,  nam  m'espanto  de  |  as 
ver  I  280.  2î,  OLve  deos  rreçeo  de  |  0  ela  padeçer  iil  jo.  2î,  de  1  0 
lam  fermosG  ver  11  39 1.  2j.  Sur  une  cinquantaine  de  passages,  il  n'y  en 
a  que  trois  ou  quatre  qui  ne  confirment  pas  cette  règle  :  mas  0  que  de 


288  J.    COItNU 

^.a  ver  s'alcança  U\  ii.  3,  nam  cureys  de_a  cometer  III  600.  26, 
porque  «spcra  de__as  levar  III  271.  34,  d'csperar  d'aquislo  «r  Ili 
609.  17 '. 

Cf.  Joam  de  Barras,  GrammaïUa  da  Ungaa  portagnem  (r  {40)^  édition 
de  1785.  p.  190  :  tt  £  pequeno  tem  oulros  dous  ofiçios  :  sçrve  pcr  sy 
sô  de  conjunçS  em  vàz,  per  semelhante  exemplo.  Tu  e  eu  £  os  amigos 
da  pâiria  louvamos  a  néssa  lingiifigeni.  E  quando  sçrve  em  composiçl 
das  Jiçûes  dizemos  :  Ant6nio  It.  »  Ainsi,  au  xvi*  siècle,  t  avait  le  son 
fermé. 

£■  ne  forme  pas  une  diphtongue  syniactîque  avec  une  voyelle  tonique  : 
ve  I  e  comprende  1  198.  5,  minha  fee  |  e  saudade  III  ja}.  9,  sem  por- 
que I  e  sem  rrazam  II!  jô),  18,  daa  \  e  toma  I  2ji.  7,  c^  |  e  laa  II] 
494.  ]  I,  de  pro  I  e  contra  no  feyto  1  74.  i  j.  La  seule  e.xcepiion  est  : 
tomaraa  e  (ara  fiel  lil  466.  ;  1 ,  dans  une  pièce  qui  n'est  pas  iris  régu- 
lière. Suivant  un  t  atone,  t  ne  se  lie  pas  loujours  avec  lui  :  Manrrique  ] 
e  quantos  saro  I  41.  19,  Nome  {  e  grandes  façanhas  1  235.  37,  d'ele  |e 
de  Joam  Tomee  1  374.  i],  que  de  noyie  |  e  de  dia  I  ;6o.  lo,  III  ^8^ 
J3,  a  ponte  |  e  mays  Çamora  I  458.  18,  se  a  morte  |  e  a  vida  I  499. 
]  1,  vivo  livre  )  e  vençido  11  ijt.  9,  teve  parte  |  e  quynhom  III  465.  j, 
no  I  Rome  {  e  na  ydade  III  {78.  2,  a  mym  goarde  {  e  defeijda  I  2S7, 
17,  que  m'esfoie  1  e  me  mate  I  41  j.  28,  do  que  disse  |  e  direy  II  4j6. 
îo.  Plus  souvent  Ve  atone  se  contracte  avec  la  conjonction  :  por  dar 
mortc_e  nunca  vida  I  2.  27,  pcr  custume^^c  per  boom  uso  I  41.  14, 
daquele  segr  e  da  vida  I  ôj.  jj,  porieu  grande  nome„e  fama  I  94.  i, 
omem  livr  e  alvo  I  102.  22,  firme_e  forte  I  loj.  26,  noyte_c  dia  I 
toû.  i,  Î7I.  10,  îSj.  10,  sete_e  meo  I  137.  17,  este  tallme  vençe_ 
e  lega  I  ûj.  îj,  sofre^ecala  I  78,  17,  etc. 

Entre  -j  et  <  il  y  a  tantôt  hiatus  :  mays  Longa  |  e  pessoyr  I  57.  6,  per 
hua  [  e  outra  parle  I  96.  17,  antr'a  vespora  {  he  noa  1  149.  10,  sua  |  e 
vingança  minha  l  2j$.  a,  tristeza  |  e  saudade  I)  6].  ;3>  Da  barba  j  e 
do  cabelo  II  t  )o,  jo,  acabada  |  e  perdyda  11  i\\.  38,  Pobreza  |  e  cas- 
titade  III  640.  1 1,  de  muta  |  e  de  cavaLo  111  â6}.  21  ;  que  vos  adora  | 
e  crée  I  275.  34,  como  quem  canta  ]  e  chora  II  joo.  j,  o  rrcy  guaba  | 
edesprezalJI  ij8.  2;.  Tam6t  aussi  la  conjonction  fait  avec -fi  une  diph- 
tongue syntaclique  :  por  minha  senhora,_^e  filha  I  a;.  12,  porerti  gro- 
rea_e  nam  vitorea  I  44.  29,  enmenda^e  corregymcnto  I  79.  18,  por 
lembrança^^e  por  avysso  I   94.  6.  hé  palavra  sania_e  dyna  I  98.  6, 


\.  L'usage  moderne  csi  d'accord  ta  ce  point  anec  celui   du  XVI*  îîWe, 
mme  le  montre  Gonçalves  V'ianna,  Enûi  àt  pkonitigae  a  dt  phenehgU  dt  iê 


comme 

hagttt  poitugaiu,  p.  67-8. 


PHONOLOGIE  SYNTACTiQUE  OU  Caticioneirû  gital  389 

lïiinha  vida __e  Dieu  viver  I  i2i.  }2,  da  |  era  d'oyTema_etres  I  79.  8, 
corn  a  espera^e  com  a  cruz  II  )j8.  19,  que  quarema^eojlossam  111 
490.  1^,  mande  m'a  e  rresponderey  IM  ^70.  aj  ;  e  la  veia.__e  dcter- 
myrte  I  1.   20,  Aar  os  chama^  Iha  gram  medo  I  ^4.  6,  e$pcrava_e 

mercçya  II  ao.  4,  pjpa_e  çca  I  14J.  14,  as$y(l.  t))  euviva eprazer 

vcja  111  170.  1. 

Emre  -o  et  ;  il  y  a  hiatus  :  com  cuydado  |  e  por  fama  1  }t>.  4,  sobre- 
çerto  1  e  nam  çerto  I  6}.  14,  conforto  |  e  alegria  1  347.  8,  veador  bn- 
guo  I  e  belo  1  27  j.  11,  iry)o  |  e  bem  forte  1  274.  11,  bem  desposio  ]  e 
valenîe  I  276.  16,  fennoso  |  e  deleyxado  I  377.  i},  doçe  tormento  1 1 
mal  I  ;7i.  2,  manco  |  e  magro  M  47.  1  \,  muy  fermoso  |  e  muy  bem  II 
70.  32,  poto  lempo  I  e  sazam  II  514.  24,  emvejoso  |  e  sandeu  II  ;;7. 
26,  todo  sseu  braço  |  e  ncmbro  III  216.  8,  vinho  |  e  pâo  III  41 1.  14, 
çercado  |  e  combaiido  III  428.  f ,  compro  com  vosco  |  e  vendo  II  468. 
21,  e  avelo  |  e  buscalo  II  287.  39;  m'abraço  |  e  lyo  I  314.  4,  Amo  |  e 
praz  me  servir  I  i^d.  20,  que  vyvo  |  e  nam  sey  como  I  \(t\.  19,  îsto 
quero  {  c  nam  al  II  12}.  2^  moyro  |  e  padeço  II  140.  20,  creo  |  e 
tenlio  por  fee  H  ^84.  t ,  como  |  e  quando  I    199.  1  j.  Souvent  aussi  -o 

et  e  forment  une  diphtongue  syntaciique  :  queyio c  pam  I  3î.  2^, 

ieysto_e  grosa   1    J4.  7,  aselado_e  bem  coseyto   I    74.   13,  bem 

teudo^^e  decrarado  I  82.  8^  tam  perdido e  sem  conforto  I  134.  22, 

branco^e  vermelho  I  14^  27»  pouco_e  pouco  1  169.  14,  paso_e 
paso  I  )68.  19.  este  feyto_e  maa  au^am  III  490.  18,  bum  criizado 
_,e  meo  III  )}2.7;em  cuidafldo_e  maginando  I  18.  ii,diguo_c 
sento  I  64.  6,  com*  eu  synto_e  todos  vedes  M  1 68.  1 9. 

Entre  «  et  la  voyelle  suivante  tonique  oj  atone,  i)  y  a  ordinairement 
hiatus  ',  de  sone  que  les  contraatons  que  voici  sont  exceptionnelles  : 

e este  caso  mays  convem  III  ^îj.  26  (G.  V.),  e ella  nom  ouse  bol- 

lyr  t  2J1.  II,  e__ele  nam  cure  de  vos  I  3jû.  9,  e _.ella  desfechou 
aguora  I  268.  2{,  qu'eram  lantos  e_ele  soo  11  18.  9,  nam  chorasse  e 
,_,ela  cliorava  II  19.  7,  e^_^eU  morre  por  Alonsso  II  129.  10,  e,^e!as 
haro  mays  que  dizer  II  483.  16,  e,^cla  ri-sse  do  ducado  111  287.  21, 
e^eta  nam  o  negari  III  {21.  10,  e^ele  trala  mais  comuda  III  )48. 
1 },  Syseyro  dos  cotos  elos  (==9  e  clos)  III  6)o.  2S,  e__  hé  mays  conhe- 
çda  11  I  j6.  4;  e  pocre»a  I  igS.  52,  e  dulterios  I  189.  14  (cf.  edulte- 
rynas  1  190.  4),  tantos  bocados  e^^engulhos  I  198.  lo,  e^^empcrador 
d'Aicmanha  111  bi\.  jj,  ouvir  c^escuytar  l  21s.  1 6,  por  servir  e_ 


I.  Une  fois  ou  deux  noiu  rencontrons  >  au  lieu  de  t,  ce  qui  indiquerait  <{ue 
Il  forme  pooderae  qui  a  dC  naître  d'abord  devant  les  voyelles  remonte  au  moins 
au  XVI'  siècle  :  j  <lai  stm  mnji  omr  II  17.  19.  Mab  dans  le  vers  ;  j  «jîMj 
Je  Ijutnc  I  396.  12,  il  faut  lire  prubjblement  kjp. 

JtMuatit,  Xll  |Q 


290  J-   CORNU 

envdhcçcr  \l  294.  17,  e_estand'  um  dia  assentada  II  $6).  1,  e  zoaim 
e^escarneçar  III  147.  10,  e_estavam  pera  hyr  os  pee»  III  298.  2};  t 
era  mea  mal  nam  pod  estar  II  1 1 1 .  22 ,  e_eni  na  pascoa  do  asoËn-  Il 
291.  2$,  e  em  comprar  sam  acupados  II  5t  t.  28,  e  em  tays  primore 
sobqa  II  j2{.  2,  e^^ein  mais  esquiva  pris3o  II  544.  15,  eau  cadda  » 
tornoa  II  J54.  8,  e^^emlugar  demematar  III  5J4.  14,  e^^em  tambeii 
aprefiados  I  40.  lo,  e^^s  cusus  I  74,  9,  e^^  s^unda  1 409.  14,  e^^ 
fennosa  rrainha  Elena  II  5  58.  ;,  e^_^a8  velas  todas  aiçadas  II  563.  17 
c^^^  outras  todas  defundo  II  {76.  20,  e^_^a  senhora  Bobadilha  III  14) 
29,  e_a  prlmcyra  (1.  primtr)  noiie  passar  III 161 .  î,  e_a  rrazam  o  Un 
perderlll  428.  8;  e^  pode  saberl  (oj.  [2,e^_^s  fez  tenter  II  SS4.  7 

verdadeyra  fee  e_aroor  I  j  jg.  26,  senhor  e_aniîgo  II 468.  «,  E Apok 

qu'est aneachou II 569.  i7,e_acharêsl  15.  10, yj.  j , e^asentem tudi 
nofeytol  71.  28,  e_alegua  1  77.  13,  servir  e^_^mar  II  J74.  11,  pen 
servir  e_adorar  II  jSj.  6,  e^^rreçeo  0  qu'a  de  ser  III 32. 14,  eavèiiH 
por  voss' amiguo  III  99.  ;j,çedocaçee,^^ndecaniinhoni  268.  is,e^ 
anendou  cbançelaria  III  277.  26,  desaltar  c^^tndar  contente  III  647.  4. 
Dans:  a  |  creçer  hevorreçer  III  412.  7,  et  dans  :  e  etodosdereyU 
guarda  I*}o.  34,  il  y  a  une  singulière  assimilation  qui  indique  commem 
on  proncmçait;  —  e^^  quem  tem  dereyto  torto  1 46.  j,  e^^^  mym  tristt 
de  cuydado  I  ^70.  22,  tardarà  e^_^  teu  pcsar  II  415.  18,  e.^  vos, 
soibor,  e  |  a  mym  II  450.  10,  e^^  nossa  terra  tarobem  II  $67.  4,  E 
aquemna  pn*  milhor  cobra  II  J71.  11,  e^^  quemna  traz  na  cabeça 
m  122.  6,  a  Tynocos  e^_^  Noronhas  III  207.  18,  e..^  vos  e  |  a  nos 
dareys  111  621.  19  i  eapos  elles  os  trançados  II  jij.  n,  e_aqui  vttt 
sohooiydadol  17.  7.  «wagora  I  ij?.  14,11  î2î.  4,  124.9,  564.  6, 
e^^jBsyl72.  26,79.  1,11  lîi.  8,  tîî-4.  ÏS4-  '9.  S6o-  H.  '"  M^- 
19,  sî8.  21  ;  a  molher  d'Eitor  e^_^yrraaas  II  551.  jt,  e^o  modo  di 
blta  I  I  }S.  }2,  e„hos  înorantes  mostraes  I  287.  ;,  e^^  ventos  poi 
n'estrovar  II  h?-  10,  vose_o  macho  comereys  III  99.  12,  e^_o  outre 
sospiraraa  111  îs6.  16,  e^o  profeta  Jeremyas  III  5^2.  28,  e_o  que  « 
per  ele  mostra  I  77.  1  j,  e^os  que  tall  sabem  seguir  II  287.  34,  e^^c 
que  minha  vyda^assela  II  t86.  24,  e^o  que  deu  III  514-  ^8. 

E  se  contracte  avec  ea  dans  plusieurs  passages  ;  voir  I  362.  20,  41  j. 
ïi,  47Ï-  H.  "  "7-  '7.  !"  ï8.  17.  100.  19,  ^42.  5,  42J.  ti, 
jii.  2.  S  forme  avec  outra  une  triphtongue  dans  :  e^_,ootra  talvoa 
aconieça  il  490-  ^o;  "ais  quelque  nombreux  que  soient  ces  passages, 
ils  oitnnl  tous  des  contractions  exceptionnelles. 

SB. 

Cf.  CMC.  gtral  II  575.  5-9  '  «  Mas  porque  nam  com  rrezam  B  meu 


PHONOLOGIE  SVNTACTIQUK  01!  Camoneho  gcrat  291 

]rnn3o  culpa  me  d£.  |]  nam  Ihe  diguo  al  se  nam  ;  |)  que  darey  outro 
jubam  fl  :<  qu«m  vos  achar  hum  stt  '.  » 

Iji  conjonction  te,  qui  avait  pjr  conséqueni  un  t  fermé  pour  les  poètes 
du  Cancioniiro  gérai,  garde  ou  perd  sa  voyelle  selon  te  besoin  du  vers  ; 
se  I  estes  compelidores  I  j.  7.  se  ]  hé  vosso  I  9.  7,  se  |  h*  rrijo  e  brm 
forte  I  :74.  \2,  c  se  |  em  vossa  companha  1  4^.  9,  ou  se  |  anda  d'an* 
dadura  II  179.  16,  s«  {  andâ  lonje  [  ou  pcrto  I  372.  17,  nem  se  {  hâhj' 
]à  verdade  II  ;4i,  p,  se  |  a  morte  e  a  vida  1  499.  11,  sse  |  alguutn 
bem  esperey  I  ^2%.  17,  e  sse  |  isto  me  negays  Ili  {2;.  18,  se  I  os  que 
iam  ja  fînados  18.  1 ,  se  |  o  dama  dava  I  ;  < .  ),  se  |  oJharem  I  349.  28, 
se  [  eu  tempo  tyvesse  I  j6.  aa,  se  |  eu  ouve  mal  fatado  I  499.  },  se  | 
ouirem  0  quys  fazcr  I  101.  17.  se  ]  ouvyr  I  147.  3.  La  forme  usitée 
aujourd'hui  devam  les  voyelles  ne  se  rencontre  qu'une  fois  ou  deux  : 
essy  I  hâ  quem  vos  ssome  I  19.  I7,massy  |  hJquemcr«'se  peja  I  41. 
21.  cf.  i=  r.  L'élision  de  l'e  est  également  très  fréquente  :  s'eles  minha 
dor  tiveram  I  47.  16,  s'ele  runca  cobyçasse  I  58.  26,  s'ee  de  mote 
carnadura  I  14^  20,  s'ee  verdade  1  161.  14,  s'ee  bem  ou  mal  despen- 
dida  III  ôoj.  6,  nam  ssabemos  ss'ee  de  frio  III  664.  12,  s'escmvim  lem 
1  ^7.  16,  s'aa  hy  cousa  mays  sobida  I  9.  4,  s'a  senhora  o  julgara  I  }. 
24,  s'a  Ventura  m'ajudasse  I  1  îi.  19,  S'achardes  quem  bem  descame  I 
9.  21,  s'aquy  acudo  I  11.  iz,  e  s'atgtia  mays  sse  der  I  ^7.  12,  s'assy 
bé  I  j7.  },  ss'arranhs  coma  lagano  1  14).  j.  s'ysto  lembra  I  44.  18, 
s'o  cuydado  me  lomasse  I  ^.  }  1 .  Quelquefots  se  ne  perd  pas  la  voyelle, 
quoiqu'il  ne  fasse  qu'une  syllabe  avec  ta  voyelle  suivante  :  se.^o  sospyro 
nam  acude  I  99.  14,  $e,^o  que  se  qua  passa  I  tjô.  9.  Peul-étrey 
avait-il  diphtongue  syntaaique. 

QUB. 

Qw,  pronom  relatif  et  interrogatif  et  conjonction,  peut,  ainsi  que 
ses  composés,  conserver  ou  perdre  \'e  devant  toutes  les  voyelles,  tant 
toniques  que  atones  :  A  pena  que  |  hé  mais  fera  16.  2),  Lembrate, 
que  I  es  de  terra  1  117.  17,  vy  que  |  estava  çercado  I  46.  16,  Ho  que 
enveja  vos  ey  l  257.  6,  que  I  emvençôes  que  fareys  1  266.  îî.  que  | 
esircmo  lomarey  lll  }2}.  1 },  nem  oulro  mayor  praser  ||  que  |  espre- 
memar  amyguo  I  }96.  27,  hija  soo  rrezam  que  |  ata  I  ji.  3,  que  )  al 
tem.  se  nam  sospyro  ?  I  84.  36,  que  desque  |  amoret  sygoo  I  10.  26. 
0  que  I  a  dama  dezia  I  f8.  241  a  mesler  que  {  a  provb  I  11.  t>  mais 
triste  que  j  a  trisieza  III  611.   ij,  mays  vennelha  que  |  a  brasa  I  477. 


I.  Cf.  avec  ce  snbsualif  tiré  d'une  'conionction  le  proverbe  vaudois  :  ti  n'tn 
S  ti  t  6  ma,  Ô  mtt'aj  3  ttnô  dl _Sn4  bvtothi. 


3tC  J-  CM15C 

^  ««r-cr-  iOK  >  yaoï^panbk  J  icfù.  2,  namduvideysjjque  [  istotngo 

T«-  tr      H*.^  ?».  WManrmg»  adhor  que  |  hyr  passear  m  605.  14, 

weaas    «c fwsn»  ::  a#fc.  p  ;  mas  aquelles  que  |  os  davam  I  2  j.  4, 

^'■MtE    4  ^sofouo:  maaSt  l  62. 1 2,  Meu  viver  menos  |R^zado  ||  que  |  0 

iM*9Mcîk:max'C  »^.  ;S;eque  |  u  tançaveys  ntSo  I  161.  j,  que  say- 

4ntt-{Ne    iuiir>feMS  l  i$.  6,  que  |  eu  nam  sam  taniletradol  ji.  12, 

âtc;.  «L  OiatuB  :  e  sahèi  qu'ee  tal  quebramo  I  23.  26,  vyda  qu'ec 

wr  >{ue  mont  l  $7.  7,  ante  qu'ele  me  destrua  I  168.  5,  porque_esco- 

Jtestet  cttydado  I  4.  24,  das  vertudes  qu'em  vos  cabem  I  4j.  27  ;  c 

bcm  sey  qae_al  nom  querds  I  122.  j,  goay  d'alma  qu'i  de  pagarl 

t».  2j,  olhaqu'as  de  ser  julgado  I  138.  1^  0  c'aquy  tendes  roe^do  I 

29.  )o,  pfvc'as  jentes  vam  e  vem  I  220.  20,  porc'afinno  |  e  diréy  li 

236.   19,  de  quem  amo  mays  qu'a  myro  I  48;.  22,  mays  desayrado 

c'ayroso  II  160.  8;  qu'fay  nam  hà  em  que  cuydar  I  70.  30,  dizenws 

qtw  sen  qu'yso  I  94.  8,  ante  qu'yso  que  dizeys  I  167.  3 1 ,  em  c'omem 

possa  dizer  I  ;o.  1 },  ou  ave  c'oo  sol  ssecura  III  32 {.  i6,C'ondesobeia 

irezSo  bleçe  0  entendimento  III  47.  j,  c'o  dereyio  noia  daa  I  7}.  7, 

desc'o  feyto  passa  jaa  I  176.  j,  rouyto  moor  c'o  galarim  I  44.  },  peri- 

^uas  mais  que^^o  paço  I  ;98.  1 3,  e  vy  c'um  deles  dezya  I  407.  i, 

que^^uûa  rry  de  dom  Martinho  I  467.  1 1 ,  porqu'usa  de  feytyceyro  I 

270.  12,  e  morte  qu'ey  de  passar  I  [  19.  16,  porqu'ey  medo  de  vyrer  I 

iji.  ),  o  qu'eu  nam  posso  cuydar  I  ;}.  $,  mas  na  oni  qu'eu  morrer  I 

13).  16,  finjo  c'outrem  mes  ordena  I  40}.  [2,  e  pareçe  me  c'ouvy  I 

406.  J,  mas  sey  que  outras  vodas  ci  I  46J.  3o,  sobre  campo  c'aura 

banba  II  {62.  20.  Hais  le  calembour  de  Joam  de  Barros  (Grammatiu 

<U  lingOÂ  portttgfiesa,  p.  168)  ne  serait,  à  ce  que  je  crois,  plus  possible 

aujourd'hui  dans  le  langage  de  Lisbonne  :  «  Cacophaton  quçr  dizo*  mio 

som,  e  ç  viço  que  a  orelha  recçbe  mal  :  e  comçtese  quando  do  fim  de 

hiU  paU\Ta  e  de  prinçipîo  d'outra  se  îâz  algûa  fealdade,  ou  sinifica 

ji^gSHi  torpeza  :  como,  colhoCs  tam  manlios  tçm  aquelta  Içbre  :  por  que 

oltw^  tunmanhos  tem  aquella  Içbre.  » 

tl  me  semble  qu'au  commencement  du  xvi*  siècle  l'élisîon  de  \'e  des 
mono^IUbes  me,  It,  se,  Ihe,  de,  se,  ^ae,  était  encore  plus  fréquente  et 
non  oKNBs  capricieuse  qu'aujourd'hui.  Selon  Joam  de  Barros,  CTamnutica 
04  lingim  portvgaesa,  p.  164  de  l'édition  de  1785,  il  était  permis  dédire: 
"k  Souv^  doulbir  Is  cousas  desse  hdmê  »  et  r  se  ouvçr  de  oulhir  ta 

Ct>UM>>  d«  ««S«  h()in^.  » 


OTSORR  DES  MOTS  DANS  LE  Conctoneifo  gttal 


m 


MESURE  DES  MOTS 

DANS   LE 

CANCIONEIRO    GERAL. 


Us  observations  sur  U  mesure  des  mots  réunies  en  ordre  alphabé- 
li9Kdau  les  pages  qui  suivent  auraient  pu  entrer  en  panie  d:tns  la 
'HewotûciE  SYNTACTiQUE  du  CaicionuTo  gérai.  Car  plusieurs  d'entre 
^tniiem  de  pbtoomines  qui  ne  sont  explicables  que  par  certaines 
MibiDalsons  syniactiques,  comme  on  peut  le  voir  aux  articles  aspra, 
^,J9t,  Jojm  et  Jim,  ara,  par,  primir,  pronoms  possessifs,  proparo- 
"TOW,  itg/tm. 

On  voudra  bien  ise  pardonner  d'avoir  rassemblé  sous  proparoxytons 
•l'Mlra  mots  que  des  proparoxytons  proprement  dits,  parce  que  les 
"fï  dt*j  présentent  tous  la  mime  panicularité,  que  deux  syllabes  atones 
ytalew  une  syllabe  tonique  Aujourd'hui,  en  revoyant  les  épreuves, 
4H^uel  mois  après  l'achèvement  de  ce  travail,  je  suis  lemé  d'augmen- 
'^  te  nombre  de  ces  vocables.  Dona,  suivi  d'un  nom  propre,  compte 
("u  ^ute  friquemmeni  aussi  pour  une  unité  métrique.  Dans  ce  cas  il 
"udrjii  modifier  les  articles  Guyoniar,  Joana  e!  stnhor.  La  mesure  des 
'^tsen  portugais  demande  des  éclaircissements.  Je  les  attends  de  mes 
«»tde  Portugal  et  les  prie  en  même  temps  de  bien  vouloir  corriger  les 
'tcvs  qui  ont  pu  se  glisser  et  dans  la  Phonologie  syntaetique  ei  dans  ces 
■ttim  remarques. 

^fott  avec  chute  de  Va  devant  un  autre  adverbe  accentué  :  Aguor(a|jâ 
*4Bn  e^ra  I  4J2.  1  ),  e  se  agor(a)  là  k  donzela  ||  que  queyra  saltar 
i»tiir404.  14. 

>Sut  ou  agaia  compte  pour  trois  et  pour  deux  syllabes  :  Vy  hùa 
"jnj-a  rrompenie  I  {oi.  9,  Ague-a  çelestrial  (I  06.  9,  Hû»  «gué-» 
'tBontsa  11  ijo.  1 9 ;  ou  agyas  venham  do  i^eo  I  i6j.  2{. 

àhia  compte  pour  trois  syllabes.  Les  passages  où  II  semble  n'en  avoir 
?Kdeux  et  qu'il  serait  Tacite  de  corriger  en  écrivant  tnda  peuvent  et 


394  '-    CORNU 

doivem,  i  ce  que  je  croîs,  élre  lus  autrement.  Le  vers  :  nam  acabas, 
aynda  beov  1  291.  39,  aurait  dQ  être  cité  plus  haut»  Phonohpt  synUe- 
tiijue,  ICI.  do  +  d;et  quant  aux  trois  autres  :  ajuda  que  me  prome- 
tUo  II  i(i.  î,  a  esta  dor llque  farcy  c'aynda  me  dura  ?  li  (69.  16, a 
vyd  ayndame  leix;ïra  lil  {42.  27,  voir  à  ï'arùcle  Proparoxyioat,  où  nous 
avons  réuni  des  vers  tout  pareils. 
alrarà  est  une  fois  de  deux  syllabes  :  day  m  alvari  d'apou^eniado  I 

28î.  7. 

amcjxta  :  vossas  amcyxeas  crcçydas  l[|  190.  j. 

arvor  :  em  hûa  arvor  scr  irepado  IlI  498.  28. 

aaioridiîde  compte  une  fois  pour  quatre  syllabes  :  hé  tam  chea  d'auio- 
ridade  Ml  14c.  {o. 

boa,  qui  est  de  deux  syllabes,  n'en  a  qu'une  dans  :  bradando  com  boa 
vontade  I  478.  19.  Boa  monosyllabe  s'est  contracté  en  bo  dans  :  a  bo 
fee  sse  me  soliava  111  178.  },  a  bo  fee  bemno  lograstes  111  491.  4,  Abo 
fee  bem  vos  meieys  III  {06.  }i. 

Sr/diy:  de  deux  syllabes  :  que  nam  i  hy  igoal  molher||a  scnhor(a) 
dona  Briaiyz  III  18.  1  ^ ,  cf.  le  vers  ;  por  todos  Briti/-  Pcreyra  III  242.  6. 

Briùlanjo  :  que  estes  deemos  dos  Briolanjos  II  t89.  8. 

Brilo,  Barreto  condenarim  I  82.  ^o,  Brito,  Barreto  concordantes  I 
roi.  2a.  Comment  mesurer  ces  deux  vers  qu'il  n'est  pas  aisé  de  corriger? 

cae  compte  exceptionnellement  pour  deux  syllabes  dans  le  vers  pro- 
verbial :  e  quem  mal  ca-e,  mal  jaz  II  ;oi.  <)  ;  caem  de  deux  syllabes  : 
Nysto  ca-em  os  leirados  I  191.  20  ^  em  que  caein  e  sam  cahidoc  I 
i6j.  4,  est  un  passage  incertain,  voir  Voyelles  naalts. 

caparazam  de  quatre  et  de  trois  syllabes  :  caparazam,  cabeçadas  III 
213.  6,  que  guabou  o  caparar.am  111  114.  10,  mas  o  caparazam  hé  lai 
III  214.  ];,  à  moins  que  ces  deux  derniers  vers  ne  doivent  être  mesurés 
autrement.  Voir  VoytlUs  lunaUi  et  Diphtongues  tt  voyelles. 

Carybydet  =  Carybttit  :  nem  Carybydes  nem  Çylla  I  598.  i  r  '. 

Caitvtll  compte  pour  deux  syllabes  :  com  hydade  de  Casevell  I  469. 
30,  ante  vos  nunca  casevel)  que  fazer  lall  casamenio  I  469.  30  et  21, 
0  bom  senhor  de  Casevel)  que  tantas  vezes  cansevcU  I  470.  6  et  7. 

(iUitria!,  rarement  de  trois  syllabes  :  Nosesscaquesçelcstriaes  II  jéS 
19,  ao  nosso  deos  çelesirial  III  46^.  36. 

Çt'Ume  :  myl  ^eumes,  myl  rrebates  1  104.  i  j. 

çiacoenia  compte  toujours  pour  quatre  syllabes  :  çinquo-enta_.c 
oyto_a  era  I  178.  7,  sobre  çinquo-ema  II  380.  jo,  que  ^inco-enta 
sse  monta  III  164.  34,  sobre  cârregas  çinquo-enla  III  303.  171  E  que 


I.  Cf.  Conçalves  Vianna,  t'iMi  d(  pkoiUu^M  tt  dt  phomtegit  ée  !»  langue 
ponugAxsty  p.  ]i,  note. 


MESURE  DES  MOTS  DANS  Lt  Cunciontiro  gcral  2t|J 

pffcayî  cynca-tma  III  ^i\,  13,  por  çynquo'cnta  cnuado»  111  ija.  4, 
fjQCO-enta  de  cavalo  m  {79.  ji. 

(rnuTN^  :  e  as  çirnionias  utar  II  41 }.  24. 

mAp  compte  pour  ircns  syllabes. 

(o^atto  :  socorre-vos  ho  coemro  I  150.  14. 

C*Jiital>ra  :  Co-bymbra  d'esta  s'amarra  I  141 .  1 }. 

ComiACTiON.  La  chute  des  consonnes  ^,  (,  n  et  <i  a  mis  souirent  en 
OMtici  deux  ou  plusieurs  voyelles  qui  ne  peuvent  conserver  leur  indivi- 
dnliié  que  lorsqu'elles  diffèrent  sensiblemem  entre  elles.  Les  conirac- 
bni  «ni  dé}â  aciwvées  dans  le  Cancivneiro  gérai,  dont  la  Unguc  en  ce 
pdini  K  distingue  peu  du  portugais  moderne.  Il  reste  il  est  vrai  d'assez 
n«abmu  exonples  de  graphies  anciennes  où  les  voyelles  sont  écrites 
dm  fois,  mais  aa,  a,  00  peuvent  aussi  marquer  le  son  ouvert.  Comme 
nm  ivoDS  l'intention  de  traiter  ailleurs  avec  détail  d«  la  rencontre  des 
•KjéK  dans  le  corps  des  mots,  nous  ne  donnerons  que  des  exentples  ; 

us'ialas)  tl  {71.  12,  III  497.  ;û,  499.  1  ;,  braados,  maa  (mala), 
pudir;  vaa  (vadat^,  vamos;  monaes,  maos,  saam  (sana,  adj.),  etc.^ 
Midi  (sagitiatai,  beesta  (balisia],  beesteiro,  peego  ipelagusî  ; 
^odj  i'cadltai,  esqueeçer  esqueçer  ('excadiscere);  1er  (légère) 
''OîgiO.  w,  sede  tsedete;,  ver.  ve(videîi.  (vey,  id.  III  17,  u], 
Ttit.crer  crem  (creduni),  icr  temos  tem,  vcm  (veniuril  ;  empee- 
pï  iupediscere)  tneezinha,  geeral,  geeraçam.  Dans  la  conjugaison 
*a  IrouTons  laniài  les  Rraphies  modernes  -fis  =  -eJes  et  -et  ^  -ede^ 
tnrttuissi  -us,  -et,  et  -et,  -e,  que  nous  écrirons  avec  le  circonflexe  : 
IBOw.  gemees,  dizees,  vivees,  devees;  sabec,  avee;  curées,  cho- 
!»,«.;  querés,  fazés,  rrcçebés,  metês,  avésj  sabés,  etc.;  darês, 
(Bpnrès,  ftchalot-is,  «c;  queré.  rreccbê,  rregé,  sabé,  etc.;  dés, 
)àti,  julgués,  falés,  etc.;  lido  =  liido  leido,  cri  =  crii  crei,  crido  = 
o*lontido;  dor  Jdolorem),  soo  [solus-a'i,  moor  mor  =  maor,  muus 
'*i\*tf.  Les  mots  qui  peuvent  encore  pri^cmer  le  hiatus  sont  du 
We traités  ici  même;  voir  cm  caetn,  attirât  desiruy,  doy  doem,  /lui, 
■•okTrt,  rrw'ni,  tay  saem,  saadadt,  soy  soan,  soydade  et  autres. 

m-iitorf  :  organysta,  coniratenor  1  i6â.  ij,  mais  ce  vers  doit 
pMNfre  avoir  sa  place  parmi  ceux  dont  nous  parlons  plus  loin.  Voir 

«ncjffl  compte  dans  les  passages  suivants  pour  deux  syllabes  :  e 
^*iue  leu  coraçam  I  8 1 .  j  j ,  seu  coraçam  lomou  tençam  1  90.  i ,  e 
rajWBdemeu  coraçam  I  3  57.  i-j,  o  coraçam  do  rrcy  na  maâo  II  117. 
^n'atrwessam  0  coraçam  III  ÔZ2.  17. 


''tu,  que  Din  voidraît  tirer  de  ansa.   vient  du  pluriel  jj  ou.  devenu 
"»,  Jwc  tne  métilhéK  ob  tin  Rlisscmcnt  qui  n>»t  p«s  rare  en  poriugab. 


196  J.   CORNU 

coneo,  ordinairement  de  trois  syllabes,  n'en  a  que  deux  dans  :  se  tall 
correo  for  achado  I  101.  i^. 

craezas  compte  une  fois  pour  deux  syllabes  :  irabalhos,  fadiguas, 
cruezas  I  {18.  4. 

i/«rii^  :  se  destrue  no  que  deseja  I  iji.  ij;  dettru-y  imp.,  2*  p.  du 
sing.  :  destru-y  tiossos pccados  11  252.  jg. 

Di-oguo  I  îya.  ij,  111  240.  14,  260.  10,  485.  tj;  mais  le  môme 
nom  est  de  deux  syllabes  dans  le  vers  :  Porque  Dioguo  da  Sylveîra  III 
240.  9,  et  probablement  aussi  dans  :  Deogo  de  Melo,  0  lasso  I  277.  2). 

dov  d'une  syllabe  :  doyte  de  minha  paîxâo  II  40J.  iS;  dotm  d'une 
syllabe  ;  que  doem  mais^ue  desenguanos  il  4^9.  21 . 

dms  d'une  syllabe  dans  un  seul  passage  :  lem  duas  peças  de  valor  III 
266.  24. 

enpeeçer,  toujours  de  trois  syllabes,  ciir  :  cm  que  possa  (  eropeeçer  II 
1 24.  26.  avec  hiatus,  est  un  vers  correct  seton  la  métrique  du  Cancio~ 
neiro  gérai.  Empeeçcr  de  quatre  syllabes  serait  contraire  à  l'usage  de 
l'époque. 

esptçiat,  une  fois  de  trois  syllabes  :  Vos  soys  soo  em  cspeçial  H  jij. 

I  j.  Voir  cependant  s.  VortIUs  nasates. 

tsperania  compte  dans  quelques  passages  pour  trois  syllabes  :  Espe- 
rança  dos  pecadores  I  246,  ( ,  248.  i  î,  quero  mays  que  ter  perdida  || 
esperança  sobre  perdido  I  };o.  z;,  o  cabodeBoa  Fsperança  III  466.  ). 

esprmentar  :  que  j  esprementar  amyguo  I  {96.  27,  tudo  j^  espri- 
mentey  H  ri2.  ^a,  mas  em  v3o  o  |  espremento  II  46;.  22,  2  quai  vos 
espermentastes  III  J2i.  34,  nestas  cousas  s'espermenta  III  }2).  i^. 

espritû  :  cncomenda  seu  csperyio  I  167.  16,  queseguasiameuesprito 

II  46.  1 5,  per  esprito  divinal  U\  465.  18. 
esprittui  :  danos  becns  csprituaes  11  252.  21. 

ts<^uectr  compte  toujours  pour  trois  syllabes  ;  le  vers  :  Mem  Rroiz 
m'esque^a  î  218.  29,  se  corrige  aisénieni  en  lisant  me  \  aqueçia. 

tstrtlidade  :  pola  gram  estrelidade  I  29;.  S. 

femea  de  trois  syllabes  ;  se  sam  feme-a.  se  maclio  I  (06.  24,  e  soys 
feme-a  |  ou  macbo  III  77.  24,  e  ficay  feme-a  _  ou  macho  III  78.  1 5;  de 
deux  syllabes  dans  un  seul  passage  :  c  femea  pcra  Nogueyra  III  76.  20, 
a  moins  que  le  vers  ne  doive  être  mesuré  autrement.  Voir  Proparoxytons. 

for  :  a  for  de  mouro  foçem  III  108.  16. 

fragfla  compte  pour  trois  syllabes  dans  le  vers  :  na  frago-a  do  cun- 
hado  II  390.  6. 

jenetosya  :  Vossa  gram  jenelosya  II  264.  9.  Cf.  ^tnilogia  blâmé  par 
Fr.  Luis  do  Monte  Carmelo. 

geomttria,  gfmctria  :  e  mesirc  de  geometria  III  ôjî.  ji,  que  foy 
alla  gemeiria  III  246.  14. 


MESURE  DBS  MOTS  DANS  LE  Camoneîro  gérai 
ftTfHiMQfû  :  e  mourisczs  gyomançias  )  i8j.  j. 
Gitjiti'uTK  syllabe  ;  Pereyra,  Mcfwscs,  Cuyar  1  83.  21  '. 
Ci^wuf  compte  UTit6i  pour  irois  et  uniAt  pour  deux  syllabes  :  Este 

■v  bé  Cuyomar  i  4S9.   \2,  Das  ires  grandes  Guyomarcs  11  137.  17, 

nhddou  Guyomar  il   {76.  8,  Em  Anrriquez  Guyomar  111   J73.  1  ; 

Cuibirn'j  dona  Cuyomar  11  if.  1  ;,  Guabou  vos  dona Guyomar  II  30. 

i9<iforadona  Guyomar  If  J74.  aj,  ser  macho  para  Guyomar  111  76. 

■9.  O9  Kniior(al  dona  Guyomar  IK  164.  10,  dona  Guyomar  de  Meneses 

I!'  ît6-  ï6-  On  prononçaii  Gywnar,  comme  l'indique  la  graphie  Cyoma- 

iHilUî^i.  9. 
■It  de  l'imparfah  «  du  conditionnel  compte  pour  deux  syllabes.  Les 

'B1  où  celle  terminaison  parait  Cire  monosyllabe  :  me  fazy»  de  seus 

Sn^dos  I  )ii,  lOj  do  com  que  soya  folguar  I  414.   ■&,  mas  como 

po'lTeu  1er  bem  III  408.  30,  doivent  être  mesurés  d'une  autre  façon. 

Vor  Proparoxytons. 
**  (-ta)  et  -io  (-«•)  ne  font  généralement  qu'une  syllabe  ;  cependant 

^73  d«  exceptions  : 

f^>^o  ;  com  seus  çirios  nas  mlos  III  177.  13. 

/^"-a  :  e  com  furia  derrama  IM  650.  16. 

S^ffri-a  :  aquesias  groryas  vilas  I  2}i.  6,  A  groria  |  hé  perdida  III 
^^'  19,  e  de  gloria  compridos  III  466.  3j. 

W'oiorj-a  ;  memoria  nam  hztys  I  380.  17. 
"f«idrj-i>  :  neçessario  na^ydo  I  213.9. 
"'Soçt^  ■  nem  dous  negoçeos  ter  I  îgj.  j^. 
"^fory-o:  Notem  notoryamenie  I  112.  4. 
^ff^i-a  :  offiçio.  nem  comenda  II  295.  37. 
^fatori^p  :  num  oratorio  meu  II  409.  10. 
^^ûii-o  :  Ouvidio  DOS  servia  II  4}?.  7. 
pTïfit-o  .-  d'aver  premyos  mundanos  I  3  j  i .  1  j . 
t'^pt^-t-a  :  vem  do  propyo  amar  I  76.  îi,  e  0  propeo  lej-xasse  I 
î;   14,  dj  propea  forma  II  350.  38,  a  sua  propia  terra  11  196.  18. 
•^"O'M  :  que  viioria  buscays  II    196.  jî,  jâ  vyiorea  nam  hee  III 
*7«-  »7. 

^Uulm  compte  une  fois  pour  trois  syllabes  :  Eu  fuy  rrey  em  leni- 

"•^  "4i7-9- 
•''■*».  Jo-am,  Joam,  Jam.  Ces  quatre  formes  se  rencontrent  dans 

*  C«iiaaii«ro,   La  première  qui  rcvieni   plusieurs  fois  dans  Camocns 

*  **  trouve  que  dans  un  seul  passage  :  com  Joanc  de  Barbcdo  t  i  s  1 
^  'iHni,  écrit  ausà  Joham  ou  Johaâo,  s'emploie  presque  toujours 

"•  A  noies  qu'il  ne  faille  lire  Preyra  ;  cf.  ConçaUes  VianM,  Estai  dt  phoiU- 
"f"l it pkMotogit  4e  ta  taitgat  portvgêW,  p.  }],  note  t. 


2^i  """  i.    CORNU 

quand  il  n'est  suivi  d'aucun  autre  noin  propre  :  So-ata  III  206,466. 
2.  Dom  Jo-am  est  constant,  voir  1  ].  i},  6a.  1,  lo^.  19,  et  autres 
passages  nombreux.  De  même  :  mestre  Jo-am  III  2^0.  1,  Sam 
Jo-ham  111  <,»s-  il,  Cram  sam  Jo-am  Barbadouro  III  646.  5.  Mail 
il  est  rare  de  rencontrer  des  exemples  tels  que  les  suivants  :  Com 
myçer  Jo-ara  do  Vique  I  278.  [9,  Jo-am  de  Melo  copeno  I  278,  aj, 
lo-am  Rroiz  del  Padram  I  jSi.  22,  e  Jo-ham  P\z  de  Bragança  lil 
5  {2.  3],  com  Jo-am  Rroîz  de  Saa  111  J76.  12.  Devant  un  autre  nom 
propre  ou  quand  ii  est  suivi  d'un  complément  prépositionnel,  il  compte 
pour  une  syllabe  1  Joam  Gomc7.  c  dom  Jo-am  I  ;.  t},  Joam  Gomez  l 
;8.  I,  83.  11,  Joam  Corner  Lymam  I  27}.  11,  Joam  Rrodriguez  dd 
Padram  1  41.  18,  Joham  Barbato  I  477.  23,  Johatn  Mourato  l[  4}.  i, 
Joam  Correa  II  178T14,  Joam  Lopez  de  Sequeyra  II  18}.  21,  Joam 
Rroiz  de  Saa  II  429.  12,  S'esiava  {  hy  Joam  Foguaça  111  109.  7,  Joam 
Pair.  III  209.  23,  Joam  MonizIM  2^9.  ),  Joam  André  III  249.  20,  Joam 
Falcam  111  17}.  S.deiefe  de  Joam  Tomee^  274.  ij,  Joam  de  Meiu  I 
}6.  14,  40.  17,  41.  17,  et  autres  vers,  da  touca  de  Joam  de  Saldanha 

II  i86-  10  (voir  PropjroxvfoRf},  Joamdo  Basto  1  374.  1,  Joam  deFajîa 
H  480.  1^,  Joam  de  Silvnra  III  46.  11,  Joam  da  Nova  III  ;8f.  30,  Joam 
de  Betas  III  488.  1,  489.  1.  Mais  dom  Joam  III  161.  {,  est  tout 
à  fait  exceptionnel  ;  il  peut  se  comparer  avec  dom,  qui  est  tiré  de 
combinaisons  syntactiques  telles  que  :  dom  CdHos.  dom  Joam.  Soti- 
vent  aussi  dans  les  mêmes  cas  Joam  s'est  contracté  en  Jam^  écrit 
une  fois  Jjom  :  Jam  Gill  I  309.  1 1,  Myçer  Jam  Freyre  Bcriade  I  276. 
24,  Jam  Falcam  I  461.  2{,  Jam  Garces  II!  io3.  18,  Jam  Cornez  lU 
201.  8,  Jam  Caldeyra  III  20}.  28,  2^9.  1 1,  Jam  Ixpec  Sequeira  III 
340.  39,  JamCoirim  III  {6],  4,  Jam  Grande  III  492.  {,  Jan  Espcradeos 

III  f  )2.  24;  Jam  de  Rraboreda  I  210.  1,  Jam  de  Melo  II  3).  15,  Jaa 
d'Omelas  11  jjo.  1  ;,  Jam  da  Silva  III  2  [7.  1 1,  228.  ij.  —  lam  I  209. 
1 ,  quoique  explicable,  est  tout  à  fait  anormal. 

Joanj  compte  tantôt  pour  uois,  tantôt  pour  deux  syllabes  :  Dona  Jo- 
aoa  me  disse  III  114.  2).  da  senhor(a)  dona  Jo-ana  111  ;7;.  ;4.  406. 
2}  (cf.  senbora).  Dona  Jo-ana  de  Ssousa  III  78.  8,  Jo-ana  do  Taço 
m  36).  it,  a  Jo-ana  de  Faria  III  ;S6.  3  ;  dona  Joana  de  Vîlhaita  II 
177.  4,  dona  Joana  de  Mendoça  III  J77.  2b,  dona  Joana  Hanudl  111 
(78.  8;  mais  :  sua  menos  dona  Joana  M  411.  3,  est  insolite. 

jau,  ordinairement  de  deux  syllabes,  voir  II  418.  ;,  427,  2f,  {13. 
20,  etc.^  n'en  a  qu'une  dans  les  deux  vers  suivants  :  o  precurador  co 
juji  :  dtz  Ul  H7>  ^S'  1res  juyzes  estar  jul^do  1  ^07.  2. 

Liaaor  de  tr<ûs  et  deux  syllabes  :  Mazcarenhas  Ly-anor  II  14.  i|, 
Dona  Li-anor  Pereyra  II  19.  16,  dona  Ly-anor,  erddra  III  466.  14; 
Doua  Lyanor  Mazcarenhas  11  18.  27. 


Narçiso,  Martçias  moirérào 
E  Manuel  sobrepo)ante  Ml 


«KSURE   DES   MOTS   DANS   LB   CunciOtltiTO  gtfal  299 

it/igû!(a  de  quatre  syllabes  :  très  voilas  de  lïngo-jça  ||  oa  soon'ça  H  oo 
pescoço  por  cadea  I  9{.  i8. 

Luyi  compte  d'ordinaire  pour  deux  syllabes  :  l.u-u  de  Santa  Maria 
I  460.  9,  que  se  tliama  Lu-js  d'Arca  III  129,  17,  Lu-ys  Freire  III  177. 
jj,  etc.  Une  fois  il  est  monosyllabe  ;  Luys  da  SyUeyra  III  68.  9. 

mti^'od  de  trois  et  de  deux  syllabes  :  s'eslas  mago-ai  sentisseys  III 
417.  10^  toda_a  magoa  ^ca^  ,a  mym  II  56.  17,  quantas  magoas 
qu'ataUUra  III  HI-  7--  "t^goas  rime  avec  ti^ojt  U  )(>6.  i},  4}}.  4. 

magoar  est  toujours  de  trois  syUabes- 

Maafiat  est  une  fois  de  deux  syllabes 
I  7.  10. 

Manuel  est  une  fois  de  deux  syllabes 
466.  17. 

ma-osynha  :  e  com  novas  ma-osynhas  III  Î71.  21, 

Mares  —  Mars  :  Mares  em  guerras  armado  I  394.  12.  Même  forme, 
111  p.  2Î4- 

motsteyro,  rarement  de  quatre  syllabes  :  ermidas  e  ino-esieyros  I 
189.  7,  do  paço  nucn  nio-esieyro  III  jyô.  28,  gualanie  de  mo-«s- 
teyro  [)I  626.  )  ;  presque  loufours  de  trois  syllabes  :  ho  moesteyro 
de  I.orvam  111  196.  14,  quando  me  vy  no  moesteyro  III  iii-  18,  li 
cheguardes  ho  moesteyro  III  6J4.  6,  etc. 

mcnsseor  compte  pour  trois  syllabes  :  Parcçyas  monsse-or  II  2  j.  11, 
A  vos  diguo,  monsse-or  III  i6{.  i],  de  prazer,  0  mons&e-or  111  226. 
ij,  e  monsse-or  das  esporas  lU  z$6.  10.  Une  fois  il  compte  pour  deux 
syllabes  :  Monsseor,  que  andou  em  CasieU  lit  17],  7. 

or  =  ora  i*  ora  là  vos  avinde  jaa  1  2  ^9.  1  ^  cf.  e  se  ^or(a)  U  à  don- 
zela  il  que  queyra  saltar  janela  I  464.  14. 

origiaal  :  irelado  sem  orryginal  t  281.  22;  mais  um  fait  peut-être 
une  syllabe  avec  l'o  suivant. 

oioluto  :  se  nam  d'ossoluio  poder  I  24J.  to,  cf.  obsoluto  I  ii)-  4- 

paniguado  :  s'este  vosso  paniguado  I  )$6.  10. 

Patrecvlh  iPatroctus)  :  que  Pairocollo  veslira  II  }77.  15. 

peytoral:  Que  cabeçadas,  peytoral  III  211.  1,  cf.  mas  0  vosso  peyto- 
rsl  III  21a.  ]. 

perta  :  de  perlas  toda  borUda  1  397.  3 1 ,  levar  nos  a  perla  do  prin- 
Çepe  Affonso  II  247.  zi. 

pe-uga  :  pe-UH3s  brancas  mays  iraga  I  2^4-  ^î- 

piadatii,  exceptionnellement  de  trois  syllabes  :  ey  de  vos,  senhor,  pia- 
dade  I  44.  7. 

py~attram  :  Leyxar  py-as(ram  I  tiç.  3$. 

pyor  a  ordinairement  deux  syllabes  :  0  py-or  ja  feyto  bé  11  ;;.  16. 
em  sseraâo  rauyto  pin^r  III  6)8,  16.  Dans  deux  passages  il  compte 


pour  une  seule  syllabe  :  fasey  o  pyor  e  mylhor  II  jj.  t6,  fait  o  pior 

<jue  souberdcs  III  407.  jo.  "  "^ 

poderaa  :  de  mycn  se  poderaa  dizer  !  481.  17^  emfadalo  poder^  sser 

III  269.  31. 

podfroto  :  0  poderoso  rrey  segundo  Ul  466.  1. 

po-tr,  poT,  poem  :  na  presenie  vos  po-er  I  i$4.  4,  nam  vos  val 
brades  po-er  1  277.  9,  mas  eu  ey  de  pospo-er  II  1 1 .  14,  notar  caro- 
nista»,  po-er  em  estorea  II  ajo.  1;  ft  côié  de  p(wr,  on  trouve  p6r 
tiré  du  futur  et  du  conditionnel  :  e  guarday  de  a  par  mays  III  m.  20, 
vos  foy  pôr  em  tant  attura  NI  )  16.  14,  Dans  les  vers  suivants,  la  rime 
exige  pordss  et  desporda  :  Ca  despoys  que  juntos  (ordes,  Il  sem  contra 
vos  sser  ninguetn,  f|poder6s  tyrar  et  poerdes  ||  e  nam  fazer,  mas  des- 
poerdes  n  do  dercyto  a  quem  0  lem  !  26.  8-12  ;  poem  (ponunt)  d'une 
syllabe  II  469.  jo,  (09,  28,  III  jja.  14,  joS.  2.  Fernao  d'Oliveira, 
Grammatica  df  linnojgem  pormgiitSit\i  s  \6),  p.  114  de  l'édition  d'Oporlo, 
fait  sur  «  verbe  la  remarque  suivante  ■  «■  este  verbo.  ponho.  po5s.  fan 
0  seu  infinitivo  è.  or.  dizédo.  por.  oqual  todavia  ja  fez  poer  e  ainda  assi 
ouvimos  3  aighûs  velhos.  ■  Joam  de  Barros  cite  dans  sa  Grammaire 
[p.  1641  poemos  pour  pomos, 

poêla  :  de  Platam  tju'ee  :  homem  poeia  II  4t;.  }}. 

pryguo  :  tm  meu  querer  desle  pryguo  II  140.  9,  que  perîguo  por 
melboria  III  19.  iç>. 

prigasa  :  c  cada  vt?.  que  em  pdeja  II  prigosa ouvcres  de  ser  II  192.  10, 
escolhem  a  mays  periguosa  III  1  j.  14.  Cf.  prîgo  et  pùgoto  blâmés  par 
Madureyra  et  par  Fr.  Luis  do  Monte  Cannelo. 

pfmtr  »  primtyra  :  a  primeyra  cousa  que  foge  I  î  1 2.  t ,  e_a  \ai- 
meyra  noite  passar  III  161  ;,  sont  des  vers  faux  qu'il  est  facile  de  cor- 
riger en  lisant  pnmtr, 

pryol  est  une  fois  d'une  syllabe  :  comendador,  pr)ol.  abade  I  267  17. 

Pronoms  rossESSirs,  Tua  et  sua  ont  toujours  deux  syllabes,  mais 
les  poètes  du  Cancianeiro  gérai  ont  encore  la  faculté  de  se  servir  des 
formes  atones  ma,  la,  ta  :  ma  sentiora  II  47S.  17  ;  ta  samydade  I 
2;o.  23,  las  gravas  I  287.  22,  ta  duçura  1  390.  38,  la  ^ma  I  joo.  ta, 
la  piadade  II  361.  a,  ta  morte  II  261.  20  ;  les  vers  :  No  primeyro  de 
tua  dama  I  472.  1  ;,  Por  tua  grey  e  na  tua  leyu  morrerâs  III  378.  4, 
se  corrigent  facilement  en  lisant  fj  ;  —  sa  mercé,  sa  dor,  sa  pena,  sa 
cara,  sa  par.,  sa  calydade,  sas  fovscas,  sa  coropanha,  sa  madré,  sa  morte 
etc.;  dans  les  vers  :  que  pousa  nas  suas  pousadas  III  266.  8,  a  ssuas 
merçès  ss'emcomenda  III  41 1.  1  ;,  sua  devisa  e  sseu  synat  III  46$.  10, 
com  sua  morte  escuureis  III  621.  16,  ser  sua  morte  tam  sentidalll 
63J,  10,  lire  sa  ou  tas. 

Nosso  et  l'Oiio,  nosta  ei  votsd,  quoique  de  deux  syllabes,  comptent 


MKSURE   DES   UOTS  DANS   LE    CdnCÎùneilO  gtral  ^01 

comme  proctiiiques  pour  une  unilé  métrique  dans  les  passages  sui- 
vanu  :  Acord  el  rrey  nosso  senhor  III  289.  19,  vosso  sysD  tornay  a  vos 
Il  48),  34,  senbor  :  sseja  por  vosso  bem  UI  161.  22  -,  que  nos»  sobeja 
trûtura  ]  i&y  i$,dezya  de  nossa  ventura  I  1S6.  14,  a  raintia  nossa 
senhoM  111  ^75.  î,  porque  vossa  merci  nam  chora  I  85.  18,  se  vossa 
mercê  0  olhar  r  1^8.  27,  e  vossas  mer^s  veram  çedo  Ul  fiaj.  24, 
calyvo  de  vossa  belezj  [  }n.  9,  confessara  vossa  rrczam  III  1  j,  iB,  e 
toda  vossa  descriçam  III  141  _  20. 

pROP^tROxvTONS.  Lcs  mots  dactyliques  comptent  ordinairement  pour 
trois  syllabes  : 

atcmo  :  Mémo,  que  asseniado  II  560.  19. 

Alraro  :  lainbem  Alvaro  da  Cunha  11  177.  9. 

apotioto  :  mas  apostolos  Ihe  chamo  I  19).  i. 

arvore  :  lodalli^s  arvores  maas  II  40J.  19. 

atpero  :  Polas  muy  asperas  vias  1  î2i.  19. 

barbaiQ  :  barbaras  presss  da  terra  II  178.  ). 

camara  :  Nom  vy  camaras  piniadas  II  22S.  }}. 

heugo-a  :  heiegua  de  mil)  maneîras  II  161 .  18,  hetego,  magro,  coy- 
tado  11  291,  19. 

[agrirtia  :  lagrimas  de  devaç^o  11  ;9$.  1 5. 

tamp.idû  :  Pazera  lampados,  torvôes  II  189.  10. 

ospedi  :  ospede,  que  m'avorreçe  II  2J4.  20,  ospede  nella  seris  II 

4M.  îî. 

pampilo  :  qu'ec  de  pampilos  çercada  II  jSg.  24. 

pessego  :  por  pessegos,  por  melâo  I  2^.  22. 

prinçepe  :  rrey  e  prinçepe  lambera  I  46^.  26. 

lytoio  :  Em  tyiolo  de  valya  II  16t.  14. 

ultemo  :  no  |  uUemo  desta  vyda  II  261.  22. 

Il  en  est  de  même  des  terminaisons  dactyliques  : 

caronyca  :  d'oulra  caronyca  nova  III  ( j i .  ri. 

domesûcQ-a  :  nosias  domesticas  aves  li  2}2.  21. 

ffaadissimo-a  :  em  grandissima  quenlura  II  2jt.  {. 

Ugitima-a  :  por  legitimo  marido  II  $64.  10. 

Mais  dans  un  certain  nombre  de  vers  trop  longs  en  apparence,  le  dac- 
tyle équivaut  à  deux  syllabes  ou  deux  unités  métriques  '.  Ils  sont  trop 
nombreux  pour  que  nous  puissions  penser  à  les  corriger.  Ces  mots,  qui 
paraissent  mesurés  à  la  latine,  sont  : 


).  '<  Dans  ces  vocables  (les  proparoxftonsi  In  deuK  dernières  sylbtn  sont 
tout  i  fait  alonci  ;  tn  castillan,  au  contraire,  la  dceni^re  syllabe  peut  avoir  un 
accent  secondaire  :  cail.  timutà,  port,  tâmiflf.  >>  dû  A.-R.  GoDcalves  Vîanna 
avec  une  admirable  tagacitf  {Est/ti  de  pkoatti^tu  tt  de  photiol»gie  Jf  U  langue 
porïagjiu,  p.  90I. 


ÎOi 


J.   CORNU 


abrayto  ;  bulras  abraycas  soxys  I  190.  }i. 

aUmo  :  Dum  alemo  sou  acordada  i!  560.  9. 

Alvaro  :  Alvaro  Lopcz  de  sab«r  III  24 1 .  16  ;  probablement  ausà  ;  Oa 
Alvaro,  ^rmâo  amiguo  lit  4S1.  6. 

Aharet  ;  Branc  Alvarez  com  suas  mâos  II!  345.  34. 

aposiûlo  :  Aposiolo  sante5cado  I  18).  17,  Apostolo  santo  primerro  I 
jSj.  34. 

arrore  .-  agoar  arvores  ou  varrcr  III  640.  }2. 

aspero  :  sam  tam  asperas  cm  cuydar  II  {)).  ti. 

camara  :  da  sua  catnara  do  ouro  i  96.  12.  que  na  cainara  sse  acntjo 
III  347.  22. 

carrega  :  sobre  carregas  çi'nquo-cnta  III  302.  37. 

cintre  (lat.)  :  quya  in  cïnere  rreverteres  I  127.  jj. 

coyado  :  ala  a  très  covados  de  sseda  III  398.  i. 

dutida  :  que  ïem  duvida  foy  mayor  III  S9.  7. 

epistûla  :  as  epistolas  de  Catam  IM  490.  34. 

Ereala  :  Erco!cs,  César  corredores  III  46;.  19. 

Eradyce  :  com  Rrudyce  vy  Orfeo  I  309.  14. 

Estunhyga  :  prova-se  per  ly  que  fales,  ||  Esiunhyga,  de  teus  gemidos 
]  72.  8.  ' 

Jpotito  :  Ipolito.  Fedra,  Sem«a  (  îio.  34. 

lagryma  :  as  lagrymas,  que  se  dobr^kram  II  308.  i}. 

merito  :  os  meriios  lodos  pesando  1  29^.  27. 

priaçept  :  o  prinçepe  da  vozaria  M  6{.  2],  do  prinçepe  nosso  scfihor 
III  p.  i49-r6o. 

purpura  :  De  purpura  çelestrial  II  ;&9.  9. 

Satire  :  e  gram  companha  passava  II  de  Satiros  que  me  buscava  II 
(68.  14. 

Troylos  :  a  Troylos  ou  a  Eytor  I  37  j.  18. 

Ajoutons  il  ces  proparoxyions  ceux  fbnnés  par  un  verbe  et  un  pronom  *  : 

Prova-se.  poys  do  sospirar  I  (i.  3.  chamando-mc  de  cajo  sou  III  4. 
1 1,  devemolo  bem  de  louvar  111  40.  1  j.  Tornala-hya  alevantar  III  28. 
24,  D'auires  vers,  en  assez  grand  nombre  pour  que  nous  ne  les  tenions 
pas  pour  fautifs,  doivent  évidemment  ttre  mesurés  d'ap^^s  le  même  prin- 
cipe :  cuidando  de  rremedearnie  J  42.  9,  nos  tempos  da  nioor  cara* 
munha  i  {j.  11,  Açerqua  do  que  compre  sser  I  ût.  11,  com  todo  o 
agravo  que  scnio  I  79.  16,  nam  sera  homem  que  rremonte  I  96.  îi, 
sam  primeyros  e  mays  inteyros  I  97.  8,  das  rrefey^s  que  Ihe  dyrey, 
Il  dosotfaos  e  fyna  mostrança  I  lo).  2  et  1,  que  roilhor  grorea,  que 
vylorca  I  lo^.  i  ),  Rcçebimentos  farcys  finos  I  106.  17,  eu  porque  mym 


MESURE  DES  MOTS  DANS  LE  Caneîontiro  gmu  JOJ 

me  miiaria  I  t  )2.  6,  que  Jeu  a  Nuno  de  Sam  Paio  I  303.  20,  do  vir- 
ginal vemre  de  vos  I  24^.  2,  elhe  lolhSram  pane  jaa  I  272.  2},  me 
fazp  de  seus  gemidos  I  ;ii.  ro,  nnmorado  dos  n-imorsiios  I  ;iQ.  4, 
Assy  me  levando  ventura  I  J2).  ij,  por  mays  çeJo  me  nam  matarll  $5. 
8,  ho  vençedor  como  vençido  II  1  {3.  20,  porquee  azedo  como  fel  II 
i$2.  20,  da  touca  de  Joam  de  Saldanha  11  i86.  10,  l'ogyanios  de 
povorados  II  214.  9,  que  da  cabeça  fazem  pees  II  ^24.  27,  Arreneguo 
de  ry,  Mafoma  II  j]4.  t,  rraieguo  do  offiçyal  li  j;S.  1,  e  dally 
sempre  me  guiou  I!  {t{.  1,  se  queua  de  ly  agravada  II  jfS.  28,  cf. 
cependant  M  t6j.  11^  que  pera  s'  Ellcna  cobrar  II  j6).  6,  E  tuî- 
lando  o  arrepeley  II  568.  26,  E  lodalas  ervas  sabidas  II  {69.  7>  que 
pera  saber  e  poder  11  596.  17.  de  ser  perdydo  polo  seu  IIl  6.  10,  Tor- 
mento  que  alormenta  assy  111  17.  16,  O  que  se  na  vida  mayspreza.ll 
que  sena  voniade  mayj  traz  III  17.  2î  <ï  24,  Esteeo  cabodo«  louvores 
III  2t.  2  3,  nam  volo  quereri  ninguem  III  }o.  20,  cada  hum  dygoo  que 
quyjer  ME  {7.  9,  de  chaparla  de  latam  III  100.  ;,  qu'aivoroçolhaferfazer 
Itl  114.  10,  juro  0  corpo  de  deos,  dom  Crade  ill  166.  n,  he  dos  gozos 
e  comedra  III  200.  4,  Mas  vemdeSa  coma  Judeu  III  207.  j,  mas  0  capa- 
razam  bé  lai  ill  214.  2j,  de  myl  e  qutnhenlos  e  dez  III  25).  12,  que 
eu  me  fyo  no  que  sabês  MI  26 {.  1,  nam  ssey  oque  s&e  U  â  de  passar 
m  271.  ij  ^vers  corrompu  probablement!,  de  Ssantiago  que  d'Oliveyra 
lir  378.  î,  pera  que  queTcm  mereçer  IM  4^4-  '5i  P^"  folguar  de  Ihe 
correr  III  462.  î,  Tolomeu,  Prinyo  mescjcyro  III  46?.  27,  c  que  por 
ela  se  soprique  III  46; .  2j,  vestido  como  faz  mester  III  640.  },  najgùas 
bochechas  do  sul  III  643.  ]3.  Notons  encore  le  vers  :  foraa  rredeas  e 
tâlegos,  qui  a  pour  assonance  embargos,  II!  202.  36. 

Cette  particubriié  des  vers  ponugais  a  dé^i  été,  ce  me  semble,  remar- 
quée par  Joam  de  Barros,  qui,  dans  un  passage  inléressam  à  un  autre 
égard,  4'exprime  U-dessus  de  la  manière  siùvante  ip.  77  de  la  Grammj- 
tiea  da  Hngiu  ponugiusa,  édition  de  1785)  :  «  Espico  de  lempo,  porq 
huas  sam  curas  e  outras  ifigas,  como  nesta  djçâ.  Bàrbora,  q  a  primeira 
%  longa,  e  as  duas  sa  brèves.  Porq  lato  ifpo  se  gdsta  na  primeira.  como 
nas  duas  seguintes,  &  scmelhan^a  dus  musicos,  os  qu4es  tanio  se  detê 
no  ponto  desta  primeira  figura  bar.  como  nas  duas  derrad^ras,  bo,  ra. 
E  os  Laiinos  e  Gn^gos,  sente  melhor  o  tèpo  das  syllabas,  por  causa  do 
vçrso,  do  q  ô  ni5s  sintimos  nas  trovas  :  por^  casi  m^ûs  espéra  a  nôtu 
orelha  0  consoanle,  q  a  c-îtldadc,  dado  i^  a  tcm. 

O  terçeiro  açidente  da  Syllaba,  ç  canto  alto  ou  baixo  ;  por^  como  os 
musicos  alevaniii  e  abaixâ  a  voz  cantando,  assî  nostemos  a  mesma  ordé, 
como  nesta  diç3,  iè,  moj,  que  na  primeira  syllaba  alevantamos,  e  na 
segunda  abaixumos.  E  dàdo  q  cm  algùa  mandra  nos  podçramos  esten- 
der  cd  rçgras  pera  a  cantidade  e  a^ento  das  nôssas  syllabas  :  leixamos 


}04  '-    CORNU 

de  6  fazer,  por4  pera  se  bon  exëplificar  as  suas  rçgras  ouvçra  de  wf 
eni  triSvas,  ^  tem  medida  de  pees,  e  cantidade  de  syllabu.  E  porq  o 
tempo  cm  ^  se  as  irovas  faziâ  e  os  hom^s  nâ  perdiam  sua  autoridade 
por  isso  ç  degr.id.ido  dcsics  nôssos  reynos  :  hcari  esta  malaria  pen 
quando  o  uso  à  requerer.  » 

pur\dddt  :  nom  m'a  lerdes  em  puridade  II  439.  jo. 

qutrtr  compte  parfois  pour  une  syllabe  :  d'am  querer  que  me  quw 
maiar  I  {j.  1,  por  se  mcnos  querer  mosirar  I  78.  29,  U  puseres  teu 
bem  querer  1  474.  16,  aa  de  querer  e  nam  querer  11  {34.  11,  a  qoe- 
rerdcs  0  esfolar  NI  300,  2,  Qucremos  vos  desenguanar  III  a88.  3). 

rrainha  esi  de  trois  syllabes  :  rra-ynha  de  rreys  senhores  I  34S.  10. 
Cependant  il  y  a  des  passages  assez  nombreux  qui  semblent  prouver  que 
ce  mol  pouvait  compter  pour  deux  syllabes  :  rrainha  de  todotos  anjos  I 
346.  7,  rrainha  de  (odos  c  minha  I  147.  4,  corn  a  rrainha  minha  madré 

I  4(}.  9,  e  da  rrainha  muiio  amada  1  4^4.  9,  vos  vinheys  de  cas  da 
rrainha  1  476.  8,  a  rrainha  nossa  senhora  II)  f7f .  }  ;  mais  plusieurs  de 
ces  vers  peuvent  être  mesurés  d'une  autre  manière,  voir  Proparoxyioas 
et  Pronoms  possessifs. 

rrt-aei  n'est  pas  encore  contracté  en  rfiîs  :  em  buscar  très  myl 
rre^ays  II  489.  1  r,  mais  de  seys  çentos  rre-aes  M  tog.  13.  Mais  Femâo 
d'Oliveira,  Crjnnnalica  de  hnaojgtm  pçrlufiutsa,  p.  109,  connaU  ta  forme 
wis  et  la  rejette  comme  fautive  :  «  os  Inomes)  acabados  em  .1.  mudad 
essa  leira  .1. 4^.  i.  e  acreç^tad.  s.  q  he  proprio  do  plural  como.  cabc- 
çal.  .  cabeçays.  .  real.  .  reais.  assi  quâdo  he  susianiivo  como  ajctivo. 
E  na&  digamos  dous  recis  :  très  réels.  » 

ireaitza  :  e  rresgyardcy  sa  rrealeza  I  453.  4. 

rrtdid  est  de  trois  syllabes  :  Val  rredea  d'uvas  1 1  }8.  ; ,  braa  rre«deas 
e  Utegos  IM  202.  26. 

rroim  de  deux  et  d'une  syllabe  :  d'esté  vinbo  qu'ee  rro-ym  II  29}. 
■6,  que  usa  de  rro-ins  manhas  II  ))j.  j6,  a  lenha  em  rro-im  mato 

II  S)9.  6;  que  rroîns  desembarg adores  1  J96.  }8, 
rrv-yndade  :  far  Ih  ya  gram  rrayndade  H  ^49.  3j. 

Rroiz  de  deux  syllabes  :  Joam  Rro-iz del  Padram  I  (83.  33,com  Joam 
Rro-iz  deSaalH  ^76.  12. 

Kromâo  (Komanus)  :  onde  os  Rromâos  nom  chegarào  II  j  {9.  8,  os 
Rromiios,  desque  vençeram  II  (14.  7,  com  que  0  Rromano  Colurones 
(1.  Rromiioj  II  \û%.  24. 

Rray  d'une  syllabe  :  de  Rruy  Gomez  da  Chamusca  1  276.  24,  Rniy 
de  Ssousa  I  276.  10, 478.  ^ ,  III  14J.  29,  2}9.  6,  Rruy  Lobo,  Jorge  de 
Ssousa  II  )oi.  18. 

say  :  nom  say  fora  da  pousada  M  4Jj.  11,  bé  pedra  que  say  da  maio 
U  4t  j.  14  ;  sam  de  deux  et  d'une  syllabe  :  sa>cm  mill  do  coraçam  I 


MESURE  DES  woTS  DANS  LB  Caticmtito  gerd  ÎOÎ 

J I  ■ },  qoe  Esa2-eni  culpas  diversas  l  197.  2  { ,  que  sa-hecn  do  coraçam  ; 
Gr«sas um  ssam  d'antre  nos  \\\  ii^.  7. 

uihit  M  ordinairenient  de  quatre  syiiabes  :  Mas  agora  sa-udade 
lui.  Ji, corn  tant  grande  sa-udadc  I  20^  10,  chorey  mortal  sa-u- 
didc  III  4{6.  16,  etc.  ;  deux  fois  nous  le  trouvons  de  trots  syllabes  : 
e «m  saudade  padeça  I  3^1.  3,  a  saudadeque  medayslil  n-  37- 
«am  =  ttgando,  avec  suppression  de  la  syllabe  finale,  souvent  pro- 
^K  par  u  place  devant  le  substantif  :  que  Ibe  faliam  segum  foma 
^'  i^.  17,  segum  tse  ssoa  IM  ^86.  2%  segum  m'esfor^a  111  644.  10, 
''ftçeis-me,  segiun  maço  lll  644.  ^1. 

unhor.  forme  féminine  bien  connue  des  anciens  chansonniers,  doit  iuc 
Ffolnblement  mis  au  lieu  de  icnhata  dans  les  passages  suivants  ;  sentiora, 
P"  (ujo  rrespejio  I  247.  19,  vos  fazem  senhora  de  mym  I  484.  33,  e 
»»  wnbora  poderosa  I  48^ .  1  {  (comp.  cependant  plus  liaui  poJîeyaa  et 
Mrjnuii).  0  qu'a  minha  ssenhora  falo  III  334.  <,  (mais  on  pourrait  Lire 
*'aiiEcu  de  minha),  senhora,  d'Oa  gram  verdade  III  411.  2,  senhora, 
fW^ioeu  senhor  lil  41).  17,  a  senhora  dona  Maria  111  40.  f\,àaK~ 
"""a  dona  Maria  III  68.  23,  309.  7,  Da  senhora  dona  Cuyomarlll  174. 
'^  Oa  senhora  dona  Joana  III  )7).  4,  40&.  3j. 
"^vdidoiie  :  hé  neguar  semsualydade  III  449.  19. 
•"Of  :  e  8«  ouvjT  ;  nom  se-or  I  147.  j. 

^iiveyra,  Silveyra,  Silveyra  I  81.  25»  comment  corriger?  Lire  peul- 
^-  Silrer,  Silveyra,  SiKeyra. 

**>  (ïo/rt,  d'une  syllabe  II  401.  8  ;  sctm  d'une  et  de  deux  syllabes  : 

'*dQï  sso-em  de  goardar  Ut  275.   lû,  como  soem  as  desejadas  1  ïoi, 

'*•  Les  anciens  romances  comptaient  w  pour  deux  syllabes,  comme 

*  "ïionire  le  vers  :  «  os  que  me  soê  guardare,  »  cité  par  Joam  de  Barros, 

'^'*titaatica  da  lingm  portugatta,  édition  de  178J.  p.  lôj. 

'^^ydadf  de  quatre  syllabes  :  so-ydade   nam  0  leyxa  II    17É.   i}, 

'^^  vos  hâ  so-ydade  111  300.  1  j ,  etc.;  une  fois  de  trois  syllabes  :  e 

^ydades  quemosfaz  III  j3j.  1. 

■•tâl'JiJW  est  de  trois  syllabes  dans  les  deux  vers  ;  Nom  vy  aves  muy 
'^y^iosas  II  229.  7,  a  maao  viuva  e  suydosa  II  176.  29. 

"^ttijere  :  Para  Tanjere,  senhor  li~i8o  6,  que  vy  Tanjere  tirar  II 
'*S.i9'. 

■*wo<i  de  uois  et  de  deux  syllabes  :  como_em  tavo-ano  mar  II!  (47. 
^>    Dou-vos  lavoas  conçcnadas  lll  100.  28, 
'«or  d'une  syllabe  ;  assy  se  segue  seu  teor  I  96.  i  o. 


Pr, 


^1  .  Cf.  Auuçns  cité  par  Fern3o  d'Oliveira,  Gramnulita  4c  Itjtgoagrm  parla- 
j^^ff'  p.  €0  :  f  attoftr  por  castdlo  0  quai  ter»  a  penultinia  grande  ainda  4 


Ih^ 


Kit 


20 


I 


:^    --^^de  III  ÎÎ4.  8,  cf.  piadade. 

■  -ETivïnte  ni  653.  10. 
•ttK.js    >nToso  11  jôo.  27. 

.^li  ;yljces  :  e  vîveras  vida  folgada  I  J99.  ; 


Jules  Cornu. 


LA   CLAIRE  FONTAINE, 

CHANSON  POPULAIRE  FRANÇAISE. 


EXAMEN    CRITIQUE    DBS    DIVERSES   VERSIONS. 


Plosieurs  auteurs  de  recueils  de  chansons  populaires  ont  donné  le  nom 
de  Claire  Fontaine  à  la  ronde  dont  nous  allons  nous  occuper.  J'adopte 
cette  dénomination,  quoiqu'on  puisse  lui  reprocher  de  ne  pas  s'appliquer 
i  tootes  les  versions,  et  en  outre  de  ne  reposer  que  sur  un  détail  du 
Téch,  un  décor  dans  le  tableau,  décor  commun  à  bien  d'autres  chansons. 

Notre  ronde  est  d'une  facture  fort  simple  :  elle  se  compose  de  vers  de 
1 2  syllabes  ou  de  1  î ,  si  l'on  veut,  le  premier  hémistiche  se  terminant 
régulièrement  par  une  syllabe  muette;  ces  vers  assonent  tous  en  e 
famé.  Parmi  les  chansons  du  xV  siècle  publiées  par  M.  G.  Paris,  j'en 
troave  plusieurs  dont  la  facture  est  identique.  Je  citerai  particulièrement 
la  chanson  LXXXI,  qui  a  avec  la  nôtre  un  autre  trait  commun  :  à  partir 
du  second,  chaque  couplet  a  pour  premier  vers  le  second  vers  du  cou- 
[rfet  précédem  ;  c'est  ainsi  que  se  chante  généralement  la  nôtre. 

Au  jardrin  de  mon  père      il  y  croîst  un  rosier  : 
Trois  jeunes  demoiselles      sy  s'i  vont  umbraiger. 
[refrain ) 

Trois  jeunes 

Trois  jeunes  gentilzhommes      sy  les  vont  regarder,  etc. 

Voici  sous  forme  de  résumé  les  traits  communs  à  toutes  les  versions 
que  )'ai  pu  consulter,  abstraction  faite  de  divergences  tout  à  fait  insi- 
gnifiantes  ;  j'y  ajoute  entre  parenthèses  les  divergences  importantes  de 
versions  plus  pu  moins  isolées  et  j'en  élimine  tout  ce' qui,  en  dehors 
de  ce  récit  (au  commencement  et  à  la  fin  de  la  chanson),  n'est  pas  con- 
firmé d'un  commun  accord  par  toutes  les  versions. 


]08  J.  GILLIËRON 

( )  Une  personne  (jeune  homme  ou  jeucie  fille,  selon  les  versions) 

se  batji(ne  Ise  lave  les  ni.^ms,  les  pieds;  dans  i'e^u  d'une  fontaine  (d'une 
rïvière.  de  la  Seine).  Elle  s'essuie  à  ia  feuille  (sous  les  feuilles'i  du  chêne 
(d'un  chêne).  Sur  la  plus  haute  branche  un  rossignol  chante.  <i  Chame.  » 
lui  dit-elle,  «  toi  qui  as  le  cœur  gai.  Moi  je  ne  l'ai  pas  gai,  car  mon 
amant  (ma  maiiressef  m'a  quitté  Is'en  est  allé,  avec  moi  s'est  brouillé, 
s'est  fâché,  ne  veut  plus  m'aimer,  etc.),  pour  un  bouton  (bouquet,  etc.) 
de  rose  que  je  lui  ai  refusé  (qu'un  autre  lui  a  donné,  que  trop  i6t  j'ai 
donné  —  dans  deux  ou  trois  versions,  non  remplacé;.  Je  voudrais  que 
la  rose  fût  encore  au  rosier  ei  que  mon  ami  Pierre  .ma  maîtresse)  fût 
encore  k  m'aimer  (etc.,  etc.).  » 

Le  récit  qui  est  ia  base  de  toutes  ces  versions,  récit  fon  rapide,  fort 
concis,  n'a  été  compris  par  aucun  des  chanteurs  que  nous  connaissons, 
et  toutes  les  altérations  importantes  qu'a  subies  la  chanson  dans  le  cours 
de  ses  pérégrinations  i.  travers  tous  les  pays  français  sont  dues  à  celle 
circonstance  '. 

Ils  ont  cru  comprendre  qu'il  s'agissait  d'une  querelle  d'amoureux, 
causée  par  le  refus  d'une  fleur  irefus  qui  pouvait  être  fait  aussi  bien  par 
un  jeune  homme  que  par  une  jeune  fille),  que  la  personne  qui  parle  au 
rossignol  regrettait  son  refus,  regrettait  que  l'objet  de  la  querelle,  ce 
bouton  de  rose,  ce  bouquet^  fût  jamais  tombé  entre  ses  mains,  vou- 
lait «  que  la  rose  tôt  encore  au  rosier,  que  le  rosier  même  fût  encore 
à  planter,  »  etc.,  etc.  On  verra  plus  loin  toutes  les  conséquences  de 
cette  imerprétaiion. 

La  chanson  n'est  pas  d'une  simplicité  aussi  banale,  et  je  n'aurai  pas 
de  peine  à  en  persuader  ceux  qui  connaissent  les  allures  de  la  chanson 
populaire. 

Ces  vers  :  Pour  un  bouton  de  rose  ^ae  jt  lui  refusai  et  Je  voudrais  tfut  la 
TOit  fût  encore  au  rosier,  ne  peuvent  sortir  que  de  la  bouche  d'une  jeune 
fille,  d'une  femme,  dont  Pierre  pouvait  dire  avec  un  poète  anonyme  : 

J'ay  advisé  ung  rosier 
Dont  la  rose  est  fleurie, 
Et  en  esté  comme  en  yver 
Elle  est  tome  espanye. 

Cette  jeune  fille  dit  au  rossignol  que  son  amant  l'a  quittée  pour  an 
bouton  de  rose  qu'elle  lui  a  refusé,  qu'elle  voudrait  que  la  rose  fût 
encore  au  rosier  et  que  son  ami  Pierre  fût  encore  à  l'aimer.  Notre  inter- 
prétation nous  cause  un  embarras  :  elle  a  refusé  à  Pierre  un  bouton  de 


I .  Nous  le  répétons  :  noire  résumé  eu  loin  de  contenir  toutes  les  variatites, 
le  déuccord  le  manilctlanl  surtout  dans  Ii  dernière  partie  deli  chanson,  partie 
qai  n'eu  pu  résumée. 


m  CUIRE   FONTAINE  JOQ 

,  et  cependant  elle  avoue  que  ta  rose  n'est  plus  au  rosier.  Est-ce, 

rue  le  disent  deux  versions  qui  paraissent  entendre  ce  passage,  qu'elle 

tût  trop  lot  donné,  et  qu'alors  par  pudeur  elle  l'ail  refusé  à  Pierre? 

m  !   La  chanson  n'ayant  plus  été  comprise,  une  bonne  partie  des 

ions  omeiieni  un  premier  vers  qui,  parce  qu'il  n'est  pas  commun  à 

es  les  versions,  ne  &gure  pas  dans  notre  résumé.  Ce  vers  n'avait 

i  sa  raison  d'être  pour  nos  chanteurs  ;  à  nous,  il  nous  donne  la  clef 

mystère  : 

En  revenant  de  noces 

Il  s'agit  donc  id  non  plus  d  une  jeune  fitle,  mais  d'une  jeune  femme, 

une  mal-manie.  L'amante  a  refusé  Â  Pierre  un  bouton  de  rose,  et  Pierre 

quittée  à  cause  de  cela.  Fille  est  mariée  maintenant,  contre  son  gré 

;-iue,  en  lom  cas  à  un  homme  qu'elle  n'aime  pas  autant  que  Pierre, 

en  revenant  de  noces  elle  regrette  que  la  rose  ne  soit  plus  au  rosier 

Ktr  h  donner  Â  Pierre,  à  qui  elle  ne  la  refuserait  plus  '. 

Vffid  b  liste  des  versions  telles  que  je  les  désigne  dans  ce  petit 
ivail: 

—  Cag/toa,   Champjieury,  Reaurepaire,  dadion ,  Tarbé,  Payinaigre, 

«jXK,  Bujtaud  i^plusieurs  verrons),  Haupt,  Couibci,  versions  emprun- 

ux  recueils  de  chansons  bien  connus  qui  portent  ces  noms  d'auteur. 


>-^  privots  l'objeclion  qui  lae  sera  faite:  comment  se  [Wut>il  que  la  mariée 
JJ  troiTt  uule  le  jour  de  ses  noces,  qu'elle  siiit  fatiguée  d'une  lonêue  marche  ? 
^Ic  objtction,  que  je  me  suis  faite  i  moimètnc  et  qui  m'a  etè  faite  par 
M.  Gutoa  Pans,  vient  éb<raDler  dans  sa  bjisc  l'cchabudage  que  j'ai  labortctise- 
■"i  a«.  En  cÔct.  le  vers  ; 

F.n  rcTenanl  de  noces  j'éliiis  bien  fatiguée 
*Jpp^acrait  plus  natuirtlement  k  une  amie  de  noces,  k  une  amie  de  la  mariée 
1"i hurlée  dlc-mimc.  Mail  alors  commeol  expliquer  les  regrets  que  cette 
■*op{iiM  : 

Je  voudrais  que  la  rose  (fit  encore  au  rosier,  etc  , 
^^ ni  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  authentique  d.ini  la  chanson?  De  deux 
'^Irw  :  DU  notre  chanson  est  dans  ce  cas  pleine  de  sous-entendus  (sous- 
^^h\  qui  ne  paraissent  peu  en  accord  avec  le  caraclcre  it  la  chanson  popu- 
'«  (finçiise  et,  si  je  ne  me  Iruirpe.  qui  enlèvent  de  sa  valeur  i  la  nôtre),  ou 
I"*  ai  tronquée  et  de  tomes  les  versions  cjue  nous  avons  aucune  n'a  conservé 
J'fftak  |ce  qui  me  paraît  bien  peu  probable,  car  pouvons-nous  admettre  que 
'"t  trrjjon  qui  proeniait  une  suite  d'idées  neiles  el  claires  les  chanteurs  en 
•*  pfoduit  d'aussi  énigmatjques,  et  que  pas  in(mc  l'ombre  de  la  bonne  ac  se 
"■w  djiu  ctllc  que  nous  avons  ?t. 

^  situation  de  noire  mariée  paraît  peu  naturelle,  je  ne  le  dissimule  pas. 
'Y'  Boi  chanteurs  elle  est  tellement  exceptionnelle  qu'elle  leur  faii  mécon- 
J'^''*  le  caractère,  le  ictt  mitât  du  personnage.  Sans  vouloir  passer  en  revwe 
|^ji>o4  use  séparation  aussi  immédiite  après  la  noce  peut  avoir  eu  lieu,  je 
**«4Mrtef  que  l'auteur  de  la  chanson  peut  aroir  eu  en  mémoire  un  cas 
9^,  m  cas  qui  le  touchait  peut-i!tre  de  près,  qui  lui  faisait  conceroir  d'une 
*'Mi  iKrioQsclIe  son  sujet  :  il  n'y  a  rien  ]i  qui  sorte  du  cadre  de  la  chanson 


^tO  ->■   CILLIËKOK 

—  Mamier  :  dans  l'ouvrage  Lettrti  sur  rAméri^iiu;  c'est  nne  version 
du  Canada. 

—  Moniimr,  Canadienne  :  au  Moniteur,  année  iSjj. 

—  Legrand  :  A  la  Romania,  i.  X,  p.  îSç). 

—  Romania  :  Romania^  t.  Vt[,  p.  8i. 

—  Les  suivantes  font  partie  du  recueil  manuscrit  légué  à  la  Blblto- 
ibèque  nationale  par  la  commission  chargée  de  la  publication  des  chan- 
sons populaires  de  la  France  (voir  Romania,  t.  XI,  p.  97).  Je  les  désigne 
par  le  nom  de  l'endroit  ou  de  la  contrée  oii  elles  ont  été  recueillies  :  U 
RotfutU,  Berry,  Càies-^u-Nord,  Cambiésis,  Champa^ne-Arde/tnes,  Bagfiu 
{Nord],  Sanctrrois,  La  Riott,  Hretaffu,  Civet  (Champagne),  Vendée,  Yve- 
»f.  Sans  indication,  de  Gourgues. 

—  M,  E,  Rolland,  ayant  appris  que  je  m'occupais  d'un  examen  ai- 
tique  des  versions  de  la  Claire  Foniaîae.  a  rerois  pour  moi  i  M.  Gaston 
Paris  la  version  Loricnt  recueillie  par  lui-même  dans  les  environs  de 
Loriem,  ainsi  que  la  copie  d'une  autre  qui  a  paru  dans  un  livre  portant 
la  date  de  1 704  et  dont  je  n'avais  p^is  connaissance  ;  la  vcnion  htonitev 
se  trouve  en  être  la  reproduction  exacte.  Je  prie  ici  M.  Rolland  de  m'a- 
cuscr  d'avoir  tant  attendu  pour  le  remercier  des  matériaux  qu'il  s'était 
empressé  de  me  communiquer.  Ce  petit  examen  critique  était  commencé 
il  y  a  plus  d'un  an  ;  des  occupations  plus  pressantes  m'ont  empêché  d')' 
travailler  d'une  manière  suivie. 

—  C'est  également  à  K.  Gaston  Paris  que  je  dois  la  connaissance  des 
versions  Warhy'l^aiihn  (Soramei  et  Oatst,  Centre,  que  lui  ont  communi- 
quées, la  première  M.  Camoy,  les  deux  autres  M.  Hanotaux  '.  Je  prie 
ces  messieurs  de  croire  que  j'ai  été  très  sensible  i  l'intérêt  qulb  ont 
bien  voulu  montrer  pour  ce  petit  travail. 

—  Suiste,  Seine-et-Oise,  Cayeax  sont  des  versions  recueillies  par  noi. 
Je  n'ai  point  retrouvé  notre  ronde  dans  les  recueils  des  ivi^et  ivii*  s. 

que  j'ai  eu  l'occasion  de  consulter. 


I 


I 


1.  En  revenant  de  D<»ce8      J'AUlIs  bien  fktigaé''. 
Cette  lecoo  est  appuyée  par  Castrts  (Bien  las,  bien  faliguél,  Raïuud  t  f^ 


1.  M.  Hanotaux  a  entendu  chanter  U  venîon  Ctntn  â  Cinnes  (Alpes-Mari- 
times), mais  il  croit  se  rappeler  que  le  chanteur  ta  tenait  d'une  personne  origi- 
naire du  centre  de  la  France.  I.a  version  Otmt  lui  a  ctc  chantre  à  Paris  par 
une  personne  qui  l'avait  apprise  i  Nantes  00  i  Angers. 

3,  Je  remplace  ^ar  une  apostrophe  \'t  (^minin  ne  se  prononçant  point.  Il  règne 
une  grande  confusios  dans  nos  textes  :  des  collectionneurs  rétablissent  fatiguit, 
nposii,  etc..  i  cause  du  vers  ;  Et  ijat  mon  ami  Piint  fût  tntoft  à  m'ttmtr; 
d'autres,  malgré  la  présence  de  ce  dernier  vers,  ont  gardé  fatigaf,  repcst,  ctc. 
•  Mm  amant  n'a  ijitiui,  ■>  dit  M.  de  Laugardiëre  [Btnj\,  <  indique  que  c'est 


p 


La  CtAIRE   FONTAINE  ]ll 

^n>  ^tihf-Bùlha,  Saitt  mJ.,  Cira  lEn  revenant  d'U  noce),  Saitit, 
tum,  Setae-a-Oiu  \  ..  Que  j'étais  bien  faligu(«),  Ltgroad,  Ckampfltury, 
BtiM^Ttrii,  Lj  RwhtUt  (En  m'en  venant  des  noces),  Vendit,  JiCour^uti, 
^^,  Bagm  (En  revenant  des  noces  Et2nt  bien  (alignée),  Ctijaix  (...  (on 
D*pt).  Ces  neuf  derniïra  ont  :  da  nottt  ponr  Jt  itfta. 

Ifûui  avons  vu  plus  haut  que  ce  premier  vers,  nécessaire  pour  coth- 
pradre  le  récit,  avait  pcrdj  sa  raison  d*éire  aux  yeux  de  nos  chanteurs, 
fn  ne  fe  rendaient  plus  compte  de  l'idée  contenue  dans  les  derniers 
'n  de  la  chanson.  Son  existence  était  fortement  menacée.  Nous  le 
^^jvitt,  pour  ainsi  dire,  disparaître  peu  à  peu.  Il  a  perdu  sa  signification 

(tau  ; 

U  RiûU  :  En  revenant  de  fite      J'étais  bien  fatigué'. 

Celle  substiiuiion  de  fiu  à  nocts  devait  paraître  bien  innocente  ao 

f^leuf .  Dans  le  Velay  [Romania]  on  chante  :  [^  revenant  de  Nantes, 

'^s  bien  fatigué;  dans  le  Santerroit  .*  ....  Je  m'trauvai  fatigué.  A 

''»*tof  a  y  a  deux  versions  en  présence  l'une  de  l'autre  :  En  re^-enam  de 

''OQte,  et  :  En  venant  de  Pontoise.  La  leçon  roaie  est  un  nouvel  afbt- 

^'«semeni  deffk.  Ces  levons  :  de  Saules,  dt  PoaioUt  ne  se  sont  pas 

produites  indépendamment  l'une  de  l'autre,  cela  va  sans  dire.  Je  serais 

Porié  à  croire  que  Nantes  est  l'intermédiaire  entre  noces,  fite  ou  rouia 

**  fantoiif,  car  Nantes  est  une  ville  favorisée  de  la  muse  populaire,  et 

P'^sicurs  chansons  commencent  par  ces  mots  :  En  revenant  de  Nantes, 

ou    d'autres  analogues.   Une  fois  l'une  de  ces  versions  adoptée,  elle 

P«rttwrtuii  une  foule  de  variations  géographiques,  et  qui  sait  à  combien 

^^  prétentions  locales  elle  aura  donné  satisfaction  ? 

Ce  pfemier  vers  a  disparu  complètement  dans  les  trois  versions  du 
^~**iaKia  (Cagflon,  Harmier,  Canadienne),  Cjmbrésis,  Ardennts,  BedUlC' 
'^••''«i  Ampin,  CàUs-da-Sord,  Bretagne,  Puymaîgre,  Moniteur,  llaupt. 

^a  version  Ce/are  est  one  parodie  appropriée  â  une  petite  fille  reve- 
.'**»»»  de  l'école: 

En  revenant  de  classe,      J'étais  fort  fatigué'. 
_*^«IW  petite  fille,  comme  la  mariée,  se  baigne  dans  l'eau  de  la  fon- 
^^***<,  s'essuie  de  la  feuille  d'un  chêne  et  adresse  la  parole  au  rossignol, 
qoesuit  : 

•  itmwie  qui  parte,  et  poarunl  fes  participes  pasîés  se  trou«cnt  au  mascuRn.  • 

f-^~  ^Wmon  Castra  a  :  Bun  las,  ifitn  fiU^sU.  pnis  plus  loin  C'ftt  mon  uni  PUrre 

j^*  *»«  mo;  s'tit  btoiutU.  Cette  confusion,  nous  I  avopi  vu,  orovient  de  ce  que 

ti   ^m  :  Pour  ua  boatoa  4â  rote  Qnf  jt  tvî  ttjiuai,  etc  ,  o'etait  plus  compris, 

ç,**l*tre  l'iliswn  de  Vt  a-t-elJe  contribué  aussi  ï  faire  croire  aux  chjinteurs  que 

^3>n  homme  qui  te  plaint,  et  non  une  femme.  Si  les  recueils  ttaiemt  faits 

■J^  le  soin  désirable,  nous  ponnions  peut-être  constater  le  fait  que,  laodii  que 

*|^^fcK»ei  cfaaakflt  :  El  ^lu  nwa  ami  Pttrrt  Jùt  tatûtt  à  m'dûiur,  les  honmes 

^'**iDt  .  £l  fiw  mon  amie J6t  tiuort  à  m'dinur. 


JTJ  I.   GIILTÈRON 

Chante,  rossignol,  chanic,      Si  tu  as  le  cœur  gai, 
Car  moi,  je  ne  l'ai  guère  ;      Ma  mattressc  m'a  grondé' 
Pour  un  temps  de  mon  verbe      Que  j'avais  oublié. 
La  parodie  ne  va  pas  plus  loin,  sans  doute  parce  que  le  vers  suivant 
doimaJt  immanquablement  une  syllabe  de  trop  : 

Je  voudrais  que  te  verbe      Fût  encore  à  réciter. 
Le  dernier  devait  être  probablement  : 

Que  ma  bonne  maîtresse  Ne  m'eût  jamais  grondé*. 
Une  autre  version.  Bujeaad  i,  commence  ainsi  ;  En  tâiant  dans  raa 
poche  mon  couicft  m'a  copé.  C'est  une  espèce  de  travestissement  de  notre 
chanson.  Celle  version  ayant  le  même  nombre  de  vers  que  Bajtauâ  i  à  4, 
recueillies  dans  la  même  contrée,  il  est  pcrmb  de  voir  dans  En  lâiaia 
dans  ma  poche,  le  premier  hémistiche,  un  souvenir  de  En  nrertani  de 
NOCES,  et  de  croire  que  l'original  de  Bujeaad  s  était  le  vers  que  nous 
avons  adopté. 

S.  Au  bord  d'Anne  font&lne      Je  me  suis  reposé'. 
;.  Et  Veaa  était  si  claire      Qaeje  m'y  siûs  ifaigrif. 

Leçon  appuyée  par  :  Buchn,  Bu/uad  t  à  4,  TurM,  Romania,  La  Roektlli, 
Saatirreis,  Werby~Biiilloit,  Cttilrt,  Oiitst,  Sans  inJ.,  Ui  hioU,  Gntl  lAuprb), 
Vtndlt  |Je  me  suis  arrêté),  Yyttoi,  Saint  {Sur  le  bord  d'une  (.  Je  ne 
reposai),  Ugrjitd.  ChjmpJJian  (Je  m'y  suïïl,  Birry  (Aiiprts  d'une  font.),  A 
Gf'urgaa  (Au  pied  d'un«  f.,  tins  doute  pour  Auprii  d'uoe],  Snnttt-Oitt 
(Sur  le  bord  d'une  rivière...). 

Toutes  les  versions  qui  n'ont  pas  le  pirmier  vers  devaient  presque 
nécessairement  laisser  tomber  dans  le  second  l'hémistiche  Je  me  sais 
reposée  qui  répondait  à  J'ttait  bien  fjiigiue.  Pour  rétablir  le  vers,  elles 
associent  le  premier  hémistiche  du  second  vers  au  second  du  troisième 
vers  en  relevant  du  premier  hémistiche  du  troisième  vers  Tépithète 
ctairt'.  Mais,  la  contraaïon  en  un  seul  hémistiche  des  deux  premiers 
des  vers  2  et  )  excluait  toute  proposition  commen^ni  par  ^ ur  ;  ^lu  y> 
tn')' fuif /'iii^nf  n'allait  plus,  et  pour  ma  part  j'avoue  que  j'aurais  été 
bien  embarrassé  pour  trouver  un  hémistiche  qui  conservât  l'idée.  La 
jeune  femme  ne  se  baigne  plus  dans  la  Claire  Fontaine  :  elle  s'y  lave  les 
mains  ;  —  Les  mains  me  suis  hvé. 

Le  tableau  suivant  montrera  plus  clairement  comment,  selon  moi, 
l'altération  s'est  produite  : 


LA  CUIRE   FONTAINE  Jf^ 

Texie  adopta.  Texte  altéré. 

1.  En  revenant  de  noces  

J'étab  bien  fatigu(!e.  

2.  Au  bord  d'une  fontaine  i.  A  la  cUïrc  fontaine 
Je  me  suis  reposée,  

J.  L'eau  en  était  si  cljtre  

Que  je  m'y  suis  baignée.  Les  mains  me  suis  lavé. 

^fià  ces  versions  : 

A  U  claire  fonuine      Les  mains  me  suis  lavé. 

{Biaurtp.,  Ampirt,  Bretagne,  Haapi.\ 
A  b  claire  eau  de  fontaine      Les  mains  me  sub  lavé. 

[CàUS-dil-NOTÀ.\ 

A  la  claire  fontaine      Mes  mains  j'allai  laver. 

(Cambrésis.') 
A  la  claire  fontaine      Mes  mains  y  ai  lavées. 

(PujfBtfligre.) 
Sur  le  bord  de  la  Seine      Me  suis  Uvé  les  pieds. 

(Woflùiur.) 

,  Version  suivante  n'a  pas  omis  le  premier  vers,  mais  elle  contracte 

^^*'*'*iicrs  hémistiches  des  vers  2  et  ?  de  la  même  façon  que  le  ttxti 

r^t  donne  la  le^on  ; 
I  En  revenant  de  noces      J'étais  bien  fatigué, 

A  la  claire  fontaine      Les  mains  me  suis  lavé.    [Berguet.) 
^*  analogue  dans  cette  autre  : 
Prés  la  claire  fontaine      Je  me  suis  reposé, 
A  la  claire  fontaine      Les  mains  me  suis  lavé.    (Cattrej.') 
~*^  versions  tjjriem  et  Legrind  ont  toutes  deui  Ses  premiers  vere  : 
En  revenant  de  noces      J'étais  bien  latiguée, 
Au  bord  d'une  fontaine      Je  me  suis  reposée, 
tj^    le  premier  hémistiche  du  ]*  vers  changeant   |La  fontaine  était 
'"*'; ,  nous  avons  : 

La  fontaine  était  claire      Mes  mains  je  me  suis  lavé  \Legriuid\. 

La  fontaine  était  claire      Les  mains  je  m'suis  lavé       iLorùni). 

"  faut  croire  que  ce  vers  :  L'eau  en  était  ù  claire  Que  je  m'y  sais 

^J^Wf  était  d'une  élégance  peu  propre  A  rester  dans  la  mémoire  d'une 

^''Ote  partie  des  chanteurs  :  ib  Pavaiem  oublié  et  le  refont  comme  ils 

Peuvent. 

Vojfoi»  maintenant  coramcni  s'en  sont  tirées  les  autres  versions  qui, 
'Omme  Btatirepaire,  Ampère,  Bretagne.  Hjapt,  Càlet-Ju-Sord,  CambrèsiSf 
ftjnuigrt,  Monittar,  omettent  le  premier  vers,  les  versions  du  Cdnadi 


)t4  i.  cilliEron 

et  celle  des  Ardennes.  Ellics  ont  conservé  les  2  vers  II  et  III,  mais  renu- 
placeni  Je  me  suit  reposée,  qui  répondaii  â  J'étais  bten  fatiffUe,  par  : 
M'en  allant  promener  ;  en  ouire^  comme  les  autres  versions  ironquées, 
elles  ont  :  A  la  claire  fontaine. 

A  la  claire  fonuine      M'en  allant  promener 

3'ai  trouvé  l'eau  si  claire      Que  je  m'en  suis  lavée. 

lArdennet.) 

Cette  correction  est  bien  préférable  aux  autres  ;  mais  elle  est  encore 
plus  élégante  dans  les  trois  versions  canadiennes  : 

A  la  cl^re  fontaine      M'en  allant  promener 

J'ai  trouvé  l'eau  si  bcile      C^e  je  m'y  suis  baigné. 

{Marmier,  Gagmn,  Canadienne.) 

5i  belle  au  lieu  de  ti  cime,  parce  que  dain  se  trouvait  plus  haut.  Ces 
leçons  qui  ne  sauraient  être  considérées  comme  originales,  puisque  le 
premier  vers  leur  manque  et  que  l'altération  subie  provient  de  sa  chute, 
sont  presque  trop  bonnes  pour  que  je  les  croie  vraiment  populaires. 

Nous  avons  vu  jusqu'à  présent  l'altération  :  Ut  mains  me  suis  lavé  (ou 
les  pieds)  marcher  constamment  de  pair  avec  la  modification  du  premier 
hémistiche.  Une  seule  version,  du  reste  fort  mauvaise,  &it  exception^  et 
est  évidemment  due  à  un  chanteur  qui  connaissait  la  bonne  versÎM  à 
cfité  du  texte  altéré. 

En  revenant  de  Nantes      Je  m' trouvai  fatigué; 

Au  bord  d'une  fontaine      Je  me  suis  reposé, 

Et  l'eau  était  si  claire      Qu'tes  pieds  me  suis  lavé. 

QiAncmois.') 
Une  version  patoise  ou  semi-paioisc  recueillie  par  Bujeaud  (;1  dit 
En  tà[am  dans  ma  poche       Mon  couteà  m'a  copé. 
La  blessure  est  profonde      Faut  o  médeciner  : 
A  la  cllairc  fontaine      M'en  andgi  la  laver. 

Est-ce  un  travestissement  voulu,  dfi  à  une  influence  savante  ?  Ce  n'est 
pas  sur,  car  le  reste  de  la  chanson  est  identique  à  nos  versions,  ie  ne 
suis  pas  éloigné  de  croire  que,  de  bonne  foi,  un  chanteur  poitevin,  ou 
autre,  ail  cru  nécessaiire  de  motiver  par  une  coupure  le  lavage  des  mains 
ou  des  pieds.  Celte  version  repose  sûrement  sur  le  texte  :  les  mains  (ou 
Us  pieds]  mt  suit  lavé.  On  peut  préciser  davariiage  :  si  l'on  attribue 
quelque  valeur  à  la  circonstance  que  ce  travestissement  a  le  même 
nombre  de  vers  que  la  version  adoptée,  elle  repose  sur  le  texte  : 
En  revenant  de  noces '.     . 


A  la  claire  fontaine      Les  . . .  tne  suis  lavé. 


LA   CUIRK   FONTAINE  }t{ 

La  version  de  Caytux  ne  se  rattache  à  aucun  groupe;  elle  est  inepte 
dans  tout  son  commencement  : 

A  la  première  montagne      Je  me  suis  reposé. 

Plus  loin  c'est  aussi  à  la  premiirt  branche  que  le  rossignol  a  chanté. 
Le  chanteur  que  i'ai  entendu  1  Cayeux  ne  sait  pas  ce  que  c'est  qu'une 
fontaine,  même  dans  le  sens  actuel  du  mot,  pour  la  bonne  raison  qu'il 
n'y  en  a  point  dans  la  contrée.  Il  remplace  fanUinc  par  montagne  ;  mon- 
tagnt  est  pour  lui  la  traduction  du  mot  cotu,  désignant  une  petite  été- 
vation  de  terrain.  C'est  à  la  première  coiit  qu'il  se  repose.  Cette  substi- 
tution a  naturellement  amené  de  grands  changements  dans  la  chanson. 


3.  Et  l'eau  était  al  claire      Obb  je  m'y  suis  balgo*'. 

Leçon  donnée  par  Yïttoi,  Champtharj.  La  RachtiU,  WathySatllmi,  Ctntrt, 
Baehon  (El  l'onde),  de  Geitrgtus  (Et  l'eau  était  si  fraîche),  SaïKarois  lEl  ..., 
voir  vtra  i). 

Leçon  tout  aussi  bonne  :  L'eau  en  était  li  claire  Que  ...  {RùmâJUâ,  Sànt-a- 
Olu,  BufcauJ  \'^,  Berry). 

Ouest,  Civet  :  L'eau  y  était  si  claire  que  je  m'y  suis  baigné.  —  Sans  inJ. 

et  La  Rioie  : que  je  m  y  suis  lavé.  Voir  d'autres  versions  au  vers  i. 

En  Vendit,  après  ; 

En  revenant  de  noces      J'étais  bien  fatigué, 
Au  bord  d'une  fontaine      Je  me  suis  arrêté, 
on  chante  une  version  analogue  à  celle  de  Bujeaud  i^)  : 

En  (àtant  dans  m^  poche  Mon  couteau  m'a  blessé. 
Mais  l'eau  était  si  claire  Les  mains  me  suis  lavé. 
Il  est  évident  que  pour  certiins  chanteurs  il  paraissait  nécessaire  de 
donner  la  raison  (!)  pour  laquelle  le  jeune  homme  s'était  lavé  les  mains. 
Tandis  que  ces  vers,  dans  la  version  Bujeaud  \ ,  remplacent  les  deux 
premiers,  ici  ils  leur  sont  juxtaposés-  Je  crois  que  Bujeaud  \  est  anté- 
rieur, vu  que  En  liUml  4ans  ma  poche  me  parait  remplacer  :  F.n  revenant 
dt  noces  et  que  par  conséquent  la  version  de  Vendée  a  adopté  k  c6ié  de 
la  version  ordinaire  celle  du  Poitou. 

Notre  vers  manque  dans  Tarbé  :  il  n'y  est  question  ni  de  bain  ni  de 
feuille  de  chêne  (vers  suivant).  A  Çayeux,  après  : 

A  la  première  momaf^e      Je  me  suis  reposé, 
vers  qui  nécessairement  supprimait  le  nôtre,  puisqu'il  n'y  était  plus 
question  de  fontaine,  on  chante  : 

Oesur  un  pied  de  chêne      Je  me  suis  endormi. 
Cette  version  cayolaise  remonte  dans  son  premier  hémistiche  i  . 
Auprès  d'une  fanutine  (auprès  ...  au  pied  ...  dcsurun  pied). 


;|6  t.   GILLIËRON 

(Même  sottise  dans  d^  Gourgaa  :  Au  pied  d'une  fontaine).  Quant  à  ce 
chifif,  i)  est  amené  par  le  vers  suivant,  que  l'on  a  connu  à  Cajeux  :  A 
la  featlle  du  chêne  je  me  sais  essuyie,  mais  qui  devait  être  également 
supprimé,  puisqu'il  n'était  pas  question  de  bain,  ni  de  lavage,  puisqu'il 
n'éuit  plus  question  de  fontaine  ni  d'eau  quelconque.  Sur  un  pied  de 
chêne  le  héros  ...  s'endon  de  fatigue.  Sans  se  soucier  de  Tassonance, 
la  version  dit  : 

Je  me  suis  endormi. 

Il  ne  dort  pas  longtemps,  car  st6i  après  il  parle  au  rossignol.  Telles 
sont  les  conséquences  de  la  malheureuse  omission  du  mot  fontaine,  qui 
n'était  pas  compris  il  Cayeux. 

Noire  vers  et  le  suivant  ont  été  omis  par  Suistt  :  celte  version  les 
remplace  par  un  seul  vers  détesuble  : 

Au  bout  de  cette  fontaine      Y  avait  un  oranger 
(«iif  boal  remonte  sans  doute  à  ju  bord),  réminiscence  d'une  autre  chan- 
son, qui  ti'avMi  rien  à  faire  3Stc  la  CUite  Fontaine. 

4.  A  la  fenllle  d'an  (du)  chêne      Je  me  bdI*  osaoyée. 

Leçon  de  Hinhon,  RoiMnïi,  Bujtaud  i  à  4,  Smi  inJ.,  La  Rloit^  de  Caarpus, 
Vtiuiit^  >'m(r/,  CtntH  (De  U  ...|,  ChampHtvry  (...  du  cbéne  je  m'y  lait 
essuyé),  Stine-ti-Oise  (àa  chénei  La  Rociulli  (du  chtne).  EJIe  est  en  outre  appuyée 
par  1»  v«rtiont  suiv^alct  qui,  dans  le  vers  précèdent,  avaient  :  la  mai/ii  (ou 
Its  pitài)  mi  latj  larlet. 

A  la  feuille  du  chêne  J'aibi  les  essuyer  {Cambiésit}  ...  tne  les  suis  eisuyées 
(BeaanpaÎTt,  Haapt\  ...  Je  les  ait  essuyées  (Côus-iiu'flord)  ...  Je  les  ai  essayées 
{Brtljgiu]  ...  d'un  chêne  me  les  suis  essuyées  {Cittra,  Ampir/,  Bergaet, 
Lt^rand}  ...  de  chêne  je  les  ai  cisuyées  [Paymaigte)  ...  de  chèoc  \e  to»  In 
es»yer  iLefitnit,  et  par  la  version  Baiiaud  j  :  A  b  feuille  d'un  chêne  J'allai 
l'essuyer  (.la  bletsurei  (A  la  feillc  d'in  chlgnc  Alht  0  cssueri. 

La  jeune  fille  s'essuie  i  une  feuille  de  chêne  !  L'idée  est  bizarre.  Rien 
dans  toutes  les  versions  que  nous  connaissons  ne  vient  nous  aider  à 
conjecturer  un  sens  qui  puisse  nous  satisfaire  mieux  que  ce  versénigma- 
tiquc.  Les  versions  qu'il  nous  reste  à  examiner  l'om  interprété  comme 
nous.  Elles  ne  font  que  te  préciser  encore  davantage  si  possible  : 
D'une  feuille  de  chêne  Me  les  suis  essuyées  iJtfoniiesr). 
Avec  une  feuille  de  chêne      Me  les  suis  essuyés  (les  pieds) 

[SaactiiQis). 

Avec  la  feuille  d'un  chêne  je  me  suis  essuyé  (Cr^rf),  ...  m'y  suis... 
\Ottat\ ,  ou  encore  : 

J 'ai  pris  des  fenities  de  chêne,      C'était  pour  m'essuyer  (fl^rry). 
Un  chanteur  des  Ardennes  s'est  mis  en  grands  frais  d'imagination 


LA   CLAtRE   FONTAINE  ^ij 

F«ur  rauurer  ce  vers  qui  l'étonnait.  ]1  a  dû  être  heureux  de  sa  irou- 
niUe! 

A  la  plus  large  feuille  Je  me  suis  essuyé  \Aràenna\. 
Les  trois  versions  canadiennes  ditlèrem  les  unes  des  autres.  Nous 
ivoDsd^jà  remarqué  qu'elles  montrent  une  certaine  supériorité  dans  ta 
conception  du  sens  et,  dans  le  style,  un  rudiment  d'esprit  de  critique 
(pi  mmque  aux  versions  européennes  et  qui  ferait  croire  qu'elles  ont 
tué  biles  sur  plusieurs  versions. 

Sous  les  feuilles  d'un  chêne      Je  me  suis  essuyée 

(^Canadienne). 
Ceci  n'a  plus  iten  d'étonnant.  Mais  si  c'était  le  vers  original,  pourquoi 
naulres  chanteurs  auraient'ils  été  chercher  si  loin  un  autre  vers  :  A  la 

f^'iftt qui  est  si  singulier  pour  nous  et  qui  paraissait  également  an- 

plier  i  plusieurs  d'entre  eux  r  II  faudrait  supposer  que  toutes  nos  ver- 
luni  remontent  .1  une  faute  commise  de  très  bonne  heure,  faute  qui 
QViBttiit  à  transformer  une  expression  parfaitement  claire  en  une 
^fresiion  obscure,  ou  tout  au  moins  présentant  un  sens  singulier,  et 
1*  seule  la  Canadienne  ait  conservé  b  bonne  leçon. 

C'est  éwderamcm  l'inverse  qui  a  eu  lieu,  choquée  par  :  A  ia  ftaiile  Ja 
<*intjt  me  suis  essayée,  elle  a  cherché  un  vers  qui  fût  plus  clair  «i  a 
^f  uî  mieux  que  ses  venions  soeurs  du  Canada,  que  voici  : 

Sous  les  feuilles  d'un  chêne      Je  me  suis  fait  sécher  fCagnon). 
•  J«  me  suis  faii  sécher  »  est  bien  mauvais,  je  ne  raisonnerai  pas  sur 
***•*  authenticité  ;  mais  pourquoi  ce  changement,  car  c'est  une  modifi- 
^wt  qui  a  été  recherchée  ?  Pourquoi  le  chanteur  rejette-t-il  Je  me  sais 

^ri  original  disait  que  c'était  à  la  feuille  du  chêne  que  la  }eune  fille 
.*^uie.  Cela  lui  parait  étrange.  Dans  ce  cas  il  pou%-ait  corriger  ce  vers 
*"*'Plemeni  comme  le  chanteur  de  la  Cctnaiieme  : 

Sous  les  feuilles  d'un  chêne  Je  me  suis  essuyée, 
^Uel  laisse  à  l'auditeur  le  soin  de  se  figurer  avec  quoi  ;  mais  il  repousse 
^***  correction,  parce  que  s'il  maintient  is  mt  suis  essuyée  il  se  considère 
"^'Orne  obligé  â  dire  avec  quoi  la  jeune  fille  s'essuie,  ce  qu'il  savait  être 
'  dans  son  teite  original  qu'il  comprenait,  mais  ne  pouvait  admettre 
^^  *on  étrangeté,  et  Jt  me  suis  fait  sécher  vient  fort  heureusement  couper 
^n  &  ses  scrupules.  Ce  procédé  est  des  plus  naturels,  quoique  l'ana- 
T**  le  Éaîsc  parahre  compliqué. 

1-a  version  Marinier,  h  troisième  des  versions  canadiennes,  a  éprouvé 
"**  tctupules  semblables,  mais  s'en  tire  à  meilleur  marché  : 
Et  c'est  au  pied  d'un  chêne      Que  je  m'suïs  reposé. 
'^  y  avait  une  façon  plus  commode  encore  de  se  tirer  d'embarras  : 
cttan  de  retrancher  purement  et  simplement  le  vers,  ce  qui  pouvait  se 


^t8  J.  ClLLliROK 

faire  sans  prtjudicf  dan»  le»  versions  où  le  couplet  ne  se  compose  que 
d'un  vers.  C'est  ce  qu'a  fait  Wartoy-Baitton. 

Ce  vers  manque  pour  des  raisons  indiquées  plus  haut  dans  les  ver- 
sions Cayeitx,  Tarbe,  Suisie.  oii  il  n'esl  pas  question  de  bain. 


6.  Sur  la  plus  bante  branche      RoBslgnol  a  cbanCé, 

Plusieurs  versions  porteni  :  Le  rossignol  chdni,}k ,  mais  une  telle  rime  est  i 
peu  prés  inadmissible  ;  elle  a  été  introduite  parce  qu'on  a  élé  choqué  de  l'emploi 
de  Roisignol  sans  article,  fréquent  cependant  dans  les  chansons  populaires.  La 
leçon  que  nous  adoptons  est  dans  Hujeautl  i  et  Célcs-Ju-Nord  ;  l.'fi.isugaût  a 
chanii  dans  Champ.-ArJ.x  on  i  Le  rotsignot  chantait  dans  les  j  vtrsions  tana- 
dUnnes,  Berry,  Sancerrcis,  8taarcpatr(,  Bachon,  Chdmpfiùtrj  (Un  rossignol), 
War!oy'BaiUon,  Oiuiî,  Centre,  Puymeigie,  Stint~tt-Oist,  Hsiipt,  Bretagne,  Vendit, 
Suiiu  ;  Le  rossignol  chanta  dans  Bujecad  t-4  et  Tailri.  Au  lieu  de  :  Sur  la 
plus...  00  i  :  A  la  plus...  (Roinanij,  Catlrcs,  Amphe,  La  RochfUe,  Cambihis, 
Btrgaa,  Sans  jWic,  La  Réolc,  dt  Gourgutit  Vvetot,  Loritnt,  LigTiiaJ\  ;  Sur  une 
haute...  {Tarbi}  ;  Sur  la  plus  haute  des  branches  {Gtyet);  A  la  première  branche 
[Caytux);  Caché  dans  te  feuillage  {ChampfUury\.  La  version  Moniteui,  d'accord 
avec  celle  de  1704,  donne  te  vers  ainsi  : 

J'ar  entendu  la  voix      Du  rossignol  chanter. 

6.  Cbantc,  rossignol,  dianto.      Toi  qui  as  le  cour  ipd. 

Leçon  de  :  Gigiton.  Canadienne,  Ramank,  de  Goiirguet,  Marmiei,  Càttt-dw 
Nord,  La  fiiole,  Le^und,  WarioyBaillon,  Brtts^ne^  Vtndh,  Buchon  (si  gai), 
La  Ro<littli  (si  gaiii  Moailear  itant  gai),  Cjilrti  (Puisque  l'as  le  cœur  gai), 
Ampitt  et  Yvao\  (Puisque  tu  as  ...),  Buietiai  1  t)  4  iSi  t'as  le  cœur  ï  chanter), 
BuiMud  V,  Berij,  Centtt.  Ooest  [Si  tu  as  le  cœur  gai],  Cambréiti  (Tu  as  bel 
i  chanter),  Paymaigre  |Tu  as  beanz  i  chanîerj,  Sniu  mJ.  (Tu  ai  le  cœur 
bien  gai). 

Chatiie,  beau  rossignol,  toi  qui  as  le  cœur  g^  {Betiurepaiie,  Cayeax, 
Hau.pl)  ...  tant  gai  [Cliampfîeary],  ...  Si  tu  as  le  cœur  gai  (Sancerrois^, 
...  Toi  qui  as  le  cœur  joyeux  [Givel],  ...  Puisque  tu  as  le  c<£ur  ffà 
[Seinc-et-Oijt,  Loritnt]  sont  des  versions  fautives.  Le  premier  hémistiche 
de  tous  les  vers  de  notre  chanson  doit  avoir  7  syllabes,  c'est-à-dire  se 
terminer  par  une  syllabe  mucite.  Chante,  ètju  roisignd,  est  la  seule 
infraaion  à  cette  rigte  que  j'aie  remarqué  dans  les  versions  de  notre 
ronde.  Les  trois  chanteurs  que  j'ai  entendus  [Caytax,  Saisie,  Sàae-it- 
Oise\  donnent  à  rossignol  une  syllabe  féminine  (rossi^notle)  ;  c'est  ce 
que  doivent  faire  tous  les  chanteurs  de  cette  version.  Les  trois  suivantes 
se  rattachent  à  la  même  version  : 

Chante,  6  rossignol,       Toi  qui  as  le  CŒur  si  gai  (Settsé). 
Chantez,  vous  rossignol,      Qui  avez  le  cœur  gai  {Ardâmes). 


LA    CLAIRE    PONTAINK  |I9 

Les  deux  chanteurs  om  mat  entendu  :  Chante  beau... 
Bttgats  :  Chante,  toi,  rossignol,      Toi  qui  as  le  cceur  gai. 
Tixrbi  :    Le  rossignol  qui  chante      A  donc  le  cœur  bkn  gai. 
Je  profère  g/ii  â  tant  nai,  si  gai  [Toi  qai  as  l'cœar...  ou  Ta  as  le...), 
parce  que  Toi  qai  as  U  caar  gai  convient  mieux  au  vers  suivant. 

7.  Le  mien  n'est  pas  de  mfime,      Hon  amant  m'a  1&Ibi4*. 

8.  Pour  an  bouton  de  rose      Que  Je  lui  refasal  (Yvetol). 

...  que  je  lui  ai  refusé  [Btaurtpain,  Puymaigrt,  Haupl).  Pour  moi  |e  ne  l'ai 
guire-Mon  imiat  n'a  laisiée  ...  que  je  lui  aï  refusé  l^  Roehiilc,  Btrry).  Pour 
moi  je  ne  l'ai  gum  ...  quitté  ...  j'Iui  ai  refusé  {Ouest).  Pour  moi  je  ne  l'ai 
guère  Mon  ami  m'a  quittée  Pour  on  bouquet  de  ro«s...  {Romdnia)  Et  moi 
que  mon  amant  vient  de  nie  délaisser  ...  ai  réfuté  [Aràtnna)  Moi  j'ai?  ^  Mon 
aniaiitH  ...  (Cajrcux)'. 

Nous  avons  parlé  plus  haut  de  ces  vers,  qui  ont  bit  te  désespoir  des 
chanteurs,  et  dont  l'interprétation  dans  le  sens  que  nous  avons  indiqué 
donne  ft  la  chanson  une  valeur  littéraire  qu'elle  n'aurait  point  SJins  cela. 
A  partir  de  ces  vers,  on  peut  dire  que  tout  accord  cesse  entre  les  diffé- 
rentes versions  :  les  unes  ont  un  texte  analogue  au  nôtre,  soit  que  les 
chanteurs  l'aient  compris,  soit  qu'ils  ne  l'aient  pas  compris  et  n'aient 
pas  cherché  ù  le  rendre  compréhensible  ;  deux  seulement  onl  saisi  le 
sens,  mais,  soit  que  le  langage  imagé  :  Pour  un  boulon  de  rose  qae  je  /m 
refusai  leur  semblât  trop  obscur  ou  avoir  fait  son  temps,  soit  quils  vou- 
lussent (aire  preuve  de  leur  sagacité,  ils  t'analysent  brutalement; 
d'autres  chanteurs  enfin  ont  pris  les  mots  contenus  dans  ce  vers  A  la 
lettre  :  pour  eux  il  s'agît  vraiment  d'une  fleur,  d'un  bouquet  refusé. 

Nous  allons  passer  rapidement  en  revue  les  versions  qu'il  nous  reste 
à  faire  connaître.  Les  trois  suivantes  donnent  un  teste  analogue  à  celui 
que  nous  adoptons,  sauf  que  la  personne  qui  parle  est  un  homme. 

Le  mien  il  ne  l'est  guère,      Ma  mie  m'a  quitté 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lui  aï  refusé  [La  RioU). 
Moi  ce  n'est  pas  de  même,      Ma  maîtresse  m'a  quitté 
Pour  un  bouquet  de  rose      Que  j'Iui  ai  refusé  (Siinctrroîf). 
Pour  moi  je  ne  l'ai  guère,      Ma  maltresse  m'a  quitta 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lui  refusa  (Bojeattd  i  i  {]. 


I .  Les  poinlt  d'interrof;atiDn  ne  sont  point  rares  dans  les  chantons  que  j'ai 
recueillies  en  France  et  eo  Suisse.  Je  suis  étonné  que  la  plupart  des  auteurs  de 
recueils  Imprimes  aient  loa|ours  eu  xflàitt  i  des  personnes  9UI  possédaient  une 
eitcetleiJle  mémoire. 


}20  J.   CILUËRON 

La  version  Givei  contracte  nos  deux  vers  en  un  seul  : 
Pour  un  bouton  de  rose      Mon  amant  m'a  quitté. 
Dans  ce  rapide  récit  : 
Chanie,  rossignol,  chante,      Toi  qui  as  le  cœur  gai, 
Le  mien  n'est  pas  de  même,       Mon  amant  m'a  laissé 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lui  refusai, 
certains  chanteurs  croient  constater  une  réticence,  un  manque  de  con- 
cordance :  il  leur  fallait  le  pendant  de  toi  qai  as  U  caur  gai.  ils  ajoutent  : 
car  il  est  ajpigé  à  :  U  mitn  n'tsi  pas  de  mlmt.  Cette  adjonction  est  si 
naturelle  qu'il  n'est  pas  mfme  nécessaire  de  supposer  qu'elle  soit  duc  à 
une  réflexion  quelconque.  A  cette  place  elle  se  présentait  si  facilement  i 
l'esprit,  cette  phrase  qui  se  retrouve  dans  une  foule  d'autres  chansons, 
qu'une  mémoire  défaillante  devait  s'en  emparer  ;  elle  se  présentait  si 
facilement  à  l'esprit,  que,  si  cette  leçon  avait  éiél 'originale,  il  est  plus  que 
probable  qu'aucun  chanteur  n'aurait  pensé  à  la  remplacer  par  Mon  amant 
m'a  laissé.  Mais.  Mon  amant  m'a  laissé  étant  nécessaire  au  sens,  il  s'agi»* 
sait  de  trouver  un  nouvel  hémistiche.  Voyons  comment  les  chanteurs 
s'en  tirent  : 

Le  mien  n'est  pas  de  même,      Il  est  bien  affligé 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lui  ai  refusé  (Sans  iW.). 
Refusé  Â  qui  ^  à  son  cœur  ? 
La  version  di  Gaurgaes  s'en  tire  presque  aussi  mal  : 
Le  mieti  n'est  point  de  même,      Qu'il  est  bien  affligé, 
Pour  un  bouton  de  rose      Mon  amant  m'a  quitté, 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  tui  refusai. 
Elle  n'invente  que  ce  malheureux  :  Qu'il  es!  bien  affligé. 
Les  versions  suivantes,  qui  dénotent  un  peu  plus  de  travail  de  la  pan 
des  chanteurs,  ne  sont  qu'un  peu  moins  détestables  : 
Le  mien  n'est  pas  de  même,      Il  est  bien  affligé, 
C'est  de  mon  ami  Pierre      Qui  ne  veut  plus  m'almer 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lui  ai  refusé  {C6tts-da-Nord). 
...  fort  affligé  Pour  mon  ami  ...  {Bretagne)  ...  Car  il  est  affligé  C'est 
pour  ...  {Lorienl'\  ...  Car  il  est  afiligé  A  cause  de  mon  ami  Pierre  Qui  n'a 
plus  voulu  m'aimer  Pour  ...  [Stîne-et-Oise]  ...  Car  îl  est  affligé  C'est 
mon  ami  Pierre  qui  avec  moi  s'est  brouillé  Pour  ...  que  je  lui  refusai 
(Buchoa). 

La  version  Suisse  n'a  pas  même  l'assonance  : 
Pour  moi  n'est  plus  de  joie,      J'ai  le  cœur  bien  triste 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lut  ai  refusé 
C'est  mon  ami  Picire      Qui  m'a  abandonné. 
Les  versions  canadiennes  sont  en  complet  désarroi.  Les  raccommtK 


LA  CLAIRE   FOKTAINE  )3I 

dages  sont  absurdes.  Kll«  ont  recours  à  des  chevilles  qui  n'ont  aucun 
sens  à  la  place  où  elles  se  trouvent. 

Tu  as  le  cœur  à  rire,       Moi  je  l'ai  à  pleurer  ; 
J'ai  perdu  ma  maîtresse,      Commeni  m'en  cotisoler? 
Pour  uTie  blanche  rose      Que  je  lui  refusai  \Canad'temé\. 
Tu  as  le  cœur  à  rire,       Moi  je  l'ai  à  pleurer  ; 
J'ai  perdu  ma  maitrc&se      Sans  l'avoir  mérité 
Pour  un  bou()uel  de  roses      Que  ie  lui  refus»  \Gagmn\. 
Tu  as  le  cœur  à  rire,       Moi  je  l'ait  à  pleurer  \ 
J'ai  perdu  ma  maîtresse      Sans  pouvoir  la  trouver 
Pour  un  bouquet  de  rose      Que  je  lui  refusai  (MdrniiVr). 
L'amant,  pour  un  bouquet  de  roses  qu'il  lui  a  refusé,  a  perdu  sa  maî- 
tresse sans  pouvoir  la  trouver  ! 

Ce  premier  vers  Tu  as  le  cœur  à  rire,  moi  je  tait  à  pUurer  se  retrouve 
dans  beaucoup  d'autres  ctiansons.  Les  versions  canadiennes  ne  sont  du 
rette  pas  les  seules  à  les  avoir  ici. 

Tu  as  le  cceur  à  rire,       Moi  je  l'ai  à  pleurer 
Pour  ma  jolie  itiaitresse      Qui  ne  veut  plus  m'aimer 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lui  refusai  {Vendit). 
Tu  as  le  cœur  en  joie,      El  le  mien  est  à  pleurer  : 
J'y  pleure  de  ma  maîtresse      Qui  va  se  marier 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  j'iui  ai  refusé  [Cambrésts). 
Tu  as  le  cœur  en  joie,       Moi  je  l'ai  en  regret 
De  ma  belle  multresse       Qui  va  se  marier 
Pour  un  bouton  de  rose      Que  je  lui  ai  refusa  (^Pay maigre). 
Nos  dernières  versions  se  rapprochent  beaucoup  plus  du  texte  adopté, 
que  nous  appelons  sans  crainte  texte  primitif.  Trois  de  ces  versions  n'ont 
pas  admis  l'idjonciion  :  il  est  bien  affligé,  ce  qui  ramenait  le  nombre  de 
versa  deux,  nombre  primitif,  mais  les  chanteurs  n'ont  pas  compris  le 
[sens  du  vers  :  Four  un  bouton  de  rose  que  je  lui  refusai. 
Je  ne  suis  pas  de  même,       Ma  maîtresse  m'a  chassé 
Pour  un  bouquet  de  rose      Que  je  lui  dérobai  (Tarbé). 
Le  mien  n'est  pas  de  môme,       Ma  maîtresse  m'a  quitté 
Pour  un  bouton  de  rose      Qu'un  autre  lui  a  donné. 

{Tjrbé-ArdeniKS.) 
Le  mien  n'est  pas  de  même,       Mon  amam  m'a  quitté 
Pour  un  bouton  de  rose      Qu'un  autre  m'a  donné  (LegranJ). 
Version  Bfr^ats  : 

Le  mien  n'est  ps  de  même.       Il  est  bien  affligé  : 
Pour  un  boulon  de  rose       Mon  ami  s'est  fftché. 
Quoique  supérieures  it  celles  qui  précédent,  ces  quatre  versions  sont 
évidemment  des  remaniements. 

Roaumia,  Ml  11 


}33  ;.  ctluCroh 

Enfin,  nous  avons  encore  i  parler  d'un«  version  fon  imponante  poor 
ce  passage,  celle  de  Cfump/Uary,  EUe  montre  que  l'atiicDr  a  interprété 
A  peu  prés  comme  nous  les  vers  dont  il  est  question  : 

Je  ne  suis  pas  de  même,      Je  suis  bien  alTHgée 

Pour  un  bouton  de  rose      Que  trop  t6t  j'ai  donné, 
puis  elle  continue  correctement  : 

Je  voudrais  que  la  rose      Fût  encore  au  rosier 

El  que  mon  ami  Pierre       F6t  encore  à  n'aimer. 
Une  seule  chose  m'(Stonnc,  c'est  que  cette  mime  version  qui  dénote 
de  la  part  de  son  chanteur  un  esprit  critique  contienne  le  premier  ven 

En  revenant  de  noces  J'étais  bien  fatiguée. 
Si  le  chanteur  connaissait  ce  vers,  il  aurait  pu  reconnaître  qu'il  modi- 
fiait un  peu  la  situation.  On  peut  admettre  qu'il  n'a  pas  compris  la 
«leur  de  ce  premier  vers,  valfur  que,  je  l'avoue,  je  n'ai  reconnue 
qu'apris  bien  des  tltonnemenis,  ou  bien  qu'il  n'a  pas  connu  le  vers  du 
tout  (c'est-à-dire  que  la  version  telle  quelle  ne  représente  pas  dans 
toutes  ses  parties  celle  qu'il  chantait),  ou  bien  que  le  collectionneur  a 
usé  d'un  procédé  fort  préjudiciable  aux  tra%-aux  critiques,  qu'il  a  fondu 
deux  ou  plusieurs  versions  en  une  seule  ■,  ou  bien  que  le  vers  est  de 
M,  Champlleury,  lequel  aurait  compris  que  le  bouton  de  rose  avait  éfé 
donné  à  !',imani,  qui  alors  avait  abandonné  la  belle. 

La  version  Warloy-BjUhn  nous  donne  également  l'hémistiche 

.      Que  trop  tôt  i*ai  donné, 

mais  dans  les  vers  suivants  elle  montre  un  mélange  de  versions  to»^ 
gires  à  celle  que  représentent  ces  deux  vers  : 

Car  moi  je  ne  l'ai  guère.       Mon  amant  m'a  quitté 

Pour  un  bouton  de  rose      Que  trop  tôt  j'ai  donné. 


t.  ^  doh  l'anuer,  les  recueils  tir.pricitès  ne  n'tnspireol.  povr  ^t  pl*P*'^ 
sbance.  Lorsi]u'uR  collectionnenT  entend  pliSMVS  «cnâsM 
i'uM  cKjiasoii,  il  importe  qu'il  îndiaue  soignnsetnent  tontes  tèsTiriaMa;,  ^11 
M  H  coMcBtt  pu  it  choutT  eotrt  I»  kconi  qu'il  »  rmeiilies  «  c(Se  ^m  M 


ig'iw  né<Uocrc  cosi 


ptttU  la  plus  belle.  U  piss  éMrgi<]ue.  t  qu'il  se  ^arde  >bsb  de  ioatfre  ses  ver- 

I  cas,  iJ  Uil  œavfe  de  eritiata 
rùuK  tout  i  bit  mcomplMi  ;  au  lieu  èe  travailler  i  ta  leile  «■  de  : 


«bas  m  vM  mlc  Daas  ces  dcus  cas,  il  Uil  ouvre  de  critiaw  lar  des 


k  tc\tc  niMféu^  i  agà  cobiik  si  la  cfajosoii  qu'il  rtcseSk  Haà  la  piCfiiM 
«tctuiin'  Ar  ma  donuiat  d'stvdn  ;  il  nous  pnve  de  aalfviwi  MÎ  0*1  pf^ 
lire  un  »itr<t  dont  d«  prut  se  rendre  coopte  qw  celii  Mi  Nt*  k  tfanÉ 
«ntMve  dMMttf.  QmMimi  ' 
oèdè  dtlnMitiaa,  «80  c'est 
wi  pirtiMrt  «i  ils  dfMol  tfocr 

diilrruiin  localiièi.  Je  ae  «eu  poim  n  ciase  leur  boosc  foi,  )wame 
tart  te«l  aat»  qae  ceki  de  fwmr  des  Ml«riaiu  inépnxhabia  «  b 
de  relever  de«x  «cniess  de  ^«Hoe  imm  leataK 


etoii  les  collect)oaneun  airowM  aroir  Bid  de  ce  ff- 
c'est  k  cas  le  plas  rate.  Je  suis  ptriaadi  ^*Ai  as  «■! 
tfocr  (stends  ti  cbasioa  de  divcnes  penwHS,  ^m 


Il  m'ai  imré 

pcaqMnaand 

wtftAraMwnM. 


a'euitat  anpMsaeBi  îdatîqM». 


9.  Je  voudrais  que  Iti  rose      Fût  encore  >n  rosier* 
10.   Et  que  mon  ami  Pierre       Pût  encore  k  m'almer. 

C'est,  selon  nous,  la  seule  le^on  admissible,  ainsi  que  je  L'ai  exposé 
plus  haut.  Elle  n'est  donnée  que  par  six  versions  :  Brtlagnt,  Bergats^ 
C6us-d\i-NQTd  (Que  mon  ami),  Casirts,  Ampcrt^  Ltffanil.  Je  ne  compte 

pas  dans  ce  nombre  la  version  Loricnt  qui  a  i soit  encore  à  planter. 

El Soit parce  quelle  remonte  é%idemffleni  à  un  texte  portant  El 

f  uf  /(  rosier  mime  fût  encore  à  planur. 

Notre  leçon  est  appuyée  en  outre  par  Vendu,  Bajeand,  Champ.-Ard.f 
où  c'est  un  homme  qui  se  pLiint. 

Plût  au  ciel  que  la  rose      Fût  encore  au  rosier 
Et  que  ma  belle  maîtresse      Fût  encore  i  m'aimer  [Vendit]. 
Je  voudrais  que  la  rose      Fût  encore  au  rosier 
Que  ma  belle  maîtresse      Fût  encore  à  m'aimer  'hajtna^. 
Je  voudrais  que  ta  rose      Soit  encore  à  cueillir 
Ou  que  la  jeune  611e      Soit  encore  â  aimer  {Champ.-Ard.), 
et  par  Chainpdmrv  ivoir  plus  loin'. 
Nous  avons  déjà  parlé  de  l'origine  du  vers  : 

Et  que  le  rosier  même      Fût  encore  à  planter. 
Ce  vers  a-i-il  été  trouvé  pour  remplacer  : 

Et  que  mon  ami  Pierre  Fût  encore  à  m'aimer, 
vers  fortement  ébranlé  par  les  interprétations  données  à  ceux  qui  le  pré- 
cèdent, et  s'est-il  ensuite  faufilé  dans  les  versions  comenani  ce  dernier  î 
C'est  ce  que  nous  ne  saurions  déterminer;  généralement  il  exclut  :  Gf 
^ae  mon  ami ...  ;  cependant  dans  quelques  versions  les  deux  se  irouveni 
l'un  à  cAté  de  l'autre. 

I  )  Versions  où  se  retrouve  le  vers  :  Et  tfoe  moa  ami  Pian  fia  tatore  à 

m'aimer. 


Je  voudrais  que  la  rose 
F.t  que  le  rosier  même 
Et  que  mon  ami  Pierre 


Filt  encore  au  rosier 
Fût  encore  à  planter 
Fût  encore  à  m'aimer. 
\Buchon,  )'veto(,  Oti«r,  Seint-tt-Oist.) 
Ces  trois  versions  permettent  l'adjonaion  d'un  seul  vers,  parce  que 
le  couplet  se  compose  de  la  répétition  du  vers  final  du  couplet  précédent 
et  d'un  vers  nouveau.  Dans  les  irais  suivantes  ce  n'est  pas  le  cas  :  il 
allait  un  second  vers  pour  adopter  El  tjue  le  rosier  mime... 

Je  voudrais  que...  Fût  encore...  Et  que...  Fût  encore...  Et  que  l« 
planteur  m*me  Ne  fût  pas  encore  né  lit  que  mon  ami...  Fût...  (Btaare- 
pdirt,  variante  Paj  maigre).  La  version  Setae-tt-Otst  exigeait  également 


)34  '■   CILUtRON 

un  second  vers  :  ne  l'ayanl  pas  à  sa  disposition^  elle  répèle  :  Et  ^ut 
rosier  mime... 

Je  voudrais  que  b  rose      Soit  encore  au  rosier 

El  que  le  rosier  même      Soit  encore  â  pUinier 

Et  que  le  rosier  même      Soit  encore  1  planter 

El  que  mon  ami  Pierre      Ne  m'eût  jamais  quitté. 
La  version  Haupt,  dont  je  ne  connais  pds  1^  musique,  était  sans  doute 
dans  ]e  même  cai  :  c'est  la  même  que  Btaurtpàiret  variartu  Paymaigrt. 
Celle  de  Warhy-Baîllon,  dont  le  couplet  ne  se  compose  que  de  de 
hémistiches  répétés  et  séparés  par  un  refrain,  permettait  l'adjonc 
d'un  nombre  indéfini  de  vers.  Voici  ce  qu'elle  donne  : 

Je  voudrais  que  la  rose       Kût  encore  au  rosier. 

El  que  le  rosier  même      Pût  encore  à  planier, 

Et  que  la  icrre  même      Fût  encore  â  piocher, 

Et  que  la  pioche  môme      Fût  encore  à  forger. 

Et  que  mon  amant  Pierre      Fût  encore  Â  m'aimer. 
L'équivalent  de  :  El  que  mon  ami  Pierre  fût  encore  à  m'aimer.  se 
retrouve  dans  Cambrésis  : 

le  voudrais  que  ta  rose      Fût  encore  au  rosier. 

Ou  bien  que  le  rosier      S'rait  encore  à  planter, 

Ou  bien  que  la  fiileite  S'rait  encore  ili  m'aimer. 
...  Soit...  Je  voudrais  q'ie  rosier  Soit  encore...  Et  que  la  jeune  &Ilc 
Soit  encore...  (Puymaigre)...  Fût...  Et  moi  et  ma  maîtresse  Dans  les 
mêmes  amitiés  Et  que  le  rosier  même  Fût  à  la  mer  jeté  ,Cagnon\.  On 
remarquera  que  dans  celte  dernière  Et  moi  ei  ma  mattrtnt  dans  les  mima 
amiiUs  se  trouve  immédiatement  après  Je  voudrais  ifue  ta  tùse  l'iit  tncort 
au  rosier,  c'est-à-dire  à  la  place  où  se  trouvait  :  Et  ^ue  mon  ami  Pierre 
Fût  encore  à  m'aimer. 

2)Veraons  où  ne  se  retrouve  plus  le  vers  :  Et  ^ue  mon  ami ni  son 

équivalent. 

■t)  Même  nombre  de  vers. 

Je  voudrais  que  la  rose  Fût  encore  au  rosier 
Et  que  te  rosier  même  A  la  mer  fût  ieté  [Canadienae). 
...  Fût  à  la  mer  jeté  ÇMarmier)...  Soit...  Soiz  encore  à  planter 
(Cayeux)...  EU'  fût  sur  le...  Fût  encore  à  planter  iSancmoù).-.  Que  le 
rosier  que  j'aime  Fût  encore  à  planter  (Sans  uiJic.)...  Fût  encore  i 
planter  \Ld  Rochelle]..,  Fût  encore  i  coupa  Et  que  le  rosier  même 
Fût  encore  â  planta  {Bujeaitd  i)  Au  dbbte  fut  la  rose...  Que  le  rosier 
même  Fût  encore  à  planter  (de  Coargaes).  Dans  la  version  Civet,  le 
transcripieur  a  oublia  le  premier  vers;  après  Poar  un  boulon  de  rose 


^1  Autres  adjonctions  sur  le  même  thème. 

Je  voudrais  que  la  rose       Kût  encore  au  rosier 
El  que  le  rosier  même      Fût  encore  à  planter 
Et  que  la  terre  entière      Fût  encore  i  créer  iTarb^. 
Je...  Fût...  Et...  FQt...  Je  voudrais  que  la  terre  Fût  encore  ù  piocher 
Et  que  la  pioche  même  Fût  encore  à  forger  \Ramania\  Je...  Sùi...  Ri... 
Sût...  Et  que  même  la  terre  Sût  encore  à  besser  Et  que  la  besse  même 
Sût  encore  â  forger  Que  le  forgeron  même  Sût  aussitc  à  forger  \Beny\?> 
El  que  le  rosier  même  Fût  encore  à  planicr  Ainsi  que  le  panerre  Encore 
à  cultiver  Que  le  jardinier  même  N'y  fût  jamais  cmri  ^Bajejad  i), 

î)  Versions  isolées. 

Parmi  les  versions  qui  ne  se  rattachent  pas  aux  précédentes,  il  y  en 
a  une  qui  mérite  tout  particulièrement  l'atientiotï.  C'est  la  plus  vénérable 
par  son  A^e.  Elle  a  paru  dans  un  livre  publié  en  1704  ■  ci  est  repro- 
duiie  dans  le  Moniteur.  Malgré  son  ancienneté,  c'est  une  des  versions  les 
plus  éloignées  du  texte  original  tel  que  nous  l'avons  reconstruit.  La 
voici  à  partir  de  notre  7'  vers  : 

Tu  as  le  cœur  tant  gai,       El  moi  je  l'ai  navré  : 
C'est  de  mon  ami  Pierre      Qui  s*en  est  en  allé. 
Je  ne  lui  ai  fait  chose      Qui  ait  pu  le  fôcher, 
Hors  un  bouquet  de  rose      Que  je  lui  refusai. 
Au  milieu  de  la  rose      Mon  coeur  est  enchaîné  : 
N'y  a  serrurier  en  France      Qui  puisse  le  déchaîner 
Sinon  mon  ami  Pierre      Qui  en  a  pris  U  clef. 
Ce  n'est  pas  l'élégance  de  style  qui  lui  manque   'cependant  tu  at  U 
caur  ïojii  gdi  ne  peut  aller,  il  nous  faut  une  syllabe  féminine  de  plus  ; 
N'y  d  serruritr  en  France  n'est  guère  possible)  ;  mais  que  signifient  les 
cinq  derniers  vers:  Mon  ami  Pierre  a  pris  la  clef  de  mon  cœur  qui  est 
enchaîné  au  milieu  d'une  rose  que  je  lui  aï  refusée  ?  Cela  est  décidément 
amphigourique  ;  peut-être  fauteur  a-t-il  compris  â  moitié  l'allégorie  de 
la  rose,  ci  a-i-il  voulu  exprimer  que  tout  en  la  refusant  l'héroinc  3 
donné  son  cœur  à  Pierre,  qui  en  est  maintenant  le  maître,  le  regarde 
celle  version  Ballard  comme  un  remaniement  fait  pat  un  auteur  fort 
au-dessus  des  remanieurs  que  nous  avons  vus  â  l'œuvre  jusqu'à  présent, 
quoiqu'il  paraisse  n'avoir  compris  son  original  qu'à  moitié.  Il  ne  ^udraït 


].  Chrittophe  Baltard,  BniiMîts  oa  ^tûlt  aus  tendra;  Paris,  t.  Il,  170^., 
p.  Î84. 


^30  ).   CILUËROM 

du  reste  pas  lui  aiiribuer  comme  siennes  les  idées  cûnienues  dans  son 
remaniement  :  ce  sont  des  données  courantes  dans  la  chanson  populaire. 
S'il  en  est  de  cette  version  ainsi  que  je  le  pense,  elle  nous  montre  que 
depuis  fort  longtemps  notre  chanson  n'était  plus  gu^e  comprise  et  par 
conséquent  était  sujette  à  des  altérations  profondes.  Si  nos  rer&ions  con- 
temporaines n'ont  conservé  aucun  trait  qui  se  rattache  à  celle  de  1704 
c'est  ou  que  cette  dernière  fut  un  fait  isolé  qui  n'a  peui-itre  vécu  que 
lia  vie  de  son  auteur,  ou  que  des  centaines  de  versions  qui  parcourent 
les  pays  français  on  n'a  encore  publié  aucune  de  celles  qui  en  sont  tes 
dépositaires.  Ballard  n'accompagne  son  texte  d'aucune  note,  d'aucun 
renseignement  sur  la  provenance  de  la  chanson  ;  le  fait  que  son  livre 
contient  surtout  des  chansons  d'origine  savante,  que  les  chansons  vrai- 
ment populaires  y  sont  seulement  en  petit  nombre,  peut  bien  faire  sup- 
poser que  sa  CUire  Fontaine  n'est  pas  une  transcription  fïdile  d'un  texte 
recueilli  parmi  le  peuple. 
Les  deux  versions  suivantes  ne  méritent  point  de  commentaire  : 
Je  voudrais  que  la  rose      Fût  encore  au  rosier 
Et  que  mon  ami  Pierre      Fût  encore  â  m'aimer, 
Que  le  roi  qui  l'appelle      Fût  mort  et  enterré  ; 
Car  bientôt  par  la  reine      U  serat  appelé  : 
Dans  sa  chambre  de  marbre      On  le  fera  monter 
Et  dans  son  beau  lit  d'ore  '      Elle  me  frat  oublier, 
Puis  on  le  fera  pendre      Pour  l'avoir  trop  aimé. 

{Champjteary.] 
Fût  encore  au  rosier 
Fussent  à  marier; 
Qui  fût  faite  i  mon  gré. 
Il  n'y  faut  plus  penser. 

(La  RéoU.] 
A  La  RMe  on  chante  également  après  le  premier  vers  : 
El  que  le  rosier  même      Fût  encore  à  planter. 


Je  voudrais  que  la  rose 
Et  que  toutes  les  filles 
Je  m'en  choisirais  une 
(^ant  à  ma  mie  Jeanne 


Notre  ronde  a  un  refrain.  Dans  la  plupart  des  versions  il  se  compose 
ai  Irak  la...,  àtgai  gai...,  de  don  daine...,  etc.,  etc  ;  nous  ne  nous 
occuperons  point  de  celles-là.  la  critique  n'a  rien  à  j  voir.  Celui  de  la 
version  de  Goargues  peut  être  cité  comme  curiosité  :  H  la  dca  t^jacia,  il 
U  dca  gracia  ya  ya  ;  de  même  Bujtaud  )  :  En  revenant  de  noces  — 
Bavofi$  nous  tn  rt//o«f  —  J'étais  bien  fatigué  —Faut  iwire  et  prttulrt 
hdtiM  —  J'éuis  bien  fatigué  —  Faut  boire  et  t'en  aller. 


LA  CLAIRE   FONTAINE  Jjy 

Les  trois  versions  du  Canada  ont  le  même  refrain  ;  comme  on  ne  le 
retrouve  pas  dans  les  versions  européennes,  il  est  permis  de  croire  qu'il 
est  d'origine  canadienne.  Pour  original,  il  ne  l'est  pu  :  il  est  banal  et 
pourrait  s'appliquer  A  cent  autres  chansons. 

Il  y  a  longtemps  que  te  l'aime      Jamais  ^e  ne  l'oublierai 

(Canadienne). 
...  que  je  t'aime  ...  t'oublierai  \Marntier},  Lui  y  a  ...  t'aime  ...  l'oublie- 
rai {Gagnon).  J'aime  mieux  les  versions  suivantes  : 

Et  vous  m'avez  la  Ion  la  la      Vous  m'avez  laissée  \i 

ÇU  RochdW). 
Vous  m'avez  eh  !  Ion  Ion  la      Vous  m'avez  laissa  U 

(Befgim]. 
(On  m'avait  la  la  la  la  On  m'avait  laissé  iJt  :  Sans  iad.) 

Vous  m'avez  tant  aimé      El  vous  m'avez  délaissé  [PuymaigT^t 
Bujeaud  4  jcf.  Bujeaud  j|  En  revenant  de  noces  —  Vôui  m'jvex  ton 
vous  m'avez  Ion  lan  la  —  J'étais  bien  fatigué  —  Vous  m'avez  laissé  là. 
[|  est  possible  que  les  suivantes  soient  originales. 
Oui  j'iaiiends  (i'ii)  Celui  que  j'aime  (bis)  Oui  j'Iaitcnds  (his)  Celui  que 
j'aime  depuis  longtemps  {Civ£t\. 

Ah  !  l'iattends  l'attends  Celui  que  i'atme  {bit]  Ah  I  j'iaitends  j'iattcnds 
L'attcndrai-je  encor  longtemps  {Ouest)  ? 

Ab  1  je  l'attends  Uer)  Celui  que  j'aime  Que  mon  cœur  aime  Ah  !  je 
l'attends  [ter].  Ah  !  l'attcndraî-jc  encore  longtemps  (Bitchon]  ? 

Ah!  j'attends  (1er]  Celle  que  j'aime  Que  mon  cœur  aime  Ah  !  j'attends 
[ur)  Celte  que  mon  coeur  aime  tant  (Cherbourg,  entendu  d'un  jeune 
homme  qui  n'avait  retenu  de  la  chanson  que  le  refrain). 

Un  seul  refrain  me  satisfait  complètement.  C'est  celui  de  Ballard 
{Monilettr'f  : 

Q;ue  ne  m'a-t-on  donné  Celui  que  j'ai  tant  aîmé  '  P 
J'ai  plus  d'une  raison  pour  le  croire  original  :  c'est  celui  qui  de  tous 
précise  le  plus  le  cis  dont  il  est  question  dans  la  ronde,  ce  serait  déjà 
une  raison  qui  parlerait  jusqu'à  un  certain  point  en  sa  faveur.  A  celte-là 
vient  s'en  ajouter  un  autre,  c'est  que  ce  refrain  n'est  pas  en  rapport 
avec  te  récit  de  h  version  qui  le  renferme  iMoniuar),  ce  qui  prouve 
qu'il  n'est  pas  du  rcmanicur  Ballard  et  qu'il  s'est  pour  ainsi  dire  imposé 
à  lui.  En  effet,  tandis  que  les  autres  refrains  :  Vous  m'avez  bissée  /i, 
J'attends  celui  que  j'aime  depuis  longlemfs.  pourraient  servir  à  toute  com- 
plainte d'une  amante  ou  d'un  amant  délaissé,  celuî-U  nous  dit  :  Pour- 
quoi ne  m'a'i^n  pas  donné  celui  que  j'ai  tant  atmi  ?  et  ces  mots  résument 


I .  Il  va  sans  dire  que  le  rririin  n'a  pis  nécessairement  la  aiéme  facture  que 
les  vers  du  récit. 


3J8  I.   CaLICBOH 

le  r^cit  de  la  chanson  telle  que  nous  l'avons  reconstituée,  et  telle  qu'a 
cun  chanteur  ne  la  comprenait,  pas  môme  celui  que  représente  la  ver- 
sion Ballard,  celui  qui  chantait  :  Qac  ru  m'a-t-m  donni  Celui  ^ue  j'ai 
tant  aimé  ? 

(On  a  donné  à  la  jeune  fille  un  mari  qu'elle  n'aime  pas,  ou  du 
moins  pas  autant  que  Pierre.  |  En  revenant  de  noces  elle  se  repose 
aupr^  d'une  fontaine,  s'y  baigne,  s'essuie  à  la  feuille  du  chine.  Sur  la 
plus  haute  branche  le  rossignol  chantait.  Elle  adresse  sa  plainte  au  ros- 
signol :  «  Mon  amant  m*a  quitté  Pour  un  bouton  de  rose  Que  je  lui 
refusai.  Je  voudrais  que  la  rose  Fût  encore  au  rosier  Et  que  mon  ami 
Pierre  Fta  encore  à  m'aimer...  »  (car  je  ne  lui  refuserais  plus  te  bouton 
de  rose),  et  comme  refrain  : 

<^e  ne  m'a-t-on  donné      Celui  que  j'ai  tant  aimé^ 

Voici  la  chanson  telle  que  je  la  reconstitue  : 

Ea  revenant  de  noces      J'étais  bien  fatigué'  ; 

Au  bord  d'ui»  fontaine      Je  me  suis  rcfMsé', 

Et  l'uti  étiiit  si  cUire      Que  je  m'y  suis  baigoé', 

A  la  (cui^le  du  cMne      Je  me  son  esiuyi'. 

Sur  la  plus  haute  branche      Rourgnol  a  chanté. 

Chinte,  rouignol,  chante,      Toi  qui  as  le  cœur  gai  ! 

Le  mien  n'est  pas  de  même  ;      Mon  anant  m'a  qnitté' 

Pour  ui  bouton  de  rose      Que  je  lui  refusai. 

Je  voudrais  que  la  rose      Fût  encore  au  rosier, 

Et  (jue  mon  ami  Pierre       Fût  cncorr  i  m'aîmef. 

Le  refrain  vient  s'ajouter  soit  après  le  second  vers,  puis  ensuiie  après 
chaque  vers,  soit  après  chaque  paire  de  vers,  selon  que  la  ronde  se 
chante  : 

En  revenant  de  noces      l'étais  bien  fatigué'. 

Au  bord  d'une  fontaine      Je  me  suis  reposé'. 

Au  bord  d'une 

Et  l'eau  était  si  claire      Que  je  m*y  suis  baigné', 
ou  qu'au  lieu  de  répéter  le  vers,  on  commence  par  le  second  et  ainsi  de 
suite. 


La  version  publiée  en  1704  par  Baliard.  version  qui  s'écarte  beaucoup 
de  l'original  tel  que  nous  l'avons  adopté,  est  le  plus  ancien  texte  que  je 
connaisse  de  la  Cfjir*  Fontamt,  C'est  à  ce  titre,  et  aussi  parce  que  le 
Moniteur  (c'est  sous  ce  nom  qu'elle  figure  dans  notre  examen)  en  a 
modernisé  l'orthographe,  que  je  la  reproduis  ici  in  extento. 

Sur  te  bord  de  b  Seine,       Me  suis  lavé  les  pieds. 

D'une  feuille  de  chesne      Me  les  suis  essuyez  ; 


U  CLAIRE   PONTAIWE 

n«  m'a-t-oti  donné  i 


339 


Celui  qu«  j'ai  unt  aimé  ii 


refrain 


I 


O'une  feuille,  etc. 

J'aj  entendu  la  vmx      D'un  Ro&signol  chamer. 

Chante,  Rossignol,  chante,      Tu  as  le  cceur  tant  gay. 

Tu  as  le  cœur  tant  gay,       Et  moi  je  l'ay  navré. 

C'est  de  mon  amy  Pierre      Qui  s'en  est  en  allé. 

Je  ne  tay  ay  bit  chose      Qui  aii  pu  le  fâcher 

Hors  un  bouquet  de  Rose,      Que  je  luy  refusay, 

Au  milieu  de  la  Rose.      Mon  cœur  est  enchaîné. 

N'y  a  Serrurier  en  France      Qui  puis'  le  déchaîner, 

Sinon  mon  amy  Pierre,       Qui  en  a  pris  la  clef. 
***rist(^he  Baluru,  BrunetUt  oa  petits  airs  ttnàrts,  t  II,  1 704,  p.  284.) 

.  ^-  S.  —  Déjà  avant  qu'il  ait  paru,  VExamca  critique  âts  diverses  ver- 

"*"•   de  ii  CMu  Fonlaine  n'est  plus  l'expression  exacte  de  ce  que  je 

pw>se  4  ce  sujet.  La  confiance  que  m'insprrjii  l'inierpréiaiion  A  laquelle 

•*  "*>e  suit  arréié.  après  en  avoir  examiné  d'autres,  qui  aujourd'hui  me 

^^'■«aseiil  tout  aussi  plausibles  quoique  pas  plus  satisfaisantes,  est  conii- 

V^^'*"*"t  ébranlée-  L'insuccèî  de  mes  recherches  est  peut-être  impu- 

,,     '*  â  leur  insuffisance,  mais  je  suis  plutôt  porté  à  croire  qu'il  faut 

'^baer  à  une  autre  cause,  d'ordre  supérieur,  cause  dont  je  devenais 

.,-    plus  en  plus  conscient  i  mesure  que  j'avançais  dans  mon  travail,  à 

Pujisance  de  la  critique  en  général  en  matière  de  textes  transmis 

Client,  de  ces  textes  qui.  vrais  jouets  de  la  fantaisie  populaire,  sont 

^       *tarajDent  remaniables  et  renouvelables,  et  qui  ne  permettent  d'établir 

^**ne  base  d'opération  critique. 

"^.  Hanoiaux.  qui  s'intéresse  vivement  à  ce  genre  de  travaux  et  qui 
j^,*^ait  prié  de  lui  remettre  la  première  épreuve  de  Claire  Fontaine, 
**^rit  ce  qui  suit  : 

**  Je  ne  vous  cacherai  pas  que  je  ne  suis  pas  d'accord  avec  vous  sur 
^  «ens  générai.  Vous  voyez  dans  la  femme  dont  il  s'agit  une  itut-mariée. 
pb«ervei:  que  vous  êtes  le  seul  i  comprendre  ainsi  et  que  parmi  tous 
'^»  rcmanicurs  qui  ont  essayé  de  mettre  de  la  lopque  dans  cette  chan- 
^^  *On,  il  n'en  est  pas  un  seul  qui  ait  par  un  seul  mot  manifesté  qu'il 
^B      ^«Smettait  une  hypothèse  analogue  à  la  vàtre.  Au  contraire,  c'est  ce 


u 


3]0  J.  «ikUtRON 

«  vers  gênant  :  En  rtvtnaii  de  nocts,  etc. ,  qu'ils  ont  tous  écarté  ;  ce  qui 
D  prouve  bien  que  dans  leur  esprit  ce  n'est  pas  l'idée  de  noca  qui  était 
a  l'idée  fondamentale. 

<i  Pour  moi,  il  s'agit  seulement  d'une  jeune  fille  que  son  amant  a 
cr  quittée.  Elle  a  été  A  la  noce,  elle  a  vu  sa  compagne  heureuse^  tout  est 
«  gai  autour  d'elle,  la  fontaine  était  claire^  le  rossignol  chantait  dans  les 
u  arbres  ;  alors  la  tristesse  lui  est  venue  au  cœur.  Elle  regrette  d'avoir 
u  refusé  ce  bouton  de  rose  [qui,  pour  moi,  est  prît  id  au  figuré^  et 
«  d'avoir  éloigné  son  ami  Pierre.  " 

C'est  la  première  interprétation  que  j"ai  examinée. 

1  Mais^  me  direz-vous,  comment  expliquer  alors  ce  vers  :  Jt  voadrdû 
ir  {fue  la  rose....'  J'avoue  que  je  suis  etr.barrassé.  Ou  bien  il  répond  â 
b  quelque  incident  qui  nous  échappe,  ou  bien  il  veut  dire  que  depuis  le 
«  dépan  de  l'amant  la  jeune  fille  s'est  donnée  à  un  autre.  Mais  c'est  tou- 
<i  jours  le  premier  qu'elle  aime. 

V  Tout  cela  n'est  pas  très  plausible  (—  le  siùs  aussi  de  cet  avts  — ). 

u  Aussi  je  serais  assez  porté  A  admettre  une  autre  explication  de  U  con- 

■■  tradiction.  Ne  serait-il  pas  possible  que  ce  vers  :  U  voudrais  que  la 

V  rose.. .  fût  une  interpolation  et  n'appanlnt  en  rien  â  U  chanson  ?  { — Ce 

v  vers  manque  dans  la  plus  ancienne  version^  celle  de  Ballard,  celle  qui 

a  contient  le  refrain  :  Que  ne  m'a-i-on  donné  celui  ^atj'jt  tant  aimii  —] 

a  Je  ne  suis  pas  éloigné  de  penser  qu'il  y  aurait  li  une  autre  chanwn 

«  luut  indépendante  qui  se  serait,  grâce  à  ce  mot  rofe.  employé  dans  le 

D  vers  précédent,  introduite  de  vive  force  dans  la  chanson  de  Ciaire 

n  Fontaine.  Cette  chanson  parasite  serait  une  chanson  par  énuméraiion 

n  comme  il  en  existe  tant  et  comme  vous  en  connaissez  certainement  : 

a  Je  voudrais  que  la  rose      Fût  encore  au  rosier 

«  Et  que  le  rosier  même       Fût  encore  à  planter 

•  Et  que  la  terre  même       Fût  encore  à  piocher,  etc. 

"  La  chanson  parasite  que  je  suppose  introduite  dans  Ciairc  Fontmac 

•  par  le  mot  de  boulon  de  wie  me  parait  avoir  tout  i  lajt  ce  caractère. 
u  Par  U  elle  se  distingue  de  la  chanson  même,  qui  est  une  simple 
ft  rêverie. 

u  Voili  mon  hypothèse.  Elle  se  confirmerait  si  l'on  trouvait  le  texte 
B  indépendant  de  la  chanson  de  la  Rote.  Il  faudrait  alors  rencontrer  un 

•  ou  deux  couplets  de  début  qui  nous  manquent,  o 

Je  comprends  parfaitement  qu'une  chanson  par  énumération  ait  pu  se 
souder  i  «  Je  voudrais  que  la  rose  fût  encore  au  rosier.  •  Ce  vers 
l'amcnaii  naturellement  : 

Je  voudrais  que  la  rose       Fût  encore  au  rosier 

Et  que  le  rosier  même 


LA  CLAIRE   FONTAINE  J^f 

Et  qne  la  terre       

Et  que  la  pioche 

Mail  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  pu  y  avoir  soudure  après  : 

PcHir  on  bouton  de  rose  Que  je  lui  refusai. 
Si  l'hypothèse  de  M.  Hanotaux  était  vraie,  toutes  les  versions  (sauf 
celle  de  Ballard,  qui  tfaite  le  thème  d'une  façon  originale)  auraient  subi 
Hnterpolation,  et  certaines  d'entre  elles  n'auraient  cependant  gardé  de 
li  duauon  par  énuméTation  que  le  vers  :  Je  voudrais  que  la  rose  fàt  encore 
a  TùBtr,  qui  ne  présente  aucune  énumération. 

J.  GlLLlÉRON  '. 


■■[Lcseflorts  ingénieux  de  M.  Giiliéron  ne  réussiront  sans  doute  pas  à  per- 
njder  ta  lecteurs,  puisqu'ils  ne  suffisent  plus  à  le  persuader  lui-même;  mais 

aaaul 
tiWl 

àtràta  un  fil  sAr  pour  y  pénétrer  de  nouveau.  L'article  de  M.  Cilliéron  est 
^ôeu  par  mille  aitails,  et  je  ne  puis  trop  engager  notamment  les  collecteurs 
ttdtuts  populaires  i  méditer  les  avis  qu'il  leur  donne.  —  Pour  la  chanson 
■be  dont  il  s'agit,  il  j  aurait  encore  bien  des  observations  à  présenter  ;  mais 
■xaplassage  d'attendre  de  nouveaux  matériaux,  qui  ne  manqueront  certain 
MM  {uu  de  se  produire.  L'hypothèse  de  M.  Hanotaux  est  séduisante,  mais 
IÇKcrois  pas  qae  la  fin  de  ta  chanson  fbt  originairement  une  simple  énuméra- 
^ic^estun  souhait  de  détruire,  d'abord  un  passé  importun,  puis  soi-rnSme, 
*)'t  utare)  dans  la  douleur.  Le  vers  El  qut  mon  ami  Pierre  fût  encore  à  m'aimer 
'tttKnËt  fuc  /(  roiier  mime  fût  encore  à  planter  sont  deux  suites  différentes 
^(Wnlictoires  données  au  vers  Je  voudrais  que  la  rose  fût  encore  au  rosier  ; 
'^  ipputiennent  i  des  époques  diverses,  comme  le  montre  le  sens  oppose 
™*Ml^Mror£  à...  Quant  aux  suites  données  à  la  deuxième  de  ces  versions 
^^u  ancienne  i  mon  avis)  dans  quelques  variantes,  ce  sont  de  pures 
"Wiei  de  gens  qui  ne  pouvaient  se  résigner  à  finir  si  tftl  une  aussi  jolie 


MÉLANGES. 


LUI  ET  LEI. 
1. 

Voici  tes  différentes  étymolo^es  qui  ont  été  données  jusqu'ici  de  la 
forme  pronominale  masculine  lai,  commune,  on  le  sait,  au  français,  au 
provençal,  à  l'italien  et  au  roumain. 

i"  Léger,  lat.  illius'  ; 

2°  La  combinaison  de  Tacc.  illura  et  de  l'adverbe  hic  :  iUulm- 
h)ic- 

3°  La  combinaison  du  datif  illi  et  du  datif  huic  :  ill(i-h)uic)  ; 

4"  Un  datif  illuic  formé  analogiquement  d'aprèsle nom  i t lie,  comme 
huic  de  hic^; 

•f"  L'adverbe  illucemployé  pronominalement!  ; 

6"  L'adverbe  ill  une  employé  pronominalement*. 

Contre  toutes  ces  étymologies,  M.  Paul  Meyer  a  très  justement 
demandé  la  question  préalable  en  rappelant  «  que  lui  (illui  sous  la  forme 
complète)  est  un  cas  oblique  [gén.  ou  dat.]  de  ille,  dont  les  exemples, 
qui  remontent  à  l'antiquité,  ont  été  maintes  fois  relevés  7.  »  Mais  com- 
ment expliquer  itlui? 


1 .  Cette  étymologie  est  déjà  dans  le  Dictionnaire  de  Ménage.  Dïez  la  men- 
tionne en  première  ligne  {Gramm.^  trad.  franc.,  Il,  74I,  mais  reconnaît  que  des 
raisons  de  phonétique  empêchent  de  l'accepter;  M.  Schuchardt  s'est  appliqué 
avec  beaucoup  d'ardeur  à  réfuter  ces  objections  (Zeitschrift  fur  vgl.  Sprackst., 
XXII,  165). 

2.  Delius,  dans  le  Jakrb.  fur  rom.  and  tngl.  Ultrat.,  IX,  98  ;  et.  Dicz,  uH 
supra. 

}.  Diez,  abi  supra. 

4.  Cette  explication  est  donnée  par  Diez  concurremment  avec  la  précédente. 

j.  Chabaneau,  Revaedts  laneaes romanes,  III,  347. 

6.  Clédat,  ibid.,  )•  série,  Vn,  49;  cf.  Romania,  XI,  i6j. 

7.  Remania,  XI,  léj. 


Lui  ET  kl  J 1  { 

M.  Tobler  avaii  déji  vu  le  point  faible  de  toutes  les  étymologies  pTO- 
pnin  iusqu'kt.  Dire  avec  M.  Schuchardt  que  ie  tatin  populaire  a 
mflfffi  illui  au  lieu  du  génitif  i II i us,  c'est  esquiver  la  dilTiculté  et  non 
bréioiidrc,  puisque  entre  illius  et  illui  il  y  a  des  barrières  phoné- 
liquK  infranchissables.  Supposer  une  forme  illuic  dont  on  n'a  aucun 
oonple  n'est  qu'un  expédient  :  d'une  part  it  n'est  guère  permis  de 
pcntfiqae  le  pronom  kic,  qui  a  disparu  dans  toutes  les  tangues  romanes, 
^  par  conséquent  ne  devait  pas  être  populaire,  ait  exercé  une  influence 
ipielanKiue  ;  d'autre  part,  en  admettant  le  datif  illaîc,  comment  expli- 
^erlicbute  du  c  dans  les  textes  bas-latins,  qui  tous  nous  offrent //fui 
w  lu,  pirfois  tuf  !  Frappé  de  ces  objections,  M .  Tobler  a  été  amené  A 
fwserque  illui  était  une  création  analogique  du  latin  populaire  ayant 
**n  point  de  départ  dans  le  datif  nji  du  pronom  relatif  el  ititerrogaiif  ' . 
L'explication  de  M,  Tobler  me  paraît  supérieure  à  toutes  celles  qu'on 
■  données  avant  lui  ;  je  l'adopterais  volontiers  ...  si  je  n'en  avais  â  pro- 
PWfr  unenouvdle, 

"Je  fait  au   génitif  illius  :   Sa  même  forme  de  génitif  en  Tus  se 

'^^uvc  en  latin  darts  les  pronoms  ou  ad|ectifs  ipse,  iste,  unus,  ullus, 

nul]  us,  lolus,  totus,alius,  ut«r,  alter,  neuter.  Francis  Meu- 

^  a  expliqué  la  formation  de  ces  génitifs  *,  et  son  explication  parait 

"ITd'hui  admise  dans  le  domaine  de  la  philologie  latine  i.  Le  génitif 

'""''al de  ille  est  illi  :  à  ce  génidf  primitif,  formé  comme  domini  de 

l'on  i  nus.  est  venu  s'adjoindre  le  génitif  ius  du  pronom  is.   Illius 

"**  donc  qu'une  forme  contractée  de  i  lli  +  ius. 

*-«  qd  s'est  passé  au  génitif  a  dû  se  passer  au  datif,  au  moins  dans  la 
*KUe  populaire.  Le  datif  classique  illi  paraît  n'être  qu'un  locatif 
*"P'<ijé  abusivement;  le  véritable  datif  masculin  de  ille  est  illo, 
'*''^*pondant  à  l'accusatif  il  lum  et  au  génitif  illi.  Illo  s'est  combiné 
1^  le  datif  ei,  comme  illi  avec  le  génitif  ius  :  de  là  illo  +  ei  = 
^  «i  =  î  1 1 0  i,  de  même  que  illi  +  ius  ==  illiius^  illius. 
/V^'^V  au  passage  de  tiloi  à  illui,  il  s'est  effectué  conformément  aux 
^e  la  phonétique  historique  du  latin,  comme  celui  de  quoi  us  et 


^"^  ii  cuiut  et  cui,  et  de   hoîas  et  hoic  h  huius  et  huic. 
Xj  s  a  obtenu  droit  de  cité  dans  la  langue  littéraire  ;  illui  au  con- 


III 1 


tni.', 


^^  ^.  par  une  de  ces  anomalies  dont  le  linguiste  ne  s'étonne  plus»  n'a 
^^^   que  dans  la  bouche  du  peuple,  jusqu'au  jour  ofi  le  tatin  populaire  a 
t^pk  lanté  le  latin  classique  :  ce  jour-l  i  1 1  i  u  s  a  disparu ,  illui  seul  est 
^*  dans  les  langues  romanes. 


*  -  ZAukf,  fùrrom.  Pkihtogu,  III,  iî9;cf.  Romanîa,  VIII,  46). 

*-  Km.  ieta  Sot.  dt  ling.  4c  Pani.  t,  14  et  s. 

.  *-  Voyci  me  note  de  M.  Louis  Ha/et  i  sa  Ifiduclion  6tii  Oielinaifon  Utine 
*  Bûcheler.  p.  m. 


NÉLANOeS 


11. 


La  forme  pronominale  féminine  correspondame  i  lui  est  en  italien 
/;i*.  en  roumain  «  laflfaiblissemem  de  ta],  en  provençal  Ui  et  lui,  Itit  ei 
lieit,  en  ancien  français  'lUÎ,  forme  primitive  qui,  dans  le  dialecte  de 
l'Ile-de-France,  s'est  contractée  régulièrement  en  li,  dans  les  autres 
dialectes  en  Ui,  lié  ou  li. 

Diez  tire  l'italien  Ui  du  datif  féminin  illae  au  lieu  de  illi,  avec  cette 
remarque  :  «  \'i  ajouté  sen  à  conserver  la  longue,  comme  dans  noi,  yoi, 
de  nos.  vos'.  »  Cette  explication  du  maître  ne  saurait  être  admise 
aujourd'hui  :  l'i  de  not  et  voi  est  un  i  analogique  qui  s'est  peu  A  peu 
développé  sous  l'influence  des  pluriels  en  i;  quant  i  l'i  de  Ui.  il  est 
inexplicable  avec  la  base  illae,  M .  Tobler  suppose  i 1 1 a e c ;  mais  la 
vocalisation  du  t*  en  i'  est  contraire  aux  lois  de  la  phon<i5tique  italienne. 
1 1 1  a  ec  conviendrait  à  la  rigueur  â  l'explication  des  fonnes  françaises 
et  des  formes  provençales  sans  s  :  mais  par  cela  même  qu'il  ne  peut 
expliquer  ni  l'italien  ni  le  routnuin,  il  est  insuffisant.  Pour  le  prov,  Uis, 
itcis,  Diei  propose  i  1 1  a  e  -J-  i  p  s  u  m.  M.  Tobler  dit  tris  bien  que  cette 
forme  ne  peut  iire  séparée  des  autres,  mais,  quand  il  propose  ill  aecc, 
nous  ne  pouvons  nous  rallier  à  son  opinion  :  i  1 1  a  e  c  c  traité  conformé- 
ment d  la  phonétique  provençale  n'aurait  pu  donner  que  Uti,  Ueti  (cf. 
patz  de  pacem,  ivc  de  vicem,  vott  de  vocem,  etc.). 

La  véritable  explication  de  Ui  est  iniimemem  liée  à  celle  de  fui  que 
nous  avons  donnée  plus  haut.  A  côté  de  i  1 1  u  i.  le  latin  populaire  avait 
la  forme  féminine  correspondante  illei',  et  cette  forme  s'explique  de 
même.  Elle  est  le  résultat  de  la  combinaison  de  illae,  datif  féminin 
primitif,  avec  ei:iil.icei=^illaei  =  illei. 

Les  formes  provençales  avec  une  i  s'expliquent  par  le  géniiîf.  Illius 
n'est  i  l'origine  que  masculin;  le  féminin  estillaeius  =:  Jlteius  => 
[il)Uis. 

Il  va  sans  dire  que  toutes  les  autres  formes  pronominales  des  langaes 
romanes  en  m  et  en  ei  ont  la  même  explication  i. 

Am.  Thomas. 


i.  Cramm.,  Il,  74, 

2.  Voy«  P.  Meyer,  dans  Ramsnia,  XI,  i6j. 

;.  O  qui  rend  la  tuppoitlion  tn  blîn  populaire  de  illo  +  ci  et  illae  +  el 
plus  que  vraisemblable,  c'est  que  ce  dâiit  redoublé  exnte  pour  is  et  qui: 
M.  Fr.  Meunier  a  rfunî  de  nombreux  exemples  de  tki  cl  de  qaoui  pour  û  cl 
quoi  iloi.  ijuif.i.  C^ant  au  génitif  féminin  illaeiut^  ce  n'est  pa^  une  simple 
supposition  :  dans  une  inscription  de  Ladlk  \As)e-MéncDre|,  on  ht  ipseius  (= 
î/t;itn'uj  la  même  inscription  portant  sut  pour  iu«),  génitif  féminin  de  ipse 
{Cerf.  tnic.  Ut.,  III,  287). 


II. 


BELET. 


r 


Ce  mot  se  trouve  deux  fois  dsns  le  Roman  de  Roa  : 

Richard  enveia  par  u  lerre 
Cheval}  e  dra»  e  kU:*  qucre, 
E  vdiuelc  d'or  c  de  argent. 

[Roo,  }■  partie,  i4ro,  Andresen.) 
DuDC  priit  II  reis  le  duc,  sil  baisa  e  {oi, 
Ses  Mis,  ses  deduiz,  ses  aveirs  it  oflri. 

(Ibid.,  i^pirtie,  i66«,  id.) 

Diez  (Et.  \Vb.  II  c  beii),  Littré  et  M.  Andresen  lisent  ou  corrigent 
btle!  et  voient  dans  le  mot  beU  le  primitif  de  heletu.  M.  tiodefroy,  qui  ne 
donne  que  le  premier  exemple,  en  extrait  le  sing.  beUt,  et  l'explique  par 
«  fourrure,  peau  de  belette  ;  ■>  La  Curne,  qui  cite  seulement  le  second, 
y  reconnaît  également  le  pluriel  de  heUi,  et  donne  à  ce  raoi  le  sens  de 
V  joyau,  o  Cette  dernière  inierpréuiion  parait  la  plus  vraisemblable.  Il 
e$l  naturel  ()ue  le  duc  Richard,  qui  marie  sa  tille  à  GeofTroi,  comte  de 
Bretagne,  otTre  plut6t  à  la  jeune  liancée  des  bijoux  que  des  peaux  de 
belette,  ce  qui  n'est  point  rare  maintenant  et  ce  qui  l'^iait  encore  moins 
à  cène  époque.  Maïs  c'est  dans  le  second  exemple  surtout  que  belrt  ne 
peut  guère  signifier  autre  chose  que  «  joyau.  »  Le  roi  Henri  d'Alle- 
magne offre  des  préscnis  d'amiiié  au  duc  (luilbumc  :  est-il  raisonnable 
d'admettre  qu'il  aille  lui  offrir  des  fourrures  de  belette  i  Ce  ne  sont  pas 
l  des  cadeaux  de  prince  A  prince. 

BtUt  est  évidemment  un  diminutif  de  bel,  et  tmbtltUT^  u  enjoliver^  n 
employé  par  Wace  \Briit,  100411,  en  est  un  dérivé  qui  vient  A  l'appui 
du  sens  donné  par  La  Curne. 

Au  XVI*  siècle,  un  poète  qui,  comme  Wace,  était  normand,  Vauquelin 
de  La  Fresnayc,  se  sert  du  mol  bdtt  avec  la  signification  bien  claire  de 
joyau,  de  joujou,  d'objet  anistement  façonné  : 

C'est  puur{|Uoi  l'enfaricon  Je  sa  nature  en  hast« 

Prendra  plus  tost  qu'un  pain  un  oiselel  de  paste, 

Et  quand  on  luy  présente  un  pourtrait,  un  trltt 

En  argent  imprimé,  l'argent  lu/  semble  laid 

Qui  n'est  que  simple  masse  :  il  aime  une  metlange 

Qui  ta  chose  sujette  à  l'artifice  range.        {An  fah.,  s;.  Genlf.) 

Vauquelin  ne  fait  ici  que  traduire  en  poite  un  passage  de  Pluurque, 


I .  C'est  la  lecoA  des  nss.  A  et  D  ;  B  a  htUtt,  C  nUt. 


lia  HBLaSGES 

tiré  des  Sympoùaquts.  Je  le  donne  plus  textuellement  en  prose,  afÎD  qu'on 
soit  bien  fixé  sur  le  st^ns  de  hlei  :  «  Si  quelqu'un  place  devant  l'enfant 
et  lui  montre  uci  morceau  d'argent  non  façonné,  tandis  qu'une  autre  per* 
sonne  lui  offrira  un  petit  animal  ou  un  gobelet  faiti  en  argent,  il  prendra 
de  préférence  l'objet  où  il  verra  l'art  et  l'intelligence  unis  â  la  matière,  t» 
Belit  esc  resté  dans  te  patois  haut-normand  sous  ta  forme  bilot.  Une 
mère  veut-elle  faire  taire  son  enfant  qui  pleure  ou  qui  crie,  elle  ne  manque 
jamais  de  lui  dire  :  k  Tais-toi,  min  petiot,  t'éras  (lu  auras)  un  btlol.  » 
Mot  magique,  au  large  sens,  qui  fait  passer  devant  les  yeux  de  l'enfant, 
soudainement  cnlmé^  toutes  sortes  de  choses  merveilleuses,  toute  la  bou- 
tique d'un  lapidaire,  je  m'en  souviens  encore. 

A.  Delboulle. 


III. 

LES  MANUSCRITS  DU  CONNÉTABLE  DE  LESDlGUlERES. 

Le  connétable  de  Lesdiguières,  mon  en  1626,  possédait  un  certain 
nombre  de  manuscrits,  qui,  après  diverses  vicissitudes,  furent  vendus  î 
Toulouse  en  1716  ei  achetés  en  bloc  par  L'abbaye  de  Marmoulier.  De  là 
ils  passèrent,  lors  de  la  Révolution,  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Tours, 
En  i6îî.  un  catalogue  très  sommaire  en  avait  été  rédigé.  Ce  catalogue 
nous  a  été  conservé  dans  un  des  recueils  de  Peiresc,  à  Carpentras  >.  Il  a 
été  publié  par  M.  J.  Roman,  en  1S77,  dans  le  Cabinet  historique,  1*  série, 
1.  I,  Docamfnts,  pp.  49-5).  M,  Roman,  ay;jnt  reconnu  que  plusieurs  des , 
mss.  de  I.esdiguières  se  retrouvaient  à  la  biblioihèque  de  Tours,  a  établi, 
dans  un  second  article  (ouvrage  cité  pp.  il 0-2),  la  concordance  des 
numéros  du  catalogue  de  1 6  ;  ;  avec  ceux  du  Cata!ogu€  des  manuicriti  Je  id 
iMbliothiijiu  dt  Tourï  publié  en  187^  par  M.  Dotange'.  Nous  allons  repro- 
duire ici,  d'après  le  Cabinft  bistariijae,  la  liste  de  tôij  en  y  joignant 
cette  concordance  : 

I.  Un  vieux  livre  manuscripl,  vers  allemands,  de  E'an  141S. 


I .  M.  H.  Omoni,  de  la  Bibliothèque  nationale,  a  bien  voulu  me  signaler  une 
autre  copie  de  celle  liite.  dans  le  ms.  17917  du  fonds  latin,  Bibl.  nat.  (ancien- 
nemeiti  oouhier  B  ^jf,  qui  est  un  recueil  li'an^.■lct>î  cjiiloguçï  copiés  i  11  tuile 
les  uiiî  d«  autres,  d'aprèi  les  oapicn  de  Peiresc.  Celte  copie,  ayant  pour 
oridnal  la  p\tcf  même  iju'a  publiée  M.  Roman,  ne  pçut  îcrvir  qu'i  contrôler 
l'édition  du  dVifitt  hulon^Lu. 

î.  M.  Chibaneau  s'mI  occupa  des  manuscrits  du  cornétabic  de  Lcsdiguières 
daiH  se%  rrcherdies  «  sur  quelques  manuscriti  provençaux  perdus  ou  égarés  • 
[RtVttt  dit  langiui  foinantt,  mai  i88î,  i»  série.  VII,  2\  \-2\.  Mais  il  n'a  pas 
connu  la  publication  de  M.  Roman,  et  n'a  extrait  du  catalogue  conseri'è  dans  le 
fonds  Peiresc  que  cinq  articles. 


LES  MANUSCRITS  DU  CONNÉTABLE  DE  LESDICUIÈRES  })7 

j.  Aultre  livre  minuscript  en  vers  françoys  ;  le  Songe  du 
pderin jge  de  la  vie  huiDaine,  de  l'an  i  ooo,  bien  escript.     .    Tours,  n*  9^0. 
).  Grand  livre  manuicript  de  la  vénerie,  uns  date. 
4.  Le  decretalus*  en  fran^cys,  manuscript  sans  date. 
\.  iji  Légende  dorée  en  françoyt,  msnuscrîpt  sans  dite. 

6.  Un  roman  Deoclcsiin  et  Samarinde^. 

7.  V'teui  livre  mt.  delà  destruction  de  Traye,  en  ft^n^oys.  .  .     Tours,n*9i}. 

8.  Légende  de  Nottre  Dame,  en  provençal  et  italien. 

9.  Les  Prophéties  de  Merlin,  vieux  manuscript. 

10.  Autre  livre  manuscript  ;   Songe  du  pèlerinage  de  la  vie 
humaine. 

1 1,  Miracles  de  Notre  Dame,  en  vieux  vers  fran^oys Tours,  n*  948. 

II.  Un  vieux  roman  :  Tnttiin. 

i).  Un  bréviaire. 

14.  Un  vieux  mitiel  manuscrit. 

1}.  Un  jnanuscrit  des  chevaliers  d'Artus. 

16.  Contemplation  de  la  vie  et  miracles  de  J.-C.  en  vieux  pro- 
vençal. 

17.  Le  roman  d'Alhis  ei  Proietilas,efl  vieux  vers  françoys  .  .    Toun,  n>  940, 
,18.  Le  roman  de  Barlaam  etiosaphat,  en  vieux  vers  françoys.    Tours,  a'  949. 

19.  Ctiansoos  provençales  vieilles. 
'10.  Combats  du  corps  et  de  l'ime,  en  vieux  vers  tramçoys. 
31.  Un  vieux  missel  manuscript 

31.  La  vie  de  jaini  Honoré,  en  vers  provcaçiui Tours,  n*  945. 

3).  Un  vieux  roman  :  Ogier  le  danois.     .......     Tours,  n*9j8. 

14.  L'Image  du  monde Tours,  n' 946. 

Jl- Le  roman  de  Cuion  de  Bourgogne Tours,  n' 9J7. 

26.  Livre  de  lautcunneric. 
J7.  Vieux  livre  de  rccctlcs  de  médecine 
aS.  Un  manuscript  en  lettres  lort  anciennes  sur  le  Nouveau 
Testament. 

Voilà  donc  9  mss,  retrouvés  sur  28,  L'une  de  «s  idcntifi cations,  tou- 
tefois, n'est  pas  exacte  :  celle  du  Sair.t  Honorai  poné  sous  le  n"  ai.  Mais, 
avant  de  rectifier  ce  détail,  cherchons  ce  que  som  devenus  les  autres  mss. 
Le  récent  mémoire  de  M.  Oelisle  sur  les  pertes  subies  en  ce  siècle  par  la 
bibliothèque  de  Tour$>  va  nous  l'apprendre.  Dans  Ce  mémoire,  te  savant 
directeur  de  la  Bibliothèque  nationale  a  réusïi  à  reconstituer  à  l'aide 


1.  Dans  U  copie  de  Bouhier  il  y  a  L<f  Jardafa,  ce  qui  est  probablement 
aussi  la  leçon  du  ms.  de  ('arpentras. 

2.  S^mjimJt  n'a  pas  de  icns  :  J'AmarinJi,  leçon  de  Bouhier,  n'est  viaisem- 
bUblemeat  qu'une  correction  peu  heureuse.  H  (aul  pcut-^lte  corriger  iâ 
ttiareitti.  En  ce  cas  le  ms.  aurait  contenu  les  Sept  Sjga  Je  /tont. 

1.  HoUtc  lur  /ri  mjnu»nfi  liitparas  dt  ta  bttliotbiijin  dt  Toiai  ftndént  la  fu- 
in  moàii  Ju  XIX'  siitU,  in-4',  t88t,  200  pages  «extrait  ietlMttsdtxUaits 
litt  maimund,  t.  XXXl,  i"*  partie). 


RtmMit,  XSi 


22 


))8  weuHces 

d'anciens  inventaires  souvent  très  peu  explicites  (celui  des  mss.  Lesdt- 
guièfes  est  du  nombre|  l'état  des  collcciions  de  manuscrits  que  possédait 
la  bibiiothiïque  de  Tours  au  commencement  de  ce  siècle.  I(  a  consuié 
de  nombreux  déficits  résultant  de  spoliations  successives.  Entre  ces  spo- 
liations les  plus  récentes  sont  celtes  dont  Libri  fut  le  coupable  autew. 
Elles  ont  été  accomplies  en  1842  ou  peu  après.  On  sait  que  Libri  %-endit 
en  1847  au  comte  d'Ashburnham  la  plus  grande  partie  de  la  collection 
de  manuscrits  qu'il  avait  formée  en  peu  d'années,  soit  par  des  acquisi- 
llons  légitimes,  soii  par  des  procédés  plus  économiques  mais  moins  hon- 
nêtes. S^aidant  du  catalogue  très  sommaire,  souvent  même  inexact,  que 
Libri  avait  rédigé  et  que  le  comte  d'Ashbumham  a  fait  imprimer  ' ,  mettant 
à  profit  les  notices  publiées  i  diverses  époques  sur  quelques-uns  des  mss. 
qui  consittucni  actuellement  le  fonds  Libn  Ashbumham  Place,  M.  Delisle 
est  parvenue  identifier  vingt-trois  articles  du  catalogue  Ubri  avec  autant 
de  volumes  qui  ont  disparu  de  la  biblioihèque  de  Tours  entre  1843  et 
1847».  Si  rigoureuses  ont  été  les  déductions  de  notre  éminem  paléo- 
graphe, que  l'examen  des  mss.  eux-mêmes,  entrepris  il  Londres  au  mois 
de  mars  dernier  par  M.  Deliste,  assisté  de  deux  anciens  élèves  de  l'Ecole 
des  chartes),  a  confirmé  tous  les  résuhats  consignés  dans  le  mëmotre 
qui  dès  lors  était  imprimé  et  mis  en  pages.  Les  modiftcalîons  suggérées 
par  cet  examen  n'ont  porté  que  sur  des  détails  sans  importance*. 

Entre  les  vingt-trois  mss.  de  Tours  que  Libri  a  fait  passer  en  An^e- 
terre,  il  en  est  six  qui,  d'après  les  recherches  de  M.  Delisle,  peuvent *tre 
identifiés  avec  autant  d'articles  du  catalogue  Lesdiguîèrcs.  Je  les  indique 
dans  l'ordre  de  ce  catalogue  : 

Iiesdigolères,  4  =  Libri  lOl,  ainsi  décrit  Aim  le  catalogue  Ubri  î 
(  TrMi  Jt  droit.  Manuscrit  sur  vélin,  en  provençal,  à  longues  lignes,  10-4*, 
•  du  XIV*  siècle.  Ce  volume  précieux  se  compose  de  184  feuillets*.  1 


1 .  Cetaloj^ue  0/  the  mawKfipts  (il  Ashtu'nh^m  phtt.  Part  Ihe  firsl,  comprî- 
sing  a  collection  formtJ  by  Professor  Libri.  Londoo.  prinlcd  ty  Charles  Francis 
Hodgson.  ln'4''  pasmè  B  — HH3.  Ce  cttilogue  contient  tgi;  articles  Jont 
quelques-uns  u>nt  1res  volumineux,  par  ex.  le  n'  1871  qui  se  compose  de  cin- 
quante portefeuilles  remplit  de  pikcs  variées  et  géRcralement  volèei. 

2.  Voy.  le  teltvé  de  en  mss.  dans  le  mémoire  précité,  p.  igj. 
j.  M.  J.  Havel  et  t'auieur  du  présent  article. 

A.  Cet  modificatiûnt,  Irh  peu  nonibreusci,  sont  indiquées  i  la  lin  du  méffloife 
{AaJiim!,  pp.  194-100)  parmi  un  (;rand  nombre  de  preuves  nouvellesi  l'appui 
des  identifi  cal  ions  proposées  anlérieuren^nt  à  l'examen  d«  manuKrilt, 

{.  L'identité  de  ce  ms.  avec  l'article  4  de  Lesdiguières  t  Le  dccretalits  en 
franco)!,  manuscript  sans  date  •  n'c^t  pas  évidente,  mais  ce  qui  est  évidrnl  c'est 
que  le  ms.  Libri  toi  vient  de  Lcsdiguiéres,  car  il  a  la  marque  propru  dont  il 
sera  question  plus  loin,  et  il  est  certain  qu'il  y  avait  i  Tours,  au  comment  ment 
de  ce  siècle,  un  ms.  de  droit  composé  de  164  I!.  et  venant  de  Marmoutiers, 
Yoy   la  Notice  de  M.  Delisle,  art.  LXII  et  les  additions. 


• 


LES  MANUSCRITS  OU  CONNÉTABLE  DE  LESDICUIÈRES  ^^Ç) 

tiemdiguièTeB,  16  =  Ubrl  109  :  <  Contemplafimt  >U  taiitt  Bonavtn- 

■  turc.  Ml.  sur  pjpicr  et  lur  vHin,  en  provençal,  i  longues  lignn,  in-fol.,  du 

■  XiV  ïiÈclc.  » 

I,e(Mligiii«r«s,  19  —  Ubrl  111  :  (  Cluasons.  Ms.  sur  papier,  en  pro- 

•  ven(al\  à  deux  colonnes,  in-fol.,  du  XIV*  s.  Partni  les  pièces  conletiues  éaai 

•  ce  volume  se  trouve  un  roman  intitulé  :  Sloria  del  dmjt  Frondiae  t  ii  Briscna 
«  os  st  tontiint  quatre  litres  d'tmon  ai  ûtguru  c<iiuoni  in  Ftaatti  ^.  * 

Leadignléres,  S2  =  Ubrl  106  :  «  Vu  it  idtnf //o/i^rjr.  Ms.  sar  papier 
en  vers  proserçjui,  in-fol.,  du  X1V«  siècle^.  • 
Lesdlguiftres,  26  ~  Libri  109  :  •  RomM  des  oîuavx,  par  Dandat*  de 

■  Prada^.  Ms.  sur  pap.  de  coton,  en  vers  provençaux,  i  longues  lignes,  in-4", 
c  du  XIII"  siËcle.  A  U  fin  de  ce  précieux  volume  il  y  a  un  petit  traité  de  fau- 

•  conncfie  du  XV*  siècle,  en  français*.  ■ 

I.eBdliruiér«8,  38  =  Libri  110  :  ■  LiNourtau  Ttttimait.mtla  vit^fQ* 

•  {f]})ht  de  Jiitii-Chnu.  Manuscrit  sur  papier,  en  provençal,  â  longues  lijçneï, 

■  in-lotio,  du  XIV'  siècle.  Ce  recueil  très  important  parait  se  rattacher  i  t'hjs- 
f  toire  des  Albigtois''.  * 

Mais  il  s'en  faut  que  la  liste  des  mss.  de  Lesdiguières  que  nous  a 
conservée  Pciresc  soit  complète.  Il  existe,  tant  i  la  bibliothèi^uc  de  Tours 
que  dans  la  colLeciion  Libri,  un  certain  nombre  de  mss.  qui  ne  figurent 
pas  sur  cette  liste,  et  qui  pounant  viennent  inconiestablemem  de  Lesdî- 
guières.  De  ce  nombre  est  le  précieux  volume  qui  contient  le  Mystère 
d'Adam  i.  M.  Luzarche  publiant  en  i  R54  ce  mystère  déclare  que  le  ms. 
a^  il  se  trouve  fut  acheté  en  1716  de  la  famille  de  tesdiguières  par  les 
Bénédictins  de  Marmoutier,  et  s'exprime  dans  une  note  {Adam,  p.  ii}) 
ainsi  qu'il  suit  :  «  La  Bibliothèque  de  Tours  possède  le  Cdtalogut  des 


I.  Erreur  de  Libn.  Le  mi.  est  caUlan  d'un  bout  i  r,iutre.  J'ai  copie  de  ce 
qu'il  contient  de  plus  important.  J'ajoute  en  passant  que  ce  ms.  est  celui  que 
j  ai  signalé  dans  le  BaiUun  4t  ta  Sonill  ats  nnutni  ttxui ,  année  1S80, 
comme  ayant  appartenu  i  Fr.  Redi.  Mais  depuis  j'ai  acquis  la  conviction  que 
la  Li{;naturc  Framtico  Rtdi,  placée  au  dernier  feuillel,  est  fausi^e.  Elle  a  été 
apposée  par  Libri,  qui  était  coutumîer  de  ce  genre  de  falsification,  pour  dépis- 
ter les  rcclierchcs. 

1.  Sic  dans  Libri    mais  il  y  a  des  faute*  de  lecture. 

j.  On  a  vu  plus  haut  que'M,  Ri?m3n  idenliBait  le  ms.  ai  de  Lesdisuiém 
avec  le  ms.  conservé  actuellement  1  Toun  sous  le  tfi  94;.  C'est  aussi  t'iaenlifi- 
cition  que  propote  M.  Chahaneau,  Kaui  Ja  Uitfuu  ttmantt,  y  téne,  VU 
Ii88ï),  p.  îii.  Mais  M.  Delisie  a  montré  (art  LXXIV  de  sa  Netuc)  qu'il  y  a 
eu  i  Tours  deux  mss,  de  Saint  Honor.xt,  tous  deuï  provenant  de  Marmoutier. 
L'un  portait  dans  la  bibliothèque  de  ce  monastère  le  n«  191  —  c'est  le  ms.  ^^i 
de  Tours,  —  l'autre  poriatit  le  n'  164.  C'est  ce  dernier  qui  vient  de  Lesdiguieres 
et  qui  a  été  volé  par  Libri. 

4.  Sic  Libri  ' 

}.  M.  Chabanean  a  lu  malhnire&senent  i  Livre  de  Fantomtric  1  11  o& 
M.  Roman  avait  bien  lu  «  Livre  de  (auUonncru .  t  Cette  fausse  lecture  l'a 
entraîné  I  des  conjecitiret  qui  naturellement  ne  peuvent  pJus  subsister. 

6.  ^on. 

7.  D&critdans  la  R"  -r  M.  DeJisIe,  II,  91-}. 


t^Q  UËUNCES 

u  livra  ^a*on  a  aeheptis  de  lu  bibïiotltèqae  de  M,  Lisâiguierres,  Vannie 
«  1716.  Dans  cette  aride  nomenclature,  qui  fait  peu  d'honneur  an 
«  moine  de  Marmoutier  qui  l'a  rédigée,  on  désigne  sous  les  titres  suî- 
«  vanis  les  irds  plus  importants  manuscriis  français  que  U  célèbre 
-  abbaye  nous  a  transmis  : 

n  N'  38;.  Htstoire  de  chtvaUrit,  in-8'  (notre  très  célèbre  O^ 
«  de  Danemarche)  ■. 

*  N"  241.  Histme  dîi  temps,  în-8*  (noire  précieux  Huon  de  Bor- 
•c  deaux,  en  vers]  *. 

!■  N'=  2Ï7.  Prières  en  vers^  in-8*'  (le  beau  recueil  de  drames  lilur- 
«  giqucs  c!  de  légendes  que  nous  allons  faire  connaUrej  >.  >< 
De  ces  trois  mss.  un  seul,  celui  d'Ogier,  se  retrouve  indubitablement 
sur  le  catalogue  Lesdiguièresque  nousa  conservé  Feîresc  in»  a^i.  Aussi, 
M.  Luzarchc,  affirniani  qu'ils  proviennent  tous  trois  de  Lesdiguiéres,  se 
fonde-t-il  non  pas  sur  cette  liste  qu'il  ne  connaissait  pas,  mais  sur  le  '•  caïa- 
«  logue  des  livres  qu'on  a  acheptés  de  la  bibliothèque  de  M.  Lesdiguîerres 
«l'année  1716.  0  C'est  ce  catalogue  qu'il  faudrait  avoir  pour  compléter 
la  liste  d  imparfaite  de  Peiresc.  Malheureusement,  ce  catalogue,  que 
M.  Luzarche  doit  avoir  eu  sous  les  yeux  en  18(4,  n'a  pu  être  retrouvé  : 
M.  Delisle  le  constate  p.  6,  n.  ).  de  son  mémoire. 

En  attendant  qu'il  reparaisse  â  la  lumière,  nous  avons  un  moyen 
assez  sûr  de  distinguer  les  mss.  Lesdiguières.  L'examen  des  mss.  qui 
viennent  indubitablement  de  cette  collection  a  permis  de  constater 
l'existence  sur  la  plupan  d'entre  eux  d'une  marque  de  provenance  tracée 
sur  le  premier  ou  sur  le  dernier  feuillet  vers  la  fin  du  xvr  siéde, 
et  qui  semble  pouvoir  se  lire  propria  *.  Or  cette  marque  se  trouve  sur 
le  ms.  actuellement  Libri  1 1  z,  du  xii<  siècle,  qui  contient  la  vie  de  saûit 
Brandan,  celle  de  saint  Alexis  el  divers  autres  ouvragest.  Ce  ms.  vient 
incontestablement  de  Marmoutier.  M.  Delisle  a  pu  affirmer',  grftce  à  la 


I.  Actaellemenl  n°  9jS  de  la  Bibliothèque  de  Tours. 
3.  N*  9}6  de  la  mirât  bibliothèque. 
j.  N*  937  de  la  même  biblîotbèc|ue. 

4-  Cette  marque  ne  se  trouve  pa»  sur  le  ms.  Libri  1 1 1  (Lesdiguières  19I.  Maïs 
ce  ms.  ne  parait  pu  nous  être  parvenu  dans  son  intégrité.  D'autre  part  je  ne 

Cuis  assurer  que  11  mart^ue  en  question  te  soit  trouvée  originaire  me  ni  sur  tous 
!t  mss.  de  ia  collection  Lesdiguières.  Cette  colleclioti  tut  sans  doute  rormée  par 
des  accessions  successives,  et  la  marque  vropria  peut  appartenir  i  un  fonds  par- 
ticulier acquis  par  la  famille  du  eonnftiDlc.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  résulte  d  uiw 
vérification  que  M.  Ch.  de  Cfandmaison,  archiviste  d'Indrc'et-Loire,  a  bien 
voulu  (aire  pour  m»,  que  les  mss.  9)7,  9^8,  940,  946,  948,  949,  9^0,  9{) 
de  Tours  portent  cette  marque.  Oa  a  vu  ci-dessus  (p.  j}7i  que  tous  ces  mss. 
figurent  lur  le  catalogue  Lesdiguières. 


5.  Voy.  C.  Paris,  Vit  Jt  saint  Alcxii,  PVJ-A- 

6.  Natici,  p.  198,  addition  i  l'article  LXXII) 


LES  MANUSCRITS  DU  CONNÉTAeLE  DE  LESDICUIËRES  f4I 

marque  propria,  qu'il  avaii  antérieurement  appartenu  à  Lesdiguiires. 
Et  cependant  IL  parait  bien  difficile  de  l'identifier  avec  aucun  des  articles 
dont  se  compose  l'inventaire  rapponé  plus  haut. 

La  difficulté  n'est  pas  moindre  pour  le  ms.  Libri  1 07  :  «  Vies  des  Saints. 
Ms.  sur  vélin,  en  provençal,  à  longues  lipics.  ln-4"  du  xiv<  siècle  »  '  ;  à 
moins  qu'on  veuille  y  reconnaître  le  n»  5  de  Lesdiguïères  1.  Légende 
dorée  en  françoys  ><,  ou  !c  n"  S  «  Légende  de  Notre-Dame  en  provençal 
ei  italien.  »  Ce  qui  rend  toute  idemificaiion  incertaine,  c'est  que  ce  ms. 
a  perdu  ses  cinq  premiers  feuilleis,  peut-*ire  par  le  fait  de  Libri.  Il  y  a 
clîet  une  ancienne  pagination  qui  eu  grattée  presque  partout,  comme 
c'est  le  cas  pour  beaucoup  de  mss.  qui  ont  eu  le  malheur  de  passer  par 
les  mains  de  Libri.  Mais  quelques  num>éros  ont  échappé  au  ^attage, 
ainsi  14  qui  correspond  au  fol.  9  actuel.  Le  début  faisant  défaut,  on 
ne  doit  pas  s'étonner  que  la  marque /iro/^rtJ  ail  aussi  disparu, 

Il  y  avait  à  Marmouticr,  sous  la  cote  266,  un  ms.  ainsi  décrit  dans  un 
catalogue  du  xyiir  siècle  ciié  par  M.  Delisle(p.  181,  col.  1)  :  «  Roman  cii 
«  langue  provençale,  dont  on  ne  peut  dire  le  titre  :  il  commence  cepen- 
«  dant  par  le  saim  nom  de  Dieu,  ce  qui  pourrait  faire  croire  qu'il  y  est 
n  parlé  de  dévotion,  il  est  du  xiv' siècle.  »  Il  faut  assurément  l'identifier 
avec  le  ms.  Libri  10;  qui  commence  ainsi  :  Aa  nom  AcDimvatlh  comtas- 
lar  Que  my  Uy  dire  ti  acahar...  Ce  ms.  contient  (ff,  j  j  et  suivants)  la  vie 
desaintTrophime,  Libri  le  décrit  ainsi  :  «  loî-  vU  de  saint  Trophimt  {ùc]  et 
autres  pièces.  Ms.  sur  papier,  en  vers  provençaux,  i  longues  lignes,  in-4", 
du  XV'  siècle.  ■»  Ce  doit  être  encore  un  ms.  Lesdiguières,  bien  que  je  ne 
le  retrouve  pas  sur  l'inveniaire  et  que  je  n'y  aie  pas  relevé  la  marque 
propria. 

Si  les  trois  mss.  Libri  que  nous  venons  d'examiner  ne  peuvent  être 
reconnus  sur  l'informe  inventaire  des  mss.  Lesdiguières  que  nous  a  con- 
servé PcircsCf  il  en  est  tout  autrement  du  ms.  Libri  lo^.  ainsi  décrit 
dans  le  catalogue  imprimé  par  Les  soins  de  tord  Ashburniiain  :  «  Manus- 
«>  crit  sur  papier,  en  provençal,  à  longues  lignes,  en  deux  volumes  in-4'>, 
"  du  XIV"  siècle.  Cesdcux  précieux  volumes  contiennent  un  grand  nombre 
«  de  pièces  en  prose  et  en  vers,  toutes  en  provençal.  Ils  paraissent  auto- 
•  graphes.  On  y  trouve  en  vers  le  roman  du  Chapon,  la  vie  de  sainte 
«•  Marguerite,  la  Passion  de  Jésus-Clirist,  etc,  etc.  \  un  traité  de  bota- 
«  nique  en  prose,  etc.  ;  avec  un  grand  nombre  de  notes  diverses,  dont 
«  quelques-unes  portent  pour  date  les  années  1 J47,  nj;,  i)f4ei  1  {^f. 


I.  J'en  ai  publié  un  extrait  dans  mon  Raattl  TaatUiiîUxut,  n'  ))  de  la  partie 
provençale.  On  lit  i  li  fin  cflle  frauduleute  mention  :  «  Ule  librrest  convenius 
S.  Dominict  de  Mantua,  «  preuve  surabondante  que  le  ms.  a  été  volé  par  Libri 

aiitruD  qu'en  Italie, 


342  MSUHOES 

«  Probablement  c'est  là  un  recud!  écrit  par  quelque  troubadour  et  méde- 
B  dn  du  XIV'  siècle.  Plusieurs  notes  commencent  ainsi  :  u  Remenbran- 
«  sacie'  que  yeu  Peyrc  de  Serras  ou  de  Ferras,  etc.  •  Ce  Pierre  de 
«  Serras  csi-ce  l'auteur  des  écrits  contenus  dans  ce  recueil»  ?  »  —  Bien 
que  j'aie  eu  ce  mi.  plusieurs  fois  entre  les  mains  depuis  oaobre  i86f, 
alors  que  le  feu  comte  d'Ashburnham  voulut  tnen  m'admeitre  pour  la 
première  fois  à  consulier  les  inestimables  trésors  de  sa  bibliothèque,  ce 
n'est  qu'en  juin  dernier  que  j'y  ai  remarqué  la  marque  propriai.  A  cette 
date,  le  mémoire  de  M.  DeUsle  était  tiré,  c'est  pourquoi  il  n'y  est  pas 
fait  mention  du  ms.  IJbri  lO}.  Aauetlement  je  n'hésite  pas  à  identifier  ce 
ms.  avec  l'article  17  de  l'inventaire  Lesdiguières,  ainsi  con^a  :  u  Vieui 
livre  de  recettes  de  médecine.  •» 

Pour  résumer  tout  ce  qui  précède,  je  vais  donner  un  tableau  compa- 
ratif des  n'^'  de  l'inventaire  Lesdiguières  avec  les  n"  correspondanu  de 
la  bibliothèque  de  Tours  et  du  fonds  Libri  : 

Lesd.    î  =  Tours  950  Lesd.  22  -  Libri    106 


—  4  =  Libri    1 0 1 

—  7^  Tours  9n 

—  I  (  s=  Toun  948 

—  1 6  >=  Libri    1 09 

—  '7  =  Tours  940 

—  18  =  Tours  949 

—  19  =  Libri    1 1 1 

Manuscrits  Libri  provenant  de  Lesdiguières,  mais  qui  ne  se  laissent 
pas  reconnaître  dans  l'invemaire  conservé  par  Peiresc  : 
Libri  103,  107,  I  lï. 

P.  M. 


aj  -  Tours  938 
J4  ~  Tours  946 
as  —  Tours  937 
26  =  Libri  108 
ï;  —  Libri  105 
3S  s  Libri     110 


NO  NORMAND  ET  ON  FRANÇAIS. 

Dans  un  anicle  récemment  inséré  dans  les  Mémoiret  de  la  Société  4i 
Hagfiutiquede  Paris  (t.  V,jt.  149-1541,  M.  Joret  conteste  l'étymologie 
que  j'ai  proposée  {Rom.  X,  4021  pour  le  mot  qui  signihe  on  en  patois  nor< 
mand,  et  qui,  suivant  les  localités,  se  prononce  no,  non,  non,  et  devant 
une  voyelle  nor,  noui,  nofiz,  cette  dernière  forme  extrêmement  rare.  Pour 
lui  répondre  il  me  but  préciser  davantage  et  compléter  ce  que  j'ai  déji 
dit.  Je  tâcherai  d'être  coun  ci  surtout  catégoriquc- 


I.  Je  copie  liltéraleinent  Libri. 

1.  Je  répondrai  i  celle  question  dans  un  prochain  mémoire.  On  verra  que  ce 
ms.  îMiresse  non  pis  teutctneni  l'histoire  de  h  littiraturc  provençale,  mis  taw 
ceiJe  du  vÛlage  désomais  célèbre  de  Maillane. 

}.  Elle  ut  par  exception  placée  au  i"  feuilkl  du  second  volnne. 


No  NORMAND   ET   On  FRANÇAIS  ^4} 

Les  preuves  historiques  nous  manquant,  nous  en  sommes  réduits  aux 
hypothèses.  L'hypothèse  ici  devra  satisfaire  i  deux  conditions  :  i'  expli- 
quer toutes  les  formes  du  maC;  2"  s'accorder  avec  son  emploi  gramma- 
tical. 

M.  Havct  et  M.  Joret  proposent  le  pronom  nos,  fr.  août.  L'hypothise 
satisfait  à  une  des  condîiioits.  On  fait  aisément  sortir  de  nos  noz,  nour, 
no,  mu,  et  même  noai  et  non. 

Mais  elle  ne  satisfait  pas  à  la  secoade  condition.  No,  sous  quelque 
forme  qu'il  se  présente,  de  même  que  le  franç^s  on,  l'anglais  onc  et  l'alle- 
mand mAsi.  ne  s'emploie  jamais  que  comme  sujet  d'un  verbe  à  la  troisième 
personne  du  singulier.  J'ai  demandé  qu'on  me  cttAt  une  phrase,  une  locu- 
tion, où  l'une  des  formes  de  no  se  trouve  associée  à  un  verbe,  â  un  adjec- 
ïîf,  I  quelque  chose  enfin  qui  rappelle  la  première  personne  du  pluriel, 
comme  indice  que  nos  a  passé  par  là.  J'attends  toujours  '. 

J'ai  dit,  dans  mon  précédent  article,  qu'aucune  forme  tirée  de  nos  latin 
ne  s'emploie  comme  sujet  dans  le  patois  moderne  du  nord  du  département 
de  la  Manche.  M.  Joret  me  cite  :  <  C'est /loui  •>,  —  en  baguais  :  «  Ch'est 
nouti.  a  Mais  qui  ne  sait  que  dans  ces  constructions  le  pronom  est  au 
régime,  comme  le  montrent  les  formes  françaises  :  Cal  moi,  e^ist  toi? 

Encore  un  mot  :  bien  que  ce  soit  en  dehors  de  la  question  qui  nous 
occupe,  M,  Jorct  m'accuse  deux  fois  d'ignorance  .'i  propos  du  langage  de 
la  Hague.  Le  reproche  est  au  moins  singulier.  Le  patois  de  la  Kagueest 
ma  langue  maternelle  ;  je  n'en  ai  ni  parlé  ni  entendu  parler  d'autre  jus- 
qu'à Tàge  de  douze  à  treize  ans  ;  jusqu'à  cette  époque,  je  n'ai  connu  te 
français  que  par  les  livres.  Je  puis  lui  gai^ntir  qu'à  la  Hague  le  pronom 
de  la  première  personne  se  décline  ainsi  au  pluriel  : 

Avant  le  verbe  :  nominatif /f.  datif  et  accusatif  notu.  Après  le  verbe  : 
aoaet,  uniformément  : 

I  ada  dùant  ;  i  nous  ème  ;  ch'cft  à  noués  ;  ch'est  ttoait. 

JanuitSj  dans  le  pays  que  j'ai  habité,  on  n'a  dit  : 
Je  i*  done;  je  mi  èmc, 
et  encore  moins,  quoi  qu'en  dise  M.  loret  : 
Je  von  done  ;  je  vonz  ène. 
Un  haguais  n'arriverait  même  pas  à  prononcer  cette  dernière  forme  sans 
faire  la  grimace. 

No,  noz  ne  s'emploient  jamais  avant  le  verbe  ni  comme  sujet  ni  comme 
régime.  Ko,  foi  s'emploient,  mais  seulement  comme  sujets  ; 


I.  M,  Jorel  me  cite  un  vers  du  poirae  sur  Thomas  Hélie  •  oi  Hague  lan- 
caee  *  du  \iu'  siècle  :  Nout  dtvcnt  istrt  cancus.  O  vers  évideminept  n'a  rien 
a  vnTt  ici  :  le  sujet  et  !«  veibe  sont  i  la  première  personne  du  pluriel,  et  rien 
n'indique  dans  l'un  m  l'autre  àt  ces  moti  une  tendance  i  pisser  i  U  iroisième 
personne  du  singulier. 


^44  MÉLANGES 

Vo  dttfï,  m  inm  ;  ro  nou  djlct,  *o  nous  im»iz. 

Ces  panicularités  nous  ont  éloignas  de  no,  nor,  pronom  mdé6ni  ;  rere- 
nons-y. 

L'hypothèse  de  M.  Havet  étant  écartée  comme  ne  satisfaisant  qu'i 
l'une  de$  conditions  du  problème,  examinons  si  celle  que  î'aî  proposée  ; 
Pon,  l'hom  =  no,  satisfait  aux  deux. 

Pour  b  condition  grammaticale,  il  n'y  a  pas  de  difficulté.  JVo,  nou,  non, 
avec  ou  uns  s  ou  :.  s'emploie  dans  les  mêmes  conditions  que  on,  l'on  en 
ft^ançais  modeme,  en.  fen  en  vieux  français. 

Quant  à  la  phonétique,  il  y  a  trois  élémenu  dans  no2  ;  étudions-les  sépa- 
réroeni  :  n,  p.  z.  Le  z  final  ne  peut  (aire  question.  Cette  lettre  s'emploie 
à  chaque  instant  en  normand  pour  éviter  un  hiatus  : 

J'ai  z  eu  ;  il  a  z  ta  ;  ooz  a  2  eu  ;  il  on  i  eu,  etc.i. 

M.  Jorei  demande  comment  on  de  l'on  a  pu  devenir  ou  f 
C'est  une  régie  de  ta  phonétique  haguaise  qu'à  0  accentué,  et  même 
non  accemué,  du  latin  et  du  français,  correspond  généralement  ou  : 
nomen,  noii/i;  homines.  houme  ;  to(n)sare,  tousse;  rosa.  roiui} 
nodus,  nou  ;  gloriosus,  ghrious  ;  columba,  cuulombe,  etc.,  etc. 
La  négation  non  devient  même  naa  dans  certains  cas  : 
Jouaé  i  piott  nouià  pair  00  non). 

Le  patois  haguais  ajoute  souvent  des  nasales,  mais  il  en  supprime  au&s 
Il  dit  :  éfanl  au  lieu  d'enfant i  s'ivoUr  et  non  i'/moirr ,  loto  et  non  làton,  etc. 

Les  trois  formes  no,  noa,  non,  peuvent  donc  avoir  toutes  trois  la  même 
origine. 

Quant  au  changement  de  Ion  [l'on,  l'hom)  en  non,  il  s'explique  facile- 
ment par  l'assimilation  de  1'/  initiale  à  \'n  finale  ». 


1 .  [Celte  explication  est  très  admissible  :  notons  cependant  qu'il  ne  serait  pu 
impossible  que  l'i  de  nos  f&i  un  reste  de  celle  de  ont,  l'oni,  forme  usitée  au 
XIll"  siiclc.  —  G.  P-l 

2.  \Ct  qui  met  hors  de  doute  l'explication  de  M.  Fleury.  d'ailleurs  si  pro- 
bable pjf  elle-mênie,  cVït  le  rjpprochemenl  de  ntn  '.n'tn)  pour  Un  iCtni,  qce 
M.  Jorcî  indique  lut-méme  ;p.  1  ;2,  n.   1),  mais  sant  y  attacher  l'imponance 

![u'il  mérite.  Il  est  impossible  de  contester  que  itin,  au  sens  de  on.  soit  pour 
ta.  Cette  forme  se  trouve  pour  h  première  (ois,  i  ma  connaissance,  dam  la 
Chrom^iii  du  rouennais  P.  Cochon  léd.  Vallet  de  ViriviHe,  p.  j8il  ;  Et  dt  fan 
n'ia  at  tamit  ifoi  ce  pmtt  avoir  (jit  Dam  le  M<rjcU  Je  sauit  nicoUt,  pièce  du 
XV*  siècle  réimprimée  en  186S  pour  le  libraire  Baillteu,  je  la  trouve  deux  loit  : 
//  at  lempi  fuc  tua  It  st^ure  (p.  661.  C'est  raison  ^ut  nen  u  Caiwic  Ip.  78). 
Deux  chansons  du  x\i*si^le.alées  dans  la  ComiJn  •i<i  Chansons,  la  prcsenteitt 
encore  :  N'allt:  plus  sans  far rtnuitl,  Car  nen  vous  tspte  \Aiu.   Th.  Fr.,  t.  IX, 

&.  I  jo)  i  BtHt.  nt  rott$  maiisstz  foiia  Quand  ntn  roas  fait  h  rtraance  (p.  17^). 
n  ne  peut  évidemment  s^arer  nen  de  nan,  pas  plus  que  hn  de  lont/tm  dewi 
Dans  le  Bas-Maine,  d'aprH  M.  de  Montesson,  on  du  également  n'on  pour  l'on 
el  n'en  pour  l'en,  —  G.  P.] 


No   NORMAND    ET   Otl    FRANÇAIS  }4{ 

Il  réxolte  de  U  que  l'on  a  parfaîtemem  pu  devenir  n'en,  non,  nou  et  ao. 
C.  q.  r  d. 

M   JorM  aime  les  digressions.  Je  l'ai  déjà  suivi  dans  une  à  propos  de  la 
iléclinaison  du  pronom  de  la  première  penonnc.  Je  le  suivTal  aussi  volon- 
I         tien  dans  une  autre  qu'il  rattache  â  no,  bien  qu'elle  ne  s'y  rapporte  que 

lîtsindirectemcni, 
|i  Od  dit  ordinairement  : 

B  No  z  en  est  conlent 

■  Hait  on  dit  aussi,  quoique  rarement  : 
^Ê  Non'n  est  content*. 

H         On  pourrait  dire  qu'ici  ce  n'est  pas  no  qu'on  a  employé,  mais  non, 
M      ^ta  une  forme  tout  aussi  légiuine,  et  que  l'e  de  en  est  élidé,  comme  i 

■  tianï  ;  «  Pieiï  qu'ainchyn  'n  en  est   » 

Wais  ce  n'est  pas  apris  no  seulement  que  cette  double  nn  apparaît.  On 
^  également  : 

ITu  n'n  as  metili.  Tu  en  as  menti. 
Vo  n'n  avaf/  menii.  Vous  en  avez  menti- 
I  n'n  ont  menti.  11^  en  unt  menti. 
H.  iorci  a  publié  lui-même  \Romania,  V,  p.  ^74*  une  chanson  nor- 
■■■ntle  dans  bquelle  se  trouve  ce  mfime  détail  : 
tn'n  ont  tn^nti  par  l?ur  goule. 

|^*ul«i>ent  il  a  eu  ton  de  pbcer  entre  fr  ci  ont  (ou  on)  une  apostrophe 
^  Uât  croire  à  ion  i  une  négation.  La  dernière  n  est  évidemment  celle 
**«  «1  restée  après  l'élision  de  l'e. 
C«tte  duplication  de  IVi  se  produit  quand,  dans  U  conjugaison,  le  mot 
'"  *e  trouve  placé  entre  le  pronom  sujet  et  un  verbe  commentant  par  une 
^'yelle  quelconque  ei  non  pas  devant  f  muet  seulement,  comme  le  pré- 
'fTïcl  M.  Jorct  en  me  reprenant,  oubliant  qu'il  a  lui-même  fourni  un 
"^^ïïiple  qui  te  dément  dans  la  chanson  précitée.  Il  est  probable  qu'il  faut 
^■"  ici  le  même  genre  d'aiirsction  qui  fait  dire  aux  Parisiens  :  Je  U'ai  va 
"^    lieu  de  :  Je  i'ai  ru.  Peut-être  y  a-t-il  aussi  un  fait  d'imiuiion.  Avec  la 
"*Sat»n,  les  deux  rui  sont  obligatoires,  et  il  est  possible  qu'à  cette 
™^*"ase  ;  Jt  n'en  ai  pat  mmlt,  et  par  abréviation  :  Je  n'n  ai  pas  mtnû,  on 
^P*-   ^é  enualné  i  répondre  :  Ta  n'n  as  menti. 

^i^i  qu'il  en  soît.  ce  doublement  de  \'n  en  Normandie,  de  f  à  Paris  est 
1^   ^T  i  fait  étranger  A  l'origine  de  no  =  on. 
H  J.  Fleury. 

* .  J'ii  mal  lonsait  cette  phraïr  dins  mon  précédent  article  de  la  Komania, 
^  M  réublii  id  selon  sa  prononciation. 


MO 


UÉlJtNGCS 


LE  PRONOM  PERSONNEL  NEUTRE  DANS  LE  FOREZ, 
LE  LYOKSAIS  ET  LA  BRESSE. 

Dans  un  article  plein  d«  remarques  inléressanles  sur  ^uet^uts  pronoms 
prontiçaux  (^Romania,  1S7J,  p.  }}8),  M.  Chabaneau  dit  ip.  ;4i.  noie  }) 
que  le  pronom  neutre  0,  ou,  wu  est  presque  exclusivement  employé 
comme  atiribui  ou  régime  direct,  et  qu'on  ne  le  rencontre  comme  sujet, 
à  l'exemple  de  l'o!  poitevin,  que  dans  des  textes  récents  de  la  Basse- 
Auvergne,  Il  faut  ajouter  à  la  Basse-Auvergne  le  Forez,  le  Roannais, 
et,  en  panie  du  moins,  le  Lyonnais.  Ce  même  pronom,  sous  une  autre 
forme,  se  retrouve  en  Bresse  a  en  Franche-Cojnïé. 

1. 

Les  habitants  du  Forez  ei  du  Roannais  emploient  toujours  ou  et  Mfc 
comme  sujet.  Dans  ces  deux  pays,  ou,  vou  '  (ou  se  rencontre  sur 
après  le  verbe,  dans  les  locutions  interrogatives]  est  le  pronom  per 
nel  neutre  sujet;  il  remplace  le  il  neutre  français',  et  souvent  ancd 
notre  pronom  démonstratif  neutre  a,  dont  l'équivalent  dans  ces  pauûs, 
(OU,  et,  ne  s'emploie  guère  que  devant  le  pronom  relatif  ^  on  dît  : 

L'u»)  creyeîl  tt  ifue  diiit 

Quo  boècnou  [Paiùii  foriïun  de  Gras,  p.  347). 

'>  L'oiieau  crut  c<  ^at  lui  disait  ce  bohème.  • 

Mais,  dans  la  célèbre  chanson  du  «  Grand  Valet  »  on  a  : 

N'avons  ben  de  boun  pan  blinc 

De  pin  oioullct 
Voa  at  pa  madama  noutra  fenaa 
Et  soun  valet.  ilMem,  p.  t\-j.\ 
■  Nous  avons  bien  du  bon  pain  blanc,  du  pain  mollet, 
Crif  pour  ntadime  notre  fccnme  ft  Sûit  vatel.  1 

Le  pronom  personnel  ou  plutAt  impcrsonneh  neutre  se  distingue  bjen 
nettement  du  pronom  masculin  singulier,  qui,  dans  le  Forez,  est  a\d,  ol 


ûfâl  dt 
ici  one 


1.  On  fit  parToii  tenté  de  lire  .  oui,  roal,  devant  l'adrcrbe  J  {*oa  Fj 
mtitkurts,  Llnossifr  dans  Onofno,  Paleis  lyonnêù,  p.  97 1.  Mais  17  est 
lettre  euphonique,  qui  fait  corps  avec  l'adverbe  y.  On  n«  la  retrouve  pas  après 
ton  devtnt  \a  autres  tnoU  commençant  par  des  voyelles. 

2.  Sur  l'origine  de  ce  il  neutre,  voyez  l'article  de  M.  Horniag  (Rom,  StuJun, 
IV,  I39>. 


LE  PROKOM  PERSONNEL  NEUTRE  |47 

^kH  les  vovelles  (Unossier  écrit  auli,  et  aa,  o  devant  l«s  consonnes  '. 
Void  dts  exemples  pris  dans  les  différents  paiois  du  Forez  et  du  Koan- 


aoi 


SAINT-ETIENNE  >. 


Pnaom  ausittlia. 

■^*  wUntpreieDio... 

(ChapeioD,  Rtfu/tf,  p.  107.  —  Ono- 

'Ho,  p.  61.) 
^  ^a  fol  sur  son  corps  lou  sîgitou  de 
[sa  crfuey 
iChaptIoB,  TtUam.  p.  177, — Onofrio, 

'  ï8  ) 
Unie  «/■  ey  îen  cret. 
(Chapelon,  Huit,  IX,  p.  99.  —  Ono- 

trio.  1^1.) 
■  OCi  il  SI  sans  berceau.  » 
(£«  o'Ik  pas  plus  gros  que  lou  pung... 
Poaortaal  iziiil  ouït  proarA  sotin  in- 
Inoucenci. 
(LiiKHiîer,  dans  Cru,  p.  1^8,] 
■'a'  cMoble  qu'«/  a  grandzît 
E'  pat  asDuÙa  la  vielieisa 
'^  briBin  jusqu'à  la  fio  : 
"»e  b  jote  et  lou  bon  via  I 
^^■t*m.^  Philippon,  t8(j,  p.  17. — 

C>«>ofr»o,  p.  187.) 
'  **   ««blie  nu'ii  a  grandi,  etc.  ■ 


Pronom  neuirt. 

Que  sier  toa  de  se  trazeyrie  ? 
l'ou  n'c  (jue  charchie  de  veyie. 
(Balla    fotèiUn ,    commencement   du 
XVII-  siècle,  a.  Onofrio,  Patois 

i_l(Q/I(IJÙ,   p.   60.) 

t  Que  sert>i7  de  le  tourmenter  f  Ct 
n'est  que  chercher  du  îouci,  » 
Peu  que  vou  nous  faut  loui  siore  la 
[mesma  crency. 
(Chapelon,  —  du  XVII*  s.  —  Thlsf, 
p,  aa;.— Cf.  Onofrio,  I.  c.  p.  Ii8.| 
«  Puisqu'il  nous  faut  tous  suivre  la 
mfinc  croyance.  1 
Ne  voudrit  ou  pas  mio  poru   lour 
(chandaley. 
(Chapelon,  Rt^aitt,  p.  114.  —Ono- 
frio, p.  lï-) 

*  Ne  vaudrail-i7  pas  mieux  porter 
leur  chandelier  i  1 
Si  toa  est  pas  toi. 

iLinossier,  18}],  dans  Gras,  p.  2]$.) 
Quand  ivu  passe  pas  d'houra 
Sens  que  l'apprehenaoun  me  sebrouTe 
jlou  coura. 
[Chans.  de  Philippon,  18^),  p.  70.^ 
Onofrio,  10  T.) 

«  Quand   1/  ne  passe  pas  d'iieure 
sans  que  la  craiuie  n'ébranle  le  cœur.  * 


SAINT-CHAMOND. 
A^  it  risque  le  pi,  s'vlend  teu  de  ton  Ion 


B^   *  '  Le  pronom  matmlin  »  louvent  U  forme  m  (au  lieu  de  naît  quand  ri  n'est 
^^^  prolOfiiquc,  quand  il  suit  le  verbe  el  prend  l'accent  tonique  : 
■  Tout  votrna  saug,  moun  Dio,  fulfira-t-ui  ^  « 
^Phdtppoa,  ChMieant,  etc.  Saint- Etienne,  iSjJt  p.  26.  Cf.  Oaofrio,  Paloii 
Ijoiman,  p.  69,) 
I  Djizit-Ji  »  =4isait-it  [Unossier,  dans  Gras,  t.  c.  p.  J}'^). 
'  f      3-  Dins  la  charte  de  Saînl-Bonnel-le-Chiteau  I'i6]|.  publiée  dans  \'Hitt<nrt 
*•  Fora  de  La  Mure,  Aam  «lie  de  Bernard  et  dans  P.  Meyer,  Ruatil  d'inettnt 
^^,  Ij  17)  SI.,  on  ne  trouve  que  le  pronom  neutre  régime  e. 
}■  Ci.  cmIcssdus  le  patois  de  Rive-ae-Gter. 


]48  MÉLANGES 

Par  malheur  dans  la  blaoge,  ont  ou  gnia  de  sabouollie. 

(Savel,  Mariage  de  Jun,  p.  ^i.  —  Onofrio,  p.  69.) 
Trad.  :  1  //  se  heurte  le  pied,  s'étend  tout  de  son  long 

f  Par  malheur  dans  la  boue,  où  il  y  a  du  barbotage.  ■ 

MONTBRISON. 

Aal  ot  prou  l'echina  longî.  Voa  est  par  rapport  au  jour 

(Gras,  p.  2JÎ.)  (Gras,  p.  314.) 

PATOrS  DE  LA  PLAINE. 

Aa  sot  tant  ben  cribli  l'avena  Les  trois  derniers  couplets   de  la 

{U  grand  Valtt,  Gras,  p.  ij?.]      chanson  du  Grand  Valet  (Gras,  p.  2)7) 
Au  ne  tombeit  pas  i  l'abada  se  terminent  par  : 

(Gras,  p.  247.)       Vou  est  pa  madama  noutra  fcnna 
f  //  ne  tomba  pas  k  l'abandon.  »  Et  soun  valet. 

Dans  la  m£me  chanson,  on  a  : 
Voa  faudrot  ben  creitre  soun  gageou. 
t  //  faudra  bien  augmenter  son  gage.  > 

Pour  le  Roannais,  Gras  (p.  26  j  de  son  Patois  forizien)  donne  la 
chanson  des  Reproches  à  Catherine,  qui  lui  a  été  communiquée  par  M.  le 
D'  Noëlas,  de  Saint-Haon-le-Châtel.  On  y  trouve  deux  fois  le  pronom 
neutre  ou  : 

Qu'on  sayé  sadze  ou  qu'on  badine 
Avè  tei  ou  est  sou  pour  sou. 

Et  plus  loin  : 

Quand  z'aime  ine  créature 

Ah  I  bourgne,  ou  est  par  tout  de  bon. 

J'ai  eu  l'occasion  d'entendre  parler  le  patois  de  Saint-Haon-le-Châtel. 
Le  pronom  personnel  masculin  de  la  3*  personne  y  est  :  el  (é  devant  les 
consonnes).  On  ne  trouve  jamais  le  pronom  él  à  la  place  de  oa;  on  dit 
toujours  :  «  ou  pl6  »  [ii  pleut^ ,  jamais  :  «  ^  pl6  »  ;  «  oa  fft  »  (i/  faut) , 
jamais  :  «  HA  ».  Quand  le  mot  qui  suit  ou  commence  par  une  voyelle, 
on  met  généralement  un  z  euphonique  devant  la  voyelle. 

Dans  un  texte  de  patois  lyonnais,  une  chanson  de  Revérony,  qui 
paraît  avoir  été  composée  quelque  temps  après  le  9  thermidor,  on  trouve 
le  pronom  masculin  0/  et  le  pronom  neutre  voa  : 

0  /'ait  inventa  de  battiau  a  soupapa.      Kouere  tant  ension  panney  et  defondu 

(Onofrio,  r78.)      De  faire  solamont  tou  signou  de  sa 

f  //  avait  inventé   des  bateaux   i  [cronci. 

soupape.  •  (Onofrio,  i}8.) 

f  //  était  permis  et  défendu  de  faire 
seulement  le  signe  de  sa  croyance.  > 


LS  PRONOM    PEHSOHNKL   NEUTRE  }49 

Le  patois  de  Riv«-de-Gier  ( Var-d«-Gi) ,  entre  le  Lyonnais  ei  le  Forei, 
iwutett  lunoui  connu  par  I«  nombreuses  publications  patoiscs  de  Cuil- 
bone  RoquUIe  ^1854-18591.  Le  pronom  neutre  y  a  la  forme  0  (oc 
Afant  les  voyelles)  ;  le  pronom  masculin  est  ai  {a  devant  les  con- 

UDMl)  : 


0  faut  qu'a  nein  Ëgnese,  0  vtl  pro 

rcancorno. 

lOijfoiirt,  i8s8,p.  10. — Onofrio,  9a.( 

*  Il   faui  qu'on   en    Kniuc,   c'est 

iuezbivuàé.  » 

Ow  est  par   vos  gatd  que   j'euajro 

[d'écrire. 

(BaHon  d'esisi,  dam  Grss,  p.  361.1 

■  C'est  pour  vous  amuter  que  j'es- 

Mye  d'écrire,  t 

Sff  vos  plaît  =  i'il  vous  pUit. 

{hid.  p.  16t.} 


Esin  à  po  compto  ivr  cou  lonj;  per- 
tsonoafo... 
Poirra  ipi'j  l'y  promete  ao  bout  de 
[quoque  )Ours 
in  decoritioti  qo'al  apindie  toujojn. 
iU  itftt»  «Mfiip,  p.  11.  —  Ono- 

fr»,  J6.) 

•  Eo£b  (/  peut  compter  sur  ce  long 
pcnOBu^e...  pourvu  qu'il  lui  pro- 
■«lle  ta  bout  de  quelques  jours  une 
JJcinban  qo'W  guette  toujours.  <> 

Aprbic  verbe  le  pronom  masculin 

Om  tSI  1'^  donc,  eou  giand  btigueur. 
•«  Otaiaiiatt^  p.   jo.  —  Oiiofrio, 
IM 

I^pfonom  yoa  s'emploie  aussi  dans  le  Forez  avec  la  valeur  de  noire 
PWiom  indéfini  on  : 

Voa  veit  tous  lou  jour  prcUes  ou  capucins 
Confessa  de  fiornu  mai  de  quaranta  cinq. 

(Chapelon,  La  Mafrj,  p.  joi.  —  Onofrïô,  J07,) 
*  Os  rayait  tous  les  jours  prêtres  ou  capucins  confesser  de  fiévreux  plus  de 
W«||t^dBq.  . 

VoB  gagne  pas  son  pon, 
Foct  épuise  sa  lontasa. 

]Rtmou  it  Hjrvacni,  p.  6.  —  Onofrio,  jii.t 

^iia  tous  les  patois  locaux  que  nous  venons  d'énumérerj  le  pronom 
'f^tre  régime  est  »,  que  l'on  trouve  écrit  :  zo,  z'au  et  r'«u  (dans 
^^«aer,  qui  a  aussi  au\  : 

Lou  major  que  courit  par  lo  tout  bien  eigua. 
(ChapdcKi,  de  Saint-Êlknne.  Entrit  wf,.  p.  i}6.  —  Onofrio,  p.  177.) 
•  Le  major  qui  courait  pour  U  tout  bien  arranger.  1 
Veqvia  ce  que  n'oo  sao;  si  z'aa  voulez  pas  creire 
Dprai  coumma  ma  grand,  pouèdes  «a  z'alll  veire. 

(Linossier  de  Sainl-Ëtieone,  dans  Gras,  p.  jj^.j 
Faudrêt  que  :'^u  saubeiuin. 

(Patois  de  Montbriwn,  dans  Gras,  p.  ijf.) 
(  Il  faudrait  que  je  U  susse.  » 
Et  san  ben  .-'da  demandJ  au  marchi. 

(Idem.iftii.,  p,  3Î4.) 


J50  MËUNCES 

Le  botusu  z'au  volJt  bta. 

(Patois  b«  Bo«n,  en  Fom,  dans  Gras,  p.  240.) 

Qu'ompiidiionT  touz  aotrou  d«  ;o  voslè  ega. 
(Poitne  Ijoniuis  sur  le  9  thermidor.  -^  Unofno,  p.  177.] 
D  Qui  empêchaient  les  autres  de  It  vouloir  arranger.  » 

IJ. 

Dans  une  partie  du  Lyonnais  et  du  Dauphiné,  dans  !a  Bresse  et  line 
panic  de  la  Franche-Coniié,  le  pronom  personnel  neutre  est  aujourd'hui 
i  {ey  ou  y,  ou  quelquefois  iz,  devant  une  voydie*. 

Pour  le  Lyonnais',  nous  pouvons  faire  remonter  à  la  fm  du  xtii*  sticfe 
l'histoire  de  ce  pronom.  Dans  les  œuvres  de  Marguerite  d'Oîngi,  publiées 
par  M.  Philipon  (Lyon,  Scheuring,  18771,  on  trouve  constamment: 
«  oy  li  futsenblanz  »  'pages  4},  61,  8),  87,  89,  etc.i,  «  oy  no  ha  pu 
moul  de  lens  que...  »  ip.  4j'i ,  etc.  Dans  le  dernier  chapitre  de  la  Vu  di 
Biauix  d'Ornacieia  et  dans  une  des  Uines  de  Marguerite,  oy  est  rem- 
placé presque  partout  par  ay  ou  hay,  forme  que  l'on  trouve  accidentel- 
lement ailleurs.  Le  pronom  masculin  est  it  et  aussi  et.  Le  pronom 
neutre  régime  est  0  ou  lio  :  «  Deus  non  ho  voucît  sofrir  »  Ip.  69). 

Un  peu  plus  t^rd,  au  milieu  du  xiv'  siècle,  nous  avons  les  syndicats 
(procds-verbaux  d'élections]  publiés  par  M.  Guigue  à  la  suite  du  carlu- 
laire  municipal  de  Lyon  (Lyon,  Aug.  Brun,  1876). 

Dans  le  syndicat  de  i  t  ^z,  on  Ut  : 

Leur  enjoignant  que  il  vigaant  toi  los  «cndros  et  tos  aln»  jourt  <)ue  tj 
lour  semblera  bon. 

Et  plus  bas,  dans  le  même  document  : 

Item  Yolunt  et  ordenent  li  diz  pucblos  et  mestros  des  mestiers que  li  dix 

conseillori  etliiant  una  bonna  persona  por  visitar  soveat  ks  portes,  murs  ..... 
quant  ay  sera  covignablo. 

Il  fout  aussi  voir  le  pronom  neutre  dans  la  phrase  suivante,  qui  se 
trouve  dans  les  deux  syndicats  de  1 }  p  et  de  1 }  j  f  : 

Se  l'on  ['et  tort  a  acon  pavrc  cilicin  .....  qne  li  dit  coBscllioitr  lo  puyssant 
(ère  liegre  cl  mtan  jus  dépens  commoni  duchi  que  ai  seyt  adresua  cio  qai 
tocherit  lo  Ftt  cotnmon. 

Le  même  pronom  se  retrouve  dans  un  autre  texte  lyonnais  du  xiv*  s., 
récemmcni  publié  par  M.  Georges  Guigue,  le  livre  de  raison  d'un  bour- 
geois de  Lyon  (Lyon-Rtviu,  octobre  1883)  : 

L'an  de  Notront  Segnur  M.  Illc  et  XXtIl,  lo  vendrot  d'avan  la  testa  senti 
Kaldio).  que  01  fst  fesU  san  Ctémenl... 

A  cette  époque  et  dans  ce  texte,  le  pronom  masculin  singulier  de  la 
î*  personne  est  (/  .■ 

£/  dcfalit  CB  h  quareima  après. 


LE   PRONOM    PERSONNEl.  HEUTRE  ÎJ! 

La  («dM  plus  récents  du  patois  lyonnais  ont  aussi  le  pronom  neutre, 
toil  tf»  «,  ou  ey  devant  une  voyelle  : 

EjtX  jssi  querquaveU 
Dep«hon-nou,  ey»  tôt  un. 

{/Chivauhtt  di  Fdni,  i  (66.  —  Onofrio,  9^-1 
•  Col  asset  babillé.  Dèptehons-nous,  c'est  la  mime  chose.  ■ 
Si  es  io  bjily  hoil  tout  i  une  tevuidiri. 

iLa  littnaria  baytndin,  i6y8.  —  Onofrio,  p.  48.) 
t  S'il  foai  donner  8  sous  à  une  lavandière.  1 
Et  >et  d'excelJenI  vin  nouviiu. 
Mjm  m  rers  kailu^aa,  i(>8),  3"  jgLrnée,  p.  10.  —  Onofrio,  a.) 

Dw  ces  textes,  le  pronom  masculin  est  il,  y  : 
Lo  MTon  de  quay  j  scret  savonna. 

{Li  Birn-irJi  bayaniin,  p.  17.  —  Onofrio,  ji}.) 

l«  documents  du  Dauphiné  et  de  la  Bresse  nous  offrent  le  mime 
F^nom  neutre,  distinct  des  (ormes  masculines  (u/  pour  le  Dauphiné,  lï 
par  11  Bresse)  : 

OAUPHlNfi. 
S>4tns|»oii  fcnterd  lîztna  quoque      £  me  bu  relotirna  du  coutil  de  mi 


(fflouchi 
Uindt  enraya,  ou,  defour   d«  sa 

(couchi. 
(^Hirt  it  U  ftje,  p.  10.  —  Ono- 

•S,  )e  K»ir,  (/entmd  bourdonner 
W  Hudie,  il  saute,  enragé,  ou, 
'•nieu  couche.  ■ 


r**  fc  eo  qiV  se  bechovc 
""idreïon  bonnet. 
'"^  if  usant  d«  U  Duc,  p.  Ji-  — 
Ow'r»,  joî.» 

'  îiat  de  fois  qu'J  se  baissait,  it 
^Uhoir  son  bonnet .  » 
'eN  Dieu  fit  l'offl'  a  l'an  premi, 
'"bnidant  tOQ  cnrti. 

l'W.,  p.  108.  —Onofrio,  [4(0 


[crotta. 
[Pailar.   de  Janin,   prol.  —  Oaofno, 

4-1 Î-) 

(  Il  me  faut  retourner  du  côté  de 

ma  groiie.  > 

Car  r  gnil  pat  una  que  ploore. 

(/^  vidilt  tayaitdi'cre^  p.  6j.  —  Ono- 
frio, ^Oî.l 
«  Car  1/  n'y  en  a  p^s  utLe  qai 

pleure.  > 

BRESSE  '. 


A  Nofé,  san  narçando 

Et  (au  s'abado. 

[Noëli  breuaai,  p.  u.  — Onofrio,  3.) 

«  A  Noël,  sans  marchander,  1/  faut 
se  livrer  i  la  joie.  « 
£  nos  y  [au  (0  corî. 
(NoH  de  Bourg,  dam  Mignard,  IJiome 

iaarpiigitoa,  p.  loo.) 


^>  Dans  les  pièces  bressanes  citées  par  Moonier  (  Vocjbahtrc  de  U  Ungat  da 
T^Ami  les  MitMga  lia  Us  hngats,  Paris,  18)  1),  le  pronom  masculin  esi  1 
**>■  Ib  Gonsonnes,  f  devant  les  voyelles,  le  pronom  neutre  est  le  plus  sou- 
^h  devant  tst  (p.  146,  148,  149)  Maii,  dans  une  chanson  des  collines  de  la 
'***,  on  trouTC  :  m"  o(  ran  ice  n'est  rien),  et  gaand  i  l'uoi  (quand  il  faut). 


ÏJ2  MÉLANGES 

On  trouve  encore  le  pronom  neutre  é  (te  pronom  masculin  étant  il) 
dans  l'arrondissement  de  Poligny  (Jura),  oii  l'on  dit  :  é  pUù  (il  pleut). 
Devant  tes  voyelles  on  met  ez,  ou  y,  probablement  dérivé  de  ey.  Aprts 
le  verbe  on  dit  «on:  pleat-ô  [pleut -il  ?].  Le  pronom  neutre  régime  est 
aussi  ô.  Mon  information  ne  s'étend  pas  au-delà  de  cette  partie  du  Jura. 
Toutefois,  je  sais  par  un  de  mes  collègues  à  la  Faculté  de  Lyon, 
M.  Regnaud,  que,  à  Gray  (H«ite-Sa6nej ,  te  pronom  masculin  et  te  pro- 
nom neutre  sont  identiques  [f/|.  A  Vesoul,  les  deux  pronoms  semÛent 
être  distincts  ;  dans  la  parabole  de  l'Enfant  prodigue  en  patois  de  Vesoul 
(Mélanges  sur  tes  tangues,  Paris,  i  Sj  i  ),  je  lis  :  «  Per  èprée  qu'èl  eu  tôt 
dissipa...  Ei  fau  qu'l  m'ieuve  »  (p.  479). 

De  tous  les  patois  qui  ont  le  pronom  neutre,  i,  celui  qui  m'est  le  mieux 
connu  est  le  patois  des  deux  cantons  de  Coligny  et  de  Saint-Amour,  sur 
la  limite  des  départements  de  l'Ain  et  du  Jura.  Dans  ce  patois  le  pronom 
masculin  de  la  }'  personne  est  :  i  devant  les  consonnes,  '/  devant  les 
voyelles.  Le  pronom  neutre  est  : 

avant  le  verbe  :  i  devant  les  consonnes,  après  le  verbe  :  eu, 

iy  (presque  iy)  devant  les  voyelles. 

On  dit  :  é  pleà  [it  pleut)  ;  éy  arevt  que...  (il  arrive  que...)  ;  pleùi  eu 
ipkut-il?). 

Le  patois  de  Coligny  n'emploie  le  pronom  démonstratif  neutre  che 
que  devant  le  relatif.  Partout  ailleurs  on  se  sert  de  é  :  i  fi  ye  (ce  fat 
hier)  ;  é  'r  iquye  (c'est  ici)  ;  cai  't  eu  ?  (qui  est-«  ?). 

é  s'emploie  aussi  comme  régime  :  on  é  di  (on  le  dît)  ;  on  ey  évite  (on 
/'invente) . 

C'est  sans  doute  ce  pronom,  avec  sa  valeur  de  régime,  qu'il  faut  voir 
dans  la  phrase  suivante  du  syndicat  lyonnais  de  t  ;  ;  2  : 

...  et  que  li  diz  ...  jurant  sur  sant  évangile  que  il  cfarant  bien  et  leialment. 

Il  faut  probablement  lire  :  «  é  farant,  »  c'est-à-dire  :  qu'ils  te  feront. 
Le  Dauphiné  parait  avoir  aussi  une  forme  spéciale  pour  le  pronom 
neutre  après  le  verbe  : 

Eito  comme  celey 
Que  me  faut  engrounie  ? 
{Paslor.  dt  Janin,  act.  1,  se.  r.  —  Onofrio,  rSa.) 
t  Est-K  comme  cela  qu'il  faut  m'igratigner  ?  1 

Nous  avons  vu  que  le  pronom  neutre,  dans  ce  même  texte,  est  i 
devant  le  verbe.  Les  pièces  dauphinoises  publiées  par  Champollion 
(^Nouvelles  recherches  sur  les  patois,  Paris,  1 809)  offrent  quelques  exemples 
de  0  après  le  verbe  être.  Mais  dans  ces  pièces,  partout  ailleurs  le  pronom 
personnel  neutre  est  h  ou  ta.  Voici  les  exemples  de  o  : 
Qu'èlo  que  lor  bien  (p.  104) 


LE   PRONOM    PBRSC 
Qu'eitt»  que  faron 
Nôtres  yvrognasse  (p.  1 27). 
Dans  un  des  Textes  de  Champotlion, ''appartenant  au  patois  de  Cre- 
nobl«,  on  rencontre  tu  comme  pronom  neutre  régime  : 
Faut  qu'on  m'»  pardonney»  [p.  109). 
Quelle  origine  fauit-il  assigner  au  pronom  i  f  La  première  cipHcation 
qui  se  présente  à  l'esprit,  si  l'on  considère  uniquement  la  forme  actuelle 
du  patois  de  Coligny,  consiste  à  y  voir  le  latin  illad,  devenu  ti,  puis  é 
ou  eh,  suivant  que  le  pronom  est  protonique  ou  accentué.  Un  y  eupho- 
nique se  serait  introduit  entre  è  et  les  mots  cooimençani  par  une  voyelle, 
postérieurement  Â  la  chute  de  1'^.  Mais  celte  explication  offre  des  diffi- 
cultés :  pourquoi  IV  serait-elle  tombée  dans  el  prolonlque,  tandis  qu'elle 
s'est  maintenue  dans  \if 

C'est  vraisemblablement  à  hoc  que  é  doit  être  rattadié.  Dans  le  patois 
de  Coligny  on  a  ûlà  (cela',  qui  offre  une  transformation  analogue  du 
I  pronom  hoc.  D'autre  part,  dans  Marguerite  d'Oingt,  à  côté  de  oy  neutre, 

V  duquel  dérive  le  i  lyonnais  du  xvii'  siècle,  on  trouve  «  avoy  »  (^  avec). 

I  Le  tableau  ci-joint  résumera  les  observations  contenues  dans  cet 


^ 

Pronom  ptrsùfinil  ntutri 

Pronom 

Précédant 
Devant 

Sujet 
le   verbe 

Devant 

Suivant  le 
verbe 

Régime 

ptnonntl 

masculin 
singuiitr 

SUftt 

w 

consonnes 

voyelles 

^^ 

Charte    d«  Sainl-Botinet 

(Xni«  ïi*cle) 

0 

el 

aul^  sa 
aul,  OM 

Patott  de  S*-Ëtienne 

roB 

voa 

ou 

^aa,  au 

Montbrison,  pi.  du  Fom 

vou 

wu 

iott) 

i'ea 

tut,  ta 

Chans.  lyonn.  du  9  therm. 

vou 

vou 

(OU) 

10 

0/,  0 

Roannaii  :  S.-Haon-U- 

ChJtel 

ou 

ou,  oat      0(1 

h 

H,fl 

1.  J'ai  souligné  dans  le  tableau  lei  noms  des  pays  sur  lesquels  j'ai  des  rensei- 
enements  directs,  —  Depuis  que  cet  article  est  écrit,  je  me  suis  enquis  de  la 
torme  aciuellr  du  proRom  neutre  dans  un  annà  nombre  des  communes  de  la 
rfgion  lyonnaise.  Je  me  propose  de  donner  btent&t  le  résultai  de  ces  nouvelles 
recherches  Je  dirai  Kulemcnt  ici  que  dans  le  canton  du  Bois-d'Oingt  le  pronom 
personnel  neutre  est  aujourd'hui  y. 

I.  De  la  (orme  du  pronom  masculin  i  Samt-Haon,  il  but  rapprocher  ta 
3«  forme  ds  ce  ntèm«  pronom  i  Saînt-Elienne  et  i  Rive-dc-Cicr  :  «i,  i  après 
le  verbe. 

komma,Xll  11 


3Ï4 

Saiflt-Chamond 
Rive-de-Gier 

Dauphinë 

Lyonnais  du  XIII'  et  du 
XIV»  siècle 

Lyounais  du  XVI*  et  du 
XVII-  siècle 

Bresse 

Coiigny  (Ain)  et  Saint- 
Amour  (Jura) 

PoUgny  (Jura) 

Vesoul 


MÉLANGES 


ou 

0 

lo,la 

e 

(ou) 
ov 

(OH) 

(0) 

0 

eu 

oy.ty 

oj.ay 

ho,o,i\f) 

et,  es 

tt,  (,  ë 

m',  y 

i 

i 

iz,j 

eu 
Ô 

i,h 

ei 

al,  a 
ul,  u 

r; 

'/,'■ 

il 
il 


L.  Clêdat. 


VI. 


PHONETIQUE  MENTONAISE. 
X.  Voyelles  toniqnea. 

La  comparaison  avec  le  latin  qui  sera  exposée  ici  parait  justifier  les 
généralisations  suivantes.  L'a  latin  reste  généralement  intact  sans  être 
modifié  ni  par  la  quantité  ni  par  l'entrave.  L'e  ne  se  modifie  pat 
selon  sa  quantité,  mais  bien  ptutàt  selon  qu'il  est  entravé  ou  non. 
Devant  une  consonne  devenue  finale,  pourvu  que  cette  consonne  ne  smt 
pas  à,  il  se  comporte  comme  à  l'entrave.  En  somme  \'e  latin  donne  en 
mentonais  trois  sons  :  e  fermé  (;)  devant  une  consonne  simple  qui  n'est 
pas  devenue  finale  ;  e  moyen,  correspondant  à  e  latin  entravé  ;  e  ouvert 
devant  n  final.  L'i,  l'o  et  Tu,  libres  ou  entravés,  se  développent  selon 
leur  quantité;  IT,  comme  partout,  est  assimilé  à  l'e,  et  \'â  à  l'a.  L'œ 
et  \'£  sont  assimilés  à  \'e.  L'entrave  se  produisant  dans  le  dialecte  a 
l'effet  de  celle  du  latin.  Les  voyelles  nasales  font  dé&ut.  La  syllabe 
tonique  est  la  même  qu'en  latin,  avec  les  exceptions  ordinaires  en  roman  ; 
l'accent  aigu  servira  à  l'indiquer  en  cas  de  besoin.  Les  formes  d'origine 
analogique  sont  écartées.  Les  formes  du  latin  vulgaire,  ou  hypothétiques, 
sont  désignées  par  l'astérisque. 

Les  voyelles  du  dialecte  sont  : 


PHONftTMjyE  WENTOMAISE  JJ^ 

ilts  nm  les  D**  i(j  chat),  j  (o  beau),  7  (a  poule),  g  (û  lune),  i  r 
0*0. 14  (<  dé)  ',  I  î  C*  musetîe),  16  (?  père),  de  M.  Ascoli  ;  voir  VAt- 
àiw gfoUoiogico,  I,  XLiii. 

Quni  à  la  notation  des  consonnes,  c  et  ^  sont  gutturaux;  zesi« 
vngf,  iet  z  sont  les  chuintantes  douces,  la  sourde  et  la  sonore  ;  c  et 
^«■1  les  chuintâmes  dures  ;  le  /  est  1'*  consonne  et  sert  à  pataialiser  la 
wnioraie  précédente  ;  n  est  n  palatal  ou  mouillé  ;  ri  est  n  guttural  ;  les 
lutres  consonnes  ont  les  valeurs  françaises. 

A. 

Ld  latin  reste  a,  avec  rares  exceptions,  que  la  voyelle  soit  longue  ou 
^e,  libre  ou  entravée  :  cacarum.  pi.  m.  et  f.  car^,  u  sal,  icam 
i(i\>,^.  scan,',  ta  quale,  pa/a  palea,  £d/,  C>i]n  balneum,  sarviti 
tilvia,  uad,  iana,  mafi  manum,  pi.  ma,  la^sanum,  pi.  m.  et  f.  tant, 
fdpinem,  muntana^cumandu,  enfant,  canfu  canto,  caat  quantum, 
/■■,  iMz  nasum,  mascj^  masculucn,  pjM  pastum,  gj^d  cavea, 
«fcabet,  fava  faba,  rabia,  raba  râpa,  capan,  hg  lacum,  paga,  sac 
^iitf,fal  facïum,  miraj  miraculum,  ertgrat,  gm,  pi.  gâte. 

1  d(,  devant  les  chuintantes  douces  [l,  z)  et  parfois  devant  un  g  dia- 
Imlaédial  :  tcaizi  quasi,  baiz  basïum,  baiia  bassa,  gTaiîa,féï 
'iKctn, /rjiiç,  lailu  laxo,  caiia  cap  sa.  aiga  aqua,  maigre;  pi  a  cet 
ic^fiiièe,  mais  aussi  apiezt,,  ainsi  que  cerasea  donne  uriezai. 

]i:  rtr  dç  vallem  de,  mais  seulement  devant  la  préposition,  erga 
''fi)<  nid  a  rb  0  r  e  m,  encraiu  i  n  c  a  s  t  r  o. 

4-*ARlU  M,  -ARIA  donne -i(,  -iVrti,  avec  de  rares  exceptions  parmi 
■'ï^ois d'origine  populaire  :  furnigm^  formicularium,/urnr(,  gra- 
%fvatit,  fntfi^  fructuarium,  wrwrj  salaria,  jîgHW,  Mu<i«m 
^''diria,  ^(«ra;  maisyjri  vari^*,  aria  are  a. 

E  (Œ,  JE). 
y  f  bon  devient  généralement  t  quand  il  est  libre,  qu'il  soit  en 


'-jr<cit  uo  peu  moiu  ferma  que  l'i  français, 
j'-  Oa  a'a  pas  cru  devoir  mettre  le  type  iiiin  dms  les  cas  où  ce  Ijrpe  petit 
""mroBvf  i  preroiiic  vue  sans  erreur  possible. 

i  jl«  eu  rtûnii  dai»  ce  paragraphe  ne  jont  pjï  identitjues.  Je  les  cïplique- 
"T^^'Ufjicun  suivante  :  peur  les  représenUnts  de  quasi  et  de  basium  il  y 
-""^on  de  II  postonique;  pour  lazo  (licioWt  capta  le  c  et  le  ;>  tuîvi 

'  Wni devenus  i  {cf.  le  prov.  «*  d'ipse);  il  en  est  de  même  pour  fascem  et 
■•itete,  qui  ont  passé  par  les  formes  inlermWiaires  facsera  nacscre; 
*«* correiDond  i  'acqua  lanc.  tr.  aiguei  plutAt  au')  a^ue  tanc.  fr.  itc\.  Pour 
■^'"«s,  les  diflértntet  formes  romanes  obligent  d  admettre  un  type 'cerc lia. 
1^  plicet  dont  je  ne  saurais  expliquer  la  double  forme,  l'une  pour  le  simple, 
'«ft  KniT  le  comfHSsi,  nuit  il  y  a  pioîwblemenl  U  un  fait  d'analogie. —  P.  M.] 

4-  CI.  foat  celle  «ccplion  l'eiplicalion  de  M.  G.  Paris,  Romanu,  IX,  j  j  1 , 


Jj6  MÉLANGES 

latin  long  ou  bref;  t  long  :  me  me,  fç,  ve,  vero,  dve,,  tr{,  re 
regem,  sera,  candera,  mera  mêla,  malum,  pe,na  poena,  âvçna, 
peza  p  e  n  s  0  (je  pèse],  mais  peze  pensa  (poids,  pi.)  et  meze  menses, 
frema  foemina,  remç  remos,  s^ba  caepa,  «eu  sébum,  /ç^theca, 
îe^da  taeda,  cr^u  credo;  bref:  afe  fel,  me  mel,  p(  pedem, 
^em  gelum,  l^va,  lebre.  leporem,  negu,  prega,  sege  sequere, 
rumedi  remedium;  il  faut  excepter  :  erâti  erant,  peira  petra; 
—  devenu  final,  mais  entravé  en  latin  :  d/iç  anel  lum,  caste,  castel— 
lu  m,  fl/îe  agnellum;  —  ie  heri  et  mestie  ministerium  ont 
l'I  attiré  et  devenu  tonique  ;  cf.  n"  4. 

6.  e,  qu'il  soit  en  latin  long  ou  bref,  quand  il  se  trouve  devantiine  con- 
sonne devenue  finale,  ou  à  l'entrave  latine  ou  romane,  ou  quand  il  esC 
proparoxyton;  long  :  >>£/  vélum,  rem  remum,  ciet  quie  tum,  ierge 
clericum,  sert  certum,  fém.  serîa,  pthsa  je  pense,  pez  pensum,  me^ 
m  e  n  s  e  m,  vende  v  e  n  d  e  r  e,  lent,  drec  d  i  r  e  c  t  u  m,  lec  t  e  c  t  u  m,  peX 
peditum,  petç  ;  bref:  sera  serra,  tera  terra,  enfern  infernum^ 
perdf  perdcre,  (Jii^frf  de-ope rtu m,  rastet^  rastellos,  castetç 
castellos,  fen^u  teneo,  venaà  veniunt,  tsca,  ntbia  nebula^ 
re/if  regnum,  nesa  neptia.prez  pretium,  ielara'  tiedera. 

7.  e  devant  À  devenu  final;  long:  s^ren,  cçrëri  venenum,  yça/i, 
fë^  foenum  ;  bref  :  rën  rem,  mên  meum,ySn  veni,  tën  t  ene. 

8.  ié,  par  l'influence  d'un  son  mouillé  ou  palatal  :  mieje  melius» 
riiéu  régit,  lie^a,  àiez  d  e  c  e  m,  liée  1  e  c  1 0,  piec  pectorem, 
despiec,  pienc  pectinem,  entriég,  mieé  médium,  pie^f  pédius, 
p  e  j  u  s,  viej,  sierva,  vieslu  ;  mais  sie  s  e  x. 

9.  éi,  cf.  n°*  2  et  22  :  creisç  crescere,  pareii^,  gieiza  ecclesia, 
seira  cerea*  cera. 

ro.  i;  long  :  pais  pagensem,  razim  racemum;  dans  l'hiatus  z 
diu  deum,  mia. 

11.0:  croia,  crëta. 

1 2.  u  :  sàpia  s  ë  p  i  a,  à  cause  de  la  labiale. 

[  j.  d  :  daraire.  der  etro. 

I. 

14.  /  long  reste  i  généralement,  qu'il  soit  libre  ou  entravé  :  mira^  pia 
pilât,  fi  filum,  spina,  yi  vinos,  izura  insula,  aariva  oliva, 
via,  viva,  vipera,  aiU  illic,  raiz  radicem,  castig  pi.  castige,  digu 
dico,  niu  nidum,  Jîni,  finia,  fij,  fijd,  pi.  fije,  mile..  Unie,  viAa,  vise, 
Jîf  fi  xum,  fric,  die  d'ictum,  pi.  diU.,  vist,  visi  vi  sio. 

1,  Lelura,  et  au  §  38  pibura  sont  proparoxytons. 


PHONETIQUE   MBS'TONAISC  ]J7 

T]  Derientf  devint  4  médûl  :  UAia  tinte  a  pi.  UAt^,  meàga  miga; 
/mfrigT<lum  avait  probablement  une  forme  Milgaire  frigidum. 

i6.  Devient  f  devant  n  devenu  final  :  Un  linum,  viA,f^A  finera, 
tii,cni. 

17.  Deneni  H  dans  :  lùbj  s  i  b  !  t  u  m,  à  cause  de  la  labiale. 

16.  i  bref  reste  i  i  ttiiatus  biin  ou  dialectal  :  piu  pij,  pt.  masc.  et 
fl*-fit,iinuria,/jmia  familia,  pl./d/Hi>,  marum  mirabili  a. 

■■i-  (.comme  IV,  voy.  n'  j  :  mtau  mi  no,  /n<nu  minus,  neu  nivem, 
ftibcTcre,  peart;  pi  père  m,  pega  pica'picea,  tnç  cicerem, 
"pt.tSv^a,  vedti  viduu  m.  H<;t  blita'  bliium,  </(  d  igiium. 

•0.  *,  comme  au  rT'  6  :  eàsem  i  n  s  i  m  u  1,  fem,  ferm,  serca,  virga,  vent, 
"wi^timiltat  *,  mej  mi  Mu  m,  ^f;  cil  ium,  pi.  tejç,  cabej  ca  pil- 
la n,  dûfij  axiila,  stTtnc  strinctum*,  lehia  sine,  Un^a,  eni^ 
iniHi,  ttscii  episcopum,  eavenre  capistrum,  sep  cippum, 
^solicutum,  dbeja  apicula  pi.  abejr,  stc.  iUtt  strictum, 
*Kapl.  jfr(f<,  nja  vigi  li4.  marei'i  raalignu  m,  $tn  signum,  pi. 
"'i.iarai,  langfsa,  éittltM,  i'i«  situla,  ntt  nitîdum  neta,  mett, 
^"tttii  dominicum,  vedud  vîdua. 

ii-ï.cf.  n*  7  ;iîn  sitem. 

>i  /i,  cf.  n"  9  :  peii  p  i  s  c  e  m, 

O. 

*)  •long  devient  0,  traité  comme  bref,  voy.  n»  29,  dans  les  mots 

JW(  Ovants  en  -ori,  -oni,  -oti  :  gloria,  oiatori,  putnmoni,  où 

•lioB;  mais  aussi 

'4-  tirf,  «Ion  l'analogie  normale  d'o  bref,  voy,  a"  14  :  tigâeiia  c  ï  c  0- 
■ir 

'î  0,  rrprfeemant  normal  de  l'a  latin  ;  ara  hora,  steiuire  lon- 
'*riae;ai,nu  honorem,  ;ïa,  curana,  /<b  le  on  es,  raiu  raiiones, 
9"ri»an,pufljp|.pum<,  r«<  roborem,  staba  scopa,  rui,  caa  coda', 
^JvAM^  (fuyj  dolia  pi.  dajt,  curea  collocai,  atcuiUtprunt,  cuniàt, 
"•Ncopula. 

^-  à  :  aura  hac  hora.  câzu  consuo. 

^7.  t  devant  à  final  :  !iah  1  e  on  e  m,  parmafi  p  u  I  m  0  n  e  m,  raéan 
"l'onem. 

^'  '  -•  pibara  po  p  u  I  a  ;  c'est  probablemem  un  cas  de  dissimilation. 
"*••*«  trouve  déjà  en  ancien  provençal. 
^9- 0  bref  devient  0  :  wrj  volai,  Jcorj  schola.  Jron^  tonal,  &o 

^^9t,  0Ai<  hominem,  aou  novum,  piou  plovere%  pio^ti, 
'"•w.  pi,  prore,  opéra, prope,  rot/a  rota.  mcmotia,îloria,cTou  corvum, 
""loldu  m,  gros,  grosa,  qui  ne  sont  pour  la  plupart  que  des  mots  mal 
"«inilés. 


^ 


)j8  MÉUNCES 

]o.  u:  sfuira  foria*  Aux  de  vratre,  euç  cordem,  im/u(  mal- 
leol  um,  s.  et  pi.,  liasu^,  pa^  p  otet'. 

jr.û  rciiçcorium,  ancùi  hanc  bodie.  ^ûi  posiea. 

)2.  a  devant  à  final  :  ban  b  o  n  u  m,  Ma,  traà  tonnerre. 

)],  t  :  ntura  rosala  *,  atcara  noctala*  (n  oc  tua.) 

34.  ud,  qui  généralement  se  modifie  en  tié  devant  les  guttarales  ou 
sous  l'influence  d'une  palatale;  ad  :  suare  sororein,  fuarj  foras, 
miuM  mola  pi.  maart  morere  *,  vatntara  variola,  suaaa,  baaaa, 
cmzi  coquere  ;  de  mime  dans  le  suffixe  roman  oi  :  /ii^drtMf  (lacom), 
aigruat  (acrem^,  fr.  griotte,  beiaat  \})e\um\,tabasaca  \'bassum).  cuarba 
corbeiWe,  cuarp  pi.  caarpe,  stmnç  to  rquere,  /?iu)r^f  porrigere, 
cuardjf  Ttguardu,  maartf  puaru,  muât  mollem,  caal  collem,  caarca 
colloco,  (UiiTp  colpum*.  rapuandUt  puant,  saan  somnuni,  lutt 
ossem*,  cuasU;  —  ué  :  ûtri  olium,  lûeg  locum  pi.  liège,  ^uega 
jocat,  siierbu,  iùerbu  cooperlo,  sgatrca  cortica*,  ùtrdi,  fatj 
foliu  m  pi.  f'uije,  eaeju  cotligo,  ûej  ocu  lum,  triiej,  cûtsa  coxa, 
vec  ûet*  oc  10*,  niiK,  pi.  nw:<. 

^.  U  :  vieja  v  o  I  eo  *.  p'iKa  p  o  t  ïo  '  p  os  s  u  m. 

U. 

j6.  u  long  devient  li,  avec  de  rares  exceptions  :  /«,  mezura,  segura^ 
du  durum,  mari  maturum,  miira  mu  la,  pl.  mare,  ana,tùna,  pK  /uff<, 
Cumànj,  pâma  pl  uma,  fum,  pîi  plus,  fiiz  ftiseau,  pl.  fiin:,  periaz,  rSgftf, 
erû  c  r  u  d  u  m,  segû  s  e  c  u  t  u  m,  vert'à,  en^uria^  purga,  sangiii  s  i  n  g  u  M 
lum,  giist,   pl.  gjûstii,  ^ust,  frati,  \àg  sucum*,  agnja  acucula, 
menûsk,  ipûsa  p  u  l  e  a  '. 

f-j.  ?,  devant  ft  final:  î^  anum,  caraft  qualemque  onum, 
4â;^ln  jéjunum,  cumeh  commune  m. 

î8.  u  bref  devient  u,  avec  de  rares  exceptions,  comme  l'o  long,  cf. 
n"  2$  :  (fo  duo,  juj,  gnra  gula  pl.  gurr,  cuni  cuneum,  ^ae  j  u  or- 
netii,  sufra  suffero,  iufj  suffium',  pl.  iafiç,  àabj  duplum, 
/u^  lup  um  pl.  tube,  subrç  super,  cabré  eu  preu  m.  crazj  buca,  ^ag 
jugum,  curç  currrere,  îurç,  furm,  ars,  gur>;  gurgitem,  anc. 
fr.  goart,  furca,  surd,  pus  puisum,  pi.  puie,  dus  à  m  Icem,  une  unc-J 
tum,  fund,  suma,  ras,  angaia,  tuta  subter,  rut  ruplum,  g^ni^ 
genuculum*.  pl.  genujf,  ptiij,  conduc,  pun  p  u  gnum,  duzt  duo- 
decim,  ;iuj  put  eum. 

jç.  ir,  cf.  n"î6  :  ïiii  sum,  diibi  à  ah  \  a  m^fûria,  b'ûj^  bu  Mil. 

40.  ?  devant  h  final  :  iM  s  u  um,  aA  t  u  u  m  ;  lan,  taft  sont  procli- 
tiques. 

41 .  ua,  indiquant  S  en  latin  vulgaire  :  mara,  nuaz  n  ucem,  cf.  tmH 
xfi  }4t  nuf  roium'  rue  tum,  ^iwtlgu  ttum. 


LA  LÉGENDE  ûoChàtelain  dt  Coua  daks  ÎTikdë 


M9 


AU. 

4).  au  reste  4ti,ginéra1cmcni,  qu'il  soit  d'origine  latine  ou  dialeaale: 
daura,  cam^  eau  le  m,  ndazi;j,  piioza,  caaza  pi.  cauze,  Ouuba,  aaca, 
paac  pi.  fiuct,  aaxa  a  u  d  e  o,  ^au^  ga  u  d  i  u  m,  îauda,  ciau  c  I  a  v  em, 
taura  laborat,  taura  tabula,  sauma  sa  g  m  a,  faut,  caud  caltdum, 
auf  al  tu  m. 

44.  0  :  oru  aurum  cf.,  daura,  n''4},  lodura  alaudula,/c>  fagum. 

45.  XI  :  a  aot,  ctu  cauda  mais  aussi  coda  *,  voy.  n'  3j. 

I.-B.  Andrews. 


VII. 


LA  LÉGENDE  DU  CHATELAIN  DE  COUCt  DANS  L'INDE. 

Dans  un  anicle  imprimé  d'abord  ici  [VIII,  î4î-7îl  ^  inséré  ensuite 
dans  VHistoire  Uttèrairc  de  ta  France  (XXV'III,  M^-îÇo),  j'ai  ras- 
semblé et  comparé  les  diverses  formes  de  la  légende  dans  laquelle  un 
mari  offensé  faii,  par  vengeance,  manger  à  sa  femme  le  cœur  de  celui 
qu'elle  aimaîi.  Diverses  vraîsembbnces  m'avaient  induit  â  croire  cette 
légende  d'ori^ne  celtique,  et  je  n'en  av^s  pas,  en  tout  cas,  trouvé  de 
trace  en  Orient.  Une  publicaiion  récente  change  complètement  la  ques- 
tion, et  nous  montre  dans  l'Inde  un  récit  qui,  bien  qu'avec  quelques  dif> 
férences,  est  très  semblable  aux  plus  anciens  récils  occidentaux,  et  pré- 
sente même  avec  certains  d'enue  eux  des  ressemblances  extraordinaires. 

Le  rév.  C.  Swynnerlon  3  publié  dans  le  n'  de  mai  du  Folk-Lore  Jour- 
nal* quelques  légendes  recueillies  de  la  bouche  des  villageois  du  Pendjab 
et  relatives  â  un  ancien  héros  nation.il,  le  roi  Rasalou.  L'une  de  ces 
légendes  se  rappone  à  son  mariage.  Kasalou  a  pour  femme  Koklan,  la 
fille  d'un  roi  qu'il  avait  vaincu  au  jeu  d'échecs  ;  comme  elle  venait  de 
nsiirc.  son  père,  averti  par  ses  devins  qu'elle  lui  portait  malheur,  allait 
la  faire  périr  j  mais  Rasalou  l'avait  sauvée,  emmenée  chez  lui,  élevée  et 
épousée.  Pendant  qull  est  i  la  chasse,  KokJan  reçoit  les  visites  d'un  prince 
voisin,  Raja  Hodi.  le  laisse  de  c6té  les  circonstances  étranges  et  fantas- 
tiques de  leurs  amours.  Averti  de  la  trahison,  Rasalou  rencontre  son 
rival,  le  tue  d'un  coup  de  flèche  cl  lui  coupe  la  lêie.  ■■  Aujourd'hui,  se 
dit-il.  je  ne  rapporte  pas.  comme  d'ordinaire,  de  venaison  i  ma  femme; 
cependant  elle  en  mangera,  et  de  si  délicate  qu'elle  n'a  jamais  goâié  de 


I    The  Fdk'Lort  Journal  en  l'organe  dr  la  Folk-Lort  S<xnh,  fo»d«  it  Londres 
il  y  a  six  ans.  On  peut  s'abonner  chei  M.  Eîliot  Stock,  6ï,  Patemoster  Row. 


)60  M EL A KG KS 

paretik.  «  DépouîlUm  <j«  ses  riches  vêtements  le  corps  décapité,  il  lui 
coupe  un  morceau  de  chair  et  l'etnpone.  il  ùïi  Jk  sa  femme  diverses 
questions  auxquelles  clic  répond  tant  bien  que  mal. 

Le  roi,  rcfrénani  ta  colère  «  sa  douleur,  s'écria  :  •  Assa!  All«2,  rdne,  occu- 
p«-vons  de  l3  venaison  que  j'ai  mise  i  cuire,  et  pitmiez-moi  du  pain.  •  Et  S 
s'assit,  Inste  et  sombre.  Quand  la  reine  parut  avec  le  pUt  fumant  et  In  p«ini, 
le  roi  lui  dit  :  x  Allons  I  mangeoDS  ensemble  une  Tois  encore.  »  Avec  la  Icgèrrtè 
d'une  (emme,  oub!i*nt  se»  lorti,  elle  accepli  son  ipparcnte  bonté,  el  reprit  tou- 
rage  ;  mats  les  hommes  sont  différents,  ils  ruminenl  leurs  pensèeis  et  gardent  leurs 
soupçons.  Le  roi  mit  quelque  peu  de  pain  â  ses  livres,  et  dit  :  «  Mon  pain  me 
semble  aujourd'hui  (ade-  •  Mais  la  reine  dit  :  t  Quelle  viande  ra'avez>vous  donc 
apportée  aujourd'hui,  cher  co;ur?  Jamais  venaison  n'a  ité  aussi  délicate  et  aiusi 
douce  au  goCt.  >  Le  roi  répliqua  : 

*  Vivant,  il  était  votre  plaisir  ; 

Mort,  vous  avez  mangé  sa  chair. 

Comme  un  tour  {?1  soit  la  vie  de  celle 

Qui  met  ses  espérances  dans  un  lotre  (que  son  mari)  !  » 
La  malheureuse  reine  lj)ssa  tomber  te  morceau  de  sa  boacbe  et  se  dit  i  ellc- 
mGme  :  «  Ah  1  je  suis  trahie  I  je  suis  trahie  I  i!  sait  tout.  Tout  est  Ani.  >  Et, 
avec  uo  ton  d'orgueil  et  de  bravade,  elle  répondit  i  son  mari  ; 

«  Si  |e  me  lève,  vous  me  lourmenlCE, 

Si  je  ni'jBsieds,  vous  m'injuriez  ; 

Avec  celui  au  sii;et  duquel  vous  m'insoltez. 

Avec  lui  sera  ma  mon  * .  ■ 
En  disant  cela  elle  se  leva,  s'élança  vers  le  rempart  (qui  entourait  le  jardin 06 
ils  étaient)  et  se  précipita  en  bas  ;  mais  avant  que  son  corps  ebt  atleini  les 
rochers,  son  souffle  l'avait  abandonnée,  et  la  belle,  la  perfide  reine  Koklan  élan 
morte*. 

Si  nous  comparons  cène  histoire  aux  versions  occidentales  du  mtme 
récit,  nous  trouvons  dès  r.ibord  une  différence  notable.  Celles-ci  prennent 


1 .  M.  Swynnerton  a  donné  de  ces  deux  quatrains  le  texte  original  et  une  tra- 
duction lillérâle,  plus  une  imitation  en  vers  anj^lais  que  je  laisse  de  cAté. 

2.  Le  récit  indi!>n  ne  s'arrête  pat  là  ;  il  a  une  suite  d'un  tout  autre  caractère. 
Rasalou,  voulant  cacher  celte  aventure,  va  de  grand  matra  jeter  i  la  rivière  les 
corps  des  deux  amants.  Il  se  cache  pour  n'être  pas  vu  d'un  blanchisseur  et  de 
u  femme,  qui  sont  venus  avant  te  jour  X  la  rivière  avec  un  paouet  de  linge,  et 
il  entend  une  histoire  nue  le  mari  raconte  à  sa  femme.  Cette  nistotre,  que  le 
miri  dit  lui  être  arrivée  avec  une  première  femme  qu'il  a  cwe,  est  U  même  que 
la  6'  du  livre  II]  du  PantfhjtjnUù,  sur  laquelle,  outre  Benfey,  il  faut  voir  les 
rapprochements  de  M.  Cosquin,  Rom.  VIII,  604.  Seuieraeni  elle  se  lerraine 
autrement  ;  le  mari  trompé,  qui  emporte  sur  son  dos,  dans  «ne  natte,  l'amant 
qu'il  a  surpris,  arrive  chez  un  homine  dcnl  b  femme  a  aussi  un  amant,  que  le 

firemier  mari  fait  découvrir  au  second.  Celui-ci  veut  tuer  l'amant,  maïs  l'autre 
ut  arrête  le  bras.  «  Regarde,  lui  dis-je,  en  ouvrant  U  natte  et  reUchant  non 
prisonnier,  en  voiU  uo  autre.  Ta  destinée  n'est  pas  différente  de  la  mienne,  ni 
de  celle  des  autres  hommes.  Ne  tue  donc  personne,  mais  faisons  bonne  mine  i 


LA  LéCENDE  DU  Châtelain  de  Coud  daks  l'inde  )€i 

loules  parti  contre  le  mari  et  envisagent  l^histoîre  du  point  de  vue  des 
amams.  tandis  que  la  légende  indienne,  consacrée  à  la  gloire  de  Rasalou. 
flétrit  les  amants  et  approuve  la  vengeance  du  mari.  Je  ne  crois  pas 
cependant  que  la  forme  indousiani  soit  en  cela  la  plus  ancienne  :  le  conte, 
en  entrant  dans  la  légende  de  Rasalou,  aura  sans  doute  modifié  son 
esprit.  Ce  qui  me  le  fait  supposer,  c'est  que  Rasalou  périt  ensuite  sous 
les  coups  du  frère  de  Hodi,  et  cela  semble  être  l'expiation  de  sa  bar- 
barie, et  rappelle  la  guerre  faiie,  d'après  certaines  versions  de  la  biogra- 
phie de  Ouilhem  de  Cabcstaing.  à  Raimon  de  Casiel-Rosiillon  par  le  roi 
d'Aragon,  pour  le  punir  de  sa  cruauté'. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  conte  indien  se  rapproche  d'une  manière  frap- 
pante de  la  version  provençale  de  notre  récit.  Dans  l'un  comme  dans 
l'autre  le  mari  tue  l'amani  et  lui  coupe  la  tétc>  ;  dan?  l'un  comme  dans 
Pautre  ta  femme,  après  avoir  appris  la  vérité,  se  jette  d'un  endroit  élevé 
(balcon,  fenêtre,  rempart)  et  meurt.  Le  bref  résumé  que  nous  possédons 
du  lai  de  Guiron  ne  nous  apprend  pu  comment  il  se  lerminait  ;  mais  on 
y  voit  aussi  que  le  mari  tuait  l'amant  (il  en  est  de  même  dans  Les  histoires 
du  Brennber^^er.  d'Ignaurc-l.inaure,  et,  avec  changement  de  sexe,  delà 
marquise  d'Astorga)  :  il  est  possible  qu'il  eût  le  même  dénouement  que 
les  récits  provençaux  et  indiens'. 

Ce  rapprochement  permet  de  reconstituer  un  peu  autrement  que  je  ne 
l'ai  fait  la  généalogie  des  diverses  formes  du  récit.  Dans  la  plus  ancienne, 
le  mari,  averti  de  son  déshonneur  (les  moyens  varient),  rencontre  son 
rival  et  Le  tue.  Il  lui  coupe  la  tête  (indousiani,  provençal,  allemand,  espa- 
gnol), et  lui  arrache  Le  cœur  (toutes  les  versions  occidentales^).  Il  le  fait 
cuire  et  le  sert  à  manger  A  sa  femme  comme  de  la  venaison  lindoustani, 
Boccace}.  Après  quoi  ii  demande  à  sa  femme  comment  elle  trouve  ce 
qu'elle  a  mangé,  et,  quand  elle  lui  dit  qu'elle  L'a  trouvé  exquis,  ii  lui 
révèle  ce  que  c'est  et  lui  montre  la  tête  de  son  amant  (rédactions  proven- 


inauvais  jeu.  Car  puisque  Raja  Rasalou,  tout  grand  et  puissant  qu'il  est,  a  dans 
son  palïu  le  mCme  sort  que  nous  et  le  supporte  patiemment^  qui  sommes-nous 
pour  nom  plaindre  r  •  Rasalou  faîi  du  bonhomme  son  ami  et  son  eonseitler. 
Ainsi  se  reirouve  dans  l'Inde  la  philosophie  de  hi-ondt  (c(.  Rajna,  /  t'onU  4tli' 
Ar'\Ma,  p,  )86i. 

1.  Hni.  //«.,  XXVni,  377;  Rw».  VIII,  j6j.  D«  uaces  de  cette  Go  se 
retrouvent  d'ailleurs  dsns  Boccace  et  dans  le  aatmt  du  CkJt-.lain  dt  Coaà. 

2.  La  version  provençale  la  plut  courle  ni  Boccace  ne  mentionnent  ce  lait; 
mais  il  devait  figurer  dans  leur  source  commune  ;  on  le  retrouve  dans  l'histoire 
du  Brennbergcf  et  dans  celle  de  la  marquise  d'Astor», 

{.  Cependant  les  dernieti  vert  :  £  la  dolar  ii  U  Jjmi  ont  Kant  la  mort  d<  mn 
ami  lofit  ne  favorisent  pas  beaucoup  cette  hypothèse. 

4.  Le  lai  dV^jndurf  ajoute  •  le  daerrain  membre  aval  ;»,  ijo^,  •  et  ce  trait» 
bien  pu  (aire  partie  du  récit  primitif.  Il  est  mlïnie  possible  que  dans  ce  réctl  il 
nes'agtt  p»  d'abord  du  coeur,  qui  aurait  été  plus  tard  tubttilué  J>  l'autre 
organe. 


Dans  le  conte  indien,  lUubon  coape  i  son  enoemi  un  morceaD 
chair  ei  non  le  cœur  :  c'est  visibJenteni  une  altération  '.  Au  terrible  r^ias, 
Rasj^ou,  préoccupé  de  sj  vengeance,  ne  nunge  pas.  Oe  même  Guglielno 
Ro&siglioM  :  <  ^i,  per  lo  malificio  da  lui  commesso  nd  penstero  impe- 
diio,  poco  mmffà.  »  Sa  femme,  au  contraire,  comme  Koklan,  a  bon 
apprit.  —  Dans  b  version  indoustani,  c'est  la  femme  qui  déclare  sponta- 
nément qu'elle  trouve  délicieux  le  mets  qu'elle  vient  de  manger;  il  en  est 
de  même  dans  le  CMtelaîn  de  Coud.  Dans  les  versions  provençales,  le 
mari  l'interroge.  Cette  différence  est  peu  imponame.  Mais  l'accord  des 
textes  dans  ce  que  dit  la  femme  est  remarquable.  On  a  vu  plus  haut  les 
paroles  de  Koklan.  La  femme  de  Cuglieimo  Rossiglione  dit  :  «  In  buona 
fé,  dla  iquesia  vivanda)  m'é  pîaciuta  molto.  »  La  femme  de  Raimon  de 
Castel-Rossillon'  :  i<  Moût  es  cstada  bona  vïanda  c  saborida.»  I.e  poème 
français  porte  :  «  Et  lîsamble  bien  c'onquesmès  nemanga  si  savoureos  mes.  » 
—  LA-dessus  le  mari  lui  dit  qu'il  est  naturel  qu'elle  trouve  bon  ce  qu'elle 
.1  tant  aimé,  l.cs  paroles  de  Rasalou  se  retrouvent  lexiuelîementailleur». 
Doccace  ;  o  \o  il  vî  credo,  ne  me  ne  maraviglio.  se  mono  v'é  pîaduto 


1.  Voyez  la  note  précédente  sur  ce  t^u'on  peut  croire  avoir  été  la  rersion 
primitive.  Il  ne  ser>tt  pu  itnpoaibk  que  le  narrateur  anglais  ail  ici  modifii 
volonljîrcraent  ie  récit  au'il  n  recueilli. 

1.  J'eniçndi  ici  par  la  U  biographie  la  plus  étendue.  Lcj  rapporta  dç  celle 
biographie  avec  la  veriîon  indieiitie  prouvent  que,  contrairement  i  l'opinion  de 
M,  B»chnidt,  la  vcrtion  la  plus  courte  it'eit  pas  la  plut  ancienne,  ou  du  moins 
que  lis  additions  qui  y  ont  été  laiiei  ont  été  puisées  dans  le  romaB  provençal 
pfrdu  qui  «n  est  la  source  comme  il  est  cette  de  Boccace. 


LA  LÊCSKDE  DU  ChâUtata  de  Couci  dans  l'indb  )6) 

Qb  che  vh'o  pii)  che  altra  cosa  vi  pîacque.  *  Le  poème  français  :  «  N'aies 
neneille  l'elle  csï  bonne...  (^e  vous  en  ce  mes  cy  mcngastes  Le  cuer 
qu'elmont  le  mieus  atnastes...  Vous  l'amastes  en  son  vivant,  w  —  Pour 
corroborer  cène  assertion,  k  mari  devait  montrer  la  t*tc  de  l'amant  ;  le 
ABU  iodien  omet  ce  trait,  mais  il  l'avait  préparé  en  disant  que  te  mari 
>nit  coupé  celte  t(tc  ;  il  manque  aussi  dans  Boccuce,  mais  11  se  retrouve 
^h  tnographie  provençale,  et,  comme  je  l'ai  indiqué  plus  Itjui,  dans 
'liitûirs  de  la  marquise  d'Astorga.  —  Les  paroles  de  la  femme,  à  cette 
'^bk  révélation,  sont  affaiblies  dans  le  quatrain  indoustani  ;  elles  rap- 
P^ttn  cependant  celles  de  plusieurs  autres  textes.  Boccace  :  «  Ma  unque 
'Qio KMi piaccîa  chesopra  a  cosi  nobil  vivanda. . .  mai alira  vivanda  vada!  •> 
*Ognphie  provençale  :  m  Seigner,  ben  m'aveiz  dat  si  bon  maniarqueja 
■"1  non  manjarai  d'autre.  »  Poème  français  :  «  Je  vous  affy  certainement 
^'li  nul  jour  mes  ne  mengeray,  N'auire  morsel  ne  meiieray  Deseure  à 
S^til  viande.  »  —  Ayant  ainsi  parlé,  la  femme  de  Rasalou  s'ébnce  du 
''■'ut  des  remparts;  celle  de  Gu(jlielmo  Rossiijiione,  lerjla  in  pti,  ^r  uru 
J«ccfrti,  la  ^aaU  Jiaro  a  U'i  era,  iadutro  sema  alira  dHibtraziont  si  latcid 
*^^Te.  Telle  est  ta  forme  première,  maiencomreujemeni  altérée  dans  U 
"ï^gtapbie  provençale,  où  la  femme  semble  ne  se  jeter  de  la  fenêtre  (ou 
''*  balcon)  que  par  peur  de  son  mari  qui  s'avance  sur  elle  l'épée  à  la  main. 
<^jrt  £iu[-il  conclure  du  rapprochemem  de  la  légende  indienne  et  des 
"^^^  lï  européens  .'  A  ta  rigueur,  on  pourrait  croire  que  le  conte  occidental 
'  ^Té  transporté  dans  l'Inde  à  une  époque  plus  ou  moins  ancienne  ;  maïs 
niïverse  est  bien  plus  vraisemblabJc.  l-a  légende  indienne  a  conservé 
«fs  traits  visiblement  primitifs  qui  se  retrouvent  tantôt  dans  l'une, 
'^'ïtiidans  l'autre  des  versions  européennes,  mais  qui  ne  sont  réunis  dans 
^LicvK.  Il  faudrait  donc  que  ce  fût  leur  source  commune  qui  eût  passé 
****»!  le  Pendjab  et  y  eût  été  insérée  dans  le  cycle  de  Rasalou.  Celte 
K>urcf  devait  exister  au  xi*  siècle,  puisque  le  lai  tle  Guiron,  cité  comme 
ancien  par  Thomas  vers  1 170.  et  qui  en  est  une  dérivation,  remontait  ccr- 
**<neïufnt  à  la  première  moitié  du  xii°.  Perdue  en  Europe,  comment,  â 
*^te  époque,  la  rédaction  en  question  aurait-elle  été  apportée  au  delà  de 
H  ittialaya  *  Il  esi  bien  plus  probable  que  le  conte  du  cœur  mangé  a  suivi 
K^andé  route  de  tant  d'autres  contes,  qu'il  a  pénétré  d'abord  en  Perse, 
P«»s  dans  l'empire  byzantin,  et  de  là  en  Europe.  Ce  n'est  pas,  tant  s'en 
^'^'i  le  seul  exemple  de  récits  celtiques  qui,  par  les  mêmes  intermédiaires, 
^'''oiîienl  1  la  même  origine. 

G.  P. 

(4^  ■  Cf.  ignaait  -  A  Dia  fiunt  lotit  an  nu  K'tfri  ja  ronij  tr  itiinj(froimf  St 
g^r'  'C"  "  P'^""*  "'i'  n'amyienl.  De  mfnK  dans  le  meisiergeung  du  Brennbcr- 
pX^*  ■edinoDcment  de  la  mort  par  inantiioD,  <jue  l'avais  |Ugè  pntnitîf,  se  doit 
*   <ue  coniidér*  corarne  tel  d  après  le  rapprochement  du  conte  indien. 


^la«-i 


t 


COMPTES-RENDUS. 


Friedrich  Dleat*  KleLnere  Arbelt«niinâ  Recenslonen  beraujg<-g^D 
von  Kerounn  tiK£ïii&.v>.  Mûiicben  uai  Leipzig,  Oldenbourg,  iSSj,  ir-8*, 
ïvj-îia  p. 

Tous  Its  romanistes,  cl  surtout  ceux  qui  ont  eu  rKonneur  de  connaître  et 
d'CDieodro  Diez,  uuront  gré  i  M.  BreymJtin  de  la  peine  qu'il  a  prise  pour 
composer  ce  volume.  Cl  i  rechercha  dans  différenis  recueils  scienli&ques  tes 
articles  du  mahre  qui  y  sont  fpan,  et  doni  b  plupart  sont  des  comptes-rendus. 
A  partir  de  i8j9,  Diez  n'a  plus  ^crit  que  dans  le  Jahrbach  fur  romanischt  aad 
tJtglisclic  Litirjlur,  auquel  il  a  donnË  six  articles,  qje  tout  le  monde  peut  facile- 
ment y  trouver;  naij  dans  les  quarante-deux  annics  prccWentes  il  avait  publié 
dans  les  Huiitlbtrgtr  Jehrbàchcr  dcr  Liltratur,  la  J<naiscke  AUgtmânt  Uuratai- 
nituag,  iet  Jûhibûchrr  fur  niisinschaflliche  Kritik,  la  Zàlschrift  fur  tituuchu 
AUtrtham,  la  ZtilKhn/i  fur  dit  Wisicnickcfi  dtr  Spratht,  dix-huit  arlides  qu'il 
était  beaucoup  plus  difficile  de  lire  et  tnémf  de  connaître,  surtout  hors  d'Aile- 
tnagne.  M.  Breymann  a  réimprimé  ces  vingt-quatre  articles,  dont  quelques-uns 
ont  jusqu'à  (joinze  pages.  Il  y  a  joint  un  petit  écrit  btin,  le  discours  que  Diez 
pronoR{.i  en  i8]  i  en  prenant  possession  de  sa  chaire  <de  philologie  germaniquel 
de  Bonn  :  Aatî^uisûnia  Ctimjtticac  potitûs  *<ttigia,  deux  poiiies,  un  Ckttar 
^(iifuf  (l)ctuneode  k  Schiller,  et  la  traduction  en  vers  du  Ctrtûirt  et  dcl^rtf. 
M  Breymarin  a  apporté  dans  son  pieux  travail  !e  soin  le  plus  digne  d'dogcs  ;  i] 
s'est  abstenu,  avec  toute  raison,  d'un  commentaire  inutile  aux  lecteurs  i  qui  sa 
publication  est  destinée  ;  maii  il  a  revu  toutes  les  citations  et  a,  quand  il  y 
avait  lieu,  conpliié  ou  corrigé  les  icdicatiom  de  Diez.  Il  a  tefiRiné  le  voliroe 
par  DB  tableau  des  cours  faits  par  le  maître  et  par  une  bonne  uble. 

On  ne  peut  pas  s'attendre  à  trouver  dans  ce  Ime  rien  de  bien  nouveau. 
Diez  a  naturellement  lait  entrer  dans  ses  grands  ouvrages  les  ntnarques  impor- 
tantes qu'il  avait  eu  l'occasion  de  présenter  dans  ses  comptes-rendus.  Cepcn- 
dantf  connir  plusieurs  articles  concernent  non  la  philolope,  nuis  l'histoire 
lilléfaire,  notamment  de  l'Espaigne  el  de  l'Italie,  sur  laquelle  il  n'a  pas  écrit 
K  ffvjiiio,  od  jr  trouvera  bien  des  obsetvattoss  et  des  vues  intéressantes.  Ai 
point  de  vue  de  la  gramnaîre.  Il  Unt  suloit  signaler  la  oirtnsc  petite  étnde 
sur  quelques  formes  redoublées  dans  tel  bafvet  tonues,  i  teqwikB  ■  renvoyé 
4>n  te  Ctimmthà.  buis  safts  l'imérer  tovt  esitirCk  On  wnira  de  b  tecturc  de 
<M  opuacutei  avec  bm  estime  tt  im  syaipitltte  plut  tftaAtt  poir  l'ntnr, 
dont  th  BOUS  aideit  i  coaprtwlrT  te  Mntof  p«*rti  ianti&<iM.  Ih  boa  por- 
trait de  Dtei,  d'apeés  H«e  plioio^raplWv  te  kmi  bwn  t«l  ^'i  était  sau  tes 
nu  de  ï«ui  qui  l'Mt  txmk. 


Thurnevsen,  DéU  Verbam  Itre 


î6î 


Du  Terbam  Atre  tind  die  franueslscho  Conjuration.  Ein  Brnch- 
ilùck  aus  der  EntwicLiungsgrschtchte  der  fi^tiiicsiKhen  Flevion.  —  Zur 
Erla&gniig  d«r  Licentii  docendi  bel  dcr  Uttivnsitxt  Jena  eingereidit  van 
£.  R.  Thuiinkv»l.\,  Dr.  phil.  Halle,  Karru,  iSSj. 

OsBS  cet  oposculc  d'une  quaranutnc  de  pages.  M.  Thurncyten  étudie  les  formes 

^  verte  llrt  en  Mcicn  français  et  l'inlîucncc  de  ce  verbe  sur  la  conjugaison  Iran- 

CAîsc.  L'ouvrage  proprement  dit  est  précédé  d'une  introduction  assez  étendue 

Contenant  des  considérations  générales  sur  le  rôle  de  l'analogie.  Parmi  plusieurs 

'^'HArquei  lustes  et  ingénieuses,  on  en  peut  relever  une  i  laquelle  tout  le  monde 

"^  sosscrira  pas  :  on  a  été  pousse,  dit  l'auieur.à  créer  des  formes  analogiijties, 

P'i'ce  qu'on  «vail  oublié  Ij  forme  normale.  Cela,  à  la  rigueur,  peut  être  vrai 

**">s   certains  cas,  pour  des  mots  d'un  usage  peu  fréquent;  nuis  comment 

«mettre,  par  cïcmpic,  que  l'imparfait  ère,  appartenant  au  verbe  le  plus  usité  de 

**  latine,  et  employé  tous  les  jours  bien  des  fois  par  tout  bomme  pailant  français, 

**'    pa  sortir  de  la  mémoire?  Ou  si  par  hasard  la  mémoire  est  en  défaut  au  pre- 

****«r  iniunl,  n'e»t-il  pas  plus  simple  de  l'interroger,  de  réfléchir  pour  retrouver 

''  ^orme  perdue,  que  d'emprunter  k  un  autre  verbe  sa  terminaison,  de  l'adapter  ta 

'*'*nie  coBlefio  dans  les  autres  formes  du  met  qu'on  a  sur  les  lèvres,  et  de  créer  ainsi 

^^   inpjrfail  nouveau?  Non,  ce  n'est  pss  l'oubli,  c'est  le  besoio  d'unité  qui  a  Fait 

'^*t#e  les  formations  analogiques.  Pour  nous  en  tenir  à  la  conjugaison  seule,  on 

^it.   %'jt  combien  de  types  ditlérenls  se  con)uguaient  les  verbes  au  moyen  âge  ;  la 

^"^élé  des  (ormes  était  trop  grande,  la  mémoire  en  était  encoinbrée  ;  on  sentit 

*^  bcuin  de  simplifier,  el  l'analogie  opin  un  grand  travail  d'unification.  De 

P'us  il  r^gac  à  un   peuple  d'employer  plusieurs  procédés  pour  exprimer  un 

"^tiie  rapport.  Je  suppose,  par  eseniplc,  qu'un  écrivain  ou  un  poète  se  soit 

'^'^i  dans  un  long  récit  de  plusieurs  imparfaits  en  •eit  ;  avait-il  besoin  de  l'impar- 

^>t  de  istrt,  la  forme  crr  te  frappait  par  sa  singularité,  il  hésitait  â  s'en  servir; 

**  temtnaison  •tit  flottait,  pour  ainsi  dire,  dans  son  esprit,  et  il  était  tout  natu- 

'cllment  amené  à  donner  aussi  â  Itre  un  imparfait  ayant  cette  terminaison. 

**ns  pouvoir  rica  affirmer  de  certain,  c'est  lâ,  semble-t-il,  l'explication  la  plus 

ï^riifcible. 

'         Oaos  son  premier  chapitre,  M.  Thurneysen  essaye  fie  rendre  compte  des 

^(Ulies  de  quelques  formes  du  verbe  ilre.  Il  pense  que  la  première  personne 

^  a  pris  un  i  par  analogie  avec  ai,  première  personne  d'ji-i]i'.  On  ne  voit 

luire  quelle  autre  explication  on  en  pourrait  donner.  Le  lalin  vulgaire  avait 

do  reste  transformé  la   première  personne  de  quelques-uns  des  verbes  1rs  plus 

cillés.  Aiosi  Ji  suppose  un  type  laiïn  *afa,  car  habeo,  *abjo,  quoi  qu'en  dise 

l'uueur,  ne  peut  donner  que  'jge,  comme  rubeo  donne  roanc  Quant  i  \'s 

iJMt^  plus  tard  i  cette  même  personne  tai,  l'auteur  ne  sait  trop  comment 

Taptiquer.  Petit-tire  serait-il  parvenu  A  tin  résultat  plus  précis  en  étudiant 

iTcc  soin  Jt  quelle  époque  et  dans  quels  testes  elle  apparaît  pour  la  première 

fais,  et  i  quels  autres  verbes  que  Un  elle  s'ajoute  i  la  première  personne.  Il 

npproche  de  sait  les  preraièrei  personnes  priais,  Iruit,  tait  el  puis,  dont  1';  est 

aussi  isexpliquée,  mais  qui  pourtant  peuvent  avoir  servi  de  patrons  i  mis.  11  étudie 

Kissi  les  formes  provençales  tau,  ratif,  rRjti,  esuut,  ijuoique  cette  question  ne 


^66  COMPTE&- RENDUS 

rentre  pat  directement  dans  son  sujet.  Ses  hypothèsu  sont  tris  IngJaieiises, 
nuis  il  lerait  trop  long  de  les  discuter  ici.  Relerons  encore  une  de  \n  doib- 
breuses remarques:  sût,  la  troisiitne  personne  du  subjosctif,  supposerai!  l'eiis- 
lence  en  latin  vulgaire  de  sil,  qui  se  serait  conservé por  i  e6té  de  siam,  sïai, 
parce  que  c'était  ta  persotinela  plus  usitée  du  temps.  Que  si  t  ait  existé  en  latin 
vulgaire,  c'est  fort  possible  ;  mais  il  est  difficile  d'en  voir  une  preuve  dans  le 
■  in  damna  sa  i  d«  Serments  de  Strasbourg.  En  effet,  cette  phrase  est  purement 
latme,  et  elle  a  sans  doute  M  écrite  par  un  clerc  assez  inslruii  pour  contuîlre 
la  conjugaison  classique  du  verbe  ttu. 

Quant  au  futur  serai,  M.  Thurneysen  croit  qu*3  faut  le  dirirer  de  esiere 
habeo.  'scrabeo,  plutôt  que  de  ledere  habeo.  Il  expose  clairement  les 
raisons  qui  appuient  son  explication,  mais  la  question  a  été  déjà  trop  discutée 
pour  qu'il  loit  bcilc  d'apporter  des  arguments  nouveaux  dans  le  débat,  et  les 
drus  opinions  paraissent  devoir  garder  définitivement  leon  partisans  parmi  les 
philologues. 

L'auteur  consacre  son  deuxième  et  dernier  chapitre  i  montrer  quelles  fonnes 
verbales  ont  été  créées  par  analogie  sur  le  modèle  des  formes  correspondantes 
du  verbe  /tu  Cette  deaxîïme  partie  de  son  travail  renferme  aussi  des  idées 
nouvelles  et  beaucoup  de  rapprodicments  heureua.  Ainsi,  pour  expliquer  la 
fortune  prodigieuse  de  la  terminaison  -ans  à  la  première  personne  do  pluriel, 
qui  n'est  étymologique  que  dans  le  seul  verbe  /Irt,  et  que  tous  1rs  aolres  ont 
adoptée',  l'auteur  suppose  que  ceux  qui  donnèrent  l'exemple  furent  ceux  qai, 
comme  ftre,  avaient  une  terminaison  analogue  i  la  troisième  personne  du  plii- 
rid,  ainsi  istoni  et  les  futurs  cfii^niironi,  amironl,  etc.  Oii  M.  Thnrneyseo  bous 
parait  avoir  été  moins  heoreux,  c'est  dans  son  explication  des  imparfaits  dn 
subjonctif.  Prenons  un  exemple  :  d'après  lui,  dormisu,  dormisus,  iSorraiit,  Jof' 
mnium,  Jormitiitz,  dermiutnt,  ne  peuvent  pas  dériver  d«  dormissem,  dor- 
misses, dormisset,  dormissemus,  dormissetis,  dormissent,  car 
ces  formes  n'e.fpliqucnt  pas  Vt  final  des  deux  premières  personnes  du  singatier, 
et  aux  deux  premières  personnes  du  pluriel  la  terminaison  if«s,  it:  suppose 
un  tj-pe  latin  en  •lamat.  -ialii.  Toutes  les  difficultés  seraient  levées,  dit'll,  si 
l'on  adoptait  pour  le  latin  vulgaire  le  type  dormîssiam,  dormissias, 
dormtssil,  dormîssiam  us,  dormissiatis,  dormisiiapt,  formé 
du  plusHjue-parfait  du  subioaclif  auquel  on  aurait  ajouté  comme  terminaison 
le  subjonctif  présent  du  verbe  itri.  On  peut  objecter  i  cette  hypothèse  que 
l'Imparfait  Jormiisc,  ilormititi,  darmUt.  àornittuut,  dermatu:,  dormintHl, 
n'est  pas  si  irr^lier  que  veut  bien  le  dire  M.  Thumeyscj).  La  troisième 
personne  du  singulier  est  tout  i  fait  normale  ;  les  deux  premières  personnes 
du  pluriel  ont  emprunté,  comme  tant  d'autres,  la  terminaison  itns,  ttz  aux 
verbes  qui  l'avaienl  conformément  d  t'étymologie,  comme  dmtnt  de  debea- 
mus;  la  deuiiiéme  personne  du  singulier  et  la  troisième  du  pluriel  ont  pris 
un  t  euphonique  pour  Ualiler  U  prononciation  de  toutes  les  consonnes,  la 
deuxième  du  singulier  peut-être  aussi  pour  se  distinguer  de  ta  même  personne 
du  parfait  ;  icimu  ;  il  ne  reste  plus  que  la  première  pcrsontie,  où  réellement 


THURNtYSiN,  Dos  Verbum  ttre  ^67 

Vt  6iul  oSrc  quelques  dilScultis  ;  mais  on  peut  croirt  qu'on  ï'j  i  mis  par 

aailogie  avec  la  deuxième  personne  < .  Quant  aux  formes  avec  1  de  la  première 

conjagaison,  telles  que  amaiiu.  elles  sont  plutôt  dialectales.  Dans  la  ri^le  on 

trwK  tnuist,  que  imassiam  n'eiplique  pas.  On  peut  faire  la  même  remarque 

pour  fuitte,  qae  l'auteur  iériw  de  fu  issiam  ;  U  forme  normale  est  lasst.  IHais 

1'ob|ection  la  plus  grarc  qu'on  puisse  adresser  â  cette  hypothèse,  c'est  qu'elle 

nttieat  pas  compte  de  l'accent.  Siam.  en  effet,  a  l'accent  surl'i,  et  dormissîam 

itnti  donuer  Jotmisiiu.  Or  on  ne  rencontre  aucune  trace  de  celte  forme,  et 

pOBrdÊrirer  dormistt  de  dormissîam,  il  faudrait  admettre  que  l'accent  s'est 

<i!ftH<  ft  s'est  port^  sur  l'anlipénullièmc.  Mais  cet  1  en  hiatus,  accentué,  est 

Ptwiii  ce  qui  donne  i  siam  sj  forme  propre  et  m  phfsîonomie  particulière  ; 

^Hoieal  que  siam  perd  cet  accent,  on  ne  voit  plus  pourquoi  on  le  sobsti- 

lunit  1  la  terminaison  -se m  du  plus-que-parfait  du  subjonctif. 

Uai  des  remarques  judicieuses  de  l'auteur  est  que  ad,  troisième  personne  du 
■^wctif  d'dwr,  a  perdu  de  bonne  heure  son  (,  sans  Joute  sous  l'inHuence  de 
*ô.  Ce  mène  uH  a  déterminé  probablement  aussi  la  chute  de  \'t  j  la  troiùène 
PCHlHC  da  singulier  dans  les  imparfaits  de  l'indicatif,  tels  que  anit,  plus 
"'MaMnent  ûvtut,  et  dans  les  condilioiitiels. 

Nou  M  pouvons  relever  ici  tontes  les  idées  de  cet  opuscule  qui  mériteat 

°Çlft  retenues.  Nou^  nous  suntmes  plus  étendu  sur  celles  qui  suscitaient  des 

^*KctiOM  que  sur  celles,  bien  plus  nombreuses,  auxquelles  on  peut  donner  son 

■••Wioient.  Nous  renvoyons  le  lecteur  i  l'ouvrage  lui-mémef  M.  Suebier  en  a 

""•oé  dans  te  LiUutmbhti  un  compte-rendu  par  trop  sévère.  Il  reproche  wr- 

^^  i  l'auteur  de  manquer  de  préciiion.  Sans  doute  les  expressions  vagues  de: 

*  Hd  peu  piu^  t^t,  d'a»ez  bonne  heure,  dans  quelques  textes,  >  viennent  trop 

***>€»  sous  u  plume  ;  ouiï  les  idées  neuves  et  les  rapprochements  ingénieni 

'"•Opeateni  amplement  ce  lé({er  défaut.  Plusieurs  de  ses  hypothèses  sont  har- 

'^*  e1  il  faut  lui  savoir  gré  de  son  imagination  ;  si  quelques-unes  manquent 

•"^P  de  preuves  pour  qu'on  puisse  i«s  admettre,  beaucoup  d'autres  méritent 

^^  sérieuse  attention.  Avec  un  peu  de  patience  et  de  soin,  tout  le  monde  est 

"P^We  de  dresser  un  relevé  ou  d'établir  un  catalogue.  Ce  genre  de  travail  a 

'^  méiite,  mais  les  idées  originales  ont  bien  aussi  leur  prix,  et  c'est  1  «Iles 

***  U  Ibèse  de  M.  Thumeysen  doit  sa  valeur. 

A.  T. 

^UIoriR  BritoDum  attribuée  i  Nennius  et  l'Hlstorla  Brltaaaloa 

■*vwtCeoffroi  de  Monmouth.  par  Arthur  iik  La  Hohdehif..  Paris,  Cham- 
t>wn.  M.  DCCC.  LXXXIII.  in-S',  cif-ija  p. 

Téritatbies  Prophéties  de  BCerlla.  Examen  des  poèmes  bretons 
^tuibués  i  ce  barde,  par  Arthur  i»e  La  DoanEniE.  Parb,  Champion. 
Kï  DCCC.  LXXXIII.  ln-8\  80  p. 

^oui  avons  ici  trois  disserutions  fort  intéressantes,  qui  touchent  toutes  trois 
■"étude  des  origines  de  l'épopée  bretonne.  Je  lesexamiaerai  l'une  après  l'autre, 
Bt  tenant  surtout  au  point  de  vue  littéraire. 


«•a  Mut.  vil,  Cl], 


}68  COMPTCS-REKOUS 

La  disserUition  sur  l'Hutoria  Bntontan  attribua  i  N«omu  est  ub  norceui 
de  critiqua  solide,  judicieuse  et  péaàranle.  L'autcLr  suit,  tl  est  vni,  ta  trace 
de  Schctlt  *  et  adopte  à  peo  prés  totiles  sn  ccucluiions  ;  mais,  outre  qu'il  y 
a  un  réel  mérite  1  répandre  des  résultats  trop  peu  connus  en  France  et  en 
Angleterre,  M.  de  La  Borderie  3  fait  du  sujet  qu'il  traite  une  élade  toute  per- 
sonnellr,  et  il  a  en  maint  endroit  ajouté  des  argumenu  i  ceui  du  uvanl  alle- 
inand,  conleslc  avec  bonheur  que! qu es-une»  de  sa  opinions,  tail  des  recherches 
tupplémenlatres,  précisé  certains  détails  restés  indécis,  et  prisenté  des  poml» 
de  vue  nouveauit. 

Il  commence  par  montrer  que  \'HiitDru,  dans  l'édition  ta  plus  développée,  se 
compoM  de  huit  morceaui  distincts  :  i.  Prohgat  mafor,  j.  Protogus  mi'nof, 
j.  Capitula,  4.  Câlcuti,  j.  Hitlorta  Briloitunt  proprement  dite,  €.  Ctncatogiai 
regum  Satanuin  cam  aliit  caUalit,  7.  Cniiatd  Brittmniae,  S.  Mirdbilia  Britamiât. 
Les  n**  5  et  7  sont  les  leuli  qui  se  trouvent  dans  tous  les  manuscrits,  et  doivent 
ttre  regardas  comme  compounl  seuls  l'oeuvK  primitive  de  l'antear  (on  pnl 
même  douter  |p.  17)  du  n°  7,  Civitata,  qui  n'est  pas  i  la  mécnc  place  dans  les 
diverses  classes  de  manuscriu  et  <|ui  parait  tire  un  dMuDient,  d'ailleurs  ancien, 
incorporé  à  VHiitoru).  En  outre,  une  vie  abrégée  de  saint  Patrice  est  intercalée 
dans  \'Hislorit  m^me.  Les  n^'  1  et  i,  qui  font  seuls  mention  du  prétendu  Nennisi, 
ne  sont,  l'un  que  dans  un  seul  manuscrit,  l'autre  que  dans  six,  qui  forment  la  troi- 
sième des  trois  classes  dans  lesquelles  M.  de  La  B.  répartit  les  trente  manuurib 
connus  et  décrits  jusqu'ici.  Le  n"  ;.  ubie  des  chapitres  faite  après  coup,  n'est 
aussi  que  dans  un  mt.  de  Cambridge.  Le  n*  4,  Catcali,  est  dans  tous  In  mst. 
moins  un,  mais  il  n'en  est  pas  moins  l'œuvre  de  copistes  succcssib.  qui  l'ont 
diversement  remanié,  [.e  n"  6  n'est  que  dans  les  dix-s^t  manuscrits  qaî  com- 
posent Il  première  classe.  J'ai  parlé  du  n*  7,  Cirilalts.  Le  n*  &  manque  dans  les 
deux  meilleurs  manuscrits  de  la  deuxième  datse,  et  se  dénonce  comme  de 
rédaction  postérieure. 

C'est  donc  uniquement  dans  le  n"  {,  VH'awrû  proprement  dilc^  qu'il  hvt 
cbercher  le*  élèraenis  de  b  date  du  livre.  M.  de  La  B.  le  livre  sur  ce  point  k 
une  discussion  extrêmement  ingénieuse  et  savante,  mais  qui,  je  dois  l'jvouer,  oe 
m'a  pat  pleinement  convaincu.  L'auteur  dit  :  A  primo  anno  fii«  Saxùius  tciu- 
rant  in  Bntanmam  ttSi/at  ad  annam  qajrtom  Minini  ngis  tuppaUmof  anm 
CCCC.  XXIX.  Or  il  résulte  de  la  critique  irréfutable  de  M.  de  La  B.  lui-néme 
que  l'auteur  place  la  première  venue  des  Saxoiu  en  449'  ;  il  écrivait  donc  en 
878.  M.  de  La  B.  repousse  cette  date,  parce  qu'il  iroave  dans  le  Bni  y  Tjwj- 
toison  que  le  roi  Mcrvin,  mort,  d'après  les  AnnaUt  Cambridc,  en  844,  commença 
&  régner  en  818,  et  il  fixe  par  conséquent  U  date  du  livre  1  8j2.  Il  veut  que  par 
la  première  arrivée  des  Saxons  en  Bretagne  l'auteur  entende,  non  le  débarquement 
de  Hetigist  et  Hona,  qu'il  place  certainement  en  449,  nuis  une  incursion  quel- 
conque antérieure,  qui  aurait  eo  lieu  en  )9J.  Il  est  très  vrai  que  les  Saxons  zTaienl 


I.  Dt  ectlaidjticat  Britaitum  Stoforuffl^iM  hUiatiat  foelibui .  Berlin,  taji 

I ,  Schcrll,  qui  date  comme  M.  de  U  B.  VHiitohd  de  8)1,  admet  qu'elle  met  cei  é*^ 

nuneni  m  )9;,  mau  M.  <Je  Li  B.  l'a  vînorieuiemeot  rélutf.  Cette  date  de  44^  en  d'aih 

Icun  donnée  par  diverses  autres  Murces. 


La  Bouderie,  VHistoùa  Britonam  369 

fliu4'nefois  loqui^é  ti  Bretagne  avmt  449;  mars  l'aoleur  de  VMisioria,  qm 
ncDolt  tonte  cette  hiïloîre  avec  une  tendance  patriotique  que  M.  de  Lu  B.  a  fort 
bn  anctériste,  o'admet  précisément  pas  ces  iticunions  aniérieures  ;  il  veui  que 
IdttfBCitilaeaCcTmaniaexpulMeinexilioinquibuïeraiit  Hon  et  Hengisli  aient 
ttt  la  prrffliéres  barques  saxonnes  qui  aient  Louctié  U  Bretagne,  elon  ne  peut, 
Bulnbife  one  violeace  inadmissible,  douter  que  ce  ne  sôit  cet  événement, 
flKépar  lui  en  449,  qu'il  a  pris  pour  le  point  de  dépan  de  son  calcul.  Mais  le 
tviNnia?  M.  de  La  B.  nous  indique  Ihi-m^me  (p.  ii)  qu'an  autre  roi  Mervin 
Bdnrlen  90J  ;  rien  ne  nous  empêche  de  croire  qu'il  avait  commetici  1  régner 
((^74 eu  87},  et  par  ccns^uent  que  la  quatrième  année  desoa  règne  tombait 
at*S,  —  M.  de  La  B,  1,  il  e>l  vrai,  une  autre  raison  pour  rejeter  celle  date, 
t'ta  ^  les  CjIcuIu  qui  contiennent  des  dates  de  uanscriptions  successives, 
Ml ts  fournissent  une  de  8]i.  une  de  8j2,  et  ttnc  de  8(7  ou  Sjg  ;  maïs  il 
tCHrt d&  eAcellenu  commentaires  de  M-  de  La  B.  Iiii-mîtne  que  toutes  ces 
^  hien  antérKares  aux  manuscrits  o(t  elles  se  trouvent,  ont  été  gravement 
'^Bta  rt  n«  sauraient  avoir  de  vraie  valeur.  Qui  sait  d'ailleurs  si  les  CakuU, 
^■pncn  réalité  i  l'Htstoria,  ne  sont  pas  un  murceau  à  part,  qui  a  pu  (ire 
OSpoiéanlcticurcnient,  mais  dont  U  soudure  avec  VHulOfij  ne  saurait  rien 
F"'"' pour  celle-ci?  C'est  dans  l'Hntoria  seule,  comme  l'a  très  bien  dit  le 
^■■M  crttique,  qu'il  faut  chercher  des  éléments  de  datation. 

S>  DB  adopte  la  date  de  878  comme  celle  ob  l'ouvrage  a  été  écrit,  on  est 
pHt^l  te  demander  si  one  autre  question,  celle  de  l'auteur,  ne  doit  pas  aussi 
i*  pwr  aulremeDt.  Trois  auteurs  sont  désignés  par  divers  témoignages  :  Gil- 
^NtBniut  cl  Marc.  Nciiniuj  est  i  écarter  de  prime  aljord  ;  I  jltnbution  i 
C*»  (qo)  n'apparaît  qu'au  XII'  siècle  en  Anglcterrei  fsi  absurde.  Mais  en 
'^■''Utmtme  de  ta  désignation  de  Marc?  Elle  se  trouve  dans  le  ms.  du  Vatî- 
^>  k  piss  ancien  de  tous  ceux  qui  nous  sont  parvenus  ',  le  meilleur  aussi  '■ 
^■K  porte  en  titre  :  Incipit  htorïâ  Bniotium^  diu  ab  anathattU  Mtireo,  <;iu- 
^^ff^i  ipiuopo.  Or  un  miracle  opéré  par  saint  Germain  en  Bretagne,  et 
*"«é  dus  l'Hiiiom  iJritûtmm,  te  retrouve  dans  les  NtiamU  stniù  Gamant 
•Heric,  qui  écrivait  entre  87}  et  871,  et  Heiric  dit  l'avoir  connu  ptr  sâne- 
Itm  latm  ttetaim,  ijoiJim  gtiuit  rptttopum,  ^ui,  nnHoiu  quidan  Btiio,  tjucutiu 
'^  ■*  Hthtiua,  fHitt  tmgi  ponlijiciilh  unaiutts  extrotia,  ultromem  sibt  ptttgrU 
"""•■«Jûiif ,  JM  traduclui  M  Fiantùim,  piimmi^ai  rigis  Ctuoli  \Cahi]  mani' 
r*'^  ^umt,  tpiid  bttilotum  MtdjrJ;  a  SchaUiam  iocrohmm  anechottlkaiu 
■"Witttw;  il  aiottlc.  après  avoir  raconté  le  miracle  :  tiau  tU  apud  Brttan- 
^ttboiuts  hntiiiconîimri  prgtJiilas  mtki  tpitcepus  juritiaranJi  uiUrpçsttionc 
''***«'*.  Si  VHiiuma  a  été  écrite  par  Marc  en  878,  on  comprend  que  le  récit 


ijLf*  n  a  éé  imprimé  par  Cuiin  en  1819.  >v  de  Li  B.  n'a  pai  m  qu'une  aulre 
S?***'  éiédoroée  1  Pome,  eu  1871,  dans  le  wlume  îniituté  ;  A^ftnaà  ad  opaa 
Z**  *tflo  Utio.  L'édJteur  a  cm  mrttre  au  jour  non  leuitmem  on  manustrii  inédit, 

j  ]•  wnge  iflcontiu  iuiqti'l  lui- 
__''<W  te  lyae  de  la  dninfmc  flasK  de  M.  de  U  B..  qui,  teloo  moi,  devrait  être  la 
^T*'*-  Cox  \  cette  duse  qa'Mptnieni  le  seul  mi.  qui  ne  contienne  pas  1:  n'  4  ; 
^^  *  Bt  ot  du  ïii*  ».  u  mi,  du  Vatican  ne  coniicBl  que  les  n' 


^*»  SS.  Jnt.  VII,  tâa,  ïgj. 
iMHto,  XII 


4.  f  tt  7. 

»4 


JT©  COMPTKS-flEKaUS 

qu'il  aviit  bit  à  Hnrtc  qudques  années  plus  lût  M  coificxle  pas  absolitooit 
ivec  celui  qui  se  irouvc  dans  VHistoné.  D'auire  part,  ua  Breton  élevé  en 
Irlande  Krait  assn  njturellemtnt  l'auteur  d'an  livre  qui  loèle  au  sujet  principal 
des  rnseigDcments  inattendus  sur  l'Irlande  ci  vn«  *k  de  saint  Patrice.  Eniia  il 
semble  que  VHiiloiia  ail  été  écrite  tuf  le  continent  :  )c  plus  ancien  nunnscnt 
provient  de  Saint-Gcrmain-dcs-Pris,  et  personoe  ne  U  connaît  en  Angleterre 
jusqu'au  XII' siècle'.  Aussi  aï-je  cm  pendant  longtemps  que  Marc,  évtqae 
breton  devenu,  sous  Charles  le  Chauve,  moine  â  Saml-MKlard  de  Soiuons', 
était  rêclkmcnt  l'auteur  de  VHislotia  Biitonam.  L'oioissioo  de  son  nom  daoi 
tous  I»  ma.  autres  que  celui  du  Vatican  (omission  qui  a  donné  Itea  ^us  tard 
aux  attributions  rncBSongircs  1  Nennius  et  1  Gildai)  ne  peut  surprendre  ancoa 
de  ceux  qui  connaissent  les  habitudes  des  copistes  du  moyes  ige.  —  Mais  a  j 
regardant  de  plus  près,  l'identité  absolue  des  mois  tiasdim  gentis  tpit(op«ai' 
dans  le  titre  du  ris.  du  Vatican  et  le  passage  de  Heiric  m'a  paru  prouver  que 
l'atlribulion  i  Marc  provenait  de  quelque  moine  qui,  ayant  remarqué  la  ressem- 
blance du  récit  en  question  iam  les  Mlratul«  S.  Gtrmam  et  dans  VHistoru,  ta  a 
conclu  que  cette  cieraiére  était  l'ouvre  du  Marc  mentionné  par  Heine.  D'ailloin 
la  différence  des  deux  textes,  pour  ce  miracle,  ne  s«  borne  pas  aux  détails  ; 
dans  le  récit  de  Marc,  saint  Germain  expulse  simplement  un  roi  qui  lui  a  refuté 
l'hospitalité  et  met  en  sa  pUce  un  porcher  qui  l'a  bien  reçu,  tandis  que  dans 
VHîiioria  son  hâte  est  un  serviteur  du  roi,  non  on  porcher,  et  U  fait  tomber  nr 
la  ville  et  le  cliltcau  de  ce  roi  *  le  leu  du  ciel,  qui  lc!i  réduit  en  cendres-  Un  ite 
comprendrait  pas  que  le  tnéme  homme  eût  raconté  deux  fois  h  même  chose» 
dilTéremmcnt.  L'Hutona  IStitùnum  reste  donc,  j'en  sub  d'accord  avec  M.  de 
La  b.,  une  œuvre  anonyme. 

La  critique  i  laquelle  M.  de  La  B.  soumet  ensuite  l'ourra^te  en  lui-même  est 
de  tout  point  excellente  ;  mais  elle  rentre  plut  dans  le  domaine  de  l'histoire  que 
dans  celai  de  l'histoire  littéraire.  On  lui  saura  gré  notamment  d'avoir  fait  UW- 
chcr  du  doigt  l'usage,  at»urde  d'ailleurs,  que  l'auteur  de  l'Hittoric  a  fait  des 
chroniques  d'Eusébc  et  des  deux  Pro^per  pour  écrire  son  incohéreite  hbloire 
de  b  domitution  romaine  en  Bretagne,  et  on  acceptera  saas  doute  ta  fine  et 
.probable  explication  qu'il  donne  de  U  table,  destinée  i  devenir  si  céléi>re,  de  U 
colonisation  de  l'Armortqoe  par  les  Bretons  partis  avec  Maxime,  table  qui  est 
sortie  tout  entière  du  cerveau  de  noire  auteur,  développant  à  sa  manière  nne 
phrase  de  Gildas  qui  ne  veut  rien  dire  de  pareil.  La  discussion  sur  les  quatre 
systèmes  présentés  par  r/fi;rori,t  relativement  i  l'orif^rnc  des  Bretons  est  aussi 
très  ingénieuse  et  très  convaincante.  —  En  résamé^  l'histoire  et  l'histoire  litté- 
raire trouveront  largement  i  profit»  dans  le  mémoire  du  savant  antiquaire^. 


I.  Il  laut  cependant  nsicr  que  les  deux  pi»  anciens  mst.  de  la  première  claue,  ^ 
sont  du  XI'  s.,  ont  ètè  écnuen  An|;!eitrrc,  canune  le  rnooire  l'adioKikia dci  ^énèitogia 
saxonnes.  Noioni  xuuî  la  vertton  irljndJiie  du  n*  t.  mibUè*  oit  Toild  i  OuUm  eo  1648. 

t.  Un  Uarcut  epinopus  tccUetna  mmtiann^  pir  CkVdiard  a  l'innée  S84  comme i'<tMl 
établi  i  Saint-iUll  ,«07    la  préface  Ar  IVJiijot)  Mai)  n'est  sans  doute  pai  1«  oiénic- 

).  Comparn  auui  anathontua  Ma  daitt  H«itic  et  aMûchonUl  àun  le  mi.  du  Viikan. 

4.  Ouite  M  dutctè,  ce  roi,  dus  ÏHiiMiê,  eu  coupable  de  lots  plu  que  dracodiesDei 
et  de  leur  implacable  application. 

1-  Je  rejette  en  noie  quelques  nemwt  obierritloai    P.  ),  qu'est-ce  que  le  Sn*  «r 


1j(  BoRDBHie,  VHistoria  Britonam  ^yt 

la  Kconde  dùseftation  de  M.  de  La  B,  n'i  que  vingt  pages,  mais  die  sou- 

)t*t  des  que^iioos  trit  inportaotci.  II  a  découverl  un  texie  qui  tublirait  l'cxu- 

tCDce,  cniK  i'Hiapria  Bntoaam  et  G»ufn'\  de  Monmoutti,  d'un  intermédiaire, 

CAapoK  an  X*  li^kr,  qui  auraîl   porté  le  nom  d'/Vutoru  bnUnii'uù  et  aurait 

àt|lcoaietiu  l'essenliel  de  VHiiioria  ngam  Britanniac.  Voici  les  faits.  Le  Père 

Albed  le  Grand,  dans  ms  Vits  dei  tainti  de  Brclagne^  pxT\e  d'une  vie  de  saint 

CmônH,  •  escrite  en  l;«au  tl^le  Utiti par  Guillaume,  preslre  et  chapellain 

fil  HBosiiier  d'Eudon,  evesque  de  Léon,  auquel  il  la  dédia  l'an  1019,  qui 
cstotl  le  IV  de  son  pontificat.  i>  Celte  vie  est  perdue,  mais  M.  de  La  B.  a 
liM*é,  dans  un  recueil  de  notes  prises  au  XV<^  siècle  (peut-ïtre  par  Pierre  Le 
6ud>,  les  ITMS  preoiicrs  chapitres  d'une  Legenda  laadi  Conto^n,  précédés  de 
ttHeiidicace  :  Domiiw  ti  pattt  m  Chutto  Eudom  tfiiiofn  fralnbus^jui  çum  to  m 
Onititmao  coagttinlàui  Ciùlteimus,  eôrara  pretbiur,  in  Domino  uluum,  anno 
à  attmâtioat  Domiai  )t  aeno  Juimo,  ^ u  est  XXIIIM  epiuopatiu  lui,  domine 
*fÎKtf».  Le  texte  de  celte  légende  a  d'ailleurs  été  utilisé  en  ij9^  par  l'auteur 
ithCkroatqut  dt  Sdint-tiinuc  ri  plus  lard  par  Pierre  Le  Baud.  Ur  Hle  débute 
vtu  :  Ufimut  m  Ystoru  Britanmca  ^uad,  mm  Biulm  tt  Coriatiu,  etc.  Elle 
Qcntt  11  conquête  de  la  petite  Bretagne  par  Conan  Meriadec,  puis  parle  de 
Vtrtigmi,  et  d'Artur,  «  l«  grand  roi  des  Bretons,  ■  qui  remporta  beaucoup  de 
Wfiirts  I  in  E^tannicis  et  Gallicis  partîbus.  >  Corïneus,  Conan  Meriadec,  les 
■Iftto  d'Arthur  en  Gaule  ne  se  trouvent  pa^  dans  YHtitofta  Bnloimam  du 
H'ufde,  mais  apparaissent  dans  VHutaria  ngam  de  Gaufrei-  M.  de  La  B. 
•^  qu'ilt  étaient  déjà  mentionnés  danî  un  livre  composé  en  Grande-Bretagne 
ul'  li^Ie  et  transporté  en  Arnionque  avant  1019.  Ce  serait  M  un  résultait 
i»!*  Wif  (]ue  considérable;  on  aurait  ainsi  la  source  de  Gaufrei.  Mais  de 
PKa  0b|ectioQs  surgissent  aussildl.  Si  ce  livre  a  existé  et  s'est  répandu  jus- 
V'tt  Amtrique,  comment  aucun  historien  anglais  ne  l'a-i-il  connu  ?  Guillaume 
^tMltoesbory  déclare  positivement  en  \\2%  qu'il  n*a  trouvé  pour  l'histoire 
"ilMt  de  nie  d'autres  sources  que  Bède  cl  Gildas  ;  un  n'en  connaît  aucune 
**n.  tuf  le  pseudo-Nconius  utilisé  par  Guillaume  Ini-ntme  et  Henri  de  Huti- 
'■{'b*.  juiqu'i  l'apparitton  du  livre  de  Gaufrei  (1 1  }&{,  et  quand  celui-d  a 
f''*.  les  récits  qu'il  contient  sur  les  victoires  d'Arthur  en  Gaule  sont  pour  tout 
KBotie  use  révélation,  que  Henn  de  Kuniingdon  et  autres  acceptent  avec 
"^  de  confiante  que  de  surprise,  que  Guillaume  de  Neuburgli  et  autres 
'^dlaiavec  mépris.  D'ailleurs  Gaufrei,  se  larguant  de  la  possession  du  livre 
**(>  ^Bf  lii  a  apporté  son  ami  Gautier,  déclare  que  les  historient  anglais. 


î*j*rf  fa  t*  stède  dont  r.aufr  de  Honmouiti  serait  rjimplîAcateur f  il  l'aeil  peut-Are 
*'"^IMï  int,x»nua  qui  fait  l'obiei  da  mimoirt  suivant,  mais  t1  aurait  ullu  le  dire. 
*  H.  VHiitoria  éniMséiC  non  la  empeteera  romjim  «jui  ont  •  régn*  en  Brttagne,  » 
^mi  an  j  K»I  reniu.  —  P.  76,  VHutùna  ne  <)u*li6e  pj»  ADtiur  de  n  roi,  n  mail 
'"'^■t  de  àax  b^Uonm.  —  P  71,  pir  un  lingnlitr  Uptui,  M.  de  tj  B.  fait  aécLircr, 
j^%««l  rwîrtorû,  i  l'rnfiBl  oimifillrui  qui  compiiiîi  it\tia  Cuonigrrn  •  qu'il 
^WWte  MtiKn.  <•  L'f^tji :<rii>  ne  connaît  ni  Merlin  ;  IVnfatt  que  plus  urd  Ciufrei  de 
7~**Wl»  a  ^pi^le  M'ittat  K  nonuse  id  Anbtotiui,  Dint  wn  m^moiie  sur  Merlin, 
^vltM»  nai,  M.  de  l^  U.  dit  cocure  vx  Nennius  appelle  ce  peiionnafc  Mtriin 
?^T- 1).'.  Ce  double  ooo).  Uatim  AutbtMÎiu.  ne  ic  piéscnu  que  dans  la  Pn- 
Fi^  *gfai  de  Cai&à,  que  noui  prenons  Ici  nir  le  faai,  auolant  son  Mtrtiiua  1 
^w^:  ^  '^'^^  '  ^'"*  ^  ^^  ^'  i^"  ^^f"  'V*^it  apri*  ti  Pnphaiâ),  il  dit 


{7^  COMPTKS-KENDUS 

n'ayant  pas  les  doonnenls  qu>e  lui  possède,  ne  peuvent  rien  dire  des  raâ  bK-' 
tOBi  dont  il  sait  huI  rbisioire  :  comment  cHj.  i'expli()Derait-il  s'il  i«aH  exîsii 
une  Hiitoria  trUannUa  que  tout  !e  monde  pouvait  consulter?  Je  crois  qu'il  y  a 
dans  te  raKonnement  ie  M.  de  La  B.  un  point  faible,  et  qu'en  le  signabnt  on 
arrive  Ji  dissiper  le  f.inlôme  de  ce  livre  irajginaire.  Albert  le  Grand  ne  nous  dit 
pas  setileinpnt  qoe  ta  Vie  de  saint  Gou^znou,  compoiée  en  1019  par  Cuilliume, 
était  *  en  beau  stjrle  latin  •;  il  ajoute  qu'elle  était  >  divisée  en  neuf  kçoRS, 
ensemble  avec  le  reste  de  l'office  de  sa  fesie,  es  vers  latins  ou,  pour  mieux  dire, 
rhythmes  du  temps,  la  quantili  n'estant  pas  observée.  *  Or  le  texte  utilisé  par 
la  Chroniijut  Je  S,unl-B'uuc  et  copié  en  partie  dans  le  recwcil  découvert  par 
M.  de  La  B.  n'est  nullement  en  vers  rhythmiqucs;  il  est  en  prose,  et  a'esi  donc 
pas  celui  qu'avait  connu  Albert  le  Grand,  lequel  taisait  d'ailleurs  partie  de 
l'olfice  du  saint,  ce  qui  ne  convient  pas  i  ce  texte  d'allure  tout  hîstoriqQe. 
L'aulciir  du  recueil  de  notes  a  simplemetil  copié  la  dédicace  de  TtEUvrc  poé- 
tique de  Guillaume,  perdue  pour  nous,  et,  i  la  suite,  le  début  d'une  Vie  de  saint 
Gouêznou  qui  n'est  pas  de  Guillaume,  et  dont  nous  ne  savons  p>as  la  date.  Dès 
lors  il  (flut  reconnaître  tout  simplement  dans  VHistoru  bril.mtiîcd  mcntiooflée 
par  l'auteur  de  celle  Vie  le  livre  de  Gaufrei  de  Monmouth,  ir^  ordinatrement 
désigné  sous  ce  nom,  et  conclure  que  cet  auteur  a  écrit  postérieurement  1  la  ■ 
diSution  de  ce  livre.  M,  de  La  fi,  fait  remarquer,  il  est  vrai,  que  sur  «  les  " 
causes  ci  les  circonstances  de  la  conquête  de  Conan  Mériadec  ■  il  diffère  sensi- 
blement du  récit  de  Gaufrei,  et  c'est  pirlaîtement  vrai  ;  c'est  que  sur  ce  point 
l'bagiographe  armoricain  puisait  dans  des  légendes  loales.  lont  «n  alléiguam 
l'autorité  de  l'Hinorm  briurnii-a,  qui  ne  lui  fournissait  que  le  nom  de  CMian 
Mérudec.  Ainsi  disparaît  l'intermédiaire  supposé  entre  VHittona  Hntoaam  cl 
VHUtofiû  rtgum  Briunniae*. 

Je  SUIS  au  contraire  tout  i  lait  de  l'avis  de  M.  de  La  Borderie  sur  la  secdade 
question  qu'il  traite,  celle  de  l;i  provenance  galloise,  et  non  bretonne,  des 
fables  de  Caufrei.  Celui-ci  prétend  a  trois  reprises  avoir  trouvé  l'histoire  des 
rois  bretons  dans  un  livre  écrit  Brttannuo  irritant,  ijue  lui  avait  laît  connaître 
son  ami  Gautier,  archidiacre  d'Oxford  ^.  Il  ment  ceruincment,  car  00  a  prouvé* 
qu'il  reproduisait  lexluellemem  des  phrases  latines  d'ccnvains  antérieurs,  et  que 
par  conséquent  il  ne  traduisait  pas  du  gallois.  Il  se  contredit  d'ailleurs  :  il 
prétend  i  un  endroit  (XII,  io|  qu'il  a  simplement  traduit  le  livre  gallois  tii 
(aùnum  urmonim  Uantjait  cnrdvi),  et  à  un  autre  |XI,  it  il  dit  qu'il  écrit  tant 
d'après  ce  livre  que  d'après  les  récits  de  Gautier  [at  Gdafti^uj  MonemtOtaiù  m 
Bràatimco  pratjûto  ttrmone  inrtnH  tt  e  QuaUtn  OxtntfofJiiui  audirit).  La  vériti 


I 


I  11  ne  t'en  mit  pas  que  Caulrci  ait  a  Inventé  it  toutes  pièces  les  irati  quaru  de  sou 
«ttvie,  lupporirion  bien  dore  i  admenre  >.  utiirbnent  il  a  beaucoup,  —  et  très  pau- 
vtcmciH,  —  invtnit  :  mii»  Il  t'«t  appujrè,  en  Uiucoup  de  points,  tur  de*  ttfendca  gil- 
loUci,  sur  d«  cames  populaires  qu'il  a  aibittiifccn<rni  ratuchés  1  dn  doom  de  rois 
(par  ex.  l'hisloirr  de  l.cir.  celle  de  Blidud.  ai.],  tt  c'nt  et  qui  fjîi  l'ialérA  de  son 
ouvrage  pour  rhmoire  tiii^taîTe.  Voyu  d'aillcufi  c«-  qui  oi  dit  plui  toin 

j,  lil.  dr  La  D.  .9  eu  noc  dutranion  en  diuni  qu'  <  on  l'app«tle  «uni  Watter  de 
Mapei.  Il  C'i«tilirr  Map  n'a  rien  1  Fiitr  avec  ce  Gauiirr  d'Oxford,  qui  vivait  ub doni-iiècle 
avMii  lui,  ce  qoî  n'einpfcht  pat  qu'on  In  ail  joovtm  confondus. 

}.  Vojr.  Zarnclie  M  Ten  Srink,  dans  le  jàMuàt  fit  ivnantfrAe  irJid  ngUithe  Littr4- 
tur,  t.  V,  p.  J49  ».,  et  I.  IX,  p.  163  D. 


1 

4 


La  BORDERiE,  VHistoria  Brilonam  ^yî 

m,  a  BOD  iens,  daas  cflle  dernière  phrase.  C'est  avec  VHisloria  Bntonum  d'une 
pirt  (I  tel  rédti  At  son  ami  Gaaiicr',  ainsi  que  tes  propres  sûuvenirs  de  coitlei 
pDoli  d'aoïrv  pan,  que  Caufrei  a  composa  son  roman.  Quant  au  fameux  livre 
gAlU,  ii  a  enisté  :  les  fermes  de  bcaticoup  des  noms  propret  de  i'Historij 
nfim,  lornes  souvect  plus  archaïques  que  ccHm  de  Ncnnius,  et  que  Caufrei 
■'ifviBwDler,  montrenl  qu'il  a  eu  sous  les  yeux  des  documents  fort  anciens; 
H^oi  lit  consiitaient,  et  s'ils  eonienaieni  aulrc  chose  que  des  listes  de  noms 
pofm,  c'est  ce  qu'il  ^udrait  étudier  de  pr».  Mais  pourquoi,  en  parlant  de 
ttlne,  Gaufrei  dit-il  que  Gautier  le  lui  3  <i  apparia  de  Bretagne  [(x  Bnlannu 
tifttiti^  t  On  a  comprit  jusqu'i  présent  que  Britanma  désignait  ici  b  Petite* 
BmagiK,  M  on  est  parti  àt  H  pour  cliercber  en  Armorique  l'origine  de  touips 
la  tibiriartliurieanes.  M.  de  La  B.  mottlre  parfaitement  que  Brituama  employé 
«bI.  dtns  Giufrcî,  signifie  loueurs  la  Grande-Bretagne,  et  que  pour  désigner 
riMRilditot)  Armoricu,  ArmotUMum  liUas,  ou  Uîitvii,  ou  BnUnitia  mimr 
«Wiffit.  Qne  d'ailleurs  les  contemporams  aien*.  compris  ici  Oritannia  comme 
G^id^Bre1agne  et  \t  braanmtui  urmo  comm?  du  ftalloit,  c'est  ce  qui  ressort 
'n  pnnge  de  Geoftrei  Gaîmar,  06,  p;tTlaiii  de  ÏHiilon^  f'giim,  dédiée  i 
Robm  de  Olocesier,  il  dit  :  Roitrz,  li  cotât  ài  ClottesUt^  Fut  Udiuhtu  iule 
fOU  Si^nK  Us  hmj  du  Waltu  Qu'il  awitnt  da  Btititm  rtis.  Mais  alors  que 
*»l  dire  (jaaircî  de  Monmouth  en  nous  racontant  que  son  ami  Gautier  lui  a 
i^psné  ce  livre  tx  Bnunnu  f  M.  de  La  b.  suppose  que  Britannia  désîj^ne  ici, 
Wtorie  l'Ile,  mais  •  la  partie  de  l'tlc  où  se  conservait  la  tangue  bretonne.  ■ 
1ù  il  budrait  trouver  un  Kempte  dt  cet  usage,  soil  dans  Gaufrei,  soit  oilleurs^, 
n^ta  ce  que  ne  lait  pas  le  savant  critique.  Reprenant  son  raisonnement 
^^y  noas  dirons  :  1  Puisque,  dm»  tout  le  reste  de  l'œuvre,  le  nom  ieBittan- 
.«drt  sans  déterminalif,  est  constamment  employé  pour  désigner  l'Ite  de 
t,  on  n'a  point  le  droit  de  lui  donner  ici  an  autre  sens,  i  moins  d'une 
^'ttntt  érideaie  et  certaine,  qui  n'evisie  pas.  > 

L'o^Iication  du  problème  est,  i  mon  sens,  bien  plus  simple.  Toute  la  difTi- 
'"'1^  repcM  sur  ce  point  :  pnijque  Gaufrei  était  en  Grande-Breugne,  commeot 
P*^t-on  Ifli  apporter  tin  livre  de  Grande-BretJigne  i>  Mais  il  y  a  pétition  de 
^''l'f'P*.  Rien  ne  nous  prouve  que  Caufrei  fût  en  Grande-Bretagne  quand  il 
^^*it  son  livre,  et  il  y  a  même  des  vraisemblances  pour  qu'il  tftt  en  Normandie. 


mJ"  Ce  tïautieT,  surnommé  CaUniut,  est  un  personnage  atsci  mysiérienx.  Henri  de 

Jll^gjllon  [Dt  Contieiptu  JJunJi,   g   4,   iA    Arnold,  p.    101J  l'dppfUc  «  superlative 

Z^^^icai.  B  On  lai  anribue  (vojr.  l'uiiclf   de  Txnnet;  uns  continuition  de  VHiitotia 

g^^^  de  Ganlrei  pendant  quarame  ani.  qui  ne  t'est  pu  tettouvéc.  II  figuie  en  1119 

1^7  *ob  ami  Ganffiiût  Artvr  (c<  Muaom  nr  fui  dont:  pai  donné  à  Caulm  pour  ion  Ha- 

tij^l  <1*M  In  chane*  de  fowttdofi  àt  l'abbaye  d'Oieney  prb  d'<'<irord  (vôyei  Dngdate, 

Ri^*-*r''(M.  VI,  Ji  I  ;  fc  tire  ce  renseiftnemcnt  d'une  noie  de  m  Kred,  Madden.  sani  tîiie 

m£*I«,  extraitt  de  quelque  rccotil'  cû^ani  i  b  prêrcndue  itaduciion  qu'il  aurait  faite  en 

C^Zr*  ^  tHumU  ngun,  après  l'avoir  traduite  une  première  lois  loîi  do  gailais  soii  du 

o^tJ^  it  France,  on  n'a  Ii  qu'une  str^e  d'inventions  ci  de  fiLiiSca  lient.  Le  finU  Tysyiyo 

j^^J^iir  i  Btaniatd  tu  une  traduction  de  Ganfrci.  avec  qoclqun  chint;enieQes  anei 

pÉl^'J^wanu,  dont  on  ignore  la  date,  et  qui  suffit  i  prouver  que  VHiitcrtj  rtffiio  n^i 

^  *>'44iiile  dit  callob. 
j^Q^l^'^  tilé  moi-mérae  (AM«.  I,  i6i  un  pauage  où  BrUM»ia  désigne,  Jn  vu*  *■,  l'AT^ 
A^Ai'^*'  ïcetOBoe,  par  opponlion  i  la  Komania  ;  matt  on  ne  liouve  rie*  de  ptrtil  Ca 


)74  COMPTIS-MHDUS 

Le  premier  oflvrage  de  Gaufrci,  fondé  éTidemniem  sur  t'HiUorU  Brkoimm,  n'est 
pu  VHutori*  Kgttni,  c'est  b  PnpkiÛA  Utrltm,  qui  fut  d'abord  publiée  i  part, 
pttii  tard  insérée  dans  VHiitarn  ngim.  Telle  qu'elle  est  dans  ce  livrr,  cette 
prophétie  est  intellîftible  juiqu'en  ii]6,  c'eit-i>dire  qu'dlr  a  été  composée 
i  celte  date;  mats  sue  première  rédacitoa  s'arrêtait  avant  1 1  {(.  En  efiei.  Ordenc 
Vital,  qui  écrivait  son  livre  XII  à  Saînt-Evroul  en  1 1  )6  ou  1 1  jy,  cîte  avec  la 
plus  grande  admiration  celte  propbéue,  saas  donner  la  phrase  suivante,  qui  !'»• 
rait  assurément  plus  frappé  que  tout  le  resie*  :  V«t  tiii.  Niustna ,  f uia  urttruat 
Uonis  i  I  U  t^tttulitar.  itittcaatii^at  mtmhrii  a  pétrio  loh  thwnmAttar  .'  Or  celle 
phrase  a  trait  i  la  mort  de  Henri  I"  ï  Rouen,  en  ii  );,elis(mimbanmemenL 
Ainii  la  preRitére  rédaction  de  la  PropkttU  était  connue  en  Normandie  i  peu 
prés  aussitôt  que  faite  et  semUe  n'avoir  été  connue  que  li.  Il  en  est  i  peu  prés 
de  même  de  l'Hîstaria.  On  sait  qu'en  1 1 J9  Henri  de  Huotingdon,  passant  i  l'alh 
baye  du  Bec  pour  aller  à  Rome,  trouvait  en  la  possession  de  R<^rt  de  Tongm 
'e  livre  de  Gaulrei,  dont  il  n'avait  jamais  entendu  parler,  bien  qu'il  y  soit  nommé, 
et  en  était  si  Irippé  qu'il  en  composai!  îromcdialement  un  extrait*.  l^'Htttaim 
nguitiy  commencée  avant  ii)(  H'auieur  dit  qu'il  s'était  interrompu  de  l'écrire 
pour  publier  la  Ptophaia  MtrUitii,  lut  publiée  une  première  fois  en  1 1  ]6  ou  1 1  ;7 
et  dédiée  en  commun  i  Robert  de  Glocester  et  i  Etienne  de  Blws,  qui  élatcat 
alors  amis,  et  qui  dés  it;8  étaieni  ennemis  morteb;  aussi  le  nom  d'Etienne 
ditparuUil  plus  tard  de  la  dédicace,  et  il  ne  s'est  conservé  que  dans  un  seul 
nunscrit,  cdLi  de  Bernée  Si  Gaufrct  était  en  Normandie',  on  comprend  très 
bien  qu'il  prétende  que  le  livre  gallois  qu'il  dit  traduire  lui  a  clé  apporté*  de 
Grande-Bretagne  par  Gautier  d'Oifotd,  et  ainsi  disparaît  toute  dilticuttè  sur  ce 
passage. 

Un  mot  encore  sur  les  sources  de  Gaufra.  Il  avait  1res  probablement  tronvA 
dais  quelque  cloître  de  Normandie  un  exemplaire  de  VHisionj  Bntùium,  cl, 
croyant  cet  ouvrage  inconnu  en  Angieterrc,  il  s'était  mis  i  l'exploiter,  eo  s'ai- 
daoi  de  divers  auteurs  latins,  pour  en  tirer  sa  grandiose  mystification  11  re^ut 
sans  doute,  pendant  qu'il  y  travaillail,  la  visite  de  son  ami  Gautier  d'Oiford, 
qui  lui  apporta  quelque  document  gallois,  et  tous  deui  arrangèrent  en  comimin 
l'imposture  qui  devait  avoir  tant  de  succès  :  il  (ut  convenu  que  Gautier  aurait 
apporté  i  Gautrci  une  bi^lutre  complète  des  rois  bretons,  qui  coalenaii  toutes 
les  bellei  chûtes  que  celui-ci  allait  apprendre  au  monde.  On  a  vu  qoe  Caufrti 
n'avait  mâme  pas  su  soutenir  ce  meosooge  saiu  se  contredire.  Tool  ce  qui, 


I .  EU  parlant  de  ce  IfMlu  dt  MtrUêo,  il  dU  :  Cufiu  ^aam  porta»  in  nint  gatit 
inltUai  ;  plara  rm,  ni  f^ior,  «■  mvtttn  sni  gaiulio  aptriatltii  tihut  itutiiuri.  Nan- 
rcllcineDi  W  bon  Ordcrk  tnwvih  movalieux  l'accord  de  la  prophétie  avec  les  é\-tBfmeMi 
jusqu'i  M»  Kfflp*.  puifqu'eBa  reaanl  d'évc  fabrtqnte  tout  frdoiemnt. 

a.  Le  (lit  tft  d'autant  phu  lurpienant  qoe  Henri  avait  tait  ion  Hirtoriit  ÀMglcnm 
pour  wa  Mque  Aletaodre  de  Lincoln,  aequd  m  dédiée  la  Pmphtti*. 

}.  Madden,  ht   dt. 

4.  Il  devait  y  avoir  des  relations,  ayant  été,  û  l'on  01  croit  ia  renieigaeroaitt  nDcù 
qui  piuabKfit  accepuMt*  (Owtn,  CamMaa  Bi^rapki,  n  14)],  aumt  i  Cmiuiune 
ClitOa,  fib  de  Robcn  Courte- Hcu>e.  Après  la  mon  dr  Caillanme,  en  iitS,  il  ériil  cepea* 
dint  retourné  en  Anatetrire,  puuqu'il  élan,  fommc  os  vitra  dt  (ê  voir.  I  Ciford  en  1 119. 

f.  L'cnirtnion  Ainxil,  dont  il  te  icn,  ne  peut  détigner  au*un  voyage  par  mer,  et 
écane  i  elle  leult  l^n^cnieaM  cipUcaiion  de  M.  de  La  SoiderK. 


» 


• 


LA  BORDEAIE,  L'Historia  Briiûnum  ]7j 

tel  UB  t\tt,  n'ett  pji  liri  de  l'//riioria  Bntomiin  lou  d'autres  ouvrages  lalins) 
TtfiM,uuf  ce  qui  pouvait  se  trouver  dsns  ledocumem  en  queMÎon,  surl'inven- 
lin  oa  sur  des  contes  populaires  gallo:;,  recueillrj  par  Gautier  et  par  !ui, 
Cet  1  11  critique  1  s'elTorcn  de  discerner  ce  qui  doii  élrc  altribuc  i  l'one  ou 
irillredeces  provenances. 

U  traisiène  ménwire  de  M.  de  La  B.  nout  iransparie  sur  un  terrain  oà,  pour 
Ktidn  raitont,  je  ne  pais  le  suivre.  On  iri?uve  dans  divers  manuscrits  gallois, 
JM  les  plus  anciens  paraiisenl  remonter  i  h  fm  du  XII'  siècle,  des  suvres  de 
kudttijv  sont  censrs  avoir  v^cu  ^u  VI',  nolamnienl  de  Taliesin^  Aneurin,  Uy- 
■vt^Hn  et  Myrddin.  On  sait  que  depuis  la  première  publicaiion  de  ces  «uvres 
twdîKiuioii  s'est  Ottvene-sur  leur  aulhenlicîlj.  Quand  on  a  lu  tout  ce  qui  a 
«é  écrit  U-dessus,  notamment  ^sans  parler  de  la  VinJuation  de  Sharon  Turner, 
^t'otole  sans  se  lasser,  et  (|ui  ne  prouve  rien)  les  dissertations  de  Stepheni  et 
it)t  SUoc,  on  est  i  peu  près  aussi  avancé  qu'avant,  sauf  sur  un  point  :  l'un 
'rtrwifcf  ced,  l'antre  cela,  mais  tout  le  monde  eii  d'accord  aujourd'hui  pour 
ncnutre  que,  s'il  jr  a  dans  cet  îmmenie  (atras  quelque  chose  d'authentique, 
■i  *  a  ue  masse  inorme  d'interpolations  el  de  falsifications.  Je  suis  très  porté, 
pw  ou  pari,  i  croire  qu'il  n'y  a  rien  d'authentique  du  tout,  maïs  on  ne 
pMrn  le  décider  que  quand  on  aura  appliqué  i  ces  productions  buarres  l'ins- 
InMotde  la  critique  philologique.  Elles  sont  écrites  lies  plus  anciennes)  dans 
Il  t^pte  di  XII*  siècle,  el  ce  n'est  pas,  comme  on  veut  bien  le  dire,  une 
Mplt  qwsiioD  d'orthographe  :  la  mesure  des  mots  et  l'homophonie  des  syllabes 
^nawBy  sont  ce  qu'elles  étaient  alors.  Or  du  Vl»  au  Xll*  siccle,  si  je  ne  me 
l'Vp^le  gallois  avait  subi  de  tels  changements  que  des  vers  composés  à  U 
fMitrt  époque  ne  devaient  plus  avoir  i  h  seconde,  ti  on  rempla(iii  les  formes 
Wnies  par  les  nouveiles,  ai  mesure  nt  rime.  Le  vocabulaire  fournirait  sans 
tout  faatres  moyens  de  coiilr£<te.  Tant  que  tous  n'auront  pas  été  appliqués 
ftf  M  main  habite  et  impartiale,  on  ne  pourra  iaire  aucun  usage  de  cet  amas 
*  naxt,  desquelles  il  est  d'ailleurs  diFTicile  de  tirer  soit  un  renseignement 
'^'''îfM,  soit  un  plaisir  poétique. 

^-  de  La  B-  n'est  pu  aussi  sévère.  Il  croit  pouvoir  démêler,  dans  les  huit 

1*^  attribuées  i  Myrddin,  ce  qui  est  authentique  et  ce  qui  ne  l'est  pas.  Je  ne 

KMirni  pas  dans  celle  discussion,  oii  il  montre  d'ailleurs,  comme  d'habitude, 

"•■Wtp  de  science  et  de  méthode.  Quelques  remarques  seulement.  Pourquoi 

''WÏIe-l-JI  le  barde-prophète  du  VI«  siècle  Mcrh/t'  Ce  nom  est  de  l'invention 

^  '^tfrei  de  Monmouth,  qui  sans  doute  a  reculé  devant  le  Ntrâinas  qu'il  aurait 

"^M  latinisant  le  nom  gallois,  mais  qui  trouvait  assurément  dans  U  tndi- 

J*  *nc  (orme  avec  i/,  puisqu'il  prétend  que  Caermerdin  (Carmarthen.  ancien 

*>JMBm|  doit  son  nom  i  Merlm.  —  M.  de  La  B.   appelle  touionrs  11  Vitd 

*''ùien  vers  Vu  4t  Mtrim  U  Caiidonkn,  et  dit  (p.  aSj  qu'elle  a  été  écrite 

*  *'"'  U  fin  du  X\\'  siècle  ;  i  mais  ce  poème  est  sans  aucun  doute  de  Gaufrei  de 

■***BO»th  el  a  été  par  conséquent  écrit  avant  1 1  ^4.  Quant  au  surnom  de  CaU- 

^^  (oh  piulAl  Cdiéwmi  ou  Siirtum  donné  ï  Merlin,  il  ne  6gure  pas  dans 

Il  P*hM;  il  «1  de  l'invention  de  Ciraud  de  Barri  l/n'n.  Kam^t.  Il,  S),  qui, 

"*Ppé  de  r»Mchronisme  qu'avait  commis  Gaulrei.  a  essayé,  il  U  façon  des  gens 


376  COMPTES-RENDUS 

du  moyCD  âge',  de  tout  concilier  ea  suppounl  deux  Merlin;  oun  la  Fus  Mtt' 
liai  dit  npressftnent  (jae  son  hfros  cuit  le  loèioe  qui  avaK  i>dîs  parié  i 
Wortigem.  —  Le  Malgo  m  Britonam  de  Fordun  (p.  )()  ne  panîl  venir  tOBti 
simplement  de  Gaulrei,  et  ne  peut  donc  servir  1  établir  r«][istence  d'un  second' 
Ma^lgoun.  ~  La  voyelle  «  nVst  pas  t  une  lorte  d'article  que  les  Gallois  meneni 
devant  les  noms  communs  et  les  noinv  propres,  comme  j'ibnit  i esprit), 
j-uol  lécole),  Y-Styffan  iSUUn  ou  Edeime),  *  mais  la  voyelle  d'appui  préposée 
à  l'i  impure,  et  je  ne  demande  si  ystotan  ne  veut  pas  tout  siaplcment  dire 
«  écolier.  ■ 

G.  P. 


Sir  Gaw&jrae  and  the  grMo  Knlflit,  a  eomparison  with  ihe  fretich 
Ptrceval,  preceded  by  in  investigation  of  Ihe  author's  olher  works  and  fo?l(H- 
wed  by  a  choira cterizaiiufi  ol  Gawain  in  english  poems.  Inaugural  Disserta- 
tion  for  obtaining  the  degree  of  docur  of  philosophy,  présentée  before  ihe 
philosophical  i-'aculty  of  Ine  Univcrsity  of  itOrich  by  Mjnlia<I*iiEV  Tmoks^. 
^Arich,  Fiisch,  i^i}.  in-g',  i&{  p. 

L'opuscule  dont  on  vient  de  lire  le  titre  est  en  lai-nSnie  un  petit  évéoenent 
dins  l'histoire  liitérairc.  C'est  ia  première  fob  qu'une  fcniirc  obtient,  avec  ui*f 
dîssertilion  en  règle,  »u  moins  dans  le  domaine  de  nos  études,  le  titre  de  doc- 
leur  en  piiilc-sophic  dans  une  université  germanique.  11  (aut  noter  ici  ce  qu'il  y 
a  de  curieux  dans  le  fait  d'une  dissertation  prèttnlce  en  anglais,  i  une  univer- 
silé  suisse,  par  une  Américaine,  sur  un  sujet  qui  touche  i  la  fois  la  littéralttre 
de  l'Angleterre  et  celle  de  b  France  au  moyen  Sge.  Hâtons-nous  de  dire  que  la 
faculté  de  philosophie  de  Zurich,  pour  accorder  le  titre  de  docteur  i  Miss 
Manha  Carey  Thomas,  n'a  eu  besoin  ni  d'indulgence  ni  de  galanterte.  Sa  dii- 
serlalion  est  très  bien  laite,  allestc  beaucoup  de  lecture,  montre  pirtoul  un 
esprit  judicieux,  et  est  certainement  au  moins  égale  â  la  plupart  des  travaui  du 
même  genre  Nous  en  parlons  ici  d'abord  pour  faire  connaître  1  nos  lecteurs  le 
fait  en  iui-mCme.  ensuite  parce  qu'une  partie  au  moins  de  l'étude  de  miss  Tho- 
mas rentre  dans  le  cadre  de  notre  journal. 

On  sait  que  le  poème  anjjlait  sur  Caaya:a  tt  h  Val  Ckevalirr  est  le  ruyau  de 
la  poésie  narrative  anglaise  du  moyen  Age.  L'auteur  en  est  inconnu,  nuis  parait 
avoir  composé  trois  autres  poèmes,  ceux-tJt  des  ouvrages  de  morale  et  de  piété. 
Dans  la  première  partie  de  son  travail,  miss  Th.,  discutant  cl  souvent  reclifiant 
les  opinions  de  Madden,  Morris,  Traulmann,  Ten  BHnk,  etc.,  montre  que 
l'auleur  de  ces  trois  poèmes  est  bien  le  même  que  celui  de  Caiti'jtii,  cl,  quant 
AUX  dates  relatives  et  .ibsolues  des  quatre  ouvrages,  conclut  ainsi  (p.  }))  :  *  le 
placerais  la  Ptc/^  avant  Gaumm;  CflaMia  vers  1371-77;  la  Piirrt/ vert  i]78-8o; 
et  la  Patuau  après  la  Partit.  »  Ces  conclusions,  appuyées  sur  l'examen 
attentif  des  idées,  de  la  langue  ei  de  ta  versification  dans  les  divers  poèmes, 
paraissent  1res  bien  fondéci. 

La  seconde  partie  nous  intéresse  de  plut  près.  Elle  a  pour  »jtt  la  compa- 


I.  De  mèBe,  pour  cond&er  VH'tstori*  Briionem  avec  Canfrei,  il  dit  :  MirtiMtt,  fof  tt 
Am¥ntiat  4kai  ut,  ^aia  HaornlaU  futrat 


I 


* 


Carby  Thomas,  Sir  GawayK  and  the  green  Katgfii  777 

XiietM  te  Qmram  iv»  une  partk  do  Ptrrtval  français.  Sir  Fted.  MaddcR  avait 
i^  tus  l'ofiiDion  ^m  le  potme  anglais  ^lait  imité  d'un  ^isode  da  Puccval, 
'm  k  Uros  m  inaçais  eil  Carados  et  non  Couvain.  Le  sujet  de  cet  Épiiode 
oibn  ttrangc  :  un  inconnu  vint  i  la  cour  d'Arthur,  et  invite  un  chevalier  â 
kôcetptrla  tête  arec  sa  propre  èp^,  i  cûndilioa  qu'au  boal  d'un  an  S  se  la 
biaen  tooper  par  lui  ;  Carados  accepte,  tranche  la  télc  de  l'inconnu,  qui  la 
««aw iranquillefoent.  la  remet  «ir  ses  épaules,  et  s'en  va;  il  revient  au  bout 
fHiB,  etCarados,  héroiqueinent  Kdile  Ji  u  promesse,  s'agenouille  pour  en 
■^  TeitoitioB  ;  malgré  tuutcs  les  prières  du  roi  et  de  la  cour,  l'inconnu 
'l've  de  renoocer  i  son  droit  ;  il  lève  le  bras,  mais,  au  lieu  de  laisser  retomber 
'■vie cal  de  Carados  le  tranchant  de  sa  lourde  ipée,  il  ne  lui  donne  qu'un 
Kger  coop  de  plat,  et,  le  pretunl  d  part,  lui  apprend  qu'il  est  un  enchanteur  et 
••  «ni  père  (cetle  aventure  a  plus  tard  des  suites  dont  il  n'y  a  pas  â  parler 
•"-  —  Les  différences  avec  le  récit  du  VV/t  Cktvilur  sont  importantes  :  ici 
'^*HOiiu  le  préteote  armé  d'une  hache  et  non  d'une  êpée;  il  fait  jurer  i  Gau> 
*"B>ooepa(  de  l'attendre  dans  un  an,  mais  de  venir  le  retrouver  ï  *  la  Cha- 
ule nrte  •  ;  il  lève  deui  fois  sa  hache  sans  la  laisser  retomber  ei  la  troisième 
''^  fait  i  Cauvain  une  blesiure  légère  ;  enfin  il  n'est  nullement  le  père  de  Cau- 
*"ti.  nais  agit  sous  l'inspiration  de  Morgain  la  f^,  la  soeur  d'Arthur,  qui 
*^l  causer  dn  souci  i  Gnenièvre  (te  dernier  trait  scicblc  empfuatè  au  Uaatot 
"*  prose». 

M  ne  ne  parait  pas  démontré,  en  présence  de  ces  divergences,  que  l'auteur 

"*Klu  ait  puiïè  dans  le  Ptiectil  (l'épisode  de  Carados  fait  partie  de  la  ptc- 

"''^rtdei  sgites  ajoutées  i  l'ouvre  inachevée  de  Chrétien),  En  effet  l'histoire  en 

'***n»n  at  un  lieu  commun  dei  romans  bretons.  On  ia  rencontre  déjà,  i  ce 

J^Cs'apprend  mon  am  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  dans  l'épopée  irlandaise,  et 

'^4)1  tts  poèmes  français  de  la  Table-Ronde  j'en  connais  cinq  versions  ditfé- 

^•WB  .  celle  du  Pa<f*al.  celle  du  Grun  Kai^ht,  celle  du  Ptrceral  en  prose 

?^  «  rapproche  Miss  Thomas,  et  deux  qu'elle  n'a  pas  connues,  l'une,  sans  intérêt 

~3  ailleurs,  dans  le  poème  inédit  de  Haahat  [toi.  de  Chantiilî,  t*   117  a-b), 

^*1ilre  dan»  la  MaU  ww  /tan  de   Faien   de  Maisièrei  |v.    iOj-6}i  't.   Dans 

^*Mttut  cl  dans  la  Mult,  comme  dans  le  Cmn  Kaight,  le  héros  de  l'aventure 

^^*  Gauvain.  Il  est  donc  au  moins  .lussi  probable  d'admettre  que  le  poète 

r^*^|lais  a    travaillé  sur  un  poème  français  épisodique,  qui  raconiaîl  cette 

.    *aloire  de  Gauvain.  Ce  qui   donne   beaucoup  de  vraisemblance  Jt  celte  con- 

'^^xlare,  c'est  que  divers  U'aiis.  comme  l'indique  Miss  Th.,  qui  se  trouvent 

'**^Bis  dans  le  poème  anglais,  sont  les  un;  dans  le  Pttuvaiy  les  autres  dans  le 

'^^trcruil  en  prose  ;  ainsi  la  hache  est  l'arme  du  chevalier  étranger  dans  la  prose 

^  t  dans  l'anglais  ;  dans  l'un  et  dans  l'autre  le  héros,  au  lieu  d'attendre  i  la  cour 

^  'Arthur  le  retour  de  l'étranger,  va  chercher  celui>ci  chez  lui  ;  dans  l'un  et 

^au  l'autre,  au  oocueot  o&  la  hache  va  lui  trancher  la  ttte,  il  ne  peut  retenir 


1.  De  U  en  épûode  a  puié.  avec  le  poème  entier,  dans  ta  Croiu  de  Henri  da  TiirKa 
V^.  Moo^-ijiSO.  —  Nfiioni  1  ce  propos  qu'il  ta  inexact  de  dire,  cooime  le  Ut 
^  Wimatxli  [Dtr  MMUi,  p.  116,  n.  j).  <iue  la  Maie  tatu  fnm  %e  retrouve  ua  wt 
«II.  11171  H-.  <iu  léMtdoi  nterUndaii.  L'aventure  qil  y  ex  rKOMée  n'eu  Iktre  qoe 
*=tl)e  de  TyoUt  (tom.  VIII.  40  ;  d.  Jlom.  X,  «»)- 


;7S  COHPTES-ReNDUS 

un  mouvement  d'ipprihemkin  que  son  rnncmi  lui  reproche  '  Let  deux  conte 
sont  d'ailleurs  tellemeni  JilTitrnis  qu'il  est  peu  probable  qnc.  comne  le  croréot 
Sir  Vtcd.  M.iddfn  el  miss  Thoinaï,  l'auleur  du  Gieat  Knight  lésait  •  combinés  » 
ffnsetnole  ,  il  j  eu  sans  doute  lout  l«  yeux  un  poime  [rançais  qo'U  a  luivi.  O 
potaie  donnait  seul  U  tneilletiK  Forme  du  conte  :  il  est  absurde  en  effex  que 
rétrjngcr  propose,  Comme  il  le  (ait  dans  le  Pirinat  m  v«fs,  dans  Haiibaat^, 
tians  la  MaU  ssiu  fnm  >,  de  se  laisser  couper  la  ttie  i  coaditioo  de  la  couper 
ensuite  i  son  eiiculeur.  Dans  le  Cmn  Knîgkl,  au  contraire,  il  propose  soile- 
menl  *  a  ttrok  for  an  other,  t  ce  qui  parait  acceptable  :  Gauvain  lui  appli^e 
de  toule  sa  force  un  coup  sot  la  nuque,  et  Fait  tomber  sa  l£le  par  terre  ;  mais 
alors,  à  la  stupeur  de  tout,  il  la  ramasse,  et  s'en  va  cit  rappelant  i  Gauvaia 
qu'il  doit  au  bout  d'un  an  venir  recevoir  le  même  coup.  Le  Ptrtmil  ea  nri 
suivait  un  récit  pareil,  el  en  a  uns  doute  conservé  les  termes  en  disant  :  Lt 
dan  tst  ioiii  rcçoivtt.  Pcr  une  auirt  lolit  prtnJn  '  ;  mais  il  ajoute  maladroite- 
ment :  s'il  II  iiitns  ttuiaUtr  Qui  U  Ustt  mt  paîit  trtnthur  A  an  seat  Uf  4t  etstt 
tipic.  Et  u  rtpttlj  Jt  la  colit  Aprit  santr  il  rtnani,  etc. 

Le  Creea  Knight  mde  à  l'histoire  du  coup  donné  et  reçu  une  autre  aventara. 
Tout  près  du  but  de  son  redoutable  voyage,  Gauvain  est  hébergé  dans  un  chl- 
teau  dont  l'hâte  lui  fait  l'offre  suivante  :  il  ira  i  la  chasse  et  Gauvain  resten 
auprès  de  la  dame  du  cMleau  ;  le  soir,  ils  échargeronl  les  produits  de  leur 
journée,  La  dame  t'diorce  de  séduire  Gauvaîn  ;  mais  elle  échooe  coropléleniefil, 
«le  mari,  en  rentrant,  donne  sa  chasse  sans  rien  recevoir  en  échange.  On  rvcooi- 
nieace  le  lendemain,  et  le  soir  Gauvain  rend  loyalement  A  l'époux  quelques  h*i- 
screqu'il  a  re^us  Mais  le  troisième  jour,  il  manque  â  son  engagement  ;  non  qu'il 
ait  entamé  l'honneur  de  son  hâte,  mais  il  a  consenti  i  accepter  de  la  dame  une 
Ceinture  qui  préserve  des  blessures  et  de  la  mort,  et,  loin  de  la  remettre  le 
soir  au  gain,  il  ne  lui  dit  mot  de  ce  prisent.  Or  le  mari  n'est  antre  que  le 
Verl  Chevalier  lui-même,  et  c'est  pour  cela  que,  lorsqu'il  semble  vouloir  déca- 
piter Gauvain,  il  lève  1  deux  reprises  son  épée  sans  le  toucher,  nab  hii 
fait,  b  troisième  bis,  une  légère  blessure, 

On  n'avait  pas  indiqué  jusqu'i  présent  de  source  pour  ce  second  élémenl  du 
poème  anglais.  Miss  Thomas  le  croit  tiré  d'an  épisode  du  même  Pumai,  de 
l'aventure  de  Gauvain  avec  la  sœur  de  Guigambresil  dans  la  partie  due  1  Chré- 
tien. Le  rapport  se  borne  Ik  ceci  :  dans  les  deux  cas  l'ennemi  de  Gauvain,  que 
celui-ci  ne  reconnaît  pas,  te  btstc  J  la  société  d'une  femme  (de  sa  Femrae  dans 


I.  AU  teste,  Jans  le  Pmeral  en  pnue,  toute  Ilibioire  est  modifiée  :  ce  n'est  plvt  celui 
qui  a  eu  la  tète  coupét,  c'en  ton  Irére  qui  preoid  u  rcvaache  nii  LaacclM. 

i.  Le  conte  cii  très  altère  djni  ce  roman,  où  il  s'apt  d'un  vilain  armé  d'une  bacte  : 
quant)  il  vtni  relever  la  tête  trancha  pu  cauvain,  «lui-ci  le  relient  par  ses  tiaMo,  et 
BtBti  il  rote  mort. 

t.  Dans  le  Fttenal  en  proie,  comme  il  vient  d'être  dit,  le  perjoanaoe  (hxii  Uncctoi 
coupe  la  léte  et  celui  qui  fait  mine  de  la  couper  1  Lincelot  toni  deu  frères  et  non  «a 
uni  et  même  homme  il  en  résulte  que  tout  diflère  :  le  ;ru  parti  que  l'éirai^er  propote 
i  Lancclût  est  de  le  lucr  ou  d'être  tue  pir  lui  ,  l.jncc)oi  priUre  ruturelkmeiil  la  pre<- 
miére  iDenutive,  mais  ttle  entraîne  la  promeise  de  rerenir  dans  un  an  s'eipoicr  au 
mfrne  ion, 

4-  Ceti  la  variante  du  ms.  de  MontpcUiei  (cl  de»  inti  8.  N.  fi.  1419  et  'ifT?)  : 
l'autre  rajnillc  {B.  K.  fr.  794.  141  \,  iai76,  Moiu)  donne  fPotvin.  v.  ti6|9-6oJ  :  CÔlfr 
dtmani  sMi  dtçoirrt  Pcr  une  éulrt  tmni  a  rtçetrrr. 


Carby  Thomas,  Sir  Gawayne  and  the  gretti  Knight  jy^ 

"j^Itil,  de  u  fonir  dans  le  français)  pendant  qu'il  est  A  la  chus«  ;  dans  Ict 

<lMiatiJ  t'établit  entre  elle  et  Gaurain  une  intimité  un  peu  trop  grande,  et 

tàliQb  en  eit    pum.    Mail  c'mI   li    une   restcmblanc*' bien  générale,  et  dans 

tmeocp  de  romans  de  la  Table-Ronde  nouï  reiTuuvons  des  ijunnées  analogues 

i  ceDc  it  l'épiiode  do  Vnt  CAnj/iVr,  et  ntmc  plas  rcssembUntes  que  l'aven- 

0"*  dcGasvatn  avec  Guigambrcsil.  oii  manque  le  irait  essentiel,  le  piège  tendu 

°Pfi%  au  chevalier  par  k  niart,  qui  veut  l'éprouver.  Il  ne  parait  donc  pas  cer- 

^'S  que  l'auteur  du  po^cne  anglais  ait  puisé  dans  Chrétien  Celte  secontle  partie 

^  *oc  récit,  et  les  rapprochemenis,  fort  intelligents  d'ailletirs,  que  fait  Miss  Th. 

"■re  dUen  païuges  du  Grcin  Kni^kt  et  du  Perteval  pour  établir  que  l'auteur 

<<>  premier  étatl,  en  récrivant,  tout  imbu  de  U  lecture  du  second,  ne  sont  pat 

■hiolunKnt  probaniE.  Le  plus  remarquable  est  celui  qui  concerne  l'èpithéte 

l'lUaée  i  Agravaifl,  frère  de  Gauvain  :  le  poète  anglais  accole  i  son  nom  ua 

'■rnoin  tout  français  :   •  Agravayn  a  la  dure  mayn,  •  et  sir  Kred.  Madden  a 

""i^rqué  que  ce  surnom  ne  lui  était  jamtis  donné  dans  les  romans.  Miss  Tho- 

*tt  alègue  cependant  ce  vers  de  Chrétien,  dans  l'épisode  mSine  dont  il  s'ajjit  : 

^  H  ttcetu  ut  Agreritnf,  Li  orgmlUiu  at  liuia  maint.  Mais  pour  avoir  mis,  ea 

'■sçiis,  a  ta  dure  iniiin,  et  non  ■itij  dura  maini,  il  faut  saut  doute  que  le  poêle 

*>gUs  ail  eo  les  mots  tels  quels  dans  sa  source,  et  pour  que  Chrétien  ait 

^rté  ce  surnom  1  Agravain,  il   faut  qu'il   lui   ait  été  donné  par  d'autres.  La 

flCstioo  reste  donc  douteuse,  et  je  suis   porté,    pour  ma  part,  i  croire  que  le 

f*^mt  anglais  est  bit  tout  entier,  sauf  probablemem  d'assez  grandes  modifica- 

l^Ms  6e  détail,  sur  un  modèle  français.  J'ai  dit  ailleurs  {Rom.  X,  ^ù-j)  que 

{■re^oe  tous  les  romans  ipisotiiifuts  élaietit  consacrée  à  Cauvain  :  son  aventure 

"ec  le  Vert  Chevalier  étjit  sans  doute,  déji  en  français,  le  sujet  d'un  de  ces 

romaBi, 

La  troisième  partie  de  l'étude  de  Miss  Thomas  a  pour  objet  le  caraaére  de 

^«rataia  dans  les  romans  anglais  oit  on  parle  de  lui.  Je  citerai  ici  un  passage 

te  riHrodaction  i  cette  troisième  partie,  qui  montrera  combien  la  critique  de 

i*  jctK  Joilonst  est  judicieuse  et  avisée  :  «  U  n'a  pas  pu  y  avoir  de  Hartmanns, 

il*  NVotIrams  ua  de  Gollfndi  anglais  pour  traduire  ou  rekindre  dans  leur  entier 

tes  rwBjns  d'Arthur  :  1  l'époque  ofi  ils   iniéressaient  le  plus,  c'était  le  français 

^'oi  écrivait  i  la  cour  d'Angleterre,  et  on  lisait  les  originaux  Irancais.  Ce  qui 

■*i>tem  ce  genre  dans  la  langue  du  peuple  a  donc  un  aractère  plus  populaire; 

'"    y  remarque  l'ignorance  des  mœurs  courloiscj  ;  c'est  le  reflet  du  goût  du 

V^bbcugtais  (Bsqu'auquel  ont  pénétré  ces  histoires;  et  i  cause  de  cela  préct- 

•**««  il  semble  iniéressani  de  faire  ce  que  Madden  n'a  pas  fait,  c'est  i-dire  de 

'***'  l'attitude  prise  envers  Gauvain  par  les  poèmes  anglais,  comme  tels,  dans 

^***  ^  cas  où  ils  diffèrent  de  leurs  originaux  immédiats.  Ce  n'est  pas  que  nous 

'fOfts  j  lUenJre  d'eux  beaucoup  d'incidents  nouveaux,  ou  quelque  point  de  vue 

1"'  ne  se  trouverait  pas  dans  les  poèmes  français  :  c'est  le  choix  qu'ils  font  dans 

">cidentt  qui.  àms  ta  plupart  des  cxs,  est  leur  verdict  iMiss  Thomas  montre 

.      "'te  que  lous  les  poêles  anglais  ont   fait  de  Gauvain  un  type  accompli  de 

^*^^t  je  pïOBewe  et  surtout  de  courioisic  icn  quui  d'ailleurs  ils  te  sont  con- 

^T***»  k  tenrs  modèles  français] ,  et  signale  en  terminant  l'étrange  contraste  que 

^  Gauvain  des  anciens  conteurs  avec  le  Cauvain  hypocrite  et  déloyal  que 


}8o  COMPTES- RE  HDUS 

TetiR^n  i  fepriienté  Jii  public  aitgliih  moderne  d'âpre  les  indication  des 
moins  ancieos  romans  en  prose  françaî».  On  sent  qw  l'aDteur  éprouve  vae 
secrète  indign^lion  devant  ce  travntiiscnicnt  de  ion  béros,  et  Gauvam,  dans  m 
longue  carrière  pofiique,  a  garanti  ou  vengé  l'honneur  de  tant  de  danws  et 
demoiidles  qu'il  cnértlait  bien  que  l'une  d'elles  se  fil  ie  champion  du  tien. 

O.P. 


1.1  byatore  de  JnUas  César.  &'ne  allfrani^sche  Erzxhlune  m  Prosa 
von  Jehan  de  Tuim,  iuai  ersten  Mal  herausgegebcn  voii  Dr.  F.  Si:TnfQAfi. 
Halle,  Niemeyer,  i88),  in-8",  270  p. 

J'ai  dtii  communiqué  aux  lecteurs  de  la  Hamania  |IX,  6ii\  les  inièretsaaU 
rcsullats  dfs  recherches  de  M.  SettegJtt  sur  Jehin  de  Tuim  et  Jacol  de  Foresï  : 
ce  dernier,  dans  son  roman  de  Julm  Ctar,  n'a  fait  que  mettre  en  vers  la  prose 
du  premier,  cl  il  le  cite  même  nominativcineot  â  un  endroit.  Devant  crt  état  de 
choses,  M.  S.  a  renoncé,  ce  qui  avait  été  son  dessein  prîpitif,  i  pDblwr  le 
poigne  long  el  médiocre  de  J^cot,  se  bornant  à  en  communiquer  de  nonbrenx 
fragments  dans  !es  variâmes.  En  revanche^  il  a  imprimé  avec  beaucoup  de  soin 
l'ouvrage  de  Jehan  ;  il  n'en  connaissait  d'abord  que  deux  manuscrits,  i  Rooe 
|V)  et  i  Saint-Omer  (S>  ;  il  a  eu  depuis  connaissance  de  deux  autres,  l'un  i  la 
bibliothèque  de  l'Arsenal  h  Parts  (A),  l'autre  i  Bruxelles  (B|.  Il  a  copié  oa  col- 
laiionni  complètement  les  trois  premiers  ;  le  quairiéne  a  po  être  1  peu  pris 
Eaifsf  de  zà\h  comme  appartenant  1  une  famille  déji  repii^entée  par  dciu 
autres,  M.  S.  momie  en  effet  que  A  S  B  ont  en  commun,  du  commencement  i 
la  fin,  des  fautes  nombreuses  et  remontant  certainement  au  même  auteur;  V  est 
isolf  en  face  d'eux,  et,  s'il  a  quelquefois  de  moins  bonnet  ietoni  que  la  Eamille 
A  S  B ,  il  lui  est  généralement  supérieur.  C'est  donc  ce  manuscrit,  le  plus 
ancien  des  quatre  <A  seul  pourrait  lui  disputer  cel  avantagel,  que  M.  S.  t  pna 
avec  raison  pour  base  de  son  édiiion.  Il  est  d'ailleurs  arrivé  S  constater  que  les 
quatre  manuscrits  ont  en  commun  des  fautes  qui  atlesteni  qu'ils  dérivent  tous 
d'un  intermédiaire  dé|à  dcteclucux  en  certaine  cndro'ts,  en  sorte  qu'on  n'est 
pas  assuré,  en  les  comparant,  de  remonier  i  l'original. 

Cela  étant,  il  semble  que  l'éditeur  a  tranché  un  peu  précipitamment  la  «jaes- 
tioR  du  rapport  de  F  ipoènte  de  Jacot  de  Forest)  avec  les  manuscrits  en  prose. 
Après  avoir  établi  que  Jacot  n'a  fait  que  mettre  en  vers  le  livre  de  Jehan,  il 
cherche  1  se  faire  une  idée  du  manuscrit  sur  lequel  le  rimeur  a  travaillé,  et  il 
pense  qu'il  appartenait  au  groupe  représenté  par  V.  Les  quatre  preuves  qu'il 
en  donne  (p.  vij)  sont  très  peu  satisfaisantes.  '|  Jacot  a  dfi  écrire  trient,  que  le 
copiste  de  l'unique  ms.  de  son  poème  a  changé  en  trrant;  i)  Uuet  pour  Uut  se 
trouve  dans  beaucoup  de  manuscrits  du  Nord>Esi,  et  l'erreur  de  Jacot,  qui  a 
compris  Inre^  prouve  peut-être  que  son  ms.  avait  liiut,  mais  cela  n*implM)uc 
pas  que  ce  ms.  (At  proche  parent  de  V;  ;)  Joitt  de  V  est  la  bonne  leçon  ;  le 
fait  que  Jacot  l'avait  sous  les  yeux  ne  prouve  donc  rien  ;  4)  (i-ranf  dans  F  est 
une  cheville  pour  la  rime,  et  n'a  nullement  besoin  de  s'appuyer  sur  le  tos  de  V, 
pris  pour  ton.  En  revanche.  coTnment  se  fait-il  qu'aucnne  des  butes  comnonei 
i  V  A  S  B  ne  te  retrouve  dans  F^  M.  S.  die  deux  cas  oïl  F  a,  d'après  Itn, 


Settecast,  Li  hyjtOTt  dt  JuHas  César  )8i 

smélior^  par  critique  conjtcturile  ;  il  y  en  aurait  beaucoup  plas  i  citer,  ef  àii 
lors  crtte  excellence  àe  critique  devient  bien  invraise[nblabl«.  It  est  cisir  que  F 
remante  À  un  manuscrit  indépendant  de  x'  <=:  V  +  A  S  B),  ci  d^  lors  il 
aurait  pu  sans  doute  fournir  X  la  critique  du  texte  un  iecoon  plus  grand  que 
celui  que  M.  S.  lui  a  demandé. 

Cette  remarque  en  am^nr  une  autre.  M.  S.  signale  divers  passages  oti  F  est 
plus  long  que  b  prose  cl  se  trouve,  pour  ses  additions,  d'accord  avec  Lucain 
ou  les  Commentaires  de  Cé%3T;  il  suppose  donc  que  Jacol  s'est  muni  de  ces 
juteurs  pour  amptifier  le  texte  qui  les  avait  pris  poiur  gnidei  et  qu'il  suivait  i 
son  tour  '.  Cela  parait  fort  peu  vraisemblable,  étant  donnic  la  manière  de  tra- 
vailler habituelle  aux  rimeun  de  son  temps  et  parti culièfemenl  i  lui.  Il  me 
semble  plus  croyable  que  la  rédaction  conservée  dans  V  A  S  B  est  une  rédac- 
tion abrégée,  tandis  que  P  a  eu  et  mis  en  vers  le  texte  plus  ample  qu'avait 
écrit  Jehan  de  Tuim, 

M.  S.  explique  ensuite  comment  il  a  établi  son  texte,  et  notamment  comment 
il  a  lu  le  mi.  V  ;  puis  il  examine,  dans  une  étude  sommaire  mais  soigneuse  et 
méthodique,  les  traits  linguisliques  de  ce  texte.  Il  s'occupe  ensuite  de  la  per- 
sonne de  l'auteur,  sur  laquelle  on  ne  sait  malheureusement  rien  (cf.  Rom.  XI, 
619),  si  ce  n'est  qu'il  vivait  au  XIII*  siècle  et  qu'ij  était  de  Tuim,  aufourd'bui 
Thuin,  dans  le  Hainaut  (Belgique!  :  la  langue,  telle  qu'elle  af^rali  par  la  com- 
paraison des  manuscrits,  peut  fort  bien  en  effet  être  Mlle  de  celle  région,  Jehan 
était  un  clerc,  cela  va  sans  dire  ;  il  a  écrit  son  ouvrage,  d'après  le  latin,  pour 
plaire  sans  doute  i  quelque  seigneur  ou  â  quHque  noble  dame.  M.  S.  examine 
SCS  sources,  qui  sont  d'abord  Lucain,  puis  les  suites  des  Commentaires  de 
César;  Jehan  s'arrête  au  retour  de  Ciur  i  Rome,  le  laissant  en  pleine  prospé- 
rité, sans  indiquer  le  moins  du  monde  la  catastrophe  déjl  si  proche.  A  ses 
sources,  il  a  ajotilé  beaucoup  dans  les  délaits,  notamment  dans  les  descriptions, 
et  un  grand  morceau  oit  il  peint,  sur  le  modèle  des  romans  en  prose  de  la  Table- 
Ronde',  kl  amours  de  César  et  de  Cléopilre,  et  dans  lequel  il  intercale  tout  an 
traité  de  l'amour.  J'anrais  voulu  que  M.  S.  ik  se  conlentSt  pas  de  ces  indica- 
tions sommaires  et  éludilt  comment  Jehan  se  comporte  notamment  avec  Lucain, 
où  et  povrqsoi  il  l'abrège,  quand  et  pourquoi  il  comprend  de  travers,  et  par 
quelles  additions  et  modifications  curieuses  il  substitue  partout  i  Pesprit  et  au 
milieu  antique  le  ton  et  le  costume  du  moyen  Sge.  C'est  une  étude  qui  reste  i 
faire,  et  qui  n'est  pas  sans  quelque  intérêt,  Jebaa  de  Tntm  étant  après  tout  (en 
laissant  de  cAté  les  livres  religieux)  le  premier  (raductenr  en  prose  d'un  auteur 
de  l'antiquité  dont  l'œuvre  nous  soit  parvenue  ;  il  est  probable  en  efict  que  ton 
Citât  i  été  écrit  avant  te  VigUt  de  Jehan  de  MeBn,  qui  a  eu,  comme  ClSêT^ 
la  Tortune  singulière,  et  encore  plus  iRaitenduc,  puisque  l'original  latin  étaK  en 
prose,  d'être  mis  en  vers  peu  de  temps  après  sa  publication. 


I.  A  un  cudroil,  d'aprit  M  S.Je  textcde  Lucain  auraii  Indoii  lacos  à gJier  ion  propre 
irite  :  pour  itot^  lehan,  14,  t,  donne  itottt  sâsKour,  licoi  ta  ««■/  Oin:  or,  to«i 
près  de  a  mot,  LikiIb  a  Naaiiu,  «  Jarai  luis  lu  ei  traduit  Homiaé.  Je  crob  pluiAi 
qu'il  a  iciii  Ut  noz  dmi.  ce  i)tii  eiiii  uu  doute  lusi  la  letoo  de  it&tn. 

1.  u  portraii  de  C^èopltrc  [[>.  161  t.)  parait  Inlie  dafameiii  ponrait  d'iKil  dm  le 
Triitait  ;  lelun  dit  de  reile  »prtsi£i«M  qu'elle  ■  edoM  tant  btele  c'onqucs  aotre  dame 
ne  fu  plui,  te  ne  fu  Hcltne  ou  Ywvi  de  Coiaootille.  » 


^9t  COMPTCS-REHDUS 

Je  D'aurais  guire  i  rtlever  dans  le  texte  tort  utitbiMol  de  M.  S.  qoe  d«l 
ftulM  d'impression  et  de  pooclnation,  Je  pi»e  au  glouaire,  qni  est  b  partie 
de  son  travail  la  plus  inléreisante  d  la  plui  m^nloirf.  Je  oe  relève  pat,  natu- 
rellemcni,  tout  ce  qu'il  contient  de  bon  <  ;  je  me  boroe  i  présenter  des  obtcrva- 
tioDi  et  Ats  iidditions  sur  quelques  poials. 

A(oa»tter.  Le  sens  de  *  vemichlen.  zu  Gninde  richlen,  >  ne  paraît  pas  tout 
i  fiit  ciact  :  il  est  trop  éloigné  du  sens  primitif  ;  ie  traduirais  platdl  <  accjUcr  i 
par  le  nombre,  et  de  U  même  ■  écraser  *. 

Aigrt  et  mgt€,  au  sens  de  •  désir,  •  piraiisent  fort  douteux  ;  le^  deui  fois 
le  ms.  V  est  seul  à  les  donner  ;  on  peut  Uire  sur  <x  qu'il  y  avait  dans  rorigiaa! 
diverses  conjectures.  M.  S.  rapproche  li  futwrf  d(  nul  tngn  dans  Aïol,  •  bien 
que  les  éditeurs  Irarriçais  le  rendent  par  'race'.  •  Si  le  not  est  bien  assuré,  il 
doit  en  cRel  te  rappOf  ter  i  engi^r.  et  n'a  rien  il  faire  ici  ;  c'est  aussi  l'optoion 
de  M.  Toblcr  (voy.  la  note  de  l'èd.  Fcerster).  Au  reste,  il  est  erroné  de  dite 
que  l'aoc.  fr.  mat  Situent  Aaas  Grrari  dt  Roass.,  p.  167)  vient  du  lalin  acer; 
les  exemples  anciens  ont  tous  un  r,  qui  exclut  ce  rapprochement. 

4  Eiligier,  acheter,  v  dit  M.  S.  ;  <  de  même  dans  Aioi  U'I'ê'^,  ob  c»pen> 
dani  les  Mileurs  français  le  traduisent  par  'payer'.  >  M.  F<srster  traduit  éfcaie- 
meni  :  *  auslcrsen,  beuhlen,  >  el,  si  dafs  beaucoup  de  passages  ahgitr  peut 
(ire  rendu  par  ■  acheter,  *  il  en  est  d'autres  où  il  ne  peut  siftniâer  que  ■  payer.  * 
Vo)-.  sur  ce  mot  Tobler,  Jahrb.  Vlll,  {41.  M.  Tobler  propose  li  comme  éty- 
mologic  exiltigare,  mais  le  sens  convient  i  peine  et  la  forme  Becosneal  pu, 
parce  qu'i  cAté  d'ttligitT  on  a  etkgur.  Je  rattache  le  mot  i  l'ail,  ledig,  qii  a 
donné  CQ  françJiis  lig(  et  Ugc  :  uttg-a  ou  tili^itr  signifierait  d'abord  1  rendre 
quitte,  franc,  •  d'oli  i  dégager,  •  puis  *  payer  *.  Ce  serait  un  composé  de  ci 
et  d'un  thème  allemand,  comme  ^inniirr,  tfftter. 

Enramttr  tne  semble  lort  dootcux  ;  je  lirais,  16,  },  uput  tanmias^  d'aiiUtM 
que  le  mot  n'est  que  dans  V. 

Dans  ce  passage  :  Si  ts\  itaai  a  U  mtlltt^  U  irtit  u  on  astaUit  lu  mut  foir 
abjtff  !cs,  (t  monU  tur  le  frtu  des  mars  e'on  tnit  âiatui,  M.  S.  traduit  frtli 
(var.  ItiM  par  <  sommet,  «  s'appuyant  surle  passage  conrspondanl  de  Lucain  ; 
tilii  summù.  Fuit  serait  alors  une  varianie  de  )au,  primitivement /(«f*,  H 
%oaim  futtt  (voy.  Rom.  1,  96  ss.).  J'ai  cependant  quelques  doutes,  n'ayant 
pmais  rencontré  de  forme  sans  1  en  langue  d'oil,  cl  je  me  deman<le  si  /riii  ne 
signifie  pas  ici  simplement  ■  brèche.  *  de  fr^cta,  mot  bien  connu. 

Fttun.  au  sent  de  •  bris  »,se  retrouve  dans  les  Coutumttdt  A'dniur.etce  sens 
ne  semble  donner  la  véritable  étymotogie  du  mot  dans  ses  diverses  acceptions. 

A  propos  de  rtdotsU,  M.  S.  propose  pour  redoii  l'inadmissible  étymologîe 
retensus.  cl  rejette  celle  de  M.  Lticking,  redossius  (cf.  Rom.  VII,  136): 
pourquoi  i 

Hotiennia  vitnt  de  roluodiare  et  non  de  rolundare. 

Sttot  ou  itnt,  ■  soif,  *  expliqué  par  sjccina,  est  visiblenent  poor  tant,  et 


I .  Je  veux  ID  main»  »ignal«  ijuttqupt  aniclei,  comme  iu3nUn  (Je  tradiriftb  ccpen- 
dani  far  mtsemant  plulAl  |Mr  a  au  hasard,  au  j«ger  >),  atendrt,  tuttrir,  /ttlcn  icf.  Kom. 
VII,  6)a>,  hMa,  irrdù,  niMj,  npoifs  {<(  rofoi  dans  Baruch,  Rom.  a.  Fait.  1, 60,  a);, 
TÎmt  {Ml  louiefois  il  jr  a  qiidqac  coslunon),  qtà  hm  parûoiUercmeni  insmuitli. 


Settioast,  U  bysiore  de  Julius  César  jS; 

Ij  phrase  ou  femuu  ca  umt  suflît  1  montrer  l'étymologie  :  'sitiiii  comme 
'famina. 

Viulriitr  est  loin  d'être  assuré  :  V  donne  vmliUs.  A  witrtus,  S  witnUia  ;  j'as* 
rai  occasion  prochsmcment  de  revenir  sur  les  différentes  formes  de  ce  mal. 

Les  textes  en  prose  de  notre  ancienne  littérature  qui  ont  été  puUiés  sont 
jusqu'ici  en  tua  petit  nombre  ;  on  doit  savoir  d'autant  plus  de  gré  i  ceux  qui 
t'imposent  la  tJche  de  les  mettre  au  jour.  Cette  llche  est  d'ordinaire  i  la  fols 
plus  difficile  cl  moins  attrayante  que  celle  de  publier  des  vuvrcs  poiUc|UCS  ; 
M.  Settegast,  en  ce  qui  concerne  le  roman  de  Jaltas  Ctur,  l'a  parfaitetnent 
rtCDplie  ' . 

G.  P. 


C&atos  popularea  aspaÂoles  recogldoBt  ordeoadoB  e  UnstradoB) 

por  Prancisco  RonniousK  Mari».  Sevilia,  Francisco  Alvarex  y  C»,  editorei. 
—  Tomo  I. 

Ningun  pueblo  precediA  ni  aventajA  al  espâflol  en  coleccionar  lut  cantûs 
populares  narratiiroî,  lo  cual  unido  ai  especial  mérito  de  muchos  de  eibs.  fué 
causa  de  <]ue  se  les  coniiderase  como  Itpos  de)  g^nero  â  que  perlenecen.  Mas 
otros  ramos  de  pocsia  popular  fueron  olvidatlos  6  poco  menot  en  Espafla,  cono 
en  oiros  paires. 

Hubo,  tin  embargo,  excepciones.  Los  refranes,  por  su  brevedad,  su  indole 
didiclica  y  aplicaciones  priiciicas,  han  llamado  l.i  atencion  desde  los  tiempo^  de 
SantilUn.i.  Los  cni){ina.^  o  j^ivininias,  (;éncro  en  que  siempre  han  mediado 
conunicacioncs  eitrc  la  région  erudita  y  la  popular  y  que  ofrecia  cierta  afinidad 
con  los  hJbitos  diaiccticos  de  una  parle  de  la  poesia  cortesaoa,  fueron  estima- 
dos  como  eieracio  de  'wgm\o'*.  Bl  cspiritu  humanista  en  Kodngo  Caro*  lautor 
de  las  Rainai  di  UàlUa)  y  e\  des»  de  butcar  nuevai  formai  p.ira  la  cnscfianza 
religiosa  en  Alomo  de  L^dcsma  '  produjeron  dos  lutados  de  juegos  inUntiles. 

A  pesar  de  que  e1  i^uslo  académico  del  sigio  pasado  no  iba  por  estes  cammos, 
ti  talento  cscudririador  del  P.  Sarmiento  nu  dejû  de  aplicarse,  con  acicito  y 
por  primera  vcz  segun  pensamos,  al.cstudio  de  las  i  coplîllas  y  canaoncs  del 
pueblo  ■  ^copias  sueltas  n  canlares)^.  En  el  flllimo  ano  del  mismo  sigIo  se 
publio!)  ta  primera  coleccio^n  de  obras  de  este  gênero,  à  la  que  siguicron  otras 


I  le  a.'a\  lu  qn'iptéi  ■voir  tcût  cet  article  lu  complu -rend  ut  de  la  publication  de 
It.  Scuegiit  dannti  par  M.  SirpRcI  dam  le  Litiiarisciui  CtntfalUall,  ii<8i,  n*  4}  ;  par 
H.  Mntiafia  dai»  \t  liUraturMan  fài  gtrm.  and  rom.  Littralat,  iB8j,  ■)■  a,  et  p«r 
H.  Tubicr  dans  la  Oeutuhe  LiteiitsutuUatifi,  i98a,  n'  14.  On  y  revouvera  quetquei- 
UBCa  des  obienrations  qnl  oni  M  prétentéa  kî. 

j.  vide  en  TlcknDr,  Hhi.  dt  lit.  ap  Segunda  ipoca,  ue.  V.  Pnsunlaj  y  ntpaaut 
dt  Btto^ar  y  dt  Lopa  de  Cardai  y  Snifmai  ii  Gonialet  it  U  Tom,  j  eif edalmenie 
CD  DOBÔfilo,  Celte,  de  Entgmdf  j  Adnutdiaj.  Bibltogrtpa,  p  481  y  dg. 

|.  DiatgeRjalei  y  t&drkos,  obri  que  ic  esut»  eKnbictido  en  161},  lecnn  obferri 
(todriguei  Marin,  fciit  u  hj  lervîtlo  de  un  int.  de  U  Coloottnna  y  habla  ae  oir«  dai 
copias.  E^  b  Nacionjl  de  MidnJ  h«y  otri  de  qae  tomt  nout  ca  iB;v. 

4.  Juegos  de  aocliei  bitcoai  1  lo  divino,  Birctlona,  lâ^ïi,  reimpiao  en  la  Btt)l.  de 
Rivtdcneyra,  lomo  XXxv, 

}.  Mtmanat  para  la  Aûr.  dt  ia  poaia  y  portas  upâiMu  mOMMàMi  «n  i74t,iflipr»- 
yi  en  widrid  1771   v.  principalmeaie  %  j(i  y  )6. 


;84  COMPTES-RENDUS 

d«  taediano  rAter*.  Con  miras  o  pretextos  peibgôgicos  le  deurîbkrOa  oaeva- 
mttwe  loi  \fitgoi  infantikt*,  de  que  con  fines  mâs  lilcnrias  tratA  tanbira 
D.  Joir  Amador  Oc  lot  Rio»*  y  de  enyii  Ictris  di6  unji  coleccion  poco  nuone- 
TOia  el  aulor  de  las  présentes  lineas*.  La  escrilora  conocida  por  d  pteudÔBJao 
de  Fereian  Caballero  tnaiizô  con  variadas  flores  del  vergel  popuUr  sut  iotere- 
unies  relïlos,  donde  parecen  conservar  la  primîttva  fragancîa'.  Fiitalneotc 
D.  Einilio  Lafuente  y  Alcànlara  public^  una  copiou  y  ordeiuda  cokccion  de 
copiai  y  »|;uidillai*. 

En  esios  iSIlimos  ^rios  ha  dado  grande  impulse  a  semejantes  «studios  D.  Aato- 
nio  Machado  y  Alvarez  iDemôfilo|,  jr-i  en  articulos  tueltos  publiudos  los  mu 
en  la  revista  sevillana  La  Eruidopidiâ^  y»  en  lus  dos  colecciooes  de  Enigmdt 
y  Adiftnjazas  y  de  Cjntti  pamtDcos  (Sevilla,  iSSo  y  iSiii),  y»  promoriendo  la 
(ormacion  de  los  Folklaris  andal'jz  y  frcsnense.  De  él  proviens  umbien,  nb  d 
primer  trabajo  de  invesitgacion,  sino  cl  plan  mas  ampliado  de  la  cokcdoD  que 
es  objeto  del  présente  artîcuio. 

La  primera  seccion  de  la  obra  del  i'  Rodrigtiez  Marm  comprende  lai  Nmss 
h  Copiai  dt  ca/ta.  Conûene  41  canUrcillos,  todoa  de  cuatro  versos.  Muchos 
han  sido  compueitos  adrede  para  adormir  i  los  ninot,  y  algunot  llevan  las  cxda- 
maciones  caractcritUc»  A-la-ro,  Ea-la-ta,  A  h  itana,  namla.  Otras  no  soa 


1.  CclKcion  Je  lot  mtjora  taplat  it  stguiàitlAt,  rinmoj,  fwlM  qvc  st  haa  iompntsto 
ptra  eénUr  4  U  guiurra  Por  D.  Prectw  (Zanuula).  Madrid.  1799.  V.  WoU,  Btiu. 
tur  Sfaa.  VeIkspùaU  aut  dta  We/ken  Fanon  CabaUtn'i  Difha  obra  fut  aniaenuda  por 
■u  ainer  tan  un  nuera  lomo  en  U  rercera  eà.,  i9o[.  Siguieron  lai  cotefonoe*  de  0,  E. 
A  P  .  Kgunda  éd.  1807,  de  un  ao6nteia  en  U  itnprcnti  BarctMeu  de  Agmitii  Raa, 
icgundaed.  iSif  J  mis  lardc  la  de  Sc^arra,  Leipiig,  186).  v.  uftxMe  j  AlciaUti, 
CaïKioam  popular,  Prilego. 

2,  El  Mtntor  it  ta  lajiiatia...  Dirtctor  y  luAactot  Et  txcmo  S.  D.  José  Uiùlai  Vd* 
donaiio,  Midnd,  1S4),  1  Conic»,  coaticnr  viTim  jae((oi,  la  nuyorpanenudos,  peioalcoBOi 
con  letra  no  sirmpre  auièmici.  v.  mat  3cl«bmr  naoïtat  obsmaoofles  wûr  l<H  n**  lll 
y  II).  De  U  pag.  $4  de  r  lomo  vt  i^eiluce  que  tl  rtdactor  del  arôcula  uaia  ootida 
direcii  6  indiretu  de  an  piiaie  de  R.  Caro.  —  Jatios  d«  U  ptimtra  edtd,  Madrid,  iB4i, 
y  JuifOi  y  tatracJiiniiaitoi  de  lui  nlAiu,  Madrid,  iSf>4.  por  D.  Kemando  VilUbrilIt. 
Pone  lot  \iKgot  lin  lai  teiras  pcro  Indica  at^r»,  ^r  eiemplo  :  07À4  Am  m  ati  ai 
taia  Qur  ati  i«  el  ntftt.  Pont  dos  mclodias.  uni  que  dke  analoga  i  U  de  este  jiK^  y 
«ira  fi-anecsi  411e  a  La  tvlanelurj  tl.a  tMiangire,  ac  c^inault  0- 

).  Htsioria  crttita  dt  la  tttnatuia  tipaHola,  IV,  ))8  y  VII,  4)1.  V.  Ui  ofaiervacîoïKi 
towc  iot  a''^i,  186  y  119. 

4.  En  el  fdhrtuth  fur  romaniicht  u  tf^Uscfit  Littrilitr,  VII,  180  y  tif.  V.  las 
obiervacioncf  al  n*  118. 

I .  AdcfliH  de  lai  piKsias  popularei  bueiias  es  sm  ntn-clai.  Fenun  CaKiltcro  pablic6  lai 
dos  caleccionei  :  Catnm  y  potitat  popalaru  mdalaca.  sn-illa.  18(9.  y  Ciuatiu.  on- 
itoati,  adivinat  y  rtjrjntt  popalarii  i  iiifaattttt,  Madrid,  1S78.  Ko  rcntrdo  el  liiolo  de 
orra  coleccwn  de  la  ir.ami  lulora  que  te  me  tia  extraviido  y  ifue  comiiene  leyendat  y 
{ueiiiM  infiniiks  T  verses  de  varia;!  daim  U9tno  lot  de  los  jnitt  de  Sevilla).  Pareee 
que  nodriguci:  Marin  ao  ha  qoetido  aproTt£jiar»e  UCAO  conu  habiera  podido  de  Us  colec- 
cton»  de  >enun.  ~  Algunos  pocUs  lua  pnoM  la  MescîM  es  cl  gtaero  de  lu  coplM 
meliM.  Ai^utlo  Fenan,  jucto  con  llgunas  otifiinaJea,  publirà  (Oeno  tm  cenieftai  de  la« 
popwUrcf .  ATiionio  Trucbi  gloi6  otras  Auiz  Aguîlera  y  D.  Melchor  de  Pibu  {caïaUn  por 
deno:  la  ei  Perran  ^>  m  han  diiiingaîdo  lambien  en  el  cuUivo  en  «ta  tlait  de  poesia, 
de  que  el  (ili'imo  Kaba  àt  pubdcar  udj  ntieva  terie. 

t.  Caifchiiri.'  poputat  :  nlKtion  tiioiUa  àtteplas y  itgaiiilUu.  la  M..  Madrid,  iSâj. 
Cl  mtamD  ufoenie  noi  tubla  de  El  çamùmtn  infaiail  de  D.  iocè  Criiiiawl,  iSéj.  Ca 
el  Mttita  Baitat  ;;diûo  a  Didetnbrc  de  1877]  D.  Ccionlaio  Foncsa  publk6  uni  rcgubr 
toleaiOQ  de  faaiat  fopulara  tu^iÀat  m  ÀiUêbtci4. 


RoDRiûUEZ  Marin,  Cantos  populares  espanoles  jR^ 

MMs  por  el  sentido  pero  sirvcn  para  et  mismo  tiso,  no  menoï  que  algunos  vil- 
tancicoi  de  nocKe-buena,  el  romancillo  del  casamiento  de!  piajo  y  la  pulga,  etc. 
R.  M.  compara  trcs  (it  sut  nanas  con  otrat  lanUï  dt  la  coleccion  de  Pitre  y 
coa  iina  poriuguesa  ',  pera  la  semejanza  es  remoU  y  en  génial  puede  decirM 
que  «te  g^ncro  de  nuetira  pocsia  popular  ofrcce  mcno*  frecutntcs  analoglat 
con  la  de  Los  demas  pucblos  que  los  cacitarcillos  de  otras  clases. 

N*  8,  nota  j.  A  la-ro^ro.  R.  M.  crée  que  cl  origcn  de  cîta  vo7  es  e!  mismo 
de  a-la-yb,  n>-v^,  j/ui  etc.  de  las  nimi-nanni  de  Sicilia  y  derivadai  las  liltimai 
dei  latin  iallus,  î  6  Ullo,  at.  La  liltima  dcrivacion  (6  parentesco)  parece  pro- 
babic,  â  pcsar  ât  la  trasiacion  del  accnto,  sin  necesJdad  de  acvdir  â  una  etimo- 
logla  grifga  que  propone  lambien  el  voc-ibularisca  Pasqualino  ;  en  cuanio  Â  lo 
otro  es  posible,  pero  no  hay  medio  de  probarFo. 

N"  10,  nota  (.  Habla  de  San  Viceau  (de  Paul)  y  es  por  consiguitotc  de 
fecha  poco  antigua. 

N-  14,  nota  ^j.  Oice  que  nnitUo  es  demînutivo  cxtrciDcno.  En  una  copia 
citada  entre  las  demâs  andaluias  por  Fernan  Caballero  se  iiceQac  lindas  mani~ 
tai  |L«  Cdvidtj,  I,  71). 

N'  3}  y  J4,  nota  1  a.  Alude  â  la  extrafla  creencia  de  que  tan  Juin  esta  sujeto 
6,  un  sueRo  de  très  dias,  porquc  de  otra  maoera  el  de  sa  fitsXM  (14  de  juniol, 
segun  un  dîcho  de  Badajoz,  alronara  loi  dclos  ton  alt^na. 

N°  {8,  nota  ai.  Coco  :  ligura  îmaginaria  »  asombro  con  que  se  espanla  & 
los  nmos  :  pàpào  portugues  \papû  catalan). 

—  Sigue  en  el  libro  de  R.  M.  Noticta  fcn  especial  litdtct)  d«  la  obra  inidita 
de  Rodrigo  Caro  intilulada  lius  etc.  y  Irascripcion  de  uno  de  sus  capitulot. 
Ejle  \Dial.  VI,  v|l  versa  sobre  las  palabrai  Ntaa,  Nuia,  LaU,  Lala,  madré», 
segun  Caro,  de  tudos  los  cantares  y  canlares  de  lodai  las  madrés.  El  doclo 
aaticuario  juzga  naturalnienle  jVinir  dcnvada  de  nanij  y  Lah  de  /j//o,  js,  pero 
no  explica  la  forin.i  aciual  Nnnj,  acaso  proveniente  de  h  mezcla  de  las  dos 
palabras,  quedando  las  consonanles  de  una  y  bi  vocales  de  otra. 

—  Oespues  de  e^ta  di^Tcsioci  vicoe  la  copiosa  scric  de  Hunat  mfantilu  lo*  42 
1  441),  aprestirandose  el  colcctor  é.  cscudarse  con  las  palabras  de  Rodrigo 
Caro  :  «  no  se  que  ôrden  podemos  lener  en  h  cosa  que  por  su  naturaleza  no 
lo  deiK.  >  Una  clasificacion  rigurosa  furra  en  verdad  imposlbie,  pero  creemoi 
que  ei  dado  bosquejar  una  aproxitnalîva,  que  en  el  fondo  no  olvidô  enteramente 
R.  M.  Ensayimosla. 

Ejtrticios  faTA  loi  ninos  dt  mener  tJad  :  se  les  hace  tnirar  arriba,  dar  con  sus 
maooi  en  su  propia  cara  îi  en  la  de  otros,  saltar  como  que  cabalgaa,  se  les 
babncca,  se  enurneran  sus  dedos  pertonijicândolos  etc.  [n°  4a  a  éa). —  Satrta 
6  preparacion  &  lai  juegos  para  laber  quien  ha  de  llevar  h  peor  parte  (n*  77 
â  80).  ~  Jiugoi^  corros,  da&ias  representativas  b  especi^mente  imitativas, 
filas  6  bandas,  sahos,  escondrrse  etc.  jn"  69  a  76,  86,  ija,  209  i  14  j),  — 
Jiugos  Je  chiitfiis,  â  veces  complicados  y  que  extgen  especial  ejerdcio,  en  lo 
cual  se  distiguen  de  los  demâs  juegos  \ir  aof,  6971.  —  Jatget  Jt  prtnJts,  mas 


1.  Eita  o  ma*  temtjanic  en  el  fondo  al  n*  }7  que  al  ]3. 

Ronaaia,  XII 


Jl 


î86  COMPTBi-BEHDUS 

propios  de  adultes  (n*  Joi,  J94).  —  Rel'tposJt  y  ndmftt  k  »  miBen  in*  9( 
il  188,  I  (6,  798}.  —  Est^arts  y  aoàhgas.  ReciUdas  al  tr  A  fa  «cuelJ  6  j| 
silir  de  Hla  el  siibado;  en  los  exâmenes;  reblJvas  a  nAsicrc»  Iti  la  tolU, 
parodias  de  oracionn  etc.  (67  a  91  ;  99  i  (05  ;  160  i  169)  *.  —  Burliseat  j 
satirkai  (n"  141  a  ijO'-— Para  pedir  <I72  i  \y\\.  —  CartttciUos  i  ti 
//in-id,  ri /d  /und,  d  rarios  animaks  (lu  i  riSl.  — CorA/ttiriu  |un  ngaflJl 
)ii»6j  a  68.)  — fanffli'flf  natra\tvet  6  Urkas  (176  à  191  alguna,  al  prec»,  dc 
mal  sentido}.  —  Trabaiengoas  (6j  a  68).  —  Hay  algunas,  como  los  n°  9}  y  4^ 
que  se  uta  al  alajar  una  cailfr,  frreductibles  à  tina  de  bs  claies  antertores.  El 
17J,  que  se  canU  cuando  se  déjà  la  ncuela  para  ir  a  robar  frvbi,  puede  con- 
Une  rntre  Us  «colares. 

Dîficil  sera  sicmpre  dislinguir  cvalei  de  estas  cancioncillastueron  compueitif 
por  nlrios  (pocas  sin  duda),  cuales  para  njftos  y  cualet  para  los  adultos  qM 
m&s  tarde  las  han  olvidado.  De  muchat  de  ellas  esta  demostrada  la  suniJ  inti 
gutdad,  al  pa&o  que  olrat,  Ji  lo  menm  en  su  aciual  rorina.  han  de  ser  moder- 
B»^.  Li  diftision  de  un  f^ran  numéro  de  estas  rimas  (como  (ambien  de  lot 
enigraas  y  or^ciones)  pruebj  jdem.is  un  punlo  de  pjrtid^i  comun  en  Itentpat 
remotos,  excepio  en  casos  deierniinados  en  que  puede  eonjeiurirse  una  com 
nicacion  recïenle.  R.  M.  coteji  muchas  rimas  de  su  coleccion  con  otras  esta-, 
lanas  {de  Maspons),  ilalranas  (de  Pitri,  Imbriani,  Perraro  y  Gianandrea)  f 
poruignesas  ICoelho).  Pari^enos  que  el  niayor  numéro  y  tas  mas  sen)e|jalet 
son  catalanas. 

N°  48,  nota  7.  Jarre,  faru,  uiayiu  {m  castdlaDO  no  andaluz  :  Arre,  artti 
eatatlito].  Las  cancîonctllas  similares  catalanas  e  ilalianas  comienian  por  arfi 
y  arn  lliâllatc  lambicn  esta  exctamacion  en  una  anécdota  relativa  3  Dantei.  1  «O 
deberla  tenerse  présente  esta  igualdad  al  inquirir  la  elimologia  de  la  palabrs 
que  cl  emmenle  orientatisTa  Garcia  Blanco  alribuye  3I  hebreop  Del  misno 
ori|;en  vemus  tnas  adslime  que  hace  derivar  el  bti  con  que  se  espaota  &  los 
niflos  (?|. 

N"  69,  Dola  31.  Segun  Demifilo  f  el  D'  Schuchardt  afirmabs  que  tm  lA 
prononciacion  andaluza  flo  mtsma  dice  de  la  madrileAa,  Dit  Cantti  fiémtiKOTf 
p.  6]}  de!  vocablo  )o  percibia  el  sonido  muy  fApido  de  ana  d,  como  si  pronun-, 
ciasernos  Jyo  »  ;  creemos  que  es  efecio  del  sfuerzo  que  se  hace  para  consoniScar 
cooiplcumente  la  j.  Mat  esto  no  puede  aplicarse  a  Jir  coya  r  es  vocal  y  coyt 


I.  Ho  considerafflos  popolaru  las  très  nilinas  :  Si  tsU  li>n  Jt  ftrdUrtf  etc. 
a.  Sa  son  mriniilci,  aunque  tas  eauian  1m  niltos,  lu  i|i  ■  l}9,  a  Ut  que  R.  M.  da 
tobrada  imporUncia. 

}.  Por  qemplo  Uaéngiti  uiM  maigaa,  en  JaM.J.  ma.  tit.  VII,  i8[.  <mc  tefoun^l 
IMffW  Soi  bmnai  nwiat  St  se/Un  ftiÂti  Por  les  iotiiMM  TittiJMS  j  c^s.  TamUeo  té 
maitxtxt  el  gncioio  jiirgo  piblîcado  por  rrriun  CabaHero  : 

De  do*  mebiies  y  Joi  pepinot 

r'aci6  una  mala  âc  lediu^uinoï. 

Uaoi  Md  alt«  (te  cmpinan  en  la  pnnli  de  los  pits), 

otro)  ion  clilcos  ite  penen  de  rodlllat), 

Chiqumioi  (se  prooea  en  cucAUlai}, 

V  todot  tienen  pela  bonito  (le  Itvintin  y  lalun). 
Ua  denomiiiacion,  muy  tonidj,  de  tishu^uinoi  que  wicnliâ  1  11  it  lot  antiguos  gatanu, 
curriaaau,  pitmrdts  j  pttimttra  hubo  de  inirodncine  haeu  d  aèo  i6if  poeo  mu 
0  menai. 


RoDRiGuEZ  Makin,  Cantos  populartt  tspaiiolts  ^87 

Jhi'dtUMr  Otro  origtn,  il  no  t«r  qut  se  supongi  <violfi>laniente  &  mi  ver) 
^  £r  K  ba  (ormado  &  imilacion  de  dytnJo.  —  Anadircmos  una  obtcrvacion 
xm mis  curima  que  oporiuna.  Es  sabido  que,  como  en  variss  regionn  de 
tulNgancistrlIjaa,  catalana  y  (rancesa,  luele  tuitituin«  en  Andalucû  b  jr  i 
bC.  û)  URgular  es  el  caso.  que  bemos  noudo,  de  roccion  6  error  inrerso. 
El  Ut  njaifttôiM  ârjhtt  dt  Granâiâ,  1879,  p.  llz,  se  imprimift  kâlhma!  pcr 
^»al  [(  hâjopm).  Igual  fen^meno  te  hi  observado  en  BogotÂ,  segun  vemos 
oljildwni*,  Vin.  6îl. 

N*7i,  DOU  1^,  Se  trata  de  nn  |uega  en  que  d  direclor  va  peliizcando  las 
■Mit  dt  otm  ffluehachos.  Lo  compara  Ft.  M.  con  el  cat.  Yall,  auntus 
Mufom,  p.  I }),  tnai  ette  canUmllo  strve  para  hacer  dar  una  mano  con  oîra 
ilnnBos  meitores. 

^**  ;\.  nola  ;  1 .  Soj  bmdita,  Lo  maaJa  h  ttj  etc.  D.  J.  A.  de  los  Rios,  IV, 
Vfo,  trae  otra  vertiofl  :  Yo  soy  U  vtaJtta  Dtl  ceaJc  Je  Ori  etc.  Kemos  oido  : 
Uwjii  nadka  Oii  batlt  dtl  rtj,  etc. 
H*77,  DotJ  )S'   ^**^  hyiila  \?\.    Sobra  la  interropcion,  pues  la  vtnion 
t*^Sesu,  MitiU^  etc.  fija  la  palabra. 

^'  80,  noia  40.  Ciu  a  R.  Caro,  Di«/.  III,  1,  que  trae  varios  tcxtos  relatJvds 
''fvaapai  laiuc  d«  los  antigisos. 

^'^,  nota  41.  Ruom.  raoua.  Un  nliio  cuonde  su  cabeza  entre  las  piernas 
wHRif  hadeadivtrur  loqae  esleseflala  o  figura.  Kccuerda  R.  M.  lactimologia 
*ifMiUs  palabras  {(do)  dada  por  Demi>filo,  confirmada  por  el  Dt  Ciidin^  de 
'*'■■  ^  Ledcsma  i  t\  dt  todat,  dt  coda»  de  lot  gallegos.  Cria  un  pauje  de 
^^'Km  M  que  an  oifio  que  Triinalcion  puso  sobre  sus  i^paldas  las  golpea  y 
fibr  t  Buccj.,  bticca,  quot  sunt  hier'  » 

"*!(,  nota  46.  Recuerda  el  uso  de  las  jôvenet  que  para  saber  si  son  o  116 
^llaivaii  amtcandu  hs  hojat  de  una  tnargariu  dicieudo  :  ■  me  quiere,  no 
**  fRwre,  ■  uso  notado  lambien  en  Iulia  por  Pitre.  Et  la  inisna  Sor  que 
*"B^  la  desgraciada  beroina  que  lleva  su  iMtibre  en  ci  Faasto. 

'"•  91.  nou   ^7.   Por  un  reoierdo  imperfeclo  del  difundido  romance  de 
j^tlCaUliu  (i>6  la  de  Sena  como  crée  R.  M.  que  pabtica  un  bello  comienzo 
^  Hâsno  romanccj  se  supone  nada  menos  que  la  Santa  mata  a  sus  padres. 
.^*  loi.  aou  6j.  MaHaiu  li  Pomiago.  Trae  1res  versiones  de  difercntcs  esu- 
*"  fie  Améncj, 

...N'  toi.  nota  67  y  seg.  Cantos  de  lluvia.  No  trae  el  Qui  lluau  ^at  liant  U 

S*n  d*  Iff  Cvna  csado  en  Castilla  y  Aragon,  ni  ta  version  de  Fcman  Cabal- 

^  (Ftmiha  de  AhittduS  aunqne  siotras  parecidas.  Cila  una  de  Ledcsma. 

.    ^^"110,  nota  7t.  CanntoltvDdelasap<>strofo,  derivadas  probablemenle  de  bt 

7*'*<ieJooes  gcntirrcas  â  la  luna,  cila  un  version  de  Lcdesma  y  luego  un  pasaje 

^.  Caro  en  que  liabta  del  juego  de  su  tiempo  :  Sonsoluiu  {Dlat.  V,  tv|. 

^*'q  ciXt  es  otn  cosa  :  es  uno  de  los  juegos  en  que  hay  dos  bandas  ô  fibt, 

^^^Ulen  e)  de  que  se  habla,  una   al  sol  y  otra  a  la  ïombra,  De  aqut  Sonso- 

"*»*  iian  is*  bau). 

^*  1 18,  Mta  76.  TcrcM,  Pou  la  mm  eic.  SAlo  cuatro  venos  que  rentrdan 


jS8  COKPTES-RrKDt'S 

h  danza  :  Tfrcsa  De  h  c-tma  d  la  mesd  ...  Coifitts  Dt  lot  qiu  tu  me  Àistti  ... 

Tûhaca  Dtf  ^ue  Juma  mi  niûio  ...  etc.  ijjkrb.  /.  rom.  Lit.  Vil,  84) '. 

N*  11],  noU  78,  Hihiio,  biUno  etc.  Simpft  ap6ttrofe  al  nitlano.  Ë)  Mtniçr 
4t  la  lafancie,  I,  19,  dnpu^s  de  una  leycnda  feudal  que  nada  liene  qur  ver  con 
ri  âsunto,  Irai^  un  juego  de  ninas  que  tambicn,  dice,  umd  los  niKoi  con  d 
nombre  de  San  Miguel  y  el  Diablo.  Las  que  iiacen  de  palomas  cantan  :  Vimti 
à  lu  huerU  Ot  Ptdto  Torongii  I  Vtrimoi  al  mitaiio  ComunJo  ptngil.  Cil!  Cil  f 
Cil!  —  PahmiU  la  àr  atrns  —  Qut  manJa^  madré?  —  Ves  a  ter  îi  tt  mihnfi 
tslii  mae/to  tf  wn».  Esta  (fuirto...  Esta  vivo!!...  Huycn,  etc. 

N*  i}6,  nota  91.  Maîieia  :  segun  K.  Caro  de  Munadum.,  diosa  de  \<n  ntflot. 

N"  160,  EOîa  1 1  j.  Qhiin  tac  jirv  ^ut  no  is  tina  la  riuJa  dt  U  fortuna  ?  Quim 
dira  tfiK  no  icit  dos  etc.  Recuerda  en  cierta  mènera  el  Die  mihi  qaiA  mamf 

N*  17s.  nota  \2\.  A!  hi^ai  etc.  Para  coger  con  la  boca  un  higo  colgado  en 
una  cafit.  Casîumbre  ahora  de  carnaval  u«ada  tambifn  en  CalaluRa.  A  HI3 
3ludii(>  Aristûfanes,  segun  cita  de  Caro. 

N'  '79,  nota  ijo.  El  ya  ciudo  romanciîlo  del  piojo  y  h  ptilga,  antado 
tambien  en  Calaiufla. 

N"  i8û,  nota  1  jï.  Unda  c  încompkto  romancillo  que  rcetiçfda  ta  cancion  de 
Mumbrû  poi  el  asunto  y  por  cl  e^ttibillo  :  [Catoifi  ...  Cvinti,  on,  uri,  uri  . 
Elisi,  El'uà  .le  Mambrù)  etc.  Ver^on  (incompleta)  de  Madrid,  tgual  en  cl 
eitribîllQ  y  casi  igual  en  loj  priinems  vertoï  ^  A  Atocha  etc.  \Caral»  (elc). 
Que  diipActto  va  [Caraifi,  etc.  Eîiia,  etc).  Que  hermoio  pcto  tient  quica  te  lo 
pàn^tàf  St  h  peind  ju  lu  (Kalti  un  verso)  Con  pciaccito  Je  ora  Y  honjatllai  dt 
cmtal.  —  D.  J.  A-  de  los  Rios,  Vil,  199,  tiabla  de  un  jueguecilo  llamado  la 
raeJa  que  empiera  F.tw  ts  el  Mantbrû,  u/lorts  (lae  se  cùntu  de!  rati  \im  dwla 
reminiccncia  de  Duran,  Hem.  Crn.  1,  175).  y  ï'ce  We  Wo  "iMc  ô  cordoncillo 
en  olra  veramn  IhabUrft  de  otra  rueda)  :  Las  evtjuttai,  madrt,  Lai  oftjaelat 
Comù  no  kay  quien  lai  giiarde  Se  giiurdan  eilat. 

N*  188,  nota  1(9.  Metasô  mi  madré  Chiquila  j  bonilaeXc.  En  Catalufti  lene- 
mos  una  version  tambien  en  caslellino  y  con  el  asonante  en  i-c,  pero  coo  versos 
(o  hemittiquios)  de  7  stiabas.  V.  Romanceritlo  eutdaii.  n*  401, 

N'  19J,  rota  166.  La  formula  pedaf^ûgica  :  AfdirjFm  bajarà  chafallada  la 
pniitta  ganasafaia  (que  puede  W'vir  de  paradigma  de  lai  articuhcîones  c^td- 
laitas),  fué  comptietta,  publicada  y  personatinenie  aplicada  pord  entonces  repu- 
lado  mateiTiÂtico  D.  Martano  V'allcjo. 

N"  10 j.  A  proposito  de  Juan  Je  PHinJriea  Que  liiat  larga  la  pita  legun  H 
canlarcillo,  enumera  R-  M.  v.irtos  personajes  proveirbiales  conto  Pero  Crulh, 
Jiuii  L^nm^  tic.  Cren  que  podria  aiVadirsc  un  Juan  dt  hs  ViHts.  No  hubo 
s&lo  el  Bobi  dt  Caria,  sino  ademas  La  nilla  Ma  de  Con«,  Que  pidt  tt  rOon 
por  lorna. 

N' 10 J,  nota  [78.  Nadila,  bm,  Nadila,  dos  etc.  Juego  de  chinai  que  M 
divide  nada  menoi  que  en  veinlicualro  partes. 


I,  LU  demas  daaua  alli  pubticadu  y  de  que  no  tiablamat  tu  atroi  lugarei  comiuiun 
V*at  traigo  41»  itntUr  —  si^ado  fcr  ta  tarte  -~  Papttti  taa  faciles  vnmple  capta)  — 
4i  caUero  j  la  maàtja  —  lot  ki/aj  de  C^eriao. 


ROOK.ICUEZ  Hakin,  Canloi  popularcs  tipaiioUt  jg^ 

K*  h£,  Mti  181.  Cani/o  por  tànure,  cono  en  el  n°  107  nota  207,  p€riffl 
foifinfit  :  lierncii  |«n  verdïd  no  oiuy  comunl  de  la  ponia  popular. 

^i\$,  utd  191.  Variante  de  Gilicù,  segun  nota  del  s'  Murguij  :  Eilandc 
U  f9{trt  pmtê  En  las  tsmas  dt  un  urdt  limon  Con  las  état  ttpjrce  lat  nmas, 
&•  iJ  fk»  4tTT^4  la  fior.  Aj  l  oj  !  Caanéo  vtri  mi  amot  f  Ay .'  Aj  !  Ciwwrf»  lo 
■wijoflo  qae  ugne  casi  ignal  a  la  version  de  K,  M.  —  Ledesma  ;  DiiaJe 
fia  U  pàfit^  pinta,  DcnJc  pua  '. 

!*•  if),  nota  190,  CerJoncito  dt  ûtù  tra'tgo  Qat  se  tne  v\tn(  qattranJo  etc.  Es 
tlpJSG  dniBÂlico  que  ic  public^  por  primeTa  vez  en  la»  Olistrwtiontt  soiTC 
k  finu  fêfuitr  (Vease  Wolf,  Ptobtn),  mas  tarde  en  las  RfpruMaaoïuf  lata- 
lantAff.  dt  Cet.)  con  un  final  itiuy  piWîeo  :  Feah  paitrfta  Los  dos  .itnTtIft, 
«.,  I  fiaainwnte  coo  Jeres  variantei  por  Maspons  y  Pin  y  por  Soler  (R<v.  J.  !. 
w.}.  Ed  H  i<iAr&. /.  rem.  lit.  VU,  181,  hay  I.1  version  de  Madrid,  A  h  atilê, 
au  it  an.  cod  la  qval  coacuerda  un  fragmento  de  la  extrcmei\a  tguc  trac 
R  U,  El  Aragon  conienza  con  esioi  lindisinos  versos  :  P'no  oro,  pho  phtt 
^iitulUt  Àtl  Rty..  Dite  despues  :  De  ira  hifût  ^ut  V  ûcpt  Vaa  qmre 
iniV>..,Otl  hun  pan  fii<  Dios  tne  Ait  daJo  Coiteilas  me  lonxd...  Bn  Puerto- 
Ko:  Wa,  iâlo,  hila  Je  ùre,  Yo  jagando  U  ttrl  (!),  Por  un  (amino  mi  handieho 
C^luui  Jkifoi  uaeit.  Tingalas  A  no  las  Unga  Yo  ht  sahi  manttntr  \Qae]  M 
fMfff  Tt  lormert  Comiran  tllat  umhiea,  Zapalos  qat  yo  gasiare  Gasiatan  tiUi 
Ma...  Sigue  muy  semeiantc  a  la  de  Madrid.  La  andaFuza  es  la  mas  dîvcr- 
|Me.  Pircce  (por  ahora)  este  ivego  exdustvamenle  espanol. 

K-Ju,  nota  19}  ;  a-  lu,  nota  1 19.  .Çjt  S<t<ai  iSiirmi/»  âtr  {Jû\  moittt... 
SaSertm  [Sirtnai)  de  la  gùtna,  gutna  t>i  \Jt  la  biitiia  viifs].  En  su  forma  caj- 
tfsQ  MB  ouy  cofliune  estas  dos  candoncillas.  En  la  primrra  los  nihos  se 
MfW,  peniguan.  arrodillan,  levanlan  cic.  En  la  »gtinda  imitan  cl  irabajo 
fe«  upatero,  de  on  carador.  de  un  camponero  etc.  K.  M.  cita  otros  juegos 
■ttinot,  algonos  de  los  coales,  que  merecen  forntar  una  chu  scparada,  se 
'dtna  I  (aeitas  agrlcolai.  De  ellos  trie  una  version  caitellana  inuy  notable  y 
'■Oifoe beoK»  visto  en  ena  lengua  E!  Mtniof  de  la  infanciâ,  I,  j^S  :  Artna^ 
*mi,  tmu  Quf  Dm  I*  di  hiuaa  t  Paitt  la  tembraba,  Y  dsi  deieansaba  ;  Aveaa, 
*M.  AQu,  etc.  —  Attiut  elc.  Madré  lu  ticalm  Y  el  paire  ebtazabù  etc.  Avaia 
^— Aitcs  pooeoiro  corrocuya  letr^  tambicn  lencmos  por  aulfnlJca  ;  Ya 
■  onnu  «  la  uira,  Loi  ijureUs  han  cortado;  Esta  dama  que  te  iicoade.  Loi 
'*<i<l  M  lu  lUrade.  —  Entrad  est  h  daaia,  Vtd  tomo  u  daii:a,  Danzad  j  bai- 
W.  Baitad  y  éaaiad  Qui  liugo  al  amigo  Os  loca  ahiâzar.  —  Habla  de  otra 
"■di  :  f/  orro  dia  ptatfUitdo  haeedt/as  nn  paslor  haUi .  y  del  al^re  coro  de 
'umusat  cual  atribuye  unos  versos  en  que  s&Io  creemos  autinlico  el  estrï- 
w«>:Cr4'  Ctaf  Cta!  Cra!  Cra  '  Cra!  0  poco  mas. 

^  119,  nota  aoo.  Andt  la  lacJa  y  coca  en  clh  {Y  m  eoit  ttta  :  Quevedo). 
"■  Can  ncucBtn  este  juego  en  el  libro  18  àe  h  Ilîada  y  en  las  Avîspas  de 
Aawks.  Por  iratarse  tambien  de  una  rueda  R.  M.  copia  unpasajedcl 
W.  V-VI  de  R.  Caro,  relalivo  al  [uego  de  niflas  Cheliehelona,  anâlogo  al  de  la 
•■'-  El  dialogo  <loe  se  eslablece  entre  la  senUda  en  medio  y  las  restantes 
"•M^eilli  en  nieda  es  :  Cbclichclona.  quid agu  iit  médiat —  Lanas  corrttio  tt 
/"■  M/aiiui.  —  Tkus  veto  ^lius  qiàd  faciatt  petiilf  —  Albam  ai  e^uis  m 


J90  COMPTES- RENDUS 

mut  dailiil.  R.  Caro  lo  iraduce:  Ttrtuga^  tortiige,^*  ha(tsaimtJwrU.,fàt» 
como  anàlogo  un  jucgo  de  su  tiempo  en  que  una  aifia  s«  ponu  en  medio  de 
muchu  y  decian  :  Aifiii  iM  Do/la  Sancha  vtttîda  Jt  oro  j  pljta,  y  clla  rcspon- 
dia  :  Qaun  u  ait  omhu  qat  mt  aada  ptriigatiaio  aoiiit  y  Àiaf  Ota  otro 
joego  :  A  do  fat  ytgaasf  En  tt  puJo  alun  etc.  —  D.  J.  A.  de  los  Rio*  IV, 
{j8,  habla  de)  c  |uego  de  la  lortuga  descrito  por  los  poêlas  de  U  anli^jurdad 
y  conKrvido  rn  loi  ligios  nedios  coma  lo  persuades  diferentcs  l^tnalas  dd 
mismo,  propias  todas  de  dicha  época.  La  mas  ^ntîgua  dic«  :  Aijut  tttj  Doaaa 
Sanchi  laûâa  dt  aïo  it  pïaia  etc.  lalgunos  versos  de  tcnguaic  muy  aniicoado).  * 
La  mat  revente,  prosigue  dîcietido,  es  Totiega  etc.  y  eopu  la  IraduclioB  hccha 
por  R.  Caro,  dondc  las  solat  palabrai  hih  milim  advierien  <\\xt  no  se  iraU 
de  la  edad  média.  Todo  eslo  va  acompai^ado  ie  una  nota  en  que  habla  de 
mss.  de  lai  principales  bibliotecas  ■  donde  se  hallan,  dice,  eslos  y  otros  mvchw 
motetes  y  canlarciJIos  t.  El  docto  y  meriiisimo  escritor,  t\iie  se  di.sitn|ïue  por  h 
eaactitud  y  precUioa  de  sus  cius,  ctltivo  vago  y  arbiuatia  en  este  puntot. 

N*  120,  nota  101.  San  PaaUliaa,  Cnaatat  sca^  etc.  Alj^odderente  en  Jakftt 
}.  rom.  L'I.  VII,  186.  San  PantiUwt  ^ae  eiuntm  tas  oyat  Sdir  Pjntaiftm  ^lu 
(luniai  lon^  etc.  Madrid  y  Zaragou. 

N'  ]]{,  nota  30V  tiay  ovai  '  etc.  Un  niho  andando  à  pié  cojita  va  i  saltar 
sobre  U  espalda  de  otro  etc.  R.  Caro,  Diat.  I,  iv  «  y  en  on  juego  qoe  llanun 
Espaéa  tiuia  es  ceremonia  necesaria  qne  d  que  salta  en  cl  oiro  ha  de  venir  i  la 
cûscojita.  Lo  Diismo  en  otro  juego  que  llamao  Pûtomita  blacn,  aha»^  u  ji  no 
et  el  mismo.  ■> 

N"  Ï17,  nota  106.  CompeJrt  ajo.  —  Qae  mania  mi  ara»  '  etc.  En  Ledema  : 
Ah  fray  Juan  de  la  Cademta  —  Qae  manda  mi  uMor  f  —  Caantos  paan  hay  tu 
tt  âiui  etc.  En  Cataiuna  :  Moutn  Joen  (o  bien  Saot  Joian)  dt  hu  Abtétssês  — 
Qat  mana  mi-unyfif  etc.  Se  halla  lambien  tn  Ilalia  con  cl  nombre  de  Atltn^a, 
(aiata  0  A  huga  cUtna.  R.  Caro  Dlai.  I,  iy  :  •  Digane  V.  si  acaso  ha  encofl- 
trado  par  ahi  a  Juait  dt  iat  Cadtnas  abao,  porque  se  engaifçan  y  encadenan  los 
muchacliot  y  pasin  a  1a  redonda-  —  No  se  que  ecot  oigo  alUi  en  el  libro  Dt 
ttrum  Hitura  de  Lucrecto  :  Qkos  mtnwraiH  Phrigiot  inur  te  ferU  cMtius  LaJaM 
etc.  Por  estos  lexlos  que  reune  H.  M.  se  ve  que  la  version  de  Ledeima  con- 
serva lo  de  las  cadenas,  petdido  en  la  version  de  CalaluAa  donde  k»  fliili» 
lambien  ■  se  engatgan  y  encadenan  >,  y  que  la  moderna  version  andalnu,  i  lo  ' 
nenos  en  el  comienio,  es  la  que  masse  aparu  dcl  origen. 

ti*  3i3,  nota  107.  Alahmo,  atàlimo  etc.  En  Ledeima  :  Ora  liron,  hnm  etc. 
Advierle  R.  M.  que  en  algunas  parlet  dken   los  muchacboa  A  la  fmon,  *  U 


I.  En  el  mismo  (omo,  ademii  de  \q  anici  cltado  a"  71  y  18&  tmeru  d  canttrcUlo 
YO  w  taien  et  ConJt  de  Cntm.  Triitt  dt  ni .'  etc.  En  el  tenia  VM,  431  y  1  copia  ana 
aaj  Intcreume  dcl  libro  de  Mbiicj  de  Saltnit  :  VoaJr  ici  aui  ttnanas.  .  06»4t 
im  Mot  mofkoj  :  otro  t\v.  oyfi  y  fijâ  1  '  en  Aiiutlu  .  EnsitUa.  tKsidU  EaecaM*- 
tiltta.  El  rey  Oob  Jean  taso  tn  CasIUllii  ;  y  otro,  csntado  en  fieirJt  de  t-too  7  Catnnot, 
temejante  al  de  Ooài  Ana  (VilUbtidc,  Jatgos  etc.  p.  f.Jaltrb  /  n>m.  LU.  VII,  181 1  en 
donde  Ooù  kna  n  la  refna  Btnngudc  y  loi  IsdTcinpt  flentelrt  Jrl  ny.  De  todo  cno  f  de 
una  terùon  dei  ultimo.  t\tjia  pat  cl  miimn  Rioi,  p*icce  di>4u(irM  que  el  anii^ao  fMfft 
de  Dona  Sancha  mencionado  por  R  Caio  te  hj  convenido  en  el  iDOdetno  Uintao  en 
a^unos  piMo*  de  Doit  Ana  y  es  otroi  de  Do3a  Bereogoel*  {reiai  î  b6). 


RooKicuEZ  Marin,  Cantos  popukres  espaiiotes  391 

iiBion,  y  asi  se  halla,  en  efecto,  en  la  version  del  Jahtb.  /.  rom.  Lit.  VU,  i8i, 
basUntc  parecidx  en  Eo  dnnas  a  la  andatuza. 

N*  ijû,  nota  aia.  Parpalîyù,  pdrpaUiio  txt.  DÎm  R.  M.  <|uc  es  cl  mismo 
juego  de  ticonitne  descnlo  por  R,  Caro,  Oïdl.  I,  iv,  y  de  que  da  la 
sigDiente  letra  :  Zanabuca,  Dit  rubo  à<  Caca,  Dt  Ctuandta  Qat  jio  sabt  atat^ 
Nt  pM  toimr  ;  V<sU  a  isconéa  Otirat  Jt  ia  puirti  de  Saa  Migiul.  Toàot  uno 
iras  otro  se  v^n  À  esconder  mcnos  cl  que  ha  recîtado  les  versos,  el  mal  luego 
sak  i  buscarlos  diciendo  :  Sahaino,  Vendras  tabalUto  En  U  Muh  de  Ptdro. — 
R.  C-  babla  de  la  cosiumbre  de  escupir  en  ciertos  juegos,  espcuilmeiite  ea  el 
que  corresponde  â  la  letra  de  este  ntJmero  '. 

Signe  en  \\  obra  de  R.  M.  cl  tratado  Vcniit  tistiat  infantiltt  litt  ûgio  XV  y 
ttrtmoniûi  4c  ht  muchithni  in  fa  aiiaeUditd,  en  dondc  inscrta  las  rimas  de  la 
obra  de  Ledesma  que  no  ha  tentdo  ocasion  de  citar  en  las  notas  anteriorct  y 
trata  luego  de  las  penalidades  que  se  imponen  lus  niflos  en  tus  juegot,  y  de  la 
œremonia  ithur  peiilioi  J  Jj  mur  (formula  de  recoDcilîiclon),  lo  cual  le  da  pîé 
para  ciplayarsc  il  su  sabor  en  consideMciones  |urîdicas  y  filotolicas. 

—  Viene  despues  unj  nutnerosj  coleccion  de  Auivinozak,  mènos  numcrosa, 
lin  embargo,  que  la  de  Demi'ifilo,  pues  contiene  S9i  obritlas.  mienlras  la  filtinia 
ooRsia  de  unas  1 190.  La  diferencu  ha  de  provenir  de  que  K.  M.  babrà  elimi- 
nado  todas  las  evidcnlemcntc  erudîtas.  Ademas  parece  que  coleccionô  sin 
valerae  de  b  ohia  de  DemoJilo,  como  demucslran  algùnit  variâmes  de  esta  que 
R.  M.  cita  en  sus  notas.  Asi  como  aquel  dislrîbuye  las  conip^sîcion»  segua  la 
jBÎcial  de  lu  solucion,  el  nuevo  coleclor  las  ordena  pcr  maierias  (astrot  y  cle- 
tncDtot  ;  hombre  y  sm  miembros,  anima)»  etc.|.  Los  limiUres  estan  principal- 
menlc  tomados  de  las  caleccioricita^  cataUnas,  ribagorzana,  rasca,  sîcîliaBU 


I .  R.  M.  tcb  dih  cabida  en  <us  not»  (y  no  nuba  obligaJo  i  mit)  a  In  paujfs  de 
R.  Caro  que  corrctpoiulian  a  lot  juc^Oi  t^at  (onnaa  patte  de  lu  colcfcion  Ctetmm 
que  00  diaguiUri  un  btcve  citncto  àe  olros  {Miaga  que  fiablan  de  juegos  aciio  pctdidos 
o  •  lo  menoi  no  coletcion^Joi  en  nu»tr(n  àiu 

Oi^.  V,  fi  IV.  Minda  crée  Caro  aue  et  Aàhina  ^ujm  uJiO.  —  Al  escondcr.  Preguii- 
UD  al  upado  :  Que  licnes  in  tl  pU:  —  Un  atcua  —  Pau  iw  le  tt  ^uiu  htua  la  l'u- 
oé.  Luego  dLce  el  upado  :  Haj  fél^i  —  Calgos  liay  ai  dpafat.  u  olli  :  ChiilaJra. 
Un  muchacho  pone  lu  Kombrero  denrro  de  una  rara  redonna  y  dire  :  Simtn  y  avito, 
Pan  y  tuaizo.  Si  an  luj  qaitn  ta  roma  dmalc  Udkoma.  Los  oiroi  van  a  ll^^arte  a  toces 
d  samcirero  cic 

S  VI.  GatHaetii  ctga.  Ma$ta  aerua.  r\  vendado  :  Caidr  t  la  imisea  dt  mtlak — Cczarat 
ptio  no  ta  ffizarai  Danlf  cinco  aiutcs.  Trsia  de  coger  a  aiftuoa  :  Par  par  eaUmitasal 
iorrel  —  Juegot  en  qur  te  imiti  a  un  cicgo  :  Va  tcnr  iligu  y  ao  ko  nodit,  A  oaim 
iitrt  no  u  in'  da  naita,  ■—  Cita  a  Straloi  en  ini  Ph^nuat  .  Cxi,  dilittt  soi,  y  iffade 
qK  cl  M>l  obcccdete  lodavlj  a  lo*  muchithoi  cuaado  dîcen  :  SJi.  loJ  «ndio,  Ahora 
tal,  toi,  j  liame  tu  la  (ara.  Entens»  iina  boUa  Ueni  i  la  lum  sin  duda  como  (onir aria  a 
los  bdronn. 

CaUtnca,  tmccio  qpe  te  tiacii  volar  pciiandole  una  peloliila  de  todo  para  que  dièse 
rucliai  en  cl  aire.  »  (ïio  hacicmot,  dicc.  ton  iat  escarab«jo*,  cabalklct  y  aviipis  ion 
lai  que  solctnoi  enviir  canu  al  rey   » 

D\al.  VJ,  g  t.  Les  antigui»  ronjkbin  a  11  Miyi.  Nonlo  Marcelo  di»  que  t-l  agua  M 
iratiia  en  un  ccittilo  que  te  parecr  cambien  a  la  Almarwa  que  te  ponen  a  la  nuya  (ea 
Caaluna  m  rocia  en  lai  bodai  y  <n  cîenos  baila  con  un  cJntato  npecial  llamado  nor- 
ratui  o  bonacu).  Se  ptde  dklcndo  :  K'ca  tf  t»  Haya.  Si  dto  rt>ci*n,  sïno  increpan  : 
Buta  dt  ptrnt  ^ut  no  titnt  Jmtro,  Banabiii  it  ^ato  ^at  no  titni  lOinaJo.  Covarnibias 
enquien  m  haiUn  indicada  rariot  luegoi  hibb  iimbien,  auttque  eu-Asjmcntc,  de  la  Maya, 

Olai.  VI,  g  III.  Con  tetpKto  al  juego  :  ttcros  *itntn  du  c!  mau  ccmier>ado  por  ian 
Agustin  :  PtitHiatia  ai  <utium  Mni'i  ;  nommttm  ^utfît,  ia  itiî  duM  tt  ixat  st. 


J02  C&HPTES-REKDUS 

elc.  de  b  obra  de  DemASIo  y  de  la  de  Eugène  Rolland,  Deriatlltt  oa  inigma 
poptihirtt  Je  ia  Franet,  sin  olvidir  lu  de  otras  coJecciones  de  rrmai  varias  tta- 
lianat  j  porlugoesas  ya  ciladas,  f  algunat  enidilis  de  antigcios  poeUt  castetla> 
Ro».  CÔmo  cï  de  ver  adapta  el  nombre  de  Adninanza  sin  tratar  de  dislinguirto 
dd  de  acerlijOi  como  intefit<>  Denii''fî1o,  y  sin  cnrarsc  dd  de  Adtrina  usado  por 
Fernan  Caballero.  Segvn  citai  de  Demiifilo  j-  R,  M.  nucstn»  antiguos  conwn- 
zaban  âveccs  las  adîvînanus  :  <  Qat  et  casa  y  eota,  •  y  aun  Agustin  de  Roiai 
dice  :  (  Va  tmgma  6  toti-ceut  ».  Algunaï  adivinanzas  moderms  ponen  ;  fut  tota 
a  ton  a  bien  Qut  ts  quisicùsi-  En  cuanto  al  nombre  de  enigma  es,  a  no 
dudarlo,  erudito. 

N*  J9J  y  seguentes,  notas  58  à  (>%.  R.  M.  da  nottcias  accru  de  las  tradi- 
cionei  relativas  i  la  culebra,  a  la  vibora,  al  gallo,  al  lagarto  y  i  la  strena. 
En  cuanto  â  la  primera  se  dice  que  «  amiga  de  la  maier  (por  recuerdo.  proba- 
blemente,  de  la  historia  bîbli»)  1  diferencia  del  ligano,  amigo  del  honbre; 
que  aquella  agota  la  lèche  de  la  madré  dormida  y  «  cau^a  del  raquitrsmo  de 
atgunot  niiios  ttc.  Cita  una  copia  ;  Ya  mataron  li  talttra^  La  qui  tilâka  rn  r/ 
faslillo,  La  ifuc  ^ot  la  boia  uhnha  Hous.  tlavdts  y  lifioi,  acâso  rtferente  i 
alguna  tradicion  local  de  encantamemo.  Con  re&f>ec1o  a  la  sircna  ciU  très  Itndas 
copias  :  La  tirtrtila  àd  mar  Es  arti  paUàc  dama  Qnt  fcr  oita  fluMioM  La  titm 
Dm  tn  rt  agua,  etc. 

N*  401,  nota  6;.  Es  la  de  la  casa  que  cscapi  por  lis  ventanas  (de  la  red)  que 
dando  prisîonero  el  huesped  (el  pez^.  V.  DtvinetUs  de  Rolland,  prologo  de  Gas- 
ton Parii,  p.  ix.  R.  M.  ciu  a  Demo&lo  qve  nol6  en  cl  Ubn  de  Apohmo  la 
iraduccion  de  la  venion  de  Sytnpoiio  :  Dîme  eaates  la  rota ,  ftigaaiA  iamaitada 
Qut  nanca  uyt  ^vtda,  tienprt  iiitiSa  tazAtada^  Los  buttpidtt  t<m  mtidas,  da  wocri 
h  posttda  i  En  \(k  antiguos  enigmas  catalanes  del  sif^o  XVI,  que  publiqié  M 
la  H<vu<  des  hnfiiiri  romjtits  :  >•  Qu'es  una  cosa  qui  de  contînuo  sona  y  )os  osles 
son  muts  y  lots  corren  enscmpsr  Una  cosa  qui  sono  es  U  mar  y  los  ostes  son 
las  pexoi.  • 

N*  4)i>,  nota  74.  El  H  de  los  pi0}0i  que  no  supo  resotver  Hcmero.  R.  M, 
cita  el  Riitmo  prologo  de  G.  Paris. 

N*  978,  nota  144.  Oira  version  del  caso  que  aqui  se  refiere,  y  va  tambien 
deeptsodio.  Un  torero,  eniigrado  en  Inglalerra,  preguntado  por  sa  profesion 
contesta  :  *  literato  ■  como  todos  sas  campafteros.  Se  le  pidî6  luego  la  finna 
y  hubo  de  decir  que  00  sabia  leer. 

N"  9î6,  nota  a  ^ .  Trac  ires  ccuaciones  en  verso  del  celrf»re  Caramuel  toma- 
dat  del  Tralado  fttmmlai  dt  MaUmatuat  del  ya  cîtado  Vallejo  éd.  de  184 1 .  En 
alguna  edicion  anlcrior  se  halla  otra  ecuacion,  mal  versificada,  acaso  compuesta 
por  el  miimo  aulor  del  Tratado  :  Juno  y  Juspiler  paan  vtiatt  h^ai  etc. 

R.  M,  termina  esta  «ccion  de  su  obra  con  el  cuento  de  las  très  adivinanzas. 
En  la  redaïcwn  iquc  es  librei  de  este  cucnlo  usa  de  la  expre^ion  poputar  : 
aiiBijM  sfpix  mas  fut  Btijaa,  nombre  y  personaje  que  crée  .icaio  derivado  del 
gramatico  hbtiiano.  No  et  este  por  cierto  el  origen.  Brijan  es  un  personaje  tn- 
diconal  conocido  en  Provenza  iBrincant,  que  Bordo  hallA  en  Aragon  (Bri)3nK 
Troeba  no  se  si  en  Caitilla  o  en  lai  Provincial  (tambien  Brijan),  y  que  antn 
babiamos  hallado  en  CataluAa  iBrican).  Prorieac  acaso  de  un  Brian  mencio- 


RooRiGUEZ  Marin,  Cantot  popuhres  espanoles  ]9) 

udi  por  «I  Oimalko  MJQfi  )' que  se  ha  sopursto  habcr  stdu  tipn  del  Hiin* 
ht  a,  cooo  ilgano  ha  ittrmailo,  referléndose  à  tin  Dicc.  arabigo-fraocts  de 
A.  Bita:stcin,  de  Barjin,  crtcbrc  Taclneroto  arabe? 

—  Siguc  la  brtrc  scccion  de  iai  Pegas,  nombre  dado  â  ci«rta«  ((^rmutas 
ntqicse  da  un  chasco,  un  daengafto  etc.,  por  C]Mnplo  :  A  ^at  tt  ta  ptgo  — 
ÀfUM —  Pott  (OfJtf  m...  j  yo  no,  Ab  uno  diicc  omnes. 

—  Conduyv  d  TolAitieo  cou  la  seccion  titulada  :  •  Oncionet,  conjures  y 
EaolMOt.  >  R.  M.  advJerle  que  le  niort6  ^  unir  los  dos  ultimot  à  \a\  primerai 
mntmde  analogia  :  analogii  que  puede  admilirse  en  cierio  sentido,  pues 
IntRUtflHM  son  pOT  lo  generil  fahas  orjictonet. 

A%iina  oracufl,  como  el  n"  977  (incomplelo)  no  es  popular.  Otras  como  son 
bsuyor  parte  de  las  antcriores  al  b'  io^j  (deben  ejcccptuarsc  los  looj  y  looé) 
»'  ^poijrtt  6  infaiililet  pero  de  buçna  do'Cirina.  Muchas  de  bs  que  siguco  (no 
*«lii>  coniicnni  algo  apotrifo  o  superstidoso. 

^  M.  il  paraielos  catalanes,  sicilianos  y  mallorquinej  algunos  muy  analA- 
8*»  a  lai  riipas  casullanas. 

K'  loof,  nota  20.  Esti  seguidilla,  cuyo  autor  adora  on  imposible,  no  tieie 
^«icnn  mas  que  la  forma. 

N*  1006,  D.  11.  La  eutnna  cottombre  de  biilar,  proTinnciando  un  oracion 
P*pllbrM  presencîa  Je  la  îma^ten  de  S^n  Ju;4n  Bailon  0  de  S^n  Goiizalo  de 
^■tfMo,  que  se  conservaba,  no  hsee  muchas  aAos,  entre  \ii  pcscadcras  de 
Birtdou,  proviene  an  duda  algvna,  en  cunnto  al  primero.  de  su  jcgundo 
Witw  A  una  tuena  mujcr  oimoi  ategurar  que  el  santo  bailaba  en  el  vientre 
'fwmadre. 

If*  io(;7,  nota  ^8.  Al  hablar  tic  las  formulât  supertticios»  ^ra  curar 
Bfcnncdaiies,  R.  M.  da  noticia  de  uo^  observacion  de  A.  Coeibo  reTercnte  &  la 
OkIm  portugoezj  Nau/ram  Ji:  meninas.  Mitiiéas  dtnUû  J'ua  Mit.  îgual  en  d 
faado  1  la  gallegi  publicada  en  b  Homama,  Vil,  7,  n*  1  ;6.  Es  derivacion  de 
Bv  brtnuU  de  Marcelo  burdigalense,  No\im  gianiata  sororts,  que  tient  venion 
franceu  mai  pràxima  al  original  que  la  ponuguesa  tt  gallega. 

En  este  tomo  ha  încluido  R.  M.  los  géneroi  poiticos  que  ha  juigado  mas 
propk»  de  la  infancia,  lo  cual  naturalmente  debe  enienderse  ccn  cieria  elasttci- 
dad,  iraUndo,  por  e|cniplo,  de  lot  enigmat,  ensalmoi  etc  No  podia  exigirse  à 
ni  odeceion  tan  copiosa  y  varuda  el  rigorismo  de  la  espccJalisima  de  Chanti 
dû  prtmitr  âge  (Chaalt  pop.  Je  l.jnga<Joe)  de  Monld  y  Lambert. 

Ketitos  pTOCurado  limilar  cl  présente  escrilo,  reduciendolo  poco  mas  que  al 
eMudio  del  tr.ismo  libro  y  à  algunas  notas  lomadas  de  nucsiras  papelcs,  pero  ha 
sslido  baitaatc  ettento  por  traUrse  de  gènerot  h^sta  ahora  poco  aiendidos  en 
Espafia.  Para  los  ruairo  voti^menei  resiantcs  notbailarà  un  brève  anlculo. 

M.inuet  Mit.\  v  Postas»!.!*. 


Charles  Jou>n-.  Dm  caracUrea  et  de  l'extension  du  patoln  nor- 
mand. —  Étude  de  phonétique  et  d'ethnographie,  suivie  d'une  carte  lo-H*, 
I9\  p,  Paru,  Vieweg,  iSHt. 

Le  livre  de  M.  Joret  se  compose  de  deux  parties,  qui  lorment  deux  éti>da 
dtfirntcs.  Dans  la  première,  qui  occupe  plus  de  la  ntoHié  de  l'ouvrage,  il 


)94  COHPTES-REHDUS 

cherche  par  l'élude  de  la  toponomattique  normande  1  fiier  lej  limites  de  Li 
région  oti  se  sont  établit  les  Norois.  Il  a  le  mérite  d'fitre  k  premier  «gui  ait 
traité  en  détail  de  ce  sujet  si  difficile.  Il  n'a  épargné  m  temps,  m  peine,  ni 
sacrifices  pécuniaires  pour  rendre  son  étude  aussi  complète  (jue  possible;  aussi 
est'Ce  Â  regret  que,  vu  mon  incompétence  en  pareille  matière,  je  me  vois  forcé 
d'écarter  de  mon  examen  critique  toute  cette  partie  de  l'ouvrage  el  de  me  coi- 
tenter  d'examiner  la  seconde,  qui  ne  me  paraît  pas  avoir  été  faite  avec  un  son 
aussi  minulieux. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  travail,  M.  Jorec  s'est  proposé  d'étudier  lei 
variations  dialectal»  de  b  Normandie  A  cet  cfl^et  il  a  fait  adresser  aux  institu- 
teurs normands  des  questionnaires  contenant  quelques  vocables  qui  prisenuicot 
sept  caractères  phonétiques  à  déterminer.  Les  matériaux  ainsi  recveîtlis  ont 
été,  en  partie,  du  moins,  contnMés  sur  place  par  M.  Jorct  lui-méiDc.  Se  basant 
sur  ces  sept  carictères,  il  établit  des  subdivisions  diaiccules  du  oonnaad. 
Aocvn  des  caractères  étudiés  par  M-  JortI  n'appartient  en  propre  i  U  Nor- 
mandie :  l'un  manque  i  l'est  ei  dépasse  les  limites  de  la  province  ao  sodonest, 
l'autre  n'existe  que  dans  la  partie  nord,  les  autres  ne  se  retrouvent  que  dans 
dn  domaines  peu  étendus  du  territoire  étudié  et  le  présentent  ailleurs  qu'en 
Normandie.  Alors  que  toutes  les  observations  de  M.  Joret  démontrent  que  u 
qu'on  a  appelé  [usqu'i  présent  putois  normaaJ  c'a  pas  d'existence  réelle,  m 
peut  être  spécifié  m  par  un,  oi  par  plusieurs  caractères  qui  lui  soient  partica- 
liers,  l'auienr  Jui-méme  paraît  persister  i  croire  à  son  existence,  subdivise  e* 
EOUfpaLois  ce  iionnjnJ,  et  dxns  une  introduction  i  cette  étude  des  varatioas 
dialeelBlet,  combat  la  théorie  qui  résulte  indubitablement  de  ta  propres  obser- 
vations, et  croit  entrevoir  un  moyen  d'entente  entre  ses  contradicteurs  iMM.  P. 
Meyer  et  A.  Darmesteter)  et  lui  dans  tin  point  de  comparaison  qui  ne  parle 
nullement  en  faveur  de  sa  théorie  :  il  compare  ■  les  patois  oa  dialectes  d'une 

*  même  Ijn^ue  ou  même  les  langues  d'une  même  famille,  non  pas!  des  espèces 

*  végétales  ou  animales,  mats  il  des  flores  ou  i  des  taunes  naturelles,  lesquelles 

*  sont  caractérisées  par  certains  types  particuliers,  comme  les  patois  le  sont 
(  par  les  faits  phonétiques  qui  leur  appartiennent  en  propre.  ■  Je  ne  sacht  pas 
qu'il  y  ait  ni  faune  ni  Rote  exclusivement  normandes. 

J'ai  entrepris  de  mon  cAtc  pour  le  Ponthieu,  contrée  limitrophe  d'une  partie 
du  lerntoirr  étudié  par  M.  Joret,  une  étude  semblable,  et  je  pense  la  poursuivre 
cette  année  au-deli  des  limites  de  cette  région.  On  me  permettra,  avant  d'abor- 
der la  critique  du  hrre  ci-dessut  détigné,  d'exposer  quelques  rèiultaii  géoé' 
raux  sur  les  condilioos  dms  lesquelles  se  manifestent  les  translormalions  phoné- 
tiques dans  le  Posthieu.  Ce  préambule  me  parait  nécessaire,  car  les  résultais 
de  l'enquête  de  M.  Joret  sont  d'une  tout  autre  nature  que  ceux  auxquels  je  suis 
arrivé  df  mon  cdié,  et  cela  tient  en  grande  partie  i  une  dilïèrence  dam  notre 
manière  de  procéder. 

Les  troiî  paragraphes  dans  lesquels  je  vais  grouper  mes  observations  résuDcni 
sous  la  forme  de  thèses  rèsulljint  de  ma  propre  enquête  les  objections  priaci- 
palfs  que  l'ai  i  faire  i  la  méthode  d'investigation  de  M.  Joret,  méthode  que 
j'examinerai  ensuite  en  détail  dans  trois  autres  paragraphes. 

I  )  Les  recherches  qui  ont  pour  but  d'établir  les  prinopaux  caractères  phoaé- 


lOftBT,  Du  patois  normanJ  ](>; 

ciqBK  d'an  parler  doivent  nècn&»i rement  tin  restreintes  à  un  ierrit«re  peu 
tutdu,  (MUf  qu'elles  soienl  exactet  et  que  les  bits  jpparaissent  tous  leur  véri- 
tiiJe  tour.  Totit  observateur  ser^,  dis  le  premier  jour  de  ton  enqutte,  coti- 
uÀoi  de  cette  niceuilf  :  le  parcourt  qu'il  (ail  ne  fût-il  que  de  i;  i  jo  kilo- 
BHns,  le  nombre  de  moti  choisis  contme  cariiclériiliques  que  de  \0  â  too,  t] 
)  rem  sûrement  des  itili  divers  se  produire.  Si,  de  retour  de  son  enquête,  il 
éprouve  un  r«gre(  en  ckjminjiit  lei  m^t^iAux  recueilles,  ce  ne  sera  cènes 
^1  celui  d'avoir  élé  trop  minutieuA.  En  pniicrpe  il  n'est  permis  de  ne  considérer 
MUK  difiaitive  une  carte  phonétique  d'une  contrée  que  si  elle  tient  compte  des 
prten  de  toutes  les  cocnmuncs. 

i|  L'élude  de  l'ancien  dialecte  d'un  pays  au  moyen  des  chartes  qui  en 
fnmenaent,  une  prcoiiére  récolte  de  mott  bile  sur  pUce  dans  un  viiUgc  central 
U  doniaine  i  étudier,  permettent  dans  une  certaine  mesure  de  présumer  sur 
qads  pmats  [particuliers  porteront  le&  variations  phonétiques;  mais  il  nf  latit 
pu  trop  K  6er  1  c«s  préutm plions,  Les  carActères  que  l'on  croit  les  plus  fixes 
diBs  le  langage  d'une  contrée  viennent  quelquefois  tout  à  coup  i  s'ébranler,  i 
tUtt  la  place  à  des  produits  tout  autres,  que  l'on  ne  s'alleiidjil  pu  du  tout  i 
rtocDstrer  sur  son  parcours.  Il  m'est  arrivé  plus  d'une  lois,  pour  avoir  cru 
pOHioir  négliger  l'enqoéte  sur  tels  ou  tels  mots  que  je  retrouvait  toujours  sous 
Il  ntaw  forme,  de  coostiler  tout  i  coup  dans  un  viilagc,  et  souvent  par  hasard 
u  cours  d'une  conversation  entendue  enirc  paysans,  des  sons  inattendus  dans 
lis  BOts  que  )e  négligeais  dans  mes  recherches,  et  d'élre  oblige  de  rebrousser 
cbenin  pour  aller  reprendre  une  investigation  que  j'avais  crue  terminée.  Ces 
rcioiin  en  arriére  sont  trop  désagréables  pour  que  je  ne  me  sois  pas  corrigé 
de  cet  négligences.  Qui  pourrait  supposer,  après  avoir  étudié  les  langages 
aioens  de  la  Picardie,  après  avoir  recueilli  sur  trois  ou  quatre  points  du  Pon- 
ttiteo  le  patois  aciueL  que  tout  i  coup,  dans  un  vithge  de  cette  dernière  con- 
trat, OB  constatera  que  \'o  fermé  accentué  est  devenu  h  ou  que  l'a  final  est 
devenu  ta  ? 

ji  Les  transformations  phonétiques  s'opèrent  indépendamment  les  unes  des 
antres,  i  moins  qu'elles  ne  soient  produites  par  une  même  cause.  Il  en  résulte 
que  ce  ne  pcnl  être  que  tout  i  latt  fortuitement  qu'un  caractère  phonétique 
coatrinl  un  espace  tant  soit  peu  considérable  coïncide  avec  le  domaine  d'un 
»trc  caracicre.  Celle  observation,  tout  dialeclologue  peut  Ii  faire  dés  la  prc- 
■iérc  journce  de  son  itinéraire  sur  n'importe  quelle  partie  du  territoire  gallo- 
nxiian,  pourvu  qu'elle  voit  dans  son  état  linguiïttquc  normal,  c'csl-i  dire  dans 
■létal  d'indépendance  vis-j-vts  d'autres  langages,  du  langage  littéraire  ou  et 
patois  eierçant  une  prépondérance  sur  les  autres.  Ainsi  s'il  est  démontré  que 
les  traitenenls  c  (dev.  a)  =  k,  c  idev.  t,  i)  ^  rk  remontent  i  deui  causes 
diverses,  j'alarme  que  leur  domaine  géographique  n'a  pas  été  le  même  au 
■ojrcn  Age  et  qu'il  ne  l'eil  pas  actuellement,  ur  U  y  a  je  ne  sais  combien  de 
ndliers  i  parier  contre  un  que  les  limites  de  deux  caractères  aussi  étendus 
n'embrassent  pas  le  même  territoire.  D'autre  part,  s'il  est  démontré  que  ces 
drus  caractères  ont  le  même  domaine  géographique,  il  «t  démontré  par  ta  même 
qu'ils  remontent  i  une  même  cause*. 


596  COMPTES- RENDU  s 

La  constatation  de  ce  (ait  condamne  absolmiienl  la  Ih^ric  qui  coimtte  i 
établir  an  divisions  dialectales  baiies  sur  la  coïncidence  de  limitts  pbwiètiques 
et  de  limites  poittiqon  :  en  deux  genrei  de  timitet  n'ont  jamaiv  coïnciilé 
ensemble  que  dans  l'esprit  de  savants  qoi  n'ont  pas  contrAli  leur  ibéoric  par 
l'observation  des  laits  ;  —  elle  condamne  également  la  thJwie  qui  consisterait 
i  établir  des  divisions  dialectale^  bas^s  sur  la  présence  de  plos  d'on  caractère 
phonétique;  car  si  la  coïncidence  de  deux  limites  phonétiques  existe,  c'nt  on 
cas  lorluii,  très  eKccptioonH  et  datant  souvent  d'ane  ipoque  bien  proche  de  la 
nAlre. 

Il  y  a  plut.  Bien  souvent  un  seul  et  même  fait  phonétique  ut  recouvre  p» 

unironnfinent  une  surface  de  terrain  que  l'on  puisse  englober  dans  oae  seule 

ligne  de  dcmarcalion,  que  fora  puisse  teinter  d'une  seule  nuance  sor  une  cane 

uniquement  consacré*  i  Tobservation  de  ce  seul  fait.  Il  existe  ce  qnr  "['appelle 

^plus  loin  des  ihlt  phoatii^iia,  c'cst-i-dire  des  afflearements  sporadiqoes  ne 

[présentant  pas  le  caractère  de  la  surface  au  milieu  de  laquelle  ils  se  trouvent. 

!  Je  crois  que  même  dans  la  théorie  qui  consisterait  i  établir  des  individualités 

'  lînguiUiqucs  basées  sur  un  seul  caractcre  phonétique,  il  n'y  a  pas  de  refuge 

pour  les  idées  représentées  par  M.  Joiet'. 

J'avoue  qu'un  patois  nomnaad,  ayant  un  ou  plusieurs  caractères  spécifiques 
coïncident  géographiquement  avec  lo  limit»  de  la  Normandie,  me  panttrait 
une  des  choses  les  plus  étranges  de  ce  monde.  Poor  que  pareil  fait  se  fût  pro- 
duit, il  Eaudrait  qu'A  une  certaine  époque  tous  les  villages  de  la  Normandie, 
conscienis  de  leur  unité  politique,  eussent  abandonné  leur  langage  normal  povr 
adopter  celui  d'un  de  leurs  centres  ;  il  faudrait  admettre  que  ce  qai  se  produit 
actuellement  dans  le  domaine  gallo-roman,  c'est4-dire  l'invasion  lente  du  tan* 
gage  littéraire  de  Paris,  se  fâi  accompli  en  Nomundic  en  bveur  d'un  langage 
normand  en  partant  d'un  centre  donné  et  en  s'arrCtant  aux  limites  de  la  pro- 
vince. Ce  fait  pourrait  bien  s'être  produit  dans  le  domaine  de  la  littérature, 
mais  on  ne  peut  le  supposer  pour  le  langage  populaire  ;  car,  outre  qu'il  est 
invraisemblable,  l'étude  des  patois  vient  en  contredire  formellement  l'eiistence. 
Or  on  ne  pourrait  parler  d'un  dialecte  normand  que  si  pareil  fait  s'était  produit  ; 
k  livre  de  M.  Joret  prouverait  qu'il  n'en  est  rien,  si  cela  était  i  prouver. 

J'ai  cependant  une  petite  restriction  i  faire  aux  observations  qui  prétédent. 
J'ai  dit  qu'en  régie  générale  deuK  caractères  phonétiques  s'étendaot  sur  un 
certain  espace  de  terrain  ne  peuvent  coïncider  ensemble  géograji^iqueineot  que 
d'une  façon  tout  à  fait  fonuile.  Je  maintiens  que  iH  est  le  cas  des  patois  i  leur 
état  normal  de  développement  et  d'indépendance,  mais  si  je  sounteliais  au  lec* 
tenr  mes  cartes  linguistiques,  il  constaterait  que  le  cas  de  coïncidence  des  fron- 
tières de  denx  faits  phonétiques  est  plus  fréquent  que  ne  le  ferait  supposer  son 
caractère  de  tbriuilé.  Cette  contradiction  eolie  les  faits  relevés  et  les  thèses 
ciposées  n'est  qu'apparente.  Voici  ce  qui  s'est  produit. 


ne  latiraii  où  m'airéter.  Tootts  ctitci  que  \t  me  wb  faite»  i  raoï-méme  me  paraiuenl 
mainteont  iateviciubiet,  cir  tilet  •'écrouleni  devant  ki  donn^n  qix  fourrât  l'obxr- 
vaiion.  J'dsrai  dtiu  la  tmit  l'occasion  d'éublir  des  Caîii  qui  Mp<nt  cLiiu  Iriin  fondementi 
tel  obJKiiofu  qui  pitaiitcnl  la  moins  improbables  i  première  vu«. 

I.  Co  obMrvaiiOBs  ne  sont  pat  Mulemeni  les  rémluti  Je  recltcrctin  fiiirt  dans  te 
t'ontbicu,  nitis  d'une  série  d'snirei  qui  emt>ra»icni  un  teiiiioirc  bien  fiia  vaste. 


I 
I 


JORET,  Du  patois  normand  ^lyj 

Les  patois  ne  |uuissent  pas  d'une  indépendance  complète  les  utts  vis-à-vis  des 
autres.  H  y  a  des  patois  qui  en  ihsorbent  d'.iutres  :  tdt  ^oni,  par  exemple,  en 
PonlhJcu  ctuit  de  la  vjiilée  de  la  Somme,  peuplée  par  des  habitants  qui  repré- 
senleni  un  degrf  de  civilisation  supérieur  i.  celui  des  populatiofii  des  deux 
plateau it  qui  sclèvenli  droite  et  i  gauche  du  tieuve.  Quoique  les  parlers  locaux 
des  bords  de  la  Somme  soient  menacés  de  deslruciion  par  le  français,  ils  repré- 
sentent aux  yeux  des  habitants  des  plateaux  un  langage  moins  vulgaire,  et  c'est 
de  leur  pari  une  question  d'amour- propre  de  l'adopter.  II  résulte  du  phénomène 
qui  se  produit  alors  ce  que  nousappeloR^  desîbu  phonétiques;  voici  comment. 

L'irruption  du  caractère  absorbant  lou  du  patois  absorbanti  se  fait  d'abord 
en  vertu  d'une  loi  basce  sur  la  proiimité  géographique,  mais  aussi  en  vertu 
d'une  autre  ba^èe  sur  l'affînité  sociale,  et,  ces  deux  lois  n'agissant  pas  lou|oon 
d'accord,  il  en  résulte  que  l'irruplion  s'opère  comme  celle  d'an  puissant  cours 
d'eau  qui  viendrait  déposer  ses  alluvions  dans  tous  les  bas-fonds  d'une  contrée, 
mais  ne  recouvrirait  pas  In  endroits  plos  élevés  qui  forment  alors  des  Ilots  au 
milieu  de  la  nappe  d'eau,  Ilots  que  le  flot  moniinC  recouvrira  plus  lard.  Ceui-ci 
témoignent  de  l'existence  d'une  couche  linguistique  antérieure  et  en  sont  MUtfent 
les  seuls  restes. 

Dans  les  recherches  de  phonétique,  la  présence  de  ces  tlots  ne  peut  souvent 
être  constatée  que  par  le  dire  de  vieillards.  • 

Ce  fait  n'élam  p.u  des  plus  connus,  je  vais  en  donner  un  exempte  ; 

Sur  toute  l'étendue  du  Ponthieu,  Va  accentuÉ  est  devenu  é  devant  t  (comme 
ailleurs}  : 

cantare  :=  kâtl;  pomarium  =:  pômyé. 

Mais  dans  quelques  localités  agricoles,  éloignées  des  grandes  voies  de  commu- 
nication, cet  t  s'nt  changé  en  ô  sous  l'mlluence  de  l'r.  Ces  quelques  localités 
forment  quatre  Ilots  phonétiques  complètement  séparés  les  uns  des  autres  et 
représentés  par  les  villages  suivants  : 

I)  5iiinf-H/ir7t(inf,  Weiiuùurt,  PfUfUj^m  (Vimeu|. 

})  Bernay  (près  de  Rue). 

})  Epic-jmps  [ven  Doullens). 

4)  Brimiax  iprès  de  Monlreuil). 

Ces  tlots  nous  représentent- ils  peut-être  une  iransformatioîi  dans  sa  genèse, 
quatre  taches  qui  vont  peu  1  peu  s'étendre  et  se  relier  l'une  i  l'autre,  de  façon 
i  couvrir  le  Ponthieu  h  déborder  au-delà?  S'il  en  éuit  ainsi,  le  fait  serait 
important  au  point  de  vue  de  l'histoire  de  la  genèse  des  sont;  mais  il  n'en  est 
rien  :  ces  quatre  Ilots  sont  des  afUcurements  d'une  couche  linguistique  empor- 
tée, et  ils  ditparaîiront  eux>mémcs  sous  peu  ;  car,  si  dans  le  premier  groupe  è 
=  i  est  encore  parfaitement  vivant,  il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  autres  : 
lorsqu'un  habitant  de  Bernay  se  rend  à  Rue,  il  ne  prononce  plus  kâim,  mais 
iM,  pour  ne  pas  se  rendre  ridicule  ;  â  Epécamps.  il  n'y  a  peut~Mre  plus  en  ce 
nonent  une  seule  personne  qui  ait  gardé  la  prononciation  ô,  car  je  la  tiens  de 
deux  vieillards  de  plus  de  soixante-dijf  ans  qui,  en  1&81,  étaient  i  peu  prés  les 
seuls  représentants  du  patois  autochthone;  i  Bnmeux,  les  vieillards  veuli  disent 
i,  les  jeunes  disent  i,  et  devant  les  étrangers  se  font  un  devoir  de  sourire  de  U 
prononciation  5  appartenant  i  la  génération  qui  les  précUe. 


}9S  COMPTES-RSNDUS 

Le  )'tig3ge  il'sutrei  communes  ilu  Ponlhteu  qui  ont  i  a  conserva  àxa  Inces 
non  équivoques  du  passage  de  M  0,  je  ne  puit  n'arrêter  i  l«s  «ipoier,  (e  ne 
contenterai  d'en  dire  la  nature  :  le  retour  de  ô  i  /  a  en  Iko  pOBrquH^jHK  nols 
dont  le  lOD  $  ne  remontait  pas  J  i 

Tels  sont  les  quelques  point;  qui  me  paraissent  résulter  de  tonte  investiga- 
tion impartiale  et  consdenoruK,  cl  qui  ne  rettortenl  pav  du  livre  de  M.  lorct, 
parce  que  son  enquête  a  été  faite  d'après  un  plan  qnj  ne  pourati  aboutir  i  de 
bons  résultats. 

i)  La  Normandie  était  un  territoire  beaucoup  trop  vaste.  Obligé  de  la  par* 
courir  av»  des  bottes  de  sqil  lieues,  pour  ainsi  dire,  il  hii  échappe  sfirement 
bien  d«  laits,  bien  des  l'ois  phonétiques  qui  auraient  peut>#tre  considénble- 
Tnent  modifié  ses  idéci  sur  i  l'individualité  linguistique  ■  des  patois  qu'il  établit. 
Il  n'a  pu  reconnaître  sous  son  vrai  jour  la  répartition  des  bits  phonétiques  sur 
le  sol  normand. 

Pour  me  rendre  exactement  compte  de  ta  répartition  des  faits  normands,  j'ai 
colorié  la  carte  de  M.  Jorrt  avec  des  couleurs  correspondant  3  celles  de  nei 
;  propres  cartes  du  Ponthicu.  Or,  il  s'est  trouvé  que  la  carte  linguistique  du 
Ponihieu  présente  une  foule  de  nuances  diverses,  un  fouillis  de  faits  qui  con- 
traste singulièremeRt  avec  l'unilonoiié  de  tons  de  celle  de  la  Nofnandie. 
Certes,  on  ne  saurait  en  vouloir  à  M.  Joret  de  n'avoir  pas  parcouru  dans  le 
vatie  territoire  qu'il  s'était  assigné  tous  les  rillajiet  el  han>eau):;  miis  )e  suis 
étonné  que  dans  les  six  voyages  qu'il  a  entrepris  il  ne  se  soit  pas  achoppé  â  cts 
tlots  phonétiques  dont  j'ai  p.irlê  longuement,  el  dont  îa  constatation  lui  aurait 
tait  comprendre,  sinon  qu'il  fallait  un  temps  plus  long  pour  l'étude  entreprise, 
du  mnins  qu'il  fblltit  faire  des  réserves  en  vue  de  travaux  futurs  et  qae  les 
tnaléfiaux  recueillit  devaient  être  soigneusement  étiquetés,  ce  qui  n'a  pas  été  k 
cas,  comme  nous  allons  le  voir. 

Il  sullît,  du  reste,  de  lire  attentivement  son  Kvrc  pour  voir  que  la  Normandie 
doit  pré»ntfr  det  faits  analogues  1  ceux  que  l'on  constate  ailleurs.  Certains 
patois  sont,  d'après  lui,  caractérisés  par  dc^  iransformatiotn  qui  se  sont^»;^w 
raujourj  opérées!  Les  faits  relatifs  i  r.'/iiJir,  que  M.  Joret  expose  d'une  Uxfm  plu 
détaillée  qu'il  n'a  coutume  de  le  faire,  i  cause  de  l'embarras  que  ce  suffixe  lui 
cause,  montrent  bien  que  les  patois  normands  ne  sont  pas  ce  que  l'auteur  en 
a  fait. 

2)  Au  lieu  de  faire  un  choix  de  mois  qui  comprit  les  caractères  phonétiques 
genoux  du  nord  de  la  France,  M.  Joret  se  contente  de  l'examen  de  sept  faits. 
Ce  sont  ces  sept  faits  qui  vont  lui  permettre  de  diviser  son  territoire,  le  ne 
trouve  rien  dans  son  livre  qui  explique  ce  choix,  et  l'alfirme  que  les  patois  nor- 
mands dans  leur  ensemble  présentent  des  caractères  dont  plusieurs  sont  bien 
plus  importants  que  certains  des  sept  choisis  par  lui;  je  suitsùrque  si  M  Joret 
a  des  imitateurs  de  son  système  qui  soient  en  mène  temps  ses  continuateurs 
dans  l'étude  pSonélique  du  ternioire  normand,  ses  divisions  dialectales  seront 
autant  de  lois  remaniées  qu'il  y  aura  de  ces  oontimatears.  On  te  tromperait 
grandement  si  l'on  croyait  que  ces  sept  faits  reproduisent  les  caractères  princi- 
paux des  patois  étudiés.  Quoique  mes  itinéraires  ne  m'aient  jamais  oottdnit  au 
delà  de  la  Bresie,  rivière  qui  forme  la  limite  entre  le  Pontbieu  et  la  Norman- 


à 


\ 


I 


lOflET,  Du  pâlolt  normand  199 

dî«,  faî  ta  l'occasion  de  recoFillîr  qutiquts  mots  d'un  vtlb^  du  uys  dr  Caux. 
)c  coKlate  dans  ces  qnel^iufi  mnts  la  transformation  de4  fini!  en  ^.  li  présence 
de  /  =  fllam.  caractère  que  M.  Joret  signale  comme  p^trticuli^r  au  nord-ouest 
d«  la  Normandie.  J'aurais  été  ion  étonné  de  ne  pAs  y  trouver  ces  faits,  tl  n'ea 
est  pas  question  dans  le  livre  de  M.  Joret. 

;}  M.  Joret  admet  l'individualité  linguistique  dn  patois  parlés  en  Normandie. 
Il  existe  selon  lui  un  patois  normand  ;  et  patois  normand  se  laisse  subdiviser 
en  divers  soui-palois.  C'est  ce  qu'il  cherche  i  établir  thcon^iuminl  dans  l'intro- 
ductton  de  son  livre,  à  l'aide  d'images  empruntées  aux  divers  règnes  de  la 
nature,  mais  sans  citer  un  seul  fait  d'observation  à  l'appui  de  sa  thèse. 

11  «t,  dans  ces  conditions-kâ,  impussible  d'entrer  en  discussion  sur  cette 
théorie.  Qu'il  me  sulfise  de  dire  que  le  livre  in;ilulé  *  Det  car-itûret  et  de  Cex- 
ttntwn  du  paloti  aormand,  *  malgré  l'imperfection  des  procédés  suivis  dan»  le 
relevé  des  matériaux,  démontre  \  tout  lecteur  que  le  pâlots  normand  n'a  pas 
un  seul  caractère  dont  le  domaine  coïncide  d  peu  prb  avec  celui  de  la  Nor- 
nuadie,  n'en  a  peul-étrc  pas  un  seul  qui  lui  soit  panicuher.  qu'il  prouve 
l'inverse  de  ce  qui,  devait  être  démontré,  et  que  nulle  part  dans  les  iSC  pages 
de  l'ouvrage  M.  Joret  ne  nous  dit  ce  qu'est  te  normand,  quels  sont  ses  carac- 
tères spécifiques 

J'ai  cru  jusqu'à  présent  que  cette  théorie  surannée,  qui  n'a  jamais  reposé 
sur  des  observations  faites  sur  place,  était  parfaitement  inoffensive  au  point  de 
vue  du  progrès  de  la  connaissance  des  variations  dialectales  ;  mais  je  vois  par 
le  livre  de  M.  Joret  qu'elle  peut  avoir  des  conséquences  fort  malheureuses.  C'est 
du  moins  à  cette  théorie  tjue  j'attribue  en  grande  partie  le  peu  de  soin  qu'il 
apporte  i  nous  renseigner  sur  les  faits  phonétiques  eux-mêmes. 

D'uD  Irait  de  plume,  d'après  quelques  mois  recueillis  par  lui  ou  par  d'autres 
et  qu'il  ne  nous  communique  point,  il  attribue  au  territoire  m  =  a  -^  y  de 
vastes  contrées  telles  que  celles  des  pays  de  Bray.  de  Caux,  du  Vexin,  alors 
même  que,  dans  d'autres  cantons  de  la  Normandie,  îl  constate  da^is  un  seul  et 
iitCmc  endroit  divers  résultats  de  ce  même  son  latin.  Les  faits  ne  se  présentent 
certaincfflenl  pas  sous  ce  jour. 

■  Dans  l'est  du  pays  de  Bray,  du  Vexin  et  le  sud-est  de  la  plaine  de  Saint- 
*  André,  cette  forme  («i,  i^  \ax.)  n'appirait  plus  que  mêlée  aux  formes  picardes 
«  et  françaises  en  ni.  ■  Pas  un  exemple  cité  I  Y  a-t-ii  vraiment  mêlsn^îe  de 
formes^  De  quelle  nature  est  ce  mélange?  Les  demandes  du  questionnaire  de 
M.  Joret  envoyé  aux  instituteurs  normands  comprennent  les  mots  suivants  rela- 
tifs i  tV  Ut.  :  »roi,  fo(,  froid,  jo;/.  puire^  toih.  Les  formes  normandes  en  sont  ; 
mij  U,  fri,  si,  père,  UU.  Si  dans  les  cantons  en  question  M.  Joret  trouve  lilt  i 
cité  de  froté,  etc.,  et  qu'il  appelle  ta  présence  de  ces  formes,  contradictoires 
seluo  lui,  un  mélange  de  normand  ei  de  picard,  il  a  tort.  Trouve-t-il  vraiment 
dans  ces  cantons  :  moi,  mi,  qu'il  croit  être  àa  formes  pinrâu  «t  françaises? 
Enfin  quel  est  te  son  qu'il  représente  par  o\,  et  qu'il  appelle  son  ftcard  et  ftAti- 
çaisf  Si  c'est  le  son  s-j  du  irancais  qn'il  y  trouve,  dans  ce  cas  il  n'a  itH  qu'y 
constater  l'influence  française  dans  certains  mots  qu'il  ne  nous  cite  pat,  car  je 
ne  crois  pas  i  l'existence  papulaire  du  son  iva  à  celte  latitude.  Est-ce  le  son 
1»'^,  que  l'on  retrouve  généralement  en  Picardie?  Mais  on  y  trouve  aussi  Ôi,  bê, 
Jti,  scion  les  contrées  et  seloo  qu'il  est  ou  n'ut  pas  initial. 


400  coiiPTis-finnws 

Prc*^u«  partout  l'anlrar  procède  m»  lammawrmtal  ^'<m  râat  de  k  foir 
par  In  denx  etenipiri  qui  précMent.  Il  owl  6e  M«  doc  W  locaUfa  i'ôk 
provîrttnent  les  malériaus,  quds  sont  cmx  qi'iJ  J  rtcMinii  loMitiiic  tl  qit 
méritent  par  contéquetil  notre  enûtre  ccalmce,  qadt  sont  ceni  tjM  noes 
ilcvoni  ans  personnel  i  qui  il  a  cm  pouvoir  recourir. 

M^me  en  te  pUiçant  an  point  6c  vue  de  M.  Joret,  on  est  lorté  ilr  connvr 
que  sa  iafon  de  procéder  pour  délrmiter  ks  patoii  est  iiudmisïîble.  Il  dit  htt- 
méine  que  ■  pour  établir  l'individaalitê  des  patoa,  il  sullil  d'y  déemirrir 
quelque  caractire  particulier  qui  en  est  le  signe  sp^tfique.  ■  Mais  pour  se  pas 
courir  riiquc  d'itablir  des  n^nri  t^cifitjut)  qui  se  retroavent  dans  d'astres 
provinces  que  !a  Normandie,  il  faudrait  cannaltre,  avant  de  les  établir,  b  pho- 
nétique de  lou»  Irt  patoii  ({sllo-romjnt,  au  moiitt  celle  des  pkloii  qui  avuisincnt 
eeui  qu'on  étudie  plus  spécialement.  Qr,  ni  M.  Joret,  ni  personne,  n'en  savent 
asiei  sur  le^  patois  pour  entreprendre  un  travail  qui,  s'il  était  possible,  k 
pourrait  le  faire  que  lorsque  l'on  aurait  dresé  le  volumineux  atlas  phonétique 
de  la  Gaule  romane,  travail  i  peine  commencé. 

Il  nous  rede  maintenant  i  examiner  succeisivemenl  chacun  des  sept  carac- 
léres  observés  par  M.  Joret  et  1  les  connoenlcr  dans  le  sens  des  renurqitcs 
critiques  qui  précédent. 

I.  (  fenné  =  »i,  é,  *. 
C'est  un  caractère  qui  dépasse  de   beaucoup  les  limites  de  la  Normandie; 

d'autre  part  plosieurs  cantons  de  l'ouest  ont  traité  la  voyelle  latine  diSéremiKnl 
(ton  représenté  malencontreusement  par  ci).  Où  se  trouve  ti,aîi  it  ot\  i^ 

II.  Su^ixc  ellum, 

f  Ce  suffixe  s'est,  dans  le  patois  moderne,  atténué  en  /  au  sing.»  transforml 

•  en  iJ  au  pluriel  (—  csl-ce  iJ  ou  yJ  ?  —)  ;  mais  i  cAté  de  la  (orme  i  on  re»* 
«  contre  encore  fréquemmenl  io,  forme  qu'on  regarde  comme  propre  ao  picard 

•  I —  elle  n'existe  pa^  dans  le  Ponthieu — I,  mois  que  présentent  août  les  palon 

•  du  Maine,  de  tJ  une  source  presque  inévitable  d'incertitudes;  c'est  celte  nî* 

•  son  kussi  qui,  en  fin  décompte,  m'a  £ait  prendre,  de  préférence  au  sing.  tllu, 

•  le  pluriel  W/«  tnn^ormé,  comme  signe  spécifique  du  patois  oornAnd  ;  mil 

•  U  forme  uf  qu'il  donne  taisant  elle-m<me  sourenl  place  i  id,  il  *e  m'a  pas 

•  loufours  été  facile,  vti  l'iDcohércnce  d«  rnueigneraents  que  J'ai  recox,  de 
«  déterminer  avec  une  entière  certitude  la  limite  du  domaine  liagnîtbqne 
■  qu'elle  caractérise,  t  M.  I.  expose  ensuite  les  résultats  obtenos.  Si  je  M'en 
rtAdt  bien  compte,  voici  les  cas  qttc  l'on  trouve  tn  Normandie  ; 

I)  /,  li 

1)  ('*.  id 

|)  i,  iJ;  m,  a  (dans  un  seol  et  néne  endroit) 

4)  i9,ul 

D»,  il 

61  ini 

Je  ne  connais  aucun  patois  français  qui  traite  te  inttie  ellua,  eltei  dtU 
■i^me  manière  dans  tous  les  mots  qui  le  présentent.  Cela  s'upltqne  par  le  fait 
que  l'analogie,  qui  est  loin  de  procéder  a&ssi  régnlièrenteat  qne  la  tratflMK^ 
tion  pkoaétiqnc.  a  jooé  n  grand  rdte  dans  l'hàtoire  du  u&xe  tUam:  dk  ■*« 


JORET,  Da  patois  normand  40  ! 

pus  touché  i  un  sutstratum  de  mots  qui  v^ric  selon  les  contrées  et  qui  peut 
causer  une  grande  coafuiion,  lorsqu'on  te  contente  d'un  nombre  d'exemples 
rMtreinl. 

M.  Jorct  n'exposant  point  ses  matériaux,  il  est  impossible  de  contràler  ses 
multats.  le  ntc  contenlefAi  de  dire  que,  1  nu  connai^unce,  un  patois  de  la 
Normandie  appartenant  au  groupe  j  a  plusieurs  mots  en  i,  qu'il  en  est  de 
même  d'un  patois  appartenant  au  groupe  6  (patois  dont  il  a  déjà  été  question)  '. 
Les  (ranstormations  du  sulfixc  ellum  relevées  par  M.  Jorct  n'ont  rien  qui  soit 
particulier  â  la  Normandie.  Il  considère  t,  yâ  comme  un  caractère  spécifique  du 
nord  de  la  province  ;  ce  caractère  disparaît  au  nord-ouest,  c'est-i-dire  dans  le 
domaine  qui  avoisine  le  territoire  que  j'ai  étudié  ;  mais  il  se  retrouve  dans  le 
Vimcu,  en  Picardie.  Ainsi  le  suffixe  ellum  cesse  dêjlea  Normandie  d'être  traité 
i  la  façon  •  véritahlemtnl  normande  »  pour  reparaître  •  vériublement  nor- 
mand *  en  Picardie  ! 

il],  IVI  r  dev.  a  et  sons  qui  en  dérivent  =  *,-  c  dev.  f,  r  =  ch. 

La  limite  méridionale  de  la  conservation  du  r  vélaire  coupe  la  Normandie  de 
l'est  i  l'ouest  en  deux  parties,  faisant  une  part  un  peu  plus  grande  au  terri- 
toire septentrional,  celui  é\i  c  =^  k.  Les  patois  méridionaux  du  territoire  c  :^k 
étant  fortement  entamés  par  notre  langue  littéraire,  plusieurs  d'entre  eux  ne 
présentent  plus  qu'un  ou  deux  mots  où  le  c  vélaire  te  soit  conservé. 

La  limite  méridionale  du  r  =  Jt  coïncide  selon  M.  Joret  avec  celle  du  »,  tï 
=  ck.  Cette  coïncidence  n'est  pas  très  facile  i  constater  précisément  à  ciuse  de 
la  coitaminalion  des  patois  dont  il  s'agit  par  le  français,  contamination  qui 
s'attaque  i  la  vélaire  et  i  la  palatale  avec  inteosilé  variable.  Quoique  M.  Joret 
constate  que  d'après  ses  matériaux  certains  patois  présentent  le  traitement  nor- 
mand du  (  devant  j  s.irî  présenter  celui  du  i  devant  t,  i,  c'ejt-à-dire  sont 
normands  quant  i  la  vébire,  (rantais  quant  i  !a  pabtale  <et  vicc'ver&af,  il  n'ad- 
met point  leur  existence  normale  :  lorsque  pareil  fait  se  présente,  il  est  dû  i 
rinAuence  française  qui  s'ctTectuc  sur  la  palatale  de  préférence  1  la  vélaire.  Il 
croit  que  ■  partout  où  nous  trouvons  aujourd'hui  une  des  deux  gutturales  trai- 
tées comme  dans  le  normand  proprement  dit,  nous  pouvons  afBrmer  vrabembla- 
blemcnt  que  l'autre,  i  ttne  époque  plus  ou  moms  reculée,  a  été  traitée  de  la 


I.  Vold  un  exemple  qui  monircra  Iti  erreurs  auxquelles  on  peut  s'exposer  en  procé- 
dant trop  somntaifEmciit  danil'èiu^c  du  luffixe  ellum. 

Dans  la  plm  garnie  pirtk  i3u  romhieu,  1  ellum,  ellos.  ne  correspond  plus  que  la 
(orme  unique  jiii  ;  cependint  bien  du  matt  ani  conurvè  une  itidenne  forme  i,  remcit- 
liat  dtreaemcni  1  L'ace.  clIum,  pour  des  raitoni  que  l'on  peut  ([nelquefoi*  deviner 
(dédaublement  :  loisfd.veiiitau;  composés  :  lupi  fliù,  champignon),  k  suppMr  que 
pour  le  PoRibieu  j'euiie  procédé  comme  M.  Joret  l'a  (aii  pôui  ti  Komundie  et  que 
reu«e  rccherthé  les  formes  de  :  ;!f.Jii,  tattau,  vaastau  (vaîtseUe),  gJluu.  J'surai» 
trouvé  dans  presque  tons  lei  villages  du  Ponthicu  :  fiijt,  ra:i.  MxJ  iplmaxi  =  pétrin), 
witè .-  l'en  aurais  conclu  que  le  suffixe  ellum  s'ot  rèdukt  à  i  dans  le  Pomhicu ,  ce  q  ni  est 
lo«  1  fiii  inexia 

H.  ioret  fonitatc  la  présente  de  deux  Irattonenti  divers  dans  le  groupe  )  (/,  yJ :  yo, 
y6).  quelle  est  la  uiurc  de  ce  mélange:  Voit-on  ira  mot  prendre  \a  ceux  locrati  itat 
te  flifme  village  l  Le  mélange  exule-t-it  dans  iou«  la  mots  }  Parmi  le*  riemplci  que 
K.  lotrt  adrene  i  k>  coneipondants  pour  l'Aude  de  eltnm,  il  jr  en  ■  qui  ne  toot  pu 
popuUiiet  partoni.  On  ptui  fon  bien  avoir  batyc,  batyi  i  cmt  de  kutl,  lulfj,  vu 
admettre  le  mélange  de  deux  traitements  de  el]  um  ;  dans  ce  cas,  U  y  a  nn- 


exêmple,  tans 

plowni  intrusion  de  mou  tiranuers  dans  le  patois  local, 


26 


402  COMPTfS-RBNDUS 

même  manière.  •  ToulM  les  raisons  longucnKot  développas  qu'il  domne  î 
l'appai  de  cette  (bèse  ont  ane  certaine  vileor,  miis  ne  penuaderont  pas  les 
uvantt  aussi  complfleinenl  que  l'auraîrnt  fait  celles  qu'il  pouvait  tirer  du  la»- 
g3ge  nême.  En  effet,  si  M.  Jorct  avait  recueilli  des  mots  qui  (ossent  i  l'abri  de 
rinflucfice  française  Imols  particuliers  ati  Inique  normand,  soit  quant  i  la 
(orme,  soit  quant  i  l'acception),  il  aurait  remarqua,  ce  que  j'ai  constaté  pour 
un  patois  de  U  campagne  c'Ërreux  dont  j'ai  quelques  matériaux,  que  TcnTalits- 
jemeiit  de  l'élément  franç-ïts  ne  les  a  point  loucha.  Ces  mêmes  «atiriaox.  par 
un  haiinl  singulier,  me  permettront  mêiiie.  je  l'espire,  de  dêïerroiref  asjei 
exactement  i  partir  de  quelle  époque  l'envahissemeni  du  français* 
dans  la  campagne  d'Evreux. 

La  limite  du  traitement  normand-picard  du  e  étant  tracée  quant  i  la  Nor- 
mandie, l'auteur  cherche  ensuite  i  stibdiriier  ce  groupe  linguistiqoe  du  r  .=  t, 
(h  qu'il  paraît  consid'èrer  comme  le  véritaMe  normand  (normand  qui  dans  la 
partie  orientale  de  ton  lerriloire  n'a  rien  qui  soit  élranf^er  an  picard  et  qui, 
dans  la  partie  occident^ilc,  ne  difire  du  picard  que  par  un  fait  qu'il  a  en  com- 
mun avec  une  (ouïe  d'autres).  Voyons  ce  qui  lui  permet  de  subditiser  celle 
contrée. 

V)  it  atone  entravé  stiiiri  de  r. 

Exemples:  carbonem,  carruca,  carpentarium,  marca,  lardicare 
(lisez  :  tardiare).  Eliminons  marca,  qui  figure  ici  1  tort  pour  deux  raisons: 
Ytt  n'y  est  pas  atone,  et  d'autre  part  ce  n'est  pas  un  mol  populaire. 

Dans  la  partie  orientale  de  la  Normandie  (pays  de  Caui,  Bray,  nord  di 
Vexin)  on  3  :  earion,  rarae,  tirpm^ml^  urfii;  partout  ailleurs  trrfcw,  iair, 
i/rpan^uif,  Urju. 

II  s'agit  dans  ce  dernier  cas  d'un  accident  d'origine  récente,  qui  s'opère  spo- 
radiquement et  d'une  façon  tout  i  fait  capricieuse  un  peu  dans  toutes  les  pro- 
vinces de  la  Gaule  française.  L'auteur  aurait  dâ  s'apercevoir  du  caractère  de 
cette  transformation  de  ar  en  er  r  il  dit  lui-même  que  daas  le  premier  groupe  de 
patois  t'a  s'est  ^risque  toujoun  aHaibli  en  i  :  donc  pas  loutoun  I  donc  il  y  a 
dans  te  groupe  de  patois  «r  =  <r  des  patois  qui  ont  conservé  l'd,  et  cela  « 
m'étonne  nullement;  j'ai  au  contraire  lieu  de  m'étonner  que  dans  totu  les 
patois  des  pays  de  Caui,  de  Bray  et  le  nord  du  Venin  ta  conservaiioa  dans  ces 
qoatre  mots  soit  intacte  partout. 

L'accident  inverse  (et  c'est  li  un  des  caractères  des  accidents  que  Too  en 
trouve  presque  toujours  la  contre-partic),  la  transformation  de  <  en  .t  devant  r 
appuyée,  se  trouve  également  en  Normandie:  M.  J.  n'en  parle  pas.  On  pourrait 
tout  aussi  bien  baier  une  délimitation,  puisque  délimitation  il  faut,  sur  des  mots 
tels  que  parJa  {à  c&lé  de  /t  ptréi}. 

Dans  le  territoire  picard  qui  avoisine  les  contrées  sormaïKles,  je  retrourc  les 
mêmes  faits  cale  i  cAte,  ar  devenant  er  sporadiquement, 

Vît  o  +  i  et  o  +  (. 

■  0  -t- 1  et  n  +  c  ont  donné  ui  dans  le  dialecte  de  rile-de- France  et  dans  le 
picard  ;  il  en  est  de  même  dans  les  patois  du  pays  de  Bray,  du  pays  de  Caux 
cl  du  Vextn,  c'e^t-i-dire  da»  les  patois  normands  de  la  rive  droite  de  la  Seine, 
o4  CN  nfTKfcRAL  a  atooe  suivi  de  r  a  persisté.  • 


JORCr,  Du  palais  normand  40Î 

observations  de  M.  Joret  sont  loin  it  pr^cnter  des  fatU  concordjints. 
Seuir,  la  partie  ocddeniale  dt  la  Normandie  présente  quelques  traitements  que 
je  n'ai  p«  conmtis  en  Picardie,  mais  que  l'on  relrouwe  à  l'est  de  la  France. 
Pour  |]  pariie  orientale,  le  lecteur  doit  se  contenter  des  renseignements  que 
eoDlient  le  patuge  que  j«  viens  de  citer;  mais  M.  Joret  se  fait  illosion  s'il  crûit 
qu'en  picard  0  +  1  tl  0  +  t  deviennent  m  dans  tous  les  tnots  ijj'il  cite  i  propos 
des  traitements  normands  iuu,  etc.).  La  carte  qui  accompagne  le  volume  ne 
twnt  pas  compte  de  toutes  les  difficuJtès  dont  il  est  question  dans  le  texte,  die 
les  simplifie  considérablement. 

VII)  K  devenant  t:h  devant  ieu,  tV,  u  et  même  1  '. 

Cette  transformation  n'est  nullement  particulière  â  ceruins  patois  nortnands. 
Dans  In  limites  très  restreintes  du  Ponthïeu,  il  ne  manque  aucune  not«,  sus- 
ceptible d'être  transcrite,  de  la  gamme  des  sons  qui  s'^end  de  quitn  à  tchtn 
(chien). 

VIIll  Une  dernière  recherche  portait  sur  la  présence  i  l'orient  des  lormes 
picardes  U,  mt,  etc.,  pour  ta,  ru,  etc. 

En  résumé,  l'ouvrage  de  M.  Joret  contient  des  faits  intéressants,  maii  il  m 
prrftenle  pas,  comme  le  titre  le  ferait  attendre,  les  curûdira  ni  les  limita  du 
patois  normand,  et  il  y  a  pour  cel;i  une  bonne  raison,  c'est  que  le  patois  nor- 
mand n'emsle  pas  et  n'A  par  ccnséquent  ni  cararthu  ni  limtlit.  Si  on  en  avait 
dooté  auparavant,  le  livre  de  M.  Jorci  mettrait  ce  fait  hors  de  doute,  et  l'auteur 
fui-Riéme  paraît  bien  s'en  ^tre,  une  fois  son  travail  fini,  rendu  i  peo  prés 
compte.  S'il  avait  aperçu  nettement  cette  vérilÉ  avant  de  commercer  ses 
recherches,  il  les  aurait  certainement  dirigées  avec  plus  de  précision  et  les 
aurait  rendues  plus  fructueuses. 

J.  GlLtlÈRON. 


I .  Ce  point  ne  6^vrt  pas  dans  le  questionnaire  envoyé  aux  îonltuieurs. 


PERIODIQUES. 


4 


1.  —  Rbtub  de»  i.*5(5tB8  romasbb,  j*  ihit,  t.  IX.  Février  i88j.  — ' 
P.  it'  ^-  Chabaneau,  S<rmons  a  priecptu  nligimx  tu  iaagiu  4'oc  iu  Xllh  t, 
Nûltt  isuile).  —  P.  70-  C,  Châbancau.  Sur  ^utlquei  mmascnts  proveataia  per- 
dus ou  igaris  (suite).  La  notice  (n*  XIX)  qui.  de  prime  abord,  semble  l»  plot 
ïotéivssinte  entre  celles  que  M.  Ch.  a  groupées  sous  et  titre,  concerne  on  chan- 
sonnier provençal  de  la  bibliothèque  du  Louvre,  dont  il  y  aurait  eu  une  copie 
entre  les  maîtis  de  Hubert  de  Gafbup,  avoui  au  parlement  d'Aii  vers  la  bn  du 
ricne  de  Louis  XIV,  et  une  autre,  cotée  f,  dans  les  rKunIs  de  Saint e-Palaye. 
Loriginal  et  les  copies  seraient  actuellement  perdus.  Ce  qui  prouvrrail  que  ce 
chansonnier  Hait  distinct  de  tous  ceux  que  nous  connaissons,  c'est  qu'il  attrait 
contenu  la  biographie  d'un  certain  Pons  de  Merindol,  troubadour  dont  le  non 
et  les  «uvres  ne  se  retrouvent  nulle  pan  ailleurs.  Celte  biographie,  publiée  ei 
1701  par  Pierre  de  Gallaup,  frire  de  Hubert,  est  rééditée  par  M.  Oiabaaau, 
p.  7  j.  h  croit  que  M.  Ch.  s'est  bissé  entraîner  par  une  illusion  i  laquelle  j'ai 
faitti  céder  aussi  jadis.  Ces  diverses  hypoibiscs  en  effet  ne  sont  pas  noaYetla.  Tai 
dit  dans  Le  T.  I  de  la  Romama,  p.  ;j,  et  M.  Ch.  ne  l'ignore  probabletncnt 
pas',  que  Pierre  de  Gallaup  avait  eu  i  sa  disposition  un  chansonnier  pro- 
vençal aujourd'hui  perdu,  et,  p.  jZi  du  même  lome,  j'ai  annoncé  l'intention  de  ■ 
réimprimer  la  vie  de  Pons  de  Mérindol  que  réédite  actuellement  M.  Chabaneau.  I 
C'est  qu'en  cifet  j'ai  fait  moi  aussi,  il  y  a  dix  ans,  un  mémoire  sur  le  chanson- 
nier perdu  duLouvre.mettant  )  profit,  outre  les  témoignages  utilisés  par  M.  Ch., 
un  opuscule  de  Pierre  de  Gallaup  qui  est  conservé  manuscrit  i  Oxford.  Sevlement, 
avant  d'avoir  achevé  mon  travail,  je  reconnus  que  les  conclusions  auxquelles  je 
tendais,  et  qui  sont  celles  néme  que  défend  actuellement  M.  Ch.,  n'étaient  pas 
soutenables,  et  que  notamment  la  vie  de  Pons  de  Mérindol  était  une  fabrication 
moderne.  Je  ne  puis  traiter  ici  celle  question  qui  ne  laisse  pas  d'être  asseï  com- 
pliquée :  ce  sera  l'objet  d'une  note  spéciale.  Les  deux  notices  XX  et  XXI  sont 
consacrées  à  M"'  Lherîtter  de  Villadon,  auteur  d'un  roman  intitulé  U  Teur  UtU- 
bnust  (Paris,  170(1,  et  i  Achard,  l'auteur  du  Dittioanatrc  àe  ta  Prottnct  tt  iu 
ccmti  Vcnaisun  (Maneille,  i7&i-7i>  ie  doute  (ort  qu'ils  aient  eu  des  mss.  qui 
depuis  Lors  se  soient  perdus.  M.  Ch.  s'eiprine  du  reste  sur  ce  point  avec  réserve. 
—  P.  81.  Mir,  Comptrtinm  pcpuUirti,  etc.  (suitei.  Lettres  Q-S,  —  Vjtiétés. 
P.  98,  C.  C.  Unt  oùimUt  cMjatttrt  loncaaâfit  Gutliiiiim  VU.  M.  Ch.  rapporte 


PËRIODIQUCS  405 

icei>ijgMur  l'anecdote  contée  par  Etienne  de  Bourbon,  éd.  Lccoy  delà  Marche, 
hin(tfl  4781-  Lt  thtrelia  Ratmtaad  et  hi  <omttsu  de  Ftandut.  Sur  un  pasuge 
■h  coMMabirc  An  Ùoetitnttiû  d'emcre  de  Francesco  da  Barfaertno.  —  Bibtio- 
fn^ie.  P.  99.  Mirôch,  CtickUkU  da  laffixci  -olut  m  dcn  romanitikett  SprMhai 
M.-D.  i  d.  Rmtfiia,  XI,  46)). 

Mm  iWî-  —  P.  los-  C  Chabaneau,  Smte  Marie  Madeleine  dans  h  l'ttti/A' 
tm  prmnialf.  I,  Vie  de  samU  Maui  MadiUine  eulraite  d'une  traduction  provçn- 
pfedeb  I  Légende  surea.  >  C'est  le  cofninencemcnt  d'un  recueil  dans  lequd 
K  Ch.  le  propose  de  (aire  enlrer  tout  ce  qu'il  connaît  de  textes  provençaux 
'■Uitsou  àk\i  publiés,  depuis  les  origines  de  la  langue  ius<)ue»  et  y  compris  le 
XV|«  siècle,  sur  Marie  Madeleine.  II  semble  que  U  L^^ende  dor^  n'aurait  pas 
"  ^SpttT  dam  ce  recueil.  L'iruvrc  de  Jacques  de  Varaggio  n'a  rien  de  proven- 
f*!-  La  circonstaDcc  qu'il  en  existe  une  version  en  provençal,  comme  en  tant 
d'Jutfcs  tangues,  n'en  change  pas  le  caractère.  Le  ms.  d'où  est  extrait  le  nior- 
00  publié  par  M.  Ch.  est  une  mauvaise  copie  du  XV'  siècle,  oix  les  lacunes  et 
^  «nnirs  de  tout  genre  abondent.  M.  Ch.  a  réubli  entre  [  ],  d'après  le  latin, 
^  «loti  oubliés  par  le  copiste.  Il  a  aussi  finît  de  nombreuses  corrections  dont  ri 
*^  impossible  de  soupçonner  l'existence,  i  moins  de  collationner  le  ms.,  les 
•^Icaoù  die»  doivent  <tfe  indiquées  et  justice»  étant,  suivant  la  (ichieuschabi- 
^^c^  de  la  Rerm  da  langues  romanes,  renvoyées  i.  une  époque  indéterminée. 
^'*  rate  il  subsiste  encore  bien  des  fautes.  Ainsi,  I.  i}{  t  GirarE  duch  de  Bii- 
"-"a,  t  ob  l'on  doit  évidemment  corriger  Bergonha,  et,  I.  160,  relitiiiiai  au  lieu 
^  ''ifisat.  Il  faut  dire  que,  si  le  copiste  était  détestable,  le  traducteur  ne  paraît 
N*  avoir  été  fort  habile,  de  sorte  qu'en  croyant  corriger  le  premier,  on  s'expose 
^liWî  J  corriger  le  second.  —  P  ii^.  Chabaneau,  Sut  ijutlifuti  manuierîtj 
^''t'ttttiMx  fodtts  eu  ig*tis  (suite).  Aucnn  des  mss.  supposés  perdus  dont  il  est 
^*A«flioii  dam  cH  article  ne  par^t  avoir  été  bien  important,  sauf  la  >  Canto  de 
^a  Citi,  D  connue  par  des  citations  de  Du  Mcge.  Notons  i  ce  propos  que  les 
'^lei^nenients  donnés  par  M.  Ch.  pouvaient  déjà  se  lire  tant  dans  une  imtede 
'^-  Riaal  publiée  par  le  Poljbiblioa  (187S,  p.  i8j|,  que  dans  la  préface  de  mon 
^■iitira  du  pointe  de  la  Croisade  albigeoise*.  —  P.  i  jo-i^j.  Termes  Je  matiist  et 
^t  fttht  en  ttsiige  J  Palawts  pris  Manrpelher,  recueillis  et  classés  par  M,  West- 
Ptul-Catteloan  {i(*ait.). 

Avril  18B}.  —  P.  [^7.  Chabaneau,  Samens  et  pikeptes  rtVtgitta  en  UagBt 
^*«  dit  XII*  tUcit  (luilel.  —  P.  170.  Mir,  CompafeiiO'n  perpaUitei,  etc.  (lin). 
—  Bibliographie.  P.  180.  Vising,  £tadi  sur  U  dialtete angto-normand  da  Xît't. 
lA.-B.;.  —  P.  1S7.  Périodiques.  —  P,   194,  Nécrologie.  Anatole  Roathuie. 

Mai  1883.  —  P.  J09.  H.  de  la  Coni.bc,  Fngmcnls  d'uni  In^daction  Je  la  Biblt 
ta  langat  rcmcne.  Ces  mots  «  en  tangue  romane  ■  manquent  de  précision.  Le 
■bt.  de  Carpeolras.  dont  on  nous  donne  ici  des  extraits,  est  en  dialecte  vaudou 
OH  peut-être  dauphinois.  Il  eût  été  plus  utile  de  nous  donner  sur  ce  point  des 


I .  A  ce  propos,  U  me  ura  ptnnti  de  mentionner  Ici  que  i'ii  la  copie  du  fragment  d'an 
poèae  provençal  nir  b  premi^  croixadi*  d^nr  M.  Mili  y  Fontanalt  1  iadii  cité  deux 
*m  {mj  non  tdtiieii  dn  poème  de  la  croisidt  albigeoisi",  p.  xk  .  ie  publierai  prochaj- 
MMM  ce  bagBent  qui,  n  je  ne  me  trompe^  appartient  t  li  chanson  d'Aniioche  i 
llfKfie  Cidllau»e  de  Todélc  Ui  aUmion 


4o6  PËRiontiyES 

Mairciunneflts  qn«  de  riimpnmer  li  notice  du  citalogue  Lambert.  OUe  notice 
en  efietest  loin  de  nous  rensàgner  atec  gnc  prècùion  uiI&Mote  sur  le  ms.  en 
question,  et,  d'autre  part,  lesnotioflsqu'elle  doanesur  les  traductions  ca  Ungue 
vulgaire  de  la  Bible  sont  banales  et  en  partie  inexactes.  Les  obsenatiow 
ajoalées  au  travail  de  Lambert  ip.  2\i\  laiuent  bien  à  désirer.  L'aatearnf  s'cU 
pat  aperçu  que  le  fragment  du  ms.  Harieten  publia  dans  mon  Rccoiti  J'amÛMt 
lalet  tA  cdui  qu'ont  idili  MM.  Fr.  Michel,  HofniaDD  et  BariKh  n'en  foat  qu'ui, 
avec  cette  différence  que  na  publication  est  pariielle.  Les  extraiu  du  ms.  de 
Car]Kntras  ici  publiés  correspondent  A  Ltm  V,  Actes  IX,  et  Ëra».  V.  U  eAt 
mieux  valu  faire  choix  d'un  morceau  qui  se  prMt  à  la  comparaooo  avec 
d'autres  textes  dijA  publiés,  tel  que  Jrax  XIII.  Les  versets  n'ont  pas  de  numé- 
rotés, ce  qui  ne  faalitc  ni  la  comparaison  avec  le  latin  ni  les  citatioia.  — 
P.  331.  Poliits  d(  Dom  Guiriiif  <it  Nant.  —  P.  ijy  Mir,  Comparjuoat  fopu* 
Imret^  etc.  {appcndicei.  —  Bibliographie.  P.  147.  Tamirey  de  Larroqur,  La 
tomspcadaitts  de  Peiresc.  —  Périodiques.  P.  149.  BuiUt'uu  dt  la  Soctiti  i'ut' 
tkrepologit  de  Patis,    1879  (article  posthume  de  J.  Bmtquier). 

Juin  188].  —  Ce  faicicnle  ne  coolient  aucun  travail  qui  puisse  entrer dault 
cadre  de  la  Romma  P.  M. 

IL  —  GtOIWALK  DI  FlLOLOfllA  ROMA.tJU,  R*  6  (t.  Ut,  flsc.  t-l|.  Cefl^ 
1B80.  —  P.  I.  G.  Matzatinti,  La  Fiorile  di  Armjitnim  giadvt.  La  Ftoritt  est 
une  sorte  de  Aorîlége  des  histoires  ancteones  composé  en  t  jif  et  rédigé  en  prme 
entrecoupée  de  vers,  i  l'imitation  de  la  Cor^tûintioa  de  Boccc.  M.  M-,  après 
avoir  reconstitué  autant  que  possible  la  biographie  de  l'auteur,  étudie  la  com- 
position de  l'ouvrage,  (]ui  n'a  été  publié  que  partiellement,  et  en  indique  les 
sources,  au  nombre  desquelles  il  Uul  ranger,  paraît-il.  le  roman  français  d'ElwaS- 
Msis  il  n'y  a  aucune  raison  de  croire  qa'Armatinino  ni  l'auteur  de  t'Inuth- 
gfiua  se  soient  inspifés  du  Koman  d'Alexandre  (p.  19)  :  c'est  bien  plutftt  de 
VHisiQria  dt  pixliii  qu'ils  ont  lait  usage.  D'autre  part  il  n'est  point  exact 
que  I  presque  toutes  les  AUtan^reidei  du  moyen  Ige  1  dérivent  de  celle  Hiuoria 
dt  pr^iùs  (p.  30,  n.  \).  La  fin  de  ce  mémoire,  qui  semble  être  l'introduction 
d'une  édition  projetée,  est  occupée  par  la  descrîpùon  des  mss.  —  P.  ^6. 
F.  Novali,  Sullt  ccmpuinmt  dcl  FilMoh*.  Montre  que  certains  défauts,  cer- 
tataes  contra dicltons  ;)ue  M.  Zumbini  trouve  dans  cet  ouvrage,  sont  imputables 
non  i  Boccace,  mmii  l'édition  fautive  (Moutier)  dont  celui-ci  a  fait  usage.  — 
P.  68.  A,  Lutio,  /.'OrJandtRo  i:fi  Pictn>  Autiao.  —  P.  Z\.  G  Majzatintï, 
/  i'iteiflmatl  di  Cubiio  t  r  tgro  affizi  dtimmabu.  D'après  on  ms.  du  XIV'  siècle 
appartenant  â  l'auteur.  —  Vititià.  P.  io(.  E.  Teia,  Di  ait  Cùdtte  a  S'apoU  Jtl 
Roman  de  Troie  Ce  mï.,  que  j'ai  examine  il  y  a  quelques  années,  offre  peu 
d'intérêt.  —  P.  106.  P.  Rajna,  L'n  mioro  miittro  prortnialt.  C'est  le  mystère 
du  mariage  de  Notre  Dame  et  de  Joseph,  dont  le  ms.,  conservé  i  Sévîlle,  a  déjl 
été  signalé  par  M,  Fr.  Michel  (voy.  Romania,  X.  449).  —  Raittgné  hil>liogra- 
Jitâ.  P.  110.  Coiulaiu,  Ugtndt d' Œdipe  \F.  Torraca,  bonne  analyse  critique; 


I .  M.  Kovati  adopte  la  forme  yuocole  de  pîtitreate  ï  PHoapv. 


PÉRIODIQUES  407 

ti.AHu«J4,  Xf  ijo).  —  P.  114.  El  taatatt  4i  Fuiahtùtcm  cl  L'iaiiti,  hgg.  von 
B.  SiMgtl  (A.  Zewtli).  —  P.  IÎ4.  Ptriûdici. 

V  ;  II.  m,  [wc.  i-4).  Liiglio  j88o.  —  P.  1.  U.-A.  Canello,  Pïi/t  ii(  /< 

ùmui  t  il  saa  simattu.  Les  copies  qu'on  pouède  de  ce  sirvenlés  bien  connu 

Ktlmeot  «■  deui  familles  dont  h  plus  autoriièe  porte  C^muna.  leçon  <)ue 

^-  C  préftre  i  CitrdfdiM,  forme  adoptée  luiqu'îci.  Ce  sornoir,  toutefois,  reile 

Km  neipliqnc.   M.   C.   a  réuut,   croyons-nout,  .^  prouver  que  cette  pièce 

^FTlitainm  pas,  comme  on  l'avitt  cru  jusqu'ici,  i  l'année  i2}é  ou  1317, 

*"i  i  l'iimée  1 19J.  Comme  cite  a  ili  composée  en  Lombardie,  ou  du  moins 

*■  f>«tar  des  Lombards,  elle  devra  Ure  comptée  désormais  au  nombre  deï  ptus 

'"■est  téonigiuiges  que  nous  pouédions  sur  h  poésie  des  troubidours  en  Italie. 

"  ''  nitc  de  SCS  recherches,  M.  C.  a  donné  du  sirvcntés  une  édition  nouvelle 

'Œoft^néc  des  variantes  bien  tlasséei  des  mss.  —  P.  11.  A.  Thomas,  RickjrJ 

•  ^kz'uun  tl  l(  Nottllino.  Dîcz  avait  d*j*  remarqué  [Uhin  u.  Wnke  d.  T/oab. 

P-  ^Stï^ue  la  nouvelle  £4  (texte  de  Cualteruzzi)  semblait  ^re  la  razos  de  la 

"■"««de  R.  de  Barbezieax  Atrasi  corn  iorifans.  M.  Thomas  a  trouvé,  dans 

*  ***^.  iM-4a  de  ia  Laurcntienne,  une  suite  i  U  vie  de  R.  de  Barbezîeux,  et 

'^^  wilf,  qu'il  public,  est  bien  certainement  la  source  où  a  puivé  l'auteur  de 

**C»»II«  64,  tout  en  faisant  subir  i  sa  matière  des  altérations  considérables,— 

s  8.  R.  Renier,  Vtru  grta  Jtl  Diitamonào.  Il  s'agit  de  quelques  mots  en  grec 

'"'Sairr  insérés  en  forme  de  dialogue  dans  le  ch.  xxiii  du  I.  111.  La  restitution 

^1  {oralement  atséc,  et  avait  du  reste  été  faite,  ou  i  peu  près,  dans  l'édi- 

"k  de  1816.  Je  conteste  la  rntitution  ipl  m\  {xini  )Uii)  qui  n'est  pas  meilleure 

^^  If  iflmu  des  éditions  modernes.  Les  nifs.  portent  ifielo  qui  est  bo»  [tlT.i  to|. 

^  ^  les  mss.  donnent  taiotutit  ou  calewUi  il  faut  transcrire  selon  l'usage  val- 

|^*re  iut)A;  \?m  avec  un  t,  non  pas  avec  un  D;  la  même  fonnule  de  salutation 

ç_     rencontre  avec   une   variante  dans  le  Ficnmont  d'Aimon  de  Varcnnes  ; 

^■"fu  uio  :  voy.  Bih\.  de  l'£c.  Jtj  chartit,  6"  série,  Il  ii866|.  ;îî-4.  Au  v.  ij 

7^C,  doRDé  par  tous  les  mu.,  peut  être  conservé  .  b  correction  imlj  est  inu- 

J'^.  M.  Renier  a  joiot  i  sa  petite  dissertaiicn  une  iniéms^inte  bibliographie 

*U  DiaJtaonJo.  —  P.  Î4,  R3\n:k,  Un  vacabal^rio  t  un  irairaltllo  di  fûtietiea  pro- 

***t:a!t  dit  ucoio  XV!.  Ouvrage  de  très  peu  de  valeur  en  soi,  mais  qui  n'est  pas 

^u  intérêt  pour  l'histoire  des  éludes  provençales  en  Italie.  L'auteur,  un  ccr- 

^^îo  Honoralo  Draj^o.  d'ailleurs  inconnu,  mais  que  M,   R.  suppose  avoir  été 

"içard,  écrivait  entre  i^jG  et  i^"^'  —  P-  Ji.  G.  rcrrari,  Cunzom  ticordatt 

***ir  Inctteoatura  Jel  Biatichuto.  Observations  sur  une  s^rie  de  poésies  popu- 

Uuo  soudées  ensemble,  dont  le  texte  a  été  réimprimé  pjr  M.  d'Ancona  dans 

^OB  livre  La  pçtiu  pofolAU  italianâ.  —  P.  89.  T.  Caiini,  Vn  teito  fraate-tinelo 

^lla  Ugfifiida  di  Santa  Maria  Egiziana.  M.  C.  suppose  que  cette  vie,  tirée  d'un 

■itt.  de  (a  Bibliothèque  nationale  de  Florence,  est  traduite  de  la  vie  française 

iota  t'ai  indiqué  plusieurs  ma.  dans  mes  Rapports,  p-  loj.  Il  n'a  pu  toutefois 

le  vérifier  parce  que  je  n'ai  traciKril  de  celte  vie  que  les  premiers  vers,  tandis 

^ne  précisément  le  débat  manque  dans  le  ms,  de  Florence.  Mats  M.  Mussafia 

a  cité  d'assez  nombreux  fragments  de  cette  même  vie  dan\  sa  dissertation  sur  les 

Mwcci  de  la  vie  espagnole  de  saiate  Manc  Ef^'ptieiine  lAcadémie  de  Vienne, 

i8£}|.  M.  C.  mentionne,  p.  89,  n.  1,  cette  dissertation  A  l'aide  de  laquelle  il 


4o8  p£fiioDiQyes 

etl  pu  ais^ent  contràler  u  suppasiiion.  En  réalité  la  version  véntltetuie, 
plulAt  que  franco-vénitienne,  du  mi.  de  Florence  e^t  un  dèvelappetnent 
très  libre  du  texie  français.  Voici  quelques  passages  choisis  parmi  ceux  qui 
le  tiennent  !c  plus  pris  de  l'original  : 

ratt/ranç^  (Bibl.  nau  Ir.  i3lix).  Tmu  *iailia\^. 

Dolce  riglola,  or  me  atj,  74 
Quam  ce»  metlier  irai  goen^     /.  I)  i  n       fuçi  quoM  mal  e  dcuncttlo,  75 
Ncui  It  donrrons  tice  nilri,  E  quanilo  lu  l'jvcrf  fu(ïo 
E  te  dart>  un  rycho  mario. 

Bauch«  pente  par  mesure  /.  )}(c       La  bocha  bellt  cl  per  menira  a4} 

SI  \t  pie  [lie*)  et  le  reprdeûre.  K  pietou  1*  guardaura. 

die  la  en  mai  le  mois  d'tsré,        /.  j  jAa      Ço  fo  de  miyo  un  meu  de  lue  1H9 

Qu'ele  ien  al  mur  dt  la  citi,  Ch'el'era  al  niuru  de  la  dtae, 

Et  esgarda  aval  au  port  K  guarda  quelU  invcruo  la  mar, 

Ou  Mloii  faire  ion  déport.  E  vi  venir  e  arirar 

Arriver  vh  une  galie  Una  nive  pinna  et  guamla 

Qui  de  Libe  lert  etquepie  ;  De  una  moitié  belli  conpagnia  ; 

Toate  ien  pUtnne  de  pèlerins,  Et  cran  tnli  pdegrin, 

De  viex  homa  et  de  mcicliiu.  Homi  e  (cRitoe  et  fantin. 

Par  Diu,  sLre,  dUt  le  dolente,      /.  jién      Per  Deo,  reapoxe  la  ddesu  )ji 

le  i  *oi  noai  bêle  [ovente.  

Sdcner,  dm  ele,  pclerin,  b  Scfnor,  dut  quella,  Deo  re  ulve  Hf 
Dex  vos  amaint  a  bone  lis,  a  ve  conduga  a  boue  &a, 
El  soi  doiiui  tele  volemt                                 Chi  la  che  toy  à  pelegrim 
Que  me  fmiuiis  catité.  SX  li  «e  mctetsc  in  volumtae 
.      Che  ny  me  fayti  Iciritae. 


&e  jou  bieiu  0  vtu  rttaie, 
Moli  eolcnlien  to»  lerviroie. 
Et  mott  volroie  0  vos  aler, 
Se  von  me  voliÊi  porter 
Ja  por  porter  une  caiiii>e 
Ne  wiris  ja  plus  lan  a  rive. 


Et  a  Deo  piaieue  ci  vDjr  va&ui  |]8 
SuM  in  la  navc  me  deviul 
rortar  cum  voy  in  conpagnia  ; 
Per  Deo  che  nonu  0  qued  n  dca, 
Ma  voluniera  ve  lervircrt 
ne  quelle  coiïc  che  taieve  ; 
Ni  ça  per  porta r  una  cativa 
Non  lonçeriisl  piu  tarde  a  riva. 


En  haute  mer  diechent  lar  voiles, 
Toute  nuit  (eurent  as  esioilesi.  c 
MaU  dcl  dormit  al  01  nient 
Car  Marie  si  lor  defTeot. 


Appresso  quet  levam  te  velle  }Ro 
F'er  navegar  drito  a  te  stelle. 
QuclU  nocie  chi  lo  scguente 
May  de  dormi  no  ge  fo  mente, 
Taato  como  la  none  dura. 


àhi  I  dbt  ele,  pecberrii,  /.  ))70 

TiBt  nvar  fui  onqun  meielrUI 


Et  0,  diie  qucli  pcccanie.  4frS 
Cutn  mal  son  sugya  cnereiiîxe  ! 


I    Je  taisM  1  M.  Caiini  U  recpottubiliti  de  MU  texte,  qui  n'en  pu  toujours  correct, 
1.  Dans  le  texte  cité  par  M.  Nusufta  [ms.  de  c.  c.  Oxon.j  il  y  a  £  smpU  noit  (à 
rtgarinrt.  U  lefon  originale  parait  avoir  ét^  fft  pit  U  r. 


Cai  un  fit  la  or4es  pckib 
^  qwi  Du  (ti  Tcci  oiot  irtia  l 
HH  CMuni  ji  idoUm  eu 
(SiM  DKD  duior  aj  ptrdu. 
^  nd  pbi&ne  de  vilk  «dtir«, 
^  naSttiuît  M  de  luviirc, 
Q?c  el  icmple  dc  puis  cnirer. 


PSfllODX^cS 

Tasto  0  ùcto  4g  pcccao, 
Cbc  1o  me  aeiior  e  iito, 
E  ion  SI  pini  de  soxura 
De  mi  non  pir  ch'el  abU  (un; 
Si  mil  ïuin  teo  me  ion  abuo 
Che  j1  pcstutp  e  ll"«  perdw. 


409 


^ 


» 


Kt/iiU.  ^  P.   104.   O.  Anlognoni,  Framtatnto  f  int'ito   potma  Jiiiatluo. 

'•^fineald'Bn  mui^nantnl  moral  en  quatrains.  —  P.  107.  A.  Thomas,  Cinq 

■*^**trts  iutunt  Mis  du  mi.  RUcjrJUn  3726.  Ces!  Ip  ms.  d'après  lequel  la  Romj- 

***  a  iit(i  publié  un  Iragment  de  la  nouvelle  provençale  du  perroquet  (VII.  }27t, 

**  Ub  frjfznientde  CtigettVÏW,  3&6,  cf.  &;  i).  M.  Th.  indique  le  contenu  decemi. 

"î.*"   a  Ht  eirêuté  en  France  au  XIII*  siècle  et  ne  contient  rien  que  l'on  n'ait 

'*  ■Win  ;  pgjs  tJ  publia  les  anq  sonnets  italiens  qui  ont  ctf  icrib  au  XI V«  siècle 

V"    l'arant-dcrnief  Icuilict.   Ils  expriment  des  règles  de  civilité.  —  Haaegnt 

f^^^S'^té.  P.  in.  Lt  TÎmt  di  Guido  CavaUarUi,  lesto  critico  publicato  da 

^  -    •^âuine  fS.  Morpurgot.  —  P.  116.  F.  d'ûvidio,  La  Lin^uj  Jt'  Prometsi 

^^amrWj  prima  t  aelie  seconda  iduiom  (X.).  —  P.  118.  Gramnulik  du  portu- 

^'^■^éuiaSpr^clie...  von  Rdnharilstoettner  (F.  d'Ovidio).  —  P.  119.  Botlttmo 

**'*ijrtf/lco.  —  P.  115.  Pcnodut.  —  P-  ii6.^oli;ic. 
to    ^'8  lt.  JV,  Use.  r-ai'.  —  P.  I.  A.  Gaspary,  //  poimd  Itaitano  di  Fior'w  t 
•pj^xûpott.  On  adm«  généralement  que  ce  poème  est  postérieur  au  Filocoh  de 
^_*'^^cacf,  mais  en  cit-il  imité  ou  est-il  tiré  d'ailleurs  ?  La  première  opinion  a  été 
J^*^f  e  par  M.  Bartoli,  la  seconde  par  M.  Zumbini.  M.  G.  lient  ponr  la  pre- 
^^*^re,  tout  en  reconnaissant  que  l'autcor  anonyme,  peut-être  Antonio  Puccî,  a 
-^ ^iidiairetnenl  puisé  quelques  traits  i  une  autre  source.  —  P.  8.  F.  Torraca, 
\^*iifiii<  vtvtali  Jtl  drama  lacro  ml  Njpokuaa.  Lettre  à  M.  Monaci,  conienanl 
%  oombrcui  renseignements,  classés  par  localités,  sur  des  représentations  reli- 
^*wses  encore  eo  vogue.  —  P.  jo.  A.  Machado  y  Alvarez,  Jacgos  infiintilu 
^*ftltolts.  —  P.  6j.  G.  Matiatinti,  Siorie  pofokn  umhrt.  —  P.  7).  E.  Teu, 
^^fSt  tfêgnoli  dt  Fitt'O  B<mh  nitampali  saW  aatof;,rsif<}.  —  P   78.  G.  Anto- 
%i)oni,  Lt  ghisi  ai  Documenii  d'amore  Ji  M.  Fntuesco  da  Baibtiiaoy  t  an  brtvt 
**~aatto  di  nlmiat  ttalidna.  Le  commentaire  de  Fr.  da  (larberino  i  ses  tkcumcatt 
*^*éiiiort  n'est  coMu  que  par  quelques  extraits  qui  piquent  vivement  la  cariosîtè. 
W.  A.  en  puMie  deux  lijloscf  aucz  longues  intitulées,  l'une  fnraitndi  tt  rimtad: 
"icii.  l'atilre  Tfattilet  de  ^uibuidsm  inycn\indi  ordiiubiti.  Nos  lecteurs  savent  que 
lu.  A.  Thomas  a  lait  sur  l'ouvrage  de  Barberino  un  travail  qui  ne  tardera  pas 
*  wir  le  jour.  —  P.  99.  A.  Graf,  Un  Itito  provcnzaU  dtlla  Itggtnda  dtlla  croct, 
&ditiOD  pure  et  simple  d'un  texte  assez  peo  intéressant  (Musée  bril.  Harl.  740{t> 
^—  P,  io{.  Th.  Cari,  Sopta  aUant  eodici  dit  Tesorello  di  Ser  BraiKtto  Latiito. 
—  Kiri£t<l.  P.  lia,  A,  Grai,  Sepra  1  veru  i^~6o dt! cuMo  XXXH dtl i'^sT^i^ot'iO. 
La  Déme  note  contient  use  nouvelle  tentative  i  l'dTct  d'expliquer  le  leits  symbo- 
lique de  la  hmê  dn  ch.  1  de   Vlnfcmo.    —    Riirf^n^   bibhograf\<a.   P.    114. 
A.  Craff  Roffltf  atUa  aumcria  i  ntlU  immtgmagiotà  dtl  mtdio  nu,  vol.  I  (O,  T-); 


t.  La  coavertute  ne  potte  pu  de  datt  :  ee  K*  est  daté  i  11  fin  du  9  aoâi  iS&i. 


410  PÉRIODIQUES 

k  critique  fait,  sur  le  manque  d'ordre  tl  de  méthode  qui  caractérise  ce  livre, 
àa  observalront  qui  confirment  celles  que  j'ai  faites  noî-inéiae  dans  U  Rnut 
tnttqac  dn  i"  mal  i88a.  —  P.  117-  Canello,  Stwiddtlia  liiuralurj  iulutia mt 
iaoto  XV!  (F.  Tïwraca,  critique  approlondie  el  sûre,  qui  porte  principxleineiil 
sur  la  conception  de  l'ourragc.  —  P.  i2j,  BalUuito  Mliogtaficv.  —  P.  iij. 
Pitiodui.  —  P.  I2J.  JVoli.-if.  P.  U. 

111.  — ZErrscuHrPT  rtii  bomasiscdb  Philolooiï!,  VI.  4.  —  P.  \ox. 
Treif  tatrn  (int*rcMant«|  de  Ja«^  Gnmm  i  Die:,  de  1816,  iSi?  et  iâj6, 
publiées  par  Tobler. —  P.  jo6.  Tobler,  Mitangti  4e  giammâire  /lûntaut  Iswtc). 
a8.  Tottt  «  fui  .,.  n^etl  pas  ipoor  employer  U  (omale  de  Lïttfé);  expticalkiBS 
psychologiques  et  granimalicales  :  oa  ne  peut  entendre  comme  rwitesr  ta 
phrase  citée  d'après  Hfilder.  p.  508  :  maxime  uUe  ti  uititU  it^atUal  tt  motdt 
m  pratiqm  pet  signifie  que  ■  quelques-uns  la  praliquesi,  mais  non  tous,  •  «t 
aoB  pas  que  t  toot  le  monde  la  laisse  de  cAté  *.  39.  Dépticonent  de  la  néga- 
tion. )o.  Emploi  d'un  datif  apparent  pour  I'kcusiIiI  jprèt  les  «erbes  qw 
eiprimenl  l'idée  de  donner  lieu,  concéder,  voir,  entendre  ijt  lat  «1  faà  thutgn 
d'kâbit,  )i  iui  ji  laiisé  praidte  mon  livre,  je  lui  ai  rii  praulri  aile  arme,  /i  Im  41 
entendu  dite)  -  articre  particuliéreinenl  instructif  et  profood,  ob  sont  mêlées  des 
remarques  sur  d'autres  points  de  syniue.  ^z.  Histoire  du  sens  et  de  11  coot- 
iruclion  de  ti  féut  (l'auteur  parle  aussi  Atil  faitbo«,cKti,lAe.).  ;3.  Ot,  «faisaai 
double  jonction  {La  femme  nu  au  mari  nmte  Et  ai  a  sa  ftmim  destnift*)  ;  cet 
emploi  n'existe  réellement  pas  pour  tjue:  additions  aux  importantes  renisrqaes 
fuies  il  y  a  qoelc[ues  années  iKiMn.  Vlll,  197)  sur  une  singulière  construction 
qui  se  rencontre  en  ancien  français  (mau  U  traii  Duui  li  hie«  diiirn  Im  iuiu  i 
Sùufri  a  altt).  j;.  Construction  anacotuthiqne  de  l'ancien  français  iCtttt  parole 
ot  moaite  U  trnesikax^  il  tt  set  frère)  —  p.  jj6.  Roux,  Prarerhes  hat-fimoi^ 
tins,  avec  traducUon  française,  très  joli  recueil.  —  P.  jyo.  Dccurtins,  Lrrre  dt 
Jormalit  dt  la  Haistc-Engadinc  ;  curieux  recueil,  écrit  au  XVII*  siècle,  de  dis- 
cours tout  faits  pour  noces,  baptêmes,  etc.  —  P.  s8a.  Decurtins.  Qattiaùu 
poptlaues  dt  Id  Basie-EngaJine.  —  P.  (98.  Scheftf-Boichorst,  Pitréffae  a 
Beeeaee  tar  l'origiae  de  la  poiue.  On  a  expliqué  de  diver%cs  nianit^et  l'inseitioi 
dans  la  Viu  di  Datai  de  Boccace  d'un  morceau  entier  de  Pétrarque;  M.  Sch.-B. 
montre  que  dans  deux  autres  endroits  Boccace  a  reproduit  ce  oiorceaa,  une 
bis  d'après  une  communication  orale  de  Pclrarqne.  et  l'autre  bis  en  citant 
l'écrit  cA  il  se  trouve  ;  c'est  donc  sans  doute  par  un  pur  hasard  que  dans  la 
Vna  dt  Daitit  il  a'a  pas  nommé  sa  source  (cl.  Uleratorblatl  /àt  germ.  uad  tom. 
Phhlogjt,  p.  la;).  —  Comptes-rendus  P.  608.  Sitti,  Dit  hktlat  VerselHedtii' 
katen  Jtr  lat.  Spraeke  (G.  Meyer  et  Schuelwrdl,  article  peut-être  un  peu  trop 
lévérc,  mais  rempli  d'observations  (usles  el  împorUntcs).  —  P.  618.  VoU- 


I.  le  die  cet  exttnpl«,  tiré  da  eifrjiti  de  l'Ovide  mwaVut  pubKb  pu  T»M,  pour 
reciifiri  un  léger  lapii»  de  M  Tobter  :  Tafbé,  iflt-tl,  aitribue  ce  poémc  l  fhil.  dt  mîry. 
lUei  dt  viirj  rc'e»t  une  confuiou  de  métnaire  avec  Koon  de  Héry,  publié  par  Tarbel. 
AU  (Cite,  il  al  tcnuo  mainWiuwi  que  l'ourrafc  est  de  Oiréths  Legemt  de  &aîaie-Hore 
(wy.  fiM.  X,  aî(). 


PÉRIODII^IJES  41  t 

mœUcr,  OcUfian  (Musiafia  :  beaucoup  d'ncellentei  correctioiis  et  rniiarqu«ï)> 
—  P.  6}6.  Giiiliani,  Le  optre  di  DaiiU  AlUgkuri  (SchcAer-Boicborst). 

VU,  I.  —  P.  I.  Zeillin,  L<i  aJterbti  d<  Umpt  in  antuH  françau  {ha).  Ce 
uavail,  commencé  dans  le  tome  précédeni,  est  inérjloire  et  bien  tait,  quoique 
l'auwur  n'entre  pas  toujours  jusqu'au  fond  de^  questions  [|  commence  par 
donner  l'itymologie  des  adverb»  de  lieu,  puis  étudie  leur  emploi  et  indique, 
quand  il  y  a  lieu,  T^poquc  où  ili  ont  «ssi  d>tre  usités.  Voici,  sans  tenir 
compte  des  variantes,  des  dérivés  et  des  composés,  les  tnols  dont  il  traite  : 
donc,  aittt,  apris,  bUi.  Aut,  /tf,  Ifn,  lots,  dtmonois,  imuntitrairt ,  intrisàit,  iacoa- 
Itfient,  etraat,  Jilivreffunt,  isnckmtni,  a  ettroni,  losi,  ittàd,  on^iut,  diac,  or, 
OTiJfi  ^entiw),  prtpiis,  puis,  trinpies,  Kmprt,  maia,  tan,  les  adverbes  de  fréquence 
Utfîwf/if,  etc.),  les  synonymes  û'intcru  {dtmtnut,  etc.l.  Il  remarque  que  dn 
latin  au  roman  et  de  l'ancien  (rançats  au  moderne,  un  grand  nombre  de  ces 
adverbes  se  sont  perdus  et  ont  été  plut  ou  moins  heureusement  et  ciMiiplètcmeiit 
remplacés  par  des  formations  nonveiles.  —  P.  îj.  Beycr,  La  Fhxiort  du  rotatif 
ti7  an(uit  franfjis  it  tn  prorimal.  Malgré  quelques  erreurs  de  détail,  ce  travail 
fort  louabl«  résout  définiliveripnl  une  question  qui,  surtout  pour  te  français,  3 
été  furi  a^it^.  L'ancien  français  n'a  pas  eu  de  Tonne  tlexionnclle  remontant  au 
vocatif  latin  ;  il  a  toujours  employé,  au  pluriel  comme  au  singulier,  k  nomî- 
natif  pour  le  vacalil  ;  quand  on  trouve  la  forme  de  l'accusatif,  il  n'y  faut  voir 
qu'un  cas  particulier  de  la  substitution,  dans  le  cours  des  temps,  de  l'accusatif 
a«  nominatif.  J'ai  autrefois,  à  cause  des  formes  des  plus  anciens  manuscrits  de 
VAlau  (et  du  RollaaJ),  hêsrté  sur  ce  point  ;  mais  ce  sont,  comme  ledit  M.  B., 
des  formes  anglo- normand  es,  et  \c  suis  depuis  loi>gieRipi  de  son  avis  (cf.  Ram. 
Xl.  6ii).  Le  provençal  se  comporte  comme  le  français;  il  n'a  pas  non  plus 
gardé  le  vocatif  latin,  excepté  peut-être dansiiffn>  =  doiiiîii«. — P.  ^\.  Risop, 
L'iitfiiunu  de  l'anatagic  dans  U  Jheloppcmtnt  de  h  côai'ugaisoa  franfaiit.  Cette 
monographie  est  riche  de  faits,  et  l'auteur  les  interprète  en  général  judicieuse- 
ment. Il  ne  traite  de  ce  vaste  sujet  qu'une  partie,  celle  3  laquelle  il  donne  pour 
titre  :  l-a  (onscane  fiiulc  do  ihimc  ,  le  reste  viendra  sans  doute  plus  lard  ;  M.  R. 
annonce  qu'il  s'occupera  dans  un  compte-rendu  de  la  partie  si  bm  étudiée  par 
M.  Bchpens  (voy.  }<om.  Xll,  112)-  Voici  les  titres  des  paragraphes  dans  les- 
quels l'auteur  divise  son  chapitre  :  aj  Infiittitct  Jr  la  voyciii  dinvatm  e,  i,  ét$ 
rtibu  tn  eo,  io,  et  sepptasion  Je  asti  rejelU  (l'auteur,  qui,  sur  la  question  de 
-iunl,  est  en  somme  de  mon  avis  (voy.  Rom.  IX,  167I  contre  M.  Peerster,  me 
fait  une  objection  dont  jC  ne  s-iisis  pas  bien  la  portée),  b)  Tiaittmtni  Itiatif  Jtt 
c  ;  c)  Iniertiû/i  faatne  de  c  assiyiti  ;  d)  insirlicn  faaVu  dt  s  (signalons  une  bonne 
explication  de  dettraitons  par  l'influence  du  parbit  ;  il  faut  seulement  noter  qu« 
ce  sont  les  formes  faibles  du  parlait  fort,  dtstrtusis  distrmttma  dnliuisiiUi.  qui 
ont  agit  ;  e)  Chute  taaïtfe  Je  s  (M.  Crœber  (itit  remarquer  en  note,  avec  raison, 
que/cij  n'est  pjs  plus  régulier  que  dcii,  mus  ;  c'est  ms  qui  doit  être  le  point 
de  départ  de  toute  l'analogie)  ;  1)  Les  coitionaes  Kt-onJairst  b,  d,  t  (inlercalairesi  ; 
g)  Chute  worgantqat  fia  d  InltrcûH;  hj  Chixtt  wrgani^ae  da  d  thlmati^iu  (les 
fciraes  de  prendre  demanderaient  plus  d'explications)  ;  1]  Rtmplaiemtitt  du  d 
'mlerca\i  00  llitiiiatiijae  par  |,  g  ;  I;)  Ui  formes  |C  prins,  prins  poar  je  pris,  prb. 
Le  simple  énoncé  de  ces  titres  montre  l'importance  de  l'étade  de  M.  Risop 


412  PËRIODiqUES 

pour  t'élade  de  la  conjugaison  Iranciisc.  —  P.  66.  SchelW-Boichorst,  Eacon 
Diao  CcmjMgiti  (premier  article). 

MliLAnOES.  I.  Histoirt  iitliraitc.—  i.  P.  94.  Bartsck,  Unt  chanton  4'aifaat  aa 
X!*  iHtki  il  s'agit  du  passage  de  Raoul  de  Caen  (voy.  Rom.  V,  a6i)  sur  la 
naiiua  pueronim,  »  Franci  ad  bella,  ProvrDCÎalei  ad  victuatta  a  ;  La  forote  ori- 
ginale en  aurait  M  Li  Fri:nfcn  n  balaitk,  Prcititial  a  riUilh;  vttaitU  est  bon, 
mais  il  est  peu  probable  que  l'ua  des  deux  noms  de  peuples  ait  eu  l'article  et 
l'iulrc  non  ;  en  outre,  il  faudrait  Fiancm  a  PtovtaaL  —  J.  P.  94.  C.  M.  de 
Vasconcellos,  Sut  h  O/KicuKiro  à'Ev^ro  ;  observatioos  complèmenwret  sur 
l'édition  très  insuffiiante  de  Hartung,  —  II.  Tcxus.  P.  99.  Decurtin»,  CIuiuu 
satiriijat  ladmi  du  XVII*  siècle.  —  III.  Eiymoiogm.  1.  P.  loi.  C.  M.  de  Vas- 
concelloï,  Eiymologus  (Ktrtagaiui,  1 .  Stngo,  mol  <|ui  ne  s'emploie  guère  que 
pour  introcJuire  un  proverbe  :  lii:  0  itngo,  0  ton  ungo,  etc.,  signifiant  i  peu 
près  1  le  sajte  ■>  :  M^"*  de  V.  y  voit  une  autre  forme  de  Seoeca,  mab  oa  ne 
trouve  jamais  ni  Stngi^  pour  SemtJ,  m  stmcd  ou  ititat  scngj  pour  saigo;  je  le 
tirerais  plutMdulal.  senicos,  quiestattestèpar  senica  etseoiculus,et<)ui 
a  aussi  donné  le  pr.sMU. — i.  SiiatJ:=  nio  ja. — j.  Em  ^ut^mgue. — 4.  F.tUkSy 
tath;,  ■  iruf  i)u'on  laisse  dans  le  oïd  de  ta  poule,  nichel,  *  du  tal.  indice.  — 
).  Mttgo,  esp.  mt§<>,  •  insinoaQl,  séduisant,  1  est  fort  ingèaieusemnl  et  vrai- 
senbUblemcnt  tiré  de  magius  (ou  inagicusi>).  A  propos  de  toutes  ces  étf- 
Diologiei,  l'auteur  rassemble  beaucoup  de  faits  intéressants.  —  P.  1 1).  Baiit, 
Eljmolegus  :  1.  Esp.  armatlU.  2.  It.  tnt^itt,  fr,  bobOy  it.  btu,  esp.  Mil,  Me 
;.  Esp.  ckolla.  n.  It.  uirogiui.  (.  Ctimt  (non  capreum,  mais  crpriun.'). 
6.  Port,  cito  lactust.  7.  Fr.  ichiuht  tde  traa;  peu  probable).  8.  V.  esp. 
<nguua  {equaria  au  lieu  d'angarîa.  voy.  Rom.  IX,  411).  9.  Eip- faUgai 
{viendrait  de  l'ail,  plahhan,  ainsi  que  lugottar,  cf.  Rom-  IX,  t{j).  10.  Fr. 
gai  (oiseau^,  elc.  11.  Esp.  gan2Ùû.  12.  Fr,  jhoriM,  1;.  Esp.  hduas.  14.  Esp. 
itira  idearea).  if.  Esp.  ItiJii  jlicita).  16.  Eip.  hrc  (raber).  17.  Lotngp 
(rubricos).  18.  Esp.  niarco,  chksUt  de  fenêtre.  19.  Esp.  maagta  (non  nan- 
nnla,  Zeiitik.  V,  jéa,  mats  macula),  ao.  Esp.  aiett  (oivea)  ei  non  neve; 
notons  que  le  fr.  aitgt  est  le  «ub^t.  verb:)l  de  iKigtr,  en  note  rrmirqnes  sur 
des  iDols  esp.  ob  u  semble  venir  dV,  mais  qui  doivent  s'expliquer  autrement. 
XI.  Esp.  ptUâcUgù,  jilgauo  |cf.  Zatsckr.  V,  3}9).  ai.  Esp.  j^tncù.  s;.  It. 
una,  esp.  tiato  (non  de  Euvriv,  mais  de  scxta;  cf.  Ztiuihr.  IV.  jSj).  34. 
Esp.  ttigo  (de  sesecDs;  cf.  ibid.i.  2\.  Esp.  totdo  (tollîto?  n'est-ee  pasTall, 
lett^  remarques  sur  le  à  intercalaire).  26.  Esp.  iobilto  (non  de  tybcr). 
27.  Esp.  itno  (lersus  et  non  tensui).  28.  Etp.  ambul  (aie.  lumirat^àt 
luminaret.  19.  II.  orta,  fr.  hoatqat,  nèeH.  AtiJttr,  gr.  ûp^q.  }o.  It  rtrum, 
Mtoa^la.  }i.  Esp.  Jiaie,  veau  (proprement  1  camus,  »  même  oral  que f/jf].  ja. 
Esp.  lardo  (plutAl  absurdus  que  surdosl.  Pour  beaucoup  de  ces  nots,  où 
l'auteur  renvoie  à  Diez  pour  le  comptéter  ou  le  combattre,  il  ne  donne  que  des 
doutes  ou  des  hypothèses  qu'il  jurait  été  trop  Icng  de  rapporter  ici.  —  III. 
Grammaire.  P,  1  n,.  Dziatzko,  L'Origiat  4(i  ptipositiont  participialct  en  roman; 
note  sur  la  locution  latine  pratititt  noht.  «gui  n'a  guère  1  faire  avec  la  phitolo- 
gie  ronanc. 

CoMPTCJi-iiiKDt:».  P.  i]i,  Cdmotns  GUkMt ...  deutscti  ran  Siordc,  IIMV 


PrtBIOOÎQtrES  41  j 

(C.  M.  de  Vasconceilos).  —  P.  ijy.  Suchier,  Daskmxtcr  firortmal'athtr  Utao- 
tur,  I  (Bartschf.  ~-  P.  16}.  Swmt,  Uet^r  Ur.  c  vor  t  unà  \  un  Pikûiéiichen 
(Honiingl.  —  P.  1-65.  Robert,  invtntairi  sommairt  Jis  manaienli  des  MUo- 
thi^ats  Je  Flattée,  II  (GrŒbert.  —  P.  166.  CAornaU  ,i\  FiMogia  ramama^  ■"  8 
(Gaspary).  —  P.  169,  il  Propugnatort,  anno  XV  (Gaspary). 

C.  P. 


IV.  —    LlTIRATUnBLATT   PÛCl   «KhliANISCnB   ttyi>    tOM«M*CHB  PlIll.m.OOlK. 

188).  —  I.  Janvier.  Coi.  14.  Fœrster,  Mot  tt  M\rabel  a.  Elu  dt  Saint-Ciltu 
(Bansch  el  Neumann  :  remarques  nombreuses  M  inlcreisames  de  «  dcrnief  sur 
les  notes  de  l'iditeurl.  —  C.  18.  Sclioppe,  V<ber  Milrum  and  Anonnn:  dtr 
ckantofi  di  guU  Anm  it  Amilet  (Neumann),  —  C.  ai,  Colltziont  di  apeu  iaeJitt 
û  ràft  Jet  piimt  Ut  tuoU  deila  hngaa  (Canetlo  :  parle  surtout  de  l'ouvrage  de 
M.  Isola,  DtUt  lingue  t  JetU  Icltaaiurc  lomamt...  Paru  ptima  t  itconda,  tjDÎ 
parait  assez  extravagant). 

I.  Février.  —  C.  66.  Appel,  Das  irbin  unJ  du  Litàtr  dit  Tiokadort  Ptitt 
Rogiti  (Bartscli). — C.  67,  Ciuliani,  Lt  opère  Ijtiot  di  Dante  (Gaspary). — C.  yj. 
Del  Martino,  Tmdinùat  popotan  catalane  tK.ceh]er]'  —  C.  74,  Gartner,  Dit 
JaJiuriichc  Mundsn  (Sitdi. 

].  Mars.  —  C.  100,  PuMitations  rkentu  sur  Dante  (long  et  utile  aitlcle  de 
M.  Scartaziinf)  —  C,  108.  Leit«  di  Vatconcellos,  0  diaitcto  Msmndt:  )Scha* 
chardt  :  remarques  importantes].  —  C.  iia,  Rcvista  penlra  hwrit,  Arcfnoiogit 
Il  Fihlûgic  ^Gasteri. 

4.  Avril.  —  C.  121.  V/einhoId,  Die  dtuUtha  Ftautn  m  Mitteiaittr  [Dech- 
stein  :  ce  livre  excellent,  dont  la  seconde  idltion  vient  de  paraître,  intéresse 
tous  ceu«  qui  étudient  le  moyen  i^c).  —  G.  mj.  Ciairin,  Du  j^iaUij  iaim  tt  de 
h  priposiiioB  de  (SittI  :  milériaux  mal  digirés).  —  C.  i)8.  Miklosîch,  Rama- 
aiichf  UnUrsacbungin  iJarnik  :  long  article  plein  de  remarques  de  dftail,  com- 
plément indispensable  des  études  de  Mikiosichi.  ~  C-  14^.  Vjrnhagen,  £vt 
adtsthit  Mittfktis  (Nyrop  :  il  s'agit  de  l'Empereur  orgueillcui),  —  C.  14e, 
Koch,  Dit  SubtnithUfahgtniit  iNyiop  ;  cxMllenll. 

t.  Mai.  —  Col.  i&o,  Rolls.  Die  Ad g,arltgenJen  Egtrlon  6i  2  {Wmg:  cf.  Rom. 
XII,  1  \2). — C.  18;,  Jjger,  Du  Qiiaiitirat  dtr  bttonitn  Vokalt  im  Staftaniaiii' 
tàm  {Joret  :  observations  nombreuses  et  généralement  justes). 

6.  Juin.  — C.  210,  Breyminn,  Di^ï'  Kleinere  Arbultn  (Neumann).  —  C.  îH>, 
Stella  Ji  carxQi'uh  UlUmnt  (Canello).  —  C.  .2J0,  Casier.  Littratura  popalara 
romdnii  (sommaire,  par  l'auteur  lui-même,  de  ce  très  important  recueil).  — 
C.  »)),  Ulrich,  l-îrr  nidnalditclit  Texte  (Schochar<h).  —  Adam,  Lti  iJiomtt 
ntgro-arytn  tl  malia-arjen  (Schuchardt  ;  article  tris  intéressant). 


V.  —  CionNAt.B  «TORiuo  DEULA  LKTTERATi'H.v  tTALiA-t»,  dïrelto  6  redatto 
da  A.  Ghaf,  Fr.  Novati,  R,  RKumn.  Roraa,  Torino,  Firenic,  E.  Loescher. 
I,  n°  1.  —  Ce  prtmwr  fascicule  paraît  accompagné  du  prospectus  que  nous 
avons  annoncé  Tan  dernier  (Roma/tia,  XI,  6i;).  Nous  remarquons  que  le  nombre 
des  directeurs  du  nouveau  journal  s'est  réduit  de  cinq  i  trois.  Nous  signalerons, 


PâRK)DtQyE& 

fÈMàt  les  irafaui  publiés  dans  celle  rerae,  c«dx  qui  peuvent  nlrei  dans  le  adn 
de  11  RomMia.  —  P.  1 1.  T.  Caùni,  Le  ntlart  Mogits*  dn  umh  XH  t  XllI. 
CompiUlion  ^il«-  avec  som  et  intelligence,  mais  qui  contkiit  {>eu  de  bits  km- 
veauE.  Au  lujet  Ac  Boncompsf^no,  l'iutrur  de  VArs  à'ulétmeis,  M.  C,  larMt  pn 
citer  l'ouvrage  de  Thnrot,  sur  )rs  grammainros  latins  du  moyen  Ige,  daai  le 
t.  XXII  des  Nattas  tt  exUaitt  Ja  aunaicrits  ;  voir  notamBiMt,  p.  j6  et  suit.,  U 
description  des  rnss.  que  la  Bibliothèque  niitionate  pmKdràcVArsJictamims.— 
P.  jj.  G.  Mazzatinli,  Iitvtntario  dti  Co^iti  JtUe  Bibliottcn  V'utïwfw-S^^.-oor, 
ft4ano  dà  sir  Fanao  de  fabrisna  net  14^9  t  1469.  On  sait  qu'une  bonne  partie 
de  cette  bibliothèque  fut  iraniporlée  en  France  sous  Louis  XII.  Le  catalogue 
qae  publie  en  entier  M.  Ma2zalinli  d'après  le  m%.  latin  1 1400  de  notre  Biblio- 
thèque nationale,  avait  défi  ixi  mis  â  profit  par  M.  L.  Delîsle  qui  en  »  extrait 
le  chapitre  rclalif  aux  idss.  Trançais  '.  Comparant  le  texte  d«  ce  chapitrt  djai 
l'ouvrage  de  M.  Dclisie  et  dans  la  publication  de  M.  Mazzatinti.  je  trouve  que 
ce  dernier  a  omis,  après  les  mots  Ubro  dtl  ofdint  di  cnatitn  {p.  \  \),  let  drsx 
articles  vivants  (Delisle,  p.  1  j  ^)  :  Para  CardmaUs,  Ami  it  Miroi,  —  Dt  prO' 
praidtibui  ar.vnaltum.  m  nitno  galito.  Le  second  de  c«  deuï  outrages  ot  sans 
doute  un  Bestiaire,  celui  de  Guillaume  ou  un  autre;  le  premier  doit  être  un 
recueil  de  chansons  provençales.  \^\  noms  de  Pierre  Cardinal  et  d'Amaul  de 
Mareutl  ne  suflïient  pa:i  pour  établir  l'identité  de  ce  chanwnnier  avec  aucun  de 
ceux  que  nous  possédons  :  c'est  probabletnem  un  ms.  perdu.  L'invenuire  publié 
dans  le  G'mnnU  est  si  bref  que  l'éditeur  a  dO  renoncer  à  établir  la  concordance 
des  mss,  qui  y  sont  mentionnés  avec  les  mss.  Visconti-Sforaa  qui  nous  sont 
parvenus,  ei  dont  te  plus  grand  nombre  appartient  i  ta  Bibliothèque  aalionalf. 
il  eût  été  à  propos  toutefois,  pour  faciliter  les  citations,  de  numéroter  les  articles 
de  cet  inventaire.  Je  note  en  passant  qu'aux  mss.  connus  de  Prancesco  Sfona, 
il  y  a  lieu,  si  je  ne  n>e  trompe,  d'ajouter  le  n"  ^9  delà  Collection  Barrois 
lAsfibumham  place)  qui  contient  un  abrégé  de  la  première  croisade  rédigé  en 
îulien,  au  XV'  siicîe,  d'après  Culllanmc  de  Tyr.  —  P.  éo,  Vatlaâ.  M.  Lan- 
dau, Le  Ucdiiiûni  puJmht  atlla  aorelliitua  iuluna,  brèves  indications.  — 
P.  6Î74.  Fr.  Novati,  Tri  Ittirrt  giocott  di  Ctcco  d'Anoli.  L'authenticité  de  c«s 
lettres  n'est  pas  certaine  ;  l'éditeur  rassemble  quelques  données  intéresuntes  sur 
l'usagede  la  parodie.  —  P.  91.  Ratttgna  hitliograpta.  Suite  de  comptet-rcndut 
en  général  bien  faits.  Citons  :  D'Ancona  et  Comparettî,  Le  antiche  iimt  volgéri 
Kiondo  la  Itztoite  dtl  Codiu  l'dtiffliw  379},  vol.  Il,  Bologne,  i88t  (T.  Catîni, 
c'est  moins  un  compte-rendu  qu'une  série  de  remarques  détachéesi.  Labianca, 
htaisltio  da  Padnva,  nfcrmalort,  polHico  e  religioso  dti  tuola  XIV,  Pidûva,  18S2 
(L.  Oiiapelli}  :  Villari,  Hiael^  Mauhiavtiti  t  1  mot  tanpi,  111,  Fîrenze,  188a 
(L.-A.  Ferrai).  —  P.  tjo.  BolUliiw  b\h\agtâ^to.  Notices  plus  sonimatres  que 
celles  de  la  Hmicgna.  —  P.  1 1}->84.  Sp^glie  dtUt  puhli^jzutm  pitifÀuhi.  Ce 
dépouillement,  qui  s'étend  i  un  nombre  considérable  de  pénodtqucs,  est  divisé 
en  deux  séries  :  i"  Italie  ;  i*  étranger.  —  P.  i8[-8.  CrMAca. 

P.  M. 


PétttODIQUeS  41 J 

VI.—  MfcwotREit  rtii  t.*  Socifcri  jiatiokale  des  AcmyrAiKES  VK  France, 

I'  XUI  (i88i|.  —  Qucherat,  La  rue  it  U  chàttaa  ât  HéutiftailU  i  Para;  cet 

vtidr  poElhtinK  du  savant  archéologue  est  plein  de  resseigacments  intéressaoU 

(HT  II  topographie  anlique  de  Fuis  ;  mjit  nous  ne  pouvons  admeUre  le  rap- 

prochcocnt  proposa  entre  le  nom  de  Caneton  et  un  prftefidu  gMnttm  bas-latin  ; 

'o  ëdi&ces  ippdû  toa/  ou  ehJUau  Je  Ojnnt  et  énumirés  ici  lonl  tout  plus  od 

"Oinien  nimei  cl  ont  Hi  sani  doute  le  sujet  de  légendes  analogues  à  celles 

V*  M.  Camof  a  recueillies  en  Picardie  {Rwi.  XI,  410t.  Quant  aux  konts  ob 

°8Urt  k  wxA  fruil  ov  fraille,  ils  l'onl  certainement  pris  au  blin  tolium  ou 

'Ottj,Donau  gaélique  foil.  Il  est  possible  que  plusieurs  lieui  .ippelés  au|our- 

dhui  Fiitt,  Botammenl  dans  le  nord-est,  se  soient  originairement  appelé^  FoiUû 

0»  FtK\ttti  mais  très  souvent,  comme  ne  l'ignorait  atiurément  pas  Quicheral, 

**  n«o  de  Folu  est  tout  récent  (XVllI*  siècle)  et  a  M  donné  i  des  tnaisoni 

doav  b  construction  somptueuse  semblait  une  folie. 

G.  P. 


IP 


^^1-  —  TumAonoM  op  thb  Philolooical  Sootbtt.  London,  1S80-1. 

P«rtin  (iSfij)*.  —  P.  401-60.  R.  Martineau,  On  1ht  Romantth  or  rhatïja 

^'^Sugi  in  tht  Cmoni  and  TTre/.  L'auteur  connaît  Jeî  travaux  de  M.  Ascoli,  et 

■^OKcenz  de  moindre  importascr  qui  ont  été  publiés  sur  telle  ou  telle  panie 

^    Anainc  tadin  depuis  l'apparitiofl  du  grand  ouvrage  de  l'éminent  professeur 

de   Milin.  muis  ce  n'est  pas  en  60  pages  qu'on  peut  traiter  i  fond  de  la  g^gra- 

P"it  it  la  grammaire  et  du  voeabiilaïre  des  idiomes  ladins.  —  Appindix  Y. 

^-   *9i-i68V  W.  Skeal,  A  rough  lui  0/  cagiiih  uwJt  found  m  lingh-frtnik , 

**IKaillj  Jaiitg  tiu  Xlllih  and  XtVik  itatanii  :  witH  namtroas  itftrtncti.  Dépoufl- 

'*»«at,taflt  prétentions,  d'un  certain  nombre  d'auteurs  oonRands  tels  que  Wace, 

S-  JVictfM  il'auteur  déclare  n'avoir  pas  dépouillé  le  Roa,  c  because  the  length 

*  •'frighlened  him«,i  ci  Ph.  de  Thaon,  el  anglo-normands.  L'ordre alphabétiijae 

*"  •rdiuirement  déterminé  par  la  torme  que  les  mots  ont  prise  en  anglais,  ainsi 

*i*  dort  être  cherché  sous  «(/^a,  et  *jnf  sous  iwik.  —  P.  *]8i-i8j*  Posx- 

*"^/*to  Prniu  L.-L.  Bonapdrtis  pjpcr  on  neaur  atù-latin  iobstantnts.  Réponse 

'  ^iiei<]ves  remarques  de  la  Romania,  XI,  61  ].  Je  reconnais  volontiers  qu'en 

^^l  d'ine  façon  générale  que  les  collections  d'exemples  formées  par  le  prince 

^*^  Booiparte  sont  ■  beaucoup  plus  riches  que  ccIIm  de  ses  devancien,  •  je 

'"pas  indiqué  avec  assez  de  précision  que  pour  cerUjns  dialectes  italiens,  et 

"^tttui  pour  ceux  de  la  Catabrc,  le  prince  avait  le  premier  signalé  la  persistance 

***  pluriels  neutres.  Mais  je  persiste  1  croire  qu'une  étude  sur  la  continuation 

^  n>nin  des  pluriels  neutres  du  latin  devait  admettre  les  formes  en  t  aussi 


lib 


<|iie  cdlcs  en  a.  Une  étude  de  morphologie  ne  doit  pas  être  limitée  par  des 


**'**"**<a«CB  purement  phonétiques. 


P.  M. 


Ce  Cuoeale,  qaî  oomplétc  k  voIuk  des  TftuattiMi  de  i8S&-t,  a  paru  putérieu- 
'  *u  Itfciculc  1  des  Trdaiiuticiu  pour  iS8j-4  dooi  tl  a  été  rendu  eooipu  ci-desmu- 


4t« 


PÉRlODIOySS 


VIll.  —  pKocBiDtKOB  OF  TU8  Ambrica:<  PitiiiOsarHmjkt  SocrETV,  t.  XXi 
(iggj),  _  p,  4^78.  F.  T,  Cranc,  MtJinal  Stunon-Booit  and  Sturi».  Le 
sujet  triili  ici  parM.  Crâne,  professccr  i  Ithau.est  Ton  initrettaiil  pour  ce  que 
l'autmr  appelt«  li  n  storiolagy,  *  mais  it  a  éU  â  p^ine  abordé  jasqu'id. 
M,  Crâne  donne  une  reconnaissance  générale  de  ce  domaine  étendu,  et  îmiite 
sur  ^ue^oes  points  particulîen.  il  monire  partout  des  connaôsances  précîsn, 
et  apporte  quelques  renseignements  utiles  pour  l'histoire  de  plus  d'tra  conle 
répandu  au  moyen  ige. 


tX.  —  Tijn<tc!HnrpT  voon  NenBHLA^OEutiE  Taal-  em  LfiTiEnKUXOi:.  UI 
(i88î).  —  htiddelntdalaodukc  FiâgmtnUn,  medcRCdecld  door  M-  De  Vries. 
1.  Nouveaun;  fragmenls  du  roman  des  Loiraim  ;  nous  reviendrons  sur  cette  inté- 
ressante coninunication.  —  II.  Un  fragment  du  roman  de  lÀmtorck.  Ce  frag- 
ment, qui  »  appartenu  i  Oberlin.  sert  i  établir  l'authenticité  d'un  passage  qui 
ne  se  trouvait  que  dans  un  ms.  sans  autorité.  Le  roman  des  Enfants  4t  Ltw- 
(our^,  assurément  traduit  du  français,  mériterait  d'Cire  étudié  chez  oout. — 
]ll.  Un  fragment  du  livre  I  de  Lanceiet.  On  sait  que  l'immenje  poème  itéerliindais 
de  Luncilot  ne  nous  est  pas  arrivé  complet;  le  premier  livre,  répondant  i  la 
plus  grande  partie  du  roman  français  en  prose,  manque.  Le  très  court  fraient 
publié  ici  appartient  certainement  i  ce  premier  livre  (cf.  P.  Paris,  Les  Romms 
àt  ta  TdUe-RonJc,  IV,  J141  ;  M.  De  Vries  signale  aussi  an  morceaa  publié  par 
Serrure  et  qui  appartient  i  l'épisode  de  U  Cktmttt,  contenu  dans  cette  pre- 
mière panie. 


I 


X.  —  RfiVfK  His-niHiQui!,  mars-avril.  — P.  ju-;ii.  Ksulelc,  Lomt  XI 
lil-il  f'ûuuui  d\i  Roiitt  dti  giurrei  f  Dans  cette  excellente  diuertition,  M.  K. 
démontre  i)ue  l'ouvrage  communément  attribué  i  Louis  X)  n'est  pas  de  loi, 
mais  de  son  médecin  et  astrologue  Pierre  Choisnet,  qui  a  composé  également 
un  poimc  sur  les  irais  âges  de  l'homne  (&<•  39  du  Catahgac  DiJot  de  1878),  «f 
qui  mourut  en  1476  ou  1477  i  6^  ans,  comme  nous  l'apprend  son  épilaphe, 
encore  aujourd'hui  conservée  dans  l'église  de  Murville  préi  Rouen.  Choîsncl 
écrivit  le  Rositr  i  la  requête  de  Louis  XI  et  pour  l'inslmction  do  dauphin 
Charles. 


XI.  —  MfeMoinr?  de  la  Sooifcrfc  ftntiEssE,  t.  XII,  p.  îiH>'.  —  Bftwl, 
Lti  Manuscrits  dit  Minimes  dt  I..1  (iuickt  consirris  aux  arckint  dipjrttmmlakt  4t 
SaSae-tl-Louc.  Ces  Minimes  avaient  une  assez  jolie  collection  de  manuscrits  fru- 
çais,  qui  provenait  du  duc  d'Angouléme,  fils  de  Charles  IX.  Quatre  de  et% 
sianuscritt,  conservés  aujourd'hui  aux  archives  de  SaOne-et-Loire,  sont  décnU 
avec  soin  par  M.  BéneL  :  ce  sont  :  la  Chroaiqat  d'Orose  |XIV*  siècle),  XAr^rt 
dti  Bâta'iUa  [X\'"s.),  la  5ûmni(  U  Rih  (XV'il.et  une  traduction  àe  L'Agiiillon 
d'amour  de  saint  Bonavenlure  (XV*  s.l.  D'autres  se  trouvent  i  la  bibliothèque 
de  MicoQ,  dont  M.  B.  nous  annonce  qu'il  prépare  le  calaiogtie. 

G.  P. 


I 


pâKiODiQues  417 

XD.  —  Akkalis  D£  la  Fici:ltè  des  lettoe»  dk  BuaDEAtii.  s*  stne, 

4'  amfc,  pp.  i7-)7-  Jinirier.févtier  1881.  —  Thomas.  Nolia  sur  la  Carliade, 

f*^  ijn^v  latui  dt  Ugoiino  Vtnno.  Ce  potme  épique,  conucré  i  U  gloire  de 

Qurfenagiie,  lennin^  en  1494  ei  dMié  i  Charles  Vlir.  «st  inédit;  M.  Th.  l'a 

tedié  1  Florence  dioi  le  an.  riccard.  8j8  et  en  donne  une  rapide  analyse, 

Vfittiét  d'un  court  résumé  de  l'hisioire  de  la  légende  carolingienne  en  llalie. 

U  le  signale  comme  1  un  curieux  rȕi  de  fusion  entre  le  po^me  chcvatefes<]iie 

<!■  nO]ten  igt  et  le  poème  épique  de  l'antiquité.  >  Il  y  j  li  eo  cAet  un  phéno- 

■^  linéaire  ioiéfcssanl  qui  avait  passé  inaperçu  jusqu'ici. 

X11I.  —  N00WLI.B  RBvuE  msTOniQUE  on  droit  TtÂHÇAl»  R  BniANaEn. 

'Wj.  Janïier-férrier.  —  P.  41-7J-  Uatoyiaye,  Lti  ax'wmts  du  éoit  fraa- 

i*»  ptt  u  tttttt  Cûlhtt'moii  P.   7Î-98.    Flacti,  Biblîogiaphic  raiscnnét  itt 

^It  dt  Nitobt  Cathtrinot.  Calbcrinol,  mort  en  16S8  à  l'ige  de  soixante  an», 

'•'  ua  écrivain  fécond,  mais  médiocre,  dont  l'activité  s'est  dispersée  sur  tes 

»|eti  icï  plus  divers,  sans  qu'il  ait  réussi  i  produire  une  o-uvrc  véritabletneat 

dottnguée.  On  ne    peut  tculelois   lui  contester  Ir  mérite  d'avoir  été  un  esprit 

(Bnetii  et  aimant  la  recherche  avec  passion  et  désintéressement-  Il  est  surtout 

'^■u  des  philologues  pour  ion  petit  traité  intitulé  Us  daabidi  Je  la  tangue 

A'*fojw,  imprimé  i  Bourges  en    i68j  ',   mais  la  plupart  de  lei  travaun  ont 

^1*   obfct  l'histoire  de  sa  province  ou  des  questions  de  droit.  M.  Flach  1 

"'tpoié  une  eici^liente  bibliographie  des  nombreux  opuiiculcs  de  Catherinot, 

t>K4nt  principalement  usage  d'un  recueil  factice  de  la  Bibliothèque  nationale  où 

*^  ^*  Iroflvent  i  peu  prés  tous  réunis.  Il  y  en  a  1:4,  dont  beaucoup  i  la  vérité 

lotit  qK  4  ou  6  pages,  le  plus  long  ne  dépassant  pas  91  pages,  C'est  l'un  de  ces 

'''"fis  écrits  qu'a  réédité  M.  I^boulaye,  qui  fut  lui  aussi  un  esprit  carieux  et 

^^CTl  entre  tous,  et  que  rien  de  ce  qui  louche  i  l'histoire  des  idées  ou  des 

"^ïtQtioBS  ne  laissa  jamais  ladiiTirem.  La  notice  élégante  de  (orme  et  riche 

»  id*ei  rt  (Je  diti  qui  précède  la  réimpression  des  Atiôints  eil  te  dernier  écrit  qai 

*"t  sorti  d«  la  plume  du  regretté  administrateur  (lu  Collège  de  France.  Nous 

"  poiroDS  nous  y  irrèier,  les  su)eu  traités  n'étant  pas  du  ressurl  de  la  Rmiû- 

*"-    Mais  les  ojtomtt  pris  en  eux-mêmes  intéressent  l'histoire  de  nos  anciens 

f^vertw-  Ils  sont  rangé»  sous  un  certain  nombre  de  chds  (ABsencK,  ai;!!»:»", 

^'"tîiLiionarj.  tic  l  classés  par  ordre  alphabétique.  Noos  ne  possédons  que  les 

•«trejA  B  C  (et  encore  le  C  paralt-il  incomplet),  Catheriool  n'en  ayant  pas 

""^  iiBpriaier  davantage.  Ce  qui  donne  d  ces  axiomes  un  certain  intérêt  a  a 

P"""l  demie  de  nosétudes,  c'est  que  plusieurs  sont  très  anciens  et  se  retrouvent , 

"•c  de  légères  variantes,  en  mjint  texte  du  moyen  ige.  Je  citerai  ceui-à  ; 

T'thuw  :  ■  A  detiut  de  sage  monte  fou  en  barre,  *  cf.  le  prov.  *  Pour  joiif- 

"**^  ie  prodbonw  met  l'om  toi  en  banc  •  iLe  Roux  de  Lincy,  i.i*rr  dn 

f'^^mti  ftûn^i,  I,  J40;  II.  470).  Sous  BANOt'EnoiTTK  Se  trouve  celle  locu- 

*•**•*  ;  t  II  est  allé  faire  un  tour  i  la  lune,  •  qui  semble  plus  claire  que  notre 

^Prcnion  actnelle  ■  faire  un  Itmi.  t  Cependant  l'emploi  de  ir«i  dan  cette 


,  J- '«ir  Htr  c«  opuscule  a.  Brocbei,  OictWM.  du  d<nMtU  ou  éoaktts  jwati  it  la 
«H«A«(rtj«,  pp.  w-j,. 

Xo««)'«,  Xtt  27 


J^^i  PÉRIODIQUES 

bçon  de  parier  e5t  ancien,  car  on  lil  dan^  Cotgrave,  sous  tboc  :  *  /«in  nii  tna 
»  i  la  nuKt  ...  10  sliitk  aside,  or  sSily  to  be  gone  before  he  be  miised  or  vat- 
•  pecied  to  rtir.  •  Certains  prOTCrbes  anciens  sont  modifiés  ;  ainsi  :  cacnt. 
N  Mieuv  vaut  fhttel  en  voie  qo'argeiit  en  courroie.  ■  La  forme  originale  ot  : 
t  Mi«jf  vaut  ami  en  voie  que  denier  en  courroie  i  Mj(  i'Atigaoti^  p.  ï8,  d. 
la  note;  Le  Roux  de  Lincy,  II,  z^b).  ■  A  mol  pasteur  le  loup  ttndta  laine.  > 
Pour  rindra  M.  Lahoulayc  propose  v<ndra.  qui  n'iclatrcil  pas  le  sem.  La  \ormt 
ancienne  e^  :  ■  a  mol  pasteur  le  loup  ck»  laine,  >  ce  que  L«  Roux  de  Lincy 
|[,  179]  a  m.il  interprété.  En  somme,  ce  petit  recueil,  jtaqu'ici  i  peu  près 
inconnu,  ei.t  un  document  i  a|Outer  i  U  litlfrature  &i\i  si  riche  de  nos  andtas 
proverbes.  P.  M. 

XIV.  —  Rkvi'k  critiqub,  janrier-lain.  — Art.  19.  RalUnd,  Faant  popnlmrt 
Ât  fa  Fraiict,  IV-VI.  —  jo.  Franias'utht  Sladua,  11-111  (Danncsteicr).  —  jo. 
Lmdaer,  GfaaJmi  dtr  Laul-  imJ  FitmaïUhre  der  ntafrunixiuthui  Sfratkt 
(Darmesicter  ;  mauvais».  —  61.  FIcchtner,  D«  Sprxbe  Jts  Alnandir-Fng- 
mtntt  (DarmesteCer).  —  7^.  Ayer,  Grammairr  cQmparh  dt  la  Ungur  /raa(4iu 
(Darmestelen.  —  80.  Brcymann,  Die  Lthu  tom  franiasitclua  VtrU  (Darmeste- 
1er  :  travail  méritoire].  — ^  lo}.  Landiu  c  Antona-Traversi,  Gicvanai  Bonàtui 
(C.  J.].  —  m.  Fccrsier,  Attfraniaiisckt  Bitliotbek,  1-V  (Oaroiestcter) 

XV.  —  LiTERAiiiguiEii  Centbalhlxtt.  janvier-join.  —  N"  2.  Fjnamort, 
Tradiiûai  fopolari  abruiztt't,  I  ;  Wissmaon,  Dit  Litd  iwi  Kiitg  Hom.  —  ^. 
Fœrsler,  Aiot  u.  Etit  dt  Saint-Gillti.  —  4.  Monari,  Arck'mo  ptUegrafiio  iuliâm, 
/,  I.  —  4.  Burguy,  Grammaire  de  ta  langue  d'oil  (simple  réimpression)  ;  Onh, 
Utber  Ram  and  Strophenbau  m  dtr  altfranzatttchtit  Ljrik.  —  7.  Rosa, 
L'iiemtato  ttdcico  ni(  dialate  piemonuu  (faîblet. —  11.  Carioer, /7ir  ./b^iu- 
riicfii  Mundart;  Viafigi  Udiai.  —  16.  Wïgand,  FotmMtoo  et  fitxîoa  4a  taU 
Jfûfiçaii.  —  17.  Fœrster,  Ljontr  Yzopet.  —  18.  D'Aocona,  Dut  Fsrst  dtl 
siiolo  XVI.  —  ao.  Michelant  et  Raynaud,  lûaifjsnt  irM(aij  i  JirusaUm  :  Hil- 
ler,  AUtpuniieke  SptKhviatitr,  1.  —  16.  Raynatid.  Invtiitairt  da  maïuuain  ita- 
litni  dt  la  B\bUoiUlqttt  natwmlti  Appel,  Dat  Ltkn  uaJ  die  LtJu  da  TroMan 
Ptirt  Rogitt. 

XVI.  —  DrcTucuE  LiTTsmATuMEmi-M.  janvier-juia.  —  N'  1 .  Schwdstbal^ 
Essai  sur  la  vatiat  pkoaltiqat  dt  l'alphabet  latin  (Keil  :  assez  peu  bvoriblc); 
Cirigiel,  Rh^rtoromanuchis  Wixrt/rtuth.  —  4.  Du  Caage,  Gt&stariam  mtJiae  it 
infimat  LuinitâUf,  M.  Fabre  (très  mauvaise  publication).  —  v  ^PP^'>  Oas 
Ltbin  md  dit  Litder  des  Ttobadori  Piirt  Hogiei  (Stmgel).  —  11.  Meyer^  Dtr 
Litdas  dt  Antichnsto  (Voigt).  —  14,  Engel,  Gtithichii  dtr  ftannisi%tkeA  Literahir 
(Koschwiti  :  ouvrage  superficiel).  —  16.  Hormann,  Amts  tt  Amiks  aaJ  Joar» 
data  dt  Bhniet.  -~  1 7.  Varnhagen.  Fin  indiichri  Mdrehtn  auf  seintr  Wanàtrang. 
—  19.  Kocb,  Dit  SttbtatthUftrUgtadt  (Schrœder  :  «««raf^e  tr*s  louable).  — 
30.  Haller,  Alltpaniitht  Sprickwaiitr,  I  iBaist  :  précieux  pour  la  masse  des 
matériaux  réunis).  —  aj.  Kœlbing,  Sir  Truaem  (Zupiua).  —  34.  Wanutsch, 
Der  Maatel  (Martin].  —  i(.  Sittl,  Die  loialta  Vtrsckiedtnhâttn  da  lalemuhta 
Spraïke  (Thurneysen). 


I 

[ 

I 


I 


CHRONIQIJE. 


^**  dirftt  rooianes  en  France  onl  bit  une  perte  sensible  dans  la  penonnc 

iTAsttole  Boacherie.    Bouchme  £uit  en  philologce  françjtsc  un  inlodidacte. 

^^'{''npt  pro^meur  6^  than  de  grammaire  j  La  Rochelle,  i  Poitien,  i 

"ï^'faie.  tt  depuis  1B64  i  Monipcllier,  il  s'était  pris  Je  goùt  pour  !'itnd« 

* /*  VifAe  langue  françaiw  et  dn  patoiî.   il  d^butJ  en   )86{  par  un  opuscutc 

■nnl^    pglgif  jf  ig  Siiniongt,  (unoinii  ityrivlogi^uts  ft  grjmaasUtnUs,  qui  le 

*'^'*  tneore  usez  hésitant  sir  la  vraie  mtthude  scienti£<)ue.  Mais  une  fois 

^'  ^I  reconnu  U  bonne  voie,  \\  t'y  enga^a  avec  coor^ge  et  pcfsivcrance. 

^  tarait  sar  Sepl  /ormulit  lyikmiti  tt  itiontnUa  appela  1  bon  droit  l'atlen- 

^  *le  la  critique,  et  nous  avens  signala  1  nos  icctcurs  plusieurs  de  tes  pobli- 

"^^  nibtéi]ueii1«  rriatîvcs  au  bat-latin,  qui  sont  d'une  utilité  et  d'un  mérite 

**Houble*.  Son  ouvrage  sur  le  Dialttu  pcittv'm  (1871),  composé  asSiCi  tong- 

^"t*  avant  d'tlre  publié,  pistait  encore  beaucoup  i  la  critique,  maii  marquait 

!2^**''M  ■<>  progrès  considérable  sur  sei  premiers  euais  dialcctoloi^îques. 

^*  atMS  apprécié  ici  tout  ce  qu'il  a  produit  dans  ces  dernières  annfei  {sauf 

'"'^IM»  travans  rdatifi  i  l'antiquité  classique),  et  nous  n'avont  pas  1  y  revo- 

"'  N'ois  avons  eu  parfois  i  «primer  notre  désaccord  avec  les  opinions  irai^ti 

^  Bfl»cli«ne,  mats  nous  avons  toujours  reconnu  ce  que  ses  efforu  avaient  de 

'^*u«,  tej  convictions  de  sincère,  ses  idées  d'ingénieux  et  souvent  de  juste. 

*<  Ri^laïf  if  lui-ffifme  a  éic  surtout  apprécié  par  cetix  qui  ont  vécu  dans  son 

™'*)>té  :  d  avait  au  plus  haut  d^ré  le  ide  de  la  science,  et  il  (aisail  passer 

^**  <nx  sur  lesquels  il  pouvait  agir  le  Icu  qui  le  rtmpliisaiU  II  fut  le  principal 

^'^^tcir  de  la  Société  des  langues  romanes,  et  ta  Hertii  qui  en  est  l'organe 

Witat  surtout  de  ion  esprit.  Nommé  en   1878  maître  de  conférences  de  pbilo- 

"P^   romane  i  la  Faculté  des  Lettres  de  Mompellier,  il  donna  pendant  quatre 

*"  *l  demi  an  enseignemenl  solide,  qui  ne  !'enipéch.iil  pas  de  continuer  acli- 

■•■••titKj  travaux  personnels,  Le  plus  important  était  une  édition  du  poème 

•^   G^aiat  it   Brelagnf,  qu'il  avait  découvert  i  la  Bibliothèque  nationale,  et 

***   Fimpression  était  déji  asseï  avancée   quand   i!  est  mort.  Son  ami  et  col- 

^^^  M  Chabineati  s'est  chargé  de  terminer  celte  publication,  que  Boucherie 

P^^ï^arait  depuis  longues  années  avec  le  plus  grand  soin,  d  qui  sera  sans  doute 

"^  qui  lui  fera  le  pivs  d'honneur.  M.  Chabaneau  restera  seul  chargé,  i  Mont> 

pcHier,  de  l'enseignemen:  de  la  philologie  gallo-romane;  nos  leelcnrs  savent 

4*  d  en  parTatlemeni  en  état  d'enseigner  l'histoire  des  deux  langues  cl  des  deui 

^^^'^res  d'oïl  ri  d'oc.  —  Anatole  Bouchene  était  né  i  Challignac  (Cha- 


430  CHRONIQUE 

renid,  le  29  man  i8{t  ;  il  est  mort  le  j  avril  i9S},  â  Monlpetlier,  aprii  nw 
courte  cnsladie,  mais  i  \i  suite  d'un  long  ^at  de  faiblesse  et  de  Hmffnna,  tnp- 
porlè  Avec  une  grande  résignaiioa. 

—  Au  mois  de  mars  est  mon  1  Halle  M.  Karl  Witte,  qo).  janste  de  pro> 
fessinn,  s'itait  de  bonne  heure  senti  attiré  par  l'étude  de  Dame,  et  a  pobliinr 
le  grand  poète  italien  des  travaux  qui  ont  rendu  son  nom  justement  célèbre. 

—  Le  ij  mars  est  mort  i  Tubingue  M.  Adalbert  de  Keller.  professeur  de 
pliiblogic  (^ermaiiique  et  romane  i  l'université.  M.  de  Ketler  était  né  en  1811. 
11  se  consacra  d  l'élude  des  liuératur»  du  moven  âge  sous  la  direcltoo  de  Louù 
Uhtaod,  dont  il  était  le  compatriote.  Dès  i8;6,  il  donnait  son  édttioa  du 
Roman  en  Sept  Sagti  en  vers  français,  dont  le  texte,  d'ailleurs  fori  difficile  i 
éUblir,  laisse  i  désirer,  naais  dont  l'introduction  aitoUrt  une  éruditioa  très 
étendue,  sinon  très  ongioale  e[  très  critique.  Ses  IraductioDs  i'AUframaiitrhi 
Sagen,  parues  en  \^ii,  oal  été  réimprimées  en  1876  Parmi  ses  diverses  ptiblî< 
caiioQs  subséquentes,  celle  qui  a  rendu  le  plu»  de  services  est  sa  Romtjrt 
I1844),  oii  il  il  cunnailre  en  partie  les  trésors  renfermés  dans  diverses  biblio- 
thèques d'Italie. 

—  M.  Wentrup,  connu  par  une  étude  du  dialecte  sicilien,  qui  est  encore  ce 
qu'on  a  de  meilleur  sur  ce  sujCt,  est  mort  le  j  j  mars. 

—  Le  a8  mars  est  mort  à  Darmstadt  Lorenï  Diefenbach,  à  qui  Dtei  a  dédié 
le  Ptcûonnaiff  itjm<>hgi^xu,  Diefenbach  est  surtout  connu  par  ses  traTHi 
d'ethnographie  et  de  linguistique  comparée  et  par  son  GlesSitriam  hûmhgermâ' 
lùcum  malijf  et  infimat  hlinitalit,  œuvre  d'une  palifirce  et  d'an  travail  cxtraOT- 
dinaires  ;  mais  on  ne  doit  pas  oublier  son  petit  écrit  intitslé  :  Sur  la  laaguts 
iitté/aircs  romana  actatUtt,  l'tspugnol,  it  poftagan,  U  rkéto-roman  (m  SoiiMi,  It 
Jranfois,  t'iiaiitn  et  U  daco-reman  (dans  plusiturs  pajt  dt  PEtao^  ontnltU).  Cet 
écrit,  paru  en  iSjr  (in-4",  iiz  p.|,  cinq  ans  avant  le  1*  volume  de  b  Grtn- 
maire  4ti  fangua  romana,  conlient  beaucoup  de  va«  inléreswtles  et  embrsue 
pour  la  première  fois  Pensemble  des  langues  romanes.  Il  se  termine  par  cette 
promesse,  qui  n'a  pas  été  remplie  :  «  A  la  suite  du  présent  travail  je  publierai 
une  Histoirt  dt  foute  U  famiUt  tingniiti^ut  Utint  {nuntnt)  a*tt  Its  duitfttff,  dt  It 
prcmi/c  ûrigim  jusqa'i  l'ipo^tu  priitnlt,  ta  ttimpla,  avec  des  remarques  dU- 
lectoiogiqucs  et  autres.  ■ 

—  M.  FIcchtner,  Tsuteur  d'une  dissertation  sur  la  laagve  de  YAleuadn 
d'AlbérIc  dont  nous  avons  rendu  un  compte  favorable  {R^m.  XI,  6}4),  est  mort 
tout  jeune  encore,  le  1"  avril. 

—  M.  U.  A.  Canello,  qui  n'avait  pas  encore  trente>ctaq  ans,  rirai  de  monrir 
i  Padoue  i  la  suite  d'une  chute  de  voiture  Nous  disons  plus  loin  quelques 
mots  de  son  livre  sur  Arnaut  Daniel,  el  ncus  avions  eu  plus  d'une  fois  i 
entretenir  les  lecteurs  de  la  Romania  de  ses  intéressants  travaux.  Novs  ne  pou- 
vons mieux  faire,  en  nous  associant  aux  regrets  eiprimês  par  M.  Rajna,  que 
de  reproduire  l'article  qu'il  a  consacré  i  son  amî  dans  ta  Paitmanza  de  Milan 
du  [)  juin  ; 

«  Vff>  Angtlo  Candh.  —  Abbiamo  da  Padova  uoa  notaia  tristîtsina  :  la 
morte  di  Ugo  Angelo  Canello. 


I 


CHRONiqye  ^ 

■  Pcr  gli  iludi  romanzi,  cosi  giuvjtiî  »ncot»  da  noï^  coil  tant  di  eullori,  è 
ttsa  pcrdita  che  non  sappiamo  quanJo  sarà  rtparata. 

i  Pare  chc  una  fatafilà  pcncguili  queiti  poveri  slodi,  privandoli  tn»prtta- 
lamente  d«i  loro  migliori  soslrgni.  Poco  tempo  fa  era  Napolcone  Cait  ;  oggi  il 
Candio  :  entnmbi  ne)  fiare  degli  anni  ;  «niranbi  quando,  alla  molia  alliviti, 
^Kgioog^odQ  una  piena  miluntà  scienlifica,  onoravano  nuggionnrote  se  stcssi 
e  il  paese.  EA  «ntrambi  avevana  appena  cons^gtilto  il  pretnio  dellf  lorci  lunghc 
fatichc  :  il  CjÎx  en  stalo  promo»o  profe»ore  ordinario  nel  m«e  di  giuçno 
dello  icofso  anno,  c  tti'ori  nell'  ottobre  ;  il  Canello,  promosso  nel  novembre, 
muore  dopf>  »tte  ineii. 

■  Ugo  Angelo  Canello  cra  nato  a  Ctiia,  provincia  d;  Treviso,  il  ii  giu- 
gno  1848.  Scarso  dl  mezzi  di  fortQoa,  cornpi  gli  itudi  a  foria  di  lolte  e  di 
privazioni.  Attrallo  potenlemente  jIU  filoloflia  neobtina,  si  guad3gii6  un  iui- 
lidio,  cot  quale  gli  fu  d.ito  di  condursi  a  Bonn,  e  di  »nlirvi  per  un  semestre 
le  lezioni  df!  gran  padre  dclU  sua  disciplina  ptedilelU,  di  Federico  Diei.  E  il 
Diez  dette  occasione  al  CanelJo,  lornato  in  patria,  di  tcrivere  il  primo  lavoro, 
per  coi  si  facesie  notare  ;  c  (u  una  memoria  iniilolala  appunto  II  prof.  F.  Ùiti 
t  U  fiiohgiJ  roman:ii  ml  nestro  sicoio  [F'tttnu,   187J). 

*  Per  qualche  tcmpu  il  Canello  insegnj>  nel  Ginnasio  dl  Ravcnna;  ma  non 
poiendosi  rasscgnarc  a  vivere  :n  una  citli  dove  gli  maitcavano  1  Iibri  eieccssari, 
UKt6  queir  uflicig,  e  se  ne  rilornù  a  quella  Padova,  cheglîera  seconda  patria. 
Li  &i  guadagnava  U  vlta  con  însef^namentî  prîvati;  <)uando  da  queste  durezze 
lo  lolse  il  noslro  AscûIi,  chc  già  rjcev<-i  di  lui  niollo  conlo,  chiamandolo  qui  a 
professare  letteralura  ledesca  nc^ll'  Accadeniia  scientifico-letleraria.  Aoche  nel 
nnovo  ufficio  il  Canello  kcc  oltima  prova  ;  c  molli  nmmenteranno  sicuramente 
di  aver  uditu  da  lui  splcndide  lezioni  întorno  al  Lesstng  e  al  G<ct)ie. 

*  Ma  la  letteratura  tedcsca  non  avevA  punto  soslituito  nefl'  animo  del  Candio 
U  prima  dama  dri  suoi  penircri;  per^,  quando,  propagate  per  opéra  del  Bonghi 
a  lutte  le  Facolli  Lellerarie  le  csiledre  di  letterature  neobtine,  l'Unirersili  di 
Padova  deiidrrô  chc  il  Cantllo  assumtssc  piesso  Ici  colale  insegiumenlo, 
Milano  lo  cbbe  subilo  perdulo.  Ne  da  Padova  cgli  si  sarebbe  più  mosso. 

4 1  Uvori  del  Caoello  alteslano  tutti  un  ingegno  fccondo  e  versatile  al  sommo, 
naluralmetile  pieno  di  slancio,  ditciplinalo  dallo  studio.  Chî  legge  di  lui  U 
memoria  severa  sugli  Alhtropi  italiàni  non  sospetlercbbe  ch'  c^li  aveite  ad 
esseie  net  rnedeiimo  lempo  artelice  di  buoni  versi.  Eppure  la  sua  Fiorîia  Ji 
tirkftt  prfivtnziili  (Bologna,  1881}  Iradoite  in  italiano  ebbe  l'onorc  di  piacere 
al  Cardwcci,  che  la  présenté  al  pubblico  con  una  sua  prefaziouc.  Un  lavoro  del 
Canello,  che,  însieme  con  ccrli  difctli,  ha  il  prcgio  dl  una  rara  originalitâ,  t  la 
Steria  dclU  Itturiiiurj  ilalijiita  nel  sualo  XV!,  scfilla  pcr  Vh^tiia  del  Vallardi. 

I  l/ultimo  libro  fu  la  raccolta,  ampiamente  illustraia,  detle  oscurc  liriche  del 
Irovatore  Arnaldo  Daniello  :  impreia  ardimeniosa,  lentata  con  fona  c  pertina- 
cb  pari  aile  difficoit.^,  e  lulla  quale  la  critica  non  è  arrivata  a  itmpo  a  pro- 
nuiuiare  il  suo  giudwio  prima  che  l'orecchio  dell'  autore  fosse  sordo  per 
senpre. 

■  Ohrc  aile  opère  roenzionale,  i!  Canello  pu'  *Itri  scritli  :  un 
volume  di  S<iggi  dt  critke  laurarît  (BologDZ,  090  ed  acutt» 


433  CHROKIQUK 

comiDCBlo  dei  Stpotai  dd  Poscolo,  ariicoti  d'indole  spéciale,  Uq  giornale  ciiu- 
dino  ebbe  di  lui  parecchie  rassegne  bibliogiafidK,  da  lui  finnate  collo  pKud*>- 
Dimo  di  SUvanaf. 

■  E  nel  Catiello  c'cra  realmcnte  qualche  cou  di  lelvatico.  Egtl  en  nna 
natura  soliUirM,  ma  che  dalla  suj  solitudine  aniaia  piofonij mente  gii  im\a.  E 
gli  amici  ora  lo  piaugono,  sema  altro  confono  che  il  pen&are  corne  il  Canellc, 
sebbene  «ncora  coti  gio«ane.  latcî  dJelro  di  si  un  cumiilu  di  Urori  piti  che 
ba&ievoli  ad  onurarae  il  nome,  e  un  ese:mpio  di  lotte  valorouneate  combauute 
c  glorioumcnli!  vitite,  nel  quale  la  gîovcntti  poirà  specchiarsî  con  frutto.  • 

^  M.  Kippcau,  qu'avatenl  fait  coitnallre  diverses  publications,  dont  plutiean 
relatives  i  l'ancien  français,  est  mort  au  mois  de  juin,  Ji  l'Age  de  80  ans. 

—  M.  Emile  Lèvy,  dont  nous  avons  apprécié  le  miraoïre  sur  Guilhem  Figucirj 
(X,  261)  s'est  hMsti  A  l'université  de  Pribourg  en  Brisgau  pour  b  philologie 
romane. 

—  La  Société  des  langues  romanes  a  tenu  le  dimanche  12  mai,  i  Hontpel- 
l)er,  une  séance  solttineile  en  l'honneur  de  son  quatrième  concours  philologique 
et  litléraire.  C.  Paris,  désigné  comme  président  avec  Pr.  Mistral,  n'avait  pu  te 
rendre  i  la  tee;  mais  les  romanistes  de  Paris  étaient  représentas  par  A.  Dar- 
mestcter. 

—  Le  9  juin  a  eu  lieu,  i  Cie&seo,  la  pose  d'une  plaque  commémorativi  ht 
la  maison  cb  est  né  Frédéric  Diei.  C'est  le  «  Cartellverhand  aeuphiloloigisdier 
Vcreinc  deutsclier  Hochschulen  >  qui  a  (ait  tes  frais  de  ce  pieux  monument.  La 
cérémonie  a  donne  lieu  i  une  peltie  f^e.  Le  comiié  organisateur  avait  i  sa 
téie  MM.  Lfmcke,  Stengel  et  Birch-Hirtch(eld.  D»  lémoigniges  de  sympathie 
lui  ont  été  adressés  de  plusieurs  points  de  l'Allemagne  et  de  l'Europe. 

—  L'Audéniie  des  inscriptions  el  belles-lettres,  dans  sa  séance  du  ij  [vin, 
a  décerné  le  premier  prix  Cobert  i  M.  Frédéric  Godefroy,  pour  les  tomes  1  el 
Il  de  son  UuUonnairt  i!c  la  Ungat  4'oil  (M.  Codeîroy  avait  eu  l'aimée  précé- 
dente le  second  prix  Gobert  pour  le  1.  I). 

^  Dans  la  même  séance,  l'Académie  a  décerné  pour  la  premîërt  fois  le  prii 
fondé  par  le  marquis  de  La  Grange  el  destiné  St  l'édition  de  poésies  françaises 
du  moyen  Jge.  On  avait  celte  année  à  disposer  des  arrérages  de  deut  ans,  soit 
1,000  trancs.  L'Académie  a  accordé  le  prix  i  ta  Société  des  anciens  teites 
français,  pour  l'ensemble  de  ses  publications  en  18S1  ei  i88j. 

—  Le  prix  de  la  fondation  Diez  sera  décerné  pour  la  première  fois  en  juin  1 8^4. 
Ne  peuvent  concourir  que  det  ouvrages  relatifs  1  la  grammaire  des  tangues 
romanes  ou  i  l'histoire  des  littératures  romanes,  écrib  en  latin,  français,  iuliea, 
allemand  ou  anglais,  et  publiés  entre  te  1*' janvier  i83oetle  ;i  décembre  i88j. 
Nous  rappdoni  que  tes  )U|jes  du  concours  sont  MM-  iobler  (présidentl,  Ascolt, 
Ebert,  Mommscn,  Mussafia,  Paris,  WaîU. 

—  M.  Fr.  Wulfîalaiten  1881,  au  congrès  des  philologues  Scandinave*  i 
Christiania,  une  communication  tar  l'tuctnt  en  ginirûï  il  ur  CëcasUttUea  4a 
/raitiait  maJtrne  ai  pattUaticr.  L'auteur  y  émet  do  vues  qae  nous  ne  pouvons 


cnROHt<]ue  43} 

'vdiKVter  ici,  mu  qui  soot  inléressanles  ei  que  nous  recoinraaa> 
dos  1  l'anntion  an  phon^tisl». 

—  Nowiroas  reçv  les  cinq  premières  feuillet,  datées  de  liSto,  it  Notas 
Inicfbfiu],  par  M.  Manuel  d«  Mrllo,  etlrailet  de  ta  Rrritta  Bri:iUira.  Ce 
tyiôma,  ^i  aitette  chei  l'auteur  beaucoup  d'esprit,  une  bonne  méthode  phi- 
Ua|ifiEctDie  lecinre  prodigieti^F,  nous  net  fort  en  goQi  de  la  suite;  mais 
kh  k  uroos  si  elle  a  paru.  Les  mois  examinés  par  M.  de  Meito  sodI  :  dor- 
"■■^  tl  astres  formalbns  pareilles,  sauJade,  tangro-mangro,  paria,  peteâ, 
a^iititasa  purpa/co  (locofnpletl. 

—  Dut  la  «  seclion  des  langues  modernes  >  du  congrès  des  philologues  du 
'''«d kai  l'aihie  dernière  au  mois  d'aoAt,  M.  P.  C.  Geijer,  prolcHeur  »dioiiit 
il>^k,a  lu  un  travail,  qui  occupa  les  p.  14}-I<î8  des  actes  da  congràs,  iiir 
' <n;w /u /Wffwi  Ja  teis  Ipajut  'rantaii  M.  Gei|cr  rapporte  les  diverse*  opi- 
■■Mkitcs  lur  ce  sujet,  et  conclut  m  disant  qu'on  n'est  pas  «ncore  arrirô  i 
bortiiade,  nuis  qie  le  triomphe  paraît  assuré  i  l'opinion  de  Dtcz,  adoptée 
ptf  V' Sochier.  d'après  laquelle  il  jr  a  en  français  des  ven  pçpulaifu  et  des 
*tn  untu,  1^21]]  leur  source,  les  uns  dans  la  poésie  populaire,  (es  autres 
^  Hsilalion  de  la  poésie  métrique.  La  question  est  loin  en  tout  cai  d'être 
't>^,  aais  on  saura  gré  â  M.  G.  de  son  Edéle  rapport  sur  les  pièces  du 
p'*'^'  Qo'9  ne  lotl  seulaDMl  permit  de  dire  que  je  n'ai  jamais  exprimé  mes 

^■narrorigiDc  de  la  reniiicalion  roinane  d'une  laçon  assez  conpiètc  pour 
l'Mpnnc  les  bien  apprécier  dans  leur  ensemble.  —  G.  P, 

'an  dentier 
.  .  par  une  (dition  des  •  povilKs  (tes  dxKéses  de 
Q<RHnt  et  de  Saint-HoBr,  du  XIV  au  XVII*  siéde,  ■  due  i  M.  A.  Bnicl, 
"lAnhives  nationaJes.  A  la  p.  41  de  ce  volume.  M.  Bmd  a  publié  l'invea- 
'BiFcdalivm  et  efirlt  nobilkn  ayant  appartenu  1  Guillaume  de  la  'l'onr, 
m^ai  d'OUiergues,  arcbidiscR  de  Sainl-Floor,  vers  1416.  Le  texte  de  cet 
**iiiireen  assez  corrompu,  et  l'éditeur  n'a  peut-Mre  pas  fut  tout  ce  qu'on 
^'*llit  attendre  de  lu  pour  rectiiier  W  erreurs  du  copiste.  Nous  relèveroas  les 
^WB  toiranles  :  N*  14.  ■  Item,  uag  ronans  do  dis  dez  philosophes  irans- 
■*p»»aiitre  Guillaume  de  Cbemt>on»ille.  ■  (Corrigez  :  Tignoo»ilk,  l'ou- 
<**^  est  des  plus  caïutus,  tcrf.  P.  Paris,  Mmuitntt  frauçou,  V.  i  et  suiv.; 
■Uw,  ISlthâboffn  m*  Jm  E$kanal,  579  et  ssiv.»  —  N"  18.  •  item,  oùg 
■KeboBaol  (In.  istaaesl?]  de  maistre  Johan  de  Mehun,  em  papier,  r  — 
M'  31.  •  Item,  le  Songe  maistre  Eusuche  Maurel,  en  romans  et  en  papier.  » 
Oi  ui\  qae  les  mss.  des  poésies  d'Eustache  Mord  ou  Deschamps  ne  soot  pas 
*•■■».  —  N»  aj.  •  llem  ung  romanj  de  une  force  d'aroors  •  (?).  —  N'  a?. 

*  liée,   ing   ronaat  petit   sur  reostettement  [tu  dans   l'édition)   du   Dieu 

•  d'aaon.  ■ 

—  L'KBrrefsrti  de  ■  John  Hophim,  »  fondée  il  y  a  quelques  aaaécs  i  Batti- 
•««,  pabhe  I  de»  iolerralles  în^guliers  un  Circtilm  qui  rend  compte  de  sw 
travau.  Nois  imn  wn  tes  ytax  celui  d'avril  i&Sj.  Noos  remarquons  que  les 
lugMS  rauacs  mbi  esKigiiées  par  deoi  professeurs,  MM.  Elliott  et  MaicoB. 


~~  U  l.  IV  de  ta  nouvelle  séné  des  MilMgtt  kitteri^aa  publiés  l'i 
bM  Ib  tktimiiaj  tnéditi  s'ouvre  par  une  édition  des  •  pouiltés  des  d 


424  CKROMKîUt 

M.  Ellîolt  f3Î52Ït  dans  le  dernier  snitestre  sept  leçons  par  semaine  lar  \c  pro- 
vençal (extraitsi,  te  portugais  iCatnocns),  k  vinix  français  (fit  dr  uint  AUm), 
le  franco-normand  (Romm  dt  Raut,  les  dialectes  provençaui,  et  l'espagnol  [Dm 
QBtjoU]  ;  il  avait  cinq  élèves  aux  cinq  premien  court,  quatre  au  drrnirr  icoari 
lupèrinir)  ;  M.  Marcou,  outre  des  cours  et  exercices  de  français  moderne,  fai- 
sait i  deux  éltvM  deux  leçons  par  semaine  d'ancien  français.  —  Un  bachdief  de 
rUniversiti  de  France,  M.  Bernard  O'Connor,  a  été  reçu  doctetir  en  philosophie 
avec  une  thèse  sur  la  s/ntase  de  Vtllehardooin,  et  a  fait  sii  conférences  tor  la 
historiens  françati  det  Croisades.  —  M.  Jigecnann  a  fait  il'*  Association  phi- 
lologique t  une  communication,  dont  on  nous  donnv  un  extrait  (p.  68),  sur  i  la 
seconde  substitution  des  consonnes  dans  les  mots  alletnands  passés  en  français.  > 
M.  Elliolt  en  a  fail  une  autre  sur  ■  la  différence  fonctionnelle  dti  participe 
passé  dans  les  parfaits  périphrastiqnes  dn  latin,  de  l'ancien  irançais  et  du  fran- 
çais moderne,  t 

—  Dans  VAindtmj  du  ij  juin,  M.  Webster  communique  un  passage  intéres- 
sant sur  la  (abncalion  du  fameux  Ckaal  d'Atubttcjr,  longtemps  regardé  comme 
contemporain  du  combat  de  Roncevaux  e(  comme  conservé  en  basque  depuis  mille 
ans.  Or  sait  que  ileux  couplets  de  ce  chant,  imprimé  entre  autres  dans  l'édilioo 
princeps  de  la  CkjitiM  de  Rolend,  se  terminent  par  les  nombres  i  i  lo,  éno- 
nérés  d'abord  atKtndo,  puis  dtaticendo.  *  Ln  jeunes  Basques,  et  notamment 
les  étudbnis  faisant  leurs  cours  i  Paris,  aiment  à  chanter  en  ch<nir  un  air 
accommodé  sur  les  noms  de  nombre  basques  juiqu'i  vingt,  rebroussant  ensuite 
de  vingt  i  un.  Garay  de  Mont^Uve  fréquentait  ses  compatriotes.  Il  était  D^f  oi- 
nais.  Cet  air,  ce  souvenir  aitrajrant  du  pays  loin  du  pays,  lui  inspira  l'idée  du 
chant  d'Altabiscat.  Il  le  composa  en  irançais.  Un  de  mes  cousins,  Luuii  Duhalde, 
traduisit  en  basque  l'oeuvre  de  M.  de  Moniglave.  Il  ne  s'était  jamais  occupé  de 
H  langue  matemclle,  il  n'en  savait  que  ce  qu'il  en  avait  appris  dans  l'cithnot; 
atisii  sa  version  trahit-elle  une  mam  inexpérimentée.  Il  a  traduit  simplement  es 
prose,  sans  mesure  et  sans  rime  :  le  morceau  ne  peut  être  que  récité  ;  on  chante 
seulenneni  l'énumératron  ;  un,  Jtax,  irois.  sur  un  air  qui  n'a  certes  rien  de 
guerrier.  Ai-{e  besoin  d'ajouter  que  les  prétendues  variantes  conservées  dans  la 
montagne  n'ont  jamais  «isté?  La  plus  simple  réflexion  aurait  dA  btre  com- 
prendre que,  si  la  tradition  orale  peut  conserver  un  chant,  uo  récitatif  inchaa- 
lable  n'aurait  pai  eu  de  lendemain.  Duhalde  a  bien  ri  avec  moi  de  la  méprise 
ci  sont  tombés  tant  d'auteurs.  • 

—  M.  le  baron  Ch.  deTourioulon  annonce  la  prochaine  publication  d'une 
revue  dirigée  par  lui  sous  le  titre  de  Rtrai  du  monde  latin.  Ce  recueil  doit  faire 
nne  place  i  l'élude  du  passé  des  nations  latines,  e1  aussi  â  celle  de  teur/o/i-forr. 
Parmi  les  articles  annoncés  par  le  fiioi/Hiim  comme  devant  figurer  dans  les 
prochains  numéros,  nous  relevons  les  suivants  :  Fatntcû,  conte  populaire  roumain, 
par  Carsien  Sylva  :  —  Un  Ilot  ladin  au  pays  de  Trente,  par  M.  Ernest  Francoz  '. 

—  La  librairie  Champion  metlri  en  vente  au  mois  de  décembre  prochain  la 


\ 


I ,  Le  prix  dlboMemeni  pour  tin  an  est  de  36  fraaa.  On  i^iboaoe  en  ècrivam  i 
l'adnilalsffaleur,  )i,  nie  de  Provence. 


CHRONIQUE  42  { 

luducliùti  de  Girart  Je  RoilssIUon  de  M-  Paul  M«yer,  en  un  Fort  volume  in-S*. 
Celle  traduction,  .iccompagnée  d'un  copieux  commenuire  et  suivie  d'une  table 
analytique  des  nomt  et  dei  principales  matières,  cil  pré^cdce  d'une  introiluaion 
de  plus  de  t^o  pigK  duni  vuici  l«  divisions  ;  Chap.  I  (p.  lij)  L'histoire  : 
te  comte  Ciran.  —  Chap.  II  [p.  xiij;  Lj  poésie  :  Girart  de  Vienne,  Crrart 
de  Frète,  Gîrarl  de  Koussiilon.  —  Cti.  IIl  (p.  xxj)  L'ancienne  et  la  nouvelle 
chanson  de  Gir^^rl  de  Roussillon  l§  r ,  Vie  latine  de  Girart  de  Roussilion  ;  ^  2, 
ÉKoienU  i  l'aide  desquels  elle  a.  été  composée;  §  ;,  L'ancienne  chanson  de 
geïte,  telle  qu'on  peut  la  connalire  par  la  vie  latine  comparée  avec  la  chanson 
renouvelée;  §  4,  Le  rcnotivdetir,  sa  pcrîonnalité.  (on  talent  poétique;  g  j, 
Rapport  entre  le  Girart  historique  et  le  Girart  épiquel.  — Ch.  IV  (p.  Ivij) 
Etat  des  personnes  et  civilisation  dans  fj'iMM  Jt  Routsillon  (\e  roi:  les  seignecrs; 
le  clergé  ;  bourgeois  et  vilains  ;  la  guerre  ;  le»  iris,  décoration  des  édifices,  cos- 
tume, armes;  mcxurs).  —  Ch.  V  (p.  Ixxixl  Girart  de  Roussillon  dans  l'épopés 
française  {^  1,  Girart  de  Roussillon  dars  Doon  dt  NanUuit,  Beun  d'Aignmoia, 
G^afrti ;  §  j,  Girart  de  Roussillon  dans  fUnu  ilt  Mitz).  —  Ch.  VI  ip,  cïjt 
Témoignages  divers.  —  Ch.  VII  {p.  cxxitj)  Les  romans  en  vers  et  en  prose  de 
Girart  de  Roussillon  aux  XiV*  et  XV*  siècles  (§  1,  le  roman  en  alexandnni  de 
Girart  de  Roussillon;  §  i,  l'histoire  de  Girart  de  Roussillon  par  Jean  Vïuque- 
lin  ;  ji  J,  ï'Hittciri  Je  Charlis  Mand,  d'après  le  ms.  n'  6  de  la  Bibliothèque 
royale  de  Belgique}.  —  Suivent  (p.  clxxiijl  deux  longi  appendices  :  1*  Mss. 
existant  et  mss.  perdus  de  la  chanson  renouvelée  ;  langue  de  la  chanson  renou- 
velée ;  J*  Extraits  de  VHistom  de  Charks  Marie!  (ms.  6  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Belgique). 

—  La  SociiU  lies  Anciens  Textit  fr/infais  a  accepté  la  proposition  que  lui  a 
Aile  M.  Todd,  jeune  philologue  américain,  de  publier  pour  elle  le  Ramm  dt  U 
Paatkire,  de  Nicole  de  Marginal,  d'après  les  deux  manuscrits  de  Paris  et  de 
Saint-Pétersbourg. 

—  M.  Mttssafia  publiera  prodiaînement,  dans  les  Comptes-rendus  des  sUnies 
]it  l'AcaJcrnit  impcrule  de  Vienne,  un  très  important  mémoire  sur  a  la  fermaiion 

du  présent  en  roman.  • 

—  M.  Mussalia  a  remis  à  M.  Thomas  la  copie  prise  autrefois  par  lui  de 
VKittfe  de  Spagnt    M.  Thomas  vj  prochainement,  avec  le  concours  de  l'éminent 

tramaniste  de  Vienne,  s'occuper  de  la  publication  de  cette  cruvre  intéressante  i 
'tant  de  titres,  nr.ais  dont  l'étendue  considér.)b[e  avait  jusqu'ici   effrayé  les  pliis 
courageux. 

•~  La  maison  Alvarem,  i  Sévilte  (ZaragoM,  11),  a  entrepris,  sous  la  direc- 
tion de  M.  Machado  y  Alvarez  (Oemâlilok,  la  publicaiion  d'une  Biblioîica  de  tas 
IradUiote!  popiihres  espaàe>las.  Les  premiers  volumes,  qui  paraîtront  très  pro- 
chainement, seront  :  Coluthn  de  tatnlos  popularts  (A.  Machado  y  Alvarei), 
Snptrstk\anes  jtopuhrei  (Guichol  y  Sierra),  Costumhres  y  fitstas  papularcs  anda- 
laiat  iMontito  y  Rauteostrauchi,  etc.  La  bibliothèque  comprendra  aussi  des 
réimpressions  d'ouvrages  anciens.  Il  paraîtra  tous  tes  trimestres  un  volume  de 
joo  pages.  Le  prix  de  souscription  annuelle  â  l'étranger  est  de  quïnie  francs. 


426  CHRONIQUE 

—  Nout  apprenons  avec  pla»ir  (cf.  Rom.  XI,  63j]  ifue  MM.  Sieagcl  et  Bon- 
nardot  ont  résolu  dt  s'associer  pour  la  publication  de  la  chaRu>n  de  Hcrti  àt 
Ma:. 

—  On  annonce  une  édition  critique  du  TtsorMa  de  Bruoetto  Latino  par 
H.  B.  Wiese. 

—  Pour  honorer  la  mémoire  de  Napolten  Caî»,  on  a  conçu  le  projet  de 
ritinir  en  un  vulumc  des  articles  relatifs  i  la  philologie  romane,  envoyés  i  cette 
intention  par  des  savants  des  divers  pays  de  l'Europe.  Il  parait  que  le  plan  du 
volume  en  question  sera  agrandi  et  qu'il  sera  consacré  i  la  fois  au  souvenir  de 
Caix  et  ï  celui  de  Catiello,  qui  l'a  suivi  de  si  pris  dans  la  tombe. 

—  M.  Muisafîa  a  bien  voulu  m'adreuer  quelques  rectifications  Unt  à  la  in- 
duction qu'au  texte  du  Dit  sur  )n  Vilains  publié  dans  notre  précédent  numéro. 
}t  m'empresse  de  communiquer  à  nos  lecteurs  ces  précieuses  lemarqu»,  qui 
donnent  la  solution  assurée  de  plusieurs  des  dîttciiltéi  que  présente  le  curieux 
pelil  poème  de  Malaione  : 

«  Dalla  voitn  noia  i  alla  pag.  17  parmi  rilevate  che  voi  inurpreiaK  l'invocatiMit 
délia  Tiliatu  eome  dîrctta  il  gcntiluonio,  ni  rllapreglierebhediprcnder  vendenadiAlcin 
lona  (anale  da  un  Tillano.  lo  ipiego  alirimenii,  e  jse  non  m'iogaano;,  tuio  allors  pt»- 
ccdc  churanenlt.  La  viilana  inpreca  al  uvaliere  the  le  pisu  dituuî,  iavoca  Dla  die  lo 
puniica  c  iriggi  oaA  11  wndena  ddla  cuiui  àrannla.  E  Mauiane  dice  ;  a  a  Dis  imb 
u  piiccia  ch<  dà  aven^i  che  maie  alcuno  incelga  il  gcntiluono.  ...  salvo  il  casoch'ciita 
Il  feriio  in  batiiglia,  giacch^  quesiQ  lo  non  lo  coniideroun  nale.  ■  Renaoo  otcariiTeni 
Cht  naun  ttni'l  homo  I  Ha^ia  ni  ri  kÎ  nim  |  M  mtla  avminaMia  ())'))•  Ck  to  pwt- 
fruD  liheramcrte  :  t  sia  coipito  da  alcuo  maie  (îàco  0  moiale.  *  Forse  ni  ti  ni  tatt  i 
luu  locuiione  tonlgLanie  a  ne  taitt  ae  fudjar  ;  «  oig  tolga  cke  il  gtntilBOino  abbia  ta 
t  cosl  ne  uiine,  cioé  ni  quello  ttie  ii  villaaa  gU  décidera  ai  aitro.  • 

V,  66,  mi  fonienierei  di  tJiunda,  ciie  i  di  dialetti  lonibatili,  e  tigniftca  <•  vicolo.  »  Il 
villino  ficcia  una  iiradîcdiiola,  per  !i  quale  \*&»  thi  vuol  retjni  alla  «rada  macnra.  Il 
V.  67  (bbitogna  per  avveniDra  dl  licve  cnnendanone. 

V.  77,  U  vatlra  «ricndiiione  nrcbbc  lodijficmle  te  iv  poieue  anunetierE  ytrpgmaiu 
col  «alore  di  a  rngogncrebbe.  »  lo  non  lo  crnto.  lo  tuppongo  uui  Ucuna,  o  un  pataagto 
inatvcrtfio  da  un  pcniicro  ail'  altio.  Lo  icritiorc  vuol  dire  1*  (  Se  il  villano  ictuinc 
«  vergogne  c  si  ricordane  quale  fu  U  itoiia  délia  lu  otKiU,  egB  ...  ;  i*  quile  fo  ta 
■  sioiu  deîla  t«a  aaiclu  voglio  clie  voi  da  me  aïfoltiate.  a  Noa  linl  iJ  primo  cwceoo  e 
iiapauÀ  al  wcondo,  irtvuio  a  <iô  dalla  Taimula  a  qualc  ...  >,  dic  qui  f>  dopfio  nttào. 

V.  81.  Dalla  Oiservjiiooe  che  prKC^c  risulu  chc  io  non  tegj|o  con  voi  mtfnia,  au 
ûrlendit,  forma  regolariuinii  pcr  il  tat.  iatmiatis,  ital.  ialtitilatt.  Sparixe  oaù  U  dïflkohi 
che  voi  iTovavaic  ncl  mancare  la  nmi  (iri  ntiitità  e  Uttada.  Dite  la  siesso  degti  altri  d« 
luoghi,  chc  voi  citUe  ■  qnalo  propoùto  ;  m-tb  ma  1'  voyù  (hi  lafii  (non  tipU)  ;  lo 
icritiore  (i  dirige  ai  *uo!  uditori,  invocati  net  primo  veno  ;  Ml  t^nù  VU  ionmiJt  (noc 
un  dontânia)  a  t  conK  voi  donandate  ».  tn  tutti  e  tre  i  paui  la  voatra  inditziOBe  va 
modiltcau. 

V  too.  Zifola  non  è  11  franc.  *  seigle  a  ma  l'ital.  t  dpolla  0.  La  g  é  anche  de'  dialcai 
odlem). 

V.  loj.  CaaccUaie  la  001a  4  dcUa  pag.   18  ;  ti  trana  di  ttntmo.  

V.  199.  Non  û  traita  d'uiu  doaielLi  tola,  nta  di  toCie;  cft.  toiiapianQ,itAt 
Hd  dtaleM  Ktientrionili  (a  dïr  vcro,  piii  Mf^i  orieniali  the  nctli  occidamlit  U  }•  ; 


I 
I 


CHRONIQUE  427 

tant  del  plurile  ht  formj  cgulc  j  qiitWi  de)  lingDUre  Dtl  rtsio  poirebbeil  leggcrc  199 
utardBge,  e  100-101  poircbbcrii  fir  limire  tra  loro  i  dut  vcrbî  alla  ^>  plnrale. 

V.  140  ocdo  {du  non  ne  ton  tcrto)  che  ;i>n{fii7r<i  torrbpondi  ail'  i»l.  giunaiia  a  Une 
rapproo  <•■ 

V,  ni  per  l'erhalico  dubilo  che  tu  benr  ludotia  apar  ItietbagE  >>-  io  luppongo  che 
rrttffiVa  tigntJichi  c  contribua ione  dir  li  pag»  ul  pjdîone  debla  lerra  per  avère  il 
diriliD  ii  piKolarc  ". 

V.  147  cancellErei  la  nota  (  JeDa  pag.  19,  il  mue  Ai  gîuKDO  è  ie  tuna  flialia  chia- 
raaw  t  dliegiaio  ■. 

V,  it6av«tcriitob{ne  dimniere  un  puntoînierrojtaiivo  a  «iuKiu'i  ce  qu'il  lolt  repolit 
q«al  traJuElone  di  a  lia  <1ie  avri  reposio  •>.  Clie  (lebba  ilgnîficare  •  bocb^  il  campo  ita 
tt*io  rnieiuto  e  le  ipighe  liposie  nel  {iTinajo  ». 

V.  i6i  U  li  rifcnKc  a  jctau;  <]uindi  nella  traduiioiie  Don  u  [le  rabin]  s,  ma  <  [le 
marc]  ■>. 

£d  tcmiinaivt  M.  Mussafia  me  signale  deux  fautes  d'impreitîoa  :  v.  141, 
mû[r\io.  c'est  mazia  que  {'avais  voulu  mettre  (le  mois  de  mai),  mais  mieux  efit 
valu  laisser  m<i;i>,'  p.  14,  noie  j,  gincro^  genaio^  lu.  febraro,  feiraïa.  J'ajoute 
qu'au  premier  des  vers  cités,  p.  17,  oote  j,  il  faut  cuuie  et  non  taîdt,  —  P.  M. 

—  Livres  adrett^t  i  la  Romania  : 

J.  LeiTK  DK  Vascu»c£llos,  Atnalilot  tleHanos  e  portugatsa,  in-8",  11  p- 
(extrait  de  la  Rnitta  sctaififica  de  Porto). 

Côort  de  litlfrjtuu  tdiiijut.  l.  laltoduitiûn  à  i'ètude  de  U  'Mlhaiiac  uftiqae,  par 
H.  D'Aimori'  iik  Ji'iiAiNvrLLK,  Vim.  TKorin.  in-8*,  ^o<)  p.  —  Le  momie 
celtique  est  trop  voisin  du  monde  roman  el  surtout  français  pour  que  nous 
ne  signalions  pas  cet  important  ouvrage,  djt»  lequel,  après  un  coup  d'œil 
géfliral,  fort  iiistruclif,  sur  1  les  Cdtes  et  les  Ungvcs  celtiques  >,  est  exposé 
dans  trois  livre*  ce  qu'on  lait  sur  les  druides,  le*  barde»  et  \tifiH  irlan- 
dais. Grâce  â  l'activité  du  savant  auteur,  les  volumes  du  Court  àt  Jittlro' 
tort  cilu>fat  se  SDCcJderont  rapidcmetit  ;  ilî  inlrodutsciit  dans  l'histoire  de 
b  WtdUiiraïuf  un  chapitre  aussi  intéressant  que  neuf. 

Itinirairis  •)  JàataUm  tt  Daenptiont  </<  h  Ttrrt-Samtt,  rédigés  en  français  aux 
XI»,  XII'  et  Xilh  siècles,  publiés  par  Henri  Miciiri.ast  et  Gaston  Ray- 
hàui).  Ceoéve,  Kick,  gr.  in-8*,  xxxiij-iSî  p.  (publication  de  la  Scâiri  Je 
rOridtt  km).  —  Recueil  précieux  et  bien  fait.  Le  XI'  siècle  eit  représenté 
par  quelques  exlrait>  du  PiUnrutgc  dr  CfiafUntjj^at,  qui  ont  été  relut  par 
G.  Parrs,  mais  dont  il  n'a  pas  revu  l'épreuve  :  au  XII'  siècle  est  attribuée 
avec  raison  la  description  de  Jénisalem  qui  se  trouve  dans  les  Eilûim 
tt'oitlre-nur^  tandis  qu'on  lait  voir  combien  Ernoul  a  remanié  ce  texte  pour 
l'insËrcT  Jans  sa  chronique.  La  savante  préface  est  de  M.  Riant. 

Rkintromamthi  Chrtslomathit,  I  Thcil.  Oberlandische  Chrcstopialhie,  Tcitle. 

Ann«rkungen,  Glossar.  Herausgegebcn  von  D'  J.  A.  Ut.Brcii.  Halle.  Nie- 

■«eyer,    in-8*,  viij-174  p.  —  Complément  de  l'ouvrage  dont  la  seconde 

^partie,   parue  la  première,   a   été  annoncée  dans  notre   précédent  volume 

(p.  46^).  Ce  recueil  de  textes,  uès  commode,  répandra  cerlainement  dans 

les  hautes  écoles  l'étude  trop  négligée  du  ladin. 


428  CHRQHKiyE 

Lj  râa  t  U  oftn  dtl  tmatort  ArruUo  Dànullo.  Edizione  crttîci  corredila  dclW 
varianli  di  tutti  i  tnuotcriltî,  d'on*  inlrodotionc  storîco-lcttrraria  c  di  ta- 
sioiw,  note,  rimario  e  glosMfio,  i  cura  di  U.-A.  CAShXLO.  Halk,  Nienieyer. 
l88î.  ln-8',  vj-aS)  p.  —  Arnaut  Daniel  «1  devenu,  grice  à  Dante,  l'ii 
des  pliiï  illuitres  parmi  I»  troubadours.  Cela  ne  veut  pas  dire  qu'il  loil 
l'un  d«  meilleurs.  Maïs  il  lui  restera  toujours  la  singularité  d'être  l'un  des 
plus  (Tialais^  i  entendre.  M.  Caaello  s'est  impose  une  tlchc  d'une  difficulté 
exccptiotinelle.  en  tentant  de  nous  donner  uoe  édition  critique,  accompapée 
de  la  iraduclion  et  de  commentairei.  des  poésies  de  ce  biïarrc  poète  Autant 
que  nous  svons  pu  en  juger  par  un  examen  très  sommaire,  il  s'est  afquitli 
avec  zèle  ft  intelligence  de  sa  tiche,  Sur  quelques  poinu,  que  nous  avons 
parliculiéremenl  exaininés.  nous  ne  serions  pas  de  son  avis,  maa  il  iJudraît, 
pour  exprimer  nos  divergences,  Elire  de  l'édition  un  cooipte-reodu  eo  r^ 
qu'elle  inéritcrail  assurémenl,  mais  que  ootts  n'avons  pat  le  temps  de  rUi- 
ger.  Ne  terminons  pas  sans  dire  que  M.  Cioello  a  trouvé  un  auxiliaire  Iris 
utile  en  M  Chabaneau,  qui  lui  a  communiqué  un  certain  nombre  d'obser- 
vations souvent  fort  ingénieuses.  —  P.  M. 

Chmtoiu  di  Rogtr  d'AaJtli,  seigneur  normaid  des  XII*  et  XIII'  siécW, 
pnbliéesavec  tntfttductîon,  variantes  et  glossaire,  par  A-  Hfmox.  Rouen, 
inâ*,  Ixiv-i6  p.  iplus  huit  pagc«  de  mutiquel  (poblicabon  de  la  SMtiti 
foutnfutiu  dtl  tibhopkiltih  —  On  a  deux  chansons  qui  portent  le  nom  de 
Roger  d'Andelit;  la  seconde  est  anonyme  dsns  trots  manuscrits  sar  onte, 
attribuée  par  quatre  au  chlteiain  de  Couci,  par  deux  mss-  sans  autorilf  1 
Gace  et  à  Moniot,  et  par  deux  seulement  Â  Roger.  M.  H.  les  publie  toutes 
deux  avec  soin,  et  fait  ptécéder  l'éitilion  de  ces  deux  petites  pièces^  en 
elJes-mèmes  sans  inlèrèt,  d'une  introduction  lori  savante  sur  Roger  d'Andcli. 
Malheureusement  il  n'eil  nullement  assuré  que  le  personnage  importaBi  de 
la  Normandie  qui  portait  ce  nom  au  XIII'  siècle  et  l'auteur  des  chansûRS  ne 
fassent  qu'un.  Nouï  avons  bien  souvent  (ait  remarquer  que  l'accont  d'un 
prénom  ei  d'un  nom  d'origine,  m  moyen  3ge,  ne  prouve  pas  grand'cboie, 
et  M.  H.  nous  montre  par  surcroît  qu'il  y  a  eu  en  Fraooc  plus  d'un  Aadcli. 
On  ne  voit  guère  que  les  Normands  aient  participé  à  la  production  de  la 
poésie  lyrique  imitée  des  Provençaux  ;  c'est  dans  les  régions  plus  onentales 
qu'elle  a  été  cultivée,  et  nous  hésiterons  toujours  beaucoup  i  admettre,  sir 
une  simple  homonymie,  un  chctatier  de  Jean  tans  Terre  comme  émute  des 
Blondel  de  Necie,  des  Ren;iut  de  Magni,  des  Cuilebert  de  Bemeville  et  des 
Tibaut  de  Champagne.  —  Dans  le  glossaire,  il  faut  effacer  JV^nfurj,  qni, 
aux  deux  passages  o(i  il  figure,  doit  être  imprimé  N'on^ea. 

£xr«rrMfw  sur  Us  étants  dt  Fraofw  Villon,  par  W.  G.  C.  Butanck,  doc- 
teur és-lettres.  ■'■  partie  :  Le  petit  Tuiamcnt  -.  BnHadtt  inUou.  Lcydc,  De 
Brenk  ci  Smits,  in  S*.  ji8  p.  —  Ce  livre,  plein  d'espnl  et  de  savoir, 
demande  un  compte-rendu  détaillé,  que  nous  donneront  dans  notre  procbaio 
numéro. 

Qmaùtzt  sapastiticni  fopaldiia  dt  la  Gtuogut,  par  M.  Jean-Fntnçoîs  Blaoê. 


I 


CHRONK^UE 

Agen,  Lamy,  iri-8",  jo  p.  —  Nouvud  ipicmtn,  donné  pu  avance,  du 
grand  recueil  de  contes  a  tin  o  nef  par  l'auteur  et  qui  va  Un  mis  sous  presse. 

Vtrsueb  nner  Djrttillang  dcr  MundaH  von  Teumji  im  Mittelaltcr  ...  ivon  C. 
ScHWAKB.  Halle  (diss.  de  docTcur),  i&8i,  in-4",  13  p. — Travail  ulile, 
bien  <\u't\  ne  soit  pas  exempt  d'erreurs  et  de  confusions  (arnsi  non  dans 
Mousltei  lé;::  ett  nu  ces  et  non  no  c  tes  :  on  prui  bim  avoir  en  picard 
arot,  mais  non  nott,  v.  Rom.  X[,  6o^(.  La  publication  lici  poivies  de  Gîlle 
le  Muiiit  Apporte  fflainienant  une  importante  contribution  â  notre  coanari- 
sance  de  l'ancien  tournaisien. 

Uchtr  Sage,  f^uHt  miti  ComponUon  dts  Chnatitr  m  lyçii  des  Crestien  de  Troyet. 
Von  Dr.  Heînricti  CoossEss.  Paderborn,  Schwnîngh,  tn-S",  62  p.  '.  — 
J'aurai  occasion  de  parler  de  ce  IravAil  i  propos  de  l'étude  que  j'ai  faite 
iDoi-méme  du  Chevalier  au  lion  el  i)ui  paraîtra  prochaioement  dans  la  Renni- 
nie.  —  G.  F. 

Dtr  Nominjliy  dir  vtrbanitam  Persoiuipranomitur  in  den  .ellaUn  trdvasischia 
SprtKiid(uim,tl<rn  ...  von  Peter  his^r.rt.  Kiel,  Lipsius,  in-S*.  8;  p.  Idisier- 
talîon  de  docteur).  —  Travail  encore  incomplet,  dont  nous  parleront  quand 
il  sera  terminé. 

A  shori  liistory  oj  jrtnth  Liiaatart,  by  George  SAi.iT«iiimY.  Oiford,  Clarendon 
Press,  in-12,  «rj-iji  p.  —  Signalons,  dans  ce  tivrf  remarquable,  la  part 
plus  grande  que  d'ordinaire  faite  1  la  littérature  du  moyen  ige.  L'auteur  a 
cherché  i  s'orienter,  et,  s'il  n'a  pa«  ivitè  bien  des  errenr»,  il  a  donné  des 
vues  généralei  asser  justes  et  présent?  un  no^mbre  respectable  de  laits. 

Poaia  jnpiilar.  Ptnt-scriptum  â  la  obra  Csmoi  papuljrti  apaHoles  >de  F.  R. 
Marini  por  Dkuopild.  Sevilla.  Alvarez,  in-i8.  iii  p.  —  On  a  lu  plut  haut 
un  compte-rendu  de  l'important  recueil  de  M.  Marin;  dans  cet  agréable 
opuscule,  M.  Machadoy  Alvarez  (Dcmolîlo)  nous  fait  cottcaltK  l'histoire  des 
origines  de  cet  intéressant  mouvement  folk-hritu  espagnol  1  la  tête  duquel 
il  s'est  mis.  La  visite  que  M.  H.  Schuchirdl  lit  i  Séville  en  18S1  eut  sur 
ce  mouvenDcnt  une  influence  aussi  coiuidcrable  qu'heureuse  -  •  Desplegâ 
anie  nuestrot  ojos,  dit  Demofilo,  immenio*  horjiontes  de  conocimentos  para 
noiolros  hasta  cntoncej  ignorados.  *  Les  fruits  de  cette  initiation  sont  déji 
abondants  et  promettent  de  l'éire  bien  davanugc. 

Francetco  Nihm-i.  Dante  da  Maîano  ed  Adoifo  Borgognotii.  Ancona,  MorcNi, 
j)  p.  —  L'auteur  réfute  (on  pertinenmeni  un  paradoie  de  M.  Burgognooi, 
qui  avait  prétendu  que  Dante  da  Maiano  était  un  personnage  fictif  et  qu« 
«et  poésies  provençales  et  italiennes  avaient  été  fabriquées  an  XVI*  sîéde. 

Zar  Lautkritii  de  Ranipitdigi  t  Grant  mal  fist  Adam  >  ...  vonHemann  Bt'ii.c- 
MiiLLBB.  Halle  idissertation  de  docteur),  in-S",  i6  p.— Un  tente  du  Sermon 
rimé  publié  par  M,  Suchier  se  trouve  dans  le  ms.  de  Paris  qni  contient  le 


1.  Premier  faidcule  des  i  Haiphilologhilit  Sludita,  herauMegeben  von  D'  Cufiav 
Kaning,  0.  S.  Proiessor  dcr  romamtcben  luid  englbchea  l%lol»gie  an  dcr  koudgl. 
Akademie  Mûnstei.  a 


CHRONIQUE 

texte  P  de  VAUxu;  M.  B.  a  pensé  que  ce  texte  |A)  derait  ttre  i  rorisuni 
(O)  ce  que  P  ejt  i  L  (ms.  de  Lambspringen  à'Alexis),  et  a  instinié  sir  celle 
bue  une  révision  critique  des  formes  griphiques  ia  Sennon.  H  y  aurait  phii 
d'une  objcclion  Â  faire  i  cette  méthode,  nais  elle  arnène  l'auteur  i  réuajr 
sur  la  graphie  de  l'ancien  français  des  obiervaiiont  aun  ititéreuantn. 

Lu  idiomts  tiigrO'Mfm  tt  malio-arym.  estai  d'h)'brido)ogie  tinguistique  par 
Lticien  Adau.  Paris,  Malionneuve,  in-B",  76  p.  —  M,  A.  étudie  les  créoles 
de  la  Guyane,  de  la  Trinidad  ei  de  Maurice  pour  proover  que  le  fond  de 
ces  langutrs  est  ntgre  ou  iiulai,  bien  que  le  vocabulaire  soit  français.  Il  prend 
dans  la  question  créole  \r  contre-pied  direct  de  M.  Coellvo,  qui  n'attriboe 
aux  langues  priniilives  des  noir»  aucune  InRueflce  posiUvt  sur  la  formalioD 
des  parlers  divers  des  colonies  (il  est  clair  qu'elles  oal  une  influcflce  n/^a* 
une).  Cette  question  n'est  pas  mûre  encore;  les  rapprochemenU  de  M  A. 
ont  de  l'tmértl  :  Riait  il  faut  attendre  pour  conclure  un  bjen  pitu  gmd 
nombre  d'études  comparatives. 

Krtoltsthe  Stadun,  von  Hugo  Siirichariit.  I!.  UtkiT  dai  iaJoporlagutittlu  rçn 
Co:iùm.  III.  Utbtr  dti  mdoportugumtht  von  Uia.  Wtcti,  Cerold,  in-^,  ao 
et  iS  p.  —  Spécimens  accompagnés  de  remarques;  l'auteur  observe  qne 
l'indo-porlugais  a  un  domaine  beaucoup  plus  vaste  qu'on  ne  le  croit  d'or- 
dinaire, mais  que  dans  ce  domaine  il  ofTre  peu  de  variété. 

Dtf  TrUtiin  d»  Tkomsi,  ein  Beitrag  r.ur  Kritilt  nnd  Spracbe  deaselben  ...  von 
W.  Ron-nosn.  Gœttitifieti  (dissertation),  în-8",  ^6  p.  —  L'édition  des 
fragments  du  Tiutran  de  Thomas  promise  par  M.  Vetter  paraîtra,  il  faut 
l'espérer,  bientàt;  en  attendant,  l'étade  de  M.  Rocttiger  mérite  d'être  Ise. 
Il  relève  avec  méthode  les  rait»intéressantsque  présentent  la  versili cation,  la 
phonétique  et  ta  flexion  des  fragments,  et  traite  quelques  points  d'hisiotre 
iilléraire.  IJ  remarque  que  je  me  luîs  trompé  [Ram.  Vllf,  4281  eti  disant 
•  que  par  Httlaunt  et  Brtiimt,  clans  le  Triitm»  de  Thomas,  il  faut  entendre 
l'Angleterre  celtique  et  srt  habitants,  s  Je  me  suit  simplement  mal  exprimé; 
je  voulais  dire  :  ■  dans  le  passage  cité  •  ;  car  je  ne  pouvais  ignorer  que  le 
pays  de  la  seconde  Iseut,  lemme  de  Tristan,  appelé  Biiiagat  par  Thomas, 
est  l'Armorique.  M.  R.  veut  que  Thomas  ut  écrit  avant  Catmar  et  vers 
I  iij  ;  c'est  tout  i  fait  inadmissible,  et  les  raisons  alléguées  n'ont  pis  de 
valeur.  Thomas  doit  avoir  écrit  vers  1  iëo  ou  i  170. 

Rmarqats  sur  te  làU  Je  CiUment  franc  dans  lu  foriaatioA  Je  U  langue  ffénçiut^ 
par  Martin  ScuwaisrHAt..  Paris. Leroux,  in-8»,  44  p.  —  L'auteur  loiticDt 
que  l'ancien  franc  est  représeilé  aujourd'hui  par  le  dialecte  luxembourgeois, 
et,  s'appuyant  ^ur  ce  fait,  cuaJe  de  démontrer  ['influence  du  franc  sur  le 
français.  Mallieutetisctncnt,  ses  procédés  manquent  absolument  de  rigueur, 
et  sa  diMcrtatioR,  au  moins  pour  la  philologie  romane,  ne  fournit  aucun 
résultat  utilisable. 

La  Vu  i«ur  Thomas  le  Mailu,  poème  historique  du  XII*  siècle  composé  par 
Cimier  de  Pont-Sainle-Maxence.  Etude  historique,  littéraire  et  philolo- 
gique. Thèse  pour  le  doctoral  préMotic  i  la  Faculté  des  lettres  de  Paru 


CHROHKiyE  4)1 

par  E-  Etibnhb,  profuieur  agrtgè  au  lyctc  de  Nancy.  Paris,  Vteweg, 
in-8",  2Ô9  p.  —  Nous  espironi  pouvoir  examiner  en  dëUtI  cti  ouvrage 
conicîcncieuv. 

Dt  diminutmi,  ùittrtlmt,  coHativit  tt  in  mahm  parttm  akcantibut  in  frantogallieo 
strmofic  nomîaibus  dispatavît  E.  Etienne.  Nancy,  impr.  nancJenne,  it-i  ji  p. 
(thèse  latine  de  docteur  de  la  Faculté  des  lettres  de  ParJï).  —  L'ouvrage 
de  M.  Etienne  n'apporte  rien  de  Irû  nouveau,  et  pour  l'ancienne  lanf^ue 
l'auteur  s'est  contenti  d'un  matériel  bien  insut&tant,  borné  presque  i  \'hn:û- 
ri^ut  de  Liltré.  Maigri  cela,  son  iravaî!  est  intéressant  par  la  réunion  des 
faits  et  par  les  idées  que  celte  réunion  mime  suggère.  L'auteur  est  au  cou- 
rant des  récents  travaux  allemands  et  français,  et  son  jugement,  s'il  est  peu 
personnel,  est  d'ordinaife  juste.  Il  a  vu  que  beaucoup  de  mots  qu'il  étudie 
sont  d'origine  étrangère,  mais  il  n'a  pas  toujours  appliqué  avec  aises 
de  rigueur  la  critique  qu'ils  appellent,  et  qui  aurait  rejelé  hors  du  vrai 
domaine  français  bien  des  mots  qu'il  y  a  laissés,  L'examen  d'un  travail  de 
ce  genre  demanderait  un  grand  détail;  notons  seulement  un  point  minus- 
cule :  M.  E.  se  demande  d'oii  vient  tHiisstlas  (p.  m  ;  voici  ce  qu'on  lit 
dans  un  article  du  Journal  dts  Oibati  du  n  octobre  1879  sur  te  raisin  de 
Fontainebleau  :  «  Oisons  en  terminant  un  mot  sur  l'expression  :  chaistlat. 
C'est  le  nom  d'un  village  de  SaAne-et-Loire,  arr,  de  MJcon,  situé  dans  un 
vallon  fertile.  On  y  cultive  la  vigne,  qui  donne  des  fruits  irés  estimés.  Dans 
le  pays,  l'expression  etumlas  est  usitée  pour  désigner  tin  raisin  de  haut 
goût.  * 

Dit  alt*encnanii(ht  UebcrseUang  dtr  Sprûcht  Ja  Dioaysias  Cota.  Von  Adotf 
Tdbleo.  Berlin,  in-4°,  87  p.  (extrait  des  Mimeira  di  rActdimitàts  tiutuet 
Ji  PritiH).  —  Cette  version  se  trouve  dans  un  tns.  de  la  seconde  moitié  du 
XJII«  siècle,  récemment  ac^juîs  par  le  KO^^crnenienl  prussien  parmi  les  ms«, 
HanîltO'n.  L'intérêt  en  est  tout  linguistique,  et  l'éditeur  a  relevé  et  com- 
menté dans  son  introduction  tout  ce  qui  concerne  la  langue  (notons  au 
glossaire  l'ètyniologic  adcrigerc  assignée  au  fr.  dcrJn,  qui  nous  paraît 
contestablei-  L'édition  elle-même  est  un  modèle  de  soin.  Le  traducteur  a 
accompli  son  médiocre  travail  sur  une  mauvaise  rédaction  en  prose  des 
distiques,  qui  est  imprimée  en  regard  du  texte  vénitien. 

Da  ijntaniseht  Cttrauch  Ja  Imptf/tcU  uni  4a  Historiithtn  Paftctt  im  Allfran- 
zafitchen...  (voni  Franz  Kikrhio,  in-8*,  ^o  p.  (diss.  de  Breslau).  —  Tra- 
vail qui  paraît  fuit  avec  intelligence  sur  un  sujet  intéressant. 

Nm-Htagsuu  {Biiniti.  Geschichte  und  Sprache  einer  Waldenser  Colonie  in 
Wùrttemberg,  von  Dr.  Albjn  Ri.Ksi08t».  CreHswald,  Abel,  in-S",  77  p.  — 
Des  Vaudois,  venus  de  la  Savoie,  du  Dauphiné  et  du  Piémont,  et  réfugiés 
en  Suisse,  furent  à  la  fin  du  XVll*  siècle  transportés  en  Wùrttemberg  et  y 
fondirent  plusieurs  communes.  La  plupart  de  ces  villages  loni  aujourd'hui 
complètement  germanisés,  et  ce  sera  bientôt  le  cas  pour  Neu-Hengitett,  ob, 
sur  44$  habitants,  il  n'y  en  a  plus  que  60  environ  qui  parlent  et  00m- 
prennenl  couramment  le  patois  rotnan  de  leurs  ancêtres.  M.  Rcesiger  a  fait 


4)3  CHRONIQUE 

une  œuvre  utile  en  étudiant  ce  patois  et  en  le  conservant  pour  la  science. 
Il  n'a  pu,  par  suite  du  manque  de  travaux  suffisants  sur  les  patois  de  la 
région  alpine,  déterminer  au  juste  à  quel  point  de  cette  région  appartenaient 
les  émigrants  de  1 699  ;  la  tradition  chez  eux  est  que  le  nom  de  Bourset, 
qu'ils  donnent  â  leur  village,  est  celui  du  village  dont  ils  étaient  originaires, 
dans  la  vallée  de  Pragelas,  aujourd'hui  italienne,  dauphinoise  jusqu'en  171}. 
Il  semble  que  le  patois  des  réfugiés  ait  accompli,  depuis  deux  siècles,  quel- 
ques évolutions.  L'étude  de  M.  R.  est  faite  avec  beaucoup  de  soin  et  de 
méthode  ;  il  en  promet  de  pareilles  sur  d'autres  communes  vaudoises  du 
Wûrttemberg. 


Le  propTiétaire-gérant  :  F.  VIEWEG. 


Imprimerie  Daupeley -Gouverneur,  à  Nogent-le-Rotrou. 


DEUX  FRAGMENTS  ÉPIQUES. 

OTINEL,    ASPREMONT. 


M,  André,  archiviste  de  U  Lozère,  a  trouvé  dans  ses  archives,  ser^ 
vant  d'enveloppe  à  une  liasse,  la  fcuilte  qui  fait  l'objet  de  cette  étude.  Il 
l'a  signalée  à  M.  de  Rozièrc,  membre  de  l'Insittut.  et  la  lui  a  remise 
pour  être  apportée  à  Paris,  M.  de  Rozière  l'a  communiquéeâ  M.  Gaston 
Paris,  qui  a  bien  voulu  me  charger  d'en  f^tire  l'examen  et  l'édition  pour 
b  Romania.  J'otFre  ici  mes  remerciments.  à  MM.  André,  de  Rozière  cl 
Paris. 

C'est  une  feuille  de  parchemin  plïée  en  deux  feuillets  de  jû  centi- 
mètres sur  2  1.  Ces  deux  feuillets  dans  le  ms.  ne  se  suivnieni  pas.  Le 
premier  contient  295  vers  de  la  chanson  à'Oiinel,  correspondant  aux 
vers  6}9-929  de  l'édition  imprimée  ;  le  second  feuillet  comprend  j9(  vers 
de  la  chanson  d'Asprcmont,  commençant  au  vers  8^  environ  du  poème, 
qui  est  encore  inédit  dans  son  ensemble.  Les  feuillets  ne  sont  pas  numé- 
rotés, mais  le  pli  du  parchemin  ne  permet  pas  de  douter  que  dans  le  ms. 
Otinel  n'ait  été  placé  avant  Aspremonl.  Sans  nul  doute  les  feuillets  inter- 
médiaires comprenaient  la  fin  à'Otinel,  A  peu  près  1,200  vers,  et  les 
premiers  vers  d' Aspremonl.  Quelle  était  l'étendue  de  ce  début  ?  Il  est 
assez,  difficile  de  le  dire,  même  approximativement.  En  comparant  noire 
fragment  aux  ditférentes  versions  du  poème  que  j'ai  eues  A  ma  disposi- 
tion et  dont  je  parlerai  plus  loin,  â  savoir  aux  mss.  fr.  de  la  Bibl.  nat. 
249{,  ij}29  et  [{qS,  et  aux  deux  textes  italianisés  de  Venise  publiés 
en  partie  par  [.  Bekkcr,  on  voit  que  le  début  manquant  correspond 
aux  8;  premiers  vers  environ  des  trois  mss.  de  Paris,  et  aux  {4{  et 
790  premiers  vers  des  mss.  de  Venise.  Le  fragment  de  Mende  fait  partie 
de  la  même  famille  que  les  deux  mss.  de  Venise,  qui  ont  un  long  pro- 
logue avant  le  début,  mais  le  ms.  1  ^98  de  la  Bibl.  nat.  tiit  aussi  partie 
de  la  même  famille,  et  il  a  le  même  début  que  les  deux  autres  mss.  de 
Paris.  Il  faudrait  donc  encore  subdiviser  celte  famille  en  groupes,  mais 


4^4  ^-   UNCLOIS 

le  peu  d'éiendue  de  notre  texte  ne  permet  pas  de  le  rattacher  à  un 
groupe  p1ut6t  qu'à  l'autre.  Ainsi  la  classification  des  mss.  ne  répond  pas 
jusqu'ici  â  la  question,  mais  l'étude  matérielle  du  ms.  de  Mende  donne 
quelques  renseignements.  En  général  les  cahiers  dont  se  composent  les 
mss.  de  chansons  de  geste  sont  de  4  feuilles,  c'est-à-dire  de  8  feuillets. 
La  feuille  que  je  publie  ne  pouvait  être  la  4'  du  cahier,  car  dans  ce  cas 
les  deux  feuillets  se  suivraient  ;  elle  ne  pouvait  non  plus  (tre  la  ;',  car 
alors  ces  deux  feuillets  n'auraient  été  séparés  que  par  une  seule  feuille, 
c'est-A-dire  par  quatre  pages,  sur  lesquelles  n'auraient  pu  tenir  les 
1 200  vers  de  la  ttn  d'Oiinel;  elle  était  donc  la  deuxième  ou  la  première 
du  cahier,  autrement  dit,  elle  enveloppait  deux  ou  trois  feuilles-  En  attri- 
buant à  chacune  de  ces  feuilles  une  moyenne  en  chiffre  rond  de  640  vers, 
buée  sur  notre  fragment,  on  trouve  un  iota)  soit  de  1  joo,  soit  de 
19J0  vers,  si  de  ces  deux  sommes  on  retranche  les  1,300  vers  de  la  6n 
d'Oli/ut,  il  reste  en  définitive,  pour  le  début  d'Aiprtmoat,  100  vers  dans 
le  premier  cas,  7J0  dans  le  second.  La  question  est  donc  maintenant  de 
savoir  si  notre  feuille  occupait  le  premier  ou  le  deuxième  rang  dans 
le  cahier.  On  ne  peut  y  répondre  avec  ceniiude,  mais  il  est  très  pro-  _ 
bable  que  nous  n'avons  que  la  deuxième  feuille,  cardans  un  cahier  la  H 
dernière  page,  qui  est  formée  de  la  première  feuille,  porte  presque  tou- 
jours une  rédame,  et  on  n'aperçoit  sur  ncirc  fragment  aucune  trace  de 
cette  réclame.  Il  est  vrai  qu'elle  a  pu  être  enlevée  par  un  relieur,  mais 
c'est  fort  douteux,  car  les  marges  des  feuillets  sont  encore  très  larges 
et  les  rognures  ont  dû  être  de  peu  d'importance.  Kn  résumé,  il  est  fort 
probable,  sans  toutefois  être  certain,  que  notre  fragment  était  la  seconde 
feuille  du  cahier,  que  cette  feuille  en  enveloppait  par  conséquent  deux 
autres  qui  contenaient  au  maximum  1  ;oo  vers,  dont  iioo  environ 
appanenaient  â  Otinet  et  le  reste  i  Asprtmoni. 

Le  premier  fragment  de  ce  feuillet  est  écrit  sur  deux  colonnes  ;  les 
lignes  sont  très  serrées,  7;  dans  chaque  colonne.  Le  second  feuillet  est 
écrit  sur  trois  colonnes.  Le  scribe,  qui  semble  vouloir  économiser  du 
parchemin,  perd  une  partie  de  cet  avantage  en  desserrant  les  lignes.  On 
n'en  compte  plus  que  69  sur  le  recto  et  ^9  seulement  sur  le  verso. 

L'écriture  est  celle  du  milieu  du  xiei*  siècle.  Le  copiste  était  Angto- 
Normand,  impossible  d'en  douter,  l'orthographe  et  la  paléographie  sont 
d'accord  pour  le  prouver.  Sans  parler  de  ces  caractères  bien  connus 
qu'on  retrouve  plus  ou  moins  dans  tous  les  textes  écrits  par  des  Anglo- 
Normands,  il  en  est  d'autres  qui,  pour  être  moins  généraux,  n'en  sont 
pas  mwns  inléressanis.  Le  plus  remarquable  est  le  double  accent,  cb 
forme  d'accents  aigus,  placé  sur  deux  e  qui  se  suivent  dans  le  même 
moi,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la  qualité  de  ces  e,  qu'ils  soient  féminins, 
ouverts  ou  fermés,  dans  tpéé  par  exemple.  Vi  aussi  est  accentué,  maïs 


I 


DEUX   FRACMENTS   tflQUES  4;f 

tris  irrégulièrement  :  »asi  dans  hraine,  où  il  esl  entouré  de  quatre  }am- 
bages  avec  lesquels  il  peut  6trc  confondu,  it  n'est  pas  accentué,  tandis 
que  dans  ocU,  où  toute  confusion  est  impossible,  H  a  reçu  l'accent  0  et 
V  sont  employas  indifféremment  l'an  pour  l'autre  dans  tous  les  cas,  de 
sorte  que,  pour  prendre  un  exemple,  le  pronom  personnel  de  la  2°  per- 
sonne du  pluriel  peut  être  écrit  vus,  1  w,  ms  ei  uas.  La  diphtongue  ie  est 
tantôt  écrite  ainsi,  tantôt  réduite  à  i,  Oilivier,  OHmr;  de  mime  chij '= 
chitf,  livt  =  iitut.  Cette  hésitation  vient  de  ce  que  l'original  nVait  pas 
le  même  système  de  graphie  que  le  copiste  :  le  premier  écrivait  if,  le 
second  t.  Le  mot  j  (r  pers.  sing,  pr.  de  l'ind.  de  avoir)  a  loujours  un  d 
final;  de  mtmc/uJ,-ft/ est  généralement,  et  U  quelquefois,  écrit  par  un*. 

Un  autre  caractère  anglo-normand  est  le  grand  nombre  de  vers  et  de 
mots  estropiés  :  à  ce  point  de  vue  encore  le  copiste  esi  bien  de  son  pays. 
II  ne  comprenait  que  très  médiocrement  ce  qu'il  écrivait,  et  beaucoup 
de  ses  vers  en  sont  devenus  inintelligibles  ei  contiennent  des  mots  qui 
n'ont  jamais  été  d'aucune  langue. 

Le  second  fragment  est  surchargé  d'un  certain  nombre  de  corrections 
dues  Â  une  main  de  la  même  époque.  Ces  corrections  portent  les  unes 
sur  un  mot,  -iur  une  lettre  seulement,  tes  autres  sur  un  ou  même  plu- 
sieurs vers  entiers. 

Au  point  de  vue  paléographique,  l'écriture  est  assez  belle,  mais  l'inex- 
périence de  la  langue  et  le  manque  de  soin  de  la  p^rt  du  copiste,  joints 
il  l'usure  du  temps,  i  des  déchirures,  à  des  taches  de  ditTércntcs  sortes, 
rendent  le  ms.  d'une  lecture  difficile,  et  même  pour  quelques  vers  com- 
plètement impossible. 

Il  est  curieux  de  retrouver  à  Mcnde  un  ms.  écrit  en  Angleterre.  On 
peut  croire  que  pendant  la  guerre  de  Cent  ans  un  Anglais  l'avait  apporté 
avec  lui  et  que,  par  un  accident  quelconque,  il  a  laissé  ses  dépouilles 
dans  le  pays.  A  cause  de  son  dialecte,  te  uns.  n'a  plus  été  compris  et  on 
l'a  dépecé. 

Jusqu'ici  on  ne  connaissait  que  deux  mis,  de  la  chanson  à*Otinet;  ils 
ont  été  décrits  par  les  éditeurs  du  poème  (préface,  p.  x  et  s$.).  L'un  est 
conservé  â  la  bibliothèque  du  Vatican  iRegina  16161,  te  second  est  A 
Cheltenham  lauparavant  â  Mlddlehilli  et  porte  te  n''8t4j  de  la  biblio- 
thèque de  feu  sir  Thomas  Philipps.  Tous  deux  sont  du  xiv*  siècle.  En 
1819,  MM.  Guessard  et  Michelant  ont  publié  le  texte  à'OUntl  (Us 
anciens  poltu  At  \a  France,  t.  I,  d'après  le  ms,  de  Rome,  en  se  servant 
de  celui  de  Middlehill  pour  combler  tes  lacunes  et  corriger  les  erreurs. 
En  comparant  notre  fragment  avec  les  variantes,  malheureusement  trop 
rares,  données  par  les  éditeurs,  on  reconnaît  facilement  qu'il  fait  partie 
de  la  même  famille  que  le  ms.  de  Middlehill.  En  voici  des  preuves. 

Par  suite  d'une  lacération,  le  ms.  de  Rome  a  une  lacune  du  vers  669 


436  E.    UNGLOtS 

au  vers  7^7;  pour  la  remplir,  les  éditeurs  se  sont  servis  du  ms.  d«' 
Middiehill.  L'étude  de  ce  passage  montre  que  ce  ms.  qui.  comme  Ici 
ndtre,  est  anglo-normand,  a  avec  lui  des  fautes  communes.  Au  vers  6S1 
de  l'édition,  le  ms.  de  Middiehill,  que  je  désignerai,  comme  les  édi- 
teurs, par  la  lettre  b,  et  le  vers  j2  du  ms.  de  Mende,  que  j'appellerai 
M,  ont  une  même  faute  contre  la  mesure  : 

A  i'enfTit  d'Averti  quant  Marz  iert  (M  iret)  passet. 
Le  vers  devrait  élre  décasyltabique. 
V.  É90-5  ;,  b  M  donnent  tous  deux  aier  dans  une  rime  en  ias. 
V.  73Î-96,  b  :  Lez  Peve  dtl  Ton  en  la  praerie 

M  :  Delez  l'ewe  det  Ton 

V.  7}  î-98,  t:  Suii'wcJei  Ton 

M  :  Daui  t'eut  de!  Ton     ...     . 
Cet  hémistiche  devrait  être  de  quatre  syllabes.  Ainsi  dans  un  passage  de 
68  vers,  fr  et  M  ont  quatre  fautes  communes. 

Au  vers  104-180,  autre  lacune  du  ms.  de  Rome  corrigée  par  celui  de 
Middiehill,  E.n  comparant  de  nouveau  les  deux  ms.  b  M,  on  arrive  aux 
mêmes  résultats  : 
V,  814-180,  b  M  :  Ascanard  fiert  sur  l'escu  [de]  Roltani, 
V.  819-1S5,  b  M  :  Que  escu  |i>  K'escu)  ne  haberc  ne  li  va][ujt  niant, 

V.  8i]-i88,  i?  M  : [fucnt]  Rollant  en  tiant 

V.  8a8-i94,  il  M  :  Del  hatbefc  trenche  mailles  [bita]  trente  trois. 
Il  serait  inutile  de  multiplier  ces  exemples  ;  par  ceux  qui  précédent, 
la  parenté  de  fr  et  M  est  suffisamment  mise  hors  de  doute.  J'en  citerai 
cependant  encore  quelques-uns,  pris  au  hasard,  pour  montrer  combien 
les  scribes  des  deux  mss.  se  rendaient  peu  compte  de  la  mesure.  Ils 
trouvaient  des  vers  dont  la  correction  était  des  plus  faciles  et  ils  ne  la 
fusaient  pas. 

V.  844-106  6  M  :  La  bêle  [M  La  viléi  bruine  ne  li  val^u^t  nient 

V.  871-2  î4  b  M  :  L'escu  enbrace  [;f]  forment  se  defent 

V.  87  )•]  )  (  6  M  :  [El]  Rolani  sache  Durcndal  la  vaillant 

V.  88;->49  b  M  ;  Clavel  unt  pris,  si  \'[en]  qutdent  mener. 

Ainsi  les  deux  mss.  n'offrent  entre  eux  que  très  peu  de  variantes,  et 

pour  l'établissement  du  texte  ils  feraient  la  plupart  du  temps  double 

emploi,  ce  qui  enlève  à  noire  fragment,  en  ce  qui  concerne  Oiintl,  une 

partie  de  sa  valeur,  mais  ce  qui  nous  console  en  même  temps  de  la 

pêne  du  reste  du  poème  dans  ce  ms.  Ce  n'est  pas  il  dire  pourtant  que 

le  fragment  soit  complètement  dépourvu  d'intérêt,  car,  outre  quelques 

variantes,  il  a  pour  lui  l'avantage  d'être  du  xiii*  siècle,  tandis  que  le  ms. 

de  MidfUehill  n'est  que  du  xiv. 

Les  mss.  connus  d'Afprtntont  sont  bien  plus  nombreux  que  ceux  d'Oft- 
ntL  M.  Léon  Gautier  en  cite  1  j  \Ep.  fr.^  a*  éd.,  t.  III,  p.  J97).  Mal- 


DEUX   FRAGMENTS   Éf-K^UES  4Î7 

'•'«miïenienl  ils  soni  pour  h  plupan  dispersés  A  l'étranger  ;  trois  seule- 
"•«it  wni  en  France,  à  la  Bibliothèque  nationale,  sous  les  numéros  fr. 
'49JC3ric.  820Î),  xiti' 3.,  —  fr.  35^19  (anc.  La  Val.  I2î).  "'""  s., 
^  fl  un  texte  italianisé,  fr.  i  (98  (anc.  76 1 8).  —  I .  Bekker  a  publié  le 
**^  tt  les  vers  de  la  fin  d'après  les  deux  mss.  italianisés  de  Venise, 
S.  Marc  fr,  IV  et  fr.  VI  {Die  aUftiinzmiichcn  Romane  dir  S.  Mureus 
Biblioihtk,  dans  les  Mémoim  àt  {'Acadèmit  de  Btrttn,  octobre  iSjg, 
P-  *U). 

'-*   premier  vers  du  fragment  de  Mende  correspond  au  vers  88  du 
™'-  (t.  35529,  22  du  ms.  fr.  4915,  dont  le  début  manque,  mais  était 
'*  ^^nt  que  dans  le  ms.  précédent,  85  du  ms.  italianisé  fr.  1 598,  et  à 
P***    pris  au  vers  S4î  du  nis.  de  Venise  IV,  et  790  de  Venise  VI. 
*Jlle  comparaison  sommaire  de  ces  six  mss.  amène  d'abord  à   les 
f*^i'er  nettement  en  deux  groupes,  d'une  part  les  deux  mss.  français 
'  S  39  et  492i,  d'autre  part  les  trois  mss.  italianisés  et  le  fragment  de 
**iile-  Ce  qui  caractérise  ces  groupes,  c'est  l'absence  dans  les  deux 
7^*.  fr.  de  la  Bibl.  nat.  de  trois  laisses  en  ef,  ant,  ter,  qui  se  retrouvent 
r^'U  les  trois  versions  italianisées.  I-a  première  ci  le  commencement  de 
^    Vconde  laisse  sont  également  dans  le  ms.  de  Mende  (v.  ;  }4  à  la  fin]; 
troisième  s'y  trouverait  assurément  si  le  fragment  était  plus  long. 
Maintenant  dans  quel  rapport  sont  entre  eux  les  divers  mss.  de  chaque 
SV'oope  ?  Je  n'ai  pas  à  classer  les  différenls  mss.  du  poâme.  Je  signalerai 
Seulement  comme  un  lien  étroit  de  parenté  entre  les  deux  mss.  de  Venise 
Itur  début,  de  {45  vers  dans  l'un,  de  790  dans  l'autre,  début  qui  cor- 
tttpond  à  8{  vers  seulement  des  deux  mss.  firançais  et  du  ms.  italianisé 
de  la  Bibl.  nat.  Le  ms.  de  Mende  avait-il  ce  long  début  ?  J'ai  montré  ' 
plus  haut  que  c'est  peu  probable. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  fait  que  notre  fragment  n'est  pas  de  la  même 
^famille  que  tes  versions  françaises  de  la  Bibl.  nat.  lui  donne  beaucoup 
d'intérêt,  et  ceux  qui  voudront  s'occuper  du  texte  d'Aspremont  devront 
le  consulter. 

L'édition  que  je  donne  des  fragments  n'est  pas  une  édition  critique, 
mais  une  édition  presque  diplomatique,  sauf  l'attribution  décapitâtes  aux 
noms  propres,  la  séparation  meilleure  de  quelques  mots,  et  la  ponaua- 
tion.  Les  i,  ;  et  les  u,  v  sont  distribués  comme  d^ins  le  manuscrit.  Pour 
les  accents  sur  les  c  doubles,  ce  qui  est  dit  ci-dessus  suffit.  Aucun  accent 
moderne  n'a  été  introduit.  Les  abréviations  sont  résolues,  mais  marquées 
par  des  italiques.  L.es  mots  entre  crochets  sont  ceux  qu'il  est  à  peu  prés 
impossible  de  tire.  —  Les  leçons  difTéremes  de  l'édition  sont  indiquées 
pour  Olind.  Pour  Aspremoni^  les  notes  se  bornent  à  quelques  reciifi- 
catÏMU. 


4)8  E.    UNGLOIS 


OTiNEL. 

De  quei  Franceis  unt  li  plusur  envie 

« est  la  lei  empli 

avez  uostrc  lei  gerpîe 

Prenez  ma  fiUe  Belissent  a  amie  ; 
{  Pur  U  uoa  [doins]  Verceles  e  Inorie, 
Chaste  e  Placence,  Tuela  e  Pauie, 
Sire  serez  de  tute  Lumbardie.  » 
Otinel  l'ot,  uers  la  terre  se  plie. 
Les  piez  lui  beise,  forment  se  humilie  : 

10  «  Sire,  fait  il,  ço  ne  rufs  jo  mie, 
Si  la  pucele  cummande,  e  jo  l'otrie.  » 
Dist  Belissant  :  «  E  jo  me  tienc  pur  garie. 
De  bon  marri  ne  me  deit  peser  mie, 
La  mei  amur  n'ert  ja  uers  lui  guenchie.  » 

1 5  Dist  Otinel  :  «  Quant  uus  estes  m'amie, 
Pur  la  uoJïre  amur  frai  jo  chevalerie 
Deuant  Atilie  a  mV^ee  forbïe  ; 
Mort  sunt  paen  quant  ai  baptesmerie. 
Dreiz  empereres,  a  uns  commant  m'amie 

30  Très  ke  noz  uenuns  al  pleins  de  Lumbadie. 
Les  noces  serrant  a  prez  toz  Atelïe, 
Quant  auerai  mort  l'emperur  Garsie.  » 

Den  sun  palais  est  li  reis  muntez, 
Cis  granz  barnages  après  lui  est  alez. 

2)  Li  mangir  est  prest  e  cu/irez, 

Cil  le  mangèrent  a  qui  it  fiid  donez. 


I  Lt  commtnctment  des  qaatre  ou  cinq  premiers  vers  ut  effacé  ;  eom 
coTTisponient  pas  exactement  aux  vers  de  l  édition,  il  est  difficile  de  Itt 
Voici  le  passage  du  texte  imprimé  : 

De  quei  Franceis  ont  li  plusur  envie. 
■  Fnlioeil,  dit  il,  Jhesu  te  beneie; 
Or  is  Mahom  et  ta  loi  deguerpie, 
Si  crois  en  Dieu  le  fix  sainte  Marie, 
Jhesu  de  gloire  croiras  mes  an  aïe. 
Ber,  prea  ma  fille,  Belissant  l'echevie  ; 
'Por  II  aurez  mult  riche  manantie, 
Sires  serez  de  tote  Lumbardie.  > 
S  /.  luorie  —  lo  /.  refus  —  12  édition  ge  m'en  tien  a  garnie  —  16 
vostre  amor  ferai  chevalerie  —  20  /.  Très  ke  venuns  —  ai  éd.  Lu 
erent;  toz  [sic)  pour  soz —  ij  éd.  s'en  estl.  r.  m.  —  aj  éd.  tôt  prest  et  1 


DEUX   FRACH£NTS  friC^SS 

Apres  li  supers  esi  li  uins  aponez 
Enz  en  la  chambre  v  li  reis  est  entrez, 
Darmir  se  uum,  si  unt  les  hus  fermez. 

}0  Desi^ue  a\  deman  que  li  soleil  at  Icuez. 
Li  rei  se  Liue,  si  ad  ses  baruns  mandez, 
Sur  une  table  de  savie  est  muniez^ 
Tint  un  b»tun  lut  a  or  neeleK  : 
«  Seignruï,  »  ço  dit,  w  un  petit  m'atendez. 

î  î  Conseillez  rnei,  kar  fcrc  le  deuez, 
Del  rei  Garsie  dunt  l'avez  ol, 
Ki  par  la  force  est  en  ma  t^rre  entrez. 
Mes  chasiels  aer  c  brise  mes  citez, 
Ja  ert  desiruiie  seinte  crisiienicz. 

40  Jrum  nos  aini:  que  uenge  estez, 

V  nus  aiendrum  desqiie  iuer  set  passez  ?  » 
Dieni  Francds  :  o  De  mfruellc  parlez. 
Celui  n'i  a  ad  tut  ne  seii  aprestez  ; 
Mal  crcnt  autres  termes  nomez. 

4J  —  Si  ereni,  »  fait  Karlcs,  »  si  uos  lus  le  loez. 
A  l'eniree  de  Averil,  quant  Marz  iret  passez, 
Pur  la  mei  amur  Ipres  uos  aprestez.  •> 
Dient  Francds  :  «  Si  curri  uos  commondez.  » 
Nostre  emperere  fait  escrîre  les  briefe, 

jo  Par  sun  cnpire  tr.imet  les  mesïsgiers. 
Que  ne  remainent  neis  vn  chevalirs, 
Ne  humme  a  pie  ne  archir  ne  arblastiers 
Que  dune  ne  uienge,  e  ki  n*i  put  alcr 
A  sein!  Denise  rende  .iiti.  deniers. 

1 5  Ore  ua  Deccbrc,  a"  ert  passe  genuirs. 
Feuerier  e  Marz  e  uini  li  lens  ligers. 
A  Paris  est  wsirc  empare  fiers. 
Li  dunze  per,  Rollaai  e  Oliuirs, 


4Î9 


37  I.  Apres  super  —  ^9  U  mi.  Jt  Romt  Jd  igaUmeni  les  huis,  l'idOear  a 
eerngi  à  tort  lei  luj,  (mprunti  au  ms.  Ji  MtâdlihiH —  jo  /.  que  soleil,  L'fdUÎM 
ihnin,  contiaiumtnt  à  h  ririt  :  que  le  ]or  paru  cler  —  }i  I.  s'ad  sti  b.  m.  — 
)1  On  piut  liTC  aussi  veuvie,  h  piemiire  Ittirt  a  UM  forme  iitIcrmiJiairc  tMrt 
V  ti  d.  L'idition  donnt,  d'aprtt  U  ms.  MidJIihill,  d'esdievine,  fiu  a'ett  ^t  plus 
tnleliigibU  —  54  /.  m'cntcndei  —  ^6  U.  dunt  vos  01  avtt  —  jS  l.  art  —  40 
iJ.  IrruBi  nos  i  —  41  /.  U  stendrum  . —  4]  /.  n'i  »i  ...  .ipre^tez  —  44  a, 
Hir  i  ivtr»  —  4^  (.  ii  ert  —  46  £j  ms.  dt  JfiJdlthiH  doim  Jr  mimt  :  A  I  entre 
d'Averî)  fuc  fuihûnt  p<Mr  rîtabltr  la  maure,  [ùtrigc  ainsi  :  Avril  estrant.  te 
¥tts  mandat  dûttt  U  ms.  Jt  Romt  pat  tutU  de  la  laeérjlîtM  tTaa  kuiiltt  —  ^7  i. 
Pur  mci  amur  —  ^j  La  nmt  tu  Jaatu.  U  ms.  di  HiddUkil  «  lé  mtmt  Itfon 


440  E.    LANCLOIS 

E  Anseis,  Girûnp  e  Engelers, 
60  Estut  de  Lengres  e  Turpin  e  Guerriers 

E  Neines  li  duc  e  li  Daneiz  Ogiers. 

As  f^Ton?.  fenestrcs  un  mis  lur  chies 

E  uirent  uenir  Alemans  e  Baiuers 

E  Loerengs  ccis  as  curages  fiers, 
6j  Ageuins,  Gascuns  e  Berruiers  , 

E  Peieuins  e  Prpucncels  les  guerriers, 

E  Burguinus,  Flamencs  e  Huhers. 

De  Normandie  la  dur  des  cheualirsj 

Breiuns  in  uienent  as  escuz  a  quartiers^ 
70  En  destre  mènent  les  anfans  destries. 

Celui  n'i  ad  nen  ait  quatre  esquiers, 

Si  mestier  um,  dunt  il  frunt  chevalirs. 

Desuz  Muni  Martre  s'auneni  a  milliers. 
Le  premir  jor  d'auril  quam  t'aube  est  escUrie  (^ 
7)  Munte  Li  rets  en  sa  cheualerie. 

De  P^iris  uinent,  si  uuni  a  icint  Denise. 

Le  congie  [wmem,  si  uni  la  ueie  acuillie. 

Plurenl  ses  dames»  si  maldiem  Garsie, 

Sonent  CCS  cors  ki  unques  en  ail  envte. 
80  Or  s'en  ueii  li  rei  en  Lumbardie  ; 

Li  duc  Rottanl  al  prrmir  chif  les  guie, 

Dereire  est  Nemes  od  la  barbe  llurie. 

Mes  Oiinel  n'i  uolt  leisier  s'amie: 

Belissen:  munte  sur  hun  mul  de  Hungrie 
8i  Ki  plus  loi  ucit  l'ambluer  serrie 

Que  par  mer  ne  ueit  nef  ne  galie. 

Set  cenz  baruns  ad  a  sa  mesnie  burnie, 

Toi  jufne  gent  de  grant  cheualerie. 

Or  isseni  de  France  e  Burgunic  unt  gcrple> 
cfo  Passent  Mungui  la  fire  cornpaignie. 

Issent  des  muns,  si  uinent  a  Inorie, 

Desuz  Uercelcs  passent  a  nauie. 


r°,  c.  2) 


19  /.  Girard  —  60  iJ.  Ciriers  —  61  I.  Netnes  I,  d.  —  fia  i/.  en  ont  mit 
hors  les  chiés  —  ôj  /.  Virent  venir  —  6^  /.  E.  A.,  C.  e  B.  —  66  /.  B  P., 
P.  1.  g.  —  67  ^  E  B.  e  K.  e  P.  -  70  l.  juferans  —  74  '</-  Pn»  jor  d*A. 
—  80  /.  ore  — 8^  /.  aiiWeure  — 86  '.  que  pirla  mer  —  87  /.  nuinbuniie  — 
89  (.  1.  de  P.  —  90  l.  Mun^u  —  91  L'édition  a  lu  Morie  m  lua  it  [vone,  tt 
pour  (ompUltt  ta  maure  eUefatt  ane  Mercdtation  :  [tij  vieneai  i  Morie.  Dans  KOtit 
texte,  au  coalraue.  â  11  IrMve  et  doà  tlrt  tapprinu.  car  Inorre  pour  Ivork  etl  Irii 
lisMe,  et  4a  uttt  tt  letromt  m  vers  j  Igatemett  liiiHe  —  91  /.  passèrent 


DEUX   FRAGMENTS   ÉPIQUES 

Kanferant  montent,  si  uiem  Atelîe, 

La  forte  ciie  v  est  ta  gent  haie; 
9(  Desuz  Munpounc  pcrncnt  hcrb/rgerie, 

Delez  l'ewe  del  Ton  en  la  prarrte. 
Nostre  enfyrere  fît  Franceis  are«ter, 

Desuz  Tcwe  de  Ton  les  fait  ostder, 

Vil  jurs  pleniers  les  fei  demurer, 
100  Lur  chevals  funt  seiner  e  repose 

E  lur  malades  guarir  c  meciner. 

Le  fiz  Pépin  ne  se  uolt  pas  oblîer, 

Tant  demcntier  ad  fait  un  punt  leuer 

Par  um  Franceis  deueint  utre  passer. 
(0{  Sur  le  punt  ttt  nostre  empercrc  fir. 

Vil  bit  les  haies  e  les  sulîues  fermer, 

A  mailz  de  Ter  confire  e  soder. 

Fait  ett  li  puni,  bin  i  put  l'u/i  passer; 

Franceis  s'en  uum  as  herberges  manger, 
1 10  Mes  li  nies  Karles  s'est  curu  aduber 

^  qiu  nel  seureni  nul  de  li  un/e  per 

Ne  meis  Olivîr  e  li  daneis  Ogir. 

Tut  treis  s'adubenT  desuz  t'umbre  du  lorer, 

Es  destriers  muntent,  si  uum  le  punt  passer 
1 1  j  E  vers  la  cite  commencent  a  errer. 

£  uunc  josie  quere  si  la  poeni  trouer  j 
'   Meis  einz  que  il  uin^ent  al  reionter 

Li  pluf  hardi  auer.it  tant  »  penser 

Que  n'i  uoldreii  estre  pur  vn  mui  d'or  der. 
130      De  fors  Atelie,  a  un  liu  grant, 

Ot  quatre  rcis  de  la  lei  mescreant  : 

Isjuz  s'en  sont,  si  s'en  uu/n  deponant; 

Bin  suRt  armé  chascun  a  sun  talant. 


_  9J  l-  vêtent  —  çw  /.  Lj  fort  cite  —  oj  ÎJ.  Sus  HonpQÙii  —  gé  W.  Lez 
l'ère  del  Ton  en  [mif  li  pracrie  —  98  iJ.  Sur  l'eue  ié  Ton  les  a  fait-  osleilicr 

—  99  ij.  Vint  j.  p.  les  i  f.  d,  —  102  /.  iws  r.  o.  —  loj  iJ.  Deiui  le  pont 
«toit  Karles  le  ber  —  106  C*  vttt  n'tst  ms  dj/ij  Hdiiion  —  107  e  c.  es.  — 
109  flungier  dliruit  h  rime,  l'IJ.  doitnt  diner  —  ici  ptr  âu  rtgimc  plut,  ttt 
igiiimml  4ens  l'iJ.  —  n  i- 1 1 1  mtsurt  rt  rmi  fausset^  fii.  ditnnt  : 

Ne  met  Ogier  et  Oliver  le  ber 

Ces  .iri.  s'adoubent  sens  point  de  demorer 

—  aij  /,  Ver*  I.  c,  —  (16  /-  Vont  j.  q.  —  117  W.  Mes  alni  quo  viene,  ce 
qtiit.  2  ra»esp«r  —  1 19  W.  N'i  vodroit  estre  por  .M-  marz  d'argeM  ckr  — 
tloiÀ.  Fors  d'A.  a  une  lieue  g. 


443  E.   LANGL015 

Ces  sunt  lur  nums  si  la  chançu/i  ne  ment  : 
1 2  j  Li  unz  palsamî,  It  reis  de  Niniuant  ; 

Li  altre  Curables,  un  rei  de  pute  gent, 

Vnkes  n'ot  fei  uers  humme  viuantj 

Li  tirz  ad  nun  Ascanard  le  tirant, 

Fort  est  e  fiers  e  hardement  ad  grant, 
I  }o  Mort  ad  mil  hummes  de  s'espee  trmchanti 

Li  quarz  ad  nun  Clarel  a  la  cbire  riant, 

N'ad  tant  bel  bumnite  tan  cum  soilleil  resplent; 

Il  ne  truue  nul  qui  just  lui  demant 

Ne  seit  si  hardi  ke  si  a  colp  lui  atent 
I  j  5  Qu'il  ne  ocie  v  abate  sanglant. 

Par  le  champ  uunt  lur  destrieries  alaissant, 

Forment  manacent  Olluir  e  Rollant 

E  jurent  si  il  poent  uire  tant 

Que  en  duze  France  puissent  mener  lur  gent, 
140  Ja  Karle  u«rs  eus  n'auereit  garant. 

Des  duze  pers  de  Fra/ice  funt  lur  talant. 

«  Seignors,  »  ço  dit  Clarel  a  la  chire  riant, 

«  En  tel  raanacer  ne  guaine  l'u/i  niant. 

Jo  ai  oi  mult  presir  Rollant, 
14J  N'a  pliu  prodom  deske  a  Oriant, 

E  ven  sa  spee  n'at  humme  garant. 

Meis  jo  pri  mes  deus  Mahum  e  T«rvagan 

Que  uncore  aie  de  lui  asaîmant  (f<>  i,  v",  col.  i] 

Que  un  colp  lui  duinse  de  m'espee  trenhant 
I  JO  Amunt  le  chif  sur  le  heime  luisant, 

Mut  par  iert  dur  si  desque  as  denz  me  hit  ; 

Kar  jo  ai  grant  dreit  si  ne  l'aime  de  niant, 

Kar  il  m'ocist  Samsonie  de  Mumbrant, 

Desuz  Pampelune  a  un  tumemans  ; 
1  )  {  Il  fu  mes  frères,  si  en  ai  le  cur  dolant, 

Murai  de  dul  si  oi  mun  frère  ne  uang.  » 

Français  cheualchent  tut  celement 

Leez  un  bois  ki  ad  nun  Forestant, 

127  t.  nul  h.  V.  —  i}i  /.  Li  (juarz,  Clarel,  i  —  ■]}  ^-  H  l'est  nus  home 

—  1  ]4  ^  l'atent  —  1  ]6  /.  destriers  —  1  }8  O/i  pourrait  ritablir  ainsi  le  ftrs  : 
E  Mahum  j.  s'il  p.  vivre  t.  —  uo  /.  Charlemaine  —  141  MiâiUkUl  :  D.  d.  p. 
fniat  trestut  1. 1.  —  143  id.  C.  a.  C.  a.  I.  c.  r.  —  14]  /.  En  m.  —  144  /.  p.  le 
duc  R.  —    146  /.  n'at  nul   h.  g.  —  147  /.  or  pri  m.  d.  —   148  /.  aaîsenieBt 

—  1^1  au  littt  de  me  fait  /.  nel  lent  —  1 54  /.  Suz  P.  a  u.  turneiement  —  1  j6 
/.  s'oi  m.  f.  n.  V.  —  I  ;7  id.  tut  .iîj.  seirièment 


DEUX   FRAGMENTS   ÉPIQUES 

La  nois«  atendent,  si  arestunt  aunt. 
r6o  Li  duc  Rollant  les  ueit  prîmeremant  : 

■  Seignurs,  »  fait  il,  «  ore  estes  genlemani. 
Veez  païens  sur  la  roiche  ki  pant  : 

Ne  suni  que  quatre  al  men  iciam, 
Bin  duisum  justcr  adurcmani, 

i6j  La  merci  Deu  ki  est  omnipotent.  » 

E  dl  r«sponent  :  «  Tut  al  aottrç  talant.  » 
Les  hantes  mettent  sur  Les  feltres  deuaat. 
Vers  les  paines  s'en  uunt  a  esporunant. 
Clarel  regarde  encontre  soleil  deuant, 

170  E  ueit  les  cu/ites  brocher  mult  formant, 
Ses  compaignufîs  apele  igneicmant  : 
n  Seignurs,  »  fait  il,  <■  aiez  hardemam  grant. 
Treis  cheualirs  uei  de  ca  puinant  : 
Ma  encuntre,  sachez  ki  il  uunt  qufrani. 

17$  Vos  estes  troi  e  il  sunt  âllreiant.  •• 
E  cil  laissent  cure  sanz  nul  detenemant, 
N'i  01  pluf  dit  ne  demande  niant, 
Que  il  sunt  ne  dunt  uinem  ne  quci  uunt  qufrânl, 
Mais  de  lur  lances  tierent  duremam. 

180  Ascanard  fiert  sur  i'escu  Rollant, 
Desuz  la  bude  le  perce  e  fant  : 
Forte  eir  la  bruine,  ne  depice  neani, 
Fruisse  la  lance  en  sun  le  fer  devant. 
U  quens  refien  tant  accmemant 

i8j  Que  escu  ne  haber  ne  lui  uali  niant  : 
Le  piz  lui  treche,  le  curaille  lui  fant, 
Mort  l'abati  dcl  bon  dcstrir  curant, 
Puis  li  ad  dit  Rollant  en  riani  : 

■  Fiz  a  putein.  troue  avez  Rollant, 
190  Ki  aliez  ore  si  forment  manecani.  » 

Corsables  juste  a  Ogir  le  curteis, 
Grant  colp  lui  dune  sur  i'escu  d'Espaneis  : 
Vitre  lui  passe  l'enseine  des  cites, 
Del  baber  treocbe  mailes  trente  très, 


IJO  /.  entendrai  —  t6\iJ.  pir  le  mien  nsi^nt  —  168  f.  pjims  s'e.  v.  e,  — 
169  1.  contre  —  170  i/.  lierenwnl  —  17J  cti.  r,  de  deçà  p.  —  174  T  Ki  t.  a. 

—  irfi  ^  Cil  I.  c.  —  177  /.  Qu'il  ï.,  dunt  v.  ne  q«e  iJ  v.  q.  —  179  /.  les  f.  A. 

—  loa/.  a  R.  —  181  U.  ledepiece  e  (kl  f.—  i8i  /.  «cemeemcnl —  18}  i. 
wlut —  188  /.  quens  R.  —  19a  /.  espaneis  —  ijj  hi.  de  cicJe:i  —  194  (.  m. 
bi»  1.  t. 


444  E-    L-ANCL01S 

[95  Lez  te  coste  lui  met  le  panun  a  or  fraeis, 

Ne  lui  ualt  mie  le  haberec  un  panels. 

AI  reperir  lui  dit  dous  moz  curteis  : 

u  Fiz  a  puten,  co  est  Oger  le  Danes  : 

Pur  tels  colps  faire  m'aime  ICarle  le  reis.  » 
200      Oliuir  juste  al  reî  de  Niniuant, 

A  Balsami  ki  a  grant  hardemant. 

Lî  Saracin  le  fiert  irreemant 

Sur  SUR  escu  v  out  un  liun  peint. 

Mais  Oliuir  le  refert  si  dreitemant 
20{  Sur  la  ruele  que  par  mi  la  fant, 

La  uile  bruine  ne  li  ualt  niant, 

L'enseine  lui  met  el  cors  deuant, 

Mort  l'abat!  del  destrir  sanglant. 

Puis  lui  ad  dit  :  «  Al  malfeiz  te  commant.  a 
2 1  o  Al  tur  qu'il  feit  si  uint  Clarel  putnant, 

Cil  prendera  del  paen  uegemant 

Si  Oliuir  a  cest  colp  lui  atent. 

Meis  li  nies  Karlte  lui  trau«rse  deuant, 

Clarel  le  6rt  sur  l'escu  deuant  ; 

2 1  j  La  bone  bruigne  lui  fu  de  mort  garant. 

Le  bon  destrier  liue  ses  piez  deuant, 
Li  destrier  recule,  cil  uaeit  consuiant 
Que  en  un  munt  les  let  le  destrier  e  Reliant. 
En  hait  s'escrie  s'enseine  naunant, 
220  Vers  la  cite  se  uolt  aler  fuiant, 

Meis  li  Daneis  li  est  aie  deuant,  (f>  1,  v°,  col.  2) 

Grant  colp  lui  done  de  l'espee  trenchant 
En  mi  le  piz  sur  cel  harbec  luisant  ; 
La  bone  bruine  ne  falce  ne  n'estant, 

22  j  Delez  un  munt  l'abat  de  l'auferant. 

Oliuer  prent  le  bon  destrier  corant, 
Veint  a  Rollant,  par  le  frei  lui  rent  : 
«  Sire,  »  fait  il,  »  montez  ignelemant, 
De  part  Oger  le  vus  duins  e  présent. 
2  jo  Miudre  est  de  uostre,  jo  quid  qu'il  vait  les  cent.  » 
Li  quens  i  sait  sure,  ke  a  arcun  ne  se  prent 

i9i  W.  li  m.  le  fer  Sileis  —  ïoj  L'id.,  d'apris  U  ms.  di  MiÂiUhill,  donne  la 
mime  Uçoa  —  204  /.  fiiert  —  ïoj  /.  tut  I.  f.  —  206  /.  valut  —  307  ii.  L'e. 
met  tut  dreit  elc.  d.  —  208  /.  jus  d.  d.  s.  —  314  /.  desur—  217  mimt  leçon 
dans  l'id.  d'apris  MiddUhill  —  218  id.  chiet  le  d.  R.  —  219  id.  raûnant  — 
227  /.  le  I.  r.  —  ijt  /.  Li  q.  s.  s. 


DEUX   FRAGMENTS   ÉPIQUES 

E  U  païens  est  Iwue  en  eslani. 
Trait  ad  l'espee,  Mellce  la  trencham, 
L'escu  cnbrace,  forment  se  deFaint. 

2j)  Rollant  sache  Durendal  te  uaill^nl, 
Vn  colp  lui  va  doner  maintenant. 
Tut  le  irenche  quanqu^  l'esprant, 
Fort  se  combat,  maïs  ne  li  ualt  niant  : 
•  Seignurs,  »  fei  il,  «  manee  uos  dcmani; 
Pemcz  me  uif,  eschec  aues  fait  grant. 
Queus  est  li  reis  f  par  m'espee  reant.  • 
S'espee  lur  rendi,  11  quens  Reliant  la  prcnt. 
Puis  li  amènent  sun  uer  destrier  muan), 

34J  Dunt  fil  ods  li  reis  de  Nînuant, 
Et  Balsami,  qui  01  grani  hardenant, 
£  Anaschard,  un  rei  de  putn  geni. 

Li  compaignum  repairent  de  juster  ; 
Clarel  unt  pris,  sil  quident  bim  mener, 

3{o  A  Garlemane  le  uoleent  pnrsenter  ) 
Mais  ainz  qu'il  puissent  une  lieue  aler 
De  alite  Manin  lur  esluuerad  canier, 
Kar  Saracin  repeirent  de  preicr, 
Mil  e  V  cent  les  pot  l'um  aemer. 

2t }  Oient  les  cors  e  les  busines  suner, 
.  Veint  les  helmes  menument  csienceler 
E  les  enseines  par  amuni  venteler. 
RoUant  les  ueit.  si  cummencc  a  siHer. 
A  ses  estrius  s'est  afichie  li  ber, 

360  Enves  Oger  prist  li  quens  a  jurer  : 

«  Si  a  Durendal  me  puisse  a  ues  meller. 
Tant  me  uerez  ocire  e  decoper 
Que  les  noueles  irant  ulire  mer. 
—  Seignur  barun,  »  ço  dii  Oliuir, 

26f  «  A  sages  humes  l'ai  oi  reconter, 

Que  t'um  ne  se  puit  de  tut  ses  maulx  garder. 
Ne  l'um  ne  pot  mie  tuz  jorz  %tnr.  juste  ester» 
E  quant  home  quide  grani  teece  auer 
Iduc  est  il  plus  près  del  desturbir. 


44î 


aj4 /.  et  f.  s.  d.  —  i|i  I.  E  R.  i.  —  ij6  /.  de  m-  —  ajS  W.  Trestut  1. 
t.  q.  l'esp^e  «o  prent  —  242  t.  p.  m'e.  nie  rcnl  —  ^4)  /.  s'e.  rem  —  aj^ 
/.  0.  I.  c.  I.  b.  s.  —  2^6  /-  Veient  I.  h.  menu  c.  —  zûj  /.  en  I.  u.  m.  — 
3^4  /.  co  li  d.  0.  —  z66  l.  qu'um  —  ii-j  tapprimu  mie  —  268  au  liai  4t 
xttr  I.  mener 


446  E.   LANGLOIS 

270  —  Ver  est,  »  co  dit  Oger,  t  id  ad  mal  a  peftaer. 

Ne  ci  n'aaerat  mestir  d'eapoueter. 

Veez  paens  ;  nés  pocz  echiuer, 

Parmi  lur  lances  nus  estuuerat  passer. 

Or  doit  chascun  sa  pensée  mustree  : 
27  j  Puis  que  humme  est,  nel  deït  l'um  afoler. 

Laisum  Clarel  cest  Saracin  aler, 

Kar  bin  uez  nel  pouum  mener. 

Bin  les  nus  pout  agui  guerdoner.  » 

E  dit  li  reis  Clarels  :  «  Franc  quor  te  fist  parler.  > 
280      «  Sire  Rollant,  »  fait  Oger  li  bres, 

((  Fors  e  firs  estes,  hardiz  e  redotez 

E  de  bataille  dux  enluminez, 

E  Otiuers  est  bons  cheualirs  pruuez, 

E  jo  meimes  sui  de  ment  pas  eschapez. 
285  Veez  paens,  refuser  nés  poeez, 

Ne  altre  suceurs  de  humme  n'i  atendez. 

Ki  ore  ne  fîrche  cuart  seit  il  pruuez.  n 

Munjoie  escrient,  es  les  vus  ajutez, 

Ja  i  uerez  des  morz  e  des  naffrez. 
290      Rollant  feri  un  paen  buenier, 

Ki  plui  est  neir  ke  murere  de  mûrier; 

Mort  le  tresturne  en  miliu  d'un  sentir. 

E  Olivir  fiert  Balsan  de  Munpellier. 


ASPREMONT. 


a  Li  tun  conseil  m'at  meint  mestir  eu  ; 
As  colps  doner  al  brant  d'acîr  mulu 
Te  ai  deuant  mei  tut  dis  bim  coneu. 
Trestut  recuufrent  entur  le  tun  escu. 
j  Ainz  ke  le  tun  trésor  i  seJt  uenu, 
Vos  ert  li  mims  par  raatinet  rendu. 


370  /.  Veirs,  dit  0.,  ci  a.  m.  a  p.  —  2-js  W.  P.  q.  *i.  e.  pris  —  177  /.  K. 
b.  veez  ne  l'en  p.  m.  —  278  id.  encui  reguerdoner  —  179  /.  E  d.  C.  —  280 
/.  co  dit  O.  ).  b.  —  282  iJ.  [mult]  bien  e.  —  aSj  U.  E  O.  e.  c.  p.  — 
284  id.  E  j.ni.  d.  m.  p.  e.  —  ago  id.  Berruier—  291  /.  mure  — 294  /.  O.  f. 


DEUX  FRAGMENTS   ÉPIQUES  447 

Men  escintre,  quant  tu  l'auere  uev. 
Me  diras  k'enkes  grennur  ne  fii, 
Car  de  duner  mar  serras  espererdu. 
10  Tant  en  donez  que  tuz  aeiz  uencu, 
Que  tut  s'en  augent  de  joie  reuestuz.  n 

Quant  li  duc  Nm'me  ot  parler  sun  seinvr, 
Adonc  ot  joie,  unches  nen  ot  grenur  : 
«  Barun,  »  fet  il,  ■  nel  tenz  a  folur, 

1  j  Cestui  seruez  sanz  nul  contreditur, 

Ki  après  Oeu  a  sur  tuz  la  ualur. 
Je  en  sui  ostage  al  grant  e  al  menur, 
Tel  uint  sa  fiz  a  pouere  uausur 
Ki  al  partir  sera  duc  v  conteur.  » 
20      A  uns  arceuesques  commenc  a  palier. 
Gentiz  hum  fiid  e  joifne  bacheler. 
A  grant  merueille  se  fet  a  tuz  amer; 
N'a  duc  en  France,  tant  se  sace  pener, 
Ki  si  grant  cust  uoille  a  tuz  mener. 

2  {  Mieuz  eme  il  cheuals  achater 

E  bçles  armes  as  uallez  adubber 

Qu'il  ne  fait  trésor  a  amasser; 

Ne  héritage  ne  feu  ne  uolt  clamer, 

E  qui  uoldrat  le  rei  déshériter, 
}o  II  delt  en  l'ost  ensemie  od  lui  aler, 

Por  ses  armes  e  sun  cheual  mener, 

Cumbatre  sei  sanz  nul  desordener. 

A  l'apostoille  le  commence  a  mustrer  : 

■  Sire  apostoille,  ne  nos  deit  peser; 
]  j  Nus  deuu/n  mult  le;  cheualirs  amer  ; 

Quant  nus  sûmes  a  uostre  disner 

E  nus  serruns  a  matines  chanter, 

Il  se  cumbatent  pur  les  aimes  sauuer. 

E  uos  e  je  e  uostre  abbes  Fromer 
40  Deuuns  pur  eus  nez  treror  en^ndre. 

Tant  lor  en  deit  chascun  de  nos  doner 

Que  il  nos  uiegem  seruir  et  honorer.  » 
E  ainz  que  H  reis  se  life  de  suz  le  pin, 

Ne  qu'il  se  dresse  del  perun  acerin, 

7  /.  m.  cscientrc  —  8  /.  m.  d.  bien  —  9  /■  esperdu  —  30  A  mis  à  tort 
fit  Vtnlumintai  ;  l.  commença  —  24  /.  v.  a  la  curt  m.  —  37  /.  que  i,  n.  f. 

—  )4  /.  n.  V.  en  d.  p.  —  ï6  /,  Q.  n.  seons  a  y.  haut  d.  —  40  l.  enfundrer 

—  4J  E  mis  à  tort  par  l'enfuminear 


448  E.   LANGLOIS 

45  Les  dras  de  sei,  de  paille  alisandrin, 

Les  granz  ostrus,  les  falcus  petevin, 

Lej  riches  pierres  e  les  copes  d'or  fin, 

Iceles  dune  Karles  le  fiz  Pépin 

As  gentiz  hummes  ke  sunt  de  riche  lin. 
50      Les  paierais,  les  dras  e  les  deniers, 

Ces  done  Karles  as  poures  cbeualiers  ; 

Le  ver,  le  gris  e  les  ignaus  destrirs, 

Les  falcus,  les  muez  espeniirs, 

Cels  done  Karles  as  bacheliers  légers, 
j  j  As  damisiaus,  as  nouais  primsautirs. 
Dut  fist  li  reis  a  chascun  sun  uoler. 

Treis  cent  cheuas  i  donat  dnz  le  ser. 

Naime  parole  qui  ot  le  grant  saueir  : 

K  Seignurs,  »  fait  il,  «  jo  uos  uoil  dire  uer  : 
60  A  cestui  deit  curone  al  chif  seer  ; 

Il  put  u«rs  Deu  e  al  puple  ualer. 

De  cestui  ^ites  uorïre  sire  e  uostre  er, 

Ki  après  Deu  ad  sur  tuz  le  poreir.  » 
0  oez,  seignurs,  que  defent  KarUmaigne, 
65  E  si!  defent  a  tuz  cels  d'Alemaigne, 

A  cels  de  PuUe  e  a  cels  de  Romaigne, 

De  LuRibardie,  d'Angou  e  del  Maigne, 

E  sil  defent  a  tuz  cels  de  Bertaigne, 

Ke  il  n'i  ait  si  hardi  cheuataigne 
70  Ke  a  dammisel  negu/ie  espee  ceigne,  (1^  11,  r°,  col.  2) 

Kar  s'il  le  fait  ja  ne  ert  jor  ne  m'en  plaie, 

N'en  si  hardi  que  en  sa  terre  remaine. 
Ne  se  penst  ja  niu  reis  pur  sa  ponee 

Ke  cheualier  face  en  sa  cuntreiee, 
7  j  Vienge  en  sa  cort  quant  ert  assemlee, 

Cascun  dura  e  cheval  e  espee, 

Haberc  e  heirae,  escu  e  lance  p/anee, 

E  tut  ico  que  cheualier  agrée, 

Dunt  a  mestir  en  bataille  numee. 
80  Li  reis  en  ad  sa  curome  jurée, 

Si  autrement  est  la  chose  purparllee. 


JO  Ici  h  scribt  a  oublié  de  commencer  une  noiadle  laisse  —  (j  /.  E  L  f.  — 
6)  l.  poeir  —  64  Lu  Unrint  O  fait  double  emploi  —  67  /.  e  (l'A.  —  71  /.  oe 
s'en  plaigne  —  75  /.  q.  ele  e.  a.  —  77  /.  escu,  lance  p. 


DEUX   FRAGMENTS   ÉPIQUES  449 

Td  le  fra,  s'il  est  en  la  matinée, 

Que  ert  iriez  ainz  que  seit  la  uespree. 
«  Pvs  lur  durez  e  armes  e  denirs, 
8;  Si  lur  doirez  dras  a  remuersj 

Jv  lur  durai  espees  e  destrers; 

Ja  avilance  nel  uoil  auer  premiers. 

Ja  ne  deit  estre  nul  prodome  losengîer 

De  bien  promettre  e  de  doner  loirs, 
90  Meiz  bien  promettre  e  doner  uolentiers. 

E  de  seit  membrez  e  custumirz, 

Ke  ses  duns  sent  larges  e  plenirs 

E  ne  seit  pas  orguillus  e  firz, 

De  sa  parole  eschuis  ne  motieriez 
95  De  bel  parler  as  poures  cheualirs  ; 

De  sa  parole  les  aimt  e  tienne  chires. 

Si  fra  co  dunt  il  en  est  mestrers, 

Si  en  perrendra  lei  maueis  reprovers.  » 
Ore  fil  li  reis  tut  joiant  e  tut  liez. 
100  Nul  ne  se  parte  qu'il  ne  seit  tut  aitiez. 

.vu.  mile  s'en  sunt  uantez  e  afichiez, 

De  lui  seruir  prest  e  apareeiUiez. 

Deus  ducs  se  drescent  e  Haîme  fu  le  ti^rz, 

Deuant  le  rei  se  sunt  agenuliz  : 
105  «  Drez  enperer,  si  ws  pleit,  or  oiez. 

Co  dient  cist  que  il  sunt  aprestez, 

Cels  qui  sunt  seuz  sur  ces  pailles  cochiez  ; 

Suz  ciel  n'at  t«rre,  si  uos  la  uoli'z,   . 

Ne  la  cunquergent  od  fers  e  od  espiez. 
1 1  o  Trop  nos  sunt  près  Saracin  herbergiez. 

Mut  nus  en  peisse  que  uus  tant  en  leisiez.  » 

Quant  li  reis  l'ot  sis  en  ad  merciez  : 

«  Mais  que  tant  feites  que  de  moi  la  uengîez.  » 

Li  mangier  fut  prez  e  apareliez, 
115  E  les  napes  mises,  es  les  uus  assiez, 

Sur  les  salereiz  le  cutealx  cuchiez. 

Par  mi  la  sale  deus  .c.  en  ueissiez 

Vestu  de  uer  e  d'ermin  engulez  ; 

84  Vat.  IV a  VI  Vos  \.  d.  —  8i  V£n.  K/ les  d.  a.  T.—  ^i  l.  E  d.  co  s. — 
9a  /.  «  I.  e  p.  —  9j  /.  e  0.  e  f.  —  97  /.  fera  —  106  /.  qui  ci  sunt  apoîé  {cf. 
Ven.  IVy  Vf,  3JS19)  —  II)  sapprimez  e  —  116  /.  ont  l,  c.  c,  —  118  /.  e 
d'ermincs  dongiez 

Romania,  Xll  29 


4{0  E.    LANGLOIS 

Fiz  sunt  as  ducs  e  a  cuntes  preisez. 
1 20  Ainz  que  li  reis  se  dreca  sur  ses  pîez 

Lui  présentent  al  perun  tàss  deîtez 

Dunt  ainz  ne  in  si  grainz  ne  si  irriez 

Ne  noz  Franceis  si  mal  desconseiliez. 
E  ainz  que  li  reis  seit  aie  al  mander 
12$  Ne  que  il  se  dreca  de  sun  perun  d'aci«r, 

De  rei  d'Af&iche  es  uos  vn  messagier. 

Descendu  est  de  vn  lauue  destrier, 

Auques  ert  megnz  e  las  ert  de  l'errer  ; 

Il  out  vn  meis  acumpli  auant  ier 
1  }o  Ke  de  repos-nen  ot  un  jor  entir. 

Mais  qu/1  ueist  a  l'eire  conmencier, 

Suz  ciel  n'at  beste  p\us  feist  a  presier 

N'en  nule  terre  plus  feist  a  cuveitier. 
En  mi  la  sale  le  uassal  descendie. 
1 3  ;  Bloi  ot  le  poil  menument  turchie, 

Sur  les  espaules  l'ot  detriez  chociez, 

De  si  as  hanches  erent  il  rengiez  ; 

Gros  ot  Us  ûilz,  le  vis  apert  e  lie, 

Ne  l'a  pucele  plus  bel  ne  déliez, 
140  Meis  que  del  vent  e  del  chaut  fu  allez; 

Gros  contre  quor  e  le  pis  bien  tailliez, 

Par  les  costez  gram  e  aligniez  ;  (f"  it,  r",  col.  î) 

Dreite  ot  la  gambe  e  bien  tume  le  pie, 

Mult  li  auint  l'espurun  ke  ot  galcie; 
14J  Poi  truuissez  hume  miez  enseeignie  : 

De  tuz  tanguages  fv  bien  aromancie  *, 

Si  est  d'un  jupe  de  paille  despolie, 

il  remist  sengle  en  bliaut  camosie 

Kl  fud  as  eûtes  d'ambes  pars  trenchiez  \ 
I  ;o  Deceint  le  brant  al  punt  de  or  entaïUie, 

A  un  turchople  les  ad  tuz  treis  carchie. 

Pas  auant  autre  s'est  al  rei  aspremîe, 

121  /.  I.  présentèrent  a.  p.  t.  deintiez  —  124  E  mis  à  tort  par  rtnlaminatr 
—  laj  /.  drece  —  127  Ce  vers  et  la  deux  suivants,  omis  par  le  scribe,  ont  été 
ajoutés  par  une  seconde  main  en  marge.  Ils  se  trouvent  dans  les  autres  versions  ,■ 
/.  d'un  grant  f.  d.  —  128  On  pourrait  rétablir  ainsi  le  vers  :  c  las  del  chevau- 
chier  —  '  JJ  i^  scribe  avait  écrit  comencier,  qu'on  a  corrigé  en  cuveitier  —  1  ^4 
Le  scribe  a  oublié  ici  de  commencer  une  nouvelle  laisse  —  1  j  j  /.  menuement  — 
I  }j  /.  si  e.  i.  r.  —  ■  19  ^  scribe  avait  écrit  :  Not  plus  bêle  ne  plus  itlitz,  rers 
fut  a  été  cxponctai  et  remplacé  par  celui  que  je  donne  —  142  '.  fu  g.  e.  a.  — 
149  /.  d'ambcsdos 


DEUX   FftACMENTS   «PK^UKS 

Ea  tuui  parole  ke  bien  fiid  entendie  : 
Il  Cet  Matiummei  ki  paens  ont  proie, 

I S5  Par  qui  nus  sûmes  leuez  c  escaucie, 
Cart  Aguiant  e  Etrouni  le  presie, 
Triamodes  e  Gurrant  l'enuelsie 
E  tui  le  puple  ki  est  ot  eus  logie. 
E  il  confundc  Karle  te  iresquîdte 

t6o  E  tu7  îcnis  qui  co  1!  unt  conseilHe 
Ke  tant  nos  a  lunguemem  oblie. 
Que  mun  seignur  est  od  let  corecie  : 
En  la  terre  ad  un  meis  cheuachie. 
Bin  purras  dire  ke  mar  as  espleite, 

i6(  Par  lun  uirjge  tu  serras  issiUiez. 
E  jol  te  di,  ki  sa  sui  enuoie. 
Tut  a  le  règne  destruit  e  eissîllîe. 
Qui  cestanel  ad  a  men  dei  baillie, 
Ne  fud  pas  leide,  aïnz  ot  le  ^m  dulgîe  ; 

170  Par  druejie  si  ti  ai  oirei 

Ke  ja  ne  me  en  del  dei  meis  tachîe 
Si  aurai  mort  un  Franceb  ot  l'espic. 

—  Ami,  n  dist  KjtrUs.  «  Deu  en  prenge  pitié 
o  L  epereur,  feites  mei  escoter  ; 

I7J  II  suni  très  terres  qw  jo  sai  bien  nomer, 
A^ea  nun  l'une,  Europe  sa  per, 
La  tierce  a  nun  Affrik,  ne  pouunt  trouer, 
loels  trds  terres  qui  fum  panir  par  mer, 
Ki  fnni  les  illes  e  la  ifrre  severer, 

180  Mun  seignur  ad  la  grenur  a  garder. 
L'autrrir  en  firent  paens  un  sort  juter, 
K'ices  deueit  a  icele  acliner. 
Pur  CQ  utenc  ci  le  message  porter, 
E  l'ost  l'en  uient,  ne  l'osent  pas  trestumer. 

i8{  —  Ami,  ••  dist  Karlts,  <>  cum  te  itiz  numer? 

—  Balam  m'apelent,  issi  me  ht  apeler. 


i£t /.  bjenonm.  c.  liuis>'  —  166  i6t  Cet  tltux  »{Tî,amii  far  tt  imtt,mt 
ùi  tioutii  a  nérgt  —  tiS  Ù  unh  amt  élut  :  Qaaot  cnt  >ttt\  me  fud  it\  d.  b. 
{liçoit  it  Vm.  Vf\  fw  i'on  e  (oriigit  —171  Va».  I  V^'l  :  Ja  11  anel  ne  m'en  d.  d.  s. 
—  174  L  mu  J  ton  par  rtnhminmf  —  177  i.  plui  n.  p.  t.  1249P  —  '79  ^ 
KTÏk  ntit  ànl  lefrer,  Tf  4  ill  exoMctai  tl  rtmpUa  ptr  vt  mts  m  nurgt  —  184 
'.  ■.  l'ot  —  iSt,  186  Pour  làûbtir  le  mavt  da  itax  mt,  L  apekr  dant  U 
frtma  A  ouner  iaia  le  tuond 


j(j2  E-    LANGLOIS 

E  serf  le  reî  de  message  porter. 

Si  nel  serf  pas  de  minçoge  cunter. 

Si  il  est  chose  que  l'estuce  pruuer, 
1 90  Vers  un  uassal  le  uoil  en  chaptn  mustrer. 

Or  tien  niun  guage,  si  tu  les  os  penser. 

Al  meillur  bumme  que  tu  purras  truuer, 

E  jo  irai  mes  harmes  actiater 

De  l'or  de  Aufric  que  jo  ai  fet  porter; 
195  E  cil  tun  me  put  en  cbapm  mater, 

De  mun  seel  frai  ja  enseeler, 

Vnnes  enseignes  ï  frai  enbreuer 

Que  tu  iras  a  mun  seignur  porter; 

Ja  mes  nul  jur  nel  uerrez  trespasser. 
200  Tu  es  fou,  reis,  jo  ne  te  quîer  celer, 

Tu  n'as  pas  gent  pur  la  terre  guuarder. 

Tant  te  querum  que  te  porum  trouer, 

Ne  te  garra  bois  ne  terre  ne  mer, 

Se  ne  poes  cume  autre  oisel  uoler. 
20}  Or  ten  cest  brif,  si  fai  dedenz  garder, 

Si  tu  ne  cres  ce  que  tu  m'oz  cunter. 

Si  me  faites  si  uilment  démener 

Cum  larun  ki  est  entrepris  d'embler. 

Si  co  n'es  veir  que  tu  m'oz  ci  deuiser. 
2 1  o  Apres  le  bnef  te  voderai  je  mustrer 

Co  que  mi  sires  m'osa  a  commander.  » 

Sur  vn  mantel  a  feit  le  brif  juter  ; 

Li  reis  le  baille  al  bon  abes  Fromer. 

Cil  fraini  la  cire,  si  comence  [a  garder]  (t>  11,  v°,  col.  i) 

21  j  Une  grant  pièce  commença  a  penser, 

Del  cuer  [del  uentre  commence  a  suspirer, 

[Apres  commence]  durement  a  plurer, 

Laische  le  deit,  si  lest  le  brif  aler. 

Turpins  de  Reins  le  ueit  suz  leuer  : 
220  n  Empereur,  uos  faites  a  blâmer, 

Ki  a  tes  humes  faites  uos  bries  liurer, 

t9{  Vin.  VI  :  E  sel  tuen  campion  —  197  /.  terai  —  [98  /.  feras  —  201  Li 
copiste  avait  écrit  grever,  ^ue  le  correcteur  a  rtmplaU  par  guuarder  —  204  Vtrt 
ajouté  par  le  corruttur ;  aa  liea  de  autre  /.  haut  (tin.  IV,  VI)  —  207  /. 
Si  RI.  fai  lues  (249J)  —  3o8  /.  repris  —  314  La  lecture  des  premUrs  vus  de  t* 
colonne  est  excessivement  difficile  et  mime  toat  à  fait  impossible  pour  certains  mots 
qae  j'ai  restitués  à  l'aide  des  autres  versions  —  219/.  relever 


DEUX    FRAGMENTS  fPIQUSS 

Ju  uî  jafJis,  quant  U  cri  bachfler, 
E  cascun  jur  ert  al  uin  en  sun  celir  ; 
Mot  U  oi  prametre  e  poi  doner. 

22}  Saciez  que  co  lui  fâii  les  oiliz  lermer; 

Or  quid  il  ses  trésors  enfundrer 

Que  lui  esiucc  c  partir  e  doner. 

Alcz,  danz  abes,  les  matines  chanter  : 

Melz  Icisîez  la  uie  saint  Homer. 

jjo  Mais  )o  lirrat  qu'en  sauerai  deviser.  » 
Al  bon  abe  n'en  out  que  curecir. 
De  sei  rescoure  fu  sages  e  manier, 
Ne  truuissez  mîelz  se  sust  aidir  : 
«  Sire  arcevescke,  ne  uos  deit  ennuir  ; 

3))  Ki  mei  uodcrt  c  uos  par  dreti  jugier. 
Il  nus  f^rreii  les  raenbres  tus  irenchier, 
Quant  nus  acum  te  rei  a  conseillir. 
Ne  se  penst  prince,  qui  terre  ad  a  bailllr, 
Que  de  Sun  clerc  face  sun  conseilir, 

240  Mais  le  face  de  sun  bon  chevalir 
Ki  a  brugun  li  puisse  auer  mestir 
E  Sun  cors  le  sun  vielle  esguagier.  1. 
Quant  l'empereur  les  ot  de  moli  tewcir, 
Tre&tute  sa  ire  lui  funt  asuager  : 

24^  V  Leissez,  danz  abes,  parler  le  [m^essagir.  » 
Li  arceuesche  se  drece  en  estant,    ' 
Si  ad  parle  hautement  en  oant  : 
w  Otz,  seignur,  co  que  mande  Agulant. 
H  sunt  treis  terres,  il  en  ad  la  plui  grant; 

2)o  Des  a  CaUbre  ben  co  est  ca  avant, 
N'i  ad  reniés  femme  ne  enfant.  » 
Balam  jure  Mahum  e  Tcrvagant  : 
«  Fur  co  vvs  fait.  Karles,  cesi  matalant, 
Pur  sul  itant  que  es  en  Deu  créant  i 

ajj  Se  uostre  col  n'estendes  sua  son  brant 


232  Li  scriht  A*4it  ktit  q.  jo  ère  b.,  qai  est  !a  Irfoa  di  Vu.  IV,  VI.  U  «r- 
Tutau  a  mu  q.  il  ert  b.  —  21;  tvppr.  E  —  ii^  t.  oili  —  126  t.  or«  — 
219  U  itnht  svail  kt'H  Itttïex,  lottigi  ta  \tn\tz  —  i\\  U  tofittt  a  mMU 
et  {omntoKtf  VI  tint  itourcUt  laitit  —  340  /.  m.  qu'il  1.  f.  —  342  '■  E  pur 
I.  c.  I.  s.  voiti*  e.  —  14 1  '.de  moi  —  246  /.  dreca  —  1^0  1/  tormuur  a 
ttrtt  ben  dam  tintirligiu  ta-Jittas  A  co  —  24 1  t.  ne  (.  n.  c.  —  2(3  '.  juta  — 
1{]  U  urthe  dtjii  Uni  lui,  qiu  a  tti  corrigé  ^a  vvs  —  l{(  Vtn  ajotli  ditis 
FtaUrlignt 


4)4  "■    t-ANCU>IS 

E  de  sa  lei  n'estes  recumsain. 

Pur  uostre  uic  ne  dorei  ge  un  besani.  » 

Dieni  Franc«ts  :  «  Btm  parole  Bâiani 

E  bien  manace  e  de  bûche  e  de  guuant.  •• 
360      tt  Oez,  sdgnurs,  unchore  uu;  ai  a  dire. 

Reis  Agulani  vint  01  raul[i]  grani  ire, 

Cristiente  uolt  a  esUus  destrujre, 

Ot  ses  deus  meins  uos  uoderat  il  ocire, 

Elmunt  sun  fi?,  fuirai  a  Rome  sire. 
26J  Des  Sararaclns  at  o  lui  tels  enpire 

N'at  hu/Rcne  al  munde  que  co  seust  descriure; 

Pur  co  qu'eust  rec^u  batestirre 

Pur  nule  joie  en  ust  lalenl  de  rire; 

Kar  si  te)  ost  uers  Crtstitm  se  uire 
270  Onques  ne  fti  plw  dolcrus  martire. 

(<  Oez.  seingnuri,  dunt  Agulant  teicone. 

Cristiente  destruîi  e  depersone, 

Elmunt  sun  fiz  uolt  coroner  a  Rome, 

A  uos  meimcs  abatera  la  corune  ; 
27$  [Mult  prise  poî  le  Deu]  qui  lui  nus  done.        (t  11,  v*.  col.  2) 

[Tant  sunt  ses  humes  tut  le  mont  avtrone, 

E  quant  qu'il  voillent  tut  co]  lur  abandune. 

tCornes,  buisines,  dont  lij  pais  resune, 

[C.  mile  braient]  entre  midi  c  nune.  » 
280      Turpins  parole,  mes  n'a  ulent  q,ut  ik. 

v  Rois  AguUnt  uient  ot  sa  barunie. 

Par  set  feiz  .C.  M.  conduit  en  sa  baillie, 

Par  haute  mer  vient  01  mult  grant  navie. 

Reis  Troiens  sun  eînane  fiz  lei  guie. 
28j  Tant  i  at  gent  n'î  a  nul  qui  ver  en  die. 

Ainz  que  uingez  as  plenz  de  Lumbardie 

Ne  que  ueez  Uerzails  ne  Yvorie, 

Deucri  la  u  la  t«rre  ert  sasie. 


3(9  Virt  ajouté  djfii  t'înurligat  —  361  Au  luu  dt  vent  (isa  ven  rut  —  266 
Lt  tcnbt  était  étrit  i|ue  seil  dwcriure,  f«i   a   été  twugi  —  il\Ct  tat  rf  ia 

ÎBdtrf  suhsatt  m  u  rroswnr  ni'  dans  Us  atm  mis.  fr.  ni  daat  le  mt.  italunal 
t  la  BiM.  nJt.,  mau  unltmtnt  dtns  Us  dtax  imi.  dt  Vatttt.  Ih  sont  omtef  d^io- 
tumtU  ^»eés  ÀMt  Hotrt  fragmnt  ;  Ifs  trois  prmun  commncint  fa  toloant,  h 
Jeta  autres,  omis  par  U  saïkc,  ont  ili  aiffutlt  dans  ta  matct  du  haut.  Je  les  m 
uaitais  à  raide  de  Vm.  IV  et  VI.  —  lii  l.  S.  f.  —  188  Ven.  IV,  VJ  :  Overs 
Bertjgne 


DEUX  FRAGMENTS   ÉPIC^ES  4JJ 

Crùriente  en  eret  si  mal  baillie 
290  N'i  aura  humme  ki  ne  perde  la  uie  ; 

E  uos  meimes,  lus  auez  en  ballie, 

Ki  consentes  ceste  nouelerie, 

Metez  le  col  suz  s'espee  forbîe, 

E  s'il  tant  ne  fait  que  il  ne  uos  occie, 
295  Vos  ne  ferrez  ja  mes  chevalerie. 

En  autre  terre  auerez  vne  baillie 

Ke  uos  uaudrat  une  senechausle.  » 

A  icest  mot  est  la  chartre  finie. 
Co  dit  Balam  :  «  Enten,  enperevr: 
joo  Que  dirai  ge  Agulant  mun  seinur  ? 

De  tei  cumbatre  od  lui  n'at  nul  retur 

Plus  que  de  l'ane  e  del  muter  ostur. 

Cent  mile  sunt  nostrt  commenceur, 

E  jo  en  dei  estre  le  premier  fereur, 
îoj  Jo  l'ai  en  fiu,  si  urent  mi  anceur, 

Sur  un  cheual  si  btanc  cum  flur, 

Fauue  ne  gris,  einz  est  de  une  colur. 

Nient  menur  de  autre,  einz  est  poi  grenur. 

Quant  uos  ueirez  uosgent  juster  as  lur, 
jio  N'estes  pas  sein  n'auez  tant  de  paur, 

Se  uojlre  joie  ne  uos  tume  a  dolur.  » 

Ot  le  li  reis,  mut  en  ot  grant  irrur, 

Ferir  te  uolt,  mes  les  dux  îiaime  i  cur  ; 

«  Merci,  biau  sire,  pur  Deu  le  creatur  ! 
}  1  {  Ja  uos  tumerunt  a  mal  tut  li  plusur.  » 

Dit  l'empereir  :  <  Il  raem,  li  lecheur. 

Di  tun  seignur,  sanz  nul  contreditur. 

Que  ainz  quatre  meis  m'aurat  il  d'icest  jur. 

En  Aspremunt  porterai  ma  orreflur. 
}2o  Tant  cu/nme  Deu  saue  le  mien  cors  en  honur 

N'auerai  jo  ja  terrien  seignur.  » 
Balam  out  ire  del  rei  qu'il  ot  en  pense 


295  sapp.  E  —  J98  Au  lieu  de  mot  le  premier  copiste  avait  écrit  prisun  — 
jo6  /.  s.  D.  c.  une  f.  —  joS  Ven.  IV  :  Melor  des  autres  e  si  est  gregnor,  Ven. 
Yî:  Mrudre  des  autres,  si  est  un  pe  maior.  Us  autres  mss.  n'ont  pas  ce  vers  — 
}i{  /.  J.  I.  tenront  {249 j,  2} 519)  ~  ^n)  Le  premier  scribe  avait  écrit  mareflur 
—  jao  /.  cum  —  }2t  Au  lieu  de  ja  terrien,  le  premier  copiste  avait  écrit  joie  de 
UQ  —  322  /.  d.  r.  qu'ot  e.  p- 


^^C  E-    LANGLOIS 

Que  le  ferist  si  il  ne  fiist  oste. 

Des  ore  parole  cum  cheualùr  menbre 

J2S  De  sun  message  quanque  il  ot  celé  : 

«  Rei  KjirU,  entent  que  Agulant  te  a  mande  : 

Par  me!  l'orras  ki  il  Ài  cumande. 

Pur  sun  trev  que  ne  li  as  porte 

Va  tost  a  lui  que  il  ne  seit  trestrunne, 

)jo  Fai  lui  humage  ueant  tut  sun  bame; 
Si  nel  feiz  a  malur  fus  ne, 
Ne  te  lerra  ne  chastel  ne  cite, 
Ne  bois  ne  tur  ne  plein  ne  fermeté, 
Corune  al  chif  ne  avtre  dignete  ; 

];5  N'i  auerat  bumme  de  tun  llnage  ne, 
Que  il  puisse  ateindre  en  la  cristiente, 
Que  d'un  des  membre  ne  seit  deshonore  : 

V  il  av[ra  u  pie]  v  puig  cope, 

V  al  mex  ert  as  furches  encroe. 
J40  Puis  te  [ferra}  si  cum  at  en  pense: 

Ta  prime  barbe,  que  tiens  en  tel  chiene, 
A  la  manire  de  rundn  escurte 
Te  ert  recope  e  le  peil  trunsune, 
Ne  auras  pel  que  ne  te  seit  pelé  ; 

J4J  E  puis  seras  a  runcin  traine, 
Tant  cum  ore  dure  tuie  ta  poeste. 
Vnques  puis  le  ore  que  Adam  fu  furme 
E  tut  li  munt  li  fti  abandune, 
Ne  fu  humme  si  uilement  demene. 

){0  Itel  est  l'ire  de  Agulant  le  sene. 
Nel  corocier  ne  saes  si  ose, 
Nun  ferras  tu,  n'es  pas  a  co  mudle. 
Jombles  hom  es,  si  as  poi  endure, 
N'as  nul  mestir  fors  d'estre  encurtine, 

j  S  5  En  tes  chambres  seignie  e  uentuse, 
Souent  baingnie  e  chuchie  e  leue. 
Co  afier  a  hume  ki  est  de  jombe  ee. 
Deheit  reis  en  sun  palets  mate, 


]]i  /  S.  tu  n.  f.  a  maie  ure  f.  n.  —  339  t^tt  premurs  vtri  dt  U  çttlomu 
soitt  tris  effacés  —  J4î  U  copiste  avait  écrit  trenchie,  le  corrtcttur  a  mit 
tninsu&e,  aui  est  dans  Ven.  VI  —  J49  /.  N.  f.  mais  h.  —  }{8  /.  D.  r. 
n'iert  (i  jgS) 


DEUX   FRAGMENTS   ÉPIQUES  4^7 

Ki  de  tant  règnes  est  sires  clame, 
j6o  Puise  estre  de  sun  ostel  jute  ! 

Recréant  es,  jol  sei  de  uerite. 

Par  tei  Sarazins  en  uilte  chanin  : 

N'auenint  vers  qui  rausîrer  lur  frète, 

Mut  est  grant  hunte  humme  de  tun  ee 
;6{  Que  siscle  est  de  te  encumbre. 

Mais  par  icel  Deu  qui  tant  ad  humilité, 

Que  Agulant  me  teneit  en  tel  chirter 

Que  Sun  message  t'at  par  ma  bûche  mande, 

Suz  cil  n'at  humme,  tant  curi  li  munde  ert  tee, 
J70  Fors  sul  mun  cors  e  mun  brant  acere, 

Si  en  ert  par  mei  le  pais  aquite.  » 

Par  l'entrecop  od  le  bon  brant  acere. 

Que  li  pendi  al  senestre  coste. 

Par  ire  l'at  tant  de  feorre  jeté 
]7;  D'un  demi  pelée  li  pace  le  brandire. 

Le  que  que  fust,  sens  v  folie, 

Ja  en  fust  Karle  par  mi  le  chtf  elme, 

Quant  tiaime  od  ses  braz  acolee  : 

Pur  fol  ne  tint  e  pur  demusure  ; 
)8o  E  tels  .Lx.  en  sunt  lui  jure 

Que  ja  usent  le  sicle  deliure, 

Que  message  die  tut  sun  pense, 

Meis  de  plus  ^re  ne  lui  laissez  sun  gre, 

Kar  surquidance  l'aurat  tôt  afole. 
}8j  Quant  Hoger  l'ot,  pur  poi  n'est  forsene, 

Colur  lui  mue,  li  sanc  li  est  trouble, 

Crens  e  plen  d'ire  s'est  uers  le  rei  tume 

En  itel  guise  [si]  l'at  aresune. 
Oger  parole  ki  gref  ire  susprent  : 
}9o  «  Dreiz  enperirer,  »  fait  il,  «  a  me  entent. 

Par  Icel  Deu  a  qui  li  munt  apent, 

Ki  en  la  uirgine  uint  par  anuncement, 

3(9  /.  c.  or  s.  c.  (Km.  Vl)  —  jéo  /.  qui  il  p.  e.  {Ven.  VI)  —  362  l.  P. 
t.  cnanin  s.  e.  v.  —  J63  /.  m.  la  I.  f.  —  36$  /.  Q^  icest  s.  —  j66  /.  M. 

E.  cel  D.  —  367  /.  lient  —  368  /.  t'ai  par  b.  c.  {Vm.  V[)  —  372  /.  0.  I.  b. 
T.  levé  —  37i  /.  D'u.  d.  pie  1.  p.  1.  baudre  —  376  /.  E.  quel  q.  f.  u  s.  u 
(olete  —  378  /.  Q.  li  dus  N.  —  380  Vtn.  IV,  VI  :  e  s.  vers  I.  turne.  Notre 
topistt  arait  ptiu^tn  dans  son  original  :  e.  s,  vers  I.  vire  —  381  /.  euient  — 
382  /.  Ainz  q.  m. 


458  E.    LANCLOtS 

Se  a  ceste  fie  passez  mun  talent, 
De  cest  glutun  kî  ci  uei  en  présent 
J9J  Ke  ore  en  dreit  ne  prenge  vengement. 


Ernest  Lanclois. 


J9J  /.  trespassez  {Ven.  IV,  VI). 


STUDCS  SUR  LES  ROMANS  DE  LA  TABLE  RONDE. 


LANCELOT    DU    LAC 


LE  CONTE  DE  LA  CHARRETTE. 
!.  —  Le  pclmt  de  Chrétien  di  Troyes. 

Avant  d^examiner  le  poème  que  Chrétien  de  Troyes  a  consacré  t  un 
épisode  des  amours  de  Lancelot  et  de  Gumiivrc,  je  dois  dire  un  mot  de 
ce  po^e  et  tAcber  de  déterminer  la  date  à  laquelle  il  a  composé  ses 


I.  DâM  ton  livre  réceni  »ur  Arnaul  Dinifl  (Halte,  Niemeyer,  188)  ;  voy. 
Roia.  XII,  4J0),  M.  Canello.  dont  nos  études  cléptorcnl  la  mort  ptèmitar^,  a 
Udilé  U  question  dn  compositions  épîquti  attnbu^n  i  ce  troubadouf.  Il  est 
d'accord,  ea  général,  arec  »  que  l'ai  dit  i  ce  sujet  dans  mon  premier  article 
lur  Lincflot  ;  ma»  il  inlerpréle  aulrement  qsc  moi  le  pasiage  de  Dante.  D'iprèl 
tai  Dame  a  voulu  dire  qu'Amaat,  outre  ses  vtni  d'amort,  avâit  composé  des 
•  poésie  di  métro  meno  artificîuso,  d'aroomento  morale  e  dîdattico  •  C'est  ce 
fltK  si^ifierait  •  prose  di  romanzi  *}  Et  quelles  seraieM  ces  corapositioas 
aidacti(|ucs  qu'aurait  connues  Danlc  et  qui  ne  seraient  pas  en  strophes  lyriqonî 
M.  Canello  ne  trouve  que  le  uiTutttt  qo'il  a  imprime  en  léle  in  poiste»  O'Ar* 
naul,  cl  qui  est,  on  en  conviendra,  un  singulier  ouvrjgr  didactique!  Notons 
en  p.ttsant  que  M  Canello  «eut  que  Dante  ait  connu  ce  unfnUi^  prce  qu'il 
range  Amaut  parmi  les  sodomisirs -,  or  )e  siitaitrt.  dans  l'intcrprélilion  de 
M  Canello,  est  dirige  contre  'a  sodomicl  11  n'en  est  rien  d'ailleurs,  et  l'inler- 
Britat^n  de  M  Chabaneau  est  seule  vraie;  conférez  le  conte  de  la  Gigtarr, 
MoBtaiglon  et  Raynaud,  n*  XLVIM.  Il  (aul  avouer  que  le  savant  romasitteque 
novs  rrgrenons  ■  (ait  ici  comptêtemenl  fausse  route.  ~  Depuis  que  cet  ligaes 
Ont  m  écrites,  j'ai  lu  dans  te  G'otrult  uotKo  Ji  Uluratura  ilatiana  II,  188)), 
p.  ]i3  ss..  un  compte-rendu  de  l'oDvrage  de  Gancllo  par  M.  R.  Renier.  L'an- 
teir  discute  1res  longuement  mon  opmion  et  celle  de  Canelto  sur  le  passage  de 
Oute.  11  trouve  avec  raison  t'explicaiion  de  Canello  •  niotto  più  ingegoosa  che 
irrra  >  ;  quant  à  b  mienne,  elle  lui  semble  approcher  de  ItH  prés  la  vraie  solu- 
tion, mais  sans  l'aileindre.  Dante  a  voulu  dire  d'aprti  lui  «  cbe  la  lirica  d'Ar- 
saldo  ha  uo  carattere  parlicolare,  é  uoa  lirica  che  torpassa  i  versi  e  le  prose, 
cbe  ha  ia  grado  cminenle  le  qnaliti  dei  versi  e  délie  prose.  1  On  peut  choisir 


46d  g.  paris 

principaux  ouvrages.  On  ne  sait  à  peu  prts  rien  de  lui  que  ce  qu'il  nous 
en  apprend  lui-même  ;  le  pasMge  capital  pour  la  chronologie  de  ses 


entre  celte  interprétation  et  celle  aae  j'ai  donnée.  M.  R.  me  (proche  cosuile 
d'avoir  aUribué  au  Tasse  une  «  légèreté  »,  el  ajoute  .  «  A  me  sembra  che  ui» 
scritlore,  prima  di  accusare  gli  aliri  di  leggerezza,  dovrebbe  cercjre  di  non 
CHcr  legçero  egli  stesso.  »  L'auteur  de  cette  uge  maiine  aurait  bien  fait  de  la 
méditer  luî-mtme  avant  d'écrire.  Dans  un  premier  passage,  le  Tasse  range 
Arnaut  Daniel  parmi  les  écrivains  français  et  lui  altribae  le  ijncttot  en  proie; 
c'est  ce  que  j'ai  appelé  \Rom-  X,  4811  «  une  remarque  lancée  sans  doute  an 

Beu  au  tiasara,  >  et  je  m'imagine  que  Torquato  sounrjit  s'il  voyait  qu'oo  se 
iche  pour  cela.  Dans  un  passage  posiéfteur,  prenant  toujours,  d'après  Dante, 
Arnaut  Daniel  pcmr  un  auteur  ac  rumans  en  prose,  il  en  fait  correctement  un 
Provençal  et  ne  parle  pas  du  f^ociht.  J'ai  dit  que  sans  doute  entre  les  deui 
écrits  le  Tasic  «  avait  réfièchi,  et.  reconnaissant  qu'Arnaul  Daniel  était  Pro- 
vençal, ne  lonaeait  plus  il  lui  .itlribuer  un  roman  lrjnç.nii.  *  M.  FCcnier  traduit 
ainsi  :  1  II  Tasso,  crede  il  Paris,  quindo  scrisse  qoeste  righe  non  pensava  pib 
ïd  tttriburre  al  Daniello  un  roman/u  [/.  un  romanzo  (fanciit]^  u  l'tra  dtmia- 
tkiia.  *  Le  raisonnement  qui  suit  étant  fondé  sur  ce  contre-sens,  il  n'jr  a  pas  i 
le  discuter.  Au  reste,  d;tns  ces  quelques  pages  îl  ne  niante  pat  d'autres 
exemples  de  légèreté  ;  ainsi  M.  R.  dit  que  mon  premier  mémoire  sur  Ulrîcb  de 
idal^ikhoven  suivit  cdui  de  M.  Bjechlold  |ei  non  Baechtholdi,  paru  en  1870, 
undis  que  le  mien  est  de  1864  et  que  M.  Baechtold,  qui  d'ailleurs  s'est  rétracté» 
en  rejetait  les  conclusions  et  me  traitait  d'  *  hypercritique.  *  J'ai  prouvé  {Hist, 
pott  àt  Charltmagnt,  p.  491)  que  les  taitt  donn^  par  Puici  dans  le  Mv^diifa 
comme  garantis  par  Alcum  sont  tirés  d'Eginhard  ;  M.  H.,  oui,  cette  fois, 
comme  tout  i  l'heure,  s'est  borné  aux  indications  de  mon  article  sur  L^nulot 
sans  recourir  aux  sources  citées,  le  conteste  sans  bonnes  raisons.  J'ai  dit 
expressément  que  le  passage  de  Dante  me  semblait  aïoir  été  mal  interprété,  et 
je  t'ai  traduit,  non  pas,  comme  on  l'avait  fait  jusqu'ici  :  4  II  surpassa  tous  Jam 
les  vers  d'amour  cl  lu  romans  en  proie  >,  mais  :  «  H  a  dépassé  tous  les  vers 
d'amour  et  toutes  les  proses  de  romans  ;  1  cependant  M.  R.  dit  que  tous  Ici 
critiques,  moi  compris,  «  s'ostinarono  nel  voler  ricoaoacere  nei  primi  versi 
una  ellissi,  quasicché  Dante  avesse  voluto  dire  :  Eili  taYtrchib  taat  na  vcrst 
d'amon  c  ."«eli.i:  prose  di  rumanxi,  >  M.  R.  est  aavis,  pour  en  revenir  an 
Tasse,  qu'il  a  eu  sous  les  yeux  un  Lùniilai  provençal  traduit  du  Irançais,  et  il 
oublie  une  seconde  fois  que  le  Tasse,  dans  ce  trop  fameux  passage,  range 
Arnaut  Daniel  parmi  les  Franasi,  et  fait  .illusion  par  conséquent  au  roman  de 
Umelot  en  français,  —  M.  Stengel,  dans  un  compte-rendu  du  livre  de  Canello 
que  je  lis  d  rinstanl,  re|etie  ausii  son  explication  des  vers  de  Dante  et  en  pro- 
pose une  qui  se  rapproche  assez  de  celle  de  M,  Renier  :  •  Ne  peut-on  appré- 
cier la  réunion  de  vrrji  d'amon  et  p'ou  dt  tamanu  comme  les  locutions  proven- 
çales^jut;  I  j^rdtti,  faa^e  t  rie  ei  autres,  c'esi-i-dire  comme  désienant  une 
totalité  en  en  signalant  1rs  éléments  les  plus  éloignés  ^  .  Le  passage  du  Pu/gd- 
twe  signifierait  alors  :  Arnaut  a  surmonté  tous  les  troubadours,  lyriques  et 
didactiques,  c'rtt-1-dire  il  cit  le  premier  de  tous  les  poètes  provençaux.  >  Mats 
ptoii  dt  romaa:i  oc  peut  signifier  des  poésies  didactiques,  et  i  mon  avis  l'inter- 
prétation qui  donne  i  un  vers  de  Dante  le  sens  le  plus  picii  et  le  plut  com- 
plexe est  presque  loujotirs  I3  meilleure.  —  Un  remarquable  mémoire,  où  il  est 
fort  q*jeslton  de  Lancthl,  3.  paru  récemment  comme  second  (ascicolc  des 
Gttmamsiisiht  Athmdlangtn  dirigées  par  M.  Weinhold  jBretteu,  Kaboer, 
188))  :  •  Dtr  MunUI,  Bruchstiick  eines  Lanzelet romans  des  Heinrich  »on  dem 
Tûriin,  nebsl  cirer  Abhandlung  iiber  die  Sage  vom  Trinlihorn  nnd  Manlel  und 
die  Quelle  d«r  Krone  berauïgegeben  von  Otto  Warnatsch.  »  M.  W.  donne  une 
édition  critique  du  (ngmatt  [déji  publié}  d'une  version  allemande  du  Maattl 


I 


LE  CONTE  Oe   LA  CHARRETTE  461 

œuvres  est  le  début  de  Ctigis,  bien  souvent  cité,  mais  qu'il  faut  dter 
encore  : 

Cil  qui  fist  d'Erec  et  d'Enide, 

Et  les  commandemenz  d'Ovide 

El  l'an  d'amors  en  romanz  mi&i, 

Et  le  mors  de  l'espaule  fiïil. 

De!  roi  Marc  et  d'Iseut  la  blonde, 

Et  de  la  hupe  et  de  l'aronde 

Et  del  rossignol  la  muance, 

Un  autre  conlc  recommence. 


IIU,  et  dêraonlre,  autant  que  je  pois  en  juger,  qne  lepotme  don!  ce  frag- 
(les  994  vers  du  débuti  fjil  patiir  iuii  at  Henri  du  Tûrim.  l'juleuT  delà 
Cmu  (vojr.  nom.  X,  ^^i)^).  Il  veut  ensuite  établir  que  ce  poème  éljit  consacré 
i  Lucelot  (appeli  LaaztUi]  et  avait  une  étendue  considérable  ;  U-dessus  il  ne 
a'a^iat  convimeu.  Le  païu^e  de  li  Cront  dam  lequeL  Henri  rippclle  que 
^fanuc  de  Lanzeict,  qui  sort  i  sa  honte  de  l'épreuve  du  gant  (éé,  avait  cependant 
I  bien  réuiM  danv  celle  du  manteau  d'après  un  ;iutre  poème  (b  correct)on 
'drt  pour  riktarc  au  v.  ]^oS7  p^iratt  fort  borne),  me  tcmble  se  référer  an 
'Lanultt  d'Uirkti.  que  Henri  connjiuait,  beaucoup  plus  naturellement  qu'i  un 
ntrc  ouvrage  de  l'auteur  lui-mime.  L'n  poème  sor  Lanceloi  qui  commencerait 
|>ar  t'aventure  du  m<inteau  et  linirait  comme  te  Lanzil(\  d'Ulricb,  c'est-à-dire 
qoi.  devant  avoir  le  caractère  d'un  poème  biographi-^ae,  débuterait  en  nous 
vontranl  le  héros  au  soniniei  de  sa  renoininée,  serait  sans  analogie  avec  toutes 
qae  nous  savons  de  ce  genre  de  romans.  Si  Henri,  d^ns  ce  premier  romin.avait 
raconté,  comme  le  croit  M.  W.,  l'histoire  de  U  charrette,  il  ne  se  serait  pas  étendu 
dam  la  Cronr  comme  il  le  tait  [v.  31 1  [-ii6|  sur  l'usante  infamant  delà  charrelie, 
qu'il  expliijue  en  liomme  qui  n'en  a  pas  encore  parlé.  Si  le  poème  dont  nous 
avOH  un  Iragment  clail  consacré  i  Lantclcl,  le  déout  le  nummerait,  tandis  oue 
'  :  prologue  se  borne  A  célébrer  Arthur  et  son  lempî.  D'a|^^ës  M.  W.  Ie&  allu- 
M  de  la  Crtuu  i  des  aventures  de  Lanzclet  autres  que  cdics  qui  provieimenl 
poiae  d'Ulricïi  (je  les  ai  indiquées  dans  mon  premier  article)  se  rapportent 
ce  Laitzdit  perdu  ;  elles  se  réduisent,  outre  rjvcnlurt  de  la  cJurrelte,  i  fort 
Ipeu  de  chose,  car  dans  la  seule  qui  ait  quelque  impurtancc  c'est  Cauvainet  non 
'Lancelot  qui  est  le  héros  principal ,  en  sorte  que  M.  W.  ne  sail  que  mettre 
dans  son  Leiuela  imaginaire  Malgré  cette  divergence,  je  ne  puis  que  fjire  un 
grand  doge  de  l'étude  inteiiigcnte  ci  consciencieuse  de  M.  W.  (tout  le  chapitre 
sur  là  légemle  du  cor  enchanté  ou  du  manteau  est  fort  louable)  ;  li  a  sans  doute 
raison  de  dire  (p.  107,  1  j  il  que  Henri  appelait  Lanzeiet  J'Aihi  et  non  iu  Lac 
(d.  Hùm.  X.  49^,  n.  i\,  et  ip.  11;,  ij^j  que  ris,  1  rameau,  1  substitué  par 
Hatin  au  rut  des  deux  manuscrits,  n'est  pas  assuré  >mais  on  ne  uit  ce  que 
signifie  use).  Je  suis  tout  i  fait  d'accurd  avec  lui  sur  l'appréciation  de  la  Croiu, 
^1  est  une  compilation  que  l'auteur  allemand  a  fabriquée  avec  des  poèmes  fran- 
Çlis,  des  réminiscences  et  des  inventions,  el  )e  vois  avec  satisfaction  qu'il  la 
fliacc  vers  laio  et  non^  comme  l'ont  fait  plusieurs  critiques,  vers  le  milieu  du 
XIII*  s»èclc  ;  K  crois  autsî  très  volonti<-rs  que  l'absurae  histoire  du  gant  léé 
Ivov.  Rom.  X,  486)  app.irtient  tout  entière  i  l'imagination  de  Henri,  qui,  ayant 
déjà  traité  celle  du  manteau  et  celle  de  h  coupe,  a  voulu  inventer  de  son  chef 
Bne  autre  épreuve  du  mfmc  genre.  Je  parlerai  plus  loin  des  allusions  de  la  Crone 
au  conte  de  la  Charrette.  —  Il  n'y  a  rien  de  neuf,  en  ce  qui  concerne  le  l^n- 
ulot  français,  dans  l'anicle  de  M.  A.  Peter  [Girmûaxi,  XXVIII,  ia;-i6^)  sur 
les  divc(3  romans  de  Lanceloi  en  prose  ;illeinande;  l'auteur  montre  qu'ils 
remoMcflt  tous  i  une  première  traduction  du  roman  français  en  prose. 


462  C.    PARIS 

Il  ne  faudrait  pas  donner  i  ce  précieux  passage  une  ponée  trop  pré- 
cise, et  décider  que  Chrétien  y  a  metiiionné  tous  ses  ouvrages,  et  dans 
l'ordre  exaa  où  il  les  avait  composés  ;  mais  il  est  certain  quil  n'i 
point  passé  sous  silence  des  Œuvres  aussi  importâmes  que  le  Cherafh 
lion  et  la  ChaTTtiic.  Nous  pouvons  donc  admettre  avec  sûreté  que  ces 
deux  poimes  sont  postérieurs  i  Cligès.  Avant  Cli^is  avaient  été  écrites, 
outre  une  traduction  de l'/lrî  dwii/or/a et  peut-*tre  des  Rimdu  dtnorîi', 
des  imitations  de  deux  épisodes  des  Méumoiphous,  celui  de  Pélops  et 
celui  de  Philomile;  toutes  ces  œuvres  sont  perdues».»  Je  suis  pon^  à 
croire  que  ce  sont  ta  les  premiers  essais  du  poète,  alors  que,  jeune  clerc 
sortant  de  l'école,  il  commença  i  chercher  honneur  et  profit  en  mettant 
en  français,  pour  l'usage  des  grands  seigneurs,  ce  qui,  dans  la  poésie 
latine,  convenait  le  mieux  â  leurs  goûts  et  à  son  génie.  Les  deux  romans 
bretons  qui  ont  précédé  CUgis  durent  venir  ensuite,  et  Erec,  le  premier 
ouvrage  de  Chrétien  que  nous  ayons  conservé,  a  été  écrit  après  Tritian, 
malheureuscmeni  perdu  :  en  effet  le  poète  fait  par  quatre  fois  dans  Ertt 
des  allusions  à  Tristan,  qui  indiquent  qu'il  en  avait  encore  la  mémoire 
remplie  >.  —  Après  £r«  vint  Cligès,  après  Cligh  le  Ckeralier  de  la  char- 
retiCf  et  après  celui-ci  le  Chevalier  au  lion;  l'ordre  relatif  de  ces  deux 
romans  n'est  pas  douteux  :  le  poite  renvoie  aussi  précisément  que  pos- 
sible au  premier  dans  le  second  •".  or  le  Cheyalier  au  Uon  a  été  fait  proba- 
blement avant  i  [75,  comme  il  ressort  du  passage  où  Noradin  (c'est 
d'ailleurs  un  singulier  anachronisme]  est  mentionné  par  Ké  comme 
vivant  : 

Après  mengier,  sanz  remuer, 

Vait  chascuns  Noradin  tuer  |éd.  HoUand,  v.  $94). 
Noradin,  sultan  d'Alep,  mourut  en  1175  ou  1174»,  et  fiit  remplacé 
par  Saladin^  Ce  passage  important  rejette  donc  tous  les  ouvrages  de 
Chrétien,  sauf  le  Co/tre  in  Gr>i(i^  avant  1 174  ou  \  i-]  ^.  Kct  ter  minas  ad  qutm 


I .  S'il  fjut  entendre  ainsi  ■  les  conmandemenE  d'Ovide  ;  >  pcit-ètrc  n'est-ce 
qu'une  antre  manière  de  désigner  •  l'an  d'amors.  ■ 

3.  Il  est  possible  cR  revanche  que  noui  possMîons  une  inîtition  d'Ovide  par 
Chr«tien  non  mentionnie  ici,  le  Fifirmii  publié  par  Méon. 

j.  V.  418  [hà.  HaupI)  :  Pcr  voir  vos  dt  ti^lstut  la  hloadt  .Val  uat  ttt  triât 
sors  tt  (aiiaai  Que  a  itiU  nt  fatt  nianz.  —  v.  11)9  :  OnfUts  tntor  til  foit  n'ot 
Li  ou  Trittân:  U  fitr  Morhcf  En  l'isit  smt  .Sjiwion  viutqut.  —  V.  jo66  :  Ij  ne 
jtt  pas  Yicu:  tmblit  Nt  Braneim  [tni]  w  fiwi]  lia  mû«.  —  V.  490^)  ;  O  fm  aiti 
àamt  Uni  itie  Qià'Vsca:  semilaît  estu  s'anctU. 

j).  Voy.  éd.  HoHjnd,  v.  ^Mi  et  la  noie. 

V  Et  non  en  1 161,  comme  le  dit  M.  Haitjtnd  dans  sa  note  sur  tt  vert. 

6.  Les  manuKrils  de  Komect  de  Chaotilli  ont  remplacé  JV^rd^M  par  SaUJin; 
les  mss.  A  et  B  de  HoDaixl  ont  Ijoraiin  :  \n  scribes  ne  coniaissaietit  plus  Nora* 
din.  La  locution  qae  Chrétien  a  admise  ici  sans  ea  remarquer  l'incongniité 
remonte  évidcmmem  à  la  croiude  de  Louis  VII  ;  elle  cessa  forcément  quand  oi 
sut  en  France  la  mort  de  Noradin. 


^A«-*r«' 


LE  COKTE    DE   LA  CHARBRTTE  46;^ 

cwneipond  pour  notre  roman  un  terminas  a  qao.  Chrétien  l'a  écrit  pour 
•  a  dame  de  Champagne,  «  c'esi-i-dire  pour  Marie  de  France,  fille  de 
1  Vfl  ei  d'Alienor  de  Poitiers,  qui  épousa  Henri  I",  comte  de  Cham- 
m  1164'.  Chrétien ,  né  à  Troycs,  était  en  droit  de  l'appeler  "  sa 
■  )e  reviendrai  plus  urd  sur  l'influence  et  le  rôle  littéraire  de  la 
weae  de  Champagne,  qui  avait  fourni  au  poiïic.  d'après  son  dire,  et 
le  sujet  el  l'esprit  de  son  œuvre  [matière  et  sen).  C'est  donc  entre  1 164 
**  'J7^'  *  P*"  P*^''  "î"*  '^  ^'^^^  **'  '^  Charrte  a  été  composé.  Pour  une 
'ïison  que  nous  ne  connaissons  pas.  Chrétien  n'acheva  pas  son  œuvre  ; 
Jl  diargea  un  ami,  le  clerc  Codefroi  de  Lagri,  de  la  terminer,  sans 
doute  d'après  des  notes  qu'il  lui  laissa,  Codefroi  s'exprime  ainsi  en  prê- 
tant congé  du  public  ; 

Seignor,  se  avant  en  disoie. 
Ce  seroit  cuire  la  matire  : 
Por  ce  au  defîner  m'atire. 
Ci  faut  li  romanz  en  travers. 
Codefroiz  de  Laigni  U  clers 
A  parfinée  la  charete. 
Mes  nus  hom  blasme  ne  li  mcie 
Se  sor  Cresiiien  a  ovré, 
Car  il  l'a  fet  par  le  bon  gré 
Cresiiien,  qui  le  commença. 
Tant  en  a  fait  d^s  la  en  ça 
Que  Lanceloz  fu  enmurez  : 
Tant  com  li  contes  est  durez, 
Tant  en  a  fait  ;  n'i  vout  plus  mètre 
Ne  meins  pour  le  conte  maumetre». 

D'après  celte  indication,  Chrétien  a  dû  s'arrêter  au  v.  6146  de  l'édi- 
tion JondcNoet^  bien  que  cela  n'ait  pas  grande  importance,  puisque 
Codefroi  suivait  la  maure,  U  conte,  comme  Chrétien,  il  est  bon  de  tenir 
compte  de  cette  coupure. 

Cinq  manuscrits  seulement  de  la  Charete  sont  arrivés  jusqu'A  nous  ; 
■•  Ms.  de  la  B.  N.  fr.  794,  complet,  publié  par  M.  Jonckbioet  (J)  ; 
J'  B.  N.  (r.  12^60,  complet,  publié  par  Tarbé  iT»  ;  î»  Vatican  Reg. 
173  {  iK}.  ne  commence  qu'au  v.  8ji  de  Jonckblovij  M.  de  Keller  en  a 
imprimé  de  longs  morceauji  ;  4'  ms.  de  Chanulli  ^le  ms.  bien  connu  qui 
contient  Giglain,  RigiHntr,  etc.  ;  j'ai  pu  comparer  ce  ms.  (C)  pour  quelques 


.1.  Et  non  en  1155,  comme  le  dnent  Raynouard  et  Diet  [Utier  Jie  Mijinihtrft, 
p.  J3\.  Elte  devint  veuve  en  1  tSi  et  mourut  en  1 1 98,  Jifite  d'environ  soixante  jns. 
I.  Je  donne  ce  paisJigc  d'après  U  comparatïon  des  éartions  Turbé  et  Jonckbioet 
et  do  ms.  de  Rome. 


464  G-    PARIS 

passages  :  il  lui  manque  le  prologue,  et  il  s'arrête  au  v.  }8{  )  J.  ;  $'  ns. 
de  l'Escorial  M-III-2t  'Celui  qui  contient  aussi  le  Fitrabrat]  ;  |e  n'en 
connais  que  l'existence  :  la  CUareu  y  compte,  d'après  M.  Knust  [Jahr- 
buch  fur  ront.  Ltttraluy,  IX,  44},  })68  vers  i  le  poème  j  est  donc  fort 
défectueux.  Les  deux  seuls  mss.  complets  ont  éii  imprimés.  Malheureu- 
sement ces  deux  manuscrits  offrent  des  fautes  communes  qui  montrent 
qu'ils  appartiennent  i  une  même  famille.  Un  texte  critique  ne  pourra 
s'établir  que  sur  la  comparaison  méthodique  des  cinq  manuscriu  :  nous 
'  l'attendons  de  M.  Fûrster. 

Voici  une  analyse  du  Conie  de  la  Charae;  an  résumé  fidèle  fait  suffi- 
samment ressortir  les  biurreries,  les  lacunes,  tes  incohérences  du  récit  ; 
je  devrai  insister  particulièrement  sur  quelques-unes. 

Anu'  tient  sa  cour  i  Camaalot,  un  jour  d'Ascension,  avec  la  solennité 
requise.  Arrive  un  chevalier  qui  se  vante  de  retenir  en  captivité  beaucoup 
de  sujets  d'Artu,  chevaliers  et  dames,  qui  ne  pourront  jamais  rentrer  dans 
leur  patrie ,  cependant  si  le  roi  ose  confier  ta  reine  Guenièvre  i  un  seul 
chevalier  qui,  l'ay-mt  menée  dans  te  bois  voisin,  la  défende  contre  l'in- 
connu et  sorte  vainqueur  du  combat,  il  rendra  tous  ses  prisonniers.  Sur 
ce  il  s'éloigne,  laissant  la  cour  fort  troublée.  Ké'  le  sénéchal,  en  feignant 
de  vouloir  quitter  le  service  d'AriUj  obtient  de  lui  et  de  ta  reine  un  «iciff; 
et  ce  don  est  qu'on  lui  confiera  Guenièvre  pour  la  défendre  contre  l'in- 
connu.  Arlu  est  obligé,  bien  malgré  lui,  d'y  consentir  ;  la  reine,  encore 
plus  affligée,  monte  sur  un  palefroi,  et  ne  peut  s'empêcher  de  dire  lout 
bas,  au  moment  du  départ  :  «  Ah  !  1  si  vous  le  saviez,  vous  ne  me  lais- 
seriez pas  emmener  ainsi  !  ■■  Tous  gémissent  en  les  voyant  s'éloigner,  et 
se  disent  qu'ils  ont  perdu  la  reine  pour  toujours  iv.  219I.  —  Ganrain 
reproche  à  son  oncle  d'avoir  cédé  â  Ké,  et  propose  au  moins  de  le 
suivre;  ils  partent,  Gauvain  emmenant  deux  destriers  de  rech4nge 
(v.  Js6}.  —  Bieniûi  ils  voient  revenir  de  la  forêt  le  cheval  de  Ké,  sans 
caTalier,  les  arçons  pleins  de  sang,  la  selle  brisée*.  Gauvain  prend  une 


1.  Telle  est  la  forme  attestée  par  les  rimes. 

2.  Voy.  les  rimes  des  v.  t6j,  4781,  im,  \i<i^. 

J.  Le  ms.  J  porte  ici  :  Ih  !  ms,  ce  qui  est  «ftaînemeai  fautif:  Ée  ms. Ta: 
Ha  t  ba  f,  ce  qui  est  au  moins  admiiiiblc  ;  je  ci'ii  pas  ncté  la  leçon  de  C. 

4.  C'est  ainsi  seulement  que  le  poète  nous  tut  connaître  ou  plutôt  deviner  ce 
çui  s'ett  passé,  l'arrivé  de  K.è  dans  le  bois,  sa  rencontre  avec  le  chevalier 
inconnu,  leur  combat,  la  défaite  rt  Ii  prise  du  ùnéchil.  Otte  manière  a  paru 
tjop  «llipiique  ï  un  lecteur  du  XJII'  siècle,  qui  a  intercalé  ici  tout  un  morccaa, 
conserve  dans  te  ms.  T.  Les  v.  211-4  1  *<*"'  reropljcès  par  1  to  vers  dan»  les- 

3uels  on  rapporte  d'abord  les  plaintes  de  la  reine,  puis  le  cooimI.  la  blessure 
e  Kè  et  la  confedion,  par  les  gens  de  Mélèacuant  (il  e^t  noiBm^  dans  ce  mor- 
ceauj,  d'une  litière  pour  emporter  le  blessé,  dét  épïscde  n'est  pas  dans  C  plus 
que  dans  J  et  a  éle  également  inconnu,  comme  nous  le  verront  plut  tard,  de 


1  auteur  de  la  rédaction  en  prose. 


LE  CONTE  DE  LA  CHARRETTE  46J 

piiuk  iTincc  sur  ses  compagnons  (v.  269)-  —  U  voit  arriver,  sur  un 
ckfii  épuisé,  un  chevalier  qui  lui  demande  un  de  ses  destriers,  et, 
l'ayanioblenu,  disparaît  au  galop  fv.  îooj,  —  Gauvain  s'engage  à  sa  suite 
dan  le  bois,  et  au  bout  de  quelque  temps  il  trouve^  mort,  le  destrier 
il>rïl  avait  prêté,  et  tout  alentour  les  traces  d'un  combat  acharné  entre 
p(aBear8chevaliers(v.  ji  j).  —  Ilcontinuc d'avancer,  eiplus  loin,  sur  la 
r^e,  R  rejoint  celui  à  qui  il  avait  prêté  son  destrier  ;  il  marche  i  pied. 
>»t>l  armé,  prés  d'une  charrette  qui  suit  la  route.  Or 

De  ce  servoit  chareie  lores  ' 

Dont  ii  pilori  servent  ores. 

Et  en  chascune  bone  vile, 

Ou  or  en  a  plus  de  trois  mite. 

N'en  avoit  a  ccl  lans  que  une». 

Et  ceEe  esioit  a  ceus  comune 

(Aussi  com  Ii  pilori  sont) 

Qui  iraison  ou  murtre  font 

Et  a  ceus  qui  sont  champcheu  ■ 

Et  as  hommes  qui  ont  eu 

Autrui  avoir  par  larrccin 

Ou  tolu  par  force  en  chemin  : 

Qui  a  forfet  estoit  repris 

S'estoit  sur  la  charete  mis 

Et  menez  par  totcs  les  rues, 

S'avoii  puis  lotes  lois  perdues, 

Ne  puis  n'estoit  a  cort  oiz 

Ne  enorez  ne  conjoiz». 

Por  ce  que  charete  esioii  tel 

Et  û  vilaine  et  si  cruel 

Fu  premier  dit  ;  ■<  Quant  tu  verras 

Charete  ne  enconireras. 

Fai  crois  sor  loi  et  te  sovïe^e 

De  Dé,  que  maus  ne  t'en  aviegne  ».  > 


t.  1«  n'«t  pour  c«  païs.ige  que  J  et  T  â  ma  dUposition  ;  mon  texte repoicsur 
b  cofflparaisoa  de  «s  deui  mu.,  mais  ii*a  pas  la  prétention  d'être  vraiment 
criti^e. 

j.  Inutile  de  faire  remarquer  l'tHurdit^  de  cette  isserlion. 

}.  Leçon  de  J  ;  inchtit  dans  T.  Champiheu,  *  vaincu  en  champ,  »  se  retrouve 
pJoi  loin  IV.  417I  et  au  v.  6^03  d'^dia.  M.  Godefrov  aie  ce  dernirr  exemple 
Il  un  autre  tir^  n'une  charte,  nuis  il  a  laissé  de  cM  tes  deux  de  la  Chariu. 

4.  Cet  deux  vers  ne  sont  va  dans  T  \  lU  doivent  être  authentiques,  car  il 
semble  bien  qu'il  f  est  lait  plus  d'une  allution  par  la  suite. 

(.  Je  ne  trouve  nulle  part  aucune  trace  de  b  supentîtion  indiquée  ici.  d'après 
taqueile  une  charrette  était  de  mjU  entontre;  Cnrêticn  ne  l'a  cependant  pas 
inKalée  ;  il  n'est  pas  besoin  de  dire  qu'elle  a'i  aucun  rapport  arec  notre  roman. 

jo 


Komêniâ,  XII 


406  c,  PâRis 

Cette  charrette  est  conduite  par  un  oain,  assis  sur  tes  lioKMU.  Le  dte- 
valier  inconnu  lui  demande  s'il  n'.i  ps  vu  passer  la  reine  ;^e  nain  refuse 
de  lui  répondre,  à  moins  qu'il  ne  consente  â  manier  sur  la  charrette  ; 
dans  ce  cas  il  lut  fera  voir  la  reine  le  lendemain  matin. 

Tantost  a  sa  voie  tenue,  j6o 

Qu'il  ne  l'aient  ne  pas,  ne  ore. 

Tant  solemem  deus  pas  demore  ' 

Li  chevaliers  que  il  n'i  monte  »  : 

Mar  le  (ist,  et  mar  en  ot  honte 

Que  maimenam  sus  ne  sailli,  i6j 

Qu'il  s'en  tendra  por  mal  bailli... 

Amors  le  vueut  et  il  i  saut, 

Que  de  la  honte  ne  li  chaut  17  { 

Puis  qu'Amor  le  commande  et  vueut. 
Cauvain  suit  la  charrette  à  cheval,  et  refuse  d'y  monter  (v.  ^94).  — 
Ils  arrivent  Â  un  château  ;  tout  le  monde  hue  le  chevalier  de  la  charrette; 
le  nain  le  fait  descendre  et  s'en  va  pour  ne  plus  reparaître  *  (v.  444).  — 
Au  soir  la  demoiselle  du  château  conduit  dans  leur  chambre  ses  deux 
hôtes  :  à  câté  de  leurs  lits  en  esi  un  troisième,  beaucoup  plus  magnifiiiue, 
mais  od  ils  ne  doivent  pas  reposer,  sunout  celui  qui  est  honni  pour  avoir 
été  sur  la  charrette.  Il  s'y  couche  cependant  :  i  minuit  une  lance,  armée 
d'un  pennon  de  feu,  descend  comme  la  foudre  sur  le  chevalier,  mais  elle 
ne  fait  que  l'é^ratigner  légèrement  ;  il  saisit  et  rejette  la  lance,  éteint  le 
feu  qu'elle  avait  mis  à  son  lit,  et  se  rendorn  (v,  ^]2). 

Le  lendemain,  pendant  que  Cauvain,  après  la  messe,  devise  à  une  des  _ 
fenêtres  de  la  tour  avec  la  demoiselle,  l'autre  rêve  seul  à  la  fenêtre  voi-  ■ 
sine.  Us  votent  passer  dans  les  prés,  au-dessous  de  la  roche  à  pic  que 
domine  le  château,  une  litière  avec  un  chevalier  blessé,  puis  trois  demoi- 
selles qui  se  lamentent,  puis  une  troupe  de  gens  armés,  et  enfin  une  d'une 


I.  Ces  deux  vers  mian^uenl  dans  J,  et  l'éditeiir  n'indique  pas  qu'ils  sont 
dans  T.  Ils  sont  cependant  fort  imporlanls,  comme  on  le  verra  pir  la  suite.  — 
Aa  second,  T  a  <  un  pas;  •  mais  ma  correction  s'appuie  sur  le  t.  4487,  ot 
*  deus  pas  *  est  ég^lemeal  dans  T  et  dans  i. 

1.  T  nt  m.,  J  1  m. 

j.  Qui  iuit  ce  naio?  comment  savait-it  le  chemin  que  la  reine  devait  suivre .' 
le  poète  ne  nous  le  dit  pas.  C'est  de  lui  sans  doate  que  la  reine  apprit  plai  tard 
l'avenlurc  de  la  charrette  (voy<  ci  dessous,  p.  478)  ;  mais  or  ne  noos  explique 
pas  comment, 

j.  Cetic  aventure  du  lit  périlleux,  qui  ne  sert  ici  i  rien  et  n'est  même  remar- 
quée par  personne,  est  an  ticu  commun  dei  romans  bretons.  En  la  racontart, 
on  en  donne  cènèralfmenl  le  sent  :  la  iancc  tue  tous  ceux  qui  se  coocheni  dans 
le  lit,  et  ne  doit  épargner  que  le  meilleur  difvaiier  du  monde  ;  c'est  ce  qui 
devrait  être  exprimé  ici.  Gauvain  est  le  héros  de  l'aventure  dans  le  Perttmt 
(v.  90t4  ss.  ;  traduit  dans  la  Cronr,  v.  204;  |  u.j,  dans  le  Ckailur  à  t'Epit^ 
et  dans  un  «ire  passage  de  la  Cronr.  Je  ne  parle  pas  des  roauBS  en  prose. 


I 


LE  CONTE  DE  LA  CHARRETTE  467 

i  cheval,  menie  par  un  grand  chevalier.  Le  chevalier  de  la  charrette 
recoanalt  la  reine,  et  veut  s'élancer  par  la  fendre  ;  Cauvain  le  retient 
juste  à  temps.  «  Vous  avM  ton  de  haïr  ainsi  votre  vie.  —  Il  a  raison, 
dit  la  demoiselle  :  après  le  déshonneur  qu'il  a  encouru  en  montant  sur  la 
charrette,  sa  vie  ne  sera  plus  que  honte  et  malheur,  s  Cependant  elle 
consent  d  lui  donner  un  cheval  et  une  lance,  ei  H  part  avec  Gauvain 
(V.  590). 

Ils  rencontrent  une  demoiselle,  à  laquelle  ils  demandent  si  elle  sait  où 
est  allée  la  reine.  Celle-ci  déclare  qu'elle  peut  leur  donner  des  renseigne- 
ments exacts  sur  le  ravisseur  de  la  reine  et  le  pays  où  il  l'emmène  ;  pour 
les  obtetùr  Gauvain  lui  promet  fof  son  pootr,  «t  l'autre  ^aanqa'eU  voldra  * 
(V.  6î4J.  —  Elle  dit  alors  : 

«  Par  foi,  seignor,  Meleaguanz, 

Uns  chevaliers  corsuz  et  granz, 

Fib.  le  roi  de  Gorre*,  l'a  prise. 

Et  si  l'a  e[  reaume  mise  640 

Dont  nus  esîranges  ne  retome, 

Mes  par  force  el  pais  sejomc 

En  servitume  et  en  essU.  n 

Et  lors  li  redemandent  cil  : 

•>  Damoisele,  ou  est  ceste  terre  ?      64  f 

Ou  porrrons  nos  la  voie  querre  ?  n 

Ceie  responl  :  «  Tosi  le  savrez  ; 

Mes  ce  sachiez  moul  i  avrcz 

Encombriers  et  félons  trespas. 

Que  de  legier  n'i  entre  on  pas  6^0 

Se  par  le  congié  le  roi  non  : 

Li  rois  Bademaguz  a  non. 

Si  puei  l'en  entrer  toies  voies 

Par  deus  moût  périlleuses  voies 

Et  par  deus  moût  félons  passages.     6jf 

Li  uns  a  non  li  ponz  evagcs, 

Por  ce  que  soz  evc  est  li  ponz, 

SN  a  de  l'eve  jusqu'al  fonz 

Autant  desoz  comme  desus 

Ne  deçà  mdns  ne  delà  plus,  660 

Ainz  est  li  ponz  tôt  droit  en  mi, 


I.  On  croîriil  qae  cette  double  promesse  doit  ivoir  des  cont^quencei  dans 
le  récit,  d'autant  plus  (|ue  h  demotsclic  la  leur  rappelle  en  les  quillam  (v.  704)  ; 
mais  il  n'en  est  plus  dit  un  mot. 

I.  Le  ms.  T  a  !t  m  4ti  Ogrts  ;  C  te  roiJtCcirre  ;  Corn  est  la  bonne  leçon. 


468  G.    PARIS 

Et  si  n'a  que  pié  ei  demi 

De  lé  et  auiretani  d'espès. 

Bien  fait  d  refuser  test  mes. 

Et  s'est  ce  li  meins  perilleus  ;  66^ 

M*s  il  a  asez  entre  deus' 

Aventures  dont  je  me  tes. 

Li  autres  ponz  est  plus  malvès 

Et  est  plus  perillcus  ascz, 

N'ainz  par  homme  ne  fu  pase?,',        670 

Qu'il  est  comme  espée  trenchanz; 

Et  por  ce  treslotes  les  geru 

L'apclent  le  pont  de  l'espée.  » 
Li-dessus  les  deux  compagnons  décident  de  prendre  chacun  une  des 
deux  voies  :  Gauvain  choisit  le  pont  tvagt  ;  ils  se  séparent  tous  les  trois 
(v.  7101.  —  Le  chevalier  de  la  charreiie  poursuit  sa  route^  tellement 
enfoncé  dans  sa  rCverie  qu'il  n'enicnd  pas  un  chevalier  qui  garde  un  gué 
lui  défendre  de  le  passer  ;  il  est  abattu  sans  y  penser,  mais  se  relève, 
vainc  son  adversaire,  et  va  le  luer  ;  celui-ci  demande  la  vie  pour  Dieu, 
i  condition  de  tenir  prison  à  la  requête  Je  son  vainqueur  ;  mais  une 
demoiselle  qui  l'accompagnait  obtient  de  ce  vainqueur  la  remise  mtme 
de  cette  condition,  en  promeliani  de  lui  rendre,  à  l'occasion,  tel  service 
qu'il  souhaitera  d'elle*  lis  se  quittent  (v.  çîo).  —  Le  chevalier  de  la 
charrette  rencontre  ensuite,  à  la  tombée  de  la  nuit,  une  demoiselle  qui 
.  lui  offre  l'hospitalïTé,  mais  à  une  condition,  c'est  qu'il  couchera  avec  elle, 
r  II  y  consent,  bien  que  fort  peu  volontiers.  Il  livre  chez  elle  un  combat 
terrible,  qu'elle  semble  avoir  fait  naître  pour  l'éprouver*,  et.  pouraccom* 
pltr  sa  promesse,  partage  son  lit,  mais  sans  la  loucbert.  Elle  a  pitié  de 


\ 


I,  Le  m»,  T  aioule  ici  l«  doii  «ers  :  Evii  griini  tt  parfont  'iMgd,  Kniom- 
britrt  tt  ftiùiu  fûuagttf  qui  panisient  interporés;  le  second  rappdle  de  trop 
prêt  le  V.  649. 

1.  C»  deux  vers  sont  omis,  cenaincntent  i  tort,  par  le  ns.  T. 

j.  11  )f  a  li  un  passai  obscur.  T  et  J  lisent  :  Et  Ion  1  et  til  conmstaatt  Par 
la  parole  ^u'tlt  ol  diu.  K  (que  nous  Jivoni  pour  ce  inorceatii  '  El  Ion  ti  ot  til 
connanu.  Les  trois  msi.  ont  easuite  :  E[  uU  fi  a  hontt  et  jdmiiu.  Or  tU 
cruia  |J  Qa'tle  ruiJii,  K.  Ttl  f^aor  ji  ijiitt  la  tonaoïsK,  Car  tit  «t  Jt  tùniKSt  pjt. 
Il  semble,  iurltnil  i\  on  pente  i  la  promesse  de  la  demoiselle,  qse  cette  aven- 
ture doive  avoir  une  suite,  mais  elle  n'en  a  aucune. 

^.  Reniranl  dans  l'appartement  apris  une  promenade  au  jardin,  Lancetot 
voit  un  chevalier  d'une  force  eitracrïlinaire  aiit  a  uitt  b  demoiseile  et  va  lui 
faire  violence  ;  il  l'en  délivre.  On  ne  volt  pas  oien  si  ce  pirîi  iuil  réel  ou  simnli 
par  elle. 

{.  Il  s  soin  de  ne  pas  6ler  s>  chemise  en  se  couchant  (v.  1114),  cootranv- 
Rient  i  l'usage  du  moyen  <l^e;  ceU  indiquait  pricisiment  la  réserve  ah  il  vou- 
lait rester.  On  ccMnpreod  moint  pourquoi  la  deniottelie,  q^ui  s'est  couchée  la 
première,  a  aussi  gardé  sa  chemise  (v.  lao}}  i  qaand  dk  quitte  son  compagnon 


LE  CONTE  DS  U  CKARRETTE  4IS9 

hn  etse  retire  seule  dans  sa  chambre  ;  là  clic  nlfléchii  â  cette  avfniure, 
et  it  dit  que  ce  chevalier,  auquel  ne  se  compare  aucun  de  ceux  qu'elle 
a  connus,  a  certainement  en  tite  quelque  entreprise  bien  haute  et  bien 
périlleuse  ;  elle  souhaite  qu'il  y  réussisse  |v.  i28oi. 

Le  lendemain  matin,  la  demoiselle  demande  au  chevalier  de  l'escorter, 
sï  feu  le  faire  d'après  les  coutumes  anciennes  du  royaume  àc  Logres  : 

Les  costumes  et  les  franchises 

Estncnt  tels  a  cul  termine 

Que  damoisele  ne  meschine, 

Se  chevaliers  la  trovast  seule, 

Ne  plus  qu'il  se  tranchast  la  gueule 

Ne  feist  se  tote  enor  non, 

S'estre  volsist  de  bon  renon, 

Et  s'il  l'csforçast,  a.  loz  jorz 

En  ^st  honni/,  en  totes  corz.  t  ]  lO 

Mes  se  ele  conduit  eust, 

Uns  autres,  si  tant  li  pleust 

Qu'a  celui  bataille  en  feist 

Et  par  armes  la  conqueiu, 

Sa  volent^  en  poust  faire  t  u  S 

Sanz  honte  et  sanz  blasme  retraire. 

Il  accepte  U  proposition,  et  ils  partent  ensemble.  Ici  se  place  un  des 
^odes  les  plus  singuliers  et  les  plus  caraciérisuques,  à  un  certain  point 
de  vue,  de  notre  poème.  Ils  arrivent  prés  d'une  fontaine  ;  sur  le  ptrion 
qui  est  à  ctné  on  avait  oubliiï  un  pei^^nc  d'ivoire  doré,  dans  les  dents 
duquel  était  bien  restée  une  demi-poignée  des  cheveux  de  celle  qui  s'en 
était  servie  11.  La  demoiselle  essaie  en  vain  de  détourner  le  chevalier  de 
cet  endroit  ;  il  voit  le  peigne,  l'admire  et  le  prend  pour  le  donner  1  la 
demoiselle,  En  le  voyant  tenir  le  peigne  A  la  main  et  regarder  les  che- 
veux, elle  se  met  il  rire  ,  ei,  sur  sa  demande,  lui  dit  que  ce  peigne  est  A 
lareioe, 

K  Et  d'une  chose  me  créez,  \ 

Ope  li  chevel  que  vos  veez 

Si  beaus,  si  clers  et  si  luisanz,  141  $ 

Qui  sont  remés  entre  les  denz, 

Quedel  chicf  la  reine  furent, 

Onques  en  autre  pré  ne  crurent.  <> 

•t  De  quelle  reine  ?  dit-il.  —  De  la  femme  du  roi  Artu.  ■  A  ce  mot, 


■I  va  se  coucher  seule  dans  sa  chambre,  le  poète  remarque  qu'elle  est  lotat  nut 
i'>-  ij68). 


470  c.  PARIS 

il  commence  par  tomber  en  défaillance;  puis,  en  donnant  le  peigne  à  sa 
compagne  de  nuii,  il  en  relire  subtilement  les  cheveux.  Il  les  adore 
comme  des  reliques  ;  il  le&  prise  plus  que  les  remëdes  les  plus  rares,  et 
mCme  que  les  saints  les  plus  puissants  ;  il  ne  les  donnerait  pas  pour  un 
char  plein  d'émeraudes  ou  d'escarboucles,  ni  pour  tout  l'argcni  qu'on 
pourrait  trouvera  Tendit,  quand  la  foire  y  est  dans  son  plein;  il  en  touche 
ses  yeux,  son  front,  sa  bouche,  sa  face,  et  finit  par  les  enfermer  dans  son 
sein  ;  au  reste  ils  méritaient  tant  d'honneur,  car  si  on  mettait  à  côté  de 
ces  cheveux  de  i'or  lîpurÉ  cent  mille  fois  et  autant  de  fois  refondu,  il  serait 
en  comparaison  plus  obscur  que  la  nuit  n'est  obscure  en  comparaison  du 
plus  beau  jour  d'été  [v.  1494!.  —  Ils  rencontrent  bientôt  un  chevalier 
qui  veut  ravir  la  demoiselle  et  combattre  son  protecteur  :  le  combat  doit 
avoir  lieu  dans  une  prairie  où  sont  des  gens  qui  caroUni  et  jouent  â  divers 
jeux.  Quand  ils  voient  arriver  la  demoiselle  et  son  compagnon .  ils 
s'écrient  :  «  Cessons  nos  jeux,  unt  que  sera  pa_rmi  nous  CC  chevalier  qui 
fut  mené  sur  la  charrette  '  !  »  Mais  ils  les  reprennent  bientôt,  en  voyant 
l'honneur  que  lui  rend  le  père  de  celui  qui  voulait  ra^'i^  sa  compagne.  Ce 
père  en  eîTei  empêche  absolument  son  fils  de  combattre  contre  l'inconnu, 
et  consent  seulement  à  le  suivre  pendant  deux  jours,  pour  voir  s'il  est 
tel  que  le  vieillard  le  suppose  (v.  iS^S).  — -  Ils  arrivent  â  un  moutïer, 
près  duquel  est  un  cimeiiâre  où  sont  les  tombes  destinées  aux  meilleurs 
chevaliers  encore  vivants,  dont  les  noms  sont  inscrits  sur  chacune*.  Au 
milieu  en  est  une  beaucoup  plus  belle  que  les  autres,  couverte  d'une  lame 
que  sept  hommes  forts  ne  pourraient  soulever  ;  sur  la  lame  on  lit  : 

«  Cil  qui  lèvera  r  900 

Celé  lame  seus  par  son  cors 
Cetera  ceus  et  celes  fors 
(^ui  sont  en  la  terre  en  prison 
Dont  nus  ne  sers  ne  gentis  hon 
N'istra  dés  qu'il  i  est  îomez,  190J 

N'encor  n'en  est  nus  retornex  ; 
U  estrange  prison  1  tieneni, 
Et  dl  del  pais  vont  et  vienent 
Et  enz  et  ion  a  lor  plesir.  » 


1.  Comment  uvaieiit>ils  cette  aventore  cl  comment  reconnaiucot-iU  le  che- 
valier? 

2.  Et  s'tvoit  Utres  ter  chaicuiu  Qai  la  nom  4:  tau  Jmttiuni  Qui  dtiut:  ttt 
lonbi!  gtrrount:  El  il  mtnm<s  loi  a  tri<  Commua  hrt  la  nont  a  lirr  Et  Uùta  : 
1  Cl  gttia  Cjuvaiat,  Ci  DcJaut  et  n  tvuns.  >  Au  lieu  Atgttrount,  K  et  T ,  qui 
o'ont  pas  conpris,  portent  gtsouni,  tes  deux  vers  qui  suivent  iiuiiquenl  dins 
K  ;  pour  BtJiurt  i  a  Lo«ji,C  Uonet,  K  Amiupi;  T  altère  tout  ce  pauage  ; 
El  troua  ti  Çiiart  Gaitehier  Ci  Alojs  ti  (H  CdUliET. 


LE   CONTl   DE   U   CHARRETTE  47 1 

L^  chevalier  lève  la  bme  sans  difficulté,  â  la  grande  admiraiion  du 
''^^ine  qui  lui  sert  de  ^uide  ci  qui,  après  lui  avoir  en  vain  dcrnsnié  son 
'^^■v,  lui  apprend  que  cène  lombe  est  précisément  destinée  à  celui  qui 

flirrera 
Toz  ceus  qui  sont  pris  a  la  tr^pe       19^^ 
El  reaumc  dont  nus  n'eschape. 
Le  p*re  et  le  fits,  qui  suivaient  les  voyageurs,  arrivent  au  rooutier  peu 
^^ria  eux,  ei  apprennent  du  moine  l'aventure  de  la  lame.  Le  fils  com- 
prend alors  qu'il  avait  ton  de  vouloir  combatire  un  lel  héros,  et  s'en 
*'ctoume.  Bient6t  après,  la  demoiselle  prend  congé  de  son  compagnon 
poor  ne  plus  reparaître  Iv.  20101. 

Le  soir  venuj  il  est  hébergé  chez  un  vavasseur,  auquel  tl  apprend  qu'il 
««duroïaarpedc^Logres  île  royaume  d'Artuj.  1^  vavasseur  s'en  attriste  : 
«  9ÔUS  allez  donc  être  comniê  nous  en  servitude  et  en  ex!)  :  tous  tes 
Amgers  qui  viennent  dans  cette  terre  y  sont  retenus  sans  pouvoir  en 
lonir  ;  c'est  noire  son  et  ce  sera  le  vôtre  '.  —  J'espère  en  sortir,  répond 
l'inconnu,  et  du  même  coup,  d'après  la  destinée,  tous  les  autres  seront 
délivrés.  H  Le  vavasseur  comprend  que  son  hôte  est  le  chevalier  dont  un 
bniît  s'est  répandut  annonçant  qu'il  venait  pour  délivrer  la  reine  ;  il  lui 
décrit  l«s  difficultés  du  patiage  des  pierres,  où  il  va  bientûi  arriver  ;  deux 
des  fils  du  vavasseur  s'offrent  à  l'accompagner  (v.  3iS6j. — Le  lendemain 
natin,  ils  le  guident  en  el!ei,  et  ils  franchissent  heureusement  le  passage 
des  pierres,  gardé  par  un  chevalier  qui  reproche  A  l'étranger  d'être  monté 
sur  la  charrette,  mais  qui  est  vaincu  par  lui  iv,  12^4).  —  Bientôt  nos 
trois  voyageurs  apprennent  que  Ees  captifs  de  LogreSj  leurs  compatriotes, 
K  sont  soulevés  contre  ceux  du  pays,  excités  par  la  nouvelle  qui  s'est 
répandue  de  la  venue  d'un  chevalier  incomparable.  Pour  les  aider,  ils 
suivem  un  sergent  ennemi,  qui  les  attife  dans  une  forteresse  située  sur  le 
haut  d'un  tenre  ;  elle  a  deux  portes  (oaianies  qui  sont  ouvertes,  mais 
dont  on  laisse  retomber  l'une  après  eux  quand  ils  sont  entrés,  l'autre 
après  le  sergent  quand  il  est  sorti  >.  Ils  se  croient  victimes  d'un  enchan- 
tement ;  or  le  chevalier  inconnu 

Avoit  un  anel  en  son  doi 
Dont  ta  pierre  tel  force  avoît 


I.  11  y  a  U  UM  ÎDCohérence,  ou  tout  au  moins  une  obscurité  notable.  D'après 
ce  qui  a  élf  dit  plus  hiut  (v.  6^;  is.},  h  Irontièrc  du  royaume  de  Gorrc  est 
b  nvi^  où  sont  les  deux  ponts  merveilteuv.  et  nous  sommes  loin  d'y  être 
arriTés  encore.  Plus  loin  (*oy.  p.  47^1  celle  r'mtrc  n'a  pu  l'air  d'élre  i  la 
hfflile  du  royaume  de  Bademagu^  car  elle  coule  devant  son  propre  priais;  mais 
plus  loin  encore  dlc  parait  ta  laite  U  frontière  (vor.  p.  479). 

j.  Telle  est  la  leçon  de  K  C  T:  la  leçoBdelfv.  3314-jo)  tstatiéréeet 
iBifllelligible. 


472  C-   TABIS 

Qu'enchamemen?-  ne  le  pooit 

Tenir,  puis  qu'il  l'avoit  veue  ; 

L'anet  met  devant  sa  vcue,  2  j^o 

S'esgarde  la  pierre  et  si  dît  : 

u  Oame,  d^ime,  se  Deus  m'ait. 

Or  avroie  je  grant  mcîtier 

Que  vos  me  venissiez  aidier.  » 

Celé  dame  une  fée  esloit,  i)4$ 

Qui  l'anel  doné  li  avott, 

Si  ravoti  nom  en  s'enfance  ; 

S'avoit  en  li  mom  grant  fiance 

Que  cic.  en  quel  Icu  que  il  iusi. 

Secotre  et  aidier  li  deust.  ijjo 

Mes  il  voit  bien  a  son  apel 

Bt  a  la  pierre  de  l'anel 

Qu'il  n'i  a  point  d'enchantement, 

Et  set  ircstot  cenaineraeni 

Qu'il  sont  enclos  et  enserré.  2  j  f  ( 

Enfin  ils  réussissent  à  couper  la  barre  qui  ferme  une  poterne  et  vont 
aider  leurs  amis  ;  le  chevalier  étranger  fait  merveilles^  et  la  victoire  étiii 
à  ceux  de  Logrcs  sans  l'arrivée  de  la  nuit  (v.  2416).  —  Tous  les  chetiji 
se  disputent  à  qui  hébergera  le  chevalier  qui  doit  tes  délivrer  tous;  il 
demande  surtout  A  ne  pas  être  détourné  du  plus  court  chemin,  et,  aprét 
s'être  reposé  la  nuit,  il  le  reprend  de  bon  matin,  toujours  accompagné 
des  deuK  fils  de  son  hôte  précédent  '  (v.  2504).  —  Ils  chevauchent  toute 
la  journée  sans  aventures,  et  le  soir,  à  l'issue  d'une  forêt,  ils  trouvent  b 
maison  d'un  chevalier,  où  ils  sont  fort  bien  reçus.  Pendant  qu'ils  soupent, 
paraît  i  la  pone  un  chevalier  armé,  sur  son  cheval  ;  "  Qui  est.  dit-il, 
celui  d'entre  vous  qui  est  assez  orgueilleux  et  fou  pour  avùr  la  prétention 
de  passer  le  pont  de  l'épée  ?  —  C'est  moi.  dit  l'éiranger.  —  Toi  ?  ni  as 
donc  oublié  la  honte  dont  tu  t'es  couvert  en  montant  sur  la  charrette? 
Je  te  propose  de  te  faire  passer  l'eau  sans  péril,  d.ins  une  nef,  à  condi- 
tion qu'une  fois  sur  l'autre  rive  je  pourrai,  u  je  veux,  te  trancher  la  léte.  » 
Le  chevalier  de  la  charrette  reliisc,  ci  un  combat  s'ensuit.  L'insulteur. 
vaincu,  demande  grâce;  l'autre  consent  à  l'épargner,  mats  à  une  co^ 
dhion  : 

V  II  te  covendroit 

Sur  une  charete  monter. 

A  nient  porroies  conter  3760 

Quanque  lu  dire  me  savroîes, 


Et  la  Maille  interrompae }  qu'en  adviat-il  i  on  oc  nous  le  dit  pas. 


tE  COKTE   DE  LA   CHARRETTE 

S'«n  b  chareu  ne  monioies, 

For  ce  que  tant  foie  boche  as 

Que  vilment  la  me  reprochas.  » 

El  li  chevaliers  li  rcspont  :  276^ 

«  J.1  Deu  ne  place  que  g'i  mont  !  » 

«  Non  ?»  fei  cil  :  CI  et  vos  i  roorrex.  n 

Il  Sire,  bien  fere  le  porre?., 

Mis  por  Deu  vos  quier  et  demani 

Merci  :  fors  que  uni  seulement  2770 

Qu'en  charelc  monter  ne  doive. 

Nus  plei  n'est  que  je  n'en  reçoive 

Fore  cestui,  tant  soit  griés  ne  for^  ; 

Mieuz  voldroie  cslre,  ce  cuit,  morz 

Que  j'eusse  fei  cesi  meschief.  «         177^ 

Survient  une  pmele,  qui  demande  au  vainqueur  un  don,  et  ce  don  c'est 
b  tête  du  vaincu.  Il  se  trouve  embarrassa  :  d'une  part  il  a  fait  grice, 
(l'autre  pan  il  est  tenu  d'accorder  le  don  qu'il  3  promis.  Il  prend  le  parti 
d'engager  le  vaincu  à  reprendre  ses  armes  et  à  recommencer  le  combat, 
CI,  vainqueur  de  nouveau,  il  coupe  cette  fois  la  tète  de  son  ennemi  et 
l'offire  à  la  f»uele,  qui  en  fait  grande  joie  ci  lui  dit  que  ce  service  recevra 
iffle  riche  récompense  '.  Elle  s'éloigne  ;  les  autres  reprennent  Leur  sou- 
per, puis  se  couchent  iv.  398:). 

Le  lendemain  malin,  le  chevalier  de  la  charrette  se  remet  en  marche 
avec  ses  deux  compagnons  ,  vers  le  soir  ils  arrivent  au  pont  de  l'épée  : 

Au  pi^  dou  pont,  qui  moui  est  maus, 

Sont  descendu  de  lor  chevaus, 

Et  voient  l'eve  felenesse, 

Rade  et  bruiant,  noire  et  espesse,      joio 

Tant  lede  et  uni  espoentable 

Com  se  fust  li  fluns  al  diable, 

El  tant  périlleuse  et  parfonde 

Qu'il  n'est  riens  nule  en  tôt  le  monde 

S'ele  i  cheoit  ne  fust  alée  îoi  j 

Ausi  com  en  ta  mer  salée  *. 

El  li  pon7.  qui  est  en  travers 

Esioii  de  toz  autres  divers, 

Qu'ain?.  leus  ne  fu  ne  ja  mes  n'ien  ; 

Ainz  ne  vt,  le  nus  m'en  requien.       joio 

I .  Elle  mi  m  rflct  par  I3  suite  un  urand  tcrrrcc  i  Lancetot  (voy.  pltti  laa, 
p.  4$jr  ;  ceii  it  trouve  dam  la  partie  du  potaie  qui  est  de  Godcfroi. 
3.  Ces  (|uatfe  «ers  manquent  dans  T. 


0.    PARIS 

Si  mal  pont  ne  si  tnale  planche  : 

D'une  c%pit  forbie  et  blanche 

Eswii  li  ponz  sur  l'eve  froide  ; 

Mes  l'espée  esioit  fort  et  rade 

Et  avoii  deus  lances  de  tonc.  1035 

De  chascune  part  oi  un  ironc 

Ou  l'espee  estoit  clou5chi^  ; 

U  nus  ne  dot  que  il  i  chiéc 

Por  ce  que  ele  brisi  ne  ploit  : 

Si  ne  semble  pas  qui  la  voit  jojo 

Qu'ele  puisse  grant  fès  porter  ■ . 

~Sur  l'autre  rive  on  voit  deux  lions  atiacbés  A  un  perron.  Les  compa- 
gnons du  chevalier  inconnu  le  supplient  de  renoncer  1  son  projet  :  quand 
il  réussirait  à  passer  le  pom.  il  serait  dévoré  par  les  lions.  Mais,  sans  les 
écorner,  il  désarme  ses  jambes  et  ses  mains,  aimant  mieux  se  blesser  que 
risquer  de  glisser  sur  la  lame,  et  il  s'avance,  s'appupni  sur  les  genoux 
et  sur  les  mains  : 

A  grant  dolor  si  com  lui  sist  ;  1  >o 

S'en  passe  outre  et  a  grant  destrece  ; 

Mains  et  genouz  et  piez  se  blece, 

Mes  tôt  le  rasoage  ei  saine 

Amors  qui  le  conduit  ei  maine, 

Si  li  estoit  a  soffrir  douz.  j  1 1 } 

A  mains,  a  piez  et  a  genouz 

Fet  tant  que  de  l'autre  part  vient. 

Quant  aux  lions^  ce  n'étaient  que  des  faniAmes,  qui  disparaissent  quand 
il  regarde  son  anneau.  Ses  compagnons,  restés  sur  l'autre  rive,  se 
réjouissent  de  son  succès  *  |v.  j  i }  5  ' . 

}   Non  loin  de  là  se  trouvait  la  tour  du  palais  du  roi  Bademagu  ).  De  la 
iFenétre  oii  ils  se  trouvaient,  le  roi  et  son  iib  Mèléaguant*  avaient  vu 
chevalier  accomplir  son  périlleux  exploit.  Bademagu,  frappé  d'admira-' 
;  tion,  comprend  qu'il  vient  pour  délivrer  la  retne,  et  conseille  à  son  fils 


1.  Les  ven  ;o38-)i  sont  réduits  dans  T,  par  une  altération  évidente,  i  ces 
deuK  :  Ja  itui  ni  doal  ^ue  eit  chite  ;  EU  f>ooU  grant  ps  potUr. 

2.  On  n'en  entend   plus  parler;   ils  retournent   am  doute   iranquiliefnent 
chez  eux. 

j.  C'est  la  lormc  du  cas-r^ime;  vcnr.  les  nmcs  v.  JtjS,  6619.  Au  cas-sa|et 
on  a  Baàims^ui^  ce  qui  indique  sans  aouie  qoe  la  (orme  primitive  du  r^ii~ 
avait  on  1  |voy.  v.  }  14}!.  —  Lei  mu.  ont  plus  souvent  Bittdtnutgu,  et  c'est  I 
ferme  adoptie  oar  le  roman  en  prose  ;  mai*  on  verra  plus  loin  pOBrqiioi  Badt- 
aaga  ne  «tnblr  prvi'étjbk. 

4.  Les  RI»,  ont  pins  ordinairemeal  Meh^gaat  ;  \'icTii  Mettaffuat  par  nue 
considération  étj'mologiquc  ijui  sera  expliquée  plus  loin. 


LE  COHTE   DE   LA  CHARRETTE  47) 

ât  U  rendre  uns  combat  j  mais  autant  le  pire  était  courtois  et  loyal, 
amant  le  fils  était  violent,  entêté,  et  même,  comme  on  le  verra,  perfide. 
Jt  déclare  qu  11  ne  rendra  Cueniévre  que  par  force.  Bademagu  dit  alors 
que  le  chevalier  étranger  sera  du  moins  bien  accueilli  par  lui,  et  n'aura 
1  craindre  dans  son  royaume  d'autre  adversaire  que  son  fits.  il  descend 
de  b  tour  et  s'approche  de  l'étranger,  occupé  sur  la  rive  à  étancher  le 
sang  de  ses  blessures  ;  il  lui  propose  de  le  faire  panser  avec  de  t'oigne- 
mtat  ans  trait  Maries;  mais  l'étranger  désire  combattre  sans  le  moindre 
délai  contre  Méléaguant  :  il  est  décidé  que  U  bataille  aura  lieu  le  lende- 
main matin  ;  le  roi  envoie  le  soir  à  l'étranger  un  excellent  médecin  qui  le 
panse  |v.  34S8). 

Au  matin  le  peuple  de  Gorrc  et  surtout  les  captifs  du  royaume  de 
Logres  se  rassemblent,  pleins  d'attente',  devant  la  tour.  Le  roi  es&aîe 
encore  en  vain  de  décider  son  fils  &  rendre  Guenièvre  de  bon  gré  ;  il  va 
la  prendre  dans  sa  chambre,  cl,  d'une  fenêtre,  assiste  avec  elle  au  com- 
bat. Après  quelques  péripéties,  on  s'aperçoit  que  le  chevalier  étranger, 
dont  les  mains  ne  sont  pas  encore  guéries  de  leurs  blessures  de  la  veille, 
porte  des  coups  moins  assurés  ;  les  captifs  tremblent  pour  leur  cham- 
pion (v.  î6  î  î).  —  A  ce  moment  une  puceU  de  Logres  se  dit  que  ce  che- 
valier n'a  pas  dû  courir  tant  de  périls  sans  une  grave  raison,  et  suppose 
qu'il  aime  la  reine  et  que  s'il  pouvait  savoir  qu'elle  le  regarde  il  repren- 
drait des  forces,  ^le  veut  l'en  prévenir  et  pour  cela  apprendre  son  nom. 
Elle  s'approche  de  la  reine  et  le  lui  demande  :  u  C'est,  dit  celle-ci,  Lan- 
celoi  du  Lac.  «  Alors  U  pitiWt,  se  penchant  à  la  fenêtre,  s'écrie  :  «  l-an- 
celoi,  retourne-toi  et  vois  qui  te  regarde  I  ><  Lancelot  se  tourne  et  aperçoit 
U  chose  de  tout  le  monde  qu'il  aime  le  plus  ;  mais  le  résultat  n'est  pas 
celui  qu'on  attendait  :  les  yeux  fichés  sur  la  tour,  il  ne  voit  p3us  Méléa- 
guant et  lui  lance  de  temps  à  autre  dernière  son  dos  des  coups  mal  dirigés. 
La  paceîe  lui  crie  alors  de  se  tourner  de  faqon  i  mettre  son  ennemi  entre 
la  lour  et  lui.  Il  le  fait,  et  bientAt  Méléaguant  est  prés  d'être  outré.  Bade- 
magu,  le  voyant  perdu,  a  recours  à  la  reine  et  lui  demande  d'empêcher 
Lancelot  de  tuer  son  fils  ;  celle-ci  dit  ;  <■  Je  veux  bien  qu'il  s'arrête.  " 
A  peine  ce  mot  est-il  prononcé  que  Lancelot  cesse  de  combattre  ;  il  se 
serait  laissé  tuer  sans  se  défendre.  Méléaguant,  furieux,  continue  à  le 
frapper,  quand  le  roi  descend  de  ta  tour  et  fait  saisir  son  fils  qui  proteste 
et  dit  qu'on  a  arrêté  le  combat  au  moment  où  il  allait  être  vainqueur. 
On  convient  cependant  d'une  paix  aux  conditions  suivantes  :  Méléaguant 


[.  Chrétien  noot  dit  (*.  jji^i  que  lcs;>ur<'?ridc  LoFSreiquiéuient  U  aviienl, 
pour  attirer  la  laveur  du  ciel  sur  leur  champion,  \etoi  pendant  trois  jours. 
Ceb  n'eit  pat  trop  compréheiuible,  puisque  ce  champion  n'était  arrivé  t]ue  la 
veille  as  soir. 


470  G.    PARIS 

rend  la  reine  Â  Lancclot,  qui  s'cngai:^,  un  an  jour  pour  jour  après  qu'il 
en  aura  été  sommé,  à  livrer  à  celui-ci  un  nouveau  combat,  le<]uel  aunJ 
lieu  â  la  cour  d'Artu  jv.  jSgS'i. 

D'après  la  coutume  de  la  terre,  $i  un  prisonnier  était  délivré,  tous  \et. 
autres  devenaient  libres  également  ;  tous  tes  captif  de  Logres  vont  dor 
pouvoir  retourner  chez  eux  ;  aussi  font-ils  grande  joie  et  auurent-ill]j 
Lancelot  de  leur  reconnaissance.  Celui-ci  demande  à  être  mené  chez 
reine.  Elle  était  descendue  dans  la  talU  ' ,  et  c'est  U  que  te  roi  te  conduit. 
Elle  se  lève  en  les  voyant  approcher,  mais  ses  traits  sont  empreints  dej 
courroux,  u  Dame,  lui  dit  Bademagu,  voici  Lancelot  qui  vient  voi 
voir  ;  cda  doit  vous  plaire.  —  A  moi  f  dit-elle.  Je  n'ai  que  îain  de  Id 
voir.  —  Comment  !  il  a  risqué  sa  vie  pour  vous  et  vous  a  délivrée.  — 1 
Eh  !  I>icn,  il  a  mal  employé  sa  peine,  car  je  ne  lui  en  sais  point  de  gré.  » 
Lancelot  reste  confondu  ;  U  hasarde  un  mot,  niais  ta  reine,  sans  lui 
répondre,  entre  dans  une  chambre  voisine  : 

Et  Lanccio?.  jusqu'à  l'entrée  ;970 

Des  ieu7.  et  del  cuer  la  convoie  ; 

Mes  aus  ieuz  fù  cône  la  voie, 

Que  moût  estoit  la  chambre  près  ; 

Et  il  fussent  entré  après 

Moût  voleniiers  s'il  peust  estre.  jçtyj 

Li  cuers  qui  plus  est  sire  et  niestre 

Et  de  plus  grant  pooir  assez 

S'en  est  outre  après  li  piasscz. 

Et  li  ueil  sont  remés  defors, 

Plein  de  lermes,  avuec  le  cors.  Î980 
Le  roi,  très  surpris  de  cette  manière  d'agir,  conduit  Lancelot  aupr 
du  sénéchal  Ké,  qui  est  toujours  dans  son  lit,  A  la  suite  des  biessur 
qu'il  a  reçues  de  Méléaguani.  Le  premier  mot  de  Ké  est  :  <  Comme  tu 
m*as  fait  honte  !  —  En  quoi  ?  —  En  menant  à  bonne  fin  ce  que  je  n'ai 
pu  accomplir.  >  Le  roi  sort  et  les  laisse  seuls.  Ké  raconte  alors  à  Lan- 
celot qu'il  a  été  près  de  mourir,  que  le  rot  l'a  fait  parfaitement  soigner, 
mais  que  te  traître  Méléaguant  faisait  mettre  sur  ses  plaies  des  ongucnu 
empoisonnés,  il  lui  apprend  encore  que  Bademagu  a  fait  garder  la  reine 
avec  le  plus  grand  honneur,  et  n'a  jamais  permis  à  Méléaguant  de  la  voir 
autrement  que  devant  le  monde.  >•  Maïs  est-il  vrai,  ajoute  Ké,  qu'elle 
vous  a  si  mal  reçu  '  —  C'est  vrai,  «  sauriez-vous  me  dire  pourquoi  elle 
me  hait?  —  Non,  et  je  m'en  émerveille  fort.  —  Ce  sera  comme  elle 
voudra,  »  condut  Lancelot.  Il  va  annoncer  au  roi  qu'il  compte  partir 


I ,  La  tatle  est  U  grande  pièce  de  U  demeure  sctgacuriale,  celle  qui  s«rl  i  U 
réception  et  aux  rcpat,  tandis  que  les  tbambrtt  itrveal  i  t'habiiatioB  intime. 


LE   CONTE   DE   LA   CHARRETTE  477 

pour  aller  à  h  rencontre  de  Cauvain,  qui  a  dâ  arriver  au  ponr  sousl'eau  ; 
le  roi  lui  donne  congé  ;  une  partie  des  captifs  délivrés  accompagnent 
Lancelot  ;  les  autres  restent  avec  la  reine,  qui  ne  veut  pas  partir  avant 
de  savoir  ce  qu'est  devenu  Gauvain  (v.  4106)  '. 

Les  gens  du  pays,  qui  ne  savent  pas  que  la  paît  est  faite,  croient  faire 
plaisir  au  roi  en  s'emparant  de  Lancelot,  ce  qui  leur  est  facile  puisqu'il 
est  désarmé  >  :  ils  lui  lient  les  pieds  sur  son  cheval  et  le  ramènent  â  la 
cour  La  renommée  les  y  précède  et  annonce  qu'ils  l'ont  tué.  Bademagu 
est  indigné-  Oucnifrvrc,  en  apprenant  cette  nouvelle,  ne  peut  cacher  son 
émotion  :  m  II  est  juste,  dit-elle,  que  sa  mort  m'afflige,  puisque  c'est 
,  pour  moi  qu'il  est  venu  en  ce  pays.  »  Mais  tout  bas  elle  se  dit  qu'elle  ne 
mangera  nï  ne  boira  plus,  s^  est  vrai  que  celul-U  soit  mon  «  par  la  vie 
duquel  elle  vivait,  n  Elle  se  retire  dans  sa  chambre  et  là  se  reproche  sa 
cruauté  envers  lui,  «  le  ne  le  faisais  pas  séheusemeni,  dit-elle,  maïs  il  t'a 
pris  ainsi  et  ne  m'a  pas  pardonné.  C'est  moi  qui  lui  ai  porté  le  coup 
I  mortel  ;  )e  dots  en  ilre  punie,  te  pourrais  trouver  le  repos  dans  une  mort 
1  prompte,  mats  je  ne  veux  pas  abréger  la  souffrance  que  j'ai  méritée.  » 
I  Elle  reste  ainsi  deux  jours  sans  manger  ni  boire.  La  nouvelle  arrive  à 
Lancelot  qu'elle  est  morte  :  il  détache  sa  ceinture,  et.  en  faisant  un  nccud 
coulant  autour  de  son  cou.  anache  l'autre  bout  à  ['arçon  de  la  selle  et  se 
bisse  glisser  à  terre  i.  On  le  relève,  et  on  trouve  le  noeud  qui  lui  serre  la 
ffitfft  ;  on  le  tnmchc>  et  on  garde  le  prisonnier  à  vue  ;  il  se  désespère  de 
ne  pouvoir  mourir,  a  Si  au  moins,  se  dit-il,  j'avais  su  pourquoi  ma  dame 
m'a  fait  voir  de  b  haine,  j'aurais  amendé  mon  tort  avant  sa  mort.  Car 
j'avais  sûrement  un  tort  envers  elle  ;  lequel  ?  je  ne  le  devine  pas.  Peut- 
étrc^-t-ellc  su  que  j'étais  monté  sur  la  charrette.  Et  cependant,  ou  je  ne 
me  connais  pas  en  amour,  ou  elle  devrait,  loin  de  m'en  blâmer,  m'en 
'ttrner  davantage,  puisque  par  amour  j'ai  accepté  cène  honte.  »  Cepen- 
dant arrivent  nouvelles  que  la  reine  n'est  pas  monf;  Lancelot  renaît  A 
l'espérance,  D'autre  pan,  quand  ceux  qui  te  mènent  sont  arrivés  à  six 
ou  sept  lieues  du  séjour  de  Bademagu,  on  y  apprend  que  Lancelot  n'est 
pas  tué  ;  Bademagu  le  dit  à  la  reine,  qui  s'en  réjouit.  Et  «  nouvelle  qui 
ne  repose  »  vient  lui  annoncer  qu'ayant  appris  sa  mort  à  elle  il  a  voulu 
se  tuer  ;  elle  en  est  contente,  bien  que  pour  rien  au  monde  elle  n'eût 
voulu  qu'il  accomplit  son  dessein  v.  44J  jj  *. 


I.  U  V  a  i  la  inite  de  ce  rers,  Jini  T,  une  lacune  de  82  vers. 

1.  Cda  doit  se  passer  i  une  trentaine  de  lieues  du  ctiiteau,  quatre  à  cinq 
jours  après  le  itp»n  de  Lancdoi. 

).  Il  n'avait  donc  plus  lei  pieds  attaches  1  son  cheval  f>  On  t»  nous  l'a 
pu  dit. 

^.  Il  est  inutile  de  laîrr  renurauer  tout  ce  qu'il  jr  a  de  puiril  et  de  forcé  dans 
celte  double  erreur  et  cette  double  tentaiive  de  suicide,  Les  discours  mis  dans 
[Il  bouche  de  Gumièvrc  et  de  lancelot  sont  d'une  subtilité  recherchée  et  froide 
qui  contraste  singulièreraeiat  avec  ks  résoluiiom  tragiques  qu'ils  prennent 


C.    PARIS 

'c  oai  le  bit  Mvnr,  el,  sans  son  intercession,  il 
aaîÊ  eux  ^  raniem  ;irr«t^.  Bademagu  le  mine  à 
■tew^fcififcien-  Ils  s'asseyent  l'un  prés  d«  Tautre, 
mr  Lacdot  rappelle  il  sa  dame  l'accueil  qu'elle  lui 
■.  Il  M  iIibbbIi  iIi   lui  dire  le  lort  qu'il  avait  eu 
Aifimtmier.  •rCommem  !  dit-elle,  n'avez-vous  p»x 
œ  ft  — itrr  dans  la  charrette  f  et  n'avez-vous  pas 
tAkfeÎK^  Vmi  y  ëies  moniÉ  â  contre-ctnir,  puisque  vous 
^i^ie  rcspiKe  de  deux  pas  ■ .  C'est  pour  cela  que  je  n'ai 
1^  M^te  ai  vous  parler.  —  Je  reconnais  mon  crime,  dit 
lift  «•■  a  ferai  telle  amende  que.voua  voudrez.  —  Je  vous 
>  Mpiai-cfle  Lancelot  lui  dit  alors  qu'il  voudrait  bien  pou- 
kr  fÉB  à  Joisir  ;  elle  lui  montre  de  l'oeil,  non  du  doigt,  une 
ft  aie,  et  Im  dit  d'y  venir  la  nuit  par  le  verger.  ■>  J'y  serai 
tm  i  *ODS  voulez,  mais  vous  ne  pourrez  emrer  ;  d'ailleurs  il 
:  de  BOUS  réunir  dans  ma  chambre,  car  le  sénéchal  Ké  j 
tmt^^t,  a  la  pone  de  la  tour  est  fermée  et  bien  gardée.  >  Lancclôl 
^AMHriiTO  elle,  et  ils  se  quittent  (v.  4}}3). 

am  ^Sn  de  la  nuit,  les  amants  se  trouvent  à  la  fenêtre.  Les  gros 
hBonc  de  Ccr  les  siéparent,  mais  Lancelot  les  arrache  par  un  effon  vio- 
kÊÊ,  «  pMire  dans  l'intérieur.  Il  gagne  le  lit  de  la  reine,  et  passe  arec 
^k  mit  dcrace  nuit  >.  sans  que  le  sénéchal  qui  dort  à  côté  s'éveille.  As 
^^  i  pvt,  ei  remet  si  bien  en  place  les  barreaux  de  la  fenêtre  qu'on  ne 
jnSs'^icrcevoir  qu'ils  aient  été  déplacés.  Mais  en  les  arrachant  i!  s'était 
MHif  1  b  main,  sans  s'en  apercevoir,  et  le  sang  avait  taché  les  draps 
éiftde  Cueniévre.  Celle-ci  ne  s'en  doutait  pas  et  s'était  endormie. 
mHÊ^mat  entre  dans  sa  chambre  i,  «  voit  les  draps  tachés  de  sang 
kmn,  fMts,  regardant  ceux  de  Ké.  il  les  trouve  égaJemem  enaan^am^, 
pHai4|M  la  pfaùec  du  sénéchal  s'étaient  rouvertes.  Il  accuse  aossïtAi 
1  b  reine  et  Ké  d'avoir  des  relations  coupables.  La  reine  po 


I.  Hmâ  k  toM  de  ce  passage,  qu'il  but  ripprocho  (le  celui  qui  t  iaà  âtà 
fÉÏk'iMM.'V.  K-o-'.tO  '  *  Cfimitnitt!  Jonl  n'tutUt  rot  kvnu  Dt  U  tkàfat^  ti  B 
Jï^ft^^  St  9  -    -   I  motUitii,  Quant  wn  dtmoiaiiu  Jtai  f*i  ^  Ptr  cr, 

tm ,   -i' '•'^  '^  ■   -"^ottr  l' tiguirJer  (v.  44S4'89).  •  Le  icitc  de  T  est 

i^  .=  iM-iw  ik  i.  <)ui  en  outre  dans  l'édition  ei  in.ii  ooDCtai. 

m  pMSa«  qui,  lous  une  forme  dïHcate.  lais»  arriner  sae  pe^ 

SM'QW  4m»*  t  *tt  »tilt  de  te  citer,  pour  apprêter  le  caractère  de  la  poésx 

,,,  ■•i^^mméam  ■  VW  >>  nt  m  itui  iam  a  buiJU  El  itl  kiitvtr  tt  itl mata 

_«r  «enar,  ikt  fou  el  ant  mtnr.Uc  Td  fn'»«fwi  aiar  se 

im:  Mktft  for:  "'f  P*'  "">'  ''°'i  0?'^^  f*^  «r  ^«à  tOn 

jit»  MAlt  Kt  la  flat  itluakU  uU  Qu  ii  cêêHb  ammmak 


«rtir  ■^M<im  de  Mâétgiiaiit  ti'ot  goére  n  la 
1%  «Mtf  wr  la  imm  qae  lui  inipox  soa  p^n. 


affc  et 


LE  CONTE   DE  U  CHARRETTE  479 

mu  :  «  S'il  y  a  du  sang  à  mes  draps,  dit-elle,  c'est  qae  j'ai  saigné  du 
Mz.  ■  El  elle  pense  dire  la  vérité.  Mais  Méléaguant,  qui  ne  la  croit  pas, 
va  chercher  son  père.  Devant  le  roi.  Guenîèvre  et  Ké  affirmem  de  nou- 
veau leur  innocence  j  Méléaguam  persiste  â  les  accuser,  et  Ké  consent, 
tout  blessé  qu'il  est,  A  livrer  combat  contre  lui  pour  justifier  Li  reine. 
Mais  Lancelot,  qu'elle  a  fait  prévenir,  arrive  et  prend  la  cause  en  mains. 
—  Les  deux  adversaires  jurent  sur  les  leliqucs  et  engagent  un  nouveau 
combat  ;  il  a  le  mime  dénouement  que  le  premier  :  Gueniévrc.  à  la 
prière  de  Bademagu,  intervient  encore  pour  sauver  Méléaguant  (v.  ^044) . 

Lancelot  se  remet  alors  en  chemin  pour  trouver  Gauvain.  Une  lieue 
avant  d'arriver  au  pont  sous  l'eau,  il  rencontre  un  nain  qui  lui  demande 
de  le  suivre  en  un  moût  bon  lieu,  dont  il  sera  bien  vite  revenu  à  ses  com- 
pagnons. Mais  il  est  pris  et  saisi  (v.  ^086}.  Ce  récit  est  très  obscur  ou 
au  moins  très  écourté,  —  Ceux  qui  l'accompagnaient,  après  l'avoir  vai- 
nement attendu,  poursuivent  leur  route  ;  ils  arrivent  au  pont  evage,  juste 
au  moment  où  Gauvain.  qui  en  l«  passant  était  tombé  dans  l«  fleuve, 
périr  noyé.  Ils  le  tirent  de  l'eau,  et  ils  lui  apprennent  les  événements. 

se  rend  à  la  cour  avec  eux,  apportant  à  la  reine  la  triste  nouvelle  de  la 
lispariiion  de  Lancelot.  Le  roi  le  fait  chercher  par  tout  son  royaume  ; 
on  n'en  trouve  aucune  trace.  Gauvain,  Ké  et  les  autres  s'apprêtent 
là  se  oieitre  en  armes  à  S2  recherche,  quand  un  valel  arrive  et  présente 
au  roi  une  lettre,  dans  laquelle  Lancelot  annonce  qu'il  est  paisiblement 
auprès  d'Artu,  ei  que  celui-ci  mande  à  ta  reine  et  aux  autres  de  venir  X 
sa  cour  le  plus  tôt  possible  jv.  (iyi) '.— Ils  prennent  congé  de  Bade- 
magu, et  reviennent  chez  Artu.  lÀ  tout  le  monde  félidte  Gauvain, 
croyant  que  c'est  lui  qui  a  délivré  la  reine.  Gauvain  refuse  ces  louanges 
et  les  repone  i  Lancelot,  qu'il  croit  auprès  d'Artu  ;  quand  il  apprend 
qu'on  ne  l'a  pas  vu  à  la  cour,  il  comprend  que  la  lettre  apponée  à  Bade- 
magu était  fausse  ;  l'inquiétude  sur  le  sort  de  Lancelot  est  plus  grande 
que  jamais  (v.  jjjS). 

Pendant  l'absence  de  la  reine,  les  dames  et  les  demoiselles  du  pays, 
pour  faire  diversion  à  leur  souci,  avaient  résolu  de  convoquer  les  cheva- 
lieri  à  un  parlement  ei  à  un  lournoi.  pour  juger  ceux  qui  mériteraient 
d'être  choisis  pour  amis  ou  pouY  époux  ;  c'était  la  dame  de  Noanr'  qui 
avait  provoqué  à  cet  etfet  la  dame  de  Pomelagoi.  Le  jour  du  tournoi 
approche:  on  y  invile  la  reine  (v.  {4141.  —  La  nouvelle  s'en  répand  et 
arrive  josque  dans  le  pays  de  Correi,  chez  le  sénéchal  de  Méléaguant, 


I.  Cette  lettre  «t  un  moyM  peu  primitif,  et  qui  ne  se  trouverait  pas  dans 
M  récit  quelque  peu  voisin  de  U  forme  cdlique  originale. 

1.  Pour  la  (orme,  voy.  l»  rime  in  v.  ([69,  &069. 

J.  El  rtaamt  fa  upjttdat  Dont  tmi  rUotrut  at  tvloâ.Mct  vrts  fBiVonyw J  fol»it 
Awl  tt  Ftniru  ft  /'i];uf  IV.  ^4ig-i)).  La  ddivrancc  ae  Gueniévre  avait  ditrail 
pow  toifours  l'enchantetiient  du  pays. 


480  G.    PARIS 

qui  éiait  le  geôlier  de  Lanceloi,  car  Méléaguam,  qui  l'avait  (ait  prendre 
par  la  trahison  ilu  nain,  le  lui  avait  donné  i  garder.  Lancelot  se  désole 
de  n'y  pouvoir  aller.  La  femme  du  sénéchal  (sans  doute  en  l'absence  de 
son  marij  lui  permet  de  s'y  rendre,  à  condition  qu'il  regagnera  la  prison 
aussitôt  après  ;  ii  le  jure,  ex  part,  couvert  des  armes  vermeilles  du  séné- 
chal, que  la  dame  lui  a  prêtées.  Arrivé  à  Noan?-,  Lanceloi,  qui  prend 
parti  pour  ceux  de  Noanz,  reçoit  Thospiialité  dans  une  pauvre  maison. 
Il  a  mis  (suivant  l'usagei  son  écu  à  la  pone,  et  se  repose  sur  le  lit.  Un 
héraut,  que  cet  écu  inconnu  intrigue,  entre  et  reconnaii  Lanceloi .  Celui-ci 
lui  défend  de  le  faire  connaître.  Le  héraut  promet  la  discrétion  ;  mais  il 
son  en  criant  : 

1  Or  est  venuH  qui  aunera  ! 

Or  est  venu2  qui  aunera  !  »  ... 

Et  sachiez  que  dit  fu  lors  primes  :      {570 

('  Or  est  venuz  qui  aunera  !  » 

Nosuc  meslre  en  fu  li  hira 

Qui  a  dire  le  nos  aprist, 

Car  il  premièrement  le  disi  '. 

Le  tournoi  commence  ;  Lancelot,  inconnu,  y  accomplit  de  grands 
/    exploits.  La  reine,  qui  l'a  deviné,  envoie  une  puccU  lui  dire  simplement  ; 
Attpis'!  Aussitôt  il  se  comporte  du  pis  qu'il  peut,  manque  ses  coups. 


I.  J  a  les  trois  fois  fliri  l'janera  (de  m,  aoi  v.  5617,  jéSi  H  J96})  ;  «i 
aantra  est  dans  T  et  en  outre  dans  le  ms.  du  Vatican  (voy.  le  dici.  de  M.  Goae- 
froy,  au  mot  juwrl,  La  leçon  de  J,  qui  n>ït  donc  pas  II  bonne,  se  rrtrouve 
dans  ie  romin  en  prose.  —  Ce  passage  est  aussi  important  qu'énigmatique  en 
quelques  pûinlt.  il  prouve  que  \e  cri  :  Or  ai  wati;  «jiii  ùan<fa'.  était  souvent 
pDitssË.  au  XII'  siècle,  dans  les  tournois,  p^r  les  hérauts  qui  voulaient  actjuèrir 
un  grand  crédit  1  quelque  chevalier  ;  cependant  je  ne  l'ai  trouvé  mentionné 
nulle  part.  Aunti  est  pris  ici  dans  un  sens  ligure  que  développent  les  v.  s68i-{, 
dans  lesquels  on  se  moque  de  la  prédiction  du  héraut  :  Amis,  eut  n'aant'a  hm 
mis  ;  Tant  j  aanf  c'ùt  est  bnsiU  .Vjuw,  qat  iMt  aoi  itt  ptoisiir  (le  second  vcn 
de  ce  passag:e.  identique  dans  J  cl  C,  prouve  encore  que  les  leçons  de  J  oit  on 
a  l'auntr  nciur  auoer  sont  f)utives|.  La  forme  him  pour  hirjit:  est  tout  à  fait 
bizarre  ;  je  retrouve  haa  au  su|.  plur.  dans  un  autre  passage  de  Clirétien 
iChen.  au  lion,  V.  1101  :  Aira),  et  hyrat  au  suj  plur.  dins  GilUi  ttf  Chiti 
(v.  4607).  —  Enfin  il  semble  résulter  de  ce  passage  que  Chrétien  était  héraut 
d'armes.  «  C'est  ce  jour-li,  dil-il,  qu'on  cria  pour  U  première  (ois  :  Or  est 
venu  i}ui  aunera.  Sont  en  avons  pi>ur  maître  ce  héraut,  qui  noat  enseigna  i 
le  dire,  car  il  le  dit  le  premier.  ■  Ce  mus  n'a  guère  de  sens  s'il  ne  s'appliqne 
â  l'auteur  lui-mtme  associé  auK  autres  hérauts;  il  paraît  difficile  de  croire  que 
ce  cri  ail  été  poussé,  au  temps  de  Chrétien,  par  d'autres  que  les  hérauts.  Celte 
manie  d'assigner,  dans  un  trait  du  récit,  une  origine  i  un  usage  contemporain 
est  fréquente  ait  moyen  Ige  ;  nous  en  avons  déjl  vu  un  exemple  ;  Rabelati  s'en 
est  moqué  jvec  une  verve  incomparable. 

a.  Dans  T  comme  dans  J  1a  phrase  est  coupée  de  même  :  t  Et  à  li  iius  a 

tant  Par  mai  tôt  manit  tt  fit  nu  ii  Qat  au  hmu...  i  Quant  ol  Foi,  etc.  Le 


LE   CONTE   DS   U   CHARRETTE  481 

I  donne  des  signes  de  peur,  s'enhiii;  tous  rient,  et  te  héraut  qui  avait 
'  Kinoncé  sa  victwre  est  couven  de  confusion .  Le  lendemain  le  tournoi 
recofflnence'  ;  mats  on  ne  voit  pas  le  chevalier  aux  armes  vermeilles 
dont  U  double  conduite  a  unt  étonné.  Gueniévre,  qui  n'a  plus  de  doute, 
le  fait  cfacTcher  par  la  même  pactle;  elle  le  trouve,  et  lui  dit  de  la  part  de 
U  reine  de  le  faire  encore  au  pis  ;  mais,  renvoyée  une  seconde  fois,  elle 
lui  dit  de  faire  au  mieux  Ausuiôt  il  montre  une  force  et  une  prouesse  si 
meiteilleuses  que  tout  le  monde  en  est  ébahi,  et  le  héraut  recommence  à 
proclamer  sa  vaillance'.  Les  demoiselles  qui  étaient  venues  pour  choisir 
un  mari  disent  toutes  qu'elles  ne  veulent  que  le  chevalier  aux  armes  ver- 
meilles, et  quand,  la  journée  finie,  il  s'esquive  sans  qu'on  puisse  le 
retrouver,  elles  déclarent  qu'elles  ne  se  marieront  pas  de  cette  année,  et 
ainsi  le  >>  parlement  »  se  termine  sans  avoir  atteint  son  but  (v.  ûoj6). 
—  Cependant  Lancelot  est  retourné  dans  sa  prison.  La  dame  qui  l'avait 
laissé  aller  au  tournoi  avait  cru  devoir  en  prévenir  son  mari  le  sénéchal, 
lequel,  fort  inquiet,  était  allé  raconter  ta  chose  à  Méléaguant.  Celui-ci  lui 
ordonne,  dès  que  son  prisonnier  sera  revenu,  de  l'enfermer  si  solidetoent 
qu'il  ne  puisse  plus  sortir.  Le  sénéchal  Tait  construire  une  tour  sur  le 
bord  de  la  mer  ;  on  y  enferme  Lancelot,  puis  on  mure  t  les  partes,  ei  on 
ne  laisse  d'ouverte  qu'une  petite  fenéire  par  laquelle  on  passe  â  Lancelot 
chaque  jour,  à  heure  fixe,  une  maigre  pitance  ^v.  61461. 

Ici 4  se  termine  la  partie  du  poème  écrite  par  Chrétien.  Ce  qui  suit  est 
rédigé  par  Godefroi  ;  le  style  est  d'ailleurs  sensiblement  le  même.  — 
UétéagDani,  charmé  du  succès  de  sa  perfidie,  se  rend  à  la  cour  d'Anu 
et  provoque  Lancelot,  de  ce  jour  en  un  an,  pour  la  bataille  convenue 
enire  eux  (voyez,  ci-dessus,  p.  476),  On  lui  dit  qu'on  n'a  pas  de  nouvelles 
de  Lancelot,  et  il  est  convenu  que  s'il  n'est  pas  là  au  jour  marqué,  c'est 
Gaovainqui  fera  le  combat  à  sa  place  [v.  éiaj).  —  Méléaguant  retourne 
chez  son  père,  qu'il  trouve  fêlant  son  jour  de  naissance  dans  sa  ville  de 
Badei,  cl  se  vante  d'avcur  inspiré  i  Lancelot  une  telle  crainte  qu'il  n'a 


poète  a  TDuIn  sans  doute  indiquer  que  la  soumission  de  Lancelot  était  telle 
qu'il  a'éuil  néme  pas  besoin  cj'expriiner  l'ordre  en  entier.  Il  est  au  cnfflpiet 
plus  loin,  aa  v.  jS}4  :  Qae  tncor  au  n^aai  le  iact;  mais  nous  rcUDUvons  la 
pkrue  «Rterronipue  au  v.  ^8^9  :  ■  Or  roi  maruit  ma  dame,  ure^Qut  lot  U  miaiz 
fu  mt  porrtz *  El  U  rctpont,  etc. 

1.  Il  y  a  li  nnc  énmnération  dçs  chevaliers  qui  y  prennent  part,  întércuante 
10  dk-mdne,  et  par  la  dcsmptîon  de  leurs  armoiries,  <)iii  semble  confirmer  la 
tuppoiilioo  émise  plus  haut. 

2.  Gauvain  nr  prend  pas  pan  au  combat  ;  il  loi  suffit  d'admirer  les  hauts 
faits  do  chevalier  veroieil  :  il  était  couvenu  que  nul  dc  pouvait  vaincre  Gauvùn; 
d.  Rem.  X,  471.  , 

j.  Maur  de  T  est  ia  boBoe  leçon  ;  J  a  par  erreur  hâircr. 
4.  C'est  du  moins  l'opinion  de  M.  Hollacd,  que  j'ai  adoptée  plus  haut. 
Tardé  (ait  cesser  Chrétien  aa  v.  6119  :  la  diflèrence  est  peu  dc  chose, 
j.  I  porte  BoJc,  mais  c'est  une  fantcî  voy.  plus  loin,  p.  \i2. 


«   MMumê,  XII 


482  C.   PARIS 

pas  osé  le  rencontrer  Jt  la  cour  d'Artu.  Son  père  se  moque  de  sa  vanité, 
et  lui  dit  que  Lancelot  n'a  sârecnent  pas  peur  de  lui,  mais  qu'il  est  mort  oa 
prisonnier  (v.  6174).  —  La  sœur  de  Méléaguant,  entendant  cela,  se 
promet  de  le  trouver  et  de  le  délivrer.  Lon($ieinps  elle  erre  au  hasard 
sins  résultai  ;  mais  un  jour  elle  arrive  devant  la  tour  et  devine  qu'elle  a 
trouvé  ce  qu'elle  cherche.  Elle  s'approche  cl  elle  entend  les  plaintes  de 
Lancelot.  Elle  l'appelle,  il  paraît  à  la  fenêtre  ;  elle  lui  apprend  que  c'est 
à  elle  qu'il  a  donné  la  tèie  du  chevalier  qu'il  avait  vaincu  en  allant  au 
pont  de  l'épée  [voy.  ci-dessus,  p.  47?!,  et  qu'elle  veut  lui  payer  ce 
service.  Bile  trouve  un  pieu  <  qu'elle  passe  â  Lancdot,  qui  élargit  la 
fenêtre  et  sort  par  là*.  Elle  le  met  sur  sa  mule,  et  le  mèneà  une  maison 
qu'elle  a  ;  là  on  soigne  Lancelot,  que  les  privations  avaient  fon  affaibli. 
Quand  il  est  revenu  en  bon  point,  il  la  remercie,  et  prend  congé  d'elle 
pour  se  rendre  i  la  cour  d'Artu  (v.  6706). 

Ce  jour  même  Méléaguant  était  venu  réclamer  sa  bataille,  dont  le 
terme  était  échu.  Lancelot  n'ayant  pas  reparu,  Gauvain  se  fait  armer 
pour  combattre  à  sa  place,  tl  va  prendre  son  écu,  quand  il  aperçoit  Lan- 
celot, qui  arrive  autant  à  l'improviste  que  s'il  tombait  des  nues.  Cauvatn 
aussi  heureux  que  surpris  embrasse  son  ami.  Tout  le  monde  apprend  ce 
xelour  et  en  fait  grande  joie,  surtout  la  reine,  mais  elle  ne  le  montre  pu. 
Lancelot  raconte  la  trahison  dont  il  a  été  victime  et  manifeste  l'inteniioo 
d'en  punir  l'auteur.  Cauvain  le  prie  de  le  laisser  faire  le  combat,  mats 
il  refuse,  et  parait  devant  Méléaguant,  qui  ne  peut  en  croire  ses  yeux. 
Le  combat  a  lieu,  et  après  quelques  péripéties  Lancelot  est  vainqueur  et 
tranche  la  tète  de  Météaguani  : 

Li  rois  et  tuit  cil  qui  i  sont 

Crant  }ole  en  demnncnt  et  font  ; 

Lancelot  dcsannent  adonques  6(^95 

Cil  qui  plus  lié  ne  furent  onquei; 

Si  l'en  ont  mené  a  grant  joie. 

Seignor,  se  avant  en  disoie,  etc.  (voy.  d-dessus,  p.  463), 

Telle  est  l'tfuvrc  de  chrétien  et  de  Codefrol.  On  ne  peut  contester 

qu'elle  ne  présente  une  certaine  unité  :  Méléaguant  est  vainqueur  de  Ké, 

auquel  la  reine  était  confiée,  et  l'emméne  dans  le  royaume  de  Gorre,  oA 

languissent  déjà  beaucoup  de  sujets  d'Artu,  qui  ne  seront  délivrés  que  si 


1 .  Dnt  la  leçon  de  T,  qui  me  piratt  préférable  i  cclU  iti  :  m  pu.  Ofi, 
dans  ce  désert,  se  serait-elle  procnré  un  pic? 

2.  Ce  récit  nt  1res  brel  ri  peu  clair.  Lancelot  dit  qu'une  (ois  la  fenêtre 
élargie  il  pourra  descendre  à  l'aioe  de  la  corde  dont  il  a  sert  pour  monter  son 
vanger.  La  fenêtre  est  donc  située  au  haut  de  la  tour ,  alors  coamenl  la 
dfnioisclle  a>l-elle  pu  lai  tendre  te  pieu?  Au  reste,  quand  il  s'ea  va,  on  ne  parie 
plui  (le  celle  corde. 


LB  CONTE  DE   LA  CHARRETTE  48} 

"ni  ÏOfnrae  hardi  pénètre  dans  ce  royaume  par  le  pont  de  l'épée  ou  par 
le  pont  sous  Teau  et  délivre  un  seul  d'entre  eux.  Cauvain  et  [.^ncclot  se 
nmtrat  à  la  poursuite  de  Méléaguant  ;  ils  se  dirigent,  le  premier  vers  le 
poni  sous  l'eau,  le  second  vers  le  pont  de  l'épée.  Uincelot  franchit  ce 
poni,~iîvTe~3  Méiéaguant  un  combat  qui  reste  indécis  et  doit  être  repris 
ï  h  cour  d'Artu,  mais  qui  suffit  pour  délivrer  Cuemèvre  et  les  autres 
captif.  Après  divers  incidents  qui  nous  font  connaître  ses  relations  avec 
la  reine,  il  part  â  la  rencontre  de  Gauvain,  mais  il  est  victime  d'une  ruse 
de  Méléaguant  et  enfermé  pendant  longtemps.  Enfin,  gr&ce  au  dévoue- 
ment de  la  srtur  de  ce  perfide  ennemi,  à  laquelle  il  avait  rendu  ser\'icc, 
il  est  délivré,  arrive  à  la  cour  d'Artu  le  jour  même  où  devait  avoir  lieu 
le  second  combat,  et  cette  fois,  vainqueur  sans  conteste,  tranche  la  tète 
de  son  ennemi. 

Mais,  si  le  plan  général  du  récit  est  simple  et  clair,  il  n'en  est  pas  de 
même  d'un  grjnd  nombre  des  traits  dont  ce  récit  se  compose.  D'abord 
plusieurs  épisodes  sont  absolument  inutiles  :  la  première  partie  du  romaRf 
prise  en  bloc,  n'a  aucun  lien  avec  la  seconde.  La  demoiselle  au  lit  péril- 
leui,  celle  qui  soumet  Lancelot  à  une  si  rude  épreuve,  le  chevalier  qui 
veut  la  ravir,  les  gens  de  Logres  soulevés  contre  ceux  de  Gorre,  tlnconnu 
qui  reproche  à  Lanceloi  d'être  monté  sur  la  charrette  apparaissent  et 
dispanissent  sans  qu'on  comprenne  leur  raison  d'être  et  d'agir.  La  char- 
rene  elle-même  est  inexpliquée  ;  qui  était  ce  nain  qui  la  conduisait  ? 
quel  imérét  avait-il  à  contraindre  Lancelot  i  un  acte  déshonorant? 
Comment  la  reine  a-t-elle  connu  cette  aventure  ?  nous  ne  l'apprenons 
nulle  pan.  Ce  qui  est  plus  singulier  encore,  c'est  l'obscurité  qui  règne 
nr  la  conduite  du  héros  principal  :  d'où  arrivait-il,  sur  son  cheval  essouflé, 
quand  il  rencontre  Gauvain  et  lui  emprunte  un  de  ses  destriers  r  II  volait 
évidemment  à  ta  poursuite  de  Méiéaguant ,  mais  qui  donc  l'avait  prévenu 
de  l'enlèvement  de  la  reine  ?  Plus  tard  il  faut  supposer  qu'attiré  dans  le 
bois  où  Ké  venait  déjà  d'être  blessé  et  fait  prisonnier,  il  a  soutenu  un 
combat  acharné  contre  Méléaguani  et  toute  sa  troupe,  combat  dans  lequel 
il  a  eu  son  cheval  tué  icclui  qu'il  venait  d'emprunter  à  Gauvain|,etadâ, 
contraint  par  le  nombre,  laisser  s'éloigner  ses  ennemis,  emmenant  leur 
proie'  ;  cependant  nulle  part  dans  la  suite  il  n'est  fait  allu&ion  i  ce  corn- 
batf  et  on  ne  s'explique  pas  comment  Méléaguant  et  ses  gens,  qui  portent 


1.  M  MxTteiu  (p.  6jj,  n,|  lODiicnt  contre  P  Ptm  que  \i  tnconut  de 
Caavain  ci  de  Lanciftot  i  lieu  ipth.  le  combat  de  celaï-ci  contre  Mêlcjguaot, 
M  tl  le  conclut  de  l'état  où  est  le  ch«val  de  Ljacelot.  Miii  let  ven  ^u  il  cile 
[17]-!  I  :  Scr  M  fhnai  imllMt  tl  Ut,  Ap^nttHMtit  tt  tratm,  noas  montrcot  ns 
cbeval  (itîftu^,  nais  son  bleui.  C'est  plus  tard  que  Gauvain  retrouve  mort  le 
4ntrier  qu'il  avait  prêté,  el  à  cAté  les  traces  d'un  grand  combat. 


484  ^-  ^'^'^IS 

Ké  blessé  dans  une  tiiiâre  ' ,  ont  pu  s'éloigner  assez  vite  pour  que  Lance- 
lot  perde  complètement  leurs  traces  et  soit  obligé  de  monter  sur  la  char- 
rette pour  reprendre  la  piste  ;  cette  piste  une  fois  ressaisie,  il  ta  laisse 
d'ailleurs  s'effacer,  ei  il  s'inquièic  non  plus  du  chemin  qu'a  pris  la  reine. 
mais  du  moyen  de  pénétrer  dans  le  royaume  de  Gorre.  Le  personnage 
de  Bademagu  n'est  pas  clair  non  plus  :  comment  ce  roi  débonnaire 
retient-il  prisonniers  tous  ceux  que  Lancelot  finit  par  délivrer  ?  commeni, 
ennemi  des  injustes  préieniions  de  son  fils,  se  bome-i-il  i  les  com- 
battre en  paroles  au  lieu  de  les  réduire  à  néant  ^  Comment  le  royaume 
de  Gorre  est-il  rendu  accessible  à  volonté  i  ceux  du  pays,  tandis  qu'il 
est  inaccessible  aux  étrangers  ?  i!  y  a  donc  pour  les  premiers  d'autres 
entrées  que  les  deux  terribles  ponts  ^r  on  ne  nous  les  ^ii  pas  connaître. 
J'ai  déjà  signalé  l'incohérence  qui  régne  dans  le  récit  sur  les  frontières  de 
ce  royaume.  ! 

A  CCS  obscurités,  qui  tiennent  sans  doute  en  bonne  part  à  Tétai  oii  il 
avait  recueilli  le  conte,  Chrétien  se  plaît  à  en  ajouter  d'autres,  qui  font 
partie  de  sa  manière  et  qui  sont  destinées  à  rendre  le  récit  plus  piquant. 
Le  poème  est  plus  qu'au  milieu  quand  nous  apprenons  pour  la  première 
fois  (V.  3i6oj  le  nom  du  héros  ;  les  auditeurs  du  xii'  siècle  étaient  sans 
doute  jusque-là  vivement  intrigués  :  les  amours  de  Lancelot  avec  Gue- 
nièvre  n'étaient  peut-être  pas  encore  connus,  et  on  disputait  sans  doute 
sur  le  nom  du  chevalier  de  la  charrette  (le  passade,  v.  2^4^  ss,,  sur  la 
fée  qui  l'avait  élevé  devait  éclairer  ceux  qui  avaient  déjà  entendu  l'his- 
toire de  l'enfance  de  Lancelot, .  Le  combat  de  Ké  et  celui  de  Lancelot 
contre  Méléaguani  dans  le  bois  sont  indiqués  simplement  par  la  fuite  du 
cheval  de  l'un,  par  la  rencontre  du  cheval  mon  de  l'autre.  On  ne  dit  pas 
clairement  si  la  violence  qu'on  veut  faire  à  la  demoiselle  que  Lancelot 
délivre  (voy,  p.  468,  n.  4I  est  réelle  ou  simulée,  etc.  —  Codefroi  imite 
son  maître  dans  Temploi  de  ce  moyen,  un  peu  pénible,  de  piquer  U 
curiosité.  Il  ne  nous  dit  nullement,  au  début,  pourquoi  la  soeur  de 
Méléaguani  s'intéresse  tant  à  Lancelot,  et  ne  nous  apprend  que  plus 
lard,  par  elle-même,  que  c'était  elle  â  qui  il  avait  fait,  en  allant  i  Gorre, 
le  grand  plaisir  de  couper  la  tête  d'un  chevalier  qu'elle  haïssait'. 


1.  Soit  dit  en  payant,  cela  contraste  singulièrement  avec  ce  qui  est  raconté 
plus  tard  de  MélMguanl,  qu'il  liiuit  empoiioaner  les  blessures  de  Ké  :  pour- 
quoi ne  l'avait-il  pas  achevé  sur  place? 

1.  Le  chevalier  aui  offre,  1  une  si  étrange  condition  iroy.  ci-dessus,  p.  471), 
ji  I.ancelot  de  lui  faire  passer  le  fleuve  en  barque  le  pouvaii-il  rédlemeat  r  cl 
comment  cela  se  conciiie-l-il  avec  la  donnée  générale  du  poème? 

;.  Ce  pissagc  a  échappé  i  P.  Paris,  qui  dit  {Us  Ramans  Je  U  Tthit  RenJc, 
t.  V,  p.  î)4)  qae  Codefroi  n'explique  pas  les  motîb  de  la  conduite  de  U  saur 
de  Méléagnaot,  et  se  conienle  ic  dire  :  Et  sichui  bitn  fut  tt  fu  tdt  Qui  r.'ta 
pas  liit  4  mon  imtc  ;  oa  auratl  li  une  preuve  palpable  de  ranlériorité  du  roBtlo 


LE   CONTE   DE   LA   CHARRETTE  ^85 

Pour  bien  apprécier  l'ceuvre  des  deui  poètes  français,  il  faut  tâcher  de 
K  rendre  compte  de  h  source  à  laquelle  ils  ont  puisé,  de  l'état  dans 
lequel  ils  ont  trouvé  le  récit  et  des  changemenis  qu'ils  y  ont  h'nt  ;  mais, 
mm  de  nous  livrer  à  cette  recherche,  il  faut  résoudre  une  question  préa- 
lable :  le  rapport  de  leur  poème  au  Conu  de  la  Ckarek  en  prose  qui  ^t 
partie  du  grand  roman  de  Laactiot. 


» 


11.  —  Le  Conie  de  k  Charete  en  prose. 


L'enlèvement  de  Guenièvre  par  Héléaguant  et  sa  délivrance  par  Lan- 
celol  du  Lac  sont  racontés  aussi  dans  le  grand  roman  en  prose  de  Lan- 
uict,  qui  contient  une  histoire  de  ce  chevalier  depuis  sa  naissance  jus- 
qu'à sa  mort,  et  qui,  avec  le  Saint  Graal  et  le  Merlin,  constitue  un  grand 
cfcle  de  compositions  étroitemeni  reliées  l'une  à  l'autre.  Le  récit  en 
question,  dans  le  Lanteïot,  forme  un  épisode  assez  nettement  délimité  et 
nqttel,  à  l'exemple  d'autres  critiques,  je  donne  comme  au  poème  le  nom 
de  Coau  de  la  Chartie'.  La  question  du  rapport  des  deux  contes  de  la 
charrette,  en  prose  et  en  vers,  mérite  d  être  examinée  avec  soin  :  suivant 
le  sens  où  on  la  résoudra,  en  effet,  on  devra  résoudre  la  question  géné- 
rale du  rapport  des  romans  en  prose  aux  romans  en  vers,  et  notamment 
aux  poèmes  de  Chrétien.  Si  Chrétien  a  travaillé  sur  le  Lancetoi  en  prose, 
ce  Lanulot  et  subséquemment  tes  romans  du  Sai/a  Ciaat  et  de  Merlin  [et 
aussi  de  Tristan]  ont  été  écrits  tels  que  nous  les  avons  peu  après  le  milieu 
du  xii*  siècle  et  om  dû  puiser  presque  directement  aux  sources  celtiques; 
si  au  conuaire  l'auteur  du  Lanctlot  a  eu  sous  les  yeux  le  poème  de  Chré- 
tien, tes  romans  en  prose  sont  d'une  époque  sensiblement  plus  récente, 
et,  loin  d'être  plus  voisins  des  récits  bretons  originaires,  ne  les  ont  con- 
nus que  par  rintermédiaire  de  poèmes  composés  en  France,  et  qui  pui- 
saient déjdi  eux-mêmes  dans  des  récits  de  seconde  main.  Enltn,  si  Chré- 
tien et  le  Lanuloi  dérivent,  indépendamment  l'un  de  l'autre,  d'une  même 
source,  la  date  des  romans  en  prose  et  leur  rapport  avec  b  traditioa 
bretonne  restent  indéterminés. 

Les  trois  opinions  ont  été  soutenues.  L'abbé  de  La  Rue  le  premier, 
ptns  Paulin  Paris  ont  exprimé  en  générai  l'idée  que  les  romans  en  prose 
étaient  le*  originaux  des  poèmes  et  spécialement  que  Chrétien  ava'n  tiré 
la  Chante  du  Lanuloi.  Cette  opinion,  M.  Jonckbloet  l'a  appuyée  de  nom- 


en  pfotf.  mit  la  lc{on  du  vm  en  qiieition  al  :  Qa'orémi  snuauà  ta  nUM 
uku,  et  il  w  r  jppone  lai  t.  6t^]  ».,  oti  cène  Ktar  a  été  ntsMuabt  pour  la 
prenière  lois  par  Godcfrot. 

t.  Ce  non  est  étranger  an  rouan  Ifli-même;  vojr.  ci-dcssoos,  p.  497,  ■.  2. 


^86  0.   PARIS 

breux  arguments',  auxquels  mon  père,  dans  le  t.  V  de  ses  Romans  de  U 
TabU  Ronde,  en  a  ajouté  quelques  autres.  Ces  arguments  ont  convaincu 
la  plupart  des  critiques,  entre  autres  M,  Conrad  Hofmann,  qui  en  a  tiré 
les  conséquences,  et  nous  a  montré  Chrétien  â  l'œuvre,  extrayant  de 
l'interminable  Lanctht  son  élégant  et  court  poème».  —  D'autre  pan, 
Valcniin  Schmidt,  Fauriel,  Woîf,  Grimm,  Gervinus,  M.  de  LaVJUemar- 
qué,  sans  connaître  les  raisons  de  M.  Jonckbloet  et  sans  en  donner  eux- 
mêmes  de  bien  précises,  ont  émis  l'opinion  inverse,  à  savoir  que  les 
poèmes  de  Chrétien  étaient  antérieurs  aux  romans  en  prose  et  leur 
avaient  servi  de  modèles.  Spécialcmeni  pour  le  Conit  de  h  Charete, 
M.  Hollandi  est  porté  à  se  rattacher  i  cette  manière  de  voir,  cl  réfute 
quelques-uns  des  arguments  de  M.  Jonckbloet.  —  Enlin  tout  récemment 
M.  Paul  Mxriens  a  minutieusement  étudié  ia  question,  et,  après  avoir 
pesé  les  raisons  données  pour  et  contre,  s'est  décidé  pour  le  troisième 
système  ei  a  conclu  que  le  poème  de  Chrétien  et  la  Chanie  en  proie 
étaient  indépendants  Tun  de  l'autre  et  avaient  une  source  commune^. 

Le  système  de  M.  Jonckbloet  et  celui  de  M.  Mxrtens  sont  les  seub 
qui  aient  été  soutenus  par  une  argumentation  sérieuse.  Us  sont  cepen- 
dant, on  ne  saurait  en  douter,  erronés  l'un  et  l'autre,  et  il  faut  leur  subs- 
tituer définitivement  l'opinion  qui  voit  dans  la  Ckartte  en  vers  la  source 
de  la  partie  correspondante  du  Lanceht,  Pour  l'établir,  des  arguments 
positifs  sont  â  peine  nécessaires  ;  car  la  postériorité  de  la  prose  sur  les 
vers  ftappe  tout  de  suite  les  yeux  qui  ne  sont  pas  prévenus.  Mais  les 


1.  Lt  Romjit  lit  h  Charitttt,  par  Cuthier  Map  «t  Chrntîra  de  Troîes, 
publié  par  1c  docteur  W.  J.  A.  Jonckbloet.  Ka  Hajre,  tS^o,  10-4**.  Je  cite 
cette  publicatron  cj«  préférence  i  l'introduction  au  tatutlot  néeruTxUit.  " 
M-  Mxnetis  donne  exactement  les  astres  indicationi  d'auleors  qui  te  sont 
occupa  de  notre  sujet  ;  il  est  Inutile  de  les  répéter  ici. 

2,  I  Le  lanulùt ...  «t  d'une  grande  importance.  C'est  lui  îeul,  fUîqu'i  pré- 
sent, qui  nous  pcriiiet  d'étudier  U  manière  dont  Creslien  te  comporte  avec  ses 
sources,  Il  prend  un  de  ce$  grands  romans  en  prose  qui,  environ  une  génération 
avjcil  lui,  en  Angteierrc,  lous  l'influence  de  U  cour  normande  ion  sait  qu'on 
attribue  dani  l'impulsion  qui  leur  donnj  naissance  la  part  principale  1  Henri  ll|, 
avaient  réuni  dans  plusieurs  grands  conglomérats  une  nasse  de  traditions  cel- 
tiques \  il  en  extrait  un  èpiuMe  (ici  cHbi  du  voyage  deLancelot  sur  la  charrelte 
inuminlei  ;  il  le  dépouille  de  tout  ce  qui  se  rapporte  h  des  événements  anté- 
fteur»  ou  poslérieurs.  il  raie  une  nasse  de  noms  propro,  abrège  et  Wie  la 
narration  prolise  et  lente,  fait  passer  devant  nous  le  sujet,  jn-ec  agilité  et  vie, 
dans  sa  petits  vers  coulants  de  huit  syllabes  d  rimes  plates,  relève  ci  et  U  le 
récit  par  des  expressions  btiibntes  et  dts  traits  de  m<raf«  courtoises,  et  c'est 
ainsi  que  vient  au  monde  un  poémc  de  Chrétien,  c'est-1-dire  une  œuvre  non 
de  génie,  nuis  du  talent  le  plus  éminent.  i 

}.  Voy.  Holland,  Citniin  von  Troia  (Tùbingea,  iSt4l.  p.  l|i  ss. 

A.  Zar  tjn:eloUagi^  t:ne  littrailiitlofiicti  Untmtubangen.p.  ii7-70fi  do 
t.  V  des  Romamulu  StuJua  de  M.  Btztimer  (voy.  Rem.  X,  ]07,  477).  La 
discussion  du  rapport  de  Chrétien  au  roman  en  prose  forme  le  §  lU  Ip.  648- 
687).  —  J'adopte  t.i  désignation  de  C  pour  le  potne.  R  pour  te  conte  en  prose. 


I 


LE  CONTE   DE   U,  CHARRETTE  487 

deux  critiques  dont  je  conteste  l'opinion  ont  apporté  à  l'appttî  de  leur 
tbèsc  des  raisonnements  qui  sont  plus  ou  moins  spécieux  et  qui  demandent 
à  être  discutés.  Je  commencerai  par  examiner  ceux  de  M.  Jonckbloet. 
doQt  qudques-uns  ont  déjà  été  réfutés,  avec  plus  ou  moins  de  bonheur, 
par  M.  Mxnens.  On  verra  que  plusieurs  d'entre  eux  reposent  sur  des 
oatemendus. 

On  peut  grouper  sous  trois  chefs  les  arguments  donnés  par  le  savant 
critique  néerlandais  pour  établir  ramérioriié  de  R  Qa  Chante  en  prose) 
sur  C  (la  Ckare'.tt  en  versj.  D'après  lui,  plusieurs  traits  du  poème,  ou  ne 
s'expliqueni  que  par  des  parties  antérieures  et  postérieures  du  roman  en 
prose,  ou  ont  été  modifiés  par  Chrétien  pour  éviter  de  renvoyer  â  ces 
parties  ;  en  outre,  il  y  a  dans  le  poème  des  passages  qui  ne  s'expliquent 
bien  que  si  l'auteur  avait  sous  les  yeux  la  prose  du  roman  ;  enfin  ce 
roman  est,  en  plusieurs  passages,  plus  clair,  plus  naturel  et  plus  simple 
que  le  poème,  et  doit  par  conséquent  être  regardé  comme  plus  anden. 
J'examinerai  successivement  ces  trois  ordres  d'arguments. 

11  est  inconlestabie,  d'abord,  que  «  et  C  présentent,  au  point  de  vue 
de  l'ensemble  des  récits  relatifs  à  Lancclot,  l'aventure  de  la  charrette 
dans  un  jour  très  différent.  Dans  Chrétien  c'est  un  épisode  parfaitement 
complet  en  soi,  dont  les  origines,  il  est  vrai,  sont  obscures,  mais  qui 
trouve  en  lui-même  son  commencement  et  sa  fin.  Dans  R  au  contraire 
il  est  rattaché  par  mille  fils  à  toute  une  série  d'aventures  étrangères.  La 
cour  d'Artu,  brillante  dans  C  comme  au  début  de  tous  les  poèmes  ipùo- 
ififiKJ,  est  triste  dans  R,  parce  qu'on  a  appris  successivement  la  mon  de 
Galehaot,  le  roi  des  Iles-Lointaines,  ancien  ennemi  d'Artu  devenu  son 
al&é,  celte  de  la  dame  de  Malohnut,  l'amie  de  Cueniévre,  et  la  dis- 
pirition  de  Lancelot,  qu'on  croit  mort  aussi.  M.  Jonckbloet  veut  que 
Chrétien  ait  supprimé  l'indication  de  cène  tristesse  pour  ne  pas  embar- 
rasser son  récit  d'allusions  au  passé  ;  mais  ce  personnage  de  Gulehaut  est 
étranger  à  tous  les  romans  de  l'ancienne  époque,  celui  de  la  dame  de 
Matohaui  en  est  inséparable,  et  la  disparition  de  Lancelot  est  liée  â  la 
mort  de  Galehaul.  Galehaut  est  dlnveniion  moderne,  et  était  parfaite- 
ment inconnu  à  Chrétien  ;  pour  le  démontrer  il  me  faudrait,  il  est  vrai, 
anticiper  sur  l'étude  du  roman  de  Lancelot  et  de  ses  éléments  ;  mais  je 
pense  qu'il  suffit  de  faire,  une  fois  prévenu,  attention  au  caractère  de  ce 
personnage',  et  de  remarquer  son  absence  dans  toute  la  littérature  en 
vers.  —  Dans  le  cimetière  où  Lancelot,  d'après  C,  trouve  tes  tombes 
oîi  reposeront  un  jour  les  plus  illustres  chevaliers  et  lui-même,  il  ren- 


P.  Paris,  qui  r^rdaît  les  romans  en  prose  comme  antérieurs  aux  poèmes, 
a  été  cependant,  en  maînt  endroit,  ^ppé  de  ce  qu'il  y  a  d'incDosisUnt  et  de 
visiblement  n>oderne  Jins  ce  personnage  de  Galehaut. 


4S8  C.    PARIS 

contre  bien  autre  chose  dans  R  :  il  soulève  la  lame  qui  recouvre  la  tombe 
de  Galahaz,  fits  de  Joseph  d'Arimathie,  et  ce  Galahaz  lui  fan  toutes  sortes 
de  révélations  {sur  lesquelles  j'aurai  i  revenir  ailleurs'i  reladres  en  partie 
au  saint  graai.  M.  Jonckbioet  voit  dans  R  le  récit  primitif,  et  pense  que 
Cliréiien  a  emprunté  le  sien  à  l'épisode,  en  effet  fon  semblable,  des 
lombes  visitées  par  Lanceloi,  dans  la  première  partie  du  roman,  Â  la 
Douloureuse  Garde  '.  Mais  il  est  certain,  et  M.  Maertens  le  reconnaît, 
que  le  saint  graal  est  ori^nairement  tout  i  tùt  étranger  i  l'histoire  de 
Lancclot,  Cl  par  conséquent  la  forme  de  cet  épisode  qui  l'y  mêle  est  pos- 
térieure à  l'autre.  Si  le  prosateur  a  ici  changé  le  récit  du  po*me,  c*cn 
que  le  roman  de  Ldnceh!  l'avait  déjà  utilisé  une  première  fois  (précisé- 
ment dans  l'épisode  de  la  Douloureuse  Garde),  et  qu'il  n'a  pas  voulu  se 
répéter  trop  liiiéraiement.  —  J'arrive  i  un  passage  qui  ju&qu'à  préseitt  a 
été  mal  compris.  Le  mauvais  accueil  que  Gueniévre  fait  i  Lancelot  quand 
il  se  présente  devant  elle  après  avoir  combattu  Méléaguant  est,  d'après 
M.  Jonckbioet,  bien  mieux  motivé  dans  R,  où  il  s'explique  par  des  évé- 
nements antérieurement  racontés,  et  «  la  compraison  de  ce  passage 
dans  les  deux  versions  suffirait  pour  démomrer  la  priorité  du  récit  en 
prose.  »  En  effet  dans  C,  si  Guenièvre  reçoit  aussi  mal  Lanceiot,  a  c'est 
parce  qu'il  est  monté  dans  la  charrene,  ce  qui  était  un  déshonneur.  Celle 
réponse  dénoterait  chez  Guenièvre  la  plus  noire  ingratitude,  parce  que 
c'est  pour  elle  que  le  chevalier  a  bravé  l'opinion  du  monde  ;  c'eCiL  été 
pour  elle  plutôt  une  raison  d'être  fière  que  de  se  nwnircr  courroucée.  Si 
Chrétien  est  réduit  à  un  si  pauvre  expédient,  c'en  qu'il  ne  pouvait  pat 
donner  la  vraie  raison,  parce  qu'elle  se  rattache  &  une  partie  antérieure 
du  roman  de  Lanceloi.  o  M.  HoUand  n'admet  pas  cette  appréciation  : 
«  D'après  les  idées  raffinées  de  counoisie  de  notre  poète,  dh-il.  Gue- 
nièvre, sans  être  ingrate,  pouvait  ne  pas  pardonner  tidlementl  Lanceiot 
la  vilenie  de  son  voyage  en  charrette,  bien  qu'il  l'eût  commise  unique- 
ment pour  elle,  ou  même  à  cause  de  cela,  car  on  était  en  droit  d'exiger 
de  celui  que  la  reine  aimait  qu'en  aucune  circonstance  il  ne  manquJkt  aux 
convenances  extérieures  (p.  141).  a  M.  Maertens  (p.  668)  est  du  même 
avis.  Mais,  comme  on  peut  le  voir  plus  haut  dans  mon  analyse,  l'omis- 
sion de  deux  vers  après  le  v.  }6o  dans  le  ms.  suivi  par  M.  Jonckbioet  et 
la  busse  ponctuation  des  v.  44S4-7  dans  son  édition  ont  altéré  le  sens  de 
ce  passage.  La  reine  reproche  à  Lanceiot  non  pas  d'être  monté  dans  la 
charrene,  mais  d'avoir  hésité  un  seul  instant  à  y  monter,  ce  qui  est  abso- 
lument conforme  au  code  de  l'amour  courtois.  —  Le  tournoi  qui  est 
cause  que  Lanceiot  son  passagèrement  de  sa  prison  a  dans  R  une  autre 
origine  que  dans  C  (une  origine  que  Chrétien,  soit  dit  en  passant,  aurait 


I.  Voy.  auui  P.  Parij,  V,  44. 


LE  CONTS   DE  LK  CHARRETTE  489 

iûreroent  adoptée  s'il  l'avait  connue,  car  elle  fait  disparaître  plus  d'une 
invraisemblance  de  son  récit;  ;  mais,  comme  C  y  mentionne  ù  dame  de 
Noanz,  M.  Jonckbloet  en  conclut  qu'il  a  connu  tout  le  roman  de  Lanulot, 
car  cette  dame  y  figure  ailleurs.  Les  noms  des  personnages  des  romans 
de  la  Table  Ronde  appartiennent  i  tous  les  romans,  ei,  soit  que  celui-ci 
ait  élé  invenié  par  Chrétien,  soît  qu'il  lui  soit  venu  de  contes  antérieurs, 
il  ne  saurait  rien  prouver'. 

Il  résulte  de  cet  examen  que  les  raisons  alléguées  pour  prouver  que  C 
a  connu  les  parties  antérieures  de  R  sont  dénuées  de  toute  valeur.  Venons 
aux  arguments  qui  ont  été  donnés  pour  établir  que  Chrétien  avait  sous 
tes  yeux,  pour  l'épisode  mime  qui  nous  occupe,  le  texte  du  roman  en 
pme.  Quand  Lanceloi,  après  sa  première  victoire  sur  Méléaguant,  se 
présente  devant  K.é,  celui-ci,  d.in3  la  prose,  >  se  liéve  encontre  lui  tant 
comme  il  puet  et  dit  :  «  Bien  veigniez,  li  sires  des  chevaliers  !  Certes 
a  moût  est  hors  de)  sens  qui  devant  vos  enquicrt  et  emprem  chevaleries. 
«  —  Por  quoi  ?  »  fei  il.  —  «  Por  ce  que  vos  achevez  ce  que  ge  empris 
f  comme  fous,  n  Dans  le  poème  on  lit  : 

Quant  LanceLoz  vint  devant  lui 

Si  ti  disi  au  preraerain  mot  :  400  j 

«  Com  m'as  honi  !  —  Kt  je  de  quoi  ?  » 

Fet  Lanceloz.  n  [)ites  !e  moi; 

Quel  honte  vos  ai  je  donc  fête  ? 

—  Moligrant,  queiuasachieftraite  4010 

La  chose  que  ge  n'i  poi  trere, 

S'as  fet  ce  que  ge  ne  poi  fere.  » 

M.  lonckbtoet  voit  dans  ces  deux  pass.iges  de  grandes  différences.  ICé, 
dans  la  prose,  est  vif,  valeureux  et  magnanime  -,  Ici,  il  est  représenté 
comme  brutal,  envietu,  déloyad  et  fanfaron  ;  or,  d'après  lui,  ce  change- 
ment du  caractère  du  sénéchal  s'est  produit  peu  à  peu  dans  les  romans, 
et  le  poème  présente  une  conception  de  ce  personnage  qui  est  postérieure 
1  celle  du  roman.  M .  Holland  a  répondu  ip.  1 40)  que  le  caractère  de  Ké 
a  pu  être  diversement  traité  par  divers  auteurs  sans  que  cela  implique 
un  développement  chronologique  ;  M.  Msenens  ,p.  666]  exprime  à  peu 
près  la  même  pensée,  et  aioute  que  le  Lantdoi  présente  plus  d'une  fois 
le  sénéchal  sous  un  jour  peu  favorable.  .Mais  ces  deux  critiques  auraient 
dCk  remarquer  que  l'observation  de  M.  Jonckbloet  porte  ï  faux  et  repose 
en  partie  sur  une  mauvaise  lecture.  Dans  te  passage  cité,  Ké  o^insulie 


I.  Cr.  Hoibnd,  p.  iai;  Mzrtens,  p.  671.  Ce  dernier  te  irompe  en  voyint 
dans  k  ».  ij68  Vat  cth  d(  Pomtiagpt  (on  p.-é.  avec  T  Eaftfi  uà  Je  Pomagiai, 
cf.  PemegUt  iua  R)  l'indicaiion  du  lieu  du  loumoi  ',  nj.  ce  qui  a  été  dit  plus 
hiul,  p.  479  :  ctlt  reul  dire  «  celle.  * 


490  G.   PARIS 

nutlcmem  Lancelot;  il  ne  momre  pas  u  de  dépit  brutal  et  d'enrie  ;  •  U 
lui  dit  simplemeni,  avec  un  sentiment  d'humilité  qui,  pour  ^re  pénible, 
n'est  pas  nécessairement  amer  envers  son  rival  :  «  Tu  m'as  fait  bonté, 
en  accomplissant  ce  que  je  n'ai  pu  mener  i  bonne  fin-  »  Et  la  preuve, 
C'est  que  dans  les  vers  comme  dans  U  prose,  après  ces  premières  paroles, 
les  dera  chevaliers,  pour  emprunter  les  paroles  que  M.  Jonckbloet 
applique  à  la  prose  seule,  i  se  mettent  à  deviser  comme  de  vieux  amis.  » 
L'éditeur  de  la  CAjr^u  renvoie,  il  est  vrai,  aux  v.  J1B4-;  du  poème^oi) 
on  lit  dans  son  texte  que  ceux  qui  ramenaient  Gauvain,  tiré  de  l'eau,  se 
rendirent  à  la  cour,  où  était  le  roi  et  Guenièvre  (ces  vers  sont  altérés 
dans  J) 

Et  Kex  avoec,  Il  seneschax, 

Et  si  eitott  si  desleax 

De  traison  plein  et  conblez,  {i&j 

Qui  molt  Uidement  a  troblez 

Por  Lanceloi  loz  ces  qui  vienem. 
Ici  Ké  serait  présenté  comme  un  traître  qui  aumii  causé,  par  sesa^s- 
semenis  envers  Lancelot,  un  grand  chagrin  à  tous  ceux  qui  i'aimaient. 
Jamais  Chrétien  n'a  représenté  le  sénéchal  sous  ces  traits  odieux  ;  on  ne 
voit  pas  d'ailleurs  à  quoi  se  rapporterait  cette  allusion,  et  enfin  la  phrase 
boite  évidemment.  La  leçon  de  T  nous  tire  d'afTaire  :  ce  ms.  Ut  au 
V.  j  1 84  :  Si  i  estMi  U  itslaidox,  et,  sans  son  secours^  on  pouvait  corri- 
ger :  El  s'i  fitoit  U  deileaus  ;  il  s'agit  non  de  Ké,  mais  de  Méléaguant. 
Au  reste,  si  l'un  des  deux  textes  est  plus  sévère  pour  le  sénéchal  que 
l'autre,  c'est  la  prose,  et  de  beaucoup  :  quand  Méléaguant  croit  avoir 
convaincu  la  reine  de  relations  coupables  avec  Ké,  il  ne  dit  rien,  dans 
Cliréiien,  d'outrageant  pour  celui-ci,  et  s'étonne  même  qu'un  chevalier 
de  son  prix  (v.  4SS6)  ait  commis  un  pareil  acte  contre  l'honneur  de  son 
seigneur  ;  Bademagu  déclare  que  Ké  est  trop  loyal  et  trop  courtois 
(v.  4S40)  pour  être  soupçonné.  Dans  R  au  contraire  Méléaguant  reproche 
A  la  reine  de  trahir  son  époux,  qui  est  le  meilleur  chevalier  du  monde, 
pour  le  plus  mauvais  qui  y  soit  :  «  si  en  est  grans  la  desleauté  de  tel 
«  dame  corn  l'en  vos  lesmoine,  quant  vos  honîssiez  le  plus  prodome  dou 
«  monde  dou  plus  roalveis  (p.  41).  »  On  ne  trouvera  rien  de  pareil  dans 
Chrétien.  —  «  La  descripUon  du  tournoi  de  Pomeglai  nous  donne  une 
nouvelle  preuve,  dit  M.  Jonckbloet,  que  le  conte  en  vers  a  pour  base  le 
roman  en  prose.  Lancelot.  en  se  rendant  Ji  cette  assemblée,  reçoit  les 
armes  itrm&iites  du  sénéchal  de  Méléaguant  (v.  ;499)>  ^^  plus  tard 
(v.  6026)  il  est  désigné  comme 

Cil  qui  pone  l'escu  verraoîl. 
D'où  vient  que  (v,  ^gp)  le  poète  l'appelle  le  chcralier 

As  armes  de  sinople  taintes  ? 


CONTE   Dt   LA   CHARRETTE  49 1 

C'est  qu'il  oublie  pour  un  moment  la  couleur  des  armes  qu'il  lui  a  prê- 
tées, en  feunt  les  yeux  sur  le  récit  en  prose  où  il  trouve  que  son  héros 
«  porte  cscu  de  sînople,  laint  a  trois  escueles  d'argent  »  'pag.  jo].  » 
M.  Hoibnd  dit  lâ-dessus  ip.  143)  :  »  Si  Lancelot  est  désigné  {v.  6026] 
comme  a/ ^tu  paru  l'ttcu  yermoil,  au  v.  J9$7  au  contraire  comme  le 
chevalier  as  armes  de  sinoplt  tuintti,  on  peut  l'expliquer  par  une  négli- 
gence du  poète  ;  mais  il  n'y  a  sans  doute  pas  h  la  preuve  qu'il  ait  eu 
pour  modèle  le  roman  en  prose.  »  La  négligence,  il  faut  l'avouer,  serait 
for!  singulière,  d'autant  plus  que  les  armes  vermeilles  de  Lancetot  sont 
mentionnées  dans  six  passages  (voy.  Mxriens,  p.  672)  ei  ont  une  grande 
importance  dans  le  récit.  Aussi  M.  Mxrtens  propose-i-il  d'admettre  que 
J'ècu  vermeil  avût  une  marque  que  désignerait  l'expression  teinus  de 
siaopU.  L'explication  est  bien  plus  simple  :  sinoplt,  qui,  dans  la 
tangue  aauelle  du  blason,  au  moins  depuis  le  xv*  siècle  [voy.  Liitré], 
ûgnilie  la  couleur  verte,  était  autrefois  le  nom  de  la  couleur  rouge,  et 
c'est  d'ailleurs  le  seul  sens  conforme  à  l'étymologie:  Sîitopis,  Sinopica  en 
1,  comme  ïtvwTri;,  otvwrtu^  en  grec,  désigne  l'ocre  rouge  de  fer, 

l'on  apportait  de  Sinope  '.  En  français  les  exemples  ne  sont  pas  rares. 
Dans  Fergus  (v.  ^40)  on  lit  :  Li  kaubers  aïoil  si  vemaus...  Mais  ce  n'iert 
mit  de  sinoplt  Si  de  htsil.  Dans  le  Bel  Desconea,  v.  1 69R  :  Roses  vermeites 
1  ayoit,  Dt  sinopk  Us  roses  sont  (add.  v.  304J).  Dans  Joufroi,  v.  899  ; 
le  comte  commande  Un  <scu  a  tinopU  peindre.. .  Vermeilles  fiti  ses  conoit' 
tances  Et  son  heume  tt  son  actt.  Dans  le  Ménestrel  de  Reims  (g  1 26),  on 
ïoii  le  roi  d'tupagnc  portant  son  écu  qui  estait  poinz  de  sinoplt  &  trois 
chdsvaas  d'or  qnî  senefient  tja'U  esi  rois  de  CasteU,  et  on  sait  que  les  armes 
de  Castlllc  sont  de  gueules  à  un  châieau  d'or  à  trois  tours'.  Il  n'y  a  donc 
aucune  contradiction  dans  Chrétien,  et  la  prose  et  les  vers  disent  la 
même  chose. 

Le  ttoisième  ordre  d'arguments  de  M.  Jonckbloet  a  été  l'objet,  de  la 
part  de  M.  Mxncns,  d'une  objection  générale  fon  judicieuse,  et  qui  suf- 
fit i  le  réfuter.  Si,  dans  plusieurs  passages,  dii-il  à  peu  près,  le  récit  en 
prose  est  plus  clair  et  plus  vraisemblable  que  le  récit  en  vers,  et  si  Chré- 
tien a  eu  sous  les  yeux  le  récit  en  prose,  il  a  donc  rendu  obscur  ce  qui 
était  clair,  invraisemblable  ce  qui  était  vraisemblable  ?  C'est  ce  que 
n'admettra  aucun  critique,  pour  peu  qu'il  ait  quelque  connaissance  des 
autres  œuvres  de  Chrétien.  La  preuve  alléguée  par  M.  Jonckbloet  se 


I.  On  peut  voir  li-detsus  h  savante  note  <lc  Du  Cangc,  dans  ses  DitierUtioat 
nr  t'Hutoin  de  saint  Leuit,  p,  7;  mais  il  s'est  mépris  m  croyant  que  mofle 
ta  Uuon  avait  toDJoors  voulu  dire  nrl.  Ce  seni  parait  venir  des  petletcnei 
vcnes  ipponè»  de  Sinope. 

]-  Le  moy.  h.  ail.  sinoptl  ou  sinopr/  a  le  même  sens  :  Si»  scktlt  «ta  

Von  liBOfil  rot  goiuoc  {Unula,  V.  44Ï9). 


492  G.    PARIS 

retourne  donc  comre  lui  :  Chrétien  n'a  pas  dû  giter  le  rédi  en  prose 
pour  le  metire  en  vers.  J'ajouierai,  ce  que  ne  fait  pas  M.  Mxnens^  qu'il 
est  au  contraire  très  naturel  que  l'auteur  du  roman  en  prose  ait  éctairci 
ceriaines  obscurités  dans  le  récit  qu'il  suivait,  ait  exposé  cenains  traits 
plus  simplement,  ail  comblé  des  lacunes  et  corrigé  des  invraisemblances. 
Il  est  inutile  de  reprendre  après  les  deux  critiques  l'examen  des  diver- 
gences de  ce  genre,  dom  la  constatation  les  aminé  i  des  conclusions 
opposées.  Je  toucherai  seulement  quelques  points  qui  appellent  une  expli- 
cation autre  que  celle  qu'ils  ont  reçue.  Tandis  que  dans  C  le  combat  de 
Ké  contre  Méléaguant  n'est  pas  raconté,  mais  que  te  poète  le  fait  seule- 
ment deviner  en  nous  montrant  le  cheval  de  Ké  qui  revient  sanglant  et 
sans  cavalier,  H  raconte  ce  combat.  C'est  assurément  plus  simple  ;  mais 
la  preuve  que  ce  n'est  pâs  pour  cela  plus  ancien,  c'est  que  le  ms.  T 
du  poème,  également  choqué  du  procédé  elliptique  de  Chrétien,  a,  tout 
comme  R  ',  inséré  U  un  récit  du  combat  de  Ké  (voy.  ci-dessus,  p.  464, 
n.  4).  —  D'après  C,  le  roi  Bademagu  assiste  au  second  entretien  de 
Lanceloi  avec  Guenièvre  (v.  44sâ-9^,  ci  cependant  les  paroles  qu'ils 
échangent  (v.  4471  ss.)  ne  peuvent  être  dites  devant  un  tiers.  La  prose 
est  bien  supérieure,  qui  dit  :  Ma  U  rois  qai  moût  estait...  coanois  n'i  fu 
guerei,  aim  ditt  (ju'il  vieil  yooir  cornent  KexU  fct.  Maison  n'a  pas  remarqué 
que  Lanceloi,  dans  C,  parle  i  la  reinej  conttU,  c'est-i-dire  <>  tout  bas,  » 
et  s'ils  avaient  été  seuls  tous  deux,  il  ne  lui  aurait  pas  dit  (v.  4J02-;)  : 
«  Je  ne  rospuismieâ  Totdire  tjaanifue  ge  voldnie'.  n  —  Quand  GauTJÛn 
ramène  ta  reine  â  son  époux,  dans  C  tout  le  monde  croit  que  c'est  lui 
qui  l'a  délivrée  ;  on  l'acclame,  et  il  faut  qu'il  déclare  que  c'est  Lancelot 
qui  en  a  eu  l'honneur  j  dans  R  au  contraire  le  roi  demande  tout  de  suttt 
à  Gauvain  des  nouvelles  de  Lancelot.  Le  récit  de  R  est-il  «  plus  simple  f  > 
H  est  tout  naturel  que  le  roi,  qui  a  vu  partir  Cauvain  à  la  poursuite  de 
Méléaguant  et  qui  ne  sait  pas  que  Lancelot  s'y  est  mêlé,  attribue  au  pre- 
mier la  délivrance  de  sa  femme.  —  Les  réflexions  de  M.  Mxrtens 
(p.  6f  8  s.j  sur  les  prétendues  invraisemblances  du  récit  de  Godetroi  de 
Lagni  dans  l'épisode  du  combat  final  ne  sont  nullement  fondées  :  il  est 
particulièrement  inexaa  de  dire  que  les  chevaliers  ne  devaient  jamaîs 
voyager  sans  être  armés  ;  Lancelot  va  sans  armes,  par  deux  fois, 
la  prose  comme  dans  les  vers,  à  la  recherche  de  Cauvain. 

Chrétien  n'a  donc  pas  travaillé  sur  le  roman  en  prose  ;  c'est  le  mérite 
de  M.  Msertens  d'avoir  déjà  mis  ce  fait  hors  de  doute.  Il  ajoute  avec 


1.  On  ponmit  croire  que  ce  ms.  a  empTunté  te  récit  de  ce  combat  i  /t.maii 
il  n'en  est  rien,  et  R  a'a  pas  davantige  puisé  dans  T;  les  denr  téciU  sont  trop 
diitembUbles. 

2.  De  mîme  c'est  i  cause  de  la  présence  du  roi  que  Gucoiévre  lui  montre  ta 
ituHit  de  l'œil  et  non  du  doigt  (ci-dessus,  p.  478). 


LE  COKTE   DE   LA   CHARRETTE  49; 

tonte  raison  (p.  674)  que,  si  R  était  la  source  de  C,  on  ne  comprendrait 
pas  pourquoi  C  aurait  bissé  de  c6té  tout  ce  qui  dans  R  s«  rapporte  au 
saint  graal  :  «  Chrétien  a  lui-môme  traité  la  légende  du  graal  dans  un 
autre  poème'  ;  d'ailleurs  l'unité  du  récit  de  la  Charité  n'auraii  pas  souf- 
fert s'il  y  avait  admis  les  passages  du  conte  en  prose  relatifs  à  ce  sujet. 
Cependant  C  ne  dit  pjs  un  mot  du  graul,  d'où  on  peut  conclure  qu'il 
n'en  était  rien  dit  dans  sa  source  :  nouvelle  et  plus  fone  preuve  que  la 
«urce  de  C  est  plus  ancienne  que  fi.  »  Enfin  il  est  bien  difficile  d'ad- 
mettre, dit  encore  le  critique  allemand  (et  je  suis  tout  à  fait  de  son  avis), 
que  la  rédaction  de  R  puisse  remonter  A  une  époque  antérieure  à  celle  où 
Chrétien  écrivit  son  poème- 
U  parait  dès  lors  tout  naturel  de  conclure  que  R  dérive  de  C  ;  mais 
I.  Maenens  se  refuse  à  cette  conclusion.  Les  raisons  qu'il  donne  (p.  67  j) 
sont  si  faibles  qu'on  s'étonne  qu'elles  aient  persuadé  un  critique  qui  en 
ygénéral  fait  preuve  d'un  fort  bon  jugement.  La  rédaaion  de  R  est  en 
plusieurs  endroits  plus  claire  et  meilleure  que  celle  de  C  ;  or  le  roman  en 
prose  aime  en  générât  à  amplifier  et  à  répéter  :  on  ne  peut  donc  croire 
qu'il  ait  ici  amélioré  ;  —  H  dit^âre  souvent  de  C  sans  qu'on  puisse  lou- 
joun  indiquer  pourquoi  il  aurait  pratiqué  un  changement  ;  —  K  ne  parle 
pas  de  l'aventure  du  château  enchanté  l'v.  2]i2  ss.),  et  cependant  te 
roman  en  général  aime  les  récits  d'enchamcmeTit»  ;  —  il  omet  le  pas- 
sage où  C  raconte  que  Bademagu  envoie  par  tout  son  royaume  des  mes- 
sagers en  quête  de  Lancelot.  et  le  roman  en  général  abonde  en  récits  de 
«  quêtes,  »  et  n'aurait  donc  pas  omis  celle-là»  ;  —  C  raconte  que  Lan- 
celot, dans  le  château  où  le  mena  la  charrette,  entendit  la  messe  le  malin 
(v,  {j{  ss.),  et, si  R  avait  eu  ce  texte  sous  les  yeux,  il  n'aurait  pas  sup- 
primé ce  détail,  car  en  général  il  n'est  pas  chiche  de  messes*  ;  —  enfin 
R  n'aurait  pas  né^igé  les  deux  passages  (v.  181  {,  31 11]  où  on  reproche 
Lancelot  d*étre  monté  sur  la  charrette.  A  ces  considérations  tirées  du 
>Rd  du  récit,  et  qu'il  est  inutile  de  discuter,  M.  Mœrtens  en  ajoute  de 
plus  singulières  tirées  de  ta  forme  :  a  11  serait  surprenant  qu'on  ne  trou- 


1.  Chrétien  ne  composa  sod  Contt  da  grsal  que  quelfcnes  anitèts  après  la 
Clufae  ;  quand  il  écrivit  ce  roman,  il  est  probable  qu'il  o'avaii  lamais  eateodu 
parler  du  graâl  destiné  i  devenir  si  célèbre. 

2.  Mali  prtciiéoicnt  dans  C  il  est  dit  que  dans  ce  chSteau  il  n'y  avait  pis 
d'enchamement  ;  celte  aventure  est  peu  intérCKHote,  et  clic  n'efl  pis  la  seule 

ne  H  ait  omise. 
I.  Mail  c'eU  juttenieni  parce  que  R  abonde  en  longs  récits  de  1  quêtes  ■ 
Up  il  pouvait  oigliger  celle-td,  qui  n'offre  aucun  iolérèt  et  est  racootie  ca 
toi  vers. 

^.  Tout  ce  pauage  est  1res  changé  dans  /ï,  le  prosateur  ayant  amélioré  le 
récit  en  faujnt  éveiller  Lancelot  par  le  nain  qui  lui  a  promis  de  lui  taire  voir  I) 
"Hne  ;  le  nain  l'évcâlant  et  le  passage  du  cortège  ayant  lien  au  point  du  )uur, 
messe  a  Daturelleoient  disparu. 


494  G.    PABIS 

vit  dans  R  aucune  irace  des  mérites  litiéraîres  qui  distinguent  C,  à  H 
provenait  de  C.  Or  nous  cherchons  vainement  dans  R  un  passage  où  te 
romancier  sorte  personnellement  du  rédi  pour  se  livrer  à  des  rédexioas 
sur  le  sujet,  tandis  que  Chrétien  aime  i  l'ocusion  à  quitter  le  ton  narratif 
pour  prendre  le  ton  didactique...  C  nous  offre  en  outre  un  proverbe 
\v.  141-44  ')  qui  n'e$t  pas  dans  R.  Il  affectionne  les  comparaisons,  dont 
R  présente  très  peu  d'exemples...  Il  anime  son  sujet  par  de  brilUntes 
descriptions..-  et  il  traite  le  dialogue  d'une  façon  vraiment  ma^sirale. 
Or  beaucoup  de  ces  descripiioiu  ne  se  retrouvent  pas  dans  R,..  et  dans 
le  maniement  du  dialogue  on  ne  remarque  pas  dinfluence  de  C  sur  R.  » 
Il  est  trop  clair  que  toutes  ces  différences  tiennent  â  ta  façon  d'écrire  cl 
de  composer  des  deux  auteurs,  ei  ne  prouvent  nullemeni  que  le  prosa- 
teur n'ait  pas  eu  sous  les  yeux,  pour  le  remanier  à  sa  fa^n,  le  récit  du 
poète. 

Appuyé  sur  ces  arguments  qui  n'en  sont  pas,  M.  Mxriens  eidmet  pour 
R  et  pour  C  une  source  commune  qu'il  appelle  û  ;  d^ns  les  pauages  où 
R  est  meilleur  et  plus  simple  que  C,  on  doit  supposer  que  0  était  confome 
à  R  :  or  C  n'ayant  pas  dû  gâter  son  modèle,  il  faut  admettre  entre  0  et  C 
un  intermédiaire,  c,  qui  doit  être  responsable  de  toutes  les  lacunes  et 
imperfections  qu'on  remarque  dans  C  ;  entre  0  et  /ï  il  a  dû  y  avoir  plu- 
sieurs intermédiaires.  —  Tout  cela  ne  mérite  pas  qu'on  s*y  arrête  ;  mais 
il  est  utile  de  répondre  i  ce  qui  suit.  M.  Ma^riens  veut  prouver  que  0 
contenait  plus  que  C,  <t  ce  qui  ressort  non  seulement  de  R,  mais  de  C 
même.  »  Méléaguant  parle  de  gens  de  Logres  qu'il  retient  prisonmas 
dans  son  royaume  :  si  le  poète  n'explique  pas  mieux  cette  circonstance, 
c*esi  que  ses  auditeurs  savaient  par  un  autre  ouvrage  comment  et  pour- 
quoi Méléaguant  avait  fait  ces  prisonniers;  or  cet  ouvrage  devait  être  0. 
Il  est  singulier  qu'un  auteur  qui  refait  un  ancien  poème  y  laisse  de  c6ti 
certaines  parties  qu'il  suppose  ensuite  connues  de  son  public.  Mail  que 
nous  importe  et  qu'importait  il  Chrétien  l'histoire  de  ces  prijonniers  i  le 
fait  seul  de  leur  captivité  est  intéressant,  etsuffîsaitauxauditeursduxii*!. 
comme  aux  lecteurs  du  xix'.  L'aventure  du  chevalier  du  gué  (voy.  p.  468) 
et  la  tentative  de  la  demoiselle  pour  détourner  L>ancelot  de  son  chemin,  qui 
sont  dans  C  mais  non  dans  R,  se  retrouvent  dans  des  parties  antérieures 
du  Lanceloi  en  prose  ;  or  Chrétien  n'a  pas  connu  ce  roman  et  n'a  pu  y  puiser 
ces  récits  :  donc  ils  étaient  dans  0,  et  le  roman  en  prose  les  a  traosponés 
dans  un  autre  endroit.  Mais  il  est  fort  naturel  d'admettre  que  l'auteur  du 
Lanctiot  les  a  pris  dans  C.  —  L'aventure  du  cimetière,  telle  qu'elle  est 
dans  C,  se  retrouve  ailleurs  dans  le  roman  en  prose,  tandis  que  dans 


> .  Ce  n'est  p»  no  prorerbe  :  c'est  la  renurque  citée  plus  haut  sur  la  ligni- 
fication mihnnnirtast  de  U  charrttte. 


LE  CONTE   DE   U   CHARRETTE  49$ 

notre  épisode  le  roman  la  remplace  par  une  autre  :  o  racontait  donc 
comme  C,  et  R  a  changé.  J'ai  dé(à  dit  que  le  Lanceloi  avait  empninié 
cette  aventure  1  C  et  l'avait  Insérée  ailleurs,  Â  cause  de  quoi  il  l'a  rem- 
placée id  par  une  autre,  rattachée  au  saint  graal  ■.  —  Les  vers  de  C  sur 
U  dame  qui  avait  donné  à  Lancclot  son  anneau  :  CeU  dantt  am  fée  estoil 
Qai  ranel  doné  U  avoit  Et  «  U  nom  tn  t'eafauct,  prouvent  que  Chrétien 
trouvait  dans  o  l'histoire  de  la  jeunesse  de  son  héros.  Ils  prouvent  sim- 
plement que  Chrétien,  ainsi  que  son  public,  connaissait  l'histoire  de  la 
dame  du  lac  qui  éleva  le  jeune  Lanceloi,  comme  elle  est  racontée  dans 
le  LanzeUt  d'Ulrich  et  ailleurs.  —  Quelques  personnages  mentionnés 
dans  C  jouent  un  rile  dans  d'autres  parties  de  R  ;  leur  histoire  devait 
donc  figurer  dans  o,  oii  Chrétien  a  pris  leurs  noms.  Mais  ces  noms  appar* 
tiennent  à  l'ensemble  des  romans  bretons,  et  c'est  dans  les  poèmes  de 
Chrétien,  comme  nous  le  verrons,  que  les  romans  en  prose  les  ont  pris, 
souvent  pour  les  défigurer.  —  D'après  toutes  ces  remarques,  M.  M^er- 
tens  coikIui  que  le  prétendu  o  a  racontait  la  jeunesse  de  Lancelot,  sa 
première  entrevue  avec  Cueniévrc,  ses  premiers  exploits,  ses  amours 
avec  la  rane  et  sa  liaison  avec  Galehaut,  ainsi  que  les  événements  sui- 
vants jusqu'l  la  mort  de  Galehaut...  Puis  venait  le  conte  de  la  charrette, 
et  il  est  probable  qu'on  trouvait  ensuite  (à  en  juger  d'après  H)  d'autres 
événements  donl  Lanceloi  était  le  héros.  La  fin  de  o  était  sans  doute  )a 
rec<mquéle  du  royaume  de  Benoic  (royaume  du  père  de  Lancelot)  par 
les  chevaliers  de  la  Table  Konde,  et  le  couronnement  de  Lancelot...  Le 
UitzeUt  d'Ulrich  finit  aussi  par  la  restauration  de  Lancelot  sur  le  trftne 
qui  avait  été  celui  de  son  père.  »  Tout  cela  est  absolument  erroné.  Il  n'a 
jamais  existé,  aniérieu renient  à  Chrétien,  d'ouvrage  qui  ail  ressemblé  i 
celui  que  M.  Mxrtens  prétend  restituer.  Galehaut,  comme  je  l'ai  déjà  dit, 
est  un  personnage  inconnu  i  la  deuxième  comme  à  la  première  époque 
des  poèmes  de  la  Table  Ronde,  et  est  le  produit  de  l'invention  de  l'auteur 
du  Lanceioien  prose.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  ce  qu'il  faut  penser  de 
U  source  de  Chrétien  ;  mais  rien  ne  nous  empêche  d'admettre  que  le 
conte  de  la  charrette,  dans  le  roman  en  prose,  ait  été  hh  directement 
sur  son  poème,  et  tout  concourt,  au  contraire,  à  nous  le  persuader. 

M.  Martens  en  a  donné  la  meilleure  preuve  en  montrant  (p.  677  sa.) 
qo'un  grand  nombre  de  vers  du  poème  de  Chrétien  se  retrouvent  textuel- 
lement, avec  le  mot  qui  leur  sert  de  rime,  dans  le  récit  en  prose.  Toutes 
les  fois  que  nous  trouvons  un  rapport  de  ce  genre  entre  une  version 


I .  iputile  Je  tiitcuter  li'autm  raporochemenu  du  même  genre  que  fait  l'au- 
teur. Certains  épitodes  de  C  ressemblent  i  des  récits  qui  se  trouvent  ailletirs 
dins  te  LaïKcht;  donc  C  et  LMictlel  ont  puisé  itas  0  ;  maïs  il  n'y  a  aocuae 
rabon  de  ne  pis  admettre  que  Laatthta  ptii^é  dans  C. 

i.  M.  Maertens  écrit  tou|ours,  je  le  sais  pourquoi,  Ginnra. 


4J)£  ^  G.    PARIS 

linfie  et  une  version  prosaïque  d'un  même  récit,  nous  pouvons  être  sCtrs 
que  la  secondeprovientdela  première.  Un  poète  qui  travaille  sur  un  texte 
en  prose  ne  s'astreint  jamais,  particulièrement  i  la  rime,  A  en  conserver 
les  expressions,  surtout  à  en  garder  des  phrases  entières  ;  il  le  voudrait 
qu'il  ne  le  pourrait  pas.  Au  contraire,  un  écrivain  qui  dirime  des  vert  en 
conserve  presque  toujours  d'entiers  en  se  contentant,  pour  les  faire  entrer 
dans  son  contexte,  d'ajouter  quelque  syllabe,  de  déplacer  quelque  mot, 
ou  simplement  de  détruire  la  rime  iumelle.  Je  ne  citerai  ici  qu'un  petit 
nombre  des  exemples  les  plus  saillants  qu'en  a  relevés  M.  Maenens  en 
comparant  R  avec  C.  Il  est  probable  qu'on  en  trouverait  plus  encore  si,, 
au  lieu  de  comparer  C  avec  le  texte  d'un  seul  manuscrit,  publié  par 
M.  Jonckbloci,  on  le  rapprochait  d'une  édition  critique  du  conte  de  la 
charrette  en  prose. 


67  Etvienijusqu'al'uisdelasale 

lij  Et ainz  l'en cheez  vos  as  piez 

)47  Et  voit  un  nain  sortes  limons 

IJ91  Vos  en  menrai  veani  ses  iauz 

180a  Sivronsmoîettoi.setuviaus, 

Le  chevalier  hui  et  demain 
21  go  Tantûst  com  lejorveoir  pot 
274  î  Que  a  merci  venir  l'estuel 
jiîG  Le  sanc  jus  de  ses  plaies  tert 
]942  Dame,  veez  ci  Lancelot, 

Fct  li  rois. 
(8(9  Et  lors  comencent  a  huier 
6i4t  Si  li  donoit  l'en  a  mander. 


et  va  jusqu'à  l'uis  de  la  sale 

et  ainçois  li  chaoiz  aus  pîez 

et  voit  sor  les  limons  un  nain 

et  ge  vos  en  merrai  voiant  ses  îauE 

si  irons  après  le  chevalier  hui  cl 

demain 

si  tost  comme  il  pot  le  jor  vooîr 

que  a  merci  l'cstuet  venir 

il  lert  le  sanc  jus  de  ses  plaies 

Dame,  fei  li  rois,  veez  d  Lancdot 

si  le  comencent  a  huîer 
u  li  portoit  l'en  a  mangier. 


M.  Maertens  n'a  pas  étendu  ces  rapprochements  à  la  partie  du  poème 
qui  est  de  Codcfroi  de  Lagni  ;  ils  y  sont  plus  rares,  mais  ils  n'y  font  pas 
défaut.  En  voici  quelques-uns  : 

6494  tJ'eust  destor  ne  repostaille 

Ou  je  ne  vos  eusse  quts... 

Se  je  en  prison  vos  seusse, 

Ainz  que  trové  ne  vos  eusse 
6{6j  Quant  sa  veue  a  mise  fors 

Si  com  il  puet 
701  (  Si  s'entrefierent  maintenant 

Es  escuz  [cous 

7027  Andui    s'entrefierent    granz 

Sor  lesescuzqu'ilont  aus  cous 

Et  sor  les  hiauroes. 


sevosfiissîez  autres  en  prison  com- 
me ge  sui...  il  ne  remanstst  tor  ne 
forteresce...  ou  ge  ne  vos  queisse 
tant  que  ge  vos  trovasse 
et  met  sa  teste  hors  tant  comme  il 
puet 

si  s'entredonent  granz  cops  sor  les 
escuz 

sis'entredonenlgranscopsetpcsanz 
parmi  les  heaumes  et  parrat  les 
escuz. 


tE  COWTE  Dï  LA  CHARRETTE 


497 


Pour  expliquer  ces  coïncidences  autrement  que  par  un  emprunt  direct 
de  R  A  C,  il  faudrait  admettre  que  l'original  commun  oîi  auraient  puisé 
la  deux  rédactions  était  un  poème  en  vers  de  huit  syllabes,  dont  un 
grand  nombre  étaient  absolument  identiques  à  ceux  de  Chrétien  ei  de 
Codefroi.  Or  c'est  là,  évidemment,  une  supposition  absurde  ;  car  si 
Chréden  avait  connu  un  poème  semblable,  il  ne  se  serait  pas  amusé  l  le 
récrire,  ou  s'il  l'avait  récrit,  il  n'en  aurait  pas  conservé  tant  de  vers 
iniacTS  (disons-en  auunt  de  Codefroi  ')•  ^^  preuve  est  donc  faite,  et  il 
cti  établi  que  l'épisode  de  l'enlèvemeni  de  Gueniévre,  dans  le  La.ncelot  en 
prose,  a  été  écrit  d'après  le  Conte  dt  la  Chante  de  Chrétien  de  Troyes  et 
Codefroi  de  Lagnî>. 

C'est  là  un  résultat  fon  imponant,  a  qui  servira  souvent  de  point 
d'appui  &  nos  raisonnements  dans  nos  recherches  ultérieures  sur  l'histoire 
des  romans  de  ta  Table  Ronde.  Sauf  le  TristAit,  que  je  laisse  de  ctué 
provisoirement,  et  les  poèmes  de  Robert  de  Boron,  reconnus  par  tous  les 
cntiques  compétents  comme  sources  des  rédactions  en  prose  correspon- 
dantes, il  n'y  a  pas,  dans  tous  ces  romans,  un  cas  où  nous  puissions 
comparer,  comme  ici,  l'original  et  l'imitation.  Mais  ce  cas  est  capital. 
Du  moment  que  l'auteur  du  Ltnubi  a  imité  Chrétien  de  Troyes,  il  n'a 
pas  écrit  avant  1 170,  et  il  doit  sans  doute  avoir  écrit  sensiblement  plus 
Urd  ;  tout  ce  qui,  dans  son  récit,  est  étranger  au  poème  qu'il  suivait  doit 
être  considéré  comme  ajouté  par  lui,  soit  d'après  d'autres  poèmes,  soit 
d'après  sa  propre  imagination,  en  sorte  que  son  œuvre  apparaît  comme 
un  grand  travail  à  ta  fois  de  compilation  et  d'invention.  Ce  qui  est  vrai 
du  Linulût  le  sera  bien  probablement  du  Satnl  Graal  et  du  JVer/m,  dont 
niras  avons  d'ailleurs,  au  moins  en  partie,  les  sources  dans  les  poèmes 
de  Robert  de  Boron.  C'est  en  etfet  la  conclusion  que  nos  études  conlir- 


^ 


1.  M.  Hxrleni  (p.  686)  ne  recule  pas  devant  cette  convïqttence  de  son  lys- 
.lèine.  Il  croit  nène  retrouver  dais  R  des  paires  de  vers  qui  ont  bien  pu  exister 
tels  quels  dans  0.  Les  deux  premiers  ciemplcs  qu'il  en  oordc  [Dnani  li  ni,  et 
dil  :  Ttiït;,  ji«,  «on  gage^  eae  ziii  pn:  ;  —  à  t'en  ut  de  Camaaiat,  vert  la 
faitst  s'tn  M  trtstot)  sont  malheureux  :  Itnii  ne  rime  pas  avec  uit  ^  pnat 
{ea  outre  il  y  a  ^at  gc  sai  prt:-.  ni  Camaalôt  avec  Ircilàl  id'aîfleurt  le  texte 
porte  :  «  l'tn  ia  Je  Camaahi  et  i  m  va  ttuioi  ton  pat  rtn  ta  Jonitt.  Les  autres 
SDDt  hnignifiants  ou  ne  s'obtienoent  qu'en  modifiant  le  levte. 

2.  Le  prosateur  semble  tui-nène  citer  u  source  quand  il  dit,  en  pariant  de 
Goeoievre  ip.  {9!  :  «  Car  ce  dit  li  contes  qu'ele  fu  deus  |ors  et  deui  nuiz  sanx 
boivrc  et  sanx  mangier.  •  Cela  se  rapporte  i  ces  vers  (414^-6)  :  La  him  tu  tel 
ia:l  litat  Otui  ton  que  ne  mjnin  ne  tel.  Le  renvoi  est  peul4tte  plus  clair 
encore  dans  l'introduction,  où  on  rapporte  que  Laocelol  *  vint  i  àrtiie  hore  de 
midi  a  Camaalot  en  la  place  ou  Kn  li  seneschaus  (u  abatuz  el  navrez  por  la 
reine  qu'il  conduisoit,  si  comme  /i  ania  Je  la  tbartte  le  devise.  >  On  ne  voit 
Dulk  part  que  l'auteur  de  Laïutlol  divise  son  ouvrage  en  t  cootes  •  ;  quanJ  il 
cite  aiofi  des  ■  conte»  >,  ce  sool  toujours  des  récits  étrangeri  et  non  des  par- 
ties du  ronan.  C'est  ce  qui  fait  qn'on  ne  peut  lut  attribuer  la  désignation  de 
toalt  de  la  charclt  donnjc  à  cet  épisode  de  soa  livre. 


HtmaaiOt  XII 


Î2 


498  c.  PARIS 

menim  de  plus  en  pks,  mais  que  nous  pouvons  dis  mamKnant  consi- 
dérer ccunme  assurée.  Il  nous  restera  à  rcchercber,  d';iprès  toutes  les 
données  que  nous  auront  fournies  ces  études,  quand,  où,  par  qui  (iireat , 
exécutées  ces  immenses  compositions,  ces  puichtrrmae  ttguArtUTi  ambag/tf 
qui  faûsjùent  l'admiration  de  Dante.  Une  autre  Uche,  que  je  n'aborderai 
pas,  au  tnoins  mainienam,  consistera  à  étudier  comment  les  romans  en 
prose  se  comportent  avec  leurs  originaux  en  vers  ;  mais  je  chercherai  A 
démêler  dans  les  premiers  la  part  qu'il  faut  faire  à  l'invention  propre  de 
leurs  auteurs.  Pour  aborder  ces  quesiions  avec  quelque  sûreté,  il  (aui 
d'abord  avoir  suivi  de  sa  source  à  son  embouchure  l'autre  grand  courant 
qui  est  venu  se  jeter  dans  cette  ■  mer  des  histoires,  »  àsavoir  la  légende 
du  graal.  Ce  sera  l'objet  d'un  prochain  travail  ;  mais  auparavant,  reve- 
nant au  Conu  ic  tii  Chante,  je  vais  essayer  de  retrouver  l'origiDe  et  le 
sens  primitif  du  récit  conté  par  Chrétien,  el  de  marquer  l'importance  qa'j 
dans  l'histoire  littéraire  l'œuvre  du  poète  champenois, 

m.  —  Lesuja  du  pûime  de  Chtiûen. 

Fn  dehors  du  poème  de  Chrétien,  qui  est,  comme  on  vient  de  le  voir,  ta 
source  directe  de  l'épisode  qui  lui  correspond  dans  le  Lamelot  en  proie, 
nous  possédons  un  récit  réellement  indépendant  de  l'enlèvement  et  de  b 
délivrance  de  Guenièvre  dans  une  compilation  anglaise  bien  connoe, 
mais  trop  peu  utilisée  jusqu'à  présent  pour  les  études  de  ce  genre,  le 
Livre  d'Aithur,  appelé  improprement  Le  Mojit  Dartbare,  rédigé  par  sir 
Thomas  Malory  (ou  Malorye,  ou  Maleore)  en  t^b^  ou  1 470,  cl  imprimé 
pour  la  première  fois  en  t48{  par  Caxton.  et  souvent  depuis*.  On  dis- 
tingue â  première  vue  dans  le  livre  de  Matory,  qui  demanderait  une  ana- 
lyse spéciale,  deui  éléments  :  ce  qui  se  retrouve  plus  ou  moins  identi- 
quement dans  des  romans  français  connus,  et  ce  qui  ne  s'y  retrouve  pas. 
Il  serait  fort  précipité  de  regarder  ces  dernières  parties  de  l'oeuvre  comme 
étant  sorties  de  l'imagination  du  rédacteur  anglais  ;  plusieurs  récits,  aux- 
quels on  attribuait  naguère  cette  origine,  ont  déjà  pu  être  identifiés  avec 
des  récits  français  qui  n'avaient  pas  été  signalés  jusqu'à  présent,  et  il  est 
extrêmement  probable  que  Malory  s'est  borné  tout  le  temps  à  traduiit, 
en  abrégeant  toujours  et  en  modifunt  ci  et  U  son  original  ou  ses  orig- 
naux. Tel  est  aussi  le  cas  pour  les  neuf  premiers  chapitres  du  livre  XIX», 
dans  lesquels  il  raconte  d'une  manière  assez  différente  l'aventure  qw  fait 
le  sujet  du  Conte  de  la  Chartie.  Voici  un  résumé  de  ces  chapitres. 


i.  h  ntt  sers  de  Tédilioa  de  Macmillan,  iSéil,  bien  qu'elle  soit  <  reriicd  for 
modem  use  »;  cela  n'a  pai  d'importance  ici. 
2.  La  divisioi)  ea  livres  cl  en  cbapilres  est  du  Tait  de  Caxton. 


i 


* 
» 


LB  OOHTC   DS   U  CKaKRBTTE  499 

Un  jour  du  mois  de  mai,  Guenièvre  (Gataevtr')  inviie  ses  chevaliers  â 
l'accompagner  le  lendemain  maiin  pour  aller  au  mai  ■  •maying*  dans  le 
bois  non  loin  de  Westminster  ^  Klle  pan  avec  dix  dames  et  les  dix  che- 
TalJen  qui  lui  appartenaient  spécialement,  parmi  lesquels  le  sénécha!  Ké 
(K£j)f  ;  chacun  d'eux  amène  un  écuyer  et  deux  sergents  (yMnif/i);  tous 
soni  halnllés  de  vtn,  et  n'ont  d'autre  arme  que  leur  épée.  Après  qu'ils 
ont  cueilli  le  mai.  chargés  d'herbes,  de  mousse  et  de  fleurs,  ils  vont 
reprendre  le  chemin  du  palais,  quand  apparaît  Méléaguant  {Sir  MtUa- 
granct) .  Ce  fils  du  roi  Bademagu  {Basdtmagus)  avah  un  ch&teau  à  sept 
milles  de  Westminster.  It  aimait  la  reine  depuis  des  années,  et  «  le  livre 
dit  »  qu'i!  avait  souvent  déjà  essayé  de  l'enlever,  mais  avait  toujours  éi^ 
retenu  par  la  crainte  de  Lancelot  {Sir  LaufKeioi) .  Cette  fois,  sachant  par 
ses  espions  que  Lancelot  ne  l'accompagnait  pas  et  que  les  gens  de  sa  suite 
étaient  sans  armures,  il  se  présente  avec  quatre-vingts  hommes  bien  annés 
et  arrbe,  «  conune  dit  le  livre  français,  »  te  gai  conège.  Les  chevaliers 
de  la  reine  veulent  cependant  la  défendre,  mais  bteni6t  ils  sont  tous  griè- 
renent  blessés.  Pour  empêcher  qu'on  les  achève,  I2  reine  consent  î  suivre 
Méléaguant,  à  condition  qu'on  ne  la  séparera  pas  de  ses  dames  et  de  ses 
Bobtes  chevaliers.  —  On  emporte  donc  les  blessés  i  cheval  ou  en  litiire. 
Guenièvre  trouve  moyen  de  remettre  son  anneau  i  un  page,  et  de  lui  dire 
d'alkr  prévenir  Lancelot  de  ce  qui  se  passe.  Méléaguant,  qui  s'est  aper^i 
de  la  fuite  àa  page,  dresse  sur  ta  route  de  son  château  une  embûche  à 
Lancelot  :  trente  archers  attendront,  bien  cachés,  le  chevalier  qui 
accourra  bientôt  sur  un  cheval  blanc,  mais  ils  se  contenteront  de  tuer 
ion  cheval,  sans  s'en  prendre  à  lui,  car  il  est  trop  difficile  à  vaincre. 
Averti  par  le  page,  Lancelot  s'arme  en  toute  hÂte,  fait  dire  à  Lavain, 
son  icuyer*,  de  le  suivre,  monte  H  cheval,  et  s'éUnce  aussi  vite  qu^ 
peut.  <  Le  livre  dit  qu'il  prit  l'eau  au  pont  de  Westminster,  et  lit  remon- 
ter son  cheval  à  la  nage  jusqu'à  Lambelbt.  >  Il  arrive  à  l'endroit  du 


i.  Sor  ctne  ciprcssioB  et  le  seas  qn'dle  a,  vojrcz  l'art.  Mi;  dans  Saime- 
Pilaye. 

2.  C'est  Â  We&tmitister  que  réside  Arthur  dans  cette  partie  du  livre, 

j.  C'est  li  un  tijiit  ()ui  n';i  certainement  rien  d'ancien  Les  ooins  des  neuf 
intrts  «  chevaliers  de  la  reine,  *  empruntés  h  divers  ronuiu,  n'ont  pas  besoin 
d'étiT  mentionnés. 

4.  Ce  Lavain  \L3viin1),  dont  le  nota  tjx  încoong  aux  romans  fraxab,  eit 
le  frire  de  la  belle  KJiine  d'Etcalot  (Ailolsi  dans  Maloryi,  qui  mourut  d'amoar 
pour  Lancelot.  Son  introd action  dans  notre  épisode,  û&  a  |oue  d'iilleun  un 
rOle  ttès  mutile,  piirjii  hit  ilti  dit  de  MaloTY,  qui  semble  avoir  une  grande 
prédilection  pour  ce  personnage. 

\.  Si  Halôrjr  eolead  «  le  livre  français,  1  il  est  plus  que  probable  qu'il  hii 
prÂe  une  de  ses  propres  inventions.  II  aine  en  général  ces  indicilions  géogra- 
phiques plus  ou  Bidns  exactes.  C'est  ainsi  qu'il  prétend  (1.  XVHI,  ài.  9) 
qu'Aitolat  (*  Escalot)  est  Giliord, 


Soo  0.  Paris 

combat,  et  suit  1rs  traces  des  chevaux  jusqu'à  un  bois  oîi  des  arcbm 
embusqués  lui  enjoignent  de  retourner  sur  ses  pas  s'il  ne  veut  perdre  son 
dieval  ;  sur  son  refus  ils  percent  en  cITet  son  cheval  de  floches.  Lanceloi, 
jiprÈs  avoir  en  vain  tisayé  de  tes  joindre  à  travers  les  haies  et  les  fossés, 
poursuii  sa  route  à  pied  ;  mois  bieni6t  il  se  sent  accablé  sous  le  poids  de 
son  armure,  de  son  écu  et  de  sa  lance.  A  ce  moinent  il  rencontre  deux 
charretiers  de  Méléaguant,  qui  venaient  chercher  du  bois.  Le  premier, 
auquel  il  demande  de  le  prendre  dans  son  chariot,  re^se  ^ossijrement  ; 
Lanceloi  l'étcnd  mort  d'un  «  buffet.  »  L'autre,  épouvanté,  consent  i  le 
mener,  et  bientôt,  de  la  fenêtre  du  château  de  Méléaguani,  Guenièvreet 
ses  dames  voient  arriver  un  chariot,  dans  lequel  se  tient  debout  un  cbe-  ■ 
valier  :  n  Voyez,  madame,  dit  l'une  d'elles,  ce  clKvalier,  fort  tnen  arme, 
qui  voyage  dans  un  chariot  :  sans  doute  il  va  se  foire  pendre.  »  Mais  la 
reine  reconnaît  l'écu  de  Lancelot,  ei  réprimande  celle  qui  avait  ainsi 
parlé.  Arrivé  à  la  porte,  Lanceloi  descend,  ouvre  la  porte  en  renveruni 
le  portier,  et  provoque  à  grands  cris  le  traître  Méléaguant.  —  Celui-ci, 
rempli  de  terreur,  va  se  jeter  aux  pieds  de  Gueniévre  en  la  suppliant 
d'Intercéder  pour  lui  auprès  de  Lancelot  ;  elle  y  consent,  calme  son  che- 
valier, non  sans  quelque  peine,  le  fait  désarmer,  et  le  conduit  auprès  des 
chevaliers  blessés;  ils  se  raconieni  les  perfidies  de  Méléaguant,  et 
regrettent  d'être  empêchés  de  s'en  venger.  «  Et.  Â  ce  que  dit  le  livre 

français,  LanceLot  fut  appelé  longtemps  après  le  Chevalier  du  Chariot 

Et  nous  laissons  ce  conle[-làl,  le  Chevalier  du  Chanot,  et  venons  i  ce 
cùnie[-cij.  '!  Lancelot  et  la  reine  conviennent  de  se  voir  la  nuit  suivante    , 
à  une  fenêtre  munie  de  barreaux  de  fer.  —  Dans  la  nuit  en  effet,  Um-  ^ 
celoi,  quittant  son  écuyer  qui  l'avait  rejoint,  appuie  une  échelle  au  mur 
ei  trouve  Cucnièvre  à  la  fenêtre.  Ils  se  parlent,  mais  ils  souhaitent  se  _ 
voir  de  plus  prés.  «  F.h  !  bien,  dit  Lancelot,  je  vais  éprouver  ma  force  H 
pour  l'amour  de  vous,  n  II  arrache  les  barreaux,  mais  il  se  coupe  la  main 
jusqu'à  l'os.   En  panant,  quelques  heures  après,  il  remet  les  barreaux 
comme  ils  étaient»  et  fait  panser  sa  main  blessée,  qu'il  couvre  d'un  gant 
pour  qu'on  ne  remarque  rien.  Au  mattn,  Méléaguant  entre  dans  b  chambre 
de  la  reine  et  voit  du  sang  sur  ses  draps.   Persuadé  que  ce  sang  vient 
d'un  des  chevaliers  blessés  qu'elle  a  voulu  garder  dans  sa  chambre,  flfl 
l'accuse  de  trahison  envers  son  époux  ;  elle  proteste  avec  indignation,  ^ 
ainsi  que  tes  dix  chevaliers.  —  Lancelot  arrive  sur  ces  entrefaites  et  prend 
aussi  la  défense  de  la  reine.  Méléaguant  l'engage  i  ne  pas  embrasser  celte 
querelle,  car,  tout  vaillant  qu'il  est,  il  succomberait  dans  une  cause  où  il 
aurait  le  droit  contre  lui.  Lancelot  persiste  à  affirmer  qu'aucun  des  che- 
valiers blessés  n'a  pénétré  dans  le  lit  de  ta  reine,  sur  quoi  Méléaguant  ei 
lui  échangent  leurs  gants,  qui  sont  scellés  de  leur  sceau  et  remis  aux 


I 

I 


I 


LE   CONTE  DE    LA  CHARRETTE  5OI 

cbentiers'.  Le  jour  du  combat  est  fixé  i  huitaine,  m  Jusque-là,  dit 
IUléaguant,  vivons  en  paix  ;  dînons,  et  ensuite  nous  retournerons  à 
Wesiminster  avec  la  reine.  »  Puis  il  offre  à  Lancelot  de  lui  faire  \Tsiter 
son  château  :  Lancelot  accepte,  mais  en  suivant  son  hâte  il  tombe  par 
une  tnppe  dans  un  souterrain.  MéUaguant  feint  de  ne  pas  savoir  ce  qu'il 
en  devenu^  et  Guenièvre  et  sa  suite  reviennent  auprès  d'Arthur,  qui 
apprend  seulement  alors  toute  l'histoire.  —  Uncelot  est  visité  dans  sa 
prison  par  une  demoiselle  qui  lui  offre  de  te  délivrer  s'il  veut  l'aimer  ;  il 
fy  refuse  absolument,  malgré  la  mort  et  même  la  honte  qu'elle  lui 
annonce  s'il  n'est  pas  au  rendez-vous  le  jour  du  combat.  Enfin,  ce  jour-là 
«fine,  elle  lui  propose  de  le  délivrer  s'il  lui  donne  seulcnicni  un  baiser. 
H  y  consent,  sort  de  la  prison,  prend  et  selle  un  cheval,  el  galope  vers 
Weïtmir«ter.  —  Guenièvre  allait  être  briilée,  car  Méléaguani  réclamait 
son  dû,  puisque  Ulncelot  ne  paraissaii  pas.  Lavain  demande  et  obtient 
de  livrer  la  bataille  à  sa  place,  mais  au  moment  où  les  deux  adversaires 
sont  en  Ike  et  où  les  hérauts  vont  crier  «  Lessis  les  aler^  a  arrive  Lan- 
celot forçant  son  cheval.  Il  raconte  au  roi  toutes  les  trahisons  de  Méléa- 
guant.  Le  combat  a  lieu  :  Méléaguani.  se  voyant  outré,  demande  grâce; 
Lancelot  regarde  Guenièvre,  qui  lui  fait  de  La  téie  signe  de  ne  pas  l'accor- 
der. Il  engage  alors  son  adversaire  à  se  relever  et  à  recommencer  la  lutte, 
et  comme  celui-ci  s'y  refuse,  il  lui  propose  de  combattre  la  tète  et  le  c6té 
gauche  désarmés,  et  la  main  gauche  liée  derrière  le  dos.  Méléaguant  con- 
tent cette  fois,  et.  après  quelques  passes,  «  Lancelot  lui  donna  un  tel 
coup  sur  le  heaume  qu'il  lui  fendit  la  tête  en  deux  parités...  Et  le  roi  et 
la  reine  firent  dès  lors  encore  plus  de  cas  de  Lancelot,  et  il  fut  mieux 
traité  qu'il  ne  l'avait  été  jamais.  •> 

L'auteur  lui-même  semble  diviser  son  récit  en  deux  parties  distinctes, 
quand  il  nous  dit,  après  avoir  mentionné  le  surnom  de  Chevalier  du  Cha- 
riot donné  à  Lancelot  :  <■  Nous  laissons  ce  conte-là,  le  ChtvaHfT  da 
Chariot  et  nous  venons  à  ce  conie-ci.  j>  Il  me  paraît  en  effet  qu'il  a  puisé 
à  deux  sources  distinctes  :  la  seconde  partie  peut  fort  bien,  malgré  les 
différences  qui  la  séprcnt  de  la  seconde  partie  du  poi^mc  de  Chrétien,  en 
provenir  plus  ou  moins  directement',  et  je  ne  m'en  occuperai  pas  davan- 


I.  Os  rormalitéi  avant  i«  combat  judiciaire  sont  inconnues  an  XII*  siècle  ; 
ce  sont  des  interpolations  postfrieurrs. 

I.  Les  dilTcrencrs  sent  cr^indes.  malt  «Iles  p^uvtnt  louirs  tire  le  fjit  d'un 
abréviatmr  et  nrrangeur,  a'.iiUeur>  aueï  habile.  Aitiii  la  trappe  dont  se  sert 
MéléJguanl  est  hccrtus^ment  substituée  i  l'obscure  hjsloire  du  nain  fci-dessus, 
p.  479):  le  bbcher  oti  Guenièvre  doit  tm  jetée,  qui  rend  la  fin  plus  dramatique, 
se  retrOKve  dans  plusieurs  rêciu  an-ito^ues  ;  li  gènêrosii^  <le  Lancelot  envers 
Méliaguant  dans  le  combat  final  est  déj^t  latnti  que  le  st^^e  de  lèie  de  Guc- 
mivrv),  quoique  saas  l'addition  ètraoRe  du  rontm  aogUis,  dans  la  Chaitti  en 
prose,  ce  qui  prouve  que  ceuc  partie  du  récit  de  Malory  a  passé  parleLiau/ût 


;02  G.    TARIS 

lage.  Mais  il  n'en  esi  pas  d«  mime  d«  la  première  partie.  Nous  trouvons 
jd  des  faits  tout  à  fait  particuliers,  et  qui  remontent  tris  probablement 
à  une  source  indépendante  de  celle  oCi  a  puisé  Chrétien. 

En  efTei  ccnains  de  ces  traits  nous  sont  attestés  par  divers  textes  gal- 
lois comme  ayant  appartenu  i  d'anciens  récits  celtiques.  U  ne  faut  pas 
de  longues  démonstrations  pour  établir  que  Méléaguant,qui  enlÊveCue- 
nièvre  dans  les  deux  poèmes  français,  celui  de  Chrétien  et  celui  que 
Malory  a  suivi  dans  sa  première  partie,  n'est  autre  que  le  Maelwas  ou 
Mdwas'  de  la  tradition  bretonne, dontj'ai  parlé  dans  mon  premier  article 
sur  Lancclot,  et  qji  enlève  également  la  femme  d'Arthur.  Or  cet  enlive- 
ment  est  célèbre  dans  la  poésie  galloise,  et  les  allusions  qui  y  sont  faites 
montrent  que  dans  sa  forme  primitive  il  ressemblait  bien  plus  au  récit  de 
Malory  qu'à  celui  de  Chrétien. 

Une  note  ajoutée  à  une  pièce  bizarre,  le  Dialogue  d'Arthur  et  de  sa 
femme,  dit,  en  parlant  de  Gwenhwyvar,  qu'elle  était  la  seconde  femme 
d'Arthur  et  celle  qu'enleva  Melwas,  prince  d'Albanie  (Ecosse)  ».  —  Uo 
po^e  du  xiv  siècle,  David  ab  Cwîlym*,  a  ttii  trois  allusions  i  cette  his- 
toire. Aucune  n'est  d'ailleursfort  claire.  L'une  (p.  320, 1$;;  n'est  que  d'un 
mot,  et  on  n'est  pas  d'accord  sur  le  sens  de  ce  mot  :  le  poète,  partant 
d'un  doux  sommeil  qu'il  acu,  dit  qu'il  était  plus  doux  que  celui  del'apâtre 
Paul,  plus  doux  que  celui  des  Sept  Dornuinis,  plus  doux  que  celui  de 
Melwas  y  glas  glog.  u  Sotts  la  grotte  vene,  •  traduit  H.  de  La  Ville- 
marqué  dans  une  lettre  qu'il  a  bien  voulu  m'écrlre  i  ce  sujet  *  ;  Williams, 
dans  ses  Emintnt  WcUhmen,  traduit  «  sous  le  manteau  vert.  »  cl  voit  h 
une  allusion  à  l'histoire  de  l'enlèvement.  Le  sens  ordinaire  de  dog  est 
«  pierre  ;  i>  il  y  a  li  sans  doute  une  référence  â  quelque  trait  légendaire 
qui  nous  est  inconnu. —  Le  second  passage  {p.  106,  7;)  est  plus  long  et 
pius  intéressant  ;  mais  l'interprétation  en  est  assez  dîffidie.  Deux  celti- 
sants  anglais,  consultés  par  mon  savant  ami  M.  Ward,  M.  Jenncr,  du 
Britisb  Muséum,  et  M.  CowcU,  professeur  de  sanscrit  à  l'université 

en  prose  ;  au  reste  celle  générosité  de  Lancclot  ta  imitée  de  celle  ()a'îl  montre 
dans  Chrétien  envers  le  chevalier  qui  \'i  is^ulté  ici-de»us,  p,  47;),  et  <)ae  le 
prosateur  a  répétée.  Ce  ou'on  ne  comprend  seulement  pas  bien,  c'est  poarijooi 
Mélèjsuant.  une  fois  débarrassé  de  Lancelot,  renvoie  Gucniivre.  Le  compila- 
teur n  ayant  pas  i  sa  (liiposil:oii  Rjdemkgn,  incoftnti  au  |>oéme  qui  îuî  avait 
fourni  sa  premicrc  partie,  n'a  pas  su  se  tirer  de  cette  dilficulté. 

1.  Le  II-  a  dû  patier  par  ga  pour  arriver  â  g  ;  c'eU  pourquoi  j'ai  préfiré  11 
graphie  Mtlugium. 

2.  MyryrtM  Ankmlogy^  I,  ■?{  ;  cf.  La  Villemarqui,  Us  Romêiu  et  h  T«Mt 
Rendi,  p.  10,  <t9- 

j.  Stt  poésies  ont  été  publiées  deux  fois,  en  17J5,  i  Londres,  par  Jones  et 
Oweo,  et  réccmmcni  i  Lrverpool.  3e  dois  i  M.  Ward  les  rtmeignemeaU  qui 
suivent. 

4.  M.  de  La  VîUemarquf.  qui  a  le  premier  (p.  {9)  renvoyé  i  ce  passage  de 
David,  n'a  pas  signalf  les  deux  autres, 


LB  CONTK   PE  LA  CHARRETTE  503 

d'Oxford,  onl  donn*d«  huit  vers  qui  le  composent  deux  versions  qui 
nmcordent  i  peu  pr^s  sur  tous  tes  points.  Voici  donc  en  français  le  sens 
de  ces  vers,  et  le  texte  gallois  en  regard  : 

Hébs  !  il  ne  sert  de  rien  de  pousser 

un  soupir  d'amant  malheureux, 

Et  )e  souhaiterais  en  vain  la  ruse 

de  Meiwas  : 
I^  voleur,  par  illusion  et  jonglerie, 
Eœpona  la  belle  au  boui  du  monde. 
Au  vert  bois  alla  le  trompeur. 
Aux  murailles  débranches  des  cimes 

des  arbres. 
Et  cette  nuit,  comme  lui, 
Je  voudrais  bien  grimper  en  haut. 


Od)  !  nad  gwiw-uchenaid*gw3s, 

I  ni  atw  am  grefft  McIwas  j 

vDeidr,  drwy  hud  a  lledryd, 
Aeth  a  bun  i  citha*  byd  ; 
l'r  coed  ir  ai  'r  hocedjdd, 
t  furiau  caingc  o  frig  gwydd  : 

A  dringo  heno,  fal  h«Ti, 
Yn  pchel  a  chwenychwn, 

Ces  mots,  had  a  Uedryd,  traduits  ici  par  i  illusion  et  jongterie.  » 
peuvent,  comme  me  l'a  fait  remarquer  M.  Ward,  avoir  un  sens  un  peu 
différent.  Si  on  admet  en  effet  avec  Siephens  ■  que  hai  a  lUdrjd  signifie 
"  masque,  divertissement,  jeu  ihéàira!,  <>  on  pcui  croire  que  Meiwas 
s'^it  déguisé  pour  enlever  la  reine.  Il  résulte  en  tout  cas  du  uxifme 
vers,  d'aiileun  peu  clair,  que  c'est  dans  un  bois  que  se  passa  )a  scène. 
—  Le  troisième  passage  (p.  {16,  229),  signalé  et  traduit  parM.  Cowell, 
est  ainsi  conçu  dans  le  lexte  et  ta  traduction  : 


Astrur  fu  *r  ffenestr  oefdraut, 

Ue  rhoed  ;  ddwyn  Tleufer  baul  : 

Na  bwy*  hen  a  bu  0  hud 

Ffenesir  a  hon  unffunud  ; 

Dieitbr  hwyl,  da  uihyr  helyni, 

Yr  h«i  0  GMlleon  Rynt. 
Y  doe  Felwas  0  draserch 

Drwyddi,  bcb  arswydi  serch, 


La  fenêtre  dévorant  la  vie  a  été  une 
cause  de  tourment, 

Là  où  elle  était  placée  pour  amener 
la  lumière  du  soleil  : 

Puissé-je  ne  pas  >ieillir  !  mais  il  y 
a  eu  par  magie  * 

Une  fenêtre  de  mime  façon  que  la 
mienne  '  ; 

Ce  fut  un  étrange  voyage,  une  mer- 
veilleuse aventure, 

Quand  jadis,  de  Caerléon, 

Mdwasalla,  par  une  passion  exces- 
sive 

Au  travers  [de  cette  fenêtre],  sans 
aucunes  craintes  d'amour, 


I.  Je  me  sers  de  U  traduction  alltounde  de  Schvlz,  Ccsçkichu  Jcr  waltthin 
liUtMitr,  p.  6]  SI. 
3.  C'est  te  mot  kud,  déji  Dentionné,  qui  sîgnilie  propranenl  <  iltnslon.  » 
j.  La  pî^ce  il'où  sont  tirés  ces  vers  a  pour  titre  :  Sar  ont  ftnitrt  Jt  tUiu. 


50.(  G.    PAKIS 

Cur  trymhaint  cariad  tramawr,  Dans  l'angoisse  de  la  souffrance  de^ 

son  grand  amour, 

Gjnt  gerty  ferch  Gogfran  Gawr.       Jadis,  près  de  la  demeure  de  ia  fille' 

de  Gogfran  Gawr. 

Cette  fille  de  Cogyrfan  ou  Gogfran  Gawr  est  bien,  d'après  les  ren- 
seignements gallois,  la  femme  d'Arthur;  seulement,  au  lieu  d'être  la 
seconde  Gwenhwyvar,  comme  le  dit  l'annotateur  du  dialogue,  ce  serait 
la  troisième.  —  Enfin,  William  Owcn,  dans  la  Cambrijti  Bwgraphy 
(Londres,  181  j),  dit,  i  l'article  Mtiwas'  (p.  348):  «  Il  te  vttit  de 
feuilles,  pour  épier  Cwenhwyvar  et  sa  suite,  qui,  selon  la  coutume, 
étaient  allées,  au  premier  de  mai,  cueillir  des  branches  de  bouleau  afin 
d'en  faire  des  guirlandes  pour  la  bienvenue  de  l'été  ;  et  au  moyen  de  ce 
déguisement  il  l'enleva'.  •* 

Quelle  est  au  juste  la  valeur  de  ce  dernier  passage  ?  Il  esi  difficile  de 
le  décider.  Owen  n'indique  pas  ses  sources,  et  il  a  fort  bien  pu,  sans  le 
dire,  deviner  l'identité  de  Mclwas  ei  de  Méléaguant  et  prendre  tout 
simplement  dans  Maloiy  le  cadre  de  U  cueilleite  du  mai.  Mais  les  pas- 
sages de  David  ab  Gwilym,  tout  obscurs  qu'ils  sont,  ne  laissent  pas  de 
doutes  sur  un  point  :  Melwas,  d'après  d'anciens  contes  gallois,  enlevait 
la  femme  d'Arthur  dans  un  bois,  et,  autant  qu'il  semble,  en  se  déguisant 
par  un  vélcmcm  de  feuillage.  Or  c'est  bien  ainsi  que  le  poème  frani^ais 
perdu  qu'a  suivi  Malory  représente  l'enlèvement  ;  il  n'est  pas  question 
du  déguisement  de  Méléaguant,  mais  il  semble  que  ce  trait  ait  disparu 
par  inadvcrunce,  et  qu'il  soit  préparé  par  l'ordre  que  donne  la  reine  ik 
tous  ceux  qui  l'accoropagnem  de  s'habiller  de  vert  ;  quand  ils  reviennent, 
ils  sont  en  outre  chargés  d'herbes  et  de  feuilles,  et  le  ravisseur  s'en  cou- 
vrait aus»,  sans  doute,  pour  se  faire  passer  pour  l'un  d'entre  eux  et 
enlever  ainsi  la  reine.  Le  combat  qui,  dans  Malory.  remplace  celte  ruse 
est  alors  étranger  au  récit  primitif,  et  n'a  peut-être  été  inséré  que  par  le 
compilateur,  pour  rattacher  (jar  l'histoire  des  blessures)  la  seconde 
partie  de  l'épisode  à  la  première. 

Le  poème  français  dont  j'admets  l'existence  comme  source  de  la  pre- 
mière partie  de  cet  épisode  a  peut-éire  laissé  une  trace  en  dehors  du 
livre  de  Malory.  La  Crone,  de  Henri  du  Turlin,  contient  à  l'aventure  de 


t.  M.  de  Lj  Villfmartjué  (p.  ^9)  avait,  par  diitraction,  aarJbaé  ce  petit 
récit  i  David  ab  Gwilym  ;  c'est  le  savant  auteur  lui-même  qui,  sar  uiM  question 
que  je  lui  avais  adressée,  m'a  tait  connaître  celte  conlutio»  arrivM  daiK  set 
notes  et  m'a  indiqué  le  passage  de  la  Cambnan  Biogra^kj.  Je  dois  d'aillcsn 
remarquer  que  la  trjdocIioD  qu'il  donne  de  ce  petit  r^it  oflre  plusieurs  addi- 
tions, suppressions  et  modifications. 

3.  Il  est  singulier  que  l'auteur  de  cette  courte  notice  ne  dise  pas  commepl  la 
reine  fut  reprise  i  Mclwas. 


LE   CONTE   DE   LA   CHARRETTE  ÇO; 

Cuenièrre  avec  MéléagUQiit  des  allusions  que  j'avais  d'abord,  sans  les 
esaniiner  de  plus  près,  rapportées  au  poènie  de  Chrétien,  mais  qui  me 
semblent  maintenant  avoir  trait  â  un  récit  différent  et  semblable  en 
quelques  points  à  celui  de  Malory.  C'est  M.  Wamatscli.  dans  i'intéres- 
tant  travail  dont  j'ai  parlé  au  début  de  cet  article,  qui  a  le  premier 
^nalé  les  irairs  particuliers  de  ces  allusions  du  poète  allemand. 

La  première  se  trouve  aux  v.  209S  et  suivants  II  s'agit  de  la  coupe 
oh  ne  peuvent  boire  que  des  chevaliers  sans  reproche  '  :  Lanzelet  ne 
rétissii  pas  dans  celte  épreuve,  parce  que,  «  comrairemem  i  ce  qui  con- 
vient à  un  chevalier,  il  était  monté  dans  une  charrette  ',  poursuivant  sa 
vengeance,  quand  Milianz  emmena  malgré  lui  la  reine  ;  car  il  avait  perdu 
son  cheval,  et  à  cause  de  cela  il  ne  pouvait  Â  pied  Iranchir  les  ronces  et 
te  fourré,  et  il  ne  voulait  pas  non  plus  retourner  en  arrière  avant  d'avoir 
trouvé  dans  quelle  situation  »  était  la  reine.  •>  —  Plus  loin  iv.  J9yoi,  le 
po^e,  parlant  des  vicissitudes  de  la  fortune,  après  avoir  cité  différents 
cas,  dit  :  «  Ht  il  en  fui  de  même  pour  Milianz,  quand,  par  son  outrecui- 
dance, il  combattit  Lanzelet.  pour  Glnover,  prés  du  fleuve,  après  qu'il 
t'arait  emmenée  dans  son  pa^s.  »  —  Knfm,  en  racontant  l'épreuve  du 
gant  féé  ^voy.  Rom.  X,  4H6),  Henri  nous  montre  |v.  24496  ss.'i  Lanze- 
let échouant  une  fois  encore  ;  Keii  lui  dit  :  «  Sire  Lanzelet,  vous  n'étiez 
pas  satisfait,  quand  Milianz  eut  tué  votre  cheval  et  le  mien,  dans  la 
poursuite  que  nous  faisions,  et  qu'il  vous  fallut  de  nécessité  monter  sur 
un  chariot  *,  contraint  par  la  fatigue,  et  moi  je  fus  emmené  t  avec  la 
reine  *:  » 

Le  récit  auquel  paraissent  se  rapporter  ces  allusions  diffère  ei  de  celui 
de  Malory  et  de  celui  de  Chréiien.  Il  diffère  du  premier  en  ce  qu'il  rap- 
pone,  comme  Chrétien,  un  combat  près  du  fleuve  ivoy.  ci-dessus,  p.  471) 
entre  LaJicelot  et  Méléaguam  >,  et  en  ce  qu'il  représente  Ké  seul  comme 
Coniené  avec  la  reine.   Il  diffère  du  second  en  ce  qu'il  représente, 


I .  C'est  Henri  qui  a  inventa  cette  contre-partie  i  l'épreuve  dci  dames  ;  vof . 
Wartutsch,  p.  114:  ci-dessus,  p.  461. 
I.  L'i  tinen  kamn  .  charrette  ou  chariot. 

3.  !a  wtllum  utkàndt  :  |e  ne  comprends  pas  quel  sens  ce  mot  a  îd. 

4.  Uf  tinta  wagai  :  chariot  uu  clurreue. 

].  UaJ  tell  wunJtts  wdtt  Am  gty-uttt  .  \t  ne  comprends  pas  ce  que  petll 
stgsi&er  ici  wuntltn:  on  s'jttendrait  plulAt  à  gevvnr,  «  bletti  t. 

6.  Keii  .ijoute  qu'en  vèrilé  c'«l  là  un  bien  petit  tort  qu'a  eu  Lamiclet,  et 

3ue  s'il  n'a  pas  réussi  dans  l'jnreuvc,  il  doit  y  jvuir  d'autres  motifs  :  c'est  sans 
Odte  parce  qu'il  a  dfdai^né  I  amour  de  la  dresse  t^olinn()  qui  l'a  élevé  dans  le 
Uc  :  *  Si  je  roulaîs,  j'en  dira»  plus  long  :  vous  tavei  bien  où  tend  ce  discours.  » 

7.  La  lorine  Miliaiz  est  asseï  éloignée  du  français  ;  il  n'cM  pas  probable 
crpendanl  que  Henri  ait  connu  i  ce  penonna{;e  «n  autre  nom  que  celui  de 
MiléagujDt. 


joé  G.    TARIS 

comme  Malory,  Lancelet  moniant  sur  I2  charrette  par  fatigue ',  et  non, 
comme  dans  Chrétien,  pour  obtenir  des  renseignements  sur  la  rouie 
suivie  par  U  reine.  Un  trait  qui  est  étranger  aux  d«iu  versions  connues 
est  que  le  cho-a!  de  Ké  soit  lue  :  dans  Chrétien  il  s'enfuit  après  que  ion 
maître  a  été  désarçonné,  dans  Malory  il  n'est  pas  mentionné  spéciale- 
ment. Ce  qui  est  dit  de  Milianr  pourr^iit  faire  croire  que  le  poème  connu 
de  Henri  se  terminait  par  le  combat  entre  Méléaguant  et  Lancelei,  com- 
bat dans  lequel  le  premier  était  vaincu  définitivement  >  ;  tel  a  pu  être 
aus&i  le  dénouement  primitif  du  poémc  suivi  par  Malor^r,  changé  par  le 
compilateur  parce  qu'il  a  voulu  souder  à  ce  poème  la  seconde  par^  du 
poème  de  Qirétien. 

M.  Wamaisch  présente,  pour  éublir  que  le  poème  de  Chrétien  n*eit 
pas  celui  auquel  renvoie  Henri  du  Tûriin,  une  observation  très  tîne  >  : 
«  Henri,  dit-il,  ne  mentionne  aucunement  la  liaison  amoureuse  de  Cioo- 
vcr  et  Lanzelei.  Dans  les  épreuves  de  la  coupe  et  du  gant,  il  cherche 
(souvent  i  grand'peine)  à  découvrir  une  famé  morale  des  personnes  qui 
y  prennent  part  pour  en  fhire  la  cause  de  leur  échec.  Il  n'aurait  certai- 
nement pas,  à  celte  occasion,  laissé  échapper  les  relations  coupables  de 
Cinover  avec  Lanzelei,  pour  fournir,  à  propos  des  deux,  ou  au  moins 
de  Cinover,  au  sénéchal  matière  h  ses  railleries  et  i  ses  dénonciations 
impitoyables.  Au  lieu  de  cela,  nous  voyons,  sans  parler  de  Lanzelei, 
que  dans  l'épreuve  de  la  coupe  on  ne  reproche  à  la  reine  aucune  faute 
précise,  et  que  dans  celle  du  gant  on  lui  impute  sans  raison  i  faute  l'At- 
tentat de  Gasozein.  Henri  était  évidemment  embarrassé  de  motiver  l'in- 
succès de  Cinover  (d'ailleurs  représenté  comme  aussi  faible  que  possible, 
cf.  Hom,  X.  486)  :  preuve  certaine  qu'il  ne  savait  rien  des  amours  de  la 
reine  avec  Lanzelei,  qui  évidemment  |au  moins  aux  yeux  d'Artur, 
témoin  de  l'épreuvel  auraient  apparu  comme  sa  foute  principale,  il  suit 
de  là  que  Henri  connaissait  bien  l'aventure  de  la  délivrance  de  la  reine 
par  Lanzelet,  le  voyage  en  charrette  et  autres  détails,  à  peu  près  iden- 


t.  De  même  que  dans  Henn  il  l'a^it  de  ronces  et  it  fourré  igiJrtngi)  que 
Laneelot  ne  peut  franchir,  de  mime  dans  Malory,  qtund  son  cheval  est  lut,  il 
ne  peut  jtlrtndre  let  aichen,  i  cause  àa  fossés  et  des  haies  qui  l'artHem. 

2.  En  eSet,  dans  Chrétien,  grAce  i  l'intervention  de  Didenu^u  et  de  Gue- 
niévre.  le  combat  entre  Méléaguant  et  Lincelot  reste  indèctt  :  il  iw  icnit  donc 
ffuêrc  bien  choiii  comme  exemple,  en  Mé'èagnint,  de  fortune  advene,  i  cAté 
d'autres  guerriers  réellement  vaincus  par  Irun  adversaires. 

j.  P.  f  î6  En  revanche  je  ne  comprends  pas  pourquoi  M.  Wamaisch  veut 
Ip.  108,  n.  |i  []ue  les  allusiani  de  Wdfram  d'Eschenciach  dans  le  Puiifal  se 
rapportent  au  même  poème  qu'a  connu  Henri.  Les  allusions  de  Wolfram  coa- 
viennent  très  bien  au  poème  de  Chrétien.  Les  noirs  sont  LéazUût  et  HtijakêHî. 
Quant  au  père  de  ce  aernier,  Wolfram  lui  donne  le  nom  étrange  de  Pojdktn- 
jun:,  qui  doit  provenir  de  Biéc/famm,  qu'on  trouve  pirfou  dans  les  cMnuscrits 
pour  Baiiatia^Hi. 


LE  CONTS  »   LA  CHARRETTE  J07 

qiKS  au  r^cît  de  Chrétien  et  du  roman  en  prose,  mats  sans  qu'un  amour 
caapafale  entre  Lanzelet  et  U  reine  fut  mis  en  relation  avec  celte  déti- 
TTœce.  C'est  Chrétien,  ou  le  rocnan  en  prose,  ou  leur  source  commune  ■ , 
qui  a  introduit  ce  motif  dans  le  récit'.  » 

Le  poème  qu'a  connu  Henri  du  Tûriin  racontait,  d'après  cela,  l'enlé- 
tement  de  Guenièvre  par  Méléaguant.  Lancelet,  averti  sans  doute 
eoaune  dans  Malory,  la  suivait  ;  son  cheval  était  tué,  el  i)  s'avançait 
pédUement  à  travers  tes  broussailles  et  les  ronces  qui  entouraient  le 
cfa&teau  du  ravisseur.  Il  se  résignait,  n'en  pouvant  plus  de  fatigue.  1 
oionter,  pour  continuer  sa  route,  sur  une  charrette.  Il  franchissait  un 
Bcuve  pour  entrer  dans  les  domaines  de  celui-ci,  et  le  trouvait  sans 
doute  sur  la  rive;  il  lui  livrait  un  combat  dans  lequel  il  était  vainqueur, 
et  ramenait  !a  reine,  ainsi  que  le  sénéchal  K.é,  qui,  lui  aussi,  avait  voulu 
La  délivrer,  mais  qui  avait  été  démonté,  blessé  et  emmené  prisonnier. 
Lancelet  n'accomplissait  cette  prouesse  qu'en  sa  qualité  de  fidèle  servi- 
teur d'Arthur  et  de  hardi  chevalier;  il  n'j  avait  entre  lui  et  Guenièvre 
aucune  relation  plus  intime. 

Tel  était  aussi,  â  mon  avis.  le  râle  de  Lancelot  dans  le  poème  qui  a 
servi  de  source  à  Malorv  pour  la  première  partie  de  son  récit.  Ce  com- 
pilateur! a  supprimé  le  combat  de  Lancelot  contre  Méléaguant,  parce 
qu'il  trouvait  suffisant  de  les  mettre  une  fois  en  présence,  ce  qui  avait 
lieu  dans  la  deuxième  partie  ;  il  a  également  retranché  U  mention  du 
fleuve  franchi  par  Lancelot,  et  a  effacé  le  râle  de  Ké  en  le  faisant  acoom- 
jagner  de  neuf  autres  chevaliers  ;  mats  on  peut  croire  que,  lui  aussi,  il 
trouvait  dans  sa  source  la  prouesse  et  la  fidélité  comme  seuls  motib  de 
l'entreprise  de  Lancelot  4.  et  que,  s'il  a  présenté  les  choses  autrement, 
c'est  qu'il  était  influencé  par  le  roman  en  prose  de  Lanaioi,  auquel  il  a 
emprunté  une  très  {grande  partie  de  sa  compilation. 

C'est  aussi  un  poème  analogue  qui  a  dû  servir  de  base  à  celui  de 
Chrétien,  et  rien  n'empêche  de  croire  que  ce  soit  lui  le  premier  qui  ait 
présenté  Lancel(M  comme  l'amant  aimé  de  Guenièvre.  Je  dis  un  poème 
analogue,  et  non  précisément  celui  qu'a  suivi  Malory  et  qu'a  peut-être 


1,  M.Wanutsch  n'avsiipas,  en écrirai)ttadbsertatioii,d'apiiîan  arrêtés  sur 

le  ripMirt  dn  deux  textes. 

2.  M.  Warutuh  m  conclu!  que  ces  allisions  se  rapportent  sa  prétendii 
LtnuUt  de  Hrnri.  dam  Irauel  il  aurait  riconté  cette  histoire.  J'ai  monUé  plu 
hiut  qu'il  èuil  p«D  probable  que  ce  Unzelit  eût  lamaîs  ctmt. 

].  En  m'expnaatsi  ainsi.  |e  n'entends  pas  desigocr  uprcuéneol  Maiory  ; 
B04U  ae  uvofls  pis  quelle  est  dans  ion  rnivre  u  part  penonnelk  et  cdle  de 
son  onginil  «1  de  tn  orif^iDiux  français. 

4.  Ccsi  ainsi,  comme  nous  l'avoM  déji  remarqué,  que  dan»  le  poème  dX'l- 
ricn  de  Zitziiiboven  il  aide  i  la  dèlÎTrance  de  Caraievre  enlevée  par  Faleria  ; 
c'est  aiBsi  que  Oarmart,  dans  k  poème  <\ii  Ibi  est  conucrê,  la  reprend  i  Brun 
de  Morois,  et  qoe  Canvain,  dans  la  Oou,  la  tire  des  mtiiu  de  Câsozein. 


"^  G.    PARI& 

connu  Henri  du  Tùrlm.  Les  différences  en  effet  sont  trop  grandes.  Les 
unes  s'expliquent,  il  est  vrai,  si  on  admet,  ce  que  je  crois  très  vraisem- 
blable, qu'il  y  a  eu  entre  l'original  anglo-nonnand  et  Chrétien  une  trans- 
mission puremeni  orale.  Là  comtesse  de  Champagne  lut  avait  sans  doute 
raconté  celle  histoire,  qu'elle  tenait  elle-même  de  quelque  ctievaiîer 
d'Angleterre.  Fille  d'Alienor  de  Poitiers,  elle  était  naturellement  en  rela- 
tions constantes  avec  sa  mérc  ei  avec  les  An^ais,  et  c'est  ainsi  que  nous 
voyons  en  1 179  Walter  Map  recevoir  i  sa  cour  une  large  hospitalité  ». 
Passant  ainsi  de  bouche  en  bouche,  le  conte  de  l'enlèvement  de  Cue- 
nièvre  n'arriva  sans  doute  à  Chrétien  que  fort  altéré,  et  il  faut  tenir,  en 
appréciant  son  œu\Te,  grand  compte  de  cette  circonstance.  Mais  d'autre 
part,  le  poi^me  de  Chrétien  présente  des  traits  qui  ne  semblent  pas  s'tire 
retrouvés  dans  la  version  suivie  par  Malory,  et  qui,  étant  assurément 
fon  anciens,  remontent  sans  aucun  doute  à  un  poème  anglo-normand 
d'abord,  et  par  U  des  sources  celtiques. 

Méléaguani  fen  laissar.l  ici  de  c6té  son  père  Bademagu,  auquel  nous 
reviendrons)  est  roi  du  royaume  "  dont  nul  ne  retourne  »  (voy.  cï-des- 
sus,  p.  467,  V,  641  ;  p.  470.  V.  19103-6,  19Î6I.  Or  quel  est  cc  pays, 
si  ce  n'est  celui  des  morts  ?  Méléaguant  nous  apparaît  comme  le  roi  de 
ce  séjour,  et  il  enlève  Cuenièvre  pendant  qu'elle  cueille  le  mai.  comme 
Hadès  enleva  Perséphone  pendant  qu'elle  cueillait  des  fleurs.  Si  on  dou- 
tait de  cette  explication,  deux  circonstances  viendraient  la  mettre  hors 
de  doute.  Pour  pénétrer  dans  le  royaume  de  Méléaguant.  il  faut  passer 
sur  un  pont  mince  et  tranchant  comme  le  RI  d'une  épée  (voy.  ci-dessus, 
p.  468  et  474).  Or  c'est  une  croyance  répandue  chez  un  grand  nombre 
de  peuples,  aryens  et  autres,  qu'il  faut  passer  sur  un  semblable  pont 
pour  entrer  dans  le  royaume  des  morts  '.  Cette  croyance  était  également 


I.  Dt  Xugit  Curialium^  éd.  Wright,  p.  21$. 

].  Sur  le  Uhînvjt  des  livr»  zoroaslri(|ues.  qui  paraît  aux  jettes  large  d'nae 
parasancc,  et  lux  mauvais  d'une  excessive  étroitcue,  voy.  D'Aneonj,  fPrtiuf' 
ton  di  Daitlt,  n.  46.  —  D'après  la  tradition  tilmudiquc  ^Levi,  PttdMt,  eU., 
p.  86),  1  la  resurrccttûn  gènfrale  tous  les  peuples  passeront  sur  uo  poot  :  il 
semblera  aux  infidèles  n'avoir  que  b  largeur  d'un  (il,  et  ill  lotnberoAt  dans 
l'aMme.  —  Od  connah  le  lirit  des  Musuimani,  lar^  comme  on  chereii,  tran- 
chant comme  un  glaive  (Weil,  Bihhuht  Ltgtndta  Jt>  tiaitltmtnncr ,  ç.  177  ; 
Hammer,  Roientrl^  I,  jij].  —  Déjii  dans  le  Dtâhgot  de  saint  Grégoire  (iV, 
!7),  puis  dans  la  Viswn  4t  S-  Paul,  apocr/phe  très  ancien,  bous  trouvciot  le 
fameux  pont  introduit  dans  la  légende  chrétienne  :  v<Mci  le  passage  de  la  tra- 
duction de  ce  dernier  leite  par  Adam  de  Rot  iMigne,  DictwiutMn  -iti  téeiada, 
col.  iojé)  :  Puis  vit  un  flan  amile  t  grent  U  In  icÀltt  tant  Hoiat...  tkiur  U 
(iun  d  imvani  punt  Qui  Mri  tu  hait  [tnjcwaramtnl.  Mimll  eit  li  punt  Ions  a 
ftlrtil  :  Ni  j  iaor  mais  ât  plan  tliil.  Qut  htn  pattr  le  [puni]  ponâ  Ignctt  pM  « 
Ùtu  ttro,  £  fui  nt  ([t\  porra  tatitr  En  l'tvt  l'a  tttaa  alir  E  ii  fin  i/oa  i« 
ptiat.  Sur  d'autres  mentions  ehrHiennes,  voy.  d'Anconi,  p.  4^,  46,  ôj.  Gau- 
tier de  Coinci  parle  aussi  de  Longpont  et  de  Malpas,  et  plusieurs  oraitoos 


LE  CONTE   DE   LA  CHARRETTE  JD^ 

répandue  chcR  les  Celtes,  Nous  la  trou%'ons,sous  une  forme  christianisée, 
dans  l'histoire,  composée  sous  le  r^gne  d'Kiientie,  de  la  descente  du 
chevalier  irlandais  Yvaïn  au  «  Purgaioire  de  saini  Patrice  n  ;  ce  cheva- 
lier vit  dans  l'autre  monde  un  pont  que  les  âmes  doivent  passer,  si 
qu'il  ne  semble  pas  qu'un  homme  y  ait  la  place  de  ses  pieds,  si 
int  qu'il  ne  paraît  pas  possible  de  s'y  tenir  \  mais  pour  les  justes  il 
devient  plus  solide  et  plus  large  à  mesure  qu'ils  y  avancent  <.  A  peu  prés 
i  la  même  époque,  et  également  en  Irlande,  était  composée  la  vision  de 
Tungda)  :  celui-ci,  ressuscité  après  avoir  été  trois  jours  au  pays  des 
morts,  y  franchit  successivement  deux  ponis.  Tun  long  de  mille  pas  et 
large  seulement  d'un  pied,  l'autre  encore  plus  long  et  plus  étroit  :  ce 
dernier  est  entouré  de  bétes  féroces  d'une  grandeur  énorme,  qui  jettent 
du  feu  par  la  bouche  et  dévorent  ceux  qui  essaient  de  passer'.  Mais  le 
texte  qui  a  le  plus  d'intérêt  pour  nous,  en  ce  qu'il  se  rapproche  davan- 
tage du  nâlre,  est  celui  qui  se  lit  dans  le  poème  néerlandais  de  W'ilewm, 
évidemment  d'après  un  original  franchis  perdu  i.  Cauvain  (Walcwein), 
pounuivant  une  aventure,  arrive  prés  d'une  rivière  dont  l'eau,  en  appa- 
rence claire  et  fraîche,  brûle  comme  du  feu  ;  le  seul  moyen  de  la  passer 
est  un  pont  plus  aigu  et  plus  tranchant  qu'une  lame  d'acier  |v.  49ï9SS.|. 
On  lui  apprend  que  cette  rivière  es[  le  purgatoire  :  les  Âmes  qui  désireni 
arriver  au  bonheur  céleste  doivent  passer  le  pont  redoutable  |v.  ^824 


F|Mptibires  conservées  jusqu'i  nos  fours  se  rc(ir«ni  i  ce  pont  terrible  qu'il  fau- 
dra patMT  aprH  la  mort.  On  a  aussi  en  Italie  le  Pont  da  Cheveu  (Bastle,  Ptn- 
Umeron.  irad.  Liebrecht,  II,  161).  —  On  retrouve  une  croyance  analogue  chez 
jîes  Airiérjcains  ;  »oy.  Tylor,  Dit  AnfSuit  du  Kultui.U,  ^9,  92.  —  11  faui 
fremirquer  que  dans  la  croyaiKe  des  Perses  (et  celle  des  Juifs  et  des  Arabes, 
'qni  en  dérive  vUiblementl,  le  pool  ne  se  franchit  qu'i  la  résurrection  gésirale. 
Tandis  qu'aitli^urs  chaque  ime  doit  le  passer  au  momcTit  de  la  mort. 

I.  Sur  la  bibliographie  de  cette  léEeivdc,  voy.  d'Ancona,  I.  I.,  p.  ^9.  Voici 
la  iradoction  de  Marie  de  France  (éd.  Koqueforl,  II,  46}!  avec  quelques  cor- 
rections :  Tttii  BtTilt  I  awtit  trop  gunz  Dtsui  U  pont  st  Uopauani  :  U  prtmias^ 
^'tft  ucolatjûiitt,  Nat  '-•     - 

Utti,  Si  titiuî,  U  nos 
I»  tluitt.  Lt  Ui:  aUil 

ûTdAnz,  Malt  ttt  hiidas  n  trespatsanz  Qu'il  tu  ckiiiStnt  centrerai  tl  dùlerai  pmt 
tnfirtiaL 

i.  \of.   Vnio  TangJali,  heratitge^eben  von  A.  Wagner  lErlangen,  1883), 

t.  17,  19.  Ces  hHa  procès  qui  gardent  le  pool  icoibleot  bien  avoir  laissé  leur 
ace  dans  Indrui  lioiu  qui,  a  aprét  Chrétien  (roy.  ci-dessos,  p. 47^1,  semblent 
défendre  le  passage  i  Lancelot  pesdant  qu'il  pa.ssc  le  pont  de  répéc.  Ce  De 
soot,  i)  est  vrai,  qoc  des  fanl6mes  ^tii  disparaissent  quand  il  a  touché  le  bord, 
de  même  que  dans  beaucoup  de  visions  infernales  les  périls  ne  sont  qu'appa- 
rents et  s  evanoutsstnt  devant  les  prédesiiaês.  —  Conme  curiosité,  00  peut 
noier  que  dans  les  croyances  des  Indiens  de  l'Amirique  du  Nord  tvo^'  Tylor, 
L  L],  le  poat  que  doivent  passer  Us  Aiaes  est  gardé  par  un  ctiien  qui  se  jette 
sur  «Iles  pour  les  cnotcher  de  rénsitr. 

),  Romaa  jm  WJtwoii,  door  Penntnc  en  Picter  Postaert,  uitgegerca  door 
.  1.  A.  Jonckbloel  (LcHlen,  1S46-48,  2  vol.  id-S*). 


w» 


510  C.    PARIS 

s$.)'-  On  voit  ici  clairement  l'altération  chrétienne  d'une  ancienne  tra- 
dition celtique  ^  d'aptes  laquelle  le  «  poni  de  l'ipée  »  donnait  acc^  i 
la  terre  des  morts!. 

Cette  terre  des  morts  jouait  un  grand  r6Ie  dans  les  anciennes  croyances 
celtiques,  et  les  renseignements  que  les  anciens  nous  ont  laissés  sur  les 
Gaulois  n'en  parient  pas  moins  que  les  documents  les  plus  authentiques 
de  la  poésie  irlandaise,  celte  source  si  importante  et  jusqu'à  présent  si 
peu  accessible  de  la  m}rthologie  et  de  la  po^ie  celtique.  Je  m'en  occu- 
perai longuement  à  une  autre  occasion  :  ie  ne  veux  ici  toucher  qu'un 
point  qui  a  un  rapport  direct  avec  notre  sujet.  C'est  comme  une  lie 
située  à  l'occident  que  les  Celtes  se  représentaient  le  séjour  des  morts, 
qui  était  en  même  temps  pour  eux  le  séjour  des  bienheureux.  Là,  sons 
un  ciel  toujours  clément,  les  héros,  entourés  de  fées  toujours  jeunw  et 
belles,  ne  vieillissaient  pas  non  plus,  et  goûtaient  des  plaisirs  sans  fin.  Le 
nom  habituel  de  cette  Ile  des  morts  chez  les  Bretons  est  l'ite  d'Avallon, 
mot  qui  appelle  encore  bien  des  explications,  mais  que,  depuis  Cau- 
frcy  de  Monmouth*  et  William  de  Malmesburyi,  on  explique  par  «  lie 
des  pommes».  J'ai  dit  dans  mon  premier  article  [Rom.  X,  491]  que 
les  mcnncs  de  Clastonbury  avaient  eu.  l'idée  de  prétendre  que  VAral- 
fonia  intuk  n'étah  autre  que  la  plaine,  entourée  de  marécages  et  de 
forêts,  où  s'élevait  leur  abbaye.  Pour  le  faire  crdre,  Guillaume  de 
Ma.lmesbury  assure  d'abord  que  l'ancien  nom  de  ce  lieu  était  Ynis  witrin^ 
Jnsula  vitna  ',  puis  il  en  conclut  sans  autre  explicaUon  que  Insuia  vitra 


t.  Par  une  confusion  évideote,  on  voit  ensuite  In  Imes  péchcreites,  soni 
forme  d'oiseaux  noîrî,  «  baigner  dans  le  fleuvf  el  en  ressortir  blanches  comme 
la  neige.  Ces  oiseaux  et  ce  bain  appartiennent  visiblement  i  une  autre  tradition 
que  celle  du  pont. 

2.  Un  passage  de  la  Mule  iansfrim  [rapproché  par  M.  Jonckbloet  de  celai  de 
Wiiihv,(ti^  mente  aussi  d'être  rapporté,  quoique  btincoup  noms  îonportanl  : 
Gauvain,  porté  par  la  mule  qui  lui  sert  de  guide,  traverse  A  graod'peînf  an 

[lont  fait  d'une  barre  de  fer  Qui  n'tst  mu  plus  d'an  dor  la  (t.  404),  et  sur 
ïqadlc  Ken  n'avait  osé  se  risauer. 

).  La  chanson  des  morts  qui  se  chaate  encore  dans  le  nord  de  l'Ansleterre 
(voy.  Tyior,  I,  488),  et  où  il  m  question  ivoy.  Grimtn,  Dtetuke  Mythologie-, 
p.  7çm)  du  biidge  0/  drud,  no  brader  than  a  thxiad,  me  parait  avoir  son  origiiw 
dans  la  mythologie  celtique  plutAt  que  dans  celle  des  Gemiaias,  qui  M  connaît 
pas  Cf  pont. 

4.  Vif<:  Mtriiai,  édition  San-Marte,  v.  908  :  hsuh  pomonim  ^uu  fortunota 
vecâiar. 

j.  Dt  Anti^uitàtibus  Chstwûnsis  EctUuat,  dans  Gale,  I,  190  :  IntaU  Arillo^ 
niât,  Id  tJt  innila  eomorum  ;  avalla  enim  hiionicc  pana  Mtrpttfittur  latint. 

6.  M.  Wsrd  m  a  adressé  i  propos  de  ce  qui  a  été  dit  li-dessus  dans  mon 
premier  article  d«  observations  très  savantes  et  très  intéressanies,  qu'il  expo- 
»fa  sans  doute  pabliquement.  Je  veux  seulement  noter  <}u'il  ne  trouve  pas  inad* 
missible  l'explication  du  nom  de  Glastonbury  donné  par  Gtraud  ôc  Barri  [Spa. 
EccL,  II,  9)  :  t  lais  Cuirin,  boc  est  însuia  vttrea,  propler  antnem  scilicet,  quasi 
vitrer  coloris,  in  marisco  cîrcum  floentem.  » 


LE  CONTE  DE  LA  CHARRETTE  fil 

tHoiuia  Avallonia  v>nl.  synonyma.  I)  résulte  de  U  que  Ynit  wiifm  éUiit, 
dans  l'usage  gallois,  un  autre  nom  de  llle  d'Avallon'.  On  pourrait  tou- 
tefois se  demander  si  ce  témoignage  est  suffisant,  n'étant  pas,  autant 
Lque  je  sache^  confirmé  par  d'autres  ;  mais  le  passage  à'Ertc  que  j'ai  cité 
dans  mon  premier  article  ne  laisse  pas  de  doute  sur  ce  qu'était  Visle  de 
mirre  : 
En  ccstc  isle  n'ot  t'en  tonoirre. 
Ne  n'i  chiet  foudre  ne  tempeste, 
■  Ne  boz  ne  serpenz  n'i  areste , 

p  N'i  fait  trop  chaut,  ne  n'i  iveme. 

Cesi  évidemment  un  séjour  surhumain,  une  «  lie  fortunée  ».  Le  roi 
de  cette  lie  s'appelle  Maheloas,  et  nous  avons  vu  que  ce  nom  était  le 
m&me  que  celui  de  Maelwas,  et  Méléaguani  à  son  tour  n'est  qu'une 
forme  plus  altérée  du  même  nom  :  Chrétien  ne  s'est  certainement  pas 
aperçu  de  l'identité  des  deux  personnages  dont  il  mentionne  l'un  en  pas- 
sant dans  Erec,  et  dont  l'autre  joue  dans  la  Chareie  un  râle  capital  ;  il 
les  avait  puisés  à  des  sources  difîérentes. 

11  s'agissait  donc,  dans  la  tradition  primitive  qui  h\i  te  fond  des  diffé- 
rentes versions  de  notre  conte,  du  roi  du  pays  des  morts,  de  llle  de 
verre.  Il  enlevait  Cuenièvre,  la  femme  d'Arthur,  pendant  qu'elle  cueillait 
au  bois  des  fleurs  ei  des  feuillages,  et  l'emmenait  dans  son  domaine  '. 
Un  guerrier  U  suivait,  pénétr^iit  dans  le  royaume  des  morts,  el,  après 
avoir  livré  au  ravisseur  un  combat  oîi  il  était  vainqueur,  il  délivrait 
Guenièvre  et  la  ramenait  chez  elle.  Mais  qui  était  ce  guerrier  â  l'origine  ? 
Assurément  ce  n'était  pas  Lancelot.  C'était  Anhur,  comme  le  prouve  le 
ptssage,  cité  dans  mon  premier  article  (Pom.  X,  491^  de  la  Vîta  Gildae. 
Nous  y  voyons  Arthur  assiéf^er  djns  llle  de  verre,  que  le  légendaire 
identifie  i  Clasionbury,  te  roi  Melvas  qui  a  enlevé  sa  femme  Guennuvar. 
L'auteur  prétend,  il  est  vrai,  qu'elle  tui  fut  rendue  pacifiquement  grâce 
i  l'intervention  de  Gitdjs  et  de  l'abbé  de  (ilastonliury,  mais  qui  ne  voit 
que  nous  avons  ici  la  déformation  monacale  d'un  récit  populaire  i 

C'était  donc  Arthur  qui,  pour  délivrer  ta  femme,  U  belle  Guanhuvar, 
ravie  par  le  roi  des  morts,  franchiîsait  toutes  les  barrières  qui  défendaient 
son  empire  >,  passait,  sur  le  redoutable  pont  de  l'épée,  te  fleuve  de  feu 


I.  Sur  l'origine  possible  et  le  seos  de  celte  dàaominatioa,  loj.  Grimai, 
Dealschi  Mjtbelogû,  781,  786;  Li«brecb1,  Otia  Impatatiû,  1^1  a.  Sur  les 
noms  qui  detignenl  le  vene  cl  le  rôle  qu'il  joue  dans  les  aoyances  des  Celles, 
il  y  Jariit  1  Cairr  éa  rKherchn  qu«  je  ne  puit  aborder  ici. 

I.  Si  ce  domaine  éuit  un  sé|our  aussi  enchanté,  on  peut  se  dtinander  pour- 
t|uoi  on  en  retire  GtKnifvrc.  Le  pays  tics  morts  eU  toujours  conçu  i  la  fois 
comme  tio  lieti  de  tristes»  et  un  lieu  de  bonheur,  mais  de  tlocihrur  plutét  n^a- 
t)f.  On  trouve  d^ns  toutes  i»  mythologies  des  contr;idiclions  sembliblet. 

].  Ces  barrières  ne  sont  pas  seulement  U  rivière,  seule  mentionnée  dans 


)|1  C.    PARIS 

qui  eniourait  le  royaume  «  dont  nul  ne  revieni  »,  combattait  et  terrassait 
le  ravisseur,  et  ramenait  iriomphalemeni  son  épouse.  Arthur  lui-mteie 
s'était  sans  douic  substitué  à  quelque  roi  plus  ;inden,  et  cette  héroïque 
et  formidable  aventure,  pendant  belliqueux  de  la  pacifique  victoire 
qu'Orphée  remporta  sur  Hadès  pour  lui  arracher  Eurydice,  était  peut- 
être  chantée  en  Bretagne  cl  en  Oaule,  sous  d'aulres  noms,  avant  que 
César  eût  franchi  les  limites  de  la  province  cl  commencé  ta  destruction, 
destinée  i  ne  plus  s'arrSter,  de  la  civilisation  gallo-bretonne. 

Le  roman  de  Chrétien  n'a  avec  cette  épopée  mythologique,  qu'il  ne 
soupçonnait  guère,  qu'un  rapport  bien  lointain.  Mais  chez  les  Gallois 
eux-mêmes,  autant  qu'il  semble,  le  conte  s'était  singulièrement  altéré 
avant  de  passer  aux  conteurs  anglo-normands  qui  dev^iient  l'introduire 
en  France.  L'île  de  verre  avait  été  transportée  de  sa  lointaine  région,  de 
l'extrémité  de  la  mer  occidenute  où  le  soleil  quine  notre  lene^  dans  une 
province  de  la  Bretagne  i  le  roi  des  morts  ëtaii  devenu  un  prince  comme 
un  autre,  el  avait  reçu  le  nom  de  Maeiwas,  qui  parait  être  celui  d'un 
personnage  véritablement  historique  '  ;  l'élément  surnaiurd  du  récit  avait 
disparu  en  ne  laissant  que  de  faibles  traces.  Soit  que  le  Maeiwas  de  l'his- 
roire  ait  réellement  habité  Glastonbury  ',  soit  que  le  nom  d'Ynit  Witrin 
fil  effectivement  donné  à  Glastonbury  en  gallois,  Maeiwas  était  devenu 
un  roi  du  .Somerset.  C'est  ainsi  que  nous  le  représente  la  légende  de 
saint  Gildas:  on  pourrait  croire  que  c'est  une  simple  invention  du  légen- 
daire ;  mais  nous  trouvons  dans  le  poème  même  de  Chrétien  une  confit- 
mation  frappante  de  cette  localisation  ancienne.  Le  royaume  de  Méléa- 
guant  a  pour  capitale  Ba4t  (voy.  ci-dessus,  p.  481]  ;  or  Bade  ne  peut 
désigner  autre  chose  que  la  ville  de  Bath,  une  des  villes  principales  du 
Somersetshire.  Le  nom  de  Bath  est  anglo-saxon,  mais  il  ligure  de  bonne 
heure  dans  les  légendes  celtiques.  Là.  d'après  Gaufrel  de  Monmouth 
(1.  M,  c.  10),  avait  régné  le  roi  Bladud,  qui,  nouvel  Icare,  péril  en 
essayant  de  traverser  les  airs  sur  des  ailes  qu'il  s'était  fabriquées .  C'est  lui 
qui  construisit  la  ville  appelée  alors  Kaerbad,  et  depuis  Bad,  et  y  fit  les 


Chrétien  ivoyez  cependant  le  passage  des  pierres).  Nous  avons  ra  aue  Malory 
et  la  Ciotit  menlionnent  des  ronces  et  des  fourrés.  Falerîn,  qui  n  est  qu'one 
autre  forinc  de  Méléaguaiit,  emmène  Gucnièvre  dans  un  cliJieau  qu'cntoore  une 
ceinture  impénétrable  de  monstre,  de  serpents,  etc.  \Ham.  X,  4;jjt.  Brua  it 
Moroii,  autre  doublure  de  Métiaguanl,  a  un  chSiean  lotit  entouré  «  de  marét 
et  de  croliére  [Durmjri,  v_  4}09i.  * 

I.  M.  Ward  m'a  coTimuiitoui  sur  ce  point  de  précieuses  remarauei. 

3.  M.  Ward  pfnse  que  ce  Madwai  rit  originiireirient  un  chef  irlandais,  ei  il 
ripproche  de  sa  présence  i  Glastonbury  le  nom  de  Glastonburj  t  des  Gotdils 
(=  Gaéls  =  Irlandais)  ■  donné  à  celte  ville  dans  le  glossaire  de  Cormac 
(X*  siècle). 


LB  COSTE   DK    U  CHARRETTE  51; 

buRs  chauds  qu'on  y  voit  encore  '.  Wace,  en  traduisant  ce  passage  et 
In  autres  mentions  de  Bad  qui  se  trouvent  dans  Gaufre;^,  rend  toujours 
ce  nom  par  Bade  *,  et  c'était  certainement  le  nom  que  les  Normands 
donnaient  à  U  ville.  Le  royaume  dont  Bade  est  la  cjpitak  s'appelle  dans 
Chrétien  le  royaume  de  Corre.  nom  que  je  ne  sais  comment  expliquer. 
Il  est  probable  que  le  nom  du  père  de  Méléaguant.  Rademajîut,  se  rat- 
tache à  celui  de  la  vilte.  Quant  au  râle  qu'il  joue  dans  le  poème,  il  est 
uns  doute  tout  entier  de  l'invention  du  poète  fran^is  :  Chrétien  trouvait 
seulement  dans  sa  source  que  Méléaguant  était  fils  de  Bademagut,  et  il  a 
utilisé  ce  personnage,  qui  ne  6gure  pas,  comme  nous  l'avons  vu,  dans 
le  récti  de  Malory  *. 

Le  récit  de  l'enlèvement  de  Guenièvre  subit  bicnifit  une  autre  modi- 
fication. A  Arthur,  comme  libérateur  de  sa  femme,  un  autre  héros, 
Lancelot,  se  substitua.  Cette  substitution  se  trouvant  également  dans 
Chrétien  et  dans  Malory.  on  doit  croire  qu'elle  s'était  déjà  faite  dans 
U  poésie  anglo-normande  ;  il  est  probable  que  c'est  là  qu'elle  s'est 
produite  pour  la  première  fois,  car  on  ne  trouve  dans  la  littérature  gal- 
loue  aucune  trace  de  Lancelot.  tlile  s'explique  d'ailleurs  par  la  ten- 
dance générale  des  contes  bretons  de  celte  période  à  mettre  Arthur 
sur  le  second  plan  et  à  faire  accomplir  tous  les  exploits  par  les  cheva- 
liers qui  l'entourent.  Celui-ci,  où  il  s'agissait  de  sa  femme,  aurait  dCi 
cependant  lui  être  réservé. 

Dans  l'histoire  de  la  délivrance  de  Guenièvre,  telle  que  la  disaient 
les  conteurs  anglo-nornnands,  un  chariot  ou  une  charrette  jouait  un 
rdte  :  Lanceloi  se  trouvait  obligé  d'y  monter,  ayant  perdu  son  cheval, 
et  il  en  résuluit  pour  lui  un  certain  déshonneur  et  le  surnom  de  Cheva- 
berda  chariot  iMalory)  ou  Chevalier  de  b  charrette  fChrétienl.  Ce  déshon- 
neur provenait  simplemeni  de  ce  qu'il  y  avait  de  peu  noble  pour  un 
chevalier  dans  cette  manière  de  se  faire  voimrer,  et  l'explicaiion  bi/arre 
qu'en  donne  Chrétien  est  une  invention  ou  au  moins  une  eiatjération'.  Ce 


I 


I.  Gaufrci  a|0ute  que  dans  te  temple  de  Minerve  il  avait  allumÊ  un  feu  qui 
M  iVteiffnjit  pa^,  el  dont  l'aliment,  lu  lieu  de  devenir  cendres.  \t  changeait  en 
pierres.  C'est  prubablemmt  une  allusion  aux  mines  île  houille  qui  »  trouvent 
A»r&  le  Sotnerset.  —  Wace  n'a  pas  traduit  ce  pauage,  qu'il  ne  comprenait  taos 
doute  pas. 

I.  wace  aioule  ici  :  Ot  BUiud  Ju  Baét  léd.  B^lda\  nofiit,  La  ttcenJe  l<trt, 
I,  oiUt^  Oit  ftaJi  ot  par  lc\s]  bam[t\  »st  non.  Wace,  ici  comme  ailleurs,  aime 
ï  montrer  par  une  élyntologie  m  connaissance  de  l'anglais. 

].  M;ilorv  dit  leulemmt  .iu  it^but  que  Meliacraunc^  était  iils  de  Bagdemagus, 
personnagequi  d'ailleurs  parait  pluiieurs  fou  dans  d'autres  pailles  de  m  com- 
pilation ;  mais  il  ne  lui  donne  aucun  rALc  dans  l'épisode  de  l'enlèvement  de  U 
reine. 

4.  (^Hque  chose  de  semblable,  mais  de  plus  raisonnable,  a  dû  se  trouver 
aussi  dans  la  source  de  Maiory  ;  vojrex  ci-dessus,  p.  ^oo,  ks  paroles  de  la  dame 


JI4  C.    PARIS 

rftle  delà  charrenecst  sans  conteste  propre  à  t'évotutton  anglo-normande 
du  récit  :  l'épopée  galloise  s'est  produiie  et  développée  dans  un  milieu  qui 
n'était  pas  chevaleresque,  ei  où  les  guerriers  n'avaieni  même  pas  l'haW- 
luclc  de  monier  à  cheval.  Mais  la  charreiic  devait  figurer  à  une  occasion 
quelconque  dans  le  récit  primitif:  dans  quelques  conCes»  le  ïaii  de  mon- 
ter sur  une  charrette  faK  rentrer  sous  l'empire  de  Li  mon  un  habitant 
du  (>  pays  de  réternelle  ieunesse  »  '  ;  peut-être  dans  le  nôtre  ce  véhicule  . 
avait-il  quelque  fonction  analogue.  1 

Nous  pouvons  maintenant  suivre  avec  une  assez  grande  vraisemblance 
l'histoire  de  notre  poème  depuis  l'origine.  Il  s'agit  d'abord  de  t'enlève- 
ment  d'une  reine  par  le  roi  de  la  terre  des  morts-,  son  époux,  malgré 
tous  les  obitactos,  va  la  rechercher  et  la  ramène.  —  A  un  certain 
moment,  cette  reine  est  désignée  commeéianilafemme  d'Arthur,  et  c'en  _ 
lui  qui  la  délivre.  En  même  temps  ou  un  peu  plus  tard,  le  nu  des  morts  I 
perd  son  caractère  mythologique  et  devient  Madwas,  roi  de  Somerset  ^ 
(ou  de  Gorre),  ayant  Bade  pour  capitale  :  des  traces  de  l'anden  récit 
se  conservent  dans  les  noms  d*  v  lie  de  verre  >■  ou  de  royaume  •>  doai  m 
nul  ne  retourne  »  donnés  i  son  pays  et  dans  la  description  du  pont     i 
de  l'Épée,  par  lequel  on  y  arrive.  C'est  sous  cette  forme  que  le  conte 
breton  pénètre  dans  la  poésie  anglo-nortnande  ;  il  parait  y  avoir  pris 
trois  formes  diverses,  qui  remontent  toutes  â  une  même  source,  où 
Lancelot  était  substitué  à  Arthur  :  le  Chevalier  du  chariat,  que  nous 
connaissons  plus  ou  moins  exaciemem  par  Malory,  oii  le  pont  a  dis- 
paru >;  —  le  poème  qu'a  connu  Henri  du  Turlin,  où  le  fleuve,  sinon  le 


de  CtienièvTt  en  voyant  arriver  Lancelot  ;  on  conduisait  «ffectiverneat  les  con- 
damna au  supplice  àiM  une  charrette.  —  Henri  du  Tûrlin  a  îur  la  charrette 
une  explication  qui  ressemble  beaucoup  à  celle  de  Chrélien.  mais  qsi  se  rap- 
proche »pendinl  de  ctllc  de  Mslory  en  ce  qu'elle  présente  éulemettl  la  char- 
rette comme  conduisant  les  condamnés  au  gioet,  tandis  i^ue  Cnr^tien  la  regarde 
comme  continuant  en  elle-même  un  supplice,  qu'il  compare  an  pilon  ;  ■  Il  ]r 
avait  une  coutume  dans  le  pays  :  celui  qui  avait  même  la  honie  d'ttre  penâi  ou 
mutilé  et  qui  était  condamné,  les  tuurreaux  le  prenaient  et  l'asse^r^'ent  sur  un 
chariot  qti  le  portait  Imit  alenlnur.  de  villes  en  villa^s,  et  tous  ceux  qui  le 
voyaient  sur  le  chariot  vengeaient  sa  honte  sur  lui,  car  on  lui  jetait  tout  ce  iiae 
chacun  avait  sous  U  main,  bois  ou  pi«rre  ,  ainti  il  expiait  ton  cntne  (v.  IM  l- 

I.  Dans  le  po^me  popuUirc  italien  de  Stnto,  tkt  (rrcava  Ji  moa  mofucmai  |je 
me  sers  d'une  édition  s.  d.  de  Bolosnel,  Senso.  parcourant  la  terre  des  mortels 
sur  un  cheval  du  pays  de  l' immortalité,  ne  Joit  pas  en  descendre  ;  il  commet 
l'imprudence  de  mettre  le  pied  sur  dik  charrette,  qui  est  conduite  par  la  Mort 
clle-ménnc,  et  i!  retombe  soqs  son  pouvoir.  —  Il  est  i  remaïquer  que  dans  te 
conte  irlandais  à'Oiùn  à  Tirrunofie,  qui  est  absolument  semblable  à  celui  de 
Senso,  il  ne  s'agit  pas  de  charrette  :  Otsin  met  malgré  lui  pied  i  terre  es  laUaat 
un  grand  effort  pour  soulever  une  pierre. 

a.  11  reste  sans  doute  une  trace  du  âeuve  infernal  dans  le  passage  de  la 
Tamise  par  Lancelot  i  cheval  >;voy.  cî-dcsiu»,  p.  499I. 


k 


LE  CONTE   Oe   LA   CHARRETTE  (l{ 

pom,  était  conservé,  etoù,  comine  dans  Henri,  Lancelot  monle  sur  le 
duriot  parce  qu^I  est  irop  fotigué  pour  poursuivre  la  route  à  pied  -,  — 
enbi  b  source  de  Chrétien. 

Cettesource  n'a  dCi  lui  être  accessible  que  par  un  récit  oral.  Qu'y  a  trouvé 
le  poète  français  ^  Probablement  assez  peu  de  chose,  il  a  su  que  Méléa- 
gcant,  Tils  de  Bademagu.  roi  de  lïade,  enlevait  Guenièvre  ei  l'emmenait 
dau  le  pays  dont  noi  n'est  jamais  revenu  ',  que  Ké  essayait  vainement 
de  ta  suivre  ',  que  Lancelot  réunissait  mieux,  bien  qu'obligé  à  un  ctr- 
Uin  moment  de  monter  sur  une  charrette,  qu'il  franchissait  le  pont  de 
l'épée.  livrait  bataille  à  Méléaguant  et  ramenait  la  reine.  Tout  le  reste 
seaible  de  son  invention.  Au  lieu  de  l'enlèvement  de  Guenièvre  cueillant 
le  mai  par  Méléaguant  caché  dans  le  bois,  tel  qu'il  est  raconté  par 
Malory  et  attesté  par  les  allusions  galloises,  il  a  inventé  le  défi  du  com- 
mencement, lieu  commun  des  romjns  bretons  chevaleresques;  quant  à 
l'iniervcniion  de  Lancelot.  très  bien  motivée  dans  le  récit  de  Malory,  il 
la  laisse  pour  ses  lecteurs  totalement  inexpliquée.  Il  a  donné  comme  paraî- 
tre au  voyafifi  de  Lancelot  celui  de  Cauvain,  pour  étoffer  un  peu  sa 
matière,  et  créé  le  pont  evage  comme  pendant  au  pont  de  l'épée  >.  ri  a 
noiivé  assez  obscurément  l'épisode  de  la  charrette.  Il  a  allongé  son 
récit  trop  maigre  de  plusieurs  façons  :  d'abord  par  les  diiTérents  épisodes 
du  voyage  de  Lancelot,  le  lit  périlleux,  le  chevalier  du  gué,  la  demoi- 
selle qu'on  veut  forcer  puis  enlever,  te  cimetière  et  son  inscription  pro- 
phétique, le  passage  des  pierres,  le  combat  des  gens  de  Logrcs  et  de 
ceui  de  Gorre,  le  chMeau  cru  enchanté,  le  combat  avec  uninsulteurqui 
est  nié.  De  ces  épisodes,  aucun,  sauf  l'histoire  du  lit  périlleux,  déplacée 
ici  et  empnintée  à  d'autres  contes,  n'a  un  caractère  celtique  ;  ce  sont 
des  aventures  assez  banales,  dont  l'agréable  manière  de  les  conter  fait 
tout  l'intérêt,  et  que  le  poète,  comme  nous  l'avons  vu,  ne  s'est  même 
pas  soucié  de  rendre  vraisemblables  ou  liées  entre  elles.  Le  récit  entendu 
par  lui  finissait  sans  doute  après  le  premier  combat  de  Lancelot  contre 
Méléaguant  j  celui-ci  était  vaincu,  et  Lancelot  ramenait  la  reine  *.  Mais 
cela  ne  faisait  pas  le  compte  du  poète  français  :  grâce  a  l'Intervention  de 
Bademagu,  il  a  prolongé  l'aventure ,  l'accusation  portée  par  Méléaguant 


k 


I.  Chrétien  est  le  seul  qui  ait  conservé  celte  précieuse  dénomination. 

3.  Le  réic  de  Ké  éuit  i  peu  près  pareil  itm  le  poème  connu  par  Henri 
du  Tùrlin  (voy.  ci-tleisui,  p.  }oO.  et  Jtutii  ilani  celui  qu'a  suivi  Malory. 

}.  Il  n'cu  pourtant  pas  impossible  que  nous  ayons  li  aussi  une  ancienne  tra- 
dition mytboliigiquc.  Le  royaume  des  mcrts  nt  quelquefois  conçu  comme  èiant 
non  dans  une  tTe,  mais  wus  Teau,  et  on  y  accède  par  un  pont  dans  le  genre 
de  celui  aue  décrit  Chrétien. 

4.  Chreiien,  qui  ne  sait  plus  ce  que  veut  dire  ce  pays  «  dont  nul  ne  reloime,  1 
«eut  que  la  délivrance  de  la  reine  entraîne  celle  de  tous  les  autres  prisonnitrs 
qaî  y  sont  retenus  :  c'est  évidemment  une  malencootmite  addition. 


{i6  0.  Paris 

contre  Gueni&vre  am^nc  un  second  combat,  qui  reste  indécis  comraé'ië" 
premier;  la  trahison  de  Mél^aguant,  le  tournoi  de  Pomelagoi  avec  les 
exploits  de  Lanceloi  inconnu,  sa  délivrance  définitive  et  sa  victoire  lur 
Méléaguant  à  la  cour  d'Arthur  sont  encore  des  épisodes  qui  me  paraïueni 
sortis  de  l'imagination  de  Chrétien. 

J'ai  laissé  de  c6té  ceux  qui  touchent  aux  amours  de  Lancelot  ei  de 
Guenièvre  :  b  continence  du  héros  et  la  trouvaille  du  peigne  dans  la 
première  partie,  et  dans  la  seconde  le  méconicntemcni  de  la  reine,  la 
double  temaiive  de  suicide,  l'entrevue  nocturne,  et  les  ordres  contra- 
dictoires que  Guenièvre  donne  à  son  chevalier  au  tournoi  où  elle  est 
seule  à  le  reconnaître.  Tous  ces  traits  demandent  en  ctfet  A  être  exami- 
nés ensemble  ei  à  part.  La  seule  question  qui  se  pose  ici  est  celle  de 
savoir  si  c'est  Chrétien  qui  a  inventé  ces  amours.  Si  nous  avons  eu  rai- 
son de  penser  que  le  poème  auquel  se  rapportent  les  allusions  de  la 
Cronc  ne  les  connaissait  p.is,  il  deviendra  très  probable  que  c'est  i  Chré- 
tien qu'ils  doivent  leur  existence.  Dans  le  récit  qui  lui  a  été  communiqué, 
comme  dans  celui  qu'a  suivi  Henri  du  Turlin,  Lancelot  ne  délivrait  la 
reine  que  pour  accomplir  le  devoir  d'un  chevalier  brave  et  fidèle  :  c'est 
le  poÈte  champenois  qui  parait  avoir  eu  l'idée  de  lui  prêter  d'autres  sen- 
Timems,  et  qui  en  a  profilé  pour  peindre  l'amour,  dans  son  roman,  d'une 
façon  qui  a  fait  jadis  et  fait  encore  aujourd'hui  le  principal  intérêt  de 
son  leuvre. 

IV.  —  L'aprii  du  poème  de  Chrititn. 


Le  ChevaUtT  de  la  Charrette  me  parait  en  effet  avoir,  dans  l'htsioire  de 
la  littérature  française  au  moyen  Age  et  particulièrement  du  chapitre  qui 
nous  occupe,  une  importance  f^us  grande  que  celle  qu'on  lui  a  d'ordi- 
naire attribuée.  L'originalité  de  ce  poème,  une  fois  la  question  du  fond 
et  du  sens  primitif  mise  â  pan,  consiste  dans  la  façon  dont  il  présente 
ses  personnages,  dans  les  mobiles  qu'il  donne  à  leurs  actions,  et  notam- 
ment dans  la  conception  qu'il  nous  offre  de  l'amour.  C'est  A  ce  point  de 
vue  nouveau  que  je  vais  maimenanl  l'examiner. 

Les  deux  principaux  héros,  Lancelot  et  Gauvain,  se  disiingaeni  égale- 
ment par  la  prouesse  et  la  courtoisie.  Gauvain.  n'ayant  pu  empêcher  la 
malencontreuse  remise  de  Guenièvre  à  Ké,  la  suit  du  moins  pour  la 
délivrer  ^  il  ne  se  laisse  pas  effrayer  par  les  dangers  de  l'aventure,  et 
risque  le  passage  du  pont  sous  l'eau,  oii  il  manque  périr.  Non  moins 
loyal  et  courtois  que  brave,  il  abandonne  sans  hésiter  au  chevalier 
inconnu  qu'il  rencontre  le  cheval  qu'il  lui  demande,  et  i  la  fin  du  poème 
il  s'apprête  à  soutenir  pour  son  ami  absent  le  combat  contre  Uéléagaam. 
Lancelot  possède  les  mêmes  qualités  à  un  degré  plus  apparent  encore  : 


LE   CONTR  DC   LA   CHARRETTE  JI7 

îtK  recule  jamais  devant  aucun  péril,  il  est  trois  fois  vainqueur  de 
HéKaguam,  il  remporte  comme  en  se  jouant  le  prix  du  loumoî.  Sa 
géDéronlé  égale  sa  v;iilUnce  :  il  permet  â  un  vaincu  de  reprendre  ses 
armes  et  de  recommencer  la  luiie.  Fidèle  à  sa  parole  jusqu'au  saupule, 
it  panage,  malgré  sa  répugnance,  la  couche  de  la  demoiselle  i  qui  il  l'a 
promis,  et  revient  dans  la  prison  dont  on  Ta  laissé  sortir  sur  son  enga- 
gement. Mais,  à  la  différence  de  son  ami  Gauvain,  toutes  ses  acuons, 
toutes  ses  pensées,  sont  dominées  par  l'amour  qu'il  porte  à  Cueniévrc. 
Cet  amour  est  une  sorte  de  fascination  et  en  même  temps  d'idolitrie  qui 
ne  le  laisse  maître,  en  dehors  de  ce  sentiment,  d'aucune  partie  de  son 
élre.  Il  n'est  rien  qu'il  ne  brave  pour  arracher  Gucniévre  à  son  ravjs- 
teur.  En  la  vopnt  passer  du  haut  d'une  fenêtre  qui  domine  un  abîme,  il 
s'élance  vers  elle  et  se  précipiterait  s'il  n'était  retenu  (ci-dessus,  p.  467) . 
Il  ne  peut  avoir  pour  l'amour  de  toute  autre  femme  que  de  l'aversion 
(pr468).  En  voyant  le  peigne  où  som  restés  quelques  cheveux  d'elle,  ce 
lerrier  que  rien  ne  fait  pÂlir  tombe  en  délaillance.  Pour  les  cheveta 
'qo^il  a  dérobés  il  donnerait  tous  les  trésors  (p.  470).  Sa  vue  inopinée  le 
plonge  dans  une  telle  extase  qu'il  ne  sait  plus  ce  qu'il  fait  et  manque  se 
laisser  vaincre  (p.  47^).  Soumis  prés  d'elle  comme  un  enfant,  après 
l'avoir  sauvée  à  travers  mille  dangers,  il  s'incline  devant  un  mauvais 
accueil  dont  il  ne  comprend  pas  la  cause  et  se  contente  de  gémir  (p.  476). 
Quand  il  croit  qu'elle  a  péri,  la  vie  ne  lai  semble  pas  un  instant  suppor- 
table, et  il  cherche  à  se  procurer  immédiatement  la  mon  p-  477].  H  lui 
ncrilie  plus  que  la  vie,  l'honneur  :  il  est  vrai  qu'avant  de  monter  dans 
bdiarrette  infamante,  il  a  une  nunute  d'hésitation  Ip.  4661,  mats  il 
reconnaît  plus  urd  qu'il  a  été  coupable,  et,  quand  par  la  suite  elle  lui 
impose  ce  qui  peut  être  pour  lui  le  plus  pénible,  l'apparence  de  ta  couar- 
dise, il  ne  balance  plus  un  moment,  et  par  deux  fois  se  laisse  hotmir 
sans  murmurer  ^p.  48t;.  Il  ne  semble  pas  d'ailleurs  qu'il  ait  l'ombre 
d'un  scrupule  sur  ses  relations  avec  elle,  et  que  ce  chevalier  loyal  entre 
tous  se  reproche  b  trahison  qull  commet  envers  son  noble  seigneur,  le 
roi  Artu.  L'amour  régne  dans  son  Âme  avec  une  tyrannie  sans  nul 
conue-poidi ,  il  y  est  le  principe  des  actions  les  plus  hardies  ei  les  fhs. 
nobles,  comme  il  le  fait  passer  par-dessus  toutes  les  considérations, 
même  de  gloire  et  de  conscience.  C'est  le  type  absolu  de  l'amoureux  tel 
qu'il  a  longtemps  été  conçi  dans  la  poésie,  et  r^é,  sinon  réalisé,  dans 
U  vie. 

Pbçons  en  regard  le  caractère  de  Cuenîèvre.  Il  est  moins  souvent  en 
évidence,  mais  il  n'est  pas  moi»  Mttanent  marqoé.  Elle  est  le  nndéle 
de  toutes  les  perfections  de  la  feounc,  comme  Laoceloi  est  celui  de  toutes 
les  vertus  vîntes.  Sa  courtoisie  et  sa  douceur  ont  captivé  le  bon  roi 
Bademagu,  comme  ta  fo^m  acCompGe  dont  elle  remplît  ses  fonctions  de 


{l8  G.   PARIS 

reine  (ait  le  bonheur  ile  son  mari  et  le  charme  de  sa  cour  ■ .  Elk  aime 
Lancelot  autant  qu'elle  en  est  aimée,  et  ne  parait  pas  plus  que  lui  éprou- 
ver de  remords  de  sa  conduite.  Quand  elle  le  croit  mort,  et  qu'elle  a  lieu 
de  penser  que  sa  dureté  avec  lui  en  est  la  cause  indirecte,  elle  se  résout 
à  mourir  de  faim,  cachant  d'ailleurs  l'excès  de  sa  douleur  et  son  sinistre 
dessein,  ei  conservant  avec  tous  1c  décorum  qui  convient  à  son  rang. 
Pour  le  voir  et  le  recevoir,  elle  oublie  les  dangers  qu'elle  peut  courir,  ei 
lui  donne  le  rendez-vous  qui  manque  en  effet  la  perdre.  Mais  i  côté  de 
ces  traits  qui  lui  sont  communs  avec  son  amant,  sa  conduite  avec  lui  en 
présente  de  tout  opposés.  Elle  l'accueille,  après  la  mcn-eilleusc  aventure 
quil  a  pour  elle  seule  menée  à  bonne  fin,  avec  une  dureté  extrême,  fon- 
dée sur  ce  qu'il  a  hésité  un  instant  i  accepter  l'infamie  pour  la  suivre. 
ce  qui  serait  la  plus  cruelle  ingratitude  st  ce  n'était  l'application  des 
régies  d'un  art  raffiné  de  l'amour,  F.Ile  se  plaît  à  lui  imposer  ses  fantai- 
sies les  plus  ^nguliëres,  comme  quand  elle  lui  ordonne  de  se  comporter 
au  tournoi  du  pis  qu'il  pourra,  et  elle  se  réjouit  en  son  cceur  de  la  dod- 
liié  enfantine  qu'elle  rencontre,  et  qu'elle  a  préparée  en  réprimant  comme 
elle  l'a  fait  la  plus  légère  apparence  d'écan.  Aux  yeux  du  poète,  elle  est 
en  cela  djns  son  rôle  tout  aussi  bien  que  lui,  ci  cUe  est  le  type  accompli 
de  la  dame  tout  comme  il  est  celui  de  Wtmi. 

Les  principaux  caractères  de  lamour  ainsi  entendu  sont  tes  suivants  : 

1"  Il  est  illégitime,  furtif.  On  ne  conçoit  pas  de  rapports  pareils  entre 
mari  ei  femme;  la  crainie  perpétuelle  de  Tamam  de  perdre  sa  maltresse, 
de  ne  plus  être  digne  d'elle,  de  lui  déplaire  en  quoi  que  ce  soit,  ne  peut 
se  concilier  avec  la  possession  calme  et  publique  ;  c'est  au  don  sans  cesse 
révocable  d'elle-même,  au  sacrifice  énorme  qu'elle  a  fait,  au  risque 
qu'elle  court  constamment,  que  la  femme  doit  la  supériorité  que  l'amant 
lui  reconnaît. 

2*  A  cause  de  cela,  l'amant  est  toujours  devant  la  femme  dans  une 
position  inférieure,  dans  une  timidité  que  rien  ne  rassure,  dans  un  per- 
pétuel tremblement,  bien  qu'il  sort  d'ailleurs  en  louies  rencontres  le  plus 
hardi  des  guerriers.  Elle  au  rontraire,  tout  en  l'aimant  sincèrement,  se 
montre  avec  lui  capricieuse,  souvent  injuste,  hautaine,  dédaigneuse; 
elle  lui  fait  sentir  â  chaque  momeni  qt;'il  peut  la  perdre  et  qu'A  la 
moindre  faute  contre  le  code  de  l'amour  il  la  perdra. 

)"  Pour  être  digne  de  la  tendresse  qu'il  souhaite  ou  qu'il  a  déj!  obte* 
nue.  il  accomplit  toutes  tes  prouesses  imaginables,  et  elle  de  son  côté 
songe  toujours  à  le  rendre  ir>eilleur,  i  le  faire  plus  n  valoir  »;  ses 


1.  Ces  traits  du  caractère  de  Cueniérre  sont  peu  marqués  ici,  mais  se 
retrouvent  djns  d'aulr»  roouns  de  Oirètien  et  dans  le  Unctlot  en  i>ro»c.  qui 
iuit  la  même  inspiration. 


LE  CONTF.  DE  LA  CHARRETTE  {I9 

Caprices  apparents,  ses  rigueurs  passagères,  ont  même  d'ordinaiie  ce 
but,  et  ne  sont  que  des  moyens  ou  de  raffiner  son  amour  ou  d'exalter 
son  courage. 

4*  Enfin,  ei  c'est  ce  qui  r^ume  tout  le  reste,  l'amour  est  un  an,  une 
science,  une  vertu,  qui  a  ses  règles  tout  comme  la  chevalerie  ou  la  cour- 
toisie, règles  qu'on  possède  et  qu'on  applique  mieux  à  mesure  qu'on  a 
fait  plus  de  progris,  et  auxquelles  on  ne  doit  pas  manquer  sous  peine 
d'ttre  jugé  indigne. 

Dans  aucun  ouvrage  français,  autant  tju'il  me  semble,  cet  amour 

Cùattûis  n'apparaît  avant  le  CheyalUr  de  ta  Ckarreitt.  L'amour  de  Trisiran 

ei  d'Iseut  est  autre  chose  :  c'est  une  passion  simple,  ardenic.  naturelle, 

qui  ne  connait  pas  les  subtilités  et  les  raffinements  de  celui  de  Lancclot 

et  de  Guenièvre  '.  Dans  les  poèmes  de  Benoit  de  Sainte-More,  nous 

trouvons  la  galanterie,  mais  non  cet  amour  cxahé  et  presque  mystique, 

I  pns  cesser  pourtant  d'éire  sensuel.  Il  en  est  de  mè.me  de  VEracle  de 

I  jGsiutier  d'Arras.  il  en  est  de  mime  des  poèmes  de  Chrétien  antérieurs  à 

'  Cdui-ll  :  dans   Ertc    nous  voyons  même  la  femme  traitée  avec  une 

certaine  brutalité  >.  L'amour  conventionnel  et  idéal  se  retrouve,  quoique 

moins  en  évidence,  dans  le  ChevalUr  au  Lion,  mais  ce  po^me,  comme 

nous  l'avons  vu,  est  postérieur  au  Coule  de  la  CharreUe.  C'est  donc  dans 

ce  dernier  ouvrage  qu'il  se  présente  pour  la  première  fois  dans  le  monde 

poétique,  qu'il  devait  pendant  longtemps  éblouir  et  dominer. 

Une  telle  conception,  destinée  â  un  succès  si  prompt  et  si  grand, 
n'est  certainement  pas  sortie  tout  à  coup,  sans  que  rien  l'eùi  préparée 
antérieurement  et  l'appelât  dans  le  milieu  contemporain,  du  cerveau  du 
poète  champenois.  Elle  a  des  origines  multiples,  qu'il  n'est  pas  possible 
d'étudier  ici  en  détail,  mais  qu'il  est  au  moins  possible  d'indiquer. 
L'idée  de  traiter  l'amour  comme  une  science,  de  lui  faire  un  code,  de 
lui  constituer  une  iurisprudence,  parait  avoir  son  origine  dans  VAn 
amjtoriâ  d'Ovide,  livre  si  goûté  des  clercs,  si  lu  dans  tes  écoles,  et  que 
Chrétien  lui-même,  comme  nous  l'avons  vu,  avait  traduit  à  ses  débuts. 


I .  Dans  une  version  cependant,  noui  trouvons  quelque  chose  de  fort  ini- 
logue.  DsDs  le  po^e  d'Eilharld'Otierg  léd,  Lictiieostein,  v.68}]  ss.l.Pleheria, 

3UI  prend  pour  Trisiran  un  civ^tler  qui  j'cntuil,  l'aditirc  en  vain  »a  nom  d'Iseut 
e  s  arrêter,  (seul,  croyant  Trisiran  coupable  dt  cette  infraction  aux  lois  de 
l'amour,  le  repouwe  et  le  fait  crueilemeni  miltrailer  le  lendcntiin  quand,  décuiié 
en  tépreui.  i!  «saie  de  s  approcher  d'elle.  Eilhart  écrivait  vers  1 175,  el  cette 
partie  de  son  poème,  qui  dillère  beaucoup  de  la  parue  correspondiDle  ou  po^me 
de  Thora^ii,  j  un  caractère  assez  peu  ancien.  Il  est  possible  que  cet  épisode  ait 
été  inséré  dans  un  poème  français  composé  après  le  Conte  dt  la  Chaiîit. 

1.  Il  nt  vrai  que  cela  se  passe  entre  mari  el  (emnie.  Mail  l'amour  d'Erec 
pour  Emde,  dans  la  première  partie  du  poème,  o'a  rien  aue  de  naturel  et  de 
simple.  Vg);ez  aussi  les  épisodes  de  l'amour,  fort  peu  raffine,  dont  Giloain  et  le 
comte  de  umors  se  prennenl  pour  Enide. 


"pO  C.    PARIS 

I  Si  l'amour  qu'ensdgne  Ovide  ne  ressemble  gu&rc  h  l'amour  chevaleresque 
1  et  counois,  il  a  cependant  avec  celui-ci  un  poim  commun,  et  un  point 
'  fort  esscniiei  ;  l'un  et  l'autre  sont  nécessairemetit  des  amours  illégitimei, 
en  dehors  du  mariage.  D'autres  analogies  seront  facîicmeni  trouva  par 
qui  voudra  examiner  de  plus  près  un  su}et  qui  n'est  ici  qu'effleura.  Le 
moyen  âge,  avec  sa  tendance  logicienne  ei  g^<?ralis.iiricc,  devaii  trans- 
former en  rigides  maximes  les  frivoles  préceptes  de  cette  théorie  mondaine 
Convaincu  comme  il  l'était  que  toute  œuvre  d'art  est  avant  tout  destinée 
à  Pinstruclion,  il  devait  prendre  au  sérieux  ce  traité,  classique  au  même 
titre  que  tout  ce  qui  venait  de  l'aniiquiie,  et  chercher  à  le  rendre  plus 
systématique  et  plus  pratique.  Cette  dlspositior;  coïncidait  d'ailleurs  avec 
le  fait  capital  du  xii*  siècle,  la  création  de  la  société  courtoise  par  l'éta- 
blissement dans  l'aristoaatie,  à  laquelle  se  taltachail  le  monde  des  fiera, 
des  règles  d'une  étiquette  subtile  et  souvent  bizarre  dont  Tobserva- 
don  rigoureuse  était  une  science,  dont  la  négligence  Msqaatipait  un 
homme  et  en  faisait  un  "  vilain  ».  La  réunion  des  deux  sexes  dans  les 
fêtes,  qui  commençait  alors  à  être  habituelle,  donnait  naiurellemeni 
l'idée  de  régler  leurs  rapports,  et  dans  ces  règles  on  ne  s'arrêta  pas  aux 
relations  extérieures,  on  voulut  déterminer  même  ce  qui  Aait  de  bon 
ton,  de  convenance  ou  de  rigueur  dans  les  liaisons  les  plus  intimes. 

Ces  réunions  mondaines  des  deux  sexes  paraissent  avoir  été  daboid 
plus  fréquentes  et  plus  brillantes  qu'ailleurs  à  la  cour  du  roi  Henri  )** 
d'An^erre.  Ce  prince,  dont  nous  ne  connaissons  malheureusement  pas 
te  règne  avec  assez  de  détail,  est  évidemment  un  des  rois  les  plus  remar- 
quables qu'ait  eus  ce  pays.  Il  aimait  beaucoup  \e  plaisir  et  les  fêtes,  et 
dans  ses  châteaux,  sunout  avant  ta  catastrophe  de  la  Blanche  Nef,  il  se 
plaisait  i  inviter  les  dames  «  les  demoiselles,  cherchant  à  plaire  et  plai- 
sant à  plus  d'une,  donnant  l'exemple  de  la  galanterie  i  ses  chevaliers,  et 
mêlant  aux  brillants  tournois  les  assemblées  et  tes  jeux.  Geotfrei  Gaimar, 
dans  le  curieux  passage  de  son  Ejtoire  des  EagUis  ob  il  annonce  son 
intention  d'écrire  la  vie  de  Henri,  dit  qu'il  parlera  surtout  de  ces  galan- 
teries et  de  ces  féies  splendides  qu'il  reproche  à  David,  autre  historiés  de 
Henri,  d'avoir  laissées  de  c6té  '.  Nous  n'avons  malheureusement  pas 
l'ouvrage  promis  par  Gaîmar  (en  admettant  qu'il  l'ail  écrili ,  pas  plus  que 
nous  n'avons  celui  de  David.  Mais  il  me  semble  qu'il  est  permis  de  voir 
an  écho  de  ces  fêtes  et  de  ce  premier  éveil  de  la  galanterie  cheval^ 
resque  dans  ce  curieux  passage  de  Caufrei  de  Monmouth,  où  tl  npté- 


1 .  Mis  étî  ftsta  ke  tint  ti  rets,  Dtl  toschtUr  ru  dtl  ^Ms,  Dtl  domtm  t  de 
l'amitr  Kt  dtmtna  li  rm  millar  Kt  unkej  fast  ne  ja  mh  ttit...  Ne  ail  garées  Fntrif 
Davi,  etc.  D>vid  avjit  écrit  la  vie  de  Menrr  en  Uîsses  Rionorimes,  pour 
Aeliz  de  Louvain,  la  veuve  de  Henri,  tjui.  au  dire  de  Gaimar,  liuit  ïouveni  ce 
po^pic;  il  est  asseï  naturel  qu'il  eût  laissé  dans  l'oaibrecc  câïé  deU  viedu  roi. 


LE  COtiTS   DE   LA  CHARRETTE  (21 

[sente  la  cour  d'Anhur  telle  qu'elle  apparaissaii,  comme  idéal,  à  l'imagi- 
nation d'un  homme  qui  écrivait  précisément  i  la  fin  du    régne  de 
Henri  ]":<<.  Lj  Bretagne  était  arrivée  alors  i  un  tel  comble  de  gran- 
deur que  pour  la  richesse,  le  luxe  et  la  politesse,  elle  surpassait  de 
beaucoup  tous  les  autres  royaumes.  Les  chevaliers  y  étaient  renommés 
pour  leur  prouesse  .....  ei  les  femmes,  non  moins  célèbres  par  leur 
Courtoisie,    n'estimaient   dignes  de   leur  amour  que  ceux   qui  avaient 
donné  des  preuves  de  leur  valeur  dans  trois  combats  diîTérents.  Ainsi  la 
valeur  des  hommes  était  un  encouragement  pour  la  chasteté  des  femmes  •, 
et  l'amour  des  femmes  était  un  aiguillon  pour  la  valeur  des  cheva- 
liers (I.  IX,  c.  ij)'-  ' 

Assurément  ce  n'était  pas  dans  les  traditions  celtiques  que  Gaufrei 
avait  trouvé  une  pareille  conception.  Les  Celtes  ont  créé,  dans  l'histoire 
de  Tristran  et  d'Iseut,  le  plus  merveilleux  poème  d'amour  qu'ait  peut- 
être  produit  rhumanité,  mais  cet  amour  sauvage,  indomptable  et  pas- 
sionné n'a  tien  des  conventions,  des  quintessences  et  des  langueurs  de 
rjroour  chevaleresque.  Il  en  est  de  môme  des  aventures  amoureuses, 
d'ocdinaire  tristes  et  tendres,  qui  font  le  sujet  d'un  grand  nombre  des 
lais  bretons  :  l'amour,  il  est  vrai,  y  est  souvent  coupable,  mais  jamais  il 
ne  présente  les  caractères  que  j'ai  indiqués  plus  haut,  et  notamment  la 
supériorité  de  la  dame  sur  l'ami,  et  l'influence  qu'elle  exerce  sur  celui-o 
pour  le  pousser  à  grandir  sans  cesse  en  prouesse  ei  en  renommée. 
L^aniour  qu'on  rencontre  ailleurs  dans  les  narrations  de  Gaufre:)  est 
d'un  tout  aune  genre,  et  le  passage  qui  vient  d'être  cité  est  parfaitement 
isolé  dans  son  livre,  le  crois  donc  qu'il  est  inspiré  par  le  souvenir  des 
cours  fastueuses  et  galantes  du  roi  Henri,  dont  l'imitation  se  répandit 
bientôt  en  France,  et  qui,  par  le»  tournois  ei  les  assemblées  des  deux 
sexes,  formèrent  le  vrai  point  de  départ  et  le  foyer  de  la  société  cour- 
toise, amoureuse  et  raffinée. 

A  ce  courant  venu  d'Angleterre  répondait  un  autre  courant  venu  du 
Midi.  Là.  de  bonne  heure  et  indépendamment,  s'était  aussi  formée  une 
société  polie  et  galante,  qui,  n'étant  pas  attachée  comme  en  Angleterre 
à  un  centre  fixe,  était  éparse  dans  maintes  petites  cours  bospiuliéres. 
Dans  cette  société  assez  oisive  et  de  mœurs  peu  sévères  s'était  produite 
une  poésie  qui,  de  bonne  heure,  avait  été  surtout  une  poésie  d'amour, 
et  d'amour  raffiné  et  savant,  d'amour  de  tête,  comme  on  l'a  fort  bien 
dit,  et  non  d'amour  de  cceur.  La  le  c6ié  guerrier,  que  développaient 

I .  Cdt  n'c«t  pii  fort  clair  :  par  ■  ehaitelé  •  il  E*ut  sans  doute  entendre 
I  pcrfcclioo  [èaiiBtne  >. 

3.  Voy.  encore  le  chap.  suivant 

J.  Sans  parier  des  récils  antérieurs,  voir  les  amoin  d'Utcr  avec  Igenc 
I,  tf)  el  ceux  de  JAodrtd  avec  Guanbumara  (Xi,  ijl. 


}12  C.    PARIS 

ailleurs  les  loumois,  avait  été  laissé  i  peu  près  à  l'écart;  mais  en 
revanche  l'idée  que  Tamour  est  une  venu  et  qu'il  exdle  i  toutes  les 
autres,  surtout  aux  vertus  sociales,  était  devenue  un  principe  fbndameiw 
tal.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  rechercher  les  origines  de  cette  concep- 
tion qui,  de  plus  en  plus  idéalisée  et  sysiémaiisée,  devait  aboutir  au 
mysticisme  amoureux  d'un  Guîdo  Guiniceili  ou  d'un  Dante.  Il  suffit,  pour 
voir  à  quel  point  elle  était  établie  comme  convention  poétique  chez  les 
troubadours,  de  parcourir  les  témoignages  que  Diez  en  a  réuni?'.  Il 
n'était  pas  moins  convenu  que  l'amour  était  un  art,  une  science,  et  que 
pour  avoir  le  droit  de  s'en  mêler  il  fallait  en  posséder  les  r^lcs.  Cétaient 
surtout  les  femmes  <\u\  s'intércs$<iient,  en  cette  matière  qui  les  touchait 
particulièrement,  à  t 'établissement  et  au  maintien  des  bonnes  coutumes 
d'amour,  et  qui  se  faisaient  un  amusement  de  société  de  les  discuter,  de 
les  fixeietdclescommenter.tJr.précisémeniàrépoqueoù  fut  composé  le 
Coate  de  la  CliareUf  la  lyrique  des  troubadours,  avec  tout  l'ensemble  de 
formes  poétiques,  de  conceptions  littéraires  et  de  conventions  sentimetw 
taies  qui  la  composait,  pénétrait  dans  la  Fiance  du  Nord.  Aux  chansons 
simples  et  plus  ou  moins  populaires,  â  rimes  plates  ou  entrelacées  deux 
i  deux,  qui  avaient  jusque-U  été  seules  connues,  se  substituaient  les 
chants  à  strophes  compliquées,  toujours  divisées  en  trois  panies.  aux 
agencements  anistiques  de  rimes,  a  la  structure  modifiée  pour  chaque 
pitee/Dans  le  nord  comme  dans  le  midi,  les  princes,  les  hauts  barons, 
les  grandes  dames  se  menaient  à  troattr,  et  \à  aussi  l'amour  faisait  le 
fond  de  cette  poésie  de  société,  et  c'était  l'amout  tel  que  l'avaient  pré- 
senté les  troubadours,  l'amour  qui  faisait  le  charme  et  le  danger  des  réu- 
nions mondaines,  l'amour  illégitime  et  caché,  et  en  même  temps  l'amour 
considéré  comme  un  an  et  comme  une  vertu.  Chrétien  de  Troyes  est 
un  des  premiers,  Ee  premier  peut-être,  qui  ait  imité  en  langue  d'oil 
la  poésie  lyrique  de  la  langue  d'oc.  Les  trois  chansons  qu'on  a  de 
lui  n'ont  rien  de  remarquable,  si  ce  n'est  leur  ressemblance  avec  plus 
d'une  canso  provençale.  Dans  l'une  d'elles,  il  exprime  ses  idées  sur 
l'amour  d'une  façon  qui  correspond  exactement  i  la  doctrine  des  trou- 
badours :  »  On  ne  peut  faire  auain  progrés  dans  la  science  de 
l'amour,  dit-il,  si  on  n'est  A  la  fois  coartoit  et  intelligent,  ■> 

Nuls,  s'il  n'est  conois  et  sages, 

Ne  puet  riens  d'amors  aprendre  *. 

La  même  théorie  qui  dictait  ces  vers  a  inspiré  la  peinture  de  l'amour 

telle  que  nous  la  trouvons  dans  le  Conte  de  la  Charete.  Or  Chrétien 

semble  bien  nous  indiquer  lui-même  dans  quel  milieu  et  sous  quelle 


I .  Dins  son  livre  Du  Pcisit  ia  7>«iiKiimirt. 
j.  WaclcefnagH,  Altfieiuausdu  lÀi4t',  p.  iv. 


LE  CONTR   De   LA   CHARRETTE  i,2\ 

influence  il  l'a  conçue  comme  po*ie  lyrique  et  exprimée  comme  romancier. 
Lj  comiessc  de  Champagne,  nous  dit-il,  lui  avait  fourni  non  seule- 
ment la  maiiirt  de  sun  poème,  mais  encore  le  serjy  l'esprii.  Je  crois  qu'il 
faut  entendre  ce  mot  dans  son  sens  le  plus  positif,  ei  que  le  ceicle  de 
Marie  de  Champagne  ei  des  siens  a  été  le  principal  foyer  de  la  propaga- 
tion en  France  de  l'idéal  social,  sentimental  et  poétique  dont  j'ai  indi- 
qué  les  origines.  Elle  étail  fille  d'Aiienor  de  Poitiers,  et  resta  tou- 
iourc  en  commerce  avec  elle.  Or  on  sait  que  celle-ci,  petite-fille  du 
célèbre  Guillaume  IX,  conserra,  comme  reine  de  France  puis  d'Angle- 
terre, le  gOiAt  de  la  poésie  et  des  mœurs  du  Midi.  Elle  appela  i  elle 
plusieurs  troubadours,  et  on  peut  croire  que  ce  fut  clic  qui  fit  connaître 
ei  imiter  leur  an  compliqué  aux  poètes  qui  voulaient  lui  plaire.  La 
galanterie  à  laquelle  elle  se  livrait  avec  passion  ne  dut  pas  exercer  autour 
d'elle  une  moindre  inlluence,  et  les  brillantes  assemblées  qu'elle  prési- 
dait furent  bientài  imitées  ailleurs.  Sa  tjtle  Marie  avait  hérité  et  de  son 
amoux  pour  le  monde  et  tes  plaisirs  et  de  ses  goûts  Itiiératres,  Malgré 
la  rareté  extrême  des  documents  d'un  caractère  intime  et  personnel  que 
nous  possédons  sur  cette  époque,  il  nous  est  arrivé  des  preuves  sufB- 
santes  de  l'un  et  de  l'autre  fait.  Nous  possédons,  outre  la  Charete  et  la 
céIM)re  chanson  que  de  sa  prison  lui  adressait  son  frère  Richard  Cœur 
de  Lion,  deux  poèmes  qui  om  été  composés  sous  les  auspices  de  la  com- 
tesse Marie  :  ce  sont,  il  est  \-rai,  des  ouvrages  d'un  tout  autre  genre,  des 
livres  de  piété  ;  mais  on  sait  qu'au  moyen  âge  la  dévotion  et  la  galan- 
terie n'avaient  rien  d'inconciliable;  d'ailleurs  quand  elle  les  (it  faire, 
elle  était  arrivée  a  un  âge  plus  que  mûr,  et  ses  goûts  littéraires  pre- 
naient naiurdlemeni  une  autre  forme.  L'un  de  ces  ouvrages,  la  para- 
phrase anonyme  du  psaume  Eriuiayit^  conservée  dans  de  nombreux 
manuscrits  ',  fiit  éait  après  son  veuvage  {i  i8i)  ;  l'autre,  la  uaduaion 
de  la  Cenise  par  Everat.  ne  fut  terminé  qu'après  sa  mort   '11981  >, 
D'autre  pan,  même  étant  veuve  et  Âgée  de  plus  de  quarante  ans,  elle 
n'avait  pas  renoncé  aux  succès  mondains,  car  c'était  pour  lui  plaire  que 
Conon  de  Béthune,  e:itre  1 186  et  1 190  1,  composait  ses  première*  chan- 
sons C'est  aussi  pour  elle  qu'Aubouin  de  Sézannc  parait  avoir  composé 
une  de  ses  meilleures  pièces  1.  Mais  le  témoignage  le  plus  curieux  et  le 
plus  sâr  que  nous  ayons  sur  l'influence  sociale  et  poétique  de  Marie 


1.  Voy.  Rm.  VI,  9. 

2.  Voy.  d'Arboii  de  Jubiinville,  Hliloire  Jtt  temta  it  Ckmftgnt,  t.  tV, 
p.  640. 

).  Dans  la  pièce  célèbre  où  >l  se  pUiat  de  la  reine  mère  de  Fr»occ  lAeliz  de 
Cbanpagne)  et  de  son  lils  le  roi,  qui  oni  blimé  ses  «mis  poéliau»,  Cobdo  dit 
que  c  est  Lt  prètence  de  ta  comtesse  de  Chdni|Nigne  qui  V*  le  plus  affligé. 

4.  Voy.  d'Arboii  de  Jubainville,  i.  /.,  p.  64;-4. 


{J4  C.    TAMS 

ainsi  que  de  sa  mère  Alienor  est  le  fameux  livre  d'André  te  Chapelain, 
Ftos  amoru  ou  De  artt  hoatste  ama/idi,  sur  lequel,  pour  plus  d'une  oi- 
son, il  est  nécessaire  que  je  m'airète  quelque  peu. 

L'ouvrage  singulier  dont  il  s'agit  se  divise  en  deux  livres.  Le  premier, 
après  des  définitions  de  l'amour,  de  ses  eilets,  de  la  manière  dont  ù  s'aiy 
quiert,  enseigne  comment  on  doit  pr<fsentcr  une  requête  d'amour  et  y 
répondre  dans  les  diiïérentes  situations  sociales.  A  ces  prteeptes  se 
mètem  des  remarques  sur  la  noblesse,  condiiior.  indispensable  de  l'amour, 
sur  la  courtoisie,  la  prouesse,  la  largesse,  etc.  L'un  des  entretiens  iictih 
qui  remplissent  plusieurs  chapitres  nous  représente  un  chevalier  qui  prie 
d'amour  une  dame,  laquelle  lui  objecte  que,  mariée  à  un  époux  excel- 
lent et  aimée  de  lui,  elle  ne  peut  donner  son  amour  à  un  autre  ;  le  che- 
valier essaie  de  lui  démontrer  que  le  sentiment  qui  existe  enue  un  mari 
et  sa  femme  ne  peut  être  l'amour  (pas  plus,  dit-il,  qu'entre  un  père  et 
un  fils  il  ne  peut  exister  ce  qu'on  appelle  proprement  de  ramiiié],  et 
que,  tout  en  étant  une  épouse  parfaite,  die  reste  libre  de  donner  i  un 
autre  cet  amour  que  son  mari  ne  peut  recevoir  ;  entre  autres  raisons,  il 
allègue  que  la  jalousie  ne  doit  pas  avoir  de  pbce  entre  époux,  tandis 
qu'entre  amants  elle  est  nécessaire.  La  dame  conteste  ces  propositions, 
et  ils  conviennent  de  s'en  rapporter  à  l'arbitrage  de  la  comtesse  de 
Champagne,  dont  personne  ne  pourra  récuser  le  jugement.  Suit  ^cb.  X'} 
U  lettre  qu'ils  sont  censés  rédiger  en  conunun  :  lUiutri  fanine  ac  tapunti 
M.  Campante  comit'uu  mulUr  nobilis  et  cornes  tiuidam  saluum  et  tjUtc^utJ 
in  orÎK  jocandius.  Antique  nobis  consuaudo  demonstrat  aptrie,  tt  Hteram 
istai  ordo  depouii,  ui  inàe  justicie  precipae  lajairatar  iffecias  obi  sapùn- 
tia  ipsa  manifeste  cognoicitar  sibi  iiomiciUum  im-tmut;  et  raiionii  [tst\ 
niitatem  poiius  ex  jonlis  quererc  pluritudîne  qaam  ex  pan'uloram  tenmîaie 
riwan  imndicata  postulart  suffragia.  C'est  pourquoi  ils  soumettent  leur 
différend  à  la  comtesse  :  Nam  Ut^uido  tt  maaîfesia  vtritaie  scientts  sapita- 
tif  loj  omnimodam  plenitadintm  pouidere  ac  neminem  jasticia  deàpert  tetle 
decipiqiu  nullatenus  poue  crtdenttt,  ixcttltntie  restre  inslantitstMe  jaJicium 
iittploramtts  [f.  j{l.  La  comtesse  Marie  d'initiale  la  désigne  suffisamment! 
décide  sans  hésitation  les  deux  questions  dans  te  sens  du  chevalier, 
c'est-à-dire  qu'elle  déclare  que  l'amour  est  impossible  entre  époux,  et 
qu'entre  amants  il  est  inséparable  de  la  jalousie.  Elle  termine  en  disant 
que  ce  jugement  a  été  rendu  après  mûre  rétiexion  {cum  nimîa  modera- 
tione)  et  confirmé  par  le  conseil  de  beaucoup  de  dames  \plartum  dùnioû- 
ram  cotttitio  roboratum\.  La  lelUe  est  datée  ah  anno  M".  C».  LXXVr.  ■, 

/       I.  Je  me  sers  du  ms.  de  la  B.  N.  Ut.  8;i8,  le  mime  qu'ont  em|doyé  pour 
lears  éludes  Raynouard,  Di«  et  Fauriel  (Wm.  lili.,  XXI,  î20  ss-). 

3.  Et  DOS  1174,  comme  on  l'a  toajours  répété  i'ipris  Raynousrd  {Ckoà, 
n,  xc|. 


LB  COWTB   DE    U  CHARRETTE  IJJ 

Uràe  kaiendûs  Maii,  indictioru  VU".  Marie,  net  vers  :  i  ]S,  devait  avoir  i 
cette  époque  irenie-huit  ans.  Le  Conte  dt  la  CkareU  avait  été  écrit,  sous 
ton  inspiration,  quelques  années  auparavant.  —  Plus  loin  if.  63],  ce 
jagement  de  la  comtesse  de  Champagne  est  invoqué  par  un  chevalier 
auquel  la  dame  qu'il  sollicite  objecte  qu'il  a  une  femme  digne  de  toute 
u  tendresse  :  Confiieor  me  pukram  salis  habere  uxorem,  et  ego  tfuidtm 
ipiam  tota  mtnie  tt  affutione  ditigo  maritati:  sed  cam  uiam  inier  virum  et 
uxortm  posse  nuliatitias  esse  amortm,  Campante  hoc  comtisse  roboranU 
uttttntia^  tt  in  hac  rita  nallam  poste  J/tri  bontim  msi  illud  qao^l  ex  amore 
originis  lampserii  'tncrtmtnta,  aon  immerito  extra  nuptialia  mih'i  fédéra 
pottuiarf  cogOT  amortm  /"  g6  v'\.  Dans  le  ch.  6  du  liv.  II.  André  cite 
encore  la  comtesse  de  Champagne  ei  se  réf<i>re  à  des  paroles  d'elle  :  hoc 
qmdem  Campante  tomiussam  ex  ^aibusdata  sais  diciis  sentisse  coganiaus 
(f*  91  r*t;.  —  Mais  c'est  surtout  dans  te  célèbre  chapitre  7,  sur  les 
^^  «  jugements  d'amour  »,  qu'elle  est  souvent  mentionnée.  C'est  elle  qui 
décide  le  plus  grand  nombre  des  cas  lilifjieux  que  l'auteur  assure  avoir 
été  soumis  au  jugement  des  dames  :  on  rapporte  sept  de  ces  arrêts  [i.  93 
ri»,  92  v"6,  9î  r*ii,  9î  va,  95  r«t,  96  v"d,  97  va  '],  tandis  qu'on 
n'en  attribue  que  quatre  à  sa  mère  Alienor,  trois  à  u  Mingardis  ■,  c'est- 
à-dire  Ermenjart  de  Narbonne,  trois  à  une  comtesse  de  Flandres  non 
nommée,  mais  qui  doit  être  Marguerite  d'Alsace  ^  trois  à  «  ta  reine  ••, 
sans  doute  Aeliz  de  Champagne,  reine  de  France  depuis  1  lôo  et  belle* 
sœur  de  Marie  de  Champagne  1,  et  une  à  une  turia  dominarum  ta  Gua- 
rconia  habita.  —  Ainsi  c'est  l'autorité  de  Marie  de  Champagne  qui  est 


1 .  C«tm-ci  est  assex  curieux  :  Quisitam  tfOùaue  fuit  j  Campinic  iomitiisa  ^ms 
JtttJt  jmanu.%  4  (Mnwnti^oi  ctlàlm  aaiptti.  Cm  tahUr  tn^uisiltom  (omilttSJ  m- 

fëpiUorum  Itgëmiim,  aari  trgtntt^ut  eeroiuim,  peclmit  /titthm.  sptculiun,  tinta- 
tam,  rtmriupium,  fattrts  tetduhm,  ptcUixm,  mMichat,  cyretlttcitj,  analant,  ptià- 
dâa,  tpteiis.  UvamcnU,  vjtcuia,  rcpositMta,  vaullum  uiija  manota  ;  a  ut 
gttuiûlt  termont  loquamur,  ^mdlibtt  djtttm  rtoJuum  tjao4  ad  torpam  piftuul 
(ulluram  ni  asptdiu  amtnitJlati,  *il  ijiiod  point  toantâittit  affan  majtoriam, 
«AMflx  patta  a  taamûntt  puiipui,  n  lamta  Jati  atccplio  omnt  ttdtatur  .iraricù 
sutpwtoac  carat. 

2.  Raynooard  iCAoù,  II,  xc||  reconnaît  ici  Sibylle  d'Anjou,  mère  de  Margue- 
rite ;  mais  elk  ot  un  peu  trop  ancHnnc.  Marguerite,  femme  Af  Baudouin  V, 
comte  de  Hairuul  (celui  qui  fit  copier  le  Turpioi,  succèd)  comme  comtesse  de 
Flandres  en  i  lOi  i  son  frère  Philippe,  le  protecteur  de  Chrétien. 

î-  F"  96  V**,  97  r  6.  Je  crois  celte  attribution  vraisemblable  :  en  effet, 
partout  ailleurs  oô  il  s'agit  d'Alicnor,  elle  est  iiomniée  (notre  ms.  écrit  Atmoru 
pour  Alinùrij  ou  Alitnona}  ;  d'autre  part  cet[£  re^itàj  ciie  le  juRcmcDl  classique 
de  la  comtesse  de  Champagne,  et  il  scmbterail  singulier  que  (a  reine  Alienor, 
mère  de  Marie  de  Champagne,  dit  :  Comiti$te  Campaair  oinan  lenuMit  nan 
aademui.  Dans  la  chanton  de  Conon  de  Béthune  cilec  plus  htM,  on  voit  que 
la  retoe  Aelix,  comme  sa  belle-soriir,  aimait  la  poésie  amoureuse,  et  présidait 
des  assemblées  ot  celle-ci  se  trouvait  et  où  on  rédtait  des  vers. 


{26  C.    PARIS 

le  plus  iouvent  invoquée  dans  ce  manuel  du  droil  amoureux,  et  ensuite 
celle  de  sa  m*re. 

Pour  attacher  â  ces  mentions  quelque  importance,  il  faut  avant  lout 
savoir  à  quelle  époque  approiioaative  remonte  le  livre  d'André.  Diez, 
dans  son  premier  ouvrage  relatif  i  nos  <^udes,  son  mémoire  VtUr  âk 
Nirtnehafe,  publié  en  (835,  a  cherché  à  prouver  que  ce  livre  ne  pouvait 
avoir  aucune  valeur  pour  le  xii*  siècle,  n'ayant  été  composé  qu'A  la  fin 
du  XIV*;  il  n'avait  pas  changé  d'opinion  en  1845,  quand  il  revoyait 
son  opuscule  A  l'occasion  de  la  traduction  qu'en  At  le  baron  de  Roisin. 
et  il  ne  paraît  pas  en  avoir  changé  depuis.  Celte  opinion  est  cependant 
insoutenable,  comme  il  est  facile  de  l'établir.  Uiez  ne  donne  au  fond 
d'autre  raison  que  te  silence  absolu  des  écrivains  du  xni*  ei  du  xiv  s. 
sur  cet  ouvrage,  dont  il  n'existerait  aucune  mention  avant  le  xv*  aîècle, 
et  l'absence  de  traductions  en  langue  vulgaire  avant  la  version  allemande 
de  1404  >.  Or  des  textes  qui  n'étaient  pas  tous  inédits  quand  il  écrivait 
montrent  qu'il  s'est  trompé.  Nicole  iJe  Margival,  qui  composa  vers  la 
tin  du  xiir  siècle  son  roman  de  la  Panthère  tfAmon,  qui  sera  pro- 
chaincment  publié  par  M.  Todd,  non  seuleroeni  mentionne  le  livre 
d'André,  qu'il  désigne  par  le  nom  de  Gduiier,  d'après  le  nom  du  per- 
sonnage auquel  il  est  adressé,  mais  nous  fait  connaître  une  traduction 
française  exécutée  par  un  auteur  qui  l'avait  précédé  d'asses  longtemps, 
puisqu'il  était  mon  quand  Nicole  écrivait.  Voici  le  passage  d'après  les 
deux  manusctiis  de  Paris  et  de  Saint-Pétersbourg  : 

El  se  de  ce  vuelz  la  science 
Bien  encercbier  et  bien  enquerre, 
Cornent  en  doit  d'amours  requerre 
Chascune  selonc  sa  noblece, 
Selanc  Testât  de  sa  hautece, 


I.  Il  «t  parlé  (p.  m  d'un  roi  de  Hongrie  contemporain  de  l'auteur,  qar, 
bitn  qu'«ijiRt  )jid  et  ayant  de  grosses  jamt)»  et  dei  pieds  pists,  remplit  le 
inonde  de  sa  rcnomrnje,  iindit  Qu'un  comte  italien,  beau  de  corps,  de  igort  et 
de  jambes,  est  honni  pour  son  absence  de  vertus  morales.  Diez  croit  recor.nattre 
dans  ce  roi  de  Hongrie  Louiï  le  Grand  li;4i-i]83).  parce  qu'use  chronique  dit 

30M  était  Itihiesiii  ri  itufajnialnm  la  luimtru  corviu.  La  ressemblance  CM  uibk. 
s'agit  sans  dou!e  d'André  II  (1104-11;^),  dont  on  parlait  beancoop  en 
France  au  commenceiTtcctt  du  XIII*  siècle,  tant  ï  cause  de  sa  participation  i  It 
cinquième  crottjdc  que  de  ton  séjour  en  Italie  et  de  5on  mariigc  en  Iroisi^mei 
noces  avec  Bcalnx  d'ECste.  C'est  ce  mariage  qui  semble  avoir  insinré  le  passase 
i'Aimcri  de  Kartonm  [Hut.  I-H.  XXM,  46c-  ;  Gautier.  Ep.  fr.  IV.  aji)  o* la 
s<eiir  de  Eloniface  de  Pavie,  parlant  de  »s  prétendants,  dit  :  5i  mt  JimanJt  nit 
Andrit  dt  Hongrie,  Mmi  1/  travta  /a  a  moi  tom^aigntt  ;  C<ir  il  m  ritat,  s'il  la 
bark  fiofif.  Et  si  al  rtms.  i'.i  U  diieri  fisitlru .  l^  rot  André  devait  être  partî- 
coliiTcment  connu  dans  te  cercle  où  nous  traoïporte  ie  livre  du  Chapelaia  ;  car 
il  ét^iit  fils  de  Marguerite  de  France,  sorur  de  Marie  de  Champagne  et  fenme 
en  premières  Qoces  de  Henri.  5U  d'Aliéner. 


CONTE   DE   U  CHARRETTE  JJ7 

Tout  ce  trouveras  a  délivre 
Mais  que  lu  vueilJo  lire  ou  livre 
Qu'on  apele  en  françois  Gaulur, 
Miex  ens  (]u'en  bible  n'en  psautier; 
Et  celui  livre  uaiuUt« 
Cil  qui  onques  jor  ne  llata 
Ne  blandist  home  que  je  sache: 
Ce  fu  meslre  Diex  de  la  Vache  *... 
Mors  est,  or  ait  s'ame  pardon  *. 

Il  existait  donc  avant  la  tin  du  xm*  siècle  une  traduction  du  livre 
d'André.  Une  autre,  partielle,  a  été  signalée  par  M.  Mussafia  dans  l'ou- 
vrage franco-italien  d'un  certain  Enanchet,  que  ce  savani  se  propose  de 
publier  bieniôij  et  qui  e$t  conservé  dans  unms.  provenant  des  Gonzague 
et  daté  de  1388).  Le  poème  de  Jacques  d'Amiens,  l'An  d'amors*, 
n'est  pas  une  traduction  du  livre  d'André,  mais  il  en  présente  en  maint 
endroit  l'imitation  :  les  modèles  de  conversations,  notamment,  entre 
les  amoureux  de  différentes  classes,  sont  visiblement  empruntés  à  i'Ars 
amandi  du  Chapelain.  Jacques  d'Amiens  écrivait  vers  iijo;  mais  nous 
pouvons  remonter  eiKore  notablement  plus  hsut.  Albenano,  jugea  Bres- 
da,  a  écrit  en  latin  trois  traités  moraux  qui  ont  eu,  comme  on  sait,  un 
grand  succès  au  moyen  Âge,  et  ont  été  souvent  traduits.  L'un  d'eux, 
l'An  loqaindi  et  Umndi,  a  été  composé  en  im  ;  M.  Sundby  a  donné  du 
texte  latin,  à  la  suite  de  son  livre  sur  Brunetto  Latino  ^  une  excellente 
édition.  Oron  y  lit  (p.  civ)  :  Stcundam  re^uiani  amorti,  11  aitiOT  m'tnaatur, 
cita  déficit  et  raro  conyaUscit,  et  c'est  précisément  une  des  rtgulae  amoris 
qui  se  trouvent  au  ch.  8  du  I.  U  de  IMrs  amataria.  Dans  un  autre  traité, 
Sur  la  vie  honniu,  Albertano  cite  trois  autres  de  ces  régies  d'amour  *•.  On 
pounaii  objecter,  il  est  vrai,  que  les  régulas  amoris  n'ont  peut>étre  pas 
fait  i  l'origine  partie  du  livre  d'André,  et  semblent  avoir  existé  comme 


I.  Ces  deux  vers  sont  omis  dins  le  ms.  lie  Sainl-Pétersboui^,  en  sorte  ^u'oa 
ne  peut  contrAler  la  forme  de  ce  nom,  qui  panlt  bien  bizarre. 

i.  Ce  passage  a  été  dêji  imprimé  dans  \'Hittciie  htUrjnt,  1.  XXIIl,  p.  3)i. 

J.  Voy.  Rom.  X,  aja. 

4.  Publié  M  1868  par  M.  Kcerting.  Cette  remarque  a  Ai\i  M  (aite  par  Bra- 
icelininn  tMrkBch.  IX,  4191,  d'après  une  indication  d'E  du  Mfril.  P.  Meyer 
[Lu  JtrnUfi  Titiaiaitûuri,  p.  6S\  s'est  appuyé  sur  Enanchel  et  Jacques  d'Amiens 
pour  signaler  l'erreur  de  Diea. 

{.  lirnaeuo  Unnd't  l^nct  og  Sktiftef,  CopcfihagQe,  1S69.  M.  Sundby  ne 
paraît  pas  avoii  coT<nu  la  disserution  de  Diez  et  les  doutes  élevés  sur  U  i»\t 
de  l'ouvrage  d'André  [1  le  elle  parmi  le^  sources  d'Albertano  et  le  place  au 
Xll'  vkIc,  nuis  un5  signaler  l'imporianie  preuve  de  son  antiquité  fournie  pré- 
eitémrnt  pir  In  illusions  d'Albenano.  C'est  i  lut  que  |e  dois  le  renvoi  i  I  an- 
cienne rerstofl  italteeiie  des  Tre  rrjWfi,  0(1  est  tnentiooné  Gualtun. 

t.  Voy.  Tri  Ttaimi  .fi  Mèirtaw  di  Brada,  éd-  de  1610,  p.  lo. 


528  G.    PARIS 

ouvrage  indépendant  '.  MiiIs,  dans  le  traité  qui  vient  d'être  allégué, 
Albenano  cite  positivement  Cualtfrias,  donnant  ainsi  au  livre  d'André 
te  mlïme  liire  que  Nicole  de  Margival,  et  lui  attribue  la  définition  sui- 
vante de  l'amour  :  Amor  est  passio  quidam  înnaia  oh  quam  quidem 

aiiqais  super  ûmnui  cupit  alurlas  potïri  ampkxibat,  et  omn'ta  de  ulriusque 
yoluniatt  in  ipslus  ataons  precepta  camplmi  '.  Oc  ces  paroles  sont  en 
effet  d'André,  et  se  trouvent  au  ch.  2  du  I.  1 1. 

Pour  que,  avant  1245,  le  livre  d'André  le  Chapelain,  composé  dans  le 
nord  de  la  France,  eût  pénétré  jusqu'à  Brescia,  et  pût  être  cité,  sous  le 
nom  de  Caalttriui,  comme  un  livre  connu,  il  faut  sans  doute  qu'il  ne 
soit  pas  plus  récent  que  les  premières  années  du  xm'  siècle,  et  c'est  en 
effet  l'époque  où  il  paraU  probable  qu'il  n  été  composé.  Il  parle  des 
nobles  dames  aux  décisions  desquelles  il  se  réfère,  Alienor  d'Angleterre, 
Aeliz  de  France,  Marie  de  Champagne,  Krmenjan  de  Narbonne,  comme 
de  personnes  qui  appartiennent  déjà  au  passé  *,  mais  à  un  passé  assez 
récent  pour  que  leurs  noms  soient  connus  ci  qu'on  puisse  les  désigner 
sans  que  le  lecteur  se  trompe  sur  leur  identité.  Or  Alienor  mourut  en 
1 19Î,  Ermenjan  de  Narbonne  en  1 3ç>4,  Marguerite  de  Flandres  aussi  en 
1 194,  Maiie  de  Champagne  en  1 198,  Aeliz  de  France  en  1206  >  :  le 
X]i*  siècle  se  cl6t  par  la  disparition  presque  simultanée  de  toutes  ces 
femmes,  qui  lui  avaient  donné  un  si  grand  éclat  mondain  et  poé- 
tique, et  qui  lèguent  à  l'âge  suivant  un  héritage  qu'il  accueille  avec 
empressement,  et  dont  le  livre  d'André  le  Chapelain  est  une  sorte  d'in- 
ventaire. Il  nous  permet  de  nous  représenter  ce  que  furent  ces  cours 


1.  Die2,  I.  J.,  p.  80.  Fauritlj  /.  /.,  p  ;ji,  parle  d'une  version  ilalieane  du 
livre  d'André,  •  faite  au  XIV*  ïiécle,  rertée  méilite,  et  attribuée  par  la  Uiditiûn 
i  un  certain  [uec  de  Brescia,  nomm^  Aibertano.  1 

2.  Le  texte  latin  esi  cité  en  note  dstis  Tcdition  donnée  par  F.  Sdni  iBolo- 
gna,  187)1  d'une  autre  venion  italienne  des  (railéi  d'Albrrlano. 

j.  Ms.  87^8,  f"  }  va. 

A.  Il  n'en  pjHe  jamais  au  présent,  et  semble  avoir  sons  les  yeux  des  recueils 
de  leurs  décisions.  Voy.  le  passage  cité  plus  hautif*  ^t  r'h'  hos  quiàon  Cam- 
partrt  cprialitsam  (x  ^uibaiJam  iuif  tlictii  iinaiie  cegnonmas,  ou  celui-ci  |f  9* 
V  h '■  it  exiat  judicium  Campanie  coirtituse.  Ailleurs  if'  95  r'h:  Suprr  hcc 
ûrtuah  non  disant  nobii  Fraaûtntit  (^  Fhndrtnih]  lomiûai  rejponsJ.  Je  n'es- 
saie pas  ici  d'eïpliquer  lotîtes  les  incohérences  de  ce  livre,  par  exemple  la  cita- 
tion que  la  comlesie  de  Flaniirei  (f»  94  vb)  est  censée  laire  d'André  lui-même; 
ut  in  Captllani  doctrina  m-inijaùm  (dautut,  et  cdie  plus  Mrangc  encore  que  fait 
le  dieu  a'amour  des  préceptes  contenus  m  Uki  aJ  Oiilthinum  ituple  ^f  40  r'iil. 
De  même  tes  regalje  amons  sont  citées  cl  supposées  connues  dans  le  livre  J, 
bien  Qu'elles  ne  k  irouveni  que  dans  le  livre  II,  etc. 

y  II  est  i  remarquer  que  presque  toutes  ce«  femmes  ont  gouverné  plus  ou 
moins  directement  leurs  étals  :  Emenjart  de  Narbonne  perdît  ses  maris  de  bonne 
heure  et  n'eut  pas  d'enljnts  ;  Alienor  tut  régente  pendant  l'absence  de  son  fik 
Richard,  Aelit  et  Marie  le  furent  pendant  Ja  minorité  de  leurs  61s;  Marguerite 
était  comtesse  de  Flandres  de  son  chef  et  non  par  son  ouri. 


^^^^^  LB  COHTB   DE  U  CHARRETTE  jaç 

^n'Hantes,  entre  lesquelles  circulaient  les  poètes,  portant,  comme  les 

B^Iln  d'une  Heur  à  l'auire,  les  semences  de  poésie  et  de  courtoisie  du 

MiiJi  au  Nord  et  de  l'Ouest  à  TEst.  Nous  savons  que  Bernard  de  Venta- 

dour  séjourna  longienips  auprès  de  la  reine  Alienor,  dont  il  fu  l'obja 

de  ses  chanu  *,  comme  Peire  Rogier  pour  Ennenjart  de  Narbonne*; 

nous  voyons  Conon  de  Bétiiune  chanter  devant  la  reine  Aeliz  et  la 

comteue  de  Champagne  ;  nous  suivons  Chrétien  de  la  cour  de  Marie, 

pour  laquelle  il  compose  le  Conte  Je  (a  Chareu,  à  celle  de  Philippe  de 

Flandres,  frère  de  Marguerite,   où   il  écrit  le  Conit  du  Craal.  Nul  doute 

qu'un  des  amusements  favoiis  des  réunions  que  présidaient  ces  belles  et 

■  peu  sévères  princesses  n'ait  été  la  solution  de  questions  galantes  et  l'él»- 

blisscment  d'un  code  et  d'une  jurisprudence  d'amour.  Que  ce  ne  fiissent 

pas  des  a  cours  d'amour  »  au  sens  où  les  modernes  ont  Eourdemeni  pris 

ce  mot,  il  est,  je  pense,  inutile  de  le  démontrer  aujourd'hui.  La  nature 

Pmime  de  l'amour  qui  faisait  l'objet  des  débats  et  des  sentences  exigeait 
ttplos  grand  secret,  au  xit*  siècle  au  moins  autant  qu'aujourd'hui  et 
dans  tou5  les  temps),  et  il  est  dit  expressément  ^  plusieurs  reprises ^ 
que,  lorsqu'une  atîaire  est  soumise  au  jugement  des  dames,  on  doit  tou* 
jours  taire  les  noms  des  parties  contendantes  :  il  suit  de  là  que  ces  juge- 
ments ne  pouvaient  avoir  aucune  application  et  n'étaient  que  de  purs 
jeux  d'esprit,  au  moins  en  ce  qui  concerne  les  cas  particuliers.  Mais  la 
tendance  générale  qu'ils  expriment  dépassait  quelque  peu  celte  défini- 
tion :  il  faut  y  reconnaître,  chez  les  grandes  dames  de  ce  temps  où 
apparaît  ce  qu'on  appelle  a  le  monde  »,  un  effort  pour  créer  et  faire 
accepiet  aux  hommes  un  amour  idéal  et  raf6né,  nullement  platonique 
toutefois,  et  fondé  sur  la  pleine  possession^  mais  ne  laissant  aux  sens 


I 


1 .  Bien  qn'il  s'agtue  ici  de  tout  autre  chose  qu'une  protection  accordée  aux 
trodbMlours  par  Altcnor,  notons  le  reproche  que  lui  jdreise  Bertrin  de 
Bom  iQtidn  rai  ^U  ttrptrt]  d'avoir  !aît  périr  le  jongleur  Peirc,  qui,  d'apr&t 
b  raio  de  et  stmnUs,  avait  dit  grand  mal  d'elle.  Di»,  i  l'arlicle  Halran  Je 
BoT«.  lurvi  en  cda  par  M.  Stimmmg,  Btrtr^n  de  Bom,  p.  16^,  interprète  h 
vtlkj^ut  font  Khfatu  âtcn  ^it  <  dic  verwittweteKcenigin  vonEngland  Mathilde.  > 
C'est  un  Sjpiat  ;  il  n'y  a  pas  eu  â  celle  époque  de  reine  d'Angleterre  xcuve  de 
ce  nom  ;  Alienor,  comme  on  Mit,  habita  Konlevrault  dans  les  derniers  temps 
de  la  vie. 

1.  On  peut  noter  ici  que  Bertran  de  Born  non  seulement  fut  en  relation 
suivies  avec  touii^  la  famille  de  Henri  11,  mais,  comme  il  résulte  de  ses  deuv 
pièces  en  l'honneur  de  Mathilde,  6lle  de  Henri  11,  séjourna  assez  longtemps, 
wn  I  iS),  i  Argentan  et  ailleurs  en  Normandie.  C'est  M.  A.  Thomas  qui  rae 
rappelle  ce  fait, 

}.  Ce  que  Panriel  a  écrit  i  rencontre  d'une  vérité  aussi  évidetile  dans  son 
article  sur  André  le  Chapelain  \Hiit.  Itit.,  XXI,  ji;.  jjol  ne  se  souiienl  pas. 

4.  F*9i  r°d  :  amtnlutm  qui  htigMt  ptrioatt  ptnitut  non  exprtun  ;  de  mène 
f*  98  r«  J  .'  Jt  ^  ûliquam  taimim  ai  ionnnatmt  dtnnaiiH  amaatttliiJiàa,  aman- 
tam  ptrtOHe  nan^uam  dtbtnt  jotlieaalibiu  iaJUari,  ttJl  jufr  infimU  eu  propalMi&at 
propôni, 

KiMMfl(«,  XII  }4 


5J0  G.   MWS 

qu'une  part  secondaire,  étroitement  lié  à  la  pratique  et  à  l'accroissemetit 
des  vertus  sociales,  et  donnant  à  la  femme,  h  cause  du  risque  qu'elle 
courait  en  s'y  livrant,  une  supérioriiâ  constante  qu'elle  justifiait  par 
l'influence  ennoblissante  qu'elle  devait  exercer  sur  son  amant.  C'est 
quelque  chose  de  fort  analogue,  avec  bien  des  nuances  amenées  par  U 
dilTârence  des  temps,  à  ce  qu'essaya  plus  tard  l'hâtel  de  Rambouillet;  et 
Chrétien  de  Troyes,  dans  le  Coule  dt  h  Chante,  a  été  le  poète  éfûque  de 
ces  précieuses  du  xii"  siècle,  auxquelles  les  poètes  lyriques  n'ont  pas 
manqué. 

C'est  i  lui  sans  doute,  ou  à  l'inspiration  de  la  comtesse  Marie,  dont 
l'ai  rappelé  plus  haut  les  relations  avec  l'Angleterre,  qu'est  due  l'intime 
ftision  de  cet  idéal  amoureux  et  courtois  avec  ta  «  miitière  de  Bre- 
tagne ».  Cette  fusion  réussit  si  bien  qu'elle  fut  consacrée  pour  tou- 
jours, et  nous  en  avons,  entre  autres,  une  preuve  curieuse  dans  l'avant- 
deraier  chapitre  du  livre  d'André  le  Chapelain,  dans  cette  histoire  de  la 
découverte  des  Régulât  amoru  qui  est  visiblement  l'imitation  des  romans 
bretons  et  particulièrement  de  ceux  de  Chrétien.  Un  chevalier  de  Bre- 
tagne ',  désireux  de  voir  Anur,  parcourt  la  <«  forêt  royale  ».  Le  pays  où 
se  trouve  cette  forêt  et  oii  séjourne  Anur  semble  être  absolument  ^ntas- 
lique,  et  il  s'agit  là  sans  doute  du  séjour  mystérieux  d'Anur  après  sa 
mott.  Ce  chevalier  rencontre  une  demoiselle  qui  lui  dit:  «  lésais  ce 
que  tu  cherches  :  tu  aimes  une  dame  qui  t'a  promis  son  amour  si  tu 
lut  apportais  l'épervier  victoneux  qui  est  sur  une  perche  dans  la  cour 
d'Artur;  tu  ne  pourras  réussir  que  si  je  t'aide,  il  te  faut  d'abord, 
dans  le  palais  d'Artur,  prouver  en  combattant  que  ton  ;imie  est  plus 
belle  que  celles  des  chevaliers  qui  sont  lit.  Mais  tu  ne  peux  pénétrer 
dans  le  palais  que  si  tu  as  le  gant  de  t'éperviei  ^,  et  tu  ne  peux 
l'obtenir  qu'après  avoir  vaincu  seul  deux  chevaliers  très  vaillants  ; 
si  tu  y  nîussis,  n'accepte  pas  le  gant  qu'ils  t'offriront,  mais  prends 
celui  qui  pend  à  une  colonne  d'or.  ■  Elle  lui  donne  son  dievat, 
qui  saura  le  guider  oii  il  faut.  Il  arrive  prts  d'un  fleuve  aux  bords 
escarpés,  et  bientôt  trouve  un  pont  :  il  était  d'or,  et  allait  d'une 
rive  1  l'autre.  Mais  au  milieu  il  vadllaii  et  était  souvent  submergé  pai 
les  flots.  Un  guerrier  en  défend  l'accès,  mais  il  est  vaincu  parle  Breton. 
Un  géant,  qui  se  tient  sur  l'autre  rive,  imprime  alors  au  pont  une  telle 
oscillation  que  le  Breton  le  passe  Â  grand'  peine,  non  sans  avoir  été 
plus  d'une  fois  sous  l'eau  ;  une  fois  arrivé,  il  noie  le  géant.  Il  par\-ient 
devant  un  palais  splendide,  mais  où  il  ne  volt  pas  de  porte  :  dans  le 
pré  qui  l'entoure  sont  dressées  des  tables  somptueusement  garnies  ;  il 
s'assied  et  mange.  Tout  jt  coup  une  porte  s'ouvre  avec  figeas  dans  le 

x.Bnunnia  détigiie  sans  doute  ici  la  Grande-Bretagne, 
a.  La  gant  qu'on  mettait  pour  tenir  l'épervier  sur  le  poiog. 


LE  COtfTE  DR   LA  CHARRETTE  J^I 

palais  et  un  homme  d'une  stature  gigantesque,  gardien  du  palais,  armé 
d'une  massue,  provoque  le  Breton  :  celui-ci  lui  coupe  le  bras  et  va  le 
tuer,  mais  l'autre  demande  grâce  et  promet  de  livrer  le  gam  de  l'éper- 
vicT.  Le  Breton  exige  qu'il  lui  montre  U  colonne  d'or  où  est  le  vrai 
gant  ',  et  le  gardien  le  mine  dans  l'intérieurdu  palais.  Il  voit  la  colonne 
et  saisit  le  gant  :  aussitôt  des  plaintes  retentissent  de  toutes  parts  sans 
qu'on  voie  personne  :  «  Hélas  !  hdas  !  notre  vainqueur  part  avec  son 
butin  !  »  Il  sort,  et  arrive  dans  une  prairie  où  est  un  autre  palais  tout  en  or 
et  en  argent  ;  dans  la  plus  belle  salle  est  assis  le  roi  Anursur  son  trône, 
entouré  de  dames  et  de  chevaliers  ;  sur  le  seuil  est  la  perche  où  se  tient 
l'ipcrvier,  gardé  par  Jeux  chiens.  Le  palais  est  protégé  par  une  solide 
muraille,  que  défendent  douze  chevaliers  ;  le  Breton  leur  montre  le  gani, 
et  ils  le  laissent  passer.  Il  salue  Artcr,  et  déclare  qu'il  vient  prendre 
r^pcn-ier,  parce  qu'il  a  une  amie  plus  belle  qu'aucun  autre.  Un  cheva- 
lier se  lève  alors,  et  lui  dit  qu'il  faudra  le  prouver  par  les  armes.  Ils 
combattent  :  le  Breton  est  vainqueur,  et  prend  l'épervieravec  les  chiens. 
U  voit  un  parchemin  attaché  i  la  perche  par  une  chatne  d'argent  :  u  Ce 
sont,  lui  dit-on,  tes  règles  d'amour,  que  te  roi  d'amour  lui*niéme  a  édic- 
tées ;  si  tu  veux  emporter  paisiblement  l'épervier,  il  te  faut  les  prendre 
aussi  et  les  communiquer  aux  amoureux.  »  U  prend  donc  le  parchemin, 
et,  ayant  demandé  congé,  revient  auprès  de  la  demoiselle  de  b  forêt, 
qui  le  félicite  ;  puis  il  va  trouver  sa  dame,  et  obtient  la  récompense  de 
son  amour  et  de  u  prouesse.  «  Et  la  dame,  ayant  convoqué  une  nom- 
breuse cour  de  dames  et  de  chevaliers,  leur  fît  connaître  les  r^les 
d'amour,  et,  par  l'autorité  du  roi  d'amour,  leur  enjoignit  de  les  tenir 
fermement.  La  cour  entière  les  accepta,  et,  sous  les  peines  d'amour, 
promit  de  les  observer  â  perpétuité.  Et  ceux  qui  avaient  été  convoqués 
i  la  cour  transcrivirent  les  règles  «  les  cmponèrcni,  et  les  tirent  con- 
naître i  tous  les  amoureux  par  tes  diverses  panies  du  monde  ».  a 

Raynouard  a  donné  en  entier  [Cboh,  II,c%'-vj)  le  texte  de  ces  ji  règles 
d'amour,  mais  il  ne  sera  pas  inutile,  pour  montrer  combien  l'esprit  de 
ce  chapitre  s'accorde  avec  celui  que  nous  avons  constaté  dans  noire 

ifooun,  d'en  citer  ici  quelques-unes  : 
I.  Cela  ne  l'accûrde  pis  avec  l'annonce  de  la  dentoiielle^  qui  lui  avait  dit  que 
k  h»x  gant  lui  serait  oAcrt  par  les  deux  premiers  tbtvaliers  qu'il  aurait  vain- 
cus, i)ui  loni  tout  deux  traités  de  cuitoJei.  Cependant  on  peut  regarder  le 
dilenscur  du  pont  comme  teprcmisr  catlos,  ri  il  n  y  a  plus  alors  qu'une  ellipse. 
I.  Il  tit  linf^alicr  ^ut  le  CR.  7  du  I.  I  contienne  dè;i  une  histoire  du  mime 
genre,  où  00  voit  un  écu/er  pénétrer  dans  le  paUis  du  roi  d'atnour  lui-mhoe, 
et  en  recevoir  treize  préceptes  qui)  communique  également  aux  amants.  La 
poésie  du  moyen  ige  nous  onrc  plusieurs  autres  lictions  senbUbIcs  |voy.  aotaoï- 
ineBt  la  Cour  lî'amwr  provençale  récemment  publiée  pjr  M.  Conil!ini|,  et  il 
.semble  qu'oD  ait  réuni  ici  deux  d'entre  elles  onginairaucnl  inilc)9coilanln. 


G.    PARI!> 
I.  Causa  conjugit  ab  amore  noa  est  eicoutio  recta. 
is.  Venii  anui»  flteriia  nJii  tue  coamaottt  ex  affecto  son  cupit  atnptcxw. 
i}.  Amor  raro  cootuevit  durare  vulgatas. 

14.  Facilis  perceptio  conlemptibiltm  reddit  amorein,  diflîdits  nioi  ont 
tacit  habvri 

I  {.  Omnù  consuevit  amans  in  ooamantis  aspectu  pallesccre. 

16.  In  rvpcntina  cojmantis  vîiione  cor  tremetctt  amantis. 

18.  Probitas  sola  qutoiquc  dignam  facil  unote. 

jo,  Amorosus  sempcr  est  tiraorosus. 

a).  Minus  dormit  et  edit  quem  amoris  cogitatto  «cxat. 

34.  Omnis  >  amantis  actut  in  coamantîs  cogitatione  finilur. 

2f.  Verus  amant  nichil  healum  crédit  ncu  quod  cogitât  ccaitunti  ptacere. 

i8.  Modica  presucnptio  cogit  amanten  de  coamante  suspicari  tinrstra. 

JO.  Verus  amans  auidua  sîm  iniermissiose  coamaotis  imagine  detiMtsr. 

De  même  qu'on  retrouve  dans  ces  règles  la  thtorie  dom  le  poème  de 
Chrétien  nous  montre  la  pratique,  de  même  la  fidion,  d'ailleurs  paant 
et  mal  agencée,  qui  leitr  sert  d'introduction,  s'appuie  sur  ses  ceuvres  nar- 
ratives :  l'épervier  conquis  par  l'amant  de  la  plus  belle  est  emprunté  â 
Ertc,  le  pont  tremblant  et  à  moitié  submergé  est  le  pont  evagt  de  li 
Chareie,  a  tous  les  autres  motifs  sont  également  familieis  aux  romni 
bretons.  Grâce  à  Chrétien,  et  surtout  au  poème  que  nous  avons  étudié 
dans  ce  travail,  l'amour  chevaleresque  et  courtois  était  devenu  insépa- 
rable des  récits  relatifs  à  Artur  ci  à  sa  cour.  C'est  dans  le  roman  en 
prose  de  Lanceht  qu'il  attdnt  son  apogée  ;  mais  tous  les  traits  qui  s'y 
trouvent  avaient  été  dessinés  ou  indiqués  d'avance  par  le  poète  cham- 
penois, que  l'auteur  du  roman  a  suivi  ou  imité,  non  seulement  dans 
l'épisode  de  Méléaguani.  mais  dans  toute  l'étendue  de  son  immense 
compilation,  elle-même  amplifiée  et  remaniée  à  plusieurs  reprises,  cornu 
nous  le  verrons  quand  nous  l'étudierons  directement. 

Ce  n'est  pas  seulement  la  conception  de  l'amour  counois,  réalîi 
dans  les  personnages  de  Lancelot  et  de  Gueniévre,  que  les  romans  pos- 
térieurs ont  empruntée  au  Conte  àe  la  Cfmtu.  Plusieurs  de  leurs  dé- 
ments essentiels  y  ont  leur  première  origine.  L'apparition  de  Méléaguaai 
k  la  cour  d' Artur  et  sa  provocation,  ie  lit  périlleux,  le  nain  discourtois 
ou  perfide,  la  révetîe  ofi  s'absorbe  Lancelot  et  qui  l'empêche  de  v<Mr  le 
chevalier  du  gué,  sont  sans  doute  des  traits  antérieuremeni  familiers 
aux  contes  bretons.  Mats  on  peut  en  regarder  plusieurs  autres,  destinés 
i  un  grand  succès,  comme  étant  sortis  de  l'imagination  de  Chrétien,  qui 
a  voulu,  comme  je  l'ai  dit,  remplir  par  divers  incidents  le  voyage  de 
Lancelot  à  la  poursuite  de  son  aventure.  Je  range  dans  cette  catégorie 
le  don  que  Ké  demande  et  obtient  du  roi,  uns  avoir  spécifié  de  quoi  il 


I.  Mi.  Ommkat. 


LE  CONTE   DE   U  CHABRETTK  J,J| 

s'agit,  en  sorle  qu'Artur  est  obligé  bien  malgré  lui  de  Ifi  tut  accorder  :  on 
Sait  jusqu'à  quel  abus  a  été  poussé  ce  motif  dans  les  romans  et  notam- 
meni  dans  Lanuloi  ;  —  la  prétendue  ignominie  attachée  â  la  charrene, 
«ïfvcloppée  dans  un  técii  particulier  du  mime  roman  ■  ;  —  la  demoiselle 
mû  essaie  de  rendre  Lancelot  infidèle^  —  les  coutumes  de  Bretagne,  sur 
les  demoiselles  escortées  ou  non,  qui  sont  formulées  par  le  Lancelot  > 
presque  dans  les  mêmes  termes  qu'ici  (voy.  p.  469),  et  qui  y  fournissent 
matière  à  maints  épisodes  ;  —  les  tombes  prophétiques  et  les  inscrip- 
tions  qui  annoncent  celui  qui  doit  mettre  une  aventure  à  fin,  machine 
dont  l'usage  apparaît  ici  pour  la  première  fois  et  s'est  propagé  à  travers 
tout  le  moyen  âge  jusqu'aux  poèmes  italiens  du  xvi*  siècle  ;  —  le  tour- 
noi dont  un  chevalier  inconnu  remporte  le  prix,  incident  qui  ne  manque 
presque  dans  aucun  roman  postérieur  ;  —  la  prison  dont  on  laisse  sortir 
le  héros  pour  prendre  part  a  un  tournoi,  à  condiUon  qu'il  reviendra  s'y 
enfermer,  motif  très  fréquent  aussi  et  qui,  développé,  a  fourni  à  l'auteur 
du  Lanctiot  le  grand  épisode  de  la  captivité  de  Lancelot  chez  la  dame  de 
Ualohaui,  sans  compter  beaucoup  de  traits  moins  importants  qu'il  serait 
trop  long  de  rechercher, 

On  voit  que  le  Conte  de  la  Cbarete  occupe  dans  l'ensemble  des 
romans  de  la  Table  Bonde  une  place  d'une  grande  importance,  et  qui 
justifie  sans  doute  l'étude  minutieuse  que  j'ai  cra  devoir  lui  consacrer. 
Résumons  les  principaux  résultats  de  cette  étude.  Le  conte  breton  que 
Chrétien  a  connu  sous  une  forme  très  altérée  avait  un  fond  mytholo- 
gique :  il  racontait  à  l'origine  l'enlèvement  d'une  teine  par  le  dieu  des 
morts  et  sa  délivrance  par  son  époux.  Par  la  suite  des  temps ,  on  avait 
identifié  l'époux  avec  Anhur,  et  la  reine  enlevée  avec  Cuanbumar  sa 
femme.  Plus  tard  encore,  le  dieu  des  morts  reçut  le  nom  de  Madwas, 
et,  confondu  sans  doute  avec  un  personnage  historique,  perdit  en  grande 
partie  son  aradère  surnaturel  ;  mais  ta  trace  de  l'ancienrte  conception 
persista  dans  le  nomd'  «  lie  de  verre  >  et  dei  pays  dont  nul  ne  retourne  > 
donné  i  son  royaume,  et  dans  la  description  du  <  pont  de  l'épée  t.  qu'il 
taat  franchir  pour  y  pénétrer.  —  Un  poènw  anglo-normand  perdu 
recueillit  le  conte  à  peu  prés  â  cet  état,  mais  fît  accomplir  la  délivrance 
de  la  rdne  pat  Lancelot  et  non  par  Artur,  relégué  sur  le  second  plan. 
Toutefois  dans  ce  poétne  Lancelot  n'était  sans  doute  pas  encore  l'amant 
de  la  rdne.  Des  dérivations  de  ce  poème  s«  retrouvent  d'une  part  dans 
k  Chevalur  Ju  Chariot  tel  qu'on  le  devine  9  travers  Malory,  d'autre 
pan  dans  le  Chevalier  de  U  Charrttu  tel  que  nous  le  représentent  Henri  du 
Tûilin  et  Chrétien.  Ces  deux  versions  donnant  une  importance  particu- 
lière m  bJ\  qce  Lancelot,  ayant  perdu  son  cheval,  monte  sur  une  voi- 


I-  Voyez  letefteddRs  loAckUoei,  I   >. 
a.  Voy.  Mcncv,  Rm.  Stadita,  V,  6ji. 


j)4  <>■  ''AAis 

ture,  contrairement  aux  habitudes  chevaleresques,  il  faut  que  ce  Irait  k 
irouvlt  dans  leur  source  commune,  et  la  signification  qui  lui  eai  attri- 
buée monite  que  cette  source  commune  avait  déjà  piofondément  remanié 
dans  l'esprit  chevaleresque  le  conte  gallois,  qui  pouvait  bien  conterùi 
cet  incident,  mais  ne  tui  assignait  certainement  pas  le  même  caractère. 
—  Tandis  que  pour  le  poème  connu  par  Henri  du  Tûrlin  Lancelot  ne 
parait  pas  étte  encore  l'amant  de  Cueniivre,  il  l'est  dans  Chrétien,  et 
c'est  peut-être  Lui  qui  a  le  premier  introduit  celle  liaison  coupable  dans 
les  rédts  arthuriens.  il  a  en  outre  amplifié  et  complété  de  mille  façons  le 
conte  qui  lut  servait  de  thème,  qu'il  ne  comprenait  pas  et  dont  il  «  laissé 
subsister  les  incohérences,  y  en  ajoutant  même  d'autres,  par  sa  manière 
d'inventer  des  épisodes  qui  ne  se  tiennent  pas  et  ne  servent  qu'à  allon- 
ger le  récit.  —  Chrétien  nous  dit  qu'il  tenait  sa  matUn  de  la  comtesse 
Marie  de  Champagne,  et  il  est  probable  en  effet  que  cette  princesse,  fille 
d'Alienor  d'Angleterre  et  restée  en  relation  avec  elle,  avait  entetidu 
quelque  résumé  plus  ou  moins  fidèle  du  poème  anglo-normand  et  l'a 
transmis  à  Chrétien.  —  Il  nous  dit  aussi  qu'elle  lui  avait  fourni  le  un, 
l'esprit  de  son  (cuvre,  et  tout  porte  à  croire  qu'il  dit  vrai  :  Marie,  avec 
sa  mère  Alienor,  avec  ses  contemporaines  Aeliz  de  Fiance  ei  Ermenjart 
de  Natbonnc,  a  été  l'une  des  principales  instigatrices  d'un  mouvement 
mondain  qui  se  produisit  dans  la  seconde  moitié  du  xit"  siède  et  qui  a 
pour  principux  caractères  le  rapprochement  de  la  poésie  du  Nord  et  de 
celle  du  Midi  et  la  conception  d'un  amour  raffiné,  savant,  intimement 
lié  à  la  courtoisie  et  i  la  prouesse,  et  dormant  1  la  femme,  en  tant  que 
maîtresse,  une  importance  qu'elle  n'avait  pas  eue  jusque4A.  Cet  amour 
est  prédsément  l'inspiration  du  poème  de  Chrétien,  qui  Ta  peint,  tel  que 
l'avait  conçu  la  théorie  de  ces  cercles  élégants,  dans  la  liaison  de  Lan- 
celot et  de  Guenièvre.  —  C'est  par  la  peinture  de  cet  amour  que  le 
poème  de  Chrétien  »  eu  surtout  de  rinHuence  :  il  a  fait  de  l'arrwur  cour- 
tois un  élément  presque  inséparable  des  romans  de  la  Table  Ronde,  et 
il  a  servi  de  modèle,  en  cela  et  dans  plusieurs  autres  données,  aux  grands 
romans  en  prose  de  l'âge  suivant,  et  noiammeni  au  Lancelot.  —  Il  est 
démontré  en  eiïet  que  le  récit  de  Tenlèvement  et  de  ta  délivrance  de 
Gueniivrc  dans  le  Lauceloi  en  prose  n'est  pas  la  source  du  poème  de 
Chrétien,  n'est  pas  non  plus  dérivé  indépendamment  d'une  source  com- 
mune, mais  qu'il  provient  directement  de  ce  poème,  et  il  est  établi  par 
là  même  que  les  romans  arthuriens  en  prose  ne  sont  pas  antérieurs  aux 
romans  en  vers,  mais  qu'au  contraire  ils  en  sont  une  imitation,  un  déve- 
loppement, une  suite,  et  représentent,  dans  l'histoire  du  cycle  breton, 
une  pluse  très  distincte,  secondaire  et  posiéiieuie. 

Gaston  Paris. 


L'ORMA   DEL    LEONE 

RACCONTO    ORIENTALE    CONSIDERATO 
NELU   TfUOlZlONB  POPOLAftE. 


Sjntipas,  redazîone  greca  dett'  opéra  indlana  U  libre  di  Sindibad*, 

L'Mtiio  de!  H  >. 

Un  re  cbc  amava  con  vivo  ardore  le  donne,  scorge  un  (;iomo  una 
dama,  U  cui  belti)  produce  una  ule  impressione  su  di  lui,  che  egll  ne 
diventa  perduiamente  innaraoralo.  Affine  di  conseguire  l'û(jgetto  de'  suoi 
voti,  il  re  atlontana  il  marito  di  quesla  bclla  donna,  incjtricandolo  d'una 
missione  imporunie,  t,  profiiiando  deibsua  asscnza,  appena  s'appressa 
lanone.egli^  reca  netia  caméra  diquesia  donna,  c  le  scoprcit  suc  amore 
colle  più  tenere  espressioni  ;  non  ë  un  principe  che  parla  e  vuote  essere 
ascoitato,  ma  un  amante  che  prega,  cercando  di  commuoverla  ;  ma  la 
donna  saggia,  quanio  betla  resta  inaccessibile  ad  ogni  »eduzion«,  anzi 
g^  dimosira  l'ind^gnità  d«ir  azione,  che  sia  per  commeiiere.  Allora  il 
re  non  potendo  riusctre  a  vincere  una  resistenza  cosi  poco  comune,  e 
che  fors'  egti  non  ha  mai  sperimentaio^  se  ne  pane,  sens*  accorgersi  di 
aver  lasciaio  cader  il  suo  anello.  In  ule  fratiempo  il  marito,  ritornando 
a  casa,  vede  brillarc  presso  il  letto  quesi'  anello.  lo  raccoglie,  e  lo  raffi- 
gura  per  quello  del  re.  Mille  pensieri  l'agitano  altemativjmente,  egli 
non  saprebbe  dubitare  che  durante  la  sua  asseni»  il  principe  non  abbia 
Mstiiuito  lo  sposo,  c  per  mpeito  al  re  quegli  si  détermina  ad  astenerû 
quind*  innanzi  da  ogni  commercio  con  sua  moglic.  In  capo  a  qualcbe  tempo 
quesia  dama  virtuosa  che,  temendo  di  far  inquielar  suo  mariio,  non  avéra 

I.  Intorno  a  qutst'  opéra  rndiana  iredt  D.  Comparetli,  Riunbe  iatorno  al 
itbio  et  SiitJMd,  Milano,  1869,  pjc,  i-\,  e  b  nuova  red^zione  inglese  tattatie 
e  pubbliuta  io  Loadr)  per  cur.i  dell.i  Folk-Lore  SùcuIj  :  Riiianhtt  ruptitug 
Ikt  hack  of  SinJibJd  ccc.  London,  18S2,  ro!,  IX  dellj  collnioar,  pig.  4-8. 

j.  Loiseleur  Desloogchainpi,  Euti  sat  lu  fttUt  ûiduniits  tl  tur  kur  Mrt- 
diuttM  tA  Euiopt.  Pans,  Tetheier,  i8j8,  pig.  96-97. 


JJÔ  ST.    TOATO 

creduto  convcniente  di  doverlo  informare  dell'  amore  del  re;  ignara  pcral- 
tro  delb  particolaritft  dell'  anctlo  c  feriia  ncl  vivo  dalla  freddezza  del  maritQ, 
se  ne  Ugna  col  padre  e  coi  fratelli.  Questi  s'affrenano  incontanente 
d'  andarne  a  chiedere  giustizia  al  re,  davanti  al  quale  fanno  compariie  il 
nuriio  :  «  Sire,  gli  dicono  essi,  noi  abbiamo  dato  a  qaest*  aoino  un 
campo  a  condi^.ione  che  lo  seminass*.  ma  cosiui  lo  lasda  incolio;  ce  lo 
rcstiiuisca  dunque,  o  almeno  lo  coltivi,  secondo  il  suo  dovcrc.  »  —  ■  Che 
bai  tu  a  rispondere  aquesto  lagno?  n  gli  chiede  il  re.  u  Nolla,  Sire, 
^t  risponde  il  marito,  essi  hanno  esposto  la  veriti.  (o  fino  ad  ora  avevo 
coltivaio  con  diligenza  il  campo  consegnaiomi,  ma  un  giomo  avendovî 
scopeno  L'orma  di  un  leone.  confesso  che  da  quel  momento  il  tîoiore  non 
mi  ha  più  consentito  di  awicirtarmivi,  n  —  -■  Non  lemcr  nuUa,  soggiunge 
il  re,  il  leone  è  penctraio  ncl  tuo  campo,  ma  non  vi  ba  recato  alcon 
danno  e  non  vi  ritomerà  pîù  ;  prosegui  dunque  a  coltivar  il  tuo  campo. 
corne  per  l'addieiro.  » 

LIBRO  DE  LOS  ENCANMOS,  ET  U>S  ASATAMIEKTOS  DE  US  HUGERES,  DE 
ARAVrCO  EN  CASTEUANO  TRASLaDAOO  POR  EL  INFANTE  OOU  FABRIC^E 
TUO  DE  DON  FERRANDO  ET  DE  DONA  BEaTRIS'. 

II.  Eaxemplo  de  h  muger  en  como  aparté  ai  ynfaatt  en  el  patacio,  et  como 
par  lo  ifaeiia  U  dixo  olvidô  lo  4}ae  U  castigara  sa  maestro  '. 

Udii  dire  che  vi  era  un  re,  Uqualeamava  moho  le  donne,  enon  aveva 
allro  difetio  che  questo  ;  e  un  giomo  il  re  sede%-a  sopra  un'  atiissima 
lerrazza,  e  guardando  in  giù  vide  una  bcllissima  donna,  che  gli  piacque 
assai.  Ed  egli  msndù  a  chiederle  il  suo  amore.  Ed  essa  gli  disse,  che 
non  poicva  fare  cosi  \dppAgarlo\,  essendo  suo  marito  tn  cîuà.  E  quando 
il  re  udi  qucsto,  mandCi  suo  marito  ail'  esercito in  campagna  :  e  U  donna 
era  veramente  molto  casia  e  motto  buona  c  molto  sagace  e  gli  disse  : 
«  Sire,  tu  sei  il  mio  padronc  ed  io  sono  la  lua  schiava,  e  quello  cbe  desi* 
deri  lu,  desidero  ancora  io  ;  ma  debbo  andare  a  ^r  il  bagno  e  (poi)  ad 
acconciarmi.  »  i^l  quando  tornô,  gli  dette  un  lïbro  dr  suo  mariio,  libro,  în 
cui  vi  erano  leggi  c  giudizl  del  re,  coi  qualï  casiigava  la  donna  adultéra, 

1.  Ncl  Compareitj,  sopra  cilato,  i*  edii.  ital.  il  testo  spagnuolo  èda  pag.  t; 
sino  al  fine  dd  laïc,  e  Unovcliitia  j  pag.  40;  nell'tdiz.  ingleieil  tnio  spignnolo 
ia  pag.  7i'ii4  e  la  iraduz.  inglesea  psg.  1 17-174;  la  novellini  ncl  [esio  tpag. 
èapjg.  $1-81:  nella  traduz.  ingl.  a  pag.  \i%-zb;  il  titolo  poi  dclt' opcra 
nelU  ttidu.  insiese  t  i(  «guenle  :  Bwk  «/  tkt  Duèts  md  Truks  of  Wwntn 
Uâiuiatté  ftom  ikt  Arabie  info  Cattttiaa  /or  tht  injmie  Don  Ftbri^  Son  of  Dm 
Ftnandoy  ani  ej  Doha  Btatris. 

2.  Ndlâ  traduï.  ingleie  :  Extmplt  of  iht  Woman  how  tkt  took  thi  Pnoa  ta 
ha  Apjinmuit,  aatt  tww  xhangk  vkal  tkt  uid  lo  Aina  Ar  forgot  wkM  iiû  Masttr 
lui  téaghl  Ain. 


L'ORMA    DRL    LEONE  fjy 

«  gti  disse  :  «  Sire,  leggi  questo  libro,  menire  io  mi  acconcio.  »  Ed  il  re 
apri  il  libro  e  uo\à  nel  primo  capitolo  corne  l'adulierio  d«bba  essere 
proîbiio,  ed  ebbc  gran  vergogna  e  si  penti  molto  di  quello  che  voleva 
fare,  e  dépose  il  libro  sul  paviroenio,  e  usci  dalla  porta  délia  caméra,  e 
lasd6  i  sandali  sotto  il  leito,  sul  quale  si  era  ada^ato.  Ed  in  questo 
frattempo  venne  dall'  eserctto  a  casa  il  marilo  délia  donna,  e,  quando 
egU  sedene  in  sua  casa,  sospenà  cbe  il  re  avesse  donniio  con  sua 
moglie,  ed  ebbe  paura,  e  non  os6  dir  nulla  per  timoré  del  re,  né  più 
andare  dov'  ella  stava.  E  quesio  durd  per  iina  grande  stagione  (ptr  an 
hiiûtt  tratto  di  tempo)  c  la  moglie  disse  ai  parenti,  che  suo  mariio 
l'aveva  lasdau,  e  non  ne  sapeva  U  ragione.  E  cosioro  dissero  al 
marilo  :  «  Perche  non  usi  pjù  con  tua  moglie  ?  »  Ed  egli  disse  :  ■  Ho 
trovato  le  pantofole  del  re  in  casa  mia,  e  lemo,  e  perciô  non  ardisco 
usare  con  Ici.  n  Ed  eglino  dissero  :  «  Andiamo  dal  re  ora,  e  diamogli 
un  esempio  (partiamogit  finuraianxnki  di  qucst'  azione  di  tua  moglie,  e 
non  dichiariamogli  11  fano  {aperiamenie),  e  se  egli  i  sagace,  l'intenderà 
tnconunenle.  »  Cosioro  andarono  dal  re  (tatli  tniieme),  t  gli  dissero  : 
«  Noi  avevatao  una  terra,  e  la  demmo  3  bvorare  a  quest'  uomo  dabbene, 
acdocchè  la  coltirasse,  la  fécondasse,  e  ne  godesse  i  frutti,  ed  egli  fece 
COii  per  una  grande  slagione  {ptr  laago  tempo),  c  da  un  gran  pezzo 
trabscia  di  lavorarla.  »  E  il  re  disse  :  «  Che  hai  a  replicare  ?»  —  E  il 
buon  uomo  rispose  ed  esclamô  :  m  Affermano  la  verità,  che  mi  denero  una 
terra,  cosi  com'essi  sosiengono,  e  quando  un  giomo  passai  per  la  terra, 
m'avvenni  nell'  orma  d'un  leone,  e  perà  lemetti  che  mi  volesse  divorare. 
Per  questo  tralasciai  di  coltivare  la  terra.  >  Eà  il  re  disse  :  «  E  vero  che 
il  ieone  entré  nella  terra,  ma  non  vi  fece  cosa  che  tu  non  avessi  desiderato 
(cAe  (i  fosse  tpiaciato)  facesse  ;  nulla  di  maie  li  provenne  da  lui.  Pefcià 
riprendi  la  tua  terra  e  coltivaia.  »  —  E  il  buon  uomo  ritomô  da  sua 
mof^iie,  e  interrogoila  su  ciù,  che  essa  aveva  falto  con  quello,  e  costei 
gli  raccontô  il  tuito,  e  gli  disse  la  verità,  corne  glà  gliela  aveva  detia  (1/ 
r>r),  e  le  credette  dietroï  comrassegni  che  gli  aveva  daio  il  re,  e  dopo  si 
fidava  di  lei  molto  più  di  prima. 


Ut  ttpt  Vitirs,  version  turque  du  Livre  de  SindaiNid,  dans  les  Mille  tt  un 
fours,  édition  du  Panthéon  littéraire.  Paris,  Oesrez,  u  occc  xxxviii, 
pag.  189. 

La  ftmmt  da  visir. 

Un  sultan  qui  ûmaït  les  femmes  avec  passion,  en  se  promenant  un 
jour  sur  la  terrasse  de  son  palais,  aperçui  sur  celle  d'une  maison  voisine 
une  femme  qui  lui  parut  charmante  et  dont  soudain  il  devint  amoureux. 
Ayant  appris  qu'die  itatt  mariée  â  un  de  ses  visirs,  il  envoya  cbercber 


{)8  ST.    PRATO 

le  ministre  et  lot  donna  une  mission  qui  devait  le  reienir  absent  pendant 
quelque  lemps,  avec  ordre  de  ne  point  revenir  qu'il  n'eût  temdin! 
l'affaire  qui  lui  était  confiée.  Le  visir  obéit  à  l'ordre  de  son  souverain  et 
se  mil  en  route  aussitôt.  Lorsque  le  sultan  apprit  qu'il  était  parti,  dans 
son  impatience  de  voir  la  dame  qu'il  aimait,  il  se  rendit  à  u  maison. 
Elle  aila  A  sa  rencontre,  baisa  la  terre  devant  lui  et  appela  sur  sa  tête 
les  bénédictions  du  ciel  ;  mais  elle  était  vertueuse  et  nullement  diipo>sé« 
à  enfreindre  ses  devoirs.  «  Monseigneur,  lut  dit-elle,  à  quoi  doîs-je  attri- 
buer l'honneur  de  votre  visite  N  —  k  A  l'excès  de  mon  amour  et  de  ma 
passion  pour  vous.  »  Alors  elle  se  prosterna  de  nouveau,  et  dit  :  «  Sei- 
gneur, il  n'est  pas  convenable  que  je  sois  votre  maîtresse  ;  mon  cœur 
n'a  jamais  aspiré  i  un  tel  honneur.  >i  Alors  le  sultan  lui  prit  la  main  et 
voulut  l'attirer  A  lui.  a  Seigneur,  s'écria-t-cllc,  cela  ne  doit  pas 'être.  » 
Voyant  cependant  que  ses  refus  mécontentaient  le  sultan,  elle  dissimula, 
et  lui  dit  :  u  Seigneur,  attendez  que  j'aie  préparé  le  souper  j  lorsque 
vous  aurez  pris  une  légère  collation,  j'obéirai  aux  ordres  dont  il  vous 
plaira  de  m'honorer.  »  Alors  elle  fit  asseoir  le  sultan  sur  le  divan  de  son 
mari,  et  lui  apporta  un  livre,  dans  lequel  le  visîr  avait  coutume  de  lui 
faire  des  lectures.  Ce  livre  renfermait  des  préceptes  et  des  admonitions 
contre  l'adultère  et  les  liaisons  coupables,  ainsi  que  l'ordre  donné  par  le 
ministre  à  son  épouse  de  ne  jamnis  admettre  personne  dans  son  appar- 
tement sans  son  ordre.  La  lecture  de  ce  livre  fit  impression  sur  le  sultan 
et  le  fit  renoncer  à  son  coupable  projet.  Il  cessa  en  conséquence  de 
l'importuner  davantai^e.  Après  souper,  il  se  leva  pour  faire  ses  ablutions 
et  Ata  sa  bague,  qu'il  plaça  sous  un  coussin  du  sofa  ;  mais,  au  moment 
de  son  dépan,  il  oublia  de  la  reprendre.  Lorsque  le  visir  fut  de  retour 
de  son  voyage,  il  alla  rendre  compte  de  sa  mission  au  sultan,  puis  il 
retourna  chez  lui  et  s'assit  sur  le  sofa.  Quel  fut  son  éionnemenc  en  trou- 
vant la  b^gue  du  sultan  sous  un  des  coussins!  Naturellement  jaloux,  il 
conçut  des  soupçons  contre  sa  femme  ;  dans  son  dépit,  il  se  sépara  d'elle 
pendant  une  année,  et  durant  tout  ce  temps  il  ne  voulut  pas  même 
entendre  parler  d'elle.  Piquée  de  la  froideur  de  son  époux,  la  dame 
s'en  plaignit  à  son  pérc  et  l'informa  de  la  conduite  qu'il  avait  tenue  â 
son  égard  pendant  une  année.  Le  père  alla  sur  l'heure  trouver  le  sultan 
et  lui  dit  en  présence  du  visir  :  «  Que  Dieu  conserve  les  joursdu  sultan! 
Je  possédais  un  élégant  jardin  formé  de  mes  propres  mains  et  que  j'ai 
arrosé  jusqu'au  moment  des  fruits.  Alors  j'en  ai  fait  présent  à  votre  visir, 
qui,  après  en  avoir  joui  quelque  temps,  l'a  tout  à  coup  négligé  et  aban- 
donné, laissant  flétrir  les  belles  tleurs  de  ce  jardin,  qui  demeure  mainte- 
nant en  friche.  »  —  «  Qu'as-tu  â  répondre  !  »  demanda  le  sultan  à  son 
ministre.  —  «  Seigneur,  répliqua  le  ministre,  cet  homme  a  dit  )a  vérité  ; 
mais  un  jour,  étant  entré  dans  mon  jardin,  j'y  ai  aperçu  la  trace  d'un 


L'ORMA   OBL   LEONE  {)9 

l^oa  j  la  crainte  s'est  emparée  de  moi.  et  depuis  ce  moment  je  me  suis 

^biienu  de  le  visiter.  »  Le  sultan  comprit  cette  parabole  et,  se  rappelant 

«qu'il  avait  oublié  son  anneau  dans  la  maison  du  visir,  il  pensa  que 

«'était  à  cette  circonstance  que  le  ministre  faisait  allusion,  «  il  est  vrai, 

dii-il  au  visir,  que  le  lion  est  entré  dans  ton  jardin,  mais  il  n'y  a  pas 

commis  de  dégâts.  Dissipe  d'injustes  soupçons  i  ta  femme  est  vedueuse 

et  pure.  »  Le  visir  s'inclina  et  fut  convaincu  que  le  suhan  avait  respecté 

l'honneur  de  son  épouse.  Il  retourna  auprès  d'elle,  apprit  ce  qui  s'était 

passé  entre  elle  et  le  prince,  et  se  fia  dorénavant  i  sa  venu  et  à  sa 

fidélité. 

Adjaîhei  Measer,  n*  i  ;  ;  ;  Cardonne,  Nilanges  de  Miratan  orientale  tta- 
daits  de  àigirtttU  manascriU  turcs,  araks  el  penans  de  la  bihiiotiiè^tte  du 
roi.  Paru,  Hérissant  le  fils,  1770,  volumi  due,  vedi  il  1,  pag.  8-)6. 

La  pantofoia  dsl  saitano. 

Un  sultano  vide  un  ^'omo  dailn  terrazza  del  suo  palagio  una  F^ovane 
donna  di  peregrina  bellezia  ;  la  vtsia  de'  costei  vem  lo  coramosse  viva- 
mente.  ^li  chiam6  una  délie  sue  schiave  per  chiederlc  se  la  conosceva  : 
«  Sire,  (jli  disse  la  schiava,  è  mai  pogsibile  che  la  Maeslà  V'osira  non 
abbia  intcso  parlarc  di  Ccrascnnissa  '  Cadun,  sposa  dci  Visir  Firuz  ;  ella 
riporta  con  rngione  il  vanto  délia  piîi  leggiadra  donna  délia  città,  e  l'ele- 
vatezza  drl  suo  spirito  adegua  pienamenie  la  beltâ  del  corpo.  »  Queste 
parole  infiammarono  il  cuore  del  suluno,  ed  egli  risolvette  di  manifes- 
ure  a  qud  portento  di  bellezza  i  seniJmenti  che  gli  aveva  ispirato  :  « 
trattava  pcrû  d'allontanare  il  marilo,  e  chi  dicc  un  marito  in  Oriente, 
dice  un  getoso  molto  incomodo.  Il  sultano  manda  a  cercare  Finiz,  e 
consegnandogli  una  cana  ;  n  Andate,  Visir,  gli  dice,  ad  csegutre  gli 
ordini  racchiusi  in  questo  scritto  evenite  poi  a  rendermi  como  dell'  esito 
délia  vostra  missione.  »  Piruz  ritoma  a  casa,  impugna  le  sue  aroi  ed  esce 
con  unta  precipitazione,  che  dimentica  su!  so^  la  caru  a  lui  testé  con- 
segnata  dal  sultano. 

Questo  principe  împaziente,  non  appena  ha  saputo  la  partenu  di 
Fîniz,  vola  al  palazzo  del  Visir;  un  eunuco  gli  âpre,  e  l'imroduce 
nell'  appanamento  délia  sua  padrona.  Quai'  è  mai  lo  stupore  di  costei  al 
vcdersi  dinanzi  il  monarca  !  Tremame,  sbigottita,  ella  appena  ardisce 
alzar  gli  occhi;  riavuiasi  dal  suo  turbamento  comprende  il  disegno  del 
suiliano,  ma  csscndo  ad  unasag^a  e  bella,  non  gli  vuoi  lascîare  il  tempo 
di  spiegarsi  e  pronuncia  due  vers  arabi,  che  suonano  cosl  : 


1.  Qucsta  voce  in  arabo  rate  :  Sotc-deltt'^omt 


546  ST.    PRATO 

«  Il  teone  ■  credcrcbbc  d'awilirsi  rosicando  i  restï  6t\  lupo,  e  questo 
«  re  degli  animali  disdegnerebbe  diuetarsi  nel  ruscello,  che  i)  cane> 
«  avesse  contatninato  colla  sua  lingua  impura.  » 

Qucsic  parole,  clic  il  suliano  agevolmenie  vicne  a  comprendere,  gli 
mosirano  chiaro  che  non  ha  ni«nte  a  spcrare  ;  altora  it  principe  si  riiira 
tuito  confuso,  e  il  turbamento  che  lo  a^ta  gli  fa  dimenticare  una  deUe 
sue  pantofoie. 

Fraïunlo  Finis,  dopo  d'aver  cercato  invano  la  carta  consegnatagli 
dal  principe,  si  risowiene  d'averla  dimenticata  sul  suo  soâ;  i  quindi 
costrcno  a  ritornarc  indieiro  pcr  prenderla  ;  inianto  la  pantofola  de!  sul- 
tano,  che  nessuno  ha  fïno  allora  veduto  prima  di  lui,  gtî  rivela  troppo 
bene  I  colpevoli  disegni  del  monarca,  e  i  moiivi  che  ha  quegti  avuto 
d'allontanarlo.  Torraemaio  dalla  sua  arobîzione  ad  un  tempo  e  dalla  gelo- 
sia  costui  cerca  t  modi  pJù  valevolî  per  npudiare  sua  moglie,  scnza  correr 
rischio  di  perdere  la  propria  digniià  :  esso  comincia  dal  render  conto  al  re 
dcUa  missione  affidatagli  ;  riiornato  a  casa  dice  a  sua  moglie  d'averle  fatto 
dono  d'un  pabzzo  assai  bello,  e  che,  per  lasdargli  agio  di  ammobiliark), 
conviene  che  ella  vada  a  passar  quatche  giomo  presse  suo  padre  ;  ndlo 
siesso  tempo  le  di  cento  pezze  d'oro. 

Centsennissa,  non  avendo  alcun  rimprovero  a  fare  a  se  stessa,  è  ben 
lontana  dal  sospettarela  veriià.  La  donna  obbediice  senza  inquietudine; 
scorrono  intamo  varl  giorni,  senzachè  più  comparisca  Piruz  ;  noa  A 
lungaassenza  fa  maravigliare  la  sua  sposa,  ed  ella  non  puù  dtsiitnulare 
la  propria  inquieiudine  a'  fraielti  ;  essi  vanno  a  trovare  Firuz  :  «  Svelad, 
gli  dicono  co«toro,  i  moiivî  del  tuo  procedere  colla  nostra  sorella;  se  quesia 
è  veramenie  colpevole,  nci  ben  loniani  dall'  assumeme  le  parti,  siaroo 
disposii  a  lavare  neL  suo  sangue  l'oliraggio  che  li  ha  faito.  »  Il  Visîr,  senza 
voler  entrare  in  alcuna  dichiarazJone,  risponde  ai  cognaii  che  egli  ha 
pagato  alla  loro  sorella  la  dote  stabiliia  nell'  atto  del  mairimonio,  e  che 
quindi  costei  non  ha  più  a  damandargli  nlenie.  1  fraielti  sdegnati  ddla 
risposta  di  Firuz  to  ciiano  in  tribunale ,  secundo  l'uso  del  paese  il  sultano 
debbe  assistcre  a  tutti  i  giudizl  che  si  teogono.  atfinchi  la  prescnza  del 
principe  contenga  i  cadi. 

I  fraielli  di  Cetnsennissa  dicono  al  ^udïce  :  m  Signore,  abbiamo  aBl- 


I.  II  leone  prcsso  gli  orientali,  corne  pre»o  di  noi,  è  oonsidrrato  il  re  dcgii 
animali;  allegoricamente  poi  signîfica  un  re,  un  sultiito. 

3.  Il  cane  vicne  riguirdalo  ccmt  impuro  dai  maoïneltJDi,  e  chi  ne  abbti  toc- 
cato  si  considéra  unji  conta minmonc  It^gite,  e  non  pu6  far  la  sua  prrghirrt 
scRza  una  précédente  abluzione  :  au«to  non  impedtice  loro  per&  d'allevar  cait 
per  la  caccu,  e  per  la  f^uarctia  de^Ii  armeoti.  ]l  cane  dei  Sttli  Doimcali  i  oggetto 
di  cului  prciso  i  medesiinj,  essi  gli  ass^nano  ua  posto  in  paradiso  acuBto 
air  asinello  di  Grs&  Cristo.  e  ail'  alborat,  farolosa  ginmenta,  sv  cui,  lecoado 
il  Corano,  Maometto  fece  un  viaggio  nottvrno  al  cielo. 


l'orna   DEL  LCOKE  f4l 

ixto  a  Firuz  un  giardino  detîzioso  ;  qucsto  luogo  incamevole  «ra  un  para- 
diso  lerrcsirc  ;  glielo  abbJamo  ceJuto  cinio  d'alte  mura  c  pixitmo  de' 
fiiù  begU  alberi,  omati  di  iiori,  e  carichi  di  frutti  ;  «sso  ne  ha  distruno  le 
mura,  ne  ha  divdto  i  tencri  olexzanti  fori,  e  ne  ha  divoratoi  pOi  bel 
^tmi.  Ora  egli  prétende  di  rcndere  questo  giardino,  spoglîalo  di  tmto 
quanto  lo  rendea  delizioso,  allorchè  noi  glielo  abbiamo  affitiato.  •> 

Il  cadl  avendo  imposto  a  Rïnjz  di  particolareggiare  le  ragioni  del  suo 
procederc  :  u  E  mal  mio  grado,  dice  cosiui  ch'io  rinunzio  at  godimento 
di  que&to  luogo  che  m'era  cosl  caro  ;  ma  un  (poroo,  passeggiando  in 
un'  ajuola  di  queslo  giardino,  vi  ho  scorto  l'orma  dcila  zampa  di  un 
leone  \  il  terrore  m'invest)  l'anima,  ed  amai  meglio  cedere  il  giardino  a 
questo  animale  forroidabkle,  anzichè  alla  sua  collera  esponni.  » 

Allora  il  sultano,  che  assbte  al  giudizio,  volgcndo  la  parola  al  Visir 
gU  dice  :  u  Rientra  nel  tuo  giardino,  Piniz,  tu  non  hai  nulla  a  pavemare; 
egli  è  vefo,  il  leone  vi  ha  messo  il  piede,  ma  non  vi  ha  potuto  toccare 
alcun  fruuo,  e  n'è  anzi  uscito  ricolmo  d'onia  e  di  confusione;  non  vi  fu 
,  giammaî  un  giardino  piÙ  ameno,  e  ad  un  lempo  meglio  guardaio  e  difeso 
.da  ogni  anentaio.  n 

Quesie  parole,  che  riescono  un  enimma  per  tutti  coloro,  cui  le  mede- 
ame  non  riguardano,  rassicurano  Fîruz;  egli  riprende  la  sua  moglie, 
toma  ad  amarla  ancor  più  di  prima,  appena  venuto  insentore  dell*  ardua 
prova,  cui  la  coslei  vinù  ë  suu  sottoposla. 

Matthieu  de  Vendante,  Mih  >. 

Afra  vaghissima  donzella  diviene  moglie  di  Mîlone;  essi  sono  poveri, 
ma  l'amore  tiene  loro  luogo  délia  fonuna.  Il  re  del  paese  accendesi  di 
vivittima  passione  per  la  betla  Afra,  e  profiitando  dell'  assenza  del  co- 
Biei  marito.  il  quale  se  n'è  andalo  in  campagna  al  lavoro.  si  reeri  a  visi- 
tarla  in  casa,  e  lamo  la  incalza  colle  sue  solleciiaztoni  amorose  che  la  fa 
soccombere.  Inlanto  Milone  ricomparsoimprovvisamente  sorprende  il  re 
presso  la  sua  moglie  infedelc  ;  ma  alla  voce  del  marito  l'amante  fugge  con 
taie  preslezza  che  dimentica  i  suoi  sandali  nella  caméra.  Entra  Milone 
quasi  in  quel  frattempo  con  la  spada  alla  mano,  scopre  i  sandali  det  re, 
quindi  cnicctaio  dell'  onta  subita  caccia  via  con  disprezzo  Afra,  corne 
indegna  ormai  del  suo  amore.  I  fratelli  di  cssa,  per  vendicarla,  accusano 
rHilone  al  tribunale  del  re,  di  lasciare  in  abbandono  la  terra  riceruu  da 
loro.  e  che  si  i  oU>ligato  di  colUvare.  L'accusato  da  ti  medesimo 


I.  Ma*irice  Hsuat  pubblieà  per  il  primo  nd  18)4,  ne'  moi  Extmpla  pttsui 
latùiat  m<du  dfn,  il  pocma  latino  lopra  auto,  che  in  uso  de'  duc  manoscritti, 
.  Ofld'  egli  sî  è  servito,  ba  il  titolo  :  iJlr  Mikne  CùottMtiiup^itdm,  t  oeil'  allro  - 
iCMWK^id  NUomt. 


*S41  ST.    PRjkTO 

dirende  la  propria  causa  c  risponde  che  ha  rcalmenie  ricevuto  una  vigna 
assai  bella,  da  lut  resa  ancor  più  florida  mercë  le  proprie  araorevoti  ed 
assidue  cure,  ma  che  ha  ptrô  scopcrto  inlomo  alla  sua  vigna  le  traccie 
mînaccto«  d'un  leone,  alla  cui  visia  subiio  egli  hi  ïmerroiio  ogni  crf- 
(urs-  )t  re  benissimo  capisce  il  signlficato  di  questo  lin^aggio,  e,  volrado 
essere  un  leone  generoso,  afirciiasi  a  pronunciare  quesia  sentenza  ùvty- 
revole  :  «  Che  Mitone  riiorni  alla  sua  vigna,  scnza  nulta  paveniare,  che 
riprenda  in  pace  î  suoi  amichî  lavori  ;  ogni  pericolô  è  scomparso,  • 
Dopo  laie  giudizio  i  due  sposi  riconciliatid  vivono  insieme  felici.  come 
se  nulla  fosse  fino  allora  accaduto  '.  —  Vedî  sul  Mito  i'Histwe  littéraire 
de  la  France,  lomo  XXlt,  pag.  jô-p. 

Chronicoa  Imaginis  Mundi  Fr.  Jacobi  ab  Aqa'it,  Ord.  Pr^dicatoram  (a 
codice  curtacco  itcuii  XV  in  rtgia  liibUoiheca  Athxnci  Taurinensi  aster- 
vaîo),  in  :  HistorU  patrie  Mûnamenta  edihj  jussu  Régit  CaroU  Atberii, 
Scriptorum  tomus  III,  Augusœ  Taurinorutn,  E  regio  typographM 
MDCCCXLVIll.pig.  IJ77. 

De  Petro  de  V'mtis  noUirio  imperatoris.... 

In  curia  imperatoris  erat  quidam  notarius  curiae,  conipl«tus  in  omnibus 
et  pulcherrimus  dictator,  nomine  Peirus  de  V'ineis.  Hic  Petrus  notarius 
habuii  uxorem  pulcherrimatn,  quam  habebat  Petrus  suspeciam  de  impera- 
tore  Friderico,  et  lamen  non  creditur  quod  ibi  esset  malum,  licet  de  boc 
multus  sermo  fieret  in  curia  imperaioris.  Accîdit  uno  mane  imperatoreni 
intrarc  domum  Pdri,  sicut  sa£pe  intrabat  propter  oflicium  quod  babe- 
bat  notarii,  et  etiam  quia  homo  sollemnis  erai,  et  videt  împerator  in 
abscniia  Pciri  camcram  ipsius  apertam,  et  imrat  împerator  cameram,  et 
invenii  uxorem  Pétri  in  Eeclo  dorniientem,  quam  împerator  coopérait, 
quia  habcbat  brachia  discooperta,  et  tune  impei^tor  coopérait  dominam 
et  cum  frequentia  recessit,  ne  aliquig  propter  honorem  domiiue  de  hoc 
advcricret,  nJhil  aiiud  faciens  ;  sed  super  cophinum  dominx  rdinqiùi 
imperator  suam  chirothecam  »,  vel  libcnîcr,  vel  ignoranler. 

Venit  Petrus  a  casa  etinvenit  chirothecam  imperatoris  in  tecto  suo.  Et 
cognoscens  cum  doloretotum  dissimulât;  tamen  Petras  ioquitur  domine, 


[.  L'autore  in  fine  prendt  a  tAStîmonîo  dclla  veracili  del  suo  racccnito  Ij 
medeiiina  ctiti  di  Costanliitopoli  : 

Non  phjlern  tatsum  :  Couïliiilinopolis  liBJus 

Se  specUilricetn  jactital  esse  rei. 
Non  levii  jrbitiiiim  Ijneuae,  non  livor  obilBibrct 
Débile  Matlhaei  Vinaocineniis  opm. 
a.  L'ediiîoue  ha  taam  nrotkua  ;  parecchi  errori,  lii  dell' «litore,  si»  dd 
codice,  vengono  correlli  lenz'  allro. 


L'OHMA   DEL   LEONE  J4J 

que  de  boc  multum  affligitur.  Notificai  domina  imperatori  de  duritia  viri 
su  contra  ïllaro.  V^dit  impcrator  ad  domum  Peiri^  ei  est  imperaior  et 
Peuus  et  domina  simul,  et  aJia  fiiaiilia  a  longe.  Et  Petrus,  videns  se  cum 
imperaiore  et  cum  domina  sua,  vultimperaioremreprchendere  cum  con- 
cordantia  verborum,  non  nominaio  imperatore,  nec  domina,  et  dicit. 
Petrus  de  Vineis  toquitur  stilo  materno  : 

Una  vigna  à  pianiâ'  : 

Per  travers  è  intri' 

Chi  la  vigna  m'a  goastl'  ; 

*An  fait  gran  pcccà' 

Oi  far  ains  che  tant  niat(?). 

Domina  loquitar  concordia  verborum  : 

Vign.T  sum,  vigna  tarajr, 
La  mia  vigna  non  fali  nuy. 

Consolatus  Petrus  respondit  concordiier  : 
Se  cosst  ë  como  è  narra', 
Plu  amo  la  vigna  che  fis  may. 

El  sic  facia  est  pax  inter  doniinam  et  Petrum,  et  timc  Petrus  cantal 
pra  gaudio  metrice  de  xii  mensibus  anni  et  de  proprieiatibus  eonim. 

Via  des  Damts  gelantes  par  U  stigiuar  de  Brantôme.  Paris,  Camier 
ftères,  i8^8;  Discours  second  :  Sur  ie  sajet  i]ui  contente  U  plus  en 
amour,  ou  le  loucher,  ou  ta  veut,  ou  la  parole;  Article  III  :  De  ta  veui 
en  amour,  pig.  1 71-74  : 

Moy  estant  i  Milan,  un  jour  on  me  £t  un  conte  de  bonne  part,  que 
feu  M.  le  marquis  de  Pescaire,  demier  mort,  vice-roi  en  Sicile,  vint 
grandement  amoureux  d'une  fort  belle  dame  ;  si  bien  qu'un  matin,  pen- 
sant que  son  mary  fusi  allé  dehors,  l'alla  visiter  qu'il  la  trouva  encores 
au  lici  ;  et,  en  devisant  avec  elle,  n'en  obtint  rien  que  la  voir  et  la  con- 
templer à  son  aise  sous  le  linge,  et  la  toucher  de  la  main. 

Sur  ces  entrefaits  survint  le  mary,  qui  n'cstoit  du  calibre  du  marquis 
en  rien,  et  les  surprit  de  telle  sone,  que  le  marquis  n'eut  loisir  de  retirer 
son  gand,  qui  s'estoit  perdu,  je  ne  sçay  comment,  parmy  les  draps, 
comme  il  arrive  souvent.  Ruts,  luy  ayant  dit  quelques  mois,  il  sortit  de 
la  chambre,  conduit  pourtant  du  gentilhomme,  qui  apr^  estre  retourné, 
par  cas  fortuit  trouva  le  gand  du  marquis  perdu  dans  les  draps,  dont  la 
dame  ne  s'en  estoit  pas  apperçue.  Il  le  prit  et  le  serra,  et  puis  faisant  la 
mine  froide  à  sa  femme,  demeura  longtemps  sans  coucher  avec  elle,  ny 
la  loucher  :  parquoy  un  jour  elle  seule  dam  sa  chambre,  mettant  la  main 
à  la  plume,  se  mit  à  faire  ce  quatrain  ; 


Î44 


ST.   PIUTO 

Vigna  era,  vtgna  son. 


Era  podaia,  or  più  non  son  ; 
E  non  so  per  quai  Cjigion 
Non  mi  poda  jl  mio  patron. 

Et  puis  laissant  ce  quatrain  sur  la  table,  le  roary  vint,  qui  vid  cesvers 
sur  la  table,  prend  la  plume  et  fait  response  : 
Vigna  eri,  vigna  sei, 
Eri  podata  e  più  non  seï  ; 
Per  la  granfa  del  leon 
Non  ti  poda  il  tuo  patron. 

El  puis  les  laissa  sur  la  table.  Le  tout  fut  apporté  au  marqois  qui  fit 
response  : 

A  la  vigna,  che  voi  dicete 

lo  hiî  e  qui  restete  [sic]  ; 

Aizai  il  pamparo  [tiVi,  guardai  la  vite. 

Ma  non  loccai,  si  Dio  m'ajuie  (tic). 

Cela  fiii  rapporté  au  mary^  qui,  se  contentant   d'une  si  honorable 
response  et  juste  satisfaction,  reprit  sa  vigne,  et  la  cultiva  aussi  bien 
que  devant  ;  et  jamais  tnary  et  femme  ne  furent  mieux. 
Je  m'en  vais  les  traduire  en  ftan^is,  afin  que  chacun  l'entende  : 

Je  suis  esté  une  belle  vigne  et  le  suis  encorcj 

Je  suis  esté  d'autrefois  très-bien  cultivée; 

Ast  heure  )e  ne  le  suis  point,  et  si  ne  sça; 

Pourquoi  mon  patron  ne  me  culûve  plus. 

Response  : 

Ouy,  vous  avez  esté  vigne  belle,  et  Testes  encore, 
Et  d'autrefois  bien  cultivée,  ast  heure  plus  ; 
Pour  l'amour  de  la  griffe  du  lyon 
Vosire  mary  ne  vous  cultive  plus. 

Response  du  marquis  : 

A  la  vigne  que  vous  autres  dites 
Je  suis  esté  certes,  et  y  resiay  un  peu  ; 
J'en  haussay  le  pampre  et  en  regardai  la  vis  et  le  raiiîn, 
Mais  Dieu  ne  me  puisse  aida*  si  jamais  j'y  ay  touché  ! 
Par  cette  griffe  de  lion  il  veut  dire  le  gand  qu^l  avoit  trouvé  esgaré 
entre  les  linceuls.  VoyU  encor  un  bon  mary  qui  ne  s'ombragea  pas  trop, 
et  se  dcspouillant  de  subcon,  pardonna  ainsi  à  sa  femme. 


l'orma  dkl  leqmc 


541 


La  trampa  dtl  kont. 
Novellina  popolare  viterbese  '. 

C'era  'na  volta  no  re,  e  'na  regina  ;  aviano  'na  fijetia  pîccula;  venuia 
ail'  eti  di  decioiio  o  vent'  anni  pensarono  i  so'  parcmi  de  faijc  prenne 
marito,  e  je  lo  dissero.  Issa  arrespose  ca  l'arebbe  priso,  se  je  fusse  pia- 
ciuto.  Alora  'I  padrc  pc'  cunlenurla  ^nunzid  quisto  mairimonio,  e 
molti  gioinotti  viensero,  e  'gni  volta  era  preparato  no  ricco  pranzo  ; 
mentrc  issi  magnaano.  tcnia  la  fijetia  entro  'n'  uma  *n  quilla  sala,  e 
dumannava  ai  gioinotti,  se  je  piaciva,  e  issi  didano  de  s);  ma  quanno 
la  dutnannava  a  so'  fija,  quista  arrespunnia  de  no.  La  secunna  volia 
lo  re  invita  a  pranzo  i  gioinotti  forastieri,  quîsli  viensero,  e  lo  re 
dgmannô  de  novo  a  la  so'  lijj  se  quarcuno  je  piacisse,  e  jssa  arrespose 
como  prima  de  no.  La  terza  volta  arfece  lo  bando  in  altri  paesi  :  che  clù 
vulia  la  so'  fija  per  sposa>  avisse  a  v«n]',  e  morti  altri  gioinotti  d'ogni 
patsc  viensero  ancora.  squasi  tuui  fiji  de  re;  anca  'sta  volta  lo  re  chiese 
I  sô'  fiia  se  nissano  ie  garbava,  e  issa  je  arrespose  che  je  sarebbe  pia- 
ciuto  uno  de*  quei  fiji  de  re,  e  lo  mostrù  a  so'  padre,  ina  no'  lo  vulia,  per- 
ché, ner  magnâ'  lo  granato.  je  s'era  sporcata  la  camicia  co'  i  semi  de  lo 
granato.  Quillo  principe,  che  j'era  avvenuta  'sta  piccula  disgrazia,  senti 
quista  cosa  da  no  so'  confidente,  e  pensô  de  vendicassî.  fnlanto  lo  padre 
nun  facia  più  pranzl  e  lassava  de  marità'  la  so'  fija  ;  certi  jornî  la  man- 
nava  a  spasstggià'  co'  na  so'  governante  'n  un  giardino,  ch' isso  avia 
qualche  mijo  distante  da  lo  paese.  Lo  principe  'nsurtaio  no  giorno  se 
travesti  da  pecorajo,  annô  da  lo  padre  de  quilla  bardasdolta,  c  je 
chiese  de  mette&se  a  servizio  co'  lue.  Quanno  fu  a  so'  servizio.  'na  voila 
ca  ta  principcssa  cra  annata  a  spassi^gio  pc'  lo  giardino,  isso  je  corse 
addosso,  la  rap),  e  la  ponô  via  con  si.  'Ntanto  la  lassa  'n  una  capanna, 
e  poi  la  mené  a  casa  de  so'  madré,  e  je  disse  ca  l'avia  irovaia  de  fora 
smarrita,  Quista  la  pose  'n  una  stan/a,  senza  daije  molcstia;  ma  issa 
sempre  piagnia,  nun  sapeimo,  perché  l'avisse  raptta  lu  pecorajo  ca  issa 
no'  cagnoscia.  La  governante  era  addulurata  pe'  la  pcrdita  de  la  so* 
padroncina,  e  annata  poi  a  casa  recevette  morti  rimproveri,  e  fu  licen- 
ziata.  li  pecorajo  ténia  quilla  ^oinotta  como  donna  de  servizio  pe'  ven- 
dicassî deir  affronte  sofferio.  Dopo  quarche  tempo  lo  pecorajo  je  parlô 
KCusjl  :  •>  Poiché-  nun  v6i  prenne  'n  porco,  como  dicisti  a  lo  pranzo  a 
to'  padre,  prennerai  no  mio  servo.  u  Quisto  era  no  belb  ^oine,  ca 
vedenno  puroa&sae  bella  la  fija  de  lo  re,  nun  la  ricusô,  anzï  fu  ben  con- 


I .  Venne  da  me  raccolta  ii  m  Maggio  del  1879,  e  scrittd  tolto  b  deltatura 
deDa  Sig'  Maria  Pein  nubite,  nativa  di  Viurbo,  c  dimorantc  in  Spoleto,  d'ell 
d'iBoi  62. 


Aoaatia,  XII 


M 


546  "^     ■  ST.    PHATO 

tenio  desposane  quilb  gnziosa  bardasciotta.  'Nianto  se  fece  lo  matri- 
monto  co'  la  sodisf;izione  de  quisti  do'  belli  ^ioinotti.  Ma  puro  lo  finto 
pecorajo  continuavs  ancora  a  volejje  bene,  itnu  perCi  nissuna  intcnzione 
cattivaj  quarche  voila  isso  la  visiiava  nellaso'  caméra.  Un  giorno  %'cden- 
nota  accussi  bella,  peniito  d'avella  sposaia  a  lo  so'  servo,  încaricà  quisto 
de  ponaije  na  leitera  ;  fcce  accussl  pe'  allnntanarlo  per  qualche  giomo, 
e  je  disse  de  partisse  assse  de  bon'  ora,  ca  la  leiiera,  che  je  aea  conse- 
gnaio,  era  mono  de  premura.  Besogna  sapé*  chc  l'alloggio  de  lo  servo 
en  accanto  a  quillo  de  lo  padronc.  Lo  servo  obbedi,  ma  quanno  fu  pe' 
via.  s'acorse  ca  nella  fretta  s'aea  dimenticato  la  letiera.  'Ntanto  lo 
padronc  era  entrato  nella  camara  de  la  so'  moije,  Taea  irovata  ca  dur- 
mia,  c  prohitanno  de  lo  so'  sonno  alz6  i  lenzoli  pe'  ammirarla,  ma  sen- 
tenno  'I  mmore  de  lo  marito  ca  saliva  le  scale,  in  fretia  scappd  via,  e  je 
cadde  un  guanto.  'Nianto  appena  che  lo  marito  cbbe  momato  le  scale 
pe'  annà'  a  prenne  la  leitera  de  la  so'  padrone,  ca  s'aea  lassato  nella 
camara,  viddc  lo  guanio  de  b  re  a  la  porta,  lo  raccogliette,  se  lo  messe 
'n  sacchena,  sospeiianTio  che  la  so'  moiie  je  aesse  mancaio  de  fedenà,  e 
amasse  lo  re  ;  ma  nun  disse  nulla  a  la  moije,  e  se  contemô  de  annà'  a 
prenne  la  leitera,.  e  fece  la  commissione  che  j'aea  dato  lo  re.  Dopo 
quarche  giorno  tomô  quillo,  c  lo  re  nun  s'arrlschïà  più  d'annà'  da  issa, 
perche  nun  vulia  destà'  li  sospetii  de  lo  marito.  Quisto  perô,  como 
aviamo  ditio,  sospcttanno  ca  fusse  infedcle  h  so'  moije,  je  ténia  !o  muso, 
e  la  donna  nun  sapia  spiegane  la  ragiune.  Un  giorno  perâ  is&a  irov6 
*n  sacchetta  de  lo  so'  marito  lo  guanto  de  lo  re,  e  lemenno  quarcosa  je 
disse  :  «  Perché  slai  con  me  accussi  'ngrugnato  ?  Che  l'ha'io  fatto  ?  »  — 
E  isso  je  arresposc  :  «  Quisto  guanto  è  lo  testïmonio  délia  to'  'nfedertà  » 
t  puro  la  donna  era  inocenie.  Da  quillo  giorno  lo  marito  nun  guardô 
più  la  so*  moije,  e  issa  de  quisto  nun  se  poiia  dâ'  pace,  e  stea  tuita 
nianincunusa.  Lo  re  puro  s'era  acorto  che  lo  servo  stea  'mbronciato  co' 
lue,  e  colla  so'  moije,  e  lemette  che  îs^i  nun  s'amassero  piue  e  che  fira 
loro  fusse  Bniia  la  pace.  Alora  lo  re  pe*  arconciaije  prépara  no  gran 
pranzo,  invité  lo  servo,  la  moije  e  morti  so'  amici,  suUa  fine  de  quisto 
pranzo  lo  re  pregô  i  convîtati  a  caniane  *na  canzocinaj  tutii  dissero  ta 
sua.  Quanno  poi  tocc6  alla  sposa,  quista  arcominciô  a  cantà'  accussi  : 

Vigna  ero  e  vigna  so', 

Era  podata  e  ora  no  ; 

Pe'  'na  irampa  de  lione 

No'  me  poda  'I  me'  padrone. 
C  lo  re  arrespose  ; 

Nella  vigna  io  entrai, 

"Na  painpana  v'atzai, 

Ma  l'ua  nun  U  tocai; 


L^ORMÂ  HEL  LEODB  ^47 

Ciuro  a  voi,  0  serve  mio, 
Mun  ta  tocai  sull'  onor  mio. 

U  marito  alora  rcsiô  ptrsuaw  dell"  inocenia  de  issa  ;  «  v-iensero  a 
scopnne  t  faiti,  e  a  axconosce  l'inûcenza  de  la  moije.  Cosl  de  novo  : 

Arfeceno  le  notze 

Compile,  e  composte, 

Co'  no  sorcio  arosiito 

Stiedens  bene  la  tnoije,  e  '1  tnarilo. 


1 


Lapringep',  t  la  cambrjiere. 
Noveltina  popolare  abruzzese  '. 

Nu  pringepe  s'  ave  da  'ccasâ',  c  ddecè  :  «  Me  vuojie  pijjà'  'na  ggio- 
»en«  abbasie  che  è  bbélle;  ne'  mme  ne  cure  ca  nen  dé'  didde,  »  E  sse 
pijji  'na  giovene.  Ere  povere,  ma  ére  wreche  de  bbeilézi'  e  dde  'mma- 
ùnate.  E  cquitte,  tande  ére  bbéllc,  nne'  le  face  ji'  ma'  a  la  messe,  e  nne' 
Ee  face',  'ffaccià'  mang'  a  lu  bbalcone.  Derembétt'  a  lu  pa[az7^  de  'stu 
pringepe  ce  ai'  lu  palazzc  de  lu  nt  ;  e  tu  rrf  ncm  buiè  vcdè'  ma'  *sta 
ggiovene.  Va  nu  ggiom',  e  ddiss'  a  la  camarjiere  de  lu  pringepe;  disse  : 
«  Se  Mu  me  fé  vedè'  la  patrona  tè',  ji'  t*  arijale.  »  E  cquélle  je  disse  : 
«  E  cquande  te  le  facce  cun6sce  ?  Ji'  nen  dénghe  nesciune  mézze  de 
Bretele  cuntisce.  n  Lu  rrè  j'  areféce  :  «  E  nen  ghésce  ma'  lu  pringepe  ?  » 
Quelle  je  disse  :  ••  Eh,  nen  ghésce  se  nen  guande  va  ccacce.  »  Lu  rrè  je 
disse  :  «  Mbè,  quande  quille  va  ccacce,  tu  chiàmeme,  e  iji'  saLtke.  » 

Ecche,  dope  pranze,  lu  pringepe  va  ccacce,  c  la  camarjiere  féce  mon*  a 
lu  rrè  ca  tu  pringep'  avè'  'scite,  e  la  signore  s'  avè'  ddurmite.  Va  tu 
rrè,  saiisce  sopre,  c  la  camarjiere  le  port'  a  la  cambr*  add6'  durmè'  la 
signure.  Quelle  durmè'  a  lu  létte  che  lu  padijj6ne.  Lu  rrè  alzi  tu  pizze  de 
lu  padijjone,  c  vvidde  ta  signure.  Disse  :  <■  Oit,  cquand'  i  bbéllc!  » 
E  sse  n'  areèïce.  A  lu  recala'  che  fféce,  perdi  'na  huânde  pc'  le  scale, 
che  cce  stè'  serine  lu  nome  se'  nghe  Iléttre  d'  ore.  A  lu  rejl'  lu  pringepe, 
—  nen  ge  passî  cchiù  nncsciune,  —  c  rctrovc  'sta  tiuand'.  e  ddisse  : 
«  Lu  rrè  che  ce'  è  mmenui'  a  ffà'  cqua  ?  £  ccèrte  che  mmôjjeme  m'  k 
iradiiel  n  Ccuscl,  a  lu  resall*  a  la  cambre,  va  a  la  mojjej  je  ctiiavt  nu 
schiaffettone,  e  sse  n'  reéke,  e  nen  ge  *ndrt  cchiù  pe'  sséil'  anne.  E  ta 
mojje  stè'  'n  benzjiere,  ca  nem  buté*  sapé'  che  ccaggion'  avè'  'vute  lu 
maritc.  Jindande,  tu  pringepe  ne'  jje  face'  mangà'  nesciuna  cose.  Quand'  ar- 
rive le  sétt'  anne,  lu  rrè  sap)  ca  lu  pringepe  stattè'  hodije  che  la  mojie  ;  e 
ppenzè'  :  (t  Ah  !  Ji'  perdive  'na  huand'  abballe  pe'  la  gradenate  de  lu  prin- 


I.  IMt  veniK  gentilnicRle  favurita  dall*  ottimo  mio  atoico  Dott.  Gennaro 
FiucDore. 


J48  ST.   PRATO 

gepe  e  cquésle  sarrà  la  ccag^one  de  farle  sia'  'nn  bodije.  >  Dongbe, 
ppen^è  da  se  stéss«  de  fi'  nu  'mmite  a  iiuue  le  piingep'  e  bbanine  che 
Itutte  la  famijlei  e  oile  ggiorne  prime  mairn)  'stu  sgride  pe'  tu  pahése. 
Lu  pringepe  manni  ddir'  a  la  mojje  ch*  avé'  da  H'  pure  éss'  a  )u  'mmite; 
e  je  mannî  lu  scarpare,  che  ss'  avésse  faite  pijjà'  la  mesure  de  le  scarpe. 
E  cqu^lle  )'  erespunni  :  «  Dïji'  a  mmio  manie  ca  ji'  le  ténghe  le  scarpe; 
nen  n'  djje  de  bbesogne.  »  Diss'  a  lu  sanore  :  «  Dijj'  a  mmia  moiie  che 
sse  faccc  pijjà*  la  mesure  de  la  veste,  n  Quelle  j'arcspunnï  :  v  Dij}*  a  mmio 
iDarite  ca  ji'  te  ténghe  la  vésie  ;  'n  n'  ijje  de  bbesogne.  » 

Dunghe,  quand'  jrrevl  lu  ggiorne  précise  ch'  avè'  da  jl'  a  lu  pranze, 
mann)  ddir'  a  ta  mojje  :  «  Dijje  clie  sse  veste,  n  ■>  Dijj*  a  mmio  mariiefl 
ca  ji'  siénghe  vestite.  »  Quelle  s'  aremcttl  tutti  l'abbete  che  Iteni'  de  lu 
spusalkije,  e  s\i'  'nn  ârdene.  Va  lu  marite,  se  le  mette  sotie  bracce. 
sénz2  parla*  e  sse  ne  va  a  cchl'  (quelli  =  in  casa)  de  tu  rrè.  Tune  stè' 
'nn  ordenc,  e  hisse  sole  s'  aspeitè'.  Quande  vcdî  chiite  tu  rrè,  te  £acl 
'ssettà'  vecin'  a  éss',  e  sse  meitl  a  itavete.  Dunghe  chille,  doppe  la 
tavelé,  ugnun'  arcundè  'na  favuléite.  C  -i-  avè  restate  lu  pringepe  c  la 
mojj'  e  lu  rrè  sénz'  arcundâ'  njiénde.  Tuite  je  decè'  a  lu  pringepe 
ch*  avéss'  arcufidate  pure  ésse  'na  favulétte,  e  lu  pringepe  decè'  :  «  A 
mmè  ne'  mm'  è  state  succéssc  ncsciuna  cose  ;  n'n  djje  che  ddire.  n  Po' 
decè'  a  1.1  pringepésse  ;  «  E  a  woje  manghe  njiénde  v'  è  state  suc- 
céssc?  »  A  mmè  ne'  mm'è  siaie  succésse  njiénde;  ma  pure  vojje  di'  'na 
cose  : 

<>  Vigna  so'  stat'  e  vvigna  jio  sone, 

Prime  ère  culdçvaie,  c  ore  non  zo', 

Ma  jio  non  zo'  quale  sia  la  ccaggione 

Cbe  la  vign'  à  pérze  'i  suo  patrone.  o 

Arespuonnc  Ij  mariie  : 

«  Per  una  zzaraba  del  lehone 

La  vign'  à  pérze  la  sua  staggione.  » 

Aresponne  lu  rri,  che  ssubbet'  avè  capite  : 
«  A  ta  vigna  tue  ji'  c  -i-  âgge  state; 
La  pambulétte  V  âgg  -i~  alzate. 
Ma,  per  quésta  crâne,  che  tténg*  al  cape. 
Ho  vviste  t'  uve,  e  nne*  11'  6  nuccate.  u 

£  ccuscl  s'  arpacefechl  mojj'  e  mmarhe.  E  la  rrè  atlore  je  disse  : 
«  Jl'  nem  buté  cunôsce'  la  vostra  mojje.  Ji',  pe'  ccunôscete.  m'  arcum- 
manniv'  a  ta  camarjîerc,  e  ccusci  me  le  ftce  cunisce'  quande  vojc 
avavate  jit'  »  ccacce- 

(Geswpalena.) 


LORHA   DEL   L£ONE 


H9 


La  granjta  dtt  Uont. 
Novellina  popotareiivornese  '. 

C'cra  "na  voila  un  re,  questo  re  aveva  fra  1'  altri  un  coriigiano,  che 
s'era  sposato  cor  una  betlissitna  donna,  e  'I  re  aveva  conceplto  'na  forte 
piraone  perlei.ma  questa  non  li  dava  punio  rena.  e  non  s'era  mai 
carata  de'  su'  discorsi  amorosi.  Quesio  conigîano  abiisva  nello  siesso 
palaizo  del  re,  e  s'era  un  po'  in^^elosiio  del  principe,  vedcndu  la  cône 
cbe  faceva  a  su*  moglie.  Intanto  'I  re  innamoraio.  pcr  poter  andar  con 
suci  comodo  dalla  bella  signera,  manda  f6ri  il  cortigiano  a  puitare  'na 
letlera  ;  '1  cortigiano  parte,  era  di  maiiinaia,  c  '1  re  entra  in  caméra 
délia  donna  per  parlarli,  e  irova  che  dorme.  Senza  svegtiarla,  s'awicina 
al  su'  leiio,  pian  piano  âpre  '1  cortinoggio,  alz^  le  lentôla  per  ammirare 
1  su'  betlissimo  corpo,  ma  poî  traitenuio  da  una  certa  vcrgogna  b 
ricopre»  se  n'este  di  caméra,  e  nella  furia  lascia  cadere  un  guamo  $ul 
letto  di  quella  bcllissima  donna,  Ritorna  '1  conigîano  di  fôri,  entra  in 
caméra  di  su'  moglie.  vede  'I  guarnio  del  re,  appieno  conosce  l'amore  di 
lui  pcr  la  moglîe.  e  per  quesio  sospetia  che  lei  si  sia  arresa  alte  voglie 
del  re,  e  l'abbia  mancatodifedelià.  D'allora  inpol  concepisce  un  grande 
ûdîo  comro  su'  moglie  e  'l  rc,  sia  scmpre  ammusonito,  e  non  li  pjô  piîi 
paiire.  'L  re  s'awede  presto  del  cambiamento  che  ha  fatio  '1  cortigiano, 
e  li  chiede  cos'  abbia  con  lui  ;  '1  cortigiano  non  li  risponde,  altre  vohe 
l'interroga  e  quesio  condnua  a  tacere.  Alla  fine  'I  cortigiano,  importu- 
naio  dalle  continue  demande  del  re,  li  mostra  lutto  arrabbiato  '1  su* 
guanto,  e  li  dice  che  l'iia  trovato  sul  ieiio  dt  su'  moglie,  e  che  sospetia 
giustamcnie,  che  abbia  macchiato  'l  su'  onore.  Allora  '1  re,  pcr  vcnire  a 
una  spiegazione  chiara,  h  preparare  un  bel  desinare,  c'inviia  '1  cortigiano, 
la  su'  moglie,  e  luiii  i  signori  délia  Cône.  Quando  il  desinare  i  aile  fruité, 
1  re  propone  ait'  inviiaii  dî  dire  ognuno  per  passatempo  qualche  cosa, 
e  prega  inianio  la  moglie  del  coni^ano  a  cominciar  lei,  per  dare  il  b6n 
esempio  alla  coropagnia.  Lei  allora  dice  : 

Vigna  ero  e  vigna  sono, 

Rro  potata  e  ora  non  sono, 

E  non  so  per  che  ragione 

Non  mi  poia  '1  mi'  padrone. 

E  1  mariio  li  risponde  : 

Vigna  eri  e  vigna  sd, 


I.  Vennc  ra«<>lla  dj  nie  in  Livorno  il  i^  sflt*mbre  del  i88n,  r  scrilla  solto 
U  detlalara  di  una  vccchia  popolani,  una  cerla  Maria  Cardini  (antescaj  d'eU 
di  6}  anni. 


iJO  ST.  PRATO 

Eri  poiata  e  ora  non  seï  ; 
Per  la  granfia  del  Leone 
Non  ti  pota  'I  tu'  padrone. 

P.în  cosl  dire  '1  cortigiano  mette  sulla  lavola  'I  guanto. 
AUora  1  re  soggiunge  : 

Ti  giuro,  o  mio  vassallû, 

Sulla  coronj  mia, 

Che  nella  vigna  entrai, 

Atzai  la  pampana, 

R  l'uva  non  loccaî. 

Allora  '!  conigiano,  seniendo  che  la  su*  moglie  era  innocente,  chiede 
scusa  de'  su'  in^iusii  sospettl  al  re,  perdona  la  mogliCf  c  vive  sempre  in 
pace  e  in  amore  con  lei. 


Note  comparative. 

Per  le  varianti  orientati  di  quesla  novella  vedi  Engelmann,  Das  Bach 
wn  (icn  sîebtn  weism  MtisUrn,  Halle,    184:,  pag.  40,  87;  Kellcr,  Li 
Homans  des  Stpl  Saget,  pag.  cxxxviij,  Tnusend  und  tint  NachI,  deutsch 
von  Max  Habicht,  von  der  Haf;en,  und  Schall,  Breslau,  iS)6,  vol.  XV, 
pag.    1 12  ;  Taies,  Anecdotes,  etc.,  trjnilated  from  the  Arabie  itad  ihe  Per— 
tian  by  Jonaihan  Scoiij  Shrcwsbitry,  1 800,  p.  yi  ;  e  linalmtnic  A.  d'An- 
cona,  leggtnia  di  Sant'  Aibano,  prosa  médita  del  sec,  XtV  ecc.,  Bologna, 
G.  Romagnoli,   1865,  pag.  24-26.  —  Due  versioni  popolari  pomiglia- 
nesi  leggonsî  in  Viltorto  Imbriani,  XII  Cotiti  pi}img.Uanaî  con  variaati 
aftilitust,  montetUiiy  bagnoUsi,  mtianeit,  toscane,  lecittî  ecc.  Napoli,  Det- 
kcn  e  Rûcholl,  1S77,  pag.  108  e  {|8,  n>  VI  e  VI  bit,  dal  ttiolo  :  ^^4; 
una  vCTsione  veneia  si  legge  in  D.   G.  Bernoni,    Tradhmi  popolari 
ventûant)  Puntata  I,  Vcneaa,  Anionclli,  1875,  iniitolata  :  Vigna  era  e 
vigna  son,  questa  è  riprodotta  pure  dall'  Imbnani  in  nota  alla  prima 
variante  pomiglianese  ;  néh  siessa  nota  l'Imbriani  ripona  ancora  una 
letlera  di  Sp.  Zambclios,  comunicatagli  da  Giuseppe  De  Blasiis,  nella 
quate   viene  tndicata  som  maria  m  ente   una  variante  messinese'.    Una 
variante  sicillana  di  Palermo  &usseguiia  da  due  alire,  palermitana  pure 
la  prima,  e  marsalese  la  seconda,  i  contenuta  in  Cîuseppe  Piiré,  Fiabt, 
fflo»'f//f,*rflccoiti  juidiini.Palermo.Pedone-Laufiel,  1875.  t.  Il,  pag.  17s, 
tC-;6  :  Lu  bracceri  di  mana  manca  ;  con  lievîssime  variazioni  la  seconda 
versione  palermitanadeldialogo  si  legge  nella  Wdcco/M  amptissima  di  canti 
popolari  sîàUani  di  Leonardo  Vigo,  pag.  678-79,  n'  S'4Î"49  ■  H St^^fto 

I.  In  quesu  virianlc  Pier  délie  Vigne,  în  loogo  di  ancdliere,  è  il  grande 
ucciiitore  del  re. 


l'ORMA    DEl.    LEONE  fjl 

ddl'  impiTatore.  Il  Carducci  nell'  opéra  :  Canùkne  e  ballate,  strambotli  e 
mêdrigflli  nà  secoli  XUliXiV,  Pisa,  Nistrï,  1871 ,  pag.  28,  sullii  redazione 
.ieutrarù  delU  novellina  fa  le  se^juenti  considerazïoni  :  «  Narrazioni  e 
}rtim  sono  ciuti  anche  daL  Cantù,  Stotia  dtgli  lialiani  XII,  xci.  not.  ï3. 
Prino  li  aveva  cilati  il  Fauriet,  Diinte  tt  Ut  ottgtms  dr  U  lang,ue  ilaiienne, 
Paris,  Durand,  II,  Lez.  XVI,  senza  perd  accenname  le  fonii.  Noi  non 
crediamo  che  U  redazione  in  dialetio  subalpine  di  Fr.  Jacopo  d'Acqui 
tia  la  forma  ori^nale  délia  méridional  tradizione,  ma  non  sappîamo  con 
<|uale  auioriià  il  FauricI  leg^^acosl  i  primi  scite  vcrsi  :  Vna  vigna  hopian- 
ttlit .'  I  Ma  per  iravtno  i  entrato  \  Cbi  la  vi^na  m'  ha  gaattato  :  |  Hanne 
fitto  gran  ptcuto  \  Oi  fore  a  mt  tanio  maie.  »  Secondo  J'Avogadro  fraie 
Jacx>po  d'Acqui  nasceva  sulla  fine  del  secolo  xiii  e  fioriva  verso  il  1  ;  jo, 
ctoè  nieno  d'un  secolo  dopo  di  Pier  délie  vigne.  Il  d'Ancona  sog^unge  in 
una  nota  che  si  legge  al  luogo  citato  del  libro  di-G.  Carducci  :  »  Dell'  atiri- 
buire  questa  tradizione  al  cancelliere  di  Federico  II  ceno  deve  esscre  siaia 
principal  causa  l'immagine  delta  vigna.  Poi  la  novelia  dura  ndla  memoria 
dalle  genii,  ma  perduti  i  nomi  dei  proiagonisti,  altri  pur  iiiustri  e  notî 
hirono  scelli  a  sostituire  ^li  antichi.  »  Nel  1  86 1  il  De  BlasiJs,  Vitd  di  Picr 
àttU  Vigna,  pag.  209,  riferiva  i  versi  tinali.  quasi  corne  parie  délia  novella 
di  frate  Jacopo  d'Acqui.  £  pure  qui  da  osservare  pcr  incidenza  che  due 
versi  dclla  chiusa  del  raccojiiodi  frate  Jacopo  d'Acqui  dot  :  Chi  la  vigna 
gCàf^ùastà'  I  '/in/iti(^rjj7p»£<}',slncontranoinun'amicacanzoneita3balIo, 
contenuta  in  un  codice  laurenziano  del  secolo  xiv,  pluteo  42  e  pubblicata 
da  Hieuo  Fanfani  neUe  annotazioni  al  Daameront,  Nov,  V,  Giorn.  j'. 
Firenze,  1 8^7 ,  lomo  I ,  pag.  Î49.  F.ssa  consta  di  duc  strofe,  ciascuna  délie 
qualii  il  principiûdi  due  ballate  che  per lungoiempofurono  crédule  diverse, 
e  invece  non  ne  fomiano  che  una  sola  ed  antichissima.  Il  Boccaccio  fu  il 
.primo  a  ricordarla.  quando  nclla  cilata  novella  f*  délia  IV*  Ciorn.,  dopo 
'  aver  narrato  délia  Elisabetta  Messinese,  alla  quale  dai  proprl  fraielLi  Tu  lolio 
i)  vaso  di  basilico,  in  cuî  quesia  con  gelosa  idolalria  custodiva  la  lesta 
.deU'atnantcdaimedesimiucciso.concliiude:  «  Divenula questa  cosamani- 
'festa  a  molti,  fu  alcuno  che  compuose  quella  canzone,  la  qujle  ancora 
oggi  si  canta  :  QyaU  tsso  fu  lo  mal  cTiitiano  j  Cht  mifurà  la  grjsla  ecc.» 
Hcco  adesso  la  canzonetia  a  ballo  in  questione  :  Questo  fa  h  malo  cri- 
ttlino  \  ChtmifttTo  lartsia  {  Del bassiiico mio uUmontano  :  j  Cresciataera 
in  grait  podfcsta  |  EJ  io  lo  mi  ehianlai  colla  mia  mano,  \  Fu  h  giotno  delta 
iftsia  I  Oiiguatta  Vaitrui  cote  initania  —  Chi  gaasia  l'aUrui  cote  è  ytlla- 
^nia  I  E  grandiisimo  tt  ptccalo  |  Ed  ip  ta  metchintlta  ch'p  m'avia  |  Una 
rtsla  teminata  |  Tant'  tra  btlla,  ail'  omhra  mi  dormîa  \  Dalla  gente  invi- 
dUta  \  Fiimmi  furata  e  dayjtiti  alla  porta,  ecc.  La  popolarità  di  questo 
canto  é  dimosirata  dal  faito,  che  quasi  non  v'abbia  antlca  raccolta  di 
laudi.  édita  \Uude  ecc.  cdi7ione  del  400,  uuiaplart  ma^bt(hiam>. 


jja  ST.    PRuTO 

f.  s)  0  inedita  (vedi  il  Codice  magliabechiano,  Cl.  Vil,  N'  îo,  jôy,  744) 
dove,  se  viene  sempre  indicata  l'aria,  su  cui  ogni  laude  si  doveva  cantare, 
non  Qccorra  costanlemenle  fra  le  altre  indicaziom  questa  :  Canlasi  corne  : 
Chi  guasta  l'althui  cose  fa  viLLANtA,  che  è  appunto  il  principio  ddU 
variante  K^scana.  Qu«5ta  canzonetta  perduta  (da  cuj  il  Boccaccto  ha 
cavato  quella  da  lui  cltaia  nella  novdia  dell'  Elisjibetta,  della  qiiale  can- 
zonetta riporta  due  soli  versît  parc,  seconds  alcuni,  che  sia  stata  riùita 
dappoi  ;  ecco  perctiè  si  legge  nelle  Cantoni  a  baflo,  composte  da  Lonnto 
àt''  Mcdici  e  Poliziana,  Fircnze,  i  0S.  Senz^  dubbio  siciliana  è  l'origine 
di  questa  canzonetia,  corne  il  Boccacctoaccenna,  ciô  es&endo  dimostraio 
da  quel  vocabolo  :  grasta*,  che  è  di  puro  àdttano  dialetto  e  che  signi- 
fica  :  viiso  da  ^ori.  Ë  a  notarsi  poi  che  ta  sua  origine  debba  esiere  molto 
anteriorc  ai  icmpî  dcl  Boccaccio,  perché  altrintenti  quejti  non  avrcbbe 
avuto  moiîvo  di  aggiugnere,  corne  se  taie  conzonetta  fosse  qualcosa  di 
singolare  :  "  attehe  oggi  si  canu  '.  » 

La  novellina  présente  neila  forma  popolare  si  riconnene  in  raodo 
manifesio  al  racconio  orientale,  ond'  essa  è  sincera  emanaziore,  e  ce  lo 
prova  l'espressione  ftgurata,  ma  poco  propria,  ctie  ricorre  nelle  rarianti 
popolari  per  indicare  il  guanto  (lasciato  dal  re  sul  ietto  délia  donna  da 
lui  visitata},  cioè  :  ht  granjia,  granfa,  irampa  dfl  Uoite.  Questa  esprcisione 
nelie  medesime  non  ha  signifîcato  alcuno,  n^  ci  si  offre  nella  forma  popo- 
lare episodio  che  giustifichi  siffatia  maniera  di  dire,  tanio  se  il  leone  si 
prenda  in  senso  proprio,  quanto  se  si  lolga  in  senso  figurato,  cd  essa 
non  è  altro  che  una  reminiscenza  dell'  allegoria  del  leone  rappresenianie 
ÎE  re  nelle  varianti  orientali  ;  talchè  la  traccia  del  leone,  impressa  nell'  alle- 
gorico  campo  o  giardino.  sia  in  esse  il  guanto,  la  pantofoljt.  0  il  san- 
dale che  lascia  il  re  nella  caméra  délia  donna  da  (ui  amata.  Q^iest'  osser- 
varione,  che  pur  mi  pare  abbia  il  suo  peso,  perché  ïntesa  a  dimostrare 
l'origine  orieniale  dclla  novellina  popolare,  onde  qui  si  è  tmpreso  lo 
studio,  non  fu,  per  quamo  mî  sappia,  ancora  fana  da  nessuno  di  quelti 
che  hanno  illustrato  le  diiïeremi  varianti  délia  medesima  édite  fino  adcsso. 

Inoltre,  benchè  presso  gli  Oriental!  spesso  un  re.  un  sultano  sia 
rappresenlaio  sotto  Timmagine  d'un  leone,  che  è  il  re  degli  animali, 
e  cosl  pure  talvolta  sotto  l'immagine  di  un  tigre,  appellato  reale  net 
Bengala,  mi  scmbra  la  detu  esprcisione  troppo  ricercata  cd  eieroclita 


1.  Il  Rcilî  nell«  AnnotJZio'ii  at  Batto  \a  Touma  p)rl6  cod  .sulla  voce  grailé 
occorrrnle  in  uno  de'  due  veni  <lelU  canzonetta  ncl  Bocuiciu  :  ■  La  Engituarê 
de'  ProvcMali  è  cou  ficilisiina  che  prendciw  origine  dalla  voc«  «reci  râ-np», 
vaso  corpacciuto  mcntovjto  da  Atenco  e  da  altrr  (Ycdi  pure  Mussaïia  nella  Rom. 
Il,  477I,  dilla  <;ual  noce  sm/'  ikun  dabbio  derivA  il  roc:>t>olo  Ociluno  Grtttâ 
usito  dal  Boccaccio  nella  novcIU  delU  Ciciliaoj.i 

2,  Per  le  considerazioni  su  qu>cst)  cuixonctti  oii  lono  valto  di  E.  Rubteri, 
Sleria  dttle  poctui  pepelart  italiaitUt  Parte  I,  capo  11*,  pag.  r 4 1-144. 


L'ORUA   DBL   LEONE  J5; 

qtecialmente  per  il  popoto,  cul  la  coltura  manchevole  non  consente  un 
concetio  lanio  elevaio,  quai'  i  quello  che  la  mcdcsJma  racchiude,  con- 
ccnocbe  senz'  alcuna  cognizione  o  studio  non  puôspontaneo  preseniarsi 
alla  mente. 

Il  concetio  allcgorico  finale  del  rsicconio,  in  cuj  la  donna  riene  asso- 
migliata  ad  un  campo.  ad  un  gîardîno,  ad  una  vigna,  concetio  assai 
fréquente  fra  gli  Orientall,  e  segnaïamcnte  fra  i  Musulniani  (infatti  la 
compara/Jone  delta  donna  con  un  campo  occorre  pure  nvl  Corano,  Itb.  Il, 
pag.  33^),  ne  rivela  Enanifestamente  la  fervida  ed  accesa  famasia  di 
qoelli,  equindi  la  costantc  toro  vaghezza  di  adombrare  sotto  immaginou 
poeiica  figura  qualunque  cosa  più  owta.  E  che  pot  sovente  costoro  di 
buon  grado  volgessero  l'occhio  alla  terra,  da  cul  ticeveano  l'alimento, 
agli  animal!  domesticr,  onde  pure  usavano  per  il  loro  sosteniamento,  ce 
ne  fanno  fede  le  frequenti  relative  immagini  alIegoricNe,  ricorrentî  nel 
Itnguag^o  poeiico  di  essî.  Quindi,  fatta  ragione  di  ule  caranere  degti 
Orientali,  in  ïspecie  MusulmanJ,  non  reca  stupore  il  conceito  allegorico 
cbe  occorre  sulla  fine  detla  présente  novella,  cioè  il  paragone  délia 
donna  ad  un  campo,  o  ad  un  giardino.  Già  nel  CanUco  det  Caniici  û 
parla  à'  una  ragazza.  corne  d'un  giardino  !lV,  il),  e  si  iratta  allcgori- 
camente  >l,  (1  délia  vigna  che  ella  non  seppe  bene  guardare;  pari- 
mente  nel  Vangdo  sotto  l'immagine  délia  misiica  vigna  viene  adombrata 
la  Chiesa. 

llprotagonistadellanoveIlaéunre,unsuUano,uniniperatore,che,avendo 
veduio  la  moglie  d'un  suo  cortigiano,  invaghitod  délia  costei  belleua, 
anelandone  al  possesso,  Jtllontana  con  una  scusa  il  marilo,  e  furtivameme 
riesce  ad  entrare  nella  caméra  di  lei,  montre  giace  in  leito  addomtentata  ; 
egli  vdisce  alzare  le  coliri  del  leiio,  contemplare  la  perfezione  del  suo 
coq»,  ma  non  trascorrere  fino  ail*  appagamento  délia  sua  malnata  pas- 
sione  ;  nel  lurbamenio  dcH'animo  il  medesimo  tascia  cadere  senz*  accor- 
gersene  il  suo  andlo.  od  un  guanto,  od  una  pamofola  presso  il  lelio  délia 
donna  da  lui  amata  ;  rhomato  nel  il  marito,  posda  vedere  quegli  oggetti 
appartenenti  al  principe,  si  figura  quello  che  non  è,  vale  a  dire  che  la  mogtîe 
abbia  col  principe  mancaio  a  lui  di  fede ,  perô  intimorito  dalla  potenza  di 
questo,  e  mosso  dall'  ambJzione,  per  schivare  il  rischio  di  perdere  tl  suo 
grado,  non  Ta  motto  di  nulla  ne  al  principe,  M  a  sua  moglte  ;  tuTUvia  da  qad 
momemo  lascia  in  abbandono  costei ,  donde  il  dolore  delta  donna ,  e  l'allego- 
rica  spiegazione  finale,  con  cui  essa  riesce  a  riacquûtare  la  grazia  e  l'amore 
del  marilo.  dopo  avergti  provaio  la  sua  innocenza.  Nelle  rarânii  orientali, 
p«r  giustiBcare  la  biasinwole  pasiione  del  re  verso  la  moglie  del  suo  cor- 
tigiano, vien  detto  in  principio  cbe  e^  amava  grandenenle  le  donne  ;  in 
esac  DO  re  vede  la  donna  dâl  balcone  del  suo  terrazzo,  e  cosl  eglî  se  nln- 
namora  ;  invece  nclh  prima  variante  paJermitana  del  F%*  il  modo  dd- 


nuT» 
è  Snim,  ta  eocD  qnk.  Si  n 


câ 


«  CMU,  At  pcr6  acain  lospre  riiinu.  d  bracaere  £  khm  dons  fen- 
uaM,  dw  lUnalbCAru,  soaaTCTaiBaifiaoalanpoaieTedereqBeh 
MHMH  ipra*  dd  CM  MflbTj  pvaloHtstfizn.  Uofaclgnras,iBÉiBaB 
«d^Mnoeol  n,^fiiK:  «  Maoïi.  «enpeae  ohcbd  looeodi  qpoaa 
ha  il  fanuxre  di  naM  unca  1  Cbe  bella  i^mora,  Maoti  !  ■  U«'  atin 
voka  (i  ripcti  :  «  MaaH,  ho  râlo  quota  amiiiu  b  Boglie  dd  rostro 
bracdcK,  nu  iKeibakir(lire,qiuiiu>èiDabdU!...  *  ednTaknvolu: 
«  Sapete  MksU.  b  signora  del  bracdcre  di  dubo  nnixa.  pià  va 
avanti,  e  più  ti  va  bcendo  bclb  ! . . .  >  Siccbi  dilU  oggi,  dilli  doôuuii,  il 
rc,  cbe  non  era  di  legno,  al  lenUr  dire  quette  coae  d^  bracdcre  di  maso 
driila,  cbbe  niu  wnjma  curiosité  di  conoscere  taie  rara  bellezu.    Un 
giorno  monta  a  cavallo  col  mo  uguito,  e  passa  davanii  al  pabzzo  del 
bricciere  di  mano  naaca  ;  siavs  appunto  allora  quelU  bellissima  spoea 
affacciaU  aUa  fmetira.  Il  re  pauÀ,  b  vide>  si  senti  lutio  commuovere  in 
petto  il  cuore  al  coniemplare  quella  peregrina  bellezza,  e  susciUieunvivifr- 
•imo  dctiderio  di  oiicnernc  il  poasesso.  H  cominctamenio  delU  variante 
viurbe»  li  rkonneite  al  lema  dcl  Peio  norto  ia  barbj,  ù  dd  principe  eirito- 
najo,  ulvoche,  mentrc  nelle  dilTerenii  forme  di  quesia  novellina  popolare 
il  principe  diipreuato  dalla  figlia  del  re  ai  vendica  col  rafnrla  sotto  men- 
litH  Mmblanu,  col  sedurb,  e  poi  collo  sposarla,  sotioponendob  perd  a 
mallratumenii,  in  quella  il  principe  travestito  da  pecorii)o.  postosi  a 
lervigio  del  re,  padre  delb  principessa  amata,  edivenuto  jardinière  det 
re  kiruo,  la  rapÎKe  pure^  mentr'  essa  un  giorno  passeggia  in  giardino,  per 
vendicarti  dell'  imulto  riccvuto  da  Ici  ;  la  porta  scco  in  uns  capanna,  perà 
non  la  spou,  ma  la  liene  qualc  fantesca,  c  gli  fa  sposare  un  suoservo.  A 
queito  tenu  si  riconnette  una  variante  livornese  :  //  peio  îtom  in  barba, 
0  un'  altra  timbra   ilî  Spolela)  :  Lo  principe  carbonaro,  enirambe  conte- 
mite  itelte  mie  collexioni  invditc  di  novellinc  popolari  livomesi  ed  umbre. 
Pcr  mo  vedi  ancora,  in  Carolina  Coronedi-Berti,  NovelU  popolari  bolo~ 
j^ANi,  quella daltiiolo  ;  Hritlainbarh;Bui\c,  FtntamtrontyC.  [V,T.  to": 
La  stiprrbiit  (astttaia  ;  Krmanno  Knust,  italitinsche  Volksmacrthen,  n"  9  : 
Oit  Kbni^uohn  als  Baxktr  ;  Uaura  Conzenbach,  SicUianisthe  Maerehen, 
n*  18  :  Die  fitdemiiihitiie  Kouiigslodiitr,  cfr.  eziandio  la  novella  di  Lutgi 
Abmanni  iniorno  jlla  Coatuta  dt  Toloia  e  .il  Conte  di  Baralloaa  (E.  von 
Dulow,  Norflltnhch  I,  ai  ;  A.  Keller,  lutUniuher NoyellinichaUll,6i], 
agi^unfi  la  novelb  di  Temistocle  Gradi  variante  senese)  intitolata  :  La 
priatiputt  Salimk*ua^  i  il  principe  urhonajo,  contenuta  nel  libro  :  La 
visfiia  A  Pattiu  é  Ctpfo  ;  riscontra  ancora  Francisco  Adolpho  Coetho, 
Contas  pcpitUru  iwrfti^uruj.  Lisboa,  P.  Ptamier,  1879,  d"  4}  :  0  coatt 


L'ORHA   DEL   teoNE  f  J} 

étPans;  Grimm,  Kinder  ma  Haasntaerchen^  Berlin,  Ed.  Hcn^  f^So, 
n*  ii  :  Koenig  Drosuliart  ;  Ignazio  Zingcrie,  Sagen,  Matichm,  unâ  Ce- 
braeuche  aui  Ttroi,  n"  i,  pag.  4j6;  Prochle,  Kindamatjchtn,  n*  2; 
Asb)oernsen,  Norskt  Fotke-eytatyr  Ny  Siimmting,  n"  4}  ;  A.  Kubn, 
WuifatUfche  Maerchta,  n*  t  j  ;  Crundtvig.  Oamtt  Danske  Htnder  i  Foike- 
mundt^  K.joebenhavn,  1854, 111,  1  ;  Gueuktlc,  Contes  ctiinm,  ou  ann- 
tarts  mcrvtiiUusa  du  maïutaria  Fum-Hoam^  18*  soir6e  :  Ayentures  de 
MogfTtdAin,  roi  tfAgra,  et  de  Rouz-Behari,  princesse  de  Pegu. 

Il  cominciamento  délie  due  variant!  pomiglianesi  e  di  quclla  vene- 
zurna  differisce  un  poco  dalle  alire,  ed  eccolo  :  in  quesie  si  racconta 
di  un  re  clie  si  ubb)ig6  insieme  a  tutti  gli  ahri  uomini  délia  sua 
Corte  che  nessuno  di  loro  dovesse  prender  moglie.  Un  giomo  perù  uns 
dei  corti^ani  vide  una  ragazza  sur  un  balcone,  e  se  n'invagh).  Ne  parlô 
al  padre  di  lei,  e  la  sposà  di  na&costo.  Il  re  perô  lo  seppe,  e  una  volta 
mentte  quel  conigiano  era  u&cito,  euo  andà  a  casa  di  lui  a  vedere  la 
moglie,  perché  seppe  che  era  molio  bella  ;  la  trovô  addormemata,  la 
vide  e  gli  piacque,  e  non  cuniento  solo  di  guardarta,  ancor  la  ^ol!e  pal- 
paree,  per  farciô  con  piCi  gusio,  si  lev6iIguanto,  e,  quandosenepart), 
lo  lasctù  senz'  accorgersene  sul  capezzale  de!  letlo  ;  taie  é  in  Ispecie  il 
cgniinciamemo  dclla  prima  variante  pomiglianese.  Affine  di  visitare 
sua  moglie  nella  variante  lurca,  e  nellealtrepopolari  viterbese,  livornese 
e  vencxiana,  il  rc  dâ  al  mariio  una  Iciiera  da  portar  fuori,  av(!ndo  cos) 
un  pretesto  di  allonianarlo  ;  in  queiia  lurca  e  nella  viierbese  il  conigiano, 
per  dimenticanza,  lascia  în  caméra  ta  lettera  consegnatagli  dal  re  e,  nel 
lilomare  indieiro  a  ripfcnderla,  il  marito  trova  la  pantofula  del  sultano 
prcsïo  il  Ictto  nella  versione  turca,  e  in  queiia  viierbese  il  guanto  dcl  re 
sul  lenoj  poichè,  durante  la  sua  assenza,  la  costui  moglie  é  stata  visitata 
dal  principe.  Net  raccomo  dî  fratc  Jacopo  d'Acqui,  in  quello  del 
Brantôme,  e  cosi  pure  nella  prima  variante  pomiglianese  non  si  parla  di 
alcun'astuzia,  onde  si  serva  il  re  per  allontanare  il  mariio,  poichè  il  re 
appumo  entra  nella  cosiei  caméra,  menire  il  marito  si  irova  assente. 
Nella  prima  variante  palermiuna  lire,  per poiervisitarclabellasposada 
lui  aroata,  ordina  che  nessuno  dei  conigiani  esca  dal  palazzo,  fir.chè  non 
lia  egli  momato,  quindî  anche  il  marito  coià  vîenc  Irâitenuto  ;  intanto  » 
ne  va  il  re  al  palazro  del  bracciere  di  mano  manca,  e  dopo  un  battibecco 
colla  ramènera,  che  non  vorrebbe  lascîarlo  enirare  in  caméra  detla 
padrona,  la  quale  sia  riposando,  sida  il  re  a  conoscere;  la  ouneriera  glï 
chiede  scusa  dell'  osiacola  opposiogli  a  entrare  ;  il  re  perù,  invece  di 
rimproveraila,  prendc  a  lodarla  corne  donna  fedele,  e,  accompagnato  da 
eisa,  entra  in  caméra  della  vaga  spasa.  la  quak  dormendo  pare  anche 
piti  bella,  sicchè  il  medesimo  ne  rimane  incantato  ;  si  leva  un  guanio,  la 
depone  sul  padiglione  del  letto,  guarda  a  lungo  la  donna  e  pot  se  ne 


ff6  ST.    PRATO 

va.  Nella  seconda  variante  portiigIian«e  l'accorgïmento  per  altortanare 
il  mjrito  i  diverso  :  in  questa  il  re,  dtcim  il  consigHo  ricevuione  da 
un  cortigiano.  fa  venire  alla  Cône  la  serva  délia  donna  da  lui  amata, 
e  le  promeuc  una  buona  somma  tli  danaro,  dov'  essa  îrovi  la  maniera  di 
fargli  vedere  la  padrona;  la  serva  ^li  dice  clie  darà  alla  padrona  una 
bevanda  altoppiata,  iE  sonno  la  obbligheri  quindi  a  coricarsi,  e  in  talc  frat- 
lempo.s'  egli  vorri  visiure,  c  conlemplar  lis  vafia  donna,  !o  potrà  farea 
suo  bell'  agio.  Venuta  la  sera  concertata.  con  un  cavalière  va  il  re  alla  casa 
délia  donna  nmata,  la  serva  gli  ha  lasa'ato  la  porta  di  casa  aperta,  ed  essi 
vl  entrano  in  csrrozza.  La  padrona  per  la  bevanda  narcoiica  rlceMila  i 
immersa  in  profonde  sonno  11  re  sale  nctta  caméra  di  Ici,  s'avvicina  al 
lelTo,  si  leva  un  guanto  dalla  mano,  lo  pone  sitl  capezzale  del  leno, 
per  poterla  accarezzare  un  poco,  la  coniempla  ben  bene,  si  ferma 
un  tralto  di  lempo  coIà,  poi  se  ne  parie,  ma  si  dimentica  di  ripren- 
dere  il  guanto.  Anche  nella  variante  abruzzese,  mercè  !a  convenzione 
colla  cameriera,  riesce  il  re  a  vedere  la  donna  amata.  Nella  variante  del 
Syntipjs  non  è  fatta  menzione  di  lettcra,  ma  vi  si  dice  solo  che  il  re  dette 
una  commissionc  a  compiçrc  al  suo  cortigiano.  e  ne!  racconio  del  Libro 
àe  lot  tngannos  si  narra  che  il  re  mand6  il  marito  ail'  eserctto  in  cam- 
pagna*,  nella  variante  venezîana  il  marito,  che  debbe  andar  fiiori  per  pop 
tare  al  suo  destino  laletieraconse^natagli  dal  re.  nella  Treiia  lascia  aperta 
la  pona  di  caméra,  e  offre  quindi  agio  at  re  d'entrarvi.  In  parecchie 
varianti  la  donna,  mentr*  i  visitata  dal  re,  dorme  di  sonno  naturale,  invece 
di  narcolico  propinatale  nella  seconda  variante  pomiylianese;  al  contrario 
nelle  varianti  orieniati  la  donna  à  desta  c  résiste  coraggiosamente  aile 
(iitanze  amorose  del  re  ;  nel  raccomo  de!  Libro  dt  hs  tngamos  il  mezzo, 
a  cui  ricorre  la  donna  per  distoglicrc  il  re  dagi'  insani  propositi  del!'  ille- 
cila  passione  di  lui,  rivela  la  costei  somma  saggezza;  ecco  che  fa  :  menirc 
si  acconcia,  al  re  présenta  un  libro  di  suo  marito,  libro  contenente  leggî 
e  giudizl  del  re  medesimo,  coi  quali  castigava  la  donna  adultéra,  ed  essa 
jnvitj  il  rc  a  leggerlo  in  quel  fraitempo.  Il  re  âpre  il  libro,  e  trova  nel 
primo  capitolo,  corne  l'adulterio  dcbba  essere  proibiio  ;  a  siffatta  Icttura 
cosiui  sente  vergogna  grave  di  se  siesso,  pentesi  molio  di  quello  che 
voleva  fare,  depone  il  tibro  sul  pavimcmo,  esce  dalla  caméra,  e  lascia 
i  sandali  soito  it  letto,  sul  quale  si  era  adagiato.  Quesio  particolare 
occorre  anche,  ma  molto  indeboliio,  nel  racconto  persiano  dei  Settt  Visiri^ 
dove  si  traita  di  un  libro  qualunque.  Nel  racconto  lurco  la  donna  saggia 
e  bella,  prima  che  il  sullano  le  dichiari  il  suo  amore,  pronuncia  i  versi 
arabi,  di  cui  sopra  ho  riportato  la  traduzione  e  il  cui  senso  allegorico  a 
quello  mostra  chiaro  l'inutilità  délia  sua  tmpresa,  e  ne  lo  fa  desistefe. 
Nel  racconto  del  Brantôme,  allorch*  i!  marchese  di  Pescara,  viceri  dî 
Sicilia  (la  sola  variante,  in  cui  sia  il  proiagonista  un  vicerè,  invece  di 


L^ORMA  DBL   LEONE  Jjy 

«ère  an  re),  una  mattïna,  durante  l'assenza  del  marito,  visita  in  caméra 
k  bella  sposj  da  lut  amai.i,  .incora  corïca,  benchè  desta,  dopo  un  collo- 
^BÎo  cenuto  seco,  non  nv  oiticiie  aliro  favorc  che  qucllo  di  vederla  e  con- 
ttmplarla  a  suo  beir  agio  sono  le  lenzuola.  e  di  palparla  pure  colla  mano  ; 
qui  mi  sia  lecito  osservare  che  taie  concessione  faita  03  lei  ait'  amanic 
rivcli  come  questa  donna  fosse  di  gran  lunga  tneno  savia  c  onesu  di  quella 
dell'  altre  vcrsioni  del  prescrite  racconio  ;  quîndi  non  mi  reca  stupore  la 
conclusione  del  racconto  che  fa  iravedere  una  certa  increduliii  dcH'  autore 
suU'  assoluia  innocenza  di  quesia  donna  coLle  parole  :  «  Voilà  encor  un 
bon  mary.  qui  ne  s'ombragea  pas  trop,  et,  se  despouilbni  de  sobçon, 
pardonna  ainsi  Â  sa  femme.  »  Nel  solo  racconto  del  Mib  di  Maiteo  da 
Vendôme  ia  bella  Afra,  moglie  di  Milone  (la  cui  nra  beltez/a  vtcne 
iall'  autore  in  modo  particolarcggiaio  descritia  con  versî  poveri  e  vol- 
gah)  in  assenza  del  iiiarito  andato  in  campagna  a  lavorare,  cède  aile 
soUecitazioni  del  rc  di  Ici  invaghito  e  soccombc.  Al  ritorno  inaspettato 
li  Milone  nella  freitolosa  fuga  il  re  dimenilca  in  caméra  i  suoi  sandali. 
Nel  racconto  di  fraie  Jacopod'Acqul  e  nella  variante  veneziana  cntrando 
il  re  nella  caméra  délia  donna  amata,  e  appressatosi  al  cosiei  letto, 
anzichè  scoprirla  ( per  poierla  meglio  ammirare,  corne  nelle  attre  variantif, 
in  quello  vedendole  scoperte  le  braccia,  glielc  ricoprcj  e  in  quesia  scor- 
gendola  col  seno  scoperio,  gli  pare  conveniente  di  doverla  ricoprire, 
I  perché  la  donna  de&tandosi,  non  dcbba  vergognare  di  sa  slessa;  talc 
mo  cavalleresco  è  proprio  degno  di  un  re. 
Nelle  differenti  version!,  per  il  turbamemo  e  per  la  fretta  dell'  uscire,  il 
re  dimenùca  un  o^(;etio  n^lla  caméra  delb  donna  amata  presso  il  costei 
lelto.  Nel  racconto  dei  Seiie  Viuri  il  re,  dopo  aver  cenaio  presso  la  donna 
tanto  a  lui  cara,  fa  le  sue  abluzioni  prima  di  panire,  e  dimemica  il  proprio 
anello sotto  uno  dei  cuscini del  lofà.  Anche  nel  Syntipas  it  re  lascia  l'anello, 
invecc  nel  Libro  de  los  tniannos  egli  dtmeniica  i  sandali,  come  pure  nel 
Milù  di  Matteo  da  Vendôme  e  nell'  Adjaïbel  Meaur  una  pamofola  ;  al 
contrario  nel  Mischlr  Stn^abar  il  re  vi  scorda  il  basione  che  leneva  in 
mano  cntrando  ;  in  tutte  le  altre  varianii  al  contrario  egli  \-i  lascia  un 
guanto,  sulla  cui  denominazione  figurala  occorrente  nelle  medesime, 
«opra  si  sono  faite  varie  considerazioni.  Al  vedere  quesii  oggetti  del  re 
nella  propria  caméra  il  mariio  sospetta  d'infedelià  la  moglie,  ma,  per 
t  timoré  e  riguardo  del  re,  non  ne  fa  mono  a  persona  ;  solo  per6  si  asiîene 
'dal  frequenlar  la  infedele.  Nelle  variant)  oricntali  vedcndosi  la  donna, 
trascurata  da  suo  mariio,  ne  parla  coi  parenii,  che  la  fanno  citare  davanii 
al  re,  o  davanti  al  cadt,  per  renderc  conio  délia  sua  condotta,  per6  nel 
racconio  del  Libro  de  lot  tng<innos  il  marito  a'parenti,  cui  sua  mo^Iie  ha 
fiute  le  propric  Ijgnanr^c,  dtce  la  ragione  délia  frcdJczza  usau  tino  allora 
con  lei,  e  questa  si  è  ch'egti  ha  irovato  sotto  il  leiio  nuziale  i  undali  del 


î^8  ST.    PRATO 

re.  Allora  i  parenti  gti  dicono  :  «  Andiamo  adnso  dal  rc,  e  parlâmogli 
liguratamente  di  qu<si'3zion«  dî  tua  moglie,  «  non  dichiariamogli  il  fimo 
apertaraente,  e  se  que^gti  è  sagnce,  rinienderi  subito  »  vdo.  »  Cûs)  fanno. 
Nelle  «ttre  varianii  invccc  il  rt,  pcr  vcnïre  a  dîchianrc  la  innocema 
délia  donna,  imbandisce  un  pranzo,  al  quale  invii3,  oltre  a  tutti  glj  aliri 
cortigiani,  anche  qucllo  che  posstedc  la  vaga  donna  ambna  dal  n  insiemc 
a  cDsiei  ;  il  re  propone  cbe  ogni  commensale  per  ricre^izione  dtca  una 
canzonetU,  ed  in  questo  modo  viene  agevoiata  la  via  da  lui  alla  spiega- 
zione  mutua  de'  due  conjugi,  e  addimostrata  la  innoc«nza  délia  donna. 

L'altcgorica  conclusione  nelle  variami  orientali  e  cosl  pure  nel  rac- 
conio  àc\  Milo  di  Matteo  da  Vendôme  i  la  seguente  ;  cominciano  i 
paremi  a  dire  al  re  :  «  Sire,  noi  avevamo  daio  a  quest'  uomo  un  campo 
(una  terra,  un  gbrdino,  una  vigna)  perché  la  cohivasse,  lo  fécondasse,  e  ne 
godesse  t  fruiii  ;  egli  cosi  fece  pcr  lungo  tempo,  mada  un  pezzo  omette 
di  lavorarlo  e  lo  lascia  in  abbandono,  adunque  o  ce  lo  restituisca,  o 
almeno  prosegua  a  cohivarlo  seconde  il  suo  dovere.  »  Il  mariio  dal  re 
inierpeliaio  risponde:  o  Essi  dicono  la  verità,afTerTnando  che  mi  dettero 
un  campo  a  la%'orare;  ma  un  giomo  vi  passai,  m'awenni  colA  nell'  orroa 
d'un  leone,  e  tenvendo  che  questo  sbranarc  mi  volesse,  tralasciai  di  eolti- 
vare  la  terra.  »  Il  re  allora  soggiunge  :  a  È  Tero  che  il  leone  peneirô 
nella  terra,  ma  non  vi  fece  cosa  che  ti  poicssc  dispiacere;  nicnte  di  maie 
ti  provenne  da  lui  -.  riprendi  percià  la  tua  tern  e  coltivala,  corne  prima.  ■ 
Nel  racconto  del  Brantôme  la  soluzione  non  ha  luogo  per  mezzo  dd 
pran/o  imbandito  dal  re,  ma  diversamenie  :  la  dorina,  scritti  sur  una  carta 
i  primi  quattro  versi.  Il  iascïa  poi  su  di  una  tavela;  il  marito  veduiïli  ad 
essi  risponde  con  altri  quatiro  lasciandoli  pure  sulla  stessa  lavola;  questi 
versi  vengono  ponaii  al  re,  il  quaîe  ve  ne  aggiugne  in  risposta  definitiva 
quattro  altri,  che  risolvono  la  questione.  In  quasi  luite  le  varianti  prende 
a  parlarc  la  donna,  a  cui  risponde  prima  il  marito,  e  poi  il  re  sempre 
in  versi,  ma  te  due  varianti  pomiglianesi  sono  un  po'  difetlose  in  questi 
parte,  e  nella  prima  mancano  assolutamente  le  parole  del  re.  nella 
seconda  il  rc  risponde  in  prosa  e  dice  ;  «  Aggiate  pacien?ie,  'sta  posera 
figliole  nu'  ne  canosce  nîeme  ;  mo'  ve  conte  i'  o'  fatte  comme  va.  » 
E  dopo  esso  racconta  romn  ha  fatto  e  cosi  vien  risiabilita  la  pace.  La 
variante  viterbese  del  pari  è  dîfetlosa,  perché  vi  manca  la  risposta  in  versi 
del  marito  ;  nel  racconto  poi  di  frate  Jacopo  d'Acqui,  nella  seconda  ver- 
sone  palermilana,  e  nella  marsalese  comincia  a  partare  il  marito,  ma  i 
versi  che  egli  pronunda  e  i  due  primi  che  dice  la  donna  in  questa  ver- 
sione  appartengono  manifestamente  ad  un'  altra  canzone,  e  ïnfelicemente 
furono  appiccicaii  a  questa.  Concordano  pienamente  i  versi  pronunciati 
dal  marito  (vi  mancano  perd  quelli  del  rej  nel  racconto  di  ixaxt  Jacopo 
d'AcquI  e  nella  seconda  variante  palermitana  con  alcunï  de'  versi  citati 


J 


L'ORMA   DEL   LEONE  ^59 

lopra  di  queir  antica  canzonetta  per  balto  d'ori^ne  siciliana,  da  cui 
avrebbe  il  Boccaccio  cavato  i  due  che  riporia  in  fine  alla  novetla  della 
Usabetta,  più  addietro  indicatl.  Ecco  la  conclusions  in  versi  nelle  diffe- 
renti  lezioni. 

Variante  viterbese  : 

Mof^ie  :  Vigna  ero  e  vtgna  so', 

Era  podata  ed  ora  no  ; 

Pe'  'na  trampa  de  lione 

No  'me  poda  'I  me'  padrone. 
Harito  :  Manca. 

Re  :  Nella  vigna  io  entrai, 

'Na  pampana  v*  alzai. 

Ma  l'  ua  nun  la  tocai  ; 

Giuro  a  voi,  o  servo  mio, 

Nun  la  tocai  sull'onor  mio. 

Variante  livomese  : 

Moglie  :  Vigna  ero  e  vigna  sono, 

Ero  potata  e  ora  non  sono, 

E  non  so  per  che  ramone 

Non  mi  pota  'I  mî'  padrone. 
Marito  :  Vigna  eri  e  vigna  sei. 

En  potata  e  ora  non  sei  ; 

Per  ta  granfia  del  leone 

Non  ti  pota  '1  tu*  padrone. 
Re  :  Ti  giuro,  o  mio  vassallo, 

Sulla  corona  mia, 

Che  netla  vigna  entrai, 

Ahai  la  pampana, 

E  t'uva  non  toccai. 

Variante  leccese  de'  solî  versi,  riportata  dall'  Imbriani  in  nota  alla 
I*  var.  pomiglianese  : 

Moglie  :  Vigna  eru  e  vigna  su', 

Eru  putata  e  mo'  nu'  su*. 
Harito  :  Pe'  la  guancia  de  lu  glione, 

La  vigna  ha  perzu  la  sua  stagione. 
Re  :  Signursl,  a  la  vigna  andai, 

Tutte  le  pampane  spampanai. 

Ma  lu  giuru  pi'  'sta  cunina 

Ca  1'  ua  nu*  la  tuccai. 


$6o 

Variante  i*  pomiglianese  : 


ST.    PRATO 


Moglie 


Marito 


2*  var.  pomigl. 
Moglie  : 


Marito  : 


Villa  era  e  villa  sono, 
Era  amata  e  mo'  non  ci  sono  ; 
lo  non  so  per  quala  ragione 
Non  mi  tratta  più  il  mio  padrone. 
Per  la  guancia  del  leone 
Non  ti  tratu  il  tuo  padrone. 

Villa  era  e  villa  so', 
Era  amata  e  mo'  nu'  nce  so  ; 
Non  mi  ama  il  mio  patrone, 
lo  non  so  per  quala  ragione. 
Per  la  guancia  del  leone 
Non  ti  ama  il  tuo  padrone. 


Variante  messmese 


Moglie  : 


Marito 


Vigna  era  e  vigna  sono, 
Per6  amata  più  non  sono  ; 
Non  so  per  quai  ragione 
Perduta  ho  la  stagione. 


Vigna  en  e  vigna  sei, 
Per6  amata  più  non  sei. 
Hai  perduta  ta  stagione 
Per  la  griffa  del  leone. 

Re  :  Netla  vigna  sono  stato, 

Fronde  e  pampani  ho  toccato. 
Ma  det  frutto,  giuro  a  Dio, 
Non  gustai,  perché  non  mio. 

Marito  :  Se  cosl  la  cosa  è  stata. 

Tua  stagion  non  è  passata. 

Variante  veneziana  : 

Moglie  :  Vigna  era  e  vigna  son, 

Amata  era  e  più  non  son, 

E  non  so  per  quai  cagion 

Che  la  vigna  ha  perso  la  so'  stagion  (sic). 
Marito  :  Vigna  eri  e  vigna  sei, 

Amata  eri  e  più  non  sei, 

Per  la  branca  det  leon 

La  vigna  ha  perso  la  so  stagion  [sic]. 


L'ORHA   DEL   LEONE  561 

Re  :  Ne  la  vigna  io  son  entfato, 

Di  que!  pampani  ghe  n*  ho  tocato  (sic)  ; 

Ma  Io  giuro  per  la  corona  che  porto  in  capo  (sic), 

Che  de  quel  fruto  no  ghe  n'  ho  gustato. 

Prima  var,  palennit.  : 

Moglie  :  Vigna  era  e  vigna  sugnu, 

Era  stimata  e  ora  nun  sugnu  ; 

Senza  causa  e  raggiuni 

Haju  persu  la  me'  fataciumi. 
Marito  :  Vigna  en  e  vigna  si', 

En  stimata  e  ora  nun  si'  ; 

Hi  jeni  l'occhi  'ntra  lu  pavigghîuni, 

Vîtti  la  'nguanta  de  lu  me  liuni, 

Ed  hai  persu  la  to'  fataciumi. 
Re  :  Di  'ssa  vigna  chi  parrati, 

Diu  mi  senti  e  Diu  lu  sapi, 

E  la  pampina  di  'sta  vitt, 

Nu  'la  c6si,  ne  la  toccai, 

Pri  'sta  curuna,  chi  m' incuninai  ! 
Variante  abruzzese  : 
Hogtie  :  Vigna  so'  stat'  e  vvigna  jio  sone, 

Prime  ère  culdevate  e  ore  non  zo' 

Ma  jio  non  zo'  quale  sia  la  ccaggione 

Che  la  vign'  à  pérze  'I  suo  patrone. 
Marito  :  Per  una  zzamba  del  lehone 

La  vigne  à  pérze  la  sua  staggione. 
Re  :  A  la  vigna  tue  ji'  c-i-âgge  state, 

La  pambulétte  l'igg  -i-  alzate  ; 

Ma,  per  quésta  crâne  che  tténg'  al  cape, 

Ho  wiste  1'  uve,  e  nne*  11'  ô  ttuccate. 
Variante  roarsalese  : 
Marito  :  Bemminuta,  donna  savia, 

Cu  'ssu  saviu  parlari, 

lu  mi  susu  di  la  tavula, 

Assittativi  a  manciari. 
Hoglie  :  lu  nun  vinni  pi'  manciari, 

Mancu  vinni  pi  'sidiri  ; 

Vigna  era  e  vigna  su', 

Dicitimi  pirchl  fu  i 
Re  :  A  la  to'  vigna  hè  annatu, 

Rose  e  ciuri  haju  tnivatu, 

Koaunia,  XII  36 


^PH 

^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^1 

■                    i62 

^^^v                    ^^^^^^^^^^^^^1 

^^^^ 

la        sagra                                ^^^^^^^^^^^| 

^^^^L 

haju  tnaniaiu,                             ^^^^^^^^^| 

^^^^ 

La  'nguanta  di  liunt  1'  haju  lassatu.            ^^^^^^^H 

^^^^^           Virtante  del  Brantôme                                                                 ^^^| 

^^^H 

Vigna  era,  vigna  son,                                              ^^^^| 

^^^H 

Era  podata  e  più  non  son  ;                                       ^^^^| 

^^^^ 

K  non  so  per  quai  cagion                                        ^^^^| 

^^^1 

Non  tni  poda  il  mio  palron.                                     ^^^^| 

^^^^B 

Vigna  eri,  vigna  sei,                                            ^^^H 

^^^^Ê 

Bri  podaia  e  piît  non  sa;                                        ^^^^| 

^^^H 

Per  la  granfa  del  Eeon,                                           ^^^^H 

^^^H 

Non  li  poda  il  luo  padron.                                      ^^^^| 

^^H 

A  U  vigna  che  voi  dicete,                                       ^^^H 

^^^H 

lo  fui  e  qui  resleie  (su)  ;                                     ^^^H 

^^^V 

Alui  il  patnparo  (iû^ ,  guardai  la  vite,                     ^^^H 

^^^H 

Ma  non  toccai,  si  Dio  m'  ajute  [tic].                       ^^^H 

^^^H            Variante  dî  frate  Jacopo  d'Acqui                                                   ^^^^| 

^^^^L 

Una  vigna  6  piaRlà',                                              ^^^^1 

^^^^H 

Per  travers                                                       ^^^^| 

^^^1 

Chi  la  vigna  m'  ha  goastà',                                     ^^^^| 

^^^H 

Han  fait  gran  peccà'                                               ^^^^| 

^^^1 

Di  far  ains  che  tant  mal  \?)                                     ^^^^M 

^^^^H 

Vigna  sum,  vigna  saray,                                        ^^^^| 

^^^^Ê 

La  mia  vigna  non  fall  may.                                    ^^^^H 

^^^^Ê 

Se  cosst  i  como  i  narra*,                                        ^^^^| 

^^^M 

Plu  amo  la  vigna  che  fis  may.                                ^^^^Ê 

^^^^P 

^^^^Ê 

^^^^B 

Una  vigna  avia  chiantatu,                                      ^^^^H 

^^^v 

Ma  pi'  dintra  ce'  «ni  entratu                                   ^^^^| 

^^H 

Cu  ta  vigna  m'  ha  guasiatu,                                    ^^^^| 

^^^Ë 

Iddu  ha  fattu  gran  piccaiu*.                                   ^^^H 

^^^^k 

Vi^na  M  sutu  e  vign?  sugnu,                              ^^^H 

^^^^Ê 

E  curata  cchiîi  nun  sugnu»                                     ^^^^Ê 

^^^B 

Ma  quai'  enî  la  ragiunj,                                          ^^^^| 

^^^^H 

Ca  'un  mi  cura  lu  patruni  ?                                    ^^^^| 

^^^^H 

Vigna  ha'  statu  e  vigna  si\                                    ^^^^H 

^^P 

Ma  curaia  cchiù  nun  si'j                                         ^^^^| 

^1                    r.  N«l  Vi«o 

queslo  verso  invtce  i  cosî  ;                                                             ^^Ê 

^^H 

Havi  (iitu  gran  piccalu,                                                            ^^M 

^^^^^_         A  quMto  pDÎ  se  ne  aeciugne  un  .iJtrc,  che  è  il  seguente  :                                       ^^M 

^K^ 

*1 

^9         I 

l'ORHA   DEL  l^ONB  jÇj" 

Pi'  'na  vranca  di  draguni, 
Ca  truvau  lu  to'  patnini. 

Re  :  'Nta  'ssa  vigna  io  cci  hé  statu, 

Una  frunna  haju  tuccatu, 
Una  vranca  ci  hi  lassatu  ; 
Ma  ti  juru  a  Dïu  sagratu 
Ca  racina  'un  n'  hè  manciatu. 

Marito  :  S' iddu  i  cornu  m'  haï  juratu, 

Ca  'na  frunna  haï  tuccatu, 
E  racina  'un  'n  hn'  manciatu, 
L'  amu  quantu  I'  haju  amatu. 

Osservianiû  ancora  chc  menireil  nome  figuralivo  delta  donna  nclle  dlffe- 
renti  versioni  è  vi^na,  nelle  due  pomiglîanesi  al  contrario  è  vilia,  e  invecc 
dell'  «pressionc  brùnca  dtlltont  più  comune,  vi  occorrc  l'altra  cxtAgaan- 
cû  dtl  teonc,  e  l'Imbriani  afferma  in  nota  che,  quaniunqut  altri  creda  si 
debha  correggere  guancia  in  granfi^i,  tuitavia  la  voce  gaanc'u  abbia  pure 
il  significato  di  mano  ;  nella  seconda  variatue  palermîtana  la  vranca  dtt 
iiuniè  muiala.  forse  per  storpiatura  de!  popolo.  in  vranca  di  draguni. 
V'ha  chi  vorrebbe  scorgere  qualche  rapporto  (ra  la  tradizione  présente  e  la 
novella  délia  Marchtsa  dtl  Monferrato,  ^'  délia  I"  Giom.  ne!  Dtcamtrone; 
ma  se  occorre  sui  princïpio  qualche  lontana  anatogia  fra  enirambe,  la 
chiusa  loto  t  det  tuito  diverse.  [nvec<  la  tradizione  orientale  si  assomiglia 
molto  più  al  raccomo  di  Davide  e  Betsabea,  e  un  rafTronto  fra  l'una  c 
l'altro  chiara  inostra  siffatia  maggiore  idemità  ;  e  invcro  nella  tradizione 
orientale  il  re,  stando  al  balcone  del  suo  palazzo,  vede  la  bella  mogUe 
del  suo  conigiano,  se  n'  innamora,  e  ne  agogna  il  possesso  ;  nel  racconto 
bibtico  poi  David  parimente  dal  terrazzo  délia  sua  reggia  scorge  Betsabea 
moglic  del  suo  générale  Uria,  menlre  la  medesima  è  nel  bagno,  ed  aspira 
pure  a  farb  sua  ;  il  re  orieniate  entra  in  caméra  délia  donna  amata,  aven- 
done  faito  allonlanare  il  marito,  per6  k  sue  amorose  istanze  ricevono 
un'  accrba  ripulsa,  che  l'obbligano  a  partirsene  vergognosamente;  David 
■t  contrario  incita  nel  suo  palazzo  Betsabea,  ma  qucsta  cède  senz'  alcuna 
mistenza  aile  voglie  del  re,  anzt  vi  accondiscende  assai  di  buon  grade, 
con  una  facilita  propria  d'una  cortigiana  e  non  gîà  d'una  donna  onesta, 
quate  invece  appare  la  proi;igoritst3  délia  tradizione  orientale.  Acciocctii 
poi  il  marito  di  Betsabea,  Urta,  cbe  milita  allora  soito  Cioabbo  ail'  asse- 
dio  di  Rabba  controgU  Ammoniti.non  gli  possaconiestare  più  il  possesso 
delta  moglie,  or  divenuta  sua  vile  druda,  manda  l'  ordine  secrète  a 
I  Cioabbo  di  (are  in  modo  che  Uria  rimanga  ucdso  dal  nemico.  Il  che 
■wiene  poco  dopo,  avendogli  Cioabbo  affidaio  un  posio  pericoloso,  per 
combattervi  contro  l  nemid.  Quindi,  mentre  la  conclustone  del  racconto 


(64  ST.    PRATO 

orientale  è  d'un*  irreprensibile  moralità,  e  mené  in  bella  vista  la  virtiï 
délia  donna,  la  chiusa  della  narrazione  biblica  è  d'una  rivoltânte  ïmmo- 
ralilà,  e  ci  présenta  in  Betsabea  la  donna  più  pervertiia  e  sfticciau  che 
mai  si  possa  dare. 

Prima  di  compiere  la  illusiraTione  dî  qucsio  racconto  orienlale  mi  piace 
qui  d'indicare  un'  altra  novella.  d'indole  aiïatio  divcrsa,  nelU  quale  rîcorre 
quella  comparazione  délia  donna  ad  un  giardino,  o  ad  un  praio.  £ssa  é 
intitolau  :  La  sentence  arbitrait  e  per  la  medesJma  vedi  Anthologie  taty  ri^ae, 
ripenoirt  det  mtiUtarts  poisks  et  chansons  joyeusci parues  enjtaniait  àtpu'u 
Cltmenl  Mtirot  jus^ju'à  riot  jours,  publié  par  et  pour  U  Société  des  bibliophiles, 
tomi  oiio,  Luxembourg,  imprimé  par  1«  presses  de  la  Société,  1877, 
t.  ] V,  pag.  1 72,  l'argomento  di  essa  è  il  segueme  :  il  giovane  vicario  di  un 
paesello,  un  ceno  Messire  Imben .  sul  pulpiio  avendo  parlato  aspramenie 
de)  gentil  sesso,  la  bella  moglte  d'un  vecchio  casiellano,  ancor  sul  fior 
dell'  eià,  stizziia  di  ci6,  fa  venire  in  sua  casa  il  ^ovane  prête,  e  s'împegna 
di  îarlo  prevaricare  ;  scommeite  costui  cenio  scudi  d'oro  che  résistera  alla 
seduzione,  ma,  non  ostanie  la  propria  accorteiza  e  te  caulele  da  lui  prese 
cadc  mal  suogradonellranellote&ogli  dalla  vagae  giovane  castetlana.che 
prétende  dî  aver  vinto  i  cemo  scudi  ;  invcce  il  prête  giieli  contesta  dicendo^ 
che  dov' ella  non  lo  avesse  posio  ncll' impossibilité  di  resisterle,  non 
sarebbe  succeduto  nulla.  Viene  il  mariio  întamo,  ed  il  prête  lo  servie 
per  toro  arbitro,  esponendogli  il  fatto  cot  seguente  racconio  allegorico  : 
«  Un  giorno  cavalcando  su  di  un  mio  polledruccio  me  n'andavo  ad 
amminislrare  l'estrema  unzJone  a  un  moribondo  ;  era  a  met^  iuglio,  e 
faceva  un  gran  caldo  ;  acceso  di  sete  veggo  un  timpido  ruscelletto 
scorrere  su  d'  un  prato;  per  rinfrcscarvi  le  mie  aride  faud,  a  tal  fine, 
lego  il  polledruccio  al  rronco  d'un  oimo,  ma  mentre  sio  bevendo  col  mag- 
gior  gusio,  capita  ivi  una  donna,  e  ne  scioglie  la  cavezza;  it  polledruccio 
libero  di  se  galoppa  per  it  prato  appanenenic  a  quelb  donna,  e  fa  guasto 
nel  suo  fieno  ;  io  avanti  mi  ero  obbligato  a  pagarle  i  danni  che  it  polle- 
druccio avesse  potuio  fare,  quando  esso  da  se  medesimosi  fosse  sdotto  : 
ora  la  donna  pretenderebbe  che,  per  la  corsa  e  il  guasto  faiio  dal  polle- 
'  druccio  sul  suo  prato,  io  dovessi  pagarle  il  danaro,  e  vosira  moglie  i  pure 
di  quest'avviso.  »  —  «  Vol  perô  non  pagtierele  un  soido,  gli  rispondeil 
casTcilano,  chccchè  opponga  in  contrario  mia  moglie  ;  voi  non  dovcle  nulla 
I  alla  donna  dcl  prato  :  il  polledruccio  fece  il  suo  mestierc;  lanto  peg^ 
per  chi  andô  a  sdoglierio.  »  La  variante  di  questa  novella,  con  una  con* 
clusione  analoga,  si  legge  neï  Contes  à  rire,  eu  récréations  françùsts, 
lomi  ire,  Paris,  aux  dépens  de  la  Compagnie,  1769,  1.  ri,  pag.  t;8  : 
Sttbtiliii  d'un  homme  pour  faire  déclarer  son  haie  coca  par  lai-mime  ,*  cosl 
pure  in  Grécourt,CEii»'r«djwjej,  Amsterdam,  Arksiée  et  Merkus,  177s, 
quattrotomi,  I,  pag.  246,  vedi  il  conio  in  versî  :  L'abatttur  deaoi- 


L'ORMA   DEL   LEONE.  565 

settes  ;  riscontra  eziandio  Nicolas  de  Troyes,  Le  grand  parangon  des  noa- 
niUs  nouvelles^  publié  d'après  le  manuscrit  original  par  Emile  Mabilte. 
Pans,  F.  Vieweg,  1869,  pag.  20;,  n<>  47.  Un  analogo  commciamento 
perô  senza  1'  allegorica  chiusa  occorre  in  Aloyse  Cynthio  de'  Fabritiî, 
Libro  délia  origine  delli  volgari  proverbii,  ecc. ,  Vinegia,  Bemardino  e  Matteo 
dd  Vitali  fratelli,  )o  sett.  1 526,  n"  ;9  :  Per  via  si  contia  soma,  cfr.  pari- 
mente  U  novelte  di  Centile  Sermini  da  Siena,  ora  per  la  prima  volta  raccolte 
epuiblicate  neUa  loro  integrità,  in  Livomo  coi  tîpi  dt  Francesco  Vîgo,  1877, 
pag.  1 20,  K>  7  :  Papino  e  Giovan-Bello.  In  questa  novelia  Lauretta  moglie 
di  Papino,  obbligata  quasi  dal  marito  per  la  stretta  dimestichezza  che  ba 
con  Giovan-Bello,  è  tratta  a  mancar  di  fedeltà  a  suo  marito,  e  per  giu- 
stificar  l'accaduto  gli  racconta  un  sogno  fattosi,  analogo  al  racconto  alle- 
gorico  précédente,  e  Giovan-Bello  a  tei  narra  un  altro  sogno  ;  i  due 
amanti  cosl  ne  prendono  argomento  per  cacciar  via  ogni  scnipolo  e  pro- 
seguir  la  tresca  incominciata. 

Stanislao  Prato. 


CONTES    DE   LA  BIGORRE. 


Les  contes  suirams  ont  M  recueitlis  à  Bagnères-de-Bigorre  et  i  Asté,  Bien 
que  ces  deux  localilés  soient  itiez  r«pproch*ei  (Ailé,  canton  de  Campan,  se 
trouve  sur  la  rive  droite  de  l'Adour,  â  4  kilomètres  au  midi  de  Bagnères),  lei 
patois  justifient  le  proverbe  :  CmIo  bihtyt  seau  Itngatjc.  La  difléreacr  U  plus 
sensible  consiste  en  ceci  qu'i  Bagnères  iz  semi-vuyelle  ou  reinpbce  sourent  I2 
consonne  blinc  b,  conservée  i  Asté  rt  i  Campan. 

Une  autre  différence  très  appréciable  se  remarque  dans  U  TO]relle  atone  qDÎ 
temine  un  très  grand  nombre  de  mou.  A  Bagnères  cette  voyelle  peut  se  rendre 
par  S  faible,  i  Aité  par  à  ;  en  réaliti  c'»t  un  wn  interBiédiaîce  entre  (  et  « 
mais  plus  voisin  de  a.  Enfin,  à  Campan,  surtout  lor^u'on  s'enfonce  profondé- 
ment dans  la  vallée,  U  voyelle  finale  se  rapproche  l>eaucotip  de  t.  Dans  les 
conter  recueillis  â  Asie,  et  qui  mettent  en  scène  des  habiianu  de  Campn,  crtte 
particularité  est  relevée  et  un  peu  exagérée. 

A  Gerde,  village  situé  à  2  kHométres  au  sud  de  Bagnires.  on  emploie  on 
i  la  place  du  b  latin,  nais  la  voyelle  finale  n'est  pas  an  0  aussi  ditlinct  qu'i 
Bagnères  ;  elle  semble  conserver  le  souvenir  de  l'j. 

Nous  sommes  porté  h  croire  que  la  voyelle  finale,  qui,  I  Bagnérn,  tend  i  se 
conloodre  cotnplètirrncnt  avec  d,  était  primitivement  un  son  intermédiaire  entre 
e  et  A.  La  preuve  se  trouve  dans  les  plus  anciennes  chartes  de  Bagnères-de- 
Bigorre.  On  écrit  dans  le  même  docunienl  conogade  et  eonogada,  raust  et  laai^, 
(Fors  ((Comamts  de  Begniris-dt-Bigortt.  1251  ;  Bullttia  Ramimd,  1882;  Règle- 
ment municipal  de  Bagnères,  laÉo  :  Maile  des  «rcAim  dip^rtmoftaltt,  p.  167, 
n'  188  et  planche  XXXVII.) 

Nous  efforçant  de  reproduire  les  sons  dans  lenr  variété,  nous  n'avons  po 
adopter  l'orthographe  proposée  par  M.  Lespy  dans  sa  grammaire  bèanuise, 
orthographe  qui  est  un  retour  aux  lormes  anciennes.  Nous  n'avons  pas  voulu 
non  plus  adopter  une  graphie  purement  phonétique  :  nous  nous  somoMS  servi 
des  conventions  actuellement  adoptées  pour  la  langue  françabe.  Bien  que  oe  sys^ 
téme  soit  asse^  imparfait,  il  a  du  moins  l'avantage  de  ne  mettre  sous  les  jreujc 
des  lecteurs  que  des  notations  auxquelles  iU  sont  accoutumés.  Les  gens  mêmes 
du  pays  tiraient  difficilement  leur  propre  patois  si  les  sons  n'y  étaient  pas  expri- 
més cooformément  au  seul  usage  qu'ils  connaissent. 

C'est  d'ailleurs  le  parti  qu'a  pris,  sauf  pour  Ih,  M.  Aleiis  Peyrct  {Counttrj 
frwrn«,  Concepcton   del  Uruguay,    1870,  48  p.  in-8').  Il    s'exprime  ainsî' 
p,  4j  :  c  Avant  d'aller  plus  loin,  je  dots  dire  que  je  n'ai  pas  adopté  l'onho- 
«  graphe  établie  par  M.  Lespy  dans  son  eicdlaite  grammaire  parce  que  j'ai 
■  voulu  faciliter  la  lecture  du  béarnais.  ■ 


CONTES   DE   LA   BIGORRE  )$7 

Nous  avons  accepté  »ec  qariques  modi  Eut  ions  l'orthographe  usitée  iini  le 
nrti  publintions  laites  sur  le  patois  de  Bagnères*. 

Nous  aunons  pu  mettre  t  final,  ainsi  que  le  v«-ul  M.  Lespy,  en  prévenant 
qn'id  il  bnt  le  uiduire  par  o,  ailleurs  par  4  et  plus  loin  par  e.  tt  nous  a  semblé 
qu'il  était  préférable  de  rendre  sensible  aux  yeux  l'impression  perçue  par  l'oreille. 

Mais  eiaminons  comparativement  l'ancienne  et  la  nouvclk  orthographe  : 

Pour  .1  pJi  de  difficulté.  Les  royelles  longues  a,  i  soirt  mirfjuées  dans  les 
Mciefis  xttlei  de  Bigorre  par  le  redoublement  de  la  voyelle  {m,  ii)  :  nous 

iploierons  t'acceot  circonftae,  ex.  :  pti  =  pancm,  è!  =  vinum. 

Pour  t  final  M.  Leipy  reconnsil  qu'il  se  prononce  dans  certains  mots  comme 
un  0  adouci  {Crammatrt  biarnaisi,  p.  ii)  et  que,  dms  certains  textes,  il  était 
remplacé  par  a  \Gtamai.  kiarn.,  p.  j). 

Vt  muet  n'existe  pas;  mais  inJépcndatnment  de  U  ouvert  et  de  \'t  fermé, 
M.  Leipy  a  appelé  l'attention  sur  Vf  doucement  fermé.  C'est  l'atone  posttonique 
de  fttntr;  nous  le  rendons  par  t  sans  accent.  Le  plus  souvent  \'t  final  ou  occu- 
pant la  dernière  syllabe  est  doucement  fermé.  11  nous  suffira,  i  l'exemple  de 
H.  Lopy  (Cr.  Iftarn.,  p.  lo}  d'indiquer  par  l'accent  aigu  l'<  fermé  qui  occupe 
cette  position  dans  les  mots,  et  qui  est  alors  tonique.  Ex.  iirrf,  rien. 

Conformément  i  l'usage,  nous  distinguons  Vt  ouvert  par  l'accent  grave. 

Oass  les  mots  terminés  par  t,  d  et  n,  la  tonique  le  plut  souvent  se  porte  sur  la 
voyelle  qui  précède.  Il  ne  sera  donc  pas  nécessaire  d'accentuer  J(,  fdtiln,  mais 
feulement  H  et  iJ.  Ex.  :  marût^  marteau.  En  et  en  atone  se  trouvent  seulement 
dans  les  formes  verbales.  Ex.  ajh  avaient,  ^uf  baitkn  qu'ils  donnent. 

Pour  î  et  pour  ii  pas  de  dil5culié. 

Nous  avons  conservé  y  dans  un  certain  nombre  de  mots  ob  il  est  actuellement 
eoiployé  pour  rendre  un  son  voisin  de  l'i  semi-voyelle.  Dans  les  textes  anciens 
ce  son  est  noté  lantàl  par  i  tantôt  par  g,  et  parfois  dans  le  même  document, 
ainsi  tudiamctit  et  luiigjmail.  Uan^  le  corps  des  mots,  ce  son  mouillé  et  dental  se 
trouve  après  les  lettres  n,  d,  l,  ex.  :  minja,  mdyi,  maiaatye. 

Les  mots  lerminés  par  les  mêmes  consonnes  n,  d,  t,  modifient  de  la  même 
manière  la  prononciation  de  l'i  initial  du  mol  suivant,  lorsque  t  est  suivi  d'une 
voyelle.  On  dira  u  ^ou  iaJye  et  u  mathiini  )ad)e. 

Laissant  i  >  celte  valeur  définie  voisine  de  la  semi-royclle  i,  nous  n'acceptons 
ni  la  nûUtion  4),  ey,  oy,  auj,  uy,  ni  l'empJoi  du  tréma  sur  l'i.  Nous  nous  con- 
tentons de  remarquer  que  dans  nos  contes,  les  diphtongues  ai,  li,  ci,  oui,  iii| 
ont  toujours  un  son  mouillé.  —  Nous  adoptons  sur  ce  point  la  nouiioB  de 
M.  Bladé- 

I  placé  entre  deux  voyelles  s'uDit,  dans  notre  patois,  1  celle  ijui  suit.  Ei.  : 
,  Uù.,  bi-ie.  C'est  une  semi-voyelle,  mais  selon  nous  distincte  de  >. 

«  a  le  son  de  l'o  ouvert  f/ançais.  L'o  final  cl  l'o  occupant  la  dernière  syllabe 
est  le  plus  souvent  atone.  Quand  il  sera  tonique,  nous  mettrons  l'accent  6. 
Même  remarque  pour  I'j  d'Astc  et  \'t  de  Campan. 

Pour  M,  «I,  in,  ou  pronoacés  «-ou,  t^u,  i-ca  nous  aurions  volontiers,  i 


t .  Eitrtas  d'il  fermé  d'à  dt,  per  Pecondom,  coifTur  a  Bagnéras.  Bagniret- 
de^Bigorre^  Plassol,  i86o. 


j68  nrjEAKNS 

l'exemple  de  M.  Bladë,  accepté  l'oitbographc  île  M.  Lespy,  nuis  dou& y  voj-otts 

do  inconvintenti  ;  le  ligne  u  a  aimi  deux  valeurs  :  ii  et  imi. 

Dans  les  ancicDs  textes  le  son  oa  est  exprimé  par  Ict  voyelles  ■>,  u.  Uesp)r, 
admcItARt  b  figuration  oa,  est  obl:gj  de  proposer  ont  convention  nouvelle  eà 
pour  o-ou  (Crois  signet  dtfîireots  correspondraient  ainsi  an  mbne  son  :  oa,  a.  Si. 

Ce  son,  placé  entre  deux  consonne3,  est  actuellement  figuré  au  par  tous  les 
auteon. 

Nous  adoptons  dans  tous  les  cas  la  notation  moderne  ou  en  remarquant  qae 
00  final  précédé  d'une  voyelle  et  ou  dans  le  corps  des  nwts  précédé  d'une 
voyelle  et  suivi  d'une  consonne  se  comporte  comme   une  voyelle  ce   forme 
diphtongue  descendante  avec  la  voyelle  qui  précède.  Cet  mi  succède  i  /  on  v  latin  : 
maou  malum  —  naoa  Dovem 
mn-ou  tu-on 

Noos  avons  ainsi  les  diphtongues  â»,  eoa,  ioji,  «vu.  _ 

La  diphtongue  initiale  noti  peut  remplacer  <i  latin  douki  apertre,  o  latla 
aoadoii  odor,  u  latin  aoutiigo  urtica. 

011  dans  le  corps  d'un  mot,  placé  entre  deux  voyelles,  remplaçant  le  >  ou  le 
V  lilin,  remplit  le  même  rAle  à  l'égard  de  la  voyelle  suivante  et  forme  syllabe 
avec  elle.  C'est  alors  une  secni -voyelle,  ainsi  que  le  remarque  M.  Luchaîre 
l/ifiomri  pjrinfent,  p.  32i).  Dans  ce  dernier  cas  oit  correspondrait  au  w  anglais 
â  peu  de  chose  près. 

Lh  avait  anssi  en  Bigorre  comme  en  Béarn  la  valenr  du  il  espagnol,  comme 
//  dans  le  mot  m&uitli.  Dans  le  corps  des  mots  /'  précédé  de  i  remplacera  par- 
faitement lh  et  satisfera  aux  usages  de  la  prononciation  française,  //seul  ne  peut 
avoir  la  même  signification  qu'en  espagnol,  CJr  il  est  nécessaire  dans  un  grand 
nombre  de  mois,  ex.  :  loalht  [seiil'ht,  soldatt.  Exceptionnellement,  au  commeti- 
cement  des  mots  nous  ^gurerons  par  //  le  son  de  /  mouiltée. 

Git  était  asscE  souvent  employé  dans  noire  pays.  Vital  de  Curred,  notaire  i 
Tarbes  vers  la  fin  du  xiii»  siècle,  employait  cette  forme.  (Luchaire,  Reeiuit  Jt 
ttxtet  di  Caaciea  JIhIkH  gdsfoi,  a'  aj,  p.  j9-4o0  Vital  de  Curred  a  employé 
dans  ce  même  acte  la  notation  i7/,  p.  40,  ligne  11. 

Nous  garderons  ih,  au  sens  Erjnçaii,  pour  marquer  la  chuintante  qui,  dans 
les  textes  anciens,  est  6gnrée  par  x. 

Après  t,  i  et  souvent  n,  i  Hait  remplué  par  ;.  Nous  mettrons  cepeadaat  i, 
réservant  i  pour  indiquer  te  lézaiemenl  habituel  dans  certaites  localités,  i  Cieu* 
lit  et  dans  tes  villages  voiiim  de  la  vallée  de  l'Arroj.  Z  représentera  pour  nous 
un  son  voisin  du  th  anglais. 

Le  tableau  comparatif  qui  suit  indique  les  valeurs  correspondantes  de  l'ortho- 
graphe aocienoe  et  de  celle  que  nous  adoptons. 

Orthographe  gasconne  ancienne.        Orthographe  modente  ou  Irançaise. 
0  ouvert;  —  »; 

0  fermé  ;  —  aa; 

aa,  ta,  iu,  eu  (ou  Lespy)  ;  —  aoa,  ton,  ioa,  OM  ; 


Mj,  t},  oj,  «j  (ouy  Lespyl  :        — 


Ji,  <i,  n,  m,  oh' 


[.  Dans  les  deux  plus  anciennes  chartes  de  Bagnères  ci-dessus  mentionnées, 
nous  trouvons  la  notation  que  nous  avons  adoptée.  Af,  ey,  etc.,  ont  été  iatro- 


COKTES  DE  LA  BIGORRE  {69 

—  m,  «t  11  ta  cosmencemcnt  des  nots  ; 

-  «»/ 

-  fA; 

—  j'SOB  spécial  dont  ia  valeur  a  été  ljètc^ 
nîiùe  plia  Kiut  if  frincaif  moutllé). 

Noos  ajoittofis  quelques  renurquei  grammatKalet  cooMmant  l'article.  — 
Devant  udc  voyette  ie  t  de  l'artidc  masculin  s'adoacil  et  se  rapproche  de  4. 
Er.  :  E4  aousit,  l'oÎKiiu- 

A  ce  sujet  notons  qac  le  J  final  devaol  une  contonne  tend  1  se  transformer 
en  t.  Ex.  :  pour  ndJ,  noJo,  aucun,  aiKtine,  aai  awitit,  aucun  oiseau,  nuis  iMt 
iktbaoa,  ascus  cheval. 

Ainsi  que  le  remarque  M.  Lespy  (Grtm.  iUrit.,  p.  i6i|,  ttz  devient  ts.  Dans 
le  patois  de  Bagnères,  on  prononce  tis  (t  sdoacil  devant  une  voyelle  :  ttt  uteit' 
utiy  les  arocau,  el  ts  devant  une  consonne  :  u  puttous,  les  pasteurs. 

M.  Letpjr  (/oc  tH.)  remarque  aussi  qu'à  la  suite  d'un  niot  termini  par  une 
Toyelle,  l'article  féminin  est  m.  De  m*mei  Bïj(n*jes  1'*  tombe  dans  ero,  ff*i', 
friddéi  d'une  royelle.  Nou'i  ne  croyons  pai  devoir  marquer  par  un  signe  ce 
bit  général.  —  Notons  que  l'article  féminin  ainsi  modifié  reste  distinct  du  mot 
précéder!,  comme  l'admet  M.  Lcspy  dans  l'exemple  cité  par  Im,  gjJra  ra  crabi, 
prendre  la  chèvre.  Aussi  nous  repoussons,  pour  notre  localité  du  moins,  les 
Cormes  contractées  ara  aroi,  dao  itrot. 

Après  les  prépositions  a  et  di,  comme  après  toutes  les  voyelles,  r<  de  Karticle 
(émmin  tombe,  mais  il  y  2  le  contraire  de  la  contraction.  L'article  se  décline 
de  la  même  manière  ï  Saiiit>Beat  [VaH^ti  à'tui  aflicU  atthai^iu  nman^  etc., 
par  Alph.  Roque<Ferrier,  p.  141. 

£r  as  avec  les  prépositions  a  et  <ff  forment,  d'après  M.  Lespy,  les  coniric- 
lions  étt  ais,  dtt,  dtis.  Nous  prérérons  l'Htsion,  i  cause  de  la  chute  facile  de 
l'e  dans  l'article,  et  nous  orthographions  a'i,  it't,  j'/r,  de'ti  devant  une  voyelle, 
tf'f,  dis  devant  une  consonne. 

Ptf  ao  (piir  la|  devient  pt  to  ,■  il  y  a  chute  de  r  de  ptr  et  de  t  de  l'article,  ou 
double  élision.  Nous  sommes  amenés  A  écrire  ft't  {ptr  H)  el  au  pluriel  pt'U  ou 
p^i,  selon  le  cas. 

Dinï  le  Béarn  <Lespy,  ht.  cit.,  p.  16})  on  a  l'article  appuyé  ta,  etu,  tas, 
mai,  dans  le,  dans  h,  dans  les.  —  A  Bignires  nous  avons  pour  le  féminin  tno, 
tnos,  mais  pour  le  masculin  nous  avons  ta  et  m  ti.  En  s'emploie  surtout  devant 
les  voyelles.  Au  pluriel  devant  une  consonne  on  dit  m  tt.  Ex.  :  nt  tt  p>-'U, 
dans  les  prés,  et  devant  les  voyelles  tiu.  Ex.  :  tni  ûrmsrit,  dans  les  armoires. 
La  déclinaison  de  la  préposition  m  serait  moins  complète  dans  la  Bigorrc  que 
dans  le  Béarn. 

L'nnittal  de  cet  article  est  souvent  suppriméaprés  un  mot  terminèparunevoyelle. 

Dans  les  pronoms  tr,  tfo,  lui,  elle,  \'i  précédé  d'une  voyelle  se  maintient, 
Ex.  :  d  îf,  a  loi.  On  introduit  quelquefois  un  d  euphonique,  comme  dans  le 
Bëam,  t  d-a. 


duits  dans  le  couranl  du  XIV*  siècle.  1  et  ou  inîltaut  peuvent  Mre  semi- voyelles. 
Ex.  idffrrt  jinais,  oui  lajoard'hui. 

I .  A  Bagnéres  bon  nombre  de  personnes  prononcent  pIntAl  tti^  tfiis. 


f70  DKJEAKKE 

Après  (ff  il  f  a  disios  et  nous  écnroi»  xvec  M.  Lespy  4'et,  d'au,  de  lui, 
d'elle.  Nous  écrirons  ausii  comme  lui  dt-l  ide  te)  devant  ua  verbe  cammeDcaDt 
pir  une  ooftsoase. 

Pour  les  pronoms  m€,  te,  st,  etc.  et  leun  inversions,  nous  adoptons  rorth»* 
graphe  adoptée  par  M,  Lespy.  Noos  ferons  loutefois  une  exception  pour  n  de 
rn,  pronom.  A&n  de  ne  pas  confondre  avec  n  aégatioa,  nous  amrons  touionrr 
ce  pronom  avec  le  mol  qui  précède  le  verbe. 

A  Tarbci,  situé  i  lo  kilomètres  de  Bagnéres,  l'article  n'etl  plas  it,  tti,  ira^ 
tras,  tnait  bien  tou,  htu,  h.  ht.  C'est  i  peu  prés  i  mi-distance  entre  ces  deux 
villes  que  s'opère  le  changement  de  l'article.  A  His  <Fbis),  qui  limite  l'arron- 
dissement de  Bagnéres,  on  dit  rf,  ainsi  qu'i  Vielle,  tandis  qu'i  Uemac- Débat, 
le  village  suivant,  on  emploie  loa.  Il  en  est  de  même  i  Momères.  A  Arciuc, 
qui  est  une  zone  neutre,  on  se  sert  des  deui  articles.  Telle  est  i  peu  pr^  b 
limite  des  deux  arlicies  dans  la  platne  de  l'Adour.  Il  serait  intéreuani  de  b 
déterminer  dans  tes  autres  vallées. 

A  Bagnéres  et  au  raidi  de  cette  ville,  OD  emploie  aussi  l'article  loa  devant 
quelques  mots  :  loa  boon  Dioii,  lou  D'uibli,  ion  Rd.  Notons  qnc  la  répugnance 
pour  l'r  initial  diminue  et  cesse  même  après  les  voyelles,  surtout  après  oa  et 
après  a. 

A  Bagnéres  et  au  nord  de  cette  ville,  au  se  substilue  au  h.  L'article  constitue 
donc  U  principale  différence  dans  les  diverses  variêtéi  de  patots  qui  se  parlent 
au  nord  et  au  midi  de  la  tigtie  dont  il  >  été  question.  Nous  avons  eu  occasion 
d'entendre  parler  et  de  parler  nous-méme  le  paioii  de  Miélan,  commune  du  Gers, 
voisine  des  Hanies-Pj'rénées.  Le  son  correipondant  i  notre  -j  manque  et  est 
remplacé  par  /,  qui  se  substitue  fréquemment  ^  i.  On  a  moins  de  répugnance 
p<jur  /  et  pour  r  initial.  Les  sons  mouillés  sont  moins  marqués. 

Les  contes  se  débitent  principalement  pendant  les  soirées  de  novembre  ta 
moment  de  la  recolle  du  maïs.  Des  chars,  dont  la  forme  n'a  pas  varié  depùi 
plusieurs  siècles,  iransporlent  les  épis  qui  sont  amoncelés  dans  la  plai  va 
chambre  de  la  maison.  Les  voisins  sont  avertît,  personnes  âgées,  levncs 
jeunes  611es,  enfants  se  précipitent  à  l'envi  et,  dès  sept  heures  du  soir,  on 
cède  i  l'ouvrage,  les  grains  du  mais  sont  mis  i  nu,  et  les  feuilles  repliées  forment* 
des  batides  qui  servent  à  réunir  les  épis  en  longues  tresses.  Celles-d  sont  lon^e- 
ment  exposées  au  soleil  avant  l'égrénement  qui  te  fait  le  plus  souvent  d'unttj 
manière  primitive  en  pressant  Tépi  contre  une  tige  de  fer.  La  fanne  do  maîsi 
employée  de  deux  manières  différentes  :  elle  est  bouillie  mélangée  avec  du  lail 
(hariiit]  ou  bien  torréfiée  iftiiUt  loerrat). 

C'est  surtout  pendant  la  première  de  ces  opérations  que  les  contes  sont  ur- 
rés  :  les  vieillards  rappellent  les  hauts  taits  de  leur  jeunesse  ;  les  récits  de  Kes, 
de  toups-garoos,  de  sorcières,  de  revenants  efraient  la  réonioa  que  divertissent 
les  devinettes,  les  mots  i  double  entente  et  les  contes  d'un  réalisme  souvent  très 
cm.  Nous  sommes  obligé  de  r«onn;i!tre  que  ces  derniers  ont  beaucoup  de  suc- 
cès. A  minuit  l'assemblée  se  sépare  après  avoir  fait  une  ample  consommation  de 
châtaignes  arrosées  de  vin  blanc. 

Ces  usages  tendent  i  disparaître,  du  moins  dans  tes  villes  \  ils  te  coQserveM 


CONTES  DK   LA   fllCORRK  (71 

encore  dans  tn  f  iltagcs,  en  s'altérant  toateloâ-  Les  vîcUIk  gens  nous  oat  aasari 
que  la  décence  M  maiodre  que  jadii,  que  lei  propos  sont  plus  ri^ués  et  les 
cootes  moiiu  moraui  ;  elles  nom  ont  dit  que  In  leunes  geni  embrasseot  plus 
ft^uemment  les  jeunes  filles,  sons  le  plus  lé^er  prétnte,  et  non  comme  autre- 
fois lorsqu'on  iraJt  trouvé  un  épî  i  grains  rouges.  Qu'y  a  t-il  de  vrai  dans  ces 
•l^préciations  chagrines  ?  Nous  l'ignorons. 

il  r  a  bien  longtemps,  dans  noire  enfance,  nous  avons  assisté  ao  éùhemUltii, 
et  nous  nous  rappelons  qu'à  certains  passages  des  contes,  alors  qv'ili  nom  txn- 
bUienl  le  plus  int^ressanis,  on  nous  renvoyait  pour  un  motif  quetconque.  Un 
sonTcnir  r^lute  était  resté  dans  notre  mémoire  :  la  cheville  singalièrement  pla- 
cée da  premier  conte.  Elle  nous  a  permis  de  retrouver  U  personne  de  qui  nous 
tavions  eotendu,  Justine  Cachii»in,  actuellement  jgée  de  sotxaate-dtx-huit  ans; 
•Ile  oou  a  obligeammcni  laiué  recueillir  sous  sj  diclée  sou  petit  répertoire. 


1. 

CONTES  DE  BACNÉRES-DE-BICORRE  (VILLE). 
ET  SOULUT  YENDRE   D&'T  ARREl  '. 

U  soullat  qui  s«-n  toumaouo  de  r'  armado  nou  troubaouo  pas  en  sué 
cami  lut  cabaret  ni  nado  inaisou  oun  poudouuo  entra  ;  que  s'cstanquè  ■ 
a*i  can  de  uo  houn,  que  s'assietè  et  que-s  borné  a  mînya  u  tros*  de  pjt 
lout  eschuc  )  e  a  beoue  aiguo.  Uo  hroumigo  que-s  présenté  entre  ros  suos 
camos  e  que-s  minyaouo  ros  griouaillos  «  qui  èron  caiudos.  Et  souUai 
qu'où  disgou  :  «  Diable  dt  fourmi .'  que  ritns-ta  faire  ici  f  la  rairusta  Us 
•  miettes  dont  fji  haoia  ;  il  faut  tjue  je  lire  mon  sàbrtttquijctttat.  «  Ero 
hroumigo  que  l'arrespounou  :  *  Se  mt  tsu  pas  ;  mttt-moi  dans  ton  sac  et 
«  un  jour  je  te  rendrai  service.  —  Qw/  diable  de  senict  peux-iu  me  rendre  ?  n 
Touiu  I  et  souOat  que  la-s  prenou  e  que  disgou  :  «  E/ttre  dans  mon  sac,  n 
t  pudi  que  s'en  anè. 

Et  soulbi  que  countinui  a  canina  en  u  pais  desèn  e  que  loani  irouba 
u'aouto  houn  e  que-s  bouté  encoro  a  imnja  fAz»  beoue  aîguo.  Qu^oti  se 
présenté  u  griUou.  Et  soullai  qu'où  disgou  :  u  Diable  de  grillùn,  que 
■  viens-tu  faire  ici?  La  fourmi  rjmattait  tes  plus  petite  miettes  et  toi  tu 
a  prends  la  plus  graaâa.  Faal  que  je  tire  mon  sabre  et  que  je  te  tue.  —  Ne 
«  i»e  lae  pas,  »  dUgoa  et  ^lou,  ■  nett-moi  dans  ton  sac  arec  la  fourmi, 
«  et  peat-itre  on  jour  noiu  te  readroat  service.  —  Eh  bien  !  entre  dans 
4  mon  sac.  » 


'.  Cétiac-Honcrat  iUltérttBrt  popttlairr  dt  Sa  Cauogne,  p.  toî)  a  publié  un 
conte,  Li  mArUhaS-fttTtr.t  Ji  iiarbutt,  dont  la  donnée  présente  une  grande  ana- 
logie atec  cdoi  qne  boqs  atons  recneilli- 

I.  s'atrèu.  —  2.  DMMcan.  —  ].  lec.  —  4.  miettes.  —  {.  crpendant. 


Î7*  DEJEANHE 

De  loui  et  dio  ei  soultat  nou  arrencountrè  pas  uo  soulo  maisou  ;  et  s6' 
qu'arribè  a  u'aouto  houn  e  que  basou  encoro  et  madéch  arrepas  ;  can  agou 
minyat  e  begut,  uarrat  qu'où  bengou  prene  et  p&  mes  gros  que  't  grillou 
e  quero  hroumigo.  o  Diable  Je  rat,  tu  vient  m jngtr  des  miettes ptut  ^osta 
1  que  ne  te  faisaient  le  grillon  et  la  Joarmi.  Il  faut  ijue  je  lire  mon  sabre  a 
tu  qae  je  te  tue,  —  Ne  me  tue  pas,  mett-moi  dam  ton  sac  avec  le  grillon  et  la 
«  foarmi,  peut-être  tja'un  jour  nous  te  rendrons  service.  —  Quel  diable  de. 
«  seryice  pourrez-voas  me  rendre  ?  Enfin,  entre  dans  mon  sac.  » 

Can  agou  marchai  caouquos  pausos,  et  soullat  qu'entra  en  uo  grano 
bilo  oun  y-aouè  u  arrei  qui  èra  pai  de  uo  hillo  qu'arris  n'aoué  iames  pou- 
dut  hi  arrise.  E  iuste  en  aquet  mouraen  que  iroutnpillaouon  qu'ei  de  qui 
la  lier*  arrise  que  l'aouré  per  henno.  Ero  hroumigo,  et  grillou  e'I  arrat 
qu'ai  emenoun  e  qut-s  disgoun  entre  tous  trcs  :  «  Nous  avons  promis  à 
a  notre  maître  de  lut  rendre  service,  c'est  à  présent  tju'it  faut  U  faire.  »  Que 
s'anèn  hf  u  béi  car  ;  ero  hroumigo  et  grillou  qu'ion  atelats,  et  arrat 
qu'èro  poustillou  e'i  souUai  qu'èro  deguens.  Que  s'anèn  passcia  daouant 
ero  maison  dc't  arr«,  e  can  ero  hillo  beiou  aquet  equïpatye  que  s'en 
arriscou  coumo  uo  crebado.  Tous  que  cridèn  :  «  Voilà  U  gendre  du  roi.  ■ 
Et  arrei  que  hasou  entra  e;  soullat,  qu'où  présenté  a  ro  hillo,  et  gouiat 
qu'où  plalsou  e  que-s  maridèn  a't  cap  de  caouques  dios  pourtan. 

El  soullat  qu'éro  praoube,  e  n'aoui  nado  tario^  'nia-s^bestl  e  enubé 
u  prescn  a  ro  nobio.  Mes  u  gran  moussu,  u  s^ou  qui  ajmaouo  ro 
princesso,  e  nou  l'aouè  poududo  iames  h£  arrise  qu'aoufriscou  a't  soullat 
u  sarrof»  d'arien  a  ro  counditiou  que  nou  disgousso  arré  de  ires  nets 
a  ro  suo  henno.  Et  gouiat  que  prcngou  es  dinés  e  qu'at  proumetou.  El 
lendc  dio  '"  et  pai  qu'anè  demanda  a  ro  hillo  quin  aoui  passât  ero  net 
d  Eh  bien,  ma  fille,  comment  as-tu  passé  la  naitf  —  ifon  Dieu,  papa,  bien 
u  tristemeai.  il  n'a  rien  dit.  On  diraà  tfu'il  n'a  pas  de  langue.  —  Ma 
«fille,  prends  patience,  ton  mari  aviUl  peat-itre  honte;  mais  lu  verras  fiu 
«  Us  autres  nuits  tout  se  passera  mieux.  » 

Tout  et  aoute  dio,  et  gouiat  qu'iro  charman  pucb  que  s'anta  drounu\ 
e  qu'esté  aouta  mut  que  ro  permero  net.  Kro  troisièmo  ■  '  net  que-s  passi 
coumo  ros  aouios.  Et  arrei  qu'anaouo  bêle  ro  nobio.  Toustém  madécbo 
demande  e  madécho  respounso.  Et  scgoun  dio  et  pai  que  disgou  :  a  Pat- 
«  sons  pour  cette  nuit,  mais  si  demain  H  est  la  mtme  chose,  aoas  U  mettrons 
u  avec  ks  bites  féroces.  » 

El  troisièmo  maiti  coumo  n'aouè  dit  arré,  que  l'anén  bouta  dïb  eros 
malos  bistios.  E  prou  btste  »  que  maridèn  ero  princesso  dab  et  aome 


6.  le  soir.  —  y.  gros  sou,  ainsi  flomni  de  la  targt,  booclier  £^ré  andeo- 
nemciit  jtir  ces  pièces  de  monnaie.  —  8.  pour  se.  —  9.  une  grande  quantité. 
—  10.  Le  Ifodcmain.  —  1 1.  moi  aociea  perdu, /<f».  —  11.  ass«i  vite. 


CONTBS   Dl   LA   »ICOKHE  J7) 

qui  i'âimaouo,  dab  n  se^ou  qui  aouè  baillât  es  dinésa't  praoubesouliat, 
El  naridarye  hèt,  es  nobis  que-s  ban  coucha  en  Itet  noubiaou. 

1  Noos  lui  avons  déjà  nnda  un  grand  stmu,  «  se  disgoun  ero  hrou- 
nigo,  et  grillou  e*!  arrai,  «  niais  il  faut  encore  tai  en  rendît  un  plus  grand.  ■ 

Ta  ro"  perraero  net  ero  liroumigo  que  s'anè  hica  en  et  eu  dc't  nobi  e 
qu'oa  hasou  hé  caca,  ero  nobio  que-n  esiô  louio  empliadC'*.  Et  arreiqu'anè 
beie  quin  aouè  passât  ero  net  :  «  Eh  bien  f  ma  fillt.  tomment  as-tu  pasté  la 
u  nait  !*  —  Ah  !  mon  Dieu,  papa,  je  l'ai  punie  bien  tristement,  Vautre  ne 
«  ditait  rien,  cetui-ci  n^a  rien  dît  non  plus,  et  U  a  rempli  le  lit  de  eaca.  — 
«  Prends  patience,  ma  filU,  peut-itre  qu'il  avait  trop  mangi  kier  loir,  car  U 
«  était  bien  content  d'être  ton  mari.  » 

El  dio  que-s  passo.  Et  moussu  qit'èro  là  counfus  que  nou  minyî  arré 
la  disna.  Ero  hroumtgo  que  s'j  assaiè,  sensé  lié  bengue'f  arré;  et 
griUou  qu'entré  en  et  madéch  endrei  que  hasou  mes  d'arrabatye,  rt  nobi 
mes  de  caca,  que  s'esbourrouè  >^. 

«  Eh  bien  !  ma  filie,  commeai  as-ta  passi  la  nuit  ?  —  Ehl  mon  Dieo, 
«  papa,  biea  iritttmtnt.  H  en  a  fait  encore  plus  qae  la  nait  passée,  j'en  sais 
«  toute  remplie.  —  Peul-itre  avait-H  trop  mangé  le  premier  jour,  car  hier  il 
«  n'a  rien  pris  du  toul  à  tes  repas.  Ma  fdle,  prends  patience  encore  cette  nuit, 
m  et  s'il  se  conduit  aussi  mal  aoas  le  mettrons  avec  les  biles  féroces,  comme 
K  ton  premier  mari.  » 

Et  moussu  rou  sabèouo  oun  da  '~,  que-s  hasou  hè  uo  caouillo  e  que-s 
boussè  et  traou  de'i  eu  Ero  hroumigo  e't  grillou  que  bouloun  entra  mes 
nou  poudoun.  Que  disgoun  alabeis  a'i  arrat  que  calëouo  que  hasousso  et 
sué  tribaill'B.  Canes  nobisestènadrouniits,  et  arrat  que-s  pouiè'i  tout  dous- 
somen  sus  ero  figuro  de't  moussu,  qu'où  hiqui*°  ro  couo  en  et  nase  que 
hurgu^i'  bono;et  moussu  que  hasou  u  ligran  estournut  que  ro  caouillo 
sourtiscou  e  que  coup*  ro  couécho  de  madamo. 

«  Eh  bien  !  ma  filie,  comment  as-tu  pane  la  naît  ?  —  Je  suis  bien  triste  ; 
u  l'autre  au  moins  ne  me  disait  rien,celai-ei  m'a  coupé  la  cuisse.  Ah!  qaeje 
«  sais  malheareuse!  —  Eh  bien  !  ma  fiîk,  il  faut  ie  donner  aax  bêtes  féroces,  » 

Que  lou  metoun  dab  eros  bèstios.  Aquesios  que-s  craquèn  tout  bîou  et 
moussu.  E  qu'csiân  touts  esmiragbts  can  beioun  en  biio  et  bfabe  soullai. 
Eros  bistios  nou  Taouèn  pas  minyat  e  que  l'aouôn  neourid,  qu'esté  amiad 
en  palai  ",  qu'où  loumèn  unarida  dab  ero  hillo  de'l  arrei,  que  parle  plâ 
e  qu'agou  héro  mainats. 

Tric-irac,  moun  counte  qu'et  acabat. 

I].  pour  II.  —  14.  remplie-  —  t{.  tengiu,  venir,  qui  a  pris  la  place  de  bit 
que  l'on  dit  encore.  —  16.  se  vida  com^rlètCRient.  —  17.  ou  donner;  donner 
s  emploie  souvent  pour  aller.  •  i!5.  travail.  —  19  monta.  —  20.  mit,  licha. 
—  at.  appufa,  ealonca.  —  aa.  (ut  amené  an  palais. 


Ï74 


DUEANNf 


PRaT. 

Mo  henno  beouso,  arricho  e  drin  broucho  ' ,  qu'aoui  u  gouiat  qui  s'ape- 
raouo  Prat  e  qui-n  sabèouo  mes  que*!  Pater.  Ero  beouso  qu'aouè  tabé' 
uo  gouio,  Prat  c  ro  gouJo  que  s'aimaouon  \  ero  mai  nou-n  èro  pas  coun- 
tenio,  e  cado  cop  que  se-n  anaouo  que  lou  demandaouo  caouqu'arré 
d'inpoussible. 

Et  permé  cop  qu'où  bouté  u  sac  de  plumog  per  deboro,  qu'esiè  espar- 
ricat!  pe't  ben.  En  tout  parti,  ero  beouso  que  disgou  a  ro  gouio  qo'aoui 
a  mouri  de  sas  màs  si  ro  plumo  n'èro  amassado  en  sac  can  loutiwré. 

Ero  gouiaio  qu'en  anè  ta  Prat.  E  Prai  qu'où  disgou  :  «  Qu'ei  so  que 
«  t'a  hèt  ?  —Que  m'a  esparricat  ero  plumo  e  que  m'a  dit  que  si  n'èro  pas 
«  en  sac  can  tourneré,  qu'aouèi  a  mouri  de  sas  màs,  —  Nou-i  chagrines, 
tt  disgou  Prai.  —  Pe  ro^  benut  d'aquesto  lateio  que  ro  plumo  &io  en 
«  sac.  >ï 

Ero  mai  en  beie  (  ro  plumo  en  sac  que  hèouo  :  «  Qu'as  bîs  a  Prat.  «  E 
ro  gouiato  :  '<  Si  Prat  m'a  bist'a  iou,  iou  n'ii  pas  bis  a  Prat.  »  Et  gouiat 
nou  ^ro  iames  a  caso,  ero  gouiato  que  i-éro  loustém. 

Sa  mai  que  se-n  tourné  ana,  que  l'esparriquè  u  sac  de  mil!  e  qu'où  dis- 
gou que  se  nou  toumaouo  tout  et  niill  en  sac,  qu'aouè  a  moori  de  ros 
suos  mfts.  Ero  gouiato  que  s'en  anaouo  de  cab  a  Prat  :  «  Qu'ei  so  que  t'a 
u  hèt  [hjoué  ?  —  Se  m'a  deboucat^  u  sac  de  mil),  e  que  m'a  dit  que  si  *t 
0  miil  nou  èro  pas  en  sac,  qu'aouèj  a  péri  de  sas  m&s.  ~  Nou-t  chagri- 
>  nés.  Pe  ro  bertut  de  ro  lateio  que't  mill  sio  iJeguens  et  sac.  k  Can 
tourné  ro  mai,  qu'où  disgou  :  «  Qu'as  bis  a  Prat.  —  Si  Prat  m'a  bist'a 
«  iou,  iou  n'd  pas  bis  a  Prat.  e 

U  aouté  cop  que  Iou  dçbessi'uo  barricodebl  perterro,  e  que  lou  dis- 
gou que  si  et  bl  non  ^ro  tournât  cno  barrico,  qu'èro  et  sué  darrè  dio 
qu'aouè  acabat  de  bioue.  Ero  gouiato  que  s'en  anaouo  ia  Prat  hiro 
triste  :  •  Que  t'a  hèt  ?  —  Que  m'a  debessat  uo  barico  de  W,  e  que 
<(  m'a  dit  que  si't  bl  nou  èro  eno  barrico,  qu'aouèi  acabat  de  bioue.  » 

Toutu  ro  mai  que  tenté  et  gouiat  e  que  lou  hasou  marida  dab  u'  aouto 
gouiato  pramou^  qu'èro  arricho.  Ero  gouio  que  demouré  eno  maisou.  Et 
maridatye  hèt,  es  nohis  que  s'anèn  coucha  ;  ero  mai  que  fourcè  ro 
gouio  de  tengue  ro  candeio  touto  ro  net  daouant  et  llet.  Enta  meio  net, 
et  nobi  qu'où  disgou  a  ro  nobio  :  «  Llèouo-t,  ero  gouio  qu'a  prou  tengut 
<(  ero  candeio,  aro  que  l'as  a  tengue  tu.  »  E  que  disgou  a  ro  gouio  ; 
a  Bouto-t  en  llet  dab  lou.  »  Can  l'i  agou  qu'aperè  a  sa  mai  : 


I.  un  peu  ïordire.  —  3,  aussi.  —  j.  Eparpillé.  — 4.  Pi  ro  pour /•«  ira, 
la.  —  j.  voyant,  mot  i  mot  :  en  voir.  —  6.  répandu.  — 7.  verti.  —  8.  pa 
que,  mot  i  mot  :  pour  l'amour  de  ce  ^ue. 


CONTES   DE   U  BICORKE  Î7Î 

c  Mai,  o  m^  ?  —  Que  bos  ?  —  (^e-n  èi  a  hè  i'Ho  de  qd  tengni 
«  entre's  bras  f  —  Embamsso-to  de  u  bét  droite.  Can  at  agou  bit,  —  E 
n  de  r'aouto^—  Que  roaou  houec^  i'arguo.  Ero  candélo  qu'où  se  gabi'* 
<  deuus  e  que-s  bruUè  louto  biouo  !  » 

Can  ero  mai  s'at  beiou,  que  disgou  a  ro  gouto  qui  ira  en  Qei  : 
«r  lames  nou  seras  desUourado  que  nou  aii  dit  très  cops  :  IHos.  i 

Can  ero  gouîo  bengou  a't  moumen  d'accoucfaa-s  nou  poudèouo  iames. 
Prai  alabeis  que-s  soubengou  de  so  qu'aouè  dli  sa  mai. 

Aquesio  qu'èro  dcbai  en  coumé  de't  bouec.  e'ts  aouies  eno  crampo 
lih-haout  :  «  Mai,  o  nui  !  —  Eh  lisu»,  Maria  !  mainat  que  bos  i  — 
«  Att^,  mai,  arré.  s 

AI  cap  de  caouquos  pausos  que  toumi  hi  :  «  Mai,  o  Mai  !  —  Eh  [èsus 
«  Karta,  mainat  que  bos  ?  —  Arré,  mai,  arré.  » 

E  u  darrd  cop  : 

«  liai  o  Mai!  —Eh  Tèsus  Mariai  mainat  quebos? — Arri,  mai  arré.  n 

Alabetsi'  erû  henno  qu'esté  desliourado. 


BT  HORT   OOUIAT*. 

Uo  henno  beouso  qu'aouè  u  mainat  e  qu'eu  dechi  poupa  dinquo  dus 
ans  ;  puch  que  lou  blé'  despoupa,  mes  ci  mainat  nou  boulou  pas  decha 
ro  poupD  ;  sa  mai  que  l'ai  agou  a  couniinua  dinquo  coual'ans.  Alabets 
que  lou  disgou  :  u  Mes  mainat  de  Diou,  que^m  bos  chuca  '  touto  biouo? 
«  —  Nani  ma  mai .  c  nou  me-n  boui  païra  '  dinquo  qu'aii  bini  ans.  —  Mai- 
«  nat,  que-m  bos  tua  e  can  si6i  mouno  quin  bos  hè  ta  bioue  i  —  Ma  mai, 
«  nou-b  blet  pas  mouri;  decKat-me  poupa  tout  et  tens  demandât,  c 
«  Caa  aourèi  bim  ansque-p  proumeli  de-phèbioucsenseaouéatribailla. 
«  —  Quin  me  pouderas  hè  bioue  d'arrento.  bos  ana  pana  ou  que  bos  hi  ?  » 

A  bint  ans  qu'èro  u  pli  bèt  droullos.  Qi  hè  u  héch  de  legno-',  lou  disgou 
sa  mai  ;  «  Tià*-  Que  prengou  ro  picolo^,  que  partiscou  la'i  bosc  e  que 
M  cotipi  legno.  »  Que  s'i  tourné  et  aoute  dîo  t'ana  la  cerca,  que-n  aoud 
debarat7  ero  mciiad  de'I  bosc.  Que  disgou  a  sa  mai  :  u  Aro  qu'as 
ti  legno  per  loung  tens  que-m  boui  beie  de  gagna  quaouqu'arré,  quc-m 
«  boi  bouta  bailei.  u 

(jue  s'en  anè  en  u  bilatye  e  que  beiou  uo  grano  maisou,  que  l-entrè  e 
qu'anè  demanda  a's  mèstres  si  aouèn  be^ougn  de  u  ballet.  Qu'où  dtsgoun 
se  sabiouo  laoura  e  pica  tegno  i  Qu'arréspounou  que  sab^ouo  hè  loui 
k6.  Qu'où  prengoun  c  tout  aquci  dio  qu'où  dechèn^  sensé  arré  a  lié,  mes 

*.  Ce  cooieoâfCqueJquerapponavec  celui  de Bcnedicite,  Rffmdnù,  VIII,  {$8. 

9.  le  tnaiivjîi  kg,  le  feu  de  l'enfer.  —  to.  prit.  —  11.  alors. 
I.  Contraction  de  *<iMft,  voulut.  —  1.  sucer.  —   j.  pri«r.  —  a.  va  faire 
une  charge  de  bois.  —  ),  uni.  —  6.  hactic.  —  7.  dctcendu.  —  8.  Jaissirent. 


(76  DeJBANt<E 

et  lende  dio  que  l'amlèn  en  u  cam  qui  n'èro  pas  estai  laourat  despuch 
loung  tens.  «  Aco  harai,  «  se  disgou,  «qa'atboui  aouédaouit^  acabal.  » 
Can  tou  pourtén  et  deluna,  qu'où  troubèn  tout  asstetst,  qu'aoui  bJm 
touio  ro  terre  :  «  Oigai  a't  mèsire  de  bengue  dab  et  housse  '"  e  de  beie 
<•  s'èi  hèt  de  p1&.  »  Et  mèstre  qu'ai  iroubè  hèro  de  plâ  hèt,  e  qu'enbiè 
et  ballet  ta'i  bosc  ;  «  (^ue  coupft  tout  et  bosc,  e  en  u  biatye  qu'ous  t»e 
«  pounè  a  caso  u  gran  car  sus  et  cot.  »  Et  mèstre  que  s'espaouemè  can 
beiou  qu'aouè  coupât  tout  et  bosc.  Et  bailet  qu'agou  daouit  acabat  tout 
et  tribaill,  mes  se  tribaillaouo  plA  que  minyaouo  horio.  Et  mèstre  qu'où 
hasou  parti,  qu'où  paguè  e  que  l'enbié  ta  u  arrei. 

El  gouiat  que  se-n  an^  en  cndret  oun  l'aouën  dtt.  Que  truqua  ",  que 
l'anèn  aouri  e  que  lou  hasoun  parla  a't  arrei  qui  lou  demandé.  «  Que 
«  sabes  hô  e  que  bos  hè  ?  —  Que  boui  hè  tout  so  qui  bouillat  mes  que 
K  m'aouet  a  ensegna  drin.  » 

Qu'où  hasoun  iribailla  pe't  castèd  en  deguens,  mes  tout  so  qui  lou 
baillaouon  qu'at  coupaouo,  qu'aoui  trop  de  couratye  et  qu'èro  trop  gail- 
lard. Que  l'enbièn  alabetslrib:iilla  dehorope'scamse  pe's  bosc,  houtja  '* 
coupa  e  pica  le(;no.  Mes  et  gouiat  qu'èro  ta  gaillard  que  hasou  tan  d'où- 
braiye  que't  arrei  nou  lou  se  poudou  saouba.  Et  arrei  que  l'escrigou  uo 
lettre  e  que  lou  disgou  :  «  Bè  cerca  so  qui-s  irobo  en  aqueste  papi,  e  se 
'<  m'at  portos  que-t  herèt  bioue  sensé  h^  une.  »  Et  gouiat  n'aouè  pu 
apprés  de  legui  e  qu'ensegnaouo  et  pape  a  louts  ets  de  qui  attrapaouo.  Et 
permé  qui  arrencounirè  qu'#ro  u  gouiat  :  «t  I-cguît-me  Htt  pape  ?  — 
•$  Se  sabèouoi  so  que-p  deroandon  e  oun  pebon  enbia.  nou  i-anerei  pas. 
<;  E  que-m  demandon  tan.  —  Qu'aouet  ana  cerca  et  diable  en  Infer.  — 
«  Que-i  bei.  ■>  Coumo  es  meshidaouo  que't  permé  nou  l'agousso  tn>un>- 
pat,  qu'ensegné  et  pape  a  hèro  d'aoules.  Tous  que  lou  disgoun  ero  ma- 
d(cho  caouso.  E  a  tous  qu'^irrespounou  :  u  Que-i  boi.  » 

En  et  permit  endret  oun  s'estanquè  que  troubè  u  haoure  :  <  Quames 
0  d'oubriès  aouet  ?  —  ijue-n  &i  dus.  —  Nou-n  aouei  pasprous.  »  E  que 
se-n  anè.  Qu'anè  irouba  et  aoute  haoure  d'aquet  endret  e  qu'où  demandé  : 
«  Quantes  d'oubriis  aouet  ?  —  Que-n  èi  couate.  —  Nou-n  aeuet  pas 
«  prous.  ')  E  que  se-n  anè.  Qu'arribè  en  uo  grano  bilo.  A't  permé  haoure 
qui  arrencountrè,  qu'où  demandé  :  «  Quantes  d'oubriès  aouet  bous  i  — 
a  Que-n  emplegui  cheis.  —  De  bous  qu'èi  a  besougn.  Hèi-me  uos  esie- 
«  naillos  de  cen  quintaous  e  u  marlèt  d'aoutan.  »  Can  agou  et  martèt 
e  ros  estenailtos  que  paguè  et  haoure  e  que  s'en  ané  fana  cerca  et 
diable  en  Infer. 

Can  y-esté  arribal  que  truqué  a  ro  porto.  Et  diable  que  sourttscoa  : 
«  Que  bos  ?  —  Que  t'éi  a  remeie  aquesie  pape,  n  Que  hasou  samblans 


9.  promptcmcnt.  —  10.  bècbc,  —  11.  frappa,  —  la.  bêcher. 


CONTES   DE   LA   BICORBE  (77 

de  t'at  bailla  mes  que  dechj  caie  'i  ra  letcro.  o  Amasso-m  ac6,  >  se  lou 
dis  et  diable.  «  Nani,  »  dis  et  gouiai.  «  Qu'ei  a  lu,  nou  l'as  sabudo  prene 

■  Amasso-loiu.  — Amasso-lolu.  »  EnFègncidiableselablouquelas'agou 
a  prene.  Et  diable  que-s  degou  abacha,  et  aouie  dab  eros  cstenaillos 
loutos  prestos  qu'où  gahé  pe't  cap  e  qu'où  se  carguà  sus  er'arreio  '*,  puch 
que  gahi  ro  courrudo-f.  Et  diable  que  hêouo  :  a  Decho-m  ana  !  »  Et 
aotne  :  a  Demouro-t  atyéou  '^.  »  F.  coumo  et  diable  reniud<ioua,  qu'eu  de 
Q  gran  cop  de't  manii  de  cen  quiniaous  sus  et  cap.  Et  diable  nou  gousè 
mes  bada.  Et  gouiat  qu'anè  pourta  et  diable  a'i  arrei  at  bèt  mei  de  ro 
»o  cour.  Et  gouiat  que  lou  disgou  .  «  Que  m'aouet  baillât  uo  leitro  ta 
ff  p'ana  cerca  et  diable  en  Infer.  Atjéou  que  i'aouet,  hèt-ne  so  qui  bouillat 
«  t  pagat-me  a  iou  so  qui  m'aouet  proumelud.  v  E  arrei  qu'où  pagui. 
Et  gouiat  que  se-n  tourna  "iiia  caso  ;  •(  Mai,  que  p'aouèi  proumelud 
«  qoe-p  bliûui  hè  beic  uo  bèro  bieillesso,  atyéou  qu'aouei  tout  et  arien 
«»  que  m'ri  gagnât.  —  Mainat  de  Uiou,  quin  t'as  gagnât  tant  de  dtnés 
0  en  ift  piuc  de  tens  ?  Que-n  èi  ptà  de  chagri.  —  Nou  siot  pas  dcsou- 
«  lado,  qu'ous  m'èi  de  pU  gagnais,  que  soi  anat  cerca  et  diable  en  Infer, 
«  e  ijue  m'an  paguat  per  aquet  iribaill.  n 

ES   NOBTS. 

Ll  bouscassè  ■  que  s'èro  mandat;  et  se  de  ro  nousso  que  phch  darrè  et 
catsè  de't  Uet  noubiaou  es  pantalous  e  u  basiou.  El  lende  dio  can  se  des- 
bdllè  qu'aperè  ro  suo  henno  e  qu'où  disgou  :  i<  Henno  qu'eî  deia  dios 
»  e  que  nous  caou  iIeoua,saoutém  de't  llet,  atyéou  qu'aouet  es  pantalous. 
n  bicat-lous-pe'.  »  Ero  henno  quet'arrespounou  :  u  lou  hïca-m  es  pan- 
«  talous.  nou,  nou  qu'^t  bous  et  mèstrc  e  qu'ous  p'aouet  a  boula.  «  Et 
home  que-3  birè  alabets  de  cab  a't  traqué  *  e  qu'où  disgou  :  "  lan  de't 
«  B08C,  sios  icmouôi^n,  qu'as  cntenut  so  qu'a  dit  ero  henno,  que  déoui 

■  tousiém  pouna  es  pantalous,  mes  si  iames  s'at  de$broumbaouo'«  e  qu'ous 
H  boulousso  pourta,  que  t'en  soubenguerés,  que  herés  et  tué  deoué  e 
«  qu'où  crouchir6s  i  ets  os.  » 

II. 

CONTES  D'ASTÊ*. 

CAN   BRAS   BESTIAS    PARLABAK. 

U  cob  eras  besiias  que  parlaban.  U  arriche  paisS  qu'abè  u  pardll  de 
bouéaus  que's  bailets  hasèn  tribaïlli  tout  dia. 

ij.liisji  tomber.  — 14.  ledos.  —  r  ^  prit  la  coum.  —  i^li  (i>  =  (raoutll*). 

I.  bbcbema.  —  3.  meltcz-les  vous.  —  j-  se  toorna  alors  oc  tète  an  groi 
bltOB,  c'«(t-l-dife  rers  l«  gros  biton.  —  4.  oubliait.  —  j.  ta  lui  romprais. 

*■  M.  Caslilioii,  archiviste  de  Bagnères  et  originaire  d'Asti,  nous  a  été  dV 
grisd  secoun  pour  la  colleaion  des  contes  de  cette  localité 

Aomiaitfa,  XH  )7 


J78  DSJEANNE 

Aquel  pâisi  qu'âbè  t;ibé  u  ssou  qui  nou  hasd  sounque  pas&^iJ  ra 
masiressa  de  ra  m^sou.  Et  se,  can  es  bouéous  èran  arribats  de'i  tribaîll 
que  ieiniban  sus  et  loué  son ,  el  asou  que  se-n  irofaba  ■  et  que-ous  disëba  : 
«  Couma  nou  lièi  couma  iou,  que  soi  plA  achibadai  e  nou  hèi  arré, 
«  madama  qu'et  ta  leouiéra  que  nou  la  irobi  sus  er'  srria  can  la  porli.  * 
Es  bouéous  quc-ou  digoun  :  a  Mes  nous  aoutis  nou  poudém  pas  h^  counna 
n  lu.  —  Si,  0  arrespoun  «  asou,  «  maitl  can  be  baillen  el  hé.  nou  caou 
K  pas  gardà-ou;  que-s  pcnsaran  qu'^t  malaous  e  labels  nou-b  baran  pas 
«  tribailU.  n 

Et  aouie  dia,  es  bouéous  que  seguîgoun  el  counseill  de'i  asou  e  nou 
bouloun  pas  minyi.  Et  bailet  qu'anî  dise  a't  mèsire  que's  bouéous  qu'èran 
malaous  :  u  Eh  be!  alabets,  atelat  et  asou,  e  que-ou  hen  tribailb  tout  et 
«  dia.  »  El  se,  can  eslè  tournât  enti  ra'sUca,  que  digou  a's  bouéous  : 
«  Se  sabdt  lo  qu'an  dit  de  bous  aoutis.  —  E  qu'an  dit  f  —  Et  inèstre 
K  qu'a  dit,  puch  que's  bouéous  soun  mabous  que-ous  caou  hé  tui,  que 
u  pouderam  bene  ra  car,  »  El  mèsire  qui-ous  escouiaba  que  sounigou 
de  ra  borda  en  hè  u  gran  csclacarat  '  d'arrte.  Era  henna  qui-s  troubè  ena 
cour  que-ou  demandé  et  sutyèi  d'aquei  arrie.  Et  roèsire  nou  l'ai  boulou 
pas  dise.  Era  masiressa  que-s  fùché,  nou  boulou  passoupÂ,  que-s  boulé 
en  llet,  e  que  digou  qu'éra  malaouia. 

Et  aoule  mailt  ei  pourei  que  cantaba.  El  cSt  que-ou  digou  :  u  Qu'es  pl 
bèsiiade  cantii,  madatna  qu'eï  là  maiaoufa.  —  Oh!  n  arrespoun  et  pou- 
ret,  «  si  ei  nièsire  prenèba  u  basiou  de  couaie  pans  e  que-n  ancssa 
«  de  cab  a'I  llet,  que  beirés  si  ra  henna-s  llebaré  bisie.  a  Et  paisJt  qui  ai 
enienou  que-s  prenou  et  bastou.e  que-n ané  de  caba'tltet:  «  Décba-m,  » 
digou  ra  henna,  «  que*in  boui  Ilebâ  e  nou  at  boui  pas  sabé.  » 

Le  conte  suivant,  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  conpiftrr,  mentionoe 
une  idée  encore  bien  ripandue.  Let  paysans  d'Asté  croient  que  l'aulne  ibér)  pos* 
lêde  des  vertus  cachées, 

U  cob  enas  paredsde'sTotowsquetroubènu  hadoulou'  e  que-ou  pour- 
lèn  en  et  Castel  d'Asie.  Nou  boulé  parla  iames  proumou  que  >  sa  mai  que 
l'anaba  dise  dc'i  soum  de  ra  chemtneia  en  la  ;  a  Hadoulou,  Iou  mié  hadou- 
u  Iou,  per  tant  que  t'en  beias,  iames  nou  digas  era  charliia  )  de't  bér  ta 
«  qu'ei  bouna.  » 

Es  paisAt  que  pounarén  guilladas  d'or. 

U  dia  et  hadoulou  que  beîou  que  ra  tàï  que  bouriba  e  que-s  debessaba 
pe't  houec  en  bad,  alabets  que  digou  :  «  0  la  !  ra  manna  de  Diou  que 
K  se-n  ba.  » 


I.  s'en  moonaït.  —  2.  éclat. 

I.  fili  de  lee.  —  t.  parce  que,   mot  i  owt  :  pour  l'amour  de  ee  que.  — 
).  fleurs  de  l'aulne. 


COMTKS  DE  LA  BIGOftPf  $79 


ERAS  NAOU   BERTATS. 


On  me-n  tu,  &  me-n  oa  ? 
Et  sonrdD  qu'amis  mes  qoe  ra  laa. 
T3n  me-n  duas,  dis  me-n  doas  ? 
Qui  a  dos  ooeills  en  a  tesu 
Que  pod  pHi  garda  pe  ra  hiestra  ■. 
Dis  me~n  très,  dis  me^  très  ? 
U  mainat  a  très  ans 
(^  pod  ani  a't  loong  de*s  bancs. 
Dû  me-n  cooate,  dis  me-n  conate  i 
Couat'arrodas*  en  a  car,  qu'estan  toustém  plâ. 
Dis  ne-n  cinq,  dis  me-n  dnq  ? 
Qui  a  cinq  dits  ena  mft 
Que  pod  pl  espeiiità  ra  l  ). 
Dis  me-n  cheis,  dis  me^  chas  ? 
Cheis  i^as  pradiras  4 
Que  poden  saoutâ  ras  arribèras. 
Dis  me-n  sèt,  dis  mcHi  sèt  i 
U  chibaou  pli  achibadat  f  que  pod  plâ  accoumpagnâ  sonn  mèstre. 
Dis  me-n  oueit,  dis  me-n  oueit? 
Et  pi  en  bi  goubat  ^  qu'ei  pl  bou. 
Dis  me-n  naou,  dis  me-n  naou  ? 
Qui  a  naou  porcs  ena  saou 
Que  pod  bde  arribii  Nadaou. 

PLAISANTERIE  APRÈS   dInER. 

Aou  nom 
DeH  haou  • , 
De"!  paou», 
De't  ber  et  de't  madu, 
Tira-t-en  moussu  ; 
Qu'abéro  pli  minyat  et  pli  begut, 
Mes  n'aourém  minyat  s'en  abèra  agut  ; 
Aquerâ  qu'ei  ra  faouta  de  ra  mastressa, 
Maou  houec  l'argua  ra  haouta  de  ra  quessa  ). 


t.  fenêtre.  —  2.  roue».  —  j.  peut  bien  écharper  la  laine.  —  4.  juments 
dans  les  prés.  —  j.  bien  pourvu  d^votne.  —  6.  mouillé. 

1.  hfitre.  —  2.  coq  de  bruyère.  —  J.  que  mauvais  feu  lui  brûle  le  devant  de 
ta  chemise. 


,8o 


DEJEANNB 


ERA  Ca&8A  B'T  loup. 

L'aoute  dia  ra  craba  qu'èra  a*t  cal  de  ua  roucotta  ■,  «t  segnor  Lucoa 
(loup)  que  l'apert  c  que-ou  digou  :  «  BenM-en  cnsà.  —  Oh  !  nou  at  harti 
•  nou,  que  le-m  minyar^^.  —  Qe  sabes  tu  craba,  que  ïou  nou  minyi  pns  car 
■  lù*!  dibés  ni'i  dJssaite.  »  Era  cnba  qu'en  ba'si»  li  fada  que  debaré  'ma 
ra  courada*.  Kt  segnor  lucou  que  la  galii  pe  ra  mem£la  )  e  que-ou  hasou 
cridâ  :  m£  mé  niè. 

Tristis  minisiris  era  craba  in  benlris  nteis. 

On  met  ijuclqucfois  en  seine,  soit  des  élrangen,  soit  dei  habitaBUdesTilbges 
voiims  ou  des  personnes  d'une  position  différente.  Ce3  actcan  ont  rareneal  les 
beaux  ràles. 

ET  PARISIEK   A   CAMPA. 

Le  Parisien  :  DiUs-moî,  femme,  où  est-U  le  chemin  pour  aller  à  Bjo-ègaf 

La  fehue  de  Campan  :  Que  diset  f 

Le  Parisien  (un  toit  plus  titré)  :  Oà  ett-^l  le  chemin  pour  aller  à  Bariges? 

La  femme.  Mourai  drin,  «  mié  hiU  qu'ei  estât  pris  c  louegn  a  ras 
pourtetcs  de  Tarbe  que  b'at  sabera  dise. 

Le  Parisien  au  pils  ;  Mime  ijaesùon. 

Le  fils  :  Ndu  at  entenet  pas,  marnai,  que-b  demande  bâtisses'  dab  eT 
cuillè  gran. 

La  MÈRE  :  Ah  1 1  !  bengad,  bengad  ! 

ET  GOUIAT  DE  CAMPA. 

Ua  lienna  beousa  de  Campa  qu'abè  u  tiill  ;  u  bèt  dia  que  l'enbît 
entât  marcat  eni'anJ  croumpd  u  porc.  Et  gouiai  que  croumpè  et  porc,  e 
can  arribë  a  ra  sarra  '  de  Caoubetâ  que  s'estanqui  e  que  digou  :  «•  Ma 
u  home  toi  !  que  îc  me  soiin  desbrembades  »  cres  haïlks  ',  bos  te-n  tourna 
«  tout  soûl  f  can  arribes  a  ra  barane  -•  qu'apcreras  a  ma  e  qu'où  diseras 
«  qu'es  nouste.  At  bos  W?  »  Et  porc  qu'ârrounnès  et  gouiat  que  creiou 
que  disèba  que  Ù6.  Can  arribè  a  casa  que  digou  a  sa  mai  :  ■  F  doun, 
«  ma,  que  be-n  semble  det  porc  ?  —  Nou  l'èi  pas  bist  ;  oun  d  ?  —  Ma 
«  home  I(m!  que  s'ei  trufai  de  iou,  que  m'ab^'  desbrenbat  ères  bailles  e 


I.  petit  rocher.  —  2.  petit  vallon.  —  }.  pjrtie  qui  pend  sous  le  menton  de 
la  chèvre. 

I .  Liquide  qui  reste  apr^  Il  formation  du  beurre.  Le  nimtear  se  moque  de 
la  femme  de  Cimpan,  car  rexpreuîon  tsi  allé  aux  pttiUs  porUt  de  Tatka  se  dit 
pour  quelqu'un  qui  n'est  guère  sorti  de  chez  lui.  Il  se  moque  aussi  de  l'igno- 
rance et  de  t'usuraDce  du  fils  qui,  ne  comprenant  pu  la  demande  du  Parisien, 
ripond  i  faux. 

I.  sciefie.  —  a.  ocbliées.  —  j.  chanddles  de  i4sine.  —  4.  barrière.  — 
\.  grogna. 


OMmS  PC  U  HCOftU  (81 

«  ({tie  m*a  piowiieiut  de  faie-be-s  ipen  ^n  ié*  Mori  n  buae*.  — 
«  Munit.  Doo  cali  pas  lié  iCBOo.  qK4  aie  enooiM  u  corde  e  qsfr^a 
«  calfi  esua  pc  n  caiDe.  —  Héi  !  ^  «aane  cab,  ami,  qite  harfc.  ft 

El  aame  diaate  n  ■■  qoe  renbii  cniMip<  ■  cnolè?,  El  gmMt 
can  aou  aoumpsc  ei  CMMè,  qpe  FMiqQt  pe  f^aaa  e  ^  funonegiè* 
cniio  casa  ;  et  caooti  qB'estè  tott  pleifat*  :  *  AqKtfe  00b,  aiai,  bi*»!  è 
■  bèt  couma  in'abM  dâ.  —  Ah  !  iimmb  Dioit.  màiut  t  qa'ou  le  cal£  aeSe 
V  en  cot  a  t  cat  de*!  battou.  —  Eaia  a  oole  cob,  maaa,  qo'ai  harè.  » 

Et  cnarcai  6'xprH,  en  nal  qae^«  BMldt  hœ  na  bob  de  barri.  £1 
ntÏBn  que  i-ant,  e  can  èra  pe"!  caoi,  <|MbciiM  a  CBMn**tNt  croobn 
de  cnbasBS  :  «  O  re  hoineuri!  be  dcba  nifti,  im  onHi  aliiï  que  «a 
m  e  qoe-n  betan  demaoïi!  •  EdepeiMqKati"ciaifaedabeniiieî- 
taide*!  barri.  Que  bébi  a  bèt  AadecaloB^ecfMMatqw-cpeaouetbum 
qui-ou  «mbraha»  3*1  ot  de  0  baMNL  Etbgnî^oosedeSgN**pe*icaiDl, 
e  en  arribè  ea  marcad  ixm-a  aoa  pat  fariqoa  '•*.  ■  E  dooii.  nuinal,  as 
«  pb  benut  et  burri  ?  oa  Agoa  ra  mai  can  csti  toonai.  —  Carai-be, 
«  nama.  que  se  m'é  delk  tooi  j>e1  caoû.  —  Non  ^>èa  pa»  a  ht  ataoa  ; 
«  que  l'abisaiiioaiiladeunseBunsesaôgBebefesqiie.  —  Entaoooute 
•  oobt  BUfluit  qoaR  hafc.  » 

U  aonte  dia,  n  ma  que  fcnfait  cro^ipà  a  nqon  de  saoD.  Per  tout 
et  cam)  ei  gouiat  que  la  goofaè  ■<  es  angaa.  Caa  loorai,  ra  mai  qu'on 
digou  .  •  Oun  ai  cra  saoa  ?  —  He,  mania,  que  m'abit  (fit  de  gootu-Ie  en 
<  aiguë  pcr  tout  et  cami  c  qu'ai  i  hH,  manu.  —  (^'è  a  bi  iou  de  lu, 

U  aoDte  dînane  qafaa  nandè  bene  ai  baqaa  e  qoe-oa  digoa  :  «  Noa 
«  la  bénies  pas  a  d-âqote  de  qm  parten  tas  mes  a  u  qm  noo  parle  gaire.  * 
Can  airibi  en  et  raarcal.  o  mardian  qoe-ou  demandé  :  ■  Can  ne  bos 
■  de  ra  baqua  ?  —  Nou  l'auras  pu  tu,  que  parles  trop.  ■  En  s'en  tourna, 
daban  era  upèra  de  Sen  Rocfa  ai  cat  de  ra  lana,  que  bdou  u  san  que^t 
bcn  hiba  ani,  qœ  s'estaoquè  :  •  (^'at  béii  que  la  bos,  era  baque  ?  m 
Et  san>*  toott^  que  senaba  ■:*  que  tid  :  •  E  dounc  aty^ou  que  l'as, 
«  era  baque  e  se  nou  la-m  podes  pas  pagua  ara,  que  la-m  paguaras 
«  mes  lard.  ■  Et  gooiat  qae  techè  rz  baqua  e  que  s'en  taumi.  Sa  mai 
qtK-ou  digou  :  «  (^81  bit  de  ra  baca  f  —  Carabou  loi  f  ouma,  <{a'i  atra- 
«  pat  u  borne  qui  oou  paitabe  pas,  e  que  l'i  baillât  cra  baque.  —  Onn 
«  as  ères  taries  ?  —  HH.  roaroa.  que  m'a  sénat  que-m  pagueré  mes  tard. 
«  —  CMoqwr-ueqne-fl  aourasbète, .  digou  ra  mai.  A't  cat  de  caouques 
dias  et  gomat  que  s'anaba  M  pagâ  ra  baqua,  can  arribè  daban  en 


6.  B  i  n   :  reair  tous  pow  lui  ippelw  ponr  faire  1  loi  oumr  la  lumère. 

—  7.  cfaaitdroa.  —  g.  traba.  —  9.  pfcia  de  ctc«»-  —  lo-  thtat.  —  11.  front. 

—  II.  rnlatt.  —  I).  foadH.  —   14-  àa  loai.  —  n-  moiiilU.  —  16.  statoe 

An  «Mat»     1  ~     J-;^-:-   ^l^^^m 


dn  uîbL  —  ij.  tiîsM  jigÊt 


(82  OEJEANNE 

capèra  de  Sen  Rocb,  que  demanda  j't  svt  de  pagi-ou  ra  baqua.  Era 
statua,  miada  pe't  ben  en  u  aouie  sens,  que  «enaba  que  nou.  «  E  la-m  b« 
«  paga  ra  bsque  f  »  En  siaïua  tousT^  que  senaba  que  nou.  ■>  Ah  !  nou 
«  la-m  bos  pas  paga  ra  baque  !  •  £  de  u  cop  de  ba&tou  que  U  buou 
en  bouds  ■',  e  que  s'en  tourna  poun^  ra  respounsa  a  casa. 

Aoueiada  '«  de  tan  de  besiiesa,  ra  mai  qu'arresoukiu  de  nou  pas  mandi- 
oa  en  laug  mes  e  d'and-s-t  era  madécha.  so  que  hasou.  Et  gouiat  can 
se  beiou  soûl  que-s  bouti  en  cousina,  que  biquè  ra  padena  en  boucc  »,  a'i 
menire  que't  lard  es  ddïba  qu'anè  tira  bl,  mes  aban  que  ra  bouteitla  nou 
bou  plia,  et  houec  que-s  gahâ  cna  p^idena  ;  sensé  barra  et  brouquet^'.  et 
cousine  que  courrou  amouni  et  houec,  e  can  toumi  enta  ra  barriqua  et 
bique  s'este  debessat  ;  enia  hé  sequiiout  aquertS  que-iboueitè"usac  de 
haria*i  ;  prfes  d'atyëou  que  i-abé  u'  aouca  ^  qui  couaba,  can  beiou  tan 
d'amerai't  que-s  bouië  a  crida,  et  gouiat  qu'où  digou  :  k  Couquine 

V  et  bos  cara^  que  l'at  bos  dise  a  marna,  ehbe!  que-tboui  cot-torce,  »  e 
qu'at  hasou  ;  mes  puch  que-s  troubé  embarrassad  de  ra  couada  de'u 
ouéous,  alabets  qu'ani  cercà  et  asou,  enta  bi-i-i  abacbi  qu'où  coupi 
ras  camai.  Et  asou  en  hii  caic  qu'csmousté  »  touu  ets  ouéous. 

Era  mai,  enta  se-n  desbarrassa,  qu'où  boulou  maridd-ou  :  ■  Que  caoa 
«  ana  enta  ua  taou  maisou.  que  i-a  ua  goui.ite.  que  la  calera  plase.  e 
K  quc-ou  daras  lard  e  bèt  cop  de  oueill.  n  Et  coulai  que-s  taillé  u  tros 
de  brd  en  petits  boucis,  e  qu'anè  liri  ets  oueills  a  ras  crabas.  Can  este 
dab  era  gouîata  que-ou  ielaba  \>èl*^  bouci  de  lard  e  bit  oueill  de  craba. 
«  Edoun  quinas  hèt?  »  ou  digou  ra  mai  can  tourna.  «  E  de  plâ,  mania, 
u  qu'où  lirabi  bèt  bouci  de  lard  e  bét  oueill  de  crabe.  —  que  dises, 
a  malnat,  qu'as  tirât  ets  oueills  a  res  crabes  !  Nou  caou  pas  hi  ataou, 
«que  caou  estn  charman  c  canta  b^t  drin.  —  Ya-t  hart,  mama.  — 
■  Que  t'i  tournaras  douma  d-assé.  >^  Que  s'i  tourné.  En  tout  entra  que 
troub'è  que  ptouraban,  e  que-s  bouté  a  canid.  Que-ou  tîrèn  dehora,  e  can 
sa  mai  lou  beiou  a  tourna  t&  bisic,  que-ou  digou  :  «  Quinashèt^  — Oh, 
•t  mama,  que  m'an  tirjt  dehore;  can  soi  emrat  qu'èi  bis  que  i-abè  u  llet 
1  tout  enblanquit,  et  moundc  que  chcmucaben  **.  «  Sa  mai  que-ou  digou  : 
«  Que  i-ab*  u  moun  e  que  calé  hé  coum'  ets,  prega  Diou  c  en  Ileba-J 
o  dise  :  Diou  que  nous  hasue  ra  gratie  d'ana-ou  trouba  en  ciou!  —  E 

V  doun  ema  u  ooute  cob,  marna,  qu'at  hari.  » 

Caouque  tens  après  que  s'i  tourné  ;  qu'abèn  escanat  ^  et  porc,  e  que 
l'abèn  penul  pe  ra'sc:ila  en  bat.  Et  gouiat  que  s'alougnèt'^,  que  preguè  Diou, 
e  en  se  llcb.1  que  digou  :  <■  Diou  que  nouï  hassie  ra  grdtie  d'ana-ou  trouba 


|8.  morceaux.  —  19.  ennuyée.  —  10.  poêle.  —  11.  fosset.  —  Ji.  vida.— ■ 
3).  brine.  —  24.  oie.  —  li  piif  pour  les  aninuux  fjile  av(c  de  la  tirine  de 
mats. —  36.  écra».  —  ay.  bit,  beau,  s'emploie  souvetil  oomme  adjectil  Indclini 
avec  lesens  de  ^utS^at.  —  16.  sanglotaient.  —  29.  égorgé.  —  jo.  s'ai;«ouî)la. 


CONT£$  DE  LA  BlCORRE  s8] 

en  cèou  !  »  Can  lou  beioun  tA  pépi  '  ■  que-ou  lir^n  dehors  e  que-ou  defen- 
doun  de  s'i  tourna  mes. 

Sa  mai  que-ou  mandé  labels  eni'ani  gahj  ua  taoupa.  h  Qu'ei  aquerd  )>, 
n  mama  ?  —  Ua  bèstie  louia  nègre.  *  Et  gouiat  que  pariigou.  Caouque 
tens  aprte  que  bencou  a  passi  u  moussu  tout  bestid  de  nègre,  u  Be  i-a 
«  bère  pause  qyc-t  dcmouri.  "  E  qu'où  tuè  a  cops  de  housse.  «  Are  que 
«  Tè  ra  taoupe,  mama,  qu'ei  grane,  pl&  grwie,  biet  la  beie.  »  Sa  mai 
que-n  anè  e  que  beîou  qu'abè  aoudt  h  u  home.  (•  Malurous!  qu'as  hii? 
a  Que  caou  hè  bitte  u  cloi  h,  que  l'i  escounerasn,  e  pus  que  luaras  ua 
0  crabe  e  que  la-i  boutaras  a't  dessus.  » 

At  cap  de  dus  dia$  era  iusUcia  qu'arribi  a  ra  resèrqua  d'aquet  home; 
que  dcmandôn  a't  gouiat  si  l'abè  bist?  Que-ous  digou  que  l'abè  bisl.  «  E 
0  oun  ci?  —  lîcngat  dab  iou.  »  Qu'anè  desenierri  ra  craba  e  que  la 
gahè  pe's  cors  en  dise  :  «  Ei  aquet  et  home  qui  cercat  ?  r  Era  iusticia 
que-5  birè  sense-ou  demanda  arré  mes. 

ET  COUNOC  DE   RA   BOUHADERE'. 

Es  de  Campa  que  mandèn  u  home  ent'anà<s  hè  preslà  ua  bouh.-idera, 
pas  era  de  hus  '  me^  era  de  hàr,  enta  cndil  ra  héira  <  de  Sen  Chîmoun  a 
lude,  e  que-ou  baïllèn  ua  troueta*  enta  hè-n  presen  a't  de  qui  abè  a  presti 
ra  bouhadera.  Que-s  bouté  ra  troueta  en  capôi  t  de  ra  capa  e  que  par- 
tigou  enu  Bagneras.  Can  esté  a't  poun  de'i  Martinet,  qu'aou  set  que 
s'aiouquè^  enta  bebe.  Menire  que  bebè,  era  irouela  que-ou  se  sourli^ou 
de'i  capèt  de  ra  capa  e  qu'ané  en  aigua.  Et  home  en  bit  beie  a  passa 
aquera  troueta  que  digou  :  c  Si  t'abiéi  dab  era  de  qui  éi  en  capél,  quîn 
•  presen  que  harièi.  n  Que  counttnuJ  et  sué  caml  e  qu'arribé  a  Bagne- 
ras.  «  Adichat  es  de  Bagnerea  !  es  de  CampA  que  se  b'arrecoumanden 
u  plà  e  que-p  hén  dise  s'ous  boulet  prcsia  ra  bouhadere,  pas  era  de 
«  hus  mes  era  de  hèr,  enta  crida  ra  héire  de  Sen  Chimoun  a  lude,  e 
«  que-p  manden  e  que-p  manden.  —  E  que  i  —  Ma  foui  arré  *.  m 

On  le  vQÎt,  le»  conteurs  d'Asté  te  monlrent  peu  bienveillants  pour  leurs  voi- 
sins de  Campin.  Ceux-ci  leur  rendent  probabktnenl  U  pareille.  Les  habitants 
d'Astè  doivent^ilt  i  leurs  propos  morditntt  le  sobriquet  qui  leur  est  donné  : 
uoajts  ou  tjtas  (uonsl  ?  La  plupart  des  localités  ont  aussi  le  leur.  Les  babt- 
unls  de  BagneiTs  sont,  )  cause  des  eaux  minérales,  appelés  tu-Uhm.  Quoique 
nous  soyons  fils  de  laba,  et  qu'à  ce  titre  il  nous  ait  été  facile  d'avoir  cominu- 


)i.  imbécile.  —  ;2.  Qu'asi  cela?  —  j).  tué.  —  j^.  trou.  —  )$.  cacheras. 
1.  trompette.  —  a.  bois.  —  3.  foire.  —  4.  truite.  —  {.  capDchoD.  — 
6.  s'accroupit. 

*.  Nous  ferons  remarquer  que  les  habitants  de  Camsan  accentuent  assez  for- 
tement  les  syllibes  iinales  en  u.  Au  singulier  la  voyelle  atone  est  en  realité  «. 
On  dit  tra  Mfuj  mais  au  ba^tui. 


j84  OEJEANNE 

nicatioo  des  contes  d'Asti,  nous  recueillerons  très  volontten  les  récits  qui 
pourraient  être  disobligeants  pour  cette  commune,  quand  bien  mime  ils  nous 
seraient  transmis  par  les  bermes  (vers)  de  Campan,  les  gaotUriUs  (goitreux)  de 
Gerde  ou  les  akirous  (hargneux)  de  Baudéan,  etc. 

Les  tabas  ont  porté  leurs  piqûres  jusque  dans  la  vallée  d'Aure,  à  preuve  les 
rimes  injustes  ou  du  moins  exagérées  que  nous  reproduisons  : 

Aouresailla, 
Piqua  pailla', 
Dab  u  limac  que  tièn  gasailla  ', 
Dab  ua  mousca  que  hèn  presen. 
Oh!  la  lèda  rassa  de  ien! 

D'  Dëjeanne. 


I.  piqutpaille,  avare.  —  2.  cheptel. 


MÉLANGES. 


EN  ET  NA  EN  PROVENÇAL. 

On  saii  que  dans  les  textes  provençaux  et  catalans  le  nom  de  tout 
personnage  un  peu  marquant  est  précédé  de  la  particule  En  (par  aphé- 
rèse jV},  s'il  s'agit  d'un  homme,  de  la  particule  Na  (par  apocope  N').  sll 
i'a^i  d'une  femme  ;  En  Berimn  dt  Born,  N'Aimar  nsconite  de  Umoges, 
Na  Tihrt  de  Motiiaasier^  N'Azalais  de  Porcairargas. 

Kay^nouard  regarde  sans  hésitation  Na  comme  dérivé  par  aphérèse  du 
substantif  domna  ;  en  ce  qui  concerne  l'étymologie  du  masculin  En,  il 
ne  se  prononce  pas  et  se  borne  à  renvoyer  aux  conjectures  de  Pierre  de 
Marca  '.  Ces  conjectures,  auxquelles  nous  nous  sommes  référé,  ne  sont 
pas  très  nettes  :  tl  semble  que  Marca  considère  En  comme  une  abrévia- 
tion de  Mossen  =mens  senior,  opinion  qu'aucun  philologue  de  nos 
jours  ne  prendra  au  sérieux,  qu'elle  ail  été  ou  non  celle  du  laborieux 
archevêque  de  Paris'. 

Diez  s'occupe  de  nos  deux  mots  à  l'article  Donna  de  son  dictionnaire 
étymologique,  et  il  le  fait  en  ces  termes  :  «  Une  abréviation  prov.  et 
catal.  de  dominus  employée  devant  les  noms  propres  est  En  [dom-tn 
pouriom-inl,  correspondant  à  iVd.  abréviation  de  domina  (Jum-na)  î.  h 
Il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  longuement  sur  l'invraisemblance  de  l'étymo- 
logie de  Diez:  domen,  de  dominus,  n'existe  pas,  et  l'on  ne  peut 


) .  Choix,  t,  1  j  j  :  t  On  conçoit  que  Na  »  pu  venir  de  Joan\  par  la  suppres- 
sion de  Jom,  m»s  il  est  plus  ditEcilc  d'expliquer  d'où  dérive  En.  M.  de  Miro 
a  proposé  des  conjectures  i  ce  sujet,  Siarat  hùpanui,  liv.  },  cap.  9.  •  Cf. 
Uii^ue  romen,  III,  67  cl  i  (8. 

i-_Loi-  IjuJ.  I  In  A({uiunia,  OcciUnij,  Vascooii,  Benearno  et  atîbi  dtctto 
srmittt  led  pjulo  remotror  a  latina  usurpala  est,  scilicet  £n,  tive  composilo 
nomine  Motsta,  <)uasi  diccres  per  conlractionem  ttn,  id  est  uaiof  sive  mou 
itmor.  * 

).  Ed.  Sclieier,  p.  ija-12). 


;86  MELAKCES 

admetire  que  dàmînus  ait  subi  un  déplacenieni  d'accent  extraordi- 
naire pour  devenir  dominus,  puisque  le  hùa  populaire  ne  connaiaaît 
pas  dominus  et  disait  certainement  domous- 

La  découverte  de  formes  jusqu'ici  inconnues  du  root  Ea  nous  per- 
metlra  peut-frtre  d'en  fixer  plus  sûrement  l'origine.  Ces  formes,  que  nous 
avons  relevées  dans  des  chartes  limousines  récemment  publiées,  sont  : 
un  cas  sujet  h'ot  et  un  cas  régime  correspondant  Non.  Voici  l'indicition 
des  textes  où  elles  se  présentent  : 

1°  Une  charte  originale  de  la  fin  du  xii*  siicle  provenant  du  monas- 
tère de  Saint-Jean  d'Aureil  '  et  écrite  dans  la  paroisse  de  Mérignac'.  Le 
nominatif  noj  s'y  rencontre  trois  fois  :  nos  P.  G.  Raspdut  —  nos  P.  C. 
—  NOS  C.  Bcraui  Enços.  On  y  trouve  également  le  cas  régime  non  : 
P.  Rdspau  lo  frair  «ou  P.  C.  La  forme  non  est  m(me  employée,  évidem- 
ment par  suite  d'une  distraction  du  scribe,  devant  un  nom  de  femme  : 
NON  PelToaUla  ia  Marhou  >. 

20  Une  charte  originale  de  1 307 ,  écrite  à  Limoges  et  scellée  des  sceaux 
des  consuls  de  la  ville  et  de  la  cité,  nous  offre  un  exemple  du  cas  sqjet 
et  du  cas  régime  :   Aqtusta  doua  fo  fâcha  en  la  ma  non  ;.,  h  chaptU  dt 

la  Maijo  Dieu et  prtgd  KOS  Foschiers  tos  cotsots  dt  tas  doof  vtks  ^ut 

i  mtzesan  tors  laeas*. 

Je  n'hésite  pas  à  tirer  nos  de  domnus  el  no/i  de  domnum,  de  même 
que  na  de  domna,  On  peut  être  surpris  au  premier  abord  de  l'apbérëse 
violente  dont  ces  trois  formes  ont  eu  k  souffrir,  aphérèse  qui  a  évidem- 
ment eu  pour  point  de  départ  un  déplacement  d'accent;  mais,  en  y 
réfléchissant  plus  mûremeni,  on  s'aperçoit  que  rien  n'est  moins  surpre- 
nant. Domnus  a  eu  deux  accentuations  différentes  dans  le  la*Jn  popu- 
laire du  Midi  de  la  France,  parce  qu'il  avait  deux  emplois  dîsiincu. 
Comme  substantif  indépendant  et  ayant  sa  pleine  valeur,  il  est  réguliè- 
rement accentué  sur  la  première  syllabe  ;  de  Iâ  le  prov.  dom,  don, 
domna.  Comme  particule  honorable,  il  n'a  fAus  été  bientôt  qu'un  mot 
proclitique.  Or  qu'est-il  arrivé  dans  le  Midi  comme  dans  le  Nord  de  la 
France  au  proclitique  dtsyllabique  le  plus  employé,  à  l'article  ?  L'accent 
a  glissé  de  la  première  sylbbe  sur  la  seconde,  puis  cette  première  syllabe 
elle-même  a  disparu  <.  Il  y  a  U  un  parallélisme  évident.  On  a  dit  :  mCA 


1.  Aureil,  commune  des  nvirooi  de  LJmoget. 

2.  Canton  de  Bourganeuf  (Creuse). 

1 .  DotumtnU  hiitonaats  iaflalint,  ^ofuifaut  tt  franitis  (Mctrnant  la  Mértht 
tt  il  LimoBsvi^  p.  p.  MM.  Alfred  Leroux,  Enile  Molisier  et  Anioioe  Tboaias 
(Licnoses,  Oucoitrlienz,  188)),  p.  iji. 

4.  iMem,  p.  i{7. 

i.  De  même  en  limousin  actuel  on  a  m  (ick),  forme  proclitique  de  om,  an 
pluriel  Ai. 


En  ET  na  BN  provesçal  jSy 

damna  domnâ  Maria,  absotumem  comme  :  (lia,  ilU  fetnna. 
De  là  le  provençaJ  ma  damna  nu  Maria  el  tUa,  la  femna.  On  peut  se 
Ldemander  pourquoi  dans  l'anicle  illum  on  ne  trouve  aucune  irace 
rde  la  consonne  finale  m,  tandis  qu'on  retrouve  cette  même  con&onne 
dans  le  proclitique  domnum.  pourquoi  (il)ium  pAtrem  =  io paire, 
tandis  que  Jdom)num  Pctrum  =  non  Ptin.  Répondre  à  cette  ques- 
tion n'est  pas  cbosc  hcWt  ;  mais  qui  ne  sait  qu'elle  se  pose  de  mime 
poor  m(e)um,  i{u'iura,  s(u]umpatrem  =  mon,  ton,  son  paire' f 

Dans  quel  rapport  sont  les  formes  Nos  et  Non  que  nous  venons  d'étu- 
'dier  avec  b  forme  classique  Erif  Not  et  Non  étant  proclitiques,  on  peut 
à  juste  titre  assimiler  l'o  qu'ils  renferment  à  un  o  atone  ;  or  l'^  ou  i  latin 
atone  devient  généralement  *  en  provençal.  Après  la  tonique  cet  affoi- 
blisscment  a  toujours  lieu  :  majer  i  majorl,  pejer  (pejor),  melher 
(melior),  senhtr  (scniorl,  etc.  Avant  la  tonique  i!  est  moins  régulier, 
mais  se  produit  assez  fréquemment  :  Bagonha  (Burgundia).  Caerci 
(Cadurcirum).  comergar  (communicare),  (mprMfjr  (impromu- 
I  il  are],  teror  (sororem),  etc.;  les  exemples  de  ït  ei  Us  au  lieu  de  io 
et  tos  ne  sont  pas  rares  et  se  trouvent  un  peu  panout.  On  peut  donc 
admettre  des  formes  affaiblies  Nés  et  Nea  à  c6té  de  Not  et  Non.  De 
Nts  s'est  développé  Ens  que  l'on  trouve,  sous  la  forme  Enz^  dans  la 
coutume  de  Saint-Bonnet  le  Château  >  la  métathèse  inverse  de  Vn  se 
reifoave  dans /If  pour  m  du  latin  inde);  et  enfin  Nen  s'est  simplifié 
en  En  par  une  raison  d'euphonie. 

Il  est  curieux  que.  sauf  dans  la  charte  de  Saint-Bonnet  le  Château,  on 
n'ait  pas  d'autre  exemple  du  nominatif  Ens.  En  semble  de  bonne  heure 
avoir  ité  considéré  comme  indéclinable.  Il  y  a  encore  lA  un  rapproche- 
ment intéressant  entre  notre  particule  En  et  l'article,  Lo  =  illum  sert 
également  pour  les  deux  cas  du  singulier,  et  ce  n'est  que  dans  la  région 
où  se  montre  ce  nomin»tif  Enz  que  l'on  trouve  quelques  traces  d'un 
nominatif  H  i. 

Ant.  Thomas. 


I.  (Dios  mon,  ton,  son,  la  nasale  a  persisté  parce  que  le  mol  éijul  monosyl- 
labique, comme  d.int  divers  dérivés  romans  de  lum,  cum,  reiB,queni. — Rtii.\ 

i.  Paul  Moff.  Ruuiii,  a'  je. 

).  ;il  fam  remarquer  en  roman,  danj  un  Autre  cas  encore,  un  traitement  tout 
particulier  du  mot  dom  inus,  ou  plutôt  du  vocâlif  domine.  Toute  une  série 
de  moli  jppiTlfnani  i  diverses  langues  el  qu'il  serait  întèretiant  de  réunir  et 
de  cla&tcr  se  rattachent  i  la  formnfe  domine  Dcus.  devenue  un  seul  mol. 
Dans  cette  locution,  domine,  i  cause  de  son  emploi  spécial  et  relietmi, 
icioble,  au  moins  dans  plusieurs  régions,  n'être  pu  devenu  domne.  —  C.  P.] 


j88  MÉUKGES 

II. 
PAIENIE,  PAIENIME. 

Ici)  chevalcheot  ensemble  Berenietit  e  ad  ire  ; 
Pob,  [si]  escrient  l'enseigne  paien'u. 

{Ch.  de  Roland,  i^io,  L.  Gantier.) 

«  Le  ms.,  dit  M.  L.  Gautier,  porte  paenime,  et  c'est  paieitie  que  l'on 
emploie  connue  adjectif.  Il  faut  supposer  une  erreur  de  scribe.  »  (Ch. 
de  Roland,  édit.  classique,  p.  601.) 

Il  faudrait  donc,  suivant  M.  Gautier,  corriger  aussi  les  deux  exemples 
suivants,  oiï  paienime  est  également  employé  comme  adjectif  : 

Car  c'est  li  plus  forz  ennemis  que  la  loi  paieanime  ait. 

(Joinville,  ch.  LXXIII,  de  Wailty.) 
Flagos  a  a  nom  l'aiguë  eo  la  loi  paienime. 

(Fierabras,,  4644,  A.  P.) 

En  réalité,  on  a  perdu  de  bonne  heure  le  sentiment  de  la  signification 
précise  du  mot  savant  paienisme,  et  on  l'a  traité,  sans  doute  sous  l'in- 
fluence des  superlatifs  en  -Urne,  et  aussi  par  analogie  avec  paienor,  comme 
un  adjectif,  qui  a  été  accolé  surtout  au  mot  loi.  Il  est  curieux  de  trouver 
cette  confusion  déjà  dans  le  Roland,  mais  on  n'a  pas  te  droit,  en  bonne 
critique,  de  la  supprimer. 

D'ailleurs,  paien'ie  est  originairement  un  substantif  tout  comme 
paienisme,  et  l'emploi  de  ce  mot  comme  adjeaif  n'est  pas  moins  incor- 
rect. Les  exemptes  de  paienU  dans  son  sens  propre  ne  sont  pas  rares  ; 
en  voici  deux  : 

Cil  marinier  sont  riche,  de  Geones  et  de  Pise, 
Qui  maînent  le  navte  par  toute  paienie. 

{Aie  d'Avigaon,  v.  2})i.) 
Or  vient  bone  chançon,  s'il  est  qui  la  vos  die, 
De  Guy  le  filz  Garnier  et  de  la  paitnnie. 

[Ib.  y.  jai6.) 

A.  OELBOULLE. 

111. 

NO  =  ON. 

Dans  un  article  publié  dans  le  dernier  numéro  de  ta  Romaaia,  H.  J. 
Fleury  s'est  atuché  avec  beaucoup  de  force  à  réfuter  l'explication  de 
no  par  nos  que  j'ai  donnée  dans  les  Mémoires  de  la  SociiU  de  Ungm- 


No  =  on  "^^^■~  589 

tiijtte;  comme  la  question  ne  manque  pas  d'ïmérét,  on  me  permettra  de 
la  reprendre  rapidement  ;  d'ailleurs  M.  Fleury  m'accuse  d'erreurs  que  je 
n'ai  pas  coramises,  et  dont  les  lecteurs  de  la  Roman'u  qui  n'ont  pas  à 
leur  disposition  les  Mémoirts  de  la  Société  de  Hngahtiqat  ne  pourraient 
juger,  d'autant  plus  qu'il  me  cite  presque  toujours  inexactement;  il  est 
donc  tout  naturel  que  je  réponde.  Commençons  par  les  erreurs.  Je  seru' 
nia  court. 

M.  Fleury  a  dit  que  »  les  formes  normandes  tirées  du  latin  nos  ne 
s'emptoteni  iamais  comme  sujet  avam  le  verbe  ;  »  je  lui  ai  répondu  que 
c'était  ]ik  un  cercle  vicieux^  puisque  c'était  a  supposer  que  no,  na-z  —  on 
ne  vient  pas  de  nos.  »  Je  ne  lui  ai  évidemment  pas  pu  donner  et  ne  lui 
ai  pas  donné  comme  exemple  du  contraire  ch'fe  noU  ',  où  nous  suit  le 
verbe. 

J'ai  donné  la  déclinaison  du  pronom  personnel  haguats  d'après  une 
autorité  que  M.  Fleury  connaît  et  ne  saurait  récuser,  puisque  c'est  celle 
d'un  compatriote  qui  n'a  jamais  quitté  son  pays.  Quant  aux  phrases 
Je  v^  done,  je  vos  ëme, 
je  von  done,  je  vonz  ème, 
qui  feraient,  paraît-il,  "  faire  Ea  grimace  i  un  Haguats,  »  je  ne  les  ai 
jamais  écrites. 

M.  Fleury  m'a  déjà  reproché  deux  fois  d'avoir  mis  une  apostrophe 
après  n'  dans  les  phrases  comme  la  suivante,  publiée  en  1S78  dans  la 
Romania  : 

In'  n'ont  manti  par  leQ  goule; 
j'ai  répondu  dans  les  Mémoirts,  etc.,  que  j'avais  mis  cette  apostrophe 
parce  que  j'expliquais  alors  n'  par  nt,  transposition  qui  existe  dans  les 
patois  du  sud-ouest.  J'ai  renoncé  depuis  à  cette  explication,  nsaisia  règle 
que  j'ai  donnée  du  développement  de  n  Â  la  fin  d'un  mot  et  que 
M.  Fleury,  il  la  fin  de  son  article,  reproduit  inexactement,  n'en  convient 
pas  moins  ici;  en  suivi  d'une  voyelle  perd  sa  nasalisation  et  devient  ine; 
comme  ce  mot  est  enclitique  ei  par  suite  n'a  pas  l'accent,  i  tombe  dans 
la  prononciation  et  itit  se  réduit  i  'ne,  dont  \'t  s'élide  plus  tard  ;  c'est 
donc  U  un  cas  particulier  de  la  régie  qui  veut  que  «  n  se  développe 
devant  une  nasale  suivie  de  e  muet^.  »  Je  n'ai  jamais  dit  devant  en 
cf  placé  devant  un  verbe  commençant  par  un  e  muet  seulement,  u  Les 
exemples  que  j'ai  donnés  le  prouvent  (/M.,  i  js). 


1.  Ch'ii  noù  w  trouve  beaucoup  plus  loin  et  m  donné  connue  nenipie  de  la 
(orm?  du  pronom  de  la  i*^'  personne  pluriel  plac^  apriï  le  verbe.  En  outre,  de 
ce  gue  noâ,  comme  moi,  est  un  accusati/,  il  n'en  résulte  point  que  ce  soil  un 
régime. 

2.  La  mtiDC  rigle  s'applique  au  développetneat  de  l  ;  il  suffit  d'y  mettre  I  i 
la  pUoe  de  n. 


f90  MËUt«C£S 

J'arrive  tnaimenam  i  iu  =  on.  J'ai  autrefois  (Mimoùts,  eic,  IIi>  z^i) 
dérivé  no  de  horao  par  l'intennédiaire  de  Vd  forme  on  transposée,  nuis 
j'ai  renoncé  plus  tard  i  celte  hypothèse,  pflur  adopter  l'explication  de 
M.  Havei  no  =  nos  i  il  en  résulterait  qu'après  avoir  entrevu  li  vraie 
étymologie,  homo,  deno,  j'en  aurais  adopté  une  mauvaise,  nos,  et  l'au- 
rus  défendue.  J'ai  dit  que  pour  que  no  vint  de /'o/i,  il  fallait  prouver  deux 
choses  :  la  transformation  de  /  en  n,  la  disparition  de  ta  nasale;  les 
eiemples  que  j'ai  cités  d'après  M.  Gusuve  Le  Vavasseur  [Rtchtrtha  sur 
:]iieUiues  expressions  usitits  tn  Normandie)  semblent  montrer  qtie  /  de  rea 
peut  avoir  été  remplacé  par  n;  M.  G.  Paris  en  a  ajouté  d'autres  ',  don- 
nés déjà  en  partie  par  M.  Le  Vavasseur,  à  qui  reviendrait  ainsi  le  mérite 
d'avoir  le  premier  mis  ce  fait  en  évidence;  mais  reste  à  apporter  la 
seconde  preuve,  à  savoir  que  non  peut  perdre  sa  nasale  et  mtme  s'al- 
longer, par  suite  devenir  no  ou  nou.  M.  Fleury  répond  en  ciiani  une  liste 
de  noms  dont  un  seul,  —  dans  les  autres  o  n'est  poim  nasalisé,  —  peut 
convenir  ici,  c'est  no  m  en.  qui,  dans  le  patois  baguais,  aurait  donné 
nûuti  ^;  cela  n'avance  guère  la  question,  puisque  la  difficulté  principale  est 
que  la  nasale  puisse  tomber  i  ;  il  est  vrai,  M.  Fleury  donne  un  exemple 
qui  parait  prouver  la  possibilité  de  cette  chute  : 

Jouaé  â  pé  ou  nou  ; 
mais  malheureusement  cet  exemple  paraît  seulement  la  prouver  ;    en 
effets  la  traduction  de  M.  Fleury  est  inexacte;  jmtat  à  pi  oa  neu  tjc 
conserve  loujours  son  orihographei  ne  signifie  pas  : 

louer  à  pair  ou  non, 
mais  probablement  :  louer  à  pair  ou  aouc; 
le  c  de  noue  est  tombé,  comme  cela  a  lieu  régulièrement  dans  les  patois 
du  Cotentin  septentrional*.  Quant  A  tSro  pour  iSion,  on  me  permettra  de 
n'en  pas  tenir  compte  ;  on  ne  connaît  que  la  forme  lôtan  dans  le  Val  de 


i.JJe  profite  de  l'occasion  pour  apporter  des  exemptes  plus  anciens  qoe  ceux 
que  iii  cités  de  l'emploi  de  acn  pour  l'tit.  Dans  la  Citf  d^amear,  poème  publié 
en  1866  pïr  M.  Tros»,  or  trouve  prrpèlucllenienl  ncn;  lepoêincest  du  XIII'ï  , 
mais  le  mt.  d'après  tcquel  il  a  éié  imprimé  est  du  XIV*  siklc  ci  irès  piobuUc' 
menl  normand.  —  J'aiouie  que  djBï  une  pièce  de  la  Afu«  aa>mui<ii  de  1619, 
;jui  me  tombe  p»  hasard  sous  les  /eui:  (Floquel,  Aauiottt  normaniu,  p.  j6o), 
on  rc3Contre  1  plutieuri  repriwt  no  pour  an  r  Qaant  no  titnàra  le  prcmur  logt' 
mtot,  Dtpiî  4iux  /ours  do  m'a  danni  .irii,  etc.  —  C.  P.) 

2.  Je  dis  •  aurait  domii  ■  et  non  •  »  donné,  ■  parce  que  noua  est  plut  que 
douteux;  on  dit  bien  no\imai  dans  la  Hague.  mais  i  Cherbourg,  Unonville, 
Herqueville,  les  Pieux,  etc..  on  ne  coniutl  que  la  forme  non. 

;.  C'est  mèinc  ta  seule  dimcollè,  puisque,  excepté  à  Jersey  et  i  Cuernesejr, 
on  ne  dit  que  ne. 

^.  Je  dois  dire  lomefois  qu'on  connaît  aussi,  en  partktilier  daos  te  Val  de 
Satre,  la  locution  :  /«urfi  i  pe  ou  non. 


Saire,  ji  Guemesey,  etc.  '.  —  Je  ne  parle  pas  naturellement  de  éfant, 
fiwltr,  pour  tnfani,  s'tnvoUr,  qui  n'oni  rien  à  faire  ici. —  Puis  il  ne  suf- 
firait pas  d'établir,  ce  qai  n'est  pas  fait  d'ailleurs,  que  la  nasale  finale 
peut  tomber  en  haguais,  il  Taudrai:  montrer  qu'elle  peut  disparaître  dans 
tous  les  patois  où  no  s'emploie  pour  on  ;  alors  seulement,  c.  q.  f.  d.,  on 
pourra  conclure  que  rto  =  non  et  par  suite  l'on  et  on.  On  voit  que  malgré 
l'appui  bien  nécessaire  que  M.  C.  Paris,  dans  b  noie  si  substamielle  de 
la  page  344,  est  venu  prêter  i  U  théorie  de  M.  Fleury,  elle  n'est  point 
encore  démontrée,  et  que  la  question  en  est  à  peu  prés  au  point  où 
M.  G.  Le  Vavasseur  l'avait  ponée,  sans  s'en  douter. 

Charles  Jorbt. 


On  sait  comment  le  son  /'  (:')  est  sorti  de  di  +  voy.  transformé;  il  est 
curieux  que  des  patois,  remontant  en  quelque  sorte  de  ce  son  dérivé  à 
ses  éléments  primitifs,  te  remplacent  par  di  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  dans  le 
parler  populaire  de  Dotale  (Auge),  oîi  l'on  dit  diè  pour  j'ai,  diour  pour 
jour,  ardian  pour  argent.  Ce  phénoméney  est  si  ordinaire  qu'on  a  inventé 
un  mot  particulier  pour  le  désigner  ;  on  l'appelle  guépé. 

Charles  Joret. 

V. 

R  BAS-NORMAND. 

I". 

J'ai  dit  précédemment  ici^nécne  (XD,  p.  1 2  {]  que  l'r  du  patois  du  Val 
de  Saire,  qualifié  de  supradenul  par  M.  Axel  Romdahl,  était  uvulaire,  et 
que  l'r  qu'il  appclaii  uvulaire  avait  tout  simplement  disparu  ou  avait  été, 
dans  la  partie  méridionale  de  ce  pays,  remplacé  par  un  yod  ;  cette  affir- 
mation, j'ai  pu  m'en  convaincre  dans  un  récent  voyage,  est  loin  d'être 
exacte  de  tout  point*  ;  comme  la  question  n'est  point  sans  intérêt,  on 


1.  Et  probablement  autsi  àam  la  Hague  ;  les  seules  formel  <)ue  j'y  ai  recueJI- 
lîei  sont  iStoit,  ràmn  on  rduon,  toutei,  on  le  voit,  avec  «  nasalisé. 

2.  Puisc)ue  |c  SUIS  en  train  de  fjire  des  recti6calionj,  qu'on  me  prrmrttc 
d'ajouter  ks  suivantes  :  p.  |]6,  I.  },  au  heu  i'jtiMôlo,  il  faut  probablement 
élmitlo  (voy.  plus  loin  u  valeur  de  0  ;  p.  1J7,  I.  1  et  ],  au  lieu  it  ioo<ve, 
/oaùr^tti,  Utt  fouirc,  faueijal  :  mivat  f>.,  1.  14,  eiSacer  I.  itavin,  et,  au  lieu  de 
Mvi[atSyl.  nenaS;  îbid.J.  lâ,  au  heu  de  pwirùit)^  1.  poiuiie  ;  itHd.,  1.  2j, 
ai  lieu  de  (msU,  \.  cotuU. 


592  MÉLANGES 

me  permellra  d'y  revenir  et  d'établir,  auwM  que  mes  moyens  d'informa- 
tion me  le  rendent  possible,  la  valeur  de  IV  du  patois  de  la  presqu'île  du 
Coientin.  Si  au  sud  de  cette  région  l'r  n'est  pcs  sensiblement  différent 
de  IV  français,  iJ  en  est  tout  auircment  au  nord,  dans  le  Va!  de  Saire  « 
ia  Hague.  Au  commencement  des  mots  ei  dans  les  groupes  pr,  br,  etc., 
il  n'est  pas  guttural,  comme  dans  le  français  proprement  dit  et  notam- 
meni  à  Paris,  mais  à  peu  près  cacuminalj  quant  à  IV  médial,  il  est  alvéo- 
laire ou  supradenial,  avec  tendance  à  devenir  posidental  '.  C'est  un  r 
presque  postdental  que  j'ai  entendu  prononcer  dans  nuùe,  su/rt'  i 
M.  Dchoux,  instituteur  d'Omonville-la-Rogue  (Hague),  maïs  originaire 
de  Réihoville  (Va!  de  Saire|.  L'r  m'a  paru  avoir  la  même  valeur  à  Gré- 
ville  (Hague).  Une  dame  originaire  de  Ferman ville  (Val  de  Saire),  qui  a 
bien  voulu  prononcer  devant  moi  le  mot  Marie,  a  donné  à  l'r  qui  s'y 
trouve  un  son  se  rapprochant  beaucoup  de  IV  provençal,  si  voisin,  on  le 
sait,  de  Vi  alvéolaire  ^  Mais  ce  qui  distingue  IV  médiat  de  toute  cette 
région,  c'est  sa  faiblesse  de  son  ;  même  quand  il  est  prononcé  distincte- 
ment, il  l'est  rapidement  et  disparaît  presque,  dans  une  partie  du  Val  de 
Saire,  au  milieu  des  autres  sons  qui  composent  le  moi  ;  à  RévilJe,  par 
exemple,  il  est  devenu  une  véritable  sonante  analogue  à  IV  voyelle  des 
mois  anglais  lov.d,  im;  ainsi  cucre  [cuire)  s'y  prononce  cai?e  ■<  ;  il  en  est 
de  même  à  Barfleur;  à  Saint-Picrre-Eglise,  il  parait  avoir  complètement 
disparu,  1)  en  est  toujours  ainsi  quand  r  médial  est  suivi  d'un  t  atone; 
mais  devant  une  autre  voyelle  il  est  parfois,  au  moins  dans  le  Val  de 
Saire,  remplacé  par  _v  ;  ainsi  dans  mon  dernier  voyage,  si  j'ai  entendu  à 
Barfleur  prononcer  £>;3;«  ou  môme  o^je  le  mol  orage,  à  Gatleville,  deux 
kilomètres  plus  loin,  je  l'ai  entendu  prononcer  oy3je,  et  dans  un  hameau 
situé  enire  Saint- Pierre- Eglise  et  Cosqueville,  on  m'a  appelé  moyok'min 


I .  Je  me  sers  des  dénominations  tmploj^écs  par  Sicvers,  dans  ses  CraaJzâge 

dtr  Phon<lik. 

1.  Je  désigne  par  i*  un  f  qui  s'est  développé  après  u  ou  ou,  U  où  le  pitois  da 
Beuin  a  ta,  i  ou  o;  il  pargft  se  rapprocher  de  l'j  de  niân,  mais  il  ut  moins 
ouvert  et  a  un  son  plus  clair. 

].  Cette  ressembNDCe  entre  r  et  /  des  patois  du  Cotenlin  septentrional  a  déji 
été  sigiulée.  «  Celle  consonne^  remar<que  A  ce  su|et  le  D'  Le  loly-Sénoville,  se 
ripproch«  un  peu  de  IV,  ainsi  dans  tes  cantons  de  Beaumont  el  d»  Pieux  on 
dit  à  peu  près  moataU  pour  mouiir  *  <M.  Le  Joly  représente  par  ta  \t  son  que 
jeiijSurc  par  (1    L'observjtion  n'csl  i  '" 


I  pas  eotiércnient  exacte,,  majs  elle  renferme 

Îiuei'qiie  chose  de  vrai.  La  dame  qui  m'a  prononcé  le  nom  est  U'"'  Le  Clerc, 
emme  de  l'inspecteur  primaire  oc  Morum  ;  M.  Le  Clerc,  quoique  originaire 
de  Hagueville  (Higuej,  ne  peut  prononcer  l'r  de  Fennanville  ;  j'y  suis  parvenir 
eo  faisant  entendre  un  r  provençal,  comme  dans  roun. 

4.  Je  me  sers  de  \ï  noUtioti  employée  par  M  J.  Storm,  dans  son  excellent 
livre  de  X'En^hschc  Phtiolagie.  Je  flois  dire  que  l'instituteur  de  Saint-Germain- 
des-Vaux.  en  n'envoyant  quelques  mots  de  sa  commune,  remarquait  que  IV  s'y 
prononçait  comme  IV  anglais. 


Fi  BAS-NORMAND  593 

le  mamible  blanc,  qui  porte  te  nom  de  monok'min  dans  le  Cotcnlin  pro- 
premenl  dit.  L'y  e$t-il  ici  une  valable  transformation  de  r,  comme  je 
Tai  admis  amrcfois  ',  ou  bien  est-il  tout  simplement  adventice  et  n'a-t-il 
été  introduit  que  pour  éviter  l'hiatus?  J'inclinerais  presque  aujourd'hui 
VCT»  cette  seconde  manière  de  voir. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  n'en  ai  pas  fini  avec  les  différentes  valeurs  de 
Vr  du  Coteniin  septentrional  ;  à  l'ouest  de  b  Haguc,  en  effet,  il  prend 
un  son  analogue  au  th  doux  anglais;  c'est  ainsi  du  moins  que  M.  Gloi, 
instituteur  à  Rjiuville-la-Place,  mais  originaire  de  Flamanvijle,  me  Ta 
h  peu  près  prononcé,  et  M.  Le  Boullenger,  de  Cherbourg,  originaire 
de  hterqueville,  à  qui  je  dois  de  si  précieux  rensetf^ements  sur  le  patois 
de  la  Hague,  m'a  affirmé  que  IV  se  prononçait  ainsi  même  à  Cherbourg. 
Cela  n'a  rien  qui  doive  surprendre  ;  du  moment  où  il  tendait  à  devenir 
posidental,  l'r  devait  bien  vite  aussi  tendre  à  se  transformer  en  spiranie 
du  même  ordre.  Il  est  devenu  tel  ou  à  peu  pris  dans  des  patois  de  ta 
Hague  occidentale  ;  il  re;il  complètement  dans  plusieurs  patois  jersiais  ; 
ainsi  â  Saini-Laureni  ei  à  Saint-Pierre  il  se  prononce  (fc,  à  Saim-Manin, 
où  il  était  resté  sans  doute  plus  alvéolaire,  il  a  pris  le  son  z  ; 

A  Saim-Manin  i  disent  vae 

Faisant  de  l'r  un  z  comme  en  pczt. 

A  Saint-Luoihains  et  à  Saint-Pierre 
L'r  entre  voyelles  se  change 
En  ik,  est-che  pon  étrange  ? 
St  un  poète  jersiais». 

11'.  —  R  FINAL  ADVBNTICR. 

Tandis  que  l'r  final  a  disparu  complètement  dans  tes  patois  bas-nor- 
mands, là  où  il  était  étymologique  et  où  le  français  le  conserve,  il  est 
curieux  de  le  trouver  là  où  le  français  ne  le  connaît  pas  et  où  il  ne 
parait  pas  étymologique.  M.  Axel  Romdahl,  dans  son  glossaire  du  pa«HS 
du  Val  de  Saire,  a  donné  la  forme  «ur  comme  la  troisième  personne 
pluriel  de  l'indicatif  présent  du  verbe  rouit  (vouWr),  mais  v^ur  est  aussi 
la  troisième  personne  du  singulier  du  même  temps  dans  ce  patois  ;  le 
dialecte  jersiais  connaît  également  cène  forme,  et  il  l'emploie  même  i  la 
première  et  à  la  seconde  personne  :  \'vtur,  lu  vtars.  De  même  ti«7  fait 
au  pluriel  uir.  Ht.  dans  le  patois  de  la  Hague  et  du  Val  de  Saire,  ainsi 
que  du  Cotentin  septentrional  ;  il  fait  yèr  [tir)  dans  ceux  de  Jersey  et  de 
Guemescy.  Dans  ces  derniers  n«7  (vieux)  se  dit  aussi  viVr  avec  r  final 


).  Mimoitts  et  lu  S«ciiU  dt  Uaguisù^u,  V,  64* 

I.  La  Noavtllt  Annit.  Pièces  en  jersiiis,  1875,  p.  H  et  16. 


Romaait,  XII 


ï8 


{Ç4  MéLANCBS 

au  masculin.  Comment  expliquer  l'r  qui  lennine  ces  différents  mouf 
Quand  on  considire  les  formes  veulent,  riàl  qui  ont  un  /  étymologique, 
on  pourraii  être  tenté  de  voir  dans  l'r  des  formes  patoises  équivalentes 
nar,  lier  une  simple  iransfoimaiion  de  i  en  r;  mais  si  r  représentait  ainsi 
VI  de  voiuni,  'veclo,  on  se  demande  pourquoi  1'/  de  'volitis,  'rctta  ne 
serait  p3&  lut  aussi  représenté  par  r;  or  aux  formes  leur,  vur  corres- 
pondent, non  rourez,  vUrt.  mais  watayVilli;  et  puis  comment  expliquer 
uir  ou  5r  et  yir  à  c6té  de  Ue  ou  û  et  de  (Vf.  quand  1'/  étymologique  a 
disp.>nj  depuis  si  longtemps  des  premières  et  s'est  conservé  jusqu'à  pré- 
sent BU  moins  dans  l'une  des  dernières  ?  Mais  il  y  a  plus  :  dans  le  patois 
du  Bessin  le  pluriel  de  nerfu  (nepoie'i  se  dit  souvent nn-fur  inepo tes); 
ici  il  n'y  a  pas  plus  d'f  au  singulier  qu'au  pluriel,  et  par  conséquent  on 
ne  peut  expliquer  par  un  changement  d't  en  r  la  finale  de  neveitr  '.  En 
présence  de  ces  difficultés  phonétiques,  )e  crois  qu'il  vaut  mieux  vtnr 
diins  te  fait  que  je  signale  une  simple  épenthése  de  r  ;  peul-éire  y  a-i-on 
eu  recours  pour  distinguer  des  formes  qui  sans  cela  se  seraient  conlon- 
dues,  comme  fi(r)  et  n.  t^uoi  qu'il  en  soit,  on  trouve  encore  cet  r  dans 
le  patois  de  Jersey,  au  pluriel  ckour  de  chou  \cauie;  et  satur  de  $aeu{lf 
(solo|\ 

lllV  _  R  =  W. 

A  Dozulé,  â  l'extrémité  orientale  de  la  Basse-Normandie,  les  mots 
commençant  par  h  aspiré  ont  substitué  r  i  cet  A;  ainsi 

h^ie,  hameau,  hareng,  honte,  hoax,  etc. 
se  disent  rèe,  raitii,  rar.in,  rente,  roa,  eic. 
avec  r  guttural:  comment  expliquer  ce  fait?  Vb  d'origine  germanique  est 
fortement  aspiré  dans  nos  patois,  mais  cène  aspiration  exige  un  effort  ; 
peut-être  est-ce  pour  l'éviter  qu'on  y  a  substitué  r,  beaucoup  plus  facile 
à  produire.  Quoi  qu'il  en  soit  de  celte  substitution,  clic  n'est  point  parti- 
culière à  la  contrée  de  Dozulé  ;  on  l'a  signalée  aussi  dans  l'arrondisse- 
ment de  Pont-Audemer .  en  particulier  dans  les  communes  situées  sur  la 
rive  gauche  de  la  Risie  t. 

5  octobre  iSS). 

Charles  Jorst. 


I.  Il  est  vrai  qu'on  pourrait  ici  voir  dans  l'r  une  traniformition  de  l'i  finale; 
mais  cette  explication  ne  convient  plus  pour  vrnr  =  To  lu  nt,  ti/r  =;  veclo,elc. 


3.  La  fioartllt  AnnU.  Pièces  en  icrsuis,  i8j'4,  p.  9;  187J,  p,  6. 
.  Evrtux,  in-S*.  1879-1883. 


I.  Dtcttoumirt  ia  p^tùtt  nornuu  m  usage  dam  U  ÀipitUtatitt  de  VEuri,  1. 


^^^^^^^^V^^CHAHSOKS         NOCU  DC  LA  HAUTE-SOURCOCNe                    59f      ^^H 

^^Ê 

^^^^^^Thansons  de  noces  de  la  haute-bourgoone.         ^^M 

^V            Cette  chanson  est  chantée  pai 

■  les  jeunes  filles  du  village  de  Mellecey         ^M 

^H          (Sa6ne-el-Loire)  A  la  mariée. 

Le  commentaire  qiû  suivra  les  couplets         H 

^^^^     donnera  les  détails  de  la  cérémonie.                                                                 ^M 

^^^^^ 

En  deux  corps  vous  n'aurez  qu'une          ^| 

^H          Voici  le  plus  beau  de  vos  joun, 

|Jlme.  ibis)          ^Ê 

^^B           Le  }our  de  votre  mariage. 

Si  ta  rcmmc  aime  son  époux,                  ^^^H 

^^^^     Jeanes  geoi,  petisez-y  loij|ours: 

Ce  jour  vous  semblera  bien  doux.          ^^^| 

^^^^B     Peosez-y,  »  vous  êtes  sages,  [bii) 

^^1 

^^^V    Voici  le  plus  beau  de  vot  joun, 

Voui  TOUS  êtes  prorois  la  Toi                  ^^^| 

^^m           Jeunes  gens,  peoseï-y  tott]oars. 

Au  sacrement  de  mariage  ;                             ^H 

^H 

Il  faut  observer  cette  loi,                        ^^^H 

^H          Voici  une  grande  action. 

Votre  parole  en  est  le  gage,  (ftij)            ^^^H 

^H            Jeunes  gens,  que  voui  allez  faire. 

Vous  vous  (tes  promit  la  (bi;                 ^^^H 

^H           Faites-]'  bien  réflciion. 

Il  faut  observer  celte  loi.                     ^^^| 

^H           El  fie  soyez  pas  téméraires,  {tis) 

^^H 

^H           Voici  DUC  grande  action, 

Demandez  au  Dieu  de  bonté                   ^^^H 

^H           Fahes-y  bien  réflexion. 

Qu'il  voDs  donne  en  peu  d'années           ^^^H 

H 

Une  heureuse  pmériti,                          ^^^H 

^H           Voici  pour  vous  un  jour  heureux  ; 

Par  une  sainte  destinée.  fAif)                  ^^^H 

^H           II  faut  en  tirer  avantage  ; 

Demandez  au  Dieu  de  bonté                   ^^^| 

^H          Un  jour  qui  vous  unil  tous  deuK 

Une  heureuse  postérité.                             ^^^H 

^^L         An  sacrement  de  mariage,  {bis) 

^^1 

^^^^K     V(Mct  pour  vouï  un  jour  heureux. 

Jeune  fille,  touvenez'voui                       ^^^| 
Qu'il  vous  (aul  quitter  père  et  nére,       ^^^| 

^^^H    Un  jour  qui  vous  unit  tous  deux. 

^^H 

Pour  suivre  partout  votre  époux.                  ^M 

^^^^     Si  vous  vivei-  en  Iwnne  paix 

\oytz  ce  que  vous  allez  faire,  (bit)          ^^^Ê 

^H          Et  si  voos  biles  bon  ménage  ; 

Jeune  lilte,  sou  venez -vous                       ^^^H 

^^Ê           Si  vous  fie  vous  fAchei  jamais, 

Qu'il  vous  faut  suivre  votre  époux,         ^^^H 

^^Ê            Dieu  bénira  le  mariage,  l.tis) 

Si  vous  suivez  ce  droit  chemin,                ^^H 

^^M          Si  vous  vivez  en  bonne  paix, 
^^^^     Si  vous  ne  vous  Uchcz  jamais. 

Vous  serez  toujours  consolée,                 ^^^| 

^^v 

Et  l'eau  se  changera  en  vin                    ^^^H 

^          Si  la  femme  aime  ton  époux, 

Comme  aux  noces  de  Galilée.  (Ins)          ^^^M 

^H          El  si  l'éponx  aime  sa  femme, 

Si  vous  suivez  ce  droit  chemin,               ^^^| 

^H          Ce  jour  vous  semblera  Uea  <loux  ; 

Votre  eau  se  changera  en  vin,                ^^^H 

596 


MtUKCeS 


10. 


Jeune  fille,  ïOJvenez-vous, 

C'est  le  bon  Dieu  ijuî  vous  l'ortlûnne. 

De  n'aimer  jamais  d'aulre  époux 

Q^je  celui  que  le  cJel  vous  donne,  {tts) 

Jeune  6lle,  souvenei-vous 

De  n'aimer  jamais  d'autre  époux  I 

I  r. 
Et  qu'aucun  amour  étranger 


Ne  vous  oblige  i  le  chanj^er. 


Et  qu'aucun  amour  étranger 
Ne  vous  oblige  â  le  changer. 


llrii) 


11. 


Aimez  votre  chère  mailié 
Comme  Jésus  aime  l'Eglise, 
D'une  sainte  cl  chaste  amitié, 


Et  soyez-lui  toujours  soumise.  |Mi) 
Aimez  voire  chère  moilié 
D'une  sainte  et  chaste  amitié. 

'î- 
Si  Dieu  vous  d<inrie  des  enfanU, 
Ce  sera  le  fruit  du  mariage. 
Elevez-tes  bien  sagement 
A  servir  Dieu  dès  leur  bas  Age.  (Au) 
Si  Dieu  vous  donne  des  enbntt, 
Elevez-les  bien  sagement. 

14. 
Ne  souRrez  danï  votre  maisun 
Ni  l'ivrognerie  ni  le  vice. 
Craignet-les  tort  avec  raison, 
Alin  que  Jfsus  vous  bénisse.  (Us) 
Retournez  dans  votre  maison  ; 
Fuyez  le  mal  comme  un  poison  ! 


Cette  chanson  est,  j'espère,  d'une  irréprochable  moralité  !  C'est  une 
chanson  de  noce  ;  mais  son  heure  n'est  point  celle  du  repas  ;  il  faut  être 
à  jeun  pour  si  bien  moraliser.  —  Du  reste,  ce  sont  les  jeunes  filles  qui  la 
chantent. 

Voici  au  milieu  de  quelle  cérémonie. 

Le  jour  du  mariage,  toutes  les  jeunes  filles  de  Mellecey,  —  peitt  vil- 
lage i  trois  lieues  de  Chalon-sur-Saône  (Saône-et-Loirei,  —  se  réunissent, 
le  malin  d'assez  bonne  heure,  pour  se  diriger  vers  la  demeure  de 
l'épousée.  Je  dis  «  toutes,  »  car  les  invitées  et  les  non-invitées  font 
indiitinctemenl  partie  de  cette  réunion,  pour  laquelle  elles  ne  montrent 
point  de  grands  frais  de  toilette,  leur  costume  de  travail  le  plus  simple 
étant  souvent  celui  qu'elles  gardent  pour  cène  circonstance. 

Une  fois  groupées,  elles  se  mettent  en,  marche,  et,  aussitôt  arrivées 
prés  du  seuil  de  leur  amie,  elles  font  cercle,  et  la  bande  juvénile,  bras 
nus,  en  bonnets,  en  sabots,  en  tabliers  de  grosse  toile,  en  jupes  nouées, 
commence  i  entonner  notre  chanson,  —  qu'on  pourrait  presque  appeler 
un  cantique. 

Les  époux  paraissent  aussitfti,  et  le  cortège,  toujours  chantant,  les 
mène  à  la  mairie,  et  de  là,  à  l'église.  Les  invitées,  qui  sont  en  belles 
robes,  assistent  seules  à  la  messe  ;  Les  autres  restem  tranquillement  dans 
l'enceinte  du  cimetière,  oii  elles  attendent  l'issue  du  service  divin.  Quand 
la  noce  son,  la  troupe  au  complet  reprend  son  pèlerinage  pour  recon- 
dtôre  le  couple  uni  au  domicile  conjugal,  —  où,  cette  fois,  il  y  a  des 


CHANSONS  DE  NOCES  DE  LA  HAUTE-BOURCOCNE  $97 

trmpèes  pr^arées  pour  tout  le  monde,  ei  auxquelles  tout  le  monde  ne 
manque  pas  de  faire  fête. 

Après  !a  ucmpée  générale,  une  autre  chose  reste  encore  à  offrir  aux 
jeunes  rapsodes,  ei  ce  n'est  pas  l'épisode  le  moins  piquant  (soit  dit  sans 
jeu  de  mots)  de  ces  rustiques  épousailles.  La  mariée,  aux  dernières  noies 
de  l'exécution  vocale,  distribue  à  chaque  chanteuse,  à  titre  de  remercie- 
ment, une  certaine  quantité  d'épingles.  —  après  quoi  celles  qui  ne 
sont  point  de  la  noce  se  retirent,  satisfaites,  pour  retourner  à  leurs 
travaux. 

Cette  singularité  fait  partie  tellement  essentielle  des  usages  de  cette 
journée,  que  les  jeunes  paysannes  disent  sans  variante,  te  malin  de 
pareil  jour  :  'i  Nous  allons  chanter  la  Epingles,  »  et  que  la  chanson,  qui 
y  est  complètement  étrangère,  en  a  même  reçu  son  titre. 

D'où  vient  celte  coutume,  et  quel  sens  lui  trouver  ^  Il  y  a  certaine- 
ment li-dedans  une  leçon  d'ordre  et  de  soins  de  ménage  donnée  par 
l'épousée  à  ses  nombreuses  et  obligeantes  camarades. 

C'est  moins  mouvementé  que  les  jà^èfs  du  Mori-an  et  autres  chansons 
dialoguées  à  l'aide  desquelles  il  se  joue,  entre  les  mariés  et  les  gens  de 
U  noce,  une  espèce  de  petit  drame  ;  mais  cette  démarche  collective  de 
toutes  les  jeunes  villageoises  d'un  endroit,  allant  (aire  amicalement  de  la 
morale  à  leur  compagne,  n'en  est  pas  moins  une  manifestation  touchante, 
une  cérémonie  donnant  l'idée  de  mœurs  douces,  et  qu'il  est  bon  de 
signaler  au  point  de  vue  de  l'étude  de  l'esprit  de  chaque  province. 

Comme  forme,  on  peut  remarquer,  dans  cette  chanson,  le  refrain, 
composé  de  la  répétition  presque  toujours  textuelle  des  premiers  et  troi- 
sièmes vers  de  chaque  couplet  (sauf  dans  le  dernierj.  On  dirait  d'un 
acheminement  au  triolet. 


II. 
LE  POMMIER  {LE  POUMEf), 

Cette  chanson.  ^  cette  espèce  de  complainte,  comme  l'appelle  l'ami 
qui  m'en  a  envoyé  la  copie,  —  se  divise  en  deux  parues  très  distinctes. 

La  première  partie  est  dialoguée  entre  les  invités,  qui  arrivent  de 
chez  eux,  et  les  parents,  qui  sont  dans  ta  maison  de  l'épousée. 

Us  imités. 

Ouvrez,  ouvrez  vos  portes, 
Car  nous  roulons  entrer. 

Les  parents. 

Nos  portes  sont  toutes  ouvertts  ; 
Eniret,  si  vous  voulez. 


.q8  mélanges 

Les  invités. 

On  nous  a  fait  accroire 
Qu'il  y  avait  ici  udc  épousée  ? 

Les  parenU. 

Ce  n'est  pas  un  encroire  ; 
C'est  bien  la  vérité. 

(Id,  le  groupe  des  invités  entre  chez  la  mariée.) 

Les  invités. 

Oo  vous  talae,  la  belle, 
L'aimable  société  ! 

Les  parents. 

Regardez  à  gauche,  i  droite  ; 
De  suite  vous  la  verrez. 

lUn  des  invités  porte  un  arbuste  fleuri,  qu'il  offre  à  la  nouvelle  épouse, 
en  lui  chantant  son  petit  madrigal.) 

Belle,  voici  un  arbre 
Très  bien  chargé  de  fienrs  ; 
Mais  pas  tant  chargé  de  fleurs 
Que  la  belle  l'est  d'honneur. 

^Aprés  ce  compliment^  un  autre  invité  s'adresse  à  une  personne  Agée  :] 

Le  chandelier  sur  la  table, 
Le  brin-d'amoar  planté, 
Tenez,  la  Unte, 
Le  brin-d'amour  prenez  I 

Le  (rîff-tfdmour  est  un  rameau  de  Tarbuste,  cueilli  par  l'autre  invité, 
oScft  d'abord  à  la  personne  âgée,  puis,  en  fin  de  compte,  dirigé  vers 
l'épousée  avec  le  dernier  vers,  qui  n'est  un  compliment  pour  elle  qu'en 
éunt  une  épigramme  contre  la  soi-disant  tante. 

te  pirleur  continue  : 

Arrière,  b  tante  I 

Le  brin-d'amour  laissez. 

Laissez,  la  tante... 

Ce  n'est  pas  pour  vous. 

C'est  pour  notre  épousée, 

Qui  est  plus  jeune  que  vous. 

La  SKoade  f«rtie  de  la  chanson  change  complètement  d'allure  et  de 
nrtwit,  tJto  devient  une  luigue  nomenclature,  débitée  sur  un  ton  de 


CHANSONS  DE  NOCES  DE  LA  KAUTE-DOURGOCNE  $99 

litanie,  et  dam  laquelle  bon  nombre  de  fruits  som  appelés  â  figurer. 
Tout  s'y  déroule  bien,  d'ailleurs,  jusqu'au  dernier  vers,  qui  parle 
à'oabtits  venant  sur  des  caMUrs.  C'est  nouveau...  Je  ne  serais  guire  allé 
chercher  cette  production  autre  part  que  dans  la  boite  cylindrique  des 
marchands  de  plaisirs. 


ChapeUt. 


Voici  in  ceristt 

Qui  Tiennenl  lur  noi  cerijien; 

Ctai.  pour  lervtr 

A  r^in»!})*  tociiti. 

Void  des  pommes 

Qui  Tiennent  sur  nos  pommiers  ; 

C'est  pour  «rvir 

A  l'aimable  sociit(. 

Voici  des  poires 

Qui  viennent  sur  nos  poiriers; 

C'est  pour  servir 

A  l'aimable  lociélé. 

Voici  des  pèches 

Qui  viennent  sur  nos  p^hen  ; 

C'est  pour  serrir 

A  l'aimable  société. 

Voici  des  prunes 

Qui  viennent  sur  nos  pruniers; 

C'est  pour  scrrir 

A  l'aimable  société. 

Voici  des  sorbes 

Qui  viennent  sur  nos  sorbien  ; 

C'est  pour  servir 

A  l'aimable  société. 


Voici  des  noisettes 

Qui  viennent  sur  nos  noisetien  ; 

Ce$t  pour  servir 

A  l'airoablc  Miciité. 

Voici  des  noix 

Qui  vienneni  sur  dos  noyers  ; 

C'est  pour  servir 

A  l'ainublc  société. 

Voki  dei  amandes 

Qui  viennent  sur  not  amandiers; 

C'etl  pour  servir 

A  l'aimable  société. 

Voicj  des  figues 

Qui  vienoenl  sur  nos  figuiers; 

C'est  pour  servir 

A  l'aimable  société. 

Voici  des  chkugiKS 

Qui  viennent  sur  nos  châtaigoicn  ; 

C'est  pour  servir 

A  l'aimable  société. 

Voici  des  oublies 

Qui  viennent  sur  nos  ouUiers  ; 

C'eit  pour  servir 

A  l'aimable  société. 


D'ordinaire  le  o  chapelet  »  s'arrête  là.  Je  n'afTirme  pas  que,  selon  la 
saison,  on  n'y  imercale  point  parfois  quelque  couplet  ;  mais  il  finit  tou- 
jours sur  celui  des  miblits.  Y  at-il  jeu  de  mots  et  allusion  ?  Ce  ne  serait 
guère  transparent. 

Après  cela,  on  continue  les  apprêts  de  la  cérémonie,  et  Ton  procède 
au  repas.  J'ai  grande  idée  de  croire  quil  y  a  plus  de  fruits  dans  la 
nomenclature  que  sur  la  table. 

Cène  chanson  a  été  chaniée  longtemps  dans  la  côte  chalonnaisc  (Cha- 
lon-sur-Saône, Saône-et-Lwet,  et  notamment  Jt  Mellecey,  prés  le  Bourg- 


600  MÉLANGES 

neuf.  On  l'a  encore  entendue  fréquemment  dans  la  première  moitié  du 
siècle  I. 

Elle  est  un  de  ces  importants  petits  drames  qui  se  jouent  auz  noces 
villageoises,  et  qui  offrent  un  certain  intérêt  à  cause  du  déploiement  de 
personnel  et  de  mise  en  scène  qui  les  accompagne. 

On  se  demande  pourquoi  c'est  le  second  des  fiiiits  mentionnés  qui  a 
donné  le  titre  à  la  pièce  ? 

F.  Fertiault. 

I.  «  Plusieurs  personnes  de  Mcllecey  ont  été  priées  par  M.  Desnoyer,  pro- 
o  priétaire  audit  lieu,  de  se  réunir  afin  de  se  rappeler  la  chanson  du  Poumei. 

t  AussitM  qu'elle  m'aura  été  remise,  je  te  l'enverrai ■  Chalon-sur-Saône, 

janvier  iSss- 


COMPTES-RENDUS. 


Brinnenui^'wortfl  an  Friedrich  Dlex.  Brvetlerle  Fasiung  der  Reie, 
wdche  zuf  Enthùllungsteier  der  jd  Diei'  Gebutlstijus  jngcbrjchtcD  Cnlenk- 
tïtel  ia  CiKsen  am  9.  Junî  1&8]  gehaltcn  wurdc  von  E.  St8>*6el.  Marburg, 
Elwtn.  i88{,  in-8',  104  p. 

Le  9  juin  de  ceite  année,  le  t  Cartetiverband  neaphilologischer  Vcrejne  aur 
deutschcn  Universitrtcn  t  Mans  quel   monde  ditlérenl  du  tiAtrc  â  tous  égards  < 
nous  tr3ns])0rte  ce  titre  intraduisible  1)  donnait  à  Giessen  une  petite  fite.  Il 
s'a^suit  de  découvrir  la  plaque  pos^e  par  les  soins  ei  lux  fr.iis  de  ce  *  Car- 
lelUcrbaDd  >  sur  la  modeste  maison  oti  Friedrich  Di»  n9<)uit  le  1 1  mars  1794. 
A  cette  occasion,  M.  Slengel  prononça  un  discours  dont  il  vient  de  nous  donner 
une  Forme  amplifiée,  documentée,   et  iiugmcnlèe  de  divers  appendices   Ce  dis- J 
cours  est  très  intéressant,  et  nous  remercions  M,  Slengel  d'avoir  procuré  celte] 
compensation  i  ceux  qui  n'ont  pu  se  rendre  i  Gi»»n.  C'est  la  vie  de  Din.  quei 
l'auteur  a  suflcut  retracée,  essayant  d'en  fiier  au  moini   les  u^îts   princi-j 
pauK.  Cette  vie  ne  fut  pas  seulennit  obscure  et  simple;  elle  fut  pénible.  Dès 
ses  débuts  Diez  rencontra  dans  sa  carrière  des  obstacles  qu'il  eut  grand'peinc  i 
fraochir  ;  parvenu  eti5n  i  être  professeur  1  Bonn,  il  y  eut  longtemps  une  vie 
singulièrement  étroite.  Son  traitement  annoel  fui  d'abord  fi8:])  de  ;oa  ihalcri 
(1 1  i;  (ranal,  cinq  ans  après  de  400,  en   i8j4  de  600,  en  1849  de  ;oo,  eO' 
t8i8  de  80D,  en  18É1  de  1,000,  en  1867  de  1,200,  en  1872  de  1,700,  enfinj 
en  187;  de  1,900  (7,iii  francs);  1  ces  maigres  honoraires  il  ne  faut  ajouter] 
que  bien  peu  de  chose  pour  les  cours  payés  par  les  étudiants,  car  Dtei  ne  les  I 
attira  jamais  et  ne  chercha  jamais  à  les  attirer.  Ses  travaux,  estimés  dès  leur  ' 
apparition,  ne  furent  cependant  pas,  dans  son  pays,  appréciés  tout  d'abord  i 
leur  véritable  valeur  ;  it  n'esx  pas  exagéré  de  dire  que  ce  furent  ses  disciples 
suisses,  italiens,  français,  qui,  i  partir  de  18^8  environ,  en  exprimant  leur 
admiration  pour  ses  écrits  et  sa  personne,  contribuèrent  surtout  A  entourer 
5on  non  d'une  reciomméc  qu'il  méritait  si  bien.  Les  vingt  dernières  années  du 
maître  furent  matériejlemeni  un  peu  moins  pénibles,  et,  malgré  u  profonde 
et  naïve  nwdeslie,   il   jOuit  profondérarnl  de  la  justice  qui  lui  était  désonutS' 
rendue,  et  dont  les  témoignages  lui  arrivaient  de  toutes  parts,  —  A  mn 
attachante  esquisse,  M.  St.  a  joint  des  appendices  de  grande  valeur  :  sans 
pvler  de  quelques  poésies  oii  l'on  voit  Diei  amooreux  et  humoriste,  on  lit  avec 
intérêt  ses  lettres  i  Diefcnbach,  à  Wackcrnagel,  i   MM.    Mussa&a,  Ebert, 
de.  Il  n'y  a  rien  dans  ces  letues,  surtout  dans  les  plus  récentes,  qii  puisse 


Col  COMPTES-RCNDUS 

enrichir  U  science  ;  Ditz  iun  tout  entier  dins  ses  livres,  et  m  d^ns  ses  leltres, 
ni  dam  sM  entrniens,  ni  mime  da&s  ses  cours,  il  ne  se  révélait  comme  le 
grand  savant  et  le  penseur  qu'il  était.  Mais  on  y  trouve  de  prcdeuset  indica- 
tions sur  son  caractère,  non  moins  rare  dans  son  genre  que  son  esprit,  et  il 
est  i  souhaiter  qu'on  publie,  pour  le  charme  de  ceux  qui  l'oni  aimé  cl  de  ce» 
qui  ne  l'ont  pas  connu,  le  plus  grand  nombre  passible  de  celles  de  ses  lettrts 
qui  sont  encore  inédites. 

G.  P. 

&  short  hiator^  of  Prench  lEteratnre  by  George  SAiitritntiRT.  Oxford, 

at  thc  Cbrcndon  Ftcss,  1SS2,  x\-y}i  p. 

La  plus  grande  pirtie  do  livre  de  M.  Saintsbury  dépasse  les  limites  od  » 
renferme  ce  recueil  ;  nous  n'en  dirons  donc  rien,  nous  tMsrnant  il  signaler  l'ap- 
prî-ciation  1res  favorable  qu'en  onl  faite  lies  critiques  compétents  (voyez  par 
c«mple  l'article  de  M.  Paul  Bourget  dans  l'Acadtmy  du  10  février  188^).  Mais 
M.  S.,  comme  on  F'a  déjil  remarqué  ici  (XII,  419I,  a  fait  i  la  littérature  dui 
moyen  ige  une  part  plus  considérable  que  celle  qu'on  lui  accorde  d'habilode 
dans  les  ouvrages  de  ce  genre,  et  nous  croyons  utile,  soit  en  vue  d'une  nou- 
velle  édition,  loit  en  vue  d'une  traduction  française  qui,  croyons-nous,  se  pré- 
pare, de  présenter  quelques  observations  rectificatives  sur  divers  points  de 
détail.  M.  S.  a  très  bien  vu  l'importance  européenne  de  la  littérature  française 
du  moyen  âge;  son  livre  s'ouvre  par  les  lignes  suivantes,  qui  surprendront 
assurément  plus  d'un  lecteur  (surtout  hinçMi),  mais  qui  sont  parfaitement' 
justes  ;  *  De  toutes  les  littératures  européennes,  (a  littérature  française  est,  du' 
contenlement  général,  ccll'f  qui  possède  l'hisioirc  la  plus  uniformément  fertile, 
brillante  et  tr interrompue.  A  l'époque  actuelle  elle  peut  le  céder  i  d'autres, 
mais  le  lien  entre  le  langage  des  monuments  les  plus  anciens  et  les  plus  récents 
est  bien  plus  étroit  en  France  qu'il  ne  l'est  dan&  ces  littératures,  et  la  lécon- 
dité  des  écrivains  du  moyen  âge  y  dépasse  de  beaucoup  celle  qu'ils  ont  montrée 
dans  tous  les  autres  pays.  Pendant  quelque  trois  siècles,  l'Angleterre,  l'Afle- 
magne,  l'Italie',  et,  moins  sâremenl  e(  i  un  moindre  degré,  l'Espagne,  se  con- 
tentèrent d'emprunter  pour  b  plus  grande  part  i  la  France  le  fond  et  la  forme 
de  leur  littérature.  •  Il  n'y  a  \i  qu'un  lait  aujourd'hui  reconnu  des  savants  et 
constaté  nettement  ;  ailleurs  l'auteur  montre  un  jugement  personnel  et  sagacr. 
Je  ne  citerai  pour  le  prouver  que  cette  réflexion  profonde  par  laquelle  se  ter- 
mine le  livre  I  (p.  i-i^^):  1  Les  conditions  essentielles  de  la  littérature  do 
moyen  3gc.  sa  foi  êirangére  au  doute,  son  sentiment  d'un  cercle  étroit  de  co?»- 
oaissancn  entouré  d'un  vaste  inconnu,  son  acceptation  des  ordres  et  des  classes 


I.  Nom  ne  pouvont  que  savoii  pi  1  l'auinr  de  ta  lympaitiie  pour  noire  ItRJrac 
mais  noua  ne  Murioni  trouver  bon  qu'on  déprime  iniiuitmcni  k  son  profit  cellA  1 
auuci  part.  P.  itJ.  voulant  montrer  l'inconvemcni  qu'a  eu  pour  l'iiilie  l'tUat  prénti-'^ 
Itiré  de  u  liltérarure  1  la  Henjiitiin^-^.  m.  s.  é<rii  :  a  Depuis  la  trn  du  ivi*  siècle, 
ItUliea  n'a  pas  apporté  iin  huI  chcf-d'ofuvre  I  U  liltéraiure  «iroprennc,  «  ne  lai  ■ 
donné  que  bien  peu  à'oavTênti  iju'on  puttie  appeler  At  bon  vMond  ordre.  »  AuutMicM 
un  pareil  jugrmcnl  4  lieu  àt  turprrndrr,  pan^  lur  un  piyt  qui,  pour  at  parler  que  de 
«tw-ll,  peut  (lier  dît»  te  ah\t  kv\  le»  iroii  noms  d  Alfitri,  de  Mantoni  «  de 
Leopirdi. 


Saintsbuhy,  a  thon  history  0/  Fttnch  literature  60) 

''liui  l'iglilt  et  l'eut  (jiccf^Ulion  icmpcrfe  par  U  tali»  la  plus  vive  contre  les 
individus,  matî  bm  urement  par  une  discussion  îles  pnndpui,  allaient  perdant 
leur  lorce.  Tout  était  prêt  pour  une  nouvelle  èrt.  •  Judicieux,  intelligent, 
large  d'eipnt,  M.  S.  est  surtout  habile  ;  son  travail  mente  éminemment  l'épi- 
Ihiic  anglaise  de  tlntr. 

Il  faut  bien  le  dire,  s'il  pense  par  lui-m^me,  il  s'en  faut,  en  ce  qui  cOBCertK 
le  moyen  âge,  qu'il  connaisse  toujours  par  lui-mfme,  cl  qu'il  travaille  de  pre- 
mière  main;  son  tableau  de  notre  ancienne  littérature  est  un  arrangcmicnt  fort 
adroit,  mais  oit  l'adreue  n'a  pas  toujours  réussi  i  oi^squer  l'imperfection  ou 
l'iaeiacttiude  du  savoir.  Une  preuve  stiffitaale  du  peu  de  personnalité  que 
l'auteur  a  apportée  i  son  travail  est  fournie  par  une  circonstance  toute 
matérielle.  Il  a  cm  devoir  donner,  —  ce  qtii  me  senble  en  réalité  Ëtrtnger  i 
Une  histoire  littéraire,  —  des  ipéeimcnî  teitueU  de  <iuetques-UBi  des  ouvrages 
dont  il  parle.  Il  Imprime  ainsi  j6  morceaux  en  prose  et  en  ven,  dcpub  1rs 
StrmtMi  jusqu'à  une  scéue  de  Paltiia  ;  or  sur  ces  j6  morceaux,  24  sont  pris, 
ans  d'ailleurs  que  l'auteur  ait  jugé  nécessaire  d'en  avertir,  dans  ta  Ckruiamatiât 
de  M.  Bartich,cequi  avait,  il  est  vrai,  l'avantage  de  fournir  i  M.  S.  des  textes 
fgénéralement  bien  établis,  mais  ce  qui  ne  prouve  pas  précisément  chez  lui  une 
jraAde  lecture  directe.  Il  n'y  a  que  la  poésie  lyrique  qu'il  paraisse  coniuUre  d'un 
peu  plus  prés;  au  moins  parmi  les  11  citations  qu'il  n'a  pis  empruntées  i  Bartsch, 
8  (Pastourelle  p.  6),  Tibaud  de  Champagne  p.  68,  Adam  de  la  Halle  p.  70, 
Jcaonot  de  Lcscurel  p.  106,  Machaut  p.  107,  Dcscbamps  p.  108,  Alain  Char- 
tier  p.  log.  Charles  d'Orléans  p.  110)  sont  des  poésies  lyriques  (les  quatre 
autres  sont  un  court  morceau  de  la  Ctutrti  en  prose  el  en  ven  et  dem  «traits 
du  Heman  di  la  Rou).  Mais  après  tout  on  ne  peut  demander  i  un  historien  de 
la  littérature  française  depuis  les  origines  jusqu'à  nos  contemporains  d'avoir  l« 
toutes  les  avTres  dont  il  parle;  il  doit  suffire  qu'il  puise  pour  s'informer  i  de 
bonnes  sources  et  qu'il  e.\pose  bien  ce  qu'J  en  tire.  C'est  ce  qu'a  fiiit  le  plut 
^louvent  M.  S3intsbur3'  ;  je  vais  signaler  un  certain  nombre  de  cas  plus  ou 
^tBoint  graves  da^i  lesquels  son  information  ou  ion  exposition  laisse  à  désirer. 
rJe  ne  prétends  nullemcnl  hrc  complet  dans  ce  relevé,  où  tout  ce  qui  est  omis- 
sion est  forcément  Jaissé  de  côté,  et  oîi  le  néglige  également  bien  des  divergences 
de  jugenenl.  Je  ne  donne  ici  que  quelques  notes  prises  au  courant  de  la  kcture. 
P.  7.  t  II  peut  être  regardé  comme  certain  qu'au  XI»  siècle  non  seulement 
des  lois,  des  chartes  et  d'autres  documents  publics  étaient  écrits  en  fraii^ais, 
etc.  »  Nous  serions  bien  heureux  de  connaître  des  chartes  françaises  du  XI*  s., 
ou  seuteinent  un  indice  de  leur  existence.  ^  P.  8.  TrOMvire  serait  <  la  forme 
plus  ancienne,  et  dans  ce  cas  pins  usitée,  •  de  Ireavtur;  disons  i  ce  propos 
qu'il  auraK  été  bon  de  donner  sur  U  déclinaison  1  deux  cas  de  l'ancien  français 
un  peu  plus  de  renseignements  que  ceux  de  la  note  p.  <jS.  —  Sur  1^4  pages, 
Jes  chansons  de  geste  n'en  occupent  que  16,  dont  3  remplies  par  des  citations; 
|ee  n'est  pas  proportionné  i  leur  importance.  En  revanche,  l'auteur  aurait  fort 
bien  pu  se  dispenser  d'écrire  le  ch.  III  sur  la  littérature  provençale,  où  il  avoue 
^i-méfflc  ne  faire  que  suivre  Bartscti,  et  qui  était  en  dehon  de  son  soiel.  — 
Le  ch.  IV  réunit  assez  bizarrement  les  v  romani  d'Arthur  et  de  l'antiquité,  ■ 
lUadis  que  les  romans  tl'avetiture  sont  répétés  au  ch.  VIII.  Ce  qui  louche  le^ 


604  COWPTES-RENDUS 

roDians  bmcos  laisse  beaucoup  i  ditirer;  on  ne  peul  rtprocher  i  rjulrur  de 
ne  pai  avoir  éclairci  no  sujet  [usqn'i  présent  auui  obscur,  mais  il  aurait  pu  ttre 
plus  exact  dans  ce  qu'il  en  dit.  Notnlu  (p.  ;4)  est  ua  non  imigiruire  ioaai  i 
l'auteur  de  VHiilom  Bnloaam  (voy.  Hom.  XII,  J69).  M  n'est  pu  vrai  que 
M.  Paulia  Paris  ait  prétendu,  et  encore  moins  (p.  )i]  •  Rioutré,  que  Nennins 
«st  suffisant  pour  rendre  compte  de  la  part  parement  arthorienne  des  rwnjtti  el 
des  chroniques  subséquents;  »  mon  pire  a  toujours  admis  rczislence  e(  (a 
^Jinde  influence  des  lais  bretons,  —  Dans  u  note  bibliographique  ip.  J6-J7), 
M.  S.  semble  ignorer  l'existence  Oe  l'édition  de  la  Qt^ite  du  lâint  graat  p«r 
M.  Pumivall  ;  il  qualifie  d'  <  excellente,  ■  ce  qui  est  vratmeat  trop,  l'édition 
du  Ptrccral  de  M.  Polvin.  —  P.  };,  Doos  lisons  que  Chrétien  de  Troyes  (ut 
attaché  aux  coun  de  Flandres,  de  Hainaut  1?)  et  d'Alsace  tconfosion  venue  sail 
dOBte  de  ce  que  le  comte  de  Flandres  était  Philippe  d'Alsace]  ;  il  eût  bllu  (ur- 
lout  oieationner  celle  de  Champagne.  Nous  apprenons  auui  qu'il  1  composé  un 
poème  sur  Guillaame  le  Conquérant  :  ici  la  mcprt»  est  compliquée;  il  s'agit 
du  Cuilhame  d'Anglatrre  d'un  cerUtn  Chrétien,  qui  n'est  sans  doute  pas  Chré- 
tien de  Troyes  1 V07.  Hom.  VIII,  3 1  $|,  et  sur  la  foi  du  titre  M.  S.  a  crn  qu'd 
s'agissait  de  Guillaume  le  Conquérant  ;  mais  la  simple  réflexion  (sans  parler  de 
l'extrait  qui  est  dans  BartKhl  aurait  db  lui  laire  voir  l'invraisemb lance  de  cette 
idée.  —  En  parlant  de  Chrétien,  M.  S.  remarque  ,'p.  17)  :  ■  Son  Chataltu  à  !» 
Ckatrtth,  par  lequel  il  est  peut-être  le  plus  généralement  connu  i?i,  contraste 
malencontreusement  par  u  prolixité  avec  la  prose  nerveuse  et  pittoresque  d*oè 
il  est  tire.  >  Et  en  preuve,  il  donne  It  passade  du  pont  de  l'épée  dans  la  prose 
el  les  vers,  qui  ne  confirme  nullement  cette  allégation.  En  revanche,  ■  le  Ptt- 
cera!  et  le  Chaal'ur  a  Ljan  sont  de  (rés  charmants  poèmes,  profondémcnl 
imbus  des  caractères  particuliers  du  cycle  :  mysiicis[ne  religieux  |P|,  galanlene 
passionnée  et  courtoisie  r^fBnée  de  manières.  «  —  P.  59,  le  Ptruvâl  en  prose 
idont  le  ms.  est  i  Bruxelles  et  non  )  Mons)  est  «  sios  doute  possible  plus 
aocten  que  celui  de  Chrétien.  »  C'est  précisénieiit  le  contraire  qui  etf  viai.  — 
P.  4j,  à  propos  de  X'AUunirt,  M.  S.  dit  :  »  Lt  maimiuit  \\\  que  noos  es 
avons  est  probablement  de  quarante  ans  au  moins  plus  jeune  (que  la  neuvième 
décade  du  XI1<-  siècle).  »  Cf.  Rom.  XI,  ii}-j}j.  — Ib.,  le  Psetido-Callisthénes 
est  appelé  un  écrivain  du  VII*  siècle;  c'est  une  errenr  de  quatre  ou  cinq  siècles, 
et  il  n'eit  pas  plus  exact  de  dire  qu'il  a  puisé  dans  Quinle^urce  el  Plutarque. 
—  Parmi  les  analyses  de  fableaux  qui  occupent  une  partie  du  ch.  V,  plus  d'au 
laisse  1  désirer  comme  exactitude.  — On  en  s^it  plus  que  ne  le  dit  M.  S.  wr 
R<Mtl  h  Contrtfait  (voy.  le  mémoire  spéual  de  Wolll,  rt  |e  ne  sais  pourquoi 
ip,  f  6  el  dans  la  prébicel  il  penche  i  donner  plus  d'un  auteur  i  cet  ouvrage.  — 
Peire  Vidal  »t  nommé  (p.  6at  au  lieu  de  Kaimon  Vidal  et  Ip.  8]}  au  lieu  de 
Peire  Wilhem  (bien  que  Peire  Vidal  soit  mentionné,  i  bon  droit  cette  fois, 
p.  )o,  parmi  Ie:t  troubadours,  son  nom  cie  figure  d'jiillcun  pas  i  rîwkx).  — 
Tout  ce  qui  est  dit  p.  6;  sur  le  rythme  «  iambique  ou  trochaique  1  des  chan- 
sons de  la  première  époque  est  assez  incompréhensible,  et  l'auteur  serait  sans 
doute  en  peine  de  l'exphquer.  —  Pourquoi,  dans  la  citation  de  Mousicet  rela- 
tive à  Conon  de  Béihune  <p.  6-j],  remplacer  <  estoit  mors  ■  par  <  fui  occis,  • 
qui  contient  une  erreur  ?  —  Sur  le  cbltclain  de  Couci  et  la  dame  de  Faiei, 


i 


LuLL,  Libre  de!  orde  de  Cavayteria  6o{ 

vo)r.  Rom.  XII,  i<,<f.  —  P.  69,  pour  connittr?  Adam  Je  \i  Halle  et  set 
^BVTes,  M.  S.  renyoie  au  Thiitu  frjtiçoh  sa  moyen  Jge;  le  l.  XX  de  VHistoirt 
iiltérairr  tl  l'édilion  de  M.  De  Cousseinalfer  paraixtent  lui  être  inconntis-  —  Dire 
iiniquemenl  (p.  76)  de  la  Vu  àt  i^ini  Thomas  par  Garnicr  «jn'etle  *  mér'Ht  d'Are 
>nentionnée,  comme  auisi  un  poèmcr  anonyme  mi  let  guerrei  anglaises  en 
Irlande,  ■  c'est  îmgulitremenl  (aire  ton  A  cette  œuvre  hurs  ligne.  ~  P.  79, 
le  litre  de  Likr  dt  Cnatuiit  donné  encoie  au  Compul  de  Philippe  de  ThaoR 
montre  tjue  l'auteur  ne  connaît  pas  la  publication  si  importante  de  M.  Mail. — 
Dire  (p.  8it  que  le  Cattoitmtni  d'an  pire  a  ton  fils  «  vJenl,  quoique  indirecte- 
ment, du  Pantahatuntm,  »  c'eU  manquer  de  précision  et  même  d'exactitude;  î! 
faudrait  remarquer  en  outre  iju'on  a  en  vers  Irancais  drui  traductions  de  la 
DiicifUtu  flemalii  de  Pierre  Alphonse.  —  P.  81,  «  l'ouvrage  de  Guillaume  de 
Lorris  doit  avoir  été  fait  avant  1  260,  et  probabletneat  plut  idt  ;  ■  lisez  :  avaot 
IÏ40.  —  P.  8j,  Jean  de  Meun  n'était  pas  surnommé  Clopînel  parce  qu'il  hoj- 
tail  ;  c'était  son  nom  de  (amille.  —  Ib.,  Dangiir  n'est  pat  <  le  ^rdien  de  b 
belle,  père,  frère,  mari,  etc..  •  mais  bien  la  personnification  du  refus  que  la 
femme  oppose  auK  demandes  de  l'amant.  —  Pourquoi  (p.  9ji,  dans  le  chapitre, 
d'ailleurs  assez  confus  et  incomplet,  sur  les  romans  d'aventure,  mettre  en  tète 
l'un  des  plut  récenti,  le  CUomadit  d'Adenet? —  P.  96,  Denit  Pyramot  n'est 
pas  l'auteur  du  PorUnoptm  ■/(  Blgis  (je  le  répète  au  moins  pour  la  diiiéme  foisl. 
^  Ib.  «  Le  roman  de  DoSopaikoi  a  un  grand  intérêt  liiiéraire,  dont  nous 
n'avons  pas  besoin  de  parler  ici.  1  Voilà  une  singulière  appréciilion  ;  l'aoteur 
paraît  oublier  qu'il  en  a  dé|i  parlé  ailleurs  [p,  siU  c"  ajoulant,  fort  inexacte- 
ment, que  ce  poème  est  la  forme  en  vers  da  récit  dont  Jes  Sept  Sagtt  dt  Remi 
sont  la  forme  en  prose  [Dotopathot  et  Sepi  Sages  manquent  i  l'indei).  ^  La 
Chronique  dt  Rtimi,  t  bien  que  momi  piilortsque  que  Villchardouin  et  plu 
tlriclemcnt  prosaïque,  a  de  grands  mérites  de  style  \p.  i}0}.  t  It  doute  que 
M.  S.  ait  nne  idée  nette  de  ce  qo'est  ce  charmant  ouvrage,  l'un  des  plus  »  pit- 
toretqaet,  »  i  coup  sûr,  du  moyen  Jkge.  —  L'index,  comme  on  a  pu  le  voir, 
est  très  incomplet. 

Ces  critiques,  qu'on  pourrait  radlemcnl  muitiplier,  seraient  très  graves 
adressées  i  un  livre  dont  la  littérature  du  moyen  Sge  formerait  le  tujel  essen- 
tiel. Elles  n'nnpéchent  pas  que  M.  Saintsbnry  n'ait  eu  un  r^l  mênlc  à  la  com- 
prendre dans  son  tableau  girnéral,  et  que  l'exposé  sommaire,  mais  juste  dans 
les  grandes  lignes,  qu'il  en  a  fait,  oe  puisse  être  utile  au  public. 

G.  P. 


UbPe  â«l  orde  de  CaTaylerla  compost  a  Htramar  de  MaJIoroai 

per  rntstrc  Ramon  LiTi.r.,  Barcelona,   iibreria  de.i  Alvar  Verdaguer  [1879], 
in-ti*,  xxxvj  feuillelï. 

Si  nous  annonçons  aussi  tardivement  un  livre  paru  il  y  a  quatre  années,  c'est 
que  nous  venons  seulement,  grJee  A  l'obligeant  envoi  que  nous  en  a  fait  l'éditeur, 
d'en  avoir  connaissance,  et  nous  avons  tenu  i  le  signaler  i  nos  lecteurs.  On 
savait  que  Lell  avait  écrit  un  livre  sur  la  chevalerie  ;  mais  on  ne  l'avait  retrouvé, 
jusqu'i  présent,  ni  en  catalan  ni  en  latin.  M.  Agutlô  y  FusUr,  passionné, 
comme  on  sait,  pour  tout  ce  qui  intéresse  l'ancienoe  littérature  de  son  pays, 


6o6  COUPTES-RSHDUS 

ayavi  vu,  dini  une  fMiblicitiOD  psrae  il  y  a  trente  ans,  qu'il  en  eiôuit  m 
tRiimtscnt  i  Cadix,  en  pirvenu  i  s'en  rendre  acquéreur,  el  tl  vent  bien  aajovr- 
d'hui  communitjuer  ion  bien  au  public*.  Il  a  donn^  i  5on  éléftinie  pltquene 
fisped  d'un  des  produiu  d«  l'impancric  éublk  en  148}  par  Nicobs 
Calafat  dant  ce  même  Mîramar  06  Luli  avait  jadis  (ond^  sôo  Eineax  colUge, 
et  il  l'a  dédiée  i  l'archiduc  Louit-Sauveur  d'AutrKhe.  qui  a  réccfUDCOt 
achrtf  ce  mtme  Mirjmar  pour  le  faire  restaurer.  A  la  saïle  du  tnilé  de  U 
chevalerie,  M.  Aguilo  a  imprimé  des  coblti  inédiies  de  Luit,  oA  il  engage  i  la 
crwsade  les  roii  ei  les  chevaliers  cliréiiens',  ei  de  cuneuseï  cvbUi  dn  roi 
Pierre  IV  d'Aragop,  relatives  aussi  i  la  perfection  chevaleresqse.  et  adressées 
par  lui,  en  1  )78,  i  son  fils  Martin. 

Le  livre  de  LuIl  ne  manque  pai  d'intérêt;  on  eti  trouvera  une  analyse  et  une 
apprécialion  dans  le  tome  XXIX,  actudicinent  lous  presse,  de  VHtttoin  litli- 
rdrt  dt  lu  Ft»na.  M.  Aguilà  dit  dans  sa  préface  :  •  Nostrt  filosof  vo4ia  qoc 
axi  coa  ht  funtttt,  tlt  «idgtty  tU  ciagaa  han  mauU  t  /i(e,  r  apttHtn  litr  offià 
pa  itttUini  dt  Ittru...  tiom  fta  ttafa  dtl  Otdt  dt  Csiajlartj,  i  ^atjot  ititnoâ 
tttita^  I  fUf  foi  art  mastradd  con  ton  mctiradtt  ta  iiitm  icuneti.  Rst  conseil  ion 
escoltat?...  En  lo  catonen  i^le  U  gentil  ploma  de  Don  Juan  Manuet,  grai 
sdtejadora  de  tes  obrn  de  Ramon  LuIl.  se  apodera  del  irictat  y  Tensel  seii  sens 
BDOmenar  a  son  autor;  y  en  In  quinzen,  callatillo  lanbc,  la  bntasia  de  Mossen 
Johanoi:  Martorell,  inspirantse  en  gran  part  eo  les  desigs  jr  ensenyances  de  est 
doctrinari,  malavejaaposarlosenaccio  enlosantraalscapitolsde  son  (amos  Tirant 
lo  Btanch.  »  A  vrai  dire,  le  Ubro  dtl  CtMlao  y  dtl  Eicadtro  de  D.  Juan  Manuel 
est  bien  plus  (trif^nil  que  le  traité  de  Lull,  et  celui-ci  n'aurait  guère  approuvé 
l'esprit  tout  inofidaio  qui  régne  dans  Tiraai  U  HImc;  mais  il  et.t  certain  que  te 
prince  espagnol  d'une  part  el  te  romancier  aragonats  de  l'autre  ont  copié  le 
début  du  livre  de  LuIl,  dans  lequel  un  écuycr,  qui  va  i  U  cour  d'us  roi  pour  y 
recevoir  l'ordre  de  chevalerie,  s'endort  sur  son  citeval,  et  arriva  ainsi  au  bord 
d'une  fontaine,  oti  il  trouve  un  vieux  chevalier  devenu  ermite,  qui  lui  coaunu- 
niquc  1»  It^Rs  de  %on  expérience  sur  U  noble  profetuon  qu'il  veut  embrasser. 
;  C'est  là  un  motif  qui  retient  i  satiété  dans  les  oeuvres  de  l'auteur  de  Hlim^ut/mi, 
et  la  double  imitation  qui  en  a  été  faite  i  propos  du  sujet  spécial  traité  dans  le 
Uyrtde  l'crdn  dt  thtvaltrit  montre  que  ce  livre,  resté  longtemps  inconnu  pour 
les  modernes,  a  joui  au  moyen  âge  d'un  succès  qui  en  augmente  U  valeur  pour 
l'histoire  littéraire. 

G.  P. 

fJosi  LciTK  UK  V^Fnosneu^.':,  Btbllotheca  ethnosrftplUc*  pertv- 
eoeza.  I.  Tradlçfreii  populares  de  Portugal  [volume  unicoi,  Porto, 
Livraria  ponuense  de  Clavel  et  C*,  editores,  188a. 

Il  Portogallo  ha  coninciato  da  qualche  anno  a  presentare  un  notevole  e  serto 
coDtnbuto  al  taperc  Iradmonale  designalo  colla  frase  id^Icsc,  cppure  assai  cal> 


T.  M.  A.  s'est  auiti  terri  d'un  maoïisail  iKompki,  du  xv  lifete  oomne  le  mu, 
appanemnl  i  M.  Amer  ;  milhtuieusement  il  ne  nom  tait  pas  nxinaTiie  les  kçoni  diver- 
gentes de  chacune  des  deux  cnpin. 

I.  L'éditeur  ne  nous  dit  pis  de  quel  ait.  ce  petit  poème  est  tiré. 


LtlTE  DE  VaSCûNcellos,  BMàthtca  tdinographicii  pOTtag.ttKa     607 

zantr  di  Fatk-Lort,  t  giovi  in  omaggio  at  vera  riconwcere  l'afidamento  scientï- 
fico,  assunto  coU  da  lali  studt  pcr  opéra  precipuamente  di  âlcuni  giovani,  ma 
beiieaieriti  proleuori  del  Cuno  taptnoi  dt  Uttiés  di  Litbona,  quali  il  Coellio,  il 
Graga.  il  Consiglien-Pedrojo,  t  col  concorsodi  alln  valorosi  tetlfrali  quali  i  Si- 
gnorîTeiitira  Bastos.Oliveira  Marttns,  F.  MartinsSarmento.  ReisDamaso,  A.d« 
Sc^udra  Feiraz,  A.  Thomai  Pires.  TuUavia  uno  dci  pi6  operosi,  c  solerti,  a  mio 
zTtàtrt,  è  il  HcV..  Joiè  Leile  de  VasconcellM,  coi  l'etHcizio  AtW  arte  ututart 
non  tinpediice  di  trovar  uœpo  bastevole  per  raccogliere  i  necestarl  maleriali  aiti 
allô  sludio  délie  pairie  leggende  e  iradiEionî.  Oi  quesla  sna  atliviti  aveva  gii 
finora  dato  prova  con  varl  articoli  tmportanti  di  démo  psi  col  ogia  rnsertli  in  parec- 
chi  giornalr  portogheti,  e  con  altri  opuscoli  a  sumpa,  ira  cui  meritano  partico- 
lare  mcniione  i  due  (ascicoli  :  Fragmtntas  dt  mjthoh^it  popular  portagatzaf 
Porto,  Typographia  nacional,  1881 .  ed  EituJo  ttknograpkito  a  projvtito  Jm  Orm- 
mtnla^do  dot  lagos  e  (angas  dos  bo\$  tias  pro^incias  pùrtagtuzûs  do  Dearo  t  Muiho, 
Porto,  Empreza  do  Iorxai.  i>'AotucLn.'n.-nA.  1881. 1)  prîtno  di  qnesti  dae  fasci- 
coli  contins  due  schizKicHlici.  unointilolato  -.AtMoirjt*  tVthto'.OS.Joéo*. 
Il  Mcondo  hvoro  (ved.  Hom.  XI,  6)4)èuna  Jescrixione  molto  importaote  |re$3 
anche  piti  chiara  is  opportune  incisioni  spellanti  ail'  argomrntoi  ed  una  spie- 
gaiione  délie  dipinlure,  con  cui  si  adornano  coniuncmcntc  i  gi^lii  de'  buoi  Belle 
proviQcie  tiel  Uouro  c  det  Minlio  :  «si  per  tolilo  offrono  immagini  di  itelle,  di 
coori,  di  abbozzi  d'uomini  e  d'animali,  di  croci,  di  oiiiâ,  di  pentagrammi,  e  <li 
figure  geometnche .  Quindi  nella  Iratlaiione  dHI'  argomcnto  ed  ancora  nel 
profRiio  lin  cui  rgW  dimosira  il  caratiere  agricofo  dHIc  pupclaziorti  priimiivc 
del  paese,  avuto  riguatdo  ail'  area  coltivala,  ail'  anlichrti  delU  coaosccnza 
detr  agricoltura  fin  dai  tempi  preistorici,  aile  tradizioni  campestri,  consistenti 
nelle  supentizioni  e  nella  Inieralura  popolare,  c  ail'  aratora  det  suolo  mercè  i 
buoi)  l'autore  Uova  modo  di  comunicare  a'  lettori  parecchie  nozioni  di  qualche 
rilievo  inlorno  ai  castumi,  aile  Iradizioni,  aile  formule  e  prcghiere  ma^iche,  c 
agi'  mdoTinelli  del  suo  paese.  Tanin  più  prc^evolc  poi  li  rende  questo  lavoro, 
malgrado  la  lua  breviti,  inquancochè  sia  csso  primo  di  tal  génère,  non  avendo 
alcuno  finora  trattato  un  argomfnto  cosîlTaito,  che  pur  merîterebbe  di  allirare 
l'attenaiooe  délie  pertone  coite,  per  poHe  in  grado  di  giudicarr  conrenien- 
lemonte  tull'  cli  e  stitla  significazione  di  lali  dipinturc,  dcsidtrio  cbe  a  buoa 
dntto  csprime  l'autore  in  Rne  del  suo  lavoro. 

Ma  lapera  maggîore  del  Signor  Leite  de  Vascoaeelloi  è  senta  dubbio  il 
volume  délie  Iradiiioni  popolan  portogtiesi,  al  quale  l'allro  insigne  tcUtorisIa 
porloghcse  A.  de  Scqndra  Ferraz  fa  un'  interessanse  agghiata  di  irentasette  usi, 
^upertlriioni,  cAotiche,  brevi  Irggtait  in  ua  suo  articolo  întilolalo:  Pahlka(ia 


r.  te  Molrai  corritponditno  aile  nottre  II^eg^c,  c  per  eoc  ndi  pure  7..  Consiglteri- 
Itdioio,  T"idi^iàt!  pirputeta  partiiguiias ,  Porto,  Imprutta  wntmercul,  1881,  btc  IX  : 
Ai  MeiirM  tataaudas ,  t  A.  ô^tlho,  Kivuia  iPtlheol^ia  t  de  ttsfttfrla^ié ,  utudottnottt 
UttxM.  rhomat  Quiniino  Antaca  i83i,  tuA.  IV,  Eaiiitdcs  mjthicu  e  fUioat  éMadat 
il  fadtra  lùtrcnatarati .  [Ud.  I6â  ;  XV  :  ttoaraj  fn<aniidaj  t  ihtJiiiini  in(aataitn. 

1.  Per  queiio  vedi  CODiictieh-Pitlrcto.  CoMlribuiçiu  p^ra  ama  Ujtluflagu  pùfititr 
foilagufzé,  Itl  :  AlguioAi  ja/^rtUfii!  t  trtnfûs  fopâtaia  tûamas  i  imit  t  a»  dié  dt 
S.  Joâû,  t  Cot\iio,  up  dl.,  Itx.  Il  r  III  :  Uatma  ^ra  0  atudo  dÂtfatût,  trofat 
t  cotouita  popatAftt  pomgaaa,  Catendàri»  popiUér,  pa|.  74  :  S.  loSc. 


6o8  COMPTES-RHNDUS 

dt  Foikierittat,  tnierilo  nd  giornale  portoghesc  di  Oporlo  :  A  AOuâlUâât, 
anno  IX,  n'  loj,  io(>,  J07  (lo,  13  e  ij  sellnnbre  i88jI.  Questo  voIbow  ^^^na 
il  I  ilclU  tua  BihUùtheti  ttkjtographkd,  t  dovri  taen  icguito  da  Cjuattro  jhri  : 
Faitoi  pofulâns  portagimtt  t  logos  iafanttf  de  Portugal  (prcss'  a  poco  analogo 
nella  prina  parie  ail'  articolo  del  Cocibo  sopra  cilato  che  si  conlicnc  nclla  un 
Rnisld  J'rthaoloiti  :  Maltriati  part  o  estuJo  Ja  ftitit,  crf^fas  t  tcstama  pofu- 
tara  portugueml,  Potitat  popahnt;  Bilhi-ArUi  popalârn  c  Contos  popuiutts 
Jt  Poitugal.  Avtva  H  Nostro  promesso  di  pubbiîcare  an  Aiunurio  parj  0  tUmda 
iat  trjilifits  popahrft  portagsuztt  pcr  il  188)  consimile  ^11'  AlmMiuth  drt  tttàh 
tiens  popaUira  del  RolJand,  c  infalti  lo  ha  sUmpato:  qoeiL  'Anamno  comprcodt 
prima  il  calendano  popolare  per  il  18S),  poi  varî  articoli  de'  prindpali  folklo- 
risû  portoghesi,  in  fine  udj  tautfni  bibliografica,  un  reodiconto  di  parecchî 
pcnodtci,  F  la  croiaca.  Da  questo  fuggeii'ole  cenno  è  facile  argomenUre  l'impor- 
tanza  notevoic  di  laie  Annuano.  Ritomando  al  volume  iMic  Iradiiîoni  popolan, 
Mso  ê  diviso  in  undici  capiToli  :  I  Cli  Asiri;  Il  il  Fuoco,  la  luce;  111  l'AtmosIrra: 
]V  l'Ac()iia  ;  V  la  Terra  ;  VI  le  Pielre  ;  VII  i  Metallt  ;  VIII  1  VegcUli  ;  IX  gli 
Animal)  ;  X  l'Uonio  e  la  Donna  ;  XI  gli  Esseri  soprannaturali.  NdU  prefuione 
l'autore,  rilevandone  la  somma  serieti  ed  utilitd,  mostra  che  te  tradîtioni  risaJ- 
gono  nella  loru  origine  ad  eti  molto  satiche,  eincontrandoti  m  paest  differeati  u 
riconneitono  a  quesiioni  molio  conpietse  e  interctsanti,  poiché,  0  vi  ebbe  una 
comun icaùone  fra  i  luoghi,  in  cui  le  nietinimet'incontrano,  0  lutte  riconotcono 
una  comane  fonie,  o  Hilînc  sorsero  indipendcnti  le  une  dalle  altre,  quindi  è  chr 
il  volume  si  puà  riparttre  in  tre  sezioni  ;  nella  prima  l'autorc  raccoglie  uoa  parte 
di  C16  che  gli  anticbi  scrittori  lasciirono  rispetto  alla  Liaitaoîa  e  al  PortogaSo 
aniico;  nella  seconda  comprends  U  tradiiione  popotare  ponogtieu  ruodema; 
aeWx  teru  egli  va  comparando  alcuni  fatli  naiionali  con  qucHt  di  altri  paeti,  col 
quai  raftxjiKD  vieoc  provando  usa  dclle  tre  afiermaiioni  sopra  indtcate.  Sotto 
i  diverti  capilolt  veggiamo  raggnipparsi  «iperstizioni,  mi,  giuochi,  novdliM, 
indovinetli,  cantî  amorosi,  inraniili,  sicri,  lormule  e  preghiere  nugkhe,  scherzi, 
proverbt  in  praporzione  diversa  fra  i  var)  capital!,  ticché  alconi  di  quetli  n«  abbon- 
dino,  come  <|uello  degli  animali,  c  altri  nescaneggino,  corne  1  doe  délia  Itrra  e 
dei  metalli.  Il  melodo  segujto  dall'  auiore,  e  cosî  anche  da  altn  mitogra6  per 
e«mpki  dal  De  Gubernat»,  dal  Sibillot,  dal  Consiglieri-Pedrosû,  dal  Codhoe 
va  diccndo  si  è  (juello  inizialo  dal  fondalore  délia  scJenza  dftU  milologia  conpa- 
rala,  Adalberto  Kuhn.  Esso  (brsc  pfesenla  una  sconcto,  vale  a  dire  di  loftoporre 
ail'  indagine  dei  leltori  i  var)  Tatti  troppo  separatamcnte  l'uno  dall'  altro.  senu  il 
rallronto  di  esii,  benchè  lal  fiatJ  poitano  parère,  inentre  ool  sonoin  realti,dis- 
parati  fra  loro  idonde  la  ragione,  per  la  quale  i  motleplici  fallt  che  a  porge 
l'autore,  ne  pauano  davanti  disgregati,  staodo  da  ii  ognuno  lenza  una  paroJa  dd 
raccoglitore  per  dichiarare,  0  definire  ta  tradiziotie  slessa)  taie  metodo  ne  otfre 
pcr&  un  vanlaggio  nolevole  ed  è  queUo  di  far  Irovarc,  a  ch'i  sttidia  ud  djto  Argo- 
mento,  lubito  il  fatio  che  cgii  cerca.  Per  la  collezione  délie  suc  traditioni  l'au- 
tore  ha  naturalmenie  rsptorato  merci  i  stioi  amici  e  corriipondenti,  i  cui  noni 
nporla  nclla  pTcfazione,  tutto  il  Portogallo,  e  tpecialmenie  da  U  stesïO  la  pro- 
vincia  di  Beira-Alla,  dov'  i  nato  e  vistuto  in  rapport)  conlinai  col  popolo 
durante  la  sua  giovinetia,  e  vi  ha  raccollo  un  buon  numcro  di  fatti  ;  egji  coafeuk 


Leite  de  Vasconccllos,  Bihliotheai  ethaograpkka  portugaeza    609 

Cfaend  1S7&  air  «là  dt  >7  0  18  anni,  recatoti  m  Oporto,  accoo  d'entutiasmo 
per  l'esteso  oiovioxnlo  scientifico  de)  ucolo,  cominctas»  ad  occuparsî  de)  Ffftl- 
Ijore,  abboisando  «  dando  alla  lace  i  sooi  primi  uggl  nel  1878  nel  gîoraaie 
l'Aarora  do  CjvaJ^.  <^tiindi  i  manifesio.  che  il  prcsente  rolune  comprcade  ta 
nsuiffla  parte  degli  arlicolt  da  lai  pubblicati  in  larl  g'rornali  portoghesi  e  itra- 
tiJcri,  accrcKtulo  dî  molli  fatti  nuorj,  ed  ora  offerti  lasieme  uniti  alla  tcienza 
che  cgti  coltiva.  Perché  i  lellori  potuao  poi  JCcerUni  ddb  serieti  e  veractli 
<]i  ïjaanto  egti  loro  offre,  si  da  non  dorer  aulla  Hchiamare  in  dubbto,  dice  che 
<]u«ti  Util  furono  tuui  0  raccolti  dirctumentc  da  lui,  0  per  esso  da  persooe  di 
sua  picoa  fiducia.  La  mole  dcl  volume  det  Sigaor  Leite  de  Vasconcellos,  t  l'es!- 
(piili  dello  ipazio  riservjto  alla  présente  rasK^na  non  mi  permeltono  di  conti- 
derarlo  paniiamenle  ne'  vart  capitoli;  del  reito  anche  sna  rapîda  ecchiata  al 
medesimo  batttrâ  per  moïtrarcî  essere  quetto  volume  un'  incsausta  minicra  di 
rare  cogai2ioni  per  )o  pstcologo,  per  lo  storico,  in  tiiu  parola  per  chiun<)ue 
ami  cib  cbe  spetia  A  popolo.  Andrà  qumdi  (|iiJ  e  li  tpigolando  qualche  fatto 
che  abbia  pure  il  suo  rticonlro  nella  tradiaione  popoSarc  itaJtana.  A  pag-  5 
ricorre  la  l^^genda  dell'  nomo  confiiuio  entro  la  iuoa  m  pena  dell'  av«r  lavo- 
rato  nel  giorno  festivo,  per  la  quale  si  vegga  il  mio  saggîo  crîlico  :  Cjiio  c  U 
ipiae  iuondo  DjnU  e  ij  traéizioiu  popùUrt,  eîiratlû  dal  Pnlodio  di  AncoiU  n*  J, 
del  ;i  gennafo  iKSi,  come  anche  i'L'omo  ntlh  lana,  appendice  ad  esso  traita 
dal  giornale  pditico  l'Araldo  dî  Como,  24  Marzo  188a,  e  cosi  pure  VArthim 
ptr  lo  studio  dtiU  îradizloni  popchri  del  Pilrè,  a.  I,  faïC.  Il,  pag.  396-97. 
Cfr.  aocora  Sébillot,  Tudit.  it  taptrsl.  ecc.  t.  Il,  pag.  }$6  :  L'homme  dans  la 
tant  [col  medeiirno  titolo  occorre  nei  conti  di  Cert)DaBd,  Camojr  ecc,];  O.  Pe> 
schell  in  un  arlicolo  dell'  AUganeint  Zeilang,  1S69,  n'  J13,  riprodotto  dal 
Locwenberg  nelk  sue  AbkaitJlungin  ziu  Ctographk  and  Ethnographe,  Neue 
Folgc,  pag.  317-17;  Tht  archoldogical  ioarini,  London,  1848,  V,  66-67; 
^nnû,  Popahr  anli^aaiii.  1877.  III,  liJ-Hi  Hebel,  Altmanmithc  CtJichte, 
Aanu,  iSi9,  pag.  }é-)8;  LudwigBectutein,  Jf^erfftfit^BfA,  ;j*ediz.,  pag.  i}4  : 
Djs  hinniun  tom  Misnn  ini  MonJt  ;  Morgenblatt,  i86j,  pag-  54)  ;  A.  Ruha, 
WistphaHsiht  Sagia,  Ctbrjaclu  unJ  Mteukia,  2,  8),  Leipzig,  tSj^  ;  Ouo 
Sutermeistcr,  Kiniirr- md  Haissm^rcfun,  Aarsu,  187},  n*  57  :  Dtr  Mann  im 
Moadi  Rochholi,  Nauimjtlmiy  Leipùg,  iSàa,  pag.  348-49;  LutoK,  Sagta  nui 
dtn  V  Ortin  Luzan^  t/n^  ScAwy!,  UnUnialitn,  und  Zag,  pag.  {ij;  Kuhn, 
M*rk{scke  Sagin,  pag.  :i7,  107,  140,  Berlin,  184}  ;  B.  BBader&,  Volksiagta 
ans  àim  Landt  Bcdia,  Karlsrube,  i8}i,  pag.  4^,  417  ;  Mûller  und  Schambach, 
SïiAitts^ikiistbt  Stgtn  aad  Manhta,  pag.  8(,  84,  87,  241,  Î46;  K.  Simrock, 
Handiiudi  dtr  deiittflun  Mythologie,  Bonn,  A.  Marcus,  1869.  pag.  ii  :  Mann  îm 
Moaà ;  E.  Meier,  Sàgen,  Sititn,  tinj  Ctbr.riube  eus  Sthuubin,  Stuttgart,  rSja, 
n'  a}7<  ^i^i  Teitimc,  Altmarkitckt  Sdgtti,  49  :  Dit  Spma'm  im  Mande.  Roch* 
ho)z,  Cl.mbt,  11,  17  ;  F.  Panzer,  Btitragc  zttr  Jailtctua  Mytkologit,  II,  199  e 
il6.  A  pag.  1}  occorrono  i  veni  proverbiali  : 

Nlo  ha  Sabbado  sem  sol, 

NcRi  alecrîm  scni  flor, 

Ncm  DKniaa  boniu  ïeiD  amor  (Moticorro). 
Kommiê,  XII  }9 


6lO  COMPTES-RENDUS 

Dopo  egli  ne  riporU  altre  lezioni  poco  diverse;  a  Livorno  il  popc^ino  canta 
quasi  allô  itesso  modo  : 

Non  c'è  sabato  senza  sole, 
Non  c'ë  donna  senz'  amore, 
Non  c'è  rosa  senza  spina. 
Non  c'è  prato  senz'  erba, 
Non  c'è  camicia  senza  m... 
La  variante  di  Oporto  corrisponde  alla  Spagnuola  : 
Nio  ha  Sabbado  semSol, 
Nera  velha  sem  dur, 
Nem  menina  sem  amor. 
Nella  Spagna,  seconde  D^ofilo',  si  dice  : 
No  hay  sàbado  sin  sol, 
Ni  doncella  sin  amor, 
Ni  vieja  srn  dolor. 
A  pag.  )j  si  leggoRO  questi  altri  in  nota  : 
Aurora  rubla 
O'  vtento  6  llovia. 
simili  ai  livoraesi  : 

Aria  rossa, 
O  piscia,  0  soffia. 
A  Como  il  popolino  dice  : 

Nivol  râss,  I  O  acqua,  o  bAlf  (vento). 
Nel  resto  detia  Lombardia  : 

Nigola  rossa,  ]  O  vent  o  gossa  (pioggia). 
Aria  rossa,  |  O  la  pessa  o  la  boffa. 
Nigoi  ross,  |  0  aqaa  o  boff. 
Ne!  Vcneto  si  dice  : 

Cielo  rosso,  |  0  vento,  o  giozzo. 
Aria  rossa, 

0  la  pissa  o  la  supia  (soffia)  *. 
Nel  Trentino  si  dîce  : 

Nugola  rossa,  t  Vent  o  gozza. 
In  Francia,  nel  Messin  è  comune  il  proverbio  analogo  : 
Roch  au  s'  la  levant, 
S'  a  pi6ou  ou  vent. 
A  pag.  io8  occorre  la  saperstizione,  secondo  la  quale  dal  serbarsi  verde  noa 
pianta,  o  dal  seccarsi  è  agevole  rilevare  se  una  persona  assente  sia  sana  o  nalata, 
viva,  0  morta.  Nelle  note  comparative  alla  2*  delte  mie  Qaattro  novelUiu  popolari 
livornai  a  pag.  i2j  e  seguenti  ho  indagato  la  genesi  di  taie  superstîzione,  ed  in 
essa  ho  riscontrato  le  traccie  di  un  mito  vedico;  infatti  quando  gli  dei  del  para- 
diso  d'Indra  e  questo  ancora  sono  vicini  a  mutare  esîstenza,  perché  soggetti  essi 

I.  El  Folk-Lore  andaluz,  riviita  di  Sivigli)  a.  I,  H'  S,  Onobre  i6Bi,  BibUofr^  for 
Demofiio  (rendiconto  di  qnctto  volume  di  Traduits  fOpaUtu  it  Partugili. 
1.  Variante  générale  iuliana  : 

Nuvola  roggii,  |  0  vento  o  lûogpa. 


r 


Leite  de  VasconcelujSj  Bibliothua  ahnographUa  portugatia    6i  i 

pare  ails  k%gt  detb  metempsicosi,  awertili  ne  sono,  secoodo  î  Buddistr,  da 
^vesli  segni  :  i*  le  toro  ghirlande  ippasslsoino,  l' le  toro  vesli  si  coruumano, 
)•  l«  loiti  spalle  si  coprono  dî  polvere,  4'  ttanno  a  diufiio  seduti  sut  loro 
scanoi. 

A  pag.  1 14  è  ciUla  un'  ornione  galliziaiu  estraltJ  dall'  op«ri  :  Pariutù 
Port.  Mo4.  390-1  : 

Padrc  nuutro  pMiueniho, 
L^va-ne  por  bo  camiAo, 
K\i>  ftiD,  al6  cheguei. 
Très  Marias  encootrei  etc. 

Qnest'  onziofie  popdare*  occorre  pure  in  Iulia  t  En  Francta,  vedi  D.  G.  Ber- 
BOfli,  Pnghivi  popolan  vtntziant,  Venoiia,  Afltonelli.  187],  pag-  42,  a*  49  : 
PMtr  ooatr  fitkcnw  ;  F.  Coraziini,  /  (ompûninniû  ruinori  dtllt  UtUrûWi  p«pih 
lare  H^iaaa  tui  priniifali  dialttii,  Benevenio,  K.  de  Centuro  1877,  Orjiwni, 
pig.  189  :  L'aiK  marié  picànina,  e  pag.  ^90  :  Palir  noiXa  piainin  {var.  del 
Priuli)  ;  Oana$«  Arbaud,  Chants  fo^iâira  àt  h  Pimtna,  Aii,  iSii,  due  vol., 
n,  pog.  ÎÎ-Î4  :  PâUr  ha  puil  (Provence)  ;  J.-F.  Bladè,  PoUia  populùnt  dt 
laCanof.nt,  Paris,  MaisotineiiTC,  i88t,I,  \'*^t\\t'.Poluttttl\guiua,aaii9Ht, 
paj.  2-6  :  Pattr  U  petit,  ccc. 

A  pag.  1 2  {-a6  occorre  ta  novritioa  ddl'  uccHlo  Pavone  0  Crifooe,  di  coi  qui 
non  sto  a  indicare  le  inmimerevoli  varîaali  ilatiane  e  straniere,  perché  troppo 
nou. 

A  pa(c.  140  è  riportata  in  compendio  ma  DDvclltDa  popolare  portoghese, 
iatitolata  :  A  tcrrt  it  Babihata,  {jium  U  tôt  timcs  nuit  totiu.  Quesia  novd- 
Ima  occorre  m  Ccelho,  Conlot  nâcmua  para  f/cjn(ai,pag.  ^0,0'  18  :  Histvr'u 
ia  tarte  in  Madoriu  qam  ta  tac  nie  lom;  Idem,  Coules  populartt  portugatm, 
K*  16  :  A  f«rrf  Je  Baiyhma  Iper  le  varie  altre  lezioni  di  essa  novellioa  vedi  la 
•nia  nota  al  n"  [6  oella  recemiooe  critica  da  me  (atta  di  quest'  opéra  neBa 
rivista  d'Ancona  :  Il  PrtIuJio,  a.  V,  ti'6,  }o  Mario  1S81);  cfr.  ancora  Ma- 
ipons  y  Labr6t,  RonàûUayt^  ^ntot  popalars  atâluts,  1  *  sene,  n*  ^  :  £«  tatteli 
é'iràt  y  no'n  tornaràs  ;  Cbodtko,  Coma  dts  péysÂiii  et  pétrei  slms^  Paris, 
-Hachette,  t&d^,  pa^.  ^t  :  Kctland;  CaltaJatiCatalà,  iS6^,  p»g.  lot  {UtgtnJa 
dt  Saut  Jordi):  Mittral,  Mir^jo,  poema,  canto  X]  (leggeitda  proveozale  di  Santa 
Maria;;  E.  Sauvettre,  Us  dttnun  Brdons,  Parts,  iS^S,  pag.  ;o  :  La  Mury 
Morgan  dt  FElang  m  Dm  ;  Basile,  Ptatamtrotit,  G.  I,  T.  Vil  :  Lo  UtrtéRtt; 
Straparola,  PiauroU  NtUti,  N.  111,  F.  i«;  Vai.  Schmidt,  Dit  Mxnhtn  du 
Strêparelo.  Beiiio,  Duncker  uad  Hunblot,  1817,  n*  i)  :  Dtt  Thus^tk;  Voa 
der  Hagen,  Lieder  dtr  tturtn  Edds,  Bertin,  1813,  n*  40  ;  Caprins,  Ccittes  otUa- 
taux,  Amsterdam,  1780,  11,  f2;  ;  Consiglien-Pedroso,  Portugiuie  Folk-tala, 
Londoti,  Elliot  Siokes,  1881,  n*  2  j  :  7^;  Stuit  «/  Fish  ;  nella  colleziooe  délie 
fioT^lirte  popolari  rvjse  iradotte  ■■  îngitse  dal  Ralslon  vedi  quella  dal  litolo  : 
hM  eaerogiwio.  Per  le  oamefosc  varianli  slave  di  qnesU  novdlina  popolare  si 

I.  Vedine  hu  vntime  ponoghese,  in  Cm  Hom,  rvvtiu  m'  rj,  Camima  magin  do 
fno  pottugtu  M  UmH'  Uiic  de  Vaicoiudlas.  il.  OrutSa,  n*  i  :  fadn  nouo  pe^ur- 
Mtn,  fat,  }4o;  Ârame/tr  h  ttwdio  dtlk  îradit.  pop.,  fuc.  iv,  a.  I,  pag.  {80, 
VauoanlM,  mât  l^antlr  portagiuuu,  0*  19,  c. 


6 1 2  COMPTES-RENDUS 

condiltino  \t  dotte  note  del  V'ollner  3t  n'  ro  e  r  t  {Voa  dm  :B-n  F^ukertithim, 
t  Voa  Jen  ârti  Brûdeia,  and  ihria  Thitrtn)  dei  Litaaisckt  Volittitâtr  und  M^nktn 
ton  A.  Luk'ta  and  K  Hragmait,  Strasïburg,  Trubner,  iSSl,  lo  poiieggo  porc 
parecchie  vcrstoni  lanlite  umbre  c  livorntsi  di  qucsU  noveUma  popolare. 

A  pag.  172  occorre  un  conio  popolart  infantile  simtte  a  qu«lto  de)  Codbo  : 
O  rah  do  gato  {Contvt  poput.  yort.,  n*  10);  vedî  pure  Sul«rDiettt?r,  Kmétr-  and 
Hattm.  N*  j  :  Mûtii  gaag  du  itrtt  ;  Grnnoi,  K.  a.  H.  n*  18  e  jo  :  Sirohlulm, 
Kohit  tttid  BoHnc  ;  Lautchta  and  Flahchtn;  E.  Mtyer,  Vaiktmmrchtn  atu  StAm-ii- 
bia  :  Hahnli  and  Hûhah:  Simrock,  Dcattcht  Marchia  :  Kdtztha  and  M^ruiehat; 
Fr.  Staub,  Sihwciitrdeatscke  Votktîpnehe  and  Sith,  1868,  pig.  ^^  :  Dat  Brot 
im  Sp'tt^tl  ;  Burbrd  Waldts,  Fab.  (>7,lit>.  },  1(41;  Saga  rtnalts.  1648  s.  I., 
Cnfundia  peiitid,  pag.  jl-jj  :  PraitJ,  faba  et  stramtn,  «c.  ;  Hatliwdl, 
Nurttty  rhjmts  0}  England,  2*  td'it.,  pag.  6  t  619  ;  Popular  thjirus,  p^g.  (  1  ; 
Kulia  und  SchwarU,  Sorddtutuhe  Sagai,  Mardun  and  Gtbtfacht;  Marche», 
n*  1.6  :  Oie  Ffd,  dos  Hipftl  un  dot  Huidd  ;  Fjrinenich,  Valt(rilimmtn,  II,  6j  ; 
Enticloptdia,  rirista  di  SiviglJa,  a.  IV,  n'  lo,  pag.  ùii  :  El  gartanata  inord- 
lina  popolire  andftlusa  seguila  da  una  variante  pure  andalusa  e  pubbitcaU  'ni 
dal  Signor  Machado  y  Alvarez)  ;  El  Foik-Loit  anJatai,  n*  â,  pag.  Jo8  :  C«- 
slumts  papuUus  hispano-poitugaczes^  IV  Unga-itiiga  ipubbticala  dal  Leite  de 
VasconcellDsi  ;  nella  Rtrista  littridria  di  Oporto,  a.  I,  iSSi,  n*  6,  Folk^Un 
\lï\  La  F.niidopidïa,  misa  t'unùfiiû-i'aaatia^  n*  ao,  jo  Ottobre  1880)  ricordi 
il  Leite  de  Vasconcellos  un  jojo  de  prtndàt  (gall^jot  che  colla  noveUina  pcpo- 
lare  andalusa  citata  :  El  garbanciu  e  con  <]uc1la  portoghcse  ;  A  niaanztiri 
do  aucaco  considefa  come  Ire  forme  diverse  del  medesimo  soggeito  ;  cita  pure 
un  teito  di  Don  Quijoti,  ctie  manifesta  mente  vi  allude,  e  l'analoga  nota  dd 
Cervanlei  :  Et  gato  al  rato^  cl  rato  J  U  (wrda,  U  lattda  al  pdlo,  \i  quai  oola 
in  modo  évidente  prova,  pcr  la  Spagna,  l'antichtt^  rdatîva  ddia  Indiiî^ne. 

A  pag.  207-8  occorrono  delte  graiiosiuime  ninne-nanne  che  s'assofliigliaso 
asui  ad  alcune  inediie  ddU  mia  collcziooe  di  Cnati  iufantili  livornesi  e  ad  akre 
îtaliane  e  slranien!,a  me  oote,  cfae  per  brevitâ  ometto  qui  d'indkare. 

L'uttimo  capitolo  del  volume,  comc  si  è  deito,  si  raggira  sogli  nseri  sopr. 
lurali  comincianilo  dai  lupi-mannari  \lû!!tihomcnsi\  »u  queit' argomento  ba  t^tlo 
una  belU  nonogra6a  il  prof.  Z.  Giiisiglieri-Pecirou),  vedi  le  sue  Trtd.  ptp. 
part.,  n'  VII  :  Ot  lobis-homtiu  ;  ne  tia  pure  parlalo  il  CoHho  nella  sua  Rimtt 
d'ithnologiay  articolo  :  Entididtf  mythitas,  tf  XVIll  :  Ot  hiit-komins  Itile 
articolo  dci  Coelho  concorda  perfetlamente  con  tutto  quest'  undecimo  capî- 
lolol.  Pcr  laie  superstizione  dr.  pure  Raliion,  Thi  Songt  0}  tht  Riuiun 
Ptoph,  as  ithstraUM  0/  Slaiiuùe  Mythelegy,  London,  Bliis  and  Grecs,  1871, 
chapler  VI  :  Sontrj  and  Wttthtraft,  Wtrnroha,  pag-  404-9;  Afanasielî,  Po€- 
tnkukiij  Votiruru/a  Slivjaa  /u  Pnioda  iPoetîche  imnagiiii  degli  Slavi  intorao 
alla  naitirai,  Moîkwa,  1861-69,  ire  volumi,  vedi  il  III'  pag.  j49-t}t  ;  Edm. 
Vecfcensiedl,  Stig'".  y^'t^ta  and  à^tfglautiufu  CtbiMuthi,  Graz,  Leuschner, 
nnd  Lubensky,  iSSo,  pag.  )9{,noXLI  :0<r  Wawolj ;  Criom,  Dairuki  Mytko- 
hgu,  1049,  e  Dtuttchc  Sagtn  21  j  ;  W.  Hendcrwn,  .\oitt  on  Iht  Folk-Len  w 
tht  Noriktrn  Cowttia  of  Engtand^  êni  iie  Bofdtrt,  Nnova  ediz.,  Loadoo  S«t- 
chell,  Peyion  and  Co-,  1879,  pag.  na  e  |8J  ;  E.  RoJland,  Faont  pofaialrt  4t 


LsiTK  DE  Vasconcellos,  Uîbltothecj  eihnographica  poni^eu    6 1  ) 

U  Fr«a»,  Piris,  MaisonuDve,  1877.  1.  1,  pj^.  t)j-^9i  SimTOck,  Dntuht 
Sdgta,  peg.  467;  Ttiiek,  Dantiurks  FoIkiSagn^vOi.  Il,  p>g.2-j^;Ztituhhft  far 
iatstlu  Mjtbologit,  I,  241.  j+4  ;  Wojcicld,  Kltch4y,  St»r«:jtf>i  fft/ifflw  1 
fovusd  ladowe^  i>  ediz.  (Lff^ende,  tradizioni.  e  conti  popohrï),  1,  ioi-i(, 
ip'iS  ;  Kuha  und  Schwarli,  NcrJJmtuht  Sjgtn,  M^rtiun  ianl  Ctbraïuht  u. 
s.  w.  A.  Sigcn.  d'  11  t  2\i  e  le  nspcuive  lune;  Masxus,  YoUamjrriltat  Ja 
Daittthta,  Ldpzig.  J.  M.  Cebhardt,  }"  AoA.  :  Dit  Nixc  dts  Bimiuai^  Dtr 
Wjtkivolf  pag.  iH-t9>  Olhonit  Meiandri,  JMwam  at^nt  stntnim  libri  U, 
Soukaldiae,  ex  oliicina  Kczeliana,  1611,  pjg.  819-11,  n'  ^^(<  e  777  :  Ûf 
piuila  m  t^aam  vtrsa  ;  ùe  qaodam  Lyaonc  riittno,  c  finalmcnle  Paul  Stbillot, 
Tradilieos  a  tupentitions  de  le  Hasite-Bttîagnt,  Paris,  Maisonneuvc,  i88j,  I.  I, 
dup.  viti,  %  1  :  Les  loapj-gafoot  a  la  homm<t  tfûnsformis  in  Mt$,  pag.  J89. 
Su  questo  nedesimo  argomenio  ho  dettato  uno  studio  critico  ;  Là  Uuntiopia 
lulla  traiiirioiK  popolsu.  prossino  a  pubblicanî. 

A  pag.  !■}  j-yS  del  volume  di  quesle  iradiiionî  popolari  del  Sîgoor  Uite  de  Vas- 
concellos  a  propositû  degli  Olharapos  iper  î  quali  redi  R/y.  tihn.  del  Coelho, 
[asc.  IV,  art.  cit.,  pag.  161 1,  l'autorericorda  unaltru  encre  mjlologicûanalogo, 
cioè  YAikaraio  non  guari  diverse  dil  greco  Ciclope  e  dal  basco  Tattara,  Alutrmê, 
prougonista  d'una  variante  gillixiatta  de!  mita  ellenico  di  Polifeno  (lu  cui 
primi  U  Crimm,  e  poi  il  Nyrop  h^nno  faiio  ciascuno  un  iraportanle  itudio  cri- 
ttco,  il  sccondo  completnento  del  primo^,  édita  dal^rof.  Conslglieri-Prdroto  a 
pag.  370-71  del  fasc.  Il,  a.  I  dell'  Ardtnw  ptr  lo  ttiidio  drllt  traJi:.  popel.  di 
G.  Pitre.  La  }*  délie  mie  QaatlTO  novtUme  popoUn  romani  pubbbciic  nd  iSAo 
a  Spoleto  pei  lipi  del  Bossî,  e  ialitolata  :  L'Oukivo,  t  un'  allra  mia  BovHhoa 
popolare  piemomese  tnedita  idi  Mondovi)  :  Oaiîoiia,  tÏ  conispondotw  apfnintino. 
Altre  versioni  ilali»ne  e  strjntere  nuove  di  «so  mito,  oon  indicate  dat  Njrrop  c 
da  est  fonc  prendcrà  l'occasione  per  bo'  appendice  al  bvOfO  dct  Nyrup  wno 
una  mesiinese  :  La  tanta  di  lu  CiropUdHa  édita  da  F.  Canniizaro  a  pag.  pS, 
fasc.  IV,  a.  I  deir  Arthino  pa  U  Iraéuiont  pûpoiàtt  del  Pilri,  una  leconda 
dei  Tibti  del  Mezzogioato  dal  titolo  :  tfmotthm  (probabile  alterazione  popolare 
di  Monofiitas)  rîepilogata  dal  pro/.  Gîulto  Giani  nel  uo  srticoto  ;  Pmp<nuUt, 
Gtmaniu  SoIJato  i  Prtte  OItvo  ntiU  ttggfodt  pofoUtt,  ;irticolo  chc  v  Icggc  hJ- 
r  Umhiiâ,  strenna  per  il  1878,  an»  I,  Pemgîj,  V.  Bartdli,  rS;8,  pag.  61-91; 
viu  tena  abruzxeïe  in  Gennaro  Finatnore,  Ttaitttom  popoUn  a¥ruitui,  vol.  I, 
Smdit  (Parte  prima}  LasciaM,  R.  Carabba.  iftSa,  pag.  190.  v  ;8  :  Lt  fnu 
dt  l'UouhU''n-frAaii.  Uaa  variante  niinana  ti  trgge  m  P.  U^inK9,Lt fiait,  taa 
BâtmiU  Raménlfiré^  aduiutt  dm  gatê  pofsniai,  Bucorttct,  Tipografia  Aca- 
denict  reni*e,  188],  pag.  101,  n*  iS.  Il  prof.  ioAqoinCôiUoHuiod&uitiifflo 
brron  :  Fottia  poptlst  upéMs  j  autelogu  y  Utttatura  CtUO'It'upaïut,  MadrM, 
InpnnU  de  b  Rerâta  de  Legnladod,  1881  |cipit.  IV  :  Historu  ii  U  putià 
pvpaUr  updHatt^  |  ig  :  Potf>4  ipuvrdigicié  j  miIWJ  j  cotmtg4mi4  uH»-ftu- 
p*M*)  :  Ltgiad*  uUr  «/  Sui  dt  Etfaii  ta  U  Eàid  MtJ'u  »  pjf.  ]  i£  <we  che 
t  U  kggwida  di  PoliJcnM  o  M  gigaatc  coa  &n  ocdûo  ia  btmU,  pDfoUrc  tvUora 
DcDaCMlibhi  cadT  AadalBM...  h  di  aoi  Mcotuca  mIio  lorw  di  asvdbH 
kD'  Alla  Angou.  «  la  mu  a  ^msio  piMo  npom  le  HganQ  parait  di 
Ucacadez  PrUyo,  fùttûnâ  dt  toi  idnadom  ufà^u,  t.  ),  f*g.  247  :  ■  D 


6l4  COUPTCS-RENDUS 

ciclope  de  la  mitologia  griega  te  hj  convertido  para  luslros  Montaneses  n 
ojAiKino  (lingui  comiiRe  ojanton),  y  los  casos  que  se  le  atribuyea  tieocfi  harta 
semejaiua  con  toi  dct  Potirecno  de  la  Oct>s».  >  Cfr.  purel.  Schmidt,  Du  Thaten 
BogdA  Cttstr  Chan's  dts  V'irùl^trs  du  Warztl  dit  zAn  Vtbtl  in  Jin  uha  GtgO' 
dm,  mongoliichc  HetJensagt,  St.  Peler*biirg,  t8î6  (leito).  i8;9  (Iradnx. 
tedcscit,  Itbro  IV  ;  W.  Scfiott  nelle  Abhaitdlangtn  Àa  kaaiiglUh  ^liaer  Ala~ 
demie  étr  Wisiensclu/ttay  philos. -bistor.  kl.  i8{i,  p«g.  26{-9t  ;  Berohard 
Ifllg  nelle  Vfrhandlungtn  dtr  Wiinhrgtr  pkilûJogtn  Virummlung,  Leipiig, 
1869,  pag.  18-71  (Il  racconto  mongolico  analogo  al  mÂo  di  PolifciBO  i  riepl- 
logalo  dallo  Jûlg  a  pag.  {-7  dell'  estratto  dalle  Vcrkandlaifgin]  ;  vedi  aocora 
Wcbstcf,  Basqut  Legtnds,  1»  edi?.,  London,  Griflîth,  and  Farran,  1B79, 
pag,  4-6:  Tfu  Tartare  (tre  Teriiont),  e  liaalmentc  LiebrecM  m  UUratariUit  ftr 
gtnuamsthe  uni  rcmanitche  PhilologU,  iSSa,  n*  1  (rccensione  critica  ddia 
Otonografia  del  Nyrop  :  .Çjgitrt  om  Odjttnit  og  Pelypkta,  Kiwbeahavn,  |g8i)> 
Dat  rendicDiitD  tzuo  del  volume  dri  Signor  Lcîie  de  Vasconcellos  potraoao  i 
ieltori  agevolmenic  hlevare  che  le  ladi  tribatale  al  medeiimo  non  sono  puDto 
eccessive,  ma  vengono  sug^^erite  e,  sto  quasi  per  dire,  imposte  dal  singolare  m«rilo 
inlrinieco  del  lavoro,  frutto  di  lunga  e  coKienziosa  meditaiione,  di  profondo 
Critico  acume  e  di  non  cotnune  e  svariata  dottrina.  Ni  convîene  passar  soHo 
silcnzio  che  dalla  studio  parallèle  dei  canti.  del  racconlit  delle  sapersttxKjni, 
degli  usi,  e  dei  proverbi  det  popolo,  t  dalT  accoppiamento  armonico  delle  coii- 
siderazioni  di  mitologia  a  quelle  di  filologia  comparata  l'autore  sia  stato  condotlo 
Daturalmente  aile  più  felicî  conclusion]  nell'  indagîne  de'  «art  fatti  demopsicolo- 
gici,  e  senza  pedantesca  ostentazionc  di  soverchio  e  facile  sapere,  pur  serbaodo 
Dna  serietj  sdnttifica  nel  suo  lavoro  abbia  potulo  renderlo  nello  stesso  lenpo 
intéressante,  dilettevole,  ed  acceuibile  ad  ogai  classe  di  persone,  il  che  ccrt« 
non  è  pîccolo  vanto.  St.  Phato. 

Romanceiro  do  archlp«lago  d«.  Hadeira,  colligîdo  e  pnblkado  par 

Alvaro  RuDBiuuKë  us  Axkvkuu,  Funchal,  typ.  da  «  vot  do  Povo  *  18S0. 

Non  meno  utile,  piacevole  e  imporlante  i  questo  volume  compretidente  cuti 

narratlvi  che  raccoUe  l'autore  (direttamcnte  egli  Jiesso,  o  pcf  meno  de'  suoi 

amici,  de'  quaU  indica  i  nomi  oella  prefaiionet  dalla  viva  voce  del  popolo  nelle 

due  isole  di  Porto-Santo  e  di  Madera.  L'opéra  *  di  tre  generi  :  Estoriat,  Cwfw, 

Jogtn,  il  primo  suddiviso  in  quattro  specie  :  Romancfi  «0  dirino,  Romanai  ftù- 

fanot,  Xaracas.  e  Casoi;  il  lecondo  in  cînque  specie  :  Coiaot  4t  fwlas^  Cimtoi 

alligoricoi,  Contoi  Je  mentnos,  Ltagai-lms^f,  PtrUngat  ia/ttntit,  il  leno  in  due 

specie  :  Joges  paini,  t  Jogot  4t  aJuttot.  Précède  t  canli  uoa  prefaaione.  tu  cui, 

secondo  II  solito,  l'autore  dimostra  rimportanra  detio  studio  <lclle  tradiziodi 

I  popolari,  e  indica  il  metodo  seguito  nrtla  disposizionc  delta  materia.  La  bonti  e 

I  la  Ktkli  di  queïita  raccolta  vien  provata  baM^volmcntc  da  qnetto  cbe  alcuni 

I  Canli  di  «sa  Tcnncro  sfruttati  e  riprodotti  dal  Prof.  Coelho  nei  due  primi  Yob- 

lairtti  dclla  sua  Bibtiûlhteâ  J'tJatéfJo  naâonal,  Porto,  Lîvraria  universal  de 

MagalhSes  e  Montz,  cdîtores,  1882-81  1^  primo  intttolato  :  Cwtoi  naetmaa 

fûtt  cruntas  eglî  ha  riportalo  al  n'  IV  :  A  forimga  t  a  aert,  pag.  9  c  al  n*  IX  : 


RoDRiGOES  OR  AZEVEDO,  Rwna/Kcin  do  archiptlago  da  Madàra    6i^ 

Qtéko  do  nuicito,  pjg.  34  due  conti  inbntili  tratti  dat  Roma/utiro  prcsenle  con 
Itggiere  alteraiioni  di  forma,  l'uno  dal  C<ntro  il,  Eipttu  IV,  a*  1  :  Lmgt'itAga 
dâ/armiga,  pag.  467,  l'aliro  dallo  sicsso  Gtauo,  Etptiie  III,  n»  1  :  Coate  do 
mâttco,  pag.  4(4.  Nd  lecondo  volumclto  dal  lilolo  :  Jogot  e  rimai  infantit  lu 
iQserito  il  Cuclho  due  canli  infanûli  e  ctnquc  giuocht  dcllo  stcssa  RonuRtân. 
Preaderà  qui  ptt  norma  dei  Icttori  ad  eume  alcuni  di  qu«sti  canti,  pîb  noti,  e 
che  oflrono  occasione  a  ntconln  con  altri  porlogliesi  0  stranier).  L'Xl  :  Saïuta 
irii,  di  cuî  sono  pubblicati  due  racconti  pag.  17-1 1  occorre  m  Theophilo  Braga, 
Canlos  pcpuUiif  do  aichtptUgo  a(oriaiio,  Porto,  Livrarta  nacîonal,  i8(J9, 
Romenttiro  Je  Aisvtai,  Coro  Jt  tommin  taifoi,  a"  71  :  Romanu  dt  Santa  Itu 
(v«rsione  dell'  isola  di  San  Giorgio);  un'  alira  lezîone  di  essa,  ptb  Innga  e  fbne 
pià  modcrna  k  in  Braga  Romaruàm  gtral,  Porto,  1867,  pag.  ia6.  Per  altre 
Tersioni  portoghesi  di  qiiesta  romaou  cfr.  Almeida  Camtt,  Viagunt  lu  ntinha 
trrrd,  t.  II,  pag.  ;lj;  Hardung,  Rcmjatttro  po'tugatz,  t.  Il,  pag.  16}  ;  Beller- 
nanOt  Portugiuitcbe  Volhlitder  und  romaazin,  Leipzig,  1864,  [,  lo;  Florez, 
Eipâna  Sagradj,  XIV,  3ot  ;  Puymaigrc,  Honiaruiuo,  Choix  du  t'uux  iluitti 
foftttgats,  Paris,  E.  Leroux,  iSSi,  o'  18  e  19  :  Sàinti  Ina,  vediite  le  relative 
note.  La  XH  :  Saaao  Antonio^  pag.  ai  concorda  con  quella  del  Braga,  Centot 
fop.  do  anhif.  açor.,  Doutniul  it  oraçôa,  n*  VII  :  S^nto  Antoiîo  liyrandoopM 
da  força,  pag.  1  jo.  La  j'  romanza  prcfana  deW  Eipuu  II  :  Catlo-frmco  idt  cui 
l'aulore  riporla  due  vcrsioni  :  Eilorta  Jo  Bratc-ftatuo  ;  A  Jo  Gallo-frangoi  è 
timile  a  quelia  ddi'  isole  Aziorre  inutolala  ;  RomMu  de  Rico  Ffûmo  (vcdine 
pure  la  variante  seguente  ;  Donû  laa],  n'  48  e  49  del  RomMiàro  de  Am'ut 
nel  Braga,  Ciniot  pcp.  do  ttcbip.  pçor,  Cfr.  pure  Braga,  CmciwuiQ,  c  RomM' 
tara  geiil,  i.  III,  pag.  17}  :  Romtmnha,  t  il  relative  studio  su  questa 
romaaia;  Damas  Kinard,  Rwtanara tifagnol  trtdait,  etc.,  Pans,  Charpentier, 
1844,  t.  II,  Romaatt$  d'aattt,  V  i&  :  Rkù  Frauto  ;  Cêmomire  de  RomoMts^ 
Anvers,  ijyj  : 

A  caza,  iban  â  caza 

Loi  caïador»  M  rey  etc. 
E  qui  si  ooti  per  tncideoza  cbe  nella  verstone  spagnuola  présente  occorre 
l'espressione  cuthith  tugali  [coltello  lucchese»  ;  da  essa  rilevasi,  che  1  coltdli  o 
pugnali  di  Luccj  eraoo  senza  dubbto  assai  Mti  nella  penisola  spagnuola. 
I  Porioghesi  per  indicare  una  ^ada  dicevano  iugoiu  ',  voce  derÎTata  proba> 
bitmeote  dalla  nostra  italiana  taetktta  per  lacrktu  sûttinteso  il  vocabolo  spada,  e 
cos)  l'aggeltivo  sarebbe  divenulo  roric.  Cfr.  pure  firlo/d  con  P[il0/d,doT'eranvi 
riooinate  f;ibbriche  d'  armi.  Riscooira  ancora  Wolf  y  HolTnann,  Ptimama 
y  Fior  Je  Romincii^  Berlin,  Asher  y  Comp-,  18(6,  t.  Il,  pag.  aa;  Duran, 
Romuutro  gtiura!,  Madrid,  Rivadaneyra,  18(4,  t.  1,  pag.  160;  taie  vecdiia 
roraanza  di  Rito  FraHco  occorre  aitcor  rammodernata  nella  tradiitone  orale 
deir  Asturic,  e  fu  raccolta  dal  Signor  Amador  de  los  Rios  col  titolo  :  Là  bija 
de  U  ViudiM.  Qucsta  rocnanza  si  Irova  pure  în  Italia  ;  due  version!  pieraontesi 
pubblicate  una  da)  Nigra  icKc  ne  altribulsce  la  rediziooe  primittva  al  secoIoXI, 
nel  qiiale  si  sarcbbe  divulgata  in  Proveoui  dal  titolo  :  //  Corsaro,  e  l'altra  da 


I.  Vedi  il  OiiioMuio  porto^utt  di  Moraes. 


6l6  COMPTES- RENDUS 

Or»le  Marcojldi  si  Ifggono  in  Caselli,  Chtils  popahirts  J'ftalit,  pig.  194 
e  191  ;  la  nortnanna  intitotata  :  Btau  Mttri-.iit  »  irova  in  E.  Beaurfpairt  jehe 
la  raccolse^  Elada  sar  lu  poitit  populaiu  m  Sormandit,  ri  spitulemttil  dmu 
l'Arrâotkin,  pag.  ^7,  Avrancho,  iSi6,  r  »ol.  Essa  occorre  pure  in  Flnry, 
Littiratert  popaiain  Je  k  Basit-Normjndtt,  diarucm  Jet  nurint,  n'  IV  :  Sur  It 
hoti  it  l'Ile,  vedt  ta  rdatira  nota  ad  etsa  nella  recmione  che  lareno  mI 
volume  del  Pleury.  La  II  intitolata  :  Eginkart^  di  oii  fautore  pubblica  ire 
lezioni,  s'incontra  pure  tn  Braga  |che  ne  porge  anche  ire  lezjoni)  Rom.  gttély 
■*  VI,  f»^.  167,  e  nrî  Cantot  p'.'p.  do  atthip.  a^ar.  {Homane.  de  Attrtâs, 
EnstlaJa  Je  romancts  novellcsiot)^  n'  jo  e  Jl  :  RoniaiKti  dt  Gaitr,ild9,  Giri- 
HiUo;  m  Almeida  Carreit,  Romantetio,  Usboa^  i8]9,  II,  pig.  t6)  ;  vu 
variante  castigliana  si  legge  in  A.  Doran,  Romeoetro  gtmrjl,  Madrid,  18(4, 
t.  I,  pag.  i7{  ;  in  Puymaigrr,  op.  ch.,  n*  jj  :  Gmnjïda.  Qucsu  leggfwla  di 
Gerinaldo,  Reginaido,  Eginaido  seconde  le  varie  leiioni,  reminttcenra  dell'  ivvea* 
tura  apocrifa  di  Eginhan,  come  il  nonf ,  bcndii  un  poco  alteraio  délia  roinanza 
lo  nveb,  a  drita  di  Almeida  Garrot  e  de!  Braga,  occorre  scntta  in  prosa  pat- 
loghese  in  un  libro  di  conti  intitolato  :  Uora  dt  rratyo  nat  ftrias  4t  mêjtta 
tituJoi  t  appreisJo  de  nuieru  eiaJaJios,  Centnrîa  IH,  n*  61,  pag,  \s.\\  Bnga 
tidla  nota  atui  diffuu  al  n*  VI,  pag.  167  del  Rom.  ^a.  cita  U  tradîtîone,  dw 
i  fraielli  Grimin  hanno  cavato  dal  Chtomton  Laantkemtnu  ;  dr.  pure  un  poma 
d'Alfred  de  Vigny  :  La  iteige.  La  XIII  :  Dem  DaarJoi  fdella  quale  présenta  due 
versioai}  è  da  riscontrarsi  con  Puymaigre,  Romanctiro,  n'  ;{  :  Dom  DoêrJoi  1 
FUriiii^  con  Braga,  C<inm  pop.  Jo  nnhip.  j(or,,  n'  î),  Jl  e  jfi  :  Româncit  de 
Dom  Doaidet,  Je  FloiatJt  LUatda,  rabbercîatura  moderna  ddV  argomeoto deltl 
tragi-cominedia  :  Dom  Du.vJoi  di  Cil  Vincenle,  ispiratore  délie  rispellive  ramau 
fatte  dappoi  su  talc  soggctio.  Vcdi  pure  i  n'  ^6,  e  {7  dclla  iiessa  raccolta  del 
Bnga  ;  wA  Caacmtiro  dt  romança  si  leggono  î  rerti  : 
En  el  mae  era  d'Abril, 
De  Mayt  antei  un  dta  de. 
Cfr,  Damas  Hinard,  Romaaura  cspagaol^  t.  Il,  pag.  179  :  Don  DuarJos t  FtaJa, 
lï  PuymaigTC,  nrlla  nota  a  queita  romanna,  crcde  che  la  medesima  poiu 
pure  aver  avuto  per  punto  di  partenza  U  romaoïa  :  té  Figlia  Jtll'  mptramt 
di  Rome  {Rem.  gir.,  n*  tg),  e  quella  del  0£<aiw(iJ.,n*}<}).Un'altraronaui 
in  endccasillabi  :  O  koitalào  dat  flores  {Rem.  gtr.,  n*  19)  si  rassomigtia  assai  a 
questa  dî  Axn  Dasrdot,  ck.  pure  in  C.  Nigra,  Canzoïù  papolari  Jtl  Pttmonti 
(tiratura  a  parte  in  sei  fascicoli  dalla  Rnuta  Ewapta,  m  cvi  furoao  pabUicalei 
ta  canzone  :  //  irurinajo,  la  cui  redariotie  prîmitiva,  secondo  il  Nigra,  risalirebbe 
a]  secolo  XIII,  e  si  riconnctlerebbe  alla  rotnanza  (pagnuola  :  iatnfinhna  ytlhifo 
del  Riy  de  Franc'ta  {Romane.  Certtr.,  t.  I,  pag,  i6}|,  motte  pift  antica  ddU 
romanza  portoghese;  cfr.  pure  il  cinto  :  Le  pttit  tvUlur  m  Xaticr  Mannie*. 
Chanh  pepulairti  da  nord,  Paris,  1850  ;  Puymaigre,  Chantt  popvlmiu  du  ptjt 
masin  :  Le  petit  tambour;  Caiéli,  Chantt  populains  d'îtafu,  pag.  19^.  H  Du  Meril 
I  nella  introduzione  al  poema  del  XII  secolo  :  Flore  tl  Blanctiiffar,  Pans,  18(6, 
pag,  Lxv,  nota  2*  awita  clie  questa  tradiziooe  sîa  d'origine  orientale,  où  le  priit- 
Itmpi  est  bien  plus  avanei. 
La  XXI  :  Nati  Cttturuuta  (di  cui  sono  riportate  tre  lesioiii)  ricorre  pure  nel 


RoDRiGUES  DE  AzEVEDO,  Rûmancàro  da  atcftipelago  da  Madtira    617 

Br>ga,  Ctitoi pofttJ.  Jotrchip.  a(or.  (Pnn)«»ra  Je  romrtffKOinwifunM),!*  )7*40- 
Roamnta  dé  Htu  Cëtluniitu  e  Romant.  gtr.  pag.  )8.  nd  Pujriuigre,  Romtat. 
portag.  tfiVl\:Ld  nif  Cnhaiaote  ;  tir.  la  esusi  nota  del  PuymaîgTt  a)  n*  citato, 
c  quetir  drl  Braga  aJle  vananli  di  vm  édite  ndte  due  collezioni  ricordalc. 

La  romanza  I  :  PriMuza  iiudittaJa,  «posta  îs  tre  rersîooi  [Ceiuro  )],  Eifaic  I, 
Contti  àt  faJati  non  è  che  una  variante  ddb  t>  délie  nostre  QaaÈtto  noullint 
fOfùlari  \hottusi  {La  MU  dti  uttt  ce4ri\  vrdi  la  mpcttira  mia  nota  a  laie  DOTel- 
lina.  Varûnti  ponoigltesi  «dite  di  ta!«  novclliiu  tî  leggODO  10  T  Braga,  EstaJos 
da  Edait  Midia,  Porto,  £.  ChardnM,  1)170,  Ot  cmtat  it  (adat.  Ai  trri  CtJras 
do  Auwr,  pag.  6}  ;  A.  Coelho,  Coirtos  aaci<nuii  para  creantai,  n*  u  :  At  tru 
ttdras  do  amor,  pag.  é},  e  netU  colltzion«  inedila  del  Prof.  CoutgltCfi-PednKD 
qnesie  cinquc  altre  rariaitli  si  contcngoiio  :  AtUtsâdratiloamor:  Asucsudrai; 
A  nia  das  tut  âdrat  ;  A  frinciza  entaatada  ;  A  pomba,  pcr  la  prima  di  questc 
vedi  Consiglieri-Pedroso.  Portugaise  Folk-Taies,  Uanslated  from  tkt  original  mt. 
h  Mut  HeitriijuiU  Moatuto,  London.  publithed  for  the  Folke-Lore  Society  by 
EUiot  Stock,  1SS2,  pag.  9  :  Tlu  Thru  Citrom  0/  Lore.  Sono  pure  a  rtcuntare 
le  BOvelliDe  popolari  andaluse  pobblicate  odia  rtvitta  :  EaotloptJia  H'^ii^ta  : 
Las  ouazaaai  dt  oro,  e  Las  tra  lotwias,  come  pore  U  leggenda  spagnaola  :  Lm 
très  tOfonjas  del  rtrgit  de  amar  ediu  da  Agosiino  Ouran  nel  suo  HcmJinuro 
gtmiat.  Una  variaatr  runaiu  intitotati  :  Bêla  fret  todu  aaidt  si  leggc  a  pai;.  84 
dclle  Légende,  saa  Basmtlt  Romàmi(u6  aduadte...  dt  an  citllgeuf'typogrjph  (Ispî- 
rescnj.  Paitea  11,  Bucurescï,  1874. 

La  II  :  Cita  Borralhara  *  si  ricoReette  al  tena  notitsimo  delta  matitra,  tkt 
iadute  dot  poratKtte  a  meider  la  maiet  t  a  fat  Ion  tpotare  il  padre,  i  delta  râgazti 
poi  pertegaitala  dalla  malrigaa,  e  a  suo  diipetto  spotata  da  un  re.  Q_ue«la  novd- 
lina  corriiponde  a  dae  rondalle  caialane  dd  Maipon»  y  Labr6s,  Lo  Rond^tlayre, 
fRcnlM  popalars  tatalaas,  Barcclona,  A.  Verdagucf,  ire  strie  1871-7),  ^<^' 
i>  série,  tfi  22  :  La  JUtastra,  pag.  97,  e  a*  série,  n*  16  :  Las  gtrmatiastras, 
pag.  lOi  :  Grimm,  KinJer-  and  HaattMrekea^  n'  34  :  Fr«si/a//f,'L.  Bechstein, 
M^tbtaiuih,  Leipzig,  G,  Wigand,  j  j"»  Aufl.  :  2itleniulua,  pag.  jo)  ;  M"*  Le 
Prîice  de  Beaumont,  Conta  moraax  pou/  l'insttattion  de  la  ftantstt,  Paris, 
Barba,  i8o6,tre  volumi,  I,  pag.  u;  :  Blaïuhe  et ttrauitU ;  ii»\ia,  iirittkiscke,  iitid 
albantsiKht  M^ctuti,  Letpug,  Eagclmann,  1864,  toni  due:  I,  pag.  19J,  n'  28  : 
Dat  MMdtktn,  das  Ro$ea  latkt  imd  Ptrleti  wmat,  vedi  in  H.  Callaway,  Sortir] 
Ula^  tradawsu  atid  katorus  ot  tht  Zalut,  Naul,  1868,  la  novellina  di  'Jtuom- 
leteaittiim.  Di  qiMsla  novdlina  posseggo  parecchie  vartanti  inédite  livoraesî  e 
unbre,  ira  cui  le  due  principali  sono,  per  i  conti  di  Livorno,  quHla  intitolata  : 
l^  todi  delV  atiiio  e,  per  le  altrc  dell'  Umbria,  la  tpoletina  dil  lilolo  :  L»  madrigru. 

Il  COttto  do  vataco  (1*  dclla  Espteu  \\\)  di  cuî  i  uaa  variante  la  Lenga-ienga 
do  Caintia  (II  ddla  Espuie  IV),  fat  ïaserito,  coine  sopra  ko  dctto,  dal  Coelbo 
bd  suo  «puKolo  :  Coatot  aactonaet  para  trtisniai  t  lorma  la  nordlina  n*  IX  :  0 
r*b§  do  mataco.  Una  novdiina  popolare  portoghese  aoaloga  era  gJ  ttau  dal  owde- 


t.  Mrgc  rmttrade  Vastoncello*  tcrinarc  portogboc  dd  sec  XVI  BWsttA  Ci  d'aflera 
di  omeictie  40010  canto  fi  hic  aveodo  dctto  :  <  Poi  ca  naben  afa  qutro  CoIêi  mfr- 
rathàrar.  • 


6(8  COMPTES-RENDUS 

simoCadhoriportaU  sotto  H  titolo:  0 tabo  do  ^ato  iH  ■*  lode'suoi  ContOi  pçf»- 
tara  portagaties,  Litboa,  P.  Pbniier,  1879,  pag.  19.  Kssa  cûrrisponde  lUa 
i^ddledue  iiovellineosicticheii^nîi  <mitj$cki  VolksmiiKhn]  pubbiicaledal  E*ro(. 
Schiefcicf  ncl  Baltain  Ât  rAcadîmit  impiritU  ait  tcieaeti  dt  Saint-PiWibotug, 
I.  VI,  solto  il  titolo  :  Fleh  and  Lnoi,  questa  non  è  che  uiu  versîonc  ddla  nostri 
novdlioa  toscana  dt  Ptluzzo.  Per  le  rsrie  InioDi  italuoe  di  quesu  novdiîaa 
tHi  ndl'  Imbriani,  XII  Coatt  pomigtiMUt  kc,  Napoli  Detken  1877  la  nota 
>t  n*  IX  :  Miua;  duc  varianli  afncanc  si  leggODO  in  1.  Bkek,  Rtuuie  Fuchi 
in  Afrika,  Weimar,  1870,  una  malgascia  a  pag.  xxvi-ni,  cd  un'  attra  cafra 
dei  Dama  a  pag.  70-74. 

Il  ContQ  da  tûfoaih\nha  \\\  ddla  stena  Esptae)  è  il  a*  dei  Coofof  lucioiuti 
citali  dd  Codho  dal  tilcilo  idenlico  :  Hatona  da  (aroeinba,  (ug.  1  ti  il  1*  dd 
Contas  papaUrts  portuguezes  dd  medesimo,  dotide  ia  tolio  e  tnurilo  wW  aitta 
sua  collcdone.  clr.  la  roodalla  aiabna  :  La  lattla,  Randalhji,  a'  1  j  ddla 
i»  série,  pag.  (8  ;  Sebilldt,  tittlrature  orjlt  dt  ta  IhaU-Braa^tn ,  Paris,  Mai- 
SODoeuve,  (881,  ConUi  d'aifsnts,  a'  W  :  Lt  ml  a  ta  rjttsse,  pag.  2^2, tCoiitu 
populmes  de  la  Haute-Bretégitt,  Parts,  Charpentier,  1880,  IV,  Coaus  dnttt^ 
n*  ^i  -.La  mort  da  rai,  pag.  31;  ;  in  Miiuimt,  rivivta  di  letleralun  popolart, 
col.  414  vedi  ptire  il  conte  me»tn  ini^eritovî  dal  Quèpal,  e  iniitc^ato  :  U  Pca 
a  ta  Pttct.  Per  le  dilTcrenti  versiotti  italianc  di  questa  novdiiiu  «  coHstilli  li 
nota  deir  Imbriani  ail'  1 1"  de'  suoi  citati  Conû  fomiglianeu  :  A  luch'uutdda;  ne 
posseggo  pure  ndia  mia  colleiione  inedita  due  variant}  livoniesi,  e  due  unbre 
di  Spolelo. 

La  }*  Unga-Unga*  da  formigt  {Btptcit  IV)  riprodolta  aki  Contas  naâçnta 
dd  Codho  al  n'  4  sotio  il  tliolo  :  A  formiga  t  a  nnt  è  la  stessa  cou  die 
l'omORinio  n*  J  dei  Contot  popuiartt  poriugaats.  Cfir.  pure  i-  Rivière,  Ruoul 
du  conta  popula'ues  dt  la  KabytU  du  Diurdfitra,  y  partie  :  Fablis  a  Inigmtt^ 
V  2  :  U  paa  tafant  ;  H.  Camoy,  UlUratart  oraU  dt  ta  PUardU,  i»  parue, 
%  I  :  Conlis  d'infants,  n'  a  :  Kîoa-Cou  et  IQou-Cocltt.  Essa  richlama  alla  novdia 
indiana  dd  Patitutiatantra,  vedine  la  trsdurione  dei  Benfey  t.  Il,  pag.  21^4,  ii 
cui  il  sok  rinvîa  il  br^mano  alla  nube,  che  i  più  forte  di  lui,  Ij  nube  al  vento, 
qucsta  alla  tnonugna  e  la  moniagna  al  sorcio  ;  cfr.  La  Foatii&e,  Fahtts,  \n. 
iX,  7,  e  cosi  pure  Monte!  et  Lamben.  Conta  popalaira  du  Langutdot^  Mont- 
pellier. 1874,  ti*  2  :  Lcii  ptUrinage  de  la  paure  foarnigjitta,  pag.  6. 

Il  n*  IV  'délia  Esptat  V  :  Piritngas  ïnfantis)  dal  titolo  :  Palmiakat  i<a  ime- 
rîto  dal  Codho  nel  sua  opuscdo  Jogos  t  rimas  m/ontis,  a  pag.  11,  al  n*  ao 
[(come  a  pag.  10  in  fonde  n*  19  :  Nda  sabir  à  jttttlla  il  n*  111  délia  stessi 
'Espn.U  :  Mtnina  ^onird).  Varianii  spagnuole  di  quesio  n*  IV  ricorrono  oel  Feik- 
Lort  mdalui,  n*  (  :  Jatgos  m/aïaîla  apahoks  di  Oem6lilo  e  sono  :  Et  pM~pea, 
Lat  tortitas,  francesi  in  Moatel  et  Lamberl,  Cmfrs  popalaittt  da  (jingiKdKf 
n*  io-]i,tChanu  populaires  du  Laiigiadot,Pins,1imtsottimme,  1S80,  n' jo-]i. 


I.  Unga-ltaga  [nell*  iiola  dl  Madera  ti  iict  pan  Ungal-liHgïïI)  en  niu  aotileaa  degU 
Arabi,  al  cui  tuâna  si  dinuva,  vcdi  Akxandre  Dumai,  L'Atêkk  Ututui,  L  I,  ■'  iX,e 
1. 11.  P*  IV. 


I 


JCUES  DE  A2EVED0,  Romancùro  do  archipetago  da  MAdetra  619 
^g.  j2]-]4,  itatiane  in  Coraisini,  Companimenti  mitnri  dellû  Uatrût.  ptpçl. 
itêt.  :  Cimchi  faaciallofhi,  D,  pag.  61-4. 

Il  R*  V  :  Mdo  morlé^  corrisponde  ai  n'  1  j,  14  s  rj  de)  Codho,  J»gos  t  timas 
infantit-  Ncl  Coraizini,  Op,  cil.  G'iutfcAi  fanmlhithi,  C,  pig.  61,  i  !)■  4  e  ^  sono 
perfeltamcnle  ûnâlt  ai  ciuii  cami  lofantill  portogbesi  e  basterl  un  confrooto  per 
a«erUr«ne. 
Canto  V,  £;f«M  V  M  Konuaceiro  :  Mdo  mottû  : 
Mio  nwrta, 
Mlo  morti 
Te  bâte 
Na  pofU. 

S«  ni  xen  qie  Ihe  dar, 
Oâ-lhe  do  tal  do  nar. 
Jogts  t  rinoi  injantii,  n*  14  : 

Mâo  morta,  mlo  morta, 
Filhinos  â  porla  ; 
Ndo  icin  que  Ihe  dar, 
DÂ-lhe  tiina  pedrinha  de  sal'. 

N"  ij. 

Mio  morla,  rnio  motta, 

p'iIhÎDOi  a  porta  ; 

Nlo  lem  que  corner, 

Dâ-lhe  ossos  a  roer. 
Corazziai  n"  4,  Cefalb  (Sicilia)  : 

Manu  modela,  manu  niodda, 

Lu  signuh  li  la  'ncodda, 

Ti  la  'ncodda  a  pani  e  vinu, 

Tiritlppiti  c  Sammartinu.  (Pitii,  CtWi  JÙil^t.  Il,  pag.  18.) 

Ole) 

{.  Bologna. 

Man  inorta,  naa  morta, 

La  bat  alla  porta, 

La  bal  ^1  purtftn, 

Dai  nu  tcupaiôn. 

Il  tt"  VI  OUo  mmâ'mha  corrùpoode  al  vf>  34  dcglî  iûgot  t  nmst  infuttis  dcl 
Codho  {Nomti  dot  dtJos),  vedi  pure  lo  stcsso  Codho,  Romamei  popubnt  t 
fimài  infintis  portugucas  (estratto  dalla  Ziituhrîjl  fur  ronuaUtbi  Philohgit  dd 
Graber,  Band  III,  pag.  61-72  e  i9J-99),pag.  174;  Kr*JVo»j.  n*8,  Th.  Braga, 
Ot  fogot  pofuUnt  infum,  pag.  349  ;  Rodriguez  Marin,  Canm  popahits  espa- 
Mit,  Sevilb.  F.  Alvarez,  1881,  1. 1,  a<  60-61  ;  Montel  et  Lambert,  Chanttia 


I.  la  J.-r.  Kladi,  Pnrtrbtt  tt  iemuita  po/vlaira,  ncatUUs  d<tnt  rArmagatt  et 
fAgiMM.  Para,  CbampÏM,  18S0,  Pnvtrtru,  Serk  v  :  Fermjlritet  a  hmlims  fronr- 
UAt.  $Êffltmal  pag.  ifS,  a*  6C1  :  Manl  nitni  mono,  |  sent  Joan  s'ts  ba  a  ta  pono 

CE  nr  la  porw.  |  Un  soailR  s'einpono. 
nrl  0*  I  )  dice  CMi  : 
Oi-Ute  oo«  j  traaca  da  poru. 



Rio  '     COMPTES- REHWJS 

l^agtttdoi,  pig.  j  lo-i  I ,  et  Conln  eu  Ldngtudoc^  pig.  {,  9{  c  seg.  ;  El  Folk' 
Lan  AaJâlu:,  a"  ù.  Lu»  Palomo  y  Rutz,  Um  dosena  Je  rima)  u^anbla,  pjg.  194, 
n"  II,  cfr.  pore  tiHl'  Arttiirio  del  Pitrt  a.  I,  fajc.  iV,  i.  Uhe  de  VasconceUos, 
Rimai  infantis  poitugotzas^  n*  )9  :  Niyims  4os  JtJos  a,  *,  pag.  s8j. 

Il  n*  VII  :  DtdctJa  mio*  (i  raruntl)  corrispondeal  0'  zj  degii  J«;oi  trun^i 
infantit  del  Coelho  ;  cfr.  Marin,  Op.  cil.,  pag.  51  c  tio;Hra  Ncvj,  b»  8, 
pig.  ]47  ;  £/  Folk-loTt  Andaiet,  a*  t,  Demofilo,  JatgDJ  infaauUt  ti^hottt^ 
pag.  164  :  Ettt  pau  un  huiro  (Cc;  Corazxini,  Componim.  mm.  délia  letttr. 
pop.  ilal.^  Ciuothi  /tntiailtichi  E,  pag.  64-67:  Montel  et  Lambert,  Ckaati 
et  tontci  du  Languedoc,  luoghi  cilati  ;  Aukirio  dd  Pitrt  IV,  pag.  S^J,  RuRdi 
infantit  porlogaiiiis  de!  Leile  de  Vascoocellos,  n*  jg,  A'o/i«i  Joï  Arfw,  c. 

Il  n'  IX  :  Bichittha  gâta  concorda  col.  n*  ai  degli  Joga  injaiait  del  Codfao  ; 
dr.  El  Folk-lert  Andaiaz,  n"  10,  Th.  Braga,  Ot  jogot  infjnt'a  tm  Pottugtl  e 
Andahsiû,  pag.  \^i  :  Kchiaho  gato  ecc.  ;  El  Folk-Lon,  ta..,  n'  6,  Vna  doatut 
et  timai  lafanùUi,  n"  1  ;  Muq  -^ato,  ecc.  ;  Kl  Folk-Leu,  n*  j,  Jnegostipaiiotest 
«c.,  pag.  164  ;  Mizo  gJtito;  Corazzinî,  Op.  m.,  pag.  101  :  Atta  acala,  ecc. 

Il  n*  I  :  Sarra  Maddro  [Gentra  111,  Jogoi,  EtpuK  1,  Jogos  paen's)  corrlspondc 
ai  n'  17,  18  e  17  deglî  Jogot  lafiintu  del  Coclho  ;  Mootel  et  Lambert,  CJbnnu' 
da  LoBgutdûc,  pag.  ii8-3iî;  Corarzini,  Op.  cil.,  Canti  fititiullachi,  pag.  \6- 
Î7  ;  ne  posscggo  Jo  pure  uni  variante  inedita  livoraesc  :  Stga,  bolUga,  ecc,  neij 
Canti  popalati  amirri  incditi  raccottî  dal  pmf.  Antonio  Maocindli  e  gestilraent 
conttinicatimi  dal  raccoglilore,  vedi  il  n'  107  :  La  ttga  col  filo. 

Il  n»  III  :  Ha,  Ramhe  »  assomiglia  al  n*  VI  :  Hti  e  Remhay  ecc,  ddie  Par- 
leaJas  e  Jogos  popularet,  pag.  177-79  in  Th.  Braga,  Caitias  pop.  do  aithip. 
ofor.  e  ai  n'  96  «  97  degli  Jogtts  injantii  del  Coelho. 

Il  n*  IV  :  Jogo  Jas  gatlinhas  forma  il  n'  $4  degli  Jogoi  mjajitis  ià  Coeibo, . 
cfr.  il  giuoco  infantile  beneventano  anaSogo  :  Allina,  atiina,  ioppa,  zappa,  cce., 
3  p^g.  10;  del  Corauini,  Op.  cit.;  cosl  pure  neUa  Rwiita  di  !at.  pepol.  del 
Pilrè  e  Sabatint,  Hl,  P.  Sabatini,  Canti  popelari  romdni,  vedi  il  n*  S9. 

Il  n'  V  :  Jogo  da  Banoinnha  |due  vartami)  (u  riporuta  dal  Coelho  neî  suoî 
Jogas  infaniii,  it'  jj  e  î(  :  Vassoirinka  tilol»  di  lune  e  due  le  varianli  c  il 
n*  VI  :  Jogo  dat  viûnhas  al  n*  j  ^ . 

Il  n'  I  :  Jogo  do  pisinho  (G.  111,  Espttu  II,  Jogos  di  adaltoi)  è  ii  n*  l  lidegU 
Jogos  mfantii  de!  Coeibo,  ed  il  II  :  Jogo  do  piinho  i  ÎI  a*  lo^  délia  siessa  raccolU^ 
del  Coelho;  questo  secondo  giuoco  i  il  noto  spagnuolo  ;  Pàn-pahat,  El  FoJk- 
Lore  andalu!  n'  1,  pag.  (7;  per  queito  vedi  pure  l'articolo  di  Dcmôfilû  topra 
l'aKro  giuoco  analogo  :  Ricotia,  raol/in  in  un  numéro  det  i88u  délia  rivitu  : 
EnàcIcpUia  di  Sivi^^lia.  Taie  gruoco  i  aitai  pjre  dilTuso  in  Italia;  oel  Monfer- 
rato  si  chiain;i  r  Pign-pigntU,  a  Ferrara  :  Pugn-pagntUa,  in  Sicilia  :  71i/»pi- 
fii;>;>r.  a  BeneTcnto  ;  Tappe-tap^e^  a  Veneîïa  :  Pagm-pugnett,  a  LiTomo  :  Pufftl- 
câ(},  Pugni-cat\. 

Il  0*  III  :  JogQ  da  tiara  è  il  1 1  {  degli  Jugot  in/aiais  del  Coetho,  ed  il  n>  IV  : 
Jcge  dû  ccadtuà  è  il  ir  {\^  délia  stessa  raccotta  del  Coelho. 


I.  vedi  puie  Anntttirio  fare  o  modo  4ai  tradiftfj  popaUni  portiignaat,  A.  do 
Seqneira  rcrrai,  Jogoi  in/aiith  ponagitius  pag.  éa  l  :  Os  itàos,  »,  b. 


RoDRicuBS  DE  AzEVBDO,  Romanutro  do  archipttago  da  Madt'ira  6l\ 
Dopo  qiieslo  raggnaglio  un  poco  pirticolarrggiato  «gnatamentc  p«r  Ttiltiffla 
parte  df)  volume,  acdocchi  i  lellori  délia  Romama  veggano  quanto  tîa  l'identiU 
,4e't  gitiochi  c  cinli  f^neiulleschi  nci  diUcrcnti  paesi,  idfntiti  dimostranie  gli  siretti 
npporli  ctie  Icgaoo  insi.cme  ■  v^rl  popoli  délia  razu  neo-latina,  mi  sia  Wito  nie- 
vare  due  difetti  ncH'  op«ra  pftis  a  sladrarf,  uoo  det  quii  da  rfcarù  a\  compi- 
latore  di  tua,  e  fahro  al  lipografo-editorc.  Il  primo  è  la  pubblicaiionc  dti  Roman- 
itireiCBzi  te  opportune  note  illustrativea'varlcantidelRiedrsimo,  comeneavcva 
air  autore  giâ  dato  l'esempio  il  Bragan  ci  congcncri  suoi  lavori  precedenli,  in 
{specie  nei  due  vulumi  del  RoaiMt.  gcrol  e  nei  Canlos  popul.  Jo  archip.  aiOf .  Non 
v'ha  dubbio  ehe  con  Uli  note  illurtralive  la  lua  peraltro  pregevoie  collMionc 
saretbc  diveouia  anccr  pià  intéressante,  c  accessibile  Jnche  meglio  agli  stranieri 
culton  di  siffattt  studl.  L'altro  difetto  riguarda  la  stampa  del  volume,  fatia  con 
poca  dili^nza  e  riboccaote  d'  rrrori  ;  tanlochè  iJ  rac^oglitore  dovette  in  lînc  al 
volime  aggiugnere  un'  Ertula-tanigt,  la  qiiale  sebbenc  assai  diffusa,  non  è 
ancof  tutlicieiite  a  npurgare  da  moite  allrt  uicdde  tipografiche  il  volume  iletîO- 
NoQ  poca  trascttranu  si  rivela  pure  ndl'  ordinamenio  de*  vari  fogii  di  lUmpa, 
siech^,  per  eiempio  nclla  copia  che  to  possegga  c,  crcdo^  îa  molle  attre,  dopo  la 
pag.  434  Bianca  un  fogUo  di  siampa  e  invece  délie  facdate  4i;-}J,  vi  è  dupii- 
cato  il  foglio  dalla  face,  j^t  alla  ;fi.  Benché  di  quesTo  seconds  difetto  non 
potsa  rispondere  attri  che  il  tipogra^O'CditDre,  pure  senza  dubbio  ne  rim^nr 
alquanto  sconciato  e  guasto  il  libro.  Mi  sembra  poi  ancora  con  piena  ragionc 
il  Signor  Leite  de  Vasconcellos  oella  ratsegna  da  lui  fatta  so  quest'  opéra  nei 
mo  AaitMno  sopra  diaio  pag.  7)  aver  latnentato  che  l' Autore  pubblicasse  i 
catiti  deit  Arcipclago  di  Madera  corretli  ed  espurgali  da^li  errori  di  sinlassi,  di 
grammatica  e  va  dicendo.  Sulle  prime  parrebbeche  questo  lavoro  di  correzionc 
del  (eslo  fosse  un  pregio,  ma  ï  al  contrario  un  diteito  non  lieve.  Invero  lo  siudio 
délie  tradi/.ioni  popolari  non  mira  sollanto  a  ricoslroire  0  svelare  I'  anijca 
civilti,  onde  tono  cs&e  in  gran  parie  rapprestnUziooc,  nu  eziandio  a  mostrarci 
quai  lia  il  carittere  mitico,  artisbco,  tcienlifico  ccc.  del  popolo,  carattere  che 
tuttora  si  conserva;  quindi  i  manifesio  clie  ie  varie  niodificazioni  anche  pifi 
licrî  nella  meirica,  nello  siile,  nei  linguaggio  siano  altretianti  dncumenti.  che 
importa  racco^^liere.  Laondc  nei  popolo  non  sî  dànno  (jucgii  errori  diversi.  a 
eui  allude  il  Signor  A.  R.  de  Azevedo;  il  linguaggio  popoUre  obbedtsce  a  certc 
teggi  speciali  fooetiche,  morfologiche,  sintatticîie,  e  quelle  che  a  noi  sembrano 
deviazioni  da  regole  prestabilite  di  granmitica,  di  s'miassi.  ed  errorî.  noI  sono 
in  realli,  ove  si  considerino  alla  atregaa  dî  quelle  sopra ccennatc  leggi,  eut 
segue  il  popolo.  fnottre  se  lali  modificazioni  occorrono  persino  talvolta  nclla 
lingua  tctterarta,  c  bcnchè  siano  eccexiom,  pure  prcsentano  una  certa  rcgolaritd, 
lanlopiù  si  cotnprende  cIk  abbiano  te  medesiine  ad  occorrere  nella  lingua  popo< 
lare,  onde  la  culta  é  manifesto  rampollo.  Ammfltendo  adunque  la  paisibililj 
d'tntrodurre  alcune  correzioni  nei  canti  pof>olari,  debbooo  ewe  farsi  seconde 
queiU  due  criteri  ;  che  nella  parte  filalogica  siano  seguiti  i  testi  anticbi,  scoo« 
aati  dagli  ammanuensi  ptr  la  reintegrazionc  fedelc  dclla  forma  primitiva;  che 
tcngano  di  mira,  per  quanta  è  possibile,  parecchie  versiani  dello  Haw  coinpo 
nimento  0  di  compooinenti  analoghi,  af5ne  di  dedurre  dalU  loro  comparaiione 
se  non  la  forma  primtera,  almeno  (a  pili  approssiouliva,  ponendo  poi  0  fri 


021  COMPTÏS-RrNOOS 

parcntesi  le  comzioni  faite,  od  a  pïi'  di  pagina  it  noU  la  leeioae  popolan,  (t«l 
che  ci  dette  ottimo  et«npio  it  Sigitor  C.  Nîgra  net  suo  bell'  articolo  :  La  pocâa 
popoinre  itàliana.  Dsciio  idlla  Rtmtau,  anno  V,  pag-  417  e  seg.  correggendo 
akuni  unti  d«ll3  collezione  Btessig.  Contattocib,  lipeto,  l'open  ha  non  poco 
vilorc,  ancora  com'  è  redatta,  e  rireti  nel  suo  rxcogittort  dob  comune  ugacia 
inl«Hettiia!e,  solenia  e  zelo  per  gli  iludl  sulla  leileratura  popolare,  quïIiO  rare, 
onde  vomi  molti  valenlitomint  foisero  (regiati,  affine  d'iccresoçff,  e  difloidere 
uli  sludl  sulla  lettefalura  popolare,  la  cai  utiliti  e  serieli,  noa  pii6  cuere  di- 
scorosciuta  che  da  penone  di  corta  i&tdligenu,  benchi  Kntano  ntotto  di  tè 
stcstc.  St.  Puio. 

Gennaro  Fixauohe.  Tradlziont  popolarl  abnixzesl,  vd.  1  t!Nevdh)f 
Parte  I,  Lanciano,  R.  Carabba  1883. 

Ho  «rulo  un'  allra  voila  occastone  a  proposrto  délia  raitegiu  d'uo  libro 
pregevole  d'un  nJo  cunciUadino  e  amico  *  uscila  sulla  rîvûia  :  /'  PniaJta, 
d'Aficona,  a.  V'I,  of  18.  ;o  settembrc  rS62,  di  e^fimneil  nio  compUdmcalo 
alla  viHa  del  lelke  succesio,  che  otteogono  sovcnle  certi  |a,vcri  non  gii  redalli 
da  letterali  di  professioiu,  ma  da  dileiunlj.  per  cosl  dire,  i  ijuti  coisjcraao 
utilmmie  aile  lenere  i  rtugll  dt  tempo,  che  loro  Uiciano  le  rispettîvc  curedonc- 
stiche  di  eui,  o  i'eierajsio  di  altrc  professioni.  Ne  ultimo  m  i]ae»lo  bd  novero 
ml  leœbra  tia  il  Oou.  Gennaro  Finamore,  gii  conoschito  per  un  buofl  diiio- 
nario  del  dialetto  abruzzcic,  cui  tanno  seguilo  varl  canti  popolart.  lo  ho  iempre 
sentilo  dire  che  il  merho  a  raccomanda  allrui  dl  té,  e  questo  si  deve  inten- 
dere  de]  présente  volume  del  Finamore,  il  cui  valore  riene  magistralmente 
atieslaio  dalle  molle  rassegne  lavorevoli  sul  medesimo  comparse  în  ft^li  îtaliaiii 
e  stranreri^.  Laonde  non  mi  resta  che  prescntare  ai  lettori  dclb  Romama,  qnesla 
raccolta  di  novelline  popolari  abruineii,  corne  la  piA  cosciencioia  e  fdjcemeiite 
condotta,  tra  qualité  linora  ne  sono  uscile  in  Iulia.  Anniulto  il  pregio  di  esu 
consiste  nelia  scella  EeLice  di  novelline  popolari  impresa  dal  raccoglitore  De)  no 
volume,  dimodochè  i  divers!  ditiretlidegliAbfUZzi  lossero  pîtio.nieflorappresea- 
tati,secondo  la  varia  loro  importanza,  t  lioffrijiero  a'  letton,  corne  in  un'  olezzante 
ghîrlanda  di  fiori,  ditTercnti  racconti,  in  gcncrc  1  pîfi  înlereuaDli.  per  i  cultori  délia 
demopsicologta,  c  della  demomitografia.  La  cura  particolore  poispesadal  racco- 
glitore nel  pubblicare.le  suc  novelline  (juasi  tutte  nel  natlo  venuKo)o,e  l'esattuu 
somma,  con  cui  vennero  resi  i  suoni  quasi  piA  iinpercettîbîlt  dd  medesimo,  oltre 
al  dimostare  t'âmore  grande  del  raccoglitore  per  gii  studt  intoroo  alla  lettcralura 


I.  Eofiemo  FalcuccI,  //  Mûr  Mcrto  t  le  Peiitefoll  id  Chriano,  Livono,  Ulbdlo 
Cimii,  188t.  i&-u,  pu.  lai. 

a.  1  giornali  e  le  rhnttt  iuliane  sooo  :  L'Atmto,  a.  II,  tf  t^  -,  U  CiorujU  diSià- 
tu.  ».  XXII,  Q'  ;;  l^  RdiJCfas  tri\i<a.  a.  11,  n*  i\  ;  ti  Cutturt.  a.  I,  n'  X, 
pag.  4ll'l4  ;  L'Àrehhh  per  lo  ttadh  drilt  traditiom  popoUri,  ttA.  I,  pag.  }oi-4  ;  Il 
CioniaU  a  jilûltgta  tomataa,  vql.  IV.  pag-  lit  ;  i  logli  Hraniin  wno  :  /toaiMJ«, 
I.  }ll.  p  ,  f^Mibiioa,  mut  bAUoe/apkiqiit  uahtntiU,  t.  XV,  pjg.  i^i  -  D€t 
»iîgaiin  fur  dit  LittrMttr  4a  In-  v»i  AviUnitt,  iSBi,  n*  4:  Caitiiig,i$tiu  fflArtt 
Anuitta,  S4DCk  16.  pag.  toi-?:  LiHreivbiatx  fût  gtnumistht  m  ro<iwiiùdkcMiMv 
$it,  18&1,  n-  e  ;  rfa  Satkti  vttXt)  Mija  ef  ftf  Kaf-rotk  Eraing  Posl.  vol.  XXXIV, 
psg.  4a)  ;  Liutânnhu  cnartMta  fir  DMttUéni,  a-  a,  iStj,  pag.  f^i9> 


FiNAMORE,  Traiiziimi  fo^an  abrazzeù  62  j 

popolirr,  U  sigicia  e  îi  senno,  metlono  lempre  pïà  in  chùro  il  valore  di  questa 
raccolla,  e  t'uliliti  somma  che  il  Finantore  con  essa  reca  ai  detli  stttdl,  comi- 
dcraii  pure  solUnto  totto  l'aspelto  (IialcttalO|;ico ,  Qu*lcunoforwpMr«bbefargIi 
un  rilicYo  dcl  non  avère  disposto  le  novclline  in  un  certo  online,  secoodo  i  difle- 
renlt  lora  temt,  ma  ollrechè  qucsio  difetto,  se  pur  mérita  sitTalto  nome,  s'r  ris- 
contra  in  varie  altre  raccolte,  per  esempio  in  quelle  del  Comparettr,  del  ViKatinr 
e  oella  uhina  del  Nerucci  (ri  in  esje  vi  trova  alcana  ginsli6cazione,  laddove 
nella  pretente  è  appicno  f;iusliftcato  dalla  dîspotizioDc  scguîta  oella  série  délie 
oovelline  pubblicaie  successivamente  per  riguardoa'  varl  distretti  degli  Abnisi, 
délia  coi  orale  iradizînnc  sono  ^enuino  rampoElo),  viene  poi  a  motarsi  in  pregio, 
perché  serve  mercè  l'ordiae  metodjco,  cui  dâ  luogo,  a  preseaurci,  corne  in  un 
bel  prospetto  î  racconti  successivî  di  quuti  dîversî  distretti,  e  a  mostrar- 
cenc  la  somigltanza  e  dlssomiglianza  nella  flessione  dîalettologica  e  nel  mitolo- 
gico  sostrato.  Le  navelline  sono  precedole  da  nna  prefaziane,  nella  quale  il 
raccoglilore  rende  ragionn  del  xuo  lavoro,  che  intilola  al  Kcrhier  ed  al  Pitrè, 
e  porge  qualche  schiariniento  sulle  forme  fonettche  dcl  dialelto  abruzzeu.  Il 
preiente  volum«Uo  inizia  La  mdc  dei  componi menti  popolari  degli  Abniz*i  e 
uri  seguito  da  tre  allri  volumeiii,  il  II  conterrà  le  Lcg^tndt  popoitri  in  verso,  il 
III  i  Caitti,  il  IV  i  Prmirbl.  Aile  Leggtnde  ed  ai  Canti  il  Pinamorc  fa  prece- 
dere  le  NovtUc  <  per  seguire  nella  csposizione  dei  documentj,  che  rivelano  II 
genjo  popolare,  un  ordinc  conforme  a  nalura.  1  Crede  înEattî  1  che  la  novella 
corrispondi  al  tnoRiettlo  ir.fantite,  imfleuo  nella  evoluiione  dello  tpirito, 
ritraendo  essa,  pur  conte  volgare  cspressione  d'un  mita  divino,  la  mobiltti  e  la 
TÎvaciti  ingenua  e  capricdosa  dell'  animo,  il  quale  di  si  inconscio.  si  stan- 
cia,  e  per  cosl  dire  si  sparpaglia  nella  reaiti  del  mondo  esleriore,  tl  quale  assaï 
piA  vago,  misterioio  e 

vasto 
Al  fanctullin  che  non  al  lavio  appare. 
Il  canio  invece  è  naniFesLttione  dt  vita  pîii  matara  e  interiore  :  paroEadi  qaanto 
c'è  di  pib  intimo  nella  vita  del  senttmento  '.  1 

Le  novelline  sooo  dnquanladue,  dclle  quali  sollantotrcdicideltate  nella  lingna 
contune,  e  le  trentanovc  altre  in  dialetto  abruzzese  ;  (rj  queste  vene  sono  diecî  di 
Oflona  a  mare,  cinqtie  di  Lanciano,  una  di  San  Vito  Chietino.nove  di  Sjnt'F.n- 
lanio  dcl  Sangro,  tre  di  Casoli,  sei  di  Oessop^cna,  seî  dî  Roccascalegna,  due 
di  Borrello,  altrettante  di  Villa  Santa  Maria,  una  di  Ciritaliiparella,  c  linaltnente 
setle  di  Palena.  Il  Finamore  avrebbe  voluto  preienlare  una  raccolta  pili  rî- 
stretia,  se  il  K<zhler,  ed  il  Pitri,  com'  egli  medetimo  confessa  nella  prefanone, 
non  lo  avessero  consigliato  a  iatia  più  copiosa  per  jervir  nteglioal  doppio  studio 
di  mitologia  e  di  dialelto logi.i  comparaïa.  Conlutiocid,  per  non  crescere  di  troppo 
la  mole  del  volume,  l'auiore  ha  creduto  convenienie  di  non  raccû^lierecinqunta 
novelhue  di  Saut'  Eusanio  dcl  Sangro,  cbe  avrebbe  fadlmcnte  potutu  procurarsi. 
e  di  hsciare  infdîte  quindict  novelline  di  Gcs^opalena;  tuttavia  egli  riporta  il 
tilolo  délie  une  t  délie  allre  nei  brève  proemio  preposto  aile  novelline  dei  due 
pacsi.In  nou  ad  ogni  DOTellinailTaecogltlorciidicalealtreversioni  italiane  drlla 


&Z4  COMPTES-REtlDUS 

medeina,  edd  fa,  com' eî  dice  nd)a  preljzione,  «  non  pcf  darnotizicai  milognâ, 
at  per  sf«ggur  efudiiione  iicile,  m»  per  nottrare  akooî  puntj  di  coauno  tn 
le  tradizioni  p^olari  al-ruzz»i.  e  quelle  degti  ahri  paest  d'italia,  noncM  per 
rimandare  aile  fonti  délia  erudmone  dotta  qualche  leltore  cbe  ne  fosse  vago.  ■  Ho 
riportato  uli  parole  délia  prefazione  di  quesl'  operi  pernoMrire,  che  neli*  «gw- 
gio  raccoglilore  la  modestîa  ed  il  merito  procedono  di  conserva,  e  lo  rcodono 
quiodi  piti  accetto  ai  letton.  St.  PnAio. 


Z.  Co!csitniJEiii-PK»n(.)w,Trad[eç6e*  populares  portncnesas  iMjiteriaes 
para  a  cthnofiraphta  de  Ponogal  :  in>'thobgu,  cantos,  usos,  sopersucAcs, 
prortrbioï,  jogos  înbnlts,  conlos,  lendas  c  tradicc6cs  (ocaej  àû  aOMOVàa}. 
rorto.  Imprenu  Commercial,  iSSi,  Tasc.  Vil  :  0  loktkoitum,  hsc.  IX  :  As 
moartii  tncantetlas. 

Sommo  è  il  compiacimento  dell'  animo,  allorctiè  n'è  dalo  di  scorrere  lavorj 
fruito  di  lunga  prtparazîooe,  e  dj  coscientiosi  ïltidj.  avvalorati  e  approlondîTi 
dalla  conosKnza  di  moite  liD|;ue  ncgii  aulori.  e  quindi  da  conltnui  parallelj  e 
confronti  fra  il  pensicro  di  varl  popoli  per  spîrgame  l'origine  e  i  varl  raoïunU 
dclla  sua  evoluzione.  E  tanto  mapgior  pùcere  prova  la  noftra  mente,  quando 
conosce  che  l'autore  non  ha  debiiaio  punto  di  spendcrc  gravi  elucubrazioni 
su  argomenti  in  apparenza  Iriroli,  ma  in  realtl  co»i  ulili,  qtialî  quelli  del  fv!l- 
Lore.  Nf  a  nio  avviso  nesiun  altro  meglio  dell'  illustre  nio  anico  prol.  Conti- 
glieri-PedroiD  ha  uputo  rsidersi  Uncmento  del  Folk'Lort  del  suo  paese, 
sïccooie  cului  che  sopra  un  ricco  lesoro  leggcndario  oazJoaala  da  Itii  raccolto 
ha  (alto  c  va  bcrndo  i  pib  dotli  e  profondi  studl,  che  si  possano  dcsiderare 
intorno  a  laie  argomenlo.  E  la  somma  dimeslichezza,  che  f^li  ha  colle  tingse 
slave,  lo  pone  in  grado  di  sfruttare  e  oiTrtre  un  nuovo  elenento  unportantisstino 
di  comparazione  allô  studio  dello  tradiiioni  popolari,  al  ()uale  éléments,  acco- 
piato  coi  due  giâ  itudiati,  cioè  i'  romanico  e  il  germanlco,  atlorchc  se  ne  aggin* 
gano  due  altri  meno  cogniti,  cioï  l'uralo-altaico  e  l'orientale,  sifuto  studio 
dufrr.i  sempri;  pif)  lecondo  di  otiimt  ritultati  e  coodurri  cod  maggiorc  speranu 
di  Mice  sQcctiso  alla  soluzione  de*  pili  ardui  proUemi  che  travagllano  taitora 
e  infrultuosamcnic  stancano  le  menti  dei  dolti.  Giji  ua'  altra  volta  in  una  pré- 
cédente rassegna  sol  primo  fascicolo  di  queui  medesinii  sagg!  del  ConsigÛeri* 
Pedrosa,  puhbliciU  od  Prdudto  d'Ancona,  iSSi,  a.  V,  n'  6  ebbi  occauom  di 
rilevare  le  benemereme  dell'  erudilo  (olklorista  portogbcse  verso  g(i  stadt 
inlomo  alla  letteratura  popolare  ;  Inonde  senta  ripetergli  inulilmente  \t  lodi 
ffi  allora  IribuUtegli,  e  di  cui  egli  non  abbisogna  certamente,  poichi  il  merito 
solo  per  se  riesce  a  far  spiccare  il  proprio  Talore,  mi  limiterfi  qui  a  indiurc 
gli  argcroenli  ivolti  in  questi  due  duovi  saggt,  e  la  loro  somma  imporlaail. 
Nel  lasc.  VU  l'Autorc  ci  présenta  un  lavoro  sul  Loponannaro  iLohshmum): 
dovc  si  confronti  tl  lavoro  del  Consiglieri-Pedroso  co'  due  patii  del  Codho  e  de) 
Lcite  de  Vasconcellos  sopra  àuii,  oitre  al  polcr  acccrtarc  l'autefiticiti  del  mate- 
riale  leggendario  olfertoci  dal  Nostro,  ne  sarj  dato  d'apprezzare  meglio  ta  série 
di  nuovc  e  savie  considerazioni  legittintameale  dedotte  dai  singolî  raccootî 
iradizîonali,  e  con  pilt  dîletlo  ricrcare  ed  appagare  il  nostro  occhio  ail'  aspetio 
degli  ampt  c  splendidi  orizzoalî,  che  man  mino  ci  view  presenlando  ianaazi. 


Consiclieri-Pedroso.  Tradicçôes  popahrts  portugiuzas  6]  { 
Quanle  belle  notixie  intomo  èKè  tupenlitione,  e  ai  vart  nodi  e  momenli  di  esia-, 
sulla  origine  de!  lupo-tnannaro,  sul  icmpo.  in  cui  compare,  sugli  atti  di  lui  nel 
prcndcre  quella  strana  figura  c  ncl  dcporla,  sul  perlcolo  che  corre  chi  s'îmbatte 
in  lui,  e  sugli  spedieoti  per  cansarlo  e  libcrarsene  !  Conie  raffronu  egli  beoe  la 
licaniropia,  superstizione,  coll'  omonima  nahltia  1  Sarebbe  lorse  ta  prima  volta 
che  il  popolo  procedette  dal  vero,  dal  reale  al  faite,  al  inilico,  ail'  îperbolîcoi* 
lodka  poi  l'aulore  i  casi,  ne'  quali  sccondo  il  popolo,  ia  una  famiglia  nasce  un 
lupomannaro  maschio  o  fcmmma,  e  gli  accorgimenli,  a  cui  convicne  ricorrere  per 
liberarneb  chi  ne  sia  alîHto  ;  fra  lali  cauiele  ricorda  riRipotizioRe  di  certi  nomi, 
eaggiugne  alirc  avYcrtcnze.  Il  saggio  sulle  Mourat  tncaniada  {tSr.  il  greco  Moipat) 
non  ï  di  Riinor  nlevanza.  Sopra  si  i  veduto  coitic  anche  il  Leîle  de  Vascon- 
cdlos  e  il  Coelho  abbiano  studiato  sifTatto  argoraento.  L'autore  considéra  questî 
eueri  favoloji  solto  qualiro  a^petti  diveni  :  i*  corne  divinrti,  0  genl  femminili 
délie  ac()ue<ronlt.  ftunii,  rutcelli,  poiai  etc.),  2* corne  guardianc  di  lesoriincan- 
Uti,  j*  corne  filatrici  e  come  costrutlrici  di  nionuinenti,  4°  corne  gent  malefci 
pefsecmori  dell'  uomo,  e  a  loi  cagione  dj  varie  calaniti.  Ma  priacipalmente 
come  genl  femminili  délie  acqoe,  dice  l'autore,  le  <t  mouru  tacsntaâat  », 
riconosciute  nel  Portogallo,  e  euer  a  Ule  forma  de!  car^ltere  di  quelle  rtcon- 
ncttersi  un  gran  numéro  di  superttizioni  relative.  Da  quesio  brève  cenoo  è 
facile  argomentare  come  per  iraportanïa  ed  uiiliU  il  sccondo  wggio  dct  Conii- 
glieri-PedrosD  non  sia  infcnore  al  primo,  e  nci  abbiamo  quindi  molivo  a 
rallegrarci  di  cuore  col  Signor  Consiglieri-Pcdroso  delli  sua  infiticabilesolerzia 
e  copiosa  dollrina  spesa  in  un  campo  fecondo  dî  cosi  splendidî  fnitti  per  la 
scienza  ddla  demopsicologia  e  délia  demomiiografia. 

Si.  Phato. 


JlMIM^,  Xlt 


40 


PÉRIODIQUES. 


I.  —  RsvrB  DBS  LAKHL'Es  BOHANES,  j*  séric,  X.  Jaillei  l88j.  —  Ck 
uhier  est  entièrement  rempli  par  \ci  rapports  sur  I»  divers  concours  tnstitu^^ 
pif  1.1  Société  pO'ur  l'itude  drs  bogues  rgmanes  (voy.  Rom.  XII,  138). 
concours  de  philologie  réservé  jqx  instiluleurs  ae  panlt  pas  avoir  donoi  de 
résultat  satisfiiisanl.  Il  y  avait  lieu  de  s'y  attendre.  Lct  inuitutegri  sont  en 
position  de  rendre  de  grands  services  i  l'éUide  des  patois,  mab  d  eondttioB 
d'être  dirigés  par  un  programme  très  précis,  disons  mieux,  par  des  înstructio&i 
ditaillèeï  qui  leur  ont  lait  défanl.  Et  ttitice  guidés  par  les  meilleures  instrac- 
tions  du  monde,  ils  ne  peuvent  guère  fournir  que  des  raatérianx.  La  rédaction 
d'un  métnoire  linguistique  demande  eo  effet  des  connaissances  qu'on  ne  saurait 
exiger  des  instituteurs  primaires.  Il  j  aurait  loutefois  un  grand  prc^ès  de 
réalisé  si  les  sociétés  savantes  qui  s'intéressent  aux  patois  voulaiecit  bien  s'atsî- 
niiler  les  idées  qui,  dorénavant,  doivent  régner  dans  cette  branche  de  la  philo- 
logie roroane,  et  travailler  i  les  répandre  dans  leur  cercle  d'action.  Ces  idétt, 
ne  sont  point  autres  que  celles  que  la  Ritmtnia  a  eu  plus  d'une  fois  1  défendre, 
et  que  M.  Gilliéron  a  exprimées  avec  beaucoup  de  force  dans  notre  dernier 
numéro  (pp.  ^94  et  tuiv.). 

Août  1S8).  —  P.  \i-6^.  Chabantau,  Sainte  Marie  MaJilâae  dans  là  littir»^] 
taie  provaiçnlt  (suite).  Ce  Second  article  continue  la  publication  ooramencévj 
dans  le  numéro  de  mars.  Il  ne  nous  donne  toutefois  aucune  note,  aucun  édair-j 
cJssemenl  d'aucun  genre  sur  le  morceau  publié  dans  le  premier  article.  Il  Mn>i 
sisie,  cette  fois  encore,  en  un  texte  :  une  version  provençale  d'un  seraioo 
attribué  par  ta  rubrique  initiale  i  Ongénes.  D'ailleurs  M.  Cli.  ne  donne  aucune 
explication  sur  ce  document  :  î!  ne  dit  nEmc  pas  d'où  il  l'a  lire.  On  se 
demande  i  qui  et  i  quoi  penvent  servir  des  travaux  ainsi  conduits.  —  P.  H. 

II.  —  LnBRATCMiLATr  FÛE  OBUtaKiscRB  oiTO  KOKAinscn  Philolooib.  — 

7,  Juillet.  Col.  a68,  Ottavian^  hgg.  von  Vollmœllcr  (Stengcl).— G.  270.  Rochi, 
Utbtf  4at  Vcilcfitn-Roman  (Kœtiler  ;  article  très  important  sur  une  publication 
très  faible),  —  C.  374.  Tobler,  Die  altvtntiitniithi  Utttrsttitmg  4ts  Càtù 
(Mutsafia  :  long  et  précieux  compte-rendu).  —  Coelho,  Oi  dmteetot  rtmânïeos 
aa  Afrka,  Aiia  t  AmtiKa  (Schcchanlt  :  imporuntcs  remarques  et  additions). 

8.  Ao6t.  Col.  )04.  Ajrer,  Grammaire  eomparle  Àe  U  Imgat  françiiu  (Mejrer). 
—  C.  jio,  Z^  vit  dt  saint  CUUs,  p.  p.  Paris  et  Bos  (Vising}.  — C.  iij. 
Canello,  la  vitae  le  oftn  di  Ainaldo  Dinûlh  (Levy  :  long  et  important  irtide; 


plKioDx^es  627 

cf.  à'àesioas,  p.  6t4),—  C.  pi.  Colmacevilcy,  l'Epopie  animale  en  OniÀtnt  a 
du:  la  Siavts,  ta  rusK  [Wesselorsky  :  cet  ouvrage,  d'aprti  l'jrttele  de  M.  W., 
panlt  d'une  grande  valeur  et  tout  i  fait  indispenuble  aux  études  future*  sur  le 
cycle  du  renardj. 

g.  Septembre.  Col.  jÊi.  Rcesîger,  Niu-Htngstm  (Meyer).  —  C.  jCj.  Mischi, 
Dcutitht  Wofke  im  Udmitikta  (Stttl). 

m.  —  Rrvi;b  im  iiohpk  mtik,  t.  I,  li»r.  1  (aj  septembre  i88j).  — 
Cette  revue  a  fié  fondée  par  un  {crivain  dont  les  travaux  lîliératm  ou  histo- 
riques tont  bien  connus  de  nos  lecteurs,  M.  )e  baron  de  Tourtouloo,  l'auteur 
d'une  excellente  histoire  de  Jacme  I*'  d'Aragon.  Elle  a  pour  objet  l'étude  i  tout 
tes  points  de  vue  des  nations  d'origine  latine,  en  Europe  et  en  Amérique,  auic- 
qucllei  une  communauté  d'intérêts  vraie  ou  supposée  a  fait  adjoindre  la  Gréée 
actuelle.  La  Ro-at  du  mcadt  lutin  affecte  les  apparences  exlérieures  de  la  Rtnt 
du  Dtux-Monàu.  Puisse-l-elle  en  obtenir  le  succès  !  [I  n'y  a  dans  ce  premier 
RumAro  qu'un  artictc  que  nous  puissions  sif^naler  aux  lecteurs  de  ta  Romanut  : 
ce  ne  peut  être  malheureusement  pour  le  leur  recommander.  Les  Etaàtt  Irnio- 
ri^oes  et  liltiraires  sur  la  troattàdours,  qui  occupent  les  pages  4S  i  67,  et  au 
bas  desquelles  on  lit  cette  Dote  menaçante  :  ■  i  continuer  >,  sont  eitrsitcs  de 
VHistoria  pelh'ua  y  litcréria  dt  foi  Trovâdores  de  don  V.  Balaper.  Nous  avons 
été  tmenét,  par  deux  fois,  â  dire  quelques  mots  dei  travaux  de  M.  Baiai^uersur 
la  littérature  provençale  [Rem.  IX,  176  ;  X,  40^,  dont  iil  ne  nous  a  pas  paru  i 
propos  de  faire  un  compte-rendu  en  forme.  Nons  devons  dire  plus  neTlemenl 
cette  fois  qu'il  n'y  a  rien  dans  ces  travaux  qui  puisse  instruire  00  mCme  inté- 
resser le  public  français.  Ce  qu'on  peut  leur  reprocher,  ce  n'est  pas,  comme  le 
dit  la  Revue  du  monde  hlin,  d'être  dépourvus  de  l'appareil  de  l'étudilion.  Nous 
admettons  parfaitement  qu'un  livre  purement  littéraire,  bit  pour  le  grand 
public,  ne  cite  p»  ses  sources  et  s'abstienne  de  discussions  critiques  :  nous 
voudrions  qs'ïl  y  eût  en  France  beaucoup  plut  de  tels  livres,  qui  répandraient 
les  résultats  des  recherches  scientifiques,  et  augmenteraient  la  iomme  de  l'ins- 
Iruclton  générale.  Mais  fl  faut  au  moins  connaître  ce  qu'on  veut  vulgariser,  et 
nous  devons  constater  que  M.  Balaguer  n'a  ni  la  connaissance  précise  des  faits 
qu'il  raconte,  nî  te  sentiment  de  l'époque  qu'il  veut  peindre.  L'éloquence  et 
l'amour  du  ntjet  traité,  qui  ne  font  point  défaut  i  l'auteur,  ne  uuraienl  suppléer 
i  l'insuffisance  de  l'information.  Le  morceau  sur  Eléouore  d'Aquitaine  qu'on 
nous  communique  aujourd'hui  est  une  espèce  de  roman  historique  écrit  d'un 
style  brillant,  parfois  déclamatoire,  qui  a  pu  avoir  cours  un  temps  chez  nous, 
mais  dont  nous  sommes  heureusement  déshabitués. 

P.  H. 


IV.  —  Résista  PBirmD  Stohib,  AncasoLoaiB  v  Filaloois  (voy.  Rooi.  XI, 
62Z],  1,  I.  —  P.  i7>ji.  Gaster,  ^rttificana  eUminluliï*  latin  (n  /tnAd  rotndni 
(première  partie^  —  P.  J7-44.  Lanbrior,  Ctra  da^n  toniaiutimt  romttuu. 
L'auteur,  avec  celte  méthode  i  la  fois  ingéniense  et  rigoureuse  qu'ont  pu  appré- 
cier les  lecteurs  de  la  Romanui,  essaie  d'expliquer  par  l'oubH  des  formes  primi- 
tivcs  et  leur  remplacemeol  analogique  plusieiirs  formes  du  subjonctif  roumain. 


628  PÉRIODIQUES 

ainsi  que  du  verbe  />.  Nous  ferons  Kulemenl  observer  quil  est  itH  doulai^ 
que  l'emploi  de  irit  <:=  hu  si)  comme  particule  du  sabjoiKtir  ait  rten  k  hire 
avec  l'emploi  àt  n  dam  les  autres  langues  romanes  pour  certaines  formels 
d'invocation  ou  de  sermeat  (Dia,  irad.  fr.,  HI,  jj8)  ;  car,  malgr*  ce  «jue  dit 
Diez,  dans  ces  formules  il  faut  certainenetil  reconnaître  sic  et  non  si,  et  la 
formes  italiennes,  portugaises,  proveii.;alcs  et  françaises  te  ne  proviennent  t^ne 
d'une  confusion  posiéneurc.  —  P.  74-96.  Gaster.  TtxU  romJw  itudut  4tA 
ttcoiul  XVU.  Le  premier  de  ces  textes,  fragment  d'un  rfdt  du  Vojtgt  4t  Sak 
au  Pêredts  icrrtstrt,  est  une  variante  de  la  l^ende  biei  coirnue  {cf.  Rpm.  XI, 
634)  sur  le  bois  de  la  croix;  M.  G.  fart  ptiddtT  son  texte  de  renseignements 
précis  sur  les  sources  et  les  parallèles  ;  il  y  joint  un  curieux  petit  poème  plti 
moderne  qui  se  rattache  au  mfme  sujet.  Le  second  uxte  est  une  Vu  de  wal 
Ciij;oiu  le  Oîcispolttain.  —  P.  147- 1^4.  BuHi,  fieipre  proAan^ûr<a  lux  i  iâ 
hmia  ianiiâ.  L'auteur  réfute  fort  pertmeminent  les  arguneou  par  iesqiels 
Corssen  a  voulu  éubltr  tjuc  i'i  se  prononçait  douce  en  latin  soit  entre  deui 
voyelles,  soit  après  n.  Son  opinion,  d'après  laquelle  Vt  des  Latins  était  toujoun 
dure,  est  d'ailleurs  celte  de  M.  Schweisthal  {Etuii  sur  h  nUar  phoatti^it 
falphubci  Mm,  p.  74).  Elle  nous  semble  aussi  b  plus  probable,  bien  qs'l 
noire  avis  elle  ne  soit  pas  exempte  de  doutes  el  de  difficultés.  —  P.  3J4-]JVi 
Ispirescu^  [iicitoti  popuîatt.  Collection,  qui  paraît  devoir  être  très  complète, 
des  proverbes  et  dictons  du  peuple  roumain^  recueillis  tant  de  première  maia 
que  dans  des  livres  ou  des  articles  antérieurs;  ce  premier  article  compreod 
ceux  qui  commencent  par  la  lettre  a. 

Comptes- rendu  s.  —  P.  îj6.  MiWosich,  R»munis(ht  Vniaiuthangen,  MI,  — 
P.  ij8.  Itpirescu,  Ugai4c  u6  Bemtlt  Romdmlor.  —  P.  Jjj.  KremniU, 
Riuttinucht  Màfthia.—P .  240.  |Mawr,>  Prmerittt  Romdiular  idaa). — G.  P. 

V.  —  L*  RtvxiR  Lro.sN*,iBE.  n  sept.  iSSj.  —  P.  189-300.  Puîtspdn, 
Dis  urba  dans  notre  bo/i  pdim  Ijoniuu.  Cet  article,  écrit  sur  un  ton  asseï  gii 
contre  lequel  nous  n'avons  pas  d'objection,  a  pour  objet  la  terminaison  des 
infinitifs  provenant  de  la  première  conjugaison  latine.  Ces  mânitifs  sont  les  uni 
end  (cei'i)  =  cubarc),  les  autres  en  mjl,  tyt  \pUyi  —  plicare).  L'auteur,  qui 
n'est  pas  dépourvu  de  connaissances  philologiques,  et  se  nrantre  assez  bon 
observateur,  cherche  ta  loi  qm  détermine  celle  différence  dans  le  traitement  de 
la  finale  latine  are.  Il  ne  la  trouve  pas;  les  explications  qu'i!  donne  sont 
insuftisantes.  S'il  avait  lu  les  Schhzi  fraitto-prortauli  de  M.  Ascoli,  t.  tll  de 
r<4rrbivia  glottohpco,  il  saurait  que  cette  variété  dans  k  sort  de  Vd  tonique 
latin  est  précisément  le  caractère  sur  lequel  l'ëmincnl  philologue  italien  s'est 
fondé  pour  introduire  dans  le  roman  une  nouvelle  lubdivisioo,  celle  des  dialectes 
0  franco-provcncaui  t.  Il  aurait  en  même  temps  trouvé  la  formule  précise  de  la 
loi  qu'il  a  vainement  cherchée.  P.  M. 


VI.  — flEx-cKCELTiQUii,  VI,  i  (Septembre  1883).— P.  i-i  j,  La  Borderie, 
U  DiU  dt  la  luissanet  de  GiUtt  :  M.  de  La  B.  fixe  i  493  et  non  à  )i6  ta  date 
de  la  bataille  du  Monl-Badon,  qui  fui  aussi  la  date  de  U  naisunce  de  Gildas,  1 
ce  ^u'if  nous  apprend  lui-néme  ;  il  a  protublement  raisoa,  mats  Dotoui  que  quel- 


P^RtODK^ES  62^ 

ques<ti)is  de  ses  arguments  n'ont  pas  la  vileurqo'il  leur  attribue  :  tes  relaiioRs  de 
GtUai  avec  tiînl  lllud  et  uinte  Brigitte  ne  sont  sans  doute  que  des  inrenlions 
d'hagiographet,  Idics  que  les  légendes  celtiques  eo  prtteflteotconstanmcDt;  on 
s'est  anaché  i  présenter  tous  l«  saints  irlandais  oa  bretons  comme  anisou 
méine  comme  pirenis.  Il  n'en  est  pas  d«  mime  de  saint  Finnian.  mort  en  ^49, 
qui  a  rtelicnent  consulté  GJIdas  sur  un  point  de  diKipline  ecdésiastique,  mais 
il  n'a  pas  db  être  son  disciple,  comme  le  revient  ses  Actes,  car  mime  en  admet- 
tant b  date  de  49}  pour  la  naissance  de  Gildas,  Finnian  aurait  M  plus  Igé 
que  lui.  —  P.  63-66,  Sébillol,  Formules  initidUs,  intenalalns  ft  finalts  dts  eoti- 
tau$  tn  Hautt-Brttagrti.  —  P.  114-11^,  Loih,  U  Mot  gallo  inous  reviendrons 
SBr  ce  sujet).  —  P.  i  iS  n.  Comptes-rendus  :  La  Borderie,  VHutitria  Britonaa 
ILoth  :  accepte  les  riiuMats  de  l'autcor,  tout  en  faiunt  remarquer  que  la  (orme 
Cmi/iob  ne  peut  s'èlrc  rencontrée  dans  un  ms.  du  XI'  siècle  ;  ci.  Rom.  XII, 
37})  ;  Us  Vraies  prophélUs  dt  Mérita  (GaidoE  :  fait  des  réserves  analogues  aux 
nôtres)  ;  —  Desiirre,  Ii  Mytkt  dt  la  Mi/t  Louât  (Caidoa  :  sages  observalions); 
—  Sébiilot,  Gtigataita  dam  la  trad'aions  popitUirts  tCaîdoz).  G.  P. 

VII.  —  AmiUAtu  OB  LK  Fxcvvii  ose  ixttrbs  ob  Lton,  première  aunfe, 
bscicnle  III.  —  P.  61-1 16,  Clédat,  Etodts  dt  pkitologit  frM(aist.l.  Question  de 
ijBtaxt  :  emploi  et  accord  du  temps.  Ces  pages,  qui  sont  d'ailleurs  inilructives, 
concernent  i  peu  prés  eulusivemeat  la  langue  littéraire  moderie.  —  II.  Qaa- 
tiotii  dt  piononciatioa.  1.  VoytIUt  longues  et  trha,  oaitfUs  et  fermées.  M.  CI. 
veut  qu'on  réserve  à  Vi  (long  00  bref)  k  nom  d*  <  ouvert  >,  appelant  bref  et 
non  ouvert  l'.i  de  paae,  Vo  de  totu  et  Veu  de  ttaf  (quant  aui  voyelles  i,  ù,  a,  per- 
aonoe  n'a  proposé  de  les  disbnguer  en  lermées  et  ouvertes)  ;  ceb  ne  l'empêche 
pa  par  la  suite  d'écrire  eAie  et  non  eùu,  etc.  II  serait  singulier,  en  philologie 
romane,  quand  on  substitue  précisément,  poor  le  latin  vulgaire  et  ses  dcmés, 
des  distinctions  de  qualité  aux  distinctions  de  quantité,  d'introduire  pour  les 
voyelles  françaises  le  système  inverte.  2.  Us  mou  en  ai,  et,  ot,  œu^ireu.  3.  Les 
mots  en  atst,  este,  oiti,  4-  CorrttpoaJaiKt  de  l't  (irmi  d  de  /*e  tforfrl  long  dans 
la  amfugatson  des  vtrba.  On  a  U  des  observations  sur  la  prononciation  moderne 
rattachées  à  l'histoire  de  la  langue  ;  plusieurs  sont  auurément  justes,  d'autres 
me  paraisseal  conteiubles,  son  comme  faits,  soit  comme  explication  ;  mats  il 
faudrait  trop  de  temps  pour  les  discuter.  G.  P. 

VIII. —  Re^'I'E  CBmguE.  jatllet-septembre.  —  Art.  1  )6.  Haller,  Alupanisthe 
Sprirhttnrrttr,  l  (Morcl-Fatio;  recueil  considérable,  où  il  y  a  beaucoup  de 
superflu,  mais  qui  sera  utile  s'il  est  terminé).  —  1 49 >  Jung,  Oie  tomaititehea 
Luidlikaftea  des  ramiichea  Rtidics  (Jullian).  —  176,  Poina  de  Gilles  U  Maisu, 
p.  p.  Kervyn  de  Letlenbove  (A.  Ddboullc  :  relève  de  oombfeues  fautes  dans 
le  glouairet. 

IX- —  Ltren&Biftcim  Cextialdutt,  juillet-septembre. — N*  ja,  Lînk,  Ueier 
die  Spréche  der  Chr(M:qtt(  rimti  von  Philippe  Misaiet,  Tobler.  Du alîfentlumicke 


I.  Pari*,  t-cnmx. 


630  PËRlODiqUES 

fMenttiung  dtr  SpriUkt  dts  Cato, —  jj.  Bnymma^  Die Lekre  wm  franzatitekat 

Verb  :  Mischi,  Deutscht  Wortt  m  lMmsihm;}Aomz\^Fatt'imiîidiantahimaitos- 

criîtiy  II.  —  j8.  Freymond,  Jongleurs  et  MinesirtU;  Koch,  Die  S'ubeasckU/er~ 

Itgeade. 

X.  —  DEDT8CHB  LrprBaATDRZEiTONO,  luillet-scptcmbre.  —  N*  28.  Michelant 
et  Raynaud,  Itinéraires  à  Jérusalem  et  Descriptions  de  la  Terre-Sainte  rédigés  en 
français  aux  Xll;  XHI*  et  XIV-  siicles.  —  J  i .  Joret,  Des  caractires  et  de  ftxltn- 
sion  da  patois  normand  (Tobler  :  appréciation  extrêmement  tivorable).  —  18. 
Miklosich,  Btitrtege  zur  Laatlehre  dtr  rumuiùscken  Dialecte^  II. 

XI. —  NoBDiSK  Revy'.  —  N«  j  (is  octobre).  Edstrdm,  Fornfranskaas 
t  -Ijad  i  betonad  stafvelsi  (article  de  M.  Geijer  sur  une  dissertation  de  phoné- 
tique dont  nous  aurons  occasion  de  reparler).  —  Nyrop,  Den  oldfraitske 
Heltedigtning  (Wahlund  :  plusieurs  utiles  observations  de  détail]. 


I.  Cette  revue,  con^e  sur  le  plan  dn  Littrar'uchei  Ceatralblatt  aUenuod,  mais  ne 
paraissant  que  sdxe  fois  par  an,  est  pubUée  i  Upsala  sous  la  direction  de  H.  Noreen. 


CHRONIQUE. 


M.  Svend  Cnindtvig  fuit  surtoot  odHiR  par  les  adtntnblei  tniTauz  sur 
la  liltfrature  populaire  danoUe  ;  n»â  dans  let  recherches  compantÎTct  il  arait 
eu  si  souvent  i  s'occoper  des  Ihlêratures  romanes  que  sa  mort  subite,  arrivée 
le  14  jaillet,  a  tout  droit  d'être  enr^slréé  ici,  avec  l'expression  de  nos  profonds 
rcgreu.  L'on  des  dernieri  écrits  de  M.  Gnindlvîg,  EluttitJ,  dont  nous  avou 
dit  ici  quelques  mots  tX,  i;6)  et  sur  leqcd  noas  reviendrons,  est  consacré  i 
l'élude  de  l'ongine  et  des  Jonnes  diverses  de  la  cfaanson  connue  en  fraoçais  sous 
le  nom  de  Jvtn  RtnaaJ. 

—  Nous  avons  appris  avec  un  vif  regret  la  mort  d'Atcsandre  Lambrior, 
décédé  i  Jusi  le  2 1  septembre.  Lambrior  était  né  le  1  o  septembre  1 846  dans 
on  villagr  de  Moldavie.  Après  -ivoir  (ait  ses  études  au  lycée  de  Jaui,  puis  i  la 
Faculté  des  lettres  de  cette  ville,  il  entra  dans  renseignement  secondaire.  En 
1876,  M.  Maiorescu^  ministre  de  l'instniction  publi<pie  en  Roumanie,  l'cnvofa 
à  Paris  pour  y  perfectionner  ses  études  de  philologie  romane  ;  il  y  resta  deux 
ans  et  retourna  ensuite  1  Jassi,  oti  il  fui  nommé  professeur  de  tangue  et  littéra- 
ture roumaine  au  lycée.  Avant  de  retourner  dans  sa  patrie,  Lambrior  avait 
donné  i  la  Romanîa  (VI,  4)!  sa  curieuse  note  sur  les  labiales  en  roumain  popu- 
laire et  |VII,  8j|  son  article  court,  mais  important,  sur  \'e  bref  en  roumain,  oIi 
K  montraient  déji  l'excelleiite  méthode  et  la  sagacité  i  la  fort  ingénieuse  cl 
circonspecte  qui  caraciénsemt  tous  ses  travaux.  Plus  tard,  il  entreprit  pour  ce 
recueil  un  •  Essai  de  phonétique  roumaine  ■  conçu  sur  de  très  larges  bases,  cto& 
les  recherches  historiques  et  les  rapprochements  comparatifs  soit  entre  les  dia- 
lectes du  roumain,  soit  entre  le  roumain  et  les  autres  langues  romanes,  étaieot 
fort  habilement  employés.  11  n'en  a  écrit  que  le  début,  trois  articles  sur  Va 
tonique  {Rem.  IX,  99;  IX,  j66  ;  X,  J46I,  qui  ont  été  jugés  par  tooi  les 
savants  compétents  comme  annonçant  une  ère  nouvelle  dans  l'étude  de  ta  langue 
roumaine.  —  En  dehors  des  articles  qu'il  nous  a  docné^^  Lambrior  a  inséré 
difTirents  article»  dans  la  Conmbiri  titurart  de  Jassi  (Courumri  ri  treyanca  dti 
Roaaains  :  -~  Sur  l'ortkograpkt  Ju  roumain  :  —  Sur  la  ttrmtt  dt  rhirtnu  et 
Je  poliltm  rn  roamaifi)  ;  il  j  publié  en  o»(re  un  livre  de  lectures  roumaines, 
contenant  des  extraits  de  livres  anciens  imprimés  en  caractères  cyrilliques,  et 
prêché  d'une  introduction  sur  l'histoire  de  la  langue  roumaine.  Nous  avons 
parli  phis  haut  du  dernier  travail  qu'il  ait  mis  au  |0ur,  son  article  dans  la 
Rtifisté  de  M.  Tocilcscu.  Lambrior  souffrait  depuis  longtemps  d'une  affection 
de  pDÎtrïM  qui  la^issait  peu  d'espoir  i  ses  amis.  Sa  mort  est  une  perte  cruelle 


6)2  CHRONrqyE 

pour  \i  scten»  et  laissera  ca  Roumanie  un  vide  difficile  à  combler;  hcumise- 
mcfli  pluMeurs  jeunes  uvjnts  se  sont  (ormes  depuis  peu  ans  ce  pays  et  pro- 
mettcDl  de  iravaillrr  cooime  lui,  avec  ce  patriotiime  éclairé  que  donoe  \»  vraie 
science,  i  L'histoire  de  U  langue  el  de  la  littérature  de  kur  pays. 

—  Nons  rKCvoai  de  Barcelooe  la  nouvelle  de  la  mort  d'Andrés  Balaguer  y 
Merino.  Ce  jeune  savant,  ni  i  Barcelone  le  ji  octobre  1848,  et  décMé  dans 
cette  ville  le  j  octobre  dernier,  s'était  fait  connaître  depuis  une  dizaiae  d'années 
par  diven  travaux  sérieux  d'histoire,  d'histoire  littéraire  et  d'archéotogie,  tous 
concernant  la  CaUiogne,  surtout  u  ville  natale,  Barcelûne.  Elève  distingué  6t 
M.  Milà  y  Pontanals,  li  était  devenu  dans  les  derniers  temps  collaborateur 
de  son  maître  :  ils  tnvailtaient  ensemble  i  une  histoire  de  l'ancien  théitre 
catalan,  qui  ne  tjrdera  pas,  nous  l'espérons,  à  voir  le  jour.  La  plupart  des 
travaux  d'Andrés  Balaguer  se  trouvent  dans  tes  revues  ou  ^umani  de  Barce- 
lone, tels  que  la  Rtnaîxinsa^  le  Cay  Selitr,  la  Rnutu  4i  ttcKioi  hitt^Uas,  etc. 
Nous  avons  rendu  compte  ici  d'une  étude  sur  D.  Pedro  de  Portugal,  insérée 
dans  cette  dernière  revue  (v.  Romama^  t.  XI,  p.  i{)|.  Balaguer  a  collaboré 
aussi  i  la  Rtvuc  da  tangua  romaiia,  à  la  Rrvuc  Jet  itudti  ;'urwi,  i  IMrcAnia 
stûtico  sieiliano.  Il  serait  i  désirer  que  ses  amis  de  Barcelone  réunissent  e»  un 
votume  ses  publications  les  plus  importanles,  qui,  dissémiaécs  comme  elles  le 
sont  dans  des  recueils  difficilement  accessibles,  restent  ignorées  de  ceux  mènes 
qui  auraient  le  plus  d'intérêt  i  les  connaître. 

—  M.  Pio  Rajna  est  nommé  professeur  i  l'iDStitut  des  Études  supérieures 
de  Florence,  en  remplacemertl  de  M.  Caix. 

—  M.  Gaspary,  professeur  extraordinaire  de  philologie  romane  i  Breslau,  y 
a  été  nommé  professeur  ordinaire. 

—  M.  Freymond  s'est  habilité  i  Heidelbet^  pour  l'eiueignement  de  la  philo- 
logie romane. 

—  M.  Settegast  a  donné  sa  démission  de  <  professeur  extraordinaire  1  k 
Zurich  pour  se  taire  simple  •  privat-docent  *  i  l'univerulé  de  Leipiig. 

—  M.  Henry  A.  Todd  a  été  nommé  *  Assistant  in  Romance  Languages  >  i 
ruoivcrsité  de  John  Hopkins,  Baltimore,  où  M.  A.  M.  Eliiott  est  1  Assoctate 
for  Romance  languages,  »  c'est-i-dire  professeur  en  titre. 

—  Le  î  octobre,  l'insiiiut  de  France,  approuvant  la  proposition  taite  par 
l'Académie  des  inscriptions  el  belles-lettres  i  la  suite  de  son  vote  du  1;  juillet, 
a  décerné  à  M.  Paul  Meyer  le  prix  que  chacune  des  classes  de  l'Institut  accorde 
tous  les  dix  ans  aux  ouvrages  de  son  ressort  qui  font  le  plut  d'honneur  au  pays. 

— Les  deux  thèses  de  M-  Etienne,  l'une  sur  In  suffixes  diminutifs  en  français, 
l'autre  sur  la  Vu  de  sa\nl  Thomat  par  Cirnicr  de  Pont-Saiule-Maxence,  ont  été 
soutenues  devant  U  Faculté  des  lettres  de  Paris,  La  Rniu  mbqae,  dans  son 
D*  du  a;  aoàt,  donne  le  compte-rendu  de  la  soutenance. 

—  L'Académie  de  Vienne  a  proposé  un  prix  de  mille  florins  pour  un  mémoire 
sur  la  question  suivante  :  Qcul  tnTicklsstmrnl  ptat'oa  obttair  poar  U  Uxi^at  lâttn 
far  U  difoaiUtmuit  ti  l'tiamtn  aUlhodiqut  dt  t'iUmva  latin  itt  léugaa  nmmu  i 


CHRONIQUE  6}) 

—  M.  Jorel  va  publier  tris  prochaintmeirt,  i  \t  librairie  Vieweg,  dcï  Mihn%tt 
et  phvniti^ue  nornwndt.  Il  prépare  égalemeni  une  Flore  popuhiri  dt  U  NormjnJk. 

—  M.  Francisque  Michel  vient  de  danser,  chez  Potheringham,  i  Londres, 
une  réédition  de  la  chronitjuc  rimfe  du  héraut  de  Jean  Chaodos,  imprimée  co 
184]  par  Coxe  pour  le  Roxburghe-Club. 

—  M.  Ascoli  publiera  prochainement  une  seconde  Laura  glottologita. 

—  On  annonce  comme  derant  bîenlfil  paraître  chez  Henciinger,  a  Hdl- 
bronn,  un  Allfrgnzasisdits  Uctungiback,  publié  p^r  MM.  Fcerster  et  Kotchvritz. 

^  W.  Ksrting  mettra  prochainement  sous  presse  {'pour  paraître  ^Icment 
chez  Henninger)  une  «  Encyclopédie  de  la  philologie  romane,  »  comprenant 
trois  parties:  htraJuctien  ;  U  Philologie  romane  en  gènira!  ;  les  Philologies 
tomanti  tpiôala.  —  On  annonce  une  entreprise  analogue  de  M.  Gro-ber,  mats 
pour  laquelle  il  s'adjoindrait  plusieurs  autres  savants. 

—  M.  Fœnter  va  publier  tchez  Henninger,  i  Heîlbronn)  un  Ahrègi  Je  gram~ 
maire  temparit  des  Ungars  romûnis  et  une  Grûmmaac  h\itoiiqut  du  fruuiatt. 

—  M.  Gaston  Riynaud  publiera  dans  un  des  procbains  numéros  delà  Roma- 
niiiun  supplément  t  son  arliclc  iur  le  Miracle  dt  Sardeaôi  iRom.  XI,  ^iç),  ot, 
entre  julr^t  additions,  il  communiquera  les  variantes  d'un  manuscrit  anglais 
d'après  lequel  celte  pièce  a  déjà  été  publiée  par  Cookc. 

—  Cinfessuj,  p.  414,  en  rendant  compte  d'un  article  de  M,  Webster  dans 
\'A(adfmy  tur  l'origine  du  piétendu  chant  d'Altabiscar,  on  a  omis  de  dire  que 
l'auteur  dont  M.  Webster  rapporte  le  récit  est  M.  d'Abbadîe. 

—  J'ai  eu  récemment,  en  passant  par  Milan,  l'occasion  de  collalionner  à 
l'Amliroitienne  le  texte  àa  Oit  de  Mjtazone,  publié  ci'dessuj,  pp.  10  et  suiv. 
Cette  vérification,  faite  par  un  jour  1res  clair,  ce  qui  n'était  pas  le  cas  lorsque 
i'avaisfai  t  ma  copie,  m'a  permis  de  corriger  plusieurs  inexactitudes  de  mon  édition. 
V.  u,  SBppr.  j*ti,  qui  n'est  pas  dans  le  ms.  Ce  mot,  écrit  par  moi  en  inter- 
ligne, comme  une  sorte  de  glose  i  mon  usage,  s'est  introduit  indûment  dans 
mon  texte.  —  V.  n,  ligiror,  lis.  ttgnor.  —  V.  aj,  gir,  met,  lis.  ^t,  may,  — 
V.  26,  Ch'tl  no  t6gt,  lis.  Ck'cl  no  ge  tega.  —  V.  70,  tmptrêdor,  lis.  imptrater. 
—  V.  90,  taUltgi  n'est  pas  irè»  sAr  :  il  y  a  cattp  avec  la  en  interligne,  ou 
peut-être  simpleinent  a,  parce  que  le  signe  que  je  prends  pour  une  /  peut  bien 
n'être  qu'un  trait  destiné  i  marquer  la  place  que  l'a  doit  occuper.  Le  mot 
reste  obscur,  —  V.  9j,  a^uameato,  lis.  a^uamatto.  —  V.  96,  Qft»,  l'u  est 
suscrit.  —  V.  102  et  271,  il  y  a  en  réalité  plutAt  peniid  que  pamu,  ce  qui 
conErme  la  conjecture  proposée  en  note.  —  V.  lOj,  on  peut  lire  aussi 
bien  taiifiuzo,  proposé  par  M.  Mussafia  (cî-^essus,  p.  416),  que  eaniruzQ.  — 
V,  1  jj,  mio.  Us.  mto. — V.  141,  iin,  lis.  ni  ;  cf.  Mussalia,  ci-desîus,  p.  416.— 
V.  146,  nluMaa,  lit.  voloittera.  — V,  148,  chi,  lis.  fU£, — V.  i6],fiote,  lis, 
jJùn.  —  V,  léj,  nrmeglto^  lis,  nrmtha.  —  V.  170,  Kmuma,  lis.  E  inimd. — 
V,  loS,  ttrviJo,  lis.  ftmlo,  par  conséquent  la  note  correspondante  est  d  sup- 
primer.— V.  318,  il  n'y  a  certainement  pas  Jotati^  qui,  du  reste,  n'offre  aucnn 
sens;  je  lis  i  peu  prés  sQrement  teugati,  le  milieu  du  mot  étant  emporté  par 


6)4  CHRONICtyE 

t'usun;  le  sens  serait  :  «  laiise-lui  lesentraill»  du  porc,  ef  paisse-t>il  (te  porc)j 
les  avoir  cmpoisaonies  I  »  —  V.  ii%  ftirato,  lis.  febra/Oy  et  par  coDiéqaet 
suppr.  la  note.  —  V.  374,  oftrtilir,  lis.  oftndn.  —  A  propos  de  ni  $i  ni  tomo^ 
V.  jj,  on  peut,  ce  ^^ui  se  rapprocherait  de  l'eiplicalion  proposée  par  M.  Mus-* 
safia,  comparer  l'expression  française  sani  nul  si,  sans  condition,  sais  reuric- 
tioD,  signalée   par  M.  Scheler  dans  son  glossaire  du  poésies  de  Froitsarl  (au 
mot  tif.  —  P.  M. 

—  Ci-dessDS,  p.  4Ë0,  on  a  attribué  par  erreur  â  M.  Stengel  un  article  snr 
VArnàIdo  Danîtllo  d«  Canello,  qui  est  de  M.  E.  Levjr  (cf.  ci-dessus,  p.  636). 

—  Livres  adressés  à  la  Rominia  : 

Aihii  anJ  Prophiliat.  Erste  Ansfiabc  der  Iramcrstschen  Orî^naldichluiig  mil 
einer  Eînleitung  von  Alfred  Wrbcb.  Sttrfa,  impr.  Gull,  1881,  in-4«,  48  p.. 
—  Nous  avoni  ici,  d'après  trois  mss-  de  Fimel  celui  de  Ssiot-Pétrrsbonrg,] 
qui  offre  une  rédaction  très  différenie.  la  partie  du  roman  i^Aihiaei  qui 
tient  l'histoire  proprement  dite  d'Athit  et  de  son  ami  M.  W.  est  porté  J  ' 
croire  que  la  suite  du  roman  est  d'un  autre  auteur.  Notons  que  la  parue 
correspondante  du  ms.  de  Stockholm  a  été  imprimée  en  188a  i  Upsall  par 
M.  H.  Borg. 

Ruuiii  de  chansons  pofulasm  par  E.  Rolland.  Tome  I.  Paris,  Maisoaocuve, 
in-8',  -vrn-jjÉ  p.  —  M.  fîotland  est  infatigable,  A  peine  a-t-il  terminé  sa, 
FatiM  pofiixiatit  et  rédigé  sa  F/(j«,  qui  m-  fornitra  pas  ni»as  desixTolunies, 
que,  sans  parler  d'un  recueil  de  Rimu  (t  /tux  di  t'tnfânet  qu'il  vient  de 
publier  (chcit  Maiionneuvc),  il  entreprend  un  vaste  recueil  de  C/Lin»ni  ^/m- 
iûins  françaises,  dont  voict  le  premier  volume.  Il  fournit  i  l'étude  sdenti- 
iique  de  la  chanson  des  malèriauK  recueillis  soit  oralement,  soit  dans  la  col- 
lection manuscrite  provennnt  de  l'ancienne  comminticn  pour  U  publicatioi 
des  chants  populaires  de  la  France,  soit  dans  des  livres  peu  connus  II  donne  | 
autant  que  poitibie  la  musique  de  sa  chansons,  et  c'est  de  ce  câié  qu'il 
voudrait  surtout  en  YOir  aborder  l'étude.  <  On  n'a  lait  jusqn'l  présent,  dît-il, 
que  rapprocher,  et  cela  d'une  manière  incomplète,  les  chansons  de  différents 
pays,  en  prenant  pour  point  de  départ  le  sujet  traité.  Mais  une  élude  appro- 
fondie des  autres  points  de  vue.  .  devrait  tenter  quelqu'un  connaissant  bieii' 
i  la  fois  la  littérature  comparée  de  l'hisloire  de  la  musique  et  de  U  daasc. 
En  attendant  que  cette  personne  se  révèle,  les  profanes  n'ont  rien  de  mieux 
i  faire  que  d«  réunir  les  documents  qui  pourront  on  jour  lai  être  utiles. 
C'est  ce  que  je  fais.  * 

Sul:berger  Warîtr,  von  D'  Theodor  CARtîfGB.  Leipzig,  BreitVopl  und  Hrrtel, 
in-8",  ;o  p.  —  Recueil  de  mots  Udins  appartenant  i  Mezana  dans  le  Val 
di  Sole  (Tyrol),  soigneusement  contrAlés  et  précédés  de  renurques  gramma- 
ticales. 

Kristoffer  Nyiiop.  Dm  oUfTanskt  HtHtdigtniitg.  Histoire  de  Pipopit  fren(ei$t  aa 
mojen  âge  auowpiignh  d'imt  bibliographie  dJiaiiUt.  Kcebenharn.  Reitael 
(Heitbronn,  Henniger,  Paris,  Vicw^),  ia-{i*,  x]i-49t  p.  —  Nous  reparle- 
rons en  détail  de  ce  livre  important  ;  disons  tout  de  suiu  qu'il  mérite  bcaa*j 


coip  d'éloges,  ^'d  awbk  ne  Itcut  miriblc,  (|ie  b  lMbliognphi«  qui  le 
krnM,  aoUBant,  sen  fart  nile,  ei  qu'il  seraîi  lonhahablt  qoe  l'aiiteBr 
k  ntedi  es  fraaçw. 

Du  BttktaoM  ad  BtukwartM  in  der  ahroauiii5che<i  Pocm  mit  bcsondcrrr 
Bertckâdttigng  4ar  inuffiàKken.  Eine  verglckhcade  Studie  voa 
!>  Komd  Toux.  Brfa^ca,  Dûcberl,  la-S*.  6i  p.  —  RecaetI  6e  lonmiles 
d'adjnraÛM  cl  de  sermot  qui  m  nanqoe  pas  d'tiUr^  nab  qui  pourrait 
lin  nieitx  clanê  et  nieux  înpniDè. 

Emgts  xa  ^tn  CturakUrtn  da  Attussap,  *on  !>  Joh.  Alton.  Wiai,  Se)btt> 
*«rbg  des  k.  It.  Staitsgymasîiinii  im  Vm.  BeziHce  fexlraitd'oii  programiae 
de  ce  gyrowse),  in-S»,  91  p.  —  L«  obterrationt  de  M.  A.  j'ippuient  sur- 
tout sur  rimiKiise  roman  ÎRédit  de  Ouïs  tt  Ltiis.  qu'il  a  copié  et  qu'il 
eonpte  publier:  mah  il  les  a  ^leaénes  i  d'autres  romans  bretons.  Ufle 
daitnction  plas  strictement  chronologique  aurait  été  souhaitable,  car  Clâiu 
n'est  qa'BW  imilattoD  de  la  &a  da  XIII*  sirctc  des  pommes  du  XII*  ;  mais 
les  renseigncaenis  réunis  la  sont  abondaiib  et  mtéressants. 

Joagkars  uad  Matcttnh,  Von  Emï)  Fkevkokd  ithéie  d'hatititalioo  de  Hcidel- 
berg).  Halle,  Karras,  in-8«,  ^7  p.  —  Recueil  bit  avec  soin  et  critique  de 
pusa^  coDcernant  les  jonglenn  ei  les  roénestreU  ;  l'auteur  présente  ce 
aémoire  comme  le  prélude  d'un  travail  sur  ■  les  classe»  de  poètes  et  de 
chanteurs  en  France  au  moyen  â^  ■  ;  il  ne  peut  manquer  d'élre  inslructif. 

fi  Pcana  it  Joli  nach  der  Handachrift  der  Madrîder  Nationalbibliolhekheraus- 
geg^en  von  Heinrich  Moop.  Leiprig,  Dnignlin,  in-4%  6j  p.  iGratuUtions- 
scbfîft  d»  Univeniizt  Bem  an  die  Uoiversitzt  Zurich  zo  deren  filnfc^ah- 
riger  SlifUingsfeîer  vois  i.  uod  j.  Aufjust  i88;}.  —  Reproduction  du  texte 
en  caractères  arabes  ;  M.  Morf  promet  procbunement  bm  édition  co  carac- 
tères latins  avec  un  commentaire. 

Dk  Sprtcbfcfmai  MaUft  Etmtngaa'i...  von  Richard  Wki!18K.  Halle  (dits,  de 
docteur),  io-S*,  2]  p. 

Iht  Daliiution  Jir  SahtUtittha  and  AJjKtivt  in  dtr  Lingiu  Xoc  bis  zum  Jahre 
ijoo,  Ton  Paul  RfcuiAXii  (dissert,  de  docteur  de  Strubourg)-  Diotiig, 
1883,  in-8*,  84  p.  —  Travail  consciendcttx. 

Noîh  tt  Viudevuis  da  manutnit  et  Jttiait  Pont.  Etude  critique  et  historique, 
par  Armand  Qi^jit.  Caen,  Le  BUnc-Haidel,  in-8*,  78  p.  —  Contribution 
Douvclle  i  l'étude  des  1  vaux  de  Vire,  •  qui  d(»l  déji  tant  aux  travaux  de 
M.  Gaslé.  Le  mt.  de  J^ran  Porèe,  écrit  â  la  fin  du  XIV*  siècle,  et  possédé 
en  dcrntcT  lieu  par  M.  Lcpeilcticr,  est  aujourd'hui  i  ta  Bibliothèque  nalio- 
nale  |n*  1174  des  Noutelits  at^mtiiians  du  fonds  français). 

Eut!  sur  un  patois  vosguit  (Uriménil,  près  Epinal),  p.  N.  HAtLLAirr.  Première 
partie.  Phonétique  Isuile).  Epinal,  Collet,  in-8*,  jâ  p.  —  Voyez  ce  que 
BOUS  avons  dit  de  la  première  livraison  de  ce  travail,  continué  sur  le  même 
plan,  Rom.  XI,  6}i. 

Concodf'j  dt  l'idiome  populaire  ou  pHoti  wsgirn  i  la  dittrmmaiion  de  t'ofigfitt 
da  noms  it  lieu  dis  Vosgts...  par  N.  Haillant.  Epinal,  C0II01,  in-8',  ^4  p. 
—  Recueil  comprenant  surtout  beaucoup  de  litux-iits,  et  intéressant  par 


ÎJ6  CHROHIQtie 

cela  mdnc.  On  pourrait  rfLcver  plus  d'une  erreur  cl  iDrtt;e  en  doute  plus 
d'une  explfcaiion;  mais  l'auteur  a  raison  de  dire  que  bien  des  nom  adffiis 
sous  une  forme  plus  ou  moins  arrangée  dans  les  répertoires  otficiels  sont  en 
réalité  des  mots  patois. 
Vom  framatifckta  Vtnbaa  alter  uni  acuir  Ztil,  ZssaniDCiislelluog  der  Anbng»- 
grùndc  durch  AdaifToEiLKn.  Zweite  Autlage.  Leipzig.  Hîrzet,  in-8<>.  t-  i  49  p. 
—  Voici  !a  courte  préface  de  celte  nouvelle  édition  d'un  livre  devenu,  dés 
son  apparition,  1  bon  droit  ciauiquc  :  <  Ce  n'est  pat  l'envie,  c'est  le  temps 
qui  m'a  manqué,  —  pendant  les  mois  de  cours  et  d'examens  de  Télé,  — 
pour  faire  un  pen  de  nouveau  i  l'occasion  de  la  réiinpression,devTOU«  néces- 
saire, de  mon  petit  livre.  Peul-ftre.  tel  qu'il  est,  retrouverj-t-il  le  bon 
accueil  qu'il  a  rencontré  ;  il  est  resté  essenlieilcRient  le  mCmc,  et,  dans  les 
endroits  assec  nombreux  où  i!  a  reçu  des  changements  ou  des  additions,  ce 
n'est  pas,  je  Tespérc,  â  son  dommage.  ■ 

G.  Rauusa  MoLen.  C'iastppe  Ptlit  c  U  trêiizmi  pepotm.  Palerno,  iii>i6, 

t4  p.  —  Agréable  causerie  sans  aucun  caractère  scientifique. 

Lthro  à^  Sitte  Sa*i  di  Roma.  Firenxe,  libr.  Dante,  in-8*,  xii-^o  p.—  Impressioa 
«acle,  par  tes  soins  de  M.  Rœdïger,  d'un  texte  qui,  imprimé  d'après  le 
même  ms.  il  y  a  cinquante  ans  par  G.  Della  Ludi,  avait  paru  suspect  i  cause 
des  changements  de  tout  genre  qu'y  avait  maladroitement  introduits  l'éditeur. 

Raaoromamicht  Grammatik,  von  Th,  Cartxrs.  Heiibronn,  Heiminger,  in-8», 
xi.Yiri-ao7  p.  —  Ce  livre  est  comme  le  couronnement  des  travaux  siestttnét 
publiés  dans  ces  dernières  années  par  l'auteur  sur  les  divers  dialectes  tadiu. 
Il  demande  un  examen  spécial  ;  nais  des  i  présent  nous  pouvons  dire  qoll 
nous  a  paru  conçu  sur  un  tort  bon  plan  el  exécuté  avec  beaucoup  de  soin. 

Dit  ValiaUltxwn  m  Jer  Oxf.  Hi.  det  Cirart  de  Rossillon,  von  G.  HbXTi'OMMt. 
Halle,  Karras,  rSSi.  In-S",  fS  pages.  —  Travail  d'un  débuunt  dont  les 
éludes  n'ont  pas  été  bien  dirigées,  f.tudier  les  formes  de  conjugaison  qu'oSre 
le  lïis.  d'Oxford  de  Cirart  de  Hostitlon,  sans  rechercher  jusqu'à  qari  point 
ces  formes  sont  celles  de  l'auteur,  est  dé|i  une  idée  peu  heureuse.  La  langue 
du  mt.  d'Oxford  en  eiTct  est  pleine  de  contradictions,  et  il  importe  avant 
tout  de  savoir  quelle  pan  doit  eue  laissée  Ji  l'auteur.  Toutefois  on  conçoit 
qu'un  relevé  par  et  simple  des  formes  de  la  conjugaison  dans  le  ms.  d'Ox- 
ford puisse  avoir  son  utilité,  bien  que  celte  œuvre,  en  qu^que  sonc  fnalé- 
ridlc,  ne  eoRStilue  guère  une  Ifièse;  mais  le  mémoire  de  M.  H.  n'a  pas 
même  ce  genre  de  mérite  :  la  division  en  est  Iris  incommode  el  très  arbi- 
traire, et,  comme  il  n'y  a  pis  de  table,  les  recherches  sont  pénibles.  Oe 
plus,  les  exemples,  qui  sont  très  loin  d'être  donnés  au  complet,  sont  groupés 
sans  aucun  ordre  dans  chaque  paragraphe.  Enfin  l'auteur,  qui  ne  cooipreod 
pas  toujours  le  texte  de  &rafi  (en  quoi  il  est  excusablel,  prend  souvent  une 
forme  pour  une  auue.  En  somme,  c'est  un  travail  i  rcEaire. 


TABLE    DES   MATIÈRES. 


Pigtt 

G.  Pami.  Le  ronuD  de  la  Catt  de  Monglaae .'    .  i 

P.  HrriR.  Dit  rar  lei  vilaini  par  MaUione  de  Calignuo  [cT.  p.  416,  6)))    .    .  14 

A.  Cmcalvh  Vianna.  Eiui  de  phonitique  portugabe 19 

P.  Hiviit.  La  Vie  it  saint  Grégoire  par  frère  Angier 141 

Des  Awxas,  De  la  Jument  au  DeaUe,  De  Luque  la  maudite,  trois  diu  tiréi  d'un 

Doavcati  manuscrit  de  rableaux,  publiés  par  G.  Raykaud 109 

A.  Horil-Fatio.  HiUnges  de  lintrature  uulaœ.  11.  Le  irire  des  trois  choses    .  ijo 

I.  COANU.  PluDolo^e  tyntaciique  du  Candooeiro  gérai 14) 

J.  GitiiCuoN.  La  Claire  Fontaine,  examen  critique  des  diverses  venions  de  celte 

chanson ^07 

E.  Langloul  Denz  fragmeut  épiques  ;  Otinet,  Aipremont 4  ;  j 

G.  Pakii.  Etude*  sur  les  romans  de  la  Table  Ronde.  Lancelot  du  Lac.  II.  Le 

Contt  dt  la  Charrette. 4J9 

St.  PRATO.  L'Orma  dtl  Uone,  on  racconto  orientale  nella  tradizione  popolare  .    .  j  j  j 

DuiARNt.  Contes  de  U  Bigorre |66 

MÉLANGES. 

Les  ori^nes  de  la  bncomierie  (G.  P.) 99 

Fragment  de  recettes  médicales  en  langue  d'oc  (L.  Bondurand) 100 

AmoMtin,  ammin;  amenttr  f  (A.  Dcibonlle} 104 

Tematîvas  ctimologicas  :  aguantar,  amagar,  arrojar,  atril,  lobrego,  lubrican  (R.  J. 

Cuervo) loj 

EacoK  te  Juif  Eirant  en  Iulie  (a.  d'Ancona] lia 

l*  Mgeaàc  du  Saut  Rolland  [G.  P,) 114 

Hondlea  valions  de  b  chanson  de  Renaud  (G.  P.] 114 

£■■/  et  lei  (A.  Tbomai) J)i 

Bcbt  (A,  Delbonlle) Hf 

Lci  munscrits  du  connétable  de  Les(yguiires  (P.  M.) Hé 

Ho  nonnaod  et  on  françau  (J.  Fleury;  cf.  p.  |88} )4' 

Le  pronom  personnel  neutre  dans  le  Forez,  le  Lyoaiuis  et  la  Bresse  (L.  Clédat).  ^6 

Pbonétîqne  mentonaise  (J.  B.  Andrews} }f4 

U  Ugoide  dn  CU»/0M  if  Couct  dans  l'Inde  (G.  P.) )i9 

EttxNatB  prorençal  (A.  Thomas) |8j 

Paiexie,  paieaime  (A.  DelbouUe) I88 

Ko  =  on  (c.  Jom) («9 

W  =  /  (C  Jorei) f9i 

A  normand  (C.  ioret) i9> 

C3unsou  de  noces  de  la  Haute-Bourgogne  (F.  Fertiault) J9J 


6j8  TABLE  DES  MATIÈRES 

COMPTES-RENDUS. 
Aguil6  ï  FuïTEii,  voy.  Lull. 

AziTRDO  (RoDRiGuu  Dt),  RoDiancdro  do  Archipeligo  da  Maddro  (st.  Prato).    .  £14 

BiNotiT,  Lnn  dt  raison,  publié  par  Cuibmt  (P.  M.) iij 

BKtniAHHj  V07.  Diu. 

CoNiiGLiRiti-PiDRoso,  TradicçAcs  populares  portugueiu  (St.  Prato) £14 

Diu,  Kldoere  Arbeiteo  und  R«eiuioDeD,  hgg.  von  Breykakh  (G.  P.)    .    .    .  J64 

PiHAMORs,  Tradiiioni  popnliri  >brnziesi  (St.  Prato) £12 

CUIBIRT,  voy.  BlHOlST. 

JiHAH  DE  TuiK,  Ly  histori  de  Jalias  Caar,  p.  p.  Sittsgait  (G.  P.)    .    .    .    .  jSo 

JORiT,  Du  caraaiies  et  de  l'eitension  du  patois  nonnaod  (i.  CiUiiroa)   ...  )9} 

KoRTiNG  und  KoscHwiTz,  PranzCEsische  Studien,  I-IU  (G.  P.) 1 10 

La  Bordek[I  (de),  L'Hiitoria  Britonum  et  l'Hutoria  britannica  ;  les  Vraies  pro- 
phéties de  Merlin  (G.  P.) jéy 

Leite  de  Vasconcellos,  Bibliotheca  ethnographica  ponugueu  (St.  Prato).    .    .  606 

Lull,  Libre  del  Orde  de  cavayleria,  p.  p.  Aguilâ  t  Fuster  (G.  P.)    .    .    .     .  60) 

Marin,  Canloi  populares  espaiioles,  1  (H.  Mili  y  Fontanals) }8) 

ROHDAHL,  Glossaire  du  patois  du  Val  de  Saire  (C.  Joret) u; 

Saihtsbury,  a  short  history  of  French  literature  (G.  P.) 60J 

Settecast,  voy.  Jihah  de  Tuiu. 

SiTTL,  Die  iokalen  Verschiedenbeiten  der  lateiuischea  Spractae  (G.  P.).    .     .    .  118 

Stehcel,  Erinneningswortc  ta  Friedrich  Diei  (0.  P.) 601 

Thomas  (miss  Carey),  Sir  Cawaynt  and  tkt  grttn  Knight  (G.  P.) ^76 

Thurnevsen,  Das  verbum  être  und  die  (ranzŒsliche  Conjugition  (A.  Tmrney)    .  J65 

LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIREMENT. 

Adam,  Le  îdiomct  négro-aryeu  et  maléo-aryen 4)0 

Arbois  (d*)  db  JuBAiNvtLLB,  intToduaioii  i  l'étude  de  la  littérature  cdiiqne    .    .  417 

Alton,  Einiges  lu  den  Charakteren  der  Artussage 6)( 

Balschah,  Ueber  den  judisch-spanisctien  Dialckt 141 

Berchanh,  Lettre  sur  la  Préamble 141 

BiJVANCK,  Essai  critique  sur  les  œuvres  de  François  Villon,  I 418 

Blad£,  Quiione  inperstitions  populaires  de  la  Gascogne 41S 

Bokehûllir,  Zur  Lautkritlk  der  Reimpredigt  Crant  mal  fin  Adam 4:9 

Brede,  Ueber  die  Kandschriften  der  Ckanton  de  Hom 141 

Breyhann,  Die  Léhn  vom  franioesischen  Verb 141 

Busse,  Oie  Congruenz  des  Participii  practeriti  ira  Altfranussischen 141 

Canillo,  La  vîu  e  le  opère  del  trovatore  Amatdo  Daniello 418 

Cerquand,  Légendes  et  récits  populaires  du  pays  basque,  IV Ijl 

Coin,  Di  una  leggenda  relativa  alla  nascita  di  Coslantino 14I 

Consiglieri-Pedroso,  TradicçAes  populares  ponugueeas,  X-Xl 141 

Crescihi,  Il  canUre  di  Fiore  e  Blaacifiore  ed  U  Filocolo 14I 

DEVoriLO,  Poesia  popuîar 4'9 

Etienne,  De  demiuulivls,  coUectivis  et  in  malain  partem  abenntibus  nominibos    .  4J1 

Etienne,  La  Vie  saint  Thomas,  étude  historique,  littéraire  et  philologique    .    .  4|o 

Frivberg,  Franioesbché  Personennamen  ans  Guimans  Urkundenbuch  von  Ams  .  144 

Freyhond,  Jongleurs  und  Ménestrels Ajf 

Gartner,  Suliberger  Wœrter 6î4 

Gartner,  Rxtoromanische  Grammatik 6]6 

GastS,  Nofis  et  Vaudevires  du  ms.  de  Jehan  Porée 6jj 

GoossENs,  Ueber  Sage,  Quelle  und  Composition  des  Ckefttlier  au  lyon    .    .    .    .  419 


TABLE  DES  KATlëRES  6]9 

HAiLutir,  Eisti  sai  un  pitob  vos^en  (L'rlnitell) 6)| 

Haillant,  Lldiome  populaire  a  Tori^M  ûa  nomt  de  lin  des  Vuges    ,    ,     .  6}| 

HauiiK.  Die  riiterlidie  CeseDiebift  in  d«i  Cedlchtea  des  Creitisa  <lê  Trala  .    .  144 

HmRT,  Les  deux  plus  indeos  tnitét  fnnçats  d'al^arlinK  et  de  géométrie.    .    .  M3 
MiKTiaiKc,  Die  vcrbjlflciioii  in  dCT  Oiforder  llds.  da  Ciran  dt  RniBon    ,    141,  6|6 

HIKOH,  CbniKHtt  de  Hoger  d'Audeli 42S 

XaKKta,  Dcr  ccbnach  des  Imperfecn  und  do  Perfeas  im  Ali&utEacbdKn .    .  4p 

Uin  Di  VucoKciLLoi.  Amuleiot  halitnoi  e  ponogMio.    . 417 

l.>iTx  M  VAK&^cIl.L(»,  o  dùlecto  mirjndei I44 

LiHcuTfii  (»),  Nouvelle  ottihoic  p<Mr  apprcodie  la  langue  pofTUKalte    ...  (44 

LiHEwia,  Crvodri&i  ier  Laui-  und  Fttxiocts- Analyse  dn  Dnfraui<niulienSp4Sclie  141 

MiiUMtn,  The  pliiloloiEy  of  Freocb  buguage 14a 

Utin,  Ctuag  aa  hetnrlch  tv i)a 

Mnu,  Uebei  LatrriiiihdinuIliiQgen 14a 

MiuiiLAMi  et  Raykkud.  l(b'6nîre*  cl  Dcscriptioni  de  la  Terre  Sainte    ....  4^7 

HOKF,  Pf  Pwn4  ilt  yoj^  nach  der  Kl.  der  Hadrider  Kalitnulbiblioibek     ...  6n 

KiiNiK,  Die  onbograplitichcn  Refbrmvenachc  dcr  fraiwzsiKliea  Phonetiker  .    .  144 

KissEM,  Der  Nomtuiiv  der  rerb.  Pcnonalpron.  io  den  clienen  frani.  Deûkiiueltn  419 

HovATi,  Dante  da  Maliao  ed  Adolio  Bors^gniMii 4a9 

Nykop,  Den  oldfraïuke  Hetiedigitiiag <Sj4 

PviHiM,  Les  lapidaires  franpû  du  mojen  Ire 140 

PouLMH,  La  Champagne  dan  le  d^eloppemmi  de  b  Ungnc  fraofaise     ...  140 

pRATo,  Una  noveUina  popolare  tnonfcirina 14a 

Pkato,  La  leggendi  del  itvtm  di  Rampslnlte 14a 

RAeu»*-Koi.tTi,  Giuseppe  Pitri  t  le  nidiiioni  popotari          6)6 

tl«TM>i;D,  invenuire  îles  nunuKii»  iuliens  de  Bibliothèque  ninonale  ....  140 

lUtKAuo,  Poéiie*  inédites  de  J»n  Itotiioi 144 

RxMiiit,  Un  poema  sconouiuM  (Piinetaiiij) 144 

RiiUAMM,  Die  Declinilion  der  langat  é'çt,  1 6){ 

RnoKiRK,  LAto  i^  SiUt  S^i  di  ftoata fi)6 

^HauotM,   Nea-Hengnnt,   cine  Waldeiuer  Colonie  in  Wiritemberg     ....  4jt 

tutti,  Der  TruUdn  An  Thomat 4)0 

RoLUUio,  Reoieil  de  chaïuoiu  popuUiret,  I 6)4 

ScHiLin,  ti  regret  GuilU^mt,  pat  Jehan  de  le  Mole 14} 

ScHKTiT,  Zur  Gesthichte  der  Enlwickelung  der  mîlielaittr lichen  Bàhne.     ...  144 

ScHvcRAHDT,  Kieolische  Smdien,  IMll 4)0 

ScKviAKt,  Vcnmh  cinet  Dttsidlung  der  Munditl  von  Tourui  îm  MilieUlter  .    .  419 

ScHwiisTHAL,  Sur  le  rMe  de  !»inienc  franc  dans  l*  langue  fraji^aise    ....  4J0 

ScirrcRT,  En  Namenbufh  ri  den  Epen  de»  breiciiiîchen  Sagenkieiscs ....  14a 

T08t.iA,  Die  altvenezianiiclie  Ucbeneizung  des  Dionfiius  Cno 4)1 

Ton.»,  Vom  fTamiriitchen  Venbao 6)6 

Tdlli,  Du  Beihcuern  und  Seuhwcrren  in  der  altromniicfieii  Poésie   ....  6}4 

Ulmch,  RhxioroioaniKhe  Oircttomathie 417 

jfyfAtMA-ncK,  Dtr  Mantti 14J 

tn.,  Âthii  jiHit  PnphUiai. ....,,..  6)4 

Wiissi,  Die  Sprathibrnten  Maifre  ErBieii^n's 6)} 

PÉRIODIQUES. 

Aaalles  de  la  PacuHé  des  Lettres  de  Bordeaiu,  1,  iV 417 

Aoi»iJtre<8ulIetiii  de  la  Soaélé  de  CHiitoire  de  Pranctf  XIX t  )  j 

Anoiuife  de  la  Faesllf  âa  lettres  de  Lyon,  I,  ) 619 


640  .  TABLE  DES  MATIÈRES 

Arcfiivtûr  dis  Studium  der  neaerEo  Sprachea,  LXVI-LXVll ij) 

Bibliothique  de  l'École  du  chutes,  XLll ijf 

—                      ~                XLIII i]â 

DeutKhe   Uteiatundtuog,  oa.-dic.  r86i 1)7 

—  —                jinv.-juin  iSSj 418 

—  —               juillet-septembre  188) fifo 

Polk-Lore  (El)  Andaliu,  1 Ij6 

Cionule  di  lilologu  romanzj,  m 408 

Cionule  storico  délia  leReratura  itiliana,  [,   i 41J 

Literarisches  CentralblaR  fur  Deuiscfaland,  oct.-dic.  1881 ijj 

—  —                    janv.-juiD  188) 41S 

—  —                    juillet-septembre  188) 619 

Literaturblatt  fiir  deutsche  und  romanische  Philologie,   ocL-dic.   1881  ...  1)4 

—  —                                   jaov.-jiûo  >^)-    •    •  4'1 

—  ~-                                  jiûllet-sepiembre  188).  616 

Mémoires  de  11  Sodfté  des  Andquaires  de  France,  XLIl 4t{ 

Mémoires  de  la  Société  Éduenne^  Xll 416 

Proceediugs  of  ttie  American  Philologïcal  Socîet7,  XXI 416 

Revîsta  peutru  storie,  ircheologie  si  filologîe,  1,  t 617 

Revue  celtique,  VI,  1 6a8 

Revue  critique  d'histoire  et  de  littfa-ature,  oa.-déc.  18S2 i]7 

—  —                  janv.-juin  188} 418 

—  —                juillet-septaobR  rS8) 619 

Revue  des  langues  romanes,  oct.-déc.  i88j 119 

-~                 janv.  i8Sj iji 

—  fév.-juio  188) 404 

—  joiU.-aoAt  188} 616 

Rerue  du  monde  latim,  1,  1 617 

Revue  historique,  nurs-arril  188} 416 

Revue  (Nouvelle)  historique  de  droit  français,  janvio-linicr  iSS] 417 

Revue  (UJ  Lyonnaise,  i|  septembre  188) 618 

Rcvy  (Nordisk),  i)  octobre  188} £)o 

Romanische  Forschnngen,  I,i iji 

lijdschrifi  voor  nedetlandsche  Taal-  en  LetKrbmde,  lll 416 

Transactions  of  the  Philologicil  Sodety,  1880-81,  III 411 

Zeitschrift  fur  Gesterràchische  Cymnasien,  1S81 ij£ 

Zeitscfarift  fur  romanitcbe  Pbilolo^e,  VI,  4 410 

—  -                     vu,  I 411 

CHRONIQUE. 

Janvier ijS 

Avril-Juin 419 

Octobre frji 


U  pTopriétaire-gérant  :  F.  VIEWEG. 


Imprimerie  Daapclcy-ConvenieM ,  i  Tli^,iw  '«  li 


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